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Full text of "Dictionnaire de géographie sacrée et ecclésiastique : contenant le Dictionnaire géographique de la Bible, par Barbié du Bocage ..."

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ENCYCLOPEDIE 

THÉOLOGIQUE , 

on 
SÉRIE  DE  DICTIONNAIRES  SDR  TOUTES  LES  PARTIES  DE  LA  SCIENCE  RELIGIEUSE  , 

OFFRANT    ES    FRASÇAIB 

LA  PLUS  CLAIRE,  LA  PLUS  FACILE,  LA  PLUS  COMMODE,  LA  PLUS  VARIÉE 
ET  LA  PLUS  COMPLÈTE  DES  THÉOLOGIES. 

CES  DICTIONNAIRES  SONT  : 

D  ÉCBITUnE    SAINTE,    DR    PHILOLOGIE    SACRÉE,    DE   LITURGIE,    DE    DROIT    CANON,   D'HÉRésiHS    ET 

DB    SCniSMES,    DES    LIVRES    JANSÉNISTES.    MIS    A   l'iNDEX    ET    CONDAMNÉS,    DES    PROPOSITIONS 

CONDAMNÉES,    DE    CONCILES,    DE    CÉRÉMONIES    ET    DE    RITES,    DE    CAS    DE    CONSCIENCE, 

n'oBDRES     RELIGIEUX     (   HOMMES     ET     FEMMES  )  ,      DES    DIVERSES      RELIGIONS,      DR 

GÉOGRAPHIE     SACRÉE    ET    ECCLÉSIASTIQUE,    DE    LÉGISLATION    RELIGIEUSE,    DB 

THÉOLOGIE     DOGMATIQUE    ET   MORALE,    DES    PASSIONS,    DES    VERTUS     ET 

DES    VICES,     HE    JCRISPRUDESCE    CIVILE- ECCLÉSIASTIQUE,    d'HISTOIRB 

ECCLÉSIASTIQUE,  d'aRCHÉOLOGIE  SACRÉE,    DE  MUSIQUE  RELIGIEUSE, 

d'héraldique  et  de  NUMISMATIQUE  RELIGIEUSES,  DE  PHILOSOPHIE, 

DE  GÉOLOGIE,  DE  DIPLOMATIQUE    CHRÉTIENNE  ET   DBS 

SCIENCES  OCCULTES. 

PUBLIÉE 

PAR    M.  L'ABBÉ  MIGNE , 

ÉOITEOR    DE    LA    BIBZ.IOTBËQaE    UNIVERSELLE    DU    CLERGÉ, 

a» 

DES    C0OR9    COntPLETa    SUR    CIIAQCÉ    BRANCHE    DE    LA    SCIENCE    ECCLÉSIASTIQUE. 

50  VOIUMES  IN-r. 

fr.lX   :  0  IR.   LK  vol..   POLIi    LE  SOUSCRIPTEUR  A   LA    COLLECTION    ENTIÈRE,  1  FR.,  8    FR-,   ET    MÊllMi    10    FR.    fULK    Lt. 
SOUSCRIPTEUR  A   TEL  OU  TEL  DICTIO.NNAIRE  PARTICULIER. 


TOME  irïMGT-NEUVIEME. 

DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  SACRÉE  ET  ECCLÉSIASTIQUE. 

TOME    SECOND. 

3  VOL.  PRIX  :   24   francs. 

CHEZ  L'ÉDITEDR 

AUX  ATELIERS  CATHOLIQUES  DU  PEïlT-MONTllOUGE, 

DARRI^.RE    d'BNFSR    DE    PARIS, 

1849 


DICTIONNAIRE 

DE 

GEOGRAPHIE 

SACRÉE  ET  ECCLÉSIASTIOUE, 

CONTENANT  : 

LE  DICTIONNAIRE  GÉOGRAPHIQUE  DE  LA  BIBLE,  PAR  BARBIE  DU  BOCAGE; 

UNE   INTRODUCTION    A    L4    GÉOGRAPHIE    CHRÉTIENNE     DEPCI9     LA    PRÉDICATION    DE    l'ÉVANGILB; 
UN    APERÇU    DES    PROBLÈMES    DE    LA    GÉOGRAPHIE    PHYSIQUE;    UNE    STATISTIQUE    DES 
PEUPLES    ET  DES  VILLES  DE    LA   GÉOGRAPHIE    ANTÉRIEURE  A  l'aN  EOO;    UN  VOCABCIAIRE  DES 
NOMS    latins;     un    tableau    COMPLET     DES    PATRIARCATS,    DES    MÉTROPOLES    ET 
DES   ÉVÊCnÉS   DU    MONDE  CHRÉTIEN,  DEPUIS   LES  PREMIERS  SIÈCLES    JUSQu'eN   18i9  ;    LA 
DESCRIPTION    DES    DIVERSES    CONTRÉES,    DES    MONTAGNES,     DES    PRINCIPAUX 
FLEUVES    DU    GLOBE,    DES    VILLES    PATRIARCALES,    MÉTROPOLITAINES,    KPISCOPALES, 
DES     GRANDES     ABBAYES  ,      DES      LOCALITÉS     REMARQUABLES     PAR     LES 
CONCILES  QUI    s'y   TINRENT,    DES    MONUMENTS    OU    DES    SOUVENIRS    RELIGIEUX, 
AINSI    QUE    DES    VILLES    CÉLÈBRES   DE    l'iSLAMISME  ET   DE  l'iDOLA- 
TRIE;   UN   RÉSUMÉ  DES  MISSIONS  CATHOLIQUES,  DES  DIFFÉRENTES  MISSIONS 
PROTESTANTES,     DE     LA     GÉOGRAPHIE    MUSULMANE    ET    IDO- 
LATRE ;     UNE     ESP0SIT:0N     des     travaux     et    des     opinions     DES 
ANTHROPOLOGISTES      MODERNES  ;     UN     ESSAI      SUR     Là 
PHILOSOPHIE      DE     LA     GÉOGRAPHIE    ET     UNE     BIBLIOGRAPHIE 
GÉOGRAPHIQUE  ; 

Auteur  (l"une  Traduction  de)  OEuvres  choisies  de  sa'nt  Jérôme,  d'un  Essai  sur  sa  ^le  et  sur  son  siècle, 
d'une  Y  edeS.  S.  Pie  IX. 

publié  ]>a\:  3i)v.  l'abbé  ?)îii)nf, 

ÉDITEUR    DE     LA    BIBLIOTHÈQUE    UNIVERSELLE    DU     CLEBGé, 

ou 
iirs  COUPS  coaiPLETS  sin  cuaqie  dranciif.  it,  i.a  science  ecci  iîsixstique. 

TOME    SECOND. 

3  VOL.  PRIX  :  24-  francs. 


CHEZ  L'EDITEUR, 

AUX  ATCLIKUS  CATHOLIQUES  DU  l'ETIT-MONTUOUGE, 
CARRIÈHK  d'enfer  db  pahis 


Inip:i;iiurie  Oe  MiGiSh",  au  rclil-M"nirouge. 


INTRODUCTION. 


Il  résulte  de  ruxamen  comparé  de  la  p;éo- 
grnphie  des  légendes  que  la  peiisïe  de  Dieu 
esl  la  base  de  l'harmonie  de  ce  monde,  et  que 
tous  les  peuples,  quelque  soit  leur  état  sau- 
vage ou  civilisé,  ont  des  notions  de  la  Divi- 
nité. Ces  notions  viennent-elles  de  l'homme? 
Non,  son  inlelligencc  ne  va  pas  jusque-là.  En 
effet,  comment  l'homme  auriiit-il  eu  assez 
d'élévation  dans  l'esprit,  assez  de  profondeur 
dans  la  pensée  pour  inventer  Dieu,  dans  le 
n)omcnt  même  où  il  n'avait  pas  l'idée  de  la 
plus  simple  amélioration  matérielle, du  moin- 
dre progrès?  La  nécessité  cl  le  besoin,  ces 
deux  grands  mobiles  de  l'espèce  humaine, 
auraient  inspiré  la  spiritualité  par  excellence 
aux  nations  qui,  en  même  temps,  seraient 
restées  défaillantes  au  bord  de  l'abime  des 
misères  humaines  1  Cette  contradiction  est 
impossible;  et  d'ailleurs  tous  les  faits  acquis 
à  la  géographie  ruinent  un  pareil  système. 

Mais  nous  avouerons  qu'il  ressort  de  la 
géographie  des  légendes  que,  dans  l'ensemble 
des  caractères  qui  constituent  la  Divinité 
chez  tous  les  peuples  idolâtres  du  globe,  on 
retrouve  la  cruauté  et  la  terreur.  11  semble 
qu'il  y  a  indivisibilité  entre  la  nature  divine 
et  ces  deux  attributs.  Or,  cette  remarque, 
basée  sur  les  découvertes  modernes  et  sur 
lei  faits  recueillis  depuis  le  xv  siècle,  est 
identiquement  la  même  que  celle  l'aile  lors 
de  l'inondation  des  barbares  et  dans  l'anti- 
quitc;  c'est-à-direque,  hors  du  christianisme, 
Dieu  n'est  que  le  symbole  du  terrible  et  de 
l'épouvantable.  Mystère  profond  lorsqu'on 
veut  en  chercher  l'explication  1  problème 
intéressant,  dont  la  solution  se  rattache  inti- 
0)ement  aux  destinées  de  l'humanité  1 

La  géographie  des  légendes  est  une  divi- 
sion de  la  géographie  générale,  comme  la 
biographie  est  à  l'hisloiie.  Par  les  rappro- 
chements curieux  qu'elle  établit  et  les  indi- 
cations précieuses  qu'elle  procure,  elle  con- 
tribue beaucoup  aux  progrès  de  l'histoire 
morale  des   variétés  de  la  raoo  humaine. 

Les  dilTérentes  branches  des  sciences  géo- 
graphiques composent,  quand  on  les  exa- 
mine dans  toutes  les  vicissitudes  qu'elles  su- 
bissent, une  vaste  géographie  légendique.  Les 
Alpes  et  les  Andes  ne  sont-elles  pas  les  lé- 
gendes de  la  nalure?  N'eu  forment-elles  pas 
les  pages  les  plus  admirables  et  les  plus  subli- 
mes avec  leurs  mj-slères  physiques  et  géolo- 
giques, leurs  neiges  continuelles,  leurs  vastes 
glaciers,  leurs  avalanches  foudroyantes  et 
leur  immense  silence?  Ne  sout-ce  pas  aussi 
des  légendes  que  toutes  les  hypothèses  géo- 
logiques successives  inventées  par  la  science 
moderne,  et  qui  disparaissent  comme  au- 
tant de  météores,  après  avoir  jeté  un  certain 
éclat? 

Le  Spilzberg  [Saxum  glacial^)  avec  ses 
algues  d'une  dimension    gigantesque  (une 

,DlCTIOIfNAlRE    DE   GÉOGBÂPHtE     ECCL.   II. 


espèce  a  200  pieds  «le  long),  ses  jours  de  cinq 
mois  et  ses  nuits  si  longues,  ses  aurores  bo- 
réales et  ses  ours  polaires,  n'app  iraîl-il  pas 
comme  un  sombre  mystère  dans  la  légende 
de  la  nalure?  Les  pèleiinages  du  m  «yen  âge, 
qui  tiennent  une  idace  si  importante  d.ins  la 
léî^ende,  n'ont  point  été  stériles  pour  l'intérêt 
public,  comme  beaucoup  de  gens  se  l'ima- 
ginent. La  géographie  légendiquc  constate 
qu'ils  inspiraient  l'idée  de  grand  s  travaux  d'u- 
tilité publique.  Ainsi,  le  pèlerinage  le  plus 
célèbre  de  l'Espagne  au  moyen  âge,  celui  de 
Saint-Jacques  de  Composlelle,  conduisit  à 
bâtir  des  ponts,  à  ouvrir  des  routes  dans  les 
provinces  voisines,  pour  favoriser  le  passage 
des  troupes  de  pèlerins,  et  à  élever  des  hôpi- 
taux pour  les  recevoir  eu  cas  de  maladies  ou 
d'accidents. 

Les  questions  de  nationalité  se  représen- 
lentàcbaque  instant  dans  la  légendedes  peu- 
ples ;  et, chose  étonnante!  elles  n'ont  pas  plus 
frappé  les  géographes  même  les  plus  distin- 
gués, les  plus  eininents,  quelles  n'ont  frap|)é 
les  historiens  des  xvii*  et  xviii'^  siècles.  Ces 
questions  cependant  se  rattachent  directe- 
ment à  la  géographie,  elles  en  sont  insépara- 
bles. Sous  ce  point  de  vue  encore,  elles  ai- 
dent celle-ci  à  éclaircir  les  points  obscurs 
de  l'histoire  politique.  Quant  à  l'histoire  ec- 
clésiastique, elles  jettent  également  du  jour 
sur  des  époques  de  persécution  restées  incer- 
taines, confuses,  et  sur  lesquelles  on  n'avait 
pas  de  véritables  explications. 

Malte  Brun  elBalbi.qui  ne  manquaient  ni 
de  talent,  ni  d'érudition,  n'ont  point  apeiçu  la 
connexilé  directe  de  la  (luestion  des  natio- 
nalités avec  la  géographie.  Et  dansl'ouvr.ige, 
oii  Malte  lirun  aurait  pu  en  parler  le  plus, 
dans  son  Histoire  des  progrès  de  lu  (jéogra~ 
phie,  il  n'y  a  pas  même  songé. 

A  cette  o^casion,  nous  rappellerons  lin- 
fluence  désastreuse  que  les  noms  de  Romain  et 
de  Grec  ont  exercée  sur  les  gouvernements 
étrangers,  relativement  à  la  propagation  du 
christianisme.  Les  rois  wandales  ont  pers.i- 
culé  le  clergé  catholique  d'Afrique  en  haine 
de  Rome.  Les  rois  de  Perse  en  oui  fait  au- 
tant dans  leur  empire, en  haine  des  Roujains 
d'abord,  et  des  Grecs  ensuite.  Les  Coptes 
(les  indigènes  de  l'Egypte),  qui  délestaient 
les  Grecs  de  toute  la  puissance  de  leur  âme, 
ont  Gui  par  appeler  les  Sarrasins,  afin  de  se 
débarrasser  des  premiers.  Les  Syriens  indi- 
gènes plus  tard  ks  imitèrent. 

Enfin  les  Grecs,  (|uoique  vaincus,  ou  plu- 
tôt parce  qu'ils  avaient  été  vaincus,  abhor- 
raient les  Latins.  Les  populations  grecques, 
comme  nous  l'apprend  saint  Jérôme,  (jui  ha- 
bitait la  Sjrie  auiv  siècle,  s'entcnd.iient  pour 
ne  point  apprendre  et  ne  point  parler  le  Liiin, 
la  langue  des  barbares.  Le  schisme  d'Orient, 
si  opiuiâtre,  n'a  pas  d'uutre  cause  raUieulo 


IMUODUCTION. 
du  feu 


IV 


que  celle  a  nlipalhienalioiiale.  Le  catholicisme 
en  a  profontlémeiit  souffert.  Dans  les  temps 
modernes,  on  a  vu  des  peuples  indigènes  de 
l'Amérique  méiidionale  admirer  In  dcvoiia- 
ment  des  robes  noires  (c'est  ainsi  qu'il-;  dési- 
gnaient les  missionnaires),  mais  roMster 
éDerfiquenieni  à  leurs  sollicitations  et  à  tou 
(es  leurs  instances,  ne  voulant  pis  cmbras^ 
ser  la  religion  des  esprits  malfaisanls  (nom 
donné  aus  Espagnols  par  les  sauvages  des 
Antilles  cl  des  côtes  orientales  de  l'Amérique 
du  Sud),  et  préférant  mourir  collectivement, 
comme  ils  sont  luorts  en  effet,  plutôt  que 
d'avoir  quelque  chose  de  commun  avec  leurs 
oppresseurs. 

Un  patriarche  d'Alexandrie,  Benjamin,  d'o- 
rigine copte,  détermina  ses  diocésains  indi' 
gènes,  so  s  l'empereur  Héraclius,  au  milieu 
du  vir  sièc'e,  par  haine  coutte  les  gouver- 
neurs grecs  de  sa  ville  patriarcale,  à  se  join- 
dre à  lui  pour  appeler  en  Egypte  les  kalifs 
de  Damas.  A  lépoque  des  m%  iv=  et  V  ^iè- 
cles,  où  les  laures  ciaienl  si  florissantes  qu'on 
y  comptait  k  et  5000  solitaires  par  cai  ton, 
dans  les  solitudes  de  la  Rasi^e  et  de  la  H  iule 
Egy.  t:',  les  indi,;èncs  formaient  surtout  la 
majorité  de  ces  associations  religieuses  ;  ils 
se  reliraient  ainsi  dans  les  déserts  pir  eli;i- 
grin  de  voir  leur  pays  asservi  aux  rirec.<,qui 
les  ruinaient  et  les  méprisaient.  La  morale 
cl  les  dogmes  du  christianisme,  ainsi  que  la 
vie  conlen)plative,  convenaient  à  l'étal  de 
leur  âme,  aus  dispositions  do  leur  esnrii.  Les 
Coptes  n'obtenaient  aucun  e;uploi,lrs  (irecs 
occupaient  toutes  les  places,  toutes  les  digni- 
tés civi  es,  religieuses  et  militaires,  et  mon- 
Iraienl  une  avidité  excessive. 

11  n'y  a  donc  jamai-^  eu,  en  Egypte,  fusion 
de  la  population  indigène  avec  l'éléuienl  ro- 
main cl  grec.  La  race  primitive  a  diminué 
progressivement  sous  l'oppression  séculaire 
des  Arabes  et  des  Turks.  La  rare  grecque 
clle-mcnie  a  fiai  pir  disparaître.  La  popula- 
tion acluellen'cst  plus  qu'un  mélange  informe 
des  races  musulmanes,  amené,  s  par  les  di- 
verses invasions  dont  ce  malheureux  pays 
a  été  victime. 

L'église  Saint-Marc,  à  .\iexandrie,  cl'ut  la 
patriarcale;  mais,  en  9lJ0,le  pairi:;rch2  Cliris- 
iodule  alla  résider  au  Grand-Caire,  nouvelle 
capitale  d«  ri''gyple,  et  résidence  des  émirs. 
De  la  splendeur  de  l'Eglise  d'Alexandrie  il  ne 
reste  plus  rien  ;  de  ce  patriarcat  si  étendu, 
si  célèbre,  on  ne  t."ouve  plus  qu'un  pau\rc 
moine,  oisif,  ignorant,  dans  une  maison  de 
modeste  apparence,  aupiès  de  l'église  de  la 
Vierge,  au  (.Iraïui-Caire,  passanl  ses  jouri-.ées 
assis  à  la  manière  orientale,  sur  une  peau 
de  mouton,  ne  connaissant  plus  les  limites 
de  son  patriarcal,  et  ne  sachant  même  pas 
si,  hors  do  l'Egypte,  il  y  a  encore  des  chré- 
tiens. 

Après  les  patriarcats  primitifs,  venait  en 
sixième  lieu  celui  deSeleucie,dotU  les  arche- 
vêques prenaient  le  litre  de  pa'riarclie  de 
Séieucie,  de  Clésiphonte  et  de  H.ibylone;  ils 
avaient  d'abord  porté  le  litre  d'archevêques 
autocéphales  ou  indépcDJjnts. 

Sjus  les  rois  ma^cs  de  Perse  (adorateurs 


Séieucie,  au  iv  siècle,  eut  beau- 
coup de  marivrs.au  nombre  desquels  fut 
saint  Sadoth,  son  archevêque.  Les  pauisans 
dcNeslorius,  poursuivis  par  le  gouverne- 
ment grec  de  Con^lautinople,  se  reiii^ièrent 
dans  la  ville  et  le  p.iiriarcat  de  ?é  lurie. 
Elle  fut  prise,  au  vir  sice!e  ,  pacles  Sarra- 
sins (Arabes)  qui  la  nuiumèr^nt  Alnioilai/en, 
c'est-à-dire  la  ville  par  excellence.  F.ninée 
dans  le  ix°  siècle,  au  milieu  des  guerres  des 
musulmans  ertre  eux  et  coutre  l'empire 
grec,  de  ses  ruines  oa  ediMa  Uagdad.  Les 
paliiar  hes  se  fixèrent  alors  à  lréiio|.olis, 
puis  à  Bagdad,  et  enfin  dans  uii  couvert  des 
environs  de  51os<iil ,  nommé  Elkoug.  L'.rs 
de  l'inva  ion  des  Mongols  dans  cette  partie 
de  l'Asie,  aux  xirelxnr  siècles,  les  p.iiciar- 
c'ies  ne?totiens  essayèrent  de  (iropa^'or  le 
christiaiiisme  dans  les  provinces  de  l'Asie 
centrale,  au  moyen  de  leurs  diocés.iins  qui 
s'y  répandaient  pour  commercer.  Voilà  par 
quelle  voie  le  chi  islianisine  a  du  pénéircr 
d.irii  l'Ariiglianistan,  la  Bukirie,  dans  les 
vallées  profondes  du  Thibet  et  dans  le  lihoo- 
tan. 

L'Is.aiM  <sl  remarquable  par  ses  légendes 
fort  nombreuses  et  encore  plus  merv<Mlleu- 
ses;  l'imagination  des  Arabes  en  a  lait  des 
histoires  plus  ex'ra  ordinaires  les  unes  que  les 
aiiires.  Ainsi  la  ville  du  Prince  iBegscbehri), 
UrOs  priiicipis  ,  est  une  ville  esseiitielleinent 
légeudique  q  i  rep.irail  dans  tous  les  coules 
arabes.  Son  fondateur  .Vlaedilin,  dont  nous 
autres  Eu  opéens  a»  uns  fai:  Sa'adin,  a  com- 
muniqué à  sa  physionouiie  quelque  cliose  de 
poétique. 

Quelques  unes  des  villes  métropolitaines 
de  l'Asie  Mineure  qui  figureiu  d.nis  les  Aelis 
des  apôtres  ,  dans  l'Apocaiypse  et  dans  te 
mariyruluge  des  premiers  siècles  ,  avaient 
leur  place  assignée  dans  celle  géographie; 
c.ir  leur  histoire,  au  commencement  du 
moyen  âge,  n'esl  qu'une  légende  lamentable. 
Ainsi  Niree  (Isnik),  Pergaine  (Pergamo), 
Philadelphie  ;î\all;Uebos  cl  maiulenani  Alas- 
chebr),  Am  istrah  (Se>amos),  Sardes,  Sébasle 
(Sauslia,  Sivv.is) ,  Tbessalonique  (Saloni.'ii), 
etc.,  La  Thista  {Trruqitillus  liuiius),  rivière 
légendique  île  i'Hindou>tan,  uflloenl  de  la 
branche  orientale  du  Gange  (  la  Pu'lda  ) 
noiliméc  Tran/jitille,  parce  que  son  cours  est 
calme,  une  fois  qu'vlle  est  entrée  dans  le 
désert  de  Reougpoor;  la  déesse  de  celle  ri- 
vière est  reg  irdée  comme  une  vieille  f. mme 
dont  les  habit.ints  des  environs  ont  lait  une 
divinité  pro  ecirice  ^iu  pays,  et  sur  laquelle 
ils  raci>nieiit  de  fantastiques  légendes. 

Nous  devions  insenre  Ce>arée  de  Palestine 
{Tturis  Siruloitis  ,  vel  Cœiurea)  ,  avec  sa 
splendeur  p.issée  et  sa  ruine  aelueile  (  il  en 
est  beaucoup  question  dans  saint  Jérôme  )  ; 
Amasia,  .\ma5ieh  ,  Ancyia,  Aucyrc  {Ëngu- 
rijè),  etc.,  etc. 

Cracovia  {Urbs  Corrodwiensis),  Cracovie, 
ville  du  cunimencementdu  moyen  âge,  ci  qui 
réunit  à  elle  seule  tous  les  souvenirs  de  la 
nationalité  polonaise,  ainsi  que  ses  litres 
catlioliques,  ne  pouvait  être  oubliée. 
(Ta^a  ycnsJlesKosaqueSjlvirguis-Kaïssa^» 


FNTl^ODUCTION. 


yi 


el  Kalmonks, -peuples  nomades  donl  la  lé-  ot  los  stoppes^  qiTO  I'o<!  unes  sont  noyées  par 
gei>densiatique  f;iil  la  nalion  1.!  plus  ;M)ciciine  les  (iluics,  et  (]uc  les  autres  en  sont  absolu- 
dii  iiioiulc;  logeiidi^  (]ui,  pan;.!  eux,  csl  ri'pu-      nifiil  priv;'es  ;  'jn'on  épioiivo  Mans  les  pre 


tée  sacrée.  Les  Kosa(iues,  suivant  qucltiucs 
auteurs,  sont  d'origine  slave. 

Les  Kirguis  possèdenl  une  coUecMon  de 
contes  remplis  de  prodiges,  d'enciiautcments 
et  de  incuilres,  et  ilonl  les  liéios,  setnlila- 
bles  aux  chevaliers  des  su'  el  xiii"  siècles, 
vont  courir  le  monde  pour  chercher  des 
avonlures.  Ils  hahilent  le  nord  du  Turkes- 
tan,  l'ancien  pays  de  Kharisme  ou  de  Chua- 
rem. 

Les  Kirgnis  possèdent  des  remèdes  médi- 
caux, tels  (jiie  celui  (Oinposé  d'une  dccr)ctii)n 
de  racines  d'églanlier,  de  miel  cl  de  beurre  , 
pour  les  maladies  de  poitrine.  Ce  lemède 
n'aurait  peut-être  pas  en  Europe  l'eflicicilé 
qu'il  a  dans  l'Asie  cenlrale,  parce  (juc  le 
miel  c'  le  heurre  dilTèrenl  un  pe:i,  et  que 
l'églaniier  n'a  p.is  la  même  venu  que  celui 
du  Turkestan.  Kn  eiïel,  des  piaules,  di'S 
fleurs,  des  a. bustes  qui  possèdent  leiies  ou 
telles  vertus  dans  une  contrée,  souvent  ne 
les  conservent  pas  dans  une  autre  1),  en 
raison  de  la  nature  du  sol  et  des  conitilions 
climatériqucs. 

Les  Kalmouks  peuplent  l'Asie  centrale  et 
orientale.  Tributaires  ou  de  la  Russie  ou  de 
la  Chine  ,  ils  prati(]uent  le  lamisme  ,  qui  est 
le  culte  de  la  J)aule  Asie.  Ils  ont  an  symbole 
mythologique  très-compliqué  et  très- fabu- 
leux, mais  qui,  au  fond,  rappelle  l'iiiÉniorta- 
lilé  de  l'âme,  le  châtiment  du  vice  el  la 
récompense  de  la  vertu. 

Vén étiola  (le  Venezuela),  avec  ses  traditions 
sur  l'or,  son  lac  Parime  dont  la  vase  inépui- 
sable était  de  l'or,  et  le  pays  aux  sources  de 
rOrcnoque,  dont  le  sol  se  formait  d'or  natif, 
est  une  légende  raraclérisliqno  dans  la  géo- 
graphie de  l'Amérique,  quand  ou  la  met 
en  regard  des  Indiens  el  de  li'ur  serment 
solennel  de  laire  la  source  d.'  l^-ur  père  , 
de  leur  ami  (l'Orénoque) ,  aux  Esprils  mal- 
fainanls  (aux  Espagnols). 

Le  dicton  «  c'est  iiu  el  dorado,  »  vient  de 
cette  légende  du  Venezuela.  Les  ll:nos, 
dont  les  habilanis  s'appi-llent  LIaneros,  ne 
sont  pas  des  steppes  parci.les  à  celles  de 
l'Asie  central.^ 

Les  unes  et  les  autres  comportent  des  ca- 
ractères dilîérentiels  .  gioique  toutes  deux 
se  distinguent  par  l'absence  de  pierres  et  de 
cailloux.  L'Orénoque,  tleuve  essentiellement 
poétique  el  mystérieux  ,  avec  son  cours 
sinueux  à  cause  des  groupes  de  monlagnes 
de  la  Parime,  avec  sa  population  nombreuse 
d'allig.àtors  cl  son  volume  gigantesque  d'eau, 
ajoute  un  vif  intérêt  à  la  légende  vénézue- 
lieime  ;  car  il  reçoit  toute  la  masse  de  pluies 
de  22,.38G  lieues  carrées.  Et   1  on  sait  avec 


mières  une  chaîeur  et  une  humidité  extré" 
mes.  el  d.:ns  les  secondes  une  sédieresse  et 
un  froid  iiisnpporiables ;  des  tremblements 
de  ttrre  dans  les  llaiios ,  des  ouragans  ,  des 
tempêtes  violentes  dans  les  steppes,  où  le  sa- 
ble, en  éié,  el  la  neige,  en  hiver,  sont  em- 
portés par  grandes  masses  dans  des  lourbil- 
ïons  effroyables. 

Les  anciennes  maisons  féodales  el  prin- 
cières  de  l'Allcm-igne  devaient  se  trouver 
nus'ii  dans  celle  (iyogr-iphie,  puisque  leoi' 
origine  est  presijue  toute  k'geiidi(iue,  «lu'i'Mes 
appartiennent  au  moyen  âge,  et  que  cette 
ancienne  organisation  si  variée  de  l'Alle- 
ma'iiie  disparaît  progressivement  pour  se 
réUigier  lians  l'histoire. 

L'i(!o!âlrie,  pratiquée  dans  le  nord  de  l'ftu- 
rope  [lar  les  races  finnoise,  slave,  scanli.. 
navp,  etc.,  avait  un  caraclère  di>  baihario 
nivslcrieuse  qu'elle  tirait  sans  doule  de  l'in- 
clcmence  du  climat  ;  il  a  fallu,  pour  la  com- 
battre el  eu  déiacher  los  populations,  des 
travaux  longs,  opiniâtres;  et  l'on  ne  saurait 
aujourd'hui  se  faire  d'idée  du  dévouement  el 
des  fatigues  des  missionnaires  chrétiens 
d'alors  ,  si  on  ne  connaît  l'histoire  d'après 
les  écrits  mêmes  du  temps, 

Vxd^.iuin  Jnsnlœ,  iles  des  Hrnards  ,  ou 
Aie  iules,  Aleolienncs.  L^s  indigènes,  clécom- 
me  hiver,  habitent  sous  terre  dans  des  trous 
qu'ils  creusent  et  qui  form'^nt  des  caves  non 
voûtées  :  ce  sont  comme  nos  carrières,  ex- 
cepté qu'il  y  a  moins  à  descendre.  Col  usage 
a  été  plus  répiindu  qu'on  ne  croit  aujour- 
d'hui :  on  l'a  trouve  dans  le  nord  de  l'Asie 
et  de  l'Amérique,  où  il  se  conserve  ;  dans  une 
partie  de  l'Afrique  orientale  (  l'ancienne 
Ei!iiopie),dans  les  îles  l'.anaries,  où  les  (juan- 
ches  habitaient  des  civerncs  creusées  dans 
les  rochers  ;  enlîn,  en  France  même,  on  ren- 
contre dans  de  certaines  localités  des  habita- 
tions creusées  d;ins  des  montagnes. 

L'ar'irle  iîegioLnurcntiuna,  l'îledeMadagaS' 
car,  rentre  dans  la  géographie  des  légendes, 
pane  que  seule  elle  a  échappé  à  l'Islatn, 
quoique  cernée  de  tous  les  côtés  par  des 
pays  islamiles;  parce  que  l'invasion  de  l'ilo 
par  les  Movas  de  la  race  malaie  est  environ- 
née ào  circonstances  mystérieuses  qui  prélent 
à  la  légende. 

5i(&»n«a',  les  Finnois,  dans  l'empire  russe, 
lant  en  Europe  qu'en  Asie,  ou  plutôt  les 
peuples  Otiraliens  ,  parce  qu'ils  paraissent 
sortis  des  environs  des  monis  Our  ils  ,  ont 
joué  un  grand  rôle  dar.s  les  émigrations  do 
l'antiquité  et  du  moyen  âge,  mais  dont  ils 
n'ont  consfrvè  aucun   souvenir.   Les  Hon- 


quelle  a;;oadance  el  quelle  force  la   pluie     grois  ou  Madgyars  sortent  d'une  division  de 
tombe  sous  les  tropiques.  la    famille  finnoise    (lai',    comprenant  les 

11  y  a  ceci  de  particulier  entre  les  tlanos     Finnois  Ougours,  tels  que  les  Vogouls,  les 


(■;  A.nsi  le  c:\fe  rérnlle  d.ins  rilo  de  S'imairn  est 
fiirl  ni.'iliiicic.  Il.ins  l'i'.liii  de  \  ciiéziiola  (Ainériipie 
jr'ériilioiiali;),  la  canne  à  sucre  olTre  (ilii-iieuis  v;iriélés 
parmi   lesquelles  il  en  est  d'excclleiiles.  (juant  aux 


céréiles,  le  Idé  produit  moins  qu'en  France  ;  les  épis 
smil  tiè-lailili'niPiil  g.onis,  niuis  la  paille  est  al)e!i- 
dante.  {?lolc  de  i'aiileur.) 


VI! 


INTRODUCTION. 


VIII 


OsliiiKs,  etc.).  Ceci  résulte  de  la  comparaison 
lies  lanuues. 

Celle  qiialrième  division  du  moins  ne  dis- 
paraîtra pas  de  l'histoire  sans  éclat  et  sans 
sliiiro. 

Siiinalra  devait  fifiurer  dans  la  géograpliie 


L'infanticide  y  exisie,  comme  il  se  re- 
trouve dans  quelques  iles  de  la  Polynésie  et 
de  i'Océnnic. 

Dans  la  Guyane  ,  les  hommes  ne  font 
rien  que  chasser  ou  pécher,  tandis  (]ue  les 
femmes,  chargées  du  soin  des  enfants,  culli- 


ocs  légendes  scuiemenl  à  cause  de  son  mer-      vent  la    terre,   cherchent  lis    racines   pour 


vcilleux  .-irbre  cm|;oisonncur  (le  suhn-upa), 
sur  lequel  les  premiers  voyagi'urs  ont  l'ail 
tant  de  récits  fantastiques.  Sumatra  abonde 
en  varicics  de  singes.  —  Des  lettres  et  des 
savants  veulent,  comme  l'on  s;iit,  ranger 
cirluiiies  variétés  parmi  les  races  humaines. 
Mais  pourquoi  n'a-l-on  rencontré  et  ne  ren- 
conire-t-on  nulle  part  des  hommes  mar- 
chant à  quatre  pattes,  et  des  singes  mar- 
chant naturelle  ment  comme  l'homme?  Poor- 
quui  les  voit-on  toujours  se  servir  do  leurs 
pieds  et  de  leurs  mains  pour  sauter,  uiar- 
clier  et  courir? 

L'île  de  Sumatra  ou  la  terre  dePalcmhang 
possède  des  indigènes  noirs  à  l'intérieur  avec 
l'idolâtrie,  et  sur  les  côtes  la  race  malaie 
avec  l'iblam.  Est-elliî  venue  à  titre  d'inva- 
sion ou  de  colonie?  C'est  ce  qu'il  est  assez 
difricile  d'affirmer.  Pcul-êlre  les  Malais  sont- 
ils  venus,  comme  les  Européens,  envahis- 
seurs et  Cl  lonisateurs  en  même  temps.  Cette 
île  a  conservé  les  traditions  primitives  des 
sociétés  naissantes,  surtout  en  ce  qui  con- 


m  nger,  préparent  les  aliments  et  la  hoisson 
enivrante,  la  culture  étant  absolument  anti- 
pathique aux  hommes.  La  demonolàlrie, 
ou  le  culte  du  dialilo,' exisie  aussi  dans  la 
(îuyane  comme  chez  les  tribus  de  la  haute 
Asie  il).  La  race  noire  s'y  dislingnp,  comme 
en  Afriiiue,  par  son  penchant  pour  la  sor- 
cellerie. 

Terra  Senogalla,  le  Sénégal,  ou  la  Séné- 
ga'i.hie.  Les  Maures  marchands  professent 
l'islam.  Les  Nègres  l'onl  sans  doute  reçu 
d'eux  ;  ils  sont  en  partie  livrés  au  fciichisme 
le  plus  grossier.  Par  la  diversité  des  peuples 
qui  l'habitent,  le  Sénégal  peul  donner  une 
idée  de  la  variété  des  nations  dont  est  rem- 
plie l'Afrique,  et  des  légendes  qu'elles  se 
transmettent  par  la  tradition,  légendes  parmi 
lesquelles  il  y  en  a  de  fort  curieuses  et  de 
fort  intéressantes. 

Les  Européens  confondent  sous  l'appella- 
tion génér  lie  de  Foitlahs,  Fellalah,  Fellahs, 
Foulons,  Felluns,  etc.,  etc.,  différents  peu- 
ples de   l'Afrique  occidentale.  Dans  la  Séné- 


cerne   les    procédés    agricoles.  Ainsi    on    y     gambie,  cet  e  confusion,  qui  conduit  à  îles 


foule  aux  pieds  les  épis  du  riz  pour  en  fake 
sortir  le  grain.  Or  ce  procédé  est  de  la  plus 
haute  antiquité. 

Les  Suanes  d'origine  grnsienne  (caucasi- 
que)se  lapprochentdu  moyen  agedel'Ecasse. 
Les  Toungouse^  ,  d'origine  mandschouc, 
peuplade  sil-érienne,  rappellent  les  hordes 
d'Attila  et  celles  du  moyen  à'^e. 

Terra  aquosit,  la  Guyane  ,  possède  une 
langue  pauvre  et  en  enfance.  L'origine  de 
ses  nombreuses  peuplades  est  obscure  et  in- 
certaine; elles  diflérent  toutes  entre  illes 
par  la  figure,  la  physionomie,  la  taille  et  le 
langa<!e. 

La  tradition  légendique  des  Caribes  rap- 
pelle d'un  manière  défigurée  le  uiysière  de 
la  rédemption.  L'Elre  supicme  fil  descendre 


erreurs  sur  la  personnalité  des  races,  n'ixiste 
point  parn;i  les  aborigènes.  Ils  savent  par- 
failemenl  distinguer  chaque  variété  et  sous- 
variété  ;  car,  en  effet,  elles  se  distinguent  les 
unes  des  aulres  par  des  caractères  plus  ou 
moins  différentiels  dans  la  couleur,  les  traits 
et  la  forme  du  visage,  dans  la  chevelure, 
dans  le  langage,  dai'.s  ie  costume  et  dans  les 
mœurs. 

Il  est  évident,  et  c'est  un  point  acquis  à  la 
géographie  légendique,  sans  qu'elle  puisse 
peut-être  l'expliquer  suffisamment,  qu'une 
ou  plusieurs  raies  étrangèies  ont  pénétré 
et  sont  resti.es  dans  l'.Vtrique  centrale  de- 
puis la  côle  de  l'ouest  jusqu'à  la  côte  de 
i'esi,  soit  à  titre  de  race  conquérante,  soit 
en  qualité  de  race  inimigraole.  Ce  fait  rcs- 


son  fils  du  ciel  pour  tuer  un  serpent  liorri-  son  directement  des  variétés  et  des  sous- 
ble  ;  l'ayant  vaincu,  il  se  forma  dans  les  en- 
trailles de  l'animai  deux  vrrs,  qui  produisi- 
rent chacun  un  C.arihe  avec  sa  femme.  Il  est 
bon  de  savoir  que  les  vers  jouent  un  grand 
rôle  dans  l'alimentation  des  Canbes;  cette 
légende  est  donc  tout  à  fait  locale. 

Les  Salivas,  autre  peuplade  guyanaise, 
croient  que  la  terre  a  produit  des  hommes 
et  des  femmes  comme  elle  a  produit  des 
plantes,  des  arbustes  et  des  arbres.  Celle  lé- 
gende n'a  rien  que  de  très-simple  pour  des 
sauvages,  puisque  nos  lettrés  modernes  et 
quelques-uns  de  nos  anthropologues  ont 
én)is  la  même  opinion  ,  et  la  soutiennent  ou 
la  font  soutenir  scientifiquement. 


êtes  qui  se  rencontrent  parmi  les  popu- 
lations africaines. 

Lis  Portugais  sont  les  premiers  Européens 
qui  ont  p-Mu  sur  les  côtes  de  la  Sénégamhie, 
et  qui  y  ont  occupé  quelques  possessions.  Il 
ne  lesti;  plus  rien  de  leur  oceupalinn  que 
des  souvenirs  historiqu' s  assez  failles  que 
1  on  découvre  dans  quelques  dénominations 
de  cours  d'eau  et  de  certaines  l'calitcs. 
Ainsi  le  Sénou-Colé,  rivière  qui  se  jette  dans 
la  Falcmé,  avait  reçu  d'eux  le  nom  de  l>io- 
del  Oiiro,  ou  rivière  d'or,  parte  que  les  na- 
turels en  liraient  de  la  pou  Ire  d'or  par  le 
procédé  du  lavage,  opération  qu'ils  exécutent 
encore  aujourd'liui.  ()uanl  à  l'enseigi'.ement 


(I)  La  personnalité  du  démon,  on  d'nii    mimvais  et  les  savants  aient  donné  nije  explication  ptausilde 

csprii,    ennemi   de  riioinme,  domine,  duiis  le«  c  nq  de  ce  graml  fail.qiii  |iorie  avec  lui  un  caractère  luys- 

pariies  du  monde  ei  sous 'les  diverses  latiiuiles.  térieu.v   el  lernble,  ni  même   qu'ils  aient  paru  Iq 

Nous  n'avons  pas  vu  jusqu'à  présent  que  les  lettrés  comprendre,  {y oie  de  l'auieur.) 


IX 


INTRODUCTION. 


religieux,  il  n'en  est  re'slé  aucune  trace,  ce 
qui,  au  premier  abord,  peut  paraître  éloii- 
nanl  pour  tin  peuple  aussi  zélé,  aussi  propa- 
gandiste que  se  rnonîiaient  les  Fortu2;ais 
aux  XIV  et  XV'  siècles,  puisqu'ils  ne  len- 
taient  aucune  expédition  navale  sans  être 
accompagnés  de  plusieurs  religieux  de  divers 
or. lies.  Celte  absence  du  clirislianisine  dans 
celle  contrée  à  la  fin  du  mojen  âge,  s'expli- 
que par  deux  raisons  :  !a  première,  c'est 
que  l'occupalion  des  côtes  rie  la  Sénégi'inbie 
par  les  Portugais  n'a  été  que  transitoire  et 
accidentelle  dans  leur  histoire  maritime;  la 
seconde,  c'est  que  l'elat  social  des  peuplades 
de  celte  contrée  est  tout  à  fiiit  défavorable  à 
la  propagation  du  chrislianismc. 

Les  Mandingues,  véritable  population  de 
race  nègre,  ont  peu  d  iilces  religieuses;  ils 
ont  même  délaissé  l'islam,  qu'ils  avaient 
d'abord  reçu  drs  Maures,  probablement.  Ils 
roanifeslcni  de  l'éloignemeiil  pour  la  culture 
des  terres,  un  peu  sans  doute  par  la  paresse 
particulière  à  toute  la  race  nègre,  et  au^si 
par  l'idée  qu'ils  ont  que  ce  genre  d'occupa- 
ïion  est  au-dessous  d'eux  ;  idée  quu  nous 
avons  déjà  signalée  comme  étant  propre  à 
presque  toutes  les  variétés  des  popuLilions 
sauvages,  ou  qui  ne  sont  encore  qu'à  l'en- 
fance des  sociétés.  Chez  les  Mandingues  ,  ce 
sunt  les  fouîmes  qui  culiivent  la  terre,  et  qui 
exploitent  l:s  mines  d'or  dont  leur  pays 
abonde:  elles  font  en  un  ir.ot  les  gros  tra- 
vaux. L'occupation  habituelle  lies  homuies 
est  la  chasse. 

Les  musulmans  de  celle  partie  de  l'Afrique 
et  du  grand  désert ,  qui  sont  des  Maures,  ne 
vivent  que  par  le  pillage;  ils  rappellent  les 
Bédouins  de  l'Asie  occidentale.  Leurs  ex- 
cursions, regardées  comme  un  fléau  pire 
que  les  invasions  de  sauterelles,  sont  la  ter- 
reur des  peuplades  nègres,  qui,  bien  que 
plus  nombreuses  et  par  conséquent  en  étal  de 
^ési^ter,  s'enl'uieiil  lâchement,  frappées  d'un 
indicible  et  inexplicable  eflrui.  Cette  pusil- 
lanimiié  qu'on  n'aperçoit  que  trop  dans  la 
grande  famille  nègre  ,  doit  avoir  contrilué 
primiiivement  et  coniinue  de  conlrihuer  à 
son  état  de  barliarie.  L'esclavage,  qui  se  per- 
pélne  dans  l'intéiieur,  parait  être  l'elat 
iiurnial  de  telle  malheureuse  race  noire,  et 
semble  faire  partie  de  la  constitution  géolo- 
gique de  la  terre  aliicainf.  Pas  uu  seul  coin 
de  cette  vaste  contrée  n'en  est  ou  n'en  a  été 
exempt;  au  nord,  à  l'ouest,  au  sud,  à  l'est  et 
dans  le  centre,  partout  l'honiine  est  saisi  par 
cet  épouvantable  Iléau.  Aus  xiv  cl  xv  siè- 
cles, I  s  Portugais  l'y  ont  rencontré  dans  la 
splendeur  de  sa  puissance  et  l'ont  exploité  à 
leur  tour;  de  notre  temps,  il  déploie  omore 
une  vigoureuse  activité.  H  y  a  la  un  phéno- 
mène bien  remarquable  et  qui  appelle  l'al- 
tcnliun  îles  penseurs  et  des   moralistes. 

A'((crtnrii(s,  vcl  Fluvius  AmnzoniilnsAc  Uio 
de  Chahuaris,  ou  l'Amazone.  Les  Chunrhos, 
habitant  les  plaines  arrosées  par  le  Béni  (1), 
ou  Paro,  aftluenl  de  l'Amazone,  ne  vont  pas 


en  comptant  an  delà  du  chiffre  (roin.  Pour 
qu.ilre  et  ultérieurement,  c'est  le  mot  beau- 
coup. Celle  impei  feclion  est  presque  com- 
mune à  loules  les  tribus  sauvages  de  l'Amé- 
rique de  rOcéanie,  de  l'Afrique  et  du  noid- 
esl  de  l'Asie. 

Les  nombreuses  tribus  des  contrées  par- 
courues par  l'Amazone  ont  disparu  pour  la 
plupart  ou  sont  retirées  dans  les  forets  im- 
pénétrables de  l'intérieur. 

Aux  î  es  Aléoules,  la  sorcellerie  et  la  ma- 
gie sont  toutes  paissantes  et  coinposrnt  ea 
quelque  sorte  la  totalité  des  idées  religieu- 
ses des  habitants.  Cela  no  vent  pas  dire  qu'ils 
n'ont  pas  de  religion,  comme  les  géogra- 
phes l'ont  publié;  mais  cela  signifie  seule- 
ment que  le  sentiment  religieux  a  passé  tout 
entier  dans  la  sorcellerie,  qui  occupe,  du 
reste,  une  large  place  dans  l'hisloire  inlel- 
lecluelle  et  morale  des  sociétés  liumaines  . 
soil  barbares,  soit  civilisées. 

L'us'ge  des  Aleutiens  de  se  peindre  le  vi- 
sage de  toutes  sortes  de  C'juleurs,  et  de  por- 
ter de  petits  os  passés  dans  les  narines  et  à 
travers  la  lèvre  inférieure,  se  relrouvc  dans 
des  îles  de  i'Dcéanie,  de  la  Folyné  ie,  de 
l'Australie,  et  chez  des  tribus  de  quelques 
cantons  de  la  Guyane,  de  la  Nouvelle-tire- 
na:le,du  lîrésil,  comme  ;armi  les  Aborigènes 
qui  ont  disparu  des  Antilles,  de  la  Louisiane 
et  de  la  Floride.  Les  premiers  habitants  de 
ces  îles  ont  dû  appartenir  soit  à  des  tribus 
du  nord  de  l'Amérique,  soit  à  des  peuplades 
océaniques. 

Parmi  les  trions  des  bords  de  l'Amazone, 
les  mi.ssionnaires  ont  constaté  l'usage  de  se 
percer  les  narines  pour  y  introduire  de  pe- 
tits os  de  poissons  oa  d'animjux  lues  à  la 
chasse  :  usage  conservé  aux  iles  Alculieniies, 
et  dont  nous  venons  de  parler.  QaaiU  à  l'ex- 
tension du  lobe  de  l'exlréniilé  inférieure  des 
oreilles,  chez  les  .\banes,  on  a  remarqué  cette 
singulière  coutume  dans  quelques  îles  de 
rOcéanie.  Les  premiers  K>.p,ignols,  débar- 
qués sur  la  côie  du  golfe  de  Honduras, 
avaient  aussi  vu  les  femmes  d^'  ce  pays,  avec 
celle  extension  forcée  des  oreilles,  et  ils 
avaient  en  conséquence  surnommé  la  côte 
Costa  de  Oreja,  la  Côte  des  Oreilles. 

Nous  avons  fait  une  remarque  qui  n'est 
pas  sans  valeur,  c'est  que  les  langues  des 
tribus  des  deux  Amériiiues  et  de  l'Océ.inie 
manquaient,  lors  de  l'invasion  des  Euro- 
péens, de  mots  propres  qui  répondaient 
exaclenent  à  ceux  de  vertu,  justice,  li- 
berté, etc. 

Il  y  a  parité  d'idées  religieuses  entre  les 
Koliouges  qui  habit"ul  l'cxtré  :iilé  de  l'Amé- 
rique russe  cl  les  Xavati,  les  Sam.rïèàes  no- 
mades de  la  Russie  asiatique.  Ces  derniers 
adniellenl  un  principal  Dieu  qui  régit  le  ciel 
et  la  terre,  qui  ne  saurait  cire  représenté  (lar 
aucune  image,  et  dont  les  ternies  leur  nian- 
queni  pour  exprimer  sa  grandeurel  sa  toute- 
puissance.  11  y  a  une  ijuanlilé  de  dieux  sous 


(1)  Le  Déni  est  aussi  appelé  rivière  du  Serpent  ,'a  cause  de  la  qiianiiié  de  ces  reptiles  qu'on  vov.nit  sur 
fà  rives.  (lYofe  de  lauUur.)  »-         i  .        wr 


XI 

lui.  —  N'y  aurait-il  pas  ici  im  reste  delà  ré- 
vélalion  primilivc  sur  Dieu? 

Les  Sanioïèdes  ne  savent  pas  traire  leurs 
rennes  |)Oiir  se  prociirei'  ilii  lait  d.)!il  ils 
ipiioreiu  riis;it;o.  Cette  circonsl;incc  nous 
porte  à  croire  qu'ils  ne  sont  point  uiio  nr.li'iii 
iniliiîèno  lie  l'Asie,  mais  qu'ils  sont  venus  ilc 
l'Amérique  sepleiih  irnale.  lin  oITol.  l'is.ige 
du  lait  est  p.irli(.ulier  ;i  Ions  les  peuples  asia- 
tiques CMi'isés,  noniadis  Oii  harhares,  et  ou 
ne  l'a  rencontré  nulle  part  eu  Auierique, 
lors  (le  sa  ilécouverc. 

Zelnnda  novi,  la  Noiivellc-Zeeland.  —  La 
cliariiéfiu  cln  isliaiiisme  est  inconnue  à  la 
Nouvelle-Zeeland .  louiinc  elle  l'est  à  tous 
les  peuples  de  l'Océanie.  Ainsi  les  enf:ints 
que  les  mères  ne  veulent  pas  nourrir  ne 
trouvent  aucune  femine  qui  s'en  chaige.  Ce 
délaissement  de  l'enfanee  n'est  pai  seiilei;ient 
particulier  aux  tribus  du  tiioiiiîe  mariiinie, 
il   l'e^l  aussi   aux    peuples   birbaris  et  aux 

Says  de  la  civilisation  idolâtre,  tils  que  l'Hin- 
oiistan  et  la  Chine. 
La  proue  des  pirogues  (à  la  Nouvelle-Zee- 
land],  ornée  d'une  fi;;ure  i  umaine  horrible, 
qui  lire  la  langue  avec  de  violentes  conlor- 
sions,  ne  rnppelc-l  elle  point  les  pirojues 
et  les  étendards  chinois,  également  ornés  de 
figures  diaboliques  ?  Comme  les  Maoïis.  les 
Cliiuois  font  des  grimaces  et  des  contorsions 
effroyables;  coiicn)e  les  Maoris,  ils  poussent 
des  cris  confus,  inarticulés,  des  espèces  de 
hurlements,  au  inoiuenl  d'eu  veuir  aux 
mains. 

Les  Maoris  se  servenl  de  frondes  pour 
laneer  des  pierres  brûlantes  sur  les  caba.ies 
de  leurs  ennemis,  lesque  le»  éiant  construi- 
tes avec  des  matériaux  inflammaides  preu- 
henl  feu  facilement  :  ce  qui  oecasinnne  l'in- 
cendie de  villages  en'iers.  —  Getie  manière 
d'incendier  les  habitations  a  é'é  signalée  par 
les  premiers  voy.igeurs  Irançais,  anglais  et 


INTRODllCnON.  XII 

Inauln  sncra,  l'Ile  sacrée,  on  Tonga-Ta- 
bou, es!  une  des  |egpn1"S  de  1  O.'éanic.  Les 
liait  lants  font  jusqu'à  2)0  lieues  sur  l'Océan, 
montés  dans  leurs  pirogues.  Les  femmes  se 
coiiverii-senl  plus  liiilicilemeni  q  le  les  liom- 
uies  :  c'est  le  ciiilraire  de  l'Kuropo.  Pour- 
quoi? parce  que  les  l'e;nines  n'y  sont  que  des 
esclaves.  Or,  les  conversions  sont  presque 
impiissililos,  du  moins  cxcessiiemeni  rares, 
dans  les  pays  idolâtres  et  musnini  mis.  La 
pprs'iunalité  de  ta  femme  n'y  e\islo  pas; 
c'est  une  chose,  un  meuble,  une  proi)riéié 
quelconque,  cl  non  un  être  humain,  pensant 
et  voulant.  Sous  l'empiie  roma'n,  tant  en 
Euro|  e  qu'en  Asie,  les  femmes  a  cepiajent 
tes  premières  le  chrislianisme,  niiilgréle  pa- 
ganisme, p.irce  qu'elles  av.iient  conservé 
leur  iadivldualité,  qu'elles  comptaient  diiis 
la  société  comme  citoyennes  ,  (lu'elles  jouis- 
saieni  de  h  fieullé  et  de  !a  lilier'é  d  être. 

La  légende  réiiandue  dans  r..rrliipel  de 
Tonga  a  beaucoup  de  rapport  avec  1  his- 
toire de  Caïii  cl  d  Âbel ,  et  de  Cham,  Gis  do 
Noé. 

La  géographie  des  légendes,  pour  être  com- 
plète, devait  comprendre  l'.intliropologio  ou 
la  sci''uee  naturelle  de  l'Iiomme.  Sans  le 
christianisme,  l'hom  ne  chez  tons  les  peu- 
ples est  la  légende  la  phi>  obscure,  la  plus 
iiiexjdi.  able  cl  la  plus  lamentable  de  toutes 
à  Kl  fois. 

La  science  n'a  pas  encore  dit  son  dernier 
mut  sur  r.inthiopophagie,  ou  [ilulôl  elle  ne 
l'a  p  is  examinée  dans  ses  rapports  avec  l'in- 
telligence et  le  moral  de  la  race  huma  ne. 
L'homme,  se  mangeanl  lui-même,  est  arrivé 
au  dernier  degré  de  la  dégradaion. 

La  polygamie  et  la  circoncision  sont,  chez 
les  TombDukkis,  tribu  de  la  variété  call're, 
des  usages  tellement  invétérés,  qu'ils  résis- 
tent à  tou^e  innovation.  La  connaissance  île 
leur  langue,   d'ailleurs,   a  présente  jus.fu'à 


tiollar.da.s,i1e  la  lin  du  xvi'  siede,  et  du  cnm-     présent  à  lojs  les  missionnaires  chrétiens  des 


mencemenl  du  xvir  chez  les  sauvages  d 
Louisiane,  de  la  Floride  el  de  presque  toute 
la  contrée  qui  forme  aujourd'hui  l'Cnion- 
nn'éi  icaine. 

L'usage  de  suspendre  en  l'air  les  cadavres 
attachés  à  des  aibres  existe  dans  li  Nou- 
velle-Zeeland  et  parn.i  les  tribus  nomades 
de  l'Asie  septentrionale 


eiffiiu  lés  iiisuimon  ables  :  de  ti>us  les  ilia- 
lecics  sauvages,  c'est  le  plus  barbare.  Après 
do  liès-longs  efforts  et  de  pénililes  études, 
un  mis>ioiinairc  catholique  du  Cap  de  lionnc- 
Ls|'C  ancc  éiaii  parvenu  à  le  (onnailre  un 
peu,  mais  il  ne  pul  jamais  le  parier,  tanl  n 
prononciation  est  i-ii  dehors  des  formes 
gra:iinKit. cales  el  de  l'organisation  gutturale 


Les  Maoïis  pronouicnt  de  longs  discours,  des  Kuropcens. 

espèces  d'oraisous  funèbres,  sur   la  tombe  Cimnie  plusieurs  peuplades  de  r.-Vmériqae 

des  morts.  et  de    l'Océanie  ,   les  Tombonkkis   font   un 

Les  .Maoris  tuent  les  esclives  à  la  mort  de  grand  i  ruil  en  parlant.  Ils  imitent  le  bruit  el 

leur  maîire,  usage  pratiuué  aussi  eu  Afrique  le  mouveinenl   des  ch.eiis  quand  ils  lapent, 

par  plusieurs  triiius  de  la  race  nuire.  en  avançau',  retirant  rapidement  li    lauguc 

Les  femmes   .Maories   se   Inenl   auprès  du  et  la  claqu.int  fortement  coulée  leur  palas; 

cercueil  de  leurs  maris,  comme   :es  femmes  de  sorte  q.ic  leur  parler  semble  se  composer 

liindiices  se  briîlent  po'ir  aller  rejoindre  les  de  bruit  et  non  de  sons. 

leurs,  ou  se  font  descendre  dans  les  caveaux  On  remare.uerala  diversité  desopinions  et 

qui  renferment  leurs  cadavres.  On  a  bea,!-  des  vari. liions  des  anthropologues,  1°  sur  les 

coup  discuté  sur  ces  barbares  usages,  sans  Arabes,  2" sur  L'S  .Nègres,  3°  s jc  l'origine  des 

remarquer  qu'ils   révèlent  une  comiiiunaulé  populations   .■aié.-icjiii.s.  Chaque  voyageur 

d'origine  pour  des  peuples  sépâiés  par  des  exprime   son    opinion    j-ariiculère,   ch.iqui! 

distances  coiisidcraliles,  qui   n'eiilretienMei.t  au  tirop   1o!;iip  de  même.  La  vén  ahle  exili- 

onseiiiiile  aucunes    relations,  qui    n'on'  ;ui,  caiicn  'le  l'urigine  des  tribus  américaines  est 

par  conséquent.  S' communiquer  leurs  cou-  encore  à  venir. 

tûmes  respectives.  Noud  signalons  une  Irè.s-fortc  contradic- 


XI  11 


INTIIODUCTION. 


iiV 


liaii  cnire  le  doclour  Uoulin  et  le  docleur 
l'i  iteli.ird  sur  les  Z.inihos,  métis  des  colonies 
cspignolus,  nés  du  Nô;;re  el  df  rAtnéric.iiii 
iiidii^ùnf.  L'un  leur  donne  les  theveux  pl.i  s, 
l'autre  les  cliev<ux  cropus.  Funr  exj)liiiucr 
telie  errrur,  il  faut  supposer  nue  le  pre.iiicr 
a  esaniiiié  le  lait  dans  l<i  Nouvelle  Tirenado, 
et  (|ue  le  second  l'a  vu  dans  une  auire  paniti 
de  l'Amérique,  où  il  est  possible  (jiie  le  mé- 
tis, résultai  du  croisemeul,  ail  les  cheveux 
crépus. 

La-  remarque  de  Renouard  de  Suinle-Croix 
sur  les  parias  de  l'Hindouslan,  que  l'état 
d'.ibjecliou  et  de  servitude  où  ils  vivent  pai" 
liéredité  inlluesur  le  physique  el  le  moral, 
rentre  dans  ce  que  nous  avons  dit,  que  la 
déj^énécation  inicllccluelie  et  morale  amène 
nécessairement  la  dégenération  physique,  et 
Dnil  luémc  par  alléger  les  caractères  200I0- 
giqucs. 

La  race  noire  d'Afrique  est  dans  sa  |iure- 
té  originelle,  tandis  que  la  race  notre  du 
(jrand-Océ.in  a  dû  suhir  des  cr  isemeuts, 
ou  en  est  peut-être  le  résultat  avec  la  race 
jaune  :  suivant  MM.  Quoi  el  Gaimard,  les 
noirs  ucé.'inieiis  l'arnieeit  une  race  à  part. 
O'ianl  à  nous,  nous  pensons  que  c'eal  une 
simple  variété  des  Nègres  o'Afiique. 

JJcs  caracières  hygiéni:)ues,  uuilormej,  se 
rencontrent  tl  sobservcnt  à  des  distances 
iiniueijses  d'ap:ès  raniliiopologie.  l.'haiit- 
Uil ,  sur  un  sol  bas  el  iiiarectigeux ,  est 
déléliTc  .et  pernicieux,  sous  quelque,  la- 
titude que  ce  soil  et  quelle  que  soil  la  vi- 
gueur de  la  population.  Ainsi,  sur  les  bords 
du  Ni!  Idunc,  lis  SclieloucLs  sont  déligtiics 
parla  lèpie,  à  cause  au  ïol  bas  et  marée, i- 
peux  qu'ils  liabilent.  Dans  l'iK'  de  Vanikoio 
(t)eeaniej,  la  population  noire,  qui  se  lient 
sur  le  bord  de  la  mer,  dans  un  terrain  plat 
el  noyé,  e»l  dévorée  par  la  uicme  mala- 
die, elc. 

La  race  noire  d'Afrique  a  conservé  l'usage 
de  la  poterie,  et  la  l'abricalion  en  est  active. 
Celle  indu.sirie,  existant  parmi  la  race  noire 
du  Grand-Oceân,  esl  tout  à  fait  étrangère  à 
Il  race  ]aune.  Lu  eiVel,  on  ne  l'a  vue  dans 
aucune  des  iles  habitues  par  elle.  On  sait 
que  la  fabrication  de  la  poterie  riMniiUle  à. la 
plus  haute  antiquité.  N'y  auraii-il  pas  ici  un 
in  lice  de  la  eomuiunauié  li'origine  enire  la 
race  noire  africaine  et  celle  de  lOcéauie? 

1)  après  l'observation  de  Gall,  que  la  con- 
figuration extérieure  du  crâne  dépend  de  la 
tonne  du  cerveau,  on  ne  saurait  considérer 
ces  dilTéreuies  dans  une  snlisiance  mo.le  cl 
SUitepiilile  de  ()rendie  toutes  bs  lornies, 
coiiiuie  un  car  idcre  zoologiiuc  pr  ipre  à  iu- 
diq.ieruue  diversité  de  rjcc.  Ainsi  donc  l'ar- 
gument tiré  des  formes  crâniennes  n'aurait 
plus  de  valeur  contre  l'unilc  ou  la  pluralité 
•le  l'espè  e  humaine.  Ou  voit  par  la  com- 
bien riiistuire  naturelle  de  l'homme  est  peu 
avancée,  el  reste  «ncore  obscure  el  mysté- 
rieuse. 

Les  modifiealions  de  forme  éprouvées  par 
le  Cl  due  el  oar  les  chambres  sensuriales, 


comparées  à  celles  de  la  race  caucasique, 
variant  du  .Mongol  au  Chinois,  du  Chnioig 
au  Malais,  el  du  Malais  au  Nègre.  Maii  cei 
variations  ne  sont  pas  prononcées  à  le  point 
qu'elles  déiiaiu  eut  l"S  caraelère>  les  plu* 
si;;nilicatils  de  les;  èce,  de  manière  a  auto- 
riser l'établissement  d,;  plusieurs  familles 
dan.s  l'histoire  naturelle  de  l'homme.  Ainsi 
l'os  coronal,  dans  toutes  les  race»  cl  leurs 
variéié»,  forme  le  caractère  aiitiiropolo;  que 
le  pliis  coMslanl  el  le  moins  variable  dans 
ses  résultais.  — M.  Bourgery,  professeur  d'a- 
natomie,  croit  que  c'est  l'bommc  qui  possède 
la  masse  la  plus  forte  du  cerveau.  Desmou- 
liiis,  zoolomis  e  célèbie,  accorde  à  plusieurs 
variétés  de  singes  (les  saïmins,  les  sajous  et 
les  ouistitis)  un  cerveau  plus  volumineux 
que  celui  de  l'homme.  C'est  sans  doute  par 
suite  de  celle  observation  qu'il  admet  onzt 
familWs  dans  la  race  humaine.  M,  Jacquinut 
se  trouve,  dans  son  sy>lème  sur  l'uuiié  pri- 
mitive et  Iccale  des  variétés  américalaes^ 
seul  contre  les  autres  voyageurs  el  anthro- 
pologues. 11  rejette  absolument  la  niigra-^ 
tion  Scandinave  relrouvec  oar  M.  Jean 
Keynaud. 

M.  d'Orbi^'oy  a  conslalé  que  les  plus  pe- 
li  s  hommes  S'  trouvent  sur  (es  plateaux  des 
Andes  :  ce  qu'il  alfribiJe  à  la  raréfaction  de 
l'a.r.  En  Europe,  au  contraire,  les  boiomes 
lie  liau;e  laille  se  rcnconlicnl  sur  les  inon- 
ta.gnes.  Ainsi  les  montagnes  de  la  Suisse 
reurerinenl  une  race  vij^oureuse  d'Iiouimes 
athlétiques.  11  est  \rai  que  la  Suisse  a  moins 
d  tiévaiion  que  les  ,\ndes.  Celle  remar(|ue 
s'accorde  avec  l'fibservalion  que  la  latitude 
et  l'elévaiion  ilu  lieu  d'habitation  nesoiil  pas 
sans  iniluence  sur  la  couleur  de  la  peau,  sur 
l'organisaiion  physique  de  l'homme 

Les  dilVérences  remarquées  parmi  les  po- 
pul. liions  de  l'Amérique  el  de  lOcéanie,  dif- 
iérences  qui  ne  sont  pas  seulement  des  nuan- 
ces dans  la  co.oratiini  de  la  peau,  dans  la 
disposition  des  cheveux,  dans  la  forme  du 
nez  ,  des  lèvres  el  des  or.  iles,  mais  qui  con- 
cernent l'ensemb  e  du  crâne,  iie  la  lace,  du 
cou  cl  de  la  stature,  ne  viennent  point  da 
l'organisaiion  primitive  el  radicale  de 
l'hiMiime;  elics  résultent  du  mélange  multi- 
plié de  races  diverses,  de  condiiious  ciiiia- 
lériqu'  s  dilYérenles,  du  genre  de  nourriture, 
du  mode  d'Iiabilatiuii,  ainsi  que  d'habitu- 
des hygiéniques,  civiles  et  religieuses. 

L'Iiisloire  naturelle  de  riiouiiue  esl  en  elle- 
mciiie  une  science  réelle,  sérieuse,  qui, 
niii'UX  étudiée  et  bien  connue,  donner, 1,  dans 
l'avenir,  l'explication  catégoriq  le  de  l'i.ni- 
lé  d,.'  l'espèce  lium.iinc.  Mais,  en  attendant, 
elle  est  iivrëe  a  la  contradicliuu  el  à  la  cuu- 
fusion. 

Après  la  bibliographie  géographique  vient 
la  notice  alphabe.ique  des  evêchés  et 
des  archevêchés  existant  à  notre  époque, 
mais  seulement  dans  l'Eglise  calholi(|ue. 
Cette  notice  esl  nécessaire  à  tout  le  clergé 
ainsi  i)u'à  ceux  qui  tiennent  à  connaître  suu 
organisation  hiérarchique  actuelle  (1). 


(1)  Quant  à  la  France  ci  clcsiasiique  en  particulier,  du  vu»  au  »•  siècle ,  elle  fut  ravagée  par  tes  Sarra- 


XV 


Les  cvéclié'  d'Italie  J.itcnt  en  parlio  dcsir, 
m*.  IV,  v  et  VI'  siè<lrs.  Il  en  a  été  créé  beau- 
coup, ;iinsi  qufi  fraiclie\6clics,  dans  les  x% 
xr  et  XII''  siècles. 

Les  évecliés  de  France  sont  presque  tous 
<Ves  iu%  iv  et  \'  sictles,  el  quelques-uns  du 

Les  plus  anciens  pour  ainsi  dire  n'exis- 
teîil  plus,  le's  que  les  évêrliés  d'Atixerre,  de 
Châlons-sur-Saône  ,  (le  Màcoii ,  de  Saint- 
Paiil-'I'r!)is-Châlr.(ux.  d'Orauge,  de  Toulon, 
d'Api,  d'Arles,  de  Sisleron,  de  Uiez  ,  lîni- 
britm.  Die,  Vii-nne,  Vaisun,  Toul,  Senlis, 
Laini.  Tous  é'aicnl  des  111%  iv°  et  v  siècles. 

Les  cvcclics  (le  la  I3r(  tagne,  tant  ceux  qui 
ont  clé  conservés  que  ceux  qui  sont  sujipii- 
més,  ne  rriiionicnl  (lu'au  ix"  siècle,  ce  qui 
priuve  les  diificfihés  que  le  christianisme 
a  reiiconirées  nour  i'y  établir. 

siiis  d"al)ord,  el  par  les  Normands  ensuite.  Les  pre- 
mier^ (loiriiisiroiit  le*  éilKIces  religi.iix  cl  surlnit 
les  éxl  ses  lié  cillciiiies  (l:ins  le  suit,  le  sud-esi  ei  le 
FUit-oiii  si  ;  les  secnnds,  dans  In  iioiil  ,  l'onesl  ei  le 
ciMiirr.  CtMc  pieniièrc  desti uolioii  ocrii|ie  un  eS|  aie 
de  lri>  s  siècles.  —  La  seconde  deslrnclinii  se  irnnve 
nu  XVI*  sièili',  à  répiiqne  de  la  ntorme.  tlle  lui 
moins  Ions;  ;e,  mais  |ilns  rapnli-  el  aussi  violiiile.  — • 
Ls  iroisièiiie  desiniciion  est  à  répiKjue  de  la  lévo- 
luiion  fiaiiçiiise.    [Mole  de  rameur.) 

(I)  Irts  l'()llanilai-,  en  se  séparant  île  PEspa'^ne , 
et  Cil  ad'.'piani  le  calviniîiiie,  ont  supprimé  Tarclie- 


INTHODUCTION.  X.VI 

Les  évêrliés  de  l'Eglise  d'Espagne  et  de 
Portugal  dnient  en  parlie  du  iir  cl  en  partie 
du  VI*  sièile  (1). 

Les  évéchés  et  les  archevêchés  de  l'Eglise 
d'Allemagne  ont  été  créés  dans  les  viii  ,  ix* 
el  xvi"  siècles. 

Les  évéchés  de  l'Illyric  occidentale  re- 
montent presque  tous  aux  ix',  xir  et  xiU* 
siècles. 

Les  évéchés  de  l'Angleterre  datent  en  par- 
tie des  vii%  is'  et  xii'  siècles. — Il  en  est  de 
même  de  ceux  de  l'Ecosse. —  Quant  à  ceux 
de  l'Irlande,  ils  ont  été  érigés  plus  générale- 
ment dans  les  v%  vr  et  xir  siècles.  Les  évé- 
chés de  Pologne  remontent  aux  x%  xii', 
xar  et  xiv*  siècles.  Les  évéchés  de  Dane- 
raarck  dataient  des  x%  xr  et  xir  siècles  ;  et 
ceux  de  la  Suède,  des  x*  el  xiir  siècles. 


vcclié  d'riiecli!,  les  cvêeliés  de  Daventer,  ou  De- 
venlcr,  de  Gnmin.snc,  de  Leiivarde  i ,  de  Harlem  , 
de  Middell)oiirg  cl  de  t!ois-!e-Diic.Ce  finit  y  a  de  par- 
licnlier  à  celle  csllse  épiscopale  de-;  Pays-lias,  c'est 
qu'elle  venaii  d'èlre  ciééc  ,  de  soile  que  sa  mon  a 
suivi  imméiliaii  iiienl«sa  naissance. 

La  paix  (le  Weslplialie,  dU  le  Irailc  de  Mnnsier  , 
-T  snpjirimé  hs  évèctics  de  Minden,  de  Lnbeck,  de 
liaizlKinr.i.',  de  Swerin  ,  les  arclievèctiés  de  I5rê  ne 
el  de  .M;igdi;tiourg  ;  les  évècliés  de  llaveisberg.  Bran* 
deboing  ,  Mcr;liuurg  ,  Naiimboiirg,  Meisseii,  lial- 
bcrsiadi,  Ferden,  eic.  (Noie  de  l'auteur.)^' 


'•«âSSt»^ 


DICTIONNAIRE 

DE   GÉOGRAPHIE 

SACRÉE  ET  ECCLÉSIASTIQUE. 

AVIS. 

Nou$  avons  donné,  à  la  fin  du  premier  volume  de  cet  ouvrage,  un  vocabulaire  français- 
latin  particulier  à  la  géographie  des  légendes  au  moyen  âge.  Ce  vocabulaire  faisant,  pour 
ainsi  dire,  partie  intégrante  de  cette  géographie,  nous  aurions  désiré  le  faire  suivre  immédia- 
tement du  travail  que  nous  offrons  maintenant  à  nos  lecteurs;  mais  l'étendue  des  matières  si 
variées  et  si  importantes  contenues  dans  le  premier  volume  ne  nous  a  pas  permis  de  joindre 
ensemble  ces  deux  vocabulaires,  gui,  sous  le  rapport  des  noms  de  lieux  dont  ils  se  composent, 
sont  en  queli/ue  sorte  la  répétition  l'un  de  l'autre,  mais  qui  diffèrent  essentiellement,  en  ce  que 
le  premier  n'offre  que  la  nomenclature  sèche  et  aride  de  ces  mêmes  noms,  tandis  que  le  Diction- 
naire lalin-français  que  nous  publions  ici,  présente  l'historique  de  la  plupart  des  villes, 
bourgs,  abbayes,  châteaux,  etc.,  dont  la  fondation  rernonte  à  l'époque  merveilleuse  du  moyen 
âge. 

GÉOGRAPHIE  DES   LEGENDES 

AU  MOYEN  AGE, 

DISPOSÉE  PAR  ORDRE  ALPHABÉTIQUE. 


Il  est  une  sorte  de  latiDité  ,  ou  de  style  dans  les  vies  de  saints,  soit  dans  les  chartes 

latin  si  l'on  veut,  qui  a  été  en  usage  dans  les  et  les  autres  actes  concernant  les  églises  et 

siècles  du  moyen  âse  et  qui  ne  se  trouve  les  abbayes.  Nous   avons  pensé  qu'il  serait 

point  dans  les  dictionnaires.  Il  y  a  surtout,  utile  de  faire  entrer  dans  notre  Dictionnaire 

et  en  grand  nombre,  des  noms  de  lieux  in-  celte  Géographie  pour  ainsi  dire  spéciale, 

connus  à  la  géographie  ancienne,  dont  l'ori-  toutefois  en   la  corrigeant  et  en  y  ajoutant, 

giiie  lui  est   postérieure.  Ces  noms  cmbar-  Aussi,  en  nous  l'appropriant,  nous  en  avons 

rassent  assez  souvent  dans  la    lecture  des  fait  comme  un  ouvrage  neuf  et  plus  complet, 

légendes,  des  chroniques  et  des  ch.rrtes  du  Cette  Géographie  légendairepeui  passer  pour 

moyen  âge.  Un  eci  lési.istique  laborieux  du  un  supplément  au  Vocabulaire  des  noms  de 

siècle  rtoriiier  (l'abbé  Jouannaux),  frappé  de  la  géosçraphie  latine  contenu  dans  notre  pre- 

cette  difdruité,  avait  voulu  y   remédier.  Il  mier  volume,  mais  qui  n'est  consacré  qu'aux 

îivail  réuni,  sous  le  titre  de  Géographie  des  noms  latins  de  la  géographie  ancienne  et  de 

Légendes  ,  tous  les  noms  latins  de  lieux  en  celle  des  premiers  siècles, 
usage  parmi  les  écrivains  du  moyen  âge,  soit 


AbaUo,  AvMluii,  villa  du  diocèse  de  Sens,  dépar-  de  l'ancien  diocèse  de  Laon  dans  la  Thiéracbe,  est 

leiiiciil  de  ryomie.  aujourd'hui  comprise  dans  le  diocèse  de  Soissons; 

Abantonium  ou  Albamemuni,  Aiibenlon,  petite  v.lle  elle  fornie  un  chef-lieu  de  canton  d<;  i'.irroudissemect 

DlCriOVNAIliE    DE  GÉOGUATHIE  ECCL.   II.  1 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


de  Vervins,  département  de  l'Aisne.  Situie  près  le 
aéparlemeni  des  Ardeniies,  à  cô(é  de  la  source  de 
l'Oise,  sur  le  Thnn,  un  peu  au-dess»u>  du  confluent 
de  celle  rivière  avec  l'Anbe,  auire  petite  rivière  qui 
se  jeiie  daiu  l'Oise  à  4  kil.  de  Vervins,  la  ville  a  reçu 
son  nom  de  sa  posiiioii  :  Aube-en-Thon.  Elle  avait 
appartenu  aux  seigneurs  de  Runjigny  ;  elle  p;.ssa  vers 
la  lin  du  xin»  siècle  aux  ducs  de  Lorraine,  par  le 
mariage  d'Elisabeili,  descendante  de  Hugues  hsqui 
avait  épousé  le  duc  Thibaut.  Elle  se  trouva  ninsi 
faire  partie  du  duché  de  Guise.  Aubenton  est  fort 
ancien,  n  paraît  avoir  éîé  considérable.  Pris  plu- 
sieurs fois,  pillé,  brûlé,  surtout  par  le  comte  de  Nas- 
sau en  iSH,  il  n'a  pu  se  relever  depuis.  Les  babî- 
tanis,  au  nombre  de  1,500,  se  livrent  à  la  filature 
du  colon  et  du  lin.  La  disiance  de  Vervins  est  de  22 
kil.,  et  celle  de  Paris  de  188. 

Abbatia  sancti  Aclieoti  prope  Ambianum ,  Sainl- 
Acbeul  ou  Saint-Acheuil-lez-Amiens,  ancienne  ab- 
baye, niainitnant  peiit  village  qui  forme  pour  ainsi 
dire  un  faubourg  d'Amiens,  connu  aiiirelois  sons  le 
nom  d'Abdelène.  Un  dictionnaire  géographique  publié 
à  Paris  en  17Cj  (4  vol.  in-12)  donne  à  Suini-Aclieul 
le  second  nom  deFrieute,  sansy joindre  d'explication. 
L'abbaye  de  Saint-Acheul  était  possédée  par  des 
chanoines  réguliers  de  la  congrégation  de  S:iinie- 
Geneviève.  C'était  dans  les  premiers  siècles  l'église 
eathédrale,  avant  qu'elle  eût  été  transférée  dans  .a 
Ville  par  saint  Salve,  évêque,  dans  le  vu»  siècle. 
L'évèque  Thierry  y  établit  une  communauté  de  clercs 
l'a»  H4i>,  à  la  prière  du  chapitre  de  la  cathédrale, 
qui  dotiitn  à  eette  église  des  biens  assez  considéra- 
bles. L'abbaye  existait  encore  au  moment  de  la  ré- 
volution. 

Saint  Firmin,  apôlre  de  la  contrée,  ayant  eu  la 
tête  tranchée  dans  la  prison,  le  sénateur  Faustin  eut 
la  permission  d'enlever  le  corps,  qu'il  Ut  enierter  ho- 
norablement dans  son  hériiagg,  nommé  alors  Abda- 
lène,  et  dans  la  suite  Saint-Acheul. 

En  1279,  le  corps  de  saint  Firmin  fut  transporté  à 
.Amiens,  après  avoir  été  mis  dans  une  châsse  en  pré- 
sence du  légat  du  pape,  des  rois  de  France  et  d'An- 
gleterre, et  de  plusieurs  autres  personnages  émineuis 
en  dignités. 

Eo  i633,  on  dénoiivrit  dans  l'église  de  Saint- 
Acbe>.l  ceue  épitaphe  singulière,  que  l'on  croit, 
d'après  Ducange,  être  du  v«  ou  du  vi^  siècle  :  Le  mois 
fait  ce  qui  se  fait  dans  U  mois;  que  si  Leudelinus  est 
mort,  si  Vatdonila  est  morte,  jr.mier  et  juillet  lésant  > 
fait  uiourir.  Ou  attribuait  aux  mois  une  grande  in- 
fluence. 

Les  bâtiments  de  l'abbaye  de  Sainl-Acheul  ..-ont 
point  été  détruils  pendant  la  révolution.  Les  Jésuites 
y  r.vaient  formé, sous  la  restauration,  un  vaste  éta- 
blissement où  près  de  deux  mille  jeunes  gens  faisaieni 
leurs  éludes. 

Abbatis  Cella,  Appenzei,  aiitrelois  Terre  de  l'Abbé 
deSi-Gal.  et  depuis  St-Gal.  abbaye  et  ville  princi- 
pale du  canion  d'Appen/.el,  Suisse. 


12 

AbbavilUi,  ou  Abbalk  Villa,  AbbeviMe,  ville  impor- 
tante du  diocèse  d'Amiens,  sous-préfecture  du  dépt. 
delà  Somme.  Située  sur  cette  rivière,  dans  une 
vallée  agréable  et  fertile,  elle  doit  son  origine  à  une 
métairie  que  possédaient  sur  les  bords  de  la  Somme 
les  abbés  de  Saint-Riquier  ,  riche  abbaye  de  Béné- 
dictins. Autour  de  celle  métairie,  il  s'aggloméra  peu 
à  peu  une  population  suflisanie  pour  former  un  bourg 
qu'on  nomma  Abaci  Yoeilla. 

La  ville  était  bornée,  d'abord,  par  la  porte  Com- 
tesse :  des  titres  de  1240  prouvent  que  celte  porte 
était  entourée  d'eau  et  de  murailles  ;  IfS  comtes  de 
Ponlhieu  y  avaient  un  jardin  qu'on  iioinmaii  le  pro- 
menoir du  Comte.  Ensuite,  dès  1100  ,  elle  eut  pour 
bornes  la  rivière  qui  eoule  au  pont  de  Talenee,  puis 
le  détroit  de  la  rue  Saint-Gilles:  en  ce  même  lieu 
était  une  porte,  dont  on  a  reirou\é  une  arcade  sous 
terre. 

La  Somme  la  sépare  en  deux  parties,  qui  sont  en- 
core arrosées  par  trois  autres  petites  rivières,  le 
Cardon,  le  Sollins,  et  la  Corneille  ou  Tanière.  Les 
maisons,  généraleiueni  b.tsses,  sont  conslrtiiies,  les 
unes  en  bois,  les  autres  en  briques;  on  en  voit  quel- 
ques-unes en  pierre  de  taille.  Quelques  rues  sont 
spacieuses,  aucune  n'est  régulière.  Celles  qui  entou- 
rent le  marché  et  uni  avoisiuent  Sainl-Vnifrand,  sont 
les  seules  qu'on  ait  pavées  de  grès  ;  les  autres  le 
sont  en  cailloux  pninius 

On  comptait  quatorze  églises  avant  la  révolution  , 
parmi  lesquelles  celles  de  Saint-Georges  et  de  Saint- 
Gilles  ie  faisaient  remarquer  ;  aujourd'hui  la  plus 
considérable  est  Saint-Viilfrand  ,  où  l'on  conserve 
les  reliques  du  saint.  Cette  église,  à  cause  de  son 
portail,  décoré  de  statues  colossales ,  et  de  ses  trois 
tours  ,  dont  deux  sont  du  bon  gothi'|ue,  doit  être 
classée  dans  la  catégorie  des  monuments  histori- 
ques. Elle  a  été  fondée  par  Guillaume  de  Talvas , 
comte  de  Ponlhieu,  et  Jean  Sun  fils,  en  Itii. 

La  bibliothèque,  fondée  avant  1680,  se  forma  des 
dons  que  lui  lirent,  en  16S5,  1716,  172G  et  17'28, 
quelques  ecclésiastiques  et  avocats.  A  la  suppression 
des  communautés  religieuses,  elle  s'est  enrichie  des 
livres  qui  composaient  les  bibliothèques  de  ces  cou- 
vents. Le  nombre  des  volumes  est  d'environ  17,000, 
écrits  pour  la  plupart  en  hébreu,  en  grec,  en  latin  , 
en  espagnol  et  en  ilalieu.  Elle  est  placée  dans  une 
galerie  hMsant  partie  des  bâtiments  du  ci-devant  col- 
lège, où  s'est  trouvée  plus  lard  l'école  secondaire 
conjinu:iaie. 

Hariulte,  cité  par  Valois,  nous  apprend  que  le  roi 
Hugues,  ayant  besoin  de  ce  lieu  pour  arrêter  les 
courtes  des  barbares,  s'en  empara,  y  bàiii  un  châ- 
teau, et  y  établit  Hugues  Capel,  son  gendre.  C'est 
l'origine  des  comtes  de  Ponthieu.  Celte  fortilication 
fut  élevée  en  980.  Vers  ce  temps  Abbevilie  devini, 
au  liiii  de  Monireuil,  la  résidence  ordinaire  des  sou- 
verains du  pays.  Elle  fut  d«»ns  celte  contrée  un  se- 
cond boulevard  Heu  pluiôi  contre  la  puissance  des 


13 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


U 


comtes  de  Flandre,  ennemis  de  la  maison  régnante  , 
que  contre  les  ravages  des  Normands,  qu'on  ne 
voyait  plus  reparaître.  Abbeville  ;icqiiil  peu  à  peu  de 
l'iiiiporiance.  Guy  I",  comte  de  Pontliieu,  y  fonda 
l'abb.iye  de  Saint-Pierre  ;  la  fille  de  ce  comie  de 
Ponihieu,  mariée  5  un  comte  d'Alençon,  qui  la  trai- 
tait avec  dureté,  s'échappa  un  jour,  marchant  la  nuit 
à  pied,  se  cachant  le  jour  dans  les  blés,  et  se  réfugia 
à  Abbeville,  où  elle  fit  bâtir  la  porte  qu'on  nomma 
Comtesse.  Jean,  comte  de  Ponthieu  ,  confirma  par 
écrit  aux  habitants  d'Abbeville  le  droit  de  com- 
mune, que  Guillaume  de  ïalvas  leur  avait  déjà  ac- 
cordé verbalement  en  H30.  L'affranchissement  des 
serfs  de  cette  ville  date  de  la  même  i  poque.  C'est , 
dit  la  charte  d'institution,  à  cause  des  injure*  et  fâ- 
cheries que  tes  habilants  recevaienl  fort  courent  des 
puissants  de  la  terre,  que  Guillaume  leur  vendit  ce 
droit.  Jean  11  le  reconnut  du  consenlemeni  de  Sun 
épouse,  de  nssensu  uxoriœ  meœ.  Ce  comte  fut  aussi  le 
fondaieur  de  l'Ilôiel-Dieu  d'Abbeville.  La  commune 
d'Abbeville  faisait,  à  cette  époque,  bailre  la  monnaie 
en  son  nom. 

A  l'époque  où  la  France  entière  s'éliraoln  pour  les 
croisades ,  Abbeville  fui  le  rendei-vous  d'Eude  de 
Bourgogne;  de  Philippe,  comte  de  Flandre  ;  Henri  , 
ciimie  de  Champagne  ;  Thibault,  comte  de  Blois  ; 
Sancerte  et  d'autres  s'y  réunirent. 

Après  que  les  croisades  eurent  décimé  la  noblesse 
et  amorti  les  effets  de  la  féodalité,  chaque  commune 
commença  à  avoir  ses  bannières.  A  Abbeville,  on 
nommait  mayeurs  ceuv  qui  poi  t:iienl  ces  sortes  d'é- 
lendards,  il  y  en  avait  soixiuitequatre  à  la  léte  des 
bourgeois.  Pendant  le  xiv»  siècle ,  celte  ville  eut 
beaucoup  à  souffrir  de  l'invasion  des  Ansilais.  Les 
habitants  parvinrent  à  s'en  délivrer  en  1569.  Un  de 
leurs  Concitoyens,  nommé  f5ingois,  entraîné  par  l'en- 
nemi et  enfermé  au  château  de  Douvres ,  préféra 
d'être  précipité  d'une  fenêtre  de  re  château  dans  la 
mer,  plutôt  qu.;  de  trahir  son  prince  et  sa  pairie. 
Charles  V  récompensa  I-;  zèle  des  liibitanis  en  ac- 
cordant la  noblesse  aux  mayeurs  et  à  leurs  descen- 
dants. Une  sorte  d'indusirie  niinulaciurière  com- 
mença dès  lors  à  donner  quelque  importance  à  cette 
cité;  on  y  fabriquait  des  dra|is  qui  alimeniaieni  les 
fjires  de  la  Picar.lie  et  de  la  Champagne.  Cliarles  VI, 
après  son  mariage  avec  Isabeau  de  B;ivière,  alla  à 
Abbeville.  Celte  ville  fut  choisie  par  le  roi,  dit  Frois- 
said,  pour  être  puissante  et  bien  aisée  de  toutes  cho- 
tes.  Le  roi  y  fut  logé  dans  l'abbaye  de  Saint-Pierre. 
Il  se  plaisait  fort  en  ce  séjour,  pour  y  avoir  es  envi- 
rons plu\ieur$  lieux  d'ébattemenl  et  de  plaisir  en  tant 
qu'aucun  lieu  qui  soit  en  France,  it  y  ayant  aussi  dam 
lu  ville  un  très  brau  enclos  environné  de  la  Somm-e,  et 
là  dedans  ce  dos  se  tenait  le  roi  très  volontiers,  et  le 
plus  souvent  y  soupait,  disant  à  son  frère  le  duc  d'Or- 
léans et  à  son  conseil  :  que  cette  ville  d  Abbeville  lui 
faisait  grand  bien.  El  les  mes  de  cette  belle  ville 
n'étaient  point  pavées  ,  et  ses  maisons  étaient  cou- 
vertes de  chsume.  Abbeville  passa  sous  la  domini- 


tion  anglaise,  qui  respecta  ses  privilèges.  Charles 
VII,  a|>rès  avoir  chassé  les  Anglais,  fut  afOigé  par  la 
révolte  de  son  fils.  Il  écrivit  à  la  ville  d'Abbeville 
pour  la  prier  de  ne  point  aider  ce  fils  rebelle  dans 
sa  révolte.  Ce  prince  délaissa  au  duc  de  Bourgogne 
et  à  ses  hoirs  toutes  les  places  sur  la  Somme.  Le 
dauphin,  devenu  roi  sous  le  nom  de  Louis  XI,  alla, 
en  iitjô,  à  Abbeville  pour  racheter  ces  possessions, 
moyennant  la  somme  de  400,000  écus  d'or,  stipulée 
au  traité  d'Arras.  Jusqu'au  règne  de  Louis  XIV,  on 
n'avait  fabrii|ué  dans  cette  ville  qi:e  des  draps  gros- 
siers. Colbert  y  appela  de  Courlray  Josse  Van-Ro- 
bais,  en  1665,  pour  y  établir  des  manufactures  de 
draps  fins  à  l'imitation  de  la  Hollande  et  de  l'Angle- 
terre. Aujourd'hui  Abbeville  a  perdu  un  peu  de  son 
importance  manufacturière. 

Cette  ville,  avant  la  révolution,  comptait  un  clergé 
nombreux,  plusieurs  maisons  religieuses  de  l'un  et 
l'autre  sese,  et  deux  hôpiiaux,  l'Hôtel-Dieu  et  l'Iid- 
(jital  de  Saint-Joseph,  qu'elle  a  conservés.  L'ordre 
de  Saint  Benoit  de  la  congrégation  de  Cliîny  y  pos- 
sédait un  prieuré  conventuel  sous  lu  titre  de  Sainl- 
Pierre  et  Siiinl-Paul,  foiidéen  llUOpârGui  II, comte 
de  Ponihiriii.  L'ordre  de  CIteaux  y  avait  deux  abbayes 
de  filles, dont  l'une  devait  sa  fondation  à  Enguerrand 
de  Fontaine,  en  11t)0.  Le  couvent  des  Fr.inciscains 
datait  de  12-29,  les  Chartreux  de  1500,  les  Minime» 
de  1499,  les  Carmes  de  1640,  et  les  Dominicains  de 
16G1.  Les  bâtiments  de  ces  diverses  communautés 
religieuses  ont  été  la  plupart  démolis,  sont  devenus 
en  partie  des  propriétés  particulières,  ou  ont  été  af- 
fectés à  des  services  publies. 

.Abbeville  est  à  29  kil.  ouest  dé  la  mer,  à  50  ouest- 
nord-ouest  d'Amiens,  et  170  nord-ouest  de  Paris. 
Elle  possède  une  bibliothèque  de  15,000  vol.  envi- 
ron, et  une  population  de  20,000  habilants;  elle  est 
la  pairie  de  Nicolas  et  de  Guillaume  Samson,  du  Jé- 
suite Briet  et  de  Duval,  géographes;  de  Bâillon  et  da 
Belleval,  naturalistes; de  Be^uvarlet-Charpentier,  cé- 
lèbre organiste  ;  de  Hecquet ,  médecin  de  Port- 
Royal;  de  Baibay,  professeur  de  philosophie  ;  du 
poêle  Miîlevoie.el  du  cardinal  Jeau  Alegrin.  Un 
grand  nombre  de  graveurs  y  sont  nés  :  les  plus  con- 
nus sont  Beaiivarlet,  les  deux  Daiizel,  Daullé,  Hec- 
quet, Hubert,  Mellan  et  Poilly. 

Abbellinum,  Avelin,  Avellino,  ville  épiscopale  an 
royaume  de  Naples. 

Abbir  ou  Aftèirwm,  Abbir  ou  Abar,  vilie  de  l'an- 
cienne province  Proconsulaire  d'Afrique. 

Abbirensis,  se,  d'Abbir. 

Abend.nia,  Abhington,  petite  ville  sur  la  Tamise, 
au  comté  de  Barck-Shire  en  Angleterre,  li  y  a  deux 
villes  de  ce  nom  aux  Etals-Unis. 

Abendoniensis ,  se,  d'Alibinglon. 

Ablegium,  et  Ablegia,  Ableiges,  village  de  l'ancien 
diocèse  de  Rouen,  actuellement  de  celui  de  ïcisail- 
les,  canton  de  Marines,  arrond.  de  Pon| 
et-Oise.    Ableiges  est  situé  dans  une  ' 
petite  rivière  de  Viosne  ,  qui  fait  lourj 


*5 


niCTIONNAint:  I>E  géographie  ECCLEStASTIOUE. 


lins.  Sa  pop.  csl  d'eiivlrnii  200  liali..  en  y  compreuaiil 
la  fenoc,  aiiricii  licf  de  lîdiiarl.  Les  piineipalns  pto- 
iluciioiis  Je  son  icrrnir  corisisiciii  en  grains;  une 
paitic  se  (ompose  de  bois  el  de  prairies.  Il  y  avjit 
lin  r.liàleau  ren)arqiiab!e  par  ses  consiriioiions  et  ses 
tlcpcndaiiccs,  qui  apparlenail  sons  Louis  XV  an  chan- 
celier MaMpeou.  On  l'a  dé:ruit  compléiemenl  à  la 
rcvoluiion,  il  n'en  resie  plus  que  le  parc. 

Ableigcs  est.  ;i  3  kil.  de  M;irines,  ei  38  de  Paris 
par  PontoUe.  Bureau  de  [osie  de  celle  dernière 
ïille. 

Aboga,  Abu,  ville  niariiiine  de  la  Finlande,  Ous- 
Biy.  C'est  le  siège  d'un  cvèqiie  Inibéiien. 

Abriiica;,  arum,  clAbriiicaUts,  Avrancbes,  ancienne 
ville  épiscopale  en  Normandie  ,  aujourd'hui  du  dio- 
cèse de  Coulanoes,  départenient  de  la  Manche. 

Abrincalensis  et  Abriiiceiisis,  se,  d'Avranches.  Con- 
eiie  d'Avranclies  en  Hli. 

Abula,  Avila,  ville  épiscopale  de  la  Vieille-Cnsliile 
en  Espagne. 
Abulensis,  se.  d'.\vila. 

Acamas,  Sl-Epipliane,  dans  l'ile  de  Chypre. 
Acaunum,  V.  Ayaiiiium. 
Acclea,  Aclée,  dans  l'ancienne  Grèce. 
Accleensis  et  Acclensis,  se,  d'Aclèe. 
Accumbitetisis,  se,  de  Combes,  de  Sl-Einilion. 
Accumbitinn,    Combes,    à   présent  St-Etiiilion,  au 
diocèse  de  Bordeaux,  départ,  de  la  Gironde. 

Aceni,   orum,  les  peuples  d'Achein,  royaume  mu- 
sulman de  l'ile  de  Sumaira,  une  des  îles  de  la  Sonds. 
Acer,  St-Mariin,  en  Italie. 

Acliaia,  l'Achaïc,  à  présent  la  Livadie,  royaume  de 
Grèce. 

Acheriiim  ,  Adiéres,  paroisse  du  diocèse  de  Ver- 
sailles, départ,  de  Seine-etOise,  située  entre  la  fo.êt 
de  Saini-Germain  el  la  rive  gauche  de  la  Seine.  Sa 
pop.  est  d'environ  400  liab.,  elle  l'ait  un  commerce 
ds  bestiaux.  Le  leiroirsc  compose  surloui  de  lerres 
labourables.  Achères  est  à  7  kil.  N.-E.  de  Saiui- 
Gerniainen-Laye,  23  au  N.-O.  dePuris,  et  l  de  Poissy, 
où  est  le  bureau  de  poste. 

I  Achères  ,  dans  le  diocèse  de  Meaux,  départ,  de 
Scine-el- .Marne, avait  éléautrefois  érigé  en  marquisat. 
S?  population,  en  y  rèunissanl  ce  le  du  hameau  de 
Mun,  qui  en  dépend,  .s'élève  à  environ  700  hab.  Ce 
village,  situé  dans  l'arrondissement  de  Font.iinebleau, 
canlon  de  la  Chapelle,  T.isait  pariie  du  Câlinais,  dans 
le  diocèse  de  Sens.  Son  terriioire  ,  qui  touche  à  la 
forêt  de  Fontainebleau,  est  divisé  en  bois  ,  vignes  et 
lerres  laboiir;:bles.  A  l'extrémité  du  village,  on  re- 
marque les  restes  d'nn  chàieau  ei  un  parc  qui  ont 
appartenu  àmadame  la  princessedeTalincnd. Achères 
est  à  i  kil.  au  N.  de  la  Chapelle  et  à  12  au  S.-O.  de 


16 

sur  la  rivière  d'Oise,  près  de  Mouy,  en  descendanS 
la  côle  de  Vendeuil.  Sa  pop.  est  de  760  Inb.,  et  il 
est  à  4  kil.  de  la  Fère,  où  se  trouve  le  bureau  de 
poste. 

Achillanum,  Achillan,  lieu  à  présent  iirconnu,  de 
la  Grèce. 

Acis,  ou  Acium  Mulcensis  ,  Acy-en-Mulcien  ,  pa- 
roisse du  diocèse  de  Be^mvais  ,  canion  de  Belz  , 
arronil.  de  Sentis,  départ,  de  l'Oise.  Pop.  700  hab. 
Ce  bourg  est  à  6  kil.  S.  de  Ceii  ;  il  est  siiué  dans 
me  vallée,  sur  le  ruisseau  de  Gergonne,  qui  fait 
tourner  un  moulin.  On  y  tient  deux  foires  par  an, 
l'une  le  1"  jeudi  de  mai,  et  la  seconde  le  l'^''  jeudi 
d'octobre.  Le  marché  a  lieu  sous  une  halle,  le  jeudi 
de  chaque  semaine.  Le  territoire  consiste  en  terres 
labourables  el  en  bois. 

Tous  les  ans,  le  12  juillet,  une  fonle  nombreuse 
vient  en  pèlerinage  à  une  chapelle  pUcée  sous  l'in- 
vocation de  saint  Prix.  On  ne  connaît  pas  bien  l'ori- 
gine de  cette  cérémonie,  qin  d'ailleurs  remonte  à  une 
époque  reculée.  La  terre  d'Acy  était  une  ancienne 
seigneurie.  Le  château  et  le  parc  sont  placés  à  l'ex- 
Irémilé  de  la  commune. 

Aaiia,  Acride,  cap  en  Bilhynie. 

Adalberti  (S.-),  Ecclesia,  l'église  de  St-Adalbert, 
à  présent  de  Sl-Barthélcmy,  dans  l'île  du  Tibre,  à 
Rome. 

Adana,  orum,  Adane,  ville  de  la  Cilicie. 

Adaneiisis,  se.  d'Adane.  Concile  d' Adane  en  1320. 

Adani  villa,  Adainvi  le,  paroisse  de  l'aircien  dio- 
cèse de  Chartres,  actuellement  dans  celui  de  Ver- 
.sailles,  canion  de  lloudan,  arrondissement  de  Man- 
tes, Seine-et-Oise.  Avec  les  hameaux  des  Hautes  et 
Basses-Jaunières,  et  les  maisons  isolées  dites  les 
Sergeniières,  le  Mesie,  Freville,  la  Noue,  le  Coudray 
el  le  Kreuil,  Adainville  forme  une  commune  d'envi- 
ron 400  habiianis.  Son  terroir  est  en  labour,  prai- 
ries, bois,  bruyères  el  ronces.  Il  est  à  8  kil.  de  Hou- 
dan,  el  à  50  de  Paris,  par  Monlfori-l'Amaury  et  la 
grande  roule  de  Brest;  on  peut  s'y  rendre  également 
par  Hambourllet  et  la  rouie  de  N.inlcs.  (Poste  aux 
lettres  de  Houdan.) 

Lis  anciens  seigneurs  de  ce  village  levaient,  abu- 
sivement el  avec  vroleiice,  des  coniribuiions  sur  les 
habiianis  des  villages  voisins;  et  jusipi'à  l'abbé  Su- 
ger,  les  abbés  de  Saint-Denis,  de  qui  dépendaionices 
villages,  avaient  v^,inemerii  tenié  d'airéier  le  cours 
de  leurs  déprédations  :  l'abbé  Suger  y  mil  fin 

Adriai.opolis,  Andiinople,  Néocèsarée,  ville  de  la 
province  du  Pool.  Adriaiiople,  petite  ville  de  la 
Paphlagoiiie. 

Adrumeiinus  ,  a,  um  ,  d'Adrumelte.  Concile  d'A- 
drumelic  en  394. 

Auiumeium,  Adrumelte,  à  présent  Hamamelta,  ville 


Fontainebleau.  Sa  distance  de  Paris  isi  de  08  kil. 

au  S.  par  Fontainebleau  et  la  grande  rouie  de  Lyon,  de  l'ancienne  provmee  de  Byzacène,  en  Afrique. 

J'osiÊ^x  leities  à  Fontainebleau.  .j^,.,,^^  ,„,,.j,  ^  Airoux,  rivière  en  liourgogne,  dio 

Z'    "  '\  Acher^f^village  du  diocèse  de  Soissons,  ariond.  cèse  de  Dijon,  département  de  la  Côte-d'Or. 
/    /àe  L;tt>ii,''otinr,  delà  Fère,  luisait  autrefois  partie  de  la         .\duta,  St-Gohard,  aux  Alpes. 

Picardie  et  de  l'ancien  diocèse  de  Laon.  11  esi  siuié         .Erliinadœ  Imvlic.  v.  E'-.hinadu. 


17 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


Il 


.£duenm,  se,  d'Aulun.du  diocèse  d'Aulun. 

jEdui,  orum,  les  liabilanls  d'Aulun,  ceux  d"Au- 
tun.  1  Aulun.  V.  le  111»  volume.  |  Le  pays  d'Aulun, 
l'Aulunois. 

jCgea,  Egée,  en  Cilicie. 

yEgeum  more,  l'Arciiipel.  La  mer  de  Grèce. 

^gidii  villa  in  valle  Flaviana,  le  Val  de  Flavire,  à 
préseni  Si-Gilles,  peiile  ville  el  ancienne  alibaye  du 
Languedoc,  aujourd'hui  du  diocèse  de  Niines,  dépl. 
du  Gard. 

j^gyptius ,  u  ,  «m ,  d'Egypte ,  de  l'Egypte.  1 
Egyptien. 

jEgypius,  l'Egypte,  contrée,  autrefois  puissant 
royaume,  en  Alrique. 

^initia,  l'Emilie,  province  ancienne  de  l'empire 
romain,  à  iné^eni,  partie  de  la  Lombardie  dans  la 
llautc-lialie. 

vEnhamemis,  se,  d'Enlian.  Concile  d'Enhan,  envi- 
ron en  168u. 

y£n/ianium,  Enlian,  lieu  peu  connu  de  l'Angleterre. 

yEsi-rnia,  Iserniu  ou  Sergue,  ville  épiscopale  au. 
pied  de  l'Apennin,  au  royaume  de  Naples. 

jEthiopia  ,  l'Ethiopie,  grande  contrée,  autrefois 
royiiunie,  en  Afrique,  comprenait  la  Nubie,  le  Dar- 
four,  le  Kordul'an,  l'Aliyssinie,  etc.,  etc. 

Afer,  fia,  (rum,  AIricain,  d'Afrique,  qui  est  d'A- 
frique, qui  concerne  l'Afrique. 

Affregiacum  ou  Fargicus,  Forgium,  AulTargis,  Far- 
gis,  village  de  l'ancien  diocèse  de  Chartres,  aujour- 
d'hui de  Versailles,  canton  de  Itambouillel,  départ, 
de  Seine-et-Oise,  forme  une  paroisse  de  600  liabi- 
lants,  en  y  comprenant  les  haujeaux  de  Villeqimy, 
Saint-Beni>it,  les  ilogues,  plusieurs  fermes  et  quan- 
tité de  maisons  isolées  sous  diverses  dénuminaiions. 
Les  principales  productions  de  son  terruir  sont  en 
grains  et  en  bols.  L'ancienne  abliaye  de  Vaux-de- 
Cernay  se  distinguai!  des  maisons  isolées  par  ses 
conslruciions  et  ses  dépendances.  Le  nionasière  était 
sur  la  paroisse  de  Cernay-la-Ville.  Aulfargis  est 
situé  dans  une  vallée  à  7  kll.  de  Rambouillel,  où 
est  le  bu>eau  de  poste;  à  53  kil.  de  Paris  par  la  route 
de  Chartres. 

A/frelicum,  Afiretiacum ,  Auffreville,  village  de 
l'ancien  diocèse  de  Cliarires,  maintenant  du  diocèse 
de  Versailles,  canl.  et  arrund.  de  Manies,  qui  forme 
avec  le  hameau  de  Brasseuil  une  paroisse  de  550  ha- 
bitants. Le  ruisseau  de  Vaucouleur  y  Tut  tourner  six 
moulins  à  farine  et  un  à  t  n.  Le  terroir  est  en  labour, 
vignes  et  en  buis.  AulTreville  esta  4  kil.  de  Mantes, 
où  est  le  bureau  de  poste,  44  de  Paris. 

Africn,  l'Afrique,  la  plus  méridionale  des  cinq 
parties  du  monde. 

Africain  Oppidum,  St-Efrique,  ou  Sle-Frique,  au- 
jourd'hui Si-Alfrique,  ville  du  diocèse  de  Rodez, 
département  de  l'Aveyron. 

Africaniis,   a,  um.  v.  Afer.   Neuf  conciles  d'Afri- 
que, en  401,  402,  407,  408,409,551,592,065. 
Agatha  et  Agatha  Masùlientium,  Agde,  ancienne 


ville  épiscopale  dans  le  Languedoc,  aujourd'hui  du 
diocèse  de  Montpellier,  département  de  l'Ilétault. 

Agailiensis,  se,  d'Agde.  Deux  conciles  d'Agde  en 
506  et  760. 

Agntliopolis.  V.  Agatha, 

Agiuhyrium,  St-Marc  de  Trinacrie,  en  Sicile. 

Agaunensis,  se,  d'Agaune,  de  St-Mauriceen  Valais. 
Deux  conciles  de  St-Maurice,  en  515,  8i)8.  \  De  Sl- 
Maunce  sur  le  Riiône. 

Agamum,  Aganne  ou  Acaun,  à  présent  Si-Mau- 
rice en  Valais,  abbaye  el  ville  sur  la  rive  gauche  du 
Rhône,  au  diocèse  de  Sion  ou  Sit'.ein  en  Suisse. 

—  St-Maurice  sur  le  Rhône,  au  diocè^e  de  Lyon. 
U  y  a  plu^ieul  s  villes  de  ce  nom,  dans  les  diocèses  de 
Sl-Jean  de  Maurienne  (Etais  sardes);  de  Lyon, 
d'Autun,  de  Belley,  de  Séez,  etc.,  etc. 

Agedincum,  Senoimm,  Agendicum  el  Agendiniim. 
V.  Sens,  tome  III'. 

Agennum.  V.  Aginnum. 

Agesina.  V.  Angouléme,  lome  lll«. 

Agetinates,  les  peuples  de  l'Angoumois. 

Aginnensis,  se,  d'Agen ,  Agenois.  Agiiinenset, 
ium.  Les  habitants  de  la  ville  d'Agen,  chef-lieu  de 
préfecture  du  départ,  de  Lot-et-Garonne. 

Aginno  el  Aginiium,  Agen,  ville  épiscopale. 

Agnitum,  Agnetuin,  Agnitiuin,  Agnels,  village  du 
diocèse  de  Beauvais,  canton  et  arrond.  de  Clerinont, 
Oise.  Il  compte  une  population  de  13  à  1600  habi- 
tants, en  y  comprenant  les  hameaux  du  Fay,  du  Bas- 
Clerinont,  de  Sous-les-Noyers,  de  la  Croix-Picard, 
Bethencouriel.Boulincourt,  Gicourt,  la  Rue  de  l'Em- 
pire, Broquier,  la  Chaussée-de-Ramecourt,  Roiiqu:;- 
rolles,  ella  ferme  de  Saint-Remy-l'Ahbaye.  L'église 
est  d'une  belle  architectuie  gothique.  Saint  Léger 
est  son  premier  patron;  saint  Christophe  son  patron 
secondaire. 

11  y  a,  dans  une  niche  de  cette  église,  appuyée 
contre  un  des  gros  piliers  du  (hœur,  une  Vierge 
auprès  de  laquelle  on  vient  de  tous  les  environs  eu 
pèlerinage.  Chacun  des  pèlerins  dépose  devant  elle 
ou  suspend  à  ses  côiés  des  fleurs,  des  couronnes  et  de 
simples  rubans.  Le  vitrage  du  fond  de  l'église  est 
orné  d'anciens  verres  de  couleur. 

Le  château  d'Agneis  a  un  bois  bien  entretenu  qui 
forme  une  promenade  très-agréable. 

Le  terroir  est  en  terres  de  labour,  en  prairies,  en 
vignes  et  en  bois.  Les  sources  d'eau  vive  y  sont 
abondantes  el  muliipliées.  On  y  rencontre  des  car- 
rières de  pierre  dure,  di;s  fours  à  chaux  et  des  tuile- 
ries. On  en  extrait  de  la  tourbe.  La  buisson  connunne 
dans  le  pays  est  le  cidre;  mais  sa  qualité  est  infé-. 
rieure  à  celle  du  cidre  de  la  Normandie. 

La  petite  rivière  de  Brèche  passe  au  hameau  de 
Ronqui  rolles  ,  et  fall  tourner  quatre  moulins  à  fa- 
rine et  deux  à  foulons. 

Aguets  est  ^itué  à  5  kll.  de  Clermont,  et  à  57  d* 
Paris  (Poste  aux  lettres  de  Clermont). 
Agragas,  aniis  el  Agrigenlum,   Gergenl  ou  Gw- 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


4't 

geuii  (l'ancienne  Agrigenle),  ville  épiscopale  dans 

rtle  de  Sicile. 

Agrippina  Colonia.  V.  Cologne,  t.  III. 

Agrippinensii,  se,  de  Cologne.  Concile  de  Cologne, 
011  446.  V.  Colonia. 

Agurium,  St-Philippe  ou  Sl-Phélippe  d'Agyrone, 
en  Sicile. 

Airiacensi$,  se,  d'Airy.  Concile  d'Airy,  en  4020. 

Airiaeum,  Airy,  au  diocèse  de  Sens,  déparlement 
i]f  l'Yonne. 

Aimer  Mont,  Allier-Mont,  au  pays  de  Caux  en 
Normandie. 

Aladum,  Aladen  ou  Killala,  ville  épiscopale  de 
l'Irlande. 

Alamatini,  orum,  el  Alamatmia,  l'Allemagne  an- 
cienne, les  anciens  Allemands.    |   La  Souabe. 

Alamamiicus,  a,  um,  de  l'ancienne  Allemagne, 
des  anciens  Allemands.   |    De  la  ïouabe. 

Alatii,  ornm,  les  Alaiiis,  peuples  de  l'ancienne 
Scylhie  d'Europe. 

Alba,  l'Elbe,  rivière  d'Allemagne. 

—  AJTiiTmiii,  Albe  ou  Alve  de  Tormes,  ville 
de  l'ancien  royaume  de  Léon,  en  Espagne. 

—  Augusta,  Viviers,  ville  épiscopale  et  princi- 
pale du  Vivarais,  en  Languedoc,  dépariemenl  de 
l'Ardèche. 

—  Grœca,  V.  BeUjrada, 

—  Marna,  Aumale,  ville  du  diocèse  de  Rouen, 
en  Normandie. 

—  Pompeia,  Albe,  Etals  sardes. 

—  RegalU,  Albe  Royale  ou  Siul-Veissembourg  , 
ville  de  Hongrie. 

—  Tt^iia,  Aubeterre,  ancien  monastère  de  filles 
en  Auvergne. 

Alba  Curia,  Abbecourt,  village  du  dincése  de  Ver- 
sailles, à  14  kilomètres  de  celte,  ville.  Ce  village 
s'éiail  formé  dans  le  diocèse  de  Chartres,  auprès 
d'une  abbiiye  de  l'ordre  de  Prémontré  que  Guascon 
de  Poissy,  beau  frère  de  Bouchard  de  Montmorency, 
avait  fondée  en  liSO,  et  datis  laquelle  il  avait  placé 
desreligieuxde  l'abbaye  <leMarcberoHx  au  diocèse  de 
Rouen.  Saint  Thomas  de  Cantorbéry,  alors  réfugié  en 
France,  en  consacra  en  1191  l'église,  qu'il  dédi»  à  la 
sainte  Vierge.  Celle  abbaye  donnait  à  l'abbé  un  re- 
Tenu  de  6,000  fr.  ;  elle  relevait  de  celle  de  iMarclie- 
rous.  L'église  a  été  démolie,  mais  la  maison  abba- 
tiale et  d'autres  bâtiments  qui  en  dépendaient  sub- 
sistent encore  et  offrent  un  bel  aspect.  Près  de  la 

■  première  porte,  on  voit  une  fontaine  d'e.iu  minérale 
qui  parait  avoir  eu  de  la  réputation,  mais  qui  ne 
l'a  pas  conservée,  malgré  le  grand  nombre  de  cures 
que  l'on  prétend  qu'elle  a  faites  dans  le  leinps.  Elle 
fut  découverte  en  17!J8  par  Ferragus,  médecin  de 
t'abbaye  de  Poissy,  qui  en  lit  l'analyse  avec  Gouitanl, 
médecin  du  roi.  En  1713,  Loui^  XIV,  à  la  sollicita- 
lion  de  Fagon,  Sun  (iremier  médecin,  y  fli  cnnsirnire 
une  salle,  au  milieu  de  laquelle  était  situé  le  b:is-in 
de  la  fontaine,  construit  en  pierre  de  taille.  Les  eaux 

•  é^Abbecourt,  comme  presque  toutes  celles  de  la  même 


!20 


espèce,  étaient  plus  efficaces  prises  sur  leslienx  que 
transportées  au  loin. 

L'abbaye  d'.Abbecourt  et  ses  dépendances  forment 
aujourd'hui  uu  domaine  particulier,  situé  dans  le  dé- 
parlement de  Seine-et-Oise,  à  24  kil.  0.  de  Paris,  à 
10  kil.  0.  de  Poissy,  où  est  le  bureau  de  poste.  Il  fait 
partie  de  la  commune  d'Orgeval,  et  on  y  arrive  par 
la  petite  route  de  Manies,  qui  passe  à  Sainl-Germain- 
en-Laye. 

I  Abbecourt ,  petite  commune  du  canton  de 
Cbauny,  arrond.  de  Laon,  départ,  de  l'Aisne,  dio- 
cèse de  Soissons,  où  l'on  remarque  d'assez  nom- 
breuses plantations  de  pommiers.  Les  terres  qui  en 
dépendent  produisent  du  foin  en  abondance  et  de  la 
meilleure  qualité.  Population,  554  habitants.  Bureau 
de  poste  à  Cbauny,  dont  Abbecourt  n'est  éloigné  que 
de  4  kil. 

I  Abbecourt,  village  du  canton  de  Noailles,  du 
diocèse  et  de  l'arrondissement  de  Beauvais  (Oise), 
offre,  avec  les  hameaux  de  Roye  el  de  Maliancoiirt, 
qui  en  ilépendenl,  une  population  d'.*»  pi'U  près  350 
hab  lanis.  Il  a  117  maisons,  el  paie  37C0  fr.  |our  sa 
contribution  annuelle.  Une  grande  partie  de  son  ler- 
ritoire  est  en  terres  labourables,  et  le  surplus  en 
bois.  U  appartenait  autrefois  à  la  province  de  l'Ile- 
de-France;  il  esta  9  kil.  S.-E.  de  Beauvais,  à  4  kil. 
de  Noailles,  où  est  le  bureau  de  poste,  el  à  56  kil. 
de  Paris. 

Albàis,  Albaïde,  province  de  Navarre. 

Albamarla,  Albamaria,  Aumale,  petite  ville  du  dio- 
cèse de  Rouen ,  chef-lieu  de  canton  de  l'.irron- 
dissement  de  Neufihâiel;  elle  avait  le  lilre  da 
duché,  qui  s'est  conservé  dans  la  maison  d'Or- 
léans. —  Le  territoire  du  duché  d'Auniale,  avec 
celui  du  comté  d'Eu,  détaché  du  pays  de  Caux  et 
séparé  de  Vimeii  par  la  Rresie,  s'appelait  auirefids  la 
Tallois,  ou  Tallou,  ou  Tellau,  et  quelquefois  Talo- 
gia.  Une  charte  du  roi  Pépin,  donnée  à  Verberic  et 
datée  de  la  deuxième  année  de  sou  règne,  quelques 
capitulaires  el  plusieurs  monuments  de  rantic|uiié 
en  foui  mention.  Arques  et  Dieppe  en  dépemiaienl. 
On  ne  saurait  fiser  l'époque  à  laquelle  ces  noms  ont 
cessé  d'être  employés.  —  Celle  ville,  mal  bâiie,  et 
jadis  entourée  de  murailles  el  de  fossés,  est  située 
sur  le  penchani  d'une  colline  bornée  par  une  prairie 
qu'airose  la  Bresie,  entourée  de  roloaux  couronnés 
de  bois,  à  24  kil.  de  Neufcb&tel  et  de  Bfmgy,  36 
d'Abbaville,  40  d'Amiens,  64  de  Rouen,  108  de  Pa- 
ris. —  Ayant  obtenu  par  arrêt  du  conseil  la  permis- 
sion d'employer  ses  deniers  patrimoniaux  au  p;ivé 
de  ses  rues,  la  ville  en  (il  commencer  les  travaux  en 
1760.  —  Ses  sources  d'eaux  minérales  froides,  aci- 
diilt's  ei  ferriigineuses,  qu'un  moine  bénédictin  dti- 
couvrit  en  1755,  jouissent  d'une  grande  réputation 
et  s'emploient  avec  succès  ()aii$  les  maladies  cbrii- 
niipies,  particulièrement  pour  celles  de  l'estomac, 
potir  la  gravclle,  les  obstrucions,  les  pâles  couleurs. 
Il  jaunisse  el  pour  certaines  espèces  d'hydropisie. — 
L'industrie  d'Âumale  consiste  en  fabriques  de  grosse; 


-  GEOGRAPHIE  DES  LEG 

jraperi.s,  de  tergcs  autrefois  tiès-osiiiiiées,  de  sia- 
inuises,  de  toiles,  de  blonde  ;  en  Tilatiires  hydrauli- 
ques de  laine;  en  faïences,  tanneries,  teintureries, 
fonderie  de  cloches  et  moulins  à  foulon  ;  et  son  com- 
merce, en  serges,  draps,  cuirs,  grain»  et  cidre.  -^  Il 
•^  a  environ  SO  ans,  Âuniale  avait  une  inaiiufaciure 
de  fr  es  qui  servaient  au  peupli^  de  la  conirce  ;  on  y 
comptait  plus  de  600  métiers  :  elle  avait  été  longtemps 
la  seule  de  celte  espèce  dans  le  royaume.  —  Il  s'y 
tient  deux  marchés  par  semaine  ei  quatre  foire-;  par 
an.  —  Popul.  d'Aum.'.le,  ~2000  habitants,  et  du  cant., 
7lto2.  —  La  foret  ou  le  bois  d'Aimiale,  qui  a  eiiv. 
12  kil.  de  circuit,  est  près  de  la  ville  du  côte  île  la 
Picardie.  —  Les  mis  d'Angleleire,  à  cause  de  leurs 
anciennes  prétentions  sur  la  Normandie,  ont  donné 
le  titre  d'Albemarle  à  plusieurs  grands  personnages 
de  leur  cour.  Un  d'eux,  Robert  des  Forts,  eu  fui  dé- 
pouillé en  il96,  avec  sa  mère,  par  Philippe  II  dit 
Auguste,  qui  en  investit  Rainaud  de  Ponihieu,  comte 
de  Dammanin.  Après  l'extinction  de  la  famille  de 
Robert  des  Forls,  le  roi  Richanl  II  donna  le  litre  de 
duc  d'Albemarle  à  Edouard  d'York,  prince  du  sang 
d'Angleterre.  Le  général  Monck  tint  ce  lilre  de  Char- 
les 11.  Les  héritiers  ou  descendants  de  Roinaud  de 
Ponthieu  continuèrent  de  posséder  le  comléd'Vu- 
male  jusqu'à  François,  (Ils  de  Claude,  duc  de  Giiise, 
el  d'Antoinette  de  Bourbon,  en  faveur  de  qui  Henri 
il  éiigea  Auniale  en  duché-pairlc  l'an  1547.  Ce  du- 
ché passa,  au  commencement  du  xvii^  siècle,  dans 
la  famille  des  princes  de  Savoie,  par  le  mariage 
d'Anne  de  Lorraine  avec  Henri  de  Savoie,  el  revint  à 
la  France  par  l'acquisilioii  qu'en  lit,  vers  169o,  le 
duc  du  Maine,  ûls  légitimé  de  Louis  XIV.  Un  trouve 
dans  quelques  auteurs  l'anecdote  suivante  :  Quand 
Rich.ird  1^%  en  119'2,  prit  possession  d'Aumale,  ce 
fut  à  la  suite  d'une  affaire  où  ses  arbalétriers  lui  don- 
uèrent  tout  l'avantage.  Les  soldais  de  Philippe  II  di- 
saient alors,  à  propos  de  ce$  armes  perfides  :  Avec 
elles,  un  fuliron  à  couvert  pourrait  tuer  le  plus  vaillanl 
de  tout  kf  guerriers.  Notu  ne  voulons  devoir  la  licioire 
qu'à  nos  lances  el  à  nos  épées.  —  Àuroale  n'a  pas  de 
monuments  antiques;  mais  deux  colonnes  érigées 
aux  extrémités  du  pont  de  cette  ville  rappellent 
^'événemeiit  qui  faillit  coûter  la  vie  à  l'un  de  nos 
rois.  (  A  l'une  des  extrémités  de  ce  pont,  noiiimé 
pont  de  Henri  IV,  était  ancieunemeni  une  des  portes 
de  la  ville,  près  de  laquelle  Henri,  venant  de  recon- 
naître l'armée  du  duc  de  Parme,  fut  atteint  d'un 
coup  d'arquebuse.  Potirsulvi  par  les  ligueurs,  ce 
prince,  sqr  le  point  de  tomber  eu  leur  pouvoir,  ne 
dut  son  salut  qu'à  l'héroïsme  d'une  femme  nommée 
Jeanne  Lederc,  qui,  se  précipitant  au  milieu  du  dan- 
ger, haissa  le  pont-levis  assez  à  temps  pour  arrêter 
l'eimewi.  i  —  Cette  ville  avait  un  hôpital  pour  les 
oiftUdes,  une  maison  pour  les  orphelins,  un  collège 
et  des  écoles  gratuites:  deux  couvents,  un  de  Péni- 
tents .et  un  ile  Jacobins  ou  Dominicains;  deux  pa- 
.■•oisses,  l'iioe,  qui  existe  encore,  sous  le  vocable  de 
Saint -Pierre,  l'autre  sous  celui  de  Sainte-Marguerite  : 


tMlES  AU  MOYEN  AGE. 


2i 


cette  dernière  était  hors  la  ville,  ;  résd^  l'abbaye  de 
St-Martin  d'Auchy.  Cette  abbaye  se  trouvait  renfer- 
mée autrefois  dans  la  ville.  Après  la  malheureuse 
journée  de  Créci,  qui  obligea  toutes  les  villes  de  la 
ISormandie  à  élever  des  murailles  pour  leur  défense, 
ce  monastère  ne  se  trouva  plus  compris  dans  1^ 
nouvelle  enceinte  ,  dont  il  fut  éh'igné  d'environ 
200  pas.  L'abbaye  de  St-Martin  d'Auchy  éiail  uans 
son  origine  une  collégiale  de  six  chanoines,  fondée, 
sous  le  nom  de  St-Manin,  par  le  comte  Guerinfrpi, 
vers  l'an  JUOO.  Une  soixantaine  d'années  après  s; 
fondation,  elle  p.ssa  aux  moines  de  St-Lucien  dg 
Bcauvais,  el  ne  fut  érigée  en  abbaye  qu'en  lllo  ou 
1120.  En  1393,  elle  était  tellement  ruinée,  qu'à  peine 
y  pouvait-on  célébrer  l'office  divin;  en  l-4i7,  ce 
n'était  plus  qu'un  monceau  de  pierres.  L'abbé  Pierre 
Roussel  employa  les  aumônes  des  fidè'es  à  la  relever 
enlilS.  En  1G20  elle  n'existait  déjà  piiis.Oii  attribua 
sa  ruine  à  la  négligence  de  quelques  abbés;  mais  il 
parait  constant,  d'après  un  procès-verbal  dressé  sur 
les  lieux  par  le  conseiller  et  le  substitut  du  procn- 
rcur  général,  que  dos  londements  mal  assis  eu  furent 
seuls  la  cause.  L'abbé  de  Cbaulieu,  nommé  à  cette 
abbaye  en  1689,  forma  le  projet  de  la  séculariser,  et 
envoya  à  Rome,  sans  succès,  le  brevet  que  Louis  XIV 
lui  avait  délivré  à  ce  sujet  le  2  juin  1G9I.  N'ayant 
pas  mieux  réussi  dans  ses  tentatives,  Pierre  de  l'E- 
pine, son  successeur,  prit  des  arrangements  avec 
l'abbé  deFourcamoni  pour  intioduire  dans  l'abbaye 
les  religieux  de  l'ordre  de  Cîteaiix.  Ceux-ci  refusé- 
reiil,  et  Pierre  de  l'Epine  traita  avec  les  supérieurs 
majeurs  de  li  congrégaion  de  Sl-.Maur.  Le  concordat 
l'ut  passé  le  13  déc.  1705;  le  roi  le  ratifia  par  lettres 
patentes  du  même  mois,  et  les  Bénédictins  Réformés 
prirent  possession  du  monastère  l'année  suivante, 
après  l'avoir  fait  reconstruire,  ils  se  sont  toujours 
vantés  de  posséder  les  plus  anciennes  cloches  da 
toute  la  Normandie.  Ils  en  avaient  deux  qui  furent 
fondues  eii  1379,  et  dont  l'pne  portait  que  Blancba 
de  Ponihieu,  comtesse  d'Harcourt  et  d'Aumale,  avait 
eu  l'hoimeur  de  la  lever.  C'est  dans  un  caveau  da 
cette  abbaye  qu'avaient  été  enterrés  treize  ou  qua- 
torze seigneurs  de  Guise  et  de  Nemours.  —  Ces  reli- 
gieux Bénédictin^  étaient  ctirés  primitifs  de  la  ville, 
et  avaient  conservé  chez  eux  le  droit  de  cure  pour  la 
faubourg  où  ils  restaient.  Les  bâtiments  de  l'abbaya 
n'existent  presque  plus.  Le  chàieau  faisait  partie  da 
l'apanage  de  la  maison  d'Orléans.  Un  des  Qls  )]e 
Louis-Philippe  porte  le  lilre  de  duc  d'Aumale. 

Albana,  Atbanopotis  et  Alhanum,  Âlbane  ou  Alba- 
nie, ville  et  province  sur  le  bord  de  la  mer  Cas- 
pienne. Il  ne  faut  pas  conlondr''  l'Albanie  d'aujour- 
d'hui, qui  remplace  l'ancienrie  lllyiie,  avec  cette  Al- 
banie qui  faisait  partie  de  l'Arinénie  dans  l'Asie,  à 
l'ouesi  de  la  mer  Caspienne. 

Albaiientis,  se,  d'Albane,  d'Albano. 

Albanum,  Albano,  ville  épiscopale,  près  de  Rome. 

Albanus,  Alba  ou  Alben,  ville  épiscopalç  ^«|  EMS 
Sardes. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


27 

disseinent  de  Bressuire ,  dépariemenl  des  Deux- 
Sèvres;  on  y  ciimpie  environ  l.tiOO  liabiianls.  La 
dislance  de  Bressuire  esl  20  kil.  à  l'ouesl-nord- 
ouesi. 

Albiiium  oii/l//ii?ii!(m,Saliil-AuLin-Jouxle-BBullcng, 
paroisse  ilu  diocèse  de  Rouen,  canloii  d'Elbeuf,  dépar- 
lenient  de  la  Seine-lnlërieure.  Population,  1,4J0  ba- 
biianls. 

I  S-iini-Aubin-des-Cliàteaux,  paroisse  dn  diocèse 
de  Nantes,  canton  et  arrondissement  de  Clàlean- 
biiant,  iléparlen  eut  de  la  Loire-I  férienie;  ainsi 
surnommé  paice  qu'il  y  avait  autrefois  pluieiirs  cbà- 
lc<<ux.  La  po|inlalii)n  monie  pres(|ue  à2,000liabitanls. 
8aint-Aubin-le-Cloux,  paroisse  du  diocèse  i!e  Poi- 
tiers, canton  de  Secondigny,  arrondissenienitle  Par- 
llienay,  département  des  Deux-Sèvres.  Population, 
1,250  babitants. 

I  Saini-Auliin-du-Cormier,  paroisse  du  diocèse  de 
Reinies,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrondissement  de 
Fougères,  h  18  kil.  duest  sud  de  celle  ville,  dépar- 
lement d'Ille-el-Vilaine.  Les  liabi^anis,  au  nombre  de 
l,8l)J,  se  livrent  à  la  l'abricaiion  des  toiles,  de  la 
boissellerie  et  de  la  s;iboterie.'^  En  I4!<8,  le  vicomte 
de  la  Treniouille  y  gagna  une  bataille  contre  les  Bre- 
tons. 

j  Saint-Aubin-des-Coudrais,  paroisse  du  diocèse 
du  M;ihs,  canton  de  la  Fei  lé- Bernard,  arrondisse- 
ment de  .Mamers,  départeniem  do  la  Sartbe.  Popu- 
lation, l,<o()  babitants. 

I  Saini-Aubm-il'Eerosville,  paroisse  du  diocèse 
d'Evreux  ,  caiaon  de  Nenbouig,  arrondissenii  nt 
de  Louviers,  dépariemeiit  de  l'Eure.  Population  1000 
babitants. 

I  Sainl-Aubin-Epiir'y  ,  p.iroisse  du  diocèse  de 
Rouen,  à  8  kil.  de  celte  ville,  canton  de  Bous.  Ses 
babitants,  au  nombre  de  600,  ^ont  occupés  dans  les 
(ahriqucs  d'indiennes. 

1  S.iinl-Aubin-Fussc-Louvain  ,  paroisse  du  dio- 
cèse du  Mans,  canton  de  Gorron,  arrondissement  dç 
Mayenne,  déparieuienl  de  la  Mayenne,  population 
IHOO  babitants. 

!  S;iint-Aubin-3ur-Gûillun  ,  paroisse  du  diocèse 
d'Evreux,  canton  de  Gaillon,  arrondisseii^ent  de  Lou- 
viers, département  de  i'Eure.  Population  1,100  lia- 
bitajils. 

I  Saint-Aubin-de-Locquenoy,  paroisse  du  diocèse 
du  Mans,  canton  de  Fresnay-le-Vicomte,  arrondisse- 
uient,  et  à  13  kil.  de  Mamers.  La  population  ,  qui 
monte  à  1,260  babilanls  ,  exploite  des  carrières  de 
marbre. 

(  8aim-Aubin-de-Liiigné  ,  paroisse  du  diocèse 
d'Angers,  canton  d.;  Cbaloniies,  arrondissement  d'An- 
gers, déparlenienî  de  Maine-et-Loire.  La  population, 
dont  !e  cbilTre  e.-t  de  1,5.J0,  se  livre  à  la  culture  de 
la  vigne,  «jui  produit  de  bons  vins  blancs  pour  I'oê- 
diuiaire, 

I  Saint-Aubin-du-Pavi'il,  village  du  diocèse  d'An- 
g«FS,  arrondissement  de  Segfé ,  département  de 
Maine- elr Loire.  Les  liabiisHis,  au  nombre  de  1,000 


28 

environ,  sont  occupés  dans  les  ardoisières.  Ce  vil- 
lage n'est  regardé  que  comme  un  bameau,  parce 
qu'il  fali  partie  de  la  commune  ei  ville  de  Segré- 

I  Sainl-Aubiii-de-Si;illon ,  paroisse  du  diocèse 
d'Evreux,  canton  de  Tliiberville,  arrondissement  de 
Bernay,  département  de  l'Eure.  Population  1,500 
babilanls,  liviés  aux  travaux  de  l'industrie. 

1  Sainl-Aubiii-dc-Terre-Gate,  paroisse  du  diocèse 
deCoutances,  canion  de  Saint-James,  arrondissement 
d'Avranelies,  département  de  la  Mancbe.  Population 
1,871  habitants. 

I  Saint-Aubin-de-Thennoy  ,  paroisse  du  diocèse 
d'Evreux,  canton  de  Broglie,  arioiidissenient  et  à  13 
kil.  sud-ouest  de  Bernay,  dcpanement  de  l'Eure.  La 
population,  dont  le  chiffre  esl  de  1,100,  se  livre  aux 
travaux  de  l'industrie. 

Albitesca,  de  la  l'amitle  des  Âlbizzescjii,  de  Siennt., 
en  Toscane. 

Album  Uonastcrium,  Albmynster  ,  au  comté  de 
Nonliuniherland  en  Ang'elerre. 

Alcan:ara,  Alcantara.  petite  ville  de  l'Eslrama- 
dure,  en  Espagne. 

Alciacum  ,  Auxy-lc-Château  ,  petite  ville  du  dio- 
cèse d'.'.rras,  chel-lieu  de  cantoiî  ,  arrondissement 
de  Saint-Pid,  département  du  Pas  de-Calais.  Elle  est 
divisée  en  deux  paities  par  la  rivière  d'Auibie  ;  la 
partie  qui  est  à  la  droite  de  celle  rivière  prend  le 
nom  d'Auxy-le-Cliàte:iu  ;  elle  avait  le  titre  de  mar- 
quisat, et  dépendait  du  gouvernement  général  d'Ar- 
tois, diocèse  de  Boulogne,  intendance  de  Lille,  con- 
seil d'Artois,  gouvernement  d'Arras,  bailliage  et 
rec.  d'Hesdin  ;  l'autre  parue ,  appelée  Auxy  et  Ma- 
quiers  ,  et  qui  esl  sur  la  rive  gauche  de  l'Antbie, 
et  au  midi  de  la  première,  était  dans  l'Amiennois  au 
commencement  de  la  basse  Picardie,  diocèse  et  in- 
tendance d'Amiens,  parlement  de  Paris,  élection 
d'Abbeville  ,  bailli.Tge  de  Crécy  et  siège  d'un  bureau 
des  fermes  de  la  direction  d'.Ainiens.  Par  la  nouvelle 
organisation  delà  France  en  départements,  ces  deux 
parties,  réunies  en  une  seule,  forment,  comme  nous 
l'avons  dit,  un  canton  du  département  du  Pas-de- 
Calais.  11  y  avait  dans  cetie  ville  un  couvent  de  Bri- 
gittines ,  ordre  de  Saint-François,  et  un  hôpital 
pour  les  malades,  dans  lequel  il  y  avait  8  lits  pour 
les  liumraes  et  i  pour  les  femmes,  et  une  école,  où 
l'on  enseignait  graïuilement  les  pauvre»  fdles.  L'bô- 
pital  existe  encore.  On  y  compte  plusieurs  tanneries. 
H  y  a  quatre  francs  marchés  oii  foires  d'un  jour  , 
pendant  l'antiée,  qui  ont  lieu  le  H  lévrier,  le  mardi 
après  le  dimanche  de  Quasimodo  ,  le  10  août  et  le 
29  octobre  :  on  y  \end  des  bestiaux  de  toute  espèce, 
des  objets  de  mercerie  et  de  coniellerie,  ries  é  odes, 
du  lil,  du  lin  el  du  chanvre.  La  population  d'Auxy 
est  d'environ  2680  habiianis.  Celle  ville  esl  à  24  kil. 
S.-O.  de  Saint-Pol  ,  à  20  kil.  N.-O.  de  Doullens.  Sa 
distance  de  Paris  esl  de  I6>)  kil. 

Les  environs  d'Auxy-le-Chàteau  sont  marécageux, 
cl  possèdent  des  tourbières  ijui  fournissent  au  chauf- 
fage des  babitants  des  campagnes.  La  tourbe  esl  uii« 


S9 


GEOGRAPHIE  BES  LtCGENDF.â  AL  MOV^N  AGE.  30 


espèce  de  lerre  noire  qui  se  forme  dans  les  marais 
par  un  d«iii(in  successif  et  continu  de  feuilles  et 
d'herbages  ;  on  la  trouve  à  une  profomlenr  d'un  mè- 
tre environ.  On  l'enlève  avec  une  bèilie  pointue 
formée  de  manière  que  chaque  tourbe  prend  en 
uiéme  temps  les  dimensions  qu'elle  doit  avoir.  Les 
tourbes  ont  la  forme  d'une  brique  ,  elles  répandent , 
çn  biùlant,  une  odeur  désagiéable. 

AUiacum,  Aucliy-les-Molnes  ou  Sl-Silvin  ,  bourg 
et  ancienne  abbaye  de  Bénédictins,  diocèse  d'Ârras, 
départ,  du  Pas-de-Cai»is. 

Aida  Snncia,  ou  Adellm  Villa  ,  Sainte-Anlde  ,  pa- 
roisse du  diocèse  de  Meaux ,  canton  de  la  Ferié- 
Eous-Jouarre ,  Stine-el-Marne.  Les  proiluciions  du 
terroir  sont  de  peu  de  valeur.  On  y  voit  deux  petits 
moulins  sur  un  ruisseau.  Population  500  habitants 
environ  ,  en  y  comprenant  les  hameaux  de  Cha- 
moust ,  où  il  y  a  une  maison  de  campagne  ;  Motie- 
bart,  Cauniont,  l'ancien  Hef  de  la  Bnrdeiie,  et  plu- 
sieurs autres  habitations  écartées.  Sjinte-Aulde  est  à 
6  kil.  vers  le  N.O.  de  la  Ferlé,  et  à  M  à  l'Ë.  de  Pa- 
ris par  la  route  d'Allemagne.  Posteaux  lettres  delà 
Ferté-sous-Jouarre. 

AUemburgum,  Oldiiubourg  oii  Uudembourg,  en 
Flandre,  lielgique. 

Alemuim.  y.  Alemaniii. 

Alenco  ou  Atmicomensii ,  AteiUi»-,  Aleuçon,  ville  et 
litre  de  duché,  eis  Munnandie,  diocèse  de  i>éez, 
départ,  de  l'Unie. 

Alens's  (Alexander-)  Alexandre  de  Halès,  lemaitre 
ou  le  docteur  de  «aint  Bonaventure  :  Halès,  village 
du  comté  de  Glocesier,  eu  Angleterre. 
Aies,  etis-  V.  Aleihum, 

Alesia,  Allie,  autrefois  ville,  à  présent  village  de 
la  Bourgogne  connu  sou;>  le  nom  de  Sainte- llcine, 
bâti  .i  quelque  distance  du  plateau  où  sont  les  rui- 
nes d'Alise.  Le  village  de  Sle-lieine  a  été  un  lieu  de 
pèUrinage  célèbre  à  cause  d'une  fontiiiiie  dont  l'eau 
est  salutaire  pour  la  vue.  L'église  en  est  assez  remar- 
quable. Diocèse  de  Dijon,  déiiart.  de  la  Cûte-d'Ur. 

Alesium,  Alez  oii  Alais,  ancienne  ville  épiscopale 
dans  les  Cévennes. 
Al£tensis  ou  Aleitiemii ,  se,  d'Aleth. 
AtethHn  et  Aletum,  Aletb;   ville  ruinée,  jadis 
épiscopale,  en  basse  Bretagne.  |  St-Malo,  ancienne 
ville  épiscopale   de  l'ile,  à  présent  de  même  nom, 
autrefois  appelée  l'ile  d'Aaron,  en  basse  Bretagne-  | 
St-Servans,  près  de  la  ville  de  St-Malo.    |    Aleth  , 
ancienne  ville  épiscopale  en  L.»nguedoc, 
Aleilimcus.  V.    Vicus. 

AUxandria,  Alexandrie,  viile  plriarcatç  de  la 
basse  Egypte. 

—  Siaielliorum,  Alexandrie  de  la  Paille,  ville 
épiscopale  entre  le  Pô  el  le  Tanaro,  au  iMilanais,  ac- 
tuellement dans  les  Etats  sardes. 

AUtandrinui,   a,  »w,  d'Alexandrie.  Dix  conciles 
d'Alexandrie  d'Egypte,  en  250,  508,  31  j,  3x4,339, 
562, 563,  399,  450,  655. 
4l*»ia,  \,Ale»a. 


Alexiemii  Paiius,  Alexieiise  Terriiorium,  l'Âuxois, 
«anion  Je  Bourgogne,  dont  Séaiur  est  la  priucipale 
ville.  (Didcè.^e  de  Dijon,) 
Alga.  Y.  Aii^. 

Algeriu  et  Algerianum  regnuin,  la  régence  d'Alger 
en  Afrique,  ou  l'Algérie  française: 

Algériens,  Attieriacum ,  Auger-Saint-Vincent,  do 
l'ancien  diocèse  du  Senlis,  aujourd'hui  de  celui  de 
Beauvais  ,  canton  de  Crépy,  arrondissement  de  Seu- 
ils, dé|>artcnienl  de  l'Oise.  La  maison  du  Parc,  qui 
fait  partie  de  cette  commune,  était,  avant  la  révolu- 
tion ,  une  abbaye  du  religieuses  de  l'ordre  de  Ciieaux 
nommée  al  irs  le  Parc-aux-Dames.  L'église  et  une 
partie  des  bâtiments  (|U.  la  composaient  ont  cié  dé- 
molis, il  n'eu  reste  iicinelleme.it  que  l'abbati.ile,  une 
ferme  et  un  moulin.  Dans  l'enclos  se  trouve  une 
grande  pièce  d'e:iu,  à  la  suite  de  l.iquejlç  est  le  mou- 
lin. Cette  pèce  d'eau  est  alimeniée  par  plusieurs 
sources. On  y  ;i  fiii  de  belles  plantations.  Le  te.-roirde 
ce  village  est  tM<  labour,  une  petite  partie  en  bois. 
Auger-Saiiil-Viivcenl  compte  «ne  po|iula(ion  de  5U0 
habitants,  en  y  lomprenant  l'ancienne  succursale  de 
Saiiit-Mard ,  autrefnis  annexe  de  la  pamisse  de 
Fresnoy-le-Luat,  le  hameau  de  \illeneuve  et  cl-Iuï 
de  Chaamont.  Ce  village  est  à  6  kil.  ver.s  l'O.  de 
Creiiy  ,  sa  disl.mce  de  Paris  est  de  ô2  kil.  au  N.-E. 
par  Nanteuil-le-llaudouin  et  la  grande  roule  de  Sois- 
sons.  Poste  aux  littres  de  Crépy. 

Algerium,  Alger  ,  ville  capitale  de  la  régence  de 
même  nom,  en  Afrique,  actuellement  à  la  France, 
qui  en  a  fait  la  ronqnéte  en  1850. 

Atg.a,  Auge  on  Auges,  petite  rivière  de  Champa- 
gne qui  prend  sa  source  à  un  kil.  de  Sézanne,  dans 
le  diocèse  de  Chàlons.  Elle  traverse  Séîanne,  et, 
après  un  cours  de  20  kil.,  elle  va  se  peidrc  dans  la 
rivière  d'Aube  ent^e  Anglure  et  Plancy. 

.4/gia,  la  vallée  d'Ange,  petit  p^iys  qui  dépendait 
auirefuis  de  la  prov.  de  Normandie,  dans  le  diocèse 
de  Lisienx,  avec  le  titre  de  vicomte.  Il  est  situé  des 
deux  côtés  de  la  Touques,  au-dessous  de  Lisieux, 
eiitre  la  Dive  et  le  Lieuvin  et  la  mer,  ^  la  vue  du 
Havre-de.Gràce,  cl  comprend  les  villes  de  llonllour 
et  de  Pont-l'Evèque,  les  anciens  niaripiisais  de  Ceu- 
vron,  bai04inie  de  Roncheville  sur  la  Touques;  les 
prieurés  clau>t'aux  des  Clianoines  Réguliers  de  St- 
Augusiin,  sous  le  titre  de  Ste-Barhe  en  Aujje,  et  ce- 
lui des  Bénédictins  de  Beaniuunt  ;  des  petits  ports, 
un  grand  nomlne  de  bourgs  et  village».  Celte  vallée 
forme  aujoiird'liui  la  partie  occidentale  des  arruiid. 
de  Pont-rEvcqueet  de  Lisienx,  départ,  du  Calvados, 
diocèse  de  Bayeux.  Arrosée  par  la  Touques  dans 
loule  sa  longueur,  elle  est  irés-fertile  en  graiiis, 
liii,  fruits,  pommes  à  cidre,  et  surtout  en  excellent» 
pâturages,  dans  lesquels  on  élève  (iu.iuiilé  de  bes- 
tiaux, et  notamment  les  vaches  el  le^  beau»;  chevaux 
de  race  normande.  Elle  a  des  fermes  qni  rapportent 
de  8  à  la  mille  francs  de  revenu.  La  foréi  de  Tou- 
ques fournit  des  bois  pour  bâtir  *rt  pour  brûler,  et 
■ver«  l'embouchure  de  la  riuèr«  ^le  £e  mm,  4ui$  la 


31 


DICTIONNAIRK  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  52 


mer,  il  y  a  des  salines  qui  donnent  de  très-bon  sel. 
Le  savant  ablté  de  Longuerue,  dans  sa  Descripiion  de 
la  France,  observe  que  le  pays  d'Auge  était  autrefois 
une  grande  lorêi  appelée  Sa/( wsA/jte,  laquelledepuis 
ce  temps-là  a  éié  en  p:iriie  délrichée  et  essartée.  Elle  a 
donné  le  nom  à  une  bourgade  nommée  SauU  d'Auge 
ou  So!  d'Auge.  Elle  s'étendait  jusqu'à  la  ville  de  Séez. 
Piganiol  prétend,  après  Huet,  évêque  d'Avranclies, 
que  ce  pays  a  tiré  son  nom  des  prairies;  car  an,  aw, 
awe  et  ou  en  allemand,  signifient  un  fré.  Los  habi- 
tants de  la  vallée  d'Auge  nourrissent  beaucoup  de 
vaches,  don!  le  lait  e-t  employé  en  bonne  partie  à 
ces  excellents  fromages  qu'on  appelle  angetots  de 
livarot,  et  en  beurie. 

Algiœ  Saltus ,  la  forêt  d'Auge  en  Normandie  , 
diocèse  de  Bayeux. 

Algiensis,  se,  d'Hyesme,  d'Auge. 

Aliiigavia,  Langey,  bourg  pi  es  de  Tours. 

Atisium.  V.  Alestum. 

Altiiigiana  Arx,  le  Fort  des  Alinges ,  près  de  Tho- 
non,  ville  de  la  contrée  de  Cliablais,  en  Savoie. 

AUocium  et  Atlogium,  Alluye,  bourg  au  pays  Char- 
iruin. 

Allontium,  St-Pbiladelpbe,  dans  l'tle  de  Sicile. 

Almaiiiscœ,  arum,  Almanesclies,  ancieime  abbaye 
de  filles,  au  diocèse  de  Séez,  en  Normandie. 

Alna,  Aine,  en  Angleterre. 

Atnea,  Alneium,  Auncau ,  paroisse  du  diocèse  de 
Chartres,  chel-lieu  de  canton,  dép;irtement  d'Eure- 
ci-Loir ,  située  sur  la  petite  rivière  d'Aunay,  qui  se 
joint  à  la  Vuise.  C'était  une  ancienne  baronnie  et 
cliàtellenie.  Il  n'y  a  qu'une  paroisse,  dont  l'église, 
sous  l'invocation  de  saint  Reini,  est  hors  l'enceinte. 
Sous  celle  église  on  trouve  la  fontaine  Saint-M.mr, 
célèbre  dans  toute  la  contrée,  et  dont  les  gens  de  la 
campagne  croient  les  eaux  bonnes  potjr  guérir  les  para- 
lytiques ,  les  goutteux  et  les  épilepiiques.  Il  s'y  fait 
un  pèlerinage  qui  attire  une  alfluence  considériible 
de  monde,  et  qui  n'a  été  intiriompu  que  pendant  les 
deux  années  de  la  terreur.  Ce  pèlerinage  commence 
le  23  juin  de  chaque  année  ,  et  se  commue  tons  les 
vei;dredi-.  et  dimanches,  jusqu'à  l'ouverture  de  la 
moi>soii.  Outre  l'église  paroissiale  ,  il  y  en  a  une 
autre  dans  le  bourg  qui  dépendait  ci  devant  du 
prieuré  de  Saiiii-Nicidas  ,  et  de  plus  un  Hitel-Dieu. 
Il  existait  encore  dans  la  commune  d'Auneau  une 
communauté  de  filles  des  écoles  chrétienne  et  de  cha- 
rité, dites  les  filles  de  Saint-Remi.  Le  château  d'Au- 
neau, jadis  forteresse,  entouré  de  fossés,  est  détruit 
er.  partie.  On  conserve  dans  les  souierrains  de  ce 
chàieau  des  moulins  à  bras  qui  servirent,  du  temps 
de  la  ligue,  àl'approvisiOMneinent  des  troupes  i|ui  y 
logèrent.  Il  a  soutenu  un  siège  sous  le  règne  de 
Henri  III.  Les  reitres  y  furent  surpris  et  dclaits  ,  au 
nombre  d'environ  2,000,  en  1587,  par  les  troupes 
sobs  le  commandement  du  duc  de  Guise.  Il  ne  reste 
plus  de  ce  château  qu'une  simple  habitation.  On  re- 
marque il  l'entrée  une  grosse  tour  de  la  plus  solide 
congiruciion,  qui  domine  tous  les  alentours.  Le  parc, 


d'une  très-grande  étendue  ,  renferme  beaucoup  de 
bois.  Parmi  les  seigneurs  d'Auneau ,  on  distingue  : 
i°  un  Jean  Bureau  de  la  Rivière  ,  premier  chambel- 
lan de  Charles  V,  et  qui  mourut  en  1400  :  c'est  lui, 
dit-on,  (|ui  fil  bâtir  le  château  et  la  tour;  2"  Henri  de 
Joyeuse  ,  comte  de  Bouchage,  duc  de  Joyeuse,  ma- 
réchal de  France  ,  né  en  1567,  et  mon  en  1008.  Ce 
fut  lui  qin  se  fit  capucin  ,  sous  le  nom  du  Père  Ange, 
après  le  décès  de  Cailieririe  de  la  Valleiie,  sa  femme. 

Apièi  la  profession  du  duc  de  Joyeuse,  la  terre 
d'Auneau  passa  à  François  d'Escouhleau  de  Sourdis, 
en  1597  ;  ensuite  à  Charles  d'P'sconbleaii,  son  fils  , 
en  1012  Celui-ci  la  transmit  à  Paul  d'Escoubleau  , 
son  fils,  qui  décéda  en  1690.  Elle  était  possédée  en 
1710  par  le  duc  de  Noailles,  en  1711  par  de  t^haba- 
nois  ,  en  1719  par  Doublet  de  Persan,  en  1"22  par 
Hallage  père.  Le  fils  de  ce  dernier  en  a  joui  jusqu'au 
moment  de  la  révolution.  11  se  tient  à  Anneau  un 
marché  tous  les  vendredis, coiisislanl  principalement 
en  grains,  et  deux  fores  par  année;  la  première  le 
27  septembre ,  la  seconde  le  2  novembre  :  cette  der- 
nière dure  deux  j^lur^.  On  y  vend  des  chevaux,  des 
vaches,  des  porcs,  et  surtout  des  montons.  La  popu- 
latiiin  de  ce  bourg,  qui  s'élevait  à  peine  à  1,100  ha- 
bitants en  1771,  est  aujourd'hui  d'environ  1,800,  eu 
y  comprenant  les  hameaux  de  Boisgasson,  Eqiiil- 
mont,  Cossouville  et  des  Rochers.  Son  terroir  est  eu 
labour,  en  vignes ,  en  bois  et  eu  prairies.  Il  y  a  des 
fabriques  de  bas,  bonnets  ei  tricots.  La  petite  rivière 
d'Aunay  fait  tourner  un  moulin.  Auiieau  est  àSkil. 
vers  le  S.-O.  d'Ablis,  à  8  de  Gallardon  ,  où  est  le 
bureau  de  poste  aux  lettres  ,  et  à  20  à  l'E.  de  Char- 
tres. Sa  distance  de  Pans  est  de  64  kil.  au  S.-O.  par 
Duurdan,  et  une  chaussée  joignant  l'ancienne  routa 
de  Chartres.  On  peut  suivre  également  le  chemin 
d'Ablis  et  l'ancienne  rouie  de  Chartres. 

Aliiensis,  se,  d'Aine.  Concile  d'Aine  en  709. 

Alncolum  ,  Alneolium  ,  Aiinetinm,  Auneuil,  bourg 
du  diocè-e  et  arrondissement  de  B^  auvais  ,  départe- 
ment de  Seine-ei-Oise;  c'est  un  chef-lieu  de  dnton. 
On  y  voit  un  ancien  château,  jadis  forteresse.  Une 
tour  remarquable  |iar  s.i  con-truction  et  son  éléva- 
tion a  été  détruite.  Les  souri  es  dans  ces  lieux  sont 
tellement  abondantes,  que  celle  près  de  l'église  lait 
tourner  un  moidin  à  une  disiance  de  150  toises;  une 
autre,  au  h.imeau  de  Frianconrt ,  fait  aussi  îournef 
trois  moulins,  l'un  à  50  loises  au-dessous  ,  et  les 
deux  autres  au  hameau  de  Sinaucourt.  Sa  populatioa 
est  de  1 ,300  habitants ,  en  y  con)prenant  les  ha- 
meaux de  la  Neuville-sous-Auneuil  ,  Friancourt, 
Sinaucourt,  Grumesnil,  Tierfontaine,  plusieurs  fer- 
mes et  habitations  écartées.  Le  terroir  de  cette  com- 
mune est  en  labour,  en  prairies,  en  pâturages  et  eo 
bois.  Son  sol  est  une  argile  viol.icée ,  assez  proiluc 
live  dans  la  vallée,  et  moins  dans  les  positions  éle- 
vées. On  y  fabrique  des  blondes.  Auneuil  est  la  pa- 
trie de  Charles  Lebrim,  premier  peintre  du  roi,  né 
à  Paris  en  1618  et  mort  eu  1690.  Ce  bourg  est  à 
8  kil.  au  S.-O.  de  Beauvais;  sa  distance  de  Paris  est 


35 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AG*.  54 


de  64  kil.  vers  le  N.,  par  différents  cliemiiis  joignant 
la  nouvelle  roule  de  Beauvais  à  Ponloise,  qni  passe 
à  iMOi'u  ,  et  de  Mérii  par  Chambly  et  la  grande  route 
de  Beauvais.  Fost^  aux  lettres  de  Beauvais. 

Alnisium,  le  pays  d'Aunls,  coiitiée  de  la  Saintonge 
dont  La  Rochelle  était  la  capitali".  Ce  pays  est  comi- 
pris  niainlen:ini  dans  le  déparlfiiieiit  de  la  Cliarente- 
liirérieure,  diocèse  de  La  Rochelle. 

Atnum,  Annoy,  petite  contrée  de  l'Ile-de-France, 
qui  était  située  partie  dans  le  diocèse  de  Paris  et  par- 
lie  dans  celui  de  Meaux.  On  n'en  connaît  pas  bien 
les  limites.  Elle  s'étendait  vers  Livry  ,  Bois-le-Vi- 
cnmte  ,  et  Claye.  11  n'en  est  par  é  que  dans  certains 
litres;  on  n'y  voyait  aucune  localité  un  peu  inipor- 
tanie.  Ce  p;iys  est  compris  maintenant  dans  le  dio- 
cèse de  Meaux  et  dans  le  déparle  i  eut  de  Seine-et- 
Marne. 

Alpecium,  Alpicus  et  Alpici  Purtus,  le  Port-au- 
Pec,  et,  par  corruption  le  Pec.  Village  près  de  St- 
Germain  en  Laye,  au  diocèse  de  Versaiile«.  Le  che- 
min de  l'er  de  Paris  à  St-Gerniain  en  a  f;iit  un  fau- 
bourg de  cette  ville. 

Alpes,  ium,  les  Alpe*,  chaîne  de  montagnes  qui 
sépare  l'Italie  de  la  Fr:iiice.  Les  Romains  distin- 
guaient Alpes  Coiiiœ,  hs  Alpes  Cottiennes  à  cause  de 
Coitius,  qui,  sous  Aiigu-lc,  s'était  fait  un  Etat  in- 
dépendant composé  de  douze  cantons  :  A/pes  Grai(E 
ou  Penniiiœ,  du  dieu  Penn,  honoré  sur  ces  monta- 
gnes; et  enlin  Alpes  Maritimœ,  Alpes  maritimes. 
Les  premières  contenaient  le  mont  Genèvre;  les 
secondes,  le  grand  et  le  petit  St-lîernard. 

Alpinus,  a,  «m,  des  Alpes,  qui  concerne  les  Alpes. 

Alpina  Juga  (V.  Alpes),  ancienne  province  alle- 
mande réunie  à  la  France  sous  Louis  XIV,  formant 
deux  départements  :  le  Haut  et  le  Bas-Rhin,  et  un 
seul  diocèse,  celui  de  Sinisbourg. 

Alsontiœ  cl  Atsuntiœ,  anwi,  Ausonce,  au  diocéGa 
de  Reims,  dans  le  département  des  Ardennes. 

AUavilla,  Atlainville,  village  de  l'ancien  diocèse  de 
Paiis,  actuellement  de  celui  de  Versailles,  canton 
d'Eco,  en,  arrondissement  de  Pontoise,  département 
de  Seine-ct-Oise.  Population,  environ  340  habitants, 
à  3  kil.  nord-esl  d'Ecouen,  et  à  22Wil.  nord  de  Paiis 
par  Moisselles  et  la  grande  route  du  Beiaivais.  Poste 
aux  lettres  d'Ecouen. — Ce  village  était  encore  muré 
à  la  Gn  du  xvii^  siècle.  Les  environs  S(  ni  fertiles  en 
grains  et  p.îiurages,  et  tiès-bien  cultivés.  Les  Céles- 
lins  le  possédaient  dès  le  xivi^  siècb-;  ils  avaient  suc- 
cédé aux  seigneurs.  L'église  et  une  partie  du  village 
sunl  bâties  sur  une  petite  éminence. 

AUeia,  Aiithie,  rivière  qui  traverse  une  partie  des 
diocèses  d'Arras  et  d'Amiens  et  se  jette  dans  l'O- 
céan. 

AUifolium.  V.  Jonii. 

Aliimoniensis,  se,  de  Haut-Mont.   V.   Àltut  Mons. 

Aliimomium.  V.  AUus  Mons. 

Attinensh,  se,  d'Aliino.  Concile  d'Altino  en  802. 

A(Jini'm,  Altino  ou  Allini,  ville  autrefois  épisco- 
palc,  sous  l'aiicienue  roéiropole  A(iiiilée  en  lialie. 


Altissiodorensis  et  Aliissiodornm.  V.  Autissiedoren- 
sis,  etc. 

AtimUare,  Hanlvilliers  ou  Hautvillers,  ancienne 
abbaye  de  Bénédictins,  au  diocèse  de  Reims,  en 
commende ,  qui  rapportait  30,000  fr.  Il  ne  reste 
plus  de  l'abbaye  que  quelques  bâtiments  insignifiants 
devenus  propriétés  particulières.  L'église  .sert  de 
paroisse;  elle  n'est  point  remarquable  comme  ar- 
chitecture, mais  elle  a  conservé  les  boiseries  sculp- 
tées du  chœur,  qui  sont  d'un  travail  flni. 

Altivitlarensis,  se,  de  Hautvilliers. 

Atiog'lum,  Aïoilum  ou  Altolium,  Auteuil-lez-Paris, 
beau  village  du  départ,  de  la  Seine,  arrond.  de  St- 
Denis,  (ani.  de  Neuilly-sur-Seine,  et  dioc.  de  Paris. 
La  seigneurie  de  ce  village  était  anciennement  pos- 
sédée par  l'abbaye  du  Bec,  qui  l'échangea  vers  l'an 
1109  avec  l'abbaye  Ste-Geneviève  de  Paris,  pour  des 
fiefs  et  antres  revenus  que  celte  dernière  abbaye 
avait  à  Vernon  et  dans  un  autre  endroit  appelé  en 
laiiii  Gamilliacum  ou  Carmitliacum.  L'acte  d'échange 
fut  confirmé  par  Louis  le  Gros,  roi  de  France,  et  par 
Henri  l^',  roi  d'Angleterre^  alors  duc  de  Normandie. 
A  cette  époque,  les  vignes  d'Auteuil  avaient  une 
certaine  réputation,  car  «  les  chanoines  de  Ste-Ge- 
neviève vendaient  à  des  évêqiies  le  vin  qui  en  pro- 
venait. >  Des  chanoines  de  N.-D.  de  Paris,  qui  pos- 
sédaient aussi  des  vignes  dans  ce  lieu,  en  gratifiaient 
leur  église,  afin  que  du  revenu  il  fût  fait,  le  jour  de 
leur  anniversaire,  après  leur  mon,  un  repas  à  qua- 
tre services,  ad  siaiionem  quatuor  ferculorum.  L'église 
d'Auleiiil,  sous  l'invocation  de  la  sainte  Vierge,  ne 
date  guère  que  du  commencement  du  xvu^  siècle. 
Tous  les  ans,  le  jour  de  l'Assomption,  il  s'y  faisait 
un  grand  concours  de  jienple,  qui  venait  de  Paris  et 
des  environs.  Le  portail,  dit  l'abbé  Lebeuf,  [araîi 
être  un  ouvrage  du  xii«  siècle,  aussi  bien  que  la  tour 
du  clocher,  qui  est  terminée  en  pyramide  octogone 
de  pierre.  On  trouve  dans  le  chœur d'  l'église  d'Au- 
teuil le  tombeau  d'Ant.-Nic.  Nicolai,  premier  prési- 
dejilde  la  chambre  des  comptes  de  Paris  •"<""'  à 
Auieuil  en  17-51.  Dans  le  cimeiière,  on  voit  une  py- 
ramide posée  sur  une  base  de  marbre  noir  surmon- 
tée d'un  globe  et  d'une  croix.  Ce  monument  fut  élevé 
à  la  mémoire  de  d'Aguesseau,  chancelier  de  France, 
et  de  son  épouse,  Anne  Lefebvre  d'Ormesson.  Le  roi 
voulut  fournir  les  maibres  pour  le  monument  de  ce 
grand  homme.  On  remarque  d:ms  ce  même  cime- 
tière un  tombeau  sculpté  par  M.  Debay.  C'est  un 
monument  éievé  par  un  de  nos  premiers  m:inufac- 
luriers,  M.  Ternaux,  à  sa  femme,  décédée  en  1817. 
Dans  la  chapelle,  à  côié  du  chœur,  est  attachée  sur 
le  mur  une  plaque  d'airain  sur  laquelle  on  lit  l'épi- 
taphe  latine  du  docteur  de  la  faculté  de  médei  ine  de 
Paris,  Gendron,  épitaphe  qui  est  du  célèbre  Lebeau, 
qui  fut  secrétaire  perpétnel  de  l'Académie  royale  des 
inscriptions  et  belles-letires.  Ce  médecin  passa  ses 
dernières  années  à  Aiiieuil  ;  ses  conseils  et  ses  bieii- 
fuiis  ne  manquèrent  jamais  aux  malades  et  aux  mal- 
heureux, li  cessa  iie>ivre  le  Sseptciubre  ilb\). 


5S  DICTIONNAIRK  DE  GEOGKAPHiE  ECCLESIASTIQUE. 

Plusieurs  écrivains  supposent  qu'Aiiienil  doit  Sim       race  français  fil  à  son  Tivoli 


nom  à  sa  p  isilion,  soit  qu'on  le  fasse  dériver  du  nom 
atiare  (aulel),  on  du  celtique  an  (prairie).  Dsni>  les 
anciens  liires,  on  le  v^di  appelé  Atiolltum;  mais  le 
nom  de  ce  vili.iRe,  iirdéiiendammeni  du  site,  qui  est 
pittoresque  ei  peuplé  de  jolies  maisons  de  campagne 
et  de  beaux  jardin-^,  qui  ont  remplacé  ses  vignobles, 
doit  lonle  sa  célébriiéaux  écrivains  dn  premier  ordre 
qui  venaient,  loin  du  tumulte  do  la  ciiur  et  de  la 
ville,  y  cnmrnspr  l»s  elicfs-d'opuvreqiii  font  la  gloire 
de  noire  littéiatnre.  lîoileau  avait  une  retraite  dans 
ce  séjour  champêtre.  Le  lésislaienr  dn  Parnasse  fran- 
çais nous  a  laissé  lui-même  le  tableau  de  son  Ti- 
voli : 

C'est  lin  petit   'illage,  ou  plutôt  un  hameau, 
Bâii  sur  le  penchant  d'un  long  ranq  de  eoUines, 
D'où  l'œil  $'é{iare  au  loi»  dans  les  plaines  voisines  ; 
La  Seine  au  pied  d  s  monts  que  son  flot  vient  laver. 
Voit  du  sein  de  ses  eaux  vingt  îles  s'élever; 
Le  vi  loge  ait-dessus  (orme  un  amphithéâtre  ; 
Vhabitant  ne  connaît  ni  la  chaux  ni  le  plâtre; 
Et  dans  le  roc  qui  cède  ci  se  coupe  a  sèment. 
Chacun  sait  de  sa  main  rreiis'r  vn  logement. 
La  maison  du  seigneur,  seule  nn\peu  plus  ornée. 
Se  présente  au  dehors  de  murs  environnée  ; 
Le  soleil  en  naissant  la  regarde  d'abord. 
Et  le  mont  la  défend  des  outrages  du  nord. 
C'est  là,  en  effet,  que  Boilem  faisait  son  séjoUr  ordi- 
naire pendant  !a  belle  saison,  dans  une  maison  très- 
agréable  qn'on  voit  enci're   aujourd'hui  dans  la  se- 
conde rue  .i  ?auf  lie  après    l'égli'^e,   sur   la  route  de 
Saint  Clond  ;  c'e^t  là  qu'il  réunissait  les  premiers  lit- 
térateurs de  S"n  temps,  c'est  là  que,  pour  ne  pas  per- 
dre le  goût  ei  l'haliiiude  de  la  satire,  au  milieu  des 
plus  brnyanis  festin*,  on  plaçait  sur  la  table  les  nua- 
torze  mille  quatre  cents  vcrsiu  malheureux  Chapelain, 
et  qu'on  forç'it  d'en  lire  quelques  paçes  celui  qui  avait 
le  malheur  de  fair  ^  la  plus  légère  faute  de  français. 
—  L'une  des  récréations  favorites  de  Boilean  à  An- 
lenil  était  de  jouer  aux   quilles.    «  Il  excellait  à  ce 
jeu,  dit  Louis  Racine,  et  je  l'ai  vu  souvent  abattre 
les  neuf  quilles  d'un  seul  coup.  •  —  «  ||  faut  avouer, 
disait  Despréauv,  q.re  j"ai  deux  g'ands  talents  aufsi 
utiles  l'un  que  l'autre:  l'un  de  bien  jouer  aux  quilles, 
et  Taulre  de  bien  faire  des  vers.  .  Un   des  chai;riiis 
de  la  vieilless  '  de  l'auteur  du  Lutrin  fut  la  perte  de 
sa  maison  d'Auienil.  Il  la  vendit  à  Le  Verrier,  qui 
lui  dit  en  l'acciuéraMt  :  «  Vous  y  serez  toujours  chez 
vous  ;  j'exige  que  vous  y  conserviez   tme  chambre, 
et  que  vous  veniez  souvent  l'habiter.  >  Quelque.;  jour.s 
après,  Boileau  y  retourne  en  effet,  se  prumèie  dans 
le  jardin,  et,  n'y  voyant  plus  un  berceau  qu'il  affec- 
tionnait :  I  Qu'est  devenu  mon  berceau?  s'écrie-t-il 
en  s'adressant  à  Antoine,  ce  jardinier  qu'il  a  chanté 
dans  une  de  ses  éplircs.  —  Je  l'ai  abattu  par  l'ordre 
de  ,M.  Le   Verrier,  répond  Antoine.  —  Je  ne  suis 
plus  le  maître  ici,  reprit  Boileau  avec  chagrin,  qu'y 
viens-je  faire?  »  et  il  remonta  en  voilure  pour  re- 
tourner à  Paris.  Ce  fut  le  dernier  voyage  que  l'Ho- 


56 
Il  mourut  quelque 
temps  après  (l'une  bydropisie  de  poitrine,  le  13  tiiars 
1711,  âgé  de  75  ans.  Les  eaux  minérales  d'une  des 
fontaines  qui  sont  dans  ce  village  avaient  une  vertu 
reconnue  pour  la  guérison  des  douleurs  rhnmalis- 
iiiales,  comme  on  le  voit  par  un  livre  publié  en  1628 
par  Pierre  Habert,  médecin.  La  population  de  la 
commune  d'Anteuil  est  d'environ  1400  habitants^y 
compris  ses  dépendances,  qui  sont  le  hameau  du 
Point-du-Jour,  les  maisons  de  campagne  isolées  de 
Billancourt  et  l'île  de  Sèvres.  Son  terroir  consiste  en 
terres  arables,  en  vignes  et  en  jardins.  Pierre  d'Au- 
leuil.  fameux  p.ir  ses  connaissances  sous  Philippe- 
Auguste,  et  depuis  abbé  de  Saint-Denis,  était  né  dans 
ce  village.  Riimfort,  l'inventeur  des  soupes  économi- 
ques, y  est  mort.  Auteuil  est  à  -4  kil.  de  Neuilly,  et 
C  de  Paris. 

I  Auteuil,  village  de  l'ancien  diocèse  de  Chartres, 
actuellement  de  celui  de  Versailles,  arrond.  de  Ram- 
bouillet ,  canton  de  Moiiiforl-l'Amaury,  dépt.  de 
Seine-ei-Oise.  C'est  un  ancien  comté.  Sa  pop.  est 
de  5  à  600  hab.  Les  productions  dn  terroir  de  cette 
commune  sont  partie  en  grains,  partie  en  vignes;  les 
vins  blancs  qui  en  proviennent  sont  assez  estimé».  Il 
y  a  beaucoup  d'arbres  à  frnit.  Auteuil  est  à  7  kil.  at> 
N.  de  Montforl  :  sa  disl.  de  Paris  est  de  38  kil  à 
l'O.  ,  par  les  Bordes-Pont-Cliartrain  et  la  grande 
roule  de  Brest.  Pnsieaux  leit.de  Montfort-l'Aniaury. 

I  Auteuil,  village  du  départ,  de  l'Oise,  cant. 
d'Auneuil ,  dioc.  de  Beauvais.  Cette  terre  avait  éié 
érigée  en  comté,  il  y  a  plus  de  200  ans,  par  les 
MM.  ronibanld-d'Auteuil,  qui  firent  piauler  en  ormes 
la  grande  place  du  village  ;  elle  appartient  aujour- 
d'hui à  M.  le  comte  d'Auteuil,  l'un  de  leurs  descen- 
dants. Le  château  qu'il  habile  est  unes  des  dépen- 
dances de  la  commune  de  Berneuil.  La  popul.  de  ce 
village  est  d'env.  iOO  hab.,  en  y  comprenant  les  ha> 
meanx  de  Sl-Queniin,  du  Val-de-l'Ean,  partie  de  ce- 
lui de  Malassise,  et  les  maisons  isolées  dites  la  Forêt, 
qui  en  dépendent.  Les  principales  productinn.s  du 
terroir  d'Auteuil  sont  eu  grains  et  partie  eu  bois. 
Ce  village  est  à  4  kil.  entre  l'E.  et  le  S.-E.  d'Au- 
neuil, l't  10  an  S;,  de  Peauvais;  sa  disl.  de  Paris  est 
de  58  kil.  vers  le  N,,  par  la  route  de  Beauvais  à 
Pontoise.  qui  passe  à  Méru ,  et  de  .Méni  par  Cham- 
bly  et  la  grande  route  de  Beauvais.  Posle  aux  lett. 
de  Beauvais. 

I  Auieuil-lez-Plessis,  village  de  l'ancien  dincèse 
de  Soissons,  aujourd'hui  de  celui  de  Beauvais,  caninn 
de  Beiz,  arrond.  4e  Senlis,  dépt.  de  l'Oise.  Prés  le 
moulin  dit  le  Moulin  d'Auteuil  est  uie  fontaine  d'eau 
minérale.  La  population  de  ce  village  est  de  plus  de 
ûOO  habitan'.s  avec  le  Plessis,  qui  y  est  adjacent,  et 
le  hameau  de  Bellemoni,  plus  éloigné.  Son  terroir 
consiste  en  terres  arables,  en  prairies  et  en  bois. 
Cette  paroisse  est  à  5  kil.  de  la  Ferié-Milon.  8  kil. 
de  Betz  :  sa  distance  de  Paris  est  de  <  0  kil.  vers  le 
nord-est,  par  la  grande  route  de  Soissons  Poste  atiz 
lettres  de  la  Ferté-Mllon 


37 


GÉOGRAPHIE  DKS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  "g 


I  Aulbeuil,  et  Aiiieuil,  village  du  diocèse  de 
Beauvais,  caiilun  de  Ressens,  arrond.  deCoinpiègne, 
dépt.  de  l'Oise.  Popul.  320  liabiianis.  D;iiis  celle  pa- 
roisse OB  a  cherché  à  perfeciionner  les  laines  et  à 
nalufâliser  les  moulons  de  race  espagnole. 

AUricus,  Atitry    ou   Chiiry,   près   d'Auscrre.  On 
comple  en  France  plusieurs  localités  du  nom  d'Au- 
try. 
AllumviUare.  V.  Allivillare. 
Altui  Mojis,  Haui-Monl,  ancienne  abbaye  près  de 
Haubeuge,  dans  le  Hainaut. 

AlUis  Yicus ,  et  Auvillaeum  ,  Autillers  ,  paroisse 
du  diocèse  de  Beauvais,  canton  de  Mony,  arrondis- 
sement de  Clernioiit,  dcparteinent  de  l'Uise.  Elle  est 
située  à  rexlréniiié  d'une  plaine;  son  cliâieau  est 
ë'une  conslrueiion  partie  ancienne,  partie  moderne. 
La  façade  du  nord  esi  flanquée  de  deux  tourelles  et 
celle  du  midi  de  deux  pavillons.  Le  parc  est  enclos 
de  murs.  La  popnlaiion  de  celle  commune  est  d'en- 
viron lUO  habllanls,  y  compris  le  hameau  de  Lierval. 
S.  n  terroir  est  en  labour;  unepelilc  partie  se  irouve 
en  vignes  et  eu  bois.  Auvillers  esl  à  5  kil.  vers  le 
S.-O.  de  Clermont  et  7  kil.  au  N.-E.  de  Mony;  sa 
distance  de  Paiis  esl  de  54  kil.  au  N.,  p:irla  grande 
roule  d"Amiens.  Posie  aux  leiires  de  Clermont. 

Alumna,  Alunne,  en  Anjou,  uu  Allone.  Il  y  a  six 
k)ur^s  de  ce  nom  en  Fraiice  :  l'un  dans  le  diocèse 
de  Beauvais,  l'aulre  dans  celui  du  Mans,  Où  l'oit 
aperçoit  des  ruines  qui  frappent  l'aitention;  un  troi- 
sième dans  le  diocèse  d'Angers,  un  qiiaiiièine  dans 
le  diocèse  de  Poitiers,  un  cinquième  dans  le  diocèse 
d'Aulun,  et  le  sixième  dans  le  diocèse  de  Chartres. 

Alvernia,  Alvernum,  Auvernaux ,  paroisse  de  l'an- 
cien diocèse  de  Sens  ,  maintenant  de  celui  de  Ver- 
sailles, canton  et  arrondissement  de  Corbeil,  dépar- 
temerK  de  Seine-ei-Oise.  Le  château  de  Portes  en 
fait  partie.  L'ordre  de  Malle  y  possédait  autrefois  une 
eommaiiderie  dont  la  cure  d'Anvernaux  dépendait. 
S»  population  est  d'environ  200  habitants.  Ses  pro- 
duciions  principales  sont  en  grains  ,  partie  en  boiS. 
Auvernaux  esl  à  10  kil.  au  S.  de  Corbeil;  sa  dis- 
lance de  Pari»  est  de  38  kil.  au  S.,  par  la  grande 
roule  de  Fontainebleau.  Poste  aux  lelires  de  Pon- 
Ihierry,  dont  il  esl  distant  de  4  kil. 

A/D«r«ia;  Jion>,  le  mont  Alverne,  partie  de  l'A- 
pennin, en  Italie. 

Alvenum,  Alversium,  Anvers  et  Bntry,  ou  .\uvers- 
sur-Oise,  grand  village  de  l'ancien diocèsede  Ronen, 
maintenant  de  celui  de  Versailles,  canton  ei  arron- 
dissement de  Ponioise  ,  département  de  Seine-et- 
Oise,  situé  sur  la  pente  d'une  colline  qui  borde  la 
rivière  d'Oise.  L'une  de  ses  rues  a  plus  de  4  kil.  de 
l  ngueur,  parce  que  les  maisons  sont  détachées  les 
unes  des  autres.  Les  deux  chàleaux,  dont  l'un  est 
nommé  le  Petii-Chàieau  ,  n'ont  de  remarquable  que 
la  beauté  de  leur  position.  Le  sol  de  leurs  dépen- 
dances est  très-fertile  et  en  plein  rapport.  Celte  terra 
fut  du  domaine  de  la  reine  Adélaïde,  femme  du  roi 
Luuis  le  Gros.    Au  cuinmencenieiil   dii   xii<^  siècle, 


l'octave  de  Saint-Denis  élail  distingué  dans  l'église 
de  Nnire-Dame-des-Champs  par  un  grand  luminaire. 
Ce  fut  pour  son  entretien  que  ce  prince  assigna  an 
prieuré  une  renie  de  20  sols  à  prendre  sur  la  lerre' 
d'Auvers,  appartenant  à  son  épouse.  —  La  p^pula» 
lion  de  ce  village  esl  de  l,80d  habilanls  enviioii,  en 
y  comprenant  les  hameanx  de  Buiry,  du  Val-Hermey 
et  le  Moulin  du  Roi.  Les  principales  productions  du 
terroir  de  celle  commune  sont  en  grains  et  en  chan- 
vre :  une  partie  est  en  prairies.  On  y  irouve  des 
carrières  de  pierres  de  lai  lie,  moellons  et  grès.  Au- 
vers,sur  la  rive  droite  de  l'Oise  ,  que  l'on  passe  sur 
iifi  bac  h  Méry ,  est  à  6  kil.  au  N.-E.  de  Ponioise,  et 
à  27  de  Paris ,  par  une  chaussée  qui  passe  à  Saint- 
LeuT:iverny  et  aboutit  à  la  route  de  Rouen  près 
Saint-Denis.  Poste  aux  lettres  de  Ponioise. 

I  Auvers-SainlGeorges,  vill.ige  du  département 
de  Seine-et-Oise,  arrondisiement  d'Eianipe<,  canton 
de  la  Ferlé-Alais,  ci-devanl  diocèse  de  Sens  et  ac- 
tnellsmenl  diocèsede  Versailles.  Avant  la  révolution, 
ce  village  renfermait  deux  paroisses,  Notre-Dame  et 
Saint-Georges,  dont  la  première  subsiste  encore.  La 
cure  de  l'une  élail  à  l.i  noniiiiaiion  de  l'archevêque 
de  Sens;  le  prévôi  d'Auvers  nommait  à  l'aune.  Le 
beau  château  de  Grave  le  et  le  parc,  de  160  arpenis, 
clos  de  murs  et  bordé  d'un  côté  par  la  rivière  de 
Juines,  appartenaient  à  M.  le  comte  Perregaux,  ban- 
quier. Les  jardins  ei  les  eaux,  qui  y  forment  un  su- 
perbe canal,  sont  admirables.  Le  château  de  Gille- 
voisin,  avec  le  parc  qui  en  dépend  ,  avait  appartenu 
à  Amyot ,  précepleiir  de  Henri  III,  et  passa  au  prési- 
dent Brisson,  qui  fut  pendu  pendant  la  ligue.  La  po- 
pulation de  ce  village  est  d'environ  1,000  habilanls 
en  y  comprenant  les  hameaux  de  Janville ,  Gille- 
voisin,  Chagrenon,  partie  de  celui  de  Meiiil-Racoiu, 
plusieurs  fermes  et  maisons  isolées.  Tout  le  terroir 
de  celle  commune  esl  en  terres  labourables  et  en 
bois.  Dans  les  sablons,  on  trouve  quelques  glands 
de  mer  attachés  sur  des  fragments  de  coquilles.  La 
plaine  entre  Anvers  ei  Villeneuve  est  toute  remplie 
de  fragments  de  belles  cames.  Auvers-Saini-Georges 
esl  sur  la  rivière  de  Juines  .  qui  y  fait  tourner  plu-> 
sieurs  moulins,  à  2  kil.  à  l'E.  d'Elreehy  et  40  kil 
de  Paris  au  S.,  par  la  grande  route  d'Orléans.  Posie 
aux  lettres  d'Elreehy. 

Amatphis,  Anialplii  ou  MalG.  Concile  de  Malfi  en 
10S9. 

Amanabttrijum,  Omembourg  et  depuis  Amelbourg, 
ancienne  abbaye  en  Allemagne,  sur  les  confins  de  la 
HessK  ei  de  la   I  hunnge. 
Amanensis,  se,  d'Amelbourg. 
Amarini  oppidum.  St-Damarin. 
Amasea  ou  Amasia,  Amasée,  ville  de  la   provincâ 
du  Pont,  en  Asie. 

Amastris,  Fameslro,  autrefois  Amastride  en  Pa- 
phlagonie. 

Amaihui,  uniis,  Limisso,  autrefois  Amathonte , 
ville  épiscopale  de  l'île  de  Chypre.  Cet  évêclié,  qui 
dai'/  du  V»  siècle,  a  été  réuni  au  xiv«  siècle  à  celui 


39 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


40 


(le  Lemisse-la-Neuve,  ville  bàiie  du  leinps  du  bas- 
empire  grec.  Aiiiailionie  esi  complètement  ruinée,  et 
Lemisse-la-Neuve  n'est  plus  qu'un  pauvre  \illage. 
àon  porl  est  cependant  bon. 

Amaïuna  insula.  Ile  prés  de  celle  de  Sardaigne.  On 
l'appelait  autrefois  .\niaiune. 

Ambncia,  Amboise,  ville  delà  Touraine. 

Ambosiiicus  vicus.  Âmbazac  ou  Enibazfiis,  ancien 
pricuié  piés  de  Graniniont,  dans  la  haute  Maiclie. 
Ambazac  est  chef-lieu  de  canton  du  département  de 
la  liante  Vienne,  au  diocèse  de  Limoges. 

Ambianensis,  ie,  d'Amiens. 

Ambiant,  orum  et  Ambianum,  Amiens,  ville  épis- 
copale  en  Picardie,  déparlemenl  de  la  Somme. 

Ambtava,  Aniblef,  riviéie  en  Ardennes. 

Ainbresbuna,  Anibiesbury,  ville  capitale  de  la 
Willonie  ou  Wiili-Shiie,  en  Angleterre. 

Ambresburieiiiis  ou  Ambresbyriensis ,  se,  d'Ambres- 
bury   Concile  d'Ambresbury  en  977. 

Ambroiiiacum ,  Ambournay,  ancienne  abbaye  de 
Bénédictins  dont  le  revenu  en  commende  était  de 
i4,0li0  fr.  ;  située  dans  le  Bugey,  elle  dépendait  du 
diocèse  de  Lyon,  .\nibouriiay  doit  son  origine  à  ral> 
baye,  c'est  aujourd'hui  une  petite  ville  du  diocèse  de 
Belley,  déparlement  de  l'Ain. 

Ambtosn  Fantim,  St-Ambroix-sur-Arnon,  ancienne 
abbaye  de  l'ordre  de  St-Augustin,  en  commende, 
dont  le  revenu  était  de  ô,oOU  Ir.  Elle  se  trouvait  aux 
portes  de  la  ville  de  Bourges  ;  elle  a  donné  lieu  à  un 
village  de  même  nom. 

Ambrosiiis  vicus.  V.  Ambreêburia. 

Amelia,  Amélie,  ville  épiscopale  au  duché  de  Spo- 
letle,  Etats  romains. 

Ameliacum  Bilurigum,  Ambly,  au  diocèse  de 
Bourges. 

—  Bri(ieniiuin,  Amilly,  en  Brie.  Il  y  a  plusieurs 
localités  de  ce  nom  en  France,  un  village  au  diocèse 
deChanres,  et  un  autre  au  diocèse  d'Orléms. 

America,  l'Amérique. 

Amildu,  Emet,  en  Mésopotamie. 

Âmiteriiinus,  a,  um,  d'Amiierne,  de  Sl-Viclorin. 

Amiiernum,  Aniiierne,  ancieiine  ville  épisci>pale 
ruirée;  c'est  à  présent  le  bourg  de  St-\iiiorino  dans 
l'Abruïze  ultérieure,  au  royaume  de  Naples. 

Amnis  Alba  ou  Albeia,  l'Aubeliii,  petite  rivière  en 
Brie. 

—  Muera,  Le  Morin,  nom  d'un  ruisseau  de  la 
Brie. 

Amorium,  Amore,  ville  ruinée  de  la  seconde  l'hry- 
gie  Salutaire,  dans  l'exarchit  d'A^ie;  c'était  un  évé- 
ché  de  la  (ueimère  Phrygie,  (|ui  devint  niétrupole  de 
la  seconde  dans  le  vi«  siècle.  C'est  aujourd'hui  le 
^ 'Urg  d'A(noria  dans  l'AnaloIie. 

Amphimulia ,  St-Mcolas  en  Candie  ,  où  île  de 
Crète. 

Anagnia,  Anagni  ou  Anagiia,  ville  épiscopale  de 
l'ancien  Latium,  à  présent  de  la  Campagne  de 
Rome. 


Aiiuijratœ,  arum,  et  Anagrale,  es,  AQegray,aiieieii 
monastère  dans  les  Vosges. 

Atuipins,  An.  pie,  près  du  Bcfspliore  de  Thrace. 

Anaunia,  le  Val  d'Anagna,  dans  les  Alpes,  au  dio- 
cèse de  Trente.  Martyres  Anaunienses,  les  Martyrs 
d'.\iiagna. 

Anazarbum,  Anazarbe,  autrefois  ville  mélropole,  à 
présent  bourg  appelé  Acserai  en  Caramanie.  Ana- 
zarbe avait  d'abord  été  un  évèché  de  la  première 
Cilicie  ;  elle  fut  érigée  en  métropole  de  la  seconde  Ci- 
licie  au  vi^  siècle. 

Aneonœ  littus,  mer  d'Ancone  ,  partie  du  golfe  de 
Venise. 

Ancora,  Ancre,  ou  Albert,  petite  ville  du  diocèse 
d'Amiens,  chef-lieu  de  canton  du  déparlement  de  la 
Somme.  Elle  lire  son  premier  nom  de  la  rivière 
d'Ancre,  plus  connue  sous  le  nom  deMiranmoni,  sur 
laquelle  elle  est  située.  Le  marquisat  d'Ancre  fut 
acheté  en  1610,  moyennant  la  somme  de  350,(.00 
livres,  par  Concini,  maréchal  d'Ancre.  Lors  de  sa 
condamnation,  cette  ville,  dont  il  était  seigneur, 
ch;inyea  son  premier  nom  en  celui  d'Albeil,  qu'elle 
porte  aujourd'hui.  La  popuLit  on,  qui  est  presque 
toute  industrielle,  s'élève  à  '2,8liU  habitants;  elle 
s'occupe  de  la  (ilainre  du  coton,  commerce  en  grains 
et  en  bestiaux.  On  trouve  dans  son  voisinage  des  pé- 
trifications curieuses.  Elle  est  à  iS  kll.  nord  au  levant 
d'Amiens,  et  à  140  nord  de  Paris.  11  y  a  un  bureau 
de  poste. 

Ancyra,  Ancyre ,  ville  autrefois  métropole  et  capi- 
tale de  la  Galatie,  à  présent  Angouri  dans  l'Analo- 
Iie. Le  rite  grec  et  arménien  y  ont  chacun  un  ar- 
cbevêque. 

Ancyranus ,  a,  um,  d'Ancyre.  Deux  conciles  d'An- 
cyre  en  515,  558. 

Andaginum  et  Atidainum.  St-Hubert  dans  les  .ar- 
dennes. C'était  une  abbaye  de  Bénédictins  connue 
d'abord  sous  le  nom  de  St-Vannes,  où  l'un  menait 
les  hydropliobes  pour  les  guérir  de  leur  rage.  Les 
religieux  défrichèrent  toute  cette  partie  des  Arden- 
nes et  donnèrent  ainsi  lieu  à  la  ville  qui  se  forma 
sous  le  nom  de  St-Hubert. Ce  n'était  auparavant  qu'un 
vaste  désert  nommé  Andaïn  à  cause  de  ses  sources 
d'eau  vive.  L'abl);iye  est  délruile,  et  la  ville  est  com- 
prise dans  le  royaume  de  Belgique. 

Andana,  Anden  ou  Andeiine,  ancienne  abbaye  de 
filles  sur  la  Meuse,  entre  Namiir  et  Huy,  fondée  p  ir 
Begge,  lille  de  Pépin  de  Landen  en  086,  et  ruinée 
par  les  Noinuiids.  Uebàile  ensuite,  elle  fut  brûlée 
en  1159.  Andenne  est  aujourd'hui  une  petite  ville  de 
la  Belgique. 

Andani  Villa,  And;iinville,  au  pays  de  Viuieu,  dio- 
cèse d'Amiens,  département  de  la  Somme. 

Andao,  Sa  nt-André,  près  de  Villeneuve  d'Avignon. 
On  compte  "23  localités  de  ce  nom  en  France. 

Andegavensis,  se,  d'Angers,  |  d'Anjou,  de  l'An- 
jou. Cinq  conciles  d'Angers,  en  133,  1269  ,  1279, 
lâîG,  1365. 

Aiui'gaveusium  solum,  y .  AnJegavia. 


11 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


Andegavi,  orum  et  Andegavuni,  Angers,  ville  épis- 
cupale  et  capitale  de  l'Anjou. 

Andegavia,  l'Anjou,  province  et  ancien  duclié  en 
France. 

Andeiaensis,  le,  d'Andelot.  V.  Andelaits.  Concile 
d'Andeloien  587. 

Andelagum,  Andeteium  et  Andeliacum,  Andelis  et 
mieux  Andely,  ville  avec  une  abbaye  au  diocèse  de 
Rouen.  L'abbaye  n'existe  plus  et  la  ville  appai  tient 
aciuellemenl  au  diocèse  d'Evreux.  Voyez  au  mot 
Andileyum. 

Andeluha,  Andelaw,  en  Alsace  ;  M  y  avait  des  cba- 
noinesses.  Ce  village  est  du  diocèse  de  Strasbourg. 

Andelaus,  Andelot,  au  diocèse  de  Langres  en 
Chaiopngne. 

Andeliacum  et  Andiliacum,  Ândllly.  Il  y  a  trois 
villages  de  ce  nona  en  France. 

Andella,  o\\  Andell'ms  fluvius,  Andelle  (la  rivière 
d'Andelle).  Cette  rivière  prend  sa  source  àSerqueux, 
à  4  kll.  nord-ouest  de  Forges,  passe  au  Pont-Saini- 
Pierre,  et  se  jeiie  dans  la  Seine,  au  port  de  Pitres, 
vis-à-vis  Poses  ;  elle  est  flottable  depuis  Forges  jus- 
qu'à son  emboucbure;  les  transports  consistent  en 
boi<  pour  Rouen  et  Paris.  Près  de  son  embouchure, 
elle  fait  mouvoir  la  célèbre  usine  de  Romilly,  où  on 
lamine  et  façonne  le  cuivre.  Cette  rivière,  qui  prend 
sa  source  dans  le  diocèse  de  Rouen,  a  sou  embou- 
chure dans  celui  d'Evreux.  Son  cours  est  de  60  kil. 

Andematum  Lingonum  et  Andematim.  Voy.  Lan- 
gres, t.  lU. 

Ande.na.  V.  Andana. 

Andensis,  se,  d'Auden.  V.  Andana. 

Andertacuni,  Anderlcch  ou  Anderlac,  village  près 
de  Bruxelles,  Belgique. 

Andes,  ium.  V.  Andegavi, 

Andesagino,  Anssene  ou  Ansene,  sur  la  rivière  de 
Bresse  an  Ponihieu,  diocèse  d'Amiens. 

Andicavensis  et  Aiidicavum.  V.  Andegavensis,  etc. 

Andiiegum,  Andeleins,  les  Andelys  (le  grand  et 
le  petit),  ville  du  diocèse  actuel  d'Evreux,  autrefois 
du  diocè-,e  de  Rouen,  qui  forme  un  des  arrondisse- 
ments du  dépaitement  de  l'Eure.  Ces  deux  localités, 
que  l'un  confond  ordinairement  ensemble,  en  les  nom- 
mant simplement  les  Andelys,  ne  sont  séparées  l'une 
de  l'autre  que  par  une  chaussée  d'un  kil. 

Le  grand  Andely  est  désigné,  dans  les  anciens  au- 
teurs, sous  \e  nom  A' Andiiegum,  Andeliacum,  Andetia, 
Rupes  Andeti.  Le  nom  A' Andiiegum  parait  avoir  en  sa 
faveur  le  mérite  d'une  plus  grande  ancienneté,  les 
autres  n'ayant  éié  employés  que  dans  des  temps  pos- 
térieurs. 

Les  érudiis  se  sont  beaucoup  fatigués  à  trouver 
l'éiymologie  de  ce  nom.  Les  uns  ont  voulu  que  la 
première  syllabe  and  appartînt  à  la  langue  teutuniqne; 
d'autres,  considérant  que  la  seconde  syllabe  Icy,  qui 
signifie  pierre,  était  d'origine  celtique,  ont  prétendu 
que  la  première  ne  pouvait  pas  être  attribuée  à  une 
ajire  langue,  et  ils  en  ont  conclu  que  Andteg  dési- 
gnait un  lieu  couvert,  obscur  et  rocailleux,  ce  qui 
Dictionnaire  de  Géographie  eccl.  II 


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pouvait  tout  aussi  bien  alors  convenir  à  l'endroit  ot 
l'on  a  bâti  les  Andelys  qu'à  une  infinité  d'autres. 

Les  bases  sur  lesquelles  on  a  voulu  fonder  la  hauts 
antiquité  des  Andelys  ne  paraissent  donc  pas  très^ 
soldes. 

On  lit  dans  la  Vie  de  sainte  Clotilde,  écrite  long- 
temps après  sa  mort,  que  celle  reine  fonda  une  ab- 
baye de  filles  sur  les  bords  de  la  Seine,  dans  un  lieu 
nommé  les  Andeleins.  C'est  la  première  fois  qu'il  ail 
été  fait,  d'une  manière  positive,  mention  des  Ande- 
lys. .\u  reste,  que  l'abbaye  ait  été  fomlée  par  sainte 
Cl'jiilde  elle-même,  ou  qu'elle  lui  ail  éié  simplement 
dédiée  dans  des  temps  plus  rapprochés  de  nuus,  au 
moins  est-il  certain  qu'il  se  forma  peu  à  peu  une  pe- 
tite bourgade  autour  du  monastère,  et  que  dans  les 
premières  années  du  xii«  siècle,  il  y  avait  un  château- 
fort,  où  le  roi  Louis  VU  se  réfugia  lorsqu'en  1119  il 
fui  battu  à  Brenneville  par  les  troupes  de  Henri,  roi 
d'Angleterre.  Ce  château  avait  été  pris  sur  les  An- 
glais, l'année  précédente,  par  le  chevalier  Engerrand 
de  Chaumont. 

Les  rois  d'Angleterre  successeurs  de  Giiillaume  le 
Conquérant,  duc  de  Normandie,  étaient  alors  maiires 
de  celte  province,  et,  quoique  pour  celle  possession 
ils  fussent  vassaux  des  rois  de  France,  mais  vassaux 
trop  puissants,  ils  firent  souvent  la  guerre  à  leurs  su- 
zerains. Les  Andelys  se  trouvaient  sur  les  limites  des 
deux  Etalsj,  et  ils  eurent  souvent  à  souffrir  de  ces 
hostilités  presque  continuelles. 

Par  un  traité  de  paix  conclu  en  1160,  Andely  avait 
été  cédé  au  roi  d'Angleterre  ;  mais  la  guerre  s'élant 
rallumée  en  1167  ,  les  années  anglaise  et  française 
livrèrent  aux  flammes  une  grande  partie  des  fermes, 
villages  et  bourgs  situés  entre  Mantes ,  Pacy-sur- 
Eure,  Gisors,  Vernon,  etc.  Le  roi  de  France  eut  pour 
sa  part  le  triste  honneur  de  brûler  Andely ,  bourg 
très-fort,  et  qui  appartenait  alors  aux  évêques  de 
Rouen. 

Vers  la  fin  du  xii«  siècle,  les  rois  de  France  et 
d'Angleterre,  et  l'archevêque  de  Rouen,  se  disputè- 
rent vivement  la  possession  d'Andely.  En  1196,  Phi' 
lippe-Auguste  en  devint  le  maître  ;  mais  son  rival  de 
gloire  ei  de  puissance,  le  roi  Richard  surnommé 
Cœur-de-Lion,  s'empara  prèsid'Andely  d'une  île  au 
milieu  de  la  Seine,  où  il  fit  construire  une  forte- 
resse. Après  la  mort  de  Richard,  Jean,  son  succes- 
seur, conclut  avec  Philippe- Auguste  un  traité  par 
lequel  il  se  réserva  la  possession  d'Andely;  mais 
ayant  été  accusé  du  meurtre  de  son  neveu,  Arthus 
de  Bretagne,  il  fut  cité,  comme  vassal  de  la  cou- 
ronne, à  la  cour  de  France.  Le  duché  de  Norman- 
die fut  confisqué  et  envahi.  Andely  et  sa  forteresse 
soutinrent  en  1204  un  siège  de  cinq  mois  et  la  fa- 
mine les  força  de  capituler. 

Depuis  cette  époque,  Andely  a  cessé  de  figurer 
dans  l'histoire  d'une  manière  remarquable.  On  voit 
seulement  qu'Antoine  de  Bourbon  ,  roi  de  Navarre, 
y  mourut,  en  1522,  des  suiies  d'une  blessure  qu'il 
avait  reçue  au  siège  de  Rouen. 


tm  DICTIONNAIRE  DR  GEOGRAPllIE  ECCLESIASTIQUE.  U 

Sous  la  première  race  lie  nos  rois,  l'abbaye  d'An-      était  auirefois  foriiflé,   mais  dont  les  forlificationg 

dely  avait  autant  de  célébrité  que  celles  de  Chelles      sont  ruinées.  Les  deux  vilh-s  réunies  offrent  une  po- 


elde  Faremoutiers  ;  ranis  elle  est  détruite  depuis 
plusieurs  siècles. 

Sur  les  mines  de  cet  ancien  monastère  s'est  éle- 
vée une  collégiale  séculière,  qui,  par  son  ancienneté 
elle  nombre  des  ecclésiastiques  qui  y  éiaiedt  atla- 
cliés,  pouvait  être  considérée  comme  l'une  des  plus 
importantes  du  diocèse  de  Koiien. 

En  1  "245,  on  fit  quelques  lèglemenis  nouveaux, 
desquels  il  résulta  que  le  chapitre  de  la  collégiale  lut 
composé  d'un  doyen,  de  si\  chanoines,  de  quatre  vi- 
caires, d'un  seciéi;iire,  d'un  diacre,  etc.  Indépen- 
damment de  la  collégiale,  il  y  avait  au  urand  Andely 
une  autre  église  sons  le  titre  de  Sainte-Madeleine,  et 
une  av  petit  Andely  sous  l'invdcation  de  Saint-Sau- 
veur. Le  service  paroissial  était  fait  par  les  quatre 
vicaires. 

Outre  les  églises  dont  il  vient  d'être  quesiion,  on 
voyait  ancieiineinent  aux  Andclys  un  prieuré  de 
Saint-.lean,  un  couvent  de  Capucins,  un  d'LrsMlInes, 
une  léproserie  et  une  chamelle  dite  de  Sainte-Clo- 
tilde,  dont  le  premier  titre  était  de  Saint-Nicolas,  et 
qui  fut  dotée  en  1"203. 

L'église  collégiale  est  bien  bâtie.  Le  portail  exté- 
rieur, où  l'on  voit  au  midi  l'ordre  gothique  ,  et  au 
nord  l'ordre  ionique,  paraît  antérieur  au  reste  de 
l'édifice.  La  chapelle  de  la  Vierge  est  décorée  d'un 
tableau  de  Lesueur,  représentant  Jésus  retrouvé  au 
temple,  qui  provient  des  Chartreux  de  Gaillon,  ainsi 
qu'une  sépulture  de  Jésus-Chiist  (ormant  un  groupe 
de  figures  sculptées. 

Près  de  la  collégiale  se  trouve  la  chapelle  deSainie- 
Cloiilde,  qui  est  devenue  propriété  pariicuiière; 
mais  on  a  conservé  avec  soin  la  statue  de  la  sainic  et 
la  clef  pendante  de  la  voûte,  richement  sculptée  en 
cul-de-lampe. 

Une  fontaine  située  aux  Andelys,  et  qui  porte  anssi 
le  nom  de  Sainte-Cloiilde,  jouit  d'une  grande  célé- 
brité dans  le  pays.  Le  2  juin  de  chaque  année,  le 
doyen  de  la  collégiale,  accompagné  de  tout  son  cler- 
gé, se  rendait  en  procession  à  celte  fontaine,  et  y 
répandait  une  certaine  quantité  de  vin,  aussitôt  les 
pèlerins  qui  é'aient  accourus  à  cette  dévotion  se  je- 
taient nus  dans  cette  fontaine,  les  hommes  d'un 
côté,  les  femmes  de  l'antre,  séparés  par  une  mu- 
raille, et  espéraient  obtenir  par  ce  moyen  la  guéri- 
son  de  leurs  maladies.  On  croit  que  l'usase  de  ré- 
pandre du  vin  dans  la  fontaine  se  rattache  au  sou- 
venir du  miracle  attribué  à  sainte  Clotilde,  qui  avait 
changé  l'eau  de  celte  fontaine  en  vin. 

On  a  établi  dans  l'ancien  couvent  des  Ursulines 
une  salle  de  comédie  et  une  prison.  C'est  là  aussi  que 
se  lient  le  tribunal  de  première  insiaiice. 

Le  grand  Aridely  est  situé  à  un  quart  de  lieue  de  la 
Seine,  sur  un  ruisseau  nommé  le  Gambon,  jpii  n'a 
qu'une  lieue  de  cours,  et  qui  faii  louriicr  pinsieuis 
moulins.  Au-dessous  de  l'embouchure  du  Gambon, 
et  sur  les  bords  de  la  Seine,  est  le  petit  Andely.  qui  , 


pulation  de  5  à  6000  habitants. 

Le  duc  de  Penihièvre,  granil  amiral  de  France,  qui 
fit  le  plus  bel  emploi  d'une  grande  fortune  en  la  con- 
sacrant à  des  œuvres  de  bienfaisance  très-mullipliécs, 
fonda  aux  Andelys  un  hospice  qui  lui  coula  plus  de 
400,000  fr.,  indépendamment  des  fonds  qu'il  donna 
pour  en  augmenter  les  revenus. 

Thomas  Corneille  termina  sa  vie  dans  un  âge  très- 
avancé,  aux  Andelys,  où  il  a  son  tombeau  dans  ré< 
glise  collégiale. 

Parmi  les  personnages  célèbres  ou  remarquables 
qui  ont  pris  naissance  aux  Andelys,  on  peut  ciler 
Adrien  Turnèbe,  directeur  de  l'imprimerie  royale  el 
professeur  de  langue  grecque  à  Paris,  dans  le  xvi"  siè 
cle;  Nicolas  le  Poussin,  l'un  des  plus  grands  peintres 
que  la  France  ait  produits;  Louis-Urbain  Alben, 
marquis  de  fourni,  d'abord  intendant  de  Limoges  et 
ensuiii^  de  Bordeaux,  où  il  illustra  son  administra- 
tion par  beaucoup  de  travaux  et  d'établissements 
utiles;  enfin,  Nicolas  Blanchard,  si  connu  parla 
grand  nomiire  d'ascensions  aérosiatiques  qu'il  a  fai- 
tes seul  ou  auxquelli  s  il  a  pris  part. 

Le  commerce  des  Andelys  consiste  en  besiiaiix  el 
en  produits  de  ses  manufactures.  Un  y  prépare  des 
cuirs  de  diverses  qualités;  il  y  a  des  fabriques  de 
draps,  de  siamoises,  de  toiles  imprimées,  de  bonne- 
terie, etc.,  etc. 

Les  Andelys  sont  à  3-2  kil.  au  sud  de  Rouen  et  à 
88  au  nord-ouest  de  Paris. 

I  Andely  (la  forêt  d').  Elle  s'étend,  sur  la  riva 
droite  de  la  Seine,  depuis  celte  ville  jusqu'à  Vernon, 
et  contient '2,690  arpents.  Celte  forêt  était  dans  la 
dépendance  de  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts  d'.An- 
dely. 

I  Andely  (le  château  Gaillard  d').  Ce  château,  bâti 
sur  une  éminence,  près  du  petit  Andely,  joue  un  rôle 
important  dans  les  guerres  enire  la  France  el  l'An- 
gleterre. Lorsque  les  Anglais  éiaicnl  inaiiresdela 
Normandie  et  de  plusieurs  autres  provinces,  Philippe- 
Auguste  s'en  empara,  après  une  résistance  des  plus 
opiniâtres.  En  1418,  le  château  Gaillard  tomba  entre 
les  mains  des  Anglais  à  la  suite  d'un  siège  qui  dura 
près  d'un  an  el  demi.  Cette  lorteresse  se  soumit  à 
Charles  M  en  liâU;  mais  l'année  suivante,  les  An- 
glais s'en  emparèrent  de  nouveau  après  l'avoir  assié- 
gée pendant  six  mois.  Enfin,  lorsqu'en  1449  le.s  An- 
glais furent  contrainis  d'abandonner  la  France,  le 
château  Gaillard,  assiégé  par  le  roi  en  personne 
capitula  sans  faire  de  résistance. 

Marguerite  de  Bourgogne,  femme  de  Louis  X  d'i 
le  Huiii),  accufée  d'adultère,  fut  enfermée  dans  ceue 
furieiesse  en  1315,  et  étranglée  par  l'ordre  du  roi, 
son  mari.  Peu  d'années  après,  en  1322,  la  même 
forteresse  servit  de  prison  à  Jeanne  de  Bourgogne, 
femme  de  Charles  le  Bel,  accusée  du  iiiéine  crime 
que  Mai  guérite.  Celle  princesse  y  resla  jusqu'à  ce 
que,  son  mariage  ayant  élé'annulé  parle  pape,  elle 


45  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


iB 


eât  la  permission  de  se  retirer  à  i'ubbaye  de  Mau- 
kulsson,  où  elle  prit  le  voile. 

Aujoiird'liui  le  cliàleaii  Gaillard  est  si  compléte- 
niem  dctrnit,  qu'à  peine  reste-t-il  quelques  ruines 
pour  marquer  la  place  qu'il  occupait. 

Andiliaaim,  Andilly,  paioisse  de  l'ancien  diocèse 
de  Paris,  aujourd'lKii  de  celui  de  Versailles,  cunton 
de  .Mofiiniorency,  arrondissement  de  Ponioise,  de'- 
parienient  de  Seine-et-Oise.  Sa  situation  sur  un 
coteau,  à  l'exposition  du  midi,  d'où  l'oeM  embrasse 
la  riche  et  lertile  vallée  de  Montmorency,  en  fait  un 
séjour  très-agréable;  :russi  y  voit-on  plusieurs  mai- 
sons de  campagne  qui  jonibSentdes  plusbcnux  points 
de  \ue.  Derrière  Andilly,  sur  la  hauteur,  la  forêt  de 
Montn.orency  offre  aussi  de  cliarmanies  promenades. 

La  première  syllabe  du  nom  de  ce  village,  qui  lui 
est  commune  avec  plusieurs  autres  lieux  en  France, 
paraîi  être  d'origine  celtique  ,  mais  on  n'en  connaît 
pas  bien  la  signiBratinn.  Le  premier  tiire  «m  il  soit 
fait  mention  d'Andilly  est  de  U2.5.  Cependant,  en 
1470,  ce  lien  ne  contenait  encore  qu'un  ij-ès-petit 
nombre  d'habitants.  L'ancienne  église  avait  éié  dé- 
diée à  saint  Médard,  en  1547;  mais  l'éjilise  actuelle 
est  d'une  consiruciion  plus  récente,  ayant  été  rebâtie 
aux  Irais  de  M.  du  Lier,  seigneur  de  lendroii,  qiii  y 
a  sa  sépiiltuie.  Le  chœur  est  vaste  et  accompagné  de 
deux  belles  chapelles. 

Le  chùteaii  d'Andilly,  qui  a  été  démoli,  apparte- 
nait, au  xviio  siècle,  à  Arnaud  d'Andilly,  neveu  du 
célèbre  Arnaud  di;  Port-ltoyal.  Arnaud  d'Andilly  a 
composé  plusieurs  ouvragts.et  son  Jils,  M.  de  Pum- 
ponne ,  fut  ministre  des  affaites  étrangères  sous 
Louis  XIV.  Le  chàieau  de  la  Chasse,  surnommé  aussi 
Bel-Air,  à  cause  de  sa  situation  élevée,  est  une  dé- 
pendance du  vil'age.  C'était  un  rendt-z-vous  de  chasse 
pour  le  prince  de  Coudé,  à  qui  appartenait  la  forêt. 
Andilly  et  Margency  ne  formaient  autrefois  qu'une 
seule  paroisse,  dont  ce  dernier  village  a  été  démem- 
bré vers  la  fin  du  xvii"  siècle  et  érigé  en  paroisse 
particulière.  La  majeure  pariie  du  territoire  d'An- 
dilly est  culùvée  en  vignes.  On  y  recueille  aussi 
beaucoup  de  fruits;  ses  pèches  avaient  autrefois  une 
grande  réi  ulaiion.  Ce  village  est  à  3  kil.  nord-ouest 
de  Montmorency,  où  est  le  bureau  de  poste,  et  à  20 
kil.  nord  de  Paris. 

Andoverpum.  V.  Aniuerpia. 

Andresiacum ,  Andresis,  ou  Andresy,  village  de 
l'ancien  diocèse  de  Paris,  actuellement  de  celui 
de  Versailles,  arrond.  de  cette  ville  et  canton  de 
Poissy  ;  il  est  situé  sur  la  rive  droite  de  la  Seine,  où 
se  trouvent  plusieurs  îles.  Sa  distance  de  Poissy  est 
de  6  kil.  an  N.,  et  de  Paris,  2G  au  >'.-0.  par  Poissy 
et  la  grande  roule  qui  passe  à  Sjint-Germain-en- 
Laye. 

Son  nom  latin  Andresiacum  vient,  selon  M.  Lan- 
celoi,  de  l'Académie  des  inscriptions  et  belles-lettres, 
de'celui  A'Anderetianmii,  qui  était  un  lieu  situé  au- 
près du  c  inDueni  de  l'Oise  et  de  la  Seine,  et  où  les 
Bwiiains  entmenaienl  une  flotte  pour  contenir  les 


peuples  de  ces  contrées.  Cette  étymologie,  peut-être 
hasardée,  dnnnerait  au  village  d'Andresy  une  grande 
antiquité. 

Sans  remonter  à  une  époque  aussi  reculée,  on 
trouve  Andresy  parmi  les  noms  des  biens  donnés  par 
Inchahus,  évêi|ue  de  l'aris,  en  829,  aux  chanoines  de 
son  église.  Cette  donation  fut  ensuite  confirmée  par 
Charles  le  Cha-ive,  en  960  par  Lothaire,  et  en  1190 
par  Philippe-Auguste. 

L'église  d'Ândresis,  dont  la  construction  parait 
remonter  an  xiii'  siècle,  est  très-jolie.  On  y  voit  des 
galeries  fort  élégantes,  et  son  clocher,  placé  au  por- 
tail de  l'église,  est  un  des  plus  distingués  des  envi- 
rons de  Paris,  par  la  har:liesse  de  son  architecture. 

On  voit  encore  à  Andresis  des  restes  de  portes  et 
de  ruines  de  tours  qui  annoncent  toute  l'importanca 
qu'avait  autrefois  ce  lieu.  H  fut  Tun  des  villages 
choisis  pour  tenip  d«s  conférences  au  sujet  de  la 
conversion  de  Henri  IV,  en  15'J2. 

Andresis  est  un  grand  village  d'une  sente  rue  d'en- 
viron 3  kil.  de  longueur;  sa  positinn  au  confluent  de 
l'Oise  et  de  la  Seine,  lui  dmine  un  aspect  romanti- 
que, i|ui  l'a  fait  choisir  pour  y  bàiir  plusieurs  maisons 
de  campagne  trè.-î-agréables.  On  remarque  celle  dite 
Le  Fays,  construite  sur  les  ruines  d'un  ancien  fief, 
et  qui  a  une  belle  ferme  dans  sa  dépendance  ;  une 
autre, appelée  ta  Fin  de  rUisi-,  et  située  dans  le  trian- 
gle formé  par  l'Oise  et  par  la  Seine,  a,  sur  la  pre- 
mière rivière,  un  bac  pour  la  iravaf^er.  On  distin- 
guait encore  une  maison,  près  de  la  rive  droite  de  la 
Seine,  dont  les  jardins  s'étendaient  jusque  sur  une 
des  Iles  de  cette  rivière  ;  elle  a  appartenu  à  une 
princesse  de  France. 

Andresis  était  autrefois  baronie,  avec  une  maison 
seigneuriale,  dont  le  chapitre  Notre-Dame  de  Paris 
fut  propriétaire.  Il  y  avait  aussi  un  château  qui  a  été 
démoli;  et,  à  la  place,  on  a  bâti  une  jolie  maison 
de  plaisance.  Le  parc,  qui  s'étend  le  long  de  la  Seine, 
en  fait  le  principal  agrément. 

Les  lies  i|ue  lorme  la  Seine  vis-à-vis  Andresisser- 
ventde  pacages;  les  habitants  n'ont  pas  encore  es^ 
sayé  d'en  tirer  un  autre  parti. 

La  principale  richesse  du  territoire  d'Andresis  est 
en  vignobles.  Leur  vin  était  autrefois  réputé  l'un 
des  meilleurs  des  environs  de  Paris;  mais  bien  qu'il 
n'ait  plus  une  aussi  grande  vogue,  il  a  conservé  une 
partie  de  sa  réputation. 

La  population  d'Andresis  est  de  liOO  habitants. 
La  poste  aux  lettres  est  à  Poissy. 

Anemundi  Castrum.  V.  St-Cbaroond. 

Anetum,  Aneiut ,  Anet,  dénomination  commune  à 
plusieurs  localités.  Il  y  a  une  petite  ville  de  ce  nom 
au  diiicèse  de  Chartres,  laquelle  est  chef-lieu  de  can- 
ton de  l'arrond.  de  Dreux,  avec  une  population  de 
1,800  habitants.  Anet  est  situé  au  confluent  des  ri- 
vières d'Eure  et  d'Avre,  dans  une  vallée  agréable  et 
fertile.  C'était  une  ancienne  cliâiellenie,  que  Charles 
de  Lorraine,  grand  veneur  de  France,  et  petit-fils  de 
la  fameuse  Diane  de   Poitiers,  fit  ériger  en  princi- 


Al 


DICtlOiSNÀlRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  4S 


paulé.  Ma-s  les  lelires  pstenies  délivrées  à  ce  sujet 
au  mois  de  février  1583,  n'éiaiil  point  revêiues  de 
toutes  les  formalités  requises,  on  ne  put  obtenir  leur 
euiérinemenl. 

Sur  un  bras  de  la  rivière  d'Eure,  à  l'exiréniilé  du 
|jarc,  Chiirles  de  Lorraine  avait  fait  cousiruire  un 
•  ou veut  de  Cordelieis,  qui  subsistait  encore  en 
1780.  Depuis  celte  époque,  Téglise  a  été  détruite. 

Diane  de  Poitiers  avait  fondé  à  Anet  un  bospice, 
que  IVn  a  conservé. 

On  Voit  aujourd'hui,  près  de  l'ancien  couvent  des 
Cordeliers,  un  moulin  à  lan  d'une  belle  ci  instruction ,  et, 
dans  le  parc,  un  autre  moulin  destiné  au  même  usage. 
Les  productions  du  terroir  cousisteut  en  grains,  vins 
et  prairies.  La  forêt  contient  environ  13,000  arpents; 
elle  est  percée  d'un  iré.-'->,'raad  nombre  de  roules. 

Le  bourg  d'.\nei,  longtemps  célèbre  par  le  magni- 
fique château  de  Diane  de  Poitiers  bùii  en  15.52,  d'a- 
près les  ordres  de  Henri  II,  par  Philibert  Delorme, 
se  trouve  à  12  kil.  de  Dreux,  et  à  64  de  Paris. 

Le  château  était  situé  près  du  bourg,  au  milieu 
d'une  agréable  vallée  qu'arrose  la  rivière  d'Eure.  Au 
midi,  la  vallée  est  bornée  par  un  coieau  couvert  de 
vignes  ;  une  (ôte  plus  escarpée  s'élève  au  nord.  Celle 
configuraiion  du  terrain  ccniribuait  à  rendre  le  parc 
d'Anel  plus  fertile  et  plus  solitaire.  La  vallée  d'Anel, 
riche  en  bois  et  en  prairies,  se  prolonge,  à  droite  et 
à  gauche,  .lussi  lois  que  l'œil  peut  s'étendre  ;  l'en- 
Bemble  de  celte  vue  produit  l'effet  le  plus  pittores- 
que et  la  perspective  la  plus  agréable. 

La  première  origine  du  ch.iteau  est  fort  ancienne. 
Une  charte  de  lltiO  fait  mention  d'un  Simon  dWnet, 
seigneur  de  ce  bourg  ;  et  dans  les  premières  années 
du  XIX'  siècle,  on  voyait  encore  des  vestiges  de  l'an- 
cienne demeure  de  ce  Simon. 

Phdibert  Delorme  exécuta  un  monument  grand 
dans  son  ensemble,  précieux  dans  ses  délaiis,  riant 
par  sa  position,  et  pittoresque  par  la  variété  des 
mouvements  qu'il  sut  donner  à  son  archilecture. 

Ce  châleau  était  entouré  d'un  fossé  large  et  pro- 
fond, un  pont  en  pierre  conduisait  à  la  porle  princi- 
pale, décorée  de  plusieurs  colonnes  d'ordre  ionique. 
La  principale  cour  était  régulièrement  décorée,  dans 
ses  quatre  faces,  par  des  colonnades  d'ordre  dorique  ; 
et  la  façade  principale,  composée  de  trois  ordres 
d'archiietlure  l'un  au-dessus  de  i'aulre,  d'un  style 
pur,  d'un  beau  dessin,  et  ornée  de  sculptures  par  i 
Jean  Goujon,  servait  d'entrée  dans  l'iniérieur  du 
cliàieau.  Celte  belle  façade,  de  plus  de  soixante  pieds 
de  haut,  a  éié  iransoorlée  au  muséj  des  Petils-Au- 
gustins.  ^ 

La  chapelle  se  trouvait  dans  la  partie  orientale  du  i 
château.  Sa  forme  était  circulaire,  et  elle  avait  57  ,' 
pieds  de  dianièlre.  Douze  colonnes  d'ordre  toscan 
suuienaieiii  le  plafond,  et  les  murs  étaient  décorés 
de  belles  sculptures  dorées.  Les  vitraux,  peints  en 
camayeux  gris,  remarquables  par  la  beauté  du  des- 
sin et  de  l'exécuiion,  soi. t  conservés  BU  musée  des   i 


Petits-Augnslins,  où  ils  ont  élé  réparés  avec  beau- 
coup de  soin. 

Celte  propriété,  après  plusieurs  vicissitudes,  ap- 
partint à  Louis  XV,  qui  en  ht  présent  au  vertueux 
duc  de  Penihièvre.  A  la  révolution,  le  château  fut 
démoli;  il  n'est  resté  que  la  porle  d'entrée  et  la  clia' 
pelle.  I  II  y  a  un  bourg  du  nom  d'Aiiet,  d.ms  le  dio- 
cèsede  Meaux,  arrond.  de  celte  ville  près  de  la  .Marne, 
qui  compte  plus  de  1000  habitants.  L'ordre  de  Ctuny 
y  possédait  un  prieuré,  au  momeni  de  la  révolu- 
tion de  1789.  I  Le  canton  de  Berne  (Suisse)  compte 
une  petite  ville  de  ce  nom  ;  elle  a  2,400  habitants. 
Les  environs  sont  remplis  d'antiquités  romaines. 

Angar  et  Angaricnsis.       Sangar  en  Bilhynie. 

Anyeli  (S.)  Opvidum,  bourg  de  St-.\nge,  près  de 
Fermo,  dans  la  Marche  d'Ancône,  en  Italie. 

—  Angelorum  Slons,  Angelberg,  au  canton  d'Un- 
dervald,  en  Suisse. 

.  Angeriacum,  St-Jean-d'Angely,  ville  deSaiutooge» 
diocèse  de  la  Rochelle. 

Augiliacum,  ou  Angeritiacum,  Angervilliers,  pa- 
roisse  de  l'ancien  diocèse  de  Chartres,  inainlenant 
dans  celui  de  Versailles,  du  canton  nord  de  Dourdan, 
arrondissement  de  Rambouillet,  Seine-et-Oise.  Ce 
village,  dont  la  population  est  d'environ  300  habi- 
tants, n'a  de  remarquable  qu'une  jolie  maison  de 
campagne.  11  y  avait  autrefois  un  beau  château,  dont 
la  duchesse  de  Beuvron  éiait  propriétaire  ;  mais  il  a 
élé  démoli  depuis  quelques  années.  Le  lerruir  de 
cette  commune  se  compose  de  terres  labourables, 
vignes  et  bois;  on  y  trouve  beaucoup  de  châtai- 
gniers. 

C'esl  à  Angervilliers  que  mourut,  au  mois  d'août 
1804,  à  l'âge  de  li  ans,  Boisgelin  de  Cucé,  ancien 
archevêque  d'Aix,  ex- membre  de  l'assemblée  consli- 
tuanle,  nommé,  après  le  concordat  de  1801,  arche- 
vêque de  Tours,  cardinal  et  sénateur.  M.  de  Boisge- 
lin avait  traduit  les  Héroïdes  d'Ovide  et  les  psaume» 
de  David  en  vers  français.  On  a  aussi  de  lui  quel- 
ques ouvrages  de  théologie  politique. 

Angervilliers  est  à  8  kil.  au  nord  de  Dourdan,  oi» 
esi  le  bureau  de  poste,  et  à  30  kil.  entre  le  sud  et 
le  sud-ouest  de  Paris. 

Angli,  orum,  les  Anglais  [  l'Angleterre.  Angto- 
rum  proi'incia. 

Anglia,  l'Angleterre,  la  plus  grande  des  Iles-Bri- 
tanniques. 

Anglicanus.  a,  uni,  de  l'Angleterre.  |  Anglican. 
Anglicani  epiacopi;  les  évêques  d'Angleterre.  Neuf 
conciles  ajipelés  d'Angleterre,  en  576,  90i,  âl'9, 
1072,  1073,  1093,  1095,  HG7,  1341. 

Anglicus,  a,  «m,  qui  concerne  l'Angleterre. 

Anglus,  a,  um.  Anglais,  d'Angleterre 

Angiiri.  V.  Ancyra. 

Aniana,  Agnane  ou  St-Sauveur  d'Aniane  ou  Saint- 
Benoit  d'Aiiiane,  peiiie  ville  du  diocèse  de  Montpel- 
lier, au  i>ied  des  montagnes,  auprès  de  l'Hérault. 
S"int-l5euoil,  célèbre  réformaleur  des  monastères 
sous  Louis  le  Doboiiiiaire,  s'était  retiré  dans  lasoli- 


49 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


iude  d'Anianc,  d'où  le  nom  lui  est  reslé;  il  y  fonda 
4ine  abbaye  de  Bénédiciins  qui  devint  célèbre.  Eu 
'dernier  lieu,  l'abbaye,  tombée  en  comniende,  rap- 
portait J2,000fr.  L'église,  remarquable  sous  le  rap- 
port arcbitectural  romme  toutes  les  églises  bénédic- 
tines, sert  de  paroisse. 
Aiiianensis,  se,  d'Anianc. 
Aniciacum.  V.  Atixecinm. 

Ankiensis,  se ,  du  Piiy  en  Velay.  Concile  du  Puy 
en  1130. 

Anicium,  le  Puy  en  Vclay,  ville  épiscopale  dans  les 
Cévennes,  déparlement  de  la  Haute-Loire. 

Anisola  et  Aninsula,  Anille,  à  présent  St-C'alès  ou 
St-Calais,  qui  avait  une  ancienne  abbaye  de  Béné- 
dictins, laquelle  rapportait  à  l'abbé  commendataire 
i,500  fr.  Celte  ville  est  du  diocèse  du  Mans  et  du 
déparieinent  de  la  Sarihe. 

Anisolensis,  se,  d'Aiiille,  de  St-Calès. 
Annecium,  Annecy,  ville  épiscopale  en  Savoie. 
Ansa,  Anse,  peiiie  ville  du  diocèse  de  Lyon. 
Ansaniis,  a,  um,  d'Anse.  Quatre  conciles  d'Anse, 
en  1025,  1070,  1100,  1112. 
Ansio.  St-Jouin. 

Ansuiscum,  Ansouis,  en  Provence. 
Aniaiidros,  Antandro,  à  présent  St-Démétrius  dans 
l'Anaiolie.Ce  n'est  plus  qu'un  village. 

Anlimonasterium,  Ermontier,  ancienne  abbaye  en 
Limousin. 

Aniiniaeum,  Aniigny,  en  Poitou,  diocèse  de  Poi- 
tiers. 

AiiiinoiKc,  Anlinoïies,  habitants  d'Antinoé,  ville 
de  la  haute  Egypte,  niéiropole  de  la  première  Tbé- 
baide,  dans  le  pairiarrat  d'Alexandrie.  On  voit  ses 
ruines,  de  marbre,  dans  le  Saïd  ,  sur  les  bords  du 
Nil. 
Antinopolis  et  Antinoiis,  Antinoé  ou  Antinnple. 
Atttiochens's ,  se,  d'Anlioche.  Antiochenses,  ium, 
les  habitants  d'Anlioche.  Concilium  Antiochense,  con- 
cile d'Antioche  en  Carie,  vers  368.  Voyez  Anlio- 
ehenus. 

AiUiochenus,  a,  um,  d'Antioche,  qui  est  d'Aii- 
tiocJie.  Quatorze  conciles  d'Antioche  de  Syrie,  en 
252.  265,  270,  340,  3il,  343,  356,  357,  300,363, 
378,  «3,  m,  llôiJ. 

Aniiochia,  Aniioche,  ville  épiscopale,  puis  patriar- 
cale, aulrefii-  capitale  de  la  Syrie  et  de  tout  l'Orient. 
I  Ville  de  la  Carie.  |  Ville  principale  de  la  Pisi- 
die.  I  Autre  ville  de  l'Asie  Mineure.  |  Petite  ville 
de  la  basse  Thébaide.  |  Nom  commun  à  Plusieurs 
lieux. 
—  Migdoniœ.  V.  Nisibe. 
Aiiiipolis,  Antibos,  ville  de  Provence,  diocèse  de 
Fréjus. 

4ii/is!torfurum,Auxerre.  Le  nom  latin  de  celte  ville 
a  éprouvé  de  nombreuses  vicissitudes.  C'est  Aniis- 
sioilurum,  AUissiodorum,  d'après  Baudrand  ;  Aulosi- 
rforiim,  d'après  Ammien-Marcellin;  Autussiodurum  , 
dans  lu  Table  de  Peutiiiger  ;  Aiiiisiodoitim,  Autesio- 
dorum  dans  l'Itinéraire  d'Aiiionin  ;   civilas  Auiisio- 


dorensium  dans  les  anciennes  notices  des  provinces 
et  des  villes  de  France.  La  chronique  de  Prosper 
dit  Aulisiodorum,  et  civilas  Aulissiodorum  se  lit  dans 
la  chronique  de  Robert  d'Auxerre.  Ce  dernier  nom 
à.'Autissiodorum  est  fréquent  dans  les  écrils  d'une 
loule  d'auteurs  mentionnés  par  Adrien  de  Valois, 
Notil.  Gatl. ,  pag.  t9.    L'Auxerrois  et  sa  capitale 
Auxerre,  dit  le  savant  abbé  de  Longuerue  (Descrip. 
delà  France,  part,  i,  pag.  290),  ont  pris  leur  nom 
à'Autiss'odorus,  dont  on  a  en  vain  cherché  l'élyino- 
logie;  car  ce  mot  est  lire  ou  corrompu  de  la  langue 
celtique,  qui  nous  est  inconnue.  Auiissiodonis  n'était 
pas  chef  d'un  peuple  ,  et  ne  se  trouve  dans  aucun 
auleur  grec  ou  latin  plus  ancien  ([u'Ammien-Marcel- 
lin,  qui  fait  mention  d'Aitiesodorus  ;  car  c'est  ainsi 
que  cet  historien  nomme  celle  ville  ,  que  les  empe- 
reurs romains  érigèrent  en  cité  ,  en  la  séparant  d'un 
peuple  qui  ne  peut  avoir  été  autre  que  celui  de  Sens, 
sa  métropole.  —  Après  la  chute  de  l'empire  romain 
occidenial.  Au xerre  tomba  au  pouvoir  desFranks, 
sans  que  jamais  celte  ville  ait  été  soumise  aux  rois 
bourguignons.  Clovis  en  fut  maître,  et  elle  échut  en 
partage  à  son  lils  Clodoniir.  Contran  ,   fils  de  Clo- 
taire  I",  fut  aussi  maître  d'Auxerre,  et  il  eut  aussi 
le  royaume  de  Bourgogne  ;  c'est  pour  cela  que  quel- 
ques auteurs  anciens  mettent  Auxerre  dans  ce  royau- 
me. —  Les  comtes  qui  ont  giinverné  celle  ville  n'en 
ont  jamais  été  seigneurs  propriétaires,  non-seulement 
sous  les  Mérovingiens,  mais  sous  les  Carlovingiens. 
Ce  fut  sous  ceux-ci  que  le  comté  d'.Auxerre,  qui  avait 
alorsauiaritd'élendueqnelediocèse,  fut  donné  par  les 
roisà  l'évêqueel  à  l'église  caihéJralede  Saijit-tiien- 
ne.  Les  évêques  donnèrent  en  fief  plusieurs  grandes 
seigneuries,  comme  Gien  et  Donzy,  à  divers  laïques, 
et  Auxerre,  à  la  charge  que  ses  seigneurs  seraient 
tenus  de  faire  foi  et  bomniage  à  ces  prélats.  Ce  fut  à 
ce  litre  que  Landry,  comie  de  Nevers,  fut  c.rnitc- 
propiiéiaire  d'Auxerre,  sous  le  règne  de  Robert,  et 
sous  rép.scopat  de  Hugues  de  Challon,au  commence- 
ment du  xi'  siècle.  Carreau,  dans  sa  Uescription  de 
Bourgogne,  p.  351,  édit.  de  1734,  dit  que  le  premier 
comte  d'Auxerre  dont  on  ait  connaissance  fut  Pénius, 
et  ensuite  Mi.mmos,  son  fils,  dans  le  vi«  siècle  :  Er- 
menolde  l'était  en  708.  Jean  IV  de  Cliâlons  vendit  le 
comté  d'Auxerre,  en  1570, auroideFrance  Charles  V, 
qui  le  réunit  à  la  couronne;  mais  en  1435,  il  fut  cédé 
avec  ceux  de  Màcon  et  de  Bar-sur-Seine,  par  le  roi 
Charles  Vil ,  an  duc  de  Bourgogne  Philippe  le  Bon  , 
pour  les  tenir  en  pairie,  de  même  que  le  duché,  .i  la 
charge  du   ressort  de  ces  comtés  au  parlement  de 
Paris.  On  voit  que  l'origine  d'Auxerre  doit  remonler 
à  une  époque  reculée  ;  elle  était  déjà  célèbre  lors  de 
la  conquête  de  la  Gaule  par  les  Romains,  sous  le  nom 
à" Aulissiodorum.   On   y   a   trouvé  dans  les  fouilles 
beaucoup  d'antiquités  ,  entre  autres  plusieurs  coins 
de  médailles,  ce  qui  fenit  présumer  qu'elle  avait  an- 
ciennement un  hôtel  des  monnaies.  Elle  a  été  ravagée 
par  les  Huns,  les  Sarrasins,  les  Normands,  les  An- 
Clais  elles  calvinistes.  Elle  fui  la  résidence  des  comtes 


Kl 


DICTIONNAI-RE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  52 


de  l'Aiixerrois  avant  d'êlre  réunie  avec  ce  comié  au 
duché  de  Bourgogne  ,  et  d'  puis  à  la  couronne  de 
France.  —  Avant  la  révoluiion,  Auxerre  avait  huit 
paroisses,  quatre  abb;iyes,  p'usieurs  couvents  d'Iioni- 
ines  et  de  filles,  une  commandeiie  de  Malte,  une 
cathédrale,  une  collégiale  et  deux  hôpitaux  ,  un  sé- 
minaire dirigé  par  des  prêtre*  de  la  Mission, diis  La- 
larlsies ,  et  un  collège  où  les  Jésuiies  enseignaient 
jusqu'à  la  théologie  exclusivemeni.  La  cathédrale  est 
remarquable  par  lu  grandeur  et  1  elévaiion  de  tA  nef, 
et  par  ses  vitraux  si  curieux  ,  si  naïfs  et  si  intéres- 
sants ;  l'église  Saint-Pierre,  par  une  belle  tour  et  un 
mélange  singulier  d"arcliiiec(ure  gothique  et  mo- 
derne. Le  palais  épistopal  n'a  rien  de  beau,  quoique 
trcs-vanié  par  les  géograplics.  Dans  l'abbaye  de  St- 
Germain,  d'utie  arcliiiecture  romane,  on  comptait 
jusqu'à  60  corps  saints  ei  une  qnaniiié  prodigieuse 
de  reliques.  Ce  furent  les  papes  Nicolas  1=',  Jean  VUI 
et  Jeanl.K  qui  enrichirent  celte  égli-e  de  ces  reliques, 
qui  étaient  dans  des  grottes  que  Conrad  ,  frère  de 
l'impératrice  Judith,  ei  al>bé  commeudataire  de  Saint- 
Germain  ,  avait  lait  bàùr  en  8-0.  Séguier,  évé  ;ue 
d' Auxerre,  lit  ouvrir  tous  les  tombeaux  en  1636,  et 
dressa  un  pnitès-verbal  de  l'état  oii  il  avait  trouvé 
les  corps  sainis.  On  conduisait  d'aboid  les  curieux  au 
tombeau  de  saint  lléribalde,  prince  de  la  maison  de 
Bavière ,  qui ,  sous  Cliarleuiagne ,  Li>ui»  le  Dé- 
bonnaire et  Charles  le  Chauve ,  eut  beaucoup  de 
part  au  gouvernement  de  l'Etat.  Héribalde  fut  moine, 
puis  abbé  de  ce  monastère  ,  etilin  évêque  d'Auxerre 
et  arcbicliapelain ,  c'est-à-dire  grand  aumônier 
de  France.  On  voyait  ensuite  le  lombeau  de  saint 
Fraterne,  évéqiie  d'Ausent-,  qui  lut  martyrisé  le  29 
septembre  481 ,  celui  de  saint  Abbiui  ,  frère  de  saint 
Héribalde,  rel.gleux  de  ce  monastère  et  sucresseur 
de  son  frère  dans  l'évéclié  de  cette  ville.  Le  même 
évéque,  Séguier,  rapnorie  qu'il  trouva  le  corps  de  te 
saint  revêtu  d'uu  ciliée,  d'un  habit  religieux  et  de  ses 
habits  pontilicaux  ;  que  son  habit  était  fat  de  la 
même  manière  que  celui  des  religieux  d'aujourd'hui, 
mais  que  sa  couleur  était  d'un  noir  naturel  et  non 
pas  de  teinture.  On  trouva  d,.ns  celui  de  saint  Cen- 
sure, évéque,  le  corps  de  ce  saint  avec  une  cliàsse 
remplie  de  reliques.  Le  pilier  qui  était  près  de  l'autel 
de  saint  Beneîi  portail  celle  inscription  :  Polvan- 
DRlON,  c'est-à-dire  cimetière  des  sainis.  Ce  pilier  , 
profond  de  lOpieds,  était  fait  comme  celui  qui  est  près 
de  Saint-Pierre  de  Rome.  L'évéque  Séguier  y  trouva 
30  corps  saints,  avec  les  instrumentsdeleur  pénitence 
et  de  leur  martyre.  A  la  fenêtre  de  Saint-Benoît 
étaient  les  religieuses  trouvées  avec  le  corps  de  saint 
Censure.  Dans  la  chapelle  de  Sle-.Maxirae  reposaient 
les  corps  de  sainte  Maxime,  dame  italienne,  qui  vint 
en  France,  à  la  suite  du  corps  de  saint  Germain  , 
lorsqu'on  le  transporta  à  Auxerre  de  Ravetnie,  où  il 
mourut;  de  saint  Optât, évéque  d'Auxerre  et  de  deux 
autres  sainis.  L'église  de  celte  alib  lye  renfermait  les 
sépultures  de  plusieurs  saints  évêques,  religieux  et 
autres.  Le  corps  de  saint  Geruiain  avaii  été  mis  dans 


une  châsse  d'or,  enrichie  de  pierreries  du  plus  grand 
prix  ;  mais  elle  fut  enlevée  par  les  réformés  ,  et  les 
reliques  dispersées ,  en  sorte  qu'il  ne  reste  plus  dans 
ce  loiiibeau  que  de  la  cendre  du  corps  de  ce  saint  et 
quelques  petits  ossements.  Il  existait  encore  dans 
cette  église  les  corps  et  les  reliques  de  plusieurs  au- 
tres saints.  L'abbaye  de  Si-Germain  d'Auxerre  était 
de  l'ordre  de  St-Benoît  et  de  la  congrégation  de  St- 
Maur.  Elle  fut  fondée,  en  iii,  par  saint  Germain  , 
dans  sa  maison  paternelle.  Il  dédia  cette  église  sous 
le  nom  de  Saint  Maurice,  et  y  mit  pour  la  desservir 
le  saint  prêtre  Saturne  et  des  religieux.  C'est  là  qu'il 
fui  enterré  en  448,  ei  l'église  ayant  été  rebâtie  avec 
plus  de  ma;?niûcence  par  sainte  Clotilde,  environ 
l'an  SOO,  elle  prit  le  nom  de  S::iiit-Germain,son  fon- 
dateur, qu'elle  conserva.  Cette  abbaye  valait  8,000 
liv.  de  revenu  à  l'abbé,  et  0,000  liv.  aux  religieux. 
—  Celle  de  Sainl-Marian  d'Auxe  re  éiait  de  l'ordre 
des  Préinonirés.  Elle  avait  été  fondée  par  saint  Ger- 
main, évéque  d'Auxerre,  sous  l'invocation  de  Saint- 
Côine  et  de  Saiut-Damien.  Sainl-Marian  ,  qui  s'y 
s.nciilia.  fut  cause  qu'on  lui  donna  son  nom.  Elle 
fut  ruinée  par  les  ISoruiands  en  90^;  les  Prémontrés 
s'y  établirent  vers  l'an  1159;  les  proiesianls  la  dé- 
truisirent 1  II  1365,  ei  la  comuiunauté  fut  transférée 
dans  réï;lise  de  Notre  Dame-de-la-Deliors.  L'abbaye 
de  Saint-Julien  d'.Auxerre  était  de  (illes  et  de  l'ordre 
de  Saint-Bi'uuît.  Elle  avait  été  fondée,  en  620,  par 
saint  Pallade,  évéque  d'Auxerre,  sous  le  litre  de 
Sailli-Julien,  dans  le  faubourg  Saint-Martin  ,  qui  en 
dépendait,  tant  pour  le  spirituel  que  pour  le  tempo- 
rel. Celle  des  Iles  à  Auxerre  éiait  de  l'ordre  de  Cî- 
teaux  ;  elle  avait  environ  5,000  liv.  de  revenu,  tant 
pour  l'abbesse  que  pour  les  religieuses.  —  La  ca- 
thédrale, dédiée  à  saint  Etienne,  n'a  rien  de  remar- 
quable que  leehœnr.  Le  chapiiie  était  composé  d'un 
doyen  qui  était  la  première  dignité,  et  élu  par  le  cha. 
pitre  ;  il  piirtait,  dans  les  cérémonies  et  aux  grandes 
fêtes,  la  soutane  et  le  rochet  ;  il  avait  succédé  au  pré- 
vôt ,  dont  la  dignité  avait  été  supprimée.  Les 
autres  dignités  étaient  les  deux  archidiacres, le  chan- 
tre, qui  était  élu  par  le  chapitre,  le  trésorier  et  le  pé- 
nitencier; il  y  avait  dans  ce  chapitre  52  canonicais, 
dont  le  revenu  de  chacun  n'allait  pas  à  cent  écus.  Les 
comtes  de  Chàlelux  jouissaient  du  privilège  d'êlre 
clianoines-nés  d'Auxerre,  et  avaient  droit  d'assister 
au  chœur  botiés  et  l'oiseau  sur  le  poing,  et  d'exiger 
rélribuiion  pour  leur  présence.  Cette  concession  avait 
éié  faiie  à  Claude  de  Beauvoir,  seigneur  de  Châtelux, 
le  16  août  1423,  en  re^  annaissance  de  ce  qu'il  avait 
remis  au  chapitre  de  Sainl-Eiienne  d'Auxerre  la 
ville  de  Cravanl,  qu'i7  ni'rti(  défendue  contre  ceruins 
volurs  et  robeurs,  l'an  1423.  Noire-Dame  de  la  Cité 
était  nue  éi;lise  collégiale  dans  l'enceinte  de  ce  qui 
faisait  l'aiicienne  ville  d'Auxerre.  Ce  chapitre  était 
composé  d'un  chantre,  d'un  trésorier  et  de  dix-huit 
chan  dues.  —  L'évêché  d'Auxerre  reconnaissait  saint 
Peregrin  pour  ' on  premier  évéque.  Il  avait  été  en- 
voyé en  261  par  le  pape  Sixte  11,  et  martyrisé  sous 


GEOGIIAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


54 


AuréUen  en  263.  L'évêclié  d'Aiixerre,  exenipl  de 
régale,  fui  érigé  dans  le  iii"=  siècle,  il  élail  le  pre- 
mier suffragaiit  de  rarcUevêclié  de  Sens  ,  el  jouis- 
sait de  plus  de  30,000  liv.  de  revenu.  Cet  évêque 
entrait  aux  .isseniblces  des  élats  de  la  province 
cl  prenait  la  qualité  de  comie  d'Auxerre.  Le  comte 
d'Auxerre  ou  celui  qui  le  représentait,  les  Laruns 
Donzy,  de  Saint-Vr;iin  ei  d(!T(>ucy,  relevant  de  l'é- 
Téciié,  devaient  liommat^e  à  Pévè  iue.  Ils  perlaient 
le  dais  au  jour  de  son  entrée  solennelle,  et  le  prélat 
même  dans  un  fauteuil,  depuis  l'église  de  Saint-Ger- 
main jusqu'à  la  cathédrale;  ce  qui  ne  fut  plus  ob- 
servé aux  entrées  des  quatre  derniers  évoques. — La 
ville  d'Auxerre  est  dans  une  situation  agréable,  en- 
tourée de  riches  coieaux  couverts  de  vignes,  qui 
produisent  d'excellents  vins,  dont  les  plus  renommés 
iunt  ceux  de  la  Cliaineiie  el  de  Migraine.  Elle  est 
bâtie  sur  le  penchant  d'une  colline  qui  s'abaisse  sen- 
siblement jusqu'à  la  rive  gauche  de  l'Yonne.  On  y 
trouve  plusieurs  beaux  quartiers  et  de  belles  mai- 
sons de  construction  mndernc,  suiloul  sur  le  quai 
qui  borde  l'Yonne;  cette  rivière,  animée  par  une 
navigation  active,  forme  en  face  d'A'^xerre  une  petite 
tle  ombragée  d'arbres  et  occupée  par  des  inmilins 
qui  en  rendent  l'.ispeci  délicieux.  Dans  le  quartier  le 
plus  élevé  se  trouve  une  belle  fontaine  publique, 
donl  les  eaux  proviennent  de  sources  situées  sur  les 
coteaux  voisins,  et  sont  amenées  d'un  quart  de  lieue 
par  des  conduits  souleirains.  C'est  dans  cette  ville 
que  fut  imaginé,  en  1040,  le  serpent,  insirumeni  de 
musique  d'église.  Sa  popul.  est  de  12,000  bab.  L'ar- 
rondissement d'Auxerre  renferme  151  communes  et 
iOT,200  bab.  Il  est  divisé  en  12  cantons  :  Auxerre 
(2cani.  ),  Chablis,  Coulangela-Vineuse,  Coulange- 
siir- Yonne,  Coiirson,  Ligny-le-Cliàtt;l,  Saiul-Floren- 
lin,  .S^ini-Sauveur  en  Puisayi»,  Seignelay,  Toucy  et 
Yernianton.  Auxerre  a  des  fabriques  de  boimeierie, 
chapellerie,  tonnellerie,  de  grosses  draperies,  de 
couvertures  de  laine,  de  cordes  à  violon,  de  futail- 
les, de  faïence,  ainsi  que  des  filatures  de  coton  ;  on 
y  remarque  aussi  des  brasseries  et  des  t^mneries.  Elle 
fait  le  commerce  de  bois  et  charbon,  de  l'ocre  ex- 
ploité à  Pouirain,  du  vin  de  son  territoire,  qui  est 
très-estime;  d'épicerie,  chanvre,  cuir,  fer,  acier, 
cercles,  feuillettes,  etc.  Plus  de  cent  mille  cordes  de 
bois  flotté  passent  par  an  devant  cette  ville  pourl'ap- 
pruvisionnemeni  delà  capitale.  Six  foires  se  tiennent 
par  an  dans  cette  ville,  où  il  y  a  un  dépôt  royal  d'é- 
talons. Auxerre  est  h  78  kil.  S.-S.-O.  de  Troye>,  1  i* 
N.-O.  de  Dijon,  118  N.  de  Nevers,  58  S.  de  Sens, 
166  S. -E.  de  Paris.  Auxerre  est  la  patrie  de  saint 
Germain,  de  l'abbé  Jean  Lebeuf,  historien,  voyageur 
et  anti()uaire,  né  en  1687,  mort  à  Paris  en  1760;  de 
Germain  Urice  ou  Brixius,  auteur  de  poésies  latines, 
mon  eu  1ù2S;  de  Guillaume  Daubenton,  Jésuite, 
orateur  el  biographe,  né  en  1648,  mort  en  1723  ;  de 
Jeau-Bapiisie  Duval,  littérateur  et  antiquaire,  ir.ort 
en  1031.  Auxerre  eslle  chef-lieu  de  pr;'le<  tiiredu  dé- 
partement de  l'Yonne;  elle  a  un  iribun M  de  ure- 


iiiière  instance  divisé  en  deux  chambres  du  ressort  iîe 
la  cour  royale  de  Paris.  Son  évêcbé,  si  ancie:i,  si 
illustre,  snp))rinié  par  le  concordat  de  1801,  avait  éié 
rétabli  par  celui  de  1817;  mais  ce  dernier  concordai 
n'ayant  pas  reçu  son  exécution  par  des  conventions 
postérieures  arrêtées  entre  le  saint-siége  el  le  gon- 
verneinenl  franç;iis,  le  siège  épiscopal  d'Auxerr<i  est 
resté  déliniiivemenl  supprimé,  et  la  ville  comprise 
dans  le  diocèse  de  Sens. 

Antoltium  ou  A//o/io/uHj,  Antouillet,  viliag«  dans 
l'ancien  diocèse  de  Charlres,  actuellement  dans  celui 
de  Versailles,  rautun  d^;  Montforl-l'Amaui y,  arron- 
dissement de  Kamiiouillei,  départemenl  de  Seine-et- 
Oise.  Le  château  est  remarquable  par  sin  site  agréa- 
ble, ses  points  de  vue,  ses  jardins  el  ses  fontaines, 
dont  les  eaux  remplissenl  en  tout  temps  les  lossés  qui 
enioiiieni  cette  belle  propriété.  La  popubiiion  de  ce 
village  est  de  260  babiiaiils  environ,  y  compris  plu- 
sieurs maisons  isolées  qui  en  fout  partie.  Les  princi- 
pales produciioiis  du  terroir  sont  en  grains,  une  partie 
est  en  vignes.  Aniou.llet  est  à  7  kil.  au  nord  de 
Monlfori  ;  sa  distance  de  Paris  est  de  31»  kil.  à  l'ouest 
par  les  liordes-Pont-Cbarirain  et  la  grande  roule  de 
Brest.  Poste  aux  lettres  de  Munifort-l'Amaury. 

An(oHa,  et  Atona,  l'Autone,  affluent  de  l'Oise.  C'est 
une  petite  rivière  qui  prend  sa  source  près  de  Vil- 
lers-Colierets,  au  diocèse  de  Soissons  ;  elle  passe  k 
Lieu-Uesiauré,  Pouldron,  Je  Fresnois,  bélhancourt, 
Saint-.Murlin  et  Sainlines.  Elle  se  jette  dans  l'Oise, 
près  de  Verberies  ,  après  un  cours  de  55  kil.  envi- 
ron. Celle  rivière  est  llollable  depuis  b-s  environs  de 
Villers-Cottereis  jusqu'à  sou  embouchure,  sur  une 
étendue  de  25,100  mètres. 

Anioiiius  Saiicius  in  Cumpis,  abbaye  royale  de 
Sainl-.\iitoiiie.  Elle  se  trouvait  à  Paris  dans  la  rue 
du  faub.iurg  S;iinl-Anloine.  Son  origine  est  asseï 
obscure,  comme  celle  de  presque  tous  les  établisse- 
ments anciens.  Elle  fut  fondée  vers  la  fin  du  xil» 
siècle;  el  voici  à  quelle  occasion,  d'après  le  récit  des 
légendaires  de  l'époque.  Saint  Antoine,  sous  la  forme 
d'un  ermite  portant  à  son  bras  un  panier  rempli  de 
pierres,  apparut  à  des  Itgais  envoyés  par  le  pape. 
Le  saint,  en  jetant  ses  pierres,  traça  une  ligne  autour 
d'une  certaine  éiendiie  de  terrain  sur  lequel  il  de- 
manda qu'on  bàiit  une  église,  el  disparut.  Il  existait 
déjà  dans  cet  endioit  une  petite  chapelle  qu'un  nom- 
mé Robert  de  Mauvoisin  avait  dédi.  e  à  sai.it  Pierre, 
suivant  quelques  historiens,  et  à  saini  Antoine,  selon 
d'autres. 

Foulques,  curé  de  Neuilly-en-Brie,  zélé  prédica- 
teur, qui  possédait  le  talent  propre  à  émouvcir  la 
mullilude,  avait  converti  plusieurs  femmes  de  mœurs 
déréglées  qui  paraissaient  dispuser  à  mener  une 
meilleure  vie.  Les  libéralités  de  quelques  personnes 
pieuse»  le  mirent  en  élat  de  faire  construire,  |  rès  de  ' 
celte  chapelle  Saint-Pierre  ou  Saint-Antoine,  nn_bà- 
timetii.  oit  il  réunit  ces  filles  repenties.  1\ 
les  commencements  de  l'abbaye  Sainl-^ 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


|ps  uns  placenl'eii  l'année  1181  ou  liS2,  d'autres  eu 
H93,  d'autres  enlin  eu  11G8. 

II  y  a  lieu  de  croire  que  Foulques  n'avait  voulu 
que  ménager  un  asile  à  ces  femmes  nouvellement 
converties,  pour  les  empêcher  de  retomber  dans  le 
libertinage;  mais  après  sa  raort,  qui  arriva  peu  de 
temps  après,  Eudes  de  Sully,  évêque  de  Paris,  leur 
conseilla  d'embrasser  la  vie  monastique.  Ces  pauvres 
filles,  qui  auraient  sans  doute  été  fort  embarrassées 
de  leurs  personnes  en  rentrant  dans  le  moude,  sui- 
virent ce  conseil,  et  c'est  véritablement  de  celte  épo- 
que que  date  la  fondation  de  l'abbaye. 

Eudes  de  Sully,  s'attachant  à  son  œuvre,  plaça  ces 
nouvelles  religieuses  sous  la  direction  de  l'abbé  de 
Cîteaux,  dont  il  leur  fit  embrasser  la  règle;  il  les 
affraiicbit  de  la  dépendance  de  l'ordinaire,  et  leur 
accorda  toutes  les  prérogatives  dont  jouissaient  les 
maisons  de  cet  ordre. 

En  l'an  1210,  le  pape  Innocent  III  plaça  ce  nou- 
veau monastère  sous  sa  protection.  A  peu  près  à  la 
même  époque,  Louis  VIII  lui  fit  une  donation  de  280 
arpents  de  terre  situés  entre  Paris  et  Vinceiines. 
C'est  apparemment  à  cette  donation  qu'il  faut  rap- 
porler  l'oiigine  des  droits  seigneuriaux  dont  jouissait 
l'abbaye.  L'abbesse  était  dame  du  faubourg  Saint- 
Antoine.  Ce  faubourg,  la  grande  rue  qui  le  traverse, 
et  même  la  rue  Saint-Antoine,  dans  Paris,  ont  pris 
leur  nom  de  cette  abbaye. 

Ces  religieuses  se  contentèrent  d'abord  de  la  cha- 
pelle qui  exisiail  près  du  couvent,  et  qui  fut  ensuite 
enfermée  dans  leur  enclos.  M«is  on  bâtit  plus  lard 
une  église  qni  fut  dédiée,  le  2  juin  1223,  à  la  sainie 
Vierge  et  à  saint  Antoine,  par  Guillaume,  évéïuede 
Paris,  assisté  de  plusieurs  autres  évêques.  Le  roi  et 
la  reine  furent  présents  à  cette  cérémonie. 

Quelques  bistoriens  font  honneur  à  Louis  IX  de 
la  fondotion  de  celle  église,  qui  existait  enrore  au 
commencement  de  la  i  évolution  ;  mais  il  est  plus  vrai- 
semblable qu'elle  fut  construite  aux  frais  du  seigneur 
de  Saini-Mandé,  qui  y  dépensa  des  sommes  considé- 
rables, et  donna  30  arpents  de  terre  au  couvent. 

En  12i8,  Louis  IX  donna  à  cetie  abbaye,  qui  va- 
lait 23,000  livres  de  rente,  un  amortissement  pour 
tous  les  biens  qu'elle  possédait,  et,  en  1258,  il  lui 
iiccorda  une  exemption  de  péages. 

L'église,  monument  gothique  fort  estimé,  se  faisait 
remarquer  par  son  chevet,  d'une  grande  délicatesse 
de  construction;  par  le  double  rang  de  ses  vitraux. 
La  nef  était  accompagnée  de  deux  bas-côiés,  au-des- 
sus desquels  s'élevaient  de  petites  arcades  vitrées,  et 
des  galeries  où  se  plaçaient  les  pensionnaires  pen- 
dant l'office.  La  chaire  du  prédicateur,  mobile  et  d'un 
beau  Irav  il,  était  un  ouvrage  en  fer,  tout  à  jour,  orné 
de  feuillages  en  tôle  irès-bien  exécutés. 

On  voyait  dans  cette  église  les  tombeaux,  en  mar- 

I  re  noir,  de  Jeanne  et  de  Bonne  de  France,  filles  de 

Charles  V,  mortes  toutes  deux  en  1560.  Leurs  sta- 

^-   lues,,  en  marbre  blane,  et   leurs   tombeaux  ont  été 

^^j'\inién  en  1793.  Au  milieu  du  chœur  éiait  la  tombe  de 


madame  de  Bourbon,  avant-dernière  abbesse,  morte 
en  1760.  Le  sanctuaire  avait  été  réparé  en  1770,  sous 
la  direction  de  M.  Lenoir-le-Iiomain,  et  à  la  même 
époque,  cet  architecte  fut  chargé  d'agrandir  et  d'em- 
bellir les  bâtiments  du  monastère,  qui  étaient  vastes 
et  d'une  belle  ordonnance. 

Le  corps  de  Charles  V,  mort  le  16  octobre  1380, 
fui  déposé  dans  l'église  de  l'abbaye  Saini.  Antoine,  et 
y  demeura  jusqu'au  i  novenibre  suivant.  Le  corps 
de  Jeanne,  troisième  femme  et  veuve  de  Cliarles  la 
Bel,  y  fut  également  déposé  après  sa  mort. 

L'enclos  de  l'abbaye,  qui  contenait  quatre  à  cinq 
arpents,  était  entouré  de  hautes  murailles  et  d'un 
fossé.  A  l'angle  que  forme  cet  enelos  avec  la  rue  de 
Reuilly,  on  remarquait  une  croix  que  Louis  XI  fit 
élever,  dit-on,  pour  perpétuer  le  souvenir  de  la  per- 
fidie des  chefs  de  la  ligue  du  bien  public,  qui,  après 
avoir  conclu  un  traité  avec  lui,  s'étaient  révoltés  de 
nouveau. 

Au  commencement  du  xiv*  siècle,  54  ou  è'6  leni- 
pliers  furent  brûlés  derrière  l'enclos  de  l'abbaye 
Sainl-Antoine,  par  ordre  de  Philippe  le  Bel,  avec 
des  rafiiuemenls  de  cruauté  qui  font  frémir.  Depuis 
la  révolution  de  80,  les  bâtiments  de  l'abbaye  ser- 
vent d'hôpital  pour  les  eofanis. 

Antrensis,  se,  d'Aindre,  de  St-Uerblond. 

—     Insuta.  V.  Anlruni. 

Aniricum  et  Antriginum ,  Andrelte  ou  ÂindreKe, 
près  de  St-Herblond  en  Bretagne. 

Antrum,  l'Antre  et  depuis  Aindreou  St-Herblond, 
ile  et  abbaye  de  la  Loire,  à  présent  absorbée  dans 
les  eaux  près  de  Nantes  en  Bretagne. 

Antiterpia  et  Anluerpin,  Anvers,  ancienne  ville 
épiscopale  de  la  Belgique,  diocèse  de  Maiines. 

Anxiacum,  Ancy-le-Duc,  bourg  du  département  de 
Saône-et-Loire,  au  diocèse  d'Autun. 

Apamiœ,  arum,  Pamiers  ou  Pâmiez,  ville  épisco- 
pale au  comté  de  Foix  en  Languedoc,  département 
de  l'Aiiége. 

Apamiensis,  se,  de  Pamiers. 

Aphroditias,  St-Théodore  en  Cllicie. 

Appamiœ,  arum,  Apamée,  à  présent  Haraa,  ville 
de  Syrie  sur  l'Oronte.  |  Ville  de  Phrygie  sur  le 
Méandre.  |  Ville  ancienne  de  Bithynie.  La  première 
de  ces  villes  éiait  métropole  de  la  seconde  Syrie. 
Lors  des  croisades,  elle  eut  un  archevêque  latin. 
C'est  aujourd'hui  un  bourg  du  patriarcat  d'Anlioche, 
habité  par  des  chrétiens  et  des  Turcs.  La  seconde 
est  un  bourg  nommé  Aparois,  et  la  troisième ,  vers 
la  mer  de  Marmara,  n'est  plus  qu'un  monceau  de 
ruines. 

Appamiensis,  se,  d'Appamée. 

Appia ,  la  voie  Appienne. 

Aprui'tum,  Abruzze,  contrée  du  royaume  de  Naples 
en  Italie. 

Apta  ou  Apla  Julia,  Apt,  ancienne  ville  épiscopale 
en  Provence,  au  diocèse  d'Avignon,  dépaneinenl  de 
Vaucluse.  Il  s'y  lint  un'  concile  sous  le  pape  Ur> 
bain  V. 


67 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


58 


Apulia,  la  Puullie;  contrée  du  royaume  de  Naplcs, 
en  Italie.  Ce  pays  est  pariiculièrenient  remarquable, 
parce  qu'où  n'y  trouve  ni  sources,  ni  ruisseaux,  en 
sorte  que  l'on  n'y  boit  que  de  l'eau  de  citerne.  La 
rosée  remplace  l'eau  pour  les  grains  et  les  vignes. 
Quant  aux  plantes  des  jardins,  on  les  humecte  avec 
de  l'eau  sauniâtre  des  puits.  La  côte  maritime  qui 
s'étend  de  Manfredonia  à  Barletia  n'est  composée 
que  Je  sables  et  ne  produit  que  des  buissons.  C'est 
sur  cette  côte  que  se  fait  en  avril  et  mai  la  pêche  du 
c.ilemar.  Dans  les  premiers  siècles,  la  Fouille  (Apu- 
lia) dépendait  de  la  métropole  de  Rome,  depuis  elle 
a  reulermé  les  archevêcliés  de  Nazareth,  de  Trani, 
de  Bari,  d'Acerenza,  et  vingt-quatre  évêchés. 

Aquapendeiis,  Aquapendente,  petite  ville  d'Italie 
dans  les  Etats  romains  ;  on  y  transféra  l'évêché  de 
Castro  en  1650. 

iqua  Sparsa,  Aigue-Perse,  dans  la  Limagne  d'Au- 
vergne, diocèse  de  Clermont-Ferrand. 

Aquœ  Auguitœ.  V.  Tarbellœ.  \  Rayonne,  ville 
épiscopale  du  département  des  Basses-Pyrénées. 

—  t'onvenarwHi,  Aques,  dans  l'ancien  diocère  de 
Comminges. 

—  Durœ,  Rades,  grand  duché  de  ce  nom,  attire 
tous  les  ans  beaucoup  de  monde  par  la  réputation 
de  ses  eaux  thermales  et  le  pittoresque  de  ses  ea- 
virons. 

—  Durœ  Gradaiœ,  les  eaux  de  Grado,  à  présent 
St-Cassien  ou  Sl-Cantien,  bourg  de  l'ancienne  Aqui- 
lée  en  Italie. 

—  Grani.  V.  Aiuisgranum. 

—  Neri.  V.  Neris. 

—  Salviœ.  Le  monastère  de  St-Athanase  ou  des 
Trois-Fontaines,  près  de  Rome. 

—  S?.Tii(B,  Aix,  ville  métropole  en  Provence. 

—  Stalyellœ,  Acqui,  ville  épiscopale  au  Monl- 
Ferral. 

—  Tauri  ou  Aquœ  Taurinœ,  les  eaux  duT;iureau, 
lieu  de  l'ancien  Latium,  assez  près  de  Rome. 

—  Tarbellœ;  —  Tarbellicœ;  —  Tarbetlorum  ; 
Acqs  LU  Dax,  ancienne  ville  épiscopale  en  Gascogne. 

—  Tibilitinœ,  les  eaux  de  Tibile,  vers  Hippone 
en  Afrique. 

Aquensis,  se,  d'Aix.  V.  Aquœ  Sexiiœ.  Deux  conciles 
d'Aix,  en  1585,  1612. 

Aquita,  Aquila,  ville  épiscopale  de  l'Abruzze,  au 
royaume  de  Naples.  On  y  transféra  en  1257  l'évêché 
de  Furconium,  ville  ruinée  qui  en  est  voisine.  Aquila, 
outre  la  cathédrale,  compte  vingt-quatre  églises  pa- 
roissiales et  plusieurs  couvents.  |  L'Aigle,  ville  du 
diocèse  de  Séez,  département  de  l'Orne,  près  d'une 
forêt  fur  la  petite  rivière  de  Rille,  commerçante  et' 
industrielle.  C'est  un  chef-lieu  de  canton. 

Aquileia,  Aquilée.  Ville  autrefois  patriarcale,  à 
présent  presque  ruinée,  au  Frioul  en  Italie.  Elle  était 
la  métropole  des  provinces  du  vicariat  italique  con 
nues  dans  les  notices  sous  le  nom  de  Vénitienne  et 
d'Isirie,  dans  le  Frioul,  et  de  la  dépendance  de  l'Em- 
Dereur.  On  l'appelait  la  seconde  Rome,  à  cause  de 


son  commerce,  de  ses  richesses  et  de  sa  grandeur  : 
ses  évêijues  s'attribuèrent  le  titre  de  patriarche  dès 
le  vi«  siècle.  Atiila,  roi  des  Huns,  la  saccagea  en 
452.  Henri,  duc  de  Bavière,  la  prit  en  948.  Les  pa- 
pes, méconlents  des  patriarches,  transférèrent  le  pa- 
triarcat à  Grado,  bourg  de  la  province,  aujourd'hui 
Saint-Cassien  ;  mais  celte  mesure  n'eut  pas  de  suites. 
Les  patiiarches  résidaient  habituellement  à  Udine, 
ville  de  la  république  de  Venise,  aujourd'hui  du 
royaume  Lombarde-Vénitien.  Aquilée  n'est  plus  qu'un 
pauvre  bourg  qui  n'a  pas  dix-huit  cents  habitants,  et 
l'évêché  est  supprimé. 

Aquiteiensis,  se,  d'Aquilée.  Six  conciles  d'Aquilée, 
en  581,  55.5,698,78l,  1566,  1596. 
Aquilina  et  Aquilisma.  \.  Angoulême,  t.  III. 
Aquilina  tylva,  la  forêt  d'Yveline,  au  diocèse  de 
Chartres. 

Aquinas,  aiis,  d'Aquin,  qui  est  de  la  ville  d'Aquino 
ou  d'Aquin.  V.  Aquinum, 
Aquineum.  V.  Buda. 

Aquiniacus  viens  et  Aquiniacum,  Aquigny,  bourg  du 
diocèse  d'Evreux,  à  quatre  kilomètres  sud  de  Lou- 
viers. 

Aquiiio,  Eguillon  ou  Aiguillon,'petite  ville  du  dio- 
cèse d'Agen,  département  de  Lot-et-Garonne.  Elle 
avait  le  titre  de  ducLé-pairie. 

Aquinum,  Aquino  ou  Aquin,  ville  épiscopale  et 
comté  de  l'Abruzze,  au  royaume  de  Naples.  Cette 
ville  de  la  Campanie  et  du  Vicariat  romain  a  éié  rui- 
née par  l'empereur  Conrad.  L'évêque  réside  à  Ponte- 
Corvo,  petite  ville  du  diocèse.  Aquino  formait  un 
comté  qui  appartenait  à  la  maison  de  ce  nom.  C'est 
la  patrie  du  poète  Juvéiial,de  l'empereur  Pescennius- 
Niger  et  de  saint  Thomas  d'Aquin.  L'évêché  date  de 
la  lin  du  iv^  siècle. 

Aquiria,  Eivijers,  ancienne  abbaye  dans  le  Bra- 
bant,  Belgique. 

Aquiscinctium,  Anschaint  ou  Âncbin,  ancienne  ab- 
baye de  Bénédictins,  en  Flandre,  dans  une  île  de  la 
Scarpe,  diocèse  de  Cambrai,  département  du  Nord. 
L'église,  longue  de  288  mètres,  était  un  admirable 
monument  de  style  gothique.  Moniluc  la  pilla  à  la 
fin  du  xvi«  siècle,  en  fit  fondre  les  cloches  et  les  re- 
liquaires. Elle  fut  pillée  de  nouveau  et  ruinée  à  la 
révolution  française. 

Aquisgranensis,  se,  d'Aix-la-Chapelle.  Douze  con- 
ciles d'Aix-la-Chapelle,  en  789,  797,  799,  802,  809, 
816,  828,  836,  842,  860,  862,  1022. 

Aquisgranum,  Aix-la-Chapelle,  ville  du  duché  de 
Julliers,  en  Allemagne,  aujourd'hui  du  grand-duché 
du  Bas-Rhin,  à  la  Prusse. 

Aquistriœ,  arum,  Guitres  ou  Cuistres,  ancienne 
abbaye  de  Bénédictins  dans  la  .Guyenne;  c'est  au- 
jourd'hui un  village  chef-lieu  de  canton  au  diocèse 
de  Bordeaux,  département  de  la  Gironde. 

Aquilani,  orum,  les  peuples  de  l'ancienne  Aqui- 
taine. 

Aquilania,  l'Aquitaine,  l'une  des  quatre  principa- 
les divisions  de  l'ancienne  Gaule.  L'Aquitaine  coni- 


59 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


60 


preiiail  autrefois  toutes  les  provinces  renfermées  en- 
tre l'Océiin,  la  Loire,  les  Ccvennes,  la  nier  de  Lan- 
guedoc ei  les  Pyrénées.  |  La  Guienne,  province  de 
France,  partie  de  l'ancienne  Aquitaine. 

AquiUdiicus  el  Aquilanns,  a,  iim,  de  l'Aquitaine, 
qui  est  de  l'Aquitaine.  |  De  la  Guienne,  qui  est  de  la 
Guienne. 

Arabia,  l'Arabie,  vaste  contrée  d'Asie,  voisine  de 
l'Afiique,  louclianl  à  la  mer  Rouge,  berceau  de 
l'islam. 

Arabicus,  a,  um,  d'Arabie.  V.  Arabs. 

Arabissum,  Arabissa,  ville  épiscopale  en  Arménie. 
Cet  évcclié  date  du  iv»  siècle;  il  était  de  la  sec  nde 
province  d'Arménie  sous  la  métropole  de  Malaiia. 

Arabs,  Arabis,  Arabe,  qui  est  d'Arabie. 

Arœ  Lucus  et  Ara  Luci,  Arluc,  ancienne  abbaye 
en  Provence. 

Aragonia.  V.  Arragonia. 

Arar,  la  Saône,  rivière  de  France.  Saint  Jérôme 
en  parle  dans  sa  correspondance,  ainsi  queduRliône. 
La  Saône  est  un  des  principaux  aifluents  de  ce  fleuve; 
elle  prend  sa  source  dans  les  Vos^jesauprèsde  Daniey, 
arrose  en  partie  les  diocèses  de  Rosançon,  de  Dijon, 
d'Âuiun,  de  iielley  ei  de  Lyon,  qui  sont  formés  par 
les  dépai  lemenis  de  la  Haute-Saône,  de  la  Côie  d'Or, 
de  Saône-ei-Loire,  de  l'Ain  et  du  Rhône.  Elle  se 
jette  dans  ce  fleuve  au-dessous  de  Lyon,  après  avoir 
promené  ses  belles  eaux  avec  calme  el  majesié;  ses 
bords,  parsemés  de  villages  sont  en  général  fort 
piilnresques.  Elle  commence  à  être  navigable  à  Port- 
sur-Saône;  elle  reçoit  dans  son  cours  la  Vingeanne, 
rOgnon,  la  Béze,  l'Oucbe,  le  Doubs  et  la  Rossouse. 

Araiiifl.  V.  Cessarion. 

Arausia,  Araunica  et  Arausio,  Orange,  ville  épisco- 
pale de  la  premièie  Viennoise, de  l'exarcliai  des  Gau- 
les, en  Provence,  et  actuellenienl  du  diocèse  d'Avi- 
gnon, dép.irlement  de  Vaucluse.  L'évêché  daiaii  de 
581,  sons  la  méiropole  d'Arles.  Celait  une  ville  tome 
romaine  avec  des  monumenis  romains  magniliques; 
il  lui  reste  eu  pariie  un  arc  de  iriomplie.  élevé  à 
l'occasion  de  la  victoire  remportée  parM.irius  sur  les 
Cimbres.  An  moyen  âge,  elle  forma  une  principauté; 
el  la  maison  d'Oiange  prit  rang  parmi  les  familles 
princières  de  l'Europe.  En  1551,  la  principauié  pas- 
sa aux  princes  de  Nassau,  lamille  allemande,  con- 
nue dans  les  Pays-Bas  espagnols,  et  qui  avait  adopté 
le  calvinisme.  Le  fameux  prince  d'Orange,  qui  dé- 
trôna Jacques  11,  s-oii  beau-pére,  et  régna  en  sa  place 
en  Angleterre,  sous  le  nom  de  Guillaume  III,  possé- 
<Iaii  celle  principauté.  Louis  XIV  s'en  empara;  à  la 
paix  d'Uiiecbl,  il  en  obtint  la  cession  du  roi  de 
Prusse,  qui  se  portail  héritier  de  Guillaume  lll  ;  et 
depuis  ce  temps,  la  principauté  d'Oiange  est  resiée  à 
la  France. 

Arausicaiius ,  a,  um,  d'Orange.  Deux  conciles 
d'Orani;een441,529. 

Arausientis  Civitas.  V.  Arausia. 

Arbo.  V.  Abbatis  Cdla. 

Arbcna,  Arbon,  ancienne  ville  de  Suisse,  chef-lieu 


d'un  district  du  canlon  de  Turgovie,  sur  le  bord 
sud-oiiest  du  lac  de  Constance.  Arbon  avait  un  châ- 
teau bili  par  les  Romains. 

Arborica.  V.  Abrincœ. 

Arboiium,  Arbois,  ville  du  diocèse  de  Saint-Claude, 
département  du  Jura.  Il  y  avait  un  prieuré,  l'église 
paroissiale  n'est  pas  sans  intérêt  sous  le  rapport  de 
l'arcliiieclure  gothique.  Arbois  est  au  milieu  d'un 
vignoble  qui  produit  des  vins  blancs  renommés.  Les 
vins  rouges  sont  moins  connus,  el  cependant  ils  ont 
plus  de  délicatesse. 

Arcœ,  iirum,  Arques,  petite  ville  du  diocèse  de 
Rouen,  déparlement  de  la  Seine-InTérieure. 

Areea,  Arce,  ancien  ermitage  qui  a  donné  naissance 
à  un  village  de  ce  nom  dans  le  diocèse  de  Sens. 

Arceiœ  ad  Albam  et  Arciaca,  Ai civSur-Aube  ou  Arcv, 
petite  ville  de  Champagne,  diocèse  de  Troyes 

Arcella,  l'Acelle  ou  l'Arcelle,  ancienne  abbaye  de 
filles  pies  de  Brignoles  en  Provence. 

Arais  iH  BraUl,  ArchaiuLray,  petite  ville  de  Sain- 
toiige. 

Ardeatina  Via.  V.  Via. 

Ardremari.  V.  Arremarense. 

Ardtietta  ou  Ardueunu,  les  Ardennes,  forêt,  partie 
dans  le  Lnxeuibuurg,  partie  en  France;  elle  a  donné 
son  nom  à  un  de  nos  départements,  celui  des  Arden- 
nes, qui  forme  la  p;iriie  principale  du  diocèse  de 
Reims.  Cette  forêt  s'étend  sur  la  Meuse,  et  assez  loin 
de  l'ouest  à  l'est;  elle  passe  entre  Charlemont  au 
nord,  el  Rocroy  au  sud.  On  y  a  fait  beaucoup  de  dé- 
friclienienis  depuis  trente  ans. 

Arebrigum,  le  Pré-Saiul-Didier,  dans  la  Val-d'Ole. 

Aretas,  Arelale  el  Arelatum,  Arles,  ville  de  la  pro- 
vince Viennoise,  dans  l'exarcliai  des  Gaules,  sur  le 
Rhône.  Elle  n'avait  point  la  dignité  de  métropole 
civile  dans  les  notices  romaines.  Mais,  comme  au  iv« 
siècle  on  y  établit  une  justice  supérieure  pour  ce 
qu'on  noaimait  les  sept  provinces,  c'est-à-dire  pour 
les  Gaules  narbonnaise  et  viennoise,  elle  préiendail 
aux  droits  de  mtiropole  ecclésiailiqne  :  ce  qui  lui  lut 
accordé  dans  le  cimeile  de  Turin,  où  on  lui  assigna 
une  partie  des  suffragants  qui  avaient  été  sous  Vienne. 
Les  évêques  allèrent  plus  loin  ensuite,  en  aQ'ectaut 
la  priiuaiie  sur  les  sept  provinces  dont  nous  venons 
de  parler.  Dans  les  vf  el  vili^  siècles,  les  papes  ac- 
cordèrent aux  évêques  d'Arles  le  litre  de  vicaire 
apostolique  :  leur  province  lut  nommée  la  seconde 
Viennoise.  Arles  présentait  une  ville  esseuiieilement 
romaine.  L'empereur  Constantin  l'aimait  ;  il  y  résida 
et  cunlribua  à  son  embellissement.  Malgré  les  monu- 
ments qui  lui  restent  de  cette  époque,  Arles  n'est 
plus  qu'une  ville  solitaire  et  fiévreuse.  Les  marais 
dont  le  Rhône  l'a  environnée  à  son  changement  de 
lit,  occasionnent  des  fièvres  épidémiques  en  altérant 
la  salubrité  de  l'air.  Arles  faisait  un  commerce  con- 
sidérable sous  l'empire  romain,  el  ses  habitants  se 
montraient  conslrueieurs  et  naviga;eurs  renommés. 
En  1645,  un  homme  de  talent,  l'ingénieur  hollandais 
Van  Enz  entreprit  de  dessécher  les  marais  qui  envi- 


61 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


68 


roitnent  celte  malheureuse  ville.  Pour  h  sauver,  il  y 
aurait  à  continuer  celte  grande  entreprise.  Les  mo- 
uunienLs  religieux  d'Arles  uiit  disparu  en  partie,  ou 
oui  été  dénaturés.  L'église  Saiut-Tropliiaie  (l'ancienne 
cailiédrale)  a  subi  diverses  restaurations  qui  loi  ont 
enlevé  son  caractère  original  d'aicliilecture.  L'ar- 
Klievéclié  d'Arles,  supprimé  par  le  concordat  de 
1801,  n'a  pas  été  réiabfi  par  les  conveniions  posié> 
rieures  conclues  avec  le  saint-siége.  La  ville  fait 
actuellement  partie  du  diocèse  d'Aix,  département 
des  Bouclies-du-Rliône.  Les  archevêques  d'Aix  pren- 
nent le  titre  d'arcLevéques  d'Arles  aux  termes  de  la 
bulle  de  Pie  VIL 

Arelaiemii,  te,  d'Arles.  Douze  conciles  d'Arles  en 
514,  353,  45-2,  455,471,  c24,  554,  815, 1210,  1234, 
1260, 1207. 

Aretaunensis  Sylva,  la  forêt  d'Arelaune,  à  présent 
incojinue,  autrefois  près  des  Lords  de  la  Seine,  au- 
dessous  de  Pont-Audemer  en  Normandie. 

Aremorka  et  Armorica,  la  basse  Bretagne,  la  par- 
tie de  la  Bretagne  surnommée  Armoriqiie.  |  L'an- 
cienne Aquitaine.  V.  Aquitania. 

Aremorici  et  Armoricores,  la  Bretagne,  province  de 
France.  |  Les  liretons,  les  peuples  de  Bretagne.  |  La 
partie  de  Bretagne  aux  environs  de  Sainl-iLilo,  la 
basse  Bretagne.  |  L'Armagnac.  |  Lespeuplesdu  bas 
Languedoc.  La  petite  Bretagne,  AriHorica  et  Letavia, 
connue  autrefois  sous  le  nom  d'.Arinorique,  prit  son 
tioni  des  Bretons,  (qui  fuient  obligés  d'abandonner 
l'Ile  de  la  Grande-Bretagne  vers  le  milieu  du  v* 
Eiècle,  à  l'invasion  des  Anglo-Saxons.  La  Bretagne, 
avant  la  conquête  que  César  en  fit,  se  gouveinait  en 
forme  de  république  aristocraiique,  qu'on  nommait 
les  cités  Arnioriques,  c'est-à-dire  maritimes.  L'an 
382,  .Maixence  s'éiant  fait  proclamer  empereur  en 
Angleterre,  peirnit  à  Conon,  un  de  ses  lieutenants, 
de  se  déclarer  roi  de  la  Grande-Bretagne.  Ce  royaume 
subsista  pendant  (|uelqiies  siècles. 

Aremoiicus,  a,  uni,  de  Bretagne.  Concile  de  Bre- 
tagne en  '070. 

Aienœ,  arum,  Arenas,  ancien  monastère  près 
d'.\v  la  en  Espagne. 

Areolw,ariiiii,  Saint-Laurent  des  Eolsen  Sologne, 
au  Jifpcèse  d'Orléans. 

Areilmsa,  Aréthuse,  ville  épiscopale  en  Syrie.  An- 
lîienne  ville  épiscopale  de  la  seconde  Syrie,  dans  le 
patriarcal  d'Aniioche.  On  croit  la  retrouver  aujour- 
d'hui dans  le  village  nommé  Fornacusa  en  Sourie 
(Syrie). 

Areiiuin  et  Aneiium.,  Arezzo,  ville  épiscopale  en 
Toscane.  Celte  ville  eut  beaucoup  à  souilii,  des  Gotbs 
et  des  Lombaids;  elle  fut  également  saccagée  au 
moyeu  âge,  dans  la  guerre  des  Guelfes  et  des  Gibe- 
lins; elle  est  la  patrie  du  Bénédit  lin  Gui,  qui,  en 
1204,  inventa  la  gamme  du  plain-cbanl;  de  Pétrarque 
et  du  peintre  Vasari.  Quelques  auteurs  prétendent 
que  Ponce-Pilaie  y  est  né 

Argeniacum,  Argeuiac,  en  Limousin,  diocèse  de 
Tulle. 


Argeutanum,  Saint-Marc,  ville  é|.iseopale,  eu  Ca- 
labre. 

Argeiuina,  Argeniino  et  Argentinensis.  V.  Aryento- 
ralum. 

Argeiiliolce,  arum,  Argensoles,  ancienne  abbaye  de 
filles  de  l'ordre  de  Ciieaux,  dans  l'ancien  diocèse  de 
boissons.  Argensoles  est  aujourd'hui  du  département 
de  la  Marne,  diocèse  de  Cliàlons. 

Argenio,  Argenton,en  Poitou,  diocèse  de  Poitiers. 

Argenlogilum  el  Argentoilum,  Argenieuil,  pi  es  de 
Paris,  diocèse  de  Versailles  :  il  y  avait  un  prieuré. 

Argentomugensis,  se,  d'Aigenton  du  Berry. 

Aryentomaijum  el  Argentomagus,  Argenlon,  ville  du 
Berry,  diocèse  de  Bourges. 

Argentomum,  Argentan,  ville  du  diocèse  de  Séez 
en  Normandie. 

Argeuioraiensis,  se,  de  Strasbourg. 

Argeiiioraium ,  Strasbourg  ,  ville  épiscopale  de 
l'Alsace,  sur  le  Rhin. 

Argoenna,  Argonne,  en  Champagne. 

Aiyi</i«m,  Argoiine,  dans  le  Ponthieu  en  Picardie. 

Aria,  Aire,  ville  de  l'Artois,  diocèse  d'Arras. 

Arianum,  Ârian,  comté  de  la  Principauté  Ulté- 
rieure, au  royaume  de  Naples.  |  Ariano,  petite  ville 
épiscopale  et  principale  du  comté  d'Arian.  L'é^èché 
est  antérieur  au  xi°  siècle;  il  était  sous  la  métropole 
de  Béiiéveni. 

Artafi«»»i,  Arianze,  ville  du  territoire  de  Nazianze 
en  Cappadnce,  patrie  de  saint  Grégoire. 

Aridii  GumaïUia,  Aronaise,  ancienne  abbaye  de 
l'ordre  de  Saint-Augustin,  qui  était  située  enlie  Ba- 
paume  et  Péronne,  au  diocèse  d'Arms. 

Ariminemis,  $e,  de  Rimini.  Concile  de  Bimini  en 
55'J. 

Ariminium  et  Aiiminum,  ville  épiscopale  de  la  Ro- 
magne  eu  iialie,  faisait  autrefois  parlie  du  Picenum, 
dans  le  Vicariat  romain.  L'évêché  est  antérieur  au 
111°  siècle,  snus  la  métropole  de  Ravenne.  Rimini 
était  une  ville  opulente  el  considérable  ;  mais  il  ne 
lui  reste  que  le  souvenir  de  son  ancienne  splen- 
deur ;  et  son  port,  autrefois  très-bun,  est  presque 
comblé. 

Arlsilum,  Arisite  ou  Arsat,  ville  de  la  Contrée 
qu'on  noinmait  la  Vicairie  d'Arsal  dans  le  Rouergue. 
Le  roi  Thierry,  voyant  Rodez  au  pouvoir  des  Guihs, 
y  fit  établir  un  évêché  pour  le  pays  qui  restait  sous 
sa  dépendance,  l'an  625.  Cet  évéclié  fut  supprimé 
un  siècle  après.  11  y  a  déjà  longtemps  que  la  ville 
d'Arsal  est  ruinée. 

Arma,  onim,  Saint-Jacques  de  Popayan,  ville  de 
l'Amérique  méridionale  sur  la  rivière  de  Molino,  dans 
J'aïuienne  province  appelée  la  Caslille-d'Or,  aujour- 
d'hui parlie  de  la  république  de  la  Nouvelle-Gre- 
nade. Popayan,  Popaianuni,  a  été  érigé  en  évêché  en 
1547,  sous  rarchevèché  de  Santa-Fé-de-Bogoia.  Celle 
ville  a  bien  perdu  de  sou  importance,  sa  population 
esl  réduite  à 7000  habitants;  elle  est  lechol-lieu  du 
département  nouiuié  Cauca,  qui  comple  150,000  ba- 
biiants. 


es 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


64 


Armacha,  Armagh,  ville  niélropole  de  la  province 
d'UUonie,  en  Irlande. 

Armachanus,  a,  itni,  et  Armachiensis,  te,  d'Ar- 
magli. -Concile  d'Arroagh  en  1158. 

Armenia,  l'Arménie,  vasle  conirée  d'Asie  entre  la 
province  du  Pont,  la  mer  Caspienne  et  la  Perse. 

Arméniens  et  Armenus,  a,  «m,  d'Arménie.  Concile 
d'Arménie  en  455. 

Armilata,  Sl-Zoîle  d'Armilale,  ancienne  abbaye  au 
diocèse  de  Cordoue  en  Espagne. 

Armorica  et  Armoricores.  V.  Aremorica. 

Aniulli,  FanumiiiAquitinaSylva, Sil-Arnouken  Ivc- 
line,  bourg  et  ancien  prieuré  au  diocèse  de  Versailles. 

Aroasia.  V.  Arida  Gamaniia. 

Arona,  Arone,  ville,  abbaye  et  château  au  Mila- 
nais, royaume  Lombardo-Vénitien.  L'abbaye  n'existe 
plus.  Arona,  pairie  de  saint  Charles  Borroniée,  est 
au  sud-ouest  du  lac  Majeur. 

Arraijonia,  l'Aragon,  province  et  ancien  royaume 
en  Espagne. 

Arragon'tcus,  a,  uni,  d'Aragon,  de  l'Aragon. 

Arremnrense  monaiterium  et  Arr^iiiari,  le  monas- 
tère de  Corbon  ,  à  présent  Montiéramay,  mieux  que 
Monliramé,  à  quatre  lieues  de  Troyes  en  Champa- 
gne. C'était  une  abbaye  de  Bénédictins. 

Artttbrum  et  Artebrum,  Ste-Marie  de  Fineterre, 
en  Galice. 

Ariemisinm,  Ste-Agathe  ou  Agathopolis,  Ste-Aga- 
ibe  des  Goths,  petite  ville  du  royaume  de  Naples, 
érigée  en  évêché,  l'an  970,  sous  la  métropole  de  Béiié- 
vent.  Depuis,  cet  évèché  a  été  réuni  à  celui  d'Acerra. 

Arlesia,  l'Artois,  ancienne  province  de  France,  si- 
tuée entre  la  Picardie,  le  Hainaut  et  la  Flandre  ; 
elle  avait  le  titre  de  comté  et  le  dernier  prince  qui 
le  porta  fut  Charles  X.  Le  comté  d'Ariois  appartint 
longtemps  à  la  maison  de  Bourgogne.  A  la  mort  du 
dernier  duc,  Charles  le  Téméraire,  Mari-,  sa  fille, 
porta  l'Artois  avec  les  Pays-Bas  à  la  maison  d'Au- 
triche. Louis  XIV  s'en  empara;  et  la  réunion  du 
comté  à  la  France  fut  confirmée  par  le  traité  de  Ni- 
mègue  en  1678.  Le  comté  possédait  deux  évèchés, 
Arras  et  St-Omer;  aujourd'hui  il  n'a  plus  que  le 
premier,  et  il  (orme  le  dépariemeni  du  Pas-de-Calais. 
Artona,  Artone,  petite  ville  de  la  basse  Auvergne, 
sur  la  Morges,  diocèse  de  Clermonl. 

Artda,  Arias,  ancienne  abbaye  dans  le  Roussiilon. 

1  Le  Loir,  rivière  de  France.  |  L'Aar,  rivière  de 
Suisse. 

Aruleinis,  se,  d'Arias. 

Arvernemis,  se,  d'Auvergne.  V.  Arvernus.  Trois  con- 
ciles d'Auvergne  en  535,  549,  587. 

Arverni,  ortim  et  Arvernum.  V.  Clarumoniium, 
Afferma,  l'iVuvergne,  province  de  France.  |  Ville 
ancieime  de  la  province  de  même  nom,  en  France  ; 
Clermont  a  pris  sa  place.  L'.\uvergne,  occupée  au- 
jourd'hui par  les  départements  du  Pny-de-Dôme  et 
du  Cantal,  était  bornée  au  nord  par  le  Bourbonnais 
et  le  Beny,  à  l'ouest  par  le  Forez,  au  sud  par  les 
Cévennes  et  le  Languedoc,  à  l'ouest  par  le  Limousin, 


le  Quercy  et  la  Marche.  Les  habitants,  les  Arverni, 
furent  célèbres  du  temps  de  César.  La  province  eut 
ensuite  ses  comtes  particuliers,  jusqu'en  1210,  épo- 
que de  sa  première  réunion  à  la  Couronne.  Elle  en 
fut  distraite  en  1560  par  le  roi  Jean  en  faveur  d'un 
de  ses  fils,  Jean  de  Berry;  mais,  en  15-27,  sa  réu- 
nion fut  définitive.  L'Auvergne  se  divisait  en  haute 
et  basse  :  la  haute  vers  le  sud ,  et  la  bnsse  vers  le 
nord  :  c'est  la  Limagne.  Ce  sont  les  habitants  delà 
haute  .\uvprgne  qui  émigrent  annuellement  pour 
d'autres  provinces,  surtout  pour  Par, s,  où  ils  exer- 
cent divers  métiers.  L'Auvergne  avait  deux  évèchés, 
Cleimoiil-Ferrand  et  St-Flour,  elle  les  a  conservés 
dans  la  nouvelle  circonscription  diocésaine  de  la 
France.  Celle  province  est  remarquable  dans  la  géo- 
graphie ecclésiastique  par  les  martyrs,  les  évcqucs 
illustres  qu'elle  a  produits;  par  les  grandes  abbayes 
qu'elle  possédait.  Elle  figure  au  premier  rang  dans 
la  géographie  monumentale  pour  ses  églises  roma- 
nes et  le  pittoresque  de  ses  églises  du  moyen  âge. 
Arvernus,  a,  «m,  d'Auvergne,  qui  est  d'Auvergne. 
I  Auvergnat. 
Ascalingium.  V.  Hildesia. 
Asciilum,  Ascon.  Il  existe  deux  villes  de  ce  nom, 
l'une  (Ascnlum  Picenum),  dans  les  Etals  romains. 
L'évêché  est  antérieur  au  vi«  siècle.  C'est  la  patrie 
du  pape  Nicolas  IV.  La  seconde  (Ascnlum  Sairia- 
num),  Ascoli-di-Serriano  ,  petite  ville  de  la  Capila- 
nal?',  au  royaume  de  Ni-ples,  fut  bâtie  en  1410,  sur 
les  ruines  de  l'ancienne  Asculum  ;  elle  avait  le  titre 
de  duché.  L'évêché  d'Ordeonium,  ville  ruinée  des  en- 
virons, y  fut  irans:éré  souslaméiropcle  deBénévent. 
Aschaffemburgensis,  se,  d'Aschaffembourg.  Concile 
d'Aschaffeinb  iiirg,  en  1292. 

Aschtiffemburgum  ou  Asciburgum,  AschalTembourg, 
ou  Aschebourg,  ville  de  la  Franconie,en  Allemagne. 
Aschenum,  Aschen,  château  en  Bavière. 
Asia,  l'Asie,  l'une  des  trois  principales  divisions 
de  l'ancien  niinde. 

Asiaticus,  a,  um,  d'Asie,  de  l'Asie. 
Asinaria,  Asnières-sur-Oise,  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Beauvais  ,  actuellement  de  celui  de  Ver- 
sailles, canton  de  Luzarcbes  ,  arrondissement  de 
Ponioise,  département  de  Seine-et-Oi^e,  à  52  kil. 
de  Paris,  en  passant  par  la  roule  de  Viarmes  joignant, 
auprès  de  Moi>elle,  la  grande  route  de  Beauvais. 
Celait  une  lerre  royale,  où  Louis  IX  et  ses  succes- 
seurs résidèrent  fort  souvent.  On  remarque  à  l'ex- 
irémiié  orientale  de  ce  village,  situé  près  la  rive 
gauche  de  l'Oise,  un  châlean  à  mi-côte  nommé  Toute- 
ville.  Les  points  de  vue,  qui  s'étendent  fort  loin,  sont 
admirables.  Les  jardins  et  le  parc  offrent  des  pro- 
menades charmantes,  à  l'agrément  desquelles  ajoute 
leur  contiguïté  à  la  forêt  de  Gamelle  ou  Carenelle. 
Deux  autres  maisons  de  campagne  ,  dont  le  site  est 
très-agréable,  l'une  dite  le  Château  de  la  reine  Blan- 
che, et  l'autre  nommée  la  Caumerie  ou  la  Canraezie, 
en  font  également  partie.  Le  hameau  de  Baillou,  en« 
louré  de  bois,  à  5  kil.  d'Asnières,  se  fait  remarquer 
par  un  château  d'une  consiruclion  simple  ,  entouré 


6S  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  Al  MOYEN  AGE. 


G8 


«Je  fossés  remplis  d'eau  vive  ,  qui  y  arrive  par  un 
superbe  canal  de  1(50  mètres  de  long  sur  1i  de 
large.  Il  existe  encore  dans  le  même  hameau  une 
maison  de  campagne,  c'étnil  autrefois  un  prieuré  sé- 
culier. La  population  d'Asniéres-sur-Oise  peut  s'éle- 
ver de  8  à  90U  lial)ilanis,  avec  le  hameau  de  Baillou. 
L'ancienne  abbaye  de  Royauniont  fait  également 
partie  de  celle  commune.  —  La  majorité  des  hab. 
fabrique  des  cordes  à  puiis.  Le  terroir  de  la  com- 
mune est  eu  terres  labourables,  en  vignes  et  en  bois. 
Les  fruits  y  sont  abondants  et  excellents.  Le  village 
est  à  5  kil.  de  Luzarches  et  31  au  N.  de  Paris  (poste 
aux  lettres  de  Luzarches). 

Asinaria,  Anières  ou  Asniéres.  Il  est  vraisembla- 
ble que  ce  nom  lui  a  été  donné,  dans  le  temps,  parce 
qu'on  y  nourrissait  beaucoup  d'ànes.  Ce  village  est 
sit;  é  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  départ,  de  la 
Stine,  arrondiss.  de  Saint-Denis,  et  diocèse  de  Paris. 

Anicroa  est  fort  ancien  ;  il  en  est  fait  mention  dans 
u<ie  bulle  de  1158,  et  déjà  on  lui  donnait  le  titre  de 
cure,  ce  qui  suppose  une  existence  fort  antérieure. 
La  circonscription  de  cette  paroisse  était  beaucoup 
plus  étendue  qu'elle  ne  l'est  aujourd'hui;  mais  le  vil- 
lage de  Genevilliers  en  a  été  détaché  depuis  plusieurs 
siècles. 

Les  abbés  de  Saint-Denis  étaient  seigneurs  d'A- 
nières.  En  1248,  ses  habitants  furent  affranchis 
comme  tous  ceux  des  villages  voisins. 

M.  Voyer  d'Argenson  y  fil  construire  une  belle 
maison  en  1151.  Le  parc  contient  50  arpents;  il  offre 
de  très-belles  promenades  et  des  points  de  vue  fort 
agréables.  Comme  on  travaillait  à  aplanir  le  terrain 
pour  les  embellissemenis  que  M.  d'Argenson  niédi- 
taii,  on  trouva,  à  la  profondeur  de  deux  ou  trois 
pieds,  dans  le  gravier  d'alluvion,  des  squelettes  hu- 
mains sans  tombeaux,  et  placés  confusément  en  tous 
sens.  Beaucoup  d'entre  eux  avaient  à  leur  côté  une 
bouteille  de  terre.  Sur  une  agrafe  de  cuivre  jaune 
placée  près  d'un  de  ces  squelettes,  on  lisait  quelques 
mots  latins  en  caractères  romains  du  iv'siècle. 

La  situation  d'Anières  est  une  des  plus  belles  des 
bords  de  la  Seine,  et  il  y  a  toujours  eu  dans  ce  vil- 
lage de  jolies  maisons  de  campagne. 

La  population  est  de  500  haliitaiits  environ.  La 
dislance  de  Paris  de  G  kil.  Il  y  a  une  station  du 
chemin  de  1er  de  Saint-Germain. 

Asiniacum,  Asenay,  au  diocèse  de  Luçon. 

Asiiiidia,  Kssen,  ancienne  abbaye  de  fllles  en  Al- 
lemagne. 

Assis'iias,  ati$,  qui  est  d'Assise. 

Assisium,  Assise,  ville  épiscopale  de  l'Ombrie,  eu 
Italie.  L'évêcbé  date  du  v«  siècle.  Celte  ville  est  la 
patrie  de  saint  François ,  qui  en  a  reçu  le  surnom 
d'Assise.  C'est  le  fondateur,  comme  on  sait,  des  or- 
dres religieux  mendiants.  L'église  qui  lui  est  dédiée 
dans  sa  ville  natale  est  d'une  grande  richesse  et  re- 
marquable par  son  architecture  bizarre;  elle  a  trois 
nefs  l'une  sur  l'autre.  i. 

Assur  ou  A«i(rHs,  Assur,   ville  de   la  province 


Proconsulaire  en  Afrique,  évêcbé  des  premiers  siè- 
cles. 

Asla  Pompeia,  Asti,  grande  ville  peu  peuplée,  des 
Alpes  collieniies  et  du  Vicariat  ilalique,  sur  leTa- 
naro;  épiscopale  dès  l'an  550,  sous  la  métropole  de 
Milan.  Elle  est  comprise  aujourd'hui  dans  les  El:ils 
sardes. 

Asiaracum,  fslarac,  contrée  de  l'Armagnac  dont 
Mirande  était  la  ville  principale.  Ce  pays  est  main- 
tenant dans  le  diocèse  d'Auch,  département  du  Gers. 

Astaris.  V.  Aitures. 

Aslenidum,  vel  Salanacum,  Stenay , 

Aslensis,  se,  d'Ast.  V.  Asta. 

Aslures,  ium,  Asiures,  à  présent  Stokerean,  pe- 
tite ville  de  la  basse  Autriche,  sur  le  Danube,  au- 
trefois l'Illyrie. 

Asiuria,  les  Asluries,  province  et  ancien  royaimte 
d'Espagne. 

Anurica  Augusta  et  Asturum  Eimontanorum,  As- 
torga,  ville  épiscopale  de  l'ancien  royaume  de  Léon, 
en  Espagne.  Celait  un  évêché  an  vi<^  siècle  sous  la 
métropole  de  Braga  et  aujourd'hui  sous  celle  de 
St-Jacques  de  Composielle. 

Asiuricensis,  se,  d'Asiorga.  Concile  d'Astorga  en 
446. 

As(ygis,  Ecija,  ville  épiscopale  du  vi^  siècle,  dans 
l'Andalousie,  sous  la  raéiropolede  Séville. 

Asiygitanus,  a,  uni,  d'Ecija. 

Astyres.  V.  Aslures. 

Aianum  et  Aianus,  Atane,  à  présent  St-Irier  ou 
St-Yriex,  ancienne  abbaye,  puis  chapitre  de  Cha- 
noines, en  Limousin,  diocèse  de  Limoges. 

Ateiœ,  arum,  Athies,  bourg  du  diocèse  d'Amit:i5 
sur  l'Amignon,  petite  rivière  du  département  de  la 
Somme. 

Aiella,  San-Arpino,  au  royaume  de  Naples  dans 
la  Terre  de  Labour,  à  un  mille  d'Aversa,  où  le  pape 
Léon  IX  transféra  l'évêcbé,  vers  l'an  1050.  San- 
Arjiino  n'est  plus  qu'un  village. 

Atluinacum  ,  Aisnay  ,  .incieiine  abbaye  près  de 
Lyon.  Martyres  Alhanacenses,  les  martyrs  de  Lyon 
ou  d'Aisnay. 

Athanum.  V.  Atanum. 

Atliegia,  Athis,  ou  Atis ,  paroisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Paris,  actuellement  de  celui  de  Versailles, 
canton  de  Longjumeau,  arrondissement  de  Corbeil , 
département  deSeiiie-ei-Oise,  à  6  kil.de  Longjuraeau, 
et  à  20  au  sud  de  Paris,  par  une  chaussée  joignant 
la  grande  route  de  Fontainebleau.  Population  120 
habitants,  poste  aux  lettres  de  Fromenteau.  Le  nom 
latin  Aihegia  ne  fournit  point  d'éiymologie  satisfai- 
sante. Quelques-uns  prétendent  que  de  Aihegia,  qui 
veut  dire  cabane,  on  pourrait  avoir  fait  par  corrup- 
tion Atis.  Uuoi  qu'il  en  soit,  ce  village,  agréablement 
situe  sur  une  des  hauteurs  qui  bordent  la  rive  gau- 
che de  la  Seine,  et  près  du  confluent  de  la  petite  ri- 
vière d'Orge,  était  connu  dès  le  ix<=  siècle,  car  on  lit 
dans  les  mémoires  de  ce  temps  qu'Egbert,  abbé  de 
Saint-Pierre  et  de  Saint-Paul,  craignant  que  les  Nor- 


67 


DICTIONNAIRK  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


C8 


niauds,  qui  venaient  de  débarquer  à  Cliarlevanne, 
ne  vn.sseiit  jusqu'à  Paris  el  ne  le  missent  au  pillage, 
lit  lrans[K)rler  à  Athis  les  reliques  de  Siiinle  Gene- 
viève, que  pusséilaii  :ilors  son  église;  elles  y  restè- 
rent cachées  pendant  quelque  temps.  —  Sur  la  fin 
du  règne  do  Charles  Vl,  la  seigneurie  d'Atliis  ap|»ar- 
lenaii  au  chevalier  de  Montenay.  Le  roi  d'Angleterre, 
qui  prenait  alors  le  litre  de  roi  de  France,  confisqua 
cette  seigneurie  ea  liiS,  et  la  donna  à  Guillaume;  de 
Felleiernps,  qui,  trahissant  à  la  fois  et  son  roi  et  sa 
pairie  ,  avait  favorisé  l'occupation  de  Paris  par  les 
gens  du  duc  de  Bourgogne,  allié  de  l'usuipiieiir.  — 
Il  est  probable  qu'il  existait  autrefois  une  maison 
royale  à  Aihis,  car  on  a  des  preuves  que  quelques- 
uns  de  nos  rois  y  ont  séjourné.  —  Lonis  IX  y  était  au 
mois  de  mars  liôO.  Philippe  le  Bel  adressa  de  ce 
même  lieu,  le  12  juin  1505,  un  mandement  on  or- 
donnance au  prévôt  de  Paris.  —  Le  château  d'Alhis 
B  appartenu,  sous  Louis  IX,  à  Hugues  d'Alhis,  grand 
panetier  de  France.  —  Pierre  Viole,  président  au 
parlement  de  P;iris,  posséilait  celle  terre  en  16i0. 
L'un  de  ses  Ois  fit  bâtir,  près  la  maison  paternelle, 
un  ermitage,  dans  lequel  il  se  retira  et  y  adopta  le 
genre  de  vie  suivi  par  les  Pères  de  la  Mort.  Ceue 
espèce  d'ermite  portait  une  robe  noire  et  une  léle  de 
Uiurt  pendue  à  S(m  cou,  et  consacra  ses  revenus  et 
son  temps  à  répandre  des  bienfaits  sur  les  indigenls 
de  son  canton.  —  Le  château  doii  toute  sa  magnifi- 
cence à  la  nature.  La  Seine  et  la  petite  rivière  d'Orge 
se  réunissent  pour  l'embellir.  L'architecture  en  est 
Eioiftle,  ei  on  y  arrive  par  une  avenue  d'un  quart 
de  lieue.  Il  a  appartenu  quelque  lemps  à  l'ancien 
garde  des  sceaux  de  Serre.  —  Le  château  de  Cliai- 
ges  est  dans  les  dépendances  d'Alhis.  A  ce  château 
est  joint  un  parc  superbe;  on  y  voit  une  machine 
construite  par  le  célèbre  Laurent,  dont  l'extrême 
simplicité  fait  le  priii'ipal  mérite;  elle  n'est  compo- 
sée que  de  quatre  roues,  et  elle  éiève  continuelle- 
ment les  eaux  d'une  lontaine  à  plus  de  60  pieds,  pour 
aliuienier  le  réservoir  el  les  bassins  qui  se  trouvent 
dans  les  jardins  et  dans  le  parc.  Ce  château  a  ap- 
partenu jadis  au  maréchal  de  Roquelaure,  et  depuis 
à  uiadenioiseile  de  Charullais.  Les  proJuciions  du 
terroir  de  cette  commuue  sont  partie  en  grains,  par- 
ti* en  vignes.  Les  vins  passent  pour  les  meilleurs  des 
environs  de  Paris. 

Alhenœ,  arum,  Alhêiies,  Sélines  chez  les  Osman- 
Irs,  aDCienne  métropole  iJe  la  première  Achaïe  dans 
l'axa' chat  de  Macédiiine,  aujourd'hui  capitale  du 
nouveau  royaume  de  Grèce. 

Ailieuiensis ,  se,  d'.Mliènes  ,  qui  es'.  d'.\lhènes  , 
Athénien.  Athenienses,  les  Athéniens,  les  habitants 
d'Athènes. 

Airebas,  atis,  qui  est  d'Arras. 
Airebaknm,  se,  n'Ai  ras,   qui  concerne  Arras.    | 
De  l'Artois.  Concile  d'A  ras  en  li05. 

Alre'oates,  tum,  et  Aircbaiiim,  Arras,  ville  épisco- 
pale  et  c;ipiiale  de  l'Ariois.  1  L'Artois.  V.  Artesia. 
Oui.ié.end  que  celle  ville  a  eu  un  évêuue  dés  le  v* 


siècle.  L'évéché  fut  ensuite  uni  à  celui  de  Cambrai. 
Urbain  11  le  rétablit  en  l'an  10:'3.  Arras  est  suffia- 
gant  de  Camlirai.  Celte  vi  le  (lOssédaii  la  magnifi- 
que abbaye  de  Si-Wast,  dont  l'église  se  reconstrui- 
sait lorsque  la  révolution  éclata. 

Altichium  et  Auicliia,  Attichy,  villaie  de  Tancien 
diocèse  de  Soissons,  maintenant  de  Beauvais,  chef- 
lieu  de  canton,  arrondissement  de  Cnmpiégne,  dépar- 
tement de  l'Oise.  Population,  908  habitants,  à -20  kil. 
est  de  Compiègne,  20  kil.  onest  de  Soissons  et  92  de 
Paris.  Il  est  situé  sur  le  penchant  d'une  montagne  qui 
s'abaisse  sensible-nenl  jusqu'à  la  rive  droite  de 
l'Aisne;  il  y  a  un  château  on  l'on  trouve  une  source 
d'eau  minérale.  Les  terres  de  ce  canton  sont  d'un 
bon  rapport;  on  y  fait  le  commerce  des  grains. 

Ai/i/iacMi»,  Attily  ou  Atiilly.  C'est  un  village  ruiné 
qu'on  a  réuni  à  la  paroisse  de  Ferroles,  diocèse  de 
Meaux,  Seine-et-Marne.  L'abbé  Lebeuf  p-étend  que 
son  nom  latin  Atlitiacum  lui  est  venu  d'un  Romain 
nommé  Atiilius,  à  qui  il  a  appartenu  ou  qui  y  a  bâti 
le  premier.  Lorsque  l'abbé  Lebeuf  y  passa  en  1 739, 
on  n'y  compiail  plus  que  12  feux.  Le  châie?u  d'Ailily, 
doul  il  reste  encore  quelques  vestigi^s,  avait  été  bâti 
vers  le  xv°  siècle  par  les  seigneurs  du  lieu.  Il  était 
de  forme  ronde  et  défendu  par  quelques  tours. 

Atiiiiincensis,  se,  d'Altigny.  Six  conciles  ë'Atligny, 
en  767,  8-.2,  859,  854,  S70,  87i. 

Aliiniacum ,  Aitigny,  bourg  de  Champagne  sur 
l'Aisne,  diocèse  de  Reims,  département  des  Ar- 
dennes.  Cette  petite  vilie  occupe  une  place  dans 
l'histoire  ecclésiastique  «t  dans  l'histoire  de  France 
sous  la  première  et  la  seconde  race.  Il  y  a  un  vil- 
lage de  ce  nom  prés  de  Mirecourt,  dans  le  diocèse 
de  Si-Dié. 

Atura,  Altiira  et  A/uriis.Aire,  ville  épiscopale  de 
la  Gascogne.  Awrws  fluvivs,  l'Adour,  rivière  de  Gas- 
cogne. Aire  élaii  un  évèehé  de  la  lin  du  v«  siècle, 
dans  la  Novemiiopulanie,  sous  la  métropole  d'Ausch, 
dont  il  est  encore  suffragant  aujourd'hui.  Cette  ville 
est  bâtie  proche  du  Mas-d'Aire,  autrefois  cite  consi- 
dérable où  Alaric,  roi  des  Goths,  avait  établi  son 
séjour. 

Auca,  Oye  ou  Oyen,  petite  île  et  ancien  monastère 
de  la  Guienne. 
Aucum.  y .  Auya. 

Andomarensh,  se,  de  Sl-Omer.  Concile  de  St- 
Omer  en  1090. 

Audomari  Fanum  et  Audomaropolis ,  St-Omer, 
ville  éjjiscopale  au  pays  des  anciens  Morins,  à  pré- 
sent en  Al  tnis.  L'évéché  fut  c-éé  lorsque  la  ville 
fais:*ii  partie  des  Pays-Bas  espagnols,  en  l'an  1355; 
elle  poriaii  anciennement  le  nom  de  Silien ,  qu'elle 
changea  pour  celui  d'un  saint  ermite  i|ui  vivait  et 
mourut  dans  les  environs.  On  y  voyait  l'abbaye  de 
St-lierlin,  splendide  monument  de  l'architeclure  go- 
thique ;  l'égli  e  était  surtout  d'une  hardiesse  et  d'un, 
travail  admirables.  Ce  beau  ninnumeni  ii'exisie  plu8> 
un  en  a,   dit-on,   fait  une  halle.  St-Omer  actuelle- 


39  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


70 


meut  fait  partie  du  dinccse   d'Ârras  et  du   départ. 

du  Pas-de-Calais. 

Auilomaropoiiianus,  a,  um,  de  Ponteau-de-mer  ou 

Pdi't-Aiidcmer,  an  diocèse  d'Evreux.  Concile  de  Ponl- 

Aiidenier  en  1279. 
Auga,  Eu,  ville  et  ancien  comté,  diocèse  de  Rouen, 

Seine-Inférieure. 
Augia,  OU',  abbaye  de  filles,  en  Souabe. 
—    Dives ,    Rei<  kiiaw  ,  autre   abbaye  aussi    en 

Souahe,  prés  de  Constance.  C'était  une  ahbaye  de 

Bénédictins  fondée  dans  une  petite  tie  <lu  lac  de 
Zell,  qui  communique  à  celui  de  Constance.  L'ab- 
baye de  Reichenau  ou  Reicknaw  était  importante 
par  le  nomiire  et  l'étendue  de  ses  propriéiés.  L'em- 
pereur Gliarles  le  Gros ,  dépossédé  de  l'empire , 
n'ayant  autour  de  lui  que  l'ingratitude,  la  misère  et 
l'abandon,  y  fut  recueilli  par  le  prieur,  non  comme 
un  prince,  mais  comme  un  mendiant  ;  il  y  mourut 
bientôt  et  y  fut  inhumé  en  888.  On  vnyait  son  tom- 
beau dans  l'église  abbatiale  encore  avant  la  rérolu- 
lion  française.  Cette  église  était  un  inonnment  go- 
lliique  digne  d'attention.  Il  ne  reste  plus  rien,  ni  de 
l'église  ni  de  l'abbaye.  Sa  perte  est  considérable, 
mais  les  lettres  ont  surtout  perdu  à  la  dispersion  de 
la  bibliotbèque,  qui  contenait  les  m:iniiscrits  les  plus 
précieux.  Que  sont-ils  devenus?  Ils  jelter.iient  au- 
jourd'bui  une  grande  clarté  sur  les  faits  si  obscurs 
pourncMis  des  viii«,  ix«,  x«  et  xi«  siècles.  Eu  1340, 
l'abbaye  fut  incorporée  au  diocèse  de  Consiance  ; 
elle  avait  été  attaquée  ei  pillée  p:ir  les  calvinistes. 
On  ne  saurait  trop  répéter  conibieu  le  protestantisuie 
a  nui  aux  arts  et  aux  lettres;  c'est  l'iconoclasme  le 
plus  siupide  et  le  plus  barbare  qui  ligure  dans  l'Iiis- 
loire  du  genre  humain.  Il  y  a  deux  villages  du  nom 
de  Reichenau,  l'un  en  Bohême,  dans  le  cercle  de 
Konigingrstz,  et  l'autre  dans  le  canton  des  Grisons, 
remarquable  par  un  pont  de  bois  d'une  architecture 
prodigieuse. 

Augia  Major,  Mleszraw,  autre  abbaye  du  même 
pays,  près  de  Bréjenis,  au  côté  oriental  du  lac  de 
Consiance. 

Augum.\ .  Auga. 

Augnsia,  Augsi,  dans  la  basse  Picardie. 

—  Aiisltirica.  V.  Aalurica. 

—  Auscionim.  V.  Anscii. 

—  Urachanmi.  V.  Bragn,  t.  II!. 

Emerila,  ou  Emeritapax,  Badajox,  ville  épis- 

copaledc  l'ancien  royaume  de  Casiillu,  en  Esp.-.gne. 

—  Prœloria,  Aost  ou  Aonsl,  ville  épiscopale  en 
Piémont.  Aosic  possède  plusieurs  monuments  des 
K'unains;  c'est  la  patrie  de  saint  Anselme  qui, 
tomme  théologien,  comme  penseur,  est  un  des  per- 
suimj^es  émiuents  du  moyen  âge.  Aoste  a  le  litre 
de  duché,  qui  est  porté  par  un  prince  de  la  maison 
de  Savoie.  C'est  du  reste,  comme  tnules  les  villes' 
des  Alpis,  une  localité  pauvre  et  peu  peuplée. 

—  /iauracoruiii,  Augst,  village  près  de  Bàle  en 
Suisse,  ancienne  ville  des  Rauraqucs  ou  .Nuniacins. 
Plaucus  conduisit  une  colouiu  romaine   suu:-  Au- 


guste. Ses  ruines  sont  près  du  Rhin,  7  à  Skilom.  de 
Bàle,  snr  la  rivière  d'Ergctz.  Augst  était  encore  épis< 
copale  au  v«  siècle;  l'évêché  fui  transféré  à  Bâie  i 
cette  époque  même. 

Aiigusla  Tiberu;  —  Tibenna,  Ralisbonne,  ville  épis- 
copale en  Bavière. 

—  Suenionum.  V.  Soissons,  t.  III. 

—  Taurinorum,  Turin ,  ville  métropole  et  capi- 
tale du  Piémonl. 

—  Trevirum.  V.  Treviri. 

—  Tricastinorum.  V.  Urbs  Trecensis,  page  895. 

—  Veromanduorum  ou  Yiromandunruin,  Ver- 
mand,  ancienne  ville  principale  du  Vermandois, 
ruinée  par  les  Huns,  en  450.  Au  viii«  siècle  on  fonda 
un  monastère  snr  ses  ruines  ;  ce  qui  retint  un  peu 
la  population  et  donna  lieu  à  un  village  de  1000  ha- 
bitants, qui  est  un  chef-lieu  de  canton  du  diocèse  de 
Soissons,  départ,  de  l'iVisne. — St-Queutin,  à  pré- 
sent capitale  de  la  même  contrée,  inème  diocèse, 
même  département. 

—  Vindelicoriim,  Augsbourg,  ville  épiscopale  en 
Souabe,  Bavière. 

Auguiialia,  Hagusiald,  ville  du  Norihuwberland, 
en  Angleterre. 

Auguitanus,  a,  umet  Augutteiisis,  se,  d'Augsbourg. 
I  D'Aost.  Trois  ConCiles  d'Augsbourg,  en  ~ti'2,,  9'oi, 
1548. 

Augusii'ii  Sancd  vicus,  Saint-Augustin,  paroisse 
composée  de  piusieurs  hameaux  et  autres  habitations 
isolées,  formant  une  commune  du  départ,  de  Scine-^ 
ei-Marne,  arrond.  etcant.  de  Coulommiers,  et  dioc. 
de  Meanx.  Les  principaux  de  ces  hameaux  sont  Bar- 
gny,  le  Mesnil-sur-Bargny,  Brie,  Champ-Roger,  et 
paniedes  Bordes  :  l'église  est  isolée  sur  une  én^inence 
avec  un  vieux  château.  Il  se  fait  dans  ce  lieu  un  pèleri- 
nage sous  l'invocation  de  sainte  Aubierge.  On  y  re- 
marque une  chapelle  antique  et  une  fontaine  très- 
abondanie.  La  population  de  celle  commune  monte 
de  13  à  1400  habiianis;  son  terroir  est  en  terres  dd 
labour,  en  prairies  et  en  vignes;  une  partie  se  trouve 
en  bois.  Le  ruisseau  du  Meldenson,  formé  des  eaux 
qui  sourdeni  de  plusieurs  étangs  dms  le  dépari .  de 
la  Marne,  passe  dans  cette  coiiitnune.  L'église  do 
St-Auguslin  est  à  13i0  méires  vers  l'O.  de  Coulom- 
miers, et  distante  de  54  kil.  à  l'E.  de  Paris,  par  la 
route  de  Coulommiers.  Poste  aux  lettres  de  cette  v.ille. 
I  Saint-Augustin  de  Térouanne,  abbaye  régu- 
lière (le  Prémoniré-,  dans  l'ancien  comté  n'Ariois, 
près  la  ville  d-  Térouanne,  faisant  partie  de  l'ancien 
dioièsede  St-Omer.  Elle  avait  éié  fondée,  en  1151, 
par  Jlilon  II,  évêque  de  Térouanne,  mort  en  1169.  Il 
y  avait  placé  des  religieux  du  monastère  de  Selin- 
court.  Peu  de  temps  après,  Philippe,  fils  de  Thierri, 
comte  de  Flandre,  y  ayant  mis  le  feu,  son  père  nu- 
mbna  à  celle  abbaye  dix  livres  de  rente,  monnaie  da 
Flandre,  pour  répar.iti(m  du  toit  que  soi,  fils  y  avait 
causé.  Elle  était  une  des  plus  considérables  de  l'or- 
dre; Bon  abbé  assistait  aux  étals  d'Artois.  Celle  alv 


71 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


7a 


baye  ayait  environ  20,000  liv.  de  revenu.  Il  ne  reste 
plus  rien  des  bâtiments  priniiiifs. 

Aiiytistoboiia.  V.  Troyes,  t.  111. 

Auguslodunum ,  Autun,  ville  épiscopale  en  Bour- 
gogne, département  deSaône-et-Loire. 

Augiisionemetum.  V.  Clermout,  t.  III. 

Aitgusioriium.  V.  Poitiers. 

Aulona,  nom  commun  à  plusieurs  lieux.  Valons, 
tfvêché  de  l'exarcliat  de  Macédoine,  daiani  du  V  siè- 
cle. Celle  ville,  située  sur  la  côie  dans  la  haute  Alba- 
nie, a  un  pnrt  sur  le  golfe  appelé  Rodima',  dans  la 
mer  Adriaiique.  Les  Vénitiens  la  prirent  en  IG90  el 
PaLandomièrent  ensuite  après  en  avoir  ruiné  les  for- 
tiûcations. 

Aunetia,  Alneiia,  Âunay,  Aunnay,  ou  Aulnay-leî- 
Cbàienay,  joli  hameau  situé  dans  la  banlieue  de  Pa- 
ris, entre  les  villages  Plessis-Piquet  et  Cliâtenay, 
dont  il  dépend,  dans  l'arrondissement  de  Sceaux,  à 
10  kil.  sud-ouest  de  Paris.  Ce  hameau  est  placé  dans 
un  site  champêtre,  au  pied  d'un  coteau  couvert  de 
bois,  qui  s'étend  jusqu'aux  bois  de  Meudon  el  de 
Verrières,  et  offre,  de  ses  hauteurs,  les  plus  riches 
points  de  vue.  Aunay  se  compose  de  quelques  mai- 
sons de  campagne  et  d'un  petit  nombre  d'habitations 
ordinaires;  n)ais,  s'il  faut  en  croire  la  tradition,  ce 
hameau  formait  autrefois  un  village  assez  considé- 
rable, et  les  guerres  dont  les  environs  de  Paris  ont 
été  le  théâtre  sous  Louis  XI  et  sous  la  ligue,  auraient 
réduit  ce  village  à  son  état  actuel.— Au  sommet  du 
coteau  qui  domine  et  protège  les  habitations  d"Au- 
uay,  on  voit  le  Moulin  Fidèle  :  ce  moulin  tient  à  une 
propriété  assez  considérable.  Plus  bas,  se  trouve  la 
Yatlée-aiix~Loups  :  c'est  un  vallon  étroit,  complète- 
ment entouré  de  bois,  et  célèbre  par  un  èdilice  sin- 
gulier que  M.  de  Cbâteaubriaml  a  fait  revêtir  des 
formes  gothiques,  avec  des  créneaux,  des  meur- 
trières, des  fenêtres  cintrées  en  ogive,  et  jusqu'à 
l'antique  poterne  des  vieux  castels.  Le  parc,  îrès- 
beau,  a  été  dessiné  par  l'auteur  du  Génie  du  Chri- 
tlianisme,  qui,  dit-on,  a  essayé  d'y  reproduire  quel- 
ques perspectives  de  la  Palestine.  On  assure  que  les 
Martyrs  ont  été  composés  à  la  Vallée-aux-Loups. 
Malheureusement  cette  maison  de  campagne,  long- 
temps l'objet  d'une  sorte  de  pèlerinage,  a  cessé  d'ap- 
partenir à  son  fondateur,  dont  elle  a  gardé  le  nom. 
M.  de  Chateaubriand  la  vendit  à  un  receveur  géné- 
ral; elle  passa  ensuite  au  vicomte  Matthieu  de  Mont- 
morency.—Les  autres  maisons  de  camp;tgne  remar- 
quables d'Auiiay  sont  celle  de  M.  le  marquis  de  Châ- 
teau-Giron, où  l'on  trouve  de  très-belles  eaux;  celle 
de  M.  le  baron  Acioque  de  Saint-André,  et  celle  qui 
fut  possédée  autrefois  par  M.  le  comte  Lenoir  de  la 
Roche.  M»^  Lenoir  de  la  Roche  avait  élevé,  dans  la 
partie  supérieure  de  son  parc,  un  calvaire,  un  tom- 
beau et  divers  accessoires  religieux;  de  cette  fonda- 
lion,  qu'elle  avait  consacrée  aux  Français  morts  pour 
la  pairie,  il  ne  reste  plus  que  la  croix.— En  iiU, 
l:ibbayc  de  Saillie-Geneviève  à  Aunav  exerçait  un 
droit  de  justice.  iNicolas  Gaillard,  aumOaier  de  celte 


abbaye,  obtint,  en  1022,  d'y  faire  rebâtir  une  cha- 
pelle, ruinée  depuis  longtemps.  L'existence  'eceite 
chapelle,  l'exercice  du  droit  de  jusiife  par  les  reli- 
gieux de  Sainte-Geneviève  et  le  lieu  coiHiu  eniore 
sous  le  nom  de  la  Fosse-aux- Prêtres,  sont  peut-être 
les  seuls  sujets  de  supposer  que  ce  hameau  ait  été 
anciennement  un  grand  village.  Une  partie  des  eaux 
du  château  de  Sceaux  venait  des  hauteurs  d'Aunay 
et  du  Plessis-Piquet. 

I  Aunay  (fief  d').  Ce  lief,  que  la  reine  Blanche 
avait  achelé,  en  1237  et  1238,  de  Hugues  Tire),  clie- 
valicr,  seigneur  de  Pois,  s'étendait  depuis  le  pont  de 
Pontoise,  tout  le  long  de  la  rivière,  jusque  vers 
Epluches,  Montarsis-Pierre-Laye  et  rAumône-Saiut- 
Oucn.  Ce  fut  sur  ce  fief  que  l'abbaye  de  Maubuisson 
fut  bâtie. 

I  Aunay,  village  du  déparlement  de  Seine-el-Oise, 
arrondissement  et  diocèse  de  Versailles,  canton  de 
Meulan,  autrefois  du  diocèse  de  Chartres,  annexe  de 
la  paroisse  d'Epone.  Sa  population  est  d'environ  -400 
habitants,  en  y  comprenant  le  hameau  du  Val-ii'Au- 
nay  et  plusieurs  maisons  isolées.  Le  terroir  de  cette 
commune  est  en  labour,  vignes  et  prairies;  on  y  re- 
cueille beaucoup  de  fruits.  Aunay  est  situé  dans  une 
vallée,  sur  la  peiile  rivière  de  Maudre,  à  2  kil.  de 
Maule,  où  est  le  bureau  de  poste,  et  à  10  kil.  vers 
le  sud-ouest  de  Meulan  ,  sa  distance  de  Paris  est  de 
38  kil.  à  l'ouest  par  Maule  et  la  route  qui  passe  à  Ro- 
quencourt. 

I  Aunay-sous-.Auueau  ,  village  du  déparlemenl 
d'Eure-et-Loir,  arrondissement  et  diocèse  de  Char- 
tres. Son  terroir  est  en  labour,  en  prairies,  en  vignes 
et  en  bois  ;  on  y  recueille  beaucoup  de  fruits.  Une 
petite  rivière,  à  laquelle  le  village  donne  son  nom, 
y  fait  tourner  un  moulin  à  farine.  La  population  de 
cette  commune  est  d'environ  1,000  habitants,  en  y 
comprenant  celle  des  hameaux  de  Bretonvillicrs, 
Helu,  et  des  fermes  de  Cheneville  et  Malassis  :  une 
maison  nommée  Grammont  se  'Ustingue  des  autres 
par  sa  construction.  Aunay -sous-Auneau  est  à  5  kil. 
au  sud  d'Auneau  ;  sa  distance  de  Paris  est  de  G4  kil. 
vers  le  sud-ouest,  par  Dourdan  et  une  chaussée  joi- 
gnant l'ancienne  route  de  Chartres.  On  peut  suivre 
également  le  cîiemin  par  .Vblis.  Poste  aux  lettres  de 
Gallardon,  dont  il  est  disiant  de  1 1  kil. 

Atinetum,  Auneiitim  el  Aliieium,  Aulnoy,  prieuré 
fondé  près  de  Vincennes  par  les  comtes  palatins  de 
Brie  el  de  Champagne;  dès  l'an  1168,  il  dépendait 
du  prieuré  de  Vincennes.  11  avait  été  ensuite  uni  au 
monastère  de  Grammont.  Le  dernier  religieux  qui  en 
avait  été  pounu  l'avait  résigné  à  l'abbaye  de  Saint- 
Denis  en  France.  Le  roi,  par  lettres  patentes  du  mois 
de  janvier  1601 ,  confirma  la  réunion  de  ce  prieuré 
au  couvent  des  Minimes  de  Vincennes,  ci'nformémenl 
à  la  bulle  du  pape  Clément  Vlll.  Ces  lettres  patentes 
furent  enregistrées  en  la  chambre  des  cumptes  le 
10  février  1605,  et  au  parlement  le  15  janvier  pié- 
cèdent. 

i  Aulnoy,  village  du  départemettt  de  Seiae->el 


75 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


li 


Marne  ,  arrondissement  et  canton  de  Coulommieis, 
diocèse  de  Meaux.  Il  est  assis  sur  «ne  colline,  dans 
une  situation  agréable;  ou  y  voit  un  cliàiean  de 
forme  antique,  flanqué  de  quaire  tours  ,  entouré  de 
fossés  et  jouissant  d'une  vue  très-éienduo.  Sur  le  haut 
de  celle  colline  est  une  source  qui  alimente  une  fon- 
taine publique  reslaniée  par  les  soins  du  liaron  Gau- 
tier de  Charnacé  ,  alors  m  lire  du  lieu.  Le  cliàleau 
du  Ru  est  au  bas  de  la  colline.  Ce  château  ,  auquel 
le  Ru-de-Uognon  a  fait  donner  le  nom  de  Ru  ,  est 
entouré  de  fossés  remplis  d"e;i»x  vives;  le  parc  est 
clos  de  murs  et  traversé  par  ce  ru,  qui,  à  peu  de 
distance,  fait  tourner  un  moulin  à  farine.  —  On 
compte  dans  Aulnoy  environ  Ô60  hab.,  en  y  eom- 
prejiant  les  hameaux  de  Villers,  la  Roche,  Lefour- 
chaud,  1  :  Fayel ,  le  Bas-Menil,  la  ferme  du  Haul- 
Meiiil,  et  autres  mai-ons  isolées  sous  diverses  déno- 
minations. Au  hameau  de  Villers  eU  une  asse?,  jolie 
maison  de  campagne  avec  un  petit  parc;  on  remarque 
à  la  Roche  une  soun  c  qui  ne  laril  jamais,  même 
dans  les  plus  grandes  sécheresses  ;  elle  donne  sans 
iiiterrupt  on  la  qu^niilé  d'eau  suflisanie  pour  faiie 
tourner  le  moidin,  qui  en  est  peu  éloigne.  Les  prin- 
cipales productions  d'Auliioy  sont  eu  grains,  cl  par- 
lie  en  bois,  vignes  et  prairies,  ("es  dernières, arrosées 
par  ie  ru  de  Rognon,  sont  plantées  de  grands  arbres 
qui  forment  de  belles  promenîides.  Ce  vilhige  esi  à 
3  kil.  au  N.  de  Coulonimiers ,  où  est  le  bureau  de 
poste,  et  à  5C  kil.  de  Paris. 

Auraica  cl  Aurnsio.  V.  Arausio. 

Aiiraicensis  ou  AureiensU,  se,  d'Âuray.  V.  Aureia- 
tum. 

Aurea,  Vutlis,  Orval  nu  Val-d'Or,  monastère,  prés 
de  Constance,  en  Suisse.  |  Airvaux,  abbaye  au  dio- 
cèse lie  La  Rochelle.  C'était  une  abbayi;  de  Bénédic- 
tins qui  avait  une  église  du  viii'^  siècle,  remarquable 
par  sa  voûte  et  par  sa  longueur,  comme  toutes  les 
églises  bénédictines  en  général. C'est  aujomd'hui  une 
petite  ville  chef-lieu  de  canton  du  déparlement  des 
Deux-Sèvres,  diocèse  de  Poitiers,  qui  a  Leauconp 
souffert  dans  les  guerres  de  la  Vendée,  sous  la  révo- 
lution. 

Aurciacum  et  Auraicum,  .\uray,  ville  du  diocèse  de 
Vannes,  département  du  Mofbihim  avec  un  petit  port 
de  mer  sur  le  golfe  du  Morbihan,  chef-lieu  de  can- 
ton. Il  y  a  une  église  dédiée  à  Noire-Dame  d'Auray, 
qui  est  un  pèlerinage  célèbre  dans  toute  la  Bretagne, 
surtout  depuis  la  révolution  française.  A  celle  épo- 
que, les  Bretons  se  dévouaient  à  Notre-Dame  d'Au- 
ray et  se  mettaient  sous  sa  protection  avant  de  pnr- 
lir  pour  la  guerre. 

Aurélia  et  Auretiœ,  arum.  "V.  Aureiiani 

Aurelincentis,  se,  d'Orillac. 

Auretiaaim,  Orillac  ou  Aurillac,  ville  et  abbaye 
dans  la  haute  Auvergne,  diocèse  de  St-Fiour,  chef- 
lieu  du  département  du  Canial.  Aurillac  a  vu  naître 
le  pape  SilveMrcU,  connu  sous  !e  nom  de  Gerberl, 
au|uel  on  a  élevé  une  siaïuc,  et  le  cardinal  de  .\o..il- 
Diciio.NN\ii;>i  DK  GÉOGKiruiE  eccl.  11. 


les  ;  elle  a  une  population  de  plus  de  12,000  habi- 
tants. 

Aurelianensis,  se,  d'Orléans,  qui  est  du  territoire 
d'Orléans,  qui  appartient  à  Orléans.  Sept  conciles 
d'Orléans,  en  511,  533,  538,  541,  549,  645, 1017. 

Aureiiani,  orum  et  Aurelianum,  Orléans,  ville  épis- 
cnpale  et  principale  de  l'Orléanais,  département  du 
Loiret. 

Aurelianum,  Lintz,  ville  très-forte  de  la  haute  Au- 
triche sur  le  Danube,  à  160  kilomètres  de  'Vienne. 

Aiireli mus,  a,  «ni;  de  la  ville  d'Orléans,  qui  est 
d'Orléans. 

Aurcus  Lucus  elAurilacum.  V.  Arœ  Lucus. 

Auriliaci'nsis  et  Auritiacum.  V.  Aurelincensii ,  etc. 

Auriniacnm,  Origny,  abbaye  dans  la  Thiérache, 
ancien  diocèse  de  Laon. 

Awio  et  Aurionenae  monasterium,  Evron,  abbaye 
au  Maine,  petite  ville  du  déparlement  de  la  .Mayenne 
au  diocèse  du  Mans,  à  23  kilomèires  de  Laval,  au 
nord-e-i.  il  y  avait  une  abbaye  de  Bénédictins. 

Aiisrensis,  se,  d'Aiich,  du  territoire  d'Auch,  de  la 
province  d'Auch.  Deux  conciles  d'Aucli,  en  1068, 
!279. 

Auscii,  ornm,  Auch,  ville  métropole  en  Gascogne, 
déparlement  d'j  Gers. 

Auscitunus,  a,  um,  de  la  ville  d'Auch.  Deux  con- 
ciles d'Auch,  en  1300,  1338. 

Ausonensis,  se,  de  l'Ausonie,  Ausonien.  Concila 
d'Ausonie  en  lOSS. 

Ausonia,  l'Ausonie,  ancienne  contrée  d'Italie  vers 
le  pays  des  Sabins. 

Aiisterbanium ,  Ostrevant  ou  Ostrebanl,  contrée 
entre  l'Anois,  le  llainaut  et  la  Fbndre. 

Aiisirasiii,  l'Ausirasie,  tout  le  p;iys  depuis  la  Lor- 
raine jusqu'au  Rhin  et  à  l'Escapt.  J  royaume  d'Aus- 
trasle. 

Austrasii,  orum,  les  peuples  d'Awstrasie 

ylustregisi/i  (S.),  Ecclesia  de  Castro,  Sl-Oulrille- 
du-Château,  en  Berry. 

Auiilria,  l'Autriche,  province  d'Allemagne,  empira 
d'Autriche. 

Autevernum  ou  Ateernum,  .Auteverne,  village  dans 
l'ancien  diocèse  de  Rouen,  et  maintenant  dans  celui 
d'Evreux  ;  c;inion  de  Gisors,  arrond.  des  Amlehs, 
départ,  de  l'Eure.  Popul.  environ  300  habilants.  Les 
principales  productions  de  cette  commune  sont  eu 
grains.  On  y  remarque  une  ferme,  autrefois  forlc- 
resse  bâtie  par  les  Anglais  dans  la  guerre  de  Gu  I- 
laume  le  Conquérant  ;  elle  servit  à  défendre  la  ligne 
de  la  rive  droite  de  l'Epte.  Le  château  de  Boisdé- 
iieniets,  appartenant  au  marquis  de  ce  nom,  est  une 
dépendance  de  ce  village  ;  le  parc,  de  la  contenance 
de  175  arpents,  divisé  en  deux  parties,  bnrJe  h 
grande  route  de  Paris  à  Rouen  ;  il  est  enclns  de  si:- 
perfaes  murs  bâtis  en  colonnes  de  briques  et  cailloux; 
ces  murs  forment  une  enceinte  de  près  d'une  lieue 
et  demie,  qui  renferme  de  très-beaux  bois  de  liaule- 
futiie  et  laillis;  un  conduit  en  pierres  de  tailles  que 
le  marquis  de  BoisdéiicniclB  père,  lientenant-géné- 
3 


75 


DlCTrONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


76 


rai,  à  fait  construire,  amène  au  cliâleau  de  belles 
eaux  vives  provenant  d'une  source  située  sur  la  côie 
du  village,  Auteverne  est  à  3  kil.  vers  l'O.  de  St- 
Clairetà  12  au  S.-O.  de  Gisors;  sa  disl.  de  Paris 
est  do  67  Itil.  au  N.-O.,  par  la  grande  roule  de  Rouen. 
Poste  aux  leit.  de  Le  Tilliers-en-Vexin,  dont  il  n'est 
distant  que  d'un  kil.  environ. 

Authura.  V.  Autura, 

Aiithurum,  Auihou,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
Chartres,  aujourd'hui  de  celui  de  Versailles,  canton 
de  Dourdan,  arrondissenienl  de  Rambouillet,  dépar- 
tement de  Seine-et-Oise.  Ce  village,  dont  le  cliàleau 
a  été  démoli  en  1813,  estpiès  de  la  cliau-sée  qui 
conduit  d'Angerville  à  Dourdan.  La  maison  de  cam- 
pagne et  la  ferme  d'Héiouville  en  sont  une  dépen- 
dance. La  population  d'Autliou  est  d'environ  700  ha 
bitants,  en  y  comprenant  le  hameau  du  Plessis-Sninl- 
Benoît,  qui  en  fait  pariie.  Son  terroir  est  en  labour, 
tine  partie  en  bois.  Ce  village  est  à  8  kil.  vers  le  sud 
de  Dourdan,  à  16  k  1.  à  l'ouest  d'Etampes,  et  62  de 
Paris,  entre  le  sud  ei  le  sud-ouest,  par  Dourdan  , 
poste  aux  lettres  de  celte  ville. 

I  Aulhou,  peliie  ville  du  diocèse  de  Chartres  , 
chef-lieu  de  canton  ,  arrondissemeni  de  Nogcni-le- 
Rolron ,  déparlement  d'Eure-el-Loir.  Population 
1,300  habitants  environ.  Il  y  a  des  fabriques  de  ser- 
ges, droguets  et  étamiiies.  Si  distance  de  Paris  est 
de  120  kil.,  de  Nogent-le-Rotrou  16  kil.  Aulhou  a 
quatre  foires  par  nn,  il  y  a  un  bureau  de  poste. 

Autissiodonim  et  Auirica  urbs,  Auxerre,  ville  épis- 
copale  en  Bourgogne. 

Autrechium  ou  Autrecina,  Autrèches,  village  du 
diocèse  de  Beauvais,  canton  d'Attichy,  arrond.  de 
Compiègne,  départ,  de  l'Oise.  Popul.  environ  800 
habitants,  à  i  kil.  de  Vic-sur-Aisne,  où  est  le  bureau 
de  poste. 

Aulrica  urbs.  V.  Aulissiodorum. 

Aulricum.  V.  Caniotum. 

Aulricus  Mons.  V.  Mons.  |  V.  Atricus. 

Autura  Fluvius,  l'Eure,  rivière  de  France  qui  prend 
sa  source  vers  les  confins  du  diocèse  de  Séez,  dé- 
partement de  l'Orne,  dans  la  forêt  de  Logny,  entre 
Nully  ei  Lalande,  et  se  jette  dans  la  Seine  un  peu 
au-dessus  de  Pont-de-l' Arche;  elle  porte  bateau  de- 
puis Maintenun.  Elle  donne  son  nom  au  département 
de  l'Elire  et  à  celui  d'Eure-et-Loir. 

Auxie)i$is  et  Auxilnnus.  V.  Auseientis.  etc. 

Auxuenna,  Sainie-Meiiehoiild. 

Aiixuma  et  Aiixitinum,  Axumo,  Cassumo,  Xumale, 
Auxuine,  Chnxume,  tous  noms  d'une  même  ville, 
autrefois  capitale  de  l'Ethiopie,  5  pré-ent  ville  ruinée 
au  royaume  de  Tigre,  dans  l'Abyssinie. 

Auio,  Sl-Saphorin,  en  Daiiphiné,  ou  Sl-Sympho- 
J-ien  d'Ozou,  bourg  au  diocèse  de  Grenoble,  chef-lieu 
de  canton  an  pied  d  une  colline. 

Avalo,  Avalonensis.  V.  Aballo. 

Celle  ville,  dont  on  trouve  aussi  le  nom  écrit  de 
celte  manière,  Avallo,  Avallon  ou  Avalon,  suivant 
quelques  géographes,  déjendail  de  l'évêché  d'Aulun 


avant  le  concordat  de  1801.  C'était  la  huitième  ville 
qui  députait  aux  états  de  Bourgogne,  et  qui  nom- 
mait aussi  à  tour  de  rôle  le  premier  alcade.  Si- 
tuée sur  la  petite  rivière  du  Cousin,  cette  ville  est 
très-ancienne,  car  il  en  est  fait  meniion  dans  riliné- 
raire  d'Antonin  et  dans  la  Table  de  Peutinger.  Au 
x"  siècle,  elle  éiail  fortifiée,  d'après  les  chronique? 
du  temps.  Avallon  n'avait  qu'une  seule  paroisse, 
l'église  de  Saint-Pierre.  L'église  de  Saint-Julien,  bâ- 
tie au  milieu  de  la  ville,  n'était  qu'une  annexe.  Elle 
a  été  démolie  dans  le  cours  delà  révolution. L'église 
paroissiale  de  Sainl-Marlin  avait  donné  son  nom  au 
faubourg  où  elle  est  située.  L'égli-e  collégiale,  sous 
l'invocation  de  Saint-Lazare,  fut  fondée  en  l'ainiée  846 
par  Gérard  de  Roussillon,  comte  de  Nevers  :  son 
chapitre  se  composait  de  douze  chanoines  et  d'un 
chapelain.  Les  canonicats  valaient  1,200  livres.  Le 
portail  de  celle  église,  par  ses  colonnes  torses  d'un 
genre  bizarre  et  d'une  extrême  délicatesse,  offre,  si 
nous  pouvons  parler  ainsi,  une  excentricité  de  l'ar- 
chileclure  gothique.  Les  diflicultés  et  les  mille  dé- 
tails de  l'exécution  font  le  plus  grand  honneur  à  la 
patience  et  au  génie  de  l'artiste.  Mallieureusenient, 
la  vill  '  d'Avallon  ne  s'est  p' int  montrée  bonne  et  fi 
dèle  gardienne  de  ce  prccieux  travail.  Les  Pères  de 
la  Doctrine  Chrétienne,  institués  en  lOGi,  occupaient 
le  collège  où  ils  ont  laissé  une  réputation  universi- 
taire. Les  Minimes  y  avaient  éiahli  un  couvent  de 
leur  ordre  en  1607,  les  Capucins  en  1653,  les  Ursu- 
lines  en  1629,  et  les  Visilan<line«,  ou  les  filles  de  la 
Visiiaiion  de  Sainte-Marie  en  1C46.  Les  Ursulines 
avaient  un  peni^lonnaiel  apprenaient  à  lireet  à  écrire 
aux  jeunes  filles  des  indigents.  —  La  ville,  dans 
une  plaine  fertile  en  grains,  est  à  4  kl.  des  vignobles 
qui  produisent  les  vins  renommés  de  son  territoire, 
à  peu  de  distance  de  la  rivière  de  la  Cure,  et  sur  le 
bord  septentrional  du  Cousin,  qu'elle  domine  par  un 
escarpement  pitioresque;  d'autres  escarpements  plus 
pittoresques  encore  se  motitreni  sur  la  rive  opposée. 
Les  sinuosités  de  la  rivière  et  de  l'étroit  vallon 
qu'elle  arrose,  les  sombres  masses  de  granit  qui  s'é- 
lèvent de  p:irt  et  d'autre,  enfin  le  ion  sauvage  et  bo- 
cager  qui  règne  dans  toute  la  perspective,  égayée 
vers  une  extrémité  par  la  jolie  maison  des  Panais, 
rappellent  quelques  paysages  des  cantons  de  Berne 
et  de  Fribourg.  On  croit  voir  un  coin  de  la  Suisse  au 
milieu  de  la  France.  Celle  ville  est  régulièrement 
bàiie;  ses  rues  sont  larges,  propres  et  bien  percées; 
elle  possède  plusieurs  jolies  promenades,  dont  celle 
appelée  le  Peiit-Cotirs  offre  aux  yeux  les  sites  les 
plus  agréables.  Les  hauteurs  voisines  de  la  rivièrff 
du  Cousin  sont  garnies  de  pointes  de  rochers  qui 
percent  au  milieu  des  bosquets  et  à  travers  la  ver- 
dure ;  des  jardins  en  terrasses  paraissent  suspendus 
sur  le  pe:ichaiit  des  collines.  An  delà  de  là  vallée 
fort  éiroiie  où  coule  le  Cousin,  s'étend  une  grande 
plaine  assez  bien  culiivée  et  terminée  par  d'immenses 
forets  qui  ferment  l'horizon.  En  1823,  on  fil  des 
fouilles  dans  un  villag  ■  près  d'Ava'lon  qui  fournirent 


\ 


77 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  78 

deux  slalues  de  pierre  à  peu      assassinée  par   les  enfanis  du  premier  lii  de  saim 


les  objets  suivants  :  1" 
près  dans  leur  entier  ;  Tune  parait  représenter  un 
sacrilicaleur,  l'autre  un  chasseur  nu  :  la  tète  de  la 
première  a  été  retrouvée;  on  espérait  découvrir 
celle  de  la  seconde  ;  2°  plusieurs  fragments  en  pierre, 
dont  trois  têtes,  et  de  beaux  fragments  en  marbre, 
particulièrement  la  tète  assez  bien  conservée  d'une 
statue  de  Minerve  ou  de  Rome-Déesse;  3°  quelques 
débris  d'une  inscription  insuffisants  pour  la  rendre 
intclligilile  ;  4*  et  130  médailles  environ,  la  plupart 
de  réplique  de  Constantin  ;  quelques-unes  cependant 
des  Anliinins,  dont  deux  en  argent  sont  assez,  bien 
conservées.  Le  Cousin  fait  tonrner  sept  à  huit  mou 
lins  à  farine,  des  moulins  à  foulon  et  à  tan,  et  un 
moulin  à  scie.  Une  papeterie  ancienne  est  établie 
sur  celle  rivière,  quiestfurt  poissonneuse.  On  fabri- 
que à  Avallon  de  gros  draps  et  drogueis,  merrain  et 
feuillette».  Il  y  a  plusieurs  tanneries.  Son  commerce 
consiste  en  grains  ,  vin  ,  bois  de  toutes  sortes  pour 
l'approvisionnement  de  Paris  ;  en  laines  communes, 
chevaux  et  bestiaux.  La  pop.  est  de  70u0  âmes.  — 
Avallon  forme  un  arrund.  du  départ,  de  l'Yonne;  il 
renferme  "0  commîmes  et  45,980  hab.et  se  divise  en 
cinq  cantons  ;  Avallon,  Guillon,  l'Isle-sur-le-Serein, 
Quarre-les-Tombes  et  Vézelay.  —  Relais  de  poste 
aux  chevaux  ;  bureau  de  poste  siiué  sur  la  route  de 
Paris  à  Lyon,  par  Autun.  Avallon  est  la  patrie  de  La- 
lare- .4ndré  Bocquilloi,  avocai,  ensuite  prêtre,  auteur 
de  plusieurs  volumes  d'homélies  et  d'un  traité  sur  la 
liiurgie,  né  en  1648,  mort  en  17-28  ;  de  Jacques  Boi- 
leau,  député  à  la  convention  nationale,  décapité  en 
octobre  1795,  âgé  de  41  ans;  de  Pierre  Bourbolle, 
député  à  la  convention  nationale,  né  à  Vauli,  près 
Avallon,  décapite  en  juin  1795;  et  de  C"Usiu  d'Aval- 
Ion,  auteur  d'un  très-grand  nombre  d'ouvrages  de 
littérature. 

Avallon  est  actuellement  un  archidiaconédu  diocèse 
de  Sens.  On  y  voit  une  bibliothèque  de  15,000  vol. 
et  un  liOpiial,  fondation  d'un  président  au  parlement 
de  Dijon  (Odeberl),  remarquable  par  son  architecture 
cl  par  son  étendue.  Cette  ville  est  à  50  kil.  sud-est 
d'Auxerre,  et  21 G  sud-est  de  Paris. 

Avnlocium.  V.  Allocium. 

Avarictim  et  Ararkum  BiiHrkum.  V.  Bourges,  t.  IIL 

Avedonenses ,  ium ,  le  pays  d'Aunis.  V.  Alnisium. 

Aveuacim,  Avenay,  petite  ville  du  diocèse  de 
Reims  canton  d'Aï,  départ,  de  la  Marne,  sur  un 
ruisseau,  à  4  kil.  de  la  rive  droite  de  la  Marne.  La 
population  est  de  ISd»  habitants  environ.  Il  se  fit 
à  Avenay  un  oomnierce  d'exfel'enis  vins  de  Cham- 
pagne, rougfs  et  blancs.  —  Il  y  av;iit  près  d'Avenay 
une  rélèbre  ahliaye  de  filles,  de  l'ordre  de  Saint- 
Benoit,  sjinée  diins  une  vallée  connue  sous  le  nom 
d'Aure.  Cette  maison  jouissait  au  moins  de  2.5,000 
li».  de  rente  ;  la  communauté  était  ordin  lirement 
composée  de  40  religieuses.  Elle  avait  été  fondée  par 
sainte  Berthe,  femme  de  saint  Goniberi,  maire  du 
palais.  Celte  sainte  fondatrice  en  fut  la  première  ah- 
besse  :  elle  mourut  d'une  mort  violente,  car  elle  fut 


Gombert,  son  époux,  en  haine  de  ce  que  leur  pèrç 
avait  employé  la  meilleure  partie  de  ses  biens  ii  fon- 
der des  monastères  et  à  donner  à  sainte  Berihe  de 
quoi  fonder  rieheineul  celui  d'Avenay.  C'était  l'ab- 
besse  d'Avenay  qui  nommait  aux  six  canonicats  dont 
était  composé  le  chapitre  de  l'ésîlise  collég.  établie 
dans  la  ville  d'Avenay.  Cette  abbaye  était  une  dec 
plus  belles  maisons  religieuses  du  royaume,  et  son 
encloi  un  des  plus  vastes  et  des  mieux  disposés. 

Avenay  est  à  6  kil.  de  la  ville  d'Epernay,  et  à  116 
de  Paris. 

Avendum  et  Avendumm.  V.  Remiremont,  1. 111. 

Avenio,  Avignon,  ville  métropole  et  principale  du 
comtat  de  Venaissin,  dans  les  enclaves  de  la  Pro- 
vence, dépendant  di.i  saint-siége.  Elle  était  comprise 
dans  la  province  Viennoise  de  l'exarchat  des  Gaules. 
Cédée  au  pape  en  1548,  par  Jeanne,  comtesse  de 
Provence,  reine  de  Naples,  Sixte  IV  l'érigea  en  ar- 
chevêché en  1575,  et  permit  à  ses  chanoines  de  por- 
ter le  rouge  comme  les  cardinaux.  Les  papes  y  ont 
séjourné  depuis  1507  jusqu'en  1570;  ce  qui  a  en 
quelque  sorte  amené  le  grand  schisme  d'Occident. 
Le  premier  pape  qui  s'y  établit  était  un  français, 
Bertrand  de  Gut,  archevêque  de  Cordeaux,  qui  prit  la 
nom  de  Clément  V;  et  le  dernier  qui  en  sortit  pour 
retourner  à  Rome  fut  Grégoire  XI.  Le  palais  des 
papes,  bàli  par  Jean  XXII,  monument  étonnant  de 
l'architecture  du  xiv  siècle  et  qui  aurait  dû  être 
respecté  et  conservé,  a  perdu  tout  son  caiacière 
d'originalité,  ayant  été  affecté  au  casernement  delà 
cavalerie.  Le  célèbre  pont  jeté  sur  le  Rhône,  dont 
la  coiistruciion  primitive,  attribuée  à  saint  Bénezet, 
était  devenue  proverbiale  même  dans  les-cliansons 
du  peuple,  a  disparu  avec  ses  lOaiches.  Avignon, 
chef-lieu  du  département  de  Vaucluse,  est  resté  ar- 
chevêché, avec  Mimes,  Valence,  Viviers  et  Montpel- 
lier pour  suffragants. 

Aveniotiemis,  se,  d'Avignon,  qui  est  d'Avignon. 
Sept  conciles  d'Avignon,  en  1209, 1210,  1270,  1279, 
1282,  1520,  1357. 

Avennacum,  Avenay,  bourg  au  diocèse  de  Reims 
déparienient  de  la  Marne,  qui  avait  une  riche  abbaya 
de  Bénédictins  de  fondation  royale.  Il  y  a  deux  vil- 
lages de  ce  nom  en  France,  l'un  au  diocèse  de  Be- 
sançon et  l'autre  au  diocèse  de  Bayeux. 

Aventicensis,  se,  d'.\venches. 

Avtntkum,  Avenclies,  ville  autrefnis  célèbre,  co- 
lonie romaine  sous  Vespasien,  près  du  lac  Morat, 
elle  faisait  partie  de  la  Maxime  Séijuanaise,  dans 
l'exarchat  des  Gaules.  Elle  l'ut  d'abord  i  uinée  par 
les  ('■ermains  sous  l'empereur  Gallien.puis  par  Attila. 
Rebâtie  par  les  Bourguignons,  elle  lut  de  nouveau 
ruinée  .à  la  iiii  du  vi«  siècle,  et  son  évêché  transféré 
à  Lausanne,  en  .591. 

Averbodium,  Everbeur,  ancienne  abbaye  au  dio- 
cèse d;  Malincs,  en  Belgique. 

Aierwim,  Avernes  ,  village  de  .  ancien  diocèse  de 
Rouen  et  acinellement  de  celui  de  Versailles,  canlor 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


79 

de  Marines,  arrond.  de  Ponloise,  départ,  de  Seine- 
el-Oi?e.  L:i  lerre  d'Avernes  ,  ancien  marquisat ,  est 
possédée  par  une  branciie  de  la  maison  de  Montmo- 
rency. Le  parc,  tenant  au  château,  est  d'une  éten- 
due de  40  arp.  Dans  ce  village  est  une  maison  de 
campagne  où  deux  sœurs  dites  de  Saint-Lazare  sont 
établies  pour  l'assistance  des  malades  et  l'éducation 
des  jeunes  filles.  La  pop.  d'Avernes  est  d'environ  400 
hab.,  y  compris  le  hameau  de  Feul.nrde,  où  se  trouve 
une  tuilerie.  Les  principales  productions  de  son  ler- 
.'oir  sont  en  grains  ;  une  partie  est  en  bois.  On  y 
trouve  une  carrière  de  pierres  de  taille  el  moellons, 
et  deux  sources  d'eau  vive  ,  l'une  très-abondante  , 
nommée  la  Doye,  el  l.'auire  la  Poreuse  ,  forment  en- 
semble un  ruisseau,  nommé  l'Aubette  ,  qui  fait  tour- 
ner deux  moulins  de  cette  commune,  et  plusieurs 
antres  jusqu'à  Meulan,  où  ce  ruisseau  se  jette  dans 
la  Seine.  Le  village  d'Avernes  est  à  10  kil.  vers  le 
S.-O.  de  Marines  ;  sa  distance  de  Paris  est  de  ii  kil. 
su  N.-O.,  par  la  grande  route  de  Rouen.  Poste  aux 
lettres  de  Meulan. 

Avesiiœ  ou  Aveiinœ,  Avesnes,  petite  ville  forte  du 
diocèse  de  Cambrai  ,  chef-lieu  d'arrondissement 
du  département  du  Nord.  Elle  est  située  dans  une 
contrée  fertile,  sur  l'Helpe  majeure,  à  1-2  kil.  de  son 
embouchure  dans  la  Sambre.  Elle  est  généralement 
Iiien  bâtie  el  lorliliée  d'après  le  système  du  célèbre 
Vauban.  La  ville  d'Avesnes  existait  dès  le  xi'  siècle. 
Elle  avait  donné  son  nom  à  des  seigneurs  qui  étaient 
comtes  de  Hainault ,  de  Hollande  et  de  Zélande. 
Louis  XI  la  prit  et  tit  passer  tous  les  habitants  au  fil 
de  l'épée,  à  l'exception  des  notables,  au  nombre  de 
17.  En  l.jo9,  les  Espagnols  s'en  rendirent  maîtres  ; 
elle  fut  enfin  cédée  à  la  France  par  le  traité  des 
Pyrénées,  en  1659.  Il  y  avait  à  Avesnes  un  bailliage 
royal,  un  bailliage  des  bois  et  prévôté  pour  la  terre 
et  prairie  d'Avesnes,  une  église  collégiale,  un  cou- 
vent de  Récollets,  un  couvent  de  Récollellines  ou 
RécoUetles,  un  hôpital,  une  maréchaussée,  un  bureau 
de  cinq  grosses  fermes,  etc.  Le  bailliage  royal  avait 
été  établi  par  édii  du  roi  en  1661  ;  il  était  composé 
d'un  lieutenant  général,  d'un  procureur  el  d'im  avo- 
cat du  roi.  Le  ressort  de  ce  bailliage  comprenait  la 
ville  et  la  terre  d'Avesnes;  il  connaissait  par  appel 
des  sentences  rendues  aux  tribunaux  particuliers  de 
Philippeville  et  de  Mariembourg.  —  Le  chapitre  de 
l'église  collégiale  de  la  ville  avait  été  fondé  le  10 
avril  1554,  i)ar  Louise  d'Albret,  veuve  de  (Charles  de 
Crouy,  princesse  de  Cbiniay  et  dame  d'Avesnes.  Il 
était  composé  d'un  prévôt,  d'ufi  doyen,  d'un  curé  et 
de  douze  chanoines,  qui  étaient  tous  à  la  nominaiioii 
du  roi ,  à  la  réserve  du  prévôt,  qui  était  élu  jar  le 
chapitre.  Chaque  canonicat  valait  environ  43J  livres 
de  revenu;  les  digiiiiaires  avaient  quelque  chose  de 
plus.  —  L'église  est  un  bâtiment  plus  solide  qu'élé- 
gant. Elle  est  surmontée  d'une  lour  de  500  iiieds  de 
haateur  qui  renferme  un  beau  carillon.  On  voyait 
dans  le  chœur  le  mausolée  de  la  fondatrice,  qui  était 
de  marbre  noir,  avec  des  figures  et  ornemenis  de 


marbre  blanc.  Louise  d'Albret  était  représentée  à  ge- 
noux devant  le  saint  sacrement  ;  sa  statue  était  d'un 
très-beau  marbre.  Il  y  avait  dans  cette  église  une  an- 
cienne confrérie,  sous  le  nom  de  Saini-Jean-Baptiste, 
composée  d'un  roi,  d'un  maître,  d'un  connétable  et 
de  plusieurs  confrères.  Celte  confrérie  avait  été  éri- 
gée en  compagnie  de  chevaliers  de  l'arquebuse  par 
lettres  patentes  du  roi,  en  décembre  1715.  Ces  che- 
valiers tiraient  tous  les  ans,  ta  veille  de  saint  Jean- 
Baptiste,  à  l'oiseau  avec  des  fusils  ;  il  y  avait  un  prix 
pour  celui  qui  était  roi.  Les  bourgeois  jouissaient  de 
quelques  privilèges  assez  considérables,  qui  leur 
avaieni  été  accordés  en  différents  temps,  entre  autres 
du  droit  de  chasse  et  de  pèche  ,  de  la  liberté  de 
prendre  du  bois  de  charpente  et  de  chauffage  dans 
la  forél  de  .Morinal,  etc.  Ces  mêmes  privilèges  leur 
avaient  été  conservés  eu  passant  sous  la  domination 
française,  et  confirmés,  en  1717,  par  le  duc  d'Or- 
léans, alors  régent  du  royaume.  —  Les  Russes  s'em- 
parèieut  d'Ave^ies  en  1814,  et  les  Prussiens  le  21 
juillet  181-'),  après  deux  jours  de  siège,  et  par  suite 
de  l'explosion  d'une  poudrière  qui  détruisit  presque 
toute  la  ville.  Elle  a  éié  rebâtie  en  moins  d'un  an. 
Le  climat  du  pays  d'Avesnes  est  froid,  el  son  terroir 
rude  et  ingrat.  Les  terres  labourables  n'y  produisent 
gutre  autre  chose  que  de  l'orge,  de  l'avoine,  des  pois 
et  de  la  vesce.  Le  froment  y  vient  difficilement  ;  d'un 
autre  côté,  les  fruits,  comme  pommes,  poires,  prunes, 
cerises,  y  croissent  en  abondance;  il  s'y  fait  aussi 
de  grandes  récoltes  de  houblon.  Il  y  a  des  fabriques 
de  bonneterie,  de  laine,  de  genièvre  et  de  savon  vert, 
de  nombreuses  brasseries  ;  des  raffineries  de  sel,  des 
tanneries  et  des  briqueteries.  Aux  environs  sont  des 
mines  de  fer,  forges,  hauts-fourneaux,  clouteries  el 
verreries.  Le  commerce  d'Avesnes  consiste  en  grains, 
fruits  ,  houblon,  bestiaux,  fromage  dit  de  Maiotles, 
quincaillerie,  fil  de  fer,  clous,  tôles,  cuir,  ardoises, 
charbon  de  lerre,  bois  de  charpente,  cendre,  fossi- 
les, elc.  Celle  ville  est  à  96  kil.  S.-E.  de  Lilie,  58  E. 
de  Cambrai,  56  S.  de  Mons,  200  N.-E.  de  Paris.  Sa 
pop.  est  de  5,150  hab.;  son  arrond.  renferme  167 
communes  et  41, .'587  hab.  ;  il  est  divisé  en  10  cant.  : 
Avesnes  (2  cant.) ,  Davai  ,  Iterlaimont,  Laiidrecies  , 
Maubeuge,  le  Quesnoy  (2  cant.),.  SoIre-le-Chiteau  et 
Trelon. 

Avieium.  V.  Le  Puy  en  Vélay,  t.  Il(. 

Aviensis,  se,  d'Abie. 

Avmum,  Avisia,  Avize,  ou  Avise,  doyenné  du  dio- 
cèse de  Châlons  sur-Marne,  chef-lieu  de  canton,  dé- 
partement de  la  Marne,  à  24  kil.  de  Châlons.  On  y 
récolte  d'excellents  vins  inousseu.v,  dont  les  habiiaiils 
font  un  grand  commerce.  C'est  dans  ce  bourg  que  se 
trouve  le  bureau  de  l'entreprise  Nichols  et  compa- 
gnie pour  la  vinification.  Il  s'y  lient  deux  foires  pat 
an.  Population  1,500  habitants  environ.  Bureau  de 
poste  d'Epernay. 

,4i'i;i  Sancli  Vicus  ,  Saini-Avil  ou  les  Guépière.= , 
paroisse-du  diocèse  de  Chartres,  qui  a  reçu  son  pre- 
mier nom  de  saint  \\a,  soliiaiie  el  apôtre  dan>  1» 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


BI 

pays.  Elle  est  du  canton  de  Brou,  arrondissement  de 
Châteaudun  ,  dé|wrtenient  d'Eure-et-Loir.  Il  existe 
dans  cette  cununune,  sur  le  bord  du  chemin  d'Illiers 
à  Bonneval,  vis-à-vis  le  moulin  de  Quincainpois,  sur 
la  rive  gauche  du  Loir,  un  monument  celtique  irès- 
remarrjuablc.  Ce  monument,  qui  paraît  avoir  été  an- 
ciennement destiné  aux  sacriGces  iiuinains ,  est 
composé  de  irois  grosses  pierres  brutes  ,  dont  les 
principales  ont  jusqu'à  9  et  10  pieds  de  longueur; 
elles  sont  élevées  sur  d'au(res  moins  volumineuses, 
et  disposées  de  manière  à  ce  que  les  victimes  pussent 
facilement  être  placées,  soit  pour  être  brûlées  dans 
des  mannequins  où  on  les  enfermait  avec  des  ani- 
maux vivants ,  ou  pour  être  précipitées  sur  des  pi- 


ques plantées  au  bas  de  la  plus  élevée  de  ces  pierres. 
—  La  populaiion  de  Saint-Avit  est  de  730  habitants 
environ.  Bureau  de  poste  d'Uliers,  dont  il  est  à  la 
dislance  d'une  lieue. 

Avium,  Âbie,  dans  l'Âbruzze  ultérieure,  en  Italie. 

Axiacum,  Aissé,  en  Limousin. 

Axima,  St-Jaquème,  en  Tarentaise,  Savoie. 

Axona,  l'Aisne,  rivière  de  France  qui  prend  sa 
source  au  village  de  Soulleirs,  près  Bar-le-Duc,  dio- 
cèse de  Verdun,  reçoit  le  Veaux  à  Retbel,  passe  à 
Chàteau-Porcien,  où  elle  commence  à  éire  naviga- 
ble; passe  à  Neufchàlel,  s'approche  de  Jailly,  tra- 
verse ensuite  Soissons  et  va  se  jeter  dans  l'Uise,  uo 
peu  au-dessous  de  Compiègne. 


B 


Babœ  Mont,  Babemberga,  et  Bamberga,  o'après  l'ab 
bédé  Commanville:Bamberg,  ville  delà  Franconie, 
qui  a  occupé  une  place  dans  la  géographie  ecclé- 
siastique du  moyen  âge;  elle  dépendait  de  la  métro- 
pole de  Mayence.  L'évêché  y  fut  érigé  par  Benoît  VIII, 
nioyennani  nne  certaine  redevance  envers  le  saint- 
siège  ;  mais  l'empereur  Henri  l'en  fit  décharger  peu 
après,  en  donnant  au  pape  le  duché  de  Bénévent. 
Le  pape  Clément  II  fit  cet  évêché  exempt.  Le  do- 
maine de  l'évêque  comprenait  plusieurs  villes;  il 
était  prince  de  l'Empire,  et  avait  les  mêmes  ofliciers 
que  l'empereur.  Voir  au  mol  Bamberg  pour  les  chan- 
gemenis  occasionnés  dans  la  position  de  celle  ville 
par  les  révolulions  modernes. 

Bacaudarum  Cattrum  Vetut,  le  Vieux  Chàleau  des 
Bagaudes,  à  présent  St-Maur-les-Fossés ,  à  8  kilom. 
de  Paris. 

Le  territoire  de  St-Maur-les-Fossés,  appelé  ainsi  à 
cause  des  fossés  qu'on  y  avait  creusés  pour  en  faire 
une  île,  en  y  faisant  passer  un  bras  de  la  Manie,  est 
situé  sur  l'isibme  de  la  péninsule  qui  forme  le  cours 
de  celte  rivière.  Tous  nos  anciens  historiens  assu- 
rent qu'au  milieu  de  ces  fossés  il  y  a  eu  un  château 
qu'on  appelait  Castrum  Bagaudarum,  Château  des  Ba- 
gaudes. Un  moine  du  w  siècle,  qui  vivait  au  monas- 
tère des  Fossés,  prétend  avoir  vu  les  restes  des  mu- 
railles de  ce  château  ,  et  il  affirme  que  ces  ouvrages 
furent  élevés  par  Jules  César,  et  que  ceux  auxquels 
il  en  confia  la  garde  s'appelaient  Bagaudes,  d'où  est 
venu  Caj/riim  Bagaudarum.  L'abbé  Leboeuf  prétend 
au  contraire  que  le<  Bagaudes  ne  commencèrent  à 
paraître  que  500  ans  plus  tard,  sous  Dioclélien  et 
Maximien  ;  c'étaient  des  Gaulois  insurgés  contre  le 
gouvernement  romain,  auxquels  s'associaient  des 
soldats  révoltés  qui  menaient  la  vie  de  brigands. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  y  avait  dans  la  presqu'île  des 
Fossés  un  temple  au  dieu  Sylvain  et  un  collège  de 
prêtres  consacrés  au  culte  de  celle  divinité  païenne, 
ainsi  que  le  prouve  une  inscripiion  découverte  en 
4725.  Un  diplôme  de  Clovis  II ,  roi  des  Francs ,  et 
daté  de  l'an  058,  donne  à  Blidégisile,  pour  y  fonder 
un  monastère,  une  forteresse,  casie/Zionum  ,  appeée 


des  Kossés,  qu'en  langue  vulgaire  on  nomme  Cai- 
trum  Bagaudarum,  Château  des  Bagaudes.  Si  l'exis- 
tence de  ce  diplôme,  qui  porte,  du  reste,  comme 
tant  d'autres  ,  d'incontestables  signes  de  fausseté,  ne 
prouve  pas  irréiragablement  l'existence  du  château 
des  Bagaudes,  il  atteste  du  moins  que  celte  appella- 
tion est  fondée  sur  une  tradition  fort  ancienne.  Ca 
monastère  devint  une  abbaye  de  Bénédictins,  qui  fut 
sécularisée  en  1553  et  occupée  par  des  chanoines 
qu'on  réunit  plus  tard  au  chapitre  de  Saint-Louis-du- 
Louvre  à  Paris.  L'abb.iye  portail  le  nom  de  Sl-Maur, 
paice  que  les  reliques  de  ce  saint,  premier  discipla 
de  s:iiiit  Benoit,  y  avaient  été  déposées  lors  des  in- 
vasions des  Normands.  II  n'en  reste  plus  de  traces. 
Sl-Maur  est  devenu  une  peiiie  ville  de  fabriques,  et 
le  canal  qui  la  traverse  la  rend  très-industrielle. 

Badœ,  arum,  Bada  ou  Vaga ,  suivant  l'abbé  de 
Commanville,  et  Vada  seidemeni,  d'après  le  P.  Cliar- 
les  de  St-Paul ,  ancienne  ville  épiscopale  de  la  Nu- 
midie  ,  dont  il  ne  reste  aucun  vesiige 

Bagmum,  ou  Bagacum,  Ray ay,  petite  ville  du  dio- 
cèse de  Cambrai,  arrondissement  d'Avesnes,  chef- 
lieu  de  canton,  département  du  Nord,  à  24  kil.  nord- 
nord-ouest  d'.^vesnes,  et  20  sud-sud-ouest  de  .Mons, 
est  d'une  haute  antiquité.  Elle  était  lecbef-lieu  des 
Nerviens,  peuple  considérable  de  la  seconde  Belgique. 
Les  Romains  y  avaient  conduit  les  eaux  de  plusieurs 
fontaines  qui  se  trouventdans  le  village  de  Floresies, 
à  environ  20  kil.  au  midi  vers  le  levant  de  Bavay. 
Ces  eaux  devaient  è;re  portées  sur  un  aqueduc  à 
travers  la  livière  de  Sambre.  Bavay  doit  avoir  été 
un  lieu  de  très-grande  importance,  puisque  toutes 
les  grandes  roules  ou  chaussées  romaines  y  aboutis- 
saient. Une  de  ces  chaussées  conduit  à  Maésiricht 
et  à  Cologne  par  Tongres:  une  autre,  à  Reims;  une 
troisième,  à  Soissons  ;  nne  quairièuie,  à  Amiens, 
qui  est  continuée  de  là  jusqu'à  Montreuil  ;  une  cin- 
quième, à  Mardick,  en  passant  par  Valenciermfs  et 
Tournay;  une  sixième,  à  Ulrecht;  une  septième,  à 
GaniJ.  On  y  trouve  en  plusieurs  endroits  des  cail- 
loux et  des  pierres  à  fusil,  qui  doivent  y  avoir  été 
apportés  de  bien  loin.  Ces  chaussées  furent  faites  du 


S5 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


84 


temps  d'Augusle  par  Agrippa,  lanl  pour  occuper  les 
Mgioiis  romaines  que  pour  faciliier  la  marche  des  ar- 
mées et  la  coniluiie  des  vivres.  Il  paraît  qu'elles 
étaient  tirées  à  la  ligne  autant  que  possible,  et  assez 
élevées  au-dessus  du  terrain.  Bruneliaut,  reine  d'Aus- 


dans  un  endroit  soliiaiie;  elle  est  sous  le  litre  de 
Saint-André  apoire.  Les  fondements  en  sont  sans 
doute  anciens;  mais  elle  a  été  si  souvent  réparée  et 
replâtrée,  qu'on  n'y  connaît  plus  aucun  vestige  des 
siècles  reculés.  Elle  eut  pour  curé  Jehan  B  nneau, 


trasie   les  fit  réparer  presque  toutes  environ  GOO  ans      grelfier  de  la  chambre  ecclésiastique,  aumônier  d'E- 


après  leur  première  cunsiruciion,  et  c'est  pour  cela 
qu'on  leur  donne  presque  partout  le  imm  de  clians- 
sées  de  Brunehaut.  On  voit  encore  à  Bav.iy  les  tra- 
ces d'un  cirque  et  les  restes  d'un  aqueduc,  et  on  y 
a  trouvé  beaucoup  de  médailles  et  d'autres  antiqui- 
tés. Une  colonne  à  sept  pans,  élevée  dans  la  place 
publique,  indique  les  anciennes  chaussées  qui  abou- 
tissaient à  la  ville.  Bavay  est  située  dans  une  contrée 
très-fertile.  On  y  fabrique  des  instruments  aratoires 
et  de  ferronnerie,  platines  de  fer,  pelles,  poêles  à 
frire,  clous,  chaînes,   bonneterie,   fil  et  poterie  de 


tienne  de  Poncher,  évè|uede  Paris,  et  plus  tard  at- 
taché à  la  personne  du  roi  Cliarles  Vil.  Bunneau  fut 
assassiné  le  13  juillet  1304,  et  inhumé  dans  l'église 
de  Baubigny. 

Baldomeris  Oppidum,  St-Galmier  ou  Sl-Garmier, 
dans  le  Forez,  diocèse  de  Lyon,  département  de  la 
Loire.  Cette  petite  ville  tient  son  nom  d'un  ouvrier 
serrurier  de  Lyon,  qui  se  retira  dans  la  solitude  et 
mourut  en  odeur  de  sainteté. 

Baldomoiuium  ou  Beldomoiitiiim,  Beaudemont,  vil- 
lage de  l'ancien  diocèse  de  Rouen,  maintenant  de 


qualité.  Il  s'y  trouve  cinq  tanneries  et  des  fonderies  de      celui  d'Evreux,    arrond.   des  Anilelys,  départ,  de 

fer  et  de  cuivre.  Son  commerce  consiste  en  grains,      ■"  ■ 

eaux-de-vie  et  bestiaux.  Il  y  avait  à  Bavay  un  col- 
lège occupé  par  les  piètres  de  l'Oratoire,  un  couvent 
de  Récollets  et  une  maison  de  religieuses  pénitentes. 
La  population  est  de  2,000  habiianls  environ. 

Baivaria  ,  la  Bavière  ,  province  et  duché  en  Alle- 
magne au  moyen  âge,  depuis  électoral,  et  maintenant 
royaume.  V.  Bavière. 

Bajocœ ,  arum,  Bayeux  ,  ville  épiscopale  en  Nor- 
mandie, départ,  du  Calvados. 


l'Eure,  près  de  la  rivière  de  l'Epie,  a  12  kil.  vers  le 
N.-E.  de  Vernon,  où  est  le  bereau  de  poste,  et  66 
kil.  de  Paris  vers  le  N.-O.  Cette  terre  est  une  an- 
cienne baronnie.  On  y  voit,  sur  une  hauteur,  les 
restes  considérables  de  foriifications  et  d'une  car- 
rière dont  les  pierres  ont  servi  à  la  conslruciion  de 
l'abbaye  du  Trésor.  La  popul.  de  ce  village  est 
d'onv.  130  liab.,  en  y  comprenant  le  hameau  de  Vil» 
leacuve  et  les  maisons  isolées  du  petit  Beaudemont, 
Le  terroir  de  cette  conmiune  est  en  labour,  en  bois, 


Bajocassinum ,  le  Dessin,  contrée  de  Normandie     en  vignes  et  en  prairies. 


dont  Bayeux  est  la  ville  princi;iale. 

Bajocensis,  se,  de  Bayeux.  Concile  de  Bayeux,  en 
1300.  Bajocense  terriiorium.  V.  Bajocassinum, 

Balancium.  V.  B.  Balineacum. 

Balbiniacum  ,  Baubigny,  petit  village  fort  ancien 
du  diocèse  de  Paris,  arrondissement  de  Saint-Denis, 
à  7  kil.  de  Paris.  La  population  est  de  370  habilanis 
environ.  Les  principales  productions  du  terroir  sont 
en  céréales.  Bureau  de  poste  de  Pantin.  Vers  l'an 
700,  la  dame  Erraineihrude,  dont  il  est  souvent  ques- 
tion dans  l'Hisioire  de  Paris,  à  cette  époque,  légua  à 
son  cher  fils  la  moitié  de  ce  qu'elle  possédait  à  Bau- 
bigny et  à  Laiini,  c'est-à-dire  la  moitié  des  habits, 
des  ustensiles  de  labourage  et  des  bœufs.  Simili 
modo  de  Balbiniaco  lam  vesiis  quam  œrameii  vel  uten- 
silia  et  de  bovebus  ex  omniamedielatem  sibi,dutcissime 
fili,  babe.re  prœcipio  (sic).  Il  y  avait  un  château  assez 
joli  dans  ce  village;  il  fut  détruit  eniièrement  lors 
desora^es  révolutionnaires,  et  il  n'en  reste  absolument 
rien  ;  mais  le  pare  existe  toujours,  et  c'est  au  milieu 
que  jaillissent  les  trois  sources  du  ru  de  Montl'orl, 
que  grossissent,  avant  de  quitter  le  terroir  de  Bau- 
bigny, deux  autres  sources.  Il  y  eut  deux  fiels  dans 
la  terre  de  Baubigny  :  l'un  relevait  de  l'abbaye  de 
Saint- Denis,  l'autre  du  seigneur  de  Livry.  Le  plus 
ancien  des  seigneurs  connus  de  Baubigny  était  un 
gentilhomme  conimcnsal  de  l'abbé  Suger.  Ce  fut  un 
nerdrier  de  Baubigny  qui,  en  1362,  tua  le  niaréclial 
Saint-André  à  la  bataille  de  Dreux.  —  L'église  pa- 
roissiale est  au  bout  du  village,  du  côté   oriental, 


Baléares  insulœ,  les  Baléares  ,  îles  de  la  mer  d'Es- 
pagne dans  la  Méiliierrauée,  qui  ont  joué  un  rôle 
assez  important  au  moyen  âge  et  dans  l'histoire  ma- 
ritime de  cette  époque.  Dès  le  xiii<^  siècle,  elles  dé- 
pendaient du  royaume  d'Aragim.  Elles  forment  un 
archipel  vis-à-vis  les  côtes  de  Valence.  Les  Grecs  les 
appelaient  tantôt  Gymnésies,  parce  que  leurs  habi- 
lanis étaient  nus;  tantôt  Baléares,  à  cause  de  l'a- 
dresse de  ces  mêuies  liabiianls  à  manier  la  fronde. 
Elles  s'étendent  du  sud-ouest  au  nord-est,  et  sont  au 
nombre  de  cinq  :  Ivice,  Formentara,  Majorque,  Ca- 
brera et  Minorque.  Voir  chacun  de  ces  mots. 

Balesium,  Saint-Marc,  dans  la  province  d'Olrante 
en  Italie. 

—  Lupiœ,  Saint-Corland,  même  province. 

Balgeniiacensis,  se,  de  Deaugency.  Conciles  d« 
Beaugency  en  1101  et  en  1151, 

Balgentiacum ,  Beaugency,  ou  Baugenci,  petite 
ville  et  arrondissement  du  département  du  Loiret, 
sur  la  rive  droiie  de  la  Loire,  à  2!  kil.  d'Orléans. 
Elle  avait  le  titre  de  comté.  Elle  appartenait  et  ap- 
partient encore  au  diocèse  d'Orléans. 

Son  origine  est  antérieure  à  l'invasion  des  Gaules 
par  Jules  César;  elle  était  déjà  célèbre  vers  l'an 
1100.  Ce  fut  là  que  le  cardinal  Richard,  légat,  as- 
sembla, en  1104,  un  concile  pour  donner  l'absolu- 
tion à  Philippe  l■'^  roi  de  France,  qui  vivait  avec 
n;rlrade  de  Monlfort,  femme  de  Foulques  le  Recliii), 
comte  d'Anjou,  après  avoir  répudié Berihe,  bafeiimiet 


GEOGRAPlllR  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  ÂGE. 


B6 


Raoul  II,  dernier  seigiiem-  de  Beaugency,  la  vendit  à 
Philippe  le  Bel  en  1291.  Philippe  de  Valois  la  donna 
à  son  fils  Philippe  l"',  duc  d'Orléans,  en  1544.  Elle 
appartint  ensuite  pendant  longtemps  aux  princes  de 
celle  maison.  Outre  le  concile  de  Beaugency  dont 
nous  avons  parlé,  il  y  fut  assemblé  un  autre  concile, 
en  1152,  an  sujet  du  mariage  de  Louis  VU  dit  le 
Jeune  avec  Éléonore  de  Guienne.  Le  concile,  ayant 
trouvé  qu'ils  étaient  parents  du  3«  an  i^  degré, 
cassa  et  annula  le  mariage.  Quelques  écrivains  pré- 
tendent que  le  coraié  de  Beaugency  avait  pour  sei- 
gneur un  nommé  Simon,  dès  le  temps  du  roi  Chil- 
péric,  c'est-à-dire  env.  l'an  580.  Il  restait  encore  une 
tour  d'un  château  qu'on  assure  av(]ir  été  bâti  par  les 
Gaulois,  et  qui  a>ait  été  détruit  par  le  temps  et  les 
sièges  que  celle  peliie  ville  avait  soufferis,  car  le 
voisinage  d'Orléans  l'avait  exposée  à  autant  de  sièges 
que  cette  dernière  ville  en  avait  essuyés.  On  voit  à 
Beaugency  un  châloau  et  deux  hospices,  où  l'on  re- 
çoit les  pauvres  non-malades,  les  enfants  et  les  vieil- 
lards de  la  ville,  au  nombre  de  cent.  Il  y  avait  an- 
ciennement un  chapitre  de  chanoines  réguliers  de 
l'ordre  de  Saint-Augustin,  fondé  par  le  seigneur  de 
Beaugency  vers  lltJO,  sousle  titre  d'abbaye  et  sous 
l'invocation  de  Notre-Dame.  Il  n'y  avait  plus,  à  l'é- 
poque de  la  révolution,  qu'un  certain  nombre  de  re- 
ligieux, qui  vivaient  sous  la  réforme  de  Sainte-Gene- 
viève de  Paris.  Le  litre  de  l'abbaye  était  en  com- 
mende,  aussi  bien  que  la  mense  abbatiale,  qui  était 
de  6000  liv.  Le  domaine  de  Beaugency  appartenait  à 
la  couronne.  Cette  ville  est  assez  bien  bâtie,  dans  un 
teniioire  fertile  en  vin,  sur  la  croupe  et  le  penchant 
d'un  coteau  au  pied  duquel  coule  la  Loire,  que  l'on  y 
passe  sur  un  ancien  pont  de  pierres,  de  22  arches.  A 
5  kil.  de  la  ville,  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire, 
est  une  source  d'eaux  minérales.  On  y  fait  le  com- 
merce de  vin  et  eau-de-vie,  de  blé  et  serges  drapées. 
La  qualité  des  vins  esl  supérieure  à  la  plus  grande 
partie  de  ceux  d'Orléans.  Il  y  a  des  tanneries  pour  la 
fabrication  des  cuirs  et  peaux,  des  fabriques  d'é- 
toffes de  laines  et  de  chapeaux,  un  moulin  à  tan  et 
10  moulins  à  farine,  pour  la  consommation  de  celle 
ville  et  des  communes  environnantes.  On  trouve  à 
Beaugency  des  carrières  de  pierre  calcaire,  dont  on 
a  construit  les  fondations  de  la  cathédrale  d'Orléans 
et  celles  des  ponts  d'Orléans  et  de  Tours.  La  popul. 
de  Beaugency  est  de  4,700  hab.  env. 

Batineacum,  Balagny-sur-Aunetle,  village  du  dio- 
cèse de  Beauvais,  mais  de  celui  de  Senlis  avant  le 
concordat  de  1801  ;  arrondissement  et  canton  de 
celle  ville.  Ce  village,  sitné  sur  l'Aunetie,  petit  ruis- 
seau qui  y  fait  tourner  un  moulin,  est  h  i  kil.  N.-O. 
de  Senlis,  et  44  kil.  entre  le  N.  et  le  N.-E.  de  Pari-;, 
par  Senlis  et  la  roule  de  Flandre.  Popul.  env.  110 
hab.  Poste  aux  leil.  de  Senlis.  Le  terroir  est  en  la- 
bour ei  en  prairies.  |  Balagny-sur-Tlierain,  village, 
départ,  de  l'Oise,  arrond.  de  Senlis,  canl.  de  Neuilly- 
en-Tliel,  ci-dev.  prov.  de  l'Ile-de-France  etdioc.  de 


19  kil.  de  Senlis,  à  21  kil.  de  Beauvais,  et  à  26  kil. 
au  N.  de  Paris,  par  Beaumont  et  la  grande  roule  de 
Beauvais.  Popul.  env.  500  hab.,  avec  le  hameau  de 
Perette.  Post.  aux  leit.  de  Creil-sur-Oise.  —  Le  vil- 
lage de  Balagny  est  situé  sur  le  ïherain,  rivière  qui 
y  fait  tourner  un  moulin  à  deux  roues  et  arrose  de 
belles  prairies.  Il  y  a  un  beau  chàlenu  élevé  dans  le 
milieu  du  village,  près  de  l'église.  La  construction 
est  fort  ancienne.  Dans  le  parc,  au  milieu  d'une 
belle  futaie,  est  une  chapelle  de  la  plus  haute  anti- 
quité, où  on  honore  sainte  Maure  et  sainte  Brigitte, 
qui  y  ont  été  martyrisées.  Le  terroir  de  celle  com- 
mune esl  en  terres  labourables,  prairies  et  bois. 

Balisa,  Baise,  en  Condomois.  Il  y  a  une  rivière  Je 
ce  nom  qui  prend  sa  source  dans  les  Hautes-Pyré- 
tiées,  forme  deux  branches  qui  se  réunissent  dans  le 
département  du  Gers.  Celte  rivière  commence  i  êtrfl 
navigable  à  Nérac,  elle  se  jette  dans  la  Garonne  vis- 
à-vis  Aiguillon,  département  de  Lot-et-Garonne. 

BnUanum,  Balleiitvm,  Billancourt,  Ballancourt  on 
Baleneourl,  ancien  diocèse  de  Sens ,  aujourd'hui  de 
celui  de  Versailles,  arrond.  et  canton  de  Corbcil,  à 
12  kil.  de  celte  ville,  et  7>1  au  S.  de  Paris,  par  une 
route  qui,  aprés'avoir  traversé  Fonienay,  se  continue 
par  Mennecy  et  Lisses,  et  va  joindre  celle  de  Fon- 
tainebleau. Popul.  env.  700  hab.,  y  compris  le  ha- 
meau du  Saussay  et  les  maisons  isolées  dites  la 
Chapelle-Paleau.  Poste  aux  letl.  de  la  Ferlé-Alais.  — 
La  terre  du  Saussay,  propriété  de  la  famille  Cau- 
daux depuis  plus  de  500  ans,  est  devenue  plus  con» 
sidérable  par  la  réunion  faite,  au  moment  de  la  ré- 
volution, de  la  comnianderie  de  Malte,  qui  portait  le 
même  nom.  Le  château,  orné  d'un  parc  très-agréable, 
est  entouré  de  fossés  pleins  d'eau  vive.  —  Le  terroir 
de  celle  éommune  esl  en  terres  labourables,  vignes 
et  prairies.  —  Balancourl  formait  autrefois  un  fief 
que  Louis  XIV  réunit  aux  terres  du  duc  de  Villeroi 
en  1656. 

Baltenvitlum,  BalleviUium,  Ballainvilliers,  Ballen- 
villicrs,  autrefois  Berlinvillier,  Bellenviller,  Bulan- 
viller,  Ballenviller,  village  du  départ,  de  Seine-et- 
Oise,  arrond.  de  Corbeil,  canl.  de  Longjumeau,  ci» 
dev.  du  dioc.  de  Paris,  maintenant  de  celui  de  Ver» 
sailles,  à  2  kil.  au  S.  de  Longjumeau,  peu  éloigné  de 
la  roule  d'Orléans  ;  sa  dist.  de  Paris  est  de  20  kil. 
au  S.  parcelle  roule.  Popul.  450  hab.,  en  y  com- 
prenant le  château  de  Plessis-Sl-Père,  ainsi  que 
partie  des  hameaux  delà  Grange-aux-Cercles  et  Vil- 
lebouzin.  Ce  dernier  hameau  renferme  un  autre 
château  dans  la  partie  de  Longpdnl.  —  Ce  village 
tirait  son  nom  d'un  nomn)é  Bellenus,  qui  y  avait  des 
propriétés.  Ce  n'était  qu'un  simple  hameau  dans 
le  XII*  siècle,  relevant  de  Longjumeau,  dont  il  fut 
détaché  en  1265,  et  érigé  en  paroisse  par  Renaud  de 
Corbeil,  archevêque  do  Paris.  ■—  Le  château  de  Ba- 
lainvilliers  appartenait,  lors  de  la  révolution,  à  Ber- 
nard de  Balainvilliers,  maître  des  requêtes  ;  il  a  été 
vendu  et  revendu  depuis;  il  est  aujourd'hui  réduit  à 


Beauvais,  à  12  kil.  au  N,  de  rieuilly-en-Thel,   à      un  simple  pavillon.  La  terre  de  Balainvilliers  était 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


88 


une  ancienne  baronnie.  L'église,  sous  le  litre  de  Si- 
Jacques,  n'a  rien  d'ancien  qu'un  vilrage.  On  y  voyait 
les  restes  de  la  tombe  d'une  dame  représentée  vêtue 
d'une  robe  fourrée.  —  Poste  aux  lettres  de  Long- 
jumeau. 

BalU'um  ou  Balleolum,  Bailleul-le-Soc  ou  Bailleu, 
paroisse  du  diocèse  de  Beauvais,  canton  et  arrond. 
(io  Clerniont-Oise,  départ,  de  l'Oise,  à  li  kil.  vers 
l'E.  de  Clerniont,  et  66  de  Paris  vers  le  N.  La  popu- 
lation est  de  iïOO  habitants,  y  compris  le  liameau 
d'Airaines  et  les  fermes  de  Si  Julien,  Ëreuse  et 
Eloge-le-Bois.  Ce  bameau  d'Airaines  formait  au 
moyen  âge  une  propriété  seigneuriale.  Les  princi- 
pales productions  du  terroir  sont  en  grains  et  en 
bois.  Poste  aux  lettres  de  Pont-Sie-Maxence. 

I  Bailleul-sur-Tliéiain,  paroiïse  du  diocèse  et 
arrond.  de  Beauvais,  canton  de  Néville,  départ,  de 
l'Oise.  La  population  est  d'environ  800  habitants 
avec  le  hameau  du  Petit-Froidmnul,  l'a  ferme  de  Ca- 
gneux et  celle  de  la  Vieille-Abbuye.  Cette  dernière 
ferme  est  ainsi  dénommée,  parce  que  ses  bâtiments, 
au  moyen  âge,  étaient  ceux  d'une  ancienne  abbaye. 
Biiilleul  esi  situé  sur  la  rivière  du  Thérain,  qui  y 
fait  tourner  deux  moulins.  Le  terroir  de  la  commune 
est  en  partie  en  labour  et  en  prairies,  et  partie  en 
Lois;  on  y  voil  un  cliàieau.  La  distance  de  Beauvais 
est  de  12  kil.  au  S.-E.,  et  de  Paris  58  au  N.  Le  bu- 
reau de  poste  est  à  Noailles. 

Balliacum,  Bazinville  ou  Bazainville,  village  de 
l'ancien  diocèse  de  Chartres,  actuellement  de  celui 
de  Versailles,  arrond.  de  Mantes,  canton  de  Houdan, 
départ,  de  Seine-el-Oise,  à  5  kil.  de  Houdan,  eu  est 
le  bureau  de  poste  ;  à  48  de  Paris.  Il  y  avait  un 
prieuré  qui  n'est  plus  qu'une  simple  habitation.  La 
population  est  de  600  habitants  CJiviron,  y  compris 
les  hameaux  du  Breuil ,  Gignunville,  la  Valléedes- 
Goths,  Bon-Avis,  la  ferme  du  Franc-Moreau  et  le 
moulin  du  Giboulelsur  un  ruisseau.  Les  productions 
du  terroir  de  cette  commune  sont  partie  en  grains, 
et  partie  en  bois  et  en  bruyères. 

Batlium,  BaiUy,  ancien  fief  situé  sur  la  paroisse 
de  Champs,  au  diocèse  de  Paris  et  actuellement  du 
diocèse  de  Meaux,  départ,  de  Seine-et-Marne.  Il  se 
trouve  nommé  dans  les  registres  de  rarchevéché  de 
l'année  1628,  à  l'occasion  de  Charles  le  Roy,  sei- 
gneur de  la  Poterie  et  de  Bailly,  qui  eut  alors  la 
faculté  de  faire  célébrer  la  messe  in  oratorio  doimissuœ 
infra  limites  parochiœ  de  Campis.  Ce  fief  remontait  à 
une  époque  fort  ancienne. 

I  Bailly,  village  de  l'ancien  diocèse  de  Chartres, 
aujourd'hui  de  celui  de  Versailles,  canton  de  Marly- 
le-Roi,  départ,  de  Seine-et-Oise.  Il  y  a  un  château 
et  plusieurs  maisons  de  campagne.  Sa  popul.  est 
d'env.  5-o0  hab.,  y  compris  deux  fermes  et  deux 
moulins  à  eau  sous  diverses  dénominations.  Le  ter- 
roir de  celte  commune  est  eu  terres  labourables, 
une  partie  est  en  bois.  Il  y  a  une  filature  de  coton. 
Co  village  est,  joignant  la  forêt  deMarly,  sur  la  roule 
tte  Maule  à  Paris,  à  2  kil.  au  S.  de  Marly,  18  à  l'O. 


de  Paris  par  cette  roule,  et  à  i  de  Versailles,  où  est 
le  bur.  de  poste. 

I  Bailly,  village  du  diocèse  de  Beauvais,  départ, 
de  l'Oise,  arrond.  de  Compiègne,  cant.  de  Ribecouri, 
près  l'Oise,  à  8  kil.  de  Noyon  et  58  de  Beauvais.  Po- 
pul. 400  hab.  env.  Bur.  de  poste  de  Noyon. 

I  Bailly-Carrois,  village  de  l'ancien  diocèse  de 
Sens,  actuellement  de  celui  de  Meaux,  départ,  de 
Seine-ei-Marne,  arrond.  de  Melun,  canl.  de  Mor- 
niant.  Il  forme  unecommune  de  plus  de 200  hab.  avec 
Taiicienne  paroi^se  de  Carrois,  les  hameaux  des 
Loges,  de  Courmignousl,  du  Périchoy,  de  la  Picar- 
die, et  plusieurs  fermes  isolées.  On  trouve  un  châ- 
teau près  de  Carrois.  Les  principales  productions  de 
son  terroir  sont  en  grains.  Ce  village  joint  la  grande 
roule  de  Paris  à  Troyes,  à  l'embranchement  de  celle 
de  Nangis  à  Rosiy,  à  3  kil.  vers  le  N.  de  Nangis. 
Sa  distance  de  Paris  est  de  56  kil.  au  S.-E.,  par  la 
roule  de  Troyes.  Poste  aux  leil.  de  Nangis. 

I  Bailly-Romainvilliers,  village  du  diocèse  ei  de 
l'arrond.  de  Meaux,  canton  de  Créey,  départ,  de 
Seine-et-Marne.  Le  château  avec  son  parc  fui  habité 
par  le  célèbre  marin  de  Tourville.  La  popul.  de  ce 
village  est  de  550  hab.  env.,  en  y  comprenant  le 
hameau  de  Romainvilliers  et  les  maisons  isolées 
dites  le  Poncelel.  Son  terroir  esl  en  terres  laboura- 
bles, en  prairies  et  en  bois.  Bailly  est  a  8  kil.  de 
Lagny  et  de  Crécy,  et  31  à  l'E.  de  Paris,  par  Jossi- 
gny,  Ferrières  et  une  route  qui  passe  à  Croissy. 
Poste  aux  lett.  de  Lagny. 

Balma,  Baume-les-Nonnes  ou  les-Dames,  monas- 
tère en  Franche-Comté ,  aujourd'hui  Baumc-les- 
Daroes,  diocèse  de  Besançon,  sous-préfecture  du  dé- 
part, du  Doubs.  Il  ne  reste  plus  rien  de  l'abbaye,  qui 
éiait  riche  et  noble. 

—  Jureiisium ,  Sl-Romain-des-Roches,  près  de 
St-Claude  aussi  en  Franche-Comté.  C'était  un  mo- 
nastère de  Bénédictins,  fondé  par  saint  Romain,  so- 
litaire du  mont  Jura.  Il  s'y  forma  par  la  suite  un  vil- 
lage, qui  n'a  conservé  de  l'abbaye  que  l'église,  défi- 
gurée par  une  restauration  moderne;  il  y  a  une 
crypte  intéressante,  mais  qui  est  aussi  dénaturée. 
On  la  dit  la  grotte  de  St-Rouiain.  Ce  village  du  dio- 
cèse de  Si-Claude  cet  dans  une  situation  fort  pitto- 
resque. 

Balncaris  Porta,  la  Porte-des-Bains,  a  Auxerre. 

Balneolensis,  de  Bagneux. 

Balneolelum,  ou  Bagnolia  et  Banelelum,  Bagnoiet, 
village  de  la  banlieue  de  Paris,  arrond.  de  Si-Denis, 
eani.  de  Pantin  à  5  kil.  de  Paris,  entre  Monireuil  et 
Romaiuvitle.  En  1256,  on  l'appelait  Baigniaux,  et 
auparavant  Baillolei.  Ses  productions  agricoles  sont 
en  fruits  et  en  grains  ;  on  y  fabrique  du  carton  et  des 
bougies,  et  l'on  y  trouve  des  carrières  à  plaire  et 
moellons  de  bonne  qualité.  Popul.  plus  de  1600  ha- 
bitants :  le  retensemeni  de  1802  ne  portail  ce  nom- 
bre qu'à  035,  et  relui  de  1801  à  1043;  on  trouve  dans 
plusieurs  géographes,  qu'au  milieu  du  siècle  dernier 
la  popul.  ne  s'élevait  qu'à  547  hab.  Poste  aux  lettres 


89 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  90 


(le  la  banlieue.  —  Un  grand  nombre  de  maisons  de 
campagne  embellissent  ce  village,  où  les  ducs  d'Or- 
léans possédaient  autrefois  un  cbàteau  que  le  régent 
avait  orné  de  quelques-unes  de  ses  peintures  ;  le 
parc  avait  500  arpents.  Ce  dernier  prince,  après 
l'avoir  acheté  du  fermier  général  Lejuge,  l'agrandit 
et  le  meubla  magninquemetit;  son  successeur  vendit 
le  ricbe  mobilier,  et  ensuite  les  bâtiments  et  les 
terres.  —  La  reine  habeau  de  Bavière  avait  acheté, 
en  1412,  pour  le  prix  de  4000  liv.,  de  Pierre  des 
Essarls,  garde  de  la  prévôté  de  Paris,  un  hôtel  que 
cet  ofQcier  possédait  à  Bagnolet,  avec  72  arpents  de 
terre.  —  La  fille  d'un  marchand  de  chevaux,  appe- 
lée la  Petite  Reine,  sous  Charles  VI,  avait  une  terre 
dans  ce  village.  —  Le  savant  cardinal  Duperron  se 
retira  à  Bagnolet  après  la  mort  de  Henri  IV,  dans 
une  m^'-îo-ri  uù  ii  avait  déjà  passé  ses  premières  an- 
nées ;  il  y  mourut  en  1618,  au  moment  où  ii  faisait 
imprimer  sa  réponse  au  roi  d'Angleterre.  Ce  fut  à 
Bagnolet  que,  pour  la  première  fois,  un  célèbre  jar- 
dinier, Jacques  Girardot,  mit  en  usage  les  jardins 
divisés  par  murs  de  refend,  dont  l'uiiliié,  pour  obte- 
nir des  pèches  d'une  beauté  et  d'une  qualité  par- 
faites, fait  la  richesse  des  habitants  de  ce  village  et 
de  celui  de  Monireuil-sur-Bwis.  Après  avoir  dé- 
pensé sa  fortune  au  service,  et  obtenu  la  croix  de 
Si-Louis,  Girardot  revint  à  Bagnolet  cultiver  son 
jardin  chéri.  En  1755,  on  découvrit  dans  le  territoire 
de  ce  village  une  terre  jaune  nommée  kanlin,  sem- 
bksble  à  celle  qui  compose  la  porcelaine  de  la  Cliine; 
mais  on  a  négligé  celle  découverte,  qui  cùi  pu  offrir 
de  grands  avantages  au  pays.  —  L'église,  consiiuiie 
au  xvi^  siècle,  n'a  rien  de  remarquable;  la  tour  des 
cloches  n'a  été  élevée  qu'au  xvui^  siècle.  Le  cardinal 
Trivulce,  légat  en  France  sous  le  règne  de  Henri  II, 
accorda  des  indulgences  à  ceux  qui  visiteraient  celle 
église  le  1«'  sept,  et  le  jour  anniversaire  de  la  dédi- 
cace. Elle  était  sous  le  vocable  de  St-Leu-St-Gilles, 
et  pourtant  dans  les  anciennes  provisions  de  la  cure, 
elle  est  souvent  désignée  sous  le  nom  de  Si-Loup.  Il 
parait  qu'une  chapelle  a  précédé  celle  église,  puisque 
l'abbé  Lebeuf  a  reconnu  qu'un  curé  du  nom  de  Re- 
gnault  existait  à  Bagnolet  en  1577.  —  L'abbaye  de 
Sl-Maiir-les-Fossés  avait  été  un  fief  de  Bagnolet. 

Baliieclum  ,  Bagneux,  que  quelques  auteurs  ont 
écrit  Baigneux,  qu'on  trouve  cilé  sous  le  nom  de 
Baniolum,  Baimiotœ,  Balneulum,  dans  des  chartes 
des  ix^,  X'  et  xi=  siècles,  et  qu'on  nomma,  au 
XIV*  siècle,  Bagneux-Si-Herbland.  C'est  un  village 
de  la  banlieue  de  Paris,  arroml.  et  cant.  de  .Sceaux, 
autrefois  prov.  de  l'Ile-de-France,  dioc.  et  élect.  de 
Paris,  et  une  des  seigneuries  du  chapitre  de  N.-D. 
de  Paris,  qui  nommait  à  sa  cure;  à  5  kil.  au  N.  de 
Sceaux  et  à  6  kil.  au  S.  de  Paris,  par  la  barrière 
d'Enfer  et  Monirouge;  bur.  de  pnsie  du  la  banlieue. 


pierre  à  plâtre.  —  Le  P.  Daniel  pense  que  Bagneux 
existait  au  vi'^  siècle,  et  que  c'est  là  que  fut  battue 
une  pièce  de  monnaie  du  roi  Cariberi,  sur  laquelle  on 
lit  Bannaciaco.  L'abbé  Lebeuf  prétend  au  contraire 
que  la  preuve  la  plus  reculée  qu'on  ait  de  l'antiquité 
de  ce  village  est  une  charte  du  règne  de  Charles  le 
Cbauve  (840  à  877),  dans  laquelle  on  lit,  parmi  les 
terres  de  l'église  de  Paris,  Baniolum.  —  Ce  village, 
situé  sur  une  hauteur,  possède  de  jcilies  maisons  de 
campagne  qui  en  rendent  le  séjour  et  la  vue  fort 
agréables.  —  Du  temps  de  Piganiol,  en  1719,  la  pro- 
priété du  lient. -général  Zurbeck  était  la  plus  remar- 
quable; la  iiiaisoQ  était  régulière  et  le  jardin  avait 
été  ordonné  sur  un  dessin  de  Lenôtre.  Il  y  avait  sur 
la  hauteur  un  bois  où  se  formait  une  étoile,  et  dans 
le  milieu  un  cadran  montrant  l'heure  dans  douze 
faces  différentes.  Henri  IV  logea  dans  celte  maison 
pendant  scm  court  séjour  à  Bagneux.  —  L'église  de 
ce  village  a  saint  Herbland  pour  patron,  et  remonte 
au  x«  siècle.  Le  vaisseau  de  cet  édifice  est  voùié  et 
assez  beau ,  la  nef  est  décorée  de  petites  galeries 
dans  le  genre  de  celles  de  N.-D.  de  Paris.  Sur  le  cou- 
ronnement des  bas-côiés  s'élèvent  des  arcs-boutants 
qui  soutiennent  la  construction  supérieure  de  la  prin- 
cipale nef.  Le  portail  paraît  beaucoup  plus  ancien 
que  le  corps  de  l'église;  on  y  voyait,  dans  un  bas- 
reliel,  le  Père  Eternel  accompagné  de  quatre  anges 
portant  des  chandeliers.  Sur  les  restes  de  l'ancien 
clocher,  (|ui  esta  côté  de  l'égiise,  on  en  a  élevé  un 
nouveau.  Celte  église  possédait  quelques-unes  des 
reliques  de  son  patron.  Assez  étendu  et  solidement 
construit,  le  presbytère  fut  restante  par  Franc,  de 
Chahanede  Rhodes,  alors  curé.  —  Les  Chartreux  de 
Paris  mettaient  au  nombre  de  leurs  bienfaiteurs 
une  dame  Aveline,  de  Bagneux.  —  Au  retour  de 
deux  expéditions  dans  le  pays  de  Caux,  et  après  avoir 
passé  la  Seine  à  Meulan,  Henri  IV  s'arrêta  à  Bagneux 
le  51  oct.  156^,  et  iitcantonner  son  armée  dans  les 
environs. 

Le  18  octnbre,  jour  de  la  fête  de  saint  Herbland, 
le  châielet  de  Paris  s'y  transportait  solennellement 
et  y  dînait.  —  On  a  vu  que  le  chapitre  de  N.-D.  de 
Paris  avait  la  seigneurie  de  Bagneux;  cependant 
l'abbé  Lebeuf  dit  que  Henri  1'^''  lui  donna  la  dîme  de 
blé  ei  de  vin,  et  Louis  le  Gros  la  voirie  ;  que  Louis 
VII  abolit  dlfférenis  droits  exercés  sur  ses  habitants; 
que  Pliilippe-Augusle  y  exerçait  l'autorité  souve- 
raine, et  que,  dans  le  procès-verbal  de  la  coutume 
de  Paris,  de  1380,  les  abbayes  de  Ste-Geneviève  et 
de  Si-Vicior  prenaient  chacune  le  titre  de  seigneur 
en  partie  de  Bagneux.  C'est  que  les  donations  suc- 
cessives faites  au  chapitre  de  N.-D.  de  Paris,  quoi- 
que considérables  et  nombreuses,  ne  comprenaient 
pas  la  totalité  des  propriétés  de  ce  village;  que  des 
donations  partielles  avaient  eu  lieu  en  laveur  des 


Son  territoire,  qui  se  compose  de  498  hect.,  est  deux  abbayes,  et  que  les  rois  avaient  acquis  ou  con- 

partie  en  vignes  et  partie  en  terres  labouiables.  Le  serve  certains  droits.  Félibien  et  Sauvai  affirment 

Viu  qu'on  y  recueille  est  assez  estimé.  Il  renferme  qu'en  12CG,  les  habitants  achetèrent  leur  liberté  du 

«les  carrières  de  pierre  de  liais  et  de  roche  et  une  de  chapitre  de  N.-D.,  au  prix  d'une  somme  de  1500  liv. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Dl 

—  Autrefois  il  coulait  des  eaux  de  ce  lieu  jusqu'à 
Montrouge  ;  mais  les  seigneurs  de  ce  dernier  vilkigc 
ayant  négligé  d'eulrelenir  les  canaux,  elles  se  sont 
perdues  depuis  le  coninienccment  du  xvin^  siècle. 

I,a  popul.  de  ce  village  était,  en   17'26,  de  450 

h;ib.;  en  1805,  de  592  ;  elle  s'élève  aiijonrd'liui  à  plus 
de  800.  Il  y  a  plusieurs  villages  en  France  du  nom 
de  Bagncux  :  un  au  diocèse  d'Angers,  près  de  Sau- 
niur;  un  dans  le  diocèse  de  Soissons,  à  7  kil.  de 
celte  ville  ;  un  autre  dans  le  diocèse  de  Moulins,  il  y 
a  encore  Bagneux-ia-Fosse  sur  la  petiie  rivière  de 
Sarce,  au  diocèse  de  Troyes;  il  y  a  enfin  Bagueux- 
les-Jnifs,  au  diocèse  de  Dijon,  Côte-d'Or.  C'est  le 
dernier  endroit  que  les  Jiiils  (piiticrcnt  lors  de  ieur 
expulsion  eu  1451.  |  B.igiiolo,  petite  ville  de  la 
Principauté-Ultérieure  au  royaume  de  Naples. 

Baliieoreginm  et  Balneum  Rcyis,  Bagnaréc  ou  Ba- 
gnarca,  ville  é|iiscop.ile  des  Etats  romains,  sur  le 
Chioua  dans  le  Patrimoine  de  St-Pierre.  L'évêclié 
est  aniérieur  au  vi«  siècle. 

Baltea,  Balteola  ou  Ager  Urbis,  la  Banlieue.  C'était 
autrefois  un  hameau  assez  considérable  de  la  com- 
mune d'Arcucil  ;  on  n'y  voit  plus  aujourd'hui  qu'une 
auberge,  appelée  encore  la  Banlieue,  et  qui  est  située 
dans  un  carrefour,  sur  le  grand  chemin  qui  conduit 
au  Bourg-la-Heine,  et  à  la  distance  de  5  kil.  de  Paris. 

—  C'était  jadis  une  des  plus  anciennes  léproseries  du 
diocèse  et  en  même  tetups  une  des  pins  riches,  i  Le 
roi,  dit  l'abbé  Lebeuf,  était  tenu  d'y  lournir  aux 
brandons  dix  livres,  duos  modios  yrani,  un  millier  de 
harengs,  quatuor  v'ujvUi  mod.  liyiwrum,  unum  fianum 
debuiello,  et  niium  lardum.t  L'évéqiie  permettait 
aussi  aux  malades  de  quêter  dans  Paris,  avec  publi- 
cation d'indulgences  à  ceux  qui  leur  feraient  du 
bien.  On  appelait  autrefois  léproserie  ce  que  nous 
entendons  aujourd'hui  par  hôpital.  Les  maladies 
singulières  que  les  croisés  avaient  i  apportées  de 
rOrieni,  et  qui  toutes  avaient  plus  ou  moins  de  rap- 
port avec  la  lèpre,  avaient  fait  donner  ce  nom  à  ces 
sortes  de  fondations  :  elles  étaient  toutes  consacrées 
sous  le  nom  de  Si-Lazare  ;  on  s'empressait  de  leur 
faire  des  dotations,  p.^rce  que  tout  le  monde  pouvait 
cire  atieinl  de  la  lèpre,  et  que,  dans  ce  cas,  pauvres 
et  liches  étaient  obligés  d'aller  à  la  léproserie.  — 
Celte  léproserie  fui  choisie  en  1360,  sous  le  règne 
du  roi  Jean,  pour  les  séances  d'une  assemblée  na- 
tionale, convoquée  pour  conférer  sur  les  moyens  de 
faire  la  paix  avec  l'Angleterre.  Cette  assemblée,  de 
1355,  ne  put  remplir  qu'une  partie  de  son  mandat  ; 
elle  ouvrit  ses  délibérations  en  1360;  iDais  elle  n'eut 
aucun  résultat. 

Bamberga.  Voy.  Babœ. 

Bambergensis,  se,  de  Baniberg.  Voy.  Babœ.  Concile 
Je  Bamberg  en  1011, 

Banchorna,  Bangor,  ville  épiscopale,  dans  la  prin- 
cipauté de  Galles,  en  Angleterre.  C'est  un  évèché 
anglican-suffragant  de  Canlorbéiy.  Quelques  érudils 
pensent  que  l'évéché  de  l'ile  de  Wiglit  y  fut  trans- 
féré vers  l'an  550. 


!I2 

Banolium,  Baiinetum,  Bannost,  diocèse  de  Meaux, 
arrond.  de  Provins,  canton  de  Nangis,  départ,  de 
Seine-et-Marne,  à  30  kil.  vers  le  N.-E.  de  Nangis, 
60  «le  Paris  enire  l'E.  et  le  S.-E.,  par  Rozay  et  la 
route  qui  passe  à  Tournnn.  Popul.  400  hab.,  en  y 
comprenant  les  hameaux  des  Essarts,  du  Pressou, 
de  r>ubent3rd,  des  Coquilliers,  duCourtil-Descliamps, 
et  autres,  l'ancien  fief  du  Buat  et  plusieurs  fermes 
écartées.  Il  y  avait  autrefois  dans  ce  village  un  hos- 
pice, où  on  ne  recevait  point  les  pauvres,  mais  qui 
leur  distribuait  des  secours  a  domicile.  Les  princi- 
pales produ 'lions  sont  en  grains.  On  trouve  à  Ban- 
nost une  tuilerie  et  un  four  à  chaux. 

Banza,  San-Salvador  ou  Si-Sauveur,  au  roy.iume 
de  Congo,  dans  l'Afrique  occidentale;  ou  Banza- 
Congo,  belle  ville,  pour  une  ville  africaine,  résidence 
du  roi  de  Congo,  dans  la  Guinée  inférieure  ;  elle  est 
située  sur  une  montagne  c-carpée,  dans  une  position 
pittoresque  :  ce  qui  fait  que  l'air  y  est,  salubre.  Les 
missionnaires  portugais  y  ont  une  maison  où  ils  pré- 
parent au  ministère  ecclésiastique  des  prêtres  indi- 
gènes ;  cette  ville  avec  la  province  forme  une  pré- 
fecture apostolique.  Les  Portugais,  lors  de  leur 
puissance  maritime  au  xv^  siècle  et  avant  leur  dé- 
couverte du  cap  de  Bonne-Espérance,  y  avaient  crée 
un  établissement  coiisidérable,  qu'ils  possèdent  tou- 
jours, mais  qui  du  reste  est  bien  déchu  comme  toutes 
leurs  antres  colonies.  Le  gouvernement  envoie  à 
Banza-Congo  les  criminels  ordinaires  et  les  condam- 
nés pour  délits  politiques.  C'est  en  un  raol  un  lieu 
de  déportation. 

Bapalma,  Bapaume,  petite  ville  du  diocèse  et  ar- 
rondissement d'Arras,  clief-lieu  de  canton,  départ, 
du  Pas-de-Calais,  autrefois  ancienne  province  d'Ar- 
tois ;  .M56  kil.  de  Paris,  20  d'Arras,  24  de  Cambrai, 
et  44  d'Amiens  ;  située  daii«  un  pays  fort  sec  ;  le  ruis- 
seau qui  en  est  le  plus  voisin  est  celui  de  Miraumont, 
distant  de  près  de  12  kil.  Une  seule  fontaine  fournit 
de  l'eau  à  tons  les  habitants;  on  la ccmstruisit  vis-à- 
vis  l'hôtel  de  ville  en  1721,  époque  à  laquelle  l'ingé- 
nieur de  la  place,  après  de  longues  recherches  et  de 
grands  travaux,  découviii  une  source  à  2  kil.  d'Ar- 
ras et  la  conduisildans  Bapauine.  Jusqu'alors  les  ha- 
bitants avaient  fait  usage  d'une  très-mauvaise  eau. 
Elle  fut  ornéu',  en  1723,  d'une  statue  de  Louis  XV, 
en  pierre  blanche.  On  y  fabriquait,  ainsi  que  dans 
les  communes  rurales  environnantes,  une  grande 
quantité  de  linons  el  batistes  :  la  filainre  au  fin  oc- 
cupait aussi  licauconp  de  monde.  Celle  branche  d'in- 
dustrie, à  peu  près  anéanlie  pendant  la  révoluiion, 
sous  le  consulat  el  l'empire,  à  cause  des  guerres  ma- 
ritimes, a  été  depuis  remplacée  par  la  fabrication  de 
diveises  élolfes  de  coton.  Il  y  a  quelques  raffineries 
de  sel,  des  savonneries  et  des  tanneries.  Celte  ville, 
près  de  la  source  de  la  Sensée,  est  régulièrement 
bâtie;  les  rues  en  sont  belles,  propres  et  bien  pavées. 
Ses  fortifications,  commencées  par  le  chevalier  De- 
ville,  avaient  éié  augmentées  et  terminées  par  le  ma  ■ 
léclial  Je  Vâiilïan.  —  L'origine  de  Bapauine  u'est  pai 


S>5 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  ÂGE.  M 

n'a  rien  de  remarquable.  —  On  y  voit  encore  le  don- 
jon d'une  vieille  forteresse.  La  popuUition  est  de  4000 
haliiiaiils  environ.  Bapaunie  compluit,  avant  la  révo- 
lution de  178'J,  trois  couvents,  un  de  Récullels,  un 
de  religieuses  hospitalières  sous  le  litre  de  Saint- 
Pierre,  et  un  de  religieuses  hospitalières  cloîtrées 
sous  le  nom  de  Sainie-Anne;  un  collège  dirigé  par 
des  préties  séculiers.  11  n'existe  plus  que  comme 
institution  communale. 

Buta,  St-André-lez-Brindes. 

Barbasiium,  Balbastre  ou  Balbastro,  ville  de  l'an  ■ 
cien  royaume  d'Aragon  en  Esjiagne,  ou  plutôt  Bar- 
bistro,  au  coniluent  du  Véro  el  de  la  Cinca.  L'évê- 
ché,  sutfragant  de  Saragosse,  y  a  été  transféré  de 
Rota  au  commencement  du  xn°  siècle,  la  même  an* 
née  qu'elle  fut  délivrée  des  Maures.  Cette  ville 
CDmpie  environ  OOOU  liabilanls. 

Barbelli,  ou  Barbellœ  Aobaiia,  abbaye  de  Barbeau, 
de  l'ordre  deCîleaux,  dans  l'ancien  dioièsedeSens, 
à  8  kl.  de  Melun,  sur  la  rive  droite  de  la  Seine.  La 
position  de  cette  abijaye  était  Irès-agréable  ;  on  y  ar- 
rivait par  une  grille  flanquée  de  deux  logements  de 
concierge;  dans  le  fond  on  apercevait  l'église,  et  sur 
les  cùlés  les  bàiimenis  des  moines.  Elle  avait  éld 
fondée  par  Louis  Yli  dit  le  Jeune,  qui  la  dota  par  ur( 
diplôme  de  1147,  dans  la  11''  année  de  son  règne. 
Quelque  temps  avant,  deux  frères,  Guillaume  et  Ra« 
dulplie,  el  tiois  de  leurs  compagnons,  Hermès,  Re- 
nard et  Gaulliier,  errjjiles  d'un  lieu  nommé  St-Aciro 
(S.  Assirius),  qu'ils  avaient  construit  auprès  de  Me- 
lun, le  cédèrent  à  l'abbaye  de  Prully,  pour  y  bàlii 
une  autre  abbaye  du  même  ordre  ;  c'est  ce  qui  donna 
l'occasion  de  consiruire  l'abbaye  de  Barbeau.  Dix 
ans  aprè»,  les  religieux,  ayant  abandonné  ce  lieu 
malsain,  vinrent  s'établir  sur  un  port  de  la  Seine, 
dans  le  voisinage  de  Samoi,  dans  un  lieu  appelé  Bar- 
beau {Barbellus),  que  Louis  VU  leur  céda  par  un 
autre  diplôme  de  111)6.  Philippe-Auguste  confirma 
celle  donation  en  1190.  Le  véritable  nom  de  cette 
abbaye  est  Sacer  Portus,  Sequanœ  Porlus,  parca 
qu'il  y  avait  un  port  mile  à  la  navigation.  Elle  a  été 
aussi  nommée  Barbellus,  el  c'est  le  nom  qui  lui  est 
res'.é.  Le  peuple  des  environs  dit  qu'elle  a  été  bâtie  du 
prix  d'une  pierre  précieuse  que  l'on  trouva  dans  un 
barbeau  qui  lut  péché  dans  la  Seine.  Celte  tradition, 
quoique  universellement  répandue  sur  les  lieux,  no 
mérite  aucune  confiance;,  mais  il  très-croyable  que 
le  nom  n'a  pour  origine  que  la  supposition  de  l'his- 
toire du  barbeau.  Eu  effet,  les  armes  de  Barbem 
sont  deux  barbeaux  d'or  et  trois  fleurs  de  lis  sur  un 
champ  de  gueules.  —  Vincent  de  Beauvais  appelle 
celle  abbaye  Bar-Beel,  et  M.  de  Valois  en  conclut 
que  bar,  dans  le  langage  de  ce  temps-là,  signifiait 
port,  et  beel,  sacré.  Barbeau  valait  60,000  liv.  de 
renie  à  celui  qui  en  était  pourvu  par  le  roi.  Les  bâ- 
timents, qui  étaient  dégradés,  venaient  d'être  re- 
construits de  la  manière  la  plus  sompuieuse  avant  la 


brillante;  d'abord  simple  château,  le  chef  d'une  bande 
de  voleurs,  Bérenger,  s'en  empara  en  1090,  le  for- 

i  tifia  et  en  fil  le  centre  de  ses  exploits.  Après  leur  ex- 

'  pulsion,  obtenue  avec  peine,  B;ipaume  prit  de  l'ac- 
croissement. On  croit  encore  que  le  nom  de  ville  ne 
lui  fut  donné  qu'en  1555,  par  Eudes,  duc  de  Bour- 
gogne, malgré  la  chariede  Philippe-Auguste  de  1191, 
qui  l'indique  sous  ce  titre,  en  autorisant  les  bour- 
geois k  renouveler  tous  les  14  mois  le  niayeur,  les 
éclievins  et  les  jurés.  Ce  lut  à  Bapaunie,  eu  1179, 
que  Philippe-Auguste  épousa  Isabelle,  fille  de  Bau- 
douin, comte  de  Hainaut,  et  nièce  de  Philippe  d'Al- 
sace, comte  de  Flandre.  Il  parait  que  cette  ville  de- 
vint promptement  ime  place  de  guerre,  puis.|u'elle 
soutint  deux  sièges,  en  1411  et  en  1414,  lors  des 
guerres  civiles  des  Armagnacs  et  des  Bourguigno.is. 
Après  l'assassinat  du  duc  d'Orléans,  Jean  sans  Peur 
s'enfuit  dans  ses  Etats.  Arrivé  à  Bapaunie  aune  heure 
de  l'après  midi,  il  voulut,  pour  perpétuer  le  souve- 
nir de  sou  heureuse  fuiie,  que  l'on  sonnât  à  l'avenir 
l'angélus  à  pareille  heure.  En  1477,  Charles  le  ïé- 
iiiéiaire,  dernier  duc  de  Bourgogne,  étant  mon, 
Louis  XI  s'avança  dans  l'Arlois,  s'empara  de  Ba- 
paunie et  y  fit  mettre  le  feu.  Elle  se  releva  de  ses 
ruines.  Charles-Quinl  eu  augmenta  les  fortifications, 
afin  de  l'opposer  à  Péronne.  Sa  garnison  inquiétant 
sans  cesse  les  frontières  de  la  Picardie,  François  h' 
résolut  de  détruire  cette  ville,  et  envoya  le  comte  de 
St-Pol,  Fleuranges  et  le  maréchal  de  Chabannes, 
pour  en  faire  le  siège.  Prise,  brûlée  et  privée  de  ses 
fortifications,  elle  renlra  sous  l'obcissaiicede  Charles- 
Qnlnl,  par  suite  du  tiailé  de  Cambrai,  en  1529. 
Qu^ind  le  connétable  Anne  de  Montmorency  tenta  de 
s'en  emparer,  en  1553,  la  ville  avait  réparé  ses  der- 
niers désa>tres  et  se  défendit  avec  succès.  Pendant  la 
guerre  qui  s'était  allumée,  en  1655,  entre  Louis  XIII 
et  Philippe  IV,  le  maréchal  de  la  .Meilleraie  assiégea 
Bapanme  en  1641.  —  Bapaome  a  été  cédé  à  la 
France,  par  l'art.  4  du  traité  des  Pyrénées,  en  l(i59. 

—  Par  décret  du  17  novembre  1804,  celte  ville  a 
cessé  d'être  considérée  comme  place  de  guerre.  Un 
auire  décret,  du  14  mars  18(5,  a  accordé  à  la  com- 
mune le  mur  d'enceinte,  deux  demi-lunes,  etc.  Ce 
mur  d'enceinte  a  été  conservé  pour  assurer  la  per- 
ception des  droits  d'octroi.  Le  dépaitemenl  de  la 
guerre  s'y  est  réservé  une  caserne  et  deux  pavillons. 

—  Le  canton  de  IJapaume  est  généraiement  élevé, 
plat,  sec  et  découvert;  il  comprend  tl  villages;  ses 
babiiants  sont  sujets  à  une  cachexie  scorbutique,  qui, 
chez  un  grand  nombre,  jeunes  encore,  produit  la 
perte  des  dents;  le  nombre  de  ses  carrières  à  pierre 
à  bâtir  et  à  pierre  à  chaux  est  de  5;  ses  produits  sont 
en  blê,  seigle,  escourgeon,  avoine,  fourrages  de 
toute  espèce  el  oeillettes;  il  n'a  point  d'élèves  en 
chevaux;  ses  Irnupeaux  de  bêles  à  laine  sont  amé- 
lioiés  par  le  mélange  des  moulons  d'Espagne.  — 
Bapaunie  a  un  hospice  civil  fondé,  au  mois  d'août 
1784,  par  une  dame  Augusiine  Demory,  et  qui  peut  suppression  des  ordres  monasiiques.  Ces  nouvelles 
ÇOnlçiiif  environ  70  lits.  ~  Son  église  paroissiale     constructions  n'étaient  pas  encore  i^chevées.  Depujij 


95  DICTIONNAIRE  DE  GEOGR 

!a  roiidalion  de  celle  abbaye,  on  coraplait  60  abbés, 
dont  le  dernier  éiaii  i\.  de  Rastignac,  iioininé  en 
1746.  S'ius  Liiureiu  II  et  ses  quatre  successeurs, 
l'abbaye,  vers  le  milieu  du  xv«  siècle,  fut  rédiiile  à 
un  état  méconnai>s;ible  par  leur  négligence  et  par 
suite  des  guerres  civiles.  Tous  les  moines  furent  dis- 
persés et  n'>  revinrent  que  40  ans  après.  La  maison 
fut  pillée,  ses  bois  eiivabis  par  les  nobles  des  envi- 
rons. L'ég  ise  de  Barbeau  était  en  croix  latine,  et 
bàiieavec  assez  de  bardiesse  ;  elle  n'avait  plus  de 
poriail,  qui  éiaii  probablement  siiué  du  côié  qui  re- 
garde la  Seine,  où  Ion  en  voyait  encore  les  traces. 
On  y  entrait  par  une  petite  porte  qui  donnait  sur  le 
cbiiire.  Le  luaitre-autel,  d'une  grande  hauteur  et  en- 
tièrement en  pierre,  mais  sculpté  avec  un  soin  a  1- 
mirable,  avait  quelque  chose  de  hardi  et  de  solennel. 
L.i  richesse,  ou,  si  l'on  veut,  le  luxe  des  ornements, 
était  prodigieux  ;  il  y  avait  une  multitude  de  petites 
ligures  qui  u'avaieni  pus  plus  de  5  à  4  pouces  de 
IkuiI,  et  étaient  terminées  avec  un  art  infini.  On  est 
étonné  du  temps  et  de  la  patience  qu'il  a  fallu  em- 
ployer pour  achever  cet  ouvr.ge  singulier.  Dans 
celte  multitude  d'orueuents,  il  n'y  en  avait  pas  deux 
qui  se  ressemb  assent  ;  le  sacré  était  mêlé  au  profane 
d'une  manière  b.zarre  :  on  y  voyait  des  saints  et  des 
amours  nus,  avec  ions  les  aitribuis  qui  les  caracté- 
risent, des  saiyres  et  des  lêies  de  morts.  Les  médail- 
lons éiaient  sur  un  fond  bleu,  qui  leur  donnait  l'air 
de  camées  antiques.  Cet  ouvrage  paraissait  être  du 
temps  de  François  1".  Après  le  maiire-auiel,  ce 
qu'on  y  remarquait  de  plus  singulier  était  une  an- 
cienne boiserie  formant  six  sialles,  qui  rest;iient  en- 
core de  celles  qui  avaieirt  éié  remplacées  pjr  une 
boiserie  moderne.  Celte  boiserie,  chef-d'œuvre  de 
sculpture  pour  la  patience  et  le  fini  de  l'exécution, 
était  surchargée  d'ornements,  dont  aucun  ne  se  ré- 
pé;ait  ni  ne  se  resseniblaii.  On  lisait  sur  un  panneau 
SodnJ.  Etait-ce  le  nom  d'un  sculpleur'?  11  y  avait, 
dans  l'église  de  Barbeau,  plusieurs  tombes  anciennes; 
mais  ces  tombes  ont  été  détruites.  On  n'en  voyait 
plus  que  deux  qui  étaient  rem.trqtiables  :  1"  le  tom- 
beau de  Louis  Vil,  tombeau  njagoilique  éle\é  par  la 
reine  Adèle,  son  épouse  ;  oriié  d'or  ei  de  pierreries 
avec  un  art  nouveau  ;  il  élait  placé  au  milieu  du  rond- 
point,  devant  le  grand  aulel.  On  y  lisait  deux  épila- 
phes,  l'une  en  vers  latins  et  l'auiro  en  prose  latine. 
Ce  tombeau  ayant  été  menacé,  ainsi  que  l'éslise,  de 
la  destruction  qui  avait  déjà  anéanti  plusieurs  mo- 
numents de  notre  histoire,  l'assemblée  nationale  dé- 
créta, sur  la  demande  du  départ,  de  Seine-et-Marne, 
qu'il  serait  transponé  à  Fontainebleau.  Le  second 
tombeau  remarquable  était  celui  de  .Martin  Fréminel, 
Parisien,  peintre  de  Henri  lY.  Le  buste  de  ce  peintre 
élan  plaie  dans  un  encadremeat  d'architecture.  La 
niche  s'élevaii  au  milieu  du  fro'iton,  et  élait  sur- 
montée d'un  globe  et  accompagnée  de  deux  enfaulii 
pleurant  sur  une  léie  de  mort. 

L'église  de  celle  abi  aye  a  été  malheureusement 
démolie;  mais  les  bàtinienls  piésenieiit  encore  une 


APHIE  ECCLESIASTIQUE.  S6 

vaste  habiiaiion  précédée  de  deux  cours.  Ils  ont  éié 
vendus  comme  biens  nationaux  et  ont  successivement 
appartenu  à  divers  propriétaires.  Ils  forment  au- 
jourd'hui une  maison  de  campagne  agréable  par  ses  jar- 
dins entourés  de  terrasses,  et  qui  sont  piaules  d'arbres. 

Cette  propriété  est  du  diocèse  de  .Meaux,  départ, 
de  Seine-et-Marne. 

Barberiaciim,  Barbery,  ancienne  abbaye  du  dio- 
cèse de  Bayeux  en  Normandie.  —  Village  de  l'ex- 
diocèse  de  Seiilis,  aujourd'hui  celui  de  Beauvais,  de 
l'arrondissement  et  du  canton  de  la  première  de  ces 
villes.  Barbery,  situé  dans  une  plaine,  n'a  qu'une 
population  de  tGO  habitants,  y  compris  la  ferme  de 
Saint-Nicolas  et  le  moulin  Thieriy,  sur  le  ruissean 
d'Aunetle.  Les  principales  productions  de  son  ter- 
roir sont  en  céréales.  Poste  aux  lettres  de  Sentis, 
dont  il  est  à  5  kil.  Sa  distance  de  Beauvais  est  de 
42  kil.,  ei  celle  de  Paris  de  4.5. 

Barbezilus,  Barbezieui,  petite  ville  du  diocèse 
d'.\ngouléme,  département  de  la  Charente,  sur  la  route 
de  Bordeaux.  Elle  possède  une  source  d'eau  miné- 
rale dont  on  n'a  pas  encore  su  tirer  parti.  C'est  un 
chef-lieu  de  sous-prclecture  dont  l'arrondissement 
est  riche  en  céréales  et  qui  produit  d'assez  bon  vin 
dans  de  certains  cantons  :  sa  population  est  à  peine 
de  3000  habitants. 

Barceium,  Bezero,  en  Lombardie. 

Barchino,  Barcino,  Barcinona,  et,  suivant  d'autres 
géographes,  Barceloita,  Barciso  :  Barcelone,  ville  de 
la  Tarragonaise,  dans  l'exarchat  des  Espagnes,  dans 
les  premiers  siècles  ;  au  moyen  âge,  capitale  de  la 
principauié  de  Catalogne,  réunie  ensuite  avec  cet<a 
province  au  royaume  d'.Aragon.  L'évêché  date  du 
IV'  siècle  ou  du  commencement  du  v*;  il  dépendait 
et  dépend  encore  de  la  métropole  de  Tarragone. 
Apiès  la  chute  de  l'empire  romain,  Barcelone  eut 
des  comtes  particuliers  ;  pendant  quelque  temps  elle 
conserva  son  indépendance,  se  gouverna  elle-même, 
parvint  aune  haute  prospérité  commerciale.  Sous  les 
Romains,  sous  ses  comtes  comme  sous  les  rois  d'A- 
ragon, celle  ville  demeura  toujouis  la  cité  la  plus 
importante  et  la  plus  riche  de  la  péninsule.  Ses  ha- 
bitants occupent  une  des  premières  places  dans 
l'histoire  maritime  en  qualité  d'infatigables  pêcheurs 
et  d'intrépides  navigateurs.  Par  leurs  courses  et 
leurs  voyages  sur  mer,  ils  ont  contribué  aux  progn" s 
de  la  géogiapliie  de  cette  époque.  La  collection  de 
leurs  luis  maritimes  était  ce  qu'il  y  avait  de  mieux 
en  ce  genre,  et  on  peut  y  puiser  des  renseignements 
précieux. 

Barcelone  est  située  sur  la  Méditerranée,  au  bord 
d'un  bassin  formé  par  un  prolongement  des  Pyré- 
nées, daiis  un  site  favorable  au  commerce  étranger  ; 
elle  est  divisée  en  deux  parties  inégales  par  un  cours 
orné  de  quatre  rangs  d'arbres.  Ses  fortifications  im- 
posantes ont  eié  détruites  en  grande  partie  dans  les 
dernières  guerres  civiles  qui  ont  signalé  la  minorité 
de  la  reine  Isabelle  11.  La  vieille  ville  avait  des  rues 
étroites   et   tortueuses  comme  toui»^  les  cités  du 


97 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


98 


moyen  Ige.  La  nouvelle  ville  est  mieux  biiie,  et  Ton 
y  remarque  de  beaux  édifice?,  comme  la  cathédrale, 
luuiiumeiit  semi-gothique;  l'église  Sairite-M;irie-de- 
la-Mer,  le  palais  des  rois  d'Aragnn,  les  bâtimenls  de 
la  douane  et  l'hôtel  de  la  Bourse.  L'inquisition  y  avait 
un  tribunal,  mais  le  palais  est  en  partie  démoli.  De- 
puis la  suppression  des  ordres  religieux,  les  magni- 
fiques couvents  de  la  Merci,  des  Dominicains  et  de 
San-Francisco,  devenus  propriétés  nationales,  ont 
subi  des  démolitions  partielles  et  des  changements 
qui  les  rendent  méconnaissables.  La  citadelle  était 
une  des  plus  vastes  de  l'Europe.  La  ville  compte 
de  nombreux  établissements  de  charité,  parmi  les- 
quels on  cite  l'hospice  et  l'hôpital  général;  une 
école  de  chirurgie,  quatre  bibliothèques  publiques, 
l.uit  collèges;  une  école  de  peinture,  d'architecture 
et  de  navigation  ;  une  maison  )iOur  les  sourds  et 
mueis  antérieure  à  celle  de  Paris,  une  académie  des 
sciences  et  des  arts,  un  jardin  de  botanique  et  di- 
verses insiiiuiions  scientiflqiies.  On  y  remarque 
quelques  antiquités  romaines,  les  ruines  d'un  amphi 
théâtre,  une  lnule  d'inscriptions,  etc.,  etc. 

Barcelone,  au  moyen  âge,  a  compté  180,000  habi- 
tants au  moins;  elle  eu  a  à  peine  aujourd'hui  140,000. 
Le  peuple  (la  corporation  des  marins  surtout)  e>t 
fort  attaché  à  la  religion.  La  population,  du  reste,  a 
toujours  montré  un  grand  esprit  d'indépendance 
jusque  dans  ces  derniers  temps.  Lors  de  la 
guerre  de  la  succession  et  du  démembrement  de  la 
monarchie  espagnole,  la  ville  se  déclara  pour  l'ar- 
chiduc Charles  conire  le  duc  d'Anjou  depuis  Philippe 
V,  et  ne  voulut  reconnaître  ce  dernier  qu'après  un 
siège  long  et  meurtrier.  Son  commerce,  qui  était  im- 
mense, est  compléiement  tombé.  Deux  causes  ont 
amené  sa  ruine,  la  séparation  des  colonies  de  l'Amé- 
rique espagnole  d'avec  la  mère  patrie,  et  la  contre- 
bande des  marchandises  anglaises  organisée  en  Es- 
pagne sur  une  vaste  échelle.  Le  port,  un  des  plus 
beaux  de  l'Europe,  a  cinquante  mille  six  cents  mt'tres 
de  longueur  et  quarante-sept  mille  à  son  ouverture; 
mais  il  a  une  barre,  et  n'est  pas  assez  à  l'abri  des 
vents  de  l'est.  Les  environs  de  Barcelone  offrent  des 
sites  très-pittoresques,  de  jolis  jardins,  de  nom- 
breuses et  agréables  maisons  de  campagne.  On  y 
voit  aussi  plusieurs  couvents  d'hommes  et  de  femmes, 
qui  appartenaient  à  différents  ordres  religieux;  ils 
sont  aujourd'hui  délabrés  ou  occupés  par  des  fabri- 
ques; à  ô6  kil.  nord-ouest  de  Barcelone,  à  la  droite 
du  Llobregat,  se  trouvait  le  célèbre  monastère  de 
Bénédictins  de  Moniserrat  sur  la  montagne  de  ce 
nom.  Voir  ce  mot.  Barcelone  est  à  480  kil.  de  .Ma- 
drid :  lat.  nord  41"  -21'  24'  ;  long,  ouest,  0°  0'  41". 

Barcinonensis,  se ,  de  Barcelone.  Quatre  conciles 
de  Barcelone,  en  540,  599,  916,  1064. 

Barea,  Barcia,  Barium  et  Barum,  Bar  ou  Bari  (terre 
l'c),  province  d'Italie,  au  royaume  de  Naples.  Elle  a 
144  kil.  de  long  sur  44  de  large,  et  1100  kil.  carrés. 
Bornée  au  nord  par  la  mer  Adriatique ,  à  l'est  et  au 
Bud-est  par  la  Terre  d'Otrjnie,  à  l'ouest  par  la  Capi- 


lanaie,  elle  s'étend  entre  40*  50' à  41*19'  de  lat. 
nord,   et  entre  13°  54'  à  15"  13'  de  long.  est.  La 
branche  orientale  de  l'Apennin  méridional  traverse 
le  sud;  le  sol,  assez  fertile  et  bien  cultivé,  manque 
d'eaux  courantes  ;  l'Ofanlo,  la  seule  rivière,  ne  bai- 
gne que  la  lisière  occidentale.  Elle  contient  trois 
lacs,  ceux  de  Batiaglia  ,   du  Jacomi  et  de  Sassaiiu, 
produit  fruit-,  huile,  réglisse,  lin,  grains,  tabac,  co- 
ton, vins  exquis,  savo;r  :  le  muscat  de  Trani,  le  za- 
garèse  de  Bitoiito  et  le  vin  blanc  de  Terlizzi.  Les 
moutons  donnent  une  laine  très- fine.  La  clialeur  en 
été  y  est  excessive.  On  y  élève  des  buffles,  chevaux, 
ânes,  chèvres  et  porcs.  Les  côies  sont  trés-poiss  n- 
neuses.et  ont  beaucoup  de  salines.  Le  commerce,  qui 
se  fait  surtout  avec  Venise,  Trie-le  et  la  Dalmaiie, 
comprend  les  céréales,  les  vins,  des  amandes,  de 
l'huile,  du  coton ,  du  sel  et  du  nitre  eu  abondance. 
Cette  province  se  divise  en  trois  districts,  Bari,  Bar- 
Itlta  et  Altamura.  Population  :  500,000  habiianis.— 
Bari,  chef- lieu,  renferme  20,000  habitants.  Ancienne 
ville  de  l'Apulie  et  du  Vicariat  romain,  elle  donna 
Sun  notn  à  la  province  ,   lorsque  les   ilénominations 
romaines  se  perdirent  au  commencement  du  moyen 
âge.  Son  évéclié  date  des  premières  années  du  iv* 
siècle.  Le  pape  Jean  XI  accorda  le  pallium  à  ses  évo- 
ques vers  l'an  9-JO,  et  c'est  depuis  ce  temps-là  qu'on 
leur  voit  le  titre  d'archevêques.  Située  sur  une  lan- 
gue de  terre,  au  bord  de  la  mer  Adriatique,  place  de 
guerre  avec  un  petit  port,  mais  sijr  et  commode, 
celte  ville  possède  des  filatures  de  coton,  des  fabri- 
ques de   toiles,  de  tissus  de  coton,  de  savon,  et  des 
verreries.  On  y  remarque  la  cathédrale  dans  le  style 
byzantin,  les  bâtimenls  du  grand  séminaire  et  ceux 
du  collège  ;  elle  a  deux  hôpitaux,  un  mont  de-piété 
et  plusieurs  couvents  d'hommes  et  de  femmes  de  di- 
vers ordres  religieux.  Sa  dislance  de  Naples  est  de 
240  kil.,  à  l'est  de  celle  ville.    |  Bari,  village  de  l'ile 
de  Sardaigne,  auprès  du  cap  Cagliari,  a  un  petit  port 
de  mer  avec  1,500  habitants.  L'air  y  est  malsain.  | 
Bar,  ville  de  la  Russie  d'Europe  dans  la  province  de 
Podolie,  à  76  kil.  de  Mohilew,  sur  la  rive  gauche  de 
la  Rof,  est  défendue  par  une  citadelle  bâtie  sur  une 
montagne.  Elle  appartenait  à  la  Pologne  avant  les 
démembrements  de  ce  royaume.  La  confédération 
de  1768,  pour  sauvegarder  l'indépendance  dece  mal- 
heureux pays,  lui  a  procuré  dans  l'histoire  contem- 
poraine une  célébrité  mémorable  ;  mais  les  efforts  des 
confédérés  de  Bar  demeurèrent  sans  résultat.   |  Bar, 
village  du  diocèse  de  Tulle,  à  8  kil.  nord  de  cette 
ville,  sur  la  Corrèze.  1,.550  habiianis.  |   Bar,  bourg 
du  diocèse  de  Fréjus,  chef-lieu  de  canton  de  i'ar- 
rondissemejil  de  Grasse,  à  8  kil.   nord-est  de  celle 
ville.  1,200  habitants.    |   Bar-le-Duc,   ou  Bar-sur- 
Ornain,   ancienne  capitale  du  duché  de  Bar.  Celle 
ville  suivit  la   fortune  du  duché  de  Lorraine  et  en 
partagea  toutes  les  vicissitudes.  Comprise  dans  le 
diocèsede  Verdun,  elle  est  le  chef-lieu  de  préfecture 
ihi  département  de  la  Meuse.  Située  au  pied  d'una 
iiioiitagne,   elle  se  divise  en  haute  et  basse  ville; 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


iOO 


celle  dernière  est  arrosée  par  l'Oinain.  Deux  églises, 
Saini-Pierre  et  Sainte-Maxime,  mériienl  l'aiteiition. 
Les  rues  sont  irès-escarpéos,  mais  les  promenades 
sont  fort  agréables,  et  les  environs  offrent  un  pay- 
sage gracieux  ei  pitioresque.  Il  y  a  un  collège,  une 
société  d'agriculture  et  des  arts, ainsi  qu'une  hijjlio- 
tbèque.  Le  commerce  consiste  en  vins  délicats  et  en 
confitures  d'une  renommée  presque  européenne.  Les 
filatures  hydrauliques  de  toiles,  de  colon  el  d';  laine, 
la  quii.caillerie,  la  corroirie  el  la  cliamoiseiie  y 
sont  eu  pleine  activité.  Populiition  ;  Ui,00f)  lialii- 
tants.  Distance,  ouest  de  Nancy,  88  kil.;  est  de  Pa- 
ris, 252  kil. 

Barensis,  se,  de  Bari.  Concile  de  Bari  en  1097. 

Bareush  ducaiiis,  le  duché  de  Bar,  le  Barrois.  Ce 
pays  appartenait  aux  ducs  de  Lorraine  ;  il  était  com- 
pris en  partie  dans  le  diocèse  de  Verdun  el  en  partie 
dans  celui  de  Toul.  Lorsque  le  duc  François  de  Lor- 
raine fut  appelé,  au  xvni'^  siècle,  à  remplacer  dans 
le  grand-duclié  de  Toscane  le  dernier  des  Médicis, 
le  roi  Stanislas,  dépossédé  rie  son  royaume  de  Polo- 
gne, prit  pos  e>sion  des  duchés  de  B  ir  et  de  Lor- 
raine, à  la  condition  qu'après  sa  mort  ils  seraient 
réunis  à  la  France  :  ce  qui  eut  lieu.  Le  duché  de  Bar 
forme  la  plus  grande  partie  du  départ,  de  la  Meuse, 
et  il  est  tout  eniier  du  diocèse  de  Verdun. 

Baricium,  Barcy,  village  du  diocèse  et  arrond.  de 
Meaux,  canton  de  Lizy-sur-Ourcq,  département  de 
Seine-ei-Marne.  Sa  population  est  de  3Su  habitants 
environ,  y  compris  une  partie  du  hameau  de  Pringy 
et  la  ferme  de  St-Gobirt,  où  il  y  a  une  chapelle. 
Celle  chapelle,  élevée  jadis  en  l'honneur  de  ce  saini, 
était  un  lieu  de  pèlerinage  dans  la  contrée.  Le  ter- 
roir de  Barcy  ne  i-roduit  que  des  céréaler;.  Sa  dis- 
lance de  Lizy  est  de  10  kil.  à  l'O.,  de  Paris  au  N.-O. 
40  kil. 

Bariiim  adAlbulam  ,  Bar-sur-Aube,  ville  ancienne 
sur  la  route  de  Paris  à  Bellort.  Avant  1780,  elle  faisait 
partie  du  diocèse  de  Langres;  elle  est  maintenant 
de  celui  de  Troyes.  Elle  était  alors  un  des  grands 
entrepôis  du  commerce  de  la  province  à  lai|uelle 
elle  appartenait.  Bar-sur-Aube  avait  un  chapitre 
composé  d'un  doyen  el  de  six  chanoines;  c'est  la  pa- 
trie de  sainte  Germaine,  qui  souffrit  le  martyre  par 
ord-e  d'Atlila. 

Bar-sur-Aube,  bàlie  au  pied  d'une  montagne,  sur 
la  rive  droite  de  l'Aube,  qui,  au  bas  des  moulins, 
forme  un  canal  naturel  de  200  mètres,  jiuiit  d'une 
vue  animée  par  l'immense  forêt  de  Cl::irv:iux  ,  par 
les  circuits  de  l'Auhe  à  travers  de  vastes  prairies, 
par  le  grand  nombre  de  villaties  situés  sur  les  bords 
de  celte  rivière,  et  par  les  coiemix  qui  l'entourent, 
couveris  de  vignes  à  mi-cotes  et  cnuronnos  par  dos 
bois,  il  y  a  des  marchés  considérables  pour  (es 
grains,  qui,  transportés  à  Gray,  sont  embarqués  sur 
la  Saune  à  la  destination  de  Lyon  el  du  midi.  L'ar- 
rondissemenl  de  Bar  renferme  92  communes  et 
40,000  habitants  ;  il  se  partage  en  4  cantons  :  Bar, 
Brienne,  Soulaines  el  Vandeuvre.  il  y  avait  sur  la 


montagne  qui  est  proche  de  la  ville  un  cluiteau  ruiné 
par  les  Vandales,  un  prieuré  de  Ste-Germaine,  où  re- 
posait le  corps  de  celte  sainte,  et  à  son  somuiel  un 
endroit  fort  escarpé  nommé  le  Châ'.elet.  c  11  est  vrai- 
semblable, dit  Robert  de  Hesseln,  que  ces  ruines 
sont  celles  d'une  ancienne  ville  nommée  Florence, 
parce  qu'elles  sont  trop  considérables  pour  n'èire 
que  les  débris  d'un  ancien  château  ;  c'e>t  ce  qu'an- 
nonce encore  le  double  fossé  à  demi  comblé  qui  rè- 
gne autour  de  ces  vestiges,  par  le  terrain  immense 
qu'il  renfermait.  I  Toutes  ces  ruines  existent  encore. 
L'opinion  de  Robert  de  Hesseln  présente  beaucoup 
de  vraisemblance.  Quelques  historiens  prétendent 
que  les  habitants  de  Florence,  échappés  à  la  fureur 
d'Attila,  allèrent  s'établir  à  Bar  après  le' passage  de 
ce  barbare.  Auprès  du  Châlelet  on  voyait,  au  milieu 
du  xviii'  siècle,  un  tombeau  ancien  où,  selon  la  tra- 
dition, un  préfet  des  Romains  avait  été  inhumé.  .— 
Plusieurs  auteurs  assurent  que  Bar-sur-Aube  fut 
fondé  par  le  roi  Bardus,  qu'ils  disent  avoir  été  le 
cinquième  des  rois  gaulois.  Prise  et  saccagée  par 
Attila,  cette  ville  reçut  plus  lard  de  grands  accrois- 
sements ;  au  moins  est-on  porté  à  le  croire  par  sa 
division  eu  cinq  principaux  quartiers  destinés  à  re- 
cevoir séparément  les  Allemands,  les  Hollandais,  les 
Lorrains,  les  habitants  de  la  principauté  d'Orange 
et  les  Juifs.  Aujourd'hui  elle  est  petite,  mal  bâtie  el 
mal  percée,  et  les  tours  qui  la  défendaient  au  dehori 
et  celles  qui  garnissaient  ses  deux  portes  et  ses  deux 
luagasins  ont  disparu.  Sous  les  rois  de  la  seconde 
race,  Bar  avait  des  comtes  particuliers.  On  voit  en 
effet  qu'en  1308  des  comtes  de  Bar  posséd.iienl  plu- 
sieurs hôtels  à  Paris,  un  qui  touchait  aux  murs  du 
couvent  des  Célestins,  un  autre  rueClopin,  près  du 
collégedeBeeourt  dilBoncourl;  un  troisième  siluésur 
lequaiSt-Cernard,aucoinde  la  rue  des  Bernardins. Le 
roi  Pbi'ippe  le  Long  ayant  vendu  ce  comié,  les  ha- 
bitauis  se  rachcièient ,  afin  de  conserver  le  titre  de 
ville  royale.  Elle  fut  alors  réunie  à  la  couronne,  avec 
celte  coiidiiion  que  les  rois  de  Fiance  ne  pourraient 
plus  la  vendre  ni  l'aliéner.  —  Le  premier  combat 
important  qui  se  soit  livré  en  1814  après  le  passage 
du  Rhin,  est  celui  de  Bar-sur-Aube.  Le  maréchal 
duc  de  Trévise  (Mortier),  forcé  à  Langres  el  à  Chau 
mont,  et  débordé  sur  ses  flancs,  s'était  replié  à  Bar, 
en  battant  dans  sa  marche  deux  bataillons  wuriem- 
bourgeois. 

Bar-sur-Aube  a  une  inspection  forestière,  une  po- 
pulation de  3,000  habitaiiis.  Distance  de  Troyes, 
esi,  iS  kil.  ;  de  Paris,  e-t-sud^st,  204  kil. 

Bariumad  Sei/î(flnam,  Bar-sur-Seine,  petite  ville, 
propre  et  bien  percée,  avec  de  jolies  promenades, 
sur  le  bord  de  la  Seine,  que  l'on  traver>e  sur  un 
pnnt  en  pierres  de  lailie.  Sa  situaiFbn  au  centre  d'un 
riche  vignoble,  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine,  à 
l'extrémité  d'une  vallée  resserrée  entre  deux  co- 
teaux, sur  l'un  desquels  s'élève  une  chapelle  entou- 
rée d'un  antique  bocage,  est  toul  à  fait  pitioresque. 
Comprise  autrefois  dans  lo  diocèse  de  Langres,  elle 


m 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


102 


est  aujonrd'liui  de  celui  de  Troycs.  Elle  n'a  qu'une 
église  paroissiale,  sous  l'invocaiion  de  Sainl-Eiicnnc  : 
son  curé  n'élait  que  le  vicaire  perpétuel  de   Saint- 
Maiiielï  de  Langres,  dont  les  chanoines  éiaient  curés 
primiiifs.  Bar-sur-Seine  avait  un  ciuvontdes  Pères 
de  la  Rédemption  des  captifs  ou  de  la  Tritiilé,  dû  aux 
comtes  de  Champagne;  un  couvent  d'Ursulines,  liàii 
en  1631  ;  un  liôlel-Dieu  fondé  par  la  charité  des  ha- 
bitants au  commencement  du  xviii'  siècle,  et  un  pe- 
tit collège.  La  tradition  veut  qu'on  ait  trouvé  une 
image  miraculeuse  de  la  Vieige  dans  un  vieux  chêne 
du  bois  appelé  la  Garenne-des-Comtes,  situé  sur  une 
montagne  qui  couvre  au  couchant  la  ville  de  Bar. 
Ce  qu'il  y  a  de  certain ,  c'est  que  le  peuple  s'y  por- 
tait en  foule,  et  que  vers  IG H  on  y  bàiil  une  chapelle 
des  offrandes  des  peler  ns.  liar-sur-Seine  fut  prise  et 
brillée  par  cerlains  robeiirs  lorr;iins  en  1557.  Frois- 
sard  dit  qu'ils  détruisirent  tiOO  bons  hôtels.  Le  roi 
Jean,  touché  de  ce  malheur,  lui  accord:i  une  foire 
franche  avec  ses  droits  pour  aider  à  la  réparer.  Cette 
ville  a  eu  ses  seigneurs  particuliers    avant  l'an  1000, 
et  dès  le  temps  de  Hugues Capei,.Milon  éiail  comte  de 
Bar-sur-Seine.  Les  descendants  de  Milon  jouirent  de 
ce  comté  pendant  plus  de200  ans.  Thibaui  P'',  rni  de 
Navarre  et  comte  de  Champagne,  acheta  les  droits 
des  héritiers  Milon,  et  lit  hommage  de  Bar-sur-Seiiie 
à  Robert  de  Turole,  évèque  de  Langres,  en  1239, 
Sous  ce  prince.  Bar  fut  gouverné  par  un  majeur  et 
douze  échevins.  Jeanne,  petitetiHe  de  Thibaut  l»'', 
apporta  le  comté  de  Bar  à  Philippe   le  Bel.   Divers 
traités  laissèrent  cette  ville  à   la  maison  de  Valois. 
Le  roi  Jean  la  réunit  à  la  couronne  en  I5C1  ;  mais 
en  1435,  Charles  Vil  la  donna  à  Philippe  le  Bon,  duc 
de  Bourgogne,  et  à  ses  descendants,  ne  se  réservant 
que  l'hommage  et  le  ressort.  Anrès  la  mort  de  Char- 
les fils  de  Philippe,  Louis  XI,  malgré  le  traité  d'Ar- 
ras,  confirmé  par  celui  de  Péronne  en  liG8,  fit  ren- 
trer Bar  dans  le  domaine  de  la  couronne.  Henri  IV 
donna  ou  engagea   cette  ville  à  Henri  de  Bourbon, 
duc  de  .Montpensiei .  Sa  fille  Marie,  femme  Je  Gaston, 
duc   d'Orléans,   la  posséda,  aussi  bien  que  sa  fille 
Anne-Marie-Louise   d'Orléans,   duchesse  de  Mont- 
pi>nsier,  qui  fil  son  héritier  universel  Philippe,  duc 
d'Orléans. — C'est  la  patrie  de  Nicolas  Vignier ,  mé- 
decin et  historien,  auteur   de  la  Bibliothèque  liisio- 
riafe,  mort  en  1590.  Bar-sur-Seiiie  forme  un  arrond. 
du  dépait.  de  l'Aube, qui  contient  86  communes  et 
50,000  habitants.  Il  est  à  remarquer  que  sa  popula- 
tion est  supérieure  à  celle  de  l'arrond.  de  Bar-stu'- 
.\ube,  bien  qu'il  compte  moins  de  communes.  Il  est 
divisé  en  cinq  cantons.   Bar ,  Chaource,  Essoyes, 
Mussy  et  les  Riceys.  Bar-sur-Seine  a  une  inspection 
forestière;  sa  population  est  de  4000  habiiarits,  sa 
distance  de  Troyes  S.-S.-E.  de  29  kil.,  et  de  Paris 
S.-E.  de  200  kil. 

Baroiium  ou  Baronium,  B:iron,  village  de  l'ancien 
diocèse  de  Sentis,  actuellement  de  celui  de  Beanvais, 
canton  de  Nantcnil-le-Haudouin,  départ,  de  l'Oise. 
Il  est  traversé  par  la  petite  rivière  de  Nonetie,  cl  est 


à  6  kil.  N.-O.  de  Nanieuil  et  46  N.-E.  de  Paris.  Bu- 
reau de  poste  de  Nanieuil.  La  population  e>l  de  700 
à  750  hab.,  y  compris  la  ferme  dite  de  St-Germain 
et  l'ancien  fief  de  Beaulieu.  Ce  fief,  à  2  kil.  du  vil- 
lage, se  fait  remarquer  par  sa  situation  sur  une  émi- 
nence,  où  l'on  jouit  de  la  plus  belle  vue.  La  maison 
d'hibitation,  ii  laquelle  tient  une  ferme,  est  fort 
agréable.  L'ancien  chiUeau,  à  mi-côte,  est  environné 
de  belles  plantulions.  Une  helle  avenue  conduit  au 
bois  d'Ermenonville,  qui  n'eu  est  pas  éloigné.  Le 
terroir  de  cette  commune  est  en  terres  labourables 
cl  en  bois. 

Basilica,  Bazoches,  village  de  l'ancien  diocèse  de 
Ch-irtres  actuellement  de  celui  de  Versailles,  ar- 
rond. de  Rambouillet,  canton  de  Montlori-rAmaury, 
départ.  deSeiue-et-Oise,  à  3  kil.  deMonlfort  où  est 
le  bureau  de  poste,  et  34  de  Paris.  Il  compte  550 
habitants  avec  les  hameaux  de  Houjarroy,  Pinson- 
nière,  et  une  maison  isolée  dite  le  Cheval-Mort;  les 
principales  productions  de  son  terroir  sont  en  grains; 
une  partie  est  en  prairies,  en  vignes  et  en  bois. 

I  Baznches,  village  du  diocèse  et  arrond.  de 
Soissons,  canton  d.:  Braisne,  sur  la  Yesle,  départ,  de 
l'Aisne,  à  21  kil.  E.-S.-E.  de  Soissons,  28  0.  do 
Reims.  Sa  population  esl  de  5'JO  habitants.  C'est  dans 
ce  vilKage  que,  sous  l'empire  de  Dioclétien,  était  le 
palais  du  préfet  des  Gaules,  dont  il  tire  son  nom, 
Basilica.  Le  bureau  de  poste  est  à  Fismes,  à  20 
kil.  de  là. 

1  Bazoches-lez-Bray,  diocèse  de  Meaux,  arrond. 
de  Provins,  cantim  de  Biay-sur-Seine,  départ,  de 
Seine-et-Marne,  à  18  kil.  de  Provins,  et  57  de  Me- 
lun.  Sa  population  est  de  630  habitants.  Bureau  de 
Doste  de  Bray-sur-Seine. 

Basoltts  Fons  ou  Fonticuli  Abbalia,  Basse-Fontaine, 
abbaye  d'hommes  en  couimende,  de  l'ordre  des  Pré- 
monirés,  dans  le  Vallage,  en  Champagne,  sur  la 
rive  droite  de  l'Aube,  à  10  kil.  vers  le  septentrion 
de  Vandeuvre,  et  à  peu  près  de  2ttkil.  sur  le  même 
point  de  Bar-sur-Aiihe  ;  dioc.  de  Troyes.  Elle  était 
située  sur  le  penchant  des  bois  de  Brienne,  proche 
d'une  belle  fontaine,  qui  à  peu  de  distmce  se  jette 
dans  la  rivière  d'Aube.  Elle  avait  éié  fondée,  en  1143, 
par  Gauthier,  comte  <!e  Brienne,  qui  fit  ajouter  à 
l'église,  dédiée  à  Nore-Dame,  une  chapelle  pou* 
lui,  sous  le  titre  de  SieCathenne;  la  charte  de  fon* 
dation  e-t  du  22  janvier  1143.  Le  pape  Eugène  ap- 
prouva cette  donation  en  1158,  et  Erard,  fils  da 
Gauthier,  l'augmenta  en  1183.  On  voyait  dans  l'église 
de  celte  abliaye  une  dent  de  saint  Laurent,  un  os 
du  bras  lie  saint  Biais;,  un  du  bras  de  saint  Eloi, 
le  doigt  de  saint  Jean-Baptiste,  avec  lequel  il  montra 
notre  Sauveur,  en  disant  :  Voilà  l'Agneau  de  Dieu, 
voilà  celui  qui  ôle  le  péché  du  monde.  Jean  Léguisé, 
76e  évèque  de  Troyes,  par  sa  lettre  pastorale  de 
l'année  1428,  déclara  que  le  doigt  index  de  sr.liii 
Jean-Baptiste  était  lonsorvé  dans  l'église  de  Basse- 
Fontaine  ;  qu'il  accordait,  à  certains  jours,  des  in- 
dulgences, cl  confirma  celles  que  Pierre  d'.^rciesi 


iU5 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  104 

médecin  de  Neufchàtei,  nommé  Honfroi,  avec  cette 
inscripiion  : 


jon  prédécesseur,  avait  publiées.  Gilles  de  Luxem- 
bourg, évoque  de  Cliâlons,  par  sa  lellre  pastorale  de 
l'année  1S04,  écrite  dans  les  mêmes  senlinienls, 
ordonna  aux  curés  et  paroisses  de  son  diocèse  de 
vénérer  celte  relique.  Kn  IICC,  Henri  premier  du 
nom,  comte  de  Champagne,  affranchit  les  maisons  et 
tous  les  biens  de  cette  abbaye.  Le  9  mai  1602,  le 
pape  Clément  VllI  donna  le  droit  à  l'abbé  de  porter 
la  mitre  et  les  ornements  pontificaux.  Cette  abbaye 
rapportait  2,000  liv.  de  rente.  Elle  est  devenue  pro- 
priété particulière. 

Belli-Becci  Abbatia,  abbaye  de  Beaubec,  au  diocèse 
de  Rouen.  C'était  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre 
de  Citeaux  et  de  l'affiliation  deClairvaux.  Elle  avait 
pris  son  nom  d'un  village  voisin  appelé  Beaubec-Ia- 
Ville,  et  était  située  dans  la  forêt  de  Brai,  à  i  kil. 
ou  env.  de  Forges,  vers  le  N.,  et  auprès  de  deux  pe- 
tits ruisseaux,  l'un  nommé  le  Robec,  l'autre  le  Bat- 
teur, lesquels  avaient  formé  autrefois  en  ce  lieu  une 
douzaine  d'étangs,  aujourd'hui  presque  entièrement 
desséchés.  Beaubec  reconnaissait  pour  son  fondateur 
Hugues  de  Gournai,  second  du  nom,  qui  y  était  en- 
terré. Cette  abbaye,  sons  l'invocution  de  St-Laurent, 
fut  mise  dès  son  origine  sous  la  dépendance  de  l'ab- 
baye de  Savigny.  C'était  même  la  première  file  de 
cet  illustre  chef  d'ordre,  qui  en  comptait  jusqu'à 
cinquante,  dont  la  Trappe  est  la  dernière,  et  elle  était 
détenue  elle-même  mère  de  celle  de  Lannoi,  au  dioc. 
de  Beauvais.  En  1 148,  tout  l'ordre  de  Savigny  s'étant 
soumis  à  l'ordre  de  Citeaux,  Beaubec  se  trouva  in- 
corporé à  celui-ci  ;  et,  comme  l'abbé  de  Savigiiy 
avait  les  honneurs  de  cinquième  père  de  l'ordre,  ces 
honneurs  étaient  dévolus  alors  à  l'abbé  de  Beaubec, 
parce  qu'il  était  régulier  et  que  l'autre  ne  l'était  pas. 
Le  monastère  de  Beaubec  fut  détruit  par  un  incendie 
en  1383,  et  ne  put  être  réparé  que  vers  l'an  14S0; 
mais  dans  la  suite  il  fallut  penser  à  le  rebâtir  tout  à 
neuf.  L'abbé  Guillaume  Martel,  qui  tenait  l'abbaye 
en  commende,  fit  faire  le  manoir  abbatial  vers  l'an 
1580.  Guillaume  aimait  les  beaux-arts,  surtout  la 
peinture.  Le  clocher  n'avait  éié  rebâti  qu'en  ItiCS,  le 
portail  de  l'église  en  17Ô0;  enfin  Charles-François 
du  Pauzet-du-.Mas,  qui  en  fut  abbé,  avait  cominué 
sans  relâche  à  relever  le  cloître,  le  dortoir  et  tous 
les  autres  lieux  réguliers.  Il  y  avait ,  en  1233,  à  la 
porte  du  monastère,  une  aumônerie ,  à  laquelle  on 
donnait  le  nom  d'hospice.  Diverses  donations  de  ce 
lenips-là  furent  faites  selon  la  teneur  des  titres  in 
nsus  porlœ  et  paupeium  Betli  Becci.  Près  des  ruines 
de  cette  aumônerie,  il  y  avait  une  chapelle  dite  de 
Sie-Ursu!e,  desservie  par  un  religieux  de  l'abbaye, 
et  qui  servait  de  paroisse  à  plusieurs  habitations 
voisines.  Thomas,  évêque  de  Bayeux ,  ayant  donné 
sa  bibliothèque  à  cette  maison,  y  avait  choisi  sa  sé- 
pulture en  1238.  Il  fut  inhumé  dans  le  sanctuaire, 
du  côté  de  l'Evangile,  et  l'on  y  voyait  sa  statue  en 
pierre,  élevée  sur  quatre  petits  piliers.  Sous  le  cloî- 
tre, prés  de  l'ancien  chap  ire,  était  la  tombe  d'un 


Hic  est  Honfredus,  qui  quondam  nnbile  fœdui 
Xobis  monslravit,  quos  miillum  semper  amavit. 
De  Castro  natiis,  docior  fuit  m  medicina. 
Deus  huic  tua  dona  propina. 

On  avait  perdu  dans  l'abbaye  le  sens  de  ces  deux 
mots,  nobile  fœdus.  Serait-ce  Onfroy  qui  aurait  in- 
diqué aux  religieux  le  corps  de  saint  llélier,  martyr 
de  l'île  de  Jersey,  dont  ils  croyaient  être  en  posses- 
sion, et  dont  ils  faisaient  la  fêle  le  It)  juillet?  L'ab- 
baye de  Beaubec  jouissait  de  18,000  llv.  de  ronte. 

Belloburgo,  ou  Belloburgum  ,  Beaubourg,  village 
de  l'ancien  dii.cèse  de  Paris,  aujourd'hui  de  celui  de 
Meaux  ,  arrondissement  de  cette  ville  ,  canton  de 
Lagny ,  déparlement  de  Seine-et-Marne.  D'après 
l'abbé  Lebeuf ,  l'origine  de  son  nom  viendrait  d'une 
belle  forteresse  qu'il  y  aurait  eu  en  ce  lieu,  et  qui 
aurait  été  détruite  par  la  suite  des  temps.  C'est  .m 
moins  dès  le  comiuencemenl  du  xiii"^  siècle  qu'il 
existait  un  village,  une  paroisse  et  un  seigneur,  sous 
le  nom  latin  de  Belloburgo. llyi  un  châieau  tntuuré 
de  fossés  pleins  d'e.Tu.  Le  terroir  est  en  labour.  L'é- 
glise paroissiale,  du  titre  de  Sainte-Marie-Madeleine, 
est  (rés-peiiie  et  ressemble  à  une  chapelle;  il  fut 
permis,  en  1606,  d'y  ex^ioser  des  reliques  que  le  car- 
dinal Ginetti  avait  données,  au  mois  de  novembre  de 
l'année  précédente,  à  Luc  de  Clototnonl.  La  cure  était 
à  la  nomination  de  l'abbesse  de  Malnoue.  Les  reli- 
gieuses de  celle  abbaye  avaient  autrefois  toute  la  dinie 
sur  le  territoire  de  Beaubourg,  eu  payant  un  gros  au 
curé;  mais,  par  transaction  du  ÔIJ  juillet  1.528,  elles 
abandonnèrent  la  dîme  au  curé  en  place  de  son  gros, 
et  sous  diverses  autres  conditions.  Les  seigneurs  de 
Beaubourg  commencèrent,  dès  le  xiu^  siècle,  parmi 
lesquels  l'un  des  derniers  fut  le  inarqu's  de  Brùlart, 
auquel  appartenaient  toutes  les  maisons  et  les  lerres 
des  paysans  de  ce  village.  La  population  s'élève  à  100 
et  quelques  habitants.  Beaubourg  est  à  20  kil.  de 
Meaux,  et  à  31  de  Melun.  Bureau  de  poste  de  Lagnv. 

Bellociislellum,  Beauregard  ,  bourg  du  diocèse  de 
Clerniont-Ferrand  ,  arrondissement  et  à  20  kil.  est 
de  ceiie  ville,  département  du  Puy-de-Dôme.  C'est 
sur  cette  paroisse  que  se  trouvait  le  château  des 
évèques  de  Clerniont,  lequel  d'ailleurs  existe  encore. 
Les  habitants,  au  nombre  de  lotiO,  ont  conservé  sou- 
venir du  célèbre  et  charitable  Massillon. 

I  Beauregard,  village  du  diocèse,  arrondissement 
et  canton  de  Versailles,  départencnt  de  Seine-el- 
Oise.  Popnl.,  y  comprise  celle  de  Hoqueiicourt,  132 
habitants.  A  i  kil.  nord  de  Versailles. 

1  Beauregard,  village  du  diocèse  de  Versailles  , 
arrond.  de  cette  ville,  canton  de  Poissy,  commune 
d'Orgeval,  à  6  kil.  sud-ouest  de  Poissy,  à  14  de  Ver- 
tailles.  Popul.,  y  con)prise  celle  d'Orgeval,  1400  hab. 
Bureau  de  poste. 

Bellomoiiiii  Kogerii  Sylva,  Beaunionl-le-Roger  (fo- 
rêt de),  diocèse  d'Evreux,  dans  l'ancien  comté  d'Ou- 
clio,  airoiulissement  de   Beiiiay,   h  8  kil.  de  cette 


103  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


106 


ville,  et  1  de  Beaumoui.  Elle  borJe  la  rivière  de 
Rille,  et  n'est  plus  aussi  considérable  qu'elle  l'était 
en  1789,  à  cause  des  défriclienieiils  nombreux  qu'on 
y  a  exécutés  depuis  GO  ans.  Elle  appai  tenait  à  celle 
cpo<|ue  à  la  maison  de  Bouillon. 

Bellomoniium  Rotjeiii,  Beaumont-le-Roger,  petite 
ville  du  diccèsed'Evreux,  arrondissement  de  Bernay, 
dépaiieiiient  de  l'Eure,  à  14  kil.  de  Bernay,  et  28 
oucst-nord-ouest  d'Evieux.  Pop.  2,G00  habitanis. 

Son  nom  lui  vient  de  ce  qu'elle  a  été  bàiie  ou  au 
moins  augmentée  par  Roger,  l'un  de  ses  comtes. 
Son  église  paroissiale  portail  le  litre  de  Saint-Nico- 
las. Il  y  avait  un  prieuré  de  Bénédictins  qui  dépen- 
dait de  l'abbaye  du  Dec;  ce  prieuré  élaii  simple  et 
valait  environ  8,000  liv.  de  renie.  On  voyait  dans 
l'église  de  ce  piieuré  de  irés-anciennes  reliques. 
Beaumonl-le-Roger  n'était  autrefois  qu'une  seigneu- 
rie ou  baronie,  tenue  par  de  simples  genlilsliommcs. 
Louis  IX.  acquit  cette  terre,  en  1253,  de  Raoul  de 
Meu<!aii  :  elle  fut  réunie  au  domaine  de  la  couronne 
pendant  environ  cent  ans.  En  1533,  le  roi  Jean, 
ayaul  fait  la  pai.v  avec  Charles  d'Evreux,  roi  de  Na- 
varre, donna  celte  terre  en  partage  à  Louis,  frère 
de  Charles.  Revenue  à  la  couronne,  elle  en  lut  dé- 
membrée en  faveur  de  la  maison  de  Bouillon,  dans 
laquelle  elle  se  trouva  sous  le  titre  de  couué.  Beau- 
moiit-le-lioger  est  sur  la  rive  droite  de  la  Rille,  près 
de  la  belle  lorét  de  son  nom.  On  trouve  dans  ses 
environs  des  carrières  de  pierre  de  taille  et  des 
sources  d'eaux  minérales.  Il  y  a  des  fabriques  de 
draps,  façon  de  Louviers,  de  molletons  et  de  toiles 
de  lin  ;  des  blaucliisseries  de  toiles  ,  une  verrerie  à 
vitres  et  à  bouteilles.  Son  commerce  consiste  en 
bois,  lil  de  lin  et  draperies. 

Bellomoniium,  ou  Bellus  Mons,  Beauraont.  Il  y  a 
plusieurs  localités  de  ce  nom  dans  divers  diocèses  de 
France. —  Beaumont,  bourg  du  diocèse  de  Meaux, 
arrond.  de  Fontainebleau,  dép.  de  Seine-et-Marne, 
à  30  kil.  de  Fontainebleau  et  40  de  Melun.  La  po- 
pulation est  d'environ  1,250  habitants.  —  Il  y  a  un 
bourg  de  ce  nom  dans  le  diocèse  de  Périgueux  ;  un 
dans  celui  de  Clermonl,  ou  l'on  voyait  une  abbaye 
de  Bénédictins  ;  un  au  diocèse  de  Coulanccs,  lequel 
est  chef-lieu  de  canton  du  département  de  la  Man- 
che; un  au  diocèse  de  Grenoble  ;  enfin,  un  au  dio- 
cèse d'Âutun. 

I  Beaumont-en-Ârgonne,  bourg  dans  les  Arden- 
nes,  diocèse  de  Reims. 

I  Beaumont-eu-Auge,  près  de  Pont-rEvêque, 
diocèse  de  Bayeux. 

I  Beaumont-le-Chétif,  à  16  kil.  sud-est  de  Nogent- 
Ic  Uoirou,  diocèse  de  Chartres. 

1  Beaumont-de-Lomagne,  petite  ville  sur  la  Gi- 
mone,  à  20  kil.  de  Casiel-Sarrazin,  diocèse  de  Mon- 
lauban,  département  de  Tarn-et- Garonne. 

I  Beaumont-pied-de-Bœuf ,  département  de  la 
Mayenne ,  diocèse  du  Mans. 

I  Reanraonl-sur-Vesle ,  bourg  du  diocèse  de 
Reiras,  département  de  la  Marne. 

Dictionnaire  de  Géographie  eccl.  H. 


I  Ueaumont-sur-Viiigeanne  ,  diocèse  de  Dijon  , 
déparieiiient  de  la  Cole-d'Or. 

I  Beauniont-les-Nonains,  paraisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Rouen,  aciuellement  de  celui  de  Beauvais, 
arrondissement  de  celle  ville,  canton  d'Auneuil,  dé- 
paiiemeni  de  l'Oise,  à  5  ki!.  d'Auneuil,  10  de  Chau- 
mont  où  est  le  bureau  de  po.-ie,  11  de  Beauvais  et 
S8  de  Paris.  Population  530  hab.,  en  y  comprenant 
les  hameaux  de  Jouy-la-Grange,  Chantoiseau  et  l'an- 
cienne abbaye  des  Norains.  —  Les  principales  pro- 
ductions de  son  terroir  sont  en  yrains;  une  petite 
partie  csi  en  bois.  —  11  y  a  eu  autrelois  en  ce  lieu 
des  reliijieuses  de  l'ordre  des  Préniontrés,  ce  qui  lui 
a  fait  donner  le  surnom  dos  yonains.  Leur  abbaye, 
fondée  par  l'abbé  L'irie,  fut  détruite  en  1185,  et  a 
fait  pl.icc  .à  une  ferme  aujourd'hui  en  plein  rapport. 
Quelques  hi^toriens  de  la  Normandie  croient  que 
l'ancienne  chapelle  de  St-Jean,  au  hameau  Je  Jouy- 
la-Grange, pourrait  bien  être  un  resie  de  cette  abbaye; 
mais  leur  opinion  ne  paraît  pus  fondée. 

I  Beaumont,  bourg  de  1,800  bab.  au  diocè.-c  de 
Viviers,  arrond.  de  l'Argeniières,  à  1-2  kil.  ouest  de 
celte  ville,  départ,  de  l'Ar  Jéche. 

I  Reaunioni,  paroisse  du  diocèse  d'Avignon,  ar- 
rondissement d'Apt,  à  32  kil.  est-sud-est  de  cette 
ville.  La  terre  seigneuriale  de  ce  bourg  apparienail, 
avant  la  révolution  de  1789,  à  la  famille  Riquelti, 
originaire  de  Florence.  Le  château  de  ce  nom  existe 
encore  à  4  kil.  de  Beaumont.  Le  célèbre  Mirabeau  , 
qui  joua  un  si  grand  rôle  à  l'assemblée  constituante 
et  au  commencement  de  la  révolution  de  1789,  était 
le  nisniné  du  marquis  Riquelti  de  Mirabeau, dit  l'Ami 
des  hommes,  personnage  connu  au  xviii"  siècle  par 
plusieurs  écrits  sur  l'économie  politique  ,  et  aussi 
original  que  son  fils  était  exiraordinaire.  La  popul. 
de  Beauraont  est  de  l,IOii  hab. 

I  Reaumoni ,  bourg  du  diocèse  de  Poitiers  ,  prés 
de  la  rivière  du  Clain,  arrond.  de  Chàtelleraull,  à  12 
kil.  sud-ouest  de  cette  ville,  départ,  de  la  Vienne. 
Popul.  1,200  hab. 

I  Beaumont-en-Vérou,  bourg  du  diocèse  deTours, 
arrond.  de  Chinon,  à  6  kil.  de  cette  ville,  départ. 
d'Indre-et-Loire.  Popul.  1,500  hab. 

I  Beaumonl-la-Ronce,  petite  ville  du  diocèse  de 
Tours,  à  20  kil.  nord  de  celte  ville.  Elle  a  clé  ainsi 
nommée  à  cause  de  sa  situation  au  milieu  de  la  furet 
de  Reaumoni.  On  y  voit  une  manufacture  de  fer- 
blanc  qui  occupe  un  certain  nombre  d'ouvriers.  Pop. 
1,800  hab.  Départ.  d'Indre  et-Loire. 

1  Beaumont-les-Forges  ou  la  Ferrière,  paroisse  du 
diocèse  de  Nevers  ,  arrond.  de  Cosne,  à  56  kil.  sud- 
sud-esl  de  celte  ville,  sur  la  rive  droite  de  la  Nièvre. 
Ce  village  doit  son  surnom  aux  forges  qu'on  y  ex- 
ploite ;  il  possède  une  manufacture  d'ancres  pour 
les  vaisseaux,  et  compte  800  babiianls  ,  sans  y  com- 
prendre la  population  floiianie  de  ses  usines. 

1  Dcaumoiii-.Monteus,  petite  ville  du  diocèse  de 
Val'>ncc,  arrond,  et  ii  10  kil.  nord-est  de  cette  viile, 

4 


*07  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE, 

sur  la  rive  droile  de  l'Isère.  Dépai  t.  de  la   Drôme.      Meaux,  commune  de  Poniaii 


Popul.  l,65iMiab. 

I  Beaumont,  petite  ville  du  diocèse  de  Namur  , 
Belgique,  entre  les  deux  rivières  de  la  S.imbre  et  de 
la  Meuse.  Ses  environs  sont  riclies  en  minerais.  On 
y  fabrique  beaucoup  d'ustensiles  en  fonte.  La  popul. 
est  de  2,600  iiab. 

I  Beauroont-le-Vicomte,  petite  ville  du  diocèse  du 
Mans,  arroiid.  de  Mamers,  clief-lieu  de  canton  du 
dép.nrt.  de  la  Sarthe,  à  20  kil.  sud-ouest  de  Mamers, 
28  kil.  du  Mans  et  180  de  Paris.  Elle  a  été  bâtie  par 
ies  anciens  vicomtes  du  .Maus,  qui  ét:)ient  les  lieu- 
tenants des  comtes,  et  c'est  d'eux  que  cette  ville  a 
pris  le  surnom  de  Reaumont-le-Vic-mte.EIle  fut  prise 
plusieurs  fois  par  Guillaume  le  Conquérant,  duc  de 
^'ormandio  et  roi  d'Angleterre,  et  suivit  le  sort  de  la 
province  du  Maine  ,  qui  changea  trois  ou  quatre  fois 
rie>nKiitres  en  moins  de  30  ans.  On  n'y  voit  plus  au- 
jourd'hui aucune  de  ses  ancieiines  fortific.iiions.  Cette 
ville  a  donné  sr^n  nom  à  deux  grandes  familles,  qui 
ont  duré  plus  de  300  ans.  La  première  commença 
par  Hubert  de  Beaumont,  vicomte  du  Mans,  qui  vi- 
vait au  commencement  du  x«  siècle  et  finit  à  Richard 
de  Beaumont,  irnisiènie  du  nom,  qui  laissa  sa  suc- 
cession à  Agnès,  sa  sœur,  mariée  à  Louis  de  Brienne, 
roi  de  Jérusalem,  duquel  mariage  sont  issus  les  sei- 
gneurs de  la  maison  de  Beaumont,  qui  se  fondit  dans 
celle  de  Chaniillard.  Marie  de  Cbamillard  porta  cette 
ville  en  dot,  1371,  à  Pierre,  comte  d'Aleneon,  d'où 
elle  passa  dans  la  maison  de  Bnurbon,  par  le  mariage 
de  François  d'Alençon,  fille  aînée  de  Uené,  duc  d'A- 
lençon,  ei  de  Marguerite  de  Lorraine  ,  avec  Charles 
de  Bouibon,  comte  de  Vendôme.  Elle  fut  érigée  en 
duché-pairie  ,  en  15-13,  et  c'est  le  preniier  titre  que 
le  roi  Henri  iV  porta  du  vivant  de  son  père,  après  la 
mort  de  son  frère  aîné,  qui  en  avait  été  revêtu.  Elle 
a  passé  ensuite  dans  la  maison  de  Tessé.  Beaumont- 
le-Yicomle  est  dans  une  situation  .igréable,  sur  la 
rive  dniile  de  la  Sarthe.  On  y  lem.irque  une  belle 
proiiienaile,  située  sur  un  inomicule,  d'où  l'on  jouit 
d'une  charmante  perspective.  On  y  voit  les  ruines  de 
l'ancien  château,  qui  sert  maintenant  de  prison.  11  y 
a  des  fabriques  d'éiamines ,  droguels,  serges,  pru- 
nelles ,  toiles  ;  son  commerce  consiste  eu  grains  et 
volaille. 

Beceum,  Bennecourt,  paroisse  de  l'ancien  diocèse 
de  Rouen,  actuellenieni  de  celui  de  Versailles,  ar- 
rondissement de  Manies,  canton  de  Bonnières,  dépt. 
de  Stine-ei-Oise,  à  7  kil.  de  la  Roche-Guyon,  62  de 
Paris  entre  l'O.  et  le  N.-E.,  bureau  de  poste  de  Bon- 
iiièies.La  principale  culture  du  terroir  est  en  vignes, 
dont  le  vin  n'est  guère  meilleur  que  le  cidre  que  l'on 
fiit  dans  les  environs.  La  population  est  environ  de 
1000  habitants,  en  y  comprenant  les  hameaux  de 
Glotou  et  Tripleval.  Bennecourt,  sur  la  rive  droite 
de  la  Seine,  n'est  séparé  de  Bonnières  que  par  cette 
rivière  et  quelques  îles  garnies  .de  saules  et  en 
prairies. 

Becherium,  Berchères ,  paroisse  du   diocèse  de 


103 
canton  de  Tonrnau, 
arrond.  de  Mclun,  dépt.  de  Seine-et-Marne,  à  22  kil. 
de  Paris.  Bureau  de  poste  de  Tournan.  Ce  lieu  est 
conim  depuis  le  règne  de  Louis  le  Gros.  Son  église 
n'était  qu'une  petite  chapelle  du  titre  de  St-Pierre-ès- 
Liens,  qui  a  été  rebâtie  vers  1737,  et  dans  laquelle 
il  n'y  avait  rien  à  remarquer.  Celle  qui  existait  au 
xii"  siècle  avait  été  donnée  aux  moines  de  Gournay, 
par  l'évêque  de  Paris,  peu  de  temps  après  qu'ils 
eurent  une  petite  dîuie  sur  son  territoire.  Celle  pa- 
roisse est  entre  Comheauxet  Roissy,  dans  une  plaine 
à  gauche  du  grand  cbeinin  de  Champigny.  Son  ter- 
ritoire anciennement  n'était  composé  que  d'env.  100 
arpents,  bordé  par  celui  des  paroisses  de  Combeaux, 
Pontault  et  lîoussy,  et  alors  il  n'y  avait  que  5  feux. 
Aussi,  dans  les  rôles  de  l'élection  de  Paris,  celte  pa- 
roisse était-elle  jninle  sous  un  même  ariicle  avec 
celle  de  Pontault.  La  seigneurie  de  Berchères  appar- 
tenait à  la  maison  d'Armaillé. 

I  BercIières-siir-Vesgres,  paroisse  du  diocèse  de 
Chili  très,  arrond.  de  Dreux,  canton  d'Anel,  dépt, 
d'Eure-et-Loir,  d;ins  une  vallée  à  8  kil.  vers  l'E. 
d'Anel,  7  vers  le  N.-E.  de  Houdan,  où  e>l  le  bureau 
de  poste,  et  59  de  Paris.  Cette  terre  est  une  ancienne 
seigneurie;  elle  a  été  possédée  par  le  marquis  de 
Culbert.  Le  château  de  Herse,  dans  une  situation 
agréable,  à  côté  du  vilhige,  est  d'une  construction 
moderne.  Le  parc,  Iraver-é  par  la  petite  rivièi  e  de 
Vesgres,  contient  100  arpents  et  renferme  de  belles 
plantations  d'arbres  et  d'arbustes  étrangers.  Ce  parc 
est  contigu  à  un  bois  bien  percé  qui  fait  partie  de 
celle  propriété.  La  popul.  de  ce  vilhige  e-t  de  150 
hab.  env.  Son  terroir  est  eu  labour,  en  vignes  et  en 
bois;  une  petite  partie  est  en  prairie.  La  rivière  de 
Vesgres  fait  tourner  un  moulin  à  farine. 

Belarium,  ou  Belariï  Casiellnm,  Bel-Air  (( hàteaude). 
Avant  l'enceinte  actuelle  de  Paris,  il  y  avait  aiixviii* 
siècle,  dans  le  hameau  de  .Monceaux,  qui  alors  se 
trouvait  hors  Paris,  un  château  nommé  Bel-Air.  Il 
dépendait  de  ce  château  une  petite  chapelle  sous  l'in- 
vocaiion  de  saint  Etienne,  qui  servait  de  succursale 
à  l'église  de  Clichy. 

I  Bel-Air,  villagedeSeine-et-Oise,!diocèsede  Ver- 
sailles, arrond.  et  c.int.  d'Etampes,  commune  de 
Mauchanips,  sur  la  route  de  Paris,  vis  à-vis  l'avenue 
du  château  de  Chamaraude,  a  4  kil.  N.  d'Eiréchy, 
10  N.  d'Eiampes.  Popul.,  compris  celle  de  Mau- 
champs,  200  hab.  env.  Bureau  de  poste  d'Etréchy. 

I  Bel-Air,  village  du  diocèse  de  Paris,  arrond.  do 
Si-Denis,  cant.  et  commune  de  Nanterre,  à  1  kil.  de 
Nanterre,  10  S-O.  de  Si-Denis,  9  N.-O.  de  Pans. 
Popul.,  2000  bah.  Bureau  de  poste  de  Nanterre. 

I  Bel-Air,  village  du  diocèse  et  de  l'arrond.  ils 
Meaux,  cant.  de  Lagny,  commune  de  F-rricre,  à  3 
kil.  S.  de  Lagny,  22  S.-O.  de  Meaux.  Pojul.,  com- 
pris celle  de  Perrière,  450  hab.  Bureau  de  poste 
de  Lagny. 

I  Bel-Air,  village  du  diocèse  de  Meaux,  dépt.  de 
Seine-et-Marne,  arrond.  de  Coulommiers,  cant.  de 


109 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  RJOYEN  AGE.  HO 


Rosoy,  commune  de  VilIeneuve-le-Uni,  à  0  kil.  de 
Lngiiy.  Popul.,  compris  cplle  de  Villcneiive-le  Pioi 
el  dépendances.  600  liai).  Bureau  de  pnsle  de  L^gny. 
)  liel-Air,  vilhige  du  dioièse  de  Yersailles,  dépt, 
de  Seine-et-Oise,  arroiid.  d'Etampes,  canton  N.  et 
coniuiune  de  Dourdan,  à  5  kil.  N.  de  Dourdan,  el  28 
S.  de  Versailles.  Popul.,  3,600  liab.  Bureau  de  posie 
de  Dourdan. 

I  Bel-Air,  village  du  diocèse  de  Versailles,  dépt. 
de  Seine-ei  Oise,  arroud.  de  Pontoise,  cnnloi  de 
Montmorency,  commune  d'Andilly,  à  5  kil.  de  .Mnnt- 
morency  et  13  S.  de  Pontoise.  Popul.,  cnniiiris 
celle  d'Andilly,  370  liab.  env.  Bureau  de  poste  de 
Montmorency. 

Bel-Air,  village  du  diocèse  de  Versailles,  dépt.  de 
Seine-el  Oise,  arrond.  de  Versallle-,  canl.  de  P:ilai- 
seau,  commune  d'Orsay,  à  5  kil.  S.-O.  dePalaiseau, 
el  à  11  S.-E.  de  Versailh-s.  Popul.,  compris  celle 
d'Orsay,  970  liab.  env.  Bureau  de  posie  de  Palaiseaii. 

Bellu-Ecclesia,  ou  Basilica,  Belle-Eglise,  paroisse 
du  diocèse  de  Beauvais,  arrond.  de  Senlis,  cariion  de 
Neuiliy-en-Thelle,  départ,  de  l'Oise  à  40  kil.  nord  de 
Paris.  Popul.  400  hab. ,  y  compris  les  hameaux  de 
Goni!icourt,  Londrimont,  Monlagny-Pmuvaireç  ,  et 
lecliâleau  de  Saint-Just,  qui  apparieniità  l'ordre  de 
Malte.  Le  terroir  de  ce  village  est  en  terres  arables, 
en  prairies  et  en  bois.  Le  ruisseau  dit  le  Hti  de  iléiu 
fait  tourner  deux  moulins. 

Bellavilla  super  Sabiitum,  Bi-lleville  ,  paroisse  du 
diocèse  et  de  la  lianlieue  de  Paris,  canton  de  Pantin, 
arrond.  de  Saint-Denis,  sur  un  coteau  à  l'est-nord- 
est  de  Paris.  Cette]  paroisse  éiait,  dans  l'ancien  ré- 
gime, une  annexe  de  l'église  de  St-."'e;ri  de  Paris, — 
Ce  village  portail  ancienneitieni  le  nom  de  Snvegium, 
Savia  ,  Savie.  On  le  trouve  ensuite  nommé  Péirou- 
vitle  ei  Poiironville.  L'abijé  Lcbeuf  a  composé  une 
longue  dissertation  sur  le  nom  primitif  de  cette  mon- 
tagne. Jaillot  le  combat  en  quelcjnes  points  ;  il  pense 
que  Sfli'ie  el  Poiironville,  aujourd'hui  Bellevillc  , 
étaient  deux  lieux  contigus,  mais  différcnis  l'un  d; 
l'autre.  «  Suivant  une  sentence  arbitrale  de  1229,  dit 
cet  auteur,  conservée  dans  les  .irchives  de  Si-Merry, 
on  voit  que  ce  chapitre  avait  |j  moitié  d'un  pressoir 
i  Sarie,  proche  la  maison  de  St-Martin,  in  tenilûrio 
de  Bel  o  C  iiupo.  Ce  même  endroit  est  nommé  de  Pul- 
chro  Campo  ,  dans  les  titres  de  Saint-Martin-des- 
Champs....  Le  nom  de  l'oi7roiii'i//e  se  lit  dans  le  rôle 
de  taxe  de  1313  et  dans  plusieurs  titres.  L'abbé  Le- 
bêuf  en  a  inféré  qu'il  venait  de  quelque  seigneur  ap- 
pelé Boilron  ou  Poilron;  mais, outre  qu'il  n'en  duiine 
aucune  preuve,  il  me  parait  plus  vraisemblable  que 
ce  nom  est  une  faute  de  copiste  ou  une  altération  de 
C.liii  de  Pétriniitte,  Pelrevitla,  qui  lui  aura  été  donné 
à  cause  de  sa  dépendance  de  St-Merry,  dont  l'église 
était  priuiordialement  une  chapelle  sous  l'invocation 
de  Si-Pierre  ;  et  dans  le  rôle  de  1515  que  je  viens 
de  citer,  Poitronville  est  indiqué  comme  étant  et 
r.i^aM  partie  de  la  paroisse  de  Si-Merry.  A  c<-  nom 
a  succédé  celui  de  BeUeville-sur-Sablon,  Bellavilla 


super  Sribtilum,  et  c'est  sous  celle  dernière  dénomi- 
nation que  ce  lieu  est  désigné  dans  tous  les  actes  des 
deux  derniers  siècles,  i  —  Les  rois  de  la  première 
race  avaient,  dans  ce  lieu,  une  maison,  el  l'on  trouva 
des  pièces  de  monnaie  q'ii  y  avaient  éié  frappées  , 
avec  l'inscription  ;  Savi.  Il  reste  encore  des  vestiges 
de  celte  ancienne  maison  dans  une  ferme  située  sur 
le  haut  de  la  montagne,  et  qui  a  retenu  le  nom  de 
ferme  de  Savie. —  Dans  une  description  des  environs 
de  Paris,  faite  sous  Charles  VI,  on  lit  :  Poitronville  , 
dit  Bellcville.  Dans  l'exposé  d'une  grJice  obtenue  du 
même  ninnarque,  il  est  parlé  de  gens  qui  éinienl 
allés  se  battre  el  joueràPoilronville,  assez  près  de  Paris, 
en  une  certaine  taverne  séante  audit  lieu  cl  ville.  La  si- 
tuation de  ce  vil'age,  sur  une  éminence,  d'oii  l'œil 
découvre  tout  Paris,  lui  a  sans  doute  l'ait  donner  son 
nouveau  nom.  11  y  a  sur  la  montaine  de  Bellcville 
des  sources  assez  abondantes  qui  fnurnissent  des 
eaux  pour  l'usage  de  la  capitale.  L'aqueduc  qui  sert 
à  les  conduire  est  un  des  plus  anciens  de  Paris.  Il 
en  est  fait  meiMion  dès  l'an  I24i.  —  Ce  lieu  était 
autrefois  séparé  de  Paris  par  des  champs;  il  touche 
maintenant  aux  barrières  par  une  continuité  de  mai' 
sons  bâties  des  deux  côtés  de  la  route.  On  lit  dans 
d'anciennes  descriptions  que  ce  village  avait  17 
seigneurs,  et  en  outre  plusieurs  couvents.  Les  cou- 
vents sont  détruits  ,  les  seigneurs  ont  disparu  ;  et 
maintenant  on  arrive  à  Belleville  sans  s'apercevoir 
qu'on  est  hors  de  Paris. 

La  partie  la  plus  ancienne  de  Belleville  avoisine 
l'église,  qui  n'a  été  bâtie  qu'au  xvii«  sièclf,  sous  l'in- 
vocation de  saint  Jean-I!apti>te,  patron  du  village  ; 
elle  a  déjà  été  réparée  plusi'iurs  fois  et  agrandie.  En 
18H,  on  s'e-l  battu  à  Belleville  avec  acharnement 
contre  les  troupes  alliées.  La  population  a  beaucoup 
augmenté  :  on  y  compte  plus  de  10,000  habitants, 
sans  comprendre  la  population  flottante. 

Belica,  le  Belay,  village  du  diocèse  de  Yersailles, 
départ,  de  Seine  el-Oise,  arrond.  de  Pontoise,  canton 
de  Marines,  à  8  kil.  est  de  Magny  où  est  le  bureau 
de  poste.  Cette  paroisse  dépendait,  avant  1789,  du 
diocèse  de  Rouen.  Il  y  avait  une  commanderie  dé- 
pendante ''e  celle  de  Louviers,  qui  rapportait  7,000 
livres  de  renie,  dans  laquelle  somme  Belay  se  trou- 
vait compris  pour  environ  6  lO  livres.  Les  principales 
productions  de  son  terroir  sont  en  céréales.  On  y 
voit  quelques  bois.  Popul.  250  hab. 

Bellebatium,  Bellebal  ou  Belesbat,  village  du  dio- 
cèse de  Versailles,  arrond.  de  cette  ville,  canton  de 
Marly,  commune  de  la  Celle-St-Clond,à5kil.  nord  de 
Versailles,  6  kil.  ouest  de  St-Cloud.  Bureau  de  poste 
de  Versailles.  Popul.  ,  comprise  celle  de  la  Celle , 
360  habitants.  Louis  XI  donna  le  château  de  Belle- 
bat,  en  récompense  de  ses  services,  à  son  barbier, 
le  fameux  Olivier  Ledain ,  qui  périt  si  misérable- 
ment ensuite.  Le  châieau  n'exisle  plus. 

Bellismum,  Belesine  ou  Bellesme  ,  petite  ville  du 
diocèse  i!e  Séez,  arrond.  de  Mnrtagne  ,  cliçf-lieu  de 
canton  du  départ,  de  l'Orne,  à  32  Lil.  d'Alençon,  13 


m  DICTIONNAIRK  DE  GEOGR 

de  Morlagne,  M  de  Nogent-lc-Roirou.ei  i-ii  de  Paris. 
Celte  ville  ciiisisie  en  une  seule  rue,  doni  la  roule 
parcoiii  t  louCo  la  Iniigueiir  ,  à  l'exceplion  d'un  court 
intervalle  où  elle  la  quille  un  instant ,  à  cause  des 
difficultés  de  ce  trajet ,  pour  longer  exiéiieurement 
une  promenade  en  forme  de  boulevard,  qui  est,  avec 
sa  position  aérée  ,  le  seul  agrément  de  celle  ville  , 
peuplée  d'environ  ô.OuOâuies.  Elle  prétend  avoir  élé 
jadis  la  capitale  du  Perche  ,  et  l'une  des  plus  fi>ries 
places  de  l'Europe ,  ce  dont  on  ne  se  douterait  guère 
aujourd'hui.  Elle  a  soutenu  divers  sièges,  dont  le  plus 
fameux  est  celui  de  l'an  1228,  où  le  roi  Louis  IX  s'en 
empara,  après  quinze  jours  d'attaques  réitérées.  Les 
Anglais  s'en  emparèrent  aussi,  en  1424,  après  une 
vigoureuse  résistance.  On  y  a  trouvé  des  antiquités 
qui  prouvent  qu'il  y  avait  dans  la  forêt  voisine  un 
temple  dédié  à  Vénus  et  un  autre  aux  dieux  infer- 
naux. Celte  ville  avait  un  cliâteau  qni  n'existe  plus 
depuis  longtemps.  Elle  a  été  l'apiinage  de  Louis  XVIII, 
avant  1789,  alors  qu'il  portait  le  litre  de  Monsieur. 
Le  territoire  de  Uelesme,  agréablement  varié  desur- 
f^ice  et  dj  culture  ,  produit  le  froment  qui  rend  7  à  8 
pour  1,  et  la  graine  de  lièlle.  L'exploilation  des  bois 
environnants  dont  on  fabrique  du  merrain  pour  les 
vignobles  voisins,  faille  principal  commerce  de  cette 
ville,  qui  y  joint  celui  des  chevaux  et  des  bestiaux. 
11  y  a  des  fabriques  de  toiles  creloimes,  linge  de  ta- 
ble ei  tissus  de  colon.  Il  s'y  trouve  une  pajieterie.  Le 
29  novembre  on  y  lient  une  foire  considérable.  Malgré 
son  antiquité,  celle  ville  n'a  rien  cociservé  des  siècles 
passéj. 

I  Bc'lhmi  silva,  forêt  de  Belosme.  Celte  forêt , 
dans  'e  diocèse  de  Séez,  départ,  de  l'Orne,  tranchant 
brusquement  avec  les  vast«s  labours  dont  elle  est  en- 
tourée, ressemble  à  un  long  rempart  de  verdure, 
dont  l'effet  imposant  s'accroît  encore  à  mesure  qu'on 
approche.  C'est,  sans  contredit,  une  des  plus  belles 
forêts  de  France  pour  la  hauteur  des  arbres,  sans  en 
être  une  des  plus  grandes,  puis(|u'elle  n'a  guère  que 
5,000  hectares.  Elle  s'étend  sur  une  longueur  de  8 
kil.  :  Ou  la  parcourt  dans  sa  largeur ,  de  i  kil.  Il  y  a 
dans  celle  forêt  quelques  sources  d'eaux  minérales 
esiimées,  mais  que  l'on  n'a  pas  su  meure  en  réputa- 
tion ;  ce  qui,  par  conséquent ,  aiiire  peu  d'étrangers. 
On  y  trouve  auïsi  des  mines  de  fer. 

Bellopialiim,  Beaupré,  village  du  diocèse  de  Beau- 
vais,  départ,  de  l'Oise,  sur  le  petit  Thérain,  à  20  kil. 
de  Beauvais.  Il  y  avait  une  abbaye  d'hommes  en  com- 
niende  de  l'ordre  de  Cîteaux,  qi:i  fut  fondée  eu  1133, 
par.Mauassés  de  Miliy,  et  qui  rapportait  à  l'abbé  !),(  00 
livres  de  rente.  Il  ne  reste  plus  rien  des  bâtiments 
de  celle  abbaye  ,  devenue  propriété  particulière  dé- 
lais !7S0. 

Belloranum,  Ëeaurain  ou  Beaiirains  ,  village  de 
l'ancien  diocèse  de  Noyon,  aciuellement  de  celui  de 
Beauvais,  arrond.  de  Compiègne,  canton  de  Noyon,  à 
5  kil,  de  celte  ville  où  est  le  bureau  de  poste,  à  60  de 
Beauvais  ,  départ,  de  l'Oise.  Popul.  230  liab.  L'abbé 
Lebeuf  parle  d'au  Beaurain  qui  esl  prubableineut  ce- 


.\P1IIE  lCCLESI.ASTIQUë.  H2 

lui-ci;  il  dit  l'avoir  trouvé  dans  un  titre  de  1218,  sous 
le  nom  de  Bellepenne;  il  ajoute  qu'il  appartenait  aux 
seigneurs  de  Chevrense,  et  qu'un  deux,  Guy  deClie- 
vreuse,  le  céda  à  l'abbaye  de  Saint-Denis  en  1226. 

Bellorosum  ou  Bella  Rosa,  Beaurose  ou  Beauroy. 
C'était  une  ferme  située  près  de  Corbeil,  ((ui  appar- 
tenait à  l'abbay  '  de  Saint-Victor  de  Paris,  d'après  un. 
procès-verbal  de  la  coutume  de  Paris  de  l'an  1580, 
Elle  existe  toujours. 

I  Beaurose,  village  du  diocèse  de  Meaux,  arrond, 
de  Slelun,  canton  de  Brie-sur-Hières ,  commune  de 
Férolles,  à  6  kil.  de  Brie  où  esl  le  bureau  de  poste, 
et  à  21  de  Melun.  Pop.,  compris  celle  de  Férolles, 
300  hab.  Dép.  de  Seine-et-Marne. 

Belloseriacitiii,  Beausserré,  petit  village  de  l'ancien' 
diocèse  de  Rouen  ,  actuellement  de  celui  de  Beau- 
vais, arrond.  et  canion  de  Clermonl-Oise,  départ,  de 
l'Oise,  à  Ci  kil.  nord-ouest  de  Paris.  Il  esl  dans  une 
vallée  sur  la  rivière  d'Epie.  On  y  voil  un  vieux  clià- 
lean.  La  popul.  esl  de  120  hab.  avec  le  hameau  de 
Moriaumoiit  qui  en  dépend. 

Belloium  ,  Bellul ,  paroisse  du  diocèse  de  Meaux  ,. 
arrond.  de  Coulonimiers  ,  canton  de  Rebais,  sur  la, 
rivière  du  Peiit-Morin ,  ii  20  kil.  de  Rosoy  et  54  de 
Melun.  Bureau  de  poste  de  Rebais.  Pop.  900  hab. 

Bellovacum  ou  Civitas  Bellovacormn,  Beauvais, ville- 
épiscopale,  capitale  du  Beauvaisis  ou  Beanvoisis  , 
contrée  de  l'ancienne  province  de  Picardie,  à  36  kil. 
sud-ouest  d'Amiens,  à  88  est  de  Rouen,  et  68  nord- 
ouest  de  Paris.  Lai.  nord  49°  26'  7°.  Long,  ouest  0" 
15' lo*. — Pop.  16,000  liab.  environ.  Chef-lieu  de 
préfecture  du  départ,  de  l'Oise. 

L'ancien  palais  épiscopal  est  d'antique  construc- 
tion ;  les  dehors  annoncent  une  sorte  de  forteresse; 
car  il  esl  flanqué  de  deux  grosses  tours,  et  entouré 
de  hautes  et  fortes  murailles.  Ces  tours  furent  élevées 
par  l'ordre  de  Simoi)  de  Clermont,  dit  de  Nelle,  évê- 
que  de  Beauvais.  Louis  de  Villers  fit  rebâtir  ce  palais 
au  13'  siècle.  Depuis  1790,  il  a  servi  d'hôtel  de  pré- 
lecture. L'hôlel  de  ville,  construit  en  1754,  sur  les 
dessins  de  l'archiiecte  Bayen,  est  un  monument  ré- 
gulier, imposant,  qui  orne  la  place  principale  de  la 
ville.  On  y  re.i  arque  «ne  très-bonne  horloge,  com- 
posée par  le  célèbre  Lepauie;  elle  y  fut  placée  en 
ISIO.  La  iilace  de  l'Iiôlel  de  ville,  où  se  tiennent  les 
marchés,  est  grande,  bordée  de  maisons  à  pignons 
et  mal  alignées.  Une  statue  équestre  de  Louis  XIV  la 
décorait;  on  la  leiiversa  en  1792.  —  Beauvais  a  2 
hospices  ;  l'Iiotel-Dieu  ,  dit  de  Sl-Jean,  et  le  Bureau 
des  pau\res.  Le  1''  remonte  au  xi«  siècle;  il  éiait 
autrefois  desseivi  par  des  chanoines  réguliers  de 
l'ordre  de  St-Augustin  ,  ayant  une  rente  de  12,000 
liv.,  et  rcît  aujourd'hui  encore  par  des  hospitalières 
de  Cette  congrégation,  dites  soeurs  deSl-Josepli.  Il  y  a 
80  lits  :  55,  placés  à  pari,  sont  destinés  aux  militaires. 
On  n'en  comptait  que  48  avant  la  révolution.  C'est  là 
que  se  font  les  expériences  de  chirurgie.  Le  Bureau 
des  pauvres  fut  établi  en  IG53  ;  il  esl  garni  de  plus  de 
350  lits.  Cet  établissement  a  eu  pour  fondateurs  les 


115 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


111 


lévéques  Augustin  Potier  el  Chonrt  cIr  Biigenvnl.  Les 
jevemis  de  ces  ilenx  liospices  s'élèvenl  à  90,000  f. 
Beauvais  a  aussi  un  bureau  de  liienfais;Ance,tenu  par 
les  Mères  de  la  cliarlié,  el  un  dépol  provisoire  de 
mendicité.  —  Le  Tliérain  ,  rivière  qui  baigne  les 
remparts  de  celte  ville  et  circule  dans  son  iniérieur, 
est  irès-favorable  à  l'exploitation  de  plusieurs  fabri- 
ques et  nianulacinres.  Celle  rivière  et  l'AvcIon,  qui 
s'y  réunit,  font  tourner  plusieurs  moulins  à  farine  , 
deux  à  tan,  un  à  liuile  el  un  autre  à  frise,  pour  les 
étoffes.  Le  dernier  de  ces  moulins  est  remarquable 
par  une  addition  à  son  mécanisme,  au  moyen  de  la- 
quelle il  réunit  l'avantage  de  piler  en  même  temps  le 
ciment  pour  la  maçonnerie.  La  manufacture  de  la- 
piss  ries  à  l'instar  des  Gubelins  ,  les  teintures  ex- 
ceplét'S ,  a  été  établie  par  Colberi,  en  16u4.  Il  y  a 
aussi  une  nianufaciure  de  lapis;  elle  livalise  avec 
celles  d'Aubussoii.  On  y  travaille  en  point  de  Hongrie 
et  en  point  d'une  nouvelle  invention  ,  qui  joint  à  la 
solidité  une  ressemblance  parfaite  aux  lapis  velouiés 
ies  plus  recliercliés.  Les  autres  manufactures  et  fa- 
liriqiies  consistent  en  draps  de  différentes  espèces  : 
revéclies,  sommières,  tricots,  espagnolettes,  ratines, 
molleions,  vestipolines  et  flanelles; en  toiles  peintes, 
«n  blanchisseries  et  en  tannerie^.  Les  draps  qui  se 
fabriquent  dans  Beauvais  et  ses  environs  y  reçoivent 
lOMS  les  apprêis;  on  y  dinne  aussi  le  dernier  apprêt 
aux  belles  tuiles  de  balles  ,  appelées  mi-llollande. 
Des  manufactures  de  loiles  peintes,  des  (ilalures  el 
des  blancliisseiies  importantes  se  trouvent  aussi 
dans  les  vdiages  de  St-Just-des-Marais  et  de  N.-D.- 
du-TIril  et  au  hameau  de  Voisin-Lieu,  qui  touchent 
le  faubourg  Sl-Quentin,  les  remparts  et  le  faubourg 
St-Jacques.  Chaque  semaine  il  se  lient  i\  Beauvais 
deux  marchés  considérables  en  grains ,  denrées  et 
marchandises  de  tout  genre,  el,  depuis  ISS.j,  le  pre- 
mier samedi  de  chaque  mois,  un  franc-marché,  équi- 
valant à  une  loire,  où  l'on  vend  une  grande  quaniiié 
de  besliaux  de  louies  les  espèces.  Les  princip;iles 
produciions  des  environs,  qui  tenrernieiii  aussi  beau- 
coup d'arbres  à  cidre,  sont  en  grains  el  en  légumes. 
Les  fromages  de  Beauv^iis  jouissaient  d'une  oeilaine 
renommée,  et  ses  vins  se  buvaient  à  la  table  de  Phi- 
lippe-Auguste. Les  couteaux  de  celte  ville  étaient 
rort  estimés  sous  les  premiers  rois  de  la  troisième 
race.  Dans  l'ancien  couvent  des  Ursulines  sont  placés 
la  bibliothèque  publique,  composée  d'environ  1-2,000 
volumes,  cl  un  grand  collège,  créé  en  1803,  où  les 
jeunes  gens  suivent  un  cours  d'étude  complet.  Le  sé- 
minaire estéiabli  dans  la  partie  des  bâtiments  encore 
existants  du  couvent  des  Dominicains.  Cette  ville 
avait  autrefois  un  collège  renommé;  il  a  cessé  d'exis- 
ter en  1799. —  Les  remparts  ont  éié  changés  en 
belles  promenades  qui  entourent  la  ville,  fermée  par 
des  canaux  d'eau  vive  qu'alinienient  le  Thérain  et 
l'Avelon,  rivières  sur  lesquelles  elle  s'est  en  quelque 
sorte  élevée.  Elle  est  située  dans  un  riche  vallon,  en- 
vironné de  collines  riantes  et  boisées.  Elle  aurait  été 
assez  forte  sans  les  montagnes  qui  la  domine» i  de 


toutes  parts,  principalement  du  côté  des  poricb  de 
Paris,  de  l'Hôpital  et  de  Bresie,  où  les  furtificaiions 
avaient  été  travaillées  aver  le  plus  de  soin,  alin  d'as- 
surer autant  que  posMble  la  défense  de  la  place.Tcm- 
les  ses  rues  sont  belles  et  droites;  celle  de  l'Ecu  et 
de  St-Sauvcur  font  les  plus  grandes.  Pie-que  loules 
les  maisons  sont  mal  alignées  et  bàiies  en  bois  et  en 
mortier  de  sable,  de  chaux  et  d'argile,  à  la  manière 
de  nos  plus  anciennes  villes  ;  mais  on  est  frappé  de 
la  multitude  d'ornements  et  de  sculptures  en  bois  qui 
décorent  l'intérieur  de  ses  habitations.  La  ville  a  huit 
faubourgs,  et  cinq  portes  nommées  de  Drcsle  ,  de 
Paris,  de  St-Jcan,  de  l'Hôpital,  de  Limaçon.  Trois 
routes  royales  la  iraversenl  :  celle  de  Paris  à  Calais  , 
celle  de  Rouen  à  Snissons,  celle  d'Evrenx  à  Breteuil. 
—  Sl-Pierrc  est  l'église  cathédrale  ,  d'où  relevaient 
quatre  autres  petites  paroisses,  St-Barthélemy,  St- 
iNicolas,  Si-Michel  et  Notre-Dame,  qu'on  appelait  à 
cause  de  cela  le-;  quatre  filles  de  St-Pierre.Lc  chœur 
de  cette  cathédrale  ,  qui  fut  commencé  en  1591  ,  est 
admirable,  tant  par  sa  hauteur  (50  mètres)  et  sa  lar- 
gueur  (12  mèlres),  que  pour  le  dégagement  de  son 
travail,  la  belle  ordonnance  de  sa  voûte  et  ses  dehors. 
11  y  a  dix  piliers  de  chaque  côté  dans  sa  longueur, 
avec  des  ch;ipellos  à  l'eniour.  Le  pavé  du  sanctuaire, 
qui  est  irés-vaste,  est  tout  de  marbre.  Il  manque  à 
cetl'i  église  une  nef ,  des  tours  et  un  clocher  d'appa- 
rence. Hervé  ,  quarantième  évèque  de  Bemvais,  en 
jeia  les  fondements  en  991.  En  1225,  un  incendie 
consuma  les  voûtes  et  le  comble.  On  y  dit  l'office , 
pour  la  première  fois,  en  1271.  En  1284,  les  grandes 
voûtes  du  chœur  et  quelques  piliers  s'écroulèrent. 
Cette  éiilise  ne  consista,  pendant  SOO  ans,  que  dans 
le  chœur.  Li  croisée  aciuelle  n'a  été  entreprise  qu'en 
1.500.  Le  clocher,  bâti  en  pierres,  très-élevé,  et  d'une 
structure  merveilleuse,  s'écroula  en  1573.  Ce  monu- 
ment renferme  d'anciennes  tapisseries  irès-curieuses 
de  la  fabrique  d'Arras,  la  statue  en  marbre  et  le  mau- 
solée du  cardinal  de  Janson,  dus  au  ciseau  de  Nicolas 
Coustou,  et  un  grand  nombre  de  reliques,  entre  au- 
tres celles  de  saint  Lucien,  de  saint  Pierre  et  de  sainte 
Angadresme.  —  Près  de  St-Pierre  sont  les  restes 
d'une  ancienne  église  romane  ,  dite  Notre-Damc-de- 
la-Basse-CEuvre.  Sa  construction  est  du  iv»  siècle; 
elle  servit  de  catliédrale-jusqu'en  1272,  elle  est  main- 
tenant occupée  par  un  marchand  de  bois.  On  voit 
encore,  sur  son  pignon  occidental,  une  figure  nu  es- 
pèce de  marmouset.  Beauvais  avait  6  collégiales  et 
13  paroisses,  dont  il  ne  reste  plus  que  Si-Pierre  et 
St-Etienne.  Celte  dernière  église  possède  des  vitraux 
bien  conservés  et  d'une  exécution  parfaite.  On  comp- 
tait dans  la  ville  3  abbayes,  i  monastères  d'hommes 
et  3  de  femmes  ;  les  Cordeliers,  les  Dominicains,  les 
Minimes,  les  Cordelières,  dites  Filles  de  St-François, 
les  Ursulines  et  les  Chanoinesses  de  l'Hôtel-Dieu, 
les  Capucines,  les  abbayes  de  St-Lucien,  de  St-Quen- 
lin  et  de  St-Symphorien  étaient  hors  de  son  enceinte. 
L'abbaye  de  St-Lucien  appartenait  aux  bénédictins 
de  la  congrégation  de  Sl-Maur,  qui  conservaient  dans 


us 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


116 


leur  église  le  corps  de  saint  Lucien.  Les  bàtlnienis 
des  Minimes  ont  été  convenis,  en  1792,  eu  salle  de 
spectacle;  outre  cette  salle  de  speciacle,  il  y  a  un 
pressoir  pour  le  cidre  et  un  clianiier  do  bois.  Les 
bâtiments  des  Cordeiiers  ont  élé  iransforuiés  en  ca- 
serne de  cavalerie.  —  L'évêché  de   Beauvais  a  eu 
saint  LiK-ien  pour  premier  évêque,  vers  le  milieu  du 
iii<  siècle.   L'évêque  avait  la  seigneurie  de  la  ville  , 
avec  les  titres  de  comte  de  Beau\ais,  pair  de  France, 
et  de  vidarae  de  Gerberoy.  Ce   lut  en  celte  qualité 
que  l'évêque  de  Be mvais,  suivant  l'atiribuiioii  de  sa 
pairie,  porta,  en  1179,  le  manteau  royal  au  sarre  de 
Philippe-Auguste.  Le  conilé  de  Beauvais  avait  élé  , 
avec  la  permission  du  roi  Robert,  uni  à  l'évéclié,  en 
996,  par  Roger  ,  lils  du  coniie  de  Blois,  et  évêque  de 
Beauvais.  On  voit,  [larkacapitulairesdeCharleniagiie, 
que,  sous  le  règne  de  ce  prince,  il  y  avait  un  comie 
de  Beauvais  autre  que  révêijue.   Dans  la  suite  ,  les 
comtes  se  rendirent  hérédiiaires.  Les  évêques  leur 
succédèrent  dans  celle  dignité.  Le  comlé  était  devenu, 
par  la  voie  d'un  échange,  la  propriété  de  l'église  de 
Beauvais.  Auparavant,  les  biens  de  la  mense  épisco- 
pale  et  ceux  de  la  mense  capitulaire  étaient  confon- 
dus; depuis,  ils  furent  divisés.  La  glèbe,  ou  le  do- 
maine du  comté,  fut  pariagée  entre  l'évêque  et  le 
chapitre,  i  Le  litre  de  conue,  dit  M.  Tremblay  (ISo- 
lice  sur  Bcauiais) ,  et  la  pairie  qui  y  était  inhérenle, 
resièreni  à  létèque;  le  premier  qui  posséda  ces  ti- 
tres fui  Roger,  qui  vivait  du  temps  du  roi  Robert; 
il  les  transmit  à  ses  successeurs,  i  Anciennement  , 
assurent  quelques  histoiieos,  les  évêques  de  Beau- 
vais, comme  ceux  de  Laon,  avaient  le  droit,  lors  du 
sacre  du  roi,  de  demander  au   peuple  si   le  prince 
qu'oji  allait  sacrer  lui  était  :igréable.  Lors  de  l'entrée 
de  réception  de  l'évêque  dans  Beauvais,  le  maire  de 
la  ville  était  obligé  de  lui  en  présenter  les  clefs.  Au 
xiii"  siècle  et  au  XIV',  cet  évêque  avait  le  droit  de 
battre  monnaie,  qiiiavail  cours  dans  tout  son  diocèse; 
elle  était  composée  de  deux  tiers  d'argent  pur  et  un 
tiers  d'airain.  «Dans  le  xiv«  siècle,  l'évêque  de  Beau- 
vais fut  autorisé  par  le  parlement  à  (aire  prendre  et 
arrêter  en  passant  le  poisson  dont  il  avait  besoin  pour 
sa  maison.  On  en  iranspoiiaii ,  à  celte  époque  ,  des 
côtes  de  l'Océan  à  Paris;  mais  il  paraît  qu'aniéiieu- 
remenl  Paris  n'eu  recevait  point  ainsi  ;  car  les  évê- 
ques de  Beauvais  étaient  en  possession  de  faire  une 
espèce  de  cadeau  à  nos  rois,  en  leur  envoyant,  de 
temps  en  temps,  un  cheval  chargé  de  celle  denrée.» 
Parmi  les  90  liudaires  de  cet  évèché,  qu'il  y  eut  jus- 
qu'à l'époque  de  la  révoluiion,  on  doit  ciier  Henri  de 
France,  his  de  Louis  le  Gros  et  frère  de  Louis  Vil, 
qui  possédait  le  siège  en  1148  ;  Philippe  de  Dreux  , 
pelii-hls  de  Louis  le  Gros,  évêque  en  H  75;  Simon  de 
Clermoni,  qui  fut  régent  du  royaume  sous  trois  rois; 
Jean  de  Doruians,  cardinal  et  chancelier  de  France  ; 
Odol  de  Coligni,  cardinal  de  Chàlillon,  ei  Charles  de 
Bourboi.ce  roi  de  la  Ligue  sous  le  nom  de  Charles  X. 
Cet  évèché  valait  55,000  liv.  de  revenu ,  et  compre- 
nait 598  cures.  —  La  jusiice-appartenaii  à  l'ovêaue  ; 


elle  était  exercée  par  un  bailli,  qui  avait  sous  lui  trois 
lieutenants,  un  procureur  et  un  avocat  fiscal, un  subs- 
titut et  un  grelfier.  Cet  évêque  avait  encore  une  ju- 
riJielion  pour  les  eaux  et  foiéls  de  son  évèché.  Les 
appels  de  ces  deux  justices  éiaieni  portés  au  parle- 
ment de  Paris.  — Le  climat  de  celle  ville  est  sain 
et  tempéré.  On  y  trouve  un  assez  grand  nombre  de 
vieillards  :  on  ciie  inênie  ,  comme  une  pieuve  de 
longévité  dans  ce  pays,  qu'enlre  200,000  pèlerins  qui 
se  rendirent  à  Rome  lors  du  premier  jubilé,  il  y  avait 
2  vieillards  de  Beauv.às  âgés  de  107  ans. 

On  ignore  le  nom  que  porta  Beauvais  avant  la  cou- 
quêie  de  César.  A  pi  es  la  conquête  ,  César  la  fit  ap 
peler  Cœsaromaijus,  nom  qu'elle  quitta  ensuite  pour 
prendre  celui  de  ikttovacum  ,  du  peuple  qui  l'babi- 
laii.  On  nommait  Belyium  la  province  dont  elle  était 
la  capitale.  Civilas  Bellovitcurum  esi  le  nom  que  Beau- 
vais portail  du  temps  de  Constantin.  Un  capitulaire 
de  Charlemagne  la  nomme  Belvacus  ;  llincniar  l'ap- 
pelle Beltjiiagus,  Ainioiii,  Belvagus,  et  le  plus  grand 
nombre  des  auteurs  Beitovaci,  Bellovacum  ,  etc.  Des 
pièces  de  monnaies  frappées  à  Beauvais  même,  vers 
l'an   900  ,   sous  Charles  le  S  mple,  portaient  pour 
légende  :  Belgcvacus  ciiiias.  Les  anciens  historiens 
ont  considéré  celte  nation  des  Bellovaci  ou  Belloaci 
comme  étant  nombreuse  et  puissante.  Dans  la  ligue 
belgedel'an  CuGdeRome  (oSans  avant  Jésus-Chrisi), 
les  Bellovaci  oiïrirent  00,000  hommes  ;  mais  ce  qui 
peut  faire  supposer  que  quelques-uns  de  leurs  voi- 
sius  furent  compris  dans  ce  nombre,  c'est  que,  dans 
la   gueire  de  l'année  701  de  Rome,  ils  ne  mirent 
sur  pied  que  10,0U0  hommes.  On  remarque  que  celle 
république ,   quoique  située  dans  le  Belgiuui  ,  ciaii 
l'alliée  des  Eduens,  placés  dans  la  Celiiijue.  Ilirlius, 
dans  son  sup|ilément  !»ux  commentaires  de  César  , 
dit  que  les  Bellovaci  éiaii  le  peuple  le  plus  belliqueux 
de  la   Gaule,  et  en  eiïet  il  se  ht  craindre  plusieurs 
fois  au  conquérant.  —  Quelques   auteurs  assurent 
que  Beauvais  fut  bàiie   par  Bellovèse,  neveu  du  roi 
Ambigat ,  vers  l'an  104  de  Rome,  b'aulres  en  attri- 
buent la  fondation  k  un  chef  gaulois  nommé  Belgius. 
—  Des  vestiges  considérables  trouvés  ,  en  10-35 ,  au 
mont  Caperon,  à  200  mètres  de  la  ville,  vers  le  nord- 
est,  attestent  qu'il  existait  un  temple  sur  cette  hau- 
teur. On  soupçonne  qu'il  était  dédié  à  Bacchus.  Les 
autions  murs  de  la  ville  furent  faits  des  débris  de  ce 
vasie  édihce,  dont  la  façade  était,  dit-on,  égale  en 
longueur  à  celle  du  Louvre.  On  a  trouvé  sur  ces  rui- 
nes des  frises,  des  cilonnes,  des  chapiieaux,  des  or- 
nemeiits  du  meilleur  siyle,  qui  prouvent  d'une  ma- 
nière irrécusable  le  long  séjour  des  légions  romaines 
dans  ces  conlrées.    En  fouillanl,   en    mars   lO'JG,  à 
quatre  mètres  de  profondeur ,  pour  éiablir  le  cloiire 
des  Ur-uliiies,  on  découvrit  beauioup  de  décombres 
de  bàiiuieiils  anciens,  qui  prouvèient  que  la  ville  s'é- 
lendaii  jusque  dans  les  prairies.  A  ces  décombres  se 
trouvaient  joinis   des  creuseis  de  Savignies  et  des 
tuyaux  à  couler  les  métaux.  La  disposiiion  de  cer- 
tains fourneaux  lit  croire  qu'un  hôiel  des  monnaies 
avait  occupé  celte  place.  Quand  on  jeta  les  fonde- 


«7 

ineiUj  de 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


115 


hôlel  (le  ville,   en  1753,  on  trouva  des 
vestiges  (l'un  iiiuiiumeiii  élevé  en  Tiionneur  de  l'em- 
liereiii-  Adrien,  ei  beaucoup  de  médailles.  «  Beauvais, 
dit  M.  Trenib  ay,  comme  plusieurs  autres  villes  au- 
cieunes,  oHj  e  cinq  ou  six  reconstructions.  On  trouve, 
à  trois  mètres  de  profondeur  ,  des  rues  anciennes  et 
des  pavés  du  temps  des  Gaulois.  Des  enceintes  de 
vieux  palais,  situés  dans  le  voisinage  de  la  préfec- 
ture, sQnt  à  coup  sûr  un  iravail  du  premier  temps 
de  la  conquête  des  Romains.   L'enipreinie  de  leurs 
instruments  et  le  giènetis  c|u'ils  traçaient  s'y  voient 
enciire.  Sur  ces  ruines  sont  d';vutres  monuments  de 
la  première  race  de  nos  rois.  Le  beffroi  de  la  cathé- 
drale   reposait    sur  un  massif  romain.   L'ancienne 
église   de    la     Dasse-Œuvre   (Notre-Dame)    était 
remarquable  par  ses  arcades  à  plein  cintre  ,    par 
une  succession  d'assises  de  pierres   et  de  grandes 
briques  ,  par  une  espèce  à'opus  reticulatum,  par  des 
statues  mangées  par  le  temps.  Des  médailles  et  des 
médaillons  de  Posthume, irouvésdans  les  fondements 
des  murailles  avec  cette  inscription  :  Hesiituiori  Galtiee, 
attestent  que  Beauvais  fut  possédé  par  les  Romains. — 
On  lui  a  donné,  dans  le  moyen  âge,  le  nom  de  Villa- 
Pontium  ,  à  cause  du  grand  nombre  de  ses  pojits ,  et 
le  surnom  de  Pucelle,  parce  qu'elle  n'a  jamais  été 
prise,  ce  qui  n'est  pas  exact.  Chilpéric  s'en  rendit 
m  ilre  en  471.  En  8Ï0,  Oschéri  brûla  Beauvais;  mais 
cette  ville  fut  aussitôt  rebâtie  que  détruite.  En  881 , 
883,  9i5  et  92a,  elle  devint  la  proie  des  Normands. 
Elle  servit  d'asilç,  en  88G,  aux  habiianis  de  Ponioise, 
que  Sigefroy  cliassail  dt;  leur  pays.  Louis  le  Gros 
l'asiégea  en  IIDO  ,  et  la  prit.  Froissard  dit  que  la 
Juciinerle  de  lieauvais,  qui,  en  1338,  était  conduite 
par  un  capitaine  Jacques  ,  de  cette  ville  ,  aurait  pu 
coniposer  un  corps  de  100,000  hommes.  Lorsque  les 
Anglais  leiiicrent  de  l'assiéger,  en  1443  ,   ils  furent 
repousses  par  Jean  de  Ligidères.  Le  duc  de  Bour- 
gogne, Charles  le  Téméraire  ,  dont  la  valeur  était 
soutenue  par  une  ariuée  de  80,000  hommes  ,  ne  fut 
pas  plus  heureux  en  147-2.  Après  23  jours  d'ellorts  , 
il  se  vil  forcé  de  lever  le  siège.  On  ailiihue  le  succès 
de  celte  allaire  à  Jeanne  Laisnè,  dite  Fourquet,  sur-- 
nommée  Jianne  Hachette  ,  dont  l'hôiel  de  ville  con- 
serve le  portrait.  Les  habitants  voulaient  se  rendre; 
in:'is  Jeanne  réunit  les  femmes  de  la  ville,  ht  passer 
dans  leur  ànie  le  couruge  qui  l'animait,  et  les  con- 
duisit sur  les  remp  irts  ;  la  garnison  et  les  divers 
combattants  sont  entraînés  par  cet  exemple  :  la  vic- 
toire devient  le  prix  du  patriotisme.  Jeanne  tua  de  sa 
propre  niain  un  soldat  ennemi  qui  s'avançait  poui 
planter  un  drapeau  sur  le  rempart.  Ce  drapeau  est 
un  truphée  qui  décore  l'hôtel  de  ville.  Luuis  XI,  par 
lelt.  pat.  du  <J  août  1472,  lécompensa  les  femmes  de 
Beauvais  pai  plusieurs  privilèges;  il  voulut  que  tous 
les  ans,  le  10  juillet,  jour  de  saiuie  Angadresuie,  pa- 
tronne de  la  ville,  le  drapeau  congnis  par  Jeanne  lût 
porté  processionnelleineiit  i  ar  toutes  les  rui  s,  cl  que 
les  femmes  eussent  ce  jour-là  le  pas  sur  les  hommes.; 
Celte  feie ,  supprimée  eu  1794  ,  fut  létablie  par  Na-' 


poléon,  en  180G.  —  Pendant  les  guerres  de  la  Ligue, 
Beauvais  refusa  de  se  déclarer  pour  Henri  111,  et  sou 
successeur  fut  obligé  d'entrer  en  arrangement  avec 
les  habitants.  N'étant  plus  fortifiée,  elle  fut  occupée 
sans  difficulté  par  les  troupes  étrangères,  en  1814  et 
1815.  —  11  y  a  eu  cinq  conciles  à  Beauvais  :  en  845, 
cù  Hincmar  fut  élu  archevêque  de  Reims,  en  pré- 
sence de  Charles  le  Chauve;  en  1054, 1114,  1123  et 
1124;  et  trois  synodes,  tenus  le  premier  en  1161  , 
dans  lequel  on  y  discuta  quel  pape  ,  d'Alexandre  111 
ou  de  Victor  IV,  serait  reconnu  en  France;  et  les 
autres,  en  13i4et  Iâ57,  par  Odel  de  Châtillon,  car- 
dinal et  évèque  de  Beauvais.  —  l'iusieurs  monarques 
ont  visité  Beauvais,  Le  roi  de  Portugal  y  vint  en  1  i77; 
Henri  II,  en  looo,  et  le  czar  Pierre,  en  1717.  —  Di- 
vers incendies  ont  beaucoup  nui  à  l'agrandissement 
de  cette  ville  ;  les  plus  considérables  ont  été  ceux 
des  années  886,  1018  et  1180.  —  Les  aulorilés  de 
Beauvais  unt  été,  sous  les  Gaulois,  un  sénat  dirigeant, 
puis  un  maire  pris  parmi  les  pairs  de  la  ville,  ensuite 
deséchevins.  —  Depuis  un  temps  immémorial,  cette 
ville  avait  la  singulière  prérogative  d'offrir  un  mouton 
au  roi  le  premier  jour  de  l'an.  —  On  y  célébraii,  au 
xii*  siècle,  la  fête  ridicule  de  l'àne,  et  au  xvii«  siècle, 
on  était  dans  l'usage  de  jeierdes  éioupes  enflammées 
dans  la  nef  et  des  oublies  de  différentes  couleurs 
dans  le  chœur,  pour  imiter  les  langues  de  feu  qui 
descendirent  sur  les  apôires.  Lss  laubourgs  de  Beau- 
vais continuent  de  célébrer  le  repus  des  obsèques. 
Aprèi  avoir  rendu  les  derniers  devoirs  à  celui  qui 
n'est  plus,  on  se  réunit  chez  lui ,  et,  au  milieu  d'une 
collation  frugale  servie  par  les  parents  du  défunt,  on 
rappelle  les  vertus  et  les  bonnes  qualiiés  de  celui 
qu'on  regrette.  —  P.nui  les  personnages  remarqua- 
bles à  qui  Beauvais  a  donné  le  jour,  on  cite  Currœus, 
chef  des  Bellovaci,  mort  l'an  702  de  Rome  :  il  coiu- 
batiit  César,  et  préféra  mourir  à  la  honte  de  se  ren- 
dre ;  sainte  Angadresme  ,  fille  de  Robert,  chancelier 
du  roi  Robert ,  mort  en  698;  Hugues ,  gouverneur 
du  roi  Robert,  tué  en  1025,  par  ordre  de  la  reine 
Constance;  le  savant  dominicain  Vincent  de  Beau- 
vais, précepteur  des  enfants  de  ssjni  Li  uis,  et  auteur 
du  Spéculum  mundi {Miroir  du  inonde),  ouvrage  d'une 
érudition  immense,  d'une  haute  inielligence  et  d'une 
pensée  profonde  ;  Jean  de  Villiers  de  l'isle-Adam  , 
maréchal  de  France,  tué  en  1437  ;  Gauiier  Casse!, 
notaire  du  concile  de  Bâie;  Philippe  de  Crèvecœur, 
maréchal  de  France,  m.  en  1494  ;  Philip;  e  de  Vil- 
liers de  l'Isle-Adain,  grand  maître  de  l'ordre  de  St' 
Jean  de  Jérusalem,  m.  en  1534;  Jaan  Leconie  ,  H- 
tendant  des  finances  sous  Henri  H,  Fiançnis  H  et 
Charles  IX,  m.  vers  1580;  Nicolas  Godin  ,  maire  de 
Beauvais,  lieutenant  du  duc  de  Mayence;  Jean  Loisel, 
médecin  de  Louis  XII  et  de  François  1";  Nicolas 
Trislani,  .ivoeat  célèbre  ;  Jean  Mazille,  méJec  in  de 
Charles  IX;  Antoine  Luisel,  historien;  Clément  Vail- 
lant, avocat;  Léonard  Driut,  avocat  ;  Raoul  Adrien, 
avocat  ;  Charles  de  Feuquièrcs ,  avocat  ;  Jean-Marie 
Ricard,  avocat;  Brocard,  chirurgien  célèbre;  Jean- 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


119 

Foy-Vaillant,  aniiquaire  ;  Denis  Simon  ,  liisiorie  i  ; 
le  P.  Mcsenguy,  célèlire  écrivain  jansénisle  ;  Jean- 
Baptiste  Valloi ,  pharmacien  ;  Pierre-Joseph  Coniel , 
chirurgien;  Loiiis-François-René  Portiez,  membre  de 
plusieurs  assemblées  législatives  et  légiste,  m.  en 
1810.  On  cite  encore,  au  nombre  de  ses  littérateurs, 
Falcain  ou  Foulcoie,  poète  du  xi*  siècle  ;  Raimbert, 
chanoine,  (]ui  a  écrit  en  vers,  l'an  1094  ,  le  martyre 
de  saint  Quentin  ;  Arnoul  ou  Arntilphe  ,  évéque  de 
Rochesior;  Guibert  de  Nogent;  Elie  Pdiei,  poète  ; 
Guillaume  de  Si-Amour,  chanoine;  Guillaume  Du- 
rand ou  Durant! ,  évêque  de  Mende  ;  Philippe  de 
Vitry  ,  Jean  Régnier,  Jean  et  Claude  Binet,  Pierre 
Aubert,  Pierre  Louvet,  avocat;  Nicolas  Tavernier, 
Charles  Boileau,  l'abbé  Dubos ,  l'abbé  Langlet  Du- 
fresnoy  ,  Pierre  Restant ,  Pierre  Ramus  ,  Claude  et 
liéné  Binet  ;  Godefroi  Hermant,  Louis  Patin.  —  Jean 
Racine  avait  fait  ses  études  au  collège  de  Beauvais. 
Par  la  constittiiion  civile  du  clergé  en  1791,  l'évo- 
que de  Beauvais  prenait  le  titre  d'évêque  de  rOi>e. 
L'évêché  de  Beauvais  fut  du  nombre  des  sièges  épis- 
copaiix  supprimés  parle  concordai  de  1801,  et  réuni 
au  diocèse  d'Amiens.  Le  concordat  de  1817  le  réta- 
blit, et  il  fut  maintenu  par  les  conventions  posté- 
rieures passées  entre  le  saint-siége  et  le  gouverne- 
ment français,  sous  la  restauration.  Le  dioièse  actuel 
comprend  toute  la  circonscription  du  département 
de  l'Oise;  il  renferme  deux  villes  épiscopales  an- 
ciennes et  illustres  par  leurs  premiers  évêques.  Sen- 
tis ciNoyon. 

I  Beauvais,  village  du  diocèse  de  Versailles,  dé- 
partement de  Seine-ei-Oise,  arrondissement  et  can- 
ton de  Corbeil,  commune  de  Nainville,  à  12  kil.  sud 
de  Corbeil.  Population  ,  compris  celle  de  Nainville, 
140  habitants.  Bureau  de  poste  de  Corbeil. 

I  Beauvais,  village  du  diocèse  de  Versailles,  dép. 
de  Seine-ei-Oise,  arrond.  d'Etampes,  cant.  de  Dour- 
dan,  commune  de  Roinville  ,  à  10  kil.  est-nord  de 
Dourdan,  à  28  de  Versailles.  Pop.,  compris  celle  de 
Roinville,  ilOO  hab.  Bur.  de  poste  de  Dourdan. 

1  Beauvais  ,  village  du  diocèse  de  Versailles , 
départ,  de  Seine-et-Oise  ,  arrond.  d'Etampes,  cant. 
de  Milly,  commune  deValpuiseaux,à  1 1  kil.  ouest  de 
Miliy,  11  kil.  sud-est  d'Etampes.  Pop.,  compris  celle 
de  Vaipuiseaux,  Ô80  hab.  Bureau  de  poste  de  Milly. 

I  Beauvais,  village  du  diocèse  et  arrond.  de  Ver- 
sailles, Canton  de  Chevreuse,  commune  de  StReiny- 
rilonoré,  à  7  kil.  sud-est  de  Montrorl-l'Amaury  ,  11 
kil.  nord-ouesl  de  Chevreuse,  21  kil.  ouest  p.  sud  de 
Versailles.  Pop.,  compris  celle  de  St-Remy-l'Hono- 
ré,  500  hab.  Bureau  de  poste  de  Monifori-l'Amaury. 

I  Beauvais,  village  du  diocèse  de  Versailles,  ar- 
rond. d'Etampes,  cant.  sud  de  Dourdan,  commune 
d'Orphin,  à  9  kil.  de  Rambouiliei,  2j  kil.  d'Etampes. 
Pop.,  coinpris  celle  d'Orphin,  400  hab.  Bureau  de 
poste  de  Rambouillet. 

Betlovacense  muiiicipium,  BeauvaisisouBeauvoisis, 
petit  pays  qui  dépendait  autrefois  de  la  ci-devant 
province  de  Picardie,  et  dont  Beauvais  était  la  ca- 


12(J 

pilale.  Cette  contrée  était  comprise  dans  le  gouver- 
nement général  de  l'Ile  de  Fr;iMce.Ses  limites  étaient 
au  nord,  la  Picardie  proprement  dite;  au  couchant , 
le  Vexin  normand,  dont  il  était  séparé  par  la  rivière 
d'Epte;  au  midi,  le  Vexin  français,  et  au  levant  le 
comté  de  Senlis.  Le  sil  est  mêlé  de  [iliines  et  de 
collines,  par  conséquent  assez  inégal  ;  l'air  est  sain. 
On  y  recueille  beaucoup  de  ble ,  mais  peu  de  vin. 
Les  pàtuniges  y  sont  excellents  ,  surtout  pour  le 
menu  bétail.  La  volaillo,  le  gibier  et  le  poisson  y 
abondent.  Beauvais  ,  Clermoni  et  Buuiflers  en  sont 
les  [rincipales  villes.  —  Le  Beauvoisis  était  divisé  en 
deux  élections,  celle  de  Beauvais  et  celle  de  Cler- 
niont.  La  première  dépendait  de  la  généralité  de 
Paris;  l'uutre  faisait  partie  de  la  généralité  de  Sois- 
sons.  Outre  les  paroisses  ou  communautés  de  ces 
deux  élections,  il  y  en  avait  encore  plusieurs  qui  lai- 
saient  partie  de  l'élection  de  Montdidier,  appartenant 
à  la  généralité  d'Amiens.  Il  n'y  avait  pour  toutes  ju- 
ridictions, dans  cette  contrée,  que  les  deux  élections 
ci-dessus  mentionnées,  deux  bailliages,  l'un  à  Beau- 
vais et  l'autre  à  Clermoni,  et  la  juridiction  de  l'évé- 
que  de  lieiuvais  pour  les  eaux  et  forêts  de  son  évé- 
ché. — Aujourd'liui  cei:e  petite  contrée  est  du  dio- 
cèse de  Beauvais,  et  forme  la  majeure  partie  de  sou 
arrondisseinent.  —  Ainsi  que  le>  provinces  qui  l'e  i- 
vironnent,  elle  fut  conquise  par  Clodion  lors  de  l'ir- 
ruption des  Francs  dans  la  Gaule.  A  répo(|ue  où  les 
Bretons  secouèrent  le  joug  des  Romains,  et  à  ctlle 
où  Clovis  en  triompha  et  se  rendit  maître  de  tout  le 
pays  que  ses  prédécesseurs  n'avaient  pu  conquérir  , 
on  ne  voit  pas  que  les  habitants  de  Beauvoisis  aient 
joué  un  rôle  remarquable.  Des  SiS,  ils  soullrirent  de 
l'invasion  des  Normands,  et  contribuèrent  au  tribut 
de  70110  liv.  d'argent  que  ceux-ci  levèrent  sur  les 
peuples  de  la  Belgique.  Ce  pays  fut  encore  désolé 
plusieurs  fois  depuis  par  les  ravages  de  ces  barbares.  Il 
ne  fut  guère  moins  lourmeaté  par  les  guerres  entre 
les  Français  et  les  Anglais  ;  la  plus  désastreuse  lut 
celle  de  1546  ,  entre  Edouard  III  et  Philippe  de  Va- 
lois. Le  Beauvaisis  fut  ruiné  par  les  pillages  et  par 
les  guerres.  La  révolte  des  paysans  ,  connue  sous  le 
nom  de  Jacquerie ,  cccasionnéc  par  la  sihialio.i  ex- 
trême à  laquelle  les  habiianisde  la  campagne  étaient 
réduits,  éclata  dans  le  Beauvaisis  en  Iôo8,  et  de  là 
se  répandit  dans  toute  la  France. 

Bellovallis,  Beauvoir,  village  du  diocèse  de  Meaux, 
canton  de  Mormant,  arrond.  de  Meluii ,  départ,  de 
Seine  et-Marne,  à  6  kil.  de  Mormant,  43  de  Paris. 
Cette  paroisse  était  comprise  dans  l'ancien  diocè-o 
de  Sens.  Le  château,  entouré  de  fossés,  remplis 
d'eau,  précédé  de  plusieurs  cours  et  d'une  belle  ave- 
nue qui  aboutit  à  l'ancien  chemin  des  Romains,  est 
dans  une  position  très-agréable.  Le  parc,  d'environ 
60  arpens,  est  très-bien  planté  et  fermé  de  murs  à 
hauteur  d'appui  ,  ce  qui  lui  ménage  de  tous  côtés 
des  points  de  vue  variés.  La  popul.  de  ce  village  est 
d'environ  550  hab.  Les  principales  productions  du 
terroir  sont  en  grains  ;  une  partie  est  en  bois. 


121 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


122 


Beltoiannœ  nbbatia,  abbaye  de  Nolre-Damc  de  l!cl- 
losanne  on  Cellozaiine,  au  diocèse  de  Rouen,  à  6  kil. 
nord-ouesi  de  Gonmay.  Elle  éiaii  (ille  de  l'IIe- 
Dieu.  Elle  fui  fondée  en  1198,  pour  des  religieux  de 
l'ordre  de  Prémonlré,  par  Hugues  III,  seigneur  de 
Goui  nay ,  sur  un  petit  ruisseau  dont  il  paraîiqu'elle  prit 
le  nom.  Elle  était  située  autrefois  entre  deux  éiangs, 
l'un  dit  l'éiang  de  Mont-Louvet ,  de  500  arpents  , 
l'auire  dit  l'étang  de  Brai  ou  Bellosanne,  de  900  ar- 
pents, lesquels  sont  maintenant  desséchés  et  con- 
vertis en  pâturages  ou  en  labour.  Ce  monastère  est 
remarquable  dans  l'histoire  par  trois  de  ses  abbés  , 
qui  l'ont  tenu  successivement  en  commeiide,  et  qui 
se  sont  distingués  dans  la  république  des  lettres  : 
François  Valable,  Jacques  Amyot  et  Pierre  Ronsard. 
Il  rapportait  environ  5,(100  liv.  Ce  n'était  plus  ,  en 
1680,  qu'une  misérable  maison  prêle  à  être  enseve- 
lie sous  ses  ruines,  où  deux  religieux  subsisiaient  à 
peine  avec  l.j  ou  1600  liv.  de  rente,  qui  faisaienl  tout 
le  revenu  de  la  mense  conventuelle;  mais  le  P.  Henri 
Bliivette,  qui  en  avait  été  nommé  prieur  vers  ce  temps- 
là,  et  qui  rélait  encore  vers  llôi,  avait  fait  tout  re- 
bâtir à  neuf,  sans  compter  les  réparations  des  fermes 
et  de  l'église  ,  qu'il  avait  magnifnitiemeiit  ornée  et 
enrichie  de  linge,  d'argenterie  et  d'ornements.  On  y 
Vit  de  snn  temps  jusqu'à  douze  religieux  faire  le  ser- 
vice divin.  Celte  abbaye  ,  comme  les  autres  monas- 
tères, a  subi  les  chances  de  la  révoluiion.  Elle  avait 
donné  lieu,  comme  presque  toutes  les  aricicnnes 
communautés  religieuses  ,  à  un  village  qui  s'est  peu 
à  pi'U  f'Traé  autour  de  son  enceinte.  Il  est  du  canton 
de  Gournay  ,  arrond.  de  Neufchàiel ,  départ,  de  la 
Seine-Inférieure,  diocèse  de  Rouen;  il  a  ICO  ha- 
bitants. 

Bellus  Cumpus ,  Belleville  ,  petite  ville  du  diocèse 
de  Lyon,  arrond.  de  Villefranche,  à  iO  kil.  nord  de  cstie 
ville,  chef-lieu  de  canton  du  départ,  du  Rhône,  près 
la  rive  droite  de  la  Saône.  On  y  fabrique  des  cotons 
brochés,  des  mousselines,  des  toiles  diverses.  La 
pop.  est  de  2,400  hab. 

Be/dis  Fons,  Belle-Fontaine,  paroisse  du  diocèse 
de  Versailles,  arrond.  de  cette  ville,  canton  de  Poissy, 
commune  de  iMaurecourt,  départ,  de  Seine-et-Oisc  , 
5  8  kil.  nord  de  Poissy,  à  iiO  de  Versailles.  Popiil., 
compris  celle  de  Maurecourt,  5(J0  hab.  Ce  village 
est  situé  au-dessous  de  celui  des  Fosses,  sur  le  ruis- 
seau formé  i)ar  les  sources  de  Montmeillan  et  Siir- 
villiers,  et  qui  sont  plus  sensibles  sur  les  limites  de 
Marly-la-Ville.  Le  plus  ancien  titre  qui  en  fasse  men- 
tion appelle  ce  lieu  Bella  Fontana  :  il  est  de  l'an 
1171.  Dans  le  siècle  suivant,  on  a  voulu  s'exprimer 
en  meilleur  latin,  et  dire  Bellus  Fons,  ce  qui  n'a  pu 
faire  changer  l'expression  vulgaire.  Ce  village  est  si- 
tué dans  un  agréable  vallon,  quoiqu'un  peu  resserré. 
C'esi  un  pays  à  terres  labourables  et  prairies,  et  qui 
a  lire  sou  nom  d'une  fontaine  qui  sort  de  la  mon- 
tagne sur  le  bord  du  ruisseau.  La  cure  était  érigée 
dès  le  xiii'  siècle.  11  ne  restait  dans  l'église  parois- 
Biale  que  deux  épilapbes;  l'une,   sur  la  tombe  de 


Ch^irlcs  Ménar^ ,  conseiller  au  parlement  de  Paris  , 
était  ainsi  conçue  : 

Qui  ntm  duhiis  et  nutanlibtts  sub  Henrico  lll  rébus 
in  pde  maniiisset ,  et  restaurata  deinum  Bcnrici  Marjni 
victricibus  armis  Caltia  penntibus  reddiliis,  prisca  et 
vere  Galtica  virtule  regium  uomen  semper  coiiit.  Dé- 
muni Ludovico  XIII  rege  wnjoribus  in  siibselliis  se- 
deiis  decessit  nonis  decembris  1019. 

L'autre  tombe  est  celle  de  Marie-Elisabelli  de 
Braque,  dame  du  lieu,  morte  le  3!  mai  17-20,  âgée  do 
19  ans.  —  Le  bâiimcnt  de  celle  église  est  du  immb  e 
de  ces  anciens  édifices  qui  ont  souvent  été  réparés. 
Cette  église  fut  dédiée,  le  24  juillet  1524,  à  saint  Ni- 
colas ,  regardé  comme  patron  du  lieu.  La  terre  de 
Belle-Fontaine  est  une  ancienne  seigneurie  ;  il  y  a 
un  château. 

Bellus  locus  ou  Belli  tocus,  Beaulieu  ,  nom  com- 
mun à  plusieurs  localités  en  France  et  à  d'anciennes 
abbayes.  —  Beaulieu  est  une  petite  ville  du  diocèse 
de  Tours,  départ.  d'Indre-et-Loire,  sur  l'Indre, 
dont  le  terroir  produit  céréales,  vins,  bois  et  fruits.  H 
y  a  im  bourg  du  même  nom  dans  le  diocèse  de  Luçoii, 
arrond.  des  Sables  d'Olonne;  un  antre  au  diocèse  de 
Tulle,  sur  la  Dordogne,  qui  possédait  une  abbaye  de 
l'ordre  de  Saint-Benoît  ;  un  autre,  au  diocèse  de 
Beauvais,  à  28  kil.  nord-est  de  Compiègne,  qui  avait 
également  une  abhaye  de  Bénédictins. 
■  I  Beaulieu  (prieuré  de),  monastère  de  chanoines 
réguliers  de  l'ordre  de  St-Auguslin,  fondé  en  1200, 
sous  l'invocation  de  la  sainle  Vierge  ,  dans  l'éiendue 
de  la  l'aroisse  de  Bois-l'Evèqne,  à  8  kil.  de  Rnuen  , 
vers  l'orient,  par  Jean  de  Préaux,  pour  le  repos  des 
âmes  d'Osbert  et  de  Malhilde,  ses  père  et  mère.  Le 
pieux  fondateur  dota  cette  maison  de  plusieurs  re- 
venus considérables.  Pendant  les  troubles  du  calvi- 
nisme ,  les  religieux  de  Beaulieu  se  dispersèrent  les 
uns  d  ins  les  bois  voisins  du  monastère,  les  autres  où 
ils  purent,  d'où  résulta  la  ruine  presque  totale  de  la 
iv>aison.  Les  commendalaires  vinrent  ensuite,  et  lais- 
sèrent tomber  l'église  et  les  lieux  réguliers.  En  1700, 
tout  y  était  dans  un  état  si  déplorable  ,  que  M.  da 
Moutholon  ,  président  du  parlement  de  Rouen,  se 
transporia  sur  les  lieux  avec  le  procureur  général 
pour  travailler  ensemble  aux  moyens  d'y  remédier. 
Il  fut  ordonné  que  le  titulaire  ne  loucherait  aucun 
denier  de  ses  revenus  jusqu'à  ce  que  toutes  tes  répa- 
rations ,  réédificutions ,  ornements  et  livres  d'église 
fussent  rétablis.  Ce  règlement  fut  confirmé  ,  à  la  re- 
quête des  religieux,  par  sept  arrêts  consécutils,  lani 
du  parlement  de  Rouen  que  du  conseil  d'Etat  et  du 
conseil  de  régence  :  malgré  cela  ,  le  litulaire  reçnt 
ses  revenus  et  ne  paya  rien.  Enfin,  par  un  nouvel 
arrêt  du  parlement,  du  19  juillet  1718,  un  économe 
fut  chargé  de  la  receite  et  des  opéraiions.  Depuis 
cetie  époque  on  y  travailla,  et  l'on  eut  beaucoup  de 
peine  à  finir.  Le  fondateur  avaii  éié  enterré  dans  le 
chapitre,  sous  une  tombe  de  pierre  bleue,  sur  laquelle 
éta.t  gravée  une  épée.  Le  roi  nommait  le  prieur; 
celui-ci  jouissait  de  10,000  liv.  de  rente  ou  environ 


123 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIi:  ECCLESIASTIQUE. 


ni 


Lesbàliments  de  ce  prieuré  sont  devenus  une  maison 
centrale  de  déicniion  ;  mais  il  ne  reste  plus  rien  des 
anciennes  construciions. 

I  Beaulieu,  ancienne  seigneurie,  dont  le  cliàleau 
était  éloigné  de  i  kil.  de  Chartres  et  autant  Je  Ver- 
le-Graiid,  et  d'un  kil.  seulement  du  village  de  Ma- 
nilles, départ.  d'Eure-et-Loir.  Ce  fief  relevait  inimé- 
dlaienient  du  roi  ;  il  y  avait  haute,  moyenne  et  basse 
justice.  Ce  lieu  s'appehiil  autrefois  Biscorne  ou  Bi- 
rhi  corne.  On  rapporte  dans  le  pays  que  Henri  IV, 
en  ayant  demandé  le  nom  et  l'ayant  appris,  dit  que 
l'on  devait  plutôt  l'appeler  Beaulieu.  Ou  trouve  qu'ef- 
reciive.nieiit,  dès  la  lin  du  règne  de  ce  [iriiice,  le  nom 
ét'jit  (liangé.  Ce  lieu  est  réellement  beau,  par  la  si- 
tuation et  par  la  disposition  qu'on  y  a  donnée.  Le 
château  est  bâti  sur  une  élévation  ,  au-dessus  d'une 
grande  plaine  ;  on  traversait  trois  grandes  cours  pour 
y  arriver;  il  y  avait,  dans  la  dernière,  à  droite  en  en- 
trant, une  tiès-belle  galerie  ouverte,  qui  était  ornée 
de  bustes  de  princes,  d'empereurs  et  de  philosophes. 
Le  parc  contenait  SO  arpents  et  était  parfaitement  dis- 
tribué. Leparlerre  était  orné  de  quelques  statues.  Le 
seul  défaut  de  ce  cbàleau  était  d'être  sans  caves.  On 
croyait  cependant  qu'il  y  en  avait  une  sous  cet  édi- 
fice, mais  que  les  anciens  seigneurs,  qui  étaient  pro- 
lestants, y  enterraient  leurs  morts.  Celle  tradition  fut 
la  cause  qu'on  ne  voulut  point  en  chercher  l'entrée. 
En  1(J87,  après  la  révocation  de  l'édil  de  N:ii;tes,  le 
roi  y  envoya  une  compagnie  de  dragons,  pour  y  em- 
pêcher l'exercice  de  la  religion  prétendue  réformée, 
que  professaient  encore  les  seigneurs.  Ils  en  liront 
depuis  abjuration,  et  ont  njêine  fait  construire  unie 
chapelle  dans  leur  cliàleau,  où  l'on  disait  ordinaire- 
ment la  messe. 

BellusMoiis  ad  Isaram,  Beaumont-sur-Oise,  petite 
ville,  autrefois  comié-pairio  du  diocèse  de  Beauvais, 
aujiiuid'bui  du  diocèse  de  Versailles  ,  arrond.  de 
Pontuisc,  départ,  de  Seine-et-Oise,  sur  la  rivegauche 
de  l'Oise,  à  50  kil.  de  Paris,  iO  de  Pontoise,  ôii  de 
Versailles,  il  y  a  un  bureau  de  poste.  En  i'ili,  la 
popidaiion  ne  s'élevait  qu'à  1,600  hab.  ;  elle  est  au- 
jourd'hui de  près  de  5,000. 

Cette  ville  est  dans  une  belle  situation  et  bâtie  sur 
la  croupe  d'une  montagne,  dont  le  pied  est  baigné 
par  la  rivière  d'Oise,  que  l'on  traverse  sur  un  beau 
pont.  11  y  avait  sur  la  hauteur  un  cliàteaufort  qui 
commandait  à  la  ville  et  qui  est  détruit.  Cette  terre 
a  appartenu  à  Charles,  duc  d'Orléans  ;  pendant  la 
dét'  nlinn  de  ce  prince  dans  les  prisons  d'Angleterre, 
les  Bourguignons  s'en  emparèrent,  la  livrèrent  au 
pillage  ,  déuiolirent  le  cliàleau  ,  et  jetèrent  la  plus 
grande  partie  des  habitants  dans  la  rivière,  en  1  il7: 
Les  ducs  de  Vendôme  l'ont  depuis  tenue  en  titre 
dm  al.  On  compte  plusieurs  rois  de  France  et  plu- 
sieurs peisoiiii;iges  élevés  en  dignité  au  nombre  de 
îes  .eigiieur,  particuliers.  Par  le  partage  de  la  suc- 
cession de  Koberl  d'Artois,  second  du  nom,  le  célè- 
bre comté  de  Reaiimont  a  été  donné  à  siui  peiii-lils 
Rubert  d' .Artois  III,  en  laveur  duquel  Philippe  de 


Valois  l'érigea  en  pairie  ,  au  moins  de  janvier  1329. 
Le  procès  de  ce  comte  de  Beaumoni,  par  un  funeste 
encliaîneinent  de  circonstances,  a  produit  la  gue:ra 
la  plus  sanglante  et  la  plus  désastreuse  dont  il  soii 
fait  mention  dans  l'histoire.  Comme  hériiier  de  snii 
aieul,  par  représentation  de  Philippe,  son  père,  Ri- 
berl  disputait  le  comté  d'Aitois  à  Mahault,  sa  lania 
paternelle,  femme  d'Othelin,  comte  de  Bourgogne. 
Ses  piélenlions  furent  successivement  proscriies  par 
Philippe  le  Bel,  Sun  seigneur  suzerain,  et  par  arrêt 
du  parlement,  qui ,  entre  autres  dispositions,  ordon- 
nait que  <  ledit  Roliert  aimât  ladite  comtesse  comma 
sa  cbiere  lante  ,  et  la  comtesse  ledit  Robert  comms 
son  bon  nepveu.  i  Robert  n'exécuta  jamais  ce  der- 
nier chef  de  condamnation;  il  essaya  même  de  se  faire 
relever  des  autres,  à  l'aide  de  titres  falsifiés  par  la 
Divion,  sorcière  fameuse  de  l'époque  ;  mais  sa  four- 
berie fut  découverte.  Les  prétendus  titres  furent,  en 
sa  présence,  cancellés  et  dépiécés;  il  fut  banni  de 
France,  on  confisqua  ses  biens  ,  et  la  Divion  fut  con- 
damnée au  feu.  Cette  suite  d'événements  désbunu- 
rants  le  rendit  furieux  ;  il  alla  cacher  sa  honte  en 
Angleterre,  où  il  souffla  entre  les  deux  naiions  le  feu 
d'une  guerre  terrible  et  longue,  qui  porta  le  fer  et  la 
flamme  dans  loutes  les  parties  de  la  France,  en  1534, 
Beaumont  avait  un  prieuré,  un  couvent  de  Minimes 
et  une  église  collégiale,  dont  les  canonicats  valaient 
400  liv.  ;  ils  étaient  à  la  nomination  du  prince  de 
Conti,  comme  seigneur  engagiste.  Le  chapitre  avait 
été  fondé  en  1180.  Cette  petite  ville  possédait  un 
Hôtel-Dieu,  fondé  depuis  trés-longiemps.  Au  milieu 
de  la  place  est  une  fontaine  abondante  qui  fournit 
l'eau  à  la  presque  lotalilé  des  habitants.  —  H  s'y  lail 
un  commerce  de  blé,  de  farine  ,  de  passementerie  , 
de  salpètrerie,  de  chevaux,  bestiaux  et  de  verrerie. 
M  y  avait  autrefois  une  manufacture  de  savon  et  une 
autre  de  couvertures  de  molleton  sur  colon,  et  l'on  y 
fabriquait  beaucoup  de  dentelles.  On  y  trouve  main- 
tenant une  fabrique  de  tissus  à  l'usage  des  troupes. 
Cinq  foires  s'y  tiennent  annuellement  :  la  première, 
le  jeudi  après  le  15  janvier  ;  la  deuxième,  le  jtuli 
de  la  mi-cai  êine  ;  la  troisième,  le  jeudi  avant  l'Ascen- 
sion ;  la  quairième  ,  le  jeudi  après  la  Saint-Pierre, 
et  la  cinquième,  le  jeudi  après  la  Saint-André.  Il  y  a 
trois  marchés  par  semaine,  les  mardi,  jeudi  et  sa- 
medi ;  celui  du  jeudi  consiste  principalement  eu 
grains,  qui  sont  les  principales  productions  des  alen- 
tours de  cetie  ville.  —  Les  habitants  donnent,  par 
tradition,  le  nom  de  camp  de  César  à  un  champ  qui 
en  est  éloigne  d'un  kil.,  et  dans  lequel. cependant  oa 
ne  trouve  aucun  vestige  d'antiquité. 

Bclltts  licdilus  o\l  Belli  lîiparii  Casirum,  l'eanic- 
paire,  village  du  diocèse  de  Beauvais,  arrond.  de 
Senlis,  canton  de  Pont-Ste-Maxence,  à  i  kil.  ouest  de 
cette  ville,  etL6  nord  de  Paris.  Popul.,  iôOliab.  avec 
les  hameaux  de  la  Croix-Rouge  et  d'IIeumoiil,  Le 
premier  tire  son  nom  d'une  croix  plantée  dans  un 
1  en  où  un  a>sassinat  avait  été  commis.  H  se  forma 
dans  la  suite  un  hameau  auiirès  de  cette  croix.  BeaU' 


125 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


19« 


repaire  élait  une  lerre  seigneuriale.  On  y  voit  encore 
Je  cliâteau,  flanqué  de  tours,  avec  un  parc  qui  suit  la 
rivière  d'Oise. 

I  Beaiirepaire,  village  du  diocèse  de  Versailles  , 
commune  de  Roinville,  canton  de  Dourdan,  arrond. 
d'Ëianipes,  dépari.  de  Seine-ei-Oise,  à  2  kil.  sud-esl 
de  Dourdan,  à  2S  sud-ouesl  de  Versailles.  Popul., 
compris  celle  de  Roinville,  601)  hab.  Bureau  de 
poste  Je  Dourdan. 

I  Beaurepaire,  village  du  diocèse  de  Versailles  , 
arrond.  de  celte  ville,  canton  de  Meulan,  commune 
de  Maule,  départ,  de  Seine  et-Oise,  à  10  kil.  sud- 
ouesi  de  Meulan  ,  2-2  de  Versailles.  Pop.  ,  compris 
celle  de  Maule ,  1200  liab.  Bureau  de  poste  de 
Maule. 

I  Beaurepaire,  petite  ville  du  diocèse  de  Grenoble, 
chel'-lieude  canton  du  départ,  de  l'Isère,  arrond.  de 
Vienne,  à  28  kil.  sud-sud-est  de  cette  ville.  Popul. 
2,0U0  hab. 

I  Beaurepaire,  bourg  du  diocèse  d'.Aulun,  clief- 
licu  de  canton  de  l'arrond.  de  Loubans,  à  20  kil.  esl- 
nord-est  de  cette  ville  ,  départ,  de  Saône-et-Loire. 
Pop.  1,0U0  hab. 

Behia  oa  Belsa  ,  Beauce  ou  Beansse.  Fortunat, 
qui  vivait  sur  la  fln  du  vi'-'  siècle,  en  fait  mention 
dans  la  vie  de  saint  Germain,  évéque  de  Paris.  C'é- 
tait un  pays  qui  commençait  dans  la  partie  méridio- 
nale du  ci-devant  gouvernement  général  de  l'Ile-de- 
France,  à  -40  kil.  au  midi  de  Paris,  et  s'étendait  au 
couchant  de  l'Orléanais,  d'un  côté  jusqu'à  la  Luire, 
et  de  l'autre  jusqu'au  canal  de  Briare;  de  sorte  qu'il 
formait  toute  la  paitie  du  couchant  de  ce  gouverne- 
ment, depuis  Orléans,  sa  capitale,  en  s'éiendant 
aussi  un  peu  dans  le  gouvernement  général  de  l'Ile- 
de-France,  vers  son  midi,  où  il  embrassait  une  par- 
tie du  Hurepoixet  du  Mantois.  Ce  pays  [louvail  avoir 
lOU  kil.  dans  sa  plus  grande  longueur  et  72  dans  sa 
plus  grande  largeur.  La  ville  de  Chartres  en  était  la 
capitale.  Il  forme  maintenant  la  majeure  partie  des 
diocèses  de  Chartres  et  de  Blois,  et  des  départements 
d'Eure-et-Loir  et  de  Loir-et-Cher.  En  général,  la 
Beauce  est  un  pays  trés-tertile,  et  peut-être  n'existe- 
t-il  nulle  part  de  meilleur  fonds  de  terre.  Les  grains 
y  sont  de  première  qualité,  ce  qui  a  lait  don>ier  ù  la 
contrée  le  litre  de  yrenier  de  la  France,  titre  dont 
elle  est  toujours  digne,  bien  que  le  sol  se  détériore 
chaque  année  et  devienne  de  moins  en  moins  pro- 
ductif. Ainsi  on  peut  dire  qu'en  général  la  Beauce 
est  cultivée  en  blé  ;  ce  n'est  pas  qui;  toutes  les  terres 
y  soient  également  propres   à  celle  culture;  mais 


kil.,  tandis  qu'on  eill  pu  trouver  sans  inconvénient, 
sur  les  communes  environnantes,  plus  d'un  canton 
dont  la  plantation  eu  forêts  eût  prévenu  la  disette 
dont  celle  ville  se  plaint  depuis  longtemps.  Toute- 
fois on  recueille  dans  la  Beauce  des  fruits,  des  légu- 
mes en  abondatice  et  <le  bonne  (|ualité.  On  y  trouve 
encore  queUpies  pâturages  qui  nonrrisseiil  une  très- 
grande  quantité  de  moutons  et  de  bèies  à  cornes,  et, 
autour  de  la  ville  de  Chartres,  mais  dans  un  rayon 
fort  inégal,  des  vignobles  qui  rompent  un  peu  la  mo- 
notonie des  plaines  à  blé.  Le  vin  que  produisent  ces 
vignobles  est  médiocre  ,  et  il  ne  peut  supporter  le 
transport;  en  sorte  que  les  habitants  le  boivent  sur 
les  lieux.  Comme  il  n'y  a  que  peu  de  fontaines  et  de 
rivières  dans  l  '  pays,  les  habitants  sont  obligés  de 
se  servir  de  citernes  et  de  mares  profomies  pour  y 
conserver  l'eau  de  pluie;  ils  ont  néanmoins  quelques 
puits  qui  siint  extrêmement  profonds,  attendu  l'élé- 
vation du  pays,  mais  dont  l'eau  n'est  pas  d'une  bonne 
qualité.  La  Beauce  est  arrosée  par  quelipies  livières, 
l'Eure,  l'Epemon,  la  Yègres,  la  Biaise  et  l'Avre.  La 
géologie  ne  trouve  pas  dans  la  Beauce  l'uccasion  de 
s'enrichir  de  découvertes  variées  :  ici  tout  <  st  uni- 
forme; aussi  un  écrivain  a-t-il  dit  :  i  Ce  pays  est  à 
désespérer  un  naturaliste  ,  par  la  disette  de  ces  mo- 
numents où  l'on  veut  lire  la  généalogie  de  la  teire. 
P.iint  de  traces  de  volcans.ui  de  grandes  révolutions 
marquées  par  des  etfets  subsistants.  >  On  divisait  an- 
ciennement celte  province  en  pays  Cliarlraiu,  Danois 
et  Vendumois.  Les  principales  villes  éiaieni  Chartres, 
Nogent,  Maintenon,  Bonneval,  Cliàteaudun  et  Ven- 
dôme. La  Beauce  faisait  un  commerce  considérable 
de  moutons  et  de  bétes  à  c  irnes. 

Uemontium,  Besraont ,  petite  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Senlis,  actuellement  de  Beauvais,  canton 
de  Crépy,  arrond.  de  Senlis,  départ,  de  lOise,  à  7 
kil.  de  Ciépy,  où  est  le  bureau  de  po^te,  et  à  (J5  kil. 
de  Paris.  Ce  village  est  fort  ancien,  d'après  quelques 
auteurs;  son  origine  remonterait  au  v«  ou  vi^  siècle. 
Rien  du  reste  ne  semble  confirmer  celle  haute  anli- 
quiié.  La  pop.  n'est  que  de  110  habitanls.  Le  terroir 
consiste  en  terres  arables  et  en  étangs. 

Bereciacum,  lîercy,  paroisse  du  diocèse  et  de  la 
banlieue  de  Paris,  canton  de  Charcjitou,  arnnul.  de 
Sceaux.  Ce  vaste  terrain,  qui  s'étend  depuis  les  bar- 
rières de  Paris  jusqu'au  territoire  de  Conllans  ,  élail 
jadis  occupé  par  des  maisons  de  campagoCj  des  ba- 
biiaiions  particulières  et  par  deux  maisons  qualifiées 
de  châteaux,  et  leurs  parcs  :  l'une,  appelée  le  Peiii- 
Beicy ,  située  en  deçà  ou  à  l'ouest  de  la  rue  dita 


comme,  de  tous  les  produits  agricoles,  le  blé  offrait      Crange-aux-Merciers,  dont  on  parlera  plus  bas; 


aux  propriétaires  plus  d'avantages,  ils  ont  ense- 
mencé leurs  champs  en  blé;  et  les  autres  cultures 
ont  été  négligées  :  par  exemple,  le  bois  y  manque  tant 
pour  bàiir  que  pour  brûler  ;  la  faveur  qu'ont  obtenue 
les  céréales  l'a  considérablement  fait  diminuer,  sur- 
tout aux  environs  de  Chartres,  où  l'on  est  obligé  de 
le  tirer  des  forêts  de  Chàteauiieuf .  de  Seuonches  et 
de  Cbamproiid,  éloignées  de  la  ville  de  20.  2i  et  28 


tre,  siluée  au  delà  de  cette  rue  ,  subsiste  eu  son  en- 
tier et  est  nommée  le  GrMil-DerajA'esi  une  maison 
de  plaisance,  cbarmanle  par  sa  posiiiou  ,  et  surtout 
par  la  beauté  de  ses  environs.  Elle  est  siiuée  à  la 
droite  de  la  Seine,  à  4  kil.  au-dessus  de  Paris.  Ella 
a  longtemps  appartenu  à  la  famille  de  Malon.  D'Olier, 
marquis  de  Noinlel,  l'a  posséile./  et  l'a  fait  lecons- 
truire.  eu  forme  de  château,  par  Louis  Lavau,  archi- 


127  DICTIONNAIRE  DE  GEOGH 

leclo  (lu  roi.  La  Guespière  en  distribua  l'intérieur 
dans  un  goût  pUis  moderne.  Le  p.irc  fut  planiù  sur 
les  dessins  de  Le  Notre  ;  il  a  près  de  90  >  arpents  de 
surface  et  était  orné  de  plusieurs  slatues.  L'inté- 
rieur, riclienieiit  décoré,  offrait  quatre  tabloux  qui 
représentaient  plusieurs  circonslancesderambassade 
de  M.  lie  Noiniel  à  Constantinople,  peintes  sur  les 
lieux  par  Carrey,  élève  de  Le  Bnin.  L'un  était  la  cé- 
rémonie du  feu  sacré  dans  l'église  du  St-Sépulcre  , 
à  Jérusalem  ;  l'autre  représentait  l'entrée  de  Charles- 
François  d'Olier,  marquis  de  Nointel,  dans  la  ville 
sainte  ,  le  même  qui,  en  1670,  fut  nommé  nmb^ssa- 
deuràConstantinople;le  troisième, l'audience  que  lui 
donna  le  graiul-visir  ;  le  quatrième,  la  vue  de  la  ville 
de  Jérusalem.  Le  vestibule  du  château  était  décoré  de 
pilastres  ioniques  modernes ,  entre  lesquels  étaient 
des  trophées  de  sculpture.  Au  commencement  du 
règne  de  Louis  XV,  ce  château  appartenait  à  M.  Pa- 
ris, frère  de  Paris  de  Montmarlel,  si  fameux  par  ses 
richesses.  Ce  propriétaire  fit  construire  ,  à  une  ex- 
Iréniilé  de  la  terrasse  ,  sur  le  bord  de  la  Seine  ,  un 
gros  pavillon,  nommé  encore  Pàié-Paris,  et  la  ma- 
gnifique terrasse  qui  règne  le  long  de  la  rivière.  Celle 
belle  propriété  était,  avant  la  révolulionde  89,  rentrée 
dans  les  mains  de  ses  premiers  possesseurs.  M.  Charles 
de  Jlalon  de  Bercy,  dernier  héritier  du  nom,  en  était 
encore  propriétaire  en  1S09,  année  de  sa  mort. 
M.M.  de  Bercy,  qui  n'y  faisaient  point  leur  résidence, 
louaient  ordinairement  leur  château  de  Bercy.  M.  de 
Calonne  en  ciii ,  de  cette  manièie,  la  jouissance  en 
1783,  et  y  habita  pendant  les  quatre  années  de  son 
ministère  ;  il  y  fit  de  grands  changenionts  dans  la 
distribution  des  jardins.  C'était  là,  dans  le  silence  de 
la  retraite,  qu'il  préparait  ces  discours  mi  les  résul- 
tats de  son  administralicm  étaient  tracés  avec  une 
clarté  si  séduisante.  Ce  ministre  cachait  l'état  des 
choses,  mais  il  ne  les  changeait  pas;  on  peut  dire 
que  c'est  dans  son  cabinet  que  se  décida  la  révolu- 
lion  de  1789.  M.  Arthur  fils  ,  fabricant  de  papiers 
peints,  et  membre  de  la  commune,  loua  également 
ce.  château  en  1711-2.  11  y  avait  établi  sa  l'.ibrique,  et 
fut  décapité  quelque  temps  après  ,  comme  partisan 
de  Robespierre.  Depuis  l;i  mort  du  dernier  proprié- 
taire ,  la  famille  Nicobiï  en  a  fait  l'acquisition.  Le 
chemin  de  fer  de  Paris  à  Lyon  traverse  le  parc  dans 
toute  son  éiendue  ainsi  qu'une  partie  de  Bercy,  en 
sortant  de  l'embarcadère,  situé  dans  le  faubourg  St- 
Antiiine.  Le  château  du  Pctn-Bercy,  situé  en  deçà  et 
il  l'ouest  de  la  rue  de  la  Grange-aiix-Merciers  ,  est 
aussi  sur  le  bord  de  la  Seine,  et  plus  près  de  Paris 
que  le  Grand.  Son  parc  était  d'environ  40  arpents, 
clos  de  murs;  mais  il  a  subi  la  métamorphose  qu'ont 
.éprouvée  les  maisons  de  campagne,  les  jardins,  etc., 
qui  sont  situés  entre  la  me  de  la  Grange-aux-.Mer- 
ciers  et  la  barrière  de  Paris.  Voici  la  cau^e  de  cette 
métamorphose.  Dès  qu'une  contribution  fut  exigée 
aux  entrées  de  cette  ville,  il  se  forma,  au-delà  de  ses 
barrières,  des  réunions  d'habitations,  des  guinguettes, 
où  les  boissons,  franches  du  droit  d'entrée  ,  et  à  un 


APHIE  ECCLESIASTIQUE. 


as 


prix  moindre  qu'à  Paris,  attiraient  les  Parisiens.  De 
plus,  une  grande  partie  des  vins  et  autres  liquides 
imposables  qui  arrivent  à  Paris,  s'y  rendant  pnr  la 
partie  supérieure  de  la  Seine,  passe  nécessairement 
devant  Bercy.  Le  commerce  sentit  bientôt  la  néces- 
sité d'un  entrepôt  où  les  vins  et  eaux-de-vie  pussent 
être  déposés  avant  d'être  passibles  des  dr:  ils  d'en- 
trée. Ce  ne  fut  pas  l'unique  motif  de  la  prélérence 
que  les  marchands  et  entreposit lires  donnèrent  à 
l'entrepôt  de  Bercy  sur  le  grand  entrepôt  situé  dans 
Paris.  Ils  étaient  plus  libres  dans  ce  premier  lieu,  et 
pouvaient,  avec  moins  de  gène  ,  opérer  leurs  mani- 
pulations. Bientôt  toute  la  partie  de  Bercy  qui  s'é- 
tend depuis  la  barrière  de  la  Râpée  jusqu'à  la  rue  de 
la  Grange-aux-Merciers,  fut  achetée,  louée  et  cou- 
verte de  magasins,  ponr  la  plupart  construits  à  la 
bâte.  Les  parcs,  les  jardins,  les  avenues  plantées 
d'arbres  disparurent  presque  entièrement ,  et  furent 
remplacés  par  des  celliers,  des  magasins  et  des  mai- 
sons nécessaires  aux  besoins  des  commerçants.  Le 
château  du  Petit-Bercy  eut  le  même  sort  ;  il  fut 
acheté  par  une  compagnie  qui  loue  les  emplacements 
aux  marrbands.  Tous  ces  bâtiments  ,  élevés  sur  le 
bords  de  la  Seine  ,  furmèrent  un  quai  nouveau  très- 
long  et  fort  beau.  —  Bercy,  connu  du  temps  de  Louis 
le  Gros,  ei  au  commencement  du  xiv«  siècle,  est  assis 
sur  un  territoire  l'eriile  en  grains,  fruits  et  légumes; 
c'était  un  port  considérable  sur  la  Seine.  Il  n'y  avait 
cependant  aucune  chapelle  ;  et  l'on  ne  voit  pas  qu'on 
se  soit  jamais  occupé  d'en  bâtir  une.  Aujourd'hui 
Bercy  a  une  église  construite,  il  y  a  quelques  années, 
mais  dans  le  style  insignifiant  qui  prévaut,  depuis 
un  demi-siècle,  chez  les  architectes,  et  qui  n'est  point 
en  rapport  avec  les  exigences  de  la  religion  cail)0- 
lique. 

Bercy,  dont  la  popubition  est,  au  moins,  de  5  à 
6,000  âmes  (car  l'administration  varie  sur  le  chiffre), 
a  beaucoup  d'importance  par  le  commerce  qui  s'y 
fait  et  les  éiahlissemenls  industriels  qui  y  existent, 
(.'est  là  (|ne  les  vins,  eanx-de-vie,  vinaigres  et  huiles, 
qui  servent  en  partie  à  rapprovisionnemeni  de  Paris, 
sont  apportés  de  la  haute  et  basse  Bourgogne,  ilu 
Maçonnais,  de  la  Ciiampagne,  de  l'Orléanais  ,  de  la 
Tnnraine,  de  l'Anjou  et  du  Languedoc ,  par  les  ca- 
naux qui  aboutissent  aux  deux  rivières  de  la  Seine  et 
de  la  Marne,  dont  le  confinent  se  trouve  à  très-peu 
de  distance.  Les  magasins  ou  entrepôts  les  plus  con- 
sidérables sont  à  Bercy  et  à  la  Râpée.  Il  existe  ,  en 
outre  ,  au  port  de  la  Râpée ,  un  entrepôt  de  tontes 
sortes  de  bois  de  charpente,  charronnage,  planches, 
voliges,  etc.,  des  chantiers  de  bois  à  brûler,  des  en- 
trepôts (le  pierres  à  plâtre  ,  de  briques ,  tuiles,  ar- 
doises ,  etc.  Ce  village  a  plusieurs  dépendances,  que 
l'on  a  désignées  par  des  dénominations  particnlières. 
Les  principales,  dont  on  a  déjà  fait  mention,  sonj 
h  Grand  et  ie  Pelit-Bercy,  la  Raj^ée,  si  renommée 
pour  les  excell.  ntes  mateloties  que  l'on  y  apprête  ; 
la  Grnnde-Vallée-de-Féeamp  et  le  Ponceau. 

Berevilla,  Berville,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 


120  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


i'A) 


Itoiien,  aujourd'hui  de  celui  de  Versailles,  caiilon  de 
îlarines,  arrond.  de  Ponioise,  départ,  de  Seine-el- 
Oise,  à  8  kil.  nord-est  de  Marines,  et  44  de  Paris  au 
nord-ouest.  I.e  terroir  est  presque  loul  en  terres  la- 
Loiirables.  11  y  a,  auprès  de  ce  village,  du  minerai 
fort  mélaiigé.  Suivant  la  tradition  locale,  on  y  a  ex- 
ploitL-  autrefois  une  mine  de  cuivre.  Dans  les  envi- 
rons ,  on  trouve  un  sable  verdàtre  qui  donne  du 
cuivre,  mais  en  petite  quantité.  Berville  est  situé 
dans  une  vallée  sur  la  petite  rivière  de  Sausseron.  La 
pop.  est  de  550  liab. 

Bergea  ou  Berga,  Sancti  Yimci,  Bergues-Saint- 
Wiimox,  ancienne  ville  forte  du  diocèse  de  Cambrai, 
clief-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Dunkerque,  dép. 
du  Nord  ,  à  1-2  kil.  sud-sud-est  de  Dunkerque  à  24 
de  St-Omer,  et  a  12  de  Paris.  Cette  ville,  au  pied  d'une 
colline,  sur  la  rivière  de  Colnie  ,  possède  un  petit 
port,  un  collège  communal ,  une  bibliothèque  et  le 
tribunal  de  première  instance  de  l'arrond.  Elle  est 
l'entrepôt  de  lu  fabrication  de  dentelles  et  des  grains 
des  environs  :  ses  marchés  et  foires  sont  très- fré- 
quentés. Au  moyen  âge  cette  ville  faisait  partie  des 
possessions  des  ducs  de  Bourgogne.  A  la  mort  de 
Charles  le  Téméraire,  dernier  duc,  elle  subit  le  sort 
de  ces  mêmes  possessions  et  fut  enclavée  dans  les 
Pays-Bas  espagnols  jusqu'au  traité  des  Pyrénées,  qui 
l'en  détacha  pour  la  réunir  à  la  France.  Le  maréchal 
de  Vauban  la  fortifia.  Sous  la  dominatiim  espagnole, 
ses  églises  s'enrichirent  des  magniflques  tableaux 
dont  nous  allons  parler. 

Bergues  comptait  en  1789  deux  églises  paroissiales, 
celle  de  St-Marlin  et  celle  de  St-Pierre  ,  un  collège 
des  Jésuites,  et  une  abbaye  considérable  de  l'ordre 
de  Si-Benoît,  sous  le  titre  de  St-\Viimox ,  située  sur 
un  monticule  dans  une  position  agréable  et  sa- 
lubre. 

L'église  de  St-.Martin,  qui  a  été  conservée  ,  a  sur 
son  maître-autel  l'Adoration  des  mages ,  tableau 
peini  par  Rubens,  où  les  têtes  sont  fort  belles,  et  du 
plus  beau  choix;  l'elfet  en  est  piquant  ei  vigoureux. 
Les  autres  tableaux  de  citte  église  ont  été  tianspor- 
tt-s  dans  cuUe  de  Si-Eloi  à  Dunkerque. 

L'église  de  St-Pierre  possède  une  Adoration  des 
rois  par  J.  de  Reyn  ,  placée  à  la  droite  du  mailre-au- 
tel.  Ce  sujet,  d'une  belle  couleur  et  bien  peint  ,  est 
composé  cependant  avec  confusion  et  dessiné  médio- 
crement; les  ligures  sont  courtes,  surtout  un  des 
mages  sur  le  premier  plan.  A  la  gauche  du  niaitre- 
autel,  on  voit  Jésus-Christ  mort  descendu  de  la  croix; 
la  Vierge  est  sans  action.  C'est  un  des  derniers  ou- 
vrages de  Gaspard  Graver,  et  un  de  ses  tableaux, 
faibles.  j- 

L'abbaye  de  St-Winnox  avait  été  fondée  en  l'Iion-  ' 
neur  de  ce  saint  ,  patron  et  l'un  des  apôtres  de  la 
contrée.  Les  légendaires  ne  sont  pas  d'accord  à  son. 
sujet:  les  uns  en  font  un  évéque,  les  autres  un  martyr, 
quelques-uns  un  solitaire.  L'église  de  l'abbaye,  main- 
tenant paroisse,  mérite l'atieotiun  comme  monunieoc. 


s:ècli' par  les  soi  IIS  de  l'abbé  Maui'us  de  Sain,  n'offraient 
aiicnn  caractère  particulier.  Quant  à  l'église,  elle  a 
été  édifiée  d'après  le  plan  propre  à  toutes  les  églises 
de  l'ordre  de  St-Benoil  ;  la  nef  longue  ,  le  chœur 
étroit,  le  sanctuaire  élevé,  et  un  demi-jour  d'une 
mélancolie  religieuse  dans  tout  l'édilice.  En  entrant 
dans  cette  église,  on  aperçoit  à  droite  un  tableau  qui 
représente  saint  Grégoire  se  lnvant  les  mains,  peint 
par  Louis  de  Deyster.  Ce  sujet  est  bien  composé  :  la 
magie  de  la  couleur  et  l'effet  y  sont  remarquables. 
En  face  se  trouve  le  martyre  de  sainte  Placide,  bon 
tableau  de  Béekmans.  A  la  gauche,  en  entrant,  est 
une  sainte  Agnès,  tableau  peint  par  Langhenjan  : 
tout  y  paraît  fait  de  rien,  la  toile  est  à  peine  cou- 
verte, la  couleur  est  un  peu  faible;  mais,  malgré 
cette  imperfection  ,  le  tableau  est  très-bon.  Dans 
l'intérieur  de  l'église,  on  remarque  le  martyre  de 
plusieurs  saints  de  l'ordre  de  St-Benoît,  peint  par 
Jean  de  Reyn  ;  le  dessin  y  est  correct  ,  la  couleur 
Lelle  et  d'un  bon  effet.  En  montant  aux  deux  côtés 
du  chœur,  à  la  droite  et  à  la  gauche  ,  on  voit  saint 
Benoit,  sainte  Scholastique  et  sainte  Agathe  ;  ce  der- 
nier tableau  a  été  un  peu  repeint  :  ils  sont  tous  trois 
de  Jean  de  Reyn  ,  et  ont  une  grande  valeur  artis- 
tique. 

Contre  le  chœur ,  à  la  droite  et  à  la  gauche,  on 
aperçoit,  encadrés  dans  un  lambris,  quatorze  petits 
tableaux  ;  les  deux  premiers  offrent  Notre-Seigiieur 
et  la  sainte  Vierge ,  peints  par  Victor  Jf.nssens  ;  les 
douze  autres  sont  de  la  même  grandeur  et  repré- 
sentent les  apôtres.  Sur  le  devant  est  la  figure  seule, 
environ  de  53  centimètres  de  haut  dans  chaque  ta- 
bleau, et  dans  le  fond  se  voit  le  martyre  de  l'apôtre  : 
tous  sont  de  la  plus  belle  couleur  argentine,  corrects 
de  dessin  ,  d'une  touche  facile  et  très-spirituelle  ;  les 
têtes,  très-variées,  respirent  un  grand  caractère.  Ce 
sont  des  tableaux  précieux,  peints  sur  cuivre  par 
Robert  van  Hoeck.  L'église  jusqu'à  présent  les  a 
conservés  soigneusement. 

Les  deux  figures,  saint  Pierre  et  saint  Paul,  placées 
au-dessus  de  l'entrée  du  chœur,  sont  bieii  faites,  par 
le  sculpteur  Octavo  ;  les  trois  autels  sont  du  même 
artiste ,  ei  l'architecture  a  été  exécutée  sur  ses  des- 
sins. Le  maitre-aulel,  très-vaste  ,  avec  des  pilastres 
cannelés  d'ordre  corinthien  ,  se  trouve  en  désaccord 
avec  le  style  de  l'édilice.  Les  deux  tableaux  qui  or- 
nent SCS  côtés  sont  de  Béekmans;  celui  de  droite  re- 
présente la  guérisoii  des  malades  ,  et  l'autre  saint 
Benoît  qui  prêche  :  ils  sont  d'une  bonne  couleur  et 
bien  composés. 

Quatorze  grands  tableaux,  encadrés  dans  un  lam- 
bris de  bois  de  chêne,  décoraient  le  réfectoire  de 
l'abbaye.  Ces  tableaux  sont  actuellement  dans  l'église 
de  St-Jean- Baptiste,  à  Dunkerque.  Le  premier  re- 
présente le  saciince  d'Abraham  ,  le  second  Notre- 
Seigneur  crucihé,  la  Madeleine  en  pleurs  est  au  ha* 
de  la  croix  ;  le  troisième  est  le  serpent  d'airain  ;  Itf 


archéologique.  Les  bâtiments,  reconstruits  au  xviii---    quatrième  saint  Winnox  qui  distribue  du  p.ain  aur 


151 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


152 


pauvres. Ces  lableniix,  d'une  excellenle  compnsiiinn, 
ont  éiL'  peiiils  par  Maliliie»  Elias. 

[.e  cinquième  sujet  représente  les  disciples  d'Em- 
maûs  ,  par  Béekmans  :  reffet  en  est  frappant  et  la 
couleur  bonne.  Le  sixième  rappelle  l'enlrevne  de 
saint  Benoit  avec  Totila,  roi  des  Goths,  par  Maitliieu 
Elias.  Le  septième,  de  Béekmans,  est  un  Ecce  Iwmo 
adoré  par  des  anges,  que  l'artiste  a  dessinés  avec  (i- 
nesse  et  auxquels  il  a  donné  des  têtes  admirables. 
Le  liuitième  est  également  de  cet  artiste.  Le  quator- 
zième et  dernier  représente  la  Madeleine  aux  pieds 
de  Jésus-Christ  chez  le  Pharisien.  Les  têles  sont  fort 
belles.  Ce  tableau  ,  d'un  effet  saisissant ,  est  le  plus 
remarquable  des  quatorze  ;  il  a  été  peint  par  Oilo- 
venius. 

Bergiies  a  quelques  rues  larges,  et  un  hôtel  de 
ville  qui  pourrait  figurer  dans  une  cité  plus  considé- 
rable. La  pop.  est  d'environ  C,Oi!0  liab. 

Bernacis,  Berny.  Cette  localilé  paraît  destinée  à 
obienir,  a\ix  diverses  époques  de  l'hisiolre,  une  cer- 
taine célébrité.  Ce  n'est  cependant  qu'un  hameau  du 
diocèse  de  Paris,  commune  de  Fresnes  ,  canton  de 
Viliejuif ,  arrond.  de  Sceaux,  formé,  tur  la  route 
d'Orléans,  par  la  réunion  de  quelques  maisons  de 
campagne.  Il  étuit  cité  pour  ses  fruits,  ses  légumes 
el  SCS  fleurs.  Ce  qui  lui  avait  fait  sa  célébrité  autre- 
fois, c'était  le  superbe  château  qu'il  possédait.  Le 
comte  de  Clermoni,  prince  du  sang,  abbé  de  S  lint- 
Gerniain-des-Prés,  l'habita  pendant  trente-six  ans. 
A  l'époque  de  la  révolution  de  1789,  le  chàieau  fui 
démoli. 

Berny  a  été  choisi  de  notre  temps  par  les  amateurs 
pour  les  courses  de  chevaux,  dites  au  clocher  :  ce 
qui  amène,  chaque  fois,  une  foule  considérable.  H  est 
à  2  kil.  d'Antony,  où  est  le  bureau  de  poste,  à  .">  kil. 
de  Sceaux,  5  de  Viliejuif,  et  12  de  Paris.  Ln  popu- 
lation, compris  celle  de  Fresnes ,  est  de  700  Lab. 
environ. 

Bernactim,  Bernay,  petite  ville  de  l'ancien  diocèse 
de  Lisicux  ,  aujourd'hui  archidiaconé  du  diocèse 
d'Evreux,  chef-lieu  d'arrondissement  du  départ,  de 
l'Eure,  à  42  kil.  d'Evreux ,  60  de  Rouen  ,  et  144  de 
Paris.  Située  sur  la  rive  gauche  de  la  Charentonne  , 
celte  ville  possède  un  tribunal  de  première  instance, 
un  tribunal  de  commerce,  une  chambre  consultative, 
des  manufaciures  et  un  collège  commimal.  Elle  avait 
autre!ois  le  titre  de  comté.  Son  arrondissement  ren- 
ferme 144  communes,  et  92,000  liabitanis;  il  est  di- 
visé en  6  cantons,  qui  son!  :  Beauinénil,  Beaumonl- 
IcRnger,  Bernay,  Brionne,  Broglie  et  Thiberville. 
On  voit  à  Bernay  des  fabriques  de  draps,  frocs,  lla- 
nelles,  toiles ,  rubans  de  fil ,  chandelles,  bougies; 
des  blanchisseries  de  toiles;  des  teintureries,  tan- 
nerie-i,  forges,  verreries,  papeteries.  —  Le  com- 
merce consiste  en  grains,  cidre,  chevaux,  bestiaux  , 
cuirs,  draps,  fers,  papiers,  laines,  fil,  lin,  bougies  et 
chandelles.  —  11  y  a,  le  15  mars,  une  foire  renommée 
pour  Ics  chevaux;  elle  dure  quatre  jours  ,  et  attire 
40  à  10,000  personnes  de  80  kil.  aux  environs.  — 


La  ville  de  Bernay  possède  une  église  du  plus  benu 
gothique,  qu'on  nomme  Sie-Croix  ;  elleav:iii  nuire- 
fois  un  petit  collège  et  plusieurs  maisons  religiu:i«os, 
entre  autres  une  sbhaye  comniendaiaire  de  [séiié- 
dictins,  fondée,  en  1015  ou  1018,  par  Judiihde  Bri:- 
tagne,  épouse  de  Richard  II,  duc  de  Normandie,  qui 
y  fut  enterrée;  son  abbé  jnuissait  d'wiviron  10,000 
liv.  de  rente.  Ces  Bénédictins  éiaienl  curés  primitifs 
de  Bernay.  —  L'hôpital  général  et  l'hospice  fondé 
par  Louis  IX,  que  des  religieuses  urbanistes  desser- 
vaient à  l'époque  de  la  révolution,  existent  encore. 
—  C'est  la  patrie  du  créateur  des  vers  alexandrins, 
Alexandre  de  Paris,  qui  vivait  du  temps  de  Pliilippe- 
Auguste  ;  de  Jean-Michel  Duroy,  député  à  la  Conven- 
tion nationale,  ami  de  Robespierre,  décapité  à  Paris 
le  17  juin  1795. 

I  Bernay,  paroisse  du  diocèse  de  Meaux,  arrond. 
de  Coulonimiers ,  canton  de  Rosoy,  où  est  le  bnreau 
de  poste,  et  à  1  kil.  de  celte  ville ,  département  de 
Seine-et-M:irne.  La  population  ist  d'environ  500  ha- 
bitants, en  y  comprenant  le  hameau  de  Ségreis,  où  il 
y  avait  un  prieuré  avant  la  révolution  de  1789,  et  ce- 
lui de  Ponlpierie,  qui  en  font  partie. Il  existe  à  Bernay 
un  château  avec  un  parc,  sur  la  rivière  d'Yéres.  Le 
terroir  de  cette  commune  est  en  terres  labourables, 
en  vignes  et  en  bois. 

Ce  village  ,  situé  sur  la  rivière  d'Yères,  qui  y  fait 
tourner  deux  moulins,  est  à  44  kil.  de  Paris. 

Bernolium,  Barneau  ou  Berneau,  dioc.  de  Meaux  , 
arrond.  de  Melun,  canton  de  Brie-sur-IIiéres,  com- 
mune de  Servon,  départ,  de  Seine-et-Marne.  La  po- 
pulation est  de  800  habitants,  en  y  coniprcnaul  celle 
de  Sognolles.  Ce  village,  qui  n'était  alors  qu'un  ha- 
meau, est  connu  dès  le  xin«  siècle  par  les  titres  de 
Notre-Dame  d(!  Paris  et  de  l'abbaye  de  Livry.  En 
1244,  Mathilde  de  Cramoël  donna  à  cette  abbaye 
20  arpents  de  terre  situés  à  Berneau,  le  long  du  che- 
min qui  allait  du  Brûlez  au  Marchais-Profond.  Ber- 
neau est  à  10  kil.  de  Brio-sur-Hières,  où  est  le  bur. 
de  poste. 

Berona  Riparia,  la  Beuveronne  ou  Breuronne,  pe- 
tite rivière  qui  traverse  une  partie  du  diocèse  de 
Meaux.  Elle  prend  sa  source  à  Saint-Vie,  dans  ce 
diocèse,  arrose  Grerré  ,  Goville,  Clayc,  et  se  jette 
dans  la  Marne  au-dessous  d'Anei,  où  elle  fait  tourner 
deux  inoulins.  Elle  figure  dans  un  titre  de  1237. 

Berilieldi  Curiis,  lîerthecouri,  village  du  diocèse  et 
arrond.  de  Beauvais,  canton  de  Noailles,  départ,  de 
l'Ois',  à  12  kil.  au  sud-est  de  Beauvais,  56  nord  de 
Paris,  4  nord-est  de  Noailles  où  est  le  b'ireau  de 
poste.  La  population  est  d'environ  450  habitants  avec 
les  hameaux  de  Parisis-Fontaine  et  Longueil.  Il  y  a 
un  chàloau  à  Bi'rthecourt,  et  un  à  Parisis-Fonlaine. 
Le  terroir  de  cette  commune  est  en  terres  arables  , 
en  prairies  et  en  bois.  Le  ruisseao  du  Sillet  fait  tour- 
ner deux  moulins. 

Berihemonlium  ,  Berihemont  ou  BetheQiont ,  pa- 
rois-e  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  aciuellenieni  de 
celui  de  Versailles,  canton  de  Montmorency,  arrond. 


1Ô5 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AL  MOYEN  AGE, 


134 


de  Ponloise,  départ,  de  Seineet-Oise,  à  10  kil.  nord 
de  Moiiimorenry,  où  esi  le  liurean  de  poste,  et  à  22 
d  '  Paris.  Ce  villnge  est  situé  sur  la  pente  douce  qui  se 
pré>enie  au  bout  de  la  forêt  de  Montmorency,  du 
cêié  de  l'occident,  presque  en  face  du  bourg  de 
Villiers-Adain  ,  qui  n'en  est  qu'à  ^  kil.  Le  pays  est 
assez  couvert  d'arbres  et  d'arbrisseaux  ;  ce  n'est  pas 
un  vignoble  comme  la  plupart  des  paroisses  voisines. 
Le  terroir  n'est  composé  que  de  terres  labourables 
et  de  prés.  Les  femmes  y  travaillent  à  la  dentelle 
comme  dans  plusieurs  autres  villages  de  ce  canton. 
L'église  porte  le  titre  de  Noire-Dame.  On  y  célèbre 
sa  nativité  comme  la  fête  du  patron.  Le  bâtiment  est 
petit  et  tout  neuf,  et  l'on  n'y  trouve  aucnn  vest'ge 
d'antiquité.  Il  a  le  défaut  d'un  grand  nombre  d'autres, 
de  n'avoir  qu'une  aile.  II  est  accompagné  de  ce  côté- 
là  d'une  tour  en  forme  de  clocher,  également  nou- 
velle. —  Le  dernier  seigneur  de  la  terre  de  Béthc- 
mont  était  le  comte  de  Montmorency.  On  vnit  un 
beau  cliâteau  près  de  l'église.  Un  litre  de  1610  at- 
teste qu'il  y  avait,  à  cette  époque,  une  seigneurie  ap- 
pelée ilontglant  et  depuis  Montaugtan.  Ce  dernier 
nom  avait  été  substitué  à  celui  de  Béibemont.  Le  ter- 
ritoire était  jadis  très-boisé  ;  c'était  sans  doute  l'ori- 
gine de  ce  I  ouveau  nom.  La  popul.  de  ce  village  est 
d'environ  250  bab. 

Beriini  Va/(is,  lierlinval ,  paroisse  du  diocèse  de 
Versailles,  commune  de  Chaumontel,  canton  de  Lu- 
zarches,  arrond.  de  Pontoise,  départ,  de  Seine-el- 
Oise,  à  12  kil.  nord-est  de  Pontoise ,  à  2  kil.  nord 
de  Luzarcbes,  où  est  le  bureau  de  poste.  C'était  une 
ancienne  seigneurie.  En  1238,  un  nommé  Jean  Violet 
donna  à  l'abbaye  d'Hérivaux  un  setier  de  froment 
à  prendre  sur  le  moulin  de  Bertini  ValUs.  On  voit 
dans  un  carlulaire  de  l'abbaye  de  Si-Denis  qu'en 
1283  Gilles  de  Conipiègne,  prévôt  de  Paris,  vendit  à 
ce  monastère  la  Croix-Crisié  en  Bertinval.  11  est  fait 
mention  des  seigneurs  de  Bertinval  dans  les  registres 
d(;  l'archevêché.  La  popul.,  compris  celle  de  Chau- 
montel, est  d'environ  400  hab. 

Destnni  Curlis,  Bessancourt  ou  Bessaucourt  ,  pa- 
roisse de  l'ancien  diocèse  de  Paris  ,  actuellement  de 
celui  de  Versailles,  canton  de  Montmorency,  arrond. 
de  Ponloise,  à  10  kil.  nord-est  de  .Montmorency,  et 
22  au  nord  de  Paris.  Le  nom  de  ce  village  a  subi 
dilTéieiiles  variations.  L'abbé  Chastelain,  à  la  fin  de 
son  Marlyrologe  universel,  a  écrit  Psaiicourl.  Le 
prieur  de  Condans,  dans  un  litre,  l'appelle  Dercliatt- 
court.  Dans  le  pouillé  rédigé  avant  le  règne  de  Louis 
IX,  cette  église  a  été  nommée  Weict'HfOMrf  ;  mais  il 
est  certain  ([ue  le  nom  de  Bessancourt  existait  en 
l'an  1189,  qui  est  le  temps  de  son  érection  en  pa- 
roisse par  .Maurice  de  Sully,  évêque  de  Paris.  —  Ce 
vilage  est  situé  h  l'extréiDité  de  la  furêl  occidentale 
de  Mnnlmorency,  à  l'entrée  de  la  plaine  qui  s'étend 
viTi  Pierre-Laye.  Son  territoire  s'étend  jusqu'assez 
pi  es  de  Frépillon.  Du  côté  de  l'orient  est  la  ferme 
de  Montubois,  qui  appartenait  au  collège  des  Jésuites, 
laquelle  esl  de  la  paroisse  de  Taverny.  L'église  est 


une  des  plus  grandes  et  des  mieux  bâties  de  ces  can- 
tons. Elle  a  deux  ailes  et  une  croisée  ,  mais  cepen- 
dant satis  qu'on  puisse  faire  le  tour  de  l'autel  et  sans 
galeries.  Le  chœur  est  un  ouvrage  du  xiif  sièile  ; 
la  nef  n'est  que  de  2  à  500  ans;  le  bras  méridional 
de  la  croisée  est  aussi  du  xiii«  siècle  ;  l'autre  n'est 
que  du  xv«  ou  xvi«  siècle.  A  l'entrée  de  cette  église, 
à  main  gauche,  s'élève  unebelle  tour.  Les  inscriptions 
qui  s'y  remarquent  dénotent  assez  le  temps  de  sa 
construction.  Sous  l'un  des  piliers  qui  la  supportent 
est  une  sentence  en  langue  grecque,  écrite  en  carac- 
tères latins,  sur  une  bande  soutenue  par  deux  anges, 
et  au  commencement  on  lit  :  MU  Y^  XXVII.  On 
voit  aussi  au  porlail,  sous  les  pieds  d'une  image  de 
la  sainte  Vierge  ,  en  lettres  grecques  capitale-;  et 
dentelées,  le  reste  d'nne  sentence  qui  exprimait  ce 
que  nous  rendons  en  latin  par  ces  mois:  0  mater  Dei, 
viemento  met.  Celle  église  est  dédiée  sons  l'invocation 
de  saint  Gervais  et  de  saint  Protais.  On  y  montrait, 
avant  la  révolution  de  17S9,  une  châsse  de  bois  qui 
contenait  des  ossements  de  quelques-unes  des  com- 
pagnes de  sainte  Ursule,  lesquels  avaionlé'.é  donnés 
par  une  abbesse  de  Maubuisson.  Les  vitrages  i!u 
sanctuaire  sont  des  verres  très-épais  ,  chargés  de 
quelques  couches  de  peinture  grise.  Ces  sortes  de 
vitrages,  en  forme  de  grisailles,  étaient  fort  eu  usaga 
aux  xii°  et  xiir  siècles.  On  y  voit  un  prêtre,  repré- 
senté à  gennux,  lequel  a  fait  présent  de  ce  vitrage,  et 
son  nom  au-dessous  en  capitales  goiliiqnes  ,  westre 
Robert  de  Bercencori...  ,  chanoine  de  Paris.  An-iles- 
sous  est  un  panneau  ajouté,  qui  représente  une  ab- 
besse de  Maubuisson  à  genoux,  dont  les  armes  sont 
d'azur  pani  de  sable  à  la  face  d'argent,  chargées  de 
trois  merleties  de  sable.  Ce  Kobert  de  Bercencourt 
était  olficial  de  Paris  eu  1270  ,  et  mourut  doyen  da 
Bayeux.  La  cure  de  Bessancourt  était  un  démembre- 
ment de  celle  de  Taverny ,  dont  elle  n'est  qu'à  2  kil. 
La  popul.  de  ce  village  est  de  860  hab.  On  y  voit  un 
château  et  quelques  maisons  de  campagne.  La  culture 
de  son  terroir  consiste  principalement  en  vignes.  Les 
fruits  y  sonl  abondants.  On  y  exploite  plusieurs  car- 
rières à  plâtre. 

Bestum,  Bétliisy  ,  bourg  de  l'ancien  diocèse  de 
Soissons,  acluellemenl  de  celui  de  Beauvais,  canton 
de  Crépy,  arrond.  de  Senlis,  départ,  de  l'Oise  ,  à  0 
kil.  de  Verberie,  où  est  le  bureau  de  poste,  à  8  de 
Crépy,  48  de  Beauvais  et  60  de  Paris.  Ce  bourg  , 
avant  la  révolution  de  1789,  se  divisait  en  deux 
paroisses  ,  Bétliisy-St-Martin  et  Bélhisy-St-Pierre  , 
qui  forment  encore  aujourd'hui  deux  communes  dis- 
tinctes. 

Le  nom  latin  Bestum  signiGe  un  lieu  de  pâturages. 
La  pnpul.  de  Béthisy-St-Martin  est  de  •'liSO  hab. ,  y 
compris  le  hameau  du  Pessis-Châtelain,  la  feroje  de 
Ste-Luce  et  celle  de  Puisière.  Les  habitants  sont  en 
partie  vanniers  et  tisserands.  Le  terroir  produit  sur- 
tout des  céréales.  Ce  village  esl  traversé  par  l'Au- 
tomne, petite  rivière  qui  y  fait  tourner  deux  moulins, 
l'un  à  farine,  l'autre  à  huile.  —  Bélhisy-Sl-Martia 


DlCTiONiNAlRE  [lE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


i: 


était  situé  sur  la  chaussée  de  BiuneliiiuU  ou  Dninean, 
ce  qui  est  un  sujet  de  croire  ,  dii  Cailier  (llisl.  du 
duel),  (le  Valois),  nue  ce  lieu  a  été  fondé  par  les  pre- 
niiei-s  culiivatcurs  venus  dans  la  G:uile;  si;n  église 
avait  le  titre  de  paroisse  dès  l'an  lOCO  :  les  plus  an- 
ciens doyens  de  chrétienié  avaient  été  curés  de  cette 
église.  I  liéiliisy-St-Pierre,  village  continu  au  pré- 
cédent, dont  la  popui.  est  d'environ  1000  liab.,  pour 
)a  plupart  occupés  à  la  culture  du  chanvre.  La  ferme 
du  Haioij,  ancien  fief,  à  l'entrée  de  la  forêt  de  Com- 
piégne,  en  fait  partie.  —  Les  productions  de  son 
terroir  sont  en  grains;  une  partie  est  en  prairies 
et  en  bois;  il  y  a  plusieurs  moulins  à  grains  et  à 
huile.  —  Béthisy-St-Pierre,  ou  la  Cliambreiie,  a  com- 
mencé par  une  ferme  du  fisc  ,  Prœdium  ,  accom- 
pagnée d'un  clos  de  vignes.  Celle  ferme  resta  au 
pouvoir  des  rois  jusqu'au  règne  de  Charles  le  Simple, 
qui,  l'an  90",  la  donna  au  monastère  de  Mornienval. 
C'est  au  centre  de  ce  vdiage  que  se  retrouve  le  clià- 
leau  de  la  Douye.  —  Le  bourg  de  Béthisy  avait  un 
château  que  P.  Germain  et  le  P.  Mabillon  croient 
avoir  été  fondé  sous  le  roi  Robert.  <  Ce  prince,  dit 
Carlier,  ayant  perdu  son  lils  aine  Hugues,  couronné 
à  Conipiègne  en  1017,  lit  sairer  à  Reims  ,  vers  l'an 
1020,  son  second  ûls  Henri  !«'',  malgré  l'opposiiion 
de  la  reine  Constance,  son  épouse,  qui  le  portait  à 
préférer  Robert,  son  fils  cadet,  sur  l'esprit  duquel 
elle  comptait  apparemment  exercer  le  même  empire 
que  sur  celui  du  roi  son  mari.  Malgré  le  couronne- 
ment du  prince  Henri,  elle  poursuivit  son  de^sein  de 
pré  éier  Robert,  son  cadet;  et,  alin  de  soutenir  sa  dé- 
marche, elle  lit  fortifier  quelques  châteaux  ,  et  en 
bàiir  d'auties  sur  des  lieux  naiurellemenl  fortifiés. 
On  met  le  château  de  Bétliisy  au  nombre  de  ces  der- 
iMCis.  1  U  fui  construit  sur  un  tertre  ayant  200  pieds 
d'élévation  ;  et  Robert  et  Constance  y  établirent  le 
siège  de  la  juridiction,  qui  était  précédemment  à  Ver- 
berie.  Lecliàtelain  de  Bétliisy,  Richard,  acheva,  sous 
le  règne  de  Henri  l^r,  les  parties  du  château  que  la 
reine  Constance  avait  laissées  imparfaites.  Louis  le 
Gros  aimait  le  séjour  de  Béthisy  ;  il  donna  à  ses  habi- 
tants une  entière  liberté,  ce  qui  fit  peupler  te  bourg 
d'un  grand  nombre  de  familles  qui  gémissaient  sous 
roppressiun  des  seigneurs  voisins.  Louis  Ml  y  célé- 
bra sou  mariage  avec  Eléonore  de  Guienne,  en  1 157. 
Philippe-Auguste  fit  au-si  de  Iréquents  voyages  à  ce 
cbâleau,  qui  soulTi  il  beaucoup  des  guerres  sousChar- 
lesVl  el  CharlesMI. Catherine  de  Médicis  lejit  répa- 
rer; mais  il  fut  définiiivement  démoli  sous  Louis  XIV. 
Vellmna,  Betliunia,  Bélhune,  archiprètré  du  dio- 
cèse d'Arias,  chef-lieu  de  sous-préfecture  du  départ, 
du  Pas-de-Calais  avec  un  tribunal  de  première  ins- 
tance ,  une  sous-inspection  foreslière  ,  un  collège 
comniunal.  C'est  une  place  de  guerre  de  deuxième 
classe,  à  28  Kil.  d'Arras,  o-l  de  Lille  et  de  Douai  , 
cl  188  de  Paris.  L'airondisseinent  de  béthune  ren- 
feinift  llî  communes  et  140,001)  habitants;  il  est 
d.vLè  en  8  cantons  :  Bélhune  ,  Camlriii ,  Cai  viii- 
Epinay.  lloudain,  Lens,  Lillers,  Norem  et  la  Venue. 


Béthune  est  bâti  sur  un  roc  ,  dans  un  lieu  plat  et 
élevé,  et  près  des  bords  de  la  petite  rivière  de  Biette, 
Bieire  ou  fireite.  On  y  entre  par  quatre  portes.  Les 
rues  sont  mal  pavées  et  les  maisons  mal  consiru.tes;- 
son  territoire  n'a  ni  bois  ,  ni  marais  ;  il  se  compose 
de  terres  labourables  et  de  prairies  en\iroiinées  d6; 
village^  d'un  aspect  agréable.  —  Des  fabriuues  de 
toiles  et  de  draps,  des  brasseries  ,  des  distilleries  de 
genièvre  ,  des  tanneries  ,  des  moulins  à  huile  et  à 
grains,  des  raffineries  de  sel  et  des  savonneries,  for- 
ment son  industrie.  Son  commerce  est  borné  aux 
grains,  vins,  eaux-de-vie,  huiles,  graines  grasses  , 
frumages  estimés,  toiles  <:i  poteries.  —  Cette  ville 
avait  autrefois,  1°  un  chapitre  de  la  collégiale  de  Sl- 
Barlliélomy;  2"  sept  couvents,  savoir  :  les  Capucins, 
les  Récollels,  les  Pères  de  l'Oratoire,  les  Annoiicia- 
des,  les  Bénédictines ,  les  Concepiionistes  et  les  re- 
ligieusei  du  tiers  ordre  de  Saint-François;  5°  deux 
paroisses,  Sle-Croix  et  St-Waast;  i"  l'hôpilal  de 
St-Jcan  pour  les  pauvres  malades  de  la  ville  et  des 
environs  ,  dans  lequel  il  y  avait  20  lils;  5»  l'hôpital 
de  St-Jor  ,  pour  7  vieilles  femmes  veuves;  6"  une 
école  de  charité  pour  l'instruction  des  jeunes  lilles  ; 
7°  un  collège ,  diiigé  en  preiuier  lieu  par  les  .Jésui- 
tes, puis  conlié  aux  soins  des  Pères  de  l'Oratoire  par 
leit.  pat.  du  roi  du  mois  de  juin  1777.  —  La  seule 
église  paroissiale  conservée  est  remarquable  par  la 
solidité  et  la  hauteur  de  sa  tour,  par  la  délicatesse 
ella  hardiesse  des  colonnes  qui  soutiennent  les  voûtes 
et  qui  donnent  à  la  nef  un  caractère  de  gprûce  el  de 
légèreté  rare  en  architecture.  —  On  retrouve  i»  Bé- 
lhune des  boves  ou  cavts  profondes.  —  Le  nom  de 
Bélhune,  en  latin  Betliuna  ou  Bethunia  ,  se  trouve 
écrit  de  diverses  manières  dan.s  les  anciens  litres  et 
cartes  :  Bei-Thuucn,  Béthuen,  Béiliun,Bélhon.  Selon 
quelques  savants,  cette  ville  doit  son  origine  à  un 
hameau  qui,  étant  entouré  de  haies  ,  reçut  le  .toai 
de  Bei-1  liuneii  ou  Be-Huyiien,  mol  leitlon  qui  signifie 
encloa  fermé  de  haies.  Au  ix''  siècle,  elle  était  défen- 
due par  un  château  contre  les  incursions  des  Nor- 
mands; en  1250  elle  fut  environnée  de  fossés,  do 
murailles  et  de  bastions,  .jusqu'en  1248  elle  eut  des 
seigneurs  particuliers  ,  qui  étaient  les  avoués  de  Si- 
Waast  ;  mais,  à  cette  époque,  elle  passa  aux  comtes 
de  Flandre  par  le  mariage  de  Mahaut,  fille  unique 
de  Robert  VU,  avec  Guy  de  Dauipierre.  Le  premier 
de  ces  seigneurs  fut  Robert  H^,  qui  fonda,  vers  l'an 
999,  l'église  collégiale  de  Si -Barthélémy.  Elle  soutint 
son  premier  siège  ,  en  1347,  contre  100,000  Fla- 
mands, qui  se  retirèrent  après  trois  semaines  d'inu- 
tiles efforts.  Cette  ville  était  rentrée  depuis  longlem;  s 
sous  la  domination  des  Pays-Bas  lors  de  la  guerre  de 
1045.  Le  26  août  de  celle  même  année  ,  le  duc  d'iir- 
léans,  ayant  sous  lui  les  maréchaux  de  Gassiuti  et 
de  Ranizau,  en  forma  le  siège  el  ia  foi  ça  de  capiiu  er 
le  50.  Elle  fut  cédée  à  Louis  XIV  par  le  traité  des 
Py.éiiées,  en  IG'IO.  En  1710,  Fa;;el,  général  iidlhin- 
duis,  el  Sihullembourg,  général  allemand  ,  couverts 
par  les  années  du  duc  de  Malboroughet  du  piincu 


157  GEOGHAPHie  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


£ugè>ie,  lurent  cliargés  d'enlever  Béiliuiie  à  Dupuis- 
Vaubiin,  qui  la  défenJaii.  Le  manque  de  vivres  et  de 
munitions  de  guerre  obligea  le  brave  neveu  du  ma- 
récb^l  Vaubaii  à  capituler  le  2S  août,  après  35  jours 
de  tranchée,  au  niument  où  les  assiégeants  se  dispo- 
saient à  passer  le  fo.-sé  et  à  livrer  l'assaut.  Réduite  à 
1,500  soldats  en  état  de  porter  les  armes  et  à  700 
m.ilades  ou  blessés,  la  garnison  sortit,  le  51  août  , 
avec  les  lionneurs  de  la  guerre,  et  l'ut  conduite  à  Sl- 
Onier.  —  Bétliune  fut  rendue  à  la  France  par  le 
traité  conclu  il  Utrecbt,  le  11  avril  1715,  entre 
Louis  XIV  et  la  Hollande.  Cette  vilb;  est  la  patrie 
de  Jean  Buridan,  un  des  philosophes  les  plus  re- 
nommés du  xiv=  siècle,  qui  professa  avec  grande 
réputation  dans  l'univeisiié  de  Paris,  dont  il  l'ut,  as- 
sure-i-on,  le  directeur  en  1520.  La  popul.  de  Béiliune 
est  de 7,601)  hab.  Un  voit  dans  les  environs  le  clià- 
le.iu  d'Aiinezin,  vériiahle  monument  dans  l'histoire 
de  l'architecture. 

Beizum ,  lieiz,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
•Mcaux,  maintenant  de  celui  de  Deauvais,  arrond.de 
Senlis,  chef-lieu  de  canton,  départ,  de  l'Oise,  à  10 
kil.  de  Crépy  où  est  le  bureau  de  poste  ,  à  28  de 
Senlis,  et  54  nord-est  de  Paiis.  Ce  village  est  situé 
dans  une  vallée.  Dien  moins  étendu  qu'Eimenonville 
et  Moi  teluniaiiie,  il  ne  leur  cédât  en  rien  pour  le 
goùi  avec  lequel  on  avait  su  tirer  parti  d'un  site  qui 
se  prêtait  à  toutes  sortes  d'embellissements.  On  y 
admirait,  avat  la  révolution  de  1789,  le  château, 
mieux  entretenu  qu'il  ne  l'est  aujourd'hui.  L'élégance 
de  sa  construction  en  pierres  de  taille,  sa  distiibu- 
lion  et  ses  alentours  garnis  de  g.izoiis  avec  des  eaux 
vives  et  de  belles  plantations,  y  réunissaient  à  un 
beau  siie  tout  ce  que  l'opulence  et  les  arts  avaient  pu 
y  créer.  La  cour  princip.ile  est  lermée  de  basses- 
cours  à  différents  usages;  les  potagers  et  les  vergers 
sont  conligus  ;  le  parc,  de  l'iO  arpents,  est  distribué 
en  prairies  vastes  et  fertiles,  en  bois-ioillis  et  en  fu- 
taie. Une  rivière  fait  différentes  chutes,  qui  se  ter- 
minent par  une  cataracte  à  travers  des  rochers.  On 
y  remarque  en  outre  un  ermitage  et  une  ruine  re- 
présentant les  restes  d'un  vieux  château  flanqué 
d'une  tour  fort  élevée  ,  dans  laquelle  se  trouvent 
divers  appaitements,  et  se  termine  par  une  plate- 
forme d'où  l'on  découvre  tmis  les  alentours  du  châ- 
teau. On  y  voit  aussi  un  monument  dont  la  vue  pé- 
nètre de  respect,  à  raison  des  idées  religieuses  qu'il 
doit  inspirer.  Dans  un  grand  espace,  au  milieu  d'un 
bois  planté  d'arbrts  verts  de  la  plus  belle  venue  , 
sont  les  tombeaux  des  chevaliers  Thibault,  Roger  et 
autres,  propriétaires  de  cette  terre.  Ces  tombeaux, 
de  la  plus  belle  exécution,  ont  été  imuilés  en  1795. 
Celle  habitation  appartenait  à  la  princesse  de  Mo- 
naco. Le  jésuite  Ccrutti,  député  à  l'assemblée  légis- 
lative ,  a  chanté  les  jardins  de  Betz  e^i  un  iioénie 
qui  parut  en  1792  :  on  y  remarque  quelques  belles 
tirades.  —  La  popul.  de  Betz  est  d'environ  iOO  hab. 
La  ferme  du  Bois-Milon  et  un  moulin  à  l'écart,  sur 
un  ruisseau,  en  font  partie.  Les  princiiialcs  pr«.duc- 

DlCllO.N.NAUU,    DE    GÉOGIIAPHIE    liCCL.    II. 


13S 


lions  de  son  terroir  sont  en  grains,  une  partie  est 
en  bois. 

Bezuntium  ou  Vesunmtm,  Basons,  Bezons  ou  Ve- 
zons,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  maintc- 
nanl  de  celui  de  Versailles ,  canion  d'Argenteuil  , 
départ,  de  Seine-et-Oise  ,  à  2  kil.  sud-ouest  d'Ar- 
genteuil ,  10  de  Paris.  Ce  vilhige  remonte  à  la  plus 
haute  antiquité.  L'abbé  Lebeuf  met  Be,ons  au  nom- 
bre des  lieux  où  l'on  a  battu  monnaie,  .i  la  suite  de 
nos  rois  de  la  première  race  ,  puisqu'en  effet  il  se 
trouve  des  pièces  de  ce  te.nps-lii,  sur  lesquelles  M. 
Lel'lanc  ,  bon  connaisseur  (  Traité  des  Muiinaies,  p. 
67),  assure  qu'on  lit  VtzoNNO  vico.  On  ne  peut  guère 
trouver  de  nom  français  qui  ait  plus  de  ressemblance 
avec  le  bain  Yesunnum,  que  celui  de  Besons.  L'église 
de  ce  village  est  petite,  et  l'on  n'y  voit  rien  qui  puisse 
en  dénoter  l'antiquité.  Elle  reconnaît  saint  Aiartin 
pour  son  premier  patron  et  saint  Fiacre  pour  le  se- 
cond. La  dédicace  en  fut  faite  durant  l'éié  de  l'année 
1507,  par  un  évêque,  autre  que  celui  de  Paris  ,  et 
qui  n'tst  point  nommé  dans  la  permission  qui  fut  ac- 
cordée aux  habitants.  La  nomination  de  la  cure  ap- 
partenait à  révéi|ue  de  Paris.  Ce  village,  malgré  son 
antiquité,  n'était  pas  peuplé.  11  n'y  avait  encore  que 
12  maisons  en  1470.  En  1381,  les  habitants  de  Be- 
zons plaidèrent  à  fin  d'être  déchargés  du  guet  pour 
le  château  de  Saint-Germain.  Eu  1404  ,  Charles  IV 
les  exempta  du  droit  de  prises,  en  vertu  duquel  les 
chevauchée»  et  preneurs  royaux  enlevaient  des  mai- 
sons des  habitants  les  meubles  elles  denréi'S  qui  s'y 
lrouvaieni,sans  les  payer,  pour  le  service  de  la  cnur, 
exaction  à  laquelle  Paris  et  plusieurs  autres  villes  da 
France  étaient  assujetties.  Les  babitaiits  lurent  dé- 
livrés de  ces  exactions,  à  condition  qu'ils  amène 
raient  chaque  année  à  Paris  4  charrettes  de  feurre  on 
de  paille.  On neconnaîi point deseigneursplus anciens 
de  la  terre  de  Bezons  que  les  sieurs  Chanlerel,  qui 
l'ont  transmise  dans  la  famille  des  Bazin.  Un  des  pre- 
miers seigneurs,  mort  en  1733,  âgé  de  85  ans,  était 
Jacques  Bazin,  maréchal  de  France  ,  dont  le  bisaïeul 
avait  épousé  Marie  Chanlerel,  dame  de  Bezons.  Celle 
terre  a  été  depuis  possédée  par  Louis-Gabriel  Bazin, 
gouverneur  de  la  ville  et  citadelle  de  Cambray  , 
qu'on  appelait  le  comte  de  Bezons.  —  Les  religieux 
de  St-Martin-des-Ch:mips  euieni  du  bien  sur  cette 
paroisse  dès  le  xii'=  siècle.  Suivant  les  lettres  de 
Burchard  de  Montmorenci,  données  environ  l'an  1285, 
on  apprend  que  Froger,  chambrier  du  roi,  et  Alix, 
son  épouse,  avaient  laissé  au  prieuré  de  Si-Martin 
de  Paris  la  dime  dont  ils  joui-saientà  Bezons,  apud 
Cezuns;  c'est  ainsi  qu'il  est  écrit  dans  le  litre.  En 
1191),  Hugues  Foucault,  abbé  de  St-Denis,  fit  acqui- 
sitii'n  du  port  de  ce  lieu,  que  lui  vendit  Hugues  de 
Meulan,  prévôt  de  Paris  ;  et,  en  l'an  1301,  ce  cou- 
vent fut  maintenu,  par  une  semence  arbitrale,  dans 
le  droit  de  justice  en  ce  port.  En  1214,  la  même 
abbaye  acheta  d'Adam  Heugot ,  chevalier  ,  une  île 
qui  lui  appartenait ,  située  devant  le  port  de  Betuns 
!'  i;iie  ud  duos  arpcitnoi  ;  laiiuellc   ile  .\dam  déclara 


J39 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


140 


tenir  en  fief  de  Ricliard  de  Banielu,  de  même  que 
Ricliard  la  tenait  de  Maiihieu  de  Montraorenci.  Ou- 
tre ces  biens,  situés  à  Bezons  ,  appartenant  au  mo- 
nastère de  Si-Denis,  cette  abbaye  avait,  au  xiii«  siè- 
cle, quelquesdÎHiesen  deux  cantons  de  cette  paroisse, 
savoir  ,  Prunay  et  Parrosel ,  etc.  —  Les  Filles-Dieu 
de  Paris  possédaient  anciennement  une  ferme  à  Bé- 
ions ;  mais  dan>  les  temps  des  guerres  de  la  religion, 
elles  l'aliénèrent ,  suivant  la  permission  qui  leur  fut 
accordée  le  9  juin  1378.  La  foire  de  Bezons  s'ouvre 
tous  les  ans,  le  dimanche  après  la  St-Fiacre  ,  patron 
du  lieu.  Cette  foire  dure  trois  jours;  mais  le  con- 
cours di  s  amateurs  a  beaucoup  diminué.  —  Le  ma- 
réclial  de  Bezons  y  avait  fait  bâtir  un  thàieau  ,  qui 
subsiste  encore.  Le  parc  ,  aboutissant  au  pont,  est 
fermé  par  une  superbe  grille.  On  y  voit  encore  quel- 
ques jiilies  maisons  de  campagne  ,  dont  l'une,  entre 
autres,  offre  une  pariiculariié  assez  singulière.  On 
a  bâti,  dans  le  parc  qui  eu  dépend ,  un  moulin  à 
vent,  dont  le  mécanisme  sert  à  élever  et  distribuer 
des  eaux  jaiU.ssantes  pour  le  service  iniéiienr  de  la 
oiaison  et  celui  du  jardin.  Bezons  ,  situé  sur  la  rive 
droite  de  la  Seine,  avait  un  poni  en  charpente,  sur 
piles  en  pierres  ;  il  fui  construit  en  1800  :  sa  lon- 
gueur ét^ii  de  18j  mètres  sur  11  de  large.  Le  iH 
juin  181.5  ,  les  troupes  françaises  le  brùl  rem  pnur 
défendre  à  l'ennemi  l'approche  de  la  capitale.  Il  a 
été  rétabli  depuis.  Le  sol  du  territoire  de  ce  vill.ige 
est  composé  de  sable  et  de  cailloux  roulés.  Ce  genre 
de  composition  l'a  rendu  propre  à  la  culture  de  la 
vigne  et  des  asperges,  qui  est  en  effet  la  principale 
occupation  de  ses  habitants.  Sa  popul.  est  de  1,100 
babiianls. 

Birfis,  Saint-Jean-du-Val-de-Noto,  en  Sicile.  Le 
val  de  Note  occupe  la  partie  la  plus  méridionale  de 
la  Sicile.  Il  a  au  nord  le  val  de  Mona,  et  au  nord- 
oue>t  le  val  de  Mazara  ;  ailleurs  la  mer.  Cette  contrée 
était  la  plus  célèbre  dans  l'hisiuire  ancienne ,  et  au- 
jourd'hui c'est  la  plus  pauvre.  La  ville  actuelle  de 
Noio  est  à  quelque  distance  de  l'ancienne,  qui  fut  dé- 
truite par  le  tremblement  de  terre  de  1693.  Saint- 
Jeande-Noio  a  été  érigé  en  évêché,  en  18i-i,  par  le 
pape  Grégoire  XVL 

Birca,  vel  Bircœ  Templutn,  Birca  ,  ville  mariiime 
de  Suède,  située  non  loin  du  temple  idolâtre  d'Upsala 
des  barbares  Suévones.  Son  port  était  très-fréquenlé 
pour  l'époque  (tx''  et  x«  siècle),  son  commerce  fort 
étendu.  Ses  habitants  entretenaient  des  relations 
avec  les  provinces  du  nord  de  la  Germanie,  aujour- 
d'hui le  Mecklembourg,  la  Poméranie  ,  la  vieille 
Prusse,  avec  la  Livonie,  le  Danemark,  l'Ecosse,  etc. 
Cette  ville  était  pour  la  Baltique  ce  que  dans  le  midi 
de  l'Europe  Amalfi  était,  à  la  même  époque  ,  pour 
la  Méditerranée.  Depuis  le  xii'  siècle  Amain  n'est 
plus  i]u'une  bour);ade  qui  ne  vit  que  de  la  splendeur 
de  ses  souvenirs.  Quant  à  Birca,  moins  heureuse  , 
elle  n'a  pas  même  laissé  de  ruines  afin  de  nous  rap- 
peler sa  brillante  fortune.  L'histoire  maritime  et  reli- 
gieuse du  in«yen  âge  s'est  seule  chargée  de  nous 


transmettre  son  nom.  Saint  Anschaire ,  l'apôtre 
du  nord  de  l'Allemagne,  entendant  parler  à  Brème 
et  à  Hambourg  d'une  ville  idolâtre,  riche  et  florissante, 
résolut  de  s'y  rendre  pour  y  prêcher  l'Evangile.  Il  y 
fit  quelques  conversions.  11  y  revint  plus  tard  pour 
visiter  ces  nouveaux  chrétiens  et  les  confirmer  dans 
la  loi.  A  partir  de  ce  moment  il  n'est  plus  question 
de  Birca,  et  nous  ne  retrouvons  son  nom  dans  la 
seconde  partie  du  xi*^  siècle,  en  1072  ,  que  pour  ap- 
prendre qu'elle  était  déjà  déserte  et  ruinée. 

Bissani  ecclesia,  église  et  monastère  de  Bissan  en 
Abyssinie.  Ce  couvent  était  situé  dans  l'ancienne 
province  de  Bahar-Negons  ,  au  milieu  d'une  so- 
litude profonde  et  d'un  aspect  grandiose,  sur  une 
montagne  de  la  chaîne  des  monts  Zegghi.  Il  avait 
une  grande  célébrité  dans  toute  l'Abyssinie  ;  des 
milliers  de  pèlerins  y  -venaient  invoquer  la  pro- 
tection de  la  sainte  Vierge  qui  avait  apparu  sur  la 
montagne,  dit  une  légende  abyssinienne  ,  à  un  pieux 
aaachorèie,  lequel  vivait  dans  une  cellule,  réparé  du 
reste  des  hommes.  La  sainte  Vierge  avait  annoncé 
au  bon  ermite  que  l'Abyssinie  serait  ravagée  et  rui- 
née ,  si  les  fidèles  et  l'Eglise  du  pays  ne  montraient 
pas  plus  de  foi.  Cette  prédiction  s'est  accomplie  ;  et 
le  soin  de  sa  réalisation  a  été  confié  aux  Gallas.  De- 
puis plusieurs  siècles  ces  peuples  ont  constamment 
désulé  l'Abyssinie  par  des  guerres  d'exieimination. 
L'église  de  Bissan  avait  trois  nefs  et  était  fortgrande. 
Il  n'eu  reste  plus  aujourd'hui  que  des  runes. 

Bituyigum,  vel  Biiuriges,  le  Berri  ,  ancienne  pro- 
vince de  France  ,  qui  était  comprise  tout  entière 
dans  le  diocèse  de  Bourges  ,  comme  aujourd'hui  en- 
core. Elle  forme  les  départements  du  Cher,  de  l'In- 
dre et  une  partie  de  celui  de  la  Creuse.  Les  RuinaiDS 
la  gardèrent  jusqu'en  -173,  époque  à  laquelle  elle 
tomba  au  pouvoir  des  Visigotlis.  Les  Francs  la  gou- 
vernèrent, comme  les  Romains  ,  par  des  comtes  qui 
rendirent  ensuite  leur  dignité  héréditaire.  Aux  com- 
tes succédèrent  les  vicomtes,  en  917  :  un  de  ces  vi- 
comtes, Eudes  Arpin,  vendit  cette  province  à  Phi- 
lippe l'=^  en  1100.  Unie  à  la  couronne,  elle  en  fut 
démembrée  en  1560,  par  le  roi  Jean,  eu  faveur  de 
son  troisième  fils,  Jean  de  France,  qui  prit  le  titre 
de  duc  de  Berri  ;  ce  prince  étant  mort  sans  posté- 
rité, elle  revint  à  la  couronne,  pour  en  être  de  nou- 
veau séparée  en  1406. Charles  Vlla  donna  alors  à  son 
fils  Jean,  puis,  après  la  mort  de  Jean,  à  Charles,  son 
autre  fils,  qui  fut  Charle>  VII.  Ce  monarque  en  fit 
l'apanage,  en  1155,  de  Charles  de  France,  son  fils, 
qui  la  céda  pour  la  Normandie  à  son  frère  Louis  XI, 
en  141^5.  Louis  M  la  donna  à  François  ,  son  troi- 
sième fils  de  la  reine  Charlotte  de  Savoie,  puis  à  sa 
fille  ,  Jeanne  de  France  ;  Jeanne  mourut  religieuse, 
et  le  Berri  retourna  une  deuxième  foisàla  couronne. 
François  l''"'  en  accorda  la  jouissance  à  la  princesse 
Maigueriie,  en  1317,  et  Henri  11  à  Maigueriie  de 
France ,  sa  sœur.  Henri  III  donna  le  Berri  ou  duc 
d'Alençon,  son  frère,  pour  supplément  d'apanage. 
Henri  IV  en  laissa  l'usufruit  à  Louise  de  Lorraine  i 


iil 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


U% 


veuve  de  Henri  III.  Il  fu»  enfin  donné  en  apanage  à 
Loiiis-Aususte  de  France,  né  à  Versailles  le  17  iio- 
veriilire  1735.  —  On  divisait  celte  province  en  Haui- 
Berri ,  dont  s'est  formé  le  départ,  do  Cher,  et  en 
Bas-Berri,  compris  ;'DJourd'liui  dans  le  dépt.  de 
l'Indre.  —  Il  n'y  aTalt  qu'un  évêclié  ;  mais  on  y 
complaît  34  églises  ou  colléjîiales  ,  9  arcliidiaconés  , 
20  archiprêtrés,  îiOO  paroisses  ei  55  abbayes. — Tout 
le  Derri  ressorlissait  au  parlement  de  l'ari^;.  Il  était 
régi  par  une  coutume  particulière,  appelée  /■;  cou- 
tume de  Berri.  Il  y  avait  un  grand  bnilli ,  dont  l'of- 
fice était  presque  toujours  réuni  à  celui  de  gouver- 
neur, et  6  biiilliages  particuliers.  Des  éiats  spéciaux, 
dressés  pendant  le  règne  de  Louis  XV,  font  connaî- 
tre que  cette  province  a  fourni  annuellement,  pour 
les  guerres  de  celle  époque  ,  jusqu'à  2,2'29,577  liv. 
—  Le  Berri  .ivaii  1  gouverneur,  I  lii'iiten.mtgénéral 
et  2  lientenanls  de  roi ,  i  niarécliaussée  gén.  ei  1 
prov.  —  L'air  y  est  lempéré.  Le  terroir  produit  du 
froment,  dn  seigle,  du  vin,  du  clianvre  ,  et  quaniiié 
de  f.  uits  excellents  ;  les  pâturages  y  sont  bons.  On 
y  trouve  des  carrières  de  pierres  et  une  niined'ucre. 
On  a  négligé  depuis  longtemps  de  iravai  ler  à  celles 
de  fer  et  d'argent  qui  y  existaient.  —  Cette  province 
avait  l-ii  kil.  de  longueur  ,  sur  120  de  largeur.  Ses 
principales  vi  les  é'.aient  Bourges,  capitale  du  Haut- 
Berri  ;  Issoudun,  capitale  du  lias-Berri  ;  Vierzon,  La 
Châtre  ,  Le  Blanc  et  Châteaiiroux  ;  ses  principales 
liviéres,  la  Creuse,  l'Indre,  l'Arnon,  le  Cher,  l'Eure 
et  la  Loire. 

Il  y  a  quarante  ans ,  les  communications  du  Berri 
avec  Paris  et  les  principales  villes  des  autres  pro- 
vinces étaient  peu  nombreuses  et  difficiles;  depuis 
on  a  ouvert  de  belles  roules  et  livré  au  commerce  le 
canal  du  Berri.  Le  chemin  de  fer  du  centre  avec  ses 
embranchements  communique  une  nouvelle  vie  à 
celte  province ,  en  lui  permeitant  de  tirer  un  plus 
grand  parti  de  ses  richesses  agricoles,  et  du  produit 
de  ses  belles  forges;  car  les  fers  du  Berri  sont 
fort  estimés.  Le  pays  est  riche  en  forêls.  Les  Berri- 
chons \ivent  en  général  du  produit  de  leurs  terres  ; 
ils  ont  de  la  simplicité  dans  leurs  mœurs,  on  s'aime, 
on  se  soutient  dans  les  familles;  l'étranger,  accueilli 
d'abord  avec  défiance,  est  reçu  ensuite  comme  un 
compatriote.  Ce  qui  manque  aux  Berrichons  du  côié 
de  l'esprit  est  compensé  par  beaucoup  de  sens  et 
de  jugement.  Ils  sont  Irés-attachés  à  leur  sol  ;  voilà 
pourquoi  dans  les  guerres  de  la  révolution  nul  d'en- 
tre eux  ne  s'est  élevé  jusqu'au  grade  de  lieutenant- 
général. 

Le  Berri ,  malgré  sa  situation  centrale ,  attire  peu 
ratteiition.  parce  iiu'il  n'olTre  ;iucune  de  ces  beautés 
saillantes  qui  font  la  renommée  d'un  pays  ,  bien  que 
les  aspects  variés  et  les  contrastes  ne  lui  maurpient 
point.  Les  bords  de  la  Loire,  qui  â  l'est  forme  sa 
limite,  sont  embellis  par  les  coteaux  élevés  du  San- 
cerrois  ,  qu'une  chaîne  presque  continue  rattache 
d'un  côté  aux  montagnes  de  l'Auvergne ,  et  qui  d'un 
autre,  suivant  le  bassin  du  fleuve,  vont  finir  aux  en- 


virons de  Nantes  ;  presque  partout  ailleurs  de  lon- 
gues plaines,  rareiirenl  interre.mpues  par  (|ueli|ues 
collines,  tantôt  déiouvertes  à  perte  de  vue,  tantôt 
divisées  par  des  haies  vives;  certains  cantons  d'une 
grande  fertilité,  un  sol  en  général  favorable  à  la  cul- 
ture; au  couchant  les  sables  de  la  Sologne,  et  çà  et 
là  de  vasles  forêls  et  beaucoup  de  petites  rivières 
qui  animent  la  scène  :  voilà  la  province  du  Berri 
On  y  compie  un  grand  nonibre  de  riches  proprié- 
taires qui  font  valoir  leurs  domaines  par  des  baux  à 
cheptel  ;  comme  ils  les  accordent  pour  peu  d'années, 
les  fermiers  ou  les  métayers  négligent  des  améliora- 
tions dont  ils  ne  pourraient  profiter.  Ils  pratiquent 
encore  le  système  des  jachères  ;  ayant  ainsi  deux  an- 
nées de  mauvaises  céréales  et  une  année  de  repos  , 
la  leire  s'épuise  par  le  retour  uniforme  des  mêmes 
semences,  et  l'aniréj  de  repos  ne  lui  restiiue  point  la 
fertilité  que  lui  conserverait  une  variation  bien  en- 
tendue de  produits.  Il  est  vrai  que  des  idées  plus 
sages  ont  commencé  à  pénétrer  dans  les  campagnes 
du  Berri  :  les  prairies  artificielles  sont  en  faveur,  il 
en  est  de  même  de  la  ponmie  de  terre. 

Le  commerce  du  département  du  Cher  consiste 
principalement  dans  l'exporl^ition  de  ses  produits 
agricoles.  Les  vins  de  Sancerre  vont  à  Paris,  où  ils 
sont  vendus  pour  des  vins  blancs  de  Chablis.  On 
estime  aussi  la  race  des  chevaux  du  Berri  pour  leur 
force  et  leur  taille.  Les  bêles  à  laine  sont  pour  le  pays 
utre  source  féconde  de  richesse,  les  manufactures  de 
touie  la  France  achètent  annuellement  les  toisons 
des  nrouioiis  du  Berri.  Les  gras  pâturages  qui  envi- 
ronneirt  Si-Amand  envoient  de  nombreux  troupeaux 
de  moutons  et  de  bœufs  aux  marchés  qui  approvi- 
sionirent  Paris.  Des  suuvenirs  historiques  se  ratta- 
chent à  quelques-uns  des  princes  qui  ont  porté  la 
titre  de  duc  de  Berri. 

Au  xiv«  siècle,  le  troisième  Dis  du  roi  Jean  ,  qui 
avait  ce  titre,  fut  nommé  par  son  neveu,  Charl'S  VI, 
gouverneur  du  Languedoc,  une  des  plus  considéra- 
bles et  des  plus  riches  provinces  de  France.  Ce 
prince,  d'un  esprit  étroit  et  cupide,  fit  peser  pen- 
dant son  long  gouvernement  une  telle  oppression 
sur  celte  fertile  contrée,  que  les  habitants  des  cam- 
pagnes allaient  manger  l'herbe  dans  les  champs  ,  et 
que  plusieurs  monastères  restèrent  par  la  famine 
sans  habitants.  Un  religieux  domiiricain,  indigné  de 
l'épouvantable  conditite  du  gouverneur ,  forma  le 
projet  de  se  rendre  à  Paris  pour  dépeindre  au  mal- 
heureux Charles  VI,  dont  il  ignorait  l'état  mental,  la 
situation  de  la  province,  et  demander  le  rappel  du 
duc  de  Berri.  Aduiis  devant  le  roi,  le  courageux 
moine  traça  un  tableau  saisissant  des  misères  du 
Languedoc  et  déroula  en  termes  éloquents  et  éner- 
giques la  longue  série  des  crimes  du  gouverneur. 
Profonilériierrt  ému  ,  Charles  VI  promit  de  rendre 
justice  à  sa  fidèle  province  du  Languedoc.  Le  domi- 
nicain quii'a  Paris  pour  retourner  à  son  couvent  où 
il  ne  reparut  jamais.  Des  historiens  du  temps  actu- 


Uô 


DICTIONNAIRE  OE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


îi 


sent  le  duc  de  Berri  de  l'avoir  fait  luer   par  des 
hommes  apo^iés  sur  son  ciiemin. 

L'iiiforiuné  Louis  XVI ,  avaui  d'èlre  dauphin,  avait 
porté  le  litre  de  duc  de  Berri.  Le  dernier  duc  de  ce 
nom,  second  fils  de  Charles  X,  fut  assassiné,  le  13 
février  18:20,  par  Louvel.  Il  lui  avait  été  annoncé  en 
Ecosse,  pendant  réniigraiion,  par  une  vieille  femme, 
qu'il  mourrait  de  mort  violente.  Le  jeune  prince 
s'était  rais  à  rire  sur  cette  prédiction. 

I  Berri  (can:il  du)  ,  ou  du  Cher  ,  ou  canal  du 
Centre,  commence  près  des  mines  de  Contnieniry  , 
dans  le  dépt.  de  l'Allier,  à  12  kil.  sud-est  de  Mont- 
luçon,  suit  la  rive  gauche  du  Cher  jusqu'au  village 
d'Ainay-le-Viel  ;  là  il  passe  sur  la  rive  droite  de  cette 
rivière,  et  la  longe  jusqu'à  St-Amaud;  se  dirige  à 
l'est,  suit  la  rive  droite  de  la  Maroiamle,  baigne  Cha- 
renton,  et  atteint  le  bassin  l'e  partage  du  Ilimbé  ;  là 
il  se  divise  ensuite  en  deux  branches,  dont  l'une  va 
au  nord-est  et  l'autre  au  nord-ouest,  longe  l'.Auron 
jusqu'à  Bourges,  où  cette  rivière,  par  sa  réunion 
avec  l'Yévretle,  forme  l'Èvre.  Il  suit  ensuite  l'Èvre 
jusqu'à  son  cnnfl.  avec  le  Cher,  un  peu  au-dessous 
de  Vierzon  ;  là  il  côtoie  la  rive  gauche  du  Cher  jus- 
qu'à Saint-Aignan,  dans  le  dé;. t.  de  Loir-et-Cher,  où 
celte  rivière  est  navigable;  il  a  280  kil.  de  cours  ; 
il  rejoint  au  bec  d'Allier  le  canal  latéral  de  Digoin 
à  Briare. 

Biveria,  vet  Bevria,  Bièvres  ,  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Paris,  aujourd'hui  de  celui  de  Versaires, 
arrond.  de  celte  ville,  canton  de  Pal.iiseau,  à  14  kil. 
de  Paris  ,  dans  une  vallée,  sur  la  petite  rivière  du 
même  nom. 

On  prétend  que  ce  village  doit  son  nom  aux  louires, 
qu'on  appelait  jadis  bièvres,  dont  la  peau  servait  à 
faire  des  fourrures.  Bièvres ,  quoique  très-petil , 
comprend  dans  sa  dépendance  les  hameaux  des 
Roches  ,  de  Vauboyan  ,  les  liefs  de  Montedain  ,  les 
maisons  de  campagne  de  Bel-Air  ,  de  l'Abbaye-au- 
Bois,  du  Val-Pfofond,  «d'autres  habitations  isolées, 
connues  sous  diverses  dénominations.  Le  bas  du 
territoire  est  un  peu  marécageux  et  rempli  de  ver- 
dure. Le  terrain  des  coteaux  esi  jaune,  tirant  sur  le 
vouge,  ce  qui  indique  qu'il  y  a  des  mines  de  fer 
dans  le  voisin:ige  ;  aussi  y  voit-on  une  fontaine  mi- 
nérale dans  un  parc  du  lieu,  et  >oûiée.  L'eau  cepen- 
dant en  est  insipide,  Irès-limpide  ,  el  laisse  un  peu 
de  muriaie  de  soude  après  l'évaporaiion.  H  y  a  des 
vignes  dans  les  endroits  moins  fioids;  le  reste  esl  en 


175S  :  il  étaii  seigneur  de  cette  paroisse:  son  fils  , 
qui  lui  succéda  ,  fut  le  premier  possesseur  du  châ- 
teau. Qui  ne  connaii  le  marquis  de  Diévres,  renommé 
par  ses  nombreux  calembours.  Celle  terre  avait  été 
érigée  en  marquisat  par  Louis  XV.  —  L'ne  commu- 
nauté de  Bièvres, aussi  célèbre  qu'ancienne,  est  celle 
diie  de  V.il-Profond  ei  ensuite  celle  de  Val-de-Gràce: 
elle  éiaii  de  l'ordre  île  Ciieaux,  et  daie  au  moins  de 
l'an  11(10.  Elle  souffrit  beducoup  sous  les  guerres  de 
Louis  XI.  Elle  fut  presque  entièrement  ruinée  par  les 
huguenois,  en  loi.i.  Les  religieuses  se  réliigièrenl  à 
Saint-Paul  de  Beauvais.  C'est  sous  François  l^''  que 
celte  communauté  fut  ap|ielée  Val-de-Giàce.  Enfin, 
en  1636,  on  permit  aux  religieuses  de  vendre  les 
bâtiments  qui  existaient  encore,  el  d'aller  s'établir 
ailleurs.  Bièvres  a  produit  un  nommé  flossignol  , 
cordonnier,  qui,  sans  élude  ni  lecture,  apprit,  par  sa 
seule  pratique,  à  connaître  el  à  guérir  les  maladies. 
Il  s'établit  à  Paris,  et  leva  même  une  apoihicairerie 
dans  l'enclos  du  Temple.  Ce  village  a  donné  n.<issjnca 
à  plusieurs  personnes  qui  se  sont  illustrées.  Mou- 
radja  d'Olison,  Suédois  d'origine,  et  savant  distingué, 
auleur  de  VHisloire  de  l'empire  oUonian  ,  qui  était 
venu  s'établir  en  France,  mourut  à  Bièvres, en  1806. 
—  Divers  établissements  indu-lriels  sont  remarqua- 
bles dans  cette  commune ,  entre  autres  une  manu- 
facture d'indiennes,  dont  les  produits,  travaillés  à 
l'instar  de  ceux  de  Juuy,  sont  estimés  et  ont  obtenu 
une  mention  honorable  à  l'une  des  expositions  de 
l'industrie  française.  Il  se  tient  dans  ce  village  deux 
foires  par  an  :  la  U'-',  le  il  juin  (  c'est  aussi  le  jour 
de  la  lête  patronale)  ;  la  2«,  le  1^'  décembre. 

Biveris,  vel  Bueris,  la  Bièvre,  dite  vulgairement 
des  Gobelins  ,  prend  sa  source  entre  Bouvins  et 
Guyancourt,  diocèse  et  canton  de  Versailles,  et  à  5 
kil.  sud-ouest  de  celte  ville.  Son  cours  est  d'envi- 
ron 3:2  kil.;  elle  passe  à  Jouy,  à  Bièvres  dont  elle  a 
pris  le  nom,  à  Gentilly  ;  elle  entre  dans  Paris  à  ira- 
vers  le  boulevard  des  Gobelins;  puis  elle  traverse 
les  faubourgs  Saint-.Marcel  et  Saint-Victor;  ensuite 
ses  eaux  ,  déléiiorées  par  de  nombreux  éiablisse- 
raenis  de  blanchisseuses,  de  tanneurs,  de  brasseurs 
et  de  leiniuriers  ,  sont  versée,-,  dans  la  Seine  sur  le 
quai  de  rilopitjl.  Sa  direction  actuelle  est  celle 
qu'elle  avait  dans  les  lemps  les  plus  anciens  ;  mais 
elle  ne  l'avait  pas  toujours  conservée.  Aux  xii^  et  xin« 
siècles,  elle  entrait  dans  la  Seine  par  la  rue  d<!s 
Giands-Degrés  ,  en  (ace  du  jardin  de  l'archevêclit;. 


pleines  et  labourages.  L'église  de  cette  paroisse  ,      Celte  rivière  a  queh|iiefols    produit   des  déborde- 

tiirée  de  Saint- Martin  ,   est  fort   petite  et   n'a  point 

d'aile>  ;  cette  petitesse  prouve  quelquefois  l'anliqiiiié 

d'une  église,  surtout  lorsque  le  chœur  est  couronné 

par  une  tour  ou  par  un  cloch.r  de  pierre  ;  mais  ici, 

il  est  à  côté  de  régli>e,  et  il  esl  bâti  de  g>ès  :  ce  qui 

ne  peut  fixer  nullement  le  lemps  de  la  bàii>se.  Il  n'y 

avait  de  lombes  ou  épiiaphes  ,  en  cette  égli-e,  que 

celle  de  Gsorges  Maréchal ,  premier  chirurgien  du 

roi,  et  de  son  épouse,  qui  furent  inhumés  au  chœur, 

chacun  soh«  unj  tombe  noire.   Maréchal  décéda  en 


ments  funestes  aux  faubourgs  qu'elle  traverse  En 
li79  elle  y  causa  de  grands  dégâts.  Un  autre  débor- 
dement se  manifesta  en  l'an  li.79.  Voici  ce  qu'en 
dit  l'Etoile  :  «  La  nuit  du  mercredi  1"  avril  1579,1a 
rivière  de  Sl-Marceau,  au  moyen  des  pluies  des  jours 
précédents,  crut  à  la  hauteur  de  14  à  15  pieds,  ab:it- 
til  plusieurs  moulins  ,  murailles  el  maisons,  noya 
plusieurs  personnes  surprises  en  leurs  maisons  cl 
leurs  lits,  ravagea  grande  qu.i-nlilé  de  bétail,  et  fit  nn 
mal  infini.  Le  peuple  de  Par.s,  le  lenileiiiain  ei  jours 


us 


suivants  ,  courut  voir 
frayeur.  L'eau  fut  si  liauie,  qu'elle  se  répanJit  d.ms 
l'église  et  jusqu'au  prand  autel  des  Cordeliers  de  St- 
M.irceau,  rava.s;eant  par  ferme  de  torrent  en  grande 
furie,  laquelle  néanmoins  ne  dura  que  trente  heurts 
ou  un  peu  |il«s.  i  Cette  inondation  fut  maninée  le 
déluge  de  St-Marcel.  —  Un  fait  digne  de  reii. arque  , 
c'est  que  cette  rivière  s'élève  à  Biévre  à  H6  pieds 
au-dessus  du  nive:m  de  Notre-Dame.  Pour  embellir 
Ver.-ailles,  on  proposa  à  Louis  XIV  d'y  f^ire  passer 
la  rivière  de  Bièvre,  mais  la  proposition  ne  fut  point 
agréée.  —  L'eau  de  la  Bièvre,  prise  avant  son  entrée 
à  Paris,  a  donné  par  l'analyse  le  résidu  suivant  : 

gram.    cenlig. 

Sulfate  calcaire 5      758 

Carbonate  calcaire 2      047 

Sels   déli  luescents 1      638 

Sel   marin 0      1C9 

Eau • 2      212 

Poids  total  du  résidu 9      821 

D'où  il  résulte  que  les  eaux  de  cette  rivière  sont 
les  plus  impures,  les  moins  propres  a  dissouilre  le 
savon,  et  les  moins  promptes  à  cuire  les  légumes. 

Bonogilum  supra  Matronam,  Bonneuil-sur-.Marne, 
paroisse  du  diocèse  de  Paris,  canton  de  Cli;irenton  , 
arrond.  de  Scemx,  Seine,  à  6  kil.  sud-est  de  Clia- 
rcnton,  et  à  12  de  P.uis.  Bonneuil  est  situé  sur  une 
pente  douce,  qui  regarde  le  levant  elle  midi.  Le  dessus 
de  la  tôte  cl  quelques  coteaux  ,  le  long  de  la  Marne, 
sont  plantés  en  vigiies.  La  plus  grande  pai  tie  des 
terres  est  en  labourage  ;  on  y  trouve  aussi  des  prai- 
ries. Bonneuil  était,  dès  (jlii,  une  résidence  nyale. 
Sauvai  dit  qu'on  l'appelait  en  latin  Bonayellus  vitia  , 
Bonogilus  villa  pnblica,  et  tantôt  Bonoilus  el  Boiii- 
ijulus  villa.  Lebeuf  le  nomme  Bonoilnm  ou  Bonogi- 
lum. Cloiaire  11  y  tint,  en  (jI7,  une  assemblée  de 
grands  seigneurs  bourguignons.  L'empereur  Loihaire 
y  logea  en  842,  et  y  donna  une  charte  en  faveur  de 
l'abbaye  de  Saini-Maur-des-Fosfé<.  L'abbé  Lebeuf 
rapporte  i|ue  saint  Merri,  venant  d'Aotnn  à  Paris  , 
s'arrêta  à  Bonneuil,  in  vi.lu  Bonoilo,  et  qu'ayant  ap- 
pris que  le  juge  y  retenait  en  prison  deux  voleurs,  il 
l'alla  trouver,  et  obtint  de  lui  leur  délivrance.  L'é- 
glise, sous  l'invocition  de  saint  Martin,  a  été  si  bien 
restaurée,  qu'elle  paraît  neuve;  elle  date  cependant 
du  xiji*^  siècle  ;  quoique  petite,  et  n'ayant  aucune 
ap|iarence,  les  détails  en  sont  très-soignés.  Dans  une 
chapelle  l.tiéralr,  à  drnite,  se  tmuv.iii  un  caveau  où 
étaient  17  cercueils  de  plomb,  qui  lurent  enlevés  et 
fondus,  comme  tant  d'autres,  en  i793.  Il  n'existe  à 
Bonneuil-sur-.Marne  aucun  établissement  industriel 
important;  les  maisons  de  plaisance  y  sont  en  assez 
grand  nombre. 

Bonoiium,  Boiioqihim,  Bonneuil,  paroisse  de  l'an- 
cien diocèse  de  Soissons,  m.iintenant  de  celui  de 
Beauvais,  arrond.  de  Senlis,  canton  de  Crépy,  Oise, 
à  10  kil.  nord-est  de  Crépy ,  où  est  le  bureau  de 
poste,  à  66  kil.  nord-est  de  Paris.  Ce  village  est  situé 
dans  une  vallée  profonde,  près  de  la  forit  de  Villers- 


fiEOGRAPniE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  uç 

désastre    avec    grande      Cotterets.  La  population  est  de  700  habitants,  avec 


les  hameaux  d'Auberval,  des  Buttes,  du  Voisin  et  la 
ferme  de  la  Groupe-au-Mont.  L'abbaye  de  Lieu- 
Reslauré,  de  l'ordre  de  Prémontré,  qui  était  à  3  kil. 
de  ce  village  vers  fe  sud,  s  été  démolie;  et  il  n'en 
reste  plus  rien.  Le  terroir  est  en  labour  ,  une  partis 
est  en  bois.  La  petite  riiière  d'Autonne  fait  tourner 
deux  moulins  ,  dont  un  qui  appartenait  h  l'abbaye 
est  à  Lieu-Uestauré. 

1  Bonnenil-en-France,  de  l'ancien  diocèse  de 
Paris,  actuellement  de  celui  de  Versailles,  canton  de 
Gonesse,  arrond.  de  Pontoise  ,  Seine-(;t-Oise  ,  à  14 
kil.  nord-est  de  P.iris.  Ce  village  est  siiué  sur  la  pe- 
tite rivière  de  Crou  ,  qui  fuit  tourner  deux  moulins. 
L'abbaye  de  Saint-Denis  avait  le  droit  de  pêche 
dans  cette  rivière  ;  elle  possédait  à  Bonneuil  un  ma- 
noir qui  loi  servait  à  retirer  et  à  mettre  à  couvert 
ses  fdets.  On  lit  dans  Tacie  de  partage,  de  852  : 
Unus  iiiansusinBunogito  adfratruin  relia  componenda. 
Le  terroir  est  en  terres  labourables  et  praiiies  ar- 
tincielies.  La  culture  du  colza,  ainsi  que  des  légu- 
mes, y  est  très-avantageuse.  C'est  le  seul  endroit 
des  environs  de  Paiis  où  l'on  s'occupe  de  la  culture 
du  colza.  On  en  tire  de  la  tourbe  d'assez  bonne  qua- 
lité. —  Bonneuil  se  disait  en  latin  Bonoiium  ou  Bo- 
nogilum, et  paraît  devoir  celte  dénumuiation  à  l'ex- 
cellence de  ses  terres.  Dans  le  livre  des  miracles  de 
saint  Denis,  il  est  parlé  de  la  guéiison  d'une  femme, 
qui  est  dite  :  Fisci  Bonogili  habilalrix.  La  cure  ap- 
I  artenait  au  chapitre  de  Notre-Dame  de  Paris.  Le 
cliàteau  de  ce  vdiage  était  autrefois  seigneurial;  il 
avait  passé  dans  la  maison  de  Harlay  ,  et  a  été  pos- 
sédé par  la  présiden  e  Crèvecœur  ,  sœur  du  conseil- 
ler d'étal  de  Harlay,  mort  intendant  de  la  généralité 
de  Paris.  La  popul.  de  Conneuil  est  d'environ  450 
habitants. 

Bona-Tabula,  Bonnctable,  Bonnesiable,  petite  ville 
du  diocèse  du  Mans,  cliellieu  de  canton  de  l'arrond. 
de  .Maniers,  à  20  kil.  de  celle  ville,  à  24  ilu  .Mans,  et 
à  190  de  Paris.  Long.  1  ■'.  5,  lat.  5.  1!.  Popul,  h,GM 
hab.  Cette  ville  e-l  située  rur  le  ruisseau  de  la  Dive, 
près  d'une  belle  loiêl  qui  a  12  kil.  de  tour,  et  i.ù 
l'on  voit  une  pierre  druidique.  —  L'éiymologie  du 
nom  de  cette  ville  est  assez  singulière;  elle  se  nom- 
mait Malestable,  a  raison  des  mauvaises  hôtflleiios 
qu'y  iiouvaieiil  les  voyageurs.  Les  anciens  seigneurs 
l'ayant  .Tgrandie  ,  peu,  lée,  embellie  et  onlonrée  de 
murailles,  crurent  devoir  lui  donner  un  nom  tout 
opposé  pour  détruire  la  lâcheuse  impression  du  pre- 
mier. Aujouid'hui  la  réhabilitation  est  coinpléie  et 
le  nouveau  nom  mérité.  Le  territoire  dt  Bonnét.ible 
est  sablonneux  d'un  côté,  argileux  de  l'autre,  et  tiès- 
feriile  dans  les  deux  parties.  Son  prodnii  moyen  e;t 
de  10  h  12  l'our  1  en  froment,  et  de  14  à  15  en 
seigle,  semence  ordinaire  des  terres  fablonneuses. 
Les  fruits,  les  grains,  les  fourrages  y  aliondenl  éga- 
lement. Celle  ville  fait  un  grand  commerce  de  tous  • 
ces  produits.  Ses  foires,  au  nombre  de  huit,  tonlre-  ' 
nommées   pour  les  bestiaux  ,   notamment  pour  les 


i47 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


US 


porcs,  et  ses  marchés  pour  le  gibier,  ainsi  que  pour 
les  fruits.  Il  s'y  esl  établi,  depuis  quelques  années  , 
une  nianul'aciiire  de  siamoises,  calicots  et  niouclioirs 
lie  colon  ,  pour  remplacer  celles  d'étainines  ,   qui 
nourrissaient  ,  avant  la  révolution  ,  une  partie  des 
habitants.  —  La  ville  est  composée  de  deux  rues 
principales  et  parallèles,  dunt  l'une  sert  de  passage 
à  la  grande  roule  ;  l'aulre,  qu'on  laisse  à  droite,  est 
plus  large  et  plus  belle.  Le  reste  de  la  ville  ne  con- 
siste qu'en  petites  rues  de  communication.  Elle  a  de 
grandes  et  asseï  belles  halles,  et  un  (bateau  gntlii- 
que  flanqué,  sur  le  devant,  de  quatre  tours  rondes, 
de  deux  sur  le  derrière,   avec  créneaux  et  mâchi- 
coulis. Ce  château,  bàii  dans  le  xv=  siècle,  apparte- 
nait au  duc  Maiiliieu  de  Montmorency  par  son  ma- 
riage avec  Mlle  llortense  de  Luynes.   C'est  un  des 
plus  lourds  monunitMits  de  la  féodalité,  et,  en  même 
temps,  un  des  mieux  conservés.  Sa  hauteur  n'est 
pas  en  proportion  avec  son  étendue  en  siirfacL^  ;  il 
n'a  qu'un  étage.  Le  fondateur  l'a  placé  dans  la  partie 
la  plus  basse  de  la  ville,  comme  pour  le  rendre  en- 
core plus  écrai'é.  Du  milieu  du  bâtiment  s'élève  un 
belvéder  qui  présente  l'apparence  d'un  petit  clocher. 
—  On  conservait,  dans  les  arcliives  de  ce  château, 
une  lettre  autographe  de  Hejiri  IV  à  son  cousin  le 
prince  de  Conii;  elle  était  datée  du  18  mai  lo93. 
C'était  une  circubijreqn'jl  adressait  à  tous  les  priiices, 
seigneurs,  prélats  et  notables  du  royaume  ,  pour  les 
prévenir  de  la  convocation  qu'il  avait  faite  à  Meaux 
des  évèques  et  docteurs,  h  l'effet  de  recevoir  d'eux 
les  instructions  propres  à  déternjinei'  sa  conversion. 
Boua-Vallii,  Bonni^val,  petite  ville  du  diocèse  de 
Chartres  ,  chef-lieu  de  canton ,    arrond.  de  Ch.à- 
leaudun,  dépl.  d'Eure-et-Loir,  à  12  kil.  de  Chàteau- 
dun,  à  32  de  Chartres,  et  à  IIG  de  Paiis.  Population 
2,000  hab.  Celle  ville,  siiuée  sur  une  belle  et  fertile 
vallée,  à  laquelle  elle  doit  s  :n  nom  .  sur  la  rive  gau- 
che dn  Loir,  qui  s'y  divise  en  plusieurs  branches  , 
était  autrefois  close  de  murs,  de  fossés  et  llanqnée  de 
tours.  C'était  une  place  importante  par  sa  situation 
et  ses  fortifications.  En  1135,  Louis  le  Gros, nourris- 
sant un   [irolond    ressentiment  contre  le  comte  de 
Chartres,  assiégea  Bonneval ,  appartenant  à  ce   sei- 
gneur, lit  raser  la  ville  ,  cl  ordonna  de  conserver 
l'abbaye.    Henri    V  ,   roi  d'Angleterre,  la  fit  aus?i 
presque  entièrement  détruire,   lorsqu'il   assiégeait 
Oiléans.  Les  rois,  successeurs  de  Charles  Vil,  la  fi- 
rent rebâtir.  Avant  la   révolution,  on  comptait,  à 
Bonneval,  trois  paroi-ses  :  Notre-Dame,  Sl-S.inveiir 
et  St-Michel  ;  un   hôpital  ,  quatre  chapelles  reniées 
et  une  célèbre  ahlaye  de  Bénédictins,  duigrégaion 
de  St-.Maur,   snus  le  nom  de  St-Florentiti;  elle  fut 
fondée  en  842,  par  Charles  le  Chauve  (il'antres  di- 
sent en  818,  par  Louis  le  Débonnaire) ,  et  p.ir  Foul- 
ques, l'un  de  ses  chevaliers,  seigneur  de  Bonneval. 
La  veille  et  le  jour  de  la   foire  de  St-Gilles,  établie 
.1  Bonneval,  le  \'^  septembre,   vers  l'an    1260,   les 
habiiaiits  étaient  tenus  do  se  rendre,  en  armes,  dans 
la  grande  cour  du  monastère  de  celte  abbaye ,  à 


cause  dn  ciroit  de  justice  qu'avaient  les  religieux.  Là, 
les   officiers  de  la  maison  faisaient  le  dénombrement 
on  l'appel  des  citoyens;   après  quoi,  on  partait  en 
ordre,  les  officiers  du  monastère  à  la  léte.  On  par- 
courait les  rues  de  la  ville  et  le  champ  de  la  foire, 
sur  les  6  ou  7  heures   du  soir,  en  faisant  des  re- 
cherches pour  le  maintien  du  b  n  ordre  et  de  la  sû- 
reté des  marchands  et  des  marchandises.  Les  habi- 
tants,  faisant  le>dites  revue  et  recherche,  ou  com- 
posant la  chevauchée,  étaient  lenus,  en  nuire,  lorsque 
les  officiers  passaient  devant  leurs  maisons,  de  tenir 
du  feu  et  de   l'eau  devant  leurs  portes  ,  ignem  et 
aquam  aille  domos  eiponebanl.  Renommée  ,  au  xiip 
siècle,  pour  ses  fabriques  de  serges  ,  Bonneval  est 
aujonrd'iiui  la  moitié,  tout  au  plus,  de  ce  qu'elle  a 
été.  Alors  elle  était  murée  comme  une  ville  fron- 
tière :  elle  avait   au   norJ-ouest  une  porte  ,    dile  lu 
Porle-Btauche,  un  fossé  et  un  pont,  non  loin  de  ceux 
qui  existent   aujourd'hui   de  ce  coté.  Avant  la  révo- 
lution, elle  relevait  inimédiatenient  de  la  couronne  , 
et  elle  avait  été  donnée  en  apanage  à  plusieurs  ducs 
d'Orléans.  Son  titre   était  prévoie  et  vkomié  roijalc. 
Son  corps-de-ville  se  composait  d'un  maire,  de  deux 
écbevins   et  d'un  procureur  dn  roi.  Elle  avait  pour 
armes  les  5  fleurs  de  lis  de  France,  mr  un  champ  de 
gueule;  pour  support,  un   lion,  tenant   une  pique 
droite  derrière  le  cliamp.  Elle  possédait  une  justice 
royale,  dont  on  appelait  le  juge   prévôt.  D.ins  les 
temps  de  troubles,  les  rois,  négligeant  de  nommer 
des  prévôts,  les  habitants  s'adressèrent  aux  moines 
de  l'abbaye  royale  ;  ceux-ci  leur  donnèrent  un  pré- 
posé pour  terminer  leurs  différends,  ei  ce  préposé 
linil  par  devenir  bailli,  il  y  etit  une  justice  seigneu- 
riale, qui  rivalisa  avec  la  justice  royale.  On  voit,  >ur 
le  chemin  de  Brou,  les  restes  d'une  route  pavée  et 
foi l  large  ,  qui  allait  est  cl  ouest,  comme   d'Orléans 
à  Nogcnt-le-Uotrou.  Une  autre  ,  pavée  aussi ,  allait 
de  Bonneval  à  Chartres;   mais  elle   sortait  par  la 
Porte-Blanclie ,  et  s'étendait  vers  AUuyes.  —  Il  y  a 
trois  vastes  souterrains  pratiqués    dans    les    hau- 
teurs environnantes  :  2  qui  servent  de  caves  au  vin, 
et  un  j<^  en  ruines,  dans  un  petit  bois,  vers  la  fron- 
tière du  Perche,  et  qu'en  prétend  avuir  appartenu  à 
un  couvent  de  femmes, détruit  par  les  guêtres  civiles. 
On  a  parlé  d'un  4«,  à  l'entrée  de  la  roule  de  Chà- 
teandun,  lequel  étaii  sons  une  ancienne  église  parois- 
siale, qui  a  été  brillée  par  la  foudre  ;  on  n'a  fouillé 
que  les  piemières  marches  do  ce  souterrain;  ensuite 
on  l'a  comblé,   sans   aller  plus  loin.   Au  reste  ,   on 
prétetid  que  ces  souleirains  ont  servi  de  refuge  aux 
Iialdtai4s   dans  les  temps  dos  guerres.  Aujourd'lnii 
Bonneval  n'a  qu'une  rue,  celle  qui  la  traverse.  Elle 
n'offre,  d'ailleurs,  rien  de  bien   remarquable  ,  que 
son  ancien  collège  de  Bénédieiins,  converti  eu  une 
ferme-modèle.   C'est  un    fort  beau  bâiinicnt  :  on  ive 
le  vuit  bien  que  de  l'enclos  qui  en  dépend.  Cet  enclos 
rcnleime  un  coteau  couvert  de  bois,  qui  offre  un  joli 
rideau  et  de  charmantes   promenades.    L'église  pa- 
roissiale esl  surmontée    d'une  flèche  irés-hauie  ; 


149 


GÉOGRAPHIE  DKS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


10 


tome  la  diarpente,  tant  de  l'église  que  du  clocher  , 
est  en  châtaignier,  comme  celle  des  vieilles  maisons 
de  la  ville.  On  trouve  aux  environs  de  Bonneval  un 
grand  nombre  de  pierres  druidiques.  11  y  a  dans  cette 
ville  une  manufacture  de  lapis  de  pieds  ;  des  fabri- 
ques de  (lanelles  tricotées,  d'étoffes  de  laine,  cou- 
veriures,  calicots,  toiles. 

Boni-Homwet ,  les  Bons-Hommes  ,  paroisse  du 
diocèse  de  Versailles  ,  canton  d'Ecoiien  ,  arrond.  de 
Pontoise,  dépt.  de  Seiiie-et-Oise,  à  9  kil.  d'Kcoiien  , 
12  de  Ponloise,  et  21  de  Paris.  Population,  compris 
celle  de  Maffliers,  600  habitants  environ.  Ce  village 
doit  son  origine  et  son  nom  à  un  couvent ,  dit  des 
Bons-Hommes,  du  tiers  ordre  de  Saint-François , 
qui  existait  encore  au  moment  de  la  révolution  de 
1789. 

Boitonia  supra  Se^iifluom, Boulogne-sur-Seine,  vil- 
lage considérable  du  diocèse  de  Paris  ,  arrond.  de 
Saint-Denis  ,  Seine,  à  7  kil.  de  Paris  ,  à  l'ouest.  Il 
n'est  séparé  de  Sainl-Cloud  que  pnr  la  Seine  ,  que 
l'on  traverse  sur  un  pont  qui  n'élait  encore  qu'en 
bois  ,  lorsqu'en  1536  Henri  II  le  fil  construire  en 
pierres,  esceplé  les  deux  arches  du  milieu,  qui  res- 
tèrent en  bois  jusqu'en  ISIO  ,  où  il  lut  eniièrement 
restauré  et  rebâti  en  pierres.  Boulogne ,  sons  nos 
rois  des  première  et  deuxième  rtces,  s'appelait  .1/e- 
ims-liz-Si-Cloud.  Mais  quelques  habitants  de  Paris  , 
revenant  de  faire  un  pèlerinage  à  Noire-D.inie  de 
Boulogne-sur-Mer,  voulurent  ,  on  mémoire  de  leur 
voyage  et  de  leur  dévotion,  changer  le  nom  de  leur 
)iays  en  celui  de  Boulogne-sur- Seine  ou  Boulogne- 
ta-Peiite,  et  firent  bâtir,  en  1520,  auprès  du  village 
des  Menus,  une  église  qu'ils  appelèrent  Noire-Dame 
de  Boutogiie-sur-Seine  ;  église  construite  sur  le  mo- 
dèle de  celle  de  Noue-Dame  de  Boulogne-sur-Mer. 
Je.inne  de  Repenti ,  abbesse  de  Montmartre,  en  sa 
qualiic  de  dame  du  lieu  ,  leur  accorda  des  lettres 
d'amortissement  en  1320;  le  pape  Jean  XXII  favo- 
risa celle  église  de  ))eaucoHp  d'indulgences  en  152), 
et  Foulques  de  Chanac  ,  évêque  de  Paris  ,  l'érigea 
eu  paroisse,  en  1545.  Cet  édifice  est  très-propre  et 
Làii  avec  la  délicatesse  ordinaire  du  gothique  du  xi\  ^ 
siècle,  mais  sans  ailes  eten simple  forme  de  chapelle. 
Ce  fut  dans  celle  église  qu'un  fameux  coi  délier,  le 
frère  de  Richard,  revenu  depuis  peu  de  Jérusalem  , 
prêchait  avec  une  éloquence  extraordinaire  ;  tous 
les  Parisiens  couraient  en  foule  dans  ce  village  pour 
l'entendre  et  se  convertir.  Il  fit  un  jour  un  si  beau 
sermon  comre  le  luxe,  que  ceux  qui  l'entendirent  , 
animés  d'un  pieux  entliousiasme  ,  s'e.i'parèrent ,  à 
leur  retour  à  Paris,  de  tous  les  objets  de  plaisir  et 
de  luxe,  et  les  brûlèrent  courageusement  au  milieu 
des  rues.  On  vil  dans  celte  ville  plus  de  cent  de  ces 
leux  expiatoires,  dans  lesquels,  dit  le  journal  de 
Charles  VII ,  à  l'an  1429  ,  les  hommes  brûlaient 
tables  et  tabliers,  des  cartes,  billes  et  billards,  nurelis 
et  tcu'es  choses  pouvant  êlre  jugées  répréhensibles. 
Les  femmes,  le  même  jour  ei  le  lendemiin,  com- 
mencèrent par  jeter  au  feu  tous  les  atours  de  leurs 


têtes,  comme  bourreaux,  truffaux,  pièces  de  cuir  ou  de 
baleine,  gu'elles  metiaieni  en  leurs  chapperons  pour 
êlre  plus  roides....  Les  demoiselles  laissèrent  leurs 
cornes  et  leurs gueues,  et  grand  foison  de  leurs  pompes. 
On  ajoute  que  dix  sermons  de  ce  frère  Richard  fi- 
rent plus  d'effet  sur  le  peuple  que  ceux  de  tous  les 
sermonneurs  qui  depuis  cent  ans  avaient  prêché  à 
Paris.  Ce  cordelier  commençait  ses  sermon»  à  5 
heures  du  matin,  et  ne  les  finissait  qu'à  11  heures. 
C'était  à  Boulogne  qu'était  la  fameuse  abbaye  d» 
Longchamp.  La  majeure  partie  des  habitants  de  cff 
village ,  dont  le  nombre  s'élève  à  4,000  environ,  y 
compris  toutes  ses  dépendanees,  s'occupe  du  blan- 
chissage du  linge.  On  y  fait  un  commerce  de  char- 
cuterie fort  estimé,  même  à  Paris.  De  nombreuses 
maisons  de  campagne  se  trouver.!  sur  le  territoire 
de  Boulogne. 

Braéndiifl,  le  Brabani,  les  Flandres,  la  Belgique.etc. 
Ce  pays  occupe  une  birge  place  dans  l'histoire  reli- 
gieuse, politique,  industrielle  et  militaire  du  moyen 
âge,  qu'il  doit  sans  doute  autant  à  sa  position  topo- 
graphique qu'à  l'esprit  et  au  caractère  de  sa  popu- 
lati  n.  Cette  vaste  cunirée ,  connue  sous  le  nom  de 
Pays-Bas  ,  qui  forme  aujourd'hui  les  royaumes  de 
Belgique  et  de  Hollande,  et  qui  comprend  le  Bra- 
bani,  les  Flandres,  le  Limbourg,  l'évêché  de  Liège, 
le  Luxembourg,  le  Hainaut ,  le  comté  de  Namur,  la 
Gueidre  et  Ks  aulres  provinces  de  la  Hollande,  se 
trouvait  répariie  ,  sous  le  rapport  ecclésiastique, 
entre  les  évêchés  de  Thérouenne  ou  Térouane,  de 
Cambray,  de  Tonrnay,  de  Tongres  ,  de  Trêves  et  de 
Cologne.  La  ville  de  Tongres  ay.ini  succombé  sous 
le  poids  des  hordes  barbares  qui  l'envahissaient  au 
IV"  siècle  ,  comme  saint  Jérôme  nous  l'apprend, 
l'évêché  fui  transféré,  au  v«  siècle  ,  à  M^ësiricht , 
et  au  vil",  à  Liège. 

La  féodalité  se  montra  puissante  en  ce  pays  :  on 
y  vit  les  comtes  de  Flandres,  de  Namur,  les  ducs 
de  Brabaiit,  de  Gueldres  ,  etc.  Il  y  eut  souvenl  des 
insurrections  terribles  de  la  part  de  la  population. 
Les  municipalités  y  prirent  naissance  de  bonne 
heure.  Les  villes  de  Gand,  de  Cassel ,  d'Anvers  ,  de 
Cuuriray,  de  Bruges,  étaient  des  cités  considérables, 
riches  et  puissantes.  A  la  suite  de  mariages,  de  guerres, 
de  négociations,  ces  provinces  finirent  toutes  par  ap- 
partenir successivement  aux  ducs  de  Bourgogne  de 
la  seconde  maison  de  ce  nom  ,  et  c'est  ce  qui  la 
rendit  si  redoutable  à  ses  voisins  ;  car  le  duché  de 
Bourgogne  proprement  dit  avec  la  Francbe-Comlé 
n'aurait  pu  mettre  ces  princes  au  rang  des  souveiains 
du  premier  ordre.  Marie  de  Bourgogne,  fille  du  der- 
nier duc,  Charles  le  Téméraire,  porta  tous  les  Pays- 
Bas  à  la  maison  d'Autriche,  par  son  mari.ige  avec 
l'archiduc  Maximilien.  Charles-Quint ,  qui  réunit 
l'empire  à  la  monarchie  espagnole,  hahita  fréquem- 
ment les  Pays-Bas  qu'il  aimait.  Sous  son  règne  ,  les 
richesses  et  la  puissance  que  Gand  avait  acquises 
aux  xiii',  xiv"  et  xv"  siècles  par  son  industrie  li- 
nière  et  son  commerce  des  toiles,  commençaient  déjà 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


151 

à  baisser;  mais  Anvers  atteignit  une  prospérité 
inouïe  jusqu'alors,  et  les  vaisseaux  de  ses  armateurs 
sillonnaient  toutes  les  mers  du  globe, 
î  Au  xvii'  siècle  ,  l'empereur  Charles-Quint ,  après 
avoir  ruiné  It  ville  de  Térouane,  demanda  au  pape 
le  démembrement  de  ce  vaste  diocèse.  A  l'occasion 
de  cette  deman.le  ,  le  souverain  pontife  organisa  la 
hiérarchie  ecclésiastique  du  pays.  Uirecht  et  Malines 
devinrent  métropoles,  l'une  pour  les  provinces  hol- 
landaises, l'autre  pour  les  provinces  belges.  Utrechl 
eut  pour  suffragranls  les  évêchés,  érigés  en  mênie 
temps,  de  Devenler,  Groningue,  Lewardon,  Har- 
lem ,  Middelbourjç  ;  Malines,  les  évêchés,  également 
de  la  même  création,  de  Rurenionde,  Bois-le-Duc  , 
Anvers,  Rruges,  Gand  et  Ypre».  L'évêque  de  Liège, 
prince  souverain ,  restait  suffragant  de  Cologne. 
Tournay  ,  ancien  évèclié  du  m"  siècle  ,  et  Namur , 
nouvellement  érigé  ,  demeuraient  sous  la  métropole 
de  Canibray. 

Celle  organisation  était  à  peine  décrétée  que  le 
protestantisme  et  l'insurrection  des  Pays- Bas  vinrent 
en  déranger  l'économie.  Les  provinces  hollandaises, 
sous  le  nom  de  Provinces-Unies ,  se  séparèrent  de 
l'Espagne,  et,  embrassant  le  calvinisme,  suppri- 
mèrent la  récente  orgatiisation  ecclésiastique.  Nous 
ferons  remarquer  ici  en  pissant  que  le  cailiolicisme 
eut  à  souffrir  ,  en  celte  circonstance  ,  de  la  hnine 
vouée  au  gouvernement  espagnol  par  la  population 
des  Pays-Bas.  S'il  avait  éié  possible  de  séparer  la 
religion  et  ses  ministres  de  la  nationalité  espagnole, 
en  repoussant  l'une  on  aurait  conservé  les  autres. 
Malheureusement  le  corps  épiscopal  ,  récemment 
établi  ,  se  composait  en  partie  d'Espagmds,  ou  de 
créatures  du  gouvernement  espagnol.  Les  provinces 
belges  néanmoins  n'eurent  pas  le  même  succès  que 
leurs  sœurs,  et  l'E-pagne  les  maintint  sous  son  au- 
torité. Lors  du  démenibrement  de  la  monarchie 
espagnole,  après  la  mort  de  Charles  II,  elles  passè- 
rent à  l'Auiriche  qui  les  garda  jusqu'à  l'époque  de  la 
révolution,  en  1792  ,  où  elles  furent  réunies  à  la 
France.  Quant  aux  Provinces-Unies ,  après  avoir 
été  pendant  deux  siècles  une  puissance  du  premier 
ordre  en  Europe;  après  avoir  contribué  à  la  déca- 
dence de  l'Espagne,  avoir  amené  la  ruine  complète 
de  la  puissance  portugaise  dans  l'Hindoustan  ,  elles 
i'effaçaieni.  On  aurait  dit  que  ce  grand  effort,  que 
cette  lutte  de  deux  siècles  avait  absorbé  leurs  facultés 
et  leur  énergie.  La  France  en  fit  une  république  Ba- 
lave,  Napoléon  un  royaume  de  Hullande  pour  un  de 
ses  frères;  puis,  loutàcoiqi,  il  l'associa  à  la  fortune 
de  l'empire  français  qui  touchait  alors,  comn)e  celui 
de  Charlemagne,  à  la  mer  du  nord. 

Le  concordat  de  1801  avait  été  exécutoire  en 
Belgique,  et  l'organisation  du  xvr  siècle,  dont  nous 
venons  de  parler  ,  y  avait  été  supprimée  par  le  pape 
Pie  VII.  Le  congrès  de  Vienne,  qui  en  1815  s'attri- 
buait la  mission  de  disposer  des  nationalités  euro- 
péennes, eut  la  malheureuse  pensée,  dans  ses  idées  de 
déliance  et  de   ressentiment  contre  la  France  ,  de 


1S2 

donner  la  Belgique  à  la  Hollande,  sous  le  litre  do. 
royaume  des  Pays-Bas  et  sous  l'autorité  protestante 
des  princes  d'Orange.  Ce  nouveau  pouvoir  commit 
des  fautes  énormes.  Les  Belges  catholiques  furent 
sacrifiésen  tout  etpartout  aux  calvini=tts  hollandais; 
le  clergé  poursuivi,  traqué  comme  une  bête  fauve  , 
les  diocèses  vacants,  les  études  de  théologie  catho- 
lique soumisfS  à  l'autorité  protestante,  les  rapports 
avec  la  cour  de  Rome  punis  conmie  les  vols  avec 
effraction  :  voilà  le  tableau  de  la  domination  des 
Nassau  de  181  i  à  1830.  Le  despotisme  inintelligent 
et  brutal  finit  toujours  par  se  perdie.  En  1801,  le 
royaume,  formé  par  le  congrès  de  Vienne  ,  disparut 
sous  la  main  de  la  Pr(jvidence.  La  Hollande  consti- 
tue depuis  un  état  à  part  sous  le  sceptre  des  Nassau, 
et  la  Belgique  un  état  neutre,  qui  se  gouvene  lui- 
même.  A  l'article  de  ces  deux  pays,  nous  dirons 
quelle  est  actuellement  leur  organisation  ecclé.^ias- 
tique. 

Les  Pays-Bas  possédaient  des  richesses  artistiques 
incioyables  tant  des  maîtres  de  l'écide  de  Flandre 
que  des  artistes  allemands  et  hollandais.  L'Italie  et 
l'Espagne  seules  pouvaient  l'emporter  sur  la  quan- 
tité de  tableaux  que  l'on  rencontrait  dans  |hs  églises 
de  la  Flandre  et  du  Brabaiit;  elles  y  étaient  décorées 
avec  grandeur  et  magnificence.  Un  seul  artiste  , 
Gaspard  de  Crayer,  a  laissé  (dus  décent  tableaux 
d'autels,  qui  attestent  tout  à  la  fois  scii  prodigieux 
talent  et  sa  grande  facilité. 

Les  églises  sont  généralement  grandes  ,  soit  go- 
thiques, soit  d'une  architecture  moderne;  beaucoup 
sont  soutenues  par  des  colonnes  qui  font  un  bel  eO'et; 
on  y  trouve  aussi  quelquefois  des  ornements  de  mau- 
vais goût  ,  faits  par  des  artistes  médiocres  :  c'est 
dommage  !  L'usage  d'employer  des  colonnes  pour  la 
décoration  des  portails  des  églises  les  rend  majes- 
tueux :  nous  ferons  remarquer  que  rescolonnes  sont 
presque  engagées  au  tiers;  mais  les  corniches  ou 
entaldeinents  sont  en  ressaut  sur  toutes  les  saillies  , 
et  c'est  une  faute  ,  parce  que  ces  petits  corps  multi- 
pliés donnent  de  la  sécheresse  et  de  la  cunfusion. 
Nos  deux  révolutions,  la  première  surtout,  ont  opéré 
de  grands  changements  ,  non-seulement  dans  l'ordre 
de  classification  des  tableaux  des  églises  de  la  Flan- 
dre ,  mais  aussi  dans  la  possession  de  ces  t-ibleaux. 
Les  uns  ont  éié  vendus,  les  autres  sont  pas-és  des 
couvents  dans  les  églises  ;  quelques-uns  ont  été  mis 
dans  les  musées  formés  depuis  peu  dans  les  grandes 
villes.  Pendant  la  première  révolution  ,  nous  avions 
orné  le  Louvre  des  riches  détiouilles  des  églises  du 
Brabant  ;  mais  l'invasion  nous  a  fait  perdre  ce  que  la 
conquête  nous  avait  procuré.  Tous  ces  tableaux 
pourtant  ne  sont  pas  rentrés  en  Flandre,  et  un  assez 
grand  nombre,  après  avoir  appartenu  à  de  riches 
particuliers,  sont  passés  à  l'étranger.  Ce  partage  ta- 
cite entre  les  nations  européennes  des  richesses  de 
la  Flandre  a  bien  diminué  sa  brill.inte  répiiaiion 
sous  le  rapport  des  arts.  Malgié  ^es  efl'orts  nombreux 
et  ses  dépenses  exce-sives  pour  recouvrer  ce  qui  lui 


It 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


151 


ap:iarienait,  ce  n'est  plus  celle  lerre  classique  où 
l'amiieur  :\llait  faire  un  pèlerinage  chaque  année. 
Les  beaux  lableaux  soni  rares  dans  les  églises  et 
presiiue  perdus  parmi  une  foule  de  mauvaises  rom- 
posiiions;  encore  croiraii-on,  à  la  manière  dont  ils 
sonl  exposés  pour  la  pluparl,  que  ce  nVslqu'à  regret 
qu'on  laisse  les  curieux  jouir  de  leur  vue. 

La  plupart  des  petites  villes  du  Brabant,vers  le 
milieu  du  xviii°  siècle,  étaient  riebes.  Les  t;ibleaux 
qu'elles  possédaient  venaient  de  donations  f.iiies 
soit  par  des  âmes  pieuses,  soit  par  les  peintres  eux- 
njêmes.  Dans  les  nombreux  couvents  qui  couvraient 
ce  lerrituire,  se  trouvaient  de  riches  cénobites,  dont 
la  piéié  dotait  niagniliquement  leur  reiraiie.  Presque 
tous  les  couvents  de  celte  époque  ont  clé  détruits  ; 
quelques-uns,  en  petit  nombre,  ont  été  convertis  en 
églises  ;  d'autres  sont  remplacés  par  des  rues  ;  à  la 
place  des  autres  enlin  sont  roaintenant  des  bôtels  , 
des  cabarets  et  des  lieux  de  débauche. 

Parmi  les  lableaux  qu'a  créés  l'école  fi  i mande  , 
l'on  esi  surpris  de  voir  les  mêmes  sujets  répétés  si 
souvent  et  toujours  différemment.  La  Flandre  pos- 
sède très-peu  de  lableaux  des  écoles  italienne  et 
française.  Les  artisles  ont,  il  est  vrai  ,  une  grande 
ressource  dans  la  vue  des  chcfs-d'œuvie  de  leurs 
peintres  ;  cependant,  comme  ils  ne  peuvent  varier 
facilement  leurs  études,  on  conçoit  qu'il  résulte  de 
là  une  homogénéité  dans  leurs  peintures. 

Ce  pays  ne  fournil  point  des  béantes  pittoresques, 
on  n'y  trouve  ni  montagnes  élevées  jusqu'aux  nues, 
ni  torrents  ou  chutes  d'eau,  Iléaux  lerribbs  pour 
ceux  qui  habitent  les  environs.  Ici  c'est  un  terrain 
uni,  agréablement  coupé  par  des  canaux  utiles  pour 
le  commerce  et  pour  les  voyageurs  ;  les  villes  ,  les 
bourgs  et  les  villages  sontsi  près  les  uns  des  auires, 
que  celte  contrée  ne  paraît  être  qu'iuie  seule  et 
même  ville;  les  routes  y  sont  belles,  bien  plantées  , 
et  ce  sont  comme  autant  de  promenades  publi(iues. 
Les  habitants  soni  doux  ,  ;iffables  et  simples  d;ins 
leurs  mœurs.  Plusieurs  villes  conservent  encore  des 
privilèges  particuliers  qui  sentent  la  réiuiblique.  La 
campagne  ,  naiurellement  fertile  ,  n'y  est  jamais  oi- 
sive; l'industrie  des  cnliivateurs  fait  que  le  terrain 
le  plus  ijigr;it,  travaillé  par  leurs  mains  ,  rapporte 
comme  le  medieur  sol  ;  aussi  sont-ils  réputés  libou- 
reurs  iiabiles  et  intelligents  :  on  peut  en  juger  par 
la  promptitude  .vec  laquelle  ils  ré|  arent  les  mal- 
heurs de  la  guerre  auxiiuels  ce  pays  est  si  souvent 
exposé.  La  paix  faite  ,  l'année  d'après  rien  ne  parait 
avoir  souffert,  leur  aciiviié  et  leur  industrie  répa- 
rent lout. 

Les  canaux  et  les  digues  prouvent  que  la  nécessité 
rend  ingénieux  et  infatigable  :  ces  canaux  sont  d'une 
grande  comiBodité  pour  le  transport  des  denrées  et 
pour  le  cuinraerce  ;  ils  communiquenl  par  les  gran- 
des rivières  à  la  mer  ;  les  digues  reiiemient  les  eaux 
au  niveau  nécessaire ,  sans  causer  d'inondations  aux 
terres  qui  en  »oni  proches,  quoique  souvent  au-des- 
sous de  ces  mêmes  eaux  ;  toutes  ces  terres  et  les 


prairies  sont  arrosées  par  de  petits  canaux  qui  abou- 
tissent aux  grands  ;  ils  portent  les  eaux  et  b  s  re- 
nouvellent au  besoin  par  le  moyen  de  vannes  placées 
suivant  la  nécessité  :  aussi  louies  les  campagnes 
ressemblent-elles  à  un  jardin  riant. 

Les  villes ,  les  bourgs  et  même  les  villages  sont 
bien  bâiis  ;  les  rues  y  sont  larges  et  généralement 
bien  alignées;  les  maisons,  assez  régulières,  sont 
grandes;  une  propreté  partout  en  usage  y  cause  un 
plaisir  agréable  ;  les  ruisseatix  vont  répandre  les 
eaux  dans  les  canaux,  de  façon  que  les  rues  sont  tou- 
jours lavées  et  dégagées  de  toutes  immondices  :  mais 
un  spectacle  amusant  et  varié,  c'est  de  voir  les  vais- 
seaux traverser  les  villes  et  les  campagnes  où  les 
canaux  passent,  ce  qui  rappelle  l'idée  du  commerce 
qui  s'y  faisait  autrefois.  C'est  pour  cet  objet  le  pays 
le  mieux  situé  de  l'Europe,  au  Nord  et  à  l'ouest, 
borné  par  la  mer  du  nord,  et  en  partie  par  la  Hol- 
lande, à  l'est  par  l'Allemagne,  et  par  la  France  au 
S.  G.  et  au  sud.  Le  pays  est  très-fertile  en  lin,  chan- 
vre, garance  et  toutes  autres  denrées  propres  aux 
manufactures.  Il  est  doté  d'un  réseau  compliqué  de 
chemins  de  fer  qui  relient  toutes  les  villes  entre 
elles,  et  rattachenl  les  grands  centres  de  population 
les  unes  aux  autres. 

Le  Brabanl  se  fartage  en  Brabant  du  nord  et  du 
midi.  —  Le  premier  esl  borné  au  nord  par  les  pro- 
vinces de  Gueidre,  d'Utrechi  et  de  Hollande,  à  l'est 
par  celle  de  Limbourg  et  le  dépi.  dn  lias  Rhin  ,  au 
sud  par  celles  d'Anvers  et  de  Limbourg,  et  à  l'ouest 
par  celles  de  Zclande  et  de  Hollande;  il  est  situé 
entre  5l°  22"  et  5i°  38'  de  lai.  nord,  et  entre  1°  45' 
ei  3-  27'  de  long,  est  ;  il  a  120  kil.  de  long  sur  GO  de 
large,  et  836  en  carré.  On  y  jouit  d'un  climat  humide, 
mais  sain  ,  à  l'exception  de  l'ouest.  On  y  trouve 
beaucoup  de  bruyères,  landes,  marais;  celui  de 
Pcel  a  12i)ki!.  de  surface.  Les  rivières  sont  la  Meuse, 
la  Dommel,  la  Merck  elles  deux  Aa;  il  y  a  de  nom- 
breux canaux,  dont  le  plus  considérable  esl  celui  de 
Breda.  On  récolte  dans  les  parties  cultivées  seigle, 
sarrasin,  orge,  froment,  lin,  chanvre,  houblon.  Il  y 
a  des  forêts  de  pins  ;  la  lerre  à  foulon  et  la  lourbe 
abondent;  le  béiail,  la  volaille,  les  abeilles,  le  gibier 
sont  communs,  ainsi  (|ue  le  poisson  dans  les  rivières; 
le  eomuierce  s'exerce  sur  les  draps,  toiles,  rulians  , 
indienne,  bière,  coutellerie.  La  population  compte 
54U,0li0  habitants,  catholiques  en  grande  partie. 
Celte  provime  esl  restée  presque  entière  à  la  Hol- 
lande; tandis  que  celle  qui  suit  est  belge. 

1  Brabant  méridional ,  province  bornée  au  nord 
par  celle  d'Anvers,  à  l'est  par  celles  de  Limbourg 
et  de  Liège,  au  sud  par  celles  de  Naraiir  et  du  Hai- 
naui,  et  à  l'ouest  par  la  Flandre  orientale  ;  elle 
s'étend  entre  50°  52'  et  51°  4'  de  lai.  nord,  et  entre 
1°  39'  et  2*  48'  de  Ion,',  est;  elle  a  92  kil.  de  long, 
sur  32  de  large  ;  et  736  en  carré.  Les  principales  ri- 
vières sont  la  Dendre,  la  Senne  et  la  Dyle.  Les  ca- 
naux de  Lottvain  et  de  Bruxelles  favorisent  le  cnm-_^ 
merce.  Le  terrain,  montueux  vers  le  sud,  s'al 


.V 


70 


15S 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


\m 


vers  le  nord.  Le  sol,  irès-fécond,  quoique  sablonneux 
et  entremêlé  d'une  grande  quantité  de  coquillages 
décomposés,  produit  céréales,  graines  olé:igineuses, 
lin,  grains,  chanvre  «t  houblon.  Il  y  a  de  vastes  fo- 
rêts bien  tenues,  p;irmi  lesquelles  on  remarque  elle 
de  Soi"nes.  On  y  trouve  des  mines  de  fer.  Le  béiail 
abonde  ;  !e  commerce  roinpnnd  belles  toiles  de  co- 
ton ,  dentelles  ,  draps  ,  faïence  ,  savon  ,  enu  firtc, 
pap'ei',  sucre,  sel,  eau-de-vie  et  excellente  bière.  La 
popiil.  est  de  500,0(10  hab.  environ,  presque  tous 
catholiques.  Celle  province  est  en  partie  du  diocèse 
de  M.ilines. 

En  perdant  leur  indusirie  linière  et  le  commerce 
de  leurs  belles  toiles  ,  les  Flandres  ont  perdu  leur 
fortune,  et  même  leur  pain.  Comme  la  population  y 
est  nombreuse,  elle  est  loml'ée  dans  une  misère 
profonde.  Avant  linvention  d'Arkwiight,  en  17fi9, 
les  fileuses  flamandes  é;aient  renommées  pour  leur 
habileté;  el  cependant,  m.algré  leur  activilé,  la  plus 
habile  d'entre  elles  ne  produisait  que  la  moitié  de  la 
besogne  d'une  broche  de  nos  usines  ;  et  un  homme 
aujourd'hui  sulfit  à  160  liroclies  au  moins.  L'intro- 
duction des  machines  a  coniinué  la  révolution  opérée 
dans  la  lilalure  du  lin.  Aussi  les  populations  fla- 
mandes qui  n'ont  su,  ou  n'ont  pu  la  remplacer  par 
une  autre  indusirie,  sont  envahies  par  le  paupé- 
risme :  900,000  indigenls  meurent  de  faim  sur  cette 
terre  foulée  autrefois  par  leurs  ancêtres  ,  si  indus- 
trieux ,  si  riches  et  si  puissants. 

Les  Flandres  ont  un  sol  uni,  bas  el  entrecoupé 
de  canaux,  un  climat  très  humide,  et  des  eaux  ma- 
récageuses et  malsaines.  Les  légumes  et  fruits  sont 
Irès-bons  ;  les  habitants  boivent  beaucoup  de  peiit 
lait.  La  tempéraiure  moyenne  est  d'environ  5»  au-des- 
sous de  celle  de  Paris.  Elle  est  exlrêmement  variable; 
les  vents  changent  quelquefois  à  plusieurs  reprises 
dans  le  courant  de  la  journée.  On  ne  compte  guère 
plus  de  10  jours  sereins  dans  l'année.  Le  froid  est  de 
longue  durée,  mais  il  n'a  pas  beaucoup  d'inlensiié  ; 
cependant  il  surpasse  celui  de  Paris.  Pendant  les 
pluies  abondantes,  amenées  par  la  longue  durée  des 
venis  d'ouest  et  du  sud,  l'organisation  animale  se  re- 
lâche; les  étrangers  surliuil  s'en  ressentent,  comme 
on  le  voit  par  la  luiiiie  jaunâtre  de  leur  peau, preuve 
des  sécrétions  biliaires  qui  s'opèrent  en  eux.  Cet 
état  est  promptement  changé,  lorsque  les  vents  souf- 
flent du  nord  et  du  nord-est.  D'épais  brouillards 
remplissent  fréquemment  l'aimosplière  ;  ils  s'avan- 
cent raiement  dans  l'inlérieur  du  pays  ,  au  delà  de 
l'Artois.  La  quantité  de  pluie  est  v.n  peu  plus  con- 
sidérable qu'à  Paris.  L'espèce  humaine,  les  animaux, 
les  végétaux,  tout  est  fort  et  vigoureux  dans  ce  pays, 
glace  à  la  fertilité  du  sol,  à  une  nourriture  abon- 
dante, et  même  à  l'humidité  du  climat  qui  favoiise 
le  développement  des  formes.  Les  habiianls  boivent 
copieusement  del'eau-de-vie  de  grain;  on  prétend  que 
l'humidité  du  climat  en  détruit  les  mauvais  effets  , 
et  la  rend  même  salutaire.  Sur  la  côte,  les  hiiLiianls 
se  portent  mieux  que  dans  l'intérieur.  Les  ouvriers 


qui  viennent  faire  les  foires  en  Flandre  souffrent  des 
fièvres  plus  que  les  indigènes.  Mais  les  catarrhes 
et  les  rhumatismes  régnent  au  printemps  el  en  au- 
tomne; C'i  été  on  est  souvent  affecté  de  la  diarrhée  , 
qui  tourne  vers  la  dyssenterie.  Dans  les  vdies,  les 
ophlhalmieschroniquessontcommunes.  Ces  provinces 
avaient  une  foule  de  légendes  simples,  n;iWes,  pieu- 
ses, qui  se  transmettaient  dans  les  familles  de  géné- 
ration en  génératinn.  On  les  retrouve  encore  dans 
les  campagnes,  malgré  le  cliaiigemenl  des  habitudes, 
des  mœurs  et  des  idées. 

Brndeiu  ,  ou  Braiacum,  Brie-sur-llières ,  ou  Brie- 
Conile-Riibert,  peiiie  ville  de  l'ancien  diocèse  de 
Paris  ,  maintenant  de  celui  de  Meaux,  chef-lieu  de 
canton  de  l'arrond.  de  Melun  ,  dé.iart.  de  Seine-et- 
Marne,  à  16  kil.  nord  de  Melun,  à  24  esi  de  Paris. 
Popul.  5,200  hab.  Il  s'y  tient  trois  foires  par  an  ,  en 
juillet,  oct(  bre  et  novembre  ,  et  deux  marchés  par 
semaine,  le  lundi  et  le  vendredi.  Celui  du  lundi  , 
tonjours  considérable  en  grains  ,  est  un  marché  ré- 
gulaieur  pour  les  mercuriales.  Il  y  avait  dans  cette 
ville  un  couvent  de  Minimes  en  1647  ,  el  un  de  Hlles 
dites  rfe /a  Croix  en  1640.  L'Hôiel-Dieu,  fondé  en 
1208  par  Robert ,  fds  de  France ,  comte  de  Brie  , 
subsiste  encore;  sa  chapelle  était  sous  le  titre  de 
St-Eloy.  L'église  paroissiale,  sous  le  litre  de  Saint- 
Etienne,  premier  martyr,  est  d'une  belle  struciure  , 
et  a  été  bat  e  par  les  Anglais,  au  \n\'  siècle,  et  depuis 
augmeniée  par  la  reine  Jeanne  d'Evrenx.  On  Irouve 
dans  cette  ville  une  grosse  lour,  qu'on  nommait  tour 
de  Saint-Jean  ,  laquelle  faisait  partie  d'un  château 
tombé  en  ruines.  Ce  château  ,  qui  était  eniouré  de 
fossés  remplis  d'eau  provenant  de  sources  ,  qui  fut 
assiégé  et  batiu  en  brèche  en  1649,  avait  une  cha- 
pehe  dédiée  à  saint  Denis  :  c'est  de  lui  que  relevait 
en  plein  fief  une  grande  partie  de  la  seigneurie  de 
Lezigny.  —  Il  y  avait  aussi  à  Brie-Comte-Robert 
plusieurs  autres  chapelles  :  l'une  ,  sous  le  nom  de 
Si-Lazare,  exislait  depuis  le  commencement  du  xii' 
siècle  ,  et  tomba  [ilns  tanl  en  la  possession  des  Jé- 
suites ;  elle  appartenait,  lors  de  son  érection,  à  une 
maladrerie  dont  il  est  encore  fait  meniion  en  1564. 
L'autre  chapelle  avait  éié  fondée,  en  1.589,  par  Va- 
lentinc  de  Milan  ,  dame  de  Brie-Comie-Robert.  — 
On  voit  dans  Forlunat  (Vie  de  saint  Germain  de 
Paris  )  que  Brie-Comte-Robert ,  alors  village  ,  éiait 
appelé  Bradeia  au  m"  siècle  ,  et  que  saint  Germain 
guérit ,  dans  la  sacristie  de  l'église  paroissiale,  une 
fille  paralytique  de  tout  le  corps,  en  la  couvrant 
d'eau  béniie.  —  On  ne  retrouve  plus  ce  village  ,  de- 
venu bouig  ,  que  dans  quelques  litres  du  xii°  siècle, 
sous  le  nom  de  Braiœ  et  quelquefois  de  Braitim  et  de 
Braiacum.  11  est  constant  qu'on  disait  Braie  en  lan- 
gage vulgaire;  l'usage  en  a  fait  retrancher  depuis  la 
leiire  a;  et  comme  le  nom  de  Biie  était  commun  à 
plusieurs  lieux  ,  on  l'a  surnommé  du  nom  du  sei- 
gneur que  ce  lieu  eut  â  la  fin  du  xii^  siècle.  Avant 
la  révoluiian,  il  y  avait  dans  l'église  Sl-Eiienne  une 
épitaphe,  de  l'année  1625  ,  où  la  ville  était  nonimée 


157  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


158 


Braye-Comle-Robert.  Ce  qu'il  y  a  de  remarquable 
dans  l'hisloire  de  celle  ville,  c'est  qu'on  ne  trouve 
pas  de  vestige  d'une  si'conde  église  ,  et  qu'on  est 
certain  qu'au  .tiv  siècle  et  jusqu'au  xvii"  il  y  eut  2 
curés.  —  Les  premiers  seigneurs  de  Brie-Comte-Ro- 
bert  n'ont  pas  éié  princes  de  la  maison  de  Dreux  , 
puisqu'on  trouve  en  celle  qualité  un  Thomas  de  Braia 
mentionné  dans  une  charte  de  l'an  1157.  C'est  pro- 
bablement avec  ce  Thomas  de  Bmia  que  Louis  Vil 
traita  de  la  terre  de  Braye  pour  son  frère  Koberl  , 
comle  de  Dreux,  prince  qui  fit  donner  le  nnin  de 
Biaye-Comle-Robert  à  celte  ville,  oîi  Agnès  de 
Braine,  veuve  de  ce  Roberi,  comte  de  Dreux,  faisait 
sa  résidence.  L'abbé  Lebeuf  a  rapporté  ,  d'après  Du- 
chesne  et  autres,  le  fait  suivant ,  dont  l'exaciilude 
serait  diflitile  à  garaniir  :  «  Comme  elle  (Agnès) 
avaii  attiré  dans  ce  lieu  (Insieurs  juifs  comnierçauls, 
il  arriva  que,  sur  la  fin  du  carême  (de  1191),  ils  lui 
firent  des  présents  si  considérable-,  qu'ils  obtinrent 
d'elle  qu'elle  leur  livril  un  chréùen  à  qui  ils  avaient 
imposé  les  crimes  de  \ol  et  d'homicide.  Les  juifs  , 
animés  de  leur  ancienne  haine  contre  le  christia- 
nisme, après  l'avoir  dépouillé,  lui  ayani  attaché  les 
mains  derrière  le  dos  et  lui  ayant  mis  sur  la  tête  une 
couronne  d'épines,  le  conifui;irent  par  loiii  le  bourg, 
en  l'accablant  de  coups  de  fouet,  ei  après  cela  ils  le 
[lendireni.  Le  roi  Philiipe-Augusio,  ayant  appiis  cela 
àSl-Germ;iin  en-L:iye,  en  partit  sans  dire  où  il  allait, 
vint  prumptemeiii  â  Braye,  fil  neiire  des  ganles  aux 
portes  du  lieu,  se  saisit  des  juifs  et  en  fil  briilei'  plus 
de  KO.  Guillaume  le  Breton,  dans  ta  Vie  poéiqueilii 
mèmepiincc,  dit  que  ce  pauvre  misérable  était  un 
homme  à  qui  ils  avaient  préié  de  l'arcent,  et  i|ui 
n'était  pas  eu  état  de  le  leur  rendre;  qu'ils  l'alta- 
chéient  véritableuient  à  une  croix  avec  des  clous , 
et  lui  percèrent  le  côié  avec  une  lance,  et  que  le 
nombre  des  juifs  qui  périrent  par  le  feu  fut  de  99.  Ou 
conçoit,  par  ce  (rail  historique,  que  Brie-Comte- 
Robert  était  devenu  un  lieu  considérable  ,  puisqu'il 
é  ait  fermé  de  murs;  les  historiens  cependant  n'o- 
saient le  qualifier  à'urbs  ni  A'opphlum  ,  mais  seule- 
n'.enl  de  castrum  et  de  villa.  >  Selon  la  chronique 
d'Albeiic,  ce  faii  s'est  passé  à  Braye-sur-Seine ,  que 
l'on  nommait  autsi  Braiœ.  —  Le  chapitre  de  Noire- 
Dame  de  Paris  y  levait  des  dimes.  —  Après  la  mort 
de  Charles  VI,  sa  veuve  reçut ,  en  1424,  de  Henri  , 
roi  d'Angleterre,  qui  se  qualifiait  de  roi  de  France, 
pour  en  jouir  momentanément,  le  châieau  et  la  chà- 
lellenie  de  Brie-Comle-Robert  ;  mais  en  1130,  le 
ch.àteau  fut  pris  d'assaut  par  les  Anglais.  C'est  dans 
ce  château  que  se  maria  Philippe  de  Valois,  en  134!), 
cl  que  Jeanne  d'Evreus  mourut ,  en  1570.  Le  baron 
de  Bezenval  y  lut  emprisonné  en  1789.  En  1131  , 
se  linrenl  dans  cette  ville  les  conférences  de  paix  en- 
tre Charles  Vil  et  le  roi  d'Angleterre.  François  I" 
la  réunit  à  son  domaine  en  1S15.  Celle  terre  eut  de- 
puis un  grand  nombre  de  seigneurs  engagisles.  — 
M-îolas  de  Braye  naquit  dans  celte  ville  :  c'est  lui 


qui  écrivit ,  au  xiii*  s'iécle,  la  vie  de  Louis  VUl  en 
vers  hexamètres. 

Braiorum  catlrum  ,  Brou  ,  petite  ville  du  diocèse 
de  Chartres ,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de 
Châteaudun  ,  départ.  d'Eure-cl-Loir,  sur  la  rivière 
rOzanne,  à  16  kil.  de  Châteaudun,  et  à  32  sud-onest 
de  Chartres.  Il  y  avait  anciennement  une  abbaye  , 
qui  fut  réduite  à  un  petit  prieuré.  Le  premier  abbé 
avait  éié  saint  Lubin,  depuis  évèijue  de  Chartres  , 
qui  vivait  vers  l'axi  535.  On  y  voyait  un  cbàieau  , 
appelé  le  château  du  Gouei.  Cette  ville  doit  son 
agrandisseraeiit  à  Florimont  Voverlet ,  secrétaire 
d'Etat  sous  Henri  II.  Celait  une  seigneurie  qui  ap- 
partenait à  la  maison  de  Montmorency.  Il  y  a  aux 
environs  de  Brou  des  marnières  qui  sont  d'une 
grand(t  profondeur,  et  dont  on  lire  beaucoup  de 
marne  propre  à  engraisser  les  terres.  On  y  trouve 
aussi  des  tanneries,  des  fabriques  de  serge  blanche  à 
deux  éiainis,  des  étamines  et  des  filasses,  des  forges 
et  londeiies. 

Braium,  Brai,  petit  pays  de  l'ancienne  province  de 
Normandie.  Il  est  maintenant  du  diocèse  de  Rouen  , 
du  départ,  de  la  Seine-Inférieure,  arrond.  de  Neuf- 
châtel.  Il  s'appelait  en  latin  Braium  ;  ce  mot  est  in- 
terprété/u(«hi,  c'est-à-dire  lange  ;  aussi  esi-il  très- 
fangeux  dans  les  temps  de  piuie.  C'était  une  des 
quatre  petites  contrées  qui  coinpnsaienl  le  diocèse 
de  Rouen.  Elle  était  située  entre  le  pays  de  Caux  , 
le  Vexiu  Normand  ,  le  Vexin  Français  ,  le  diocèse 
d'Amiens  ,  et  contenait  les  villes  de  Neufchùlel  et 
de  Gournay  ,  les  bourgs  de  Gadie- Fontaine,  Forges 
cl  la  Ferlé  ,  les  siigneuries  de  Vanles  ,  d'Alges  , 
d'Elbeuf  en  Diay,  Dampierre  et  autres;  les  abbayes 
des  Bernardins  ,  de  Beanbec  et  des  Préuiontrés  de 
Bellozane,  et  le  prieuré  des  Bernardines  de  S'-Au- 
gusiin.  Ce  pays,  qui  avait  environ  32  kil.  de  long 
sur  2G  de  large,  est  généralement  niontneux,  boisé 
et  coupé  par  des  allées.  La  rivière  d'Eple  ,  qui  le 
traverse  ,  y  prend  sa  source  aussi  bien  que  celles 
d'Andelle  et  du  Thérain,  et  plusieurs  ruisseaux  qui 
forment  divers  étangs  ,  ce  qui  rend  le  terroir  très- 
abondant  en  gras  pâturages  ,  qui  nourri-sent  de 
nouibrcux  besliaiii.  Les  campagnes  y  sont  couvertes 
de  pommiers  et  de  poiriers  qui  donnent  du  cidre 
très-estimé.  Le  beurre  que  l'on  y  fait  est  excellent  , 
et  l'on  en  transporte  une  grande  quant ilé  à  Rouen 
et  à  Paris.  Il  produit  aussi  beaucoup  de  grains. 
Gournay  et  Neufchàtel  en  étaient  les  principales 
villes.  La  forêt  de  Lions  le  borne  du  côté  de  la  ri- 
vièie  d'Andelle  ,  et  l'évêché  do  Beauvais  comprenait 
dans  sa  juridiction  spiiitu'  lie  la  partie  de  ce  pays 
qui  s'étend  depuis  le  ci-devant  Beauvoisis  jusqu'à 
l'Ep'.e  ,  où  l'on  ifouvait  le  comté  d'Ons-en-Bray  et 
l'abbaye  des  Bénédictins  de  St-Germer. 

Brannadmn,  ou  Bimwlium,  Brnnoi  ,  paroisse  de 
l'ancien  diocèse  de  Paris,  actuellement  de  celui  de 
Versailles, canton  de  Boissy  Saint-Léger,  arrond.  de 
Corbeil,  dépl.  de  Seine-el-Oise,  dans  une  vallée,  sur 
la  petite  rivière  d'Hyères ,  à  G  kil.  deBoissy-Saini- 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


169 

Lëger,  et22  au  sud- est  de  Paris.  La  popul.  est  d'en- 
viron 1200  liab.,  y  compris  le  hameau  des  Bausse- 
rons.  Les  proiluciioiis  principales  de  son  terroir  sont 
en  grains;  une  panie  est  en  prairies  et  en  bois.  Il 
y  a  des  fabriques  de  salpêtre,  ei  plusieurs  carrières 
de  pierres  à  chaux.    L'anilquité  de  ce  vill.ige  est 
consiaiéi*  par  les  monuments  de  l'abbaye  de  Saint- 
Denis,  où  il  en  est  fait  mention  dès  le  vii«  siècle.  Le 
livre  des  Gesies  du  roi    Dagoberl  ,   composé   par  un 
moine  de  ce  monastère,  après  avoir  parlé  du  tesia- 
ment  de  ce  prince,  dont  on  place  la  mort  à  l'an  658, 
dit  qu'il  n'oublia  pas  son  patron   particulier,  saint 
Denis,  et  qu'il  lui  légua  villam  iiomiiii>  Brannariiim  , 
et  dans  ce  testament ,  cette  terre  est  désignée  située 
dans  la  Brie  ,  villam  Brannale  in  Breyio.  On  l'a  con- 
fondue avec  Braine,  mnis  il  est  prouvé  que  c'est  le 
Brunoy  que  Suger  ,   abbé  de  Saint-Denis,  donna  au 
prieuré   d'Rssonne.   Le  bftliment  de   l'église  de  ce 
lieu  est  de   différentes  époques  :  le    choRiir  est  du 
XIII* siècle, comme  le  désignent  quelques  piliers;  il  est 
voûté  et  finit  en  d'Uii-cercle.  La  nef  n'est  ni  aussi 
ancienne,  ni  aussi  solide.  A  la  tour ,  qui  finit  en  pi- 
gnon ,  était  une  inscription  qui  c'ininiençait  par  ces 
mot  :  L'an  mil  V.  C.  XXXIX,   le  XII  mo.  de  Jung 
fut   passé  la  première  p'erre  par  noble  dame  Frnn- 
i;ohe  de  Roiiij,  veuve  de  défunt  messire  sieur  de  Lautini/ 
en  son  vivant.  A  l'un  des  piliers  du  bas  de  cette  tour, 
par  le  dehors,  se  voyait  un  écusson  penché,  ;ivec  huit 
coquilles,  et  la  barre  du  petit  ccu  était  en  bosse  ;  et  à 
l'autre  pilier  delà  lourétaitunauireécudrnil. L'église 
est  sous  le  litre  de  saint  Médari1,évêque  de  Noyon.  La 
cure  était  à  la  pleine  collation  de  l'ordinaire,    et   le 
ctiré  était  gros  décimatcur.  Avant  la  révolution  ,  on 
voyait  dans  celte  église  un  mausolée   rn  marbre  , 
d'une  grande  composition  ,    m-is  qui   n'a   pas  été 
achevé;  il  fut  commnré  pour  perpétuer  le  souvenir 
du  financier  Paris  Monimariel  ,  qui  avait  acheté  la 
terre  de  Brunoy.  Il  parnft  constant  que  les  rois  de 
France  ont  eu  des  maisons  à  Bruoov,  ou,  pour  mieux 
dire,  des  rendez-vous  de  chasse.  Deux  édits  de  Phi- 
lippe de  Valnis,  de  1546,  sont  datés  de -et  endroit  : 
le  premier,  du  2'1  mai,  est  un  rèsb'ment   pour  les 
eaux  et  foret-;  le  second,  du   29  juin  ,   défend  de 
prendre   les  chevaux  et  harnais  des  marchands  qui 
amènent  du   poisson   à  Paris  :  cet  édil  s'appliquait 
aux  seigneurs  de  sa  cour  ,    qui ,  pour  leurs  menus 
plaisirs,   s'amusaient  à  détrousser  les  passants  sur 
les  grandes  routes  ,  et  même  dans  les  rues  de  la  ca- 
pitale. Ce  lieu  y  est  nommé   Rrunaij.  Le  vieux  châ- 
teau ,   plus  ancien  même  que  Corbeil,  d'une  forme 
peu  régulière,  et  dont  il  restait  encore  des  vestiges  , 
fut,  an  xviii»  siècle,  remplacé  par  un  biitiment  mo- 
derne construit  avec  une  niagn'ficence  rovale,  par  un 
des  hommes  les  plus  opulents  de  l'époque.   C'était 
Paris  de  iMontmartel ,  qui,  devenu  propriétaire  de  la 
terre  de  Rrunoy,  érigée  eu  marquisat  par  Louis  XV, 
profita  de  la  nature  du  sol  pour  l'embellir.  Le  pre- 
mier financier  de  la  France  en  devint  alors  le  dernier 
noble.  Après  la  mort  de  Paris  de  Monlmartel,  le 


160 

marquis  de  Brunoy  employa  son  immense  héritage 
à  l'embellissemeni  du  château  de  Brunoy  «t  de  ses  ', 
siipeibes  jardins.  L'église  devint  l'objet  printipal  de 
ses  dépenses;  il  ne  négligea  rien  pour  en  décorer 
l'intérieur  :  les  ornements  des  ministres  du  culte,  les 
vases  sacrés  ,  les  objets  offerts  à  la  vénération  pu- 
blique furent  achetés  à  grands  frais  ,  et  réunirent  ce 
que  la  richesse  et  l'art  peuvent  offrir  de  plus  beau 
et  de  plus  précieux.  Il  avait  une  passion  pour  les  cé- 
rémonies religieuses,  et  surtout  pour  les  belles  pro- 
cessions. Il  lit  fabriquer  pour  ces  processions  un 
dais  en  fer ,  chef-d'œuvre  du  serrurier  Girard  , 
qui  coûta,  dit-on,  50,000  liv.,  et  un  soleil  de  la 
plus  grande  richesse.  On  y  voyait  le  diamant  de 
Paris  de  Monlmartel  ;  il  passa  depuis  au  doigt  d'un 
prince.  Le  marquis  de  Brunoy  av.iit  formé  ,  dit-on  , 
le  projet  d'un  [lèlerinage  aux  saints  lieux  ,  les  frais 
de  ce  voynge  eussent  liâié  sa  ruine  à  laquelle  il  ne 
put  échapper  plus  lard.  Sa  famille  voulut  le  faire 
interdire  pour  ses  dépenses  ,  en  prétendant  le  faire 
passer  pour  fou;  ce  qui  donna  lieu  à  un  procès  au 
parlement.  Le  marquis  fit  cette  réponse  ,  qui  n'était 
rien  moins  que  folle,  au  juge  qui  lui  faisait  subir 
un  interrogatoire  :  «  Si  j'avais  donné  mon  argent  à 
une  courtisane,  on  ne  l'eût  pas  trouvé  mauvais  ;  je 
l'ai  appliqué  .^  la  décoration  du  culte  catholique  dans 
unroyaumecatiolique,  et  l'on  m'en  a  fait  un  crime.» 
Néanmoins  il  fut  interdit.  Les  détails  de  son  procès 
sont  infiniment  curieux,  et  le  cararlère  du  marquis 
de  Brunoy  est  un  vrai  pliénomène  moral.  Il  survécut 
peu  de  temps  à  son  interdiction.  Le  magnifique  châ- 
teau de  Brunoy  fut  acheté  et  habité  ensuite  par  le 
comte  de  Provence ,  qui  avait  le  titre  de  Monsieur, 
depuis  Louis  XVllI .  Le  parc  étnit  assurénieni  un  des 
chefs-d'œuvre  du  genre  ,  et  la  rivière  d'Ilyères  à  la- 
quelle on  avait  creusé  exprès  un  nouveau  lit  ,  con- 
tribuait ,  en  paraissant  se  multiplier,  à  l'embellisse- 
ment des  jardins  et  du  parc.  Celle  somptueuse 
demeure  ,  construile  par  un  financier,  habitée  par 
un  prince ,  ne  pouvait  échapper  aux  colères  de  la 
révolution.  Tout  y  a  été  boulever>é  ,  vendu  ;  et  c'est 
à  peine  si  l'on  aperçoit  aujourd'hui  des  traces  du 
château  et  des  jardins. 

Brnielli  moiiaslerium,  monastère  de  Brateau ,  ('ans 
la  forêt  de  ce  nom ,  située  dans  le  diocèse  de  Ver- 
sailles. Il  y  avait  dans  le  xi"  siècle,  sur  le  territoire 
de  Si-Vrain  ou  Verain,  anciennement  Escorchy  ou 
Escorcy  ,  une  forêt  dite  Brateau.  Dans  celle  forêt 
restait  une  petite  église  abandonnée  ,  dans  laquelle 
on  trouva  alors  des  reliques  des  saints  Serge  et 
B;iche.  martyrs.  Odon  ,  chevalier  de  ces  cantons,  la 
donna  à  Terson  ,  abbé  de  Saini-Maur-des-Fossés  , 
afin  que,  dans  cette  abbaye,  on  priât  Dieu  pour 
Eve,  sa  femme,  et  pour  ses  fils ,  Manger,  Tebaud , 
Boucbaril,Bainard,  et  sa  fille  Rencie.  Il  ajouta  beau- 
coup d'autres  dons,  entre  autres  quatre  arpents  de 
prés,  et  son  bien  ,  situé  à  Andresel  ,  dans  la  Brie  , 
savoir  :  un  espace  de  lerre  et  de  bois  pour  bàiir 
une  nouvelle  église  et  un  monastère.  Ce  qui  est  re- 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


161 

marquabip.  dans  celte  douaiion,  faiie  en  lOGO,  c'est 
que  lt>  chevalier  dit  (|u'il  donne  ces  biens  à  la  sainte 
Vierge,  saint  Pii'rre  et  saint  Paul,  aux  martyrs  saint 
Serge  et  saint  Baclie,  et  aux  confesseurs  saint  Maur 
et  saint  Vrain.  Au  commencement  du  xiir  siècle  , 
il  y  avait  un  grand  conc<inrs  de  peuple  h  ce  monas- 
tère, et  on  y  Taisait  des  otfrandcs. 

Brecicn,  vel  Brecicum  Castrum,  Bray,  petite  ville 
de  l'ancien  diocè«e  d^  Sens  ,  aujourd'hui  de  celui  de 
Meaux,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Provins, 
dé|iarl.  de  Seine-et-Marne,  à  18kil.  de  Provins,  62 
de  Meliin  et  79  de  Paris.  Dray  est  dans  une  situation 
agréable  sur  la  rive  droite  de  la  Seine,  qu'on  y  passe 
sur  un  pont  en  pierres.  Il  s'y  l'ail  un  commerce  con- 
sidérable de  blé,  de  fourrageseide  poisson.  Thibaut, 
conite  de  Champagne  ,  céda  celte  ville  au  roi  Louis 
IX,  et  le  roi  Charles  VI  la  vendit  au  roi  de  Navarre 
en  liOl.  Depuis  ce  temps  elle  fut  achetée  par  le 
comte  de  Dunois,  et  un  mari.ige  la  fit  passer  de  celte 
maison  dans  celle  des  Nemours.  Ce  fut  du  dernier 
duc  de  Nemours  que  le  président  de  Mesmes  l'avait 
achetée  en  16i8.  Cène  ville  avait  un  bailliage  qui 
renfermait  57  justices,  et  relevait  dûment  du  parle- 
ment. Il  y  avait  une  maiirise  parlicidière  des  eaux 
et  forêts,  et  un  chapitre  qui  nommait  à  la  cure  de 
la  ville.  Sa  popul.  est  de  2,000  hab. 

I  Bray,  village  de  l'ancien  diocèse  de  Senlis  , 
maintenant  de  celui  de  Beauvais  ,  caiilon  de  Pont- 
Sain  te-.Maxence  ,  départ,  de  TUise,  à  8  kil.  nord-est 
de  Senlis,  où  est  le  bureau  de  poste  ,  et  48  au  nord 
de  Paris.  Avant  la  révolutiojp,  les  Chanoines  régu- 
liers de  l'ordre  de  Saint-Augusiin  y  possédaient  un 
prieuré.  La  popul.  de  cette  commune  est  d'environ 
180  hab.  Les  productions  de  son  terroir  sont  en 
grains,  une  petite  partie  est  en  prairies.  Le  ruisseau 
d'Aubetle  y  a  souice. 

I  Bray-sous-Baudemont,  paroisse  de  l'aucien  dio- 
cèse de  Rouen,  maintenant  de  celui  de  Versailles,  ar- 
rondissement de  .Mantes  ,  a  8  kil.  de  Alagny  où  est  le 
bureau  de  posle.  La  maison  nommée  le  Pont  était 
nu  ancien  fief.  Une  autre  maison  servait  de  retraite 
aux  religieuses  bénédictines  de  \illarceau,  qui  com- 
posaient le  prieuré  de  ce  nom.  Le  village  de  Bray 
est  sur  la  rivière  d'Epte.  Le  château  du  Lu  est  situé 
Sur  la  même  rivière  et  eu  fait  pai  tie  ,  ainsi  que  le 
miiulin  du  Pont  sur  le  ruisseau  de  l'Aubetle.  La  po- 
pulaii.m  de  ce  village  est  d'environ  loO  habitants. 
Son  terroir  e-t  en  labour,  prairies  et  bois. 

Brela  ,  Bresie  (la) ,  petite  rivière  du  dépt.  de 
l'Oise  ,  qui  prend  sa  source  au-dessus  de  Blargies,  à 
i  kil.  nord  de  Formerie,  arrond.  de  Be.mvais;  elle 
passe  à  Aumale,  Senarraont,  Blangis,  Gamache,  Eu, 
el  se  jelle  dans  la  Manche  au  TréporI,  après  un  cours 
d'environ  60  kil.  Dans  presque  toute  son  étendue 
elle  forme  la  limite  enlre  les  dépt.  de  la  Seine  In- 
lérieure  et  de  la  Somme.  La  Bresie  commence  à  être 
navigable,  au  moyen  des  marées,  un  peu  au-dessus 
d'Eu  jusqu'à  son  euiboucluirc,  sur  une  clendue  d'en- 


162 

viron  5000  mètre*.   Elle   traverse   une  partie  des 
diorèses  de  Beauvnis,  il'Amicns  et  de  Rouen. 

Breliacum  Castrum,  Bresie,  paroisse  du  diocèse  de 
Beauvais  ,  dépt.  de  l'Oise,  camon  de  Nivillé  ,  à  12 
kd.  à  l'est  de  Beauvais,  et  à  62  de  Paris.  Pop.  1650 
habitants.  Le  terroir  est  en  labour  et  en  prairies  , 
quelques  parties  sont  en  bois.  Il  y  existe  2  luileries, 
des  briquetteries  et  des  tourbières  :  une  partie  des 
habitants  est  occupée  à  en  extraire  la  tourbe.  Tous 
les  jardins  sont  poiagers  et  en  plein  rapp  rt.  Ce 
village  est  traversé  par  la  roule  de  Beauvais  à  Cler- 
mont.—  Bresie  est,  dans  une  charte  du  roi  Bobert, 
de  1016,  appelé  vitta  episcopi,  parce  que  l'évêque  de 
Beauvais  éiait  seigneur  de  ce  lieu;  il  y  avait  une 
maison  de  campagne  que  cunservèrent  ses  succes- 
seurs. En  1210  ou  1212,  Philippe  de  Dreux  ,  plus 
connu  par  ses  laiis  d'armes  que  par  les  fonctions  de 
son  épiscopat,  fit  bâiir  à  Bresie  un  château  ou  une 
forteresse  <  proche  et  contigu  des  confins  et  limites 
de  la  comtesse  de  Clermont  en  Beauvais  ,  qui  esloit 
parente  du  comte  de  Boulogne;  par  le  moyen  de  la- 
quelle; ledit  évesqne  pouvoit  doresnivant  endomma- 
ger le  pays  de  cesie  dame  ;  elle  en  lit  sa  plainte  à 
Renault  de  Dammariin,  comte  de  Boulogne,  lequel 
tout  aussitôt  vint  ruiner  la  forteresse.  L'évesque  ne 
faillit  d'user  de  revanche;  car  ,  sachant  que  liaoul  , 
comte  de  Clermont,  avait  fait  basiir  de  nouveau,  en 
l'an  1186,  le  bourg  et  cbasteau  de  Neuville,  en  la 
foresi  de  Hez,  il  y  fut  avec  forces,  et  rasa  le  cbas- 
teau à  fleur  de  terre,  ce  qui  fut  cause  que  la  guerre 
s'émeut  enlre  les  deux  seigneurs  ,  l'un  desquels  ,  à 
sçivoir  l'évesque,  esloit  favorisé  du  pape  et  du  roi 
de  France  (Philippe-Auguste)  ;  l'antre,  de  l'empe- 
reur Oilion  et  du  roi  d'Angleterre.  Or,  la  guerre 
que  nnstre  dit  évesque  avoil  contre  le  comte  de 
Boulogie  s'échauffa  tellement ,  qu'elle  fut  cause  de 
la  bataille  de  Bouvines ,  le  25=  jour  de  juillet  1214  , 
où  l'évêque  de  Beauvais  y  conduisit  ses  troupes  avec 
l'évêque  de  Laon,  son  frère.  >  L'auteur  des  Anti- 
quités du  Beauvaisis,  Louvel  ,  qui  s'exprime  ainsi  , 
se  trouve  eu  contradiction  avec  un  auteur  célèbre  , 
qui  pense  qu'il  est  plus  vraisemblable  que  les  di- 
verses puissances  ne  se  réunirent  contre  Philippe- 
Auguste  que  parce  qu'il  devenait  trop  puissant ,  et 
que  chacun  ,  sans  y  songer  et  comme  par  instinct, 
cherchait  déjà  ce  fameux  système  d'équilibre  sur  le- 
quel roula  depuis  la  poliiique  européenne.  Quoi  qu'il 
en  soit,  l'évêque  de  Beauvais  combatiit  de  sa  per- 
sonne, se  jeta  dans  la  mêlée  ,  et  renversa  le  c  -mie 
de  Salisbeiy  d'un  coup  de  sa  crosse.  —  Al'épnque 
de  la  ligue,  Nicolas  Fumée,  évêqiie  de  Beauvais  (l'un 
de  ceux  qui  plus  tard  furent  envoyés  à  Henri  IV, 
pour  engager  ce  roi  à  rentrer  dans  le  sein  de  l'E- 
glise), refusa  d'entrer  dans  ce  parti.  Forcé  de  sortir 
de  Beauvais  et  de  se  reiirer  à  Bresie,  les  ligueurs 
vinrent  l'y  attaquer.  Voici  en  quels  termes  l'auteur 
de  l'Histoire  de  la  ville  et  du  château  de  Gerberoy 
(sect.  II,  chap.  vin,  liv.  ix,  p.  249)  raconte  cette  at- 
taque :  4  La  sortie  de  notre  cvèque  de  Beauvais  el 


163 


BICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCF.ESIASTIQUE. 


\M 


sa  retraite  à  Bresle  animèrent  tellement  ceux  du 
puni  de  la  ligue,  qu'ils  commencèretil  à  penser  aux 
moyens  de  l'aller  surprendre  et  s'emparer  de  sa 
personne.  Un  jeudi  soir  (29  nnv.  1589),  ayant  mis 
une  partie  de  leurs  gens  en  embuscade  assez  proche 
du  |K)nl  du  château  ,  et  d'autres  s'élant  cachés  dans 
une  allée  qui  répond  à  l'autre  porte  du  même  châ- 
teau, les  premiers  s'aperçnrenl  .ju'on  venait  d'abais- 
ser le  petit  pont  :  aussitôt  les  voilà  qui  sortent 
comme  des  lious  d'une  caverne,  et  se  saisissent  de 
ce  pont  et  de  la  petite  porte ,  tandis  que  leurs  com- 
pagnons accourent  au  signal  donné.  Ainsi  assemblés, 
ils  entrent  avec  lurie,  sous  la  conduite  du  sieur 
Desraasures,  et  s'emparent  du  palais  de  leur  évêque, 
frappant  et  maltraitant  ceux  qu'ils  renconireul.  Ils 
pillèrent ,  non-seulcraent  toute  la  vaisselle  d'argent 
du  prélat  et  ses  tapisseries,  mnis  aussi  lous  les  au- 
tres meubles  et  ceux  qui  appartenaient  aux  habitants 
de  Dresie,  que  ce  Desmasures  fit  conduire,  en  la  ville 
de  Beauvais,  par  plus  de  cent,  tant  chariois  que 
cliarrettes.  Non  cornent  d'avoir  encore  pris  la  mitre 
de  l'évéque,  il  voulut,  en  dérision,  comrefaire  l'é- 
véque,  nonobstant  les  remontrances  à  lui  faites.  Un 
gentilhomme  de  la  troupe  eut  aussi  la  hardiesse  de 
meilre  ses  mains  sacrilèges  sur  son  propre  pasteur, 
et  de  lui  arracher  même  les  marques  de  sou  carac- 
tère, je  veux  dire  son  anneau  pasioral;  mais  il  n'eut 
pas  sitôt  commis  cet  attentat ,  qu'il  entendit  une  pa- 
role terrible  de  la  bouche  de  son  évêque  :  que  dans 
l'an  il  irait  comparaître  infailliblement  devant  Dieu 
pour  y  rendre  compte  d'un  tel  crime;  ce  qui  arriva  en 
effei,  selon  que  l'avait  prédit  ce  prélat  outragé,  qui, 
regreilaiit  de  voir  A\aA  vilipender  sa  dignité  sacrée, 
fit  plusieurs  moniioires  audit  Desmasures  et  à  ses 
complices,  ei  ensuite  fulmina  son  excommunication, 
dont  peu  après  ils  ressentirent  les  effets,  ledit  l'es- 
masures  ayant  été  tué  et  malheureusement  massa- 
cré. »  Ce  vénérable  prélat  fut  détenu  cinq  jours  dans 
son  château,  et  ensuite  conduit ,  chargé  de  fers,  à 
Noyon,  où  on  le  contraiiinit  à  payer  iiUO  écus  |  onr 
êire  mis  en  libeité.  Le  château  de  Bresle  fut  bieniôt 
aprèi  démantelé.  Dans  les  derniers  temps,  la  terre 
do  Bresle  avait  le  titre  de  châtellenie;  et  quoique 
les  fortification»  du  château  fussent  entièrement  dé- 
molies ,  le  priiici|ial  bâtiment  fut  toujours  la  maison 
de  campagne  des  éièques  de  Beauva.s.  Le  parc  con- 
tenait environ  100  arpents;  sa  disiribulion  et  les 
embellissements  en  avaient  fait  un  des  séjours  les 
jilus  ai;réables  des  environs.  Les  bâtiments  qui  res- 
tent cuiore  ^o!ll  oc<  upés  par  une  bi  igade  de  geudar- 
nierie.  —  Pi  es  de  Bresle,  au  sud-ouest,  et  entre  ce 
village  et  l'ancienne  abbaye  ile  Froidinont,  est  un 
lieu  nommé  Cump  de  César,  nom  que  l'on  donnait  à 
tous  les  camps  romains.  Celui-ci  est  d'une  forme 
ovale  et  placé  sur  une  éuiineiice  lort  escarpée  , 
nommée  ellesuème  Moni-César.  Ce  camp,  de  500 
mètres  de  longueur  ,  était  foriitié  par  un  retranche- 
ment, dont  les  ruines  rappellent  le  genre  de  la 
casiraméiaiiou  romaine. 


Brena  nntiqua,  Brienne-la-Ville,  ou  Brienne-la- 
Vieille,  très-ancienne  paroisse  du  diocèse  de  Troyes, 
arrond.  de  Bar-snr-Aube,  canton  de  Brieunf-le- 
Chàteau,  dépari.  de  l'Aube.  Elle  est  à  20  kil.  nord- 
ouest  de  Bar-.-ur-Aulie.  Popul.  700  hab.  Ce  village 
est  situé  sur  la  rive  droite  de  l'Aube  ,  avec  un  port 
sur  cette  rivière,  où  l'on  construit  des  bateaux. 

Brenœ  Casirum,  Brienne-le-Château,  peiite  ville 
du  diocèse  de  Troyos,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrood. 
de  Bar-sur-Awbe,  départ,  de  l'Aube,  à  56  kil.  nord- 
est  de  Troyes,  et  191  de  Paris.  Ce  lieu  s'appelle  en 
latin  Brena,  et  Flotloard  en  fait  mention  au  milieu 
du  xii°  siècle,  dans  sa  Chronique,  où  il  nous  apprend 
que  la  forteresse,  munitio  Brena,  avait  été  bâtie  et 
fortifiée  par  deux  frères,  Gotbert  en  Angilbert,  qu'il 
appelle  des  brigands  (lairones).  Le  roi  Louis  d'Ou- 
tremer l'attaqua  ,  la  prit  et  la  ruina  en  951.  Elle  fut 
rebâtie  et  donnée  à  des  seigneurs  qui  la  tenaient  en 
fief  des  comtes  de  Champagne.  Erard  ,  seigneur  de 
Brienne,  portait  le  titre  de  comte  dès  l'an  1104.  Ses 
descendants  mâles  furent  reconnus  pairs  du  comté 
de  Champagne;  l'ini  d'eux  fut  roi  de  Jérusalem  et 
empereur  de  Constaniinople.  L'ancienne  forteresse 
de  Brienne  a  depuis  longtemps  disparu.  Celte  ville 
est  dans  une  belle  situation,  à  peu  de  distance  de  la 
rive  droite  de  l'Aube  ;  elle  est  remarquable  par  un 
superbe  château  de  construction  moderne,  et  qui  est 
un  des  plus  beaux  monuments  du  département  de 
l'Aube.  Il  a  fallu  vaincre  la  nature,  couper  des  buttes 
de  terre,  et  Ils  joindre  par  un  pont  qui  a  plus  de  16 
mètres  (40  p.  5  p.)  d'élévation,  pour  former  le  pla- 
teau sur  lequel  cet  édifice  est  assis.  Il  domine  une 
plaine  immense,  et  qui  ne  présente  pas  de  bornes  à 
la  vue;  il  renferme  une  bibliothèque  précieuse  et  un 
cabinet  d'histoire  naturelle  ,  qui  contient  des  mor- 
ceaux rares.  La  beauté  des  j^irdins  répond  à  l'élé- 
gance des  bâiinients.  Il  n'est  peut-être  pas  en  France 
un  château  dont  la  position  soit  aussi  avantageuse  , 
qu'on  aperçoive  de  plus  loin,  d'autant  de  lieux,  et  au- 
quel aboutissent  en  si  grand  nombre  des  roules  par- 
faitement alignées.  Cette  superbe  habitation  est  due 
à  la  munificence  de  Loménie  de  Brienne,  qui  fut 
ministre  de  la  guerre.  Son  amour  pour  les  arts ,  les 
bienfaits  dont  lui  et  son  frèreavaient  enrichi  ces  con- 
trées ,  n'empêchèreni  pas  qu'il  ne  fût  traduit  au  tri- 
bunal révolutionnaire,  où  les  réclamations  des  com- 
munes environn.intes  ne  firent  qu'accélérer  sa  perte. 
Brieane  est  devenu  célèbre  par  l'école  militaire  qui 
y  était  établie ,  et  où  Napoléon  fit  ses  premières 
études.  En  177G,  le  gouvernement  lit  choix  du  col- 
lège des  Minimes  de  Brienne  pour  y  établir  cette 
école  destinée  à  recevoir  100  élèves  du  roi  et  100 
pensionnaires.  En  1788,  le  gouvernement  désigna 
de  nouveau  la  maison  de  Brienne  pour  y  élever  les 
cadets  gentilshommes  destinés  an  génie.  Ce  nombre 
devait  être  de  40  ,  avec  un  pareil  nombre  de  pen- 
sionnaires adjoints.  Celle  maison  s'est  soutenue 
jusqu'en  1790;  à  cette  époque  il  n'y  avait  plus  que 
î9  élèves  du  roi  et  16  pensionnaires.  Les  dépenses 


les  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYtN  AGE. 


166 


•nnuelles  excédaient  les  receltes  de  19,000  Tr.  Les 
commissaires  du  conseil  général  du  dépariemenl  . 
cbarjiés  d'examiner  la  siiualion  de  cel  éublissemeut, 
observèrent  que  la  vente  des  matériaux  et  de  la  place 
ne  produirait  pas  40,000  fr.  Malgré  leurs  observa- 
tions, b  vente  eu  fut  ordonnée,  et  tous  les  bàiiineiiis 
démolis  ;  de  sorte  qu'il  n'en  reste  plus  rien.  De  tous 
les  établissements  d'instruction  qui  existaient  dans 
le  département  de  l'Aube,  le  plus  florissant, quoique  le 
plus  moderne,  était  sans  contredit  l'école  militaire  de 
Brieone.  Ynici  les  difféieiits  objets  d'instruction  qui 
y  étaient  suivis  :  1"  un  cours  complet  d'humanités, 
divisé  en  classes,  selon  l'ancien  mode  d'enseigne-- 
ment  ;  2°  un  cours  d'histoire  et  de  géographie  pa- 
rallèle et  coïncidant  un  premier;  5°  un  cours  de 
dessin,  et  4°  enlin  celui  de  nialliémaliques  qui  n'était 
jamais  discontinué.  Cette  ville  a  été  le  théâtre  d'iiD 
fameux  combat  entre  les  Français  et  tes  armées  al- 
liées, lo  i9  janvier  1814.  Elle  est  percée  de  plu- 
sieurs avenues;  on  y  fabrique  de  la  bonneterie.  Il  y 
:i  dos  Ulatures  de  coton,  des  faieni  erles.  Il  s'y  fa- 
brique aussi  des  toiles  de  chanvre  et  des  lilsde  toute 
espèce,  qui  se  vendent  partie  sur  les  lieux,  partie  à 
Troyes.  Le  principal  commerce  est  en  blé,  légumes 
secs,  chanvre  et  laine. 

Brennacum,  Braine,  Braisnes,  diocèse  de  Soissons, 
arrondissement  de  cette  ville,  chel-lieu  de  canton 
du  départ,  de  l'Aisne,  à  14  kil.  est  de  Soissons,  à  24 
de  Laon,  et  à  96  de  Paris.  Il  s'est  tenu,  eu  S8l,  un 
concile  dans  cette  petite  ville;  elle  est  située  dans 
une  belle  plaine  sur  la  rivière  de  la  Vesle.  Chef  d'un 
comté  connu  il  y  a  près  de  700  ans,  et  qui  él;iit  une 
annexe  du  duché  de  Valois,  elle  avait  néanmoins 
son  comte  propriétaire,  dont  les  prédécesseurs  avaient 
été  vassaux  et  pairs  des  coujles  de  Champagne,  les- 
quels avaient  tenu  cependant  les  liefs  de  Braine  et 
de  Roucy  de  l'église  de  Reims ,  dont  les  comtes  de 
Braine  étaient  arrière-vassaux.  Il  y  aviiit  dans  celte 
ville  une  abbaye  considérable ,  de  l'ordre  des  Pré- 
montrés  ,  du  nom  de  St-Yved  (livodius) ,  évêque  de 
Rouen,  dont  le  corps  y  avait  été  transporté.  Celte 
abbaye  avait  été  londée,  en  1150,  par  André  de 
Bcaudemont.  Elle  était  en  commande,  et  valait  en- 
viron 7,000  liv.  au  titulaire.  Il  s'y  trouvait  encore 
un  prieuré  de  l'ordre  de  Ouny,  dépendant  de  la  Cha- 
ri:é-sur-Loire,  et  une  seule  paroisse  sous  l'invoca- 
tion de  saint  Nicolas.  —  De  Laubriére ,  évêque  de 
Soissons,  y  avait  fait,  en  17ô5,  une  translation  des 
reliques  de  saint  Victor,  autre  évêque  de  Rouen.  La 
démolition  de  l'église  de  Si-Yved  avait  été  ordonnée 
il  y  a  quelques  années.  Cette  église,  fondée  par  Ro- 
bert I'',  ûls  de  Louis  le  Gros,  est  un  monument  que 
les  gens  de  l'art  regi^rdent  comme  un  des  chefs-d'œu- 
vre du  xiii«  siècle,  et  que  son  fondateur  avait  choisi 
pour  le  lieu  de  sa  sépulture  et  de  ses  descendants. 
Il  y  repose  avec  dix  autres  membres  de  sa  famille. 
Ces  cendres  ont  été  respectées  pendant  la  révolution. 
C'est  au  curé  ,  doyen  de  Braine,  l'abbé  Beaucamp  , 
que  Ton  doit  la  conservation  de  ce  monument  reli- 


gieux. On  trouve  des  sources  d'eau  minérales  au  bas 
de  cette  c<!n)niune;  une  entre  autres  se  rencontre  à 
une  porte  de  ce  lieu ,  dite  la  porte  de  Cliâiillon.  La 
qualité  des  eaux  de  celle  source  approclie  de  celte 
des  eaux  de  Passy  ,  près  Paris.  Plusieurs  iiersonnes 
les  ont  prises  avec  succès  ;  elles  purgeât  douce- 
ment. Aux  environs,  et  non  loin  d'un  vieux  cbàieau 
ruiné,  appelé  la  Folie,  on  voit  des  rochers  tout  en- 
tiers de  pierres  nuniisraales  et  de  tubes  vermiculai» 
res;  il  y  a  aussi  des  pyrites,  des  marcassites  sur 
terre  et  d^ns  la  terre,  ainsi  que  de  la  ceranuite  ou 
pierre  de  tonnerre,  de  différentes  forme  et  grosseur, 
de  la  pierre  Ironientaire  ,  des  concrétions,  des  fluors 
et  des  cristallisations.  11  se  fait  à  Braine  uq  com- 
merce de  bestiaux  ;  il  y  a  un  dépôt  d'étalons  ,  et  une 
foire  considérable  le  14  septembre.  Sa  popul.  est  de 
l,.SOli  hab.  environ. 

Brevannum  vel  Bretanum  ,  Brevanne ,  Brevane 
ou  Bevrane,  hameau  de  la  commune  de  Liuieil, 
diocèse  de  Versailles,  canton  el  bureau  de  poste  de 
Boissy-Saint-Léger,  arrond.  de  Corbeii  ,  départ,  de 
Seine-et-Oise  ,  à  IG  kil.  do  Paris.  Il  y  existe  un  châ- 
teau et  beaucoup  de  maisons  de  campagne  environ- 
nées de  bois.  Le  château  lui,  en  178ù,  recoistruit 
sur  un  plan  très-vasle,  par  le  Pilenz,  conseiller  au 
pjrleineni.  On  évalue  les  dépenses  de  constrnclion 
et  d'einbellissenieni  à  un  million.  11  avait  appiirtenti 
au  duc  de  Chaulnes  ,  gouverneur  de  Bretagne.  Ce 
châtL-au  se  lait  re.narquer  par  l'élégance  el  la  soli- 
dité de  son  architecture,  la  beauté  de  ses  avenues  et 
de  ses  développenienis,  l'étendue  et  la  magnilicence 
de  ses  dépendances.  Il  est  environné  de  vasies  fossés, 
dont  les  eaux  proviennent  de  sources  abondantes 
qui  répandent  encore  le  luxe  de  leurs  eaux  dans  les 
jardins,  et  sont  recueillies  dans  des  bassins  dont  la 
grandeur  égale  la  variété.  L'orangerie,  par  le  choix, 
le  Liombre  et  la  beauté  des  arbres,  ajoute  aussi  à 
l'agrément  du  château.  Le  parc,  les  bosquets  et  les 
plantations  de  tout  genre,  ont  été  exécutés  sur  les 
dessins  de  I.cnôtre  ;  quelques  allées ,  par  leur  éten- 
due, offrent  un  a.-pecl  aussi  milite  qu'imposant ,  à 
cause  des  voûtes  qu'elles  forment.  —  Il  y  avait  à 
Brevanne  une  chapelle  du  litre  de  Sainte-Marie-Ma- 
deliine  ,  où  l'on  célébrait  la  messe  les  dimanches  et 
fêtes,  excepté  les  grandes  solennités.  Mme  de  Sévigoé 
venait  souvent  dans  ce  hameau;  elle  s'y  plaisait stu- 
gulièrement,  el  y  passait  une  partie  de  l'éié  che^ 
Mme  de  Cuulangis,  dont  la  maison  existe  encore. 
C'est  de  cet  endroit  qu'elle  écrivait  à  sa  fille,  le  11 
novembre  1G88  :  «  Mme  de  Coulanges  est  encore 
plus  aimable  ici  qu'à  Paris;  c'est  une  vraie  femme 
de  campagne  ;  je  ne  sais  où  elle  a  pris  ce  goût  ;  il 
parait  naïuiel  en  elle,  i 

Bnacœ,  Brière>  (les).  Ce  hameau,  qui  fait  partie  de 
la  commune  de  Bagnolet,  est  situé  à  son  nord  et  aji 
levant  de  Ménilmonlant.  Ce  lieu  fut  adjugé  à  L'abbaje 
de  Saint-Denis  par  arrêt  du  parlement  du  28  noveitt- 
bre  1532.  Il  se  trouve  mentionné  depuis  dans  les  re- 
gistres du  trésor  des  Charles,  comme  appartenant. 


167 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


an  moins  en  partie,  au  roi  par  confiscaiion.  Oji  y 
voil  à  l'an  1584,  an  mois  de  mars,  des  leti-res  de 
Charles  VI ,  datées  de  Paris,  où  ce  prince  dit  qu'il 
avait  donné  à  son  cliamliellan  Guillaume  de  La  Tré- 
moille,  les  maisons  de  Bruyèi es-lez-Paris,  et  une 
Dialson  appelée  La  Folie  Nicolas  Cuepié ,  assise  près 
desdit'S  maisons,  avec  les  dépendances,  lesquelles 
choses  Turent  jadis  à  Jean  Desmares,  avocat  du  i'i>i 
au  parlement  de  Paris,  parce  que  ledit  Je/ian  fut  lors 
exécuté  pour  ses  démérites.  Charles  VI,  vu  les  bons 
offices  de  son  amé  escuyer  et  varlet  tranclinnl,  Pierre 
de  la  Trémoille,  chambellan  de  sondii  oncle,  lui  donna 
ces  mêmes  maisons  qu'il  avait  reprises  de  Guillaume. 
Au  temps  où  l'abbé  Lebeuf  écrivait,  le  ma;^ni(lque 
château  des  Brières  venait  d'éire  vendu  par  le  prince 
Léoo,  de  la  maison  de  Kolian,  qui  le  possédait,  à  un 
nommé Corbec,  couvreur  de  Paris,  moyennant  85,000 
liv.  Le  nouvel  acquéreur  le  fit  dénmlir.  il  en  reste 
encore  l'oringerie  et  un  pavillon  couronné  d'un  clo- 
cher, dit  Noire-Dame-de-Pitié:  Les  pénitents  de  Bel- 
leville  y  disaient  autrefois  la  messe.  Corbec  détruisit 
aussi  le  parc  et  les  jardins. 

Bricii  Sancti  Villa,  Saini-Brice.  Plusieurs  localités 
en  France  ont  pris  le  nom  de  saint  Brice,  évêque  de 
Tours  après  saint  Mai  tin.  Il  y  a  un  bourg  de  ce  nom 
dans  le  diocèse  de  Hennés,  chef-lieu  do  c;inton  de 
l'arrondissement  de  Fouiséres,  à  1-2  kil.  nord-ouest 
de  celte  ville,  départ.  d'Ille-et-Vilaine.  La  popul. 
est  de  1400  liabiiants. 

Il  y  en  a  un  antre  qui  faisait  partie  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Paris,  et  qui  est  aujourd'hui  de  celui  de  Ver- 
sailles, canton  d'Ecoueu,  arrond.  de  Ponioise,  dépt. 
de  Seine-et-Oise,  à  5  kil.  d'Ecouen ,  où  esi  le  bu- 
reau de  poste  ,  à  8  de  Saint-Denis  et  à  14  de  Paris. 
La  popul.  est  de  1500  bab.  Le  terroir  est  en  terres 
labourables  et  en  vignes;  on  y  récolte  beaucoup  de 
fruits.  On  ne  trouve  rien  de  particulier  sur  ce  vilbige 
avant  le  régne  de  Louis  le  Gros,  au  conimencenienl 
du  xji«  siècle.  L'abbé  Lebeuf  croit  qu'il  a  pu  étie  ori- 
ginairement une  dépendance  de  Groslay,  qui  est  fort 
ancien,  et  que  l'érection  de  sa  paroisse  est  de  l'an- 
née HOO.  L'église,  augmentée  de  deu.K  ailes  au  midi,  a 
clé  dédiée  en  1525.  L'ancienne,  qui  subsistait,  au 
xii«  siècle,  fut  alors  donnée  à  l'abbaye  de  Saint-Victor 
par  Etienne  de  Seniis,  évêque  de  Paris.  Dès  le  xiii= 
siècle,  il  y  eut  à  Sainl-Brice  une  Maison-Dieu,  nom 
qu'on  donnait  à  cette  époque  auï  maladreries  ou  hô- 
pitaux. En  1257  ,  Bouebard  de  Monimorency  lui 
légua  10  livres  par  son  testament.  Le  Pouillé  de 
Paris  de  l'an  10^8,  dit  que  celle  maladierie  était  de 
fondation  royale.  Il  existait  sur  le  terriioire  de  ce 
village  au  xv«  siècle  une  chapelle  du  litre  de  Saint- 
Nicolas  ,  qui  avait  élé  rempLicée  par  une  croix  vers 
le  milieu  du  xviii'  siècle.  Les  seigneurs  de  Montmo- 
rency l'étaient  aussi  de  Sainl-Brice;  cette  st-igneurie 
passa  aux  princes  deCondé,  qui  la  conservèieni.  Les 
fiefs  Godin,  Heugot  et  Laniotte,  situés  à  Sainl-Brice, 
ont  été  possédés,  aux  xvi«  et  xvii«  siècles,  par  la  fa- 
mille de  Braque;  ce  qui  a  causé  l'erreur  de  quebpics 


écrivains,  qui  ont  avancé  que  les  Braque  avaient  été 
seigneurs  de  ce  lieu,  dont  l'air  esi  très-pur,  et  où,  de 
tous  les  environs  de  Paris,  on  trouve  le  plus  d'oclo- 
génaires.  —  Excepté  une  manufacture  de  chandelles, 
diies  économiques,  cette  commune  ne  renferme  pas 
d'éiablissemenis  industriels;  maison  y  fabrii|ue  avec 
succès  beaucoup  de  dentelles  de  so  e,  qui  servent 
principilement  aux  ornements  sacerdotaux. 

I  Brice  (Si-),  ancienne  paroisse,  qui  ne  consistait 
qu'en  une  ferme  et  un  couvent  de  triuita  res,  nommé 
Ca'.llouet,  du  lieu  où  ils  avaient  été  fondés  par  don 
Jacques  Doublet,  moine  de  Saint-Denis,  à  la  fin  du 
xvi"  siècle.  Celle  maison,  qui  était  pauvre,  et  ne 
pouvait  nourrir  pins  de  deux  ou  trois  religieux,  fut 
réunie,  en  16'  5,  à  la  cure  de  Sl-Brice,  à  laquelle  les 
religieux  continuèrent  de  pré<enier.  Celte  paroisse 
est  mainienanl  une  des  dépendances  de  Chaumonl, 
diocèse  de  Beauvais  ,  dépl.  de  l'Oise,  dont  elle  n'est 
distante  que  de  4  kil. 

I  Brice  (Si-),  village  du  diocèse  de  Meaux,  dépt. 
de  Seine-et-Marne,  arrond.  el  canton  de  Provins , 
à  2  kil.  de  celte  ville  où  est  le  bureau  de  poste,  et  à4l 
de  Melun.  Pop.  520  hab.  Il  y  a  plusieurs  maisons  de 
campagne  et  un  assez  beau  château. 

Briegia,  la  Briche,  hameau  considérable  du  diocèse 
de  Paris,  dépait.  de  la  Seine,  qui  dépend  en  partie 
de  la  commune  de  Sainl-Denis  et  en  partie  de  celle 
d'Epinay-leï-St-Denis  ,  plus  souvent  désignée  sous 
le  nom  d'Epinay-sur-Seine.  —  Il  y  a  un  de  ces  an- 
ciens hôiels  de  campagne  qu'on  a  depuis  qualifiés  de 
châteaux.  En  15{;5  ,  Guillaume  Tois  ,  bour^^eois  de 
Paris,  légua  à  l'abbaye  de  Sainl-Denis  cet  hôtel  de  la 
Briche,  appelé  le  jardin  lioniface  ,  avec  moulin, 
vignes,  pressoir,  vivier,  terres  et  prés.  Ce  même 
hôtel  ,  dit  situé  sur  le  chemin  de  Ponioise,  fui  con- 
fisqué vers  l'an  1455  par  le  roi  d'Angleterre,  se  disant 
roi  de  France,  ei  donné  à  Pierre  de  Fontenay  ,  qui 
lui  était  aiiaché.  Les  Anglais  furent  battus,  en  1450, 
par  les  troupes  françaises,  entre  St-Denis  el  Epinay, 
ce  qui  doit  être  arrivé  aux  environs  de  la  Briche. 
Quelques  auteurs  marquent  celle  bataille  cnire  la 
Briche  et  Saint-Léj;er,  village  aujourd'hui  déiruil,  et 
qui  était  au  n  idi  de  Siain.  Cette  victoire  ouvrit  les 
portes  de  Paris  à  Charles  VII,  qui  n'avait  pas  vu  sa 
capitile  depuis  1418.  Au  xvi'  sièele,  ce  château  ap- 
partint à  Gabrielle  d'Eslroes  ,  qui  y  fil  planter  un 
parc  et  consiruire  une  ch.ipelle  qu'on  y  voil  encore. 

Au  commencement  du  xvii'  siècle,  il  fut  possédé 
par  Guillaume  Lormier,  conseiller  en  la  cour  des 
aides  ,  puis  par  sa  veuve.  Un  sieur  Bouret  en  jouis- 
sait en  1099  ,  en  1700  un  nommé  la  Live,  et  sous 
Napoléon  .M.  de  Sonimariva.  Il  y  avait,  avant  la  lé- 
volulion,  à  l'entrée  du  château,  sur  le  bord  du  graud 
chemin,  un  petit  bâtiment  solide  et  déjà  ancien,  ac- 
compagné de  deux  tourelles,  entre  lesquelles  étaient 
des  aimoiries  ,  et  d'un  ponl-levis.  —  Ce  hameau,  si- 
tué sur  le  bord  de  ta  Seine,  a  un  port  pour  les  vins 
de  Bordeaux ,  eaux-de-vie,  huiles  et  autres  mar- 
chandises ,  qui  arrivent  par  cette  rivière,  ce  qui  le 


1C9 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


170 


rend  très-fréquénié.  L'embouchure  du  canal  Saint- 
Denis  est  à  la  Bricbe  ;  il  est  traversé,  dans  la  partie 
qui  est  sur  la  commune  de  Saint-Denis,  par  la  nuie 
de  Rouen.  Sa  distance  de  St-Denis,  où  est  le  bureau 
de  poste,  est  de  1  kil.,  et  celle  de  Paris  de  12  kil.  au 
nord-ouest. 

Briegium,  Brys-sous-Forges  ,  ou  Briis,  Bries  ,  ou 
Bris,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  mainte- 
nant de  celui  d«  Versailles  ,  canton  de  Liniours,  ar- 
rondissement de  Rambouillei  ,  départ,  de  Seine-et- 
Oise,  à  i  kil.  au  sud-est  de  Limours,  où  est  le  bu- 
reau de  poste  ,  et  à  50  kil.  au  sud-ouest  de  Paris. 
Sa  popul.  est  d'environ  700  bab.  ,  y  compris  les  ha- 
meaux de  Launaj-Marécbaux,  Chantecoq,  le  Cou- 
dray,  le  cliàieau  ou  maison  de  campagne  de  Bligny  , 
une  autre  maison  de  campagne  et  ferme  nommée 
Frileuse,  et  trois  moulins  ,  sous  diverses  dénomiiia- 
lions.  Ce  village,  tel  qu'on  le  voit  aujourd'hui ,  parait 
évidemment  avoir  été  fermé  de  murs  ,  et  avoir  eu 
quatre  portes.  Il  ne  reste  de  l'ancien  château  qu'un 
donjon  et  une  tour  formant  un  demi-cercle.  Sa  si- 
tuation est  sur  une  petite  éminence,  au  bas  de  la- 
quelle passe  un  ruisseau  qui  vient  de  Limours.  Il  y  a 
une  Irès-forie  présomption  de  croire  que  c'est  à  Briis 
que  la  fameuse  Anne  de  Boulen,  femme  de  Henri 
Vlll,  roi  d'Angleterre,  fut  élevée  jusqu'à  l'âge  de  15 
ans.  L'église  paroissiale  est  sous  le  litre  de  Saint- 
Denis.  C'était  anciennement  l'abbé  de  Saint-Magloire 
qui  présentait  à  la  cure  ;  mais  depuis  la  réunion  de 
l'abbaye  à  l'arcbevêché,  l'ordinaire  y  nomma  de  plein 
droit.  Il  y  a  eu  autrefois  des  calvinistes  à  Briis  ,  et 
celte  église  était  leur  temple.  La  nef  est  un  grand 
vaisseau  ,  nu  ,  lambrissé  en  demi-cercle.  I.'édiflce 
parait  assez  récent;  on  le  dit  rebâti  depuis  les  guerres 
de  religion.  L'abbaye  de  Saint-Magloire  avait  fait 
construire  une  autre  église,  appelée  de  Sainie-Croix, 
qui  n'existe  plus.  Un  moine  de  celte  abbaye,  Geof- 
froy de  Netz,  mît  en  vers  ,  en  1319  ,  l'histoire  de  la 
translation  du  corps  de  saint  Magloire,  dans  une 
châsse  d'argent,  faite  le  9  juillet  1318;  il  s'exprime 
ainsi  sur  les  ofûciaux  : 

Ceux  officiaux  furent  lors , 
Ces  autres  furent  prieus  hors  : 
De  Sainte-Croix  de  Bris,  Jehan 
De  la  Queue  prieus  cet  an 
Estait  ;  et  Jehan  de  Moncy 
De  Versailles  prieus  aussy. 

En  1534  ,  Guillaume  Dumoulin  était  seigneur  de  ce 
lieu,  et  y  vivait  avec  sa  mère.  Il  exposa  à  l'évéque 
de  Paris  que  cette  dame  ,  nommée  Marie,  était  âgée 
de  80  ans  ,  et  ne  pouvait  se  passer  de  viande  le  ca- 
rême. L'évéque  lui  permit  de  lui  en  faire  manger  , 
pourvu  que  ce  fût  en  secret,  mais  non  les  vendredis. 
—  Briis  a  eu  pour  curé  ,  en  1618  ,  un  homme  qui 
acquit  plus  lard  quelque  célébrité  :  c'est  André 
Saussaye,  morlévèque  de  Tuul,  en  1675,  âgé  de  plus 
de  80  ans.  11  a  laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages  , 
mais  qui  ne  sont  pas  estimés.  —  La  seule  maison 
de  ce  village  qui ,  par  sa  construction ,  se  distingue 
Dictionnaire  de  GâoaRAraiB  eccl.  H. 


des  autres,  s'appelle  le  Pavillon.  Le  terroir  est  en 
terres  labourables  ,  vig;ies  et  bois. 

Brigia.  L:i  Brie,  province  avecancien  titre  de  comté , 
quiavaii  120kil.de  longueur et88dans sa plusgrande 
largeur.  Elle  éiait  divisée  entre  les  diocèses  de  Paris, 
de  MeauXjde  Soissons,de  Troyesel  de  Sens,  et  com- 
prise d;ins  la  Cliampagiie  et  dans  le  gouvernement 
de  l'Ile  de  France.  Aujourd'hui  elle  est  répanie  en- 
tre les  diocèses  de  Meaux.de  Soissons,  de  Versailles 
et  de  Chàlons-sur-Marne.  Elle  forme  le  département 
de  Seine-et-Marne,  et  une  petite  pariie  des  départe- 
nicnis  de  Seine-ei-Oise,  de  l'Aisne  et  de  la  Marne. 
Celle  province  présentait  une  espèce  de  carré  entre 
la  Seine  et  la  Marne,  au  deli  de  laquelle  elle  s'éten- 
dait cependant  encore  de  quelques  lieues  jusqu'aux 
confins  de  la  Champagne,  entre  le  septentrion  et  le 
couchant.  Elle  était  ainsi  nommée  d'une  forêt  qu'Ai- 
moin  appelle  Brigensis  satius.  Jonas,  dans  les  Vies 
de  saint  Colombanet  de  saint  Euslaise,  abbés,  nomme 
Brigensis  sattus  ad  ftuiiolum  Beshacein  et  sallttspagus' 
que  Bilegius.  Bède  donne  à  ce  canion  le  nom  de  Erige, 
ei  le  testament  de  Dagohert  celui  de  Brigeium.  Les 
modernes  l'appellent  Brin.  —  La  Brie  était  ancien- 
nement beaucoup  plus  petite  qu'à  l'époque  de  la  divi- 
sion départemenlale,  puisqu'on  en  distinguait  les  ter- 
ritoires de  Meaux  tt  de  Provins.  Cependant  l'abbé 
Lebeuf  fait  mention  d'une  charte  du  roi  Thierri,  de 
l'an  C90,  et  d'aulres  pièces  fort  anciennes,  qui  mon- 
trent que  Briegium  ei  Teniloriurn  Meliticum  étaient 
synonymes.  —  On  divi-ait  celte  province  en  Brie 
champenoise,  ([ui  faisait  partie  de  la  Champagne,  et 
en  Brie  française,  qui  faisait  partie  du  gouvernement 
général  de  l'Ile  de  France.  —  La  Brie  champenoise 
était  bornée,  au  septentrion,  par  le  Valois  et  le  Sois 
sonnais;  au  couchant,  par  l'Ile  de  France;  au  midi^ 
par  le  Gâtinais  français,  et  au  levant,  par  la  Champa- 
gne proprement  dite  et  le  Rémois.  Elle  avait  88  kil. 
de  long  sur  56  de  large.  L'air  y  est  bon  et  le  terri- 
toire feriilc  en  blés  et  en  vins.  H  y  a  aussi  des  bois  et 
d'excellents  pâturages  ;  ses  fromages  sont  très-esli- 
més.  La  capitale  était  Meaux.  On  la  divisait  en 
haute  et  basse  Brie  et  en  Brie  pouilleuse,  autrement 
dite  galleuse  et  gallevesse.  Celle  dernière  était  au 
nord,  et  avait  pour  capitale  Château-Thierry.  Elle 
renfermait  une  partie  du  Tardenois  dont  le  reste  élait 
confondu  avec  le  Soissonnais.  La  haute  Brie  renfer- 
mait le  territoire  de  Meaux  et  une  partie  du  Mulcien, 
dont  le  reste  se  trouvait  confondu  avec  l'Ile  de 
France  et  le  Valois  :  Meaux  élait  sa  capitale.  La 
basse  Brie  était  la  partie  du  midi,  et  avait  Provins 
pour  capitale.  La  Marne,  la  Seine,  le  grand  et  le  pe- 
tit Morin,  la  Voulzie,  la  Brevone,  la  Terouane  et  l'Ur- 
tin  étaient  les  rivières  de  la  Brie  champenoise,  et 
ses  villes  dans  la  haute  Brie,  Meaux,  Couloraniiers, 
Crécy  ,Jouy  ;dans  la  Brie  pouilleuse,  Châleau-Thierry, 
Crouy,  Montmirel,  la  Fère-en-Tardenois,  la  Ferlé- 
sous-Jouarre,  Nogent  rArtault  ;  et  dans  la  basse  Brio, 
Provins,  Sezanne,  Montereau-Fault- Yonne,  Joui-le* 
Chàiel ,  la  Ferté-Gauclier,  Bray -sur-Seine,  Ville- 
6 


^^l  DICTIONNAIKE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  172 

Boxe-Ia-Grande,   Donnemarie,  Aiiglure.  —  La   Brie  Biiinnnia  Minor,  vcl  Armorica,  l'Armorique,  la  Pc- 

fraiiçaise    incorporée  au  gouvernement  général  de      tiie Bretagne,  pour  la  dis;ingiier  de  la  Gr:inde  (ZJrifaii- 


l'Ile  de  France ,  était  bornée  au  septentrion,  par 
nie  de  France;  au  midi,  par  la  Seine,  qui  la  sépa- 
rait du  Gàtinais;  au  levant,  par  la  Brie  champenoise, 
ei  au  couclianl,  encore  par  la  Seine,  qui  la  séparait 
du  Hiirepoix.  Ses  villes  principales  étaient  Brie- 
Conite-Bobert  sa  capitale,  Coibeil,  ViUeroi,  Lagny, 


nia  Major),  ancienne  province  de  France  ,  fameuse 
dans  les  annales  du  moyen  âge  et  dans  riiistoire 
contemporaine. 

D'après  im  état,  une  notice  {noiitia)  de  l'empire 
romain  concernant  la  division  de  la  Gaule,  la  provin- 
ce dite  la  troisième  Lyonnaise  commençait  aux  en- 


Crecy,  Rosoy,  MontereaH,Hericy,  D;immartin,  Ville-  virons  de  Tours, ets'étendait, dit  MalteBrun,  sur  toute 
neuve-Saint-Georges;  rUières  était  sa  seule  rivière. 
La  Brie  était  divisée  en  six  élections,  Meaux,  Cou- 
lommiers,  Rosoy,  Melun,  Provins,  Château-Thierry  : 
les  environs  de  Lagny  appartenaient  à  l'éleciinn  de 
Paris.  —  Cette  province  était  le  pays  des  Meldi, 
peuples  de  la  4^  Lyonnaise.  Soumise  vers  le  x^  siècle, 
elle  l'ut  gouvernée  par  des  comtes  qui  descendaient 
d'Eudes,  tué  par  Gathalou.  Pierre  de  Dreux  la  porta 
dans  la  maison  de  Bretagne,  en  1550,  d'où  elle  passa 
dans  celle  d'Artois,  41  ans  après,  par  le  nariage  de 
Blanche,  ûlle  do  Jean  H,  duc  de  Brelagne  ,  avec 
Philippe,  comte  dWrtois.  Charles  VI  la  donna  à  son 
frère  Louis,  duc  d'Orléans,  ei  Louis  XII,  à  son  avè- 
nement, la  réunit  à  la  couronne. 

Brionna.  Brionne,  ville  de  l'ancien  diocèse  de 
Rouen,  aujouid'hui  de  celui  d'Evreux,  chef-lieu  de 
canton  de  l'arroudissemeiit  de  Bernay,  département 
de  l'Eure,  à  1  i  kil.  nord-est  de  Bernay,  Memde  Rouen, 
et  52  niird-esl  d'Evreux.  Elle  est  située  sur  la  Rille, 
au  pied  d'une  côte,  dans  une  vallée  agréable.  Il  se 
tint  en  celte  ville,  en  1050,  un  célèbre  concile  pro- 
vincial, où  l'on  condamna  l'hérésie  de  Bérenger.  Il 
y  avait  à  Brionne  une  ancienne  léproserie,  dont  il  ne 
restait,  au  conunencement  du  xvi«  siècle,  qu'une  i lia- 
pelle  en  titre,  sous  le  nom  de  Saini-Michel.  Cette 
terre  était  possédée  par  la  maison  de  Lorraine,  de  la 
br^inche  étiiblie  en  France.  La  paroisse  de  celte  ville 
portait  le  titre  de  Saint-Martin.  Il  y  avait  un  monas- 
tère lie  liénédictines.  une  haute  justice,  une  foire  à 
la  Saint-Denis,  et  un  grand  marché  aux  grains  tous 
les  jeudis.  La  mesure  de  Brionne  était  une  des  gran- 
des de  Normandie.  L'église  de  Saint-Denis,  située  de 
l'autre  coté  du  pont,  était  succursale  de  celle  de 
SaintMariin.  Au-dessus  de  celte  église,  on  voit  un 
ruisseau  qui  tnmbe  de  la  côte,  et  qui  fait  tourner  un 
moulin,  avant  de  se  perdre  dans  la  Rille.  II  y  a  aussi 
deux  moulins  à  huile.  Ce  pays  est  feriile  en  grains, 
dont  les  habitants  font  un  grand  commerce.  Il  y  a  de 
belles  prairies.  11  s'y  fabrique  des  draps.  On  y  trouve 
des  filatures  de  laine  et  de  coton,  des  tanneries, 
des  mégisseries.  La   population  est  de  2600  hab. 

(1)  Mêla,  m,  2. 

(2)  Mabillon,  Analecla,  pag.  263.  Wesseling,  Iti- 
nér.  586. 

(3)  Tnb.  Peuting.;  Notit.  Ga/(.  Il  serait  possible 
que  Piolémée  eût  commis  une  erreur  en  indiquant 
Suiis  deux  noms  ililTérenis  le  même  peuple  :  Slrahon 
appelle  aussi  Samniles  un  peuple  quelyiAvhit  ei  Gos- 
selin  regardent  connue  les  Samniles  ou  Namnetes,  en 
corrigeant  le  tevte  qui  pariiît  avoir  été  alléré  par 
une  faille  de  copiste.  Les  manuscrits  de  Sirabon  (|ue 
Piolémée  a  consultés  por'taieni  peut-être  les  deux 


la  péninsule  de  Brelagne,  péninsule  presque  entière- 
ment effacée  dans  la  géographie  systématique  de  Stra- 
bon,  mais  que  Mêla  décrit  le  premier  d'une  manière 
conforme  à  la  vérité  (1).  Voici  les  peuples  de  celte  pro- 
vince :  les  Turones  occupaient  la  Tonraine  avec  Cœ- 
sarodunum,  qui,  dans  le  moyen  âge,  prit  le  nom  du 
peuple  et  qui  est  anjnurd'hui  Tours  ;  les  Andecavi  ou 
Andes  possédaient  Juliomagus  ou  Angers  ;  les  Ceno- 
mani  habitaient  le  Maine  avec  Vindinum,  aujourd'hui 
le  M  ins;  les  Diablinlœ,  autrement  Oiablinles  ou  Dia- 
blindi,  avaient  pour  chef-lieu  Nœodanum,  nui  existe 
encore  sons  le  nom  Jubleins,  à  l'est  de  Mayenne  (2). 
Dans  la  péninsule  nous  trouvons  les  Redones,  que 
Piolémée  transporte  au  milieu  des  Gaules,  mais  dont 
la  capitale,  Cvndaie,  est  dccidément  Rennes.  Au  sud 
de  ceux-'îi  étaient  les  Namnele»,  nommés  Samniles 
par  Plnlémée,  qui  place  très-loin  de  là,  et  au  nord 
des  Cenomani,  une  autre  nation  desNamnelesavecla 
ville  de  Condmcnum  ;  il  esl  donc  incertain  si  ce  nom 
convient  à  Nantes,  indiquée  d'une  manière  plus  cer- 
taine sous  ceux  de  Civilas  ou  Poilus  Nainiietum  (3).  Le 
géographe  d'Alexandrie  place  encore  à  l'embouchure 
de  la  Vilaine  un  port  nommé  Porliis  Brivates,  qui  ap- 
partint dans  la  suiie  aux  Visigolhs  (4),  et  qui  parcon- 
sé(|uent  ne  saurait  être  reculé  plus  au  nord  :  c'est  au 
jourd'hui  la  petite  ville  maritime  du  Croisic.  Les  Ve- 
neli  régnaient  sur  les  côtes  du  Morbihan  et  sur  les 
îles  Vénétiques,  l'un  des  sièges  du  culte  druidique; 
la  ville  d'^  Vannes,  connue  sous  le  nom  de  Dariori- 
gum,  reçut  plus  tard  celui  de  Yeneiœ  (5)  ;  les  grands 
mais  iiiformes  navires  de  cette  nation  se  rendaie  it 
aux  îles  Britanniques  (o).  Les  Osismii  occupaient 
l'extréniilé  de  la  péninsule  avec  le  port  Gcsocribati', 
depuis  Brest,  et  le  promontoire  Gotefim,  qu'on  prend 
généralement  pour  le  cap  M.ilic.  Leur  capitale  por- 
tait le  nom  de  Yorganium.  L'île  Serin  ou  des  Saints 
était  le  siège  d'un  oracle  avec  neuf  prêtresses  qui 
passaient  pour  avoir  te  pouvoir  de  guérir  les  mala- 
dies incurables,  li'exctter  et  d'apais>  r  les  tempêtes  et 
de  se  transformer  en  tonte  sorte  d'animaux  (7).  La 
côte  septentrionale  de  la  Brelagne  appartenait,  se- 

noms  ci-dessus,  et  il  aura  éloigné  deux  peuples  qui 
n'eu  font  qu'un.  Quoi  qu'il  en  soii.d'Anille,  M'Utelh; 
et  Gosselin  s'accordent  pour  donner  à  Nantes  le  no:ii 
de  Condivicnum. 

(4)  Fredegar.  Bisl.  Franc.  13. 

(■;)  Not.  imper.  IJiirioriiium  est  le  nom  que  lui 
ddiiiie  Piolémée  :  m  lis  dans  la  table  théodosienne 
elle  est  désignée  sous  celui  de   Dartoriium. 

(())  C;cs.  m,  8  ;  Strab.  iv. 

(7)  Strab.  IV,  503.  Dion.  Perieg.  571;  Plin.  IT, 
19;  Mêla,  m,  C. 


173  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


17i 


Ion  Ptolémée,  aux  Bidnkasses,  qui  sont  peut-êirc  les 
mêmes  que  les  Bidukcsii.  Au  sud  de  ces  peuples,  Cé- 
6ar  nomme  les  Curiosoliies  ;  leur  chef-lieu  était  Corsi- 
lium,  dont  on  croit  avoir  découvert  les  restes  à  Cor- 
seul,  prés  de  Dinan. 

Toutes  les  ciintrées  voisines  de  la  mer  étaient  sur- 
nommées, en  langue  celte,  Arémoriques,  c'est-à-dire 
njaritimes  (1).  Ceiie  appellation,  que  Pline  confond 
avec  l'Aquiiaine  (i),  resta  en  particulier  aux  côtes 
qui  s'étendent  de  l'embouchure  de  la  Loire  vers  celle 
de  la  Seine;  on  les  nonimait  tantôt  Armoiique  et 
tantôt  Armoricanus  Traclus  (3j.  Vers  le  coiiiinence- 
ment  du  v«  siècle  elies  s'affrancliirrnt  entièrement 
de  l'autorité  des  Runiains  (i).  Le  duciréde  Bielagne 
fut  un  rette  de  l'Armorique  indépendante  ;  mais  le 
dialecte  celtique,  qui  s'y  est  conservé,  ne  paraît  mal- 
lieureusement  présenter  qu'un  mélange  confus  du 
celte  propieinent  dit, -de  l'iiliome  belgique,, parlé  par 
les  Bretons  insulaires  q\ii  s'y  réfugièrent,  et  de  la 
iaiigue  latine  déjà  répandue  dans  toutes  les  Gau- 
les (5). 

La  (loininatioii  romaine  apporta  un  commencement 
de  civilisation  aijx  Celles  de  l'Annorique  ;  et  ils  en 
avaient  besoin,  car  ils  étaient  les  plus  grossiers  de 
tous  los  barbares,  suivant  Diodore  de  Sicile.  Leurs 
druides,  dit  Malte  Brun  dans  son  Histoire  de  la  géo- 
graphie (G;,  étaient  les  i  rcti  es  d'une  "religion  aussi 
sanguinaire  que  celle  d'0.iin,mais  dont  la  morale  et 
la  mythologie,  obscurément  connues  par  quelques 
faibles  indices,  ne  paraissent  pas  avoir  offert  l'en- 
semble poétique  de  la  doctrine  des  Scandinaves.  Les 
étrangers  étaient  immolés  sans  distinction  sur  les  au- 
tels des  divinités  celtiques  (7)  ;  on  sacrifiait  aussi  à 
ces  divinités  tous  les  criminels  en  les  enfermant 
dans  une  grande  image  entourée  de  feu  (8).  C'était 
dans  les  entrailles  fumantes  des  victimes  himiai- 
nes  que  le  druide  cherchait  l'augure  des  sui  ces  de  la 
guerre.  Le  seul  trait  intéressant  qui  nous  soit  par- 
venu de  la  religion  druidique,  c'est  l'opinion  qui,  en 
admettant  l'immortalité  des  âmes,  leur  assi^'Uiiit  pour 
demeure,  non  pas  le  sombre  royaume  de  Plutun, 
mais  l'immensité  des  airs  et  les  images  errants  (11). 

Les  Celtes  lircnt  redouter  leurs  armes  même  aux 


Roniains.  Nus  jusqu'à  la  ceinture,  un  immense  glaive 
de  cuivre  à  la  main,  ils  se  précipitaient  au  combat 
avec  une  fureur  extrême,  mais  sans  art,  sans  ordre; 
le  moindre  désastre  changeait  leur  audace  en  lâcheté. 
Au  commence. l'eut  îles  batailles  ils  étaient  plus  que 
des  hommes;  à  la  fm  ils  étaient  souvent  moins  que 
des  femmes  (!■').  Ils  luonlraieut,  de  l'aveu  de  leur 
vainqueur  même,  une  singulière  aptitude  pour  appren- 
dre l'art  de  la  guerre  (li),et  leurs  forteresses  n'étaient 
pas  à  dédaigner. 

Leur  vêtement  ordinaire  était  un  manteau  court, 
nommé  sagiim,  une  jaquette,  ou  palla,  et  des  panta- 
lons appelés  braccœ.  Les  couleurs  éclatantes  et  bigar- 
rées flattaient  leur  vanité.  Lue  chaîne  d'or  ou  de 
métal  doré  leur  pendait  au  cou  ;  l'or  brillait  encore 
sur  leur  armure  et  sur  les  harnais  de  leurs  chevaux. 
Dans  la  partie  de  la  Gaule  libre,  avant  l'invas'ou  de 
César,  on  portait  les  cheveux  flottants  sur  les  épau- 
les; d'où  les  Romains  priietit  occasion  d'ûppoler 
cette  partie  Gallia  comata.  Gaule  chevelue,  tandis 
que  leur  conquête  ou  la  province  narbonnaisc  était 
appelée  6'a'//a  i>raccaia,  Gaule  en  pantalons;  et  le 
nord  de  l'Italie,  occupé  en  partie  par  des  peuples  cel- 
tiques devenus  presque  Romains,  était  surnommé 
Gallia  togata,  Gaule  en  toges. 

Nous  n'entrerons  point  dans  la  discussion  encore 
peu  avancée  de  ces  deux  questions  :  la  langue  latine 
remplaça-i-elle  dans  toute  la  Gaule  la  langue  celti- 
que? et  à  quelle  époque?  Il  nous  paraît  que  les  Gau- 
lois, admis  de  bonne  heure  aux  droits  de  la  cité  ro- 
maine, et  déjà  dans  le  premier  siècle  livrés  à  l'étude 
de  la  langue  latine  (12),  durent  oublier  leur  ancien 
idiome  ;  ce  ne  fut  qu'à  ce  prix  qu'ils  puient  acheter 
la  gloire  de  passer  pour  très-éloquents  en  latin  (13). 
L'emploi  des  caractères  grecs,  qu'on  a  voulu  attri- 
buer aux  anciens  Celtes,  ne  suppose  point  l'usage 
habituel  de  la  langue  grecque,  qu'un  auteur  judicieux 
leur  refuse  posiiiveineni(14);  mais  il  est  probable  que 
les  runes  celtiques,  si  les  druides  en  avaient,  ressem- 
blaient, comme  toutes  les  runes,  à  l'aiicleo  alpiiabet 
grec. 

Les  Celles,  comme  les  autres  peuples  du  Nord,  ai- 
maient la  course  à  cheval,  lu  chasse  et  la  natation  ;  ils 


(1)  Caes.  VII,  75. 

(2)  Plin.  IV,  17. 

(ô)  Du  mot  breton  armorik,  composé  de  la  prépo- 
sili  >n  l'r  (sur)  et  du  substantif  morik,  diminutif  de 
mor  (iner). 

(i)  Zozim.  VI,  5. 

(5)  Tous  les  savants  ne  partagent  pas  cette  opinion. 
11  y  en  a  qui  prétendent  que  le  bas  breton  parlé  dans 
les  campagnes  des  diocèses  de  Vannes,  de  Quimper 
et  de  Saini-Brieuc,  est  la  langue  celtique,  le  langage 
le  plus  ancien  de  l'Europe;  et  qu'en  le  comparant 
avec  les  autres  langues  et  même  avec  l'hébreu,  on 
est  étonné  de  sa  supériorité  et  de  son  extiême  préci- 
sion. Cette  assertion  est-elle  bien  fondée?  Il  est  cer- 
tain ,  cniume  le  dit  ii  i  Malle  Biun,  que  le  mébtnge 
des  populations  dans  P.Arniorique  a  dti  nécess  lire- 
menl  oicasio.ner  une  altération  dans  le  laiigige. 
Que  le  celte  prédomine  dans  le  bas  bretju,  c'est  pos- 
sible, et  noiii  le  croyons,  tuais  qu'il  soit  resté  dans 


son  état   normal  primitif,  c'est  inadmissible,  parce 
que  c'est  impossible.  (Note  de  t'autcui .) 

(6)  Caes.  vi,  15. 

(7)  Diod.  IV,  19. 

(8)  Caes.  I.  c. 

(0)         Vobis  auetoribus  umbrse 

Non  Incitas  Eiebi  sedes  Ditisque  profundi 

Paliida  régna  pctuut.  [Lucan.) 

(10)  «  Gallorum  prima  praelia  plus  quam  virorum, 
postrema  minus  quam  feminarum.  i  Tit.  Liv. 

(11)  Caes.  VI,  23. 

(12)  Gallia  causidicos  docuit  facgnda  Britannos,. 

(Juten.) 
(15)  S.  Hieron.  proœm.  Episl.  II  ad  Galalas.  Ep.  ad 

Paul,  conir.  Vigilant. ,  etc.  ;    Symmach.  vm,   epitl. 

68,  IX,  episi.  85. 
(li)  Dio  Cass.  XI,  0.  Comp.  Caes.  i,  29;  vi,  13,14, 

copié  par  Strab.  iv,  273. 


\'fi 


blCTIOiNNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


mangeaienl  assis.  Après  le  diner,  ils  se  livraient  des 
combais  simulés,  qui  souvent  prenaient  un  caracière 
sérieux.  Les  funérailles  avaient  de  la  pompe;  on  je- 
tait sur  le  bûcher  tout  ce  qui  avait  été  cher  au  dé- 
funt; quelquefois  les  amis  et  les  époux  s'y  précipi- 
taient pour  suivre  dans  l'autre  monde  ceux  dont  ils 
pleuraient  la  perte  (1).  Il  est  impossible  de  distinguer 
dans  les  relations  des  anciens  ce  qui  appartient  ii  la 
Gaule  encore  indépendante  d'avec  ce  qui  doit  s'ap- 
plti|uer  à  la  (Jaule  devenue  romaine.  Il  est  encore 
diflicile  de  concilier  entre  eux  les  divers  portrails 
qu'on  a  tracés  du  caracière  des  Gimlois.  Les  histo- 
riens grecs  et  romains  reprochent  aux  anciens  Gau- 
lois leur  férocité,  leur  mauvaise  foi ,  leur  avidité  de 
pillage,  leur  ivrognerie  et  beaucoup  d'autres  vices 
crapuleux  (2).  Mais  ce  portrait  appartient  au  siècle 
OQ  les  crânes  des  ennemis  tués  leur  servaient  de  va- 
ses pour  boire.  Plus  tard,  il  parait  qu'on  les  accusait 
principalement  d'une  inconstance  qui  paralysait 
même  leur  bravoure,  et  d'une  jactance  qui  s'exhalait 
par  un  tdrrent  de  vaines  paroles  (3).  Un  auteur  pré- 
tend même  renfermer  leur  caractère  en  trois  mots 
qui  signifient  littéralement  frivole,  (aihle  et  arro- 
goni  (4)  ;  mais  Julien  l'Apostat,  qui  avait  gouverné 
les  Gaulois,  rend  justice  à  leur  conduite  loyale,  mo- 
dérée et  pleine  d'une  noble  fierië. 

Avant  rétablissement  des  Francs  dans  les  Gaules, 
voici  quelle  était  l'organisation  ecclésiastique  de 
l'Armorique,  d'après  une  notice  de  la  fin  du  iv^  siè- 
cle insérée  dans  le  premier  volume  de  ce  Diction- 
naire, page  1095.  La  troisième  Lyonnaise,  sous  la 
métropole  de  Tours,  comprenait  les  évêchés  du  Mans 
(civiias  Cenomannorum),  Rennes  {livitas  Redonum), 
Angers  (civiias  Andicavorum),  Nanles  (civitas  Nam- 
netum,velCondivicnum),Corseuil  (Corsilium),  Quim- 
per  (civiias  Coriosapilum),  Vannes  (civitas  Vene- 
lum),  Vorganium  (civitas  Ossismorum),  Naeodanum 
(civiias  Diablintum). 

Après  l'invasion  des  Francs,  celle  organisaiion 
éprouva  des  changements.  Le  culte  druidique  avait 
laissé  des  souvenirs  et  conservé  des  adhérents  à  Tex- 
Irémiiéde  la  péninsule  el  sur  les  côtes.  Des  prêtres 
bretons,  réfugiés  dans  l'Armorique  par  suite  de  l'in- 
vasiun  delà  Grande-Bretagne  par  les  Anglo-Saxons, 
s'efforcèrent  de  répandre  la  foi  évangélique  parmi 
ces  populations  armoricaines,  encore  soumises  au 
joug  druidique.  Les  troubles  occasionnés  par  les  An- 
glo-Saxons se  continuant,  beaucoup  de  familles  bre- 
tonnes arrivèreni  dans  l'Armorique  pour  se  sous- 
traire à  la  domination  saxonne.  A  partir  de  cette 
époque,  y'  siècle,  on  s'habitua  à  nommer  l'Armori- 
que Pelite-Breiagne  pour  la  distinguer  de  l'autre. 
Après  les  missions  dont  nous  venons  de  parler,  l'or- 
ganisation ecclésiastique  subit  plusieurs  modilica- 
tions.  Saint  Fol  de  Léon,  un  de  ces  courageux  mis- 


176 

sionnaires,  donna  son  nom  à  la  ville  des  0.<sis- 
miens  (civiias  Ossismoium).  Les  villes  épiscopales 
étaient  Sainl-Pol  de  Léon,  Quimpcr-Coreniin,  Van- 
nes, Nanie;,  Rennes,  Sainl-Brieuc,  Lexobiom,  siège 
transféré  à  Tréguier  au  ix"  siècle,  Alethum,  Aleih, 
ville  ruinée  an  xii"  siècle,  dont  le  siège  a  été  irans- 
féré  à  Saint-Malo,  et  Dol.  Celte  dernière  ville  prélen- 
dit à  la  siiprénvuie,  et  réclama  les  droits  de  la  mé- 
tropole de  la  province  contre  Tours;  elle  les  exerça 
effeclivemenl  jusqu'au  xi«  siècle,  époque  à  laquelle: 
Tours  parvint  à  reprendre  ses  anciennes  prérogati- 
ves. La  Bretagne  forma  un  duché  dont  l'exislence 
au  moyen  âge  fut  irès-orageuse  et  continuellement 
agitée  par  des  guerres  sanglantes.  François  11,  der- 
nier duc,  n'eut  qu'une  fille  pour  héritier,  la  prin- 
cesse Anne  ,  qui  épousa  Charles  VIII  et  ensuile- 
Louis  XII  ;  ce  qui  amena  la  réunion  du  duché  de  Bre- 
tagne à  la  couronne  en  1532.  La  province  conserva 
ses  privilèges  et  ses  éiais  généraux,  comme  le  Lan- 
guedoc et  la  Bourgogne.  Les  ducs  de  Bretagne  avaient 
fixé  le  plus  souvent  leur  séjour  à  Nantes;  mais  les 
états  se  tinrent  à  Rennes,  ce  qui  (il  de  celte  ville  la 
capitale  de  la  province.  Malgré  sa  réunion  à  la  cou- 
ronne, la  Bretagne,  isolée  du  reste  du  royaume  par 
sa  configuration  topographique,  demeura  en  dehors 
de  l'influence  des  autres  provinces.  Elle  sauvegarda 
soigneusement  sa  langue,  ses  traditions, ses  légendes,, 
ses  habitudes  et  ses  mœurs.  Aussi  la  révolution  de' 
89  la  irouva-i-elle  fort  peu  disposée  à  entrer  dans  le 
système  des  innovations  modernes.  On  distinguait 
alors  la  haute  et  la  basse  Bretagne  :  Tune  contenait 
les  diocèses  de  Reunes,  Nantes,  Saint-Malo,  Dol, et 
Saint-Brieue  ;  l'autre  ceux  de  Vannes ,  Quimper, 
Saint-Pol  de  Léon  et  Tréguier.  Il  se  déclara  par- 
tout un  mouvement  prononcé  contre  la  nouvelle  or- 
ganisation décrétée  par  l'assemblée  consliluanie.  Les 
vieilles  légendes  du  pays  apparurent  fraîches,  rian- 
tes à  l'imagination  bretonne  ;  et  les  habitants,  dans 
leur  enihoubiasme,  en  recréèrent  de  nouvelles  rem- 
plies de  dévouement,  revêtues  d'un  coloris  pur  et 
éclatanl.  La  Bretagne  a  inscrit  son  nom  on  caractè- 
res inelîaçables  dans  les  annales  de  la  première  ré- 
publique française.  Le  concordat  de  1801  supprima 
les  sièges  épiscopaux  de  Tréguier,  Sainl-Pol  de 
Léon,  Dol  eiSaini-Malo.  Leur  suppression  aété  main- 
tenue par  les  conventions  restrictives  du  concordat 
de  1817.  La  Bretagne  compte  maintenant  les  évê- 
chés de  Rennes,  dont  la  juridiction  s'étend  sur  le  dé- 
parlemeni  d'Ile-et-Vilaine,  Vannes  sur  le  département 
du  Morbihan,  Quimper  sur  le  Finistère,  Nantes  sur 
la  Loire-Inférieure, Sainl-Brieuc surlesCôies-du  Nord. 
Ensemble,  cinq  diocèses  et  cinq  déparlements. 

Le  climat  de  la  Bretagne  est  humide  el  froid.  Il  y 
règne,  particulièrement  sur  les  côtes,  presque  toujours 
des  brouillards.  Elle  renferme  une  vaste  étendue  de 


(1)  Diodorus,  v,  29,  50  ;  Mêla,  m;  Cœs.,  Strab., 
Allien.,  etc. 

(2)  Diodor.  v,   28;Polyb.  ii,    19  ;  C«s.,    Liv. 


(ô)  Vaniloquum  Celloe  genus  el  mutabile  mentis. 

(Sil.  liai.  VIII.  C*s.,  Flor.,  etc.) 
(J)Tà   zojyov,   xcà    to   ^eiÀov,    xm   to    Bpaav.    Dio 
Cass.  Lxxvii,'  3. 


i 


Vn  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 

landes;  il  en  est  qui  poiirraionl  êiie  uiiliséus,  et 
■d'autres  dont  le  sol  est  tout  à  fait  mauvais.  Elle  pro- 
duit néanmoins  des  cérénles  presque  |  artout,  et  spé- 
cialement du  seigle,  de  l'orge,  de  l'avoine  et  du  sa- 
•rasin,  qui  sert  à  la  nourriture  liabiiuelle  des  habi- 
tants des  campagnes.  On  y  fait  du  cidre,  le  beurre  y 
•est  exeellenl.  Les  bois  ne  sont  plus  aussi  étendus,  on 
a  opéré  beaucoup  de  défri<  lienients.  La  population 
■des  côtes  se  livre  à  la  pêclie  ;  elle  est  pauvre. 

Les  Bretons  sont  l:iborieiix,  dévoués,  fort  attachés 
à  leurs  usages,  à  la  religion  et  à  leur  pays.  La  Breta- 
gne a  produit  beaucoup  d'hommes  célèbres  sous  le 
rapport  religieux. 

Brilannia  Major  ,  la  Grande-Bretagne ,  qui  offre 
l'association  la  plus  nombreuse,  l'ensemble  le  plus 
*Msplet  do  toutes  les  légendes.  Les  oppositions  de 
loute  sorte,  les  contrastes  de  toute  naiure  s'y  ren- 
contrent. L'Ecosse  et  l'Angleterre  forment  l'île  eu- 
ropéenne .ippelée  Giande-Bretagne.  L'Ecosse  a  une 
physionomie  moins  tranchée,  moins  .iccideniée,  plus 
pâle,  mais  aussi  plus  intéressante,  plus  pittoresque 
que  celle  de  l'Angleterre  ;  c'est  un  tableau  particu- 
lier dans  un  grand  cadre.  Ces  deux  parties  d'une 
même  contrée  se  distinguent  par  des  caractères  dif- 
férentiels très-prononcés.  L'Ecosse  a  quelque  chose 
tde  chevaleresque ,  de  poétique  que  ne  possède  pas 
l'Angleterre,  éminemment  positive.  Chacun  des  deux 
pays  est  original  dans  ses  idées,  dans  ses  systèmes, 
dans  ses  habitudes  et  dans  ses  mœurs;  mais  l'origi- 
nalité la  plus  grande  appartient  à  l'Angleterre. 

L'Angleterre  a  des  légendes  sur  les  invasions  suc- 
cessives dont  elle  a  été  victime. Eiivahiedanslev«siè- 
cleparles  Pietés,  peuple  sorti  de  l'Ecosse, elle  appelle 
à  son  secours  les  Angles  et  les  Saxons,  liabilant  la 
Germanie  septentrionale,  qui  prohtent  de  leur  vic- 
toire pour  dominer  et  même  expulser  la  nation 
qu'ils  vieiment  de  secourir.  Le  ;  Bretons  se  retirent 
en  partie  dans  le  pays  de  Galles,  et  en  partie  sur  le 
continent  dans  l'Armorique  qui,  à  partir  de  cette  épo- 
que, prend  le  nom  de  Petite-Bretagne.  Les  vain- 
queurs établissent  sept  petits  royaumes  connus  dans 
l'histoire  sous  le  nom  d'Heplarcliie.  Arrivent  ensuite 
en  801,  pendant  une  période  de  deux  cents  ans,  les 
invasions  successives  des  Scandinaves,  et  surtout 
des  Danois,  qui,  après  avoir  ravagé  la  Grande-Breta- 
gne, fioisejit  p,Tr  s'emparer  de  l'Angleterre  en  1017. 
Mais,  en  1066,  survient  la  grande  invasion  normande 
conduite  par  le  dnc  de  Normandie,  Guillaume  le  Bà- 
laul,  dit  le  Conquérant,  ligure  légendique,  s'il  en 
lui,  et  historique  en  même  temps. 

L'Angleterre  présente  la  légende  d'une  extrême 
soun)ission  religieuse  et  d'une  extrême  opposition. 
Un  de  ses  premiers  rois,  dans  son  zèle  irréfléchi,  la 
icnd  tributaire  du  saint-siége,  ei  s'engage  pour  ses 
sujets  à  payer  le  denier  de  saint  Pierre.  A  plusicnrs 
siècles  delà,  unautredeses  rois,  un  Tudor(HenriVIIl), 
se  soulève  contre  l'autorité  spirituelle  légitime  du 
saint-siége  pour  la  conférer  au  pouvoir  royal,  sépare 


178 

son  royaume  de  l'Eglise  catholique,  et  constitue,  an 
milieu  des  persécutions  et  dans  le  sang,  uin;  Eglise 
particulière  dite  anglicane. 

Même  légende  en  politique.  A  côté  d'une  extrême 
délérence  pour  ses  rois,  l'Angleterre  manifeste  l'es- 
prit le  plus  extrême  d'insurrection.  Les  guerres  ci- 
viles s'y  perpétuent  avec  un  acharnement  incroyable. 
Les  rois  sont  chassés,  meurent  en  exil,  en  prison, 
ou  sous  la  hache  du  bourreau. 

L'Angleterre  a  encore  une  légende  d'un  caracière 
particulier.  Fièi  e  d'elle-même,  attachée  à  son  sol ,  à 
son  ciel  nébuleux,  elle  ne  peut  cependant  les  con- 
templer longtemps.  Tourmemée  par  une  expansion 
excessive,  elle  dissémine  ses  enfants  dans  toutes  les 
parties  du  monde.  Au  moyen  âge  ,  elle  a  pris  part 
à  toutes  les  croisades;  elle  a  fait,  pendant  plusieurs 
siècles,  des  invasions  réitéiées  en  France,  dont  elle 
a  fini  par  posséder  la  plus  forte  partie.  Depuis  son 
expulsion  du  sol  français,  elle  s'est  précij  liée  sur  les 
diverses  contrées  du  globe.  Car  l'on  ne  navigue  sur 
aucune  mer  sans  y  aperrevoir  le  pavillon  britanni- 
que, et  l'on  ne  foule  aucune  terre  sans  y  rencontrer 
des  voyageurs,  des  industriels,  des  prédicants  et  de» 
soldats  anglais. 

A  celte  légende  succède  celle  d'une  richesse  pro- 
digieuse et  d'une  misère  incroyable.  Quelques  fa- 
milles y  vivent  dans  ime  opulence  presque  fabuleuse, 
tandis  que  des  millions  d'individus  sont  emporiés 
par  la  (aim  comme  les  arbres  des  forêts  tombent 
sous  les  coups  redoublés  de  la  liache  du  bûcheron. 

Enlin,  l'Angleterre  apparaît  encore  avec  une  autre 
légende  ,  c'est  un  esprit  de  propagation  religieuse 
indéfinie,  et  de  propagation  industrielle  et  commer- 
ciale illimitée.  Dès  le  v=  siècle  ,  les  prêtres  bretons 
ont  été  missionnaires;  ils  ontévangélisé  l'Armorique, 
fondé  successivement  de  nombreuses  associations 
religieuses,  des  monastères  dans  l'Auslrasie  et  dans 
l'Helvétie,  parcouru  la  Frise,  l'Allemagne  du  nord 
et  du  centre  pour  y  annoncer  le  nom  de  Jésus-Christ. 
Depuis  l'établissement  de  l'Eglise  anglicane,  les  mi- 
nùstres  anglais  de  toutes  les  secies  s'efforcent  à 
l'envi  de  répandre  leurs  doctrines  dans  les  cinq 
pariies  du  monde.  La  Bible  ,  traduite  dans  toutes 
les  langues  connues,  pénètre  parmi  les  populations 
diverses  du  globe.  Mais  en  même  temps  marche  la 
propagation  du  commerce  et  de  l'industrie  britan- 
niques dont  tout  le  monde  s'occupe,  les  missionnaires 
comme  les  voyageurs,  les  savants  comme  les  navi- 
gateurs, les  soldats  comme  les  marins.  Personne  n'y 
demeure  étranger  ;  cetie  expansion  britannique  est 
pour  tous  une  affaire  nationale. 

Les  Grecs,  dit  Malle  Brun  ,  connaissaient  de  nom 
les  îles  d'Albion  ou  Brelaniké,  et  d'Ienie;  mais  ils  les 
connaissaient  si  mal  que  Sirabon,  en  déclarant  qu'el- 
les ne  valaient  pas  la  peine  d'éire  conquises  ,  donne 
à  la  plus  grande  \a  figure  dnn  triangle ,  dont  le  plus 
long  coté  devait  regarder  la  Gaule  ,  et  place  l'autre 
directement  au  nord  de  la  première.  Les  îles  Cami- 


DICTIONNAIRE  DE  C.EOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE, 


179 

fériées  on  les  Sorlingnes  cia  ent,  dans  le  système  de 
ces  ancien*,  peu  éluigiiées  de  l'Espagne  (I). 

DeiiN  espédiiioiis  de  César  (ireiit  connaître  une 
extréiniiéde  la  Giaiule-Bremgne.  Les  noms  des  trois 
promontoires  d'Orcas  au  nord,  de  Canlium  à  l'est,  et 
de  Belerium  à  l'occident,  devinrent  dès  lors  célè- 
hres  (2).  César  place  n;éiiie  VHibemia  ou  l'Irlande 
exacteoienl  vis-à-vis  de  la  côte  occidentale  d'Alhion, 
et  l'esiinie  nne  fois  moins  grande  (5).  iMalte  Brun, 
dans  son  ■  isioire  det  procjrès  de  ta  géographie.) 

Poraponius  Mêla,  qui  vivait  à  répoi|Mo  môme  delà 
conquête  de  la  Grande-Bretagne  par  !es  armées  de 


180 


pénétra  de  nouveau  vers  les  extrémités  de  l'ile,  el 
répara,  euiie  les  golles  de  Clyde  et  de  Fortli,  la  mu- 
raille établie  par  un  lieuleiianl  d'Aniomn  (11).  Mais 
Caiacalla  abandonna  les  conquêtes  de  son  père,  et 
relira  ses  troupes  derrière  le  rempart  d'Adrien. 

Les  sauvages  iiidompiables  qui  anêiérent  dans 
les  montagnes  de  l'Ecosse  le  vol  des  aigles  romaines, 
étaient  désignés  par  les  autres  Bretons  sous  le  nom 
celii.|ue  de  Cn/<?do«(>»s,  et  reçurent  depuis,  dans  la 
langue  des  Romains,  la  dénomination  de  Picii  (;-2),  à 
cause  des  figures  peinies  dont  leurs  corps  gigantes- 
ques étaient  couveris.  Mais  leur  cbevelure  blonde 

l'empereur  C;au  ie,  crut  que  celte  île  faisait  face  d'un      indiquait  une  origine  german  que  ou  sianilinave(15). 

côté  à   la  Gei manie,   de  l'autre  à  l'Espagne.  Les     Us  succombèrent  plus  lanl  sous  la  puissance  des 


guerriers  de  Rome  refusèrent  d'abord  de  se  laisser 
conduire  dans  ce  nouveuu  monde  (4).  Les  noms  des 
Iles  Orcades  et  ceux  des  OEmodes  ne  releiitissaient 
que  de  loin.  Trente  ans  après  la  conquête,  Pline 
n'osa  pas  ir.icer  une  description  des  îles  Briianni- 
rjnes  ;  cependant  il  connaît  déjà  les  îles  Hœhudes  ,  et 
en  désigne  quelques-unes  par  des  noms  particuliers; 
il  indique  les  dimensions  exagérées  de  la  Grande- 
Breiagne  el  de  l'Irlande  ,  d'api  es  Agrippa,  qui,  pro- 
bablement ,  aura  mal  iradiiii  le-  mesures  grecques  de 
Pyilié;is(3).  Sous  l'empereur  Domitien,  la  valeur  et 
la  prudence  d'Agricola  soimiireni  les  nations  britan- 
niques jusqu'au  pied  du  moiit  Grampius  (6),  aujour- 
d'bui  Grampian  ;  et  la  flotte  romaine  .  sans  faire 
pr.ciséM)cnt  le  tour  de  toute  l'île  (7),  en  doubla  les 
extrémités  septentrionales  ,  et  reconnut  qu'elle  ne 
tenait  point  au  continent.  Mais  le  biographe  et  le 
gendre  même  d'Agricola  placent  VHibemia  à  moitié 
cbemin  entre  l'Espagne  et  la  Grande-Bretagne  (8). 

Ce  ne  fut  que  dans  le  a»  siècle  que  de  m  inbrenx 
itinéraires  et  des  journaux  de  navigateurs  fournireni 
à  Ptolémée  les  matériaux  d'une  description  mathé- 
matique de  la  Grande-Bretagne  ;  encore  cette  des- 
cription offrit-elle  de  graves  erreurs.  Mais  la  géo- 
graphie l.istorique  de  cette  île  avait  été  presque 
achevée  dans  le  i«f  siècle;  ses  progrès  suivirent  les 
progrès  des  armées  de  Rome. 

La  Bretagne  romaine,  reculée,  par  les  victoires 
d'Agricola,  jusqu'à  l'isthme  qui  sépare  les  deux  golfes 
nommés  ^stuaria  de  Glota  el  de  Bodotria  (9),  ou 
golfes  de  Clyde  et  du  Forth,  fut  resserrée  dans  des 
bornes  plus  éiroaes  par  la  muraille  de  l'empereur 
Adrien  ,  dont  les  ruines,  connues  sous  le  nom  de 
Pieu  watt,  s'étendeut  depuis  le  golfe  de  Solway  jus- 
qu'à l'embouchure  de  la Tyne(  10). L'empereur  Sévère 

(1)  Diod.  v,  IS,  -22;  Appian.  Iber.  i. 

(2)  Cces.  B.  Calt.  v,  12. 
(5)  P.  Mêla,  m,  6. 

(4)  Dio  Cass.  lx,  19, 
f5)  Plin.  IV,  Itj. 

{>;)  Tac.  Agric.  29. 

(7)  <  Classis  Truiiilensem  porlum  lenuit  ,  unde 
proxinio  lalere  Rritaniiiae  lecloonmi  redierat.  »  Tac. 

(5)  ^ac.  Agric.  24. 

, ,  ('J)  Ce  golie  est  appelé  ^$tuaria  Boderia  pa.  Pto- 
lémée. J.  II. 


Scoti,  peuple  celtique  venu  Je  l'Irlande. 

Parmi  les  petites  nations  qui  occupaient  l'Ecosse 
"Méridionale,  on  distingue  les  Slœulœ  et  les  NovanKe. 
Us  étaient  probablement  Celtes  ,  comme  la  plus 
grande  paiiie  des  habitants  de  l'ile.  Le  po,le  ti'Alaia 
Cusira,  c'est-à-dire  ie  camp  volant,  répondrai!,  selon 
l'opinion  reçue,  à  Ediuibourg  (Uj;  mais  Ptolémée  le 
place  beaucoup  plus  au  nord. 

La  puissante  nation  des  Briganics  (15)  occupait  le 
nord  de  l'Angleterre  jus.ju'aux  boids  de  l'iluniber  , 
nommé  Abus.  Le  nom  celtique  de  ce  peuple,  au- 
jourd'hui avili,  avait  sans  diuite  alors  une  significa- 
tion plus  noble,  comme  Inlro  en  eut  en  latin.  Parmi 
leurs  villes  nombreuses  brillait  Eboracum  ,  l'York 
moderne,  alors  une  colonie  romaine,  ornée  de  tem- 
ples et  de  bains  publics,  séjour  favori  de  plusieuis 
ei«4)ereurs  ,  et  l'un  des  remparts  de  l'empire.  Les 
Parisii ,  petite  naiion  vers  l'embouchure  de  l'Abus, 
n'est  renwrquable  que  par  son  nom  gaulois.  Diva  , 
aujourd'hui  Chester,  sur  la  rivière  de  Dee,  et  Lin' 
dum,  le  Lincoln  moderne,  probablement  une  colonie 
romaine  (Ki),  étaient  les  capitales,  l'une  des  CornO' 
vii,  l'autre  des  Coritani. 

Trois  nations  belliqueuses  occupaient  ce  qui  forme 
aujourd'hui  la  principauté  de  Galles.  Les  Ordovicei 
habitaient  au  nord;  ils  furent  presque  tous  massa- 
crés par  les  troupes  d'Agricola  (17).  Dan^  leur  voi- 
sinage élaii  l'île  de  îlona  ,  aujourd'hui  Anglescy  , 
consacrée  au  culie  homicide  des  druides,  et  défen- 
due, avec  toute  l'exaltation  du  fanatisme,  parles 
Bretons  ,  qu'enflammait  la  présence  des  prêtresses  , 
marchant  à  leur  lêie  dans  un  appareil  semblable  à 
celui  des  furies (18).  Les  Demetœ  demeuraient  sur  la 
côte  occidentale.  La  nation  plus  puissante  des  SiVines 
s'étendait  jusqu'aux  bords  de  la  Severne;  quelque- 

(10)  MA.  Spartian.  Uadrian.  11. 

(HJEutrop.  viii ,  19.  Se.xt.  Aurel.  Victor,  36. 
Conip.  Capit.  Aur.  Pius,  o. 

(12)  Amm.  Marc,  xxvii ,  8;  Claud.  de  \n  consul. 
Hoi'.J.A. 

(15)  Tac.  Agric. 

(1  i)  Camden  el  d'Anville,  C%.  ane.  1,109. 
(lô)  Tac.  Agric,  17. 

(16)  RedaetCeog.  Kav. 

(17)  TiC.  Agric.  18. 

(18)  lUeiD,  Annal,  xiv,  50. 


181 


GEOGRAPHIE  DtS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


iS2 


lois  iiïiînie  les  Romains  semblent  comprendre  les 
Demetœ  sous  le  même  nom  (1).  Les  Silures  résislé- 
renl  longtemps  aux  armes  romaines,  ne  se  laissant 
ni  effiayer  par  la  cruauté  ,  ni  séduire  par  la  clé- 
mence (2).  Leur  leinl  basané  et  leurs  ebeveux  bou- 
clés indiquaient ,  selon  Tacite ,  une  origine  ibé- 
rienne  (3). 

A  l'est  des  Silures,  demeuraient  les  Dobuni,  dans 
le  pays  desquels  était  Clevtim  ,  vraisemblablement 
Glocesler.  LesCa(!/e»cA/«Hide  Plolémée  s'appelaient, 
d'après  les  inscripiions  antiques  ,  Cainvetlauni  (4). 
Leur  territoire  atteignait  le  golfe  de  Wash,  nommé 
Meiaris  jE$tuarium,  Leurs  voisins  à  l'est  étaient  les 
puiisanls  Iceni  (o),  nommés  Siineni  par  Ptolémée, 
et  dont  la  capitale  portait  en  commun  avec  plusieurs 
autres  le  nom  celtique  de  Venta,  oa  lieu  d'assemblée. 
Los  iceni  occupaient  le  Noi  follt  et  le  SulTolk  actuels. 
Plus  au  sud,  dans  l'Essex  moderne,  les  Trinobuntes, 
nation  nombreuse,  avaient  pour  capitale  Cumalodu- 
num  ,  aujourd'liui  Colcliester,  et  non  pas  .Ma!don  , 
comme  plusieurs  écrivains  anglais  l'ont  cru  (U).  La 
ville  deiondinium  est  attribuée  parlesunsaiix  Trino- 
bantes,  par  les  autres  aux  Camii ,  babitants  du  Kent 
actuel,  selon  qu'on  la  place  au  nord  ou  au  sud  de  la 
Tamise.  (Malle  liruii,daiis  son  Histoire  des  progrès  de 
la  géographie). 

Des  tribus  comprises  sous  le  nom  de  Belgœ  ,  et 
probablement  venues  île  la  Gaule  belgique  ,  occu- 
paient la  plus  grande  partie  de  celte  péninsule  mé- 
ridionale que  forment  la  Tamise  ei  la  Severno,  Ta- 
tiiesis  et  Sabrina.  La  capitale  ou  VetUa  de  ces  Belges 
est  le  Wiii-Cbestcr  actuel,  le  surnom  laiin  de  Cas- 
irum,  ou  en  an;;Io-saxon  Ceasire,  étant  reilé  à  beau- 
coup de  villes  anciennes.  Les  eaux  de  Bath  étaient 
déjà  renommées  sous  le  nom  A'Aquœ  Solis.  L'ex- 
trémité occidentale,  le  Cornouailles  moderne  ,  occu- 
(ée  par  les  jDainiiOHii  ou  Dumnonii,  était  peu  fré- 
quentée des  Romains  ;  les  célèbres  mines  délain 
qui  y  avaient  attiré  les  Phéniciens  sont  à  peine  in- 
diquées par  les  auteurs  latins  (7)  :  circonsiance  d'au- 
tant plus  surprenante,  que  ces  mêmes  écrivains 
donnent  à  la  Grande-Bretagne  des  mines  de  fer,  d'or 
ei  d'argent  (8),  et  qu'un  d'eux  assure  que  les  rivières 
y  roulent  des  pierres-gemmes  (9)  ;  Tacite  nous  ap- 
prend même  qu'on  y  pêcliait  des  perles  d'une  qua- 
lité inférieure  (10). 

Les  autres  iraits  physiques  attribués  à  celle 
grande  île  s'y  retrouvent  encore.  La  température  , 

(i)  Plin.  IV,  16. 

(2)  Tac.  Annal,  xti,  52. 

(3)  Idem,  Agric.  \\. 

(4)  Horsley,  Brii.  Hom.  Cumberland,  n.  '27- 

(5)  Tac.  Annal,  xii,  30;  xiv,  51. 
(K)  Mamierl,  11,  P.  ii,  p.  175. 

J7)  Plin.  xxxiv,  16  César  {de  B.  Gall.  v,  12)  cite 
l'éiain  parmi  les  raéiaux  exploités  dans  la  Grande- 
Bretasne  ;  il  ajome  même  que  les  mines  se  trouvent 
vers  le  centre  du  pays.  Nascilur  ibi  ptumbum  album 
in  mediierraneis  regionilms.  J.  H. 

(8)  Tac.  Agric.  12.  Eumen.  Panegyr.  ly,  11. 

(6)  Mêla,  IH,  6. 


plus  douce  que  celle  de  la  Gaule  septentrionale  (11); 
les  brouillards  épais,  les  pluies  abondaiites  (12),  la 
chaleur  modérée  de  l'été,  qui  faisaient  mûrir  les 
fruits  avec  lenteur,  et  qui  ne  pcrmeitaienl  point  la 
culture  de  l'olivier  ni  de  la  vigne  (15)  ;  la  verdure 
brillante  des  pâturages  ,  où  erraient  d'innombrables 
troupeaux;  l'absence  des  bêles  IL'roces  et  des  reptiles 
venimeux  (14);ioulse  retrace  encore  aux  yeux  d'un 
observateur  moderne.  La  Bretagne  barbare  ou 
l'Ecosse  était  inculte  ;  mais  la  Bretagne  romaine, 
qni,  du  temps  de  Tacite  ,  ne  produisait  pas  assez  de 
blé  pour  SCS  babitants  ,  devint ,  dans  les  ii"  et  m' 
siècles,  le  grenier  des  Gaules  et  des  armées  romaines 
staiionnées  sur  le  Rhin  (15). 

L'Hibernia  ou  VJerue  des  Grecs  (IG),  qui  avait 
longtemps  passé  pour  inhabitable,  à  cause  du  froid, 
lut  un  peu  mieux  connue  par  les  rajiporls  des  Bre- 
tons; on  sut  qu'elle  jouissait  d'un  ciel  aussi  doux 
que  la  Grande-Bretagne  (17),  que  le  sol  fertile  y  of- 
frait au  bétail  de  gras  pâturages  (18), et  que  de  nom- 
breux ports  y  prêtaient  au  commerce  un  accès  plus 
facile  que  celui  des  côles  d'Albion.  Les  babitanls 
n'étaient  pas  plus  intraitables  (|ue  les  Bretons  ,  et 
Agricola  pensait  qu'une  seule  légion  aurait  suffi 
pour  y  maintenir  la  domination  romaine  (l'J).  La 
jalousie  de  Domitien  arrêta  ce  général  au  milieu  du 
cours  de  ses  victoires,  et  l'Irlande  retomba  dans  son 
ancienne  obscurité.  Cependant  Ptolémée  a  dû  avoir 
sous  les  yeux  des  itinéraires  maritimes  très-éteiidus. 
Les  noms  de  quelques  peuples  ,  comme  par  exemple 
les  Brigantes  ,  qu'on  retrouve  en  Angleterre  ,  et  les 
Menapii,  (|ui  existaient  aussi  dans  la  Belgique,  sem- 
blent prouver  que  l'Irlande  a  reçu  des  colonies  et  de 
Celles  propreaient  dits  cl  de  Belges.  Les  écrivains 
irlandais  assurent  que  leurs  iradiiions  nationales 
parlent  des  colons  belges  sous  le  nom  de  Fir- 
Bolg  (20).  La  nation  la  plus  répandue  était  celle  des 
Jverni,  dont  le  nom  a  été  appliqué  par  les  Romains 
à  toute  l'île  ;  cette  nation  pai  ait  avoir  été  déjà  connus 
des  Phéniciens. 

Les  nations  celtiques  de  la  Bretagne  différaient 
peu  des  Gaulois  à  l'égard  de  leur  manière  de  vivre. 
Leurs  armes  élaieni  les  mêmes;  le  grand  sabre  cel- 
tique à  la  main,  ils  combattaient  sans  cuirasse  el 
sans  casque.  Leurs  cabanes  avaient  la  même  forme 
conique  que  celles  des  Gaulois.  Mais  les  nations 
germaniques  ou  Scandinaves  de  la  Calédoiiie  parais- 
sent leur  avoir  appris   l'usage  de  chariois  de  ba- 

(10)  Tac.  I.  c. 
(il)  Cais.  Y,  12. 
(1^2)Strab.  iv,îOO;Mela,etc. 
(15)  Tac.  .4yric.  12. 

(14)  Eumen.  Paneg.  vi,  ','-. 

(15)  Tac.  Ann.  xiv,  58  ;  Zozim.  ut,  5;  Am.  Marc, 
xviii,  2;  Euiiap,,  eic. 

(16)  Plclémée  l'appelle  Ivernia  ,  Pomponius  Mêla 
Interna,  el  Diodore  de  Sicile  Irit.  J.  H. 

(17)  Tac.  Agric.  24. 

(18)  Mêla,  m,  6. 
(l\))  Tac.  1.  c. 

(-20)  O'Flaheriy,  Ogygia,  14. 


185 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIK  ECCLESIASTIQUE.  iU 


laille,  inconnus  aux  Celles  du  conlinent.  Les  Bretons 
s'enduisaient  seulement  le  visage  d'une  couleur 
bleue,  tandis  que  les  Calédoniens  se  gravaient  sur 
tout  le  corps  les  images  bigarrées  de  toutes  soites 
d'animaux  (1).  La  communauté  des  femmes  dans  la 
même  fnmille,  suite  d'une  vie  patriarcale,  ne  se  main- 
tint à  la  longue  i|ue  cliez  les  Calédoniens.  Les  Bre- 
tons, soumis  à  de  petits  princes  ,  bâtissaient  des 
villages  et  se  livraient  à  l'agriculture,  ainsi  qu'à 
l'enlretien  des  bestiaux.  Ils  ne  mangeaient  ni  lièvres, 
ni  poules,  ni  oies  ;  ces  animaux  ne  servaient  qu'à 
leur  amusement.  Leurs  longs  cheveux  flottaient  sur 
leurs  é|iaules  ;  des  moustaclies  couvraient  leurs 
joues  ;  ils  poriaient  des  vêtements  de  peaux  d'ani- 
maux. Leurs  druides  arrosaient  de  sang  humain  les 
autels  des  divinités  celtiques;  de  nombreux  disciples 
du  conlinent  venaient  admirer  la  sainteté  et  la  sa- 
gesse de  ces  prêtres  d'une  religion  sanguinaire.  Le 
Calédonien,  presque  sans  vêtement  ,  chargeait  ses 
bras  et  ses  reins  de  lourds  anneaux  de  fer  ;  dédai- 
gnant l'agriculture,  il  vivait  du  produit  de  sa  chasse; 
l'écorce  des  arbres  ou  quelques  racines  sauvages  lui 
tenaient  lieu  de  pain;  il  ne  tirait  aucun  parti  des 
poissons  qui  fourmillaient  sur  ses  côtes. 

La  Grande-Bretagne  ,  ile  de  l'océan  Atlantique  , 
nommée  Great  Briiain  ,  est  la  plus  grande  des  îles  de 
l'Europe.  On  la  connaît  sous  le  nom  d'Angleterre  : 
souvent  aussi  on  entend  par  Grande-Bretagne  toutes 
les  possessions  britanniques;  mais  elle  t:e  comprend 
réellement  que  IWngleierre  avec  la  principauté  de 
Galles  et  l'Ecosse.  Un  grand  nombre  de  petites  îles 
dépendent  de  la  Grande-Bretagne.  Les  principales 
sont  celles  de  Wiglit  au  sml,  les  Sorlingues,  Angle- 
sey  et  Man,  près  de  la  côte  occidentale;  ensuiie  l'ar- 
chipel des  Hébrides  ;  enfin,  à  la  pointe  septentrio- 
nale, les  Orcades ,  ei  plus  au  hrge  les  Shetland.  On 
donne  le  nom  d'îles  Britanniques  à  toutes  ces  îles  , 
y  compris  l'Irlande.  La  Grande-Bretagne  est  située 
entre  19°  S7'  et  S8°  45'  de  latitude  nord,  et  entre  U" 
55'  et  8°  34'  de  longitude  ouest  ;  elle  a  plus  de  800 
kil.de  long  du  nord-nord-ouesl  au  sud-sud-esl,et  500 
kil.  dans  sa  plus  grande  largeur.  Sa  forme  représente 
un  triangle  allongé.  Ainsi  les  côtes  ofTrent  trois  ex- 
positions générales  :  à  l'est ,  au  sud  et  à  l'ouest;  la 
mer  du  Nord  baigne  les  côtes  orientales;  le  Pas- 
de-Calais  et  la  Manche  celles  du  Sud  ;  les  côles  occi- 
dentales forment,  avec  l'Irlande ,  le  canal  Saint- 
Georges,  la  mer  d'Irlarjde  et  le  canal  du  Nord.  On 
Irouve  à  l'est  et  au  sud  les  côt 's  de  la  Grande-Bre- 
lagne  sinueuses  et  légèrement  inclinées;  à  l'ouest, 
au  conitaire  ,  dentelées  et  escarpées.  On  a  présumé 
que  la  Grande-Bretagne  a  fait  partie  du  continent  : 
le  peu  de  largeur  du  Pas-de-Calais,  la  ressemblance 
frappante  entre  les  collines  crayeuses  des  côles  des 
(Jeux  pays,  la  direction  de  la  chaîne  de  partage  d'eau 
lie  cette  île,  loriilient  celte  hypothèse.  Cette  chaîne 

(I)  La  coutume  du  tatouage  s'est  retrouvée  chez 
eus  les  peuples  barbares  de  l'Amérique,  des  îles  du 


forme  trois  versants,  dont  les  expositions  sont  les 
mêmes  que  celles  des  côles. 

Trois  chaînes  de  montagnes,  les  Grampians,  les 
Cheviot  et  les  Moorlands  orientaux  forment,  ainsi 
que  plusieurs  grandes  arêtes ,  les  bassins  principaux 
du  versant  oriental.  On  voit  généralement  les  bassins 
du  versant  occidental  bien  moins  étendus  que  les 
premiers.  Seulement,  entre  les  golfes  de  Clyde  et  de 
Soiway.une  prolongation  des  Cheviot,  nommée  quel- 
quefois Kirkcudbright ,  encaisse  le  bassin  de  la  mer 
d'Irlande,  et  indii|ue  la  liaison  des  montagnes  de  la 
Giande-Breiagne  avec  celles  de  l'Irlande. Les  bassins 
du  versant  méridional  sont  encore  moins  sensibles 
que  ceux  de  l'Orienl.  Les  montagnes  de  la  Grande- 
Bretagne  n'offrent  pas  de  chaînes  suivies  ,  mais  des 
pics  isolés  Irès-éloignés  les  uns  des  autres.  Celles 
qui  forment  les  véritables  massifs  de  l'île  se  dirigent 
presque  transversalement,  ou  s'élèvent  près  de  celte 
ligne,  à  laquelle  elles  se  lient. 

Telles  sont  le  Ben-Wyvis,  dont  le  pic  de  660  toises 
est  un  des  plus  élevés  de  ce  pays  ;  les  Grampians, 
qui  hérissent  toute  la  presqu'île  entre  les  golfes  de 
Murray  et  de  Tay  ,  et  présentent  successivement  sur 
leur  ligne  de  faîte  le  Ben-VoUich,  de  304  toises;  le 
Cairnloul,de  645  toises;  le  Ben-Macduie,  de  657 
toises  ;  d'autres  le  portent  à  720  loises.  Leurs  ra- 
meaux offrent  aussi  des  points  élevés,  tels  que  le 
Ben-Lawers ,  de  608  toises,  selon  d'autres  de  669  ; 
le  Cairngorm  ,  de  612  toises  ;  le  Ben-Nevis,  le  plus 
haut  sommet  de  la  Grande-Bretagne  ,  de  730  toises 
au-dessus  de  la  mer.  Les  Grampians  ont  cela  de  re- 
marquable ,  qu'ils  se  ramifîenl  jusque  dans  les  Hé- 
brides. La  chaîne  des  Cheviot  est  très-élevée;  le 
Cheviot-hill  a  460  toises  ;  les  Moorlands  orientaux 
courent  à  l'orient  l'espace  de  48  kil.  en  encaissant 
rOuse  ,  et  au  sud  pendant  24  kil.  ;  ils  s'élèvent  de 
215  à  250  toises ,  et  présentent  sur  la  côte  des  pics 
de  60  toises.  Les  monis  de  Galles,  entre  le  canal  de 
Bristol  et  la  mer  d'Irlande,  bordent  le  canal  de  Saint- 
Georges,  et,  quoiqu'ils  soient  très-inférieurs  à  la 
hauteur  des  Alpes,  les  Anglais  les  ont  appelés  Pe- 
lile-Suisse.  Ils  se  rattachent  à  la  chaîne  du  partage 
d'eau  par  les  Breidden-Hills.  Parmi  les  plus  hauts 
pics  on  distingue  le  Snowdon  ,  de  557  loises ,  le 
Cader-Idris,  de  542  toises. 

La  Grande-Bretagne  possède  de  superbes  routes 
qui  la  traversent  eu  tous  sens  ,  et  dont  la  longueur 
actuelle  est  de  plus  do  35,200  kil.  Celle  de  ses  ca- 
naux s'étend  à  près  de  4000  Kil.  On  en  compte  21 
qui  coupent  la  grande  chaîne  du  partage  des  eaux, 
tantôt  par  des  galeries  souterraines  ,  dont  la  plus 
longue,  celle  du  canal  d'Huddersfield,  taillée  dans  le 
roc,  a  4828  mètres,  tantôt  au  moyen  de  réservoirs 
d'eau  établis  au  sommet  des  montagnes  et  alimentés 
par  des  machines  à  vapeur  d'une  force  prodigieuse, 
qui  élèvent  les  eaux  au-dessus  du  bief  de  partage  ; 

monde  maritime,  de  l'Afrique  et  de  l'Asie;  elle  pa 
rail  être  inhérente  à  l'éial  sauvage. 

{Note  de  l'autevr.) 


185 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


18G 


c'est  ainsi  qu'on  a  réuni  les  trois  versants  de  l'Ile,  et 
que  les  quatre  plus  grands  ports  de  commerce  de 
l'Angleterre  ,  Londres,  [Hull  ,  Liverpool  et  Bristol, 
communiquent  entre  eux  et  avec  les  villes  de  l'in- 
térieur avec  la  plus  grande  facilité  et  beaucoup  d'é- 
conomie. Les  particuliers  ont  entrepris  et  fait  exé- 
cuter tous  ces  travaux  dans  la  partie  méridionale  de 
l'ile.  Le  gouvernement,  en  faveur  de  l'Ecosse,  s'est 
chargé  dans  le  nord  des  travaux  hydrauliques.  De- 
puis 1768  Edimbourg  et  Glascow  correspondent  par 
le  grand  canal  de  Foi  lli  et  de  Ciyde  ;  et  depuis  1822 
on  a  ouvert  le  canal  Calédonien,  à  travers  queiques- 
uns  des  principaux  lacs  qui  couvrent  le  nord  de 
l'Ecosse.  Les  navires,  autrefois  forcés  de  doubler 
les  Orcades,  y  trouvent  une  route  plus  directe  et  plus 
sûre.  Outre  de  nombreux  bateaux  à  vapeur,  de  ma- 
gnifiques paquebots  transatlantiques  entretiennent 
et  favorisent  les  communications  de  la  Grande-Ure- 
lagne  avec  les  différentes  parties  du  globe.  Un  vaste 
réseau  de  chemins  de  fer  couvre  son  sol ,  rapproche 
les  distances  et  met  presque  toutes  les  localités  aux 
portes  de  Londres.  Londres  n'est  pas  le  cenire  uni- 
que du  commerce  :  be.iucoup  de  villes  y  participent, 
parmi  lesquelles  se  distinguent  Hull,  Leith,  Glascow, 
Liverpool,  bristol,  Muncbester,  Birmingham,  etc. 

Le?  revenus  de  la  Grande-Bretagne  se  composent 
de  l'accise  ou  taxe  des  denrées,  des  droits  de  doua- 
nes, de  timbre,  de  l'impôt  territorial ,  de  la  poste  , 
de  Vincome-lax,  ou  taxe  sur  le  revenu  individuel  , 
établie  il  y  a  quelques  années  par  le  minisire  sir 
Robert  Peel.  La  dette  anglaise  dépasse  le  chiffre  de 
2S  milliards  de  francs. 

La  grande  charte  fut  instituée  par  Henri  I"  en 
1100,  pour  restreindre  l'autorité  royale  ;  on  y  (it  de 
nombreux  changements.  Jean  Sans-Terre  fut  obligé 
de  l'accepter.  Henri  III  la  continua  avec  de  nou- 
reaux  changements,  établit  les  communes  en  1265, 
et  les  fit  entrer  au  parlement.  La  grande  charte  sanc- 
tionnée par  Edouard  I"  est  la  base  de  la  monar- 
chie constitutionnelle  des  Royaumes-Unis.  Le  roi, 
la  chambre  des  pairs  et  celle  des  communes  compo- 
sent le  corps  législatif;  le  roi  a  le  pouvoir  exécutif, 
.  fait  la  paix,  la  guerre  et  les  traités  en  son  nom. 
Le  parlement  impérial  de  la  Grande-Bretagne  et 
d'Irlande  estcomposé  des  lords  spirituels  et  des  lords 
temporels,  qui  siègent  dans  la  chambre  haute,  et  des 
communes  qui  siègent  dans  la  basse.  Les  lords  spi- 
rituels sont  les  archevêques  et  les  évêques.  Les  lords 
temporels  sont  tous  les  paiis  des  trois  royaumes. 
Quelques-uns  de  ces  pairs  siègent  au  parlement 
par  droit  de  naissance,  d'autres  par  création  nou- 
velle, et  les  autres  par  élection  :  ceux-ci  sont  les 
seize  qui  représentent  le  corps  de  la  noblesse  écos- 
saise. Les  communes  sont  les  représentants  de  la 
nation,  qui  ne  siègent  point  dans  la  chambre  des 
1  lords.  Depuis  quelques  années  la  législation  électo- 
1  raie  a  éprouvé  des  améliorations  considérables.  Les 
catholiques, qui  étaieni  exclus  du  parlement,  y  sont  ad- 
mis. Le  souverain  prend  le  litre  de  roi  du  Royaume- 


Uni  de  la  Grande  Bretagne  et  d'Irlande.  Le  roi  con- 
voque et  dissout  le  parlement  quand  il  le  juge  k  pro- 
pos, mais  il  ne  peut  interrompre  la  session  pendant 
plus  de  trois  ans. 

La  royauté  est  héréditaire,  et  les  femmes  n'en 
sont  pas  exclues. 

Lamarine  anglaise,  la  plus  puissante  ei  la  première 
del'Europe,  est  divisée  en  trois  escadres  :  la  Rouge, 
la  Blanche  et  la  Bleue,  qui  sont  ainsi  nommées  de  la 
couleur  de  leur  pavillon.  Chacune  a  son  amiral  ;  mais 
celui  de  l'escadre  rouge  a  le  commandement  princi- 
pal, et  porte  le  titre  de  vice-amiral  de  la  Grande-Bre- 
tagne. Le  commandement  suprême  des  forces  nava- 
les réside,  après  le  roi,  dans  les  lords  commissaires 
deramirauié. 

L'Angleterre  (England),  la  partie  la  plus  méridio- 
nale et  la  plus  considérable  de  U  Grande-Bretagne, 
est  siinè  entre  i9*55  et  55*  SO  de  latitude  nord,  et 
entre  0'  35  et  8''  de  longitude  ouest.  Elle  a  une 
forme  presque  triangulaire,  et  est  bornée  au  nord 
par  l'Ecosse,  au  sud  par  la  Manche,  qui  la  sépare  de 
la  France;  à  l'est  par  la  mer  du  Nord,  et  à  l'ouest 
par  la  mer  d'Irlande,  qui  la  sépare  de  l'Irlande.  On 
estime  sa  surface  à  26,000  kil.  carrés  ,  dont  8640 
en  culture,  et  environ  11,200  en  pâturages;  on 
porte  sa  plus  grande  largeur  à  4001)  kil.,  à  partir  de 
Margateau  Land's  End  (fin  de  la   terre). 

Rien  n'égale  la  beauté  des  aspecis  qu'offrent  les 
parties  cultivées  de  l'Angleterre  :  la  verdure  qui  y 
règne,  le  mélange  des  terres  à  blé  avec  les  prairies, 
des  clos  avec  les  plantations,  et  des  châteaux  avec  de 
jolis  villages,  des  fermes  d'une  tenue  et  d'une  pro- 
preté admirables,  avec  les  villes  bien  bâties,  for- 
ment un  spectacle  toujours  nouveau  que  l'étranger 
contemple  avec  le  plus  sensible  plaisir.  Nous  ne 
parlerons  pas  ici  des  superbes  parcs  et  des  ma- 
gnifiques jardins  anglais,  où  l'art  cherche  à  imiter 
les  beautés  de  la  nature.  L'Angleterre  en  général  of- 
fre un  pays  légèrement  montueux,  parsemé  de  bou- 
quets de  bois  et  revêtu  de  riclies  pâturages  et  champs 
fertiles  ;  tantôt  c'est  une  suite  de  riantes  collines  et 
de  belles  vallées  qui  forment  des  paysages  délicieux  : 
on  voit  d'un  côté  s'ouvrir  à  perte  de  vue  de  vastes 
plaines  baignées  par  de  nombreux  ruisseaux  et  cou- 
vertes d'une  foule  de  troupeaux.  Une  partie  de  la 
côte  orientale  ressemble  à  la  Hollande,  étant  comme 
elle  marécageuse  et  entrecoupée  de  canaux.  Vers 
l'embouchure  de  la  Tamise  le  terrain  s'exhausse  ;  on  y 
voit  des  côtes  escarpées  et  des  rivages  sablonneux. 
La  côte  méridionale,  plus  haute  que  l'orientale, 
présente  des  dunes  stériles  et  des  rochers  vers  son 
extrémité.  Les  monts  Cheviot,  qui  séparent  l'Angle- 
terre de  l'Ecosse,  courent  du  nord-est  au  sud-ou'  si 
dans  toute  la  longueur  de  l'Angleterre;  depuis  le 
comté  de  Cornouailles  jusqu'à  celui  de  Cumbcrland 
règne  une  rangée  de  montagnes  qu'on  peut  regarder 
comme  une  chaîne  suivie  le  long  de  la  région  occi- 
dentale de  ce  royaume.  On  y  trouve  les  plus  hauts 
sommets,  dcvnt  quelques-uns  s'élèvent  à  550  toises 
au-dessus  de  la  mer.  On  voit  aussi  deux  rangs  de  col- 


18? 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRArillE  ECCLESIASTIQUE. 


ISS 


liiies  traverser  ce  pays,  dont  l'un  court  du  comté  de 
Dorset  dans  celui  de  Kent,  tandis  que  Faune  forme 
des  ondulations  tn  s'élendant  de  l'île  Portiand  aux 
Wolds,  dans  l'est  Riding  del'ÎOiksliire;  la  ligne  que 
forme  ce  dernier  cliainon  passe  par  les  parties  occi- 
dentales des  coniiés  de  Wills,  d'Oxford,  et  traverse 
ceux  de  Norilmmberland,  de  Leiccster  et  de  Noilin- 
gljani ,  au  nord  de  Scarborougli. 

Parmi  les  plus  hauts  sommeis  des  montagnes  de 
l'Angleierre  on  distingue  le  VVharueside  ,  de  6'25 
toises;  riiigleborougli,  de  565  loises  ,  dansTYoïk- 
shbe;  le  Ci-ôss-fell,  dansle  CuiuLerlaDdi  de  54iJ  t«- 
ses  ,  el  le  Skiddau  ,  de  500  toises,  dans  le  même 
comté.  Le  Snowdon,  dans  le  pays  de  Galles,  de  o57 
toises,  et  le  Cader-ldris,  dans  le  même  pays.  On  re- 
marque aussi  le  Pic  du  comté  de  Derliy  ,  plus  par 
ses  curiosités  que  par  son  élévation. 

L'Angleterre  possède  un  grand  nombre  de  ri- 
vières qui,  en  facilitant  les  communications  inté- 
rieures, favorisent  puissamment  l'industrie  el  le 
commerce,  et  donnent  à  la  physionomie  du  pays 
une  beauté  et  un  charme  iBexprimahles.  On  compte 
50  rivières  que  l'art  et  la  nature  ont  rendues  naviga- 
bles, dont  la  plus  re;iiarquable  est  la  célèbre  Tamise, 
l'orgueil  et  la  richesse  de  l'Angleierre  :  cette  belle 
rivière,  couverte  «ans  cesse  de  floues  nombreuses, 
offre  aux  yeux  du  spectateur  des  forêts  impénétra- 
bles de  mais;  laSevern,la  Medway,  laTrent,  l'Ouse, 
la  Tyne,  le  Wear,  la  Mersey,  la  Dee,  l'Avon  ,  l'E- 
den  et  la  Derweni  sont  les  autres  principales  rivières. 
Pour  les  lier  on  a  conçu  et  exéc  !lé  un  vaste  plan  de 
navigation ,  afin  d'ouvrir  par  des  canaux  de  faciles 
débouchés  dans  l'intérieur,  el  transporter  des  points 
les  plus  éloignés,  à  la  mer,  les  productinns  des  fa- 
briques, et  réciproquement  de  la  nier  dans  l'intérieur 
les  denrées  des  colonies.  Ils  rendent  aussi  les  com- 
munications promptes  avec  la  métropole,  centre  de 
tout  le  conmierce  de  la  Grande-Bretagne.  Le  duc  de 
Bridge-Water  et  Crindley  furent  les  premiers  qui  exé- 
cutèrent les  plus  grands  travaux.  On  remarque  le  ca- 
nal de  Lancasire, de  100  kil.  de  long;  celui  deLeeds, 
deliO  kil.;celui  du  Grand-Tronc  :  celui  delaOrande- 
Jonftion,  qui  unit  les  nombreux  embranchements  du 
centre  du  royaume  avec  la  capitale,  se  réunit  à  telui 
de  Grand  Union.  La  ligne  de  navigation  intérieure 
entre  Londres  et  Liverpool  est  de  580  kil.  Elle  offre 
AS  embranchements,  qui  ont  entre  eux  un  dévelop- 
pement de  1520  kil. 

Parmi  les  lacs  d'Angleterre,  peu  nombreux  et  peu 
considérables,  les  principaux  s  ^nt  ceux  des  comtés 
de  Cumberland,  de  Westmoreland  et  de  Lancastre, 
tels  que  le  Winandermere,  le  Bassenwaiihe,  le  Co- 
nistone,  le  Hawes  et  le  Derwent.  Ils  contribuent  à 
embellir  les  paysages,  en  offrant  des  tableaux  agréa- 
bles et  sublimes  de  la  nature.  On  y  voit  peu  de  ma- 
rais et  d'étangs.  Ce  pays  renferme  beaucoup  de  sour- 
ces d'eaux  minérales  dont  les  habitants  font  un  grand 
usage.  Parmi  les  plus  célèbres  on  distingue  celles  de 
Baih,  Bristol,  Chelienham,  Epsom,llarrowgaie,Ma 


llilock,  Scarborough,  Tunbridge.  On  eu  trouve  dans 
tous  les  comtés. 

Le  sol  varié  de  l'Angleterre  offre  diverses  espèces 
de  terres,  dont  les  principales  consistent  en  argile, 
glaise  loam  ou  terre  forte  el  compacte,  qui  approche 
de  nos  terres  de  Brie  et  de  la  Beauce  ;  sable,  chaux, 
gravier  et  tourbe.  On  distingue  deux  espèces  de  ter- 
rains argileux,  la  brune  foncée,  profonde  et  fertile  ; 
la  pâle,  peu  féconde,  el  d'une  moindre  profondeui. 
Celte  dernière  domine  particulièrement  dans  ce 
pays.  Il  y  a  plusieurs  sortes  de  loams  :  le  fort  loam, 
formé  en  géuéral  d'argile^  le  loaui,  moins  iscace  ;  le 
loam  calcaire  et  le  sablonneux.  On  ne  trouve  point 
de  sable  pur  et  de  chaux  dans  ce  pays  ;  il  a  deux  es- 
pèces de  terres  graveleuses,  le  gravier  jaune,  peu  fer- 
tile, el  le  brun,  plus  fécond.  On  rencontre  la  tourbe 
et  les  terrains  marécageux  dans  les  districts  du  nord 
de  l'Angleterre,  et  quelquefois  au  sud.  Les  habitants 
ont  considérablement  amélioré  leur  sol  par  les  pro- 
grès qu'ils  ont  faits  dans  l'agriculture.  La  plupart  des 
seigneurs  et  gros  propriétaires  résident  l'été  daus 
leurs  terres,  exploitent  souvent  des  fermes  d'une 
grande  étendue,  et  encouragent  les  améliorations  ru- 
rales. Cependant  on  compte  sur  la  surface  du  terri- 
toire de  52  à  36,000  acres,  près  d'un  tiers  d'incultes, 
dont  5000  pourraient  être   livrées  à  l'agriculture. 

La  situation  de  l'Angleterre,  baignée  de  trois  côtés 
par  la  mer,  l'expose  à  de  grandes  variations  de  tempé- 
rature occasionnées  par  l'opposition  continuelle  des 
vapeurs  humides  de  l'océan  Atlantique  avec  les  venls 
secs  du  continent  européen.  Cependant  elle  jouii  d'un 
climat  très-doux;  les  venls  de  mer  tempèrenl  les  ri- 
gueurs de  l'hiver  el  les  chaleurs  de  l'été.  En  revan- 
che l'air  est  très-humide,  épais,  souvent  sombre  et 
chargé  de  brouillards,  ce  qui,  joint  à  l'inconstance 
de  l'atmosphère,  le  rend  malsain  pour  les  étrangers 
et  pour  les  constitutions  délicates  des  habitants  : 
quoique  très-favorable  aux  prairies  et  à  cette  ver- 
dure presque  perpétuelle  qu'il  entretient,  il  cause  des 
fièvres,  des  rhumes,  des  catarrhes  qui  tournent  en  ma- 
ladies mortelles,  appelées  consomptions  ou  phihisies, 
qui  forcent  beaucoup  d'habitants  de  toutes  les  classes 
d'aller  chercher  dans  les  pays  étrangers,  et  surtout 
dans  le  midi  de  la  France,  le  rétablissement  de  leur 
santé.  Les  côtes  occidentales  sont  souvent  inondées 
de  pluies,  el  les  vents  d'ouest  et  sud-ouest  y  souf- 
flent avec  une  très-grande  violence.  On  ne  remarque 
dans  ce  royaume  que  deux  saisons,  l'hiver,  de  huit 
mois,  et  l'été.  Mars  offre  le  plus  d'inconstance.  Des 
venls  impétueux  et  des  ouragans  versent  à  la  l'ois 
la  grêle,  la  neige  et  la  pluie.  Il  y  gèle  peu.  En  mai  le 
pays  est  souvent  couvert  de  givre  au  lieu  de  la  pre- 
mière verdure.  On  éprouve  quelquefois  dans  les  pre- 
miers jours  dejuin  le  même  froid  qu'eu  décembre,  et 
d'autres  fois  le  thermomètre  s'élève  aussi  haut  qu'eu 
Italie  Très-souvent  les  récoltes  sont  détruites  paf 
les  vents  d'est  qui  dominent  eu  mai.  .Anùi  même  a 
ses  vicissitudes  de  chaud  et  de  froi.l.  En  septenibra 
et  octobre  on  jouit  des  deux  plu.<»  agréables  luuis  de 


180  GÉOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 

IV.niiée.   Le  climat  influe   beaucoup    sur  le  carac-      gcm   beaucoup  de  vi.iiu! 


(ère  des  hahilanls. 

L'Angleterre  recueille  une  grande  quantité  de 
gr.iiiis  de  toute  espèce;  mais  le  blé  ne  ^ufût  pas  à  la 
cinisomination.  Dans  toute  la  partie  orienialij  du 
SDUthampton,  au  comté  d'ïork,  on  cultive  générale- 
ment le  froment.  Au  nord  on  en  voit  moins.  On  pré- 
fère semer  l'avoine  et  l'orge  qui  abonde  en  ce  pays, 
dans  les  comtés  deSutfolk,  de  Cambridge,  de  Sou- 
Ihampton,  où  elle  sert  à  la  fabrication  de  la  drècbe 
pour  la  bière.  On  récolte  le  sarrasin  dans  le  Norfolk. 
La  pomme  de  terre  sert  ég:dement  à  la  nourriture 
de  l'homme  et  des  bestiaux.  Elle  entre  pour  moitié 
dans  le  pain  anglais,  qui  est  très-lourd.  L'buniidité 
du  climat  rend  très-commune  la  maladie  connue 
sous  le  nom  de  rouille  des  végétaux.  Indépeudam- 
jncnl  des  grains,  le  sol  fournil  beaucoup  de  plantes 
potagères  ,  surtout  navets,  lurneps,  légumes,  et 
toute  espèce  de  fourrages  et  praiiies  artilicielles  , 
singulièrement  favorisées  par  la  douceur  de  l'biver. 
Le  houblon  prospère  beaucoup  dun^  les  comiéi  de 
Kent,  Surry,  Essex  et  Hanips;  il  croîi  à  7  ou  8  pieds 
de  liaui,  et  sert  à  la  fabrication  de  la  bière.  Le  lin 
ne  fournit  pas  assez  pour  la  consommation  ;  on  lire 
la  graine  de  11  Hollnnde,  de  Kiga  et  de  l'Amérifiue. 
C'.lle  du  pays  sert  à  faire  de  l'huile.  Le  chanvre  ne 
réussit  pas  eu  Angleterre. 

On  élève  beaucoup  de  voliillej,  des  oies,  des  ca- 
nards. La  perdrix,  la  caille  et  les  autres  oiseaux  de 
l'Europe  tempérée  y  sont  communs.  Peu  de  pays 
sont  aussi  bien  pourvus  de  poissons  de  mer  et  de  ri- 
vière. 

On  trouve  les  mines  de  houille  dans  le  nord  et  le 
sud-ouest.  Elles  fournissent  l'unique  chauffage  eu 
usage  dans  le  pays,  et  servent  aussi  à  exploiter,  par 
le  moyen  des  machines  à  vapeur,  les  nombreuses 
mines  de  fer  répandues  partout  et  dans  leurs  envi- 
rons. Les  comtés  de  Devon,  Somerset,  (lumberland 
et  vie  Derby  abondent  en  mines  de  plomb.  Anglesey, 
les  comtés  de  CornouaiUes,  d'York  et  de  Siafford 
possèdent  de  riches  mines  de  enivre.  Celles  d'étiin 
de  CornouaiUes  sont  inépuisables;  le  Devon  en  four- 
nit aussi.  Les  montagnes  renferment  cobalt,  ciila- 
mine,  linc,  arsenic,  antimoine,  bismuth,  manganèse. 
On  en  tire  aussi  l'ocre,  la  terre  à  foulon,  l'argile  à 
potier,  le  kaolin  pour  la  porcelaine,  du  marbre,  des 
pierresde  taille,  des  pierres  à  rusil.(n  y  fait  les  célè- 
bres crayons  anglais  avec  le  graphite  (mine  de  plomb); 
on  le  tire  de  Borrowdale,  dans  le  comté  de  Cumber- 
land  ;  c'est  le  meilleur.  Les  comtés  de  Chester  et 
de  Norfolk  recèlent  des  mines  de  sel  gemme.  Il  y  a 
aussi  des  sources  salées.  Les  mines  sont  pour  l'An- 
gleterre un  objet  bien  moins  important  par  leur  pro- 
duit, quoique  très-considérable,  que  par  l'aliment 
qu'elles  fournissent  à  l'industrie  nationale. 

r.es  Anglais  sont  grands,  forts,  agiles,  bien  faits, 
et  d'une  belle  carnation.  Ils  ont  le  leinl  blanc  .  les 
chevo-ux  blonds  ou  roux,  plutôt  que  châtains  et  noirs. 
La  ■  uisine  est  aussi  simple  que  le  costume.  Ils  man- 


490 
surtout  du  bœuf  rôti, 
ronst  beef,  et  de  pommes  de  lerre.  Ils  habitent  des 
maisons  commodes  et  jolies,  où  brille  la  plus  grande 
propreté.  Les  personnes  des  classes  distinguées  de  la 
société  boivent  beaucoup  moins  qu'autrefois  après 
le  repas.  Les  gens  de  la  basse  classe  remplissent 
continuellement  '\es  nonibreuses  tavernes  où  ils 
s'enivrent  de  porter  (forte  bière);  ils  boivent  aussi 
beaucoup  de  liqueurs  fortes  ,  rhum  ,  genièvre,  pour 
chasser  leur  mélancolie  et  dissiper  l'engourdissement 
occasionné  par  un  air  lourd,  humide.  Ces  insulaires 
excellent  dans  les  arts  mécaniques,  et  sont  les  meil- 
leurs marins  de  l'Europe.  Leurs  divertissements 
sont  les  spectacles,  redoutes,  mascarades,  concerts, 
dan-e,  jeux  de  carte  ,  société  de  table,  chasse,  pê- 
che, courses  de  chevaux,  combats  de  coqs. 

«  Leur  caracière  ,  dit  Baert  dan^  son  Tableau  de 
la  Grande-Ëretarjne,  est  sombre  ,  brusque,  réfléchi  ; 
l'éducâiion  publique,  presque  entièrement  la  même 
pour  le>  l'Cisonnes  de  tous  b-s  rangs  au-dessus  de  la 
classe  inférieure  du  peuple,  enirelienl  dans  le  pre- 
mier .'ige  l'uniformilé  qie  modifie  par  la  sniie  une 
constitution  mélangée  de  monarchie  ,  d'aristocratie 
et  de  démocratie.  Une  grande  diversité  de  religions 
et  de  sectes,  et  un  genre  de  vie  retirée  et  solitaire; 
l'orgueil  et  la  fierté,  qui  tiennent  à  l'esprit  delibiTté 
et  d'égalité,  bases  de  la  constitution,  portent  toutes 
les  classes  de  la  société  à  un  esprit  d'imiiaiion  qui , 
dans  ce  pays,  est  infiuimeut  plussensibleqn'aillenrs, 
qui  s'aperçoit  dans  toutes  les  actions  de  la  vie  ,  et 
qui  donne  In'uà  une  granile  consommation,  l'une  des 
causes  les  plus  puissantes  de  la  prospérité  nationale. 
11  est  difficile  de  distinguer  parmi  les  hommes  :!u- 
ctine  classe  de  la  société  à  l'habit;  tout  le  nionde 
est  vêtu  de  la  même  manière.  L'habillement  de» 
femmes  riches  ,  beaucoup  moins  simple,  et  d'une 
grande  propreté,  n'en  est  pas  moins  généralement 
imité  les  jours  de  fête  par  toutes  les  personnes  au- 
dessus  du  commun,  et  même  par  celles  des  classes 
inférieures.  Les  mendiantes  ont  de  longues  robes  , 
les  servantes,  les  paysannes  ne  sortent  jamais  sans 
un  chapeau  de  soie  noire  ou  verte.  L'habitant  des 
campagnes  n'est  pas  dans  son  genre  plus  mal  vêtu 
que  celui  des  villes;  seulement  son  babil,  d'une 
étoffe  plus  grossière,  est  moins  bien  fait.  On  iiionle 
beaucoup  à  cheval ,  et  tout  le  monde  veut  avoir  des 
chevaux.  Le  luxe  des  équipages  est  extrêmement 
répandu.  A  l'exception  dequi'lquesgrands  seigneurs, 
ou  est  logé  et  meublé  d'une  manière  uniforme  et 
assez  simple. 

I  Ce  qui  rompt  le  plus  l'uniformité  dans  la  ma- 
nière d'exister,  c'est  le  grand  nombre  de  domesti- 
ques, de  chevaux  et  d'équipages  que  les  grands  sei- 
gneurs ou  les  hommes  opulents  ont  seuls  le  moyen 
d'entretenir.  Peu  de  peuples  mènent  une  vie  plus 
monotone  que  les  Anglais  ,  et  plus  propre  à  nourrir 
le  caractère  particulier  qu'ils  ont  reçu  de  la  nature. 
Le«  femmes,  occupées  de  leur  ménage  et  de  leurs 
enfants,  vivent  beaucoup   daus  leur  intérieur.  Ras- 


j9i  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  192 

Stmblent-elles quelque  société,  il  y  règne  un  ton  de  rougisse  moins  d'en  oflrir  et  d'en  recevoir.  L'argent 
réserve  de  roideur  ,  une  sorte  d'étiquette  fort  en-  y  donne  beaucoup  d'influence  et  d'iniiioriancc  :  il 
nuveuse.  D.ins  la  vie  sociale  comme  dans  la  vie  do-  ouvre  l'entrée  du  parlement,  et  conduit  même  à  la 
iniestique  ,  la  taciturnité  isole  tous  les  individus.  Par  pairie.  La  pauvreté  y  est  méprisée  en  raison  de  l'es- 
un  contraste  reniarqu.able  ,  nulle  part  l'enfance  n'est      lime  qu'on  a  pour  les  richesses  ;  c'est  ce  qui  faisait 


plus  beureuse,  nulle  part  elle  n'éprouve  moins  de 
contrainte;  on  a  soin  de  ne  pas  trop  b.âter  son  édu- 
cation morale.  Vers  donze  ans  on  envoie  les  gar- 
çons dans  un  collège  ou  dans  un  pensionnat,  où  ils 
jouissent  de  beaucoup  de  liberté,  se  livrent  à  des 
exercices  violents,  comme  le  sont  tous  leurs  jeux, 
montent  à  cheval  le  plus  souvent  qu'ils  penvc  nt,  vi- 
vent toujours  entre  eux,  et  prennent  des  mœurs, 
des  manières  uniformes  et  un  air  rustre  et  gauche. 
En  sortant  de  l'université,  les  plus  riches  voyagent 
avec  les  gouverneurs  qui  ont  soigné  leur  éducation. 
Malgré  les  vices  de  celte  éducation,  il  existe  en  An 


dire  à  un  ministre  étranger  :  <  Partout  ailleurs  la 
pauvreté  est  un  vice;  ici  c'est  un  crime.  >  La  crainte 
de  paraître  pauvre  et  méprisable  engage  souvent  à 
faire  une  dépense  au-dessus  de  ses  moyens,  cl  con- 
duit à  des  dérangements  de  fortune.  Malgré  sa  brus- 
querie, l'Anglais  n'est  pas  cruel;  rarement  on  le  voit 
battre  les  animaux.  Il  s'oppose  à  ce  qu'une  personne 
en  maltraite  une  autre  en  sa  présence.  L'orgueil  na- 
tional est  la  qualité  dominante  de  son  caractère.  Les 
Anglais  se  croient  la  première  nation  du  monde,  la 
seule  libre,  spirituelle  ,  puissante,  généreuse  et  ca 
pable  de  faire   de  grandes  choses,   ils  ne  trouvent 


gleierre  une  grande  masse  de  lumières.   La  classe      bien  que  ce  qui  est  chez  eux.  Ils  méprisent  même 


moyenne  ne  laisse  pas  de  lire  beaucoup;  chacun 
dans  son  état  s'eiïorcc  d'acquérir  de  celle  manière 
l'instruction  qui  peut  lui  donner  de  la  supériorité 
sur  ses  rivaux.  Grâce  aux  écoles  paroissiales,  à 
celles  du  dimanche  et  à  celles  qui  ont  été  établies 
d'après  l'enseignement  professionnel ,  le  nombre 
des  personnes  qui  savent  lire  augmente  tous  les 
jours. 

I  On  attache  assez  communément  l'idée  de  sen- 
timenls  tendres  au  caractère  des  Anglais;  cepen- 
dant il  n'y  a  pent-êlre  pas  de  |iays  où  l'égoïsme  soit 
plus  général.  Le  sentiment  y  est  tout  dans  les  ro- 
mans ou  dans  la  lèie  des  femmes.  Tous  les  jours  on 
s'y  sépare  avec  la  plus  grande  indifférence  des  per- 
sonnes les  plus  chères.  On  ne  peut  s'empêcher  de 
reconnaître  de  la  cupidité  dans  le  caractère  de»  An- 
glais :  on  la  retrouve  partout ,  même  dans  leurs 
plaisirs,  dans  la  manie  des  paris  ,  qui  se  mêle  à  tout, 
et  qui  est  portée  à  un  >\oint  dont  il  est  difficile  de  se 
faire  une  idée  :  c'est  l'orgueil,  et  une  sorte  de  sus- 
ceptibilité dont  il  est  le  principe,  qui  multiplient 
dan=  la  classe  supérieure  les  combats  au  pistolet , 
et  dans  la  classe  inférieure  les  combats  à  coups  de 
poings,  ou  pugilat,  box.  Ces  derniers  sont  d'autant 
plus  communs  qu'ils  ont  pour  molif  soit  la  répara- 
tion d'une  injure,  soit  un  défi  ou  un  pari.  Ils  rappel- 
lent, et  par  leur  cruauté  sanguinaire,  el  par  le  cou- 
rageux sang-froid  des  combattants,  et  par  l'impassi- 
bilité des  spectateurs  ,  les  combats  atroces  des  gla- 
diateurs de  l'ancienne  Rome. 

I  L'esprit  spéculatif,  froid  elmélhodique  qui  rend 
les  Anglais  taciturnes  et  égoïstes,  et  leur  lait  tout 
rapporier  à  leur  intérêt  personnel,  tient  à  la  nature 
de  leurs  richesses,  aux  nombreux  capitaux  disponi- 
bles qu'ils  ont  dans  leurs  poriefeuilles,  à  leurs  opé- 
raùons  commerciales,  et  à  leur  manière  de  vivre 
seuls  ou  entre  hommes,  qui  les  met  à  même  de 
s'oeciiper  continuellement  de  leurs  affaires,  sans  en 
être  distraits  par  les  plaisirs  et  la  mollesse  que  donne 
la  société  des  femmes.  Il  n'est  pas  de  pays  au  monde 
où  l'on  connaisse  mieux  le  prix  de  l'argent,  où  l'on 


les  Ecossais,  et  encore  plus  les  Irlandais. 

«  Celle  prétention  à  la  supériorité,  qu'ils  ne  clier- 
chent  même  pas  à  déguiser  chez  l'étranger,  en  exci- 
tant leur  courage  et  leur  industrie,  n'a  pas  peu  con- 
tribué peut-être  aux  succès  et  à  la  prospérité  de 
leur  pays.  C'est  sans  doute  la  raison  qui  a  empêché 
les  écrivains  moralistes  et  les  philosophes  de  l'An- 
gleterre d'en  combattre  le  ridicule  ,  et  qui  porte  les 
orateurs  du  parlement  ,  les  auteurs  dramaiiques  et 
les  journalistes,  a  nourrir ,  au  contraire,  ces  senti- 
ments hautains.  > 

C'est  ce  qui  a  produit  chez  les  Anglais  l'esprit  pu- 
blic qui  les  distingue.  Ils  sont  braves,  intrépides, 
généreux,  très-francs,  et,  malgré  leur  froideur, 
obligeants.  Ils  ont  l'esprit  élevé  et  subtil,  et  le  juge- 
ment excellent.  Leur  commerce  est  sûr;  ils  n'ac- 
cordent ni  ne  retirent  facilement  leur  ailacheinent 
et  leur  confiance.  Enfin  il  est  peu  de  nations  qui 
monireiii  un  intérêt  plus  général  et  plus  vif  pour 
toui.  ce  qui  est  grand. 

Les  Anglais  ont  porté  it  leur  perfection  toutes  les 
espèces  de  manufactures.   Ils  sont  parvenus  à  sim- 
plifier le  mécanisme  de  leurs  travaux,  de  telle  sorte 
qu'ils  vendent   à  l'étranger  meilleur  marché  que  les 
fabricanis  des  autres   pays.  Les   manufactures  d'é- 
toffes  de  laine  les   plus   considérables   sont   d'une 
grande  beauté  et  d'un  produit  immense.  Elles  con- 
sistent en  draps  de  tous    les  genres  ,    couvertures, 
droguels,   crêpes  ,  lapis  communs.  Les   comtés  de 
Wilis  et  de  Somerset  fournissent  les  draps  fins  dont 
les  plus  beaux  sont  du  comlé  de  Bedford  et  les 
gros  draps  dans  le  Wesimoreland  ;  celui  de  Gloces- 
ler  teint  le  mieux  en  noir;  le  cotulé  d'York  fabrique  ' 
les  draps  légers,   diverses  étoffes  de  laine,  couver- 
tures ;  on  estime  à  dix-huit  millions  de  quintaui  h 
qiiauiiié  de  laine  employée  dans  les  manufaeiures.'' 
La  filature  et  la  fabrique  des  colonnades  ont  alieintli 
le  plus  haut  point  de  perfection.  Les  prodints  sontli 
des  velours  de  toutes  façons,  des  toiles,  mousselines,' 
batistes,  tulles,   étoffes  de  fantaisie.  On  connaît  la! 
bonne  qualité  du  fer,  de  l'acier,  du  cuivre  anglais,' 


193 


fcÉOGRAPHlE  DES  LEGENDES  AU  MOVEN  AGE. 


10» 


qui  trouvent  de  giaiids  débouchés  ;  de  nombreux 
ateliers  se  livrent  à  la  fabrication  de  la  coutellerie, 
du  plaqué,  de  la  quincaillerie  et  des  armes  de  tout 
genre.  On  fait  à  Bradiey,  Birmingham,  Seheffield 
et  dans  d'autres  villes,  depuis  des  ancres  et  des  ca- 
nons jusqu'à  des  épingles.  On  estime  à  20  millions 
sterling  (500  millioBS  de  France)  leur  produit  an- 
nuel. Les  Anglais  commencent  à  approclier  de  Lyon 
pour  la  soierie,  dont  les  principaux  .ateliers  sont  à 
Spiialfields,  dans  Londres  et  le  comté  de  Derby;  on 
fait  les  rubans  à  Covenlry  ;  les  bas,  les  gants,  les 
voiles  et  les  dentelles  à  ISoilingliam;  les  toiles  de 
lin  et  rubans  de  fil  à  Manchester  et  environs,  qui 
sont  aussi  le  centre  de  la  fabrique  de  colonnade, 
comme  Rouen  l'est  de  la  France;  la  toile  à  voile  à 
Warrington  ;  les  bas  de  coton  dans  les  comtés  de 
Derby,  Leicester,  et  surtout  dans  celui  de  Noltin- 
gbani.  Les  tanneries  sont  très-nombreuses  dans  ce 
pays  ;  le  cuir  offre  une  solidité  jointe  à  un  air  de 
propreté  qui  le  fait  [rechercher  des  étrangers,  sur» 
loui  les  liges  de  bottes  et  les  cuirs  de  semelles.  Le 
comté  de  Worcester  fabrique  une  grande  quantité 
de  souliers;  on  estime  beaucoup  la  sellerie  anglaise. 
On  fait  en  Angleterre  de  beaux  papiers  pour  im- 
pression. La  poterie  est  d'une  grande  importance 
par  la  consommation  prodigieuse  qui  s'en  fait  à 
l'intérieur  et  chez  l'étranger.  Les  verreries  sont  fort 
répandues  dans  le  nord,  aux  environs  de  Newcaslle, 
Sunderland  ,  Liverpool  ,  Stourbridge,  Bristol  et  à 
Londres  même.  On  vante  les  cristaux  pour  la  beauté, 
la  blancheur  et  pour  leur  poli  inimitable.  On  fabri- 
que de  superbes  instruments  d'opti<|ue.  L'horlogerie 
a  fait  aussi  de  grands  progrès.  La  bière  anglaise  est 
supérieure  à  celle  des  autres  pays  de  l'Europe  ;  il  s'en 
consomme  annuellement  pour  plus  de  4,000,000 
livres  sterling  (100,0i)Ô,00û  de  francs).  Les  Anglais 
estiment  leur  aie  à  l'égal  du  vin  ;  il  y  a  encore  le 
porter  el  le  double  porter  qui  sont  irés-prisés  :  on  dis- 
tille des  liqueurs  spiritueuses  de  grains,  de  pommes 
de  terre,  de  betteraves. 

En  conséquence  de  la  prodigieuse  extension  des 
manufactures  anglaises,  leur  produit  a  outrepassé 
de  beaucoup  les  besoins  de  l'intérieur,  et  on  a  cher- 
ché à  en  exporter  l'excédant  dans  l'étranger  ;  ce  su- 
perflu a  été  si  considérable,  qu'il  a  servi  d'aliment  à 
un  commerce  immense  avec  tous  les  pays  du  globe; 
c'est  pourquoi  l'Angleterre  exporte  de  l'étranger  les 
matières  premières  propres  à  ses  fabriques,  pour  re- 
vendre au  dehors  manufacturées  celles  qui  ne  sont 
■pas  de  débit  chez  elle.  Elle  tire  du  nord  de  l'Europe, 
principalement  du  Danemark,  de  la  Russie,  de  la 
Suède,  de  la  Pologne,  de  la  Prusse,  fer,  soude,  bois 
de  construction,  cire,  miel,  grosse  toile,  poix,  po- 
tasse, goudron,  suif,  blé;  elle  donne  en  retour  quin- 
caillerie, colonnade,  lainage,  plomb,  élaln,  charbon, 
poterie,  verrerie,  sucre  raffiné,  café,  tabac,  dro- 
gues, étoffes  teintes  :  elle  importe  d'Allemagne  blé 
•ire,  miel,  toiles,  chiffons,  peaui,  bois  de  consiruc 
lion,  vins  ;  de  la  Hollande,  genièvre,  fromage  beur- 


re, chiffons,  cire,  miel,  graines  de  trèfle,  garance, 
luzerne,  blé,  lard  ;  de  la  France,  vins,  eau-de-vie, 
dentelles,  b:iiiste,  linon,  soie,  modes  ;  de  l'Espagne, 
du  Portugal  et  de  l'Italie,  barille,  soufre,  huile,  co- 
chenille, fruits,  laine,  liège,  bois  de  teinture,  vins  , 
eau-de-vie,  soie  ,  drogues,  gomme  :  elle  fournit  en 
échange  à  ces  pays,  colonnades,  lainages,  quincail- 
lerie, poterie  de  terre, soieries,  raotjires,  denrées  des 
deux  Indes,  et  généralement  le  produit  de  ses  plus 
belles  manufactures.  Ses  imporlaiions  de  la  Turquie 
consislenl  en  lapis,  drogues  pour  teindre;  elle  doiiHO 
en  retour  cnton,  quincaillerie,  étoffes  de  laine,  mon- 
tres el  productions  des  deux  Indes. 

L'Angleterre  tire  de  l'Amérique  septenlriona'e  fa- 
rine, provisions,  mâts,  bois  de  construction,  coton, 
laine,  tabac,  riz,  goudron,  poix,  cendre  propre  au 
savon,  indigo,  fourrures;  elle  donne  en  retour  lai- 
nages, cotonnade,  quincaillerie,  poterie,  livres,  toile, 
plomb,  souliers,  chapeaux;  elle  exporte  du  Brésil , 
coton,  laine,  peaux  ,  cochenille,  bois  de  campéche  , 
indigo;  des  Indes  occidentales,  sucre,  rhum,  café, 
poivre,  gingembre,  indigo,  drogues,  coton  ;  des  Indes 
orientales,  de  la  Chine  et  de  la  Perse,  thé  ,  épiées, 
soie  brute,  mousseline,  nankin,  sucre,  indigo  ,  gi- 
rolls,  opium,  vif-argent,  drogues,  gomme,  riz,  sal- 
pêtre; elle  fournit  en  retour  à  tous  ces  pays  les  plus 
beaux  produits  de  ses  fabriques. 

Les  Anglais  ont  élabli  des  colonies  dans  les  cinq 
parties  du  monde,  en  Europe,  en  Asie,  en  Afri(iue, 
en  Amérique  et  dans  h  Nouvelle-Hollande  et  iles 
voisines.  Ils  ont,  en  Europe,  Gibraltar,  l'ile  de 
Malte  et  les  îles  Ioniennes.  Ils  possèdent,  en  Asie  , 
tout  l'Hindoustan  ,  la  presqu'île  de  Malakka  et  l'ile 
de  Ceyian  dans  l'océan  Indien. 

En  Afrique  ,  plusieurs  établissements  sur  la  côte 
de  Guinée,  le  cap  de  Bonne-Espérance,  l'ile  de  Sainte- 
Hélène,  dans  l'océan  Atlantique  ,  leur  sont  soumis. 
Leur  empire,  dans  l'Amérique  septenti  ionale,  com- 
prend la  Nouvelle-Bretagne,  le  Canada  et  la  Nou- 
•velle-Ecosse  ;  l'ile  de  Terre-Neuve,  l'Ile  de  Saint- 
Jean  ,  l'ile  Royale,  les  Bermudes  et  les  Lucayes  , 
dans  l'océan  Ailanii(iue  ;  les  îles  de  la  Jamaïque,  des 
"Vierges,  de  l'Anguille,  de  Saint-Chrisloplie,  de  Nevis 
ou  Nièves,  d'Aniigoa  ,  de  Montserral,  de  la  Domini- 
que, de  Saiiii-Vincent,  de  la  Barbade,  de  la  Grenade, 
de  la  Trinité  ,  de  Sainte-Lucie  et  Tabago,  dans  le 
golfe  du  Mexique.  Les  Anglais  possèdent  encore 
dans  l'Amérique  méridionale  plusieurs  établissements 
sur  la  côte  des  Osquitos  et  la  Guyane  dite  an- 
glaise. 

La  langue  anglaise  est  composée  de  presque  toutes 
celles  de  l'Europe.  Il  y  a  en  Angleterre  deux  uni- 
versités, celles  d'Oxford  et  de  Cambridge.  La  pre- 
mière compte  vingt  collèges  et  six  halls  (sallor) , 
celle  de  Cambridge  dix-sept  collèges.  Tous  ces  éta- 
blissements sont  bien  dotés.  La  société  royale  de 
Londres  jouit  d'une  grande  célébrité. 

La  Grande-Bretagne  a  produit  et  possédé  des 
liomnies  illustres  dans  tous  les  genres.  Le   nombre 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


195    . 

de  ses  navigateurs  et  de  ses  voyageurs,  qui  ont  con- 
tribué aux  progrès  des  sciences  géographiques  , 
est  innombrable.  Saint  Eihelbert,  saint  Eilieired  , 
saint  Edmond  ei  sainl  Edouard  figurent  parmi  ses 
rois.  L'infortunée  Marie  Stuart,  reine  d'Ecosse,  res- 
tera dans  l'histoire  la  taclie  sanglanie  du  règne 
d'Elisabeth,  comme  Fisher,  précepteur  d'Henri  VUI, 
mourant  sur  l'éibafaud  à  80  ans  ,  à  cause  Je  sa 
résistance  au  schisme  de  ce  tr'rrible  Tudor,  demeu- 
rera un  (i|iprobre  éternel  pour  sa  mémoire.  Saint 
Dunstan,  saint  Augustin,  le  vénérable  Ëède,  saint 
Thnnias  de  Caniorbéry,  eic,  sont  célèbres  dans  les 
annales  de  l'Eglise  taiholiqne  d'Angleterre.  Les  éci  i- 
vains,  tant  catholiques  que  protestants,  qui  nul  éciit 
sur  l'histoire  ei  l'aniiquiié  de  la  Grande-Bretn^ee, 
depuis  Bède  jusqu'à  l'historien  Lingard  ,  sont  très- 
nombreux.  Sous  le  règne  d'Elisabelh  parut  le  poêle 
tragique  Sliakspeare,  que  les  Anglais  ont  nommé 
ctiiiin.  Ilobbes  vivait  sous  le  même  règne. 

Jacques  l'"'  encouragea  la  culinre  des  sciences  et 
des  lettres  :  il  donna  la  place  de  chancelier  au  cé- 
lèbre Dacon  ;  il  protégea  Cambden  et  d'autres  habi- 
les antiquaires. 

Charles  I*''  eut  du  goût  pour  les  arts,  paniculiè- 
renieni  pour  la  peinture,  la  fculf  tuie  et  l'architec- 
ture :  il  protégea  Rubens  ,  Van-Dyck  ,  et  d'autres 
artistes  célèbres.  Le  duc  de  Biickingham,  son  favori, 
dépensa  plus  de  dix  millions  en  tableaux  et  en  autres 
objets  rares.  Le  comte  d'ArnnJel  acquit  beaucoup 
de  monuments  antiques,  dont  les  plus  précieux  sont 
des  marbres  qu'il  fii  transporter  de  la  Grèce,  et  qui 
marquent  les  principales  épogues  de  l'histoire 
d'Athènes. 

Pendant  les  guerres  civiles  et  l'ioterrègne  qui  les 
suivit,  les  sciences,  les  lettres  et  les  arts  n'eurent 
guère  d'encouragement  :  néanmoins  Usser,  Walton 
et  d'autres  savants  furent  respectés  et  même  favo- 
risés de  Cromwell. 

Le  règne  de  Charles  II  fut  marqué  par  les  grands 
progrès  que  firent  les  sciences,  les  lettres  et  les  arts, 
et  par  l'institution  de  la  société  royale.  Ce  règne 
présente  à  la  poslérilé  les  noms  de  Bayle.  Sidney  , 
Halley,  Sydenham,  Ilarwey,  Temple,  Tillot-on  , 
Barrow,  Cowley  et  Dryden.  Le  Paradis  perdu  de 
Milton  parut  à  cette  époque.  L'éloquence  de  la 
cIiai.''C  acquit  plus  de  gotii  et  de  majesté.  Wren  in- 
troduisit dans  l'architeciure  une  régularité  inconnue 
avant  lui.  Le  règne  de  Gullinime  III  dut  sa  sjlnire  à 
Newton,  à  Locke  et  à  Burnet.  Addison,  Pope,  Swift, 
Stcele  et  une  foule  d'autres  écrivains  en  prose  tt  en 
vers  parurejit  sous  la  reine  Anne.  Sous  le  règne  de 
Georges  I*'  et  de  ses  successeurs,  les  sciences ,  les 
lettres  et  les  arts  ont  été  portés  par  les  Anglais  à 
une  grande  perfection  :  on  en  peut  dire  autant  de 
Tagriculture  et  de  la  mécanique.  Il  faut  pourtant 
convenir  que  l'éloquence  de  la  chaire  cl  celle  du 
barreau  n'ont  jamai>  été  cultivées  eu  Angleterre  avec 
un  succès  brillant.  Mais  par  conipensaii' n  elle  a  ses 
peintres,  ses  graveurs,  ses  architectes,  ses  siatuai- 


196 


res.  C'est  à  Christophe  Wren  qu'on  doit  Saint-Paid. 
Parmi  les  peintres  on  cite  Hogarili  poiir  l'originalité 
de  sa  touche,  Reynolds  pour  rii.sioirc  et  les  px)r- 
Iraiis,  Gainsborough  et  Wllson  pour  le  paysage.  La 
gravure  doit  beaucoup  à  Slrange  ,  Woollet  et  Wntl- 
lidgc.  Lord  Byron,  .Moore,  Walier  Scott,  o;.t  jeté  un 
grand  éclat  sur  la  littérature  contemporaine  de  la 
Grande-Bretagne.  Le  dernier  surtout  l'a  popularisé; 
dans  toute  l'Europe,  cl  il  a  plus  fait  connaître  l'Ecosse 
par  ses  ouvrages  que  tous  les  auteurs  qui  jusqu'alors 
avaient  écrit  sur  ce  pays. 

Les  Bretons,  premiers  habitants  de  l'Angleterre, 
obéirent  aux  Romains  depuis  le  commenceineut  de 
l'ère  chrétienne  jusqu'au  milieu  du  v«  siècle,  et  fuient 
alors  cha'-sés  de  leur  pays  par  les  Angles  et  les  Sa- 
xon-, qu'ils  av:.ierit  appelés  d'Allemagne  à  leur  se- 
cours contre  lesPicles,  peuple  sauvage  de  l'Ecosse  : 
une  partie  se  retira  dans  le  pays  de  Galles,  et  l'auire 
pariie  dans  une  province  de  la  Gaule,  qui  prit  de  là 
le  nom  de  Bretagne. 

Les  Angles  ei  les  Saxons  fondèrent  dans  leur  con- 
quête sept  luyauiues  particuliers,  qui  subsistèrent 
jusqu'en  80i  :  c'est  ce  qu'on  appelle  VHeplarcliie. 
En  801  ces  royauiues  furent  réunis  sous  un  seul  roi, 
nommé  Egberi,  qui  descendait  des  Angles,  et  qui  or- 
donna que  tout  le  pays  porterait  dans  la  suite  le  nom 
à'Anglelerre. 

Les  Danois,  après  avoir  ravagé  l'Angleterre  pen- 
dant plus  de  iOQ  ans,  s'en  emparèrent  sous  le  roi 
Canut  en  1Ûi7  ;  mais  leur  règne  ne  fut  pas  long,  et 
ils  furent  bientôt  chassés  par  les  Normands.  En  1042 
Edouard  le  Confesseur,  de  la  race  d'Egbert,  remonta 
sur  le  trône  avec  le  secours  de  Guillaume  le  Bâtard, 
duc  de  Normandie,  auprès  duquel  il  s'était  retiré  ;  et, 
n'ayant  pas  d'enfants  quand  il  mourut,  il  choisit  ce 
prince  pour  son  successeur.  En  10t>6  Guillaume,  sur- 
nommé depuis  le  Conquérant,  descendit  en  Angle- 
terre avec  une  puissante  armée,  attaqua  les  Anglais 
à  Hastiiigs,  et,  par  une  seule  bataille,  se  rendit  maî- 
tre de  la  couronne.  Ce  sont  encore  des  princes  issus 
de  son  sang  par  les  fdies,  qui  régnent  dans  ce  pays. 

Après  la  mort  des  deux  fils  de  Guillaume,  qui  lui 
succédèrent,  savoir  :  Guillaume  le  Roux  et  Henri  l''^ 
la  couronne  passa  par  Alix,  sa  fille,  dans  la  maison 
des  comtes  de  Blois,  et  peu  après  dans  la  maison 
des  comtes  d'Anjou,  par  Mahaut,  fille  d'Henri  !«'. 
Henri  11,  fils  de  Mahaut,  et  premier  roi  delà  maison 
d'Anjou,  unit  à  l'-Angleierre  l'Anjou,  le  Maine  et  la 
Touraine,qulJte;iaitdeS'jn  père;  el  ensuite  la  Guien- 
ne,  la  Saintonge  et  le  Poitou,  qu'il  acquit  par  son 
mariage  avec  Eléonore,  fille  du  dernier  duc  d'Aqui- 
taine. Ce  fut  aussi  sous  son  règne  que  l'Irlande  fui 
soumise  à  l'Angleterre. 

Les  descendants  d'Henri  II  ayant  formé  les  deux 
branehesdeLancastre  el  d'Yoïk,  il  s'éleva  entre  elles, 
en  1461,  de  grandes  disputes  au  sujet  de  la  couronne, 
L'Angleterre  se  partagea  en  deux  factions,  qui  prv 
renl  les  noms  de  Rose-rouge  et  de  Rose-blanche 'jet 


1 


lf)7 


pendant  25  ans  elle  fut  livrée  à  îles  giieires  civiles 
Irès-criielles.  Enfin  les  divisions  cessèrent  en  148.';, 
par  le  mariage  d'Henri  VII,  de  la  maison  de  Lan- 
casire,  avec  Elisabeth,  liériiièie  de  la  maison  d'York. 

Henri  Vllf,  né  de  ce  mariage,  se  sépara  de  l'E- 
glise romaine  à  cause  de  son  divorce  qu'il  ne  put 
ubienir  du  pape.  Edouard,  son  Hls,  introduisit  en 
Angleterre  la  religion  réformée.  Marie,  sa  fille  ainée, 
qui  succéda  à  Edouaid,  rétablit  la  religion  eatlmli- 
que;  et  Elisabeth,  sa  seconde  ûl!e,  qui  succéda  à 
Marie,  mit  la  religion  réformée  sur  le  pied  où  elle 
est  aujourd'hui. 

Aprèi  Elis.ibelli,  qui  mourut  fdie  en  1603,  Jacques 
Stuari,  roi  d'Ecosse,  sixième  du  nom,  devint  roi 
d'Angleterre  par  les  droits  de  sa  mère,  qu'Elisabeth 
avait  fait  décapiier  ;  il  réunit  par  là  les  trois  royau- 
tnes,  et  prit  le  litre  de  roi  de  la  Grande-Bretagne  et 
d'Irlande.  Charles,  son  (ils,  qui  lui  succéda,  fut  déca- 
pité en  16-49,  après  avoir  élé  défait  par  Cromwel. 
Celui-ci  gouverna  ensuite  pendant  dix  ans  sous  le  ti- 
tre modeste  de  proiecleur,  mais  avec  l'autoriié  d'un 
monarque  absolu.  A  sa  mort  les  Anglais  rappelèrent 
le  (Ils  de  Charles  !«■■,  qui  s'éwit  réfugié  en  France, 
et  qu'on  nomma  Charles  II.  Son  frère  Jacques  11  lui 
succéda;  mais  il  fut  chassé  en  1688,  après  trois  ans 
de  règne,  peur  son  atlachement  à  la  religion  catho- 
lique; et  la  couronne  fut  donnée  à  Guillaume,  prince 
d'Orange,  qui  avait  épousé  Marie,  sa  (ille  ainée.  Anne, 
seconde  fille  de  Jacques  II,  succéda  à  Marie  sa  sœur; 
mais  étant  morte  sans  enlanis,  la  couronne  passa,  en 
1714,  dans  la  maison  du  duc  de  Brunswick,  électeur 
de  Hanovre.  Celle  branchede  la  maison  de  Brunswick 
desceid  de  Guillaume,  second  fils  d'Ernest,  duc  de 
ZfWe,  mort  en  1546.  Elle  porta  le  nom  de  Bruns- 
wi(k-Lunebourg,  ou  Hanovre.  Ernest- Auguste,  petit- 
fils  du  fondateur  de  cette  ligne,  fut  élevé  en  1692  au 
rang  d'électeur.  Il  épousa  Sophie,  fille  de  Frédéric  V, 
électeur  palatin,  et  d'une  fille  de  Jacques  h',  roi  de 
la  Grande-Bretagne.  C'est  à  ce  mariage  que  la  maison 
de  Hanovre  doit  la  couronne  d'Angleterre.  George- 
Louis,  qui  en  était  issu,  succéda,  le  31  octobre  1714, 
sous  le  nom  de  George  I",  à  la  reine  Anne,  fille  de 
Jacqiesll,  par  acte  du  parlement,  comme  le  plus 
proche  (lérilier  du  roi  détrôné,  Jacques  II,  dans  l'or- 
dre delà  succession  protestante,  les  héritiers  catho- 
liques étant  à  jamais  exclus  par  le  même  acte.  On 
voit  que  la  parenté  de  l'électeur  George  était  fort 
éloignée  et  même  fort  indirecte.  La  maison  de  Savoie 
se  trouvait  éire  l'héritière  la  plus  proche  dans  l'or- 
dre de  succession  catholique.  Le  nouveau  roi  George 
transmit  à  ses  descendants  la  monarchie  britannique 
et  son  électoral  de  Hanovre.  En  1815,  par  suite  des 
acies  <!u  congrès  de  Vienne,  l'éleciorai  fut  érigé  en 
royaume.  Depuis  l'avènement  de  la  reine  Victoria  au 
Il ôiic d'Angleterre,  le  royaume  de  Hanovre  est  séparé 
de  l'empire  brilannique,  les  femmes  étant  exclues 
delà  couronne. 

La  Grande-Bretagne  était  chrétienne  depuis  le  ii« 
siècle,  quand,  au  v»,   les  Bretons  appelèrent  à  leur 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  .MOYEN  AGE. 

secours  contre  les  Pietés 


1S8 
les  Angles  et  les  Saxons 
encore  païens.  Il  y  avait  trois  métropoles,  Civiias 
Legionum,  Caerléon,  dans  le  pays  de  Galles,  Ebora^ 
cum,  York,  pour  lont  le  nord  du  pays,  et  Londbium, 
Londres,  pour  l'est  et  le  sud.  L'Heptarchie  mit  la 
Bretagne  en  confusion,  le  christianisme  s'y  affaiblit, 
et  l'idolâirie  reparut  dans  beaucoup  de  cantons,  mal- 
gré la  conversion  des  Angles  et  des  Saxons,  qui 
avaient  fini  par  embrasser  la  religion  des  vaincus. 

Lors  de  la  mission  du  moine  Augustin,  le  pape 
saint  Grégoire  le  Grand  érigea  Doroveriium  vel 
Cantvaria,  Canlorbéry,  en  métropole,  malgré  les  ré- 
clamaiions  du  niéiropolitain  d'York.  De  là  vient  la 
suprématie  que  la  première  de  ces  villes  s'est  tou- 
jours aitrihuée  et  qu'elle  a  conservée  même  sous  le 
protestantisme.  Caerléon  cessa  d'cire  métropole;  ce 
n'est  plus  aujourd'hui  qu'une  petite  ville  à  demi  rui- 
née. Londres  perdit  également  son  titre,  et  resta  un 
simple  évèché. 

■  L'autre  partie  de  la  Grande-Bretagne,  l'Ecosse, 
demeura  païenne  plus  lard  que  l'Angleterre.  Elle 
eut  deux  métropoles,  Saint-André  et  Glascow.  Ces 
deux  contrées,  l'Angleterre  et  l'Ecosse,  organisèreiU 
beaucoup  d'abbayes  que  l'on  dota  magniliquement, 
trop  magnifiquement  même  pour  leur  sécurité  et  la 
stabilité  de  leur  avenir.  Caries  belles  propriétés  at- 
tachées à  c<  s  établissements  exciièrent,  pendant  loul 
le  moyen  âge,  l'envie  et  la  convoitise  des  seigneurs 
de  la  féodalité.  Les  bénédiciins,  parmi  les  ordres 
religieux,  étaient  les  plus  nombreux  et  les  plus 
riches.  L'état  de  choses  se  mainiinl  cependant,  au 
milieu  des  guerres  civiles,  jusqu'au  schisme  d'Hen- 
ri VIII.  L'épiscopat  l'accepia  assez  facilement;  il  y  eu! 
plus  de  résistance  de  la  part  des  monastères  des 
deux  sexes,  mais  les  persécutions  de  lout  genre  el 
la  raoït  la  comprimèrent.  L'organisation  ecclésias- 
tique ne  changea  que  très-peu.  On  conserva  les  dcus 
métropoles  de  Cantorbéry  el  d'York  avec  leurs  sulfra- 
gants,  en  déclarant  le  chef  de  l'Eiai  chef  spirituel 
en  même  temps  de  la  religion.  Les  catholiques  fu- 
rent continuellement  tracassés,  inquiélés  ei  soumis 
par  le  parlement  à  une  législation  airoce,  qui  reçut 
son  application  jusqu'.nu  commencement  de  ce  siècle. 
Elle  tomba  peu  à  peu  en  désuétude;  ei  en  1829,  la 
pu'ssance  de  l'opinion  publique  força  le  gouverne- 
ment anglais  à  rendre  aux  catholiques  leurs  droit';  po- 
litiques. Ils  ont  fait,  pendant  ces  derniers  temps,  des 
progrès  considérables  dans  toute  la  Grande-Bre- 
lagne. 

L'Ecosse  ne  garda  pas,  comme  l'Angleterre,  l'épis- 
copat :  elle  adopta  Ip  calvinisme  pur,  c'est-à-dire  le 
presbytérianisme  sans  évêchés,  ni  archevêchés.  Il  s'y 
est  fractionné  en  diverses  sectes  encr>re  pins  qu'en 
Angleterre.  H  est  salarié  par  l'Etat,  tandis  que 
l'Eglise  anglicane  possède  de  riches  el  nombreuses 
propriétés,  prélève  la  ilime  et  perçoit  un  casuel  assez 
compliqué.  C'est  le  clergé  le  plus  opulent  du  moiidd 
religieux  aciuel,  el  son  revenu  surpasse  celui  de 
tous  les  clerués  réunis  de  l'Europe.  L'archevéclié  da 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


i99 

Cantorbéry  rapporte  plus  de  800,000  francs  à  son 
titulaire.  L'épiscopat-inglican  fait  partie  de  la  cham- 
bre des  lords;  on  y  voit  ce  que  l'on  appelle  le  banc 
des  évêques. 

La  liste  des  dissenler's  (  c'est  ainsi  qu'on  nomme 
ceux  qui  sont  en  dehors  de  l'Eglise  anglicane)  est 
lelleraeni  longue  qu'il  nous  est  impossible  de  la  rap- 
porter ici.  Les  sectes  les  plus  répandues  sont  les 
presbytériens,  les  luthériens,  les  quakers,  les  métho- 
distes et  les  anabaptistes  ;  les  juifs  sont  en  petit 
nombre. 

A  l'article  Empire  r,RiTA:«NiQUE,  nous  donnerons 
l'éial  de  l'organisation  attuelle  du  catholicisme  en 
Angleterre  et  dans  loutes  ses  possessions.  Les  trois 
parties  principales  de  la  Grande-Bretagne,  l'Angle- 
terre (Engtand),  le  pays  de  Galles  {Walcs),  et 
l'Ecosse  (Sc-o(/aHd),  se  divisent  en  conilés,  désignés, 
pour  la  plupart,  d'après  leurs  chefs-lieux. 

Voici  le  tableau  de  ces  comités  avec  leur  popu- 
bition  en  iS51  : 


SCl) 


CO.MTES. 


POPILVTIO.N 

en  1831. 


CHEFS-LIEUX. 


ANGLETERRE. 

Comlés  inarilimes  de  l'est. 

Nonbnmberland.  -223,000    Newcasile. 

Durham.  253,700     Durham. 

York.  1,571,461     York. 

Lmcoln.  .Ï17,400     Lincoln. 

Norfolk.  390,000    Norwich. 

Suffolk.  296,300    Ipswich. 

Essex.  517,500    Chelmsford. 

Comtés  maritimes  du  nord. 
Kent.  478,400    Cantorbéry   et 

Maidsione. 
272,300 
514,700 


Chicester. 
Winchester. 


Sussex. 
Southamplon  ou  Hamp 

sliire. 

Dorset.  159,400    Dorchester. 

Devon,  494,403     Exeter. 

Çornouailles  ou  Corn-  301,000    Launcesion. 

wall. 

Comtés  maritimes  de  l'ouest. 

Somerset.  412,500    Bristol- 

Gloucesier.  58C,7t)0 

Monmoutli.  98,200 

Chesler  ou  Cheshire.  334,514 

Lanrastre  ou  Lancashire.  1,333,800 

Wesimoreland.  55,000 


Cumberland. 


Derby. 

Notiingliam. 

Leicesler. 

Rutland. 

Siafford. 

Salop  (lu  Slirop. 

Hereford. 

Worcesier. 

Warvick- 

NorilMiiipton. 

Huntingdon. 

Cambridge. 

Bedford. 

Herlford. 

Miildlesex. 

i;uc'.,ingliain  ou  Bucks. 

Oxford. 


171,700 
Comtés  intérieurs. 
236,900 


Gloucester. 

Monniouih. 

Cbester. 

Lancastre. 

Appleby. 

Carlisle. 


223,400 
197,000 

19,490 
410,400 
222,800 
110,300 
210,400 
537,600 
179,507 

53,100 
143,200 

95,400 

145,300 

1 ,358,200 

146,400 


Derby. 

Noitingham. 

Leicesler. 

Okebau]. 

Siafford. 

Slirewsbury. 

Hereford. 

Worcester. 

Warwick. 

Northampton. 

Huntingdon. 

Cambridge. 

Bedford. 

Hertford. 

Londres. 

Buikingliam. 


Bcrks. 
Wilts. 
Surrey. 


COMTÉS. 


Total. 


POPULATION 

en  1831. 
145,200 
240,100 
483,700 


CBEFS-LIEDX. 

Reading. 

Salisbury. 

Guildford. 


13,086,673 
PRINCIPAUTÉ  DE  GALLES. 
Galles  septentrionale. 

Flint.  60,100  Flint. 

Denbigh.  82,800  Denbigh. 

Carnarvoii.  66,500  Carnarvon. 

Anglesey.  48,300  Beaumaris. 

Merioneih.  54,500  Dolgelly. 

Monlgomery.  65,700  .Monlgomery 

Galles  méridionale. 

21,700  Presleign. 

47,800  Brecon. 

64,700  Cardigan. 

80,900  Pembroke. 

109,800  Carmarthen. 

126,200  Cardiff. 


Radnor. 

Breckuock. 

Cardigan. 

Pembroke. 

Carmarthen. 

Glamorgan. 

Total. 


803,000 
ECOSSE. 
Division  septentrionale. 


llesOrcades  etSbeiland. 
Caitliness. 
Sutherland. 
Ross  et  Cromarty. 


58,259 
31,.')29 
25,518 
74,858 


Inverness. 


94,779 
division  centrale. 


Nairn. 

9,534 

Murray  ou  Elgin. 

54,231 

Banff. 

48,604 

Aberdeen. 

177,855 

Kincardine. 

31,429 

Angus  ou  For/ar. 

139,604 

Penh. 

142,822 

Aigyle. 

101,423 

Bute. 

14,154 

Dumbarton. 

75,770 

Slirling. 

72,621 

Clackmannan. 

14,729 

KInross. 

9,072 

Fife. 

128,981 

Division 

méridionale. 

Linlilbgow. 

23,291 

Edimbourg. 

219,545 

Uaddington. 

56,145 

Berwick. 

54,084 

Roxburgh. 

43,6()3 

Selkirk. 

0,833 

Pcebles. 

10,578 

Lanark. 

516,790 

Renfrew. 

155,445 

Ayr. 

146,107 

Dumfries. 

35,211 

Kirkcudbrighi. 

40,590 

Wigton. 

36,258 

Total. 


Kirkwall. 
Wick. 
Dornoch. 
Taint  et  Cro- 

many. 
Inverness. 


Nairn. 

Elgin. 

Banff. 

Aberdeen. 

Bervie. 

Forfar. 

Penh. 

Inverary. 

Rothsay. 

Dumbarton. 

Slirling. 

Clackmannan. 

Kinross. 

Cupar. 

Linlilbgow. 

Ediubol'rg. 

Haddington. 

Greenlaw. 

Jcdburgh. 

Selkirk. 

Peebles. 

Lanaïk. 

Renfrew. 

Ayr. 

Dumfries. 

Kirkcudbrighi. 

Wiglon. 


152,100    Oxford. 


2,366,930 

Le  chiffre  de  la  populaiion  de  la  Grande-Bieiagne 
était  donc,  en  1851,  de  16,236,685  habitants.  11  est 
en  1848  de  19,575,855. 

Le  mouvement  progressif  de  la  population  de 
la  Grande-Bretagne  a  été,  en  17  ans,  de  3,119,150 
habitants. 

Au  moment  de  la  décadence  de  l'empire  romain 
cl  (les  invasions  des  peuples  du  Nord ,  on  avait 
constaté  ei  l'on  a  constaté  depuis  que  les  popula- 


ioi 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  SÔ? 


lions  septentrionales  s'accroissent  dans  une  propor- 
tion supérieure  àcellesduMiiii.  Nousn'avnns  vu  nulle 
part  une  explicaiinn  satisraisnnte  de  ce  rii(  que  le 
célèbre  orienialisie  M.  de  llamnier  a  constaté  comme 
nous.  Ceci  s'.ipplii|ue  aux  populations  niéiidionales 
de  la  r;ice  blanche;  car  la  rate  noire,  quoique  tnut 
entière  sous  les  tropiques,  se  multiplie,  comme  l'a 
remarqué  le  savant  anihropologiste  M.  Serres,  avec 
une  facilité  extraordinaire;  mais  l'accroissement  est 
en  qiieli|iie  sorte  anniliilé  par  les  fléaux  de  tout 
ge.re  qui  pèsent  sur  celte  malheureuse  race. 

Briliniacum,  Bretigny,  paroisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Paris,  maintenant  de  celui  de  Versailles, 
canton  d'Arpajon.arrond.deCorbeil,  dépt.de  Seine- 
et-Oise,  à  26  Lil.  de  Paris,  poste  aux  lettres  de  Li- 
nas.  La  population  est  d'einiroii  1100  habitants,  y 
compris  plusieurs  hameaux  et  habitations  isolées. 
Les  principales  productions  sont  en  grains.  Dans 
plusieurs  titres,  Bretigny  est  appelé  Briliniacum.  Ce 
village  parait  avoir  été  anciennement  fermé  de  mu- 
railles; au  moins  en  voyait-on  des  vestiges  dans  le 
milieu  du  siècle  dernier.  Il  y  avait  deux  piliers  d'une 
porte  ronde  dont  le  cintre  est  tombé  depuis  peu,  et 
quelques  ruines  de  tours  rondes  qui  défendaient 
cette  porte.  Tout  cela  pouvait  avoir  été  bâti  dans  le 
temps  des  guerres  delà  religion,  entre  lo6tet  loO-i. 
Ce  lieu  est  situé  sur  la  rivière  d'Orge,  et  bàii  dans 
une  espèce  de  fond,  arrosé  de  plusieurs  ruisseaux  et 
ronlaines.  Il  y  avait  auliefois  un  élang  assez  grand 
dont  le  lit  est  maintenant  changé  en  pré,  nommé 
pour  celte  raison  le  pré  de  l'Etang.  Avaut  la  révolu- 
tion, Bretigny  avait  deux  paroisses.  L'église  de  St- 
Pierre,  qui  est  la  paroisse  actuelle,  est  à  3  ou  4 
cents  pas  du  village,  sur  le  haut  d'une  butte.  Le 
cbœur  tst  d'une  strucluiedu  mii<^  siècle.  La  nef  et 
l'un  des  bas-côtés,  depuis  le  clocher,  ont  été  ajou- 
tés, au  xv«  siècle,  par  le  sieur  Blossel,  seigneur  du 
Plessis-Paté,  dont  les  amies  se  trouvaient  à  la  clef 
de  la  voûte.  On  y  voyait  dans  le  sanctuaire,  sur  une 
tombe,  ces  mots  écrits  en  caractères  gothiques  du 
XIII*  siècle:  M  ons  Nicolas  de  Freime,  jadis  chetatier, 

qui  trespassa On  remarquait  la  tombe  d'unedame 

Anne  de  St-Berlhevin,  qui  a  eu  quelque  célébrité. 
La  tradition  du  lieu  porte  que  cette  dame  éiaii  fort 
pieuse,  qu'elle  pansait  elle-même  les  malades,  et 
faisait  beaucoup  de  bien  aux  pauvres  ;  elle  fut  mar- 
raine d'une  des  cloches  de  cette  paroisse.  Elle  mou- 
rut sans  enfants  l'an  1&87  :  son  corps  fut  mis  dans 
110  cercueil  de  plomb  et  placé  dans  un  caveau  cons- 
truit dans  le  chœur.  Bien  que  le  nom  de  la  dame  de 
Berthevin  eût  toujours  été  en  grande  vénération,  on 
ne  se  souvenait  plus  dans  quel  endroit  de  l'église 
elle  avait  été  inhumée,  lorsqu'on  retrouva  par  ha- 
sard le  lieu  de  sa  sépulture  plus  d'un  siècle  après. 
Des  ouvriers,  travaillant  dans  l'église,  découvrirent 
deux  cercueils  de  plomb,  celui  de  celte  dame  et  celui 
de  son  mari.  En  soulevant  ces  cercueils,  on  fut 
étonné  d'en  trouver  un  h  en  plus  pesant  que  l'iiu- 
Ire  ;  c'était  celui  de  la  dame  IVrlhevin.  La  curiosité 
DlCTiq.NMtRE   DE    GÉOGRAPHIK   ECCL.  II. 


porta  les  assistants  à  les  ouvrir  pour  voir  d'où  pou- 
vait venir  une  différence  si  considérable  dans  leur 
pesanteur.  Du  d'eux  alla  prendre  cher  lui  un  grand 
ciMiteau  de  cuisine,  avec  lequel  il  de^souda  les  deux 
cercueils.  Ils  ne  trouvèrent,  dans  celui  du  mari, 
qu'un  peu  de  cendres.  «  Dans  celui  de  la  dame  Ber- 
thevin, dit  Lebeiif,  qui  rapporte  ce  fait,  ils  trouvè- 
rent son  corps  sain  et  eniier  sans  aucune  corrup- 
tion ;  sa  chair  él.iit  fraicheet  vermeille  comme  si  elle 
eût  été  vivante;  on  tira  un  de  ses  bras  qui  était  fle- 
xible; on  un  mut,  elle  ne  paraissait  que  comme  en- 
dormie; le  ruban  qui  liait  ses  cheveux  avait  encore 
conservé  sa  couleur,  et  n'était  point  gàlé  :  son  lin- 
ceul était  un  peu  roux,  mais  du  reste  il  était  pro)>re 
et  eniier.  Oa  remarqua  seulement  que  la  défunte 
avait  le  bout  du  nez  un  peu  noir,  comme  s'il  eùi  été 
meurtri,  ce  qu'on  attribua  à  quelques  coups  que  l'on 
avait  peut-être  donnés  à  son  cercueil  en  voulant  l'ou- 
vrir. >  Le  cercueil  resta  exposé  pendant  trois  jours, 
après  lesquels  on  le  remit  dans  son  <aveau.  Ou  avait 
fait  poser,  au-dessus  de  ce  caveau,  une  pierre  car- 
rée, sur  laquelle  était  gravée  cette  inscription  : 
c  Cy  gysl  Anne  de  Berthevin,  dame  vertueuse  de  ce 
lieu,  dér.édée  l'an  13S7,  et  trouvée  entière  ei  sans 
corruption,  le  50  avril  1706...  i  Par  la  suite,  M.  da 
■Vintimille,  archevêque  de  Paris,  la  (il  enlever. —  La 
seconde  paroisse  de  Bretigny,  qui  est  maintenant 
supprimée  et  détruite,  était  bâtie  au-dessous  de  la 
butte  sur  laquelle  est  cousiruiic  l'église  de  Si-Pierre. 
Elle  ét^it  sous  l'invocation  de  saint  Philberl,  et  pa- 
raissaitavoirétéconstruite  sous  leiègnc  deLouisIX. 
Le  bâlinient,  de  forme  nblongue,  accompagné  d'une 
aile  vers  le  midi,  à  côté  du  chœur,  et  les  lolonnades, 
élaienl  dans  le  goijt  du  xiii»  siècle.  On  conservait 
dans  celle  église  une  portion  des  reliques  d'  saint 
Pliilberl. — Les  vignesqiie  l'on  cultivait  à  Bretigny  au 
xiii=  et  au  xme  siècle  ne  produisaient  qu'un  vin  fort 
peu  estimé. 

I  Bretigny ,  village  du  diocèse  de  Chartres, 
arrond.  et  camion  de  cette  ville,  dépt.  d'Eure-et- 
Loir,  à  8  kil.  sud-esl  de  Chartres.  Ce  village  était 
déjà  du  même  diocèse,  et  de  la  paroisse  de  Sours, 
avant  la  révolution.  —  Il  est  célèbre  par  un  traité 
de  paix  conclu  entre  la  France  et  l'Angleterre,  le  8 
mai  136j,  en  venu  duquel  le  roi  Jean,  fait  prison- 
nier à  la  bataille  de  Poitiers  par  les  Anglais,  oblin» 
la  liberté  après  quatre  ans  de  captivité.  Ce  traité  fut 
signé  dans  un  petit  cliâieau  qui  sert  aujourd'hui  de 
grange.  L'armée  anglaise  était  campée  dans  la  plaine 
située  entre  ce  hameau  ,  le  village  de  Sours  et  celui 
de  Nogent-le-Phaye;  elle  y  essuya  un  orage  terrible, 
accompagné  de  grêle  d'une  telle  grosseur,  qu'elle 
tuait  hommes  et  chevaux.  On  prétend  que  le  monar. 
que  anglais,  considérant  cet  événement  comme  une 
punition  du  ciel,  fit  vœu,  en  tournant  ses  regards 
vers  l'église  de  Chartres,  qu'il  apercevait  de  son 
quartier,  d'accepter  enfin  la  paix  qu'il  avait  jusqu'à, 
lors  refusée.  A  la  puis  île  Bretigny,  toutes  les  terres 
de  celle  plaine  furent,  eu  mémoire  de   cet  événe  • 


DlCTIOiNNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


203 

ment,  affranchies  de  la  dime  qu'elles  payaienl  alors. 
Elles  oui  coniinué  de  jouir  de  celte  exemption  jus- 
qu'au moment  de  la  suppression  totale  des  dîmes, 
au  commencement  de  la  révolution.  Plusieurs  liis- 
toriens  et  géographes,  n'ayant  point  trouvé,  ^ur  les 
cartes  qu'ils  ont  consultées,  un  Breiigny  près  Char- 
tres, se  sont  persuadé  que  le  traité  dont  il  s'agit 
avait  été  fait  entre  Paris  et  Montlhéry,  ce  qui  est 
faux.  Le  Dretigny  où  la  paix  fut  signée  est  celui-ci  ; 
il  fait  partie  de  la  cora.  de  Sours- 

Britogilum,  ou  Briiolium,  Kretenil,  petite  ville  du 
diocèse  de  Beauvais,  chef-lieu  de  canton  de  l'urrond, 
de  Clermont-Oise,  dépt.  de  l'Oise,  à  28  kil.  nord- 
nord-est  de  Beauvais,  -2S  sud-est  d'Amiens,  et  88 
de  Paris.  Elle  est  située  sur  la  rivière  de  la  Noyé, 
qui  y  prend  sa  source.  A  \  kil.  de  Breteuil  est  uu 
terrain  que  depuis  longtemps  les  habitants  des  vil- 
lages voisins  ont  nommé  et  nomment  encore  Brnn- 
sttspans.  On  y  a  découvert  un  grand  noralire  d'anti- 
quiiés,  des  médailles  gauloises  et  romaines,  des  res- 
tes de  murailles  it  des  souterrains  de  construction 
antique.  Mabillon  dit  que  ces  restes  étaient  ceux  du 
Bratuspanlium,  mentionné  dans  les  Commentaires  de 
César;  d'Anviile  n'est  pas  éloigné  de  partager  cette 
opinion,  et  M.  Bonami,  qui  a  composé  un  mémoire 
sur  cette  position  gauloise,  déclare  qu'il  est  tenté  de 
l'adopter.  En  1574,  lorsque  Henri  de  Bourbon,  1" 
prince  de  Condé,  passa  à  Breteuil,  dont  il  était  sei- 
gneur, un  curé  du  lieu  lui  présenta  un  mémoire  sur 
celle  ville,  et  n'oublia  point  de  parler  de  Bratuspan- 
tium,  qui,  outre  le  nom  de  Bransuspans,  portait 
aussi  celui  de  Fosst-anx-Etpfits.  i  Pour  ce  que, 
dit  ce  curé,  plusieurs  ont  vu  et  voyent  encore  ptii- 
tieitrs  apparitions  en  cette  place.  >  Il  ajoute  que  des 
carriers,  en  y  démolissant  les  murs  de  fondement 
d'un  ancien  édilice,  découvrirent  une  construciion 
souterraine,  qui  présentait  une  salle  longue  de  80 
pieds,  et  large  de  30  ;  à  une  extrémité  s"élev.iit  un 
gradin  en  façon  d'autel,  aux  angles  duquel  étaient 
des  canaux  ou  rigoles  ;  qu'à  l'aulre  extrémité  il  se 
trouvait  plusieurs  marches  ou  degrés.  Le  curé  et  les 
autres  personnes  qui  l'accompagnèrent  dans  la  vi- 
site de  cette  construction  souterraine,  jugèrent  qu'elle 
était  un  temple  païen.  Il  dit  qu'au-dessus  de  cette 
construction  existait  autrefois,  à  fleur  de  terre,  un 
autre  temple  qui  avait  été  abattu.  Le  prince  de 
Condé,  ayant  besoin  de  pierres,  fil  démolir  ce  sou- 
terrain :  dans  l'épaisseur  d'une  grande  muraille,  les 
maçons  découvrirent  un  vase  rempli  de  médailles 
impériales.  11  résulte  de  toutes  ces  découveries  qu'il 
existait  dans  cet  endroit  une  forteresse  bâtie  du 
temps  des  Romains.  On  croit,  dans  le  pays,  que  les 
débris  de  celle  vaste  enceinte  servirentpriniitivement 
à  la  construction  de  Breteuil,  qui  était  nommé  Bre- 
tolium,  Britogilum,  etc.  Le  château  de  Breteuil,  qu'il 
ne  faut  pas  confondre  avec  celui  de  Breteuil  en  Nor- 
mandie, avait,  BU  commencement  du  xi^  siècle,  pour 
Seigneur  le  comte  Gilduin,  qui,  ayant  acheté,  en  l'an 
1029,  d'Avesgand,  évêque  du  Mans,  le  corps  de  saint 


Constantin,  le  déposa  dans  le  monastère  de  Sainte- 
Marie,  monastère  ruiné  par  les  guerres  continuelles 
de  cette  époque.  Il  le  réiablil,  lui  donna  plusieurs 
terres,  et  le  soumit  à  la  direction  de  Richard,  abbé 
de  \'erdun.  Ebrard,  qui  avait  succédé  aux  comtes 
de  Breleuil,  se  relira  aussi  dans  un  monastère.  Le 
culte  qui  était  rendu  à  Breleuil  à  saint  Constantin 
y  attiraitun  grand  concours  d'habitants  ,  qui  furent 
édifiés  par  plusieurs  miracles.  —  C'est  un  abbé  de 
Breteuil  qui  fit  bàlir,  en  l'an  1226,  l'église  parois- 
siale de  celte  petite  ville.  —  La  seigneurie,  après 
avoir  été  possédée  penilant  environ  un  siècle  par 
les  descendants  de  Gilduin,  dont  les  noms  figurent 
dans  l'histoire,  notamment  à  l'époque  des  croisades, 
passa  en  diverses  mains.  Elle  fut  livrée,  en  1353,  au 
roi  de  Navarre.  —  En  1355,  les  Anglais  assiégèrent 
la  ville,  et  furent  contraints  de  se  retirer.  Dans  le 
siècle  suivant,  elle  se  rendit  au  comie  d'Etampes,  et 
fut  reprise  peu  de  temps  après  par  Lahire,  qui,  en 
vertu  d'une  convention  avec  le  duc  de  Bourgogne, 
fil  démolir  le  château  et  les  murs  dont  elle  était  en- 
tourée. Possédée  dans  la  suite  par  la  maison  de 
Alontmorency,  cette  seigneurie  appartenait,  au  temps 
de  Henri  IV,  au  prince  de  Condé.  Henri,  2<  du  nom, 
la  vendit  au  duc  de  Sully.  Breleuil  est  en  général 
mal  bàii,  et  l'on  n'y  remarque  d'autre  édifice  que 
l'ancieime  abbaye  des  Bénédictins,  qui  rapportait 
20,001)  liv.  de  rente.  —  Le  château  n'existe  plus. 
Il  y  a  dans  cette  ville  une  fabrique  où  l'on  fait  du 
sagati,  de  la  serge  de  Rome  et  de  Minorque.  On  y 
compte  plus  de  300  ouvriers  occupés  à  faire  des 
souliers  pour  l'usage  des  troupes  et  des  hôpiiauji  de 
Paris.  Il  y  a  des  fabriques  de  toiles,  serges,  bas  de 
laine  et  autres  lainages;  taillanderies,  papeteries, 
faïenceries,  tanneries  et  corroieries.  11  y  a  aussi  de 
belles  pépinières.  Le  principal  commerce  se  fait  en 
blé,  cidre  et  bestiaux. 

I  Breteuil,  petite  ville  du  diocèse  d'Evreux,  chef- 
lieu  de  canton  du  dépt.  de  l'Eure,  â  24 kil.  d'Evreux, 
et  104  de  Paris.  Popul.  2300  habitants.  Elle  était 
plus  peuplée  aux  xvii^el  xviii»  siècles.  Elle  est  siluée 
sur  la  rive  droite  de  l'Iton,  dans  une  contrée  abon- 
dante en  mines  de  fer.  11  y  a  des  manufactures  à 
fondre  la  mine  de  fer,  forges  et  hauts  fourneaux, 
fonderie  de  canons  de  tous  calibres,  fabriques  de 
fer,  clous,  chaudrons,  marmites,  projectiles  de  toute 
espèce,  tuileries  et  briqueteries.  On  y  trouve  des 
sources  d'eaux  minérales  froides. —  Henri  H,  duc  de 
Normandie  et  roi  d'Angleterre,  la  donna  à  Robert  de 
Montfori.  Amicie,  sœur  de  Robert,  la  vendit  au  roi 
Pliilippe-Augusie  en  1210.  Elle  devint  ensuite  le 
partage  de  Charles,  roi  de  Navarre,  qui  l'échangea 
avec  Charles  VI,  en  1410,  contre  d'autres  terres.  Er- 
fin,  après  avoir  été  démembrée  de  la  couronne,  clic 
fut  cédée,  en  1631,  à  la  maison  de  Bouillon  en  même 
temps  qu'Evreux.  Celle  petite  ville  est  de  toutes 
parts  entourée  de  bois.  On  y  remarque  les  restes  du 
château  qu'y  fil  bâtir  Guillaume  le  Conquérant,  en 
1059. 


20S 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


206 


Brivodurum  ,  Bribodoimn  et  Brivedurus  Carno- 
ttttn,  Briare,  pelilc  ville  de  l'ancien  diocèse  d'Auxerre, 
aciuellemeiU  de  celui  d'Orléans,  chef-lieu  de  canton 
de  l'arroiidissenient  de  Gien,  département  du  Loiret, 
à  10  kil.  de  Gien,  à  67  d'Orléans  ctlôUde  Paris,  sur 
la  rive  droite  de  la  Loire,  à  la  jonction  du  canal  do 
Briare  avec  ce  fleuve.  Popul.  2500  habitants,  presque 
tous  ruariiiiers.  La  parlie  de  celte  ville  qui  est  sur  le 
bord  du  canal  offre  une  suite  de  maisons  bien  bâ- 
ties, le  long  desquelles  règne  un  joli  quai  ombragé 
dedeux  rangs  d'arbres,  lequel  forme  un  port  commude 
et  un  abri  pour  les  bateaux  pendant  la  mauvaise  saison 
ou  le  chômage  du  canal.  L'autre  partie  ne  consiste  que 
dans  une  seule  traverséepar  la  grande  rouiedeParisà 
Lyon.  —  On  y  irouve  une  carrière  de  pierres  de  taille. 
—  Il  s'y  (ait  un  commerce  de  vins,  de  bois  et  de  char- 
bon. —  On  y  traverse  le  canal  sur  un  pont.  —  Son 
territoire  est  aride,  graveleux,  sablonneux  ei  presque 
Blérile.  —  Cette  commune  a  un  syndic  des  marins  ; 
elle  est  dans  le  syndicat  de  l'inscription  mari  lime  du 
quartier  d'Orléans,  ■'*«  arr.  communal.  —  Près  de  la 
ville,  dans  un  endroit  appelé  la  Rocke-Ponl-Sl-Thi- 
bauli,  on  irouve  des  poudingues  qui  forment  des  ro- 
chers considérables  el  d'une  excessive  durelé. 

I  Briare  (canal  de),  établi  dans  les  dép.  du  Loiret 
et  de  l'Yonne,  pour  la  communication  des  rivières  de 
h  Seine  et  de  la  Loire  ;  il  prend  son  nora  de  la  petite 
ville  de  Briare  située  à  l'endroit  oîi  il  communique  à 
la  Loire.  On  en  commença  les  travaux  sous  Henri  IV; 
el  c'est  le  premier  ouvrage  considérable  de  cette 
nature  qu'on  ait  entrepris  dans  le  royaume.  Il  s'agis- 
sait d'attirer  vers  P.iris  le  commerce  de  la  mer  par 
Nantes,  et  celui  de  toutes  ces  belles  provinces  quî 
sont  situées  snr  la  Loire,  et  même  de  faire  une  com- 
munication de  toutes  les  autres  provinces  du  royaume 
arrosées  par  des  rivières  qui  se  rendent  dans  ce  fleuve. 
Celte  grande  entreprise,  commencée  par  le  duc  de 
Sully,  fut  interrompue  après  la  retraite  de  ce  mi- 
nistre. Jacques  Guyon  et  Guillaume  Bouteroue,  entre- 
preneurs du  canal,  ayant  offert  de  l'achevef  à  leurs 
frriis,  le  minisire  cardinal  de  Richelieu  les  y  lit  auto- 
riser par  des  lettres  patentes  données  par  Louis  Xllf, 
au  mois  de  septembre  1G58;  il  leur  céda  le  fonds  du 
canal,  leur  fit  présent  des  matériaux  existants,  et  ré- 
gla lesdroits  qu'ils  pourraient  lever  sur  les  marchandi- 
ses qui  y  seraient  embarquées:  il  coûta  6,500,000  fr., 
el  fut  ache-vé  le  20  mars  4641.  Ce  canal  entre  dans 
h  Loire  à  Briare,  remonte  vers  le  nord  par  Ouiouer, 
rôioyant  le  ruisseau  de  Tresée,  continue  par  Rogni, 
Châiillon,  Montargis,  et  finit  dans  le  Loing  à  Cepoy. 
Le  produit  des  droits  qui  se  levaient  sur  ce  canal 
éiaii  autrefois  très-considérable;  il  perdit  beaucoup 
lors  de  l'établiEseraent  du  canal  d'Orléans,  et  ne  donna 
plus  aux  intéressés  qu'une  somme  annuelle  de 
100,000  liv.;  ce  produit  s'est  élevé  depuis  à  320,000 
francs.  Ce  canal  se  compose  de  41  bassins  formant 
24  corps  d'écluses  alimentés  par  16  éianjs,  dont  les 
plus  considérables  sont  ceux   de  Mmiticrs  ,  de  la 


Grai;dc-Rue  et  de  la  Tuilerie.  Sa  longueur  est  de 
50,301  mètres  -43  centimètres. 

Brocaria,  Bruyères-le-Châtel  et  Bruyères-la-Ville/ 
ancieimemeni  du  diocèse  de  Paris,  maintenant  de  celui 
de  Versailles,  canton  et  bureau  de  poste  d'Arpajon,arr. 
de  Corbeil,  dép.  de  Seine-ei-Oise,  à  5  kil.  d'Arpajon,- 
à  54  sud  de  Paris.—  Il  n'est  guère  de  lieu  plus  an- 
cien que  Bruyères,  après  les  lieux  du  diocèse  de  Pa- 
ris qui  nous  sont  connus  par  le  moyen  de  l'histoire 
de  la  vie  de  Grégoire  de  Tours  ou  de  l'histoire  de  la 
vie  de  saint  Germain.  Il  était  connu  dès  l'an  Ii70  de 
Jésus-Christ,  par  la  fondation  qu'une  dame  riche, 
nommée  Chroiilde,  y  fit  d'un  monastère  de  filles, 
avec  le  consentement  d'Agilbert,  évèque  de  Paris. 
Suivant  les  intentions  de  la  fondatrice,  Mommole,  sa 
nièce,  en  fut  la  1"  abbesso.  La  charte  porte  que  ce 
monastère  était  situé  in  loco  nunciipanie  Brocaria 
sitnm  in  paijo  slampense  pope  de  fluvlo  UrbiaAe  nom 
de  Bruyères  est  reconnaissable  dans  Brocaria;  sa  si- 
tuation proche  de  la  petite  rivière  d'Orge  lui  coiivieni 
parfaitement.  La  fondatrice  marque  qu'il  était  sous 
le  titre  de  la  sainte  Vierge  et  de  quelques  autres 
saints  dont  on  y  conservait  des  reliques.  Bruyères 
est  situé,  non  immédiatement  sur  la  rivièi'e  d'Orge, 
mais  dans  le  voisinage.  La  petite  rivière  la  plus  pro. 
che,  et  sur  les  bords  de  laquelle  sont  les  terres  de  ce 
village,  s'appelle  Maude  ou  Reniaude;  d'autres  écri- 
vent Marde  ou  Remarde.  Celle  d'Orge,  qui  lui  est 
presque  parallèle,  n'en  est  éloignée  que  d'un  demi- 
quart  de  lieue.  11  y  avait  h  Bruyères  une  double  cure  ; 
mais  par  la  suite  on  les  réunit  à  une  seule.  L'églisa 
du  château  était  sous  l'invocation  de  la  Madeleiiie; 
elle  avait  été  paroisse  jusqu'aux  guerres  civiles  do 
1649,  que  la  nef  fut  profanée,  en  sorte  qu'elle  servit 
de  cuisine  au  château.  Il  n'en  restait  que  le  chœur, 
édifice  du  xiii"  siècle  ou  environ,  qui  était  devenu  la 
chapelle  du  château.  L'autre  église  était  St-Didier; 
elle  servait  d'unique  lieu  pour  les  assemblées  de  cha- 
que paroisse  ,  qui  était  desservie  alternativement 
par  les  deux  curés  pour  l'office,  les  sacrements  et  les 
enterrements.  Une  troisième  église  de  Bruyères  était 
la  chapelle  de  Si-Thomas,  qui  existait  au  moins  dés 
l'an  1186,  que  le  pape  Urbain  111  en  confirma  la 
jouissance  aux  moines  de  St-Florenl.  A  l'extrémité 
de  ce  village,  vers  Arpsjon,  est  un  château  fort,  flan- 
qué de  tours  et  entouré  de  fossés  secs,  dont  l'origine 
remonte  jusqu'au  vii'siècle.Eu  face  de  l'entrée  de  ce 
château  est  une  belle  maison,  ancien  fief  dit  des 
Moines  blancs.  Sa  situation  lui  procui'e  une  vue  pit- 
toresque et  très-agréable.  La  pop.  de  Bruyères  est 
d'environ  700  habitants,  avec  les  hameaux  de  Ver- 
ville,  Arpenty,  la  maison  de  campagne  d'Arny  ei  au- 
tres habitations  isolées,  la  ferme  de  la  Forêt,  le  mou- 
lin Brûlé  et  celui  de  Trémerolles.  Il  y  a  beaucoup  de 
bois,  des  vignes  dans  les  côtes  qui  peuvent  leur  con- 
venir; le  reste  est  en  labourage  et  en  prairies. 

Brolium,  Brou,  autrement  Villeneuve-aux-Anes, 
et  ensuite  Villeneuve-aux-Aulnes.  Il  y  a  beaucoup 
d'apparence  que  le  nom  de  Brou  vient  dé  Brolitim, 


207 


DICTIONNAIRE  DE  GTOCftAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


20λ 


lequel  a  formé  aiiçsi  relui  de  Breuil,  que  l'on  em- 
ployait aulrefois  pour  evprinier  un  pelii  bois.  Ce 
\ill3ge,  du  diocèse  el  arrondis-enieiil  de  Meaux,  dé- 
partement de  Seine-et-Marne,  can.  et  b.  de  p.  de 
La!;nv,  ci-dev.  prov.  de  Pile  de  Fr.,  diocèse  de 
Paris,  fut  nommé  Villeneiive-aux-Anes,  pnree  que 
les  Trinilaires,  '|ui  y  possédaient  im  couvent  nommé 
■Villonenve,  faisaient,  dans  le  xin'=  siècle,  un  com- 
merce cnnsiciéraljle  d'àms,  et  s'en  servaient  pour 
Jeur  monture.  Une  maison  de  garde,  dans  l'empla- 
cement du  cliàlenu  de  F oiêl,  qui  a  éié  démoli,  ap- 
partenait à  Paul  de  Brou,  ainsi  que  les  bois  d'alen- 
lour.  L'église  de  Brou,  sous  le  litie  de  saint  lîaiuléle, 
niaryr,  étai',  en  1738,  un  petit  bàiimeni  situé  sur 
la  li>iére  don  bois,  et  toute  seule,  avec  son  cime- 
tière par  derrière.  Le  pi^uple  ne  s'assemblait  dans 
celte  église  que  quatre  fois  l'an  ;  le  chœur  app;irte- 
nail  à  l'abhaye  de  Cbelles.  la  moitié  de  la  nel  à  un 
M.  de  Pomponne,  Tantre  moilié  au  seigneur  du  lieu, 
F eydeau  de  Brou  ;  le  reste  de  l'année,  la  cba|ielle  des 
Trinilaires,  à  Villeneuve-aux-Aiies,  servait  de  pa- 
roisse, quoi(|ue  f^rt  vieille.  Deiiuis,  l'église  fut  re- 
bâtie au  bout  méridional  de  l'étang  du  lieu,  sur  la 
route  de  Montfermeil,  par  l'intendant  de  Paris,  Fey- 
dean,  dont  les  armes  étaient  sur  la  porte  qui  regarde 
le  nord-est.  Ce  -eigneur  avait  lait  faire  aussi  une  route 
à  gaui  he  du  grand  cliemin,  entre  Brou  et  Cbelles, 
et  clever  une  grande  bôtelerie  à  l'angle  que  l'ormenl 
la  grande  route  el  l'allée  de  Montfermeil.  La  pop. 
de  ce  village  est  d'inviion  160  bab.  Les  principales 
productions  du  ternir  sont  en  grains.  Brou  est  à 
6  kil.  ouest  de  Lagny,  et  20  de  Paris. 

Bruyœ,  Drugc  ,  ancienne,  bille  et  grande  ville  de 
la  Flandre  occidentale  (Belgique),  avec  un  évècbé 
sulTragant  de  Malines,  érigé  au  xvie  siècle.  D'une 
prospérité  florissante  aux  xii«  et  xiii*  siècles,  en 
IS'IO  elle  faisait  le  coinmerce  du  monde  alors 
connu.  On  y  voit  encore  plusieurs  maisons  consu- 
laires des  nations  dilléi  entes  qui  y  étaient  établies 
lots  de  sa  splendeur.  Sa  population  est  de  plus 
de  iO.OOO  habitants;  sa  distance  d'Ostende  est 
de  22  kil.,  de  la  nic<r  16,  de  Gund  à  l'ouest-nord- 
ouost  48,  el  de  P-iri^  300.  Elle  a  d'anc  ennes  mu- 
railles avec  des  remparts  dont  on  a  fait  des  prome- 
nades; el  e  possède  un  vieux  diâieau,  des  rues  lar- 
ges, el  des  maisons  liès-grandes;  elle  est  située  sur 
le  canal  de  Cand  à  Ostende.  On  remarque  la  balle, 
la  monnaie,  l'hôtel  ne  ville,  la  bourse,  le  palais  de 
justice;  l'église  de  Notre-Dame,  les  tombeaux  de 
Charles  le  Téméraire  ei  de  sa  fille  M.irie  de  Bour- 
gogne, les  canaux,  les  places  publi'|ues  :  la  tour  au 
bout  du  grand  marché  est  l'une  des  plus  belles  de 
l'Europe  :  on  y  monte  par  153  marches;  on  la  dé- 
couvre en  pleine  mer  en  sortant  de  la  Tamise. 
Bruges  possède  encore  une  bibliothèiiue,  un  jardin 
botanique,  un  athénée,  cinq  hôpitaux,  un  musée, 
nu  cabinet  de  physique,  d'histoire  naturelle,  une 
académie  de  dessin,  sculpture  el  architecture,  une 
école  de  navigation  et  un  chantier  de  construction. 


Son  commerce  est  bien  tombé;  il  comprend  le  pro- 
duit des  fabr.  de  toiles  blanches,  hasin,  étoffes  de 
laine,  dentelles,  chapeaux,  savon,  faïence,  tabac, 
teintureries  en  bleu,  raflineries  de  sucre  et  de  sel, 
amidoniieries;  on  arme  pour  la  pêche,  et  surtout 
pour  celle  du  hareng,  des  bâtiments  de  300  ton- 
neaux ;  ils  peuvent  remonter  depuis  Ostende  ju-qu'à 
cette  ville.  Le  bassin  contient  pins  de  100  navires. 
Le  canal  de  Bruges  à  Ostende,  qui  la  traverse,  large- 
el  profond,  permet  le  passage  aux  plusgios  vais- 
seaux; on  construit  dans  cette  ville  des  navires  et  de' 
gros  bateaux.  Ce  fut  à  Bruges  qne  Philippe  le  Bon- 
institua,  en  liSO,  l'ordre  rie  la  Toison  d'or.  Les' 
guerres  de  Flandre  ont  nui  beaucoup  à  son  corn 
nierce;  elle  fut  bombardée  en  1704  pac  les  Hollan- 
dais, prise  en  1745,  17li2  et  1794  par  les  Français; 
en  1798  ils  chassèrent  les  Anglais  de  ce  port;  divers- 
incendies  l'endommagèreni  en  1184,  1215  et  1280. 
Patrie  de  Gomar,  chef  d'une  secte  religieuse,  de 
Charles  Ferdinand,  poète  et  musicien  quoique  aveu- 
gle de  naissance,  de  Simon  Steven  et  de  Grégoire  rfe- 
Saint-Vincent,  célèbres  maibémaliciens;  de  Louis 
Beicken,  inventeur  de  la  taille  des  diamants,  et  la 
pallie  adoplive  de  J.  Van-Eyck,  dit  J.  de  Bruges, 
inventeur  de  la  peinture  à  l'huile  el  de  celle  sur 
verre  au  commencement  du  xv^  siècle. 

Bruges  compte  sept  églises  paroissiales,  y  com- 
pris la  cathédrale.  H  y  avait  un  collège  de  Jésuites 
qui  n'existe  plus,  ainsi  que  les  abbayes  des  Dunes, 
des  religieuses  de  Saint-Trude  et  des  religieuses- 
nommées  Spreniaille;  les  couvents  des  Dominii  ains,. 
des  Augusiins,  des  Cirmes-Chaussés,  des  Capucins,, 
des  Carmes-Déchaussés,  des  Bécollets,  des  Frères 
de  la  Ciiarité,  des  Béguines  ,  des  ri  ligeuses  de 
Sainte-Claire,  des  sœurs  Noires  et  des  religieuses, 
nommées  Colleites.  Les  hôpitaux  que  la  ville  a  con- 
servés sont  l'hôpital  Saint-Jean,  l'hôpital  Ter-Poor- 
terie,  celui  de  Saint-Jnliei),  de  la  Madeleine  el  de 
Saint-Nicolas.  La  cathédi aie,  d'architecture  gothique,, 
sous  le  titre  de  saint  Uonas,  évêque  et  confesseur, 
est  grande  et  claire.  Sa  chaire,  d'une  forme  ordi- 
naire, est  d'une  belle  exécution,  (ietie  église  pos-- 
sède  plusieurs  tableaux  iiès-remarquables.  On  voit 
sur  l'autel  d'une  chapelle  l'Adoration  des  bergers 
par  Oltovenius,  tableau  d'un  bel  effet  el  d'une  bonne 
exécution.  Dans  la  chapelle  de  la  communion,  le 
tableau  d'autel  représente  saint  Charles  Borromée, 
donnant  la  communion  aux  malades  de  la  peste,  par 
Gilles  Bakeiéel;  il  est  composé  avec  sentiment  et 
nolilesse,  de  la  plus  belle  coideur  et  du  plus  beau 
pinceau  :  c'est  un  morceau  précieux.  On  renferme 
presque  toujours  dans  une  armoire  de  la  sacristie 
deux  tableaux  peints  par  Rubens,  saint  Pierre  et 
saint  Paul  ;  on  les  place  au  nombre  de  ses  meilleurs' 
ouvrages,  les  caractères  des  têtes  sont  sublimes. 
Huit  grands  tableaux,  peints  par  Jean  van  Orley, 
sont  placés  au-dessus  des  stalles  du  chœur.  Ces- 
tableaux,  bien  composés,  représentent  l'Adoralion 
des  bergers  ,  Notre-Seigneur  parmi  les  docieurs,  les. 


1, 


209 


GÉOGRAPHIE  DKS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  210 


Noces  de  Cana,  la  Pèche  miriiciileiise,  la  Madeleine 
chez  le  PIrarisien,  l'entrée  de  Noire-Seigneur  dans 
Jérusalem,  Jcsus-Chrisi  port;int  sa  croix,  et  la  Ré- 
^uireclion.  Ces  huit  tableaux  ont  été  exéculés  en- 
suiie  .VBruxclles,  sous  les  yeux  de  l'ariisie,  en  lapis- 
sericj  Irès-hien  faites.  On  les  i  xpose  à  Saiiit-Donas 
<dep<iiE  Pâques  jusqu'à  la  Toussaint. 

L'église  de  Saint -Sauveur,  d'un  style  gnihique 
parfait,  est  une  des  plus  belles  de  Bruges,  et  en  même 
temps  une  des  plus  pauvres.  Elb'  était  autn-fois  ma- 
gnifiquenient  ornée  de  tableaux  précieux  ;  il  ne  lui 
en  reste  pas  un  seul.  L'église  Notre-Dame  a  été  plus 
heureuse.  Dans  sa  chapelle  des  tisserands  en  laine, 
on  viiii  saint  Tryon  à  genoux,  un  mouton  près  de 
lui;  dans  le  haut,  sont  des  anges.  Ce  tableau  d'autel, 
par  Herregnuts  le  vieux,  est  bien  peint  et  bien  des- 
sin*. Dans  la  chapelle  des  tourneurs,  on  conserve 
un  tableau  curieux  peint  par  J.  Heniioelinck.  Ce 
■«ont  des  sujets  différants  de  la  passion  de  N"ire- 
Seigneur;  les  figures  ont  environ  six  pouces  de  hau- 
teur; on  ne  peut  rien  voir  de  plus  Uni,  et  la  couleur 
«est  pleine  de  chaleur  et  de  finesse. 

Dans  la  chapelle  de  la  corainuiiioii  on  voyait  sur 
l'autel,  dans  une  grande  caisse  vitrée  de  tous  les 
côtés,  une  Vierge  avec  son  (ils,  beau  groupe  de  mar- 
bre, fait  par  le  sculpteur  célèbre  Michel  Ange  o  Buo- 
naroiti;  la  Vierge  est  assise  de  face;  son  enfant 
'debout  est  posé  entre  ses  genoux;  tout  y  est  grand 
■comme  nature;  les  chairs  y  sont  tiaitées  avec  sou- 
plesse et  fermeté,  les  tèies  avec  la  plus  grande 
finesse  et  des  ex|iressiiins  divines;  les  pieds  et  les 
mains  sont  d'un  dessin  lin  et  correct;  les  draperies, 
<lans  la  manière  aiilii|ne,  sont  pliées  au  gré  de  la 
nature,  sans  en  cacher  les  fnrnies  ;  tnu'  y  est  annoncé 
«ans  sécheresse  :  il  semble  que  le  I  asard  a  tout  in- 
diqué ;  l'exécution  savante,  quoique  d'un  beau  fini, 
parait  avoir  peu  coûté  à  l'arilïte;  c'est  le  plus  bel 
«avrage  en  sculpture  de  touie  la  Flandre;  c'est  un 
Uésor  que  le  hasard  a  procuré.  Ce  groupe  fut  fait 
pour  la  ville  de  Gênes;  mais  le  navire  qui  en  était 
chargé,  en  sortant  de  Civitia-Vecchia,  fut  pris  par 
un  corsaire  hollandais ,  qui  conduisit  sa  prise  à 
Amsterdam  ;  lors  de  la  vente  des  effets  ,  personne 
ne  connaissant  le  mériie  de  ce  groupe,  il  resta  à  si 
bas  prix,  qu'un  négociant  de  Bruges  en  fit  l'acquisi- 
tion, et  à  son  retour  l'offrit  à  celte  église,  dont  il 
était  marguillier.  L(ird  Walpole  voulut  l'acheter  au 
prix  de  50,000  florins  du  Brabant;  mais  le  conseil 
de  fabrique  relusa,  ce  ijui  lui  fait  honneur. 

Les  églises  de  Saint-Jacques,  de  Saiiiie-Anne,  de 
Saint-Gilles  et  de  Saint-Walburge,  possèdent  encore 
quelques-unes  des  rii  liesses  artistiques  qu'elles 
avaient  autrefois.  L'hôpital  de  Saint-.lean  conserve 
un  taldeau  de  J.  Heinmelinck  qui  attire  tous  les 
étrangers;  on  le  regarde  comme  le  diamant  de  Bru- 
ges. Il  représente  l'Adoration  des  Rois. 

Le  musée  de  Bruges  est  fort  curieux,  il  s'est  enri- 
chi au  détriment  des  églises  de  la  ville  et  du  dio- 
cèse. 11  contient  nombre  de  tableaux  gothiques,  car 


Bruges  est  leur  patrie.  On  y  dislingue  surtout  trois 
tableaux  de  Van-Eyck;  le  principal  représeuie  la 
Vierge  temnt  l'enfant  Jésus;  le  volet  de  gauche, 
sant  Donaiacnus;  celui  de  droite,  saint  Geo  ges. 
On  y  admire  au'Si  le  portrait  de  J.  Eyck,  dit  Jean  de 
Bruges,  peint  par  lui  iném»  en  1420.  Ce  tableau,  bien 
conservé,  est  d'un  fini  précieux. 

liruxellœ,  Bruxelles,  ou  Brussel,  ville  considéra- 
ble du  Biabant. méridional,  capitale  de  la  Belgique. 
Saint  Gery,  évùque  de  Cambrai  et  d'Arras,  au  vit^ 
siècle,  est  son  fondateur.  Les  chroniques  du  temps 
conlienDent  à  ce  sujet  une  légende  bien  tou- 
chante et  très- intéressante.  Comme  elle  est  assez 
longue,  nous  ne  pouvons  la  rapporter  sans  sortir 
de  notre  cadre.  Bruxelles  devint  le  séjour  habituel 
des  ducs  de  Brabanl.  Les  ducs  de  Bourgogne  y  sé- 
journèrent peu;  mais  le  siège  du  gouvernement  y  fut 
établi  sous  la  d(uninalion  espagnole  et  autrichienne, 
à  laquelle  elle  doit  une  grande  partie  de  ses  embel- 
lissements. De  1793  à  tSli,  elle  resta  un  simple 
cliel-lieu  de  préfecture  d'abord  de  la  république,  en- 
suite de  l'empire  français.  A  cette  époque,  le  gouver- 
nement hollandais,  qui  en  prit  possession ,  en  lit  la 
seconde  capitale  du  royaume  des  Pays-Bas.  Cet  état 
de  choses  dura  jusqu'en  1S31.  La  ville  s'étant  alors 
insurgée,  se  débarrassa  du  pouvoir  que  lui  avait  im- 
posé le  congrès  de  Vienne.  Déclarée  un  Etal  neutre, 
la  Belgique  reçut  pour  roi  un  prince  de  la  maison  de 
SaxcCobourg. 

La  popul.  de  Bruxelles  est  de  150,000  hab.  env. 
Sa  disiance  d'Anver-^  est  de  ii  kil.  au  sud, d'Amster- 
dam 200  kil.  sud,  et  de  Paris,  270  nord-nord-esl. 
Lat.  nord  50°  oS'.  L'  ng.  est  2"  2'.  La  ville  es'  située 
sur  la  Seine  ei  sur  un  canal  qui  communiiiue  avec 
l'Escaut  par  le  Rupel;  bâtie  sur  un  terrain  inégal  , 
elle  a  des  rues  très-escarpées,  surtout  dans  la  partie 
basse,  de  magnifiques  boulevards,  8  sections,  8  pla- 
ces publiques,  290  rues.  27  ponts,  23  à  30  fontaines 
et  13,100  maisons.  On  y  remarque  de  belles 
maisons,  le  superbe  quartier  du  Parc  avec  des  rues 
bien  alignées  et  des  bâtiments  élégants;  la  place 
royale,  où  se  trouve  l'église deSaint-Jacques  de  Cau- 
denberg,  dont  on  admire  le  portail  ;  le  pal.iis  des 
Etats  généraux,  en  face  du  Parc  ;  l'hôtel  de  ville  avec 
sa  tour  gothique,  élégante,  élevée  de  Cl  toises;  le 
temple  de  la  L"i,  la  nouvelle  salle  de  spectacle,  lo 
palais  royal,  l'entrepôt,  le  mont  de  piété  créé  en 
1619,  l'église  Saiiite-Gudule,  qui  renferme  plusieurs 
tombeaux,  celle  du  Sablon,  celle  de  Notre-Dame, 
dans  laquelle  on  admire  de  beaux  mausolées,  la 
chaire  et  de  bons  tableaux,  SaintJean-B.ipliste  au 
Béguinage,  Saint-Nicolas,  contenant  des  tableaux 
précieux,  ainsi  (pie  l'église  des  Aiigusins,  d'une 
belle  façade  ;  la  grande  place  des  Sablons  avec  une 
superbe  fontaine,  la  place  Saiol-Michel,  environnée 
de  bàiiiiienis  cléganis  et  uniformes,  le  marclié  aux 
grains,  les  fontaines  remarquables  de  Mannekepisse, 
de  Steen-l'orie,  celle  de  la  grande  rue  Neuve,  et  le 
Parc  enrichi  de  magnifiques  statues  ;  c'est  une  d«s 


m  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


31-2 


plus  agréables  promenades  de  l'Europe  sous  lous  les 
rapports.  On  irouve  encore  beaucoup  d'architecture 
gothique  dans  les  édifices  de  Bruxelles.  On  y  voit  de 
nombreux  établissements  de  bienfaisance  bien  tenus, 
un  hôtel  des  monnaies,  une  académie  des  sciences 
et  belles-lettres,  deux  sociétés  royales  de  littérature, 
une  de  bolanique  connue  sous  le  nom  de  société  de 
Flore,  un  athénée,  une  académie  de  peinture, 
sculpture  et  architecture,  un  musée,  une  riche  biblio- 
thèque de  l!25,000  volumes,  un  cabinet  de  physique. 
Des  bains  publics,  des  quais  fort  beaux  bordent  les 
bassins  recevant  les  bateaux  qui  naviguent  sur  le 
canal;  l'Allée  Verte,  qui  iorme  une  promenade  le 
long  du  canal,  mérite  d'être  parcourue.  L'industrie 
de  celte  ville  embrasse  les  manufactures  et  les  fabri- 
ques de  toiles,  siamoises,  ouvrages  de  mode,  den- 
telles renommées  ;  les  points  à  l'aiguille,  les  ouvrages, 
robes  et  voiles  en  dentelles,  galons  d'or  et  d'argent, 
voilures  remarquables,  tapisseries,  chapeaux,  tabac, 
faïence,  porcelaine,  savon  noir,  papier,  librairie, 
fonderies  en  caractères,  imprimerie,  rafUneries  de 
sucre  et  de  sel,  brasseries  en  vogue.  Le  commerce 
y  est  très-considérable  avec  les  pays  éirangers  ;  c'est 
pour  te  royaume  un  entrepôt  des  objets  de  goût  et 
de  luxe;  les  chevaux  lins  et  de  prix  y  sont  irès- 
recherchés.  Patrie  des  deux  Cbarapaigne,  peintres, 
de  Bochius,  le  Virgile  belge,  de  l'abbé  de  Feller,  apo- 
logiste de  la  religion,  historien  et  géographe;  André 
Ves;il, médecin  de  Charles-Quinl,  Van-Eielmont,  chi- 
miste, etc.  Cette  ville  fut  incendiée  en  13'26  et  l-i05. 
La  pesto  la  ravagea  en  1489  ei  1578.  Les  Français 
la  bombardèrent  en  1695.  Mariborough  la  prit  en 
1700;  les  Français  s'en  emiarèrent  en  1746,  1792 
et  1794,  et  la  rendirent  en  1814.  J.-B.  Rousseau  y 
mourut,  ainsi  que  d'autres  illustres  proscrits  de 
France.  Les  environs  sont  charmants  et  bien  cultivés. 
L'église  paroissiale  de  Saint-Jacques  possède  plu- 
sieurs tableaux,  et  entre  autres  du  Rubens.  Au  mi- 
lieu dii  chœur,  il  y  a  un  mausolée  en  marbre  blanc 
ei  noir  élevé  en  l'honneur  de  l'archiduc  François, 
fils  de  l'empereur  Maxiniilien.  Comme  la  ville  dans 
les  guerres  modernes  a  été  bombardée  ei  prise  plu- 
sieurs fois,  il  a  fallu  rebâtir  plusieurs  églises  qui 
avaient  souffert.  On  les  a  construites  dans  le 
goût  et  les  idées  de  l'architecture  contemporaine  : 
ce  qui  signifie  qu'elles  n'offrent  rien  à  l'art  monu- 
mental. L'église  Saint-Nicolas  est  dans  ce  cas.  Le 
bombardement  de  1714  lui  occasionna  un  incendie 
qui  détruisit  un  beau  tableau  de  Rubens,  représen- 
tant Job  sur  le  fumier.  L'église  des  Dominicains  a 
perdu  plusieurs  de  ses  tableaux,  cependant  il  lui  en 
est  resté  quelques-uns  ;  mais  elle  a  eu  de  l'église  des 
Jésuites  de  Louvain  une  chaire  qui  représente  Adam 
et  Eve  chassés  du  paradis  terrestre,  et  qui  est  un 
véritable  chef-d'œuvre  de  sculpture.  L'église  Sainle- 
Gudule,  vaste  et  belle,  est  élevée  sur  une  hauteur, 
en  sorte  que  du  parvis  on  voit  par-dessus  une  por- 
tion de  la  ville,  et  l'on  découvre  la  campagne  au 
loin.  U  y  a  des  vitraux  qui  appellent  l'attention,  ainsi 


que  plusieurs  mausolées  en  marbre.  Celui  de  l'ar- 
chiduc Ernest,  mort  en  1595,  n'est  pas  sans  mé- 
rite. Au  milieu  du  chœur,  on  voit  le  tombeau  de 
Jean,  duc  de  Brabanl,  inhumé  en  l'an  1318. 

Le  musée,  établi  sur  l'emplacement  occupé  jadis 
par  l'ancien  palais  des  ducs  de  Brabanl,  est  fort  ri- 
che. Les  administrateurs  se  sont  principalement 
adonnés  à  la  recherche  des  maîtres  gothiques  qui 
ont  existé  avant  les  frères  Van-Eyck  et  de  leur 
temps.  Les  amateurs  peuvent  trouver  là  les  noms 
et  la  suite  chronologique  de  ces  anciens  peintres  ; 
mais  le  temps  et  l'ignorance  de  certains  individus 
ont  laissé  dans  cette  biographie  intéressante  de 
l'enfance  de  l'art  une  lacune  qu'il  n'est  plus  guère 
possible  de  remplir.  Néanmoins  les  deux  salles  con- 
sacrées au  gothique  sont  très-curieuses  :  la  variété 
des  tableaux  de  différentes  époques  permet  d'y  sui- 
vre pas  à  pas  les  progrès  de  l'art. 

Six  tableaux  de  l'école  allemande  :  le  Sacrifice 
d'Abrah.ini,  l'.Adoration  des  mages,  Noé  et  sa  famille 
devant  l'arche,  la  Rencontre  d'Esaii  et  de  Jacob,  la 
Création  d'Eve,  viennent  de  maîtres  inconnus. 

Ces  tableaux  sont  durs  et  n'ont  pas  le  mérite  du 
fini  de  ceux  des  frères  Van-Eyck.  Les  poses  néan- 
moins et  les  figures  sont  très-remarquables.  La 
composition  du  tableau  de  la  Création  d'Eve  est  trèi- 
originale  :  Adam  est  étendu  tout  de  son  long,  cou- 
ché sur  le  côté  gauche;  Dieu  profite  de  son  sommeil 
pour  tirer  Eve  de  son  côté  droit.  Le  Créateur  la 
tient  par  le  corps  à  la  hauteur  des  seins;  Eve,  à  peu 
près  dans  la  position  du  soldat  au  port  d'armes,  a 
dans  la  figure  une  expression  d'étonnement  pleine 
de  naïveté.  L'artiste  a  fait  sentir  les  deuxpieds,  qui 
sont  encore  plongés  jusqu'aux  chevilles  dans  le  coté 
droit  d'Adam. 

Une  Vierge  dans  une  gloire.  La  tète  est  charmante 
et  d'un  bon  sentiment. 

Une  Annonciation,  im  des  plus  antiques  tableaux 
du  musée.  Il  paraît  que  les  peintures  à  fresque  de 
l'église  Saint-Géry,  représentant  les  15  mystères 
de  la  Passion,. ressemblaient  beaucoup  à  celle-ci. 
Les  figures  sont  très-gracieuses. 

Buciactim,  Bussy,  divisé  en  Bussy-Sainl-Martin  et 
en  Bussy-Sainl-Georges.  Bussy  était  autrefois  un 
lieu  ïi  considérable,  que,  sous  Charles  le  Chauve,  on 
en  avait  fait  le  chef-lieu  d'une  vicairie  temporelle, 
laquelle  s'étendait  jusqu'à  la  Marne,  aux  environs 
du  lieu  appelé  Douves,  qui  était  alors  un  hameau, 
dit  en  latin  Dubium,  comme  paraissait  le  prouver  un 
moulin  qui  en  conservait  le  nom,  vers  le  rivage  gau- 
che de  la  Marne.  L'étendue  du  territoire  de  Bussy 
ayant  formé  une  grande  paroisse,  on  fut  obligé  de  la 
partager  en  deux  ;  peul-êire  (ut-ce  le  partage  de  la 
seigneurie  dans  la  même  famille  qui  occasionna 
celte  division.  Ces  doux  paroisses  sont  à  peu  près  à; 
égale  dislance  de  Paris,  à  24  kil.  ou  environ.  On|, 
ignore  quand  elles  ont  commencé  à  avoir  différents!; 
seigneurs;  car,  quoiqu'elles  existassent  toutes 
deux  au  xiii«  siècle,  on  ne  irouve  point  d'actes  dec«J 


213  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 

temps-là  qui  les  désignent  par  les  surnoms  de  Bu-      liiissy-Saint-Georges,    à   2* 


21; 


tiaco  S.  Martini,  ni  de  Buciaco  S.  Ceorgii.  Ils  sont 
toujours  simplement  dits  seigneurs  de  Bucceio,  on 
bien  de  Buciaco.  Il  est  difficile  de  décider  lequel  des 
deux  Bussy  (ou  Bucy)  a  formé  l'autre,  c'eslà-dire, 
duquel  des  deux  l'autre  a  été  distrait.  Il  semble 
qu'on  peut  se  déterminer  pour  Bussy-Saint-Georges, 
et  assurer  que  c'était  en  ce  lieu  qu'il  y  aurait  eu  une 
église,  par  la  raison  que  cette  église  avait  eu  besoin 
la  première  d'être  rebâtie,  comme  elle  le  fut  en  effet 
il  y  a  environ  200  ans. 

I  Bussy-Saint-Georges,  village  du  diocèse  et  ar- 
rond.  de  Meaux,  dép.  de  Seine-et-Marne,  can.  et  b. 
de  p.  de  Lagny,  ci-dev.  prov.  de  l'Ile  de  Fr.  et  dioc. 
de  Paris.  La  situation  de  ce  lieu  est  sur  la  même 
butte  où  se  trouve  Bussy-Saint-Martin ,  mais  elle  est 
plus  vers  le  midi.  Le  coteau  va  aussi  un  peu  en  tuur- 
nant  de  ce  même  côté;  il  est  garni  de  beaucoup  de 
bocages,  avec  quelques  vignes.  La  prairie  esi  arro- 
sée d'un  petit  ruisseau,  qui  vient  de  Ferriéres  et  du 
Génitoire;  le  reste  est  en  labourages.  La  cure  était 
à  la  pleine  collation  de  l'évêque  de  Paris.  C'était  le 
seigneur  du  lieu  qui  était  gros  décimaieur.  Paulin 
Prondre,  audiencier  de  France,  joignit  les  terres  des 
deux  Bussy  à  celle  de  Guermande.  La  pop.  de  celte 
commune  est  d'env.  600  bab.,  en  y  comprenant  la 
ferme  du  Génitoire,  ci-dev.  cbâleau,  et  deux  autres 
fermes,  l'une  nommée  Violaine,  et  l'autre  La  Jon- 
chère.  Bussy-Saint-Georges  est  à  i  kil.  de  Lagny, 
et  24  de  Paris,  à  l'est. 

I  Eussy-Saiiit-Mjrtin,village  du  diocèse  et  arrond. 
deMeau.v,  département  de  Seine-et-Marne,  canton 
de  Lagny,  ci-devant  province  de  l'Ile  de  France  et 
diocèse  de  Paris.  Il  est  bâti  sur  la  croupe  d'une 
montagni',  où  il  y  a  quelques  vignes,  r,uelques  bos- 
quets, avec  des  terres.  Le  ruisseau  qui  vient  de 
Bussy-Saint-Georges  passe  au  bas,  du  côté  du  cou- 
cbant,  entre  ce  Bussy  et  le  bameau  et  château  de 
Rentilly.  L'église  paroissiale  de  Saint-Martin  com- 
mença peut-être  par  n'être  que  succursale  de  Bussy- 
Saint-Georges,  lorsque  toute  la  terre  de  Bussy  ap- 
partenait à  un  même  père  de  famille,  lequel  aurait 
cboisi  saint  Martin  pour  patron  de  cette  seconde 
église  de  sa  terre,  afin  d'avoir  pour  protecteurs  deux 
célèbres  chevaliers  :  car  on  sait  que  dans  l'antiquité 
on  n'a  point  représenté  saint  Martin  autrement  qu'à 
cheval,  à  peu  près  comme  saint  Georges.  Le  chœur 
de  celte  église  est  du  \ui'  ou  xiv"  siècle,  avec  quel- 
ques formes  de  galeries.  La  cure  était  à  la  pleine 
collation  de  l'évêque.  La  popul.  de  ce  village  est 
d'environ  200  habitants,  en  y  com|irenanl  le  hameau 
et  le  châieaii  de  Rentilly.  Dans  les  dépendances  de 
ce  châieau  se  trouve  la  ferme  dite  de  Saint-Germain- 
des-Noyers,  seul  resle  d'un  village  de  ce  nom,  au- 
trefois considérable,  et  qui  avait  encore  à  l'époque 
de  la  révolution  une  paroisse  ;  elle  fut  supprimée. 
Les  productions  du  terroir  dii  celle  commune  sont 
en  grains  et  en  bois.  Bussy-Saint-Martin  est  près  de 


kil.  est  de  Paiis,  et 
3  kil.  au  sud  de  Lagny. 

Buciacum,  velFanumAntonii,  Boussy,ou  Boucy-St- 
Antoine,  paroisse  de  l'anclea  diocèse  de  Paris,  main- 
tenant de  celui  de  Yersaille»,  dépt.  de  Seine-et-Oise, 
arrond.  de  Corbeil,  canton  de  Boissy-Sl-Légcr,  à  6 
kil.  de  cette  ville  et  22  de  Paris.  Ce  village  est  situé 
sur  la  rive  droite  de  l'Hyéres,  à  l'endroit  où  cette  ri- 
vière fait  d'agréables  circuits,  à  1  kil.  de  Maudre 
et  autant  de  Périgny,  villages  situés  du  même  côté, 
et  qui  forment  avec  lui  une  espèce  de  triangle.  C'est 
un  pays  de  blé,  de  vin,  avec  quelques  pâturages. 
Les  vignes  y  font  un  aspect  fort  riant  sur  les  côtes. 
Il  y  a  un  pont  de  beaucoup  d'arches  sur  la  rivière 
d'Hyères.  Comme  ce  village  n'est  qu'à  mi-côte,  il  tire 
des  eaux  de  la  plaine  d'en  haut.  On  y  voit  une  assez 
belle  maison  de  campagne,  dont  le  parc  contient  de 
belles  sources  d'eau  vive,  qui  forment  une  petite  ri- 
vière et  un  beau  canal  ;  elles  sont  aussi  distribuées 
dans  les  potagers  et  dans  ta  principale  habitation.  Il 
n'y  a  rien  dans  le  corps  de  l'église  paroissiale  qui  dé- 
signe une  antiquité  de  plusieurs  siècles,  sinon  des 
vitrages  du  sanctuaire,  qui  sont  d'un  blanc  chargé, 
tel  qu'on  en  faisait  quelquefois  il  y  a  500  ans.  La  tuur 
est  récente.  Saint  Pierre  était  patron  de  celle  église. 
Saint  Euirope,  premier  évêque  de  Saintes,  y  était  re- 
présenté au  grand  autel,  et  de  plus  dans  une  cha- 
pelle où  le  peintre  l'avait  dépeint  revêtu  de  la  même 
manière  que  s'il  eût  vécu  de  nos  jours.  L'abbé  de 
Chaumes  étaitnominaieurdelacurede  cette  paroisse. 
Les  religieux  de  St-Antoine  de  Paris  étaient  sei- 
gneurs de  celte  terre,  et  en  avaient  toutes  les  an- 
nexes, dépendances,  droits,  cens,  revenus  ei  émolur 
roents  qu'ils  avaient  acquis,  le  5  août  1413,  de  l'abbé 
et  des  religieux  de  Chaumes  eu  Brie.  La  maison  sei- 
gneuriale était  située  sur  une  éminence.  On  compta 
à  peu  près  5o0  habitants  dans  ce  village. 

Bucioim,  la  terre  de  Bution,  située  près  de  Mar- 
coussis,  aujourd'hui  du  diocèse  de  Versailles,  dépt. 
de  Seine-et-Oisc.  Lorsque  saint  Vandrillevint,  en  661, 
trouver  Clotaire  III,  pendant  qu'il  était  dans  son 
château  de  Palaiseau,  situé  dans  le  territoire  de 
Châtres,  et  qu'il  obtint  de  lui  la  confirmation  du  ter- 
rain sur  lequel  il  avait  f«ndé  son  monastère,  au  delà 
de  PiOueii,  un  des  seigneurs  de  ce  canton,  nommé 
Hartbain,  fils  d'Erambert,  déclara  à  ce  saint  abbé 
qu'il  voulait  quitter  le  siècle  et  se  rendre  religieux, 
et  lui  fit  la  donation  d'une  terre  nommée  Bution, 
prœdium  aliquod  notninê  Butionem,  dans  lequel  il 
bâtii  une  église  et  un  monastère,  où  il  mit  des  moi- 
nes. Dom  Mabillon  a  cru  que  le  lieu  où  était  ce  mo- 
nastère pouvait  être  Boissy,  qui  est  au  bas  de  la 
montagne  de  St-Von,  à  cause  de  quelque  légère  res- 
semblance du  nom;  et  il  a  été  suivi  parBaillet.  Mais 
lors([ue  ce  savanl  écrivain  fit  imprimer  la  vie  de  saint 
Vandrille,  il  n'avait  pas  encore  connaissance  d'un 
litre  de  l'an  845,  qu'il  a  donné  depuis  au  public.  Le 
roi  Charles  le  Chauve,  énonçant  dans  un  diplôme  les 
biens  de  l'abbaye  de  St-Vandrillç,  avec  (b  pays  oh 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


815 

ih  sont  situés,  mel,  in  Parisio,  Biic'wiiamcuin  vineola 
iii  Morcccincio,  Yallodiiujam  el  Tuoliiliigamvillas  ciim 
-^pfiencti'.iota  eoriim  Laom.  En  cet  endroit,  dnm  Ma- 
billoii  recorinaii  Marcoiiasis  dans  Mnrcocinctum  ;  il 
aurait  pu  ajouier  que  Buciona  ne  devait  pas  être  éloi- 
gné, et  qu'il  était  conligu.  En  elTei,  on  trouve  dans 
les  litres  des  xii*  et  xiii^  siècles,  des  vestiges  de 
r.incien  domaine  dont  l'abbaye  de  St-Vandiil!e  a 
joui,  entre  Linas  et  le  village  de  Marcou?sis,  avant 
que  les  guerres  eussent  obligé  cette  abbaye  d'en  ac- 
commoder les  seigneurs  de  Linas  et  ceux  de  Mont- 
Ihéry,  lesquels  depuis  céilérentou  vendirent  des  ]  or- 
lions  à  divers  particuliers.  Il  y  reste  même  une  indi- 
cation du  lieu  dit  Bulion  ou  Buciona.  Il  est  nommé 
Buison  dans  le  cartulaire  de  Lnngpont,  h  l'occasion 
d'une  raine  de  froment  qu'on  y  assigna  pour  le  monas- 
tère, an  xii"  siècle. 

Bucolum,  BouconviUiers,  ou  Bouconviller,ou  Bo- 
convillier,  paroisse  de  l'ancien  diucése  de  Rouen, 
aujourd'hui  de  celui  de  Beauvais,  canton  de  Cliau- 
monl,  dépl.  de  l'Oise,  à  9  kll.  de  Cliaumoiii,  où  est 
le  bureau  de  poste,  28  de  Beauvais,  et  47  de  Paris. 
Popul.  260  liab.  Le  terroir  est  en  labour  ;  on  y  voit 
un  peu  de  bois  et  de  prés.  Avant  la  révolution  ,  la 
lerrede  BouconviUiers  formait  une  chàlellenie,  avec 
Iiauie,  moyenne  et  basse  justice.  En  414),  Hugues 
d'Amiens,  archevêque  de  Rouen,  elen  1 182,  Rotrou, 
son  successeur,  confirmèrent  à  l'abbaye  du  Bec  la 
possession  de  l'église  de  ce  village;  selon  les  pouillés, 
ce  monasière  présentait  à  la  cure.  Il  y  avait  une  cha- 
pelle dédiée  à  la  sainte  \ierge  ou  Notre-Dame  des 
Neiges,  qui  était  en  tilre,  dès  1517,  à  la  présentation 
du  seigneur,  lequel  y  présenta  encore  en  1672.  On 
y  trouvait  aussi  iinciennement  un  hôpital  du  nom  de 
Si-Antoine,  dans  lequel  on  avait  élevé  une  chapelle.; 
le  seigneur  y  présenta  eu  1472  :  cet  hôpital  existait 
enl519. 

Bucum,  Bue,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Pa- 
ris, actuellemeni  de  celui  de  Versailles,  canlon,  ar- 
rond.  et  bureau  de  poste  de  celle  ville,  à  16  kil.  de 
Paris.  L'abbé  Lebeuf  avoue  qu'il  est  difficile  de  dé- 
couvrir l'éiyniologie  de  ce  nom.  Quoi  qu'il  en  soit,  il 
se  trouve  écrit  dés  le  commencement  du  xni"  siècle 
Bucum  ou  Buscum,  qui  signifie  Buis.  Ce  qui  ferait 
croire  qu'anciennement  on  voyait  beaucoup  de  ces 
arbres  sur  son  territoire;  on  n'en  voit  plus  aujour- 
d'hui, quoiqu'il  soit  presque  entièrement  couvert  de 
bois.  Saint  Jean-Bapiisie  était  le  patron  de  l'église, 
et  c'était  à  la  fête  de  la  Décollation  que  se  faisait  la 
plus  grande  solennité.  11  n'y  a  rien  de  bien  ancien 
dans  l'édifice,  quoique  la  cure  eût  été  érigée  au  moins 
dès  le  xui*  siècle.  Le  chœur,  voùié  et  terminé  eu 
rond,  ne  démontre  que  2  à  300  ans  d'antiquité.  On 
voyait  dans  le  chœur  la  tombe  d'un  chevalier  armé, 
qui  paraissait  n'êlre   que  de  l'âge  de    l'église.  Sa 


213 

pelait  Jeanne  Rat.  L'habit  court  de  cet  officier  était 
parsemé  de  rais.  Bue  eu  placé  sur  la  petite  rivière 
de  Bièvres,  à  peu  de  disimce  de  sa  source,  qui  est  au 
hameau  de  Bouviers,  dépendance  de  la  commune. 
On  .-idmire  dans  ce  village  le  superbe  aqueduc  que 
Louis  XIV  y  Oi  construire,  pour  c  ndiiire  à  Versail- 
les les  eaux  des  étangs  de  Saclé,  du  Troii-Saléet  de 
Sl-Hubert  proche  Rambouillet,  Cet  aqueduc,  bâti 
en  1086,  consiste  en  une  épaisse  muraille  de  244 
toises  de  longueur,  16  pieds .  d'épaisseur  el  66  de 
hauteur;  les  19  arcades  dont  il  est  percé  oui  55  pieds 
Ij-i  de  hauteur  sur  29  pieds  3  pouces  de  largeur.  Cet 
édifice  s'élève,  ainsi  que  le  chemin  qui  conduit  de 
Versailles  il  Villers-le-Baclé,  sur  un  lerre-plain  de  45 
toises  de  large  à  sa  base,  et  i6  de  hauteur,  lequel 
est  percé  d'une  arcade  sous  laquelle  passe  la  petite 
rivière  de  Bièvres.  L'aqueduc  de  Bue,  dénué  de  toute 
espèce  d'ornement,  produit  cependant  l'effet  le  plus 
pittoresque  et  le  plus  imposant  par  la  belle  masse  de 
son  ensemble,  et  sa  situation  élevée  en  travers  d'une 
vallée  profonde  et  bien  boisée.  Le  fond  de  ce  vallon 
forme  une  belle  prairie,  arrosée  par  une  multitude 
de  sources,  et  coupée  par  des  bosquets  dunl  les 
grands  arbres,  masquant  le  lerre-plain  de  l'aqueduc, 
ne  laissent  rien  paraître  que  l'édifice  au(|uel  on  pour- 
rail  naturellemen!  supposer  deux  rangs  d'arcades. 
Louis  XIV,  pour  l'édifier,  fit  abattre  la  superbe  mai- 
son de  l'Etoile,  qu'il  avait  achetée  du  ducdela  Feuil- 
lade  avec  le  parc  et  ses  dépendances,  formant  en  loul 
78  arpents  de  terre,  La  population  de  Bue  est  de 580 
habitants. 

Bue  (haut).  C'est  un  hameau  de  la  commune  de 
Bue. 

Buhacum,  vel  Bohacum,  Bohain,  petite  ville  de 
l'ancien  diocèse  de  Noyon,  à  présent  de  celui  de 
Soissons,  chetlieii  de  canlon  de  l'arrond.  de  Saint- 
Quentin,  dépt.  de  l'Aisne,  à  18  kil.  nord-est  de 
Saint-Quentin,  et  à  44  de  Laon.  Popul.  3000  habi- 
tants environ.  Elle  était  lesiéged  un  bailliage,  d'une 
grurie  royale  et  d'un  corps  de  ville.  Elle  est  située 
sur  un  canal  de  dessécliemenl.  Ce  canal  n'est  qu'un 
fossé  ouvert  pour  conduire  à  l'Escaut  les  eaux  plu- 
viales qui  tombent  des  côtés  de  l'élroil  bassin,  en- 
tre Bohain  el  Le  Catelet,  et  pour  empêcher  le  dé- 
chirement du  vallon  que  ces  eaux  parcourent.  Sa 
longueur  est  d'environ  22,000  mètres.  On  voit  en- 
core, à  Bohain,  les  vestiges  d'un  vieux  château,  dont 
le  gouverneur,  en  1325,  saisi  d'une  terreur  panique, 
envoya  demander  aux  ennemis,  qui  alors  inondaient 
la  Picardie,  la  permission  d'évacuer  cette  place  fron- 
tière, où  personne  ne  l'inquiétait  encore.  Comme 
elle  pouvait  être  secourue,  ils  y  laissèrent  une  forte 
garnison;  mais  la  Trémoille,  ramassant  les  troupes 
de  toutes  les  places  qui  n'avaient  plus  rien  à  crain- 
dre, se  mit  à  la  queue  de  l'ennemi,  investit  Bohain, 


femme  était  représentée  à  sa  droite,  tenant  nn  long  et  fit  cette  nouvelle  garnison   prisonnière.  Celte  ville 

chapelet.  Au  sanctuaire  était  une  partie  de   tombe,  faisait  partiedu  domaine  de  la  couronne,  el  avait  été 

sur  laquelle  on  reconnaissait  qu'elle  était  d'un  écuyer  donnée  à  litre  d'engagemenl,  par  Henri  IV,  au  ma- 

qui  mourut  au  mois  d'octobre,  et  que  sa  femme  s'ap-  réchal  de  Balagny  en  1594  ;  elle  fut  ensuite  poss^- 


S17  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


218 


dée  au  même  litre  par  le  man]iiis  de  Nesle.  Louis  XIV 
érigea  en  coniié,  en  1703,  le  domaine  de  Boliuin.  Il 
y  a  plusieurs  fabriques  de  gazes,  linons,  balisies  et 
mousseliiies.  II  s'y  trouve  aussi  une  fabrique  d'Iior- 
loges  d'Allemagne,  accompagnées  d'orgues,  musi- 
que, eic.  ;  el  une  manufacture  considérable  de  cliàles 
et  lissiis  façon  caclieniire.  On  y  fait  aussi  le  com- 
merce de  bestiaux.  Il  s'y  tient  un  marclié  franc  le 
15  de  cliaque  mois,  (^'est  la  résidence  d'un  sous-ins- 
pecieur  de  foréis.  Bobain  est  environné  de  bois  qui 
en  rendent  le  séjour  agréable. 

Bukara  Civiias,  liegio,  la  ville  de  Boukhara,  et  la 
Grande-Boiikiiaiie. — Celte  contrée  est  la  terre  clas- 
sique des  légendes  dans  l'Asie  lenlrale.  La  ville  de 
Boukhara  a  été  célèbre  dans  tout  l'Orient  du  i\^ 
au  xi"  siècle  Sous  les  Sanianides  qui  en  avaient  fait 
le  siège  de  leur  gouvernement  et  de  leur  puissance. 
L'imagimlion  féconde  de  Orientaux  s'est  plu  à  ra- 
conter des  choses  merveilleuses  de  l'importance,  du 
commerce  et  de  la  splendeur  de  cette  cité.  Qui  n'a- 
vait pas  vu  alors  Boukhara  n'avait  rien  vu.  Il  fallait 
contemp'er  la  variété  et  la  richesse  de  ses  magasins, 
fréqu(M)ter  ses  écoles,  entendre  ses  savants,  admi- 
rer SIS  teinple<,  et  mourir  ensuite.  Ce  proverlie,  qui 
depuis  s'est  apj  liqué  à  d'autres  villes  et  ii  d'autres 
contr'cs,  caractérise  bien  l'exagération  orientale. 

Mais  cette  prospérité  ne  s'est  point  soutenue;  el, 
comme  les  aunes  pays,  la  Boukhariea  eu  ses  revers; 
son  histoire  compte  des  pages  sanglantes.  Les  Uzbeks 
renvabireiitau  xi=  ficelé  ;  au  xiii».  leMongol  Tscliin- 
ichis-Khan  y  parut  avec  la  rapidité  de  l'ouragan  qui 
désole  les  steppes  de  la  mer  Caspienne;  au  xiv", 
Timur-Kban  en  chassa  les  Mongols  ;  sa  postérité,  il 
est  vrai,  ne  put  s'y  mainienir.  Des  descendants  de 
Tschinzchis-Kban  la  dépossédèrent  à  la  fin  du  xv^ 
siècle  et  au  commencement  du  xvi«.  Depuis,  laBou- 
kbarie  a  encore  éprouvé  plusieurs  révolutions. 

H  parait  que  les  Guèbres  (adorateurs  du  feu)  s'y 
étaient  en  partie  réfugiés,  lorsque  les  Arabes  con- 
quiientla  Perse  et  lui  imposèrent  l'islam. 

Les  chrétiens  nestoriens  (les  partisans  de  l'héré- 
tique Nestorius),  inquiétés  dans  l'empire  grec,  avaient 
cherché  une  reiraiie,  partie  en  Perse,  partie  dans  les 
provinres  voisines  de  la  mer  Caspienne.  Pouréchap- 
per  à  l'invasion  arabe,  ceux  de  Perse  se  reiirèrent 
dans  les  différentes  provinces  de  la  Grande-Bou- 
kharie,  où  ils  retrouvèrent  plusieurs  de  leurs  coreli- 
gionnaires qui  se  livraient  au  commerce.  Sans  doute 
les  preuves  manquent  à  l'appui  de  ces  faits;  mais  il 
ne  faut  pas  oublier  qu'il  est  des  faits  géographiques 
et  historiques  qui  ont  une  évidence,  une  certitude 
morale,  quoiqu'on  ne  puisse  la  confirmer  par  des 
témoignages  authentiques. 

Il  y  a  encore  en  Boukharie  quelques  Guèbres  et 
beaucoup  de  juifs.  Quant  aux  chrétiens,  on  n'en  ren- 

(1)  Voyez  Histoire  généalogique  des  Talars,  tora. 
lU,  ch.  U. 

_  (2)  La  Petite-Boukharie  faisait  anciennement  par- 
tie 4e  la  Grande;  depuis  1758,  elle   appartient  à  la 


oonire  pos  du  tout.  Les  nestoriens  ont  dû  ou  em- 
brasser l'islamisme,  ou  abandonner  le  pays,  surtout 
depuis  la  succession  non  interrompue  peiidani  trois 
siècle  de  vainqueurs  musulmans,  plus  ombrageux  , 
plus  faroui  hes  et  plus  cruels  les  uns  que  les  autres. 
Encore  aujourd'hui  il  est  difficile  de  pénétrer  en 
Boukharie.  Les  voyageurs  anglais  qui,  depuis  quel- 
ques années,  ont  voulu  la  parcourir,  onl  payé  leur 
entreprise  par  une  dure  captivité  et  par  le  sacrifice 
de  leur  vie.  Les  seules  relations  tolérées  sont  avec 
la  Russie,  les  provinces  tributaires  de  la  Chine,  la 
Turquie  et  la  Perse. 

La  Grande-Boukharie  s'élend  entre  les  37  et  41" 
de  lai.  N.,  et  entre  les  58  et  70'  de  long.  E.  ;  elle 
comprend  tout  le  pays  auquel  les  Arabes  ont  duniié 
le  nom  de  Mavaralnagre  (Maveranneguer),  et  que  les 
Grecs  et  les  Romains  appelaient  Transoxinna,  c'est- 
à-dire  situé  au  delà  de  l'Oxus  ou  Djigoun,  aujour- 
d'hui Ama.  La  Sogdiane  el  la  Bactriane  des  anciens 
éiaieiil  également  comprises  en  partie  dans  la  Bou- 
kharie. Après  la  conquête  de  ces  contrées  par  les 
Mongols,  vers  l'an  12i0  de  l'ère  chrétienne,  elles 
échurent  en  partage  à  Djagalaî,  deuxième  fils  de 
Tschinzchis-Khan,  el  reçurent  en  son  honneur  le 
nom  de  terre  de  Djayataï  ;  lorsque  les  Mongols  en  eu- 
rent été  chassé>  par  Timur-Klian,  ce  pays  fut  appelé 
Taxera,  et  enfin  Boukharie,  dénomination  qui,  selon 
Aboulhazi,  dérive  du  mot  mongol  Boukhare,  lequel 
équivaut  à  celui  de  savant,  tous  ceux  qui  désirent 
acquérir  quelques  connaissances  dans  les  sciences  et 
dans  les  ans  étant  obligés  défaire  le  voyage  de  Bou- 
kharie (1). 

On  ne  saurait  assigner  tes  limites  de  l'ancienne 
Boukharie  :  aujourd'hui  elle  esi  bornée  au  nord  par 
le  désert  des  Kirguis-Kaissabk,  à  l'est  par  la  longue 
chaîne  de  montagnes,  limitrophe  de  celles  de  la  Pe- 
tite-Boukharie (2j,  au  sud  par  le  fleuve  Amou,  et  à 
l'ouest  enfin  par  un  vaste  désert  de  sable,  qui  de 
même  que  l'Auiou  la  sépare  de  la  Perse  et  du  pays 
de  Khiva. 

La  nature  fait  naître  dans  cette  contrée  tout  ce 
qui  peut  être  nécessaire  aux  besoins  de  ses  habi- 
tants; ses  montagnes  abondent  en  métaux  précieux  ; 
ses  plaines  sont  riches  en  céréales  et  fruits  de  toute 
espèce;  ses  prairies  en  gras  pâturages;  ses  ri- 
vières en  poissons;  et  de  nombreux  canaux  contri- 
buent encore  à  sa  feriiliié. 

Quoique  la  Boukharie  soit  célèbre  dans  les  anna- 
les de  l'Orient,  tant  par  la  culture  des  sciences  que 
par  son  abondance  et  le  luxe  qui  y  régnait,  et  que 
plusieurs  auteurs  européens  mod'rnes  l'aient  consi- 
dérée comme  le  refuge  de  neuf  tribus  d'Israël  el  celle 
de  toutes  les  couirées  asiatiques  eu  la  religion  chré- 
tienne ail  été  la  plus  florissante,  il  n'en  est  pas  moins 
vrai  que  les  notions  véritablement  historiques  sur  ce 

Chine.  Des  renseignements  fori  curieux  sur  ce  pays 
sont  contenus  dans  le  Voyage  de  Timkovsky  en  Chine, 
tom.  Il,  p.  76  et  l'29. 


SI9  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


220 


phys  ne  remontent  pas  au  delà  du  xvi«  siècle,  c'esi- 
à-direde  l'époque  où  elle  fut  conquise  par  les  Uz- 
beks  qui  erraient  dans  Daclukiptchak,  ou  le  déiert 
des  Kirguis.  Avam  celte  conquête,  elle  avait  été 
habitée  par  les  Djagatai,  les  Kazvines  et  les  Ai- 
maks,  tribus  turques,   nomades  comme  les  L'ïbeks. 

La  Boukliarie  est  entourée  de  chaînes  de  mon- 
tagnes; au  nord-est  on  trouve  le  Kara-Taou  (mon- 
tagne noire),  et  à  Tooest  FAkt-Taou  (montagne 
blanche).  La  première  est  une  branche  des  hautes 
montagnes  du  Tibet,  et  la  dernière  vient  des  monts 
Balkans,  prolongation  du  Caucase.  Plusieurs  autres 
montagnes,  séparées  des  principales  brandies,  pé- 
nètrent dans  l'intérieur  même  de  la  Boukliarie  ;  tel- 
les sont  :  le  A'(ir)iaft,  entre  Baganz  et  Kermin.au  haut 
duquel  coulent  plusieurs  ruisseaux  d'eau  de  source, 
qui  arrosent  un  terrain  bien  cultivé  ;  le  Guryaii,  en- 
tre Kermin  et  Nour-At  ;  le  Hazzem-Xoiir,  où  l'on 
voit  le  tombeau  d'un  certain  Nour,  honoré  comme 
un  saint  par  les  Boukhares;  le  Kara-Tesse,  près  de 
rOronie  du  côté  de  Samarkand  ,  et  sur  le  sommet 
duquel  se  trouve  un  fort.  Tous  ces  monts  sont  si- 
tués à  l'est  et  au  sud-est  de  Bonkbara  ;  à  l'ouest  de 
Dijuk  se  prolonge  une  longue  chaîne  de  montagnes, 
et  au  nord-ouest  s'étendent  les nionisA'ioMjuis,  VAs- 
soumane,  le  Rizmaiie,  le  Nerdrane,  et  le  mont  Uur- 
mtlène,  pi  es  de  la  ville  de  Djarza. 

Il  faut  :iussi  parler  des  sables  Kizil  Koumes  (sables 
rouges),  qui  commenceni  au  désert  des  Kirguis-Kaïs- 
satsk,  et  occupent  un  vaste  espace  entre  les  rivières 
de  Zer-Efichan  et  le  Syr  à  ^oue^t  de  Boukhara, 
presque  jusqu'à  la  chaîne  Kara-Taou. 

On  ne  connaît  en  Boukharie  qu'un  seul  lac  de 
grandeur  assez  remarquable  :  c'est  le  A'ai«.A'o!i/, ou 
lac  noir,   qui   se  trouve  près  de  la  ville  du  même 

(I)  Ma!te  Brun,  dans  son  Histoire  de  la  géogra- 
phie, combat  celle  opinion,  el  croit  que  l'Oxus  et  le 
glgon  n'ont  jamais  débouché  dans  la  mer  Caspienne: 
nous  rapporterons  S'ui  opinion  à  l'article  de  cette 
mer.  La  question  du  reste  est  très-grave  ,  sous  le 
rapport  de  la  géographie  el  de  l'histoire  de  l'Asie 
centrale  eioccidentale.  Nous  craignons  bien  que  cette 
question  reste  longtemps  obscure  et  même  insolu- 
ble.C'esllà  le  cas  de  répéter  ces  paroles  célèbres.... 
et  mundum  tradidit  dispuialioiii  eorum. 

Quoi  qu'il  en  soit,  voici  ce  que  pense  et  dit  M.  Huot 
sur  la  question  de  l'Oxuâ  el  du  Sigon  ou  laxartes  : 

«  La  question  est  de  la  plus  haute  importance  : 
elle  intéresse  à  la  fois  la  géo-'raphie  historique  el  la 
géogr^'pliie  physique.  Tout  en  respectant  l'opinion 
de  Malle  Brun,  nous  devons  rappeler  quelques  ob- 
servations assez  récentes  qui  espliquenl  et  confir- 
ment ce  que  l«s  anciens  ont  dit  de  rembouchure  de 
l'Oxus  et  de  l'Iasartes  dans  la  mer  Caspienne. 

«  btrabon,  Eratoslhène  et  quelques  autres,  en  par- 
lant de  cette  mer,  semblent  comprendre  dans  sou 
étendue  celle  du  lac  d'Aral.  Pallas,  à  l'inspection  des 
lieux,  prétendit  même  qu'à  une  époque  irés-recnlée 
elle  dut  être  léunie  à  ce  lac  et  à  la  mer  d'Azof.  Rien 
ne  répugne  à  croire  que  les  fleuves  qui  s'y  jriaient 
n'y  portant  pas  une  quantité  d'eau  égale  à  celle  qui 
s'évaporait  de  sa  surface,  celle-ci  dut  graduellonient 
diminuer.  La  diminution  du  lac  d'Aral  continue 
même  encore  d'une  manière  bien  sensible  ,  d'après 
les  observations  les  plus  récentes;  plusieurs  autres 


nom.  Il  était  anciennement  réuni  au  fleuve  Syr,  et 
ses  eaux  étaient  tellement  abondantes,  qu'elles 
inondaient  tous  les  environs  ;  mais  dans  la  suite  des 
temps  il  en  a  été  séparé,  et  c'est  aujourd'hui  le 
Zer-Efschan  qui  comiuunique  avec  ce  lac. 

Les  principaux  fleuves  de  la  Boukharie  sont  :  1* 
Amou-Déria  (anciennement  l'Oxus  ou  Djigoun).  Il 
prend  sa  source  dans  le  district  de  Serfjuéi-Sougnan, 
à  un  jour  de  marche  du  mont  Kiani-Lal  (mine  de 
rubis),  et  reçoit  les  eaux  de  six  rivières  ;  le  Bedak- 
Kan,  le  Derviz,  \ùHingvab,  la  Valia,  le  Karalegan  et 
le  Hisian,  toutes  formées  en  grande  partie  par  la 
fonte  des  neiges.  Ce  fleuve  se  jette  dans  la  mer 
d'Aral  en  deux  bras  connus  sous  le  grand  et  pelit 
Amou-Déria.  Sa  largeur  en  Boukharie  est  à  peu  près 
d'une  verste  ou  d'un  parsnng  du  pays.  Son  cours  est 
paisible,  ses  bords  sablonneux,  mais  bien  boisés. 

2°  Le  Syr-Daria  (rivière  rouge,  anciennement  le 
laxartes, Sigon),  vient  des  monts  appelés  Belour-Taou, 
et  après  avoir  reçu  les  eaux  d'un  grand  nombre  de 
rivières,  il  se  jelle  dans  la  mer  d'.Aral,  en  trois  bras, 
qui  forment  trois  rivières  particulières  :  le  Syr,  le 
Kouvan  et  la  Yana.  Le  cours  de  ce  fleuve  est  rapide  ; 
sa  largeur  et  sa  profondeur  sont  les  mêmes  que  celles 
de  l'Oural.  —  M.  Iluot,  continuateur  de  la  Géogra- 
phie de  Malte  Brun  ,  suppose,  d'après  d'anciens  géo- 
graphes, que  les  deux  fleuves  dont  on  vient  de  parler 
se  jet^iient  autrefois  dans  la  mer  Caspienne,  el  que 
leur  cours  actuel  est  du  à  des  travaux  extraordinaires 
ou  à  un  tremblement  de  terre  qui,  en  rehaussant 
le  sol  à  leur  embouchure,  auraient  créé  la  mer 
d'Aral  elle-même,  dont  les  anciens  n'avaient  aucune 
idée.  Cette  mer  ne  se  serait-elle  pas  plutôt  formée 
des  eaux  trop  élevées  d'une  partie  de  la  mer  Cas- 
pienne (I)? 

lacs  éprouvent  aussi  des  changemenls  analogues  :  il 
en  est  de  même  de  quelques  rivières.  M.  Mouraviev 
(Voyage  en  Turcomanie  el  à  Khiva,  en  18l!i  et  1820) 
a  reconnu  les  anciens  bords  de  la  mer  Caspienne 
entre  les  côtes  de  cette  mer  et  la  pointe  méridionale 
du  lac  d'Aral.  Il  a  même  suiti  l'ancien  lit  de  l'Amou- 
Deria  ou  de  l'Oxus  jusqu'à  la  mer  Caspienne  :  à  quel- 
que distance  de  celle-ci,  il  se  partageait  en  deux 
bras,  l'un  au  nord  el  l'autre  au  sud  du  petit  mont 
Balkan.  Ce  lit,  entièrement  desséché  aujourd'hui,  a 
650  pieds  de  largeur  et  97  de  profondeur.  Les  Khi- 
vieos,  ajoute  M.  Mouraviev,  ont  conservé  des  tradi- 
tions d'après  lesquelles  un  violent  tremblement  de 
terre  aurait,  il  y  a  cinq  cents  ans,  ébranlé  la  surface 
du  pays  el  obligé  l'Amou-Deria  de  prendre  son  cours 
au  nord,  où  il  se  serait  creusé  un  nouveau  lit ,  par 
lequel  il  se  jette  maintenant  dans  le  lac  d'Aral.  Les 
Khiviens  assurent  de  plus  que  lorsque  le  (leuve  oc- 
cupait son  ancien  lit,  leurs  habitations  s'élevaient 
sur  ses  bords  ;  ce  qui  est  prouvé  par  des  restes  de 
canaux  el  par  des  ruines  de  divers  édifices. 

<  Ces  traditions,  répandues  chez  les  Khiviens,  sont 
d'autant  plus  importantes  qu'elles  s'accordent  par- 
faitement avec  les  preuves  physiques  de  l'ancien 
cours  de  l'Oxus  dans  la  mer  Caspienne.  Mais  ces  peu- 
ples, à  peine  civilisés  ,  ont -ils  des  moyens  sûrs  de 
conserver  le  souvenir  exact  d'une  date  ?  Il  est  per- 
mis d'en  douter.  Ce  qui  prouve  d'ailleurs  qu'il  y  a 
plus  de  cinq  cents  ans  que  l'Amou-Deria  ne  se  jette 
plus  dans  la  mer  Caspienne,  c'est  que  le  géographe 


22t 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


3°  Le  Zer-Efichàn  (rivière  d'Or,  anciennement 
Polyiianiis),  sort  d'une  chaîne  de  nionlagnes  siiuée 
à  l'esi  de  Samarkand,  ei  passe  près  de  ce) le  ville 
et  de  Oegboude,  Mïankai*,  Kaii-Kourgane,  Kaiardji, 
rénéguenda,  terrain  et  Zia-Voudine,  puis  iraverje 
les  districts  de  Vaganls,  Guizdovane,  Vardantze  ei 
Souliani-Abad  :  il  forme  la  rivière  ieVafkandc,  qui 
se  perd  dans  des  canaux  creusés  pour  arroser  les 
cantons  de  Ramiiène,  Zendémi  et  Vafkande.  Là,  il 
reçoit  le  nom  de  Douubé  (double  rivière),  de  Schroud 
et  de  Boudi-isiin-Bokara  ;  car  il  se  partage  en  deux 
bras,  dont  l'un  arrose  les  environs  de  Boukhara,  et 
l'autre  va  se  perdre  dans  le  lac  Kara-Koul. 

Les  possessions  du  kban  des  Boukhares  sont  for- 
mées des  pays  ci-après  désignés  : 

Boulihara,  capitale.  Cette  viile  est  située  dans  une 
vaste  plaine,  sur  un  canal  appelé  Zekh-Kan,  qui 
communique  avec  le  Schroud,  l'un  des  bras  du  Zer- 
Efian.  Elle  est  entourée  de  murailles  avec  douze 
portes  surmontées  de  chaque  côté  d'une  tour  ronde. 
Les  murs  sont  tous  de  terre  et  d'argile,  à  l'excep- 
tion des  portes  et  des  tours,  qui  sont  bâties  en  bri- 
ques. Boukhara  est  une  grande  ville,  et  M.  Sleyen- 
dorf  (1)  en  fait  une  description  vraiment  pittoresque. 
Elle  renferme  un  grand  nombre  de  mosquées  toutes 
construites  en  briques.  On  en  compte  jusqu'à  560. 
Chacune  a  son  iman  ou  moulla,  et  un  sopbi  ou  moné- 
zamo,  c'est-à-dire  un  crieur  pour  appeler  le  peuple  à 
la  prière.  Il  s'y  trouve  également  75  écoles  (mé- 
dressi)  bâties  en  pierre,  une  entre  autres  qui  fut 
construite  aux  frais  de  l'impératrice  Catherine  II, 
par  les  soins  d'Ir  Nazar  Maiioutof,  ambassadeur  du 
khan  des  Boukhares  à  Pélersbourg  en  177'J.  Le  nom- 
bre des  moullas  ou  prêtres  s'élève  à  2000,  et  celui 
des  élèves  étudiants  à  ib&O, 

Les  tues  de  Boukhara  sont  étroites,  sales  et  mal 
pavées.  Les  maisons  sont  d'argile.  D'après  le  rap- 
port d'un  voyageur  russe,  la  ville  entière  est  divisée 
en  400  djiousséres  ou  quartiers,  contenant  50  mai- 
sons, renfermant  chacune  trois  familles.  Si  l'un 
compte  quatre  individus  des  deux  sexes  dans  chaque 
famille,  la  population  de  Boukliara  sera  de  240  raille 
habitants,  et  si  l'on  ajoute  à  ce  nombre  les  moullas 
et  le«  étudiants,  plus  laOO  hommes  dispersés  dans 
les  caravanes,  et  1200  juifs,  elle  s'élèvera  à  249,250 
âmes.  Mais  ce  chififre  parait  exagéré;  il  e-t  à  craindre 
que  le  voyageur  ne  se  soit  trompé  sur  le  nombre  des 
quartiers  de  la  vilie,  et  n'ait  fait  confusion  ;  ce  qui 
est  d'autant  plus  lacile  à  un  étranger  ,  que  dans  les 
villes  musulmanes  il  n'existe  aucune  sorte  d'édilité, 
et  aucun  moyen  de  se  procurer  des  renseignements 
sur  la  population.  De  pareilles  recherches  seraient 
du  reste  regardées  comme  un  crime.  D'un  autre 
côté,  les  Annales  des  voyages  mettent  la  population 
au-dessous  de  cent  mille  âmes.  Ce  chiO're  semble 
numériquement  trop  faible.  D'après  les  lettres  de 
arabe  Ehn-Hitoukal ,  qui  écrivait  vers  le  milieu  du 
x«  siècle,  plate  l'emboucliure  de  ce  fleuve  dans  le 
lac  de  Kliarisni,  le  même  que  celui  d'Aral.  • 
(Note  de  l'uuleur.) 


voyageurs  anglais  qui  ont  pu  traverser  la  Boukharie 
en  qualité  de  marchands  russe-,  et  passer  par  Bou- 
khara, celte  ville  compterait  de  150  à  100,000  hab. 
Ce  calcul  est  sans  doute  le  plus  vraisemblable. 

Le  palais  du  khan  est,  en  raison  de  son  antiquité, 
un  des  monuments  les  plus  remarquables  de  la  Bou- 
kharie. Il  est  bâti  sur  une  petite  hauieur  dans  un 
endroit  connu  sous  le  nom  de  Piignastan,  c'est-à-dire 
sablonneux,  et  entouré  d'une  haute  muraille.  Il  n'a 
qu'une  seule  porte  flanquée  de  tours  de  15  sagènes 
d'élévation.  On  prétend  qu'il  fut  construit  il  y  a  dix 
siècles  par  ordre  du  khan  Kizil-arzlan  (lion  rouge). 
Vis-à-vis  le  palais  se  trouvent  la  seule  place  publique 
et  les  deux  seuls  marchés  qui  existent  dans  la  ville. 
Cette  place  renferme  aussi  deux  médressis  et  deux 
mosquées,  dont  celle  appelée  Mcnedi-Kélan,  ccst-à- 
dire  la  grnnde  mosquée,  construite  sous  le  même 
khan,  passe  pour  la  plus  ancienne  de  toute  la  Bou- 
kharie. Kizil-Atzlankhan  a  également  fait  bâtir,  dit- 
on,  une  tour  en  pierre,  haute  de  50  sagènes,  qui  porte 
le  nom  de  Menar  ou  Mirgarab  ;  cVst  le  plus  bel  édi- 
fice de  la  ville. 

Villes  environnantes.  1"  Peïkend,  située  sur  un  des 
bras  de  la  rivière  de  Zer-Efman  à  5  1;2  paysangui  da 
Boukhara  et  à  un  de  l'aucieone  ville  du  même  nom. 
Elle  forme  à  elle  seule  un  district  tout  entier.  A  l'épo- 
que des  vents  du  nord,  ses  habitants  souffrent  beau* 
coup  de  iagraiide  quautitéde  sable  qui  reraplitl'air. — 
i°  Abguiri-KlidirAbar  avecS/i^gri-/s(am  louchent  presy 
qu'à  Boukhara.  La  plus  grande  partie  de  leur  terri- 
toire ap|iariient  au  trésor  du  khan  (Yeliiiaka).  Le  sol 
abonde  eu  coton. —  5*  Ramiiène  est  riche  en  plantes 
potagères. —  4°  Zendani  renferme  des  terrains  affer- 
més à  des  particuliers  pour  une  très-faible  contribu- 
tion. Ces  sortes  de  terrains  se  nomment  Cuiradji. — 
5°  Yafgand  et  Piimêssa forment  undisirictàeiresdeux. 
Le  sol  en  est  fertile,  et  produit  en  abondance  une 
plante  nommée  rouïenne,  donnant  une  couleur  pon- 
ceau,  qui  rapporte  au  khan  un  revenu  annuel  de  1600 
roubles.  — 6"  V'ardoH/siet  Soultan-Abad  constituent 
un  district  presque  entièrement  formé  de  Guiradji.La 
dernière  abonde  en  pâturages.  —  7°  Quiidouvan  est 
moins  une  ville  à  pari  que  le  surnom  d'une  autre 
ville. —  8°  Karakonl,  située  sur  le  lac  du  même  nom. 
—  9°  Vagantii  est  affermé  par  le  khan  à  des  particu- 
liers :  les   prairies  sont  riches  en  graminées. 

Dépendances  de  floukhara:  1°  Schinbi,  Khàiv-Dji- 
oumelKalii  ,  qui  s'étendent  depuis  le  pont  Minsler- 
Kassim,  bâti  sur  le  Zer-Effsclian,  jusqu'à  la  ville 
à'AderkJiai-Bou-khara.  a°  Schindala,  Houdi-Boukliara 
etBoudi-ScfteA/ir,  situées  au  nord  de  Boukhara,  depuis 
Kiouschi-Méiir  jusqu'à  SoM/e'fcian.  A.  Roudi-Scheklir 
se  trouve  un  endroit  nommé  Gourboune,  qui  passe 
pour  la  pépinière  des  arbres  fruitiers  répandus 
dans  toute  la  Boukharie.  5»  Djéroubi-Roudi-Scitekhr, 
au  sud  de  Boukhara. 

(1)  M.  Meyendorf  est  un  savant  russe  ,  aussi  dis- 
tingué par  la  vaiiélc  et  1  "étendue  de  ses  connais- 
sances que  par  l'esprit  d'observation  qu'il  a  porté 
dans  ses  différents  voyages.       {Note  de  tanieur.) 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Dépendances  de  Miano-Kalaï  :  1°  Kerminé,  arrosée 
(par  quatre  rivières  appelées  j'/igiii  et  DjouiKanim. 
■On  ne  voit  aucune  liabilalion  dans  les  environs  des 
deu\  premières,  que  les  Karakalpaks  et  autres  tri- 
bus taiares  ont  choisies  pour  y  mener  leur  vie  no- 
made. Là  aussi  se  trouve  la  forteresse  de  Yani-Kour- 
gaii,  appartenant  au  2'op(c/ii-Baf/ii  (chef  de  l'artil- 
lerie). 2'^  Zia-Biden,  cantonnement  peuplé  par  les 
Uzbeks,  et  renfermant  les  forteresses  de  Kaii-Kour- 
^<iii,  Kalardji,  Penscliinbé  et  Oitrgoule,  habitées  par 
les  véritables  Boukhaies  ou  Taiijikis,  qui  parlent  le 
persan  {)).  Les  autres  liabitanis  de  la  Boukharie 
tirent  leurs  noms  du  lieu  où  ils  sont  établis,  et  ceux 
des  iHoniagnes  s'appellent  Sakhransi. 

Lieux  situés  à  l'est  de  Bnukliara  :  1°  Karschi  ou 
Nakhschcb,  giande  ville  fortifiée,  sur  la  Karia,  l'une 
des  branches  de  la  rivière  Sarsabs.  lille  est  habitée 
par  des  Uzbeks  et  des  Taiijikis.  Elle  renlernie  dans 
son  district  :  Jl/dmenf(i,  Kassan  et  Khodja-Mourn- 
\^ek.  2"  Gouzar,  ville  assez  grande  et  forie.  5°  Schii- 
Abad.  i"  Tchizakzi.  5°  Miiène.  6*  Oiirmitèiie  et  Ojarze. 

A  l'ouest  de  lioukhara  :  1*  Uiirli,  ville  forliliée, 
ayant  son  propre  chef;  elle  a  dans  sa  dépendance  : 
Qtiidjikanel,  composée  de  plusieurs  villages  qui 
fournissent  le  sel  aux  sept  disinets  de  la  Boukharie; 
Itdji,  Ibrl  dépe'idiuit  li'Oitrti-Garudje.  Le  comman- 
dant d'Ourli  reçoit  pour  ses  revenus  tout  le  produit 
des  ijuaire  bacs  qui  traversent  l'Ama  ou  l'Aiiiou,  et 
dont  le  montant  s'élève  à  la  somme  de  24,000  rouble?-. 

Lieux  situés  sur  la  rive  gauche  de  l'Ama  :  1»  Kars- 
chi, forteresse  habitée  en  grande  pirtie  par  les 
Tourkinenlsis  nomailes,  dont  un  nombre  assez  con- 
sidérable s'est  éiabli  sur  la  rive  droite  de  l'Ama 
dans  les  villages  de  Bescliir,  Mekn,  Boiirdélik,  Koitt- 
nim,  Pervend  et  Assekiz.  Les  Tourknienlsis  payent 
80,000  roubles  par  an  au  khan  de  Boukliarie,  pour 
avoir  le  droit  de  boire  des  eaus  de  l'.'ma;  mais  les 
nomades  ai-pelés  Taiares  sont  exempts  de  ce  tribut. 
2°  Tclmrlcdjoui,  grande  ville  entourée  de  murailles, 
liabilée  par  les  mêmes  peuples.  Les  environs  de  cette 
ville  sont  bien  cultivés,  couvens  de  jardins  et  de 
Vergers.  On  ne  se  sert  dans  le  pays  que  de  cbameaux 
et  de  mulets  que  l'on  attelle  à  des  carrioles. 
3"  Marva  ,  avec  deux  commandants  et  mille  hom- 
mes de  garnison,  dont  la  moitié  est  remplacée  tous 
les  trois  mois  par  des  troupes  envoyées  de  Roukhara. 
L'un  des  conimaiidauls  est  Uzbek  et  l'auir.'  Kal- 
mouik.  Ils  reçoivent  tous  les  trois  mois  1000  ducats 
de  Boukharie,  a  titre  d'émoluments.  :V(7ri'«  ou  Mena, 
anrienne  ville  persane  à  100  verstes  deTcharlcbdjouii, 
purtait  autrefois  le  iiomdeSehagui-Djagan.  Sur  toute 
la  route  on  ne  trouve  que  deux  puits,  et  les  sablés 
ne  cessent  qu'aux  approches  de  Merva,  autour  de  la- 
quelle on  découvre  une  multitude  de  jardins  magni- 
liques  arrosés  par  des  canaux  qui  tirent  leur  eau  de 
la  rivière  Biandi-Soultan.  Cette  ville  est  entourée 
«une  muraille  d'argile  ou  plutôt  de  briques  non  cui- 

(l)  Les  Tadjikis  se  disent  anciens  habitants  du 
pays  ;  leur  prétention  semble  fondée.  Ils  auront  été 


324 

les,  hautes  de  quatre  sagènes  et  épaisses  de  quatre. 
Elle  a  six  verstes  de  tour,  et  trois  pories.  Dans  le 
kremliii  appelé  Arissé,  il  existe  le  palais  d'un  khan 
nommé  Bairam-Ali.  Les  habiianis  se  font  remarquer 
par  leur  améniié,  leur  hospitalité  et  surtout  par  leur 
justice  ;  ils  sont  grands  et  forts.  C'est  à  Merva  que 
se  rendent  les  marchands  indiens,  persans,  bnukha- 
res  et  khiviens.  Cette  ville  était  autrefois  considéra- 
ble ;  mais  les  révolutions  nombreuses  qu'elle  a  su- 
bies ont  réduit  sa  population  à  6000  habitants.  Le 
khan  schakb  Mourat  s'en  empara  eu  1786;  elle  ap- 
partenait alors  à  la  Perse. 

La  population  de  la  Boukharie  est  principalement 
composée  d'L'zbeks,  de  Tourknientsietde  Boukhares 
indigènes  ou  Tadjikis.  Ces  derniers  sont  les  plus  an- 
ciens liabitanis,  et  se  sont  établis  dans  le  pays  sous 
le  scliali  de  Perse  Djamscliid.  Encore  les  Tadjikis  ne 
Sont-ils  que  les  Boukhares  qui  demeurent  dans  les 
villes;  ceux  des  déserts  portent  le  nom  d'//o(i  ou 
Turks-Numades.  Les  Uzbeks  tirent  leur  origine  d'un 
certain  Khozref-Iilian,  qui  errait  avec  son  (lis  Ou»- 
bek-Iikan,  dans  les  déserts  de  la  grande  horde  kir- 
guisse,  entre  la  Sibérie  et  la  Chine.  Ils  s'emparèrent 
de  toutes  les  tribus  Uzbeks,  fixées  depuisTschinzchis- 
Khan  dans  les  steppes  de  la  borde  Beschti-Kiptchak; 
mais  sous  Bayan-liouti-Khan,  chef  îles  Boukhares, 
et  père  de  Timur-Kliau,  de?cendant  de  Tschiuzchis- 
Khan,  une  partie  des  Uzbeks  s'établit  volnnt:iiremeut 
en  Boukhaiie;  l'autie  y  fut  amenée  par  Tuurke-Béga- 
dir,  un  des  officiers  de  Bayan-Kouli-Khau,  et  tous 
abjurèrent  lidolàtiie  pour  embiasoer  le  mahomé- 
tisme.  Maintenant  les  Uzbeks  habitent  à  l'est  de  la 
Biiukharie;  ils  passent  l'été  sous  leurs  tentes,  et 
l'hiver  dans  leurs  villes  et  villages  :  ils  se  divisent  eu 
92  tribus  dont  les  plus  considérables  sont  :  les  iia- 
mand-Bavourdusky ,  les  Kara-Mangatsky  (d'où  est 
originaire  le  kliau  de  Boukharie  actuel),  les  Tokli- 
Mangaliky  et  les  Ak-Mangatsky.  On  prétend  qu'en 
prenant  un  individu  dans  chaque  famille,  on  pour- 
rait former  une  ariiée  de  cent  mille  Uzbeks. 

On  trouve  en  outre,  dans  les  provinces  dépen- 
dantes de  la  Boukharie,  cinq  mille  familles  arabes 
(blanches),  environ  mille  Afghans  au  service  du  khan, 
et  jusqu'à  40,000  esclaves  persans.  Depuis  long- 
temps déjà  les  juifs  sont  établis  dans  le  pays;  indé- 
pendaniH'eiit  des  femmes  et  des  enfants,  on  ea 
compte  oOO  a  Boukhara,  50  à  Samarkand  et  20  à 
Hissara.  Ils  sont  divisés  en  quatre  classes,  dont  la 
1"  paye  9  roubles  60  kopeks  de  capitalion,  par  tri- 
mestre; la  2*  i  roubles  80  kopeks  ;  la  ô=  2  roubles 
40  kopeks.  Ils  sont  exempts  de  toute  autre  contribu- 
tion, si  ce  n'est  des  droits  de  douanes  pour  le  trans- 
port des  marchanilises. 

Au  nombre  des  habitants  de  la  Boukharie,  Il  faitt 
également  comprendre  1000  Tatifs  transfuges  des 
frontières  russes  :  il  y  en  avait  près  de  2û00,  mais 
la  moitié,  profilant  de  l'amnistie  accordée  par  le  ma- 

dépossédés  par  les  Mongols,  et  ensuite  par  les  Mu^ 
sulmans. 


iio 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE, 


22(î 


nifeste  de  1813,  s'est  eiiipressée  de  revenir  dans  sa 
p.ilrie.  Le  total  delà  population  de  la  B'inkliarie  est 
approximaiivenient  de  5  à  (i  millions  d'Iiabitaiits; 
car,  comme  nous  l'avons  dll,  il  n'y  a  aucun  moyen 
de  contrôle. 

On  trouve  dans  lîoukliara  environ  200  Indiens  de 
Sakarpour  et  de  Sind,  ainsi  que  oO  Seiks  de  Moul- 
tan  et  des  provinces  du  l'endjabsk,  qui  y  sont  venus 
pour  exercer  le  commerce.  Un  des  caravansérails  et 
des  marchés  couverts  est  constamment  occupé  par 
des  marchands  de  l'un  ou  l'autre  de  ces  deu\  peu- 
ples, qui  se  distinguent  entre  eux,  en  ce  que  les  pre- 
miers se  peignent  le  milieu  des  sourcils,  se  rasent 
la  lêie,  ne  conservant  qu'une  mèche  de  cheveux  de 
chaque  côié  des  tempes;  tandis  que  les  autres  ne  se 
coupent  aucunement  ni  les  cheveux  ni  les  ongle,-;. 

D'après  l'aveu  même  de<  Boukhares,  leur  com- 
merce avec  les  Russes  est  très-avantagenx  et  bien 
plus  important  que  celui  qu'ils  exercent  dans  toute 
autre  contrée-,  car  c'est  de  la  Russie  seulement 
qu'ils  reçoivent  une  quantité  assez  tonsidéabie  d'or 
et  d'argent  en  échange  de  leurs  n)arch:uulises,  au>si 
bien  que  la  cochenille  elle  bleu,  objets  indispensa- 
bles pour  teindre  leurs  tissus.  Les  Russes  leur  four- 
nissent également  de  l'édredon,  du  cuivre  en  feuil- 
les et  en  plaques  de  l'épaisseur  d'un  doigt,  du  fer  de 
différente  grosseur  en  barres  et  en  feuilles,  de  l'a- 
cier et  du  fer  de  fonte.  Indépendamment  du  coton, 
les  Boukh  ires  importent  en  Russie  des  objets  ira- 
Taillés  de  toute  espèce,  des  cliàles  cachemires  ,  des 
peaux  d'agneaux,  de  la  rhubarbe  et  des  fruits.  Aussi 
bien  que  les  juifs,  ils  vont  à  Kasehgar  et  antres  villes 
boukhares,  où  ils  échangent  leurs  pe.iux  d'agneau 
contre  des  étoffes  de  soie  et  de  colon,  de  la  poi  ce- 
laine  de  la  Chine,  du  ihé  et  de  la  rhubarbe. 

C'est  de  Sarsabsk  que  les  Boukhares  tirent  pres- 
que tout  le  Cdton  qu'ils  iiiiporleut  en  Russie.  11  se 
vend  en  Boukharie  14  roubles,  ei  une  fois  hors  des 
frontières  il  coûte  jusqu'à  iO  le  poud.  C'est  dans  la 
même  ville  que  les  luarchands  juifs  et  boukhares 
échangent  en  grande  partie  le  coton  et  le  riz  contre 
des  chaussuresde  femmes  et  des  châles  indigènes  du 
prix  de  7  à  8  roubles.  Le  meilleur  vient  de  Samar- 
kand ,  et  celui  d'une  qualité  inférieure  de  Sarsjbsk. 
Ces  deux  dernières  sortes  coûtent  70  roubles  le  poud 
et  110  rendues  en  Russie.  Le  coton  de  Miankalsk, 
que  les  Boukhares  importent  prélérablement  dans 
les  provinces,  de  même  que  l'espèce  inférieure  de 
Samarkand  y  s'achèteni  sur  la  place  43  à  55  roubles, 
et  se  payent  environ  80  roubles  une  fois  importés. 
Les  basses  qualités  que  l'on  nomme  isandar  et  •.nez- 
divin  coûtent  sur  les  lieux  de  40  à  43  roubles  et  en 
Ru-sie  de  GO  à  70  roubles. 

On  récolte  en  Boukharie  une  quantité  assez  con- 
sidérable de  soie  ;  aussi,  dans  un  grand  nombre  de 
villes  et  villages,  les  habitants  s'occupent-ils  de  l'é- 
ducation  des  vers  qui  la  produisent.  La  masse  en- 


tière de  la  Suie  s'élève  à  470  pouds  (1).  Car  50,000 
batmanes  de  soie  écrue  rendent  000,000  liv.  de  soie 
pure,  et  lorsiprelle  est  lavée  dans  de  l'eau,  il  n'en 
reste  que  la  Ib'  partie  (?)  ou  18,780  livres,  équivalant 
à  1870  batmanes  ou  469  pouds  et  demi. 

Toutes  les  productions  de  la  Boukharie  se  vendent 
par  l'aimanes  du  poids  de  8  poiids,  mais  le  batmane 
de  soie  lie  vaut  que  10  liv.  Le  plus  bas  prix  de  la 
soie  éf-rue  est  de  13  roubles,  assignation  de  banque, 
pour  les  8  baimanes  ou  20  liv.  ;  et  le  plus  haut  est 
de  16  roub.  par  batmane.  Le  batmane  de  soie  tra- 
vaillée se  veni  de  12  à  13  ducats  de  Boukharie,  on 
192  à  208  roubles,  assignation  de  banque. 

Le  nombre  des  bestiaux  en  également  assez  con- 
sidérable eu  Roukliarie;  car  indépendainnient  de 
quantité  de  cbainciiux,  chevaux  et  bœufs,  on  trouve 
beaucoup  de  moutons,  surtout  chez  les  llzbeksel  les 
Tourknientsi.  Les  Boukhares  en  font  une  branche 
de  commerce  assez  avantageuse.  Les  Uzbek»  sont  de 
tous  les  bubitants  de  la  Boukharie  ceux  qui  possè- 
dent le  plus  de  chev.iux. 

Poids  et  mesures  de  Boukharie  :  le  halmane,  qui 
contient  8  pouds;  demi -bat  marte  ou  nnmràe,  4  pouds;, 
le  delsar,  2  pouds;  le  pendsar,  1  poud  ;  le  dérendtar^ 
demi-poud  ;  le  namsar,  10  liv.;  le  scliarrak,  3  liv.;, 
lenamizé,  une  liv.  un  quart;  le  namnamlzé,  demi- 
liv.;  le  pendmiskalfZO  zolotiiiks. — Les  marchandises 
boukhares  se  vendent  en  Boukharie  à  l'archine  du 
pays(bez),i|ui  équivaut  à  une  demi-sagéne;  celles  qui 
vieimentde  la  Russie  se  mesurent  à  l'archine  russe. 

Trois  espèces  de  monnaies  ont  cours  en  Boukha- 
rie :  les  ducats  boukhares  d'or  ou  iillé  (13  roub.,  as- 
sign.  de  banque)  ;  la  lenka  d'argent  (environ  40  ko- 
peks,  8  sous  de  France)  et  de  poulo  de  cuivre  (2ko- 
peks).  La  monnaie  d'or  est  frappée  sur  les  ducats  de 
Hollande,  ou  l'or  que  l'on  relire  des  sables  de  l'Âma, 
du  Zer-Efsclian  et  du  Badakschan.  Quant  à  celle 
d'argent,  elle  provient  des  éciis  et  surtout  des  ijainba 
chinois. 

Un  jouit  dans  cette  contrée  d'un  climat  générale- 
ment très-doux  et  salubre.  La  vicissitude  des  saisons 
y  1  st  constante.  On  éprouve  dans  l'été  une  chaleur 
d'autant  plus  forie  qu'il  ne  pleut  pas;  en  automne  les 
pluies  sont  assez  fréquentes;  l'hiver,  peu  rigoureux, 
dure  trois  mois;  la  neipe  tombe  rarement  ;  des  vents 
violents  soufflent  surtout  en  hiver  et  en  été,  et  élè- 
vent dans  l'air  un  sable  très-fin  qui  dérobe  tout  à  lai 
vue,  et  donne  à  l'atmosphère  une  teinte  grisâtre.  Les^ 
oasis  de  la  Boukharie  offrent  l'aspect  le  plus  enchan- 
teur :  un  sol  fertile,  très-bien  cultivé,  couvert  dies 
maisons,  jardins  et  champs  arrosés  par  une  inlinilé 
de  canaux  d'irrigation.  Les  arbres  procurent  un  om- 
brage agréable,  et  les  vergers  masquent  les  village^. 
Le  sorgho  est  la  principale  nourriiure  des  Boukha- 
res, ainsi  que  le  raisin  sans  pepiii  et  les  fruits.  On 
récolte  beaucoup  de  coton,  grand  objet  de  commerce, 
rii,  orge,  froment,  panic,  pois, fèves,  melons  etfruils 


(1)  Le  poud  vaut  40  livres  de  Russie.  La  livre  russe  n'a  que  15  onces. 


227 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


2i8 


exquis,  pistacires,  vin  exeelleni,  bonne  eaii-de-vie 
qu'on  y  fabrique.  Le  bélall  y  abonde,  ainsi  que  les 
moutons  à  grosse  queue.  Les  agneaux  de  celle  race 
élanl  très-recheroliés  en  Cliine  el  en  Turquie,  on  les 
expédie  en  grande  quantité  dans  ces  contrées,  ainsi 
qu'en  Russie.  Les  cbevaux  troukbniènes',  nommés 
arganaks,  sont  assez  estimés  ;  il  y  a  trois  espèces  de 
chameaux,  Voir,  le  nar  et  le  louk,  beaucoup  d'ànes 
et  mulets  ;  les  tarentules,  scorpions,  lézards  et  sau- 
terelles fourmillent  dans  les  steppes.  Le  bois  manque 
généralement;  on  trouve  de  belles  forêts  près  de 
Pandjikaiid;  la  culture  des  vers  à  soie  exige  de  gran- 
des plantations  de  mûriers,  dont  l'écorce  sert  à  la 
fabrication  du  célèbre  papier  de  Boukhara.  Le  pavot, 
le  carthame,  la  garance,  le  chanvre,  le  lin,  le  tabac, 
le  sésame,  donnent  de  riches  produits.  Le  sol  le  plus 
fertile  de  ce  pays  est  le  Miankal,  situé  le  long  des 
rives  du  Zerafkhan,  entre  Samarkand  et  Boukhara. 
On  y  professe  la  religion  mahométane  sunnite  (1). 
Les  principaux  fonctionnaires  publics  qui  entourent 
le  khan  sont  au  nombre  de  six.  Le  kazy-kîilam  est 
chef  de  rét;il  ecclésiastique.  On  estime  à  500,000 
hommes  le  nombre  des  troupes  coiisislanl  en  bonne 
cavalerie  légère,  outre  l'artillerie  et  les  fantassins. 
Le  khan,  maître  absolu,  commande  quelquefois  en 
personne. 

Chaque  Boukhare  est  commerçant,'et  s'eierce  aux 
arts  mécaniques  et  aux  métiers  ;  ils  tissent  des  toiles 
de  coton  et  de  soie,  occupation  des  femmes,  destinées 
uniquement  aux  travaux  domestiques  et  à  l'éducation 
de  leurs  enfantj.  Ce  peuple  se  distingue  par  li  beauté 
el  la  régulariié  de  ses  traits.  L'amour  des  richesses 
est  leur  passion  dominante;  leur  habillement  con- 
siste eu  une  chemise  sur  laquelle  ils  mettent  un  cha- 
lal  ou  robe;  leurs  pantalons,  tres-larges,  sont  faits 
d'une  cotonnade  légère,  et  leurs  bas  et  bottes  de  ma- 
roquin. Les  femmes,  assez  belles,  portent  des  robes 
en  toile  de  colon,  tissus  de  soie,  demi-soie,  drap, 
se  fardent  et  teignent  leurs  ongles  ;  plusieurs  même 
portent  au  nez  des  anneaux  en  or  ou  en  argent.  Les 
hommes  jouent  aux  échecs  et  aux  osselets.  Beaucoup 
aiment  les  boissons  furtes,  que  les  juifs  vendent  mal- 
gré la  défense  du  Koran. 

Les  Uzbeks,  peuplade  turque  qui  s'empara  de  la 
Boukharie  dans  le  xi«  siècle,  forment  la  majeure  par- 
lie  de  la  nation  ;  viennent  ensuite  les  Turcomans,  les 
Tadjikis,  les  Boukhares,  les  Afghans,  les  Juifs  et  les 
Bohémiens. 

Les  Boukhares  parcoorent  toute  l'Asie  pour  leur 
commerce,  et  ont  formé  de  nombreuses  colonies  en 
Russie,  en  Chine  et  dans  les  Etats  limitrophes. 

Bulacum,  ou  Bulogium,  Buloyer,  paroisse  du  dio- 
cèse de  Versailles,  canton  de  Chevreuse,  où  est  le 
bureau  de  poste,  commune  de  Saint-Lamberi-les-Bois, 
dépt.  de  Selne-et-Oise,  à  4  kil.  nord  de  Chevreuse, 
à  8  de  Versailles.  C'était  un  ancien  ,flef  qui  relevait 
de  Villepreux  ;  il  en  est  fait  mention  dans  un  litre 

(I)  Le  sunnisme  est  une  branche  de  l'islamisme. 
Au  tond,  il  y  a  peu  de  différence  entre  les  divisions 


de  l'an  12U.  On  cacha  dans  le  château  les  reliques 
de  saint  Quentin,  célèl>re  martyr  de  Picardie,  lors 
des  guerres  oci'asionnées  par  le  protestantisme.  Elles 
y  restèrent  jusqu'en  l(i20.  A  celte  époque,  le  cliapi- 
trede  Iwille  de  S:iint-Quentin  les  ramena  avec  solen- 
nité dans  son  église  collégiale.  Mais  par  reconnais- 
sance il  laissa  une  mâchoire,  à  laquelle  était  re^tée 
une  dent,  à  la  dame  du  château  de  Buloyer,  qui  la  lé- 
gua, en  mourant,  en  1653,  h  sa  fdie,  religieuse  de 
Port-Royal,  où  celle  relique  se  conservait  avec  beau- 
coup de  dévotion. 

La  population  de  Buloyer  avec  celle  de  Saint-Lam- 
bert-les-Bois  esi  de  500  habitants. 

Btilacurtis,  Boulancourt,  paroisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Troyes,  aujourd'hui  de  celui  de  Meaux,  can- 
ton de  la  Chapelle,  près  de  la  rivière  de  Juisne,  arr. 
de  Fontainebleau,  Seine-ei-M.irnc,  à  10  ki!.  de  Ne- 
mours et  52  de  Melun.  Popul.  275  habitants.  Il  y 
avali  une  abbaye  commendaiaire  d'hommes  de  l'or- 
dre de  Clieaux,  dans  la  Champagne  proprement  diie, 
diocèse  et  élection  de  Troyes,  parlement  de  Paris, 
intendance  de  Chàlons.  Cette  abbaye  avait  été  fon- 
dée, en  H'iO,  pour  des  chanoines  réguliers,  qui  la 
cédèrent  à  l'ordre  de  Cîteaux  en  HS2;  elle  rappor- 
tait 5000  francs  à  son  abbé,  qui  payait  liO  florins 
à  la  cour  de  Rome,  lorsqu'il  en  obtenait  ses  provi- 
sions. Entre  plusieurs  tombeaux  dont  l'églse  de  celle 
abbaye  était  ornée,  celui  d'Elion  AmoncourI,  abbé  de 
ce  monastère,  attirait  l'alieniion  des  connaisseurs. 
Bulbacum,  Bolbec,  ville  du  diocèse  de  Rouen,  chef- 
lieu  de  canton  de  l'arrond.  du  Havre,  dépt.  de  la 
Seine-Inférieure,  à  42  kil.  de  Rouen,  24  du  Havre 
el  174  de  Paris.  Sa  population  en  1802  n'était  que 
de  4500;  elle  passe  aujourd'hui  10,000.  Agréablement 
située  sur  le  penchant  d'un  coteau  baigné  par  la  pe- 
tite rivière  de  Bolbec,  dans  une  vallée  étroite,  à  la 
jonciion  de  quatre  vallons;  environnée  de  collines 
boisées,  elle  est  bien  bàiic,  partie  en  briques  et  par- 
lie  en  pierres  de  taille,  dans  un  territoire  fertile  en 
grains,  en  chanvre,  et  en  bons  pâturages.  On  y  re- 
marque  des  labriques  de   cuirs,  d'étoffes  de  laine, 
toiles  de  lin  et  de  coton,  siamoises,  indiennes,  mou- 
choirs, dentelles,  velours  de  coton,  couiils,  filatures 
de  coton,   tanneries  ei  corroieries,  teinturerie.-.  Le 
commerce  porte  sur  les  grains,  chanvre,  cuirs,  laine, 
.soude,  coutellerie,  chevaux  et  bestiaux  élevés  dans 
l'arr.  Bolbec  a  un  entrepôt  de  toiles  dites  cretonnes, 
fabriquées  dans  les  environs.  Son  église  paroissiale 
est  dédiée  à  saint  Michel.  11  a  été  établi  une  église 
consistoriale  dans  cette  ville;  elle  comprend  les  ar- 
rondissements du   Havre  et  d'Yvetot,  et  94  com- 
munes. —  Elle  était  autrefois  dépendance  du  comté 
d'Eu,  du  diocèse,  du  parlement  et  de  rintendance  do 
Rouen  ;  de  l'élection  de  Caudebecet  siège  d'une  ser- 
genlerie  el  d'une  mairie.  Elle  avait  un  prieuré  à  la 
nomination  de  l'abbé  de  L'ernay. —  Le  11  juillet  1763. 
le  feu  prit  dans  la  maison  d'un  boucher,  et  se  coin. 

de  l'islam;  toutes  acceptenl  le  Koran.  Les  variations 
ne  portent  que  sur  certaines  inierprétaiions. 


229 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  2S0 


muniqua  à  la  ville.  De  se?  900  maisons,  8G4  furent 
réduiies  en  cendres;  il  n'en  resla  pas  10  intactes. 
li  ne  resta  rien  non  plus  de  l'église,  qni  était  assez 
belle,  et  3009  personnes  se  trouvèrent  ruinées  et 
dans  la  plus  affreuse  misère.  Pour  aider  les  iiabiianls 
à  réparer  leurs  pertes,  le  parlement  de  Rouen  rendit 
un  arrêt  pour  ordonner  une  f|ucie  générale  dans  cha- 
que maison  de  la  ville  el  des  faubourgs  de  Rouen, 
et  nomma  les  commissaires  chargés  de  celte  quête. 
Le  même  arrêt  enjoignit  aux  juges  royaux  du  liail- 
liagedeCaen  d'en  prescrire  de  pareilles  dans  les  villes 
et  bourgs  de  leur  ressort.  Ou  fil  ces  quêtes,  annon- 
cées à  l'avance  au  prône,  et  le  roi  exempt  i  tes  habi- 
tants du  payement  des  impositions  pendant  cinq  ans. 
Avant  cet  incendie,  le  second  que  cette  ville  ait  souf- 
fert dans  l'espace  d'un  siècle,  Bolbec  était  ceinte  de 
murailles,  el  l'on  y  entrait  par  trois  portes.  —  La 
grande  route  de  Paris  au  Havre  passe  à  Bolbec. 

Bullœtim,  Bulles,  paroisse  du  diocèse  de  Beauvais, 
canton,  arrond.  el  bureau  deposle  de  Clermont-Oise, 
dépl.  de  l'Oise,  à  1*2  kil.  de  Clermont,  et  68  de  Pa- 
ris. Si  Ton  en  croit  Adrien  de  Valois,  il  est  mention 
de  Bulles  sous  le  nom  de  Ëvbulla,  dès  l'an  1073.  Un 
Manassès  de  Bulles  accompagna  Louis  VII  .à  la  croi- 
sade; dans  une  lettre  à  Suger,  le  roi  témoigne  loi;le 
l'estime  qu'il  en  faisait;  il  mourut  en  1148,  au  com- 
bat de  Laodicée.  —  La  seigneurie  de  Bulles  appar- 
tenait aux  comtes  deDammartin.  Pendant  longtemps 
le  commerce  des  toiles  de  demi-Hollande,  qui  se  fa- 
briquaient à  Bulles,  lui  donna  une  grande  importance. 
On  cultivait  dans  les  environs  une  grande  quantité 
de  lins, préférables  à  ceuxdeloFlandre;  les  Flamands 
et  les  Hollandais  s'en  procuraient  à  grands  frais, 
pour  donner  à  leurs  toiles  la  finesse  qui  fait  leur  ré- 
putation. Le  gou\ernemeni  français,  jaloux  de  proté- 
ger ces  établissements,  avait  exempté  ses  habitanis 
des  corvées  et  diminué  leurs  impositions.  Leurs  en- 
fants ne  tiraient  point  à  la  milice;  il  accordait  h  ceux 
qui  se  livraient  à  la  culture  du  lin  des  privilèges  qui 
firent  un  moment  la  fortune  de  ces  contrées.  Si  quel- 
qu'un négligeait  une  année  la  culture  de  ses  terres, 
il  était  permis  à  tout  habitant  de  la  commune  de 
Bulles,  ou  de  ses  environs,  de  semer  du  lin  dans  ses 
champs,  en  lui  payant,  par  forme  de  loyer,  3  livres 
par  mine.  Tous  ces  détails  sont  attestés  par  un  rè- 
glement de  l'intendant  de  Soissons,  fait  en  17;.5.  Les 
toiles  de  Bulles  se  répandirent  en  France,  et  surtout 
en  Espagne.  Leur  principal  entrepôt  était  Beauvais. 
En  1751  el  1753,  les  linières  de  Bulles  furent  à  peu 
près  .abandonnées.  Il  parait  que  des  inondations  dé- 
truisirent les  digues  qui  les  protégeaient.  Dans  les 
Beaux  jours  de  la  manufacture  des  linières,  on  y  fa- 
briquait jusqu'à  5000  pièces  de  toiles  par  an.  Bulles 
était  le  siège  d'une  prévôté  royale.  Sa  popul.  est  d'en- 
viron 1100  habitanis,  y  compris  les  hameaux  de  l'Or- 
ttil,  Monceaux,  les  maisonsisolées  de  Forderai:w,  La 
Chap.'lk  et  le  moulin  de  Ste-Fonlaine.  Il  s'y  lient 
tous  les  ans  une  foire  le  vendredi  saint,  et  un  marché 
'e  vendredi  de  chaque  semaine.  Le  terroir  de  cette 


commune  est  en  labour  et  prairies;  une  partie  est  on 
bois.  Bulles  est  dans  une  vallée,  sur  la  petite  rivière 
de  Bresche,  qui  fait  tourner  deux  moulins,  l'un  .à  fa- 
rine el  l'autre  ï  huile. 

Btinienilacuin,  Blaac-Ménil,  petite  paroisse  de  l'an- 
cien diocèse  de  Paris,  maintenant  de  celui  de  Ver- 
sailles, canton  deGonesse,  arrond.  de  Pontoise,  dép. 
de  Seine-et-Oise,  à  12  kil.  nord-est  de  Paris,  popul. 
12Ô  habitants,  y  compris  les  maisons  isolées  dites  le 
Goudray.  —  Blanc-Ménil  était  autrefois  dépendant 
de  Dugny;  mais,  en  1553,  le  roi  Jean  y  lit  bâtir  une 
chapelle  dédiée  à  Notre-Dame,  et  il  s'y  établit  une 
notable  confrérie.  Charles  VI  permit,  en  1407,  aux 
changeurs  et  orfèvres  de  Paris,  de  continuer  la  con- 
frérie, Cl  d'avoir  une  cloche  pour  crier  celle  confré- 
rie dans  les  rues  de  Paris.  Les  Parisiens  venaient  dans 
cette  église  en  procession;  elle  devint  paroisse  en 
1453.  Les  orfèvres  se  rassemblaient  au  son  d'une 
cloche  d'argent  qni  leur  appartenait,  et  qu'on  leur 
vola  plusieurs  fois,  notamment  en  158S,  où  trois  ha- 
bitants de  ce  village,  qu'on  avait  soupçonnés  d'avoir 
fait  le  vol,  furent  pendus.  — Guillaume  de  Lamoi- 
gnon,  président  à  mortier  au  parlement  de  Paris,  fui 
seigneur  de  Blanc-Ménil.  Il  y  possédait  un  château 
fort  solidement  bâti,  el  flanqué  de  quatre  pavillons. 
Ce  château  a  été  démoli  pendant  la  révolution. 
—  Le  territoire  de  Blanc-Ménil  est  très-peu  étendu; 
il  est  cultivé  en  grains  et  en  prairies. 

Bunidellum,  vel  Bundellum,  Bondoufle  Ou  Bondou- 
(les,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  à  présent 
de  celui  de  Versailles,  canton  et  arrond.  de  Corbeil, 
dépl.  de  Seine-el-Oise,  à  10  kil.  ouest  de  Corbeil,  où 
est  le  bureau  de  poste.  Popul.  2C0  habitanis  envi- 
ron. —  Ce  village  existait  au  moins  dès  le  xi'  siècle, 
puisque  dès  lors  il  était  paroisse.  L'église  a  un  chœur 
voûté  et  qui  ne  paraît  bâti  que  depuis  3  ou  400  ans. 
A  la  clef  de  cette  vollte  est  un  écu  chargé  de  trois 
claies  ou  herses.  Au  côté  droit  de  la  même  voûte  est 
un  autre  écu  chargé  d'une  croix  ancrée,  et  au  côté 
gauche  il  y  en  a  un  autre  chargé  de  trois  losanges. 
A  côté  du  chœur, vers  la  partie  septentrionale,  est  une 
tour  de  grès,  un  peu  écrasée,  dont  le  bas  paraît  être 
du  xi\»  siècle,  aussi  bien  que  la  porte  qui  est  du  même 
côié.  Saint  Fiacre,  solitaire  du  diocèse  de  Meaux,  est 
honoré  comme  le  patron  du  lieu,  mais  ce  n'est  que 
depuis  une  époque  assez  rapprochée,  car  il  est  évi- 
dent, par  les  titres,  que  c'est  saint  Denis,  premier 
évéque  de  Paris,  qui  est  le  véritable  el  ancien  pa- 
tron. 

Bunisiaca ,  Bonisiaea ,  vel  Bonisies,  Bondy,  ou 
Boudy,  ou  Bondies,  paroisse  du  diocèse  de  Paris, 
canton  de  Pantin,  Seine,  à  10  kil.  de  Paris,  h  32  de 
Meaux.  Popul.  120[)  habitanis  environ.  Ce  \illage 
est  dans  une  situation  agréable,  au  milieu  d'une 
plaine  fertile,  près  de  la  forêt  qui  porte  son  nom,  à 
l'entrée  de  laquelle  elle  était  située  il  y  a  environ 
60  ans,  a  peu  de  distance  du  canal  de  l'Ourcq.  Il 
est  traversé  par  la  grande  mute  de  Paris  en  Alle- 
magne, et  environné  d'un  grand  nombre  de  joliei 


231 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQLE. 


maisons  de  campagne;  à  son  exiréniiié  occidentale 
sont  un  assez  beau  cliâleau  et  un  parc.  —  Les  prin- 
cijiaies  prodnclions  du  terroir  soiil  en  grains.  —  La 
preuve  la  plus  ancienne  qu'on  puisse  trouver  de 
l'existence  de  Bondi,  est  le  testament  d'une  datiie 
Hernienlrude,  de  l'an  700  environ,  pir  lequel  elle 
donne  h  l'église  de  ce  lieu,  qu'elle  noninie  Bonisia- 
censis,  1*  des  bœufs  avec  la  cliaime  et  lout  i'atlir.iil 
(lu  laliourage;  2"  une  terre  appelée  en  latin  Vulon- 
num,  avec  ses  dépendances  ;  3°  une  pièce  de  vigne 
située  in  Monte  Buxaia.  Par  le  même  acte,  elle 
donne  encore  une  paire  d'habits  aux  frères  d'une 
coramunaiiié  de  moines,  établie  alors  a  Bondi,  dont 
les  différents  noms,  à  cette  époque,  étaient  Boimies, 
Bomies,  Bonisiaca.  11  ne  portait  plus  celui-ci  au 
xi*^  siècle,  puisque  Henri  !«',  dans  une  charte  de 
1060,  l'appelle  Buiigeiœ.  La  bulle  d'Uibain  II,  qui 
confirme  la  donation  faite  par  Henri  1"  de  ses  biens 
à  St-iMarlin-des-Cliamps,  de  l'année  1007,  dit  villa 
quœ  dtcitur  Bonzeia.  Au  siècle  suivant,  on  variait 
sur  la  manière  d'écrire  ce  nom  :  un  diplôme  ds 
Louis  VU,  de  1157,  met  Bungeias,  et  plus  bas  il 
confirme  aux  religieux  susdits  viginti  solidos  i)i  pe- 
dag'o  BoMCEuniu  de  eleemosyna  Alberti  militis,  co- 
gnati  Willelnn  de  Garlande.  Cet  endroit  prouve  que 
Bondi  était  sur  la  grande  route  comme  aujourd'hui, 
puisque  voilà  un  péage  qui  s'y  était  établi.  Selon 
l'abbé  Lebeuf,  Livri,  Clicby  et  Vaujours  étaient  des 
dépendances  de  Bondi.  L'église,  sous  le  vocable  de 
saint  Pierre,  a  éié  dédiée,  eu  155Ô,  par  Gui,  évêque 
de  Mégare.  Avant  la  révolution,  celle  église  renfer- 
mait une  tombe,  que  l'on  croyait  être  du  xvi«  siècle, 
et  sur  l;iquelle  on  lisait  cette  inscription  :  Cy  gist 
noble  homme  M .  Clément  Loyson,  en  son  vivant  die- 
valier,  teigneur  de  Bondis  en  partie,  capitaine  pour  te 
roy  de  ta  ville  de  M ontmédy ,  au  pays  de  Luxembourg, 
et  Honorine  de  Beauvoir,  sa  femnif,  laquelle  décéda... 
Bondi  avait  des  seigneurs,  parmi  lesquels  on  trouve, 
en  1238,  un  Simon  de  Boiidies,  écuyer;  et,  au  xvii' 
siècle,  un  marchand  de  vins  nommé  Triboulet,  qui 
y  fit  bâtir  un  château  et  le  donna  à  son  (ils,  tréso- 
rier de  France.  Une  léproserie  existait  dans  ce  vil- 
lage au  XIII'  siècle,  et  passait  déjà  pour  ancienne  à 
cette  époque  reculée;  sa  chapelle  était  sous  le  litre 
de  Ste-Marie-Madeleine,  et  a  été  depuis  longtemps 
renfermée  dans  l'église  paroissiale.  C'est  à  Bondi  que 
l'on  avait  préparé  les  premiers  relais  pour  la  fuite 
du  roi,  en  1791.  Voici  ce  qu'on  lit  dans  l'alibé  Le- 
beuf au  sujet  de  la  Forêt  de  Bondi,  t  Les  écrivains 
ont  pu  désigner  celte  forêt  sous  le  nom  de  Bondies, 
par  la  n.'cessiié  de  la  distinguer  des  forêts  de  .Mont- 
morency, de  Rouvray  ou  Boulogne,  de  Senlis,  eic... 
Quelques-uns  ont  cru  que  l'ancien  nom  de  cene  fnrél 
était  Lauconia  Sylva,  et  assurent,  en  conséquence, 
que  c'est  le  lieu  où  le  roi  d'Auslrasie,  Childéric  II  du 
nom,  fut  tué  vers  l'an  075;  mais  si  celte  furet  avait 
été  appelée  Lauconia,  il  serait  difficile  que  quelque 


canton  n'eiil  pas  conservé  ce  nom.  Comme  il  n'y  en 
a  aucun,  j'avais  conjecturé  que  cette  forêt  Lauronia 
était  entre  Paris  et  Rouen,  vers  Loconville  :  je 
pense  à  présent  que  c'était  plutôt  celle  de  la  Brie, 
où  est  le  village  de  Logne.  Ce  qu'il  y  a  de  siir,  c'est 
que  quelques-uns  de  nos  monuments  donnent  le  nom 
de  forêt  de  Bondies  à  une  forêt  où  le  roi  Charles  VI 
allait  quelquefois  chass.  r;  que  la  même  forêt  four- 
nissait du  bois  à  Paris  en  1417,  et  que  l'on  proposa 
en  1j18,  au  même  prince,  de  permettre  de  vendre 
de  son  bois  de  Bond  es  plus  largement  qu'on  ne  tai- 
sait pour  celle  fourniture.  De  plus,  qu'en  1S87  ce 
fut  dans  la  même  forêt  que  le  roi  l'enii  111  donna 
aux  religieuses  de  Saini-Aiitoine-des-Cliamps  4  ar- 
pents de  bois  pour  leur  chauffage  durant  neuf  ans. 
H  est  encore  certain  que  l'évéïieuienl  du  chien  qui 
servit  à  découvrir  le  meurtrier  de  sou  maître,  et 
que  l'on  dit  s'être  battu  publique  i,ent  contre  ce 
meurtrier,  passe  pour  êire  arrivé  dans  la  forêt  de 
Bondies.  On  croit  que  ce  fut  au  xin'  siècle.  Si  ce 
fait  n'est  pas  le  môme  qu'.AIbéric.  dans  sa  Chronique, 
regardait  déjà  de  sou  temps  comme  une  ancienne 
fable,  il  faut  le  voir  à  l'an  770.  La  même  forêt  da 
Bondies  est  encore  remarquaUe  en  ce  que  c'est  celle 
où  la  basoche  du  palais  se  transporte  tous  les  ans 
au  mois  de  mai,  et  par  l'organe  de  son  procureur 
général  prononce  une  harangue  sous  un  orme  ap- 
pelé 1  our  celle  raison  l'orme  aux  harangues,  avant 
que  de  requérir  les  officiers  des  eaux  et  forêts  de 
faire  marquer  deux  arbres,  dont  l'un  doit  être  posé 
le  dernier  samedi  du  même  mois  dans  la  cour  du 
palais,  au  son  des  cymbales,  trumpeires  et  hautbois. 
Le  jour  de  la  position  de  cet  arbre  a  été  depuis  remis 
au  mois  de  juillet.  >  Celte  forêt  était  autref<  is  telle- 
ment redoutée,  qu'elle  est  passée  en  proverbe  pour 
signifier  un  lieu  de  brigandage.  Percée  d'une  mul- 
tiiude  de  rouies,  traversée  par  le  canal  de  iOurcq 
et  la  grande  route  d'Allemagne,  elle  offre  aujour- 
d'hui de  belles  promenades.  Elle  renferme  le  châ- 
teau de  Raincy.  Sa  longueur  du  N.-.N.-O.  au  S.-S.-O. 
est  de  2o00  toises,  et  sa  largeur  de  l'E.  à  l'O., 
1800.  Un  auteur  a  ainsi  décrit  les  événements  mili- 
taires de  1814,  dont  Bondi  a  été  le  théâtre  :  <  Le 
corps  du  général  prussien  Yorck  (I)  en  vint  aux 
mains  dans  la  forêt  de  Bondi  avec  les  corps  qui  se 
repliaient  sur  Paris.  Le  combat  fut  long  et  meur- 
trier ;  les  Français,  appuyés  sur  la  forêt,  y  anêiè- 
rent  longtemps  les  efforts  de  l'ennemi;  mais  leur 
de.-tin,  dans  celte  guerre,  étant  d'être  en  toute  cir- 
constance accablés  par  le  nombre,  ils  furent  obligés 
de  céder,  et  laissèrent  le  général  prussien  maître  d« 
Bondi.  Le  lendemain  28,  le  général  russe  Rayefski 
vint  occuper  le  village,  et  le  quitta  le  29  pour  se 
rendre  en  toute  bâte  sous  les  murs  de  Paris,  où  de- 
vait enfin  se  terminer  cette  grande  querelle  qui 
avait  fait  prendre  les  armes  à  plus  d'un  million  de 
combattants.  Le  30   mars  suivant,  l'empereur  de 


(Il  C'est  ce  Prussien    qui  déserta   les  drapeaux   français  en  1812,  et  donna  le  premier  l'exemple  de 
la  félonie  et  de  la  trahison  étrangère 


'     I 

II, 


235  GEOGRAPIIIK  DKS  LEGENDIÎS  AU  MOYEN  AGE. 


254. 


Russie  ei  le  roi  de  Prusse,  qui  iiiarch.iieni  à  la  suile 
de  leur  année,  porièrent  à  Bondi  leur  quartier  gé- 
néral. C'est  dans  ce  viilago  que  ces  deux  ninnarques 
reçiirerit  en  leur  présence  le  caiiilaii'e-ingénieur 
Peyre,  aliiiché  à  l'élai-inajor  général  de  Paris,  et 
envoyé  par  le  gnuverneur  Hullin,  pour  coniialire  les 
motifs  qui  avaient  lait  refuser  les  parlementaire». 
Alexandre  lui  lit  parcourir  tdUte  la  lisiie  des  armées 
alliées,  alin  de  le  meure  à  même  de  bien  apprécier 
les  forces  imposantes  qui  ail  .ieni  atlaqucr  Paris,  et 
le  renvoya  eu  lui  disant  que  la  capitale  de  la  France 
n'avait  i|u'un  moyen  de  salut,  c'était  de  se  rendre. 
Immédiatement  après  la  signature  de  la  capilnlation 
de  Paris,  l'empereur  de  lin-sie  et  le  roi  de  Prusse, 
qui  s'étaient  poriés  à  Bolleville  pour  recevoir  les 
proposiiionsdes  Parisiens,  retniinèrent  ii  Bondi,  (iù 
était  toujours  leur  quartier-général.  Le  lendemain, 
31  mars,  ils  quillcrent  Bondi  pour  faite,  à  la  lèle  de 
leurs  troupes,  leur  entrée  lrioinpl;aie  dans  Pari»!  Le 
10  avril,  même  année,  de^  détacliemenis  des  sis  pre- 
mières légions  de  la  garde  nationale  de  Paris  se 
rendirent  à  Bondi,  pour  y  recevoir  Monsieur  (depuis 
Charles  X),  frère  du  roi  Louis  XVIll,  qui  devait  y 
passer  pour  se  rendre  à  Paris.  > 

Bunnm,  Buniiim,  Bnliy,  paroisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Rouen,  maintenant  de  celui  de  Versailles, 
canton  et  bureau  de  poste  de  Magny,  arrond.  de 
Manies,  départ,  de  Seiue-ei-Ûise,  à  8kil.  de  Magny, 
à  64  de  Paris, au  nord-ouest. 

Le  chiitcau,  bâti  avec  beaucuup  de  soin  par  le  fa- 
meux Duplessis-.Mi'rnay,  seigneur  de  Duplessis-Mar- 
ly,  calvitiisle  outré,  surtiommé  le  pape  des  huguenots, 
gouverneur  de  Sauniur,  habile  politique  et  Ibéolo- 
gien,  él  il  oraé,  dans  >cs  frises,  d'armes  et  d'une 
quatitiié  de  cliilTres  etdedevises  en  l'honneur  d'Hen- 
ri IV.  Pendant  le  règne  de  la  terreur,  tous  ces  or- 
nemeiils  furent  biisés  ou  effacés.  Buhy  était  le  lieu 
de  naissance  de  Mornay.  Lors  de  l'alijuralion  d'Hen- 
ri IV,  il  se  relira  de  la  cour,  ce  qui  fit  beaucoup  de 
peine  au  roi,  dont  il  était  l'ami.  Il  était  né  en  ISiO, 
il  mourut  en  1623,  dans  sa  baronnie  de  la  Forèi-sur- 
Seure  en  Poitou.  Mornay  passe  pour  le  plus  vertueux 
et  le  pins  grand  homme  que  le  calvinisme  ait  pro- 
duit. Il  avaji  composé,  contre  les  catholiques  et  la 
nie-se,  un  livre  intitulé  le  Mystère  de  l'Iniquité,  et 
l'avait  grossi  d'un  grand  nombre  de  passages  tirés  de 
l'Ecrilureei  des  Pères.  Jacipies  Davy-Duperron,  é»ê- 
qued'Evreux,  qui  fut  dans  la  suite  le  cardinal  Du- 
perron,  s'ob  igea,  devant  Henri  IV,  de  Ir.iuver  500 
faussetés  dans  le  livre  d«  Mornay,  et  proposa  d'en 
■venir  à  la  preuve.  Le  roi  y  consentit,  et  nomma  des 
juges  qui  avouèrent  que  l'évèque  était  resté  victo- 
rieux dans  la  lutte.  Henri  IV  dit  h  Sully  :  i  Eh  bien  ! 
que  vous  en  semble  de  votie  pape? —  Il  mesunilde, 
répondit  le  ministre,  qu'il  est  plus  pape  que  vous  ne 
pensez,  car  ne  voyez-vous  pas  i|u'il  donne  un  cha- 
peau rouge  à  M.  d'Evrcux  ?  >  Le  roi  écrivit  au  duc 
d'Epeinon  :  <  Le  diocèse  d'Evreux  a  vaincu  celui 
de  Saumur.  >  Un  ministre  proteslatit,  rendant  coniiC'. 

DlCTIONtAIRi:    VK    GliOGRAPHlE    ECCL.    II, 


à  un  capitaine  de  sa  secte  du  triste  succès  de 
cette  dispute,  lui  disait  avec  douleur  :  <  L'évêqne 
d'Evreux  a  déjà  emporté  plusieurs  passages  sut  Du- 
plessis!  —  Qu'importe  '  répiuid  le  capitaine,  pourvu 
que  celui  de  Saumur  lui  demeure.  >  Il  fai»ait  allu- 
sion au  gouvernenu-nl  de  Saiiniur  qu'avait  Duplessis- 
Mornay,  et  qui  donnait  aux  liugu.  nols  un  passage 
important  sur  la  Loire.  —  La  pop.  de  Buhy  est 
d'env.  500  hab.,  avec  le  hameau  du  Buchet.  Les 
proiloctions  du  terroir  sont  en  grains;  une  partie  est 
en  prairies  et  bois. 

Burgellum,  le  Botirget,  paroisse  du  diocèse  de 
Paris,  arrond.  de  Saint-Denis,  départ,  de  la  Seine, 
à  lu  kil.  nord-est  de  Paris. 

Il  n'était  autrefois  qu'un  liameau  de  la  paroisse  de 
Diigny;  il  est  devenu,  depuis  la  révolution,  une  com- 
mune séparée.  Son  nom  latin,  Burgellum,  est  le  di- 
miniiiilde /'Hr^Miii,  qui,  eti  basse  latinité,  signilie 
bourg  et  village.  Quelques  titres  du  xiv«  siècle  nom- 
ment ce  lieu  Bourgcel;  mais  un  ameNr  du  même 
temps  l'écrit  Bonrget,  comme  on  fait  aujouid'hui  : 
c'est  Guill.ume  de  Muchan,  poêle  picard,  qui  avait 
souvent  traversé  ce  village.  Sur  la  lin  de  son  poème 
intitulé  Confort  d'Amy,  parlant  d'un  lieu  d'Allemagne 
nomtné  l.lumorl,  où  l'impératrice  se  relirait,  il  s'ex- 
prime ainsi  : 

Cesl  une  villette  en  l'Empire, 
Qui  n'est  gueres  don  Bourget  pire. 

Les  habitants  du  BoiirjpW,  selon  ce  qui  est  rap- 
porté dans  le  dernier  volume  des  ordonnances  du  roi 
Cbarles  V,  furent  déclarés  exempts  des  prises  pour 
Tutilité  de  la  cour,  attendu  qu'ils  avaient  été  endom- 
magés et  pillés  par  les  ennemis,  à  cause  de  leur  si- 
tuation sur  le  grand  chemin  royal.  On  lit  aussi  dans 
le  journal  du  roi  Cbarles  Vil,  qu'en  1430,  le  28  août, 
les  Armagnacs,  avertis  par  des  amis  qu'ils  avaient 
dans  Paris,  que  les  Parisiens  ava.ent  beaucoup  de 
blés  nouvellement  recueillis  au  Bourget,  mirent  le 
feu  aux  charrettes  qui  en  étaient  chargées.  — 
Au  xiv  siècle  ,  il  y  avait  dans  ce  vdiage 
une  léproserie  exemple  de  l'ordinaire ,  comme 
étant  sur  la  terre  de  Saint-Denis.  —  il  y  a  une 
poste  aux  lettres  et  un  relais  de  la  poste  aux 
chevaux,  et  plusieurs  auherges  pour  les  voyageurs. 
Le  Bourget  est  traversé  par  la  roule  de  Paris  en 
Flandre,  et  il  n'a  qu'une  seule  rue  assez  grande  ;  sa 
population  est  d'environ  800  habitants.  —  Creilé  de 
Palluel,  auteur  d'excellents  ouvrages  sur  l'économie 
rurale,  esi  né  au  Bourget.  Le  "20  juin  1SI.Ï,  Napoléon, 
en  revenant  à  Paris  après  la  bataille  du  Mont-Saint 
Jean,  s'anêta  dans  ce  vill  ige  et  y  dina;  il  n'en  pat  lit 
qu'à  8  lieures  du  soir  pour  rentrer  dans  la  capitale. 

Burgundia,  la  Bourgogne,  ancienne  et  célèbre  nro- 
viiice  de  France  ,  de  2-20  kil.  dt!  long  sur  1  iO  de 
large,  bninée  à  l'est  par  la  Franche-Coniié,  à  l'ouest 
par  le  lîourboimais  et  le  Nivernais,  au  sud  par  le 
Lyonnais  et  la  Bresse,  au  nord  par  la  Champagne; 
clic  est  fertile  en  gr  dns,  en  fruits,  et  surtout  en 
\i:is   excellents,  comme  ceux  de  Cliamberiin,    du 

8 


835 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Nuiis,  de  Beaune,  de  Pomard,  de  Volnay,  etc.  Elle 
prit  son  nom  des  Bourguignons  qui  l'envahirent. 

On  ne  saurait  décider  de  quel  point  de  la  Germa- 
nie partirent  les  Bmgundi,  Burgundiones,  ou  Bour- 
guignons, qui  aiiainièrent  l'empire  ronuin  vers 
l'an  275.  Ils  formèrent,  dit  Malte  Brun  dans  sop  His- 
toire de  la  géographie,  une  tribu  gothique  ou  vanda- 
lique,  qui,  des  bords  de  la  basse  Vistule,  fit  des 
courses,  d'un  côté  vers  la  Transylvanie,  de  l'aiiire 
vers  le  centre  de  l'Allemagne.  L'assertion  sinijuliére 
d'Ammien  Marcellin,  qui  les  appelle  descendants  des 
Romains,  peut  s'expliquer  par  leur  alliance  avec  ces 
derniers  contre  les  Alamatini,  lors  de  leur  séjour 
dans  la  Francunie.  Une  opinion  exagérée,  inventée 
dans  le  xvi'  siècle,  et  répétée  par  les  Celiomanes 
modernes,  les  fait  sortir  des  Gaules  à  une  époque 
inconnue;  mais  cetie  chimère,  dénuée  de  tout  té- 
moignage historique,  ne  mérite  d'èire  citée  que  pour 
montrer  jusqu'où  la  vanité  nationale  peut  conduire 
les  faiseurs  de  sysicmes.  Il  reste  eenain  que  les 
Burgundiones  partirent  des  bords  du  Mein  pour  pas- 
ser le  Rhin  en  iO?,  et  qu'ils  s'établirent  en  Gaule 
vers  l'an  436  ;  ils  professaient  l'arianisnie,  comme 
les  Wandales. 

Le  premier  royaume  de  Bourgogne  renfermait  dans 
ses  limites  la  Bourgogne  moderne,  laFranclie-Comté, 
la  Suisse,  le  Valai-,laSavnie,leLyonnais  ;  il  s'éiendit 
même  pour  quelque  temps  jusqu'en  Provence.  Il  ne 
dura  que  de  414  à  556,  époque  à  laquelle  les  Francs 
s'en  rendirent  les  maîtres.  Aux  u*^  et  x<^  siècles,  il  se 
forma  un  second  royaume  sous  le  nom  de  Bourgo- 
gogne  Transjnrane,  c'est-à-dire  au  delà  du  Jura.  Il 
comprenait  la  Provence,  le  Dauphiné,  la  Savoie  et 
une  partie  de  la  Suisse;  Aries  en  était  la  capitale. 

Tout  ce  qui  nous  reste  de  la  langue  des  Bourgui- 
gnons est  gothique;  même  l'habit  rouge  sans  man- 
ches, nommé  armitausa,  et  qui  a  fait  donner  à  une 
tribu  bourguignonne  le  nom  (l'Ai-mi/a«sim,  concourt 
à  prouver  que  ces  peuples  parlaient  un  idiome  go- 
thique. Rien  dans  leurs  usages  n'indique  une  origine 
différonte.  Nouvellement  sortis  des  forêts  du  Nord, 
ils  conserv.iient  un  extérieur  grossier;  leur  taille 
était  gigantesque  ;  ils  aimaient  l'oisiveté,  le  chant  et 
la  musique;  le  beurre  rance  leur  servait  de  pom- 
made; el  Théodoric,  lOsirogoih,  envoya  au  roi  des 
Bourguignons  une  horloge,  comme  un  objet  propre 
à  leur  fnire  sentir  les  bienfaits  de  la  civilisation. 

La  Bourgogne  inférieure,  c'est-à-dire  ce  qu'on  ap- 
pelle le  duché,  fut  donnée  par  Cliarlemagne  à  Hu- 
gues, sou  fils  naturel,  surnommé  le  Grand  et  l'Abbé. 
Charles  le  Chauve  confirma  cette  donation  à  Robert, 
qui  avait  épousé  la  ûlle  unique  de  cet  Hugues.  Sa 
postérité  en  jouit  jusqu'au  règne  du  roi  Robert, 
que  Robert,  son  troisième  fils,  s'en  étant  emparé,  s'y 
maintint  si  bien,  qu'Henri,  son  frère  aine,  étant 
parvenu  à  la  couronne,  lut  obligé  de  lui  céder  le  du- 
ché de  B.iurgogne  par  acconrmodemenl.  t:e  fut  ce 
Robert  qui  fit  la  première  branche  des  ducs  de  Bour- 
gogne descendus  de   la  maison  de  France  par  Hu- 


gues Capet,  laquelle  dura  jusqu'en  Î56I,  que  le  duc 
Philippe,  dit  de  Rouvre,  duc  de  Bourgogne,  mourut 
à  i'àge  de  quinze  ans  sans  laisser  d'enfants  de  Mar- 
guérite  de  Flandre  ,  sa  femme.  Ce  duché  ayant  été 
réuni  à  la  couronne,  le  roi  Jean  le  donna  à  Philippe 
le  Hardi,  son  quatrième  fils,  avec  la  clause  de  re- 
tour faute  d'hoirs  mâles.  Celte  clause  eut  son  eOet 
après  la  mort  de  Charles  IV,  dit  le  Téméraire,  der- 
nier duc  de  cette  seconde  branche,  dont  la  fille  uni- 
que, appelée  Marie,  épousa  l'empereur  Maximilieo, 
premier  de  ce  nom. 

Le  duché  de  Bourgogne  était  la  première  pairie 
du  royaume,  et  la  couronne  de  ses  ducs  était  enri- 
chie des  ornements  de  la  couronne  royale,  parce 
qu'ils  avaient  succédé  aux  anciens  rois  de  Bourgo- 
gne.  Le  décret  du  concile  de  Constance  du  26 
mai  1435  mit  les  ducs  de  Bourgogne  au-dessus  de 
tous  les  aulres,  ordonnant  qu'ils  auraient  rang  et 
séance  après  les  rois  immédiatement  dans  les  assembtéei 
de  la  chréiienié.Ce  décret  fut  rendu  à  la  sollicilaiion 
de  Jean  Germain,  premièrement  évéque  de  Nevers, 
puis  de  Châlons,  et  ambassadeur  du  duc  de  Bourgo- 
gne à  ce  concile.  Sous  les  princes  de  la  seconde 
branche,  la  Bourgogne  parvint  à  une  haute  puis- 
sance et  à  une  grande  prospérité. 

Sainte  Clotilde,  qui  épousa  Klowig  (Clovis),  était 
fille  d'un  roi  de  Bourgogne  de  la  première  époiiue. 

Le  duclié  de  Bourgogne,  après  sa  réunion  à  la 
France  opérée  par  Louis  XI,  se  trouvait  réparti  en- 
tre les  évêcliés  de  Langres,  de  Chàlons,  de  M;icon, 
d'Autun  et  d'Auxerre.  L'évêché  de  Langres  faisait 
partie  de  la  Champagne;  mais  il  était  si  étendu, 
qu'il  compienait  Dijon  et  allait  bien  au  delà  de  cette 
ville.  La  Bourgogne  conteirait  vingt-huit  abbayes  de 
l'ordre  de  Saint-Benoit,  savoir  ;  Jix-neuf  d'hommes, 
et  neuf  de  filles;  dix-neuf  de  l'ordre  de  Citeaux, 
savoir  :  douze  d'hommes,  et  sept  de  filles;  six  de 
l'ordre  de  Saint-Augustin  pour  les  hommes,  et  une 
seule  abbaye  de  l'ordre  de  Prtmontré,  ou  Pré- 
mnntrez. 

Parmi  les  abbayes  de  Saint-Benoit,  on  distinguait 
celles  de  Vézelay,  de  Tournus,  de  Cluny,  et  de  Saint- 
Bénigne  de  Dijon.  Parmi  celles  de  Citeaux,  on  re- 
marquait les  abbayes  de  Sepifons,  de  Cîieaux  et  de 
\\  Ferlé.  L'abbaye  de  l'ordre  de  Piémontré,  Saiul- 
Marian  d'Auxerre,  fondéeen  425  par  saint  Germain, 
évêque  de  celte  ville,  sous  rinvoca:ion  des  saints 
Cosnie  et  Damieiv,  prit  ensuite  le  nom  de  saintMarian, 
qui  s'y  retira.  Ruii  ée  par  les  Normands  en  903,  eVe 
fut  en  1159  abandon  lée  à  Tordre  de  Prémontré.  Dé- 
truite en  1565  par  les  calvinistes,  les  religieux  furent 
transférés  dans  l'église  de  Notre-D.ime-de-Ia-Dehors. 

La  Bourgogne  avait,  comme  la  Bretagne  et  le  Lan- 
guedoc, ses  états  généraux  composés  du  clergé,  de 
la  noblesse  el  du  tiers  état.  Les  évoques  d'Autnn,  de 
Cbâ!  ins,  d'Auxerre  et  de  Mâcon  y  assistaietiten  ca- 
mail  et  en  rochei.  Le  premier  se  prétendait  prési- 
deni-ié  des  états.  Les  abbés  des  principales  abbayei 
y  avaient  droit  de  présence,  et  à  leur  tête  on  voyaîl 


l'ahbé  de  Cileaux. —La  Bourgogne  forme,  dans  la 
nouvelle  division  puliiique  de  la  France,  une  paitie  du 
dépi.  de  rVonne,  et  presque  la  totalité  do  veux  de 
la  Côie-d'Or,  de  S.iône-et-Loiro  et  de  l'Ain.  Car  la 
Bresse  et  le  Bugey,  qui  consiituent  la  plus  forte  par- 
tie de  ce  dernier  dépt.,  se  irouvaieut  circnnscriis 
dans  le  gouvernement  du  duché  de  Bourgogne. 

Quant  à  l'organisation  ecclésiastique,  les  diocèses 
de  Sens,  de  Dijon,  d'.\utun  ei  de  Beiley,  compren- 
nent toute  l'étendue  de  la  province  avec  ses  annexes 
la  Bresse  et  le  Bugey.Les  ancie:is  évécliés  d'Auxerre, 
de  Cliâions  et  de  Mâcon,  supprimés  par  le  concor- 
dai de  180!,  n'ont  pas  été  rétablis  par  les  conveu- 
tioug  du  saint-siége  avec  le  gonverneuieni  français, 
conventions  resiiielives  du  concordai  de  1817. 

Dijon  était  la  capitale  du  duché  de  Bourgogne.  Au 
commeneemeni  du  xvui"  siècle,  on  y  insiilua  un 
évétlié. 

Les  éiats  de  Bourgogne  avaient,  en  1775,  entre- 
pris un  canal  destiné  à  établir  une  communication 
entre  i'Yonne  et  la  Saône,  et  à  former  ainsi  une  nou- 
velle jonction  des  ileux  mers,  passant  pai  le  centre 
de  la  France,  commnniquani  au  Uhin  par  le  canal 
du  Doubs,  ou  de  la  Franche-Comté,  appelé  d'abord 
canal  de  Monsienr,  ei  fai.-ant  partie  de  la  ligne  de 
navigation  la  plus  favorable  aux  relations  commercia- 
les de  la  France.  Il  a  s(.n  enib.  dans  l'Yiiiine,  un  peu 
au-dessus  de  la  Hoclie  ;  de  là  il  suit  la  droite  de  l'Ar- 
mançon,  passe  par  Biinon,  Saint-Florentin,  Tminerre, 
Ancy-le-Franc,  Aisy,Bu(ron;  prend  ensuite  la  droite 
de  la  Brenne,  passe  par  Monibard,  irav.  la  Brenne, 
suit  la  rive  g.,  liav.  Pouillenay,  quitte  la  vallée  de 
la  Brenne  pour  repasser  dans  celle  de  l'.\rmançon, 
afrose  Marigny,  Samt-Tbibaull,  rentre  dans  la  vallée 
de  Pouilly,  point  de  partjge;de  l'<uiillyii  va  àVan- 
denesse,  à  Crugey,  arrive  au  vallon  de  l'Ouche  au- 
dessus  de  Veuvey,  passe  à  Venvey,  Gissey,  Ponl- 
de-Pany,  Plombières,  Dijon,  Longvic,  et  descend  par 
la  plaine  jusqu'à  li  Saône;  passe  par  Bieienière,  Ai- 
serey.Brasey,  etSaint-Jean-de-Losne,  dépt.  delaCôte- 
d'Or,  où  il  a  son  emb.  dans  la  Saône.  La  longueur 
totale  du  développement  est  de  241  kil.  469  mètres, 
ou  tO  lieues  lj3  environ. 

Burgunnar'ia,  Bourgonnières  ou  Bourgonnerie,  ha- 
meau dépendant  de  Lirses,  paroisse  du  diocèse  de 
Versailles,  airoiid.del.orbeil,  dépt.  de  Seine-et-Oi.-e, 
appelé  en  latin,  par  un  historien,  Biirguntiaria,  par 
la  raison,  dit  il,  que  les  Bourguignons  y  nni  f.iit  leur 
demeure  :  eo  quod  ibi  BhV(jui:diones  hubiiaverunl. 
Celle  leire,  que  Durchard  av.ut  dimnée  à  Badoii,  son 
jirévôt,  revint  à  l'abbiye  iie  Saint-.Manr  par  la  dona- 
tion qu'Alrun,  lils  de  Uail.m,  lui  en  lit  l'an  1028,  et 
qui  fut  cnnGruice  par  le  roi  Uolieit,  à  Clielles,  l'an 
1U29.  Il  parait  qu'en  Irançais  on  a  di!l  l'appeler  la 
Bourgonnière  ou  la  Bourgonnerie. 

Burium,  Burum,  Bures,  paroisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Paris,  actuellemeni  de  celui  de  Versailles, 
canton  de  Palaise.iu,  dépt.  de  Seine-ei-Oise,  à  ii  kil. 
sud-ouest  de  Paris,  et  6  de  Pataiseau. 


GÉOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MO'ÏEN  AGE.  23à 


Ce  village  est  dans  une  vallée  sur  la  petite  rivière 
d'Yvette,  qui  fait  tourner  deux  moulins.  Le  terroir 
consiste  en  terres  ar;ibles,  bois  et  prairies. 

Ce  lieu,  dit  l'abbé  Lebeuf,  lire  peut-être  sa  déno- 
mination de  ce  qu'il  était  bâti  près  d'une  place  voi- 
sine d'une  forêt,  dans  laquelle  on  faisait  des  ainai 
de  branchages  d'arbres,  que  nous  appelons  bourrées, 
et  qu'un  écrivait  autrefois  burées,  où  la  lettre  u  se 
prononçait  ou.  En  effet,  la  montagne  qui  couvrait  et 
village,  du  côté  du  midi,  était  en  furet,  car  il  n'y  a 
plus  que  lus  coteaux  exposés  au  septentrion  qui  sont 
garnis  de  bois.  On  sait  que  dans  les  vieux  litres  de 
certains  pays,  buret  signiûail  des  feux  de  bourrées, 
tels  qu'on  les  faisait  le  1^''  dimanche  de  carême,  dans 
les  villages,  d'où  le  dimanche  était  appelé  le  diman- 
che des  burres.  L'église  de  ce  lieu  était  sous  l'invo- 
cation de  saint  Mail  lieu,  apôtre  et  évangéliste,  et  cela 
de  temps  immémorial.  U  subsiste  des  actes,  du  iv« 
siècle,  où  elle  est  dite  eccleùa  Sancii  Maiihcci  de  Bu- 
ris.  Celle  église,  dans  sa  cunslruciiou  el  pour  son 
architecture,  n'avait  rien  de  remarquable.  Dans  la 
côté  droit  du  tliœur,  entre  les  deux  premiers  piliers 
était  un  mausolée,  sur  lequel  étaient  représentés  à  ge- 
noux, en  pierre,  el  de  la  hauteur  naturelle,  Antoine 
de  Chaulnes,  seigneur  de  Bures,  et  Françoise  Ar- 
naull,  sa  femme,  a  sa  gauche;  et  au  bas,  dans  les 
deux  côtés,  se  lisaient  deux  inscriptions,  que  Ton 
prétend  avoir  été  composées  par  le  cardinal  Duper- 
ron.  On  voyait  donc  sur  un  marbre  noir,  au-dessous 
de  la  femme,  les  ligues  suivantes  : 

Coiisorte  vilœ,  imo  viia  iptmmet  mea 

Francisca  sitiuArnalla  Avarico  Bilurigum 
Oriuiula  quœ  Parisiis  ulùma  [ato  comessi  anno 
œlatis  37  primi  mensis  1585. 
Au-dessous  du  mari  : 

Dec  Maxdmo. 
Anlonio  de  Chaulnes  œrurii  bel'ici  absltneniissimo  et 
ccnsori  œijuissimo,  plurimarum  aliariim  digniliilum 
traclulione  clarissimo,  viio  civiguc  optimo,  ijui  lalem 
potius  esse  quatiiditi  aut  videri  semper  tcnacisiitne  stu- 
duit,uxore  castissima,V II  iiigenuis  liberis,  amicorum 
mutliludine,  et  le  bent  parla  felicissimo,  ip$i  tiberi  prop- 
1er  orbitalem  iiifelici^simi  PP.  obiil  XX  oclobris  ISilô, 
prateriens  amws  LV. 

En  face  de  ces  deux  personnes  était  attachée,  au  pi- 
lier du  chiur,  une  plaque  de  cuivre  contenant  1 6  vers 
français,  composés  par  Jean  Arnault,  frère  de  la  dé- 
funte, ainsi  i|u'il  est  marqué  an  bas.  Cet  Antoine  de 
Chaulnes  était  natif  d'Auxerre.  L'épiiaphe  de  sesaii- 
cclress'y  li-ait  sur  !e  vitrage  d'une  chapelle  de  la  pi- 
rihsse  de  Saint- Eusèbe. — La  cure  de  Bures  élail  à  la 
collation  de  l'arcluvê.iue  de  Paris,  de  même  qu'une 
chapellenie  (|ui  étaii  dans  la  même  église.  La  des- 
serte de  celle-ci  se  faisait  dans  l'église  deSaint-Eus- 
lache,  à  Paris,  mais  le  bien  du  bénéfice  était  situé  h 
Bures.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  mémorable  sur  les  sei- 
gneurs de  Bures  est  en  même  temps  ce  qu'il  y  a  de 
plus  ancien  louchant  ce  village.  Godefroy  ou  Geo 
froy  de  Bure,  du  diocèse  de  Paris  (ainsi  que  le  dési 


«59 


DiCTIONNAIIiK  (lE  C.KOGUAPIIIE  ECCLESIASTIQUE.  i!40 


gne  un  Iiistorien  du  lenips),  homme  irés-eiitoiidu  ;ui 
niéiier  île  la  guerre,  fui  d'un  grand  secours  à  Baii- 
iloiiin  II'  du  nom,  roi  du  Jérusalem.  Lui  1 1  son  frère, 
Guillaiiine  de  Bure,  allèrent  amour  de  la  viMc  de 
Damas, l'an  1 120,  avec  nii  nombre  de  soldais,  el  ;iy:uit 
attuqné  les  Ariibes  gardanl  leurs  lroupe;iux  ,  le  jour 
de  Piques,  ils  tuèrent  200  Sarrasins,  el  ne  perdirent 
que  70  clirélious.  Ce  Godefioy  de  Bure  fut  tué  dans 
?elte  reiicoiUre.  Guillaume  de  Bure,  frère  de  Gode- 
f  roy,  se  rendit  également  illustre  à  la  terre  sainte. 
Il  y  fut  vioe-roi  de  Jérusalem,  ou  administrateur  du 
royaume,  l'an  H2i,  pemlant  une  partie  du  tiiups  que 
le  lOi  Baudouin  resta  dans  les  prisons  des  infidèles. 
La  suite  des  seigneurs  de  Bures  des  siècles  posté- 
rieurs csi  perdwe.  Antoine  de  Cliaulnes,  dont  on  a 
rapporté  ré|>ilaplie,  devint  seigneur  de  Bures  après 
le  milieu  du  10'?  siècle;  el  ses  descendants,  du  mê- 
me nom  jouirent  de  celle  te; re  jusqu'environ  l'an 
1750.  L;i  population  de  ce  village  esi  d'environ  io) 
liab.,  avec  les  hameaux  des  Grand  et  i'eiit-Mcnil, 
Moiijai,  anciens  lief-,  la  GHi/ojmen'e ,  et  plusieurs 
haliiiaiions  isolées,  sous  diverses  dénominations.  Le 
château  seigneurial,  situé  dans  le  viUon  ,  du  côté 
de  Gif,  n'est  plus  aujourd'hui  qu'une  ferme. 

Bnromim,  Bouron,  ou  Bouvron.II  n'était  point  en- 
core venu  d'ermites  ou  religieux  Camaldules  jusipie 
vers  l'an  1630.  En  veiiu  de  lettres  piteiiies  de 
Louis  Xlll,  données  au  mois  de  février  1031,  ils  s'é- 
taient établis  en  quelques  lieux  du  royaume,  du  con- 
Sùnlenunt  des  évêques.  Voulant  avoir  une  maison 
dans  le  voisinage  de  Paris,  ils  obiinreiii,  vers  l'an 
1040,  du  duc  d'Angoulèiiie,  un  lieu  sur  une  montagne 
déserte  de  l'arcliidiaconé  de  Brie,  appelé  Mont-Lti, 
éloigné  de  5  à  6  lieues  de  la  capitale.  Au  bout  d'un 
an,  ils  sollicitèrent  leur  translation  dans  un  lieu 
plus  commode.  Le  duc  d'Angonlème  leur  fit  cons- 
iiuire,  en  un  lieu  dit  Bouron  ou  Bouvrou,  sur  la  pa- 
roisse d'Hyerres,  en  tirant  vers  Grosbois,  des  bâti- 
ment propres  .îles  loger,  ellil  enclore  avec  leur  loge- 
II  eni  iiarp  nts  de  bois  taillis.  I^'arclievèque  de  Pa- 
ris leur  permit  de  se  transférer  en  celte  nouvelle  so- 
litude, par  lettres  du  18  mars  1642.  Le  contrat  de 
fondation  de  la  maison  de  Bouro»,  el  de  son  acqui- 
siii  n  faite  par  le  comte  d'Alelz,  lils  du  duc  d'An- 
gonlème, pour  conOrinaiion  de  ce  que  son  père 
avait  arrêté,  fut  fait  et  passé  le  l'i  mai  1631  par- 
devant  d'  nx  notaires  du  Chàielet  de  Paris.  Depuis  ce 
temps  les  Camaidnies  avaient  été  lo^és  en  ce  der- 
nier lien,  (rù  l'usage  i'vait  été  introduit  de  les  appeler 
les  Camaldiiles  de  Grosb  Os,  quoiqu'ils  fussent  sur 
le  tenitoire  de  la  paroisse  d'Hyerres. 

Busacum,  le  Bus,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
Rouen,  actuellement  de  celui  <rEvreux,  arrond.  des 
Andelys,  dépt.  de  l'Eure,  à  10  kil.  de  Ycrnon  où  esl 
le  bureau  de  poste,  oi  à  18  de  Paris.  Une  abbaye  de 
religieuses  de  l'ordre  de  Citeaux,  diie  du  Trésor, 
existait  dans  cette  commune  avant  la  révolution  ;  elle 
R  été  détruite,  et  les  bàliments  restants  composent 
une  ferme  dont  dépend  un  grand  enclos,  dans  lequel 


se  trouvent  une  belle  pièce  d'eau  et  un  moulin  à 
farine.  La  pop.  de  cette  coni.  est  d'env.  580  liab., 
en  y  comprenant  le  hameau  de  Saint-Remi.  Son 
terroir  esl  en  labour,  bois  el  prairies. 

Buscum  abbaiiœ  Sanctœ  Mariœ,  abbaye  de  Bois- 
aux-Dumes.  félail  une  maison  de  Bénédictines  qui 
reconnaissaient  la  sainte  Vierge  pour  leur  patronne, 
et  qui  en  célébraient  la  principale  fêle  à  l'Annon- 
ciation. On  ignore  eu  quel  temps  cette  abbaye  fut 
fondée  ei  par  qui  ;  il  est  certain  qu'elle  existait  nu 
commencement  du  xr.e  siècle,  sous  le  nom  de  Foo- 
tel.  Quoique  le  couvent  ne  changeât  point  de  place, 
oi\  trouve  que,  durant  le  cours  de  ce  siècle,  onconi- 
mença  à  en  iliversilier  le  nom  ;  qu'en  H71,Thibaud, 
abbé  de  Sainl-Maur,  ayant  accordé  à  ces  religieuses  le 
revenu  de  la  prébende  annuelle  de  chaque  religieux 
décédé  à  Sainl-Manr,  lesap|ielle£<;c/esi(F  B.  Mariœ  de 
ISemore  el  Sanciimoniales  ipsius  loci.  Ce  même  abbé 
les  appelle  Sanciimoniales  B.  Mariœ  de  Bosco  dans 
l'acte  de  la  même  année,  par  lequel  il  leur  cède,  par 
charité,  tout  ce  que  son  ahb.iye  possède  dans  la  fo- 
rêt de  Mainferme,  moyennant  2J  solspari-is  de  re- 
devance. L'expression  de  Nemore  est  aussi  simple- 
ment employée  daos  le  dm  qu'une  daiue  Odeline  fit, 
en  ll8i,  à  ces  religieuses,  de  ce  qu'elle  possédait  à 
Chatou.  En  un  mol,  le  nom  général  de  Bois,  d'où 
l'on  a  fait  le  Bois-aux-Dnmes,  commença  alors  à 
s'introduire.  Celui  de  .Maliioiie  ne  commença  à  être 
employé,  pour  désigniT  l'abbiye  de  Foitel  ou  l'ab- 
baye de  Bois-aux- Dames,  qu'environ  le  temps  où  ces 
religieuses  lirent  l'acquisiilon  de  la  moitié  de  la 
lerie  et  seigneurie  de  Malnoue,  en  1520  et  1526. 

Buscum  Sancii  Pe(ri,  Bois-Saint-Père,  ou  Saint- 
Pierre. — A  2  kil.  du  village  de  Bouffémont,  près  de 
Montmorency, était  l'église  du  Bois-Saini-Pierre, située 
dans  un  fond  très-solitaire  et  entourée  de  bois.  Celle 
église,  réduite  à  une  chapelle  avec  le  logis  du  fer- 
mier, représentait  les  restes  d'une  communauté  que 
l'abbaye  de  Saint-Victor  de  Paris  avait  eue  autrefois 
en  ce  lieu.  Celte  chapelle  avait  éé  rebâtie  depuis 
plus  de  cent  ans,  el  n'avait  parconséqueni  rieu  d'an- 
cien; elle  était  un  peu  sur  le  coteau,  pour  éviter 
rinconimodité  des  eaux  qui  séjournaient  dans  le  bas 
une  fraude  partie  de  l'année.  A  l'autel,  était  repré- 
sentée la  sainte  Vierge,  première  patronne,  avec 
sainte  Radegonde  el  la  Véronique;  aux  vitraux, 
étaient  peints  saint  t'ierre  avec  les  armes  de  Mont- 
morency, el  saint  Victor,  martyr.  Le  peuple  appe- 
lait cette  chapelle  plus  communément  du  nom  de 
Sainle-Kadegonde,el  y  allait  en  pèlerinage  ponrinvo- 
quer  cette  sainte  reine.  Auprès  de  la  ferme  du  prieur, 
on  v  yail  une  fontaine,  suivant  l'ordinaire  des  lieux 
de  dévotion  où  il  y  a  concours;  mais  comme  c'était 
le  duc  de  .Montmorency  qui  l'avait  fait  faire,  on  la 
tenait  fermée.  Du  château  de  la  Chasse,  qui  était 
voisin,  il  ne  subsiste  guère  plus  que  les  masures 
d'une  tour  ronde  découverte.  Ce  prieuré  avait  été 
réduit,  depuis  longtemps,  à  un  seul  chanoine  régu- 
lier de  Saint-Victor,  lequel,  h  cause  du  danger  qu'il 


m 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


m 


courail  (Tans  la  solitude  du  vallon  où  élûit  la  chapelle, 
faisait  sa  demeure  à  Saint-Pris. 

Biixiacum,  vel  BuxciumeiBttssiacum,  Bolssy-sous- 
Siiinl-Yon,  paroisse  de  rancleii  diocèse  de  Paris, 
actuellement  de  celui  de  Versailles,  canton  nord  de 
bourdan,  arrond.  de  RambouiUft ,  Seine-et-Oise,  à 
14  kil.  de  Dotirdan,  et  à  35  au  sud  de  Riris.  On  croit 
que  son  nom  laiin  vieni  dis  bois  qui  IVntournieni.  Ce 
village  e>t  au-dessous  de  lanioiit:igne  de  Saint-Yon, 
qui  le  garanlil  un  peu  des  venis  du  sud-nuesl.  Celte 


tées.  Ce  village  renferme  plusieuis  belles  n;aisons 
de  campagne.  On  y  trouve  des  carrières  de  pierre  de 
grès;  on  en  tire  une  grande  (juanliié  pour  l'entretien 
des  routes  de  cette  contrée.  La  majeure  partie  des 
liabitants  sont  occupés  à  rexploitailon  de  ces  car- 
rières. 

Buxtim,  vel  Busci  fons,  vcl  ecclesia,  licissy-Sainl- 
Léger,  paroisse  de  l'ancien  diocè^e  de  Pari-,  à  pré- 
sent de  celui  de  Versailles,  clief-lieu  de  canton  rie 
l'arrond.  de  Corbell,  dépt.  de  Si;ine-ei-Oise,  à  16 


montagne  est  ainsi  appelée,  parce  que  saint  Ynn  s'y      kil.  de  Corlieil,  28  est  de  Ver-ailles,  el  Ki  sud-est 


était  retiré  dans  un  oratoire.  Le  terroir  consiste  en 
terres  arables;  on  y  voit  cependant  ((uelques  vignes. 
Ce  village  est  pavé,  à  la  fiveurdes  grès  (pii  se  trou- 
vent sur  la  montagne  voisine,  sur  laquelle  pisse  le 
gr.ind  cliemin.  L'église  ne  par:iît  pas  fort  ancienne, 
mais  il  y  a  apparence  qu'avant  cet  édifice  il  y  avait 
un  oraioire,  une  cliapelle  ou  une  église,  du  titre  de 
Saint-Thomas  de  Cantorbéry,  ce  bâiimrnt  ayant  été 
abattu  vers  l'an  loOO.  Il  n'y  a  rien  d'ancien  que  l'é- 
ptiaphe  d'un  nommé /"fa/uê/,  qui  avait  fondé  deux 
pintes  d'huile  pour  celte  église.  Cette  inscription  fait 
voir  qu'alors  Boissy  était  une  cure,  érigée  au  moins 
depuis  cent  ans.  La  cure  d'Erflies  ou  Efihj  lut  reunie 
à  celle  de  Boissy  en  ITiTS,  1478  el  14S8.  Les  trois 
autels  de  celte  église  sont  creux,  en  tonne  d'urne  ou 
deiombeau.  Sons  le  grand  autel  étiit  cette  sentence 
des  psaumes:  Deus  noster^refiigium et virtus, a\ec  une 
croix  et  une  crosse,  relaiives  àce  passage.  Sous  l'au- 
tel de  la  chapelle,  tournée  au  septentrion,  laquelle 
esttitréedeSaint-Jac.|ues  le  Majeur,étaieni  des  bour- 
dons croisés.  On  lisait  sur  h;  mur  l'acte  de  la  fonda- 
lion,  en  1755,  pir  J.  Pi^iieti,  secrétaire  de  légation 
du  grand-dnc  de  Toscane  à  la  tour  de  Fiance.  Il  l'a- 
vait dotée  de  300  liv.de  renie.  L'autre  autel  ,  du 
côté  du  midi,  avait  été  construit  aux  dépens  du  même 
abbé  Peneii,  en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge  ,  qui 
y  était  représentée.  Les  charges  attachées  aux  300 
liv.  de  rente  étaient  trois  messes  hantes  par  an,  el 
une  me^se  basse  par  chaque  semaine;  plus,  une  dis- 
tribution de  24  chemises  el  1^  camisoles  ii  56  pau- 
vres, el  de  50  liv.  au  maître  d'école.  Les  bancs  des 
margiiilliers  représentaient  un  palmier  el  un  cèdre 
en  relief,  sur  pierre  blanche,  avec  ce  verset  des  psau- 
mes :  Jtislus  VI  palma  florebh  ;  sicitt  cednis  Libani 
mulliplicabitur.  A  l'entrée  de  l'église,  à  maingiuche, 
étaient  les  fijiils,  travaillés  en  marbre,  et  la  fignre 
d'un  dé^erl,  où  saint  Jean-Bapiisle  faisait  sa  prédi- 


de  Paris.  Ce  vill.ige  doit  son  surnom  au  patron  de 
sa  paroisse.  Les  archéologues  font  dériver  le  mol 
Boissy  de  buxus,  buis,  ou  boscus,  qui,  dans  le  voca- 
bulare  de  la  latiniié  du  moyen  âge,  signifiait  bois. 
Suivant  la  légende  sacrée,  ce  n'était,  au  vi«  siècle, 
qu'nn  hameau,  que  saint  Germain,  évêque  de  Paris, 
rendit  fameux  par  ses  miracles.  En  6.5O,  Clovis  II 
donna  ce  territoire  aux  moines  de  Saint-Maur,  dont 
saint  Babnlein,  mort  en  660,  lut  le  premier  abbé.  On 
voyait  encore,  il  y  a  peu  d'années,  au  bas  d'une 
maison  en  face  de  l'église,  la  fontaine  de  Saint-Ba- 
bolein;  elle  a  éié  combléedepuis.  Celle  église,  d'ail- 
leurs peu  remarquable,  est  sous  l'invocation  de 
saint  Léger,  évêque  d'Aulim.  Un  iliàtfan,  bàii  sur 
une  éminence,  et  appelé  te  Piple,  est  remarquable 
par  sa  belle  construction  et  son  agréable  position. 
La  vue  y  embrasse  une  partie  du  cours  de  la  Marne 
et  de  la  Seine  jusqii'.à  Paris,  que  l'on  y  découvre  à 
rextrémiiéd'une  vaste  plaine.  Les  jardins,  parterres, 
bois  et  bosquets,  qui  forment  un  parc  de  140  arpents, 
y  sonlde  mute  lieaiilé.  Ce  ch.ileau  n'était,  au  xiv* 
siècle,  qu'un  manoir  appartenanl  aux  moines  de 
Siiiiit-Maur,  qui  en  (édèrenl  la  jouissance  à  Jean  de 
Chevry;  il  fut  bàli  en  Mi-J  par  Canlorbes.  il  a  appar- 
tenu depuis  au  mai  éclial  de  Saxe,  qui  s'y  plaisait 
beaucoup.  On  lit  dans  une  lettre  du  !•■'  août  1750, 
écrite  par  ce  maréch:il  ii  Favicr,  son  ami  :  Je  réL'icnt 
dans  te  momnnt  du  Piple,  oii  je  suis  ta  vtuparC  du 
lamp.  La  grntije  n'ait  pas  encore  aciievai.  Le  niaré- 
clial  de  France  refusa,  dit-on,  d'être  de  l'Académie 
française,  parce  qu'il  ne  savait  lias  l'orthographe  : 
d'autres  grands  seigneurs  n'ont  pas  été  si  -criipuleux; 
du  moins  ce  grand  cpiiaine  avait  il  |.ubi:é  un  ou- 
vrage estimé,  qui  lui  a  survécu.  —  La  magnifique 
terre  de  Grosbois  se  trouve  comprise  dans  la  com. 
de  Boissy-Saint-Léger.  Plu!.ieurs  maisons  dans  ce 
village  sont  assez  remarquables.  Le    terriloire  n'est 


cation,   le   tout  en  pierres  blanches,  sculptées   fort      composé  que  de  terres  labourables;  la  pop.  est  de 
proprement  en  1758.  La  pop.  de  Boissy  est  d'environ      1000  habitants  environ. 
1000  hab.,  en  y  comprenant  plusieurs  maisons  écar- 


Catensis  Vitla,  Chetlis,  paroisse  et  abbaye  de  l'an- 
cien diocèse  de  Paris,  actuellement  de  celui  de 
Meaux,  cani.  de  Lagny,  arrond.  de  Meaiix,  Seine-et- 
Marne,  à  8  kil.  de  Lagny,  el  18  de  Paris,  à  l'est.  Le 
mot  latin  de  Clielles,  Cala,  ou  Kata,  vient  du  radi^ 


cal  cal  ou  chat,  mot  qui,  dans  le  xiV  siècle,  signiliaij 
aballis  d'arbres  ou  défrichement  des  forêts.  Ainsi  nos 
rois,  qui,  dans  les  premiers  temps  de  la  monarchie, 
avaient  coutume  de  bâtir  leurs  maisons  royales  ou 
châteaux  auprès  de»  forêts,  dans  lesquelles  il»  8t 


ia 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Ui 


plaisaient  à  chasser,  en  avaient  une  à  Clielles.  D  a- 
près  toiKes  les  apparences,  il  est  probable  qu'elle  fut 
commencée  sons  Clovis.  On  l'appelait  alors  Villa 
Regilis;  mais  dès  le  mv«  siècle,  on  ne  la  nommait 
plus  que  Villa  Cala  ou  Villa  Calensi.^.  Le  roi  Chilpé- 
ric  y  résidait  fréquemment ,  et  en  l'an  584  il  y  Int 
assassiné.  Un  maire  du  palais  de  Cliilpéiic,  appelé 
Landri,  était  favorisé  de  la  reine  Frédégonde.  Un 
malin,  le  roi  entra  dans  la  chambre  de  la  reine  ;  elle 
était  courbée  et  se  lavait  la  léie;  il  la  frappa  par  der- 
rière avec  sa  canne  (eam  in  nalibus  suis  de  fuste  per- 
ciissii).  La  reine,  croyant  que  ce  coup  partait  de  la 
main  de  son  favori,  dit:  Pourquoi  me  frappes-tu 
ttimi,  Landri?  bientôt  levant  la  lèie,  elle  vot  le 
roi  son  époux.  A  celle  vue,  Frédégonde  est  siisie 
d'effroi,  ei  Cbilpéric,  irrité,  part  brusquement  pour 
la  cbasse.  Après  son  départ,  Fréilé.onde  fait  appe- 
ler Landri,  lui  racon'e  l'événement;  tous  deux  réso- 
lurent, plutôt  que  de  S' nffrir  la  torture  et  la  mort, 
de  faire  Hier  le  roi  Cbilpéric.  Celui-ci,  arrivant  à 
Clielles  an  commencenieni  de  la  nuit,  en  descendant 
de  cheval,  fui,  par  les  satellites  de  Frédégonde, 
frappé  de  plusieurs  coups  de  couteau,  et  expira  sur- 
le-champ.  La  reine,  ayant  fait  courir  le  bruit  que  cet 
assassinat  avait  été  dirigé  par  le  roi  Childebert,  assista 
effrontément  aux  funérailles  du  défu  it,  qu'elle  fit 
célébrer  à  Paris.  Cependant  les  tré-ors  qui;  Ch';lpé- 
ric  nvait  entassés  à  Chelles  furent  enlevés  par  les 
trésoriers  de  ce  roi  et  transportés  à  Meaux  ;  ils  les 
remirent  au  roi  ("h  Ideberl,  son  i  even  et  son  enne- 
mi.—  Clotaire  II  faisait  aussi,  pendant  la  belle  sai- 
son, sa  résidence  hahiiuelle  dans  cette  maison  de 
Chelles.  Le  roi  Robert  y  tint  plusieurs  assemblées 
d'évèques.  Une  leilre  de  Gerbert  annoncr  une  de  ces 
assemblées  aux  chanoines  de  Saint-Martin  de  Tours, 
et  ils  sont  inviiés  à  s'y  trouver.  Elle  eut  lieu  à  la  fin 
du  X'  siècle.  Ce  prince  y  tint  un  auire  concile,  au 
mois  de  mai  de  l'an  I0D8,  où  il  fut  accordé  un  di- 
plôme à  l'abbaye  de  Saint-Denis.  Il  esi  encore  fait 
mention  des  audiences  que  le  roi  Robert  ou  son 
épouse  Constance  y  ddunait,  dans  un  rhytbme  sati- 
rique des  mœurs  de  son  règn''.  Enfin  une  charte  de 
l'an  1029,  en  faveur  de  Saint-Maur-des-Fossés,  eçt 
datée  de  Chelles.  Mais  depuis  celle  époque  il 
n'existe  aucuns  renseignements  qui  aitestent  que  nos 
rois  aient  fait  leur  séjour  à  Chelles.  Ils  laissèrent 
tomber  en  ruines  leur  ancien  palais,  qui  était  siiué 
derrière  l'abbaye,  de  sorte  qu'il  ne  reste  que  des 
vestiges  de  la  basilique  de  Saint-Martin.  —  La  reine 
ChroiheehiUle,  vulgairement  nom  née  Chloibilde, 
épouse  du  roi  des  Francs  Chlodovech  ouClovis,  avait 
fondé  à  Chelles  un  pelit  monastère  de  Mlles  bénédic- 
tines, avec  une  chapelle  sous  le  titre  de  Saint-Geor- 
ges. Dans  la  suite,  Balhechilde  »»  Bathilde,  épouse 
de  Clovis  II,  fit  presque  entièrement  reconstruire  ce 
monastère  et  bàiirune  nouvelle  église.  Elle  en  déclia 
le  milit'u  à  sainte  Croix  ,  le  côiéd  oit  à  saint  Geor- 
ges, patron  de  la  première  église,  et  le  côté  gauche 


bcsse,  une  religieuse  appelée  Bertilla  ou  Bertilana. 
L'église  avait  éié  consicrée  en  l'an  ïïBS.  En  664, 
l'évêque  de  Paris,  Sigoben  andus,  se  rendit  à  Chelles. 
Il  mécontenta  p.ir  son  orgueil,  dii-on,  les  francs  ou 
gardes  de  la  reine;  il  s'éleva  une  vive  dispute,  et 
l'éièque  fut  lue  par  ces  franc-.  Celte  reine  ayant 
pris  le  voile  dans  ce  monastère,  comme  une  simple 
relgieuse,  elle  y  mourui  en  1680,  et  fut  inhumée 
dans  l'église  qu  elle  avait  fait  bàiir.  A  côté  de  ce 
monastère  de  filles,  s'établii  un  couvent  de  moines, 
comme  il  paraît  par  la  vie  de  sainte  Bathilde.  Le 
ran:,'  de  la  fondatrice  attira  dansceiie  abbaye  plu- 
sieurs personnes  illustres.  Sonichilde,  l'une  des 
femmes  de  Charles  Martel,  mourut  dans  le  monas- 
tère de  Chelles;  Gisle  ou  Giselle,  sœur  de  l'em- 
pereur Cbarlemagiie,  en  devint  alibesse,  et  y  finit 
ses  jours,  en  810,  après  avoir  donné  de  grands  bien» 
à  celte  communaoté.  L'empereur,  qui  chérissait  cens 
sœur,  venait  souvent  lui  rendre  vi>iie;  et  ayant 
appris  la  maladie  dont  elle  mourut,  il  quitta  en  loute 
bâte  le  pape  Léon  III,  qui  était  à  Soissons,  pour  se 
transporter  à  Chelies,  et  recevoir  les  derniers  sou- 
pirs de  Giselle.  En  818,  pendant  que  Hégilwich, 
mère  de  l'inipératiice  Judith,  était  abbesse  de  Chel- 
les, l'empereur  Li-nis  le  Débonnaire,  passant  en  ce 
liïii,  assista  à  la  translation  du  corps  de  sainte  Ba- 
iliechilde,  dans  l'église  de  Sainie-Marie;  il  donna  eu 
même  temps  à  cette  abbaye  le  village  de  Coulons, 
au  diocèse  de  Meaux.  ilermenirude,  épouse  du  roi 
Charles  le  Chauve,  fut  abbesse  de  Chelles  tn  8ri3, 
et  après  elle  Baihilde,  fille  du  même  monarque. 
Charles  le  Sinip'e  ôta  à  celle-ci  cette  abbaye,  pour 
la  donner  h  Ilaganon,  son  conseiller.  On  voit  (|nelle 
illustration  des  personnes  si  hautement  qualifiées 
faisaient  rejaillir  sur  ce  munaslère;  ou  plutôt,  chré- 
tiennement parlant,  quelle  ^anilé  mondaine  domi- 
nait ce  couvent,  qui  jouissait  d'environ  60,000  livres 
de  revenu.  PreSi|ue  toutes  les  abbesses ,  pendant 
longtemps,  lurent  veuves,  filles  ou  sœurs  d'empe- 
reurs et  de  rois.  Elles  portèrent  leurs  richesses  et 
leurs  habitudes  dominatrices  dans  un  lieu  oii  doi- 
vent dormir  les  passions  :  opulentes,  elles  eurent 
des  procès;  jeune-,  elles  se  livrèrent  au  désordre. 
Des  chroniques  du  temps  rapporieni  qu'en  !'an  fc77 
le  roi  Louis  le  Bègue  enleva  une  religieuse  de  ce 
couvent,  et  en  fit  sa  femme  ou  sa  concubine.  Les 
séjours  fréquents  que  faisaient  les  rois  de  France, 
avec  leur  suiie,  dans  le  palais  contigu  au  couvent, 
et  dont  il  a  éié  déjà  parlé  ;  les  plaids,  les  synodes 
ou  conciles  tenus  à  la  fin  de  la  seconde  race,  ou  au 
comnienceniei)t  de  la  troisième,  attirèrent  dans  ce 
lieu  un  concouis  de  personnes  inconipatib'e  avec  la 
vie  religieuse.  Il  fut  souvent  nécessaire  de  réformer 
les  mœurs  de  ce  coiiveni,et  d'y  faire  cesser  les  dés- 
ordres :  telle  était  l'iniention  d'Eiienne  ,  évéque  de 
Paris,  lorsqu'en  i  153  il  se  rendit  à  Chelles,  accom 
pagné  de  Thomas,  abbé  de  Saint-Victor,  et  de  quel- 
ques anires  ecclésiastiques,  .^près  avoir  rempli  l'objet 


à  saint  Etienne.  Elle  nomma,  ep  l'an  656,  pour  >*>-      de  leur  voyage,  l'évêque  et  son  escorte  retournaieot 


II, 


2i5 


GEOGKAPIIIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE, 


ïiC 


à  Paris;  à  peu  de  disUnce  de  Clielles,  ils  sont  accueil- 
lis pnr  les  hommes  du  château  deGournay,  neveux  de 
Thibaud  Nodier,  archidiacre  de  la  cathédrale.  Ar- 
més d'épées,  ils  fondent  sur  la  troupe  ecclésiastique, 
el  assassinent  Thomns.abbé  de  Saint-Victor,  i  Nous 
marchions  eo  portant  la  paix,  dit  l'évéque  Etienne, 
dans  une  de  ses  Lettres,  et  nous  étions  sans  armes, 
puisque  c'était  nn  jour  de  dimanche;  ils  se  jettent 
sur  nous,  leurs  épées  nues  à  la  main  ;  et,  sans  res- 
pecter Dieu,  le  jour  saint,  ni  moi,  ni  les  personnes 
vénérables   qui   m'accompagnaient ,  ils  percent  de 
coups  mortels  cet  innocent  (Thomas,  abbé  de  Saint- 
Viclor),  m'ordonnent  de  m'éloigner  promptement,  si 
je  veux  éviter  la  mort.  Nous  nnus  jetons  à  travers  les 
épées,  nous  lirons  des  mains  de  ses  bourreaux  le 
corps  de  ce  malheureux    à  demi  mort  et  cruelle- 
ment déchiré,   etc..  >  On   fut  convamcu  que  Thi- 
baud avait  engagé  ses  neveux  à  commettre  cet  assas- 
itinat.  L'évéque  s'en  plaignit  à  plusieurs  prélats,  au 
pape  Innocent  H  ,  aux  pères  du  concile  a?seniblé=  à 
Jouarre,   puis  il  se  retira  à  Clairv.iux.  —  Lorsque 
Charles  V,  pendant  qu'il  émit  régent   de  France, 
vint,  en  1358,  nvec  ses  troupes  à  Cbelles,  il  coucha 
dans  l'abbaye,  et  ses  soldats  logèrent  d.ms  le  village. 
C'était  à  son  retour  du  Valois,  et  il  se  mettait  en 
campagne  pour  s'opposer  aux  entreprises  de  Charles 
le  Mauvais  ,  roi  de  Navarre.  —  Les  événements  qui 
désolèient  la  France  pendant  l.'s  xiv«  et  xv  siècles 
atteignirent  le  bourg  et   l'abbaye  de  Cbelles.  Dans 
celte  même  année  15.".8,  un  parti  d'Anglais  les  prit, 
les  pilla  e'i  les  ravagea.  Les  religieuses  furent  con- 
traintes de  se  retirer  à  Paris,  avec  Alix  de  l'acy, 
leur  ahbesse;  bientôt  il  leur  fut  permis  de  retour- 
ner à  Chelles';  elles  furent  encore  deux  fois  con- 
traintes de  se  réfugier  dans  la  capitale.  Ces  dépla- 
cements devinrent  funestes  à  h  régularité  monasti- 
que; des  désordres  se  manifestèrent  parnii  ces  vier- 
ges du  Seigneur.  Vers  l'an  1569,  l'abbesse  Ji'anne  de 
Laforesi,  pour  se  soustraire  à  des  hostilités  nou- 
velles, fut  forcée  de  se  réfugier  à  Paris,  avec  ce  qui 
lui  restait  de  religieuses.  Cette  abbesse  fit   ensuite 
raser  la  forêt  de  Chelles,  repaire  de  prostitution  et 
de   brigandages.    De    nouveaux    malheurs   vinrent 
assiéger  cette  abbaye  ;  au  commencement  du  xv»  siè- 
cle, le  feu  du  ciel  consuma  une  gr.inde   partie  du 
couvent.  Les  contributions  exigées  par  les  gens  de 
guerre  achevèrent  de  le  ruiner.  De  80  religieuses,  il 
n'en  resta  que  15,  obligées  par  la  faim  d'abandonner 
le  monastère  ,  de  parcouiir  les  campagnes  et  de  de- 
mander l'aumône.  Le  11    avril  1429,  5U0  .Anglais 
survinrent  à  Chelles,  et  i  illèrent  le  bourg  et  l'ab- 
baye. Pendant  qu'ils  étaient  occupés  au  pillage,  une 
ni.mbrense  troupe  d'Armagnacs  fondit  sur  eux,  les 
entoura,  les  prit  ou  les   tua  tous,  s'empara  du  pil- 
lage qu'ils  avaient  fait  à  Chelles,  rançonna  les  vi- 
vants et  s'enrichit  de  la  dépouille  des  morts.  Il  paraît 
que  cette  abbaye  fut  de  tous  les  temps  très-déréglée. 
Pierre  de  Beaumont,  évêqiie  de  Paris,  tenta  d'y  éta- 
blir la  réfi)rme,  mais  il  renonça  à  re  projet.  Son  suc- 


cesseur Jean  Simon,  autorisé  par  un  arrêt  du  par- 
lement, de   1499,  opéra  la  réforme  désirée,  en  in- 
troduisant dans  le  couvent  de  Cbelles  des  religieuses 
de  l'ordre  de  Fontevrault ,  du  prieuré  de  Fontaine, 
près  de  Meaux.  Depuis  cette  reforme,  les  abliesse» 
de  Cbelles  devinrent  triennale»  jusqu'en  1559,  épo- 
que où  recommencèrent  les  abbesses  titulaires  à  la 
nomination  du  roi.  Sous  la  première  abbesse  titu- 
laire, Renée  de  Bourbon,  le  couvent  de  Chelles  fut 
presque  entièrement  renversé  par  un  orage  affreux. 
Des  sommes  considérables  furent  employées  aux  ré- 
parations; mais  bientôt  le  tonnerre,   tombant  sur 
cette  maison  religieuse,  causa  de  grands  dégâts.  En 
1561,  la  crainte  des  hugi;enots  obligea  l'abbesse  5  se 
retirer  à   Paris,  avec  ses  46  re'igieuse^,  chez  S"n 
frère  Charles,  cardinal  de  Bonrhon,  ahhé  du  Siint- 
Germaiji  des  Prés.  Des  filles  de  duchesses,  des  prin-. 
cesses  furent,  dans  la  suite,  abbesses  de  Chelles  ;  on 
y  vit  niême  une  fille  de  roi,  mais  (ille  bâtarde  de 
Henri  IV  et  de  Charlotte  des  Essarts  ;  elle  était  nom- 
mée Marie-llenrietle  de  Bourbon.  M"  "^  de  Sévigné 
r.ipporle,  dans  ses  Lettres,  qu'une  sœur  de  51™"  de 
Foniauges  ayant  été  nommée  abbesse  de  Cbelles  la 
cérémonie  du  sncre  fut  irès-pompense.  Marie-Adé« 
laïde  d'Orléans,  fille  du  régent,  y  prit  l'habit  de  reli- 
gieuse, le  50  mars  1717,  par  les  mains  du  cardinal 
de    Noailles,    archevêque  de  Paris.  —  L'entrée  du 
monastère  de  Chelles  était  ornée  d'un  beau  portail 
moderne,  cliargé  des  armes  de  Marie-Adélaïde  d'Or- 
léans fdle  du  régent,  et  abbesse  de  Chelles.  I.'églisa 
de  cette  abbaye  paraissait  avoir  clé  construite  dans 
le  xiii^  siècle;  l'intérieur  était  richement  décoré  par 
la  lihéralité  de  plusieurs  abbesses;  la  nef  servuit  de 
chœur  aux  religieuses,  comme  dans  touies  les  gran- 
des abbayes  ;  le  maîire-autel  était  orné  de  plusieurs 
figures  sculptées,  qui  représentaient  l'Assomption  de 
la  Vierge;  au-dessous  on  voyait  un  grand  taberna- 
cle d'argent  massif;  le  sanctuaire  était  fermé  par  une 
belle  balustrade  de  marbre  noir.  La  grille  du  chœur 
des  religieuses  était,  dans   son  temps,   regardée 
comme  nn  chef-d'œuvre  de  ce  genre:  mais  anjour- 
d'hui   les   chefs-d'œuvre  se  sont  multipliés.   Cette 
grille  était  l'ouvrage  de  Pierre  Denis,  qui  avait  fait 
aussi  les  be.iux  morceaux  de  serrurerie  qu'on  admi- 
rait à  Saint-Denis  ;  elle  était  due  ;i  la  générosiié  da 
M°'"  l'abbesse,  princesse  d'Orléans.  Au-dessus  de  cette 
grille  étaient  placées  cinq  châsses,  dont  deux  eu  ar- 
gent :  ces  deux  dernières  renfermaient,  l'une  les  reli- 
ques de  sainte  Bathilde,  l'autre  celles  de  sainte  Ber- 
tille, preniière  abbesse  de  Cbelles.  Dans  le  chœur  des 
religieuses,  au-dessus  des  portes  latérales,  étaient 
représentées,  ji genoux,  les  figures  des  abbesses  Made- 
leine de  la  Porte,  Marie  de  Lorraine  et  Marie  de 
r.durbou;  on  voyait  aussi  dans  le  chœur  six  grands 
tableaux  représentant  les  principales  actions  de  la 
vi.>  de  sainte  Bathilde;  au  côté  gauche  du   maitre- 
anlel  était  la  chape'Iede  Saint-Eloi  ,dans  laquelle  s'é- 
levait, a  plus  de  deux  pieds  de  hauteur,  un  tombeau 
flue  l'on  disait  être  celui  deCloiaire  III,  (ils  de  saiuic 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


2 '.7 

Hailiilde  ;  on  prélcndaii  que  le  corps  de  ce  roi  rep"- 
s;iit  dans  un  caveau  i)ui  él  lil  au-d<;ssous.  La  forme 
lie  ce  Inmbeauéiaiipliis  élioite  àlalêlequ'aux  pieds; 
il  était  couvert  d'une  pierre  oldongiie  aussi  lar^e  en 
liant  qu'en  bas;  sur  celle  pieire  ciaii  coucliée  la  fi- 
gure, en  ronde  bosse,  de  Cioiaire  III  :  un  lion  était 
à  ses  pieds  ;  de  la  main  droite,  il  tenait  un  scfplre, 
61  la  gauche  était  placée  sur  l'agrafede  son  manteau. 
Sur  lei  bords  de  celle  pierre,  on  avait  gravé  des  ca- 
ractères goiliiques  capitau.\  qui  semblaient  être  du 
sill*  siècle.  Diim  Martenne  les  a  lus  de  celle  ma- 
nière :  llic  lacet  Llotnriits,  BncliitUis  regiiiœ  fitius. 
L'abbé  Lebeuf  prétendait  qu'au  lieu  de  Bacliildis, 
tin  devait  lire  Isalihildis;  ce  qu'il  y  a  de  ceilain,  c'est 
que  les  mois  hic  lacet  et  regiuœ  filius  se  lisaient  très- 
bien.  Le  mot  Bachildis  éu'il  un  peu  etlacé  ;  celui  de 
Cloihcirius  n'exisiaii  plus  ;  il  devait  se  tr^iiverii  l'angle 
de  la  perrcqui  avait  été  rompu,  et  auquel  on  avait 
sulistiiiié  du  plaire.  On  pouvait  croire  que  la  partie 
de  ce  (onibi'au,  dont  la  forme  éiait  plus  large  à  la 
tèle  qu'aux  pie^ls,  avait  appartenu  au  temps  de  Cio- 
iaire III  ;  maison  pouvait  assurer  que  la  pierre  qui 
le  couvrait,  ainsi  quela  figure  et  l'inscription,  étaient 
du  xiii^  sèele,  époque  de  la  reconsir.uclion  de  cette 
église.  Auprès  de  ce  tombeau  se  trouvait  une  ins- 
cription en  caractères  modernes,  autrefois  en  goilii- 
ques, où  ^e  trouvaient  plusieurs  iiiexaclitudes  : 

Ci-dessous,  en  celte  voûte,  gît  te  corps  de  Clo- 
taire,  Irenièmc  roi  de  France,  neuvième  roi  chré- 
tien ellroi>ième  de  ce  wm,  fits  du  roi  Clovis  II 
et  de  Sle  Bailiihle,  laquelle  fonda  cette  éijliseeii 
652,  en  Chonneur  de  Noire-Dume,  cl  y  mit  des 
vierges  religieuses  pour  Dieu  servir,  etc. 

Le  trésor  de  l'abbaye  de  Chelles  egalsii  presque 
en  valeur  celui  de  Si-Denis.  On  y  voyait  le  calice 
de  saint  Eloi,  dont  la  toiiie  était  d'or  enrichi  d'é- 
mail, ei  qui  avait  près  d  un  demi-pied  de  profondeur  ; 
on  y  voyait  aussi  les  bustes  d'argent  de  saint  Genesi 
et  de  saint  Eloi,  tous  les  deux  aumôniers  et  confes- 
seurs de  sainte  Hailnlde;  on  y  conservait  aussi  du 
bois  de  la  vraie  croix  ,  etc.  —  Les  églises  et  le  cou- 
vent de  Clielles,  (léiniiis  p:ir  le  iem[is,  par  les  guer- 
res, par  le  feu  du  ciel  et  par  la  révolution,  en  1790, 
n'offreul  aujourd'hui  que  de  faibles  vestiges  de  leur 
ancien  état;  mais  ces  vesiii;es  peuvent  encore  inié- 
resser.  L'éj-dise  du  couvent,  dédiée  à  saint  Georges 
et  à  sainte  Cioix,  était  vulgairement  nommée  église 
de  Ste-Bauteiir,  du  nom  iieliuihilde,  ou  pluiôi  Batel- 
c/ii(i«.— L'église  paroissiale  des  liabilanis,  dédiée  à 
saint  AiMié,  est  située  à  l'exirémiié  du  bourg,  sur  la 
roule  de  Lagny  ,  elle  est  située  sur  une  peiiie  énii- 
nence.  La  simp  icilé  des  chapiteaux  des  piliers  du 
chœur  désigne  qu'elle  a  éié  bâtie  sur  la  fin  du  xii" 
siècle, au  commencement  du  règne  de  Philippe-Au- 
gnsie.  Cei  édiliee  n'est  revêtu  d'aucun  ornenii  m  de 
sciiltaure,  et  il  n'y  a  rien  de  remarquable.  La  popu- 
lation de  te  bourg  est  de  12  à  13  0  hab.  Les  prin- 
cipales produciioiis  de  son  terroir  sont  en  grains  ; 


248 

"ne  partie  est  en  vignes  et  en  prairies.  Un  moulin 
se  trouve  sur  la  Manie.  L'espèce  de  cap  que  forme 
la  butte  de  Chelles  est  entièremeiu  composé  d^; 
gypse,  recouvert  seiilemenl  d'un  mètre  de  marne 
verte  :  cette  marne  esi  surmontée  d'une  couche  peu 
épaisse  de  sable  et  de  meulière  d'eau  douce.  On  re- 
coiinaii  dans  cette  bulle  trois  masses  de  gypse  ;  la 
première  a  8  à  0  mètres  d'épaisseur  :  elle  est  sépa- 
rée de  1.1  deuxième  par  7  mètres  de  marne  hlanehe  ; 
!a  seconde  a  3  ou  4  mètres  de  puissance.  On  y  re- 
marque quelques  assises  minces  ,  mais  dures  ,  qui 
fournissent  des  dalles  employées  dans  les  construc- 
tions. Les  parties  de  cette  S'  conde  masse  donnent 
un  plaire  de  mauvaise  qualité  ;  la  troisième  masse 
est  repré-eniée  par  une  petite  couche  ,  séparée  de  la 
précédente  ,  qui  n'a  que  i  ou  5  décimètres  d'épais- 
seur. Les  piaules  que  les  botanistes  recueillent  à 
Chelles  et  dans  ses  environs  sont  :  1°  la  véronique 
cliêneite  ;  2'  le  panais  pied  de  poule  ;  3»  1  ■  mélique 
penché;  4°  la  globulaiie  commune;  5*la  srorpioiine 
des  champs;  6°  la  gravelle  vivace  ;  T  la  chélidoine 
à  feuilles  de  chêne  ;  8"  le  géranium  à  feuilles  de  ciguë. 
Peu  de  communes  en  France,  sous  le  régime  féodal, 
éprouvèrent  autant  de  concussions  et  de  vexations 
que  celle  de  Chelles.  Ses  habitants  préiendaient  avoir 
obtenu  ,  au  xv*^  siècle  ,  une  charte  de  commune;  ils 
avaient  déjil  nonmié  un  maire  et  des  jurés  ,  el  fait 
graver  un  sceau  ;  mais  l'abbesse,  Adeline  de  Pacy, 
s'y  opposa.  Un  célèbre  architecte  du  xiii*  siècle  , 
nommé  Jean  de  Chelles,  du  nom  de  sa  patrie  ,  est 
connu  à  Paris  pour  y  avoir  construit  le  côté  méri- 
dional de  la  croisée  de  l'église  de  Notre-Dame  de 
celle  ville,  ou  au  moins  le  portail  de  ce  côté-là. 

Caliitus  lel  Calvus  Mons,  Chaumoiit,  petite  ville 
très-ancienne  de  l'ancien  diocèse  de  Uouen,  mainte- 
nant de  celui  de  licauviis,  chel-lieu  de  canton  de 
l'arrond.  de  celte  ville,  dépi.  de  l'Oise,  à  54  kil. 
nord  de  Mantes,  à  SG  de  Uouen,  24  sud-ouest  de 
Reaavais,  ei  60  nord-ouest  de  Paris.  Sa  siiuatioii, 
sur  la  pente  d'une  nionlap'iie,  est  des  plus  agréables. 
La  petite  rivière  de  1  roesiie  la  traverse  el  y  fait  tour- 
ner plusieurs  moulins  .^  farine.  Sa  population,  (jui 
s'élevait  à  peine  à  600  âmes  vers  le  milieu  du  der- 
nier siècle,  esi  niainienant  de  plus  de  2700  ;  celle  du 
canton  entier  est  de  52,500.  Chamnont  a  pris  son 
nom  de  la  montagne  au  pied  de  laquelle  il  est  situé; 
sur  celle  montagne  était  anciennement  une  forteresse 
qni  servait  de  boulevard  à  la  France,  à  l'époque  où 
la  Normandie  était  entre  les  mains  des  Ân.:;lais  :  on 
n'en  voyait  plus  que  des  ruines  au  xviii*  siècle. 
Guillaume  le  Lirelon  fait  mention  de  celte  place  à 
l'anoée  1188.  Des  litres  du  xi'  siècle  lui  donneiil  le 
nom  de  Calidus  Mons.  Lainariinière,  dans  son  Dic- 
tionniire,  préiend,  sans  en  rapporter  de  preuves, 
que  celle  dénomination  esl  erronée  et  que  sou  vrai 
nom  hiiii  esiCw/niis  iJons,  parce  que,  dit  cet  auteur, 
Chaumont  n'est  point  une  montagne  chaude,  mais 
c/i((ure  el  dépourvue  de  bois.  CJue!<pies-uns  croient 
que  ce  nom  lui  vient  aussi  d'un  Koheri,   sunioiiimû 


249 


GËOGRAPHIK  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


2S0 


te  Chauve,    petil-fils  d'Ainaury  de   Ponloise.  Phi- 
lippe !•='  accorda  à  Cliaiimonl  le  droit  de  commune  ; 
celle  ville  s'étendait  moins  vers  le  bis  de  la  côie  à 
celle  époque  qu'aujourd'hui.  Sa  première  origine  re- 
moiueaumninsau  xi»  siècle,  et  même  alors  elle  avait 
déjà  de  l'impiTlance,  puisqu'elle  parlait  le  tilre  de 
comlé.  Elle  eut  beaucoup  à  souffrir   des   incursions 
des  Normands,  des  guerres  féodales  et  decelles  des  rois 
de  France  et  d'Angleterre.  Brûlée  par  îes  Normands, 
elle  le  fut  encore,  en  1167,  par  le  roi  d'Angleterre.  La 
nouvelle  ville  élemlil  ses  faubourgs  dans  la  vallée, 
sur  le  bord  de  la  rivière.  —  Sous   François   1<",    en 
Kiô,  Chaumoiii  reçut  un  bailliage  roy.il.  Magny,  qui 
n'était  alors  qu'une  juslice  seigneuriale,  lut  compris 
dans  son  ressort;  mais  il  eu  fut  distrait  eu  1505.  En 
1S76,  on  réunit  de  nouveau  cesdeux  villes  pour   ne 
faire  plus  qu'un  seul  b:iilliage;  mais  elles  formèrent 
toujours  deux  sièges  distincts,  (|ui  avaient  cliacun  un 
lieutenanl  de  bailli;ige  :  ces  deux  villes   n'eurent  de 
même  qu'une  seule  élection.  —  Au  xi'  siècle,  dans  la 
partie  basse  de  la  ville,  était  une  ancienne  église  dé^ 
diée  à  saint  Pierre,  avec  le  tilre  de  prieuré  :  il  y  avait 
encore  deux  autres  églises,  l'une  sous  le  liire  de  No- 
ire-Oanie,  l'antre  sihk  celui  de  Saint-Jean-Bapiisie  ; 
celte  dernière, siiuèe  presque  au  soinniclde  la  mon- 
tagne, dominait  la  ville  el  les  environs.  A   cjuelque 
dislance  de  la  ville,  on  voyaii  une  chapelle   appelée 
Caillnuel.  ^olre- Dame,  Saint-Jean  elCaillouet,élaient 
autant  de  dépendances  de  l'abbaye  de  Sl-Pierre.  On 
ignore  absolument  l'origine  de  cène  abbaye  :  on  voit 
seulement  qu'en  lO'jl,  Piiilippe  H' la  donna  à   l'ar- 
chevêque de  Kiluen  ;  Louis  le  Jeune   la   transféra  à 
l'alib.iye  de  Sainl-benis,  en  114.T,  l'église  éiait  alors 
desservie  par  des  chanoines.  L'abbaye    de  Si-Denis 
convertit  celledeSainl-Pierreen  prieuré,  y  envoya  12 
relii;ieiix   ei  lit   rebâtir  l'église.  —  Indépendamment 
du  prieuré  de  Saiul-Pierre,  il  y  avait  encore  à  Chau- 
monl  deux  paroisses  ;  un  couvent  de  Récollets  ;  un  de 
Trinitaires  à  Caillouel,  et  l'église  Sain  -Jean,  qui  est 
devenie  la  seule  paroisse  depuis  la  nouvelle  distri- 
bution du  territoire  f'-ançais. — Sur  la  première  pa- 
roisse, du  litre  deSaini-M3riin,se  trouvait  un  prieuré 
fondé   en  1181K  Dan^  l'élendiie  de  celle  del'Aillerie, 
à  l'exirémiiéet  hors  les  limites  de  la  vilie,  on  voyait 
un   antre  prieuré  fondé  vers  le  milieu  duxi'  siècle; 
le  prieur  était   pairon  de  l'église  p  iroissiale.  On  y 
voyait  iiussi  un  bôpiial  de  Saint-Antoine,  i|ui,  auxiii* 
siècle,  élait  desservi  par  des  frères   et  un  chapelain. 
Un  accord  de  l'iOi    porie  que  le  chapelain  fera  ser- 
ment de  fidélité  au  prieur,  comme  patron  de  la   pa- 
roisse, et  au  piéire  qui  la  desservira;  que  ce  prêire 
visitera  les  malades,  les  confessera  el  inhumera  dans 
ré^li«e  des  moines,  qui,  de  leur  côté,  s'engageaient, 
lors  des  funérailles,  à  faire  sonner  leurs  cloches  sans 
réiributinn.  Cet  bôpiial  fui  plus  lard  desservi  parles 
sœurs  du  tiers  ordre  de  Saint-François;  enfin,  il  y  avait 
sur  la  même  paroisse  une   léproserie,   nommée  hô- 
pital de  Saini-Lazare:  cette  léproserie  fui  supprimée 
erilUyV.el  réunie  i  l'Hôiel-Dieu  de  Gisors.  — Les  Ré- 


colleis  s'éinblirent,  en  1G3G  ,  d'abord  dans  la  cha- 
pelle du  châieau  deChanmont,  et,  l'aiHiée  suivante, 
dans  le  couvent  qu'on  venait  de  leur  bàiir.  —  Jacques 
Doublet,  moine  de  Sa ini-Deiiis  et  prieur  de  Saini-Pierre 
de  Chaunionl,  fonda  les  Triniiaires  à  Caillouel,  en 
159!)  ;  ils  démolirent  l'ancienue  chapelle,  et  en  élevè- 
rent une  antre  sur  le  même  emplacenit  ni,  S"us  le 
tilre  de  ^olre-lJame  de  Bonne-Espérance.  —  Il  paraît 
qu'anciennement  la  ville  de  (jhiun.oiil  eui  pour  sei- 
gneur>jusiicierslesabbésde  Saint-Pierre.  On  ne  peut 
lixer  l'époque  où  ellecnmmença  à  eu  avoir  de  laïques  ; 
mais  au  xvii«  siècle,  le  duc  de  Longueville  en  élait 
seigneur.  Cependant  le  domaine  de  celle  seigneurie 
ne  fui  jamais  aliéné  ni  démemliré  de  la  couronne  , 
mais  seulement  engngé  très  anciennement.  —  Cette 
ville  renferme  des  fabriques  de  dr^tps,  ilenlelles, 
éventails.  On  y  trouve  des  fours  à  chaux.  —  Son  com- 
merce est  eu  grains,  bois,  foui  rages,  draperies,  etc. 
Il  s'y  lent  deux  fnires  par  année  :  la  première  le  12 
mai,  el  la  seconde  le  6  décembre;  celte  dernière  est 
consiiléiable  pour  la  vente  des  chevaux  et  autres 
besiiaux.  Le  marché  a  lieu  le  jeudi  de  chaque  se- 
maine. —  Les  principales  productions  des  environs 
de  Chaunionl  sont  en  grains  ;  une  partie  de  son  ter- 
roir est  en  prairies  et  bois. 

Le  cliàieaii  de  Beitichères.  à  2  kil.  ouest  de  Chau- 
nionl, est  placé  dans  une  belle  «iuialion  sur  la  ri- 
vière de  Troe^ne.  On  ne  connaît  pas  l'éiioque  de  sa 
fondation;  m;iis  sa  conslrnciion  bizarre,  la  tour  an- 
ti  iue  formant  l'un  de  ses  angles,  et  le  donjon  qui  oc- 
cupe le  centre  de  cet  édilice,  déinontrenl  assez  que 
son  oiigine  remonte  à  une  époque  irès-recu'èe.  On 
sait  qu'il  a  :ipparlei.u  longtemps  aiixcomies  de  Cliau^ 
mont,  ensuite  aux  ducs  de  Lon::ueville,  puis  aux 
princes  de  Conti.  On  voit  près  de  ce  cliiiieau  une  cha- 
pelle dite  de  St-liiUrope,  où  se  fait  tous  les  ans,  au 
30  avril,  un  pèlerinage  qui  atlire  un  grand  concours 
de  monde. 

I  Chaunionl  ,  ville  du  diocèse  de  Langres,  chef- 
lieu  de  préfecture  du  déparlemenl  de  la  Haute- 
Marne,  avec  un  tribunal  de  première  instance  res- 
so^li^sant  à  la  conr  royale  de  Dijon,  el  un  c<dlége 
communal.  L'arrondissement  renferme  198  com- 
munes el  17,295  habiianis.  11  est  divisé  en  dix  can- 
tons, Andelot,  Arc-en-Barrois,  Bourmnnl,  Chateau- 
villaiii,  Chaumonl  ,  Jnzenneconrt  ,  Nogeni-le-Roi, 
Saini-Blin  el  Vignory.  Cliaumoni  esl  à  84  kil.  sud- 
est  deTroyes,28  nord-nord-oiiesi  de  Langres,  et  196 
est- sud-est  de  Paris.  Celte  ville  se  présente  dans 
une  situation  agréable,  sur  le  penchant  d'une  colline 
assez  olesée,  au  pied  de  laquelle  coule  la  Suize,  à 
1  kil.  du  coniluent  de  cette  rivière  avec  la  Marne 
Llle  est  généralement  bien  bâiie;  les  rues  sont  lar- 
ges, propres  et  bien  percées;  quelques-unes  cepen- 
dant sont  tiès-escarpéeset  de  difficile,  accès.  La  par- 
tie la  plus  élevée  de  celte  ville  esi  entourée  de  jolies 
promen. des;  celle  qui  esl  bàlie  en  ampbahéàlre, 
sur  le  pencliant  de  la  colline,  se  présenie  sous  un  as- 
pect agréable  el  pittoresque.  Ciiaumout  offre  peu  de 


*M 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAI'IHE  ECCLESiASTIQLE. 


monuments  dignes  de  curiosité  :  on  n'y  remarque 
que  l'église  qu'occupaient  les  carmélites  et  celle 
du  collège,  dont  le  portail  serait  plus  digne  d'iitien- 
tion,  t>'il  était  moins  surchargé  d'ornemenis.  L'hô- 
tel de  ville,  d'arcbiteclure  modurne,  sa  disiitigne  par 
l'élégance  de  sa  conslmciion.  —  Celte  ville  n'était 
anciennement  qu'une  faible  bourgade,  défendue  par 
un  château,  qui,  après  avoir  eu  ses  seigneurs  parti- 
culiers, passa  aux  comies  de  Champagne.  Ceux-ci 
en  firent  une  maison  de  plaisance;  ils  rendaient  fui 
et  hommage  pour  celle  seigneurie  aux  évêques  de 
I.angres.  Ce  domaine  fut  depuis  réuni  à  la  couronne, 
comme  toute  la  Champagne.  Louis  XII  lit  entourer 
Chaumontde  murailles;  François  l*' et  Henri  II  y 
ajouièreni  plusieurs  bastions  et  un  large  fossé;  mais 
de  toutes  ces  fortifications  il  ne  reste  plus  que  quel- 
ques ruines.  En  1811  il  s'y  est  conclu  un  traité  entre 
les  alliés,  pour  lenverser  Napnléon.  —  Il  y  avait 
dans  cette  ville  un  collège  de  jésuites,  doni  l'église, 
d'une  belle  architecture,  fut  bâtie  en  IC30;  un  cou- 
vent de  carmélites,  avec  une  église  magnifique,  dont 
le  plafond  était  orné  de  peintures  et  l'hôtel  conslmil 
en  marbre  jaspé.  Le  chapitre,  dédié  à  saint  Jean, 
était  composé  d'un  doyen  et  de  quatre  chanoines. 
L'église  collégiale  était  la  seule  paroi>se  de  la  ville. 
A  une  lieue  de  Chaumont,  près  la  rive  gauche  de  la 
Marne,  se  trouvait  un  monastère  du  Val-des-Eco  ■ 
fiers.  Tous  les  sept  ans  ,  le  jour  de  la  Saint-Jean, 
on  y  laisail  un  pèlerinage,  qu'on  appelait  la  Diable- 
rie de  Chaumont.  Ce  nom  venait  de  ce  qu'un  grand 
nombre  d'habiianis  ,  revêtus  d'habits  à  la  ma- 
nière dont  on  peint  les  diables,  couraient  dans  la 
compagne  à  3  licies  à  la  ronde,  exigeant  de  tous 
ceux  qui  se  rendaient  à  la  fêle  une  pièce  d'argent, 
pour  aider  à  en  faire  les  frais.  Cette  contribution, 
d'abord  volontaire,  devint  en»uiie  forcée,  et  fut  le- 
vée quelquefois  avec  violence.  Le  jour  de  la  fêle 
étant  arrivé,  on  représentai  sur  plusieurs  théâtres, 
bien  ornés,  toutes  les  actions  de  la  vie  de  saint  Jein; 
et  pendant  que  les  acteurs  jouaient  leurs  rôles,  le 
clergé  de  la  ville,  en  procession,  passait  devant  tous 
ces  théâtres,  et  retournait  ensuite  ^i  l'église,  où  les 
visiteurs  gagnaient  des  indtilgences  plénièret.  On 
voyait  dans  toutes  les  églises  des  confesseurs  qui 
écoutaient  les  pèlerins  à  la  confession.  On  y  accou- 
rait même,  par  cnrios-iié,  de  ùO  à  40  lieues.  Cette 
fête  durait  neuf  jours. Comme  il  s'y  commetiait  beau- 
coup de  désordres,  on  la  supprima  vers  l'an  1700. 
—  La  population  de  Chaumont  s'élève  à  8000  hab. 
environ;  elle  est  très-industriruse.  On  trouve  dans 
celle  ville  des  fabriques  de  bas  de  laine  drapés,  à 
l'aiguille,  de  gants  de  peau,  de  serges,  de  drognets  et 
draps  communs.  Les  gants  sont  très-recherchés,  à 
cause  de  l'apprêt  et  de  la  beauté  des  couleurs.  Il  y  a 
aussi  des  filatures  de  colon  et  de  laine,  des  tanne- 
ries, corroieries,  mégisseries  ;  des  blanchisseries  de 
cire  et  des  fonderies  de  chandelles  ei  de .  bougies, 
dont  on  fait  des  envois  considérahles  à  l'élranger, 
dans  les  déparlements  euvironHants,  et  même  à  Pa- 


ssa 

lis.  Son  territoire  nourrit  beaucoup  do  moulons;  il 
reofei  me  deux  mines  considérables  et  plusieurs  for- 
ges. —  Sun  principal  cominirce  est  eu  fers,  eaux- 
de-vie,  et  différents  produits  de  son  indnsir  e.  Son 
territoire  produit  peu  de  grains  el  beaucoup  de  vins. 

—  Celle  ville  a  vu  naître,  en  1G98,  Edme  Boiichar- 
don,  célèbre  sculpteur.  Il  fut  envoyé  à  Rome  aux 
frais  de  l'Etat,  et  remporta  le  prix  à  l'académie  en 
1722.  Paris  compte  les  ouvrages  de  cet  artiste  au 
nombre  de  ses  plus  précieux  ornements.  —  Jacques 
Caulbier,  anlii|uaire,  mort  en  1658.  —  Pierre  la 
Moine,  qui  naquit  en  lû02,  et  mrmrul  jésuite,  à  Pa- 
ris, le  2-i  août  I67"2.  Il  est  principalement  connu 
par  ses  poésies  fraiiç.iises,  recueillies,  en  1671,  en 
1  vol.  iii-fol.  —  Michel  Monleclaire,  musicien  et 
compositeur,  mort  en  17ô7. 

Calidus  vel  Calvus  Sloiiiieiilus,  Chauroonlel,  pa- 
roisse de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  maintenant  de 
celui  de  Versailles,  canton  de  Lnzarches,  arrond.  de 
Ponloise,  Seine-et-Oise,  à  58  kil.  de  Versailb-s,  H 
lie  Gonesse,  1  kil.  nord  de  Luzarches,  et  27  nord  de 
Paris.  Sa  situation  au  bas  d'une  côte  et  sur  le  ruis- 
se.iu  de  Luze,  qui  y  fait  tourner  un  moulin,  est  des 
plus  avantageuses.  On  voit  sur  ce  ruisseau  un  pont 
sur  lequel  passent  les  voitures  qui  vont  à  Chantilly. 

—  La  pop.  de  Chaumoniel  est  de  380  h;ib.  env.  — 
Ce  que  l'on  peut  produire  de  plus  ancien  louchant 
ce  village,  est  qu'on  le  voit  dénommé  parmi  les 
biens  de  l'ahhaye  de  Montmartre,  dans  une  bulle 
d'Eugène  III,  de  l'an  1147,  en  ces  termes  :  Cnpellam 
vnam  in  Calvo  Monliciilo,  cum  (eudo  Pagani  France- 
bise.  Les  auteurs  des  pouillés  de  Paris,  des  xvi«,  xvii« 
et  xviii^  siècles,  ont  appelé  ce  lieu,  en  latin,  Calidus 
Mons,  el  en  français,  Chaumont.  Quelques  titres  du 
XIII'  siècle  le  nomment  aussi  Calidus  Mons.  Dans  la 
carte  des  environs  de  Paris,  donnée  par  l'académie 
des  sciences,  il  est  écrit  Chamonial.  —  L'église  de 
Chaumontel  est  fort  petite  :  on  y  aperçoit  encore 
dans  le  chœur,  du  côté  méridional,  un  pilier  dont  la 
construction  annonce  le  xiii*  siècle.  Elle  fut  dédiée 
sous  le  titre  de  la  Sainte-Vierge,  le  H  octobre  1528, 
par  François  Poncher,  évêque  de  Paris.  —  Au  côié 
gauche  du  chœur,  on  lisait  cette  inscription  en  petit 
gothique,  sur  une  tombe  au-dessus  de  laqurlleélaient 
représentés  deux  écuyers  :  Cy-gist  Oudari  de  Ber- 
ckeires  estuyer  qui  trespassa  l'an  de  grâce  m.  ccc. 
Lxix,  le  xxviii*  jour  d'avril,  l'riez  Dieu  pour  l'ame 
de  lui.  Ci-gisI  Jean  de  Bercheirrs,  fils  dudil  Oudart 
qui  ires^passa  l'an  M.  cccc  el  douze  ,  le  vendredi  après 
In  Toussaiitl.  Priez  Dieu  ponr l'ame  de  /i/i.  Ces  écuyers 
av.iienl  sur  leur  chaperon  ou  haubert  quatre  oisea-ix 
figurés,  deux  de  chaque  côté.  —  On  voyait  au  même 
lieu  celte  autre  épiiapbe  :  Cy-gist  Bonaventure  de  la 
Chaussée  sieur  du  Boucheau  qui  décédi  le  7  mars  1613. 

—  Dans  la  chapelle  de  Saint-Claude,  au  côiéseplcn- 
irional  du  chipur,  se  lisait  sur  une  antre  tombe  l'in- 
scription suivante  :  Cy-gissent  maisire  Jehan  Tronçon 
en  son  vivant  sei;ineur  deChaumonti'l  eiClaude  de  Fi- 
chefiain  su  femme.  —  La  nomination  à   la  cure  de 


2!,3 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  8S4 


celle  paroisse  appartenaii  au  cliapiire  de  Liizarclies, 
d'après  un  irailé  de  1233,  passé  emre  ce  chapitre  et 
les  liahiiants  de  Chaumonlel,  lorsque  ceux-ci  de- 
mandèrent l'éreclion  en  paroisse  de  leur  église,  qui 
ët:iitsur  le  territoire  de  celle  de  Luzarelies.  Ce  ira'ié 
portail  que  la  nouvelle  église  payerait  au  curé  de 
LuzarcheslO  liv.  par  an,  en  quatre  p.iyemenis  de  10 
liv.,  qui  devaient  se  faire  à  Noël,  à  Pâques,  à  la 
Penieeôte  et  à  la  Toussaint,  et  que  le  nouveau  curé 
et  ses  successeurs  se  rendraient  processionnelle- 
ment,  avec  les  paroissiens  à  l'église  de  Luzarclies, 
]  our  y  assister  à  la  proces-ion  du  dimanche  des  Ra- 
meiiix  et  à  celle  du  jour  de  l'Ascension.  —  Ce  vil 
lage,  comme  ou  l'a  vu,  apparlemiit  anciennement  à 
l'abhaye  de  Monimarire.  L'abbes=e  Elisabeth  céda, 
vers  1180,  le  lief  et  la  ch;i|iel!e  à  Constance,  com- 
icîse  de  Toulouse,  qui  avait  donné  au  couvent  de 
Monimartre  la  somme  de  100  I.  et  20  sols  de  rente  an- 
nuelle, pour  la  fondation  de  l'anniversaire  de  Guil- 
laume, son  fils.  Les  autres  anciens  seigneurs  de  Chau- 
niontel  sont  mentionnés  dans  quelques  cartulaires. 
On  voit,  dans  celui  de  Saint-Nicolas  île  Senlis,  à  l'an 
1256,  un  Gerardus  df  Chaumonlel  miles;  dans  celui  de 
l'abbaye  du  Val,  est  nommé  Nicolas  de  Cliauinontel, 
chevalier,  vers  l'an  1297.  Ou  lit  aussi,  dans  le  Gallia 
Christiana,  à  l'article  de  l'abbaye  d'Hérivaux,  que 
Pierre,  MiltideCalido  J/uiKi;,  availdonné,avantl258, 
à  celte  abbaye,  une  redevance  en  blé  qu'il  avait  dai;s 
le  moulin  de  Glunie.  Au  commencement  du  xvi'  siè- 
cle, celle  seigneurie  appartenait  à  la  famille  de  Sou- 
cbay.ely  resta  jusque  vers  l.'iSl.  Pierre  Mercier,  pro- 
cureur, était  seigneur  de  celle  terre  au  temps  de  la 
rédaction  de  la  coutunv  de  Paris  en  1580  ;  puis  Je  in 
Tronçon,  dont  on  a  rapporté  l'épitaphe  ;  après  lui, 
Jean  l'Ecuyer,  décédé  en  1680  :  etenlin,  après  quel- 
ques autres,  le  prince  de  Condé  la  posséda  dans  le 
dernier  siècle.  Le  château  est  entouré  de  fossés  rem- 
plis d'eau  vive.  —  Le  terroir  de  celte  cominnne  est 
en  terres  labourables  ;  une  partie  est  en  bois. 

Calniaca  vel  Caroli  l'aima,  la  Chaussée  ,  paroisse 
de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  à  présent  hameau  de 
celui  de  Versailles,  commune  de  Bougival,  canton  de 
Marly-le-Koi,  arrondissement  de  Versailles,  Seine- 
et-Oise.  Il  doit  son  origiiie  à  une  pêcherie  que  lit 
construire  dans  la  Seine  Charles  Mariel,  et  qui  en 
817  fut  donnée  par  Louis  le  Déhonnaireau  monastère 
de  Saint-Gerniain-des-Prés.  Il  s'appelait  alors  Caroli 
Vanna,  Charlovanne.  Connu  dés  le  iï'=  siècle  sous  le 
nom  de  Chnrlevanne,  ce  hameau  était  fort  considé- 
rable. Il  est  situé  sur  le  bord  de  la  rivière,  et  on 
trouve  dans  l'hisioire  que  ce  fut  dau";  ce  lieu  (|ue  les 
Normands,  qui  avaient  remonté  la  Seine,  opérèrent 
un  dél)ar(|ueMieni  en  846.  Le  roi  Charles  le  Chauve 
accourut  pour  les  combattre  et  les  repousser.  A.  son 
approche,  les  Normands  se  retirèrent  en  effet  et 
repassèieni  de  l'iiutre  côté  de  la  Seine,  à  l'endroit 
OÙ  se  trouve  maintenant  Chatou. 

Le   continuateur  i!e  Nangis   nous  apprend  qu'en 
^&4'$  |c$  Anglais  s'emparèrent  à  leur  tour  de  Cbarle- 


vanne.  il  ajoute  que,  fidèles  au  système  de  dévasta- 
tion qu'.ls  avaient  adopté  en  France,  ils  le  pillèrent 
et  le  bridèrent.  Nos  rois  avaient  de  grands  vignobles  à 
Cliarlevaene;  le  vin  en  était  fort  estimé,  et  ils  le  fai- 
saient conduire  à  Poissy.  Il  y  avait  à  Charlevanne  une 
maladrerle  où  quinze  paroisses  avaient  le  droit  de 
placer  leurs  malades;  ce  qui  fiit  supposer  qu'elle 
était  une  des  plus  riehes  du  royaume;  dans  la  suite 
des  temps,  elle  fut  iraiisforoiée  en  conimnn.<ulé  reli- 
gieuse, dont  la  chapelle  existait  encore  à  la  fin  du 
xvi^  siècle  sous  l'invocation  de  sainte  Mi.dèleine, 
elle  a  é'é  détruite  depuis.  On  ignore  pour  quel  motif 
et  à  quelle  époque  ce  liameau  a  perdu  son  nom  de 
Charlevanne  p'ur  prenire  celui  de  la  Chaussée,  sou^ 
lequel  il  est  maintenant  connu.  Peut-être  est-ce  de- 
puis qu'il  a  été  brûlé  par  les  Anglais. 

Calniacum,  Cliauny,  petite  ville  de  l'ancien  diocèse 
de  Noyon,  à  présent  de  celui  de  Soissons,  chef-lieu 
de  can'.on  de  l'arrondissemeni  de  Laoïi,  Aisne,  à  24 
kiloniéires  nord  de  Sois<ons,  15  est  de  Noyon,  26  de 
Lao  I,  et  lot  de  Paris. —  La  seigneurie  directe  de  la 
vi!le  dépendait,  avant  la  révolution,  du  m:irquisal  de 
Guiscard,   ei  en   faisait   partie.  Celle  ville  avait  le 
litre  de  chàieau  royal.  Elle  est  siiuée  dans  une  belle 
plaine,  à  l'embranehenient  du  canal  de  St-Quentiii  , 
sur  la  live  droite  de  l'Oise,  qui  commence  à  y  être 
navigable,   et  qui    forme  en   cet   endroit  une  île, 
dans   lai|uelle   se   trouve  compiise   la  moitié  de  la 
ville.  0 ::ire  deux  paroisses,  api  elées  Noire-Dame  et 
Saint-l'ierre,  on  y  comptait   plusieurs  maisons  reli- 
gieuses, Minimes,  Cordelières,  Filles  de  la  Croix,  et 
un  collège.  Il  y  avait  un  llôiel-Dieu  ei  un  hôpitul 
pour  24  orphelins.  C'était  le  biége  d'un  bailliage 
ri>yal   qui  ressoriissail  au  pailemenide  Paris,  et  au 
présidial  de  Laon,  dans  le  cas  de  l'édil.  On  y  suivait 
une  coutume   particulière,  qui  dépendait  de  ce'le  du 
Vermandois  ;  les   maires  et  échevin-.  commandants 
dans  la  place  en   l'absence  du  gniiverneur,  étaient 
juges   au  civil   et  au  criminel,  dans  l'étendue  des 
ville,  faubourgs  et  banlieue;   les   appellations   de 
leurs  jugements   ressortissaient  au  bailliage.  Il  y 
avait   encore  une  juridiction   loyale   de   la  police, 
une  maîtrise  des  eaux  et  forêts  et  une  subdéicgalion. 
Chauny,  dont   la  population  est  de  4600  h.ibitants, 
eu   commerçant  au  moyen  du   pont  de  pierre  sur 
l'Ois  •.  Cei  endroit  e>t  le  dépôt  des  glaces  de  Sl-Go- 
bain,  qu'on  embarque  sur  l'Oise  lour  Paris  :  il  y  a 
une   machine  hydraulique  pour  les  polir.  Celle  ville 
a   une   grande  réputation   pour  le  blanehis.-age  des 
li.iles  demi-Hollande.  Le  commerce  de  Chauny  con- 
siste en  grains,   bois,  cidre,  huile,    bonneterie  en 
laine,  chevaux,  etc.;  il  y  a  des  f;i briques  de  toiles, 
treillis,  chaussons  de  laine  tricotés,  filatures  de  colon, 
t:inneries.  Il  se  tient  dans  celte  ville  une  foire  consi- 
dérable le  29  août,  et  nn  marché  franc  le  1«'  mardi 
de  chaque  mois.  Le   fau;eux  vacher  de  celle  ville, 
appelé  Toul-le-Mvnde,  vivait  sous  Henri  IV;  souveni 
ce  prince  s'aniu>ait  de  ses   ingénuités.  Il  en  avail 
fjil  ciinnaissance    d'une   manière  assez    plaisante. 


255 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


256 


Henri  IVsepronienail  avec  Sully,  lorsqu'ils  reiiconlré- 
reiil,  pourh  première  fois,  ce  berger,  porlanl  à  sa  mai» 
une  paire  de  souliers  neufs  qu'il  venait  d'acheter. 
<  Mon  ami,  lui  dit  le  roi,  combien  te  coûtent  ces  sou- 
liers?—  Devinez,  dit  le  paysan. — Cinq  sous. — 
Vous  en  avez  menti  d'un  carolus!  — Comnient, 
malheureux!  lu  ne  sais  donc  pas  que  lu  parles  au 
roi?  s'écria  Sully.  —  Le  diable  vous  emporte  si  j'en 
savais  quelque  fhosi>  !  >  répondit  le  berger  sans  se 
déconcorler.  —  Cliauny  est  la  patiie  :  1°  de  Bona- 
veniure  Racine,  né  en  17U8,  mort  à  Paris  en  1755. 
Il  est  auteur  d'un  Abrégé  de  l'Iiisioire  ecclésiastique, 
13  vol.  in-12,  ouvrage  éctil  dans  les  idées  les 
pins  prononcées  du  jansénisme.  2°  De  Vreviii,  cé- 
lèbre avocat  de  Paris,  et  inaiire  des  re  luêtcs  de  la 
reine  Marguerite.  5°  De  Charles  Vitasse,  docteur 
et  professeur  de  Sorbmine,  né  en  1660,  nurt  en 
1716.  On  a  de  lui  des  Leires  sur  ta  Pàqiie  et  un 
Examen  de  l'édition  des  Conciles,  du  P.  Hardoi]in,etc. 
Campania,  la  Ch  inipagne  ,  ancienne  province  de 
Fraiii  e.  —  La  Champ.igne  était  habiiée  du  temps  des 
Romains  par  les  Rémois  ,  par  les  Trécasses  ou  Tri- 
cassiniens,  par  les  Meldes,  les  Lingons  et  les  Sé- 
nonais,  et  faisait  partie  des  Gaules  celti(pie  etbel- 
gique.  On  ne  peut  pas  assurer  précisémeni  quel  fut 
le  gouvernemeiit  de  cetie  province  sous  bs  premiers 
Franks  ;  niai>.  il  y  a  beaucmip  d';ipparence  qu'elle  eut 
des  seigneurs  partiuuliers.  Dans  le  partage  du  royau- 
me que  lirent  les  enfants  de  Clovis  ,  la  Champagne 
fil  partie  de  celui  d'Austrasie  ,  dont  .Meiz  é  ait  la 
capitale.  Grégnire  de  Tours  ,  Flodnard  el  quelques 
autres  hisloiiens  rennininenl  ([u'elle  fiil  gouvernée 
p.ir  six  ducs,  avant  que  de  l'élre  par  les  connes.  Il 
fait  nieniion  de  Loup,  qui  en  é;ail  duc  l'an  370,  el 
i!ui  par  sa  fidélité  coiiiribua  beaucoup  à  mainienir 
Childebert  dans  la  po-session  de  ses  Eia  s,  malgré 
les  efforlsd'Ursion  et  de  Uei/.froy.  Qiiiuliio  ou  Win- 
Irio  lui  succéda  ,  et  la  reine  Brm.eliaut  le  lit  mourir 
ïu  597.  Jean  ,  fils  de  Lnup,  fut  le  iro  siéme  duc  de 
f^liani|pagne  ,  selon  Flodnard.  Il  vivait  l'an  600  ,  et 
P.iMiiulphe,  son  frère,  était  arclievèi|U^"  de  Remis. 
Wiinarl  lut  le  quatrième  sous  le  règne  de  Childeric, 
roi  d'Au=irasie  et  flU  de  tlnvis  II.  Il  mourut  vers  l'an 
680.  Dreux,  fils  aîné  de  Pépin  d'Ilerisial,  maire  tlu 
palais,  lui  succéda  vers  l'an  696  ,  ei  mourut  l'an 
708.  Grimoald,  frère  de  Dreux,  fut,  selon  quelques- 
uns,  le  sixième  el  dernier  duc  de  Champagne.  Il  mou- 
rut l'an  714.  A  ces  ducs  succédèrent  les  comtes  pa- 
latins héré.litaires  cl  pairs  de  France.  Les  premiers 
sont  connus  sous  les  noms  de  coniies  de  Trnyes,  de 
Meaiii,  de  Chartres,  de  Blois  et  de  Tours.  Ils  étaient 
si  puissants  qu'ils  souienaient  des  guerres  contre 
les  empereurs  ,  les  rois  de  France  et  de  Bourgogne. 
Quelques  historiens  prétendent  que  le  premier  de 
ces  comtes  fut  Herbert  II*  du  nom,  coniic  de  Ver- 
mandois;  mais  l'opinion  la  plus  reçue  ne  fait  com- 
mencer les  comtes  qu'à  Robert ,  fils  d'Herbert  et 
d'Hildebrande,  qui  eut  en  partage  les  biens  rie  son 
père,  qui  étaient  situés  en  Champagne  el  on  Brie,  II 


s'empara  en  l'an  958  de  la  ville  de  Troyes ,  et  en 
chassa  l'évéque.  11  épousa  Alix  de  Bourgogne,  dont 
il  eut  trois  enfants  :  Herbert ,  qui  mourut  avant 
son  père  ,  Archambaud  ,  qui  fut  archevêque  de 
Sens,  et  Adélaïde,  qui  épousa  Lambert,  comte  de 
Chàlons-sur-Saône.  Robert  mourut  l'an  958  ;  Her- 
bert ,  son  frère ,  lui  succéda.  Il  se  qualifiait 
comie  de  Troyes  et  de  Meaux  ,  el  épousa  Ogive 
d'Angleterre,  fille  d'Edouard  le  Vieux,  roi  d'An- 
gleterre, et  veuve  du  roi  Charles  le  Simple.  Il  y 
a  des  liisioriens  qui  disent  qu'il  en  eut  un  fils  ap;  elé 
Etienne  qui  lui  succéda  ;  et  d'autres  assurent  qu'il 
mourut  sans  enf.nits  l'an  995.  Tliibaud  I"',  sur- 
nommé le  Vieil  et  le  Tricheur ,  paice  qu'il  vécut 
longtemps  el  qu'il  élail  fort  rusé,  lui  succéda  du  chef 
diLaidegarde,  fille  d'Herbert  de  Vermandois  et  sœur 
des  deux  précédents  comtes  de  Champagne.  Ce 
Thibault  éiait  fils  ,  selon  quelques-uns,  de  Gerloiid  , 
prince  normand  ;  mais  d'autres  assurent  que  sa  nais- 
sance était  liés  médiocre.  On  ni-  saii  point  en  quel 
temps  il  mourut;  mais  il  laissa  deux  fils  qui  fuient 
successivement  cumies  de  Troyes,  de  .Meaux,  etc. 
Etienne,  premier  du  nom,  éiait  l'ainé,  et  étaut  mort 
sans  enfants,  Eudes  ou  Eon,  son  frère,  lui  succéda. 
Oui  re  les  litres  et  les  seigneuries  de  son  (ère  et  de  son 
frère,  il  fut  encore  seigneur  de Sancerre  par  l'échange 
qu'il  fil  d'une  partie  du  comté  de  Beauv.iis  avec 
l'évêiiue  Rogei.  On  le  surnoiMna  le  Champenois  , 
parce  qu'il  s'empara  d'une  partie  de  la  Champ;. gne 
et  de  la  Brie.  Robert,  roi  de  France  ,  prétendit  réu- 
nir ce-  comtés  à  la  couronne  par  droit  de  réversion  ; 
Mais  Eudes  se  conserva  dans  la  possession  de  ces 
comtés.  Henii,  premier  du  nom,  ayant  succédé  à 
Robert,  voulut  faire  valoir  les  inênies  prétentions, 
et  fit  la  guerre  à  Eudes,  qui  fut  défait  dans  Irois  ba- 
tailles. A  peine  ce  dernier  lui-il  un  peu  remis  de  ces 
pertes,  qu'il  iléclara  !a  guerre  à  l'empereur  Conrad  , 
sous  prélexle  de  quelques  prétentions  qu'il  avait  sur 
la  Bourgogne.  L'empeieur  le  défii,  et  lui  pardonna  ; 
mais  comme  Eudes  était  né  remuant,  il  entra  à 
main  année  en  Lorraine  ,  où  il  fut  tué  par  Gosselin 
oa  Goss>  Ion,  dans  une  bataille  donnée  près  de  Bar 
l'an  1037.  Il  n'avait  point  en  d'enfants  de  Maliaud  , 
fille  de  Richard,  duc  de  Normandie  ,  sa  première 
femme;  mais  il  eut  trois  fils  d'Herraengarde  d'Au- 
vergne, sa  seconde  (emiiie,  el  soeur  de  Constance  , 
femme  du  roi  Robert.  Ces  fils  furml  Etienne  el  Thi- 
bault ,  qui  lui  succédèrent  l'un  après  l'autre,  et 
Hugues  ou  Hues,  qui  fut  archevêque  de  Bourges. 
Etienne  refusa  de  faire  hommage  au  roi  Henri,  parce 
que  ce  prince  n'avait  point  secouru  son  père  dans 
la  guerre  qu'il  avait  soutenue  contre  l'empereur  ; 
mais  il  y  fut  contraint  par  lorce.  Il  laissa  mi  fils 
nommé  Eudes ,  à  qui  son  oncle  Thibault  enleva  la 
succession  de  son  père.  Thibault,  second  du  nom, 
succéda  à  son  frère  Etienne.  Il  portait  auparavant 
le  nom  de  Thibault,  iroisième  du  nom, comte  de  Blois, 
de  Chartres  et  de  Tours.  Il  fut  le  premier  qui  prit 
le  litre  de  comie  de  Champagne,  que  ses  successeurs 


257 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


2.8 


oui  depuis  retenu.  H  se  mil  .lussi  sous  la  protectiuii 
de  l'empereur  Henri ,  et  prit  la  qualité  de  palatin. 
Du  Gange,  dans  ses  notes  sur  Joinville,  pi  étend  que 
ce  fut  a  cause  que  le  comte  de  Champagne  exeiçaii 
sa  juridiction  sur  les  officiers  du  paLiis  ilu  loi,  au 
lieu  que  les  autres  comtes  rendaient  la  justice  dans 
les  villes.  Il  refusa,  de  nicmc  que  son  frère  Etienne, 
de  faire  hommage  an  roi  ;  mais  ou  sut  bien   l'y  (d)li- 
ger.  Il    épousa  en    premières  noces  (iertrude,  (il le 
d'fluben,  surnommé  Eieille-chien,  ciimtc  du  Mans  ; 
mais  il  la  répudia  pour  épouser  Alix  de  Crespy  et  de 
Bar-sur-Aube.   Il   eui  de  ceile  dernière  quatiefils, 
Henri ,  surnomme  ttienne  ,  comte  de  Chartres  ,   <\a 
Blois  et  de  Meaux;  Eon  ou  Eudes,  comte  de  Troyes; 
Hues  ou  Hugues,  (|ui  su(  céda   à  son  Irère    Eon  au 
comté  de  Troyes  ;  et  l'hilippe,  évêque  de  Cliàlons. 
Quelques  historiens  disent  qu'il  lai>sa  tous  ses  Klals 
à'  Henri,  son   fi's    aine  ,  qui  mourut  au   deuxième 
voyage  qu'il  fit  5  la  terre  sainte  ,  dans  une  baiaille 
qui  -e  donna  près  de  Rama  dans  la  Palestine.  D'au- 
tres  veulent    qu'Eudes  lui    succéda    au   comté    de 
Troyes,  mais  ils  conviennent  tousqu'Endesélantmort 
sans  pnsiéiité  ,   Huon  ou  Hugues  lui  succéda,  et 
épousa  Constance,  fille  du   roi  Philippe  l^',  de  la- 
quelle n'ay  int  poin"  eu  d'enlanls,  il  fut  séparé  sous 
prétexte  de  parenié.  Il  ép  usa  en  secondes  noces 
une   princesse  de  Lombard  e,   dont  i   fui  si  mécon- 
tent qu'il    la   qiiilia,   quoiqu'elle  fût  euceinle,  pour 
aller  à  .lérusalem,  où  il  se  fii  chevalier  du  Temple  , 
et  mourut  en  11 -2t).  Par  son  testament  il  déshérita 
le  prit. ce  Eudou  d«mt  sa  femme  était  accouchée,  et 
fit  son   héritier  Thibault,   trnisiènie  du   nom,    fils 
d'Henri ,  surnommé  Etienne,  et  petit-fiU  de  Thibault 
II,  comte  de  Tniyes  et  de  Meaux.  Thibault,  troisième 
du  nom,  surnommé  le  Grand,  fait  une  grande  figure 
dans  riiistoire  de  France.  Il  épousa  Mahaut,  filK;  de 
Baudouin,  comte  de  Flandre,  ou,  selon  d'antres,  fille 
d'Engelbert,  troisième  duc  de  Cariiitbie.  Il  mourut 
à  Lagny-sur-Marne  en  1151,  et  laissa  onze  enfants  : 
1"  Henri  l",  qui  fut  son  successeur  ;   2»  Thibault  , 
comie  de   Blois   et  grand   sénéchal  de  France  ;  5° 
Etienne  ,  seigneur  et  comte  de  Saneerre  ;  4°  Guil- 
laume, surnoninié  aux  blanches-mains  ,  archevêque 
de  Sens,  et  depuis  cardinal  et  archevê  |iie  rie  Ueims; 
5"  Hugues,   abbé  de  Citeaux  ;  6°  Agnès,  femme  de 
Renaud  de  Mousson  ;  7"  Marie,  femme  d'Eudes,  duc 
de  Bourgogne  ;  8»  tlisabeili,  femme  de   Boger  de 
Sicile,  duc  de   la   Fouille;!/  Mahaut,  femme  de 
Geoffroy  Hotroii,  comte  du  Perche;  10°  Marguerite, 
religieuse  à  Fontaine,  de   l'ordre  de  Fouievrault  ; 
11*  Alix  ,  troisième  lenime  du  roi  Louis  le  Jeune  et 
mère  de  Philipie-Auguste. 

Henri,  surnommé  le  Riche  et  le  Libéral ,  succéda 
il  sou  père  Thibault  le  Graml  au  comté  de  Cham- 
pagne en  1152.  Il  épousu  Marie,  fil'e  du  roi  Louis  le 
.leiinc  et  d'Aliénor  de  Guienne,  et  on  eut  Henri  II  , 
f,'ii  succéda  à  Thibault,  comte  de  Chartres,  de  Blois, 
t!o  Saneerre  ,  et  vicomte  de  Chàteaudun  ;  2°  Scolas- 
liiue,  f'inme  de  Guillaume,  comte  de  Vienne  et  de 


Màcon  ;  ô°  Marie,  femme  de  Baudouin,  empereur  de 
Constaniinople.  Henri  1"'  mourut  en  H.S0ouH8l, 
et  fut  inhumé  dans  le  chœur  de  l'église  colléj;iale  de 
S.iiht  Etienne  de  Troyes,  ([u'il  avait  fondée.  Henri  II, 
dit  le  Jeune,  juigiiit  à  la  qualité  de  comte  de  Cham- 
pagne ceile  de  roi  de  Jérusalem  du  chef  d'Isabeau,  sa 
seconde  femme,  fille  d'Amaury,  premier  du  nom, 
roi  de  Jérusalem  ,  et  veuve  de  Conrad  ,   marquis  de 
Moniferrat.  Il  eut  trois  filles  de  ce  mariage  :  Marie, 
morte   jeune;  Alix  ,   femme  de  Hugues  I*''',  roi  de 
Chypre;  ei  Piiilipole,  femme  d'Hérard  de   Biienne. 
Henri  11   n'avait  point  eu  d'cnfanis  d'Hermarièle  de 
Namur,  sa  preraicie  femme.  Ce  prince  mourut  à  Aire 
l'ail  ll'J",  éiant  tombé  d'une  fenêtre  dont  l'appui 
céda  sous  lui,  et  la  comtesse  de  Champagne,  sa  mère, 
mourut  de  douleur  en  apprenant  cette  niiuvelle.  Thi- 
baiili,  quatrième  du  nom  ,  succéda  à  Henri  II,  son 
frère.  Quelques  historiens  prétendent  que  le  coiiue 
Henri  l'avait  institué  son  héritier  ;  mais  d'autres  as- 
surent qu'il  usurpa  ce  com:é  pendant  l'absenie  de 
son  frère  ;  et  d'autres,  qu'il  en  traita  par  lettres  avec 
son  frère.  Il  fut  marié  avec  Blanche  ,  fille  de  dom 
Sanche  ,   surnommé  le  Sage,  roi  de  Navarre,  dont  il 
eut  une  fille   qui   mourut  fort  jeune  ,  et  un  lils  pos- 
thume niiminé  Thibault.  Thibault  IVmnurutau  mois 
de  mai  de  l'année  1207,  âgé  de  26  ans.  Thibault  'V  , 
surnommé  le  Posthune,  ou  le  Faiseur  de  chansons, 
fut  comte    de   Champagne  après  la   mort  de  son 
père,  et  rci  de  Navarre  après  celle  de  dom  Sanche 
le  Fort,  son  oncle  maternel,  qui  mourut  sans  en- 
fants.   Il   fut   déclaré    possesseur    légitime  de    la 
Champagne    par   un   arrêt   du  mois   de  juillet  de 
l'an  1221.  Ce  prince  se  trouva  d'abord  png;igé  dans 
la  révolte  qui  se  fit  au  commencement  de  la  minorité 
de  saint  Louis;  mais  il  quitta  ce  parti,  et  découvrit 
à  la  reine  le  dessein  des   révoltés,  et    surtout  celui 
qu'ils  avaient  formé  d'enlever  le  roi    saint  Louis  à 
Monilhéry,  qui  serait  tombé  entre  leurs  mains  sans 
les  avis  du  comte  de  Champagne   et  le  secours  de 
trois  mille  gentilshommes  qu'il  amena  avec  lui  ;  eu 
haine  de  quoi  le  duc  de  Bretagne,  chef  de  celle  ligue, 
assiégea  Troyes,   (|ui  fut  secourue   par  le  roi  saint 
Louis, et  les  factieux  furentobligés  de  lever  le  siège. 
Thibault  V   fut  marié  trois  fuis  :  la  première  avec 
Gcririide,  fille  d'Albert,   comte  de  Metz  et  d'Augs- 
bourg.  veuve  de  Thibault,  due  de  Loi  raine,  de  la- 
quelle il  fut  'éparé  à  cause  de  leur  parenté;  la  se- 
conde avec  Agnès  de  IJeaujeu,  fille  de   Gnichard,  et 
de  Ce  mariage  naquit  une  fille  appelée    Blanche  ;et 
la  troisième  fois  avec  Marguerite  de   Bourbon  ,  fille 
d'Archambaiid  VIII,  de  laquelle  il  eut  trois  garçons 
e!  trois  filles.  Il  mourut  à  Troyes  en   125^.  Ses  en- 
fants du  troisième  lit  furent  :  1°  Thibault,  qui  lui  suc- 
céda ;  2"  Henri,  surnommé  le  Gros,  comte  de   Ros- 
nay;  3"  Pierre  ou  Perron,  qui  mourut  en    bas  âge; 
4°  Aliénor,   morte   jeune;  5°  Marguerite  ,  mariée  à 
Henri,  fils  de  Matthieu  de  Lorraine  ;  6»  Béalrix,  se- 
coude  femme  de  Hues  IV,  duc  de  Bourgogne.   Quai:: 
à  Blanche,  qu'il  avait  eue  de  sa  seconde  femme,  elle 


DICTIONNAIRE  DE  GEOÔfeAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


iS9 

épousa  Jean,  du  le  Roux,  duc  de  Normandie.  Thi- 
bault VI,  ciiniie  de  Chaiiipagne  et  II»  du  nom,  roi 
de  Navaire,  épousa  Isabelle  de  France,  fille  de  saint 
Louis.  Elle  le  suivit  dans  ses  voyages  de  la  terre 
sain(e.  11  mourut  en  Sicile  en  1270.  Henri  III,  sur- 
nommé le  Gros,  lui  succéda.  H  épousa  Blanclie,  illle 
de  Kobert,  premier  comte  d'Artois,  et  nièce  de  saint 
Louis.  Il  n'en  eut  qu'une  fille  nommée  Jeanne,  qui 
l'ut  mariée  en  iiii,  à  l'ègede  treize  ans,  au  roi  Phi- 
lippe le  Bel,  auquel  elle  fil  donation  de  tous  ses 
Etats,  ei  mourut  en  i3(l-t.  Henri  III,  son  père,  était 
mort  à  Pampelune,  capitale  de  son  royaume  de  Na- 
varre ,  dis  l'an  iHi.  Louis  X,  fils  de  Philippe  le 
Bel,  ei  de  Jeanne,  reine  de  Navarre  et  comtesse  de 
Champagne,  n'ayant  laissé  qu'une  fille,  nommée 
Jeanne  de  Fiance,  sous  la  tutelle  d'Eudes  IV,  duc 
de  Bourgogne,  lerni  Philippe  V,  frère  du  roi  LouisX, 
se  mit  en  possessioii  de  la  Navarre  et  du  comté  de 
Champagne,  comme  ayant  été  unis  à  la  couronne  de 
France.  Jeanne  de  France  prétendait  au  conlraiie 
que  ce  comté  lui  appartenait,  parce  qu'étant  venu 
au  roi  Louis  X  par  Jeanne  de  Chanipagne,  sa  mère, 
ce  comté  était  transmissible  à  tous  héritiers,  tant 
mâles  que  femelles.  Il  fut  néanmoins  jugé  par  arrêt 
du  conseil  du  roi  que  ce  comté  étant  demeuré  uni 
à  la  couronne  pendant  plus  de  trente  années,  il  n'en 
pouvait  plus  être  démemhié,  ni  séparé.  Pliilippe  V 
et  Eudes,  duc  de  Bourgngne,  Cii  qualité  de  tuteur  de 
Jeanne  de  France,  firent  un  traité  à  Laon  le  27 
mars  de  l'an  1517,  par  lequel  il  fut  convenu  que  si 
le  roi  iiéfédait  sans  enfants  mâles,  le  comté  deCham- 
pagne  appartiendrait  à  Jeanne  de  France  sa  nièce, 
comme  son  propre  héritage,  et  que  si  Jeanne  décé- 
dait sans  hoirs,  ce  comté  serait  réuni  à  la  couronne. 
Jeanne  de  France  fut  mariée  à  Phili|)ue,  comte  d'E- 
vreuï,  pelit-Uls  de  Philippe  le  Hardi;  et  Philippe 
d'Evreiix  céda  et  quilia  à  Philippe  de  Vahiis  tous  les 
droits  qui  pouvaient  lui  appartenir  aux  comtés  de 
Champagne  et  de  Brie,  soit  par  la  succession  du  roi 
Louis  X,  soit  par  le  traité  du  27  mars  de  l'an  1517. 
Cette  cession  de  Philippe  d'Evrenx  est  du  U  mars 
de  l'an  1335.  Le  roi  Philippe  de  Valois  lui  donna  en 
échange  le  comté  de  la  Marche  et  trente-huit  mille 
livres  de  rente  sur  le  trésor,  qui  furent  ensuite  com- 
muées pour  les  vicomtes  de  Beaumoiit-le-Roger, 
Breieuii,  Coni-hes,  Oihei,  Pont-Autlemer  et  le  Co- 
leutin.  Enfin  le  roi  Jean  léunit  de  nouveau  par  let- 
tres paieiiles  les  comié>  de  Champagne  et  de  Brie  à 
la  couroime,  satis  qu'à  l'avenir  ils  en  puissent  être 
dénieinbré>  pour  quelque  cause  que  ce  soit. 

Les  historiens  ne  s'accordent  point  sur  la  durée  du 
gouvernement  des  comtes  de  Champagne,  ni  sur 
leur  iio:nhre.  Les  uns  les  l'ont  durer  31  o  ans,  et  Ks 
autres  331  Les  uns  ne  reronn.  issent  que  treize  ou 
quatorze  Ciimles,  et  les  autres  eu  coni|iicnt  quinze, 
sans  y  comprendre  la  comtesse  Jeanne,  femme  de 
Philippe  le  Bel.  Cette  différence  vient  sans  doute  de 
ce  qu'ils  ont  confondu  les  deux  brandies  de  celle 
maison,  dont   l'une  possédait  les  comlés  de  Troycs, 


200 

de  Meaux,  et  le  reste  de  la  Champagne;  et  l'autre 
les  comtés  de  Clois,  Tours,  Chartres  etc. 

Les  cuinies  de  Champagne  étaient  pairs  de  Fran- 
ce, et  portaient  au  Sacre  d*  nos  rois  la  bannièie  de 
France.  Il  n'en  faut  pas  davantage  pour  prouver 
qu'ils  ont  toujours  relevé  de  nos  rois;  et  quand 
Joinville  dit  dans  son  histoire.  Qu'ayant  été  mandé 
avec  les  barons  de  France  par  saint  Louis  pour  venir 
prêter  le  serment  de  fidélité  à  ses  enfants,  il  refusa  de 
le  faire,  parce  qu'il  n'était  pas  né  son  sujet  ;  cela  ne 
prouve  autre  chose,  comme  l'a  foit  bien  remarqué 
Jl.  du  Cange,  si  ce  n'est  que  les  vassaux  ne  doivent 
le  serment  de  ûdélilé  qu'aux  seigneurs  dont  ils  relè- 
vent immédiatement,  et  non  pas  aux  seigneurs  du 
fief  dominant. 

Les  comtes  de  Champagne  avaient  droit  de  faire 
tenir  leurs  états  par  sept  comtes  qui  se  qualifiaient 
pairs  de  Chanipagne.  Ces  comtes  étaient  ceux  de  Joi- 
gny,  de  Rethil,  de  Braiiie,  de  Roucy,  de  Brieime,  de 
Grandpréelde  Bar-sur  Seine.  Les  comtes  de  Cham- 
pagne jouissaient  de  la  ville  et  comte  de  ChauraonI, 
de  la  ville  et  comté  de  Sainte-Ménehould,  de  la  ville 
et  comté  d'Eperuay,  des  villes  de  'Vitry,  Bar-sur- 
Aube  et  Vertus;  ei  des  chàiellenies  de  Vassy,  An- 
deloi,  Coissy,  Nogent-le-Roi  et  Bar- sur-Seine.  Les 
villes  de  Reims,  de  Langres  et  de  Chàlons  n'ont  ja- 
m::is  éié  du  ressort  ni  de  la  mouvance  du  comté  de 
Ch  mpagne.  Le  domaiiie  utile  et  la  juridiction  en 
ont  toujours  appartenu  aux  archevêques  et  évêques 
qui,  eu  qualité  de  pairs  ecclésiastiques,  ont  même 
toujours  précédé  au  sacre  de  nos  rois  les  comtes  de 
Champagne. 

La  Champagne  a  pris  son  nom  de  ses  vastes  plai- 
nes ou  campagnes.  Elle  est  bornée  au  nord  par  la 
Belgique,  au  levant  par  la  Lorraine,  au  midi  par  la 
Bourgogne,  et  au  couchant  par  Ule  de  France. 

Cette  province,  une  des  plus  considérables  de  la 
France,  a  plus  de  184  kii.  d'élendue  de  l'occident 
au  .-ud-est,  depuis  Lagny  en  Brie  jusqu'à  Bourbonne 
en  Bassigny,  et  environ  216  kil.  du  midi  au  sep:eu- 
trion,  depuis  Ravières  dans  le  Sénonais  jusqu'à  Ho- 
croy  dans  le  Uhéielois.  Le  cœur  du  pays  est  occupé 
par  de  vastes  pl.ùnes  ;  mais  les  exlrém:tés  sont  cou- 
vertes de  bois,  et  remplies  de  montagnes  et  de  col- 
lines qui  produisent  abondamment  tout  ce  qui  est 
nécessaire  à  la  vie. 

Les  principales  rivières  de  celle  province  .-ont  la 
Me  se,  qui  prend  sa  sourie  prés  du  village  de  Meuse 
et  de  Montigny-le-Roi.  Son  cours  est  de  cent  vingt 
lieues,  ou  environ.  Elle  commence  à  porier  bateau  à 
Sanl  Thibndt,  passe  d.ms  les  évêchés  de  Nancy  et 
de  Veidun,  par  la  Champagne  ,  le  Luxembourg  et  le 
comté  de  Namur.  Ensuiie, après  avoirarrosél'évêcbé 
de  Liège,  une  pirtie  de  la  Belgique  et  de  la  llol- 
lanile,  et  avoir  reçu  le  Wahal  au-dessous  de  l'ile  de 
B 'mmel,  elle  prend  le  nom  de  Meruve,  et  se  perd 
dans  rOeéan  entre  la  Brille  et  Gravesende. 

La  Seine,  qui  prend  sa  source  près  d'Evergereaux, 
hameau  situé  à  250  mètres  environ  du  vallon  appel* 


361 


GEÔGRAPHiÈ  DÈS  LËGËNt>ES  AU  MOYEN  AGE. 


2C2 


Douix-(le-S  'ine.  Le  village  de  Sl-Germain-la-Feuil- 
lée  en  esl  ilisiani  de  prés  d'un  kil.  Il  ne  Tant  pas 
confonilie l'ancienne  abbaye  du  bourg  de  Saint-Seine 
avec  iiH  nionumeiil  religieux  élevé  aulrefois  à  saint 
Seine,  emiile,  dans  lu  vallon  ci-dessus  désigné,  ei  où 
ce  saint  s'était  d'iibord  retiré  —  Les  décombres  de 
ce  petit  édiûce  servent  aujourd'hui  d'abri  à  la  source 
contre  l'action  directe  de  l'aiiuosplière. 

La  Marne  prend  sa  source  dans  le  Bnssigny,  au 
pied  d'une  montagne,  et  à  cinq  cents  pas  d'une  mé- 
tairie nommée  la  Marmotte.  Elle  a  son  cours  par  les 
diocèses  de  Langres,  de  Châluns,  de  Soissons,  de  Meaux 
et  de  Paris;  elle  commence  à  être  navigable, à  Viiry, 
et  se  jette  dans  la  Seine  au  pont  de  Gbarenton,  au- 
dessus  de  Paris. 

L'Aube  prend  sa  source  aux  conTins  de  la  Bour- 
gogne et  de  la  Champagne,  au  village  d'Aubei  ive  ; 
puis.coulant  vers  le  septentrion, elle  passe  à  la  Ferté, 
à  B»r,  à  Arci<,  etc.,  ei  se  jette  dans  la  Seine  à  Con- 
Raiis.  On  a  fort  travaillé  à  la  rendre  navigable;  mais 
ces  dépenses  ont  été  iuuiiles. 

L'Aisne  prend  sa  source  au-dessus  de  Sainte-.Mé- 
iiehould,  aux  confins  dt  \a  Cliaaipagne  et  de  la  Lor- 
raine. Elle  parcourt  les  diocèses  det^hâlons,  de  Reims 
ei  de  Sdissons  ,  et  se  jette  dans  l'Oise,  à  't  kil.  au- 
desSus  de  Coinpiêgne.  Elle  ne  porte  bateau  qu'à  Clià- 
teau-Porcien  ;  mais  on  avait  formé  le  dessein  de  la 
rendre  navigable  un  peu  au-dessus  de  Sainte-.Méne- 
honld.  Ce  dessein  s'éiendait  même  plus  loin;  car  le 
ministre  Louvois  avait  fait  dresser  des  plans  pour 
joindre  la  Meuse  à  l'Aisne  p:ir  le  moyen  d'un  canal. 

11  y  a  à  Bourbonnedeseaux  minérales  très-célèbres. 
Elles  sont  chaudes,  et  d'nne  saveur  un  peu  salée.  Au 
village  d'Attencourt,  à  deux  lieues  de  Yassy,  il  y  a 
une  fontaine  minérale  dont  les  eaux  sont  ferrugi- 
neuses. —  Le  climat  du  pays  qui  formait  c  tie  pro- 
vince est  tempéré;  ses  habitants  sont  doux,  civils, 
laborieux  et  pleins  de  courage.  On  trouve,  au  centre, 
ces  vastes  plaines  si  renommées,  et  dans  quelques 
endroits  des  limites  qui  la  séparaient  des  antres  pro- 
vinces, de  belles  forêts  et  des  montagnes.  Son  ter- 
roir, en  général  sec  et  stérile,  produit  du  seigle,  de 
l'avoine,  du  sarrasin  et  quelque  peu  de  froment  ;  les 
vins  qu'on  y  recueille  sont  trèsesiimés  :  ces  vins  et 
ces  grains  composaient  son  principal  commerce,  qui 
s'étendait  aussi  à  une  grande  quantité  de  fer,  de  lai- 
nes, de  verreries,  de  poterie  de  terre,  de  pains  d'é- 
pices  ei  de  miel  jaune. 

Il  y  av.iit  dans  l'étendue  du  gouvernement  de 
Champagne  deux  archevêchés,  Reims  et  Sens,  et 
quatre  évêeliés,  Langres,  Chàlons,  Trnyes  et  Meaux. 
L'archevêque  de  Ueijns  était  le  premier  duc  et  pair 
de  France,  légat  né  du  saint-siége  apostolique,  et 
primat  des  Gnules  belgiques.  Il  avait  le  droit  de  sa- 
crer les  rois,  et  ses  suffragants  étaient  les  évêi|ues 
de  Soi>sons,  de  Laon,  d'Amiens,  de  Senlis  et  de  Bou- 
logne. Autrefois  le^;  évêques  de  Cambrai,  de  Tournsy 
el  de  Térouanne   l'étaient  aussi  ;  mais  ils  en  furent 


soustraits  lors  de  l'érection  de  Cambrai  en  archevêché 
en  1559  et  loCO. 

Louis  d'Ontre-.Mer  fil  l'archevêque  de  Reims  chan- 
celier héréditaire  de  France;  mais  Hugues  Cap«l 
ôta  celle  dignité  à  ses  successeurs  en  haine  d'Ar- 
nould, archevêque  de  Reims, qui  avait  ouvert  les  por- 
tes de  cette  ville  à  Charles  de  Lorraine,  son  tompé- 
titeur.  On  dit  que  ces  archevêques  n'avaient  aulrefois 
que  le  tiire  de  comtes,  et  que  ce  fut  Philippe-Au- 
guste qui  lors  de  son  sacre  leur  donna  celui  de  ducs, 
enfaveurde  son  oncle  Guillaume  de  Champagne,  dit 
aux  blanches  mains,  cardinal  et  archevêque  de  Reims. 
Le  diocèse  de  Reims  se  composait  de  quatre  cent 
soixante  et  dix-sept  paroisses,  de  trois  cent  soixante 
et  cinq  annexes,  de  sept  chapitres,  de  vingt-quatre 
abbayes, de  huit  hôpitaux  et  de  plusieurs  couventsde 
religieux  et  de  religieuses.  Le  chapitre  de  la  cathé- 
drale était  le  premier  de  ce  diocèse,  Outre  ce  cha- 
pitre, il  y  avait  trois  collégiales  dans  Reims  ;  celle  de 
Saiiit-Symphorien,  celle  de  Saint-Timothée  el  celle 
de  Sainte-Balzamine,  ou  Sainte-Nourrice,  à  cause 
que  cette  sainte  a  éié  nourrice  de  saint  Rémi.  Les 
canonicats  de  cette  dernière  étaient  à  la  collation  du 
cliapilre  de  l'église  niéiropolilaiiie. 

Les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Saint-Benoit 
étaient  :  l'alibaye  de  Saini-Remi  de  Reims,  dont  Tur- 
pin,  archevêiiue  de  celle  ville  ,  fut  le  premier  abbé 
vers  l'an  770  ;  celle  de  Saint-Nicaise  de  Reims;  celle 
de  S:iint-Thierry,  à  deux  lieues  de  Reims,  fondée  par 
saint  Thierry,  vers  l'an  5.50  ou  530.  Elle  était  unie 
à  l'archevêché  de  Reims  depuis  l'an  1696,  et  rap- 
portait à  l'abbé  douze  mille  livres  de  revenu;  celle 
de  StBaie,.à  i|natre  lieues  de  Reims, avait  été  fondée 
et  bâtie  par  saint  Bàle,  l'an  576,  sous  l'arcnevêque 
Gilles.  Celle  d'Hauivillers  avait  été  fondée  par  saint 
Nivard,  archevêque  de  Reims,  et  fort  augmentée 
par  les  comtes  de  Champagne.  Celle  de  Mouson 
était  occupée  par  des  religieux  bénédictins  de  la 
congrégation  de  Sdnl-Vannes. 

Les  abbayes  de  l'ordre  de  Citeaux  étaient  :  l'abbaye 
d'Igny  (ondée  en  l'an  1126  par  Renaud,  archevêque  de 
Reims,  qui  y  établit  des  religieux  qu'il  tira  de  Clair- 
vaux  ;  celle  de  Signy  fut  bâtie  l'an  1134,  pir  saint 
Bernard,  des  libéralités  des  comtes  de  Cliamp^igne; 
celle  de  Laval-Roi,  Vallis  Regiœ,  avait  été  fondée 
l'an  1149  par  Jean, comte  de  Roucy  ;  celle  de  Bonne- 
Fontaine  fut  londée  en  1152  par  les  seigneurs  de  Rn- 
migny;  celle  d'Elan  fut  f(>ndée  par  Wiier,  tomiede 
Rliétel, environ  l'an  1154,  el  par  Hugues,  aussieointo 
de  Rhétel,  q,ni  en   augmentf  la   fondation  en  1220. 

Les  abbayes  de  l'ordre  de  Sainl-Angustin  étaient  : 
l'abbaye  de  Saint-Denis  de  Reims,  fondée  par  Iliiit- 
mar,  archevêque  de  Reims,  qui  vivait  l'an  8ii0  ;  celtn 
de  Landèves  était  anciennement  |irieiiié  dépendant 
du  Val-des-Ecoliers;  mais  il  fut  érigé  en  abbaye  au 
commencement  du  siècle  dernier,  et  uni  en  1633  à 
la  congrégation  de  Sainte-Geneviève  de  Paris;  ocrto 
d'Epernay  fut  fondée  par  Tliibauli,  premier  du  nc;n 
comte  (le  Champagne. 


DICTlOMNAmt;  DE  GliOGRAPHlE  ECCLESIASTIQUE. 


2t;5 

Les  abliayes  de  l'ordre  de  Prcronlré  éi.iieni  : 
r.ibliaye  de  Cliaiiniont,  simée  près  de  Rhélel;  celle 
de  Belv.ll,  fondée  par  Adalheron,  cvêi|ue  de  Verdun, 
l'an  H5">;  celle  du  V;d-Dii'u;  celle  de  Sepi-Foniaines, 
dans  la  Thiérai  lie,  fui  foiidéeen  11-29  par  Hélie,  sei- 
gneur de  Mézières,  et  Ode  sa  femme. 

Les  ahbayes  de  filles  de  l'ordre  de  Sainl-Benoit 
étaient  :  l'^ibliaye  de  Saint-Pierre  de  Reims,  fondée 
par  sainte  Cloiilde  :  et  celle  d'Avenav,  fim  lée  par 
Benhe,  femme  de  saint  Gombert,  maire  du  palais. 
Il  n'y  avait  qu'une  seule  abliaye  de  filles  de  l'ordre 
de  Saint-Augustin,  celle  de  Sainl-Eiicnne  de  Reims. 
Ces  religieuses  éiaieni  auparavant  à  Soissons,  et 
n'étaient  venues  s'établir  à  Reims  qu'en  lCi7,  par 
l'échange  de  leur  m  ison  de  Soissons  avec  le  prieuré 
du  Viil-des-Ecnliers,  qui  était  à  Reims. 

Il  y  avait  dans  la  vil'e  de  Reims  un  grand  et  beau 
séminaire,  commencé  par  Charles  de  Lorraine,  car- 
dinal et  archevêque  rie  Reims,  en  ISoi,  et  rebâti 
magnifiquement  en  1678  pir  les  soins  de  Maurice 
Le  Tfllier.  archevêque  de  cette  ville.  La  chartreuse 
du  Mont-Dieu,  auprès  de  Sedan,  jouissaii  de  trente 
mille  livres  de  rente,  et  était  une  des  plus  magnifi- 
ques de  l'ordre. 

L'archevêché  de  Sens  reconnaît  saint  Savinien 
pour  son  premier  prélat.  La  tradition  dit  que  ce  saint 
évèque  fut  envoyé  dans  les  Gaules  par  saint  Pierre; 
mais  cela  ne  s'accorde  point  avec  Sulpire  Sévère  et 
Grégoire  de  Tours,  qui  ne  nietteni  la  naissance  de 
l'Eglise  des  Gaules  que  sur  la  fin  du  ii^  siècle.  Il  y 
a  beaucoup  d'apparence  que  les  actes  du  martyre 
de  saint  Savinien  ont  élé  altérés,  et  qu'au  lieu  de 
dire  que  ce  saint  avait  été  envoyé  par  le  saint-père, 
les  copistes  ont  mis  par  $nint  Pierre.  Ansegise,  ar- 
chevêque de  Sens,  donna  un  grand  éclat  à  son  siège. 
Charles  le  Chauve  obtint  du  pape  Jean  VIII,  en  fa- 
veur d'Ansegise,  la  priinitie  des  Gaules  et  de  Ger- 
manie, l'an  876.  Les  évèqiies  de  France  assemblés  à 
Pontyon  désapprouvèrent  cette  élévaion  de  l'é- 
glise de  Sens.  Cependant  les  archevêques  de  Sens 
ont  joui  de  celte  prérogative  pendani  deux  cents  ans. 
L'an  1079,  le  pape  Grégoire  VU  confirma  à  l'arche- 
vêque de  Lyon  la  primatie  sur  les  quatre  provinces 
lyonnaises,  qui  sont  Lyon,  Rouen,  Tours  et  Sens. 
Les  archevêques  de  Sens  ont  plusieurs  fois  essayé  de 
revenir  contre  cette  concession ,  mais  Charles  de 
Bourbon,  cardinal  et  archevêque  de  Lyon,  ayant 
porté  la  déci-ion  de  ce  procès  au  parl'-ment  de  l'a- 
ris,  l'aicliexêiiue  de  Sens,  qui  était  de  la  maison  de 
Meluu,  s'y  laissa  condamner  par  déf.uit  m  1121,  et 
depuis  ce  jugement  la  piimatie  des  Gaules  est  de- 
meurée à  l'archevêque  de  Lyon,  ei  celui  de  Sens  n'a 
conservé  que  le  litre  de  primai  des  Gnules  tl  de  Ger- 
manie. Il  avait  autrefois  pour  snlTragants  les  évê- 
ques  de  Paris,  de  Chartres,  de  Meaux,  d'Orléans, 
d'Auxerre  et  de  Nevers;  mais  depuis  l'éreciioii  de 
l'évéché  de  Paris  en  archevêché,  en  l'an  U>ii,  il  n'est 
resté  à  l'archcvc  |U(i  de  Sens  pour  suffraganis  que 
les  évêques  de   Troycs,  ilo   Moulins  cl  de  .N'cvers. 


264 

L'archevêclié  de  Sens  valait  environ  cinquante  mille 
livres  de  revenu,  et  son  diocèse  s'étendait  au  delà 
du  gouvernement  de  Champagne.  Il  comprenait  sepl 
cent  soixante  el  cinq  paroisses  ,  seiZ'-  cha|iitres  , 
vingt-neuf  abbayes,  et  soixante  couvents,  coinmu- 
naniés  ou  collèges. 

L'église  métropolitaine  de  Sens  a  eu  quelques 
privilèges.  Louise  de  Savoie,  duchesse  d'Angoulême 
et  régente  on  France  pendant  l'absence  de  Fran- 
çois 1<^',  son  fils,  lui  accorda  dfs  lettres  de  conces- 
sion, daiées  du  li  octobre  1515,  par  lesquelles  elle 
lui  donne  pouvoir  de  faire  faire  par  ses  olficierg  les 
inventaires  de  ceux  du  chapitre  tt  habitués  de  cette 
église  qui  décéderont  dans  le  cloître,  sans  que  les 
ofliciers  du  roi  s'en  puissent  entremettre.  Ces  lettres 
furent  confirmées  par  d'autres  de  François  I"  du  17 
février  de  l'an  1516.  Cette  église  avait  aussi  des 
lettres  de  protection  et  de  sauvegarde,  semblables  à 
celles  du  chapitre  de  Notre-Dame  de  P.iris.avec  droit 
de  Commitiimus  aux  requêtes  du  palais.  Ces  Iniires 
sont  datées  du  mois  de  novembre  de  l'an    1548. 

Les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Saint-Benoit 
éiaient  :  l'abbaye  de  Saint-Remi-lez-Sens,  fondée 
l'an  5-27,  et  unie  à  perpétuité  à  la  cure  de  Ver- 
sailles ;  celle  de  Saint  Pierre-le-Vif-icz-Sens,  fondée 
l'an  507  ;  celle  de  Sainte-Colombe,  fondée  par  Clo- 
laiie  II,  roi  de  France,  l'an  620;  celle  de  Morigiiy, 
près  d'Etampes,  fondée  en  1106;  celle  de  Saint  Père, 
ou  de  Saint-Pierre  de  Melun,  fondée  en  546;  celle 
de  Chaumes;  celle  de  Ferrières  en  G.àtinais,  fondée 
par  Clovis  I",  roi  de  France.  Elle  était  autrefois 
appelée  Bethléem. 

Voici  les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Cl- 
teaiix  :  l'abbaye  de  Barbeaux,  fondée  en  1145;  celle 
deCercanceau,  fondée  en  1181  ;  celle  de  Nolie-Dame 
deJony;  «elle  de  Preuilly,  fondée  en  H 16;  celle  des 
Echalis,  de  la  filiation  de  Clairvaux,  fondée  en  1151; 
celle  de  Vauluisant,  fondée  en  1127;  celle  de  Fon- 
taine-Jean. 

Les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Saint-Âu- 
gusiin  étaient  :  l'abbaye  de  Saint-Jean-lez-Sens,  de 
la  congrégation  'de  Sainte-Geneviève,  fondée  pour 
des  filles  par  Héradius,  archevêque  de  Sens,  qui  vi- 
vait dans  le  vi^  siècle.  Los  chanoines  réguliers  de 
Saint-.\ugustin  y  furent  établis  l'an  llll;  celle  du 
Jiril,  fondée  en  119-i;  celle  de  Saint-Séveriii  de 
Ch:'iteau-L  indon,  fondée  dans  le  vi'  siècle  par  Chil- 
debert,  fils  de  Clovis  !<■■■,  roi  de  France;  celle  de 
Saint  Jacques  de  Provins,  fondée  en  1124;  celle  de 
Saini-Ensèbe. 

Il  n'y  avait  dans  ce  diocèse  que  doux  abbayes 
d'hommes  de  l'ordre  de  Prémontré  :  celle  de  Saint- 
Paul-lez-Sens,  fondée  vers  l'an  12-20;  celle  de  Diloi, 
fondée  vers  l'an  1235. 

Les  abbayes  de  filles  de  l'ordre  de  Saint-Benoit 
n'étaient  qu'au  nombre  de  deux  d.ins  ce  diocèse  : 
celle  de  Notre-Dame  de  la  Pomeraye,  qui  fut  trans- 
férée dans  un  faubourg  de  Sons,  en  1651;  celle  de 
\illc-Chasson. 


ses 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


2«C 


Les  abbayes  de  (illes  de  l'ordre  de  Ciiemix  ciaienl  : 
l'abbaye  du  Lis,  près  de  Meliin,  fondée  en  1218;  celle 
de  la  Ji'yi>,  prés  de  Nemours,  fondée  en  11  SI  ;  celle 
du  Mont-Nolie-Danie  de  Provins,  fondée  en  I  ^25.  Celle 
de  Villers-aux-Nonains  clail  de  fondalîon  royale. 

On  voyail  diin-^  la  ville  de  Sens,  et  dans  plusieurs 
aiilres  villes  de  ce  diocèse,  nii  grand  nombre  de  mai- 
sons religieuses  de  l'un  et  de  l'autre  sexe. 

L'évêulié  de  Langres  avait  le  titre  de  duclié-paii  le, 
était  suffragaiit  du  Lyon,  el  son  revenu  était  d'en- 
viron vingl-ileiix  mille  livres.  Ce  diocèse  s'étendait 
plus  iipin  que  le  gouvt  rnement  de  Champagne. 
■  Outre  le  cliipitre  de  l'Eglise  cailiédrale,  ily  enavait 
plusieurs  autres  dans  le  diocèse  de  Langres  :  celui 
de  Saint-Jean  dans  la  ville  de  Cliaumunt,  celui  de 
Cliàiean-Viilain,  celui  de  Bar-snr-Au!)e,  celui  de  Mus- 
sy-l'Evêque  ,  celui  de  Gtancey,  fondé  en  1361  par 
desseivneiirs  de  niénie  nom. 

Les  abbayes  d'Iionimes  de  l'oidrede  Saint-Benoît 
étaient  :  l'abbaye  de  Saint-Bénigne  de  Dijon  ,  fondée 
en  52) ;  celle  de  BèiC,  fondée  en  (iSO  ;  cdie  de  Mo- 
lesnie,  fondée  par  saint  Koheri  en  1075;  celle  du 
Montier-Saint-Jean  ;  celle  de  Saint-Micbel  do  Ton- 
nerre; celle  de  Poutières;  celle  de  Saint-Seine  et 
celle  de  Saini-Mariin  de  Molome,  près  de  Tonnerre. 

Les  abbayeso'bommesdel'ordredeCitt'aux  éiaienl  : 
l'abbaye  de  Clainaux,  à  onze  lieues  de  Langrts,  et 
à  deux  de  celle  de  Bar-sur-.Aube,  fondée  par  Hu- 
gues, comte  de  Troyes,  l'an  I lia,  et  enrichie  de- 
puis par  Thibault,  comie  de  Champagne,  et  par  les 
comtes  de  l'Iandie,  snriont  parle  comte  dit  Phi- 
lippe, (M  par  Matliilde  >a  funinie.  Elle  était  de  la  li- 
liftiion  de  Citeaux.  C^lle  de  Morimout ,  une  des 
qnalre  filles  deCileanx,  fut  fondée  en  111  i  par  01- 
déric  d'Aigremoiit,  seigneur  de  Choiseul.  L'abbé  était 
père  et  supérieur  immédiat  de  cinq  ordies  de  che- 
valeiie,  en  Espagne  ei  en  Portugal. Celle  d'Auberive, 
fondée  en  11)^6,  par  un  évciiue  de  Langres;  celle  de 
Beaulieu,  l'ondée  en  llfi6;  celle  de  la  Cresie,  de  la 
fdiation  de  celle  de  Morinnmi.  On  la  croit  de  la  lon- 
daiion  des  comtes  de  Champagne,  du  temps  de  saint 
Bernard.  Elle  a  été  depuis  fort  augmentée  par  les 
seigneurs  de  Choiseul  et  de  Kesnel.  Celle  de  Lon- 
guay  ;  celle  de  Vaux-la-Dnuce,  fondée  par  Maiiassès, 
doyen  de  l'Eglise  de  Langres,  et  par  le  chapitre  de 
la  même  Eglise;  celle  de  Tulley  en  Franche-Comté, 
près  d'Autray,  fondée  en  1150;  celle  de  Mores  en 
Champagne, fondée  en  1135;  celle  de Quincy, fondée 
l'an  1155.  Celle  de  la  Cliarité-lez-Lé>ines,  d  ins  le 
doyenné  de  Tonnerre,  était  autrelois  occupée  par  des 
iilles. 

Les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Sainl-Angus- 
lin  étaient  en  petit  nombre  :  l'abbaye  de  Saint- 
Etienne  de  Dijon,  sécularisée  en  1611  ;  celle  deChâ- 
lillon.  Celle  du  \al-des-Ecoliers  près  de  Chaumont 
n'était  autrefois  qu'un  prieuré,  qui  fut  érigé  en  ab- 
baye l'an  l.-i59.  C'a  été  un  chef  d'ordre  jusqu'en 
1636,que  les  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de  Sainte- 
Cenoviève  en  prirent  possession. 

Dktioknaire  di  Géogkapbie  eccl.  II. 


Il  n'y  avait  dans  ce  diocèse  qu'une  seule  abbayu 
de  Prémoniré,  celle  de  Sepl-Foiiiaines,  à  16  kil.  lU; 
Chaumont.  Saint  Bernard  en  fait  mention  dans  sa 
lettre  255. 

Les  abbayes  de  Iilles  de  l'ordre  de  Saint-Benoît 
étaiejit  :  l'abbaye  de  Ponlangis,  qui  se  prétemlait 
immédiaiemenl  sujetie  au  saint-siége.  Les  religieu- 
ses devaientètre  (illes  de  quai, lé.  et  faisaient  les  trois 
vœux;  cependant  elles  n'étaient  point  cloîirées,  et 
vivaient  séparément  chacune  dans  sa  petite  maison, 
dans  l'eneeinte  de  celte  abbaye.  Celle  de  Kouge- 
mont;  celle  de  Pr.àlon  ;  celle  de  Pnis-d'Orbe. 

Lesabliayesdehlles  de  l'ordre  de  Cîteanx  étaient: 
l'abbaye  dn  Tard  à  Dijon  ;  relie  de  Beaufay;  celle  de 
Colonges;  celle  de  Bémont,  fondée  par  Godefroy, 
évêque  de  Langres,  en  l'an  1148. 

11  y  avait  dans  ce  même  diocèse  un  grand  nom- 
bre de  prieurés;  mais  il  n'y  avait  que  celui  de  Va- 
rennes,  à  16  kil.  lie  Langres,  qui  fût  considérable, et 
celui  dn  Valdes-Choux,  près  de  Ciiàiillon  en  Bour- 
gogne, chef  d'ordre,  el  fondé  sur  la  fin  du  xii«  siè- 
cle par  Viard,<iui  profes-ait  la  règle  de  saint  Benoll. 

L'évèché  de  Chàlons  avait  dans  son  étendue  trois 
cent  quatre  paroisses  cl  quaire-vingt-ireize  annexes, 
partagées  en  neuf  doyennés,  sous  quatre  arcliiiiaco- 
nés.  Il  avait  le  titre  de  comté-pairie,  et  son  revenu 
était  d'environ  vingt  mdle  livres.  L'église  cail.éJiale 
est  dédiée  à  saint  Etienne,  premier  mariyr. 

Voici  les  abb lyes  d'lioinme>  de  l'ordre  de  Saint- 
Benoit  qui  étaient  dans  ce  diocèse  :  l'aldiayfî  de 
Saint-Pierre  au  Mont  de  Clialons ,  de  la  congiégalion 
de  Saint-Vannes.  On  ne  sait  pas  le  temps  de  sa  fon- 
dation. La  tradiiion  du  pays  veut  que  saini  Méinie, 
premier  évèque  de  Chàlons,  aii  déd'é  un  leioplo  des 
païens ,  qui  était  en  cet  endroit,  à  saint  Pierre.  Ou 
y  mit  ensuite  des  chanoines  ;  et  Roger  !«' ,  évèque 
de  Chàlons  ,  mit  en  leur  place  des  religieux  de  Saint- 
Benoit,  et  leur  donna  des  biens  considéraldes.  La 
congrégation  de  Saint-Vannes  y  mit  la  réforme  eu 
165.t.  Celle  de  Saint-Marlin  de  llniron,  à  4  kil.de 
de  Viiry-le-Français,  a  été  bâtie  en  1078,  par  Ro- 
ger, Hl«  du  nom,  évèque  de  Cliàlons,  qui  y  mil  îles 
prêtres  séculiers  pour  instruire  les  haliiianis  de  l\ 
campagne.  Godefroy,  au^si  évèque  de  Chàlons,  y  mit 
depuis  un  abbé  et  des  religieux  de  Saint-l'enoîi. 
Celle  de  Saint-Uibain,  à  4  kil.  de  Joinville  ,  aus-i 
de  la  congrégation  de  Saint-Vannes,  et  fondée  par 
Archambauli,  trente-troisième  évèque  de  Chàlons, 
vers  le  milieu  du  ix«  siècle,  sous  le  titre  de  la 
Sainte-Triniié,  qui  fut  changé  depuis  en  celui  de 
Saint-Uibain.  Charles  le  Chauve  fit  de  grands  biens 
à  celle  abbaye,  elen  était  reconnu  pour  fondateur. 
Celle  de  Monlier-eii-Der,  à  16  kil.  de  Saint-D  zlcr, 
aussi  de  la  congrégation  de  Saint- Vannes,  el  la  plus 
considérable  de  la  province  par  sa  seigneurie  sur 
vingt  et  une  paroisses,  par  le  nombre  des  cures  et 
autres  béiiélices  ;  celle  de  Moireniont  ;  celle  de  Saini- 
Sauveur-des-Vcrlus. 

Les   abbayes    d'Iiomnies  de  l'ordre  de  Cileau* 


DrCTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


267 

étaient:  l'abbaye  de  Kaute-Foniaiiie;  celle  de  Trois- 
Fomaiiies,  fondée  en  I2"20  par  Hugues  ,  conile  de 
Champagne  ;  celle  de  Moniier,  en  Argonne  ;  relie  de 
Cheniinon;  celle  de  laCliarmoye.  Le  P.  doni  Paul 
Pezroii  ,  un  des  pins  savants  hommes  et  des  pins 
pieux  religieux  «lu  dernier  siècle,  a  été  un  des  titu- 
laires de  cette  abbaye. 

Les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Saini-Aii- 
gusiin  étaient  au  nombre  de  qu  are  :  l'abbiiye  de 
Toussaint,  en  l'île  de  Chàlons,  fondée  en  106-2, 
par  Koger,  II«  du  imm,  évéque  de  Chàlons  ;  celle  de 
Saini-Mémie-lez-Chàlons ,  de  ia  congrégation  de 
Saillie-Geneviève  ;  celle  de  Nolre-Dame-des-Vei  lus  ; 
celle  de  Noire-Dame-ae-Ch.iiris. 

Dans  tout  ce  diocè  e  il  n'y  avait  qu'une  seule  ab- 
baye de  Préinontré,  qui  i-l  lit  celle  de  Monccl.  Qniint 
aux  ahhayes  de  (illes,  ell.s  étaient  tunirs  de  l'ordre 
de  Cîleaux  ou  de  Saint-Bernard  ;  les  v.iici  :  Saint- 
Jacques  ,  proi  he  Vilry  en  Peruii;.  ,  fondée  par  Thi- 
bault le  Grand,  comte  de  Champagne  ;  celle  de  iNo- 
Ire-Dame-Iez-Sainl-Dizier  ;  telle  de  iNoire-Oame 
d'Andecy,  selon  quel(|ues-uns  ,  de  Tordre  de  Samt- 
Benoîi;  et  sel  n  d'^. litres,  de  céluide  Saint-Bernard. 
Elle  avait  été  fondée  en  llyl,  par  Simon  de  Broyés, 
seigneur  de  Bayes. 

L'évèché  de  Troyes  reconnaît  saint  Amatnr,  qui 
vivait  vers  l'an  ZH).  pour  son  premier  prélat;  l'église 
cathédrale  <  st  dédiée  à  saint  Pierre. 

Le  ciiapiiie  de  Tégli>e  collégiale  de  Saint-Etienne 
était  dans  ia  ville  de  Tmyes.  C  ite  église  servait  au- 
trefiiis  de  sainte  chapelle  au  palais  des  coinle-;  de 
Champagne.  Il  y  avait  encore  un  troisième  chapitre 
dans  la  ville  de  Troyes,  celui  de  Saint-Urbain,  fondé 
par  le  pape  Urbain  iV,  et  bâii  au  même  endriil  où 
ce  pape  était  né. 

Les  abbayes  d'hommes  de  Tordre  de  Saint-Benoit 
étaient  :  l'abbaye  de  Monlier-la-Selle,  de  la  congré- 
gation de  Saint-Vannes;  celle  de  Montier-Bamey,  de 
la  niême  Ccngrégaiinn  ;  celle  de  iNesle. 


268 

obligèrent  Abailard  d'aoandonncr  cette  retraite,  qu'il 
abandonna  à  Héloïse.  Le  pape  Innocent  11  con- 
firma cette  donation  en  l'année  HjI,  et  Héloïse,  s'y 
étant  établie  avec  ses  religieuses,  en  fut  ia  première 
abbesse.  C'est  en  mémoire  de  ce  qu'elle  était  savante 
dans  la  langue  grecque  que  les  religieuses  de  cette 
abbaye  avoient  coutume  de  faire  l'office  en  grec,  le 
jour  de  la  Pentecôte. 

Il  n'y  avait  dans  ce  dincèse  qu'une  seule  abbaye 
de  filles  de  l'tirdre  de  Citeaux  :  celle  de  Noire-Dame- 
des-Prés. 

L'évèché  de  Meaux  reconnaît  saint  Saniin  pour 
son  premier  prélat.  Saint  Faron  ,  de  la  race  des  an- 
ciens lîourgnignoiis,  a  fait  honneur  à  ce  siège  par  sa 
naissance,  et  l'a  enrichi  par  le  don  qu'il  fil  des  bel- 
les lerrs  qu'il  possédait.  11  fut  fiitévè(i'ie  i!e  Meaux 
après  la  mort  de  Gundebaud  ,  veis  Tan  1.2".  Jacques- 
Bénigne  Bnssuet ,  évèque  de  Meaux  ,  a  été  une  des 
plus  grandes  lumières  de  l'Eglise,  el  un  des  plus 
zélés  (léfeiisenrs  de  la  foi  catholique. 

Le  diocèse  de  Meaux  est  divisé  en  deux  parties  par 
la  rivière  de  Marne.  La  partie  seplenliionale  s'ap- 
pelle Tarrhidiaconé  de  Fiance;  ei  celle  qui  est  au 
midi,  l'arch  diaconé  de  Brie.  Chacun  de  ces  aiilii- 
diaconés  a  trois  d.iyennés  ruraux  :  celui  de  France, 
les  doyennés  de  Danimrtin,  d'Assi  el  de  Gandelu. 
Les  trois  doyennés  de  Tarchidiaroné  de  Er  e  sont 
Cre-sy,Coulominieis,  et  les  Fertés.On  comptait  dans 
ce  diocèse  deux  cent  vmgl-sept  paroisses,  sept  cha- 
pitres ei  neuf  abbayes.  Cet  évéchééiait  au-relois  suf- 
fragmt  de  Sens  ,  et  l'est  de  Paris  depuis  l'an  16ii. 

Voici  les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Saint- 
BenoU  .lans  le  diocèse  de  Meaux  :  l'^.bbaye  de 
Saint-Farnn,  fondée  en  627  par  saint  Faron,  évèque 
de  Meaux,  qui  la  Ut  bitir  dans  sa  propre  maison  sous 
l'invocation  .le  la  mainte  Croix -.c'est  là  que  repo- 
saient les  reliques  de  ce  saint,  qui  ont  donné  son 
nom  à  cette  abbaye;  celle  de  Rebais,  fondée  dans  le 
viif  siècle  par  Dadon,  chancelier  du  roi  Dagoberl, 


Les  abbayes  d'hommes   de     l'ordre    de  Citeaux      qui  quitta  la  cour  et  le  siècle  pour  se  donner  à  Dieu 


étaient  :  l'abbaye  de  la  Rivoiix  ;  celle  de  la  Pitié- 
lez-Kamcru.  Celle  de  Bonlancourt  dé|iendail  de 
Clairvaux;  celle  de  Selliéres  était  de  la  fiiiaiion  de 
Poniigny. 

Les  abbayes  d'hommes  de  l'ordre  de  Saint-Augus- 
tin étaient  :  Tabhaye  de  Saint-Loup  de  Troves  ; 
celle  de  Saiot-Marlin  ;  celle  de  Chantemerle  ;  celle 
de  Beaulieu;  celle  de  Basse-Fontaine  ;  celle  de  la 
Cliapelle-aiix-  Planches. 

Il  n'y  avait  que  trois  abbaves  de  (illes  de  l'ordre 
de  Saint  Benoit  dans  ce  diocèse  :  l'abbaye  royale  de 
^ot^e-Oame  de  Troyes  ;  celle  de  No  re-i>  me  de  Sé- 
zanne.  Cel'e  du  Paraclel ,  proche  de  No;,'eni-siir- 
Seine  ,  ne  fut  d'abord  qu'un  peu'i  oratoire  bâti  sons 
l'invocation  de  la  Sainle-Trinité  par  le  fameux  A- 
hailard.  Il  fut  ensuite  agrandi  par  b's  écoliers  de  c-t 
habile  maître, .pii  lui  donna  le  nom  d.'  Paraclel,  pour 
conserver  le  souvenir  des  consolations  ([n'il  avait 
reçues  dans  ce  désert.  Saint  Bernard  et  saint  Norbert 


Il  fit  bâlir  cette  abbaye  dans  ses  terres,  sur  le  bord 
d'un  torrent  appelé  Hesbae,  d'où  est  venu  le  nom  da 
Monasteihim  Itesbaci'use  ;  car  Rsfcnc  en  langue  cel- 
îique  signifie  lorrenl,  el  il  y  en  avail  un,  qui  r.'m- 
plissaii  les  'ossés  de  l'abbaye  .le  Rehais.  Il  n'y  avait 
dans  ce  dioiè-e  qu'une  seule  abbayt;  d'hmnines  Je 
l'ordre  de  Saint- Augustin,  celle  de  Notre-Dame  de 
Chàge.dan-la  ville  de  Meaux.  Klle  fut  fondée  en  1155. 

L'iirdre  de  Pré  II  Miiré  n'avait  aussi  q  l'une  seule 
abbaye  dans  ce  dionè-e,  celle  de  Cliainbre-Foniaiiie. 

Voici  les  ah  layes  des  (illes  de  Tordre  de  Saint- 
Benoit  :  l'abbaye  île  Jnuarre,  fomlée  dans  le  vii^  siè- 
cle par  Dailon,  frère  aine  du  fundaleur  de  l'abbaye 
de  Rebais  :c"é;aitnne  grande  et  inagnifl.pie  maison; 
celle  de  Faremouiier.  delà  grande  règle  de  saint  Be- 
110  ii,  fondé- par  sainte  Faie,  sœur  de  sain:  Faron. 
Celle  de  Notre-Dame  de  Meaux,  de  Tordre  de  Saint- 
Augusiin.  Elle  avait  été  fonilée  auprès  de  Fîmes, 
dans  le  diocèse  de  Reims,  el  fui  transférée   da-is  la 


S:69 


GEOGRAPHIE  DKS  LEGENDES  Al]  MOYEN  AGE. 


210 


ville  de  Meaiix  en  l<i37,  à  la  reconmiandaiion  du 
duc  de  la  Vletivllle,  suriiiiend»iii  des  linances,  dunl 
la  sœur  était  abbesse  de  celle  uiai-on.  Celle  du  Ponl- 
aux-D;inies  él;iil  de  l'ordre  de  CIle:iux. 

Il  y  avait  encoreilaiis  ce  diocèse  un  grand  nombre  de 
)irieuré$,  diint  l.i  idupart  étaient  Ircs-considérables; 
celui  de  Cerfndd  était  chef  <i>'  l'ordre  de  la  Sainte- 
Trinité  el  Rédemption  des  captifs.  Il  et 'it  conven- 
tuel, électif,  triennal,  et  possédé  par  les  réformés 
de  cet  ordre.  C'éiait  le  lieu  où  se  tenaient  les  clia|.i- 
ires  généraux,  et  oîi  se  faisait  l'élection  du  général. 
Cette  maison  et  cet  ordre  avalent  été  éliblis  par 
saintJeandeMatbai't  Félixde  Valois  l'an  1198,  que  le 
pape  limoceiiilllen  permit  rétablissement. 

On  divisait  celle  province  en  hante  et  basse  Cbaiii- 
pagne.Elle  comprenailbnitpeiilspays  ;  laCbam;agnc 
propre,  le  Rémois,  le  Retlieluis,  le  Pertois,  le  Val- 
lage,  le  Bassiguy,  la  Brie  Champenoise  ei  le  Séno- 
nais.  Troyes  en  était  la  cnp.  Elle  forme  les  qn.itre 
déparlemenis  de  la  llaute-M:irne  au  S.K.,  de  l'Aube 
au  S.-O.,  de  la  Marne  au  N.,  des  Ardennesau  N.B., 
et  partie  deieux  de  l'Vonnc,  de  l'Aisne,  de  Seine-et 
Marne  et  de  la  Meuse. 

Du  20  août  au  ib  octobre  1792  celle  contrée  fut 
le  théâirè  de  la  guerre  entre  les  Français  et  les  co-i- 
lisés,  qu'un  chassa  de  tuii>es  parts  sous  les  ordres 
du  gé'iér:d  D  mouriez;  et  en  1814  et  ISIS  les  al- 
liés l'envaliireiit,  et  y  furent  souvent  mis  en  dérou- 
te. La  Champagne  tire  son  nom  des  vastes  plaines 
crayeuses  qui  rèitnent  des  contins  de  la  Brie  aux 
fpomièri's  de  la  Lorraine. 

Par  le  concordat  de  1801  l'archevêché  de  Reims 
cl  celui  de  Sens  éiaienl  supprimés,  ainsi  que  les  évé- 
chés  de  Langres  et  de  ChàUms.  Le  coiuordat  de 
1817  a  rétabli  le<  deux  archevêchés  et  les  deux  évé- 
cbés.  Il  n'y  a  que  les  di<icèses  dont  la  circonscrip- 
tion Soit  changée. 

Campaniacum,  Chanipigny,  paroisse  du  diocèse  de 
P.iris, canton  de  Clinrenton,  arriuid.  de  Sceaux  Seine, 
à  li  kil.  et  de  Paris.  Ce  village  est  situé  près  de  la 
rive  gauche  de  la  Marne,  nu  y  comple  1500  habitants, 
en  y  comprenant  une  foule  de  fermes  ei  maisons  de 
campagne  envir(mn:inles.  Il  fais:iil  autrefois*  ainsi 
que  la  cumnmnr  de  ce  nom.  partie  du  diocèse  de  Pa- 
ris, dans  la  provjnre  de  l'Ile  de  Friime.  Le  litre  le 
plusanciiuiquimeiiliomiecevilla^ecsl  de  UI60  :ilye-l 
noiniiié  CnmpeiiHiiiiim;  quelques  années  plus  tard  ou 
le  trouve  appelé  CniH(;aHJ«c«m.  L'eglis  •  esi  du  xiii"  siè- 
cle el  porte  le  nom  lie  St-Saiurnin.  Ce  villaîe  avnlt 
un  château,  e^pèie  de  li>rteresse,  que  l'ablté  i;hàie- 
lain  compare,  dans  se  Voi/af/rs,  au  petit  Cbàtelel. 
Il  lut  brillé,  le  S  avril  Ul9,  sons  le  lègne  de  Ch  .ries 
VI,  par  les  Armagnacs,  qui  él:iieut  du  parti  du  dau- 
phin, depuis  Chai  les  VIL  Ils  y  Inùlèreiit  lémines,  en- 
fants, hommes,  besli:nix  et  grains,  qui  y  étaient  en- 
fermés, et  inassaciéreiit.  en  vrais  diables  déchaînés, 
comme  les  noinmi'  le  journal  du  règne  de  Charles  VI, 
tous  ceux  (|ui  -ovtaieni  du  fort  pour  ccliajiper  aux 
Rammes.  Ce  rhAteau,  rebftii  d.-'puis,  servit  de  reiraiie 


au  baron  de  Pontis,  lieutenant  général  des  armées  de 
Philippe  de  France,  duc  d'Anjou,  roi  d'Espagne.  Ce 
sei;;neur,  célèbre  par  la  pri>e  de  Carthagène,  l'avait 
acheté  à  vie  et  y  mourut  en  1707.  —  Les  guerres  du 
xv«  siècle  engagèrent  les  habitants  à  se  clore  de 
murs.  Dans  le  siècle  suivant,  François  !•'  leur  en 
diinni  la  permission  par  lelires  patentes  di;  1543. 
Les  mêmes  lettres  établirent  un  marché  à  Champigny. 
Charles  IX,  en  15  3,  accorda  deux  foires  à  ce  vil- 
lage, mais  i'  Hi  cela  eut  peu  de  succès.  On  trouve, 
auprès  de  Champigny,  sur  les  bords  de  la  Marne, 'les 
praiiies  fertiles  et  charmantes,  au  milieu  desquelles 
socl  pratiquées  des  promenades  irès-agréab!es.  On  y 
Voit  aussi  un  grand  nombre  de  maisons  de  campa- 
gne remarquables,  entie  autres  le  vasie  et  beau  do- 
maine de  Tremblay,  dont  le  château  a  été  détruit,  et 
le  château  de  Cueilly,  dont  les  jardins  el  le  parc  >ont 
d'une  grande  étendue.  —  Les  principales  productions 
tlii  terroir  de  celle  commune  sont  en  grains,  une 
partie  est  en  vignes  et  en  prairies.  On  y  cultive 
beaucoup  de  pois.  Le  vin  île  Champigny  avait  aiiire- 
fois  de  la  ri'pulaiion.  Il  s'y  trouve  des  carrières  de 
pierres  lie  diverses  espèces,  des  (ours  à  chaux  et  une 
asseï  grande  quantité  de  beaux  cailloux  agaihisés. 
Campus  Belliis,  Cli  nnpeaux,  paroi^se  de  l'ancien 
diocèse  de  Paris,  à  présent  de  celui  de  Meaux,cnton 
deMormaiii,aiTOiiil.de  Meliin,  Seiiie-el  M  iriie,  à7kil. 
liid-niiest  de  Mormant,  13  nord-est  de  Meluii  et  I8de 
Paris. — Ce  heu  ï.ain  ienne  petite  ville,  renfermait  une 
co  légialeilonl  l'étahlissemenl  avait  été  fail  sur  la  fin 
du  XI"  siècle  el  vers  l'an  1100;  dès  ll.:4,  celle  col- 
légiale avait  été  du  nombre  de  celles  dont  Etienne, 
évêque  de  Paris,  avaii  accordé  les  annuels  à  l'abliaye 
Si-Viclor;  ce  qui  fut  confirmé  l'année  suivante  par 
Louis  le  Gros.  Le-  chanoines  furent  fivés  à  douze, 
ayant  à  leur  lête  un  prévôt.  Leur  nombre  fut  aug- 
menté par  II  suite,  et  s'accrul encore  d'un  chantre. 
Le  prévôt  rendait  la  justice  en  surplis  el  en  aumusse. 
La  sti  uclure  de  celte  collégiale  était  du  xii*  siècle,  et 
:ainl  Mari  n  de  Tours  en  était  le  patron.  Elle  était 
bàiie  comme  en  fonnede  crnix  avec  des  ailes,  et  ûnis- 
sailencarréducôléde l'orient, ce  qui  n'empèciiait point 
qu'on  ne  loiimàl  par  deirière  l'autel.  L'architecte 
ne  l'avait  loint  ornée  de  ^'aleries,  et  ne  l'avait  point 
rendue  exactement  droite.  On  avait  figuré  en  bois, 
dans  le  cliœur,  les  anciennes  voûtes  gothiques.  Au 
côté  sepien  rional  du  portail  était  une  lour  un  peu 
basse,  du  même  temps  que  l'église.  Le  jngement  der- 
nier était  représenté  à  ce  portail,  selon  l'u-sage  des 
\i'  el  XII»  S'ècles.  Les  clianoines  avaient  liiaucniip 
eiebel  i  cette  église  depuis  1680.  Le  grand  auiel  fut 
refait  à  l'imilalinn  de  i  elui  de  Notre-Dame  d-  Paris. 
Au'  une  des  tombes  d  s  chanoines  que  l'on  voyait 
dans  la  nef  n'avait  encore  les  pieds  étendus  vers  l'o- 
rient, suivant  l'usage  primitif  de  ions  les  chré  iens. 
On  lisait  l'é.itaphe  suivante,  sur  une  de  ces  tombes, 
du  XIII'  siècle,  en  capitales  gothiques  : 

Foiijucii  Lumen,  pielalis  gemma;  rolumeu 
Jusiihœ,  cinere  jacet  hic,  Deus  haie  miêerere. 


271 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  272 


Siephanus  hic  lenis  fuit  et  miserntor  cgenis, 
Virlus  verii  I)ei  noxia  lollat  et.  Amen. 
Devant  la  sacrislie  élîiil  une   aiilie  lombc  du  xiv' 
siècle, de  l^iqnelle  on  a  exiroii  lépilaplie  qni  suil  : 

Hic  jacct  domiinis  Pctnt.-i  Ennaoïii  qnondam 
caiwnicns  et  cantor  liiijus  Ecclrsiœ.  qui  fur.diwit 
;inam  capelli:mam  ob  remedium  aiiimœ  siiœ  in 
honore  bealœ  Farce  virginis  in  hoc  loco,  et  obiit 
niiiio  Mccc.  XXX  nono,iiut.rla  diemensis  novenib.is. 
Parmi  les  reliques  que  l'on  conservait  dans  celle 
église,  les  plus  anciennes  étaient  celles  d'un  saiiilDiini- 
no!eon  Donie,évêque,ei  de  saint  Iléracli(.',évèque  de 
Sens.  Il  existait,  dans  la  collégiale  de  Chainpeaux, 
un  niémorial  qui  rapportait  qu'en  1207,  Hervé,  évéque 
de  Troyes,  conslala,  par  un  certidcal,  que  les  che- 
veux que  l'on  y  possédait  sons  le  nom  de  Noire-Sei- 
gneur Jésus-Clirisl.enéudent  véritablenienUniais  on 
n'avait  jamais  pu  trouver  le  cerlificat  ni  la  relicjue. 
A  un  kil.  au  sud  de  ce  bourg  csl  siiué  le  cliâieau 
d'.4!iHcii/,  1  àii  il  y  a  environ  GO  ans  *l"i  '^''  égale- 
ment parlic  de  la  commune.  Il  est  n  remarquer  que 
dans  sa  con.-lruciion,  en  mansarde,  il  n'est  miré 
d'auiresliois  que  (eux  employés  aux  combles,  portes 
cl  croisées  ;  les  gros  murs  ei  escaliers  sont  bâtis  en 
g. es,  el  les  appirienienls  cintrés  en  fer.  Le  célèbre 
avocat  GeibicT  a  possédé  la  terre  de  Champeanx, 
qu'il  a  embellie  ei  d.ins  laqiiel'e  il  a  laiL  desdépeiises 
considérables.  Les  polagers  el  les  jardins  anglais 
Ront  très-lien  disiribués.  Le  paie  est  emonré  deninrs 
(;i  de  fossés;  il  reniernio  des  prairies,  des  vignes  et 
des  bois.  Une  source,  sortant  d'une  grulle,  alimente 
plusieurs  pièces  d'eau.  Une  belle  avenue  d'arbres, 
devant  le  tbàteau,  aboniii  à  un  bois  de  SO  arpenls. 
Lien  percés.  On  y  disJiugue  encore  plusieurs  mai- 
fons  de  campagne.  La  pnp.  de  celle  commune  est 
de  plus  de  5l0  babiiaiits.y  compiis  plusieurs  fermes 
et  autres  habiiaiions  écartées.  Le  lerroii-  (  si  en  lerres 
labourables  el  en  bois;  on  y  ironve  d.>s  carrièies  de 
piene  nieulièie  et  une  loni;iine  dite  Vananne,  où 
l'eau  est  si  abondante,  i|u"à  3;t  pieds  de  sa  source  elle 
l'ait  tourner  un  moulin,  et  ensuite  (|uaire  antres  dans 
l'esp.ice  (l'une  demi-lii  ne  :  deux  de  ces  moidins  sont 
sur  la  commune  de  Blandy.  Il  se  lianl  à  Champeanx, 
le  vendredi  de  chaque  semaine,  un  marché  qui  n'est 
pas  cunsidéiable.  Ce  bourg  élail  j;idis  fermé;  on  y 
entrait  partr'ûs  pones  garnies  de  ponis-levis.  Il  av..it 
«ne  léproserie,  en  13'j2,  destinée  anx  habitants  du 
b  ^Hr|?,àceux  de  Fiiuja,  d  ■  Si-Merry,d'.\ndie<el  el  de 
Quiers.  Champeanx  est  la  piilrie  de  Giilllannie  de 
Ch.impeanx,  instituteur  de  la  congrégation  de  Sainl- 
Victoi .  L'éiilise  paroissiale  est  sous  l'invocation  de  la 
sainte  Vierge. 

Campus,  Champs,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
Paris,  actnellen  eut  de  celui  de  Me;iux,  canton  de 
Lagny,  aiTond.  de  M(^aux,  à  8  kil  de  Lagny,  20  ouest 
de  Paris,  sur  de»  collines  qni  bordent  la  riv  ■  gauche 
de  la  Marne,  dans  une  position  assez  pittoresque. 
Populat.  400  habilants  environ.  —  Champs  a  dû  son 
origine  à  une  église  bâtie  par  saint  Maur  et  saint 


Fursy,  d  ins  un  endroit  appe'é  alors  Campus  (champ), 
par  opposition  aux  forêts  qui  l'environi'aienl.  Celle 
église,  détruite  depuis,  a  été  rebâtie  en  1"'38  :  elle 
est  petite,  muis  assez  jolie,  et  dans  une  agréable  lO- 
siiion.  —  Il  y  a  eu  sur  le  leri iloirc  de  cette  commune 
une  lépriscri  ■,  qui  existait  en  1339.  —  A  l'extrémité 
de  ce  village  est  un  beau  châte.iu  élevé  sur  le>  plans 
drf  Chainblin  pour  Paul  Poisson,  dit  Bourvalet  ou 
Uourvalais,  himnie  de  linance:',  dont  la  naissance  et 
la  fortune  ont  étonné  le  dernier  siècle  :  Poisson,  fi!s 
d'un  piysaii  des  environs  de  Rennes,  puis  laquais  à 
Paris,  sergent  dans  son  village,  homme  d'affaires  de 
l'inleiidant  des  finances  Pontchaitrain,  gagna  des 
sommes  immenses  dans  les  fournitures  pour  la  guerre 
de  la  succession;  accusé  devant  la  chambre  de  ji>s- 
tice,  sous  le  régent,  4,40J,00tJ  liv.  apii  èrent  son 
compte,  et  le  rendirent  boiiiièle  homme.  Thévenin 
lui  disant  nn  jour  :  Souviens-toi  que  tu  as  été  mon 
valet.  Cela  est  vrai,  répondit  Poisson;  mais  si  tu 
avaisétéleniien, tu  léserais  encore. —  Le  château  de 
Ciiamps  esi  d'une  forme  irés-tégulière  :  sa  faça  le, 
ornée  d'un  péristyle,  est  accompagnée  de  deux  t.  r- 
rasses  décorées  de  vases  el  de  slalu;s  d'enfanls; 
dans  les  apparieinenis,  on  reuiarquait  le  tilafond  du 
salon,  les  camaïeux  des  dessus  de  por  e  el  les  figures 
chinoises  qui  décorent  la  salle  de  compagnie;  un 
vaste  parterre  à  l'anglaise,  composé  de  deux  bassins  sé- 
parés parmi  long  lapis  de  verdure,  est  lermiiié  par  un 
groupe  de  sculpture;  un  des  bassins  a  un  jet  qui  s'é- 
lève à  70  pieds.  Aux  deux  côtés  de  la  pai  tie  inférieure 
du  parterre  sont  deux  niagnifiqnes  bosquets  ;  les 
plantations  à  gauche  et  à  droitedu  chàie;iu  sont  laites 
avec  beaucoup  de  goiit.  On  y  trouve  plusieurs  salles 
de  verdure  irès-agréables.  A  l'extrémité  d'une  allée, 
à  droite  du  cl.âtean,  on  voit  sous  un  portique  en 
treillage  la  stalne  d'une  jeune  fiHe,  dont  la  têie  est 
celle  d'un  singe.  Piesquc  tous  les  jardins  de  Champs 
ont  été  dessinés  par  l'archit -de  Delille;  mais  le  soc 
les  a  sillonnés.  La  seigieurie  de  Champs-sur-Marne 
éiait,  an  commenceimnldu  xv«  siècle,  sous  le  règne 
de  Charles  VI,  dans  la  famille  d'Orgemom,  origimire 
de  Lagny  :  elle  passa  à  Claude  de  Montmorency, 
maître  d'hôtel  ordinaire  de  François  l"  ;  (luIs  à  la 
famille  du  Four,  dite  de  Si-Jorry.  Après  quelques 
autres  mutations  peu  connues,  Bourvalais  l'acquit,  et 
en  jouissaii  enco<e  au  rommenceiuenl  du  dern  er 
siècle.  Les  révolutions  financières  de  1720  occasion- 
nées par  le  système  de  Law,  qni  déplacèrent  tant  de 
loriimes,  firent  tomber  cette  terre  aux  mains  de  Ma- 
rianne (le  Bouibon,  léijitiiiiée  de  France,  veuve  du 
prince  deCimti;  elle  duc  de  la  Vallière  la  possédait 
en  1758.  —  Le  terroir  de  Champs  est  en  lerres  la- 
bourables, vignes,  prairies  el  bois.  Le  bas  des  collines 
où  ce  village  est  siiué  est  arrosé  par  un  peiii  ruisseau 
appelé  Gràee,  du  nom  de  la  forêt  dite  Bois-de-Crâce. 
Caniiliacum,  Chantilly,  paroisse  de  l'ancien  diocèse 
de  Seidis,  aujourd'hui  de  celui  de  Beauvais,  canton 
de  Creil,  arrond.  de  Serdis,  dépl.  de  Seineel-Oise, 
à  7  kil.  au  sud  de  Creil,  à  56  de  Paris.  —  Ce  lieu. 


273 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


274 


suivant  Olivier  de  Serres,  lire  son  nom  de  la  grande 
fliianlilé  de  tilleuls  qu'on  cultive  dans  ses  environs, 
et  dont  la  deuxième  ccorce  s'emploie  à  fairedes  cor- 
des à  puits  et  des  câbles.  Chantilly  était  célèbre  par 
son  (liàieau,  connu  depuis  longtemps  d:ins  les  Fastes 
de  la  féodalité.  Dés  b;  commenceineiit  du  xii«  siècle, 
Guy  ,  comte  de  Senlis  ,  en  était  seignfiir;  ce  fut  lui 
que  Louis  le  Gros  éleva  à  la  dignité  de  grand  bou- 
tillier  de  France,  titre  que  sa  postérité  avait  con- 
stamment conservé.  Guillaume,  bmilillier  de  Senlis, 
troisième  du  nom,  et  l'un  des  descetidants  de  Guy, 
embellit  le  séjour  de  Chantilly,  et,  en  !3ù5,  y  fit  bâiir 
une  chapelle  qui  fut  sa  sépulture.  La  race  des  houiil- 
liersde  Senlis,  qui  se  disaient  issus  de  celle  île  Charle- 
niagne,  s'éteignit  vers  le  comnif-ncementdu  xv^siède. 
Pierre  d'Or^emnm  ,  chancelier  de  France,  sous 
Charles  VI,  posséda  Chantilly,  que  son  petit-fils 
donna,  en  1484,  à  son  neveu  Guillaume  de  Montmo- 
rency. Les  successeursdeGuillaume  .mbellirent  con- 
sidérablement ce  château,  et  le  possédèrent  jusqu'à 
la  n)ort  tragique  du  dernier  connétable.  Louis  Xll[ 
avait  donné,  en  16j3,  le  duché  de  Montmorency, 
dont  Chantilly  faisait  partie,  à  la  princesse  de  Condé, 
sœur  de  Henri  de  Monlinoren:y;  mais  il  s'était  ré- 
servé en  mètne  temps  la  seigneurie  et  le  château  de 
Chantilly,  dunt  il  se  fit  un  lieu  de  plaisance.  La  reine, 
mère  de  Louis  XIV,  en  accorda  ensuitelajouissance, 
pendant  son  règne,  au  prince  de  Condé.  Mais  quel- 
que temps  après,  le  jeune  roi  rentra  en  possessio.i 
de  ces  biens,  et  ce  ne  fut  qu'en  1661  qu'il  remit 
Chantilly,  en  toute  propriété,  an  même  prince  de 
Coudé.  Ce  prince  y  avait  un  château  magnifique  qui 
dominait  sur  de  vastes  domaines.  On  découvrait  de 
ce  château  mille  points  de  vue  adroitement  ména- 
gés les  un';  plus  ravissants  que  les  autres.  C'éiait  un 
séjour  enchanté  où  l'art  et  la  nature  s'étaient  épuisés 
pour  offrir  aux  yeux  tout  ce  que  la  main  des  fées 
grava  dans  l'imagination  des  poètes,  et  qu'on  ne 
crny^iit  pnurtanl  jamais  possible  de  réaliser  par  le  tra- 
vail et  rindusliie  humaine.  Les  p:'ëies  les  plus  dis- 
tingués ont  toujours  consacré  (|uel<iues  chants  à  la 
description  de  cette  magnifique  ré -ideiice  d'un  prince. 
Dans  une  ode  iiiiiliilée  Cunliliacum,  le  poëie  Boulard 
a  pailé  de  Clianiilly  ;  le  P.  Uapiii  ne  l'a  point  oublié 
dans  son  poëine  latin  sur  les  Jardins;  et  Delille  a  dit  : 

flans  ta  pompe  élégante  admirei  Cliantilli  . 

De  héros  en  héros,  d\ige  en  âge  embelli. 

Eh  bien!  une  paitie  des  beautés  de  Chantilly  et 
des  lieuv  enchanteurs  que  renfermaient  les  jardins 
avant  la  révolution  n'existe  plus.  La  main  du  vanda- 
lisme a  tout  détruit.  Le  grand  château  et  ses  dépen- 
dances ont  été  vendus  à  d'avides  spéculateurs,  con- 
nus sous  le  nom  do  Bande  noire,  qui  se  sont  empres- 
isësde  le  démolir  et  de  s'enridiir  de  tous  les  objets 
rares  et  précieux  qu'il  renfermait.  Eu  démolissant  la 
chapelle  de  et!  (bateau,  on  trouva  le  corps  de  l'ami- 
ral Ci'ligiiy,  l'une  des  plus  illustres  victimes  du  mas- 
sacre de  la  baint-Barthcleuiy:  il  avait  été  détaché 
Mcrèlement  des  fourches  de  Mbntlaucbn,  et  enterré 


dans  cet  endroit.  Comme  rien  ne  doit  être  perdu  dans 
le  souvenir  des  hommes,  voici  la  description  de  ce 
superbe  séj<'ur.  Le  milieu  de  la  forêt,  qui  rontieut 
environ  5^75  hectares  (7iiO  i  arpent-),  offrait  une 
étoile  de  douze  allées  de  quatre  kil.  (près  d'une  lieue 
de  lon;:ueur)  et  de  l'2  mètres  (G  loi-es  de  largeur). 
C'était  le  remlez-vous  de  ch:isse,  nommé  la  TuHe, 
place  célèbre  par  les  fêtes  que  le  grand  Condé  y 
donna  .à  Louis  XIV  et  à  toute  sa  mur.  L'avenue,  ap- 
pelée Houle  du  Vo^mélable,  conduisait  au  giand  châ- 
teau, en  face  duquel  était  utie  terrasse  magnifique, 
décorée  par  une  statue  équestre  eu  cuivre  plané,  re- 
présentant le  connétable  de  Montmorency,  avec  sou 
armure  à  l'antique,  l'épée  nue  à  la  main,  et  son  cas- 
que à  terre  soutenant  un  des  pieds  de  son  cheval. 
C'est  de  ce  connétable  que  Henri  IV  disait  :  «  Avec 
mon  connétable  qui  ne  sait  pas  lire,  et  mon  chance- 
lier Sillery  qui  ne  sait  pas  le  I:  tin,  il  n'est  rien  que 
je  n'entreprenne  avec  succès.  »  D'Aubigné,  dans  son 
Baron  de  Fenestre,  assure  que  Monlmoren  y  savait 
écrire,  et  non  pas  lire,  car  il  écriva.t  son  nom. 
Brantôme  assure  qu'il  ne  signait  qu'avec  une  marque, 
et  que  son  ignorance  était  telle,  qu'il  ne  connaissait 
ni  argent,  ni  monnaie.  —  A  droite  était  un  château 
construit  à  l'italienne  pour  le  duc  d'Eughien,  sur  les 
dessins  de  l'architecte  Le  [{oy.  Ce  bâtiment  se  com- 
posait d'un  rez-de-chaussée  et  d'un  seul  étage  que 
couronnaient  un  entablement  et  tine  balustrade.  Le 
grand  chàtfau  était  entouré,  ainsi  que  le  nouveau, 
de  beaux  fossés  remplis  d'eau  vive,  oit  l'on  ti  ouvrit 
en  abondance  des  carpes  apprivoisées  qui  venriient 
manger  à  la  main.  Pline  parle  de  semblables  carpes 
qui  se  trotivaient  dans  les  maisons  de  plaisance  de 
César.  Cet  antique  château  rappelait  à  l'imagination 
la  demeure  de  nos  anciens  preux  et  des  merveUles 
^u'ou  en  raconte.  Il  était  flanqué  de  tours  qui  com- 
muniquaient l'une  à  l'autre  par  une  galerie  exléricnie, 
fort  étroite,  et  qui  faisait  le  tour  du  château.  La  cour 
vaste  et  irré^ulière  était  ornée  de  bâtiments  ornés 
de  sculptures  et  de  colonnes  singulières.  Trois  ar- 
cades, décorées  de  colonnes  coiinibiennes  et  d'un 
front  bri^é,  menaient  au  grand  escalier  ;  ce  côté  de 
la  cour  était  de  Mansari.  Au  milieu  de  cet  escalier, 
paraissait  une  belle  statue  pédestre  du  grand  Coudé. 
Elle  était  entourée  des  attributs  de  sa  gloire.  Au  bas 
de  cette  figure,  sculptée  par  Coizevox,  on  lisait  les 
\ers  suivants  dit  poète  Sanleuil  : 

Quemmodo  pallebani ,  fagitivis  fluclibus,  amnes, 
Terribilem  betlo,  nunc,  docta  per  otia,  princcps, 
Paris  amans,  lœtos  dut  in  hortis  ludere  foules. 
Nous  ignorons  quel  prix  on  donn  i  à   Sanieuil   pour 
ces  vers;  mais  on  rapporte  que  le  fi'sdii  grand  Condé 
promit  mille  ée.us  à  celui  qui   composerait   la  meil- 
leure inscription  pour  la  statue  de  son  père,  et  qu'un 
Gascon  fit  le  quatrain  suivant  : 

Pour  célébrer  lant  de  vertus. 
Tant  de  liiiuls  faits  et  lant  de  gloire. 
Mille  écus!  morbleu!  mille  écus! 
Ce  n'est  pas  un  sot  par  victoir» 


DICTiONNAlHE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


276 


La  salle  des  gardes,  à  droite,  éiait  ornée  de  tableaux 
de  ciiasse,  pa  mi  lesi)iipis  on  en  distinguait  irois 
peints  (  ar  Gudri.  L'iii)parienieiit  du  roi  était  suivi 
d'une  pièce  ronde,  praiii|iié'^  dans  une  des  tours ,  en- 
suite ét:iil  un  salon,  en  forine  de  galerie,  oii  l'on 
voyait  deux  bufifels  nu  cal(in''lsen  portiiiue,  dont  les 
milieux  étaieut  surmontés  de  dôiiie<:.  Au  fond  de 
ce!ti'  galerie,  étaient  les  bustes  en  marbr  ■  du  grand 
Condé  et  (le  Heni  IV.  Le  salon  conduisait  à  l'anli- 
(liaiiilire,  puis  à  la  cbanihre  à  coiichei  de  !a  reine, 
ijni  était  décorée  de  -culiitnres.  Un  corridor  i'  enait 
à  la  ti  ibune  de  la  cliapelle.  Sur  l'autel  était  une  Ré- 
surrection de  Noiie-Seigneur,  parCoypel.  Dans  le  ca- 
Linei  du  It  ictrac,  éc  aire  par  plusieurs  fenêtres,  on 
voya  l  diiïorents  lalileaux,  présenlaiil  des  vue^  de 
Chanlilly,  par  Coilez,  peintre  flamand.  L'apparl-e- 
ment  de  madenioiselle  de  Bmrbon  se  faisait  renia- 
quer  par  es  richesses  et  son  heureuse  disiribution. 
Les  connaisseurs  admiraient  les  souterrains  ([ui  ré- 
gnaient autour  du  château,  au  re/.-de-chaussée  des 
fossés  ;  leur  voùle  était  regardée  comme  un' clief- 
d'œuvre  de  l'art.  Le  petit  cbàleau  construit  vers  le 
.\vi'  siècle,  moins  vaste  cl  plus  simple  à  l'extér  eur 
que  le  vieux  château,  est  le  seul  qui  existe  aujour- 
d'hui. An  temps  où  Cliantil'y  apparlenaii  à  la  mai- 
son de  M  nimoren  y,  cet  édilice  était  destiné  à  la 
capitainerie.  Il  est  élevé  dans  les  fossés  du  grand 
château,  auquel  il  communiquait  par  des  ponts  en 
forme  de  corridors,  ei  présente  un  corps  de  bàii- 
nient  ayant  deux  javillons  en  avant-corps  sur  la 
cour  ;  ces  pavillons  sont  décorés  d'une  oidonnance 
corinthienne  en  pilastres,  d'un  bon  style  et  d'une 
exécution  soignée.  Dans  tome  l'étendue  du  bàli 
nient,  l'entablement  est  interrompu  p;ir  les  croisées 
en  ir.aiis.irde  de  l'étage  qui  règne  au-dessus  du  rez- 
de  chaussée.  La  galerie  des  bâta  I  es  était  décorée  de 
douze  tableaux  ;  einls  par  Le  Comie,  sur  les  dessins 
de  Van  di  r-Meulen,  et  tons  représentaient  les  faits 
d'armes  qui  illuslrèrenl  le  grand  Coudé  dans  les  an- 
nées comprise-;  ealr'  1643  et  IG7i.  Au  biuit  de  celte 
galerie  était  un  riche  caliiuei  de  physique  et  d'his- 
iiiire  naturelle,  commencé  par  le  duc  de  Bourbon, 
jiendanl  son  mi'iislère,  et  augmenté,  en  1786,  de  la 
collection  du  célèbre  Valmont  de  Boinare.  La  ler- 
}as.>e  du  connétable,  placée  entre  le  hâlinient  d'Eii- 
ghien  et  les  fossés  du  vieux  château,  était  dérotée 
de  la  Slitue  équestre  d'.\nne  de  Montmorency.  Celle 
liguie,  :issez  bonne  pour  le  temps  lù  e'Ie  fut  faite, 
était  composée  de  bmies  de  coivie  lrès-rap|iro- 
cliées;  i>  cette  épuqtie  on  ignorait  en  Fia 'Ce  l'art  de 
jeier  en  fonte  de  gr.indes  ligures.  — Outre  les  «leiix 
châteaux  dont  on  vient  de  parler,  il  en  était  un  troi- 
sième, appelé  Buiiiiam,  desl  né  aux  logements  des 
seigneurs;  il  formait  un  carré  avec  l'oraiigerio.  — 
Les  écuries  de  Chantilly,  baltes  sur  les  dessins  de 
Jean  Aiibert,  fuient  comn.encées  en  1719  et  finies  eu 
1735;  elles  présentent  une  façade  de  96  toises  et  de- 
mie de  iiéveleppement  sur  9  toi  es  2  pieds  de  larg.  ; 
les  deux  extrémités  sont  arrêtées  par  -2  gros  pavil- 


lons de  10  toises  5  pieds  en  carré,  et  de  42  pieds  et 
demi  en  hauteur,  depuis  le  rez-de-chaussée  jusqu'à 
l'entablement;  ils  sont  percés  chacun  de  3  arcades 
sur  chacune  de  leurs  lares.  Au  milieu  de  la  façade 
est  un  pav  lion  formant  avant-corps,  orné  de  pilas- 
tres ioniques,  et  ipii  ollre  la  principale  porte  des  écu- 
rie<  ;  sous  l'archivol'e  de  cette  porte  sont  sculptés 
en  demi-bosse  trois  chevaux  qui  présenleiil  dilTéren- 
tes  attitudes.  Sur  ce  pavillon,  couronné  couime  tout 
l'é  lifice  d'une  balustiade,  s'élève  un  dôme  octogone 
qui  olfre  pour  amortissement  la  Renommée  montée 
sur  un  cheval  ailé  :  ce  groupe,  fait  en  plomb,  a  une 
proportion  de  12  pieds.  Les  deu\  p  rties  de  cette  fa- 
çade, qui  sont  entre  les  trois  pavillons,  sont  peicées 
de  20  arcades,  de  1-  p  eds  de  largeur  chacune  sur 
£.0  de  hauteur,  et  ornées  d'assises  en  bossages.  L'in- 
léàeur  des  éciiiies  a,  dans  œuvre,  93  toises  de  long 
sur  56  (ieds  de  large  ;  la  hauteur,  prise  du  sol  à  la 
clé  de  la  voûte,  est  de  40  pieds,  proportion  énorme 
qui,  en  donnant  un  air  de  majesté  à  ce  logement 
pour  de>  chevaux,  miit  beaucoup  à  la  commodité. 
La  vaste  étendue  de  l'intérieur,  la  hauteur  île  la 
voiite,  la  grandeur  des  lènêtres  rendraient  cet  é.lifice 
inliabitahie,  même  pour  les  animtiux,  si  en  hiver  on 
n'avait  aoin  d'y  entretenir  du  leii.  Au  milieu  de  cette 
1  ligueur  est  le  dôm  •  (|ui  a,  dans  œuvre,  63  pieds  de 
ijiamètre  et  <S2  pieds  de  hauteur.  La  voûte,  qui  est  à  8 
paiis,  est  éclairée  p  ir  4  grandes  croisées  ovales.  Le  tout 
e>t  orné  de  guirlandes  et  de  trophées  de  chasse,  tels 
que  des  lêtes  de  cerfs  et  de  sangliers.  Au-dessous  de 
ce  dôme,  et  en  face  delà  p.iucipale  porte  d'entrée, 
c-t  un  renfoncement  formaii!  une  grande  arcade  en 
cul-de-four,  sous  laquelle  on  trouve  une  magnifique 
foula. ne  eu  casi  ade,  dont  l'eau  est  reçue  dans  une 
CiveUe,  où  sont  deux  civevaux  de  grandeur  natu- 
relle :  l'un  semble  boire,  et  est  accompagné  d'un  eu- 
l.t  II  (jui  embiucbe  une  conque  manne;  l'autre  boit 
(la  :s  nue  coquille  que  tient  un  autre  enfant.  En  haut, 
i^niii  deux  génies  tenant  un  cartel,  dans  lequel  est 
i'iusc;iptiuu  suivante  : 

Louis- Henri  de  Bourbon,  seplième  prince  de 
Condé,  a  fait  construire  celte  écurie  et  les  bâti- 
nienls  qui  en  dépendent,  commencés  en  1719,  et 
finis  en  1 735. 

Ces  écuries  peuvent  contenir  240  chevaux.  Les  arcs 
deiibleaux,  placés  entre  les  fenêtres,  présentent  à 
la  naissarce  de  la  voûte  des  tèies  de  cerfs  entourées 
de  cartels  et  de  guirlandes  de  feiiille<  de  chêne  en 
peinture.  Les  deux  extrémités  de  cette  écurie  sont 
leriiiinées  par  nu  cnl-ile-fonr.  Dans  un  renfoiice- 
meiit  qui  est  au-dessous  de  la  corniche,  sont  peints 
des  suets  de  vénerie  :  d'un  côté  est  une  chasse  aux 
Innps,  et  de  l'autre  côté  une  chasse  aux  s.mgliers. 
I,'él:ige  supérieur,  eu  mansardes,  est  divisé  en  24 
apparleuients.  Le  manéi:e  découvert  était  un  édilice 
circulaire  de  20  toises  de  oiamêtre,  bàli  dans  le 
genre  de  l'écurie  à  laquelle  il  lena  t,  et  qui  présen- 
tait des  portiques  à  jour  décorés  d'une  ordonnance 


de  colonnes  ioniques  répétoe  par  des  pilastres.  Les 
chenils ,  construits  pour  les  diverses  espèces  de 
chiens,  n'éia'enl  pas  ilislrihués  moins  gramlement 
que  l'ëiurie.  Ils  étaient  déioi  es  de  fou  laines,  de  sculp- 
tures et  de  peiniiiies.  La  l)i)ulan;erie,  les  remises, 
le  logement  de  la  vénerie,  forni  lieiit,  avec  It-  priri- 
lipal  édilice,  dont  ils  réiiélaient  la  décoration  txié- 
rieure,  nn  vaste  et  magtiifique  ejisomble  i|ui,  par  le 
caractère  de  son  architecture  ri  >a  iiosiiion  avanta- 
geuse sur  une  imniense  pelouse,  pouvait  excuser 
l'erreur  où  icimbaieni  quelquelois  les  étrangers  eu  le 
prenant  pour  le  palais  uiéine. 

La  porte  par  la<(uelle  on  entrait  dans  le  bourg  de 
Chantilly,  était  le  coniinencement  d'un  pavillon  sy- 
métrique à  celui  de  l'écurie;  la  rue  qui  vient  ensuite 
était  bordée  d'un  corps-de-logis  de  plus  de  1U.0  toi- 
ses de  longueur,  d  visé  en  maisons  unilorinéjiient 
construites  derrière  chacune  des  luelles  était  uii  jar- 
din qui  (humait  sur  la  pelouse  de  Chantilly.  L'égHse 
paroissiale  est  d'une  construction  moderne  ;  l'inté- 
rieur est  orné  de  pilastres,  et  sur  l'autel  on  voit  une 
Adoration  des  Bergers  peitiie  par  Houasse. 

Les  réservoirs  placés  sur  la  pelouse,  à  l'extré- 
mité du  bourg,  iirésentent  deux  vastes  pièces  d'eau 
qui  ont  près  de  ii  0  toises  de  long  chacune,  sur  env. 
50  lie  lar;,e.  Ils  l'ourtii-setit  une  partie  des  eaux  de 
Cliauiilly.  Pluieurs  allées  plantées  d'aibres  entou- 
rent ces  deux  pièces  d'eau,  et  roriiietit,  de  cet  en- 
dro  t,  une  promenade  agréable.  De  la  terrasse  du 
château,  on  descendait,  par  un  très-bel  escalier, 
dans  les  jardins,  chef-d'œ  ivre  de  Le  Nôtre.  Cet  in- 
génieux artiste  avait  su  tirer  le  parti  le  plus  heureux 
des  avantages  que  lui  avait  fournis  la  n^iiure.  La  ri- 
vière de  Nonette  y  répandait  la  richesse  de  ses 
eaux  ;  elle  formait  la  fontaine  de  la  Gerije,  et  produi- 
sait, à  droite,  une  superbe  pièce  d'eau  qid  syinélii- 
saitavec  les  fossés  du  châle  au  (ju'elle  avait  remplis. 
De  là  on  apercevait  un  bras  du  grand  canal,  et  sur  les 
côtés  le  parterre  enrichi  de  dix  bassins  enchanieuis; 
ceux  du  milieu  formaient  miroir.  C'était  uii  superbe 
tableau,  dont  toutes  les  richesses  semblaient  s'enca- 
drer au  moyen  d'une  grande  portion  du  cercle,  per- 
cée, en  son  milieu,  par  une  belle  et  large  allée  qui 
menait  à  la  forêt  de  Halatte.  L'orangerie  était  à  gau- 
che :  on  admirait  son  architecture;  le  parterre  avait 
.T  bassins  remplis  par  des  jets  qui  jouaient  conti- 
nuellemenl.  Le  bassin  du  milieu  était  orné  d'ime  co- 
lonne antique  de  porphyre,  dont  la  base  fournissait 
une  na|  pe  d'eau  :  cette  colonne  support  lit  un  octaè- 
dre sur  les  plans  duquel  élaienl  placés  huit  cadrans, 
iiiiliquani  les  heures  pour  différentes  villes  delà 
terre,  ouvrage  savant  et  curieux  dû  aux  talents  du 
bibli.ithéeaire  lie  Sainte-Geneviève,  Vialon.  —  Dans 
la  salle  où  étaient  conservées  les  arinure>  des  dilïé- 
rcntsieinps  et  des  différents  peuples,  on  voyait  l'é- 
pée  du  grand  Comié,  avec  des  ver-  que  le  poète  Sa:;- 
leuil  avait  composés;  l'épée  d'Henri  IV,  et  le  fauteuil 
dans  lequel  fut  tué  en  1645,  le  comte  de  Fuentes, 
COUiiuâiidatit  les  Espagn.iJs,  à  la  bataille  de  Hucroy, 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  278 

gagnée  par  le  grand  Coudé.  Parmi  plusietiis  armurei 
anciennes  et   singulières,  on   en   truu\ail  un  grand 
nombre  à  l'usage  des  femmes  guerrières;  on   y  re- 
marquait, surtout,  celle  de  la  Pucelle  d'Orléans. — 
I  e  grand  canal  a  5  kil.  ;  à  la  tête  est  une  chute  ireaii 
circulaire  dnnt  l'étemliie  est  de  ^'i  pieds  par  le  haut, 
et  s'élargit  par  le  bas  jusqu'à  30.   L'eau  tomhe  dans 
une  vasie  p  èce  d'eau  à  i  ans.  Ces  eaux  étaient  jadis 
animées    par    les    scènes    var  ées    qu'offraient    des 
bandes  de  carpes  énormes  de  ddîérenies  couleurs. 
Des    cygnes   sauvage-    s'abaissèrent    un  jour    sur 
une   pièce  d'eau    à  Clianlilly;   on   les  prit,  on  leur 
coi.pa  les  ailes.  Il   en    restait   encore   deux ,    l'un 
mâle   e     l'autre    femelle,    lorsqu'un    cbanoine  de 
Senlis,  en  se  promenant,  leur  entendit  rendre  des 
sons  nnjlodieux.  .M.  deMongez,  de  Sainte-Gehevève, 
instruit  de   ce  phénomène,    discuta,   dans  un   mé- 
moire, le  sentiment  des  anciens  sur  le  ch:int  des 
cygnes  ;  il  le  lut  en  ['8T,  à  l'académie  des  silences, 
et,  par  extraordinaire,  à  lelle  des  inscriptions.  Le 
prince  de  Coudé  invita  à  Chantilly  il<  s  acailémiciens 
et  -M.  de  Mo  gez.  Un  cygne  doinesii  |ue  fut  sacrifié  à 
la  fureur  des  cygnes  sauvag  s.  D'après  les  anciens  , 
ces  oiseaux  ne  chantent  que  pour  annoncer  leur  vic- 
t'ire;  ce  qu'on  avait  prévu  arriva:  le  malheureux 
cygne  dome^tique  fut  mis  à  mort  par  les  deux  cy- 
gnes étrangers ,  qui  ne  m  'tiquèrent  pas  ensuite  de 
chanter  harmonieusement  leur  victoire.  Suivant  l'au- 
teur de  la  Dcsciiption  d(?s  eaux  de  Clianlilly,  le  mâle 
chantait  les  tons   mi  fa,  et  la  fetnelle  mi  le.  —  Le 
grand  canal  esl  maintenant  l'unique  beauté  du  parc 
de  Clianlilly.  La  nature  seule  Iim  est  resiée  ;  presque 
tout  ce  qu'il  devait  à  l'art  a  disparu.  Fn  178i> ,  le 
prince  de  Condé,  se  promenant  avec  son  archilecle, 
I\l.  Le  Uoy,  dans  une  vaste  et  simple  piairie,  arro-ce 
par  la  rivièie  de  Ni  netie,  il  propo-a  ses  idées  à  l'ar- 
tiste, et, en  moins  de  3  mois,  paiurenl  te  jardin  an- 
glais et  le  hameau.  La  vaiiéié  régnait  dans  le  jardin 
anglais  ;  et  l'art  s'y  cach  dt  si  bien  ,  sous  les  traits 
de  la  nalurc  ,  qu'on  le  preiiaji  pour  elle-mêine.   Le 
himeau  offiait  un  tableau  formé  de  tout  ce  que  les 
batiilatinns  des  liutubles  villageois  ont  à  l'extérieur 
de  pins  champêtre ,  de  plus  riant  et  de  plus  simple. 
Sept  bâiimetits  détachés,  disposés  sans  ordre  et  cou- 
verts de  chaume,  formaient  ce  hamenu.   Au  milieu 
était  une  place  étendue  ,  irrégulière,  et  tapissée  d'uti 
vert  gazon,  que  coupaient  des  sentiers  servant  de 
communication  d'une  maison  à  une  autre.  Sur  nu  des 
côtés  de  la  place  éiait  l'orme  antique  do'  t  les  bran- 
ches semblaient  offrir  leur  ombre  Iiospîtalière  aux 
habitants  de  ces  demeiir  s  agrestes.  Un  puits ,  plu- 
sieurs jardins  potagers  fermes  par  des  palissades, 
caractérisaient  encore  ce  sujet  rustique.  Les  grands. 
Misés  sur  toutes  les  jouissances  .   et  n'en  trouvant 
plus  ipie  dans  les  contrastes,  aiment  à  transporter 
léclat  de  la  richesse.  Quoiqu'il  soit  rare   d'ailleurs 
que  ce  genre  de  déc  ■r.ition  ,  admis  dans  un  parc, 
pioiluise  tout   l'elïel  qu'on  s'en  est  proposé,  cepen- 
dant ,  sons  ce  rapport  ,  le  hameau  de  Chantilly, 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


STQ 

tra'.lé  en  gr«nd  par  Uii  arcliiiccie,  était  une  lien- 
leuso  imitation  de  ces  h^ibiialioiis  dont  la  réaliié 
dépKn'i  smivent  à  ceux  nui  s'en  font  donner  di'S  co- 
r.io?.  Le  malheureux  poéie  Théophile  Viaud.àcause 
d'uiie  ode  sur  la  ihaison  de  Silvie,  a  donné  le  nom 
de  t'éiang  de  Silvie  à  celui  qu'on  trouve  au  hameau, 
ainsi  qu'à  la  foiiiaine ,  à  la  maison  et  au  parc  qui 
sont  attenants.  Lm  maison  de  Yétang  de  Sitvie  est  un 
petit  bâiiineni  d'un  seul  étage,  à  rez-de-cliaus  ée , 
avec  un  pM-iene  entouré  de  fleurs  et  d'un  grand  ber- 
ceau circu'aire  ,  à  l'entrée  duquel  était  le  buste,  en 
marbre,  de  Silvie.  La  ménagerie  élail  placée  à  l'ex- 
liéniilé  4(ppiisée  du  parc,  de  l'autre  côé  du  grand 
canal.  La  première  de  ses  cours  était  ornée  de  5  pa- 
villons ;  sur  la  gauclie  élnii  le  bassin  des  castors. 
Dans  celte  cour  él^it  une  grande  pièce  plantée  d'ar- 
bres avec  un  bassin ,  qui  faisait  plusieurs  nappes  jus- 
qu'en bas  ;  on  y  voyait  la  fable  du-pol  de  terre  et  du 
pot  de  fer.  D-'s  anini.iux  étrangers  et  rares  étaient 
renlerinés  d.Tns  différents  pavillons.  On  y  voyait  des 
aig'e>,  un  duc,  un  tigre,  une  hiène,  des  chèvres  de 
Guinée,  etc. ,  etc.  Chacune  des  cours  avait  une  fou- 
laine  rocaillée,  avec  des  animaux  peints  de  couleur 
naturelle,  qui  exprimaient  une  fable  de  La  Fontai- 
ne. Sur  la  droi  e  était  un  grand  bassin  dont  le  mi- 
lieu était  orné  d'une  colonne  de  granit,  posée  sur 
iiu  piédeïtal.  —  La  faisanderie  était  ornée  d'un  buf- 
fet d'eau  rocaille  avec  un  bassin  ;  au  bas,  une  jolie 
cascade.  —  La  laiterie  était  formée  par  un  long  bas- 
sin de  marlire  ;  il  en  sortait  un  bouillon  d'un  pied 
de  circonférence,  fourni  par  une  source,  qui  faisait 
jouer  8  bouillons  dans  un  bassin  renfoncé  et  en- 
touré de  très-beau  marbre.  Au  milieu  de  ce  bassin 
s'élevait  un  jet  de-ij  pieds.  En  face  était  une  grotte 
renfoncée;  le  salon  de  la  laiterie  était  loiid,  pavé  de 
marbre  en  compartiments,  et  construit  en  une  fort 
belle  pierre  blanclie  sur  un  buffet  de  bièche.  Autour 
étaient  rangé-i  des  vases  de  faïence  ,  aux  armes  du 
prince,  hn  1*)7I,  Louis  XIV  vint  .i  Chantilly  visiter 
le  grand  Condé  :  des  féies  extraordinaires  y  furent 
doiiné-s  ;  madame  de  Sévigné  nous  en  a  conservé  la 
description  dans  une  de  ses  lettres.  «  Le  roi,  dit- 
elle,  doit  aller  à  Chaniiily  le  25  de  ce  mois  (avril  ); 
il  y  sera  un  jour  entier  :  jamais  il  ne  s'est  fait  tant 
de  dépenses  au  triomphe  des  empereurs  qu'il  y  en 
aura  là  ;  rien  ne  coûte  :  on  reçoit  toutes  les  belles 
imaglnaiions  sans  regarder  à  l'aigent;  on  croit  que 
monseigneur  le  prince  n'en  sera  pas  quitte  pour 
40.000  écus.  Il  faut  quatre  repas  :  il  y  aura  25  ta- 
bles servies  à  5  services,  sans  compter  une  infiiiiié 
d'autres  qui  surviendront.  Nimrrir  tout,  c'est  nour- 
rir la  France  et  la  loger  ;  tout  est  meublé  :  de  petits 
endroits  qui  ne  serv.iieiit  qu'à  mettre  des  arrosoirs, 
deviennent  des  chambrer  de  courti-ans;  il  y  aura 
pour  1000  écus  de  jonquilles  :  ju^ez  à  proportion,  j 


SSO 


Louis  XIV,  enchanté  de  tant  d'éclat ,  ou  jaloux  peut- 
être  qu'un  autre  que  lui  put  étaler  un  luxe  qui ,  celle 
fois  au  moins,  n'ét.iit  que  la  folie  d'un  seul,  mais 
non  pas  la  ruine  des  peuples ,  pria  le  prince  de  lui 
céder  Chantilly,  et  le  laissa  le  maître  d'en  fixer  le 
prix.  €  11  est  à  Votre  Majesté  pour  le  prix  qu'el'e 
déterminera  elle-inènie,  dit  Coudé;  je  ne  lui  de- 
mande qu'une  grâce  :  c'est  de  m'en  faire  le  concier- 
ge. —  Je  vous  entends,  mon  cousin  ,  répliqua  le  roi  : 
Chantilly  ne  sera  jamais  à  moi.  >  Dans  ses  dernières 
années,  Coiidé,  retiré  à  Chantilly,  se  livra  entière- 
ment à  la  dévotion  ,  et  l'envie  de  convertir  les  cal- 
vinistes s'empara  de  lui  :  il  les  attirait  à  cet  effet 
dans  son  palais  en  leur  promettant  des  récompen- 
ses. L'ardeur  du  génie  qui  le  possédait,  le  portait 
vers  des  objets  tout  à  fait  divers  ;  il  rechercha  la  so- 
ciété des  beaux  esprits  de  sou  temps  :  Corneille  , 
Bossuet,  Sanieuil,  Racine,  Boileau  ,  Bourdaloue  , 
se  rendaient  souvent  à  Chantilly.  Dans  ces  réunions 
littéraires,  Condé  parlait  convenablement,  lorsqu'il 
soulenaii  une  bonne  cause:  mais,  naturellement 
dur  et  emporté  ,  son  sang  et  ses  yeux  s'entlani- 
niLient  lorsiiu'il  en  soutenait  une  mauvaise,  et  qu'il 
était  contredit.  Boileau  fut  un  jour  tellement  elfrayé 
par  une  de  ses  brusques  interruptions,  qu'il  dit  tout 
bas  à  son  voisin  :  Dorénavant  ,  je  serai  toujours  de 
l'avis  de  M.  le  prince  quand  il  aura  tort.  —  Condé 
mourut  en  l68o.  —  Son  fils  se  fit  aussi  remarquer 
par  quelques  actions  d'éclat  et  par  beaucoup  d'esprit  ; 
mais  il  était  sujet  à  des  vapeurs  d'un  caractère 
singulier,  rendant  ses  accès ,  il  se  croyait  trans- 
formé en  chien  de  chasse,  et  sa  maladie  s'annonçait 
par  des  aboiements  réitérés  (1).  Celui-ci  lit  exécuter 
à  Chantilly  ce  qu'on  nommait  le  parc  de  Sylvie  , 
l'église,  les  bâtiments  et  embellissements  de  celte 
demeure.  <  Chantilly  ,  dit  le  duc  de  Saint-Simon  , 
était  les  délices  de  ce  prince  ;  il  s'y  prninenait  tou- 
jours suivi  de  plusieurs  secrétaires  avec  leur  écritoire 
et  du  papier,  qui  écrivaient  à  mesure  ce  qui  lui 
passait  par  ^e^pril  pour  le  racenmmoder  et  ensuite 
l'euibellir  ;  il  y  dépensa  des  sommes  prodigieuses,  i 
Louis- Henri  de  Bourbon  en  lit  construire  les  écuries. 
0.1  parle  encore  dans  le  pays  des  fêtes  magnifiques 
qui  furent,  par  ce  prince,  données  au  roi  Louis  XV. 
Au  dernier  prince  de  Condé  étaient  dus  le  château 
d'Enghien  ,  le  hameau,  le  cabinet  d'histoire  naturelle 
ei  le  riche  médailler. —  Cresque  tous  les  princes  de 
l'Europe  vinrent  admirer  Chantilly,  lorsqu'il  éta^t 
dans  tout  son  éclat  :  le  roi  de  Danemark ,  le  roi  de 
Suède  ,  le  prince  Henri  de  Prusse  et  le  grand-duc 
de  Russie,  depuis  Paul  \".  Ce  dernier  fut  tellement 
émerveillé  des  beautés  de  Chantilly,  qu'en  ayant  ein- 
porié  un  plan  ,  il  le  fit  exécuter  à  quelque  distance 
de  Saint-Péiersbourg.  Paul  I"',  s'entreienani  avec 
le  prince  de  Condé  des  affaires  politiques  de  la 


(I)  Nous   avons   constamment  remarqué  que  les  pouvoir  en  citer  qui  aient  été  à  la  hauteur  du  nom 

enfants  ries  per.sonnages  réièbres  à  quelque  litre  que  qu'on  leur  avait  transmis.  N'est-ce  pas  comme  une 

ce  soit  étaient,  soit  incapables,  si'it  niais  ou  mania-  sorte  de  loi  morale  dans  l'ordre  providentiel  T 
ques,  soit  vicieux  et  dépravés.  Il  est  rare,  très-rare  de  (  Xote  de  l'auteur,  ) 


in 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


28'i 


France  ,  et  t&cbant  d'adoucir  les  regrets  qu'il  éprou- 
vait d'avoir  brusquement  quitté  sa  patrie,  lui  dit: 
I  Alliiis  ,  ne  vous  désolez  pas  ;  je  ferai  tout  pour 
remplir  vos  vœux  :  dans  une  heure,  croyez-en  ma 
parole,  m'US  partons  pourClianiilly.  >  Effectivement, 
après  un  dîner  que  donnait  l'empereur,  il  conduisit 
le  pr  nre  au  nouveau  Clianii:ly.  Qu'on  juge  de  lasur- 
pri-e  du  prince  français,  i|ui  retrouva  une  parfaite 
image  de  sa  maison  !  —  Chanlilly  n'offre  plus  main- 
tenant que  des  ruines  :  ces  magniliques  Làiiments, 
ces  décorations  magiques  ,  ces  jardins  superbes,  ces 
chefs-d'œuvre  de  peintuie,  de  sculpture,  ojit  disparu 
dans  la  tourmente  révolutionnaire  ;  les  principaux 
ouvrages  de  l'art ,  susceptibles  d'être  transportés  , 
furent  envoyés  à  Paris.  Les  armes  anciennes  el  mo- 
dernes ,  dont  la  riche  el  précieuse  collection  était 
un  des  premiers  oi  nements  de  Cbanlilly ,  furent  enle- 
vées à  la  même  époque ,  et  transférées  dans  la  ca- 
pitale. Ce  château ,  au  temps  de  la  terreur,  fut  con- 
verti en  prison.  Feu  le  prince  de  Condé  ,  à  son  re- 
tour en  France  ,  fut  remis  en  possession  de  ce  qui 
se  trouva  non  vendu.  —  La  population  du  village  de 
Chanlilly  est  d'environ  2,fi0u  hab.  ;  il  renferme  un 
hospice  dans  lequel  sont  admis  les  vieillards,  les  en- 
fants et  les  malades.  On  le  doit  à  la  bienfaisance  de 
la  maison  di^  Condé",  qui  l'a  fondé.  Il  est  desservi  par 
neuf  sœurs  de  la  charité.  L'industrie  et  le  commerce 
de  Chanlilly  consistent  en  une  manufacture  de  por- 
celaine ,  établie  il  y  a  près  d'un  siècle,  à  l'instar  de 
celle  de  bèvres,  sous  la  protection  de  la  niais(m  île 
Condé  ;  une  lilaiure  de  coton  ,  lissage,  blanchisserie 
el  impression  de  toile,  sont  établies  depuis  1807 
d.ins  l'ancien  parc.  L'habitation  est  très-agréable,  et 
par  le  site  el  par  les  prairies  environnantes ,  entre- 
coupées de  canaux  toujours  remplis  d'eau  vive  :  elle 
fait  partie  de  la  commune  de  Saint-Maximin.  Une 
manulaclure  de  c^irdes  pour  les  filatures  de  coton, 
laine,  etc.,  est  également  établie  à  Chantilly.  Il  s'y 
fabrique  aus^i  des  dentelles  et  des  blondes  estimées 
dans  le  commerce,  doni  il  y  a  plusieurs  dépôts  à  Pa- 
ris. On  y  trouve  im  moulin  à  laminer  le  cuivre.  11  y 
a  marché  tontes  les  semaines,  les  mercredi,  ven- 
dredi et  ilimancbe. 

Canlui  Lupi,  Cbanteloup  ,  paroisse  du  diocèse  de 
Versailles,  canton  d'Arpajon,  arrond.  de  Co^beil, 
dépt.  de  Seine  et-Oise,  à  un  kil.  d'Arpajon,  18  de 
Corbi^il,  et  7,0  de  Paris.  Population,   compris  celle 

d'Arp.ijon,  3,000  habiiant'^ Il  n'est  fait  mention 

de  ce  lieu  qu'à  li  lin  du  xiii=  siècle.  Philippe  IV,  dit 
le  Bel,  y  avait  une  maison  de  campagne  que  le  roi 
Philippe  le  Long  conserva  après  lui.  Il  y  avait  aussi, 
au  ihènie  lemps,  une  nialadrerie,  dont  la  chapelle 
et  lit  sous  le  litre  de  saint  Euirope  ,  premier  évéque 
de  Saintes  et  martyr,  et  donl  la  fondation  a  été  at- 
tribuée à  Phihppe  IV  et  à  Jeanne  de  Navarre,  sa 
femme.  Par  ses  lettres  du  20  décembre  I3J6,  datées 
de  Vincennes,  Philippe  le  Long  donna  h  lerre  el  le 
manoir  de Chanietoup  ah  reine  Jeanne  de  Bourgogne, 
outre  son  douaire.  Quelques  ordonnances  de   Phi-' 


lippe  de  Valois  et  de  Jean  sont  datées  de  cette  mai- 
son, que  le  roi  Edouard,  sou  (ils  aine,  le  prince  de 
Galles  et  le  duc  de  Lancasire,  nccnpèieni  pendant 
les  fêtes  de  Pà(|ues  de  l'année  1360. Cette  habilaiion 
était  passée  à  la  comtesse  de  Flandre  sans  ipi'oii 
sache  de  que'le  manéie.  Charles  V  l'acquit  de  celle 
comtesse  en  lôGo;  ton  frère  Je;in,  duc  de  lîern,  la 
posséda  ;  mais  n'en  obtenant  (|u'un  faible  revenu,  il 
en  fit  la  remise  à  son  neveu  le  roi  Charles  VI.  Au 
mois  de  mai  1401,  ce  dernier  prince,  pour  r(''c<)m- 
penser  les  bons  services  de  Jean,  seigneur  de  Mon- 
laigtJ  et  de  Marcoussis,  vidanie  de  Laonnais,  lui  en 
donna  la  gjrde  et  conciergerie  ainsi  que  Jean  de 
Chaiitc-Prime,  niaîliv  des  comptes,  les  tenait  aupa 
ravanl  ;  puis,  par  d'autres  tiires  des  luémes  mois  et 
an,  il  lui  ht  présent  de  ce  château  en  l'iiiii^saiit  à  sa 
seigneurie  de  Marcoussis.  Après  la  disgrâce  dft  ce 
seigneur,  ce  château  fut  abandonné,  et  lomb  i  en  ruine. 
Louis  XI  le  donna  à  son  chambellan,  Louis  de  Gra- 
ville  ,  sieur  de  Monlaigu,  avec  le  parc,  les  cens  el 
rentes  et  la  présentation  à  la  nialadrerie  ou  :iumône 
de  St-Euirope  ,  sans  en  rien  retenir  que  la  fui  et 
hommage,  ressort  etsouveraineté,  à  la  charge  que  le 
sire  de.Montaigu  et  ses  successeurs  seraient  tenus  de 
nourrir  pour  le  roi  une  lémère.,  et  de  la  lui  amener, 
ou  à  ses  successeurs,  avec  les  /cvio/is,  lorsqu'il  en 
serait  requis  :  les  lettres  qui  contiennent  ce  don  sont 
datées  de  Moniil-lès-Tours,  au  mois  d'avril  1472. 
Cette  terre  était  revenue  à  la  couionne  avant  l'an- 
née 1518.  Nicolas  de  Neuville,  chevalier,  soigneur  de 
Villeioi,  ?ecrétaire  des  finances,  posséd.iii  aux  Tui- 
leries de  Par.sune  maison  où  Louise  de  Sivoie,  ma- 
lade au  palais  des  Tourneiles,  avaitélé  transportée, 
et  y  avait  recouvré  la  santé  :  on  jugea  que  ce  succès 
était  dû  à  l'air  sain  respiré  dans  ce  lieu.  Fiançois  \" 
demanda  cette  maison  à  Villeroi,  en  échange  de  la 
terre  el  liàlet  de  CItrinUloup,  échange  qui  eut  lieu  le 
12  février  1518.  Quoique  ce  bien  ne  fut  plus  à  la 
couronne,  Charles  IX  y  fit  quelque  résidence  au  niois 
de  novembre  1568.  Je.m  de  Neuville  mourut  dans  ce 
château  en  1597,  el  fut  inhumé  dans  la  chapelle  de 
Saint-Entrope.  Cosme  Savary,  raari|uis  de  Muule- 
vrier,  en  était  seigneur  en  1()58,  peu  de  temps  pro- 
balileinent  avant  Henri  Chabot,  duc  de  Rolian,  qui 
y  nionnil  le  27  léviier  1655.  Le  marquis  de  Brèves 
avait  celte  seigneurie  en  1(163.  Elle  passa  au  sieur 
Amelon,  i;ui  en  jouissait  en  1C93;  puis  .nu  conseiller 
au  parlement  llallei,  et  enfin  aux  liériiiers  de  ce 
conseiller.  Jusqu'au  règne  de  Louis  XII  on  ignore 
par  qui  la  maladrer  e  fui  administrée.  On  sait  que  ce 
prince,  par  ses  lettres  du  14  avril  1504,  en  confia  le 
soin  aux  sœurs  grises  hospilalières  du  tiers  ordre, 
donl  le  nombre  devait  être  limité  par  l'évêque  de 
Paris.  Le  2  juin  île  la  même  année  1504,  l'évêque  de 
Paris  nomma  un  administiateor.  Oueli|ues-uns  assu- 
rent que  cet  hôpital  avait  été  rétabli  par  l'amiral  de 
Gravllle,  qui  y  introduisit  les  religieuses  sœurettes 
pour  le  service  des  malades,  et  qu'il  fui  accru  el 
aiigmcniépar  leslibéraliié>  de  Nicolas  de  Neuville. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAWlIE  ECCLESIASTIQUE. 


2S- 

rjiii  leur  donna  200  liv.  de  renie  pour  sn|iplénicnt  de 
fondation.  Il  par.n't  que  les  religieuses  de  celte  mai- 
son étaient  en  grande  réputat.nn  du  temps  lieHithe- 
lieu,  puisque  rarrlievèniie  de  Sens  en  deuuinda  plu- 
sieurs pour  Si-Nicolas  de  Melun,elen  obtint  trois 
en  1658.  Depuis,  Si-Kiilrnpe  eut  des  roligieiises 
annonciadi's.  Dms  ses  Voyages iiianuscriis  de  16  0, 
l'alibé  Cliaiel.iin  dit  quVm  les  appela  des  dix  vtni:s, 
et  qu'on  leur  donna  au>si  le  nom  é''Anceltes.  A  l'épo- 
que de  la  révolution,  les  religieuses  pnssé'laient  une 
partie  de  la  lerre  deCliaiileloiip,qiie  l'on  vantait  pour 
la  beauté  de  ses  jardins.  Ces  jardins,  qui  ont  été  i  liaii- 
gés,  le  (liàteaii,  eui  a  été  leeonstruil,  et  e  paie,  qui 
coniient  130  arpents,  et  r'  iiferine  de  trés-lieaiix  bois, 
ont  appartenu  au  chevalier  Koettiei  de  Moiitaleau. 

I  Chanielonp,  paiciisse  du  diocè>ede  Meaux,  can- 
ton de  Brie-Comle-Koliert,  arrond.  de  Meliin,  dépl. 
de  Seine-el-llarne,  couinione  de  Moi^sy,  à  12  kil. 
de  Melun  et  32  de  Paris.  Population,  compris  celle 
de  Moissy,  650  habitants.  —  De  la  Barre  qualifie  ce 
\illage  de  ferme,  cl  la  dit  être  de  la  justice  de  Cor- 
beil.  Le  bien  qu'y  eul  l'abbaye  d'Ilières  lui  venait 
d'Eiisiache  de  Corlieil,  qui  donna,  vers  1158,  ce 
qu'elle  y  possédait,  pour  les  dépenses  de  l'inlirmerie. 
Jl  est  fait  mention  de  Pierre  de  Cliantelonp,  clieva- 
iier,  et  Krineng:irde,  sa  femme,  comme  vendant  à 
Maurice  de  Sully,  évéque  de  Paris,  lur  monlii.  de 
Corbeii  ;  puis  de  Hugues  de  Cliantelonp,  vers  l'an 
1210.  Ce  lieu  parait  être  du  nombre  de  ceux  qui 
sont  beaucoup  diminués  de  ce  qu'ils  étaient.  Du  temps 
de  Louis  IX,  révêi|ue  de  P;iris  y  avait  des  serfs  que 
l'évêque  Uaniilphe  de  Homblonièies  affranchit. 

I  Chanteloup,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
Pans,  niainieiiant  de  celui  de  .Meaux,  canton  deLa- 
çny,  arrond,  de  Meaux,  à  3  kil.  de  Lagny,  ei  29  de 
Paris.  Pop.,  S'ihab.  :el  en'a  point  vaiié  depuis  1726, 
ptiisqu'on  l'élevail  alors  à  90  iinlividus.  Ce  village 
est  siliié  sur  Tin  monticule  environné  de  bocages. 
Son  terroir  est  en  grains  et  en  bois  :  on  y  irniive  un 
moulin  sur  un  ruisseau.  La  cli.'pelle,  du  liire  de 
Si-Sauveur,  a  été  bâtie  il  y  a  environ  iSO  ans.  L'abbé 
de  Lagny  préseniait  à  la  cure,  qui  fut  un  moment, 
(Ml  liOO,  unie  à  celle  de  St-Thibautdes-Vignes;  il 
éiait  seigneur  du  lieu  et  gros  décimateur.  En  130i, 
il  y  existait  une  chapelle  de  St-Jacques  et  Sl-Chris- 
lophe,  possédée  par  iin  écolier. —  On  trouve  dans  du 
Gange,  au  moi  Pulaiium,  que  les  rois  de  France  ont 
habité  ce  Cliantelonp;  c'est  une  erreur  :  ce  savant 
a  conlondu  cet  endroit  avec  le  château  situé  auprès 
d'Arpajoii.  On  ne  trouve  rien  sur  celui  i]ui  lait  l'cb- 
jct  de  cet  article  avant  l'année  l"iOO,  époque  à  la- 
quelle il  en  est  lait  meniion  dans  le  pnuillé  de  Paris. 
Vers  ce  temps,  il  y  a  eu  des  chevaliers  qui  en  ont 
pris  leur  déiiominaiioii.  L'abbé Leiieuldit  :  «  Le  car- 
tulaire  de  l'abbaye  de  Ste-Geneviéve  lait  mention  de 
Chantehiup  à  l'an  1257,  au  mois  dociohre,  coinme 
étaiil  coiitiguà  Jossigiiy,  terre  de  celle  conimnnaulé. 
Lmeliiie,  fille  de  Péiromlie  la  baionne,  habit. mie  de 
Chameluup, reconnut  celte  anuée-làqu'elle  éiailiert)« 


284 


autrement  femme  de  corps,  de  l'abbaye  île  Ste-Ge- 
neviève;  et  il  fut  ajouté,  dans  l'acte  de  sa  reconnais- 
sance, que  s'il  arrivait  que  bs  hommes  de  Cliante- 
lonp et  de  J'issigny  demaiidis>eiit  leur  ttianumission, 
elle  pourrait  y  être  cem;  rise.  On  y  lii  :  Il  mines  de 
Cniitulvpi  et  de  Jnussigiiiacv.  Fani-il  conclure  de  là 
q  e  l'abbaye  'le  Ste-Geneviève  possédait  alors  un 
trrain  habité  Sur  la  patois  e  de  Chanteloup?  C'est 
ce  que  je  laisse  à  décider.  » 

Capalla  Sancfi  Diimysii,  La  CliapelleSaint-Denis, 
p:irois-e  du  diocèse   de  Paris,  caiiîmi  et  iirronil.  de 
St-Denis  ,  Seine.  —  Ce   village,  qui   semble   n'être 
qu'une  extension  (lu  faub.  Saini-Oenis,  s'affpelaii  au- 
trefois la  Chapelli-Sainte-Cenevièie,  parce  qu'on   as- 
sure qu'il  y  avait  là  un  '.  ospice  où  (file  pieuse  fille, 
née  à  Nanteire,  s'arrêtait  avec  les  vierges  ses    com- 
pagnes, en  allant  à  Saini-Oenis  visiter  les'toirbéâux 
des  martyrs.  C'est  sur  le  territoire  de  la  Chapelle 
qii  ■  se  lenait  la  fameuse  foire,  connue  autrefois  sous 
le  nom  de  'foir«  du  Laiidi  ou  Lendit.  Brûlé   en    1358 
par  les  Anglais  él  Charles  de  Mavarre,  puis  en  lil8 
par  les    Armagnacs,  ce  village  fut  rétabli  el  s'acciut 
coiisidérablemenl.  Il  suuirrit   beaucoup   des   guerres 
de  religion  au  xvi«  siècle.  En  1427,  u  .e   ronipagni' 
de  gueux,  (|ii'on  ne  voulut  pas  laisser  entrer  à  Pari-, 
vint  s'établir  à  la  Chapelle.  Ces  gueux  se  disaient  de 
la  basse  Egypte,    origine    ipie   senhlaieiil   indiquer 
leur  teint  basané,  leurs  cheveux  frisés  et  les  anneaux 
qu'ils  portaient  aux  oreilles  :  ils   prétendaient   avoir 
été  convertis  au  christianisme,  el  avoir  reçu  do  pape 
l'ordre  de  voyager  par  pénitence  durant  7  ans,  sans 
roucber  sur  d»^  lits.  Ils  avaient,  suivant  eux,  nn  roi 
et  une  re  «e  (|ui  étaient  morts  en  chemin  ;  leurs  chefs 
prenaient  le  titre  de  dues  et  de  comtes,  et   allaient 
seuls  à  cheval.  Leur  principale   occupation    était  de 
dire  la  Ixmne  aventure.  Les  femmes  de  ces  gueux, 
plus  hideuses  encm^  que  lems  ma'is,  attiraient,  par 
leurs  divinatiO':s,  un  grand  nombre  de  cnrienx  à    la 
Chapelle  ;  elles  excellaient  à  faire  ronnaîlre   les  infi- 
délités conjugales.  Heotôt  on  murmura  contre  eux  ; 
on  les  accusa  de  vols  et  de  commerce  avec  le  diable. 
L'évêque  de  Paris  alla  les  voir  avec    un    prédicateur 
appelé  le  Ptlii  Jacobin.  Ce  moine  leur  (il   un  beau 
scruion-,  el  l'évêque  les   excommunia,   ('e  sont  ces 
mêmes  gueux,  connus  vulgairement  sous  le  nom   de 
Bohémiens,  que  quelques  savants  ont  cru   être  une 
coloniede  parias.  200  ans  plus  tard,  cinq  ou  six  prêtres, 
adiniraleiiis  de  saint  Jérôme,  établirent  un  pèlerinage 
de  déviitioii  à  l'église  de   la  Chapelle.    L'archevénue 
de  Paris  leur  permit,  en  1657,  d'y  exposer  un  os  du 
corps  de  ce  saint,  que  l'alibesse   du    Pré-le7.-D.'Uai  , 
ordre  de  Cîieaux,  fit   tirer  de  la    table   d'autel   du 
chœur  de  cette   abbaye,  suivant  ce  que  rapporte 
l'aldié  Lebeuf.  Celle  exposUior    attifa  un   cimcours 
considérable  an  village  do  la  Clia|)elle,  et  lui    acquit 
une  sor  e  de  céléhrilé,  mais  qui   cessa   enlièrenient 
avec  le  pèlerinage,  ver-  le  milieu  du  dein  er  siècle. — 
Ce  village  est  li  p.ilrie  du  célèbie   épiciiiieii  Cdude- 
Emmanuel  Luillier,  surnoiiimé   tliupetle,    si   cocnu 


GËUGKAPHIE  DES  LEGENDES  AL  MOYEN  AGE, 


par  le  Voyage  de  Chapelle  et  de  Bacliaumont.  Ce  poële 
original,  fils  iiaiurel  d'un  ni.iitie  des  loinpies,  éiait 
l'ami  ei  quelciiiefois  le  conseil  de  Raf  ine,  Molière, 
La  Foiiiaine  el  Boili-an.  L'Iii  l  rien  Mézeriiy  avait 
une  maison  à  la  Cliai  elle  :  il  y  monrul  en  168'),  âgé 
de  75  ans. —Le  50  mars  ISU,  l:i  Chapelle  fiii  le 
dernier  pillage  einponé  de  vive  force  par  les  géné- 
raux pi'nsii  ns  Kleisi  et  Yori  k.  Le  5  mai  de  la 
mèmeaiii  ée,  Louis  XV'li,  parti  de  Sl-Oiien  à  1i  11. 
du  malin  pour  l.iiie  sou  entrée  solennelle  dans  la 
capitale,  arriva  à  midi  et  demi  à  la  CliaiieJle,  et  y 
fut  fiçn  par  le  tiergé  de  celle  paroisse,  précédé  de 
la  croix  el  de  la  liantiière.  —  Le  terroir  de  cette 
commune  ne  produit  que  des  grains.  Sa  pop.  est  de 
près  de  4i>  0  liab.  H  s'y  tient  ous  les  niaidis  unniar- 
ché,  qui  consiste  principsieine  ii  en  vaches  laitier.'?. 
Le  coiiuiierce  en  vins  et  e;iux-de-vie,  qui  s'y  luisait 
avant  les  nouveaux  règlements  sur  cet  e  partie,  n'est 
plus  si  considérable.  Eo  rêva  iche,  l'iuilnstrie  y  a  (ail 
des  pi^grès  marqué-.  Il  y  a  entre  autres  un  éiablis- 
semeiil  iin|  or.aiit  d'imprimerie  sur  soie,  laines,  châ- 
les de  mcriiios,  eachemires  el  au  res  étoffes,  des 
fabriques  de  chandelles,  une  ralfinerie  de  sucre,  etc. 
Presque  toutes  les  maisons  de  la  Chapelle  soiil  oc- 
cupées par  des  guingurttes,  des  hôtelleries  et  des 
bureaux  de  r.iulage.  H  y  a  peu  de  niaisoiii  de  cam- 
pagne. 

Capeltti,  la  Chapelle  Tliiboust,  ou  Gauiliier,  pa- 
roisse de  l'atrcie»  diocèse  de  Paris,  maintenant  de 
celui  de  Meaux,  canton  du  Cliàudel,  arrond.  de.Melun, 
Seine-el-Manie,  à  8  kil.  n(U'd-est  du  Cliàlelet,  lli  de 
Melun,  54  de  Pans  au  sud-est.  —  La  Chapelle  (lan- 
ihier  éiaii  une  paroisse  dés  le  règm;  de  Louis  le 
Gros,  et  s'appelait  anciennement  la  Chapelle  Ceinmj, 
ou  simplemefit  la  Chapelle  :  elle  piîl,  au  xjii'  siècle, 
le  nomde  Gauthier  rie  Viliebénn,  chamliellan  des  rois 
Louib  le  Jeui  e  et  Philippe-.Voguste  ;  ce  tJauth.er  en 
éiait  se  gtieur,  et  y  fou  ia  un  chapitre.  Parmi  ce  iX 
qui  possédèrent  depuis  cetie  terre,  on  doit  remar- 
quer J  an  Jouvenel  ou  Juvénal  des  Ursiiis,  président 
ail  parlement  à  la  (in  du  xiv*  siècle,  el  père  du  chan- 
celier de  France  et  de  l'aieliexêque  de  lleiu)s  de  ce 
nom.  Sous  un  de  ses  snecessenis,  la  Chapelle- Gau- 
thier l'utérigée  en  comté  par  lettres  paternes  du  '27 
avril  lGi4.  Lu  1U50,  lois  de  la  gueire  des  princes, 
le  bourg  lut  entouré  de  murs  et  de  loi  lilicaiions  dont 
ii  existe  encore  îles  restes.  Lechàieau,  entouré  de 
lusses,  et  qui  avait  un  parc  de -iO  arpents,  fut  cum- 
iiiencé  pr  Gabriel  Thilioust  de  Beiry,  à  la  iiii  du 
\vw  sièele.  Louis  Tliiboust  de  Beny,  sou  fils,  l'a- 
1  lieva.  C'est  l'un  de  ces  deux  possesseurs  qui  obtint 
des  lettres  patentes  pour  l'aire  porter  son  nom  à  ce 
lien. — L'église  est  sous  le  titre  de  St-Martin,  el  n'est 
qu'une  longue  chapelle  dont  la  striicuie  rappelle  le 
xiii<' siétle.  A  l'autel  esl  un  tableau  ûe  VAduralion 
des  Mages,  donné  en  ItiîB  par  Nicolas  Vigmer,  coii- 
ueiller  d'ttat,  qai  y  est  représenté  avec  sa  lémme, 
AnnedeHecelleb.Sie-Gatherine  c=l  la  léie  du  second 
palion  de  cette  éijlibc;  c'était, avant  la  révuluiioii,  ie 


^86 

litre  canonial  du  curé,  qu'on  appelait  te  Chanoine  de 
Sie-Catherine.  —  Le  Dictionnaire  universel  de  la 
France,  de  1726,  compte  la  Charelle-Gauthier 
parmi  les  petites  villes.  Sa  pp.,  qui  n'a  pas  beau- 
coup  varié  depuis  1740,  est  aujourd'hui  île  800  hali. 
eov.,  y  compris  le  hameau  de  Crii'idvillieis  et  plu- 
sieurs fermes  et  maison,  isolées.  A  'Mandvilliers  est 
un  châteaudont  VI""  deDurfort,néeGoyoo,èiaii  pro- 
priétaire. Ses  dépendances  ioignetii  la  furêi.  de  Vil- 
leferm"y.  —  Il  se  tienl  à  la  Ch  ipelle-Gauthier  une 
foire,  I  ■  lundi  après  la  St  -Martin,  dans  une  halle, 
proche  de  laquelle  est  u  le  belle  l'onlaiiie  d'eau  vive. 
—  Le  terroir  de  celte  coinmiine  esi  en  lerres  laliou 
râbles,  vignes  el  prairies.  M  passe  à  la  Clia[ielli'  un 
ruisseau  nommé  le  m  d'Aiirjuier  et  n:iii  d'Aitqueletiil, 
comme  quel  |iie^-uns  l'ont  écrit. 

Carnula  fîegia,  le  pays  Charlrain.  Ce  petit  pays 
é:ait  du  gouveinemenl  général  de  l'Orlémais,  et 
presque  tout  entier  de  la  général  té  d'Orléans,  fai- 
sant la  partie  du  nord  de  la  bcauce.  Il  est  borné  au 
septentrion  par  le  Mantois  et  le  llurepoix  ;  au  le- 
vant [ar  le  Ijatinais  et  l'Orléniai!.  ;  au  midi  par  I  Or- 
léanai-  prrqiremeut  dit  el  par  le  Uonois:  au  couchant 
par  le  Perolie-Gouei  et  le  Thimerais.  C'éiail  le  prin- 
cipal des  trois  petits  pays  que  reiifermaii  la  lieaiice. 
Cette  luiiliée  n'a  pies'iue  pas  de  bois;  mais  elle  est 
de  toutes  celles  de  la  France,  la  ]>liis  abondanie  en 
blé;  à  1'  xception  du  peu  de  vignobles  plantés  sur  les 
coteaux  qui  bordent  la  va  lée  de  l'Liire,  el  du  peu  de 
(iraiii.s  qui  tapis-eiit  cette  vallée,  elle  offre  une 
plaine  vaste  el  nu lone.  Le  pays  Chartrr.in  a  envi- 
ron m  kil.  dans  sa  plus  grande  longiieui'  du  levait 
au  coucliant,  et  environ  52  kil.  dans  ^a  plus  grande 
largeur  du  septentrion  au  luidi.  Il  est  arrosé  par 
l'Kure,  la  Voire  et  l'Uzaue,  et  fait  partie  aujour- 
d'i.ui  du  dé,iartenient  d'Eure-et-Loir.  —  Ce  pays 
fut  habité  par  les  Carnutes,  peuple  delà  Ga  le  cel- 
tique. Ils  furcui,  suivant  l'iie-Live,  du  nombre  de 
ce>  peuples  gaulois  qui,  sous  le  règne  de  Tarquin 
l'Ancien,  envoyèrent  une  partie  de  leur  population 
dans  des  contrées  étrangères,  franchirent  les  Alpes 
el  s'étaliliieut  en  Italie.  Les  Romains  n'eurent 
pas  plutôt  achevé  la  conquéle  de  la  Gaule,  qu'ils 
la  divi^èrent  eu  provinces,  dans  chacune  des- 
quelles ils  élablirent  un  gouverneur,  ayant  sous 
lui  plusieurs  lieuienants ,  qui  eux-mêmes  avaient 
autorité  sur  les  préléls  résidant  dans  chaque 
ville  principale.  Un  de  ces  préfets  demeurait  à  Char- 
tres, où  il  exerçait  l'aulorilé  adminisliat  v.'.  Les 
provinces  éprouvèrent  divers  changeinenis  sous  les 
empen  ui  s  :  la  division  la  plus  connue  est  celle  qui 
eut  lieu  du  temps  de  Valens  ;  elle  comprenait  17 
provinces.  La  ville  de  Charires  et  son  territoire  se 
aouvaienl,  dans  cette  distribution,  dépendre  de  la 
4^  Lyonnaise,  d<ml  Sens  était  la  capitale.  Le  pays 
Charlrain,  dmil  les  haliilanls  avaieni  opiiosé  le  plus 
de  résistance  aux  entreprises  de  Jules-César,  fut  uu 
des  premiers  déinemlires.  Orléans,  le  Cenabw  d  s 
anciens,  où  les  Carnuies  ou  Chai  trains  tenaient  leurs 


a«7 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


foires  et  marchés,  à  cause  de  sa  situation  sur  la 
Loire,  ne  larda  pis  5  être  érigé  en  cité  par  l'empe- 
reur Aurélien,  d'où  il  prit  le  nom  à'Aureliana  n'ii- 
tas,  doiTl  un  a  f:iil  Orléans.  —  Le  pays  (  liartrain  est 
célèbre  dans  l'iiistulre  de  nos  origines  par  le  goii- 
verneincni  de>  diul.ie*  el  le  système  religieux  des 
Gniids,  qui  semblent  y  avoir  été  établis  dès  les 
lfni|>s  les  plifi  r  culés.  Il  nous  resie  diUérenls  mouii- 
iiiinis  de  leur  antique  evisteiice;  le  p:iys  Cliartraiu 
suriout  en  offn;  un  as-ez  grand  iiotiibre,  que  le 
lemps,  les  guerres  et  le  zèle  des  premiers  évêqu^s 
n'oiii  pti  aiiéaniir.  Quelque  iidnrmcs  qu'ils  soient, 
ils  n'en  rappellent  pas  moins  des  souvenirs  qui  ont 
quelque  cbose  de  frappant,  parce  qu'ils  nous  repor- 
tent, pour  ainsi  dire,  aux  pi etnières  époques  de  la 
société  l'Uina'ne.  Suivant  les  écrivain'!  les  plus  ins- 
truits sur  celte  matière,  le  seid,  ou  tout  au  moins  le 
principal  colléjje,  c'est-à-dire  le  lieu  central  des  drui- 
des, était  dans  le  pays  Cliartraiu;  on  en  vuii  encore 
les  vestiges  entre  Cliaitres  et  Dreux,  à  l'endroit  nom- 
mé ta  Garenne  de  Poistillieri.  à  gauche  du  chemin 
de  Chartres  à  Dreux.  On  y  remarque  en  effet,  sur  un 
point  assez  éievé,  l'emplacement  d'un  ancien  édifi- 
ce, nommé  dans  le  pays  le  Vieux  Châieau.  Il  éiaii 
d'une  forme  carrée  (la  cour  au  niilien)  et  eiivinmiié 
de  fossés  larges  et  profonds;  à  côté  et  hors  l'cn- 
ceiiile  des  fossés,  étaient  d'antres  bàliinenls  acces- 
soies,  avec  un  Lois  d'une  certaine  étendue,  lequel  a 
été  détruit  depuis  une  vingtaine  d'années  :  le  tout 
est  maintenant  labouré.  On  en  a  tiré  depuis  peu  une 
grande  quantité  de  pieries  et  autres  maloriaux,  dont 
la  majeure  partie  a  éié  employée  à  la  réparaiion  de 
la  route  de  Chartres  à  Dreux,  nommée  le  chemin  de 
César,  et  qui  passe  le  long  de  cet  emplacement. 
L'on  voit  dans  la  commune  de  Lèves,  à  -i  kil.  de 
Charires,  un  reste  de  forêt,  dans  laquelle  se  faisaient 
communément  les  cérémonies  religieuses.  Il  y  a  une 
éniinence  entourée  de  fossés  de  forme  circulaire,  à 
l'endroit  ancicnneiiieiit  appelé  la  Montagne  ries 
Lieues,  d'où  est  venu  par  corruption  le  nuii  de  Lè- 
ves. A  i>eu  de  distance  de  là,  vers  la  rivière,  se 
trouve  une  caniére  vaste  et  profonde  creu^ée  dans 
la  partie  de  la  montagne  qui  regaide  le  levant.  C'est 
dans  ce  souterrain,  et  be  ucoupd'antret,  semblables, 
que  les  druides  se  retiraient  rendant  la  tenue  des  as- 
semblées nationales;  l'on  présume  qu'ils  y  réunis- 
saient aussi  leurs  disciples  pour  les  initier  dans 
les  pratiques  secrètes  de  leur  religion  :  au  moins 
c'est  l'opinion  assez  fondée  de  quelques  auteurs.  Sé- 
bastien Rouillard,  cité  par  M.  thevard  dans  son 
Histoire  de  Chartres,  dit  que  les  diuiiles  Charirains 
avaient  un  inont  appelé  la  Monlngne  des  Lieues,  à  la- 
quelle se  terminait  le  diamètre  des  terres  snjetes  à 
leur  gouvernement,  et  dont  elle  formait  comme  le 
centre.  Au  reste,  les  principaux  clu'fs  des  «liuides 
faisaient  leur  résidence  en  été  dans  l'.Aiitunois,  el 
riiiv.  r  au  pays  Chartrain,  où  était  le  sénsi,  le  siège 
souverain  de  leur  domination.  Le  pays  des  Carnulns 
ou  des  Charirains,  outre  les  traices  nombreuses   de 


;8i 

ce  culte  antique  dont  son  sol  est  surcharge,  a  con> 
serve  dans  ses  mœurs  quelque  chose  qui  en  rappelle 
le  souvenir.  Ainsi,  un  usage  subsiste  encore  de  se 
souhaiter  réciproquement ,  au  renouvell  ment  de 
l'année,  un  bon  ijuilan,  et  les  enfants  parcourent  les 
rues  criant  et  annonçant  ce  guilaii,  en  allusion  et 
comme  souvenir  d'une  cérémonie  religieuse  dite  la 
cueille  du  gui  nouveau,  et  pratiquée  par  le  grand  prê- 
tre des  druides  à  chaque  renouvellement  de  l'année 
gau  cise.  Le  mot  Curn,  (\\.\  entrait  dans  la  composi- 
tion du  nom  de  ces  peuples  et  de  celui  de  leur  ville 
capitale,  Carnulum,  a  conservé  sa  même  signillea- 
tion,  tirée  de  la  forme  des  habiiationi;  il  exprime 
encore  aujourd'hui  un  angle  ou  encoignure,  le  earn 
d'un  mur  :  de  là  le  verbe  écarner  et  son  participe 
écorné,  Iniser  ou  rompre  un  angle.  Les  habitants  de 
celte  contrée  sont  rangés  el  économes  ;  de  là  est 
peut-être  veiiU  ce  reproche  d'égoïsine  exprimé  par  le 
proverbe  populaire  Chartrain  vilain. 

Carnulum,  vel  Caniotum,vel  Autricum,  tel  Anlri- 
cum,  Chartres,  ville  épiscopale,  chef-lieu  du  dépar- 
lement d'Rure-et-Loir,  ancien  dm  hé-pairie  ,  à  56 
kil.  d'Orléans,  i»  8.i  sud-ouest  de  Paris.  L'évêché 
date  de  la  lin  du  111"=  siècle  on  du  commencement 
du  n";  il  était  suiy'ragant  de  la  métropole  de  Sens. 
Il  en  fut  détaché  pour  devenir  un  des  suiïragai.ls 
de  la  métropole  de  Paris,  lorsqi;e  le  siège  épisco- 
pal  de  cette  ville  fut  érigé  en  archevêché.  Le  diocèse 
de  Ch  irtres  éiait  prin  itivemeni  nn  des  diocèses  les 
plus  vastes  des  Gaules.  D'un  côté  il  touchait  au  dio- 
cèse de  Paris,  et  de  l'autre  à  celui  de  Tours.  On  le 
démembra  à  la  (in  du  xvii«  siècle  pour  fermer  le 
diocèse  (le  Bluis.  Après  ce  démembrement,  il  conte- 
nait eiicoie  plus  de  SOO  paroisses.  Parle  concordai 
de  1 8iH ,  l'évêché  de  Charires  dispaïul  pour  faire 
place  à  celui  de  Versailles  ;  mais  le  concordai  de 
18171e  rétablii,  et  les  conventions  postérieuri-s  con- 
clues avec  le  saint  siège  le  maintinrent  défiirtive- 
menl.  La  circonscription  actuelle  du  diocèse  com- 
prend tout  le  département  d'Eure-et-Loir.  Le  dio- 
cèse de  Versailles  a  une  forte  partie  de  ses  ancien- 
nes paroisses  ;  et  comme  beaucoup  de  diocèses  de 
France,  11  a  maintenant  des  paroisses  d'anciens 
voisins,  de  Paris,  d'Orléans,  de  Sens,  de  Séez  et 
d'Evrenx. 

Outre  le  chapitre  de  la  cathédrale,  il  existait  dans 
celte  ville,  avant  la  révolution,  une  collégiale,  deux 
séminaires  et  neuf  paroisses,  dont  deux  dans  les 
faubourgs,  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Sainl- 
lienoit,  une  de  chanoines  réguliers  de  l'ordre  de 
Sainl-Auguslin,  un  couvent  de  Cordeliers,  un  de 
Dominicains,  un  de  Minimes  et  un  de  capucins.  Les 
communautés  leligieiises  éiaient  celles  de  l'abbaye 
de  Notre-Dame-de-Lfau,  ordre  de  Cilcaux.  des  Car- 
mélites, (les  Visitaiidines,  des  Daiues  de  la  Provi- 
dence et  de  l'Union  chrétienne.  Il  existait  aussi  un 
bailliage  royal,  piésidial,  un  grenier  à  sel,  une  ju- 
ridiction consulaire  et  une  subdélégation  de  l'inien- 
daiice  d'Orléans.  Celle  ville  est  le  siège  d'une  cour 


1, 


CEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


290 


d'assises,  d'un  (rilninal  de  première  iiislance,  d'un 
tribunal  de  coninieice  du  ressort  de  la  cour  d'appel 
de  Piiris,  de   deux  justices  de  (laix,  et  la  résidence 
d'une  lieuit'nance  et  de   deux  brigades  ilc  gendar- 
merie; elle  possède  une   société    d'agriculture,   un 
collège  coinuiunal,  uji  liureiiuelun  relais  de  poste.  II 
s'y  l'jit  un  commerce  coiisiiléraljle  de  blés  et  farine.-,  de 
ci;lrs,  laines,  bestiaux,  uiuiitoiis.Sesniarcbés  sunt  les 
plusconsidciables  eties  plus forlsdela France;  ils  ap- 
provisionnent en  grande  (lariie  Paris.  Sa  pop.  est  de 
17,000  bab.  L'arr.  de  Cbarires   renferme  1G6  coni. 
et  ï.S,75b    bab.;  il  est   divisée  en  »c:in.  :  Aunean, 
Cliartre-  (deux  canlor.s),  Courville,  llliers,  J.mville, 
Naititenon  et  Vuvcs.  \<  setieiu  àCbartresquatre  lolrcs 
par   année:    la  première  le   limai,  qui  dure  10 
jours;  la  seconde  le  iS  août,  1  jour;  la  iroi-ièine  le 
8  sepienibie,  )i  jours;  et  la  quatrième  le  50  novem- 
bre, 1  jour.  Une  autre  luire,  quia  pour  ptincipal  ob- 
jii    les  laines,    a     lieu  le  samedi  après   la  S.iini- 
Jean.  Toutes  ces  foires,   exi  epié  celle  du  8  septem- 
bre et  Cl  Ile  aux  laines,  abondent  eu  bestiaux  de  toute 
espèce.  Li'.i  marchés  sont  les  ni;irdi,  jeudi  et  siinie- 
di  de  cha(|iie  semaine,  et  consisient   prini  ipalemenl 
en  grains;   celui   du  samedi   est  le  plus   considéra- 
ble. —  Sans  s'arrêter  aux   asserticins  de  quelques 
historiens  qui  prétendent   faire    remonter  l'orgine 
âeCb:irlres,  le»  uns  ii  Gumer,  suriioininé  Gallus,  lits 
de  Japliet,    lequel    éiaU    (ils  de  Noé,    d'antres  aux 
druides,  (|ni  y  érigéivni,  selon  eus ,  longtemps  avant 
la  naissance   de   Jésus-Christ,  un  autel  à  la  Vierge 
qui  devait  enf.inter,  virgini  paritiirœ,  ou  peut  regar- 
der coinme  certain  que  Chariies  ne  fut  d'abord  com- 
posé que  de  simples  grottes  ,  de  cavernes,  di;  souter- 
rains creusés  et  pratiqués  sans  art  dans  le  fla^ic  u'iine 
nmiitagiic,  nu  sommet  de   laquelle  était  un   bocage 
consacié  aux  cérémonies  du  culte  religieux.  Ce   fu- 
rent ces  antres,  ces  cavernes,   dont   la  plupart  sub- 
sistent encore  d ms  les  quiriiers  bàiis   au    liant   et 
sur  le  pencb:iut  de  la  colline,  entre   le  nord  et   le 
midi,  qui  servirent  de  retiaiie,  d'asile  aux  premers 
babitants,  et  qui,  selon  toute  apparence,  ont  donné 
le  nom  h  cette  ancienne  capitale  du  pays  Cliarirain. 
—  Tmiicfois,  le  sentiineni  des  historiens  et  des  géo- 
gra(dn'S  sur  l'éiyniolngie  de  Chartres  varie  beaucoup 
et  préS' nte  de  nombreuses  contradictions.   Les  uns 
s<  utiennenl  que  cette  vdie  a  été  appelée  Autricum  ou 
Audri.um,  du  nom  de  sa  rivière,    Aulura,   Amiura, 
qui  signilie  EtJRt  ;  les  aunes  Carunlum,  du  mot  grec 
Caryon,  qui  v  ut  dire  Noix.  Ceux-ci  prétendent  qu'il 
dé'ive  du  mot  quncits,  cbénc  ,  dont  on  aurait  formé 
quernuies  ,  et,    par  corruption  ,  Carnuies  ;  ceux-là 
voudraient   nous   persuader   que   Chartres  tire  son 
origine  du  mot  carus,   nom  que  les  Gauhiis,  selon 
Smiih,  donnaient  aux  autels,   amas  ou  (;uartiers  de 
pierres,  sur  les(|uels  k-s  druides  s:icri!iaient  a  la  di- 
\iiiité.  M.  ChevarJ  adopte,  cniiime  la  plus  probable 
et  la  plus  acciédiiée,   la  version   qui  fiiit  dériver  le 
nom  de  Chartres  de  l'hébreu   carnoih  ou  chaniotli  , 
tignifiani  cave ,  antre,  caverne,  il  cause  d'un  annû 


nombre  d'excavations,  de  souterrains,  qui,  de  tout 
temps,  on)  existé  dans  cette  ville,  il  fait  venir  de  là 
le  nom   d'ytiitncum,  et   non  pas  Autricum  ,  comme 
plusieurs  l'ont  écrit,  et  ensuite  celui   de  Carnuium, 
en  français  Chartres.  La  raison  qui   lait   adopter  à 
M.  Chevard   An.ricum  au   lieu   de /lufrifui»  ,  qui  se 
trouve  dans  tons  les  auteurs,  et  pi iiicip  dément  dans 
d'Anville,   i;e   sendde   pas  suni>ante  pour  balancer 
une  telle  autoriié.  Quoi  qu'il  eu  soit  de  ces  contra- 
dictions étymologiques,  Chartres  n'était,  à  l'époiiue 
où  Céî'ar  r.nt  dans  la  (îaule  ,   qu'une   c'ié  de  peu 
d'apparenie,  composée  de  baraques  en  bois,   qu'on 
ceignit   d'une  inuralle  composée  d'un  assemblage 
de  pieux  ,   de    poutres  garnies  en  terre  cl  en  cail- 
loux. Ce  ne  fut  que  dans  les  iv"  et  v«  siècles,  du- 
rani  les  incursions  et  les  ravages  des  Fiaiiks  ei  des 
Vaudiili-s  ,   qu'on    y    construisit  des    remparts   en 
pierre,  flanqués  d'un  grand  nombre  de  tours.  Char- 
tres eut  de  bonne  heure  des  évêques;    mais  l'exis- 
tence lies  premiers  est   incertaine  et  peu  co  nue. 
L'évèque  qui  parait  a. oir  établi  solidement  le  culte 
chrétien  dans  ce  diocèse  est  nommé   Solenmis  :   il 
vivait  en   l'an   iOd.    A    celte   époque ,    la    ville   (!« 
Ci'arires  n'.iLCupaii  qu'un  assez  peiii  terrain  à  l'ex- 
trémité d'une  plaine  du  côté  de  l'orient;   elle  élail 
composée  de  10  rues   étroites  et   tortueuses;  sa  fi- 
gure était  un  paraliélogrMinnic  borné  au  nord  pir  la 
rue  de  Miii  et,  laquelle  tendait  du  bourg  de  ce  nom  an 
chemin   d'Urléans   par  le  grand   pont   ou   pout   ilii 
Château  ;  à  l'orient,  par  la  rue  Éviére,  qui  pai  lail  dt 
la    rue   Calée,  de  l.i   rue  Serpente,  et  se   dirigeaii 
vers  tioiineval,  llliers  et  Coiirville;  au  midi,  par  \i 
rue  du  Bopul-Couroiiné;  et  i»  l'occident,  par  la  ru« 
du  Cheval-Blanc.  —  La  première  église  lut  brûlée  er 
815  par  les  Normands;  i;elle  qu'.  n  volt  aujouid'hn: 
s'éleva  sur  ses  ruines.  Dans  les  environs  de  la  vile, 
il   y  avait  quatre  bourgs  assez  considéiabies  ;   le 
bourg  de  Muret,  qui  comprenait  toutes  les  maisons 
qui  avolsineut  la  porte   Drouaisf;  le  bourg  du  Châ- 
teau qu'on   nominait  simplemenl  l't'  bouig,  situé  aux 
environs  du  grand  pont,  on  pont  de  la   port"  Goii- 
lauine;  le  bout  g  de  Saint-Sire,  qui  s'appelait  simple- 
ment haut  buurg;  enlin  le  bourg  Châielet,  où  est  d 
présent  la  porte  de  ce  nom.  Les  diirérentes  égli^e£ 
bàiies  autour  de  ces  villages  achevèrent  de  former 
un  tout,  et  Chartres  passa  ilés  lors    pour  une  ville 
considérable  :  c'est  ainsi  du  moins  qu'en  iiit  p  rlé 
les  chroniqueurs.  C'est  hors  de  la  ville  que  saint 
Aiiiiiaii  lit  bâtir,  dit-on,  l'église  des  apôiies  saint 
Pierre  et  saint  Paul,  où  il  fut  inhumé,  et  qui  a  de- 
puis porté  son  nom.  Cette  église  fut  plus  lard  celle 
des  comtes  de  Chartres.  —  Cette  ville  passa  de  la 
puissance  romaine  sous  la  puissance  imméiliaie  des 
rois  franks.  En  vertu  des  pariage»  (|ui  suivirent   !a 
mort  de  Clovis,  elle  fut  compiise  d.<ns  le  royaume 
de  Paris.  Thierry  H,  roi  d'Orléans,   l'assiégea  vers 
l'an  6'00  et  la  força  de  se  rendre;  en  85-i  elle  lut 
pillée,  bnVée  et  détrui;e  par  les  Normands,  llastin;;, 
à  la  tête  d'a'itrcs  Normands,  s'en  unipaia  de  nou 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGIUPHIE  EC<  LKSIASTIQOE. 


m. 

vesii  :  il  prit  le  litre  de  comte  de  Chartres,  et  ne 
quitta  la  ville  qu'i;»  S'rl,  niuyeniiniil  un  tribut  nii> 
nuel  i|iii  lie  fut  pnhit  payé;  mais  les  Norniauds  ir- 
rllés  revinreiii,  riissie:;èreiit  de  nouveau,  !a  prirent 
en  peu  de  jours,  abattirent  les  murs,  et  rorcèri>iit 
les  Cliariraiiis  el  leur  évéque  à  leur  payer  le  tribut 
convenu.  En  9il,  parui  à  la  tête  de  nouvelles  hordes 
danoises  le  fameux  Rulbin.  Chartres  opposa  de  la 
rcsisunce,  et  échappa  saine  et  sauve  à  ses  altaqu  s. 
—  Vers  !an  9:1,  sous  le  régne  de  L"His  IV,  Char- 
tres avait  pour  comte  Thibauli  le  Tricheur.  Les  des- 
cendaiils  de  ce  Thibault  firent  trouvent  des  guerres  à 
leurs  voi.sins,  et  même  aux  rois  de  France.  Ces  évé- 
neiiieiit>  n'oiil  qu'une  bien  faible  iniporiimee  histo- 
rique :  ils  n'avaienl  d'autre  résultat  que  d'amî'ner 
pour  la  plupart  du  temps  des  mariages.  —  En  1077, 
Geofïroy  fui  élu  évé(|iie  de  Chartres;  son  successeur 
fut  \ve!?  de  Chartres  qui  s'illustra  par  ses  discu>sions 
avec  Philippe  h',  lorsque  le  roi  eut  répudié  Berihe 
sa  femme,  pour  épouser  Hertiade  de  Monlforl,  au 
mépris  de  son  union  avec  Foulques,  coniie  d'Anjou  : 
révéqise  Yves  s'éleva  le  premier  contre  ce  scandale. 
A  la  nio  t  d'\>es  cnnniieucércni  les  longs  démêlés 
entre  le  clergé  ei  lis  comiesde  Chartres.  Parmi  les 
successeurs  de  cet  évêque,  on  coni|  te  GuilLuiiiie  de 
Champagne,  dit  uii.r  blunches  iiuiins,  be^u-frère  de 
Louis  le  Jeune,  cousin  germain  df  llenii  II,  roi  d'An- 
gleterre, ei  oncle  de  f'hilippe  Au.;iisti',  et  le  fameux 
évéi|ue  aiiglaii;  Jean  de  Salisbury,  élu  eu  1177. 

Les  (.Ointes  de  Ch.irlres  lireni  pluMeuis  voyages  en 
leirr  sainie.  De  re  iioinl  relut  Pierre  de  France,  (ils 
de  Louis  IX,  comte  de  Blois,  d'Alei  çon  et  du  Perche, 
qui  acconipiigna  son  père  en  Alrique,  et  uiiurut  à 
Salerne  en  1-282.  Plus  tard  le  comié  de  Cbarties  fut 
îicUetô  par  Philippe  le  Bel,  qui  le  donna  à  Charles  de 
Valois,  son  frère;  el  vers  l'.m  1293,  celui-ii,  vou- 
lanl  accompagner  le  ri)i,  alurs  en  guerre  avec  l'An- 
gleierre,  ui;nl  di  s  liabilanls  de  Clianres  une  somme 
de  12,;  Uu  livres,  prix  d'une  (  harie  de  franchise  qu'il 
leur  vendit.  Par  celte  charte  il  le;  exempta  du  paye- 
nidit  des  tailles,  subsides  et  auires  droits  à  l'avenir, 
leur  pcruiii  d'avo  r  un  hôiel  cunimun  pour  y  ienir 
en  co'ps  leurs  assrmblées,  ei  leur  en  fil  délivrer,  en 
niar^  1297,  les  lettres  p  lentes,  qui  lureni  conlirmées 
plus  lard  pT  Charles  VIU.  —Après  la  mort  de 
(.halles  de  Valois,  le  comié  de  Chartres  passa,  en 
132."),  à  Pliilipp  ■  de  Valois,  son  liK,  qui,  étant  monlé 
sur  le  irÔMu  i'aunée  siiivame,  l'iiico  pora  à  son 
royaiiiiii'.  Ui'S  lors  le  comté  resta  nui  à  la  couronne, 
ju5.|u'à  ce  qu'il  fut  donné,  un  siècle  et  demi  |iliis 
lai.i,  à  llené  de  Fiance.  Philippe  de  Valois  est  le 
iieriiie'  qui  ail  habité  le  cbàieau  des  comtes  de 
Cliariies,  —  Au  temps  delà  sanglante  querelle  des 
liuiirgni.;nons  el  des  Armagnacs,  Chartres,  d'aboi d 
pris  par  les  Bourguignons,  ouvrii  ensuite  ses  portus 
au\  Orléanais;  mais  en  lil7,  le  duc  de  iJoiirgogiu-, 
p'.'iisani  que  la  ville  deviendrait  le  point  ceiiiral  où 
les  princes  mécontents  réuniraient  tous  leurs  eHoris, 
prit  le  parti  de  l'assiéger  pendant  que  la   trop  fa- 


meuse Isabelle  de  Bavir>ri>  se  faisait  déclarer  régente 
el  ioédilail  le  faial  irailé  en  vertu  dui|uel  la  France 
devait  être  livrée  à  l'étranger,  ei  que  le  dauphin, 
Chai  les  VIII,  relégué  au  del.a  de  la  Loire,  défendait 
à  pi-ine  un  reste  d'aiiioriié.  Chartres  passa  bientôt 
sous  la  doniinaiion  anglaise;  en  vain  le  dauphin  niit 
le  siège  sous  ses  mms,  en  vain  le  comie  de  Foix 
renouvela  la  même  irniaiive,  la  ville  le^ta  au  pou- 
voir de  l'éiranger  jusqu'en  14",2,  époque  oii  le  bà- 
lard  d'Orléans,  comte  de  Dunois,  forma  le  projet  de 
la  surprendre,  et  la  surprit  en  effet,  secondé  par 
deux  habiianis  qui  avaient  éié  laiis  prisonnieis,  et 
par  un  dominicain.  Le  jour  de  Pâques  fut  choisi  pour 
l'exécution  du  projei.  Le  dumiiiicain,  prédicateur  en 
renom,  promit  de  irèciier  ce  jour-là  pour  aliirer  la 
foule  vers  le  pi.inl  opposé  où  devait  avoir  lieu  l'at- 
taque. Les  deux  habiians  qui  dirigeaient  l'entie- 
pri-e  se  présenièrent  dès  la  pointe  du  jour  à  la  porte 
de  lilois  ;  ils  accompagnaient  plusieurs  charrettes 
chargées  de  vins,  C!  ndiiiies  par  des  soldais  dont  les 
armes  éiaieni  cichéi;s  sous  leurs  casaques.  Tandis 
qu'ils  amusent  les  gardes  par  des  propos  indinér''nls 
et  par  le  préent  de  quelques  aloses,  les  charrcliers 
déguisés  fondent  sur  eux  l'èpèe  à  la  main,  massa- 
crent les  poi  tiers,  et  se  saisissent  de  la  porte  et  des 
barrières.  Dans  le  même  temps,  cent  viugl  hommes, 
coudons  par  d'Illiers,  qui  s'éiaienl  avancés  sous  le 
rempari,  péiiélreiU  dans  la  ville;  un  second  corps  de 
trois  cents  combattants  les  suit  eu  criant:  la  paix! 
la  paix!  viic  le  roi!  Le  bâtard  d'Orléans,  Lahire  et 
les  autres  chefs  arrivent  avec  le  reste  des  troupes; 
l'évéque,  qui  essaie  de  défendre  la  place,  meurt  percé 
de  coups  :  la  ville  est  prise  et  livrée  au  pillage.  Les 
ciioyens  riches  éviièrent  la  mortVn  payant  de  lorles 
rançons.  Le  lendemain  on  exécuta  tout  ce  qu'on  put 
irouver  d'Anglais,  de  Bourguignons  ou  de  leurs  par- 
tisans. C'est  ainsi  que  la  ville  passi  sous  l'obéis- 
sance du  roi.  En  i528,  le  comté  de  Chartres  fut 
donné  en  dot  à  Keiiée  de  France,  fille  de  Louis  XII, 
mariée  au  duc  de  Ferrare  :  le  roi  érigea  à  ceiie  oc- 
casion le  comte  en  duché,  par  lettres  des  mois  de 
juin  et  juillet;  mais  comme,  d'ai'rès  la  loi  fondaitieii- 
lale  de  France,  les  terres  du  domaine  de  la  cou- 
ronne ne  pouvaient  être  données  en  apanage  aux  en- 
tants mâles,  le  duché  fut  tenu  lar  un  simple  ciigag'- 
meiii  ;  ainsi  Cliar.ies  lut  séparé  de  la  cour.mnc  pour 
la  seigiieuiii!  stuleuient,  mais  le  roi  reiint  la  souve- 
raineié.  Tel  l'ont  possédé  tous  ses  duc^  jusqu'à  la 
révoluiion.  Louis-Pbilippe-Joseih  d'Oiléms  l'était 
encoie  à  celle  époque.  —  Pendant  les  troubles  de  la 
ligne  CI  apiès  la  juuniée  des  barricades,  Henri  III 
se  réfugia  à  Charités  en  168».  Cette  vi'le,  pendant 
ce  temps,  iieviutle  théâtre  de  plusieurs  négociations. 
Le  due  de  Guise  lit  prier  le  roi  de  revenir  à  Paris, 
ei  employa  la  reine-mèif  pour  l'y  déterminer.  Les 
plus  ardents  ligueurs,  conduits  par  cette  princesse,  se 
rendirent  à  Charlres,  et  protesièreul  de  leur  ttès- 
hitmble  obéissance  ;  le  parlement  s'y  rendit  aussi. 
Henri  IV  fut  sacré  à  Chartres  après  s'en  être  rendu 


503 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


294 


niaiire  par  les  armes.  —  En  1651  les  Elis  de  la 
province  s':isenil)lèrent,  ei  coite  réunion  donna 
lieu  à  des  troubles  ei  voies  de  fait.  Ces  troubles, 
d.iiis  lesquels  lii  noblesse  fui  en  butte  à  la  fureur  du 
peuple,  est  à  peu  |irès  le  dernier  événement  digne 
d'être  remarqué  jusqu'à  l'époque  de  la  révolu- 
lion.  —  En  17!<2,  des  altroupemenis  eurent  lieu 
dan<  difféienls  cantons  pour  la  taxe  des  grains;  une 
nombreuse  troupe  de  mécontents  s'avança  méuie  jus- 
qu'aux portes  de  la  ville,  mais  la  contenance  ferme 
des  am.riiés  civiles  et  militaires,  ei  de  M.  Clievard, 
alors  maire,  arrêta  les  ré  ult.its  de  l'elTervescence 
populaire  et  mainiint  le  calme  dans  la  ville.  Chartres 
eut  moins  à  soufTiir  que  beaucoup  d'autres  ville^i  de  la 
France  des  résulims  du  sysième  de  la  terreur.  Toute- 
fois, au  moment  où  la  consiilution  de  l'an  m  venitit 
d'être  proclamée,  ime  émeute  éclata  dans  celte  ville. 
Un  représentant  du  peuple,  Leleilier,  ne  pouvant 
empêclier  le  trouble,  se  donn.i  volonlairenient  la 
mort.  —  Chartres  avait  été  pourvu  de  murs  à  l'époque 
où  il  éUiit  nécessaire  de  défendre  l:i  ville.  Les  l'orli- 
ficaiions  qu'on  v^it  encore  aujourd'hui,  du  moins  en 
partie,  datent  des  xi'  el  xii«  siècles;  elles  sont  con- 
struites avec  un  •  lelle  sidi  lité,  que,  inêii<e  longiemis 
après  riiiveiilion  de  Tariillerie,  el  es  passaiiiii  pour 
fortes,  puisque  la  ville  lui  vaineniçnla>sié!,'éeeii  1591 
p.ir  Henri  IV.  Ces  forlilications  consisiaienl  en  une 
enceime  de  murailles  fort  élevées,  appuyée  sur  un 
lerre-pl.iin  de  plusieurs  toises  i!e  largeur,  ei  flancpiée 
de  griisses  lonrs  rondes,  le  tout  bâti  en  Idoiaille,  à 
l'exception  des  ouvages  des  puries  qui  sont  en 
pierres  de  l-ille.  Ces  portes  sont  au  nombre  de  se|it, 
savoir  :  les  porte>  Dronaise,  de  Saint-Jean,  (.hàielel, 
des  Epars,  Saint-Michel,  Moraid  il  Guillaume.  La 
dernière  a  luelque  chose  d'inipogaiit  par  son  apparen- 
ce guerrière.  Elle  est  gardée  par  deux  grosses  tours 
unies  par  une  courtine  et  couronnée  d'une  galerie 
saillante  à  créneaux  et  mâchicoulis;  elle  est  voûtée 
en  ogive.  On  remarque  encore  sous  la  votiie  la 
coulisse  de  la  herse  et  l'ouverture  qui  donnait  pas- 
sage à  l'assomnioir;  on  voit  au-si  celle  par  où  pas- 
saient les  flèches  ilu  poni-levis.  Celle  tr  sie  enLeme 
de  murailles  est  entourée  elle-même  d'une  belle  en- 
ceinte de  promenades.  L'intérieur  de  Chartres  est 
divisé  en  haute  et  basse  ville.  Dans  la  première  sont 
les  pr  iicip.iles  auberges,  la  puste  aux  lettres,  la 
P'Ste  aux  chevaux  ,  le  palais  épiscopal ,  ei  la  ca- 
lliédrale  au  fameux  clocher;  c'esi  le  plus  remar- 
quable des  éddices  de  la  ville.  —  La  première 
caihédrale  avait  été  incendiée  pir  les  Normands 
l'ail  S.S'!,  et  réparée  une  première  fois.  Au  x« 
siècle  I  lie  devint  encore  la  proie  des  flammes  ;  enfin 
en  lOiO,  im  liois  ème  incendie,  occasionné  par  le  feu 
du  ciel. selon  l'opininn  commune,  détruisit  la  cathé- 
drale el  ravagea  la  ville.  Chartres  avail  alors  poui 
évêque  Fulbert,  qui  s'empressa  de  chercher  les 
moyens  de  réarer  ce  désastre.  On  a  dit  que  tout 
l'édifice  fut  achevé  dans  l'espace  de  huit  années- 
mais  ce  fait  n'est  pas  exact,  pui.  ,„.  Fulbert  mouriii 


en  1028,  pendant  les  travaux,  que  l'on  voit  ses  suc- 
cesseurs les  faire  continuer,  et  que  l'entrée  de  la  nef, 
le  grand  portail  el  le  clocher  ne  furent  achevés 
qu'en  1145.  Ce  clocher,  qu'on  désigna  sons  le  nom  de 
vieux  clocher,  (ni  le  seul  élevé  à  une  certaine  hauteur  ; 
l'autre,  arrêté  dans  son  élévation,  conserva  la  forme 
d'une  tour  cairée.  En  1506  le  tonnerre  élanl  tombé 
sur  une  charpente  établie  pour  la  conlinualion  de  ce 
Second  clocher,  le  chapitre  se  détermina  à  le  taire 
achever,  en  pierre,  et  .lean  Texiei ,  (tii  de  Beance, 
éleva  cette  pyrami<le  admirée  des  connaisseurs.  Le 
maître  entrepreneur  gngnait  sept  ou  huit  sous  par  jour, 
ses  compagnons  cinq  sous.  Cette  basilique,  dont  la 
construction  s'est  prolongée  pendant  près  de  cent 
trente  ans,  fuidédiée  à  la  sainte  Vierge  en  ocl.  125d. 
La  flèche  du  iiicux  clocher  seii  de  lemlani  à  l'autre 
au-dessus  du  portail.  Elle  est  lourde  et  sans  orne- 
iiienis,  quoique  estimée  dans  le  pays  à  cause  de  son 
curieux  revêtement  de  pierres  de  taille  sculptées  en 
écailles  de  poi~soii.  Celle  llèche  prudiiii  à  la  vue  un 
effet  singulier  de  perspective  :  elle  semble  toujours 
pencher  vers  le  speciateur  de  quelque  côlé  qu'il  sa 
place  ;  c'esl  que  la  pyramide  esi  c  "upée  à  {ans  égaux, 
et  que  chaque  pan  vu  de  face  e>l  st  peu  incliné, 
qu'il  semble  loucher  vei  licaleinent.  L'anli  e  clocher 
est  lancé  avec  hardiesse,  cl  cnri^  h  ,  vers  le  milieu 
de  ^a  bailleur,  d'une  prodigieuse  (|nantiié  de  s^ctilp- 
tiires  en  filigrane,  qui  ne  font  pas  un  tiès-bel  effet, 
n'étant  point  continuées  ni  en  haut  ni  en  bas;  la 
maçonnerie  bnae  (|ui  leur  succède  iinmédialenient 
nul  à  riiarmoiiie  nécessaiie  entre  toutes  les  |iarli  s 
(l'un  II  éme  tout  ;  elles  fmit  cependant  le  principal 
titre  de  ce  clocher  à  la  supériorité  qu'on  lui  accorde 
sur  tous  ceux  de  la  France.  Un  ouragan  furieux,  ar- 
ritéle  12  octobre  1690,  ébranla  la  pointe  de  la  llèche; 
elle  ne  fut  pas  renversée,  parce  que  les  barres  de 
fer  qui  lient  toutes  les  pierres  entre  elles  la  soinin- 
leiil;  mais  elle  fut  curbée  dans  retendue  de  douze 
pieds  au-dessous  de  la  croix.  Une  des  principales 
causes  de  cet  acideiU  fut  la  pesanteur  d'un  soleil 
de  enivre  doré,  de  deux  pieds  et  demi  de  diamètre, 
qui  était  au-dessus  de  la  croix  ;  on  le  Mipprinia  eu 
1691.  La  hatitecir  du  clocher  vieux  est  de  deux  cent 
quaraiiie-ileu<  pi'ds,  ct  lie  du  clocher  neuf  ite  trois 
cent  soixanli!-dix-iiuil.  Leur  largeur,  prise  à  la  base, 
est  de  cinquante  pieds;  l'intervalle  qui  les  sépare 
est  de  même  éiendiie;  ainsi  la  façade  entière  est  de 
cent  cinquante  pieds.  Le  fruntispice  sur  lequel  s'élè- 
vent lesdeux  flèihi's  esli  en  é  par  le  bas  d'un  portail  qui 
présente  trois  p'-rliiiies.  Ces  trois  grandes  por:es 
sont  préiédées  u'un  perron  de  cmq  marches,  el  pra- 
tiquées sous  des  voussures  ogives  chargées  de  figures 
el  d'ornements;  les  figures  sont  pour  la  plupart  des 
statues  conservées  de  l'ancienne  é.lise,  et  offrent  en 
effet  tous  les  caractères  qui  distinguent  les  statues 
du  temps  de  la  première  race,  c'est-à-dire  qu'elles 
sont  allongées  démesurément,  que  leur  visage  est 
aplati,  que  leurs  bras  sont  très-courts,  les  draperies 
chargées  d'une  multitude   de  plis  brisés  sans  an  et 


DlCTIOKNAlRt;  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


295 

sans  but  marqué,  et  leurs  lêles  entourées  du  limbe 
au  cercle  lumineux.  Au-dessus  de  ces  portiques  sont 
trois  grandes  fenêtres  en  verre  peint,  plus  liant  une 
superbe  rose,  et  HU-dessus  de  la  rose  une  galerie  qui 
fait  communiquer  d'un  clocher  à  l'autre.  Là  sont 
placées  dans  des  niihes  quinze  grandes  siiiues.  Elles 
sont  d'un  assez  mauvais  style,  même  pour  le  moyen 
àg  •.  D;ins  le  graud  pignon  qui  surnumie  la  façade, 
cl  qui  e^t  lui-même  siirraonié  d'une  image  prétendue 
ilo  saint  Avertn,  premier  évéque  do  Cliarire.s,  est  re- 
présenié  le  triomphe  de  la  sainie  Vierge.  Les  deux 
poj  les  latérales  consistent  en  trois  arcades  enrichies 
d'un  grand  nombre  de  statues  ;  elles  soni  bâties  hors 
d'oeuvre  en  (orme  d'appentis.  Les  deux  porches  laté- 
raux piraissent  avoir  élé  b.îlis  à  la  riême  époque, 
c'est-à-dire  vers  le  milieu  du  xiii«  siècle.  La  couver- 
ture du  giand  comble,  autour  duquel  <'n  peut  circuler 
par  le  moyen  d'une  galerie  en  pierre,  est  tout  en 
plomb.  La  charpente,  remaniuahle  par  sa  constru- 
ciioii,  et  vulg.iirement  nomuiée  la  Furil,  s:ins  doute 
pour  exprimer  l'immense  quaniiiê  de  buis  qui  la 
compose,  a  de  hauteur,  depuis  la  voûte  jusqu'au  faî- 
tage, i|U.irauie-qualre  pieds.  Le  rond-point  est  cou- 
ronné par  nu  ange  en  plomb  doré,  de  grandeur  natu- 
relle, qui  tourne  sur  un  pivot  de  manière  à  servir  de 
girouette.  On  a  lait  l'observation  que  la  charpenie 
étai'  en  bois  de  chàiaignier,  ce  qui  en  éloigne  toute 
espèce  d'insectes.  Une  chose  qui  déjiare  celle  église 
est  la  bigairnre  que  produisent  les  parties  nouvelle- 
iiient  réparées  sur  le  ri-sledela  maçonnerie  :  c'est  à 
peu  piés  le  nrêmetlfei  que  dis  pièces  de  drap  neuf 
sur  lin  vieil  habit.  Parmi  les  morceaux  de  sculpture 
dont  sont  coiiriinnés  ou  par^enlés  les  murs,  on  y  voit 
la  figure  bizarre  d'un  âne  qui  joue  de  la  vielle,  désignée 
dans  le  pays  sous  le  nom  de  l'Aire  (/ui  vielle.  Dans  l'in- 
térieur deux  choses  frappent  à  la  fols,  c'est  l'harmonie 
des  proportions  et  la  grande  obscnrilé  qui  y  règne  ;on 
n'y  peut  lire  que  par  les  temps  les  plus  clairs.  Ceiteob- 
scurrié  excessive  qui  fatig.ie  la  vue  sans  ajouter  à  tania- 
jeMé  du  lieu,  résulte  de  la  nature  sf^mbre  et  opaque 
des  viiraux,  plus  surcliargés  de  couleurs  que  riciies  de 
parures.  Le  chœur  est  au-sl  adnirable,  plu.s  admi- 
rable peut-être  qrie  le  clooher  inéine.  Il  eu  eniouré 
(!;ins  son  (loiirlour  ex  éneiirde  qiiaranle-lrnis  niches 
leniples  degrorrpes  qui  représentent  el  nrelleirl  pour 
ainsi  dire  en  action  l'hisioire  d-;  l'Aucien  et  du  Nou- 
veau TiiSlament  :  ce  qui  en  res'.e  de  .  oinplet  prouve 
que  ces  morceaux  avaient  été  en  général  fort  bien 
exécutés.  Au-dessirs,  sont  des  cunronnements  et 
autres  ornements  gothiques  irès-déicatemcrrt  rra- 
TMJIlès  en  liligrane,  et  au-dessous,  des  arahesques 
modernes  qui,  exécuiées  à  la  manière  antique,  sont 
encore  plus  délirâtes  et  plus  admirée  .  La  face  iii- 
lerne  du  méine  choeur  est  ornée  de  t.ibleaux  en 
lias-reliet  et  eu  marbre  blanc  de  Carrare,  par  le  sculp- 
teur Bndan.  ils  représentent  diver-es  sièiies  de  la 
vie  de  Jésus-Christ,  et  un  vo'u  fait  dans  Cv.'ite  église 
par  Louis  XIII.  Les  deux  plus  beaux  sont  la  présenia- 
tion  au  (emple,  et  la  descente  de  croix  qui  est  en  face. 


Le  dessus  du  maître-autel,  en  beau  marbre  blanc  de 
Carrare,  représente  rAsrOinpiioii  de  la  sainte  Vierge. 
On  la  voit  s'élever  sur  des  nuages  de  marbre  avec 
une  légèreté  vraiment  aérienne.  Pendant  le  régime 
delà  t.-rreur,  les  vandales,  qui  détruisaient  les  monu- 
ments des  aris  au  nom  de  la  liberté  et  de  l'égalité, 
voulurent  abattre  cette  statue.  Au  moment  où  ils 
allaient  mettre  à  exécutinn  leur  afficux  dessei  <,  un 
patriole  éclairé  proposa  d'affubler  d'un  bonnet  rouge 
la  sialuedela  Vieri;e,  et  de  la  iranslormi-r  eu  déesse 
de  la  liberté  ;  ce  qui  fut  exécuté  sur-ie-ciiamp.  Tous 
les  habitants  de  Chartres  ont  conservé  le  souvenir  de 
la  méiamorpho.^e.  Le  chœur  est  entouré  d'un  double 
rang  de  bas-côiés  soutenus  par  Î2  piliers;  la  nef  ne 
l'est  que  d'un  simple  rang  :  elle  n'a  lien  d'iuiposaul, 
comparée  surtout  à  (elle  de  nos  plus  beaux  lemides 
gothiques.  Les  vitraux,  ainsi  qu'on  l'a  déjà  drt.  ré- 
p:indent  plus  d'nbscurlré  que  de  majesté  :  ils  sont 
toutefiisreuiari|uables  par  leurpjrfaiteconservation, 
et  ceux  qui  ciunposent  les  œils-de-bœul  plaies  au- 
dessus  des  portes  ne  sont  pas  sans  iiiérite.  Au  milieu 
de  la  nef,  le  pavé  se  dessine  eu  une  longue  spirale 
qui,  à  force  de  revenir  sur  elle-même,  fait  parcourir, 
dit-on,  ur.e  lierre  aux  ampleurs  qui  s'amusent  à  la 
suivre  jusqu'au  bout,  ce  qui  l'ail  iipiifler  cette  partie 
du  pavé  la  lieue.  On  ne  montre  plus  l'église  sou- 
terraine, qui  occupe  t  iUt  le  dessous  de  l'église  supé- 
rieure; l'enlréeen  aéiéfemièe.  Celle  égl>e  souier- 
raiiie  se  compose  de  deux  longues  nets  pratiquées 
sous  chacun  des  bas-côiés  de  l'église  liaaie.  Elle  con- 
tinait  treize  chapi-lles,  dont  une,  celle  de  la  sainte 
Vierge,  était  tiès-Iréqneniée;  les  fidèles  vinrent 
pendant  Lngtemps  y  faire  des  dévotions  et  déposer 
des  f.r  voio.  Près  de  cet  aniel  est  un  ancien  puits, 
nommé  dans  le  pays  le  Puiiades  Siiinis-Forts,  parte 
que,  dit  Itouilliard,  du  temps  de  I  empereur  Claude  , 
grand  persécuteur  des  cliiéliens,  le  gouverneur  de 
Chartres,  après  en  avoir  fait  passer  plusieurs  au  fil 
de  l'épée,  ordonna  de  jeter  leurs  corps  dans  ce  pu  ts. 
Tout  l'édifice  a  de  longueur  dans  œuvre  trois  cent 
quaiie-vingl-seize  pieds  sur  cent  un  pieds  de  largeur 
d'un  mur  à  l'aiiire,  et  cent  six  pieds  de  hauteur  snus 
la  tb  f  de  la  voùle.  La  largeur  de  la  nef,  depuis  la 
porte  principale  jusqu'au  milieu  du  premier  pilier  du 
chœur,  est  de  deuv  cent  vingt-quatre  pieds  d'un 
piler  à  lauire.  Les  b.s-coiés  oni  chacun  vingt  pieds 
de  largeur  sur  quarante-huit  d:  hauteur;  ces  bas- 
côtés  sont  doubles  autour  du  chœur.  La  croisée  a 
de  longueur,  d'une  porte  à  l'antre,  ceirl  quatre-vingt- 
quinze  pieds  sur  trente-six  pieds  de  largeur  ;  elle 
est  ac(  ompagnée  de  deux  bas-côiés.  Ces  mesures 
sont  prises  dans  la  description  de  C.rlbert,  historio- 
graphe de  tontes  les  ciithédrales  de  Erance.  —  Voici 
uii  rapport  loit  intéressant  el  trè<-cnrieux  sur  la 
caihédrate  de  Cbarires.  adressé  en  I85«  au  minisire 
de  l'insiructionpuliliipii',  parim  de  nos  archéologues 
les  plus  éruiiits  et  les  plus  capables,  M.  Didron.qui 
a  rendu  de  si  grands  services  à 'la  géographie  mon«- 
mentale  chrétienne. 


Sô7 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


2Pft 


€  Il  y  a  deux  cathédrales  à  décrire  :  l'église  sou- 
terraine, crypie  immense,  el  l'église  supérieure,  qui 
remorque  à  son  arrière-irain  une  (jrnnde  chapelle  du 
nom  de  Saint-Piat;  il  y  a  quatre  mille  figures  en 
picrie  ei  cinq  mille  en  verre  à  nommer  el  interpréter. 

i  Je  me  suis  attaqué  à  1«  sculpture  de  préférence, 
parce  qu'à  Chartres  aile  est  à  la  peinture  ce  que  le 
titre  d'im  chapitre  est  au  chapitre  même  :  la  sculp- 
ture est  le  sommaire  ou  l'argument  des  vitraux.  Ainsi, 
la  peinture  comme  la  Siulpture  parlent  de  saint  Eusta- 
cbe,  de  Thomas  Becket,  de  saint  Kemi;  mais  la  se- 
conde ne  raconte  que  le  fait  principal  de  leur  vie  : 
le  martyre  desaint  Eustache,  l'assassinat  de  Becket, 
le  baptême  de  Clovis;  tandis  que  la  première  peint 
U  vie  entière,  de  la  naissance  à  la  mort.  J-ai  donc 
cru  utile  de  faire  connaître  le  texte  avant  d'étaler  le 
commentaire;  j'ai  voulu  ouvrir  tout  simplement  une 
perspHCiive  sur  les  belles  et  nombreuses  légendes 
qui  font  de  Notre-Dame  de  Chartres  le  musée  le  plus 
complet  de  la  mythologie  clirétienne,  avant  de  péné- 
trer dans  les  détails  de  cette  poésie  ravissante  et  à 
peiiprè-.  inconnue.  D'ailleurs,  comme  la  sculpture  est 
à  l'extérieur  de  la  cathédrale  el  la  peinture  à  l'inté- 
rieur, je  n'étais  pas  fâché  de  commencer  par  ce  qui 
frappe  d'abord  les  yeux;  urdinaiiemenl  on  aime  à 
étud.er  un  monument  dans  l'ordre  où  on  le  voit.  En- 
fin la  sculpture  est  encore  de  l'architecture  en  quel- 
que sorte,  et  puisque  je  ne  pouvais  donner  cette  der- 
nière, je  devais  au  moins  me  prendre  à  ce  qui  y  res- 
Eenible  davantage. 

<  Ici  encore  i!  a  fallu  me  restreindre  ;  car  la  sculp- 
ture se  divise  en  deux  parties  distinctes:  en  statuaire 
et  ornementation.  L'ornementation  est  le  cadre  du 
tableau  où  la  statuaire  pose  ses  figures;  el  ce  cadre, 
dans  l'art  chrétien  sunoni,  n'a  pas  moins  d'impor- 
tance que  le  tableau  lui-même.  J'ai  donc  réservé 
pour  l'année  prochaine  toute  l'ornementation  sculp- 
turale et  les  questions  qu'elle  soulèvera.  Ces  ques- 
tions seront  nombreuse^,  car  c'est  sur  l'iirnemenia- 
tion  que  de  tout  temps  se  sont  exercés  les  mysti- 
ques et  les  allégoriseurs;  et  c'est  avec  l'ornementa- 
tion que  j'essaierai  d'esquisser  la  flore  et  la  ïoologie 
gothiques  à  l'aide  d'un  naturaliste  intelligent  qui 
aura  étudié  les  plantes  par  les  feuilles  plutôt  que  par 
les  Denis,  et  les  animaux  par  leur  structure  plutôt 
tératologique.  que  normale. 

€  A  elle  seule  la  statuaire  me  fournissait  ample 
matière  pour  mon  travail  de  celte  année  ;  car,  après 
quatre  ans  d'études  sur  la  cathéilrale  de  Chartres,  à 
diverses  reprises,  je  viens  encore  de  pisserdeuxmois 
dans  cette  ville,  uniquement  à  prendre  des  notes  sur 
la  statuaire  de  sa  Notre-Dame.  Il  suffira  de  vous  dire. 
Monsieur  le  ministre,  que  cette  statuaiie  se  com- 
pose de  dix-huit  cent  quatorze  ligures  hautes  de  huit 
pieds  à  huit  pouces.  Je  ne  décrirai  que  les  statues 
du  dehors,  parce  qu'elles  font  un  ensemble  complet 
à  elles  seules  ;  les  siaines  île  l'intérieur,  ie  la  clô- 
ture du  chœur  princ.palemenl.  formeront,  a- ec  l'or- 
neiiieiiiaiion  de  toute  l'église,  un  autre  ensemble  qui 
DlCTIONN^iRK  DK  GÉOGRAPHIE  ECCL.  II. 


ne  donnera  pas  moins  de  deux  mille  figures.  Par- 
donnez-moi la  comparaison  :  je  donne  VJtiade  cette 
année  ,  je  ferai  VOdijssée  l'année  prociia  ne. 

I  C'est  qu'en  edeices  dix-huit  cent  quatorze  figures 
s'ordonnent  d'une  façon  merveil  euse  ;  elles  formenl 
un  poème  dont  chaque  statue  équivaut  à  un  vers,  à 
une  strophe,  à  une  tirade  ;  un  poëine  dont  la  com- 
préhension est  plus  vaste  que  celle  de  l'Iliade  ou  de 
l'Eii^irfe.que  celle  même  de  la  Divine  Comédie;  puis- 
qu'elle embrasse  l'histoire  religieuse  de  rnnivers  de- 
puis sa  naissance  jusqu'à  sa  mort,  et  que  la  Divine 
Comédie  n'est  qu'un  petit  épisode,  l'épisode  final  de 
l'épopée  sculptée  à  Chartres. 

<  Permettez-moi  de  m'arréter  un  instant  ici,  et 
de  déclarer  par  des  faits  combien  est  injuste  l'accu- 
sation de  fantaisie,  de  liliertiiiage  esthétique  portée 
contre  l'art  gothique.  Aucun  art,  pas  même  le  grec, 
n'est  plus  discipliné  que  notre  art  naiional,  cet  art 
qui  a  mis  en  pratique  la  loi  des  unités  bien  plus  des- 
poiiquement  qoe  les  autres  arts  venus  avant  et  après 
lui  ;  car  l'unité,  dans  la  pbstique  chrétienne,  est  mo- 
rale et  matérielle  tout  à  la  fois. 

«  Ainsi,  à  Chartres,  ce  poème  en  quatre  chants, 
ou,  pour  mieux  dire, ce  cycle  épique  en  quatre  bran- 
ches, s'ouvre  par  la  création  du  momie  à  laquelle 
sont  consacréi  trente-six  tableaux  el  soixante-quin- 
ze statues,  depuis  le  moment  où  Dieu  sort  de  son 
repos  pour  créer  le  ciel  el  la  terre,  jusqu'à  celui  où 
Adam  el  Eve ,  coupables  de  désobéissance,  sont 
chassés  du  Paradis  terrestre  et  achèvent  leur  vie 
dans  les  larmes  el  le  travail.  Sur  le  tronc  épique, 
c'est  la  première  branche  qui  porto  la  cosuiogooie 
biblique,  la  genèse  des  êtres  bruts,  des  êtres  organi- 
sés, des  êtres  vivants,  des  êtres  raisonnables,  et 
aboutit  au  plus  terrible  dénouement,  à  la  malédiction 
de  l'homme  par  Dieu. 

f  Mais  cet  homme  qui  a  péché  dans  Adam  et  qui, 
dans  lui,  estconilamné  aux  douleurs  du  corps  et  ^  la 
mort  de  l'ànie,  peut  se  racheter  par  le  trav:iil.  En 
les  chassant  du  paradis ,  Dieu  eut  pitié  de  nos  pre- 
miers parents,  et  leur  donna  des  habits  de  peau  en 
leur  apprenant  la  manière  d'eu  user  De  là  le  sculp- 
teur chréiien  prit  occasion  d'apprendre  aux  Beauce- 
rons la  manière  de  travailler  des  bias  et  de  la  tète; 
el,  à  droite  de  la  chute  d'Adam  ,  sculpta  sous  leurs 
yeux  et  pour  leur  perpétuelle  instruction,  un  calen- 
drier de  pierre  avec  tous  les  travaux  de  la  campa- 
gne, un  catéchisme  industriel  avec  les  travaux  de 
la  ville,  el  pour  les  occupations  intellectuelle-.  ,  un 
manuel  des  arts  libéraux  personnifiés  dans  un  philo- 
sophe, un  géomètre,  un  magicien,  etc.  ;  le  tout  en 
cent  trois  figures.  Tel  est  le  second  chani  qui  fait 
passer  sous  les  yeux  la  représentation  historique  et 
allégorique  à  la  fois  de  l'indusirie  agricole  et  manu- 
facturière, du  Commerce  et  de  l'art. 

I  II  ne  sulfit  pas  que  l'honime  travaille,  il  faut  en- 
core qu'il  fasse  un  bon  usage  de  sa  force  musculaire 
fet  de  sa  capacité  iniellecluelle;  il  faui  qu'il  einpluie 
COuYeuableiuenl  les  facultés  que  Dieu  lui  a  réparties, 

10 


DICTlONNAinE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE, 


599 

les  richesse»  qu'il  a  acquises  par  son  travail.  Il  ne 
suffit  pas  de  iii«rc!ier,  il  Hiul  marcher  droit  :  il  ne 
suffit  pas  d'ngir  ,  il  faut  agir  bien,  il  faut  èlre  ver- 
tueux. Dès  lors,  la  religion  a  dû  clouer  aux  prirches 
de  Noirc-D.ime  de  Chartres  cent  quarante-huit  sta- 
tues représtnian!  loutês  les  vertus  qu'il  faut  embras- 
ser, tous  les  vices  qu'il  faut  terrasser.  Comme  Thom- 
nie  vit  pour  Dieu,  pour  la  société,  pour  la  famille  et 
lui-méjne,les  quatre  ordres  de  venus  ihér>h>g;iles, 
politiques,  doniestiqufes  1 1  intimes  y  sont  représen- 
tis  dans  les  différents  cordons  des  voussures.  C'est 
le  troisième  chant. 

«  Maintenant  que  l'homnle  est  créé,  qu'il  sait  tra- 
vailler et  se  conduire,  que  d'une  niairi  il  prend  le  tra- 
vail pour  appui  et  de  l'autre  la  vertu  polir  guide,  il 
peut  aller  sans  crainte  de  gauchir,  il  peut  vivre  et 
faire  son  histoire  ;  il  arrivera  au  but  à  point  nommé. 
Il  va  done  reprendre  sa  carrière  de  la  création  au  ju- 
gement dernier,  comme  le  soleil  sa  course  d'orient  en 
occident.  Le  resio  de  la  statuaire  sera  dont  destiné  Ji 
représenter  l'hisioire  du  momie  depuis  Adam  et  Eve 
que  nous  avons  laissés  bêchant  et  filant  hors  du  pa- 
radis, jusqu'à  la  fin  des  siècles.  En  effet,  le  sculpteur 
inspiré  à  deviné,  le^  Prôplièies  et  V Apocalypse  en 
main,  ce  qui  adviendrait  de  l'huniaiiilé  bien  après 
que  lui,  pauvre  homme,  n'existerait  plus.  II  ne  fallait 
pas  moins  que  les  quatorze  cent  quatre-vingt-liuit  sta- 
tuts qui  nous  restent  encore  pour  figurer  celte  his- 
toire qui  comprend  tant  de  siècles  et  tant  d'hommes. 
C'est  le  quatrième  et  dernier  chant.  r 

€  Celle  statuaire  est  donc  bien,  dans  toute  l'am- 
pleur du  mot,  l'image  ou  le  miroir  de  l'univers,  com- 
me on  disait  au  moyen  ige  :  l'image  de  la  nature 
brute  et  organisée  dans  le  premier  chant,  dans  le 
second  de  la  science,  de  U  morale  dans  le  troisième, 
dans  le  quatrième  de  l'homme,  et  dans  le  tout  enfia 
du  monde  entier.  Telle  est  la  charpente  intellectuelle 
du  poème,  son  plan,  son  uniié  morale;  en  voici  main- 
tenant l'unité  matérielle,  la  disposition  physique. 

«  L'histoire  religieuse,  pour  un  chrétien,  se  com- 
pose de  deux  périodes  tranchées  ;  de  celle  qui  pré- 
cède Jésiis-CIrist,  et  qui  est  occupée  par  le  peuple 
hébreu,  le  peuple  de  Dieu;  de  celle  qui  suit  Jésus- 
Christ  et  que  remplissent  les  nations  chrétiennes. 
Il  y  a  la  Bible  et  l'Evangile.  Comme  dans  la  société, 
les  Juifs  ne  se  mêlaient  pas  aux  chrétiens;  comme 
au  xm*  siècle,  l'.Ancien  Testament,  figuré  par  des  ta- 
bles à  sommet  arrondi,  était  différent  du  Nouveau 
Testament,  livre  carré  à  sommet  plat,  de  même  Notre- 
Dame  de  Chartres  a  séparé  matériellement  l'histoire 
du  peuple  juif  de  l'histoire  du  peuple  chrétien,  en 
interposant  toute  la  largeur  de  l'église,  et  plus  en- 
core, toute  la  longueur  de  la  croisée.  Au  porche  du 
nord,  elle  a  placé  les  personnages  de  l'Ancien  Testa- 
ment, depuis  la  création  du  monde  jusqu'à  la  mort 
de  la  Vierge;  et  au  porche  du  midi,  ceux  du  Nou- 
veau, depuis  le  moment  où  Jésus-Christ  dit  .i  ses 
jpôlres  qui  l'entourent  :  Allez,  enseignez  et  baptisez 
let  nations!  jusques  et  ycompris  le  jugement  dernier. 


Sur  des  vitraux  du  xni»  siècle,  sur  des  sculptures 
du  xiv»,  on  voit  Jésus-Chrisl  trônant  sur  les  nuages, 
le  dos  contre  un  arc-en-ciel,  ayant  .i  sa  g.iuche  les 
tables  de  Moïse  sur  l'anhe  d'alliance,  et  à  sa  droite, 
siirunaulel.le  livre  de  ses  apôtres.  De  tout  temps,  en 
effet,  la  Bible  a  tenu  la  gauche  et  l'Évangile  la  droite. 
Cela  devait  être,  car  les  chrétiens  regardent  la  Bible 
comme  le  piélestnl  de  l'Evangile.  La  Bible  est  le 
portrait  dont  l'Evangile  est  le  futur  modèle  :  l'Evan- 
gile est  la  réalité  dont  l'Ancien  Testament  n'est  que 
la  métaphore  et  l'écho  prophétique.  Or,  de  tout  temps, 
môme  encore  aujourd'hui,  dans  les  usages  civils 
comme  dans  les  cérémonies  religieuses,  la  gauche 
est  subordonnée  à  la  droite;  on  cède  la  droite  à  ceux 
qu'on  vent  honorer. 

«  Voilà  dans  quel  ordre  sont  disposées  ces  dis-huit 
cent  quatorze  statues.  Il  n'y  en  a  que  deux  dont  je  ne 
puis  encore  justifier  suffisamment  laplace  ;  mais  toutes 
les  autres,  sans  exception,  sont  à  leur  rang  aussi  bien 
qu'un  soldat  dans  une  armée.  Je  parle  de  dix-huit 
cent  quatorze  statues,  je  devrais  dire  quatre  mille  ; 
car  celles  de  l'ornementaiion  sont  distribuées  comme 
celles  du  tableau  :  ce  sont  des  allégories,  des  méta- 
phores sculptées  qui  redonnent  Sous  un  sens  voilé  et 
figuré  les  faits  que  les  personnages  viennent  de  nous 
offrir  sous  le  sens  réel  et  historique.  C'est  un  second 
poëme  qui  côtoie,  ou,  pour  mieux  dire,  qui  double  le 
premier.  J'ai  dit  quatre  mille  statues,  j'aurais  dé 
dire  neuf  mille  figures,  en  ajouiant  les  cinq  mille 
des  vitraux  ;  car,  je  l'ai  annoncé,  les  vitraux  ne  sont 
que  le  commentaire  ou  la  répétition  de  la  statuaire. 

«  Cet  ordre,  comme  je  le  disais  à  l'ouverture  du 
cours  que  vous  m'avez  autorisé  à  professer  à  la  Bi- 
bliothèque royale,  est  le  plus  beau,  le  plus  un  qu'on 
ail  jamais  imaginé;  c'est  celui  d'après  lequel  est  tra- 
cée et  exécutée  la  vaste  encyclopédie  de  Vincent  de 
Beauvais,  dont  le  cadre  est  aussi  supérieur  à  celui  du 
chancelier  Bacon,  de  d'Alembert  ,  de  Diderot,  même 
à  celui  du  grand  physicien  .Ampère  qui  a  surpassé  ses 
devanciers,  que  la  cathédrale  de  Chartres  est  supé- 
rieure à  une  pauvre  église  de  village.  Cependant 
cette  encyclopédie  admirable  est  restée  il  peu  près 
inconnue  jusqu'à  présent,  malgré  un  très-remarqua- 
ble travail  de  M.  Daunou,  inséré  dans  le  tome  XVIII 
de  l'Histoire  titléraire  de  la  France.  L'illustration  dç 
pierre  que  lui  a  faite  Notre-Dame  de  Chartres  est  peut- 
être  destinée  à  la  mettre  en  lumière. 

f  Ce  sont  donc  ces  dix-huit  cent  quatorze  statues 
que  j'ai  entrepris  de  décrire  celte  année.  Le  travail 
vous  sera  soumis.  Monsieur  le  ministre,  et  sera  pré- 
senté au  comité  des  arts  et  monuments  vers  le  prin- 
temps; car  toutes  les  noies  sont  prises  et  la  rédac- 
tion commencée.  Toutes  les  statues  seront  décri  ■> 
une  à  une,  dans  le  plus  grand  détail  ;  je  n'en  laisse- 
rai pas  passer  une  seule  sans  que  je  n'épuise,  che- 
min faisant,  toutes  les  questions  archéologique», 
esthétiques,  historiques,  morales,  auxquelles  elte 
pourra  donner  lieu.  Je  ferai  comme  un  boianiste  qoi 
parcourt  une  prairie  et  qui  s'arrête  à   chaque  pâ* 


501 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


50» 


pour  cueillir  une  lleur,  l'anatomiser,  la  nommer,  la 
classer  et  résoudre  tous  les  problèmes  qu'elle  peut 
soulever. 

(  Dans  ce  rapport,  je  ne  puis  tous  énumérer  leS 
résultats,  nombreux  certainement,  auxquels  don- 
nera lieu  ce  travail  sur  la  statuaire  de  Chartres. 
Cependant  je  ne  saurais  m'enipêcher  de  vous  en  si- 
gnaler un  loiii  au  moins.  Ce  résiiliat  soulèvera  des 
rumeurs  archéologiques,  sans  aucun  doute;  mais 
déjà  je  l'avais  laissé  pressentir  dans  mon  cours,  et 
la  suite  du  travail  sur  Chartres  le  confirmera  pleine- 
ment, j'espère.  C'est  que,  dans  les  cathédrales  de 
France,  il  n'existe  pas  aux  portails  une  statue  qu'on 
puisse  réellement  appeler  historique  dans  le  sens 
rigoureux,  et  surtout  civil  et  national  du  mot;  c'est 
que,  pour  prendre  un  exemple  saisissant,  dans  ces 
galeries  de  rois  qu'on  voyait  à  Notre-Dame  de  Pa- 
ris avant  la  révolution,  et  qu'on  voit  encore  à  Reims, 
Amiens  et  Chartres,  ne  s'alignent  pas  des  rois  de 
France,  mais  des  rois  juifs.  Il  n'y  a  là  ni  Pharamond, 
ni  Philippe -Auguste,  ni  saint  Louis;  mais  bien  Dn- 
yid,  Salumon  et  Josaphai.  J'en  suis  fâché  pour 
Moiitfaucen  et  ses  Monuments  de  la  monarchie  fran- 
çaise, j'en  suis  contrarié  pour  les  statues  gothiques 
du  musée  de  Versailles;  mais Clota ire,  Clovis,  Louis 
le  Débonnaire,  Charlemagne,  Blanche  de  Castille 

00  la  reine  Pédauque,  ou  Berllie-aux-Graïuls-Pieds, 
des  portails  de  Corbeil,  Saint-Germain-des-Prés, 
Saint-Maurice  d'Angers,  Noire-Dame  de  Chartres, 
Notre-Dame  d'Ainiens,  doivent  quitter  les  noms 
qu'ils  ont  volés  sous  le  compér.ige  des  bénédictins  et 
redevenir,  comme  auparavant  :  Michel,  la  femme  de 
David;  Bethsabée,  la  mère  de  Salomon;  ta  reine  de 
Saba  ;  les  rois  Osias,  Manassé,  Roboara,  Jéchonias. 
Jl  y  a  des  exceptions  à  ce  que  j'avance,  mais  en  irês- 
peiit  nombre,  et  fournies  seulement  par  certaines 
statues  qu'on  voit  à  Reims,  dans  la  cathédrale,  mo- 
nument tout  royal  et  qui  devait  différer  des  autres. 
En  général,  sur  les  cathédrales,  les  statues  sont  re- 
ligieuses, figurant  des  personnages  de  l'Aneian  et 
du  Nouveau  Testament,  comme  du  reste"  le  bon  sens 
l'indique  a  priori,  et  non  des  statues  civiles  et  de  no- 
tre histoire  nationale.  Donc,  il  faut  le  dire  sans 
peur,  les  bénédictins  et  Sauvai  se  sont  trompés  en 
déclarant  que  des  rois  de  France  peuplaient  la  gale- 
rie royale  de  Notre-Dame  de  Paris  ;  donc,  il  est  heu- 
reux, pour  nous  autres  antiquaires  surtout,  que  Na- 
P'ieon  n'ait  pas  exécuté  son  intention  de  placer  tous 
nos  rois  francs  et  français  en  sentinelles  dans  celte 
galerie. 

<  Plus  mon  assertion  est  hardie,  plus  j'aurai  à 
cœur  de  la  démontrer  par  des  preuves  de  toute  na- 
ture, par  des  f.iils,  par  des  textes,  par  des  inscrip- 
I  tions  gravées  ou  peintes  sur  ces  rois  et  autour  d'eux, 
j  par  les  attributs  caractéristiques,  par  des  vitraux  à 
légendes,  par  des  analogies  diverses.  Le  travail  sur 

1  la  cathédrale  de  Chartres  ne  laissera  aucun  doute, 
fespère.  En  tout  cas,  j'affirme  d'avance,  par  ce  que 

!  fai  des  inscriptions  qu'on  n'a  pas  vues  ou  des  faits 


qu'on  a  ignorés,  que  le  prétendu  Fulbert,  évêquc  de 
Chartres,  qui  se  dresse  au  portail  du  snd,  les  pieds 
sur  une  église  que  des  flammes  entourent,  n'est  au- 
tre que  le  pape  saint  Clément  posé  sur  une  égU-6 
environnée  d'eau.  La  miire  de  ce  Fulbert  est  une 
tiare  ;  la  statue  est  nimbée,  et  Fulbertn'esi  pas  saint; 
enfin  les  flammes  sont  des  flots.  J'affirme  que  la  sta- 
tue du  même  portail,  dite  d'Eudes  comte  de  Char- 
tres, est  de  saint  Georges,  chevalier  cuppadi'cien  ; 
car  elle  est  nimbée  :  car  son  martyre  est  repi  ésenlé 
sur  la  console  où  elle  posé  les  pieds  ;  car,  sur  un 
vitrail  de  la  grande  nef,  le  même  chevalier,  é(|uip(5 
comme  cette  statue  et  martyrisé  comme  elle,  porte 
écrit  en  lettres  du  xiii*  siècle  :  S.  Giorqius.  Il  en  es< 
ainsi  de  toutes  les  autres  statues,  surtout  de  celles 
du  préiendu  Pierre  Mauclerc  et  d'Alix  sa  femme.  Il 
est  malheureux  que  l'archéologie  arrive  après  1793 
seulement  à  démontrer  que  les  rois  de  Notre-Dame 
de  Paris  n'étaient  pas  des  rois  libenicides  de  France, 
mais  des  rois  inolTensifs  du  peuple  juif.  Les  révolu- 
tionnaires ne  les  auraient  peut-élre  pas  renversés  de 
leur  galerio,  ni  pulvérisés  sur  les  pavés,  s'ils  avaient 
su  à  quels  personnages  ils  s'en  prenaient.  La  mau- 
vaise archéologie  nous  a  fait  beaucoup  de  mal  ;  pour 
ce  f;iii,  les  antiquaires  contemporains  doivent  en 
vouloir  aux  bénédictins. 

«  Un  autre  fait  auquel  on  devait  peu  s'attendre, 
c'est  que  parmi  les  Vertus  politiques  sculptées  sur  le 
portail  du  nord,  il  en  est  plusieurs  qu'on  s'étonne 
d'y  voir.  Ces  Vertus,  personnifiées  dans  des  reines 
fières  de  tournure,  vertes  d'âges,  porient  un  bou- 
clier sur  lequel  s'enlève  en  relief  un  attribut  qui  les 
caractérise.  Ainsi,  la  Concorde  montre  quatre  co- 
lombes qui  vivent  en  paix  et  en  amour;  la  Vitesse, 
trois  flèches  qui  sifflent  en  abîme.  Eh  bien  !  parmi 
ces  Venus,  brille  la  Liberté.  Le  mot  y  est  :  Liber- 
tas.  Deviné  d'abord  par  M.  Lassus,  épelé  ensuite  par 
lui,  avec  le  secours  d'une  longue  échelle,  ce  mot  a 
été  lu  parfaitement  par  moi,  au  moyen  d'une  excel- 
lente lunette;  il  vient  enfin  d'être  dessiné  à  la  cham- 
bre claire  par  M.  Paul  Durand,  estampé  avec  la 
terre  glaise  et  moulé  en  plâtre.  Celte  Liberté  est  une 
forte  femme,  âgée  de  vingt-cinq  à  trente  ans,  se  cam- 
brant avec  fierté  à  quarante  pieds  au-dessus  du  sol, 
creusant  la  hanche  gauche  pour  arrondir  et  faire 
saillir  la  droite.  Vêtue  d'une  longue  robe  et  d'un 
manteau  retenu  sur  les  épaules  au  moyen  d'une  cor- 
delette, cette  mâle  Vertu  tenait  de  la  main  droite, 
la  main  puissante,  ou  une  pique  ou  un  glaive  qui  est 
cassé,  et  de  la  gauche  un  écusson  dont  le  champ 
porte  deux  couronnes  royales.  C'est  donc  bien  la  Li- 
berté politique,  la  Liberté  communale  peut-être,  la 
Liberté  octroyée  par  les  rois  aux  bourgeois  de  Char- 
tres. Par  la  place  d'honneur  qu'elle  occupe,  celle 
Liberté  triomphante  est  la  seconde  en  rang;  fille  de 
la  Vertu  par  excellence  et  qui  est  personnifiée  dans 
une  femme  qui  se  dresse  sur  un  rosier  parsemé  de 
roses  épanouies  et  en  boutons,  elle  est  à  son  tour  la 
mère  des  douze  autres  Vertus  qui  marchent  après 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


303 

elle,  comme  de  petiis  c-nfanis   derrière  une  aïeule. 
I  Cetled-  scriptioM  de  la  statuaire  formera  un  demi- 
Vdlunie  in-4';  le   second    demi-volume   renfermera, 
aven  ■Ofile  rornementa  ion  seniptée,  la  statuaire  in- 
lérie  re,  et  ne  ^era    prêl  que  l'année   prochaine.    Il 
raef.iiiilra   qnaire  années,  en  outre,   pour   terminer 
t  «t  mon  travail  de  description  :  deux  pour  la  pein- 
ture sur  verre  et  la  peinture  à    fresque,   Acus.   pour 
l'auliit  fiure  delà  crypl'"  et   de  la  oalliédrale  supé- 
rieure. Le  vo'ume  d'arcliitoclnre  sera  clos    par   des 
fa  ts  relatifs  à  la  condition  sociale,    pQli'.ique   et  do- 
mestique des  artistes  chréliens  ,  et  par  des  consi  lé- 
raiions  sur  les  signes  gravés  din^  la  pierre  par    les 
appareilleurs  et  les  lâcherons.  J'avais  déciuvert  ces 
signes  dans  l'Auvergne  et  la  Provence  ,  je  les  ai    re- 
trouvés an  Palais  de  Ju-tice  de  Paris,  et  je  viens    de 
les  conslaier  au  clocher  vieux  de  Chartres.  Ces  con- 
sidérations, appuyées  du  nom  de  liogenis,  qu'on   lit 
en  c.iracières  du  xii'  siècle  an  ponail  occidental    de 
Chartres;   de    Kofrm,  que  l'ai   trouvé    en  caractères 
du  XIII*  au  porche  du    nord  ;  de  Jelmn   de   Beance, 
qu'on  voit  en  lettres  du  xvi'  siècle  au  clocher  neuf  ; 
appuyées  de  la  per-ounifieation  de  l'archi  tecture  peinte 
sur  verre  sous  la  forme  d'une    fomme,  dans  la  cha- 
pelle Saint-Piat  ,  etïcniplée  au  porche  du  nord  sous 
la  figure  d'un  homme,  jourront  aidfr  à  la    solnlion 
des  prohlémes  nombreux  et  obscurs  qu'on  peut  poser 
sur  cette  matière.  Puis  viendron   en  aide  les  iiislru- 
ments  des  architectes,  des  tailleurs  de  pierre  et   des 
appareilleurs  qii'"n  voit  au  porche  du  nord  et  sur  les 
Titrux  de  r.ib-ide;  pnis    la    figure  des  architectes, 
des  tailleurs  de  pierre  et  des   sculpteurs   qui   sont 
peints  snr  trois  verrières  du  rond-point  ;  puis  les  des- 
sins palimpsestes  du  xiii'  s  ècle  découverts  il  y    a 
trois  mois  dans  un  nécrologe  de  Reims,  et  les  textes 
épars  dans  les  agiographes,  les  Bollandistes  prini  ipa- 
lenient,  sur  les  artistes  chrétiens.   Ce   que  je  viens 
de  dire  n'a  trait  qu'à  mon  travail  ;  mais  je  n'étais  pas 
seul  à  Chartres  :  M,  Amaury-Duval,  chargé  des  figu- 
res, M.  Lassus,  chargé  des  dessins  d'ornementation 
et  d'architecture,. se  sont,  comme  je  l'ai  fait,  acharnés 
pendant  deux  mois  à  la  cathédrale.   M.  Amaury-Du- 
val a  dessiné  vingt  et-une  statues  et  statuettes  à  l'é- 
norme échelle  de  seize  centimètres  pour  mètre  ;  et  à 
celle  de  douz'%  les  cinquante-sept  qui  remplissent  le 
tympan  et  la  vonssnre  delà  porte  centrale  du  porlail 
royal.  Déjà,  l'année  dernière,  .M.  Amaury-Duval  avait 
dessiné  treize  statues;  en  sorte  qu'on  a  déjà  la  scmime 
de  quatre-vingt-onze  ligures  et  figurines   prêtes  pour 
la  luhogripliie.ei  qui  seront  exposées  au  prochain  sa- 
lon. Pour  arriver   à  ce  lësuliat,  il  a  fallu  braver  bien 
des  fois  le  vent  qui,  toute  l'année  et  toute  la  jimruée, 
grO'dfl  au  poriail  royal,    qui  fouette   assez  souvent 
la  plnie  et  souffle  toujours  le  froid. 

€  Quant  à  M.  Lassus,  avec  le  secours  de  iMM.  Cer- 
*eau  et  Suréda,  ses  aides,  il  pourra  exposer  au  salon 
procliiin  tout  le  grand  portail  occidental  flanqué  des 
porches  latéraux.  C'est  un  dessin  de  huit  pieds  de 
haut  sur  quatre  de  large.  Chaque  ligne,  d'une  cxac- 


liiude  rigoureuse  et  mathématique,  a  été  fournie  par 
deux  cent  deux  minutes  cotées  et  vérifiée^  à  plusieurs 
reprises,  et  qu'il  a  élé  souvent  dangcriui  d'aller 
chercher  à  r;iide  d'une  corde  à  nœu  Is  ;  car  il  a  fallu 
escalader  plusieurs  Jois  le  portail  pour  rapporter  une 
cote  incertaine  ou  un  profil  oublié.  Je  dois,  Moiisiour 
le  ministre,  appeler  votre  iniéiêt  sur  les  aides  de  M, 
Lassus.  La  ville  de  Chartres  peut  témoigner  que  ces 
deux  jeunes  gens  ont  réellement  montré  pour  la 
science,  sur  la  cathédrale  d'  Chartres,  le  courage  que 
déploient  (les  soldats  sur  un  champ  de  bataille.  Dix 
plans  des  clochers  pris  à  diverses  hauteurs,  tous  les 
détails  d'ornementaiion  et  de  moulures  à  seize  cen- 
tiinèiies  pour  mètre,  exposés  avec  la  façade,  témoi- 
gneront de  la  rguenr  apportée  dans  le  travail.  Outre 
ce  grand  dessin  de  la  façade  occilentale,  M.  Lassus 
exp  'Sera  deux  fac-s'mile  de  vitraux,  dont  l'un,  re- 
mar(|ué  an  sahm  de  183(5,  sera  réexposé  en  gravure 
réduite  et  coloriée.  Il  représente  dans  le  plus  grand 
déiail  les  curieuses  aventures  de  l'Enfant  prodigue. 
Sur  l'autre,  qui  se  calqne  en  ce  moment,  est  peint» 
la  légende  de  saint  Ensiache,  une  des  plus  belles 
qu'ait  inventée  l'imagination  des  chréliens  de  l'O- 
rient. 

t  Le  spécimen  de  la  monographie  archéologique 
de  Chartres  se  composera  de  quatre-vingt-onze  figu- 
res desxii»,  xiii',  xiv«  et  XVI"  siècles;  de  deux  gran- 
des verrières  du  xm«  ;  de  plusieurs  plans,  de  diver- 
ses feuilles  de  profils  et  d'ornementaiion,  et  d'im  im- 
mense dessin  d'architecture  qui,  à  lui  seul,  donnera 
des  échantillons  considérables  de  tous  les  styles  du 
XII*  au  XVI'  siècle.  En  effet,  la  façade  presque  en- 
tière et  le  vieux  clocher  sont  du  xii"  ;  le  clocher  neuf 
app  H  tient  au  xvt«,  gothique,  tandis  qu'au  xvi',  en 
style  de  la  renaissance,  a  élé  construit  un  charmant 
bàiiment  oùe-t  logée  l'horloge;  les  porches  et  le 
haut  delà  façade  occidentale  datent  du  xiif;  au  xiv<=, 
on  a  élevé  la  sacrisiie  dont  on  verra  tout  uu  côié.» 

Les  paroisses  de  Chartres  étaient  autrefois  au 
nombre  de  sept  :  Saint-André,  Saint-Aignan ,  Saint- 
Martiiwlt-Viandier,  Saiiite-Foy,  Saint-Michel,  Saint- 
Saturnin  et  Saint-llilaire.  Parmi  les  monastères  , 
il  faut  placer  en  première  ligne  l'ahbaye  de  Saint- 
Père,  de  l'ordre  de  saint-Benoît,  laquelle  fut,  dit-on, 
bâtie  pour  la  première  fois  vers  l'an  8*5,  et  détruite 
bieiiôt  après  par  le»  Normands  :Gnla  reconstruisit  plu- 
sieurs fois  depuis  ;  l'abbaye  de  Saint-Jean  en  Vallée, 
fondée  en  1099,  par  Yves,  évêque  de  Chartres;  celle 
de  Saini-(. héron,  bâtie  en  65S,eldotéep.rClotairellL 
La  plupart  de  ces  monuments  n'existent  plus.  L'é- 
'g  ise  Saint-André,  dont  une  arche,  jeiée  d'un  côté 
de  la  rivière  à  l'autre,  supportait  le  chœur,  est  cou- 
verlie  en  magasin,  et  tombe  en  ruines  :  la  partie 
construite  sur  l'arche  a  même  été  détruite  entière- 
ment; l'arcade  seule  a  été  conservée.  L'église  Saint. 
Aignan  et  celle  de  l'abhaye  Saint-Père  sont  conser- 
vées. Celte  dernière  a  éié  dédiée  dernièrement  sous 
le  tiirede  Saint-Pierre.  nàtieenH70,  par  Ilildiiard, 
-eligieuv  de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  elle  se  compose 


50.">  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 

d'une  nef  el  de  deux  bas-côlés  sans  croisée  ;  elle  esl 
d'une  arcliiiectiire   gciihique  peu  ornée;  les  viiraui 
sont  beaux,  ei  paraissent  dater  du  xui'  ou   du  xi\" 
siècle.  La  chapelle  du  fond  esl   décorée  des  fi.^ures 
en  émail  des  douze  apôtres.  Ces  émaux  viennent  du 
cliâteau  d'Anei  ;  les  liguies  sont  de  grandeur  demi- 
naturelle  et  d'un  bon  dessin.  Tout  dans   cette  ville 
parle  des  temps   anciens  ;   les  rues    sont  étr^  iies, 
liuUenienl  alignées,  et   en  général   mal   pavées;    la 
plupart  de  celles  qui  suivent  la  penie  de  la  colline 
ont  la  forme  d'escaliers  ;  les  maisons,  presque  toutes 
en  bois  et  en  lerre,  sont  d'une  mauvaise   construc- 
tion :  un  grand  nombre   ont  encore  des   pories   en 
ogive,  où  l'on  retrouve  sculptés   des  monuments  go- 
tliiques.  La  partie  inférieure  de   la  ville  basse  est 
traversée  par  les  deux  bras  de  l'Eure,  dont  l'un  coule 
en  dedans,  l'autre  en  dehors  des  remparts  :  elle  n'est 
pas  plus  moniueuse  que  la  ville  hauie,  mais  elle  est 
plus  mal  percée  et  plus  mal  bâtie.  Un  y  trouve  ce- 
pendant une  je  ie  place,   celle   Sa  nt-Pierre,  bordée 
de  deux  allées  d'arbres  e(  aliénant  à  l'église  de  ce  nom, 
laquelle  est  elle-même  aliénante   au  couvent  de  bé- 
nédirlins  dont  elle  dépendait,  etq'ii  e-t  aujourd'hui 
converti  en  caserne.  Dans  la    ville  h.iule   sont  les 
deux  places  du  marché  aux  gr;iiiis  ei  du  rnaiclié  aux 
herbes.  La  pieuiière,  carrée  et  médiocrement  grande, 
est  le  cenir.-  des  gieniers  de  la  Beauce  ;  la  seconde, 
celle  du  marché  aux  herbes,  présente  un  carré  long, 
et  n'était  remarquable  qui- par  le  niausolée,  en  forme 
d'ohéliS'iue,  élevé  à  la  inémnlre  du  uicnéral  Marceau, 
natif  de  celle  vile,  qui,  sold  t  à  IB    iurs,  général  à 
25,  el  mort  à  27  à    Alienkirken,   le  trniiiènie   jour 
conipléineritaiie  de  l'an  iv,  bit  un  des   héros   de  la 
nouvelle  France.  .\  s:i  uior  t,   sa    dépouille  mortelle, 
respectée  par  les  enmmis,  lut  rendue  à  ses  (amara- 
des  avec  toutes  les  m:.rques  de  la    plus  grande  ad- 
niiratinn.  Urre  autre  place,  la  plus  belle  de    toutes, 
celle  des  Barricades,  est  hors  des  murs,   entre  la 
porte  des  Epars  et  les  principales  promenades.  C'est 
là  qu'abiiutissent  les  (rois  avenires  de  Paris,  deMin- 
tes  et  de  Bordeaux.  La    fontaine  minérale,  varrtée 
par  quelques  auteurs  conrme   souveninc  contre  les 
maladies  chroniques,  est  peu  connue  des  habitants, 
ainsi  que  des  médecins,  et  n'est  pas  plus  fréquentée 
pal' les    uns  qir'ordoirnée  p.;r  les  aulres.  L  i    biblio- 
thèque, fort  grande  et  fort  belle,  mais  peu   suivie, 
er.t  coiniiQsée  de  50,000  volumes.  —  Les   pâtés  de 
Chanres  sont  trop  connus  dans  les  annales  de   la 
g.isiri'iiomie  pour  pouvoir  éire  passés  sous  silence  ; 
ils  srint  exportés  prirR-ipalement  à  Paris,  où  l'on  en 
fait  de  la  même  iiualité  el  au  même  prix   qu'à  Char- 
tres. Une  opinion  proverbiale  et  populaire  vent  i|u'il 
y  ail  beaucoup  de  bossus  dans   celle  ville;  on  n'en 
trouve  cepend. ml  pas  là  plus  qu'ailleurs. — Chartres  a 
vu  nattre  beaucoup   d'hommes    célèbres  et  quelques 
grands  hommes  :  Foulques  ou  Foucher  de  Chartres, 


im 


se  (il  jésuite  en  154i,  dés  les  premiers  temps  de 
l'existence  de  la  compagnie,  et  devint  sécréta  re  de 
saint  Ignace;  Philippe  Despories,  poète  du  ivi" 
siècle;  Mathririn  Régnier,  son  neveu,  le  premier  de 
nos  satiriques;  Etienne  d'Aligre,  garde  des  sceaux; 
Pierre  Nicole,  l'une  des  gloires  de  Port-U'yal;  An- 
dré Kélibien,  de  l'Acadéaiie  des  Inscriptions,  et  ses 
deux  fils,  Jean-François  ,-i  Michel,  lederrrier  auieur, 
avec  dora  Lobineau  ,  d'une  Histoire  de  Paris,  en  5 
vol.  iii-fol.  ;  Jean-Baptiste  Thiers,  anienr  d'un  tr.iité 
des  superstitions  et  d'un  grand  nombre  de  disser- 
tations historiques,  mort  en  1703;  D.illinval,  auteur 
comique  ;  Dussaulx,  traducteur  de  Juvénal;  Brissot 
de  Warville,  député  à  l'assemblée  législative  et  à  la 
convention;  Péiion,  maire  de  Paris;  Marceau,  dont 
il  a  déjà  été  question;  CoUiu  d'Hirleville  ;  cnfia 
Ghauveau-Lagarde,  avocat,  défenseur  de  la  reine 
Maiie-Antoinetie,  et  Chevard,  auteur  d'une  ex- 
cellente Histoire  de  sa  ville  natale. 

Castaneium  vet  Castenidum,  Chaienay-lès-Bagneux, 
paroisse  du  diocèse  de  Paris ,  canton  de  Sceaux, 
dép.  de  la  Seine,  située  sur  la  pente  d'un  coteau  qui 
regarde  l'orient,  à  1  kil.  sud-ouest  de  Sceaux  el  10 
kil.  sud-ouest  de  Paris.  La  populalioii  est  d'environ 
850  habitants,  y  compris  les  hameaux  d'Aunay.  du 
Malabry,  du  Peiit-Charabnrd  el  les  maisons  isolées 
dites  le  Pctii-Chàienay,  le  Val-du-Loup  et  le  Pavil- 
lon de  Malabry.  Ce  village  doit  son  surnom  de  tè»- 
Bagneux  à  Bagneux,qui  était  la  paroisse  la  plus  con- 
sidérbleella  (ilusvoisinedans  un  t' mpsoù  Sceirui, 
le  Bourg-la-Reine  et  le  Plessis-Picquet,  qui  l'en  sé- 
parent aujo.iid'hui,  nexistaie  it  pas  ;  au  resie,  co 
surnom  ne  lui  lut  donné  que  pour  le  distinguer  des 
autres  villages  appelés  aussi  Chàleninj  ,  et  nnii  parce 
qu'il  anrail  éié  une  dépendarrce  de  Bagrreux  ;  car, 
quoique  celui-ci  date  de  Ion  haiil,Chàii;nay  panit  en- 
core plus  ancien.  Le  livre  d'Irminon,  abbé  de  Saint- 
Gerniain-des-Piés,  soiisCbarleinagne,  parle  de  Cha- 
teiiay,  C'ns(«n!(ium,  comme  voisin  de  Verrières.  Dans 
une  charte  du  ix'  siècle,  Chàtenay  esl  compris  avec 
Bagneux  sous  le  nom  de  Castaneium,  parmi  les  biens 
confirmés  au  chapitre  de  Paris  par  Charles  le  Sim- 
ple :  la  même  conOrmaiion  est  portée  dans  une  au- 
tre charte  de  Loihaire  et  Louis,  de  l'année  980  ou 
environ,  où  on  Irt  Casianentm  cum  ecdesia.  Quant  à 
l'éiymologie  du  nom  de  Châienay,  elle  vient  évidem- 
ment des  châtaigniers  qui  croissaient  sur  son  lerrî- 
toire,  très-propre  à  la  production  decesarbres.à  cause 
du  sable  dont  il  esl  composé  en  grande  partie.— L'é- 
glise de  ce  lieu,  dédiée  à  Saini-Germain-l'Auxer- 
rois,  a  été  rebâtie  dans  le  dernier  siècle,  et  la  porte 
en  a  éié  élargie  et  refaite  entièreiuent  en  1807  :  ce- 
lerrdanl  plusieurs  de  ses  pallies  a:innncent  une  cons- 
truction f'irt  ancienne.  L'abbé  Lebeuf  remarque  qire 
les  pilastres  et  chapiteaux  qu'on  voit  dans  le  chœur 
annoncent,  par  leur  style,  une  construclb.n   du  xiil» 


qui  suivit  la  première  croisade  el  fut  chapelain  de  siècle-  il  fait  remonter  au  siècle  précédent  ceux  qui 
Baudouin  I",  roi  de  Jérusalem;  Amaury  de  Char-  sont  sous  la  tour  qui  sert  de  clocher.  Cette  tour, 
très,  hérétique  du  xiii«  siècle;  André  De»lieux,  qui      élégamment  iraraiUée,  avait,  selon  le  luéme  f,uiear. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


307 

SOO  ans  d'antiquité  ;  mais  elle  ne  peut  être  aussi  an- 
cienne que  le  préieud  cet  historien,  qui  n'a  pas  re- 
marqué, sous  la  clef  de  la  voûte  de  la  chapelle  laté- 
rale, dédiée  à  sainte  Geneviève,  celte  date  mcccciix, 
et  surtout  les  colonnes  de  l'église,  qui  appariiennent 
à  la  même  époque.  On  voyait  dans  le  saiictiinire  de 
cette  église,  du  cûié  du  nord,  une  plaque  de  marbre 
noir,  qui  a  depuis  été  enlevée  et  a  fait  partie  du  ca- 
binet de  M.Giffard  :  elle  rappi;laii  qu'en  1715,  l'ahbé  de 
Malezieii  y  fut  sacréévéque  de  Lavaur.  Cet  abbé  était 
fils  de  l'illuaire  INicolas  de  Malezieu,  chancelier  de 
Domhes,  chef  des  conseils  du  duc  du  Maine,  l'un  des 
quarante  de  l'Académie  française  et  honoraire  de 
l'Académie  des  sciences.  Poète,  orateur ,  philoso- 
phe, astronome,  géomètre,  il  excellait  encore  dans 
lous  les  talents  de  l'esprit  qui  peuvent  faire  briller 
dans  la  sociéié.  La  duchesse  du  Maine  se  l'ai  tacha 
particulièrement,  et  pour  l'avoir  plus  près  de  s-a  rési- 
dence de  Sceaux,  elle  lui  donna  une  jolie  maison  à 
Cliàtenay,  qu'elle  augmenta  d'un  bel  appartement  et 
d'une  galerie.  Le  duc  du  Maine  ajouia  à  ce  présent 
la  seigneurie  qu'il  avait  à  Cbàienviy.  Le  savant  Male- 
zieu  y  avait  fait  construire  une  espèce  d'observatoire, 
d'où  il  Cl  plusieurs  découvertes  astronomiques  con- 
signées dans  les  mémoires  de  l'Académie  des  scien- 
ces. Les  journaux  du  temps  contiennent  les  détails 
d'une  fêle  brilbnie  que  donna  cet  académicien  dans 
sa  maison  deChàienay,le  5de  ce  même  moisd'aoùl, 
à  l'occasion  de  la  célébration  que  Ùl  l'abbé  de  Maie- 
rien,  son  (ils,  de  sa  première  messe,  dans  l'église  de 
ce  lieu,  en  présence  du  duc  et  de  la  duchesse  du 
Maine,  et  d'une  partie  de  ce  qu'il  y  avait  de  plus  dis- 
tingué à  la  cour.  Ce  savant  fui  inhumé  dans  la  nef 
de  cette  église  en  l'J27. —  L'égli«e  de  Chàtenay  ren- 
fermait plusieurs  tombes  des  xiii«  et  xiv« siècles. 
Vers  1740,  en  fouillant  dans  le  choeur,  on  trouva  10 
ou  12  tombeaux  en  pKître,  dans  chacun  desquels  il 
y  avait  un  pot  de  terre  giise  à  petites  bandes  rou- 
ges, rempli  de  cendres  et  de  charbon  :  il  y  avait  de 
plus  dans  quelques-uns  une  petite  fiole.  On  trouva 
de  semblables  pots  dans  d'autres  cercueils  décou- 
verts dans  le  cimetière  de  la  paroisse,  éloigné  du 
village  d'environ  un  kil.  L'usage  de  ces  vases,  desti- 
nés à  l'eau  bénite,  à  l'encens,  au  charbon,  indique  le 
xii«  ou  le  xiii' siècle,  d'après  ce  qu'on  lit  dans  Be- 
lelh.  Celle  église  appartenait  dès  le  x*  siècle,  au  cha- 
pitre de  Paris,  qui  plus  lard,  et  principalement  de- 
puis le  xu*  jusqu'au  xv«  siècle,  acquit  par  diverses 
donations  et  legs  pb:sieurs  droits  temporels  sur 
Cliâienay.  Les  chroniques  du  temps  iious  appren- 
nent que  les  habitants  de  ce  lieu  ne  cessèrent  d'ê- 
tre serfs  du  chapitre  de  Paris  qu'en  l'i66,  moyennant 
la  somme  de  liOO  livres. —  Ce  village  offre  le  ta- 
bleau d'une  population  laborieuse  ;  les  productions 
du  territoire  se  bornent  à  des  grains  eu  petite  quan- 
tité, quelques  vignes  et  des  arbres  fruitiers. —  Beau- 
coup de  jolies  maisons  de  campagne  sont  situées  dans 
celte  commune  :  on  peut  citer  celles  qui  ont  appar- 
tenu à  l'ancien  évèque  de  CazaI,  M.  de  YiUaret,  au 


308 

comte  Lenoir  de  La  Roche,  au  marquis  de  Château- 
Giron  ;  ces  deui  dernières  à  Aunay;  au  vicomte  de 
Chateaubriand,  au  Val-dii-Loup  ,  et  enfin  à  Mme  la 
comtesse  de  Boignes,  dans  laquelle  Voltaire  est 
né  le  20  février  1694. 

Castaneium  in  Francia,  Cliaienay-en-France,  pa- 
roisse de  l'ancien  diocèse  de  Paris ,  maintenant  de 
celui  de  Versailles ,  canton  d'Ecouen ,  arrond.  de 
Fonloise,  Seine-et-Oise ,  située  sur  une  hauteur  à 
7  kil.  nord-est  d'Ecouen,  à  53  de  Versailles  ,  à  24 
nord  de  Paris.  La  population  n'est  que  de  125  ha- 
bitants environ.  —  Les  auteurs  du  Dici.  univ.  de 
France  y  comptaient,  au  milieu  du  dernier  siècle, 
ISO  hab.  —  Ce  village  a  été  surnommé  de  France  , 
pour  le  distinguer  du  précédent  ;  au  reste,  beaucoup 
de  villages  ont  reçu  ce  nom  de  Chàienay  :  il  vient 
sans  doule,  comme  l'indique  le  mot  latin  castane- 
tum  ,  des  châtaigniers  qui  étaient  plantés  en  grand 
nombre  dans  leurs  environs.  Châteiiay-en-France 
n'est  connu  ijue  par  son  église.  Dès  l'an  1097,  il  en 
est  fait  mention  dans  l'acte  de  donation  qu'en  fit 
Guillaume  ,  évèque  de  Paris ,  au  prieuré  de  Saiiit- 
Mariin-des-Champs  ;  cet  acte  porte  ces  mots  :  Attare 
villœ  quœ  dicitur  Caslaneium.  Une  bulle  d'Urbain  II 
la  nomme  Ecclesia  de  Castenio  :  diverses  autres 
bulles  désignent  ce  village  par  la  dénomination  de 
villam  Castaneum  et  lillnm  de  CasUmeo.  L'église  est 
petite:  dédiée  sous  l'invocation  de  saint  Martin,  elle 
le  fut  de  nouveau  ,  sous  le  même  titre,  en  1578  ;  le 
chœur  en  a  été  renouvelé ,  l'an  1045,  aux  dépens  de 
Jean-Bapliste-Amador  de  Richelieu,  abbé  de  Marmou- 
tiers  et  prieur  de  Saint-Mariin-des-Champs  ,  et,  en 
cette  qualité,  seigneur  de  la  paroisse.  Dans  le  der- 
nier siècle,  le  reste  de  l'église  fut  réparé  autmt  que 
pouvait  l'être  un  si  ancien  monument,  et  on  a  ajouté 
une  aile  du  côté  du  midi.  Le  terroir  est  en  terres  la- 
bourables, avec  quelques  vergers  et  arbrisseaux. 

Cuslellio  sub  Banniola  ,  Chàtillon-sous-Bagneux  , 
paroisse  du  diocèse  de  Paris,  canton  et  arrond.  de 
Sceaux  ,  à  3  kil.  nord  de  cette  petite  ville,  à  6  sud- 
ouest  de  Paris.  La  population  est  de  1400  habitants 
au  moins,  y  compris  le  hameau  dit  le  Petit-Châtit- 
lon.  —  Ce  village ,  situé  dans  le  carré  que  forment 
les  villages  de  Vanves,  Bagneux,  Clamart  et  Fonte- 
nay -aux- Roses ,  est  bâti  sur  une  éminence,  dans 
une  de;  plus  belles  situations  des  environs  de  Paris. 
De  là ,  en  effet ,  on  découvre  tous  les  édifices  de  la 
capitale,  le  cours  de  la  Seine,  le  Calvaire,  Yincen- 
nes  et  les  hauteurs  de  Montmartre.  L'aspect  de  la 
campagne  environnante  offre  un  tableau  d'un  autre 
intérêt  :  on  n'aperçoit  que  des  plantations  de  ceri- 
siers ,  de  rosiers  ,  de  groseillers  :  des  noyers  nom- 
breux s'élèvent  au-dessus  de  ces  jolis  arbustes  ,  et 
de  grandes  plates-bandes  de  fraisiers  parfument  les 
jardins.  —  Chàiillon  n'était  originairement  qu'una 
terre  dépendante  de  Bagneux.  Philippe  !«■■,  par  une 
charte  de  l'an  1061,  la  donna  à  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main-des  Prés  en  échange  de  son  ancienne  terre  de 
Combs-Ia- Ville,  dont  il  ne  pouvait  plus  la  faire  jouir, 


309 


l'ayint  lui-même  rendue  à  Eudes,  fils  de  Manassés, 
conue  de  Moiu-Didier,  aux  aricéires  duquel  elle  avait 
appartenu.  Toul  le  canton  enviionnaiil  Bagneus 
était  alors  appelé  Banniola  ou  Banniolœ ,  parce  que 
c'étaient  les  limites  de  l'étendue  aujourd'hui  appelée 
banlieue;  mais  depuis  qu'on  eut  bâti  un  petit  château 
dans  la  portion  appartenant  ;i  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main ,  ce  quartier-là  prit  le  nom  de  CliAtillon.  Le  pre- 
mirr  titre  où  ce  lieu  est  désigné  sous  ce  nom  ,  est 
une  sentence  arbitrale  insérée  dans  le  cartulaire  de 
Notre-Dame-des-Champs,  fol.  28.  Il  y  est  dit  que 
Boucbard ,  maire  de  Bagneux,  reconnaît  tenir  de 
Robert,  prieur  de  ce  monastère,  un  demi-arpent  de 
vigne  ,  inler  Casiellioneni  et  Clemaràum.  —  La  peti- 
tesse de  l'église  de  (Jhâiillon  ,  rebâtie  sous  Charles 
'Vil,  fait  voir  que  ce  village  était  peu  de  chose  dans 
son  origine.  Elle  ne  peut  avoir  été  érigée  en  paroisse 
que  dans  le  xiv' siècle  au  plus  tôt,  puisque  le  pouillé 
du  xiii<'  n'en  parle  point.  Le  chœur  paraît  être  de 
l'an  1400  environ:  le  reste  est  plus  nouveau  ;  la 
leur,  en  particulier,  qui  est  bâtie  sur  le  côté  du 
frontispice,  ne  peut  guère  dater  que  de  1600.  Elle 
est  d'une  grosseur  considérable ,  d'une  élévation 
proportionnée  à  celle  de  l'église  ,  et  ornée  de  volutes 
qui  la  feraient  approcher  de  l'ordre  ionique.  (Jette 
église  réparée  en  partie  en  1610,  le  fui  en  entier 
en  17il.  Elle  est  sous  l'invocation  de  saini  Philippe 
et  saint  Jacques,  sans  doute  par  déférence  pour 
quelque  donateur  du  nom  d  ;  Philippe  ou  de  Jac- 
ques ,  qui  avait  fourni  de  quui  la  rebâtir  ;  car  elle 
n'était  auparavant  qu'une  chapelle  sous  le  titre  de 
Saint-Eutrope,  et  la  permission  accordée,  en  1541, 
au  curé  et  habitants  de  faire  dédier  leur  église,  porte 
la  condition  de  célébrer  cette  dédicace  le  jour  de 
Saint-Eutrope.  La  nomination  à  la  cure  de  celte 
paroisse  appartenait  à  l'archevêque  de  Paris,  sui- 
vant les  pouillés  de  162tj  et  1648  ;  cependant  une 
copie  du  pouillé  de  Paris,  écrite  au  xvi' siècle, 
parlant  de  la  collation  de  la  cure  de  Châtillon,  porte 
ces  mots  :  capitulum  parisiense  vet  episcopus.  La  to- 
talité des  dîmes  de  cette  cure,  dont  le  territoire 
avait  été  pris  en  partie  sur  celui  de  Clamart ,  ne 
s'étendait  que  sur  800  arpents.  Aucune  des  sépul- 
tures de  cette  église  n'est  remarquable  par  ses  or- 
nements et  on  n'y  lit  aucune  épitaphe  ;  mais  on  dis- 
lingue celle  de  la  famille  Tardieu  ,  dont  il  sera  parlé 
dans  la  suite  de  cet  article.  La  principale  seigneurie 
de  Châtillon  appartenait  à  l'abbaye  deSaint-Germain- 
des-l'rés  ,  par  la  donation  de  Philippe  \",  Ce  mo- 
nastère acquit  eusuite,  de  Jean  de  Montaigny,  pour 
une  somme  de  14.5  liv.  parisis,  la  voierie  de  ce  lieu 
et  tous  les  droits  que  ce  seigneur  y  avait  en  vin  , 
avoine  et  argent  ;  cette  cession  fut  confirmée  par 
des  lettres  de  Philippe-Auguste,  de  l'an  1-202.  Ou 
trouve  un  Germain  Braque  ,  seigneur  de  Châtillon , 
dès  1U5.  Richard  Tardieu,  seigneur  du  Ménil,  ac- 
quit, vers  1000,  les  droits  de  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main, et ,  après  sa  mort,  arrivée  à  Paris  le  20  oc- 
tobre Itîe  ,  son  corps  lut  transféré  à  Châtillon  ,  et 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  tl^ 

inhumé  le  5  novembre  de  la  même  année  dans  un 
caveau  construit  sous  la  chapelle  de  la  \'ierge,  pour 
servir  à  toute  sa  famille.  Le  27  août  10I3S,  ce  caveau 
reçut  les  corps  de  Jacques  Tardieu  ,  lieutenant-cri- 
minel au  Chiielet  de  Paris,  deuxième  seigneur  de 
Châtillon  depuis  l'aliénation ,  et  de  Marie  Ferrier, 
son  épouse,  assassinés  dans  leur  maison  à  Paris  , 
quai  des  Orfèvres ,  par  les  deux  frères  Toucliet ,  le 
jour  de  saint  Barthélémy,  24  du  rnème  mois  d'août 
1665.  Ce  sont  ces  deux  époux  ,  dont  l'avarice  éga- 
lait les  grandes  richesses  ,  que  Boilcau  a  dépeints 
dans  sa  10'  satire  : 


Comme  ce  magistrat ,  de  hideuse  mémoire  , 
Dont  je  veux  bien  ici  te  crayonner  l'histoire  ,  etc. 

Cette  famille  a  donné  son  nom  au  beis  taillis  <itué 
au  haut  de  la  montagne  que  l'on  rencontre  à  droite 
en  allant  à  Meudon  ,  et  que  l'on  appelle  encore  Bois 
Tardieu.  Colbert  acheta  celte  seigneurie  à  ces  mê- 
mes Tardieu ,  et  le  duc  du  Maine  la  posséda  après 
lui.  La  terre  de  Châtillon  avait  eu  ,  comme  plusieuri 
autres  ,  un  seigneur  du  voisinage  pour  protecteur. 
Jean  d'issy,  écuyer  au  xiii»  siècle ,  en  possédait  les 
droits,  qui  consistaient  en  une  redevance  eu  grains: 
ce  droit  s'appelait  l«»sam«»«!(m. —Aucommeiicement 
d'octobre  1417,  Jean,  duc  de  Bourgogne,  partant 
pour  le  siège  de  Montihéry  ,  vint  camper  sur  le» 
hauteurs  de  Châtillon ,  et  se  reposa  conire  un  arbre 
où  il  fit  suspendre  son  étendard  de  guerre.  Les  An- 
glais y  avaient  campé  au  siècle  précédent,  lors  de 
leur  invasion  en  15S8.  En  1815  les  Anglais  ,  qui 
avaient  passé  la  Seine  à  Sèvres,  occupèrent  les 
hauteurs  du  village  et  se  répandirent  dans  les  envi- 
rons. Châtillon  eut  alors  le  sort  commun  à  tons  les 
villages  occupés  par  l'ennemi  :  il  fut  pillé  entière- 
ment. —  Le  fameux  diacre  François  Paris,  dont  les 
jansénistes  ont  fait  un  saint,  et  quia  laissé  plu- 
sieurs ouvrages  de  piété  dans  les  idéei  du  jansé- 
nisme, était  de  Châtillon.  Né  dans  le  xvii"  siècle,  il 
mourut  le  17  octobre  1718.  Ce  fut  sur  sa  tombe , 
dans  le  cimetière  Saint-Médard,  qu'eurent  lieu  les 
scènes  s-i  ridicules  des  convulsions  qui  troublèrent  la 
première  partie  du  xviii=  siècle,  et  dans  lesquelles 
le  parlement  de  Paris  intervint  d'une  manière  peu 
honorable.  —  Le  terroir  de  cette  commune  est  6n 
terres  labourables  et  vignes,  les  légumes  qu'on  y 
recueille  sont  très-esiimés.  On  y  trouve  beaucoup 
de  carrières  de  pierre  de  liais  et  moellons,  deux 
de  pierre  à  plâtre  et  deux  fours  à  chaux.  L'une 
de  ces  carrières  est  remarquable  par  une  galerie 
souterraine  et  rampante  Jusqu'à  la  profondeur  de 
85  pieds.  Cette  galerie  est  d'une  pente  si  douce, 
qu'une  voilure  attelée  de  trois  chevaux  peut  y 
descendre  et  en  tirer  la  pierre  qu'elle  fournit.  — 
On  voit  auprès  de  ce  village  tes  restes  d'une  an- 
cienne tour,  qui  paraît  avoir  fait  partie  des  fortifi  > 
cations  bâties  jadis  dans  ce  lieu  ,  et  qui  lui  firent 
donner  son  nom  de  Châtillon.  Cette  tour  s'appelle 
vulgairement  la  tour  d*  Crouy. 


511 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


512 


Ca^leUio  vel  Cnstriim  ad  Brigensem  sallum,  Clià- 
tres-en-Brie,  paroise  de  i'iincieti  diocèse  de  Paris, 
maiiileii»iit  de  celui  de  Meaux,  canion  de  Tournan, 
arrond.  de  Meluii,  Seine-il  Marrie,  située  dans  une 
plaine  à  4  kil.  sud-esi  de  Tournan  où  esl  le  bureau 
de  pdsie,  à  34  ouesi  de  Paris.  La  popul.  esl  de  ô60 
Labiianls  environ.  Des  litres  du  ïii«  siècle,  les  pre- 
miers dans  lesquels  il  soit  parlé  de  ce  lien  ,  le  nom- 
ment indiféreinmenl  Casirum  ou  Casira.  De  Valois 
prétend  que  ce  nom,  commun  à  plusieurs  autres 
lieux.  Tient  de  ce  que  les  Romains  y  avaient  eu  au- 
trefois des  caïupeiiienis.  Il  n'y  a  rien  de  remarquable 
dans  l'église,  que  l'antiquité  du  chœir,  où  l'on  voit 
des  piliers  très-massifs  duniinés  pur  des  cliapiieaiix 
i  feuillages  grossiers,  teU  qu'on  les  coiisiruisaii  sur 
la  fin  du  xii'  siècle  et  au  coaiinencement  du  suivant. 
On  y  reconnaît  saint  Antonin,  martyr  de  Painier»  ou 
d'Apamée,  pour  patron,  sans  en  savoir  la  raison  et 
sans  en  conserver  de  reliques,  l^et  Antonin  ne  pour- 
rait être  que  le  disiiple  de  saint  Denis,  qui  portail  ce 
non) ,  et  qui  serait  décédé  en  ce  lien  ;  mais  la  faus- 
(eté  reconnue  des  actes  de  saint  Sainlin,  autre  dis- 
ciple de  saint  Denis,  et  préti'ndu  cvêqne  de  Meaux, 
fait  assez  présumer  qu'il  en  esl  de  même  de  ce  qu'on 
attribue  à  Aniimin,  quoique  cette  fausseté,  se'on 
l'abbé  Lebeuf,  ne  doive  pas  s'étendre  sur  l'existence 
des  personnes  dont  les  noms  étant  romains,  ne  sont, 
dit-il,  nullement  réeusables.  O/i  bonore  aussi  dans 
l'église  de  Châtres  saint  Félix  ,  dont  l'image  le  re- 
présente vètn  en  prêire,  il  y  avait  autrefois  un  grand 
concours  de  peuple  pour  réclamer  son  intercession, 
et  cependant  sa  fête  n'y  est  point  célébrée.  La  nomi- 
nation à  la  cure  de  celte  paroisse  a|iparieiiait,  dès  le 
xui*  siècle,  au  prieur  de  la  Celle,  ordre  de  Saini-Be- 
noli,  au  diocèse  de  Meaux,  dont  le  titre  était  atiaclië 
au  séminaire  des  Missions  Etrangères,  à  Paris.  Le 
prieuré  de  Saint-Mariin-des-Cbamps  a  eu  à  Chaires 
une  dîme  conlimiée  par  Thibaut,  évêque  de  Paii^, 
veri  l'an  IISO  ;  mais  dès  longienips  avani  la  révolu- 
lion,  il  n'y  avait  de  gros  déciinaieur  que  l'abbé  d'Iler- 
niùres. —  La  seigneurie  de  Châtres  a  très-aneienne- 
ment  appartenu  aux  sires  de  Gourlande.  En  1580  , 
un  Médéric  de  Donon,  contrôleur  des  bâtiments  du 
roi,  comparut  comme  seigneur  de  ce  lieu,  pour  la 
rédaction  de  la  coutume  de  Paris.  Des  lelt.-pat.,  en- 
registrées le  6  juillet  1677,  portent  érection  de  celte 
terre  en  chàtellenie,  en  faveur  de  Henri  Binet,  maiire 
des  comptes,  procureur  général  de  la  reine.  Le  mar- 
quis de  Ségur,  ayant  épousé  la  fille  unique  de  Rinet, 
devint  seigneur  de  Châtres.  En  1700,  un  Beringhen 
était  coseigneur  avec  ce  marquis,  et  depuis,  cette 
terre  était  restée  aux  Beringhen  ,  comme  attachée  à 
celle  d'Armainvilliers.  —La  tradition  du  lieu  était 
que  les  rois  de  France  y  avaient  eu  une  maison  de 
plaisance  au  xiv«  siècle;  que  Charles  V  y  était  venu 
quelquefois  ,  et  y  avait  signé  des  lettres;  mais  on  ne 
eonnalt  aucune  de  ces  lettres  où  soii  le  nom  de  Châ- 
tres-en-Brie. 
Catullio  ad  Sequanam,  Châlillon-sur-Seine,  ville 


de  l'ancien  diocèse  de  Langres,  aujourd'hui  de  celui 
de  Dijon,  chef-lieu  d'ariond.  du  dépi.  de  la  Côie-d'Or, 
à  80  kil.  nord-nord-ouest  de  Dijon,  et  à  240  esi-sud- 
est  de  Paris.  Cette  ville  faisait  partie  du  duché  de 
Bourgogne.  Saint  liernard  y  a  été  élevé.  Elle  est  cé- 
lèbre dans  l'histoire  contemporaine  par  le  congrès 
qui  s'y  tint  en  1814,  sous  le  nom  de  Conférences  de 
Châtillon, entre  Napoléon  et  les  puissances  coalisées. 
Châtillon  e»l  aujourd'hui  une  ville  de  commerce  et 
d'industrie  :  ses  environs  sont  riches  en  mines  de 
fer.  Le  papier,  les  laines,  les  fers,  les  vins,  les  grains 
et  les  bois  sont  pour  elle  autant  d'objeiid'exporiation. 

Les  exirémités  de  cette  ville  sont  fort  élevées, et 
le  milieu  dans  un  fond,  ce  qui  forme  une  espèce 
d'amphiihéàire.  Quoiqu'elle  n'ait  qu'une  enceinte,  elle 
est  néanmoins  partagée  par  la  rivière  de  Seine  en 
deux  espèces  de  villes,  dont  l'une  est  appelée  Chau- 
mont,  et  l'autre  le  bourg.  Le  circuit  de  celle  ville 
est  d'environ  trois  mille  cinq  cents  pas. 

A  l'extrémité  du  quartier  de  Chaumont,  on  voit 
une  espèce  de  maison  seigneuriale,  qu'on  croit  avoir 
été  bâiie  par  le  chancelier  KoUin.  De  l'autre  côté  et 
à  la  porte  sont  les  ruines  d'nn  ancien  château,  qui 
était  la  demeure  ordinaire  des  premiers  ducs  de 
Bourgogne. 

Il  n'y  avait  qu'une  seule  église  paroissiale  dans 
Châiillon,  et  deux  succursales.  La  paroissiale  était 
dédiée  a  saint  Vorle,  si  connu  par  ses  miracles,  et 
si  fameux  dans  l'hisioire  de  Contran  ,  roi  de  Bour- 
gogne. Les  deux  autres  étaient  dédiées  à  saint  Jean 
et  à  saint  Nicolas.  On  comptait  dans  celle  ville  un 
couvent  de  Cordeliers,  un  de  Feuillant»,  un  de  Capu- 
cins, un  de  Bénèdiciines,  un  d'Ursulincs,  et  un  de 
Carmélites.  L'Iiôpiial  de  Saint-Germain  a  été  fondé 
pour  loger  les  pauvres  passants,  qui  pouvaient  s'y 
reposer  pendant  deux  jours,  et  celui  de  Saint-Pierre 
pour  les  pauvres.  Sa  population  est  de  près  de  6,U00 
habitants. 

Casiellio  supra  Lonium,  vel  lupra  Legnium,  Chà- 
lillon-sur-Loing,  peiite  ville  de  l'ancien  diocèse  de 
Sens,  actuellement  de  celui  d'Orléans,  chef-lieu  de 
canion,  arrond.  de  Moniargis  (Loiret),  située  dans 
une  vallée  agréable  sur  la  rive  gauche  du  Loing  en- 
tre Briare  et  .Moniargis,  à  "28  kit.  de  l'une  et  de  l'autre 
de  ces  deux  villes,  à  bS  d'Orléans,  et  loi  sud-sud- 
eslde  Paris.  Long.20°50,  lat  74*  49.  Sa  population, qui 
n'était  que  de  16U0  h.  au  milieu  du  siècle  dernier,  est 
actuellement  de  plus  de  2,400  :  celle  du  canton  en- 
tier s'élève  à  10,000  hab.— 11  y  avaii  dans  cette  ville 
un  couvent  de  filles  du  Saint-Sacrement  et  une  collé- 
giale sous  le  titre  de  Saint-Pierre,  fondée,  en  i-209, 
par  un  archevêque  de  Sens,  et  dont  le  chapitre  était 
composé  de  10  chanoines,  non  compris  le  doyen,  un 
chantre  et  un  trésorier.  Les  archevêques  de  Sens  en 
conféraient  touies  les  prébendes.  Aux  xii'  et  xiii* 
siècles,  les  anciens  seigneurs  qui  étaient  de  la  mai- 
son de  Meluii,  embellirent  cette  église,  et  y  dépo- 
sèrent [ilusieurs  reliques  précieuses;  au  itv«  siècle, 
ceu&delafafflilledeBragnequileur  succédèrent,  aug- 


513  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 

nien(èrent  encore  ces  trésors.  ChAiillon  passa  entuitu      jusqu'au  18  août  1786,  époque 


par  héritage  daos  la  maison  deColigny.  Eu  1359,  celte 
ville  hi  pri>e,  pillée  et  brûlée  par  un  capitaine 
liuguenol  nommé  Perrin  Canoble.  En  156i,  elle 
éprouva  encore  un  dévisire  plus  complet  de  la  part 
des  religionnaires.  Les  reliques  de  l'éi^lise  collégiale 
furent  profanées  et  plusieurs  cbanoioes  massacrés. 
Châtlllon  demeura  au  pouvoir  des  calvinistes,  pour 
lesquels  l'iimiral  de  Coligny  el  le  cardinal  sim  frère 
s'étaient  déclarés,  jusqu'en  1369,  qu'il  fut  repris  par 
les  catholiques.  Pemlant  cette  guerre  civile,  Chà- 
tillon  devint  tour  à  tour  la  proie  des  deux  partis. 
Les  malheurs  de  celte  ville  cessèrent  lorsque  le  pe- 
tit-fi's  de  l'amiral  abandonna  la  cause  que  bon 
grand-père  et  ses  grands-oncles  avaient  soutenue 
avec  tant  d'ardeur.  Il  obtint,  en  1648,  l'érection  de 
UbàtiUon  en  duclié-pairie.  Son  fils  unique  ayant  été 
lue  pendant  les  troubles  de  la  minorité  de  Louis  XIV, 
ta  veuve,  sœurdu  maréchaldeMontu  orency-Ln.\em- 
bourg,  eut  Cbàtillon  pour  ses  reprises;  elle  le  liissa 
par  siin  t'Stameiil  à  Paul-Sigisniond  de  Montmo- 
rency, 5«  (ils  de  François  Henri,  duc  de  Pniey-Lu- 
xemliouig,  en  faveur  duquel  Louis  XIV,  en  1696, 
en  fil  un  duché  simple  béréditaire,  sous  le  nom  de 
Chàiillon-Boiileviile,  que  portèrent  les  po.-sesseurs  d« 
Celle  seigneurie. — On  remarque  auprès  de  celle  ville 
le  cliàii  au  situé  à  mi-côie,  rendu  célèbre  par  le  nom 
de  Cobgny  qui  l'a  possédé.  Du  temps  de  la  Fronde, 
la  pr:nces>8  douairière  de  Condé,  forcée  de  quiiler 
Par  t  nù  die  s'était  introduite  l'uiiivement,  se  relira 
dans  ce  château,  près  de  la  duchesse  de  Cbâtillon, 
et  y  miiurut  le  2  décembre  1650.  On  voit  aussi  un 
pool  sur  le  canal.  —  Chaiillon  renferme  plusieurs 
faliiiques  de  bonneierie  et  de  chapeaux;  il  y  a  en 
oiilre  des  tanneries  et  des  labriques  d<^  draps,  dont 
le  conimeice  est  peu  considérable. —  Celle  vilie  a  vu 
naître  François  de  Coligny,  né  en  1321,  mort  i 
Sain  es  en  1509,  d'une  lièvre  conligieuse ,  selon  les 
uns,  el  lie  poison  ,  selon  d'antres  ;  il  sijinala  sa  va- 
leur d.ms  II  s  guerres  civiles.  —  Gaspard  deColigny, 
2*  du  nom  :  ses  exploits  le  firent  nommer  colonel 
d'inf:<nierie  el  amiral  de  FraiM.e.  Il  soutint  avec  in- 
trépidité le  parti  calviniste.  Un  prcijet  horribleayant 
éclaié,  M.iurevert,  qui  s'éiaa  chargé  d'assassiner 
Coligny,  lui  tira  un  coup  d'arquebuse  d'une  maison 
du  Chili e  Saint-Germain-l'Âuxerrois,  et  le  blessa 
dangereusement.  La  veille  de  la  fatale  journée  de 
la  Saiii;-Baithélemy,  en  1572,  le  duc  de  Guise  mar- 
cha bien  escorté  à  la  maison  de  Coligny  :  une  troupe 
d'assassins  y  entra,  ayant  Besme  à  leur  tèle.  On  con- 
naît l'allueuiion  que  leur  adressa  l'amiral.  Besme, 
après  l'avoir  percé  de  coups,  le  jeta  par  la  fenêtre 
de  sa  cour,  où  le  duc  de  Guise  l'attendait.  Son  cada- 
Tre  fui  exposé  à  la  fureur  du  peuple,  et  enfin  pendu 
p.ir  les  pieds  à  Monlfaucoii  ;  il  n'en  fut  détaché  que 
plusieurs  jours  après,  el  ses  restes,  recueillis  par 
ses  serviteurs,  après  avoir  été  renfermés  dans  une 
caisse  de  plomb,  furent  secrélemenl  déposés  dans 
|«s  caves  ducbiteau  de  CliJiillon.  Ils  y  demeurèrent 


SU 

à  laquelle  M.  da 
Montesqniou  les  obtint  du  duc  de  Luxembourg,  sei< 
gneur  de  ChÂlillon,  et  les  fil  transporter  à  Manper- 
luis,  où  il  les  déposa  dans  une  chapelle  sépulcrale 
construite  exprès.  Coligny  était  né  en  1316,  —  Gas- 
pard de  Coligny,  5«  du  nom,  maréchal  de  France  et 
guerrier  intrépide,  gagna  la  bataille  d'Avein  avec  le 
maréchal  de  Brézé.  Il  naquit  en  158i  et  mourut  en 
1646. 

I  Chàiitloii-sur-Loire,  petite  ville  du  diocèse 
d'Orléans,  du  dép.  du  Loiret,  arr.  de  Gien,  cli.-l.  de 
can.,  ci-dev.  dans  le  haut  Berry,  dioc.  d'Auxerre  ; 
elle  est  située  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire,  a  5  kil. 
de  Briare,  12  sud-sud-est  de  Gien,  161  sud  de  Paris. 
Sa  pop.  est  de  2500  hab.  env.  Cette  ville  n'a  rien 
de  remarquable. 

Catiellio  supra  Mnironam ,  Chitillon-sur-Marne, 
bourg  de  l'ancien  diocèse  de  Soissons,  actuellement 
de  celui  de  Reims,  chef-lien  de  canlon  de  l'arrond. 
de  celle  ville,  situé  sur  une  éminence  dans  une  po- 
sition fort  pittoresque,  prés  de  la  rive  droite  de  la 
M.irne,  à  10  kil.  est  de  Dorinans,  à  2i  suduiiest  de 
Reims,  à  14  ouest-nord-oue-t  d'Epernay,  à  136  nord- 
esl  de  P. iris.  PopuI  ition  ,  1400  habitants  environ. 
Cete^  ctile  vil  e  dontla  seigneurie  appartenait,  avant 
la  révolution,  à  la  maison  de  Bouillon,  avait  été  cé- 
dée, en  1542,  à  Frédéric  Maurice  de  la  Tour,  duc  de 
B'iuillon,  en  échange  de  sa  principauté  de  Sedan. 
C'était  une  très-ancienne  châtellenie,  dont  t'illustre 
maison  de  Chàtilton  tirait  son  nom  et  sou  origine. 
Ces  seigneurs  l'ont  possédée  jusqu'au  temps  de  Phi- 
lippe le  Bel,  qui  acquit  cette  terre  de  Gjiiclier  de 
Chàtillon,  connétable  de  l'rance.  Les  seigneurs  châ- 
telains de  Chiiillon  étaient  vassaux  de~  comtes  de 
Clianipa,  ne.  qui  tenaient  ce  fief,  ainsi  que  celui  d'E- 
pernay, de  l'église  de  Reims. —  Il  y  avait  à  Ciiàtil- 
lon  un  petit  prieuré  de  l'ordre  de  Saint-Augustin, 
qui  n'accordait  pour  tout  rituel  que  800  liv.  C'esl  la 
patrie  du  pape  Urbain  II,  qui  fut  en  contestation  avec 
l'antipape  Gui6er(,  «t  qui  tint,  à  Clermont  en  Au- 
vergne, le  premier  concile  assemblé  pour  la  con- 
quête de  la  terre  sainte,  et  qui  donna  lieu  à  la  pre- 
niiète  crois^ide.  Ce  pontife  mourut  à  Rome  le  9juillet 
1099. 

Cattetlum  Alveredissi,  Alverdissen,  château  des 
comles  de  Scbaumbùrg-Lippe,  el  bourg  situé  sur 
l'Exter,  petit  affluent  de  la  rive  gauche  du  Weser, 
à  20  kil.  nord-est  de  la  ville  de  Detmold,  en  West- 
phalie.  PopuI.,  800  habitants. 

Philippe,  troisième  fils  de  Simon  VI,  fonda  la  li- 
gne des  comtes  de  Schaumbourg-Lippe.  Il  eut  pour 
sa  part  Alverdissen,  Lipperode  et  Uhlenburg.  Eli- 
sabeth, sa  soeur,  était  mariée  à  George-Herraann, 
C.  de  Schaumbourg  ou  de  Holslein-Schaumbourg, 
branche  ainée  de  la  maison  de  Holstein,  qui  s'étei- 
gnit en  1459,  el  dont  l'héritière,  lledwige,  avait 
épousé  Didier  le  Foriuné,  C.  d'Oldenbourg,  et  lui 
avait  donné  Chri-iian  l«^  qui  fut  roi  de  Danemark. 
C'esl  ainsi  que  les  comtés  de  SIcswick  et  de  Holsiein 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


310 


passèrent  aux  rois  de  Danemark.  Quani  à  la  bran- 
che aînée  de  la  maison,  elle  possédait  les  comiés  de 
iSchaumbourg  el  de  Pinneberg  (qu'on  appelait  aussi 
comté  de  llolstein)  jusqu'en  1640  que  mourut,  .igé 
de  vingt-qualre  ans,  Ollon  VI,  f.  de  GeorgeHer- 
niann  et  de  celle  Elisabeib,  comtesse  de  la  Lippe, 
dont  nous  venons  de  parler.  Olton  VI,  n'ayant  pas 
été  marié,  sa  mère  Elisabeib,  qui  vivait  encore,  se 
porta  comme  son  liériiière  ab  inteslai.  Elle  ne  put  ce- 
pendant recueillir  qu'une  partie  de  la  succession. 
Christian  IV,  roi  de  Danemark,  s'empara  du  comté 
de  Pinneberg,  cl  le  partagea  avec  Frédéric  111,  D.  de 
Holstein-Goitorp.  Ces  deux  souverains  obtinrent 
aussi  le  désistement  d'Elisabeth,  moyennant  115,000 
rixdalers  qu'ils  lui  payèrent.  Quanl  au  comté  de 
Schaumbourg,  la  maison  de  Brunswick  el  le  land- 
grave de  Ilesse-Cassel  en  occupèrent  des  parties. 
Philippe,  comte  de  la  Lippe,  que  sa  sœur  LIisabeih 
ayait  institué  son  héritier,  épousa  une  fille  du  land- 
grave, et  eonidut  un  arrangement  en  vertu  duquel 
la  moitié  environ  du  comté  de  Sdiaumbourg  (  dont 
Riniein  est  la  capitale)  fut  adjugée  au  landgrave; 
l'autre  moitié,  renfermant  Buckebourg  et  Stadtha- 
gen,  fut  conférée  au  comte  Philippe  à  titre  de  fief 
hessois. 

Les  deux  fils  du  C.  Philippe  fondèrent  deux  li- 
gnes, dites  de  Buckebourg  et  d'Alverdissen.  La  pre- 
mière s'éteignit  en  1777  par  la  mort  du  comte  Guil- 
laume, feld-niaréclial  au  service  de  Portugal,  et  la 
ligne  d'.\lverdissen  succéda  dans  le  comté  de  Schaum- 
bourg. Le  comte  de  Lippe-Scliaumbourg  accéda  en 
avril  1807  à  la  confédération  du  Rhin  ,  il  prit  à  cette 
occasion  le  litre  de  prince.  11  est  membre  de  la  con- 
fédéraiion  germanii]ue,  où  il  se  nomme  Pr.  de 
Scbaumbourg-Lippe;  il  p:iriicipe  à  la  seizième  voix 
avant  Lippe-Deimold;  dans  l'assemblée  générale,  il 
siège  également  avant  cette  branche  :  il  occupe  la 
trente-troisième  place. 

Les  possessions  du  prince  de  Schaumhourg-Lippe 
ont  une  surface  de  9  m.  c.  g.  (25  I.  c.)  et  une  popu- 
lation de  25,700  âmes  ;  ou  estime  les  revenus  à 
440,000  francs.  Le  prince  est  de  la  religion  réfor- 
mée, et  réside  à  Buckebourg,  petite  ville  de  3,800 
habitants. 

Castellum  Barienii,  vet  Barienelii,  Bartenslein,  pe- 
tite ville  d'Allemagne,  dans  le  royaume  de  Wur- 
temberg, située  sur  une  montagne,  près  de  la  rive 
droiie  de  l'Ette,  à  12  kil.  nord-ouest  de  Gerabronn, 
avec  une  population  de  1200  hab.  environ.  II  y  n  un 
beau  châieau,  qui  sert  de  résidence  aux  princes  de 
Hohenluhe-Bartenstein. 

Castellum  Isenburgi,  Isenbourg. 

Le  château  d'isenbourg,  ou  plus  correctement 
"ïsenbourg,  dont  on  voit  encore  les  ruines  entre  Co- 
blentz  et  Audernacli,  est  le  berceau  de  la  l'amille  de 
ce  nom,  dont  la  filiation  remonte  juscju'au  onzième 
siècle.  Ce  château  est  siiué  dans  le  comté  d'isen- 
bourg proprement  dit,  ou  d'isenbourg  inférieur,  que 
la  maison  ne  possède  plus.  Ce  comté ,  ainsi  que  ce- 


lui de  Wied,  appartenait  à  la  ligne  aînée  de  la  mai- 
son qui  s'esi  éteinte  en  1664  :  à  celte  époque  la  mai- 
son de  Runkel,  qui  lui  était  alliée  par  mariage,  hé- 
rita du  comté  de  AVied,  ot  l'électeur  de  Trêves, 
comme  seigneur  direct,  réunit  le  fief  d'isenbourg. 

La  ligne  cadette  encore  existante  possède  des  ter- 
res situées  sur  le  Mein  et  la  Kinzig,  qu'on  nomme  le 
comté  supérieur  d'isenbourg,  quoique  ce  soit  pro- 
prement le  comté  de  Bùdingen  et  une  partie  du 
comté  de  Mûnrenberg;  car  celte  ligne  descend  de 
Louis,  cadet  d'Ise/ibourg  dans  le  quatorzième  siècle, 
qui  épousa  l'hèriiière  de  Biidingen,  et  d'un  de  ses 
descendants,  Thierry,  qui  épousa  l'héritière  du  dis- 
trict de  Dreyeichen,  ancien  domaine  des  comies  de 
Mùnzenberg.  Cette  maison  s'est  partagée  en  1653  en 
deux  lignes,  qu'on  dislingue  par  les  i;oms  d'OCfen- 
bach-Birsiein  et  Biidingen.  Chacune  s'est  subdivisée 
en  plusieurs  branches,  mais  nous  ne  parlons  ici  que 
des  branches  principales  ;  la  première  porte  le  titre 
de  prince  dont  elle  a  été  décorée  en  1744. 

Le  prince  d'isenbourg  a  été  un  des  fondateurs  do 
la  confédération  rhénane,  par  l.iquelle  il  obtint  la 
souveraineté  sur  les  autres  branches  de  sa  maison. 
Celle  principauté  formait  alors  une  surface  de  15  m. 
c.  g.,  ayant  47,500  habitants,  et  rapportant  000,000 
fr.  à  toutes  les  branches  de  la  maison.  Elle  lut  sé- 
questrée en  1815  par  les  puissances  coalisées  contre 
la  France;  néanmoins  le  prince  obtint  en  1815  la 
resiiiution  de  sa  part;  mais  non-seulemeni  il  perdU 
la  souveraineté  sur  les  autres  branches  de  sa  mai- 
son, il  fut  encore  obligé  de  reconnaître  celle  du 
grand  duc  de  liesse.  Il  possède  un  peu  plus  de  la 
moitié  du  comté,  avec  Uffeubacli ,  jolie  petite  ville 
sur  le  Mein.  Il  est  de  la  religion  réformée. 

Castellum  Laurenbitrgi,    château  de  Laurenbiirg. 

Ce  château,  situé  dans  ce  qu'on  appelle,  depuis 
1643  ,  le  comté  de  Holzapfel,  est  le  berceau  de  la 
maison  de  Nassau.  Otlon  de  Laureubourg,  frèie  du 
roi  Conrad  1*'',  qui  vivait  dans  le  x°  siècle, est  regar- 
dé, sinon  avec  certitude,  au  moins  avec  une  grande 
probabilité,  comme  la  souche  de  la  maison.  Parmi 
ses  descendants  on  cite  Walrave  I'',  qui,  à  sa  mort 
en  1020,  laissa  deux  fils,  dont  l'aîné,  Walrave  II, 
continua  la  ligne  de  Laurenbourg,  laquellese  nomma, 
depuis  1181,  d'après  le  château  alors  construit,  de 
Nassau  ;  le  second,  Olton,  épousa  l'héritière  de  Guel- 
dre,  et  fut  la  souche  des  comies  de  Nassau-Gueldre 
éteints  en  1525.  La  filiaiion  de  cette  maison,  en  tant 
qu'elle  est  diploiuatiiiueraent  prouvée,  ne  remonte 
qu'aux  deux  frères  Robert  l*'  et Ainould  I"',  nommés 
comtes  de  Laurenbourg  dans  un  diplôme  de  112 i. 
Leurs  fils,  Walram  1^'' et  Robert  II,  accompagnè- 
rent Frédéric  I"'  dans  sa  croisade,  et  furent  envoyés 
en  1189  à  Constauiinople  pour  tr.ùicr  avec  l'empe- 
reur Isaac  II  l'Ange.  Robert  II  étant  mort  en  Pales- 
tine, Walram  I«'  recueillit  toute  la  succession. 

Ses  petits-fils  Walram  et  Olton  partagèrent  en 
1255  les  lerres  de  leur  jère, Henri  II  le  Riche. L'ainé 
eut  la  partie  méridionale,  le  cadet  la  partie  seplenlrio- 


517 


nale  de  ses  possessions 
Walrani  ei  d'OUon,  se  sont  perpéluées  jusqu'à  nos 
jours.  La  cadette  rè^'ne  sur  les  Pays-Bas;  ici  nous  ne 
nous  occupons  que  de  la  ligne  de  Walrarn. 

Adolphe,  fils  de  Walrani,  fut  élevé  au  irone  d'Alle- 
magne en  1292.  Ne  irouvant  pas,  comme  son  prédé- 
cesseur Kodolplie  de  Habsbourg,  des  fiels  d'empire 
vacants  dont  il  pût  disposer  en  faveur  de  sa  famille, 
il  acheta  les  margraviats  de  Misnie  et  deLusace; 
niais  celte  acquisition  l'enveloppa  dans  des  querelles 
qui  lui  toûtèrent  le  trône  et  la  vie.  Ses  descendants 
firent  par  mariage  d'autres  acquisitions  moins  impor- 
tantes, telles  que  les  seigneuries  de  Mehrenberg  et 
Bleiberg,  celle  de  Lahr,  les  comtés  de  Saarbriiiket 
Saarwerden.  L'un  d'eux  fut  créé  en  1306  par  Char- 
les IV,  prince  d'empire;  mais  il  ne  lit  pas  usage  de 
ce  litre.  La  maison  s'était  divisée  en  plusieurs 
Lranches,  qui  s'éteignirent  successivement,  à 
l'exception  de  la  dernière,  dont  le  chef,  Louis  II, 
réunit  en  1605  toutes  leurs  possessions.  Ses  fils  fon- 
dèient  de  nouvelles  brancbes,  savoir  :  Siarbriick, 
Idsiein  et  Weilbourg.  La  branche  d'idslein  s'éieignil 
la  première  en  1721 ,  Georges-Auguste,  père  de 
douze  enfants,  n'ayant  pas  laissé  d'héritier  féodal. 
La  branche  de  Saarbrûck  se  subdivisa  en  1755  dans 
les  branches  de  Saarbriick-Usingen  et  Saarbriick- 
Saarbrûck.  La  dernière  finit  eu  1 71)7  ,  la  première 
en  1816.  La  branche  de  Weilbourg  réunit  alors 
de  nouTcau  tomes  les  terres  de  la  ligne  de  Walrani. 

Les  comtes  de  Nassau  de  cette  ligne  avaient  pris 
en  1C88  cl  1737  la  qualité  de  prince,  la  concession  d« 
Charles  IV  ayant  été  renouvelée  en  leur  faveur; 
mais  ils  ne  purent  obtenir  qu'en  1803  voix  et  séance 
au  collège  des  princes  à  la  diète.  Ils  avaient  perdu 
p»r  les  guerres  de  la  révolution  une  grande  partie  d« 
leurs  possessions,  toute  la  succession  de  Saarbriiek 
qui  leur  était  échue  en  1797,  et  plusieurs  bailliages 
Bilués  sur  la  rive  gauche  du  Rhin.  Ils  en  obtinrent 
une  riche  indemnité  par  le  recès  de  18113.  Ils  furent 
parmi  les  fondateurs  de  la  confédération  du  Rliin, 
qui  agrandit  encore  leur  territoire  et  donna  au  chef 
de  la  maison  le  titre  de  duc.  Par  des  échanges  faits 
en  1815  avec  la  Prusse,  les  ducs  et  prince  acquirent 
une  partie  des  possess  ons  de  la  ligne  otionienne 
de  leur  maison,  et  le  comté  inférieur  de  Kaizeneln- 
bogcn.  L'acte  du  congrès  de  Vienne  reconnut  en 
outre  leurs  droits  éventuels  sur  le  grand-duché  de 
Luxembourg  à  l'extinciion  de  la  ligne  ottonienne. 
Ils  entrèrent  dans  la  confédération  germanique  où 
ils  partagent  avec  Brunswick  la  treizième  place; 
dans  l'assemblée  générale  ils  ont  deux  voix  et  la 
quatorzième  place. 

Le  duché  de  Nassau,  tel  qu'il  est  réuni  maintenant 
en  un  seul  corps  d'étal,  a  une  surface  d'environ 
102  m.  c.  g.  {283  I.  c.)  avec  une  popul.  de  3.50,769 
âmes.  La  force  niiliiaire  esi  de  3000  hommes. 
Les  finances  de  ce  pays  sont  en  bon  état;  les  re- 
Ycnus  du  duché  sont  de  2,600,000  fr.  dont  la  moitié 
provient  des  domaine»,  qui  suffisent  pour  l'entretien 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  S18 

Les  deux  lignes,  dites  de      du  duc  et  de  sa  cour.  Celui-ci  est  de  la  religion  refor- 


mée et  réside  à  Weilbourg  et  Diberich,  petites  villes 
dont  la  première  csl  située  sur  la  Lahn,  l'autre  sur  le 
Rhin,  avec  un  magnifique  château. 

Casiellum  Leani ,  vel  Lyani,  Leyen,  château  situé 
«ur  la  Moselle,  qui  a  donné  son  nom  à  la  famille  de 
Leyen,  qui  anciennement  portait  aussi  les  noms  de 
Gonlroff  et  de  Petra.  Jean  de  la  Leyen  et  Charles- 
Gaspard,  son  petit-neveu,  furent  électeurs  de  Trêves; 
le  premier  en  1570,  l'autre  en  1648.  Son  neveu,  ap- 
pelé aussi  Charles-Gaspard,  fut  élevé  à  la  dignité  de 
comte.  En  1705,  l'empereur  lui  conféra  le  comté  de 
Hohengeroldseck  dans  la  Forêt-Noire,  qui  venait  de 
vaquer.  Philippe,  C.  de  la  Leyen,  neveu  de  l'élecieur- 
archicliancelier  d'empire,  fut  un  des  signataires  de 
l'acte  de  la  confédération  du  Rhin,  et  prit  le  titre 
de  prince.  Comme  il  n'avait  pas  été  suffisam- 
ment indemnisé,  par  le  recès  de  1803,  des  pertes 
que  la  cession  de  la  rive  gauche  du  Rhin  avait  fait 
essuyer  à  sa  famille,  le  gouvernement  français,  vou- 
lant le  dédommager,  imposa,  par  la  convention  du 
28  févr.  1810,  au  roi  de  Bavière,  l'obligation  de  lui 
payer  une  somme  de  deux  millions  à  charge  de  l'em- 
ployer en  acquisition  de  domaines  en  France.  Les 
cvénemenis  de  1813  dépouillèrent  c*  prince  de  sa 
souveraineté  ;  son  comté  de  Hohengeroldseck  devint 
grand-flef  de  l'Autriche  qui  en  1819  en  céda  la  suze- 
raineté au  grand-duc  de  Bade,  et  ses  terres  sur  la  rive 
gauche  du  Rhin,  auparavant  soumises  à  la  France, 
furent,  en  1816,  soumises  à  la  Bavière.  La  famille  est 
catholique. 

Castelltun  Ligeri,  Château-du-Loir,  ville  du  diocèse 
du  Mans,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Saint- 
Calais,  à  36  kil.  nord-nord-ouest  de  Tours,  36  sud 
du  Mans,  iO  sud-ouest  de  Saint-Calais,  et  192  sud- 
ouest    de    Paris.  Popul.   3600  habitants    environ. 

Celte  ville  est  dans  une  situation  charmante,  au 
confluent  du  Loir  et  de  l'Ive.  Elle  est  bâtie  sur  un 
coteau  qui  domine  la  délicieuse  vallée  du  Loir.  Cette 
vallée,  une  des  plus  belles  et  des  plus  riches  de  la 
France,  produit  en  abondance  louies  sortes  de 
grains,  de  fruits,  de  légumes,  et  surtout  de  fourrages 
que  fournissent  les  magnifiques  prairies  arrosées  par 
le  Loir  ;  elle  est  bordée  de  coteaux  plantés  de  vergers 
et  tapissés  de  vignes  qui  donnent  des  vins  blancs 
estimés  :  ces  coieaux,  qui  longent  le  cours  du  Loir, 
se  composent,  comme  ceux  des  environs  de  Tours, 
d'un  roc  tendre,  où  sont  creusées  un  grand  nombre 
d'habitations  sur  deux  étages,  dont  l'un  presqu'au 
niveau  de  la  vallée,  l'autre  placé  immédiatement  au- 
dessus,  forment  une  espèce  de  terrasse  qui  domine 
les  environs,  et  offrent  une  situation  des  plus  pitto- 
resques. A  l'exception  du  quartier  neuf,  la  ville  est 
généralement  mal  bâtie,  les  rues  sont  étroites,  mal 
percées,  montueuses  et  mal  pavées.  Les  édifices  les 
plus  remarquables  sont  :  l'hôpital,  les  églises  des 
deux  paroisses. 

•  Chàteau-du-Loir  avait ,  autrefois  les  juridiclions 
ordinaires,   siège   roval,  élection,  grenier   à   sel, 


319 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


3S0 


maîtrise  des  eaux  et  forêts,  et  maréchaussée.  C'est 
aujourd'hui  la  résiileiice  d'un  sous-iiisnecteur  des 
forêts,  et  le  chel-lieu  d'un  collège  communal.  11  y  a 
uuiiuieauet  un  relais  de  poste.  —  Cette  ville  est 
fameuse  dans  l'histoire  par  un  siège  de  sept  ans 
qu'elle  soutint  au  XI' siècle  contre  Herbert,  comte 
du  Mans,  surnommé  Eveille-cliien,  q\i\  ni\\.  prisonnier 
Gervais,  ëvéque  du  Mans,  seigneur  de  Chàieau-du- 
Lnir,  pour  le  torcer  à  lui  livrer  cette  place.  Elle  fut 
prise  en  1089  par  Philippe-Aiignste.  Dans  la  suite, 
Richard,  roi  d'Angleterre,  l'assigna  comme  douaire 
à  sa  leninie,  princesse  de  Casiille.  Un  incendie  dé- 
truisit, en  1798,  un  quart  de  la  ville,  ei,  deux  ans 
après,  une  partie  de  son  territoire  fui  dévasté  par 
une  inondation.  —  Ce  lieu  a  donné  naissance  à 
Guillaume  Desroches,  sénéchal  héréditaire  d'Anjou, 
de  Touraine  et  du  Maine  ;  à  Robert  le  Maçon,  cli m- 
celier  de  France,  et  à  McolasCoiffeteau, écrivain  cité 
pour  modèle  dans  les  remarques  de  Vaugelas„ 
Louis  Xlll  le  nonmia  successivement  à  trois  évè- 
chcs.  Son  Histoire  romaine  eut  beaucoup  de  réputa- 
tiun.  —  Chàteau-du-Loir  a  des  manufactures  de 
toiles  à  voiles  des  filatures  de  coton  et  des  tanne- 
ries. Son  commerce  est  er.  grains,  bois,  fruits,  chan- 
vre, lin,  gibier,  volailles,  bestiaux  el  »ins  blancs.  Il 
est  favorisé  par  la  navigation  du  Loir,  dont  les  eaux 
sont  abnildantes  datis  tontes  les  suisons. 

Casiellum  Paliiuv,  Château  de  Palm.  Il  apparte- 
nait, au  moyen  âge,  à  la  maison  de  ce  nom.  Celte 
famille  est  originaire  de  la  bui>se.  Les  ruines  du 
château  se  voient  encore  dans  le  canton  de  Snleure. 
On  trouve  les  barons  de  Palm  dans  plusieurs  di- 
plômes du  treizième  siècle.  Ils  s'atiaibèrent  à  la 
maison  d«  Habsbourg  ;  et  l'empereur  Rodolphe,  pour 
récompenser  leur  fidélité,  leur  permit  de  placer 
dans  leurs  armoiries  le  lion  roui:e  de  llabiibrurg. 
Les  barons  de  Palm  furent  dépouillés  de  leurs  biens 
en  Suisse  dans  les  troubles  qui  eurent  lieu  à  la 
niori  de  l'empereur  Albert  !«''.  Ils  embrassèrent 
ensuite  laréformaiion  et  s'établirent  en  Souabe.  Une 
des  ligues  de  la  maison  qui  porte  encore  le  titre  de 
baron,  est  restée  luthérienne  ;  l'autre,  qui  est  l'ainée, 
est  retournée  à  la  religion  catholique.  Jean-David, 
baron  de  P.dm,se  distingua  au  siège  de  Vienne.  Par 
son  courage  il  parvint  àmettreen  sûreté  la  couronne 
royale  d'Hongrie  qu'il  sauva  de  Presbourg  à  travers 
les  armées  ottomanes.  Sun  fils,  Charles-Joseph,  mort 
en  1770,  fut  créé  comte,  et  le  fils  de  celui-ci  en  1785 
prince  d'empire.  Les  princes  de  Palm  possèdent, 
outre  de  grandes  terres  en  Bohême  et  Moravie,  la 
seigneurie  de  llohen-GundeUingen  en  Souabe. 

Castellum  Reginaldi,  Château-Renault  ou  Regnaull, 
petite  ville  très-ancienne  du  diocèse  de  Tours,  chef- 
lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  cette  ville,  départ. 
d'Iiidre-ei-Loire  ,  dans  une  situation  pittoresque  au 
pied  et  sur  le  penchant  d'une  colline,  à  26  kil.  nord- 
est  de  Tours,  et  176  de  Paris.  La  rivière  de  Branle 
ou  Brenne  h  divise  eu  deus  parties  ;  la  ville  haute 
el  la  ville  basse  ;  elle  ne  consiste  guère  qu'en  une 


assez  belle  place,  qu'on  traverse  dans  la  ville  haute, 
et  une  fort  vilaine  rue,  qu'on  parcourt  d;ms  la  ville 
basse.  L'ensemble  présente  moins  l'apparence  d'une 
ville  i|ue  celle  d'un  grand  village.  Sa  population 
s'élève  à  2500  habitants  ,  y  compris  une  partie  seu- 
lement de  la  ville  basse,  dont  le  reste  dépend  d'une 
autre  commune;  celle  du  canton  entier  est  de  lu, 800 
habitants.  —  Celte  ville  a  pris  le  nom  de  Chiieau- 
Renaull,  Castellum  Rainaldi  ou  Reginaldi ,  d'un  cbà- 
leau  que  Geoffroi  de  Chàteau-Gontier  ,  filleul  de 
Geoffroi-.Martel,  comte  d'Anjou,  fit  bàiir  à  la  fin  du 
XI'  siècle,  auquel  il  donna  le  nom  de  Regnault,  qu'a- 
vait porté  son  père  et  que  porta  son  (ils  atné.  Elle 
s'appelait,  avant  l'an  IU48,  Caramtnl,  Caramenlum  , 
ou  Ville-Murand.  Cette  terre  passa  aux  comtes  de 
Rloi»,  desquels  Louis  ,  duc  d'Orliaiis,  l'acquit  en 
1591;  ensuite  à  la  maison  de  Lungneville ,  puis  à 
celle  de  Gundi ,  et  enfin  à  celle  de  Rousselel,  en  fa- 
veur de  laquelle  elle  fut  érigée  en  maniuisal.  Outre 
l'église  |iaruissiaie,  qui  dépendait  autrefois  de  Saint- 
Julien  de  Tours  ,  il  y  avait  i.n  couvent  de  Curdeliers 
et  un  de  Capucins.  Prés  de  Chàieau-Renault  il  exis- 
tait, depuis  lungteinps,  un  ermitage  qui  fut  éii^é  en 
abbay,  de  l'ordre  de  CIteaux,  l'an  1127,  par  un 
des  lïère^  Renault  et  quelques  autres  gentilshommei 
des  environs.  En  1210,  Isabel  e  de  blois,  comtesse 
de  Chartres  ,  donna  à  celte  abbaye  un  tuil'ier  de  ha- 
rengs et  deux  cruches  d'Iiuile  tous  les  ans,  à  l'octave 
de  Pâques,  à  la  charge  de  fa.re  un  service  funèbre 
pour  elle  et  son  mari.  —  Cbàteau-Renauli  a,  dans 
son  voisinage,  une  forêt  très-abondante  en  gibier  : 
elle  est  à  3  kil.  nord-est  envirtin  de  cette  ville  ;  sa 
longueur  est  de  5,846  mètres  (5,000  toises),  et  sa 
largeur  de  2, '117  mètres  (1,50  toises).  L'indu>trie 
de  cetie  ville  cousisie  principalement  dans  se>  fabri- 
ques de  draps  comiuuiis,  de  bonneterie  et  de  lapis  de 
pied;  il  y  a  aussi  de  nombreuses  tanneries,  des  mou- 
lins à  tan,  à  t'oubm  el  à  trèfle  ;  son  commerce  est  en 
buis,  grains  et  cuirs.  Elle  a  un  bureau  de  poste. 

Ca«(e./iim  Wa/denburyi,  Wabicnbourg,  ville  d'Alle- 
magne, dans  le  royaume  de  Wurtemberg,  sur  une 
montagne  couverte  de  bois,  à  8  kil.  est  d'OEhringen, 
avec  une  population  de  1500  habitants.  Le  château 
appariieni  aux  princes  de  Ilohenlohe-Waldenbourg- 
Scliillingsfiirst. 

La  maison  de  Hohenlohe  est,  non  une  des  plus 
puissantes,  mais  une  des  plus  illustres  d'Allemagne. 
Elle  descend  J'Eberard,  D.  de  Fiaiiconie,  frèie  de 
Conrad  l«r,  roi  d'Allemagne.  Dans  le  partage  du  du- 
ché de  Francoiile,  Craion,  souche  des  coinics  de 
Hohenlohe,  eut  le  district  situé  sur  b-  Tauber,  le  Jaxt 
et  le  Kocher.  En  1744,  l'empereur  Charles  VII  offrit 
à  cette  maison  la  dignité  de  prince  d'empire  ;  tette 
faveur  ne  fui  acceptée  que  parla  ligne  calette; 
mais  en  1764,  Fr.ini,ois  1"''  déclara  et  reconnut  les 
comtes  de  Hohenlohe  princes  par  leur  naissance,  et 
éleva  leur  pays  au  rang  d'une  principauté  d'empire. 
Ils  n'obtinrent  cependant  voix  et  séance  à  la  diète 
qu'en  1805  :  on  leur  alloua  alors  trois  voix  au  second 


iii 


GÉOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOTEN  AGE- 


sn 


collège.  Ils  perdirent  leur  souveraineté  par  l'acie  de 
la  conféilération  du  Rbin  i)ui  les  plaçai  sons  celle  du 
roi  de  Wurtemberg,  à  l'exception  d'une  petite  partie 
de  leur  territoire  qu'obtint  la  Bavière.  Ce  pays,  fer- 
tile et  renommé  pour  les  besii.iiix  qu'il  fournit  (I),  a 
une  surface  de  22  m.  c.  g.  (61  1.  c.)  et  une  popula- 
tion de  près  de  Ci, 000  babiiants. 

Les  princes  de  Hobenlolie  se  divisent  en  deux  li- 
gnes, dont  l'une  dite  de  Neuensiein,  est  liitliérioniie, 
et  l'autre,  dite  de  Waldenbourg,  caibolique.  Le  doyen 
de  toute  la  maison  exerce  une  espèce  de  police  sur 
tons  les  membres  de  la  famille  :  aiicim  prince  de 
Hohenlobene  peut  faire  dans  S'in  pays  une  disposition 
impnrianie  sans  l'agrément  de  tous  les  agnats  qui  cor- 
resfiondeni  pour  cela  avec  te  doyen. 

La  ligne  de  Nenenstein  se  divise  en  trois  braiicbes. 
dites  de  Langenbourg-Langenbnnrg,  Langenbnnrg- 
Œhringen,  et  Langenbourg-Kirchberg.  La  ligne  de 
Wiildenbourg  se  divise  en  brancbes  de  B;\rit'nstein 
et  de  Scbillingsfùrsi  ;  la  branche  de  Bartenstein  se 
subdivise  de  nouveau. 

La  brancbe  de  Langenbourg-Langenbourg  réside  à 
Langenbourg,  ville  et  château  situés  sur  une  énii- 
neiice  au-dessus  de  la  Jaxt. 

La  branche  de  Langenbourg-OEhringen  portait 
anciennement  le  nom  d'Ingeiliiigen;  elle  a  pris  celui 
d'OEhringen  après  rextiiiciion  de  la  bnnche  de  ce 
nom,  en  1805.  Elle  réside  à  Œhringen,  petite  ville 
sur  rOhrn. 

La  branche  de  Langenbourg- hiircliberg  habite 
Kirchberg,  petite  ville  sur  la  Jaxt  avec  un  château 
placé  sur  une  éiiiinence. 

■  Le  prince  Charles,  frère  de  Louis-Aloys,  prince 
de  Hobenlohe-Bartenstein,  avait  reçu  à  litre  d'apa- 
nage, la  partie  du  bailliage  d'Ubcrbronn  en  Alsace, 
que  la  maison  de  Waldenbourg  posséd^iit  par  ma- 
riage. Ayant  perdu  cet  apanage  par  la  révolution 
française, il  en  reçut  une  imleuiniiéen  Allemagne,  sa- 
voir un  district  de  l'évèché  de  Wiiizbouig,  ayant 
8500  habitants.  Ce  pays  étant  alors  immédiat,  le 
prince  devint  le  fondateur  d'une  nouvelle  branche 
régnante,  et  réside  à  llatenbergsletten. 

Casionum,  vel  Catonum,  vel  Castonium,  Chatou, 
paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  actuellement 
de  celui  de  VersHilles,  arrond.  de  cette  ville  ,  canton 
de  Saint-Germain-en-Laye,  agréablement  situé  sur 
la  rive  droite  de  la  Seine,  à  5  kil.  de  Saint-Germain, 
9  de  Versailles,  et  12  ouest  de  Paris.  Le  chemin  de 
fer  de  Paris  à  Saint-Germain  y  a  une  station.  La 
popul.  est  d'environ  l'200  habitants.  L'abbé  Lebeuf 
remarque  qu'en  1470,  on  ne  comptait  à  Chatou  que 
30  hab.  Le  même  auteur  dit  que,  de  son  temps,  en 
1755,  il  y  avait  plus  de  cent  feux,  ce  qui  formait 
environ  700  hab.  —  Leiymologie  du  nom  de  ce 
village  est  absolument  incertaine.  On  ne  peut  même 
assigner  son  vrai  nom  latin.  Quelques  savants  ont 
voulu  que  Cbatuu  fût  le  Captumcum   où  ont  résidé 


quelques-uns  des  rois  de  France,  et  d'où  ils  ont 
daté  plusieurs  chartes.  L'abbé  Lebeuf  réfme  ce 
sentiment.  Lamartimèie,  dans  l'extrait  de  r.irlicle 
Paris,  de  son  dict.  géog.,  lui  donne  k'  nom  de  Calo- 
nncum  ;  mais  rien  ne  paraît  confirmer  l'exactitude 
de  celte  déMomin;ili  n.  Les  plus  anciens  tilies  de 
ce  village,  qui  sont  du  xiii'  siècle,  le  distinguent  par 
le  mot  Chato ;  le  pouillc  étrit  vers  1450  melChalou, 
sans  latiniser.  Les  catalogues  des  cures,  donnés, 
soit  par  Diilneuil,  soit  par  d'autres,  disent  cura  de 
C/m(i/iif.  Lebeuf  dit  avoir  vu  des  provisons,  datées 
du  11  janvier  1475,  où  on  lisait  cura  B.  Mariœ  de 
Catlione.  —  L'église  est  sous  le  titre  de  la  Sainte- 
Vierge.  Le  chœur  et  \e'i  chapelles  de  côté  annoncent 
une  coiislruciiiin  du  xin'  siècle.  L;i  tour  du  clocher 
paraît  êiieplus  ancienne,  et  remonter  au  moins  à  la 
fin  du  xti«.  On  lisait  sur  le  côté  septeniiional  du 
chœur,  une  insciiptinn  lie  l'an  1623,  portant  que 
Thiim  is  le  Pileur,  seigneur  (  hàtelain  de  Chatou  et 
du  fief  de  Mallenoiie,  et  Anne  Portail,  sa  femme,  ont 
fait  beaucoup  (le  rép;iraiions  et  enibellissemeiits  à 
celle  église  en  1622.  Dans  la  nef  était  une  antre  ins- 
cription de  l'an  1085,  qui  rappelait  un  legs  fait  %  la 
même  église,  par  Gaspard  de  Marcy,  recteur  des 
académies  royales  de  peinture  et  de  sculpture,  pour 
l'enlreiien  d'une  lampe  et  les  frais  de  réraratiou  à  la 
nef.  —  La  seigneurie  de  Ch.ilou  était  partagée  entre 
des  seigneurs  séculiers,  l'abl^iye  de  S  lini-Denis,  et 
plus  anciennement  celle  do  Mallenoiie  ;  celle-ci  te- 
nait ses  droits  de  l'acquisition  qu'elle  lit,  dès  1182, 
d'une  terre  et  seigienrie  qu'y  avait  une  dame  Ode- 
line,  veuve  d'un  cet  tain  Parmen  ;  ces  droits  furent 
cédés  moyeimant  la  somme  de  "5  liv.  L'abbaye  de 
Saint-Denis  eut,  au  moyen  d'un  échange  fuit  en  1249, 
les  possessions  considérables  dont  le  prieuré  de  Jar- 
dies,  dépendant  de  l'abbaye  de  Thiron,  jouissait  à 
Chatou.  Ces  possessions  payaient  déjà  h  l'abbé  de 
Suint-Denis,  avant  l'échange,  une  redevance  de  cens, 
d'orge  et  de  volailles.  Un  arrêt  de  février  1295,  rendu 
entre  les  religieux  de  ce  monastère  et  Guillaume 
Escuancnl,  chevalier,  seigneur  de  Chatou,  fixe  l'é- 
tendui'  de  la  justice  et  des  possessions  de  ces  reli'- 
gienx  à  Chatou,  et  attribue  le  resle  des  terres  et  la 
voirie  au  chevalier.  Ce  même  Escnancol  peut  être 
considéré  comme  le  plus  ancien  seigneur  séculier 
de  ce  lieu,  connu  par  des  titres  certains.  Après  lui, 
on  \«'A  Gilles  Malet,  eu  1379,  Colart  de  Mailly,  en 
1423  et  1429,  puis  la  famille  Le  Pileur,  qui  acheta 
les  droits  de  1  abbaye  de  Mallenoûe,  et  les  joignit  aux 
siens.  Thomas  Le  Pileur,  dont  il  a  été  déjà  parlé 
dans  la  description  de  l'église,  vivait  encore  en  1622. 
Il  avait  les  titres  de  secrétaire  du  roi  et  d'andiencier 
en  la  chancellerie.  —  Il  n'y  a  pas  très-longtemps 
qu'il  existe  un  pont  à  Chatou.  En  1560,  on  passai't 
la  Seine  à  cet  endroit  dans  un  bac,  ainsi  que  le 
prouve  la  donation  que  le  roi  fit  alors  du  produit  da 
ce  bac  aux  religieuses  de  Mallenoûe.  Le  premier  titre 


(1)  Les  meilleurs  bœufs  qu'on  mange  à  Paris  \iennent  de  ce  petit  pays. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


585 

certain  de  l'existence  du  pont  esi  renregistremeni  au 
pai'Ieineni,  le  liaoùi  1726,  des  lettres  par  lesquelles 
on  apprend  que  le  premier  président  Portail  avait 
cédé  au  rui  en  17i5  le  ponl  de  Cliaiou,  droit  et 
maîtrise  de  te  poiit,  moyennant  une  rente  noble  et 
féodale  de  6, ")00  livres;  mais  rien  n'indique  si  le 
président  Portail  avait  lui-même  fait  construire  U 
ponl,  ni  à  quelle  époque  cette  construction  avait  eu 
lieu. 

Castrum  Babctwsi  vel  Banosia,  UabenhMsen.  Il  y 
a  deux  petites  Villes  de  ce  nom  en  Allemagne  :  l'une 
en  Bavière  sur  le  Giinz,  avec  deux  châteaux  et  une 
population  calliolique  de  20U0  habitants;  l'autre  dans 
le  grand-duché  de  Hesse-Darmsladi,  sur  le  Gerns- 
prinz,  avec  1500  habitants  luthériens,  à  28  kil.  cst- 
nord-est  de  Darmstadt.  Celle  ville  commerce  en 
grains  el  en  lin.  La  première  forme  une  principauté 
qui  appartient  aux  princes  de  la  maison  Fugger-Ba- 
benhausen.  Jean  Fugger,  tisserand  du  village  de  Gre- 
Len,  s'établit  en  1570  à  Augsbourg,  et  y  fonda  une 
riche  maison  de  commerce.  Son  petit-fils  Jacques 
fui  anobli  par  l'empereur  Maximilien.  En  1530  Char- 
les-Quini-éleva  les  descendants  de  Jacques  Fugger 
au  rang  de  comtes.  Les  Fugger  continuèrent  à  ac- 
quérir de  grandes  richesses  et  à  acheter  des  terres  et 
des  seigneuries.  Ils  ne  se  distinguèrent  pas  moins  par 
leur  forlttneque  par  le  noble  usage  qu'ils  en  (ireiit 
en  protégeant  les  lettres  et  les  arts,  en  encourageant 
toute  espèce  d'industrie,  en  formant  des  établisse- 
ments utiles  et  de  bienfaisance.  D'autres  se  sont  il- 
lustrés aux  champs  de  la  gloire;  les  Fugger  ont  été 
les  bienfaiteurs  de  leurs  concitoyens. 

La  famille  est  partagée  en  deux  lignes  dites  de 
Raymond  et  d'Antoine;  chacune  se  subdivise  en  plu- 
sieurs branches.  La  plus  jeune  de  toutes,  qu'on  ap- 
pelle la  branche  de  Jacob  Fugger,  fut  élevée  en  1805 
au  rang  de  princes  d'empire,  et  les  seigneuries  de  Ba- 
benhaiisen,  BodS  et  Kelterhausen  furent  réuniesen 
une  principauté  sous  le  nom  de  Babenhausen.  Cette 
principauté  perdit  son  immédiateté  en  1806  par  la 
confédération  du  Rhin,  et  fut  soumise  à  la  Bavière, 
dont  elle  forme  un  des  grands  fiefs. 

Le  prince  de  Babenhausen  est  catholique,  et  ré- 
side à  Babenhausen.  Sa  principauté  a  7  milles  carr. 
géog.  (19  lp2  lieues  carr.)  de  surface  et  11,000 
habitants.  Les  possessions  réunies  de  toute  la  maison 
de  Fugger  ont  16  milles  carrés  {U  I.  carr.)  de  sur- 
face et  34,000  habitants. 

Casirum  Blandiaci,  Blandy,  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Sens,  maintenant  de  celui  de  Meaux,  can- 
ton du  Chàlelet,  arrond.  de  Melun,  dépl.  de  Seine- 
et-Marne,  à  6  kil.  nord  du  Chàlelet,  à  10  vers  l'est 
de  Melun,  et  à  50  est  de  Paris.  Popul.  1,000  habi- 
tants, avec  les  hameaux  des  Vallées,  des  Brandins, 
deux  fermes  isolées,  deux  moulins  à  eau  et  une  tui- 
lerie. Il  existe  encore  les  restes  d'un  ancien  château 
fort,  con^islant  en  cinq  tours  inégales,  avec  des 
murs  de  clôture  qui  ont  neuf  à  dix  pieds  d'épaisseur, 


3-24 

et  des  fossés  de  60  pieds  de  largeur.  L'antiquité  de 
ce  château  se  perd  dans  la  nuit  des  temps.  Il  tomba 
en  la  possession  de  Chai  les  VII,  à  l'époque  où  ce 
prince  conquérait  son  royaume,  après  avoir  soutenu 
un  siège.  La  lerre  de  Blandy  est  passée  successive- 
meni  à  Guillaume  de  Melun  ;  à  Jean,  vicomte  de  Me- 
lun, comte  de  Tancarville  ;  ensuite  dan»  la  famille 
des  princes  de  Coudé  et  de  Carignan.  Elle  a  aussi 
été  possédée  par  Jacqueline  de  Ruban,  marquise  de 
Rothelin.raèrede  François  d'Orléani,  dernière  femme 
de  Louis  (le  Bourbon,  premier  prince  de  Condé,  qui 
y  mourut  et  fut  enterré  dans  un  caveau,  sous  la 
lampe  de  la  chapelle.  Le  cercueil  de  plomb  qui  le 
renfermait  a  été  enlevé  lors  de  la  révolution.  —  Les 
seigneurs  de  Blandy,  successeurs  de  la  marquise  de 
Rothelin,  sont  :  Charles  de  Bourbon-Condé,  comte 
de  Soissnns,  qui  y  inourut  également  le  1*^  novem- 
bre Ifilâ  ;  Marie  d'Orléans,  veuve  de  Henri  de  Sa- 
voie, princesse  souveraine  de  Neufchâtel,  duchesse 
de  Nemours,  eic;  Louis  Henri,  légitimé  de  Bourbon, 
prince  de  Neufchâtel.  Cette  terre  fat  érigée  en  duché- 
pairie  en  faveur  du  maréchal  de  Villars,  qui  fil  dé- 
couvrir les  tours  et  démolir  le  principal  corps  du 
château.  Le  duc  de  Villars,  fils  du  maréchal,  l'ayant 
vendu  au  duc  de  Praslin,  ministre  et  secrétaire  d'Etat, 
en  1704,  la  famille  de  M.  le  duc  de  Cboiseul-Pra.-lin 
en  est  propriétaire.  Sur  les  ruines  du  principal  corps 
de  bâtiment  on  a  construit  des  granges.  La  plus 
grosse  des  tours  renfermait  une  part'C  des  princi- 
paux appartements  et  la  salle  dite  des  gardes,  avec 
la  cuisine,  qui  subsistent  encore  et  servent  aujour- 
d'h\ii  de  logement  au  fermier  ;  au  pied  de  cette  grosse 
tour  se  trouve  Teutrée  d'un  souterrain,  dit  la  cave 
Banois,  qui,  a  une  issue  à  6  kil.  dans  le  coteau  du 
côié  de  Melun. —  L'église  de  Blandy,  suivant  la  ira- 
dition  du  pays,  a  servi  de  temple  aux  protestants; 
elle  est  grande,  et  était  l'une  des  plus  belles  des  en- 
virons à  celte  époque.  L'église  de  Saint-Martin,  ac- 
tuellement supprimée,  était  celle  des  catholiques.  — 
On  rencontre  en  ce  lieu  plusieurs  maisons  de  cam- 
pagne et  des  sources  d'eau  vive,  avec  un  beau  lavoir. 
Un  hospice  très-ancien  y  est  desservi  par  deux  soeurs 
de  la  Charité;  l'uned'elles  s'occupe  du  traitement  des 
malades  à  domicile,  et  l'autre  de  l'éducation  des  jeu- 
nes filles.  —  Les  21  et  22  septembre  de  chaque  an- 
née, la  foire  la  plus  considérable  du  département, 
tant  en  bestiaux  qu'en  toute  espèce  de  marchandises, 
se  tient  à  Blandy  ;  une  antre  moins  importan- 
te a  lieu  le  24  février.  Avant  la  révolution,  il  y 
avait  un  marché  franc  le  jeudi  de  chaque 
semaine ,  supprimé  pendant  la  révolution  par  la 
difficulté  de  le  faire  cadrer  avec  le  calendrier  répu- 
blicain sans  nuire  aux  marchés  des  environ*.  —  Lp3 
productions  du  terroir  de  ce  bourg  sont  v.Triéos  : 
les  principales  sont  eu  grains;  une  petite  partie  es! 
en  vignes  et  en  bois. 

Casirum  Bltisense,  Blois,  évêclié,  snffJ-agant  de  Paf- 
ris,  chef-lieu  du  département  de  Loir-et-Cher,  à  56 
kil.   d'Orléans,  104  du  Mans,  60  de  Tours,  i04  do 


523 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


326 


Paris.  Long.  1°  0'  18".  Lat.  5V  0.7'  J'J".  Le  diocèse 
comprend  l'élendue  du  dëpanemenl  de  Loir-el- 
Clioi-.  Supprimé  par  le  concordat  de  1801  et  réuni  à 
celui  d'Orléans,  il  fut  rélnbli  par  celui  de  1817. 
Cet  évèclié  est,  du  reste,  de  création  moderne  ;  il  a 
été  formé,  à  la  fin  du  xvii'  siècle,  d'un  démembre- 
ment de  celui  de  Chartres. 

Bloiscstle  siège  d'un  tribunal  de  première  instance, 
d'un  tribunal  et  d'une  chambre  de  commerce.  La  popul. 
est  de  17,000  hahitanis.  —  L'arr.  de  Blois  renferme 
1-40  corn,  ei  112,000  bab.  H  est  divisé  en  10  cantons  : 
Blois  (2canl.),  Bracieux,  Contres,  Merbault,  .Uache- 
Hoir,  Mer,  Monlrichard,  0»ouer-ie-Marclié  cl  Saint. 
Aignan.  —  Blois  avait  autrefois  titre  de  comté  ;  elle 
était  la  capitale  du  Blaisois,  au  gouvernem.  génér. 
de  l'Orléanais,  et  servait  de  siège  à  un  évèché  suf- 
fragant  de  Pari»,  à  une  chambre  des  comptes,  à  un 
bailliage,  à  une  élect.,  à  une  lieuien.  de  maréchaus- 
sée, avec  un  gren.  à  sel,  une  niaitr.  particulière  des 
eaux  et  forèls,  un  bur.  de  commerce  pour  la  vente 
des  eaux-de-vie  et  des  vins  du  pays,  et  nnecapilain. 
des  chasses,  déclarée  royale  en  1070.  —  Celte  ville, 
agréablement  située,  dans  une  des  plus  riches  con- 
trées du  royaume,  est  bille  en  amphilhéâlre,  sur  le 
penchant  d'un  coteau  élevé,  dont  la  base  es i  bai- 
gnée par  la  Loire.  Elle  est  divisée  en  haute  et  basse 
ville.  La  partie  supérieure,  qui  forme  la  ville  pro- 
prement dite,  est  généralement  mal  construite  : 
ses  rues  sont  étroites,  mal  percées,  et  pour  la  plu- 
part inaccessibles  aux  voitures,  propres  cependant, 
et  ornées  de  quelques  jolies  fontaines.  La  ville  basse, 
placée  dans  \ine  situation  charmante,  sur  la  rive 
droite  de  la  Loire,  oBVe  une  suite  de  maisons  bien 
bâties  le  lonf  d'an  quai  superbe  et  d'une  grande 
étendue,  sur  lequel  on  a  établi  la  grande  route  ;  ce 
quai  va  s'unir  à  la  belle  levée  de  Tours.  In  très- 
beau  pont,  porté  sur  11  arches  en  pierres  de  taille, 
traverse  la  Loire,  et  joint  la  ville  à  un  des  princi- 
paux faubourgs,  celui  de  Vienne.  L'ancien  pont,  qui 
existait  avant  1078,  ayant  été  eraperté  par  les  glaces 
en  1716,  on  posa  la  première  pierre  du  pont  actuel 
en  1717.  La  longueur  de  ce  pont  est  de  155  toises, 
sur  7  de  largeur.  Il  a  coûté  1,800,000  f.  Sa  solidité 
est  telle,  quil  soutint,  sans  le  moindre  ébranlement, 
l'effort  incalculable  d'une  masse  de  glaçons  qui  s'é- 
levaient jusqu'à  son  sommet,  lors  de  l'hiver  de  1788; 
et  dans  des  temps  encore  plus  rapprochés,  une  de 
ses  arches,  coupée  à  l'approche  des  Vendéens,  par 
ordre  d'un  représentant  du  peuple,  délégué  de  la 
convehiion  nationale,  est  restée  12  ans  dans  cet 
éiat,  sans  p*viér  d'atteinte  sensible  aux  auires  ar- 
ches. La  réparation  complète  et  si  longtemps  désirée 
de  ce  bel  ouvrage,  commencée  en  1804,  a  été 
terminée  dans  le  cours  de  1803.  A  celte  occasion, 
on  a  fait  graver  une  inscripiion  nouvelle  sur  la  pla- 
que de  marbre  autrefois  placée  sur  la  colotme  du 
pont,  pyramide  légère  d'une  haut,  de  100  pieds. 
Cette  plaque  en  avait  été  ôtée  pendant  la  révolution. 
L'Inscription  nouvelle  est  ainsi  conçue  : 


Ce  poni,  commencé  en  1717,  achevé  en  4724,  (ui  le 
premier  ouvrage  public  du  règne  de  Louis  XV.  Det 
ordres  imprudents  firent  commencer  sa  démolition 
au  mois  de  novembre  179.).  //  a  été  rétabli  par  le» 
soins  de  M.  Corbigny,  préfet  de  Loir-et-Cher,  l'an 
1804,  le  premier  du  règne  de  Napoléon. 
Blois,  qui  s'est  singulièrement  embellie  sous  le  rè- 
gne de  Napoléon,  a  une  bibliothèque  publique,  ren- 
fermant env.  18,000  vol.  ;  un  ancien  château,  ser- 
vant aujourd'hui  de  caserne  et  de  magasin  militaire; 
une  église,  bâtie  sur  les  dessins  de  Mansard,  et  que 
les  Jésuites  occupaient  au  moment  de  leur  suppres- 
sion; un  hôtel  de  préfect.,  ancien  palais  épiscopal, 
qui  est  le  plus  beau  des  édifices  modernes  de  celte 
ville,  avec  des  jardins  en  terrasses,  qui  dominent  la 
Loire  ;  un  hôpital,  vaste  et  commode,  pourvu  d'un 
jardin  botanique  ;  un  aqueduc  fournissant  de  l'eau  à 
une  partie  des  habitants,  et  que  l'on  croit  être  un 
ouvrage  des  Romains  :  cet  aqueduc  ,  fait  en  forme 
de  grotte,  et  que  l'on  nomme  l'Aron,  est  coupé  dans 
le  rocher  avec  un  tel  art,  que  plusieurs  personnes 
peuvent  presque  partout  y  marcher  de  front;  il  a  éié 
nettoyé,  pavé  el  voûté  presque  entièrement  pendant 
les  années  1804  et  1805;  el  quand  il  sera  nécessaire 
de  le  nettoyer  de  nouveau,  il  suffira  d'y  conduire  les 
eaux  de  l'étang  de  Pigelay.  A  l'extrémité  N.-O.  de 
Blois,  on  trouve  une  belle  promenade,  formée  par 
une  longue  avenue  de  grands  arbres,  dont  les  bran- 
ches, en  se  réunissant,  offrent  un  beau  couvert  de 
2  kil.  de  long  et  qui  aboutit  à  une  vasie  forêt  d'une 
étendue  de  1300  arpents.  L'industrie  consisle  en  fa- 
briques de  ganis  de  peau  estimés,  en  vinaigreries, 
faïenceries,  tanneries  el  corroieries,  et  le  commerce, 
en  vins,  eaux-de-vie,  excellent  vinaigre,  draps,  pa- 
piers, cuirs,  faïence,  bois  à  Liûler,  merrain,  etc. 
Blois  est  le  centre  du  commerce  des  eaux-de-via 
dites  d'Orléans.  C'est  à  Blois  qu'on  a  trouvé,  en  1652, 
l'art  de  peindre  lur  émail.  —  Celte  ville  a  éié  appe- 
lée par  les  historiens,  et  notamment  par  Grégoire  de 
Tours,  Aigulphe,  Aimoin,  etc.,  Castruni  Blesense, 
Blisiiim  Casirum,  Ble$um  Castrum,  Pagus  Bteseiisis 
in  Celtica,  Blesœ  et  Blesia.  Plusieurs  écrivains  attri- 
buent à  un  trait  historique  l'origine  du  mot  Blesœ. 
On  lit  dans  Bernier  (Hisloire  de  Blois),  <  qu'un  jniina 
guerrier,  revenant  de  la  guerre  avec  Bossnn,  sei- 
gneur de  Chartres,  lui  demanda  un  endroit  où  il  pùl 
s'établir,  lui  et  sa  petite  armée  de  1000  hommes; 
qu'à  force  de  discours  Haiteurs  et  séduisants,  blandi» 
blœsisqiie  sermonibus,  il  en  obtint  un  emplacement 
sur  les  bords  de  la  Loire  ;  mais  qu'au  lieu  d'y  for- 
mer un  simp'e  village,  il  y  construisit  une  ville  for- 
tifiée :  ce  que  Bosson  ayant  remarqué,  il  lui  en  fit 
le  reproche,  ajoutant  qu'il  ne  lui  aurait  pr>  ni  ac- 
cordé sa  demande,  s'il  avait  bien  retenu  ces  paroles, 
que  son  père  lui  avait  souvent  répétées  : 

Sermones  blandos  blœsosque  vilnre  memcitto, 

Simplicitas  viri  fama  est,  [raus,  ftcla  loquendi. 

Cependant  Ivonardus  (c'est  le  nom  du  jeune  guer» 

rier),  ayant  prêté  foi  et  hommage  à  Bosson,  en  ob» 


IVJ 


OICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


:M 


tint  légalement  la  concession  de  la  ville  foriifiée, 
qui  fut  (le  cei  événement  appelé  Blesis,  et  le  pays 
Pagur,  Blesemis.  J'ignore  à  quille  époque  on  lui  a 
donné  le  nom  de  Blessnc,  qu'elle  port»  avant  celui 
de  Dlois.  «C'estaulantà  cause  des  agrérnenis  de  son 
séjour,  et  parce  que  plusieurs  rois  l'Iiabitèienl  et  y 
(Ireni  élever  leurs  enfants,  qu'on  l'avait  siirnoinniée 
la  ville  dei  rois.  Quelques  auteurs  ont  dit,  initis  sans 
preuve,  que  (tes  soldats  de  Jules -César  la  b;)tirent 
pend:int  qu'ils  éiaicnt  en  quartier  d'hiver  dins  les 
environs.  Papire  Masson  n'est  pas  mieux  fondé  à 
sonienir  qu'elle  est  le  Corbillo  de  Strabon.  Grégoire 
de  Tours  est  le  premier  qui  en  ait  parlé.  On  voit 
dans  les  capitulaires  de  Cliarles  le  Chuuve,  que  du 
temps  de  ce  prince  elle  était  déjà  considérable,  ce 
qui  détruit  l'opinion  de  ceux  qui  ont  prétendu  qu'elle 
avait  été  bâtie,  peod^mt  le  règne  de  Charles  le  Sim- 
ple, par  Gello,  fiére  du  duc  de  iNorniaodie  liollo. 
Sous  les  rois  de  la  seconde  race,  on  y  haitaii  une 
espèce  de  monnaie  d'arg  'ht,  différente  de  ct'lle  de 
Gui  de  Chàtillun,  premier  du  nom,  comte  de  Btois, 
en  ce  que  celle-ci  avait  pour  légende,  d'un  côté: 
Castro  Blesit,  et  de  l'autre  :  Blesianis  Castro  ;  tandis 
que  la  première  avait,  d'un  côié  :  Btesiaitis  castra, 
et  de  l'antre  .  Miaerico'dia  Dei.  —  Le  cliàleau  était 
l'orneinenl  de  cette  ville,  qu'il  joignait  par  un  clie- 
min  taillé  dans  le  roc.  Les  seignours  de  la  maison  de 
Champagne  ei  ceux  de  la  tnaison  deChàtillon  avaient 
fait  bàlir  le  corps  qui  était  vers  l'occident,  et  dont 
il  ne  restait  plus  qu'une  grosse  tour.  Quelqu'un  des 
•eigneurs  de  Ciiâtillon  et  plusieurs  princes  de  la  mai- 
son d'Orléans  cliangèienl  ensuite  ce  corps  de  bâti- 
ment, soit  en  le  détruisant,  soit  en  rauguienianl. 
Louis  XII  fil  bittir  la  face  de  l'orient,  qui  regarde  la 
place  dite  du  Château,  et  augmenter  celle  du  midi  ; 
la  face  du  nord  est  due  à  François  i".  C'est  dans  un 
des  appartements  de  ce  bâtiment  du  nord  que  fut  tué 
le  duc  de  Guise.  Joignant  ce  bâtiment,  du  côté  du 
couchant,  est  une  tour  dite  lourde  Château- Recjnaud, 
parce  qu'on  peut  y  apercevoir  la  terre  de  ce  nom, 
quoiqn'elle  en  soitél  'ignée  de  7  I.  On  «■mprisonna  le 
cardinal  de  Guise  et  l'yichevêque  de  Lyon  dans  cette 
tour,  à  la  porte  de  laquelle  le  cardinal  lut  luéàcoups 
de  pertuisane.  A  l'extrémité  de  ce  bâtiment,  du  côié 
dulevant,ilyen  a  un  petit,  divisé  en  partie  ancienne 
et  partie  moderne  :  l'ancienne  s'appelle  la  Salle  des 
£(fl(«,  parce  que  les  Etats  s'y  sont  assemblés  en  1576  et 
en  1588;  la  moderne  fut  construite  par  ordre  de  Hen- 
ri 111,  qui,  sur  la  fin  de  son  règne,  y  fit  commencer 
un  appartement.  Gaston,  duc  d'Orléans,  fit  démolir 
un  bàiii  eut  i|ui  était  à  l'occident,  en  1635,  et  char- 
gea François  Man'iard  d'en  élever  un  autre  sur  ses 
ruines.  On  y  travailla  pendant  trois  ans;  on  y  em- 
ploya 550,0t)0  Ir.,  et  cependant  l'ouvrage  resta  im- 
parfait. L'avanl-cour  de  ce  chàtean,  dojil  le  p'irtail 
était  décoré  d'une  statue  de  Louis  XII,  où  l'on  bâtit 
l'église  collégiale  de  Saint-Sanveur,  est  une  des 
pliis  grailles  qu'il  y  ait  en  Fr iiice  :  on  y  fit  le  tour- 
nois  pour  l'arrivée   du  prince    de    Casiille,   pro- 


mis à  Claude  de  France,  et  celui  du  mariage  du 
marquis  de  Moni ferrai  avec  la  sœur  du  dnc  d'A- 
lençon.  —  Ce  châieau  avait  de  très-beaux  jaidinsi 
séparés  en  haut  et  en  bas  par  une  galerirt  en 
charpenic  nommée  aux  Cerf$ ,  que  Henri  IV  fit 
construire  en  piprie  en  1600.  Dans  le  jardin 
haut,  il  y  a  nu  (luits  d'une  largeur  et  d'une  profon- 
deur exlraorilinaires,  que  Louis  XII  fit  faire  pour 
fournir  .le  l'eau  au  jardin  bas.  —  Depuis  1631,  on 
voyait  une  image  de  la  Vierge  sur  chacune  des  i  ottes 
de  la  ville,  qui,  désolée  par  la  peste,  en  fut  soudai- 
nement délivrée  après  avoir  fait  un  vœu  à  la  mère 
du  Christ.  On  avait  anciennement  placé  sur  les  portos 
de  Costes,  de  Guichard  et  du  Pont,  celle  inscription: 
Cornes  Stephanus,  et  Adela  coi»iiis<ia,  suique  hœredes 
perdonnverunt  hominibus  istius  patriœ  Butngium  (sovie 
de  corvée),  in  perpsiuum,  eo  pncto  ut  ipsins  casieltum 
muro  cluuderent;  quod  si  quis  viotaverit,  anathema  sit. 
Diithaii  ijuoque  et  Abiron  maledictionem  habeat.  Elle 
était  sculptée  depuis  500  ans  et  presque  effacée, 
lorsque  Henri  III  la  fit  renouveler  et  graver  sur  la 
porto  de  Costes. — Blois  avait  plusieurs  chapitres, 
plusieurs  paroisses  et  plusieurs  maisons  religieuses 
des  deux  sexes.  La  paroisse  de  Saini-Solenne  était 
la  plus  grande;  presque  entièrement  détruite  par 
un  orage  au  mois  de  juin  1678,  elle  fut  rebà  ii-  par 
Louis  XIV,  et  l'on  y  établit  le  siège  de  l'évèché  et 
le  chapitre  cathédral.  Les  Jésuites  s'installèrent 
dans  un  lieu  appelé  la  Bretonnière,  en  1624,  succé- 
dant à  des  régents,  sécidiers,  qui  enseignaient  dans 
un  collège  que  Henri  III  avait  fondé  en  1581  ;  leur 
église  ne  fut  achevée  qu'en  1671.  On  croit  que  le 
plus  ancien  des  bâtiments  est  celui  des  prisons.  La 
tour  qui  en  fait  partie  tut  achetée,  en  12.^6,  pat 
Louis  de  Châlillon,  comte  de  Blnis,  pour  une  somme 
de  ÔOO  florins.  L'hôtel  de  ville  est  un  assez  giand 
corps  de  logis  acheté  500  écus,  en  14S7,  par  un 
éciiyer  du  duc  d'Orléans,  Jean  de  Saveuse,  qui  en  fit 
présent  à  la  ville.  Le  palais  de  justice  a  été  bâii  par 
les  comtes  de  Blois,  ducs  d'Orléans,  et  par  Louis  XII, 
Henri  II  et  Henri  III.  En  bas  étaient  les  hal  es,  et  en 
haut  la  grande  salle  et  les  chambres  du  présidial,  de 
i'électiim,  des  eaux  et  forêts  et  des  comi'tes.  — L'é- 
vèché fut  érigé  par  le  pape  Innocent  XII,  en  1697, 
en  faveur  de  David-Nicolas  Berlier.  On  composa  ce 
dioc,  qui  valait  à  son  prélat  au  moins  36,000  fr.  de 
rente,  de  tout  ce  qu'il  fut  possible  de  distraire  de 
celui  de  Chartres.  On  y  cnmplait  5  ahbave*.  60 
prieurés,  3  églises  collégiales,  près  de  200  paroisses 
et  104  annexes. — Le  chapitre  de  Saint-Sauveur 
jouissait  d'un  singulier  privilège,  nommé  la  Comté, 
parce  qu'il  lui  avait  été  accordé  par  Thibaud  V, 
comte  de  Blois,  lequel  se  dépouilla  de  toute  son  au- 
torité, ainsi  que  de  la  perception  de  tous  ses  droits 
sur  la  ville  de  Blois,  pour  en  revèl'.r  ce  chapitre 
pendant  trois  jours,  à  commencer  le  soir  du  jo t  de 
l'Ascension  jusqu'au  soir  du  dimaixhe  suivant.  Pour 
prendre  possession  de  ce  privilège,  le^t  banoi  .es,  en 
robes  de  palais,  sortaient  de  la  calh.arale  aprèi 


329  géographie:  des  LEGENDES  AU  »IO\KN  AGE. 


330 


cnmplies,  au  son  de  la  grosse  cloclie,  el  marcbant 
deux  à  deux;  ils  allaient  au  palais,  où  ils  nonimaient 
UQ  juge  qui,  pendant  les  trois  j')urs  de  concession, 
rendait  la  justice  en  leur  nom,  mais  pour  les  cas 
survenus  pendant  cet  intervalle.    Ils  exerçaient  la 
police,  nieitaient  le  taux  aux  denrées,  el  percevaient 
aussi  tous  les  droits  d'entrée  et  de  péages,  mais  non 
pas  les  autres  droits  royaux.  —  Blois  renfermait  des 
chanoines  réguliers  de  Saint-L;izare,  desCordeiiers, 
des  Capucins,  des  Jacobins,  des  Minimes,  des  Car- 
mélites,  des   Filles  de  li   Visitation,  dites  Véroni- 
ques; un  séminaire  dirigé  par  les  Eiidisles,  un  Hôtel - 
Dieu  el  un  hôpital  général  où  les  pauvres  éiaient 
enfermés.  —  Le  collège  de  cette  ville  doit  sa  première 
forro:ition,   ou  plutôt  son  réialiliï>sement,  à  l'école 
secondaire  qui  s"éi;ib!it  en  1803,  par  la  réunion  qui 
en  fut  faite  au  pensionnat  de  la  ville.  —  On  suivait 
à  Blois,   dans  l'aduiininration  de   la  justice,   une 
coutume  pariiciiliére,  rélornién  en  li}23.  La  chambre 
des  comptes  était  fort  ancienne,  el  avait  commencé 
sous  les  comtes  de  Blois  de  la  maison  de  Champagne, 
qui  Vautorisèreiit  de  la  connoissaitce  et  reddition  des 
complet  de  tous  leurs  domaines,  comme  firent  ensuite 
les  comtes  des  maisons  de   Cliàtillon  et  d'Orléans. 
Louis  XII,  parvenu  à  la  couronne,  la  confirma  en 
1498,  pour  connaître  des  domaines  de  Blois,  Asl  el 
"Coussy,  et  autres  ierr»s  de  ses  nquets  el  conquets  qui 
n'étaient  point  de  la  couronne.  Ses  successeurs  ont 
confirmé  celle  chambre,  à  l'in-tar  des  autres  cours 
du  royaume. — Les  premiers  comtes  de  Blois  étaient 
de  la  famille  de  Hugues  Capet.  Thieberl  ou  Théode- 
berl,  4«  aïeul  de  ce  roi,  eut  Imis  fils,  dont  le  second, 
Guillaume,  eul  le  litre  de  comte  de  Blois;  il  fut  tué 
vers  l'an  834.  Les  descendants  de  Guillaume  possé- 
dèrent ce  comté  jusque  vers  la  fin  du  x«  siècle,  épo- 
que à  laquelle  il  passa  aux  comtes  de  Champagne.  A 
la  fin  du  xiii*  siècle,  il  appartenait  aux  comtes  de 
Châlillon.  Un  de  ces  comtes,  Guy  H,  le  vendit,  en 
1391,  à  Louis  de  France,  duc  d'Orléans,  grand-père 
de  Louis  Xll,  qui  le  réunit  à  la  couronne.  — Le  châ- 
teau de  Blois  a  laissé  de  trop  grands  souvenirs  pour 
ne  pas  être  l'objet  d'une  attention  spéciale.  —  Après 
sa  séparation  d'avec  Louis  le  Jeune,  en  1151,  Eléo- 
nor  de  Guienne  s'y  relira  un  moment.  Louis  XII  y 
naquit  en  1461,  y  signa  divers  traités,  el  y  fut  dan- 
gereusement malade  en  1505.  Valentine  de  Milan  y 
mourut  le  5  déceml.re  1308,  el  Anne  de  Bretagne, 
seconde  femme  de  Louis  XII,  le  9  janvier  1.513  ou 
1514.  Claude  de  Franc?,  première  femme  de  Fran- 
çois !«■■,  y  mourut  le  26  juillet  1.524,  âgée  de  24  ans. 
Elle  était  estimée,  disent  les  Annales  d'Aquitaine,  ta 
fleur  el  perle  dis  dames  de  son  siècle,  comme  étant  un 
vrai  miroir  de  pudiciié,  sainteté,  piété  et  innocence  ;  la 
plus  charitable  et  courtoise  de  son  temps  ;  aimée  de 
chacun,  et  elle  aimant  ses  sujets,  el  s'e/forçant  de  bien 
(aire  à  tous,  et  n'ayant  souci  que  de  servir  Dieu  et  de 
complaire  au  roi,  son  époux.  Catherine  de  Médicis  y 
mourut  le  5  janvier  1589.  IsabeJu  de  Bavière  el  le 
duc  d'Orléans  y  furent  exilés.  Charles,  duc  d'Alcn- 

DlCTlOJiMAtRE    DE  GÉOGBAPHIE  ECCI..  H. 


çon,  el  Henri  IV  y  ont  célébré  leurs  mariages.  Les 
états  s'y  tinrent  en  1570,  1588  el  1614.  Alais  l'événe- 
ment le  plus  important  qui  s'y  soit  passé  est  l'assas- 
sinat des  Guise,  les  20  el  21  décembre  1583,  p.T  ■ 
ordre  de  Henri  III.— Les  hommes  nés  à  Blois,  et 
dont  l'histoire  conserve  les  noms,  sont  :  Cuill.iunie 
de  Blois,  cardirjal,  régput  du  royaume  sous  Louis 
VII  et  Philippe  II;  Louis  Bourgeois,  médecin  de 
François  I*'  el  de  Henri  II  ;  Jenn  Du  Temps,  dit 
Temporarius,  avocat  et  médecin;  Denis  Dupont,  ou 
Pontanus,  avocat;  Jean  Dampiorre,  poète;  Jean  de 
Morvillers,  garde  des  sceaux;  Gilles  Descliamps, 
médecin,  puis  prêtre;  Jacob  Bunel,  peintre;  Jo.m 
Mosnier,  peintre;  Jurieu,  ministre  calvinistf  ;  Jean 
Morin,  haac  Papin,  Jérôme  Vignier,  Jean  Bernier, 
J.-N.  Cbareriton,  jésuite  ;  Fariau  de  Saint-Ange,  et 
Thomas  Mahy  de  Favras,  pendu  le  19  février  1790. 

I  Blaisois,  le  pays  de  Blois,  pftit  pays  qui  dépen- 
dait autrefois  du  gouvernement  général  de  l'Orléa- 
nais, et  qui  était  entièrement  du  ressoi  t  du  parle- 
ment de  Paris;  Blois  en  était  la  capitale.  Il  a\ait 
environ  80  kil.  de  longueur  du  couchant  au  levant, 
sur  56  (le  largeur.  Il  forme  aujourd'hui  la  majeure 
partie  du  département  de  Loir-et-Cher.  Son  terri- 
toire, entrecoupé  de  coieaux,  de  plaines  et  de  pâtu- 
mges,  produit  abondamment  des  grains  de  louie 
espèce,  d'excellents  fruits  et  des  vins  de  bonne  qua- 
lité. Blois,  Chambord,  Mer,  Romoranlin  el  Saini- 
Dié,  en  étaient  les  principales  villes;  ses  rivières 
étaient  la  Loire,  le  Beuvron,  la  Saudre,  le  Cos?on, 
la  Bonneheure,  la  C^se,  l'Audizon,  le  Raire.  Une 
grande  partie  de  la  Sologne  se  confondait  avec  le 
Blaisois  au  midi.  Il  y  a  plusieurs  belles  forêts,  dont 
les  plus  considérables  sont  celles  de  Chambord,  de 
Boulogne,  de  Blois,  de  BruaJan  et  de  Russy.  Le 
Blaisois  abonde  en  gibier  ;  c'est  sans  doute  ce  qui 
avait  déterminé  la  cour  à  y  passer  la  belle  saison. 

Caslrum  tiiberis,  Bicêlre,  hospice  et  m;iison  de 
force,  à  2  kiloni.  au  sud  de  Paris,  canton  de  Ville- 
juif,  arrondissement  de  Sceaux,  paroisse  de  Gentilly. 
Quelques  auteurs  croient  que  ce  mot  vient  de  c«s- 
trum  Biberis ,  cliàteau  de  Bièvre.  La  rivière  de 
Bièvre  coule  en  effet  au  pied  de  la  colline  de  Bicêlre. 
Ayant  le  dessein  d'établir  les  Chartreux  auprès  de  la 
capitale,  Louis  IX  leur  donna  un  terrain  qu'il  avait 
acheté  des  enfants  d'un  nommé  Pierre  Le  Queux , 
lei|uel  terrain  était  au  lieu  où  est  Birêtre,  ou  dans 
les  environs.  Jean,  évêque  de  Winchester,  ville  de 
l'Angleterre  ,  acheta  une  partie  de  ce  terrain  au 
commencement  du  règne  de  Philippe  IV,  dit  le  Bel; 
il  y  fil  construire  ou  augmenter  une  maison  des  inée 
à  lui  servir  de  demeure.  En  12'  4,  Philippe  prononça 
la  confiscation  de  celte  maison ,  de  plus.eurs  autres, 
des  terres,  rentes  et  vignes  que  le  prélat  possédait  à 
Arcueil  et  à  Viiry,  et  en  fit  don  à  Hugues  de  Bouille 
son  chambellan,  par  lettres  datées  de  Crèvecœur. 
Celte  maison  ou  château  ,  que  le  peuple  nomma 
Winchesire,  el  par  corruption,  Bichestre,  puis  Bicêlre, 
nom  sous  lequel  on  le  trouve  dans  les  comptes  de  la 
11 


S31 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


prévôté  de  Paris,  de  l'année  1523,  el  qui  fut  appelée 
maison  de  Saini-Jean-Baptistc ,  après  sa  réunion  à 
l'bôpital  général,  éiait  si  peu  de  défense  que,  sous  le 
règne  du  roi  Jean,  Robert  Canolle,  chef  d'un  parti 
anglais,  s'y  logea,  faisant  semblant  de  vouloir  donner 
bataille.  Quelques  années  aprè-,  en  1400,  le  duc  de 
Berri,  Jean  de  France,  frère  de  Charles  V,  acquit  ce 
lieu,  qui  n'oB'rait  que  des  ruines,  d'Aniédée,  couile 
de  Savoie,  et  y  fit  bâtir  un  château;  ni;iis  comme  ce 
territoire  dépendait  de  la  seigneurie  de  Geniilly, 
l'évéque  de  Paris,  en  sa  qualité  de  seigneur,  s'opposa 
à  ce  que  le  duc  y  fit  des  fossés  et  des  ponis-levis, 
disant  que  ce  terrain  était  roturier  el  dans  ta  juridiction 
ipiscopale.  L'intérieur  de  ce  château  uvail  beaucoup 
4e  magniûceoce.  Un  bisiorien  contemporain  ,  Le 
Laboureur,  met  à  portée  d'en  juger.  .Après  avoir  dit 
que  la  faction  bourguignonne  ,  dirigée  par  Legois , 
Thiberi  et  Saint-Yon,  bouchers,  assiégea,  en  1411, 
cechàteau,  il  ajoute  que  les  factieux  s'en  emparèrent, 
brûlèrent,  pillèrent,  détruisirent  de  fond  en  comble 
ce  bel  édilice,  dont  il  ne  resta  d'eniier  que  deux 
petites  chambres  enrichies  d'un  parfaitement  bel 
ouvrage  à  la  moiaique.  <  Les  gens  d'honneur  furent 
d'autant  [lus  offensés  de  cette  insolence,  que  la  perte 
en  fut  irréparable,  surtout  celle  des  peintures  exquises 
de  la  grande  salle-...  On  y  voyait  les  portraits  origi- 
naux de  Clément  VII  et  des  cardinaux  de  son  collège, 
les  tableaux  des  rois  et  princes  de  France  ,  ceux 
des  empereurs  d'Orient  et  d'Occident.  »  L'.mnée 
précédente,  les  ducs  d'Orléans  et  de  Berri  s'y  étaient 
renfermés  avec  3  ou  4U00  gentilshommes  et  60Û0 
chevaux ,  pour  s'opposer  à  la  marche  des  Bourgui- 
gnons sur  P.iris  ;  mais  lu  duc  de  Bourjjogne  s'étant 
présentéavec  des  forces  supérieures,  il  s'ensuivit  un 
traité  dit  de  Winchester,  que  l'on  appela  la  trahison 
de  Winchester,  parce  que,  ainsi  qu'on  l'a  vu,  ce 
traité  ne  dura  qu'un  moment.  On  trouve  dans  le  re- 
cueil des  Ordonnances  des  rois  de  France  (t.  IV  et 
IX),  que  Charles  VI  donna  des  lettres  d.iiées  de  ce 
lieu,  en  1581  et  1409.  Au  mois  de  juin  1416  ,  le  duc 
de  Berri  le  donna ,  dans  l'éiat  où  l'avaient  laissé  les 
bouchers,  alliés  du  duc  de  Bourgogne  ,  au  chapitre 
de  Notre-Dame ,  avec  quelques  dépendances  ,  eu 
échange  d'une  promesse  de  quelques  obits  el  de 
deux  priicessious.  Cette  donaiion  fut  conlirmée  par 
Charles  VII  en  1441,  et  par  Louis  XI  en  1464,  à 
condition  que  le  roi  en  pourrait  faire  reprise  quand 
il  lui  plairait.  Le  chapitre  n'y  Ut  faire  aucune  répa- 
ration. 45  ans  plus  tard,  ce  qui  restait  des  bâtiments 
était  devenu  un  repaire  de  voleurs;  on  le  prit  en 
1519.  En  1632,  Louis  XIII,  ou  plutôt  Richelieu,  le  fit 
entièrement  raser  jusqu'aux  fondements  ,  e'  le  fit 
rebâtir  pour  y  recevoir  les  soldats  invalides.  Il  y 
eut  à  cette  occasion,  en  16Ô5,  un  édit  portant  éia- 
bJissemeut  d'une  communauté  en  forme  d'ordre  de 
chevalerie,  du  titre  de  Saint-Louis,  pour  l'enireiieu 
de  ces  soldats  ,  avec  règlement  d'une  levée  pour  la 
construction  de  l'édifice.  Il  était  déjà  assez  avancé 
eD*65l,  pour  que  Jean-François  de  Gondi,   arche- 


532 

vêijue  de  Paris,  permit,  le  24  août,  d'y  célébrer 
l'oflice.  Une  chapelle  y  fut  élevée  sous  l'invocation 
de  saint  Jean-Baptiste  ;  elle  a  été  remplacée,  vers 
1670,  par  une  église  sous  le  même  nom.  Saint  Vin- 
cent de  Paul  obtint  de  la  reine  Anne  d'Autriche,  eu 
lti4S,  une  partie  de  Bicétre  pour  servir  d'asile  aux 
enfants  trouvés.  Ces  enfants  y  restèrent  peu  de 
temps ,  l'air  vif  qu'on  y  respire  étant  nuisible  à  leur 
sauté.  Ayant  le  projet  de  faire  bâtir  un  liôiel  pour 
les  soldais  invalides  (les  travaux  commencèrent  en 
1G72),  Louis  XIV  réunit  Bicétre  à  l'hôpital  général, 
et  l'on  y  plaça,  dès  1656,  les  mendiants  de  la  ville 
et  des  faubourgs  de  Paris.  Quand  la  mendicité  qui 
désolait  la  capitale  à  cette  époque  eut  cessé  de  s'ac- 
croître ,  Bicétre  fut  destiné  à  recevoir  des  pauvres 
veufs  et  garçons  valides  et  invalides. 

Dans  la  croyance  populaire, toute  cette  partie  mé< 
ridionale  du  dehors  de  Paris,  depuis  ei  compris  l'em^ 
placement  de  l'antique  cimetière  des  Romains  jus- 
qu'à Dieêtre,  était  le  théâtre  des  revenants,  des 
loups-gcToux,  du  sabbat.  C'était  dans  les  carrières 
des  environs  de  Geniilly,  du  plateau  de  Mont-Souris, 
que  des  fourbes,  qui  trouvaient  des  gens  assez  cré- 
dules pour  les  payer,  leur  faisaient  voir  le  diable. 
Lorsque  cette  maison  fut  transformée  en  hôpital, 
le  mol  Bicétre  devint  synonyme  de  malheur.  Mo- 
lière a  dit  : 

Il  va  nous  faire  encor  quelque  nouveau  Bicétre. 

Le  puits  de  Bicétre,  un  des  plus  curieux  qu'on  ait 
vus,  fut  construit  sur  les  deïsin,^  du  célèbre  architecte 
de  Boffrand,  par  Vrac  du  Buisson  ,  entrepreneur  de 
bâtiments,  en  1735,  1734  et  1755.  Il  ne  reste  plus 
rien  des  anciens  bâtiments  élevés  sous  Louis  XIII. 
On  les  a  remplacés  par  de  nouvelles  constructions. 

.M.  Fnurnier  de  la  Condamine,  nioriévêque  de  Mont- 
pellier il  y  a  quelques  années,  avait  été  enfermé  à  Bicé- 
tr.'.  Voicidequelle  manière cldansquellescircoiisian- 
ces.. Arrêté  e;i  1801,  par  ordredu  préfet  depoliceDu- 
bois,  il  fut  enfermé  à  Bicètie,  tondu  et  conliné  dans 
un  cabanon  pai;ini  les  fous  les  plus  maniaques.  Ses 
amis  ayant  découvert  le  lieu  de  sa  détention,  et  too,- 
mençant  à  solliciter  pour  lui,  le  préfet  de  police  ie 
fit,  au  bout  de  dix  jours,  transférer  à  la  citadelle  de 
Turin.  Le  cardinal  Fesch  obtint  son  élargissement 
en  1804,  et  l'emmena  à  Lyon,  où  l'abbé  Fournier 
commença  ses  prédications.  Peu  de  temps  après, 
son  protecleur  le  fit  nommer  chapelain  de  l'empe- 
leur  Napoléon — ;  en  1806,  il  fut  nommé évéque  de 
.Montpellier...  Il  paraît  que  le  délit  de  l'abbé  Four- 
nier était  d'avoir,  dans  un  de  ses  sermons,  fait  luie 
allusion  à  la  mort  de  Louis  XVI.  M.  de  Beausseï  dit 
à  ce  sujet  dans  ses  Mémoires  :  t  J'ai  souvent  en- 
tendu Napoléon  regretter  de  s'être  trop  laissé  aller 
aux  impressions  de  la  police  el  d'avoir  maltraité  un 
prélat  aussi  recommandable.  > 

Casiriim,  vel  Ecclesia  Sancii  Clodoaldi,  vel  Novien- 
tum,  Saini-Cloud,  paroisse  de  l'aucien  diocèse  de 
Paris,  actuellement  de  celui  de  Versailles,  arrondis- 
sement de  celte  ville,  canton  de  Sèvres,  Seine-et' 


I, 


533 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE- 


534 


Oise,  sur  la  pente  rapide  d'une  colline  qui  domine  la 
rive  gauclie  de  la  Seine,  à  8  kil.  vers  le  nord-esl  de 
Versailles,  et  8  ouest  de  Paris.  Popiil.  2,800  liabit.inls 
environ.  On  y  va  par  les  cliemins  de  fer  de  Versail- 
les. C'était  autrefois  le  siège  d'une  chàtcllenie  et  la 
seigneurie  du  lieu,  dont  les  droits  utiles  apparte- 
naient aux  archevêques  de  Paris,  et  qui  avait  été 
érigée  en  leur  faveur  en  duché-pairie.  —  Dès  les 
premiers  temps  de  la  monarchie,  il  existait,  au  lien 
od  est  aujourd'hui  Saint-Cloud,  une  hourgade  peu 
considérable,  p3ut-être  à  cause  de  ses  abords  extrê- 
mement difficiles.  On  la  nommait  Negent,  en  latin 
Novigentum  ou  Nevientum,  et  pour  la  distinguer 
d'une  autre  de  même  nom,  située  sur  la  Marne,  on 
appelait  celle-ci  iVogent-sur-Seine;  les  rois  mérovin- 
giens avaient  un  p.(lais  dans  l'un  et  l'autre  de  ces 
deux  endroils  Le  nom  actuel  de  ce  lieu  vient  de 
QMoàeimlie  ou  Clodoald,  et  par  corruption  Cloud, 
nom  du  plus  jeune  des  trois  flis  de  Clodomir,  roi 
d'Orlé-:>us.  On  connaît  assez  quel  atroce  assassinat 
les  deux  rois  franks,  Childebert  et  Chlothaehaire, 
que  l'on  nomme  Clotaire,  frères  de  Clodomir,  com- 
mirent sur  les  personnes  de  leurs  neveux,  encore 
enfants.  Chlodovalde  fut  soustrait  au  poignard  de 
ses  oncles,  et  pour  le  mettre  à  l'abri  de  leur  fureur, 
par  les  marques  d'une  entière  renonciation  à  la 
royauté,  on  lui  fil  couper  les  cheveux  et  embrasser 
l'état  ecclésiasiique.  En  551,  il  se  retira  .sur  le  ter- 
ritoire de  Nogent,  selon  quelques-uns,  au  lieu  qu'on 
nomme  Celle-lez-Saint-Cloail  ;  selon  d'autres .  à 
Nogeni  même.  Après  sa  mort,  les  miracles  opérée  sur 
son  tombeau,  l'ayant  fait  placer  au  rang  des  saints, 
ee  village  reçut  dès  li>rs  le  nom  de  Saint-Cloud;  la 
dévotion  attira  des  pèlerins  dans  ce  lieu  et  contri- 
baa  àaugmenier  le  nombre  de  s^  s  habitants. — Saint- 
Cloud,  comme  tous  les  autres  lieux  de  France  qui 
ne  prirent  de  l'accroissemont  que  dans  le  moyen 
ftge,  ne  fournit  à  l'histoire,  dans  ses  commence- 
ments, ijue  des  détails  relatifs  aux  établissements 
religieux  qui  s'y  trouvaient.  Selon  la  commune  opi- 
nion, un  moiiasièrc  y  avait  été  fondé  par  Clodoalde 
lui-même,  avec  une  chapelle  sous  le  titre  de  Saint- 
Martin.  Les  courses  des  Normands  ayant  porté  la 
terreur  aux  environs  de  Paris,  les  religieux  de  ce 
monastère  se  virent  obligés  de  mettre  en  sûreté  le 
corps  de  leur  saint  fondateur  dans  la  cathédrale  de 
P.  ris,  où  on  les  voit  se  rendre  processioniiellemeut 
en  890  ou  89i,  reprendre  la  châsse  de  ce  saint  et  la 
reporter  dans  leur  église,  «  accompagnés,  disent  les 
Annales  de  Paris,  de  presque  tous  les  habitants  de  ce 
bourg,  qui  les  suivaient  en  chantant  les  louanges  de 
leur  saint,  et  en  témoignant  la  joie  qu'ils  ressen- 
taient de  se  trouver  en  possession  d'une  aussi  pré- 
cieuse relique.  >  La  nécessité  où  celle  circonstance 
mit  les  chanoines  de  Noiie-Dame  d'entretenir  des 
relations  avec  le  clergé  qui  desservait  l'église  de 
Saint-Clond,  occasionna  dans  ce  dernier  lieu  l'éta- 
blissement d'une  société  qui  observait  la  vie  caiio- 
niaM  ?t  gui  forma  par  la  suite  une  véritable  collé- 


giale. On  voit,  selon  l'abbé  Lebeuf,  dans  un  acte  au- 
thentique de  l'an  811,  que  Saint-Cloud  était  dès 
lors  mis  au  nombre  des  lieux  où  il  y  avait  ce  qu'on 
appel.iil  Congregatio  Fratrutn.  Il  y  avait  un  abbé  à 
leur  tête,  et  celle  communauté  eut  la  forme  d'une 
abbaye  séculière  ;  cependant  on  ne  trouve  de  vesti- 
ges apparents  de  cette  église  collégiale  que  depuis 
la  (In  du  xji«  siècle,  époque  à  laquelle  on  peut  rap- 
porter la  construction  de  l'église  que  l'on  voyait  en- 
coie  à  la  lin  du  siècle  derniei;,  et  où  saint  Martin 
n'était  presque  plus  connu  comme  ancien  patron  que 
par  le  clergé.  —  En  1209,  il  s'éleva  une  grave  con- 
testation entre  le  chapitre  de  Saint-Cloud  et  Pévêque 
de  Paris,  sur  la  possession  de  la  chapelle  de  Saint- 
Jean-Baptiste,  voisine  de  l'église  collégiale.  La  dif- 
ficulté naissait  de  ce  que  cette  chapelle  ayant  seule 
des  fonts  baptismaux  servait  réellement  d'église 
paroissiale,  et  comme  elle  était  renfermée  dans  l'en- 
ceinte du  château  ou  palais  de  l'évêque  de  Paris, 
seigneur  du  lieu,  il  fallut  décider  si  elle  appartenait 
au  chapitre  ou  à  l'évêque.  Des  arbitres  furent  nom- 
més, des  témoins  entendus  et  la  question  décidée 
en  faveur  du  chapitre.  Les  arbitres  se  fondèrent 
principalement  sur  ce  qu'un  des  déposants  déclara 
qu'il  avait  vu  l'évêque  Maurice  de  Sully  tenant  ses 
plaids  dans  cette  chapelle,  et  disant  aux  bourgeois 
du  lieu  :  «  Celte  chapelle  est  à  vous,  Messieurs,  et  je 
la  fais  couvrir  pendant  que  ce  serait  à  vous  à  le 
faire.  )  Au  reste,  cette  chapelle  de  Saint-Jean  n'exi- 
stait plus  en  1656.  L'ancienne  église  de  Saint-Cloud 
reçut  des  augmentations  successives  à  mesure  que  le 
nombre  de  ses  habitants  devenait  plus  considérable. 
En  1428,  le  chapitre  de  cette  église,  qui  avait  suc- 
cédé au  monastère,  fit  faire  aux  reliques  de  Saint- 
Cloud  une  châsse  en  cuivre  doré,  enrichie  de  pierre- 
ries et  de  deux  figures  d'argent  en  relief.  Cette 
même  année,  les  chanoines  furent  obligés,  à  cause 
des  guerres  civiles  qui  désolaient  la  France,  d'aban- 
donner leur  église  et  de  fuir  à  Paris,  avec  leurs  reli- 
ques et  la  châsse  de  Saint-Cloud,  qui  fut  mise  en 
dépôt  dans  l'église  de  Sainl-Symphorien  de  la  Cité, 
où  elle  demeura  jusqu'en  1443,  époque  où  fut  f;iite 
vine  nouvelle  procession  pour  sa  translation  dans  le 
lieu  de  Saint-Cloud.  On  conservait  dans  l'église  de 
ce  lieu  plusieurs  reliques  précieuses.  Lorsque  le 
corps  de  saint  Cloud  (ut  tiré  du  tombeau ,  on  en- 
châssa séparément  l'os  de  l'un  de  ses  bras  pour 
l'exposer  au  public  :  ce  reliquaire  fut  dérobé  peu  de 
temps  après  ;  mais  enfin  on  le  restitua  à  Pierre 
d'Orgemont,  évêque  de  Paris,  qui  enchâssa  lui-même 
la  relique  dans  un  nouveau  reliquaire  le  17  mars 
1395  :  en  reconnaissance  de  quoi,  le  chapitre  réso- 
lut de  chanter  pour  ce  prélat  et  pour  sa  (amille  une 
messe  haute  à  perpétuité.  (1  y  avait  aussi  un  os  du 
doigt  de  ce  saint,  enchâssé  dans  une  boîte  de  cristal 
soutenue  d'un  pied  de  vermeil  doré  et  garni  d'émail  : 
on  portail  cet  os  en  procession  le  premier  mer- 
credi de  chaque  mois,  et  on  faisait  ce  jour-là  la  bëné- 
diclion  de  l'eau  pour  les  malades,  dans  laquelle  on 


535  DICTIONNAIUE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  536 

plongeai)  le  doigi  du  saint.  Le  irésor  de  celle  église      de  Paris  nommaii  aux  prébendes;  il  y  en  avait  13 


renfermait  encore  une  dent  de  saint  Jean-Baplisie, 
enchâssée  entre  l  perles  et  i  rubis  dans  un  morceau 
de  cristal  de  roche,  de  forme  ovale  et  soutenu  par 
une  figure  du  même  saint.  On  peut  aussi  (  oinpier 
parmi  les  reliques  mémorables  de  Téglise  de  Sainl- 
Cloud,  le  corps  de  saint  Probas  et  plusieurs  parties 
de  celui  de  saint  Mamniés,  patron  de  la  cathédrale 
de  Langres  :  celles-ci  étaient  dans  un  reliquaire  de 
cuivre  doré,  fait  en  forme  de  ciboire;  mais  les  plus 
précieuses  et  les  plus  vénérées  étaient  deux  morceaux 
de  bois  de  la  vraie  cri  ix,  dont  l'authenticité  est  ainsi 
établie  par  l'abbé  Lebeuf,  dans  sa  Dissertation  ecclé- 
siastique et  civile  de  Paris:  «Anselme,  natif  de  Paris, 
étant  parti  pour  la  conquête  de  la  terre  sainte,  fut 
fait,  après  la  prise  de  Jérusalem,  préchantre  dans 
l'église  du  Saint-Sépulcre,  et  trouva  dans  le  trésor 
d'icelle  le  bois  de  la  vraie  croix,  sur  laquelle  Jésus- 
Christ  avait  opéré  la  rédemption  du  genre  humain. 
En  ayant  écrit  à  l'église  de  Paris,  à  son  évêque  et 
aux  chanoines,  il  offrit  de  leur  en  f  lire  pré-ent,  ce 
qui  ayant  été  accepté  avec  beaucoup  de  reconnais- 
sance, ils  lui  écrivirent  et  députèrent  pour  le  rece- 
voir; mais  craignant  de  perdre  un  trésor  aussi  pré- 
cieux, qu'il  voulait  procurer  à  sa  pntrie,  il  se  déter- 
mina à  faire  lui-même  le  voyage  pour  le  porter  dans 
l'église  de  Paris.  Il  partit  donc  à  cet  effet  chargé  du 
précieux  fardeau; mais  étant  mort  en  chemin, son  fils 
Foulques, qui  l'avait  accompagné  dans  le  voyage,  eut  la 
gloire  d'arriver  jusqu'à  Fonieiiay-sous-Louvre,  en  Pa- 
ris s,  où  il  déposa  la  relique,  et  avertit  l'évêqiie  et 
chapitre  de  Paris  de  son  arrivée.  >  A  cette  nouvelle, 
ceux-ci  parlent  aus-itôt  remplis  de  joie  et  transpor- 
tent d'abord  à  Sainl-Cloud  ce  bois  sacré  qui  leur  était 
envoyé  du  ciel  :  Il  y  reposa  trois  jours,  et  le  diman- 
che l^'  août  1109,  ou  le  transféra  à  Paris  ;  mais  en 
reconnais'iance  des  soins  donnés  à  un  aussi  précieux 
dépôt,  l'église  de  Saint-Cloud  en  obtint  deux  petits 
fragments  qui  furent  renfermés  dans  une  grande 
croix  de  cuivre  doré,  toute  couverte  de  pierreries, 
donnée  par  un  doyen  du  chapitre,  nommé  Gilles  :  elle 
était  exposée  à  la  vénération  des  fidèles  le  l^'  août, 
ainsi  que  le  vendredi  saint,  les  jours  delà  fête  de  la 
Sainte-Croix  et  lejour  deSaini-Cloud.Tous  ces  objets 
donnèrent  au  village  qui  les  possédait  une  grande 
célébrité,  et  contribuèrent  le  plus  à  ses  aceroisse- 
nienis  rapides.  — Le  chapitre  de  Saint-Cloud  avait, 
dès  le  commencement  du  xiii'  siècle,  un  doyen  et 
un  tlievecier  :  ses  béoélices  étaient  considérables  ; 
mais  les  chanoines  furent  obligés  en  différents  temps 
de  vendre  même  à  vil  prix  les  biens  qui  en  dépen- 
daient ,  et  Cfux-ci  se  trouvèrent  par  la  suite  eniière- 
ment  perdus.  Ce  chapitre,  dont  l'église  était  à  la  fois 
collégiale  et  paroissiale,  se  composait  avant  la  révo- 
lution d'un  doyen  électif,  d'un  chantre,  de  9  chanoi- 
nes, dont  l'un  était  régulier  de  Saini-Vicior,  d'un  che- 
vecier,  d'un  maître  el  de  6  enfants  de  chœur.  Les  S 
chapelainsqu'il  y  avait  eu  ci-devant  furent  réunis  à 
la  niense  vers  la  findu'iècle  dernier.  L'archevêque 


dans  le  xv  siècle,  suivant  le  poiiillé  de  ce  temps-là, 
où  le  chevecier  est  nommé  après  tous  les  bénéficiers. 
Le  nombre  des  chanoines  avait  été  diminué  en 
1590.  Le  chevecier  est  connu  depuis  le  xii«'  siècle 
presque  à  l'éjjal  du  doyen.  La  cure  du  bourg  de  Saint- 
Cloud  n'est  point  inejitionnée  dans  le  pouillé  parisien 
du  xiii«  sièc'e;  il  en  est  parlé  dans  celui  du  xv« 
conmie  appartenant  :  u  chapitre  :  elle  a  du  être  très- 
grande  originairement,  Marne  et  Garcbes  en  étant 
des  démen\brements. — On  voyait  dan*;  une  crypie 
pralii|uée  sous  l'église  de  Saint-Cloud  un  tombeau  dô 
pierre,  long  de  7  pieds,  cù  avaient  et»  renfermées 
les  reliques  de  ce  saint.  Sur  une  table  de  marbre 
noir  blouâire  qui  le  couvrait,  on  lisait  rinscriplion 
suivante  : 

Arttibus  hune  tumulum  Clodoaldus  consecratalmii, 

EJitus  ex  regum  stemmate  perspicuo. 
Qui,  vetilus  rcgni  scepirum  retinere  caduci, 

Basilicam  studuit  hanc  fabricare  D>'o  ; 
Ecclesiœque,  dédit,  matrici^  jure  tenendam, 
Vrbis  ponti/ici,  quœque  foret  Parisi. 
On  voyait  également  dans  celle  église  un  monu- 
raent  élevé  à  la  méni'iirede  Henri  III,  roi  de  Francp, 
par  Charles  Benoise,  secrétaire  du  cabinet  de  ce 
prince.  Il  était  placé  dans  une  chapelle  du  lire  de 
Saint-Michel,  au  côté  dioit  du  chœur  :  ce  monument 
consistait  en  une  colonne  torse,  en  marbre  campan 
Isabelle,  d'ordre  composite,  ornée  de  feuilles  de 
lierre,  de  palmes  et  déchiffres  entrelacés,  représen- 
tant dans  leur  milieu  un  H.  Elle  étail  haute  de  9  pieds, 
et  avait  été  exécutée,  dans  un  seul  bloc,  par  Barthé- 
lémy prieur  :  au  sommet  était  un  vase  qui  contenait 
le  cœur  du  prince.  M.  Leiioir,  directeur  du  musée 
des  Augustins,  où  ce  morceau  a  été  exposé  de  nos 
jours,  avait  remplacé  ce  vase  par  un  génie  en  mar- 
bre blanc,  aussi  de  la  main  de  Prieur,  et  l'avait 
ajusté  à  ce  monument.  —  On  lisait  dans  la  même 
chapelle,  écrits  en  lettres  d'or,  les  vers  suivants 
composés  par  le  poète  Passerai  : 

Adsta,niator,  et  dole  regum  vicem. 
Cor  régis  isto  condiium  eit  sub  tiarmore, 
Qai  jura  dédit  Gallis,  Sarmatis,  jura  dédit. 
Tectus  cucullo  hune  sustulit  sicarius. 
Abi,  viator,  et  dole  regum  vicem. 
Au-dessous,    sur   une  table  de  marbre  noir,  était 
une  inscription  en   vers  français   qui   se  trouvaient 
gravés  une  seconde  fois   sur   une  table  de  bronze 
placée  à  côté.  Voici  une  partie  de  cette  inscription  : 
Si  tu  n'as  point  le  cœur  de  marbre  composé. 
Tu  rendras  celiui-ci  de  tes  pleurs  arrosé, 
(Passant  dévotieux)  et  maudiras  ta  rage 
Dont  l'enfer  anima  le  barbare  courage 
Du  meurtrier  insensé,  qui  plongea  sans  effroi 
Son  parricide  bras  dans  le  sang  de  son  roi  ; 
Quand  ces  vers  t'apprendront  que  dans  du  plomb 
[  enclose,! 
La  cendre  deton  cteur  sout  ce  tombeau  repese.elc. 


337 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


3;  8 


Celle  épitaplie  se  tcrminaii  ainsi  : 

Si  tous  les  morls  se  trouvaient  inhumés 

Dans  les  lieux  qu'en  vivant  ils  ont  le  plus  aimés. 
Le  cœur  que  cette  tombe  en  son  giron  enserre. 
Reposerait  au  ciel  et  non  pas  sur  la  terre. 
L'église  de  Saini-Cloud  renfermail  en  oiiire  les 
entrailles  de  HenrieUe-Aiiiie  Siiiarl  el  celles  de  Phi- 
lippe de  France,  duc  d'Uiléans,  son  mari.  On  con- 
naît par  un  factuin  imprimé  en  1653,  qa'il  y  a  eu  à 
Saint  Cloud  une  chapelle  de  Saint-Laurent  et  une 
de  Sainl-Médard,  qui  furent  depuis  réunies  au  cha- 
pitre. La  chapelle  de  Saint-Laurent  éiaii  au  bout  du 
pont  vfTS  Boulogne.  Celle  de  Sainl-Médard,  qui  exis- 
tait de»  le  xv°  siècle,  subsistait  encore' à  lu  lin  du 
dernier  dans  la  rue  du  Houdé. —  Saini-Cloud  avait 
anciennement  une  léproserie  dont  l'existence  est 
connue  depuis  H89.  Un  acte  de  l'année  1274  ap- 
prend que  les  chaniiiiies  étaient  tenus  d'aller  en  pro- 
cession le  jour  des  Ranteaux  jusqu'à  la  chapelle  de 
cette  léproserie,  el  que  là  se  Taisait  une  prédication 
à  laquelle  le  chapitre  devait  pourvoir.  —  L'ancien 
Hôtel-Dieu  de  Saint-Cloud,  situé  au  bout  du  pont  du 
côié  du  bourg,  avait  une  chapelle  dédiée  sous  le  ti- 
tre de  Saint-Eusiache.  LelO  septembre  liii'i,  lecha- 
pitre  de  P.iris  coulera  cette  chapelle  in  domo  Dei  S. 
Cil  doaUti,  sede  vacante.  Le  duc  d'Orléans,  trèrj  de 
Louis  XIV,  fonda  dans  le  xvii«  siècle,  à  Siiint-Cioud, 
un  liôjiilalde  laCliarité.  Des  leilres  patentes  de  con- 
firmation, datées  du  !0  mai  lfi9-2,  accurdèrent  di- 
vers privilèges  à  cet  éiiblissement  desservi  par  des 
sœurs  gr.ses.  La  chapelle  de  cel  hôpital  a  été  cons- 
truite, en  178S,  par  .Mique,  architecte  de  mérite, 
d'ap  es  les  ordres  de  Marie-Anloineiie.  —  On  voyait 
encore  dans  ce  bourg  un  couvent  d'Urbulines,  siiné 
près  du  chàleau  :  elles  y  avaient  été  établies  en  verlu 
de  lettres  pa.enies  enreg.  le  7  janvier  1661.  —  En- 
fin Saint-Cloud  avait  une  communauté  de  la  mission 
éiahlie  par  le  même  duc  d  Orléans,  pour  la  chapelle 
de  son  château,  en  iHéS  :  le  contrat,  qui  est  daté  du 
5  août,  fut  agréé  le  14  par  l'archevêque  de  Paris,  qui 
en  régla  les  dispositions  avec  le  chapitre  les  12  juil- 
let et  26  décembre  de  la  même  année.  —  L'an- 
cienne église  de  Siint-Cluud  n'exisle  plus  :  elle  tom- 
bait en  ruine  à  la  lin  du  siècle  dernier  et  fui  démo- 
lie par  les  ordres  de  Marie-Aùioinelle,  qui  en  faisait 
élever  une  nouvelle  lorsqu'arriva  la  révolution  : 
alors  les  travaux  cessèrent,  el  l'ollice  divin  fut  conti- 
nué d'abord  dans  l'église  de  l'ancien  couvent  des  Ur- 
suliiies  qui  tombait  elle-même  de  vélu^lé,  el  ensuite 
dans  la  chapelle  de  l'hôpital.  Comme  cette  dernière 
était  trop  petite  pour  le  nombre  de»  habitants,  les 
travaux  suspendus  depuis  MarieAntoinetH  lurent 
repris  il  y  a  quelques  années;  tnais  ils  n'ont  point 
été  achevés,  quoique  la  nouvelle  église  ait  éié  con- 
sacrée  en    1820.—   L'église   de  Sainl-Clonl,   telle 


OUI  temps  appartenu  aux  évêques  et  archevêques  de 
Paris.  Sauvai  a  remarqué  que  ces  évêques  ont  long- 
temps joui  de  la  faculté  d'exiger  des  habitants  de 
Saint-Cloud  un  droit  de  taille  au  jour  de  saint  André; 
ce  qui  est  conforme  à  l'usage  où  étaient  les  seigneurs 
au  xiit«  siècle  d'imposer  un  pareil  droit  à  leurs  vas- 
saux en  les  affranchissant  :  tellepouvaii  être  l'origine 
de  l'impôt  établi  à  Saini-Cloud.  Les  habitants  de  ce 
lieu  y  furent  condamnés  expressément  sons  Charles 
VI  par  une  sentence  de  son  bailli,  confirmée  au 
mois  d'aoùl  1581  par  arrêt  du  parlement.  Le  droit 
de  chasse,  qui  apparemment  avait  été  contesté  à  l'é- 
vêque,  lui  fut  confirmé  en  1290  :  il  fut  reconnu  dans 
le  parlement  qu'il  était  en  possession  de  chasser  dans 
son  bois  de  Saint-Cloud,  aux  lapins,  lièvres,  renards, 
tessons  et  tous  autres  animaux  au  pied  fermé.  Louis 
XIV,  par  des  lettres  paienles  du  7  avril  1674,  érigea 
la  terre  de  Saint-Cloud  en  duché-pairie  en  faveur  de 
Harlay,  archevêque  de  Paris.  Ce  prince  dit  dans  ces 
lettres  que,  «  comme  il  est  nécessaire  d'attacher  le 
tilrededuché-p;iirieàquelqu'unedes  terresdépendan- 
tes  de  l'archevêché,  il  a  estimé  qu'aucune  ne  le  mérite 
davantage  que  celle  qui,  ayant  été  donnée  par  saint 
Cloud, lilsduroiClodorairel petit-fils  du  grandClovis, 
en  porte  encore  présentement  le  nom,  el  qui  est  le 
plus  ancien  monument  de  la  libéralité  des  rois  de 
France  envers  celle  église.  »  D'après  ces  termes,  il 
faudrait  croire  que  les  droits  des  évêques  de  Paris 
sur  la  terre  de  SainlChiud  remontent  à  la  donation 
faite  par  Chlodovalde.  Ou  a  observé  que  de  tous  les 
évè'iuesde  Paris  qui  ont  puse  retirer  par  délassement 
dans  leur  maison  de  Sainl-Cloud,  ur.  seul  y  est  dé- 
cé'lé,  savoir  :  Guillaume  de  Seignelay,  mort  le  23 
novembre  1223.  —  Le  village  de  Sainl-Cloud,  dis- 
tingué par  la  célébrité  de  ses  dévotions  el  le  séjour 
des  hauts  ou  riches  personnages  que  la  beauté  de  sa 
situation  engageait  à  y  éiahlir  des  résidences,  devint, 
commeon  l'a  dit,  ciinsidérable  en  peu  de  temps; 
aussi  voit-on  qu'en  1218  il  y  avait  là  un  pont  sur  la 
Seine,  supportant  de?  moulins.  Châtelain,  dans  sa 
Table  des  lieux,  en  faii  remonter  l'existence  avant 
le  \\'  siècle,  et  prétend,  sans  en  avoir  de  fondement 
assuré,  qu'on  l'appelail  Pons  \ibius  el  Saint-Cloud, 
Nuviyenlum  ad  poniem  Vibium  ;  mais  l'abbé  Lebeuf 
remarque  avec  raison  qu'il  est  vraisemblable  que 
Châlelaiii  a  pris  pour  le  pont  de  Sainl-Cloud  \e  Pont 
L'rbiensis  de  Grégoire  de  Tours.  Le  même  critique 
ajoute  (pièce  que  lui-même  en  trouve  de  plus  ancien, 
est  qu'il  y  avait  un  pont  en  cel  endroit  en  8il  ;  au 
reste,  le  pont  de  Saint-Cloud  était  si  vieux  en  1307, 
que  le  roi  avait  permis  aux  habitants  de  lever  un 
droit  pour  son  rétablissement.  L'amodiation  de  ce 
droit  pour  deux  ans  l'aile  à  Jean  de  Provins  montait  à 
560  liv.  M.ilgré  l'importance  que  ce  lieu  commen- 
çait à  prendre,  il  resta  presqu'ij;noré  dans  l'histoire 


qu'elle  est  aujourd'hui,  ne  se  compose  que  de  la  par-  jusqu'à  l'année  1358,  où  il  fut  ré  luit  en  cendres  par 

lie   de  la  nef  qui  finit  à  la  croisée.  La  façade   man-  les  .Anglais  et  par  Charles  le    Mauv.iis,  roi   de  Na- 

que  au-si  et  l'on  entre  par  le  côlé  opposé.  —  La  sei-  vnrie,  qui  s'étaient  ligués  contre  la  France.  La  ré- 

gneurie  temporelle  de  la  terre  de  Saint-Cloud  a   de  sistance  de  ses  habitants  à  se  déclarer  contre  le  ré- 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


339 

gent,  qui  fut  depuis  Cliarles  V,  dit  le  Sage,  attira  sur 
eux  la  vengeance  des  ennemis  qui  en  passèrent  un 
grand  nombre  au  (il  de  l'épée.  Le  besoin  de  défen- 
dre et  de  conserver  un  poste  aussi  important  avait 
fait  construire  sur  le  pont  une  forteresse,  qui  fut 
souvent  prise  et  reprise  par  les  Armagnacs  et  les 
Bourguignons,  deux  faclions  qui  divisaient  la  France 
aux  xiv«  et  XV'  siècles.  Le  13  octobre  Ull,  Cdllinet 
de  Pesex,  capitaine  de  celte  forli^esse,  la  livra  aux 
Armagnacs,  qui  y  tuèrent  tous  ceux  qui  s'y  éiaient 
réfugiés,  et  s'emparèrent  des  vivres  et  des  ricliesses 
qu'on  y  avait  renfermés.  Au  mois  de  novembre  de 
la  même  année,  le  duc  de  Bourgogne  partit  de  Paris, 
pendant  la  nuit,  à  la  tête  de  1.^00  hommes,  et  ar- 
riva 3  la  pointe  du  jour  devant  le  pont  de  Saint- 
Cloud.  Il  attaqua  avec  vigneur  le  pont  et  le  bourg, 
qui,  malgré  la  défense  opini.itre  des  Armagnacs, 
leur  furent  enlevés  :  600  de  ces  derniers  qui  s'y 
trouvèrent  furent  tués.  Collinet  de  Pesex,  r«douiant 
la  peine  due  à  sa  trahison,  espéra  s:inver  sa  vie  en 
se  cachant  :  on  le  découvrit  dans  le  clocher  de  l'é- 
glise de  SaintCloud,  déguisé  en  ecclésiasiique.  Con- 
duit aussitôt  à  Paris,  ce  capiiaiiie  fut  décapité  aux 
Halles,  le  12  novembre  suivant,  avec  l'habit  de  prê- 
tre dont  il  s'était  revêtu.  Ses  meu'.bres  écartelés  de- 
meurèrent exposés  en  divers  quartiers  de  la  ville. 
Le  même  duc  de  Bourgogne,  voyant  une  partie  des 
Armagnacs  réfugiée  dans  la  lour ,  environnée  de  fos- 
sés, (|ui  existait  sur  le  pont  de  Saint  Cloi.d,  fit  met- 
tre le  feu  au  pont-levis  et  plus  de  500  hommes  fu- 
rent noyés.  Ce  duc  alla  ensuite  à  Saint- Denis,  où  il 
continua  ses  dévastations.  —  Le  pont,  qui  élait  alors 
construit  partie  en  bois  et  paitie  en  pierre,  fut  as- 
sez endommagé  pour  nécessiier,  à  plusieurs  repri- 
ses, des  réparations  considérables  En  1550,  il  fut 
reconstruit  en  entier  aux  frais  du  roi  Henri  II.  — 
Saint-Cloud,  pendant  les  guerres  de  religion,  devint 
tour  à  lour  la  proie  des  deux  partis,  comme  il  l'avait 
été  dans  le  siècle  précédent  des  Armagnacs  et  des 
Bourguignons.  Cobgny  et  le  prince  de  Condé,  pour 
mieux  assurer  leurs  attaques  contre  Paris,  assiégè- 
rent Saint-Cloud  ,  le  prirent  et  y  mirent  une  forte 
garnison,  afin  d'arrêter  sur  la  Seine  les  provisions 
destinées  pour  la  eapilale.  Ce  poste  fut  bientôt  re- 
pris par  les  caiholiqucs  sur  les  proieslants.  Une 
ordonnance  de  Charles  IX,  de  1568,  porte  que  le 
pont  sera  rétabli  et  garni  d'un  pont-levis  :  plus  lard 
on  voit  les  habitants  de  Saint-Cloud  obtenir  de  Henri 
III  la  permission  de  faire  clore  leur  bourg  de  murs 
et  de  fossés.  —  On  sait  que  ce  prince,  réduit  par  les 
Guise  à  fuir  de  Paris  le  13  mai  1588,  les  fit  assas- 
siner dans  son  château  de  Blois  les  23  et  24  décem- 
bre suivant.  Cette  action  ayant  mis  le  comble  au  nié- 
conientement  presque  général,  il  se  vit  réduit  à  im- 
plorer l'assistance  de  son  ennemi.  Le  30  avril  loS9, 
il  fit  sa  réconciliâiion  avec  le  roi  de  Navarre,  depuis 
Henri  IV,  et  les  armées  des  deux  rois  réunies  mar- 
chèrent sur  Paris  vers  la  fin  de  juillet  dé  la  même 
année.  Le  roi  de  Navarre  se  logea  à  Meudon,  et  Hen- 


340 

ri  III  à  Saint-Cloud,  dans  la  maison  de  GoDdi,  si- 
tuée sur  la  hauteur.  Des  fenêtres  de  cette  maison 
Henri  III  pouvait  apercevoir  Paris  :  c'est  de  là  que, 
considérant  cette  capitale,  il  s'écria  avec  celte  féro- 
ciiésourde  qui  suit  toujours  la  faiblesse  :  0  chef  trop 
gros  du  royaume,bienlàt  lu  ne  seras  plus,  et  les  passants  de- 
manderont oiiiuas  été.  Il  méilitait  réellement  la  ruine 
de  celte  capitale  où  il  comptait  eiilrer  au  bout  de 
quel(|ues  jours  :  mais  il  devait  en  être  autrement. 
Le  lundi,  dernier  jour  de  juillet,  un  jeune  jacobin, 
nommé  Jacques  Clémeni,  excilé  parson  prieur  Edme 
Bourgoin  ei  par  la  duchesse  de  Montpensier,  sœur 
des  Guise,  partit  de  Paris  prjur  aller  à  Saint-Cloud 
assassiner  le  roi.  En  chemin,  il  rencontra  le  procu- 
reur-général La  Guesle.  Il  aborda  cet  officier  et  lui 
dit  qu'il  était  chargé  de  porter  des  lettres  écrites  au 
roi  parle  premier  présiilent  de  llarlay,  et  de  commu- 
niquer a  S.  M.  des  choses  de  la  dernière  importance 
pour  les  intérêts  d*  sa  couronne  et  de  ses  serviteurs 
qui  étaient  dans  Paris.  La  Guesle  conduisit  le  moine 
dans  son  logis  à  Saint-Cloud,  et  pensant  que  ce 
pouvait  être  un  espion  envoyé  par  les  ligueurs,  lui 
fil  de  nombreuses  questions  auxquelles  Clément 
répondit  avec  assurance.  Le  lendemain,  entre  6  et  7 
heures  du  matin,  La  Guesle  introduisit  te  jacobin 
dans  les  appartements  du  roi.  Plusieurs  circonstan- 
ces semblèrent  devoir  empêcher  le  tête  à  tête  solli- 
cité par  Clément,  lors  même  que  le  roi  parut  y 
consentir.  L:\  Guesle  pou-sa  le  soupçon  jusqu'à  dire  : 
Sire,  il  n'est  pas  beioin  que  ce  moine  s'approche  de 
V.  M.  Mais  cette  représeniation  fui  inutile,  le  roi 
ayant  f.iil  écarter  un  penses  officiers,  tendit  l'oreille 
au  jacobin  qui,  prononçant  quelques  phrases,  lira 
de  sa  m;inche  un  couieau  et  le  plongea  dans  le  ven- 
tre d'Henri  111.  Ah  !  malheureux,  que  l'avais-je  [ait 
pour  m'assassiner  ainsi  f  s'écria  ce  prince  en  se 
levant  de  sa  chaise  :  puis  retirant  le  couteau  de  sa 
blessure,  il  en  frappa  au  front  le  jacobin  qui  resiait 
immobile  et  ferme  devant  lui.  Le  roi  mourut  de  sa 
b'essure  qui  d'abord  n'avait  paspiru  mnriellc.  Jac- 
ques Clément  fut  tiré  à  quatre  chev;iux  et  ses  mem- 
hres  exposés  dans  la  place  qui  est  devant  l'église  du 
bourg.  Aussiiôl  que  les  Parisiens  apprirent  la  nour 
velle  de  cet  événement  atroce,  ils  manilcsièrenl  leur 
joie  de  mille  manières,  les  unspardes  feux  ,  d'autres 
en  ponant  le  deuil  en  vert.  —  Le  bourg  de  Saint- 
Cloud  eut  encore  à  souffrir  dans  les  guerres  entre 
Henri  IV  et  la  ligue,  et  surtout  dans  les  guerres  de 
la  fronde  où  il  fut  le  théâtre  de  plusieurs  actions 
meurtrières.  —  Dès  celle  époque  ,  l'histoire  de 
Saint-Cloud  se  lie  en  grande  part'e  à  celle  di)  châ- 
teau royal,  qui  lui  d"nna  le  degré  ^l'importance 
dont  il  a  joui  et  jouit  encore.  Ce  château  demeura 
dans  la  maison  d'Orléans  jusqu'en  1782,  où  Marie- 
Anioinelte  en  fit  l'acquisition.  Le  dernier  séjour  qu'y 
fit  celle  reine  est  de  1790.— Mais  ce  qui  assurera  en- 
core la  célébrité  de  Saint-Cloud,  c'est  la  fameuse 
joui  né'  dii  18  brumaire  an  viii.  — En  18U,  au 
moment  où  la  puissance  deNnpolé(ui,  commencée  .si 


541 

heureiisemcnl  à  Saini-Cloud,  vcn;tit  enfin  île  se 
briser  avec  fracas  sons  les  mur*  de  Paris,  le  50 
mars,  Saint-Cloud  fut  occupé  dans  la  matinée  du  51 
par  l'avanl-garde  du  général  russe,  comie  de  Lan- 
geron.  Elle  était  forte  de  6,000  hommes.  Mais  lidéles, 
cette  fois,  à  la  capilnlalion  qu'ils  avaient  signé?,  les 
troupes  ennemies  respectèrent  le  bourg  et  le  cliàieau, 
et  aucun  habitant  n'eut  à  se  plaindre  de  leur  pilhige 
ou  de  leurs  vexations.  Il  n'en  (ut  pas  de  même  en 
d8lo;  les  malheureux  habitants  du  bourg  éprouvè- 
rent de  la  part  des  Prussiens  tout  ce  que  les  Russes 
leur  avaient  épargné  l'année  précédente.  Le  2  juillet, 
les  Prussiens,  qui  avaient  passé  la  Seine  au  Pecq,  vil- 
lage situé  au  bas  de  Saint-Germain-en-Laye.se  portè- 
rent en  foule  sur  Saint-Cloud  it  s'en  emparèrent, 
après  que  les  Français,  en  se  retirant,  eurent  fait 
sauter  une  des  arches  du  pont.  Aussiiôt  commencè- 
rent et  le  pillage  et  les  vexations  de  tout  genre. 
—  Le  jour  suivant,  3  juillet,  tandis  que  les  soldats 
prussiens  répandaient  la  désolation  dans  le  bourg, 
lespléiiipotentiares  des  deux  parties  belligérantes  s'y 
assemblaient  pour  conclure  cette  conventionmilitaire 
qui  ouvrit  pour  la  seconde  fois  les  pf)ries  de  Paris 
aux  armées  coalisées.  Cette  convention,  violée  depuis 
presque  sans  opposition,  fut  signée  à  Salni-Cloud,  à 
deux  heures  après  midi,  pour  le  gouvernement  pro- 
visoire au  nom  du  peuple  français,  par  le  comte  de 
Bondi,  le  baron  Bignon  et  le  comte  général  Guille- 
minot  ;  pour  l'Angleterre,  parle  colonel  Hervey,  <t 
pour  la  Prusse  par  le  baron  Mnffling.  — On  a  vu  ce 
qu'est  actuellement  l'égli  e  de  Saint-Clnud  ft  ce 
que  l'ancienne  renfermait  de  curienx.  —  Le  cimetière 
contient  plusieurs  monuments  tumulaires  remarqua- 
bles. —  Quant  au  pont,  son  bivtoire  se  trouve  mêlée 
à  celle  du  village.  Il  suffira  d'ajouter  ici  qu'en  1810 
il  fut  réparé  en  entier.— On  racontait  jndis  aux  voya- 
geurs une  anecdote  merveilleuse  sur  la  consiruction 
de  ce  pont.  L'architecte  qui  s'en  était  cliargé  ,  dés- 
espérant, disait-on,  de  venir  à  bout  de  son  entreprise, 
le  diable  lui  apparut  et  lui  offrit  d'achever  le  poni  à 
condition  que  le  premier  objet  qui  y  passerait  devien- 
drait sa  propriété.  L'architecte  accepta  l'offre  et  s'a- 
visa d'y  faire  passer  un  chat  dont  le  diable  fut  forcé 
(le  »e  contenter.  —  La  belle  position  de  Saint-Cloud 
y  fil  bâtir  dès  son  origine  de  belles  maisons  de  cam- 
pagne. En  remontant  dans  la  lecture  de  nos  annales, 
on  trouve  que  Charles,  (ils  du  roi  Philippe-le  Bel, 
avilit  une  maison  à  Saint  Cloud,  et  c'est  là  que  Ca- 
therine, impératrice  de  Constaniinople,  fit  longtemps 
son  séjOur.  Jean,  duc  i!e  Berry  et  d'Auvergne,  avait 
aussi  dans  ce  même  lieu  un  hôtel  de  campagne.  Il  en 
lit  don,  en  1405,  à  Guillaume,  seigneur  de  Lode.  En 
Ui)7,  on  appelait  encore  ce  lieu  le  dos  de  Berri,  et 
c'étiiit  devant  ce  clos  qu'avait  été  construit,  avant 
IÔ76,  un  moulin  à  papier,  qui  fut  alors  changé  en 
moulin  à  grain.  —  Vers  l'an  142S,  il  y  avait  à  Saint- 
Cloud  un  vieil  hôtel  de  Bourbon.  Sons  Charles  VII, 
les  sieurs  de  Chauvigny  avaient  i»  Saint-Clond  un  hô- 
tel aevant  l'église.  Henri  il  avait  aussi  une  maison  à 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  3i2 


Saint-Cloud.  Il  la  fit  rebâtir  et  augmenter  en  15SG. 
— Mais  de  toutes  les  maisons  dece  bourg,  !a  (dus  célèbre 
en  celle  qui  en  1572  appartenait  à  Jérôme  de  Gondi. 
La  colline  sur  laquelle  est  bâti  Saint-Clnud ,  a  sa 
pente  tellement  abrupte  et  rnpidc  que,  dans  la  plu- 
part des  mes,  on  a  été  obligé  de  piaiiquer  des  esca- 
liers pour  pouvoir  y  marcher  avec  quelque  facilité. 
Les  maisons  en  généra!  y  sont  laides  et  mal  bâties, 
comme  dans  tous  les  lieux  qui  ont  quelque  anti- 
quité. Cependant,  un  peu  hors  ilu  bourg  et  sur  la 
gauche  en  suivant  le  cours  de  la  Seine  ,  on  voit  plu- 
sieurs maisons  de  campagne  remarquables  parleur 
construction  ,  leurs  belles  dépendances  et  leur  posi- 
tion qui  présente  le  point  de  vue  brillant  du  bois  de 
Boulogne  et  de  la  vallée  qui  s'éiend  le  long  de  la 
rivière  jusqu'à  Neuilfy.  —  Le  terroir  de  cette  com- 
mune ,  composé  tout  entier  de  collines  élevées, 
n'est ,  pour  ainsi  dire,  cultivé  qu'en  vignes.  On  n'y 
voit  que  rarement  quelques  pièces  de  terre  consa- 
crées à  la  culture  des  grains.  D'ailleurs  ce  territoire 
fort  peu  étendu  est  presque  en  totalité  occupé  par  le 
parc  du  château.  Ce  bourg  produit  une  espèce  de 
pierre  qui  est  estimée.  —  Les  principaux  d'entre  les 
hommes  célèbres  nés  à  Saint  Cloud  sont  :  Pierre  de 
Saint-Cloud,  qui  vivait  au  xiii«  sièc'e,  et  composa 
en  vers  français  le  Testament  dWlexandre  le  Grand, 

—  Guillaume  de  Siint-Cloud,  vivant  au  xiv»  siècle  , 
assez  bon  astronome  pour  ce  temps-là.  Deux  manus- 
crits de  lui  sont  conservés  à  la  bibliothèque  du  roi. 

—  Tbiliaud  Labhé,  maître  des  enfants  de  rhœnr  de 
la  collégiale  de  Saint-Cloud  ,  qui  recueillit  plusieurs 
Vies  des  Saints. — Claude  Bouchard,  chanoine  et 
curé  ,  auteur,  en  1647,  d'une  Vie  de  saint  Cloud.  — 
Nicolas  Feuillet,  prêtre  et  chanoine,  mort  en  1695. 

—  Nicolas  Gasiineau  ,  auteur  de  plusieurs  ouvrages 
de  controverse,  mort  à  Saint-Cloud  en  169C.  — Jac- 
ques Terrier,  auteur  de  plusieurs  écrits  sur  Saint- 
Cloud  ,  sa  patrie,  mort  dans  ce  bourg  en  1708.  — 
Maisonnenve,  auteur  de  la  Bibliothèque  de  campagne, 
ouvrage  en  24  volumes,  publié  en  1777.  —  Philippe- 
Joseph  d'Orléans,  premier  prince  du  sang,  né  le  15  avril 
1747,  dépuié  à  l'assemblée  constituante  et  membre 
de  la  convention  nationale.  Il  prit  le  nom  di'Egalité 
pour  se  populariser,  vota  la  mort  de  Louis  XVI  son 
parent,  et  fut  décapité  le  C  novembre  1793. 

I  Cloud  ((bateau  de  Saint-).  Les  auteurs  ne  sont 
point  d'arcord  dans  la  désignation  des  lieux  et  bâti- 
ments sur  l'emplacement  desquels  le  château  a  éié 
bâti.  Les  uns  veulent  qu'il  ait  remplacé  la  maison 
appelée  anciennement  Gondi  ,  que  Jérôme  deGondi 
avait  fait  élever  en  1572,  et  que  possédèrent  après 
lui  quatre  évêqiies  de  Paris  de  la  même  famille.  Ils 
rapportent  que  le  8  octobre  1638,  Louis  XIV  Tacheta 
pour  en  faire  cadeau  au  duc  d'Orléans,  son  frère  uni- 
que ;  selon  d'antres  écrivains,  le  château  de  Saint- 
Cloud  appartenant  au  duc  d'Orléans,  et  les  jardins, 
sont  un  terrain  qui  était  auparavant  occupé  par  trois 
maisons  pariiculières ,  dont  Monsieur,  frère  de 
Louis  XIV ,  fit  l'acquisition.  Une  dernière  version 


)iû  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


344 


dit  que  ce  cliàleaii  et  son  parc  reiifermcnl  à  la  fois 
ces  quatre  propriétés,  savoir  :  1°  la  maison  apparte- 
nant à  la  famille  de  Gondi,  he.iu  logis,  avec  nn  jar- 
din d'une  très  grande  étendue,  embelli,  suivant  le 
continuateur  de  du  Breul,de  belles  grottes  et  de  fon- 
taines, dont  les  eaux  faisaient  jouer  quelques  instru- 
ments, et  de  plusieurs  statues  de  marbre  et  de 
pierre.  C'est  dans  celle  maison  qu'en  157-2  fut  conçu 
et  arrêté  le  nias.-acre  de  la  Saim-Barihélerny  ; 
c'est  aussi  dans  ta  même  maison  que  fut  commis  , 
sur  la  personne  d'Henri  111,  l'assiissinai  dont  on 
a  lu  les  dérails  plus  baut;  2»  l'hôtel  d'Aulnal  qui  était 
situé  au  bout  du  village  de  Sainl-Cloud,  ei  que  Cathe- 
rine de  Médicis  acheta  de  Jean  Rouville.  Elle  le  donna 
l'année  suivante  à  Jérôme  de  Gondi ,  son  écuyer. 
En  1618,  il  passa  au  sieur  Sancerre,  argeiilier  du 
roi;  en  1625,  Jean-François  de  Gondi,  frère  du  car- 
dinal et  évêque  de  Paris,  acheta  ce  même  hôiel  : 
ses  héritiers  le  revendirent  en  I6"5  au  sieur  Her- 
v;Hd  iniendmt  des  finances  de  France,  qui  le  ven- 
dit le  25  octobre  16.N8,  à  Monsieur,  frère  de 
Louis  XIV,  moyennant  241,000  livres,  quoiqu'il 
n'eût  coulé,  en  1577,  à  Catherine  de  Médicis  que 
4,157  livres  avec  15  arpents  de  terre  comigus,  au 
lieu  que  lors  de  la  vente  f.iite  à  Monsieur,  il  en  con- 
tenait 24.  Cet  hôiel  est  aciuellement  le  centre  et  le 
noyau  du  château  de  Saini-Cloiid.  Comme  cet  hôiel 
avait  été  possédé  par  François  de  Gondi,  premier 
archevêque  de  Paris,  les  auteurs  ont  pu,  à  cause  de 
cela,  attribuer  par  erreur  l'origine  du  château  à  la 
maison  dont  il  vient  d'être  parlé,  ei  qui  appartenait 
aux  Gondi;  0°  une  maison  possédée  par  le  célèbre 
Fouquet,  surintendant  des  finanres;  4°  et  enfin, 
une  autre  maison  appartenant  à  un  nommé  Moneroi. 
Les  du  Tillet,  grclliers  du  parlement,  avaient  à  côté 
de  cette  dernière  une  maison  qui  a  donné  son  nom 
à  une  allée  du  parc  appelée  rnlléc  duTillei.  Sur  les 
ruines  de  ces  dinférents  édifices  s'éleva  le  château 
de  Sainl-Cloud.  L'acquisition  en  fut  faite  par 
Louis  XIV  pour  son  frère  d'une  manière  singulière, 
si  l'on  s'en  rapporte  à  l'anecdole  qui  a  été  recueillie 
à  ce  sujet.  <  Le  cardinal  Mazarin  ayant  eu  envie  d'a- 
cheter une  maison  de  plaisance  p  ur  Monsieur,  jeta 
les  yeux  sur  celle  d'un  gros  partisan,  située  à 
Saint-Cloud,  qui  était  d'une  étendue  immense  et 
d'une  grande  beauié;  aussi  revenait-elle  à  près  d'un 
million  à  son  possesseur,  i  Le  cardinal  s'y  rendit 
comme  simple  visiteur,  et  conversant  avec  le  pro- 
priétaire. I  Cela  doit  vous  coilter,  lui  dit -il, 
1,200,000  livres  pour  le  moins?  i  Le  pailisan,  qui 
craignait  qu'on  ne  blàmàt  la  source  de  parei  les 
richesses,  se  garda  de  convenir  d'une  valeur  si  con- 
sidérable, et  se  défendait  d'y  avoir  employé  cette 
somme.  >  Je  parierais  au  moins  pour  200,000  écusî 
dit  le  cardinal.  >  Le  financier  s'en  défendit  encore  ; 
enfin,  il  convint  que  cela  lui  mutait  300,000  livres. 
Le  lendemain,  il  reçut  celte  somme  et  une  lettre  de 
Mazarin,  qui  lui  faisait  savoir  que  le  roi  désirait 
avoir  cette  maison  pour  Monsieur.  Le  messager  était 


lin  notaire  qui  apportait  en  même  temps  un  contrat 
de  vente  tout  dressé  que  le  partisan  fut  obligé  de 
signer.  >  Ainsi,  dit  l'auteur  du  Dict.  d'Anccd.,  par 
la  fineste  du  cardinal ,  le  roi  eut  pour  U.0,000  écus 
ce  qui  coûtait  près  de  1,O!jO,O0O  liv.  au  financier 
qui  fit,  sans  y  penser,  la  restitution  d'une  partie  de 
ce  qu'il  av;.it  volé  à  Sa  Majesté.  — Quelle  que  soit 
d'ailleurs  la  manière  dont  cette  acquisiiicm  fut  faite, 
la  construction  du  nouvel  édifice  ayant  été  confiée  au 
fameux  Lep.mtre,  arcliiiecie  particulier  du  duc  d'Or- 
léans, à  Girard  et  à  Jules  Hardoiiin  Mansaii,  archi- 
tectes du  roi,  ces  artistes  habiles  réussirent  à  former 
un  tout  régulier  des  différents  bâtiments  déjà  cons- 
truits. Le  dessin  du  parc  et  des  jardins  fut  confié  à 
Le  Nôtre,  et  ce  coteau  sec  et  aride  devint  bientôt 
sous  ses  mains  un  lieu  enchanté.  C'est  là  plus  que 
partout  ailleurs  peut-être  que  ce  grand  homme  a 
montré  toute  la  puissance  de  son  génie.  H  vengea 
surtout  la  France  des  railleries  des  Italiens,  en 
créant  ce  chef-d'œuvre  des  cascades,  modèle  de  l'art 
en  ce  genre,  et  qui  surpassa  en  be:itité,  en  force  et 
en  élégance  les  cascades  les  plus  vantées  de  l'Italie. 
—  On  a  dit  que  cette  superbe  résidence  appartint  à 
la  maison  d'Orléans  jusqu'en  17S2.  Les  ducs  de  ce 
nom  y  firent  successivement  des  embellissements 
numbreux,  et  y  avaient  rassemblé  une  magnifique 
galerie  de  tableaux.  Lorsqu'à  l'époque  qui  vient  d'ê- 
tre indiquée,  Marie-Antoinette  en  fil  l'acquisition, 
celte  reine  changea  la  dispositi  m  de  plusieurs  par- 
ties de  son  château  de  Saint-Cloud,  et  l'aiigmenla  de 
nouveaux  bâtiments.  —  Bonaparte,  devenu  empe- 
reur, sous  le  nom  de  Napoléon,  eut  toujours  une 
prédilection  marquée  (lonr  le  château  de  Saint  Cloiid, 
qui  avait  été  le  théâtre  de  sa  première  élévation; 
il  fut  même  un  temps  où  il  y  résidait  plus  souvent 
qu'à  Paris,  et  le  cabinet  français  s'appelaii  .Tlors  le 
cabinet  de  Saini-Cloud,  comme  avant  il  s'était  appelé 
lecabinetdi'  V(>rsai7/i>s,etCimimedepuis  il  s'est  nommé 
le  cabinet  des  Tuileries.  Des  travaux  immenses  furent 
entrepris  cl  achevés  par  Napoléon,  pour  lendre  le 
château  de  Saint-Cloud  digne  de  recevoir  la  cour 
la  plus  fastueuse  et  sans  doute  la  plus  brillante  de 
l'Europe.  Le  château  de  Saint  Clond  est  situé  à 
gauche  du  pont  en  entrant  dans  le  bourg,  et  sur 
le  penchant  méridional  de  la  colline  sur  laquelle 
le  bourg  est  assis.  Dans  celle  position  il  est  dominé 
par  la  colline  de  trois  côtés,  et  n'a  par  conséquent 
de  vue  qu'à  l'est  ;  mais  de  ce  côté-là  les  regards  se 
promènent  sans  obstacle  dans  un  espace  immense 
au-dessiis  de  Paris  et  des  campagnes  voisines.  La 
chapelle  a  15  met.  60  centim.  (48  pieds)  de  long,  sur 
8  mètres  45  centim.  (26  pieds)  de  large,  et  peut 
contenir  150  personnes.  Son  .•iicliilecture  esi  d'ordre 
ionique,  à  pilastres,  supportés  par  un  soubassement 
d'ordre  doiiqiie,  dont  la  panie  qui  fail  face  à  l'atilel 
est  en  saillie,  et  foinie  une  tribune  soutenue  par 
deux  colonnes.  Entre  les  pilastres  se  Ironvoni  des 
arades  :  celles  du  liaul  sont  décorées  de  balcons  en 
saillie  avec  balusires,  et  percées  de  8  poiies-croi- 


3iri 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOTEN  AGE. 


346 


sées  qui  donnent  à  droiie  sur  le  parc  et  à  gauche  sur 
la  galerie.  Dans  la  tribune,  l'arcade  du  milieu  est 
percée  d'une  porte  donnant  dans  le  salon  de  Diane. 
Les  archivoltes  des  arcades  du  haut  sont  ornées  de 
groupes  d'anges  sculptés  par  Deschamps.  Au-dessus 
du  dernier  ordre  d'arcbiteciure,  le  plafond  en  vous- 
sure est  peint  en  grisaille  par  Sauvage;  il  représente 
un  ciel  encadré  de  12  compariimenis  distribués  au- 
dessus  di-s  pilastres. — Le  pire  du  château  de  Saint- 
Cloud,  qui  d'abord  n'était  point  destiné  à  être  con- 
tinuellement ouvert  aux  curieux,  devint  une  prome- 
nade irès-fréquentée  dès  le  temps  du  régeni ,  et  les 
princes  de  la  maison  d'Orléans  en  avaient  constani- 
nient  laissé  la  jouissance  entière  au  public.  Ce  parc 
et  le  bois  qui  en  dépend,  ont  environ  18  kil.  (  4  1.) 
d'étendue.  Marie-Antoinette,  sans  déroger  complè- 
tement à  un  usage  depuis  si  longtemps  établi,  ré- 
serva cependant  à  ses  plaisirs  particuliers  touie  la 
partie  qui  entoure  le  chàleau,  et  la  fit  enclore  de  pa- 
lissades. Napoléon  conserva  cette  disposition,  et  fli 
même  répurer  et  mettre  à  neuf  ces  pali>sades.  Cette 
enceinte  réservée  et  eniourée  en  entier  par  le  rcsie 
du  parc  prit  Je  nom  de  petit  parc  ou  parc  particu- 
lier, et  le  reste  fut  appelé  le  grand  parc.  Celte  divi- 
sion nécessite  un  double  examen.  Le  petit  parc  com- 
mence aux  appariements  mêmes  du  château,  et  s'é- 
tend à  gauche  jusqu'au  sommet  de  la  colline  :  mais 
à  droite  il  n'occupe  guère  au-dessous  du  château 
qu'une  espèce  de  vallée,  où  sont  réunis  tous  les  en- 
jolivements possibles  :  on  y  voit  des  jardin^  ei  des 
parterres  ornés  de  bosquets,  de  gazons,  de  bassins, 
etc.,  et  surtout  de  nombreuses  statues,  dont  quel- 
ques-une^  soni  des  chefs-d'œuvre.  Le  grand  parc  s'é- 
tend depuis  h  Seine,  dont  il  n'est  séparé  que  par  la 
roule  de  Sèvres  à  Saini-Cloud,  jusque  ei  par  delà  le 
sommet  de  la  colline.  On  y  entre  par  deui  belles 
grilles  en  fer,  dont  l'une  construite  en  1810  donne 
sur  la  place,  et  l'autre  sur  la  grande  avenue  du  châ- 
teau. A  la  suite  de  la  première  de  ces  grilles  est  l'al- 
lée doub'e,  appelée  la  grande  avenue  ;  elle  aboutit  à 
une  espèce  d'esplanade,  que  l'on  nomme  \'Etoile. 
C'est  dans  celte  partie  (|ue  se  tient  la  foire.  La  par- 
lie  du  pare  qui  conimrnce  en  cet  endroit,  et  s'étend 
jusqu'à  Sèvres,  est  coupé»;  de  grandes  et  belles  allées 
plantées  eu  ormes,  d'une  grosseur  et  d'une  élévation 
monstrueuses.  Ce  qu'offre  ce  parc  de  plus  remar- 
quable, c'est  la  cascade  et  ses  jets  d'eau  ;  la  plus 
grande  partie  des  eaux  qui  ser\ent  à  leur  entretien, 
vieni  des  étangs  de  la  Marche,  et  se  rend  dan;  le 
bassin  de  la  Grande  Gerbe,  qui  fournil  tous  les  bas- 
sins et  réservoirs  du  parc.  C'est  du  château  de  Saint- 
Cloud  i|ue  partit,  en  1830,  le  roi  Charles  \,  pour 
quitter  la  France  qu'il  ne  devait  plus  revoir.  C'est 


et-Oise,  à  7  kil.  de  Versailles,  10  de  Palaiseau,  et 
24  de  Paris.  On  s'y  rend  par  les  chemins  tle  fer  de 
Versailles.  Sa  pop.,  considérableiuent  diminuée  de- 
puis les  gueires  de  religion,  n'était  que  de  200  bab. 
env.  au  milieu  du  dernier  siècle.  Le  dénombrement 
du  royaume,  fait  en  1745,  ne  la  porte  même  qu'à 
1.50  bab.,  en  révaluant  sur  45  feux.  Elle  est  aujour- 
d'hui de  COO  hab.,  en  y  comprenant  plusieurs  mai- 
sons écartées  et  l'ancieime  paroisse  de  la  Trinité. 
Cbâieaufort  était  anciennement  un  de  ces  gros 
bourgs  (lui  se  formaient  autour  des  forteresses  bàiies 
par  les  seigneurs  féodaux,  pour  s'en  faire  un  asile 
contre  l'antorilé  royale,  l'invasion  de  leurs  voisins 
ou  la  rébellion  «le  leurs  propies  vassaux.  Le  coteau 
sur  lequel  était  élevé  le  château  qui  a  donné  son 
nom  au  village  .ictuel,  offrait  une  position  admirable 
pour  ces  sortes  de  constructions.  Il  dominait  presque 
perpendiculairement  sur  une  gorge  ou  vallée  dans 
laiiiielle  coule  le  petit  ruisseau  de  Poit-Hoyal,  qui 
se  jette  dans  rivetie,  auprès  de  Gif.  Les  bords  de  ce 
coteau  sont  escarpés,  cl  l'accès  en  est  liès-d  Ilicile. 
La  confiance  qu'eurent  les  gens  de  la  campagne  dans 
la  protection  du  seigneur  de  ce  lieu,  lit  qu'ils  vinrent 
s'y  réfugier,  et  que  le  bourg  qui  s'y  forma  ressembla 
à  une  petite  ville,  ils  y  étaient  défendus  des  incur- 
sions des  ennemis,  non-seulement  par  le  château, 
mais  aussi  par  une  clôture  de  murs  et  de  fossés,  el 
trois  grosses  leurs  placées  eu  différents  endroits  du 
boorg.  L'une  de  ces  tours  a  été  depuis  eniiérement 
détruite;  les  deux  antres  existent  encore  piesque 
entières,  qnoiqu'à  plusieurs  reprise-  on  ail  lait  jouer 
la  mine  pour  les  abattre.  Ces  deux  énormes  masses, 
qui  semblent  indesiruclibles,  sont  un  témoignage 
permanent  de  l'esclavage  où  le  peuple  était  alors 
réduit,  et  qui  permettait  de  n'épargner  ni  les  bras 
ni  les  matériaux.  Ce  lieu  devint  si  considérable, 
qu'il  fut  choisi  vers  le  xi»  ou  xit'  siècle,  pour  le 
chef-lieu  d'une  contrée  tout  entière  du  diocèse  de 
Paris.  C'était  le  plus  étendu  des  6  doyennés  ruraux 
de  ce  diocèse  :  il  commençait  à  l'extréinité  de  la  ban- 
lieue, au  midi  de  Paris,  sur  le  grand  chemin  d'Or- 
léans, et  comprenait  tout  l'espace  vers  la  droite,  le 
long  du  rivage  de  la  Stine,  jusqu'à  Mauchamp  inclu- 
siveinenl,  à  8  ou  12  kil.  en  deçà  d'Ëtanipes,  el  au 
delà  de  St-Germain-en-Laye.  Châleauforl  était  aussi 
le  siège  d'une  cliàtelienie  el  d'une  prévoie.  Il  y  avait 
une  léproserie  (|ui,  dès  le  xiii°  siècle,  était  une  des 
plus  fré'pientées  et  des  mieux  dotées  du  diocèse  de 
Paris.  La  popul.  très-nombreuse  de  ce  lieu  y  avait 
nécessité  l'établissement  de  deux  paroisses  :  l'une, 
sous  l'invoc  tion  de  la  sainte  Triniié,  était  des- 
tinée pour  le  bourg  proprement  dit,  et  l'antre,  pour 
les  nianant»  établis  hors  des  murs  et  du  côié  de  la 


également  de  Saini-Cloud  qu'est  parti ,  en  1848,  le      campagne,  était  sous  le  litre  de  St-Chrisiophe.  Cette 


roi  Lonis-Plidippe  avec  sa  famille     pour  sortir  de 
France. 

Catirum  Forte,  Cbâieaufort,  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Paris,  actuellement  de  celui  de  Versailles, 
arroiid.  de  celle  ville,  canton  de  Palaiseau,  Seine- 


église  du  bourg  et  le  bourg  lui-même  sont  mainte- 
nant détruits.  On  en  voit  les  ruines  éparses  autour 
de  celles  du  château  qui  dominait  sur  elles.  On  re- 
marque encore  quelques  vestiges  de  rues  et  de 
places  et  nue  espèce  de  coniiguiié  dans  les  maisons. 


347  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


UH 


Une  rue  du  village,  qui  porte  le  nom  de  ta  Monnn'c, 
semble  indiquer  que  j:idis  on  baiiait  monnaie  à  Clià- 
(eauforl,  qui,  d'après  mut  ce  qu'il  en  reste,  devait 
être  considérable.  La  seconde  égliso,  qui  était  jadis 
la  plus  pelile  et  la  plus  pauvre,  subsiste  aujouid'liui 
ei  suMit  à  la  popul.  actuelle  du  village.  Dans  un  car- 
lulaire  de  Cliâieaufirl,  on  lit  que  celle  église,  étant 
construite  en  bois,  comme  l'étaient  autrefois  la  plu- 
part des  étilises  de  France,  le  roi  Philippe,  en  l'an 
10t)8,  permit  à  un  chevalier,  nommé  Aimerie,  de  la 
faire  reconstruire  en  pierre.  Elle  est  située  sur  la 
pente  de  la  montagne,  à  mi-côle,  et  si  éloignée  des 
babitations,  que  celles-ci  ne  p.iraissent  pas  lui  ap- 
partenir. Cette  é;lisc  était  jadis  un  prieuré  de  l'ordre 
de  Saint-Benoît.  Ce  prieuré  fut  fondé  vers  le  milieu 
du  XI»  siècle.  Les  plus  anciens  seigneurs  de  Clià- 
teautort  que  l'on  connaisse  vivaient  dinis  le  xi*  siè- 
cle. Ou  trouve  dans  les  anciennes  chroniques,  à  la 
date  de  l'année  1112,  que  l'un  des  seigneurs  de  ce 
lieu,  Hugues  de  Montlbéry,  nommé  aussi  de  Crécy, 
grand  sénéchal  de  France,  fit  enfermer  au  château 
et  étrangla  de  ses  propies  mains  Milon  de  Montlbéry, 
son  seigneur  et  son  cousin,  fil?  de  cr  Milon  le  Grand, 
si  célèbre  dans  l'histoire  de  ce  temps-là.  Hugues, 
après  avoir  commis  ce  crime,  qui  le  rendait  maître 
des  biens  de  son  cousin,  fit  de  vains  efforts  pour 
n'en  point  paraître  l'auteur;  et,  se  voyant  poursuivi 
par  l'animadversinn  générale,  il  prit  ie  parti  de  se 
renfermer  dans  un  cloître  en  1118.  Ce  méchant 
homme,  même  avant  son  crime,  portait  un  nom  fort 
extraordinaire  :  comme  il  était  tiés-niaigre  et  pres- 
que entièrement  décharné,  on  l'appelait  Hugues  le 
Cadavre.  —  Quebiues  années  après,  Louis  le  Gros, 
qui  avait  pleuré  sur  la  mort  de  Milon,  un  des  hommes 
les  pins  honorés  à  sa  cour,  confisqua  la  terre  de  Chà- 
teaufort  sur  Hugues.  Louis  XI  la  donna  en  échange 
d'autres  terres  à  Louis  de  Brabant,  en  1480.  En 
1529,  François  l"  en  fit  présent  à  Jean  de  la  Barre, 
prévôt  de  Paris.  Elle  passa  depuis  dans  la  maison  de 
Guise,  en  1616;  puis  enfin  dans  celle  de  Charles 
d'Escoubleau,  marquis  de  Sourdis,  à  qui  la  jouis- 
sance en  fut  attribuée  par  un  arrêt  du  9  février  1663, 
à  la  charge  que  la  justice  y  serait  rendue  par  des 
officiers  pourvus  par  le  roi ,  sur  la  nomination  de  ce 
seigneur,  conformément  à  un  arrêt  du  27  juin  1630. 
—  Ce  lieu  a  donné  nais^ince  à  plusieurs  hommes 
illustres,  entre  autres  5  Jean  de  Chàieaufort ,  abbé 
de  Livry,  en  128);  à  Guillaume  de  Châleanfort  , 
recteur  de  l'iniiversité  de  Paris,  en  1449,  et  eneuite 
docteur  de  la  maison  de  Navarre.  Il  était  grand  maî- 
tre du  même  collège  en  1439,  et  fit  de  graves  re- 
niontranres  au  roi  Charles  VII  sur  les  abus  introduits 
dans  les  collèges.  Eusèbe  lîeiiaudot,  littérateur  et 
orientaliste  distingué  du  siècle  de  Louis  XIV,  a  été 
prieur  de  Châteaufort.  —  Parmi  les  maisons  éparses 
«jui  composent  maintenant  ce  village,  on  distingue  le 
château  d'Ors,  que  Lebeuf  nomme  d'Orfe,etqui 
porte  ,  sur  quelques  anciennes  cartes,  le  nom  d'Orsé 
ou   Orcé.   On  remarque  aussi  la  maison  dite  la  Ge- 


MM/e  ,  appartenant  au  chevalier  de  Giitourt,  celle 
dite  le  Gavois  et  la  maison  de  la  Peniiclic.  —  Le 
territoire  de  celte  commune  n'a  point  de  vignes  , 
quoique  ses  coteaux  soient  très-propres  à  leur  cul- 
ture. On  n'y  voit  que  des  terres  labourables  ,  des 
prairies  et  des  bois.  Il  y  a  deux  moulins  que  fait 
tourner  la  petite  rivière  qui  arrose  ses  prairies.  — 
Il  se  lient  à  Châteaufort  une  fcdre  chaque  année  , 
irès-frèqutntèe  i  our  la  vente  de  la  filasse  et  des 
porcs  gras.  Elle  a  lieu,  comme  anciennement,  le  28 
octobre,  et  dure  un  jour.  Il  y  avait  autrefois  un  mar- 
clié  tous  les  huit  jours.  Ce  lieu  ,  peu  propre  à  être  le 
centre  d'aucun  commerce,  ne  doit  celui  qui  s'y  fait 
encore  qu'à  un  reste  de  son  ancienne  influence. 

CoitrumNanloms,  Chàieau-Landon,  paroisse  de  l'an- 
cii"n  diocèse  de  Sens,  maintenant  de  celui  de  Meauit, 
chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Fnnlainebleau, 
Seine-et-Marne,  sur  une  colline  au  bas  de  laquelle 
passe  le  ruisseau  de  Suzain  on  Fnsin,àl2  kil.de  Ne- 
mours ,  40  sud  de  Melun,  76  sud-ouest  de  Paris. 
Il  y  a  un  bureau  de  poste.  Ce  bourg,  qui  est  fort 
ancien,  était  autrefois  considéré  comme  ville.  Sa  po- 
pulation ne  s'élevait,  an  milieu  du  siècle  dernier  , 
qu'à  1500  hab.;  elle  est  aujourd'hui  de  plus  de  2000. 
Son  nom  latin  est  Castrum  Nnnlonis  ;  l'histoire  des 
consuls  d'Anjou ,  de?  le  ii'  siècle,  lui  donne  celui  de 
Casirum  Latidonis;  quelques  auteurs  l'appellent  Cat- 
JrumLflnrfoHi'iise;  d'antres,  Casirum  Nandonis;  d'au- 
tres, Castrum  Landonum.  On  pourrait  aussi,  avec  le 
plus  grand  nombre  des  commentateurs  ou  historens, 
dire  qne  Château-Landon  s'est  appelé  ViUaunodu- 
ywm,  en  adinetiani  son  identité  avec  Villaunodunum 
dont  parle  César  au  liv.  vu  de  ses  Commentaires, 
mais  celte  opinion  est  contestée.  —  Chàleau-Laudon 
ciait  autrefois  le  siège  d'une  prévôté  ressortissant  au 
bailliage  de  Nemnurs.  Outre  deux  églises,  dont  l'une 
paroissiale,  sous  l'invocaiion  de  saint  Tugal,  et  l'au- 
tre dédiée  à  N.-D.,  il  y  avait  une  abbaye  de  Tor- 
dre de  St-Augusiin,congrég.  de  Sie-Getieviève,  dont 
l'église  était  dédiée  à  saint  Severin,  qui  choisit  ce 
lien  pour  sa  retraite  sous  le  règne  de  Clovis,  et  y 
mourut.  Cette  abbuye,  fondée  dans  le  \i'  siècle  par 
Childebert,  fils  de  Clovis  ,  était  en  commende  et  va- 
lait 2,0 .0  liv.  à  son  prélat ,  qui  payait  600  flor.  à  la 
cour  de  Rome  pour  ses  bulles.  II  y  avait  aussi  un  hô- 
pital.—  Si  Villaunodunum,  dont  parle  César  dans 
ses  Commentaires,  est  le  même  que  Château-Lan- 
don, comme  l'ont  pensé  presque  tons  les  auteurs,  on 
doit  noter  que  ce  conquérant  en  fit  le  siège  et  l'em- 
porta en  trois  jours,  lors  de  la  guerre  queVercingen- 
torix  soutint  contre  lui.  En  878,  sous  le  règne  de 
Louis  le  Bègue,  se  passa,  au  même  lieu,  le  duel  d'In- 
gi'lger,  comte  d'Anjou,  contre  Contran,  l'un  des 
plus  redoul.-ibles  guerriers  de  son  temps.  Ce  dernier 
accusait  de  meurtre  sa  propre  parente,  veuve  d'In- 
gelger  ,  comte  deGàtinais,que  l'on  avait  trouvé  mort 
dans  son  lit  auprès  de  sa  femme.  Ingelger,  filleul  de 
la  comtesse, vint  offrir  son  secours  à  sa  marraine,  et 
la  justifia,  en  restant  vainqueur  de  Contran  ,  à  qui  il 


Si.) 


fttalavie.  Il  recul  d'elle  en  récompense  la  seigneu- 
rie de  Cliàleau-Landon.avec  ses  dépendances  et  lous 
les  fiefs  qui  en  relevaient. Hugues  du  Puisel, vicomte 
de  Chartres,  après  nvoir  résisté  à  Louis-le-Gros 
pendant  trois  ans,  fut  pris  et  envoyé  à  Cliàteaii-Lan  . 
doD  ,  où  il  resta  prisonnier.  —  Le  territoire  de  ce 
liourg  est  très-abondant  en  grains  et  ei  vins,  et  ses 
environs  sont  remplis  de  lioisetile  prairies  agréables. 
Il  s'y  trouve  plusieurs  fabriques  de  blanc  d'Espagne. 
On  y  exploite  de  riches  carrières  de  pierres  dures 
qui  se  polissent  comme  le  mirbre,  et  que  l'on  trans- 
porte par  le  canal  de  Loing  :  l'arc  de  triomphe  de 
l'Etoile  à  Paris  est  bail  en  pierres  de  (^hâteau-Lan- 
don. 

Casirum  Povcianum,  Châieau-Porcien  ,  petite  ville 
du  diocèse  de  Reims,  chel-lieu  de  canton  de  l'arrondis- 
sement deRhétel,  Ardennes,  àlOkil. ouest  de  Rhéii.l, 
38 de  Mézières,  et  184  de  Paris.  Long.  21°  38,  lai. 
40°  5S.Popul.2600  habiiants.  Celle  du  canloii  esi  de 
9145.  Cette  ville  est  située  sur  la  rive  droite  de 
l'Aisne,  qui  forme  en  cet  endroit  une  île  dans  la- 
quelle est  une  partie  de  la  ville,  dominée  par  un 
châlcau  bâti  sur  un  rocher. —  Cette  ville  n'éiait 
autrefois  qu'une  simple  seigneurie  mouvante  du  con:- 
lé  de  Sainle-.Ménehould.  Elle  passa  dans  la  naisOM 
des  comtes  de  Champagne  par  un  éclinige  fait,  in 
1265 ,  entre  Thibault,  roi  de  Navarre,  comte  de 
Champagne  ,  et  Raoul  de  Chàleau-Porcien.  .leanne, 
reine  de  Navarre,  l'apporta  depuis  au  roi  Philippe 
le  Bel,  comme  dépendance  de  son  comté  de  Cliaiii- 
pagne.  Ce  prince  en  fit  échange,  en  1303,  avec  Gau- 
thier de  Chùtillon,  cnnuélahle  de  France,  et  l'érigé  i 
pour  lui  en  comté.  Chàleau-Porcien  demeura  à  la 
maiscio  de  Chàiillon  jusqu'à  l'année  13li5,  époque  à 
laquelle  il  fut  vendu  à  Louis  de  France,  duc  d'Or- 
léans, par  Jean  de  Cliàtillon.  Charles,  duc  d'Orléans 
fils  de  Louis,  ayant  éié  prjs  à  la  bataille  d'Azincourt, 
te  revendit  à  Antoine  de  Crouy,  sieur  de  Renty, 
pour  payer  sa  rançon,  en  1439.  Le  4  juin  15GI, 
Charles  VU  érigea  Château-Porcien  en  principauté,  en 
faveur  d'un  Charles  de  Çrouy,  comte  de  Seniguen, 
et  y  unit  plusieurs  terres.  Celte  principauté  passa 
de  cette  maison  à  celle  de  GunzagueenieOS,  et  le  duc 
de  Mazarin  l'acquit  en  1608.  Le  château  ei  son  do- 
maine appartenaient  en  dernier  lieu  à  la  branche 
cadette  de  Richelieu.  — Chàteau-Porcien  a  soutenu 
quatre  sièges  à  des  époques  liès-rapprocliées.  I..cs 
Espagnols  1%  conquirent  en  1630  :  elle  fut  reprise  la 
même  année  par  les  Français,  puis  une  seconde  fois 
par  les  Espagnols,  en  1652,  et  enfin  les  Français  la 
repijrent  en  16o5.  —  Celte  ville  a  des  fabriques  de 
serges,  casimirs,  étamines;  des  tanneries,  des  fila- 
tures de  coton,  des  moulins  à  huile.  Son  principal 
commerce  est  en  ardoises;  elle  exporte  aussi  des 
draps,  produit  de  ses  fabriques,  des  laines,  du  fer, 
etc.  :  ce  Gftmmecci!  est  favorisé  par  les  e  un  de 
l'Aisne,  qui  conxmçnce  à  être  navigable  à  Chàieau- 
l'orcjen. 
Cisirum  Begnaldi ,  Château-Renard,  ou  Regnard, 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  350 

petite  ville  di-  l'ancien  diocèse  de  Sens,   maintenant 


de  celui  d'Orléans,  chef-lieu  de  canton  dn  l'arrond. 
de  Moiilargis,  Loirei,  sur  la  rive  droite  de  l'Ouanne, 
à  1.5  kil.  esl-suil-esi  de  Moniargis,  6i  d'Orléans,  et 
124  de  Paris.  Popul.  2.i00  habitants.  Celle  du  can- 
ton est  de  9860.  —  Cette  ville,  ancien  domaine  de  la 
couronne,  qui  avait  été  engagé,  lut  détruite  dans  le 
xii*^  siècle  par  Louis  le  Gros.  Elle  a|iparleiiait  alors 
aux  seigneurs  de  Courtenay,  et  passa  dans  la  mai- 
son de  Sully,  par  le  mariage  de  Péronnelle,  sœur 
cadette  d'Isabeau  de  Courtenay.  Au  milieu  du  xvi« 
siècle,  l'amiral  de  Coligny  l'acheta  des  L;t  Tiéinoil- 
le,  héritiers  de  la  maison  de  Sully  :  après  la  mort  de 
l'amiral,  elle  entra  dans  la  maison  de  Nassau-Oran- 
ge. Comme  elle  était  devenue  un  des  remparts  des 
calvinistes,  pendant  les  guerres  de  religion,  Louis 
XIII  fit  démolir,  en  1627,  son  châirau  et  ses  forti- 
fications. —  Cliàteau-Renard  était  le  siège  d'une 
cliâtellenie,  qui  ressortissait  au  présidial  de  Mon- 
iargis :  c'est  aujourd'hui  le  siège  d'une  justice  de 
paix.  — Il  y  a,  dans  celte  ville,  plu-ieurs  fabriques 
de  drap  propre  à  rhabilleiuent  d'  s  troupes.  Il  s'y  fait 
un  commerce  de  grosses  loiles,  que  l'un  tire  des 
environ^  de  Moniargis,  de  Cône  et  deSaint-Fargeau. 
Autrefois ,  les  Allemands  venaient  acheter  des 
safraiis  du  côté  de  Bois-Commun  :  ce  commerce, 
quoique  diminué,  est  encore  assez  considérable. 

CasdMmT/ieodemerense.ChâteauBeuf-en-Thimerais, 
petite  ville  du  diocèse  de  Chartres,  chef-lieu  de 
canton  de  l'arrond.  de  Dreux,  Enre-ei-Loir,  près  de 
la  forêi  qui  porieson  nom,  à  18  kil.  de  Dreux,  21  de 
Chartres,  84  sud-ouest  de  Paris.  Popul.  1800  habi- 
tants. La  ville  et  le  pays  de  Thimcrais  étaient  régis 
par  une  coutume  particulière  rédigée  en  1552.  On 
y  voyait  deux  églises  :  l'une  paroissiale,  dédiée  à  la 
Vierge  et  située  dans  la  ville  ;  l'autre,  située  dans  le 
faubourg  appelé  Thiraerl,  consacrée  à  saint  Pie  ro. 
Dans  ce  faubourg  était  un  prieuré  en  commende  de 
l'ordre  de  Suint-Benoît,  dépendant  de  l'abbaye  de 
Saint-Florenlin  deBonneval.  Chàieauneuf  est  aujuiir- 
d'hiii  le  siège  d'une  justice  de  paix,  la  résidence 
d'un  snus-inspecleur  des  forêts  el  d'un  .syndic  des 
marins;  elle  est  dans  lesyndical  de  l'inscription  ma- 
ritime du  q.  d'Orléans,  4"'«  arr.  maritime.  Il  y  a  un 
bureau  de  poste,  un  relais  de  poste  aux  chevaux  et 
une  brigade  de  gendarmerie.  Celte  ville  se  forma 
auxi'  siècle  par  le  rassemblement  des  habitants  des 
environs  auprès  d'un  château  construit  à  celte  épo- 
que par  un  seigneur  nommé  Guazoïi,  et  qui  fut 
assiégé  en  1060  par  Henri  1",  roi  de  France.  Ce  lieu 
était  nommé  Casirum  Tlieodemerense  ;  de  Tlieodt'ine- 
rensis  on  fille  r/i(mer(,qui  devint  le  nom  du  château, 
et  le  pays  qui  l'environnait  fut  nommé  Tliimeiais. 
En  1 115  on  trouve  que  Hugues,  fils  de  Geivaise, 
possédait  le  château  neuf  en  Tlw,iierai.  Celle  maison 
des  Hugues  et  Gei  vais  du  Cliàlel  se  rendit  célèbre 
dans  lesxii^  cl  xiir  siècles  :  elle  se  fondii  ensuite 
dans  celles  de  Dreux  et  de  Pont-Audptççfr  ^^   T^i- 


351 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


388 


merais  passa  depuis  dans  les  mains  des  seigneurs  du 
grand  Perche,  et  y  resta  jusqu'à  Charles  IV,  dernier 
duc  d'Aleiiçon.  Chateuiineuf  fut,  en  1314.,  érigé  en 
barnnnie-pairie,  en  faveur  de  Charles  de  Valois.  Il 
échut  en  dernier  lieu  à  la  maison  de  Bourbon.  Pris 
en  dû89  par  le  duc  de  Mayenne,  il  ne  larda  pas  à 
re'omber  au  pouvoir  de  relie  maison.  Il  fut  en  effet, 
l'année  suivante,  pris  et  pillé  par  le  comte  de  Sois- 
sons.  Ses  maisons,  assez  bienbàiies,  sonl  construiles 
et  couvertes  en  briques.  C'est  la  pairie  du  juriscon- 
sulte et  poète  Lorens,  mort  en  1655.  —  Le  terri- 
toire de  Châteauneuf,  (|uoique  l'eau  y  joii  rare,  se 
fait  remarquer  par  sa  fertililé  :  le  Iroment  y  rend  8 
pour  1.  Il  se  lient  dans  la  ville  un  marché  de  grains 
tous  les  mercredis.  —  La  forêi  qui  entoure  la  ville, 
et  dans  laqnell8  on  a  percé  de  belles  allées  qui  ser- 
vent de  promenade  aux  bahilanls,  faisait  jadis  par- 
lie  de  l'apanage  de  Motisieur,  depuis  Louis  XVIII  ; 
elle  appartient  aujourd'hui  au  domaine  de  TElat. 
PlusieiTS  maisons  de  plaisance  remarquables  em- 
bellissent les  environs  de  la  ville. 

CastrumT heodorki,  Cliàieaii-Thierry,  ville  du  dio- 
cèse de  Boissons,  chef-lieu  d'airnndissemenl  du  dé- 
partement de  l'Aisne,  .ivec  sous-préfftcture,  tribunal  de 
première  instance  et  collège  communal,  sur  la  Marne, 
à  52  kil.  sud-ouest  de  Laon,  l!  ouest  d'Epernay,  48 
nor.l-est  deMeaux  et  9:2  de  Paris.  L'arrondissement 
renferme  127  communes  et  56,423  habiianls.  Il 
compte  5  cantons.  La  popul.  de  la  ville  est  de  5,000 
h:ibii:.n's  environ.  —  Celte  ville,  qui  avait  le  titre 
de  du(  hé-pairie,  était  la  capitale  de  la  Brie-Pouil- 
leuse, ou  du  Pays  de  Gallcvèse,  avec  un  gouvern.  de 
place,  dans  le  gouvernement  gén.  de  la  Champagne  ; 
c'était  l«  clief-lieu  d'une  élection,  le  sit  ge  d'un  pré- 
sidial,  d'un  bailliage,  d'un  grenier  à  sel  ei  d'une 
maîtrise  des  eaux  ei  forêts.  Elle  s'élève  en  amphi- 
théâtre sur  le  bord  de  la  Marne  et  a  un  très-beau 
port.  Une  promenaile  agréable,  que  l'on  a  plantée 
le  long  de  la  rivière,  répand  de  la  gaîté  sur  le  tableau 
qu'elle  offre  aux  voyageurs,  et  le  mouvement  de  ses 
bateaux,  qui  pissent  le  long  de  ses  rives  pour  l'ap- 
provisionnement de  Paris,  porte,  pour  ainsi  dire, 
l'air  de  vie  des  villescommerçantes.  Château-Thierry 
a  un  vieux  chàieau  en  ruine,  situé  sur  le  sommet  de 
la  montagne  qui  la  domine  ;  il  est  beaucoup  au- 
dessus  des  pins  hautes  maisons  de  la  ville. 
Elle  a  deux  faubourgs  considérables  :  l'un  vers  le 
couchant  et  l'autie  à  son  midi  ;  ce  dernier  est  sé- 
paré de  la  ville  par  une  ancienne  porte  et  par  un 
pont  de  pierre  jeié  sur  la  Marne.  Il  y  a  un  autie 
pont  de  pierre  d'une  seule  arche,  construit,  en  1759, 
sur  un  canal  que  l'on  a  creusé    pour  servir  de  dé- 


plusieurs monastères  et  chapelles  ;  une  abbaye  de 
chanoinesses  de  Saini-Auguslin,  appelée  la  Barre, 
fondée  par  Jeanne  de  Champagne,  reine  de  France 
et  de  Navarre;  un  couvent  de  Minimes,  un  de  Ca- 
pucins et  un  de  la  congrégation.  Château-Thierry  a 
deux  sources  d'eaux  minérales  ferrugineuses  ;  elles 
coulent  dans  deux  maisons  voisines  l'une  de  l'autre  : 
celle  qui  a  le  plus  de  réputation,  et  qui  attire  beau- 
coup de  malades  pendant  la  belle  saison,  est  celle  de 
la  Fleur  de  lis.  11  y  a  dans  le  territoire  de  la  ville 
beaucoup  de  carrières  de  meules  à  moulin  et  à  plâtre. 
Le  pays  renferme  beaucoup  de  vignes;  on  récolte  une 
certaine  quaiuitéde  foin  lelong  de  la  Marne;  mais  le  plus 
grand  commerce  consiste  en  vins.  On  y  Toit  quel- 
ques fabriques  de  toile,  des  hiatures  de  coton,  des 
tanneries  ei  des  corroierjes.  Voici  ce  que  les  hi-io- 
riens  rapportent  sur  l'origine  de  (Ihàteau-Thierry. 
Chilpéric  II,  roi  de  France,  étant  mort  en  720, 
Charles  Mariel,  maire  du  palais,  chercha  à  réunir 
en  sa  personne  le  litre  de  roi  à  l'autorité  qu'il  avait 
déjà.  Le  moiuent  ne  lui  paraissant  pas  favorable,  il 
se  détermina  à  dotiner  la  couronne  et  le  titre  de  roi 
à  Thierry  IV,  enfant  de 8  à  9  ans.  L'ambitieux  Char- 
les, voulant  retenir  dans  une  espèce  de  prison  vo- 
lontaire le  fantôme  de  roi  qu'il  avait  couronné,  ima- 
gina de  lui  faire  construire  un  château  dans  la  posi- 
tion la  plus  riante  et  la  moins  éloignée  d'une  métai- 
rie ou  petit  château  que  lui-n.èine  possédait  aux 
Chesnemix,  ei  où  il  résidait  assez  souvent.  Il  choisit, 
à  cet  effet,  le  bel  emplacement  qu'occupe  Chàieaii- 
Thierry,  et  où  il  fit  élever  un  château  de  peu  d'éten- 
due, qu'il  fit  revêùr  de  fortifications  pour  en  faire 
un  séjour  à  l'abri  de  toute  attaque.  L'ai  hèvement  de 
celle  construction  remonte  à  l'an  730  environ.  Le 
château  reçut  le  nom  du  jeune  prince  pour  qui  il 
fut  bâti.  Il  parait  qu'alors  il  n'existait  aucune  a|  pa- 
rence  de  ville  autour  de  Château-Thierry,  et  que  ce 
lieu  même  éiait  d'une  faible  étendue.  Ce  châieau 
resta  à  la  couronne,  et  paraît  avoir  servi  de  maison 
royale  jusqu'à  ce  qu'Herbert  1<",  l'.omte  de  Verman- 
dois,  te  le  fit  donner  par  le  faible  Louis  le  Bègue, 
vers  877.  Les  comtes  de  Vermandoisle  conservèrent 
jusqu'en  945, époque  à  laquelle  il  devint  propriétédeUi- 
cliard,  comte  de  Troj  es.  Quant  à  la  ville,  ou  doit  penser 
que,  de  même  qu'un  grand  nombred'auires  villes,  elle 
commença  à  se  former  sous  les  murs  du  château  par 
le  rassemblement  des  paysans,  qui,  pour  fuir 
les  brigandages  des  seigneurs,  venaient  se  mettre 
sous  la  proieciion  des  plus  puissants  d'entre  eux, 
protection  qu'ils  leur  faisaient  souvent  payer  cher. 
On  connaît  un  chevalier  soissonnais  appelé  Hugues  de 
Château-Thierry,  qui   percevait  les  revenus  de  cinq 


charge  à  la    Marne   et  mettre   la  campagne  plus  à      autels  ou  églises  qu'il  avait  envahis.  Hugues  restitua  • 


l'abri  des  inondations,  de  manière  que  ce  faubour"  a 
deux  pouls.  L'autre  faubourg  est  aussi  séparé  de  la 
ville  par  une  porte,  dans  laquelle  étaient  pratiquées 
des  prisons.  L'hôtel  de  ville  est  au  bas  du  château. 
Cette  ville  avait  autrefois  deux  paroisses  :  l'une  dé- 
diée à  saint  Martin,  l'autre  à  Notre-Dame.   H  y  avait 


ces  cinq  églises,  à  la  sollicitation  de  l'évèque  de 
Soishons,  qui  fit,  à  ce  sujet,  dresser  un  acte,  dans 
lequel,  après  une  vive  sortie  contre  ceux  qui  usur- 
pent le  bien  des  églises,  il  impose  au  chevalier  une 
pénitence  en  expiation  de  sa  conduite  passée.  Cet  Hu- 
gues était  un  officier  aux  ordres  des  comiesdeCham- 


555 


GEOGRAPHIE  DLS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


5Si 


pagne,   préposé  i»  la  garde  de  leur  vicomte  de  Châ- 
teau-Thierry. L'évêque  de  Soissons,  qui  connaissait 
sa  ynleiir,   l'avait  chargé  de  i'avouerie  de  plusieurs 
bénéfices;    mais  le  chevalier,  au  lieu  de  h  protec- 
tion qu'on  attendait  de  lui,  avait  use  de  ruse  et  de 
viiilence  pour  s'en  attribuer  les  revenus.  Ceci  se  pas- 
sait dans  la  seconde  moitié  du  xi<'  siècle.  Eti  1251, 
Château-Thierry    obtint    une   charte  commune  du 
comte  de  Champagne.  Pbil'ppe  le  Bel  confirma  plus 
tard  les  franchises  et  lili»riés  de  celte  ville,  et  substi- 
tua quatre  échevins  électifs  aux  douze  jurés.  —  Blan- 
che d'Artois,  fille  de  Robert  de  France,  reine  de  Na- 
varre et  comtesse  de  Cliauipague,  devint  régente  du 
comté  de  Château -Thierry  par  la  mort  de  son  époux, 
Henri  I*'',  survenue  en  Hli.   Elle  épousa  bientôt 
après  Edmond  d'Angleterre,   comte   de  Lancastre. 
C'est  dans  le  cours  de  sa  régence  que  celte  princesse 
améliora   le  sort  des  églises   et  couvents  qui  exi- 
Bl;iieiii  à  ce  te  époque.   Elle  fonda  un  collège  qui  a 
été  fiéquenté  jusqu'à  la  révolution,  et  connu  ïous  le 
nom   d'Ancien   Collège;  elle    y  attacha  des  préroga- 
tives,   dorrt  le  but  était  de  procurer  de  l'arnusement 
aux  élèves  à  certaines  époques  de  l'année.  On    lui 
attribue  l'institution  de  U  basnche,  à  qui  elle  aceonla 
divers  privilèges. —  Henri  II,  roi  de  France,  séjonrita 
plusieurs  fois  mu  château  de  Châleau-Thierry  ;  le  duc 
d'Alençon,   fière  de  Charles  IX  et  de  Henri  III,  y 
mourut  d'urre  maladie  de  langueur.  Sa  iiic.n  étant 
prnchairre,  la  reiiie-rnére  fit  démeubler  le  château,  et 
transporter  par  eau  lesmeirble>à  l'ari-;.  Il  en  résulta 
que  cel  infortuné  prince  monrnl  abandonné  de»  siens 
et  d'une  grande  paille  de  ses  domestiques.  L(iuisX.III 
y  vint  en  1653  avec  Anne  d'Autriche,  fille  de  Phi- 
lippe III,  roi  d'Espa';!ne,  ei  le  eaidinal  de  Richelieu. 
Ce  ministre   faisait  plus  habiluillenienl  sa  résidence 
au   château  de  Coudé  en  Brie;  mais  lors(|u'il  venait 
à   la  cour,   à  Château-Thieiry,  il  babilaii  la  maison 
qui  se  trouvait  à  gauche  de  la  première  porte  d'entrée 
de  la  première  cour  du  château.  C'était  de  là  qu'il 
faisait  observer  ceux  qui  se  présenlaienl  pour  faire 
leirr  coirr  au  roi.  Par  échange  du  duché  de  Bouillon, 
sous  Louis  XIV,  le  château  apparlinl  à  la  famille  de 
ce  nom.  —  Château-Thierry,  comme  place  de  guerre, 
cul  plusieurs  assauts  à  soutenir.  En  935,  il  fui  as- 
siégé  pa.'  Raoul  et  Hugues,  duc  de  France.  Ils  em- 
portèrent  la  ville  par  escalade,  et  la  forteresse  capi- 
tula. Sous  François  I""',   l'armée  de  Charles-Quint 
attaqua,  en   I5i4,  Château-Thierry,  où  étaient  en- 
feniiées  des  provi-ions  en  abondance,  et  parvint  à 
s'en  emparer.  De  là  l'ennemi  (il  des  courses  jusqu'à 
Mciux,  et  jeta   l'épouvante  dans  Paris.  Cet  événe- 
ment contribua  beaucoup  à  la  conclusion  de  la  paix. 
On  a  supposé  qne  l'empereur  n'avait  tenté  ce  coup 
de  main  qu'à  l'instigation  de  la  duchesse  d'Elainpes, 
maîtresse  du  roi,  qu'il  avait  secrètement  mise  dans 
ses  intérêts.  Chàteaa-Thierry  est  l'un  des  endroits 
d;  la  France  où  les  fureurs  de   la    ligue  se  firent 
sentir  avec  le  plus  de  violence.  Le  duc  de  Mayenne 
b'cii  empaia,  cl  rien  n'est  coniparaMe  aux  horreurs 


que  les  Espagnols  exercèrent  quand  ils  pillèrent  cette 
ville  malheureuse.  L'auteur  de  celte  ligue  firnesie,  le 
trop  fanreux  Henri  (le  Guise,  assassiné  à  dois,  acquit 
près  de  Château-Thierry  le  surnom  de  Ba/a^ri».  Il  le 
dirl  à  une  balle  qui  l'atteignit  à  la  joue.  —  La  ville  de 
Château-Thierry  avait  autrefois  une  compagnie  d'ar- 
quebusiers :  l'exemption  de  l'impôt  pendant  l'année 
pour  celui  qui  avait  abattu  l'oiseau,  était  l'unique 
privilège  de  cetn  compagnie,  dont  les  devoirs  se  boi-- 
naienl  à  prendre  les  armes  dans  les  cérémonies  publi- 
ques. Il  existait  en  outre  deux  autres  compagràes, 
l'une  du  jeu  d'arc,  l'autre  de  fusiliers.  Il  y  avait 
aussi  dans  cette  ville  des  usages  dont  qiieliiires- 
iiris  sont  conservés.  Parmi  les  coutumes  les  plus  bi- 
zarres qne  le  cours  du  temps  a  fait  disparaître, 
l'hommage  i|ne  les  écnliers  de  Château-Thierry  ren- 
daient à  l'abbé  de  Valsecret  mente  une  mi^ntion  par- 
ticulière. Cel  hommage  était  (irécédé  de  jeux  dont 
oir  allrihue  l'in-titution  à  Blanche  d'.Artois,  reine  de 
Navarre.  L'irn  de  ces  jeux  était  connu  sons  la  dérro- 
minatioii  de  la  neude  on  de  l'engueule  :  il  avait  lieu 
le  hindi  gras.  Un  bâion,  suspendu  à  l'extrèinitè  d'une 
allée  qui  abonlissail  à  la  porte  du  j  irdin  de  l'ancien 
collège  de  Châleau-Thierry,  supportait  une  espèce 
de  couronne,  que  cliariue  écolier  devai  chenher  à 
abaiire.  Celui  qui  y  parven.iit  recevait  les  applau- 
dissemenis  de  ses  cauiaïades,  et  étaii  déclaré  roi 
de  la  neude.  Le  nrardi  gras  était  signalé  par  un  autre 
jeu.  Tous  les  écoliers,  pourvus  d'un  coq,  se  ren- 
daient à  la  salle  d'éiude  ;  là,  deux  d'entre  eux,-or- 
lant  de  la  foule,  lâchaient  chacun  leur  cii(|  :  le  com- 
bat s'engageait  de  suite  eirtre  les  deux  champinrrs. 
Celui  qui  succombait  dans  la  lune  était  aussitôt 
remplacé  par  un  nouveau  combattant  ,  et  ainsi  de 
suite,  jusqu'à  ce  que  tous  eussent  figuré  dans  l'arène. 
Le  litre  de  roi  et  les  honneurs  du  triorrr|^>he  étaient 
décernés  à  l'écolier  dont  le  valeureux  coq  était  resté 
maître  du  champ  de  bataille.  Le  jeudi  suivant,  les 
mêmes  acteurs,  formant  une  escorte  au  mi  de  neude, 
se  rendaient  à  cheval  et  militairement  à  Valsecret  ; 
leur  chapeau  était  surmonté  d'un  brin  de  houx 
dont  on  avait  doré  les  feuilles  ,  et  qu'on  riommait 
houx  pagnon.  Arrivés  à  l'abbaye,  un  écolier  haran- 
guait l'abbé,  qui,  après  la  réponse  d'usage,  faisait 
servir  un  dîner  au  roi  et  à  sa  iroiipe.  S'il  arrivaii  que 
le  roi  n'eût  pas  effectué  le  voyaae  de  Vals.Ciet.il 
était  tenu  ,  le  lendemain,  d'aller  au  ehàleau,  ainsi 
que  tout  son  cortège,  pour  y  renouveler  l'honmiage 
que  l'on  avait  rendu  jadis  à  la  reine  Blanche.  Il  y 
portail  une  poule  ,  qu'on  attachait  à  la  porte  de  la 
cour  donnarrl  sur  l'église  :  ell  ■  devait  être  mise  à 
mort  par  celte  jeunesse.  Le  roi  portait  le  premict 
coup.  Tout  f»it  croire  que  ces  jeux  sont  dus  au 
comte  de  Lancastre  ,  second  époux  de  la  reine 
Blanche.  On  sait  que  le  combat  des  coqs  est  encore 
aujourd  hui  très  en  vogue  en  Angleterre.  La  reine 
r.laiiche  s'étant  beaucoup  occupée  d'institutions  en 
f.jcnr  de  la  jeunesse,   a  laisse  des  souvenirs  qui  se^ 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRàl'HlË  ECCLESIASTIQUE. 


sont  perpétues  d'âge  en  âge.  C'est  ainsi  qu'à  ceriai- 
nes  féies  les  enfanis  ciiantaient  ce  refrain  : 
Quand  le  roi  (ul  couronné 
A  la  Saint-Jean  d'été  , 
Vite  en  France 
La  reine  Blanche! 
Châleau-Tliierry  renferme  deux  hospices  ,  celui  des 
malades  et  celui  de  la  Charité.  L'un  ,  l'Hôtel-Dieu  , 
dédié  à  saint  Jean  de  Dieu,  fut  fondé  par  Jeanne  , 
reine  de  France  et  de  Navarre,  comiesse  de  Cham- 
pagne, épouse  de  Philippe  le  Bel,  ou  du  moins  en 
vertu  des  clauses  qu'elle  inséra  dans  son  testament, 
en  date  du  25  mars  1504.  Cet  hôpital  reçut  de  gran- 
des dotations  sur  la  fin  du  xvii<  siècle.  L'autre , 
l'hospice  de  la  Charité,  qui  remonte  à  l'année  1G54, 
est  du  à  la  duchesse  de  Bouillon,  veuve  de  Frédéric 
de  Latour-d'Auvergne.  Elle  confia  à  des  frères  de  la 
Charité  l'adminisiraiion  des  biens  et  le  soin  des 
malades.  Avant  la  révoluiion,  on  recevait  à  la  Cha- 
rité les  aliénés  et  les  personnes  renlerniées  par  lettres 
de  cachet.  Depuis,  cet  hospice  sert  aux  aliénés 
payant  pension,  aux  vieillards  infirmes  et  nécessi- 
teux ,  et  aux  enfants  trouvés.  L'éiablissemeni,  très- 
heureusement  situé,  est  desservi  par  trois  dames  , 
chargées,  l'une  du  soin  des  malades  et  des  enfanis 
trouvés;  la  seconde,  de  celui  des  vieillards;  et  la 
troisième,  des  orphelins,  de  leur  éducation  et  de  leur 
entretien.  Les  détails  de  l'administration  sont  confiés 
à  un  économe.  Une  partie  du  bâtiment  a  été  dm- 
vertie  en  prison.  —  Château-Thierry  est  une  des 
villes  du  département  de  l'Aisne  qui  ont  eu  le  plus  à 
soufTrir  des  événements  de  la  guerre  ,  lors  de  l'in- 
vasion de  li:.14.  C'est  à  Cliàteau-Thiejry  qne  naquit , 
le  8  juillet  1621,  ce  Jean  de  Lafuntaine,  qui,  selon 
l'expression  de  R:tcine,  était  assez  béie  pour  ne  pas 
sentir  sa  supériorité  sur  Esope  et  sur  Phèdre.  La 
munificence  du  gouvernement  a  fait  ériger  à  ce  grand 
pnëte  une  statue  dans  sa  ville  natale.  Ce  monument 
a  été  exécuté  ,  en  marbre  blanc,  par  M.  Lethiers  , 
ancien  pensionnaire  à  Rome. 

Castrum  Witipesbergii,  château  de  Wulpesberg,  ou 
de  Habsbourg  ,  dans  le  canton  d'Argovie  (Suisse)  , 
berceau  de  la  maison  d'Autriche,  maiutenani  do- 
maine canional  Quelques  murs  dégradés  et  couverts 
de  mousse  sont  tout  ce  qui  en  reste.  On  détourne 
les  yeux  de  ces  ruines  ,  pour  admirer  la  contrée  (|ui 
se  déploie  au  pied  de  la  montagne,  avec  une  ricliesse 
et  une  variété  admirables.  Le  fond  du  tableau  qu'on 
a  en  vue  se  termine  ,  dans  le  lointain  ,  par  une 
chaîne  de  glaciers  dont  les  cimes  colossales  domi- 
nent toutes  les  montagnes  que  l'on  remarque  au  sud. 
Dans  la  direciion  du  nord  ,  et  au  pied  de  la  mon- 
tagne de  Hal)sb(mrg,  appelée  vulgairement  Wulpes- 
berg ou  Wulpisberg  ,  on  trouve,  sur  la  grande  roiite 
d'Aarau  à  Bn  ugg  ,  à  3  kil.  de  celle  ville  oi  à  11  de 
la  première,  les  bains  de  Schintnach.  dont  les  eaux 
thermales  sont  des  plus  renommées  de  la  Suisse. 

Cataro  Major,  le   Grand-Cliaronne,   paroisse   du 


556 

diocèse  de  Paris,  canton  de  Pantin ,  arrond.  de 
Saint-Denis,  Seine.  Ce  village  est  voisin  de  la  der- 
nière barrière  du  faubourg  Saint-Antoine,  et  com- 
prend une  partie  du  parc  de  Bagnolet  et  de  Ménil- 
Hontant.  Le  Mont -Louis,  ou  cimetière  du  Père- 
Lachaise,  est  sur  le  territoire  de  cette  commune, 
Parmi  les  titres  parvenus  jusqu'à  nous,  le  plus  an- 
cien qui  fasse  mention  de  Charonue  est  du  roi 
Robert,  lequel,  confirinant  les  donations  que  Hugues- 
Capei,  Sein  père,  avait  faites  au  monastère  de  Saint- 
Magloire  de  Paris,  et  celles  qui  venaient  de  lui» 
même,  marque  in  potestate  qttoque  Cataronii  man*us 
unus  arabilis  terrœ  cum  vinearum  fecunditale.  11  est 
évident,  par  une  charte  postérieure,  que  ce  que  cella 
abbaye  eut  de  plus  considérable,  lui  avait  été  donné 
par  le  roi  Robert  même.  C'est  Louis  le  Jeune  qui 
l'assure  dans  son  diplôme  de  l'an  1139.  On  y  lit  ces 
mots  :  In  villa  quœ  dicilur  Karrona  quam  dédit  Ro- 
bertus  ri'x  cum  vineis,  terris,  torcularibui,  liberis  ejus- 
dem  kospitibus  a  telonio,  et  quoi  in  pocincM  ejusdem 
villœ  nullus  torcular  possii  construere.  —  L'église  de 
Cbaronne  est  une  des  plus  anciennes  de  la  banlieue 
de  Paris;  elle  parait  avoir  commencé  par  un  ora- 
toire que  les  Parisiens  firent  bâtir  en  mémoire  de 
quelque  miracle  opéré  en  leur  présence  par  saint 
Germain,  évèque  d'Auxerre.  Cette  église,  dédiée  de 
temps  immémorial  sous  l'invocation  de  ce  saint,  fut 
accordée,  et  la  donation  confirmée  par  écrit,  l'an 
1140,  aux  re'igieux  bénédictins  du  prieuré  de  Saint- 
Nicolas,  proche  Senlis  (dit  autrement  Sainl-Nicolas- 
d'Acy)  ,  par  Etienne  de  Senlis  ,  évèque  de  Paris. 
L'église  est  bâtie  sur  la  pente  du  coteau  où  est  situé 
le  village.  Elle  lut  agrandie  sous  le  règne  de 
Charles  VI  ou  Cliarles  VII.  L'inclinaison  de  ses 
piliers  inspire  l'effroi.  On  y  lisait  anciennement  deux 
épiiaphes.  Sur  une  tombe  placée  dans  l'aile  méri- 
dionale était  gravé  en  gothique  minuscule  ; 

Ci-qist  damoiselle  Claude  de  Vigneron,  en  son  vi- 
vant veuve  de  feu  noble  homme  Robert  de  Ber- 
ruier. 

Elle  y  était  représentée  vêtue  comme  une  reli- 
gieuse. Son  épitaphe,  attachée  au  mur,  disait  qu'elle 
mourut  en  1535.  Elle  avait  laissé  à  l'église  de  Cha- 
ronue une  certaine  somme  pour  des  services.  Dans 
le  chœur  se  trouvait  l'épitaphe  latine  de  Denis  Bour- 
gouueau,  chanoine  de  St-llonoré  et  curé  de  Cba- 
ronne pendant  30  ans,  décédé  en  1626  :  l'auteur 
avait  affecté  d'y  (aire  graver  plusieurs  mots  en  ca- 
ractères grecs.  Dans  le  cimetière,  derrière  l'église, 
se  voyait  «ne  lombe  j-ur  h  sépulture  de  Marie  Fra- 
mery,  femme  de  Hriissel,  auditeur  des  comptes,  au- 
teur du  traité  de  V Usage  des  fiefs.  Son  décès  éiait 
marqué  à  l'an  1756.  Il  y  avait  quelques  singularités 
dans  répit  iphe  gravée  sur  celte  tombe.— Une  chro- 
nique rimée  du  xiiP  siècle  nous  apprend  que  ,  sous 
le  règne  de  Louis  IX,  il  y  eut  à  Cbaronne  une  sor- 
cière ou  devine,  dont  les  oracles  étaient  renommés 
dans  ce  village,  et  même  à  Paris.  Voici  ce  qu'il  en 
dit 


557 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


558 


Va-  ml  deux  cent  et  vingt  et  dix 

Fut  Dammartin  en  flambe  mi$. 

Et  içachiez  que  cet  an  meisne 

Fil  a  Charonne  la  Devinne. 
—  Il  y  avait,  au  xiv»  siècle,  une  garenne  :  les  mal- 
heureux cultivateurs  souffraient  beaucoup  de  ce  voi- 
sinage des  plaisirs  du  roi.  Chartes  le  Bel  en  fit  don 
aux  bonnes  gens  de  Chnronne,  qui,  de  leur  côlé,  firent 
don  à  ce  bon  roi  d'une  soiiiroe  d'argent, qui  fut  payée 
par  chacun  d'eux.  C'était  en  mémoire  de  ce  bienfait 
qu'on  céléLirait  chaque  année  un  service  pour  le  roi 
Charles.  —  En  lôo8,  à  l'époque  de  l'entrevue  de 
Charles,  régent  de  France  sous  le  roi  Jean,  et  du 
roi  de  Navarre,  prés  de  l'abbaye  de  St-Anio  ne,  l'ar- 
mée de  ce  roi,  composée  de  800  hommes  au  plus, 
était  rangée  en  bataille  entre  Charonne  et  Montreuil, 
sur  une  petite  montagne,  d'où  elle  n'usa  descendre. 
On  sait,  par  la  date  d'un  édit  du  15  mars  1541,  que 
Franc  >i$  1"  est  veau  à  Charonne.  Cet  edit,  qui 
concernait  les  monnaies  de  Bayoune,  fut  donné  en  ce 
lieu.  Lors  des  troubles  de  la  Fronde,  Louis  \1V  ét.iit 
à  Charonne  pendant  le  eombat  donné  au  faubourg 
St-Aiitoine,  enire  l'année  royale  conuuxndt'e  par  Tu- 
renne,  et  celle  du  prince  de  Condé.  On  sait  que 
Mlle  d<-'  Montpensier,  voyant  le  prince  poursuivi  vi- 
vement, Ht  liier  les  canons  de  la  Bastille  sur  les 
troupes  du  roi  (1).  Il  y  a  eu  dans  le  village  de  Cha- 
ronne différents  établisseraenis  de  communauiés 
de  filles.  Vers  l'an  1640,  les  Filles  de  la  Croix  s'y 
établirent,  ainsi  qu'à  Brie-Coniie-Kobert.  Elles  ne 
purent  s'y  soutenir.  A  la  place  de  cet  insliiut,  il  s'en 
forma  deux  autres.  Marguerite  de  Lorraine,  femme 
de  Gaston,  duc  d'Orléms,  y  établit,  en  lb45,  des 
religieuses  sous  le  nom  de  Filles  de  Notre-Dame-de- 
lu-Paix.  Le  roi  permit,  en  IG6I,  la  création  d'un 
marché  dont  les  revenus  furent  alleciés  à  l'entretien 
de  ce  couvent,  qui  obiint  dans  la  suite  d'autres  do- 
nations. Une  communauté  établie  à  Foiitenay-sous- 
Bagnenx  vers  l'an  1630,  sous  le  nom  de  Filles  de  la 
i'tovidence,  fut  transférée  à  Charonne.  Cette  même 
maison  de  la  Providence  donna  naissance  aux  Filles 
de  l'Vnion-Clirétienne,  ^vi,  en  lti61 .  y  lormèient 
leur  établissement.  Charonne  a  de  tout  temps  cul- 
tivé la  vigne;  son  vignoble  était  connu  dès  11)7.  Les 
vins,  quoique  médiocres,  y  sont  encore  aujourd'hui 
la  branche  principale  du  revenu  des  liabiiants.  Un 
compte  plus  de  500  arpents  consacrés  à  ce  genre  de 
culture  :  situés  sur  des  collines,  ils  renlerment  plu- 
sieurs sources,  qui,  réunies  dans  un  vallon,  y  for- 
ment un  étang  assez  considérable.  On  y  cultive  aussi 
avec  avantage  les  arbres  fruitiers;  les  pêchers  y  sont 
presque  aussi  beaux  que  ceux  de  Montreuil.  On  y 
trouve  deux  carrières  de  pierres  à  plaire.  La  popu- 
lation de  ce  village  est  d'environ  1400  habitants. 

Dans  la  journée  du  30  mars  18 li,  Charonne  fut 
attaqué  par  la  division  russe  du  prince  Gorschakoff; 
les  Français  s'y  défendirent  vigoureusement,  et   l'ij- 

(1)  Mademoiselle  de  Montpensier  désirait  beau- 
Mup  se  marier  à  une   tèie  couronnée.  Maïai-jn  dit 


rcnt  sur  le  point  de  repoussser  l'ennemi,  quand 
deux  autres  divisions  de  Russes  étant  survenues  et 
s'étant  emparées  du  cimetière  du  P.  la  Chaise,  ils 
furent  obligés  de  céder  au  nombre  et  d'abandonner 
le  village.  Le  lendemain,  51  mars,  jour  de  la  capitu- 
lation de  Paris,  une  partie  des  grenadiers  russes 
campa  à  Charonne.  En  1815,  l'inlanterie  de  la  garde 
impériale  était,  le  50  juin,  campée  sur  la  route 
de  Vincennes  au  Petit  Charonne,  qui  est  un  ha- 
meau de  cette  counnune.  —  Ce  village  est  un  lieu 
fréquemment  visité  par  les  botanistes;  Tournel'orty 
venait  souvent  herboriser.  Les  plantes  qu'on  y  tiou- 
ve  facilement  sont  la  véronique  officinale ,  le  vulpin 
agreste,  l'agroslic  filiforme,  l'aspérule  des  cliamps, 
la  sagiiie  couchée,  la  rue  fétide,  ta  guimauve  velue, 
le  polygala  amer. 

Cativilla,  Chaville,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
Paris,  actuellement  de  celui  de  Versailles,  canton  de 
Sèvres,  Seine-et-Oise,  à  5  kil.  sud-ouest  de  Sèvres, 
et  1 1  sud-ouest  de  Paris.  Ce  village  est  nommé,  dans 
les  litres  du  xiii*  siècle,  premiers  monuments  qui  en 
fassent  mention,  Cativilla  et  Ctiavilla,  d'où  l'ùbbé  Le- 
beuf  inlère,  un  peu  légèrement  sans  doute,  que  ce 
nom  est  une  corruption  de  Chadi  Villa  ou  Inchadi 
l  illa,  parce  qu'au  ix'  siècle  il  y  avait,  à  Paris,  un 
é\êque  nommé  Inchadiis,  qu'il  regarde,  s;ins  aucun 
fondement,  comme  ayant  donné  son  nom  à  Chaville. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ce  village  fut  érigé  de  bonne 
heure  en  cure,  à  la  pleine  collation  de  l'arclievêque; 
les  revenus  en  étaient  très-modiques.  Son  église,  du 
liire  de  Notre-Dame,  quoique  rebâtie  il  y  a  environ 
1")0  ans,  est  resiée  orieniée  comme  l'ancienne,  c'est- 
à-dire  régulièrement.  Elle  est  petite,  mais  propre 
et  en  simple  forme  de  chapelle.  On  y  voyait  au  fron- 
tispice les  armes  des  sieurs  Le  Tellier.  On  lit  que 
dès  l'an  1654,  Michel  Le  Tellier,  seciétaire  ordinaire 
des  commandements  du  roi,  en  avait  fiit  rebâtir  le 
chœur  avec  des  augmentations.  —  Chaville  était  au- 
trefois célèbre  par  le  superbe  château  qu'y  avait  fait 
bâiir  Louvois,  ministre  de  la  guerre  sous  Louis  XIV. 
Son  père,  Michel  Le  Tellier,  secrétaire  ordinaire  du 
roi,  possédait  la  terre  de  Chaville  en  1634.  Il  voulut 
y  faire  enclore  ei  planter  un  parc  immense;  pour 
cet  effet,  il  obtint  d'abord  du  loi,  en  llioS,  la  per- 
mission de  iraiisférer  le  grand  chemin  de  Paris  eu 
Normandie,  et  qui  passait  au  travers  de  Chaville,  un 
peu  au-dessous  de  l'endroit  où  il  voulait  former  son 
parc.  Dix-sept  ans  après,  en  1675,  on  lui  accorda  le 
droit  d'enclore  de  murs  800  arpents  do  bois,  prés  et 
teries,  à  côté  de  son  parc  de  Chaville.  Ce  l'ut  linéi- 
que temps  après  que  son  fils,  Louvois,  lit  hàiir  dans 
le  bas,  sur  l'antique  manoir  de  ses  pères,  le  cliâie m 
magnifique  qui  fit  longtemps  l'ornemeul  de  Cltaville. 
Mais,  eu  1C06,  Louis  XIV  acquit,  par  echao^^e  l.iit 
avec  la  veuve  de  Louvois,  la  terre  de  Cliaville  et  de 
quelques  autres,  dont  il  flt  don  au  Dauphin.  Le  châ- 
teau de  Chaville,  qui  se  montrait  pompeqsemeut  à 

en  entendant  le  canon  :  Ce  canon-la  vient  de  tuer  son 
mari. 


559 


orCTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


560 


gauche,  en  arrivant  de  Paris  à  Versailles,  n'était  pas 
Ciilièrenienl  acluivé;  il  ne  fut  jamais  lialiilé.  Ce 
cliàieati  et  le  parc,  devenus  propriété  nationale, 
furent  vendus  au  sieur  Gouly,  qui,  vers  l'an  1800, 
fit  démolir  le  cbàteau.  Un  vaste  enclos,  coniigu  au 
parc  de  Cliaville,  dépend  d'un  haras.  On  ne  voit  plus 
de  remarquable  dans  ce  village,  qu'une  maison  de 
campagne  construite  sur  le  bord  de  la  route.  Elle 
rappelle  en  petit  ce  qu'était  le  chàleau  en  grand.  Les 
habitants  de  Cliaville,  qui  sont  au  nombre  de  800 
environ,  n'ont  d'auire  travail  que  celui  que  leur 
procurent  les  fours  à  plâtre. 

Cliamborium  ,  vel  Camborimn  ,  Chanibord  ,  Cliam- 
bort ,  ou  Chanibor,  château  dans  le  diocèse  de  Blois, 
dé^lt.  de  Loir-et-Cher,  à  16  kil.  de  Blois  ,  à  l'est  et 
dans  un  fond  ,  où  coule  la  petite  rivière  de  Cosson. 
C'étuil  autrefois  une  maison  royale  et  un  gouverne- 
ment particulier  du  gouvernement  de  l'Orléanais.  Le 
gouverneur  de  Chanibord  avait  le  titre  de  bailli.  Ce 
château  .«ervail ,  dés  l'an  1170  ou  1171,  de  maison 
de  plaisance  et  de  rendez-vous  de  chasse  aux  coniies 
de  Blois.  François  I",  en  revenant  d'Espagne,  lit  dé- 
molir cet  ancien  château  et  construire  celui  que  l'on 
y  voii  à  présent.  Il  s'élève  au  milieu  d'un  parc  de  2S 
kil.de  tour  et  fermé  de  murailles,  dont  une  très-grande 
pariie  est  encore  en  bon  étal.  Ce  fut  le  célèbre  Pri- 
inaiice  qui  donna  les  dessins  de  ce  château,  lequel  fut 
commencé  en  1523.  1800  ouvriers  y  travaillèrent, 
dit-on,  pendant  plus  de  12  ans.  Il  fut  continué  sous 
les  successeurs  de  François  I",  cl  eniièreineni  achevé 
siMis  le  régne  de  Louis  XIV.  Quand  on  considère 
l'énorme  étendue  des  bâtiments  qui  le  composent , 
on  n'est  point  étonné  de  la  longue  durée  du  travail. 
On  prétend  qu'il  y  a  plus  de  400  chambres  à  feu  dans 
tout  l'édihce,  et  dans  les  casernes  ,  pariiculière- 
ment.dequoi  loger  1200  chevaux  avec  tous  les 
greniers  et  logements  nécessaires  au-dessus.  Ce  chà- 
leau est  surtout  remarquable  par  le  mélange  d'ar- 
chitecture moresque  qu'on  y  distingue  dans  toute  la 
partie  supérieure,  et  de  celle  plus  pure  et  plus  ré- 
gulière qui  s'introduisit  en  France,  lors  de  la  re- 
naissance des  arts.  Quatre  gros  pavillons  forment  le 


gures  fort  bien  travaillées.  Les  antichambres,  cham-* 
bres,  salles,  garde-robes  ,  cabinets  et  g;deries  sont 
d'une  belle  architecture.  Les  cheu.inées,  les  phifnnds, 
les  voûtes,  les  poriesdu  château  sont  partout  couvens 
d'F  couronnés  et  de  salamandres  ,  qui  rappellent  la 
mémoire  de  son  fondateur,  François  H'.  Les  jardins 
répondaient  au  bâtiment.  Celui  que  l'on  appelle  de 
la  Reine  avait  cinq  arpents  d'étendue  ,  et  au  bout, 
vers  la  forêt  de  Blois,  on  trouvait  une  allée  large  de 
6  toises  ,  et  longue  de  plus  de  2  kil.  ;  elle  avait  qua- 
tre rangs  d'ormes,  plantés  à  6  pieds  l'un  de  l'autre , 
et  tirés  à  la  ligne,  au  nombre  de  plus  de  600'.i.  — 
Ce  lut  au  chàleau  de  Chambord  que  se  fit ,  en  1551, 
le  iraiié  entre  Henri  II  et  les  princes  allemands. Fran- 
çois I",  Henri  II,  Charles  IX,  Henri  III,  Louis  XIV 
et  le  régent  (le  duc  d'Oiléans)  y  vinrent  souvent 
chasser,  et  l'on  niunire  encore  dans  ce  cl  àte.iu  la 
salle  où  furent  représentés  pour  la  première  fois, 
devant  Louis  XIV  ,  en  10)69  et  1670  ,  le  Bourgeois 
gentilhomme  et  Pourceaugiiac.  Louis  XV  voulant  re- 
connaître d'une  manière  digne  de  lui  les  services 
éclatants  du  maréchal  de  Saxe,  lui  en  fil  présent  en 
17i8,  pour  en  jouir  pendant  sa  vie.  Le  vainqueur  de 
Foiitcnoy  y  vécut  avec  tout  l'éclat  qu'attiraient  sur 
lui  sa  naissance,  sa  réputation  et  sa  for  une.  Il  fit 
bâtir  des  casernes  pour  son  régiment  de  hiilans,  jeta 
des  chevaui  sauvages  dans  les  bois,  retint  et  éleva 
les  eaux  du  Cosson,  pour  pouvoir  naviguer  avec  de 
grosses  barques  sur  cette  rivière:  tout  se  réunissait 
pour  faire  de  Chambord  un  lieu  de  délices  ,  lorsque 
le  maréchal  de  Saxe  mourut  en  1750.  Ce  château 
n'avait  pas,  depuis  cette  époque  jusqu'aujourd'hui  , 
recouvré  son  ancienne  splendeur;  à  la  vérité,  la  fa- 
mille Polignac,  qui  l'ublint  de  Louis  XVI,  eu  1777, 
y  eut  un  haras  lonsîdérable,  et  y  fit  construire  des 
appartements  à  la  moderne.  Mais  tout  fut  indigne- 
ment dévasté  après  l'émigraiioii  i.u  dern  i  r  posses- 
seur, et  les  détériorations  occasionnées  par  le  temps 
et  l'insouciance  s'étaient  augumentées  d'une  manière 
affligeante.  Cependant  ce  beau  parc ,  le  plus  vaste 
qui  existe,  avait  été  donné,  avec  toutes  ses  fermes, 
à  la  légion  d  honneur,  et  le  chàleau  u- vn.  servir  de 


corps  du  bâtiment.  C'est  à  Chambord  que  l'on  vil  le      chef-lieu  à  la  li«  cohorte  de  cette  lésion.  Déjà  elle 


premier  modèle  des  escaliers  à  double  vis;  celui  du 
gr"S  pavillon  du  milieu  peut  encore  être  cité  pour 
sa  régularité.  Il  est  fait  en  coquille,  percé  à  jour,  et 
est  composé  de  deux  montées  ,  l'une  dans  l'auire  , 
pratiquées  de  telle  sorte  ,  qu'un  gi a- d  nombre  de 
personnes  peuvent  monter  et  descendre  en  même 
temps  sans  s'entrevoir,  l'un  des  côtés  étmt  dérobé 
de  l'autre  avec  beaucoup  d'art.  Chaque  montée  a  274 
degrés,  du  haut  desquels  on  voit  jusqu'au  bout  de 
l'escalier  par  le  trou  du  noyau.  Ce  chàleau  est  en- 
fermé par  un  large  fossé  et  par  des  murailles  de 
pierres  de  taille  ,  avec  quatre  hautes  tours  rondes. 
Une  grande  cour  tourne  presque  tout  auioiir  de  ce 
royal  édifice.  Sa  beauté  se  fait  remarquer  de  ceux  qui 
le  voient  de  loin  ,  à  cause  de  plusieurs  tourelles  'lui 
sont  Us  cheminées  enjolivées  de  plusieurs  peine.- ii 


avait  fait  faire  les  réparations  les  plus  urgente.-,  cm  er 
et  redresser  le  Cosson  dans  toute  la  paitie  de  ^on 
cours  ,  qui  traverse  le  parc  ,  et  toutes  les  (disposi- 
tions éiaieui  piises  pour  y  établir  une  seconde  mai- 
son (l'odiicutiun  pour  les  filles  des  membres  de  la 
légion  dhonne.ir,  lorsque  Napoléon  (it  ^.cqlu^lliou 
de  ce  château  ei  de  ses  dépendances,  un  des  plus 
beaux  monuments  du  xvi*  siècle,  et  l'érigea  eu  priu- 
lipaulé  sous  le  tilre  de  VVagrani,  en  fiveur  du  maié- 
chal  Berthier,  prince  de  Neiilcliàiel.  Ce  prince  avait 
riiiieiition  lie  liire  répirer  et  mettre  dans  un  état 
convenable  la  retraite  du  vainqueur  de  Fontenoy; 
mais  les  événements  de  18i.i  et  1815  ayant  changé 
la  face  des  choses,  le  c'iàteau  et  ses  dépendances  ne 
subirent  aucune  amélioration.  Ce  beau  domaine  fui 
rois  eu  vemc  en   ISiO,  et  raclieié,  pour  cire  (offert 


361 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


ôm 


par  la  France  au  duc  de  Bordeaux ,  au  moyen  d'une 
souscri|ilion  publiijue. 

Chamboriacum,  Chambourcy,  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Chartres,  actuellement  de  celui  de  Ver- 
sailles, canton  de  Saint-Germain-en-Lnye,  Seine-et- 
Oise ,  à  2  kil.  da  Poissy,  4  ouest  de  Sjint-Germain, 
et  20  de  Paris.  Sa  population  est  de  800  hab.  envi- 
ron, avec  le  baraeau  joignant,  dit  La  Brelonniére  , 
celui  de  Monlnigu,  qui  en  est  séparé,  et  d'autres 
maisons  écartées.  Ce  village  est  peu  éloigné  de  la  fo- 
rôt  de  Saint-Germain.  L';incienne  abbaye  de  Joyen- 
val ,  simple  prieuré  d'Iiommes  de  l'ordre  de  Pré- 
monlré,  lors  de  sa  suppression,  faisait  partie  de 
cette  commune.  Il  ne  reste  plus  que  quelques  bâti- 
ments du  monastère  et  une  ferme.  Le  domaine  de 
Retz ,  dit  le  Désert ,  contigu  à  la  forêt  de  Marly,  est 
une  des  habitations  écartées  du  village  ;  il  renl'er- 
me,  dans  une  enceinte  de  80  arpents,  une  lotir  tron- 
quée, d'une  solidité  à  toute  épreuve,  dont  la  distri- 
bution très-singulière  a  été  faite  ,  vers  1780,  par  M. 
Déntonville.  Ou  y  voit  un  pavillon  chinois,  diverses 
fabriques  et  de  belles  eaux.  Le  terroir  est  en  terres  la- 
bourables ,  vignes  et  prairies ariiCcielles.  On  y  trouve 
beaucoup  de  fruits,  de  châtaignes  et  de  noisettes. 

Charentonis  Pons,  Cbarenton,  bourg  du  diocèse  de 
Paris, divisé  en  deux  communes,  Tune  nommée  Cha- 
renton-le-Pont,  et  l'autre  Charen ton-Sain t-Maurice  ; 
chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Sceaux,  à  6  kil. 
de  celle  sous-préfecture,  et  6  au  sud  de  Paris. 

Chnreition-te-Poiit.  Sa  population  est  d'environ 
2500  habitants,  y  compris  les  Carrières  et  Conflans, 
où  est  l'église  paroissiale.  On  n'a  point  de  certitude 
absolue  que  dès  le  temps  de  César  il  y  ait  eu  un  pont 
à  l'endroit  qu'on  appelle  Charenton.  On  peut  lout  au 
plus  le  présumer  par  la  facilité  qu'eurent  les  troupes 
romaines,  lorsqu'au  retour  de  leur  vaine  tentative  sur 
Luièce,  du  côté  de  la  rivière  de  Bièvre,  elles  vinrent 
repasser  la  Seine  à  Melun,  afin  de  se  rapprocher  de 
Luiècepar  la  rive  droite. On  pense  généralement  que 
la  Marne  était  dans  cet  endroit, comme  ailleurs,  rem- 
plie d'iles  grandes  et  petites,  qui  avaient  facilité  la 
construciion  d'un  pont  de  bois.  Du  moins  il  est  con- 
stant, s'il  en  faut  croire  la  Vie  de  saint  Merry,  qu'il 
existait  au  vii«  siècle  un  pont  sous  le  nom  de  pont  de 
Charenton  (Pons  Charentonis),  et  que  ce  pont  était 
facile  à  rompre  et  à  démonter,  ce  qui  indiquerait  un 
pnnt  de  bois.  Les  Annales  de  Saint-Bertin  prouvent 
que  ce  pont  est  un  des  plus  anciennement  bàlis  pour 
faciliter  par  terre  les  arrivages  à  Paris.  H  a  toujours 
été  regardé  comme  la  clef  de  la  capitale  de  ce  côté. 
Dès  l'yn  86j,  on  trouve  que  les  Normands  s'en  em- 
parèrent et  le  rompirent.  Charles  le  Chauve,  informé 
de  cet  événement,  et  sachant  d'ailleurs  que  les  ha- 
bitants, ruinés  et  dispersés,  ne  pouvaient  pas  le  re- 
construire, ordonna  qu'il  fût  rétabli  pnr  les  ouvriers 
des  provinces  éloignées  chargés  de  construire  des 
.forteresses  snr  la  Seine.  Hincmar  nous  apprend  qu'il 
y  avait  dès  lors  beaucoup  d'habitants  proche  le  pont 
I  de  Charenton.  Il  est  vrai  qu'il  ne  détermine  pas  le 
Dictionnaire  de  Géographie  eccl.  II. 


côté  du  rivage;  mais  il  y  a  toute  apparence  que  c'é- 
tait du  côté  de  Paris  en  tout  sens,  parce  que  les 
habitants  se  fixent  plus  ordinairement  du  côté  par 
où  passent  les  voyageurs.  C'est  pour  celte  raison 
qu'on  a  appelé  bourg  de  Charenton  ou  bourg  du  pont 
de  Charenton,  et  enfin  Charenton-le-Pont,  toutes  les 
maisons  qui  sont  depuis  le  bout  du  pont  jusqu'au 
haut  de  la  montagne.  —  L'évêque  de  Paris  était  le 
plus  ancien  seigneur  de  Charenton;  il  jouissait  d'un 
droit  de  péage  sur  le  pont  de  ce  lieu  en  1486.  Ce 
pnnt  était  fortifié  par  une  grosse  tour  qui  en  défen- 
dait l'entrée.  11  est  fameux  dans  l'histoire  des  guerres 
civiles,  pour  avoir  été  souvent  le  théilrede  sanglants 
combats.  En  juinM358,  le  dauphin  Charles,  régent 
du  royaume,  pendant  l'absence  de  son  père,  le  roi 
Jean,  prisonnier  en  Angleterre,  se  présenta  au  pont, 
à  la  tète  de  son  armée,  pour  s'en  rendre  mailre;  il 
voulait  de  là  se  diriger  sur  Paris,  qu'occupaient  les 
Anglais  et  leur  allié,  Charles  le  Mauvais,  roi  de  Na- 
varre. Les  Anglais  qui  s'élaient  emparés  de  Cha^ 
renton  sous  Charles  Vil,  en  furent  chassés,  le  1 1  jan- 
vier 1436,  par  la  troupe  du  capitaine  de  Corbeil, 
nommé  Ferrière.  En  1465,  l'armée  de  la  ligue,  dite 
du  bien  public,  commandée  par  le  comte  de  Cliaro- 
lais,  depuis  duc  de  Bourgogne,  l'attaqua  et  s'y  porta 
pour  proléger  ses  opérations  contre  Louis  XI.  Phi- 
lippe de  Comines  dit  à  ce  sujet  ;  i  La  rivière  de  Seine 
esloit  entre  nous  et  eux;  et  commencèrent  ceux  du 
roi  une  tranchée  à  l'endroit  de  Charenton  où  il,  ti- 
rent un  boulevert  de  bois  et  de  terre,  jusques  au 
bout  de  notre  est  :  et  pâssoit  ledit  fossé  par  devant 
Conflans,  la  rivière  entre  deux,  comme  dit  est,  et  là 
assortirent  grand  nombre  d'artillerie,  qui  d'entrée 
chassa  tous  les  gens  du  duc  de  Calabre  hors  du  vil- 
lage de  Charenton  :  et  fallut  qu'à  grand  haste  ils  vins- 
sent loger  avec  nous  :  et  y  eut  des  gens  et  des  chevaux 
tuez.  El  logea  le  duc  Jean  en  un  petit  corps  d'hostel, 
lout  droit  au-devant  de  celui  de  monseigneur  de  Cha- 
rolois  à  l'opposite  de  la  rivière.  Cette  artillerie  com- 
mença premièrement  à  tuer  de  nostre  ost,  et  espou- 
Yenta  fort  la  compagnie  :  car  elle  tua  des  gens  d'en- 
trée :  et  tira  deux  coups  par  la  chambre  ou  le  sei- 
gneur de  Charolois  esloit  logé  comme  il  disnoit  :  et 
vint  tuer  un  trompette,  en  apportant  un  plat  de 
viande  sur  le  degré.  »  Les  calvinistes  prirent  le  pont 
de  Charenton  eu  1567.  Le  23  avril  1590,  Henri  \S 
l'enleva  aux  soldats  de  la  Ligue,  qui  s'y  défendirent 
avec  acharnement.  Il  était  encore  alors  protégé  par 
une  grosse  tour,  et  l'historien  Mézerai  rapporte  que 
dix  enfants  de  Paris  y  résistèrent,  pendant  trois  jours, 
à  toutes  les  forces  de  l'armée  royale.  Henri  IV  fut 
si  irrité  de  cette  défense  désespérée,  que,  devenu 
maître  de  la  tour,  il  la  (il  raser,  et  fit  pendre  les  dix 
audacieux  qui  lui  avaient  tenu  lête.  Pendant  les  guer- 
res de  la  minorité  de  fjOuis  XIV,  les  frondeurs  y  re- 
poussèrent le  prince  de  Condé  et  y  firent  une  perte 
de  quatre-vingts  officiers.  Ils  avaient  à  leur  tête  le 
marquis  de  Chanleu.  De  part  et  d'autre  on  fit  des 
prodiges  de  valeur.  Un  des  officiers  de  la  Fronde,  lo 

12 


SE>5 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLKSlASTIQUE. 


marquis  de  Cugnac,  petii-lils  du  rnaréclial  de  la  Force, 
se  sauva,  diseiii  lesinémdires  du  temps,  par  une  bonne 
fortune  i|ui  (igiirerait  mieux  dans  un  roman  que  dans 
une  hisiiiiie.  Un  quartier  de  glace  détaché  de  la  ri- 
vière, et  sur  lequel  il  sauta  du  haut  du  pont  de  Cha- 
rentuiioùil  cuniliattail,  le  transporta  heureusement  à 
Paris. Le  (iriiice'deCoiulé  parvint  cependanl  à  s'empa- 
rer de  nnuveau  du  pont  dans  la  même  année. —  Prisel 
repris  pendant  plusieurs  siècles,  le  pont  de  Cliarenton 
availété  rebâti  plusieurs  fois.  Il  ieful encore efll7i4, 
tel  qu'il  est  aujourd'hui.  Il  est  assis  sur  dix  arches, 
laut  grandes  que  petites,  et  C(instruii  en  pierre,  à 
l'exception  de  quatre  arcades  du  milieu  qui  sont  eu 
bois.  On  y  a  fait  quelques  rcparaiions  en  1812.  Au 
mois  de  lévrier  1814,  quand  déjà  l'ennemi  inondait 
les  plaines  de  la  Champagne,  ei  menaçait  d'être  bien- 
tôt aux  portes  de  la  capitale,  on  furtilia  les  appro- 
ches de  ce  pont,  et  on  établit  aux  deux  extrémités 
des  palissades,  à  l'instar  de  celles  que  l'on  construi- 
sait aux  barrière:.  île  Paris.  Au  moment  où  les  armées 
alliées,  malgré  les  brillantes  journées  de  Cliamp- 
Auberi,  Monlmirail  et  Montereau,  si  glorieuses  pour 
les  armées  françaises,  se  débordaient  comme  un  tor- 
rent autour  de  Pai  is,  la  défense  du  pont  de  Chareniua 
lut  conliée  aux  élèves  de  l'école  vétérinaire  d'Alfurl, 
qui  avaient  sollicité  et  obtenu  du  gouvernement 
l'hunneur  de  se  battre  pour  la  patrie.  Mais  c'était  en 
vain  que  ces  jeunes  Français  s'étaient  flattés  de  con- 
server le  pi'Ste  qui  leur  avait  été  confié.  Le  50  mars, 
accablés  par  le  nombre  de  ceux  qui  les  at;aquaieni,  ils 
furent  obligés  de  céder  à  la  lorce.  Cliarenton  lut  pris, 
et  l'enuemi  se  répandit  sur  la  rive  droiie  de  la  Seine. 
Le  lendemain,  les  troupes  wuriembergeoises  et  le 
corps  autrichien  du  comte  de  Giiilay  y  éiablirent  leur 
bivouac,  et  campèrent  à  Charenlon.  —  On  jouit  sur 
le  pont  de  Cliarenton  d'une  vue  délicieuse  et  variée. 
Des  îles  ornées  de  peupliers,  conununiquant  entre 
elles  par  des  ponts  suspendus,  de  nombreuses  mai- 
sons de  campagne,  dans  le  lointain  un  horizon  ver- 
doyant, le  bouillonnement  des  eaux  de  la  Seine  el 
de  la  Marne  qui  se  joignent  tout  près  de  là,  en  for- 
ment un  des  sites  les  plus  pittoresques  des  environs 
de  Paris.  Des  Ursins,  eu  sou  histoire  de  Charles  VI, 
parlant  de  Chareuton,  dit  qu'en  1405,  te  loimene  y 
abattu  liuit  cheminées,  rencontra  un  compagnon  auquel 
il  ôla  le  chaperon  el  la  manche  de  sa  robe,  el  passa 
iuut  lui  mal  faire;  et  pai  un  trou  entra  en  la  maison 
(lu  ûaufw,  el  en  une  chambre  rencontra  un  jeune  hom- 
m>,  lequel  il  lua,  lui  consumant  tes  chairs  et  les  os  el 
(oui.  On  lit  dans  l'hisioire  du  même  roi,  écrite  par 
Lcfèvre,  qu'en  l'an  1418,  le  duc  de  Bretagne  vint  à 
Chareuton  pour  faire  la  paix  entic  le  darpliin  et  le 
duc  de  Bourgogne,  à  cause  que  la  peste  était  à  Paris, 
maïs  que  ce  fut  en  vain,  les  deux  princes  n'ayant  pu 
s'accorder.  Selon  un  autre  monument  du  lenipj, 
Henri  V,  roi  d'Angleterre,  allant  à  Troyes  en  14-20, 
pour  son  mariage  avec  Catherine  de  France,  s'arrèia 
en  passant  à  Cliarenton,  où  la  ville  de  Paris  lui  fit 
pré»enl  de  quatre  charretées  de  moult  bon  vin,  —  II 


r,G4 

a  existé  certainement  une  léproserie  au  pont  de  Cha- 
rentoii,  et  il  parait  qu'il  y  a  eu  aussi  un  hôpital.  l)na 
ordonnance  de  police  du  l'''  mars  ItiSO,  sur  ce  qui 
avait  été  remontré  au  proiureur  du  roi  qne,  les  dé- 
fenses de  vendre  de  la  viande  pendant  le  carême  ne 
s'éiendant  pas  jusqu'au  bourg  de  Cliarenton,  les  li- 
bertins et  débauchés  y  allaient  manger  de  la  viande, 
fit  irès-expresies  défenses  à  tous  bouchers,  rôtisseurs, 
pâtissiers,  cuisiniers,  hôteliers,  cabaretiers  et  tous 
autres,  de  quelque  qualité  et  sous  quelque  prétexte 
que  ce  fût,  de  préparer,  vendre  et  débiter  aucunes 
chairs,  volaille,  gibier,  à  Charenlon,  à  peine  de  300 
livres  d'ameude,  de  punition  corporelle  et  de  con- 
fiscation des  viandes  et  des  loyers  d'une  année  des 
maisons  où  elles  seraient  vendues  el  consommées. 
—  Danton,  Robespierre,  Puche  et  quelques  autres 
tinrent,  dans  le  mois  de  mai  1795,  des  conciliabules 
secrets  à  Cliarenton,  et  y  arrêtèrent  le  plan  d'ultaque 
contre  la  majorité  de  la  cinventiou.  —  Pierre  Leguay 
de  Prémuiival,  mailiématicien  célèbre  et  homme  de 
lettres,  membre  de  l'académie  des  sciences  de  Berlin, 
et  mort  dans  cette  ville  en  1767,  était  né  à  Cliarenton 
en  17IC.  L'église  paroissiale  de  Charenlon  est  dans 
le  village  de  Coiiflans,  qui  fait  partie  de  la  commune, 
aussi  bien  que  celui  des  Carrières.  Dans  le  territoire 
joignant  le  bourg  deCliarenton,ils'étaitfoi  nié  un  cou- 
veiiideCarmesdéchaussés,  qui  éiaieut  indifféremment 
appelés  Carmes  de  Charenlon  ou  Carmes  de  Con/lans. 

Chitrenlon-Sainl-Maurice.  Cette  commune,  qui  lait 
partie  de  Chareniou-le-Poni,  était  appelée  aussi  au- 
trefois le  P(/î/-C/mrcn(on.Ce  village  est  situé,  comme 
Charen  ton-le-  Pont,  au  bout  du  pont,  et  n'est  séparé  du 
bourg  que  par  une  petite  ruelle  appelée  la  Ruelle  Le- 
guiller;  mais  il  s'éieiid  beaucoup  plus  que  le  pre- 
mier dans  les  terres,  puisque  le  village  de  Saint- 
Mandé,  qui  était  autrefois  une  annexe  de  la  paroisse 
de  Charenlon-Sainl-Maurice,  commence,  pour  ainsi 
dire,  aux  dernières  maisons  de  cette  commune.  L'é- 
glise est  située  presque  à  l'extrémité  du  village,  du 
côté  de  Saint-Maur-des-Fossés,  et  on  n'en  approche 
que  par  des  chemins  détournés  el  solitaires.  Elle 
est  petite,  et,  quoique  rebâlie  à  neuf  depuis  peu  de 
temps,  elle  n'est  point  solide.  Les  habitants,  au 
nombre  de  plus  de  I'200,  vont  maintenant  à  la  messe 
à  Conflaiis,  qui  a  dans  son  sein  l'église  paroissiale 
de  Charenton-le-Ponl.  —Ce  village  est  situé  dans 
une  position  forl  agréable.  Il  est  bien  bàii  el  ren- 
ferme plusieurs  maisons  de  caiitpagoe  irès-jnlies. 
Gabrielle  d'E^lrées  avait,  à  Cliarenton-Sainl-Mau- 
nce,  une  liabiiation  que  lui  fil  bâtir  Henri  IV.  C'est 
la  première  maison  que  l'on  rencontre  sur  la  gau- 
che, en  arrivant  de  Paris  à  Cliarenl(ui;  elle  esl  cons- 
truite en  briques  ;  on  l'appelle  le  Château. 

Mais  ce  qui  rend  surtout  ce  vill.ige  célèbre 
dans  l'histoire,  c'est  le  temple  qu'y  ont  eu  long- 
temps les  protestants.  Henri  IV,  qui  venait  de  quit- 
ter leur  religion,  permit  aux  religionnaires  de  Pari», 
par  lettres  patelles  du  l«f  août  1606,  de  le  cons- 
truire et  de  s'y  assembler  pour  les  actes  el  cérémo* 


3C5 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


366 


nies  de  leur  croynnce.  Ils  étaient  auparavant  obligés 
d'ailler  ju>qu'à  Abl  m.  Ils  acheièrenl  aussitôt,  sous 
le  nom  du  sieur  de  Maiipenn,  intendant  des  finan- 
ces, la  maison  de  Gniilaunie  l'Aubespine,  sieur  de 
Chisicauneut',  conseiller  d  Etat,  pour  la  somme  de 
7000  liv.,  s'y  éiablirenl,  ei  résolurent  d'y  bàiir  nn 
temple.  Cet  établissement  ne  se  fil  pas  toutefois  sans 
opposition.  Jean  Lebossu,  secrétaire  du  roi,  haut 
justicier  de  Cbarcnion,  alla,  dès  le  2  août,  au  bu- 
reau de  riiôtel-de-ville,  trouver  le  prévôt  des  mar- 
chands et  les  échevins,  pour  les  engager  à  s'oppo- 
ser à  une  entreprise  qui  ne  pouvait  avoir  lieu  sans 
l'agrément  du  haut  justicier  du  lieu,  conformément 
à  tous  lesédits  précédents.  Il  présenta  aussi  requête 
au  roi,  mais  le  luut  en  vain.  Il  obtint  seulement  acte 
de  son  opposition.  Nonobstant  ces  tentatives  d'ein- 
péchemenl,  les  rdigionnaires  tinrent  le  prêche  dans 
leur  nouvelle  habilaii</n,  le  dimanche  27  août,  pour 
la  premièie  fois.  On  remarqua  qu'il  y  avait  à  peu 
prés  5000  personnes  à  cette  solennité.  Les  catholi- 
ques commencèrent  à  s'agiter  beaucoup,  et  il  y  au- 
rait vraisemblablement  eu  quelque  rixe,  si  on  n'eiil 
pris  la  précaution  d'envoyer  des  archers  pour  conte- 
nir la  populact.  —  I  Pendant  le  mois  d'octobre 
1606,  dit  Pierre  l'Estoile,  djtis  son  journal,  les  ru- 
meurs populaires,  insolences,  injures  et  oukrages 
aboutissantes  à  sédition,  furent  grandes  à  Paris  con- 
tre Ceux  qui  alloient  et  venoient  aux  proches  de 
Charentc^n,  si  qu'il  ne  se  passoit  dimanche  ni  fête 
qu'il  n'y  eùi  quelque  nouveau  remuement  et  folie, 
pourquoi  doimer  ordre  (du  commandement  même  de 
Sa  Majesté)  fut  advisé  de  dresser  à  la  porte  Sainl- 
Anl'iine  une  potence  pour  y  attacher  le  premier, 
l;int  d'une  religion  que  d'autre,  qui  seroit  si  osé 
de  troubler  le  repos  public.  »  Mais  l'oratoire  que  les 
protestanis  avaient  fitit  bàlir  à  ceito  époque  ne  dura 
p^s  longtemps  :  les  catholiques  le  brûlèrent,  dans  une 
émeuie,  en  1621.  Sauvai  rend  compte  de  cet  événe- 
ment de  la  manière  suivante:  «La  nouvelle  ayant 
été  sue  à  Paris,  de  la  mon  du  duc  de  Mayenne,  tué 
au  siège  de  Montauban  le  20  septembre,  qui  était  un 
dimanche,  qucli|ues  vagabonds  et  autres  gens  de  la 
lie  du  peuple  aiiaquèrent  les  huguenots  au  retour  de 
CharentOG  ,  quoique  escortés  ,  de  crainte  d'émeuie, 
tant  du  duc  de  MontbazMii,  gouverneur  de  Paris,  et 
de  ses  gardes  que  des  deux  lieutenants  civils  et  cri- 
minels, du  chevalier  du  guet,  et  des  prévôts  de  l'île 
et  de  robe  courte.  Il  y  en  eut  de  tués  de  pan  ei  d'au- 
Ire;  quelques  catholiques  même  qui  se  promenoient 
aux  environs  furent  volés  sous  prè:exte  de  leur  f.iire 
montrer  le  chapelet.  Quatre  cent»  séditieux  mirent 
le  feu  à  Charenion.  t  Ce  tumulte,  commencé  hors  de 
l'aris,  continua  dans  son  enceinte  pendant  plusieurs 
JDurs,  et  il  fallut  pendre  quelques-uns  des  séditieux 
pour  mettre  un  frein  à  la  fougue  des  autres.  Deux 
ans  après  le  temple  fut  réiaidi.  Jacques  Desbrosses, 
le  plus  fameux  architecte  du  siècle  et  le  même  qui 
bàiit  l'aqueduc  d'Arcueil,  donna  les  dessins  de  ce 
iiuuveau  temple.  Voici  ua  extrait  de  sa  description. 


«  Le  plan  était  carré-long  percé  de  3  portes  ;  savoir, 
une  à  chaque  bout,  et  au  milieu  d'une  des  grandes 
faces.  Il  était  éclairé  par  81  croisées,  en  trois  étages, 
l'une  dessous  l'autre,  élevées  de  27  pieds  ,  jusqu'à 
l'entablement.  Il  avait  de  lonj^ueur  104  pieds  dans 
œuvre,  et  70  pieds  de  large  aussi  dans  œuvre.  Il  y 
avait  une  grande  nef,  au  plafond  de  laquelle  étaient 
les  tables  du  Vieux  et  du  Nouveau  Testament,  écri- 
tes en  lettres  d'or,  sur  un  fond  bleu...  ;  au  pourtour 
de  la  nef  étaient  20  colonnes  d'ordre  dorique  da 
21  pieds  de  haut,  et  qui  formaient  3  étages  de  gale- 
ries. I  Ce  temple,  dont,  comme  on  le  voit,  l'ctendua 
était  immetise,  pouvait,  disent  les  historiens,  conte- 
nir de  15  à  16,000  personnes;  ce  qui  prouve  com- 
bien était  grand  le  nombre  des  protestants  qui  se 
trouvaient  alors  à  Paris.  C'est  dans  ce  temple  que 
les  religionnaires  tinrent  leurs  synodes  nationaux  de 
1625,  1()3I  et  1644.  Ils  avaient  auprès  une  bibliothè- 
que, une  imprimerie  particulière  et  des  boutiques  de 
libraires,  principalement  pour  les  livres  dogmati- 
ques. Plusieurs  ministres  de  Charenion  se  rendirent 
fameux  par  leurs  talents,  et  entre  autres  le  célèbre 
Claude,  antagoniste  d'Arnaud  et  de  Bossuet,  qui  fut 
ministre  depuis  1660  jusqu'à  la  révocation  de  l'édit 
de  Nantes.  Sirr  la  fin  du  mois  d'août  168S,  quelques 
catholiques  essayèrent,  pendant  la  nuit,  de  mettre 
le  feu  à  ce  temple.  Sur  les  plaintes  que  les  protes- 
tants portèrent  au  parlement,  il  y  eut  ordre  d'infor- 
mer ;  mais  à  cette  époque,  Louis  XIV  ayant  révoqué 
l'édit  de  Nantes,  on  commença  d'abattre  le  temple, 
le  soir  même  du  22  octobre.  Au  bout  de  5  jours,  il 
ne  resta  plus  aucune  trace  de  ce  vaste  édilice  :  des 
soldats  furent  les  exécuteurs  de  cette  destrur  lion. 
Les  matériaux  du  temple  furent  abandonnés  à  l'hô- 
pital général  de  Paris.  Le  cardinal  de  Noailles  lit 
venir  du  Val-d'Osne  des  religieuses  bénédictines  qui 
s'établirent  sur  l'emplacement  de  ce  temple  et  s'y 
firent  bâtir  une  petite  église  ;  elle  fut  dédiée,  par 
le  cardinal,  à  l'adoration  perpétuelle  du  Saint-Sa- 
crement. —  En  1641,  un  Sébastien  Leblanc  fonda, 
à  Charenton-Saint-Maurice ,  une  maison  tenue  par 
les  frères  de  la  Charité,  et  destinée  à  recevoir  les 
malades,  particulièrement  ceux  qui  se  trouvaient 
attaqués  de  folie.  A  l'époque  de  la  révolution,  cette 
maison  fut  réunie  à  la  direction  générale  des  hôpi- 
taux de  Paris;  mais  sa  destination  resta  la  même. 
Le  gouvernement  s'est  montré  favorable  à  cet  éta- 
blissement. L'hôpilnl  de  Charenton  a  été  considéra- 
blement augmenté  et  doté  convenablement.  L'on 
n'admet  à  Charenton  que  des  fous  dont  on  espère  la 
guérison;  les  autres,  ceux  qui  ne  sont  pas  suscepti- 
bles de  retour  à  la  raison,  sont  renvoyés  à  Bicêire. 
—  Cet  hospice  est  situé  sur  la  rive  droite  de  la 
Marne,  dans  la  pente  de  la  montagne,  contre  laquelle 
le  bâtiment  est,  pour  ainsi  dire,  appuyé.  Derrière  la 
maison  et  plus  haut  que  son  toit,  d.ins  la  montagne 
même,  sont  le  jardin,  le  verger  et  le  pire,  qui  ap- 
partiennent à  l'hospice;  on  y  cueille  lies  fruits  exquis; 
la  raison  en  est  fort  simple  :  la  pente  allant  de  l'est 


i67 


DICTfONNAiRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLÉSIASTIQUE. 


m 


à  l'ouesi,  le  terrain  est  exposé  loiue  la  journée  aux 
rayons  du  soleil.  Ce  qui,  ilans  cel  hospice,  fixe  l'at- 
teniion  des  coiiiitiisseurs.et  que  l'on  regarde  comme 
un  morceau  de  maçonnerie  de  la  plus  grande  har- 
diesse, ce  sont  les  caves  creusées  à  cent  pieds  au- 
de-sous  du  sol  du  jardin.  Elles  sont  composées  de 
quatre  nefs  chacune,  de  64  loises  de  long,  sur  14 
pieds  de  large  ei  12  de  hauteur;  elles  sont  éol  tirées 
par  4  lanternes,  en  forme  de  puits,  dont  la  disposi- 
tion rend  cet  endroit  irès-sain.  Ces  caves  ont  été 
construites,  en  1761,  aux  dépen?  des  religieux;  elles 
peuvent  contenir  1500  niuids  de  vin.  Il  y  a  aussi  un 
puits,  dont  une  mécanique,  à  l'aide  de  deux  ou  trois 
chevaux,  lire  les  eaux  profondes,  et  les  porte  au  ni- 
veau de  la  maison,  d'où  elles  reviennent  par  des 
tuyaux  dans  les  :ippartemtnts  où  l'on  veut  s'en  ser- 
vir. Cel  hospice  ne  recevait,  avant  la  révolution,  que 
des  pensionnair^'S  débiles,  dont  les  f.imilles  ou  les 
amis  ai  quiitaieiit  lis  dépenses:  qutilquelois  les  let- 
tres de  f-acliet  y  firent  séquestrer  ceux  dont  les  pa 
rents  cherchaient  à  se  débarrasser.  On  faitàCharen 
lon-Saiiit-Mauiice  un  assez  grand  commerce  devin. 
Chenalcum,  vet  Cheniacum  ,  le  Clienay  ,  paroisse 
de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  actuellement  de  celui 
de  Ver>ailles ,  canton  et  arrondissement  de  cette 
ville,  Seine-ei-Oise,  à  16  kil.  ouest  de  Paris.  —  Ce 
village  était  un  lieu  très-peu  considérable,  el  qui  a 
dû  n'être  d'abord,  s'il  faut  en  croire  l'abbé  Lebeuf, 
qu'un  simple  écart  de  la  paroisse  deCelle-hz-Saitil- 
C!oud;  il  fut  longtemps  depuis  une  dépendance  de 
celle  de  Roquencouit,  avec  laquelle  il  formait,  au 
connnencement  du  siècle  dernier,  une  pop.  de  580 
hab.  ;  aiijuurd'lmi  le  Clienay  est  une  cominune  sépa- 
rée dont  la  pop.  s'élève  à  3S0  habitants  environ.  — 
Le  nom  de  Clienay  a  é:é  donné  à  ce  lieu  à  cause  du 
grand  nombre  de  chênes  q>ii  y  croissaient  ;  quant  à 
son  origine,  on  ne  peut  rien  assigner  d'absolument 
certain.  La  plus  ancienne  marque  de  l'existence  de 
ce  village  est  la  donation  que  les  moines  de  Sainl- 
Gi;rmain-des-Prés  sévirent  obligés  d'en  faire,  après 
l'invasion  des  Normands,  en  846,  a  des  seigneurs 
assez  puissants  pour  les  protéger  contre  ces  pirates. 
Celte  terre  appartenait,  au  xi'=  siècle,  à  la  maison 
des  comtes  de  Montfort,  fameux  dans  l'histoire  de 
celle  époque.  Amaury,  l'un  d'eux,  en  rendit  hom- 
mage à  Pierre,  abbé  de  Sainl-Germain,  environ  l'an 
1073,  en  présence  du  roi  Philippe  1"'.  —  L'église  du 
Clienay,  sous  l'invocation  de  saint  Germain,  n'a  rien 
de  remarquable  ;  elle  a  été  entièrement  rebâtie, 
d.ins  le  xvii»  siècle,  par  le  conseiller  d'Etat  de  Uer- 
nières,  sur  les  ruines  de  l'ancienne,  du  même  nom  , 
tombée  alors  dans  un  entier  délabrement.  Celle-ci 
datait  de  la  fin  du  xu»  siècle,  el  fut  bâtie  sur  un 
tcrrjin  donné  par  Foulques,  abbé  de  Saini-Germain. 
Plus  anciennement,  les  habitants  du  Clienay  se  ras- 
semblaient dans  une  chapelle  du  titre  de  Saint-Sul- 
pice,  appartenant  aux  chanoines  de  Saint-Benoît  de 
Paris,  qui  la  desservaient.  Lorsque  la  première  égli- 
se de  Saint-Germain-du-Chenay  fui  bâtie,   ces  cha- 


noines, qui  tenaient  à  la  desserte  des  fiabiiants  de  ce 
lieu,  et  ne  voulaient  pas  s'en  départir,  furent  indem- 
nisés par  la  présenttUion  à  la  cure  du  Chenay,  qui 
resta  depuis  au  chapitre  de  Sainl-Benoit.  Celte  cha- 
pelle de  Saint-Sulpice,  nommée,  dans  la  suite,  de 
Saint-AiUoiiie-du-Biiisson,se:T\h{ine  seconde  fois  aux 
habitants  du  Chenay,  dans  l'iniervallc  de  la  ruine  et 
du  rétablissement  de  l'église  de  Saint-Germain.  Le 
curé  et  les  habitants  du  Chenay  reçurent  en  1S85, 
la  faculté  d'y  établir  une  confrérie  de  Saint-Sébastien 
el  de  Saint-Roch,  confrérie  qui  devait  les  préserver 
ou  les  guérir  de  la  peste.  —  En  1651,  Pierre  Lepelle- 
lier,  auditeur  des  comptes,  établit  une  école  et  paya 
un  prêtre  pour  y  instruire  les  enfants.  —  C'est  dans 
ce  village  que  se  retirèrent  une  partie  des  solitaires 
du  Port-Royal,  après  la  destruction  de  leur  maison. 

—  Louis  XIV  acheta,  en  1683,  la  terre  seigneuriale 
du  Chenay  des  Bénédictins  de  Saint-Germain,  par 
contrat  du  20  avril,  et  l'ajouta  à  son  parc  de  Versail- 
les. En  1721,  le  roi  fit  acquisition  d'une  portion  du 
territoire  du  Chenay,  voisine  de  Trianon,  et  de  80 
perches  de  terre,  qui  furent  comprises  dans  sa  pé- 
pinière. —  Plusieurs  maisons  de  campagne,  ainsi  que 
les  hameaux  de  Pelil-Chesnay  et  de  Saint-Antoine, 
font  partie  de  cette  commune  :  ce  dernier  hameau 
est  coniigu  aux  barrières  de  la  ville  de  Versailles. 

—  Le  terroir  du  Clienay  est  en  terres  labourables, 
prairies  et  bois. 

Clieneveriœ,  velCanaberis,  Cheneviéres-eii-Fraiice, 
paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  aujourd'hui  de 
celui  de  Versailles,  canton  de  Luzarches,  arrondis- 
sèment  de  Pontoise,  Seine-et-Oise ,  à  12  kil.  sud-est 
de  Luzarches,  el  37  de  Versailles,  popul.  250  habi- 
tants. Le  mot  Chenevières  vient  évidemment  des 
plantations  de  chanvre  qui  abondaient  en  co  lieu. 
Le  plus  ancien  pouillé  nomme  cet  endroit  Clieneve- 
riœ; Du  Breol,  dans  son  catalogue  des  cures,  appelle 
celle-ci  en  latin  de  Canaberis,  et  en  français  Cliana- 
bre. — L'église  paroissiale  est,  dit-on,  sons  l'invocation 
de  saint  Leu  elde  saint  Gilles,  dont  on  y  célèbre  la 
fête  comme  patronale,  le  premier  septembre.  Elle 
est  dite  eeclesia  SS.  Egidii  el  Lupi  dans  un  acte  du 
2  août  1533.  Le  bâtiment  de  l'église  actuelle  est 
presque  entièrement  neuf,  principalement  le  portail. 
Le  chœur,  qui  est  plus  exhaussé  que  le  reste,  est 
très-délicatement  voûté  et  fort  clair:  lise  termine 
en  demi-cercle,  et  l'extérieur  est  couvert  d'ardoi- 
ses. Sa  structure  est  de  deux  siècles  environ.  Il  y 
avait  à  coti  de  celte  église  une  haute  tour  carrée 
qui  menaçait  ruine  en  1718.  A  peine  eut-on  présenté 
requête  au  cardinal  de  Noailles  pour  la  réparer, 
qu'elle  s'écroula.  Le  cardinal  permit,  le  15  mars 
1719,  d'employer  1800  livres  pour  la  rebâtir.  Il 
paraît  cependant  que  c'est  un  seigneur  du  lieu  nom- 
mé Nouveau,  qui  a  fait  construire  celle  que  l'on 
voit  aujourd'liui.  Aux  vofiies  de  la  nef  est  une  pierre 
sur  laquelle  sont  des  armoiries  écartelées  de  Breta- 
gne. Celle  cure  est  une  de  celles  dont  les  évèqiie. 
n'avaient  cédé  la  nomination  à  aucun  corps.    Lej 


5C9  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 

seigneurs  de  ce  lieu  commencent  ii  èire  connus  de-      Ici  est  figuré  un  lion  couché, 
puis  i207.  On  peut  voir  les  noms  de  plusieurs  d'en- 
tre eux  dans  Pabbé  Lebeiif  :  aucun  n'offre  d'inlérêl 
historique.  Le  dernier,  dans  le  siècle  passé,   était 
conseiller  au  parlement.  —  On  fabrique  dans  ce  vil- 


S79 


Ai/  »ii/i(  vel  œtas  oberuiit  vel  sœcula  quippe 
Qui  laïui  obscurus  non  secus  ac  laleo. 
Obiil  die  27  Augitsti 
Anno  Domiiii  mdlii. 


lace  des  dentelles  noires  et  blanches.  Son  terroir  est      —  En  I0G8,  un  curé  de  Cheneviéres,  nommé  Gervais 
loul  en  terres  labourables. 

Cheneverio',  vel  Canaveria  supra  Matronam,  Chene- 
■vières-sur-Marne,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
Paris,  à  présent  do  celui  de  Versailles,  canton  de 
Boissy-Salnl-Léger,arrondissemenideCorbeil,  Seine- 
ei-Olse,  à  5  kll.  au  nord  de  Boissy-Saint-Léger,  à 
Il  de  Pjris  sud-est.  Popul.  !<50  habitants.  —  Les 
étvmologistes  prétendent  que  le  nom  latin  de  ce  villa- 
ge, Canaveria,  vient  de  celui  de  cannabis,  qui  signifie 
chanvre,  et  ils  en  donnent  pour  raison  que  le  terri- 
toire de  cetle  commune  produisait  en  abondance 
celte  planlc  textile  :  ce  n'est  là  qu'une  conjecture, 
mais  elle  est  extrêmement  probable.  Seulement,  au 
lien  de  conclure  que  le  nom  est  venu  du  genre  de 
plantation,  dont  on  n'est  pas  absolument  certain,  on 
aiH-alt  dû  ,  ce  semble  ,  dire  qu'il  y  avait  eu  sans 
doute  une  culture  abondante  de  chanvre  dans  ce 
lieu,  parce  qu'il  en  portait  encore  le  nom.  Au  xiii"' 
siècle,  en  langage  vulgaire,  on  prononçait  Cha- 
nevières. — Le  premier  titre  où  il  soit  fait  men- 
tion de  ce  village  n'est  que  du  xii"  siècle.  Ce 
sont  les  archives  de  Sainte-Geneviève  de  Paris  , 
qui  portent  qu'avant  l'année  llGô  celte  abbaye 
y  possédait  des  terres  ,  des  vignes  et  des  ren- 
tes: Apud  Canaverias,  lerras,  vineas  et  capilatia.  On 
voit  que  dès  lors  ce  territoire  était  en  grande  partie 
planté  de  vignes,  et  le  reste  labouré  comme  il  l'est 
encore  aujourd'hui.  —  L'aspect  de  l'église  de  ce 
lieu  montre  que  ceux  qui  l'ont  bâtie  avaient  eu  l'in- 
tention de  faire  un  beau  vaisseau  gothique  ;  mais  ce 
premier  plan,  trop  vaste,  fut  abandonné,  et  la  nef 
seule  fut  achevée.  Elle  est  ornée  de  galeries  soute- 
nues par  de  petites  colonnes  travaillées  fort  délicate- 
ment, et  qui  se  continuent  jusqu'au-dessus  de  la 
grande  porte.  Le  fond  des  deux  ailes  latérales  se 
termine  en  angle,  ce  qui  est  assez  rare  parmi  les 
églises  de  ce  diocèse.  Le  chœur,  moins  élevé  que  la 
nef,  n'a  que  des  galerie?  basses  et  gâtées  par  de 
tri'p  fréquentes  réparations.  Cetle  église  est  sous  le 
litre  de  Saint-Pierre.  Elle  fut  donnée  au  xiii«  siècle 
à  l'abbaye  de  Mont-Etif,  qui  prit  depuis  le  nom  d'I- 
verneau,  du  lieu  où  elle  fut  transférée  en  1218  :  le 
prieur-curé  était  gros  décimaieur.  On  lit  dans  cette 
épllse  une  épitaphe  assez  singulière,  inscrite  sur  le 
tombeau  d'un  seigneur  du  lieu,  qui  probablement 
s'appelait  Lion.  Voici  cette  épitaphe  : 

Fuit  sine  unguibu$  Léo 
Qui  nuncjacet 

Altum  seputttis  impotem 

pmascaue. 


Lepoullelier ,  plus  connu  sous  le  nom  û'Arislote  île 
la  Hue,  fut  pi  ivé  de  son  bénélice  comme  eniaclië  da 
simonie  et  d'hérésie.  Claude  Dossier,  chanoine  régu- 
lier et  curé  de  Cheneviéres,  obtint,  en  16  3,  un 
arrêt  du  jarlement  contre  le  seigneur  et  les liabliants 
du  lieu  :  cet  arrêt  lui  adjugeait  la  dime  du  vin  à 
l'anche  du  pressoir,  et  dans  les  caves  eu  celliers  da 
ceux  qui  ne  porteraient  pas  an  pre>soir.  —  Plusieurs 
communautés,  telles  que  celles  de  Sainte-Geneviève 
et  de  Saint-Maur,  avaient  des  fiels  sur  le  territoire 
de  Cheneviéres.  Les  abbés  de  S;iint-Maur  y  possé- 
daient des  serfs  ,  qu'ils  affranchirent  en  1230.  — 
L'ablé  Lebeuf  note  comme  le  plus  ancien  seigneur 
laïque  lieffé  en  ce  lieu,  Jean  de  Plaisance,  qui,  en 
1271 ,  y  tenait  de  Philippe  de  Brunoy  un  lief  mou- 
vant de  l'évèqnc  de  Paris.  On  trouve  beaucoup  de 
seigneurs  de  Cheneviéres  depuis  la  fin  du  xiv^  siècle. 
Depuis  cette  époque  jusqu'en  1668,  celte  lerre  et 
seigneurie  fut  possédée  par  deux  familles,  celle  des 
Cordelier  et  de  Masparault  :  elle  l'était  au  milieu  du 
siècle  dernier  par  un  président  en  la  cour  des  aides, 
nommé  de  Ricard.  —  Les  habitants  de  Cheneviéres, 
comme  reux  de  tous  les  autres  endroits  des  environs 
de  Paris,  furent  anciennement  soumis  à  l'odieuse 
exaction  nommée  droit  de  prise,  attentat  manifeste  à 
la  propriété.  Les  officiers  du  roi,  de  la  reine,  des 
princes,  etc.,  appelés  chevaucheurs,  fourriert,  pre' 
neurs ,  pillaient  les  maisons  des  habitants  des  cam- 
pagnes, enlevaient  la  volaille,  les  bestiaux  ,  les  lits, 
le  linge,  les  tables  (1).  Ce  brigandage  féodal  forçait 
les  habitants  à  renoncer  à  leur  pays  et  à  leur  famille, 
qu'ils  abandonnaient  souvent.  Ceux  de  Clienevières, 
enhardis  par  les  exemptions  accordées  à  quelques 
communes  voisines,  se  plaignirent  au  roi  Charles  VI, 
qui,  par  une  ordonnance  de  septembre  1496 ,  les 
exempta  du  droit  de  prise,  à  condition  qu'ils  fourni- 
raient au  roi,  à  Paris,  ou  à  8  kil.  aux  environs,  huit 
charretées  de  seigle  par  année.  — On  trouve  auprès 
de  ce  village  plusieurs  maisons  de  campagne  qui 
se  font  remarquer  autant  par  leur  construction  que 
par  les  beaux  points  de  vue  qu'elles  offrent.  —  Il  y 
avait  autrefois,  dans  les  dépendances  de  ce  village, 
un  château  qu'on  appelait  le  Plessis-Sainl-Aiitoine; 
il  est  maintenant  loialement  détruit.  Près  de  Chene- 
viéres est  l'ancien  château  d'Ormesson,  bâti  du  temps 
d'Henri  IV.  Ce  château,  qui  est  aujourd'hui  en  ruines, 
a,  dit-on,  appartenu  à  Gabrielle  d'Eslrées.  —  Lo 
terroir  de  cette  commune  est  très-abondant  en  vins  : 
tous  les  coteaux  en  sont  couverts  de  vignes  ;  les 
plaines  sont  cultivées  en  grains.  Un  moulin ,  qui  se 


(1)  Celle  coutume  est  encore  en  pleine  vigueur  dans  tout  le  Caucase,  dans  la  Perse  et  dans  d'aulrei 
contrées  de  l'Asie.  (l^oie  de  l  auteur.) 


371 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


trouTC  sur  ce  territoire  porte  aussi  le  nom  de 
Chenevihes. 

Chenisium  ,  Cheno$ium  ,  Chennise  ,  paroisse  du 
diocèsu  de  Meaux  ,  canioii  de  Nangis  ,  arrond.  de 
Provins,  Seine-et-Marne ,  prè>  de  la  forêt  de  Jouy,  à 
10  kllom.  de  Provins ,  33  de  MeUin  ,  6(i  de  Paris. 
Popul.  950  habitants  environ.  —  La  paroisse  de 
Ghenoise  avait  sur  son  leriiioire  l'ahbaye  de  Jouy, 
située  au  milieu  de  la  forêt  du  même  nom.  Cette 
abbiiye  avait  été  fondée,  en  1124,  par  Thibault  le 
Grand,  comte  de  Champagne.  Il  y  avait  près  de  ce 
village  un  superbe  cliâieau  remarquable  par  ses 
belles  avenues  et  un  parc  (rès-vuste.  On  voyait  éga- 
lement à  Clienoise  un  couvent  des  pères  de  l;i  Merci. 
M.  Lenoir,  dans  son  Musée  des  monuments  français, 
n' i'ii,  fait  ladescriptinn d'une siatueen  marbre  blanc 
représentant  Philippe  de  Castille,  armé  de  pied  en 
c:ip,  agenouillé  sur  un  socle  carré  :  ce  savant  artiste 
dit  que  ce  morceau  lui  a  été  cédé  pur  M.  Uosty, 
scul|iieur  à  Melun ,  qui  lui-même  l'avait  acquis  à 
Ghenoise,  où  il  avait  été  placé  dans  le  couvent  des 
religieux  de  la  Merci.  Cette  statue,  au  bas  de  la- 
quelle est  une  épilaphe  portant  la  date  de  1657,  est 
remarquable  par  deux  circonstances  qui  se  ratta- 
chent aux  mœurs  et  aux  usages  du  temps.  La  prc- 
niière  est  un  fourreau  sans  lame,  sculpté  sur  le  côie' 
de  lïi  statue,  ce  qui  indique,  suivant  Sainl-Foix,  que 
les  chevaliers  étaient  moils  en  servaye  oh  prison; 
mais  M.  Lenoir  pense  que  dans  cet  exemple  le  ser- 
vage ne  doit  se  prendre  que  de  l'engagement  de  ne 
point  porter  les  armes  co:iire  le  souverain  qui  accor- 
dait la  Iibeité  à  ses  p^i^orlniers  ,  ce  qui,  dans  des 
temps  plus  modernes,  s'e«t  remplacé  par  l'us.ige  des 
prisonniers  sur  parole.  Le  second  insigne  que  l'on 
reii. arque  est  la  longue  mcclie  de  cheveux  placée  sur 
l'épaule  dioile  de  ce  guirner  :  elle  indique  sans 
doute  que  celle  figure  représente  un  membre  de 
celte  branche  puissauie  de  la  maison  d'IIeiiriiiuès, 
qui  fut  suinommée  de  Casillle,  pour  la  distinguer 
de  la  secouile,  qui  pjit  le  nom  d'Aragon.  On  sait 
d'ailleurs  que  chez  les  Golhs,  ainsi  que  chez  les 
Gaulois  et  les  Franks,  la  longueur  de  la  chevelure 
était  la  marque  de  la  naissance  ou  du  pouvoir. 

Clieunvilla,  Caiitenvilla.  Cheptainville,  paroisse  de 
l'ancien  diocèse  de  Paris,  actuellenieni  de  celui  de 
Versailles,  canton  d'.Arpajon,  arrond.  de  Corbeil, 
Scinc-el-Oise,  à  4.  kil.  d'Arpajon,  et  34  au  sud  de 
Paris.  L'cgli^e  est  snus  le  titre  de  Saint-Martin.  Le 
chœur  eu  paraji  assez  ancien,  elconiine  du  \ii°  ou  dti 
XIII» siècle;  il  est  accoinpagnéile  deux  ailes  et  voijtc. 
Le  corps  de  Notre-Siigtieur  y  était  conservé  à  une 
suspense  sur  le  grand  autel,  cumme  dans  les  grandes 
églises.  La  popttlalion  de  ce  village  est  d'environ 
COO  hab.  —  Les  irincipales  productions  des  alen- 
tours de  cette  commune  sont  eu  grains;  les  légumes 
y  sont  fort  estimés,  particulièrement  les  haricots  et 
les  lentilles. 

Clacium,  vel  Closium ,  Claye,  paroisse  du  diocèse 
d«  Meaux,  cheMieu  de  canton  de  l'arrondissement,  h 


16  kil.  ouest  de  cette  ville,  et  26  nord-est  de  Paris. 
PopuLilion,  1500  habitants  environ.  Le  iiameaii  da 
Voisins  en  fait  partie.  —  Il  y  a  un  bureau  de  poste 
aux  lettres  et  un  relai  de  (loste  aux  chevaux.  —  Au 
Mi«  siècle,  il  existait  à  Claye  un  prieuré  desservi  par 
di'ux  religieux,  etdoiitla  fondation,  bien  antérieure 
à  cette  époque,  était  due  sans  doute  à  la  maison  de 
Chàlillon,  qui  possédait  ce  lii'u  à  litre  de  seigneurie. 
En  li25,  ce  prieuré  fut  ioni|iosé  de  trois  religieux  , 
à  l'occasion  de  l'érei  lion  d'une  chapelle  dans  le  châ- 
teau seigneurial  ;  Gui  de  (Jbàtillon,  fils  de  Gaucher 
et  comte  de  Saint-Paul,  qui  l'avait  fondée  ,  l'ayant 
fait  desservir  par  un  religieux  qui  fut  attaché  au 
prieuré.  Cette  chapelle  ,  avec  les  biens  qu'il  y  an- 
nexa, fut  par  lui  concédée  à  perfiétuiié  à  l'abbaye 
Notre-Dame-de-Chage  (le  Mi'aux.  Dans  celte  dona- 
tion, Claye  est  appelé  Clois.  L'égl.se  paroissiale  était 
sous  le  titre  de  Saint-Etienne  :  la  cure  en  resia  à  la 
nomination  de  l'abbaye  de  Chage  jusqu'à  la  destruc- 
lion  de  cette  abbaye.  Ce  lut,  en  1730  ,  le  titre  d'un 
doyenné  rural.  —  Ce  village  ne  (igure  point  dans 
l'bistdire  avant  les  guerres  religieuses  du  xvf-  siè- 
cle. A  cette  époque,  lecliiteau,  comme  tant  d'autres 
forteresses  du  même  genre  ,  fut  tour  à  tour  pris  et 
repris  par  les  deux  partis.  En  15!!l  ,  cette  petite 
place,  délendiie  pur  une  ganison  de  70  habitants,  se 
rendit  à  Lannue,  commandani  pour  le  roi.  Le  comte 
de  Ghailly,  à  la  tête  d'un  parti  de  ligueurs,  prit  le 
village  quelques  mois  après  ,  le  ût  piller  et  brtiler 
par  ses  soldats,  et  le  letidemain  des  ouvriers  furent 
envoyés  de  Meaux  pour  raser  le  château.  L'édit  de 
pacilication  en  fit  depuis  un  des  chefs-lieux  du  culte 
protestant;  mais  en  1036,  le  parlement  délendil  aux  J 
religionnaires  tout  exercice  de  leur  religion  jusqu'à  J 
ce  qu'un  seigneur  haut  justicier  y  fit  sa  résidence 
habituel  e,  ce  qui  arriva  peu  après.  Daniel  Tyssait , 
seigneur  des  trois  quarts  du  village,  s'y  étant  fixé, 
le  calvinisme  fut  de  nouveau  exercé  ,  et  le  ministre 
Billot  commença  ses  prédications  :  on  rouvrit  eu 
même  temps  une  école;  mais  le  parlement,  sous 
le  prétexte  de  quebiues  contraventions  ,  porta  un 
nouvel  arrêt  pir  lequel  il  supprimait  le  prêihe  et 
fermait  l'école.  Malgré  cet  arrêt ,  le  calvinisme  n'en 
fut  pas  moins  suivi  à  Claye.  Ce  lieu  était  le  rendez- 
vous  des  religionnaires  des  environs ,  qui  tinrent 
plusieurs  assemblées  au  château.  C'est  dans  une  de 
ces  assemblées  qu'ils  décidèrent,  vers  1660,  que  les 
calviiis'.es  pouvaient  enterrer  leurs  morts  de  jour, 
et  ne  devaient  pas  tapisser  leurs  portes  lo.s  des  cé- 
rémonies de  U  Fèle-D  eu.  Le  parlement  condamna 
ces  décisions.  Mais  ces  deux  points  et  quelques  au- 
tres fournissant  le  sujet  de  perpétuelles  discussions 
dans  ce  dioièse,  le  roi  nomma,  en  1668,  deux  com- 
missaires, l'un  catholiqu»  et  l'autre  calviniste,  alin 
de  résoudre  déliniiivemont  toutes  ces  difficultés.  Par 
suite  de  leurs  conférences,  le  prêche  de  Claye  fui 
déliniiivement  supprimé,  cl  le  culte  public  du  cal- 
vinisme cessa  d'y  avoir  lieu.  —  Le  château  de  Claye 
a  eu  pour  dernier  prooriétaire  le  marquis  de  Poli- 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


57 1 


giiar,  grand  écuyer  de  la  reine,  qui  le  visitait  quel- 
quefois. Le  marquis  avait  déjà  commencé  à  fiire 
construire  un  nouveau  ch6teau  où  le  luxe  et  la  dé- 
pense devaient  être  prodigués;  mais  la  famille  Po- 
lignac  ayant  quitté  la  France  à  répoi]iie  de  la  révo- 
lution, les  travaux  ont  été  suspendus  et  le  terrain 
vendu.  —  Le  canal  de  l'Ourcq  passe  à  IVxtrémiié 
orientale  du  village,  à  l'iMidroit  où  se  trouvaient  les 
basses-cours  du  château,  aujourd'hui  démoli.  —  La 
rivière  de  Ceuvronne  coupe  Claye  dans  un  sens  op- 
posé à  celui  de  la  grande  route  sur  laquelle  ce  vil- 
lage est  situé.  —  Il  existe  au  hameau  de  Voisins 
«ne  manufacture  de  toiles  peintes  et  blanchisserie. 
—  Le  territoire  est  fertile  en  grains,  comme  le  sont 
tous  les  autres  de  ce  canton.  Il  renferme  plusieurs 
carrières  en  exploitation,  des  fours  à  chaux  et  à 
plâtre  ;  la  rivière  de  Beuvronne  fait  tourner  plu- 
sieurs moulins  dont  deux  viennent  d'être  supprimés 
par  la  dérivation  du  canal.  — C'est  à  Claye  que  fu- 
rent amenés  les  premiers  prisonniers  russes  et  prus- 
siens qui  furent  faits  dans  la  campagne  de  Paris  de 
1814. 

Clamarlum,  Clamardum ,  Clamart-sous-Meudon, 
paroisse  du  diocèse  de  Paris,  canton  et  arrond.  de 
Sceaux,  Seine,  à  8  kil.  sud  de  Paris,  population 
1260  habitants  environ.  Les  maisons  isolées,  dites 
le  Petit-Bicêlre,  dans  l'embranchenieni  de  plusieurs 
routes,  en  font  partie  :  une  de  ces  maisons  est  la 
résivience  d'une  hrig^ule  de  gendarmerie.  —  Les 
chartes  du  prieuré  de  Saint-Martin-des-Champs.  de 
la  fin  du  xi"  siècle,  et  plusieurs  titres  du  mi°,  nom- 
ment ce  lieu  Clamardum  nu  Clemnrtium  en  latin,  ce 
qui  répond  aux  noms  français  Clamard  ou  Clamari. 
L'abbé  Lebeuf  a  cru  voir  l'étymologie  du  mot  Cla- 
mart  dans  un  acte  de  l'an  690  environ.  On  trouve, 
dit-il,  à  cette  date,  dans  les  diplômes  des  rois  de 
France,  ini  traité  d'échange  entre  deux  abbés,  sa- 
voir :  Landebert,  abbé  de  SaiiU-Germain-l'Auxer- 
~  rois,  et  Magnoald,  abbé  proche  Beaumoiit-sur-Uise, 
et  cet  acte  est  dit  passé  à  Claumar.  Cet  auteur  établit 
de  là  la  conjecture  qu'un  Romain  nommé  Marcus,  ou 
un  Frank  appelé  Médard,  et  par  syncope  Mard,  aura 
eu  en  ce  lieu  un  clos  qu'on  a  d'abord  écrit  clous, 
puis  clau,  d'où  vient  Claumar,  et  comme  souvent  la 
diphthongue  au  a  été  changée  en  a,  on  a  fait  enfin  le 
mot  Clamart.  —  L'église  paroissiale  est  sous  l'invo- 
cation de  Saint-Pierre  et  Saint  Paul.  Le  bâtiment 
qui  subsiste  aujourd'hui  n'a  guère  que  500  ans  d'an- 
tiquité et  ne  contient  rien  de  remarquable;  il  est  ac- 
compagné d'une  tour  qui  a  de  l'apparence.  L'an- 
cienne église  était  éloignée  du  village.  On  commença 
à  en  bâtir  une  nouvelle,  dans  le  village  même,  au 
commencement  du  xvf  siècle.  François  Poncher, 
évêque  de  Paris,  s'y  transporta  et  en  fit  la  dédicace 
le  18  mai  IS'iS.  En  1715,  on  fil  des  réparations  au 
chœur,  qui  déjà  menaçait  ruine,  ce  qu'on  attribua 
au  défaut  d»  solidité  du  terrain.  Les  moines  de  Sainl- 
Martin-des-Cliamps,  qui  possédaient  déjà  quelque 
bien  asseï  considérable  sur  ie  territoire  de  Clamart, 


obtinrent,  en  1098,  de  Guillaume,  évêqne  de  Paris, 
Vautet  de  cette  église.  Pour  comprendre  cette  ex- 
pression, il  faut  savoir  que,  pendant  le  moyen  âge, 
les  églises  étaient  comme  autant  de  domaines,  dont 
plusieurs  seigneurs  ecclésiastiques  et  laïques  rece- 
vaient leur  part  :  l'un  avait  les  sépultures,  l'aiiireles 
bénédictions,  nn  troisième  l'autel,  etc.  On  vendait, 
on  échangeait,  on  usurpait  souvent  ces  produits  de 
l'église.  Les  revenus  entiers  de  celle  de  Clamart  fu- 
rent ahandounés  succes'ivementaux  mêmes  moines, 
par  les  différents  seigneurs  laïques  du  lieu  :  ils  eu- 
rent même  celui  qu'on  nommait  reporlacjium,  mot 
de  la  basse  latinité.  Le  reportage  était  une  coutume 
selon  laquelle  les  laboureurs  d'une  paroisse  ayant 
cultivé  des  terres  situées  sur  une  autre,  le  gros  dé- 
cimaieur  de  la  première  percevait  la  dîme  des  ré- 
coltes provenues  du  fait  de  ses  paroissiens.  En  12i5, 
Evrard  de  Grez,  qui  était  gros  décima'eur  de  Cla- 
mart, remit  en  cette  qualité  le  droit  de  reportage  à 
l'abbé  de  Saint-Germain,  à  qui  appartenait  la  grosse 
dlme  de  Meudon.  Cette  remise  fut  réciproque,  et 
l'on  ne  reporta  plus  de  l'un  chez  l'autre.  La  présen- 
tation à  la  cure  appartenait  aussi  au  prieur  de  Saint- 
Martin- des-Champs.  —  Quant  aux  seigneurs  laïques 
de  Clamart,  il  en  est  peu  dont  les  noms  méritent 
d'être  conservés.  On  trouve  parmi  eux  un  nommé 
Adam,  grand  queux  (cuisinier)  de  Louis  IX,  qui  avait, 
au  xiit»  siècle,  une  maison  dans  ce  lieu.  —  En  1657, 
Scrvien  acheta  la  seigneurie  de  Clamart  :  elle  passa 
depuis,  avec  ses  différents  fiefs,  à  Louis  XIV,  et  fut 
comprise  dans  le  parc  que  ce  prince  créait  à  Meudon. 
—  En  18».';,  le  territoire  de  Clamart  fut  le  théâtre 
d'un  combat  plus  animé  qu'important,  entre  le  corps 
d'armée  du  général  Vandamme  et  les  Anglais,  postés 
sur  les  hauteurs  de  Meudon  et  Sèvres.  La  fusillade 
fut  très-vive;  on  battit  les  ennemis,  et  une  parité  de 
leurs  troupes  resta  prisonnière  des  Français.  —  L'é- 
tendue de  cette  commune  a  été  considérablement 
diminuée  par  la  réunion  dont  il  vient  d'être  parlé, 
d'une  partie  de  son  territoire  au  parc  de  Meudon; 
aussi  est-elle  resserrée  de  ce  côté-là.  Les  terres  qui 
s'étendent  entre  Bièvres,  Villacoublay  et  Vanves  sont 
très-fertiles  en  grains  et  eu  légumes.  Les  coteaux 
produisent  du  vin  qui  était  très-esiimé  autrefois; 
en  y  trouve  aussi  une  belle  pépinière.  —  La  situa- 
tion de  Clamart,  dans  une  plaine  converte  de  bo- 
cages, est  des  plus  agréables;  on  y  voit  plusieurs 
maisons  de  campagne.  Aucune  cependant  n'est  con- 
sidérable, et  ce  sont  moins  des  maisons  de  cam- 
pagne remarquables  par  l'art  ou  l'agrément,  que  de 
simples  pied-à-terre. 

Chmiciacum,  Clamery,  ville  de  l'ancien  diocèse 
d'Âuxerre,  actuellement  de  celui  de  Nevers,  chef- 
lieu  d'arrond.  du  dépt.  de  la  Nièvre,  siège  de  la 
sous-préfecture,  d'un  tribunal  de  première  instance 
et  de  commerce,  à  68  kil.  nord-nord  est  de  Nevers, 
10  sud  d'Auxerre,  et  188  sud-est  de  Paiis.  f'opul. 
7000  habitants.  —  Cette  ville  est  agréablement  si- 
tuée, au  pied  et  sur  le  penchant  d'ime  colline,  au 


B7S 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


conûuenl  du  Beuvron  el  de  l'Yonne,  avec  un  porl  sur 
cette  rivière,  qui  commence  à  être  (loiialile  en  cet 
endroit.  Une  route  allant  d'Anxerre  à  Troyes  tra- 
verse Claraecy.  L'arrondissement  dont  celle  ville  est 
le  clief-lieu  se  compose  de  97  communes,  dont  la 
population  totale  s'élève  à  65,575  habitants.  Il  est 
divisé  en  six  cantons  :   Brinon-lez  Allemands,  qui 
renferme  9691   habitants;  Clamecy,  1-2,671;  Cor- 
bigny,   10,834;   Lormes ,   11,424;  Taniiay,   9529; 
Varzy,  11,206.  —  Clamecy,  nommé  en  Litin  Climi- 
ciacum,  Clemiciacum  el  Clamiciacwn,  est  connu  :iu 
moins  depuis  le  xi«  siècle,  .comme  le  prouvent  des 
lettres  de  Philippe  I«^  datées  de  1078.  Le  nom  de 
Bethléem,  que  perle  aujourd'hui  un  de  ses  faubourgs, 
a  de  quoi  piquer  lu  curiosité  des  voyageurs  :  il  vient 
de  rétablissement  d'un  évêché  dit  de  Betidéem,  dans 
le  faubourg  situé  de  l'autre  côté  de  li  rivière  de 
l'Yonne,  et  qu'on  appelait  Panihenor.  Voici  ce  qui 
avait  donné  lieu  à  cet  établissement.   Guillaume, 
quatrième  comte  de  Nevers,  transporté  du  zèle  que 
saint  Bernard  avait  inspiré  pour  les  croisades  à  lous 
les  seigneurs  de  ce  temps,  passa  dans  la  terre  sainte 
avec  son  fils.  Celui-ci,  après  la  mort  de  son  père,  ne 
pouvant,  à  cause  de  l.i  défaite  des  croisés,  exécuter 
l'ordre  qu'il  lui  avait  donné,  de  le  faire  enterrer  à 
Bethléem,  revint  en  France,  en  1223,  avec  Raynaud, 
évêque  latin  de   cette  ville,  emportant  avec  lui  les 
restes  précieux  de  l'aiileur  de  ses  jours,  qu'il  fit  in- 
humer à  la   manière  des  grands  seigneurs  de  ce 
temps-là.  Tout  ce  qu'il  put  faire  en  faveur  de  l'é- 
vêque  fugitif,  ce  fut  de  lui  donner  quelques  terres  et 
une  maison  que  l'on  appela  la  Slaison-Dieu  de  Belli- 
léem  :  ces  possessions  formèrent  un  évêelié,  dépen- 
dant lui-même  d'un  autre;  cependant  la  chapelle  de 
l'hôpital  fut  érigée  en  évèclié  titulaire  :  elle  formait 
ainsi  seule  le  territoire  indépendant  de  l'évêqiie  de 
Bethléem.  Cet  évêché  iii  pariibus,  dont  le  revenu  ne 
s'élevait  pas  au-dessus  de  1000  liv.,  était  à  la  nomi- 
tnation  des  ducs  de  Nevers,  avec  l'agrément  du  roi  : 
il  a  subsisté  jusqu'à  la  révolution.  —  Il  y  avait  à 
Clamecy  un   couvent  de  RéeoUets,   connu  sous  le 
nom  d'Hôtel-Dieu,  et  un  collège  :  ce  dernier  établis- 
semeni,  où  l'on  enseignait  les  humanités,  la  philo- 
sophie,  les  mathématiques  et  le   dessin,  recevait 
aussi  des  élèves  destinés  aux  écoles  de  l'artillerie  et 
du  génie.  La  plus  forte  dépense  pour  un  humaniste 
ne  montait  qu'à  350  liv.  par  an  ;  celle  d'un  philo- 
sophe à  400,  et  celle  d'un  élève  du  génie  et  de  l'ar- 
tillerie à  500.  Les  vêtements  seuls  et  les  frais  de 
maladie  se  payaient  en  sus.  Ces  détails  peuvent  servir 
à  comparer  les  dépenses  anciennes  pour  l'éducation 
avec  celles  de  l'époque  actuelle.  —  Cette  ville  est 
comme  le  centre  du  commerce  de  bois  à  brûler, 
formant  la  plus  grande  partie  de  l'approvisionnement 
de  Paris.  C'est  le  rendei-vous  des  marchands  qui 
viennent  y  recevoir  les  comptes  de  leurs  agents  qui 
y  sont  établis.  Ceux  de  Paris  et  le  gouvernement  y 
ont  chacun  les  leurs  pour  surveiller  les  opérations 
du  cnmmerce  et  activer  les  exploitations,  l'écoule- 


ment des  bois  sur  les  ruisseaux  jusqu'à  l'Yonne,  et 
les  mises  en  état  sur  le  port  de  Claraecy,  pour  être 
mis  en  trains  et  conduits  à  Paris.  Ce  port,  baigné 
par  les  rivières  d'Yonne  et  de  Beuvron,  reçoit  lous 
les  bois  des  environs  et  des  endroits  les  mieux  boisés 
du  dépt.  de  la  Nièvre.  —  On  trouve  à  Clamecy  une 
faïencerie,  des  fabriques  de  draps,  dont  le  mérite 
vient  de  la  qualité  supérieure  de  la  laine  de  cet  en- 
droit; il  y  a  aussi  pour  l'apprêt  des  étoffes  une  tein- 
turerie et  des  moulins  à  foulon  :  cette  ville  possède 
encore  des  fabriques  de  cuirs  et  de  gants,  un  moulin 
à  papier  el  une  filature  de  coton.  —  Le  commerce 
qui  s'y  fait  en  bois  et  charbon,  expédiés  pour  la  ca- 
pitale, est  considérable.  —  On  ne  peut  guère  citer 
d'hommes  remarquables  nés  à  Clamecy,  que  Roger 
de  Piles,  savant  écrivain  et  employé  dans  plusieurs 
négociations,  mort  à  Paris,  en  1709,  et  Marchangy, 
ancien  magistrat  et  homme  de  lettres,  auteur  de  la 
Gaule  poétique,  mort  en  1826. 

Clari  Sancti  Caslrum,  Saint-Clair-sur-Epte  ,  pa- 
roisse de  l'ancien  diocèse  de  Rouen ,  actuellement 
de  celui  de  Versailles,  canton  de  Magny,  arrond. 
de  Mantes ,  dépt.  de  Seine-et-Oise  ,  à  10  kil.  de  Ma- 
gny, 22  de  Manies  ,  et  66  nord-ouest  de  Paris.  Po- 
pul.  800  habitants  environ. — Ce  \illage  est  situé, 
dans  une  jolie  vallée,  sur  un  bras  delà  rivière d'Epie, 
à  l'endroit  où  cette  rivière  reçoit  le  ruisseau  du 
Cudron.  On  y  remarque  les  restes  d'un  vieux  châ- 
teau seigneurial,  fameux  autrefois  par  divers  sièges 
qu'il  a  soutenus  contre  les  Normands  et  les  Anglais. 
Au  xii^  siècle,  l'abbaye  de  Saint-Denis  avait  à  Saint- 
Clair  un  prieuré  considérable.  Près  de  ce  prieuré 
était  un  coteau ,  nommé  à  cette  époque  Fuscelmont 
ou  Ficelmont.  Sur  ce  même  coteau ,  le  duc  de  Nor- 
mandie, Henri  II,  qui  fut  plus  tard  roi  d'Angleterre, 
(it  bàlir  une  forteresse,  qui  prit  le  nom  de  Chàteau- 
sur-Epte.  En  1153,  Louis  le  Jeune  fit  don  de  ce  châ- 
teau ,  nouvellement  construit,  à  l'abbaye  Saint-De- 
nis. Cette  donation,  rapprochée  de  la  dénomination 
de  Castrum  Novitm  Sancti  Dionysii ,  donnée  à  une 
église  située  sur  ce  territoire,  et  dont  l'évêque  de 
Rouen  confirma  la  possession  à  la  même  abbaye , 
fait  penser  que  cette  église  n'était  autre  que  le  châ- 
teau lui-même  ou  sa  chapelle.  En  1212  Robert  de 
Chaumont  contesta  aux  religieux  le  patronage  de 
Saint-Clair  ;  mais  il  se  désista  de  ses  prétentions  , 
et  le  monastère  continua  de  nommer  à  la  cure  de 
Saint-Clair,  de  même  qu'à  celle  de  l'église  dont  il 
vient  d'être  parlé  sous  le  nom  de  Châieau-Nenf-Saint- 
Denis.  Lorsque  Louis  XIV  réunit  à  la  maison  des 
Dames  de  Saint-Cyr  le  prieuré  de  Chevreuse,  qui 
depuis  longtemps  était  en  commende  et  sans  reli- 
gieux ,  ce  prince  donna  en  dédommagement  à  l'ab- 
baye de  Bourgui'il  le  prieuré  de  Saint-Clair-sur-Epte, 
qui  cessa  alors  d'appartenir  à  l'abbaye  de  Saint-De- 
nis. Ce  dernier  monastère  continuait  cependant  à 
présenter  à  la  cure,  ei  le  seigneur  du  lieu  à  celle  de 
l'église  de  Château-Neuf-Saint-Denis.  —  Saint-Clair- 
sur-Epte  est  surtout  faïueux  dans  l'histoire  par  le 


577 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOTEN  AGE. 


378 


iraiié  que  Ciiarles  IV,  dit  le  Simple,  roi  de  France, 
y  coiicluiavec  Rollon,  chef  des  Normands,  qui  avait 
clé,  plus  que  lous  les  autres,  la  lerrenr  des  Français. 
Le  brigandage  que  ces  Normands  exerçaient,  déso- 
lait tellement  le  royaume  ,  et  leurs  forces  étaient 
devenues  lellement  redoutables,  qu'on  fui  obligé  de 
capituler  avec  eux.  Charles  offrit  à  Rollon  de  lui 
abandonner  li  partie  des  côtes  de  France  qu'il  avait 
si  souvent  ravagée,  et  qui  prit  depuis  le  nom  de  Nor- 
mandie, de  lui  céder  en  outre  toute  la  Bretagne,  et  de 
lui  donner  sa  (illc  Giselle  en  mariage  ,  à  condition 
qu'il  lui  rendrait  hommage  pour  les  territoires  qui 
lui  étaient  cédés,  et  qu'il  se  ferait  chrétien  ave' 
louie  son  armée.  Les  clauses  arrêtées ,  Rollon  se 
rendit  à  Saint-Clair  pour  y  prêter  serment  de  fidé- 
lité au  roi.  Ce  lier  Danois  ne  put  se  déterminer  à 
remplir  les  formalités  humiliantes  pratiquées  à  celte 
époque  pour  la  prestation  de  foi  et  hommage;  et 
lorsqu'on  lui  parla  de  tomber  à  genoux  et  de  baiser 
le  pied  du  prince ,  il  jura  qu'il  ne  fléchirait  jamais 
devant  personne.  Un  des  siens  fut  cependant  chargé 
d'accomplir  ce  devoir  à  sa  place.  Ce  délégué  ,  peu 
disposé  lui-même  à  une  entière  génuflexion  ,  sou- 
leva le  pied  du  roi ,  et  le  fit  tomber  à  la  renverse. 
Cette  action  ne  passa  que  pour  une  maladresse  de 
barbare,  parce  que  le  besoin  extrême  de  conclure 
b  paix  dominait  Charles,  qui  ne  se  sentjit  pas  le 
plus  fort.  Rollon  se  montra  plus  docile  à  tout  ce 
qu'exigea  Francon  ,  archevêque  de  Rouen  ,  qui  l'in- 
struisit ,  et  le  baptisa  avec  tous  ses  Normands.  Ce 
chef  porta  l'habit  blanc  pendant  sept  jours  ,  suivant 
la  coutume  des  nouveaux  baptisés,  et  chaque  jour  il 
fit  présent  d'une  terre  à  une  des  sept  églises  que 
l'archevêque  lui  avait  nommées  à  cet  effet.  Rollon 
prit  au  baptême  le  nom  de  Robert ,  et  devint  la 
souche  des  fameux  ducs  de  Normandie,  qui  se  firent 
bientôt  couronner  rois  d'Angleterre.  —  Saiiit-Clair- 
lur-Epte  fut  aussi  le  lieu  désigné  pour  la  conférence 
du  roi  de  France  ,  Louis  IV,  dit  d'Outre-Mer,  et  de 
Richard,  duc  de  Normandie  en  9S1  :  on  y  termina  , 
par  un  traité  de  paix,  les  querelles  du  roi ,  de  Hu- 
gues, duc  de  France,  et  du  duc  Richard,  tt  on 
confirma  la  liberté  de  Louis  ,  qui  avait  été  fait  pri- 
sionnier  peu  de  temps  avant  cet  accord.  —  A  l'en- 
trée du  bourg,  du  côté  de  Gisors,  se  trouve,  dans 
la  prairie,  un  joli  ermitage  ,  qu'a  habité  et  où  a  été 
martyrisé  saint  Clair  en  881.  On  y  voyait  autrefois 
une  statue  de  ce  saint,  à  genoux,  soulevant  sa  tête. 
La  fontaine  de  cet  ermitage  a  une  grande  réputa- 
tion pour  la  guérison  des  maux  d'yeux.  C'est  une 
croyance  très-commune  que  celle  qui  attribue  une 
pareille  vertu  à  l'invocation  des  saints  et  saintes  qui 
portent  des  noms  analogues ,  comme  ;  Clair,  Claire, 
onLuce,  à  cause  de  sa  ressemblance  avec  le  mot 
latin  lux,  lumière.  Chaque  année,  le  17  juillet,  jour 
de  la  fête  de  saint  Clair  ,  il  arrive  à  cet  ermitage 
une  foule  de  pèlerins  venant  souvent  de  très-loin. 
j  La  révolution  avait  mis  obstacle  à  ces  actes  de  dé- 
'  TOlion  ;  mais  le  duc  de  Caylus,  à  qui  cet  ermitage 


appartenait,  l'ayant  fait  relever  à  ses  frais,  et  res- 
taurer d'une  manière  pittoresque,  la  ferveur  s'est  ra- 
nimée, et  on  y  voit  arriver  autant  de  pèlerins  qu'a- 
vant la  révolution  ;  le  pèlerinage  dure  15  jours. — Le 
hameau  du  lleloc  est  remarquable  p.ir  un  château 
situé  sur  une  hauteur  d'où  l'on  a  une  vue  charmante, 
et  qui  s'étend  assez  loin.  L'habitation  principale  a  été 
créée  par  le  duc  de  Caylus.  Le  château  est  petit, 
mais  très-agréablement  bâti.  Les  jardins  sont  très- 
bien  dessinés,  et  remplis  d'arbres  et  arbustes  étran- 
gers. Un  bois  attenant  et  très-bien  percé  sert  de 
parc;  les  allées,  se  terminant  toutes  par  une  belle 
pelouse,  conduisent  à  des  points  de  vue  très-variés, 
que  l'on  découvre  de  toutes  les  parties  du  plateau 
élevé  sur  lequel  ce  bois  est  situé.  —  Le  terroir  de 
cette  commune  est  en  labour,  prairies  et  bois.  On 
y  trouve  un  four  à  chaux  et  un  moulin  que  fait  tour- 
ner la  rivière  d'Epte. 

Ctaromontium  supra  Brechiam,  Clermont-Oise,  ou 
Clermont-sur-l;i-Brèclie,  petite  ville  du  diocèse  de 
Beauvais,  chef-lieu  d'arrond.  du  départ,  de  l'Oise, 
siège  d'une  sous-préfecture  et  d'un  tribunal  de  pre- 
mière instance,  à  24  kil.  est  de  Beauvais,  20  nord- 
ouest  de  Senlis,  et  56  nord  de  Paris.  Popul.  3350 
habitants.  H  y  a  un  collège  communal,  un  hospice, 
une  maison  centrale  de  détention,  une  maison  d'arrêt, 
de  correction  et  de  police  municipale,  un  bureau  de 
poste  aux  lettres.  L'arrondissement  comprend  178 
communes,  et  se  divise  en  8  cantons  :  Breteuil,  12,504  ; 
Clermo.il,  12,708;  Crèvecœur,  11 ,638  Froissy,9027; 
Liancourt,  9610;  Maignelay  ,  10,103;  Mouy,  6686  ; 
Saint-Just-en-Cliaussée,  13,348.  —  Celte  ville,  capi- 
tale du  comté  du  même  nom,  appartenait  à  la  ci-de- 
vant province  de  l'Ile  de  France,  au  diocèse  de  Beau- 
vais, à  la  généralité  de  Soissons;  elle  avait  un  gou- 
vernement particulier  du  gouvernement  militaire  de 
l'Ile  de  France,  un  bailliage,  auquel  la  prévôté  fut  réu- 
nie; une  maréchaussée,  un  corps  de  ville,  une  police, 
un  grenier  à  sel,  une  maîtrise  particulière  des  eaux  et 
forèis,  dont  le  ressort  comprenait  tout  ce  qui  d&. 
pendait  des  bailliages  de  Clermoni,  de  Montdidier,  de 
Beauvais  et  de  Chaumont  en  Vexin,  et  une  subdélé- 
gation. —  Clermont  était  anciennement  fortifié;  mais 
ses  remparts  sont  maintenant  chargés  de  bâtisses 
modernes  et  de  plantations  diverses,  et  il  n'en  reste 
plus  que  de  faibles  vestiges.  Celle  ville,  agréablemen t 
située  près  de  la  petite  rivière  de  la  Brèche,  est  bâtie 
sur  la  pente  d'une  montagne,  et  dominée  par  le  châ- 
teau dont  la  construction  extraordinaire  s'élève  sur 
la  partie  la  plus  haute  delà  montagne.  11  est  rare,  en 
France,  de  trouver  une  vue  plus  étendue  (|ue  celle 
qu'on  peut  se  procurer  du  sommet  de  ce  château,  au 
pied  duquel  est  la  belle  promenade  dite  le  Chàielier  : 
forêts,  bosquets,  vallons,  prairies,  coteaux  arides, 
montagnes  boisées,  villes,  bourgs  et  châteaux  enrichis- 
sent cette  superbe  perspective.  Quelques  auteurs 
croient  qu«  ce  château  a  été  bâti  par  Jules  César,  bien 
que  les  commenlairesne  fassent  pas  même  mention  du 
lieu  où  se  trouve  Clermont.  Les  antiquaires  du  pays 


570 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


380 


nf  croient  pas  que  celte  forieresse  puisse  êire  aiiri- 
buée  à  cet  empereur,  et  parce  qu'il  ne  vint  pas  à 
Clerraont,  si  louiefnis  Clermonl  existait  alors,  ce  qui 
est  très-donlen:s,  et  parce  que  la  construction  a  été 
faite  avec  de  petites  pierres  et  avec  du  ciment  qui 
ne  leur  semble  pas  être  l'ancien  ciment  des  Romains. 
On  pense  généralement,  et  avec  une  apparence  do 
nison,  que  c'était  originairement  une  forteresse  con- 
strnite  sous  le  règne  de  Charles  le  Chnuve,  on  peut- 
être  rebâtie  du  temps  de  ce  prince,  pour  arrêter  les 
incursions  des  Normands.  Plus  tard  on  y  clalilit  une 
cliapelleque  des  chapelains  desservirent.  Elle  devint 
dans  la  suite  un  chapiire,  qui  existait  déjà  vers  le 
milieu  du  xi^  siècle.  L'église,  sons  l'invocation  de 
Saint-Arnoult,  était  fort  ancienne,  et  l'on  n'en  connaît 
pas  l'origine.  On  y  conservait  précieusement  un  os 
du  bras  dn  saint  patron.  Pour  reconnaître  si  cette 
relique  appartenait  réellement  à  saint  Arnouli,  on  la 
soumit  à  l'épreuve  du  feu,  et  comme  elle  en  sortit 
intacte,  on  la  déposa  dans  l'église  on  elle  fut  honorée 
d'un  culte  particulier,  jusque-là  qu'une  dame  Gniberl 
lui   lit  hommage  de  ses  diamants.  Quelque  temps 
après,  une  guérison  miraculeuse,  opérée  en  faveur 
d'une  personne  de  la  même  famille,  donna  lieu  à  un 
témoignage  singulier  de  reconnaissance  :  ce  fut  la 
fon'lation  annuelle  d'un  repas  splendidK  oii  figuraient 
les  membres  du  chapitre  de  Saint-Arnoult.  Louvet, 
dans  son  histoire  de  Beauvais,  tout  en  rappelant  que 
d  ms  les  xiv«  et  xv»  siècles,  les  archives  du  rhapitre 
furent  détruites  p.ir  divers  incendies,  cite  néanmoins 
comme  authentique  le  titre  d'une  concession  faite  aux 
channines,  en  1114,  par  Renaud, comte  de  Clermont, 
qui  octroya  «  une  foire  le  jour  et  fêle  de  saint  Jean 
et  les  deux  jours  subséquents,  et  avec  les  profils  et 
droits  du  lonlicH,  forage,  rouage  et  travers,  et  avec 
privilège  que  quiconque  viendrait  en  icelle  faire  trafic 
)î«  pourrait,  ponr  quelque  cause  que  ce  fût, être  arrêté, 
ni  convenu,  sinon  pour  homicide;  que  la  connaissance 
du  marcogni,  et  des  délits  qui  arriveraient  durant  la- 
dite foire,  en  dedans  la  lieue,  appartiendraient  audit 
chapitre,  ne  retenant,  ledit  comte  de  Clermont,  autre 
chose  en  icelle  que  la  tierce  partie  des  amendes.  » 
Ce  chapitre  avait  le  titre  royal,  et  se  composait  de 
12  prébendes  canoniales  et  de   7  chapellenies  à  la 
nomination  du  chapitre.  Quant  aux  12  canonicats,  ils 
étaient,  dans  les  derniers  temps,  dix  à  la  nomination 
du  prince  de  Condé,  et  les  deux  autres  à  celle  des 
abbayes  de  Froidmonl  et  de  Saint-Queniin-lez-Beau- 
vais.  Apre*  la  révolution,  le  château  passa  à  différents 
propriétaires  jusqu'en  1808,  époque  où  il  fut  question 
de  créer  une  nouvelle  prison  à  Clermont.  Celui  qui 
le  possédait  alors,  l'offrit  au  gouvernement,  à  condi- 
tion qu'il  serait  le  concierge  de  la  prison.  En  1812, 
on  voulut  changer  la  destination  de  cet  établissement, 
et  en  fermer  un  dépôt  de  mendicité;  les  prisonniers 
furent  évacués,  le   nouveau   mobilier  apporté  :  ce 
projet  n'eut  pas  de   suite.  En  1820,  on  en  fit  une 
maison  de  déienti'n  pour  hommes,  femmes  et  en- 
f.nnis.  Depuis  une  ordonnance  royale  du    mois  de 


juillet  ou  du  mois   d'août  1826,  cette  maison  ne 
renferme  plus  que  des  femmes   Les  détenues  sont 
occupées,  dans  des  ateliers  de  travail,  à  des  ouvra- 
ges d'aiguille  de  tous  les  genres,  à  des  métiers  de  ca- 
licot,à  filer  du  lin  au  rouet;  les  vieilles  ctlosinfirmes 
épluchent  le  coton  et  font  des  bobines  de  fil  ;  25  ou 
50  font  lies  cartonnages  de  toute  espèce.  Elles  confec- 
tionnent elles-mêmes  les  vêtements  qui  les  couvrent. 
Leur  habillement  estde  couleur  gris  brun  et  uniforme. 
— Outre  le  chapiire  dont  il  a  été  lait  mention,  il  y  avait 
à  Clermont  un  couvent  d'Ursulines,  que  le  cnllége  et 
différents  particuliers  occupent  aujourd'hui ,  et   une 
communauté  de  Mathurins,  de  l'ordre  des  Trinitai- 
res,  dont  l'église  était  sous  le  patronage  de   saint 
André:  la  sous-préfeclure  s'y  est  installée.  Avant  de 
venir  s'établir  où  est  maintenant  le  collège,  les  llr- 
sulines  avaient  leur  couvent  dans  la  rue  du  Château. 
Les  bâtiments  de  ce  couvent  appartiennent  aduelle- 
nieni  à  divers  particuliers;  mais  une  partie,  devenue 
propriété  communale  pendant  la  révolution,  a   été 
renUie  à  quatre  des  anciennes  Ursulines  Elles  tien- 
nent une  maison  d'éducation  pour  les  demoiselles,  et 
sont  connues  sous  le  nom  de  religieuses  de  ta   Provi- 
dence^e  la  Sainte-Enfance  de  Jésut.  L'église  parois- 
siale, dédiée  sous  l'invocaiinn  de  saint  Samson,  est 
assez  jolie  ;  elle  a  un  buffet  d'orgues  et  deux  châsses  : 
l'une  contient  l'os  d'un  des   bras  de  saint  Samson, 
et  l'autre  une  partie  d'os  de  bras  de  saint  Roch.  Celle 
dernière   relique   était  chez   les    Mathurins.    L'é- 
glise Saint-Samson  est   de  construction   ancienne, 
excepté  la  flèche  et   le  clocher,  qui,  incendiés   le  4 
août  1785,  ont  été  rebâtis  depuis  23  à  50  ans.  Les 
auteurs   qui   ont  placé    à  Clermont  une   chapelle 
de  Saint-Gengoux  se  sont  trompés;   celle  chapelle 
est    à  l'iémérangles. —   L'hospice,  qui  n'a  jamais 
porté  le  nom  d'Hôtel-Dien,  que  lui  ont   donné   des 
historiens ,   est  dirigé    par   les    soins  des   dames 
de  Saint-Thomas-Villeneuve,  dontle  couventest  à  Pa- 
ris, rue  de  Sèvres,  n*  27 .  On  y  admet  hommes,  fenmies, 
orphelins  ,  les  enfants  pauvres  et  les   militaires. 
Le  nombre  des  malades  est  constamment  de  20  à  25. 
Les  enfants  y  sont  instruits,  les  jeimes  personnes  par 
une  religieuse,  et  les  garçons  par  un  instituteur  spé- 
cial. Il  y  a  aussi  une  salle  ponr  les  infirmes.  Cet  hô- 
pital pourrait  contenir  85  lits;   il  est  parfaitement 
tenu,  et  l'on  y  a  fait  des  améliorations.  La  popula- 
tion y  est  constamment  de  Oit  à  70  personnes.  Il  y  a 
une  chapelle  sous  l'invocation  de  sainte  Madeleine. 
—  Le  tribunal  de  première  instance  et  la  justice  de 
paix  sont  établis  dans   le  haut  du  bâtiment  dt;  l'an- 
cien grenier  à  sel;  le  bas  sert  de  dépôis  pour  les 
grains  destinés  à  être  vendus  sur  les  marchés.  —  Il 
y  avait  dans  la  forêt  de  Hez,  dite,  dans  le   pays,  de 
La  Neuville,  parce  qu'elle  est  couiiguè  au  village  de 
ce  nom,  un  couvent  de  cordeliers  nommé  de  la  Gar- 
de, où  l'on  renfermait  les  ecclésiastiques  en  correc- 
tion et  où  l'on  recevait  des  aliénés.  —  Le  nom   de 
Clermonl,  en   latin  Claromoutium,  commun   à  plu- 
sieurs bourgs   et  villes  de   France,  et  qui  signiClA 


5R! 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MO\EN  AGE. 


582 


mon*  illustre,  ne  psratt  pas  avoir  une  origine  ccr- 
tnine.  On  piélend  que  celle  ville  a  éié  beaucoup  plus 
consiilénible  qu'elle  ne  l'est  aujourd'hui,  bien  que 
ceux  qui  onl  écrit  son  liisloire  ne  présenient  rien  de 
positif  ov:iiit  le  ix« 'iécle.  Ses  premiers  seigneurs, 
comme  tant  d'autres,  usurpèrent,  lors  de  l'élévation 
de  Hugues  Capel,  et  h  son  exemple,  un  titre  et  une 
sonvcrainelé  qui  ne  leur  apparlenajo»!  pas;  ils  se  fi- 
reni  comtes,  el  le  (  hàleau,  bàii  pour  défendre  la  con- 
trée contre  le?  ennemis  de  la  France,  devint  le  re- 
paire où  ils  cherchaient  un  asile  pi-ndant  les  guer- 
res qu'ils  livraient  aux  seigneurs  voisins,  ou  après 
fivoir  exercé  leurs  brigandages  contre  les  habitants 
des  campagnes.  Le  premier  de  ces  comtes  dont  l'his- 
loire  ait  g.trdé  le  nom,  est  Renaud  !«<',  qui  vivait  en 
1087.  Un  de  ses  descendants, Raoul  !«'',  eut  plusieurs 
démêlés  avec  le  chapitre  de  Beauvais  pour  certains 
droits  territoriaux  que  le  chapitre  défendit  par  le 
moyen  de  l'excommunication,  arme  toute-puissante 
au  xif  siècle.  Ces  démêlés  étant  terminés,  il  se  croi- 
sa el  fit  partie  de  l'expédition  de  Philippe-Auguste. 
Ce  comte  fut  tué  au  siège  de  Saint-.Iean-d'Acre  ,  en 
1191,  sans  laisser  de  postérité  mâle.  Catherine,  sa 
fille  ainée,  épousa  Louis,  comte  de  Blois,  et  en  eut 
Thibaud,d !t  le  Jeune, dernier  (omie  de  celle  famille, 
mort  «ans  enfants  en  1218.  Philiiipe-Augu<îie  ayant 
■lors  acheté  des  héritiers  coll.iiéraux  de  Thibaud 
leurs  droits  au  comté  de  CIcrmont,  en  investit  dans 
Il  même  année  son  flls  Philippe.  Ce  prince,  mort 
en  1254,  laissa  deux  filles, dont  l'aînée,  Jeanne,  mou- 
rut en  1250,  n'ayant  point  eu  d'hérilier  de  son  époux 
Gaucher  ou  Gauthier  de  Châiillon,  qui  alla  finir  ses 
fours  en  Egypte  à  la  Miitc  de  Louis  IX.  Le  roi  vou- 
lut alors,  en  qualiiéde  plus  proche  héritierde  Jeanne, 
prendre  possession  du  comté  de  Clermnni  et  lo  réu- 
n'ir  à  la  couronne.  En  vain  ses  frères,  les  comtes 
de  Poitiers  et  d'Anjou,  tentèrent-ils  de  s'y  opposer, 
prétendant  que  cet  apanage  d'un  prince  royal  de- 
vait être  partagé  entre  eiix;  un  parlement  décida, 
après  7  années  de  contestations,  en  faveur  du  mo- 
narque qui,  en  12G9,  apaiiagea  du  comté  de  CIcr- 
mont son  6^  fils,  Robert  de  France,  ii?e  de  la  mai- 
gon  de  Biurbon.  Robert  épousa,  en  127-2,  Béairix, 
fille  de  Jean  de  Bourgogne,  seigneur  de  Charolais  et 
d'Agnès  de  Bourbon.  Ce  nom  ,  devenu  celui  d'une 
des  grandes  maisons  régnantes  de  l'Europe,  était 
le  liire  d'une  petiie  cliàtellenie  que  Hugues  IV,  duc 
de  Bourgogne  et  aiieul  de  Béairix  ,  avait  démembrée 
du  comté  lie  Chàlons  et  donnée  par  testament  .î  sa 
petite-file.  En  1-285,  Robert  devint,  par  la  mort  de 
sa  belle-mère  Agnès,  possesseur  delà  sircrie  de  Bour- 
èon-l'ArcItambaud.  Plus  adroit  ou  pins  heureux  que 
les  seigneurs  de  Courienay,  qui  perdirent  le  rang  de 
princes  du  sang  en  changeant  leurs  armes,  le  nou- 
veau sire  de  Bourbon  conserva  celles  de  France  dans 
son  écusson  :  celte  circonstance  niainiinidans  sa 
maison  un  titre  qui  plus  lard  conduisit  ses  descen- 
dants au  trône.  Ce  prince  avait  pour  bailli,  dans  son 
comté  de  Clermont,  le  célèbre  Beaumanoir ,  auteur 


des  Coustumes  du  Beauvahis,  travail  que  Loysel  np- 
pela  le  premier,  le  plus  grand  et  le  plus  liardy  oeuvre 
qui  aijt  été  compns' sur  les  couitumes  de  France.  Ce 
comté  resta  dans  la  maison  de  Bourbon  jusqu'au 
temps  du  connétable  de  ce  nom,  dont  les  biens  furent 
confisqués  el  réunis  à  la  couronne.  Il  y  avait  eu  an- 
térieurement une  cession  faite  par  Louis  l»"',  duc  de 
Bourbon,  à  Charles  le  Bel;  mais  elle  était  restée  sans 
effet,  puisque  Philippe  de  Valois,  successeur  de  Char- 
les,  l'avait  rendu  au  duc  et  à  la  maison  de  Bour- 
bon :  enfin  il  fut  engagé  plus  tard  à  la  maison  de 
Condé.  —  Clermont  ne  ligure  dans  l'histoire  d'une 
manière  remaniuable  que  depuis  le  xiv^  siècle. 
Après  le  fameux  soulèvement  de  paysans  si  connu 
sous  le  nom  de /flci/werie,  et  qui  prit  naissance  dans  le 
Beauvaisis,  en  153!),  cette  ville  tomba  par  surprise 
aux  mains  du  capt:d  de  Buch,  qui  y  leva  des  contri- 
butions extraordinaires.  Les  Anglais,  devenus  maî- 
tres d'une  grande  partie  de  la  France,  pillèrent  Cler- 
mont en  15  j9,  et  le  brûlèrent.  Relevé  de  ses  ruines, 
il  soutint  un  nouveau  siège  en  1415,  et  le  faubourg 
Saint-André  fut  entièrement  consumé  par  le  feu.  En 
1430,  Jean  de  Brosse,  maréchal  de  Boussac,  assié- 
gea et  prit  le  château  à  la  tête  d'ime  armée  avec  la- 
quelle il  venait  de  délivrer  Compiègne.  Celle  ville, 
reprise  par  les  Anglais,  fut  de  nouveau  rendue  à  la 
France  par  le  brave  La  llire;  mais  ayant  éié  pres- 
qu'aussilôt  fait  prisonnier  à  Beauvais  pendant  qu'il 
jouait  à  la  paume,  ce  guerrier  se  vit  oblig  i  de  re- 
mettre celte  place  aux  ennemis  pour  sa  rançon.  Elle 
revint  à  la  France  après  l'expulslou  des  Anglais.  Au 
xvi»  siècle  elle  passa  de  nouveau  sous  une  domina- 
lion  étrangère.  En  1569,  Charles  IX,  ayant  besoin 
d'argent  pour  combattre  les  protestants,  aliéna  cette 
ville  en  f  iveur  du  duc  de  Brunswick  pour  une  som- 
me de  360,000  livres.  La  duchesse  de  Brunswick  la 
revendit,  30  ans  après,  à  Charles,  duc  de  Lorraine. 
Elle  revint  de  nouveau  à  la  couronne  :  Henri  IV 
la  prit  sur  la  Ligue  en  1589,  et  au  mois  de  juil- 
let 1615  le  prince  de  Condé,  mécontent  de  la  cour, 
s'y  jeta  avec  quelques  troupes  et  parvint  à  s'y  forti- 
fier, ce  qui  épouvanta  beaucoup  les  habitams  de  Pa- 
ris. On  a  vu  que  la  seigneurie  de  Clermnni  fut  en- 
gagée à  la  maison  de  ce  prince.  —  Ou  trouve  dans 
celte  ville  et  dans  ses  environs  de  nombreuses  fahri- 
ques  de  toiles  dites  bulles  ou  mi-Hollande,  de  calicots 
et  d'indiennes;  des  filatures  de  coton,  trois  brasseries, 
des  lanneries,  une  raffinerie  de  salpêire  et  une  blan- 
chisserie de  t"iles,  connue  sous  le  nom  de  blunc  de 
Clermont.  Ils'y lient  trois  foires  par  année  ;  la  l"'*,  le 
mardi  après  la  Chandeleur;  la  2',  le  10  aoùi;  la  ô', 
le  .'JO  uov.  Le  samedi  de  chaque  semaine  il  y  a  un 
marché  pour  les  grains;  mais  le  plus  fort  ,  nommé 
Marché-Franc,  se  lient  le  dernier  samedi  de  chaque 
mois.  Depuis  1748,  qu'on  a  établi  six  moulins  dans 
celle  ville,  son  principal  commerce  est  en  grains; 
celui  qu'on  y  fait  de  chevaux,  de  bestiaux,  de  pro- 
duits de  ses  manufactures  et  de  fruits  rouges,  c'est-à- 
dire  de  guignes  et  cerises,  n'est  guère  moins  consi- 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


E33 

dérable. —  Les  environs  sont  aussi  remarquables  par 
la  ferliiiié  du  sol,  qui  produil  du  chanvre  et  une 
grande  quanlilé  de  pommes  à  cidre,  que  parles 
agréments  et  la  beauté  du  séjour.  Parmi  les  châteaux 
et  maisons  de  campagne,  on  distingue  les  belles  ré- 
sidences situées  près  d"Agneiz,  de  Breuille-Yert  et 
de  Fitz-James. —  Ce  que  l'on  remarque  à  Clermont, 
c'est  qu'il  n'y  a  ni  musée,  ni  société  savante,  ni  bi- 
bliothèque. —  Clermont  est  la  patrie  de  Charles  le 
Bel,  de  Jacques  Grevin,  poêle  français  et  latin,  mé- 
decin et  conseiller  de  Marguerite  de  France,  auteur 
de  plusieurs  pièces  de  théâtre,  mort  en  1570,  âgé  de 
33  ans;  de  Cassini,  célèbre  ingénieur  géographe, 
auteur  de  la  grande  carte  topographique  de  France 
qui  porte  son  nom,  et  de  Charpentier,  auteur  du  Pa- 
rallèle entre  Ar'ulote  et  Platon.  —  Les  naturalistes 
étudient  avec  iniéréi  les  différentes  couches  du  ter- 
rain qui  avoisine  Clermont,  et  qui  parait  n'être  on 
quelques  endroits  qu'un  vaste  amas  de  coquilles, 
telles  que  buccins,  limaçons,  planorbis,  etc.,  renfer- 
mées dans  une  terre  calcaire  et  marneuse. 

C/arus  fo»s  ,  Claire-Fontaine,  paroisse  de  l'an- 
cien diocèse  de  Chartres  ,  maintenant  de  celui  de 
Versailles,  canton-sud  de  Dourdan  ,  arrond.  de 
Rambouillet,  dépl.  de  Seine-et-Oise ,  à  H  kil.  de 
Dourdan,  à  27  de  Versailles,  8  de  Rambouillet,  et  42 
wid-ouest  de  Paris.  —  Ce  village  doit  son  origine  à 
une  abb:iye  du  xii«  siècle.  La  population  est  d'env. 
500hab.,en  y  comprenant  les  hameaux  du  Cabinet, 
de  la  Ménag'rie,  des  Druyères,  de  la  Verrerie,  de 
la  Coudrriye  ,  des  Fourmillons  ,  et  plusieurs  maisons 
isolées,  sous  diverses  dénominations.  —  Ce  lieu  est 
remarquable  à  cause  de  l'abbaye  du  même  nom  qui 
y  existait  avant  la  révolution.  Cette  abbaye  fut  fon- 
dée par  Simon  ,  comte  de  Montfort,  vers  l'an  1100, 
sous  l'invocation  de  la  sainte  Vierge  :  elle  tirait  son 
nom  ,  ainsi  que  le  village  ,  d'une  fontaine  qui  cou- 
lait près  de  son  enceinte.  Son  revenu  montait  à  5000 
liv.  Des  moines  Augusiins  déchaussés  desservaient 
ix  la  fois  cette  abbaye  et  la  paroisse  du  lieu  ,  qui 
était  sous  le  titre  de  Saint-Nicolas.  Cette  paroisse 
n'avait  pas  une  église  particulière  ;  mais  le  service 
s'en  faisait  dans  la  nef  de  celle  de  l'abbaye ,  qui  y 
était  consacrée  spécialement,  le  reste  de  l'église 
étant ,  comme  il  vient  d'être  dit ,  sous  le  litre  de  la 
sainte  Vierge,  et  appartenant  à  l'abbaye. —  Ce  mo- 
nastère n'existe  plus  ;  le  local  et  les  bâtiments  sont 
occupés  par  un  hospice  de  bienfaisance  et  une  ma- 
nufacture de  dentelles.  —  Le  terroir  de  Claire-Fon- 
taine est  sablonneux  et  produit  peu  de  grains;  il  y 
a  beaucoup  de  bois,  et  on  y  trouve  quelques  étangs. 
CUppiacum,  Clichy-cn-l'Auiiois  ou  Launoy,  pa- 
roisse de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  actuellement  de 
celui  de  Versailles,  canton  de  Gonesse,  arrondisse- 
ment de  Pontoise,  département  de  Seine-et  Oise,  à 
11  kil.  de  Gonesse,  et  14  est  de  Paris.  —  Ce  village 
fut  ainsi  surnommé  à  cause  de  sa  situation  dans  le 
pays  d'Aunois,  et  pour  le  distinguer  de  Clichy  situé 
sur  la  Seine,  il  roccident  de  Paris,  et  communément 


384 


appelé  Clichy-la -Garenne.  Tous  deux  étaient  égale- 
ment terres  royales  au  vii«  siècle,  sous  le  régne  de 
Dagobert,  et  s'appelaient  en  latin  CUppiacum.  Celui- 
ci  est  le  premier  des  deux  Clichy  que  nos  rois  aient 
donné  à  l'abbaye  de  St- Denis.  L'auteur  des  Gestes 
de  Dagobert,  qui  rapporte  cette  donation  faite  en  655 
ou  63b,  l'appelle  Clippicum  Superius;  ce  que  dom 
Félibien  traduit  par  le  H aut-Clichy .  En  effet  sa  situa- 
tion est  sur  une  montagne  ou  coteau,  au  lieu  que 
Clichy-sur-Seine  est  dans  une  plaine.  Il  y  a  apparence 
que  ce  n'est  que  depuis  que  le  monastère  de  St-De- 
nis  eut  été  gratifié  pnr  Charles  Martel  de  Clichy-sur- 
Seine,  que  l'abbaye  se  délit  de  Clichy-en-l'Aunois. 
L'église  est  un  bâtiment  assez  nouveau;  il  est 
sans  ailes  et  n'a  que  la  forme  d'une  grande  chapelle. 
On  y  conservait,  sur  un  autel  qui  était  dans  la  partie 
septentrionale,  une  petite  châsse  de  bois  doré  où  l'on 
voyait  dans  une  fiole  oblongue  un  fragment  d'os  pé- 
roné ,  que  l'étiquette  disait  avoir  été  donné  à  cette 
église  en  Î62i  par  l'abbesse  de  Montmartre,  et  être  de 
l'un  des  compagnons  de  saint  Denis.  Au  côté  méridional 
du  grand  autel  était  une  tombe  carrée  qui  fut  visible- 
ment déplacée,  puisque  celle  qui  y  était  représentée 
avait  la  tête  vers  l'orient.  C'était  une  femme  cou- 
verte d'un  capuchon  dont  la  |  ointe  relevait  tout  à  fait, 
et  qui  avait  un  béguin  sous  le  menton;  on  lisait  au- 
tour, en  petites  capitales  gothiques  :  Ci/  gisi  Jehanne 
de  Saint  Lorens  femme  de  ....  de  Saint  Lorens  Borgois 
de  Paris,  qui  fut  mère  du  frère  Adam  de  Saint  Loren^ 

frère  de  l'ordre  de Le  reste  était  caché  par  la 

marche-pied.  Cette  tombe  paraissait  éire  du  temps 
du  règne  de  Philippe  le  Bel  ou  environ.  Adam  de 
Saint-Laurens  était  sans  doute  un  religieux  chevalier 
de  l'ordre  du  Temple,  lesquels  chevaliers  étaient  sei- 
gneurs de  Clichy  dés  lafin  du  xii*  siècle  ou  au  commen- 
cement duxiu''.  Cette  iiaroisse  est  d'une  petite  éten- 
due; elle  n'est  éloignée  du  village  de  Livry  que 
d'un  kil.  Entre  ces  deux  villages  sont  des  vignes  en 
quantité,  qui  regardent  en  partie  le  couchant,  et  le 
territoire  s'appelle  la  Hauie-Forêt.  Proche  de  Clichy 
était  une  pelouse  de  60  arpents,  où  les  bestiaux 
pai^sai'nt  l'été;  le  reste  du  temps  on  les  retirait 
dans  les  I  ois.  Le  prince  de  Dombes  avait  à  Clichy 
une  maison  pour  la  chasse.  Le  château  situé  à  mi- 
cote  avait  appartenu  à  Gabrielle  d'Estrées.  Il  a  été 
reconstruit  à  neuf  sur  les  dessins  de  l'architecte 
Brongniart.  Le  parc,  d'environ  40  arpents  clos  de 
murs,  est  tenant  à  un  autre  parc  qui  joint  la  forêt  de 
Bondy.  Dans  ce  premier  parc  est  une  grande  pièce 
d'eau  alimentée  par  diverses  sources,  dont  une,  nom- 
mée la  Chapellc-des-Anges,  à  l'entrée  de  la  forêt, 
est  connue  depuis  le  xi"  siècle.  Cette  source  ou  fon- 
taine avait,  dit-on,  la  vertu  de  guérir  de  !a  fièvre. 
Cette  commune  possède  peu  de  maisons  de  campa- 
gne :  aussi  cette  partie  des  environs  de  Pari^  est-elle 
recherchée  de  préférence  par  les  nombreux  amateurs 
des  plaisirs  de  lâchasse,  auxquels  leurs  occupations 
journalières  dans  la  capitale  ne  permettent  pas  de 
s'éloigner  davantage.  Les  productions  de  Clichy  sont 


.JJ 


58S 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


586 


lie  peu  de  valeur.  Ce  village  est  près  la  grande 
roule  de  Paris  en  Allemagne,  et  iraversé  par  une 
chaussée  qui  communique  de  celle  roule  à  celle  de 
Coiilommiers  parChelles. 

Clippiacum,  Clicliy-la- Garenne,  ou  Clicliy-sur- 
Seiiie,  paroisse  du  diocèse  de  Paris,  canlon  de 
Neuilly-sur-Seine,  anondissement  de  Saini-Denis, 
Seine,  à  3  kil.  nord-est  de  Neuilly.  Population,  2300 
liabilants  environ.  Le  nom  latin  de  ClicLy  est  Clip- 
piacum, formé  de  la  racine  clip,  dans  lequel  on  croit 
rcconnaiire  la  signiQcation  de  clapier,  lieu  où  l'on 
élève  des  lapins;  explication  qui  semble  en  effet 
foriifier  le  surnom  de  la  Garenne  donné  à  Clicliy. — 
Ce  village  remonte  à  une  Irès-liauie  antiquité;  son 
terriioire  paraît  avoir  primiiiveraent  compris  tout 
le  pays  où  depuis  s'élevèrent  Saint-Ouen,  le 
Houle  et  Villiers-la-Garenne.  Il  faul  rapporter  à 
celle  étendue  de  pays  ce  qu'on  trouve  duns  les  an- 
ciennes chroniques  touchant  ce  lieu,  où  les  rois  de 
France  eurent  un  palais  dès  les  commencements  de 
la  monarchie.  La  première  occasion  que  nos  anciens 
historiens  aient  eue  de  faire  mention  de  Clichy  re- 
monte à  l'année  i2  du  règne  de  Clolairc  II,  qui  re- 
vient à  l'an  023  de  Jésus-Chrisl.  Frédégaire  écrit 
qu'alors  Clotaire  éiait  à  Clichy,  non  procul  Parisiii, 
et  que  Dagobert  l'y  élant  vinu  irouver  de  son  ordre 
avec  les  leudes  du  royaume,  s'y  maria  avecGoma- 
irude,  sœur  de  la  reine  Sichikie;  que  le  troisième 
jour  après  les  noces,  le  père  cl  le  lils  enlrèrent  en 
de  grandes  contestations  sur  le  partage  des  E'ats, 
et  en  remirent  la  décision  à  douze  Fraiiks,  !a  plupart 
évêques.  Ce  fut  dans  ce  même  lieu  que,  quatre  ans 
plus  tard,  Dagobert  répudia  Gumairude,  et  qu'il 
épousa  ensuite  Nantechilde,  suivante  de  sa  première 


sent  un  palais,  ou  si  ce  l'ut  la  conslruction  du  palais 
qui  donna  orijjiiie  à  la  paroisse.  Mais  à  juger  de  son 
anclenueié  par  le  saint  qui  est  patron  de  l'église  de 
temps  immémorial,  saint  Médard,  elle  a  dû  éire 
consacrée  sous  son  invocation  avant  l'an  545  de  Jé- 
sus-Christ, qui  est  le  temps  de  sa  mort.  Si  cepen- 
dant celle  église  a  été  d'abord  sous  le  tiire  du  Sau- 
veur, comme  on  le  pense  en  ce  lieu,  on  peut  en  faire 
remonier  l'aniiquité  plus  haui.  L'église  qui  subsistait 
!i  Clichy  avant  celle  qu'on  y  voit  aujourd'hui, 
avait  été  dédiée  par  l'évéque  de  Paris  le  dimanche 
premier  jour  d'octobre  1 525,  sous  le  litre  de  Saint- 
Médard,  et  le  prélat  en  avait  lixé  l'anniversaire  à 
pareil  jour,  c'est-à-dire  au  premier  dimanche  d'octo- 
bre ;  mais  il  fallait  que  dès  lors  elle  fût  très-ancienne. 
Le  curé  qui  prit  possesion  du  bénéfice  en  1612, 
trouva  le  moyen  de  la  faire  bâtir  à  neuf,  et  même 
il  fut  permis,  le  3  mars  1628,  d'aliéner  des  fonds 
de  la  fabrique  pour  refaire  le  clocher.  C'était  le  mo- 
deste et  courageux  Vincent  de  Paul,  fondateur  des 
sœurs  de  la  Charité,  des  prêtres  de  la  mission  dits 
Lazaristes,  et  bienfaiteur  des  enfants  trouvés.  La  nou- 
velle église  lut  achevée  la  semaine  sainte  de  l'an 
16^0,  et  elle  porte,  comme  l'ancienne,  le  titre  de 
St-Médard.  Charles  Moreau,  premier  valet  de  garde- 
robe  du  roi,  ayant  oblenu  de  Jacques  de  Nucheze,  abbé 
de  Saint-Etienne  de  Dijon,  un  morceau  du  chef  de 
ce  saint  évêque  de  Noyon,  tiré  de  la  châsse  conser- 
vée eu  la  mèmeéglisede  Dijon,  l'archevêque  de  Paris 
permit,  le  17  aoûi  1600,  vu  les  atleslaiions,  de  l'ex- 
poser dans  l'église  de  Clichy.  Dans  ce  même  siècle, 
celle  église  eut  deux  curés  célèbres  :  un  nommé 
Bourgoin,  qui  devint  général  des  Pères  de  l'Oratoire, 
fit   dont  on  a  des  prônes  estimés,  et  l'illustre  saint 


femme.  Ce  prince  affectionna  leilemeni  Clichy,  qu'il  Vincent  de  Paul,  dont  envient  de  parler.  Peu  de 
engagea  la  plupart  des  hommes  de  sa  cour  à  y  bâtir 
des  maisons.  Les  curieux  ont  encore  dans  leurs  cabi- 
nets des  pièces  do  monnaie  frappées  dans  ce  village, 
sous  le  règne  de  Dagobert;  le  cabinet  des  médailles 
de  la  bibliothèque  du  Roi  en  possède  quelques-unes. 


seigneurs  de  Clichy  ont  laissé  un  nom  digne  d'êlre 
cilé  dans  l'histoire.  Cette  terre  fut  longtemps  dans  la 
famille  des  Beaumont;  au  xvii*  siècle  elle  apparte- 
nait à  un  Maeé  de  la  Bazinière;  en  1671,  Edouard-Fran- 
çois  Colberi,   marquis   de  Maulcvrier,  ei  Nicolas  de 


Le  26  mai  627,  Cioiaire  convoqua,  dans  son  palais,      Baiiiru,  marquis  de  Vaubrun,  lieutenant  général  des 
aChcliy,  un  concile  mixte  composé  d'évêques  et  de      armées  du  roi,  la  possédaient  en  commun.  A  une 


laïques,  afin  de  régler  les  affaires  de  son  royaume. 
Le  l«r  niai  6"0,  un  autre  concile  s'assembla  dans  ce 
lieu.  Agile  y  fut  établi  abbé  de  Rebais,  monastère 
récemment  fondé  par  saint  Eloi.  Le  22  juin  653, 
Clichy  fut  encore  le  lieu  d'assemblée  d'un  concile  où 
assistèrent  24  évèques,  et  où  l'on  confirma  les  privi- 
lèges de  l'abbaye  de  Saint-Denis.  Ces  assemblées 
sont  une  preuve  que   Clichy,  ou  plutôt  son  palais, 


époque  plus  rapprochée,  elle  eut  pour  seigneur  le 
grand  prieur  Charles  de  Vendôme.  Enfin,  elle  ap- 
partenait eu  1755  au  fermier  général  Grimod  de  la 
Ri'ynière,  de  gastronomique  mémoire,  et  qui  a  laissé 
un  fils  digne  de  marcher  sur  ses  traces.  A  peu  près 
vers  le  même  temps,  Crozat  de  Tugny,  premier  pré- 
sident au  parlement,  avait  une  très-belle  maison  de 
plaisance  à  Clichy.  L'abbé  Lebenf,en  parlant  de  cette 


t|      jouissait,  sous  la  première  race,  d'une  grande  impor-      maison,  rapporte   que  ce  président  fit  creuser  un 


lance  qu'il  perdit  depuis  que  les  moines  de  Saint- 
Denis  en  furent  devenus  les  seigneurs.  Clovis  II  et 
Thierry  III,  successeurs  de  Dagobert,  firent  aussi 
leur  séjour  à  Clichy.  En  17.il  Charles  Martel  gratifia 
l'abbaye  de  Saint-Denis  de  ce  domaine,  et  Clichy  fut 
l'une  des  teri  es  que  les  religieux  destinèrent  à  leur 
fournir  de  la  volaille  enire  Pâques  et  Noël.  On  ignore  si 


pulls  dans  sa  propriété.  Quand  on  fut,  ajoute-t-il, 
arrivé  à  98  pieds  plus  bas  que  le  niveau  de  la  Seine,  il 
en  sortit  tout  à  coup  im  jet  d'eau  qui  montait  i  pieds  plus 
haut  que  la  rivière,  et  qui  fournissait  tous  les  jours 
216  muids  d'eau.  C'est  à  Clichy  qu'en  1795,  1796  ot 
1797  se  rassemblaient  les  membres  de  la  société 
connue  sous  le  nom  de  Club  ou  Société  de  Clichy.  Elle 


Clichy   était  une  paroisse  avant  que  nos  rois  y  eus-      passait  pour  cire  dévouée  à  Lotns  XVIII,  et  plusieurs 


587 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


m 


fois  les  salles  des  conseils  retentirent  des  dénoncia- 
tions que  les  républicains  ne  cessaient  défaire  contre 
celte  société.  Ils  l'accusaient  de  travailler  à  la  contre- 
révolution  et  au  rétablissement  de  la  monarchie. 
Au  mois  il'anùt  1797,  les  différents  corps  composant 
l'armée  d'Italie  envoyèrent  au  directoire  exécutif 
des  adresses  virulentes  dirigées  contre  cette  société, 
suspectée  de  royalisme.  Le  parti  clichien,  qui  s'ang- 
mentaii  tons  les  jours,  fut  écrasé  par  la  révolution 
du  18  fructidor  an  v  (4  septembre  17i»7).  —  Le  50 
mars  1814,  le  corps  russe  du  général  Langeron  prit 
position  à  Çlicliy,  pour  de  là  pouvoir  se  porter  contre 
Montmartre,  déjà  cerné  de  l'autre  côté  par  les  corps 
prussiens  des  généraux  KleLsl  et  Yorck  ;  mais  le  gé- 
néral Langeron  fut  repoussé  avec  une  grande  perte 
d'hommes,  et  pour  le  moment  il  fut  obligé  de  renon- 
cer à  son  entreprise.  Le  19  octobre  de  la  même 
année,  les  ducs  d'Angnulême  et  de  Berry  donnèrent 
à  la  capitale  le  spectacle  d'une  petite  guerre  qui  eut 
lieu  dans  la  plaine  qui,  commençant  à  Clichy,  s'étend 
entre  ce  village  et  le  bois  de  Boulogne.  Les  troupes, 
qui  étaient  au  nombre  de  35,000  hommes,  manœu- 
Trèrent  depuis  le  matin  jusqu'au  soir,  à  la  très-gran- 
de satisfaction  des  Parisiens,  «|ui  aiment  beaucoup 
les  spectacles  de  tout  genre. 

Cotumbus,  Colombes,  paroisse  du  diocèse  de  Pa- 
ris, canton  de  Nanterre,  arrondissement  de  Saint- 


Apec  un  sentimenl  commun 

Que  famé  esloil  en  paradis. 
Ainsi  toii-it. 
On  lisait  aussi  une  inscription  :  i  Faisant  cnnnaitic, 
dit  l'abbé  Lebeuf,  rétablissement  d'une  école  gra- 
tuite de  50  pauvres  garçons  de  Colombes ,  que  le 
curé  choisira,  et  qui  sera  conduite  par  un  |irêlie. 
Cette  fondation  est  faite  par  Léonard  Polie,  bour- 
geois de  Paiis,  commissaire  des  pauv/es  du  grand 
bureau  en  1678  ,  moyennant  la  somme  de  !ioUÙ  liv. 
Je  n'y  ai  point  aperçu,  continue  le  même  aul«ur, 
d'inscription  concernant  la  londaiion  d'un  hôpital 
pour  les  passants  et  les  p:iuvres  du  lieu,  par  .Made- 
leine, Geneviève,  Pétronille  et  .Marie  Chai  les,  filles 
d'Alexandre  Charles,  marchand  à  Paris.  Le  curé, 
qui  était  alors  .Marin  Prévôt,  aumônier  prédicateur 
du  roi,  goûta  si  fort  ce  projet,  qu'il  offrit  de  payer 
de  son  côté  1-50  liv.  annuellement.  Le  contrat  est 
de  166.5,  50  mai.  11  fut  arrêté  que  les  hospitalières 
de  ce  lieu  pratiqueraient  la  règle  de  saint  Augustin, 
et  que  Louise  Galleran,  ancienne  religieuse,  se  join- 
drait à  elles.  »  —  L'église  de  Colombes  est  une  de 
celles  où  s'était  établi  l'usage  de  faire  chaque  année, 
le  premier  jour  de  mai,  une  procession  à  travers  les 
vignes,  et  d'y  porter  le  saint  sacrement  pour  les 
préserver  des  vers.  Plus  lard  les  exorcisines  paru- 
rent plus  convenables.  —  Ce  village  était  autrefois 


Denis,  à  deux  kil.  d'Argenteuil,  5  nord-est  de  N.m-      entouré  de  murs.   Ses  habitants  furent,   en   ISiS, 


terre,  et  8  nord-ouest  de  Paris.  L't-tymologie  de  son 
nom  latin  Colombus,  n'est  pas  facile  à  trouver,  car 
l'attribuer  aux  colombes  ou  pigeons  qui  pouvaient 
»'y  rencontrer  autrefois,  serait  abuser  singulière- 
ment de  la  science  des  origines.  Selon  l'abbé  Le- 
beuf, son  éiyniologie  pourrait  se  tirer  de  ce  que 
peut-êire  il  y  aurait  eu  en  ce  lieu  des  amas  de  bois 
équarri,  ou  espèce  de  solives  qu'on  appelait  colom- 
bes, et  cela  dans  les  temps  que  ces  cantons  étaient 


compris  dans  l'affranchissement  que  (ire  l  les  abbés 
de  Saint-Denis;  et,  en  1667,  le  roi  leur  accorda  ré- 
tablissement d'un  marché  par  semaine  et  de  deux 
foires  par  an.  —  La  communauté  de  Sainl-Cyr  suc- 
céda dans  la  seigneurie  de  ce  lieu  à  l'abbaye  de 
Saint-Denis.— Le  château,  appelé  aulrefois  le  grand 
châieau  pour  le  distinguer  d'un  second,  qu'on  nom- 
mail  le  petii  château,  existait  encore  à  l'époque  de  la 
révolution;   mais  en  1793  il  fut  rasé,  et  les  maié- 


couverts  de  bois.  —  Les  plus  anciens  titres  qui  font  ''^ut  furent  vendus  pour  payer  à  la  ration  les  frais 

mention  de  ce  village  ne  remontent  pas    au  delà  de  l'acquisition.  Henriette  Marie  de  France,  troisième 

du  xni«  siècle.  A  celte  époque  Colombes  apparie-  ''"e  de  Henri  IV,  douairière  d'Angleterre,  faisait   sa 

nail  à  l'abbaye  de  Saint-Denis  :  son  église,  ou  du  demeure  ordinaire  dans  ce  grand  château;   elle  y 

moins  la  tour  qui  est  vers  le  nord  du  bâtiment,  mourut  subitement  le  10  septembre  1669,  âgée  de 

semble  même  remonter  au  xii^  siècle;  ce  qui  sup-  <>0  ans.  Le  petit  château,   qui  avait  une  apparence 

pose  que  déjà  ce  lieu  était  un  village  assez  considé-  P'"'  modeste,  ne  fut  point  vendu,  ni  par  consé|uen[ 

rable  pour  le  temps.   L'église  est  sous  le  titre  do  démoli.  11  a  appartenu  à  un  particulier  qui  en  a  fait 

Saml-Pierre  et  Saint-Paul.  On  n'y  voyait  point  d'in-  «ne  charmante  propriété,  en  disiribuanl  en  jardin 


scription  plus  ancienne  que  celle-ci,  qui  éUil  gravée 
sur  un  marbre  noir  : 

Cy  gitl  de  Fresne  vénérable 
Preare  vicaire  de  ce  lieu  , 
Qui  n'a  rien  eu  plus  agréable 
Que  iervir  le  prochain  ei  Dieu. 
Dont  l'effort  de  la  maladie 
Dont  ce  bourg  estait  empesté , 
A  constamment  livré  sa  vie , 
Pour  exercer  la  charité. 
Ce  fut  en  m.  dc.  xxxi 
Que  son  corps  en  terre  fut  mit. 


paysagiste  une  immense  prairie  renfermée  dans  son 
parc.  Madame  la  princesse  de  la  Moscowa  (  la  maré- 
chale Ney)  en  lit  l'acquisition,  et  y  a  demeuré  quel- 
que temps.  Parmi  le  grand  nombre  de  maisons  de 
campagne  qui  embellissent  ce  village,  il  faut  distin- 
guer celle  qui  a  longtemps  appartenu  au  baron  Co.- 
visarl,  premier  médecin  de  Napoléon,  et  connue 
sous  le  nom  de  la  Garenne  ;  une  autre  appelée  ilou- 
tin  joli,  bâtie  sur  le  bord  de  la  Seine  :  elle  faisait 
également  partie  du  territoire  de  celle  commune.  H 
n'en  reste  absolument  rien.  Aujourd'hui  Colombes 
est  l'une  des  communes  les  plus  considéraMes  du 
djé£artement  de  la  Seine.  Le  sol  est  d'une  «'audû 


389 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  390 


fertililé  dans  loate  l'étendue  de  son  lerriioire,  ren- 
leniié  dans  le  second  coude  que  forme  celle  rivière 
en  séloignanl  de  Paris  :  aussi  y  croîl-il  abondain- 
nieni  lout  ce  que  la  naiure  donne  aux  environs  de 
Paris.  Prairies,  vignes,  grains,  légumes  y  sonl  lour 
à  lour  pour  les  liaWianis,  dont  le  nombre  peut  s'éle- 
ver à  2S00,  des  sources  de  richesses  peu  ordinai- 
res. Trois  places  publiques  dans  ce  village  sont 
plantées  d'arbres.  Parmi  les  établissements  indus- 
triels qui  se  trouvent  en  assez  grand  nnmbre  à  Co- 
lombes, on  distingue  la  fabrique  de  colie-furte,  et 
une  autre  où  l'on  fabrique  difforentes  espèces  de 
vinaigre.  Un  beau  moulin,  ([ue  l'on  voit  à  l'evlrémité 
orientale  du  village,  et  mm  éloigné  de  l'église,  porte 
égulcmonl  le  nom  de  Colombes. 

Combellum,  CombauU  ou  Cumbeaux,  paroisse  de 
l'ancien  diocèse  de  Paris,  aciuelleinent  de  celui  de 
Meaux,  canton  de  Tournans,  arron.  de  Melun,  Seine- 
et-Marne,  à  12  kil.  nord-ouest  dii  Tournans.  On  n'a 
point  de  monuments  sur  parchemin,  où  il  soit  parlé 
de  Cnmbeaux  sous  le  nom  latin  Cumbelli,  plus  anciens 
que  le  xii*  siècle,  c'est-à-dire  que  le  règne  de  Louis 
VII  ;  mais  il  en  est  parvenu  jusqu'à  nous  de  Irappés 
en  or  du  temps  de  la  première  race  de  nos  rois,  sur 
lesquels  on  lit  ces  mots  :  Combeltis  fit.  Ccmbeaux 
était  donc  un  lieu  où  ces  princes  avaient  alors  une 
maison  de  campagne,  avec  d'autant  plus  de  raison, 
qu'allant  souvent  à  la  i  basse,  i's  eniraient  immédia- 
lemenl  au  sortir  de  cette  maison  dans  la  forêt  de  Lau' 
conia,  dont  le  nom  s'est  conservé  dans  celui  de  Lo- 
gnes,  laquelle  était  sans  doute  plus  vaste  qu'elle  n'est 


sieurs  branches  sous  les  noms  de  Croy,  Chimay, 
Ar^cllOtt,  Kœux,  Havre,  etc.  En  1486  l'empereur 
Maximilien  l<^',  par  considération  pour  l'origine  de 
cette  maison,  et  pour  les  services  qu'elle  avait  rendus 
à  l'empereur  et  à  l'Empire,  lui  conféra  la  dignité  de 
prince  d'Empire  pour  tontes  ses  branches.  En  1803 
le  D.  de  Croy  obtint,  à  titre  d'indemnité  pour  ses 
pertes  dans  les  Pays-B:is,  la  seigneurie  de  Diilmen  eu 
Westphalie;  mais  l'acte  de  la  confédération  du  Rhin 
le  priva  de  la  souveraineté.  Il  fut  placé  sous  celle  da 
prince  d'Àremberg  ;  aujourd'hui  il  se  trouve,  ainsi 
que  celui-ci,  sous  la  souveraineté  prussienne.  La  sei- 
gneurie de  Diilmen  a  prés  de  lt),000  habitants. 

La  maison  de  Croy,  qui  est  catholique,  se  divisa 
aujourd'hui  en  deux  lignes,  surnommées  de  Diil- 
raen  et  d'Havre.  La  première    réside  à  Diilmen. 

Cmnbis,  Combs-la-Ville,  paroisse  de  l'ancien  dio- 
cèse de  Paris,  à  présent  de  celui  de  Meaux,  canton 
de  Brie-Comte-Robert,  arrond.  de  Melun,  Seine-et- 
Miirne,  à  i  kil.  sud-ouest  de  Brie,  et  26  da  Paris.' 
Pop.  env.  51)0  hab.  Le  mot  de  combs  vient  d'un  mol 
latin  ciuisignilie  profondeur  entre  deux  coteaux  :  il 
a  été  donné  à  quelques  autres  lieux.  Celui-ci  est  an> 
cien  :  il  en  est  question  dans  le  testament  de  Dago- 
bert.  Ce  prince  y  déclare  qu'il  donne  à  la  basilique 
de  Saint-Vincent  de  Paris  un  village  appelé  Cumbis, 
situé  au  pays  de  Paris,  qui  avait  été  possédé  par 
L'rse,  fille  d'Aldéric.  Le  livre  des  revenus  de  la  même 
église,  rédigé  par  l'abbé  Inninon,  dit  que  le  monas- 
tère y  avait  une  mense  seigneuriale  avec  des  dépen- 
dances de  3  lieues  de  circuit,  deux  moulins  qui  pro- 


aujourd'hui.  Le  nom  de  Combelli  suppose  même  que      duisaient  annonœ  modios  cenium  vifiinii,  deux  églises 


c'était  un  lieu  où  primitivement  il  y  avait  un  bois,  qui 
par  b  suite  fut  abattu;  car  faire  un  abatis  de  forêt, 
selon  l'auteur  des  Gêna  Francorum,  se  disait  en  la- 
tin facereCombros.  Du  diminutif  de  Combri,  Combelli, 
i  été  formé  le  mot  Combenux.  L'église  de  ce  lieu 
était  une  espèce  de  chapelle  terminée  en  demi-cercle, 
sous  le  titre  de  Sainl-Cosme  et  de  Saiut-Damien.  La 
cure  était  à  la  collation  de  l'archevêque  de  Paris.  Un 
trouve  des  seigneurs  de  Comheauxdés  le  xii'  siècle; 
mais  il  n'y  en  a  pas  pour  en  faire  une  suite  jusqu'à 
nos  jours.  La  population  de  ce  village  est  de  liO  liab. 
environ,  y  compris  plusieurs  fermes  et  maisons  iso- 
lées sous  diverses  dénominations.  Le  maréchal  duc 
de  Dantzick  était  propriétaire  du  château  et  du  parc. 
Les  principales  productions  du  terroir  sont  en  grains; 
Une  partie  est  en  buis. 

Croviciacum,  Crouy,  village  du  diocèse  d'Amiens, 
k  16  kil.  de  cette  ville,  dépt.  de  la  Somme,  fut  érigé 
en  duché  simple  par  Henri  IV,  en  1398,  en  faveur 
de  Charles  de  Crouy,  duc  d'Arschotl.  La  mai- 
son de  Crouy,  ou  de  Croy,  est  du  sang  des  an- 
ciens rois  de  Hongrie.  Marc,  petit-hls  de  Bcla  il 
l'Aveugle,  roi  de  Hongrie  de  1131  jusqu'à  llil,  s'é- 
tablit en  France  et  y  épousa  Catherine,  héritière  de 
Croy,  dont  il  prit  le  nom.  Jean  de  Croy,  un  de  ses 
descendants,  périt  à  la  bataille  d'Azincourt,  en  1415. 
Le»  descendants  de  celui-ci  se  partagèrent  eu  plu- 


bien  bâties  et  bien  munies  d'ornements,  un  hospice 
des  affranchis,  des  serfs  et  environ  76  meiz,  ou 
maiis,  ou  maisons.  A  l'époque  où  les  Normands  rava- 
gèri;nt  la  France,  les  moines  de  Saini-Genuain  vin- 
rent déposer  à  Combs  le  corps  de  ce  saint  :  cela  se 
passait  en  846.  On  rapporta  ces  précieuses  reliques 
à  Paris  après  que  les  Normands  se  furent  retirés; 
mais  onze  ans  après,  une  nouvelle  irruption  de  ces 
barbares  obligea  de  les  réfugier  encore  use  fois  à 
Combs.  Aimoin  rapporte  quelques  miracles  qui  y 
furent  opérés.  —  L'église  est  sous  le  titre  de  saint 
Vincent.  Celle  qui  existe  n'est  pas  la  chapelle  primi- 
tivement construite  ;  elle  n'offre  rien  de  remarqua- 
ble. Dans  le  côté  méridional  du  chœur  était  la  tombe 
d'un  prêtre,  sur  laquelle  était  gravé  en  lettres  go- 
thiques capitales  du  xui'  siècle  :  Ici  gi$t  Jehan  Pa- 
rou,  curé  de  Comislaville.  Priez  Dieu  por  l'ame  de  ly. 
Tous  les  pouillés  s'accordent  à  dire  que  la  nomina- 
tion à  la  cure  de  Combis  Villa  dépendait  de  l'abbé 
de  Saint-Victor.  La  possession  de  la  seigneurie,  qui 
appartenait  aux  religieux  deSaint-Germain-JcsPrés, 
passa,  au  x»  siècle,  à  la  maison  de  France,  lingues 
Capetet  Robert  en  furent  maîtres;  Philippe-Auguste 
la  donna  en  1216  à  Pierre  de  Nemours,  évêque  de 
Paris,  en  échange  du  lief  duMonceau-Saint-Genais; 
dans  la  suite  elle  revint  à  l'abbaye  de  Saint-Gern'iain^ 
Divers  chevaliers  en  possédèrent  quelques  porlio/ 


70 


S91 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


592 


—  A  peu  de  dislance  de  ce  village  était   une  lerre 
royale  avec  un  eliàieau  ,  où  plusieurs  princesses   fi- 
rent leur  séjour;  on    l'appelait  Yaux-ln-Comtesse  ou 
Yaux-la-Reine  :  ou  n'a  que  des  conjectures  à  douner 
sur  la  couiiesse  et  la  reine  qui  ont  louriii   leurs  qua- 
lifications au  nom  de  ce  lieu.  Au  xiv«  siècle,   celle 
lerre  appartenait  à  la  branche  royale  d'Orléans.   La 
fameuse  Isabeau    de  Bavière   l'acquit   du  duc,  en 
échange  d'un  liôlel  ii  Paris.  Celte  princesse  y  fil  di- 
vers embellissemenis.  Par  son  teslameut,   en   l4ôl, 
elle  légua  celle  terre  au  chapitre  de  Noire-Dame  de 
Paris;  mais  cette  donation  fut  révoquée  par  Charles 
Vil.  Celle  lerre  passa  successivement  en  différentes 
mains,  jusqu'à  ce  qu'étant  tombée  en  ruines,  on  l'a- 
bandonna tout  à  fait.  Vaux-la-Reine  n'est  plus  au- 
jourd'hui qu'un  hameau.  —  Le   village  de  Combs-la 
Ville  est  situé  irès-agréablenient  sur  la  pente  d'une  col- 
line qui  borde  la  peliie  rivière  d'Yerres.  La  principale 
culluredu  terroir  est  en  vignes,  une  partie  esten  bois. 
Cwriû  Yia ,  Ciurbevoie ,  paroisse  du  diocèse  de 
Paris,  canton  de  Nanierre,  arrond.  de  Saint-Denis, 
Seine,  à  i  kil.  est  de  Nanierre,  et  3  nord-ouest  de 
Paris.  Ce  lieu,  avant  la  révolution,  n'éiait  qu'un  ha- 
meau ou  annexe  de  la  paroisse  de  Colombes  ;   son 
ancienneté  renionle  au  xiii"  siècle.    Il  en  est  fait 
mention  dans  deux  titres  de  l'an  1209,  sous  le  nom  de 
Curva  Viu,  parce  que  le  chemin  en  effet  était  tor- 
tueux en  cet  endroit.  Peu  à  peu  l'accroissement  du 
lieu  et  la  grande  dislance  qui  le  séparait  de  Colom- 
bes y  nécessitèrent  la  consirui'tion  d'une  chapelle, 
sous  le  litre  de  Saini-Pierre  et  Saint-Paul.  Elle  ne 
présentait  rien  d'antique,  et  ne  parait  avoir   guère 
que  deux  cenls  ans.  Le  chœur  éiait  un  carré   élevé 
de  quatre  degrés,   comme  s'il  y  avait  eu  un  caveau 
par-dessous.  Cette  chapelle,  converiie  en  église  pa- 
roissiale, fui  reconstruiie  presque  en  entier  en  1789, 
sur  les  dessins  et  sous  la  direction  de  M.  Lemasson, 
ingénieur  des  ponts  et  chaussées  et  architecie.  11 
exisiail  un  peu  au  dtlà  de  cette  chapelle  un  couvent, 
ait  des  Péniients ,  fondé  en  1058  par  Jean-Baptiste 
Forne,  ancien  prévôt  des  marchands,  adminisirateur 
de  l'hôtel  des  Monnaies,  Olivier  Maillard,  marchand 
à  Paris,  et  Sainie-Jourdain,  sa  femme.  Ce  couvent 
est  maintenant  détruit.  —  La  terre  de  Courbevoie  , 
comme   celle  de  Colombes,  relevait  en  partie  des 
moines  de  Saint-Denis,  en  partie  des  seigneurs  laï- 
ques. Les  habiianis  furent  affranchis  en  même  temps 
que  ceux  de  Colombes,  c'est-à-dire   en  1-248.    Bàii 
sur  une  hauteur  assez  forte,  ce  village  jouit  d'un  air 
pur  et  d'une  vue  fort  éiendue.  Au  bas  de  la  côte  on 
remarque  un  château  assez  bien  bàii,  et  la  superbe 
caserne  construite  sous  le  règne  de   Louis  XV,  et 
que  les  gardes-suisses  ont   longtemps  occupée.  Si 
celle  caserne,  divisée  en  trois  corps  de  logis,  esi  la 
plus  considérable  des  environs  de  Paris,   elle  est 
aussi,  quint  à  sa  disposition  et  à  sa  décoration,  le 
type  de  louics  celles  qui  furent  bâties  vers  le  milieu 
du  siècle  dernier,  pour  loger  l'infanterie  de  la  mai- 
son du  roi.  Cette  caserne  a  depuis  servi  aux  diffé- 


rentes troupes  de  la  république,  puis  aux  soldats  de 
la  garde  de  Napoléon.  —  En  avril  1814,  après  \e, 
événements  mémorables  qui  venaient  de  changer  le 
sort  de  la  France,  le  gouvernement  provisoire,  crée 
pendant  les  premiers  jours  de  l'occupation  de  la  ca- 
pitale par  les  armées  coalisées,  fil  établir  dans  les 
casernes  de  Courbevoie  un  hôpital  militaire  destiné 
aux  soldats  blessés  des  puissances  alliées.  Ils  y  re- 
çurent, de  la  générosité  française,  des  soins  si  len- 
dres  et  si  multipliés,  que  les  chefs  des  armées  coa- 
lisées crurent  devoir  en  faire  leurs  remercîments 
officiels  aux  autorités  locales  par  la  voie  des  jour- 
naux. Entre  un  grand  nombre  de  maisons  de  plai- 
sance de  Courbevoie  ,  on  en  remarque  une  d'une  dé- 
coration gracieuse,  bâtie  en  1797  par  l'archiiccie 
Bien-Aimé,  pour  des  négociants;  la  frise  en  est  ri- 
chement ornée.  Du  côié  du  jardin,  deux  grands  per- 
rons conduisent  aux  pavillons  en  ailes,  qui  sont 
décorés  chacun  d'un  péristyle  d'ordre  dorique  cou- 
ronné d'un  fronton.  Il  y  a  dans  ce  village  une  nia- 
imfactnre  de  rubans  de  fantaisie-  —  Une  pension 
de  jeunes  demoiselles  y  esl  dirigée  par  les  dames  re- 
ligieuses du  couvent  des  Filles  de  la  Croix,  qui  dans 
l'ancien  régime  existait  à  Ruel.  La  population  de 
Courbevoie  est  d'environ  1600  hab.  ,  y  compris 
les  hameaux  diis  le  Bas-Courbevoie  ,  les  Trots-Mai- 
sons et  Becon.  Le  terroir  est  en  terres  labourables 
et  en  vignes.  Ce  village  est  situé  sur  l'une  des  col- 
lines qui  bordent  la  rive  gauche  de  la  Seine,  proche 
de  Neuilly,  où  est  le  bureau  de  poste. 

Cyzicus,  Cyzi(|ue.  —  Sur  la  rive  orientale  de  la 
Proponlide  ,  à  l'entrée  de  l'Hellesponl ,  s'avance  la 
presqu'île  de  Kaputaghi  ;  au  point  de  jonction  avec 
le  continent,  là  où  posent  aujourd'hui  les  ruines 
d'AidinJschik,  s'élevait  aussi  la  ville  de  Cyzique, 
colonie  de  Milésiens,  fameuse  dans  l'histoire  de  Perse 
et  de  Rome  ,  de  l'ancienne  Grèce  et  de  l'empire  de 
Byzance.  Ses  édifices,  ses  établissements,  son  port, 
ses  arsenaux  la  rendaient  l'égale  de  Rhodes,  de 
Marseille  et  de  Carthage.  Fondée  70  ans  après  Rome, 
elle  redevint,  sous  les  Byzantins,  la  capitale  de  la 
province  de  l'Hellespont,  qui  comprenail  la  Mysie  et 
la  Troade.  Célèbre  par  son  commerce  et  sa  splen- 
deur, par  la  beauté  de  ses  temples  de  Cybèle ,  de 
Proserpine  et  de  Jupiter,  par  ses  gymnases,  par  ses 
théâtres,  ses  poris ,  sos  arsenaux  et  par  ses  fortifi- 
cations, elle  l'est  encore  par  ses  ruines,  sur  les- 
quelles Suleiman  ,  fils  du  sultan  Lrkhan,  au  milieu 
d'une  lie  ces  belles  nuits  dont  l'Orient  a  le  privilège, 
forma  la  résolution  d'ét.iblir  les  Ottomans  en  Europe, 
et  se  promit  à  lui-même  de  ne  prendre  aucun  repos 
que  ce  projet  ne  fût  exécuté. 

Il  ne  reste  plus  de  celle  ville  qu'une  petite  église 
dédiée  à  saint  Pierre,  avec  un  couvent  de  Caloyers. 
L'évêque  grec  réside  à  Ariaqiii. 

Erigée  en  métropole  au  iv«  siècle,  Cyzique  comp- 
tait snus  sa  juridiction  l'aichevêché  de  Piiconisn,  les 
évèclios  de  Paradiso,  de  Lampsaqiie,  d'.Vbydo.  de 
Tlierma;,  de  Mclitopolis ,  d  Occa,  de  Paemanium ,  de 


595  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  594 

Bora,  de  Dardanus,  d'ilium,  de  Troas,  de  Pionia,  de      572  un  concile  en  faveur  des  demi-ariens,  des  ma- 
Scepsis,  d'Âchira  et  de  Daphnusium.  Il  s'y  tint  en      cédoniens  et  des  eunoméens. 


D 


/)e(mo/(ium,  Delmold ,  petite  ville  de  l'Allemagne 
septentrionale.  C'est  le  chef-lieu  de  la  principauté  de 
Lippe-Delmold,  et  la  résidence  des  princes  de  ce 
nom.  Cette  ville,  située  sur  la  Werra  (i),  compte  3000 
habitants. 

La  maison  de  la  Lippe  est  une  de  celles  qui  pré- 
tendent descendre  du  fumeux  Wiitekind,  chef  des 
Saxons  du  temps  de  Charleniagne;  mais  sa  généalo- 
gie ne  remonte  diplomatiquement  qu'à  llermann  \^' 
de  la  Lippe,  nommé  dans  une  charte  de  l\W.  Ber- 
nard II,  seigneur  de  la  Lippe,  parut  avec  une  suite 
nombreuse  à  la  diète  de  Mayence  de  H8i,  où  Fré- 
déric I»"'  lui  assigna  une  des  premières  places  parmi 
les  grands  de  l'Iimpire.  Ses  descendants  acquirent 
dans  le  xiv'  siècle  le  comté  de  Schwaleiiberg  ,  et 
dons  le  xv*  celui  de  Slernberg;  mais  fiers  de  leur 
ancienne  noblesse  et  de  leur  indépendance  (leurs 
terres  étant  entièrement  alludiales),  ils  ne  prirent  le 
titre  de  comtes  que  dans  le  xvi«. 

Simon  VI,  C.  de  la  Lippe,  mort  en  1644  ,  laissa 
trois  lils,  Simon  Vil,  Oiion  et  Philippe,  qui  fondè- 
rent les  trois  lignes  de  Deimold,  Bracke  et  Schaum- 
bourg.  Celle  de  Bracke  s'est  éteinte  en  1709;  les 
deux  autres  subsistent  encore. 

Hermann-Adol(ihc  et  Josse-Hermann,  fils  de  Si- 
mon Vil,  ont  partagé  la  ligne  de  Lippe-Detmold  en 
deux  branches,  la  branche  principale  de  Deimold,  et 
une  branche  paragée.  Toute  la  ligne  est  de  la  religion 
réformée. 

La  branche  régnante  de  Detmold  obtint  en  1720  le 
titre  de  prince  d'Empire,  dont  cependant  elle  ne  fait 
usage  que  depuis  1789. 

Le  prince  de  la  Lippe  accéda  en  avril  1807  à  l'acte 
de  la  confédération  llhénane.  Il  est  membre  de  l'union 
germanique,  et  participe  à  la  seizième  voix  curiale 
avant  Wuldeck.  Dans  l'assemblée  générale,  il  occupe 
la  trente-quatrième  place,  qui  est  la  dernière  avant 
les  villes  libres. 

La  principauté  de  Lippe-Delmold  est  située  en 
Westphalie;  elle  se  compose  des  comtés  de  Lippe  et 
de  Slernberg,  el  d'une  partie  de  celui  de  Schwalen- 
berg.  Elle  a  une  surface  île  20  6/10  m.  c.  g.  (57  I.  c.) 
et  une  population  de76,o00  âmes.  On  estime  à  près 
d'un  million  de  francs  les  revenus  du  prince. 

Oomi;m3/ario,Dame-Marie-les-Lis,  paroisse  de  l'an- 
cien diocèse  de  Sens,  aujourd'hui  de  celnide  Meaux, 
canton  et  arrondissement  de  Meaux,  Seine-et-Marne, 

(I)  Werrn,  rivière  d'.^llemagne,  Hesse  élertorale, 
prend  sa  source  dans  la  forêt  de  Thnringenwald  ,  à 
12  kil.  d'Eisfeld,  est  navigable  depuis  Wanl'rieil, 
dans  un  espace  <lc  502  kil.,  reçoit  la  Sonir.i  ,  le 
Schinalkalde,  le  Fambach,  le  WeiVdebath,  la  Druse, 
la  Felda  ,  l'Ulster,  le  Subi ,  le  Horsel ,  le  llasel ,  la 
Hc'.ba,  la  Barte,  la  Suha,  le  Heipf,  le  Katz,  la 
Scliwarza ,  la  Sclileuse,  la  Bieber,  la  Nessa  et  lo 
Dictionnaire  Dt  Gf.ographie  eccl.  11. 


à  3  kil.  sud-ouest  de  Melun,  el  42  de  Paris.  Popul. 
650  habitants  environ,  y  compris  les  hameaux  de 
Farcij,  du  Lis,  des  Voies,  des  Vives-Eaux  et  Bet- 
Umbre.  Ce  village,  sur  la  rive  gauche  de  la  Seine, 
est  dans  une  belle  situation.  Farcy  est  un  hameau 
près  duquel  est  l'ancienne  abbaye  du  Lis,  de  reli- 
gieuses de  l'ordre  de  Citeaux,  fondée  par  la  reine 
Blanche  en  1240.  Elle  a  été  détruite  en  partie;  les 
bâtiments  restants  forment  aujourd'hui  une  maison 
de  campagne.  On  y  voit  encore  les  ruines  de  l'église, 
et  à  peu  de  distance  une  autre  maison  de  campagne. 
Plus  loin  est  le  château  de  Bel-Ombre  :  il  a  appai^ 
tenu  à  la  reine,  fondatrice  de  l'abbaye  du  Lis.  A 
Voves  se  trouvent  deux  maisons  de  campagne,  dont 
l'une  est  nommée  les  Vives-Eaux.  Le  site  de  ces 
maisons  et  du  château  de  Bel-Ombre  est  fort  agréa- 
ble. Les  sources  d'eau  vive  y  sont  très-abondantes. 
Le  terroir  est  en  vignes  et  en  prairies  artificielles. 

Doneschina,  Donaneschingen,  petite  ville  d'Alle- 
magne, située  au  pied  de  la  Foiêt-Noire,  à  l'endroit 
où  le  Uannbe  prend  sa  source.  Elle  est  la  résidence  ' 
des  princes  de  Furstenberg. 

La  maison  de  Furstenberg  a  la  même  origine  que 
les  anciennes  maisons  des  comtes  de  Fribourg  et 
d'Urach.  Elle  descend  très-probablement  d'Egon  , 
de  la  race  des  Agilulfingiens,  qui,  en  640,  fut  maire 
du  palais  de  Dagobert  l"',  roi  de  France.  Les  ruines 
du  cliàleau  dont  elle  prit  le  nom  depuis  le  milieu 
du  xtii»  siècle,  se  voient  encore  près  la  petite  ville 
de  Furslenberg  dans  la  Forèt-Noire.  —En  1599  la 
maison  se  partagea  en  deux  lignes,  dites  de  Biom- 
berg  ou  de  la  vallée  de  Kinziog,  et  de  Heiligenberg. 
La  dernière  fut  élevée  en  1664  au  rang  de  princes 
d'Empire,  et  obtint  en  1667  séance  à  la  diète  en 
cette  qualité.  Elle  s'éteignit  en  1776;  ses  biens  el 
sa  dignité  passèrent  alors  à  la  ligne  atnée.  Celle-ci 
s'éiait  partagée  en  deux  branches,  en  1614,  à  la 
mort  de  Christophe  II,  dont  les  deux  fils,  Wraiislaw 
et  FiéiléricRodolphe,  firent  des  mariages  avanta- 
geux. VVratislaw  épousa  l'héritière  de  Helfenstein, 
et  acquit  par  ce  mariage  à  sa  maison  les  seigneuries 
de  Mœskirch  et  de  Giindellingen;  ses  descendants 
s'éteignirent  en  1744.  Frédéric-Rodolphe,  second 
fils  de  Christophe  II,  épousa  l'héritière  du  landgra- 
viai  de  Stûhlingen.  La  branche,  dont  il  fut  le  fonda- 
teur, prit  le  nom  de  ce  pays  :  elle  est  la  seule  exis- 
tante encore.  Cependant  la  branche  de  Stûhlingen 

'Weissbach  ;  elle  se  réunit  près  de  Miinden  à  la  Fulda 
pciur  former  le  Weser.  Le  long  de  celle  rivière  s'é- 
tend le  mont  de  même  nom,  qui  se  joint  à  la  forêt  de 
Thuringe  el  aux  monts  Weser  et  Fulde  ,  et  dont  le 
sommet  le  plxxi  élevé  s'appelle  Meissner.  La  Werra 
avait,  du  temps  de  l'empire  français  ,  donné  son  nom 
à  un  iléparieiiieni  du  royaume  de  Westphalie. 

{Noif  de  raulenr.) 

13 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


595 

se  subdivisa  de  nouveau  en  deux  lignes,  la  ligne  des 
princes  et  celle  des  landgraves  de  Fiirstenberg.  Celle 
dernière  esl  une  brandie  apanagée,  et  possède  la 
seigneurie  de  Weiira  dans  la  basse  Autriche.  La 
ligne  des  princes  se  subdivisa  encore  en  deux  bran- 
ches, donl  l'uinée  eut  les  possessions  immédiates 
en  Souâbe,  ou  ce  qu'on  appelle  ordinairement  la 
priiicipiinié  de  Kursienberg,  et  l'autre,  ou  la  cadt>tie, 
la  seigneurie  de  Pùrgiitz  en  Bohême.  La  l.ranclie 
régnante  en  Souabe  s'étanl  éleinie  en  1>'04,  la  ligne 
de  Bohême  prit  possession  de  la  principauté  de  Fur- 
stenberg  en  Sonabe  ,  en  conservant  toutefois  la 
seigneurie  de  Pùrgiitz.  Elle  perdit  son  immédialeié 
par  l'ai'te  de  la  conlédéralion  rliénane,  qui  plaça  ses 
possessions  sous  la  souveraineté  de  ses  voisins  et 
co-Etais,  le  roi  de  Wurtemberg,  le  grand-duc  de 
Bade,  et  le  prince  de  Huhenzollern-Sigmaringen. 

La  principauté  de  Furstenberg  est  un  pays  de  30 
milles  carrés  g.  (  lOiS  lieues  c),  ayant  une  popu- 
lation de  85,000  ànies  :  elle  rapportait  à  ses  princes 
plus  d'un  million  de  francs  avant  la  perte  de  la  sou- 
veraineté. On  ne  connaît  ni  les  revenus  actuels  du 
pays,  ni  ceux  quf  le  pnnco  tire  de  se»  possessions 
considérables  en  Boiième.  Il  est  catholique. 

Dunum  Castelluin,  tel  Dtinii  CaHium,  Chàteaudun, 
ville  de  l'ancien  diocèse  de  Blois,  maintenant  de 
celui  de  Chartres,  chef-lieu  d'arrondissemcni  du 
dépt.  d'Euri'-et-Loir,  avec  sous-préfcctnre,  tribunal 
de  première  instance  et  collège  communal,  à  iS  kil. 
sud  de  Chartres,  18  ouest-no; d-ouest  d'Oiléans,  et 
152sud-ouest  lie  Paris.  L'arrond.  renferme  9!  com- 
munes et  54, 610  habitants  ;  il  est  divisé  en  cinq 
cantons  :  Bonneval,  Brou,  Chàteaudun,  Cloyes  et 
Urgères. 

Chàteaudun,  en  latin  Coftellum  Dunum,  Ca^sirum 
Dunenie  ou  Caslmtn  Uunii,  a  pris  son  nom  du  lieu 
où  il  est  situé,  OuiiiHrt  signifiant  une  montagne.  Quel- 
ques-uns l'ont  appelé  Rupes  Ctara  ou  Urbs  Clara,  à 
cause  qu'on  la  découvrait  de  loin.  Cette  ville  est 
très -ancienne.  Aimoin  en  parle  dans  la  Vie  du  roi 
Sigeberi,  et  Grégoire,  de  Tours,  dans  celle  de  Chil- 
péric.  On  y  remarque  un  château  accompagné  d'une 
grosse  tour,  que  les  gens  du  pays  disent  avoir  été 
bàiie  par  Tliibaud  le  Vieux,  comte  de  Blois.  Ce  chà- 
teaugoiliique,  situé  sur  un  rocher  qui  domine  In  ville, 
et  construit  au  x'-  siècle,  appartenait  aux  comtes  de 
Dunois.  C'est  un  des  plus  beaux  édilicesqui  existent 
eu  ce  genre;  il  offre  beaticoup  de  curiosités.  Il  y 
avait  à  Chàteaudun  une  collégiale  célèbre,  nommée 
la  Sainte-Chapelle,  où  étaient  enterrés  plusieurs 
princes  de  la  maison  de  Longneville.  Son  chapitre 
était  ccuiposéd'un  prévôt,  d'un  trésorier  et  de  huit 
chanoines.  Une  antre  collégiale,  dédiée  à  saint  An- 
dré, avait  aussi  un  chapitre,  com|iosé  d'un  doyen, 
d'un  piévôi,  d'un  trésorier  et  de  iinitchanolnes.  Cette 
ville  renlèrui  it  une  abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de 
Saint-Aiigustin,  que  l'un  croyait  fondée  par  l'empe- 
reur Charieuiagne,  et  qui  valait  3000  liv.  de  rente. 
Le  pape  lunocciii  II,  eu    113i,  lui  avait  accordé  de 


3»6 


grands  privilèges.  Il  y  avait  deux  paroisses  dans  la 
ville,  Saint- Pierre  et  Saini-Lnbin;  et  quatre  dans 
les  faubourgs  :  Sainl-Valérien  ,  Saint-Aignan,  Saint- 
Médard  et  Saint-Jean,  un  couvent  de  Cordeliers,  un 
des  filles  de  la  Congrégation  de  Notre-Dame  et  un 
de  Récolleis;  un  Hôtel-Dieu  et  un  hôpital  dédié  à 
saint  Nicolas.  Dans  le  trésor  de  cet  hôpital,  on  con- 
servait des  litres  de  l'an  HOO,  qui  prouvent  qu'on 
battait  autrefois  monnaie  à  Chàteaudun,  puisqu'il  y 
esl  fait  mention  de  solidi  Dunenses.  On  voit  encore 
de  ces  monnaies  dans  lescabineis  des  curieux,  les- 
quelles ont  pour  légende  ces  deux  mots  :  Duiiis 
Castili.  Les  habitants  de  Chàteaudun  ont  une  grande 
vivacité  d'esprit  et  saisissent  facilement  une  affaire, 
ce  qui  a  donné  lieuà  ce  proverbe  ;  Il  est  de  Chàieau- 
dun,  il  entend  à  dem  mot.  Le  Loir,  qui  passe  au  pied 
de  celle  ville,  se  divise  eu  deux  branches,  qui  (or- 
inent  une  Ile  appelée  Chamars,  nom  abrégé  et  cor- 
rompu de  celui  de  Champ-rie-Mars,  parce  qu'ancieii- 
neiiient  les  habitants  s'y  rassciuhlaient  pour  tirer 
l'oiseau  à  l'arbalète,  pour  s'ébattre  à  la  lutte,  pour  se 
livrer  aux  autres  exercices  du  corps  et  se  former  au 
métier  des  armes.  L'incendie,  qui  s'était  manifestij 
le  -2:2  juin  1723  dans  la  ville  de  Cliâteaudun,  avait 
réduit  celte  cité  à  la  plus  affreuse  misère  :  1300 
maisons  et  3  églises  étaient  devenues  la  proie  des 
flammes.  Rebâtie  h  la  suiiede  ce  désastre  sur  un 
plan  régulier,,  elle  esl  actuellement  une  des  plus 
jolies  villes  de  France  :  les  rues  en  sont  larges  et 
tirées  au  cordeau,  et  les  niaisoiis  d'une  construction 
agréable  et  uniforme  ;  la  place  publique  est  grande 
et  belle;  l'hôtel  de  ville  elles  bâtiments  du  collège 
communal  sont  remarquables.  Elle  est  dans  une 
situation  délicieuse,  sur  un  coteau  demi-circulaire, 
au  pied  duquel  coule  le  Loir.  Eu  y  arrivant  du  c.  té 
de  Chartres,  on  ne  peut  voir  sans  plaisir  le  joli  bas- 
sin où  !e  Loir  promène  ses  eaux  tranquilles  au  mi- 
lieu d'un  riant  vallon  tapissé  de  prairies,  d  jardins, 
de  vignrs  et  de  vergers,  qui  offretil  un  aspect  enchan- 
teur. I, es  revers  des  coteaux,  qui  lormeni  l'encais- 
sement de  ceil:>  beile  vallée,  sont  plantés  de  vigne.: 
et  cultivés  jusqu'à  leurs  sommets.  La  ville  a  une 
jolie  promenade  en  terrasse,  siiuèe  àpeu  de  distante 
de  la  grande  place,  d'où  l'on  jouit  d'une  vue  agréable 
sur  le  Loir  et  snr  les  rcichers  qui  bordent  celte  ri- 
vière, au  milieu  desquels  sont  creusées  plusieurs 
grottes  qui  servent  d'habitations.  La  population  de 
cette  ville  esl  de  6,0li0  hab.;  elle  possède  une  biblio- 
thèque de  6,0i  0  volume^  et  une  sociéié  d'agriculture. 
Son  commerce  consiste  en  grains,  farines,  cuirs, 
laines,  bois  et  hestiiux.Ou  y  fabrique  des  couver- 
tures de  laine,  des  serges  et  éiamines;  il  y  a  de» 
tanneries  considérables.  Cbàteandun  est  la  patrie, 
rde  Lambert  Discors,  qui,  sous  le  lègnedeLouis  VU, 
mit,  avec  A'exandre  Pàiis,  l'histoire  d'Alexandre  le 
r.rand  en  vers  de  12  à  15  syllabes,  appelés  pour 
celle  raison  Alexandrins  ;  i°  d'.\ugustin  Cosle,  poêle 
latin,  qui  ût  imprimer,  en  1634  ,  une  description  du 
Dunois  en  vers  latins;  elle  est   intilulce  Nifmpka 


317 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


r'vnria,  seu  pairiœ  Dunensis  descriptio  ;  â"  de   Jean      Dreux,  sa  lanie,  épouse  de  Louis 
Touiain,  liabile  orfèvre,  invenieurde  la  peinture  en       1576  ou  1578,  le  coralé  de  Drens  n 


éuiiiil  ;  i°  de  Raoul  Rouirais,  avocat  au  grand  con- 
seil, né  vers  l'an  155€  :  jurisconsulte,  pi.ëie  et  his- 
torien, ayant  de  grandes  connaissances  sur  l'histoire 
de  France,  >i  publia,  en  162'i,  un  petit  ouvrage  in- 
titulé :  Vrbis  genlisque  Carnutum  historia  ex  veterum 
'  HrecenliorKmnionumentis,  et  d'antres  ouvrages;  5» 
de  Jean-Réné  Gulllou ,  curé  des  Essarts-le-Roi, 
mort  en  1776,  qui  prononça  en  1766  l'oraison  funè- 
bre du  dauphin,  et ,  en  176S,  celle  de  la  reine  de 
France. 

La  ville  de  Châieaudun  lut  évéché  du  v«auvi° 
siècle.  Saint  Solenne,  évêque  de  Chartres,  trouvant 
son  diocèse  trop  étendu,  consentit  à  sou  dénienibre- 
menl  pour  former  le  nouveau  diocèse  qui ,  cent  ans 
après,  lut  supprimé  el  réuni  à  celui  de  Chartres.  On 
reprit  do  nouveau  ce  projet  à  la  fin  du  xvii<^  siècle, 
et  aulicude  Chàteaudun  on  choisit  Rlois  pour  y  fixer 
le  siège  de  l'évéché. 

Durcassinum  Castrum,  Dreux,  ville  du  diocèse  de 
Chartres,  chef-lieu  d'arrondissement  du  dé;  ariement 
d'Eure-et-Loir,  avec  une  sous-préfecture,  un  tribu- 
nal de  première  instance  et  de  commerce,  nn  collège 
communal,  à  3S  kil.  nord-ouest  de  Chartres,  el  84 
de  Paris.  Long.  19  1.,  latitude  18,  -U. 

Agréablement  situé  au  pied  d'une  coUino,  Dreux 
est  entoure  en  partie  par  la  Biaise,  qui  s'y  divise  en 
plusieurs  bras,  et  se  jette  :un  |ieu  plus  loin  dans 
l'Eure.  C'est  une  des  plus  anciennes  villes  de  Franci-. 
Son  origine  est  fort  incertaine  :  quelques  auteurs  la 
font  remonter  jusqu'à  un  certain  Druis  ou  Drus,  des- 
cendant de  Noé,  qui  le  premier,  dit-on,  établit  dans 
la  Gaule  des  (irêiriiS  appelés  druides,  du  nom  de 
lour  fondateur.  Selon  eux,  ce  Druï»  aurait  jeté  les 
fondements  de  cette  ville.  Le  rapport  qui  existe  entre 
ces  noms  a  pu  donner  lieu  à  cetie  version,  à  laqne'le 
le  voisinage  des  druides,  qui  se  réunissaient  en  effet 
dans  les  environs  de  Dreux,  a  pu  communiquer  d'a- 
bord quelque  vraisemblance  ;  mais  la  véritable  éiy- 
mologie  du  nom  de  Dreux  est  Durocassis  ou  biir- 
fastis.  d'un  peuple  appelé  Diirociisses  ou  Durcassis, 
dont  cette  ville  était  la  capitale.  D.ins  les  caiitulaires 
de  Charles  le  Chauve,  au  ix^  siècle,  ce  pays  r>si  en- 
c  ifo  nommé  Pngus  Onrcassinus,  et  nièmp  à  la  fin  du 
\i\^  siècle,  Robert,  abbé  du  MotJt-Saint-Michel,  dé- 
s  !îiie  Dreux  sous  le  nom  de  Durcasiinum  Coitrum. 
(Cependant  déjà  depuis  longtemps  le  mot  Durcassis 
avait  éprouvé  des  variations;  on  en  avait  fait  enfin 
Drocis  qui  fut  encore  changé  en  Dreux.  —  L'hisioire 
de  cette  ville  est  importante.  Dès  l'année  lo51,  il 
existait  un  comté  de  Dreux,  et  l'on  y  battait  moimaie 
avant  cette  époque.  Ce  comlé  lit  longtemps  pariie 
du  domaine  des  anciens  rois;  mais  en  1157,  Louis 
ie  Gros  le  donna  en  apanage  à  son  (ils  Robert,  dont 
la  postérité  mâle  le  conserva  jusqu'en  1345,  époque 
■i  laquelle  Pierre  le  laissa  par  sa  mort  à  Jeanne,  sa 
lille  Mnii|ue.  Celle-ci  étant  morte  l'année  suivante, 
seu!»  avoir  été  mariée,  le  comié  pas^a  à  Jeinne'de 


39« 

de  Thouars.  En 
retourna  à  la  cou- 
ronne par  la  cession  qu'en  fil  celte  maison  au  roi 
Charles  V;  mais  en  1581  Charles  VI  le  céda  à  sou 
lour  à  Marguerite  de  Bourbon,  lemme  d'Arnaud 
Amanjeu,  sire  d'Albret,  dans  la  maison  duquel  il 
resta  jusqu'en  l'iSl.  C'est  à  cette  époque  que  sa  pos- 
session ayant  fait  naître  de  vives  contestations  entre 
les  familles  d'Albret  et  deNevers,  un  arrêt  du  parle- 
ment le  réunit  de  nouveau  à  la  couronno,  el  mil 
ainsi  les  parties  d'accord.  La  reine  Catherine  de 
Médicis  obtint  ce  comlé,  en  1559,  à  titre  de  douaire, 
el  en  jouit  pendant  dix  ans.  Elle  le  rendit  en  ]569, 
et  il  fut  alors  érigé,  par  Henri  III,  en  duché-pairie, 
et  donné  en  apanage  à  Fr:inçois,  duc  d'Alençon,  son 
frère,  qui  le  garda  jusqu'à  sa  mort  arrivée  en  158-". 
Il  passa  depuis  dans  la  maison  de  Nemours.  Dreux 
et  ses  environs  uni  été  le  théâtre  d'événements  im- 
portants. Déjà,  en  1188,  quelques  années  après  la 
donation  du  comté  à  Robert,  par  Louis  le  Gros,  les 
Anglais  s'étaient  emparés  de  Dreux  el  l'avaient  in- 
cendié. Cette  ville  a  donné  son  nom  à  la  haiaille 
sanglante  que  les  catholiques  et  les  calvinistes  se 
livrèrent,  en  l5(i!2,  près  de  ses  murs,  dans  la  plaine 
q\ii  s'étend  sur  le-  bords  de  l'Eure  et  de  la  RIaise, 
et  que  perdirent  ces  derniers,  commandée  [lar  le 
prince  de  Condé  et  l'amiral  Coligny;  le  prince  de 
Condé  y  fut  fait  prisonnier,  ainsi  qite  le  cinnétable 
di-  Montmorency,  qui  commandait  l'infanterie  des 
catholiques,  et  qui  tomba  dés  le  commencement  de 
l'action  au  pouvoir  des  calvinistes.  En  1593,  Henri IV 
la  prit  d'assaui  après  un  siège  de  18  jours,  remar- 
quable par  l'opiniâtre  résistance  des  assiégés.  La 
misère  avait  fait  péiir  une  partie  de  ses  habiianlf, 
repoussés  également  et  par  la  garnison  qui  défendait 
le  chàlean,  et  par  les  assaillants.  Henri  IV  eut  piiié 
de  leur  détresse,  et  leur  donna  à  chacim  un  écu  avec 
la  liberté  de  se  retirir  où  ils  vomiraient.  Les  murailles 
détruites  en  partie  ne  furent  pas  relevées,  et  la  ville 
periMt  dés  lors  de  snn  importance  politique;  elle  y 
gagna  toutefois  sous  le  rapport  du  commerce  et  de 
l'industrie.  La  facilité  de  ses  communicaiiuns  avec 
Paris,  Rouen,  le  Mans  el  la  Rretagne  lui  est  en  effet 
très-favorable.  On  fabriquait  à  Dreux  des  draps  pour 
l'Iiabillenient  des  troupes,  et  en  temps  de  paix  on 
iiansporiai.,  par  l'Eure,  à  Rouen,  et  de  là  en  Ançle- 
lerre,  une  partie  de  ses  blés  et  de  ses  vins.  Plus  tard, 
sous  le  ministère  de  Colbert,  on  y  avait  érigé  eu 
manulàcturct  royale  une  fabrique  de  doublure  de  iri- 
coi,  de  >erge  sur  étaim,  serge  trémière,  3es  pinchi- 
nas ,  d'estamath,  etc.  Aujourd'hui  cetie  ville  renferme 
plusieurs  fabriques  de  serges  drapées,  de  toiles,  de 
couvertures  île  laines,  de  moqurttes  à  lapis,  de  bon- 
neteries et  de  chapeaux,  ainsi  que  que'ques  tanneries 
où  l'on  façonne  des  cuirs  qui  se  vendent  à  la  foire 
de  Guibray.  Dreux  possède  encore  quatre  moulins  à 
blé,  deux  à  tan,  un  à  papier,  deux  à  lotilon,  et  deux 
filatures  de  coton;  il  s'y  liet.t  trois  foires  par  an,  la 
oremiére  le  lundi  de    a  Pentecôte,  la  deuxième  le 


DICTIONNAIRK  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Sftd 

!•'  septembre,  celle-ci  dure  trois  jours,  et  la  troi- 
sième le  9  octobre  :  la  vente  des  bestiaux  lait  le 
principal  coiiiinerce  de  cette  dernière.  —  Dreux  est 
assez  mal  bâii  ;  ses  rues,  comme  celles  de  toutes  nos 
anciennes  villes,  sont  élroiles  et  tortueuses;  on  y 
voit  plusieurs  maisons  lort  vieilles,  dans  le  style  go- 
tliii|nc.  Avant  la  révolution,  cette  ville  avait  une 
collégiale  fondée  p.ir  les  comtes  de  Dreux;  les  béiié- 
lices  étaient  à  la  nomination  de  l'engagiste  des  do- 
m:iines  de  la  ville;  de  plus,  deux  paroisses,  celle  de 
Saint-Pierre  et  celle  de  Saint-Jean,  dans  le  fau- 
bourg; deux  couvents,  l'un  de  capucins,  l'autre  des 
lilles  du  Saini-Sacrement;  une  maison  d'orphelines, 
un  collège  et  un  bôpiial.  Cet  hôpital  subsiste  encore 
aujourd'hui;  mais  des  deux  paroisses  il  ne  reste  que 
celle  de  Saint-Pierre.  Celte  église  offre  deux  genres 
d'architeciure  apparlen;int  à  des  époques  différentes; 
les  colonnes  écrasées  de  la  partie  basse,  ses  voûtes 
et  ses  arcades  en  ogive,  sont  du  \iii«  siècle;  mais  le 
clocher  et  le  haut  de  l'édifice  ont  été  refaits  dans  le 
xvis.  C'est  aussi  do  cette  dernière  époque  que  date 
riiolel  de  ville,  bâtiment  carré  et  élevé,  du  plus 
m:iuvais  goût  ;  dans  ses  greniers  se  trouve  une  cloche 
fondue  sous  le  règne  de  Charles  IX,  cl  ornée,  vers 
le  milieu  de  sa  hauteur,  d'une  espèce  de  frise  lircu- 
laire  représentant  la  procession  des  Flambards,  qui 
se  faisait  annuellement  à  Dreux  ,  aux  fêtes  de  Noël, 
et  dont  l'origine  est  inconnue.  Chaque  habitant  se 
rendiit  à  l'hôtel  de  ville,  armé  d'une  espèce  de  mas- 
sue allumée  par  un  bout  comme  un  flambeau.  Les 
ruines  du  château  des  anciens  comtes  de  Dreux  mé- 
ritent seules  l'attention  des  voyageurs.  La  principale 
enceinte  de  cette  antique  forteresse,  située  au  som- 
met de  la  colline  qui  domine  la  ville,  eu  un  rempari, 
de  figure  oblnnguc,  flanqué  de  douze  tours  et  appuyé 
de  contreforts  à  moitié  détruits.  Au  midi,  le  portail 
a  cela  de  particulier  qu'il  n'a  aucune  défense;  il  pré- 
sente un  édifice  carré  avec  une  partie  cintrée;  et 
dans  la  voûte  on  remarque  l'ouverture  destinée  au 
passage  de  rassommoir,  grosse  poutre  ferrée  avec 
laquelle  on  écrasait  les  assaillants  lorsqu'ils  avaient 
forcé  le  pont-levis  et  la  herse  des  anciennes  forte- 
resses. Du  côté  du  nord  on  voit  les  restes  d'une  tour 
énorme,  sur  lesquels  on  a  établi  un  télégraphe.  Cette 
tour,  jadis  entièrement  revêtue  de  pierres  de  taille, 
était  si  élevée  qu'elle  s'apercevait  de  Chartres.  De  la 
chapelle,  située  dans  la  première  cour,  il  ne  reste 
aujonrd'liiii  que  le  massif  de  la  base  du  cloclier,  et 
l'arcade  du  portail  dont  les  ornements  en  feuillages 
et  les  moulures  en  zig-zag  sont  de  bon  goût.  La  se- 
conde enceinte  est  presque  entièrement  ruinée;  on  y 
distingue  pourtant  à  l'est  une  tour  qui  paraît  avoir 


40J 

éié  le  donjon  dans  lequel  la  garnison  se  retirait  à  la 
dernière  extiémiié.  Celte  forteresse  a  été  construite 
à  la  fin  du  x'  siècle;  mais  elle  a  été  restaurée  à  di- 
verses épo(|ues,  comme  le  prouvent  les  barbacanes 
et  les  meurtrières  pratiquées  pour  placer  l'artillerie. 
—  L'.incienne  élection  de  Dreux  renfermait  72  pa- 
roisses, y  compris  une  ville  et  deux  bourgs  seule- 
ment. Aujourdbui  l'arrondissement  de  Dreux,  divisé 
en  sept  cantons,  Anet,  Brezolles,  Châteauneiir, 
Dreux,  La  Ferté-Vidame,  Nogent-le  Roi  et  SenoH- 
clies,  renferme  138  communes  et  68,650  habitants, 
dont  7000  à  peu  près  forment  la  population  du  chef- 
lieu.  A  i  kil.  N.  p.  E.  de  la  ville  commence  la  forêt 
qui  porte  son  nom  ;  elle  a  9731  met.  (5000  toises)  de 
long,  sur  7013  met.  (3600  toises)  de  large;  elle  est 
percée  d'un  grand  nombre  d'allées;  un  inspecteur, 
phicé  à  Dreux,  est  chargé  de  la  surveiller  et  corres- 
pond avec  le  conservateur  qui  réside  à  Paris.  Cette 
forêt  est  une  de  celles  où  les  druides  tenaient  leurs 
assemblées,  et  souvent  elle  leur  servit  de  refuge 
contre  la  poursuite  de  leurs  ennemis,  notamment 
dans  le  temps  de  l'invasion  des  Romains.  —  Dreux 
est  la  patrie  d'Antoine  Godeau,  évêque  de  Grasse  et 
de  Vence,  historien ,  orateur  et  moraliste,  mort  en 
167-2;  de  Clément  Metereau,  architecte  du  xvii»  siè- 
cle, constructeur  de  la  digue  de  la  Rochelle,  de 
Jean  de  Rotiou,  poêle  dramatique,  né  en  1609  et 
mort  le  1 6  juin  1 650.  Une  maladie  épidémique  rava- 
geait Dreux  ;  Rotrou,  lieutenant  particulier  du  bail- 
liage, pressé  par  ses  amis  de  se  dérober  à  la  conta- 
gion en  s'éloignant  de  la  ville,  répondit  que  si  con- 
science ne  le  lui  permettait  pas,  et  qu'étant  le  seul 
qui  pût  maintenir  le  bon  ordre  dansées  malheureuses 
circonstances,  il  serait  coupable  d'abandonner  ses 
concitoyens.  Il  périt  victime  de  son  généreux  dé- 
vouement, et  fut  inhumé  dans  l'église  Saint-Pierre, 
où  l'on  voit  son  tombeau.  Dreux  a  vu  naître  encore 
André  François  DanicanPhilidor,  compositeur  agréa- 
ble, plus  connu  comme  joueur  d'échecs,  mort  en 
179.5. — On  remarquait  avant  la  révolution,  dans 
l'église  collégiale,  le  lombeau  et  la  figure  de  RobefI 
V,  comte  de  Dreux,  avec  cette  inscription  :  Seigneur 
Robert,  comte  de  Dreux,  qui  trépassa  l'an  hcccxxix, 
et  l'on  conservait  dans  le  trésor  de  la  même  église, 
une  Bible  manuscrite,  en  caractères  à  peu  près  ro- 
mains, qu'un  croit  du  viii«  siècle.  Dans  ces  demiers 
lemps,  la  durhesse  douairière  d'Orléans  a  fait  cons- 
truire une  ch:ipelle  sur  les  débris  de  l'église  collé- 
giale, lieu  de  la  sépulture  des  princes  et  princesses 
des  branches  de  Toulouse  et  du  Maine,  laquelle  cha- 
pelle était  destinée  à  tous  les  membres  de  la  famille 
d'Orléans. 


E 


Ecclesia  Cercancellis,  Cercanceaux,  abbaye  eom- 
mendataire  d'hommes  de  l'ordre  de  Citeaux  ;  elle 
était  située  à  8  kil.  au-de^sous  de  Nemours  ,  au  dio- 
cèse de  Sens,  sur  la  rive  ilroiie  du  Loing,  dans  une 


solitude  assez  pittoresque.  Cette  abbaye,  qui  n'existe 
plus,  avait  été  fondée,  en  1181,  par  Henri  Clément, 
siro  d'Argcnlon  et  niaiéclial  de  France,  et  dotée,  un 
1190,  p.ir  le  roi  Philip|ie-Angiist.-.  Lo  fondateur,  di| 


401  GÉOGRAPHIE  DKS  LEGENDES  AL  MOYEN  AGE. 


402 


une  chronique,  avait  voulu  par  là  se  rendre  favo- 
rables la  sainte  Vierge  et  Notre^eigneur  Jésus-Christ 
à  son  lit  de  morl. 

Ce  lieu  fait  actuellement  partie  du  diocèse  de 
Meaux,  déparlement  de  Seine-et-Marne. 

Ecclesia  Cevriaca  ,  Chevry  ou  Cbevry-Cossigny  , 
paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris  ,  actuellement 
de  celui  de  Meaux,  canton  de  Brie-Conite-Robert  , 
arrond.  de  Melun  ,  Seine-et-Marne,  à  26  kil.  sud- 
est  de  Paris.  Cossigny  est  une  ancienne  paroisse 
réunie  à  cette  commune.  On  présume  que  Cbevry 
lire  son  nom  a  Caprii,  de  ce  qu'il  y  aurait  eu  en  cet 
endroit  plus  de  chèvres  qu'ailleurs.  Au  levant  de  ce 
village  est  un  étang  dont  les  eaux  forment  l'un  des 
deux  ruisseaux  qui  constituent,  proche  l'abbuye  d'Hi- 
verneau,  ce  qu'on  appelle  la  peiiie  rivière  de  Rouil- 
lon.  L'église  est  un  grand  vaisseau  carré,  oblong, 
sans  ailes,  simplement  lambrissé,  supporté,  du  côté 
du  septentrion,  par  une  grosse  tour  qui  s'aperçoit 
de  loin  ,  dans  le  bas  de  laquelle  ,  en  dedans  ,  il  y  a 
des  piliers  du  xii*  siècle.  Le  reste  du  bâtiment  de 
l'église  ne  démontre  rien  de  fort  ancien  ,  et  les  plus 
vieilles  tombes  qu'on  y  voit  ne  sont  que  du  xvi°  siè- 
cle. La  sainte  Vierge  en  est  la  patronne  ,  et  la  fête 
est  l'Assomption.  On  lisait  sur  la  grosse  cloche  de 
cette  église  :  Je  fm  faite  pour  Chevry.  Noble  homme 
Antoine  de  Villeblanche,  seigneur  de  Chevry,  l'an  mil 
cinq  cent  trente-quatre.  L'église  de  ce  lieu  avait  été 
donnée  au  prieuré  de  Saint-Martin-des-Cbamps,  de 
Paris,  avant  l'an  1147.  Elle  est  comprise  dans  la 
bulle  d'Eugène  III  de  celte  année  ,  en  ces  termes  : 
Ecclesiam  et  decimam  de  Chevry.  —  Le  château  de 
Passy,  rétabli  à  neuf  depuis  peu  de  lemps,  et  les 
maisons  de  campagne  de  Beauverger  et  de  la  Mar- 
saudière,  font  également  partie  de  Chevry.  La  popu- 
lation de  celte  commune  est  d'environ  480  habitants. 
Son  terroir  est  en  terres  labourables  ,  prairies  et 
boit. 

Eccletia  Chalendreia  ,  Chalendray,  Chalendroy  ou 
Chalendré,  hameau  de  l'ancien  diocèse  de  Paris, 
actuellement  de  celui  de  Versailles  ,  commune  de 
iVonlgeron  ,  canton  de  Boissy-Saini-Léger,  srrond- 
de  Corbeil,  Seine-et-Oise,  à  6  kil.  de  Boissy ,  et  9  kil. 
de  Corbeil.  Population,  y  compris  celle  de  Montgeron, 
900  hab.  environ.  Ce  hameau ,  silué  sur  une  mon- 
tagne, avait  éié  donné  à  l'abbaye  de  Sainl-Antoine- 
lez-Paris,  vers  l'an  1285,  par  Jean  Acquiert  et  Per- 
rette,  veuve  de  Pierre  de  Montgeron;  le  roi  Philippe 
le  Bel  amortit  cette  donation  en  1287  ,  et  les 
religieuses  furent  maintenues  dans  l'exercice  de  la 
justice  de  ce  lieu ,  par  les  officiers  de  la  reine  Clé- 
mence ,  tenant  leurs  grands  jours  à  Corbeil ,  l'an 
15-25.  Thibaud  ,  évêque  de  Paris  ,  nomme  ce  lieu 
Kalendrei.  La  bulle  d'Eugène  III,  de  l'an  1U7,  l'ap- 
pelle Ca/enrfr^,  et  le  Nécrologe  d'Hierres,  Chalen- 
dreium.  Selon  l'abbé  Lebeuf,  on  ne  peut  guère  avoir 
tiré  ce  nom  d'un  autre  mot  que  de  celui  de  Kalendœ. 
Seraii.ce,  ajoute-t-il,  qu'il  s'y  serait  tenu  ,  autrefois , 
quelques  assemblées,  aux  calendes  de  mars  ou  de 


mai  ?  Le  domaine  des  rois,  de  la  première  rare , 
situé  à  Brunoy,  n'en  était  éloigné  que  d'un  kil. 
Dtniel  Regoault,  procureur  au  Châtelei,  voyant  l'in- 
convénient qui  résultait  de  ce  que  les  habitants  de 
ce  lieu  ne  pouvant  tous  quitter  leurs  maisons ,  à 
cause  du  voisinage  de  la  forêt  de  Sénart ,  plusieurs 
perdaient  la  messe,  les  dimanches  et  fêles,  obtint  , 
le  10  juin  1641,  d'y  bâtir  une  chapelle  et  d'y  fonder 
une  messe  qui  s'y  dirait  ces  jours-là ,  excepté  le  jour 
de  Pâques  et  autres  solennités. 

Eccletia  Chalidis ,  abbaye  de  Chalis  ou  Ch.ialis  , 
dans  l'ancien  diocèse  de  Senlis  ,  maintenant  dans 
celui  de  Beauvais,  de  la  paroisse  et  à  3  kil.  de  Fon- 
taine-lez-Corps-Nus ,  canion  de  Nanteuil-le-Hau- 
douin  ,  arrond.  de  Senlis,  Oise  ;  dans  une  vallée  à  8 
kil.  sud-esi  de  Senlis,  et  40  nord-est  de  Paris.  C'éuiit 
une  abbaye  de  l'ordre  de  Ctteaux.  L'église  était  bien 
bâtie,  comme  toutes  celles  de  cet  ordre.  Dans  le 
chœur,  on  voyait  deux  grands  tableaux  d'environ  30 
pieds  de  longueur  :  l'un  représentait  la  foudre  qui 
tombe  sur  le  temple  du  roi  Salonion;  il  était  de  Res- 
tout;  le  sujet  du  second  était  une  présentation  au 
temple,  par  Restout  flis.  Dans  le  sanctuaire  se  trou- 
vaient deux  tableaux  de  Berlin  :  à  droite  était  saint 
Jean  prêchant  dans  le  désert  ;  à  gauche,  la  Chana- 
néenoe.  Le  maiire-aulel  était  d'un  marbre  très- 
précieux  ;  les  six  chandeliers  qui  le  décoraient  , 
étaient  formés  de  six  branches  qui  partaient  du  la- 
bernacle,  lequel  était  surmonté  par  une  croix  de 
vermeil  de  filigrane,  ornée  de  pierres  précieuses. 
Dans  une  chapelle  des  bas-côtés,  à  droite,  on  voyait 
un  tableau  de  Revel  ,  représentant  la  moit  da 
saint  Guillaume  ,  archevêque  de  Bourges  et  abbé 
de  celle  maison.  L'ancien  dortoir  était  d'un  irès- 
beau  gothique.  —  Cette  église  et  une  partie  des 
bâtiments  du  monastère  ont  éié  démolis  ;  l'élég.-intc 
et  le  luxe  de  ceux  qui  faisaient  partie  du  cloître  les 
ont  fait  conserver.  On  en  a  fait  un  des  plus  beaux 
châteaux  de  cette  contrée.  D'autres  bâtiments  acces- 
soires el  le  rétablissement  d'une  chapelle  ajoutent  à 
l'agrément  de  celle  habilalion.  On  remarque,  à  l'en- 
trée de  la  première  cour,  un  superbe  moulin  à  deux 
roues,  ainsi  que  les  belles  et  nombreuses  plantations 
exécutées,  dans  l'étendue  de  ce  domaine,  couvert, 
en  grande  partie,  de  cananx,  d'éiangs  et  de  bois. 

Ecclesia  Chatliacœ,ChaMy,  abbaye  commendaiaire 
d'hommes  de  l'ordre  de  Cîleaux  ,  de  la  filiation  de 
Pnniigny,  dans  le  Valois,  ancien  diocèse  de  Senlis  ; 
aujourd'hui  dans  le  diocèse  de  Beauvais,  départ,  da 
l'Oise.  Elle  était  située  ,  à  8  kil.  de  Senlis  ,  sur  un 
ruisseau  qui  arrosait  des  bois  épais  et  fort  étendus. 
Guillaume  de  Senlis,  seigneur  de  Chantilly,  avait 
offert  cet  emplacement ,  en  1136  ,  au  roi  Louis  la 
Gros,  qui  désirait  fonder  une  abbaye  de  l'ordre  de 
Cîleiiux  en  l'honneur  de  la  sainte  Vierge.  Cette  mai- 
son était  fort  riche  et  rapportait  36,000  liv.  à  l'abbé 
commendaiaire.  En  1740,  les  bâtiments  menaçant 
ruine,  l'abbé  les  fil  reconstruire  sur  les  dessins  de 
Slodtz.  Ce  monastère  subit,  en  1790,  le  sort  des  éia< 


403 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


4M 


blisseraeiiis  ecclé^iasliques  ;  il  lui  supprimé  el  de- 
*inl  une  propriéié  pariiculière. 

Eccleiia  Cleriaca,  Cléry,  on  Notre-Dame-de-Cléry, 
petite  \ille  du  diocèse  d'Orléans,  chef-lieu  de  canton 
de  son  arrondissemetit,  Loiret,  à  15  kil.  d'Orléans. 
Située  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire,  vis-à-vis  Meung, 
qui  esl  sur  la  rive  droite  ,  ello  existait  en  830,  sous 
le  régne  de  Childeberl  ;  l'église  rollégiale  de  Notre- 
Dame  fut  fondée  en  1502  par  {"hilippe  de  Melun,  ma- 
réchal de  France.  Le  bruit  sëlant  répandu  qu'il 
s'opérait  de  grands  mir.icles  d.ins  celle  église  ,  les 
pèlerins  y  accoururent  de  toutes  parts,  et  y  firent 
des  offrandes  considérables  ;  mais,  en  U28,  le  comle 
de  Salisbury,  général  de  l'armée  anglaise,  s'empara 
de  loutes  les  richesses  qu'il  y  irouva.  Louis  XI  la  fit 
rebâtir,  et  y  fil  plusieurs  pèlerinages;  il  voulut  être 
enterré  dans  cette  église  de  préférence  à  celle  de 
Saini-Denis.  Son  corps  y  fui  porté  après  sa  mort  , 
arrivée  en  1485.  On  lui  fit  élever  un  beau  mansnlée 
qui  fut  détruit, enlo62, par  les  huguenots.  Louis  XIII 
le  fit  rebâtir.  Le  chapitre  de  la  collégiale  élaii  com- 
posé d'un  doyen  et  de  dix  chanoines.  Le  doyen  était 
nommé  par  l'évèque  d'Orléans.  Quant  aux  chanoines, 
le  duc  d'Orléans,  qui  éiait  aux  droits  du  roi,  en  nom- 
mait cii.q  ;  le  seigneur  de  Sal-lez-Cléry  en  nommait 
.[uatre;  et  le  dixième,  qui  émit  aussi  curé  de  Saint- 
André  ,  à  quelque  distance  de  Cléry ,  était  nommé 
par  l'abbé  de  Saint-.Meuiin  ,  comme  collaieur  de  la- 
dite cure.  La  pi.pulatiou  de  Cléry  ,  léunie  à  celle  de 
Saint-André,  esl  de  2600  hab.  environ. 

Ecclesia  Co/om«ri(r,Coulommiers,  ville  du  diocèse 
do  Meaux,  chef-lieu  d'arrond.  du  départ,  de  Seine- 
«a-M!inie,avec  un.'  sou--préfectHreei  im  trib.  de  pre- 
mière instance,  dans  une  contrée  fertile,  sur  la  rive 
droite  du  Grand-Morin ,  à  20  kil.  sud-est  de  Meaux, 
U  nord-est  de  Melun,  et  56  est  de  Paris.  La  popu- 
Lilion  esl  de  lôVO  habitants;  celle  de  l'arrondisse- 
ment, qui  comprend  quatre-vingts  communes,  est 
de  55,182  habitants  ;  il  est  divisé  en  quatre  cantons  : 
Coulommiers,  contenant  16,285  habitants  ;  la  Ferlé- 
Gaucher,  I3,18ô;  Rebais,  12,36l>,  el  Rnsoy,  I5,."5i. 

Il  existait  très-anciennement  à  Coulommiers  une 
église  dédiée  à  s.nint  Denis  et  desservie  par  des  cha- 
pelains qui  y  avaient  été  établis  el  doiés  par  les 
comtes  de  Champagne.  Ces  comtes  si  puissants  pos- 
sédaient aussi  la  Rrie  à  litre  de  comté  et  venaient 
souvent  habiter  Coulommiers,  où  ils  avaient  un  ma- 
noir ,  ce  qui  procura  à  ce  bourg  un  accroissement 
rapide.  L'un  d'eux,  Thibault  III.  lit  é;ever  à  la  fin 
du  xie  siècle  une  secomle  église  du  liire  de  Sainte- 
Foi  ,  h  l'extrémité  orientale  de  la  ville  et  dans  un 
quartier  qu'on  appelait  alors  le  iloncel  :  il  y  plaça  des 
religieux  et  leur  attribua  les  revenus  des  chapelains 
de  l'ancienne  église,  en  sorte  que  celle-ci  cessa  d'être 
collégiale  et  devint  la  cure  de  Coulommiers.  L'église 
Sainte-Foi,  ayant  été  donnée  par  son  fondateur  à 
l'abbaye  de  Conques,  devinl  un  simple  prieuré  du 
diocèse  de  Rodez,  dnni  dépend«il  celte  abbaye.  Ce 


prieuré  rev'Ut  d'importants  privilèges;  il  avait  la  ju- 
ridiction seigneuriale  dans  toute  l'étendue  de  la  ?ille  : 
plusieurs  éghses,  entre  autres  la  paroisse  même  de 
Coulommiers,  en  dépendaient.  Il  fut  sécularisé  vers 
le  milieu  du  xvi»  siècle  par  le  pape  Paul  III.  Eu 
1251,  la  commune  de  Coulommiers  fui  allranclnc 
el  constituée  i  ar  Thibault  VI,  comte  de  Champagne  ; 
mais  elle  le  fut  à  prix  d'argent,  comme  c'était  alors 
l'usage  général  ;  encore  le  seigneur  comte  apporia- 
t-il  des  reslriciions  aux  droits  qu'il  ociroifait  aux 
bourgeois.  Par  exemple,  il  ne  leur  abandonna  l'exer- 
cice de  la  justice  -ur  les  étrangers  qui  viendraient 
s'établir  à  Coulnniuiiers,  que  lorsque  l'objet  du  litige 
ne  passerait  pas  20  suus  ,  se  réservant  les  cas  plus 
profitables.  <  Je  reliens,  dil-il,  le  meurtre  ,  le  rapt, 
les  larrons  ;  je  reliens  les  champions  vaincus,  des- 
quels j'aurai  l'amende,  etc.  i  Au  reste,  il  leur  jurait 
une  entière  protection  ;  El  es(  à  savoir  que,  se  aucun 
de  la  commune  de  Cotlomiers  esloit  arreslei  ou  pris  en 
aucun  lieu  par  ma  délie,  gie  (je)  suis  tenu  à  délivrer 
lut)  et  ses  choses  dou  mien  :el  s'il  estoii  pris  ou  arres- 
tei  por  outre  chose,  (lie  U  sui  tenu  à  aider  à  délivrer  ù 
buene  foij.  —  A  peu  près  à  la  même  époque,  un  sei- 
gneur nommé  Jean  de  Pairas  fonda  à  Coulommiers 
lin  Hôtel-Dieu  ,  auquel  fut  réunie  la  maladrerie  de 
Chailly  dans  le  xvii<'  siècle.  On  a  fait  aujourd'hui  un 
seul  éiablissemeni  de  cet  Uùiel-bieu  et  d'un  hôpital 
de  la  Charité,  formé  aussi  dans  cette  ville  ,  qui  n'a 
plus  ainsi  qu'un  hospice.  Il  y  avait  en  outre  avai  l 
la  révolution  un  couvent  de  chanoinesses  de  l'ordre 
de  Saiui-Aiiguslin  ,  une  commanderie  de  Malle,  de 
la  langue  et  du  giand  prieuré  de  France  ,  qui  valait 
15,U5o  liv.,  et  un  couvent  de  capucins,  dont  les  bâ- 
timents avaient  été  commencés  en  1717  et  achevés 
en  172j.  Ils  occnpaienl  le  terrain  ou  avait  existé  un 
superbe  château  que  Caiheiine  de  Gonzagnes,  veuTO 
d'Henri  d'Orléans  ,  duc  de  Longueville  ,  avait  fait 
cunstriiire,  au  commencement  du  xvii"  siècle,  dans 
une  ile  fonoce  en  cet  endroit  par  la  rivière  du  Morin, 
et  que  le  duc  de  Chevreuse  ût  abattre  en  1636. 
L'église  de  ce  monastère  existe  encore  et  se  fait  re- 
marquer par  une  architecture  très-élégante.  L'his- 
toire de  Coulommiers  est  bornée  à  celle  des  éiablis- 
gemenls  dont  il  vient  d'éire  parlé,  el  pour  la  com- 
pléter ,  il  suffit  d'ajouler  que  celte  ville  souffrit 
beaucoup  des  guerres  civiles  qui  livrèrent  le  royaume 
aux  Anglais  dans  le  .\v<:  siècle  :  elle  fut  pillée  el  le 
prieuré  livré  aux  flammes;  mais  le  monastère  se  re- 
leva bientôt  avec  le  produit  des  quêtes  qui  furent 
faites  dans  lout  le  royaume.  —  Le  territoire  de  Cou- 
lommiers esl  fertile  en  blé  et  en  vin,  dont  on  expédie 
une  grande  quantité  pour  r«pprovisionnemeni  de 
Paris  ;  il  s'y  fait  aussi  un  commerce  considérable  de 
fromages,  lépuiés  les  meilleurs  de  la  Brie,  démê- 
lons fort  estimés,  de  laine,  cuir,  etc.  On  y  trouve 
plusieurs  tanneries  importantes  et  des  moulins  à  tan. 
Il  y  a  deux  foires  annuelles  ,  lel"^  mai  et  le  9  oci.  : 
lelle-ci  est  la  plus  considérable.  Le  marché  se  lient 
K'  mercredi  de  chaque  semaine.  Celui  du  premier 


40S  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


•<06 


mercredi   de  chaque   mois,  qu'on  appelle  marché 
franc,  esl  presque  une  foire. 

Ecctesia  Cornwleli,  Cormeilles-en-Parisis,  paroisse 
de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  acluelleraent  de  celui 
de  Versailles,  canion  d'Argenteuil,  arrondissement 
de  Versailles,  Seine-el-Oise,  à  6  kil.  nord-ouest  d'Ar- 
genteuil et  16  nord-ouest  de  Paris. 

De  Valois  croit  que  le  nom  de  Cormeilles  vient 
de  l'espèce  d'arbre  appelé  sorbus,  qu'on  nomme  des 
cormes,  ou  des  corbes  en  quelques  lieux. Ce  que  l'on 
trouve  de  plus  ancien  qui  s'accorde  avec  celle  éiymo- 
logie,  est  une  charte  de  Childebert  III,  de  l'an  697 
ou  environ,  par  laquelle  ce  roi  donne  au  monastère 
d'Argenteuil,  dont  Leudesinde  était  abbesse,  la  forèi 
royale  appelée  Cormotetu$,  sur  la  rivière  de  Seine, 
au  pays  Parisis.  Il  semble  que  ce  mot  Cormotettts 
signille  là  un  peiit  bois  où  le  cormier  était  l'arbre 
dominant.  En  862,  l'empereur  Charles  le  Chauve 
conliima  les  droits  que  les  moines  de  Saint-Denis 
possédaient  sur  plusieurs  villages  ou  fermes,  droits 
que  leur  abbé  Louis  leur  avait  accordés  pour  leurs 
nécessités.  Parmi  ces  lieux  se  trouvent  deux  Cor- 
meilles (Cormilias);  l'un  dans  le  territoire  parisien 
et  l'autre  dans  le  Vexiti  français.  Au  ix«  siècle  l'abbé 
de  Saint-Denis  était  seigneur  de  Cormeilles,  avan- 
tage qu'il  partageait,  à  ce  que  l'on  pense,  avec  le 
prieur  d'Argenteuil.  Saint-Martin  est  le  patron  de 
Cormeilles;  l'église,  qui  avait  déjà  le  titre  de  cure 
au  xni*  siècle,  a  un  chœur  qui  se  termine  en  carré  ; 
l'édifice  éiaii  entouré  de  furtiUcations,  puisque  sous 
le  roi  Je.in,  lorsque  le  régent,  son  fils,  Charles  V, 
fit,  en  1359,  détruire  les  lieux  voisins  de  Paris  qui 
pouvaient  servir  de  retraite  à  l'ennemi,  il  comprend 
la  lour  de  Céglhe  parocliiale  de  Cormeilles.  —  Les 
habitants  de  ce  bourg  eurent  du  temps  de  Louis  IX 
un  procès  avec  ceux  de  Paris.  Les  Cormeillais  étaient 
dans  l'usage  de  conduire  ei  de  vendre  leurs  vins  en 
Normandie  :  les  Parisiens  prétendirent  qn'éiant  une 
marchandise,  le  vin  devait  être  accompagné  par  un 
marchand  de  Paris.  L'alTaire  fut  portée  au  parlement, 
qui  décida,  en  faveur  des  habitants  de  Cormeilles, 
que  le  vin  n'était  point  marchandise.  L'arrêt  éta- 
blissait ainsi  une  distinction  entre  les  produits 
agricoles  et  les  produits  manufacturés.  —  La  du- 
chesse de  Brissac,  Louise  d'Ougnies,  eut  une  mai- 
son de  campagne  dans  ce  Bourg.  Gui-Patin,  fameux 
médecin,  eut  aussi  dans  ce  lieu  une  maison  dont  il 
parle  souvent  dans  ses  lettres.  Il  vante  beaucoup 
l'air  qu'on  respire  à  Cormeilles  ,  et  la  perspective 
dont  on  y  jouit  :  les  allées  de  son  jardin  s'étendaient, 
dit-il,  jusque  sur  la  montagne,  d'où  il  portail  sa  vue 
à  50  lieues  à  la  ronde;  peut-être  voulaii-il  dire  à 
5  lieues,  et  c'était  bien  assez.  En  effet  Cormeilles, 
placé  au  centre  d'un  pays  montagneux,  jouit  d'un 
air  très-pur,  et  offre  un  séjour  très-agréable.  Aussi 
y  voit-on  plusieurs  maisons  de  campagne.  Ce  bourg 
est  bâti  sur  une  éminence,  au  sortir  de  la  partie 
vignoble  d'Argenteuil  qui  l'avoisine.  Aussi  le  terrain 
est-il  presque  entièrement  cultivé  en  vignes  qui  pro- 


duisent d'assez  bon  vin.  On  y  trouve  également  beau- 
coup d'arbres  fruitiers,  dont  les  fruits  nourris  par 
un  sol  sec  et  pierreux  ont  une  saveur  très-délicate, 
et  sont  fort  recherchés.  L'élévation  des  collines  de 
ce  bourg  y  a  fait  bàiir  plusieurs  moulins  à  vent  :  un 
d'eux  est  fameux  pour  avoir  longtemps  servi  à  Gas- 
sini,  lorsqu'il  travaillait  à  sa  grande  carte  topogra- 
phique de  France.  La  populatiiui  de  Cormeilles  est 
de  13  à  1400  habiiaïus.  Ou  y  trouve  plusieurs  car- 
rières à  plâtre  et  une  fabrique  de  tuiles,  briques  et 
carreaux.  Le  vallon  est  leiupli  de  fragments  de  cal- 
caire et  de  silex  à  coquilles  d'eau  iluuce.  Les  bota- 
nistes y  reeueillenl  assez  abondammeni  le  velar  à 
feuilles  d'éperviére  (erysimiim  himacifolium). 

Ecctesia  Sancli  Snliiniini,  i\-l  Capriosa,  Caprosa, 
Chevrense,  petite  ville  de  l'ancien  diocèse  de  Paris, 
acluellenient  de  celui  de  Versailles  ,  chef- lieu  de 
canton  de  l'arrondisseuieni  de  Rambouillet,  Seine- 
et-Oise,  à  12  kll.  sud-ouest  de  Versailles,  18  est 
de  Ka.iibouillet,  et  28  sud-unest  de  Paris. 

Sun  nom  latin  Capiosa  ou  Capriosa  vient,  selon 
les  étymologistes,  de  la  grande  quantité  de  che- 
vreuils ou  chèvres  sauvages  que  renfermaient  autre- 
fois les  forêts  qui  couvraient  son  territoire.  Quoique 
peu  importante,  celte  ville,  nommée  dans  les  char- 
tes Caiiriosa,  joue  cependant  un  rôle  dans  notre  his- 
toire. Les  plus  anciens  titres  qui  en  fassent  mention, 
sont  de  975.  C'était  alors  une  petite  abbaye  sons  le 
nom  de  Saini-Saturnin.  Ou  ignore  quels  en  furent 
les  lundateurs.  Chevrense  était  autrefois  un  des  châ- 
teaux les  plus  forts  et  les  plus  renommés  des  envi- 
rons de  la  capitale.  Les  noms  de  ses  seigneurs  se 
rencontrent  souvent  dans  nos  annales.  Le  plus  an- 
cien seigneur  connu  esiMilondo  Clievreuse,  qui  vivait 
sous  le  roi  Robert,  et  qui  eut  à  soutenir  plu>ieurs 
guerres  contre  Louis  le  Gros  et  le  comte  de  Mont- 
forl-l'Amaury.  Les  actes  de  l'abbaye  de  Saint-Denis 
nous  apprennent  même  que  ce  Milon,  voulant  se 
fortifier  et  construire  des  machines  de  guerre,  se 
permit  de  couper,  à  cet  effet,  des  arlires  dans  une 
forêt  qui  appartenait  aux  moines.  —  Les  seigneurs 
de  Chevreuse  étaient  du  nombre  des  quatre  qui 
portaient  sur  leurs  épaules  le  nouvel  évêque  de 
Paris.  La  population  est  de  2400  habitants  environ. 
Il  n'y  a  plus  que  des  ruines  de  l'ancien  château. 

Ecctesia  Sancli  Tlieobaldi,  Thann,  ville  du  dépt. 
du  Haut- Rhin,  diocèse  de  Strasbourg,  irès-impor- 
taiite  par  son  industrie  manufaclurière.  C'est  un 
chel-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Béfort,  à  28  kil. 
nord-nord-esi  de  celte  ville.  Bâtie  sur  la  rive  droite 
de  la  Thurr,  i{ui  la  sépare  du  faubourg  de  Kaitem- 
bich,  cette  ville  est  située  dans  une  position  pitio- 
resque,  au  pied  du  chat.  d'Engelberg,  à  l'entrée  de 
la  belle  vallée  de  Saint-Amarin.  Les  environs,  très-ri- 
ches et  fertiles,  offrent  des  coteaux  couverts  de  vigne* 
qui  produisent  du  très-bon  vin  ;  le  plus  estimé  est 
celui  de  Rungen,  i]ue  l'on  récolte  sur  la  montagne  do 
ce  nom  :  il  esl  très-spiritueux  et  attaque  les  nerfs 
avec  violence.  On  remarque  l'églists  Saint-Tliéubald, 


^07  DICTIONNAlRi:  DE  GEOGRAPHlK  ECCLESIASTIQUE.  408 

liàtic  en  U"0,  dont  la  tour  élevée  de  oO  loises  passe      iiiaisoii  dans  toutes  les  entreprises  héroïques  :  aussi 


roiir  être  un  chef-d'œuvre  d'architecture  gothique. 
Thnnn  possède  des  manufactures  de  toiles  peintes, 
fabriques  de  bonneterie,  toiles  de  coton,  siamoises, 
mouchoirs,  amidon,  produits  chimiques,  machines  à 
(ilcr,  des  filatures  de  coion  ;  loiges  et  martinets  ; 
commerce  en  articles  de  ses  manufactures.  Cetie 
ville  a  appartenu  à  ia  maison  d'Autriche,  et  fut  prise 
par  les  Suédois  en  1632  ;  le  duc  de  Lorraine  y  fut 
battu  par  le  duc  de  Weimar  en  1658.  —  Population, 
81500  hab. 

Thann  faisait  partie  du  diocèse  de  Bàle,  avant  le 
concordai  de  1801  ;  elle  compte  beaucoup  de  protes- 
tants. Les  comtes  de  Wakibourg  étaient  comtes  de 
Thann  au  commencement  du  moyen  âge.  Gérard  ou 
Guebbard,  comte  de  Thann,  doit  avoir  bâti,  au  v« 
siècle,  le  château  de  'Waldbouig  en  Souabe.  Oji  pré- 
tend qu'Ega,  maire  du  palais  de  Neustrie  sous  Dago- 
bert  !"■  au  commencement  du  vii^  siècle,  fut  un  de 
ses  descendants.  Ce  qui  est  certain,  c'est  qn'Archam- 
bauid,  (ils  d'Ega,  et  son  successeur  dans  la  mairie  de 
Neustrie,  est  nommé  dans  les  diplômes  Arcliambauld 
de  Waldbourg,  cousin  de  Dagobertparson  père  et  sa 
mère.  Cet  Archambauld  réunit  les  trois  mairies  de 
Neustrie  ,  de  Bourgogne  et  d'Auslrasie.  Dans  une 
charte  de  653  il  est  qualifié  de  prœfeclus  urbis  regiœ  ; 
il  prend  le  titre  de  comte  de  P.iris  dans  un  diplôme 
de  066,  par  lequel  il  donna  à  la  ville  de  Paris  sa  mai- 
son, qui  depuis  est  devenue  l'Hôtel-Dieu,  sa  cha- 
pelle, qui  a  été  l'église  de  St-Christophe,  et  sa  terre 
de  Corheil.  De  sa  première  femme  il  eut  un  (ils 
nommé  Leudesille,  qui  fut  maire  de  Neustrie  et  père 
d'Etichon,  duc  d'Alsace,  la  souche  des  maisons  de 
Habsbourg,  de  Bade  et  de  Lorraine.  Babo,  (ils 
d'Arehambauld,  de  son  second  mari.ige,  habitait  le 
château  de  Waldbourg,  et  fut  comte  de  Thann  et  de 
Winterstetlen  vers  680.  On  le  regarde  comme  la 
souche  commu-ne  des  maisons  d'Altiiann  et  de  Wald- 
bourg. 

Les  comtes  de  Waldbourg  portent  aussi  le  nom 
de  Truchsess,  qui  désigne  proprement  une  dignité 
dont  ils  ont  été  revêtus.  C'est  celle  desênéchat  ou  de 
dapifer,  à  laquelle  éiaienl  attachées  la  qualité  de 
magistrat  ou  juge  de  tout  ce  qui  tenait  à  la  cour,  et 
la  prérogative  de  poser,  dans  les  iours  de  grand  gala, 
le  premier  plat  sur  la  table  du  souverain.  Les  comtes 
de  Waldbourg  ont  conslammcni  été  en  possession 
d'exercer  cette  charge  auprès  des  ducs  de  Soiiabe  et 
des  empereurs  de  cette  maison.  Chailes-Quint  les 
autorisa  en  152.Ï  à  se  nommer  grands-mailrcs  liéiédi- 
iiiircs  de  rempile,  et  en  1528  l'électeur  palatin,  en  sa 
qualité  d'archi-grand-maitre  {ErUrucUsess},  leur 
donna  l'expectative  de  cette  charge,  dont  une  autre 
famille  était  revêtue.  Ils  entièreni  en  fonction 
vers  la  fin  du  xvi«  siècle,  et  depuis  ce  temps  le  tiirc 
de  leur  charge  leur  a  tenu  lieu  de  nom,  de  manière 
qu'ils  sont  aussi  bien  connus  sous  celui  de  Truchsess 
que  sous  leur  nom  de  Famille. 
Il  est  naturel  de  trouver  des  seigneurs  de  cette 


lit-on  leur  nom  parmi  les  neuf  chevaliers  allemands 
qui,  dans  le  ix'  siècle,  voulurent  délivrer  la  Cata- 
logne du  joug  des  Arabes  dont  elle  était  menacée. 
Un  Truchsess  se  fixa  dans  cette  province,  et  y  bâtit 
le  chàieau  de  la  Roca  Ui  S.  Jaimes,  ainsi  que  la 
ville  de  Baga,  qui,  dans  ses  armes,  porte  une  pomme 
de  pin,  armes  des  maisons  d'Allhann  (dont  le  nom 
signifie  vieux  pin)  et  de  Waldbourg,  et  de  la  ville 
d'Augsbourg  :  il  paraît  même,  à  en  juger  par  quel- 
ques anciennes  médailles,  que  les  Romains  repré- 
sentaient la  Vindélicie  ou  la  Souabe  sous  l'emblème 
d'une  pomme  de  pin.  Les  Truchsess  établis  en  Es- 
pagne portaient  le  nom  de  Pinos  Dapifer  de  Mon- 
caUu,  et  étaient  revêtus  de  la  charge  de  sénéchal  du 
royaume  d'Aragon.  Ils  paraissent  s'être  éteints  dans 
la  seconde  moitié  du  xviii*  siècle. 

Jean,  comte  de  Waldbourg,  fils  du  comte  Eberard 
et  d'Agnès,  duchesse  de  Teck,  mort  en  1419,  avait  eu 
quaue  femmes;  savoir  :  1*  Elisabeth,  C.  de  Habs- 
bourg-Liuffenbourg  ;  2°  Catherine,  C.  de  Cilli,  cou- 
sine-germaine de  l'impératrice,  femme  de  Sigismoiid; 
3"  Madeleine,  C.  de  Montfort;  i°  Ursule  d'Abens- 
berg  et  de  Traun.  Il  est  la  tige  de  tous  les  Waldbourg 
ou  Reichs-Erb-Truchsesse  (grands  maîtres  hérédi- 
taires de  l'Empire).  Ses  fils  Jacques  et  George  fon- 
dèrent deux  lignes  ;  celle  de  Jacques  se  subdivisa 
sous  ses  petits-fils  Guillaume  et  Frédéric.  La  branche 
de  Guillaume,  qui  a  possédé  Scheer  et  Trauchbourg, 
s'est  éteinte;  Frédéric  entra  au  service  du  grand  maî- 
tre de  l'ordre  Teuionique,  et  se  fixa  en  Prusse,  oit 
ses  descendants,  qui  ont  embrassé  la  réformation, 
cvistenl  encore  sous  le  nom  de  Truchsess  de  Wald- 
bourg, sans  avoir  jamais  participé  aux  possessions 
immédiates  de  leur  maison  en  Souabe;  car,  lorsque  la 
branche  de  Guillaume  s'éteignit,  ses  terres  passèrent 
à  la  ligne  fondée  par  George.  Cette  branche  produi- 
sit dans  le  xvi'  siècle  deux  prélats  célèbres  :  Ernest- 
Otton,  prince-évêque  d'Augsbourg,  prince-abbé  d'El- 
vangen,  et  cardinal,  qui  fonda  en  1545  l'ordre 
équestre  de  Saint-Jean  en  Souabe,  et  procura  à  tous 
les  Waldbourg,  hommes  et  femmes,  le  droit  de  ciié  à 
Rome;  l'autre  est  ce  fameux  Guebhard,  électeur-ar- 
chevêque de  Cologne  qui,  ayant  apostasie  pour  épou- 
ser Agnès  de  Mansfeld,  devint  l'auteur  des  troubles 
qui  préludèrent  à  la  guerre  de  trente  ans.  (Voy. 
Hist.  abrégée  des  traités  de  paix,  par  Koch  et  Schœll, 
vol.  I,  p.  50.) 

La  ligne  de  George  se  divisa  en  deux  branches  en 
1589,  à  la  mort  de  Jacques,  descendant  de  George 
an  cinquième  degré.  Henri,  son  fils  aîné,  fonda  la 
branche  de  Wolfegg;  Frobenius,  le  cadet,  celle  de 
Zeil.  Cette  ligne  géorgienne  a  fourni  quelques  hom- 
mes remarquables  :  tel  fut  ce  George  Hl  Truchsess 
qui,  commandant  en  1525  les  troupes  du  cercle  de 
Souabe,  mit  fin  à  la  révolte  des  paysans  qui  mena- 
çait l'Empire  d'un  bouleversement  ;  tel  lut  Maximi- 
lien  Wilibald,  qui  en  1633  et  1646  défendit  vaillara- 
mcnt  Constance  et  Lindau  contre  l'armée  suédoise. 


409 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


4)0 


La  branche  de  Zeil  a  eu  des  homioes  d'Etat  distin- 
gués ;  deux  comtes  de  cette  branche,  Jean-Jacques, 
du  rameau  de  Zeil-Zeil,  et  Sébastien-Wunibald  de 
Zeil-Wurzach,  mort  en  1700,  ont  été  présidents  du 
conseil  aulique  impérial  ;  le  premier  a  rempli  en 
1741  la  charge  de  président  du  vicariat.  Ces  prési- 
dences sont  regardées  comme  une  grande  illustra- 
tion. 

La  ligne  catholique  de  George  possédait,  jusqu'à 
]a  dissolution  de  l'Empire  germatiique,  la  charge  de 
grand  mailre,  dont  le  doyen  de  la  ligne  faisait  les 
fonctions.  Les  chefs  de  toutes  les  branches  furent 
élevés  en  1805  au  rang  de  princes,  et  toutes  les  pos- 
sessions de  la  maison  furent  érigées  en  une  seule 
principauté  d'Empire.  Cette  principauté  a  une  sur- 
lace de  13  l;^  m.  c.  g.  (37  l;-2  1.  c.)  et  25,000  habi- 
tants, et  rapporte  600,000  fr.  L'acte  de  la  confédéra- 
tion du  Rhin  la  plaça  sous  la  souveraineté  de  la  Ba- 
vière et  du  Wurtemberg.  La  ligne  cadette,  qui  est 
catholique,  se  divise  en  plusieurs  branches.  La  ligne 
aînée,  fixée  en  Prusse,  est  protestante.  Voici  à 
quelle  occasion.  Le  coniie  Frédéric  était  comman- 
deur de  l'ordre  Teutonique;  il  suivit  en  Prusse  le 
gra«id  maître  Frédéric  de  .Saxe,  et  fut  un  des  cheva- 
liers qui,  à  l'exemple  d'Albert  de  Brandebourg,  leur 
clief,  renoncèrent  à  la  religion  catholique  et  se  ma- 
rièrent. Frédéric  épousa  Anne  de  Falkenhain  ,  et 
fonda  la  branche  aciuelle  qui  est  établie  en  Prusse 
et  porte  le  surnom  de  Capustigall.  Elle  a  formé  de 
grandes  alliances  et  fourni  des  hommes  distingués  ; 
mais  elle  n'a  jamais  participé  aux  biens  immédiats 
de  la  m:iison.  Elle  a  conservé  le  titre  de  comie. 

Ecclesia  supra  Matronam,  Chezy-sur-Marne,  ou 
Chezy-l'Abbaye.  C'est  un  gros  bourg  du  diocèse  de 
Soissons,  chef-lieu  de  cmioii  de  l'arrond.  de  Châ- 
teau-Thierry, Aisne.  Situé  sur  la  Marne,  il  doit  son 
origine  à  une  abbaye  ccmniendaiaire  de  l'ordre  de 
Prémonlré,  fondée  en  1136  par  Anseln:eei  Guillaume 
de  Cayeux.  Elle  passa  plus  lard  .i  l'ordre  de  Ciieaux. 
Peu  d'années  avant  la  révolution  de  89,  elle  ne 
comptait  que  quatre  religieux.  A  celte  époque,  les 
propriétés  furent  vendues  comme  biens  nationaux 
et  les  bâtiments  démolis.  L'église  abbatiale,  monu- 
ment d'architecture  gothique,  se  faisait  remarquer 
par  la  beauté  et  l'élévaiion  de  sa  nef,  ce  qui  était 
assez  rare  dans  la  géographie  monumentale  de  Tor- 
dre de  Citeaux  :  car,  dans  l'architecture  monastique, 
on  sait  que  ce  sont  les  églises  de  l'ordre  de  Saini- 
Benoit  qui  l'emportaient  généralement  par  la  lon- 
gueur de  la  nef  et  l'élévation  de  la  voûte.  La  popu- 
lation de  Chezy  est  de  15U0  habitants  environ.  Ce 
bourg  est  à  6  kil.de  Château -Thierry,  et  Si  de 
Laon.  Le  terroir  est  en  vignes,  prés,  terres  labou- 
rables et  bois. 

£/6oi>im»,Elbeuf,   ou  Elbœuf,  ville  de  l'ancien 
diocèse  d'Evreux,  aujourd'hui  de  celui  de  Rouen 
«bef-lieu   de  canton   de  larrond.   de    cette  ville' 
Selae-lnférieure,  sur  la  rive  gauche  delà  Seine    à 


16  kil.  sud  de  Rouen,  et  104  de  Paris.  Long.  18,  20, 
et  latit.  49,  20. 

Elbeuf  ne  fut  d'abord  qu'un  marquisat,  qui  passade 
la  maison  d'Harcourl  dans  celle  de  Rieux ,  et  de 
celle-ci  dans  celle  de  Lorraine,  en  1554,  parle  ma- 
riage de  Louise  de  Rieux  avec  René  de  Lorraine, 
septième  fils  de  Claude  de  Lorraine,  duc  de  Guise,  et 
d'Antoinette  de  Bourbon.  De  ce  mariage  naquit 
Charles  de  Lorraine,  en  faveur  de  qui  Henri  111  ,  en 
1581 ,  érigea  Elbeuf  en  duché-pairie.  Cette  maison 
conserva  ce  nouveau  duché  jusqu'au  moment  où  elle 
s'éteignit  entièrement  dans  la  personne  d'Emma- 
nuel-iMaurice  de  Lorraine,  en  1763.  C'est  à  sa  propre 
industrie  qu'Elbeuf  doit  principalement  l'éclat  dont  il 
brille.  Ses  manufactures  de  draps  ont  coDStamment 
joui  d'une  répuiaiion  méritée.  Presque  tous  les  au- 
teurs s'accordent  à  ne  faire  remonter  leur  établisse- 
ment qu'au  ministère  de  Colbert.  Cette  opinion  a 
été  combattue;  et,  d'après  les  preuves  données  par 
des  personnes  qni  ont  fait  à  ce  sujet  des  recherches 
consciencieuses,  l'origine  des  manufactures  d'Elbeuf 
serait  beaucoup  plus  ancienne  ,  sans  qu'on  puisse 
cependant  la  préciser.  11  paraîtrait  que,  dès  l'année 
1208,  on  cultivait  dans  les  environs  de  celte  ville,  la 
guesde  dont  on  se  sert  dans  les  teintures;  mais,  ce 
qui  est  plus  posiiif,  c'est  que,  dans  le  xvi«  siècle, 
Elbeuf  comptait  80  (al.ricanls.  On  en  pourrait  con- 
clure que  ceux  qui  ne  font  remonter  ces  manufactures 
qu'au  ministère  deColljert  ont  confondu  l'époque  de 
leur  origine  avec  celle  de  leurs  règlements,  qui  sont 
de  1607.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  prospérité  d'Elbeul 
s'accrut  rapidement;  ei  dans  le  courant  du  dernier 
siècle,  comme  aujourd'hui ,  on  y  comptait  300  mé- 
tiers qui  donnaient  par  an  dix  mille  pièces  de  draps 
5|4,  façons  de  Hollande  et  d'Angleterre,  et  qui  pro- 
duisaient plus  de  2  millions  de  liv.  Ces  manufactures 
faisaient  alors  subsister,  tant  dans  Elbeuf  que  dans 
les  environs,  8  à  9,000  personnes.  Pendant  les  orages 
de  notre  révolution,  cette  prospérité  ne  put  se  main- 
tenir; mais  lorsque  l'Etat ,  ébranlé  par  tant  de  se- 
cousses, se  fui  raffermi  sur  ses  bases,  Elbeuf  reprit 
peu  à  peu  l'éclat  et  le  rang  que  son  industrie  lui 
avait  auirefois  mérités.  Ses  manufactures  ont  même 
fait  des  progrès  remarquables.  Les  draps  d'Elbeuf 
sont  sans  doute  d'une  qualité  inférieure  à  ceux  de 
Louviers  et  de  Sedan;  mais  le  bon  marché  leur 
procure  un  débit  considérable.  Ils  fournissent  prin- 
cipalement à  la  consommation  des  fortunes  moyen- 
nes, et  cette  consommation  est  une  des  plus  impor- 
tantes. Les  draps  de  première  qualité  tiennent  le 
milieu  entre  les  draps  de  Lnuviers;  et  l'amélinra- 
tion  de  ceux  de  seconde  qualité  est  'ous  les  jours 
plus  sensible.  Indépendamment  de  ses  draps,  Elbeuf 
possède  des  fabriques  de  tapisseries  de  laine,  dites 
de  Bergame,  et  de  point  de  Hongrie  ,  qui  occupent 
un  grand  nombre  d'ouvriers.  On  y  voit  aussi  des 
ateliers  de  teinture ,  deux  tanneries  et  quelques 
moulins  que  fait  aller  un  ruisseau  qui  descend  d'un 
coteau  voisin  de  la  ville,  et  qui  va  se  Jeter  dans  la 


m 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


412 


Seine.  Le  progrès  industriel  d'Elbeuf  a  influé  sur  sa 
populaiion.  qui  s'accroît  tous  les  jours.  Celle  ville, 
qui  ne  comptait,  dans  le  milieu  du  siècle  dernier, 
que  de  iOOO  à  4.500  àuies,  en  coniple  aujourd'hui 
plus  lie  12,000  seulement  dans  ses  murs.  Sa  position 
sur  la  Seine  lui  esl  iiès-favorable  pour  le  iransporl 
des  prodiiiis  de  son  industrie  et  de  ses  grains  ;  et  sa 
proxiniité  de  Rouen  en  faciliie  beaucoup  le  débit,  il 
se  lient  cependant  à  Eibeufdes  l'oires  et  des  mnrcliés 
Irès-avantageux  pour  son  coninierce.  Cette  ville  a 
aussi  une  chambre  consultative  de  manufactures , 
arts  et  n)éliers.  Elle  avait  deux  paroisses  et  un  cou- 
vent d'Uisuliiies,  fondé  en  1648  p  r  les  religieuses 
du  même  ordre  de  la  ville  de  Gisors ,  à  la  place 
même  où  les  Bénédictins  du  Val-de-Grâce  de  Rouen 
avaient  fixé  leur  preniier  établissement.  La  paroisse 
Saint-Jean  ét;iii  du  dn  cèse  d'Evreux,  lundis  que  la 
paroisse  Saint-Etienne  et  le  couvent  f:iisaient  partie 
du  diocèse  de  Hnuen.  La  première  de  ces  deux 
église»  est  assez  bien  construite.  En  1491,  il  y  avait 
à  Ëlbeuf  une  chapelle  ou  léproserie  de  Saint-Jacqnes; 
et  plus  tard  on  voit  dans  celle  ville  deux  hôpitaux 
qui  furent  réunis  en  1728.  On  a  trouvé  dans  ses  en- 
viron^ des  indices  de  houille  ;  mais  il  ne  paraît  pas 
qu'on  se  dispose  à  exploiier  celle  branche  d'indus- 
trie; pt'ul-éire  aussi  n'y  trouverait-on  pas  d'avan- 
tages. On  a  découvert  égalemeni,  dans  la  presqu'île 
que  forme  la  Seine  depuis  Elbeuf  jusqu'à  la  Bouille, 
un  marbre  onyx  qui  ressemble  à  la  pierre  de  Flo- 
rence, et  que  l'on  peut  polir,  ainsi  que  d'excellentes 
argiles  ferrugineuses. 

Escuina,  Eiouen,  paroisse  de  l'ancien  diocèse  de 
Paris,  maintenant  de  celui  de  Versailles,  chef-lieu 
de  canton  de  l'arrondissement  de  Ponloise,  Seine- 
el-Oise,  à  24  kil.  ouest  de  Pontuise,  56  nord-est  de 
Versailles,  et  à  18  nord  de  Paris. 

L'ancienneté  de  ce  bourg  est  incontestable;  mais 
il  serait  difficile  de  dire  quelque  chose  de  positif  sur 
son  origine  ;  et  jusqu'à  sa  confiscation  sons  le  règne 
de  Louis  XIII,  l'Iiisioire  d'Ecouen  rentre  entière- 
ment dans  celle  de  la  maison  de  Montmorency,  qui 
possédait  celle  seigneurie  dès  le  xi''  ou  xii»'  siècle. 
On  en  a  la  preuve  dans  la  cession  que  Biirchard  de 
Monimoreiicy  fit  de  l'église  et  de  sa  diine  au  prieuré 
de  Saint-Mai  lin-iles-Champs,  celle  cession  fut  con- 
firmée eu  1119  par  une  bulle  de  Caliste  ÎI,  certifiée, 
en  1124,  par  Etienne,  évèque  de  Paris.  La  cbarie  de 
Tliib;iui,  un  des  successeurs  d'Etienne,  dciaille  par- 
faitement celte  cession.  Celle  charte  de  1150  dit: 
Ecclnia  de  Escuem  cuiii  lola  décima  el  ntrio  et  tortel- 
tis  Nativkaiis  Doniiiii  et  capctla  de  Ezemilla;  et  un 
peu  plus  bas  :  Terliam  parlem  allaris  de  Escuem. 
Plus  lard,  Mallhieu  de  Monlmorency  voulut  s'oppo- 
ser à  ce  ipie  les  religieux  de  Sainl- Martin -des- 
Chanips  levassent  celle  diine  dans  le  territoire  d'E- 
couen ;  mais  il  lut  condamné  en  1265,  et  reconnut 
lui-même  en  justice  qu'il  avait  lorl.  Dans  le  courant 
du  xv'  siècle,  à  la  place  de  la  vieille  forteresse,  dont 
la  fondation  reniontaii  aux  lenips  les  plus  reculés  de 


la  monarchie,  les  Monlmorency  firent  construire  un 
château  que  le  connétable  Anne  de  Montmorency  fit 
considérablement  embellir  sous  le  règne  de  Fran- 
çois [",  cl  ce  fut  alors  l'archiiecle  Bullani  qui  se 
chargea  des  travaux  nécessaires  :  le  château  d'E- 
couen est  un  de  ses  plus  beaux  ouvrages.   Il  domine 
le  bourg  au  couchant,  et  offre  un  aspect  imposant  el 
romantique  ;  il  offre  un  carré  parlait  de  tiente-deui 
toises  de  côté,  flanqué  de  quatre  pavillons  et  entouré 
d'un  fossé   sec.    Voici   la  description  qu'en  donne 
Alexis  Donnei.  i  La  façnde,  du  côlé  de  Paris,  pré- 
sente un  avant-corps  décoré  des  ordres  dorique  el 
ionique,  avec  un  atiiqiie,  surmonté  d'un  canipanille. 
On  entrait  sons  une  galerie  éclairée  par  un  portiijue 
formé  d'un  petit  ordre  ionique.  Cette  galerie  était 
ornée  de  bustes  de  marbre  placés  dans  des  niches, 
el  de  plusieurs  morceaux  de  sculpture  parfaitement 
exécutés;  elle  conduisait  à  la  chapelle  qui  est  con- 
struite à  gauche  dans  un  des  pavillons.  L'éiat  dans 
lequel  les  princes  de  Condé  laissaient  depuis  long- 
temps le  chàieau  d'Ecouen  avait    entrainé  la  ruine 
d'une  partie  des  bâtiments  et  parliculièrement  de  la 
galerie,  dont  la  beauté  aurait  dii  commander  tous  les 
soins;  mais,  au  contraire,  on  aima  mieux  l'abatire 
que  de  dépenser  une  modique  somme  de  10,000 
francs  pour  la  réparer.   Enfin,   en  1807,  cet  édifice 
fut  destiné  à  une  instiluiion  des  orphelines  de  la 
Légion  d'honneur;  et  l'archiiecle,  M.  Peyre,  chargé 
de  sa  restauraiion,  rétablit  cette  galerie  :  mais  il  en 
fil  un  corps  do  bâliinenl  divisé  suivant  les  besoins 
du  service  auquel  il  était  destiné.  La  porte  d'entrée 
fut  changée  et  décorée  de  deux  colonnes  d'ordre  do- 
rique ;  une  cour,  à  peu  près  carrée,  de  24  toises  de 
longueur  sur  22  de  largeur,  est  formée  par  les  qua- 
tre corps  de  bâtiments  qui  réunissent  les  pavillons 
des  angles  ;  la  porte  du  fond,  modèle  de  grâce  et  d'é- 
iégance,  est  composée  d'une  arcade  et  de  deux  co- 
lonnes doriques,  élevées  sur  leurs  piédestaux  el  cou- 
ronnées par  un  entablement  ;  les  tympans  de  l'un 
sont  enrichis  de  deux  renommées  sculptées  en  bas- 
relief  par  Jean  Goujon  ;  les  bases  des  colonnes  sont 
alliques,  et  les  chapiteaux  ornés  d'oves;  les  métopes 
de  l'entablement  sont  enrichis  de  trophées  d'une 
e\éculiGn  très-soignée.  Les  deux  corps  de  bàiimenls 
latéraux  offrent  deux  avant-corps  qui,  bien  que  pré- 
sentant quelque  ressemblance,  ne  sont  cependant  pas 
symétriques;  celui  de  gauche  est  le  plus  remarqua- 
ble :  son  ordonnance  se  compose  de  quatre  colonnes 
corinthiennes  cannelées,  élevées  sur  un  stylobaie,  et 
couronnées  par  un  eniableinent  dont  la  frise  est  aussi 
enrichie  de  trophées  d'armes;    l'entrecolonnement 
du  milieu,  plus  large  que  ceux  de  côlé,  est  ouvert 
par  deux  arcs  surmontés  de  deux  grandes  croisées; 
les  enirecolonnes  de  côlé  sont  ornées  de  niches  et  de 
cartouches  d'un  dessin  gracieux.  L'autre  avant-corps 
se  compose  des  deux  ordres  dorique  et  ionique  l'un 
sur  l'autre.  >  Il  y  a  près  de  500  ans  que  le  chœur  et 
une  aile  de  l'église  d'Ecouen  furent  rebâtis  à  neuf. 
On  voyait  au  vilrage  de  l'église  les  dates  1Ô54  el 


413 


GEOGRAPHili  DES  LE( 


li45,  aussi  bien  (|ue  le  moi  âirXavoî,  qui  éuit  fami- 
lier aux  Montmorency  de  ces  lemps-là,  pour  mon- 
trer qu'ils  ne  s'étaient  jamais  écartés  de  leurs  devoirs; 
leurs  armes  se  voyaient  également  aux  voûtes.  L'é- 
glise d'Lcuuen  avait  été  placée  sous  l'invocation  de 
Saint  Acbeul,  dont  elle  conserve  les  reliques;  en 
1737,  file  a  été  agrandie,  mais  le  mauvais  goût  a 
j  présidé  à  cette  nouvelle  construction.  L'époque  à  la- 
<)uelle  Ecouen  a  commencé  à  jeter  quelque  éclat  est 
dune  celle  où  Anne  de  Montmorency  en  était  posses- 
seur; et  quoique  l'ignorance  de  ce  connétable  éga- 
lât sa  bravoure,  il  avait  cbercbé  à  s'entourer,  dans 
cette  demeure,  qu'il  habitait  rarement,  il  est  vrai, 
d'objets  d'art  du  plus  grand  prix.  On  y  remarquait 
entie  autres  deux  statues  de  Michel-Aïuje  (1),  et  un 
tableau  du  Rosio,  représentant  le  Clirist  mort,  et 
qui  e:>t  actuellement  au  Musée.  Lurs  de  sa  disgrâce 
.sous  François  I",  en  15i0,  le  connétable  se  retira 
à  Ecouen,  et  ûl  graver  sur  la  porte  principale  du 
château  te  commencement  d'une  ode  d'Horace  : 

Mquam  mémento  rebut  in  arduis 

Servare  mentem 

Le  pavé  de  la  cour  était  autrefois  fort  estimé,  et  re- 
présentait une  espèce  de  labyrinthe  qu'on  y  avait 
formé  de  pierres  de  diverses  couleurs,  et  qui  n'exis- 
tait plus  dès  !e  conimenccment  du  dernier  sièelu; 
celui  de  la  grande  galerie  était  en  faïence,  et  l'on 
peut  encore  admirer  aujourd'hui  celui  de  la  chapelle, 
qui  a  échappé  en  grande  partie  au  vandalisme  de  la 
révolution.  Ce  pavé,  qui  nous  représente  des  sujets 
tirés  de  l'Ecriture  sainte,  se  fait  remarquer  par  sun 
exécution  et  l'heureux  choix  dc^  ligures.  On  remar- 
quait aussi,  dans  sa  petite  galerie,  les  viiiaux,  dont 
les  peintures  en  caniaieu,  exécutées  d'api  es  les  des- 
sins de  Raphaël,  représentaient  l'histoire  de  Psyché. 
Ces  vitraux,  peints  en  IS-t.ï,  excitaient  l'admiration 
générale  avant  qu'un  vitrier  d'Ecouen,  en  employant 
du  grés  en  poudre  pour  les  nettoyer,  ne  fût  parvenu 
à  en  enlever  toutes  les  demi-teinies,  de  manière  à 
laisser  en  beaucoup  d'endroits  le  verre  à  nu.  Entre 
autres  curiosités  (|ue  renfermait  le  château,  se  trou- 
vait une  table  faite  du  tronc  d'un  cep  de  vigne,  et  de 
trois  pieds  de  diamètre  ;  on  y  lisait,  en  caractère 
d'ivoire  :  Dieu  est  mon  grand  tervice.  —  Ce  château 
fut  souvent  honoré  de  la  présence  des  rois  de  France. 
François  l'""'  y  donna  une  dédar.ition  datée  du  4 
juillet  1527,  et  Henri  11  rendit,  en  1318,  quelques 
édils  également  datés  d'Ecouen.  Ce  fut  dans  ce 
même  château,  et  par  le  même  prince,  que  fui  donné 
le  fameux  édit  de  juin  1539,  qui  prononçait  la  peine 
de  mon  contre  les  luthériens.  —En  16j2,  Henri  de 
Montmorency  ayant  été  décapité ,  Ecouen  fut  con- 
(isqué,  donné  l'année  suivanie  à  la  duchesse  d'An- 
goulème,  et  linit  par  passer  dans  la  maison  de  Condé, 
qui  conserva  celte  propriété  jusqu'au  moment  de  la 
révolution.  Ainsi  fut  perdue  par  les  Montmorency 
une  propriété  à  laquelle  ils  avaient  donné  beaucoup 

(1)  Ces  deux  statues  furent  données  par  Henri  de 
cardinal  de  Richelieu,  son  persécuteur. 


ENOES  AU  MOYEN  AGE.  414 

d'éclat.  Celle  terre  était  l'une  de  celles,  dit  Lebeuf, 
sur  lesquelles  cette  illustre  maison  assigna  le  plus 
de  revenus  pour  les  monastères  et  pour  les  pau- 
vres. En  1203,  Matthieu  de  Montmorency  donna  à 
l'abbaye  du  Val  un  mnid  de  froment  à  lever  chaque 
année  sur  la  grange  d'Ecouen  ;  el  en  1213  il  accorda 
également  à  d'autres  religieux  cinq  muids  de  grains 
à  prendre  au  même  endroit;  enlin,  par  son  testa- 
ment, il  voulut  qu'on  prit  encore  chaque  année  cinq 
muids  de  blé  dans  la  même  grange,  pour  en  faire 
du  pain  qui  serait  distribué  aux  pauvres  pendant  le 
carême.  Il  fit  encore  d'autres  dispositions  qui  toutes 
portaient  l'empreinte  de  son  humanité  el  de  sa  bien- 
faisance; elles  furent  religieusement  reconnues  par 
ses  descendants.  —  A  la  rcvoluiion,  Ecouen  devint 
propriété  natioiiale;  mais  ceitc  propriété  ne  fui 
point  aliénée.  Il  parait  cependant  que  le  cll.^leau 
avait  été  adjugé  à  quelques  spéculateurs  qui  se  dis- 
posaient à  procéder  à  sa  démolition,  lorsqu'on  re- 
présenta au  ministre  que  la  \aleur  des  plombs  seuls 
dépassait  le  prix  de  l'adjudicatiijn.  La  vente  alors  ne 
fut  point  confirmée.  Le  cliàtoau  souffrit  des  excès 
révolutionnaires;  on  parvint  cependant  à  arracher 
aux  mains  dévastatrices  de  celte  époque  une  partie 
des  objets  d'art  qu'il  renfermait.  Ces  rentes  précieux 
comprenaient  les  vitraux  dont  on  a  parlé  plus  haut, 
et  qui,  par  ordre  du  gouvernement,  furent  plus  tard  . 
déposés  au  Muséum  des  monuments  français,  nou- 
vellement établi  à  Paris,  dans  le  cloître  des  Peliis- 
Auguslins,  sous  la  direction  de  M.  Lenoir,  ainsi  que 
quatre  grands  vitraux  de  la  chapelle.  Le  Primatice 
avait  fourni  les  dessins  des  deux  premiers  qui  repré- 
sentaient l'un  la  Nativité,  et  l'autre  la  Circoncision 
de  Jésus-Christ.  On  voyait  dans  les  deux  autres  le 
connétable  de  Montmorency  au  milieu  de  ses  en- 
fants à  genoux,  et  de  grandeur  naturelle,  avec  leurs 
patrons  placés  derrière  eux,  mais  la  tète  du  conné- 
table n'existait  plus  ;  de  plus  ,  un  groupe,  aussi  de 
grandeur  naturelle,  représentant  l'éducation  de  la 
sainte  Vierge,  exécuté  en  albâtre  de  Lagny,  par  Bul- 
land  ;  deux  sujets  de  bataille  dessinés  et  exécutés 
sur  faïence  par  Bernard  de  Palissi,  et  un  grand  autel 
en  pierre  de  liais.  Cet  autel  est  orné  de  quatre  co- 
lonnes de  marbre  noir,  de  huit  bas-reliefs,  de  chiffres 
et  d'entrelacs;  le  bas-relief  du  retable  représente  le 
sacrifice  d'Abraham  ;  ceux  qui  décorent  l'autel  re- 
présentent les  quatre  évangélistes,  la  Foi,  la  lleli- 
gion  et  la  Force  :  cet  ouvrage  est  de  Bullaud  aussi 
bien  que  le  groupe  de  la  sainte  Vierge.  —  Le  village 
d'Ecouen,  dont  le  territoire  est  fertile  en  grains  ,  en 
vignes  et  fruits,  est  siiué  au  bas  du  cliàteau  ;  il  n'a  ja- 
mais été  fort  reniarquable  par  lui-même  ;  et  jusqu'à 
la  construction  de  l'église  dont  on  a  parlé  plus  haut, 
construction  qui  eut  lieu  dans  le  xvi*  siècle,  Ecouen 
dépendait ,  au  spirituel,  de  la  paroisse  d'Exanville  , 
petit  village  distant  d'un  kil.,  qui  aujourd'hui  n'est 
plus  qu'une  succursale  d'Ecouen.  Le  seul  événement 

Montmorency,  lors  de  sa  mort ,  arrivée  en  163S,  au 


415 


DICTIONNAIKE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  4lfi 

•y  soit  passé  avant  la  lévoliilion  est      chaque  grande  élève  devait  prendre  soin  d'nne  plus 


important  qu 

l'assemblée  que  des  convulsionnaires  y  tinrent  eu 
1743,  dans  la  maison  de  Marie  Durier  ,  qui  fut  ar- 
rêtée et  renfermée  à  la  Bastille.  Dans  la  description 
de  la  France,  citée  par  Lebeuf,  le  village  d'Ecouen 
réuni  avec  Neuf- Moulins  ne  se  présente  qu'avec 
230  feus.  Mais  un  jour  Napoléon  devait  donner  à 
Ecouen  l'importance  dont  il  avait  été  privé  jusque- 
là;  sous  son  règne  la  population  de  ce  bourg  s'est 
élevée  à  1600  liabiianis.  On  y  voit  quelques  maisons 
de  campagne  fort  julies  ,  une  l'abrique  de  dentelle 
de  soie  el  une  filature  de  colon.  C"est  surtout  à  une 
institution  qu'Ecouen  doit  le  rang  qu'il  a  occupé  de- 
puis le  conimeiicemeiit  de  ce  siècle.  Après  la  cam- 
pagne d'Austerlilz,  Napoléon  rendit  un  décret  par 
lequel  trois  cents  jeunes  filles,  dont  les  pères  ,  on- 
cles ou  frères,  membres  de  la  Légion  d'honneur, 
n'auraient  point  ;issez  de  fortune  pour  leur  faire 
donner  une  éducation  convenable,  seraient  élevées 
aux  frais  de  l'Eiat.  Le  château  d'Ecouen  fut  destiné 
à  cet  établissement,  dont  madame  Campan,  ancienne 
femme  de  chambre  de  la  reine  Marie-Antdinetie , 
eut  la  direction.  D'après  les  règlements  de  la  maison, 


jeune,  et  lui  servir  pour  ainsi  dire  de  mère  ;  il  fallait 
qu'elles  fussent  âgées  de  moins  de  quinze  nns  pour 
être  admises  dans  cet  établissement,  qu'elles  ne 
quittaient  que  pour  rentrer  dans  le  sein  de  leur  fa- 
mille. Parmi  les  plus  âgées  on  en  choisissait  une 
chaque  semaine  pour  montrer  la  maison  aux  dames 
étrangères  qui  venaient  la  visiter.  Chaque  élève  fai- 
sait ses  robes,  ses  chapeaux,  etc.  ;  les  éludes  étaient 
partagées  par  sections,  el  tous  les  trimestres  des 
inspections  avaient  lieu  ,  et  des  prix  étaient  distri- 
bués. En  18H,  Louis  XVIU,  en  rentrant  en  France, 
s'arrêta  à  Ecouen  ;  et  au  mois  de  juillet  de  la  même 
année  il  réunit ,  par  une  ordonnance ,  la  maison 
d'éducation  d'Ecouen  à  celle  de  Saint-Denis;  il  vou- 
lut aussi  que  cet  établissement  fût  desservi  par  la 
congrégation  religieuse  connue  sous  la  dénomination 
de  Congrégation  de  la  Mère  de  Dieu. 

Le  château  d'Ecouen  fut  ensuite  rendu  à  la  mai- 
son de  Condé.  Il  appartenait  en  dernier  lieu  au  duc 
d'.\umale  comme  légataire  universel  du  dernier  duc 
de  Bourbon. 


Faïutm  Compendiense,  Compiègne,  ville  de  l'an- 
ciân  diocèse  de  Soissons,  actuellement  de  celui  de 
Beauvais,  chef-lieu  d'arrondissement  du  dép.  de 
l'Oise,  à  .^6  kil.  à  l'est  de  Beauvais,  40  à  l'ouest  de 
Soissons,  32  nord-est  de  Sentis,  et  76  nord  est  de 
Paris.  Population,  8875  habitants. 

Celte  ville  était  le  siège  d'un  bailliage  royal,  de  la 
justice  seigneuriale  de  l'abbaye  de  Saint -Corneille, 
d'une  juridiction  consulaire  el  d'un  grenier  à  sel  ; 
d'une  élection,  d'une  subdélégalion  de  l'iniendance 
de  Paris ,  de  deux  maîtrises  particulières  des 
eaux  et  forêts,  l'une  de  Compiègne ,  l'autre  de  Lai- 
gue  ;  d'une  capitainerie  des  chasses  et  d'une  juridic- 
tion dite  de  l'exemption  de  Pierrefont.  C'est  aujour- 
d'hui le  siège  d'une  sous-prél'eciure,  d'un  tribunal 
de  première  instance  el  d'un  iribunil  de  commerce, 
d'une  justice  de  paix  et  la  résidence  d'un  lieutenant 
et  d'une  brigade  de  gendarmerie.  Auirelois  le  com- 
merce de  Compiègne  éiaii  très- considérable  :  il  y 
avait  des  manufactures  en  tons  genres.  La  popula- 
tion a  beaucoup  diminué.  Des  quatre  grandes  foires 
qui,  avant  1792,  se  tenaient  les  trois  premiers  jours 
de  chaque  trinusire,  il  n'y  en  a  plus  qu'une  les 
quinze  de  chaque  mois  pour  la  vente  des  chevaux  et 
be-tiau\.  Le  marché  est  le  samedi  de  chaque  se- 
maine; on  y  vend  des  grains  de  toute  espèce,  des 
chanvres  et  d'autres  denrées.  Sur  les  bords  de  l'Oise 
sont  un  port  pour  l'arrivée  et  le  départ  des  marchan- 
dises voiturées  par  eau,  et  un  chantier  pour  la  cons- 
truction des  bateaux  destinés  à  naviguer  sur  l'Oise, 
l'Aisneel  la  Seine.  On  y  trouve  une  manufacture  de  cor- 
derie  pour  leurs  agrès  et  pour  les  bâtiments  de  mer. 
H  y  a  en  outre  des  fabriques  de  tuiles,  briques,  car- 
reaux et  poteries  de 'terre.  La  biblii>ihoiiue  contient 


2600  vol.  qui  ne  sont  pas  en  ordre.  Cette  ville  est  si- 
tuée dans  une  agréable  position,  au-dessous  du  cou- 
fluent  de  deux  rivières  navigables,  l'Oise  et  l'Aisne. 
On  a  attribué  la  fondation  de  Compiègne  à  Jules  Cé- 
sar, mais  sans  aucune  espèce  de  preuves.  La  vieil- 
le tour,  de  construction  romaine,  dont  les  ruines  sub- 
sistent encore  près  de  la  rivière,  ne  pourrait  pas 
donner  de  fondements  solides  à  cette  conjecture  ;  ce- 
pendant la  quantité  de  médailles  recueillies  sur  le 
mont  Ganelon,  à  peu  de  distance  de  Compiègne,  les 
fragments  d'arnuires  et  de  vases  que  les  curieux  s'y 
proeurent  encore,  la  tradition,  qu'on  doit  admettre 
quand  elle  est  appuyée  de  vraisemblance,  ne  per- 
mettent pas  de  douter  que  les  Romains  n'aient  fré- 
quenté ces  lieux.  Ce  qui  est  plus  certain,  c'est  que 
Compiègne  fut  une  maison  de  chasse  ou  un  de  ces 
nombreux  palais  du  Valois,  où  les  rois  des  deux  pre- 
mières races  faisaient  de  fréquents  voyages.  Les  an- 
ciennes chartes  le  désignent  sous  le  titre  de  Palatium. 
On  prétend  qu'il  fut  appelé  Compendium  parce  qu'il 
renfermait  des  provisions  pour  la  subsistance  et  l'é- 
quipement des  légions  romaines.  Une  autre  version 
prétend  que  Convenium  est  le  nom  latin  qui  convient 
à  Compiègne,  parce  que  les  deux  rivières  de  l'Aisne 
et  de  l'Oise  s'y  réunissent.  Grégoire  de  Tours  se  sert 
du  mot  Compendium  ;  Eginard  l'appelle  Compendium 
Palaiium;  Glaber  Rndolphus,  Regium  Compendium  ; 
Heldalgns,  Palatium  Compendii.  Charles  le  Chauve 
donna  à  Compiègne  e  nom  de  A nr/upo/is;  il  y  éta- 
blit une  abbaye  dédiée  à  Notre-Dame  et  des  chanoi- 
nei  pour  la  servir;  il  leur  donna  les  corps  de  saint 
Cyprien  et  de  saint  C'irneille,  martyrs  des  premiers 
temps  de  l'Eglise.  Ce  même  prince  fit  bâtir  hors  de 
la  ville  un  château  auquel  il  donna  pour  dépendance 


*I7  GEOGRAPHIE  BES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 

tout  ce  qui  seiendait  depuis  la  porte  de  Pierrefoiit, 

qui  n'exisie  plus  depuis  1784,  jusque  près  du  con- 
fluent de   l'Aisne  et  de  l'Oise.  Il  Ht  bâiir  ensuite  un 

autre  cLiteau  sur  les  bords  de  l'Oise,  dont  les  jar- 
dins étaient  situés  dans  une   petite  !le.  Ce   dernier 

château  subsista  jusqu'au  temps  de  Louis  I\, époque 

où  ce   monarque  fonda  dans   l'Ile  un  Hôtel-Dieu  et 

donna  !e  château  aux  religieux  de  l'ordre  de  Saint- 
Dominique.    Le  feu   ayant  consumé   l'église   bâtie 

par   Charles   le    Chauve  ,    Charles    le   Simple ,  en 

l'an    917,  ordonna  la  réédilication  de   cette   église 

et  du  inonasière,  sous  l'invocation  des  saints  Cor- 
neille et  Cyprien.  L'Ile  dont  il  est   ici  question    est 

depuis  longtemps  réunie  au  sol  qui  sert  d'assise  à  la 

ville.  Cette  île  devait  se  trouver  au    lieu  qui    forme 

maintenant  le  centre  de  Coinpiègne.  —  Comprègne  , 

sous  la  seconde  race,  était  la  ville  de  France  la  plus 

illustrée,  surtout  depuis  que  l'empereur  Charles   le 

Chauve  y  eut  fondé  l'église  de  Saint-Corneille  et    de 

Saint-Cyprien,  et  qu'il  y  eut  fait  construire  un  palais. 

II  s'y  tint  plusieurs  conciles  et  plusieurs   assemblées 

politiques.  Les  conciles  eurent  lieu   en  756,    853, 

1085,  1270,  1301,  1503  et  1329.  Childebfrt,  roi    de 

paris,  scella  à  (^ompiègne,  en  présence  de    la   reine 

Ultrogoibe  et  des  grands  de  son  royaume,  les  lettres 

des  dons  faits  à  Sainl-Marcou.  Chilpéric    et   Frédé- 

gnnde  y  allaient  quelquefois  pour  se  distraire.  Clo- 

laire  U'  et  Tliéodebert  y  firent  la  paix  ;  le   premier 

y  mourut  en  proléraut  ces  paroles  :  Ouais,  ce  Dieu 

du  ciel  est  donc  bien  puissant,  de  faire   monrir  ainsi 

tes  grands  rois  ?  Après  la  mort  de  Dagobert,  Clovis  II, 

Nantchilde  sa  mère,  et  Sigebert,  roi  d'Austrasie,  y 

partagèrent  entre  eux  les  trésors   de  leur  père.  En 

737,  Tassillon,  duc  de  Bavière,  fil  hommage  à  Pépin 

et  à  ses  enfants  et  leur  prêta  serment  de  fidélité  sur 

les  reliques  de  saint  Denis,  de  saint    Germain  et  de 

saint  Martin.  En  833,  dans  une  diète  tenue  au  châ- 
teau, la  déchéance  de  Louis  le  Débonnaire  fut  con- 

sonuuée.  En  877,  Louis  le  Bègue  y  fut  couronné  ;  ce 

roi  y  mourut  et  y  fut  enterré.  En   884,   Carloman  y 

ras^eulbla  les  seigneurs  et  les  princes  de  la  France 
pour  délibérer  sur  le  parti  qu'il  y  avait  à  prendre 
afin  d'cmpèclier  les  ravages  des  Normands.  En  888, 
le  comteEudes,  qui  s'était  signalédeux  ansaup:iravant 
à  b  défense  de  Paris,  assembla  une  diète  à  Compiè- 
gi>e,  uù  Gauthier,  archevêque  de  Sens,  lui  mit  la 
couronne  sur  la  tête.  Louis  V,  dit  le  Fainéant,  der- 
nier rui  de  In  seconde  race,  y  fut  couronné  et  y  reçut 
la  sépulture.  Sous  la  3«  race,  les  rois  négligèrent 
nu  peu  le  séjour  deCompicgne,  et  l'abbaye  de  Saint- 
Corneille  vit  bientôt  se  fermer  la  source  des  riches- 
ses que  les  rois  de  la  seconde  race  lui  avaient  pro- 
disuées.  En  1017,  Robert  fit  couronner  à  Compiègne 
Hugues,  son  fils  aine,  qui  mourut  là  et  y  l'ut  enterré 
f.:  I02G.  En  1135,  la  ville  parvint  à  se  faire  ériger 
(u  commune;  ses  efforts  pour  l'obtenir  avaient  jus- 
«iie-li  été  inlruciucux.  Innocent  II  y  résida  presque 
l'Uile  tciii|rs  qu'il  passa  en  France.  Vers  l'an  1200, 
uiic  partie  de  la  ville  de  COM)piègue   rc'ev.iit  du  sci- 


418 

gneur  de  Pierrefont  ;  ce  seigneur  y  percevait  des 
cens,  des  rentes  et   y  avait  un  hôtel  seigneurial  au- 
près de  la   porte  qu'on  nomme  encore  porte  de 
Pierrefont.  En  1208,  le  roi  Philippe-Auguste   aban- 
donna à  la  commune  de  Compiègne  tout   ce  que  le 
prévôt   de  Pierrefont  recevait   ordinairement    dans 
cette  commune,  excepté   le  péage,    la  justice  et  la 
maison   qui  fui  à  Agathe  de  Pierrefont,  lesquelles 
choses  le  mi  se  réserva  et  à  ses  successeurs  pour  être 
gérées  et  administrées  par  son  prévôt  de  Pierrefont. 
En  1209,  le  jour  de  la  Pentecôte,  Philippe-Auguste 
fit  chevalier  Louis,  son  fils  et  son    successeur,   avec 
tant  de  solennité,  qu'on  croit  que  jamais  auparavant 
il  ne   s'était    vu  une  si  grande  magnificence,  soit  à 
l'égard  des  présents,  soit  à  l'égard  des  festins    et  de 
la  bonne  chère.  En  1257,  Louis  IX  rassembla  à  Com- 
piègne une  cour  brillante,  il  arma  chevalier  Robert, 
l'aîné  de  ses  frères,  et  lui  donna  en  apanage  le  comté 
d'Artois.  Plus  de  cent  jeunes  hommes  des  premières 
maisons  de  France  furent  faits  chevaliers  en   même 
temps  que  le  frère  du  roi.  Les  fêtes  de  la  cour  atti- 
rèrent plus  de  deux  mille  chevaliers,  avec  un  nom- 
bre   proportionné  d'écuyers  et  de  servants  d'armes. 
C'est  la  première  occasion  où  la  noblesse  faisait  con- 
naissance avec  son  nouveau  roi.   Philippe  IV   ayant 
résolu,  en  1297,  de  faire  la  guerre  à  Gui,  comte  de 
Flandre,  choisit  Compiègne  pour  y  donner  rendez- 
vous  à  son  armée.  Chaque    seigneur  voulut  briller 
aux  yeux  de  son  jeune  monarque  dans   la   première 
c:impagne  où  il  marchait  en  personne.  Chacun  fit  ef- 
fort pour  surpasser  ses  émules  par  le  nombre  de  ses 
soldats  et  l'éclat  de  ses  armures.  —  Au  temps  des 
Armagn-ics  et  des  Bourguignons  le  dauphin   Charles 
parvint  à  se  sauver  de  Paris,  livré   au   trouble  et  à 
l'anarchie,  et  se  rendit  à  Coinpiègne  où  toute  la  no- 
blesse des  environs  vint  le  trouver.  Toute  celle   qui 
habitait  Paris  abandonna  cette  ville  aussitôt  qu'elle 
eut  appris  son  départ,  et  se  rendit  auprès  de  lui.  Ce 
prince  convoqua  dans  la  ville  où  il  se  trouvait  l'as- 
semblée des  états  généraux.  La  sanglante  rivalité  des 
factions  ne  semblait  quelquefois    s'apaiser  que  pour 
recommencer  avec  plus  de  furie.    Lorsque  le   roi    se 
fut  réconcilié  avec  le  duc  d'Orléans,  le  duc  de  Bour- 
gogne se  relira  en  Flandre  ;    mais  ayant  trouvé  le 
moyen  de  nouer  une  intrigue  avec  le  duc  de  Giiienne, 
prisonnier  au  Louvre,  il   augmenta  son   armée  de 
quelques  renforts  et  envoya  de  'gros  détachements 
auxquels  les  villes  de  Noyon,  de  Soissons  et  de  Com- 
piègne ouvrirent  leurs  portes.  Il  y  mit  des  garnisons 
très-fortes.  Ces  garnisons  restèrent  en  possession  de 
leurs  postes  depuis  la  fin  du  mois  de  décembre  1415 
jusqu'à  Pâques  de  l'année   suivante   1414.   Pendant 
tout  ce  temps  le  pays  fut  infesté  de   partis   Bourgui- 
gnons qui  sortaient  continuellement  de  ces  trois   vil- 
les. Leurs  incursions  continuèrent  pendant  les  mois 
de  janvier,  février  et  mars,  et  furent  accompagnées 
de  toute  espèce  d'excès,  auxquels  les  Armagnacs  ré- 
pondaient par  des  excès  plus  grands  encore:  le  sorj, 
des  pajsans  était  affreux.  Cependant,  après  y\^w. 


4)9 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


4?0 


les  Armagnacs  enlraînèroni  le  roi  Charles  VI  devant 
Compiègiie  pour  en  faire  le  siège,  ei  en  chasser  les 
Bourguignons.  Ce  ^iége  commença  le  51  mars  HH  ; 
dans  le  mois  d'avril  suivant  celle  ville  fui  prise  par 
coropo^iiioo.  Le  roi  Charles  VI  garda  cette  place 
jusqu'en  1417,  et  son  lils  aîné,  le  duc  de  Cuienue,  y 
mourut  le  3  avril  de  celte  même  année. —  Les  An- 
glais s'ciant  réunis  aux  Bourguignons,  après  avoir 
loul  ravagé  dans  le  V^ilois,  se  présenlèrent  devant 
Compiègne.  Comme  la  garnison  de  celle  ville  était 
faible,  elle  u'osa  soutenir  un  siège  ;  les  bourgeois 
ouvrirent  leurs  portes  et  reçurent  les  troupes  des 
Bourguignons  qui  s'établirent  dans  la  ville,  d'où  ils 
envoyaient  des  détachements  de  troupes  légère»  dans 
l'intérieur  du  Valois.  Quelques  partis  des  leurs  pous- 
sèrent même  la  hardiesse  au  poinl  de  s'avancer  jus- 
qu'aux porles  du  château  de  Pierrefont,  défendu  p.ir 
N.  Bosquiauit,  le  premier  capilaine  de  son  temps, 
iiosquiaux  résolut  de  punir  par  un  coup  demain  celte 
témérité.  Voici  comment  Carlier,  auteur  de  l'histoire 
du  Valois,  rapporte  cet  événement  d'après  Monslre- 
let  :  <  Informé  que  la  garnison  de  Compiègne  laissait 
souvent  la  ville  sans  défense  afin  d'aller  faire  du  bu- 
tin, il  choisit  cinq  ct;nts  hommes  d'armes  ei  alla  se 
poster  à  leur  télé  dans  une  embuscade.  Des  émissai- 
res envoyée  à  la  découverte  rapportèrent  qu'une  par- 
tie de  la  garuison  éiuit  sortie  pour  fourrager,  mais 
que  tontes  les  portes  étaient  exactemeni  fermées. 
Dosquiaux  attendit  l'occasion.  L'n  charretier  parut, 
(yù  conduisait  ime  voilure  de  bois  dans  la  ville  ; 
la  sentinelle  avait  ordre  de  te  laisser  enlrer.  Bos- 
quianxlui  ht  changer  ses  habits,  qui  furent  donnés  à 
im  aflidé  :  celui-ci  prit  la  conduite  de  la  charrette  ,  i|ui 
fut  suivie  par  sept  autres  soldats  déguisés  en  paysans. 
Le  nouveau  conducteur  avait  ordre  de  tuer  le  limo- 
nier lorsqu'il  se  trouverait  sur  le  pont-levis,  du  côté 
de  la  hfrse,  alin  qu'à  la  faveur  de  rembarras  Bos- 
guiaux  et  ^a  troupe  eussent  le  temps  de  le  joindre. 
Les  ordres  du  capilaine  furent  ponctuellement  exé- 
cutée. Le  limonier  blessé  à  mort  inniba,  la  vo'ii^re 
versa,  les  huit  soldais  déguisés  égnrgcrenl  la  senti- 
nelle el  donnèrent  à  leur  chef  le  signal  convenu.  Us 
firent  plus  :  ne  jugeant  pas  néces^aire  d'alti^ndre  de 
renfort,  ils  entrèrent  s.uis  olstacle.  Le  concierge  du 
gouverneur  qui  éiaii  alors  absent  de  la  ville,  aperçut 
le  premier  les  ennemis  ;  il  connaissait  particulière- 
ment l'un  des  huit  soldats  pour  un  zélé  royaliste. 
Celui-ci  se  jeta  sur  le  concierge  el  le  ina  d'un  coup 
de  hache.  Bos(|uiaux  avait  déji)  joint  les  huit  soldats 
lorsque  les  officiers  de  la  garnison  furent  avertis  da 
danger  :  ils  se  sauvèrent  dans  la  mur  de  Saint-Cor- 
neille et  lireni  d'abord  quebjue-;  dispositions  pour  se 
dèfi'odre;  mais  apprenant  qu'ils  avaient  affaire  à 
Bosquiaux  en  personiie,  ils  se  rendirent  à  discrétion. 
Bosquiaux  divisa  son  détachement  en  plusieurs  corps 
qu'il  en  voyad..ns  les  différents  quariiers  de  la  vil  le  pour 
faire  l.i  reclierche  de  tous  ceux  qui  tenaient  le  parti 
du  duc  de  Bourgogne.  On  pilla  les  maisons,  on  saisit 
leurs  biens,  it  on  les  emmena  pri.onniers  an  château 


de  Pierrefont.  i  Le  sieur  de  Gamache  eut  le  gouver- 
nement de  Compiègne.  —  Par  tes  intrigues  d'I«abeau 
de  Bavière  el  des  Anglais,  Compiègne,  comme  tout 
le  nord  de  la  France,  se  iroHva  au  pouvoir  de  tes 
derniers.  Mais,  lorsque  la  fortune  se  déclara  en  fa- 
veur de  Charles  VII,  on  Tint  lui  annoncer  à  Crépy 
que  la  ville  n'altondaii  plus  que  l'occasion  de  chasser 
la  garnison  anglaise  et  de  rentrer  sons  son  obéissance. 
Le  roi  s'avança  donc  vers  la  place  ;  la  garnison,  qui 
ignorait  l'intelligence  des  bourgeois  avec  les  troupes 
royales,  se  disposait  à  soutenir  un  siég*»,  lorsque  les 
bourgeois  irouvèrenl  le.  moyen  d'ouvrir  une  de  leurs 
porles.  Les  soldats  mirent  bas  les  armes  el  se  rendi- 
rent prisonniers.  Charles  VU  fit  dans  Compiègne  une 
entrée  solennelle,  au  milieu  des  acclamations  el  de 
l'expression  de  la  joie  publique.  Cette  rcddiiion  fut 
le  signal  d'une  révolution  générale  dans  tout  le  pays  : 
toutes  les  places  des  fro  lières  de  la  Picardie,  le 
long  de  l'Oise,  ouvrirent  leurs  porles.  Cependant  la 
fortune  fut  un  instani  balancée  ;  et  après  l'affaire  de 
Pont-l'Evéque,  où  la  perle  fut  à  peu  près  égale  des 
deux  cotés,  la  Pucelle  d'Orléans  jugea  à  propos  de  se 
retirer  dans  Compiègne,  fiarce  qu'elle  voyait  les  for- 
ces des  ennemis  s'accroître, el  celles  du  roi  diminuer. 
Foton  de  Xainlrailles  prit  à  Crépy  quelque  renfort  et 
l'alla  joindre,  parce  qu'on  avait  lieu  de  craindre  que 
les  ennemis  n'enireprissenl  le  siège  de  la  ville.  Poion 
fil  faire  plusieurs  ouvrages  avancés  du  côté  de  la 
rivière  d  Oise  el  du  pont  :  quanta  l'intérieur  de  la 
place,  il  disposa  louies  choses  en  cas  d'attaque.  Les 
Anglais  et  les  Bourguignons,  ignorant  l'arrivée  de 
Xainirailles,  se  rassemblèrent  dans  le  dessen  de  mar- 
cher contre  la  ville eide  la  surprendre.  Ilss'avancenlet 
sont  étonnés  d'apercevoir  des  foriilicalions  nou- 
velles, et  suilout  un  boulevard  revêtu  de  gazon  qui 
défendait  l'enlrée  du  pont.  Ils  n'osent  passer  outre; 
ils  s'arrêtent  el  font  deux  divisions  de  leurs  troupes; 
ils  placent  l'une  à  Margny  et  l'autre  à  Venelle  en 
aiiendant  quelques  secours.  Ils  reçurent  enlin  un  ren- 
birl  de  mille  archers  aux  ordres  du  comte  de  Hun- 
lingion.  La  premièie  aiiaque  des  généraux  se  porta 
sur  l'ouvrage  qui  défendait  l'entrée  du  poni.  Ils  vin- 
rent à  bout  de  ruiner  cet  ouvrage  ;  cependant  ils  ne 
jugèrent  pas  à  propos  de  passer  outre.  Ils  jetèrent 
un  auire  pont  sur  la  rivière,  vis-à-vis  de  Venelle.  Le 
siège  fut  changé  en  blocus.  Les  Anglais,  a  la  faveur 
du  pool,  envoyaient  souvent  des  partis  qui  faisaient 
des  courses  jusqu'aux  porles  de  Pierrefont.  Pendant 
ce  temps,  on  vint  annoncer  au  comte  que  Xainlrailles, 
pro.fitant  de  son  absence,  éiait  sorii  de  Compiègne 
avec  un  déiachèraeni,  qu'il  était  sur  le  point  d'y  faire 
entrer  un  renfort,  des  vivres  el  des  muniiions  de 
guerre  ;  que  le  maréchal  de  Boussac  et  le  comte  de 
Vendôme  avaient  joint  Xainlrailles,  et  qu'ils  mar- 
chaient de  concerl  au  recours  de  la  place.  La  Pu- 
celle, informée  dans  la  ville  de  la  jonction  des  trois 
généraux  cl  de  l'arrivée  dts  secours,  crut  qu'une 
sortie  faiie  à  propos  préparerait  les  opér.iiions  qui 
devaient  suivre  l'arrivée  du  renfort.  Elle  choisit  donc 


421 


r.EOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


in 


six  cents  hommes  et  <it  sa  sortie  le  2't  mai.  Elle  tua 
de  sa  main  un  bon  nombre  d'Anglais,  et  cburgea  les 
autres  avec  beaucoup  de  vigueur.  Elle  se  replia  en- 
suite et  arriva  en  bon  ordre  à  la  porte  par  où  elle  de- 
vait rentrer;  et,  afin  de  faire  déCler  tous  ses  soldats 
devant  elle,  elle  resta  la  dernière,  de  peur  que  quel- 
qu'un des  combattants  ne  tombât  au  pouvoir  des  en- 
nemis lorsque  les  portes  auraient  été  fermées.  Mais 
Guillaume  de  Flavi,  gouverneur  de  la  ville,  voyant 
ies  Anglais  approcher,  fit  précipitamment,  par  inat- 
tention ou  à  dessein,  tomber  la  herse  de  la  porte. 
Jeanne  d'Arc,  arrêtée  par  la  herse,  s'écria  :  Je  suis 
trahie!  Un  gentilhomme  picard,  de  l'ancienne  bande 
du  duc  de  Beifori,  se  saisit  de  sa  personne  et  l'em- 
mena prisonnière  àMargny.  Ce  genlilbomme  la  mit 
d'ubord  comme  à  l'encan  ;  et  pour  peu  que  le  gou- 
verneur de  Compiègne  lui  eût  offert  une  rançon  mé- 
diocre, il  la  lui  aurait  livrée  sur-le-champ.  11  la  con- 
duisit enfin  et  la  livra  à  Jean  de  Luxembourg,  qui  ia 
vendit  ensuite  aux  Anglais  moyennant  une  somme 
de  dix  mille  livres  comptant  et  de  cinq  cents  livres 
de  pension.  Cependant  à  l'approche  de  Xaintrailles, 
les  Anglais  levèrent  le  siège  et  se  retirèrent  à  Pont- 
l'Evéque.  Ainsi  Jeanne  d'Arc  fui  abandonnée  par 
ceux  qu'elle  avait  si  puissamment  servis  ;  l'ingrati- 
tude et  i'envie  la  laissèrent  périr  sur  un  bûcher. 
L'horreur  de  son  supplice  couvrit  d'un  opprobre 
éieniel  les  soldats  de  l'Angleterre.  —  Marie  de  Mé- 
dicis,  occupée  de  disputer  la  puissance  à  Richelieu, 
partit  de  Compiègne,  où  Louis  XIII  l'avait  laissée 
sous  la  garde  du  maréchal  d'Estrées,  et  alla  deman- 
der un  asile  à  l'étranger;  ce  fut  h  journée  des  dupes. 
On  se  rappelle  le  fameux  camp  de  Coudun  que 
Louis  XIV  destinait  en  1898  à  l'instruction  de  ses 
enfants.  <  Louis,  dit  Duclos,  ne  pouvait  pas  ignorer 
combien  il  avait  fallu  négocier  pour  conclure  la  paix 
et  gagner  le  duc  de  Savoie,  que  l'orgueil  de  Loiivois 
avait  si  fort  aliéné.  Il  devait  savoir  que  tous  les  res- 
sentiments ne  s'éteignent  pas  à  la  paix.  Au  lieu 
d'en  profiter  pour  soulager  les  peuples  et  réparer  les 
malheurs  de  la  guerre,  on  donna  à  Compiègiie  le 
spectacle  d'un  camp  de  Darius;  et  cette  image  de  la 
guerre  exigea  les  mêmes  dépenses  que  la  réalité.  » 
—  «Compiègne,  dit  Cambry,  n'offre  rien  d'important 
à  la  curiosité  du  voyageur;  les  rues  en  sont  mal  di- 
rigées, mal  bâties  ;  celte  ville  ne  prend  un  caractère 
de  grandeur  que  d.iiis  les  environs  du  château,  où  des 
hommes  qui  suivaient  la  cour,  où  des  particuliers 
qui  spéculaient  sur  la  location  de  leurs  maisons,  pen- 
dant les  voyages  du  roi,  avaient  élevé  quelques  beaux 
édifices,  i  — ■  Les  environs  de  Compiègne  sont  dé- 
couverts; les  montagnes  en  soni  éloignées,  les  bois 
et  les  collines  chargés  de  vignes,  les  villages  et  les 
rivières  qui  entrecoupent  celte  belle  plaine,  y  for- 
ment des  paysages  charmants:  une  partie  de  la  ville 
est  bàiie  sur  une  éminence,  le  reste  occupe  la  pente 
de  cette  hauteur;  les  promenades  y  sont  agréables  et 
OUI  de  très-belles  vues.  —  Bien  que  l'origine  de 
Compiègne  remonte  à  la  puissance  des  Romains  dans 


la  (iaule  Leigique,  elle  ne  présente  cependant  une 
existence  certaine  qu'à  dater  de  la  fin  du  règne  de 
Clovis.  Peu  considérable  alors,  elle  s'accrut  sons 
Charles  le  Chauve  et  ses  successeurs,  parce  qu'elle 
devint  l'objet  de  fréquents  voyages  de  ces  princes.  On 
voit  encore  des  restes  d'enceintes  ;  elle  était  fortifiée  de 
murailles,  de  demi-lunes  ei  de  bastions.  On  y  comptait 
sept  portes  :  c'est  près  de  celle  du  Vieux  Pont  que  fut 
prise  Jeanne  d'Arc.  Cette  porte  existait  il  y  a  peu  de 
temps;  elle  est  maintenant  démolie.  Longtemps  au- 
dessus  de  cette  porte  on  lui  l'inscription  suivante  : 
Ci  fuct  Jehanne  d'Ark  près  de  cestui  passage 
Par  le  nombre  accablée  et  vendue  à  fAnglois 
Qui  brûla,  te  félon,  elle  tant  brave  et  sage. 
Tous  ceux  là  d'Albion  n'ont  jaict  le  bien  jamais. 
Une  vieille  lour  du  mur  de  défense  existe  encore  : 
elle  tombe  en  ruines.  Quelques  auteurs  prétendent 
que  Jeanne  l'avait  habitée.  L'Oise  qui  baigne  Com- 
piègne, une  demi-lieue  après  avoir  reçu  l'Aisne  dani 
ses  eaux,  est  traversée  par  un  beau  pont  de  trois  ar- 
ches elliptiques,  bâti  de  1730  à  1735.   L'arche  du 
milieu  a  douze  toises  d'ouverture  et  les  autres  onze; 
le  pont  a  en  total  3i0  pieds  de  long  et  56  de  large 
entre  les  parapets,  sur  l'un  desquels  un  obélisque 
était  placé  au  milieu  de  la  longueur  du  pont  :  cet  obé- 
lisque, haut  de  30  pieds,  surmonté  d'une  boule  de 
cuivre  doré,  a  été  détruit  en  1823.  Un  second  pont  de 
trois  arches  et  de  200  pieds  de  long  sur  50  de  large, 
destiné  à  l'écoulement  des   eaux  débordées,  est  à 
.!)0  toises  du  premier.  On  le  nomme  Pont  de  Dé- 
ctiarye  ;  il  conduit  à  une  chaussée  d'une  lieue  de 
longueur,  haute  de  id  pieds,  large  de  45,  et  dont  le 
talus,  du  côié  de  la  rivière,  est  revêtu  en  pierres  de 
taille  :  c'est  un  des  plus  beaux  ouvrages  de  ce  genre. 
■ —  Compiègne  renfermait  autrefois  une  succursale 
et  trois  paroisses  :  la  paroisse  Saint-Jacques  et  la 
succursale  Saim-Antoiue  ont  seules  éië  conservées 
et  suffisent  à  la  population,  considérablement  dimi- 
nuée. L'église  Saint-Jacques  offre  une  lour  fort  éle- 
vée qui  p:'raît  dater  de  la  renaissance  de  l'art;  ella 
est  surmontée  par  une  lanterne  décorée  d'un  ordre 
prec.  Celle  tour  devait  faire  symétrie  à  une  .'lUtre, 
ainsi  que  l'indique  l'arrachement  du  poriail,  dont  la 
cnnstruciion  n'a  pas  été  continuée  :  bien  qu'il  existe 
»ne  chapelle  au  chàieau,  Charles  X  allait  souvent 
entendre  la  messe  dans  celte  église.  —  L'église  Sajnf- 
Antoine,  d'une  belle  architecture  gothique,  es*  ae- 
conipagnée  de  deux  luurs  hexagones  d'une  agréable 
proportion.  L'intérieur  est  simple,  mais  réunit  les 
mêmes  avantages  que  l'extérieur.  Celle  église  est  la 
succursale  de  Saint-Jacques.  —  L'Iiôiel  de  ville  est 
un  bàiimenl  gothique  fort  ancien,  comme  on  en  peut 
juger  par  ses  tourelles  et  quelques  sculptures  nui 
décorent  sa  façade.  —  Louis  11,  Loui^  V,  Hugues 
le  Grand,   ei  Jean,  dauphin  du  Viennois,  ont  été 
inbuniés  dans  l'église  de  Saint-Corneille.  Le  corps 
d'Henri  III  y  lui  déposé  jusqu'à  la  mort  d'Henri  IV. 
Celte  église  a  possédé  le  premier  orgue  qui  ait  paru 
en    France.    Constantin   t^opronynie    l'avait    cnvovc 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


4S3 

avec  d'autres  présents  à  Pépin  le  Bref,  qui  le  donna  à 
l'église  de  Sainl-Cornellle.  Les  historiens  qui  parlent 
de  cet  orgue  assurent  qu'une  femme  l'eniendant  lou- 
clier  pour  la  première  fois,  tomba  daus  une  extase  dont 
elle  inonrul.  C'est  l'abbé  Suger,  premier  ministre  du 
roi  Louis  le  Jeune,  qui  mil  des  moines  bénédictins 
dans  l'abbaye  de  Saint-Corneille,  à  la  place  des  cha- 
noines, et  qui  changea  la  collégiale  en  raonasière. 
Dans  le  x»  siècle  l'abbaye  de  Sainl-Corneille  fut  for- 
cée de  choisir  des  avoués  ou  défenseurs;  elle  se  mit 
d'abord  kous  Li  sauvegarde  des  comtes  de  Champagne, 
et  ensuite  sous  celle  des  seigneurs  de  Roucy.  Elle  in- 
féoda à  huit  particuliers  différents  quelques  biens  et  des 
maisons,  à  condition  qu'ils  lui  rendraient  certains  ser- 
vices :  c'est  ce  qu'on  appelait  les  huit  fieffés  de  Sainl- 
Corneille.  A  certains  jours  de  cérémonie,  ils  étaient 
obligés  de  paraître  à  l'abbaye  avec  des  dalmatiques  ou 
liabiis  bigarrés,  qu'on  pouvait  regarder  comme  sa  li- 
vrée. On  croit  que  le  premier  abbé  de  Sainl-Corneille 
l'ut  Hincmar,  depuis  :irclievêque  de  Sens.  Sous  Louis 
le  Jeune,  l'abbé  de  celte  abbaye  fut  Odon,  que  Ton 
croit  avoir  été  de  la  maison  de  Montmorency.  Ses  suc- 
cesseurs furent  pendant  longtemps  tirés  de  l'abbaye 
de  Saint-Denis;  ensuite  on  les  choisit  entre  les  reli- 
gieux de  l'abbaye  même.  Il  y  en  eut  de  la  raaisoH 
d'Eslrées  et  de  celle  de  Châtillon-sur-Marne.  Au 
XVI*  siècle,  les  religieux  perdirent  le  droit  d'élire 
leu'S  abbés;  ils  eurent  d'abord  des  cardinaux  pour 
commendataires.  En  1656,  Simon  Legras,  évêque  de 
Soissons,  qui  avait  eu  l'honneur  de  sacrer  Louis  XIV 
en  l'absence  de  l'archevêque  de  Keims,  et  qui  avait 
été  pourvu  de  cette  abbaye,  étant  mort,  la  reine 
Awie  d'Autriche  fil  éteindre  le  tiire  abbatial,  et  réu- 
nit la  mense  à  l'abbaye  royale  du  Val-de-Grâce  à 
Paris.  Le  couvent  ainsi  que  l'église  Saint-Corneille 
et  Saint-Cyprien  ont  éié  démolis  dans  les  premières 
années  de  la  révolution  :  sur  leur  emplacement  on  a 
percé  iMie  rue  et  élevé  un  magasin  militaire  de  four- 
rages. —  Le  couvent  des  Jacobins  était  fort  ancien. 
l'i  y  avait  aussi  des  cordeliers,  des  capucins  et  des 
minimes.  Les  jésuites  y  étaient  établis  dès  l'an  1556 
et  y  tenaient  un  collège.  Leur  couvent  a  conservé  la 
même  destination  ;  il  sert  de  collège.  Leur  église, 
nommée  Bonne-Nouvelle,  vient  d'êire  réparée  :  c'est 
la  chapelle  du  collège.  Le  couvent  des  Carmélites 
n'avait  élé  fondé  qu'au  xvii'  siècle.  L'église  Saint- 
Germain,  élevée  dans  le  faubourg  de  ce  nom,  avait 
élé  reconslruiie  en  1597,  dn  produit  des  indulgences 
accordées  par  le  pape  :  négligée  depuis  la  révolution, 
on  l'a  réparée  en  1827.  —  Il  ne  reste  plus  de  vesti- 
ges du  cliâieau  bàii  par  Charles  le  Chauve,  et  donné 
par  Louis  IX,  aux  mnines  de  Saint-Dominique.  Ce 
prince  ordonna  que  sur  un  autre  emplacement  on 
élevât  un  nouveau  palais  dont  il  subsiste  bien  peu  de 
chose  ;  il  ne  resic  plus  des  premières  consiruciions 
que  la  chapelle  et  la  grande  salle.  Louis  XI  y  .ijouia 
l'appartemenl  qui  joint  la  grande  salle  des  Suisses  ; 
d'auire..  princes  vinrent  ensuite  qui  achevèrent  cet 
ouvivge,  enire  autres,  François  l",  qui  fii  élever  la 


principale  porte  et  ses  tourelles,  détruites  en  1695; 
Le  connétable  de  Montmorency  ordonna  la  construc- 
tion d'un  appartement  près  de  la  porte  à  laquelle  on 
avait  donné  le  nom  de  sa  dignité.  Plus  tard , 
Louis  XIV  ût  embellir  les  jardins,  les  réunit  an  châ- 
teau, en  faisant  abattre  le  rempart  qui  les  en  sépa- 
rait, et  rétablit  toute  la  partie  du  bâtimeni  qui  fait 
face  à  la  forêt.  Le  grand  escalier,  le  jeu  de  paume 
sont  dus  à  ce  prince;  mais  c'est  particulièrement 
sous  Louis  XV  que  les  immenses  travaux  de  Gabriel 
lefilseï  de  Jacques  Ange  donnèrent  au  palais  de  Com- 
piègne  cet  ensemble  qu'on  ne  devait  pas  aiiendre  du 
défaut  d'unité  de  son  plan  et  de  la  diversité  des  épo- 
ques auxquelles  furent  bâties  ses  différentes  parties. 
Gabiiel,  d'un  goût  sévère,  savait  allier  dans  ses 
compositions  la  grandeur  et  la  magnificence  à  de 
belles  disposiiions,  avantages  qui  font  .souvent  ou- 
blier l'absence  du  style  et  de  sévérité  dans  ses  or- 
donnances et  le  mauvais  choix  de  ses  ornements.  En 
lerinin.int  la  façade  du  côté  de  la  foréi,  entreprise 
sous  Louis  XIV,  il  l'éiendit  des  deux  corps  de  bâti- 
ments latéraux,  et  construisit  sur  l'emplacement  de 
plusieurs  maisons  qu'on  abultit,  les  deux  ailes  et  la 
colonnade  qui  en  forment  la  cour  d'bonneur.  Il  Ta 
preuve  d'un  rare  talent  dans  le  raccordement  de  ces 
constructions  disparates,  raccordement  exécuté  sur 
ses  dessins  par  Leleu,  qui  a  rendu  tous  les  apparte- 
ments de  plain-pied,  quoiqu'ils  soient  au  premier  sur 
la  cour  et  au  rez-de-chaussée  sur  le  jardin.  Le  pro- 
jet de  Gabriel  comportait,  au-devant  du  palais,  une 
place  vaste  et  régulière,  enlourée  d'un  portique  de 
même  caractère  que  le  soubassement  du  palais,  Cf 
qui  auriiit  établi  la  commtinication  entre  l'édifice 
royal  ei  ceux  destinés  à  l'habitation  des  ministres. 
Cette  partie  du  projet,  qui  etlt  complété  d'une  ma- 
nière vraiment  grande  le  palais  de  Compiègne,  na 
fut  jamais  entreprise.  Sous  le  régne  de  Lous  XIV, 
on  ajouta  peu  aux  bâtiments,  mais  on  les  meubla.  — 
Pendant  la  révolution,  on  établit  à  Com|iiègne  une 
école  des  arts  et  métiers,  formée  de  celle  de  Lian- 
court.  Toutes  les  distributions  intérieures  du  palais 
disparurent  ;  les  somptueux  appartements  qui  avaient 
jusque-là  échappé  au  vandalisme,  turent  transfor- 
més en  ateliers  de  serrurerie  ou  de  menuiserie  :  eu 
peu  de  temps  ce  château  se  trouva  dans  un  état  dé- 
plorable. Rendu  en  1S06  à  sa  destination  primitive, 
sa  restauration  fut  confiée  à  M.  lierthanlt.  —  La  fa- 
çade du  côté  (le  la  ville  présente  deux  pavillons  en 
avant-corps,  décores  d'une  ordonnance  de  pilastres 
ioniques,  élevés  sur  un  snubassemeni,  de  ce  côté, 
régnant  dans  tnuies  les  parties  de  ce  château,  et 
couronné  par  un  fronton  triangulaire.  Ces  pavillons 
son!  réunis  par  une  double  colonnade  dorique,  dont 
l'enlablemeni  est  surmonté  d'une  balustrade.  Au  mi- 
lieu de  cette  colonnade,  une  porte  couronnée  d'un 
fronton  circulaire  donne  entrée  dans  la  cour  d'hon- 
neur, comprise  e.;ire  les  ailes  qui  terniineiii  les  pa- 
villoMS  ;  au  fond  de  cette  cour  s'nicvc  le  principal 
corps  de  bàtinieni.   Du   avant-corps,    compose  de 


425 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


42<i 


quatre  coioniies  ioniques,  décore  la  façade  ouverie, 
ainsi  f|ue  les  auires  parties  d»^  ce  eôié  ilu  chàieau,  de 
deux  étages  de  croisées  :  une  balustrade  règne  sur 
tome  l'éiendue  de  cette  oidonnance,  qui  manque  de 
sévérité  ;  l'entablement  complet  dans  les  avant-corps 
est  an  hiieeturé  dans  le  reste  de  la  façade;  néan- 
moins l'ensemble  de  ce  vaste  édiflce  présente  un  as- 
pect magnifique,  grandiose,  et  ^iurtuut  une  unité  par- 
faite, avantages  qui  répondent  fort  bien  à  sa  noble 
destination;  et  l'on  ne  peut  méconnaître,  dans  cette 
grande  composition,  la  main  du  génie  qui,  combi- 
nant la  dispositiun  du  plan  pour  les  cOfets  produits 
par  les  élévations,  oblint  ces  heureux  résultais.  Cette 
cour  a  54  toises  de  profondeur  sur  "25  1;2  de  lar- 
geur. —  Au  fond  de  cette  cour  est  un  immense  et 


Bientôt  il  désira  d'habiter  Uome  ;  il  lui  fut  permis 
de  s'y  rendre.  —  Le  27  mars  1810,  à  9  heures  du 
soir,  arriva  dans  le  château  de  Conipiègne  Marie- 
Louise,  archiduchesse  d'Autriche,  venue  en  France 
pour  épouser  Napoléon.  Ce  fut  là  que  les  deux  fu- 
turs époux  se  virent  pour  la  première  fois.  —  L'hô- 
tel de  la  sous-préfecture  provient  partie  des  proprié- 
lés  particulières,  et  partie  de  l'ancienne  église  des 
Minimes.  —  L'hôtel  du  tribunal  de  commerce,  bàii 
sous  Louis  XIII,  a  coûté  10,000  fr.  environ.  L'hô- 
pital a  40  lits.  Les  prisons  sont  à  côté  de  l'hôtel  de 
ville.  Les  casernes,  qui  se  composent  de  plubieurs 
bâtiments  peu  élevés,  mais  étendus,  servent  à  la  ca- 
valerie. Celte  ville,  comme  sous  Louis  XIV,  a  vu, 
sous  la  Restauration  et  sous  le  roi  Louis-Philippe 


supeibe  vestibule,  décoré  d'une  colonnade  dorique  de  la  maison  d'Orléans,  des  camps  militaires  noui- 
d'une  belle  exécution,  et  recevant  les  retombées  des  breux  et  trés-brillants,  connus  sous  le  nom  de  camps 
ans  surbaissés  qui  forment  la  voûte.  Ce  vestibule     de  Compiègne. 


ouvre  accès  au  grand  escalier  qui  est  à  double 
rampe.  Au  premier  étage,  la  salle  qui  répète  le  ves- 
tibule, et  qui  est  décorée  de  pilastres  doriques  et  de 
trophées,  conduit  d'un  côté  à  une  chapelle  fort  pe- 
tite et  à  la  grande  galerie,  et  de  l'auire  côié  à  la  salle 
des  gardes,  par  laquelle  on  entre  dans  les  apparte- 
ments du  roi.  —  Les  appartements  du  château,  par 
le  séjour  de  l'Ecole  des  arts  et  métiers,  devinrent, 
après  la  translation  de  cette  même  école  à  Châlons, 
l'objet  de  réparations  considérables.  M.  Berthault, 
chafjjé  de  la  direction  de  cette  entreprise,  non-seu- 
lement rétablit  cette  habitation  royale  dans  son  an- 
cienne somptuosité,  mais  encore  y  ajouta  un  lustre 
qu'elle  n'avait  jamais  eu.  —  De  la  terrasse  on  des- 
cend par  une  pente  douce  et  par  plusieurs  esca- 
liers au  jardin  qui  s'étend  dans  la  plaine.  Ce  vaste 
jardin,  clos  de  murs  et  de  fossés,  communique  avec 
les  avenues  de  la  forêt  par  des  ponts  tournants  ;  on 
y  remarque  un  berceau  d'une  longueur  considéra- 
ble :  cette  cage  de  fer  ne  mérite  pas  les  éloges  qu'on 
lui  donne.  —  Une  machine  â  vapeur,  consiruiie 
en  1810  par  M.  Berthault,  lournit  les  eaux  de  l'Oise 
au  palais.  Ce  n'était  qu'une  construction  provisoire, 
en  attendant  qu'on  put  mettre  à  exécution  le  projet 
conçu  par  le  même  architecte,  et  agréé  en  1810, 
d'amener  â  Compiègne,  par  des  conduits  souterrains, 
les  eaux  des  étangs  de  Pierrefont.  Ces  travaux,  qui 
devaient  coûter  1,000,000,  auraient  fourni  aux  jar- 
dins du  palais  des  jets  de  100  pieds  de  hauteur  et 
d'abondantes  eaux  à  douze  fontaines  de  la  ville.  — 
Ce  fut  dans  le  château  de  Compiègne  que  Napoléon, 
au  mois  de  mai  18o8,  relégua  Charles  IV,  roi  d'Es- 
pagne, son  épouse,  leur  favori  Godoy  et  leur  suite. 
Après  quehiues  mois  de  séjour  dans  ce  château,  le 
roi  détrôné  écrivit  à  Napoléon,  se  loua  du  lieu  de  sa 
résidence,  de  ses  alentours  et  des  officiers  qui  le 
servaient  ;  mais  il  lui  lit  observer  que  son  grand 
âge  et  ses  inhrmiiés  ne  lui  permettaient  pas  de  pas- 
ser l'hiver  dans  un  climat  auquel  il  u'éiail  pas  ac- 
coutumé;-» pria  l'empereur  des  Français  de  le  faire 
iransférer  à  .Marseille  :  Napoléon  l'y  ht  coud  arc. 
Dictionnaire  de  Géographie  eccl.  II. 


Les  sœurs  de  la  doctrine  chrétienne  sont  chargées 
de  l'éducation  des  jeunes  filles. 

Sont  nés  à  Compiègne  :  Pierre  d'Ailly,  chancelier 
de  l'universiié  de  Paris,  confesseur  et  aumônier  de 
Charles  VI,  qui  le  nomma  évêque,  ensuite  cardinal 
et  légat  du  pape,  auteur  d'un  traité  de  la  Réforme 
de  l'Eglise,  né  en  1350,  mort  à  Avignon  en  1419. 
Jean  Fillion  de  Venetie,  légendaire  du  xiv^  siècle. 
Il  fut  carme  de  la  place  Maubert  à  Paris,  et  composa 
un  poëuie  de  40,000  vers,  intilulé  :  Homan  des  trois 
Maries.  Ce  poème  a  été  imprimé  eu  1473.  Les  deux 
frères  Grcban,  Arnoul  et  Simon,  au  xv^  siècle.  Le 
premier  fut  chanoine  du  Mans,  le  second  docteur  en 
théologie  et  secrétaire  du  roi  Charles  Vil.  Ils  com- 
posèrent ensemble,  vers  lioO,  Le  Mystère  des  Actes 
des  Apôtres  à  personnages,  dont  il  y  a  deux  éditions, 
et  plusieurs  autres  pièces  pour  le  théâtre.  —  Doni 
Pierre  Coustant,  religieux  bénédictin  de  la  congré- 
gation de  Saini-Maur,  né  en  1651.  M  est  connu  dans 
le  monde  littéraire  par  de  bons  et  solides  ouvrages. 
—  Jacjues  de  Billy,  matliématicien,  mort  jésuite  à 
Dijon  en  1079;  il  a  donné  divers  ouvrages  de  mathé- 
matiques et  d'asironomie.  —  Marc-Antoine  ller^an, 
professeur  fameux  du  collège  Duplessis  et  du  collège 
royal  de  France,  (ôndaieur  du  collège  de  Compiègne, 
bienfaiteur  des  pauvres.  Mort  dans  sa  ville  natale 
en  1724,  âgé  de  72  ans. 

I  Compiègne  (forêt  de),  départ,  de  l'Oise,  arrond. 
et  canton  de  Compiègne,  près  de  la  porte  de  cette 
ville.  Cette  forèl  s'étend  jusqu'à  Estrèes-Saint-Denis 
et  Attichy;  elle  a  d'étendue  de  l'est  à  l'ouest,  I9,072m. 
(9,800  toises),  el  du  nord  au  sud  14,598  (9,800  toi- 
ses) ;  elle  contient  environ  29,000  arpents.  On  l'ap- 
pelait autrefois  la  forêt  de  Cuise,  en  latin  silva  Coiia, 
ou  Costa,  ou  Ciiisia;  car  ce  nom  varie  beaucoup  dans 
les  auteurs  et  dans  les  chartes.  Elle  dépendait  du 
château  de  Cuise,  où  était  le  siège  de  la  juridiciion, 
qui  s'étendait  sur  toute  la  forèl,  dont  il  ne  reste 
aujourd'hui  qu'une  partie.  On  connaît  le  goût  décidé 
des  premiers  rois  franks  pour  la  chasse  :  ils  en  pré- 
féraient l'exercice  à  toute  autre  espèce  de  divertis-e- 
14 


i27 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


meni.  Parmi  les  forêis  du  royaume,  celle  de  Cuise 
leur  parui  toujours  la  plus  comnio.îe  et  la  plus  .igréa- 
ble  à  parcourir.  Ces  rois  exécutaient  leurs  parties  de 
chasse  avec  une  pompe  et  un  appareil  extraordinaires. 
Ils  étalaient  aux  yeux  du  peuple  tout  l'éclat  du  pou- 
voir, el  portaient  leur  niagniQcence  dans  le  fond 
des  forêts.  Ils  célébraient  ces  chasses  avec  le  céré- 
monial qui  accompagnait  les  tournois  sous  les  suc- 
ce  seurs  de  Hugues  Capet.  Deux  s:>isons  de  l'année 
étaient  surtout  consacrées  aux  chasses  d'appareil  .•  le 
printemps  el  l'.mlomne.  Les  rois  passaient  presque 
toujours  ces  deu\  saisons  dans  leurs  paliis  de  la  fo- 
ret de  Cuise  :  à  Veri  erie,  au  Cipesni',  à  Choisy-en- 
Laigne,  à  Quierzi  el  à  Venelle,  doni  le  nom  désigne 
une  maison  de  citasse.  Alcuin  donne  une  description 
de  ces  chasses  s^énérales.   L'auteur  rcpréstnle   le 
souverain,  cnviroimé  d'une  cour  brillante,  composée 
de   l'élite  des  seigneurs   Irançiis,  des  comtes,  des 
chefs  delà  manisirature,  si  l'on  veut  appliquer  oei;e 
expression  aux  jii^es  de  celle  époque;  la  reine  et  les 
dames,  ses  suivantes,  assistaient  à  ces  parties  de 
plaisir,  moulées  sur  des  clcvaux  richement  capara- 
çonnés, qu'elles  maniaient  avec  une  grande  adresse. 
Ces  chasses  solei.nelles  comniençaienl  et  finissaient 
avec  le  jour.  Les  rois  liraient  un  double  avantage  de 
ces  chasses  générales;  car,  indépendamment  du  plai- 
sir qu'ds  y  trouvaient,  ils  en  avaient  aussi  du  profit. 
Après  qu'on  avait  distribué  aux  officiers  de  chasse 
el  aux  seigneurs  de  lour   uite  des  présents  en  gibier, 
le  reste  se  vendait  au  profil  du  prince.  —  Les  pâtu- 
rages de  la  forêt  s'affermaient,  ou  bien  les  officiers 
du  roi  y  plaçaient  des  troupeaux   qu'on  engraissait 
ou  qu'on  vendait  au  profit  du  prince.  Dans  la  foret 
de  Cuise  il  se  trouvait  un  giand  nombre  d'étangs  et 
de  viviers,  dont  le  produit  surpassait  beaucoup  celui 
de   la  chasse  et  des  pâturages;  on   en  vendait  le 
poisson  pour  le  compte  du  prince.  Près. pie  tous  ces 
étangs  sont  aujourd'hui  comblés.  — La  [orêi  de  Cuise, 
ou  plutôt  de  Compiègne,  puisqu'elle  porte  aujour- 
d'hui ce  nom,  n'avait,  avant  le  régne  de  François  1", 
d'autre  route  percée  en  ligne  droite  que  la  chaussée 
Brunehaut.  Cetie  chaussée  était  une  partie  de  la  voie 
militaire  des  Romains,  commencée  par  Agrippa  sous 
le  régne  d'Auguste,  et  terminée  au  temps  de  Cara- 
calla,  connue  en  langue  romance  sous  l'ancien  nom 
de  chemin  des  ly  Estrées.  Ce  n'est  que  dans  le  xiii* 
siècle  qu'elle  a  pris  son  nom  actuel  des  rêveries  d'un 
certain  poêle,  nommé  Renclery,  qui  en  attribua   la 
construction  aux  enchantements  de  certain  roi   de 
Hainau'.,  nommé  Brnnehaui  el  contemporain  de  Sa- 
lomon.  Celte  voie  fut  décorée  de  colonnes  milliaires 
par  Caracalla,  ainsi  ;|ue  le  prouve  l'insci  iption  d'une 
de  ces  colonnes  trouvées  à  Vic-sur-Aisne  en  1712. 
La  structure  de  la  chaussée  de  Brunehaut  n'est  point 
uniforme  :  tantôt  ce  n'est  qu'un  ainas  de  pierrailles 
recouvert  de  sable,  tantôt  un  massif  de  maçonnerie 
en  moellon  hourdé  de  mortier  de  chaux.  Ici  il  est 
tombé,  la  il  ne  déborde  pas  sur  la  surface  du  terrain, 
3t  ressemble  aux  fondements  d'un  grand  édifice. 


-428 

François  \"  fit  percer  la  forêt  de  Compiègne  de  huit 
grandes  routes;  Louis  XIV  y  ajouta  Tjl petites  laies, 
et  enfin  Louis  XV  y  Ut  ouvrir  229  roules,  ce  qui 
étend  à  275  lieues  le  chemin  qu'on  peut  parcourir 
dans  celte  forêt.  Les  immenses  bois  de  Compiègne, 
tels  qu'ils  sont  maintenant,  ne  sont  eux-mêmes  qu'un 
déltris  de  la  vaste  forêt  de  Cuise. 

Fanum  Corbolii,  Corbeil,  ville  de  l'ancien  diocèse 
de  Paris,  archidiaconé  de  Josas  pour  la  ville,  et  ar- 
chidiaconé  de  Brie  pour  les  faubourgs,  actuellement 
du  diocèse  de  Versailles,  chef-lieu  d'arrond.  du  dépt. 
de  Seine-et-Oise,  avec  sous-préfecture  et  tribunal  de 
première  instance,  à  ô6kil.  sud-est  de  Versailles,  et 
28  sud  de  Paris.  De  cette  dernière  ville  on  s'y  rend 
par  le  chemin  de  fer  d'Orlénns.  Des  bateaux  à  vapeur 
font  également  le  service  sur  la  Seine.  —  L'étymolo- 
gie  de  son  nom  a  beaucoup  exercé  les  écrivains  du 
xvije  siècle.  Il  ne  faut  pas  cependant  attendre  de  leurs 
recherches  des  choses  plus  merveilleuses  que  ce  qui 
a  été  dit  sur  l'origine  granmi:Uicale  de  villes  bien 
plus   considérables.  Sa    ressemiilance  avec  Coriilo, 
ville  gauloise  sur  la  Loire,  et  avec  Coriinus  et  Cor- 
bido,  anciens  Romains,  a  fait  imaginer  aux  uns  qu'il 
pouvait  bien  dériver  de  quelqu'une  de  ces  sources. 
Le  vol  des  coibeaux  qui    [urcnt  aborder  dans  ces 
parages  a  donné  lieu   de  croire  à  d'autres  que  son 
origine  devait  se  tirer  du  génitif  latin  et  pluriel  de 
ces  oiseaux,  a  volaiu  corvorum,  d'où  corvolium,  puis 
corbolium  ou   corboilum.  Quelqui'S-uiis  se  sont  con- 
tentés de  dire  que  la  seule  inspection  de  son  ancien 
plan  suffisait  pour  y  reconnaître  la  forme  d'une  for- 
beille,  et  que  c'est  là  tout  simplement  l'étymologie 
de  sa  dénomination.  Sans  s'attacher  à  réfuter  ces  di- 
verses étyrnologies,  voici  ce  qui  parait  constant  sur 
la  véritable  origine  de  ce  lieu.  Au  commencement  du 
ix«  siéde,  Corbeil  n'existait  pas,  ou  n'était  que  le 
nom  d'un  territoire  ou  de  la  réunion  de  quelques  ca- 
banes de  pêcheurs  nu  de  bateliers.  En  l'an  863, Char- 
les le  Chauveconfirma  un  échange  fait  entre  les  moines 
deSainirGermaind'AuxerreetlecomteConrad  ;  parmi 
les  biens  échangés  est  un  mansouferraesitué  aux  Cor- 
beilles, iii  Coibeliis.Ces  mots,  quoiqu'ils  s'appliquent  à 
la  localité  de  Corbeil, n'indiquentcependantniviile,  ni 
bourg,   ni  château.   Dans  la  même  année  les  incur- 
sions des  Normands  obligèrent  ceux  qui  possédaient 
les  reliques  de  saint  Exnpère  et  de  saint  Loup  de 
les  transporter  dans  le  voisinage  de  Corbeil  et  de  les 
mettre  en  sûreté,  non  dans  ce  lieu,  qui  n'avait  point 
de  forteresse,  mais  dans  un  château  appelé  Paluau, 
proche  la  jonction  des  rivières  d'Elampes  el  de  Jui- 
nes,  à  2  ou  3  lieues  du  bourg  d'Essonne.  Ces  reliques 
conservées  coitribuèrent  dans  la  suite  à  l'illuslration 
de  Corbeil,  qui  reçut  en  moins  d'un  siècle  une  cr  .- 
sistance  qu'il  n'avait  jamais  eue.  Sa  situation  sur  la 
route  que  suivaient  les  Normands  dévastateurs   y  fit 
établir  un  château,  et  même  un  comte  pour  le  dé- 
feiidi  e.  Ce  comte,  nommé  Haymon,  fonda  près  du  châ- 
teau l'église  collégiale  de  saint  Eiupére,  premier  évo- 
que de  Bayeux,  depuis  nommé  saini  Spire.  Le  niarly- 


m 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


■430 


rologe  ile  Paris,  écril  vers  le  milieu  du  xiii' siècle,  dit 
de  cet  évèque,  au  2  aoûn  :  Ckjus  corpus  persecuiione 
Daiiorum  a  Redonis  civilate  fugatum.  Ce  même  Hay- 
niiin  Ht  aussi  élever  une  auire  cullégiale  du  nom  de 
Sainl-Guenaul.abbé  en  Bretagne,  et  mourut  à  Rome, 
où  il  élail  allé  faire  un  pèlerinage.  Le  second  comte 
de  Corbeil  que  l'on  connaisse  est  Bourcliard,  qui  fut 
célèbre  par  sa  dévuiion  et  par  ses  dons  aux  églises 
et  aux  nioiiasières.  11  avait  été  élevé  à  la  cour  de 
Hugues  Capei.  Ce  prince  lui  fil  épouser  Elisabeth, 
veuve  d'Ilaymon,  et  lui  donna  les  comtés  de  Corbeil, 
de  Melun  et  de  Paris  à  gouverner.  Ce  coniie  mourut 
vers  l'an  1012,  et  Odon,  moine  de  l'abbaye  de  Saini- 
Pierre-dcs-Fossés,  en  reconnaissance  des  grands 
biens  qu'il  avait  donnés  à  son  ccuvenl,  écrivit  son 
éloge  en  prose  et  en  vers  environ  iO  à  50  ans  après 
son  décès.  11  y  déiaille  ses  exploits  militaires  contre 
Eudes,  comte  de  Cb.uires,  qui  avait  voulu  lui  ravir 
la  ville  de  Melun,  et  contre  Rainard,  comte  deScns, 
qui  pers-éciilait  le  clergé  de  sa  ville.  Rourchard  lui 
toujours  très-considéré  par  lu  roi  Roberi.  Sur  la  (in 
de  ses  jours  il  prii  l'Iiabit  religieux  à  Saint-Piene- 
des-Fossés,  et  il  y  faisait  quelquefois  les  fonctions 
d'acolyic.  Une  charte  de  ce  comte,  donnée  en  faveur 
de  celle  abbaye,  finit  ainsi  :  Actum  puhlici  in  curia 
nosira  Corboïti  nn»o  incarnalionis  Dominicce  m.  vi,  ce 
qui  démontrerait  que  les  comtes  de  Corbeil  y  avaient 
dès  lors  un  palais.  Déjà  le  cliâteau  ef  la  colléidale 
de  Saint-Spire  donnaient  de  l'importance  à  ce  1  eu; 
déjà  l'on  y  distinguait  deux  parties,  le  vieux  et  le 
nouveau  Corbeil,  lorsqu'on  1019  le  bourg  et  le  châ- 
teau furent  détruits  par  les  flammes.  On  ignore  la 
cause  de  ce  désastre.  11  paraît  que  l'église  collégiale 
de  Saint-Spire  fut  épargnée  ou  proniptement  répa- 
rée; mais  ses  chanoines  ne  purent  échapper  à  la 
méchanceté  d'un  iJe  ses  abbés,  nommé  Jean  ;  il  exer- 
çait sur  eux  une  tyrannie  excessive,  n'avait  ni  cha- 
rité ni  crainte  de  Dieu,  établissait  des  coutumes  in- 
justes et  envahissait  les  droits  des  chanoines.  On  voit 
dans  une  charte  que  le  roi  Henri  l"'  protégea  les 
chanoines  opprimés  contre  la  tyrannie  léodale  de 
leur  abbé.  Passant  sous  silence  la  conduite  des  abbés 
de  Saint-Spire,  reprenons  la  suite  des  comtes  de 
Coibeil.  Le  troisième  comte  s'appelait  Manger.  On 
prétend  qu'il  était  ûls  de  Richard  1'^'',  duc  de  Nor- 
mandie et  de  Gonor.  Guillaume  Manger,  hls  du  pré- 
cédent, et  quatrième  comte  de  Coibeil,  se  fil,  sur  la 
fin  de  ses  jours,  moine  dans  l'abbaye  de  Saint-Pierre- 
des  Fossés,  et  y  mourut  au  commencement  du  règne 
de  Philippe  1",  vers  l'an  1060.  Le  cinquième  comle 
de  Corbeil  se  nommait  Rainaud.  il  parait  à  la  suite 
de  la  cour  du  roi  Philippe  I^r  dans  l'acte  de  la  dédi- 
cace de  l'église  Saiut-Martin-des-Champs,  qui  eut 
lieu  en  1067;  il  y  est  ainsi  désigné  :  liaimldus  couies 
CurbuUensis.  Le  sixième  comte  de  Corbeil  fui  Bour- 
cliard Il  du  nom.  Il  fit  la  guerre  au  roi  Philippe  1", 
et  eul  la  folle  prétention  de  le  détrôner.  Suger,  abbé 
de  Saint-Denis,  qualifie  ce  comle  de  superbUsime 
comte,  €  homme  séditieux,  bouffi  d'un  orgueil  ridi- 


cule. Ce  comte  audacieux  osoit  aspirer  au  trône.  Un 
jour  qu'il  prit  les  armes  contre  le  roi,  il  refusa  de 
recevoir  ton  épée  de  la  main  de  celui  qui  la  lui  pré- 
st-ntoit,  et  s'adressani  à  son  épouse,  il  lui  dit  :  ISoble 
comtesse ,  donnez  avec  joie  cette  magnifique  épée  au 
noble  comle  qui  ta  reçoit  de  vous  comme  comte,  et  qtti 
vous  la  rendra  en  ce  même  jour  comme  roi.  »  Le  témé- 
raire comte  avait  mal  calculé  :  il  fui  tué.  Eudes  ou 
Odon,  fils  du  précédent  et  septième  comle  de  Cor- 
beil, pilla  en  1  Ml  le  monastère  de  Sainte  Jlarie,  nou- 
vellement consiruii  et  situé  prés  de  ceiie  ville.  Com- 
me le  monastère  appartenait  à  l'abbaye  de  Saint- 
Denis,  ce  comte  fui  excommunié;  il  se  fit  absoudre 
bientôt  après,  en  restituant  ce  qu'il  y  avail  enlevé 
et  en  renonçant  aux  coutumes  qu'il  ava  l  établies. 
L'abbé  Suger,  dans  sa  vie  de  Louis  le  Gros,  dit  que 
ce  comle  de  Corbeil  n'était  pas  im  homme,  mais  une 
brute  :  Hominem  non  hominem,  quia  non  rationaleni 
sed  pecoralem.  Il  mourut  en  lUC.  Philippe,  fils  na- 
turel de  Berlrade,  comtesse  d'Anjou,  el  du  roi  Phi- 
lippe l"'^,  comle  de  Menlan,  fut  créé  comte  de  Cor- 
beil; mais  il  en  fut  dépouillé  dans  la  suite  par  son 
frère  le  r  :i  Louis  le  Gros.  Ce  dernier,  pour  se  mettre 
en  garde  contre  les  nobles,  ses  ennemis.  Ut  fortifier 
plusieurs  lieux  des  environs  de  Paris,  et  mil  Corbeil 
sous  sa  puissance.  Celte  ville  rentra  alors  dans  le 
domaine  du  roi,  cessa  d'être  chef-lieu  d'un  comté  et 
devint  le  siège  d'une  cbâlelleiiie  et  d'une  prévôté.  — 
Au  mois  de  novembre  1119,  le  pape  Calixle  II,  ac- 
compagné du  roi  Louis  le  Gros  et  de  la  reine  Adé- 
laïde, vint  séjourner  à  Corbeil.  Louis  IX  et  Philippe 
le  Hardi,  dans  la  suite,  oui  logé  quelquefois  dans 
cette  ville,  ce  qui  fait  présumer  qu'elle  était  assez 
importante.  Vers  l'an  1120,  Abeilard  ,  forcé  par  les 
intrigues  et  les  persécutions  de  ses  ennemi»  de  fuit 
Melun,  se  retira,  avec  tes  nombreux  écoliers,  à  Cor- 
beil et  y  établit  son  écide;  mais  peu  de  temps  après 
son  établissement  dans  celte  ville,  fatigué  par  son 
application  à  l'étude  et  par  les  très-fréquenis  assauts 
i|u'il  soutenait  dans  les  disputes  littéraires  ou  théo- 
logiques, il  tomba  malade  et  se  rendit  dans  son  pays 
natal.  —  Malgré  les  guerres  continuelles  de  cette 
époque,  Corbeil  s'accrut  de  quelques  chapelles,  d'é- 
glises paroissiales,  de  monastères.  La  collégiale  que 
le  comte  Hayuion  fit  bâtir  au  k'  siècle  sous  le  litre 
des  douze  apôlres  et  des  saints  Exunère  et  Loup, 
évêques,  dont  les  corps  y  lurent  placés,  n'est  pas  la 
même  que  l'on  voit  aujourd'hui  ;  elle  fut  brûlée  vers 
l'an  1140  :  on  mit  à  la  reconstruire  l'espace  de  plus 
d'un  siècle,  et  en  1457  seulement  la  dédicace  en 
fut  faite  par  Jean  Légnisé,  évèque  de  Troyes.  L'édi- 
lice  qui  subsiste  de  nos  jours  porte  des  marques  de 
dilïérenls  siècles  el  il  n'a  rien  que  d'assez  simple  ; 
on  le  trouve  un  peu  écrasé  selon  la  mode  du  temps. 
Les  reliques  sont  ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable 
dans  cette  église.  Comme  la  châsse  de  saint  Spire 
avait  été  endommagée  dans  le  temps  des  guerres, 
on  travailla  à  la  réparer.  «  Elle  éluit,  dit  l'abbé 
Châtelain,  de   veiiuell  à  la  gothique,  grande  el  ma- 


451  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 

gnifique.  »  Smis  François  i'',  il  régnait  de  grands 
désordres  parmi  les  ciiannines  de  celle  cr!liégi:ile. 
Un  arrêi  du  parleiiient  poria  la  réforme  parmi  eux. 
Saini-Giiénaiit,  antre  église  collégiale,  était  siiuée 
dans  reiici'inle  du  cliâlean;  on  ignore  son  origine, 
mais  on  a  la  ceriiiude  (in'elle  existait  en  1123. — 
Saint-Jean,  appe  é  anssi  S  lint-Jean-de-l'Ennitnge, 
ou  l>'  l'i'tii-Sainl-Jeaii,  iionr  le  distinguer  de  Saint- 
Jean-en-l'lle,  élait  un  prieuré  londé  a»  xi'^  siècle  par 
N'ar.ierus  ou  Naniier,  vicomte  de  Corbeil  ;  on  y  ré- 
véra i  li'S  reliques  de  saint  Quirin,  compagnon  de 
sa  iil  Ni(  aise,  martyr  du  Vexin  ,  et  de  sainte  Pience. 


432 

loges  anciens,  dans  lesquels  au  5  aoilt  on  lit:  Cor- 
boilo  sancti  Yonii  ninriyris;  le  livre  des  proses  de  l'é- 
glise, où  dans  celle  de  saint  Yon  se  trouvent  ces  li- 
gnes :  Ipsius  ob  marlyrium  lœtare,  plebs  Casirensis. 
Quod  taiiii  sanctuarium  servas,  gaude,  Corbolium,  et 
d'antres  semblables  monnments.  La  consiruction  de 
celte  église  remontait  au  commencement  du  xiii» 
siècle;  elle  élait  d'ujie  struciure  fort  massive,  avec 
une  aile  de  chaque  côté  et  des  paieries,  le  tout  bâti 
à  l'époque  où  le  gothique  commençait  à  se  montrer 
par  les  arcades  en  poinie.  La  tour  était  plus  délica- 
tement travaillés  dans  les  parties  extérieures  et  éie- 


Le  prieur  de  ce  lien  jouissait  autrefois  d'un  droit  vées;  au  portail  se  voyaient  de  chaque  côté  trois 
fort  singulier  :  le  cuté  de  Sainl-Pori,  nu  diocèse  de 
Sens,  devait  lui  fournir,  le  jour  de  saint  Jean-Bap- 
lisie,  trois  cliapeaux  de  roses  vermeilles  et  trois 
paires  de  gants  rouges,  et  était  tenu  de  les  apporter 
au  prieur  pendant  son  dîner,  sous  peine  di;  5  sous 
d'amende  :  celte  redevance  élait  élahlie  à  cause  d'une 
terre  située  à  Saini-Pori,  nommée  la  Terre  des  Cha- 
peaux.— L'église  Notre-Dafue,  dont  on  ignore  le 
fondateur,  a  paru  à  quelques-uns  la  pins  ancienne 
des  églises  de  Corbeil,  à  cause  des  ligures  qui  or- 
naient son  portail.  CependaiU  on  ne  trouve  aucune 
preuve  de  son  existence  avant  le  milieu  du  règne  de 
Philippe  l".  Le  premier  acte  qui  en  fait  mention 
csi  de  1093.  Comme  à  Saint-Spire,  cette  église  était 
desservie  par  un  chapitre  composé  de  douze  cha- 
noines et  présidé  par  un  abbé.  Ce  chapitre  croyait 
posi-éder  dans  son  église  le  corps  de  saint  Yon  ;  l'é- 
glise du  village  de  Saint-Yon  croyait  posséder  le 
nième  corps.  Foulques  de  Chanac,  évê  pie  de  Paris, 
faisant  la  visiie  de  sou  diocèse,  avait  appris  que  l'on 
montrait  dans  l'église  du  village  de  Saint-Yon  une 
chasse  où  l'on  prétendait  conserver  le  corps  de  ce 
saiui  niariyr,  et  que  l'on  avait  les  mêmes  préten- 
tions à  C'  rhell  dans  l'église  de  Notre-Dame.  Pour 
s'assurer  de  la  vér  té,  il  se  transporta  à  Sainl-Yon 
le  mercredi  des  Rogations  1543,  et  ayant  ouvert  la 
châsse  qui,  suivant  l'opinion  générale,  conlenait  le 
corps  entier  du  saint,  il  n'y  trouva  qu'une  partie  des 
reliques  qu'on  disait  apparieiiir  à  saint  Yon  el  quel- 
ques ossements  de  plusieurs  saints  et  saintes.  Le 
vendredi  suivant,  l'évéqu'  ,  étant  venu  à  Coibeil  , 
fit  descendre  de  dessus  le  grand  auiel  de  Notre- 
Dame  une  châsse  très-grande  et  très-ancienne,  cou- 
verte de  plaques  de  cuivre,  où  d'un  côié  éiait  figuré 
saint  Yon  avec  le  bourreau  qui  lui  coupait  la  lêie; 
«u  bas  ou  lisait  ces  mois  ; 

Beali  Yonii  marlyris. 
Ayant  ouvert  une  peiite  porte  qui  s'y  trouvait,  il  en 
lira  une  grande  (p^aniité  d'ossements  entiers,  d'antres 
en  fragments,  et  un  crâne  entier  qui  ne  paraissait 
pas  si  ancien  que  les  autres  ossements,  parmi  les- 
quels parut  une  cédule  en  lettres  très-anciennes, 
portant  ces  mois  : 

Hic  requiescunC  ossa  bealoruin  mariyruiit  Yonii  et 

Cancii. 
Les  chanoines  lui  produisirent  plusieurs  mnriyio- 


slatues  longues  et  étroites,  dont  celle  du  milieu  re- 
présentait une  reine.  Il  y  a  environ  vingt  ans,  on 
vendit  celte  église  avec  la  condiiion  expresse  de  la 
démolir.  Les  acquéreurs  ont  employé  les  matériaux 
à  la  construction  de  deux  maisons,  et  sur  une  partie 
de  son  emplacement  ont  fait  percer  une  rue  qui  des- 
cend sur  le  bord  de  l'eau.  —  L'église  Saint-Nicolas, 
paroissiale    de    Corbeil  et  succuisale  d'Essone  au 
XVI»  siècle,  ayant  é*i  abattue  parce  qu'elle  nuisait 
à  la  défense  de  la  ville  pendant  la  guerre  de  la  Ligue, 
les  habitants  obtinrent,  en  lUfll,  que  l'église  Notre- 
Dame,  où  ils  n'avaient  qu'un  autd,  leur  servirait  de 
paroisse,  les  chanoines  réunis  préalablemeni  à  ceux 
de  Saint-Spire;  et  Tristan  Canu,  curé  de  Corbeil, 
fut  mis  en  possession  de  dite  église  quelque  temps 
après.  Un   des  plus  illustres  curés  qu'ait  eu  cette 
église   depuis  cet  événement,  a  été  Joseph  Adine, 
dont  on  lisait  l'épitaidie  sur  un  marbre  blanc,  proche 
le  jubé,  en  entrant  au  chœur;  elle  était  ainsi  conçue: 
Hic  requiescit 
Deo,  pro.ximo,  non  sibi  nalus , 
Josephus  Adine,  Aulissiodorensis  , 
Hujusce  urbis  Corbolii  dignissimus  pastor, 
Quem  ad  aras  Onuiipolenlis 
Incessu  gravi,  angetico  vultu  , 
Umnium  in  se  oculos  habenlem 
Vidimus. 
Quem  in  siibUmi  leges  docenlein  divinas , 
Jusiorum  virtntes  injlamnuiniem  , 
Pœnilenûum  animas  erigentem, 
Peccanlium  corda  profligantem 
Audivimus. 
Quem  in  secrcio  lerum  aniniarum  medieum 
Yerbo,  lacrymis,  exempta 
Vidimus,  audivimus,  habuimus. 
In  quibus  omnibus  immoranlem 
Corbolium  videbal,  mors  rapuil,  cœlum  voluit. 
jElerniim  pielalia  sure  monumentum 
Greyi  reliquit  sua. 
Solemni'i  sancli  Joseph  omni  celebrandu  (evo  ; 
Oret  pio  grcge  in  caiis  , 
Quem  in  lerris  palcrno  fovehnt  nffeclu  ; 
Eique  requiem  qua  jam  fruitur  oblineat  œiernam. 
Obiil  die  décima  ocluva  aprilis 
Anno  Domini  1C84,  mtalis  .sii(bS2. 
L'é^^lise   Sainl-Jeanenl'lle    doit   ce    surnom  à  O 


«5  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MO\EN  AGE. 


iôi 


siiuation  dans  une  île  formée  par  deux  bras  de  la 
Juine,  qui  s'ccarient  avanide  se  jeier  dans  la  Seine; 
elle  éiait  desservie  par  douze  prêtres  prot'e>sant  la 
règle  de  saini  Augustin,  selon  l'ordre  des  chevaliers 
de  Saint-Jean  de  Jérusalem.  Une  princesse  danoise  , 
épouse  du  roi  Pliilippe-Augusle,  Isburge  ou  Isem- 
burge  ,  fui  la  fondatrice  de  celle  coniniunaulé,  à  la- 
quelle elle  assigna  pour  sa  nourriture  50  mnids  de 
grain  à  prendre  sur  le  minage  des  grains  qui  se 
vcnd.iient  au  marché  de  Corlieil.  Celte  princesse 
malheureuse,  entrée  dans  la  couche  nuptiale,  fut  ré- 
pudiée et  reléguée  à  Etampt-s,  où  elle  expia,  pen- 
dant de  longues  années,  dans  l'exil  et  les  prisons,  et 
par  la  privation  des  choses  les  plus  nécessaires  à  la 
vie,  le  crime  d'avoir  déplu  à  son  royal  époux.  Cor- 
beil  et  ses  dépendances  furent  donnés  à  celte  prin- 
cesse à  litre  de  douaire  ;  elle  s'y  retira  après  la  mort 
du  roi ,  et  y  fond.i  cette  église  et  cette  communauté, 
qui  devint  coinmunderie  et  le  sié°e  du  grand  tré- 
sorier de  l'ordre  de  Malte.  Le  tombeau  de  la  fonda- 
trice, placé  d'abnrd  dans  le  cliœur  de  l'église,  fut 
transporté  au  f:  nd  de  la  croisée  méridionale.  On  y 
voyait  sur  une  table  de  cuivre  ,  la  figure  de  celle 
princesse,  (  rnée  des  attributs  de  la  royauté,  et  on  y 
lisait  cette  inscription  : 

Hicjacet  hburgis  regnm  generosa  propayo  ; 

Regia  quod  régis  [uit  nxor  signât  imago. 

Flore  iiilcns  uiorum  vixil,  paire  rege  Danorum 
Iiiclyta  Francorum  reyis  iidepla  torttm. 

Nobilis  liujus  eral,  quod  ii  orbis  sanguine  claro 
Iiivenies  raro,  mens  pia,  casla  cnro. 

\nnus  millenus  aderal  deciesque  viceuus  , 

Ter  duo  lerque  dccem,  cum  subit  ipsa  necern. 

Felicis  duc:  vilœ  subduclu  caducœ... 

Hugo  de  riagiliaco  me  fecit. 
Celle  épilaphe,  en  mauvais  latin,  n'apprend  rien,  si 
ce  n'est  rju'lsemliurge  inouriii  en  1-2Û6  ,  le  14  jan- 
vier, jour  de  la  fête  de  saint  Félix.  Le  monument  a 
élé  recueilli  par  M.  Lenoir,  qui  l'avait  fait  placer  au 
musée  des  monuments,  ne  des  Pclits-Augustins. 
Dans  le  sanctuaire  était  la  tribune  où  se  plaçait  cette 
reine  lorsqu'elle  assistait  à  l'oKice.  On  y  montrait 
un  petit  chariot  de  fer  monté  sur  quatre  roues  , 
qu'on  traînait  dans  l'église,  pour  la  réchauiïer  en 
hiver.  Au  midi  était  un  vaste  bâtiment  nommé  le 
Palais  de  la  Heine,  où  se  voyait  la  chambre  d'Isem- 
burge  et  même  son  lit  en  écarlaie.  Les  lecteurs  qui 
voudront  avoir  une  idée  du  goût  des  orateurs 
de  ce  temps  ,  en  aurnnt  une  bien  juste  ,  quand 
ils  sauront  que  l'évcque  de  Tourn;iy  disait  de 
celle  reine  :  i  Elle  égala  Sara  en  prudence,  Rébecca 
en  sngessc,  Rachel  en  grâce  ,  Anne  en  dévotion,  Hé- 
lène en  beauté  et  Polixène  en  majesté.  »  —  Ce  lut 
dans  le  palais  d'Isembuige  que  le  grand  niaîlre  de 
Malte,  Villiers  de  l'Ile-Adam,  lint  un  chapitre  de  son 
ordre.  L'église,  la  commanderie  ,  le  palais  ,  tout  a 
disparu  ou  changé  de  face  pendant  la  révolution  ; 
une  poudrerie  les  a  remplacés.  Le  tombeau  de  l'é- 
pouse  de  Philipoe-Augusie  n'a  pas  été  conservé;  il 


parait  que  le  métal  dont  il  était  couvert  a  tenté  la 
cupidité  et  causé  sa  destrucii>n.  —  Lacbipelle  royale 
ne  subsiste  plus  depuis  longtemps  ;  ce  fut  Louis  IX 
qui  rav;iii  faii  rebâtir  entre  la  lourde  l'angle  septen- 
trional, dite  la  tour  de  Corbulo,  et  la  maison  du 
prieuré  de  SaintGuenaut.  Au  bout  de  la  salle  de 
celle  maison  ,  il  fit  bâtir  en  1238  une  chapelle  à  deus 
étages.  La  chapelle  de  dessous  était  en  l'honneur  de 
saint  Jean-Baptiste  ;  celle  de  dessus  en  l'Iionueur  de 
la  sainte  Vierge,  avec  un  autel  de  saint  François  à 
droite,  et  un  de  saint  Pierre,  martvr,  à  gauche;  et 
pour  y  célébrer  l'office  diviu,  il  y  fonda  trois  cha- 
noines réguliers  ,  du  con>entement  de  l'abbé  de 
Saini-Victor  ,  et  les  joignit  aux  quatre  auires  fondés 
à  Saint'Guénaui  par  le  comte  Haymon  ,  oi  donnant 
que  l'un  des  trois  célébrerait  cha(|ue  jour  dans  la 
chapelle  basse,  et  les  <leux  autres  dans  celle  de  dessus. 
Tous  ces  liuux  ont  changé  Je  face  il  y  a  plusieurs 
siècles,  et  il  ne  paraît  plus  qu'il  y  ait  eu  de  chapelle. 
—  La  maison  religieuse  des  Hécollets  était  au  fau- 
bourg septentrional  de  Corbeil.  Elle  s'est  translormée 
en  liabitaiiou  pariiculière.  Ce  fut  en  16'7  que  les  of- 
ficiers de  celle  ville  présentèi-ent  requête  à  l'arche- 
vêque de  P;iris  pour  leur  permettre  de  recevoir  ces 
religieux.  Cette  permission  leur  fut  accordée  le  10 
mai  de  la  même  année.  Leur  église  ne  fut  aclievée 
qu'en  1G80,  et  consacrée  qu'en  1751  par  le  P.  Louis 
Lebel,  é\éque  de  Bethléem  ,  qui  était  de  leur  ordre. 
Elle  était  sous  l'invocatiiin  de  sainte  Gejieviève.  Ce 
cotiveni  fut  supprimé  en  !790.  —  Les  sœurs  de  la 
congiégaiion  de  Notre-Dinie  ,  de  l'institut  de  D. 
Pierre  Fourrier  de  Matti!  court,  furent  appelées  à 
Corbeil  en  lL'4-2,  pour  l'édcicaiion  gratuite  des  lilles 
de  la  ville.  La  cérémonie  de  leur  prise  de  pos^e-sion 
se  fit  en  1643,  le  jour  de  saint  Laurent.  Indépen- 
damment de  cette  congrégation  ,  il  en  existait  une 
autre  sous  le  nom  de  filles  de  la  congrégation  de 
Saiiit-Vincent  de  Paul  ,  pour  le  service  de  l'ilôlel- 
D;eu  de  Corbeil.  On  croit  cet  Hôtel-Dieu  si  ancien 
que  la  reine  Adèle  de  Champagne,  veuve  de  Louis  VII, 
n'en  fut  que  la  restauratrice  et  la  bienfaitrice.  Jac- 
ques Bourgdin  est  aussi  du  nombre  de  ses  bien- 
faiteurs. C'est  encore  à  ce  particulier  que  Corbeil 
doit  l'établissement  d'un  collège  pour  l'éducation  de 
la  jeunesse.  Le  contrat  d  ;  l.i  fondation  de  cette  mai- 
son esl  de  1657.  Avant  la  révolution  ,  les  revenus 
de  l'Ilôtel-Dieu  n'étaient  pus  considérables.  Il  y  avait 
quatorze  lits  ,  moitié  pour  hommes,  moitié  pour 
femmes.  La  léproserie  de  Corbeil  étuit  du  litre  de 
Saint-Lazare  ;  on  croil  qu'elle  fut  établie  par  Eudes 
de  Sully,  évêiue  de  Paris  en  1201,  pour  les  femmes, 
tant  du  voisinaie  de  celte  ville  que  pour  celles  du 
voisinage  de  Meliin.  Le  prieur  de  Nolre-Dame-des- 
Chainps  disputa,  en  1257,  à  cette  maison,  le  droit  ilu 
forage  du  vin  le  jour  de  la  foiie  SaintMichel;  mais 
le  parlement  l'adjugea  à  la  léproserie.  La  même  mai- 
son avait  aussi  le  droit  d'envoyer  prendre  chaque 
jour  dans  le  bois  des  templiers  ,  appelé  Rogeltas  , 
une  clnrreiée  de  bois  à  un  cheval  ;  ce  qui  fut  aussi 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


confirmé  par  le  parlemeni  en  1260.  En  1552,  cUe 
avait  à  prendre  sur  le  revenu  du  roi ,  à  Corbeil ,  la 
somme  de  60  liv.  En  1546,  il  y  eut  procès  au  par- 
lement relnlivement  à  celui  à  qui  il  appartenait  de 
conférer  cette  léproserie.  Il  parait  que  ce  droit  fut 
attribué  .ui  roi,  car  on  trouve  que  lorsque  Louis 
d'AIbi  ic  cessa  d'en  jouir,  elle  fut  conférée  à  Jacques 
d'Alliiac  p.ir  lettres  de  Louis  XII,  le  ô  novembre  1513. 
Il  eut  pour  successeur  Philippe  Chesneau  le  8  sep- 
tembre 1516.  On  y  voyait  encore  des  lépreux  en  15i8, 
suivant  un  arrêt  du  parlement,  qui  ordonne  d"y  en 
enfermer  un  ;  mais  en  1631,  celte  maison  était  deve- 
nue un  ermitage.  Comme  elle  venait  d'être  réparée, 
l'archevêque  de  Paris  y  établit  quelques  ermites.  On 
ne  lui  donna  plus  h;  nom  de  nialadrerie  de  Saint- 
Lazare  de  Corbeil  ;  on  l'appela  le  Mont-Saint-Michel. 
—  Plusieurs  reines  eurent  leur  douaire  assigné  sur 
Corbeil  et  habitèrent  cette  ville.  La  première  fut 
Adèle  de  Champagne  ,  épouse  de  Louis  Vil  ;  elle 
y  résida  quelquefois  depuis  la  mort  de  ce  prince  ;  la 
seconde  fut  Isemburge,  épouse  de  Philippe-.Auguste. 
Elle  s'éiait  retiréeàCorbeil  après  la  mort  du  roi, arri- 
vée en  1223;  la  troisième  fut  Blanche  de  Castille, 
qui  resta  veuve  de  Louis  VIII  dès  Tan  1226,  et  vécut 
jusqu'en  i2'.0:elley  était  m  1248,  lorsque  Louis  IX, 
avant  de  partir  pour  la  terre  sainte  la  même  an- 
née, l'éiablit  régente  du  royaume  par  lettres  datées 
de  l'IIôpiiaUlez-Corheil,  c'est-à-dire  Saini-Jean-en- 
rUe.  La  quatrième  fut  Marguerite  de  Provence,  veu- 
ve de  FjO'iis  IX;  la  cinquième  fut  Clémence  de  Hon- 
grit",  veuve  de  Louis  le  lluiin,  depuis  l'an  1316. 
Quoiqu'il  ne  reste  presque  point  de  vestiges  de  l'an- 
cienne h:ib  talion  de  nos  rois  à  Corbeil,  comme  à 
Saint-Germain-en-Laye,  il  n'en  a  pas  moins  eu 
pendant  [ilusieurs  siècles  l'avantage  qu'ont  partagé 
depuis  Foniainebleau  ,  Compiègne  et  Versailles. 
Liiuis  le  Gros  prit  possession  du  cliàteaudes  c. miles 
de  Corbeil  api  es  en  avoir  soumis  et  cliâlié  le  dernier 
propriél:iire.  Louis  Vil  y  résidait  eu  1143,  et  saint 
Bernard  vint  l'y  trouver  et  lui  parler  de  l'incendie 
de  Vilry  en  Champagne.  L'année  précédente  ,  il  y 
avait  conliriné  une  donation  faite  aux  religieux  de 
Saint-Manr-les-Fossés.  Louis  IX,  non  content  de 
faire  ses  dévotions  tantôt  à  Saint-Jean-en-l"lle,  où  il 
logea  en  1244  et  1248,  tantôt  à  Sainl-Jean-del'Her- 
mitage  dans  Corbeil,  plus  souvent  à  Saini-Guénaut, 
qui  était  à  sa  porte,  fit  bâtir  en  1258  une  chapelle  à 
deux  étages,  dont  on  a  déjà  fait  mention.  Selon 
Joinvillo,  la  cour  était  alors  composée  de  plus  de 
300  chevaliers.  Vers  12<>2,  Jacques  I",  roi  d'Aragnii, 
vint  régler  quelques  diflérends  avec  le  roi,  et  le  ma- 
riagede  sa  lille  avec  Philippe  le  Hardi.  Philippe  le 
Bel  tenait  sa  cour  à  Corbeil  en  1290  ;  ce  même  roi  y 
était  encore  en  1303.  Philippe  le  Long  faisait  sa  ré- 
sidence la  plus  ordinaire  à  Corbeil;  il  s'y  maria  en 
janvier  130oavec  Jeanne,  fille  d'Olhon  IV,  comte  de 
Bourgogne.  .\ii  mois  d'avril  132J,  Charles  le  liel  si- 
gna à  Corbeil  une  alliance  avec  Robert,  roi  d'Ecosse. 
Louis  XI  et  Louis  XII  séjournèrent  aussi  au   même 


.i36 

château  ;  le  premier   n'y  passa  que  deux  jours  après 
la  bataille  de  Montlhéryjen  146.");  le  second  y  venait 
assez  souvent,  et  c'est  la  que  le  recteur  de  l'univer- 
sité de  Paris  et  ses  suppôts  vinrent   le  trouver  pour 
recouvrer  ses  bonnes  giàces.  —  Plusieurs  sièges  cl 
combats  ont  désolé  Corbeil.  En  1357,  cette  ville  lut 
prise  el  pillée  par  un  chef  de  guerre,  appelé  le  Uè- 
gne  de  Villaines,  et  ensuite,  en  13'  S,  par  les  Anglais 
et  les  Navarrais.  En   1303,  des  gens  d'armes  fran- 
çais, après  avoir  pris  le  château  des   Murs,  voisin 
de  Corbeil,  se  jetèrent  sur  Corbeil  cl  s'y  livrèrent  à 
des  excès  tels  qu'auraient  pu  en  commettre  des  sol- 
dats ennemis.   En  I5G!),   Robert  Kanole,   capitaine 
anglais,  se  porta  vers  Corbeil,  dont  il  brûla  les  fau- 
bourgs. Sous  Charles   VI  celle  ville  ne   fut  pas  plus 
heureuse.  En  1415,    le  duc  de  Bourgogne  forma  le 
projet  de  s'en  emparer,   afin   d'affamer  Paris;  mais 
un  corps  de  troupes  du  parti  du  dauphin  ou  des  Ar- 
magnacs, commandé  par  Barbasan,    le  prévint,  oc- 
cupa cette  ville  et  y  mil  une  forte  garnison.  Le  duc 
de  Bourgogne  vint  l'assiéger,   l'atiaqua  pendant  un 
mois  sans  succès  el  fut  obligé  de  lever  le  siège.  Il  y 
lit  et  causa  de  grandes  pertes.   Corbeil  devint  alors 
un  lieu  de  réunion,  d'asile  et  de  conférence.  Le  châ- 
teau de  celte  ville,  au  boni  du  pont  sur  la  rive  gau- 
che de  rOisi%  était  vaste  el  bien  fortifié  pour  le  temps. 
Dans  sa  grosse   lour,  fannuse   par  son    élévation, 
Charles  VII  fit  enfermer  en  1487  le  fameux  Georges 
d'Amboise,  qui  n'était  encoie  qu'évêque  de  Montau- 
ban.  Il  obtint  la  permission  d'être   transféré  de  la 
prison  de  celte  tour  dans  une  des  chambres  du  châ- 
teau. Ce  château  devait  à  l'évêque  de  Paris  un  cierge 
du  prix  de  vingt  sous,  redevance  que  le  roi  Philippe- 
Auguste  reconnut   en  12:12;  il  reconimt  aussi   en 
même  temps  le  droit  qu'avait  celévèque  de  se  faire 
porter,  lors  de  son  installation,  sur  les  épaules  de 
deux  chevaliers  du  château  de  Corbeil.  La  seigneu- 
rie de  cette  ville  fut  engagée,  vendue  et  échangée 
par  plusieurs  rois.  Louis  XII  la  vendit  le  8  juin  1513 
à  l'amiral  Louis  de  Graville.  François  I^"'  la   céda, 
en  1530,   à  Antoine  Dubois,  évêque  de  Béziers,  en 
éLliange  d'autres  terres  que  ce  prélat  lui  donna  pour 
le  rachat  de  sa  personne.  Henri  II  donna,  eu  1550, 
à  François  de  Kervenenoy  la  chàteilenie  de  Corbeil, 
rachetable  de  23,000  livres.  Elle  fut  engagée  en  15  >2 
à  Guy  Larbalesle,  vicomte  de  Melun,  seigneur  de  la 
Borde,  président  en  la  chambre  des  comptes  ;  en  1580 
la  demoiselle  de  la  Borde  jouissait  par   engagement 
du  domaine  de  Corbeil;  mais  quelques  années  après, 
celle  si.ignenrie  passa  à  Nicolas  de  Neuville,  seigneur 
de  Villeroi,  el  resia   dans  sa  famille  au  même  titre 
d'engagement.  —  Le  prutestantisme  s'introduisit  à 
Corbeil.    Le  prévôl  de  cette  ville,    nommé  Berger, 
fut  un   des  premiers  qui    manifesta  son    penchant 
pour  cette  religion.  Lel7noveinbre  1562,  les  princes 
de  la  maison  de  Bourbon  s'étant  déclarés  les  prolecteurs 
desproteslanis,  depuis  longtemps  persécutés,  leprincs 
de  Coudé  vint  mettre  le  siège  devant  Corbeil  ;  mais 
comme  cette  ville  se   défendit  vigoureusement,  les 


457  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  ■{-<? 
protestants  levèrent  le  siège  le  21  novembre.  Ce  fui  église  paraît  être  du  xiii«  siècle;  il  n'y  a  qu'une  aile 
dans  ces  iroiibles  que  les  moulins  à  papier  qui  étaient  collaiérale  :  l'œuvre  et  le  maître-autel  ont  été  ré- 
sur  la  rivière  de  la  Juine  furent  détruits.  —  Les  ha-  cenimenl  construits  et  décorés.  Un  tableau  du  patron 
bitants  de  Corbeil,  forcés  ou  séduits,  embrassèrent  fait  le  tond  et  l'ornement  de  la  contre-table.  Saint- 
le  parti  de  la  Ligue.  Le  10  avril  1590,  Henri  lY  se  Léonard  n'ost  au  faubourg  de  son  nom  que  ce  qu'est 
porta  avec  son  armée  devant  cette  ville,  qui,  à  dix  Nutre-Dame  dans  la  ville,  une   succursale.  Saint- 


heures  du  matin,  lui  ouvrit  ses  portes.  Les  ligueurs 
sentirent  bientôt  la  nécessité  de  posséder  cette  place  ; 
le  22  septembre   suivant,  ils  se  présentèrent  aux 
portes  de  Corbeil  a^-ec  une  armée  commandée  par 
le  duc  de  Parme.  Celui-ci  croyait  s'en  rendre  maître 
dans  Tespace  de  cini)  à  six  jouis;  mais  ce  ne  fut  que 
vingt-quatrejours  après  le  commencement  tlu  siège, 
le  10  octobresuivani, qu'il  parvint  aie  soumettre;  pour 
cela  il  donna  un  assaut  général  et  sacrifia  un  grand 
nombre  de  soldiils.  La  résistance  des  habitants  de 
Corbeil  eut  pour  eux  les  suiies  les  plus  funesies.  Le 
duc  de  Parme  livra  la  ville  au  pillage,  ei  ses  soldats 
passèrent  tout  au  fil  de  l'épée,  sans  distinction  de 
rang,  de  sexe  et  d'âge.  Riganli,  chargé  de  défendre 
Corbeil,  fut  lue  sur  la  place.  Le  10  novembre  de  la 
môme  année,  de  Givry,  gouverneur  de  la  Brie,  sti- 
mulé par  une  lettre  d'Henri  IV,   partit  de  Melun,  et 
dans  l'espace  d'une  heure  reprit  cette  ville  par  esca- 
lade. rorai|uo.  Espagnol,   que  le  duc  de    Parme  y 
avait  laissé,   y  fut    tué.  — Corbeil  est  aujourd'hui, 
comme  il  était  au   xiiî  siècle,  divisé  en  deux  parti^-s 
par  le  cours  de  la  Seine.  La  partie  située  sur  la  rive 
droite,   anciennement    nommée     Vieux-Corbeil ,    la 
moindre  en  étendue,    est  considérée  comme  un  fau- 
bourg. Sur  une  colline  qui  doiiiine  la  ville  était  l'an- 
cienne église  paroissiale  Saint-Germain,   dont  l'é- 
glise Saint-Jacques  était  succursale.  Ces  deux   égli- 
ses avaient  nécessairement  des  rapports  entre  elles. 
S;iint-Germaiu  était  la  plus  élevée,  et  sa  vue   exté- 
rieure annonçait  l'anti(iuiié.  L'intciieur  n'en  était  pas 
moins  imposant.   L'édifice  paraissait  être  du   xiii» 
siècle.  Le  chœur  était  orné  de  galeries  qu'on  pDuv.iit 
prc>umer  être  du  xii"'  siècle.  Elle  était  entièrement 
voftiée,  accompagnée   d'une   aile   de  chaque  côté, 
nviis  il  n'y  avait  pas  de  rond-point,    et  elle  finissait 
en  carré.  Le  devant  de  l'église  était  décoré  d'un  beau 
vostibule  ou  porche  voiité,  soutenu  de  colonnes  dé- 
licaies.  Le  côté  septentrional  de  l'église  était  sou- 
tenu par  la  tour  du  clocher  surmontée  d'une    haute 
floche  d'ardoise.  La  sépuliure  la  plus  remarquable  de 
celle  église  était  celle  d'un  chevalier  représenté  en 
homme  de  guerre  avec  un  lion  à  ses  pieds;  il  avait  le 
visage  et  les  mains  de  marbre  inci  usté  dans  la    tom- 
be ;  son  liouclier,  tlépourvu   d'armoiries,  paraissait 
désigner  le  xiii«  siècle.  11  n'y   avait  aucune    iiiscrip- 
ilon  sur  celle  tombe.   L'église  Saint-Jacques   était 
originairement  une  chapelle  de  tem|diers  bâtie  au 
.\ii:   siècle  sous  le  règne  de  Louis  IX;  sa   construc- 
linn  ressemblait  assez  à  celle  des  anciens  réfectoires 
voûtés  des  grandes  abbayes,  et  elle   n'était  soutenue 
dans  le  milieu  que  par  [mis  colonnes  très-délicates. 
L'église  qui  a   succédé  à  celle  Saint-Germain  est 
Saint-Léonard,  située   au  bas  de  la  colline.   Celte 


Pierre  du  Perray,  dont  il  dépend,  est  la  principale 
paroisse.  Le  prince  des  apôtres  n'est  pas  le  seul  qui 
ait  été  honoré  sur  la  montagne   où  elle  est  située. 
La  sainte  Vierge  y  avait  une  chapelle,  et  saint  Me- 
laine,  évoque  de  Rennes,  une  église,    l'une  et  l'au- 
tre sur  le  territoire  du  grand  ei  petit  Mory,  et  dépen- 
dantes de  l'abbaye  d'  Saint-Maur-les-Fossés.  Il  n'en 
reste  plus  que  des  vestiges,  et   tout  a  été  réuni  au 
Perray  aprè-;  les  guerres  (|ni  av^iient  tout   déirnit. 
L'église  est  un   édifice  presque  carré  et  le  chœur  est 
voûté.  La  structure  des  piliers  annonce  le  xiii«  ou  le 
xiv«  siècle.   Le  lundi  de  Pâques,  les  paroissiens  de 
Saint-Léonard  numient  en  procession  au  Perray,  en 
signe  d'hommage  et  dépendance.  —  Au  bas  de  la 
colline,  ofi  se  trouve  l'église  Saint-Léonard,  un  beau 
poni  en  pierre  qui  remplace  d'autres  ponts  plus  an- 
ciens, en  pierre  ou  en  bois,  sert  à  communiquer  de 
cette  partie  de  Corbeil  à  la  partie  située  sur  la  rive 
gauche  île  la  Seine.  Cette  seconde  partie,   spéciale- 
ment nommée  la  ville  ou  le  nouveau  Corbeil,  est  plus 
étendue  et  plus  populeuse  que  l'autre.  Au  bout  du 
pont,  ducolé  de  la  ville,  se  trouvait  l'ancien  château. 
Dans  cette  partie  e~t  encore  l'église   Saint-Exupère, 
ou  vulgairement  Sain;-Spire,  aujourd'hui    paroisse 
de  Corbeil.  La  dévotion  y  attire  tous   les  ans,  au 
mois  de  mai,   un  concours  considérable  de   peuple 
pour  honorer  les  reliques  de  ce  martyr  et   implorer 
son  secours  contre  certaines  maladies;   c'est   aussi 
dans  celte  partie  qu'étaient  l'église  et  la  maison  de 
Saiirt-Jeaii-en-l'Ile,  dont  ila  été  déjà  fait  meulion,  trans- 
formées depuis  en  poudrière, etque se  trouvait  l'église 
Sain  t-Guenaut, où  l'on  avait  placé  les  prisons  et  la  biblio- 
thèque, composée  de  (iOOO  vol.  Cette  bibliothèque  a  été 
transporté'!  gwai  f/e    ('Jns(ri(c(ion,  dans  la  maison  de 
l'ancien  (ollége.  Co  que  Corbeil  offre  de  plus  remar- 
quable sont  les  magasins  à  grains, construits  sous  le 
ministère  de  l'ibbé  Terray.    Les   moulins   à  douze 
tournants  dans  deux  cages,  mus  par  la  rivière  d'Es- 
sonne, à    sa  chute  dans  la  Seine,    appartenaient  à 
l'Hôtel-Dieu  de  Paris,  et  dataient  de  1G65.  On  les  a 
remplacés  par  deu\  moulins  à  l'an  glaise,  qui  ont  per- 
mis de  (  onserver  les  douze  meules,  et   de  les  em- 
ployer au  moyen  de  deux  roues  seulement.  La  halle 
au  blé  de  cette  ville  esl,  sous  le  rapport  de  l'ai  cliitec- 
tnre,  digne  d'aiiontion,  et  c'esi,  indépendamment  de 
toute  comparaison,  uu  irès-bel  édifice;  elle  fut  bâtie, 
en   178!»,  par  M.  Viel,  architecte   des  hôpitaux   et 
hospices  de  la  ville  de  Paris.  Sa  forme  est  un  rectan- 
gle de  1-52  pieds  de  long  sur    U  do    large,  terminé 
par  deux  pavillons.  Elle  est  ouverte  dans  son  pcur- 
lour  p.ar  trente  arcades,  et  sa  largeur  est  paitagée  au 
rez-de-chaussée  et  dans  toute  sa  longueur,  en  deux 
nefs,  pur  une  file  de  piliers.  Un  escalier  circulaire,  ' 


459  DlGTIONNAmE  DE  GKOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE, 

[■lacé  au  milieu,  conduit  aux  deux  élagos  supérieurs 


Celle  h;dle,  qui  ne  sert  pns  à  l'usnge  nuquel  el.'c  a 
été  desiinéc,  rsi  située  sur  le  bord  de  l;i  Seine,  au 
milieu  d'une  place  vague  et  Icinglemps  négligée.  On 
l'a  depuis  quelque  temps  ornée  de  planiaiions  qui 
ajouierontà  l'cflel  piquant  de  cet  intéressant  monu- 
nieni.  —  Il  se  fait  à  Corbeil  un  commerce  considéra- 
Lie  de  grains  et  surtout  de  farines  ;  un  vaste  1  âti- 
nient,  nommé  le  Mayaûn,  reçoit  les  farines  destinées 
à  l'approvisionnement  de  Paris.  11  y  a  des  fabriques 
de  toiles  peintes,  sangles,  colle  forte.  Filatures  de 
colon,  tanneries  considérables,  moulins  à  tan,  pa- 
peterie, fonderie  et  balterie  de  cuivre.  —  Il  se  lient 
chaque  année  à  Corbeil,  le  5'  dimanclie.  après  Pâ- 
ques, une  foirr.  Le  marché  est  le  mardi  et  le  vendredi 
de  chai(ue  semaine.  Sous  Louis  XV  on  y  comptait 
1905  liabilanis;  aujourd'hui  leur  nombre  s'élève  à 
OoOH.  Parmi  les  savants,  les  doctes  et  les  liitérateurs 
que  Corbeil  a  vu  naître  ou  qui  ont  habité  celle  ville, 
on  dislingue  :  1°  Jean  de  la  Barre,  prévôt  de  Corbeil 
pendant  17  ans,  à  qui  on  est  redevable  d'une  histoire 
intitulée  :  La  Antiquités  de  la  ville,  comté  cl  cliâtel- 
lenie  de  Corbeil,  in-4°,  1647;  2*  Jean  François  Beau- 
pied,  docteur  en  théologie,  abbé  de  S;iint-Spire  en 
1732  ;  il  a  écrit  les  Vies  et  miracles  de  saint  Spire  et 
de  saint  Leu,  évoques  de  Bayeu.r,  in-  12;  3*  Jean  Bo- 
quet,  chanoine  du  chapitre  Notre-Dame  de  Corbeil , 
qui  a  publié  les  Vies  de  saint  Exiipère  et  de  saint 
Loup,  in-12,  10-27  ;  4°  Gilles  de  Corbeil,  médecin  de 
Philippe-Auguste,  vivait  au  xii<^  siècle;  il  écrivit  un 
ouvrage  en  6000  vers  latins,  sur  la  vertu  et  le  mérite 
des  médicaments  :  on  a  encore  de  lui  un  poème  latin 
de  f/ri/iarum  JMdiciis,  in-S",  imprimé  à  Lyon;  5°  Michel 
Godeau,  professeur  d'éloquence  au  collège  des  Gras- 
sins  de  Paris,  traducteur  de  Boileaii  en  vers  latins, 
mort  à  Corbeil  en  173G;  0°  Pierre  de  Corbeil,  pro- 
fesseur en  théologie  à  Paris,  vécut  sous  Philippe- 
Auguste  ;  il  fut  successivement  évêque  de  Canibr^ii, 
puis  archevêque  de  Sens.  On  lui  attribue  un  Com- 
mentaire sur  saint  Paulel  des  ScrmoHs,  avec  d'autres 
opuscules.  L'abbé  Lebeuf  dit  qu'on  conserve  à  la 
l)ibliotlièquedu  roi  un  manuscrit  de  cet  archevêque, 
intilulé  -.Pétri  deCorbellio  Satyra-adversuseosqui  xixo- 
res  ducunt  ;  7°  Jean-Bapiisie  Reculet,  mort  princi]ial 
du  collège  de  Corbeil,  a  composé  plusieurs  pièces  de 
poésie  latine  et  française;  8"  Dansse  de  Villoison,  né 
à  Corbeil,  mort  à  Paris  le  ilG  avril  1805,  âgé  de  50 
ans,  fut  à  la  fois  célèbre  helléniste  et  savant  voya- 
geur. A  22  ans,  il  publia  un  lexique  inédit  d'Homère, 
avec  un  commentaire  en  2  vol.,  et  plusieurs  auires 
ouvrages,  fruits  de  ses  voyages  et  de  ses  recherches 
dans  les  bibliothèques  étrangères,  membre  de  l'insti- 
tut, professeur  de  littérature  grecque  au  collège  de 
France.  La  ville  de  Corbeil  est  sur  la  Seine  qui  la 
traverse.  La  rivière  d'Essonne  s'y  réunit. 

Fanum  Ctirmiliacœ,  Corbie,  peiiie  ville  du  diocèse 
d'Amiens,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  cette 
ville,  Somme;  dans  une  silualion  agréable,  près  du 
cor.fluent  des  rivières  de  Somme  et  d'Ancre,  à  lokil. 


•MO 
est  d'Amiens,  à  52  de  Péronne,  et  131  de  Pari;.  Po- 
pul.  3000 hab.  Long.  20,  10,  28  ;  lat.  49'  54,  52.  On  y 
trouve  des  fdniaincs  minéi aies  ei  ferrugineuses  qui 
produisent,  croyait-on  et  croit-on  encore  ,  des  ef- 
fets admirables  dans  les  malndies  chroniques  prove- 
nant de  l'épaississement  des  liqueurs,  et  d'obstruc- 
tions des  viscères  et  du  bas-ventre.  Elle  a  une  place 
puldique  assez  belle.  On  y  voit  des  fabriques  de 
velours  de  colon,  de  tricots  de  laine,  d'ouvrages  au 
tour;  fdalures  de  laine;  moidins  à  tan;  exploitation 
de  tourbe.  —  Celle  ville,  déjà  connue  auvii^  siècle 
sous  le  nom  de  Coibeia,  était  dans  le  Sanlerre,  petit 
pays  de  l'Amiennais  (Picardie).  Très-penplce  el  très- 
bien  fortifiée  autrefois,  elle  était  encore  riche  et  (lo- 
rissanle  vers  la  (in  du  siècle  dernier.  Les  Espagnols 
la  prirent  en  16jG;  Louis  XIII  la  reprit  au  mois  de 
novembre  d;  la  même  année,  aidé  par  l'industrie,  la 
bravoure  et  l'inlrépidité  de  huit  ou  neuf  habitants 
du  pays,  auxquels  pour  récompense  il  accorda  les 
privilèges  de  noblesse.  Jugeant  que  les  fortifications 
étaient  devenues  inutiles,  Louis  XIV  les  fit  raser  en 
1(173.  Cesfortificalionséiaieni  un  ouvrage  que  les  Es- 
pagnols a  valent  fait  élever  alors  qu'ils  possédaient  l'Ar- 
tois. C'est  à  partir  de  cette  époque  qu'elle  s'est  peu 
à  peu  dépeuplée.  —  L'hôtel  de  ville  avait  l'adminis- 
tration de  la  police  ;  et  ses  officiers,  nommés  ancien- 
nement par  le  seigneur  abbé,  commencèrent  à  l'être 
pour  la  première  fois  par  les  habitants  le  1 1  décem- 
bre 1759.  lly  avait  encore  à  Corbie,  outre  la  prévôté 
royale  de  Foulloi  et  un  grenier  à  sel,  cinq  paroisses, 
un  couvent  de  Bénédiciins,  un  hôpital  et  un  coUcge. 
—  La  ville  de  Corbie  était  célèbre  par  son  abb.iye  de 
Bénédiciins.  Pendant  sa  régence,  Balhilde,  reine  de 
France,  honorée  comme  sainte  depuis  le  ix»  siècle, 
fit  bâtir  celle  abbaye  en  6.')7,  et  donna  la  conduite  île 
la  nouvelle  communauté  à  sainiThéodefroi,  religieux 
de  Liixeuil.  Il  est  mention  de  ce  monastère  dans  deux 
chartes  :  l'une,  du  roi  Clolaire  III,  dit  que  l'on  y  doit 
garder  une  règle  sainte  ;  l'autre,  de  Berthefroid,  évê- 
que  d'Amiens,  de  l'an  662,  vent  que  l'on  y  vive  sous 
la  règle  des  saints  Pères,  pariiculièremeni  sous  celle 
de  saint  Benoit  ou  de  saint  Colomban.  La  leine  Ba- 
lhilde et  son  fils  Clotaire  donnèrent  Corbie  à  celte 
maison,  et  lui  accordèrent  de  grands  privilèges,  que 
des  bulles  de  Benoît  III  et  de  Nicolas  I«f  con- 
firmèreni  au  ix»  siècle.  Vers  ce  même  temps  l'é- 
cole de  ce  monastère  était  déjà  devenue  célèbre.  Ces 
religieux  acquirent  une  telle  réputation  qu'on  les 
appela  en  Westphalie,  où  ils  fondèrent  une  tiovvclle 
Corbie.  A  l'époque  de  la  suppression  des  ordres  mo- 
nastiques, l'abbé  du  couvent  principal  était  comte, 
seigneur  spirituel  et  temporel  de  Corbie,  jouissait 
de  70,000  liv.  de  rente,  et  se  trouvait  presque  tou- 
jours rovèiu  du  cardinalat,  ou  appartenait  à  une  des 
plus  grandes  familles  de  France.  Un  bailli,  un  lieu- 
tenant, un  procureur  fiscal  et  un  substitut  exerçaient 
la  justice  de  cet  abbé.  Parmi  les  hommes  célèbres 
qui  ont  habité  cette  abbaye,  on  cite  Didier,  roi  de 
Lombarilie,  détrôné  par  Charlemagne,  et  les  moines 


M  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


m 


Paschsse,  surnommés  Ratbert  et  Rairam. —  On  con- 
servai!, dans  celle  abbaye  le  corps  de  saint  Vicioric. 
Lorsque,  dans  les  premiers  siècles  de  la  nionarcliie, 
les  monastères  étaient  obligés  à  des  redevances  pour 
le  roi,  Albert,  abbé  de  Corbie,  écrivit  à  Cbarles  le 
Chauve  en  847  :  i  J'ai  résolu  de  ne  pas  envoyer  pour 
les  fêtes  prochaines  à  V.  M.  un  présent  d'or  ou  d'ar- 
gent, mais  un  livre  sur  l'Eucliarisiie ,  qui,  bien  que 
petit  par  le  volume,  est  grand  par  le  sujet  qu'il  traite. 
Je  l'ai  composé  il  y  a  longtemps  pour  mon  cher  dis- 
ciple, l'abbé  Placide  de  Varin.  « — Saint  Ansgar, 
apôtre  du  Nord,  fut  moine  à  Corbie  au  ix«  siècle, 
puis  à  Corweyen  Westpbalie  ;  ensuite  archevêque  de 
Hambourg  et  de  Brème.  Missionn^iire  dans  le  Hols- 
lein,  le  Daneniaik  et  la  Suède,  londaieur  de  plu- 
sieurs hôpitaux  et  monastères,  Ansgar  fut  canonisé 
par  le  papo  Nicolas  It^r  dit  le  Grand.  Nous  n'avons 
de  lui  que  quelques  lettres  :  ses  autres  ouvrages  ne 
sont  pas  venus  jusqu'à  nous.  Ce  grand  homme  a  de 
tout  temps  fixé  l'atieniion  des  historiens.  Pendant 
le  moyen  âge  on  s'en  est  occupé,  et  jusque  dans 
ces  dernières  années,  les  travaux  de  Néander,  de 
Reuterdahl,  de  Oalilman  et  de  Kraft,  ont  prouvé 
l'imporlance  attachée  à  sa  mémoire,  même  dans  le 
sein  du  protestantisme.  Un  protestant  d'une  érudi- 
tion profonde  et  consciencieuse,  M. G. II.  Klippell,de 
Brème,  a  publié  récemment  une  nouvelle  biographie 
du  célèbre  et  infatigable  archevêque  de  Hambourg 
et  de  Drême. 

Fnmim  Sagulœ  ,  Sayn,  petite  ville  de  la  Prusse 
rhénane,  qui  doit  son  origine  à  une  ancienne  ab- 
baye de  Bénédictins.  Située  au  pied  d'une  montagne, 
elle  est  à  8  kil.  nord  de  Coblentz.  Ses  environs  sont 
riches  en  minerais  de  fer;  elle  possède  des  hauts 
fourneaux.  Le  pays  était  couvert  de  bois  lors  de  la 
fondation  de  l'abbaye.  Dans  le  moyen  âge,  retie  lo- 
calité eut  le  litre  de  comté.  Ce  comté,  siiuédans  le 
Wesierwald,  était  gouverné  par  des  comtes  particu- 
liers issus  de  la  maisnn  de  Sponbeim,  Godefroy, comte 
de  Sayn,  ayant  épousé  l'héritière  du  comté  de  Ilom- 
bourg-sur-la-Mark  ,  laissa  en  129i  à  son  fils  aîné 
Jean  le  comté  de  Sayn,  et  à  Engelbert,  le  cadet,  ceux 
de  Ilombourg  et  de  Yallendar.  Saleutin,peiit-lils  d'En- 
gelberl,  épousa  l'iiéritière  du  comtede  Witgenstein:  il 
est  la  souche  des  comtes  et  princes  de  Witgenstein 
d'aujourd'hui,  qui,  à  cause  de  cette  origine, se  nomment 
Sayn  et  Witgenstein,  sans  qu'ils  pos-èdent  le  comté 
de  Sayn.  Il  est  vrai  qu'en  IC06,  à  l'extinction  de  la 
ligne  de  Sayn,  fondée  par  Jean,  un  descendant  de 
Salentin  réunit  les  comtés  de  Sayn  et  de  Witgens- 
tein ;  mais  il  disposa  de  ses  Etais  de  manière  que 
George,  son  fils  aîné,  eut  Berlebourg;  Guillaume,  le 
second,  Sayn;  et  Louis,  le  iroisièine,  Witgens- 
tein. Ces  trois  frères  fondèrent  les  lignes  encore 
existantes  de  Sayn-Witgenstein  Berlebourg,  Sayn- 
Witgenstein-Sayn ,  et  Sayn-Witgenstein-Wilgen- 
siein  ;  mais  la  seconde  de  ces  lignes  perdit  le  comté 
de  Sayn  dès  l'année  1652.  Ernest,  fils  aîné  de  Guil- 
laume, d'un  premier  lit,   n'ayant  I  lissé  que  deux 


filles,  celles-ci  se  partagèrent  le  comté  de  Sayn,  à 
l'exclusion  d'un  anire  (ils  qu'Ernest  avait  laissé  d'une 
seconde  femme.  Il  s'éleva  à  ce  sujet  un  procès  qui  ne 
fut  décidé  que  par  le  recès  de  la  dépiitation  de  l'Em- 
pire de  ISOô.  La  maison  de  Witgenstein  resta  dé- 
pouillée du  comié  de  Sayn  ;  mais  les  malsons  de 
Bade  cl  de  Nassau,  auxquelles  te  comté  avait  passé 
en  dernier  lieu,  lui  payèrent  un  capital  de300,000n., 
et  on  lui  assigna  de  plus  une  rente  perpétuelle  de 
12,000  florins. 

La  ligne  de  Berlebourg  se  divise  en  trois  bran- 
ches, dont  l'aînée  a,  depuis  1792,  obtenu  la  dignité 
de  prince  ;  les  deux  autres,  qu'on  nomme  branches 
de  Carlsbouig  et  de  Ludwigsbourg,  n'ont  jamais  pos- 
sédé de  terres  immédiates,  et  portent  le  titre  de 
comtes  ;  mais  la  dignité  de  prince  a  été  accordée  en 
ISOià  la  ligne  de  Wiigenstein.  L'une  et  l'autre  ont 
perdu  la  souveraineté  par  l'acie  de  la  confédération 
Rhénane  :  elles  sont  aujourd'hui  soumises  à  la 
Prusse.  Les  comtés  de  Witgenstein  et  de  Ilombourg 
ontensemlde  une  surface  de  !3  li-j  m.  c.  et  16,100 
habitants.  Toutes  les  brandies  de  la  maison  sont 
protestantes,  les  unes  luthériennes,  les  autres  ré- 
formées. 

Feliccs  Iiistilœ,  les  îles  Fortunées,  ou  les  îles  Ca- 
naries, sont  au  nombre  de  sept.  Leur  voisinage  du 
cap  Bojador  (Canarie),  sur  la  côte  d'Afrique  ,  dont 
elles  ne  sont  éloignées  que  de  80  à  520  kil.,  leur  a 
fait  donner  le  dernier  nom  qu'elles  portent.  Hasscl 
estime  leur  surface  à  1360  kil.  carres,  et  la  popula- 
tion h  181,600  hab.  Ce  chiffre  n'est  pas  exact.  On 
compte  aux  Canaries  plus  de  220,000  habitants.  Les 
autres  îles,  qui  n'offrent  que  des  rochers,  sontGra- 
ciosa,  Rocca,  Allegranza,  Sainte-Claire,  Inferno,  Lo- 
bes. 

Les  Canaries  sont  situées  dans  l'océan  .\tlantique, 
au  sud  de  celle  de  Mailère,  et  à  l'ouest  de  l'Afrique, 
elles  s'étendent  entre  27°  39'  et  29°  21)*  de  lat.  nord, 
et  depuis  Rocca,  prés  Laniarote,  jusqu'à  Deessa, 
extrémité  occidentale  de  l'île  de  Fer;  elles  gisent 
enire  1S°  W  et  20°  40'  de  longitude  ouest.  Ces  îles, 
vues  de  loin,  semblent  élevées  el  couvertes  de  mon- 
tagnes, dont  le  pic  de  Ténériffe  passe  pour  un  des 
plus  hauts  sommets  du  globe,  et  se  découvre  en  mer 
a  50  lieues.  Toutes  les  côtes  sont  élevées  et  héris 
sées  de  rochers  de  basalte,  qui  offrent  des  espèces 
de  retranchements.  On  voit  les  montagnes  de  l'inté- 
rieur groupées  les  unes  au-dessus  des  autres,  offrant 
des  pointes  aiguës  de  rochers  et  des  formes  gigan- 
tesques. Dans  la  saison  des  pluies,  il  se  forme  des 
torrents  inipraticables  dans  les  ravins  profonds.  Dans 
les  cantons  cultivés,  on  est  obligé  de  bâtir  des  murs 
pour  empêcher  la  terre  d'être  enlevée  par  les  forts 
courants  d'eau. 

Les  C:maries,  placées  sur  la  limite  de  la  zone  tor- 
ride,  ressentent  pendant  l'été  l'aciion  de  cette  cha- 
leur intense  qui  dévore  la  côie  opposée  de  l'Afrique  ; 
de  hautes  montagnes,  l'humidiié  du  sol,  entretenue 
par  les  brises  rafraîchissantes  de  l'Océan,  les  pré- 


DlCTIONiNAlRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE: 


servent  de  cette  influence  pernicieuse;  encore  il  n'y 
a  que  les  côtes  septentrionales  et  occidentales  qui 
jouissent  de  cette  faveur.  Les  rivages  opposés  éprou- 
vent ce  terrible  fléau  apporté  par  les  vents  du  sud  et 
du  sud-est,  qui,  après  avoir  soulevé  les  sables  brû- 
lants de  l'Afrique,  sont  à  peine  rafraîchis  par  leur 
court  passage  sur  la  raer.  Lorsque  ces  vents  souf- 
flent quelques  jours ,  ils  causent  les  plus  grands 
mallieurs  :  la  végétation  languit;  souvent  nionie  des 
essaims  de  sauterelles  ravagent  tout,  et  nieitetit  le 
comble  à  ce  désastre.  K;\guère  ces  îles  éprouvèrent 
une  famine  générale  qui  força  les  habitanis  à  se  ré- 
fugier dans  l'ile  de  Ténérilfe,  incapable  d'alimenter 
un  tel  surcroît  de  population. 

Le  sol  des  Canaries  dépend  tout  à  fait  du  degré 
d'humidité  qui  règne  dans  chaque  district.  En  géné- 
ral, l'aridité  prévaut  toujours.  M.  de  Humboldt  en  at- 
tribue la  cause  autant  au  tarissement  des  et\i\  des- 
séchées par  la  chaleur  du  soleil,  qu'aux  rochers  (lo- 
reux  qui  pompent  les  enux  avant  qu'elles  ne  se  for- 
ment en  sources.  Les  flancs  des  rochers  inclinés  vers 
l'ouest  et  le  nord  étalent  toute  la  force  de  la  végéta- 
lion  et  les  plantes  des  zones  torride,  tempérée,  et 
même  de  la  glaciale.  On  y  voit  des  forêts  de  lauriers, 
pins  et  arbustes.  La  grande  Canarie  et  Ténériffesont 
les  iles  les  plus  fertiles  et  les  plus  verdoyantes,  et 
celles  de  Lanzarote,  Fuerie- Ventura  à  l'est,  les  plus 
sèches  et  sablonneuses.  ""  y  trouve  des  plaines 
semblables  à  celles  du  connnent  opposé  de  l'Afrique. 
C'est  de  ces  iles  que  nous  sont  venus  les  petits  oi- 
seaux nommés  serins  de  Canarie. 

Jean  de  Betliencourl ,  gentilhomme  normand, 
chambellan  de  Charles  VI,  découvrit  le  premier  les 
iles  Canaries,  l'an  1402;  il  en  conquit  cinq  avec  le 
secours  de  Henri  111,  roi  de  Castille,  qui  lui  en  con- 
firma la  souveraineté  avec  le  titre  de  roi,  sous  la 
condition  d'hommage  envers  la  couronne  de  Cas- 
tille. 

Les  liabitanis  de  ces  îles  sont  tous  Européens, 
surtout  Espagnols  ;  ils  prétendent  descendre  des 
Guanches.  M.  deHumboldl  vante  leurs  bonnes  mœurs, 
leur  sobriété,  leur  religion.  Us  se  distinguent  surtout 
parleur  industrie  et  leur  esprit  entreprenant,  qui 
les  porte  à  émigrer;  ils  ont  coopéré  à  tous  les  éta- 
blissements espagnols  formés  sur  le  nouveau  conti- 
nent, depuis  le  Nouveau-Mexique  jusqu'au  Chili ,  et 
ont  pénétré  jusqu'aux  iles  Philippines  et  aux  Ma- 
riannes.  Dans  les  Indes  orientales,  dans  toutes  ces 
colonies,  on  a  vu  l'industrie  agricole  des  Canariens. 
Ils  aiment  à  revoir  leur  patrie.  La  littérature  espa- 
gnole leur  doit  de  granJs  progrès  :  on  cite  les  noms 
honorables  de  Clavijo ,  Vieyia,  Yrinrte.  Les  trois 
principaux  ports,  sont  :  la  Luz,  dans  la  grande  Ca- 
narie; Santa-Cruz,  dans  l'ile  de  Ténérifle  ;  et  Palma, 
dans  l'île  du  même  nom.  Le  premier  et  le  dernier 
sont  beaucoup  déchus,  et  tout  le  commerce  du  nou- 


Ui 

veau  monde  se  fait  par  Ténériffe.  On  plaçait  autre- 
fois le  premier  méridien  à  l'île  de  Fer. 

Ces  îles,  en  général  montueuses,  jouissent  d'un 
climat  doux  et  salubre,  et  produisent  de  précieuses 
récoltes.  La  plus  importante  est  celle  du  vin,  dont 
la  bonté  le  fait  rechercher  de  presque  toute  l'Euro- 
pe. L'usnée  y  est  aussi  très-esiimée.  On  y  trouve  du 
maïs,  des  caroubes,  des  légumes,  des  oranges,  des 
limons,  des  fruits  délicats,  des  ignames,  des  dattes  , 
des  cannes  à  sucre,  du  coton,  du  miel,  de  la  cire  et 
beaucoup  de  plantes  médicales  et  odoriférantes.  Les 
pâturages  sont  excellents  pour  toute  espèce  de  trou- 
peaux. Dans  les  montagnes,  on  trouve  beaucoup  de 
gibier,  et  les  innombrables  sources  et  ruisseaux  qui 
traversent  le  sol  de  quelques-unes  de  ces  îles  invi- 
tent aux  plantations  de  mûriers  et  au  profit  que  pro- 
cure la  soie.  Les  mers  environnantes  abondent  en 
poissons  ettcoqiiillages;  la  pèche  et  la  salaison  for- 
ment une  branche  précieuse  de  commerce  et  de  sub- 
sistance pour  les  habitants,  qui  pourraient  leur  don- 
ner encore  plus  d'extension  :  car  on  remarque  que 
ces  habitants  ont  un  goût  p:irticnlier  pour  la  mari- 
ne ;  et  quoiqu'ils  n'acquièrent  aucune  connaissance 
de  l'art  nautique  que  par  la  pratique,  ils  n'en  bra- 
vent pas  moins  avec  courage  la  fureur  des  flots.  La 
population  est  répartie  dans  cin(|  villes,  neuf  bourgs 
et  ",65  villlages,  hameaux  ou  fermes.  Ovitre  la  cathé- 
drale, on  compte  dans  les  sept  îles  78  paroisses,  41 
couvents  de  moines,  15  de  religieuses,  288  ermita- 
ges, 154  chapelles,  Si  cures  bénéficiaires  ,  et  44 
amovibles.  Le  revenu  territorial  des  Canaries 
est  de  -2,690,044  pijstres  :  les  revenus  ecclésiasti- 
ques montaient  à  1,000,000  de  piastres  avant  la  ré- 
volution d'Espagne  ;  car  les  Canaries  lui  appartien- 
nent, et  même  sont  assez  mal  administrées.  Le  gou- 
vernement espagnol  ne  sait  point  tirer  parti  de  leurs 
ressources  et  de  leurs  richesses  naturelles. 

La  plus  orientale  et  la  première  de  ces  îles  qu'on 
rencontre  en  venant  d'Espagne,  est  Lanzarote,  ayant 
beaucoup  de  ports,  mais  manquant  d'eau.  Elle  a  au 
nord  cinq  îlots  montueux,  arides  et  déserts,  où  l'on 
ne  trouve  que  de  l'usnée  et  des  oiseaux  nommés 
Canaries,  dont  les  plus  estimés  se  tirent  d'Alegran- 
za.  —  L'ile  de  Fuerte- Ventura,  étroite  et  très-éten- 
due du  nord-est  au  sud-ouest,  est  peu  peuplée;  la 
moitié  en  est  presque  entièrement  déserte.  Le  blé 
et  l'orge  sont  ses  principales  productions  (1).  — 
Cran  Canaria  (grande  Canarie)  a  528  kilomètres  car- 
rés de  superficie,  et  renferme  plus  de  58,000  habi- 
tants. Son  climat  est  agréable  et  salubre,  son  sol 
fertile,  et  ses  eaux  excellentes.  Elle  jouit  des  mêmes 
productions  que  toutes  les  autres  :  on  y  recueille  aussi 
de  riiuile,  et  le  produit  de  ses  salines  s'emploie  dans 
les  salaisons  de  la  pêche.  L'évêque  et  la  cour  royale 
résident  à  Palmas,  la  capitale,  ville  agréable  et  for- 
tifiée, sur  la  côte  orientale.  L'évêché  date  du  coin- 


(U  On  a  encouragé  i»  Lanzarote  et  à  Fucrte-Venlura  la  culture  de  la  soude  et  du  kali  ;  elle  forme  aujour- 
d'hui un  article  de  commerce  très-important. 


445 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


^46 


niencement  du  xv«  siècle,  de  l'époque  de  la  décou- 
verte de  ces  tles.  Il  avait  été  placé  à  Lanzarole,  la 
première  lie  reconnue.  M:ùs  Ferdinand,  roi  de  Cas- 
lille,  s'en  élanl  emparé  en  1480,  demanda  an  pape 
Innocent  Vlll  de  transférer  le  siège  épiscopal  à  Ciu- 
dad  de  las  Palmas,  oii  il  est  encore  aiijonrd'hui. 
L'évéque  de  celte  ville  est  sufTragantde  Séville.  — 
Plus  de  78,000  individus  hahiient  les  612  kil.  carrés 
qui  composent  la  superficie  de  Ténériffe,  la  plus  riche, 
la  plus  fertile  et  la  plis  curamerçanle  en  vins  ;  sa 
capiialeesi  San-Crisioval  de  la  Laguna,  avec  un  évè- 
chésuffrag;\ntde  Séville  ;  mais  lagniivcrneur  des  îles, 
la  cour  suprême,  les  cliofs  de  radmiiiistralion  des 
finances,  les  consuls  éirangcrs  et  les  principaux  com- 
merçants, résident  à  Siinta-Cruz  de  Saniiagode  Té- 
nériffe, sur  la  côte  orieniale,  et  qui  est  h  place  et 
le  port  principal  de  l'ile.  Sur  la  partie  occidentale 
est  le  bourg  d'Orolava,  qui  domine  l'Océan,  et  avec 
lequel  il  communique  par  son  port.  Ce  bourg  est 
presque  entièrement  environné  d'une  des  valléi-s  les 
plus  riches  et  les  plus  agréables  du  monde,  où  l'on 
a  établi  un  jardin  botanique  pour  naturaliser  les  plan- 
tes d'Amérique,  et  de  là  les  transplanter  dans  les 
parties  de  l'Espagne  où  le  climat  peut  leur  être  fa- 
vorable. Au  sud-sud-ouest  d'Orotava  est  le  fjmeux 
pic  de  Teyde  ,  cent  fois  visité  et  décrit  par  les 
voyageurs  :  il  est  couvert  de  neige,  et  laisse  conti- 
nuellement échapper,  par  diverses  ouvertures  à  son 
sommet,  des  vapeurs  brûlantes,  comme  il  en  son  de 
tous  les  volcans  en  activité.  —  Gomera,  de  la  sei- 
gneurie des  comtes  du  même  nom,  est  une  ile  om- 
bragée, fertile,  d'une  température  agréable,  abon- 
dante en  eau,  et  dont  les  productions  en  soie  s^nl 
les  plus  considérables  de  toutes  les  Canaries.  —  Pal- 
ma,  quoique  produisant  d'autres  denrées,  manque  de 
blé  :  les  babilants  pauvres  y  subsistent  de  la  racine 
d'une  espèce  de  fougère,  réduite  en  poudre  et  mêlée 
de  farine  de  seigle.  Elle  estmontueuse  et  abondante 
en  eau  ;  les  cimes  de  ses  montagnes  sont  couvertes 
de  neige,  et  ses  bois  fournissent  de  beaux  arbres 
pour  les  constructions  maritimes  :  on  y  trouve 
aussi  des  arbres  odoriférants.  —  L'île  d'Ilierro,  la 
plus  orientale  de  toutes,  n'a  point  de  ports,  mais  est 
naturellement  défendue  par  les  rochers  escarpés  qui 
bordent  ses  côtes.  Elle  n'a  d'eau  que  dans  quelques 

(I)  L'histoire  des  langes  de  Jésus  et  de  l'eaii  dans 
liiquelle  on  lavait  son  corps  tient  une  grande  pbice 
dans  les  Evangiles  apocryphes  qui  paraissent  être 
le  recueil  de  tomes  les  traditions  pieuses  des  pre- 
miers fiècles  du  chrisiianisme.  L'Evangile  de  l'en- 
fance du  S:iuveur  surtout,  dans  l'ancienne  version 
arabe  traduite,  comme  l'a  pensé  Henri  Sike,  d'un 
vieux  texte  syriaipje  composé  sans  doute  par  des 
chrétiens  de  la  secte  de  Nestorius,  Evangileque  plu- 
Bieurs  savants  ont  à  lort  confondu  avec  celui  qui  s'é- 
tait répandu  dans  l'Orient  sous  le  nom  de  saint  Pier- 
re, contient  une  foule  de  miracles  opérés  par  la 
venu  (les  langes  bénits  p;ir  l'alloue liement  du  corps 
du  Sauveur.  La  sainte  viorge  Mario  en  donna  un 
aux  mages  en  retour  des  présents  i]n'llb  étaient  ve- 
nus apporter  i  Jésus.  En  faisant  leur  prière  devant 
le  feu,  selon  la  coutume  de  leur  religion  ,  ils  jettent 


puits  et  citernes  ;  elle  est  petite  et  pauvre,  et  appar- 
tient aussi  au  comte  de  Gomera. 

Les  Caniries,  jadis  connues  des  anciens,  furent 
découvertes  de  nouveau  au  commencement  du  xv« 
siècle,  quoique  plusieurs  auteurs  pensent  que  d.ms 
le  moyen  âge  on  conserva  quelque  connaissance  de 
leur  position  géographique.  Les  conquérants  espa- 
gnols donnèient  le  nom  de  Guanclies  aux  anciens 
habitants  du  pays,  qui  ne  connaissaient  pas  même 
l'usage  dn  1er.  Les  habitinls  primitifs  des  iles 
Canaries  (les  Gnanartèmes)  vivaient  en  trogtodyles  , 
comme  leurs  voisins  les  Guanches,  c'esi-à-diie  dans 
des  habitations  souterraines,  dans  des  grottes  qu'ils 
se  creusaient,  disposées  en  séries  les  unes  au-dessus 
des  autres.  Les  monuments,  appelés  casas  de  los  anii- 
guos,  qu'on  voit  encore  sur  la  côte  occdi-ntale  de  la 
grande  Canaric,  n'ont  point  été  construiis  par  les  ha- 
bitants primitifs,  mais  bien  par  les  premiers  conqué- 
rants. —  A  Galdor,  la  grande  église  a  été  bâtie  avec 
les  matériaux  du  palais  des  anciens  Guanartèmes. 

Fûiis  ilaiiœ,  Fontaine  de  Marie,  ou  Ain-Mariam, 
sous  une  grotte  du  moni  .Moria,  à  deux  cents  pas  de 
la  fontaine  de  Siloé,  où  elle  va  se  jeter  par  un  con- 
duitsouterrain. —  Une  tradition  populaire  lait  penser 
que,  durant  son  séjour  à  Jérusalem ,  la  sainte  Vierge 
y  allait  souvent  puiser  de  l'eau.  Les  niahométans 
ont  encore  cette  fontaine  en  grande  vénération,  et 
vont  même  y  faire  leurs  ablutions  avec  respect.  (  Voir 
le  P.  lioger,  Daciipiion  de  la  terre  saiHie,liv.  i.)  Elle 
est  à  l'ouest  dans  la  vallée  de  Josaphat;  on  y  pénè- 
tre par  une  voûte  semblable  à  l'entrée  d'une  cave. 
Après  avoir  descendu  les  vingt-cinq  degrés  qui  con- 
duisent à  la  source,  on  voit  l'eau  jaillir  pure  et  lim- 
p  de  de  la  roche.  (Saint  Jérôme,  EpUres;  Doubdan, 
Voijaije  de  la  terre  saiiUe;  Adriciiomius,  Dcscripl. 
terrœ  saiictœ,  etc.) 

Il  y  a  encore  plusieurs  autres  lieux  en  Palestine 
et  en  Egypte  auxquels  la  tradition  a  donné  le  nom 
de  Fontaine  de  Marie,  ou  Fontaine  de  la  Vierge. 
Les  plus  connues  sont  celle  qu'on  voit  à  un  demi- 
mille  du  couvent  latin  de  Nazareth  à  l'orient,  et  cel- 
le d'iiéliupoIis,à  quelques  centaines  de  pa?  de  l'obé- 
lisque. On  croyait  que  la  sainte  Vierge  y  avait  lavé 
les  langes  de  l'Ënfanl-Dieu  (I),  et  que  depuis  ce 
temps  l'eau  qu'on  y  puisait  avait  opéré  une  foule  de 

le  lange  dans  les  flammes;  mais  quand  elles  sont 
éteintes,  ils  l'en  retirent  aussi  intact  que  si  elles  ne 
l'avaient  jamais  touché.  (Evang.  inl'ant.  Serval.,  cap. 
^  et  8.1  Un  prêtre  égyptien  avait  un  ûls  âgé  de  trois 
ans.  Cet  enfant,  que  le  démon  tourmentait,  étant 
entré  dans  l'hospice  où  s'étaient  réfugiés  Joseph  et 
Marie  avec  l'Enfant-Dieu,  pendant  que  Marie  étendait 
sur  des  pieux  les  langes  qu'elle  venait  de  laver,  il  en 
prit  un,  et  se  le  mil  sur  la  lète;  aussiiôt  les  démons 
lui  sortent  de  la  bouche  et  s'envolent  sous  la  forme 
de  corbeaux  et  de  serpents.  En  même  temps,  par  le 
commandement  du  Sauveur,  l'enfani  fut  guéri  et 
chaula  les  louanges  de  Dieu  (th.  10  et  11.)  Unefera- 
nie  démoniaque  qui  avait  élé  guérie  p  ir  la  compas- 
sion de  fa  sainte  Vierge,  ayant  lavé  U:  corps  de  Jé- 
sus dans  de  l'eau  parfumée  qu'elle  conserva  ïoigneu- 
semenl ,   s'en  servit  pour   guérir  une  jeune^  "" 


O^N 


ai 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPillE  ECCLESIASTIQUE. 


448 


miracles.  Dès  les  premiers  lenips  du  christianisme, 
les  cliréiieiis  bâiireiit  en  ce  lieu  une  église;  et  plus 
tard  les  musulmans,  maîtres  de  l'Egypte,  y  élevèrent 
une  mosquée  en  l'honneur  de  la  mère  de  Jésus. 
Ainsi  le  souvenir  de  l'Iuiinble  vierge  tie  Nazareth 
unissait  dans  une  prière  commsine  les  membres 
souffrants  des  deux  religions  rivales.  Aujourd'hui  en- 
core quelques  pieux  musulmans  se  viennent  joindre 
aux  coptes  et  aux  grecs  qui  se  rendent  de  temps  à 
autre  à  la  fontaine.  La  chapelle  chrétienne  et  la 
ujosquée  de  l'islam  ont  disparu  de  ces  lieux,  comme 
avait  disparu  le  temple  du  Soleil  qu'elles  avaient 
remplacé.  En  1831,  l'aniiqiie  On,  où  Puiiphar  était 
poniife,  n'offrit  plus  aux  recherches  de  l'historien  des 
croisades  (Conesp.  d'Or. ,leit..  cxli)  qu'une  machine 
hydraulique  mise  en  mouvement  par  quatre  bœufs, 
pour  élever  l'euu  de  la  i-ainle  lunliiine  au  niveau  du 
terrain,  et  un  sycomore  qu'on  lui  montra  comme 
l'arbre  sous  lequel  s'était  reposée  la  sainte  famille 
durant  le  voyage  en  Egypte. 

FoHs  Skcaïus,  Fontaine  desséchée,  ou  Ain-Kharin, 
village  de  Judée,  à  une  lieue  du  désert  de  Saint- 
Jean,  du  côté  de  l'est,  et  a  deux  lieues  de  Jérusa- 
lem. Son  n(im,  en  arabe,  lieu  sec,  briUé  par  le  soleil, 
lui  vient  de  la  fontaine  de  Nephtoa,  qui  en  est  voi- 
linc. 

Ce  lieu  ne  sert  que  comme  abri  pour  les  chameaux 
et  les  bestiaux  des  arabes  des  pays  voisins.  Les  reli- 
gieux de  Bethléem  et  de  Jérusalem  y  vont  quel<|ue- 
lois  célébrer  la  messe.  A  quelques  pas  de  là  on  voit 
les  ruines  d'une  église  et  d'un  monastère,  qui,  selon 
la  tradition,  étaient  bâtis  à  l'endroit  de  la  maison  de 
Zach.irie  et  d'Elisabeth.  On  y  montre  la  grotte  oii 
l'dn  croit  que  la  sainte  Vierge  Marie  prononça  le 
Uaymjicai,  ce  qui  amène  en  ce  lieu  une  multiiude 
de  pèlerins.  A  375  pas  de  ces  ruines  on  rencontre  le 
couvent  de  Saint-Jean,  dont  l'église,  dii-in,  est  assez 
belle.  Près  de  là  on  trouve  les  débris  d'une  autre 
ville  de  la  tribu  de  Juda,  auiour  de  laquelle  sont  de 
beaux  jardins,  et  un  champ  qui  ne  produit  rien 
qu'une  grande  abondance  de  rosiers  rouges,  dont  les 

couverte  de  lèpre  (ch.  17).  Cette  jeune  fille,  ayant 
suivi  la  sainte  famille  dans  Icurpéregriiialion  à  Ira- 
vers  l'Egypte  ,  arrive  dans  une  vMIe  où  elle  ironve 
la  femme  du  roi  qui  fondait  en  larmes.  Après  plu- 
sieurs années  passées  dans  une  stérilité  qui  avait 
fait  son  malheur,  elle  avait  eu  enlin  un  (ils,  mais  il 
était  lépreux.  La  jeune  fille  la  console,  et  lui  pnunel 
de  l'eau  dans  laquelle  aura  été  lavé  le  corps  de  l'en- 
fant Jésus.  La  princesse  alors  reçoit  les  saints  étran- 
gers avec  les  plus  grands  égards,  et  le  Icndoniaîn 
apportant  de  l'eau  de  senteur  pour  y  laver  le  divin 
enfant,  elle  en  arrosa  son  lils,  ipii  à  l'instant  même 
fut  guéri  de  sa  lèpre  (ch.  18).  Au  chapitre  2!  se 
trouve  l'histoire  du  sycomore  Matarea.  Uiiand  les 
divins  voyageurs  rentrèrent  à  lîétliléem,  iis  y  trou- 
vèrent tous  l"'S  entants  sujets  à  un;:  épidémio  ter- 
rible qui  s'attaquait  surtout  aux  yeux,  et  lalsait  .'■i 
cruellement  souffrir  ceux  qui  en  étaient  atteints,  que 
la  plupart  d'entre  eux  en  mouraient.  iMane  en  gué- 
rit deux  (cliap.  27et28).Dans  lamènii;  ville  elle  gué- 
rit de  même  une  femme  lépreuse  en  la  baignant  dans 
l'eau  miraculeuse  (chap.  5|).  Celte  femme  fait  la  joie 


fleurs  sont  portées  à  Jérusalem  par  les  gens  du 
pays.  (Voy.  Maundrell,  Voyages,  pag.  155.) 

Fontes  Sepiem,  les  Sepi-Fontaines,  ou  Noire-Dame- 
de-Saini-Lieu.  Il  y  avait  dat)S  cet  endroit  du  Bour- 
bonnais une  solitudi^  profonde  où  vivaient  cachés 
quelques  pieux  solitaires,  et  où  s'éleva  ensuite  la 
célèbre  abbaye  de  Sept-Fonts  ,  à  24  kil.  de  Moulins 
et  à  quatre  kilomètres  de  la  Loire,  à  l'orient.  Elle 
éiait  de  l'ordre  de  Ciieaux,  et  de  la  filiation  de  Clair- 
vaux  ;  elle  avait  été  bàlie  par  un  duc  de  Bourbon, 
l'an  35  de  la  fondation  de  cet  ordre,  sous  l'invoca- 
tion de  la  sainte  Vierge.  —  On  l'avait  nommée  Sept- 
Fonts,  ou  les  Sept-Fontaines,  à  cause  de  pluMeurs 
sources  d'eau  vive  qui  se  perdaient  dans  les  envi- 
rons, et  qu'on  amena  au  monastère  dans  le  xvii" 
siècle ,  au  moyen  de  travaux  d'art  remarquables 
alors.  L'abbé  Eusiaclie  de  Beaufort  y  introduisit  une 
réforme  austère  en  1603;  cette  réforme  consistait 
dans  la  résidence  continuelle  au  monastère,  dius  le 
travail  des  mains,  le  silence  perpétuel,  l'absiinencu 
de  viande,  de  poisson  et  d'œufs,  l'hospitaliié,  la  pri- 
vation de  tout  divertissement  et  de  toute  récréation. 
—  L'abbaye  possédait  de  grands  biens,  et  la  réforme 
introduite  par  l'abbé  de  Ueaulort  indique  assez  la 
naïuie  des  désordres  reprocliéi  aux  religieux,  au 
commencement  du  xvu«  siùcle. 

On  a  remarqué  qu'en  général  les  établissements 
monastiques  de  l'ordre  de  Citeaux  et  ceux  de  la  (i- 
liatinn  de  Clairvaux  étaient  rapidement  tombés  dans 
le  relâchement.  Il  serait  bon  d'en  rechercher  la 
cause,  pour  servir  à  la  philosophie  de  l'histoire  des 
ordres  religieux. 

L'abbaye  de  Sept-Fon'.s,  qui  ne  manqua  pas  de 
célébrité  dans  le  inoyen  âge,  a  produit  plusieurs 
hommes  illustres.  Elle  subit  le  sort  de  lous  les  éta- 
blissements ecclési^istiqnes  en  17S!;  :  vendue  comme 
bien  nalional,  après  avoir  passé  par  diverses  mains, 
elle  a  cté  en  dernier  lieu  accpiise  par  Us  trappistes, 
qui  s'y  livrent  aux  travaux  d'agriculture  avec  la  su- 
périorité qui  les  distingue  dans  cette  paitie.  Ils  ont 
fait  bâtir  une  chapelle  sur  les  ruines  de  la  belle  et 

d'un  prince  qui  venait  d'épouser  la  fille  d'un  prince 
voisin,  mais  qui  l'avait  répudiée  en  apercevant  entre 
ses  yt'ux  une  tache  de  lèpre.  Elle  conseille  aux  fem- 
mes (pii  entouraient  la  jeune  mariée  d'aller  Ir  uver 
à  Bethléem  celle  qui  l'avait  guérie  elle-même  ;  et 
Marie  exauce  leurs  prières  en  puriliant  sa  lèpre;  (eli. 
5i).  Le  même  remède  opéra  encore  la  guérison  d'une 
fille  pussédée  d'un  démon  qui  lui  apparaissait  tou- 
jours sous  la  forme  d'un  dragon  prêt  à  la  dévorer. 
l^a  mère  de  Jésus  lui  avait  donné  en  outre  une 
bandelette  qui  avait  appartenu  à  son  divin  eulaiii, 
pour  luiserviràellrayer  le  malin  esprit(ch.  55pt-3i). 
Nous  passons  tous  les  autres  miracles  opéré- pjr 
cette  eau  divine  :  cetie  nomenclature  de  guéiiS'inî 
qui  ne  diffèrent  que  par  la  forme  nous  entraîner. àt 
trop  loin.  Nous  avons  seulcineut  réuni  ceux  qui  tiu- 
client  le  plus  à  notre  sujet,  pour  montrer  à  quelles 
illusions  pieuses  s'abandonnaient  les  premiers  fidè- 
les, et  combien  de  fois  des  traditions  légendiques  ont 
fini  cependant  par  acquérir  une  certaine  apparence 
de  réalité,  qui  entraînait  bientôt  la  conviction. 
(ÎSoie  de  l'auteur.) 


449 

Vaste  église,  dédiée  à  la  sainte  Vierge,  et  que  les 
premiers  acquéreurs  avaient  démolie. 

Fribiiiga,  Frihourg,  capitale  du  canton  de  ce  nom 
en  Suisse.  Avant  les  événements  politiques  qui, 
CM  I8i7  et  1848,  ont  amené  h  luine  des  cantons  ca- 
ilioliques  delà  Suisse,  celte  ville  avait  deux  chapi- 
tres de  chanoines,  un  téminaiie,  le  collège  des  Jé- 
suites, quatre  couvents  de  religieux  et  cinq  do  reli- 
gieuses, une  fondation  de  sœurs  grises  et  une  mai- 
son d'orphelins.  —  Eribourg  dépendait  autrefois  du 
diocèse  de  Lausanne  dans  le  canton  de  Vaud.  Lors 
du  protestantisme,  celte  ville,  l'ayant  adopté,  chassa 
son  évèque,  qui  se  retira  dans  le  canton  de  Frihourg. 
Depuis  cette  époque,  les  évèques  de  Lausanne  hahi- 
lérenl  cette  dernière  ville.  Maintenant  l'évèque  prend 
le  titre  dévêque  de  Fril.ourg,  de  Lausanne  cl  de 
Genève  ;  son  diocèse  est  formé  des  trois  cantons  de 
Frihourg,  Vaud  et  Genève.  C'est  le  premier  qui  pos- 
sède le  plus  de  catholiques  :  on  en  compte  environ 
72,0UJ  sur  une  population  de  79,000  habitants.  Le 
second  canton  est  presque  euliéremeut  protestant; 
il  n'y  a  que  1-2,000  catholiques  environ,  qui  habitent 
surtout  le  district  d'Echallens  et  Lausanne.  La  po- 
pulation du  canton  est  de  i;.9,000  âmes.  Celui  de 
Genève,  sur  57,000  habitants,  fournit  au  diocèse 
20,000  caihul.ques. 

Frihourg,  dont  la  population  est  de  9  à  10,0C0 
âmes,  est  non-seulement  une  ville  singulière  par  sa 
position  et  sa  construction,  mais  aussi  par  la  diver- 
sité du  langage  des  habiiants.  Elle  est  située  sur  la 
Sarine,  qui  la  panage  en  deux  parties  inégales.  La 
basse  ville,  qui  est  la  plus  petite,  est  réunie  à  la 
haute  ou  grande  ville  par  trois  ponts  :  la  première 
se  forme  de  plusieurs  petits  quartiers  bâtis  le  long 
des  deux  rives  de  la  Sarine;  l'autre  partie,  c'est-à- 
dire  la  haute  ville,  est  assise  sur  un  massif  de  grés, 
dont  les  Uancs  nus  s'élèvent  à  pic  au-dessus  de  la 
rivière,  et  présentent,  sur  plusieurs  points,  un  as- 
pect vériiablement  effrayant.  L'enceinie  de  la  ville 
est  très-grande  et  eutoniée  d'un  mur  llanqué  de 
tours;  mais  comme  le  sol  y  est  fort  inégal  et,  dans 
certains  endroits,  même  irés-montueiix,  il  y  a  des 
rncs  qui  ne  sont  pralicaliles  qu'au  moyen  d'escaliers, 
tandis  que  d'autres  nécessitent  de  longs  détours 
pour  y  arriver  avec  des  voitures.  H  en  résulte  que 
la  ville  présente,  dans  certains  quartiers,  des  en- 
tassements très-singuliers;  par  exemple,  la  rue  de  la 
Grande-Foniaine,  bâtie  sur  la  saillie  verticale  d'un 
rocher  élevé,  sert  de  toiture  aux  maisons  de  la  pe- 
lile  rue  du  Courî-Clieniin,  qui  sont  excavées  dans  le 
roc,  et  la  porte  de  la  \ille,  dite  porie  de  Bourguil- 
lon,  tue  depuis  la  basse  ville,  semble  être  un  chà- 
leau  suspendu  dans  les  airs,  parce  que  l'ail  ne  dé- 
couvre pas  l'abime  sur  lequel  elle  est  construite.  La 
ville  renferme  plusieurs  beaux  édilices,  et  peui  ligu- 
rer,  quant  au  nombre  des  maisons,  parmi  les  gran- 
des villes  de  la  Suisse.  L'isolement  de  quelques  rues, 
les  jardins  et  même  les  vergersqui  se  trouvent  dans 
sou  enceinle,  lui  donneni,  de  tous  les  côtés,  un  as- 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


450 

pect   extraordinaire.  Une  aulie  particularité,  non 
moins  remarquable,  est  celle  du  langage.  Dans  la 
basse  ville  on  ne  parle  qu'allemand,  tandis  que  les 
habitants  de  la  haute  ville  ne  parlent  que  le  fran- 
çais. Quelques   rues  intermédiaires,  on  l'on   se  sert 
indisiinctemenl  des  deux  idiomes,  établissent  la  ligne 
de   démarcation  entre  les  habitants  des  deux  lan- 
gues. —  La  cathédrale  ou  église  de  Saint-Nicolas, 
très-beau  morceau  d'architecture  du  xiii^  siècle,  fut 
commencée  en  1283;  la  tour  ne  fut  achevée  qu'en 
U52;  celle-ci,  qui  a  565  pieds  de  hauteur,  est  la 
plus  haute  tour  de  la  Suisse,  comme  la  sonnerie  en 
est  la  pins  belle.  Le  collège  des  Jésuites,  situé  dans 
la  plus  haute  partie  de  la  vdie,  contient  le  gymnase 
et  les  habiiations  des  professeurs.  On  voyait  dans 
l'église  plusieurs  beaux  tableaux  d'autel.  L'hôtel  de 
ville  a  été  bâti  sur  la   place  où  se  trouvait  jadis  le 
château  du  duc  de  Zœhringen.  —  Le  Palaiinat,  hors 
de  la  porte  de  Morat,  est  une  jolie  promenade,  d'où 
l'on  découvre  des  points  de  vue  cliarmanis;  mais, 
pour  en  jouir  dans  toute  leur  étendue,  il  faut  mon- 
ter sur  les  tours  de  la  catliédrale  et  de  l'église  des 
Jésuites,  ou  sur  la  hauteur  de  la  porte  de  Bourguil- 
lon.  Le  grand  tilleul   qui  se  trouve  sur  une  place  à 
peu  prés  au  centre  de  la  ville,  rappelle  un  fait  d'ar- 
mes très-intéressant  pour  les  Suisses.  Cet  arbre  fut 
planté  le  2-2  juin  1470,  jour  de  la  bataille  de  Morat, 
en  mémoire  de  la  vicioire  remportée  par  les  confé- 
dérés sur  les  Bourguignons,  sous  Cliarles  le  Témé- 
raire. Dans  la  suite,  c'est  à  l'ombre  de  ce  même  arbre 
que  s'assemblait,  tous  les  samedis  soir,  une  e.^pèce 
de  justice,  connue  S'ius  le  nnin  de  tribunal  du  tilleul 
(Umlen-Gerklil).  Ce  tribunal  prononçait  sur  les  diffé- 
rends qui  s'élevaient  entre   les  campagnards  venus 
au  marché  du  jour.  —  Le  vallon  étroit  de  Gotleron, 
tout  près  de  la  ville,  est  remarquable  par  un  aque- 
duc pratiqué  dans  le  roc;  il  a  prés  de  1000  pieds  de 
longueur,  et  fournit  l'eau  à  une  forge  et  à  plusieurs 
moulins.  Les  Etangs  sont  des  réservoirs  qui  se  trou- 
vent hors  de  la  porte,  dite  des  Etangs,  et  prés  du 
collège  des  Jésuites  ;  les  eaux  qui  s'en  écoulent  ser- 
vent à  entretenir  la  propreté  dans  les  rues,  et  sont 
d'un  grand  secours  dans  les  incendies  ;  mais  la  pres- 
sion continuelle  de  ces  masses  d'eau  situées  dans  le 
haut  de  la  ville,  cause  une  infiltration  qui  détériore 
les  maisons  de  certains  quartiers  bas,  et  les  rend 
humides  ei  malsaines. —  L'ermitage  de  la  Madeleine, 
à  -4  kil.  de  Frihourg,  est  un  endroit  fort  curieux  et 
qui    mérite    d'être    visité.  —  Une    excavation    de 
4J0  pieds,  pratiquée  dans  une  roche  au  bord  de  la 
Sarine,   contient  :  une  église  surmontée  d'une  tour 
haute  de  80  pieds,  une  cuisine,  une  cave,  et  quel- 
ques chauihres  et  vestibules.  C'est  un   nommé  Jean 
Diipié,  de  Gruyères,  qui  entreprit  cet   ouvrage  de 
patience  ;  il  y  travailla,  aidé  d'un   seul  compagnon, 
depuis  1070  jusqu'en  1680;  voulant,  en  1708,  faire 
passer  la  rivière  à  quelques  étrangers  qui  vinrent  le 
visiter,   il  s'y  noya.  — A  12  kil.  de  Frihourg,  près 
de  la  jolie  petite  ville  de  Moral,  se  trouvait  la  cha- 


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DICTIONNAIRE  DÉ  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  ioS 

rat,  on  jouil  d'une  vue  superbe,  qui  embrasse  les 
l.ics  de  Moral,  de  Neuchàiel  et  de  Bienne,  avec  tous 
leurs  alentours,  ei  qui  s'éiend,  dans  le  lointain,  jus- 
qu'aux Alpes.  Le  même  point  de  vue  se  présente 
aussi  près  du  grand  tilleul,  sur  la  hauteur  de  Vil- 
lars. 


pelle  connue  sous  le  nom  d'Ossuaire,  où  étaient 
entassés  les  os>enienis  des  Bourguignons  tués  à  la 
bataille  de  Morat  ;  il  a  été  détruit  par  les  Français 
en  1798 ,  un  tilleul  qu'on  y  a  planté  dès  lors  indi- 
que son  ancien  emplacement.  —  Sur  le  petit  mont 
de  Vuilly,  en  allemand  Misteltach,  vis-à-vis  de  Mo- 


6'aiirfa!'»»!,  Gand,  la  plu?  grande  cité  de  la  Belgi- 
que, chef-lieu  de  la  Flandre  orientale,  a»  conlliient 
de  l'Escaut  et  de  la  Lys.  Rien  n'a  manqué  à  la  célé- 
brité de  cette  ville.  Après  avoir  eu  la  célébrité  du 
commerce,  de  l'industrie,  des  r;che^ses,  de  l'indé- 
pendance et  des  arts,  elle  3  maintenant  la  célébrité 
du  paupérisme.  Les  annales  des  Pays-Bas,  au 
moyen  âge,  sont  remplies  des  troubles  suscités  par 
l'humeur  flère  et  inquiète  des  Gantois.  La  ville 
comptait  alors  plus  de  200,000  habitanis,  enrichis 
par  (le  nombreuses  fabriquer  de  loiles  et  de  dentelles, 
et  par  un  commerce  considérable  avec  le  littoral  de 
la  Baliique,  l'Angleterre,  la  Normandie,  la  Bretagne, 
l'Espagne  et  le  Portugal.  L'iiidusirie  liniére,  éiait 
su»  lout  la  source  de  ses  richesses  et  la  cause  de  son 
indépendance.  Les  habitants  se  livraient  à  la  culture 
lin  lin,  le  p'éparaieni,  et  confeclionnaieiu  avec  son 
(il  de  niagnilli|ues  loi'es  et  d'admirables  dentelles 
qu'ils  vendaient  ensuite  à  toute  l'Europe. — Lors  de 
la  découverte  de  l'Amérique,  la  foilune  de  Gand 
aiteigrut  son  plus  haut  degré  de  splendeur;  mais  la 
décadence  ne  larda  i  as  à  frapper  à  ses  portes.  Le 
tnton,  importiition  auiéricaine,  vint  en  Europe  faire 
concurrence  à  l'industrie  linièie.  Les  fabricants  gan- 
tois, saisissant  l'à-piopos,  se  livrèrent  h  la  fabrica- 
tinn  des  lissn.'t  de  coton.  La  ruine  de  la  population 
ouvrière  se  trouva  ainsi  reiarùée  pendant  piéi  de 
deux  siècles.  Mais  comme  elle  restait  attachée  à  la 
routine  en  conservant  les  anciens  procédés  de  fabri- 
cation, elle  ne  put  résister  aux  révolutions  qui  sur- 
vinrent dans  le  filage  cl  le  listage  du  colon  el  du  lin. 
L'industrie  colonnière  se  substitua  peu  à  peu  à  celle 
du  lin  ;  el  la  concurrence  de  l'Angleterre,  favorisée 
par  les  révolutions  politiques,  écrasa  tontes  les  an- 
ciennes industries. —  Gand,  avec  sa  dépopulation 
actuelle,  ne  semble  plus,  dans  son  immense  étendue, 
qu'une  solitude  parcourue  par  des  f.mtômes;  car 
presque  tous  ses  habitants  sont  réduits  à  la  mendi- 
cité. Les  canaux  qui  la  traversent  dans  tous  les 
sens,  qui  communiquent  à  l'Escaut,  à  la  Lys,  la 
Lieve  et  la  Moere,  ne  paraissent  plus  subsister  que 
comme  des  témoins  oisifs  de  son  ancienne  prospé- 
rité. 

Gand  a  vu  naître  Charles -Quint,  et  ce  prince 
aimaii  à  y  résider  malgré  les  révoltes  répétées  des 

(I)  On  a  formé  à  Gand  un  musée  de  tableaux  pro- 
venant des  abbayes  et  de>  couvents  supprimés.  Ce 
musée  possède  à  [.eu  près  150  tableaux,  dont  voici 
les  principaux  auteurs  :  G.  de  Crayer,  Van  Cleef, 
l'>apbaél,Coxcie,  Jordaens,  Ruben^. — D.ins  la  salle  at- 
lenauieàcelledecemusée  soniréunis  les  lableauxqui 


Gantois  sous  son  règne.  La  population  n'est  plus 
que  de  85,000  âmes,  le  tiers  de  celle  du  moyen  .âge. 

Gand  est  à  40  kil.  de  Bruxelles,  autant  d'Anvers, 
à  32  kil.  de  Bruges,  el  500  kil.  de  Paris.  Des  em- 
brancliements  de  chemins  de  ter  la  nieiteiit  en  com- 
munication avec  les  principales  villes  de  la  Belgi- 
que. Elle  a  été  érigée  en  évêché  en  13à9  sous  la 
métropole  de  Malines  :  son  diocèse  comprend  toute 
la  Flandre  orientale. 

Gand  était  fort  riche  en  monuments  ecclésiastiques 
qui  possédaient  un  grand  nombre  de  tableaux  de 
l'école  flamande.  Elle  a  pu  conserver  une  partie  des 
UNS  et  des  autres,  malgré  les  vicissitudes  politiques 
qu'elle  a  subies  depu  s  soixante  ans. — La  cathé- 
drale est  placée  sous  l'invocation  de  saint  Bavon  (1). 
La  tour,  comme  toutes  Ks  tours  des  Pays-Bas,  s'é- 
lève à  une  grande  h;(Uteur.  Oéi  admire  dans  cette 
église  plusieurs  tableaux  et  plusieurs  sculptures 
remarquables.  En  entrant,  à  la  ilroite.  an-ilessusde  la 
lable  des  pauvres,  on  voit  Noire-Seigneur  présenté 
au  peuple,  ou  Ecce  Homo,  figure  à  demi-corps, 
peint  par  A.  Janssens  :  c'est  un  bon  taldeaii  {i),  vi- 
goureux de  couleur,  d'effet,  et  d'une  belle  expres- 
sion. Du  même  côté,  dans  la  chapelle  des  fonts  bap- 
tismaux, te  tableau  d'autel  représente  les  évangélistes 
écrivant  sur  l'eucharistie,  que  des  anges  soutiennent 
dans  une  gloire,  peint  par  Bernard  :  ce  sujet  est 
assez  bien  composé,  les  têtes  ont  de  la  finesse, 
siirtiiut  les  enf.inis.  Dans  la  chapelle  suivante  est 
un  assez  bon  tableau  peint  par  Guerard  Honthorst  ; 
il  représente  saint  Sébastien.  A  l'autel  de  marbre, 
dans  la  croisée,  à  la  droite,  on  voit  un  tableau  peint 
par  G.  de  Crayer;  il  représente  la  Décollation  de 
saint  Jean  :  c'est  im  bon  tableau,  bien  composé,  les 
airs  des  têtes  sont  agréables.  En  montant,  à  la  droite, 
à  côté  du  chœur,  le  tableau  d'auiel  de  la  première 
chapelle  fait  voir  Noire -Seigneur  parmi  les  doc- 
leurs,  avec  des  volets  aussi  peints  par  François  Por- 
biis  le  père  :  ce  tableau,  d'une  bonne  couleur,  esl 
bien  dessiné;  derrière  les  voleis  on  voit  le  prévôt 
Vigilius  van  Ayia,  aussi  bien  peint;  vis-à-vis  esl  sa 
sépulture. —  A  l'autel  de  la  chapelle  suivante  on  voit 
le  martyre  de  sainte  Barbe  :  c'est  un  beau  tableau 
peint  par  G.  de  Crayer;  dans  la  chapelle  qui  suit, 
le  tableau  d'autel  représente  Job  sur  le  fumier,  peint 

ont  remporté  des  prix.  (iSoie  de  l'auteur.) 

(2)  Ce  tableau  a  été  remplacé  par  un  autre  de 
M.  Van  llans  Laere  ;  c'est  un  saint  Sébastien.  M.  Van 
Ilans  Laere  e-t  un  des  premiers  peintres  de  Gand;  il 
y  a  acquis  une  réputation  just.'menl  méritée. 
(iVo/e  dcl'auleur.j 


453 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


454 


aussi  par  p.  de  Crayer  :  cVsl  un  beau  tableau, la  têie 
surloul  est  très-expressive.  Dans  cette  même  chapelle, 
sont  placés  deux  mausolées  en  marbre  des  deux 
premiers  évèiiues  de  Gand  ;  on  les  voit  couchés  sur 
des  tombeaux  de  marbre  noir  :  l'un  est  Cornille  Jan- 
eenius  ;  l'autre  Guillaume  Lendeme;  l'exécution,  en 
sculpture,  n'est  pas  d'un  grand  mérite.  Dans  la 
deuxième  chapelle  après  celle-ci  est  le  tableau  (1) 
où  les  vieillards  adorent  l'Agneau;  composition  cu- 
rieuse, peinte  par  les  frères  Van-Eyck  ;  ce  tableau 
est  le  premier  qui  a  été  peint  à  l'huile;  c'est  soii 
plus  grand  mérite;  il  y  a  d'ailleurs  des  tètes  expres- 
sives et  d'une  belle  couleur.  En  face  de  l'autel  on  voit 
le  mausolée  (2)  de  de  Sraet,  mort  évêque  de  Gand; 
un  autre  mausolée  de  Ferdinand  de  Brunswick- 
Lunebourg,  chanoine,  grand  chantre  et  grand  aumô- 
nier (le  ce  chapitre,  aussi  de  marbre,  mais  égale- 
ment médiocre  pour  la  sculpture.  Dans  la  chapelle 
de  l'évèque ,  à  l'autel ,  est  une  Descente  de  la 
croix  (5),  peinte  par  G.  Honthorst;  ce  tableau  est 
d'une  grande  manière  :  la  couleur  est  très-bonne, 
l'autel  est  de  beau  niiirbre  et  d'assez  bonne  architec- 
ture. Dans  la  chapelle  derrière  le  chœur,  le  tableau 
d'autel  représente  Charles  V,  empereur,  abdiquant  sa 
couronne  en  faveur  de  Philippe  son  fils;  on  y  reconnaît 
toute  la  cour  de  ce  temps  :  ce  tableau  est  composé 
avec  tout  l'art  qu'exige  un  sujet  aussi  diflicilc;  ;  l'effet 
en  est  vigoureux  et  bien  ropandu  sur  la  chaîne  des 
différents  groupes  liés  avec  une  intelligence  surpre- 
nante ;  le  dessin  en  est  correct,  les  tètes  en  sont 
belles,  surtout  les  femmes  ;  la  couleur  y  est  au  plus 
haut  degré  de  force  et  de  vérité,  la  tnuche  en  est 
large  et  savante  :  c'est  un  des  ouvrages  les  plus  dis- 
tingués de  Rubens  ;  nous  en  avons  une  estampe  gra- 
vée par  M.  Pilsen.  Ce  beau  tableau  faisait  autrefois 
l'ornenienl  du  maître-autel;  il  fut  maladroitement 
déplacé  pour  les  ouvrages  de  sculpture  de  Henri  \er- 
bruggen,  qui  existent. —  L'autel  (4),  :ivec  lîes  volets, 
représente  la  Résurrection  du  Lazare,  peinte  par  Otto- 
venius;  il  y  a  des  tètes  comme  du  Dominicain,  d'un 
beau  fini  ;  sur  te  volet,  à  la  droite,  est  peint  l'évèque 


Daman,  qui  adonné  cet  autel  ;  et  sur  le  volet  de  la 
gauche  on  voit  Jésus-Christ  qui  remet  les  clefs  à 
saint  Pierre.  Le  mausolée  de  l'évèque  Daman  est  placé 
dans  celle  chapelle;  la  sculpture  en  est  très-médio- 
cre. —  A  côté  de  la  sacristie,  à  l'auiel  de  marbre,  on 
voit  le  martyre  de  saint  Lievin,  peini  par  G.  Segliers; 
Il  composition  en  est  sage  et  simple,  le  dessin  cor- 
rect, d'une  bonne  couleur  ei  très-bien  pour  l'effet.  A 
l'autel  de  marbre  de  la  chapelle  suivante  le  tableauest 
faible.  Le  mausidéeducomted'Assevelt,  aussi  de  mar- 
bre, est  médiocre.  —  Dans  la  dernière  chapelle,  à  côté 
du  chœur.on  voit  à  l'an  tel  saint  Pierre  délivré  des  fers, 
peint  par  Jean  van  Cleef;  c'est  un  tableau  des  premiers 
temps  dece  peintre. :A  l'autel  de  marbre,  dans  lacroix, 
à  !a  gauche,  on  voit  une  Descente  de  croix  (5),  peinte 
par  T.  Rombouls;  il  est  d'un  dessin  ferme  et  cor- 
rect, quelques  tètes  en  sont  belles.  — En  descendant 
vers  le  portail, dans  une  chapelle,  le  tableau  d'autel, 
peint  par  A.  Janssens,  est  un  Christ  mort  descendu  de 
la  croix  ;  il  est  d'une  grande  et  belle  manière,  correct 
et  ferme  de  dessin  :  c'est  un  bon  taoleau.  —  Dans  la 
chapelle  de  la  Communion  sont  deux  tableaux  peints 
par  Le  Plat;  ils  représentent  la  bonne  et  la  mau- 
vaise communion  ;  celui  où  l'on  donne  la  communion 
est  bien  composé  :  les  (igures  jolies  intéressent,  elles 
sont  habillées  suivant  le  costume  du  temps  où  vivait 
l'artiste.  Le  maître-autel,  de  marbre  blanc  et  noir  (C), 
est  grand  et  bien  composé  jusqu'au  couronnement, 
qui  n'est  pas  beau;  les  colonnes,  d'expression  corin- 
thienne, sont  belles;  les  ornements  en  architecture 
sontaussi  bien  exécutés parlesculpteurP.Verbruggeo, 
d'Anvers.  L'évèque  VanderNoot(7)  posa  la  première 
pierre  en  1705,  et  il  fut  béni  en  1719.  Aux  deux  côtés 
•le  cetautelsont  placés  quatre  mausolées  en  marbre; 
celui  de  l'évèque  Triest,  qui  est  ici  représenté  (8), 
esl  fait  par  le  sculpteur  Jérôme  du  Quesnoy  ;  c'est  le 
plus  bel  ouvrage  de  sculpture  qui  soit  dans  ce  pays, 
il  est  composé  d'une  manière  grande,  exécuté  avec 
correciion  et  finesse.  Celui  de  l'évèque  d'Allemont  (9) 
est  du  sculpteur  Jean  Delcouri.  Celui  de  l'évèque 
Maès,par  lescnlpieur  Pauli  (lil),  et  celui  de  l'évèque 


(1)  On  a  restauré  ce  tableau,  ce  qui  est  fâcheux. 
Il  fut  placé  au  musée  français,  et  rendu  en  1815;  il 
avait  éié,  selon  l'usagii  de  eeiie  époque,  garni  de  vo- 
lets, peints  par  les  frères  Van-Eyck.  Ces  volets  fu- 
rent vendus  en  1810,  etpassèrenl  en  1SÎ8  en  la  pos- 
session d'un  Anglais.  Maintenant  ils  ornent  le  cabinet 
du  roi  de  Prusse,  (i\ote  de  Vaiiitur.) 

(2)  Ce  mausolée  fut  fait  en  1755  p:ir  Berger  de 
Bruxelles.  (Noie  de  l'auteur.) 

(3)  Ce  tableau  est  maintenant  placé  dans  la 
douzième  chapelle.  (Noie  de  t'auieiir.) 

(4)  Ce  tableau  est  placé  dans  la  quinzième  chapelle. 
On  le  lient  caché,  excepté  les  jours  des  grandes  fê- 
tes, ainsi  qu'un  grand  tableau  de  Rubens,  composi- 
lion  capitale  de  ce  maître;  il  esl  dans  la  quatorzième 
chapelle.  11  rei'résente  saint  Bavon  au  moment  où 
il  entre  d;ins  le  couvent  de  S;iint-Aiuand  :  c'est  le 
haut  du  tableau  ;  au  bas  on  voit  ce  saini  distribuant 
M->  biens  aux  pauvres.  Nou>  l'avons  eu  pendant  quel- 
que temps  au  musée;  il  a  été  ensuite  au  musée  de 
Bruxelles.  Le  roi  des  Pays-Bas  l'a  faii  rendre  à  la 
ville  de  Gand  en  1817.  (Note  de  l'auteur.) 


(5)  Cette  Descente  de  croix  est  placée  maintenant 
dans  une  chapelle  à  droite  en  enlrant. 

(Note  de  l^auteur.) 

(G)  La  sculpture  du  maître-autel  représente  saint 
Bavon.  (Noie  de  l'auteur.) 

(7)  Son  tombeau  est  placé  entre  la  treizième  et  la 
quatorzième  chapelle;  c'était  le  douzième  évêque  de 
Gand.  Celui  de  son  cousin  Antonius  Vander  iNoo! 
est  entre  la  douzième  et  la  treizième  chapelle. 

(Noie  de  l'auteur.) 

(8)  Septième  évêque  de  Gand.  La  Vierge  est  à  sa 
gauthe  avec  cette  inscription  :  Recordas,  ftU',  à  sa 
droite,  Jésus-Christ,  avec  celle-ci  :  Mitericur  'i«  tua, 

(Noie  de  l'auteur.) 

(9)  Neuvième  évêque  deOand.  Il  est  L  genoux  devant 
la  Vierge  ;  derrière  lui  un  squeletie  en  cuivre  tenant 
cette  inscription  :  Stalutum  ru  hominibus  semel  mort. 

(Noie  de  l'auteur.) 

(10)  Représenté  en  habits  pontificaux  et  couché 
sur  sa  tombe.  (JVoie  de  l'aiit  w:) 


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DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


456 


Vaoden  Bussche  (1)  est  du  sculpteur  Gery  HeyJel- 
bergh,  ces  mausolées  sont  magniiiques  de  marbre 
blanc  et  noir,  mais  bien  iiiféiieurs  en  mérite  à  celui 
de  l'évêque  Triesl.  Le  tableau  derrière  le  uiaiire- 
autel  représente  la  Cène  :  il  est  peint  par  Yan  Cleef. 
Lts  petits  tableaux  au-dessus  des  stjUes,  dans  ce 
cliœur  (-2),  sont  peints  par  F.  Porb.is  ;  il  y  a  un  peu 
de  sécheresse,  mais  toujours  beaucoup  de  mérite. 
La  chaire,  placée  dans  la  nef,  est  du  sculpteur  Del- 
vaux,  de  Nivelle;  l'idée  en  est  noble,  les  figuies  et 
les  bas-reliefs  sont  de  marbre,  le  reste  est  de  bois 
de  chêne  ;  les  deux  figures  contre  la  rampe  sont 
trop  petites  et  d'un  faible  mérite,  d'ailleurs  peu  liées 
avec  le  reste  ;  la  léte  de  la  Vérité  a  de  la  finesse  et 
du  sentiment  ;  les  draperies  sont  maniérées,  et  le 
beau  fini  de  tout  cet  ouvrage  est  froid,  sans  beau- 
coup de  fermeté.  C'est  toujours  une  chose  à  voir. 

Cette  égli^e,  autrefois  dédiée  à  saint  Jean-Bap- 
tiste (3),  est  grande,  d'un  beau  gothique  et  de 
belles  proporiions  ;  il  y  a  une  église  sous  terre  qui 
comprend  l'étendue  du  chœur  et  des  chapelles  à 
côté  (4). 

Dans  l'église  paroissiale  de  Saint-Nicolas,  la  sei- 
zième chapelle,  sous  le  nom  de  Gemblours,  près  du 
jubé,  a  pour  tableau  d'autel  une  Vierge  de  douleur 
dans  unegloireet  des  anges,  peint  par  J.  van  Cleef: 
c'est  iMi  sujet  bien  composé,  correct  de  dessin  et 
d'une  belle  couleur,  les  tètes  en  sont  très-ex uressives 
et  d'un  beau  choix.  —  Le  tableau  de  la  chapelle  du 
nom  de  Jésus  est  peint  par  l'abbé  Van  Houle,  il  est 
médiocre.  Contre  le  pilier,  vis-à-\is  ,  est  placé  un 
petit  tableau  ou  épitaphe  d'Olivier  Minjan  et  d'Amel- 
berge  Ilangen,  sa  femme,  qui  ont  eu  ensemble  tren- 
te et  un  enfants,  vingt  et  un  garçons  et  dix  fil- 
les ;  ce  qu'il  y  a  de  plus  singulier  ,  c'est  que  tous 
ces  enlaiiis  sont  luorts  dans  l'espace  d'un  mois,  en 
1526. 

On  raconte  dans  le  pays  que  l'euipereur  Charles  V, 
fai.«ant  sou  entiée  dans  cette  >ille  en  qualité  de 
comte  de  Flandre,  Olivier  Minjan,  à  la  lèie  de  ces 
vingt  et  un  fils,  habillés  en  un  même  und'orme,  quoi- 
que niêlés  aveo  les  autres  citoyens,  fut  remarqué  par 
l'empereur,  tant  par  la  ressemblance  de  leurs  physio- 
nomies que  par  leur  habillement.  Ce  monaïque,  s'é- 
lant  informé  exactement  de  l'éiat  de  ceite  famille, 
fut  surpris  de  vuir  qu'un  simple  artisan,  sans  autre 
secours  que  son  industrie  et  son  assiduité,  eût  pu 
élever  et  donner  une  éducation  hoimèie  ix  tant  d'en- 
fants; il  fit  venir  ce  père  estimable,  et  api  es  l'avoir 
encouragé  et  loué,  il  lui  assigna  une  pension  suffi- 

(1)  Huitième  évèque  de  Gand.  Il  est  à  genous  sur 
son  tombeau,  en  face  de  Jésus-Christ  qui  ressuscite. 

(-Vo(e  de  l'aiileur.) 

(2)  On  voit  dans  le  chœur  iinatre  grands  et  ma- 
gnifiques candélabres  parfaiiemeni  ciselés.  Ils  pro- 
viennent de  la  chapelle  île  Charles  l".IIsontéié 
achetés  par  levéque  Aiit.  Trinte.  Le  chœur  est  en 
outre  décoré  de  onze  tableaux,  grisailles  faites  par  un 
peintre  de  l'académie,  il  v  a  eMvir.n  soixante  ans. 
A  gaiulieoo  voit  appiiyc  derrière  le  chœur  le  por- 
trait de  Nan  Ecrsel,  sixième  évéquo  de  Gand,  i77îj. 


santé  pour  lemeitre  plus  à  son  aise;  ce  fut  peu  de 
temps  après  qu'Olivier  eut  la  douleur  de  voir  mou- 
rir tous  ses  enfants. 

Dans  la  dix-septième  chapelle  on  voit  saint  Amnnd 
qui  donne  le  baptême  au  dauphin  de  France,  peint 
parj.  van  Cleef:  ce  bon  tibleau  est  d'une  couleur 
fable,  le  costume  y  est  aussi  pen  exact.  —  Dans  la 
dix-huiiiènie  chapelle  des  charpentiers  le  tableau 
d'auiel,  qui  représente  la  Circoncision,  est  peint  par 
J.  van  Cleef  :  c'est  un  très-bon  tableau.  Le>  Œu- 
vres de  miséricorile,  tableau  peint  par  N.  Roose,  est 
placé  contre  le  pilier,  en  face  de  cette  chapelle;  la 
composition  en  est  ingénieuse. 

Le  maîtie-autel,  de  marbre  et  de  bonne  architec- 
ture, est  lait  par  le  sculpteur  J.  van  Beveren,  de 
Bruxelles  :  le  tableau  qui  représente  le  Sacre  de 
saint  Nicolas  est  certainement  le  chef-d'œuvre  de 
N.  Roose  :  c'est  une  belle  composition,  d'une  grande 
manière,  pleine  de  force  et  d'expression,  d'une  bel.n 
couleur  et  d'un  effet  piquant. 

Dans  l'église  paroissiale  de  Saint-Michel  (o),  la 
première  chapelle,  à  la  gauche,  en  entrant  par  le 
grand  portail,  e^t  celle  où  l'on  distribue  les  aumô- 
nes :  l'aniel  de  inarbre  a  pour  tableau  la  Pentecôte, 
peint  par  G.  deCrayer;  on  y  reconnaît  toujours  le 
grand  maître;  trop  de  confusion  empêche  de  distin- 
guer les  plans  ;  les  figures  sont  aussi  trop  grandes  ; 
en  général  il  manque  d'efftt. —  Dans  la  deuxième 
chapelle  on  voit  le  martyre  de  saint  Jean,  peint  par 
Van  der  Mandel  :  ce  tableau  est  plein  de  feu  et  de 
génie.  —  Dans  la  chapelle  de  sainte  Catherine  l'au- 
tel est  de  beau  marbre,  ei  le  tableau,  peint  par  G. 
de  Crayer,  représente  sainte  Catherine  enlevée  au 
ciel  par  des  anties  ;  elle  triomphe  de  tout  ce  qui  peut 
Ualter  sur  la  terre,  ce  qui  est  désigné  par  le  groupe 
d'en  bas,  composé  de  reines,  de  princes,  de  sa- 
vants, eic.  C'est  une  excel'ente  composition,  bien 
dessinée,  d'une  couleur  légère  et  argentine;  les  tètes 
sont  belles,  avec  noblesse  et  caractère;  le  pinceau 
est  facile  et  ferme. — La  première  chapelle  autour 
du  chœur  a  pour  tableau  d'autel  Notre-Seigneur 
avec  ses  disciples  qui  appelle  à  lui  Zachée  monté 
sur  un  arbre,  peint  par  Bernard  :  il  est  correct  de 
dessin,  assez  bien  drapé  et  d'une  bonne  couleur. 
—  X  l'autel  de  la  chapelle  suivante  on  voit  la  Vierge 
sur  le  croissant;  les  personnes  de  la  sainte  Trinilé 
sont  placées  dans  le  ciel  accompagnées  de  beaucoup 
d'anges;  d'un  côté,  dans  le  bas  du  tableau,  sont  Za- 
charie  et  sainte  Elisabeth  ;  del'autie,  Adam  et  Eve, 
peint  par  Langbenjau  :  c'est  un  beau   tableau  pour 

C'est  une  belle  mosaïque.        (Sole  de  l'auteur.) 

(5)  Les  fonts  bapiisinaux  de  celte  église  sont  cé- 
lèbres :  Charles-Quint  y  reçut  le  baptême. 

[Sute  de  l'auteur.) 
(4)  C'est  dans  cette  crypte  que  sont  déposés  les 
restes  des  évoques.  (Note  de  Couleur.) 

(o)  Cette  église  possède  quelques  lableaux  moder- 
nes. Dans  la  première  chapelle,  àdroiie,  on  voit  une 
.'uiic  qui,  siiu>  l'image  d'un  adolesi-eoi,  est  délivrée 
des  n.iiiiincs  du  purgatoire.  C'est  une  coiiiposiiian  de 
M,  deCouwcr.  (Note dérouleur.) 


457 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


4ib 


la  couleur  ;  le  faire  en  est  l'acile.  Le   tableau  d'autel 
suivaut  est  peint  par  Langlienjnn;  il  représente  saint 
Hubert  à  genoux  à  la  vue  id'un  crucinx,  placé  sur  la 
tête  d'un  cerf  qu'il  rencontre  à   la  chasse  .  c'est  un 
très-beau  tableau,  qui  a  un  peu  Jioirci.  A  l'autel  de 
marbre  on  voit  saint  Cliarles  Borromée  et  saint  Sé- 
bastien, etc.;  c'est  un  bon  tableau,  composé  avec  feu 
et  correciioii,  par   Van  der   Mandel.  —  Le  tableau 
d'autel  de  la  chapelle  de  la  communion   est  un  em- 
blème;  l'Ancien  Testament  y  est    représenté   par 
Moïse  et  Âaron,  et  le  Nouveau  par  saint  Jean,  saint 
Sébastien  etiepape  :  tableau  peint  par  Langlienjan  : 
ce  sujet  est  composé  d'une  grande   manière,  la  cou- 
leur y  est  argentine,  et  tout  paraît  être  fait  avec  une 
facilité  étonnante.  —  A  l'autel  de  marbre  de  la  cha- 
pelle qui  suit  est  un  tableau  peint  par  Jean-Baptiste 
Champagne;   il  y  a    représenté   saint  Grégoire  qui 
approuve  le  plan  d'une  église  qu'il  l'ait  consiruiie. 
—  Le  tableau  de  l'autel  de  marbre,  dans  la  chapelle 
de.saini  Yves,  représente  ce  saint  peint  par  Langlien- 
jan ;  la  ligure  est  bien  dessinée  et  drapée  d'une  belle 
et  grande  manière,  dans  le  goût  de  Rubens.  —  Le 
tableau  de  l'autel  de  la  sainte  croix  représente  Jésus- 
Christ  crucifié  ;   d'un  côté  est  la  Vierge,   de  l'autre 
saint  Jean  et  la  Madeleine  aux  pieds  du  Christ  ;  on 
voit  aussi  des  bourreaux  et  des  cavaliers   achevai; 
un  d'entre  eux  présente,  au  bout  d'une  lance,  une 
éponge  à  notre  Sauveur  mourant  ;   dans  le  haut  du 
tableau  sont  des  anges  qui  pleurent;  peint  par  Van 
Dyck,  ce  sujet  est  de  la  plus  belle   façon    de  faire, 
correct  de  dessin, avec  desexpressions  vives  etvraies. 
On  a  malheureusement  remarqué  que   la   poitrine 
avait  été  repeinte  autrefois,  et  que  dans  cette  partie 
la  couleur  était  lourde;  le  fond,  en   bas,  est  aussi 
repeint  et  trop  noir,  le  reste  a  aussi  noirci  (I).  Ce 
qui  achève  de  répandre  un  sombre  sur  le    tout  en- 
semble, c'est  le  défaut  de  goût  de  ceux  qui  ont  fait 
peindre  cet  autel  en  blanc;  le    tableau  y  fait  tache; 
on  en  connaît  une  belle  estampe  gravée  |iar  IJolswert. 
—  Le  Martyre  de  saint  Adrien,  tableau  d'autel  peint 
par  Théodore  van  Tliiilden,  est  composé  avec  feu  et 
génie,  d'une  manière  large,  avec  des  lêies  très-bel- 
les, dans  la  manière  de  Rubens;  la  couleur  en  est 
un  peu  faible.  —  La  dernière   chapelle  a  pour  ta- 
bleau d'auiel  des  anges  qui   délivrent  des   martyrs 
des  mains  des  bourreaux,  peint  par  J.   van  Cleef  : 
c'est  un  sujet  bien   coniposé,  bien   dessiné  et  bien 
drapé,  mais  faiblement  colorié. — Les  fonts  baptis- 
I    maux,  de  marbre,  sont  de  l'invention  et  de  l'exécu- 
I    tion  de  P.  Verbruggen,  sculpteur  d'Anvers;  les  en- 
I    fanis  sont  bien    faits.  —  La  chaire  est  faite   par  le 
i    sculpteur  Heydelberg,  de  Gand  ;  il  y  a   du  mérite 

I       (1)  Ce  tableau  a  été  restauré,  mais   le   mal  qui 

I   était  fait  n'a  pu  être  réparé  ;  on  voit  toujours  qu'il  a 

beaucoup  soufTerl.  {Noie  de  rûuteur.) 

(2)  A  l'amel  de  la  première  chapelle,  à  droite,  on 

I   voit  un  jiili  tableau  de  De  Loose  Dézèle  ;  c'est  saint 

1  CorneiUe.  Il  y  a  uniableau  de  J.  van  Cleef,  repré- 

sriii.ini   le  Jiigemcut  dernier.   Deux   tableaux,  qiù 

fuii  un  assez    bel  effet,  sont  placés   à    l'entrée  d.i 

DicTio.NNAir.i;  de  Géographie  eccl.  11. 


dans  l'exécution.  —  Le  maîlre-aulel  de  marbre,  com- 
posé en  grand,  de  bonne  architecture,  est  d'une 
belle  exécution  ;  l'ange  au  milieu,  qui  fulmine  con- 
tre les  rebelles,  est  sans  correction  et  sans  goûi  ;  tout 
ce  qui  est  ligure  y  est  assez  médiocre.  Cet  auiel  l'ut 
fini  en  1719. 

Dans  l'église  paroissiale  de  Saint-Jacques,  en  en- 
trant par  le  grand  portail,  dans  la  chapelle  (2)  des 
administrateurs  des  pauvres,  à  la  droite,  le  tableiu 
d'autel  représente  la  Descente  du  Saini-Esprit  sur 
les  apôtres,  peint  par  Van  Mol.  Le  paysage,  dans 
celle  chapelle,  est  peint  par  Verspilt  ;  il  ressemble 
un  peu  à  de  la  détrempe,  mais  il  est  largement  fait; 
les  petites  figures,  très-jolies,  représentent  la  Mul- 
tiplication des  pains,  peintes  par  J.  van  Cleef. —  Le 
liihlftiu  li'autel  de  la  chapelle  des  tonneliers,  peint  par 
N.  Roose,  représente  les  vendangeurs;  composition 
ingénieuse  et  bien  coloriée,  mais  d'un  dessin  mé- 
diocre ;  les  têtes  sont  d'une  nature  basse  et  pauvre. 
—  A  l'autel  de  la  sainte  croix  on  voit  Notre-Sei- 
gneur  crucihé  entre  les  deux  larrons  ;  sur  les  deux 
volets  sont  peints  la  Naissance  et  la  Résurrection  de 
Notre-Seigneur,  par  M.  Coxcie;ces  tableaux  ne  sont 
pas  sans  mérite,  mais  le  Calvaire,  autrefois  carré, 
a  été  ajusté  d'une  fiirnie  presque  ronde,  et  ensuite 
lavé  et  presque  usé.  En  face  de  l'autel  le  Serpent 
d'airain  et  l'Invention  de  la  cioix  sont  deux  bons 
tableaux  peints  par  J.  van  Cleef.  L'autel  de  marbre 
suivant  a  pour  tableau  sainte  Barbe  portée  sur  un 
nuage,  le  calice  et  l'hostie  à  la  main  ;  au  bas  est  un 
J)lessé  couché  qui  invoque  cette  sainte  pour  obtenir 
saguérison;  tableau  trop  égal:  c'est  un  des  premiers 
ouvrages  de  J.  van  Cleef.  —  A  l'autel  de  marbre  de 
la  chapelle  de  la  Vierge  on  voit  la  mère  de  D.eti 
portée  au  ciel  par  des  anges;  peint  par  J.  van  Cleef: 
c'est  un  beau  tableau  en  tout.  —  Dans  la  chapelle 
suivante,  l'enfant  Jésus,  sur  un  globe,  est  porté  au 
ciel  environné  d'anges,  saint  Pierre  et  saint  Pau! 
sont  dans  le  bas  du  tableau  ;  peint  par  J.  van  CIci  f  : 
c'est  un  sujet  très-agréable,  de  la  plus  belle  couleur, 
les  têtes  d'enfants  sont  très-jolies.  —  Dans  un  beau 
tableau  de  G.  de  Crayer,  placé  à  l'autel  de  la  Tri- 
nité, on  voit  ce  saint  mystère  représenté  dans  le 
ciel  ;  la  Vierge,  portée  sur  un  nuage,  intercède  pour 
la  guérison  d'une  femme  blessée  couchée  au  bas  du 
tableau  :  ce  sujet  est  composé  et  dessiné  d'une 
grande  manière,  d'une  belle  couleur,  et  les  tètes 
ont  des  expressions  charmantes.  Vis-à-vis,  dans  la 
même  chapelle,  le  tableau  qui  représente  le  Uat  hat 
des  esclaves,  et  dans  le  haut  Notre-Seigneur,  en- 
touré d'une  gloire  et  des  anges,  est  un  bon  tableau 
du  même  G.  de   Crayer,  mais  inférieur  à  l'auir  e 

chœur.  Us  représentent  saint  Pierre  et  saint  PanI,  et 
sont  peints  par  M.  Van  llutfel.  On  admire  au  bas  de 
la  chaire  la  statue  en  marbre  de  saint  Jacques,  par 
Ch.van  Poucke.  A  droite,  contre  le  dernier  pilier 
de  la  nef,  le  collège  de  médecine  de  GanJ  a  fait 
élever  un  mausolée  en  mémoire  du  chirurgien  Pal 
fva.  {Note  de  l'auteur.) 

15 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


459 

placé  à  l'aulel.  —  Le  niaiire-aulel,  grand  el  de  beau 
marbre,  a  pour  tableau  le  Marlyre  de  sainl  Jacques, 
pein»  par  Langbenjun  :  c'est  un  lableau  bien  com- 
posé el  bien  peint;  mais  les  ligures,  sur  le  premier 
plan,  sont  trop  grandes  pour  le  saint  ei  pour  les 
bourreaux. 

Dans  l'église  paroissiale  de  Saint -Sauveur,  dit 
Heyiig-Kerst  (1),  en  eiUranl,  à  la  droite,  près  de  la 
sa<  ristie,  est  une  Descente  de  la  croix,  lableau  peint 
par  Bernard,  d'une  assez  bonne  couleur,  mais  les 
télés  sont  médiocres.  — Au  pourto'irdu  chœur  el  de 
la  nef,  sur  les  cintres  des  ogives,  sont  placés  douze 
grands  tableaux  ;  les  figures  sont  plus  fortes  que  na- 
ture :  le  premier  rep:ésenie  le  Baptême  de  Noire- 
Scigneur  ;  le  deuxième,  Jésus-Christ  dans  le  désert  ; 
dans  le  troisième,  les  a|>ôires  dans  une  barijue.  »\ec 
Jésus-Christ  endoriui.  le  réveillent  loui  effrayes  de 
la  tempête;  !e  quairiemc,  la  Résurrection  du  Lazare; 
le  cini|uièiuu,  la  Guérison  de  l'aveugle-né  ;  le  sixième, 
les  Vendeuis  chassés  du  leniple;  le  septième,  la 
Transli^uiation  ;  le  buitièuie,  le  Démon  chassé  du 
corps  d'un  possédé;  le  neuvième,  la  Samaritaine  ; 
le  dixiètue,  la  Guérisou  des  malades  ;  le  onzième,  la 
Pêche  miraculeuse;  et  le  douzième,  JésuS'ClMist 
faisant  son  entrée  dans  Jérusalem  :  peints  par  N. 
Roose.  Ces  tableaux,  avec  bien  du  mérite,  ont  le 
défaut  de  n'être  pas  d'un  dessin  assez  correct  ;  les 
ligures  sont  courtes  et  lourdes,  et  la  couleur  esi  sou- 
vent fausse  el  iiiviale. 

Dans  î'église  de  Saint-Martin,  paroisse  sur  Aker- 
gero,  en  entrant,  à  la  droite,  l'autel  ^e  marbre  de 
la  chiipelle,  dans  la  croix,  est  décuré  d'un  beau  la- 
bleau, peint  parJ.yan  Cleef.  II  y  a  représenté  la 
Cène,  sujei  bien  composé,  avec  des  têtes  très-belles, 
et  d'une  couleur  et  d'un  effet  piquants.  Derrière  le 
chœur  le  tableau  de  l'autel  de  la  Vierge  représente 
l'Adoration  des  Bergers  ,  peini  par  T.  vao  Loou;  la 
composition  en  est  agréable,  mais  la  couleur  est 
lourde,  surtout  les  ombres,  qui  sont  noires. —  Dans 
la  première  chapelle,  en  entrant,  k  la  gauche,  sont 
une  Vierge  de  douleur  et  des  anges,  peints  par  G. 
de  Crayer.  Rien  n'approche  autant  des  ouvrages  de 
Van  Dyck  que  ce  bon  tableau.  —  Au  maiire-auiel  est 
une  Uésurreciion,  lableau  peint  par  G.  de  Crayer; 
l«  Cbrisi  tsl  bien  eu  l'air,  assez  re>semblaal  au 
même  sujet  qui  se  trouvait  chez  les  AIrxieiis  dans  la 
même  ville,  et  égal  en  mérite.  Il  y  a  ici  des  soldats 
différents  au  bas  du  tableau,  la  correciion  du  dessia 
y  est  avec  linessc,  la  plus  belle  couleur  avec  légè- 

(1)  Cetfe  église  possède  un  magnifique  lableau  de 
M.  van  Han^  Laere,  une  D.sce  le  de  croix.  Ce  ta- 
bleau y  fut  placé  en  ISôt).  Il  excita  alors  une  admi- 
ration au-deasus  de  toute  expression.  La  Vierge  qui 
suuiient  son  Fils  a  les  yeui  levés  au  ciel.  I!  y  a  d.ms 
cette  Bjjure  de  la  Vierge  une  expression  liieu  belle 
el  qu'il  était  difficile  de  rendre  ;iinsi.  Ce  sont  ces 
deux  douleurs  qu'il  faut  confondre  :  la  mère  qui 
pleure  la  luort  de  son  fils,  la  femme  sainte  qui  re- 
mercie Dieu  de  sa  souffrance,  expression  de  douleur 
résignée.  La  Madeleine,  dont  les  yeux  épuisés  ne 
peuvent  plus  pleurer,  regarde  avec  uns  consierua- 


460 


reté  et  transparence.  L'expression  également  belle 
fait  regarder  ce  tableaucommeundies  meilleurs  de  ce 
iQailre;  il  a  la  fraicbeurcomme  s'il  venait  d'ëlce  peint. 

Dans  l'église  de  Notre-Dame  (2),  paroisse  sur 
Saini-Pierre,  les  paysages,  à  l'entour  de  l'église, 
au-dessous  des  croisées,  sont  d'assez  boas  tableaux: 
le  preiuier  el  les  deux  derniers  à  la  g  mehe  surtout 
sont  peints  par  P.  liais.  Le  tableau  d'aulel  de  la 
chapelle,  à  la  droite,  est  de  V.m  Huile;  il  représente 
la  Vierge  couronnée  dans  le  ciel  par  les  personnes 
de  la  sainte  Trinité  :  ce  tableau  n'est  pas  sans  mé- 
rite. —  A  l'autel  de  marbre,  dans  la  chapelle  de  la 
Vierge,  on  voit  une  .\ssomptioo,  tableau  bien  com- 
posé, où  les  têtes  sont  d'une  grande  beauté,  d'un 
effet  doux,  mais  cependant  faible  de  couleur  :  peint 
par  G.  de  Crayer.  Les  paysages,  placés  dans  la 
même  chapelle,  sont  peints  par  P.  Unis.  11  y  a  du 
mérite.  —  A  l'aulel  de  la  chapelle,  à  la  gauche,  on  y 
voit  la  Vierge  portée  sur  un  croissant;  ati  bas,  à  la 
droite,  sont  Adam  et  Eve,  Adam  lui  présente  la 
pomme  avec  cette  douleur  qui  marque  le  repentir; 
el  à  la  gauche  sont  Zacharie,  sainte  Anne  et  des  an- 
ges :  c'est  un  iré^-beau  lableau,  dessiné  avec  correc- 
tion el  finesse;  la  couleur  en  est  belle  et  transpa- 
rente. Peint  par  J.  van  Cleef.  —  La  Circoncision, 
tableau  peint  par  van  Huile,  placé  au  mailre-autel; 
il  est  bien  composé,  le  fond  surtout  est  d'une  belle 
arcbiiecture:  mais  plusieurs  tètes  sont  niévliocres,  et 
les  ombres  noires  donnent  au  tout  ensemble  un  Ion 
tsisie. 

Dans  l'église  de  I  ancienne  abbaye  de  Suint-Pierre, 
de  l'ordre  de  Saint-Benoit,  en  entrant,  près  du  ptjf- 
tail,  à  la  droite,  on  trouve  un  bon  tableau  peint  par 
J.  Jordaeiis;  il  représente  la  Femme  adnlière,  sujet 
tiès-bien  composé,  d'une  bonne  couleur;  la  tête  de 
Notie-Seigneur  n'est  ni  belle  ni  noble,  mais  celle 
d'un  des  accusaieuis  est  pleine  de  force  et  de  canc- 
tère.  Du  même  côté  le  Couronnement  d'épines,  peint 
par  Abraham  Janssens,  sujet  éclairé  au  flambeau, 
correct  de  dessin  et  d'une  couleur  vigoureuse.  A  la 
gauche  du  portait  est  un  autre  tableau  peint  par 
J.  Jordaens;  c'est  le  pendant  du  premier;  il  repré- 
sente Noire-Seigneur  qui  ordonne  aux  ennemis  de 
s'embrasser  avant  d'offrir  sur  les  autels,  tableau 
d'une  belle  cuuleur  et  d'un  effet  piquant;  la  lêie  du 
grand  prêtre  est  très-belle,  les  autres  sont  niédiocres. 
A  côté,  Noire-Seigneur  à  la  croix  :  le  Christ  est  dessiné 
avec  bien  de  la  linesse  ;  il  est  bien  peint  et  d'un 
bon  effet,  par  J.  van  Cleef.  Du  même  côté,  dans  la 

tion  morne  le  corps  de  Jésus-Christ.  Cest  une  d«» 
belles  compositions  dues  au  pinceau  de  AL  vao. 
Hans  Laere. 

On  a  placé  à  Saint- Savon  un  tableau  du  même  au- 
teur; il  représente  Jésus-Christ  parmi  les  docteurs. 
H  ne  le  cède  en  rien  au  raérile  du  précédent. 

(A'o/e  de  rameur.) 

(-2)  Lorsqu'on  supprima  l'abbaye  on  transforma 
ce  temple  en  musée.  C'est  à  celte  iransformatiun 
qu'il  doit  sans  doute  sa  conservation;  il  fut  rendu 
à  l'evarcica  du  cuit»  catholique  en  18i)M. 

{N«l«  de  l'mitt*ur.) 


m 


GEOGRAPHIE  DtS  LEGENDES  AU  MOVEiN  AGE. 


46i 


croix,  on  voit  r»nge  qui  ordonne  à  Tobie  de  relirer 
le  fiel  du  poisson  qu'il  vient  de  prendre,  et  qui  doit 
servir  pour  rendre  la  vue  à  son  père  aveugle  :  ta- 
bleau peint  par  G.  de  Crayer.  Les  tèies  sont  très- 
belles,  et  le  paysage  est  également  bien  fait  et  de 
bonne  couleur.  —  A  l'autel  de  marbre,  derrière  le 
chœur,  on  voit  un  des  ofOciers  de  Tolila  présenté  à 
saint  Benoit,  peint  par  G.  de  Crayer.  Ce  tableau  est 
d'une  grande  beauté  pour  le  dessin  ei  la  belle  cou- 
leur argenline;  les  tètes  sont  admirables.  Quel  dom- 
mage que  l'effet  en  soii  perdu!  Une  fausse  et  mau- 
vaise couleur,  qui  couvre  le  ciel  et  le  reste  du  fond, 
placée  par  une  main  hardie  et  ignorante,  l'ait  perdre 
une  grande  partie  du  plaisir  que  ce  tableau  donnait 
à  ceux  qui  le  voyaient.  —  La  chapelle  de  la  Vierge, 
en  marbre,  et  l'autel,  ont  pour  tableau  la  Vierge  et 
reniant  Jésus  qui  distribuent  des  chapelets  à  des 
religieux  et  religieuses  de  l'ordre  de  Saint-Benoti. 
Peint  p:ir  don  Antonio,  ou  Antoine  van  den  Heu- 
velle.  L'autel  de  marbre  à  côté,  aussi  magnifique, 
n'est  orné  que  d'un  tableau  médiocre.  —  Les  huit  ta- 
pisseries qui  entourent  le  dehors  du  chœur  sont  des 
sujets  pris  dans  le  Nouveau  Testament,  et  quoique 
fabriquées  en  1500,  elles  paraissent  neuves;  pour 
les  conserver  ainsi  on  les  enferme  avec  des  volets, 
Eur  lesquels  sont  peintes  avec  beaucoup  d'art  les 
plus  belles  fleurs,  par  Morel.  Les  copies  de  ces  ta- 
pisseries se  voient  placées  à  l'autre  côic  du  chœur; 
ce  ne  sont  que  des  t.ibleaux  médiocres  qui  ressem- 
blent à  de  la  détrempe.  —  Les  quatre  ligures  de 
marbre  placées  contre  les  piliers  au  poirrtour  de 
l'autel  représentent  les  Vertus;  elles  sont  du  sculp- 
teur Gilles  d'Anvers.  Le  même  n  fait  toutes  les  figu- 
res en  p  erre  qui  sont  placées  auiour  de  l'église  et 
dans  la  nef  :  elles  sont  belles.  —  L'entrée  du  chœur 
est  fermée  d'un  ordre  ionique,  avec  des  colonnes, 
iiiiit  de  beau  marbre;  l'enlablement  est  médiocre  et 
même  ndcule.  L'entrée  des  deux  bas-côtés  est  aussi 
fermée  par  des  colonnes  et  du  même  ordre,  aussi  de 
marbre;  les  colonnes  sont  plus  petites  :  c'est  une 
faute  de  règle  et  de  gdùi;  tout.y  est  sur  le  même 
plan  et  dans  le  même  lieu.  Le  cliœur  et  la  nef  sont 
ilécorcs  de  pilastres  corinthiens;  au  milieu  de  la  nef 
est  une  coupole  richement  décorée;  dans  les  appen- 
tis sont  représentés  les  quatre  évangélisies  en  sculp- 
ture, d'un  bon  goût  et  d'une  belle  exécution  (I). 
C'est  en  général  un  édifice  moderne,  assez  bien  or- 
donné et  décoré  avec  richesse. 

Dans  l'église  des  Jacobins  ou  Dominicains  (2),  le  ta- 
bleau d'autel,  dans  la  première  chapelle,  à  la  droite, 
représente  Nuire-Seigneur  et  sainte  Caliierine,  peint 
par  Don  Antonio;  il  est  agréablement  composé,  et 
les  draperies  sont  bieu  ajustées.  —  Dans  la  quali  ième 
chapelle,  vis-à-vis  de  l'autel,  est  uu  tableau  qui  re- 

(1)  Ces  quatre  évangélistes  sont  les  ouvrages  des 
sculpteurs  J.  Broecksent,  de  Sutieii,  et  Verscliaffett. 
{Note  de  l'auteur.) 

(i)  Ce  couvent  fut  supprimé  en  179ù;  à  sa  place 
on  a  éubli  des  magasins;  le  réfectoire  sert  de  salle 


présente  saint  Thomas  d'Aquin,  saint  Pierre  et  saint 
Paul,  peint  par  N.  Roose.  Le  tableau  d'autel,  peint 
par  le  même  Roose,  représente  saint  Dominii|ue  qui 
adore  le  saint  sacrement  de  l'eucharistie.  Ce  tableau 
est  médiocre;  celui  qui  est  placé  à  l'autel  delà 
sixième  chapelle  fait  voir  la  Madeleine  que  des  anges 
portent  au  ciel  :  beau  tableau  peint  par  l.  van  Cleefi. 
—  Le  Repos  en  Egypte  est  réputé  le  chef-d'œuvre 
de  Jean  van  Cleef.  Ce  sujet  est  bien  composé,  bien 
dessiné;  les  tètes  sont  toutes  belles;  il  est  bien  dans 
la  manière  de  Piètre  de  Carlone.— Le  tableau  de  la 
septième  ibapelle  fait  voir  Notre-Seigneur,  à  qui 
des  anges  présentent  les  instruments  de  sa  passion; 
la  Vierge  auprès  semble  le»  considérer  avec  douleur* 
sujet  peint  par  Van  den  lleuvele.  Il  y  a  des  parties 
bien  faites. 

En  entrant  dans  la  première  chapelle,  à  la  gauche, 
le  Martyre  de  sainte  Barbe  est  un  beau  tableau,  bien 
composé  et  bien  peint  par  J.  van  Cleef.  A  côté  de 
l'autel  est  placée  la  Résurrection,  tableau  peint  par 
G.  de  Crayer.  Ce  n'est  qu'une  seule  ligure  plus 
grande  que  nature,  mais  bien  dessinée  et  bien  peinte, 
et  d'un  faire  savant.  Ce  tableau  était  aulrefois  à 
l'autel  de  la  chapelle  où  est  enterré  G.  de  Crayer. 
On  a  préféré  un  mauvais  tableau  qui  tient  sa  place; 
c'est  un  défaut  ,'.e  goût.  — Dans  la  troisième  chapelle 
est  un  saint  évè(|ue  en  prière  pour  le  sosilagenient 
des  malades;  tableau  peint  par  Maès.  il  est  d'une 
belle  manière,  approchant  de  celle  des  Carraehes.  — 
La  quatrième  chapelle  a  pour  tableau  l'enfant  Jé- 
sus au  milieu  d'une  cour  céleste,  pemt  par  Primo 
Gentil  ;  tout  y  est  agréable,  et  la  couleur  la  plut 
aimable.  A  côté,  au-dessuus  de  la  croisée,  on  voit 
saint  Joseph  tenant  l'enfant  Jésus,  qui  examine, 
ainsi  que  la  Vierge,  les  instiuments  de  sa  passion, 
présentés  par  des  anges.  C'e^t  encore  un  beau  ta- 
bleau peint  par  J.  van  Cleef.  Dans  la  cinquième  cha- 
pelle, vis-à-vis  de  l'autel,  est  placé  le  Martyre  de  saint 
Biaise  (3)  :  c'est  le  dernier  ouvrage  de  G.  de  Crayer; 
il  est  grave  par  M.  Pilsen.  Ce  beau  tableau  occupait 
aussi  la  place  sur  l'autel,  mais  il  a  été,  comme  U 
Résurrection,  préféré  pour  celui  qui  s'y  voit  aujour- 
d'hui et  qui  est  médiocre. 

Dans  l'église  des  RéeoUets,  en  entrant,  à  la  droite, 
le  tableau  d'autel  (4)  représente  saint  François  qui 
reçoit  les  stigmates,  peint  par  Rubens;  derrière  la 
saint  est  un  religieux  qui  parait  surpris  et  effrayé  à 
la  vue  de  la  lumière  céleste;  le  fond  est  un  paysage. 
L'expression  des  ligures  est  belle,  l'eO'et  en  est  bon. 
C'est  un  beau  tableau.  —  L'autel,  en  entrant,  à  la 
gauche,  a  pour  tableau  la  Madeleine  expirante  et 
soutenue  par  des  anges,  peint  par  Rubens;  beau 
tableau,  bien  couiposé  et  d'une  belle  couleur;  les 
têtes  sont  très-jolies  et  bien  dessinées.  —  Le  tableau 

de  vente.  {Note  de  l'auteur.) 

(3)  Ce  tableau  est  maintenant  à  l'académit:  4% 
Garni .  (Note  de  l'auteur.) 

(4)  Egalement  placé  à  l'académie  de  G.and. 

lNoi«  de  tautiur.) 


*6û 


DICTlOiNiNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


461 


■i  du  inaîiie-aulel  esi  iine  composilion  piltoresque  pleine 
i'  de  feu  :  «n  voit  Jésiis-Clirist,  la  foudre  à  la  main, 
prêt  à  accabler  le  monde  pécheur;  la  Vierge  à  ses 
pieds,  en  lui  monlranl  son  sein,  implore  sa  miséri- 
corde et  veut  llécliir  sou  courroux  ;  saint  Frauçnis 
est  également  en  prière  pour  obtenir  de  Dieu  le 
pardiin  des  péclieurs  :  peint  par  Rubens.  La  figure 
du  Christ  est  expressive,  la  lêie  surlou).  est  belle; 
la  lèie  de  saint  François  est  aussi  d'un  beau  carac- 
tère; la  couleur  e>t  viuoureuse  et  transparente, 
rell'et  en  est  fort  et  piquant,  soutenu  par  des  om- 
bres larges  qui  font  dispuraîire  quelques  inégalités 
dans  les  Inniières. 

Dans  l'église  des  Aiiguslins  (1),  le  tableau  placé  à 
l'autel,  à  la  droite,  à  côté  du  chœur,  reprcsenie  plu- 
sieurs saints  et  saintes  :  beau  sujet,  composé  avec 
agrément;  des  tètes  belles  et  bien  peintes  ,  par 
G.  de  Crayer.  Un  autre  tableau  peint  par  G.  de 
Crayer  décore  l'autel,  ici  à  la  gauche;  il  représente 
saint  Nioidas  de  Tolentia  qui  disiribue  des  petits 
pains  bénits  aux  mahides,  composition  excellente 
de  ce  maître;  correction  de  dessin,  couleur,  elfei,  et 
des  lèies  très-belles,  font  le  mérite  de  ce  tableau. 
Huit  tableaux,  placés  autour  de  celle  église  et 
peinK  |i;ir  N.  Koose,  représenlent  la  l'rufanation  des 
hosties  sacrées.  Tous  ces  bons  tableaux,  ainsi  que 
plusieurs  be.iux  paysages  de  van  Ldeu,  que  l'on  voit 
ici,  ont  éié  mal  nettoyés  et  plus  mal  repeints  par  un 
médiocre  artiste  :  c'est  grand  dommage! 

A  l'hôtel  de  ville  (-2),  dans  le  fond  de  la  salle  de  la 
Cavalcaile,  près  de  la  fenêtre,  le  premier  lahleau  re- 
présente l'eniperenr  Charles  V,  âgé  de  sept  .i  huit 
ans,  place  debout  sons  un  d;>is,  la  couronne  impé- 
riale sur  la  tète,  et  le  sceptre  dans  la  main  ;  il  reçoit 
rhouimagc  des  membres  du  Cunseil  et  des  députés 
des  Etais  :  peint  par  G.  de  Crayer;  tableau  faible. 
Le  deu.\ièuie,  Charles  V  à  cheval,  accompagné  de 
l'archiduc  son  lils;  il  semble  lui  ciuifier  la  conduite 
d'une  armée,  en  lui  remettant  le  bâton  de  comman- 
dant :  bon  t.ibleau  peint  par  G.  de  Crayer.  Au  troi- 
sième, on  voit  la  Renommée  qui  plane  dans  les  airs  : 
d'une  main,  elle  tient  une  cour.inue  de  laurier;  de 
l'auire,  une  branche  pour  désigner  la  Victoire;  sur 
ia  têie  de  l'empereur  un  aigle,  dans  son  vol,  tient 
dans  ses  grilfes  une  branche  et  une  couronne  de 
laurier  ;  derrière  le  monarque  est  un  Enseigne  suivi 
d'un  iSégre.  La  Renommée  est  une  figure  médiocre; 
le  reste  est  bien  peijil,  par  G.  de  Crayer.  Le  qua- 
irièuie  représente  le  Couronnement  de  Charles  V  : 
le  pape  Clément  Vil  lui  place  la  couronne  iu)périale 
sur  la  lêle,  assisté  de  cardinaux,  d'évèqnes  et  des 
princes  de  la  cour  :  bon  tableau  peint  par  G.  de 
Crayer.  Dans  le  cinquième,  Charles  V,  assis  sur  son 
irône,  remet  à  son  (ils  une  lettre  que  ce  prince  baise 

(1)  On  nomme  cette  église  succursale  des  Augus- 
tinsoude  Saint-Etienne.  Lachapellede  Saint-Eiienne 
est  maintenant  érigée  en  succursale  de  Saint-Sau- 
veur. Une  partie  des  bâtiments  supprimés  en  1706 
«ert  à  une  filature  de  colon  ;  l'autre  est  occupée  ac- 
luellemenl  par  l'académie  royale   de  dessin.  Cette 


avec  respect,  en  présence  des  princes  et  des  évê- 
ques  :  beau  tableau  peint  par  G.  de  Crayer.  Le  sixième 
représente  la  bataille  de  Pavie;  François  1",  pris 
les  armes  i>  la  main,  se  rend  prisoimier  à  Charles  V 
et  à  trois  autres  princes  qui  l'environnent.  Le  peintre 
a  su  exprimer  toute  la  majesté  dans  cet  illustre  pri- 
sonnier, et  tout  le  respect  dans  le  vainqueur  inéoie. 
Trois  lemmes  occupent  le  plan  le  plus  éloigné  :  celle 
du  milieu  représente  la  ville  de  Pavie;  elle  e^l  dans 
la  plus  vive  douleur,  les  yeux  en  larmes  élevés  au 
ciel  ;  cet  événement  la  met  dans  le  plus  grand  acca- 
blement, tandis  que  les  deux  autres  femmes,  irés- 
enjnuées,  cherchent  à  la  distraire;  mais  elle  ne  pa- 
r;i!t  pas  les  écouter.  On  lit  au  bas  :  Sic  Carolus  cap- 
tivo  reije  subegit.  Les  trois  femmes  sont  d'une  nature 
trop  lourde  et  sans  (inesse  de  dessin  ;  le  re-.te  du 
lable:iu  est  beau  et  bien  pensé  :  peint  par  G.  de 
Crayer.  Le  septième  fait  voir  Charle  V  assis  sur  le 
trône;  il  reçoit  les  hommages  des  princes  vaincus; 
on  y  distingue  surtout  Jean,  comte  de  Saxe,  tenant 
sur  l'épaule  ime  lance  rompue;  celte  figure  colos- 
sale, exactement  ropréseniée  d'après  nature,  est 
d'une  grandeur  monstrueuse  et  même  désagiéable. 
On  lit  au  bas  :  Potentissimo  tolitis  Europœ  princ  pi, 
Pcriiviani  et  Americaiii  orbis  in  America  monarchie, 
in  As  a  et  Africa  dominatori  hi'roi  incomparabiti  Ca- 
rolo  Qiiinto  Caudesi.  Ce  tableau  est  bien  peint  et 
d'une  irèsbelle  manière,  par  G.  de  Crayer.  Le  hui- 
tième cnlin  représente  la  Conquête  de  rAfriipie  par 
Charles  V;  ce  monariue,  armé  de  sa  cuirasse,  s'é- 
lance du  navire  sur  le  rivage  ;  il  saisit  p;ir  le  bras 
une  femme  africaine  qui  veut  fuir;  sa  figure  et  son 
jiabillement  désignent  bien  celle  contrée  du  monde, 
de  même  que  le  linn  et  des  serpents  ;  dans  le  fond  on 
aperçoit  un  port  et  la  ville.  On  lit  au  bas  :  E  navi 
descciidens,  te  leiieo,  Africa,  dixil.  C'est  aussi  un 
tableau  bien  composé  et  bien  point  par  G.  de  Crayer. 

Toutes  les  salles  de  l'hôtel  de  ville  sont  grandes, 
surtout  celle  de  la  Cavalcade,  qui  était  bien  faite 
pour  contenir  un  peuple  considérable,  et  pour  y 
donner  des  fêtes  d'éclat;  tout  l'extérieur  est  un  mé- 
lange biz.irre  d'architecture  gothique,  qui  n'inspire 
d'auire  idée  de  grandeur  que  par  son  étendue. 

Les  ruesde  Gand  sont  larges  ;  les  ponts, qui  sont  en 
grand  nombre  sur  les  canaux,  donnent  beaucoup  d'a- 
giémeni  et  de  commodité  dans  une  ville  qui  pourrait 
contenir  deux  fois  plus  de  monde.  Les  places  pu- 
bliipies  y  sont  aussi  très-grandes  et  assez  bien 
décorées  par  des  hôtels  ou  d'autres  édifices  publics. 

Gangra,  Kanghri,  ancienne  résidence  des  rois 
paphlagoniens,  capitale  de  la  Paphiagonie depuis  le 
ly"  siècle,  située  entre  deux  petites  rivières  qui  se 
jettent  dans  l'Halys.  — Cette  ville  fut  déclarée  au  v<^ 
siècle  métropole  de  ia  Paphiagonie.  Sa  juridiction 

église  a  conservé  ses  tableaux.  (Noie  de  routeur.) 

(2)  On  voit  dans  cet  hôtel  de  ville  un  tableau  de 
van  Brée,  lepréseniant  le  prince  d'Orange  intercé- 
dant, en  1577,  auprès  des  factieux,  en  faveur  des 
catholiques  opprimés.  (Note  de  l'auteur.) 


465 


GKOGRAPHIK  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


4G0 


s'étendait  surles  archevêchés  d'Amastris,  de  Pompéio- 
polis,surlesévêchésdeJunopolis,deSora,deOadybra. 
Elle  occupait  le  quinzième  rang  parmi  les  métropoles, 
et  son  métropolitain  était  rangé  parmi  les  hijper- 
tîmes  ou  trés-honorables.  Il  s'y  tint,  sous  le  poiiiificat 
de  saint  Sylvestre  un  concile  en  32o,  composé  de 
quinze  évéques,  au  sujet  des  opinions  d'Eustailie 
d'Arménie,  qui  piofcssaii  la  vie  des  ascètes,  et  pir 
un  zèle  peu  éclairé  repoussait  le  mariage  comme 
étant  une  cliose  mauvaise.  Les  Pères  du  concile 
conilamnèrent  cette  opinion  en  vingt  canons,  qui 
ont  été  recueillis  dans  les  codes  de  l'Eglise  grecque 
et  latine.  —  Il  se  tint  dans  cette  ville  un  autre  conci'e 
en  573.  —  Gangra  n'est  plus  qu'un  village  habité 
par  des  Grecs.  —  Quelques  auteurs  prétendent  que 
l'ancienne  Gangra  est  au  contraire  Totia  (l'ancienne 
Théodosia  Gangrorum),  qui  est  un  bourg  également 
haliilé  par  des  Grecs,  dans  la  province  d'Amasie. 
Celte  prétention  ne  nous  paraît  pas  fi)ndée.  Au  reste, 
nous  avons  suivi  ici  l'opinion  du  célèbre  orientaliste 
de  Hanimer,  dans  son  Histoire  de  l'empire  olloman. 

GermanicopoUs,  vel  CUindiopolis,  suivant  i^uelques 
auteurs,  Kastemuni,  renferme  plii>ieurs  mosquées 
remarquables.  —  Sa  population  est  aujourd'liui  de 
13,000  habitants.  —  Cette  ville,  située  dans  une  val- 
lée profonde,  au  milieu  de  laquelle  se  dresse  un 
roclier  escarpé  couronné  d'un  ancien  cliâieau,  ren- 
ferme le  tombeau  d'un  saint  musulman,  et  a  donné 
naissance  à  plusieurs  poêles,,  ainsi  qu'à  la  fameuse 
Seincb.  Kastemuni  est  l'ancienne  Germanicopnlis 
ou  Claudiopolis  dans  la  Paplilagnnie,  évéclié  au 
v^  siècle.  —  Métropole  de  la  province  d'Ilonoriade 
jusqu'au  .\i!i«  siècle,  elle  avait  sous  sa  juridiction  les 
cvècbés  A'Heraclea  Ponii,  de  Prusias,  de  Teium,  de 
Flavianopolis  et  d'Iladrianopobs.  —  La  rivière  du 
même  nom,  afduent  du  Kizil-Innack,  fleuve  qui  se 
jette  dans  la  mer  Noire,  passe  auprès  de  celte  ville.  — 
Germaniiopolis,  ou  Claudiopolis  ayant  été  ruinée 
paries  barbares  dans  la  seconde  partie  du  w  siècle 
et  an  commencement  du  xir',  le  siège  métropolitain 
fut  ensuite  irinsféré  à  Hernclfa-Ponti.  Les  auteurs 
sont  partaeés  sur  le  nom  de  Kastemuni  :  les  uns  en 
font  l'antienne  Germanicnpolis  ,  d'autres,  l'ancienne 
Claudiopolis.  P:irmi  ces  derniers  sont  le  P.  Charles 
de  Saint-Paul  el  l'abbé  de  Commanville.  Il  y  a  eu 
une  autre  ville  ép^scupaledu  nom  deGernianicopoli>  ;' 
clic  faisait  partie  de  la  piovince  d'Isaurie  dans  le 
patriarcat  d'Anlinche,  sous  la  métropole  de  Seleucia 
Oipera  (Sc'escliie).  Elle  n'est  pins  qu'un  pauvri'  petit 
village.  Il  y  a  eu  anssi  d.ms  la  même  province  d'Isau- 
rie et  sous  la  même  métropole,  une  ville  épiscopale 
du  nom  de  Cbmdiopolis  qui  n'existe  plus.  Ces  deu.v 
évécliés  dataient  du  iv«  siècle. 

Grani  Aquœ,  vel  Capella  Aquarum,  vel  Aquisgranum, 
Aix-la-Cliapclle  {allem.  Aachen),  cbef-lieu  du  gonver- 
nementde  ce  nom,  dans  le  grand-duché  du  Bas-Rhin, 
en  Pru-se  ,  cl  siège  d'un  tribunal  d'appel  ;  aulrefuis 
ville  libre  et  impériale  d'Allemagne,  dans  le  cercle 
de  Wesiphalie.  enclavée  dans  le  duché  de  Juliers  , 


près  des  limites  du  duché  de  Linihourg  et  sous  \x 
protection  de  l'électeur  palatin. 

Son  nom  lui  vient  du  mot  aquœ,  eaux,  et  da 
Serenus  Granus ,  qu'on  regarde  comme  son  fonda- 
teur (124  après  J.-C).  On  ignore  l'époque  de  sa 
fondation,  mais  on  y  trouve  des  ruisies  antiques  qui 
font  supposer  que  sous  Jules-César  et  Drusus  ,  les 
Romains  y  ont  séjourné  quelque  temps.  Brûlée  par 
Attila  et  ses  Huns  en  451,  elle  fut  tirée  de  son 
obscurité  par  les  maires  du  palais  d'Austrasie.  Ce- 
pendarrt  elle  doit  son  plus  grand  lustre  à  Charlemri- 
gne,  qui,  charmé  de  sa  siiiiaiion,  la  fit  rebàiir  pour 
en  faire  sa  résidence.  Il  y  mourut  en  814  et  fut  en- 
terré dans  la  cathédrale  qu'il  avait  fondée  en  796  et 
qui  fut  terminée  en  804.  En  1533,  on  y  ajouta  le 
chœur,  au  milieu  duquel  est  placé  le  tonibeau  de 
Cbarlemagne.  Une  couronne  colossale  d'argent  et  de 
cuivre  doré  donnée  par  l'empereur  Frédéric  !«■■  est 
suspendue  au-desus  de  ce  tombeau.  Snus  le  dôme 
de  l'église  on  voit  le  siège  de  marbre  blanc  qui  ser- 
vit au  couronrieruent  de  cinquante-sept  empereurs, 
quand,  selon  la  constitution  de  Charles  IV,  dite  la 
Bulle  d'or,  ce  couronnement  se  faisait  encore  à  Aix- 
la-Chapelle.  Aujourd'hui  les  insignes  impériaux  sont 
à  Vienne,  où  ils  furent  transporté?  en  1793. 

Cliarlemagne  avait  établi  dans  la  cathédrale  irne 
communauié  de  clercs  qui  y  vivaient  en  commun 
sous  un  abbé  on  prévôt.  Les  Normands  ayant  détruit 
cette  église  en  Sj2,  l'empereur  Othori  III  et  Nuiger, 
évêque  de  Liège,  la  lireut  reconstruire  à  la  lin  dit 
x«  siècle  ;  mais,  au  lieu  de  clercs  réguliers,  ils  y  é'a- 
blirent  un  chapitre  de  vingt-huit  chanoines.  Avant 
la  révolution  française,  ce  chapitre,  dont  l'empereur 
d'Allemagne  était  chanoine,  se  composait  de  vingt- 
qiiaiie  chanoines  capilulaires  ei  de  huit  dnmici- 
liaiies.  La  ville  d'Aix-la-Chapelle  possède  un  grand 
nombre  de  belles  églises  :  celle  des  Franciscains 
renferme  des  tableaux  précieux.  — Aix-la-Chapella 
a  six  sources  chaudes  minérales  sulfureuses  el  une 
froide.  Son  industrie  a  perdu  de  son  ancienne  im- 
portance. —  La  ville  renferme  plusieurs  mouumenls 
remarquables  :  la  statue  de  bronze  de  Charlem.igno 
sur  la  grarrde  place,  et  l'hôtel  de  ville  ,  qui  est  iru 
reste  précieux  de  l'an  du  x«  et  du  xiv»  siècle. 

Le  distiicl  d'Aix-la-Ch:ipelle  ,  divisé  eu  onze 
cercles,  contient  environ  538,000  habitants,  dont 
524,500  catholiques,  9700  protestants,  el  1900  juifs 
et  memnoiriles.  —  En  789,  il  y  fut  publié  un  capiiu- 
laire  composé  de  82  articles,  auxquels  on  en  ajouta 
dans  la  suite  16  pour  les  moines  et  21  pour  diverse* 
affaires  ecclésiastiques  et  civiles.  Les  prélats  s'y  as- 
semblèrent en  concile  en  799  :  Alcuin  y  disputa 
contre  Félix  d'Urgel,  qu'il  convainquit  d'hérésie.  Il 
y  en  eut  etreore  nu  autre  assemblé  par  Charlemagna 
i  son  retour  d'Italie  en  802.  D.ins  celui  de  809  les 
prélats  s'éiant  assemblés  par  ordre  dir  même  empereur, 
on  traita  de  la  procession  du  Saint-Esprit,  et  l'on 
députa  deux  évêques,  Bernier  de  Wurms  el  Jessé 
d'.4miens  avec  Adélard,  abbé  de  Certiie,  pour  aller 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  EGCLESIASTIQUE. 


46: 

irourer  le  pape.  Sous  Louis  le  Débonnaire  en  816,  il 
s'y  linl  an  antre  concile  ,  oii  Ainalarius  ,  diacre  de 
Meiz,  fit  une  règle  pour  les  clianoines  et  une  pour 
les  relitîieMses.  Il  y  en  eut  d'aurcs  encore  ;  eu  817, 
é-MiS  un  appaiiemeni  du  pa  ais  impi^rial,  pour  la 
léfonne  des  mœurs  ei  le  réglenieni  des  religieux;  en 
819,  pour  donner  auilieuce.  à  ceux  qui  avaient  reçu 
Tordre  de  Iravailler  à  la  réforme  des  monastères;  en 
85<3,  contre  les  nsnrpaleurs  des  biens  de  l'I-  glise.  A 
la  suite  de  ce  couci'e,  Peiiiii ,  roi  d'A(|nilaii:e,  resti- 
tua les  biens  ecclésiasiiqi  es  dont  lui  ou  les  siens 
s'éiiiient  emparés.  —  En  860et  iiii,  l'archevêiiue  de 
Cologne  et  celi;i  de  Trêves  s'a-seniblèreni  à  Aix-la- 
Chapelle  pour  prononcer  entre  Lothaire  et  Tli^eiberge, 
nn  divorce  que  le  pape  Nicolas  I'""'  ne  voulut  pnint 
ratifier.  Il  envoya  des  légats  que  les  prélats  du  cou- 
cile  réussirent  à  nielire  dan-,  leur  parti;  mais  Nico- 
las l"  les  excommunia,  et  Lothaire  fut  contraint  de 
reprendre  sa  femme,  et  de  répudier  en  86o  Valrade, 
nièce  de  Tliietgaud  ,  archevêque  de  Trêves,  et  sœur 
de  f  elui  de  Cologne,  qu'il  avait  épousée  dans  l'Inter- 
valle, et  dont  il  avait  eu  un  fils,  connu  dans  l'his- 
toire sous  le  nom  d'Hugues  le  Uàiard.  En  917,  les 
piélals  s'assemblèrent  à  Aix-la-Chapelle  poui  le 
couronnement  de  l'empereur  Oïlion,  qui  fut  sacré  et 
.couronné  par  Ilildebert  ,  archevêque  de  Mayence. 
Enfin  en  1022  il  s'y  tint  un  synode  d'é\éques  pour 
terminer  un  différend  '|ni  s'était  élevé  entre  Péligrin 
de  Cologne  et  Durand  de  Liège. 

Le  riche  trésor  de  reliques  conservées  dans  la 
cathédrale  de  celle  ville  s'expose  tous  les  sept  ans  à 
la  dévotion  des  fidèles.  Celte  exposition  attire  un 
concours  de  personnes  qu'on  évalue  à  plus  deSO.OOO. 
A  cette  époque  ,  touies  les  maisons  d'Aix-la-Cha- 
pelle sont  envahies.  La  populaiion  sédentaire  est 
d'environ  40,000  liabiianls.  Elle  était  beaucoup  plus 
con.-idérable  du  temps  de  Charlemagne.  —  Pendant 
tout  le  moyen  âge,  elle  demeura  ville  libre  impé- 
riale, jouissant  de  privilèges  particuliers,  ot  consi- 
dérée comme  le  siège  du  Saint-Empire  romain.  Les 
empereurs  y  furent  couronnés  jusqu'en  1538.  époque 
à  l.nquelle  la  cérémonie  du  couronnement  se  fit  en- 
suite à  Francfort-su  r-le-Meio. 

Aix-la-Chapelle  est  célèbre  dans  l'histoire  des  né- 
gociations diplomatiques  et  des  traités  de  paix  de 
l'Europe  moderne.  Le  2  mai  i668,  on  y  signa  le 
traité  de  paix  entre  Louis  XIV  et  l'Espagne;  et  le  18 
octobre  17.i8,  celui  qui  termina  la  guerre  de  la  suc- 
cession d'Autriche,  et  qui  confirma  la  léunion  défi- 
nitive il  la  France  de  la  Lorraine  et  du  duché  de  Bar. 
En  1818,  il  y  eut  congrès  des  puissances,  signataires 
des  traités  de  1815,  pour  mettre  fin  à  l'occupation 
de  la  France  par  les  troupes  étiangères. 

Aix-la-Chapelle  faisait  partie  de  l'empire  français 
de  18!  0  à  1814,  et  était  le  clief-lieu  du  département 
de  la  Hnêr.  Le  concordat  de  ISOl  y  avait  établi  un 
évêclié  qui  subsista  jusqu'en  1815.  La  ville  dépend 
maintenant  du  diocèse  de  Cologne. 

Çriiidtlvallh,  vallée  du  GrJDdeiwaid,  daof  l'Ober- 


468 

lan,  canton  de  Berne,  Suisse.  Les  liabitanu  sont 
protestants.  —  L'église,  le  presbytère  et  l'auberge 
sont  les  seuls  bâtiments  qui  se  trouvent  sur  tjne  émi- 
nence,  dont  la  hase  est  biignée  par  le  torrent  de  la 
Lutschei.en  ;  toutes  les  autres  habitations  sont  di«- 
persées  dîtns  la  vallée,  qui  conipie  une  population  de 
deux  mille  âmes  environ,  et  (|ui  s'éiend  du  nord-est 
au  snd-onest  sur  une  longueur  de  16  kil.,  tandis  que 
si  largeur  n'est  guère  que  de  2  k=l.  Mesurée  snr  l'é- 
niineii'e  près  de  l'église,  son  élévation  au-dessus  de 
la  Méditerranée  est  de  ôluO  pieds.  Partout  entourée 
de  glaciers  formidables  ,  tels  que  le  Faidhorn ,  le 
Welierliorn,  l'Eiger,  le  Schreckliorn ,  le  Viescher- 
horn  ei  la  Scheideck,  cette  vallée  doit  elle-même  sa 
réputaiion  à  deux  glaciers  qui  portent  son  nom.  Ce- 
lui, appelé  le  grand  glacier  du  Giindelwald,  se  trouve 
entre  le  Wetterlinrn  cl  le  Metietiberg;  le  petit  est 
siiné  entre  cette  dernière  montagne  et  l'Eiger,  et  ils 
sont  séparés  l'un  de  l'autre  par  les  rochers  du 
Sebreckhorn.  Ces  deux  glaciers  sont  d'un  accès  fa- 
cile, et  ne  sont  distants  de  l'auberge  que  d'une  lieue. 
Là,  où  le  pied  glisse  aujourd'hui  sur  des  champs  de 
glace,  un  voyaii,  dans  le  onzième  siècle,  de  gras  pâ- 
turages qui  s'étendaient  jusqu'au  Valais.  La  vallée 
du  Grindel«ald  présente  partout  une  multitude  d'as- 
pects et  de  points  de  vue  qui  surprennent  le  voya- 
geur et  le  remplissent  d'admiration.  —  Un  chemin 
qui  ne  |  résente  aucun  danger  conduit,  par-dessus  la 
Scheideck  (sa  plus  hau'e  ciu.e,  l'Eselsrucken,  dos 
d'âne,  est  à  604-^  pieds  au-dessns  de  la  Méditerr.mée), 
dans  sept  heures  et  un  quart,  à  Meyringen,  dans  la 
vallée  lie  Hasie.  Cette  Iraversée,  qui  présente  diffé- 
rentes scènes  et  plusieurs  points  de  vue  très-remar- 
quables, mérite  d'être  décrite  avec  quelques  détails. 
Sur  l'Eselsruiken ,  on  contemple  avec  surprise  la 
masse  ée.orme  du  Welierliorn,  duquel  on  s'approche 
de  b:en  prés  en  traversant  la  Ro^salp.  Du  haut  de  la 
montagne  jusqu'au  pied  du  chalet  de  la  Scliwarz- 
walilalp.  Il  y  a  6  kil.,  et  de  là  jusqu'au  Roseidauibad 
(bains  de  la  Rosenlaui),  4  kil.  Près  d'un  pont  qui  se 
trouve  dans  cet  endroit,  on  voit  le  glacier  de  la  Ito- 
senlani  dans  toute  sa  magnificence.  D'ici  ou  compte 
6  kil.  jusqu'à  une  saillie  de  roclier  nommée  Z^Yirgi 
ouTwirgi,  d'où  l'on  découvre  la  vailée  basse  du  llasle, 
et  enfin  on  arrive,  en  trois  quarts  d'heure  et  en  p:is- 
sant  près  de  la  ehute  du  Reichenbach,  à  .Meyringen. 
—  La  vallée  de  llasle,  qui  se  dirige  du  sud-est  au 
nord-oue^I,  a  une  longueur  de  40  kil.,  et  sedivise  eu 
haute  et  basse  vallée.  La  première  occupe  un  esp»ce 
de  28  kil.  depuis  le  Grimsel  jusqu'à  Meyringen,  et  la 
seconde  a  12  kil.  d'étendue  depuis  ce  village  jusqu'à 
Brienz.  Toute  la  vallée,  qui  est  arrosée  d'un  bout  à 
l'autre  par  l'.^ar  ,  se  trouve  renfermée  entre  une 
chaîne  de  rochers  escarpés,  qui  ne  s'ouvre  qu'en  ap- 
prochant du  lac  de  Brienz.  Elle  est  habitée  par  un 
peuple  qui  se  d  siingue  avantageusement  des  auires 
habitants  des  Alpes,  tant  par  son  idiome  que  par  ses 
belles  formes  corporelles  et  d'autres  particularités. 
A  en  croit*  les  liadiiions  et  c|uelques  vieilles  cliau- 


40^ 


GEOGRAPHIE  DES  LF.CENOES  AU  MOYEN  AGE. 


470 


ion»  populaires  ,  même  d'après  un  registre  qui  se 
conserve  sur  les  tieuT,  ce  peiipte  est  d'origine  Scan- 
dinave. Fuyant  nne  famine  n"i  désninil  b  Suède  dans 
le  V"  siècle,  ses  ancêtres,  réunis  sons  la  cnndnite  tJ'nn 
nommé  Hatig,  natf  de  Hasie  (ville  suéiloise),  après 
avoir  erré  longtemps  dans  différtMiis  p^'ys,  arrivèrent 
enfin  dans  cette  cimirée ,  et  s'y  fixérem.  —  D'nne 
ciniiience  qui  se  trouve  derrière  l'église  de  Moyrin- 
gen,  on  plane  sur  pre-que  toute  la  vallée,  qui  offre 
des  lahleauN  magnifi(ines  et  Viiriés.  Les  sept  cascades 
du  Rpiclieiilwch  v'y  rencontrent,  et  la  clinle  supé- 
rieure n'e'-t  éloignée  dn  \\  lage  que  d'un  kil.  ;  sa  co- 
lonne d'eau,  qui  se  préc'pite  d'une  h:iutenr  verticale 
de  trois  cents  pied-,  en  a  (Tes  de  trente  de  largeur, 
et  le  bruii  qu'elle  fait  est  véritablement  effrayant; 
mais  le  coup  d'œil  qu'elle  présente,  lorsqu'elle  est 
éclairée  par  Ir  soleil  levant,  est  d'une  beauté  snblime, 
snrtiiiit  en  été,  et  notamment  vers  l'époque  dn  sol- 
stice. Le  point  de  vue  le  plus  favorable  pour  con- 
templer le  Reichenbacli,  est  sur  le  pont  de  l'Aar,  du 
côté  de  Mcyiingen;  de  celte  place  on  découvre  un 
iris  resplindlssaiil  des  couleurs  les  plus  brillante--. 
La  cinite  inférieure  est  moins  bauie,  mais  égabnient 
très-belle;  c'est  dans  la  soiiée  qu'on  la  vnit  dans  sa 
plus  grande  splendeur.  Le  Falclieriibach,  qui  se  pré- 
cipite d'nne  bautenr  de  deux  cen-s  pieds,  un  peu 


au-dessous  dn  village  de  Meyringen,  et  l'Alpbacb, 
qui  se  vnit  dans  la  chaîne  de  montagnes  Jk  l'est,  sont 
deux  cascades  qui  méritent  également  d'être  remar- 
quées. 

Gusari,  les  Ogliuses,  nommés  Ghuses  ou  Uses 
dans  les  liivlnriens  bysmiiins,  occupaient  le  Turkes- 
tan  1 1  la  contrée  située  entre  l'Iuxartes  et  l'Oxus  ;  ils 
étaient  mêlés  fréqnciiinient  aux  guerres  des  Cliosroès 
de  Perse  et  de<  klialifes  d'.\rabie.  Ces  Ogliuses  s'é- 
tabliren;,  sous  le  nom  de  Tnrkmans,  sur  les  rives 
orientale  et  occiileniale  de  la  mer  Caspienne.  Ils 
firent  des  invnsions  dans  la  Syrie,  car  saint  Jérôme 
se  plaint  beaucoup  de  leurs  ravages  dans  plusieurs 
de  ses  le' très.  Depni';,  dans  le  xii*  s'ècle,  ils  lirent 
une  invasion  dans  le  Khurassan,  on  ils  mirent  tout  i 
feu  et  à  sang.  Il  faut  compter  dans  les  races  turques 
non-senlemeni  c  s  Ouhuses,  mais  aussi  les  Kumms, 
les  Peisclienègnes,  les  h'ziges  et  les  Jasses.  Toutes 
ces  tribus  étaient  iilolàtres.  Il  convient  d'y  joindre 
aussi  les  Vigurs,  répandus  de  Korakiirum  à  Tnrf;in, 
qni  reçurent  le  nom  d'L'sbegs,  à  cause  d'U~h  y- 
Khan,  dominaienr  de  ces  pays,  l^eiir  langue  e^i  b; 
turc  le  plus  ancien  et  le  plus  pur.  La  langue  ghé- 
sienne  ou  tnrcomane  est  aujourd'hui  la  langue  des 
Turcs. 


Hadrin,  .\dria,  ancienne  ville  de  l'Italie,  bàiie  sur 
les  ruines  de  l'Hadria  des  Romains,  qui  était  un  port 
de  mei-  sur  le  golfe  Adriatique,  et  dont  elle  est  éloi- 
gnée aujourd'hui  de  20  kil.  par  les  immenses  attcr- 
rissemcnts  formés  aux  bouches  du  Pô,  lesquels  sont 
dus  à  des  causes  intéricuies,  indépendantes  des  in- 
fluences maritimes.  Erigée  en  évècbésousla  métro- 
pole de  Kavenne  au  v«  siècle,  elle  testa  jusqu'au  x» 
siècle  la  résidence  de  l'évéque,  qui  se  retira  à  lio- 
vigo  ;  et  depuis  ce  temps  ses  successeurs  ont  conti- 
nué d'habiter  cette  ville.  —  Son  commerce  était  très- 
florissant  et  fort  considérable  au  commencement  de 
l'ère  chrétienne,  puisqu'elle  donna  son  nom  à  la  mer 
Adriatique.  Il  consiste  aujourd'hui  en  grains,  che- 
vaux, bétail,  en  cuirs  et  poteries.  Cette  ville  est  de 
la  province  de  Venise,  à  18  kil.  est  de  Ko\igo,  sur  le 
canal  Rianco.  Comme  elle  est  située  au  milieu  d'un 
pays  marécageux,  le  climat  y  est  très-insalubre. 

Uamacosiot,  tel  Fama  Augusii,  Famagouste,  an- 
cienne ville  épiscojiale  de  l'ile  de  Chypre,  autrefois 
Arsinoé,  ilii  nom  de  la  sœur  de  PtoléméePhiladelpbe, 
qui  en  jeta  les  fondements.  Le  nom  de  Famagouste 
vient  originairement  d'Amocusta,  qui  signifie  bâtie 
dans  le  sable,  par  rapport  à  la  terre  déliée  et  sa- 
blonneuse qui  l'environne. 

Cette  ville  est  située  sur  la  côte  orientale  de  l'île  ; 
on  e  1  approche  de  très-prés  avant  que  de  l'aperce- 
voir, encore  ne  découvre-t-on  que  la  pointe  des 
édifices,  les  terres  environnantes  lorraant  une  pente 
extrêmement  allongée,  donlle  sommet  est  pour  ainsi 


dire  de  niveau  avec  les  parties  les  plus  élevées  de  la 
ville.  Elle  a  deux  milles  de  circonférence  :  elle  est 
assise  sur  nii  rocher;  les  murs  sont  épais,  larges  et 
aplanis  par  le  liatit;  à  l'entour  circule  un  fossé  pro- 
fond, que  l'on  a  creusé  au  ciseau  :  ils  sont  en  outre 
flanqués  de  douze  énornies  loui.s,  dont  les  murailles, 
épaisses  de  quatre  pas,  embrassent  un  cercle  de  cinq 
pas  de  diamètre.  Da:is  l'intérieur  Je  la  ville  est  un 
phare,  trois  bastic  ns,  un  boulevatd  avec  deux  rangs 
de  batterie  et  une  citadelle.  —  Cette  ville  loriiliée 
en  4195,  par  Gui  de  Lu.-ignan,  s'accrut  encore  en- 
tre les  mains  des  Génois  qui  la  gouvernèrent  près 
d'un  siècle,  de  Jacques  le  Bâtard,  et  enfin  des  Véni- 
tiens. —  Elle  a  deux  portes  à  ponts-levis,  l'une  vers 
la  terre,  et  l'autre  du  côté  de  la  nier;  celle-ci  con- 
duit au  port,  dont  l'entrée,  exirêiiiement  élioite,  est 
ferince  chaque  nuit  par  une  chaîne  c|Ut:  l'un  altaclie 
à  un  des  boulevards  du  purl.  L'accès  n'en  est  permis 
qu'aux  bâtiments  vides,  non  que  l'emrée  en  soit  peu 
profonde,  mais  parce  que  le  port  est  en  grande  par- 
tie comblé;  il  est  défendu  au  levanl  par  une  suite  de 
rochers  qui  empèclieni  la  mer  d'y  entrer  avec  impé- 
tuosité :  de  là  vient  qu'il  offre  aux  vaisseaux  un 
abri  sûr  et  tranquille  ;  aussi  est-ce  dans  ce  port  que 
les  capitaines  font  radouber  et  caréner  leurs  bâti- 
ments. —  C'est  à  Famagouste  que  le>  Lusignans  se 
faisaient  sacrer  rois  de  Jérusalem.  Cett  •  coutume  ne 
cessa  qu'à  la  prise  de  l'Ile  par  les  Génois.  Ceux-ci 
s'emparèient  de  Famagouste  dans  le  xiv  siècle,  au 
temps  du  roi  Pierre;  le  roi  Jacques,  son  successeur, 


*71 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


lit  leur  accorda  librement  avec  six  milles  du  territoire 
de  I:)  ville,  qu'ils  gouvernèrent  selon  leurs  lois.  Au 
xv°  siècle,  Jacques  le  Bâtard  en  fit  la  conquête, 
npiès  trois  ans  de  siège,  et  un  des  articles  de  la  ca- 
piiuliii  on  était  la  promesse  d"y  maintenir  les  lois  de 
Gènes.  Lile  tomba,  en  1490,  entre  les  mains  des  Véni- 
tiens. Fainagouste  eut  alors  à  sa  tête  un  noble  véni- 
tien, qui  en  était  en  quelque  sorte  le  ministre  plé- 
nipotentiaire. Le  18  septembre  de  l'année  1570, 
Musîaplia,  général  du  sultan  Sélim,  conduisit  ses 
troupes  devant  Famagouste,  et  vint  camper  au  rou- 
cbant,  dans  le  village  de  Poinme-d'Adam.  Le  siège 
s'ouvrit  le  23,  et  le  !*■■  octobre  on  commença  à  la 
battre  en  brèche.  Au  mois  d'avril  1571,  il  se  rap- 
procha des  murs,  et  alla  camper  dans  les  jardins 
voisins  de  Famagouste.  Le  gouverneur  était  le  brave 
Marc-Antoine  Bragadin  :  de  vaillants  geniilsliommes 
défend^iient  avec  lui  celte  place  imporianle,  qui  est 
vraimentlacIefduroyaume.il  y  avait  alors  dans 
FainngouMe  8000  âmes,  et  iOOOenèlat  de  porter 
les  armes.  Celte  vaillante  élite  soutint  six  terribles 
assauts,  et  fit  face  à  lontos  les  forces  de  l'empire 
ottoman  :  le  nombre  l'emporta,  et  le  1"^'  août  1571, 
la  ville  se  rendit  à  des  conditions  honorables  que 
Mustapha  viola ,  an  mépris  des  droits  les  plus  sacrés. — 
Le  17  août,  Bragadin,  après  mille  outrages  et  ava- 
nies qui  mirentdans  le  plus  grand  jour  Tliéroïsme  de 
cet  intrépide  commandant,  fut  écorché  tout  vif,  sa 
peau  remplie  de  paille,  son  corps  déchiré  et  ses  mem- 
bres épars  dans  divers  postes  de  fortifications;  celle 
peau  fut  ensuite  mise  dans  une  caisse  avec  les  lètos 
d'Eslor  Bâillon,  de  Louis  .Marlinongo,  du  brave  Cas- 
lellano  et  de  Quirini;  toules  ces  lètes  furent  portées 
à  Constaiitinople  et  présentées  au  grand  seigneur. 
Anioine  Bragadin  fiére  du  commandant,  Marc  Er- 
molaiis  et  Anioine  ses  fils,  racheièrenl  la  peau  de  ce 
liériis,  et  la  firent  inliunier  à  Venise  en  1S96,  dans 
l'église  de  Saint-Paul  et  Saint-Jean.  Il  n'est  point 
d'éiianger  ni  de  voyageur  qui  n'aille  contempler 
avec  une  admiration  mêlée  de  trislesse  la  tombe  de 
ce  grand  homme.  —  L'armée  ottomane  était  de 
200,000  hommes;  il  n'y  avait  que9i,000  Turcs,  le 
reste  était  un  ramas  d'aventuriers  de  Syrie,  de  Kara- 
n)anie  et  de  l'Anatolie.  On  peut  jusjer  de  l'iiitrépidiié 
des  assiégés  par  le  nombre  des  Turcs  morts  devant 
la  place  :  la  garnison  était  à  peine  de  400  )  hommes, 
et  il  y  périt  plus  de  75,000  Turcs.  C'est  .sans  douie  à 
cela  qu'il  faut  attribuer  toutes  les  barbaries  dont  se 
souilla  Mustapha. 

Vers  l'an  1370  sainte  Brigitie,  allant  à  Jérusalem, 
passa  par  Chypre,  où  régnait  alors  la  reine  Eléonore, 
lille  du  duc  de  Milan  et  vi'uve  de  Pierre  de  Lusi^'nan, 
qui  fui  assassiné  par  ses  frères.  La  sainte  essaya  d'ar- 
réier  les  débordements  de  cetli;  ileel  fit  pari  aux  ha- 
bitants d'une  révélation  sur  la  ruine  prochaine  du 
royaume,  s'ils  ne  rentraient  dans  la  bonne  voie.  A 
la  prière  de  la  reine  Eléonore,  celte  sainte  resta  jus- 
qu'au ciinroiinemeni  de  son  fils  Pierre,  qui  fut  pro- 
clamé rni  de  Chypre  à  Nicosie,  et  roi  de   Jérusalem 


dans  Famagouste.  Brigitte,  après  la  visite  des  saints 
lieux,  retourna  dans  cette  dernière  ville,  annonça  sa 
ruine  et  celle  du  royaume  :  l'événement  a  jusiiflé 
sa  prédiction. 

Famagouste  n'a  rien  perdu  à  l'extérieur  de  son  an- 
tique construction  :  ses  fossés  sont  entièrement  des- 
séchés ;  les  murailles  en  bon  état,  à  l'exception  de 
quelques  tours  endommagées  par  le  canon  ennemi, 
etquel'on  n'a  point  réparées.  Il  n'en  est  pas  de  même 
de  l'intérieur  de  la  ville  :  on  n'y  marche  plus  que  sur 
des  ruines  et  des  décombres.  Le  nombre  des  églises 
démolies  est  immense  ;  on  assure  qu'une  aussi  petite 
enceinte  en  avait  renfermé  jusqu'à  deux  cents  ;  elles 
étaient  extrêmement  élevées,  mais  étroites.  —  On 
distingue  la  cathédrale  latine  de  Saint- Nicolas,  an- 
jourd'hui  la  principale  mosquée,  et  dont  la  construc- 
tion ressemble  en  tout  point  à  celle  de  Sainte-Sophie 
de  Nicosie.  Il  y  a  plusieurs  pierres  sépulcrales;  c'est 
là  ,  enire  auires,  que  furent  inhumés  Jacques  le  Bâ- 
tard el  le  roi  Jacques  sou  fils.  Vis-à-vis  de  l'église, 
sur  la  place,  sont  trois  arcades  soutenues  par  diver- 
ses colonnes  de  granit  oriental,  et  portant  les  armes 
de  la  république  de  Venise  :  le  reste  du  mur  est  cou- 
vert d'armes  de  familles  vénitiennes  et  génoises,  qui 
ont  eu  le  commamlement  de  la  ville.  Derrière  ces 
arcades  sont  les  ruines  de  l'ancien  palais  des  gou- 
verneurs de  Famagouste.  Ou  a  fait  une  mosquée  de 
la  superbe  cathédrale  de  Sainte-Croix  ;  l'église  de 
Saint-Paul  était  également  un  des  plus  beaux  édifi- 
ces de  celte  ville;  elle  tombe  aujourd'hui  en  ruine. 
Un  certain  Simon  Nostran,  négociant,  l'avait  fait  bâ- 
tir avec  le  produit  d'un  seul  voyage  de  Syrie  ;  ce  fut 
au  xiv«  siècle,  sous  le  régne  de  Pierre,  dans  les 
beaux  jours  du  commerce  de  l'ile.  Le  roi  Pierre  vint 
en  1568  à  Florence,  où  la  république  le  reçut  avec 
tous  les  honneurs  dus  à  un  aussi  bon  monarque  : 
Jean  Sostegni  en  était  alors  gonfalonier.  Il  est  à  re- 
marquer que  les  Grecs  seuls  ont  une  église  à  Fama- 
gouste, et  qu'on  ne  voulut  jamais  permettre  aux 
Latins  d'.ivoir  aucun  temple,  ni  aucune  maison  qui 
leur  appartînt  en  propre.  C'est  dans  celle  ville  qu'é- 
tait le  corps  de  saint  Epiphane,  évêquede  Salamine, 
docteur  et  Père  de  l'Eglise.  On  ne  sait  ce  qu'il  est 
devenu  depuis.  —  La  citadelle  n'est  point  endomma- 
gée ;  on  y  met  les  malfaiteurs  de  l'île  et  de  l'empire 
olioman  :  elle  est  particulièrement  destinée  aux  pri- 
sonniers d'Etal.  Le  fossé  qui  l'environne  n'a  plus 
d'eau  et  se  remplit  tous  les  jours.  Dans  l'intérieur 
de  la  ville,  du  côté  de  l'orient,  sont  les  ruines  de  l'é- 
difice où  se  construisaient  les  galères.  On  voit  au 
nord,  près  des  murs,  la  fonderie,  très-bien  conser- 
vée. Sur  la  place,  à  côié  du  palais  du  gouverneur, 
est  l'arsenal  :  il  renferme  toutes  sortes  d'armes  et 
d'armures  du  temps  des  princes  chrétiens,  et  d'autres 
plus  anciennes  encore.  On  en  a  muré  les  portes  et 
les  fenêlres  :  la  mémoire  de  ces  armes  est  en  quel- 
que sorte  ensevelie;  c'est  pour  empêcher  que  le 
peuple,  en  cas  de  soulèvement,  ne  trouve  là  de  quoi 
attaquer  et  se  défendre.  Les  murs  offrent  de  grosses 


i 


473 

pièces  d'artillerie,  mais  démoaiées  et  en  très-mau- 
vais étal. 
•  Celle  ville  compte  à  peine  aujourd'hui  200  habi- 
tants. Les  anciennes  maisons  sont  coutinuellement 
en  vente  ;  on  ne  les  achète  que  pour  les  démolir, 
en  enlever  le  bois  et  principalement  les  ponis  et  les 
planches.  Il  est  rigoureusement  défendu  d'emporter 
les  autres  matériaux,  et  quelque  part  que  l'on  se 
tourne,  on  ne  Vdit  que  des  monceiuii  de  pierres.  II 
n'y  a  point  de  commerce  dans  Famagousle,  mais  un 
grand  nombre  de  bàiimenls  viennent  se  radouber 
dans  Sun  port.  Aui  environs  de  la  ville,  sur  les  bords 
de  la  mer,  vers  le  midi,  se  trouvent  des  jardins  qui 
renferment  beaucoup  de  citronniers,  d'oran!,'ers  et 
d'autres  fruits  de  cette  espèce.  L'arbre  nommé  Caicia 
est  une  sorte  d'abricotier.  La  pellicule  de  son  fruit  est 
rouge  e\  blanche;  sa  cliair  a  beaucoup  de  jus,  elle 
est  plus  délicate  que  substantielle.  Il  commence  en 
mai  et  ne  dure  guère  plus  d'un  mois;  on  l'estime 
beaucoup  :  il  est  tout  à  la  fois  agréable  et  salutaire. 
La  campagne,  semée  de  coton  et  couverte  de  nnl- 
riers,  est  très-fertile.  —  Aux  environs  du  village  de 
Varrochie,  à  côic  d'une  ancienne  église  de  Sainte- 
Marie,  sont  les  aqueducs  de  Famagouste,  si  mal  ré- 
parés, qu'ils  manquent  le  plus  souvent  d'eau.  En 
tournant  au  nord,  et  passant  devant  la  ville,  on 
trouve  beaucoup  de  maisuns  détruites  et  de  jardins 
ahaiid(uiiiés.  —  L'air  de  ces  environs  n'est  pas  le 
meilleur  de  l'Ile  :  cette  maligne  influence  a  pour  cause 
lachaleurque  les  sables  rendent  excessive,  et  les 
eaux  putrides  et  stagnantes  du  lac  de  Constance,  qui, 
en  été,  n'est  plus  qu'une  mare  infecte  et  malfaisante. 
Ce  lac  est  formé  depuis  que  le  fleuve  ou  torrent  Pe- 
diciis  n'a  plus,  comme  on  lobserve  dans  les  ancien- 
nes cartes  géographiques,  son  embouchure  ordinnire 
entre  Famagouste  et  Salamine.  Après  la  ruine  de 
cette  dernière  ville,  Famagousle  la  remplaça  comme 
capitale,  et  l'archevêiiue  grec  y  transporta  son  siège 
dans  l'église  de  Saint-Georges,  vers  le  ix»  siècle.  Il 
fut  transféré  à  Nicosie  au  xiii=.  Après  la  prise  de  l'ile 
par  les  croisés,  Famagousle  devint  le  siège  d'iinai- 
chevéque  latin,  vers  la  lin  du  \\i'  siècle.  L'église 
Saint-Nicolas  était  la  cathédrale.  Le  pape  Innocent  III 
transféra  ensuite  l'archevêché  à  Nicosie. 

Hankobera,  Ankober,  capitale  du  royaume  de  Choa, 
dans  l'Abyssinie.  —  Les  tourneurs  en  corne  y  sont 
d'une  habilité  extrême.  On  y  fait  des  aiguilles,  des  ci- 
seaux, des  rasoirs  et  des  platines  de  fusils.  La  poterie 
est  extrêmement  variée.  Cette  vilh",  arrosée  par  les 
sources  de  Chaffa  et  de  Denn,  contient  environ  5000 
habitants;  elle  est  bâtie  sur  le  penchant  d'une  colline 
que  domine  le  palais  du  roi,  remarquable  par  sa 
vaste  dimension  :  plusieurs  églises  magnifiquement 
(imbrjgées  apparaissenisnr  les  éminences.  Ankober 
j.uit  d'un  admirable  point  de  vue  :  du  côté  de  l'est, 
i>urune  phiinearide  et  blanchâtre,  se  dessine  lecours 
de  l'Ilaouacli,  qui  va  s'ensevelir  sous  les  sables;  au 
sud,  se  déploient  de  belles  forêts  de  sabines.  —  Les 
habitants  jurent  par  Dieu,  au  lieu  de  jurer  par  Marie, 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOIEN  AGE. 


47i 

comme  les  Abyssiniens  ;  ils  ont  une  grande  vénéra- 
lion  pour  saint  Michel.  —  II  est  probable  que  ce 
pays  a  été  une  mission  du  patriarcat  d'Alexandrie, 
aux  époques  de  sa  foi  et  de  son  indépendance. 

Uarcona,  Arcona.—  Cette  ville  était  située  sur  la 
côte  de  l'ile  de  Rûghen,  qui  forme  la  pointe  la  plus 
septentrionale  de  l'Allemagne.  Elle  est  la  dernière 
localité  où  les  Slaves  idolâtres  aient  résisté  avec  une 
sorte  de  désespoir  aux  Allemands  devenus  chrétiens. 
Beaucoup  d'entre  eux  préférèrent  mourir  plutôt  que 
de  renoncer  aux  idoles,  parce  qu'ils  y  rattachaient 
des  idées  de  nalionaliîé,  et  qu'ils  ne  voulaient  pas 
d'aill-urs  embrasser  la  même  religion  que  les  Alle- 
mands, avec  lesquels  ils  étaient  en  guerre.  —  Ar- 
cona est  aujourd'hui  totalement  ruinée,  et  l'on  a 
même  peine  à  reconnaître  ses  ruines. 

//astsa,  Aussa ,  ou  Haoussa,  ville  de  l'Abyssinie, 
est  située  dans  une  plaine  fertile,  non  loin  des  mon- 
tagnes Djohel-Mari.  Le  christianisme  des  habit;inis, 
conmie  celui  de  toute  l'Abyssinie,  est  défiguré  par 
des  pratiques  qui  lui  sont  étrangères.  Cette  ville  a 
été  importante  dans  le  moyen  âge;  mais  les  guerres 
et  les  révolutions  lui  ont  enlevé  de^son  importance. 
La  population  se  livre  à  l'agriculture,  élève  des  bes- 
tiaux et'fait  le  commerce  avec  Tadjoura. 

Havacus,  l'Awache,  ou  le  Ilaouach,  qui  sépare  le 
pays  d'Adiil,  ou  Adel,  du  royaume  de  Choa  eu  Abys- 
siiiie.  Cette  rivière  sort  du  lac  Zaouaja,  au  sud  des 
munis  Barokot,  se  dirige  dans  la  direction  de  l'esl- 
nord-est  ;  coule  dans  une  contrée  à  733  mètres  au- 
dessiis-du  niveau  de  la  mer,  et  après  un  cours  si- 
nueux de  200  lieues  environ,  ou  800  kilomètres,  elle 
se  perd  en  formant  comme  un  lac  dans  les  sables  du 
désert  de  Houssa,  au  pays  d'Adel.  Il  fait  dans  ce  dé- 
sert une  chaleur  dévorante,  et  les  environs  de  la  ri- 
vière, sujets  à  des  fièvres  pernicieuses,  sont  parcou- 
rus par  les  tribus  de  l'Adel  barbares  et  féroces.  — 
Les  eaux  de  l'Awache  sont  peuplées  de  crocodiles 
et  d'hippopotames,  et  ses  rives  fréquentées  par  des 
autruches,  des  girafes,  des  buffles,  des  éléphants, 
des  tigres,  des  lions  et  d'énormes  serpents. —  Dans 
la  saison  des  pluies,  cette  rivière  devient  un  tor- 
rent impétueux,  et  elle  n'est  guéable  qu'à  l'époque 
de  la  sécheresse. 

Helenopolis ,  Jailakabad,  ou  Jalowa,  ville  garnie 
de  palais  et  d'hôpitaux  par  l'impératrice  Hélène  ,  en 
mémoire  de  son  père  qui  de  son  vivant  y  avait  tenu 
une  auberge  ;  nommée  Hélénnpolis  par  l'empereur 
Constantin.  Ce  fut  dans  celte  ville,  située  sur  la 
côte  méridionale  du  golfe  de  Mcumédie ,  que  se 
réfugia  l'armée  des  premiers  croisés  conduite  par 
Pierre  l'Ermite  et  Gautier-sans-Avoir,  après  avoir 
éié  défaits  entièrement  auprès  de  Nicée.  —  Hélène- 
polis,  qui  n'esi  plus  qu'une  bourgade,  a  maintenant 
une  certaine  renocnmée  à  cause  de  ses  eaux  therma- 
les. —  Elle  avait  été  érgée  en  évêché  au  iv'  siècle 
sous  la  métropole  de  Nicomedia,  dans  la  première 
province  de  Bilhynie. 


DICnONNAlRE  OE  GEOGlRkPHie  ECCLESIASTIQUE. 


475 

Héiiopotit,  vel  Iliupotit,  Héliopolis,  ville  épisco- 
paic  de  la  première  provinee  de  Galaiie  dans  Texar- 
fliHl  do  l'ont,  sons  la  niéiropole  d'Aiioyrî»  f  Engnn- 
rijcV  L'évêclié  dalaii  du  vi'  sièi  te  ;  il  ii'exisu-  pttiS. 
La  \ili«!  elle-niêitie  a  élé  viclinie  des  giit'nes  el  des 
ravages  exercés  par  les  Miisiilinaiis  dans  la  pre- 
mière partie  ilu  moyen  Age.  Qnelniies  ailleurs  pen- 
sent iiiie  ses  niiiies  sont  an  village  de  Biili,  habité 
par  des  Grecs,  qno  l'on  rem  outre  à  ipialre  jmiriiéfS 
de  rli min  d'Isiii  (i  (raiiMenne  Nicinéilif).  En  Tur- 
quie, un  ne  cnnipie  iioinl  \fs  (lislaiices  par  lieue, 
mais  par  le  clieiiim  que  l'on  fait  dans  un  jour.  De  là 
l'expression  :  Ce  village  est  à  deux  journées,  cette 
ville  est  à  six  journées. 

Te/i  -(  K  ,  lléliopnlis  ,  la  ville  du  SoleiL,  siinée 
Ci:  1  {;ypio  ,  est  winnnée  en  liélren  On,  et  Orior, 
suivant  Jns-èplie.  llle  est  fort  au-ienm;,  et  la  Genèse 
en  parle  (ch.  xu,  v.  të).  Le  Plinraon,  dit  l'historien 
sacré ,  lui  donna  pour  femme  Asenelli ,  fille  de  Piiti- 
pliiir,  préire  d'Iléiiopolis.  L'était  l;>  que  s'élevait  un 
niagni(ii|He  leniple  dédié  au  Soleif.  t  elle  ville  fui 
ce  ébre  dans  l'histoire  îles  Juifs  par  le  temple  qu'O- 
niasy  liHiàtiravcc  l'agrénii-ni  ili  loi  Pioléinée  Phi- 
loméior  el  de  Cléopàlre  sa  femme.  Ce  temple  ,  qui 
cependant  ne  ressemlilail  point  à  celui  que  Zoroba- 
bel  avail  relevé  à  Jérusalem  sur  les  ruines  du  temple 
de  Salomnn,  était  néanimoins  fort  en  honneur  parmi 
les  Juifs.  Il  servait  ati  culte  du  vrai  Dieu ,  selon  les 
riies  prescrits  par  Moïse.  Les  iradiiions  juives  assu- 
rent même  qu'on  pouvait  s'y  rendre  en  surèié  de 
conscience  pour  la  léuuion  pascale:  bien  différent 
en  cela  du  lemple  de  Garizim,  en  Samarie,  que  les 
deux  tribus  de  Juda  el  de  Denjaniin  restées  fnlèles 
à  Riiloani ,  lors  du  grand  schisme  (  av.  J.  C.  975  ), 
regardèrent  loujnnrs  comme  impur  el  aliominalile. 
Voici,  d'après  Joséphc,  l'Iiisioire  de  cet  édilioe,  une 
des  merveilles  du  monde,  selon  les  Juifs,  i  Onias, 
(ils  de  Simon,  nu  des  ihefs  d>;  prèlies  du  lemple  de 
Jéru'-alem,  fuyant  Antioihus,  roi  de  Syrie,  qui  fai- 
sait la  guerre  aux  Juifs,  vint  à  Alexa,.dric.  A  cane 
de  la  haine  qu'il  portait  à  Aiitiociius,  Pioléniée  l'ac- 
cufillit  avec  bienveillance  ,  el  Onias  promit  de  lui 
donner  loule  la  nalinn  juive  pour  alliée  s'.l  voulait 
lui  ai  corder  C'  qu'il  allait  dire.  Le  loi  (romil  aus- 
sitôt de  le  faire,  pourvu  que  lela  fût  en  son  pouvoir. 
Alors  Onias  lui  demanda  la  permission  d'élever  Un 
tentple  en  qui  Ique  partie  de  l'Egypte  ,  |  our  y  ado- 
fer  Dieu  selon  les  usages  de  sa  paiiie,  ajoutant  que 
par  là  il  rendrait  plus  odieux  aux  Juifs  Aniiocbus 
qui  avail  dévasié  le  lemple  de  Jén^aleui ,  et  qu'il 
s'attirerait  l'amour  des  Juifs  ,  dont  un  grand  nom- 
bre viendrait  se  réfugier  auprès  de  lui ,  poussés 
par  leur  zèle  religieux.  Ptolémée  se  rendit  à  ces 
raisons,  et  lui  donna  un  pays  éloijjné  de  180  stades 
de  Momphis,  qu'on  appelle  le  nome  d'Iléiiopolis. 
Là  Onias  éleva  d'abord  une  forlerrs-e,  puis  un  tem- 
ple qui ,  sans  êire  semblable  à  celui  de  .lérusalem  , 
avait  comme  lui  une  tour  de  60  coudées  de  haut, 
l)fttie  de  pierres  énormes,  11  y  éleva  un  autel  bem- 


476 

blable  à  celui  du  lemple  de  Jérusalem,  et  se  plut  à  y 
rassembler  les  mêmes  nrnenienls,  à  l'exception  toute- 
fois du  chandelier  à  sept  liraitclies.  Il  n'en  lit  point  un 
pareil,  mais  il  le  remplaça  |>nr  une  lampe  de  broute 
duré  (lui  liriHait  d'un  (irand  celai ,  el  il  la  suspendit 
•T  une  chaîne  d'or.  Ëisuiie  tout  l'e-pace  occtuié  par 
le  temple  fui  entouré  d'un  mur  de  briques  avec  des 
pertes  de  pierre.  Le  roi  lui  accorda  en  outre  assr i 
de  terres  et  un  revenu  suffisant  pour  que  les  piè- 
tres pussiiit  fuiirnir  sans  peine  à  toutes  les  dépenses 
du  culte.  »  (Joseph.,  De  Bel.  Jud.,  Iib.  vu ,  cap.  57.) 
Ce  temple  fut  nommé  Onion,  du  nom  de  la  xilL',  et 
subsista  jusqu'au  temps  de  la  guerre  des  Juifs,  sous 
Vespisien.  A  cette  époque,»  Lupus,  gouverneur  d'A- 
lexandrie, ayant  reçu  des  lettres  de  l'empereur, 
vinl  au  temple,  et  après  en  avoir  enlevé  qnelqies 
oriiiments,  le  fit  fermer.  Lupus  élmt  inorl  quelque 
temps  après,  Paulin,  son  successeur,  n'y  laissa  rien 
de  ses  anciennes  richesses.  Il  employa  les  plus  vio- 
lentes menaces  pour  se  faire  tout  donner  par  les 
prêtres  ;  puis  il  interdit  l'accès  du  temple  à  tous 
ceux  qui  voulaient  y  aller  par  dévotion  ;  il  en  lit 
fermer  exactement  les  |iortes ,  el  empêcha  si  bien 
que  qui  que  ce  fùi  s'en  approchât ,  que  bientôt  tout 
vestige  du  culte  divin  en  disparut  Ciitiè  ement.  Il 
s'était  écoulé  depuis  la  fondation  de  ce  lemjile  jus- 
qu'à l'époque  où  il  fut  fermé,  trois  cent  trente-trois 
ans.i  {  Joseph.,  loc.  cit.  ) 

Au  lenifis  de  Jésus-Christ,  ce  temple  était  encore 
dans  toute  sa  splendeur.  Beaucoup  de  causes  con- 
irihiiaient  à  en  lelever  l'éclat.  La  richesse  des  Juifs 
d'Egypte,  qui  éiaieni  arrivés  en  foule  en  celte  con- 
trée à  la  suite  d'Alexandre,  le  temple  d'Ouias  où  l'on 
pouvait  exercer  eu  paix  le  culte  du  Dieu  trois  fois 
saint,  l'iin|ior(:iMrpque  les  philosophes  juifs,  à  la  lête 
desquels  brillait  l'Indu  le  Plaionitien,  avaient  ac- 
quise dans  l'école  célèhre  d'Alexandrie,  l'appui  que 
pouvait  toujours  espérer  un  enfani  de  Jacob  en  se 
présentant  chez  ses  frères,  en  quelque  pays  que  ce 
fût,  tous  ces  motifs  contribuaient  sans  doute  à  atti- 
rer dans  ce  pays  de  Miizraïm,  d'où  leurs  pères  au- 
li^efois  avaient  rapporté  de  si  profi^nds  souvenirs, 
tous  ceux  d'entre  les  Juifs  que  des  malheurs  person- 
nels, des  persécutions  politiques  ou  le  besoin  d'é- 
tendre leurs  relations  commerciales  poussaient  hors 
de  leur  piys  natal.  Aussi  quand  saint  Joseph,  sons 
l'inspiration  d'une  vision  céleste,  résolut  de  fuir  en 
Egypte,  il  ne  se  trouva  point  là  dans  un  pays  barbare 
et  inconnu:  Il  dut  y  rencontrer  plusieurs  membres 
épars  de  la  giaiide  famille  d'lsraél;et  qui  sait  si  la  divine 
enfance  de  Jésus  ne  loui  ba  point  le  coeur  de  quelque 
eulé  de  Sion,  que  l'impiété  de  Pompée,  les  exactions 
des  proconsuls  de  Syrie  ou  la  tyrannie  des  derniers 
rois  de  .ludée  avaient  chassésdu  pays  de  leurs  aïeux  ? 
qui  saii  même  si  leur  àiue,  pleine  de  l'espoir  d'un 
Messie,  n'a  pas  vu  rayonner  dans  les  yeux  du  |diviu 
fugitif  quelque  lueur  de  la  gloire  céleste  ?  Qu'il  nous 
soit  permis  d'emprunter  ici  quelipies  li;;nes  à  la  Cor- 
respunàanee  d'Orieni  sur  l'histoire  et  sur  l'état  actuel 


477 


GEOGKAPIllE  DES  LEGENDES  AIJ  MOYEN  AGE. 


Ht 


d«  celle  ville.  —  <  Héliopulis,  dit  M.  Michaiid,  fut  , 
l'près  Tliëbes  et  Meiiipliis,  la  cité  la  plus  illustre  de 
l'Ëgyple.  La  gloire  de  Mempliis  était  dans  la  iiiagni- 
iiceiic.i  de  ses  pahiis  et  de  ses  temples,  d;ms  ses  pyra- 
mides et  dans  ses  liy|)ngées  ;  celle  d'lléliopi)li$  dans 
l'école  de  ses  préir.'S,  qui,  les  yeux  lixés  vers  le  ciel, 
cliereliaient  la  divinité,  étudiaient  la  pliilosophieet  la 
murale  dans  le  cours  des  astres  et  dans  la  marclie 
des  Saisons.  C'est  dans  lléliopolis  que  se  conservait 
le  dépôt  sacre  des  sciencps  égyptiennes  ;  c'est  là  que 
Maton,  Eudoxe, Thaïes  de  -Milet  et  d'autres  sages  ve- 
naient prendre  des  leçons  qu'ils  transmettaient  à  la 
Grèce,  à  Pltalie,  à  l'Asie  Mineure.  Le  soleil,  que 
l'Egypte  regardait  à  la  fois  comme  le  père  du  jour 
et  le  père  des  intelligences,  av»it  dans  lléliopidis  un 
temple  dont  ranti(|uilé  nous  a  laissé  une  description; 
on  y  arrivait  par  des  avenues  couvertes  de  spliinx  , 
de  siaïues  eideculounes;  plusieurs  obélisques  char- 
gés d'inscriptions,  de  superbes  portiques  ornaient 
les  cours  qui  précédaient  l'enceinle  sacrée.  On  re- 
marquait au  dduie  du  sanciuaire  un  miroir  im- 
mense qui  réfléchissait  les  Ilots  de  la  lumière  du 
ciel,  et  ce  miroir  était  disposé  de  telle  uianiéie  que 
le  dieu  Soleil,  depuis  son  lever  jusqu'à  son  coucher, 
se  trouvait  partout  et  toujours  .présent  dans  son 
temple. 

t  Lorsque  Sirabon  visita  Héliopolis,  il  vit  ses  mo- 
numents à  moitié  ruinés,  et  la  ciié  se  relevant  à  pei- 
ne de  ce  qu'elle  avait  souffert  à  l'invasion  de  Cam- 
byse  ;  mais  elle  conservait  encore  son  école  des  pré- 
Ires:  on  montrait  encore  aux  étrangers  l'ob^erva- 
loire  d'Eudoxe  vers  le  Nil,  la  aiaisi>n  que  Platon 
avait  habitée  pendant  onze  ans.  Depuis  le  passage  de 
Sirabon,  l'histoire  semble  avoir  oublié  jusqu'au 
nom  d'Héliopolis  ;  nous  savons  seulen:ent  que,  dans 
les  premiers  sii^cles  de  l'Eglise,  des  enniies  et  des 
anachorètes  vinrent  chercher  là  une  retraite  ignorée 
parmi  les  débris  des  anciens  temples;  il  ne  reste 
plus  maintenant  qu'un  obélisque  <{ui  est  encore  de- 
bout dans  une  campagne  déserte  ;  autour  du  vieux 
monument,  tout  est  silencieux  et  mort  ;  et  lorsque  le 
voyageur  lui  demande  comment  ont  été  détruits  les  édi- 
liccs  dont  il  décurait  les  avenuss,  il  garde  le  silence; 
quand OD  luidemandecommentlavilleduSoleila  passé 
sur  cette  terre,  sans  y  laisser  de  traces,  semblable  à  un 
liôle  qui  ne  s'arrête  qu'un  jour,  le  témoin  solitaire 
des  vieux  temps  ne  répond  rien  ;  la  charrue  se 
promène  dans  cette  enceinte  couverte  aulrefuis  des 
merveilles  de  l'archuecture;  à  la  place  même  ou 
s'élevait  le  temple  du  dieu  du  jour,  à  la  place  oit 
s'assemblaient  les  sages  et  les  docteurs  pour  obser- 
ver !a  marche  du  temps  et  l'ordre  de  l'univers,  il  ne 
s'agit  plus  maintenant  que  de  savoir  si  un  Fellah  y 
sènieia  du  duurah,  du  trélle  on  du  froment  ;  ei  pour 
qu'il  ne  reste  rien  de  la  vieille  Héliopolis,  les  nou- 
veaux possesseurs  de  ce  lieu  où  fut  trouvée  l'année 
solaire  ne  comptent  plus  les  mois  et  les  saisons  que 
par  les  révolutlous  de  la  lune. 

I  Que  sont  Uevetius  les  autres  obélisqueii  tluot 


riiisiiiire  nous  a  parlé?  Deux  ont  été  transportés  à 
Itome  au  temps  des  empereurs,  un  antre  à  Cnnstan- 
tinuple,  et  nous  l'avons  vu  dans  l.i  place  de  riiippo- 
drorae.  Les  deux  obélisques  d'Alexandrie,  qu'on  ap- 
pelle les  aiguilles  de  Cléopùtic.  et  sur  les.|uels  M. 
de  Chauipollion  a  In  les  noms  de  .Méi  is  et  de  SésDS- 
liis  ou  Rainsès,  sont  venus  aussi  d'Iléliopolis.On  sa- 
perçoil,  en  voyant  l'ohélisipie  qui  e>i  resté  seul,  M'"' 
plusieurs  tentatives  om  éié  faites  |iour  le  renvers  r; 
mais  il  n'en  demeure  pis  moins  ass  s  sur  sa  lla^e 
comme  au  temps  des  Pharaons.  Plusieurs  voyii^^eurs 
ont  remarqué  que,  du  côté  de  l'es:,  la  surface  latérale 
du  momuneni  avait  snhi  quelque  altération  :  ceit'! 
altération  peut  s'expliquer,  ce  mesetiible,  d'une  ma- 
nière assez  naturelle  :  les  pierres  se  couvrent  chaque 
nuit  d'ime  rosée  abondmle,  et  comme  lecôié  oiien- 
lal  de  l'obélisque  se  trouve  exposé  aux  premiers 
rayons  du  jour,  l'action  du  soleil,  en  s'exerçant  sur 
la  pierre  encore  iiuini>le,  peut  à  la  longue  eu  altérer 
la  surface.  Cette  explication  mu  parait  d'autant  plus 
vraiiCmblable,  que  les  obéli-ques  d'Alexamlil',  >|ue 
celui  de  Cunslantinople,  ont  élé  de  même  endom. na- 
ges, et  qu'ils  ne  l'ont  élé  que  du  côté  qui  reg.rrdo 
rOiicnl. 

<  En  approchant  de  robélis(|ue,  nous  avons  pu 
distinguer  sur  les  divers  côtés  de  la  pierre,  rd)is, 
le  scarabée,  le  serpent,  le  lotus,  le  palmier,  la  char-* 
rue,  etc.  Jusqu'ici  un  avait  pensé  (|ue  le  langage  in- 
connu de  ces  signes  pourrait  révéler  un  jour  quel- 
jues-uns  des  mystères  de  la  vieille  Egy|iie  :  ceta 
opinion,  qui  fui  longtemps  accié.iitce  parmi  les  .-.a.. 
vanis,  est  abandonnée  depuis  les  découvertes  dd 
M.  Cliampollion  ;  nous  savons  mainlenuni  que  les 
inscriiilions  d'un  idiélisque  i.e  raïqiellent  jamais  ipie 
la  date  di tiinnient,  le  non)  du  roi  qui  l'a  fait  éle- 
ver,  el  celui  de  la  divinité  a  laquelle  il  é  ait  consa- 
cré; riusciipiion  gravée  Mir  l'ohélisiiue  d'iléliopidis 
annonce  qu'il  lut  élevé  par  Uurtusen,  phaiaon  de  la 
vingt-troisième  dyi.astie.  Osoriasen  régnait  vers  l'an 
800  avant  l'ère  chrétienne,  c'esi-à-dire  pi  es  de  400 
ans  avant  la  con(|uôle  d'Alexandre,  el  près  de  500 
ansav.int  le  voyage  d'ilérodole  en  Egypte. 

(  lléliopolis,  comme  Sais,  Memphis  et  d' .mires 
g-andes  cilés,  avait  des  enceintes  réservées  aux  mo- 
numents religieux  ;  nous  avons  fait  le  tour  de  l'en- 
ceinle oii  se  liouvaieiit  le  temple  du  Soleil  et  l'école 
des  prêtres.  Du  côié  du  nord  el  du  côté  de  l'est,  il 
existe  des  restes  d'une  chaussée,  qu'on  prend  d'abord 
pour  des  amas  de  décombres.  Dans  tous  les  lieux 
cù  fut  bâtie  une  ville  ancienne,  il  est  rare  de  ne  pas 
trouver  des  traces  d'une  nécrop'dis;  lorsque  les 
grands  rnonninenls  ont  disparu,  il  reste  encore  des 
loinbeaux  ;  lonterois  nous  h'avo'ns  rien  trouvé  sur 
l'emplacement  el  dans  les  environs  d'Iléllopalis  qui 
pût  ressembler  à  d'anciennes  sépnlluies,  ce  qui  nous 
prouve  (|ue  la  ville  du  Soleil,  comme  Mempliis,  fai- 
sait porter  ses 'mort-  dans  la  plaine  des  Pyramides. 

I  M.  Jomard,  qui  a  décrit  remplàcemenl  d'Ilélio- 
uu.is,  a  parcouiu  toutes  lés 'cainp»gWfeâ  v'oisines;  i| 


470 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


480 


a  irouvé  des  ruines  en  plusieurs  endroits,  surtout 
dans  le  bourg  d'Héliu)nd,  situé  vers  le  Nil  ;  ce  bourg 
renferme  plusieurs  restes  de  la  ville  antique;  le 
nom  d'Hélioud  est  lui-même  un  reste  ou  un  souve- 
nir d'Héliopolis.  C'est  ainsi  que,  dans  la  Troade, 
l'anliquilé  vit  successivement  ranciemie  Ilion  ,  la 
nouvelle  Ilion,  puis  la  Troie  d'Alexandre;  la  seconde 
fut  bâtie  avec  les  ruines  de  la  première,  la  troi- 
sième avec  les  débris  des  deux  antres.-  La  même 
chose  a  pu  arriver  à  plusieurs  villes  d'Egypte,  et  le 
bourg  d'Hélioud  fut  sans  doute  une  nouvelle  Hélio- 
polis, qui  aura  été  construite  par  les  Grecs  plus  près 
du  fleuve. 

I  Des  traditions  sacrées  et  profanes  ,  des  souve- 
nirs de  plusieurs  époques  et  de  diverses  croyances, 
se  raiiaclient  à  \â  ville  et  au  territoire  d'Héliopolis; 
celte  ville  est  souvent  mentionnée  dans  la  Bible ,  qui 
l'appelle  On,  mol  qui  signiliaii  ville  du  Soleil  dans  la 
langue  des  vieux  Egyptiens.  Piilipliar,  dont  le  pa- 
triarclie  Joseph  fut  l'intendant,  habitait  Hé  inpolis, 
et  son  nom  même  de  Putipliar  annonce  qu'il  était 
un  des  grands  prêtres  du  dieu  Soleil.  Comme  Hélio- 
polis était  près  du  pays  de  Gessen,  habité  par  les 
Hébreux,  elle  leur  était  bien  plus  connue  que  Mem- 
phis  et  Tlièbes.  On  croit  nêine  que  les  Juifs  lurent 
employés  à  construire  ,  ou  tout  au  moins  à  réparer 
quelques  édifices  de  la  cité  égyptienne.  Ce  fut  là 
sans  doute  que  Moïse,  qui  est  appelé  dansl'Ecrilure 
Vélève  de  l'Egyple,  vint  apprendre  les  hautes  sciences 

qu'enseignait  l'école  des  prêtres Quand  les 

Hébreux  furent  les  maîtres  de  Chanaan,  leurs  pensées 
se  tournèrent  encore  quelquelois  vers  Hélio|iolis, 
et  dans  les  mauvais  jours  d'Israël  ceux  qui  avalent 
à  redouter  la  persécution  vinrent  y  chercher  un 
asile.  Les  traditions  .-iaintes  nous  apprennent  que  la 
famille  de  Jésus-Christ  vint  à  Héliopolis,  lorsiiu'elie 
fuyait  les  poursuites  d'ilérode  ,  et  ces  traditions, 
fort  répandues  au  moyen  âge,  attirèrent  dans  ce  lieu 
u«  grand  nombre  de  pèlerins;  on  nous  a  inontié, 
à  quelques  centaines  de  pas  de  l'obélisque ,  une 
fontaine  qui  fut  l'objet  de  la  vénération  des  cliré- 
liens  ,  et  qu'on  nomma  longtemps  la  Fonlaine  de 
Marie.  > 

On  trouve  eiM;»re  au  viem  CaLre  la  grotte  de  la 
Vierge  ,  église  desservie  par  les  Coptes  ,  et  près  de 
Tahaneh  la  Grotte  de  Marie,  où  les  Coptes  croient 
que  la  Vierge  s'est  reposée. 

Nous  ajoutons  ici  en  faveur  de  ceux  de  n05  lecteurs 
qui  ne  sont  pas  versés  dans  l'étude  des  langues 
orientales,  quelques  mots  sur  les  noms  d'Héliopolis 
et  de  Puiiphar.  C'est  dans  le  texte  hébreu,  dans  le 
texte  des  Septante  ,  etc.,  mais  non  dans  la  Vulgate, 
que  la  Bible  appelle  On  la  ville  d'Héliopolis,  que  dans 
Jéréinie  (XLiii,  15)  elle  désigne  sous  le  nom  expli- 
catif de  maison  ou  ville  du  Soleil.  C'est  là,  comme  on 
lésait,  le  sens  du  grec  'alioMTzoht  ,  et  du  nom 
arabe  d'un  village  voisin  des  ruines  de  la  vieille  cité 
que  les  gens  du  pays  appellent  En-Shemefli,  Fontaine 
du  SoUil.  Les  livres  copies  donnent   toujours  à  la 


ville  d'Héliopolis  son  ancien  nom  ,  on  ,  mot  ancien 
qu'on  peut  explifjuer  avec  assez  de  vraisemblance 
par  les  mots  plus  modernes  oiiein  ,  oein,  ouôini,  lu- 
mière, et  par  extension,  soleil.  —  Quant  au  nom  de 
Puiiphar,  que  les  Septante  et  Josèphe  appellent 
VsTKfprs  ,  Jab'ousky  a  cru  (Opusc.  t.  I,  p.  2(lS) 
que  te  nom  venait  de  piôi,  père,  et  de  pliarro  {Dint. 
satd  ,  pour  pliouro),  roi  ;  et  qu'ainsi  Putipliar  avait 
reçu  ce  litre  bonorifiiiue  dans  quelque  grande  cir- 
constance ,  à  peu  près  sans  doute  comme  Cicéron 
avait  reçu  de  ses  concitoyens  le  surnom  de  Père  de 
la  patrie.  Cependant  l'illtislreé^yptologue,  M.  Cham- 
pollioii,  croitqu'il  faut  faire  dériver  ce  nom  de  pe- 
tap-reh,  propre  au  soleil,  qui  appartient  au  soleil. 

Héliopolis ,  comprise  dans  la  seconde  province 
d'Augusiamnique  ,  devint  ,  au  v»  siècle,  une  ville 
épiscopale  sous  la  métropole  de  Léoniopolis,  dans  la 
patriarcat  d'.^lexainlrie.  Le  temple  du  Soleil  et  les 
auires  temples  ne  lurent  fermés  délinitivement  qu'à 
la  fin  de  ce  siècle  et  au  commencement  du  vi^.  Ces 
monuments  se  conscr\èrent  jusqu'à  l'invasion  arabe- 
mais  alors  ils  furent  eu  partie  déiruits.  Durant  les 
croisades,  les  Eurn|éens  établirent,  suivant  quelques 
auteurs,  un  évèclié  latin  à  Héliopolis  qui  n'était  déjà 
plus  qu'un  monceau  de  ruines.  Ceci  nous  paraît  une 
erreur.  Quoi  qu'il  en  soit  ,  cette  ville  a  dispuru 
comme  louies  les  vieilles  cités  égypiiennes;  et  il 
n'en  reste  plus  qu'un  pauvre  village  situé  à  côté 
d'un  piiiis  ,  à  .5  kil.  du  Caire,  que  l'abbé  de  Com- 
manville  appelait  de  son  temps  Matarea  ,  et  que  du 
nôtre  M.M.  Jomard  et  Poujoulat  nomment  Hélioud. 

Heliopolis,  Libanesia,  Baaibeck,  ville  épiscopa'e  si- 
tuée entre  le  Liban  et  l'Aiiti-LIlian,  dans  la  Cœlésy- 
rie,  euire  Abila  et  Laodicée.  Elle  devint  évèché  au 
v«  siècle  sous  la  métropole  de  Damas,  archevêché  au 
xii",  dans  le  patriarcat  d'Aniioche.  Située  dans  la 
vallée  de  Beka,  prés  des  sources  de  l'Assi,  à  48  kil. 
de  Damas,  la  nouvelle  ville  est  comprise  dans  le  pa- 
chaliek  de  Saiut-Jean-d'Acre,  dont  elle  est  cepen- 
dant éloignée  de  160  kil.  Elevée  au  milieu  de  ruiiies 
gigantesques,  elle  est  petite,  mal  bâtie  et  défendue 
par  des  mui ailles  en  briques.  —  Nous  trouvons  dans 
Jean  d'Aniioche  quelques  mots  sur  l'origine  des  tem- 
ples de  Baaibeck.  Il  parait  que  leur  antiquité  ne  re- 
monte pas  au  delà  du  temps  d'Antonin  le  Pieux.  Des 
médailles  nous  inoutreni  Héliopolis  de  Syiie  comme 
une  colonie  romaine  :  elle  aurait  même  été  donnée 
connue  récompense  aux  soldats  de  la  5'  légion.  Ou 
découvre  dans  le  petit  leuiple  des  inscriptions  la- 
tines avec  le  nom  de  Caracalla.  Théodose  convertit 
en  église  chrétienne  le  fameux  temple  du  Soleil.  — 
Abou-Obéidah,  général  du  khalife  Omar,  s'empara,  à 
la  lin  du  vil»  siècle,  de  Baaibeck,  qui  déjà  tombait  en 
décadence;  il  fortilia  le  temple  du  Soleil,  et  en  fit  le 
Kala  (château  foii).  La  ville,  sous  la  domination 
arabe,  reprit  une  certaine  prospérité.  Elle  avait  une 
population  considérable,  et  le  pays  était  bien  cultivé, 
lors  de  l'invasion  de  TimurKhan  (Tamerlan)  en  1400. 
A  partir  de  cette  époque,  la  ruine  de  Baaibeck  fui 


481 


GEOGRAPHIK  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  «î 


commencée,  ei  chaque  siècle  venait  y  coniril>uer, 
lorsque  le  ireniblemenl  de  lerre  de  1759  en  coni- 
pléia  la  desiruciion.  Aujourd'hui  il  n'exisie  plus  que 
des  débris  au  milieu  desquels  on  aperçoit  quelques 
colonnes  isolées  dans  une  contrée  solitaire  et  in- 
culte. Un  préire  grec  catholique  y  porte  le  litre  de» 
véque  de  Baalbeck,  et  il  offre  quelquefois  sa  propre 
mai.soij  aux  étrangers  qui  pass^eiit  dans  ce  pays.  La 
(lopiilation  n'est  que  de  l'20U  habitants. 

Hierapolis,  aujourd'hui  Asiouni-Kara-Hissar.  Cette 
\ille,  située  sur  le  Méandre  dans  l'Asie  Mineure, 
tut  un  évèthé  dès  les  premiers  siècles  de  l'ère 
fhréiieune.  Au  v«  siècle,  elle  devint  la  métro- 
pole de  la  seconde  province  de  Phrygie  Capaiienne 
avec  huit  évèchés  sous  sa  juridiction,  qui  étaient: 
Metcllopolis,  Aiitunda  ou  Aitudi,  Mosyna,  Dionysio- 
polis,  Annstasiopolis,  Cbana,  Phoba,  Zana.  Ces  villes 
épi&copalcs  sont  presque  inconnues ,  et  l'histoire 
s'est  bornée  à  transcrire  leur  nom.  Hierapolis  parait 
avoir  succombé  (hms  les  premières  guerres  qui  ont 
signalé  l'invasion  des  Arabes  dans  l'Asie  Mineure. 
Au  milieu  de  ses  ruines  s'est  élevée,  également  sur 
les  bords  du  Méandre,  au  sud-est  de  Koutabieh,  la 
Tille  d'Asioum-Kara-Hissar,  célèbre  far  la  culture 
du  pavot  et  par  l'opium  qu'elle  en  tire,  qui  se  répand 
d;iBS  toutes  les  provinces  ottomanes.  Elle  est  le 
rendez-vous  des  caravanes  de  Consiantinople  et  de 
Smyrne,  qui  de  là  se  ilirigent  vers  l'intérieur  de  l'A- 
sie. La  population,  composée  de  Turcs,  de  Grecs  et 
d'Arméniens,  est  de  60,000  habitants. 

Il  s'est  tenu  deux  conciles  à  Hierapolis ,  l'un  en 
173,  et  l'autre  en  441. 

On  compte  plusieurs  villes  épiscopales  de  ce  nom. 
La  première,  située  dans  la  première  province  de 
fbrygie  Salutaire,  dépendait  de  la  métropole  de 
Syntiada.  L'évècbé,  qui  datait  du  ix«  siècle,  subsiste 
encore  aujourd'hui  ,  fort  tristement ,  il  est  vrai, 
comme  tous  les  évéchés  de  l'Eglise  grecque.  La  se- 
conde se  trouvait  dans  la  province  d'isaurie,  sous  la 
métropole  de  Seleucia  Aspera,  au  patriarcat  d'An- 
liocbe.  L'évècbé,  établi  au  commencement  du  v  siè- 
cle, n'exisie  plus.  La  ville  elle-même,  d'ailleurs, 
n'est  plus  qu'un  hameau  habile  par  quelques  pauvres 
familles  arabes.  La  troisième  se  voyait,  d'après  les 
notices  des  comiles,  dans  la  seconde  province  Ara- 
bique sous  la  métropole  de  Boslra,  au  patriarcat  de 
iérusalem.  On  ne  connaît  pas  même  ses  ruines.  La 
quatrième,  enfin,  qui  possédait  un  évéchédèsle  iv« 
siècle,  était  comprise  dans  la  province  Euphratése 
dont  elle  devint  la  métropole  au  v"  siècle.  Sa  juri- 
diction s'étendait  sur  seize  sièges ,  tant  évèchés 
qu'archevêchés.  Elle  figurait  au  premier  rang  des 
métropoles  ^,u  patriarcal  d'Antioche.  H  en  reste  au- 
jourd'hui un  village  du  nom  de  Membise,  situé  sur 
I  la  route  d'Halep,  vers  l'Euphraie.  La  métropole  a 
disparu. 

llospiiiuin  Sancii  Bernordi,  hospice  de  Sa inl-Ber- 
nard  sur  le  mont  de  ce  nom,  dans  le  canton  du  Valais 
(Suisse).  Le  Grand-Saint-Bernard  sépare  la  vjllée 


d'Eniremont  de  celle  d'Aosia,  et,  dis  les  temps  les 
plus  recules,  un  chemin  se  dirigeait  par-dessus  celle 
montagne,  et  facilitait  la  conmiunication  du  Valais 
avec  le  Piémont;  celui  qui  e\isle  aujourd'hui  est  gé- 
néralement assez  étroit  et  n'est  guère  praticable  que 
pour  les  piétons  et  quelques  bêtes  de  somme  habi- 
tuées à  le  parcourir.  L'hospice,  qui  se  trouve  à 
7548  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  Méditerranée, 
est  l'habilaiion  la  plus  élevée  de  toute  la  Suisse;  il 
est  desservi  par  huit  chanoines  réguliers  de  l'ordre 
de  Saint-Augusiin.  Tout  voyageur  qui  arrive  dans 
cet  hospice  y  est  logé  et  nourri,  et  ceux  qui  sont 
malades  y  sont  traités  jusqu'à  leur  entière  guérison, 
sans  qu'il  leur  soit  demandé  une  rétribution  lise:  on 
n'exige  absolument  rien  du  pauvre,  et  on  ne  reçoit 
du  riche  que  ce  qu'il  veut  bien  donner.  Dans  les 
temps  de  tourmenieetdans  les  saisons  dangereuses, 
les  valets  du  monastère,  connus  sous  le  nom  de  ma- 
roniiiers,  accompagnés  de  chiens  particulièrement 
dressés,  et  ordinairement  surveillés  par  deux  cha- 
noines, parcourent  les  deux  revers  de  la  montagne 
ei  vont  à  la  rencontre  des  voyageurs  égarés  et  des 
malheureux  en  danger  de  périr.  On  esiinne  de  huit 
à  neuf  mille  le  nombre  des  voyageurs  qui  pas^ent 
annuellement  la  montagne  et  qui  s'arrêtent  pins  ou 
moins  longtemps  dans  cet  hospice.  H  est  déjà  arrivé 
plus  d'une  fois  que  près  de  cinq  cents  étrangers  s'y 
sont  réunis  en  même  temps.  Ce  monastère  possède 
un  Cabinet  de  monnaies  et  d'antiquités  romaines  qui 
ont  été  trouNéessur  la  place  même  où  il  est  bâti  et  où 
existait  jadis  la  redoute  d'Ustiottim,  et  sur  le  plan 
de  Jupiter,  où  se  trouvait  un  temple  romain.  L'an- 
cienne voie  romaine,  qui  se  dirigeait  par-dessus  le 
Saint-Bernard,  est  détruite  depuis  bien  des  siècles; 
des  avalanches  et  des  blocs  de  glace  l'ont  culbutée 
dans  les  abiines.Ou  voit  dans  la  chapelle  du  monas- 
tère plusieurs  bons  tableaux  et  le  mausolée  de  De- 
saix,  général  français  tué  à  la  bataille  de  Marengo. 

Cet  établissement  religieux  si  utile,  et  qui  depuis 
des  siècles  rendait  tant  de  services  à  l'humanilé, 
nexiste  plus.  Après  la  victoire  de  la  diète  fédérale 
sur  les  cantons  catholiques,  le  gouvernement  du 
Valai^<  l'a  supprimé  en  1848  et  s'est  emparé  de  ses 
biens. 

Hospitium  Simplonis,  hospice  du  Simplon.  Il  a 
éprouvé  le  même  sort  que  celui  du  Grand-Saint-Ber- 
nard. Le  gouvernement  du  Valais  a  sans  doute  pensé 
que  les  voyageurs  se  conduiraient  bien  eux-nié  nés 
au  milieu  des  neiges  et  des  avalanches,  et  qu'ils 
n'auraient  nullement  besoin  du  secours  des  religieux, 
qui  devenaient  alors  une  superfluiié.  L'hospice  se 
trouvait  moins  élevé  que  celui  du  Saint-Bernard.  11 
n'élait  desservi  que  par  deux  chanoines  de  l'ordre  do 
Saint-Augustin  et  par  quatre  domestiques. 

Pour  construire  la  route  du  Simplon  de  Brieg  à 
Domo-d'Ossola,  il  a  fallu  vaiucre  des  diflicultés 
inouïes.  Commencée  en  1801  par  ordre  de  Napo- 
léon, elle  a  été  terminée  en  1803.  Elle  continence 
à  (jenèv,;  et  se  dirige  le  long  des  lives  du  lac  de  ce 


m 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


■.8* 


nom  jusqu'à  Saint-Giiii^oulpli,  où  elle  entre  sur  le 
lerriioire  du  Valais,  qu'elle  irvei se  dans  une  lon- 
liuenrrie  17i  kil.  pour  lequillerau-tiessousdeGondo. 
Dix  relais  Je  pusie,  qui  soni  établis  à  S*Hit-Gin- 
goulpti,  Viouaz,  Saini-Maurice,  Manigny,  Hiddes, 
Sierre,  Tourtuian,  Viége,  Brieg  et  Siinplon,  et  une 
diligence,  qui  fait  trois  fois  par  semaine  le  voyage 
de  Saini-Maurice  au  village  de  Siniploa  (454S  pieds) 
et  retour,  conlribuont  beaucoup  à  l;i  constante  fré- 
quentation de  celte  route;  elle  est,  au  surplus,  la 
seule ,  condui>ani  de  la  Suisse  eu  Italie,  qui  soit 
praticable  puur  les  granules  voilures  de  roulage.  La 
largeur  de  la  rnule  est  de  25  pieds,  i-t  sa  penie,  aux 
endroits  les  plus  rapides,  ne  dépasse  pas  deux  pieds 
et  demi  pai  loise.  Dés  son  entrée  d.ins  le  caniou  du 
Valais,  elle  longe  le  Hliône  jusqu'à  Clys,  village  peu 
éloigné  du  joli  bouig  de  lirieg,  mais  là  elle  le  quitte 
pour  se  diriger  vers  les  baules  Alpes  du  sud  ;  se  re- 
pliant souvent  sur  elle-même,  elle  iraveise,  de  Glys 
à  Domo-d'Ussola,  une  é  eudue  de  quatorze  lieues,  et, 
dans  cet  espace,  vingl-dous  ponts,  dont  plusieurs 
sont  jetés  avec  une  grande  hardiesse  par-dessus  dos 
ravins  et  des  abîmes  effrayants,  au  fond  desquels  on 
entend  souveul  rouler  des  torrents  fongueux;  dans 
d'autres  endroits  la  route  est  l:iillée  duns  le  roc  vif 
ei  passe  sous  des  voùles  ou  galènes  qui  ont  quel- 
quclois  plusieurs  centaines  de  pieds  de  longueur; 
parmi  celles-ci  on  remarque  principalement  celle  de 
Fris^iiHone,  appelée (^u/crti  deGondo, qui  esilonguede 
625  pieds.  Neufaulres  de  ces  galeries  ne  sont  qu'ados- 
sées aux  parois  escar).ées  de  rocliers  nus,  mais  elles 
sont  construites  de  manière  a  garantir  le  voyageur 
des  avaluHcbes  et  autres  accidents;  on  rencontre 
d'aillwirs  tout  le  long  de  la  ruuie  dt.s  refuges  bÉii» 
ei près  pour  leur  silreié,  ainsi  que  des  auberges  et  des 
maisons  servant  d'  abitations  aux  employés  chargés 
de  l'entretenir,  dans  lesi|«elles  tout  étranger  trouve 
à  se  rafraîchir,  luiuiédialemenl  »u-dt>là  du  sixième 
refuge,  on  voit  une  pierre  niilliaire  qui  indique  la 
plus  grande  haut,  ur  de  la  route,  6174  pieds  au-des- 
sus de  bi  Méditerranée;  de  là  il  y  a  encore  une 
der.ii-lieue  jusqu'au  noin-el  Hospice,  e»  de  celui-ci 
15  kil.  jusqu'à  une  chapelle  qui  se  trouve  au-delà 
de  Riiden,  où  elle  quitte  le  canton.  Sur  toute  l'éten- 
due de  celte  route  les  scènes  lea  plus  imposantes 
varient  avec  des,  sites  ch:iinpètres,  quoique  souvent 
sauvages,  et  le  voyageur  aperçoit  tantôt  des  monts 


gigantesques  couronnés  d'une  neige  éblouissante,  et 
tantôt  des  abîmes  affreux  qu'il  traverse  pour  allein- 
dre  un  hameau  pitloresiiue  qui  se  trouve  eaché  der- 
rière un  rocher  abrupte  qu'il  conlourne;  ses  sensa- 
tions se  partagent  entre  l'extase  que  lui  font  éprou- 
ver les  sublimes  iKtrreurs  de  la  nature  et  l'admira- 
tion pour  le  génie  qui  sait  vaincre  les  plus  grands 
obstacles. 

Houma,  anciennement  Amisut,  aujourd'hui  Ssams- 
zun,  port  sur  la  côie  méridionale  de  la  mer  Noire, 
où  relâchent  les  bateaux  à  vapeur  qui  vont  chaque 
semaine  de  Gonstantinople  à  Trébizonde.  Le  golfe 
du  même  nom  n'exisie  plus;  et  les  côtes  en  général 
s'élèvent  d'un  degré  plus  au  nord  que  les  caries  de 
d'Anville  ne  l'indiquent.  Ssamszun,  à  200  kil.  nord- 
ouest  de  Siwas,  exporte  les  cuivres  de  Tokat,  les 
soies,  les  toiles  d'Amasiéh,  et  même  les  colons  d'A- 
dana  qui  vont  en  Krimée.  —  Cette  ville  fut  peuplée 
d'abord  par  les  Milé.>iens,  lorsqu'ils  possédaient  la 
Cappadoce,  ensuite  par  des  colonies  athéniennes. 
Plus  tard,  gouvernée  par  des  rois,  embellie  par  plu- 
sieurs d'entre  eux,  suilout  par  Eupator  et  Mithri- 
date;  enlevée  à  Phnruace  par  Lucidius,  après  un 
siège  opiniâtre;  déclarée  libre  par  Jules  César;  de 
nouveau  soumise  à  de^  rois  par  Antoine;  maltraitée 
par  le  tyran  Slrabo;  rendue  à  la  liberté  par  l'empe- 
reur Auguste,  après  la  victoire  d'Actium,  elle  fut 
érigée  en  capitale  de  toutes  les  villes  du  Pont  ;  puis 
elle  figura  parmi  les  principales  villes  de  l'empire 
Bysantin.  A  l'époque  des  croisades,  elle  tomba  au 
pouvoir  des  Vénitiens,  qui,  après  l'avoir  fortifiée,  eu 
firent  le  siège  principal  de  leur  coiimierce  dans  la 
mer  Noire.  Passant  enfin  des  mains  de  Bajesid  le 
Perclus  dans  celles  de  Bajesid-lldirim ,  elle  perdit 
son  commerce  et  sa  population.  Elle  ne  compte  plus 
maintenant  que  deux  mille  âmes,  et  n'est  plus  en- 
tourée que  de  murs  à  demi-ruinés.  Les  marins  turcs 
estiment  surtout  sa  poix,  son  goudron,  ses  cordes  et 
ses  câbles.  A  l'orient  de  Ssamszun  s'étend  It  plaine 
de  Pbanaraea  arrosée  par  l'Iris,  aujourd'hui  le  Tsche- 
harschenbessiiji.  Amisus  était  un  évéché  au  v°  siècls 
sous  la  métropole  d'Amasia,  dans  l'exarchat  de  l'ont. 
—  L'évêclié  grec  n'existe  plus.  La  population  ac- 
tuelle se  compose  de  Turcs,  de  Grecs,  de  plusieurs 
marchands  arméniens  et  de  quelques  familles  catho- 
liques. Les  Turcs  y  ont  cinq  mosquées. 


Ihyrn,  ve(  Pimûlis,  vel  Pimotissa,  Osmandtchik. 
t'ette  ville  occupe  une  situation  pittoresque  sur  le 
Iviz  llrmak  (l'Halys),  dans  une  plaine  fertile  en  vin 
il  en  blé,  près  du  grand  pont  jeté  sur  le  fleuve  et 
supporté  par  dix-neuf  arches,  l'un  des  plus  beaux 
de  l'empire  ottoman,  construit  par  le  sultan  Ba- 
jesid II.  —  On  voit  dans  la  ville  le  mausolée  d'un 
saint  musulman,  qui  ne  parlait  point  et  se  bornait, 
cinq  fois  par  jour,  aux  heures  de  la  prière,  à  faire 


entendre  uu  bruit  semblable  au  bêlement  d'un  mou- 
U>o. 

Ibyra  avait  un  évéché  créé  au  v*  siècle  sous  la 
métropole  d'Amasia,  dans  la  province  d'Uénélopont  ; 
il  n'existe  plus.  Il  y  a  très-peu  de  Grecs  parmi  ses 
habitants.  Celte  ville,  sous  le  nom  d'Osmandsehik, 
Ogure  avec  éclat  dans  l'histoire  légendique  de  l'Islam. 

Iconium ,  Icône ,  actuellement  Koniéb,  ou  Ko- 
miah.  Cette  ville,  métropole  de  la  Lycaonia  dés  le 


48S 


GEOGRAPHIE  DEC  LEGENDES  AtJ  MOYEN  AGE. 


486 


IV"  siècle,  était  une  des  premières  et  des  plus  riches 
cités  de  l'Asie  Mineure.  Klle  .ivail  sous  sa  jurMic- 
lion  vingt  et  un  sièges,  tant  évècliés  qn'arcl:evêchés. 
Dans  le  moyen  âge,  contrairement  à  ce  qui  arriva  à 
tant  d'autres  gr.-.ndes  villes  de  l'A-ie  Mineure,  Tim- 
poriance  d'Icnniiim  s'augmenta.  Lorsque  l'Islam  pri- 
miiir  s'alTaiblit,  et  qnc  l'empire  des  Khalifes  suc- 
cnnih'j  sous  les  attaques  des  peuples  de  l'Asie  cen- 
trale, K'onlum  devint  le  siège  d'un  empire  musulman 
qui  s'étendit  drs  chuiiies  de  l'Anti-Taurus  à  la  mer 
de  Cilicie  et  de  Pam|ihylie  sur  tunies  les  provinces 
connues  dans  Thisioire  de  cette  époque,  sons  le  nom 
de  Karamaiiie.  Pendant  près  de  deus  sièiles,  les 
sultans  d'Iconiuni  ont  occupé  une  large  place  d;ins 
l'histoire  de  l'Asie  occidentale;  et  la  ville  a  cojiservé 
plusieurs  monuments  de  leur  puissance  et  de  leur 
gloire,  qui  s'ajoutent  aux  curieux  vestiges  qu'elle 
contient  encore  de  sa  grandeur  romaine  et  lysantine. 
Elle  fut  entourée  de  murailles  i^ar  Alae(ld;n-Kei- 
Kobad,  khalife  seldsclmk.  Après  la  mine  de  l'em- 
pire Seldschuk,  elle  devint  l.i  résidence  des  princes 
de  Earainunie  qui,  tantôt  eu  guerre  avec  les  Osman- 
lis,  tantôt  avec  les  rtrs  ue  Perse,  queliinetois  avec 
les  empereurs  de  Constaniinople,  luilèrenl  pendant 
près  de  deux  siècles  avec  une  fortune  pluj  ou  moins 
heureuse,  mais  toujours  avec  courage,  et  succom- 
bèrent enfla  sous  la  puissance  redoutable  de  Hubam- 
inède  II. 

Koniéh  est,  au  sud-est,  proche  de  montagnes  au 
milieu  desquelles  on  rencontre  de  grands  lacs  comme 
en  buisse.  A  48  kil.  de  la  plaine  où  h  ville  est  si- 
tuée, il  s'élève  une  inuniagne  isolée  dont  on  ra- 
conte beaucoup  de  mer\eilles  et  que  personne  n'ose 
visiter.  Les  Turcs  prétendent  qu'il  y  a  mille  et  une 
églises  ruinées  renipiies  de  trésors,  mais  qui  s'écrou- 
letil  de  snite  sur  les  gens  as?ez  audacieux  pour  y 
entrer.  Les  Arméniens  et  Its  Grecs,  de  leur  côté, 
disent  que  les  pierres  de  <.es  monastères  se  promè- 
nent la  nuit  en  procession  et  répandent  partout  la 
terreur.  Eu  1827,  un  Français,  M.  Léon  de  Laborde, 
Visitant  l'Asie  Mineure,  voulut  s'assurer  par  lui- 
même  de  ces  merveilles.  Il  pénétra  dans  la  mon- 
tagne, mais  il  n'y  trouva  que  des  ruines  qui  servaient 
de  retraite  à  des  brigands. 

Koniéh  a  30,000  habitants  ;  mais  par  son  étendue, 
celte  ville  en  coniiendrail  quatre  fois  autant.  Des 
Lisloriens  lui  en  attribuent  200,000,  du  temps  des 
sultans  au  xii»  siècle.  La  population  en  fut  transpor- 
tée à  Coustaminople  par  Mohammède  II,  après  la 
prise  de  la  ville  et  la  défaite  totale  des  princes  de 
Karamanie.  Kuniéli  est  le  chef-lieu  du  pachalik  de 
la  province  de  Karamanie.  C'est  devant  ses  murs 
que  deux  fois  Ibrahim  -Pacha,  général  et  fils  de  Mé- 
hémet-Ali,  vice-roi  d'Egypte,  défit  l'armée  ottomane  ; 
et,  sans  Pinterventlon  de  l'Europe,  il  est  probable 
que  la  race  mélangée  qui  domine  en  Egypte  aurait 
remplacé  la  race  turque  dans  la  possession  de  l'em- 
pire. 

loniéh  «st  toujours  le  litre  d'un  archevêque  grec 


non  uni,  mais  qui  n'a  plus  de  sulTraganls,  toutes  les 
anciennes  villes  épiscopales  de  la  province  étant  rui- 
nées. Il  s'est  tenu,  en  230,  un  concile  à  Icnnium. 
Cette  ville  est  un  lieu  de  pèlerinage  très-IVéquenlé 
par  la  popiilaiioii  musulmane  à  cause  du  tombeau  de 
Mewiana-Dschelaleddin ,  fondateur  des  Derwischs 
Mewiewi,  l'un  des  ordres  les  plus  considérés,  même 
aujourd'hui,  de  l'empire  ottoman. 

Imperium  Se/durc/ium,  empire  des  Seldschuks.  Cet 
empire  musulman  s'étendait  de  lu  mer  Caspienne  à 
la  Méditerranée,  et  du  pays  des  Klia/ars  à  la  pointe 
de  l'Yémen.  La  Perse  est  remplie  des  ruines  de  vil  es 
florissantes  à  l'époque  de  ces  Khalifes,  x'',  xi»  elxii' 
siècles  de  notre  ère.  —  L'eiiipire  seldschuk  or  entai 
s'éteignit  dans  la  seconde  moitié  du  xii'  siècle;  tan- 
dis que  dans  l'Asie  Mineure  l'empire  occidental  s'é- 
levaii  en  luttant  éiiergiquemeiit  tuntre  les  croisés  et 
contre  les  chrétiens  de  la  Palestine. 

Aux  trois  anciens  enipi^-es  d'Assyrie,  des  Mèdes  et 
des  Perses,  ont  succédé,  dans  le  nuyen  âge  et  les 
temps  modernes  ceux  des  Arabes,  des  Mongols  et 
des  Turcs,  comparables  aux  premiers  en  grandeur 
et  en  puissance,  et  placés  sur  un  tlitàire  historique 
plus  assuré. 

/'isu/a  A/nœ,  Aiifnau,  ou  Uffnau,  petite  île  du  lac 
de  Zurich  en  Suisse.  Elle  se  trouve  dans  la  plus 
grande  kiigeur  du  lac,  regardant  les  glaciers  des 
cantons  de  Giaris  et  de  Schwytz,  à  22  kil.  de  la 
ville  de  Zurich.  Cette  petite  portion  de  terre  est  d'un 
aspect  extrêmement  piitores.ine;  elle  appartient  à 
l'abbaye  d'Ëiiisiedelii,  et  renferme,  outre  l'habitii- 
tion  rustique  d'un  fermier,  une  église,  qui  exisiait 
déjà  en  975,  une  petite  chapelle  et  un  pavillon.  C'est 
dans  cette  île  que  reposent  les  cendres  du  héros  et 
poète  allemand,  Ulrich  de  Huiten;  chassé  de  sa  terre 
natale,  il  vint  passer  les  quinze  derniers  j^.urs  de  sa 
vie  sur  cette  terre  isolée  ;  il  y  mourut  le  30  août 
lââ5,  et  fut  enterré  dans  la  chapelle.  Une  pierre  sé- 
pulcrale, dont  l'inscription  est  presque  oblitérée, 
désigne  le  lieu  où  son  corps  repose. 

Insula  Munkolœ,Mtinkho\m,  petite  île  de  la  mer  du 
Nord  dans  le  golfe  de  Dronlheim.  Ce  n'est  qii'un 
rocher  isidé  et  stérile,  situé  dans  le  port  même  de  la 
ville  de  Drontlieim.  Canut  le  Grand  y  avait  fondé 
un  moiia>tère  on  Î028.  La  situation  de  ce  couvent 
était  tout  à  la  fois  pittoresque  et  horrible.  D'anord 
l'étendue  superficielle  du  roeher  n'excède  pas  celle 
d'un  p.iit  village.  Il  est  ensuite  battu  par  les  vagues, 
surtout  dans  les  tempêtes  qui  sont  si  terribles  dans 
la  mer  du  ^ord.  C'était  un  lieu  de  désolation  et  non 
une  solitude,  puisque  les  religisux  voyaient  tout  le 
mouvement  du  port,  les  barques  et  les  navires  qui  y 
entraient  et  en  sortaient.  Le  couvent  tombait  en 
ruines  lors  de  l'introduction  du  luthéranisme  en  Nor- 
wége. 

Isthmut  Peloponnesi,  Isthme  du  Péloponèse,  qui 
l'unit  au  continent  de  la  Grèce  septentrionale,  et  qui 
de  son  étendue  a  pris  le  nom  d'Hexamilon.  Celte  lan- 


iXl 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


gue  de  terre,  seul  point  de  communication  du  con- 
tinent avec  la  presqu'île,  a  été  depuis  les  temps  his- 
toriques du  Pélopoiiése  l'objet  principal  de  t'aileniion 
de  ceux  qui  voulaient  le  conquérir  ou  le  défendre. 
Déinélrius  Poliorcèles,  Jules  César,  Caligiilael  Néron 
essayèrent  de  la  percer;  la  lenlaiive  fut  reconnue  im- 
praticable, et  depuis  elle  ne  fut  plus  renouvelée.  Les 
Grecs  élevèrent  les  premiers  une  muraille  contre 
Xcrxès  sur  toute  la  largeur  de  Tistlmie  ;  Justinien 
rétablit  cet  ouvrage,  qui  était  ruiné.  Coiistimiin, 
frère  de  l'empereur  Jean  Paléologue,  pour  délendre 
la  Morée  (car,  à  cette  époque,  le  Péloponè>e  portait 
ce  nom  qu'il  a  conservé  jusqu'à  ce  momeni)  conlre 
le  sultan  Murad  II,  éleva  sur  touie  la  largeur  de  l'is- 
tlinie  une  muraille,  en  remplacement  de  l'ancienne, 
haute  de  près  de  trois  mèires,  large  de  six  mèires, 
protégée  par  six  bastions  et  un  fossé  profojjd.  La 
Morée  néanmoins  fut  envahie  et  dévastée  par  les 
troupes  de  Murad  II.  —  Elle  est  aujourd'hui  l'une  des 
trois  grandes  régions  qui  forment  le  royaume  de 
Grèce.  On  lui  attribue  une  superficie  d'environ  7.^00 
railles (ilâl.) carrés,  ei  une  circoiiférencedetiÛO  milles. 
Ouii  e  les  gulles  de  Lépante  et  de  Kethries,  elle  en  a 
cinq  principaux,  savoir  :  Pairasso,  Corone,  Kolokiiia, 
Arcadie  et  Napoli  di  Remania.  Ce  dernier  golfe 
présente  un  bon  pori  à  l'est,  et  Navarin  un  autre  port, 
également  bon,  à  l'ouest.  Tous  deux  ont  une  entrée 
commode  et  des  eaux  profunJes.  Pour  les  bâtiments 
de  commerce,  Paialidi  dans  le  golfe  de  Curon,  An- 
ciro,  Schila  dans  une  petite  île  de  ce  nom,  Napoli 
di  Malvasia,  Yoslizza,  Lampridia  et  autres  ports, 
uiïrcnt  de  bonnes  retraites.  On  compte  dix  forts, 
savoir  :  le  château  de  Murée,  à  droite  en  entrant 
dans  le  golfe  de  Lépante,  celui  de  Chiarenza,  appelé 
Casiel-Tornese,  les  châteaux  vieux  et  nouveau  de 
Navarin,  la  citadelle  de  Corlnihe,  celles  de  Modon, 
Coron,  Napoli  di  Malvasia  et  de  Napoli  di  Kumania. 
La  population  de  la  Morée,  qui  anciennement  s'éle- 
vait à  8  millions,  et  qui,  du  temps  des  Romains, 
était  encore  de  6  millions,  est  réduite  à  •400,000; 
avant  l'insurrection  de  la  Grèce,  on  trouvait  dans 
ce  nombre  50,000  Mahométaus,  20,OUO  Juifs  et 
étrangers,  compris  sous  le  nom  de  Francs.  Parmi 
les  Musulmans  il  y  avait  des  descendants  de  ces  Tar- 
tares  ou  Scythes  qui  envahirent  l'empire  d'Orient; 
le  reste  était  un  mélange  d'Arabes,  de  Persans,  d'A- 
fricains, d'Esclavons  et  d'autres  nations  adonnées  à 
l'islamisme.  Le  sol  fertile  de  la  Morée  était  capable 
de  nourrir  cette  grande  population,  qui  autrefois 
rei'iplissait  la  péninsule.  Le  territoire  de  Sycioiie,  de 
l'Elide,  d'une  grande  partie  de  la  Messénie,  de  h 
Lnconie,  de  l'Achaïe,  proiiuit  beaucoup  de  grains, 
d'Iiiiile  et  de  fruits  de  toute  espèce.  L'Argolide,  la 
Messénie  et  l'Arcudie  pourraient  tirer,  comme  dans 
r.intiqullé,  un  bon  parti  de  leurs  troupeaux,  si  les 
habitants  en  amélioraient  les  races.  L'huile  seule 
pourrait  faire  la  richesse  du  pays.  L'olivier  y  est 
indigène;  on  le  voit  pousser  spontanément  dans 
toutes  les  catopagucs,  au  point  de  former  des  Lois 


de  2  à  5  milles  d'étendue.  Corinthe  est  renommé 
pour  ses  raisins;  cependant  cette  ville  ne  donne 
qu'un  vin  médiocre  ;  le  meilleur  vin  de  la  Morée  est 
celui  des  environs  de  Misiira.  Le  milrier  prospère 
dans  la  péninsule;  cependant  la  culture  de  la  soie 
a  laissé  jusqu'à  présent  beaucoup  à  désirer.  Cet 
objet  pourrait  devenir  important  pour  le  commerce 
du  pays.  L'agriculture,  en  général,  est  très-impar- 
faite, les  Moréotes  ne  se  sont  pas  beaucoup  éloignés, 
sous  ce  rapport,  des  usages  et  coutumes  des  anciens 
Grecs.  On  pourrait  lirer  de  la  presqu'île  beaucoup  de 
colons,  du  riz,  du  tabac.  Le  coton  (In  de  la  Morée 
surpasse,  dit-on,  les  cotons  de  Salonique  et  de  Smyr- 
ne.  Le  despot  «me  des  Turcs  ne  permettait  pas  au 
commerce  de  prospérer.  Il  faut  espérer  qu'à  l'avenir 
la  Morée  pourra  fournir  beaucoup  d'articles  au  cotM- 
merce  du  Levant. 

Sous  les  Turcs,  la  Morée  était  divisée  en  quatre 
districts  :  la  Romanie-Saccaiiie,  qui  comprenait  les 
anciens  territoires  de  Corinthe,  Sycione  et  Argos,  le 
Bras  de  Maina  ou  la  Tsakunie,  comprenant  l'Arcadie 
et  la  Laconie  d'autrefois  ,  le  Behédère  ou  l'Elide  et 
la  Messénie;  enfin,  Clarenza  on  l'antique  Achaie. 
Dans  le  premier  district  on  trouve  la  ville  de  Co- 
rinthe ou  Corto,  maintenant  bourg  misérable  do- 
miné par  une  citadelle  d'où  l'on  a  une  vue  magnifi- 
que sur  la  mer,  des  deux  côtés  de  l'isthme;  Sy- 
cione où  se  célébraient  autrefois  les  jeux  néméens  ; 
le  bourg  d'Argos,  dans  lequel  on  ne  reconnaît  plus 
la  résidence  d'Agamemnon  ;  Mycène,  où  régnait  Mé- 
nélas,  et  l'ancienne  Nauplie,  maintenant  Napoli  di 
Romania,  qui  jouit  des  avantages  d'un  beau  purt  et 
d'un  territoire  extrêmement  fertile. — Le  district  de 
Tiaconie  est  un  pays  à  pâturages;  les  mœurs  y  sont 
encore  irés-agrestes,  et  même  un  peu  sauvages,  sur- 
timl  dans  les  montagnes.  Leontari,  Misitra,  Napoli 
di  Malvasia  et  la  ville  de  Tripolizza  en  sont  les  prin- 
cipales villes.  La  dernière  est  regardée  comme  la 
capitale  de  la  Morée.  Le  Maina  ou  territoire  des 
Maïnuttes,  peut  mettre  sur  pied  12,000  hommes  bel- 
liqueux qui  combattent  sous  leui s  capitaines,  dont 
ils  sont  en  quelque  sorte  les  vassaux.— Dans  le  troi- 
sième district,  celui  du  Belvédère,  sont  situées  les 
trois  places  de  Navarin,  Modiin  et  Coron;  Belvédère, 
anciennement  Elis,  et  Castel-Tornèse  qui  a  remplacé 
la  ville  ancienne  de  Cyllène.  Olympie  n'est  plus  qu'un 
mauvais  village  sans  aucune  trace  d'antiquité.— En- 
fin, dans  le  quatrième  district,  celui  de  Claienia, 
qui  tire  son  nom  du  chef-lieu,  ville  entièrement  dé- 
chue, on  trouve  encore  Patrasso,  sur  le  golfe  de  Lé- 
pante. Cette  ville  fait  quelque  commerce  en  soie, 
miel,  cire,  cuir  et  fromage.  Ou  réccdte  aux  environs 
beaucoup  de  raisins  de  Corinthe.  Une  route  conduit 
le  long  des  côtes,  depuis  Patrasso  jusqu'à  Voslizxa  : 
il  y  a  une  journée  de  distance  entre  les  deux  ports.   . 

La  Morée,  sous  l'empire  romain  et  sous  l'empire 
grec,  formait  les  5«,  4«,  5»  et  6«  provinces  d'Achée, 
et  l'exarchat  du  Péloponése.  Lors  de  l'empire  Latin 
à  Constaniinople,  les  croisés  s'emparèrent  de  celle 


189 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


490 


province;  mais  les  Grecs  la  leur  reprireiu  plus  lard. 
Ce  fui  là  que  la  résislance  s'organisa  la  dernière, 
après  la  prise  de  Consianlinople  par  Moliammède  II. 
Les  Véiiiliens,  dans  leurs  guerres  conlinuelles  conire 
les  OsMianlis,  possédéreni  pendani  plusieurs  siècles 
les  principales  villes  et  les  porls  de  nur  de  la  Mo- 
rée.  Ils  y  éiablireni  même  des  évêcliés  de  l'Eglise  la- 
tine, mais  qui  n'y  re>ièrenl  que  jusqu'en  1713,  épo- 
que de  la  perle  définilive  de  la  Morée  pour  Venise. 

Le  Péloponèse  compiait  et  compte  encore  quatre 
mélropolesde  l'Eglise  grecque,  Corinlhus  (Corinllie), 


Patrce  Veteres  (Palras),  Jl/o/iemliasia  (Napoli  ou  Nau- 
pli  de  Malvoisie)  el  Lacedmmon  vet  Sparia  (Misiira). 
Ces  quatre  méiropoles  avaient  sous  leur  juridiction 
vingt-un  sièges  tant  arclievêcliés  qu'évêcliés.  Le 
clergé  grec  ,  avec  une  ignorance  séculaire  ,  a  con- 
servé contre  l'Eglise  caiholique  tous  les  préjugés 
qu'il  avait,  lors  du  concile  de  Florence  et  de  la  prise 
de  Consianlinople.  Actuellement  que  la  Grèce  est 
délivrée  du  joug  Olloman,  il  préfère  les  Russes  aux 
Latins. 


Karpati,  Carpaihes,  Tarlri,  Crapaksou  Karpatlies, 
Karpalschen-Gebirge.  Les  monts  Carpaihes  ,  situés 
entre  les  15  el  24°  de  latitude  Dord,  s'élèvent  au  nord 
de  la  ville  de  Presbourg,  ils  s'étendent  au  nord-est 
entre  les  plaines  de  la  Marcli  el  du  Waag  ,  se  dé- 
tournent à  l'est  près  de  Jablunka ,  séparent  ainsi  la 
vallée  où  coule  la  Vistule  ,  de  celle  qu'arrosent  les 
eaux  de  la  Tlieiss  ;  cette  cliaine  court  ensuite  au 
sud-est,  entre  le  comiiat  de  Zemplin  el  le  cercle  de 
Sanok  ,  et  gagne  enfin  les  frontières  de  la  Bukowine, 
GÙelleperd  à  la  fois  ses  irrégularités  et  son  élévation. 

Elle  a  environ  800  kil.  de  longitude;  la  partie  la 
plus  élevée  de  cette  masse  se  trouve  dans  le  comiiat 
de  Zips,  et  sépare  la  Hongrie  de  la  Pologne.  Elle 
offre  une  suite  et  un  assemblage  de  hauts  sommets, 
dont  quelques-uns  sont  couvei  ts  de  neige  toute  l'an- 
née. Ces  sommets  régnent  pendant  un  espace  de  80 
kil.,  et  dominent  d'une  manière  très-marquée  le 
reste  de  la  chaîne.  Les  Carpaihes  occupent  tout  le 
sud  de  la  Gallicie  ,  qu'ils  séparent  de  la  Hongrie. 
En  suivant  la  direction  de  ces  montagnes ,  on  voit 
qu'elles  tracent  une  ligne  de  démarcation  enire  la 
Hongrie  et  la  basse  Autriche,  tandis  qu'elles  sépa- 
rent ensuite  la  première  de  ces  provinces  de  la  Mo- 
ravie, et  plus  loin  de  la  Silésie  et  de  la  Gallicie  ;  dans 
toute  cette  étendue  elles  offrent  une  branche  qui 
s'étend  toujours  jusqu'à  ce  qu'enfin  elle  se  termine 
d'une  manière  brusi|ue,  en  formant  au  pied  du  Da- 
nube la  montagne  assez  élevée  de  Kalilenberg.  — 
La  partie  de  la  chaîne  Carpathienne  ,  une  fois  par- 
venue aux  frontières  de  la  Transylvanie ,  entoure 
celte  principauté  en  envoyant  entre  elle  et  la  Hon- 
grie un  rameau  latéral  qui  se  dirige  du  nord  au  sud, 
et  la  sépare  ensuite  de  la  Moldavie,  de  la  Valachie 
et  du  Bannat  de  Temesvar. 

Lorsque  ensuite  elle  a  atteint  Orsova ,  situé  au- 
dessous  de  Meiradia,  elle  se  porte  de  la  'Valachie  en 
Moldavie.  Elle  se  lie  en  Servieà  la  grande  chaîne  du 
Balkan. 

IIADTEDR   DES   SOUUETS. 

Sommets.  Toises. 

Le  Babia-Gora.  856 

Le  Rrywan  ,  sur  la  frontière  de  la  Gallicie.  1,220 

Le  Pic  de  Lomnitz.  1,586 
Le  mont  Czerna-Gora,  près  des  sources  de 

la  Theisset  duPruth.  800 
DiClIORNAIRE  Dl   GÉOGRAPHIE  ECCt.  IL 


Toute  l'énorme  masse  de  la  cime  des  Carpaihes 
n'est  composée  que  de  rocs  de  granit.  Les  grottes 
les  plus  célèbres  sont  celles  de  Mazarna  et  Dupna, 
dans  le  comitai  de  Thurolz;  de  Demenyfalva  ,  dans 
celui  lie  Liptau;  de  Holgocz,  dans  celui  de  Zips,  et 
d'Aglelek,  dans  celui  de  Gomor.  De  Presbourg  à 
Bude  on  trouve  les  mines  considérables  exploitées 
de  Scliemniiz,  Kremniiz,  NeusohI,  Schmolnitz,  etc., 
et  quelques  sources  d'eaux  thermales  ;  on  en  lire 
plomb,  fer,  argent,  cuivre.  Ces  montagnes  ,  qui  ne 
donnent  naissance  qu'à  quelques  rivières  du  nombre 
desquelles  se  trouvent  le  Waag  et  le  Poprad,  sont 
pleines  de  lacs.  Indépendamment  des  mines  ,  elles 
renferment  rubis,  topazes,  agates,  carnéoles,  grenat. 
C'est  encore  dans  ces  lieux  élevés  que  se  trouve  le 
fameux  baume  de  Hongrie,  qui  n'esl  qu'une  huile 
tirée  d'un  arbre  résineux,  le  liubaume,  qui  croit  sur 
les  montagnes. 

Les  monts  Carpathes  ont  servi  de  retraite,  dans 
les  différentes  guerres  du  moyen  âge,  aux  popula- 
tions voisines,  surtout  aux  habitants  de  la  Hongrie, 
qui  s'y  réfugiaient  avec  leurs  bestiaux  et  leurs  effets 
les  plus  précieux  pour  échapper  aux  dévastations  el 
à  la  barbarie  des  Osmanlis.  On  y  remarquait  à  celte 
époque  plusieurs  ermitages  isolés,  occupés  par  de 
pauvres  solitaires  qui  cherchaient  la  paix  au  milieu 
de  ces  montagnes.  On  en  rencontre  encore  aujour- 
d'hui quelques  vestiges. 

Kibotum,  Kemlik.  Cette  ville  est  l'ancienne  Kios 
des  Grecs,  la  Kibotos  des  croisés.  Située  au  fond  du 
golfe  de  Moudania,  c'était  un  |iort  de  mer  célèbre 
dans  les  traditions  fabuleuses,  dans  l'histoire  posi- 
tive des  Grecs  ,  dan.';  le  moyen  âge  au  commence- 
ment des  croisades,  ainsi  que  dansles  derniers  temps 
de  l'empire  de  Byzance  et  dés  les  premiers  dévelop- 
pements de  la  puissance  ottomane.  Elle  n'a  plus  rien 
de  cette  célébrité  historique,  qu'elle  a  échangée 
contre  l'obscurité  particul^re  à  presque  toutes  les 
villes  possédées  par  les  Osmanlis. 

Kolosca  Gens  ,  Nation  des  Koliougis  ,  Koliouges  , 
ou  Kolosclies  en  général.  — Les  Koliouges  ou  Kolos- 
ches  et  leurs  différentes  tribus  habitent  la  côte  nord- 
ouesi  d'Amérique  depuis  le  40"  jusqu'au  60°  de  la- 
titude. S'il  faui  ajouter  foi  aux  Russes  et  aux  Aléoo- 
tes  qui  ont  visité  ces  contrées  ,  les  habitants  de  la 
16 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


491 

baie  de  la  Trinité  ressenibleraient  plulôl  aux  Koliou- 
ges  qu'aux  liuliens  possesseurs  du  cap  Mcndozino,  cl 
on  peut  iiième  avec  vraiseiubliince  les  ranger  parmi 
les  K'ijiouges,  en  raison  de  l'analogie  qui  existe  en- 
tre leurs  usages  ,  leur  manière  de  vivre  cl  celle  de 
ces  peuplades.  —  Les  Indiens  de  la  Nouvelle-Albion 
ne  se  coinpreuneni  pas  à  10  milles  de  dislance.  Il 
esl  donc  fnrt  possible  qu'un  peuple  disséminé  sur 
un  e-pace  de  20  degrés  ail  ,  par  son  incorporation 
avec  les  linbitanls  de  rinlérieur  de  l'Amérique  ,  in- 
troduit de  grands  cbangeiuenls  dans  son  langage  et 
dans  ses  mœurs  :  tels  sont  les  Koliougis  du  délroit 
de  Beering,  ou  ceu.\  de  Yakouial  et  du  détroit  de 
la  Trinité. —  On  ne  connaît  les  Koliouiies  que  depuis 
l'année  1785  ;  mais  les  premiers  voyageurs  ,  privés 
d'interprètes,  n'ont  pas  eu  les  moyens  de  se  procu- 
rer à  leur  égard  les  rense  gnemeiits  nécessaires. 
Après  la  prise  d'Yakouiat  en  17fii,  et  Celle  de  Siikhi 
en  1T!)4,  M.  Barannf  recueillit  bien  toutes  les  indi- 
cations ellincigiapliiques  nécessaires  pour  éclairer 
les  savants  sur  le  compte  de  ce  peuple;  mais  ces  in- 
dications ont  disparu  avec  lui. 

Les  Koliouges  sont  de  taille  inoyciinc:  an  premier 
coup  d'œil  ils  paraissent  braves,  actifs  et  spirituels  ; 
ils  ont  les  cheveux  noirs  ,  durs  et  droits,  les  lèvres 
tant  soit  peu  épaisses,  le  visage  rond,  le  corps  cui- 
vré; une  figure  n'esi  réputée  agréable  cliez  eux  que 
lorsqu'elle  est  tatouée  ;  de  plus  ils  se  jeiient  sur  les 
épaules  un  morceau  carré  de  toile  ou  de  drap,  et  se 
poudrent  la  tête  ave<  du  duvet  d'aigle.  Les  femmes 
se  percent  la  lèvie  inférieure  (I),  à  laquelle  elles  sus- 
pendent un  petit  morceau  de  bois  ovale.  Plus  la  lè- 
vre est  grosse,  et  plus  la  femme  est  généralement 
I  onsiderée  comme  belle.  Les  plus  aisés  d'entre  les 
Koliouges  s'enveloppent  dans  de  grandes  couvertures 
blanches,  faites  avec  la  laine  des  moutons  sauvages 
du  pays  (2).  Ce  peuple  est  brave ,  mais  cruel  envers 
ses  prisonniers,  surtout  lorsqu'ils  sont  Européens:  il 
ne  fait  plus  que  rarement  aujourd'hui  usage  de  la  pi- 
que et  des  flèches,  car  depuis  vingt-cinq  ans  à  petj 
près  il  se  serl  et  même  avec  succès  des  armes  à  feu 
et  des  poignards.  Il  a  jus  iu'à  de  petits  canons,  qu'il 
se  procure  ,  ainsi  que  la  poudre  ,  sur  les  vaisseaux 
des  Ktats-Unis,  auxquels  il  donne  en  échange  des 
loutres  de  mer  et  des  casiors.  Les  pirogues  des  Ko- 
liouges sont  faites  d'un  seul  tronc  d'arbre,  et  d'un 
bois  très-léger,  appelé  Tchagn  ;  quelques-unes  d'en- 
tre elles  peuvent  contenir  jusqu'à  cinquante  indigè- 
nes; elles  on  environ  -IS  pieds  de  long,  et  quoique 
fort  courtes,  elles  vont  avec  une  grande  rapidité. — 
La  ciselure  el  le  dessin  sont,  à  ce  qu'il  parait,  fort 
en   honneur  chez  ce   peuple  ;  tous  les  masiiucs , 

(1)  Cher  les  Koliouges,  il  n'y  a  que  les  femmes 
qui  se  percent  les  lèvres  ;  dans  le  Brésil ,  au  con- 
traire ,  il  n'y  3  que  les  hommes. 

(2)  On  y  \oii  deux  espèces  de  moutons  :  les  nns 
ont  la  laiue  blanclre  et  des  cornes  semblables  à  cel- 
les de  nos  boucs  :  leur  eliair  n'est  pas  bonne  ;  la 
toison  des  autres  est  épai>se ,  dnuce ,  el  leur  serl  ii 
confectionner  leurs  vêtements  de  laine- 


jouets,  vases,  coffres, etc.,  y  sont  parfaitement  peints 
et  ciselés.  Les  Koliouges  sont  passionnés  pour  les 
jeux  et  les  divertissements  ;  ils  chantent  et  dansent 
continuellement.  Cependant,  dès  leur  plus  tendre 
enfance,  ils  accoutument  leur  corps  aux  souffrances 
et  aux  douleurs  de  toute  espèce  :  on  a  vu  souvent  de 
petits  gaiçons  s'entrouvrir  le  bras  depuis  l'épaule 
jusqu'au  pnijiiet  avec  le  tranchant  d  un  coquillage,  le 
tout  en  sautant  de  joie  et  fiers  de  l'idée  de  s'être  il- 
lustrés comme  leurs  aïeux.  Aucun  peuple  ne  sup- 
porte le  froid  comme  le  Koliouge.  Dans  la  saiion  la 
plus  rigoureuse ,  il  marche  entièrement  nu  ;  il  se 
baigne  dans  la  mer  à  la  température  de  plus  de  15 
degrés  au-dessous  de  glace.  Il  arrive  quelquefois 
que,  après  èire  resté  ainsi  fort  longtemps  dans 
l'eau  ,  il  appelle  par  fanfaronnade ,  tous  les  assis- 
tants, les  infite  à  le  louetter,  et  lorsqu'il  a  bien  sou- 
tenu celle  épreuve  volontaire  ,  il  a  ,  comme  un  hé- 
ros ,  le  droit  de  choisir  la  femme,  qu'il  désire  le 
plus.  —  <  Les  Koliouges  ,  dit  Liziancki ,  ne  prati- 
quent aucunes  cérémonies  extérieures  de  culte.  Ils 
croient  que  daos  le  ciel  ou  dans  l'autre  monde  ,  il 
existe  un  être  qui  a  tout  créé,  et  qui,  lorsqu'il  est  en 
courroux  contre  les  hommes,  leur  envoie  différentes 
maladies  pour  les  punir.  Selon  eux  ,  le  diable  est 
très-méchant,  et  occasionne  mille  maux  sur  la  terre 
par  le  ministère  des  Scbamans.i  D'après  MM.  Kh\o- 
slofel  Davouidof,  qui  ont  fait  deux  voyages  dans 
ces  contrées  <  les  Kinaîisi  n'ont  aucune  idée  de  la 
Divinité  ;  ils  oi.t  peur  des  diables  ,  et  croient  que 
c'est  un  corbeaa  qui  a  créé  le  ciel,  la  terre,  l'homme, 
tout  ce  qui  est  visible,  et  que  c'est  lui  qui  envoie  les 
diverses  maladies  qui  les  affligent  ;  cependant  non- 
seulement  ils  n'honorent  point  cet  oiseau  ,  mais  en- 
core ils  le  chassent  et  souvent  même  le  tuent.  > 

Voici  maintenant  quelques  détails  plus  récent-, 
donnés  à  M.  Khebnikof  par  le  vieux  Toéiic  ou  le 
Taïone-Saïguina-Klia,  Kntléan,  frère  aine  du  Taïone 
de  Sitklii  (.3),  et  par  plusieurs  autres  Taîones  (i). 
(  Kiikh'Ouguin-Si,  premier  h.^bltant  de  la  terre,  avait 
une  sœur  avec  laquelle  il  agissait  fort  mal,  car  il 
faisait  périr  tous  les  enfants  qu'elle  lui  tlonna.t  afin 
de  ne  pas  multiplier  la  race  des  hommes.  Cependant 
il  y  avait  encore  dans  le  monde  d'autres  habitants, 
sur  lesquels  il  exerçait  un  pouvoir  souverain.  Pour 
les  punir  de  leurs  crimes,  il  leur  envoya  un  déluge, 
mais  tous  ne  moururent  point,  el  plusieurs  se  sau- 
vèrent  sur  les  plus  hautes  montagnes,  dans  des  bar- 
q«e>  el  sur  des  radeaux  ,  que  l'on  voit  encore  au- 
jourd'hui sur  le  sommet  de  ces  mêmes  monlagnes. 
La  sœur  de  Kilkh-Ouguin-Si,  fatiguée  des  mauvais 
traitements  de  son  fiérc,  prit  la  résolution  de  s'ei:- 

{5)  Il  esi  de  taille  movenne,  a  le  visage  agréal.le, 
de  la  barbe  et  des  moustaches.  Il  passe  pour  le  plus 
habile  tireur ,  et  garde  toujours  pi^s  de  lui  «ne 
vingtaine  de  fusils.  Kotliane  est  brave  et  «pi- 
rituel. 

(i)  La  puissance  de  ces  taîones  ou  princes  est 
.is';ez  limitée. 


493 


GEOGRAPHIE  DtS  LEGENDliS  AU  MOYEN  AGE. 


49i 


fuir  ;  elle  arriva  sur  le  bord  de  la  mer,  et  là  elle  se 
coiiblruisit  une  cabane  d'écoices  d'arbres.  Un  jour 
que  le  temps  était  serein,  el!e  se  proiuenait  sur  la 
côlti,  lorsqu'elle  afieiçul  des  lialeims  qui  se  jouaient 
dans  la  iiiev;  ne  sacbaiil  puinl  quels  étaient  ces  ani- 
maux, elle  se  in  t  à  leur  crier  d'approcber  de  sa  de- 
meure et  de  venir  lui  d'iuner  à  uiauger.  Les  baleines 
se  plongèrent,  bleu  entendu,  dans  la  mer,  sans  lien 
répondre  ;  mais,  le  soir  du  même  jour  elle  vit  arri- 
ver dans  sa  cabane  un  bel  homme  qui  lui  deii  anda 
pourquoi  elle  était  seule,  et  comment  elle  souffrait 
de  la  faim.  Après  qu'elle  lui  eut  donné  les  nioiils  de 
sa  situation  présente,  l'inconnu  envoya  un  esclave 
dans  une  pirogue,  lui  chercher  un  petit  caillou  rond, 
qu'il  lit  cuire  sur  le  feu,  et  qu'il  donna  ensuite  à 
manger  à  la  sœur  de  Kiikli-Ouguin-Si  ;  après  le  re- 
pas, il  lui  dit  qu'elle  accoucherait  d'un  fils  que  per- 
sonne ne  ferait  périr,  et  lui-même  il  disparut.  En 
effet,  bientôt  après  elle  se  sentit  enceinte  et  elle  ac- 
coucha d'un  fils,  auquel  elle  donna  le  nom  d'Elikh, 
ei  qui,  par  la  suite  et  après  des  aventures  labnleuses 
dont  le  récit  serait  trop  puéiil,  lit  connaissance  avec 
le  dieu  Corbeau,  qui  lui  donna  le  droit  de  devenir  le 
chef  de  la  race  des  Kotiouges.  Chaque  tribu  a  son 
surnoiu,  conuiie  la  tribu  des  Chiens,  du  Coi  beau, 
de  l'Aigle;  il  y  eu  a  une  qui  s'appelle  la  tribu  Guer- 
rière. » 

Les  Koliouges  croient  aux  mauvais  génies ,  et 
cumme  ces  démons  habitent  dans  l'eau,  ils  attri- 
buent la  plupart  de  leurs  maladies  à  l'usage  de  la 
chair  de  poisson  :  ils  les  supplient,  par  renireiiii'<e 
des  Schamans,  d'éloigner  d'eux  toutes  sortes  de 
maux  physiques  ;  uiais  ils  ne  leur  rendent  aucun 
culte  extérieur. 

Les  Koliouges  sont  généralement  forts,  bien  con- 
stitués et  ne  connaissent  point  parmi  eux  les  mala- 
dies locales  :  les  seules  qui  les  affligent  et  qui  pro- 
viennent de  leur  manière  de  vivre  sont  des  ophlhal- 
niies,  des  maux  de  tète  et  d'estomac.  Les  unes  sont 
causées  par  la  lumée  dont  leurs  habitations  sont 
continuellement  templies;  les  autres  prennent  leur 
source  dans  la  nature  de  leurs  aliments.  Les  hèvres 
chaudes  y  paraissent  quelquefois  et  entraînent  pres- 
que toujours  la  mort,  faute  de  moyens  pour  les  gué- 
rir.  Saiguinakha  assure  que,  vers  l'année  1770,  la 


petite  vérole  fil  de  grands  ravages;  ce  fléau  leur 
avait  été  envoyé  par  le  dieu  Corbeau. — Los  Koliou- 
ges n'ont  jamais  su  ce  que  c'était  que  de  manger  la 
chair  humaine;  mais  ils  prétendent  qu'au  nord, 
dans  les  moniagnes,  ii  existe  un  peuple  nommé  Kon- 
nakcs,  qui  devient  antiiropophage  dans  les  temps  de 
famine.  Ce  peuple,  disent-ils,  vient  quelquefois  pour 
commercer  avec  les  Tchilkliates.  II  diffère  des  Ko- 
liouges par  ses  habitudes  et  par  son  langage.  Au- 
trefois il  ne  se  servait  que  de  l'ace  ,  des  flèches  et 
des  piques  en  pierre  ;  aujourd'hui  il  connaît  l'uso'ge 
des  armes  à  feu.  Le  Taïone-Saiguiiiakh  ajoute  qu'ils 
cooiitiuiiiquent  par  les  montagnes  avec  les  habitants 
de  Midnovsk  et  de  Tchoergaisk ,  et  qu'ils  y  avaient 
été  vus  par  les  Kolosches  T<:hilkhates.— Les  prêtres 
des  lîoliouges  ,  indigènes  de  l'Amérique  russe  sep- 
tentrionale, s'appellent  schamans.  —  Les  Koliouges 
brûlent  leurs  morts,  et  érigent  sur  le  lieu  du  bû- 
cher même  des  monuments  à  ceux  qu'ils  ont  aimés 
et  estin;és;  ils  croient  l'àme  immoitclle,  mais  ils 
n'admettent  point  les  récompenses  et  les  puniiions 
dans  un  autre  monde.  Si  les  Kalgni,  ou  esclaves 
d'un  Taïone,  ne  se  tuent  point  lorsque  leur  niaitre 
meurt ,  leurs  âmes  sont  condamnées  à  rester  éter- 
nellement e.NClaves  de  l'àme  du  Taïone.  —  Les  ha- 
rengs jouent  un  grand  rôle  dans  la  mythologie  et 
dans  l'histoire  des  Koliouges. 

Ces  peuplades  sont  belliqueuses  et  féi«ces  ;  elles 
font  aux  iiiisses  une  guerre  opiniâire.  Ou  les  trouve 
dans  le  Nouveau-Norfolk,  dont  la  partie  orientale 
appartient  à  h  Nouvelle-Bretagne.  Des  missionnai- 
res russes  de  l'Eglise  grecque  ont  fondé  plusieurs 
établissements  parmi  ces  sauvages;  mais  ils  n'ob- 
tienueut  aucun  résultat  satisfaisant. 

Kossovœ  Oppidum,  Kossova.  C'est  une  petite  ville 
de  la  Roumélie  (Turquie  d'Europe),  dans  une  plaine 
fermée  par  des  moniagnes,  et  traversée  par  la  isiini- 
za.  Celte  plaine  est  douloureuseatenl  célèbre  dans 
l'histoire  du  moyen  âge  par  les  deux  batailles  que 
les  chréiieiis  y  ont  perdues  contre  les  Osnianlis. 
Dans  la  première  le  s«lt*n  Murad  l"'  fut  tué  par  un 
noble  Ser\ien,  Miloscli  Kobilovitsch  ;  dans  la  se- 
conde le  fameux  Hongrois  Hunyady  fut  complète- 
ment battu  par  le  sultan  Murad  U. 


Lacus  Solilariorum,  le  tac  de  Lowertz  dans  le 
csiitoii  de  Si.hwylz  (Suisse).  De  quatre  kil.  de  long 
sur  deux  de  large,  ce  lac  est  très-poissonneux  ;  il 
s'écoule  par  un  ruisseau  appelé  la  Severn  dans  la 
riiièrc  de  la  Muotta.  Du  milieu  de  ce  lac  s'élèvent 
deux  petites  îles  qui  étaient  autrefois  habitées  par 
des  ermites.  Sur  la  plus  grande  de  ces  îles  un  voit 
encore  les  ruines  du  château  de  Schwanau,  qui  fut 
détruit  par  les  Suisses  l'an  1508. 

Lacus  Sitpeiior,  le  lac  Supérieur,  le  plus  vaste  et 
te  plus  reculé  des  grands  lacs  tributaires  du  Saint- 


Laurent,  est  aussi  le  plus  sauvage  :  séparé  des  au- 
tres par  les  rapides  de  la  rivière  de  Saiule-Marie, 
c'est  le  seul  qui  ne  soit  pas  encore  devenu  le  domai- 
ne de  la  navigation  à  la  vapeur.  On  y  navigue  tou- 
jours, comme  dans  les  siècles  précédents,  dans  des 
canots  d'écorce,  fiéles  et  légères  embarcations  que 
les  Sauvages,  dont  les  bords  de  ceite  mer  d'eau  douce 
sont  encore  peuplés,  construisent  et  manœuvrent 
avec  beaucoup  d'adresse.  —  Le  lac  Supérieur  est 
bordé,  surtout  vers  le  nord,  par  des  plateaux  ojidu- 
lés  de  granit  qui  sent  coupés  à  pic  le  long  de  ses 


195 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAl>HIE  ECCLESIASTIQUE. 


49<y 


Dords  sur  des  hauteurs  de  300  mètres,  et  qui  con- 
servent leur  veriiculité  au-dessus  de  ses  eaux  jus- 
qu'à une  très-grande  profondeur.  Le  plus  souvent 
il  n'existe  aucune  lierge  sur  laquelle  on  puisse  ubor- 
^er.  —  Il  existe  parmi  les  indigènes  de  la  contrée 
une  tradition  qui  porte  que  ce  lac  est  habité  par 
do  mauvais  génies.  Aussi  en  out-ils  une  grande 
Irayeur. 

Larandœ  Civitas,  Laranda,  qu'il  ne  faut  pas  con- 
fondre avec  la  ville  actuelle  de  Karaman,  était  une 
ancienne  ville  de  la  Lycaunie  ;  elle  lut  érigée  en  évê- 
clié  au  iv'  siècle,  sons  la  métropole  d'Iconium.  Ce 
ne  sont  plus  aujourd'hui  que  des  ruines,  à  peu  de 
distance  de  Kiiraman,  lesquelles  n'ont  encore  élé 
visitées  par  aucun  voyageur  européen.  La  ruine  to- 
tale de  celte  ville  a  été  effectuée  lorsque  toute  sa  po- 
pulttion  fut  transportée  ii  Constantinople  par  Mo- 
liammède  11. 

Lautanium,  vel  Lausoiia  Helveiionim,  Lausanne, 
chef  lieu  du  canton  de  Vaud  (Suisse).  —  La  ville  de 
Lausanne,  qui  se  trouve  à  vingt  minutes  du  lac  de 
Genève  et  à -450  pieds  au-dessus  de  son  niveau,  oc- 
cupe trois  monticules  et  les  vallons  intermédiaires. 
Celle  inégalité  du  terrain  est  cause  que  l'intérieur  de 
la  ville  est  déplaisant  ;  mais  sa  position  dominante 
sur  un  beau  lac,  ei  suriout  l'affabilité  de  ses  habi- 
tants, en  font  un  séjour  extrêmement  agréable  et 
irès-recherché  par  les  étranglas. 

Le  temple  protestant,  autrefois  église  de  Noire- 
Dame,  superbe  morceau  d'architecture  gothique  du 
moyen  âge,  renferme  un  grand  nombre  de  tombeaux 
d'hommes  célèbres,  parmi  lesquels  on  dislingue  ce- 
lui du  duc  Amédée  de  S.ivoie,  qni  fut  pape  sous 
le  nom  de  Félix  V.  Celle  église  doit  avoir  été  com- 
iiioncée  vers  l'an  1000  par  l'évêque  Henri  ;  mais  elle 
ne  fut  consacrée  qu'en  1-275  ,  par  le  pape  Gré- 
goire X.  L'église  de  StFrançois  servit  aux  dernières 
séances  du  concile  de  Bâle  transféré  à  Laii!,aiiuc  en 
Mi').  L'église  de  Saint-Laurent  a  été  b.itie  au  com- 
mencement du  xvni^  siècle.  L'église  caiholi(iue  a  élé 
construite  récemment.  L'bôlel  de  ville  était  autre- 
fois le  palais  épiscopal. 

'  La  population  de  Lausanne  est  de  16  à  17,000 
liabiianij,  près  jue  tous  calvinistes.  On  y  compte  12 
à  ISiiO  catholiques  environ.  Au  moyen  âge,  celte 
ville  dépendait  du  canton  de  Berne.  Ce  n'est  que 
dans  les  temps  modernes  que  ce  canton  a  été  dé- 
niemliré  pour  former  celui  de  Vaud.  —  A  i'i  kil.  de 
Lausanne  e>l  situé  Avenches,  Avcnticitm,  ville  épis- 
copale,  aux  vetvi'  siècles,  de  la  province  Maxime 
séqnanaie,  dans  l'exarchat  des  Gaules.  Celle  ville  fut 
dévastée  dans  les  guerres  de  cette  époque.  On  trans- 
féra son  évéché  à  Lausanne  en  590.  Au  xvi«  siècle 
celle  dernière  ville  suivit  l'exemple  de  Berne,  en 
adoptant  le  calvinisme.  En  1536,  l'évêque  avec  son 
chapitre  se  retira  à  Fribourg  (voyez  Friburga),  et 
le  catholicisme  fut  interdit  à  Lausanne  aussi  rigou- 
reusement qu'à  Berne  et  à  Genève.  Il  n'y  a  rep.iru 
que  sous  l'empire  liançais.  L'évêque  de  Lausanne 


était  sutfragant  de   Besançon  ;  il  l'est  maintenant  de 
Fribourg  en  Brisgaw  (grand-duché  de  Bade). 

Lebreium,  Albert,  Labrit  ou  Lebrel,  dans  l'ancienne 
Gascogne,  qui  donna  son  nom  au  domaine  dont 
Nérac  était  la  capitale,  est  à  19  kil.  nord  de  Mont- 
de-Marsan,  dans  le  dépt.  des  Landes,  diocèse  d'Aire. 
Il  était  autrefois  dans  le  diocèse  de  Bazas,  dont  il 
est  éloigné  de  24  kil.  La  seigneurie  d'Albret,  qui 
s'étendait  encore  dans  le  diocèse  de  Dax,  dans  les 
Landes,  le  Condomois  et  le  Bazadois,  était  d'abord 
une  vicomte  qui  fut  érigée  en  pairie  le  29  avril 
1550,  en  faveur  de  Henri,  roi  de  Navarre,  grand- 
père  maternel  de  Henri  IV,  roi  de  France;  et  en  du- 
ché-pairie ,  en  faveur  d'Antoine  de  Bourbon,  en 
1556.  Celle  érection  fut  confirmée  en  faveur  du  duc 
de  Bouillon  en  1631.  La  population  est  de  1300  ha- 
bitants. C'est  un  chef-lieu  de  canton  de  l'arroiid.  de 
Monl-de-Marsan,  sur  la  rivière  de  Leslrigon. 

Lichteniuni,  vel  Lkhelenia,  Lichlensiein,  petite 
principauté  allemande.  Elle  n'a  que  2  ly2  m.  c.  g. 
(7  lieues  c.)  avec  6000  hahitaiits;  elle  appartient  à  la 
maison  de  Lichlensiein.  Son  origine  est  fort  ancien- 
ne, et  remonte  à  un  Ditmar,  qui  le  premier  s'est 
nommé  seigneur  de  Lichlensiein  vers  1206.  On  la 
croii  descendu  de  la  maison  d'Esté.  Hartmann  IV, 
comte  de  Licht:  nslein,  mort  en  1385,  laissa  doux 
fils,  Charles  et  Gondjcre,  qui  fondèrent  deux  lignes. 
Les  deux  frèresfurenl  créés  princes  en  1618  et  1623. 
Charles  obtint  en  même  temps  de  l'empereur  Rodol- 
phe H  les  principatiiésdeTroppau  et  de  Jœgerndorff, 
en  Silésie.  Jean-Adam-André,  son  petit-fils,  acheta, 
en  1099,  des  comles  de  Hohenembs,  la  seigneurie 
immédiaio  de  Schellenberg,  et  en  1708  celle  de  Va- 
dulz.  11  fut  le  dernier  de  sa  ligne.  A  sa  mort,  qui 
eut  lieu  en  1712,  ses  possessions  médialeset  immé- 
diaies  passèrent  à  Antoine  Florian,  peiit-fils  de  Gon- 
dacre.  En  1719,  l'empereur  Charles  VI  éleva  les  sei- 
gneuries de  Scliellenberg  et  Vadutz,  réunies,  au 
rang  de  principauté,  et  leur  donna  le  nom  de  Lich- 
lensiein. Dès  1713,  Antoine  Florian  obtint  pour  sa 
persoime  voix  et  séance  à  la  diète;  en  1725,  cette 
prérogative  fnt  aussi  accordée  h  son  fils  et  éiendue 
à  sa  descendance.  Celle-ci  s'éteignit  en  17^8,  et  les 
biens  de  la  maison  passèrent  au  célèbre  prince  Jo- 
seph Wenceslas,  neveu  d'Antoine  Florian,  ei  regar- 
dé comme  le  créateur  de  l'artillerie  autrichienne.  Ce- 
lui-ci éiaut  mort  en  1772  sans  enfants,  les  flis  de 
son  frère  Emmanuel  Ini  succédèrent.  Parmi  ceux-ci, 
il  y  en  eut  deux  qui  formèrent  lignée  :  François  et 
Charles  Borromée.  La  ligne  aînée,  descendue  de 
Fiançois,  possède  la  principauté  de  Lichlensiein  et 
la  plus  grande  partie  des  terres  en  Autriche  et  eu 
Silésie.  La  cadelie  est  pourvue  d'un  second  majorai. 
—  Le  prince  Jean  de  Lichlensiein,  qui  avait  conclu 
la  paix  de  Presbourg,  fut  compris,  sans  sa  pariici- 
paiiiin,  et  même  à  son  insu,  dans  la  confédération 
Rhénane.  11  est  membre  de  la  confédération  germa- 
nique, et  a  part  à  la  16<'  voix  de  la  diète;  dans  l'as- 
semblée générale  il  occupe  la  28''  place,  et  jouit  d'iino 


m 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


irs 


voix  virile.  De  tous  les  princes  de  l'union,  il  esl  ce- 
lui qui  possède  l'Eiai  le  pins  petit;  mais  il  a  ,  sous 
ia  souveraineté  de  l'Autriche  et  de  la  Prusse,  les 
principautés  de  Troppau  et  Jxgerndorff,  qui  ont 
147,000  habitants,  et  beaucoup  de  terres  en  A;ilriche 
cl  en  Moravie,  ayant  en  tout  une  étendue  de  104 
m.  c.  g.  {290  I.  c.)  avec  5-24,000  liabiiants.  On  esti- 
me ses  revenus  au  delà  de  3  millions  de  francs  ;  ceux 
de  la  seconde  branche  à  G  ou  700,000  fr,  La  famille 
esl  catholique  et  habile  Vienne. 

Le  château  de  Lichtensteiii  est  situé  sur  un  rocher 
■au  pied  duquel  se  trouve  le  bourg  de  Vaduz,  chef- 
lieu  de  la  principauté  dans  le  royaume  de  Wurlcm- 
l)erg,  à  (J8  kil.  sud-sud-est  de  Constance.  Popul.  800 
tiabitanls. 

Linaçiara  Insula,  ile  de  Lingga.  Cette  île  appartient 
aux  Malais  indépendants.  L'empire  des  Malais  ido- 
Kitres  a  dû  jouer  et  a  joué  <'n  effet,  nu  moyen  âge, 
tin  grand  rôle  dans  le  sud-est  de  l'Asie  et  dans  le 
monde  maritime.  Il  figure  avec  un  éclat  tout  mysté- 
rieux dans  l'histoire  des  légendes  de  cette  partie  du 
globe.  Le  premier  adversaire  contre  lequel  il  a 
opiniâtrement  hilié,  c'est  l'Islam,  qui  a  fini  par  pré- 
■valoir  et  par  s'incorporer  la  puissance  malaie ,  en 
fondant  un  empire  n)U5ulnian,  lequel  a  sucressive- 
went  succombé  à  son  tour  sous  les  invasions  des 
Portugais  ,  des  Espagnols ,  des  Hollandais  et  des 
Anglais.  L'ile  Lingg;i  a  conservé  jusqu'à  présent  son 
indépendance,  et  les  Malais  qui  l'habilent  sont  restés 
purs  de  tout  mélange;  elle  n'en  est  pour  cela  que 
plus  curieuse.  Un  jeune  Hollanilais,  aussi  distmgué 
par  l'étendue  de  ses  connaissances  que  par  son  zèle 
infatigable  pour  l'extension  des  sciences  géographi- 
ques, C.  Van  Angeibeck,  avait  profité  de  son  séjour 
dans  la  ville  de  Kwala-Daï,  capitale  de  l'île  et  rési- 
dence du  chef  des  Malais  indépendants,  pour  recueil- 
lir des  notions  précieuses  sur  l'ile,  sur  ses  babitants, 
leurs  usages  et  idées  religieuses.  C'est  à  lui  que  nous 
empruntons  une  partie  des  détails  qu'on  va  lire. 

Lingga,  qui  depuis  la  décadence  de  Djobnr  est  la 
principale  po-session  des  Malais  indépendants,  est 
située  sous  l'équateur  entre  Sumatra  et  Bornéo,  au 
sud-est  du  détroit  de  Malakka  et  au  nord-ouest  de 
celui  de  Banka.  Les  principaux  lieux  habiles  ,  outre 
Kwala-Daï  qui  est  sur  la  côte  du  sud,  à  l'ouest  du 
cpp  Tanjong  Kian?,  au  bord  d'une  rivière,  sont,  sur 
)a  côie  du  nord,  Marodong,  et  sur  celle  de  l'ouest, 
Kwala-Dadong.  Le  temps  est  fort  variable  dans  celle 
île  :  il  ne  se  passe  presque  pas  un  jour  sans  pluie,  ce 
qui  tempère  la  cbaleur  au  point  de  rendre  même  les 
nuits  froides.  Le  climat  esl  sec  et  il  y  règne  fori  peu 
de  maladies ,  si  ce  n'est  quelques  maladies  de  la 
peau  que  des  personnes  altribueni  à  l'usage  presque 
unique  des  végétaux  crus  et  des  poissons  frais  ou 
séchés.  —  11  y  a  deux  moussons  (en  malai  moussim)  : 
la  moassim  Timor  est  celle  de  l'est ,  et  la  mowssim 
Barat  celle  de  l'ouest.  La  première  commence  vers 
le  mois  d'avril  et  se  termine  à  la  fin  de  septembre; 
la  seconde  règne  pendant  les  autres  mois  de  l'année. 


L'ile  (le  Lingga  esl  montriêlise  et  très-boisée.  Lnc 
chaîne  d;'  montagnes  assez  hantes  la  traverse  par  le 
milieu  de  l'ouest  à  l'est ,  se  détournant  ensuiie  un 
peu  vers  le  sud.  L'auteur,  n'ayant  pu  la  visiter, 
ignore  s'il  s'y  trouve  des  volcans.  Une  montagne 
de  la  pariie  méridionale  offre  un  aspect  extraordi- 
naire par  ses  deux  sommets  en  pointes  pyramidales; 
les  insulaires  l.i  croient  habitée  par  des  esprits,  et 
pensent  que  ce-;  êtres  malfaisants  non-seoicment 
puniraient  de  mort  les  téméraires  qui  viendraient  les 
troubler  dans  leur  demeure,  mais  étendraient  leur 
vengeance  sur  l'île  entière.  —  Parmi  les  arbres  dont 
les  forêts  sont  peuplées,  il  y  en  a  de  propres  aux 
consiriietions  navales  et  autres,  et  quelques-uns  qui, 
par  la  finesse  de  leur  bois  et  leur  odeur  agréable, 
servent  aux  indigènes  pour  faire  des  meubles  de 
luxe.  On  cite  particulièrement  le  kamnuning  (cfca/cas 
paniculala);  le  tjendana  ou  bois  de  sanilal ,  et  la 
garou  (lignwn  aloes).  —  La  côte  du  sud  est  généra- 
lenieni  basse  et  marécageuse  :  elle  se  couvre  d'eau 
par  l'effet  de  la  marée,  et  est  toute  remplie  d'arbris- 
seaux touffus ,  de  la  racine  desquels  sortent  des 
épines  dures  et  pointues.  On  a  exploité  ancienne- 
ment des  gîtes  d'étain  dans  cette  île;  mais,  comme 
on  a  trouvé  des  mines  plus  riches  dans  celle  de  Sing- 
keb,  qui  en  est  voisine  et  qui  en  dépend,  l'exploila- 
lion  de  ce  métal  en  a  beaucoup  diminué  à  Lingga. 
S'il  y  a  de  l'or,  comme  quelques-uns  le  prétendent, 
ce  doit  être  en  irès-petite  quantité,  car  les  haliiiants 
y  font  à  peine  attention. 

La  rivière  principale  coule  d'abord  sur  un  fond  de 
sable,  et  alors  l'eau  en  est  limpide  et  bonne  à  b'dre; 
mais  pi  es  de  son  embouchure,  qui  est  dans  le  sud  de 
rî!c,  son  eau  cesse  d'être  potable.  Ou  peut  reu  onter 
cette  rivière  en  bateau  l'espace  de  12  à  16  kil.;  les 
bords  en  sont  peu  élevés,  et  ils  offrent  des  points  de 
vue  fort  agréables  par  les  maisons  qu'on  aperçoit 
enire  les  arbres  ou  qui  sont  bâties  sur  pilotis  dins  la 
rivière  même.  L'embou'hure  eu  est  défendue  par 
un  ancien  fort  rectangulaire  ayant  20  à  24  pièces  de 
canon  et  situé  fort  avantageusement.  Une  denii-lieue 
plus  haut  sur  la  rivière,  on  trouve  sur  la  rive  gau- 
cbe  un  assez  grand  faubourg  ou  kampoiig  habité  par 
les  Chinois.  Il  esl  situé  sur  un  terrain  bas  et  maré- 
cageux, ce  qui  a  obligé  de  bâiir  les  maisons  sur  pi- 
lotis et  d'établir  des  ponts  de  bois  pour  les  commu- 
nications. Ces  habilaiions  sont  construites  avec  des 
perches  faites  du  palmier  niébong  (carxjoia  urens), 
sur  lesquelles  sont  clouées  des  nattes  de  kadjang.  On 
emploie  pour  la  couverture  ce  qu'on  nomme  Atap  , 
c'est-à-dire  des  feuilles  de  difi'érents  palmiers  atta- 
chées tout  près  l'une  de  l'autre  sur  des  laites  minces. 
Les  bambous,  qui  croissent  si  abondamment  sur  les 
îles  de  Java  et  deCelèbes,  où  ils  sont  irès-employés 
dans  les  constructions,  ne  se  trouvent  pas  sur  celle- 
ci,  ou  du  moins  ils  y  sont  assez  rares  pour  qu'on 
n'en  puisse  pas  faire  usage.  —  En  sortant  de  co 
kampong  on  entre  dans  la  ville  Malaie.  Les  maisons 
en  sont  bâties  la  plupart  de  la  manière  qu'on  vioQt 


«99 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE, 


de  décrire  ,  sur  pilotis  et  plus  oii  moins  élevées  au- 
dessus  de  la  terre  ou  de  l'eau.  Les  portes  en  soni 
très-éiroiies.  On  y  monte  par  des  escaliers  ou 
éclielles  qu'on  retire  la  nuit  :  ceiie  dernière  clrcoii- 
siance  fait  qu'une  liabilalion  s'appelle  en  nialai  roumn 
tangga.  Le.>  maisons  des  riclies  sont  plancliéiées;  mais 
dans  les  autres  il  n'y  a  que  des  laties  de  palmier  qui 
laissent  entre  elles  des  iniervalles  par  où  les  imnioi- 
diccs  tomlient  sous  la  maison  ,  là  où  les  habitants 
logent  leurs  volailles.  Les  haliitaiions,  quoique  peu 
distantes  les  unes  des  autres  ,  sont  entourées  d'ar- 
bres fruitiers  et  d'arbustes  qui  permettent  à  peine 
de  s'en  approcher. 

Le  Dalnm  (c'est  ainsi  qu'on  nomme  le  palais  du 
sultan)  est  sur  la  rive  gauche  de  la  rivière  ,  à  d''ux 
lieues  de  la  mer.  On  y  arrive  par  un  chemin  d'une 
demi-lieue  de  long,  d'autant  plus  remarquable  qu'on 
ne  connaît  guère  dans  le  reste  de  l'ile  que  des  sen- 
tiers. A  droiie  de  la  demeure  du  prince  est  une  es- 
planade où  le  peuple  se  réunit  pour  les  affaires  pu- 
bliques et  pour  les  jeux.  C'est  ce  qu'on  appelle  ici 
du  nom  persan  de  Meîdan,  et  à  Java  Aloun  Alnun.  Le 
palais  est  entouré  d'une  haute  pali-sade.  Après  avoir 
passé  une  porte  assez  bien  décorée,  on  trouve  la 
salle  d'audience  {Balei)  dont  le  toit  est  supporté  par 
des  piliers  de  bois,  mais  qui  d'ailleurs  est  ouverte 
de  tous  les  côtés.  L'intérieur  forme  trois  divisions, 
chacune  plus  élevée  et  plus  étroite  que  la  précédente. 
C'est  dans  la  troisième  que  se  place  le  sultan  en- 
touré des  grands  dit  royaume.  Les  personnes  d'un 
rang  mitoyen  occupent  la  seconde  division.  La  (dus 
voisine  de  l'entrée  est  pour  le  gros  de  la  nation. 
C'est  dans  celte  salle,  et  en  public  ,  que  se  traitent 
toutes  les  affaires  de  l'Etat,  que  le  sultan  reçoit  les 
demandes  cl  les  réclamations  de  ses  sujets,  qu'il 
adniel  les  envoyés  et  les  étrangers,  et  que  se  don- 
nent les  fêtes.  Ces  audiences  publiques,  dans  un 
pays  où  d'ailleurs  l'opinion  met  une  distance  ini- 
Tnense  entre  le  souverain  et  le  peuple,  sont  une  in- 
stitution bienfaisante  et  digne  d'éloges.  L'intérieur 
du  palais  n'offre  rien  de  bien  remarquable.  A  droite 
de  l'entrée  est  une  mosquée  en  pierres  de  taille,  avec 
un  bassin  servant  aux  ablutions  religieuses,  ei  près 
de  là  sont  les  tombeaux  des  membres  de  la  maison 
royale.  Les  logements  du  prince,  de  sa  mère,  etc., 
sont  spacieux  ,  mais  bâtis  entièrement  en  bois 
et  porté»  sur  des  pilotis  qui  les  élèvent  de  trois  ou 
quatre  pieds  au-dessus  du  sol, 

La  nature  a  tout  fait  pour  embellir  file  de  Lingga; 
mais  elle  n'est  guère  secondée  par  les  habitants.  Les 
plus  beaux  arbres  forestiers  couvrent  les  montagnes 
et  les  vallées  ,  et  une  niidtiiude  d'arbres  fruitiers 
enloureni  les  habitations.  Les  indigènes  n'apportent 
aucun  soin  à  l'agriculture;  ils  ne  possèdent  point  de 
chevaux,  et  le  peu  de  buffles  qu'ils  ont  ne  leur  ser- 
vent point  aux  travaux  des  champs,  mais  seulement 
poinr  fournir  leurs  tables  de  viind-; ,  les  jours  de 
fêles.  Les  Chinois ,  au  contraire ,  tirent  fort  bien 
psrii  de  leurs  jardins  potagers.  Ils  recueillent  aussi 


600 

beaucoup  d-  poivre  et  de  la  substance  gotnmeuso 
nommée  gambier,  provenant  des  feuilles  d'un  certain 
arbrisseau  ,  substance  que  l'on  mâche  avec  les 
feuilles  de«ierieponr  tempérer  l'àcrelé  de  ces  der- 
nières. —  Ou  ne  cultive  pas  le  riz  à  Lingga,  quoique 
l'on  se  soit  assuré  qu'il  y  réus^iriit  bien.  Les  insu- 
laires répugnent  à  celle  culture  inaccouinmée,  et 
pour  laquelle  ils  auraient  besoin  du  secours  des  ani- 
maux de  trait,  qui  leur  manquent  en  ièremeiit,  lis  se 
conleiiteui  en  général  du  sagou,  que  leur  lie  leur 
donne  en  abondance  ,  et  ceux  qui  sont  en  état  de  se 
procurer  du  riz  de  Java  ou  d'ailleurs  en  font  venir, 
regardant  cet  aliment  comme  plus  sapide  que  le  sa- 
gou et  plus  sain  à  la  longue,  Li-  sel  est  rare  et  cher, 
la  disposition  des  côtes  n'ayant  pas  permis  d'y  éta- 
blir dos  s:ilines.  Le  pauvre  peuple  se  contente  de 
faire  tremper  dans  l'eau  de  mer  des  branche-;  du 
palmier  niepali  ei  de  racler  un  sel  noirâtre  et  amer 
qui  s'y  dépose.  Les  parages  de  Lingga  sont  très- 
poissonueux  ,  et  les  poissons  y  sont  excellents.  La 
pêche  est  une  des  principales  occupations  des  habi- 
tants, ei  elle  contribue  essenticllercenl  à  leur  sub- 
sistance. On  peut  la  diviser  en  grande  pêche  et  en 
petite  pêclie.  La  première  est  celle  des  poissons  pour 
la  consommation  journalière;  l'autre  a  pour  objel  les 
productions  marines  destinées  pour  U  Chine  ,  telles 
que  les  agar  agar,  le  kolong,  le  kaniak,  le  Iripang. 
Ces  productions  se  trouvent  sur  les  bancs  de  corail, 
dans  le  voisinage  des  rochers;  le  iriiang  y  est  adhé- 
rent, cl  on  est  obligé  de  l'en  détachera  la  main  en 
plongeant.  On  emploie,  pour  la  petite  pèche ,  des 
bateaux  nommés  sampans ,  portant  une  seule  voile, 
et  deux,  trois  ou  quelquefois  quatre  hommes.  La 
grande  pêche  se  fait  au  large;  les  pêcheurs  sortent 
pendant  Sa  nuit  et  rentrent  le  jour  suivant  à  la  faveur 
de  la  brise  de  mer.  Le  poisson  se  prend  à  la  ligne , 
et  pour  l'attirer  on  agite  forteuienl  l'eau  au  moyen 
de  quelques  enveloppes  de  noix  de  cocos  attachées 
à  un  bâton;  on  en  prend  aussi  avec  des  engins  dis- 
posés près  de  la  plage.  —  Malheureusement,  une 
partie  des  sujets  du  sultan  de  Lingga  exerce  un  autre 
genre  d'industrie  bien  moins  innocente;  il  s'agit  de 
la  piraterie.  Elle  est  exercée  surtout  par  les  habitants 
de  plusieurs  petites  iles  voisines,  nommées  Sckanah, 
Baro,  Penagar  et  Tamacug,  qui  reconnaissent  pour 
leur  chef  immédiat  le  Orang-Kaya ,  lequel  réside 
dans  l'île  de  Madar,  voisine  de  Kvala-Daï,  et  son 
frère  qui  porte  le  titre  de  Panghoulou  hamka  radja. 
C'est  en  vain  que  le  Koran  défend  toute  espèce  de 
piraterie;  les  insulaires,  qui  se  montrent  si  exacts  à 
observer  les  pratiques  de  la  religion  niahnméiane, 
n'ont  aucun  égard  à  cette  défense.  Les  infortunés 
qui  tombent  entre  les  mains  de  ces  pirates  sont  pour 
le  moins  réduits  en  esclavage.  La  plus  faible  résis- 
tance esl  punie  de  mort.  Les  seuls  bâtiments  que  la 
loi  protège  sont  ceux  qui  ont  pu  atteindre  les  parages 
les  plus  voisins  de  la  capitale,  notamment  l'île  de 
Kalambak.  Les.  bâtiments  de  ces  pirates  portent  le 
nom  de  vendjaiaks.  Us  établissent,  principalement 


gOl  GEOGIUPIIIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


ma 


leurs  croisières  sur  les  cèles  de  Java.  Ils  sortent 
avec  la  moussoii  de  l'ouest ,  ei  rentrent  vers  la  Tin 
de  celle  de  l'esi. 

La  popiilaiion  de  l'Ile  de  Lingga  peut  être  évaluée 
h  9  ou  10  mille  individus  (I  ),  dont  les  deux  tiers,  y 
eompris  i  à  5  cents  Chinois,  h:\biient  la  capiiale  et 
ses  alentours,  et  dont  5  ou  i  mille  sont  dispersés 
dans  le  resie  de  l'île. 

Les  Malais  de  tontes  tes  classes  sont  d'une  poli- 
tesse remarquable.  Us  la  poussen',  jusqu'à  èlre  loii- 
jonrs  en  apparence  de  l'avis  de  celui  qui  leur  parle, 
ce  qui  rend  irès-difficile  de  savnir  ce  qu'ils  pensent 
réellement,  et  confirme  l'opinion  qu'on  a  de  leur 
dissimulaiion  et  de  leur  fausscié.  Ils  se  formalisent 
du  moindre  manque  d'égards,  ei  c'en  serait  un  très- 
grand  dans  leur  opinion,  une  offense  enfin  à  laver 
diins  le  sang,  que  de  les  regarder  lixemeni,  fùi-ce 
même  en  passant.  En  général  la  pais  règne  dans  les 
ménages;  les  femmes  sont  fort  atlacliées  à  leur  de- 
voir, et  le^  enfants,  quelque  âge  qu'ils  aient  alleint  , 
ne  manquent  jamais  au  respect  et  à  l'obéissance  en- 
vers leurs  péro  et  mère. 

Ces  insulaires  sont  généralement  bien  faits,  mais 
de  taille  moyenne.  Les  iraiis  du  visage  sont  agréables 
cIkz  les  deux  rexes  ;  parmi  les  femmes  il  y  a  de  ti  és- 
jolic»  figuies.  Les  b'iiiines  coupent  leurs  cheveux 
court;  plusieurs  tnême  se  rasent  la  lêic,  comme  tout 
pieux  Miu.Hilman  doit  le  faire.  Ils  portent ,  en  guise 
(le  turban,  un  i:ip!ce.-»u  d'étoile  ['lié  d'une  manière 
qui  leur  est  particuliiire.  Les  bumnies  ont  pour  tout 
vêlement  une  culotte  large  nommée  setouar,  qui  ne 
dépasse  pas  les  genoux,  une  ceinture  de  .•■oie  qui  lait 
plusieurs  tours  et  s'iipielle  satofc,  endn  le/adjou,  qui 
est  une  veste  courte  à  manclies  larges,  ouverte  par 
devant.  Les  gens  riches  y  ajoutent  une  camisole  de 
C'itonuade  blanche  à  boutons  d'or.  Les  iéuinies  pur- 
tciil  les  cheveux  de  toute  leur  longueur.  Elles  sr>nt 
velues  d'un  badjou  do  cotonnade,  plus  ou  moins  fine 
suivant  leur  fortune.  Les  personnes  riches  des  deux 
sexes  ajoutent  un  vêlement  nommé  sarong,  qui  pa- 
rait, il'.iprès  ce  qu'en  ilii  l'auteur,  èlre  une  espèce  de 
tunique. —  Il  n'y  a  guère  de  fêtes  populaires  à  Lingga 
que  celles  que  les  grands,  et  particulièrement  le  su!» 
tan,  donnent  dans  certaines  circonstances.  C'est 
alors  que  le»  Chinois  ouTreni  leur  iliéâtre  ou  voiang, 
et  que  l'on  voit  danser  des  i{on(/()i»igs  j^ivanai^.  Le 
prince  a  aussi  parmi  les  femmes  de  sou  harem  quel- 

(  I  )  La  population  doit  être  plus  considérable  ;  et  nous 
pensons  que  M.  .\ngi'lbeck  la  porte  à  un  chiffre  tr.ip 
minime.  Nous  répéleron*  ici  ce  que  nous  avons  déjà 
(lit  ailleurs,  c'est  qu'il  n'existe  aucun  moyen  de  con- 
irôle  pour  l'évaliMtion  des  populalions  niusulmanei. 
On  n'y  trouve  aucun  acte,  aucun  registre  qni  puis>e 
guider  dans  ces  recherches  diflicilcs.  Les  h:ibiiudes, 
les  idées,  la  religion  et  la  défiance  onîbMg<use  des 
gouvernenienis  ne  permeUeut  pas  de  s'y  livrer  ;  ce 
serait  imcas  de  mon,  si  l'on  était  surpris.  Eu  géné- 
ral, les  nations  musulmanes  ne  comprennent  pas 
futiliié  d'unB  pareille  constatation.  Comme  elles  ont 
tous  les  Européens  en  suspicion  ,  elles  supposent  de 
suite  qu'un  voyageur  qui  s'occupe  d'un  semblable 
travail  est  un  émissaire  des  Anglais  qu'elles   redou- 


ques  bayadères  de  l'île  de  Bail,  mais  elles  ne  se  mon- 
trent p.is  en  public.  Les  Instrnmenis  de  musique  dont 
les  .Malais  font  le  plus  de  cas  sont  la  flùle,  nommée 
bangsie,  et  le  rabab,  espèce  de  violon  à  deux  corde;. 
Leurs  airs  soni  plaintifs  el  monotones,  mais  ils  ne 
sont  pas  dépourvus  de  mélodie.  P.irmi  les  jeux  d'e- 
xercice de  ce  peuple,  l'auieur  ciie  le  sepak  ra.ja,  qui, 
d'après  la  description  qu'il  eu  donne,  doit  éiro  lo 
ballon.  L'industrie  des  habiianis  de  Lingga  se  borne 
à  construire  de  ion  bonnes  embarcations  ,  à  fondre 
des  canons,  des  boulets  el  des  balles;  à  f;iire  d'a>sez 
mauvaise  poudre  ;  à  fabriquer  des  poignards  et  des 
lames  de  sabre  (klevangs)  comparables  par  la  beauté 
à  ceux  (le  Palembang,  el  à  monter  ces  arnus  avec  de 
beau  bois  veiné  ou  avec  des  os  de  poisson.  —  Les 
femmes  savent  faire,  en  soie  écme  de  la  Chine,  des 
éiolfes  que  l'on  préfère,  pour  la  qualité  et  h  solidité, 
à  celles  de  Palembang,  et  qui  sont  fort  recherchées 
dans  le  commerce  ;  elles  ont  aussi  du  talent  pour  la 
broderie.  Les  autres  marchandises  qui  s'exportent 
de  Lingga  sont,  outre  le  gamliier,  du  poivre,  de  l'é- 
tain,  des  ouvrages  en  bois  précieux,  de  la  mâture, 
des  rottings,  etc.  Il  est  fort  rare  qu'un  navire  euro- 
péen se  risque  à  aborder  dans  celte  île.  Il  y  vient 
annuellement  une  ou  deux  jonques  chinoises  (van- 
kangs),  qui  apportent  du  thé  noir,  de  la  porcelaine, 
des  teintures,  de  la  soie  éerue,  du  papier  et  plusieurs 
autres  articles  qui  se  débitent  principalement  parmi 
les  colons  chinois.  Il  arrive  de  Siam  quelques  autres 
jonques  chargées,  entre  autres  produetions,  de  riz 
et  de  sel.  Les  Bougis,  qui  sont,  dil-on,  les  habitants 
de  l'Archipel  îles  Indes  les  plus  versés  dans  le  com- 
merce et  les  plus  entieprenants,  imporlent  de  l'o- 
pium, de  la  cire  et  des  vètemenls  de  prix.  Enfin  ce 
sonl  les  Chinois  de  Java  el  quelqu?s  bahilants  de 
Maduré  qni  approvisionnent  surtout  cette  ile  de  riz, 
d'huile,  de  sucre,  de  tabac,  de  toiles  et  d'nsiensiles 
de  fer  fabriqués  dans  leur  pays.  —  Les  Malais  font 
aussi  quelque  commerce  sur  leurs  propres  bâiimenls, 
à  Jjva,  à  Poulo-Pinang,  à  la  presqu'île  de  Malakka, 
à  la  côie  de  l'e^t  de  Sumatra  et  sur  les  côtes  du  sud 
et  de  l'ouest  de  Bornéo. 

Nous  nous  bornerons  à  ces  détails,  dont  l'intérêt 
tient  surtout  à  ce  que  Lingga  est  à  peu  prés  le  seul 
point  aujourd'hui  où  les  Malais  aient  conservé 
une  existence  indépendante,  depuis  que  Djolior  et 
Paliang  sonl  passés  sous  la  suprématie  anglaise  par 

tent,  ou  des  Hollandais  qu'elles  détestent.  La  pirate- 
rie, la  principale  occuiiallon  des  habiianis,  existe  chez 
les  Malais  de  temps  immémorial.  Antérieure  à  l'isla- 
misme, elle  lui  a  survécu,  malgré  sa  condamiiallon 
formelle  par  le  Koraii.  Le;  Malai'i  sont  né;  pirates, 
et  pirates  ils  sont  re-tés.  Leur  aversion  pour  TM^ri- 
cnllure  semble  aotimeniée  par  leur  penchant  pour 
la  pirnluric  ;  el  il  y  a  cela  de  rein.Trqnable  dans  l'his- 
loiie  de  la  race  nialaie,  qu'elle  diminue,  en  raison 
de  l'impossibilité  dans  laquelle  elle  se  trouve  de  s'a- 
bandonner à  son  penchant  favori.  Observant  du  resle 
assez  exaciement  tontes  les  pratiques  du  culte  niiisui 
mail,  elle  se  montre  intraitable  sur  ce  seul  point. 
{Noie  de  l'nuUur.) 


S05  DICTIONNAIRE  DE  GEOGR 

!a  traité  du  17  mars  1824,  et  que  l'ile  tie  Brinlan  est 
gouvernée  p:ir  un  prince,  Dougi  d'origine,  qui  a  le 
litre  de  Uadja  Monda. 

Parmi  les  particularités  que  l'auteur  r:ipporle  au 
sujet  des  lois  de  Lingga,  nous  croyons  devoir  noter 
ce  qui  suit.  Le  vol  est  puni,  pour  la  première  fois, 
par  la  perle  d'une  main,  la  récidive  emporte  celle 
de  l'autre  main.  Le  meurtre  est  censé  devoir  être 
puni  de  mort,  in.cis  le  coupable  peut  se  racheter  en 
payant  aux  parents  de  sa  victime  une  somme  d'ar- 
gent proportionnée  au  rang  de  celle-ci.  Ce  qu'il  y  a 
de  plus  singulier,  c'est  que  la  justice  ne  prend  au- 
cune connaissance  des  meurtres  commis  dans  le  ba- 
zar chinois.  Il  est  reçu  que  c'e-t  un  lieu  où  tous  les 
excès  sont  tolérés.  Aussi  ceux  qui  sont  en  étal  de 
le  faire  ne  vont-ils  dans  ce  lieu  de  réunion  que 
bien  accompagnés.  Mais  il  n'y  a  pas  de  grâce  pour 
quiconque  se  permettrait  de  porter  des  vêtements 


APHIE  ECCLESIASTIQUE.  Si 

de  couleur  jaune  sans  une  permission  spéciale  du 
sultan,  comme  aussi  de  se  faire  donner  ou  d'accor- 
der à  d'autres,  dans  la  conversation,  quelqu'une  des 
expressions  dont  il  ne  doit  être  fait  usage  qu'à  l'é- 
gard du  souverain. 

Les  missionnaires  catholiques  n'ont  pas  encore 
paru  dans  celte  île;  et  il  est  probable  qu'ils  n'y  se- 
raient pas  reçus,  ou  que  la  mort  suivrait  immédia- 
tement leur  préilicaiion.  Quelques  missionnaires  bi- 
blistes  anglais  avaient  eu  l'idée  d'y  répandre  des  bi- 
bles; mais  Ils  ont  bien  vite  compris  qu'il  y  avait 
pour  eux  trop  de  danger.  Quant  aux  Holland;iis,  on 
n'ignore  pas  que  de  tous  les  peuples  de  l'Europe, 
s.iuf  quelques  rares  exci'ptioiis  individuelles,  c'est 
celui  qui  a  rendu  le  moins  de  services  à  la  civilisa- 
tion chrétienne.  11  la  ferait  plutôt  reculer,  si  cela 
était  en  son  pouvoir. 


M 


Ualus  Porltts,  vcl  Crociacum,  Croissy-sur-Seine, 
paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  actuellement 
de  celui  de  Versailles,  arrondissement  de  cette  ville, 
canton  de  Saint-Germain-en-Laye,  Seine-et-Oise,  à 
4  kil.  à  l'est  de  Saint-Germain  et  12  à  l'ouest  de  Pa- 
ris. Les  étymologistes  se  sont  beaucoup  exercés  sur 
l'origine  de  son  nom  latin  Crociacum.  Les  uns  ont 
prétendu  qu'il  venait  du  safran  crocus,  qu'ils  suppo- 
sent avoir  été  cultivé  jadis  sur  son  territoire,  et  les 
autres  veulent  qu'un  nommé  Crocus,  auquel  aurait 
appartenu  ce  village,  lui  ait  donné  son  nom.  Il  est 
difficile  aujourd'hui  de  décider  lesquels  de  ces  sa- 
vants peuvent  avoir  raison.  On  trouve  aussi  Croissy 
appelé  Malus  Portus  dans  nos  anciennes  chroniques, 
parce  qu'ainsi  qu'à  la  Malmaison,  c'est  dans  ces  pa- 
rages que  les  Normands  avaient  au  ix"  siècle  débar- 
qué pour  ravager  le  pays.  —  En  121 1,  l'église  de  ce 
village  fut  donnée  par  l'évêque  de  Paris  au  prieur 
de  Saint-Léonard  de  Noblal,  en  Limousin.  L'église 
était  sous  l'invocation  de  saint  Martin  ;  mais  bientôt 
elle  passa  sous  celle  de  saint  Léonard,  parce  que  les 
religieux  ses  compatriotes  apportèrent  du  Limousin 
des  reliques  de  ce  saint.  Du  temps  de  Philippe  le 
Hardi,  ces  reliques  attiraient  à  Croissy  un  grand 
concours  de  pèlerins.  On  en  voit  encore  la  preuve 
dans  le  grand  nombre  de  tableaux  votifs  qui  sont  at- 
tachés aux  murailles  de  l'église.  Ces  pèlerinages 
étaient  si  fréquents  et  avaient  donné  à  saint  Léonard 
«ne  telle  réputation,  que  le  village  en  prit  le  nom, 
et  on  ne  l'appelait  plus  que  Saint-Léonard  ;  mais  de- 
puis, ce  nom  s'est  perdu,  et  celui  de  Croissy  a  pré- 
valu. Celle  église  est  très-ancienne;  dans  le  dernier 
siècle  la  voûte  menaçait  ruine;  on  a  imaginé  de  la 
soutenir  par  de  nombreuses  et  énormes  barres  de 
fer  qu'on  y  voit  encore.  Le  tableau  du  maître-autel, 
qui  représente  Jésus  crucifié,  est  de  Simon  Vouel. 
Dès  le  xiii^  siècle,  l'église  de  Croissy  était  compiée 
au  nombre  des  cures  de  l'évèché  de  Paris.  Cent  ans 
après,  dit   l'abbé   Lebeuf,  on   la  regardait  encore 


comme  une  cure  régulière,  mais  on  ignorait  de  quel 
ordre  elle  était.  Un  religieux  de  l'ordre  de  Cîieaux 
en  fut  pourvu  par  l'évêque  de  Paris  en  l.ïS-i.  Le 
prieur  le  plus  célèbre  de  tous  ceux  qui  ont  possédé 
ce  prieuré  et  ré^i  la  cure,  est  l'abbé  de  Vertot,  qui 
sut  allier  à  la  pratique  des  devoirs  de  son  état  l'é- 
tude des  belles-lettres  et  de  l'histoire.  C'est  à  Croissy 
qu'il  écrivit  l'histoire  de  la  conjuration  de  Bragance, 
publiée  depuis  sous  le  titre  de  Révolutions  de  Portu- 
gal. La  seigneurie  de  ce  lieu  appartint  anciennement 
aux  seigneurs  de  Marly  ;  mais  au  xiv*  siècle,  elle 
avait  passé  dans  la  famille  des  Hennequin. — La  po- 
pi?laiion  de  ce  village  est  d'environ  500  habitants, 
y  compris  le  hameau  des  Gabillons.  Croissy  est  dans 
une  très-belle  situation  ,  sur  la  rive  droite  de  la 
Seine  et  à  l'opposite  de  la  Malmaison  et  de  l'ancien 
Cbarlevanne.  La  rivière  à  cet  endroit  forme  une 
grande  île  dite  Vile  de  la  Loge.  On  voit  à  Croissy  un 
très-beau  château  avec  de  vastes  dépendances.  Outre 
ce  château,  on  remarque  encore  dans  ce  village  de 
charmantes  maisons. 

tîare  Hyrcanum,  vel  Caspium,  la  mer  Caspienne. 
C'est  le  plus  grand  lac  de  l'Asie  et  de  tout  le  globe. 
Elle  confine  au  nord  avec  le  gouvernement  d'Astra- 
khan, à  l'est  avec  la  Khivie  et  la  Bukharie,  au  sud 
avec  la  Perse,  et  à  l'ouest  avec  une  partie  du  gou- 
vernement d'Astrakhan,  les  chaînes  du  Caucase,  le 
Daghestan,  le  Scliirvan  et  le  Ghilan,  en  Perse.  Son 
étendue,  de  16,800  lieues  c,  lui  a  fait  donner  le  nom 
de  mer.  Les  Grecs  l'appelaient  mer  d'Hijrcanie,  les 
Slaves  Klivalinskoénwri,  à  cause  d'un  peuple  slave 
nommé  Khvalisse,  qui  habitait  sur  les  bouches  du 
Volga;  actuellement  ce  peuple  la  nomme  mer  d'As- 
trakhan, les  Tartares  Ac-Dinguiss,  c'esl-à-dire  me' 
Blanche,  et  les  Persans  Gourien  ou  Coulssoum.  Avan 
Pierre  le  Grand  on  ne  connaissait  pas  bien  positive- 
ment la  situation  ni  l'étendue  de  celte  mer,  et  encore 
moins  la  figure  de  ses  côtes;  ce  souverain  en  fil 
faire  une  carte  exacte,  d'après  différents  voyages  en- 


!>05 


GEOGUAPIUE  DES  LEGENDES  AC  MOYEN  AGE.  506 


trepris  par  ses  ordres  à  cet  elfer.  On  coiimii  alors 
posUivemeiit  que  celle  mer  ii'élait  pas  ronde  comme 
on  se  l'iniasinait  ancienncmeni,  mais  plnlôi  longue; 
qu'elle  s'clendaii  du  nord  au  sud  depuis  le  47°  20' 
jusqu'au  36*  it>'  de  lai.  nord,  par  conséqiienl  à  plus 
de  250  lieues  en  coniplanl  depuis  renibnuchure  de 
i'Oural  jusqu'aux  cûles  du  Maznndéran.  Les  cotes 
occideniales  s'étendent  jusqu'au  4i",  ei  les  orien- 
tales au  53«  de  long.  est.  Sa  plus  grande  largeur  est 
de  11 "i  lieues,  et  sa  moindre,  vis-a-vis  de  la  pres- 
qu'île d'Archéronsk,  de  iO  lieues.  Le  savant  acadé- 
micien Pallas  cherche  à  prouver,  dans  la  trois  ème 
partie  de  ses  Voyages,  que  celle  mer  s'étendait  à 
12.N  lieues  plus  au  nord,  vers  les  embouchures  du 
Volga  et  de  l'Oural;  qu'à  l'est  elle  se  réunissait  à 
l'Aral,  et  à  l'ouest  au  Pahis-Méotide  ou  mer  d'Azof, 
à  l'endroit  nù  coule  aciuellement  le  Manitch.  M.  Gul- 
densiad  ajnuie  que,  vers  l'embouchure  de  la  Kouma 
et  du  Terky,  elle  devait  couvrir  une  élendue  de 
2d  lieues  de  pays;  mnis  qu'ensuite  la  quantité  d'eau 
qu'y  apporlaient  les  fleuves  ne  sullisant  pas  pour 
couvrir  une  élendue  de  pays  aussi  considérable,  en 
raison  de  la  quantité  qui  s'en  perdait  par  l'évapora- 
tion,  les  eaux  s'élaient  retirées  dans  leurs  limiles 
actuelles,  qui  paraissent  être  la  mesure  des  eaux  ap- 
pnrlce?  par  les  fleuves  et  celle  absorbée  par  les  va- 
peurs (1).  Actuellement  celte  mer,  de  tous  côtés 
entourée  par  la  terre  ferme,  ne  communique  avec 
aucune  autre,  malgré  l'opinion  nullement  fondée  de 
quelques  naiuralistes,  qui  lui  supposent  des  commu- 
nications souterraines  avec  la  mer  Noire.  Sa  plus 
grande  profondeur  est  de  70  à  80  toises,  et  elle  est 
presque  partout  très-basse  auprès  de  ses  bords,  au 
point  même  que  les  b.'itimenis  d'une  certaine  gran- 
deur sont  obligés  de  mouiller  à  une  distance  considé- 
rable des  côtes,  excepté  pourtant  à  Bakou  et  à  quel- 
ques autres  endroits.  Elle  n'a  pas  de  flux  ni  de  re- 
flux comme  l'Océan.  Sa  navigation  est  d^ingereuse,  à 


cause  des  rochers  dont  ses  bords  sont  couverts,  cl 
des  venis  d'est  et  d'ouest  qui  y  sourfleiit  presque  con- 
tinuellement, et  qui,  à  cause  du  peu  de  largeur  de 
celte  mer,  deviennent  excessivement  dangereux,  par 
l'impossibilité  où  l'on  est  de  louvoyer.  Son  fond,  de 
gravier  et  de  vase,  renferme  cependant  quelques 
rochers  couverts  d'eau  et  assez  dangereux.  Son  eau, 
très-salée  loin  des  côtes,  est  plus  amère  que  celle 
des  autres  mers,  à  cause  de  la  quantité  de  naphle 
qui  coule  de  sps  bords  et  sur  ses  îles.  —  La  mer  Cas- 
pienne peut  être  considérée  comme  une  source  iné- 
puisable de  richesses  pour  la  Russie,  par  l'énorme 
quantité  de  poissons  de  toute  espèce  qui  s'y  pèchent, 
et  qui  sonl  préférés  par  leur  qualité  à  ceux  des  au- 
tres mers  qui  baignent  cet  empire  :  il  s'en  exporta 
annuellement,  ainsi  que  du  caviar,  de  la  colle  de 
poissiin,  etc.,  pour  plusieurs  millions  de  roubles.  On 
y  rencontre  beaucoup  de  veaux  marins,  et  les  côles 
sont  couvertes  en  tout  temps  d'oiseaux  aquatiques 
de  difl'érentes  espèces,  et  de  variétés  encore  peu 
connues  en  Europe.  Les  joncs  qui  couvrent  ses  bords 
vers  le  Térek  et  Kisliar,  donnent  asile  à  quantité  de 
sangliers,  et  on  rencontre  sur  les  côtes  du  Mazan- 
deran  une  espèce  de  tortue  fort  grande,  car  elle  a 
souvent  plus  d'une  archine  de  long  sur  une  demie 
de  large.  —  Les  fleuves  qui  s'y  jettetit  sont  lè  Volga, 
la  Kouma,  le  Térek,  l'Aksaï,  l'Agrakhan,  le  Saniour, 
le  Nizabat,  le  Kour  {Cijrus),  l'Astarah,  le  Svidoura, 
le  Poussa,  l'Asirabad,  l'Oural,  l'Emba,  le  Tedzen  et 
le  Kisilonzeiii,  sans  compter  une  qiiantiié  de  petits 
fleuves.  On  remarque  en  général  que  Ions  ces  fleu- 
ves, charriant  beaucoup  de  sable,  en  comblent  leurs 
embouchures,  qui  deviennent  chaque  année  moins 
profondes  et  plus  difficiles  à  remonter  aux  bateaux, 
au  point  même  que  le  bélouga  a  cessé  d'entrer 
dans  l'Emba,  comme  il  faisait  autrefois  pour  frayer. 
L'embouchure  de  plusieurs  fleuves  se  couvre  en 
même  temps  de  roseaux  qui  y  croissent  en  si  grande 


(1)  La  quatrième  classe  des  lacs  oÇre  des  phéno- 
mènes beaucoup  plus  difficiles  à  expliquer.  Il  s'a- 
git des  lacs  qui  reçoivent  des  rivières,  sonvent  même 
de  grands  fleuves,  sans  avoir  aucun  écoulement  visi- 
ble. Le  plus  célèbre  est  la  mer  Caspienne;  l'Asie  en 
cnnlienl  encore  beaucoup  d'antres.  Le  Niger,  s'il 
n'atteint  pas  la  mer,  s'écoule  plutôt  dans  nn  lac  sem- 
blable que  dans  un  marais.  L'Amérique  méridionale 
coniient  le  lac  Tilicaca,  qui  est  sans  écoulement, 
quoiqu'il  en  reçoive  un  auire  assez  considérable.  Eu 
nn  mot,  ces  lacs  semblent  appartenir  à  l'inlérieur 
des  grands  continents;  ils  s'y  trouvent  placés  sur  des 
plaines  élevées,  mais  qui  n'ont  aucune  pente  sen- 
fiîjle  vers  les  mers,  ce  qui  ne  permet  pas  à  ces  amas 
d'eau  de  se  fraypr  nn  cliemin  pour  s'écouler. 

Ces  lacs  reci'vant  toujours  de  l'eau  et  n'en  ayant 
a:icnn  débouché,  pourquoi  ne  débnrdenl-ils  pas?  On 
peut  répondre,  quant  à  ceux  qui  sonl  situés  sous  un 
rlim;it  chaud,  que  l'évaporalinn,  comme  llalley  l'ob- 
serve, suffit  pour  les  débarrasser  de  leur  trop-plein. 
Reste  à  savoir  si  les  calculs  de  ce  célèbre  Anglais 
peuvent  avec  justesse  s'appliquer  à  des  climats  .aussi 
froids  que,  par  exemple,  celui  de  la  mer  Caspienne. 
Observons  d'abord  qu'on  a  exagéré  la  quantité  d'eau 
i  versée  dans  ce  bassin  par  lesHeuves;  il  n'y  a  d'au- 
tres grandes  rivières  que  le  Volga,  le  laik  ou  l'Ou- 


ral et  le  Konr  qui  s'y  jettent;  le  reste  n'est  composé 
que  de  petits  ruisseaux.  Ajoutons  que  toute  la  côte 
orientale  verse  à  peine  un  ruisseau  dans  celte  fa- 
meuse mer.  Remarquons  encore  (car  rien  n'est  à 
négliger  dans  la  géographie  physique)  que  le  Volga, 
peu  profond,  semble  s'imbiber  dans  les  terres  qui  en 
bordent  le  cours;  c'est  la  cause  de  l'humidité  et  de 
la  fertilité  qui  distinguent  ces  terrains  des  landes  voi- 
sines. Enfin,  si  l'on  s'obstinait  à  supposer  une  espèce 
de  disproporlion  entre  l'étendue  de  la  mer  Caspienne 
et  son  évaporation  d'un  côté  et  le  volume  d'eau  qu'elle 
reçoit  de  l'autre  (ce  que  nous  sommes  loin  d'accor- 
der), on  pourrait  encore  admettre  jusqu'à  un  certain 
point  l'imbibition  de  ses  eaux  dans  les  montagnes 
calcaires  qui  h  bordent  vers  le  midi  et  vers  le  sud- 
est.  On  sait  combien  les  terrains  de  cette  nature  sont 
poreux  et  spongieux.  Tous  le»  rapports  s'accordent 
à  nous  décrire  les  montagnes  au  sud  de  la  mer  Cas- 
pienne encore  plus  pénétrées  d'humidité  et  plus  ri- 
ches en  sources  que  celles  de  la  Mingrélie  même,  ce 
qui  prouve  ou  l'imbihition,  ou,  ce  que  nous  aimerons 
mieux,  une  très-forte  évaporation.  L'insalubrité  de 
l'air,  près  de  ces  lacs,  est  encore  une  circonstance 
qui  milite  en  faveur  de  l'opinion  de  Halley. 
{Note  de  Malte  Brun.) 


K07 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  508 


qiKiniiio.riii'ils  la  masquent  enlièreinenl  et  en  empé- 
cliem  l'oiiiréo,  nomménienl  dans  TEmba,  l'Oural  et 
dans  plusieurs  bras  du  Volga.  Les  bords  de  cette 
mer,  qui  appaiiiennent  à  la  Russie,  s'étendent  de- 
puis Astarali,  en  tirant  vers  le  nord  par  la  côte  oc- 
cidentale, jusqu'à  Gotirief,  et  de  là  descendant  vers 
le  sud  par  la  côte  orientale,  jusqu'au  golfe  Alexan- 
dro^koy  ou  d'Alexandre.  Jenkinson,  Anglais,  fut  le 
premier  à  qui  nous  devons  les  premières  notions  de 
celte  mer  ;  son  but  était  d'ouvrir  des  relations  avec  la 
Tartarie.  En  1722  l'empereur  Pierre  l"  fit  voile 
d'Astrakhan  avec  une  flotte  de  250  galères  et  de  55 
bâtimenis  de  transport,  portant  55,000  soldais  pour 
une  expédhion  contre  la  Perse  ;  beaucoup  de  vais- 
seaux périrent,  et  plus  d'un  tiers  de  l'armée  fit  nau- 
frage. 

La  collection  des  légendes  faites  sur  la  mer  Cas- 
pienne, dans  l'antiquité  et  au  moyen  âge,  formerait 
plus  d'un  fort  volume,  dont  la  lecture  serait  des  plus 
curieuses  et  des  plus  intéressantes.  Mais  si  elle  oc- 
cupe une  place  considérable  dans  l'histoire  légen- 
dique  du  monde,  elle  en  tient  une  non  moins  consi- 
dérable dans  celle  du  commerce.  Elle  ctiit  la  route 
des  comnmnieaiions  du  commerce  entr.^  l'.Asie  et 
l'Europe  dans  l'antiquité  et  au  moyen  âge:  et  l'Asie 
orientale  avait  d'anciennes  relations  avec  l'Occident 
par  la  mer  Caspienne.  Ces  vieilles  relations  ont  cessé 
peu  à  peu,  à  l'époque  de  l'envahissement  de  l'Asie 
occidentale  par  les  barbares  musulmans. 

ilariiamim  vel  Aturum,  Aire,  ancienne  petite  ville 
épiscopale  de  la  Noveuipopulanie  dans  l'exarchat  des 
Gaules,  sur  l'Adour,  aujourd'hui  canton  du  départe- 
ment des  Landes.  C'est  un  ancien  évéché,  dont  la 
fondation  remonte  au  v"  siècle  :  il  est  suffragant 
d'Auch.  Aire  s'appelait  encore  Vico  Juliiim  ou  Viens 
Juin,  Aturiiim,  Alarensiuin  ou  Atyreiisium  Chitas. 
Celte  ville  eut  quelque  impor tance  sous  les  lois  wi- 
sigolhs  qui  s'y  bâtirent  un  palais,  et  pariicnlièrement 
sous  Alaric.  Ravagi'e  par  les  Sarrasins  et  les  Nor- 
mands, et  plus  tard  par  les  guerres  de  religion,  Aire 
n'a  plus  aujourd'hui  que  i.OOO  bah.,  et  son  évéché 
fait  sa  plus  grande  importance.  —  Cet  évêclié  a  pour 
circonscri|ition  celle  du  dép:irtement  des  Landes. 
L'arrondissement  de  Mont-de-Marsan  renferme  12 
cures  et  85  succursales  ;  celui  de  Saint-Sever,  8 
cures  et  83  suce.  ;  celui  de  Dax ,  8  cures  et  76 
suce.  Il  y  a  en  outre  39  vicariats,  chapelles  vicaria- 
les  ou  annexes  rétribués  par  le  gouvernement. 

Les  congrégations  religieuses  sont  :  les  l'rsulines 
à  Saint-Sever,  à  Aire  et  à  Tarlas  ;  la  réunion  au  Sa- 
cré-Cœur à  Dax  ;  Noire- Dame  de  Loreite  à  Mont-de- 


de  la  petite  rivière  Deir-Meszih  (cloiire  du  Messie), 
qui,  avec  un  autre  cours  d'eau,  le  Uinarbuschi,  ar- 
rose la  magnifique  promenade  d'Uspusi.  Celle  ville 
est  fameuse  par  la  grande  bataille  livrée  entre  Jus- 
tinien  et  Chosroès-Nuschirwan,  par  la  naissance  du 
premier  cid  arabe,  le  héros  Sid-Abaital,  et  par  la  ré- 
sidence de  la  dynastie  des  Danischamends  au  moyen 
âge.  —  Celle  ville  était  dès  le  v«  siècle,  la  métropole 
de  la  seconde  Arménie  ;  sa  juridiction  s'étendait  sur 
les  cvèchés  d'Arca,  Cucusus,  Arabissus,  Ariarath.'t  , 
Comanaet  Zelona.  Il  s'y  tint  eu  351  un  concile  sur  les 
travaux  duquel  on  n'a  rien  de  précis.  —  C'est  au- 
jourd'hui une  petite  ville  qui  a  conservé  un  peu  de 
commerce. 

Meridionatis  Africa,  Afrique  méridionale  ou  aus- 
trale, vaste  contrée  bornée  au  nord-est  par  le  Mo- 
nomolnpa,  au  sud-ouest  par  l'océan  Allaniique,  au 
sud-esi  par  l'océan  Indien,  au  sud  par  le  cap  de 
Bonne-Espérance.  Elle  comprend  la  Cafrérie  propre, 
au  sud-est;  les  pays  des  Boushouanas,  des  tlollen- 
lots,  des  Boschismens  au  cenire,  des  Namaquois  à 
l'ouest,  et  des  Barrolous  au  nord;  elle  a  près  de 
3200  kil.  de  long,  sur  1600  de  large.  On  y  voit  une 
multitude  de  peuples  divers.  Le  sol  est  fertile  et  bien 
arrosé.  On  y  trouve  des  montagnes  élevées  et  cou- 
vertes d'épaisses  forêts,  relraiie  des  lièvres,  tigres, 
léopards,  rhinocéros,  autruches  et  gazelles.  Les  val- 
lées produisent  en  abondance  toute  espèce  de  vé- 
gétaux. —  La  Cafrérie  propre  est  ainsi  nommée  à 
cause  di'S  Cafres  qui  l'habitent  ;  elle  forme  la  pariin 
sud-est  de  la  Cafrérie,  et  est  bornée  à  l'est  par  l'o- 
céan indien,  à  l'ouest  par  le  cap  de  Bonne-Espéran- 
ce, au  nord-est  pir  le  Monomntapa.  Elle  se  trouve 
comprise  entre  23°  20'  et  33"  50'  laiiuule  sud,  et 
entre  2r20'  ei  ôl^SO'de  longitude  est.  Sa  longueur 
est  de  1000  kil.  du  nord  au  sud,  sur  -iOO  kil.de 
large  environ  de  l'est  à  l'ouest.  Les  rivières  les  plus 
importantes  sont  le  Mafumo,  le  Lorenzo-Marquez,  la 
Nabagana,  la  Key,  celle  du  Grand-Poisson  limiianl 
la  colonie  du  Cap;  elles  descendent  d'une  chaîne  de 
montagnes,  situées  à  l'ouest.  On  y  trouve  de  magni- 
fiques vallées,  d'excellents  pâturages,  des  forcis  im- 
menses, beaucoup  de  maïs,  millet,  melons  d'eau 
douce,  aloès,  palmiers,  citronniers,  cotonniers,  can- 
nes à  sucre.  Il  n'y  a  que  deux  saisons,  l'hiver  et  l'été. 
Le  sable  d'or  et  le  fer  y  abondent.  Parmi  les  ani- 
maux on  remarque  le  lion,  i'éléiihant, l'hippopotame, 
le  léopard,  le  chacal,  l'ours,  l'amilope,  les  bœufs, le 
singe,  beaucoup  d'oiseaux,  autruches,  paons,  des 
serpents  et  des  crocodiles.  La  mer  fournil  aussi  co- 
rail  01  auibre.  Diverses  iribus  habitent  la  Cafrérie 


Marsan  ;  la  Doctrine  chrétienne  à  Roquefort.  Il  y  a      propre  ;  savoir  :  les   Abbatounas  cl  les   Madoiianas 


encore  quelques  autres  établissements  de  reirgieuses 
à  Villeneuve,  à  Mugron  et  Montant,  à  Grenade,  à 
Poyanne  et  à  Cauna. 

Aire  est  de  l'arrond.  de  Saint-Sever  et  à  21  kil. 
de  celte  ville. 

Mcliiene,  .Malallali,  ancienne  métropole  de  l'Ar- 
niénie  Mineure,  non  loin  de  l'Euphrale,  sur  les  bords 


dans  l'intérieur,  près  des  Boushouanas.  Sur  lu  côie 
les  llambounas;  plus  loin  dans  les  terres  les  Tam- 
boukis,  et  au  sud  les  Cafres  ou  Koussas  :  ces  peu- 
ples ne  reconnaissent  que  ce  dernier  nom. 

Les  Cafres  ont  une  haute  stature,  une  taille  bien 
proportionnée,  et  des  traits  assez  agréables.  Leur 
couleur  est  d'un  noir  peu  foncé,  leurs  dents  blan- 


509 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  ACE.  KIO 


elles  comme  de  l'^oire,  cl  leurs  yeux  sont  irts- 
graiids.  Chez  les  deux  sexes  riiabiliemeiit  diffère 
peu  :  il  consisie  eu  peaux  de  bœufs,  qui  soiil  aussi 
moelleuses  que  du  drap.  Les  hommes  porleiil  des 
queues  de  différenls  auiinaux,  liées  à  l'euiour  de 
leurs  cuisses,  el  ils  ont  de  grand»  anneaux  d'ivoire 
autour  des  bras.  Us  se  pareiil  .lussi  de  poils  de  lion, 
aliaclicnt  des  plumes  à  leur  lête,  et  iioneni  d'au- 
Ires  ornemeiils  qui  ne  sont  pas  moins  bizarres.  Us 
aiiueiit  beaucoup  les  cliiens,  cl  quand  ils  veulent  se 
procurer  un  de  ces  animaux,  iUdoiineni  sans  peine 
2  jeunes  bœufs  en  étliange.  Us  s'exercent  à  la  chas- 
te, à  la  lutte  el  à  la  danse  :  ils  sont  adroits  à  ma- 
nier la  lance,  et,  en  temps  de  guerre,  ils  se  servent 
de  boucliers  faits  de  peaux  d'animaux.  Les  hommes 
conduisent  aux  pâturages  de  grands  troupeaux  de 
boeufs  et  de  moulons  à  giosse  queue.  Les  femmes 
lonl  chargées  des  iravaux  de  l'agriculture  :  elles 
Uilliveul  du  blé,  des  haricots,  du  ch;inTre,  du  tabac 
Kt  des  mehins  d'eau.  Elles  fonl  aussi  des  panitrs  el 
ies  nattes  sur  lesquelles  on  couche.  —  Les  maisons 
tes  Cafres  sont  toiisiruiles  avec  des  pieux  ,  el  en- 
duites en  dehors  el  en  dedans  d'un  mélange  de  terre 
M  de  fienle  de  vache.  L'entrée  en  est  si  basse,  que, 
pour  pénéinr  dans  l'intérieur,  il  faul  se  traîner 
lur  les  mains  et  sur  les  genoux  :  le  foyer  est  placé 
dans  le  milieu. 

LesCafres  sont  païens.  Us  obéissent  à  un  roi  dont 
le  pouvoir  est  irés-limilé.  Us  n'enterrent  pas  ks 
morts  ;  mais  ils  liéposeiil  les  cadavres  dans  un  fossé 
qui  est  omnnun  à  plusieurs  familles  :  les  bêles  féro- 
ces viennent  s'en  rejiyiue;  et,  par  ce  moyen,  l'air 
est  préservé  des  vapeurs  nuisibles  qu'occasiinineral 
la  putiéfacliou.  Les  honneurs  de  la  sépulture  ne 
sonl  donnés  qu'au  souverain  :  on  couvre  son  corps 
d'un  las  de  pierres  arrangées  en  forme  de  dôme. 

Le  pays  des  Cal'res  ne  conlient  aucune  ville  re- 
marquable, il  fait  pai  lie  du  vicariat  apostolique  du 
Cap  de  Donne-Espérance. 

Les  Calres  sonl  de  tous  les  noirs  les  plus  opinià- 
Ires  el  les  plus  courageux.  Depuis  plusieurs  années, 
ils  font  utie  guerre  acharnée  à  la  colonie  anglaise 
du  Cap,  el  se  rapprochent  successivement  de  ses  li- 
mites. Les  missionn.ùres  anglicans  ont  voulu  péué- 
Irer  parmi  eux,  mais  ils  n'ont  rien  fait. 

iletropolis  Cottientium ,  vel  Coiyœum  ,  Kutaieh, 
Vi)!e  de  la  Phrygie  Salutaire,  dansl'exarclial  d'Asie, 
évêcliédans  le  it«  siècle,  archevêché  honoraire  dans 
le vi« siècle, el  métropole  delà  troisième  Phrygie Sa- 
lutaire dans  le  «x«.— La  vUie  de  Kutaieh  se  trouve, 
au  nord-esi  de  Smyrne,  à  rextrémilé  d'une  vaste 
plaine  et  au  pied  de  la  chaîne  de  montagnes  stériles 
qui  ipin'îneni  le  pays  plat  ;  c'est  la  résidence  du  pa- 
cna,  gouverneur  de  la  province  d'Anadoli;on  y 
Toii,  comme  dans  tous  les  endroits  un  peu  consi- 
dérables .  les  trois  populations  turque,  grecque  cl 
arménienne,  logées  dans  des  quartiers  différents. 
L"s  mahomélans  doiiiinent  par  le  nombre  les  deux 
autres  cultes  réunis  ;  parmi  les  Grecs  ,  il  n'y  a  pas 


un  seul  catholique  ;  et  .'|iianl  aux  Armée'ieiis,  sur 
ciu(|  cents  familles,  deux  cenis  environ  professent 
la  foi  catholique;  les  autres,  partisans  de  l'iiércsie, 
ne  laissent  échapper  aucune  occasion  d'inqniéler  el 
d'insulter  ceux  qui  appartiennent  à  l'Eglise  latine. 
Ceux-ci,  avec  quelques  secours  du  dehors,  sonl  par- 
venus, malgré  l'opposition  réunie  des  hérétiques  ,  à 
bàlir  une  église  et  nn  preshyiére.  Ces  constructions 
sonl  presque  toutes  en  bois.  Trois  prêires,  envoyés 
par  l'archevêque  arménien  catholique  de  Consianii- 
noide,  desservent  celle  mission  ,  sous  la  direction 
de  l'un  d'eux  ,  qui  a  le  liire  et  les  pouvoirs  da 
grand  vicaire. 

Les  Turcs  de  Kutaieh  sonl  plus  fanatiques  que 
ceux  dos  autres  locililés  de  l'Asie  :  ils  vont  jusqu'à 
insulter  les  chrétiens  dans  les  rues,  sans  distincuon 
de  nation  et  de  rite. 

En  sort  int  de  Kutaieh  pour  suivre  la  route  d'En- 
gnrije,  on  parcourt  de  vastes  mais  incultes  plaines  ; 
on  gravii  des  montagnes  hlanches  et  arides  comme 
les  dunes  de  sable  qui  sont  au  bord  de  l'Océan.  11 
s'extrait  de  ces  montagnes  deux  produclious  cu- 
rieuses :  la  première  e-t  une  pierre  blanche,  molle, 
que  l'on  taille  el  polit  aisément  avec  le  couteau; 
c'est  un  article  de  commerce  entre  la  Turquie  et 
l'Allemagne.  Ces  pierres  sont  envoyées  de  Constan- 
tinople  en  Saxe,  oîi  on  en  fait  de  grosses  pipes  à 
l'usage  des  i^lleinands.  L'autre  production  est  une 
pierre  tendre  et  facile  à  pulvériser,  qui,  réduite  en 
poussiéie  ,  produit  sur  le  linge  ,  dans  la  lessive  ,  le 
même  effet  que  le  savon,  et  à  meilleur  marché;  on 
l'cuiploie  h  cet  usage  dans  toul  le  pays  el  même  ix 
Coiisiaiilinople.  L'eau  qui  coule  de  ces  montagnes 
et  qui  forme  des  torrents  dans  les  vallées  est  bleuâ- 
tre comme  l'eau  de  savon  ,  il  serait  impossible  de  la 
boire. 

A  iO  kil.  sud-ouest  de  Kutaieh,  point  culminant 
de  celte  partie  de  l'Asie,  M.  Léon  de  Laborde  par- 
vint, dans  son  voyage,  fait  en  .Asie  Mineure  en  1827 
et  18i8,  à  une  ville  romaine  restée  inconnue  jus- 
qu'alors, el  que  les  iiinéraires  anciens  n'indiquent 
même  pas.  Ses  principaux  édifices  consistent  en  un 
grand  théâtre,  un  stade,  plusieurs  portiques  bien 
conseivés,et,sur  une  légère  élévation,  un  temple  io- 
ni'iue  de  la  plus  éléganie  architecture  :  les  colonnes 
sont  d'un  seul  bloc  de  marbre  de  30  pieds  de  hau- 
teur ;  elles  sont  cannelées,  et  soutiennent  un  enta- 
blement irès-orné  et  du  meilleur  goiil.  Par  les  frag- 
iiienls  d'une  inscription  qui  appartenaient  au  fron- 
ton, on  apprend  que  ce  temple,  consacré  à  Apollon, 
fut  réparé  du  temps  de  l'empereur  Adrien.  Ce  lieu 
se  nomme  en  turc  Chapder,  et  est  arrosé  par  uu 
cours  d'eau  que  l'on  passe  sur  un  pont  romain  de 
cinq  arches,  aussi  bien  conservé  que  la  voûte  ro- 
maine, à  laquelle  il  aboutit. 

Colyœum,  comme  métropole,  ne  comprenait  que 
trois  évêchés  :  Spora,  Konis  el  Gaio-Come.  La  po- 
pulation actuelle  est  de  5t),000  habitants. 
Uonasierium  Altcùi,  vel  AU£^um,  Meth,  ahbaye  de 


I 


Sil 


DICTIONî^ÀIRK  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


812 


Tordre  des  Bénédictins  et  ancienne  ville  dans  le 
Languedoc  ;  anjourd'luii  du  départ,  de  l'Aude,  du 
diocèse  de  Carcassonne,  à  24  kil.  ouest  de  celte 
ville  et  40  sud-est  de  Limcux,  canton  de  celte 
ville.  C'était  dans  l'origine  une  abbaye  de  Bénédic- 
tins, que  le  pape  Jean  XXII  érigea  en  évcclié  en  1318. 
Le  chapitre  demeura  régulier  jusqu'en  lool  qu'il  fut 
sécularisé.  Il  consistait  en  12  chanoines  dont  4 
avaient  des  dignités,  et  en  outre  de  16  bénéficiers. 
Les  protestants  ayant  ruiné  l'église  et  la  ville  d'A- 
leth  en  1575,  le  chapitre  a  converti  l'ancien  réfec- 
toire du  monastère  en  église  caihéilrale.  L'évéché  a 
été  supprimé  par  le  concordat  de  1801,  et  la  ville 
d'.Meth  n'a  quelque  importance  que  par  les  eaux 
thermales  du  Tnbéron,  connues  des  Romains. 

Le  dincèsî  d'Alelh  était  borné  au  nord  par  l'nffi- 
cialité  de  Limoux,  à  l'est  par  le  Rou-sillon  el*le  dio- 
cèse de  Narbonne,  au  sud  par  les  Pyrénées  et  l'Es- 
pagne, à  l'ouest  par  le  diocèse  de  Mirepoix  et  le  pays 
de.Foix.  Avant  d'être  un  évêché,  l'abbaye  apparte- 
nait au  diocèse  de  Narbonne.  Depuis,  le  pays  dépen- 
dit du  Roussillon,  du  comté  de  Foix  et  du  gouver- 
nement de  Languedoc.  Il  contenait  une  partie  du 
comté  de  Rasez,  les  pays  de  Fenouillèdes  et  de 
Saiilt.U  renfermait  34,000  habitants.  —  La  ville  est 
située  sur  l'Aude.  La  population  n'est  plus  ((ne  de 
2000  .îmes. 

Monasmimn  Amerbachi,  Amerbach,  ou  Amorbach, 
ville  de  Bavière,  à  50  kil.  sud  d'Aschaiïenburg. 
Popul.  4600  habitants.  C'était  autrefois  une  riche  et 
magnifique  abbaye  de  Bénédictins  qui  avait  été  en- 
richie par  des  électeurs  de  Bavière,  par  des  empe- 
reurs et  des  impératrices  d'Allemagne,  et  dont  les 
bâtiments  servent  aujourd'hui  de  résiJen'e  aux 
princes  de  la  branche  luthérienne  de  la  maison  de 
Linange,  ou  Leincingen.  Il  y  a  dans  cette  maison 
deux  branches  luthériennes  et  deux  branches  ca- 
tholiques. 

Le  comté  de  Linange  était  situé  sur  la  rive  gauche 
du  Rhin,  dans  le  Palatinat;  les  petites  villes  de 
Grunstadt  et  de  Durckheira  ,  qui  appartiennent 
aujourd'hui  à  la  Bavière,  en  sont  les  chefs-lieux. 

Il  faut  distinguer  trois  maisons  de  Linange.  L'an- 
cienne et  véritable  maison  de  ce  nom,  dont  un  des 
ancêtres,  nommé  Eniic,  a  vécu  en  111';),  s'éteignit, 
en  1220,  avec  Frédéric  I'"'',  mort  sans  enfants.  Sa 
sœur  Luccard  avait  épousé  Simon,  comte  de  Saar- 
bruck,  dont  le  second  fils,  Frédéric,  comte  de  Harden- 
bourg,  prit,  en  1220,  le  titre  de  comte  de  Linange. 
Ce  Frédéric  II  ei-t  la  souche  de  la  seconde  maison  de 
Linange  ou  de  Linange-Haidenbourg.  Elle  acquit  par 
mariage  le  comté  de  Dabo  (en  allemand  Dachsbourg), 
dans  les  Vosges,  et  se  divisa  en  deux  lignes,  celle  de 
Linange  et  celle  de  Dabo.  La  première,  qui  avait 
obtenu  le  titre  de  landgrave,  équivalant  à  celui  de 
prince,  s'éteignit,  en  1463,  avec  le  prince  Ilesson.  La 
ligne  de  Dabo  réclama  alors  la  succession,  mais  elle 
en  fut  exclue  par  Reinard,  comte  de  Westerbourg, 
qui  avait  épousé  Marguerite,  sœur  de  Hesson,  et  que 


l'électeur  Palatin  mit  en  possession  de  la  partie  du 
comté  de  Linange,  qui  avait  appartenu  ,à  la  ligne 
éteinte,  et  où  se  trouvait  Grunstadt.  Dès  lors  Rei- 
nard prit  le  titre  de  Linange-Westerbourg  :  il  est  la 
souche  de  la  troisième  maisonde  Linange.  —  EmiclX, 
comte  dcLinange-Hardenbourg-Dabo,  laissa,  en  1541, 
deux  fils  qui  fondèrent  deux  lignes  :  Jean-Philippe 
l'aîné ,  celle  de  Hardenbourg,  et  Emic  X  celle  de 
Heidesheim  ou  Falkenbourg.  Charles-Frédéric-Gnil- 
laume,  comte  de  Linange-Dabo-Hardenbourg  (ou  de 
la  ligne  aînée),  fut  élevé,  en  1779,  pour  lui  et  ses  des- 
cendants, au  rang  de  prince  d'Empire;  dans  le  di- 
plôme, l'empereur  se  référa  à  ce  que  ce  rang  avait 
déj.à  été  conféré  à  la  maison  dans  la  personne  du 
landgrave  Hesson.  Dépouillé,  par  la  paix  de  Luné- 
ville,  de  tontes  ses  possessions,  le  prince  obtint,  par 
le  recés  de  l'empire,  de  1803,  une  riche  indemnité, 
composée  de  parcelles  de  l'éleciorat  de  Mayence,  de 
l'évêclié  de  Wurzbourg  et  du  Palatinat,  sous  le  titre 
de  principauté  de  Linange  (ou  de  Linange-Amorbach- 
Miltenberg'l,  ayant  une  surface  de  24  m.  c.  g.  (66 
lieues  c.)  et  85,600  habitants,  et  rapportant  un  mil- 
lion de  francs.  On  lui  accorda  en  même  temps  une 
voix  virile  à  la  diète;  mais  ce  prince,  tant  favorisé 
en  1803,  fut  une  des  victimes  de  la  confédération  du 
Rhin,  qui  le  dépouilla  de  sa  souveraineté.  Aujour- 
d'hui, il  se  .trouve  pour  un  septième  de  ses  posses- 
sions sous  la  souveraineté  du  roi  de  Bavière,  et, 
pour  le  reste,  sous  celle  du  grand -duc  de  Bade.  II 
sera  entièrement  soumis  à  la  Bavière  lorsque  l'art.  2 
secret  du  traité  de  Munich,  du  !4  avril  1816,  aura 
été  exécuté.  C'est  ce  prince  qui  réside  dans  la  petite 
ville  d'Aniorbach.  —  La  seconde  branche  de  la  mai- 
son de  Linange-Hardenbourg-Dabo  fui  fondée  par 
Emic  X,  second  fils  d'Emic  IX.  Les  fils  d'Eniic  XII 
devinrent  les  souches  de  trois  branches,  dont  les 
deux  premières  se  sont  éteintes,  de  manière  qu'il 
n'existe  que  la  troisième  dite  de  Guntersblum,  d'un 
village  avec  château,  situé  sur  le  Rhin,  où  elle  rési- 
dait anciennement.  La  souche  de  cette  ligne  fui  Jean- 
Louis  dit  l'Aîné,  troisième  fils  d'Emic  XII.  Ce  Jean- 
Louis  eut  pour  successeur  son  fils  d'un  second  ma- 
riage, dont  les  descendants  s'éteignirent  en  1774. 
La  ligne  aînée  de  Linange  prit  alors  possession  des 
terres  de  Guntersblum,  mais  il  s'éleva  contre  elle 
des  prétendants.  C'étaient  deux  frères  descendus 
d'un  premier  fils,  que  Jean-Louis  avait  eu  d'une 
comtesse  de  Falkenslein,  et  qu'on  nomme  Jean- 
Louis  le  Jeune.  Il  était  regardé  comme  illégitime, 
son  père  n'ayant  jamais  fait  bénir  son  mariage  avec 
la  comtesse  de  Falkenstein.  Cette  illégitimité  était 
coniestée,  parce  que  la  bénédiciion  nuptiale  n'i'st 
nullement  essentielle  pour  le  mariage  des  protes- 
tants, à  moins  que  le  souverain  ne  l'ait  décl.iiéc 
telle.  En  effet,  après  une  longue  procédure,  le  con- 
seil auliqnede  l'empereur  reconnut,  le  19  août  1784, 
les  deux  prétendants  comme  descendants  légitimes 
de  Jean-Louis  l'Aîné,  en  leur  abandonnant  de  jirou- 
ver  leur  droit  à  la  succession.  Cette  aiïaire  fut  ap 


5i: 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  511 


rangée  le  17  janvier  1785  par  une  iransaclion  par 
laquelle  ces  seigneurs  obtinrent  la  nioilié  des  pos- 
sessions de  Jean-Louis  l'Aine,  savoir  les  bailliages 
de  Gunlersbium  et  de  lleidesheim.  Ces  deux  bail- 
litiges  aj'anl  été  cédés  à  la  Fr.ince,  le  reccs  de  1803 
accorda  aux  deux  frères,  ouire  des  renies  sur  l'oc- 
iroi  du  Rliin,  les  bailli  iges  niayençais  de  Billiglieim 
cl  NeiJenau,  ayant  ensemble  1  ô/l  m.  c.  g.  avec 
5800  babiiants. 

Billiglieim  est  ua  bourg  de  la  Bavière  Rhénane,  à 
8  kil.  sud-sud-ouest  de  Landau,  sur  le  Klingbacli. 
On  y  remarque  deux  églises,  il  y  a  des  fabriques  de 
bas,  d'armes;  des  briqueteries  et  des  tourbières  aux 
environs.  Pypul.  1500  habitants.  Les  princes  de  cette 
branche  sont  catholiques;  depuis  le  congrès  de 
\ienne,  ils  se  trouvent  sous  la  souveraineté  de  la 
Bavière. 

La  maison  de  Linange-Westerbourg,  qui  prit  en 
14G5  le  nom  de  Linangc,  est  la  brandie  ctdeiie  de 
celle  des  seigneurs  de  Ruukel,  dont  l'aînée  porte  le 
nom  de  prince  de  Wied.  Elle  possède  les  comtés  de 
Wesierbourg  et  de  Schadeck,  qui  sont  sous  la  souve- 
raineté du  duc  de  Nassau  :  la  partie  du  comté  de  Li- 
nange,  qu'elle  possédait  jusqu'aux  guerres  de  la  révo- 
lution, comprend  Gruiistadt,  ancienne  résidence. 
Comme  elle  fut  perdue  par  la  paix  de  Lunéville,  le 
recés  de  18(i5  donna  à  celte  maison  les  abbayes 
d'Ubeiisiaiit  et  d'Engelihal,  qui  sont  aujourd'hui  sous 
la  souveraineté  du  grand-duc  de  liesse,  et  des  renies 
perpéiuelles  sur  l'octnii  de  la  navigation  du  Rbin. 
Elle  vendit  en  ISOo  Engeltlial  au  comte  de  Solins- 
'Wildentels.  Toutes  ses  possessions  ont  une  surface 
de  3  1/2  m.  c.  g.  avec  une  population  de  55'JO  ba- 
biiants. 

Celte  maison,  qui  est  luthérienne,  est  partagée  en 
deux  lignes  qu'on  appelle,  d';iprès  leur  fondateur, 
ligne  de  Christophe  et  ligne  de  George. 

iîonasierium  Aquarum ,  l'abbaye  de  Piéffers,  de 
l'ordre  de  Saint-Benoit,  en  Suisse,  dans  le  canton  de 
Saint-Gall.  Ce  couvent,  fondé  en  720,  a  donné  lieu 
à  un  village  qui  porie  le  même  nom  ,  où  l'on  lemai- 
que  un  établissemeni  thermal.  —  Rien  n'est  plus  pit- 
toresque et  grandiose  (jue  la  nature  dans  celle  loca- 
lité. La  Tamina  ,  torrent  fougueux,  qui  ravage  celte 
contrée  lors  de  la  fonte  des  neiges,  s'est  frayé  un 
passage  dans  une  gorge  formée  par  de  hautes  mon- 
tagnes. La  position  des  bains  est  véritablement  ef- 
frayante :  ils  sont  assis  sur  une  espèce  de  tertre  qui 
se  trouve  dans  un  ravin  profond,  partout  entouré 
de  hauts  rochers  et  traversé  par  la  Tamina,  qui  y 
roule  ses  eaux  en  mugissant.  Ce  n'est  qu'au  cœur 
de  l'élé  que  le  soleil  pénètre  dans  ce  lieu  de  déso- 
'ation  ,  encore  ne  s'y  raontre-t-il  que  depuis  onze 
;cures  du  matin  jusqu'à  trois  heures  de  l'après-midi  ; 
pais,  malgré  toutes  ces  horreurs ,  el  bien  qu'on  ne 
irouve  pas  même  dans  ces  bains  toutes  les  ressour- 
ees  de  récréation  qu'on  rencontre  dans  d'autres  éla- 
blissemenls  de  ce  genre,  ils  sont  constamment  fré- 
tlucntés  par  une  multitude  d'ctr;ingers,  qui  viennent 


y  faire  usage  des  eaux,  dont  l'elîet  salutaire  est  re- 
connu depuis  nombre  de  siècles.  La  source,  qui  se 
trouve  à  environ  700  pas  des  bains,  ne  coule  que 
pendant  l'été  et  tarit  déjà  en  automne. 

Moiiasierium  Beroiiis,  Bero-Munster,  à  16  kil.  de 
Lucerne,  est  situé  dans  une  contrée  pittoresque  et 
fertile.  Ce  bourg  ,  un  des  plus  jolis  de  la  Suisse,  est 
régulièrement  bàii  et  percé  de  mes  droites  el  larges. 
L'église  et  quelques  beaux  bâtiments  qui  se  trouvent 
sur  une  petite  éininence  sont  d'un  ellèt  pittoresque  , 
et  l'ensemble  se  présente  sous  la  forme  d'un  amphi- 
ihéàire  dont  l'aspect  est  des  plus  gracieux.  Un  cer- 
tain comte,  Bero  de  Lenzbourg  ,  y  fonda,  dans  le 
IX'  siècle,  un  chapitre  collégial  ,  qui  se  compose  de 
nos  jours  d'un  prévôt,  de  dix-neuf  chanoines  et  de 
quatorze  cliapelains.  L'église  qu'ils  desservent  a  été 
réparée  et  nouvellement  décorée  en  1776;  on  y  voit 
le  tombeau  de  son  fondalcur  Bero  et  des  stalles  or- 
nées de  sculptures  en  bois  d'un  très-beau  travail. 
Mais  ce  qui  rend  Beru-Muiisier  particulièrement  re- 
marquable, c'est  la  première  imprimerie  qu'il  y  a  eu 
en  Suisse,  et  qui  y  a  été  établie,  dans  la  dernière 
moitié  du  XV*  siècle,  par  le  chanoine  Elie  de  Lau(- 
fen.  On  trouve  encore ,  par-ci  par-là,  quelques  ou- 
vrages sortis  de  ses  presses,  qu'on  envi- âge  comme 
curiosités  typogiapliiques.  Ulrich  Gering,  qui  apprit 
cet  art  à  Bero-Munsier  ,  a  été  le  premier  qui  l'ait 
fait  connaître  en  France ,  étant  allé  l'exercer  à 
Paris. 

iîonasierium  Engelberti,  abbaye  d'Engelberg,  de 
l'ordre  de  Saint-Benoît.  Elle  est  situéedans  la  vallée 
du  même  nom,  dans  le  canton  d'Underwald (Suisse). 
Jusqu'à  l'année  179S,  les  habitants  de  cette  vallé« 
étaient  sujets  de  l'abbé  ,  mais  depuis  ceite  époque 
ils  sont  devenus  libres  ,  et  jouissent  du  même  droit 
de  sunveraineié  que  les  autres  habiiants  du  canton. 
La  vallée  d'Engelberg, élevée  de  3180  pieds  au-des- 
sus de  la  Méditerranée,  et  de  18G0  au-dessus  du  lac 
des  quatre  cantons,  est  arrosée  par  l'Aa,  el  sa  lon- 
gueur est  de  S  kil.  sur  une  largeur  de  1  à  !2  klK 
Eniourée  de  tous  les  côtés  par  des  montagnes  gi- 
gantesques, dont  les  cimes  dépassent  la  région  des 
neiges  perpétuelles  ,  cette  vallée  n'a  qu'une  seule 
issue,  ou  plutôt  elle  n'est  accessible  que  par  un  dé- 
filé qui  se  présente  du  côté  du  nord-ouest.  L'Aa, 
resserrée  entre  le  Weili  et  le  Selistock  ,  coule  par 
ce  délilé  dans  la  vallée  d'Underwald.  Quoique  la 
végétation  soit  vigoureuse  dans  la  vallée  d'Engel- 
berg, elle  se  borne  néanmoins  aux  graminées  des 
pâturages  cl  aux  plantes  alpines  ,  car  il  n'y  croit  ni 
denrées  céréales,  ni  arbres  fruitiers.  Une  mullitude 
de  ruisseaux  y  découlent  constamment  dés  glaciers 
voisins  ,  et  les  avalanches  y  soni  très-fréquentes  et 
même  dangereuses.  L'abbaye  se  compose  de  plusieurs 
bâtiments  d'un  beau  style;  elle  fut  fondée,  à  la  fin 
du  onzième  siècle,  par  Conrad  de  Seltenburen,  et.j 
plus  lard,  richement  dotée  par  plusieurs  nobles  ej 
chevaliers.  Parmi  les  abbés,  d'une  époque  récente, 
on  doit  honorablement  citer  Léger  Salzmann,  de  Lu- 


515 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Ïi6 


cerne;  noo-seulement  le  nionasière,  niais  aussi  les 
liabitants  de  la  vallée  lui  iloivenl  beaucoup  de  bonnes 
et  d'nliles  institutions.  C'est  lui  qui  a  organisé  le 
collège  de  l'abbaye  el  l'école  du  village  d'Engelberg. 
La  bililjoihèque  du  monastère  renferme  plus  de 
10,000  volumes  cl  plusieurs  manuscrits  très-inlé- 
ressaiils;  parmi  les  premiers  se  trouvent  près  de  200 
volumes  d'originaux  typographiques,  sortis  des  pre- 
mières presses  connues.  Près  de  cette  abbiiye  on 
rencontre  une  belle  vacherie,  proche  de  laquelle 
l'Erlenbach  jaillit  de  vingt  sources,  el  à  la  distance 
de  5  kil.,  on  voit  la  superbe  cascade  du  Taischb.ich, 
qui  se  présente  sous  un  aspect  sublime  ,  surtout  le 
malin.  —  Le  village  d'Engelberg,  dont  les  habita- 
tions sont,  pour  la  plupart ,  dispersées,  compte  en- 
viron liOO  allies,  elon  y  trouve  une  bonne  auberge. 
C'esl  aux  confins  de  la  vallée  d'Engelberg  que  s'é- 
lève brusquement  le  rocher  gigantesque  du  Tiilis, 
dont  la  croupe  est  couverte  d'une  croûte  de  glace  de 
175  pieds  d'épaisseur.  Cette  monlogne  a  éié  gravie, 
pour  la  première  lois,  en  i'iii,  et  dès  lors  sa  cime, 
la  NoUen,  a  été  atteinte  deux  fois,  par  des  cheiiiins 
différents.  L'horiion  qu'on  découvre  de  là  est  im- 
mense; on  assure  que  la  vue  porte  jusque  sur  la 
tour  de  la  cathédrale  de  Strasbourg. 

Monasieiitim  Lapasis  ,  abbaye  de  Lapasis,  de  l'or- 
dre des  Humiliés  ,  diie  vulgairement  la  Bclapais,  ou 
le  Beaupois,  dans  l'île  de  Chypre.  Ci;  nom  convient 
très-bien  à  sa  situation  naturelle.  Elle  est  bâtie  sur 
le  penchant  d'un  coteau  dont  la  perspective  ne  laisse 
rien  à  désirer.  On  voit  au-dessous  d'autres  petites 
collines  couvertes  de  bosquets  et  d'arbrisseaux,  et 
la  plaine  qui  s'étend  jusqu'à  la  mer  ajoute  encore 
aux  agréiiieiits  de  sa  position.  Elle  a  la  même  >ue 
au  coucliant  et  au  levaai.  On  y  découvre  en  outre  la 
mer  et  la  lôie  de  la  Karamanie.  —  Celle  abbaye  fut 
bâiie  par  Vgou  lil  des  Lusignans;  il  lui  accorda  di- 
vers privilèges.  Le  supérieur  avait  entre  antres  l'a- 
vantage de  porter,  lorsqu'il  montait  à  cheval,  l'épée 
et  les  éperons  dorés  à  la  manière  des  chevaliers  du 
royaume.  Elle  fut  mise  en  commande  sous  le  tègne 
du  roi  Jacques.  A  la  prise  de  la  citadelle  de  Cérines, 
cette  abbaye  fut  détruite,  et  on  voit  encore  aujour- 
d'hui les  restes  decetteimmense construction.  Parmi 
ces  débris  est  un  très-beau  cloître  environné  de  dix- 
huit  colonnes  avec  leurs  chapiteaux  de  l'ordre  co- 
rinthien. A  main  gauche,  en  entrant ,  se  trouve  une 
porte  sur  laquelle  sont  sculptées  les  armes  de  la  fa- 
mille des  Lusignans;  elle  conduit  à  un  réfectoire 
long  de  90  pieds  et  large  de  ■'Jà  :  sept  colonnes  en 
soutiennent  la  voûte,  et  au  nord  sont  six  grandes 
croisées  dont  la  vue  est  des  pins  agréables.  La  pe- 
tite chaire  où  les  religieux  faisaient  la  lecture  est 
très -bien  conservée;  on  y  monte  par  un  escalier 
commode  creusé  dans  l'épaisseur  du  mur.  Au  sortir 
du  réfectoire  ,  vis-à-vis  de  la  porte  ,  sous  la  même 
arcade  du  cloître,  sont  deux  grandes  urnes  sépulcra- 
les de  marbre  blanc,  ouvrage  des  anciens  Romains. 
Celle  d'en  bas,  lisse  el  polie,  recevait  l'eau  qui  loin- 


liaii  de  l'urne  supérieure;  c'éfait  sans  doute  la  fon- 
taine du  réfectoire.  Celte  urne,  du  marbre  le  plus 
blanc,  est  toute  d'une  pièce,  quoiqu'elle  :iit  près  de 
0  pieds  de  longueur  et  2  coudées  de  prolondciir. 
Elle  est  environnée  d'une  guirlande  de  fleurs  el  de 
fruits,  qui  prend  son  origine  eniie  les  cornes  d'une 
tête  de  bœuf;  quatre  lêies  de  mouton  lui  servent 
d'anse,  et  le  devant  porte  sur  li;s  mains  d'un  petit 
enfant  en  bas-relief;  dans  le>  vides  que  forme  la 
guirlande  en  serpentant  sur  les  parois  ,  est  la  léie 
d'un  lion  représeniée  en  face.  11  y  en  a  six  ;  les  plus 
grands  carrés  en  renferment  deux,  et  les  moindres 
une  seule.  Sous  le  réfectoire  est  un  souterrain  long 
de  66  pieds,  et  large  de  32;  deux  piliers  sont  pla- 
cés au  centre  de  la  voûte  el  soutiennent  l'édifice. 
Cette  espèce  de  grotte  ,  située  sur  le  penchant  de  la 
colline,  est  au  nord,  et  au  levant  une  grande  porta 
que  les  terres  éboulées  de  la  montagne  menacent  da 
combler  et  de  remplir. 

Ce  monastère  a  jusqu'à  présent  triomphé  des  ef- 
forts réunis  des  hommes  et  du  temps  pour  en  con- 
sommer la  destruction.  Le  souterrain  surtout ,  dont 
la  coiislruclion  est  à  la  vérité  plus  moderne ,  s'esi 
très-bien  conservé.  Ces  ruines  offrent  maintenant  un 
abri  aux  bergers  et  aux  troupeaux  surpris  par  l'ora- 
ge.— L'église  est  encore  dans  son  entier.  A  l'entrée, 
sous  un  vestibule  souienii  |iar  qu.itre  colonnes,  sont 
deux  arches  de  marbre,  avec  les  armes  de  la  fannille 
des  Lusignans  ;  l'arche  la  plus  proche  de  la  porte 
du  temple  renfermait  les  cendres  de  Ugon  III ,  à  qui 
un  grand  nombre  d'actions  illustres  méiilèrcnt  le 
nom  de  grand  ,  et  c'est  à  ce  titre  que  saint  Thomas 
d'Aquin  lui  dédia  son  livre  de  Reghnhie  principum. 
Plusieurs  peintures  ont  échappé  à  la  rigueur  des 
saisons.  Cette  église  était  à  l'usage  des  Grecs,  Quatre 
énormes  colonnes  de  pierre ,  faites  de  plusieurs 
pièces,  en  soutiennent  la  voûte  et  la  partagent  en 
trois  nefs.  Elle  a  60  pieds  de  longueur  sur  i6  de 
largeur. 

A  peu  de  dislance  de  ce  monastère  est  le  village 
de  Kasapbane  ,  où  sont  les  meilleures  enux  de  l'île 
de  Chypre. 

Le  monastère  de  Lapasis  est  à  l'est  de  l'ancienne 
ville  de  Cérines ,  non  loin  du  cap  de  Saint-André. 

Monasleritim  Sencti  Chrysoslomi ,  raonastèrc  do 
Saint-Chrysostome  dans  l'île  de  Chypre,  de  l'ordre 
de  Saint-Basile.  Ce  couvent  est  situé  auprès  du  vil- 
lage de  Vuna,  ou  de  Saint-Romain  ,  dont  les  habi- 
tants sont  presque  tous  maronites.  Pour  y  arriver, 
il  faut,  en  se  dirigeant  à  l'orient,  suivre  les  monta- 
gnes du  nord  par  des  sentiers  escarpés  el  difficiles. 
L'origine  de  ce  monastère  remonte  aux  premiers 
empereurs  chrétiens.  Quant  à  l'église  qui  est  plus 
moderne,  elle  est  petite,  pavée  de  marbre,  et  peinte 
à  la  manière  des  Grecs.  Sous  le  portique  est  une 
pierre  sépulcrale  ;  les  tnoines  y  eniretienncnl  une 
lampe  coniirueilement  allumée  ;  c'est  la  tombe  de 
la  fondatrice.  A  côté  d'elle  sont  deux  servantes  favo- 
rites avec  lesquelles  elle  voulut  partager  le  même 


617 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


:as 


tombeau  ,  en  reconnaissance  des  soins  qu'elles  lui 
avaient  rendus,  i>iincipalenienl  dans  ses  derniers 
moments.  Aucrès  de  celle  église  est  une  antique  ilia- 
polle  qui  sert  aujourd'liui  de  relraiie  aux  animaux. 

Si  ce  monasière  n'a  point  la  magnificence  ordi- 
naire à  ces  sortes  d'édifices,  il  a  du  moins  tous  les 
agiémenis  de  la  commodité  :  situé  sur  le  pencliant 
de  ces  moniagnes,  il  y  jouit  de  toute  la  plaine  de 
Nicosie,  et  de  ses  environs  remplis  de  liameaux  et 
de  villages.  — Il  y  a  communémnenl  dix  à  douze  re- 
ligieux, que  les  Grecs  nomment  kaloyers  :  ils  sont 
sous  rol)éiss;\nce  imniédiaie  d'un  supéiieur.  Ces  re- 
ligieux sont  un  mélange  des  ordres  de  Saint-Dasile, 
de  Sainl-Elie  et  de  Saint-Marcel.  Ils  loni  vœu  de 
pauireté,  de  clusielé  et  d'obéissiince.  Ils  ne  man- 
gent pas  de  viande  ,  et  mènent  une  vie  très-austère. 
—  A  peu  de  distance  de  Saint-Clirysosiome  sont  les 
ruines  du  cliàlcau  de  BulTavent,  siiué  sur  le  sommet 
des  montagnes  du  nord ,  et  qui  fut  detruil  par  les 
Vénitiens.  Le  côlé  de  la  moniagne  oii  il  s'élève  est 
éldigiié  de  Saint-Clirysoslome  d'environ  10  milles. 
On  arrive  aux  ruines  par  une  pente  assez  douce. 
L'ii;!  citadelle  aussi  forte,  aussi  giande,  où  l'on 
coiiipie  plus  de  cent  apuaitements ,  bitie  sur  ces 
nioiils  iuaccessibles  ,  parait  un  prodige  de  l'art  :  on 
ne  sait  comment  on  a  pu  y  conduire  l'eau  néces- 
saire à  la  construction  de  ce  merveilleux  édifice. 
Ou  y  voit ,  il  est  vrai  ,  plusieurs  citernes  ;  elles  ont 
sans  doute  élé  creusées  aupai  avant  pour  y  recevoir 
les  eaux  des  pluies,  dont  on  aura  fait  usage  :  qu:ind, 
d'un  autre  côté ,  on  songe  à  la  rareté  des  pluies 
dans  ces  climats,  ces  puits  deiaient  être  d'un  bien 
faible  secours.  Quoi  qu'il  en  soit ,  ce  fon  fut  bâti 
par  la  même  dame  qui  fil  élever  l'église  Sa  lU-Cliry- 
Bosiume  ;  elle  y  cherchait  un  asile  contre  la  persé- 
cution des  Templiers.  Ces  chevaliers  gouvernèrent 
cette  lie  l'espace  d'une  ai  née  :  leur  tyrannie  arma 
les  naturels  du  pays  ,  et  l'ordre  fut  obligé  de  la  re- 
mettre à  Richard,  roi  d'Angleterre,  qui  la  lui  avait 
vendue  cent  mille  ducats  d'or  que  ce  monarque  lui 
rendit. 

Du  faîte  du  cliMeau,  on  voit  tonte  l'étendue  de 
l'île  et  la  mer  qui  l'environne  ;  la  vue  est  cependant 
bornée  d'un  côté  par  le  mont  Olympe,  et  c'est  de  ce 
mont  que  l'on  embr:isse  d'un  coup  d'ceil ,  iion-seule- 
ment  toutes  les  parties  du  royaume  ,  mais  encore 
les  rnonlagnes  de  la  Karanianie  et  celles  de  Syrie. 

Munaiierinm  Sancii  Urbiini,  abbnye  de  Saint-Ur- 
bain, de  l'ordre  de  Gileiiix,  située  à  10  kil.  dt;  Lu- 
cerne  ;  elle  est  comprise  dans  le  canton  de  ce  nom, 
et  est  remarquable  p.ir  la  belle  arcliitcciure  de  ses 
vastes  édifices.  L'église  ,  surmontée  de  deux  tours 
très-hautes ,  Chî  maijnifiqnement  décorée  dans  son 
iniérieui  ;  elle  renferme  quelques  bons  tableaux  et 
des  s^culpiures  en  bois  très-remarquables.  Celte  ab- 
baye possède  une  bibliothèque  intéressante.  Les  re- 
ligieux de  Saint-Urbaiu  se  sont  di>iingués  dans  tous 
les  temps  par  l'urbanité  avec  laquelle  ils  accueillent 
les  étrangers. 


Après  la  défaite  des  cantons  catholiques,  ou  du 
Sitiiderbuiid  ,  à  la  lin  de  1S47,  l'abbaye  a  été  cou- 
daninée  à  payer  à  la  diète  fédérale,  une  somme  cm- 
siilérable. 

Mons  Adexlris  ,  les  Adrels-de-Montanroux ,  pa- 
roisse à  19  kil.  est-nord-esi  de  Grenoble  (Isère),  qui 
avait  le  litre  de  baronnie.  Le  plus  tristement  célèbre 
de  ses  anciens  seigneurs  fut  François  de  Geaumont, 
gouverneur  du  Daupbiné  ,  dit  baron  des  Adrets, 
protestant,  qui  (it  la  guerre  contre  les  catlioliques 
avec  une  cruauté  inouïe.  Il  avait  inspiré  dans  le 
Forez  une  terreur  si  grande,  que  pendant  une  année 
entière,  la  messe  ne  se  dit  qu'en  secrot  et  par  des 
piètres  déguisés.  11  éiait  né  en  1513,  et  mourut  le 
2  février  15S6. 11  avait  pris  pour  devise  ce  vers  d'Ho- 
race :  Impavidum  (erienl  ruince.  C'était  bien  la  plus 
sanglante  dérisiondecettebelle  pensée.  Carie  baron 
des  Adrets  joignait  à  sa  férocité  naturelle  une  bru- 
talité froide  et  impassible  qu'il  prenait  pour  une 
qualité  de  caractère.  La  pupulatioii,  qui  est  de  1000 
âmes,  se  livre  à  l'exploiiaiion  d'une  mine  de  bouille. 
Les  Adrets  sont  du  diocèse  de  Grenoble. 

Slons  Fracius,  le  Mont-Pilate  dans  le  canton  de 
Lucerne,  en  Suisse.  Celle  niasse  colossale  est  la 
montagne  la  plus  élevée  qui  se  irouve  dans  le  canton 
de  Lucerne  ;  sa  hauteur  est  de  5700  pieds  au-dessus 
du  niveau  du  lac,  et  de  7080  au-dessus  de  la  Médi- 
terranée. De  vieux  documents  attestent  qu'autrefois 
le  Monl-Pilate  était  souvent  .nppelé  Fracknmnd , 
Fraci-Monl,  ou  Motis  Fracius,  à  cause  des  Uajics 
déchirés  ei  des  escarpements  abruptes  qu'il  présente 
sur  ses  côtés  de  l'est  el  du  nord.  Pendant  le  beau 
temps,  la  cime  de  cette  montagne  est  ordinairement 
enveloppée  d'un  petit  nuage,  ce  qui  lui  a  valu  le  nom 
de  PitatusoxiMons  Pilealus;  quand  elle  esi  dépourvue 
de  celle  espèce  de  chapeau,  on  s'attend  à  avoir  de  la 
pluie.  Le  Pilate  est  couronné  de  sepl  pics  qu'on 
nomme  Esel,  Oberliaupt,  Band,  Tomlisborn,  Gems- 
matili,  WidderfelJ  et  Knappsiein.  Ces  pics,  quoique 
peu  éloignés  des  pâturages  alpestres  de  la  Briindlcn- 
Alp,  des  Tomlis,  Malt,  Treyen,  llaslelen  et  Oberalp, 
sont  d'un  accès  difficile.  Six  chemins  conduisent  de 
Lucerne  sur  le  Moni-Pilale;  le  plus  facile  à  suivre 
passe  par  Alpnacli  cl  se  dirige  sur  le  Tomlisborn.  La 
distance  est  lie  cinq  lieues,  savoir  :  à  Eigenihal  (par 
Krienz  el  Herrgotiswald)  deux  lieues  et  demie;  d  ici 
au  chalet  do  Gantersey,  sur  la  Bruudlen-Alp,  une 
lieue  et  un  quart;  et  de  là  une  à  deux  lieues  jusque 
sur  les  pics  de  l'Esel,  du  Gcmsmaitli  du  'Widder- 
fe!d  et  du  Knappslein.  Les  points  de  vue  que  l'on 
découvre  sur  ces  sommités  sont  magnifiques.  La 
Brundlen-.Alp  est  le  pâturage  le  plus  élevé,  qui  se 
trouve  sur  le  Munt-Pilaie.  Plus  haut  la  végéi.aion 
ceSîC  el  le  voyageur  n'aperçoil  plus  que  des  rochers 
nus.  Une  fondrière  ou  mare,  longue  de  134  pieds  et 
large  de  78,  que  l'on  voit  sur  la  Brundlen-Alp  a 
passé,  pendant  une  longue  suite  de  siècles,  pour 
n'.ivoir  pas  de  fond.  Dans  ceilivns  ehangeineiils  de 
temps,  il  se  forme  au-dessus  de  celle  fondrière  des 


DICTIONNAIRE  DE  GliOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


SI» 

petits  brouillards  ;  s'ils  s'élèvenl  au-dessus  du  pic  de 
la  inoiiiagne,  ils  se  dissipenl;  mais  s'ds  s'aliaclienl  à 
la  paroi  du  rocher,  Ils  se  coiidenscnî  et  rorineiU  un 
gri'S  nuage  qui  va  fondre  sur  la  ville  et  les  environs 
de  Luceiiie  avec  une  violence  et  des  coups  de  ton- 
nerre effrayants.  Ce  météore  a  donné  lieu  à  des  fa- 
bles, dont  la  tradition  est  arrivée  jusqu'à  nos  jours. 
Le  peuple  croyait  que  le  préfet  romain  Ponce  Piiate 
sous  lequel  N.S.  Jésus-Clirisi  fut  crucifié,  tourmenté 
par  des  remords  de  conscience,  était  venu  se  jeter 
dans  le  petit  lac  de  la  montagne  de  son  nom  ;  que  là, 
toutes  les  fois  que  quehju'un  était  assez  téméraire 
pour  s'en  approcher,  son  esprit  furieux  sortait  de  ces 
ondes  impures  et  n'y  rentrait  qu'après  avoir  châtié 
toute  la  contrée  par  une  tempête  terrible.  Cette  Ira- 
diiion  avait  acquis  une  telle  croyance  dans  les  temps 
reculés,  que  dans  le  xiv^  siècle,  le  gouvernement  de 
Lucerne  fit  défense  expresse  aux  étrangers  de  s'ap- 
proclier  de  ce  lac.  Ce  ne  lut  que  dans  l'année  1585, 
que  M.  Muller,  alors  doyen  et  curé  de  la  ville  de  Lu- 
cerne,  parvint  à  désabuser  le  peuple  et  à  le  guérir  de 
la  frayeur  qu'il  avait  de  la  fondrière  infernale  ;  Ac- 
compagné d'une  partie  du  peuple,  il  se  rend  sur  les 
lieu«  et  conjure  l'esprit  de  l'infortuné  préfet  et  les 
furies  qui  le  tourmentent  ;  mais  c'est  en  vain  qu'il  les 
évoque,  qu'il  les  attaque  par  des  railleries  et  nième 
par  des  insultes;  rien  ne  sort  de  cette  retraite  fan- 
geuse. Enfin,  pour  détruire  le  préjugé  que  ce  lac 
maudit  était  sans  fuiid,  il  le  fait  traverser  dans  les 
endroits  guéables  par  plusieurs  personnes  de  sa  suite. 
Dans  les  environs  de  la  lîrundieiialp,  on  remarque 
deux  autres  curiosités  :  ce  sont  les  grottes  de  Domi- 
nikloch  (Trou  de  Dominique)  et  du  Mondlocli  (Trou 
de  lu  Lune).  L'entrée  de  la  première  est  à  une  hau- 
teur de  800  pieds  au-dessus  du  pâturage  et  se  trouve 
à  peu  près  au  milieu  d'un  rocher  saillant  d'une  cou- 
leur noirâtre  difficile  à  nuancer  avec  le  pinceau.  Elle 
n'a  été  explorée  qu'en  18U,  par  Ignace  Matt,  chas- 
seur de  chamois,  qui,  au  moyen  d'une  corde,  des- 
cendit le  long  de  la  paroi  perpendiculaire  du  rocher 
jusqu'à  la  profondeur  de  506  pieds,  où  il  atteignit  la 
grotte.  Il  la  reconnut  alors  et  trouva  qu'elle  avait 
90  pieds  de  hauteur,  28  de  largeur  et  liO  de  pro- 
fondeur. A  son  entrée  se  trouvent  deux  blocs  de 
roche  calcaire  qui  se  présentent,  dans  le  lointain, 
comme  une  masse  réunie  et  sons  la  forme  d'un  co- 
losse à  figure  humaine.  Pendant  plusieurs  siècles  on 
a  cru  que  c'était  un  ouvrage  de  quelques  soldats  ro- 
mains qui  s'étaient  réiugiés  dans  cette  caverne;  mais 
le  peuple  .s'imagine  que  c'est  la  statue  de  saint  Do- 
minique, et  c'est  par  celle  raison  que  la  grotte  porte 
son  nom.  L'approche  du  .Mondioch,  quoique  très- 
pénible,  est  cependant  moins  périlleuse.  On  ramasse 
dans  celui-ci  beaucoup  de  lait  de  lune,  et  il  s'en 
élance  avec  impétuosité  un  ruisseau  dont  l'eau  est 
tellement  froide,  que  même  dans  les  plus  grandes 
chaleurs  de  l'été,  le  thermomètre  y  descend  à  8  de- 
gies  au-di:ssous  du  point  de  congélation.  Le  mur- 
mure de  ce  ruisseau  produit  dans  l'iulérieur  de  la 


J)îO 

caverne  un  siffiement  singulier,  que  les  bergers  du 
Pilaie  ajipelleiit  b;  carillon  de  la  montagne  (Beig- 
Klingelii).  Enfin  on  entend  encore  sur  la  Brur.dle- 
nalp,  un  écho  merveilleux,  mais  il  n'appartient 
qu'aux  bergers  qui  ont  des  voix  fortes  et  sonores  de 
le  faire  retentir  dans  les  pics  du  Gemsmatili,  du 
Widder  et  du  Tomlishorn. 

Mons  Riuelti,  le  Rutli,  ou  Grutli,  dans  le  canton 
de  Lucerne,  près  du  lac  des  Quatre-Cantons,  en 
Suisse.  Ce  lien,  célèbre  dans  les  annales  suisses,  est 
un  petit  coteau  verdoyant,  passablement  élevé  et 
planté  de  beaux  arbres  fruitiers;  près  d'une  maiso.i 
qui  s'y  trouve  jaillissent  trois  sources  d'eau  vive 
que  le  peuple  révère  comme  sacrées,  parce  qu'il  cruit 
qu'elles  désignent  la  place  où,  le  17  novembre  1Ô07, 
les  premiers  conjurés  suisses,  Werner  StauOTacher, 
de  Schwytz ,  Arnold  An  der  Halden,  de  Melchthal, 
canton  d'Unterwald,  et  Waliher  Furst,  d'Attingliau- 
sen,  canton  d'Uri,  firent  etitre  eux  le  serment  de  dé- 
livrer leur  patrie  des  tyrans  qui  l'opprimaient.  Le 
25  juin  1515,  ce  serment  fut  renouvelé  au  même  en- 
droit par  les  trois  cantons  primitifs  ,  après  qu'ils  eu- 
rent conquis  et  affermi  leur  liberté,  et  enfin  il  fut 
répété  de  nouveau,  en  1715,  par  trois  cent  soixante 
députés  des  cantons  d'Uri,  de  Scliwytz  et  d'Unter- 
wald. Iminédiaiemeni  au-dessus  du  Giutli  se  trouve 
le  village  de  Seelisberg,  où  l'on  jonit  d'une  vue  ma- 
gnifique; sur  la  rive  opposée  on  apeiçoil,  au  pied 
du  Fronalp^tock,  le  hameau  de  Sisigen,  bilué  à 
l'entrée  d'un  petit  vallon.  Non  loin  delà  s'élève  aussi 
la  montagne  sourcilleuse  d'Axenbergouàcbsenberg; 
sa  hauteur,  au-dessus  du  niveau  du  lac,  est  de  5Ô40 
pieds,  et  ses  flancs  nus,  appelés  Buckisgrat  et  Ha- 
ckinesser,  s'y  enfoncent  presque  perpendiculaire- 
ment à  une  profondeur  de  plus  de  600  pieds.  Sur  le 
rivage,  près  de  cet  endroit  qui  est  très-dangereux 
pour  la  navigation  en  temps  d'orages,  s'avance  le 
roc  appelé  Tells-Platten  ou  Tells-Sprung;  c'est  sur 
ce  plateau  que  Guillaume  Tell  s'élança  lorsque,  con- 
duit prisonnier  par  le  bailli  Gessier,  il  fut  dégagé  de 
ses  fers  pour  prendre  la  manœuvre  du  bateau  qui 
était  en  danger  de  périr;  en  faisant  ce  saut  hardi  il 
repoussa  au  large  l'enibarcation  et  échappa  ainsi  à 
son  tyran.  Trente  et  un  ans  après  sa  mon,  ses  con- 
citoyens bâtirent  à  celte  place  une  chapelle  en  son 
honneur,  et  depuis  ce  temps  on  appelle  cet  endroit 
la  chapelle  de  Tell  (Tetls-Kapelle).  La  façade  de  ce 
petit  édifice,  qui  regarde  le  lac,  est  ouverte,  et  son 
intérieur  est  décoré  de  plusieurs  tableaux  retraçant 
les  principaux  traits  de  la  vie  de  cet  homme  illustre. 
Le  coup  d'œil  sur  le  rivage  opposé  est  extrêmement 
pittoresque  ;  on  y  aperçoit  la  vallée  d'isen  (Isen- 
ï/i(i/),  les  montagnes  du  Rotstock,  des  Surenen,  du 
Seelisberg,  le  village  de  Bauen  el,  dans  le  fond  du 
tableau,  le  glacier  de  Geschenen.  La  distance  du 
Grntlià  la  chapelle  de  Tell  estdeSkil. 

Mans  Sanciœ  Crucis,  la  montagne  de  Sainte-Croix. 
Elle  est  située  à  18  milles  de  Sarnic,  dans  l'île  de 
Chypre.  Quoique  liétachéc  du nionl  Olympe,  elle  n'eu 


521 


GEOGliAl-HIt;  DES  LEGENDES  AU  iMOVLN  AGE. 


rj22 


fait  pas  moins  panie.  Celle  montagne  voisine  indi- 
que aux  marins  la  rade  de  Larnic.  Il  y  a  cela  de 
bon  qi'c  les  brouillards  les  pins  épais  ne  la  déro- 
bent jamais  enliéremenl  à  la  vue,  liien  différente  de 
rt)lympe  et  di's  munis  cirennvoisins,  i|ui  ne  sont 
visibles  qne  lorsque  l'almosplicre  est  absolument 
pure  et  dégagée.  Snr  son  sommet  est  l'église  bàiie 
par  sainle  Héiéne,  a  son  reiour  de  Jériisalem.  Le 
monasiére,  en  p:irlie  ruiné,  donne  néanmoins  encore 
une  idée  de  son  étendue  et  de  sa  solidité.  Celle 
église  avait  un  morceau  de  la  vraie  croix. 

Mons  Sancii  Gregorii,  le  mont  Saint-Grégoire,  ou 
l'Araral.  Le  mont  Ararat,  dans  l'Arménie  russe,  à 
60  kil.  sud-ouest  d'Erivan,  e^t  situé  au  milieu  d'une 
vasie  plaine,  et  entourée  de  collines  couvertes  de 
ruines.  Cette  nionlagne  est  isolée,  et  semble  tout  à 
fait  détachée  de  la  longue  cbaine  qui  traverse  l'Ar- 
ménie. Elle  a  un  double  sommet,  d"ntle  plus  orien- 
tal et  le  moins  élevé  se  nomme  Peiit-Ararat.  L'au- 
tre cime,  plus  élevée,  est  toujours  couverte  de  neige 
et  enveloppée  de  nuages.  L'Ararat  se  divi-eeii  deux 
régions;  la  première  a  un  gazon  court  el  glissant, 
ou  un  sable  mouvant  et  profond.  An-dessus  s'élè- 
vent des  rochers.  Les  bergers  occupent  la  première 
région  :  les  habitants  delà  deuxième  sont  des  ours, 
tigres,  léopards  et  coibeaux.  Rien  de  plus  beau 
que  ses  former  et  de  plus  extraordinaire  que  sa 
hauteur  gigantesque  :  un  des  grands  traits  de  celle 
montagne  est  lin  aliime  immense  qui  la  coupe  vers 
le  milieu  de  sa  hauteur,  et  laisse  voir  Er.vau.  Il  en 
sort  souvent  de  laruiiiëe;  il  s'en  détache  quelquefois 
des  rochers  de  pieire  noirâtre  et  fort  dure,  qui  font 
en  roulant  un  bruit  affreux.  D'après  la  tradition  con- 
servée dans  l'Asie  Mineure,  c'est  sur  cette  monta- 
gne qne  s'arrêta  l'arihc  de  Nué  :  aussi  est-elle  en 
vénération  chez  les  Arméniens. 

L'.Ararat  n'offre  de  tous  coté'^,  depuis  la  ligne  des 
neiges  jusqu'à  une  distance  de  SO  werstes,  ou  en- 
viron 12  lieues  de  France,  absolument  rien  que  des 
laves,  même  s  inb  autres  productions  volcanii]ues. 
11  a  cela  de  particulier  qu'il  se  trouve  à  la  même 
distance  de  3-iO  kil.  de  la  mei- Noire  et  de  la  mer 
Caspienne.  —  Sa  hauteur  au-dessus  du  niveau  de 
l'Océan  est  de  2700  toises  ;  la  hauteur  de  la  ligne 
des  neiges  permanentes  est  d'environ  2O0O  1.,  ce  qui 
est  extraordinaire  pour  une  latitude  de  39"  45'  : 
celle  circonslance  lient  sans  doute  à  ce  que  l'Ararat 
est  une  montagne  tout  à  fait  isoiee,  dont  le  climat 
n'est  pas  refroidi  par  d'autres  montagnes  voisines 
qui  dépassent  cette  ligne. 

M.  l'arrot  lils,  professeur  à  l'académie  de  Dorpal, 
fil  une  ascension  en  iSi9  su  mont  Ararat,  et  planta 
au  point  le  plus  élevé  une  croix  haute  de  S  pieds 
au-dessus  de  la  glace. 

Le  couvent  de  Saint-Grégoire  est  siiué  sur  le  pen- 
chant inférieur  de  l'Ararat.  C'esl  une  solituiie  d'un 
as|iccteffr  yml  et  imposant  tout  i»  la  fois.  11  est  à 
q-ialie  wersles  du  village  d'Argurc,  nom  qui  signifie 
j'.inalioH  de  lit  vi.,ne  en  langue  arménienne,  et  d'.H 
DicnoN.NAinK  de  tiÉnoiRArHiE  eccl.  U. 


rappeler  que  c'est  là  que  Noé  a  planté  les  premiers 
ceps. 

Monics  Infandi,  vallée  de   Chamouny  en  Savoie 
(Etats  Sardes).  Ce  fut  d^ms  cette  vallée,  élevée   de 
20-40  pieds  au  dessus  du  lac  de   Genève,  qu'un  cer- 
tain comle  de   Genève  fonda,  en  1099,  un   prieuré 
des  bénédictins,  à  l'eniour  duquel  se  forma  le  village 
de  Chamonny,  qui  finit  par  donner  son    nom    à   la 
vallée.  Plus  tard,  elle  tomba  dans  un  oubli  si  absolu, 
qu'on  la  croyait  inaccessible  et  uniquement  habitée 
par  des  esprits  malfaisants.  C'est  de  là  que  vient  le 
nom  de  montagnes   maudiies,  que  l'on   donne  à  ces 
monts  gigantesques  qui  semblent  en  défendre  l'ac- 
cès. Ce  ne  fut   qu'en  1741,   que  les   deux  Anglais, 
Pokoke  et  Windbam,  armés  de  pied  en  cap  el  ac- 
compagnés d'une  nombreuse  escorte,   se   hasardè- 
rent de  nouveau  dans  cette  contrée   isolée.  Depuis 
ce  temps  elle  est  devenue,  pour  ainsi    dire,  un  liet» 
de  pèlerinage,  cnnstammeni  fréquenté  par  une  mul- 
titude de  voyageurs,  qui    vieiment   admirer  les  scè- 
nes merveilleuses  et  imposantes  qu'elle  récèle.  Effec- 
livemeni  il  est  peu  d'endroits  où  ellesse  trouvent  en 
aussi  grand  nombre  ,  dans  un   espace   si  peu  consi- 
dérable, car  toute  la  vallée  n'a  que  20  kil.  de   lon- 
gueur sur  vingt  à   trente  minutes   de   largeur.  Elle 
est  arrosée  par  l'Arve,  mais  vu  n  position  très-éle- 
vée,  elle  n'est  pas  susceptible  de   eu  lure.  On  n'y 
trouve  que  des   pàtuiages  et  des  plantes   alpines  ; 
c'est  du  suc  de  celles-ci  que  les   abeilles  tirent  ca 
beau  miel  blanc  et  aromatique  si   généralement  e-;- 
linié.  Mais  ce  qui  rend  cette  vallée   principalement 
célèbre,  sont  les  monts  sourcilleux,  les  glaciers  gi- 
gantesques el  toutes   les  scènes  variées  et  m.ajes-' 
tueuses  qui  s'y  renconirenl  de  tous  les  côiés.  Painit 
celles-ci  on  doit  nommer,  avant  tout,  le  Mont-Blanc. 
Celte  masse  énorme,  la  plus  haute  de  l'Europe,  est 
élevée  de  14,7SI3  pieds  au-dessus  delà  Médileiranée. 
Depuis  l'année  1761  on  a   tenté  plusieurs  fois   de. 
gravir  jusqu'au  sommet  de  ce  glacier  éternel,  mais 
cène  fut  qu'en  178(j  que  M.   le  docteur  Paccard  e\ 
Jacques  Balmot  de  Chamouny  parvinrent  à  y  mon- 
ter. L'année  suivante  JL  de  Saussure,  et,  une  année 
plus  tard,    .M.   Bourrit   y  arrivèrent  également,  el 
dès  lors  ils  furent  suivis  par  plusieurs  autres   per- 
sonnes. Il  n'est,  dans  tous  les   cas,  pas  absolument 
nécessaire  de  faire  l'ascension  du  Mont-Blanc,  pour 
jouir  de  l'aspect  majestueux  de  cette  pyramide  co- 
lossale et  des  scènes  imposantes  qui  l'enioureni.  Le 
mont  Brevent,  situé  presqu'en  face,  esl  d'un  accès 
plus  facile,  et  peut  être  gravi  dans   linq  heures.  Sa 
hauteur  esl  de  7856  pieds  au-dessus  de  la  Méditerra- 
née, Cl  l'on  découvre  de  là,  non-seulement  le  Mont- 
Blanc  dans  toute  sa  splendeur,  mais   aussi  tous  le-, 
glaciers  et  toutes  les  cimes  des  montagnes  de    1j 
vallée.  On  le  voit  encore  très-avaniageusemenl  du 
Géant,  son  plus  proche  voisin  ,  et,  après  lui,  le  plus 
élevé  des  glaciers  (13,044  pieds   au-dessus  de  U' 
Méd.),  el  du  iMonl  Anvert  (3224  pieds)  qui  touche  le 
(ieiiil  ;  mais  le  point  de  vue  le  plus    intéressant  se 
17 


DIcnONNAlRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE 


irottve  sur  le  col  de  Balnif,  dont  la  cime,  iiiesurée 
irès  de  la  cri  ix  de  1er  (iiii  y  esl  plaiiiée,  est  i!e  70S0 
pieds  au-dessus  de  la  iMédiierr;tnée.  Le  cavulier  et 
le  piéloii  peuvent  l'aileindre  dans  cinq  leures  de- 
puis Cliainouny,  et,  au  lieu  do  rétiograder  dans 
cet  endroit,  un  autre  cliemiii  les  conduira ,  dans 
deux  heures,  à  Trient,  dans  le  Valais.  Le  col  de 
Balme  ferme  h  vallée  de  Chamonny,  au  nord-est, 
et  fournit  l'eau  à  l'Arve,  dont  il  renferme  la  souice. 
Parmi  les  L'iaciers  de  la  chaîne  du  Moni-Blanc  on 
remarque,  entre  autres,  le  Bossons,  dont  l'aspect 
est  surtout  sublime  le  matin  ;  sa  pente  inclinée  s'é- 
tend jusqu'à  une  denii-lieue  de  Moncouard,  endroit 
situé  à  l'ouest  de  Cliamouny,  à  la  distance  d'une 
lieue.  Le  glacier  des  Bnis,  qui  se  distingue  par  une 
multiiude  de  pyramides  et  la  supeibe  voûte  de 
glace  qui  se  trouve  sur  son  bord  et  de  laquelle  jail- 
lit, avec  une  impétuosité  bruyante,  le  lorre  i  de 
l'Aveiron  ;  enfin  celte  masse  l'orniiilable,  cornue 
sous  le  nom  de  .Mer  de  glace,  dont  les  bords  entou- 
rés d'énormes  quartiers  de  granit,  et  la  surface  |iai- 
seinée  de  blois  de  glaces,  de  t  ute  granileur  ei  de 
formes  diverses,  présentent  au  spectateur  éionné  le 
coup  d'œil  le  plus  surprenant.  La  partie  la  plus  éle- 
vée de  cette  surface  glacée  se  nomme  le  Talèfre. 
C'est  le  point  de  vue  le  plus  favorable  pour  contem  • 
pler  cette  multitude  de  gUciers  en  forme  d'obélis- 
ques et  de  flèches  de  clochers,  dont  toute  l'étendue 
est  comme  hérissée  ;  au  milieu  on  voit  le  rocher  d'i 
Court'l,  qui  se  pare  des  plus  belles  fleurs  des  Alpes, 
au  mois  d'août.  Le  VIoniBianc,  le  Géant,  ainsi  que 
les  sommets  d'autres  montagnes  environnantes  se 
présentent  ici  également  sous  un  fort  bel  aspect.  On 
arrive  par  le  mont  Aiivert  à  ht  mer  de  glace,  et  par 
celle-ci  au  .Mont-Blanc  et  au  Géant. 

Montes  Pelori,  les  monts  Pélores,  oans  l'ile  de  Si- 
cile. Les  monastères  de  la  Sicile  s'étaient  livrés,  au 
moyen  âge  et  dans  les  temps  modernes,  à  l'exploita- 
lion  des  mines  que  renferment  les  monts  Pélores. 
Ces  montagnes  forment  une  des  bianclies  des  Apen- 
nins. Elles  se  composent  de  granité,  de  gneis?,  dé 
micaschiste  et  de  schiste  lalqueux.  Les  granités 
appartiennent  à  des  variétés  distinctes  ;  les  uns  à 
grains  fins,  à  feldspath  blanc  et  à  mica  noir,  sont 
associés  au  gneiss  ci  an  micascliite  ;  tandis  (|ue  les 
autres,  qui  ont  la  siruciuie  poi  phyroïde,  ne  suni  ja- 
mais en  relation  avec  ces  niches  schisienscs.  Leur 
composition  est  en  outre  essentiellement  dilférente 
des  premiers  :  le  fi  Idspalh,  presque  toujours  rosé,  esl 
en  cristaux  nets  et  assez  volumineux;  le  mica  en  est 
verdàlre.  Ce  granité,  [dus  altérable  que  la  première 
vaiiété,  fournit  du  côté  de  Monle-Leone  une  variété 
de  kaolin,  employée  comme  terre  réfraciaire  à  l'u- 
sine de  la  Mongiana  ;  mais  la  Sicile,  si  vantée  par 
les  anc'ens  poètes,  pour  la  fertilité  de  son  sol  et  la 
richesse  de  ses  gîtes  minéraux,  li'a  cependant  que 
des  gisements  mét:iHifères  assei  faibles  (au  rapport 
de  M.  Juncker,  ingénieur  en  chef  au  corns  royal  des 
uiiues,  et  do  M.  Adrien  Paillette,  inv;énieur  civil). 


SU 

Ces  mines  ont  occasionné  au  xviti«  siècle  des  dé- 
penses considérables  et  n'ont  donné  que  des  pro- 
duits très-faibles,  comme  il  appert  par  le-s  archives 
des  établissements  monastiques  intéressés  dans  les 
entreprises  de  ces  mines. 

Le  groirpe  de  ces  gisements,  situé  au  nord  de  la 
Sicile,  s'étend  de-uis  Messine  jusqu'aux  environs 
de  Franca-Villa.  Les  mines  qui  le  composent,  dis- 
posées parallèlement  à  la  chaîne  des  monis  Pélores, 
existent  sur  les  deux  pentes  de  ces  montagnes;  elles 
sont  surtout  nombreuses  sur  le  versant  qui  regarde 
la  Calabre.  Elles  forment  des  petits  filons  peu  éten- 
dus et  sais  sui  e,  courant  dans  toutes  les  directions, 
disséminés  quelquefois  dans  le  granité.  Les  raine- 
rais que  produisent  les  mines  de  la  Sicile  sont  de  la 
galène  argentifère,  des  bournonites,  du  mispickel  et 
quelquelois  du  cuivre  gris;  liîs  minerais  de  plomb 
sont  de  beaucoup  les  plus  abondants  :  souvent  ils 
sont  antimonifères. 

iloriuœ  Aqxiœ,  Aigues-Mories,  diocèse  de  Nîmes, 
chef-lieu  de  canton,  arrond.  d'Uzès  (Gard).  Popul. 
5000  habitants.  On  y  voyait  autrefois  une  abbaye 
de  Bénédictins,  détruite  par  les  Sarrasins  en  77S 
et  rcliàiie  en  788  par  Ciiarleniagne.  Elle  s'étendait 
autrefois  dans  les  diocèses  de  Nîmes  et  de  Mont- 
pellier. 

La  mer  n'a  jamais  baigné  les  murs  d'Aigues- 
Mortes,  comme  on  l'a  dit  souvent.  Cette  ville  était 
jointe  à  la  n;er  par  un  canal  long  d'une  lieue  envi- 
ron et  qu'on  nommait  le  Grand-Louis,  et  dont  on  voit 
encore  des  iraces.  La  rade  où  ce  canal  aboutissait 
était  très-vaste.  De  la  rade  on  arrivait  sous  les  murs 
mêmes  de  la  ville  eu  remontant  le  Grand-Louis  et  le 
Canal-Vieil,  pour  entier  ensuite  dans  la  Granle- 
Roubine,  et  de  là,  par  une  ouverture  que  les  sables 
aujourd'hui  ont  à  moitié  cmiblée,  dans  l'étang  pio- 
lond  qui  entourait  les  murailles.  C'est  là  que  par 
deux  fuis  saint  Louis  s'embarqua  pour  son  voyage 
d'outre-iner.  Philippe  le  Hardi,  son  lils,  sa  vani  la 
recommandation  du  roi  si  n  père,  fortifia  cette  ville, 
dont  le  commerce  fut  très-florissant  durant  un  siècle 
environ.  Mais  vers  le  milieu  du  xiv'  on  laissa  les 
canaux  s'ensabler,  et  depuis  elle  ne  put  jamais  re- 
venir à  son  ancienne  splendeur.  A  la  paix  de  1576 
les  calvinistes  obtinrent  Aigiies-Moites  avec  Beau- 
caire  pour  places  de  siireté.  Avant  la  révolution  de 
1793  Aigues-Mortes  était  exempte  de  tout  autre  im- 
pôt que  celui  de  capitatioo  qu'elle  payait  au  roi,  son 
seigneur  direct.  Elle  devait  à  saint  Louis  ce  privi- 
lège, qn'avaieiit  confirmé  lous  les  successeurs  de  ce 
pieux  monarque. 

L'abhaye  de  Bénédictins  de  Psalmodi,  située  à  une 
demi-lieue  au  nord  d'Aigu/s-Mories,  et  plus  ancien- 
nement dans  une  île  située  au  milieu  d'un  éiaiig  qui 
communiquait  avec  la  mer,  fui  sécularisée  en  1537, 
et  son  chapitre  fut  uni  à  la  cathédrale  d'Alais  en 
1694. 

Aigues-Mortes  est  à  3^  kil.  de  Nîmes.  Dans  les 
environs,  il   y  a  une  exploitation  considérable  des 


Hî^  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AL  MOYEN  AGE 

s:\lines  de  Pcccais.  Le  |iorl  se  livre  à  la  pèflie,  'à 
rexpnriatioii  des  seU  ei  ilcs  vins,  cl  à  l'iinponalion 
de  grains,  de  denrées  coloniales  ei  de  l)ois. 

Munimeiila  Bosphori,  Bosphore  (cliàleau  du),  bàli 
par  Moliainméde  II,  à  l'endroil  (lù  le  Bosphore  se  res- 
serraiii  davaiiuiije  |ie  laisse,  entre  les  c:ips  opposés, 
que  le  faible  espace  de  5  stades,  non  loin  dn  lien  où 
Androclès  de  Sanios  jeta  le  pont  fameux  ponr  le 
pas.vagc  de  l'aniiée  persane  sniis  Darius.  Là  s'élève 
un  prumonloire  qui,  dans  l'aniiquité,  portait  le  nmn 
d'Hermaion,  à  cause  d'un  temple  d'Hertnès  :  c'est  de 
ce  point  que,  assfs  sur  un  trône  taillé  dans  le  roc,  Darius 
contempla  son  armée  franchissant  la  barrière  qui  se 


.';26 
parait  l'Asie  de  l'Europe, etie  fait  y  avait  éiégravé  en 
leiires  assyriennes.  La  pointe  du  cap,  battue  sans 
cesse  par  les  flots  de  la  merNoire,  se  précipitant  avec 
fureur  dans  le  déiroii,  s'appelait  Rhoodes,  ou  Pbo- 
noide,'.,  à  cause  de  la  rapidité  du  courant,  du  gonfle- 
ment et  du  mugissement  des  vagues.  Outre  les  ma- 
léri  lux  amenés  d'Asie,  on  employa  encore  les  ruines 
c'es  éd  fices  et  des  églises  du  Bosphore,  paiticulière- 
nieni  les  colonnes  de  la  magnifique  église  de  Par- 
ch  !nge  Michel,  sur  le  golfe  de  Sosthène.  Le  sultan 
Moliaininéde  appela  ce  cliàleau  Boghaskesen  (coupe- 
gorge).  Le  gouvernement  ottoman  en  fit  une  prison 
d'Etat. 


N 


Nafeldi  Ecctesia,  Nafels,  on  Nsefels,  dans  le  canton 
de  Claris  (Suisse),  diocèse  de  Saint-G^ill.  —  Ce  joli 
bourg  est  le  chef-lieu  de  la  partie  catholique  du  can- 
ton, et  compte  environ  1300  haldlanls,  qui  s'occu- 
pent essentiellement  de  l'entretii'n  du  bétail.  Il  est 
situé  dans  une  contrée  un  peu  élevée,  mais  très- 
fertile  et  bien  cultivée,  à  5  kil.  de  Glaris.  Au-dessus 
du  bourg,  le  liauiibacli  fornv  une  bille  cascade, 
mais  cause  aussi  parlois  de  grands  lavages  par  ses 
délior'lemenis.  Sur  la  hauteur  de  Nafels,  où  se  trou- 
vait autrefois  le  eliàteaii  des  gouverneurs  autrichiens, 
on  aperçoit  nu  couvent  de  capucins,  nonnné  llaneii- 
bourg,  qui  a  été  bàli  en  l(i75.  C'est  sur  les  chain|is  de 
Rauii  que  se  livra,  le  9  avril  1388,  ce  combat  mémo- 
rable, connu  s»us  le  nom  de  b;Uaille  de  Nalels,  où  les 
Glarnois,  soiileiuis  seulement  de  treiste  hommes  de 
Sih\vyiz,mireni  en  déroute  une  armée  aulricliieniie 
d'une  force  sextuple  à  celle  des  Sui-ses.  Onze  pierres 
posées  sur  ces  champs  désigneiil  les  aitaques  réité- 
rées de  l'ennemi,  qui  enfin  abandonna  le  champ  de 
bataille  avec  une  perte  de  183  cav  diers  et  d<'  '2r>0D 
fantassins.  L'anniversaire  de  celte  vicloite  signalée, 
qui  contribua  beaucoup  à  raffiriiiisse.nent  ue  l.i  li 
berié  helvétique,  se  célèbre  le  l*^'  avril  de  cha(|uc 
année,  chez  les  catholiques  par  une  pri  cession  au 
champ  de  bataille,  et  chez  les  protestants  par  un 
service  ilivm  dans  leurs  temples.  On  y  lit  tonjiuis 
la  relation  du  combat,  qui  fait  nietition  particulière 
des  actions  liéroï  jnes  de  ce  jour  de  bataille,  et  per- 
pétue ainsi  la  mémoire  des  valeureux  ancél  e^  des 
Glarnoi>.  A  la  place  où  fut  jadis  érigée  une  clia|. elle 
en  commémoraiion  de  1 1  victoire,  on  voit  aujouid'hiii 
la  belle  église  du  lieu.  Un  sentier  conduit  de  ^afels, 
dans  quatre  à  cinq  heuies,  au  vallon  de  Wiggis  ;  il 
passe  par  les  pâturages  inférieurs  et  supérieuis  du 
See-Alp  (  Nieder-ei-Ober-See  Alpen  ).  Une  autre 
route,  praticable  pour  des  voitures  et  conslruiie  sur 
un  mole,  se  dirige  à  travers  les  inaiais  de  la  Linih, 
à  Wesen.  Au  delà  de  laLinth,  et  vis-à  vis  de  Nalels, 
se  trouve  le  joli  bourg  de  Mollis,  qui  compte  environ 
■iflOO  hab.  Sa  position,  dans  une  contrée  couverte  de 
belles  prairies,  de  beaux  veigers ,  de  superbes  -.n- 
iifib  fruitiers  et  de   quelques   vignobles ,  est  des 


plus  agréables.  Le  bourg  même  est  embelli  par 
de  jolis  bâtiments  et  de  charmantes  promenades.  II 
s'y  trouve,  outre  une  manufacture  de  draps,  plu- 
sieurs manufactures  de  toiles  peinte,  et  quelques 
labriques  de  schabziegcr.  Ncimmoins  l'occuption 
pr  ncipale  des  habilanis  est  d'élever  du  bétiil.  Sur 
IcNeuenknmm,  au-dessus  de  Mollis,  cl  sur  le  chemin 
qui  va  par  Briitenwald  à  Kerenzen,  on  déc'iiivre  de 
beaux  [loinis  de  vue.  Le  cimetière  de  Mollis  ren- 
ferme les  ossements  de  ciiiquante-einq  hommes  de 
Glaiis  et  de  Sehwytz,  tués  à  la  bitaille  de  Nilels. 
En  17  ;9,  les  Russes  ont  tenté,  à  plusieurs  reprises, 
d'emporter  le  pont  de  Mollis. 

IServioiiitn  Cameracum,  Cambrai  ou  Cambray,  ville 
forte  et  importante,  siège  d"uo  aichevô'  lié,  ehef-lieu 
d'arroud.  du  départ,  du  Nord,  avec  sons-préfecture, 
tribunal  de  première  instance  et  de  commerce,  con- 
seil lie  prud'hommes,  collège  communal,  à  '  C  kil. 
sud  de  Lille,  36  e^t-sud  d'Arras,  et  18)  nord-est  de 
Paris.  Le  diocèse  renferme  tout  le  dép.irtement  du 
Nord;  il  est  par  (onséquent  très-vaste.  Il  était  déjà 
très-vaste  autrefois.  11  avait  pour  siiffraganls,  avant 
la  révolution  française  de  1789,  les  évêques  d'Arras, 
de  Toumay.  de  Siiint-Omcr  et  de  Namur.  Sai,it- 
Oiiier  n'existe  plus,  Tiurnay  et  Namur  sont  suffra- 
ganls  de  .Malines,  en  Belgique.  L'évêehé  date  de  l'an 
590.  Il  l'ut  érigé  en  archevêché  en  li)59;  il  était  au- 
piravant  snffragant  de  Reims.  L'arclievéi|ue  prenait 
les  lili  es  de  duc  de  Cambrai  et  de  prime  de  rKmpire. 
Son  arronilissemeni  renferme  il7  communes,  et 
133,821  habitants;  il  est  divisé  en  sept  cantons  : 
Cambr.d  (2  cantons),  Carnières,  le  Cateau,  Blary, 
Marcoing  et  S.ilesme.  Ci-devant  chef-lieu  d'un  gou- 
vernement particulier  et  capitale  du  Carabrésis,  par- 
le i  eut  de  Douai,  intendance  de  Lille,  siège  d'une 
subdélég.iiion  et  d'une  recette,  cette  ville  lut  bâtie, 
selon  de  Ligne,  par  un  ancien  doc  des  Cimbrcs  et 
Danois,  nommé  Cambio  ou  Cambre,  qui  lui  donna 
des  murailles,  avec  son  nom.  Quelques-uns  veulent 
que  ce  nom  lui  ait  été  donné  à  catise  de  la  multitu- 
de de  ses  chambres  (en  gaulois,  cambres)  et  places 
souterraines  (leusées  tant  dans  la  ville  qu'aux  en- 
virons, où  les  premiers  habitants  mettaient  leur» 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE,  528 


527 

meilleurs  effets  eii  tûreié.  Plusieurs  liisioriens  rap- 
(lorlenl  que  Servus  Iloslilius,  roi  des  Romains,  fonda 
Cambrai  peu  de  temps  après  Marseille,  et  qu'il  y  bàlit 
lin  cliàleju,  qui  fut  noiiiiué  de  sou  nom.  Serve,  que 
le  peuple,  par  corruption,  appela  depuis  Selle.  Celle 
assertion  est  fausse ,  car  il  n'y  a  aucun  roi  rom;iin 
de  ce  nom  ;  d'ailleurs  Marseille  ne  fut  point  fondée 
par  lis  Romains.  Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  opinions 
el  de  beaucoup  d'autres  que  nous  ne  relaterons  point 
ici  sur  la  fondation  de  Cambrai,  il  est  certain  que 
celle  ville,  ayant  été  réduite  sous  la  domination  ro- 
maine, devint  une  des  principales  colonies  de  leurs 
soldats.  Jules  César  et  Sirvius  la  rendirent  sembla- 
ble aux  premières  villes  d'Iinlie,  par  le>  privilèges 
qu'ils  lui  accordèrent.  Les  proconsuls,  qui  y  (irenl 
depuis  leur  résidence,  y  lirent  plu>ieurs  einbellisse- 
nienis;  ils  y  bàiirenl,  selon  Gelic,  une  capiiale 
dans  le  voisinage  du  cbàleau  de  Selles;  ils  y  élevè- 
rent un  amphithéâtre,  des  bains  et  drs  aqueducs. 
Plusieurs  auteurs  rapportent  que  Jules  Cé-ar,  après 
la  destruction  de  la  ville  de  Bavai,  fil  Cambrai  la  ca- 
pitale de  tout  le  Hainaut,  cl  qu'il  y  tint  la  diète  des 
Gaules.  Les  jours  de  prospéiiié  de  celte  ville  furent 
suivis  de  grandes  calamités.  Les  Saxons  et  les  Suè- 
vcs  l'asiiégèrent  et  la  prirent  sur  les  Romains,  qui, 
survenant  avec  de  plus  grandes  forces,  la  reprirent. 
Elle  fut  depuis  saccagée  parle  tyran  Maxime,  l'an  570, 
et  il  en  fut  chassé  par  les  Vandiles  et  leî  Alains.  Les 
Gotlis,  en  il-i,  s'en  rendirent  les  maîtres,  après  qu'ils 
eurent  pillé  toute  la  Belgique,  et  la  (ire  it  la  capitale 
du  pays.  Les  Romains  la  reprirent  encore  sur  ceux- 
ci.  Les  Français,  sous  le  règne  de  Clodion,  l'enlevè- 
rent aux  Romains  :  50,000  hommes  périrent  de  pan 
et  d'autre.  Cambrai  eut  bieniot  un  roi,  mais  idolâtre, 
appelé  Regnacalre,  issu  de  la  famille  royale  de  France. 
Clovis,  premier  roi  chrétien,  après  avoir  rempoité 
une  victoire  complète,  le  lit  mourir,  vers  l'an  500, 
usurpa  son  royaume,  el  la  ville  de  Cambrai  adopta 
l'Evangile  sous  l'apostolat  de  saint  Vaasi,  auteur  de 
la  conversion  de  Clovis.  Charles  le  Chauve,  roi  de 
France,  l'eut  en  partage,  avec  tout  le  Cambrésis,  en 
843.  Ensuite  les  comtes  de  P'kuidié,  les  empereurs  el 
les  rois  de  France  se  la  sont  disputée  et  l'ont  possédée 
tour  à  tour  ;  ils  ont  Uni  par  en  faire  jouir  les  évèques, 
sous  le  titre  de  comtes,  depuis  1007  jus  lu'cn  1543, 
que  l'empereur  Charles-Quint  s'en  rendit  m.iître.  Il 
fit  biiiir  une  citadelle,  pour  empêcher  les  Français 
de  pénétrer  dans  celle  place;  mais  d'autres  souve- 
rains rendirent  cette  préc^uition  inutile.  Les  confé- 
dérés du  parti  d'Orange  y  entrèrent  en  1576.  Le 
prince  de  Parme  l'assiégea  en  1581  ;  mais,  au  mo- 
ment de  la  prendre  par  famine,  le  duc  d'Alençon  vint 
la  secourir,  el  y  lit  son  entrée  solennelle  le  18  août 
de  la  même  année.  Les  Espagnols  ratla(|uèrent  en 
1595  avec  72  pièces  de  canon,  et  forcèrent  cette 
ville  à  se  rendre,  le  9  octobre  «le  la  même  année. 
Enfin,  après  avoir  élé  prise  et  reprise,  les  Espagnols 
la  gardèrent  jusqu'en  1677,  que  Louis  XIV,  en  per- 
Bonne  ,   s'en   rendit   maitic   par  capitulation,  le  5 


avril  :  la  citadelle  lui  fut  livrée  le  17  du  même  mois. 
Depuis  cette  époque,  Cambrai  n'a  cessé  d'appartenir 
à  la  France;  et  malgié  tous  les  désastres  qu'elle  a 
éprouvés  ,  elle  est  encore  digne  de  l'ambition  des 
conqiiéianis.  Cauibrai  est  situé  dans  une  contrée 
fertile  en  Un  et  abondante  en  pâturages,  près  de  la 
source  et  sur  la  live  droite  de  l'Eseaul ,  dont  une 
des  branches  traverse  la  ville  :  ses  rues  sont  mal 
percées;  elle  renferme  de  trè'i-beaux  édifices.  La 
place  d'armes,  au  bout  de  laquelle  on  voit  lliôiel  de 
ville,  est  remarquilde  pnr  son  étendue  ;  loiite  la 
garnison  peut  s'y  ranger  en  bataille.  L'espl.made  est 
une  des  plus  vastes  el  des  plus  belles  de  l'ancienne 
Fl:indre  ;  la  place  est  une  espèce  de  c.irré  long, 
dont  les  murs  sunt  flanqués  de  tours  rondes  à  l'an- 
tique ,  fortifiées  de  plusieurs  demi-lunes  ,  de  deux 
ouvrages  à  corne,  l'un  sur  l'autre,  Ces  fortifications 
sont,  les  premières,  du  chevalier  do  Ville,  ei  ies 
modernes,  du  maréchal  Vauban.  La  ci  adelle  est 
lune  des  meilleures  de  la  France.  Le  diocèse  de 
Cambrai  fiit  uni  à  celui  d'Arras  jusqu'au  xi«  siècle. 
H  resia  suffragant  de  celui  de  Reims  jusqu'en  1559, 
que  Cambrai  fut  érigé  en  métropole ,  à  laquelle  fu- 
rent soumis  les  diocèses  d'Arras,  de  Saint-Omer,  de 
Tournay  et  de  Namur.  D'après  une  naice  du  temps 
de  l'empereur  Honorius,  Cambrai  avait  déjà  été  iné- 
troiiole,  et  avait  eu  pour  suffraganis  Tournay,  Sen- 
lis,  Beauvais,  Amiens,  Térouanne  et  Boulogne.  Par 
des  circonstances  restées  inexpliquées ,  Boulogne 
perdit  son  évèché,  et  Cambrai  son  titre  de  métropole. 
Le  diocèse  de  Cambrai  s'étendait,  avant  1789,  non- 
seulement  sur  tout  le  Cambrésis,  mais  encore  dans 
une  partie  du  Brabant,  dans  presque  tout  le  Hai- 
naut, dans  la  pré\ôté  et  le  comté  de  Valenciennes, 
dans  une  priitie  du  Tournesis  el  dans  la  châtellenie 
de  Lille  ;  de  sorte  que  ce  diocèse  était  composé 
d'environ  SOO  paroisses.  Le  roi  avait  la  nondnatinn 
à  l'archevêché.  Le  prélat,  qui  jouissait  d'un  revenu 
déplus  de  130,000  liv. ,  était  seigneur  utile  de  la 
ville  et  de  tout  le  comté  du  Cambrésis;  mais  la  sou- 
veraineté était  réservée  au  roi,  et  l'appel  des  causes 
jugées  à  Cambrai  et  en  Cambrésis  se  relevait  au 
parlemenl  de  Douai,  el  non  en  aucun  autre  tribunal 
de  France.  La  cathédrale  dédiée  à  Notre-Dame  est 
le  plus  beau  bàiimenl  de  cette  ville  ;  cependant  les 
dehors  ont  plus  d'apparence  que  l'intérieur,  qui  est 
assez  obscur.  A  chaque  pilier  de  la  nef  de  ceite 
église,  ou  voyait  un  apôtre  de  marbre  blanc.  Sous 
la  grande  porte,  en  dedans,  éiait  une  petite  paroisse 
appelée  Sainl-Gigoufle  oti  Saint-Gengoufle.  Le  clo- 
cher est  un  chef-d'œuvre  de  l'art,  soit  pour  la  hauteur 
de  la  flèche,  soit  pour  la  singularité  de  sa  structure. 
Il  est  tout  bàii  en  pierre  de  taille  blanche,  sans 
cliarpenie  et  sans  ferrure,  percé  à  jour  de  tous  côtés, 
et  enrichi  de  quantités  de  figures  en  relief.  H  est 
élevé  de  plus  de  600  degrés,  à  monter  depuis  la 
cour  du  palais  jusqu'au  pied  de  la  flèche,  qui  parait 
presque  encore  aussi  liauie  que  tout  le  reste  ;  et  ou 
prétend  que  six  hommes  pourraient  .ti'éiuenl  se  re- 


«9 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  Ali  MOYEN  AGE. 


8S0 


muer  dans  la  pomme  <|ni  seil  do.  piédestal  à  la  croix. 
Il  a  f:illii,  (lii-on,  vingt  ans  pour  achever  ce  cloclier. 
On  adniiie  iiriiicipaieninnl  l'horloge,  qui  est  une 
pièce  unique,  qu'on  assure  avoir  été  faite  par  un 
berger.  La  légende  rapporte  que,  pour  récompense,  en 
lui  crev.T  les  yeux,  pirce  qu'il  avait  entrepris  d'en  faire 
d'autres  plus  furieuses  encore,  en  Fr:ince  et  ailleurs. 
Les  Flamands  venaient  autrefois  par  irnnpes  en  pè- 
lerinage à  une  des  chapelles  de  la  cathédrale,  appe- 
lée Ntiire-Dame-de-Gràce,  à  cause  d'une  copie  d'un 
tableau  de  la  sainte  Vierge,  dont  l'original,  à  ce  que 
l'un  prétend,  peint  par  saint  Luc,  est  à  Rume.  Le 
chapitre  de  la  cathédrale  était  composé  de  45  cha- 
noines, de  8  grands  vicaires  et  de  30  chapelains;  sa 
bibliothèque  était  en  possession  de  plusieurs  manu- 
scrits fort  anciens.  11  y  avait  deux  autres  chapitres  : 
celui  de  Saint-Géry,  coniposé  de  quarante  canonicais, 
d'un  prévôt  et  de  deux  autres  dignités  ;  le  deuxième 
chapitre  était  celui  de  Sainte-Croix,  composé  d'un 
trésorier ,  de  douze  chanoines ,  de  deux  grands 
vicaires  de  chœur,  de  six  autres  petits  vicaires  et  de 
huit  chapelains,  obligés  à  résidence.  Cambrai  avait 
dix  paroisses  et  qnaire  abbayes  :  le  Saini-Sépulcre, 
abbaye  d'hommes  de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  fondée 
vers  l'an  lOGi,  par  saint  Lielbert,  évèque  de  Cam- 
brai :  le  bâtiment  de  cette  abbaye  était  d'une  belle 
architecture  ;  elle  avait  13,000  liv.  de  revenu  ;  Saini- 
Auberi,  abbaye  de  chanoines  régulieis  de  l'ordre  de 
Saint-Augustin,  fondée  en  1U66,  ayant  50,000  liv. 
de  rente  ;  celle  de  Saint-Jean,  fondée  d'abord  pour 
des  Bénédiciins,  a  la  place  desquels  on  mil,  en  1120, 
des  chanoines  réguliers,  et,  en  1141,  des  chanoines 
de  Sainl-Angusiin  :  elle  avait  2000  liv.  de  revenu  ; 
et  enliii  l'abbaye  de  Premy,  pour  des  chanoines  de 
Saint-Augubiin.  Il  y  a  deux  hôpitaux  ,  l'un  civil  et 
l'autre  miliiaire,  qui  étaient,  avant  la  révolution, 
de-servis  par  des  religieux  de  l'ordre  de  Saint- 
Augustin.  —  Les  juridictions  de  Cambrai  étaient  le 
bailliage  de  la  Feiiillée,  le  magistral,  l'olficialité,  le 
bailliage  du  Cambrésis,  le  baillage  du  chapitre  de 
l'église  nréiropoliiaine,  le  bailliage  et  prévôté  du  cha- 
pitre de  Saint-Géry,  celui  du  chapitre  de  Saint-Au- 
berlet  !■  bailliage  et  prévôté  du  Saint-Sépulcre.  Le 
bailliage  de  la  Feuil!ée,  qui  était  le  seul  domaine  du 
roi,  et  qui  consistait  dans  quelques  maisons  dans  la 
vile  de  Cambrai,  était  composé  d'un  baillt-semonceur, 
des  hnnimcs  de  fiels  et  d'un  greffier.  Il  ne  connais- 
sait que  des  matières  féodales,  et  les  appels  étaient 
pnrtés  an  parlement  de  Douai.  Le  magistrat  était 
cnmposé  d'un  prévôt,  qui  faisait  la  fonction  de  semon- 
ceur  dans  les  alTaires  criminelles  et  de  police,  de 
qiiaiorze  écbevins,  de  deux  collecteurs,  de  deux  con- 
seillers-pensionnaires, de  deux  greffiers  et  d'un  rece- 
veur; il  connaissait,  en  première  insiance,  de  toutes 
les  actions  civiles,  réelles  et  personnelles  enire  les 
bourgeois  et  haliiiants  de  la  ville  et  banlieue,  ainsi 
que  de  la  police,  des  affaires  criminelles,  des  cas 
royaux  et  privilégiés.  L'appel  des  jugements,  tant  en 
matière  civile  que  criminelle,  était  pnrté  au  parle- 


ment de  Douai.  Il  connaissait  aussi  des  appellations 
des  jugements  rendus  en  première  insiance  par  le» 
prévôtés  de  Sainte-Croix  et  du  Saint-Sépulcre,  et  par 
les  mayeurs  et  échevins  des  89  villes  ou  hameaux 
qui  conipo-aient  le  Cambrésis,  ainsi  que  de  quelques 
villages  de  la  chàtellenie  de  Bouchain.  L'official  de 
l'archevêque  de  Cambrai  avaitdeux  sories  de  juri- 
dictions :  l'une  ecclésiastii|ue,  qui  était  égale  à  celle 
qu'exerçaient  les  officiaux  des  autres  diocèses;  l'au- 
tre civile,  qui  lui  était  particulière.  Il  pouvait  con- 
naiire,  comme  juge  civil,  de  toutes  les  affaires  en 
matière  personnelle  dans  la  ville  de  Cambrai,  pays 
Cambrésis  et  en  la  ville  de  Cateau-Caml>résis,  ou 
le»  habitants  avaient  le  choix  de  se  pourvoir  en  ac- 
tion personnelle,  ou  par-devant  le  magistrat,  ou  par- 
devant  l'official.  Le  bailliage  de  Cambiésis,  autre- 
ment nommé  la  cour  du  galais,  parce  qu'il  siégeait 
dans  la  cour  du  palais  archiépiscopal,  était  composé 
d'un  grand  bailli-semonceur,  des  hommes  de  fiefs, 
qui  devaient  êire  au  inuins  au  nombre  de  quatre,  d'un 
procureur  d'office  et  d'un  greffier;  sa  juridiction 
étai  personnelle  et  féodale,  et  elle  s'éiendait  dans 
toutes  les  terres,  les  villages  et  métairies  qui  appar- 
tenaient à  Tarchevêque.  Le  bailliage  du  chapitre  de 
l'église  métropolitaine  de  Cambrai  était  composé  d'un 
bailli-semonceur,  de  quatre  hommes  de  fiefs  ou 
îrancs-semans,  d'un  procureur  d'office  et  d'un  gref- 
fier. 11  avait  haute,  moyenne  et  basse  justice  dans 
l'église,  les  cb  itres,  les  maisons  des  chanoines,  et 
dans  les  maisons,  terres  et  métairies  qui  apparte- 
naient il  ce  chapitre,  ou  qui  en  relevaient.  L'appel 
des  jugements  qui  y  étaient  rendus,  tant  en  matière 
civile  que  criminelle,  allait  immédiatement  au  parle- 
ment de  Douai.  —  Cambrai  avait  un  gouverneur,  un 
lieutenant  de  roi,  un  major,  un  aide-major  et  un  ca- 
pitaine des  portes.  La  citadelle  avait  son  gouverneur 
particulier  et  son  état-major.  .Aujourd'hui,  Cambrai 
est  une  place  de  guerre  de  troisième  classe  de  la 
seizième  division  militaire;  c'est  la  résidence  d'un 
sous-directeur  des  fortifications  et  d'un  capitaine  du 
génie.  Popul.,  16,700  hab.  Celte  ville  contient  un 
grand  nombre  de  fabriques  de  toiles  fines,  batistes  , 
linons,  percales,  dentelles,  fil  retors,  savon  noir  , 
amidiin,  fécule  de  pommes  de  terre,  filatures  de  co- 
ton et  de  fil,  raffineries  de  sel  et  de  sucre,  belles 
blanchisseries  de  toiles,  nombreuses  brasserie?,  hui- 
leries, tanneries.  Il  y  avait  autrefois  des  teinturiers 
en  écarlate,  dont  l'ouvrage  était  fort  estimé.  Cam- 
brai a  été  la  ville  de  l'Europe  la  plus  renommée  pour 
la  fabrication  de  ses  toiles  fines:  mais,  depuis  l'éta- 
blissement des  manufactures  de  toiles  à  Valenciennes, 
à  Saint-Quentin  et  ailleurs,  celle  de  Cambrai  a  beau- 
coup perdu  de  son  lustre  à  cet  égard.  11  s'y  fait  un 
commerce  assez  considérable  de  graines  grasses  , 
vins,  eaux-de-vic,  épiceries,  houblon,  lin,  beurre, 
laines,  fer,  chevaux  et  bestiaux.  On  y  trouve  un  en- 
trepôt de  houille.  —  Cambrai  est  la  patrie  d'Ame 
Boiinliin,  habile  analoiniste,  né  en  1638,  mort  dans 
cette  même  ville  en  ITOti.  Il   fit  paraître,  en  1678* 


531  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  55} 

ses  Tables  iu(ronomiiiues ,  ..vee  sa  Deicription  anaio-      lassan  (Perse).  Elle  resia  l.i  capilale  pendant  long- 
niique  du  corps  hiimniii. —l>eKo\aniiFre»r,   auteur      temps  de  IViii|iire  des  m!t:in>;  Seldscliuks,  fut   dé- 


d'iin  Paralt'le  de  l'archiieclure  ancienne  et  de.  ta  mo- 
dfrne,  —  Oe  lialtazar  Marsi,  sculpteur,  né  en  1020, 
niorl  en  1674.  Il  était  frère  de  Gaspard  Mars! ,  aussi 
sciilpieur,  mort  en  1G79,  âgéde  56  ans.  Us  Iravail- 
lèreni  ensemb  e  au  Bassin  de  La'.one,  à  Versailles, 
où  celle  déesse  et  ses  enlanls  sont  représentés  en 
marbre.  —  Oe  Engiicrrand  de  Monstrelei,  dont  on  a 
la  Chronique,  ou  Uisloiredes  choses  mémorables  ar- 
rivées de  son  temps,  depuis  liOO jusqn'ui  liG7  (suite 
de  l'roissard).  —  Frai.çois  de  Salignac  de  Laniniie 
Féne'on  mourut  archevêque  deC^nnbrai  eu  1715.  On 
a  de  ce  vertueux  évêque  plusieurs  ouviages,  entre 
autres  le  Télémaque,  Traité  de  l'existence  de  Dieu , 
Abrégé  de  la  vie  des  anciens  philosophes,  eic.  En  1823, 
le  sculpteur  David  ieri»in:i  la  siaiiie  de  Fénelon,  qui 
devait  siinnonler  le  sarcophage  éle\é  à  cet  illustre 
préliii  dans  l'église  cathédrale  de  Cambrai.  L'iuauj;u- 
raiion  de  ce  m  -numeni  eut  lieu  le  7  jinv.  Î82fi,  jour 
anuiversaire  de  la  mort  de  cet  archevêque.  Celte 
ville  a  aussi  donné  le  jour  au  ijénéral  Duniouricz, 
vainqueur    à   Jemniapes,  conquéiant   de   la  Uelgi- 

-que. ;  an  général  Mortier,  duc  de  Trévise,  dont 

1.1  carrière  niilliaire,  quoique  brillante,  fut  lenrie  par 
la  conduite  quM  linllorsdela  déchéance  de  Napoléon. 

Le  siège  archiépiscopal  de  Cambrai  avaii  éié  ré- 
duit par  le  concord;it  de  1801  eu  évèihé  suffra- 
pani  (le  Paris,  t.epend  ml  par  le  comordat  de  1S17, 
Pie  Vil  lui  avait  rendu  sou  litre  de  métropole  en  lui 
donnani  pour  suffrag.ini  les  doux  évé-  hésd  Arras  et 
«le  Botrlogne  ;  mais  des  dilficiiliés  étant  survenues  à 
l'evécuiion  de  celle  bulle,  le  p:ipe  par  sa  bulle  du  31 
octobre  1822  suspemlii  l'érection  de  l'égiise  de  Cam- 
brai en  nrétropole.  Ce  ne  fut  qit'en  18-11,  à  la  mon 
de  M.  Delnias,  que  le  p:ipe  Giégolfe  XVI,  sur  la  de- 
mande du  roi  Loiris-Philippe,  revint  sur  cette  érei- 
lion,  et  par  sa  bulle  dir  l^  ociobrc,  reçire  et  puhliée 
en  France  par  ordonnance  du  mi,  rendit  à  cette 
antique  Eglise  un  titre  qu'avait  illustré  l'un  des  [dus 
grands  prélats  français.  (Voy.  le  couis  de  Droil- 
f.aiion  par  M.  l'^ibbé  André,  au  mot  C.vmdr.m.) 

Nicop  lis,  Diwrigi,  à  deitx  jours  de  marche  à  l'est 
de  Siwas,  enfermée  du  côié  de  l'orient  [iar  la  inon- 
lague  Tschiischektaghi  (raniieir  Sti  dissus)  et  du 
côté  de  l'occident  par  la  montagne  d'Ilasan  (l'.Arili- 
Taurus),  se  trouve  à  l'extréinité  d  une  vallée  foriuée 
de  rochers  siériles  :  c'est  l'ancienne  Mcopolis,  c'est- 
à-dire  vdle  de  la  victoire,  bâtie  par  Pompée  à  l'en- 
droit où  il  vainquit  la  preitiière  fois  Milhridate.  Celle 
ville  était  épiscopale  dès  le  iv  siètli'  ;  elle  dépeir- 
dait  de  la  métropole  de  Sébaste,  dans  la  première 
province  d'Arménie.  —  Saint  Grégoire  d'Arinérrie, 
qui  fut  reclus  à  Pluviers  err  France,  ensuite  évèquc 
dans  le  x'  siècle,  avait  élé  élevé  dans  ceiii;  ville. 

Il  y  a  eu  ilrisieurs  Nicopolis  dans  l'empire  ronr.ii»; 
iBl  tontes  ont  élé  épiscopales. 

SSischaburum,  vel  Docta  Civitas,  la  Ville  Savante, 
Rischabur  ou  Nisch  .pour,  dans  la  province  de  Khc- 


vaslée  au  12«  siècle  par  les  Oghuses  qui  iuceirdiérent 
les  mosquées,  démolirent  les  maisons,  tuèrent  les 
habitants  et  surtout  les  savants  dont  la  ville  élaii 
alors  remplie.  De  sa  graode  population  elle  n'a  con- 
servé que  12,000  habitants  qui  donnent  au  nrilieu 
de;  ruines;  s^n  territoire  néanmoins  est  le  mieux 
cultivé  et  le  plus  peuplé  de  la  province.  Il  y  a  dans  I 
ses  eirviroirs  des  mines  de  irrrqiroises  fort  célèbres. 

Ao^(rn  Domina  Eremitortim,  Notre-Dame -des- 
Ernriies,  ou  l'ahbiye  iri'jn>ieileln  d:ins  le  canton  de 
Sch\v\lz  (Suisse).  Ce  monastère,  de  l'ordre  de  Saint- 
Beiroît,  a  doimé,  occasioir  au  bourg  de  ce  nonr  de  se 
former;  ils  se  trouvent  l'un  et  l'autre  dans  la  vallée 
de  la  Sihl,  à  urre  élcvatioir  de  tODi)  urètres  ari-dessus 
de  la  Méditerranée,  et  à  hiÙ  au-dessus  du  lac  des 
quatre  cantons.  L'abbaye,  situer;  hors  du  hourg  sur 
une  lielile  érrrirrence.esl  un  lieude  pèlerirrage  des  plus 
fréi|uerrtés  rie  l'Eiirop  ".  Des  itrillier  s  de  catholiques  de 
tous  les  pays  en  deçà  des  Alpes  s'y  rerrdeirl  torts  les 
ans  pour  lévérer  uneinragerrriracrrieuse  île  la  Vierge, 
qu'elle  prrssèile.  L'cgiise  et  les  bât  nierrls  qui  l'eii- 
tmirent  sont  du  miuveau  style  iialieir,  mais  la  fnn- 
daiiorr  du  monastère  est  très-ancienire;  elle  est  drre 
an  zèle  pierrx  du  corme  EbeiharJ  de  llnheuzolern, 
anquel  l'eurpereur  Olhon  concéda,  dans  l'année  946, 
nire  va  le  étendue  de  terrain  ([iri  éiait  alors  toute 
couverte  de  forèis.  Pcir  à  peu  l'abbaye  s'e^iriihil 
d'une  ijjultiluile  de  donations  qui  Irii  fnrent  succes- 
sivenrent  laites,  et  déjà  on  127  l  l'abbé  d'Einsudeln 
fut  élevé  au  rang  des  priices  d'Errrpire.  l'eu  s'en  est 
fallu  ceperrdarri  que  cette  conrmunaulé  ne  se  soil 
(!is-oute  plus  tard.  A  l'époqite  des  prédications  du 
réformateur  Zwingle  les  moines  ahaiidorrnèrent  leur 
fortvorrt,  et  dès  l'an  1.320  jirs.|u'err  l.';26  il  éiail  pres- 
que désert;  ce  ire  frrtque  dans  cette  dernière  amrée 
qu'il  réussit  de  nouveau,  a  trri  nomirié  Blaarer,  alors 
alibé  d'Einsiedeln,  d'en  réunir  quelques-uns  et  de 
les  soumcltre  aux  règles  nronastiiues.  En  1798,  à 
l'inirée  des  Frarrçais  eir  Suisse,  ceiie  abbaye  fui  de 
irouveau  menacée  d'une  entière  dissolutiotr  ;  aban- 
donnée par  l'ablié  et  les  moines,  elle  frrt  conrpléle- 
nienl  pillée  deux  fois,  ainsi  qire  le  bourg,  ei  l.a  cha- 
pelle sacrée  a  élé  détrrrite  de  lond  e  i  comble.  Les 
Béirédiciins  émigrés  reviirreni  en  1802,  en  rappor- 
tant l'image  miraculeuse,  qu'rls  avaient  sauvée.  Les 
Trésors  de  l'église,  la  Bibliothèqtie  et  le  cabinet  de 
minérniix  el  d'instruments  de  phijsique  nrérilenl  d'ê- 
tre vus.  Uire  iirstilution  bien  méritoire  de  celle  ab- 
baye est  sort  Ecole  gratuite,  dairs  laquelle  on  ensei- 
gne, outre  la  langue  latine,  plusieurs  autres  scien- 
ces. Un  pensiiinnat,  qui  esi  joint  à  celte  école,  pro- 
cure aux  éirairgers  la  facilité  de  venir  y  suivre  les 
éludes.  Près  d'Eiirsiedeln  el  au  pied  de  l'Etzel,  di- 
roeuiail,  au  xvi'  siècle,  le  médecin  du  couveirl 
Guillaume  Ilohenheirrr,  dont  le  Iris  est  connu  dans 
les  anirales  de  la  nrédecine  sous  le  nom  de  Theo- 
vhrauui  Puracelsus  Uonduistus  ab  lluhenheim. 


533 


GEOGRÂPIIIF.  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


53i 


Notre-Dame-des-Ermites  n'a  pns  écliapjié,  à  la  lin 
de  1847,  au  désastre  des  canions  caiholiqiies  : 
elle  a  été  Trappée  d'une  énorme  contribution  de 
giiene. 

JSosira  Domina  sivea,  Notre-Dame-des-Neiges,  ou 
le  MnniRigi,  dans  le  canton  do   Schwylz  (Suisse). 
La  base  de  celte  montagne   isolée  a  une  circonfé- 
renfe  d'environ  40  kil.  Le  lac  des  quatre  canions  la 
biiigne  à  l'ouest  et  au  sud,  ei  les   lacs  de  Zug  et  de 
Loweiz  au   nord   el   au  nord-est.  L'espace  qui  se 
trouve  entre  ces  deux  derniers  lacs,  depuis  Ober- 
Arl  jusqu'à  Lowerz,  est  couvert  par  les  débris  du 
Gnipeii-piiz,   qui  s'esl  détacbé  du   Rulïiberg,   ainsi 
qu'il  en  a  été  fait   mention  plus  baut.  Cet  élioule- 
nie  il  a  suivi  une  direction  du  nord-ouest  au  sud-est, 
et  l'éiioiilis  qui  en  est  provenu,  embarrasse  un  ter- 
rain de  plus  d'une  lieue  Je  l.irgeur;  il  alieini  encore, 
sur  le  dernier  |ioint,  le  pied  du  Rigi.  Le  côté  nord- 
ouest   de  cette  ni<intai;ne  s'aplanit  insensiblement 
vers  Kussnaciii  et  Imniensée,  et  le  côiësud-esi  vers 
la  vallée  qui   est  située  entre  Brunnen  et  Scliwytz. 
Le  muni  Rigi  se  trouve  presque  eniiéremeni  placé 
sur  li;  territoire  du  canioii  de  Scbwytz;  une  petite 
piriie  Seulement  appartient  à  ccbii  de  Lucerne.  La 
liijne  de  ilémarcuion  prend  depuis  le  promomoire 
de  l'Obere-Nasen  el  pas^e  par-dessus  le  Vilznauer- 
Si'ick  jusqu'au  Dosen;  de  là  elle  suit,  dans  la  direc- 
liiin  (lu  nord-ouest,  la  cièii-,  et  descend  par-dessus 
11'  Seeboden  jusqu'au  village  d  ■  Greppen.   Il  n'est 
p  >ini  de  montagne  dans  loule  la  Suisse  qui  soit  visi- 
lée  par  un  aussi  grand  nombre  de  voyageurs  étran- 
gers el  du  pays,  que  le  mnni  Rigi;  il  n'en  est  point 
non  pins,  oîi  l'on  rencontre  des  points  de  vue  plus 
ningriifiques  et  plus  variés,  el  sur  aucune  autre  on 
ne  trouve  les  commodiiés  de  la  vie  comme  sur  celle- 
ci.  Depuis  1816  on  a  établi  une  Irés-honne  auberge 
sar  le  Rigi-Culnl,  qui   est  la  plus  haute  cime  de  la 
montagne.  Une  autre  est  à  une  demi-lieue  plus  bas, 
sur  le  Rigi-Staffel,  où  se  réimissent  touies  lesrouies 
qui  conduisent  sur  le  monl  Rigi,  et  quatre  autres 
auberges  se  rencontrent   enc»re  à  une  demi-lieue 
plus  bas,  prés  de  l'hospice  des  Capucins  ou  prés  de 
la  chapelle  de  Nolre-Daniedes-Neiges,  d'où  un  clie- 
min,  qui  suit  en  ligne  droite  la  crèlede  la  irionlagne, 
conduit  aux  bains  Iroids,  Prés  de  ces  bains  il  y  a  une 
chapelle  dédiée  à  l'archange  Michel,  el,  un  peu  au- 
dessus  de  celle-ci,  on  trouve  une  septième  auberge. 
11  e-l  impossible  de  décrire   les  perspectives  impo- 
santes el  pittoresques  qie    l'on  découvre  du  Rigi  ; 
elles  sont  trop  agréablement  diversifiées  et  généra- 
lement trop  sublimes  pour  qu'on  puisse  les  dépein- 
dre. Le  point  de  vue  le  plus  étendu  et  le  pins  magni- 
ru|ue  se  iTésente  ce|iendanl  sur  le  R  gi-Culm,  dont 
la  hauteur  est,  d'après  Pfyffer,  de  4-j36  pieds   au- 
dessus  du  lac  de  Lucerne,  el  de  .5(J7C  au-dessus  de 
la  Médiierranée.  On  découvre  de  ce  sommet  quatorze 
cantons  suisses,  un  pareil  nombre  de  lacs  el  la  plus 
grande  partie  des  glaciers  qui  couronuenl  les  hautes 
Alpes  de  la  Suisse.   Pour  jouir  pleinement  de  ce 


spectacle  majestueux,  on  ne  doit  pas  négliger  de 
profiter  du  malin  ou  du  soir.  Personne  ne  regretter» 
non  plus  de  se  trouver,  par  un  temps  serein,  avant 
le  lever  du  soleil,  sur  le  Rigi-Culm.  L'air  éiantalors 
plus  raréfié  que  pendant  la   journée,  la  vue  porle 
plus  loin,  el  ou  distingue  mieux  les  objets.  Le  mont 
Rigi  a  encore  quelques  autres  cimes  que  le  Culm  ; 
celles  qui  se  présenieni  au  sud  de  celui-ci  sonl  :  Le 
First,  le  Scbild,  le  Dosen  el  le  Fiiznauerstock  ;  au 
sud-esl  on  voii  la  Schnee-Alp  et  la  llochfluh  ;  et  à 
l'est,  le  Ilorrick  et  le  Schwendi.  Des  sentiers  prati- 
cables conduisent  sur  toutes  ces  sommités,  qui  of- 
frent autant  de  vues  magnifiques  que  variées.  Le 
Rigi  n'est  pas  assez  haui  pour  atteindre  la  région  des 
neiges  el  des  glaces   perpétuelles.  La  végétation  y 
est,  au  contraire,  vigoureuse.  Ce  n'est  que  sur  son 
flanc  septentrional   qu'une  paroi  de  rochers  nus  et 
très-escarpés  descend    de  la  cime  jusqu'à  la  base, 
vers  le  lac  de  Zug.  Partout  ailleurs  il  est  revêtn 
d'une  belle  verdure,  de  diverses  piaules  alpines  et 
de  belles  forêts.  Sa  partie  supérieure  est  couverte  de 
beaux  pâturages,  sur  lesquels  on  rencontre  150  cha- 
lets, plus  de  3000  vaches  et  une  mullilude  de  chè- 
vres et  de  moutons,  qui  y  paissent  tout  l'éié  ;  la  ré- 
gion moyenne  est   hoisée,  el  la  base  est  revêtue  de 
superbes  prairies  ei  de  cliami>s  enltivés,  qui  offrent 
de  riches  moissons  et  des  fruits  succulenis  aux  ha- 
b  lanls   des  onze  bourgs  et  villages  qui  l'eniourent. 
I.a  chapelle  de  Notre  iKimedes-Neiges  (Kapelle  un- 
serer  liehen  Frau   zuu!  Schiiee)  se  trouve  près  de 
l'hospice  des  Capucins,  qui  la   desservent,   et  qui, 
par  cette  raison,   sonl  obligés  de  demeurer  sur  la 
monUigne  pendant  lout  l'hiver.  Tous  les  dimanches 
bs  vachers  et  les  bergers  qui  se  trouvent   sur  le 
Rigi,  viennent  y  entendre  la   messe,  et  le  22  juil- 
let,"jour  de  sainte  Madeleine,  on  y    célèbre  la  dé- 
dicace, gui  se  termine   par  l'exercice  de  la  lutte. 
Toutes  les  années,  au  jour   de    la    nativité   de   la 
Vier.e,  on  aecorde,  dans  celle  chapelle,  des  indul- 
gences plénières,  ce  qui  y  attire  un  prodigieux  con- 
cours de  peuple.  Au-dessus  de  l'Iio-pice  se  trouve 
un  monument,  qui  a  été  érigé  par  M.  le  conseiller 
Reinliard  en  l'honneur  du  duc  de  Gotha,  Ernest  11, 
el  vis-à-vis  de  celui-ci  on   rencontre  une  grotte  do 
stalactites,  connue  sous  le  nom  de  Bruderbalm.  Plus 
liaui   que  l'hospice  on  voit,  entre  le  Rigi-Siifl'el  et 
le    Rigi  -  Culm,  le  Kessisbodenloch.  La  chap  lie  Je 
l'archange  Michel  près  du  Kalten-Bad  (bains  froids) 
est  desservie   par  un  chapelain,  que  les  pâtres  de 
la  mnniagne  ont  le  droit  d'élire  eux-mêmes.  Chaque 
anné",  le  18  août,  jour  de  saint  Laurent,  ceux-ci  y 
célèbenl  la  fête  de   leur  patron  et  terminent  la  so- 
lennité par  l'exercice  gymnastique  de  la  lutte.  A  m 
croire  une  vieille  tradition,   l'origine  de  celte  cha- 
pelle remonte  à  l'époque  du  règne  de   l'empereur 
Aiberl,  et  doit  sa  fondation  à  tro  s  sœurs,  qui  se  ré- 
fugièrent dans   cette   solitude   pour  échapper  aux 
poiirsuiies   amoureu-es  des  baillis   autrichiens,    et 
qui  y  resiéreiii  cachées  jusqu'à  la  fin  de  leurs  jours. 


S38 


DICTIONNAIRE  OE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


S3€ 


C'est  aussi  d'elles  que  ia  source  du  Kallenbad,  ainsi 
qu'une  auberge  du  voisinage,  ont  pris  le  nom  de 
Sclnvesleriiborn,  qui  veut  dire  fontaine  des  Sœurs. 
Celte  source  jaillit  d'un  rocher,  et  ses  eaux  sont  ré- 
putées Irès-salulaires.  Les  gens  de  la  campagne  ont 
l'habitude  d'en  laire  usage  en  se  coucliant  tout  ha- 
billés dans  une  baignoire,  posée  sous  la  source,  et 
;iprès  en  être  sortis,  ils  laissent  sécher  les  vêle- 
ments sur  leurs  corps  :  de  là  le  nom  de  Kalten-Bad 
(bains  froids).  Près  de  cet  endroit  on  rencontre,  sur 
iii\e  saillie  de  la  montagne,  le  Kanzeli  (petite  chaire), 
d'où  l'on  jouit  d'une  vue  magnifique. 

Noon  Caledonia  ,  Nnuvelle-Calédonie  ,  contrée  de 
l'Amérique  septentrionale,  à  l'ouest  des  monts  Ro- 
cheux, a  environ  7-20  kil.  de  long  du  nord  au  sud, 
et  .%û  de  l'est  h  l'ouest.  Ce  pays  montagneux  abonde 
en  lacs,  dont  les  plus  grands  sont  ceux  de  Sluart  et 
de  Nalteotain  ;  les  principales  rivières  sont  le  Fraser 
et  le  Naiteoiain.  Le  thermomètre  y  descend  quel- 
qut'fris  jusqn'.'t  .'^S"  au-dessous  de  zéro;  mais  on  y 
jouit  d'une  température  plus  douce  que  sous  le  môme 
parallèle  à  l'est  de-^  moniagnes;  l'été  n'est  jamais 
très-chaud  ;  les  naturels,  qui  se  donnent  le  nom  de 
Ta-Cutlies,  ont  reçu  des  blancs  celui  de  Carriers  ;  ou 
en  évalue  le  nombre  à  5000. 

1  Nouvelle  -  tîalédonie,  grinde  île  dans  la  partie 
la  plus  occidentale  du  grand  Océan  au>tr.il,  fut  dé- 
couverte eu  1771  par  Couk,  au  sud-ouest  des  Nou- 
velles-Hébrides ,  elle  gîl  entre  19*  57'  et  2-2°  50'  de 


latitude  sud,  et  entre  161*  17'  et  163*  53'  de  longi- 
tude est;  de  la  pointe  nord-ouest  les  chaînes  de 
rochers  se  projettent  jusqu'à  -200  kil.  en  mer,  et  la 
côte  du  sud-ouest  est  encore  plus  dangereuse  et  plus 
inaccessible  que  celle  du  nord-est  longée  par  Cook. 
Celte  île  qui,  compris  les  récifs,  s'étend  du  nord- 
ouest  au  sud-est  l'espace  de  520  kil.  environ,  sur 
60  de  large,  n'oiïre  qu'un  seul  havre,  nommé  Port 
Balade,  sur  la  cèle  nord-est,  par  20°  16'  il"  de  lati- 
tude sud,  et  162"  5'  17"  de  longitude  est.  Le  pays  est 
frappé  d'une  stérilité  complète.  D'Entrecasteaux  en 
a  complété  !a  découvene  eu  relevant  toute  la  côte 
du  sud,  qui  offre  une  chaîne  effrayante  de  récifs.  Aux 
environs  sont  plusieurs  petites  îles  également  ceintes 
de  récifs  et  liées  entre  elles  par  des  bines.  Des  val- 
lées profondes  coupent  le  pays  trèsmont^igneux.  La 
plus  h:iuie  montagne  a  2400  mètres  de  haut  ;  beau- 
coup de  petits  ruisseaux  l'arrosent;  il  y  a  des  par- 
ties bien  boisées;  des  volailles  d'ime  grosse  espèce 
et  d'un  plumage  brillant  sont  les  seuU  animaux  do- 
mestiques. La  mer  abonde  en  coi|uillagesei  poisson. 
Les  insulaires,  grands,  bien  faits  et  actifs,  sont 
cruels  et  anthropophages;  ils  ont  le-;  lèvres  ép  lisses, 
le  nez  plat,  le<  traits  et  la  figure  de  nègres;  ils  vont 
presque  nus,  et  se  tatouent  le  corps  ;  la  lèpre  le«  at- 
taque souvent.  Leurs  pirogues  sont  moins  élégantes 
que  celles  des  autres  insulaires  du  sud.  —  Les  mis- 
sionnaires catholiques  n'ont  pu  jusqu'à  présent  prê- 
cher utilement  la  foi  à  ces  sauvages. 


o 


Octodurum,  ville  des  Alpes  Cottiennes  et  de  l'exar- 
chat des  Gaules,  était  épiscopiile  auvi»  siècle.  L'évè- 
chéfui  ensuite  transféré  à  Siou  (Seilumim),  probable- 
ment à  cause  des  troubles  et  des  guerres  qui  déso- 
laient le  loyaiime  de  Bourgogne;  car  Sedunum  était 
une  ville  très-forte,  tandis  qu'Uctodurum  manquait 
de  forlillcations.  11  re-io  de  celle  cité  romaine  Marli- 
gny-la-Ville  et  Mariigny-le-Bourg,  tous  deux  situés 
«ur  la  rive  droite  de  la  Dranse  qui  se  jetie  dans  le 
Rhône,  à  la  distance  de  quelques  minutes  de  la  ville. 
On  y  ri'iuarque  l'église  de  Sainte-Marie,  où  l'on 
trouve  beaucoup  d'inscriptions  romaines;  le  pres- 
bytère et  le  prieuré  de  Saint-Bernard,  qui  fotirnit 
liiiil  chanoines  à  l'hospice  du  Saint-Bernard  et  <leux 
autres  à  celui  du  Simplon.  La  grande  vallée  se  déve- 
loppe ici  dans  sa  plus  grande  largeur,  et  le  climat  y 
est  exlrémement  chaud.  Les  vignes  réussissent  supé- 
rieurement sur  les  coteaux  environnants,  où  crois- 
eent  les  vins  renommés  de  Coquinpin  ei  de  la  Mar- 
que ;  on  recueille  aussi,  dans  cette  contrée,  du  miel 
excellent,  qui  est  très-estiiné.  Au  château  de  Batia, 
situé  sur  un  rocher  vis-à-vis  la  ville,  on  découvre 
une  vue  ravissante.  Martigny  et  ses  environs  méri- 
dionaux ont  été  le  théâtre  d'une  catastrophe  épou- 
vantable, qui  a  eu  lieu  le  16  juin  1818.  La  Dranse, 
arrêtée  dans  son  cours  par  l'éboulement  d'ime  par- 
li>î  du  glacier  de  Chédroz,  forma  dans  la  vallée  de 
Kaghes  un  iac  d'un  quart  de  lieue  de  longueur  sur 


■400  pieds  de  largeur  et  200  de  profondeur  ;  tout  d'un 
coup  ce  lac  rompit  ses  digues,  et  les  eaux,  en  sortant 
avec  une  grande  impétuosité,  se  précipitcrent  en 
masse  vers  le  Rhône  et  inondèrent  la  grande  vaPée 
où  elles  causèrent  un  affreux  r.ivage.  Une  quarantaine 
de  persoimes  périrent  dans  les  flots,  qui  emportèrent, 
outre  une  multitude  de  besiiaux,  la  forêt  de  Livnu- 
naire ,  161  chalets,  près  de  100  grauiies,  ô.^  mai- 
sons, plusieurs  ponts  et  moulins,  ainsi  que  d'autres 
bâtiments.  Le  sol  qui  est  resté  couvert  de  limon,  de 
marne,  de  gravier,  etc.,  a  été  rendu  stérile,  et  dans 
certains  endroits  la  végétation  est  détruite  pour  tou- 
jours. 

Oppidum  Sancti  Carilesi,  Saint  Calais-sur-Anille, 
petiie  ville  du  diocèse  ou  Mans,  chef-lieu  de  sous- 
prélècture  du  département  de  la  Sarthe,  avec  une 
sous-préfecture,  un  tribunal  de  première  instance  et 
un  collège  communal,  à  52  kil.  de  Vendôme,  ii  est- 
sud-est  du  Mans  et  17y  snd-oiiesi  de  Paris.  Popula- 
tion 4200  habitants.  On  n'en  comptait  que  2300  en 
1771.  L'arrondissemeni  de  Sainl-Calais  r.'nferme  60 
communes  et  environ  70,000  habitants.  Il  est  divisé 
en  6  cantons  :  Bouloire,  La  Charire,  Chàleau-du 
Loir,  Saim-dalais,  Grand-Lucé  et  Yibraye. —  Saint- 
Calais  possède  des  faliriques  de  serge,  étamines, 
toiles,  lanneiies,  verreiies  et  papeteries.  —  Sou 
couimerce  consiste  en  blé,  graine  de  Irèllc,  vins, 
bois,   bestiaux,  volailles,  coton    et  cotonnades.— 


53-  GÉOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  558 

l.:t  Tiile  esi  «ittié*  près  de  la  roule  de  Paris  à  Nantes,      peuple,  bien  qu'on  nii  ensuite  lianspoilé  en  Egypte 
"dans    un  bassin  peu  rerliie,  entouré  de  landes  et  de      le  corps  du  saint  solitaire. 


f.irêls  sur  la  petite  rivière  de  rAiiille.  Oti  y  remarque 
deiiK  jolies  promenades,  dont  l'une,  en  furnie  de  quai, 
borde  un  ruisseau  qui   ressemble   en  cet  endroit  à 
une  petite  rivière,  au  moyen  des  écluses  de  moulins 
destinées  à  en  retenir  les  eaux.  Un  y  remarque  en- 
core une  grande  et  belle  place   neuve  et  l'église 
paroissiale,  qui  est  de  construciion  goibique.  Cette 
église  est  digne  de  l'attention  des  curieux,  par  les 
sculptures   de  son  poriail   et  l'architecture  de  son 
clocher    pyramidal,   en   pierres    de  taille,    comme 
ceux  que  les  Anglais  nous  ont  laissés  en  diverses 
part  es  de  la  France.  Sur  le  sommet  de  la  plus  pro- 
che des  collines  qui  dominent  Saint-Calais   est  une 
ruine  insignifiante  de   vieille  fortification.  —  Cette 
ville  a  vu  naître  le  bénédictin   Gerberon,  mort  en 
1711,   connu  par  différenls  ouvrages  de  théologie  et 
par  son  zè'e  pour  le  janséni5me.  —  Saini-Calais,  que 
quelques  auteurs  écrivent  Saint-Calès,  était  une  des 
baronnies  de   France,  dans  le  Maine,  au  diocèse  du 
Mans,  parlement    de  Paris,  iniendance  de  Tours, 
élection  de  Cliàteau-du-Loir,  siège  d'une  (hâtellenie 
royale    ressortissant   au   bai. liage   de    Vendôme,  et 
l'un  grenier   à  sel.  Ce  lieu  a  longtemps  été  nommé 
jiille  et  Anitolaa  cause  de  sa  situation  sur  l'Anille. 
i  son  origine,  ou  à  peu  prés,  il  a|>parienait  à  un  sei- 
gieur   païen   qui,    s'élanl  converti  au  chrislianiswe, 
diina  une  partie deses  biensàsaint  Tburibe,  évè  |ue 
diMans,  pour  y  bàiir  un  monastère.  SainiCarilel,  qui 
vivii   ,Tu  .  temps  de  Childeberi,  le  réialilit  vers  l'an 
5tE  et  lui  donna  son  nom,  que  le  peuple  a  corrompu 
en  tlui  de  Saini-Calais.  C'était  encore,  à  l'époque  de 
la  rvolution,  une  abbaye  considérable  de  l'ordre  de 
SaimBenoit  et  de  la  congrésaiion   de  S.iint-M;)iir, 
valan  10,000  liv.   à  son    abbé  et  9(l00  à  ses  reli- 
gieux,il  y  avait  aussi  un  monastère  de  Cénëdiclines 
et  un  luipitre  dédié  sous  le  tilro  de  Saint-Pierre  et 


Oratorium  Alethi,  Aleih,  ancienne  forteresse  et  ville 
romaine  en  Bretagne  à  qn.nlre  kil.de  Sainl-Malo.  Elle 
commença  vers  le  milieu  du  xii=  siècle  à  se  dépeu- 
pler, quand  l'évèqne  d'Alelh,  Jean  de  Ciiàlillun,  lixa 
sa  résidence  à  Saiut-Malo.  Il  n'en  resie  plus  aujour- 
d'hui que  des  ru. nés.  L'évécbé  datait  du  v"  siècle, 
sous  la  métropole  de  Tours.  La  légende  porte  que 
sai^t  Malo  y  vivait  dans  la  retraite  et  la  prière, 
avant  d'avoir  été  appelé  à  Tépiseopai. 

Oratorium  Chronœ,  Crosne,  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Paris,  acinellement  de  celui  de  Versail- 
les, canton  de  Boissy-Saint-Léger,  arrond.  de  Cor- 
beil,  Seine-el-Oise,  à  5  kil.  de  Boissy-Saini-Léger, 
au  sud-ouest,  et  18  de  Paris  au  sud-esl.  Les  eiymo- 
logisies  prétendent  que  son  nom  latin  Chrona  et 
Crosna  provient  du  vieux  mot  français  gionna,  qui 
veut  dire  un  marais,  sur  ce  que  la  rivière,  qui  ali- 
mente aujourd'hui  des  prairies  dans  tetle  commune, 
pouvait  bien  autrefois  y  former  des  marécages.  Ce 
lieu  apparlenail  primitivement  à  la  paroisse  de  Vil- 
nenve-Saini-Georges,  qui  n'en  est  éloignée  que  d'une 
demi-lieue.  Il  en  fut  détaché  au  xiii"  siècle  et  érigé 
en  paroisse  particulière.  Une  chapelle  existait  alors 
à  Crosne,  ei  elle  était  dans  la  dépendance  de  l'ab- 
baye Saint-Germain.  Cette  chapelle  fut  probablement 
remplacée  au  xiii«  siècle  par  l'église  actuelle  qui  est 
déïliée  à  Notre-Dame.  En  entrant  dans  ceiie  église, 
on  voit  à  droite,  sur  un  pilier,  celte  inscription  ni 
lettre  gothiques  : 

Bonnes  gens  plaise  vous  sçavoir  que  l'église  Pioire- 
Dame  de  Crosne  (ut  dédiée  te  premier  dimanche  de 
juillet  mil  v.  c.  et  ix.  par  révérend  père  en  Dieu  frère 
Jehan  ^'irvet,  tvesque  de  tiagarence,  prieur  de 
Sain(e-Calherine-du-Vau-des-Ecoliers. 
Ensuite  mention  d'indulgences  accordées.  Cette  in- 
scription est  suivie  de  l'épitaplie  de   Mathurin  Cha- 


Saint-Piil  ,  consistant  en   six    chanoines  à  la  colla-      renton,  prêtre  natif  de  Bossay,  au  diocèse   de  Tours, 

qui  (ut  vicaire  céans  xix  ans,  et  trépa>:sa  le  7  janvier 
1512.  Les  habitants  de  ce  lieu,  à  l'exemple  de  plu- 
sieurs autres  paroisses  où  la  sainte  Vierge  est  pa- 
tronne, ont  choisi  un  second  patron,  qui  est  saint 
Euirope,  évèqiie  de  Saintes  et  martyr,  en  grande  ré- 


tion  derévéque  du  Mans,  et  en  i|u:ure  chapelains. 
Plusieur  historiens  piéienJeul  (|ue  c'est  cette  collé- 
giale qu  a  été  fondée  par  saint  Thurib',  second 
èvèque  d  Mans,  et  non  l'abbaye  du  même  nom.  Les 
seigneursle  ce  lieu  pot  talent  aussi  le  nom  <le  Saint- 


Calais.  Ddîelie  famille  était  Hugues  de  Saint-Calais,  puiation  pour  la  guérison  des  maux  de  tète  et  sur- 
tout des  estropiés.  —En  U28,  Thomas  de  Maulénn, 
abbé  de  Saiut-Germain-des-Prés,  à  Paris,  exempta 
les  habitants  de  Crosne,  de  Villeneuve  et  de  V.>len- 
lon,  des  droits  de  taille  et  de  (or  mariage,  m  yen- 
nant  une  somme  d'argent  une  fois  payée.  Ce  for 
mariage  consistait  à  empêcher  les  mariages  d'un  lia- 
liUant  de  la  seigneurie  avec  un  sujet  de  la  seigneurie 
voisine.  En  158.5,  Philippe  de  Savoisy,  chambellan 
du  rii  Charles  V,  dit  le  Sage,  ht  l'acquisition  de  la 
terre  de  Crosne.  Ce  monarque,  voulant  récompen- 
ser son  chambellan  de  ses  longs  et  loyaux  services, 
loi  (il  don  d'une  somme  de  31)00  liv.  et  lui  abandonna 
le  droit  de  haute  justice  dans  sa  nouvelle  seigneurie. 
Cette  terre  fut  ensuite  successivement  possédée  par 


37"=  évêiie  du  Mans;  elle  s'éteignit  .à  l;i  fin  du  xi« 
siècle.  En  789,  cette  baronnie  était  réunie  au  duché 
le  Vendôie.  Sa  juridiction  s'étendait  sur  13  pa- 
roi-.ses. 

Op}iium  ancti  Hitarionis,  chàleau  de  Sainl-Hila- 
rion  dans';iije  Chypre.  On  l'appelle  aussi  cliàieau 
du  dieu  d'A»|ir.  ||  est  situé  au  nord  de  Nicosie  ;  il 
fut  enveloppé  mk  la  destruction  générale  de  tous  les 
cliàteanx  de  Te  jqr  les  Vénitiens.  H  servit  de  re- 
iralc  à  saint  Hirioi,  qui  y  mourut  en  571,  à  l'âge 
de  80  ans;  de  là  ent  t^'il  eu  porte  le  nom.  La  pre- 
mière sépulture  dgainv  fui  un  jardin  ;  on  y  a  depuis 
élevé  une  église  ^  j)  se  fait  uo  grand  concours  de 


53« 


DICTIONNAIRE  DR  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


le  fameux  OlivU  r  le  Daim,  ou  le  Diable,  valei  de 
cliamlire  de  Louis  XI,  par  plusieurs  membres  de  la 
famille  Brûlait  de  Coulis,  le  maréchal  d'Karcourl,  le 
duc  de  l!raiicas,eir.  LoiiisXllIviiità Crosne  en  1610, 
cl  y  liigea  clnz  Drùlarl,  qui  y  possédait  un  cliàieau 
(orl  CDUsidérable,  puisqu'un  roi  de  France  daignait  y 
descendre.  Ce  cbàieau  fui  détruit  lors  de  la  révolu- 
lion.  Les  jardins,  qui  présentaient  la  plus  grande 
vif  été  de  fliurs  qu'on  pût  voir,  furent  aussitôt  mis 
en  valeur.  M.  Delurl,  dans  son  Vuyaye  nux  environs 
(le  Paris,  r.icoute  (|ue  le  cbàleau  de  Crosne  avait 
été  diiuné,  quelques  années  av.ml  sa  déniolilion, 
comme  récompense  iiaiionale,  au  député  Sieyès  ; 
mais  M.  Crosne,  lieutenant  de  police,  qui  en  était 
alors  propriétaire,  prouva  que  ce  n'éi;iit  point  une 
prcqiriélé  n.itionale,  rentra  dans  ce  domaine,  et  la 
ménagerie  de  Versailles  fut  dosnée  à  Sieyès.  Le  vil- 
lage de  Crosne  est  célèlire  dans  l'iiistoire  liiiéraire 
pour  avoir  d"nné  la  naiss.ince  au  légi^l.iteur  du  Par- 
nasse français,  le  poêle  Boileau  Despréaiix.  Il  y  na- 
quit le  l^r  novembre  165  ,  d.uis  la  maison  de  cam- 
pagne que  sou  père  y  possédait.  —  Crnsne,  dont  la 
potiulaiion  est  de  l  à  ^lOO  liab.,  est  situé  dans  un  petit 
vallon,  au  bas  d'une  côie  plantée  en  vignes,  sur  la 
rive  droite  de  la  petite  rivière  d'IIières  et  à  une  fai- 
ble distance  de  la  Seine.  Son  terroir  est  en  terres 
labourables  et  en  prairies  abondantes.  On  y  remar- 
que beaucoup  de  maisons  de  campagne. 

Oraiorium  Coiidiciaci ,  Coucy-leCbàieau,  petito 
ville  de  l'ancien  diocèse  de  Laon,  maintenant  de 
celui  de  Soissous,  cbef-lieu  de  canion  de  l'arrond. 
de  Laon,  Aisne.  Celle  viile,  située  au  pied  et  sur 
le  pencbani  d'une  colline,  près  d'une  belle  forêt  du 
même  nom,  est  à  l"2kil.  nnrd-ouesl  de  Soissons,  el 
21  ouesi-sud-ouestde  Laon.  Long.  20°  58",  lit.  i9°  50'. 
Il  y  a  un  bureau  de  poste.  Coucy,  en  latin  Condicia- 
cum,  Conciacuni,  Castrum,  est  une  vil!e  fort  ancien- 
ne :  elle  esi  divisée  eu  deux  parties  qui  ne  se  lou- 
clieni  point,  qui  sont  même  à  quelque  dist.ince  l'une 
de  l'autre  et  qui  ne  f.nt  cepeiidan:  qu'un  même 
corps  de  ville.  La  partie  la  plus  considérable,  qu'on 
appelle  Coiicy-le-Chàiel,  ou  ta  Ville  Haute,  est  située 
sur  II  partie  élevée  d'une  colline,  au  p  ed  de  laquelle 
on  voit  la  ville  bisse,  nonimée  Coucy-la-Yil!e.  La 
ville  haute,  ou  Cuuctj-!e-Cliàieau,  située  au  midi  de 
la  ville  basse,  qui  o'esi  guère  qu'un  village,  est  en- 
tourée de  hautes  murailles,  llanquées  d'une  grande 
quantité  de  tours.  De  celle  espèce  de  forteresse  éle- 
vée, la  vue  [liane  sur  une  riclie  v.iUée,  ir.iversée  par 
la  petite  rivière  appilée  Ailetie,  qui  va  se  perdre 
dans  l'Oise  à  1-2  kil.  de  là,  au-dessou-  de  Cbaiiny. 
La  ville  est  percée  de  trois  p  irt.'S:  la  iremiére  appe- 
lée la  Porte  de  Laon  ;  la  seconde  au  sud  nommée 
Porte  d'Eirelles,  et  anciennement  Forte  Soisnonne , 
et  l.i  troisième  à  l'ouest,  aiipelée  Porte  de  Guime- 
rou.  Ces  portes  sont  défendues  par  des  tours  ,  ei  la 
dernière,  qui  est  commandée  par  la  montagne,  en  a 
doux  très-fories;  elle  est  en  outre  garantie  par  un 
lossé  très  profond  que  l'on  traverse  sur  un  ponl  de     niorl  d'Ad'.-,  Enguirraud  épuusa  i^'^^^i  cviBie»ged« 


SiO 

pierre.  Celte  ville  a  deux  places  ;  sur  l'une,  dite 
Place  Haute,  est  l'hôtel  de  ville  ;  sur  la  place  basse 
se  tient  le  marché.  —  L'église  de  Coucy,  dédiée 
sous  le  litre  de  saint  Janvier,  n'était  qu'une  annexe 
de  la  paroisse  de  Nogent-soiis-Coury  ;  ily  a  un  Hôtel- 
Dieu  considérable  fondé  p:ir  le  duc  d'Orléans,  frère 
de  Louis  XIY.  (^eiie  niiiison  était  desservie  par  les 
soeurs  dévoies.  —  Le  château  est  bàii  a  l'exirémiié 
occidentale  de  la  ville.  L'ensemble  de  cet  édince 
féodal  foruiait  un  carré  irrégulier  dont  chaque  angle 
présentait  une  tour.  L'entrée,  en  ruines  dès  le  com- 
mencement du  siècle  deriiii  r,  était  protégée  par  deux 
tours.  On  voit  encore  les  nsles  de  cet  ancien  château, 
ei.au  milieu  de  c  es  ruines  se  lient  encore  debout  une 
grosse  et  volumineuse  luur,  qui  offre  un  des  plus 
solides  et  des  plus  é  onuan's  monuments  de  la  féoda- 
lité. Elle  a  260  pieds  de  hauteur  et  500  de  circonfé- 
rence. Ses  murs,  île  10  mètres  {  52  pieds  env.)  d'é- 
paisseur, ont  résisté  à  la  puissante  secousse  d'un 
tremblement  de  t 'rre  qui,  en  1092,  fendit  la  tour 
du  haut  eu  bas.  On  voit  aussi  les  veslige^  de  l'en- 
ceinte (ju'ou  nommait  la  chemise  de  la  Tour,  et  dont 
les  murs  avaienl  !8  p;cd>  d'épaisseur.  Elle  iiil  dé- 
Iruili'  par  la  mine  l'ii  :(>32.  Le  duc  d'Orléans,  depuis 
le  roi  Louis-Philippe,  possesseur  de  ce«  ruines, 
ainsi  que  du  sol  du  château  et  de  ses  nombreuses 
fortifications,  a  fait  déblayer  les  abords  de  la  grosse 
tour,  ce  qui  en  fac  liie  la  visite  aux  curieux.  Oi 
peut  lire  une  plus  longue  description  du  château  ib 
Coucy  tel  (;ii'd  ex  siait  au  x\«  siècle ,  dans  la  rel- 
tion  quenousa  laissée  de  son  voyage  dans  ces  lies, 
à  cette  ép  que  ,  un  littéiateur  piémontais  noiriié 
Astezan.  —  Concy-le-Cliàieau  appartenait  à  l'arne- 
vêque  de  Reims  du  temps  des  Cailovingieus;  lais 
sur  la  fin  du  x»  siè^  le,  l.s  arclievéi|ULS  la  laissfeni 
aux  moines  de  Saini-Uenii,  qui  la  donnèrent  e  fiel 
h  plusieurs  chevaliers.  Cette  ville  commence  .'figu- 
rer dans  l'histoire  dès  le  commeneeraent  de  )  troi- 
sième race.  Elle  fut  du  nombre  de  celles  ont  U 
rei'ie  Con-lance,  veuve  de  Robert,  voulut  n  vain 
conserver  la  possession  en  1051.  Parmi  le  divers 
possesseurs  du  châieiu  de  Coucy,  on  disiinue  Thi- 
baut, comte  de  Blois,  surnommé  le  Trichei'  :  il  eut 
longtemps  celle  seigneurie  que  sa  postérii  ne  con- 
serva pas  longtemps.  Vers  le  milieu  diia<  siècle 
celte  lerre  pjssa  aux  mains  des  sires  de  ioucy  ,  et 
resta  dans  la  famille,  connue  sous  ce  tii;  pendant 
plus  de  deux  siècles,  c'est-à-dire  depuis  i  régne  de 
llenii  I'"''  jns.iu'à  celui  de  Philippe  le  Bi.  Ces  sit<!S 
de  Coucy  se  soni  illustrés  dans  nos  ann.es  par  l;urs 
r.ipines,  leurs  violences  et  des  crimes  e  .'p-ile  es- 
pèce. Le  premier  de  ces  seigneurs  doi  *"  ail  con- 
naissance est  Dreux  de  Coucy,  seign^'  de  Boves, 
vivant  en  lOôo.  Son  fils,  Enguerraid",  surnommé 
de  la  Fère,  eut  de  sa  première  feiimi  Ade  de  Roucy, 
un  fils  nommé  Thomas,  dont  lacoiuile  licencieuse 
de  la  mère  lui  fit  suspecter  Ij  léfimité,  ce  qui  fit 
n;iîlre  entre  eux  une  Inine  ir-écofdiable.  Après  la 


841 


GEUGRAMllE  DES  LEGENDES  AU  MUYEN  AGE. 


Ui 


N'imur,  dont  le  mari  exislaa  encore,  niuis  r^isaii  lu 
t'ierre  fl.ins  la  lèvre  saiiilc.  Sa  Idngiie  :ilt»ence  dé- 
teiiiiina  S)  bille  à  |iasser  saii^  scrupule  dans  lis  liras 
ii'un  nouvel  épuiix  qui,  iie  se  conlenlatit  pas  de  ra- 
vir  la  feinnie  du  (oniie,  s'empara  aussi  du  cliàieau 
•le  Tour-L'ii-Porcieii  qu'elle  avait  apporté  eu  dot.  Le 
comte  élant  enfin  de  reiour,  il  s'ensuivit  une  guerre, 
dans  laquelle  les  deux  ennemis  déployèrent  une 
airocité  sans  exejiiple,  jiis(|u'à  mutiler  ci  m:>ssacrer 
les  prisonniers.  —  llioinas,  snrnoinnié  de  Marne  ou 
de  Marie,  fui  un  des  plus  lianlis  et  des  plus  ^aida- 
cieux  Seigneurs  de  Concy  ;  mais  avant  que  la  mort 
d'Enguerriind  lui  eût  ac(|nis  ce  liire,  les  excès  de 
Tliomas  avaient  éié  pimssés  si  loin  que  m:ilgré  la 
cuulume  ,  pour  ainsi  dire,  établie  alors  parmi  les 
Seigneurs  de  soutenir  par  le  crime  les  plus  injusies 
prétentions,  les  clievalicrs  du  pays  se  liguèrent  plu- 
sieurs fois  r.ouiro  lui.  Le  roi  Louis  e  Gros  se  vil 
forcé  de  lui  f.iire  la  gueiie,  liien  qu'ils  eussen  porté 
les  armes  ensemble  conire  L^guerrand  ;  mais  Louis 
ne  pouvait  refuser  de  sanctionner  par  la  force  des 
décrets  d'un  concile  tenu  à  Beauvais,  qui  déclaraient 
Tbonias  scélérat,  infâme,  ennemi  de  la  fi  i  ti  dégradé 
de  l'oidre  de  clievaliMie.  Apiès  la  mort  de  si  n  père, 
Tl:i)Hia<,  devenu  siie  de  Coucy  et  d'.\ miens,  essay.i 
de  résisle  ■  au  roi  de  France.  L  ails ,  dont  les  tr^  upes 
bloqiiau'nl  d(  puis  deux  ans  !a  ciliidell  :  d'Aniii'ns, 
l'emporta  enfin  d'assaut,  la  (il  dém  >lir  et  re^tiiua  le 
comté  d'Amiens  à  la  maison  do  Vermandois.  Le  sire 
lie  Coucy  n'épargna  en  celte  occasion  aucune  dénion  •- 
traiion  de  soumission  et  de  reprutir;  mais  dès  qu'il 
fut  délivvé,  il  reprii  lu  cours  de  ses  habitudes  ei  vou- 
lut ressaisir  lecomlé  d'Amiens  par  la  voie  des  ar- 
mes. En  I  l'2.S,  le  roi  de  France  inarclia  de  nouveau 
contre  lui  pour  venger  le  meurtre  de  Hi-nri,  comte 
d  •  Cbaumunl  en  Vexiii,  et  frère  do  Raaul  le  Vaillaui, 
comte  de  Vermaudois  ;  enlin  un  dernier  forfait  du 
s.redef^oucy  amena  une  dernière  '.engeance,  ou 
peut-ê  re  servit  de  prétexte  à  une  expédiiion  que 
d'anciens  resseniiniL'jits  faisaient  désirci- à  Louis  le 
Gros  d'enireiu  endre  pour  mettre  fin  à  tons  ses  dé  i  ê- 
lés  avec  Thomas.  Le  roi  s'y  prépara  couime  s'd  se 
liit  agi  des  iuléreis  liu  royaume,  et  voici  quel  éiaii 
le  sujet  de  celle  guerre.  De^  marcliands,  en  !lûO,  si; 
rendant  à  différentes  foires,  avaient  élé  obligés,  sui- 
vant l'usage,  d'acheter  le  droit  de  passer  sur  les  ter- 
res de  Coucy  :  le  sire,  après  leur  avoir  accordé  un 
sauf-conduit,  les  fit  arréier,  dépouiller  et  jeier  dans 
un  cachot;  en  outre,  il  exigeait  sur  le  chemiu  royal 
{conductus  rey's)  des  péages  déjà  perçus  par  le  roi. 
Thomas,  assiégé  dans  son  château  de  Cou<y,  se  vit 
environné  des  troupes  royalrg  ;  un  souierrain  qui 
comniuniquiii  de  r  niérieur  de  la  forteresse  dans  la 
campagne  lui  ofTrit  le  moyen  d'opérer  une  sortie,  et 
de  venir  foi.dre  avec  ses  chevaliers  sur  les  derrières 
des  asségeaiit- ;  mais  daiis  celte  aiu-Kpie  Ihonias, 
noversédesoncbevùl  parle  même  Raoul,  comte  de 
Vennandois,  dont  il  »vaii  tué  le  frère,  fui  assailli  de 
coups  l'épée  et  cnuduil  iresque  ni  iirani   i;evaiit  le 


roi,  qui  l'  fit  transportera  Laon.  Il  y  mourut  sans 
recevoir  les  sacrements  de  l'Eglise  et  sans  jamais 
vouloir  donner  l'ordre  de  f.dre  sortir  de  prison  les 
marchands  qu'd  avait  pillés.  —  Le  roi  ne  retint  point 
le  château  de  Coucy,  (|ui  passa  à  Eugiierrand  II,  fils 
de  Thomas.  Ce  seigneur  répara,  autant  qu'il  le  put, 
les  méfaits  d;;  sou  pèie  et  accompagna  Lonisie  Jeune 
à  la  terre  sainte.  —  Raoul  1",  dit  de  Marie,  (ils  aine 
du  précédent,  devint  sire  de  Coucy  en  1148  et  se 
croisa  avec  Pliilippe-Auguste.  —  Le  fameux  châte- 
lain de  Coucy,  si  connu  par  la  légende  de  Gai)rielle 
de  Ver.L'y,  dame  de  Fayel,  était  neveu  de  Raoul  l", 
dont  il  vient  d'être  parlé.  Son  oncle  le  design:^  ainsi 
dans  lin  acte  de  11.^7:  Radulphui  clericus  nepos 
meus  :  il  avait  en  elTel  étudié  pour  devenir  prêtre  ;  il 
qu  tta  depuis  l'état  ecclésia$tl|ue  et  fut  nommé  châ- 
telain de  Coucy.  Un  sait  que  ce  châtelain,  blessé 
mortellement  au  siège  d'Acre  en  ll'JI,  chargea  son 
écuyer  d'extraire  son  cœur,  de  le  saler  et  de  le  por- 
ter dans  un  petit  colfre,  avec  une  lettre  à  Gabrielle. 
Le  seigneur  de  Fayel,  déjà  prévenu  swis  doute,  sa 
trouva  sur  le  passage  de  l'écuyer  près  d'entrer  au 
c'iàlean,  lui  enleva  la  leltre  et  le  cITre,  et  ordonna 
à  sou  cui?inier  d'apprèler  ce  cœur,  qu'il  offrit  ensuite 
à  mangera  Gabrielle.  Celle  viande  est-eild  bonne?  lui 
dil-il;  (/«Vicieuse,  répondit  l'infortunée.  Je  te  crois  bien, 
.'ijoiiia  Fayel  en  lui  remettant  la  lettre,  c'est  le  cœui 
du  chàieluin  de  Coucy.  Gabrieile,  après  cet  affreux 
repas,  déclara  qu'elle  n'en  ferait  pas  d'autre  et  se 
laissa  inouiir  île  faim. —  Enguerrand  III  s'occupa 
beaiicinip  de  l'embellissMiient  de  ces  domaines;  il 
agrandit  la  ville,  la  fortifia  et  y  fonda  d'utiles  éta- 
blisseiiienls.  C'est  lui  (gui  ht  construire  cette  tour  si 
remarquable  dont  il  a  été  parlé;  il  fut  l'auteur  de  la 
réforme  de  la  coutume  du  comté  de  Vermandois,  ré- 
forme à  laque!  e  on  donna  le  litre  de  Couiume  de 
Coucy.  En  1'2û0,  Louis  IX,  tenant  sa  cour  à  Meaux  , 
fit  un  réglemeni  pour  les  juifs  ;  Fnguerrand  le  ratifia, 
ainsi  (jue  les  autres  pairs,  dans  la  forme  alors  en 
usage  ;  Ego  Engeriin  de  Cociuco  eadeni  votui,  consulm 
eijuiaii.  Voici  sa  devise  telle  que  plusieurs  monu- 
ments l'ont  cinservée;  elle  est  curieuse  : 

Je  ne  suis  roi ,  ne  prince,  ne  duc,  ne  comte  ausii  : 
Jo  suis  te  sire  de  Coucy. 
La  cour  de  ces  sires,  ainsi  que  celles  de  tous  les 
hauts  barons,  était  composée  à  l'instar  de  la  cour  du 
rui.  Ils  avaient,  dit  Duchesne  dans  son  Iliiloire  de  la 
maison  de  Coucij,  un  sénéchal,  un  chambellan  et  un 
houteiller.  Ce  sire  s'arma  laiilôt  contre  l'Eglise  qui 
l'excommunia,  tantôt  contre  les  AI  igeois  auxq  els 
il  lit,  pour  la  seconde  fois,  la  guerre  avec  Louis  VIII 
en  i'îiS.  Apiès  la  mort  dece  roi,  il  offrit  son  secours 
à  la  reine  Blanche,  se  ligua  depuis  contre  elle,  et 
enfin  fit  sa  soumissiun  à  Louis  IX,  auquel  il  resta  fi- 
dèle. Quebiues  ant>urs,  et  Mézeray  après  eux,  ont 
prétendu  ')ue  les  lignés  avaient  élu  roi  le  sire  de 
(  oiicy.  Celle  «ipiniou  pai-aîi  peu  fondée.  Un  accident 
inallieureuK  mit  fin  à  ses  jours  en  1243.  Passant  à 
"ué  une  j  et  te  rivière  qui  traversait  Ses  terres,  il  fut 


S43 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


SU 


renversé  de  son  cheval,  el  sonépée,  sortie  du  four- 
reau par  celte  cliutc,  s'enfonça  dans  sa  poitrine. — 
Raoul  II,  son  fils,  mourut  en  1250,  et  à   ce  dernier 
succéda  Enguerrand  IV,  autre  (ils  d'Enguerrand  111. 
lin  irait  de  la  vie  de  ce  nouveau  sire   de  Couey  le 
uioiilre  bien  dign«  de  ses  ancêtres  el  fail  ressortir  la 
confusion  des  pouvoirs,  les  abus  el  les  désordres  qui 
régn. lient  au  Xlll«  siècle.  Kn  1256,  trois  jeunes  Fia- 
nt inils  de  familles  nobles,  élevés  à  riibb:iye  de  Saint- 
Nicolas-aux-Hcis  (1),  ayant  poursuivi  des  lapins  qu'ils 
chassaient  jusque  dans  les  bois  d'Enguerrand,    cet 
homme  cruel  les  fit   arrétiT  et  pendie  sur-le-cliarnp. 
Le  roi,  informé  de  celle  exécution,  fil  anéier  el  em- 
prisonner le  s  re  dans  ta  lour  du  Louvre,  malgré  ses 
réclamatiotis  pour  être  jugé  par  les  p.nirs  de   Fiance 
en  sa  qualilé  de  baron.  Il  fut  promé,  par  le  registre 
delacourduroi.quelaterredeCou'  yn'étjitpoiiuii'tiue 
àcelitre.Cependaiitanjourfixépiiiiilejugemciii,  En- 
guerrand .tyanl  appelé  auprès  de  lui  tons  les  barons 
qui  composaient  si  famille,  le   plus  grand  non.bre 
de  ceux  qui  forniaienl  l'assemblée  se  rangea  de  son 
côié;  signe  lé  ruy  demoura  aussi  comme  tout  teiis, 
fors  que  un  poi  de  preudommes  qui  estaient  de  son 
conseil.  Le  roi,  irrité,  voulait  que  la  peine  du  talion 
fût  infligée  au  sire  de  Coucy,  el  déclara  aux  barons 
(]iie  si  Dieu  lui   savait   autant  de  gré  de  le  condam- 
ner à  ce  supplice  que  de  l'absoudre,  il  serait  pemlu  ; 
il  menaça  même  les  barons  de  son  parti  ;  mais  enfin, 
pressé  par  les  instances  unanimes  de  tous  ces  grands 
qui  avaient  de  pareils  crimes  à  se  reprocher,  il  fut 
forcé  de  paraître  céder  à  la  pitié,  et  Enguerrand  fut 
condamné  à  une  amende  de  dix  niiile  livres  de  de- 
mers  ou  12,000  livres  parisis  (  jI  0,000  ),   el  celle 
'  soniuie  fut  employée  à  enrichir  des  églises  el  des 
mnnasiéres.  Celte  punition  n'empêcha  pas  !e  sire  de 
Coucy  de  faire  assassiner  deux   individus  apparte- 
itatil  au  monastère  de  Saint-Nicolas-des-Bois,  et  qui 
avaient  témoigné  contre  lui  dans  la  précédente  af- 
faire. Craignant  cependant  que  celle-ci  ne  devînt  fâ- 
cheuse pour  lui,  il  l'assoupit   en   cédant  à  l'abbaye, 
en  1261,  une  portion  de  buis  aliénant  aux  terres  des 
religieux.  A  ce  baron   de  Coucy  succéda,  en  1511, 
Enguerrand  V,  son  neveu,  qu'on   appela  chef  de  la 
seconde  branche  des  sires  de  Coucy.  Celui-ci  mou- 
rut en  1321.  Guillaume,  son  lils   aîné,  muurul  vers 
155.5,  el  Lnguerrand  VI,  qui  lui  succéda,  en  1347. 
Enguerrand  Vil,  fils  imique  de  ce  deruier,  fol  le  der- 
nier des  sires  de  Coucy;  il  épousa  la  fille  du  roi 
d'Angleterre  Edouard  III,  el  reçut  de  Charles  V  le 
bâton  de  maréchal  de  France.  Après  avoir  fait  la 
gnerie  dans  presque  toutes  les  contrées  de  l'Kurope, 
il  mourut  à  Barse  en  Biihynie,  où  il  avait  été  conduit 
pri.vonnier  par  les  Turcs  après  la  fameus  •   bataille 
de  Nieopolis.  Il  laissa  deux  filles,  Isabelle  et  Marie. 
Celte  dernière  prit  possession  de  la  liche  baronnie 


de  Coucy,  dont  Isabelle  réclama  en  vain  le  panade, 
et  en  1400,  contrainte  par  les  menaces  qui  lui  élaienl 
faites,  elle  vendit  à  Louis  l""',duc  d'Orléans,  pour  la 
somme  de  400,000  livres  tnuies  les  terres  de  la  si- 
rerie  de  Coucy,  c'est-à-dire  11  seigneuries  principa- 
les et  plus  de  150  bourgs  ou  villages  qui  en  dépen- 
daient. Marie   ne  toucha   qu'une  partie  du  piix  de 
cette  vente  et  mourut  bientôt  après  d'une  mon  qui 
ne  parut  pas  naturelle.  Son  fils  Robert,  ([u'elle  avait 
eu  de  Henri  de  Bar,  voulant  se  mettre  en  possession 
de  la  succession  de  son  aïeul,  fut  traversé  par  Isa- 
belle, sa  tante,  qui  renouvela  le  procès  qu'elle  avait 
intenté  à  sa  sœur  et  au  duc  d'Orléans;  enfin  un  ar- 
rêt du  11  août  1408  adjugea  à  Isabelle  une  pan  dans 
ces  biens;  mais  celle  dame  étant  mnrle  en  14H,  el 
Marguerite,  sa  fille  unique,  six  mois  après  elle,  la 
porlion  de  la  succession  d'Enguerrand  Vil,  que  le 
duc  d'Orléans  n'avait  point  achetée,  revint  tout  en- 
tière à  Robert  de  Bar  ;  elle  passa  ensuite  dans  la  mai- 
sou  de  Luxembourg,  puis  dans  celle  de  Bonrho!),  et 
fut  réunie  au  domaine  de  la  couronne  par  Henri  IV. 
L'autre  partie,  celle  que  Marie  de  Coucy  avait  ven- 
due au  duc  d'Orléans,  faisait  dès  lors  partie  du  do- 
maine depuis  que  Louis  II,  duc  d'Orléans,  avait  suc- 
cédé, sous  le  nom  de  Louis  XII,  au  roi  Charles  VIII. 
Ainsi  toutes  les  terres  de  la  pairie  de  Coucy  revinrent 
à  la  couronne  et  n'eu  furent  plus  démembrées.  Celle 
pairie  a  seulement  fait  partie  quelquefois  des  apanages 
des  princes.  C'est  sous  ce  titre  (|u'cllea  autrefois  appar- 
tenu à  Claude  de  France,  fille  de  Louis  XH,  ensuite  à 
François  de  Valois,  lils  de  Charles,  bâtard  de  Char- 
les IX;  enfin,  à  Philippe  de  France,  duc  d'Orléans, 
frère  du  roi  Louis  XIV,  dont  les  descendants  en  sont 
demeurés  possesseurs  jusqu'à  la  révolution. — Coucy 
fut  assiégé  et  piis  en  M  H  par  le  duc  de  Bourgogne 
et  rendu  deux  ans  après  au  duc  d'Orléans;  mais  en 
1419,  la  forteresse  avant  été  livrée  aux  Bourguignons 
par  la  trahison  de  deux  valels  qui  assassii.èrent  le 
gouverneur,  Pierre  Xainirailles,  Lahire  ne  put  tenir 
dans  la  ville  el  lut  forcé  de  l'évacuer,  ce  qu'il  fit 
après  avoir  passé  au  fil  de  l'épée  60  prisonniers. 
L'année  suivante,  le  duc  de  Bourgogne  ayant  été  lui- 
même  assassiné,  Coucy  lut  enlevée  à  cette  domina- 
lion,  sous  laquelle  elle  retomba  en  1423.  Charles  Vil 
et  Charles  Y. Il  la  possédèrent  et  la  pci dirent  plu- 
sieurs fois,  el  enfin  la  firent  renirer  en  leur  pouvoir. 
—  \  l'époque  de  la  Fronde,  Coucy  fut  assiégée  par  leî 
troupes  royales,  à  cause   du  lefus  du  Ciunmand.int 
Hébert  de  reineilre  le  château  el  la  ville  au  maré- 
chal d'Eslrées,  d'après  les  ordres  du  cardinal  Maza- 
rin,  à  qui  ce  conimandanl  était  devenu  suspect.  Les 
assiégeants,  malgré  la  brèche  que  leurs  canons  avaient 
faite  aux  murailles  de  la  ville,  furent  arrêtés  pendant 
cinq  J  urs  sans  y  pouvoir  pénétrer,  et  le  château  fui 
délivré  par  un  corps  de  troupes  lorraines  qui   força 


.(1)  Il  ne  reste  plus  que  des  ruines  de  cette  abbaye,  école  et  ses  études.  Elle  a  donné  lieu  au  village  de 

Fondée  au  milieu  des   liois  épais  qui  envinmnaient  Saini-Nicolas-aux-B>is,  qui  esta  6  kil.  de  Mmiicor- 

âlors  Montcornei  dans  un  rayon  de  10 à  1.5  kil.,  cette  nei-sur-Serre,  ancien  diocèse  de  Laun,  acluellemeut 

maison  élait  célèbre  aux  xiii»  ei  xiv^  siècles  par  son  celui  de  Soissons,  [Note  de  routeur.) 


S45 


GKOGKAI'IIIE  DES  LliGENDKS  AU  MOYEN  AGE. 


546 


les  Iroupe  royales  à  lever  le  sicge.  Cependant  le 
cliâteaii  (le  Goucy  fut  remis  au  roi  sur  la  lin  de  cette 
même  année  iC>bi.  Mazarin  y  envoya  aiissiiôt  nn  in- 
génienr  pour  fajre  sauter  ce  boulevard  trop  redouta- 
ble pour  !a  puissance  royale.  Ce  que  la  ininu  épargna 
ne  résista  poini  au  tremblement  de  terre  qui  eut  lieu 
en  169-2  comme  pour  lavoriser  les  de-seins  du  minis- 
tre. Le  manoir  des  sires  de  Coucy  ne  fut  plus  qu'un 
monceau  de  ruines,  et  la  grosse  tour,  qui  resta  seule 
debout,  fut  fendue  du  Ijaiit  en  bas,  comme  on  l'a  dit 
plus  liaut.  —  Les  habitants  de  Coucy  jou  ssaient  de 
quel(|ues  privilèges  qui  leur  avaient  été  concédés 
par  les  rois.  Ils  étaient  exemptés  du  droit  de  gros 
pour  le  vin  qu'ils  vendaient  cliaque  semaine  d:ins 
1  iiitervallfi  de  la  douzième  heure  du  jeudi  jusqu'à  la 
même  heure  du  samedi  suivant.  Ils  préseut lient  au 
choix  du  duc  d'Orléans  les  candidats  à  la  charge  d'é- 
cheviiis,  el  s'assemblaient  pour  cela  cli<iqiie  année  à 
l'Iiôlel-de-ville  le  lendemain  de  Pâques.  —  Il  se  lient 
à  (>oucy  deux  foires  aux  jours  de  Saint-Nicolas  d'été 
et  d'hiver;  elles  ne  durent  qu'un  jour  chacune  :  il  y 
a  aussi  un  marché  assez  considérable  tous  les  ven- 
dredis sur  la  place  ba-se.  —  Les  environs  de  la  ville 
produisent  des  légumes  excellents  et  des  vins  appré- 
ciés dans  la  contrée.  — C'est  la  patrie  de  Vincent 
Thnillier.  bénédictin,  auteur  satirique,  né  en  1685, 
mort  en  liôO.  On  a  de  lui  l'Histoire  de  f'olybe,  tra- 
duite (lu  grec  en  français,  avec  un  Commentaire  sur 
l'art  iiiiliinire,  par  le  chevalier  de  Folard,  etc. 

Oralori.,m  Cunjluenliœ,  Conllans,  paroi-se  du  dio- 
cèse de  Paris,  faisant  partiede  la  coninuine  de  Clia- 
rtnton-le-Pont,  chef-lieu  du  canton  de  ce  nom,  ar- 
rondissement de  Sceaux,  département  de  la  Seine. 
Ce  village,  à  5  kil.  sud-esl  de  Paris,  doit  son  n(mi  au 
cunfluent  des  deux  rivières  de  Seine  et  de  Marne, 
qui  sont  à  peu  de  distance. 

Ce  hameau  éiait  anciennement  une  paroisse,  dont 
Charentoii  lui-même  n'était  qu'une  dépendance.  .Mais 
l'allluence  des  passagers  et  voyageurs,  qu'attirait  la 
commodité  du  pont  de  Charenton,  ayant  fait  bâtir 
beaucoup  de  maisons  à  la  suite  de  ce  pont,  la  dépen- 
dance devint  plus  considérable  que  le  chef-lieu;  et 
quand,  dans  le  cours  de  la  révcluiiou,  l'on  s'occupa 
de  la  création  des  communes,  Charenton  emporta  la 
préférence,  et  Conflans  resta  un  hameau  tel  qu'il  de- 
vait l'iUre.  La  seule  chose  qui  démontre  encore  au- 
jourd'hui l'ancienne  supériorité  de  Conllms,  c'est 
que  l'église  paroissiale  de  la  commune  est  à  Con- 
flaiis,  et  non  à  Charenton.  Celte  singularité  n'en  est 
pas  une  :  car  les  deux  endroits  sont  si  rapprochés 
l'un  de  l'autre,  qu'ils  ne  semblent  faire  qu'un  seul  et 
même  village.  Le  lia(ne:<u  des  Carrières,  qui  se  trouve 
cure  les  deux,  les  réunit  d'une  manière  presque 
in-ensible.  — Nos  premiers  rois  de  la  troisième  race 
avaient  une  maison  ou  hôtel  de  campagne  à  Conllans. 
Kn  1516  Philippe  le  Long  donna  à  sa  belle  mère 
Maihilde,  comtesse  d'Artois,  une  partie  de  la  ga- 
lonné dépendante  de  sa  terre  royale  de  Condans,  el 
qui  s'étendait  depuis  le  pont  de  Cbarenlon  jusqu'à 


Bercy,  et  depuis  la  Seine  jusqu'au  chemin  de  Pa- 
ris à  Saint-Maur.  Le  testament  de  ce  prince  est 
daté  de  Conflans-les-Carrières,  le  2ii  «oui  1321.  En 
1539  Philippe  de  Valois  data  une  ordonnance,  de  sa 
maison  royale  de  Conflans-les-Parcs.  Jeanne  II,  relue 
de  Navarre,  mourut  à  Conllans  en  1348.  Eu  1481 
Louis  XI  donna  à  Bastard  de  Valère-Capelle  «n  mai- 
son de  Conflans,  près  Paris,  pour  en  jouir  tant  qu'il 
lui  plairait,  et  eu  percevoir  les  revenus.  Cependant, 
ou  Louis  XI  révoqua  sa  donation,  ou  Bastard  vint  à 
mourir  quelque  temps  après  ;  car  deux  ans  plus  tard, 
le  3  juillet  1485,  il  donna  cette  même  maison  à  Sixte 
d'Allemagne,  son  chirurgien.  Le2C  mai  1554,  Henri  II 
céda  à  Claude  Dodieu,  évêque  de  tiennes  et  maitre  des 
requêtes,  et  à  ses  hoirs  et  ayants  c;iuse,  toute  la  terre, 
les  rentes,  justice,  seigneurie  et  droits  qui  lui  appar- 
tenaient en  la  paroisse  de  Con[lans-les-Cliarenton,  et 
les  pêcheries  qu'il  avait  en  la  rivière  de  Seine  dans  les 
mêmes  lieux.  En  UôO  les  comtes  de  Flandre  avaient 
aussi  à  Conflans  un  hôtel,  dit  le  Séjour.  Il  tenait  à 
celui  que  les  ducs  de  Bourgogne  avaient  également 
dans  ce  village,  qu'on  appelait  le  Séjour  de  Bourgogne, 
Manoir  ou  Maison  de  Bourgogne.  Cet  hôtel  fut  aug- 
menté en  1420  par  l'acquisition  des  granges  et  jar- 
dins situés  aux  Carrières  de  Charenton.  Les  derniers 
ducs  réunirent  ce-  deux  maisons  de  plaisance,  les 
embellirent  de  jardins,  vignes,  jets  d'eau  et  galeiies. 
Maximilien,  archiduc  d'Autriche,  ayant  épousé  la 
fille  du  duc  de  Liourgogne,  en  devint  le  propriétaire, 
m  is  il  la  perdit  probablement  après,  puisque,  par  la 
même  donation  de  Louis  XI  citée  plus  haut,  on  voit 
que  ce  prince  donnait  également  à  Sixte,  son  chi- 
rurgien, les  maisons  de  Flandre  et  de  Bourgogne  ; 
enlin  en  1548  Henii  11  confia  à  Robert  Danet,  prési- 
dent de  la  chambre  des  comptes,  la  commission  de 
vendre  au  plus  offrant  les  séjours,  manoirs  et  maisons 
de  Bourgogne,  Artois,  Flandre  et  Brabant,  qui  avaient 
appartenu  aux  ducs  de  Bourgogne  et  de  Brabant, 
comtes  de  Flandre  et  d'Artois,  qui  étaient  avenus  à  la 
couronne. — L'église  de  Saint-Pierre  de  Conflans,  de  la 
paroisse  de  laquelle  est  le  bourg  du  pont  de  Charen- 
ton, est  un  bâtiment  Uu  xvi°  siècle  :  il  est  tout  voûté, 
et  a  un  collatéral  de  chaque  côté,  mais  sans  abside  ou 
sans  fond,  en  forme  de  rond-point.  Cette  église  est, 
dans  le  puuillé  parisien  du  xiii*  siècle,  au  rang  de  celles 
dunt  la  noniinatii;n  appartenait  au  prieur  de  Saint- 
Martin,  et  tous  les  pouillés  imprimés  y  sont  conformes. 
Dans  le  chœur  de  cette  église  est  un  monument  de 
maibre,  orné  de  dorures,  où  reposent  les  cendres  de 
Guy  de  Duras,  duc  de  Quintin,  que  l'un  appelait  le 
maréchal  de  Loiges.  —  Dans  le  xvii'  siècle,  il  s'était 
formé  sur  le  territoire  de  la  paroisse  de  Conflans  deux 
Communautés,  l'une  d'hommes  et  l'autre  de  filles  : 
celle  d'hommes  était  censée  comprise  dans  le  territoire 
joignant  le  bourg  de  Charenton  ;  c'étaient  les  car- 
mes déchaussés,  qui  pour  cela  étaient  appelés  com- 
muoément  les  carmes  de  Charenton.  Leur  couvent 
éiait  situé  à  l'extrémité  du  village  des  Carrières.  Il 
avait  été  fondé  en  1615  par  Charles  B.iilly,  présiden 


DK.TIONNURK  DK  GliOCBAPIIIK  ECCLESÎASTIQl'E. 


?;:« 


iH  la  cliamire  ilos  coinpiei,  el  par  Chréliemic  on 
i:iiri8:inc  l>oi  Icrc,  son  épniise.  La  denatioii  i!e  ces 
ri)H(laleurs,  aussi  bien  .nia  la  ■  n- ftiinalinii  de  l'élo- 
lilisseiiieiil  de  i-cs  leligieuv,  ne  riir.ni  OHri'gi«trées 
au  parieiixMil  (\ne.  ie  6  iu»j  1657.  Le  noviciat  y  éiail 
déjà  élalili  ilt'|nii<  le  i  «où;  IC!7.  L'église  du  mo- 
iia»tére  étiii  asser,  lielle  ei  bien  syuiéiiisé'.  Le  sanc- 
liinire  éiaii  «ëfKiré  do  la  i  ef  pnr  une  Italuslmdtî  defer 
bien  lrav:vil'-éi>.  Le  mniln-  autel,  ci  en  séiiéni  li  ut 
(e  qui  foni'ait  h-  sancrnaiie,  éi;ii  entretenu  avec  !a 
filus  grande  propreié.  A  (oé  l'u  uiaître-d'aulel  se 
Irouvaii  une  cbapeJle  dan<  laqdelle  était  le  mausolée 
dps  fondateurs.  On  voyait  sur  mie  base  ornée  de  mar- 
bre, et  garnie  d'une  inscripii'in,  une  plue-forme  à 
la  liauieur  de  6à  7  pieds,  sur  laquelle  s'élevaient  les 
filiales  de  Cliarle»  Baitly  et  de  (:i;ristine  Lee  ère, 
jon  épouse  :  ils  étaient  à  genoux  l'un  cl  l'autre  sur 
un  prie-Dieu.  Le  lom  éiaii  don  irès-benu  marbre 
blanc,  et  d'une  très-bniuie  eséeuiion.  Les  jardins  de 
celle  maison  étaient  grands  et  v:i>tes,  mais  Irès-irré- 
giilicrs,  parce  qu'ils  asiiienl  été  pr.niiiués  sur  unter- 
lain  qui  avait  jadis  été  funillc  d:nis  ii^uie  sa  profo!- 
deur  pour  en  tirer  de  li  [iene;  ce-l  ce  qui  a  fait 
liiMiner  le  nom  de  Carrières  à  toute  cette  partie  qui 
régne  d'pnis  Conflans  et  Cliarentou  sur  la  rive  de  la 
Seiiit".  Les  cirmes  avai^-cit,  indcpeiKlanmienl  de  ce 
ijui  fnnnail  leur  couvent,  qitelques  iMai.-ons  ';ui  leur 
appartenaient;  une  des  plus  considérables,  (|uoique 
tiés-sin)|de,  é<;iil  celle  qu'oicupa  pendant  très-long- 
temps d'ArgtHiges  |icre,  lieuteiant  civil.  Ceite  mai- 
fon  j««issMl  d'une  vue  admirable,  el  avait  cela  de 
commun  avec  toutes  celles  qui  li-irdeni  la  rivière  de 
ce  céié-là.  —  L'autre  communauté  était  celle  des 
lîéuédictines  de  l>  Conception  de  Saint-Joseph.  —  Il  y 
eut  aiitrefi'is  à  Conflans  un  cli.ileau  el  des  -eignetirs, 
dojit  il  serait  fisti.lirux  et  peu  instructif  de  faire  la 
i.oinenclainie.  Il  suffira  de  dire  que  François  de 
Ilailay,  arclievéi|iie  de  Paiis,  désir.int  acquérir  une 
maison  de  campagne  :'ux  environs  de  sa  métropole, 
achi'ia  en  !67-2  celle  que  le  dite  de  Kiclielieii  avait  à 
(^ioiiflans,  ainsi  qu'one  î'e  sur  la  rivière,  qui  en  dé- 
petidail.  Il  y  lit  «onstmire  un  nou\eau  château  pour 
lui  et  ses  successe;rs  à  l'arelievèché  de  Paris,  el  y 
mourut  1«  6  août  4695.  Le  cliâieau  deCoiiflitis,  de- 
venu la  maison  de  camp^tgne  des  successeurs  de  l'ar- 
chevêque de  Harlay,  se  rattache  auit  événeiiienis  de 
l'épiscopat  el  aux  longues  qm-relles  que  (it  n;iître  la 
bnUe  Vnigenilus  entre  tous  ses  partisans  et  ses  ad- 
versaires. La  siinatioii  de  ce  château  est  sur  la 
pente  d'un  coteau,  d'où  l'on  a  une  vue  charmante 
(jui  s'étend  sur  la  rivière  et  sur  une  vaste  plaine. 


i'aiclnvê i|tie  de  Paris  à  l'épeque  de  la  révolution  ; 
mais  il  a  été  vendu  depuis.  La  belle  position  de  Con- 
flans, sa  proximité  de  la  capitale,  et  surtout  l'agré- 
ment de  son  paysage,  qui  s'él'  nd  'e  long  de  la  Sein'-, 
y  ont  singnliéretnent  encouragé  la  construction  des 
maisons  de  campagne  ;  aussi  le  hameau  en  est  pre-- 
qu'enlièrement  composé.  Laurent  Mareilly,  homme 
de  lettres,  naquit  à  Conflans  le  51  juillet  1751.  Il  fui 
juge  au  tribunal  civil  du  dép.  de  la  Seine,  et  est  au- 
teur de  plusieurs  ouvrages  qui  traitent  de  la  littéra- 
ture et  de  l:i  jurisprudence. 

Oraioriiim  Confluenùœ  Sanciœ  Honoriœ  vet  Bono- 
rhiœ,  Conflans-Saime-Honorine,  paroisse  de  l'ancien 
diocèse  de  Paris,  actuellement  de  celui  de  Versailles, 
arrond.  de  celte  ville,  canton  de  Poissy,  Seine-el- 
Oise,  à  6  kil.  de  Poit'Sy,  sur  la  rive  droite  de  la  Seine, 
et  à  22  kil.  de  Paris.  Le  nom  de  Confions  a  été  donné 
à  Ce  village,  parce  qu'il  est  situé  à  l'endroit  où  l'Oise 
se  jette  dans  la  Seine.  Son  surnom  de  Sainte-Hono- 
rine lui  vient  d'une  chupelle  qu'y  bâtit  an  xi'  siècle 
s:ilot  Anselme,  abbé  du  Bec,  et  depuis  archevêque 
de  Cantorbéry,  dans  laquelle  furent  déposées  les  reli- 
ques de  la  sainte  de  ce  nom,  qui  fut  martyrisée  près 
de  ce  village,  à  Graville.  Celle  chapelle  fut  rempla- 
cée par  une  église  plus  spacieuse,  à  laquelle  fut  at- 
tachée une  communauté  de  moines  que  l'on  fit  venir 
de  r^ibbaye  du  Bec.  La  communauté  prospéra,  et  le 
pèlerinage  aux  reliques  de  sainte  Honorine  rendit 
bientôt  le  pays  célèbre:  ce  qui  donna  lieu  it  un  vil- 
lage. Les  moines  n'ayant  nulle  connaissance  des 
actions  de  sainte  Honorine,  et  voulant  cependant 
lire,  suivant  l'usage,  sa  vie  le  jour  de  sa  fête,  lui  ap- 
pliquèrent la  légende  de  sainie  Dorothée.  L'abbé 
Chastelain  dans  son  Martyrologe  ,  en  fait  l'aveu  : 
«  On  lut,  dit-il,  pendant  quelque  temps  à  Conflans, 
pour  h  çon  du  jour  de  cette  sainte,  une  partie  de  la 
vie  de  sainte  Doroihée,  eu  changeant  setderneni  son 
nin  en  celui  d'Honorine,  »  mais  en  laissant  subsister 
les  iinn;5  de  Cés:irée  et  de  Cappadoce,  qu'on  croyait 
rflus  doute  syn  mymes  avec  r.rivil'e  ei  avec  Neustrie, 
nom  géographique  que  portait  du  temps  de  la  sainte 
la  partie  occidentale  de  la  Gaule.  — Nos  anciens  his- 
toriens se  sont  plu  à  rapporter  plusieurs  légendes  sur 
ce  village  :  ils  racontent  que,  du  temps  de  ClovisI*', 
un  roi  arraMn  venu  d'.^llemagne  s'était  établi  à 
Conflans.  Ce  roi  barbare,  qu'ils  appellent  Condale  ou 
Confiac  ,  était  idolâtre  ,  et  adorait  spécialement  le 
dieu  Mercure.  Il  eut  quelques  démêlés  avec  son  coa- 
sin  Clovis,  et  l'appela  en  duel  ;  celui-ci  accepta  le  défi. 
Ils  combattirent  longtemps  vaillamment;  elle  roi 
Coi.fl.ic  allait  peut-être  remporter  la  victoire,  quand 


Le  Nôtre  en  avait  planté  les  siiperl)es  jardins.  Le  Clovis,  oppos:int  son  bonclier  couvert  de  fleurs  de  lis 

Sueur  avait  décor  >  do  peintures  un  petit  pavillon  qui  à  celui  de  son  adversaire,  où  étaient  représentés  des 

s'avanee  sur  la  Seine,  en  forme  de  bastion.  Il  offrait  croissants,  sentit  renaître  toute  sa  vigueur  et  terrassa 

dans  son  intérieur  une  grotte  charmante.  Au  milieu  1  idolâtre  Sarrasin.  Clovis,  tout  fier  de  sa  victoire,  fit 

était  un  bassin  rond  de  marbre  blanc,  dont  les  eaux  bàtiràConnansunetourpourenperpétuerlamémoire. 

étaient  portées  par  une  machine  hydrauliijue.    Les  Malgré  la  naive  simplicité  de  cette  légende    Raoul 

eaux  communiquaient  an  château  par  «n  pont  de  de  Prelles,  conseiller  de  Charles  V,  la  raconte  dans 

bois  de   plusieurs  arches.  Il  appartenait  encore  à  la  préface  de  sa  rrnrfiic/ion  d€  M  Ci<^f/e  Dieu,  de  saint 


559  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  550 
Augustin;  Nicole  Gille  la  répète  île  la  meilleme  foi  du  sur  le  luiut  de  la  mohlMgne,  un  peu  plus  vers  le  cou- 
nionrie;eîunnioineprémontréderabbayedeJoyenval  cliant.  -  A  rextrémlté  occideniale  de  Conflans  s'é- 
l'a  choisiepouren  faire  le  sujet  duii  poëme  latin  qu'il  lève,  dans  une  irès-belle  situation,  un  cliâieau  dont  le 
publia  au  commencement  du  xv^  siècle.  —  Dans  le  parc,  dos  de  murs,  coniient  environ  70  arpents.  In- 
moyen  âge,  Conflans  renfermait  un  prieuré,  dont  le  dépendammcnl  de  ce  château,  on  voit  dans  ce  vil- 
prieur,  par  un  ancien  privilège,  était  seigneur  du  lage  un  grand  nombre  de  maisons  de  plaisance  très - 
lieu  la  durée  de  48  heures  seulement  dans  l'année,  agréables.   La  population  de  Conllans  est  d'environ 


c'est-à-dire  à  compter  de  la  veille  de  l'Ascension  à 
midi  jusqu':iu  lendemain  de  cette  fête  à  midi.  Dans 
l'espace  de  ces  48  heures,  la  chasse  de  sainte  Hono- 
rine était  exposée,  et  le  jour  de  l'Ascension  on  fai- 
sait une  procession  solennelle  dans  la  paroisse  en 
l'honneur  de  cette  sainte.  Un  usage  bizarre  imposait 
à  chaque  cabaretier  de  ce  lieu,  dès  que  la  chasse 
avait  été  remise  à  sa  place  ordinaire,  l'obligation  de 
porter  au  prieuré  une  pinte  de  vin,  que  l'on  nom- 
mait la    pinte  aux  Ribaux  ;  ceux  qui  y  manquaient 
étaient,  après  le  servite  funèbre  ce  ébrë  le  lendemain 
de  celle  lête,  condamnés  à  une  amende.  La  proces- 
sion a  toujours  lieu.  —  Charles  le  Chauve  donna  le 
village  de  ConQans  aux  évêijues  de  Pans,  à  condition 
qu'ils  enlreliendraienl  des  paysans  toujours  prêts  à 
annoncer  l'appariiiun  des  Normands,  toujours  dispo- 
sés à  remoiiier  ia  Seine  pour  ravager  les  pajs  avoi- 
sinanis.  —  Sur  le  flanc  de  la  nioniagne  où  était  bàii 
le  pi  ieuré  de  Condans,  on  voit  encore  les  ruines  de 
deux  forteresses.  La  pus  considérable,  de  forme  car- 
rée, élail  nommée  le  Y ieux-Chùleau  ou  la  Baronnie; 
l'autre  le  Château-Neuf,  ou  simplement  la  Tour.  Les 
seigneurs  de  ces  cbàieaux  furent  d'abord,  sous  les 
archevêques  de  P.iris,  les  comtes  de  Beaumoni-sur- 
Oise,  qui  taisaient  hommage  à  l'évèqne  firo  castro  et 
easteltania  de  Confluenle.  Le  seigneur  de  Confluent  se 
trouvait  du  nombre  de  ceux  qui,  à  cause  de  leur  fief, 
devaient  porter  l'évêque  sur  leurs  épaules  le  jour  de 
son  intronisation.  Celte  seigneurie  passa  ensuiie  dans 
la  maison  de  Montmorency.  Dans  la  suite  les  alliances 
et  les  aliénations  firent  considérablement  multiplier 
les  seigneurs  sur  la  terre  de  Conflans  :  c'est  pourquoi 
on  voit  deux  châteaux  et  deux  familles  différentes. 
Par  exemple,  un  Charles  d'Albrel,  au  commencement 
du  xv'  siècle,  posséda  i  du  chef  de  sa  femme /e  Clià- 
leau-Ncuf;  et  dans  le  même  siècle,  la  maison  d'An- 
ghire  te  Vieux-Chàieau  ou  (o  Baronnie.  La  maison 
de  la  Trimoil'e  réunit  l'un  et  l'antre  en  io31  ;  mais 
on  voit  en  ICoO  le  Vieux  Château  dans  la  maison  de 
Charles  de  La  Grange  ;  et  le  Châieau-Nenf  dans  celle 
de  THIièies,  dont  une  fille  le  porta  par  mariage  au 
ci'mie  de  Tavannes.  —  En  17f>l  l'église  de  Cnnllans 
menaçant  ruine  par  son  ancienneté,  fui  détruite  en 
vertu  d'un  arrêt  du  conseil,  et  l'on  en  rebâtit  une 
autre  \m  peu  à  côté,  vers  le  septentrion,  et  plus  pe- 
tite, qui  fut  bénite  en  175-2,  au  mois  d'avril,  par 
Ch.irles  de  Sailly,  aumônier  de  madame  la  daupliine, 
chantre  et  chanoine  de  la  Sainte-Chapelle  du  Palais, 
à  Paris,  en  \eriu  de  la  commission  de  l'archevêque 
de  Paris.  Cette  église  est  du  titre  de  saint  Maclou, 
•évèqued'Aleih,en  Basse-Bretagne,  aujourd'hui Saint- 
Mi.!o.  fclle  est  située,  comme  l'éiait  celle  du  prieuré, 


240'(  habitants,  y  compris  le  hameau  de  Chenevières, 
dont  le  château  a  été  démoli.  Les  productions  de 
son  terroir  consistent  en  vignes  ;  les  valions  produi- 
sent des  grains  et  des  légumes  ;  on  y  recueille  beau- 
coup de  fruits  ;  les  bords  de  la  Seine  présentent 
quelques  piairies.  Plusieurs  carrièies  de  pierres  d 
t:iille  et  moellons  y  sont  d'un  produit  considérable, 
par  la  facilité  que  la  proximité  de  la  Seine  donne 
pour  l'exportatinn.  On  passe  à  Conflans  la  Seine 
dans  un  bac.  Ce  passage  avait  donné  naissance  à  im 
dri  it  qui  existait  dès  le  xiii^  siède,  qu'on  appelait 
le  Travers,  et  dont  jouissaient  les  seigneurs  du  vil- 
lage. Ce  droit  consislaii  en  une  rétribution  fixée  que 
devait  payer  tout  objet,  quel  qu'il  fûl,  qui  traversait 
la  Seine.  Les  seigneurs  affermaient  ordinairement  la 
perception  de  ce  péage,  et  il  faisait  une  partie  du 
revenu  de  leur  terre. 

Oraiorium  Coryleli,  le  liant  et  bas  Coudray,  pa- 
roisse de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  maintenant  de 
celi:i  de  Versailles,  canion  et  airond.  de  Corbeil, 
Seine-ei-Oise,  à  3"  kil.  de  Versailles,  5  de  Cor 
beil,  cl  'â  sud  de  Paris.  Le  nom  de  ce  village  en 
latin  Corylciiim  signifie  un  lieu  p'anté  de  coudriers. 
C-  lie  espèce  d'arbres  y  abondait  sans  doute  autre- 
fois; car  son  état  actuel  ne  justifierait  pas  celle  ély- 
niologie.  Coudray  est  situé  sur  un  coteau  versant  au 
nord  du  rivage  gauche  de  la  Seine.  Son  territoire  s'é- 
lenil  jusqu'au  hameau  du  Plessis-Chèuet,  traversé  par 
la  grande  route  de  Paris  à  Fontainebleau,  et  dont  une 
partie  se  trouve  dans  ses  dépendances.  S;i  population, 
qui  n'a  guère  varié  depuis  un  siècle,  s'élève  à  520 
hab.  —  L'église  du  Coudray  est  titrée  de  la  Sainte- 
\irrge.  L'édifice  actuel  n'est  que  de  H.i82,  époque  à 
laquelle  un  rebâtit  la  viei  le  église,  qui  menaçait 
ruine.  On  a  conservé  les  anciennes  lombes  qui  y 
étaient  placées.  Sur  l'une  d'elles  nn  lit  ces  mots  gra- 
vés en  gothique  capital  :  Ci  gist  Gui  de  Codroi.  Priez 
pour  s'ame;  c'est-à-dire  pour  son  âme,  suivant  l'or- 
thographe dei  II  ^  et  iv<^  siècles,  où  l'on  disait  m 
ume,  et  par  abréviation  s'ame.  L'archevêque  de  Paris 
nommait  à  la  cure  du  Coudray,  dont  l'église  n'est 
devenue  paroissiale  que  sur  la  fin  du  xiv«  siècle.  Le 
curé  en  élail  gros-décimateur.  —  Les  anciens  sei- 
gneurs de  ce  lieu  sont  peu  connus,  et  ceux  qui  ont 
possédé  celte  terre  récemment  niéritent  peu  de  l'ê- 
tre. Elle  appartenait  vers  le  milieu  du  dernier  siè- 
cle à  la  famille  Houille.  Le  bas  Coudray  et  le  Plessis- 
C'bênel  sont  embellis  par  plusieurs  maisons  de  cam- 
pagne. —  Le  terroir  de  cette  commune  est  en  ttries 
labourables,  vignes  et  bois. 

Oraiorium  Croviaci ,  Crouysnr-Ourcq  ,    paroisse 
du  diocèse  de  Me  ux,  canton  de  Lizy-sur-Ourtq , 


DICTIONNAlRli  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASIiyCE. 


SS2 


Seine-el-Manie,  arroiid.  de  Meaux,  à  2-2  kil.  nord- 
est  de  celle  ville,  à  S  non!  de  Lizy  e!  02  de  Paris. 
Sa  popiilalioM  est  d'environ  1(100  liab.,  y  compris 
les  hameaux  de  Fiissy ,  la  Cliaussée-de-Crouy  et 
Froide-Fontaine,  où  l'on  \oit  les  vesi  ges  d'un  vieux 
cl)âle.:u.  Celle  coniinnne  comprenait  en  outre  le  do- 
maine de  Gen'res-le-Uiic,  qni  renfermait  nn  vaste 
cliâieau  ayant  le  litre  de  ducliépairie  :  il  apparte- 
nait au  duc  de  Gesvr'S.  Il  reste  encore  une  habita- 
lion  parmi  d'autres  hàliinpnts  qui  lais.iient  partie 
de  ce  superhe  édifice.  La  beauié  du  sile  el  la  dislri~ 
hulion  des  eau.v  s'y  font  toujours  rcmaniuer.  On 
trouvait  encore  à  Crony  une  maison  dOrainriens, 
appelée  llaioy.  Celte  ville  est  environnée  de  bois, 
dans  uu  joli  vallon,  arrosé  par  la  rivière  d'Ourcq. 
On  y  vait  sur  la  plice  une  assez  belle  halle.  Les 
objets  principaux  de  commerce  y  consistent  en 
grains,  chanvres,  besliauï,  volailles,  beurre,  œufs 
el  Ironiage.  Il  s'y  lient  trois  foires  par  année  :  la 
première  le  mardi  de  la  mi-carême,  la  seconde  le  1 1 
juin,  el  la  troisième  le  21  septembre  ;  celle  dernière 
esi  la  plus  considérable.  Le  marché  est  le  mardi  de 
cbaqne  semaine.  Ses  alentours  se  font  remarqu-^r  à 
cause  de  plusieurs  maisons  de  campagne,  et  parlicu- 
lièreinent  de  celle  siiuée  à  côié  d'une  gr.nde  et  belle 
place,  dite  le  Champ  de-Foire  ou  Champ- Pieiert. 
Celle  maison  mérite  de  fixer  l'ailention  des  voya- 
geurs, par  les  diverses  planiaiions  que  le  proprié- 
taire y  a  faii  faire.  Dans  un  autre  endroit,  à  peu  de 
dislance,  ou  a  élabli  nue  fontaine  dite  la  Fonlaine- 
de-Bellevue,  pour  la  commodité  des  habitants  du 
pays.  —  A  l'extrémité  occidentale  de  Crouy  esi  la 
maison  de  Notie-Dame-du-Chesne,  du  tiers  ordre  de 
Saint-François,  avec  un  bois  ponant  le  n  éme  nom. 
Dans  le  moyen  âge,  et  le  jour  de  Notre-Dame  de 
septembre,  c'était  le  but  d'un  pèlerinage.  L'ancien 
château  de  Crony  n'est  qu'une  ferme,  avec  une  lour 
antique  qui  sert  de  prison.  L'n  très-beau  moulin  à 

deux  roues  est  consiruit  sur  la  rivière  d'Ourcq:  bois  el  moulin  de  Fontaines.  Elle  ea  voûtée  et  ac- 
luue  de  ces  roues  est  sur  la  commune  de  Vau-  compagnée  d'un  grand  bassin  revèu  de  pierres  de 
ren»roy.  taille,  et  en  ourée  de    murs  à  hauteur  d';ippui.  Le 

Oratorium   Curiis  Ceroiiis,  Couberon,  paroisse  de      cliteur  de  l'église  est  un   bâtiment  du  xiii'  siècle, 
l'aiii  ien  diocèse  de  Paris,  aujourd'hui  de  celui  de      bâti  eu  forme  de  grande  ch.ipelle  terminée  en  rond- 


gneiirie  temporelle  de  Couberou  fui  donnée  par  Phi- 
lippe le  Hardi  à  Pierre  de  Charobly,  eu  récompense 
des  services  i endos  à  Louis  IX,  cl  ce  d<Mi  avait  été 
confirmé  p;ir  Pliilippe  le  Bel;  néan.noins  en  13-2(t, 
par  arrêt  du  parlement ,  rendu  le  24  février  en  pré- 
sence de  Pliilippe  le  Long ,  ces  deux  terres  furent 
resiituées  au  roi.  Couberon,  encore  ou  aliéné  ou  en- 
gagé, revint  de  nnnvenii  .nu  rni  par  lirait  d  au- 
baine; il  fui  donne,  le  8  m:irs  1468,  à  Jean  Prévost, 
contrôleur-général  des  finances.  —  Les  productions 
du  lerroir  de  celle  commune,  dont  une  portion  du 
hanieau  île  Moctanljan  f.iii  partie,  sont  peu  impor- 
tantes. Il  y  a  beaucoup  d'arlires  à  fruits.  On  remar- 
que à  Couberon  un  château  qui  pai  ait  avoir  quclqiiC 
ancienneté. 

Oratorium  Curtis  Brigensis,  le  haut  el  tis  Couljerl, 
paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Paris,  comprise  ac- 
tuellement dans  celui  de  Meaux,  canton  de  Urie- 
Comle-Roberi,  arrondisseneot  de  ML'Iiin  ,  Seine-et- 
Marne,  à  G  kil.  de  Bne,  où  est  le  bureau  de  poste, 
ei  50  au  sud-est  de  Pans.  La  population,  qui  en  l"i5 
était  de  350  liabilinis,  est  aujourd'hui  de-  775.  Ce 
village  est  situé  dans  un  lieu  que  l'on  dit  s'élre 
nommé  autrefois  le  Plessis-Conrbard  ;  car  ancienne- 
ment ce  inême  lieu  était  partagé  en  trois  p?nies:  celle 
qu'on  vient  de  nommer  était  la  p  emiére  ;  c'est  ce 
que  l'on  nomme  le  Bas-Couberl  ;  la  seconde,  Cuur- 
bard-la-Ville,  est  le  Ilaut-Couberi  actuel ,  cù  on  voit 
l'église;  enlin  la  troisième  se  nommait  Courbard-la- 
Boulaye  ;  t'est  la  rue  m'i  passe  à  présent  le  grand 
chemin  qui  ci  n<luisail  anlrefuis  entre  la  fontaine 
Sainte-Geneviève  el  la  lernicde  la  Fontaine  :  ce  qui 
av.ùl  fait  donner  à  une  pièce  voisine  le  nom  de 
Pièce-des-llù  elleiies,  qu'elle  porte  encore  iiujuur- 
d'hui.  —  L'église  est  sous  le  litre  de  Sainte-ljeii.:- 
vic\e.  fy.\  r>nlainc  du  nom  de  celle  sainte  est  au 
n>idi  de  Cuuberl,  cuire  les  deux  chemins  qui  vont 
de  ce  village  à  Sognolies  ,  un  peu  au-dcssiis  du   petit 


Versailles,  canton  de  Gonesse,  arrond.  de  Ponioise, 
Seine  etOise,  à  12  kil.  de  Gonesse,  et  16  est  de 
Paris.  Ce  village,  situé  dans  un  fond  entouré  de 
bois,  sur  l'un  des  versants  de  la  colline  gy|iseuse 
qui  se  termine  à  Rosuy,  a  une  popui  lion  de  400 
habit,  envinin.  Le  nom  de  Couberon.  en  latin  Cunio 
Beronis,  est  écrit  dans  quelques  lilres  Courtberon  el 
Corbreoii.  Il  parait  avoir  été  composé  du  mot  laiin 
Curtis ,  terme  générique  revenant  à  celui  de  Villa 
Terra,  et  du  nom  de  quelque  seigneur  du  lieu,  — 
L'église  esl  sous  le  titre  de  Saini-l.hristophe;  mais 
comme  la  fête  de  ce  saint  arrive  le  25  juillet  avec 
celle  de  saint  Jacques,  le  peuple  a  confondu  les  deux 
patrons,  el  le  concours  pour  la  fèle  du  village  a  lieu 
le  premier  j  ur  de  mai.  La  cure  de  cette  paroisse 
était  à  la  pleine  collation  de  l'archevêque.  —  La  ^ci- 


puint,  el  sans  galeries.  Il  reste  au  vitrage  du  san  ;- 
luaire  ,  du  coté  sepienlrional ,  qudqies  panneaux 
rouges  de  fi|;uie  ronde,  du  même  siècle,  représen- 
tant !a  Fuite  de  ^olre•Seigneur  en  Egypte  et  l'Ado- 
ration des  loages  ;  ce  qui  délermine  à  penser  que  l'on 
y  avaii  représcnié  la  Vie  de  la  sainte  Vierge  ,  el 
qu'elle  élail  priinilivemenl  la  palroime  de  l'égli-c. 
La  nef  n'est  qu'en  plàtie,  cl  plus  nciivelle;  il  y  a 
une  chapelle  de  chaiiue  <  ôié  du  sanciuairc.  —  Oua:it 
à  la  seigneniie  de  Couberl.  on  iroiive  qu'elle  a  ap- 
partenu au  maréchal  de  Vilry,  de  la  famille  de  rilùjii- 
lal,  dont  plusieurs  membres  Inicnt  inhumés  dans 
l'église  de  ce  village.  L'historien  de  Cnrheil ,  dans 
son  catilogue  des  anciennos  dépendances  de  celte 
ville,  s'exprimait  aius-  veis  l'an  I6~i0  :  <  La  Rpide, 
le  Ménil  et  Couberl  appariieunent  au  seigneur  lua- 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDIiS  AU  MOYEN  AGE. 


A 


rcchal  de  Vilry,  gui  se  relire  devers  le  bailli  de 
Brie-Comte-Uobert.  »  L'auteur  du  supplénieiil  de  du 
Breul,  qui  écrivait  vers  l'an  IG39,  donne  à  ce  vil- 
loge  le  nom  de  Gobert.  Il  parle  fort  avanlageuse- 
nieiil  du  château  ,  qu'il  dit  élre  environné  de  bois, 
entouré  de  fossés  pleins  d'eau, et  communiquant  par 
de  belles  allées  de  haute  futaie  à  un  grand  parc.  Le 
m:iiéclial  de  Vilry  lit  peindre  la  chapelle  de  ce  châ- 
teau par  le  fameux  peintre  Mignard.  La  seigneurie 
de  ce  lieu  appartint  depuis  au  duc  de  Schoniberg , 
allemand,  ancien  maréchal  de  France.  Elle  fut  en- 
suite possédée  par  Samuel  Bernard  ,  pour  qui  cette 
terre  fut  érigée  en  cunité  ,  sous  le  nom  de  comté  de 
Couberi,  par  lettres  patentes  de  1725,  qui  unissaient 
en  même  temps  à  cette  seigneurie  celles  de  Foyolles, 
TanearviUe  et  quatorze  fiefs  ,  leurs  justices  et  dé- 
pendances ,  pour  n'en  plus  former  qu'une  seule.  — 
Le  beau  château  que  Samuel  Bernard  a  fait  bâtir,  et 
qui  existe  encore ,  renferme  une  orangerie  niagiiifi- 
quc,  tant  par  le  bâtiment  que  par  la  beauté  des  oran- 
gers. Le  parc,  clos  de  murs  ,  a  environ  600  arpents 
d'étendue  :  il  se  fait  remarquer  par  de  grandes  allées 
couvertes,  des  bosquets ,  de  bellts  pièces  d'eau ,  des 
bois  et  un  grand  nombre  de  beaux  arbres.  Ce  parc 
est  très-bien  percé  pour  la  chasse,  et  rempli  de  gibier 
ainsi  qu'une  grande  masse  de  bois  qui  l'entoure  et 
qui  fait  partie  de  la  terre  de  Coubert;  ces  bois  tou- 
chent à  ceux  de  la  Grange  et  de  la  Léchelle.  — 
L'avenue  du  chàieau  est  contiguë  à  la  grande  route 
de  Troyes.  —  Les  productions  du  terroir  de  celle 
commune  sont  en  grains  et  bois. 

Oralorium  SancliB  Crucis  ,  la  Croix-Saint-Ouen  , 
paroisse  de  l'ancien  diocèse  de  Senlis,  actuellement 
de  celui  de  Beauvais, canton  etarrond.deCompiégne, 
Oise,  à  57kil.de  Beauvais, 7  de  Compiègne,  et  64  nord- 
est  de  Paris.  Popul.  980  hab.,  en  y  comprenant  le 
hameau  de  Mercière-aux-Dois  et  celui  du  Bac-de-la- 
Croix,  où  est  un  bac  sur  l'Oise,  et  où  l'on  trouve  une 
fabrique  de  vitriol  et  d'alun.  Ce  village,  enclavé  dans 
la  forêt  de  Compiègne  et  bordé  par  l'Oise,  est  tra- 
versé en  partie  par  la  grande  route  de  Paris  à  Com- 
piègne, il  y  a  i:n  relais  de  poste.  Les  productions  du 
terroir  sont  en  céréales,  en  prairies  et  en  bois. 
—  U.y  avait  anciennement  à  la  Croix-Saint-Ouen 
une  abbaye  de  moines,  à  laquelle  est  due  la  nais- 
sance de  ce  village.  Celle  abbaye  fut  fondée  à  l'oc- 
casion d'une  vision;  en  voici  les  détails  tirés  de 
l'Uisloire  du  Va/ois,  par  Carlier  :  <  En  un  beau  jour 
de  printemps,  vers  l'heure  de  midi,  pendant  que  le 
soleil  dardait  ses  rayonsavec  force,  leroiDagobertl""' 
faisait  dans  la  forêt  de  Cuise  une  de  ces  parties 
de  chasse  solennelles,  où  l'usage  demandait  que  le 
souverain  fûi  accompagné  des  principaux  seigneurs 
de  la  nation  et  des  grands  officiers  de  sa  couronne. 
Le  prince  avait  à  ses  côtés  Saint-Ouen,  son  réfé- 
rendaire et  son  favori,  lorsqu'il  aperçut  loutà  coup 
dans  l'air  une  croix  lumineuse,  dout  la  blancheur  éga- 
lait l'éclat  de  la  neige.  Etonné  de  cette  apparition, 
il  en  demanda  l'explication  h  son  chancelier...  Saint 
Dictionnaire  de  Géographik  eccl.  II, 


Ouen,  après  avoir  réfléchi  sur  cette  merveille,  répon- 
dit au  roi  que  ce  météore  marquait  que  Dieu  voulait 
qu'on  rendit  en  ce  lieu-là  un  culie  particulier  à  Tiiis- 
trument  de  noire  rédemption;  et  11  conseilla  an  roi 
de  faire  élever  à  l'endroit  même  de  l'apparition  une 

église  sous  le  liire  de  la  Sainte-Croix.  Dagobert 

ordonna  qu'il  serait  fondé  à  l'endroit  même  inie  ba- 
silique de  Sainte-Croix,  à  laquelle  il  assigna  d'a- 
vance des  revenus  en  bois,  en  prés  et  en  fonds  de 
terres  lal)ourable,s  situés  sur  les  deux  rives  de  l'Oi- 
se  Il  chargea  saint  Ouen  du  soin  do,  faire  bâtir  l'é- 

gliseeld'y  placeriine  communauléd'ecclésiastiques.  » 
L'emplacement  futdefriché,  l'église  elles  bâtimejits 
furent  élevés  sans  relard,  et  aussitôt  des  religieux  de 
Saint-Jlédard  de  Soissons  mis  en  possession  de  tous 
les  biens  attribués  à  cette  fondation.  Les  etivirons 
de  cette  abbaye  se  peuplèrent  et  le  village  se  forma. 
Après  la  mort  de  saint  Ouen  les  religieux  le  prirent 
pour  second  patron,  et  le  peuple  dès  lors  donna  à 
l'abbaye  et  au  village  le  nom  de  la  Croix-Saint- 
Ouen.  Carlier  dit  (1764)  :  t  11  y  a  encore  aujour- 
d'hui iin   pèlerinage  de  Saint-Ouen  au  village  de  la 

Croix.  On  y   invoque  ce  saint  contre  la  surdité 

La  formule  de  réclamer  l'intercession  du  saint  est 
singulière  :  on  lait  descendre  dans  un  caveau  les 
personnes  aiiaquées  de  surdilé;  on  leur  passe  la  tèie 
dans  une  niche  de  pierre,  et  c'est  là  qu'on  leur  fait 
implorer  l'assistance  du  saint.  >  Le  roi  Philippe  le 
Bel  et  la  reine  Jeanne  séjournèrent  quelques  jours 
dans  cette  abbaye  au  mois  de  novembre  1301,  ce  qui 
prouve  qu'après  sept  siècles  d'exisience  lesbâtimenls 
du  monastère  étaient  encore  debout;  le  temps  les 
avait  respectés,  la  main  des  Anglais  les  détruisit 
presque  entièrement  en  1358.  — •  Le  village  de  la 
Croix-Saini-Ouen  possède  une  manufacture  de  na- 
cre assez  considérable  pour  occuper  une  partie  de 
la  classe  indigente  du  pays. 

Oratoritim  Sancii  Cyri ,  Saint-Cyr,  paroisse  de 
l'ancien  diocèse  de  Chartres,  actuellement  de  celui 
de  Versailles,  canton  et  arrond,  de  cette  ville,  Seine- 
et-Oise,  à  20  kil.  à  l'ouest  de  Paris,  et  à  4  à  l'ouest 
de  Versailles.  —  Dans  les  premiers  temps  de  l'intro- 
duction du  christianisme  en  France,  une  très-belle 
femme  nommée  Julithe  attira  les  regards  d'un  chef 
païen,  qui  mit  tout  en  usage  pour  la  séduire  et  pour 
lui  faire  abjurer  la  religion  chrétienne;  la  dame  ré- 
sista à  toutes  ses  lenlatives  et  elle  fut  décapitée.  Son 
fils,  âgé  seulement  de  trois  ans,  avait  reçu  d'elle  les 
premières  notions  de  sa  religion,  et  résista  cons- 
tamment aux  soliiciiations  qui  lui  furent  faites  pour 
le  déterminer  à  changer  de  croyance.  Le  juge  qui 
l'interrogeait,  furieux  de  ne  pouvoir  vaincre  la  réso- 
lution de  cet  enfant,  le  précipita  du  haut  d'un  ro- 
cher où  il  avait  établi  son  tribunal.  Cet  enfant  de 
Irois  ans  se  nommait  Cyrus.  Quelques  chrétiens, 
insiruits  du  fait,  se  rassemblèrent  et  fondèrent  une 
colonie  sous  les  auspices  du  petit  martyr,  qu'ils  adop- 
tèrent pour  patron,  et  dont  le  nom  lut  donné  au  vil- 
lage qu'ils  élevèrent;  c'est  ce  que  rapporte  lalégondo 

18 


5S5 


DICTIONNAIKE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


536 


de  Saint-Cyr  (1).  Pendant  longtemps  ce  village  ne 
fut  composé  que  de  quelques  maisons  de  paysans,  au 
milieu  desquelles  on  distinguait  le  château  du  sei- 
gneur, remplacé  aujourd'hui  par  une  chétive  auber- 
ge sous  l'enseigne  de  l'Ecu  de  France  ;  il  y  eut  aussi 
uncouveni  de  femmes  fondé  '  très-anciennement; 
iniiis  SaintCyr  acquit  une  grande  importance  snus 
l.iiuis  XIV,  lors  de  rétablissement  de  cette  coniinu- 
iiauté  fameuse  sous  le  nom  de  monjslère  Sl-Louis  , 
tlunl  madame  de  Maintenon  se  déclara  la  proleclrice 
et  l'instiiulrice.  Comme  très-souvent  les  petites  causes 
amènent  de  grands  effet-,  voici  ce  qui  donna  lieu, 
pour  ainsi  dire,  à  la  fondation  de  ce  couvent  :  mada- 
me de  Maintenon  étant  à  Montchevreuil  y  fit  la  (  on- 
naissance  d'une  religieuse  ursuline  nommée  madame 
de  Brinon,  que  la  ruine  de  son  couvent  avait  obligée 
d'aller  vivre  chez  sa  mère,  qu'elle  perdit  quelque 
le^pps  après.  Elle  se  retira  dans  le  couvent  de  Saini- 
Leii,  à  2  lieues  de  Pontoise,  où  elle  demeura  deux  ou 
trois  ans,  et  oii  i  lie  se  lia  d'amitié  avec  une  reli- 
gieuse nommée  madame  de  Saint-Pierre  de  Rouen, 
et  sortie  de  son  couvent  pour  la  même  raison  que 
inadiiinede  Brinon;  elles  furent  encore  obligées  de 
sortir  du  couvent  de  St-Leu  pour  le  même  motif,  et 
louèrent  une  maison  à  Anvers,  où  elles  prirent  des 
petites  filles  en  pension  pour  subsister.  Elles 
quittèrent  Anvers  pour  venir  s'établir  à  .Mont- 
morency dans  respéraiice  d'y  être  mieux  et 
s'occupèrent  aussi  à  élever  des  pensionnaires.  Ma- 
dame de  Briuon,  qui  avait  toujours  élé  en  commerce 
de  leitres  avec  madame  de  Maintenon,  l'alla  voir  à 
Saint-Germain,  où  la  cour  ét:iit.  Celte  dernière  la 
loua  beaucoup  sur  l'utilité  de  Sun  entreprise,  l'ex- 
horta à  continuer  et  lui  promit  SI  protection.  Elle 
commença  par  lui  confier  des  petites  filles,  et  paya 
des  pensions  plus  fortes  qu'elle  n'aurait  payées  ail- 
leurs. N'ayant  qu'à  se  louer  des  deux  religieuses,  et 
surtout  de  madame  de  Brinon,  pour  les  soins  qu'elle 
donnait  à  l'éducaiiua  de  ses  pensionnaires,  elle 
leur  proposa  de  venir  à  Ruel  :  ces  religieuses  ac- 
ce|ilèreni  la  proposition  et  se  rendirenten  1682  à 
Ruel,  où  elles  trouvèrent  une  maison  spacieuse, 
commode  et  meublée,  avec  une  cliapelle  et  un  cha- 
pelain, et  toutes  les  autres  choses  nécessaiies  pour 
le  spirituel  el  le  teniponl,  aux  dépens  de  m:idame 
de  Maintenon.  Tout  étant  ainsi  préparé,  cette  der- 
nière éiablii  dans  cette  maisiin  des  pensionnaires 
diiiil  le  nombre  monta  jusqu'à  60,  nourries  et  enire- 
tenues  à  ses  frais  ;  ne  les  trouvant  pas  encore  assex 
à  sa  portée,  elle  songea  à  les  rapprocher  de  Versail- 
les. Le  roi  lui  offrit  le  chàieau  de  Noisy  qu'elle  ac- 
cepl:i.  Le  lendemain  delà  pnrificaiion  de  l'an  1684, 
oncommeni^aà  déménager  Ruel  pour  venir  à  Noisy. 
Dès  ([ue  la  communauté  y  fut  logée,  madame  de 
jMaiiitenon  s'y  rendit  tuus  les  jours,  el  fut  si  conienle 
de  la  bonne  éducation  de  ses  pensionnaires,   qu'elle 

(1)  Cette  louchante  légende  se  retrouve  également 
dans  les  diocèses  d'Auiun  ei  de  Nevers  dans  les  mê- 
mes «ernies.  N'aiirail-elle  pas  été  copiée  par  leschro- 


déterniina  le  roi  à  en  augmenter  le  nombre.  Il  con- 
vint donc  avec  elle  d'y  admettre  déjeunes  filles  no- 
bles ,  auxquelles  il  payerait  peiision.  On  vint  aussi- 
tôt de  tout  côté  présenter  des  demoiselles  à  madame 
de  Mainienon,  el  le  nombre  de  cent  fut  bientôt  rem- 
pli. Elle  partagea  dès  lors  les  demoiselles  en  quatre 
chambres  ou  classes,  qui  furent  distinguées  entre 
elles  par  des  rubans  de  couleurs  différentes,  cl  elle 
leur  donna  un  habit  uniforme.  Ces  demoiselles  s'oc- 
cupaient dans  les  classes  aux  exercices  qu'on  apprend 
ordinairement  aux  jeunes  personnes.  Sur  les  instan- 
ces de  madame  de  Maintenon,  appuyées  par  le  P.  La 
Chaise,  son  confesseur,  Louis  XIV  forma  le  dessein 
de  (onder  une  imiison  plus  nombreuse  que  celle  de 
Noisy  :  250  demoiselles  devaient  y  être  i^ratuitemeiit 
reçues,  élevées,  nouriies  et  entretenues  de  toutes 
choses  jusqu'à  20  ans  aux  dépens  de  la  fondation, 
et  sans  qu'il  en  coûtât  rien  aux  parents.  Ou  devait 
les  prendre  depuis  7  ans  jusqu'à  12,  et  aucune  n'y 
pouvait  rester  après  20  accomplis.  En  y  euirant 
elles  devaient  faire  preuve  de  quatre  degrés  de  no- 
blesse du  côié  paternel.  Pour  remplir  cet  objet, 
le  roi  S(;  i  roposa  d'y  attacher  des  revenus  considé- 
rables, dont  un  des  principaux  serait  la  mense  abb-i- 
tiale  de  Saint-Denis,  alors  vacante  par  la  mort  du 
cardinal  de  Retz.  Le  nombre  des  dames  institutrices, 
des  sœurs  converses,  des  servantes  devait  être  por- 
té à  80;  en  conséquence  de  celte  résolution,  le  roi 
chargea  Louvois  et  tlarduuin  .Mansart  de  choisir 
pour  cet  éiablisseinenl  un  lieu  commode  aux  envi- 
rons de  'Versailles.  Le  village  de  Saint-Cyr  eul  l'a- 
vantage du  choix  :  Mansart  fit  tous  les  plans  de  la 
^liaison  destinée  à  recevoir  l'établissement.  On  tra- 
vailla avec  lanl  d'activité  à  cette  cousiruction  que, 
commencée  le  1"  mai  168o,  elle  fut  terminée  le  1" 
mai  suivant,  et  en  état  de  recevoir  les  jeunes  pen- 
sionnaires. 2500  ouvriers  furent  constamment  occu- 
pés à  cette  bâtisse  importante.  Madame  de  Biinon, 
p;ir  ordre  de  madame  de  Maintenon,  fil  des  consii- 
luiions  pour  cet  établissement,  qu'elle  prit  en  pailic 
de  la  règle  des  ursulines  et  en  pariie  de  ce  qu'elle 
savait  des  inlenlioiis  du  roi  et  de  relies  de  madame 
de  Maintenon,  qui  ne  voulaient  point  faire  des  reli- 
gieuses, mais  seulement  une  communauté  de  filles 
pieuses,  capables  d'élever  dans  la  ci  aime  de  Dieu  el 
dans  les  bienséances  de  la  vie  le  nombre  de  demoi- 
selles prescrit  par  la  fondation,  à  quoi  elles  s'engage- 
raient par  des  vœux  simples  de  pauvreié,  de  chas- 
li  té  el  d'obéissance.  Le  roi  voulut  que  ces  dames 
eussent  nn  habit  parliculierqui  fût  grave  et  modeste, 
mais  qui  n'eût  rien  de  monacal;  qu'elles  ne  s'appe- 
lassent ni  ma  mère,  ni  ma  sœur,  mais  madame  avec  h: 
nom  de  famille;  qu'elles  eussent  chacune  une  crc  t 
d'or  pendante  sur  l'estomac,  parsemée  de  fleurs  de 
lis  gravées,  ainsi  qu'un  Christ  d'un  côté  et  un  sain! 
L' uis  de  l'aulie;  que  les  sœurs  converses   eussent 

niqui'urs  du  iemps?Qnoi  qu'il  en  soil,le  nom  de  Sainl- 
Cyr  est  porté  par  un  grand  nontbre  de  localités  eo 
France.  (Noie  de  l'uuliur.) 


5S7  GEUGKAPUli!:  DES  LhIGE 

des  croix  d'urgent  gravées  de  la  même  iiiviiiére.  Ma- 
dame de  Maiiiieiioii  s'occupa  eiisuile  à  faire  faire  un 
habit  lel  qu'elle  l'avait  imaginé.  —  La  maison  de 
Saint- Cyr  se  divisait  en  1;2  cuips  de  bâtiments  prin- 
cipaux qui  formaient  cinq  cours,  savoir  :  1°  la  cour 
Longue,  "2°  la  cour  de  Fliglise,  5°  la  cour  Royale, 
i°  la  cour  des  Cuisines,  et  5"  la  cour  Verte.  Cette 
distribution  est  la  même  aujourd'hui  :  les  noms  seuls 
ont  élé  changés.  Le  tout  forme,  avec  les  jardins  et 
autres  dépendances,  un  polygoiie  de  i40,U00  mètrei 
de  surface.  La  cour  Longue,  parallèle  aux  trois  sui- 
vanl&s  qu'elle  éga  le  en  longueur  :  elle  longe  la  fa- 
çadeprincipaleducôlédu$ud;lacoui'  de/  f^/ise donne 
entréedansia  chapelle,  oùl'on  lemarque  plusieurs  ta- 
bleaux estimés,  enire  autres  la  Guérhon  du  Lépreux, 
par  JouNenet;  la  cour  nommée  d'abord  Hoyale,  puis  de 
ta  Reine,  n'était  pas  habitée  et  ne  pervaii  qu'à  éclairer 
les  appartements  et  à  fournir  un  passage  de  la  cour  de 
l'Eglise  dans  celle  i/esCuisiiies.  Celle  dernière,  qui  por- 
te le  nom  de  cour  de  Monsieur,  «st  dessinée  sur  le  même 
plan  et  dans  les  mêmes  dimensions  que  les  deux  pré- 
cédentes; la  dernière  enhn,  la  cour  Verte,  se  trouve 
formée  par  le  prolongement  des  deux  corps  de  bâti- 
ments d'est  et  d'ouest  de  la  cour  hoyale,  et  séparée 
de  celle-ci  par  le  corps  de  bâtiment  du  noid.  —  Les 
jardins  de  Sainl-Cyr  appellent  aussi  ratienlioii  ;  ou 
y  remaïquait  jadis  seize  bassins  avec  jets  d'eau. 
La  partie  du  jardin  comprise  entre  le  pavillon  et  le 
corps  de  logis  principal  était  un  bois  planté  de  syco- 
mores et  de  frênes.  Mais  à  la  pat  lie  des  bùtiincnls 
qui  formaient  la  cour  Verte  se  ratiaclienl  sanonl  les 
plus  intéressants  souvenirs.  C'est  là  qu'en  présence 
de  Louis  XIV  et  de  m  :dame  de  Mainleiion  et  devant 
toute  la  cour,  fut  représentée  en  1G8;I,  par  les  jeu- 
nes pensionnaires,  celle  tragédie  lï'Esiher  par  Raci- 
ne, où,  sous  les  noms  de  Vasihi  ei  d'Esilier,  le  poëie 
faisait  allusion  à  madame  de  Monlespan  et  à  mada- 
me de  Mainienon,  qui  la  remplaça.  Aihalie  y  fut 
représentée  en  IC'Ji.  Ces  deux  chefs-d'œuvre  obtin- 
rent un  succès  complet,  ^éanmoins  on  s'aperçut  que 
le  goût  de  la  représentation,  et,  on  peut  le  dire,  le 
goût  des  bonnes  choses,  détournait  les  demoiselles 
de  Sainl-Cyr  de  leurs  pieuses  occupations;  on  sup- 
prima ce  genre  de  récréation.  Ce  lut  dans  ce  même 
corps  de  bâtiment,  dans  une  chambre  dont  l'entrée 
est  à  côté  de  celle  de  la  chapelle,  que  Pierre 
le    Grand    alla    visiter  madame   de    Mainleuun   - 


i^JES  AL  MOYEN  AGE.  r  ,ï8 

elle  était  au  lit,  âgée  de  83  ans;  Pierre  est  in- 
iroduit  dans  cette  chambre;  il  tire  précipitamment 
les  rideaux  qui  cachiient  cette  dame,  jette  un  regard 
empressé  sur  elle,  les  referme  brusquement, 
en  faisant  un  signe  de  mépris,  mêlé  de  douleur.  Un 
assure  que  madame  de  Maintenon  fut  vivement  péné- 
trée de  la  conduite  du  prince,  et  que  même  cette  cir- 
constance précipita  le  terme  de  sa  vie.  C'est  là  que 
mourut  la  fondatrice  de  rétablissement,  le  15  avril 
17 19.  Ses  restes  furent  placés  dans  le  chœur  de  l'église 
deSainl-Cyr.où  l'on  grava  en  latin  et  en  fiaiigai>  une 
très-longue  épitaphe.  —  Le  15  mars  17!.;3,  il  s'ou- 
vrit dans  le  sein  de  la  Convention  une  discusMon  très- 
vite  au  sujet  de  la  suppression  projetée  de  la  mai- 
son de  Saint-Cyr.  Sur  les  conclusions  de  .Mallarmé, 
qui  peignit  cette  maison  comme  étant  l'école  du  roya* 
lisnie  et  de  l'aristocratie,  le  projet  de  décret  fui  adop- 
té et  promulgué  de  suite.  Par  sa  teneur,  la  maison 
de  Saint-Cyr,  supprimée,  devait  être  évacuée  dans 
le  mois.  Les  religieuses  instiluirices  devaient  rece- 
voir une  pension  de  retraite,  confoiiuémenl  à  la  .oi 
du  17  août  n\:-2,  et  étaient  autorisées  à  dispose'-  de 
tous  les  ellèts  qu'elUs  prouveraient  leur  appai tenir. 
Les  élèves  devaient  en  outre  recevoir  chacune  it> 
sous  par  lieue  jusqu'à  la  mujiicipaliié  où  elles  au- 
raient déclaré  vouloir  se  retirer.  Des  pensions  de 
retraite  étaient  assuiée?  à  tons  les  emplojés  de  la 
maison,  etc.  Saini-Cyr  fut  alnis  changé  en  hôpital 
nii  itaire,  et  garda  celte  destination  pendant  toiile  ia 
diiiée  du  ijouvernement  révolutionnaire.  Une  école 
'l'éiiale  uiililaiie  ayant  été  fondée  par  une  Li  en 
ua:  du  11  floréal  an  X  (l"'  mai  lb02),  et  placée 
d'aboid  à  Foiiiàinelileau,  Napoléon  la  transféra  à 
Saint-Cyr,  et  lui  dotma  le  litre  d'école  impériale  de 
Sainl-Cyr  :  elle  éliit  consaciée  à  l'édutalion  uiililaire 
des  jeunes  gens  qui  se  de^linaient  à  i.rvir  dans  l'in- 
fanterie. D'après  les  réglem>'nts  de  cette  nouvelle 
institution,  le  cours  des  études  devait  durer  deux 
ans,  et  ces  deux  années  étaient  comptées  aux  élèves 
comme  services  militaires.  Au  sortir  des  écoles  ils 
entraient  dans  les  régiments  d'infanterie,  avec  le 
grade  de  sous-lieutenant.  L'Eglise  de  Saint-Cyr  était 
desservie  par  des  Pères  de  la  Mission.  Il  y  avait 
dans  ce  village  une  abbaye  de  religieuses  de  l'ordre 
de  Saini-Benoil,  qui  a  élé  démolie.  La  pop  il.  de 
Saint-Cyr  est  de  1800  hab.  env.  Les  productions  de 
son  terroir  sont  en  grains  et  en  bois. 


Pagus  Abttdirensis,  Abadira,  ou  Abaradèra,  ville 
épiscopale  d'Afrique,  dans  la  Byzacène.  Victor  d'Uli- 
qne  en  fait  mention.  La  notice  des  évêques  d'AI'rique 
en  parle  aussi,  s'il  faut  en  croire  le  P.  Charles  de 
Saint-Paul  et  Bochart.  Mais  Holstenius,  dans  ses 
notes  sur  Charles  de  Saint-Paul,  lit  episcopus  Aba- 
dirensit  au  lieu  d'Abaradiranus,  si  le  nom  original  est 
"ny  lay,  comme  le  dit  Bochart  (De  Pliœnic.  colon., 
1. 1,  cb.  24).  La  racine  sémitique  de  ce  nom  esti:iy, 


passer.  Du  reste,  on  est  dans  une  ignorance  absolue 
sur  la  position  exacte  et  les  ruines  de  celte  ville. 

Pagus  Abarensis,  Abara,  ville  épiscopale  d'Afri- 
que, assez  voisine  de  Carthage.  Son  évêché  est  an- 
térieur à  l'an  48-2.  «  On  trouve,  selon  Bocliarl  (De 
Pliœnic.  colon.,  I.  i,  cap.  24),  dans  la  uoiicssur  l'A- 
frique, un  certain  Félix  d'Abara,  qui  fut  envoyé  en 
exil  avec  d'autres  évêques,  la  sixième  année  du  roi 
iluuéric.  I   Huilerie  monta  sur  le  trône  de  son  père 


<i)J 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


en  476;  il  coiUinua  la  persécution  que  les  Vandales 
avaient  systéraaiiqueraeni  organisée  contre  le  clergé 
catholique.  11  n'est  rien  resté  de  celle  ville. 

Pagus  Abbaliscettanus,  vel  Cella  Abbalis,  canton 
d'Appen/.ell,  l'un  des  cantons  de  la  confédération 
suisse,  composé  des  deux  républiques  indépendan- 
tes d'Appenzell-Rliodes-Exlérieures  et  Appenzell- 
Rliodes-Intérieures.  —  Enclavé  dans  le  canton  de 
Sainl-Gall,  entre  iV  12' et  il'  32' de  latitude 
nord;  6°  52' et  7*  16'  de  longitude  est.  —  Superfi- 
cie évaluée  à  8  mil.  allni.  géogr.  ou  440  kim.  carr. 
Pop.  60,  876  1).  —  Pays  élevé  et  montagneux,  sur- 
tout au  sud  sillonné  par  des  rameaux  avancés  des 
contreforts  des  Alpes.  Point  culminant,  le  Sanlis, 
2557  m.,  moindre  altitude  du  sol,  !20  m.  —  Situé 
dans  le  bassin  du  Rhin,  arrosé  par  la  Silter,  rivière 
peu  considérable  et  non  navigable,  qui  se  jette  dans 
la  Thur,  et  par  des  torrents  affluents  de  la  Silter  ou 
du  Rhin.  Climat  assez  rigoureux.  Sol  riche  en  beaux 
pâturages  et  en  vastes  forêts  de  pins  et  de  sapins. 
Récolte  de  pommes  de  terre ,  de  céréales,  mais  en 
petite  quantité,  et  seulement  au  nord  de  la  Silter  ; 
récolte  de  poires  et  pommes  pour  cidre,  de  cerises 
pour  kirscbwasser;  quelques  vignes.  Culture  du  lin 
et  du  chanvre  autrefois  importante.  —  La  richesse 
du  canton  est  dans  les  Rhodes-Intérieures  l'élève  du 
bétail  exclusivement  ;  dans  les  Rhodes-Extérieures, 
l'élève  et  surtout  l'industrie  de  fabrication.  Elève  de 
gros  bétail  (23,000  têtes),  de  moutons  et  chèvres  en 
grand  nombre,  de  chevaux. — Les  seuls  minérau.t 
exploités  sont  les  pierres  pour  construction,  les  pier- 
res à  aiguiser  et  la  tourbe. — L'industrie  presque  ex- 
clusive du  canton  est  son  importante  fabrication  de 
mousselines  brodées  (occupant  plus  Je  10,000  per- 
sonnes ),  de  gazes,  de  percales,  de  tulles  et  autres 
tissus  de  coton.  Fabrication  autrefois  considérable 
et  renommée  de  toiles  de  lin,  aujourd'hui  presque 
nulle.  Filatures  de  coton  ;  blanchisseries;  teinture- 
ries; imprimeries  sur  toiles  ;  fabriques  de  produits 
chimiques.  —  Le  commerce  consiste  dans  l'expor- 
tation des  mousselines  et  autres  tissus  de  coton,  et 
des  produits  de  l'élève,  bestiaux,  peaux,  fromage  et 
beurre.  Les  articles  importés  pour  la  consommation 
sont  les  grains,  les  fruits,  les  vins  et  eaux-de-vie,  le 
tabac,  le  sel,  le  coton,  les  denrées  coloniales,  les 
teintures,  les  cuirs,  les  savons  et  les  ;irticles  manu- 
facturés divers.  —  Le  canton  d'Appenzell  occupe  le 
13«  rang  dans  la  confédération  suisse,  dans  laquelle 
il  a  élé  reçu  en  1513.  Son  contingent  fédéral  est  de 
',172  hommes,  et  en  argent  de  9220  francs  de  Suisse, 
ou  15,830  fr.  Les  deux  Etals  dont  il  se  compose, 
Appenzell-Aiisser-Rlioden  et  Appenzell-Inner-Rho- 
den,  se  séparèrent  à  la  suite  du  prolestanlisiue  en 
1307.  Us  ont  en  commun  une  voix  à  la  diète,  hiais 
ils  la  perdent  lorsque  les  instructions  données  à  leurs 
députés  sont  en  opposition  :  ces  instructions  sont 
délibérées  dans  un  comité  de  délégués  des  deux 
Etats. 

Appenzell-.\usser-Rhoden   (Réj^mbliqne) ,  Ir.  Ap- 


560 

penzell-liliodes-Extcrieurcs,  Rhodes-Exlériéures-d'Ap- 
peuzell,  l'un  des  deux  Etats  dans  lesquels  se  divise 
le  canton  suisse  d'Appenzell;  capitales  Trogen  et  Hé- 
risau. — Il  comprend  la  plus  grande  partie  du  canton, 
dont  il  occupe  le  nord  el  le  nord-ouest.  La  Silter 
qui  le  traverse  du  sud-est  au  nord-ouest  forme  les 
deux  divisions  à  la  fois  géûgraphi(|ues  et  politiques' 
dites  Vor-der-Sitter  (en  avant  de  la  Silter)  et  Ilin- 
ter-der-Sitier  (derrière  la  Silter),  à  la  droite  et  à  la 
gauche  de  la  rivière. — Superfi(  ie  évaluée  à  5  mil. 
géogr.  allm.  ou  275  klm.  carr.— Pop.  46,080  hab., 
dont  C91  catholiques. — L'industrie  des  mousselines 
brodéi'S  et  des  autres  tissus  de  coton  fait  la  richesse 
de  cel  Etat.— D'après  la  conslilulion  de  1834,  l'Etat 
est  une  république  démocraiique  ;  sa  religion  est  la 
religion  évangélique  réformée;  le  pouvoir  souverain 
est  exercé  par  le  peuple  dans  ses  assemblées  ou  par 
ses  délégués;  tout  citoyen  est  soumis  à  l'impôt,  et  à 
l'âge  de  18  ans  au  service  militaire.  La  laiidsgemeinde, 
ou  assemblée  du  peupfe,  présidée  par  le  landani- 
mann  et  composée  de  lous  les  citoyens  âgés  de  18 
ans  qui  ont  reçu  la  conmiunion,  s'assemble  une  fois 
par  an,  alternativement  à  Trogen  et  à  Hundwyl.Elle 
vote  les  lois,  exerce  les  hautes  attributions  du  pou- 
voir exécutif,  nomme  pour  un  an  aux  dix  grandes 
charges  de  l'Etal,  celles  de  landammann  ou  prési- 
dent de  la  république,  de  landamnjann-lieutcnantou 
landstatlhalter,  de  trésorier  ou  landseclietmeister,  de 
capitaine  o\i  landshaupliuann,  et  de  porte-bannière 
ou  landsfahnricli.  Chacune  de  ces  charges  a  dens  ti- 
tulaires, l'un  pour  le  Vor-der«Silier,  l'autre  pour 
l'Hinier-der-Sitter.  Un  seul  landammann  exerce  les 
fondions  de  sa  charge  et  porte  le  litre  de  landam- 
mann-dirigeant,  qui  appartient  alternativement  au 
landammann  du  Vor-der-Sitter,  et  à  celui  de  l'Ilin- 
terder-Silter.  La  seconde  autorité  de  l'Etat  est  le 
double  conseil,  ou  zweifaclte-landraih  (appelé  aupara- 
vant Neu-ei-Alt-Iiailie),  présidé  par  le  landammann 
et  composé  des  neuf  autres  hauts  fonctionnaires,  des 
deux  hauptmann  de  chaque  rhode,  el  de  membres 
nommés  par  les  assemblées  paroissiales;  il  nomme 
à  presque  tous  les  emplois  publics  et  est  chargé  du 
plus  grand  nombre  des  atiribuiions  du  pouvoir  exé- 
cuiil.  La  troisième  autorité  est  le  grand  conseil  ou 
grosse-raili,  présidé  par  le  landammann  et  comiiosé 
des  hauts  fonctionnaires  ci  des  hauplmann-dirigeant 
de  chaque  rhode;  il  s'assemble  allernativement  à 
Trogen  et  à  Hérisau,  est  chargé  du  maintien  et  de 
rexécniion  des  lois,  et  nomme  les  députés  à  la  diéie. 
Le  grand  conseil  est  aussi  la  haule  cour  civile  et 
criminelle  de  l'Etat.  Dans  les  procès  entre  particu- 
liers, l'usage  des  avocats  y  est  interdit.  Cliacuii  dos 
deux  districts  a  son  petit  conseil  ou  klcine-raik,  com- 
posé de  treize  membres  élus  par  les  assemblées  pa- 
roissiales, et  dont  le  président  est  nommé  parmi  eux 
par  le  double  conseil.  Ses  membres  ne  doivent  ap- 
partenir ni  au  double  conseil  ni  au  grand  conseil,  ni 
aux  conseils  communaux;  il  remplit  les  fonctions  de 
tribunal  de  seconde  instance  et  s'assemble  tous  les 


S61 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


Îi69. 


mois,  allernalivemenl  à  Trogen  et  Heiden,  pour  le 
Vorder-Silter,  et  à  Hérisau,  lliindwjl  cl  llriiascli 
pour  l'Hinter-der-Sitler.  L'Etat  est  divisé  en  vingt 
rbodes  ou  conimiiiies  politiques  et  paroissiales 
(rhodc ,  ijemeinde).  Tous  les  habitants  d'une  rliode 
forment  l'assemblée  conimiinale  ou  paroissiale  dite 
kirchhore,  qui  se  réunit  tous  les  ans  pour  nommer 
Jes  fonctionnaires  communaux  ;  elle  nomme  aussi  et 
destitue  ses  pasteurs.  L'adminislralior.  communale, 
composée  des  deux  premiers  magistrats  ou  haupl- 
manu,  dont  l'un  seulement  en  charge  ou  dirigeant, 
et  d'un  conseil  (gemeinderatli),  est  en  même  temps 
iribunal  de  première  iusiance.  Un  tribunal  pariicu- 
Jier,  le  ehegerkla  ou  Iribunal  des  causes  mairimo- 
Jiiales,  est  composé  de  neuf  membres,  dont  six  laï- 
ques et  trois  ecclésiastiques  nommés  par  le  double 
conseil.  En  matières  purement  religieuses,  la  déci- 
sion appartient  au  synode,  formé  des  membres  du 
ehegerklu  et  des  pasteurs  de  toutes  les  communes  ; 
dans  ses  assemblées  annuelles  à  Trogen  ou  à  Héri- 
sau, il  élit  son  doyen,  le  preniier  ecclésiastique  de 
l'Etat.  —  Les  établissements  d'instruction  publique, 
sous  la  direction  ou  la  surveillance  du  gouverna- 
meni,  sont  nombreux  et  bien  entretenus.  —  Les  re- 
venus publics  consistent  dans  l'intérêt  des  capitaux 
de  l'Etat,  le  produit  des  fermages,  des  contributions 
directes,  des  dr<jits  de  péages ,  des  amendes  et  du 
monopole  du  sel.  l/ttat  n'a  pas  de  dettes.  —  Con- 
lingent  fédéral  :  à  l'armée,  772  lioninies  ;  en  ar- 
gent, 77£0  fr.  de  Suisse,  ou  11,580  fr.  Appenzell- 
Àusser-Rlioden  envoie  un  député  et  a  une  voix  à  la 
diète,  en  commun  avec  Appenzell-Inner-Rboden. 

Appenzell-liiner-Rliodon  (République),  k.Appenzell- 
Rliodes-Jntérieures ,  Rhodes-Intéiieures-d'Appenzett , 
l'undesdeux  Eiatsqui  forment  lecantonsuisse  d'Ap- 
penzell;  capitale  Appenzell.— Situé  au  sud-est  d'Ap- 
penzell-Ausser  Rhuden.— Superlicie  évaluée  à  5  mil. 
géogr.  allm.ou  165  kim.  carr.— Popul.  U,700  liab.  Le 
sol  élevé,  montagneux  et  impropre  ii  la  culture  des 
céréales,  est  riche  en  beaux  pâturages;  et  les  pro- 
duits de  l'élève  du  bétail  constituent  à  peu  près  la 
seule  richesse  des  habitants.  —  D'après  la  constitu- 
tion de  1829,  Appenzell-Inner-Rboden  est  une  répu- 
blique démocratique;  la  religion  catholique  est  ex- 
clusivement la  religion  de  l'Etat  ;  le  peuple  exerce  lo 
pouvoir  souverain  dans  ses  assemblées  ou  par  ses 
délégués;  tout  citoyen  est  soumis  à  l'impôt,  et  à 
l'âge  de  18  ans,  au  service  niiliiaire.  L'assemblée  du 
peuple  ou  landsgemeinde  présidée  par  le  landam- 
ni:win  et  conipoice  de  tous  les  citoyens  âgés  de  18 
ans,  se  tient  ordinairement  une  fois  par  an  et  à  Ap- 
penzell ;  elle  vote  les  lo  s,  confirme  les  traités  et  les 
instructions  du  député  à  la  diète;  elle  nomme  pour 
un  an  les  deux  landammann,  le  landammann-liente- 
nant  (  landstatllicdler  )  et  les  hauts  fonctionnaires 
de  l'Etat.  L'un  des  landammann  seulement  est 
en  charge;  il  porte  le  titre  de  landammann-dirigeant. 
C'est  le  président  de  la  république  auquel  appar- 
tiennent certaines   prérogatives  et  attributions  du 


pouvoir  exécutif.  Les  grandes  autorités  sont,  apies 
la  landsgemeinde,  le  grind  conseil  et  le  peiit  con- 
seil. —  La  république  est  divisée  en  sept  communes 
politiques  ou  rhodes,  dont  l'administration  se  com- 
pose d'un  preniier  magistrat  ou  liauplmaiin-dirigeanl, 
d'un  second  haupimann,  d'un  petit  et  d'un  grand  con- 
seil ;  l'administiation  communale  est  en  même  temps 
tribunal  de  première  instance.  —  Le  territoire,  di- 
visé en  cinq  paroisses,  fait  partie  du  diocèse  de  l'é- 
vêché  de  Bàle,  dont  le  délégué  est  un  commissaire 
épiscopal  résidant  à  Appenzell.  —  L'Etat  ne  possède 
que  des  écoles  primaires.  —  Le  produit  de  capitaux 
et  de  domaines  assez  considérables,  celui  du  mono- 
pole du  sel,  et  au  besoin  les  contributions  directes 
constituent  les  revenus  publics  évalués  à  environ 
20,000  florins  ou  45,000  fr.  —  Appenzell-Inner- 
Rboden  envoie  un  député  à  la  dièie  et  y  a  une  voix 
en  comnmn  avec  Appenzell-Ausser-Rhoden.  Son 
contingent  à  l'armée  fédérale  est  de  200  hommes  et 
il  la  caisse  fédérale  de  1500  fr.  de  Suisse,  ou  2230 
fr.  —  Les  sept  rhodes  ou  communes  sont  celles 
deSchwendi,  Rùthi,  Lehii,  Schiatt,  Gotnen,  Tiinken- 
bach  Stechlenegg  et  Hirschberg-Oheregg. 

I  Appenzell,  bourg  de  Suisse,  canton  d'Appen- 
zell,  capitale  de  la  république  d'Appeiizell-Inner- 
Rlioden,  ù  12  kil.  sud-ouest  de  Trogen,  et  à  12kil. 
sud-est  de  Hérisau  ,  à  205  kil.  esl-esi-nord  de  Berne, 
95  kil.  est  de  Zurich,  150  kil.  nord-est  de  Lucerne, 
sur  la  rive  gauche  de  laSittsr,  au  milieu  d'une  riche 
et  populeuse  vallée.  Latitude  nord  47°  27'  43"  ;  lon- 
gitude est  7"  4'.  Altitude  774  ni.  Popul.  1450  hab. 
catholiques  ;  200  maisons.  —  Lieu  d'assemblée  de  la 
landsgemeinde;  siège  d'un  commissaire  de  l'évêque 
de  Râle.  Arsenal  et  archives  de  l'Etat. —  Industrie 
agricole;  blanchisseries  de  toiles.  Commerce  en 
tuiles,  colons,  salpêtre,  pierres  à  aiguiser  et  bois. 

—  Ancienne  église  de  Saint-Maurice  bâtie  en  1061. 

—  Dans  les  environs,  ruines  de  l'ancien  château- 
fort  de  Claux,  bâti  au  x»  siècle  par  les  abbés  de 
SaiiU-Gall;  à  4  kil.,  sur  la  Siller,  les  sources  miné- 
rales de  Weissbad,  l'un  des  bains  les  plus  fréquentes 
de  la  Suisse. 

A  quelque  dislance  de  Weissbad,  on  rencontre  un 
chélif  pont  de  bois  qui,  à  une  hauteur  de  230  pieds, 
traverse  un  abîme  affreux.  Ce  pont  conduit  au  Wild- 
kirchlein,  qui  est  formé  par  deux  cavernes  ;  l'une 
renferme  une  chapelle  et  l'autre  sert  de  demeure  à 
un  ermite.  Au  moyen  âge,  Appenzell  se  nommait 
Cella  Abbaûs,  parce  que  la  ville  et  le  canton  dépen- 
daient de  l'abbé  de  Saint-Gall,  qui  était  un  grand 
seigneur  féodal  et  prince  du  Saint-Empire.  Au  com- 
mencement du  xv«  siècle,  les  Appenzellois  s'insur- 
gèrent contre  l'abbé  de  Saint-Gall,  et  défirent  ses 
troupes. 

Il  y  a  un  couvent  de  Capucins  dans  le  canton 
d'Appenzell. 

Pagus  Atesiœ,  vet  Aleslum,  .\lais,  de  l'ancienne  pro- 
vince du  Languedoc.  C'était  autrefois  le  siège  d'un 
évêché  qui  renfermait  97  paroisses  formant  15.574 


56S 


WCTIONNAIRE  DE  GKOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


feux.  H  avait  été  démembré,  en  1601,  de  celui  de 
Nîmes,  cnmpretnit  le  pays  des  Cévennes  tout  entier, 
et  s'éieiid.iit  de  plus  dans  les  diocèses  de  Mende,  de 
Viviers,  d'Uzès  et  de  Montpellier.  Alai?,  situé  au 
pied  des  Cévennes.  dans  un  vallon  n^réable,  sur  le 
Gardon,  contieni  14,60)  hab.  —  Les  jésuites  n'y 
ont  point  eu  d't'abiissemeni,  comme  l'a  dit  La  Mar- 
linière,  mais  ou  y  comptait  en  1750  irnis  maisons 
religieuses  d'Iiomnies  et  autant  de  femmes.  L'une  de 
celles-ci  éiait  NotreDame-des-Font?,  de  Tordre  de 
Cileaux. 

Celle  ville  est  actuellement  du  diocèse  de  Nîmes, 
son  évècbé,  qui  élail  suffraganl  de  Narbonne,  ayaiit 
été  supprimé  par  le  concordai  de  ISOl.  Comprise 
dans  le  dépl.  du  Gnrd,  elle  est  le  chef-lieu  d'un  des 
arrondissements  les  pins  impnrianis  par  ses  riches 
mines  de  himillt',  pouvant  donner  plus  d'un  million 
de  quintaux  métriques  rie  houille;  par  ses  hauis- 
fourneaux  et  ses  belles  forges.  Il  s'y  fait  un  grand 
commerce  de  soies  grèges  et  de  soies  filées.  —  On 
compte  dans  l'arrond.  une  population  industrielle 
considérable.  Alais  est  à  36  kil.  nord-oitesi  de  Nî- 
mes. Les  proiest:ints  y  étant  assez  nombreux,  on  y 
voit  une  église  consistoriale  calviniste. 

Pagus  Arebiirgii,  Atemberg,  village  de  la  Prusse 
Rhénane,  avec  300  babiianis;  c'est  là  que  se  trouve 
le  chitleau  des  princes  d'Areniberg.  La  maison  d'A- 
remberg,  branche  de  celle  de  Ligne,  était  une  des 
douze  ou  treize  anciennes  maisons  de  princes  d'Alle- 
magne (rang  que  quelques  pnblicisies  lui  ont  à  tort 
contesté,  puisque,  élevée  le  5  mars  1.j7C  a  la  dignité 
de  prince,  elle  avait  voix  et  séance  à  la  diète  de 
1582,  après  laquelle  seulement  commence  la  série 
des  no\ive3ux  princes).  Le  9  juin  1644,  la  princi- 
pauté d'Aremberg  fut  élevée  au  rang  de  duché.  Privée 
par  la  paix  de  Lnnéville  de  ses  possessions  imnaé- 
diales,  la  maison  obtint  ime  indemnité  en  West- 
phalie  ;  savoir  :  Meppen  et  Recklinghausen.  Elle  fut, 
dès  l'origiîie,  une  des  parties  contractantes  de  la 
confédération  Rhénane;  mais  en  1810  Bonaparte  la 
dépouilla  de  sa  souveraineté.  Le  duc  d'Aremberg  est 
aujourd'hui  soumis,  comme  grand  feudaiaire,  à  la 
Prusse  et  au  royaume  de  Hanovre.  Ses  possessions 
en  Allemagne  ont  45  milles  carrés  géographiques 
(125  lieues  carrées)  de  surface,  et  53,400  habitants. 
La  maison  d'Aremberg  est  de  la  religion  catholique. 
Elle  réside  en  été  au  château  de  Clemenswerth  près 
Meppen,  petite  ville  sur  l'Ems,  dans  le  Hanovre. 

Pagns  Calesii,  vel  Calcli,  Calais,  ville  forte  et  cé- 
lèbre de  France,  sur  la  partie  la  plus  étroite  de  la 
Manche,  nommée  Pas-de-Calais,  qui  a  donné  son  nom 
au  département;  chef-lieu  de  canton,  arrondissement, 
et  à  34  kil.  nord-norJ-est  de  BouIogne-sur-Mer,  avec 
une  bonne  citadelle  et  lui  port  fortifié;  elle  possède 
de  vastes  remparts,  de  jolies  maisons  et  de  belles 
nies,  une  place  d'armes,  grande  et  bordée  de  bâti  • 
menis  propres;  on  remarque  encore  la  dernière  des 
po'ti'i  d'entrée  ronslruile  en  1655,  de  magnifiques 
hôtels,  parmi  lesquels  on  admire,  comme  le  plus 


fini 

bean  de  la  ville,  l'hôtel  Dessin,  ofi  se  trouve  une 
salle  de  spei-taclc,  d>'S  bains  publics  et  la  poste  aux 
chevaux  ;  l'église  paroissiale,  bâtie  par  les  Anglais, 
l'hôtel  de  ville,  le  beffroi,  la  longue  jeiée  qui  règne 
sur  la  dioite  du  port,  d'où  l'on  voit  Douvres.  Celte 
ville  a  nn  collège,  une  société  d'agriciilturo,  im  en- 
trepôt de  sel  et  de  genièvre  de  Hollande,  des  bonne- 
teries, des  tabriques  de  tulles  façon  anglaise  ;  elle 
commiTce  en  pèche  de  morne,  hareng,  ma;iiereau, 
denrées  coloniales  en  transit,  et  savons  verts  li- 
quides. On  voit  prés  de  Calais  la  place  où  descendit 
le  ballon  de  Klancliard  à  son  passage  aérien.  Cette 
ville  fit  assiégée  par  les  Anglais  en  1347.  Les  habi- 
tants, commandés  par  ,lean  de  Vienne,  se  défendi- 
rent courageusemeni  une  année  entière,  et  ne  se 
rendirent  que  faute  de  vivres.  Edouard  III,  ne  vou- 
lant plus  leur  accorder  de  capitulation,  se  laissa  enfin 
toucher  par  la  généiosilé  de  six  principaux  bour- 
geois, ayant  à  leur  tête  le  vénérable  Eustache  de 
Saini-Pierre,  qui  vinrent  en  chemise  et  la  corde  an 
cou,  lui  demander  la  mort  pour  sauver  leurs  conci- 
toyens. Il  accorda  la  vie  aux  habitants;  mais  ils  fu- 
rent dépouillés  et  chassés  :  toutes  les  villes  du 
royaume  les  reçurent  généreusement  et  à  l'envi. 
Cetie  ville  ne  fut  reprise  que  200  ans  après,  en  1558, 
par  le  duc  de  Guise.  Le  trajet  de  Calais  à  Douvres 
est  de  28  kil.,  et  il  faut  ordinairement  trois  à  quatre 
heures  pour  l'effectuer  par  les  bateaux  à  vapeur  qui 
partent  tous  les  jours.  Il  y  avait  sur  le  port  une  co- 
lonne en  mémoire  du  débarquement  de  Louis  XVIII 
en  1814.  Patrie  du  littérateur  de  Laplace  et  du 
P.  Duterlre,  historien.  Dist.  260  kil.  nord-ouest  de 
Paris,  40  sud-onesi  de  Dunkerqiie.  Latitude  nord 
50»  57'  52"  ;  longitude  ouest,  0°  28'  59".  —  14,000 
hab. 

Calais  est  du  diocèse  d'Arras  ;  elle  était  autrefois 
de  celui  de  Boulogne,  elle  n'avait  qu'une  paroisse, 
qu'elle  a  conservée,  et  quatre  couvents  qui  n'existent 
plus. 

Le  chemin  de  fer  du  Nord  a  un  embranchemect 
pour  Calais,  de  sorte  que  maintenant  la  distance  en- 
tre Paris  et  Londres  se  parcourt  en  quelques  heures. 

Pagus  Regina,  Bourg-la-Reine,  ou  Bourg-Egalité, 
paroisse  du  diocèse  de  Paris,  canton  et  arrondisse- 
ment de  Sceaux,  Seine,  à  1  kil.  nord-est  de  Sceaux, 
et  8  au  sud  de  Paris,  par  la  grande  route  d'Orléans. 
On  y  va  aussi  par  le  chemin  de  fer  de  Paris  à 
Sceaux  ,  très-remarquable  par  les  circonvolutions 
de  son  tracé  dans  le  vallon  de  Fontenay-aux-Roses. 
La  population  de  Bourg-la-Reine  est  de  l.'iOO  habi- 
tants environ.  Le  nom  de  Bourg-Egalité  lui  a  été 
donné  lors  de  la  première  révolution.  Ce  qui  peut 
donner  quelque  importance  à  cet  endroit ,  c'est  la 
discussion  qui  s'est  élevée  parmi  les  historiens  pour 
savoir  d'où  il  avait  pu  prendre  le  nom  de  Bourg-la- 
Reine.  Les  sentiments  ont  été  très-partages.  Les 
rapports  les  plus  extraordinaires  ,  les  aventures  les 
plus  romanesques,  ont  été  mis  en  avant  poiirélayer 
l'opinion  des  partis  ,  sans   que  la   victoire  soit  de 


563  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 

meiirce  à  .lucun.  Les  uns  niellent  en  jeu  la  reine 
Blanche,  mère  de  Louis  IX;  d'autres  font  balire  en 
duel  deux  princes  ,  dont  l'un  avait  enlevé  la  prin- 
cesse de  Frise,  nommée  Colombe,  et  disent  que  ce 
combat  eut  lieu  près  d'un  village  appelé  Criquet,  qui 
est  aujourd'hui  Bourg-la-Reine,  et  sur  lequel  le 
vainqueur  s'établit  avec  l'objet  de  son  amour  et  le 
prix  de  sa  vaillance  ;  un  troisième  avance  que  Chil- 
péric  et  Frédégonde  ayant  promis  leur  fille  Riguntlie 
à  Reccarède ,  second   fils  de  Leuvigilde ,    rui  des 


Kfirt 


Visigolhs  ,  celle  princesse,  dont  la  voiture  cassa  à 
Briquet,  prit  le  parti  d'y  rester,  et  donna  le  nom  de 
Bourg-la-Reine  à  cet  endroit.  Enfin  ,  on  attribue 
l'honneur  d'avoir  donné  le  nom  de  Bourg-la-Reine  à 
la  reine  Adélaïde ,  femme  de  Louis  le  Gros.  Le  sa- 
vant abbé  Lebeuf  pense  que  c'est  à  l'occasion  du 
mariage  de  quelque  reine  que  ce  lieu  a  pris  le  nom 
qu'il  porle.  Il  est  connu,  ajon(e-l-il,  que  l'abbaye  de 
Sainte-Geneviève  a  eu,  tant  à  Sceaux  qu'à  Bagneux, 
un  lieu  dii  le  fief  Saiiiie-Clotitde ,  el  que  c'est  peut- 
êlre  de  là  que  lui  vient  le  nom  de  Bourg-la-Reine. 
Quoi  qu'il  en  soit,  ce  bourg  ,  si'ué  dans  un  vallon  , 
est  traicrsé  par  la  grande  route  de  Paris  à  Orléans, 
ce  qui  le  rend  irès-passager.  La  rivière  de  Bièvre 
passe  à  côté  ;  son  territoire  est  très-petit  ;  il  ne 
contient  pas  plus  de  200  arpents.  — Thomas  Mau- 
léon,  abbé  de  Sainie-Geneviève  à  Paris  ,  étant  de- 
venu seigneur  de  Bourg-la-Reine  ,  en  124'7,  en  af- 
franchit les  habitants.  A  côté  de  ce  bourg  ,  il  y  avait 
une  maladrerie  ou  léproserie,  qui,  détruite  en  156i, 
fut  donnée  par  Cbarles  IX  à  l'Hôtel-Dieu  de  Paris. 
L'église  est  presqu'à  l'entrée  du  bourg  ,  du  côté  de 
Paris.  On  lit  dans  le  Gatlia  CItrisliana  que  ce  fut  en 
1IS2  qu'il  fut  permis  aux  religieuses  de  iMontniarire 
(le  la  bàlir.  Ce  qui  reste  néanmoins  de  cette  église 
aiicicdne  ne  parait  être  que  du  xiii*  siècle,  même 
par  les  dehors.  On  doit  reconnaître  ,  par  les  restes 
des  galeries  qu'on  aperçoit  en  dedans,  aussi-bien 
que  par  les  bas-côtés ,  qu'elle  avait  éié  bâtie  avec 
lioin.  Elle  avait  encore  deux  arcades  de  plus  sur  le 
devant ,  mais  1rs  guerres  civiles  en  occasionnèrent 
la  démolition.  Ce  fut  sans  doute  depuis  que  relie 
église  eul  été  bàiie,  vers  l'an  1200,  qu'on  l'érigea  eo 
paioisse  pour  le  peuple,  que  les  commodiiés  du 
grand  cliemiii  avaient  engagé  de  s'y  établir.  On  lisait 
sur  la  porle  de  l'église  celle  inscription  ; 

//  faut  adorer  Dieu 

En  esprit  et  en  vérité. 
Sainl  Gilles  est  le  patron  de  celle  paroisse.  Les  plus 
anciens  registres  ne  font  mention  que  de  lui.  Cepen- 
dant il  y  avait  deux  statues  liès-anciennes  de  saint 
Leu  et  de  saint  Gilles ,  qui  ont  été  ôtées  il  y  a  près 
d'un  siècle,  et  auxquelles  on  a  substitué  deux  ta- 
bleaux de  ces  saints.  On  a  toujours  célébré  la  fêle 
de  sainl  Gilles  le  i"  septembre,  et  celle  de  saint 
Leu  le  dimanche  dans  l'octave.  Le  curé  était  à  la 
nomination  du  chapitre  de  Noire-Dame.  —  Sauvai 
nomme  un  Ànseau  du  Bourg-la-Reine,  qu'il  dit  avoir 
été  propriétaire  d'une  cwrtille  à   Paris.  Ce   per- 


sonnage pouvait  être  parent  d'un  Guillaume  Anseau, 
aussi  dit  du  Bourg-la-Reine,  qui  vivait  en  laiïO.  Les 
liisioiiens  de  la  vie  de  Louis  IX,  entré  autres  Join- 
ville,  le  représentent  comme  un  h^mme  d'un  grand 
courage.  Il  était  sergent  d'armes  du  roi,  et  fut  té- 
moin de  la  ]  rise  de  Louis  IX  à  la  Massonre,  la  même 
année  I25li.  H  défendit  son  prince  si  valeureuse- 
ment, qu'avec  une  grande  hache  il  tua  un  grand 
nombre  de  S.^rrasins,  et  ne  voulut  jamais  se  rendre 
à  eux,  jusqu'à  ce  qu'un  renégat  anglais  lui  criât  en 
français  qu'il  se  rendit  et  qu'il  aurait  la  vie  sauve. 
—  On  voit  au  Bourg-la-Reine  une  miison  de  cam- 
pagne qui  a  été  bâtie  par  Henri  IV  ;  le  parc  qui 
l'accompagne  est  assez  étendu.  Ce  fut  dans  celte 
même  maison  qu'eut  lieu  une  entrevue  entre  Louis 
XIV  et  rinfaiite  d'Espagne.  Il  devait  s'en  faire  une 
autre  avec  Louis  XV;  mais  la  duchesse  du  Maine 
fit  prier  l'infante  de  descendre  chez  elle,  au  château 
de  Sceaux,  el  le  roi  ne  manqua  pas  de  s'y  rendre  au 
mois  de  mars  1722.  Une  calastroiilie  de  nos  temps 
de  trouble  signale  encore  ce  village  à  la  célébrité  , 
c'est  la  miirl  tragique  de  Condorcet,  qui  fut  arrêté, 
conduit  au  Bnurgla-Reine,  pour  être  ensuite  trans- 
féré à  Paris.  .M:iis,  pendant  la  nuit,  il  prit  une  dose  de 
poison  qu'il  portait  toujours  sur  lui,  dans  une  bague  ; 
el  le  lendemiiin  matin,  28  ranrs  1704  ,  on  le  trouva 
mort  dans  sa  prison.  Quelques  historiens  prétendent 
qu'il  s'empoisonna  avec  une  pilule  philosophale , 
qu'il  portait  toujours  avec  lui,  dans  un  petit  œuf 
d'ivoire  qui  n'avait  l'air  que  d'une  hrelo'iue  de  mon- 
tre, et  dont  la  recette  est  attribuée  au  fameux  mé- 
decin Barihez.  —  Le  marché  ,  appelé  vulgairement 
de  Sceaux  ,  se  tient  au  Rourg-la  Reine,  et  :on  à 
Sceaux.  C'est  à  ce  marché  et  à  celui  de  Poissy,  que 
viennent  s'approvisionner  les  bouchers  de  la  capi- 
tale. 11  a  lieu  le  lundi  de  chaque  >eniaine,  ce  qui  at- 
tire au  Bourg-la-Reine  une  grande  afOuence  de 
monde  ce  jour-là.  Le  territoire  de  ce  bourg  produit 
des  vins  et  des  grains.  La  gesse  des  marais  (laitjnit 
palustris)  y  croit  assez  abondamment. 

Paphus,  Paphos,  ancienne  et  moderne,  ou  Baffos, 
suivant  quelques  géographes.  L'ancienne  Paphos  est 
siiuce  sur  la  côte  méridionale;  elle  renfermait  le 
temple  célèbre  de  Vénus,  renversé,  ainsi  que  toute 
la  ville,  par  un  tremblement  de  terre  qui  en  fit  dis- 
paraître jusqu'au  moindre  vestige.  Le  voisinage  d'un 
lac,  où  séjourne  même  en  été  une  eau  stagnante  et 
corrompue,  rend  l'air  un  peu  malsain. 

Sur  la  côte  occidentale  se  trouve  la  nonvelle  Pa- 
phos. Cette  ville  avait  un  port  :  les  bâtiments  que  le 
commerce  appelle  sur  ces  parages  y  vont  encore 
aujourd'hui  jeter  l'ancre,  ce  qui  n'arrive  cependant 
qu'en  été,  car  ce  port  ouvert  à  tous  les  vents  est 
très-dangereux.  Quantité  de  rochers  en  hérissent  le 
fond. 

De  tous  les  édifices  des  chrétiens  ,   il  ne  reste 

plus  que  l'église  de  Saint-George ,  desservie  par  les 

Grecs.  . 

Les  productions  de  cette  partie  de  l'île,   toutes 


567  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  568 

(l'une  excellente  qualité,  sont  l'orge,  les  graines  et      l'Orhan'en  donne  que  120,411.— La  plage mariiJnie 
)a  soie.  présente  l'aspect  de.s  sunderbans  ou  marécages  de 

Reclierclier  l'origine  de  l'ancienne  et  nouvelle  l'Inde  :  ce  sont  d'épais  lialliers,  des  rivières  siriueu- 
P;iplios  ,  c'est  vouloir  porter  la  lumière  dans  la  nuit  ses,  infestées  d'alligators,  et  un  climat  malsain.  Au 
la  plus  obscur».  —  C'est  dans  celte  ville  que  saint      nord  de  Kanka,  les  halliers  diminuent,  mais  une  vase 


Paul  convertit  par  son  éloquence  Sergius  qui  en 
éliiit  proconsul  romain.  Il  y  conféra  le  diaconat  à 
Tlie,  son  disciple  et  son  collègue,  et  celui-ci  souffrit 
bieniôt  .nprès  le  martyre.  —  L'évèclié  de  Paplios 
prétend  remonier  au  iii«  siècle.  Il  devint  arclievèclié 
au  xvi'=.  Les  croisés  érigèrent  Paplios  en  évêclié 
du  rite  latin  en  H56.  L'évêque  était  suffiagant  de 
l'archevêché  latin  de  Mcosie.  Après  la  perle  déû- 
nitive  de  l'Ile,  l'épiscopat  latin  fut  supprimé. 

Paradisus  ,  Eden  ,  petite  ville  de  4000  habitants  ; 
séjour  de  délices  dont  le  nom  (pv  ,  paradis)  semble 
indiquer  que  les  premiers  habitants  de  ce  lieu  en- 
chanté y  avaient  éié  attirés  par  la  beauté  tout  ex- 
ceptionnelle de  sa  situation.  Eden  possède  six  églises 
dont  deux  remontent  au  moyen  âge  :  plusieurs  croix 
qu'on  renconlre  çà  et  là  sur  son  territoire  datent  du 
temps  des  croisades.  Eden  est  à  sept  heures  de 
marche  de  Tripo'li.  (Correspond.  d'Orient,  lettre  cl.) 

Paradisus  Indiœ,  le  Katlacli ,  ou  l'Orixa ,  con- 
trée de  l'Hindoustan  anglais,  dans  la  présidence 
de  Madras ,  célèbre  dans  la  légendaire  de  l'ido- 
lâtrie hindoue.  —  Les  livres  sanskrits  représentent 
le  pays  d'Orixa  comme  un  paradis  terrestre;  il 
faut  beaucoup  rabattre  de  cette  idée.  L'Orixa,  tel 
qu'il  est  circonscrit  maintenant,  renferme  encore 
beaucoup  de  pagodes,  et  noncrit  une  foule  debrahmes 
oisifs,  mais  ce  n'en  est  pas  moins  un  pays  générale- 
ment peu  fertile,  et  habité  par  une  race  d'hommes  qui 
se  trouve  au  dernier  rang  des  tlindous,  sous  le  rap- 
port des  facultés  morales  et  intellectuelles.  Le  pays 
est  plat  depuis  la  mer  jusqu'au  pied  des  collines, 
qui  sont  entrecoupées  de  vallées  fertiles.  Il  est  à  re- 
marquer qu'on  ne  trouve  point  de  roches  depuis  les 
bancs  d'argile  ferrugineuse  des  frontières  occiden- 
tales jusqu'à  l'Océan,  à  l'exception  de  quelques  con- 
crétions calcaires  sphériques  qui  sont  disséminées 
çà  et  là.  La  nature  et  la  politique  ont  divisé  l'Orixa 
eu  trois  parties,  savoir,  1°  la  contrée  marécageuse 
et  boisée,  qui  s'étend  le  long  de  la  mer  contre  la 
Pagode  Noire  et  le  Subanrekha,  et  dont  la  largeur 
Tarie  de  5  à  20  milles;  2'  le  pays  ouvert,  qui  sépare 
ces  marécages  d'avec  les  collines,  et  dont  la  lar- 
geur est  tantôt  de  5  à  15,  tantôt  de  -40  ou  50  mil- 
les; 5°  le  haut  pays  ou  les  montagnes.  La  première 
el  la  troisième  division  sont  désignées  par  les  in- 
digènes sous  les  noms  de  Raïwaras  ou  Zemindaras 
de  l'est  et  de  l'ouest  :  c'est  là  qu'habitaient  les  an- 
ciens chefs  féodaux,  les  Khandaits,  Zemindars  et  Po- 
ligars  d'Orixa.  La  deuxième.division,  appelée  Mogul- 
Lundi  ou  Khaliseh,  est  celle  de  laquelle  les  souve- 
rains indigènes  et  les  conquérants  mogols  tiraieiil  la 
principale  partie  de  leurs  revenus;  acluellement 
encore ,  elle  paye  aux  Anglais  une  somme  de 
1,2M,570  sicca-rupies,  tandis  que  tout  le  reste  de 


épaisse  et  un  sable  mobile  y  rendent  la  marche  du 
voyageur  très-dangereuse.  Toute  la  surface  du  pays  est 
couverte  d'une  licrbe  grossière,  semblable  au  ro- 
seau; on  voit  aussi  le  jhao  ou  Tamarix  indica,  entre- 
mêlé de  hinlal  ou  palmiers  nains  (Pliœnix  paludosa). 
Sur  les  sables  du  sud,  surtout  vers  la  Pagode  Noire, 
les  tiges  d'un  Convotvulus  rampant  s'étendent  comme 
une  sotie  de  filet;  une  plante  succulente,  de  la  classe 
Tetrandria,  forme  des  groupes  épais;  des  touffes  de 
VAsclepias  giganten  el  une  plante  épineuse  et  raide, 
appelée  Goroukanta ,  couronnent  les  sommets  des 
bulles  de  sable.  A  Knjang,  Hérispour  et  ailleurs,  le 
bambou  épineux  oppose  une  barrière  impénétrable 
au  voyageur.  Des  léopards,  des  tigres,  des  buifles 
ont  leur  repaire  dans  ces  marais  ;  les  alligators  des 
rivières  sont  de  l'espèce  la  plus  dangereuse.  Les 
indigènes  mêmes  ne  sont  pas  à  l'abri  de  l'influence 
des  miasmes;  outre  les  fièvres,  ils  ont  encore  l'élé- 
phaiiiiasis  et  une  espèce  dedyssenterie  appelée  le  sut. 
C'est  pourtant  dans  celte  conlrée  sauvage  el  iidiospi- 
lalière  qu'on  trouve  le  plus  beau  sel  de  l'Inde.  On 
fait  entrer  l'eau  de  mer  dans  dcs  réservoirs  où  elle 
filtre  à  travers  les  roseaux,  et  où  on  la  fait  bouillir 
dans  des  pots  de  terre.  Cet  article  produit  à  la 
compagnie  des  Indes  un  revenu  d'environ  18  laks  de 
rupies.  Le  rii  du  pays  se  consomme  sur  les  lieux , 
cependant  le  rajah  de  Kanka  en  exporte  une  quan- 
tité considérable  pour  Calcutta  el  Katiach.  Depuis 
octobre  jusqu'en  février,  on  fait  sur  !a  côle  des  pê- 
ches imporlantes;  les  indigènes  y  ont  compté  jus- 
qu'à soixante  et  une  espèces  mangeables  de  pois- 
sons :  les  Anglais  les  ont  habitués  aussi  à  manger 
des  tortues,  des  builres  et  des  crabes. — De  ces  ma- 
récages on  arrive  à  la  deuxième  division  du  pays, 
le  Mogulbundi,  partagé  en  150  pergunnahs,  et  com- 
prenant 2561  propriétés  particulières.  Le  sol  en  est 
maigre  et  peu  fertile,  surtout  vers  les  collines,  et  il 
y  a  de  vastes  plaines  incultes,  où  il  ne  croît  que  des 
joncs.  Cependant,  à  force  de  culture,  on  tire  du  Mo- 
gulbundi une  Irès-grande  quantité  de  gros  riz  fort- 
nourrissant,  que  l'on  récolle  depuis  la  mi-novembre 
jusqu'à  la  mi-janvier.  Après  le  riz,  le  principal  objet 
de  culture  est  le  palma  clirisli,  dont  l'huile  sert  par- 
tout dans  l'économie  domestique.  Dans  les  pergun- 
nahs du  nord  on  cultive  aussi  la  canne  à  sucre  el  le 
tabac,  les  parties  centrales  et  méridionales  font  d'a- 
bondantes récoltes  de  millet  et  de  légumes  farineux  ; 
le  kelaca  odoriférant  (Pandamis  odorniissimus)  em- 
baume les  campagnes.  On  en  fait  des  haies,  ainsi 
que  de  quelques  eupliorbia  et  mimosa  :  son  fruit 
ressemble  à  l'ananas,  mais  il  n'est  pas  mangeable; 
on  fait  une  boisson  enivrante  à  l'aide  de  la  fleur  très- 
odoriférante  de  la  plante  mâle.  Au  sud  des  Kans- 
bans,  le  Mogulbundi  est  ombragé  de  bouquets  de 


5G9 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  570 


i-.iangotiers,  de  lialliers  de  bambou  el  de  magninqucs 
bananiers.  On  ne  voit  guère  de  cocoliers  qu'auprès 
de  quelques  villages  de  Brahnies-Sasan  qui  sont  les 
meilleurs  cultivateurs  d'Orixa.  Dans  quelques  can- 
tons croissent  la  palme  à  vin  {Borassus  flabelliformh) 
el  le  Khajour  {Phœnix  silvesiris).  D'antres  produc- 
tions de  rinde.'le  jain,  l'orange,  la  guave,  le  Bel 
(Œgle  marmetos),  le  lialhbel  {t'croiiia  elephantum)  el 
le  Kharani  {Galedupri  arboiea),  ne  sont  pas  rares. 
Les  jardins  bien  cultivés  sont  ornés  de  jasmins,  sam- 
backs,  bauhinias,  hibiscus,  roses  de  Cliine,  michelia 
ehampaca,  etc.;  le  plantain,  ['Htjperanthera  morioiga, 
le  nauclea  orieiitalis  entourent  la  cabane  du  pauvre. 
Le  bétail,  les  moulons  et  cbèvres  du  Mogulbundi 
sont  d'une  race  chéiivc  ;  sur  la  frontière  de  l'est  on 
entreiienl  de  belles  femelles  de  buffles,  pour  le  lait 
seulement.  Il  y  a  peu  de  gibier.  Le  troisième  district 
est  celui  des  collines  qui  bornent  le  Mogulbundi  à 
l'ouest,  depuis  le  lac  Chiika  jusqu'au  Subanrekba; 
quelques  ramifications  se  prolongent  dans  la  plaine, 
comme  à  Derpeii,  Alemgir,  Kburdab,  Limbai,  etc.; 
et  sous  une  latitude  d'environ  21°  20'  nord  les  col- 
lines prennent  une  direction  orientale,  et  tournent 
enfin  au  nnrd,  pour  envelopper  le  district  de  Belas- 
sour.  Nulle  part  le  baul  pays  ne  s'éloigne  delà  mer  de 
plus  de  tiO  a  70  milles.  A  Belassour  une  ramification 
de  roclies  s'avance  jusqu'à  16  ou  18  milles  de  la 
baie;  les  anciens  navigateurs  les  appellent  monts 
>elligrin  {Nilgiri);  et  entre  Ganjara  et  le  lac,  une 
chaine  peu  élevée  paraît  se  perdre  dans  la  mer. 
Tout  le  haut  pays,  dont  la  largeur  est  d'une  centaine 
de  milles,  est  partagé  entre  seize  zemindars  khetri 
ou  kbandait,  qui  ont  été  reconnus  par  le  gouverne- 
ment anglais  en  qualité  de  rajahs  tributaires.  Au 
pied  des  collines  s'étend  une  suite  de  douze  autres 
khandaitis,  tenus  par  douze  propriétaires  ou  chefs 
semblables.  Les  Mogols  désignaient  tes  propriétés 
sous  le  nom  de  killahs  ou  châteaux  forts  des  monta- 
gnes d'après  les  résidences  ordinaires  des  chefs.  Los 
grands  propriétaires  des  montagnes  ont  plusieurs 
vassaux  appelés  khandaits,  dulbehras,  naiks  ou 
bhounias. 

Les  collines  enlrela  rivière  de  Brahmaniet  Ganjam 
présentent  une  formation  de  granité  rouge  avec  deî 
grenats  imparfaitement  développés,  et  des  veines  de 
siéatite  ;  leur  hauteur  varie  de  300  à  1200  pieds, 
quelques  cimes  en  ont  2000;  les  pics  forment  toute 
sorte  d'angles;  quelques  cônes  sont  enticremenl  iso- 
lés ;  la  végétation  revêt  toutes  ces  collines  depuis  la 
base  jusqu'à  la  cime.  A  leur  pied  se  prolongent  dans 
la  plaine  des  lits  d'argile  ferrugineuse  ,  remarquable 
par  la  quantité  de  ses  pores  et  cavités,  par  ses  bou- 
les déminerai  de  fer,  el  par  ses  fragments  de  quartz. 
En  quelques  endroits  celle  argile  s'amalgame  avec 
le  granité,  et  forme  une  brèche  grossière.  Dans  le 
pays  de  Kliourda  on  voit  quelques  collines  de  grès 
blanc  el  bigarré  dispersées  entre  les  collines  graniti- 
ques. Ces  montagnes  offrent  en  général  beaucoup  de 
particularités  minérales,  el  mériteraient  d'être  exa- 


minées plus  en  détail  par  d'habiles  géologues.  Des 
veines  de  trapp  verdàtre  qui  approche  du  basa|le  et 
du  hornblende, traversent  le  granité;  on  trouve  aussi 
le  laïc  et  le  mica  feuilleté,  et  du  schiste  chloriie, 
passant  à  l'état  de  serpentine.  Les  indigènes  appel- 
lent karma  ,  ou  utile,  les  roches  faciles  à  tailler  et  à 
sculpter,  et  akarnia  le  granité  et  d'autres  roches  trop 
dures  pour  leurs  outils., La  siéatite  se  présente  en 
poudre  d'une  blancheur  extrêmement  pure.  Le  cal- 
caire, dans  ces  collines,  se  trouve  ordinairement  en 
nids  enveloppés  de  marne  durcie  d'une  teinte  jau- 
nâtre. —  La  partie  inculte  l'emporte  dans  le  haut 
pays  sur  les  terres  cultivées  qui,  au  reste,  produisent 
beaucoup  de  riz  et  d'autres  grains  :  on  cultive  aussi 
un  peu  d'indigo  et  d'opium.  Les  forêts  donnent  de 
beau  bois  de  construction;  dans  le  district  de  Mo- 
herbenj ,  il  y  a  de  grandes  forêts  de  sal;  sur  les 
bords  du  Teinadi  on  trouve  des  bois  de  teak.  Des 
mangotiers  isolés  ou  en  bouquets  se  montrent  en 
plusieurs  endroits ,  où  ils  croissent  sans  culture. 
Plusieurs  propriétés  fournissent  outre  les  mangos, 
de  bonnes  oranges.  Les  jungles  voisins  du  Mogul- 
bundi abondent  en  drogues  et  plantes  médicales,  ou 
réputées  telles  par  les  indigènes,  comme  le  Termi- 
nalia  cliebula,  le  Strychnos  nux  vomica,  le  Cassia  fis- 
lula,  le  Plujtlanlhus  emblica,  le  Spondias  mangifera, 
saiis  parler  des  arbres  communs  de  l'Inde  ,  le  tama- 
rin, le  bambou  ,  le  sycomore  ;  parmi  les  buissons  il 
y  a  beaucoup  de  végétaux  épineux  qui  se  groupent 
communément  autour  du  rotin  ou  jonc.  Dans  la  sai- 
son chaude  ,  les  fleurs  brillantes  du  Capparis  trifo- 
liata,  l'écarlate  du  Bulea  frondosa,  el  le  Gloriosa  sk- 
perba  qui  croit  sans  aucune  culture,  embellissent  les 
jungles  nalurellemenl  dépourvus  de  charme  ;  dans  la 
saison  froide  une  plante  parasite,  le  Lorantlius  bico- 
lor,  y  répand  des  teintes  écarlates  et  jaunes;  el  le 
Combreium  decandrum  enveloppe  les  bois  de  festons 
blanchàtreii  ;  des  lis  aquatiques  de  toute  couleur  ,  el 
le  vrai  Lotus  prospèrent  dans  les  étangs  et  marais. 
Quelques  bois  de  teinture  ,  tels  que  le  Sapan  el  le 
Morinda  cilrifolia  ,  viennent  sur  les  collines  ;  sur  les 
feuillesde  l'Asin  (Peniapiera  tomentosa)  on  recuite  des 
cocons  de  vers  à  soie  sauvages.  —  Les  tigres,  léo- 
pards ,  panthères  ,  hyènes,  ours,  buffles,  sangliers, 
antilopes,  balias  ou  chiens  sauvages ,  gltorangas, 
gatjais  ou  boeufs  sauvages,  ont  leur  repaire  dans  les 
forêis  des  montagnes.  Les  éléphants  infestaient  au- 
trefois les  jungles  el  planlatiims  du  Moherbenj  ;  mais 
on  les  a  empoisonnés  en  partie  ;  à  Kburda  on  voit 
voltiger  des  troupes  considérables  de  Dlianesa  ou 
Buceros  indiens  qui  se  nourrissent  de  \f  noix  vomique 
du  strychnos  ,  et  se  font  remarquer  par  une  espèce 
de  corne  ou  protubérance  de  7  pouces  de  haut  sur 
leur  bec.  —  Dans  la  saison  pluvieuse  les  torrents  et 
rivières  du  Kaitach  deviennent  des  fleuves;  pendant 
les  sécheresses  ils  n'ont  pas  d'eau  ;  sur  la  côte  ils  se 
partagent  dans  un  grand  nombre  de  canaux ,  en  par- 
tie très-sinueux.  Le  Mahanadi  ,  ou  Méhénédy,  prin- 
cipal fleuve  du  Kaitacli,  passe  à  Soumboulpour  et  k 


B71  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


572 


So'ipniir  ,  se  divise  en  deus  canaux  dont  le  princi- 
pal prend  le  nom  de  Cajori  ;  plus  bas  il  se  divise 
curore ,  en  formant  le  Chitiertola  ei  une  quantité 
d(i  ppiits  cantinx  ,  ei  il  se  jelle  dans  la  mer,  un  peu 
au  siid  de  Souispoulli,  après  un  cours  de  pins  de 
500  milles.  Il  dépose  un  gios  sable  entremêlé  do 
fragments  de  (piarlz  ei  de  mica  ,  qui  détruisent  la 
fertilité  des  terres.  Pendant  la  s.iisnn  pluvieuse  ,  il  a 
un  mille  de  l.irge  àSoumbouIpour,  et  2  milles  vis-à- 
vis  de  Kattiich  ;  on  peut  alors  le  remonter  en  ba'e;iu 
jusqu'à  Ryepour,  c'est-à-dire  à  300  milles  au-dessus 
de  son  confluent.  Quelques  ramifications  du  C.ijori 
6'uuissenl  et  se  ielieni  dans  ie  lac  Chilka.  Deux  au- 
tres rivières,  le  Br.ihmani  et  le  Byterini ,  après  s'être 
fréquemment  partagées,  s'unissent  au  Bérupa,  bran- 
cbe  du  Malianadi,  et  rejoignent  ce  fleuve  après  avoir 
formé  un  rieln  auprès  du  cap  Palniyras,  appelé  l'ile 
Kanka.  On  peut  citer  d'autres  rivières  telles  que  le 
Solandi,  le  Kansb.ins,  le  Bourabal.ing  et  le  Suban- 
rekha;  toutes  déposent  beaucoup  dé  sable  et  de  vase. 
Entre  le  lac  Chiika  et  la  rivière  Brahmani  ,  les  ri- 
vières débordent  au  point  d'inonder  tout  le  baspiys. 
De  gr'inds  travaux  ont  été  entrepris  pour  le  garantir 
de  ce  fléau  par  le  moyen  de  digues  en  terre.  Le 
lac  Cliiiko  n'et^t  séparé  de  la  mer  que  par  une  lan- 
gue de  terre  qui  n'a  guère  plus  de  300  yards  de  lar- 
geur :  il  se  décharge  dans  la  mer,  et  n'a  pas  plus 
de  4  à  6  pieds  de  profondeur;  tant  les  rivières 
Daja  ,  Bbergabi  et  autres  y  apportent  de  sable  et 
de  vase  ;  sa  surf.ice  irrégu  ière  a  environ  3o  milles 
de  long  sur  18  de  large.  La  compagnie  des  Indes 
tire  de  ce  lac  beaucoup  de  sel  par  le  moyen  de  l'é- 
vnporation  sobiire.  Les  pêches  y  sont  aussi  d'un  bon 
rapport.  Depuis  Banpour  jusqu'à  Rlianiba,  les  bords 
de  ce  lac  présentent  des  sites  pittoresques.  Au  u'Td 
de  Palour,  son  b:issin  est  hérissé  d'ilôts  d'une  forme 
étrange.  Ce  sont  des  blocs  d'un  granité  porpbyrique, 
parsemés  de  gros  cristaux  de  feldspaib  que  le  mar- 
teau ne  pourrait  entamer.  Ces  blocs  entasés  confu- 
sément resseii  bleni  tantôt  à  des  ruines  de  maisons, 
tantôt  à  de  vieux  forts  flanqués  de  bastions.  Quel- 
ques arbustes  et  plantes  viennent  dans  le  peu  de 
terre  végétale  qui  recouvre  ces  amas  de  roches  ,  et 
un  grand  nombre  d'oiseaux  aquatiques  y  font  leur 
séjour  habituel. 

Il  n'y  a  guère  que  trois  places  de  l'Orixa  propre- 
ment dit,  savoir  Kaliaeb  qui  compte  100,000  habi- 
tants, Belassour  et  Jagannath  ,  qui  méritent  le  nom 
de  ville  ;  car  Jaipour  ,  quoique  lieu  trè?-renommé 
chez  les  Hindous  à  cause  de  sa  saimeté  et  de  son 
antiquité,  n'est  pourtant  qu'un  gros  village:  les 
chefs-lieux  des  pergunnahs,  Badrak,  Soro  ,  Kendra- 
pari,  Asser.ijsar,  Hariharpore  et  Pipley  sont  peu  con- 
sidérables ,  et  tous  les  autres  lieux  ,  si  l'on  en  ex- 
cepte les  villages  des  Brahmes-Sasan,  ne  sont  que 
des  hameaux.  Dans  la  contrée  montagneuse  de 
Kajwara  il  n'y  a  pas  un  seul  village  notable. Kattach, 
eu  sanskrit  résidence  royale,  est  situé  sur  une  pointe 
de  terre  entre  les  deux  branches  du  Malianadi.  Une 


forteresse  carrée,  de  construction  hindoue  à  laquelle 
les  gouvernements  musulmans  ou  mahraltes  ont 
.ajouté  un  bastion  rond  avec  une  grande  porte  eu 
cerceau,  s'élève  auprès  delà  ville  :  on  appelle  ce  fort 
Barabati.  Les  Mahométans  ont  érigé  à  Kattach  deux 
monuments  as?ez  reninrquables  ,  une  petite  et  jolie 
mosquée  qui  date  du  règne  d'Aurengzeb,  et  un  édi- 
fice appelé  Kadam-Rasout,  où  sont  déposées  des  re- 
li(luos  du  grand  prophète  apportées  de  la  Mecque  : 
cet  édifice  est  situé  au  milieu  d'(m  beau  jardin.  Les 
souhadars  niogols  etmahrattes  ont  toujours  résidé  au 
palais  Lnl-Bagh  sur  la  rive  du  C.ijori.  Il  y  a  aussi  le 
quartier  du  commerce  divisé  en  bazars  qui  portent 
les  noms  des  nations  qui  les  occupaient  autrefois, 
telles  que  Turcomans,  Orisains ,  Telingas,  etc. 
Une  belle  et  large  rue,  nommée  Chandrichouk,  tra- 
verse une  partie  de  la  ville.  Parmi  les  pagodes  dis- 
séminées dans  l'intérieur  et  au  dehors,  celle  qui  est 
dédiée  à  Siia-Rani  est  la  plus  remarquable  pour  la 
grandeur  et  la  construction. 

C'est  à  lU.T  milles  de  Kattach,  sur  les  bords  maré- 
cageux du  Booree-Bellaun,  et  dans  une  plaine  d'un 
aspect  monotone  ,  qu'est  situé  Belassour  à  180  kil. 
de  Calcutta,  au  sud-ouest ,  qui  ne  renferme  pas  plus 
de  10 mille  âmes;  c'est  pourtant  le  principd  pr.rt  du 
pays  ,  que  fréquentent  les  navires  des  Maldives,  les 
bateaux  à  sel  de  la  compagnie  des  Indes,  et  une  es- 
pèce de  chaloupes  bâties  à  Contai  et  llidgelly.qui 
viennent  en  grand  nombre  ,  dans  la  saison  froide, 
charger  d{i  riz  pour  Calcutta.  Autrefois  les  Anglais, 
les  français,  les  Danois  et  les  Hollandais  avaient 
des  factoreries  à  Belassour.  —  Les  obélisques  et  co- 
lonnes mortuaires  du  cimetière  prouvent  que  les 
Anglais  y  avaient  un  établissement  considérable;  les 
fabriques  de  mousseline  y  prospéraient,  et  peut-être 
Belassour  était  aussi  l'entrepôt  des  drogueset  plantes 
de  teinture  provenant  des  montagnes. 

La  troisième  ville  ,  Poury-Jagannath  ,  ci  ntenant 
5741  maisons,  doit  sa  grandeur  et  son  importance 
à  sa  pagode;  c'est  une  terre  sacrée,  exemple  d'im- 
pôts ;  seulement  les  tenanciers  ont  des  charges  ri- 
tuelles dans  la  pagode  ou  aux  environs.  Presque 
toute  la  rue  principale  se  compose  d'établissements 
religieux  ,  appelés  mai'lis  avec  des  vérandas  soute- 
nues par  des  piliers  ;  celte  suite  d'édifices  euiremélés 
de  plantations  à  l'extrémité  de  laquelle  s'élève  ma- 
jestueusement la  pagode,  présente  un  aspect  impo- 
sant :  nialbeureusement  la  saleté  naLiséabonde  de 
cette  rue  et  un  essaim  de  mendiants  désenchantent 
le  spectateur.  Les  superbes  jardins  et  bosquets  qui 
avoisinent  la  ville  du  côté  du  continent  produisent 
les  plus  beaux  fruits  de  l'Inde.  Le  magnifique  Qdto- 
plnjltum  inophyllum,  appelé  par  le  docteur  Ainsliela 
laurier  d'Alexandre  ,  ainsi  que  le  noyer  casliew,  y 
croissent  en  abondance.  D'antiques  réservoirs  d'eau 
et  édifices  religieux  d'une  construction  curieuse  mé- 
ritent les  regards.  Dans  les  mois  chauds,  de  mars  k 
juillet,  Jangannath  jouit  probablement  du  climat  le 
plus  salubre  et  le  plus  agréable  de  l'Inde.  Pendant 


S73 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 


cet>e  «aison,  la  mousson  du  siid-ouesi  envoie  conii- 
nmllement  des  brises  de  mer  rafraîehissanifs.  Un 
voyage  à  Jaganiialh  a  élé  quelquefois  anssi  saliilaire 
pour  l'Européen  maladif,  qu'un  voyage  sur  nier. 

Il  règne  dans  lé  pays  d'Orixapeu  d'industrie  et  de 
commerce.  On  febrique  de  grosses  étoffes  pour  l'ha- 
billement des  liabitants.  Autrefois  on  débitait  beau- 
coup de  calicois,  sous  le  nom  de  sannabs  :  on  en  fa- 
brique peu  actuellement.  A  Pipley-Niour  on  fait  une 
bonne  sorte  de  coutil.  Toute  la  valeur  des  exporta- 
tions et  importations  soumises  aux  impôts  se  monte 
à  2'J7,28S  rupies.  Les  petites  places  côtières  expé- 
dient une  quantité  de  riz  pour  Calcutta,  où  l'on  en- 
voie aussi  beaucoup  de  bestiaux  et  de  porcs.  Le  pois- 
Bon  du  lac  Chilka  est  l'olrjei  d'un  con)merce  inté- 
rieur :  on  tire  du  Bengale  la  soie  ,  le  tabac  et  tous 
les  articles  de  luxe. 

On  retrouve  dans  l'Orixa  la  division  des  Hindous 
eti  quatre  castes.  Quant  h  la  première  ou  celle  des 
Brahmes,  elle  subsiste  de  ses  fonctions  sacerdotales, 
ou  reçoit  des  aumônes.  Cependant  beaucoup  de 
Brahmes  dans  TOrixa  se  sont  adonnés  à  l'agricidliire 
et  au  jardinage  :  ce  sont  les  meilleurs  fermiers  de  la 
compagnie  des  Indes,  et  ils  méritent  l'estime  des 
Européens.  On  les  appelle  Brahmes  Masians,  par  op- 
position aux  Brahmes  Vedas  ,  qui  ne  font  que  prier 
et  mendier.  La  caste  des  véritables  Kétris  paraît 
éteinte,  du  moins  ceux  qui  prétendent  en  faire  par- 
tie passent  pour  n'être  que  des  soudras  ;  huit  famil- 
les réclament  l'honneur  d'appartenir  à  la  caste  mili- 
taire et  royale.  La  caste  Vaysia  ou  Byse  n'est  re- 
présentée que  par  deux  espèces  de  marchands  ou 
banyans,  savoir  :  les  droguistes  et  les  changeurs  de 
monnaies;  tout  le  reste  est  soudras,  et  appartient  à 
la  quatrième  et  dernière  caste.  Quoique  celle-ci  ait 
aussi  ses  distinctions  chez  les  Hindous,  il  s'y  est 
opéré  beaucoup  de  mélanges  dans  le  pays  d'Orixa, 
tant  par  des  mariages  des  diverses  subdivisions  entre 
elles,  que  par  ceux  des  Soudras  avec  les  Byses. 

Voici  d'abord  les  classes  mixtes  provenues  du 
mélange  des  tribus  primitives  : 

En  langue  d'Orixa. 

Mali 

Lohar 

Sankari 

Tantt 

Kumhar 

Kantari 

Barhai 

Chitrkar 

Kewat 

Bed 

Uainfi 

Bawari 


En  sanskrit. 

Professions. 

malacara 

jardinier. 

karmakara 

forgeron. 

tanc'harara 

ouvrier  en  co- 

quilles. 

tanlravaya 

tisserand. 

cumbhaeara 

potier. 

caiisacara 

ouvrier     en 

brome. 

sutracara 

charpentier. 

ch'Hracara 

peintre. 

caiveria 

pêcheur. 

vaidya 

médecin. 

carana 

écrivain  ou  se- 

créiaire. 

berbera  ou  ber- 

laboureur. 

ber 

5r4 

Cliandal  chnndala  hommes     qui 

s'acquittent 
des  plus  bas- 
ses      fonc- 
tions. 
Ces  derniers   passent  pour  être  issus  de   pères 
Soudras  et  de  mères  Brahmes,  et  sont  les  plus  mé- 
prisés comme  d:ins  toute  l'Inde.  On  range  le  pallia- 
riya  ou  tailleur  de  pierres  et  le  kattrya  ou  scieur  sur 
la  ligne  du  charpeniicr  et  du  forçeron. 

Ces  classes  en  se  mêlant  en  ont  produit  d'autres 
que  voici  : 

Teli  tailica  marchand 

d'huiles, 
pêcheur, 
tanneur, 
marchand    de 

vin. 
blanchisseur, 
chasseur, 
astrologue, 
confiseur      et 
débitant  de 
toddy. 
nattier. 
drapier  et  tis- 
serand.' 
batteur  de  co- 
ton, 
garde  village, 
faiseur     de 

chaux, 
faiseur     de 

jonc, 
tailleur, 
hommes  qui 
s'acquittent 
des  plus  vi- 
les fonc- 
tions. 
Les  Dom ,  Pan  et  Hari,  qui  vivent  dans  l'étal  le 
plus  abject ,  fournissent  les  ménétriers  de  village. 
Le  Uiipecara  ou  faiseur  d'idoles,  appartient  aussi  à 
la  série  qui  vient  d'être  spécifiée,  mais  on  ignore 
quelle  place  il  y  occupe.  —  Les  tribus  sauvages  des 
montagnes,  appelées  parles  Orixiens  Koules,  Kund 
etSoiir,  et  en  sanskrit  Puliuda,  c'est-à-dire  barbares, 
sont  à  peine  comptés  au  nombre  des  Hindous,  dont 
ils  diffèrent  en  effet  par  le  langage,  les  traits  du 
visage,  les  mœurs  et  la  religion.  M.  Stirling,  savant 
voyageur  anglais,  est  porté  à  les  considérer  comme 
la  race  indigène,  qui  s'est  retirée  dans  les  montagnes 
lors  de  l'invasion  des  Brahmes.  Les  Koules  sont  une 
race  noire,  athlétique ,  belliqueuse,  armée  d'arcs  et 
de  haches  de  guerre;  ils  mangent  toute  sorte  de 
viande,  surtout  celle  de  porc,  et  aiment  passionné- 
ment les  liqueurs  fermeniées.  Les  Kunds  habitent 
le  Killah-Raiipour,  et  paraissent  s'étendre  au  revers 
des  collines  de    Ganjam  et  Vizagapatam  jusqu'au 


Tiiir 

tivara 

Chatnar 

charmacara 

Sundi 

sundikri 

Dhohi 

rajakn 

M agora 

vyadhi 

Naik 

jyolishi 

Shnvala 

madliuka 

Dom 

dombha 

Patra 

patucara 

Tula  bhania 

tula  bhedara 

Kandra 

danda  pasika 

Chunari 

Pandra  ou  pan 

Shipuli 

Bnidia  teli,chiriamar, 

bindhani ,  hari 

575 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


5ii; 


Godaveri  ;  enfin  les  Soiirs  habilenl  les  jungles  depuis 
Banpour  jusqu'à  Kailacli,  ainsi  que  les  bois  au  pied 
(les  collines.  Tout  paisibles  que  sont  ces  sauvages,  ils 
loni  si  peu  de  cas  de  la  vie  humaine,  qu'ils  comniel- 
iL'Mt  un  meurtre  pour  la  moindre  récompense  ;  ils 
si'.nt  peiiis  de  taille,  noirs  ,  et  portent  toujours  une 
liache,  iustrument  qui  leur  sert  à  couper  du  bois; 
il  y  en  a  qui  mènent  une  vie  nomade,  et  mangent  la 
grains  du  bambou  et  les  racines  des  bois.  —  Les 
laboureurs  des  plaines  de  l'Orixa  sont  la  p:iriie  la 
plus  estimable  de  la  population  du  pays.  Au  reste, 
les  Ouriahs  ou  Orixiens  passent  pour  les  Béotiens  de 
l'Inde,  ayant  l'esprit  louid  et  slupide,  et  étant  igno- 
rants, superstitieux  et  débauchés;  cependant  on  les  re- 
présenle  en  même  temps  comuie  rusés  et  dissimulés. 

Les  Ouriahs  parlent  un  dialecte  passablement  pur 
du  sanskrit,  qui  ressemlile  bien  plus  au  bengali  qu'au 
telinga;lj  plupart  des  litres  des  indigènes  sont  du  sans- 
krit tout  pur;  c'est  aussi  de  cette  langue  que  dérivent 
les  trois  quarts  des  noms  et  des  racines  des  verbes; 
l'alphabel  diffère  peu  du  caractère  nageri;  du  côté 
du  Bengale,  on  parle  l'ouriali  avec  assez,  de  pureié, 
et  l'auleur  a  entendu  dire  que  dans  le  pergunnah  de 
Mysadal ,  on  transcrit  dans  ce  dialecte  tous  les 
comptes  du  trésor  sur  des  feuilles  de  palmier.  A 
l'ouest  du  district  de  Midnapore,  l'ouriah  se  confond 
avec  le  bengali;  dans  le  Naraingerli,  le  dialecte  est 
irès-impur,  et  hMidnapoi*  même  il  de\ient  tout  à  fait 
du  bengali.  Dans  l'Etat  de  Souhpour  les  langues  gond 
et  ouriah  se  mêlent;  au  sud,  vers  G:injan  ,  on  ob- 
serve les  premières  traces  du  telinga  ;  le  peuple  s'y 
nomme  Oucliafts  et  Wodiahs,  au  lieu  de  Ouiialis;  le 
dialecte  ouriah  prédomine  néanmoins  h  Baur.wah,  à 
io  milles  et  au  sud  de  Ganjam,  le  long  de  la  côie  et 
jusqu'au  grand  état  de  Kimedy,  dans  les  collines, 
au-delà  desquelles  le  lelinga  prend  le  dessus;  à 
Cicacole,  c'es'.  le  dialecte  dominant,  et  dans  les  con- 
liées  ouvertes  du  Vizagapatani  ou  ne  parle  absolu- 
ment que  lelinga;  cependant  aux  montagnes  de 
l'exiérieur,  depuis  Gumser  jusqu'à  Palcondab,  Basiar 
et  Jayapour ,  la  masse  des  hidjiiauls  fait  usage  du 
dialecte  des  Ouriahs.  Outre  un  poème  épique,  appelé 
Kanji  Kaviri  Pollii ,  qui  célèbre  la  con(iuéte  de 
Conjeveram,  M.  Stirling  ne  connaît  pas  de  composi- 
tion originale  dans  cette  langue;  mais  on  a  traduit 
en  ouriah  les  livres  sacrés  les  plus  estimés  des  Hin- 
dous ;  chaque  pagode  uu  peu  importante  a  sa  légende, 
et  les  almauachs  sont  également  en  langue  du  pays. 

On  ne  saurait  déterminer  au  juste  la  population  du 
pays  d'Orixa.  Dans  le  Mogulbund,  il  parait  y  avoir, 
d'après  les  calculs  de  l'auleur,  un  peu  moins  de 
130,1:00  habitants  sur  environ  9000  milles  carrés,  ce 
qui  donnerait  à  la  partie  la  mieux  cultivée  135  âmes 
par  mille  carré,  tandis  qu'au  Bengale  on  en  compte 
205  sur  la  même  superlicie.  — Toute  la  partie  mon- 
l;igneuse  et  boisée  de  l'Orixa  parait  avoir  été  parta- 
gée anciennement  entre  les  chefs  militaires,  précisé- 
ment comme  sous  le  régime  de  la  féodalité  en  Eu- 
rope. Ces  chefs  avaient  les  droits  de  seigneurs  dans 


leurs  fiefs,  et  n'étaient  tenus  qu'au  service  militai n;; 
leurs  vassaux,  en  cas  de  guerre,  se  préseniaient  tout 
armés ,  et  quelques-uns  avaient  des  arrière-vassaux 
sous  leurs  ordres.  Ces  chefs  féodaui ,  comme  les 
seigneurs  des  Marches  en  Europe ,  protégeaient  le 
pays  contre  les  incursions  et  pillages  des  barbares 
des  montagnes;  la  partie  des  plaines  consiiiuait  en 
grande  partie  le  domaine  de  la  couronne.  Il  y  eut 
souvent  des  guerres  entre  le  rajah  et  les  chefs  mon- 
tagnards, surtout  pendant  le  règne  des  .Mahrattes  et 
des  Mogols.  En  1803  le  Kaitach  fui  conquis  par  les 
Anglais,  et  le  rajah  relégué  avec  une  pension  à  Ja- 
gannath. 

■  Ce  pays  possède  des  monuments  anciens  assez  re- 
marquables. Au-dessus  des  halliers  de  Khurda,  au» 
près  de  Balvianla,  à  16  milles  de  Kaitach,  s'élève  une 
tour  massive,  parmi  les  ruines  de  pagodes  jadis  con- 
sacrées à  Mahadeo.  On  voit  d'aulres  restes  de  pa- 
godes sur  l'emplacement  de  l'ancienne  ville  de  Bho- 
baneser  :  iO  à  50  tours  en  granité  rougeàtre,  et  ayant 
la  forme  de  bocaux,  y  sont  encore  debout  ;  leur  hau- 
teur varie  de  50  à  180  pieds,  l'extérieur  est  décoré 
de  sculptures.  La  plus  haute  de  ces  tours  domine  la 
grande  pagode,  qui  occupe  une  aire  carrée,  dont  un 
des  côtés  a  (iOO  pieds  de  long.  Celte  pagode,  qui  fut 
achevée,  dit-on,  au  vii«  siècle  de  notre  ère,  passe  pour 
le  monument  d'archiieciure  le  plus  curieux  de  tout  la 
pays,  elle  est  depuis  longtemps  déserte;  mais  les  pè- 
lerins du  Bengale,  en  se  rendant  à  Jagannatb,  visitent 
ordinairement  la  pagode  de  Ling-Raj  à  Bhobaneser. 
A  5  railles  de  là,  auprès  du  villrge  de  Jagmara,  il  y  a 
des  collines  de  grès  avec  un  grand  nombre  d'exca- 
vations, dont  quelques-unes  ont  des  formes  singuliè- 
res ;  la  roche  la  plus  élevée  porte  une  pagode  mo- 
derne, consacrée  à  Parasnaih.  Non  loin  de  là,  on 
rencontre  le  jio«i-  ou  palais  du  rajali  Lalat-lndia- 
Kesari,  dont  les  chambres  sont  excavées  dans  le  roc; 
elles  sont  maintenant  occupées  par  des  byragis  el 
d'aulres  religieux  mendiants.  —  La  fameuse  pagod« 
de  Jagannalh,  achevée  au  xii'  siècle,  ressemble  à 
celle  de  Bhobaneser.  Cette  pagode  s'élève  sur  una 
ti-rrasse,  à  laquelle  on  monte  par  un  grand  escalier  : 
deux  lions  de  grandeur  colossale  sont  placés  à  l'en- 
trée ;  par  le  principal  temple,  on  arrive  au  sanctuaire 
ou  à  la  tour  haute  de  180  pieds  ;  la  plupart  des  divi- 
nités hindoues  ont  leurs  pagodes  auprès  de  celle-ci. 
Hamillou  a  décrit  les  fêtes  religieuses^de  cette  pagode. 
On  sait  qu'à  la  fête  d'Asnan,  on  fait  subir  des  ablu- 
tions à  l'idole  de  Jagannatb,  et  qu'à  la  grande  /èie  de 
Rath-Jalra  on  transporte  l'idole  sur  un  char  de  40 
pieds  de  haut,  et  tr.iiné  par  le  peuple  à  un  lieu  siiud 
à  uu  quart  de  lieue  de  la  pagode.  Autrefois  des  pèle- 
rins fanatiques  se  jetaient  sous  les  roues  de  l'énorme 
machine  pendant  l;i  procession  ,  et  se  faisaient  écra- 
ser par  dévotion.  Cette  espèce  de  suicide  ou  d'iuinio- 
laiioii  volnntaire  est  maintenant  très-rare,  i')  à  80 
mille  pèlerins  ,  et  même  davantage,  assistent  aux 
trois  fêtes  annuelles  de  ce  lieu,  sacré  pour  les  Hin- 
dous. —  Il  y  a  dans  le  voisinage ,  sur  le  bord  de  la 


l 


fef7 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


:78 


mer,  uo  endroit  où  les  veuves  se  brûlent  avec  le  ca- 
davre de  leurs  maris,  dans  des  fosses  remplies  de 
bois;  20  à  50  femmes  se  soumeiieiit  tous  les  ans 
dans  le  Kaitach  à  celte  mort  cruelle. 

C'est  à  i8  milles  de  Jagaiinath,  auprès  du  vieux 
village  de  Kanarak,  qu'on  trouve  la  pagode  noire 
dont  la  tour  est  tombée  en  ruines.  Les  murs  de  cette 
pagode  ont  60  pieds  de  haut,  et  20  pieds  d'épaisseur; 
en  dehors  ils  sont  richement  ornés  de  sculptures, 
l'extérieur  a  la  forme  d'une  pyramide.  Le  temple  a 
une  double  enceinte,  dont  l'une  est  plus  élevée  que 
l'autre;  au  lieu  de  ciment,  on  a  fait  usage  dans  tout 
l'édilice  de  crampons  de  1er;  les  portes  sont  décorées 
de  superbes  sculptures  ,  exécutées  sur  des  dalles  de 
chlorite  polie.  —  A  Jajipour,  sur  les  bords  du  Byia- 
rini,  les  rajahs  avaient  autrefois  une  résidence;  on 
y  voit  encore  beaucoup  de  restes  de  pagodes ,  de 
colonnes  et  de  sculptures.  —  L'Orixa  doit  à  ses 
princes  indigènes  plusieurs  grands  ponts,  que  le 
peuple  appelle  improprement  ponis  mogols,  oumah- 
raties.  Le  pont  d'Atbareb  à  Puri,  bâti  en  pierres  fer- 
rugineuses, a  290  pieds  de  long  et  se  compose  dï  18 
arches.  Les  anciens  palais  des  rajahs,  à  Katiach, 
Choudwar,  Jajipour  et  Bliobaneser,  ne  sont  que  des 
constructions  lourdes  et  massives. 

Provincia  Alsaciœ,  Alsace,  ancienne  province  de 
France,  qui  changea  souvent  de  maîtres  et  de  limites. 
L'évéque  de  Strasbourg  posséda  vers  15G0  le  land- 
graviat  de  la  basse  Alsace  ou  Nordgau.  Au  traité  de 
Westplialie,  en  1048,  l'Alsace  fut  cédée  à  la  France, 
moins  l'évêché  de  Strasbourg.  Cependant  Louis  XIV 
en  1673  prit  possession  de  cet  évêclié,  et  eu  ICSl  de 
la  ville -m'ème  de  Strasbourg,  qui  lui  fut  enfin  cédée 
par  le  Iraiié  de  Riswick.  Néanmoins  plusieurs  prin- 
ces allemands  conservèrent  de  grandes  possessions 
en  Alsace.  «  Ce  sont  là,  dit  M.  Pb.  Le  Bas  (Dici.  en- 
cycl.  de  l'Iiisl.  de  France),  ces  princes  possessionnés 
qui  réclamèrent  si  vivement  au  moment  de  la  révo- 
lution française  contre  les  décrets  de  l'Assemblée  na- 
tionale qui  abolissaient  tous  les  droits  féodaux.  Ce 
fut  sous  le  prétexte  d'obtenir  pour  eux  des  in> 
dennriiés  que  l'Autriche  et  l'Empire  prirent  les 
armes,  i 

L'Alsace,  avant  la  révolution,  était  partagée  entre 
quatre  diocèses.  Celui  de  Besançon  y  possédait  24 
paroisses,  avec  le  chapitre  de  Béforl;  celui  de  Bàle 
237,  celui  de  Strasbourg  317,  outre  les  paroisses  si- 
tuées au-delà  du  Rhin;  et  celui  de  Spire  115.  L';ir- 
chevèque  de  Besançon,  l'évoque  de  Bàle  et  celui  de 
Spire  avaient  chacun  leur  officiai  résidant  dans  la 
province,  pour  rendre  la  justice  en  matière  spiri- 
tuelle. Ils  devaient  être  originaires  de  la  province. 
L'oflicial  rie  Besançon  résidait  à  Béfort,  celui  de 
Bàle  à  Alikirch  et  celui  de  Spire  à  VVcissembourg. 
—  Dans  la  partie  de  l'Alsace  qui  dépendait  du  dio- 
cèse de  Besançon,  on  comptait  une  collégiale,  celle 
de  Béfort,  un  couvent  de  capucins  et  un  de  reli- 
gieux du  tiers  ordre  de  Saini-Fr^inçois  (Picpus).  — 
Bans  le  territoire  qui  appartenait  au  diocèse  de  Bàle, 


il  y  avait  deux  collégi;iles,  six  abbayes  d'hommes, 
trois  de  femmes,  un  collège  à  Ensisheim, occupé  au- 
trefois par  les  jésuites,  deux  maisons  de  l'ordie  de 
Saint-Antoine;  deux  de  Dominicains,  trois  de  Kécol- 
lets,  un  de  Cordeliers,  cinq  de  Capucins,  cinq  de 
Dominicains,  un  de  (illes  du  tiers  ordre  de  Sainl- 
Fr.inçois;  une  commanderie  de  Malle,  et  deux  de 
l'ordre  Teutonique.  —  Dans  le  diocèse  de  Str.isbourg, 
outre  le  chapitre  de  la  collégiale,  il  y  avait  douze 
collégiales  en  comptant  celle  do  Lautterbach  dans 
la  haute  Alsace,  cinq  abbayes  d'hommes  et  trois  de 
filles;  deux  commanderies  de  Malte,  une  de  Tordre 
du  Saint-Esprit  de  Rome,  deux  de  l'ordre  Teuto- 
nique, cinq  ou  six  petites  commanderies  ou  mala- 
dreries,  quatre  collèges  de  jésuites,  une  maison  de 
Charireux,  une  de  religieux  de  Saint-Antoine,  une 
de  chanoines  réguliers  de  la  réforme  de  Maltain- 
court,  onze  couvents  de  Capucins,  cinq  de  Corde- 
liers, deux  de  Uécollets,  quatre  de  Dominicains,  un 
d'Auguitins,  un  de  Dominicains,  un  de  filles  péni- 
tentes de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  un  de  Visilan- 
dines,  un  de  filles  de  l'AnTionciation,  et  un  de  Cla- 
risses.  —  Dans  le  diocèse  de  Spire,  on  comptait 
trois  collégiales,  y  compris  la  prévôté  de  Weisseni- 
hourg,  trois  abbayes  d'hommes,  nne  commanderie 
de  l'ordre  Teutonique,  qui  élût  celle  de  Weissem- 
bourg. 

Le  nom  d'Alsace,  en  allemand  Elsass,  vient  du 
nom  EU  (auj.  ///),  rivière  de  ce  pays,  qui  piend  sa 
source  à  une  lieue  sud  de  Ferreite,  près  de  la  Suisse, 
et  se  jette  dans  le  Rhin,  au-dessous  de  Sirasbourg. 
En  latin,  cette  province  s'est  appelée  Elisaiia,  EU- 
sata,  EUiaza,  Asatia;  et  Frédégaire,  au  vn«  siècle, 
appelle  les  habitants  de  cette  province  Allesaiis  et 
Allesaliones. 

Sous  la  domination  romaine,  l'Alsace,  habitée  au- 
Irelois  par  les  Tribocci,  fut  partagée  en  deux  grandes 
provinces  ;  celle  du  nord  éiait  comprise  dans  la 
Germaniu  Prima,  et  ce  le  du  midi  dans  la  Grande 
Séquanaise,  Maxitna  Sequanorum.  Elle  forme  au- 
jourd'hui les  deux  départements  du  Haut-Rhin  et  du 
Bas-Pihin,  réunis  tous  deux  sons  la  direction  spiri- 
tuelle de  l'évéque  de  Sirasbourg.  —  Dans  le  dépar- 
lement du  H.iut-Rhin,  le  chiffre  de  la  population 
protestante  passe  40,000.  L'.\lsaie  est  la  province 
de  France  qui  compte  le  plus  de  juifs  ;  c'est  aussi 
celle  où  l'usure  pèse  davantage  sur  la  propriété  fon- 
cière. 

La  ville  de  Mulhouse  est  depuis  1800  le  centre 
industriel  de  l'Alsace.  Elle  s'est  dévelo|>()ée,  dans 
un  espace  de  quarante  ans,  avec  une  rapidité  pio- 
digieuse.  Sur  un  rayon  do  20  kil.,  la  population  des 
villages  s'est  triplée.  Les  manufactures  de  Mullionso 
étendent  leurs  ramifications  non-seulement  sur  loiil 
le  Haut-Rhin,  mais  encore  sur  les  dépariemenls  li- 
mitrophes. Elles  occupent  plus  de  80,000  ouvriers, 
et  le  moniant  de  leurs  produits  s'élève  annuellement 
à  plus  de  7S  millions  de  frincs.  Suivant  un  aperçu 
donné  par  M.  .Math.  .Moeg,  on  a  imprimé  depuis  174C 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


579 

nsqu'en  1822,  172  millions  de  mètres  d'indiennes, 
•ans  !es  dix  premières  années,  il  a  élé  fourni  an- 
luellement  5't,00vi  pièces  de  20  mètres;  dans  les der- 
lières  années,  159,U00  pièces  de  25  métrés. 

Proviiicia  Calabiice ,  Calabre  ,  province  d'Italie  , 
royaume    de   Naples ,   qui   en   occupe   rexlrémiié 
méridionale  ,   et  forme  une  presqu'île  dont  la  lon- 
gueur est  de  240  kil.,  sur  40  à  80  de  large,  et  de 
5,200,000   mètres   carrés.  Celle  péninsule  ,  entou- 
rée par  la  Méditerranée  ,  esl  traversée  dans  toute 
son  étendue  par  de  liantes  montagnes,  suite  de  la 
ch:iîne   des   Apennins.    Leur  sommet  est  ceint  en 
partie  par  le  vaste  et  riche  plateau  de  la  Sila;  on 
y  éprouve    une   température  très  -  rigoureuse  :   la 
neige  y  séjourne  depuis  la  un   de  novembre  jus- 
qu'en avril.  La  croupe   de  ces   Montagnes  ,  d'où 
s'échappent  une  foule  do  sources  et  de  ruisseaux , 
offre  un  aspect  sombre  et  imposant.  Elles  sont  cou- 
ronnées d'une  ceinture  d'épaisses  fcirèis,  où   l'on 
trouve  beaucoup  de  bourgs  et  de  villages;  il  n'existe 
dans  ce  pays  aucun  fleuve  navigable  ;  le  Laino  ,  le 
Craii ,  le  Neio  ,  l'Amato  et  l'Angitola  ne  sont  jamais 
à  sec.  Les  principaux  golfes  sont  ceux  de  Squillacc, 
de  Gioji)  et  de  Sainte-Eupliémie.  Les  caps  les  plus 
remarquables  sont:  le  Nau,  le  Rizzuto,  le  Sparii- 
veiito,  dcU'Arnii ,  le  Vaticano.  Le  climat  varie  sui- 
vant les  gradations  du  teiraiii ,  et  favorise  toutes  les 
produciioiis.  Dans  les  plaines  abritées  contre  le  nord, 
on  trouve  la  canne  i»  sucre,  l'aloès  et  le  palmier,  tan- 
dis que. le  pin  et  le  bouleau  couvrent  le  sonmiet  des 
montagnes.  Il  règne  pendant  quatre  mois  une  cha- 
leur excessive  ;  le  sirveo  ,  vent  brûlant ,  qui  se  fait 
sentir  sur  les  côtes,  exerce  la  plus  maligne  influence. 
On  y  recueille  grains  de  toute  espèce,  vins  exeellens, 
huile  d'olive  en  abondance,  et  on  y  élève  beaucoup 
de  vers  à  soie  qui  forment ,  ainsi  que  la  culture  du 
coton ,  un  grand  produit  ;  la  réglisse  et  la  manne  se 
trouv'jnt  dans  les  forêts  ;  d'immenses  troupeaux  de 
bêles  à  cornes  séjournent  dans  Its  pâturages  abon- 
dants de  la  Sila  el  des  plaines  ;  les  fromages  qu'on 
y  l'ait  sont  exquis.  Le»  chevaux  ,  très-beaux  et  bien 
entretenus,  forment  encore  une  grande  branche  d'in- 
dustrie, ainsi  qne  les  mulets  ,  d'une  force  et  d'une 
adresse  rares.  On  voit  dans  les  plaines  marécageu- 
ses un  grand  nombre  de  buffles  ;  le  gibier  abonde 
en  Calabre  :  irs  côtes  y  sont  très-poissonneuses.  La 
pèclic  de  l'espadon  et  du  thon  est  très-lucrative  ;  on 
y  fait  un  bon  conim.  en  grains,  vin,  soie,  coton, 
réglisse,  manne,  oranges,  citrons,  châtaignes,  fruiis 
secs,  et  surtout  en  huile,  principale  richesse  com- 
merciale. Le  règne  minéral  offre  or,  argent,  plomb, 
ftr,  marbre,  albâtre,  cristal  de  roche,  soufre,  sei. 
—  Le  Calahrois  de  moyenne  stature,  bien  propor- 
tionné et  très-musculeux  ,  se  distingue  par  un  teint 
basané,  les  traits  de  sa  physionomie  très-prononcés, 
des  yeux  pleins  de  feu  et  d'expression.  Il  est  tou- 
jours armé,  prêt  à  se  battre  et  a  se  livrer  au   bri- 
gandage.   Les  femmes,  avec  peu  d'attraits,   sont 
(léponrvues  de  grâces  ;  mariées  fnri  =-»ii!ies  .  elles  sf 


580 

flétrissent  bientôt;  leur  fécondité  est  extraordinaire. 

On  divise  cette  province  en  deux  parties  :  Cala- 
bre ciiérieure  au  nord,  el  Calabre  ultérieure  au  sud  ; 
cette  dernière  se  subdivise  en  deux  pariies,  savoir  : 
Calabre  ultérieure  i'«  et  ii"  ;  la  première  .tu  sud,  et 
la  seconde  au  nord  :  Cfsenza  est  le  siège  des  auto- 
rités.Les  principales  villes  dans  la  Calabre  citcrieuie 
sont  Cosenza  ,  Umbriatico  ,  Bisignano  ,  Cassano  , 
Scalea,  Cariati  et  Kussano.  Dans  la  Calabre  ultérieure 
on  remarque  Catanzaro,  Reggio,  Crotone,  S<«-Sevo- 
rina  ,  S'''-Eufemia,  Gerace,  Squillace  el  Nicastro. 

Popul.  de  la  Calabre  ciiérieure  .  .  .  ô4(),000 
—    des  Calabres  ultérieures  1"  et  11^.    451,000 

Total.  .  .  .    780,000 

Cette   province  comprend   quatre   archevêchés , 

Cosenza  ,  IJossano,  Reggio  et  S'^-Severina ,  et  huit 

évêchés  :  Umbriatico,  Risignano,  Cassano  ,  Cariati, 

Catanzaro,  Gerace  ,  Squillace  et  Nicastro. 

Provincia  Caiitpa7iiœ,  vel  Campus  Roiikc,  Campagne 
de  Rome  ,  province  d'Italie  ,  Etat  de  l'Eglise  ,  est 
bornée  au  nord  par  les  provinces  de  Rieiia  et  de 
Vilerbe,  à  l'ouest  et  au  sud  par  la  Méditerranée, 
au  sud-est  par  la  Terre-de-Labour,  au  nord-est  par 
les  Abruzzes.  Celte  lerre,  autrefois  si  belle,  n'offre 
plus  qu'un  sol  aride  et  brûlant ,  des  landes  et  des 
eaux  stagnantes.  Des  fièvres  cruelles  y  exercent 
leurs  ravages.  C'est  à  Roiiciglione ,  au  pied  des 
montagnes  de  Viierbe ,  qne  commence  cette  plaine 
célèbre  qui  entoure  la  ville  de  Rome.  Ce  vaste  bas- 
sin n'est  borné  que  par  la  mer  et  par  une  enceinie 
de  inoutaîjnes  dont  les  hauteurs  le  renferment  conune 
un  ampliithéâtre  ;  des  montagnes  de  Circé  jusqu'à 
ceux  de  l'ancienne  Elr  urie,  sur  les  bords  de  la  mer, 
ce  n'est  qu'une  plage  nue  et  dé>erte.  Cependant  les 
eaux  ,  surtout  celles  du  Tibre,  y  sont  très-saines. 
Le  domaine  de  Campo-Morlo  est  le  plus  malsain. 
On  compte  dans  cette  province  huit  places  niari- 
times  ,  douze  fleuves  ,  quatre  lacs  ,  dix-huit  villes 
et  beaucoup  de  bourgs.  Les  Lombards  ,  les  Sarra- 
sins et  les  Huns  coniribuèront  à  dévaster  ce  pays 
renommé  du  lemps  des  Romains.  Lorsqu'il  fut  in- 
corporé à  la  Crancc,  en  1810,  il  formait  la  m.ijeure 
;  i  .irtie  du  (Jéiiariement  de  Rome. 

Plusieurs  papes  ont  fait  des  efforis  pour  rappeler 
a  salubiilé  et  la  fertilité  dans  celle  province,  mais 
.■n  vain.  Il  y  a  une  partie,  surtout,  où  l'on  n'aperçoit 
que  des  pâtres  mélancoliques  avec  leurs  troupeaux. 
Pruvincia  Carainaiiiœ.  La  Karamauie,  grande  con- 
trée de  l'Asie  .Mineure,  fit  partie  de  l'empire  des 
Selsdschuks  d'iconium.  Après  la  ruine  de  cet  em- 
pire, elle  devint  une  principauté  iraporiante,  el  les 
princes  de  Karamanie  combattiient,  au  moyen  â£;e, 
pendant  un  siècle  et  demi,  la  puissance  oltomane 
avec  plus  de  courage  que  de  bonheur  jusqu'à  leur 
entièie  défaite.  Ces  princes  étaient  d'origine  ar- 
ménienne par  Nur-Ssofl,  leur  ascendant  ;  son  fils 
Karaman  s'empara  de  Konieh  ou  Koniah,  capilala 
des  Seldscliulis.  Sa  dynastie  s'éteiKQil  ap>ès  cent 


581 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOVKiN  AGE.  582 


soixanle-six  ans  d'existence,  et  dix  guerres  succes- 
sives. La  Karamanie  coniprenail  les  anciennes  pro- 
vinces de  Lycaonie  el  d'isaurie,  une  partie  de  la 
Cilicie  et  de  la  Pamphylie.  —  Celte  province  fut  in- 
corporée aux  possessions  ottoniaDes  par  Bajesid- 
lldirini  en  1592. 

Ptolemais,  Sainl-Jean-d'Acre,  la  Ptoléniaïs  des 
Komains.  Elle  était  comptée  au  nombre  des  an- 
ciennes villes  de  la  Phénicie  ,  avec  les  noms  d'Ace, 
d'Accon,  d'Acca  et  d'Acre.  Celui  de  Saint-Jean  pa- 
raît lui  être  venu  des  clievaliers  hospitaliers  de  cet 
ordre,  qui  s'y  réfugièrent  après  la  ruine  de  Jérusa- 
lem. Quelques  auteurs  ont  prétendu  qu'elle  dev.iil 
plutôt  celte  dénomination  à  une  belle  église  dédiée 
à  saint  Jean,  qui  l'ut  construite  dans  ses  faubourgs, 
du  côté  de  l'orient.  L'historien  Josèphe,  dans  son 
livre  XI,  chapitre  10,  de  la  Guerre  des  Juifs,  nous  dé- 
crit l'exposition  de  cette  ville.  «  Elle  est  sur  la  Médi- 
terranée, dans  une  grande  plaine,  bornée  au  midi 
par  le  mont  Carmel,  au  levant  par  les  montagnes  da 
la  Galilée,  el  au  nord  par  une  autre  montagne  qu'on 
apjelle  Eclielle-de-Tyr.  Selon  les  apparences,  elle 
appartient  à  lu  tribu  d'Aser;  mais  rien  ne  dénote 
qu'elle  ait  januiis  été  au  pouvoir  des  Israélites,  i 

Le  même  liisiorien  que  nous  venons  de  citer  ajoute 
qu'elle  fut  possédée  par  le  roi  Démétrius,  (ils  de  Se- 
leucus.  La  trahison  la  fit  ensuite  tomber  dans  les 
i\iainsd'Antiochus  Epiphane.  Assiégée  quelque  temps 
'ai'rès  par  Alexandre,  roi  de  Judée,  elle  (ut  prise  el 
cédée  à  Pioléniée.  Elle  acquit  le  nom  de  Ptoleniaide 
sous  les  rois  d'Egypte  qui  la  gouvernèrent,  el  nous 
v:  yons  dans  les  Actes  des  apôtres  qu'elle  s'appelait 
ainsi  chez  les  Grecs  et  chez  les  Romains.  Notre  na- 
vigation étant  achevée,  nous  débarquâmes  de  Tijr  à 
Piolémàide.  Les  Perses,  qui  la  possédèrent  quelque 
lei;  ps,  en  firent  une  barrière  contre  les  attaques  des 
Egyptiens  de  Phénicie,  conime  nous  le  dit  Slraboii  : 
<  Ptoiémaïde,  ville  importante,  qui  se  nommait  Ace 
auparavant,  offre  à  la  Perse  un  refuge  assuré  dans 
les  guéries  d'Egypte.  »  Différentes  médailles  nous 
apprennent  que  Ptoléiuaïdc  fut  aussi  une  colonie  ro- 
maine. Les  Sarrasins  s'en  rendirei.t  maîtres,  et  l'ap- 
pelèrent Acea,  d'on  de  ses  premiers  l'.oms.  Après  l'a- 
voir retenue  jusqu'en  liOi,  ils  furent  chassés  par  les 
ihréiieus.  Ceux-ci  se  la   virent  enlever  à  leur  tour 
en  1187,  par  Saladin,  Soudan  d'Egypte;   mais  un 
siège  de  trois  années  la  leur  rendit  de  nouveau  en 
1191.  A  dater  de  cette  é|ioi|ue,  elle  fut,  l'espace  d'un 
siècle,  possédée  cl  gouvernée  à  la  fois  p.ir  dix-neuf 
souverains,  qui  sont  :  Henri,   roi  de  Jérusalem  ;    le 
roi  de  Naples  et  de  Sicile  ;  le  prince  d'Antioche;  le 
comte  de  JafTa  ;  le  comte  de  Tripoli  ;  le  prince  de 
Galilée;  le  légat  du  pape;  le  prince  de  Tarenle;  le 
roi  d'.Arménie  ;  le  duc  d'.Athènes  ;  les  généraux  des  ar- 
mées de  Florence  et  de  Pise,  d'Angleterre  et  du  Gè- 
nes; enfin  les  grands-maîtres  des  ordres  tie  Saint-Jean 
de  Jérnsaleni,  des  Templiers,  des  chevaliers  Teulo- 
niques  ei  de  Saint-Lazare.  Chacun  d'eux  y  possédait 
une  autorité  absolue  et  indépendante  dans  leurs  dif- 


fi'reiits  quartiers.  Cette  diversité  de  gouvernemeuis 
occasionna,  par  de  longues  divisions,  la  chule  irré- 
parable de  cette  ville,  en  1201.  Une  lois  retombée 
enire  les  mains  des  infiilèles,  elle  fut  saccagée  et  dé» 
mnle  pour  ne  plus  se  relever  de  ses  ruines.  Nous  li- 
sons dans  les  Machabées  que  le  peuple  de  celle  ville 
égorgea,  par  la  trahison  de  Triphon,  Jonathas,  frère 
de  Judas  Macliabée,  avec  vingt  mille  hommes. 

Vespasien  et  Tilus  y  séjournèrent  quelque  temps 
pour  se  préparer  à  faire  le  siège  de  Jérusalem.  Dans 
le  xii^  siècle  il  s'y  tint  un  conseil  général,  où  l'on 
mit  en  délibération  le  siège  de  Damas. Guillaume  de 
Tyr,  en  son  Histoire  de  la  guerre  sainte,  a  conservé 
les  noms  des  personnages  fameux  qui  s'y  iroiivè- 
reiii  ;  ce  furent  Conrad,  empereur  des  Romains, 
Louis  VII,  roi  de  France,  Baudouin,  roi  de  Jérusa- 
lem, et  plusieurs  autres  prinees,  comtes,  ducs,  évé- 
qiies,  archevêques  et  légats,  au  nombre  desquels 
était  le  cardinal  Guidon  Bellagi  de  Florence.  Acre  fut 
aussi  visitée  par  les  apôtres,  et  particulièrement 
par  saint  Paul,  qui  y  prêcha  le  cbrisiianisine.  Un  y 
coniple,  parmi  les  saints  martyrs,  Paul  et  Julienne 
sa  sœur,  qui  rougirent  la  terre  de  leur  sang  sous  le 
règne  de  Valérien. 

Saint-Jean-d'Acre  resta  longtemps  après  sa  ruina 
dans  un  état  de  malheur  et  d'inhabitalion.  La  Poita 
elle-même  s'embarrassa  peu  de  remettre  cette  villa 
en  meilleur  ordre.  Faccardin,  prince  des  Druses, 
dont  les  nrnies  conquirent  toute  la  Syrie  dans  la 
xvii*  siècle,  essaya  d'y  construire  quelques  édifices 
et  de  la  rendre  plus  habitable.  Mais  on  regniie  qu'il 
en  ait  en  quelque  sorte  détruit  le  port,  en  le  com- 
blant avec  les  ruines  des  anciennes  maisons.  Sun  but 
était  d'empêcher  l'apiiroche  delu  ville  aux  galères  du 
Grand-Seigneur,  et  de  leur  enlever  par  ce  moyeu  un 
asile  qui  pouvait  devenir  préjudiciable  à  la  grandeur 
renaissante  de  celte  cité.  Il  est  facile  de  voir,  parles 
vestiges  de  ce  port,  devenu  fort  (truit,  qu'il  avait  é.é 
très-commode  et  garanti  d'ailleurs  du  souffle  de  l'oc- 
cident par  une  épaisse  muraille  en  tornie  de  môle 
dont  il  reste  quelques  débris.  On  ne  peut  y  enirer 
qu"avec  des  baieanx  ou  de  Irès-petils  navires.  Après 
la  chute  de  Faccardin,  Acre  reluniba  sous  la  puis- 
sance ottomane. 

H  ne  reste  de  celte  ancienne  \ille  que  des  débris 
assez  informer  de  munnmcnis  qu'y  avaient  cons- 
truits les  chrétiens.  On  trouve  da  i»  la  pariie  occi- 
deniale  quelques  ruines  d'une  église  consacrée  à 
Saint-Andié.  Trois  grandis  fenêtres,  que  le  temps 
n'a  pas  encore  détrniies,  donnent  une  haute  idée 
de  cet  édifice.  Le  palais  de  l'évêque  était  contigu  à 
celte  église,  et  le  gouverneur  a  lait  élever  une  m.-.i- 
soii  sur  ses  fondemenis.  Pour  en  combler  queinuei 
parties  souterraines,  il  ordonna  d'y  jetir  un  grand 
nombre  de  siatues  et  de  bustes  de  marbre  qui  repjé- 
senlaienl  des  saints  :  comme  on  les  trouva  enfouis 
dans  les  aleoloars,  il  est  probable  qu'ils  app:irle- 
naienl  à  l'église  de  Saint-André.  A  peu  de  distance 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


58  i 


de  là  on  voit  les  restes  du  porl  des  galères  et  de 
l'arsenal. 

H  y  avait  dans  ce  même  lieu  un  bâtiment  considé- 
rable, presque  entièrement  renversé  aujourd'hui  : 
c'éiait  l'hospice  des  chevaliers  du  Temple,  qu'on  ap- 
pelait le  Chàieau-de-Fer,  p:irce  qu'il  avait  été  en- 
duit d'écume  de  cette  matière,  dans  la  partie  qui  re- 
garde la  mer.  Ce  côté  de  muraille  subsiste  en  son 
entier,  avec  un  débris  de  la  galerie  qui  conduisait 
d'un  quartier  à  l'autre.  Le  palais  du  grand  maître  de 
l'ordre  de  Saint-Jean  de  Jérusalem,  avec  toute  l'é- 
tendue de  l'hospice,  sert  d'habitation  au  chef  d'Acre, 
à  sa  famille  et  à  une  partie  de  sa  cavalerie.  Cet  édi- 
fice doit  sa  conservation  presque  entière  à  l'épais- 
seur étonnante  de  ses  murs.  Il  est  particulièrement 
remarquable  par  deux  tours  Irés-élevées  et  par  ses 
souterrains  qui  renfermaient  des  moulins  à  main, 
dont  on  fait  encore  quelque  usage.  Le  gouverneur  a 
formé  dans  l'une  de  ces  tours  une  salle  immense, 
au  milieu  de  laquelle  est  une  grande  fontaine  ornée 
de  marbres  de  toute  espèce.  La  chapelle  du  grand 
maître,  sous  l'invocation  de  la  sainte  Vierge,  subsis- 
tait en  assez  bon  étal  en  1660;  mais  on  l'a  démolie 
en  partie  l'année  d'après,  pour  en  faire  le  palais 
d'un  fils  du  gouverneur.  Dans  la  pariie  méridionale 
de  cette  place,  et  à  côté  de  la  porte  de  Nazareth, 
s'élèvent  les  débris  de  l'église  et  du  raonasiére  de 
Saint-Clair.  C'est  dans  cet  asile  mémorable  que  des 
vierges  vertueuses  se  mutilèrent  le  visage  alin  de  se 
soustraire,  dans  le  sac  de  la  ville,  à  la  brutalité  des 
barbares,  qui,  ne  voyant  en  elles  que  des  objets 
d'Iiorreur,  en  lirent  un  afl'reux  massacre. 

On  trouve  la  description  de  plusieurs  églises,  mo- 
nastères et  hospices  de  Ptolémais  dans  le  code  di- 
plomatique de  l'ordre  religieux  et  militaire  de  Saint- 
Jean,  et  encore  dans  le  testament  d'un  certain  Sa- 
liba  ,  bourgeois  de  cette  ville,  fait  en  1264,  par  le- 
quel il  abandonnait  la  totalité  de  ses  biens  meubles 
et  immeubles  à  la  maison  de  l'hospice,  en  en  réser- 
vant toutefois  des  legs  pieux  à  chaque  église,  mo- 
nastère et  communauté  de  cetle  ville. 

Le  petit  nombre  de  temples  religieux,  subsistants 
aujourd'hui  dans  Acre,  est  d'une  époque  moderne. 
H  y  a  deux  églises  latines,  dont  l'une,  très-petite, 
sert  de  parois  e,  dédiée  à  saiut-Jean-Baptiste,  et  pla- 
cée dans  le  district  des  nations  européennes.  Elle 
est  desservie  par  les  Pères  de  la  terre  sainte,  qui  oc- 
cupent à  côié  un  hospice  fort  commode  et  ouvert  en 
tout  temps  aux  religieux  et  voyageurs.  Près  de  ce 
quartier  d'Europe,  au  nord  de  la  ville,  est  une  cha- 
pelle remarquable  dont  la  sainte  Vierge  est  la  pa- 
tronne, où  se  rassemblent  toutes  les  femmes  qui  sui- 
vent le  rit  laiin.  Les  Grecs-unis  y  possèdent  une  fort 
belle  église,  élevée  eu  partie  sur  l'ancien  temple  de 
Saint-André,  dont  elle  a  conservé  le  nom.  L'église 
des  Maronites  a  été  construite  d'après  leur  dessin, 
depuis  ses  fondements.  Parmi  différentes  espèces  de 
m  r  I).  es  iprils  ont  recueillis li^■^  ni  nes de  la  viilepour 
la  déci,rer,  on  remarque  deux  grosses  colonnes  de 


porphyre  qui'  servent  de  soutien  à  l'arc  du  maitre- 
autel. 

L'église  des  Grecs  schismatiques  est  la  plus  grande 
qu'il  y  ait  dans  Acre,  et  l'on  a  fait  usage  également 
d'anciens  matériaux  pour  la  bâtir.  Les  Hébreux  y 
ont  aussi  une  petite  synagogue,  qu'il  ne  leur  est  pas 
permis  d'agrandir ,  le  gouverneur  exigeant  d'eux 
qu'ils  se  contentent  d'un  terrain  de  maison  dont  il 
leur  accorde  la  propriété. 

On  trouve  dans  cette  ville  trois  mosquées  appar- 
tenant aux  Arabes  mahométans,  de  la  religion  do* 
minanle.  Deux  ont  été  construites  par  le  gouver- 
neur, et  l'autre,  qui  fut  élevée  dans  le  xiii"-'  siècle, 
eut  pour  fondateur  Séraf,  (ils  de  Malec-Mcssor,  sou- 
dan  d'Egypte.  En  face  de  cette  dernière  mosquée 
est  une  place  assez  étendue,  de  la  construction  du 
mèmç  Séraf,  qu'habitent ,  en  quartiers  séparés,  les 
difféicntes  nations  d'Euro|ie.  Les  revenus  qu'on  en 
perçoit  sont  destinés  à  entretenir  ce  temple  niaho- 
mélan. 

Les  rues  d'Acre  sont  toutes  si  étroites,  que  lors- 
qu'il y  passe  un  cliameau,  même  dans  les  plus  lar- 
ges, il  serait  impossible  à  un  autre  animal  de  passer 
de  front  avec  lui.  On  n'emploie  à  la  construction  des 
maisuns  que  des  pierres  carrées,  e:  point  de  briques. 
Les  toits,  bien  difTérents  des  nôtres,  sont  faits  en 
plates-formes  ou  terrasses  sur  lesquelles  on  se  pro- 
mène, et  rappellent  les  pavés  dont  parle  Vitruve. 
Dans  la  construction  d'un  édifice,  lorsque  le  dernier 
plancher  est  couvert  de  poutres  plus  ou  moins  for- 
tes, l'on  cloue  dessus  des  planches  de  cyprès,  ser- 
rées fortement  l'une  à  l'autre  :  cette  couverture  sup- 
porte à  son  tour  plusieurs  solives,  placées  en  travers, 
où  l'on  étend  du  foin,  de  la  paille  hachée  avec  de  la 
chaux  mêlée  de  petites  pierres,  et  le  tout  ensemble 
s'aplanit  par  le  moyen  d'un  maillet;  on  jette  sur 
cetle  première  couche  du  charbon  pilé,  une  seconde 
de  chaux  et  de  sable,  et  enfin,  l'on  met  un  Iroisième 
lit  de  plâtre,  de  chaux, de  cendre  et  de  charbon  pilé, 
qu'on  élend  avec  un  cylindre,  et  auquel  on  donne  le 
lustre  et  le  poli  avec  un  battoir.  Voilà  la  manière 
ordinaire  de  faire  ces  terrasses.  Si  le  pavé  se  lézarde 
par  la  force  des  chaleurs,  on  en  remplit  les  fentes 
de  chaux,  de  cendre  et  d'huile,  et  il  résiste  aux  plus 
longues  pluies,  jusqu'à  devenir  impénétrable  à  l'eau. 
Les  n;aisuns  faites  en  coupole  sont  enduites  ou  re- 
crépies de  cailloux  piles  avec  de  la  chaux,  qu'on  em- 
ploie avec  le  plus  grand  s  lin  pour  y  donner  le  lusire. 

On  se  sert  également  de  cliaux  dans  le  crépi  inié- 
rieur  du  bàiiment,  et  quand  elle  est  vive  un  éiend 
dessus  ou  de  l'éloupe  ou  de  la  bourre  ;  précaution 
qui  devient  nécessaire  pour  soutenir  la  seconde  cou- 
che faite  de  plâtre. 

Il  y  a  dans  la  ville  deux  bazars  ou  marches  tou- 
jours abondamment  fournis  :  l'un  renferme  toutes 
sortes  de  comestililes,  et  l'on  trouve  dans  l'aune 
un  assurlimeiit  d'habits  et  d'étoffes  d'usage. 

A  la  distance  d'un  mille  (!e  fi  cité  neuve,  o  i  ir-  iive 
les  tléljiis  lie  la  tour  Maudiie,  qui  forme  une  esj-.éco 


585 


GEOGKAPHIE  DES  LEGENDli^S  AL  MOYEN  AGE. 


d'angle  vers  le  nord  de  la  mer.  On  y  avait  faii  mon- 
ter un  moulin  à  vent.  C'est  de  ce  côté-là  qne  les  in- 
fidèles entrèrent  lorsqu'ils  prirent  Acre  sur  les 
chrétiens.  —  L'éloignement  de  la  ville  nouvellement 
construite  aux  aniiennes  murailles  n'est  pas  de  plus 
d'un  mille;  mais  il  faut  pins  d'une  heure  pour  par- 
courir celte  enceinte  de  terrain.  La  première  Acre 
él;iit  enfermée  d'une  triple  roriificaiion,  séparée  par 
deux  fossés,  dont  l'un  au  dehors  et  l'.aiire  au  dedans 
recevaient  les  eaux  de  la  mer.  Comme  ils  étaient 
creusés  dans  le  me,  il  s'en  est  conservé  quelques  par- 
ties. De  distance  à  autre,  les  murs  étaient  flanqués 
de  gros^es  tours.  L'air  n'est  pas  sain  dans  cette  ville, 
et  chaque  année  il  y  règne  des  maladies  nombreu- 
ses, au  temps  des  chaleurs.  Il  faut  en  attribuer  la 
cause  au  peu  de  largeur  des  rues  et  à  quelques  ma- 
rais qui  avoisinent  la  ville.  La  meilleure  précaution 
que  puissent  prendre  les  Européens  pour  se  garantir 
de  la  malignité  de  cet  air,  c'est  de  s'astreindre  à  une 
nourriture  modérée,  et  de  fuir  surtout  l'humidité  de 
la  nuit,  comme  aussi  de  ne  pas  se  lever  avant  que  le 
Boleil  n'ait  dissipé  ou  fondu  l'amas  de  nuages  et  de 
vapeurs  qui  chargent  raimosphère  chaque  matin. 


Le  scheick  Daher,  émir  de  la  Galilée,  au  xviii" 
siècle,  s'empara  de  la  ville  par  surprise,  releva  se* 
murs,  déblaya  son  port,  et  lui  rendit  une  partie  do 
son  ancienne  importance.  Ce  fut  sous  Djez/.ar-Paclia, 
succeseur  de  Dalier,  (|ue  Bonaparte  vint  metkrc  le 
siège  devant  celle  place,  le  vingt  mars  1799,  et  le 
leva  le  vingt  mai  suivant,  en  l'accablant  de  ses  feux, 
et  la  laissant  presque  réduite  en  cendres.  Après  le 
départ  de  Bonaparte,  hjezzar-Pacha  la  rebâtit. 
Elle  fut  prise  en  183-2  par  Ilirahini-Paclia  pi'ur  le 
compte  de  Méhéniet-Ali,  auquel  elle  fui  enlevée  en 
1840  avec  la  Syrie.  On  n'a  reconstruit  que  ses  lorhfi- 
caiions.  Sa  population,  qui  était  de  20,000  habitants, 
n'est  plus  que  de  8000.  L'évêché  de  Piolémaïs,  sous 
la  iriétropoledeTyr,  datedu  iv=  siècle,  il  exi-le  tou- 
jours, (luniqn'il  n'y  ait  presque  point  de  Grecs  pwmi 
les  habitants.  —  Il  y  eut  du  temps  des  croisades 
un  évêque  latin  qui  dépendait  de  l'archevêque  latin 
de  Tyr. 

Sainl-Jean-d'Acre  esta  110  kil.  de  Jérusalem,  au 
nord-nord-ouesi.  Latitude  nord,  ô'2°  54' 55";  longi- 
tude est,  35°  45'  50".  Le  commerce  consiste  en  coton 
et  riz  récoltés  dans  ses  environs. 


R 


Badotium,  Reuil,  paroisse  du  diocèse  de  Meaux  , 
arrond.  de  cette  ville  ,  canton  de  la  Ferté-sous- 
Jouarre,  départ,  de  Seine-et-Marne.  —  On  raconte 
di^erselnellt  l'origine  de  l'abbaye  de  bénédictins  qui 
fut  le  principe  du  village  de  Reuil.  Selon  quelques- 
uns,  ce  fnl  un  nommé  Radon,  frère  des  fondateurs 
des  abbayes  de  Jouarre  et  de  Rebais,  et  (ilsd'Authaire, 
seigneurd'Ussy-sur-Marne,  qui  l'institua.  Mais  d'autres 
ont  contesté  l'existence  du  troisième  fils  d'Auihaire, 
et  ont  avancé  que  l'érection  de  ce  monastère  devait 
être  attribuée  à  Adon  ,  son  premier  lils;  qu'une 
confusion  de  noms  était  seule  la  cause  de  la  méprise. 
Néanmoins  <in  ne  peut  disconvenir  que  le  mot 
Radolium  (Reuil)  n'ait  une  grande  analogie  avec 
Celui  de  Radon  ,  et  que  l'existence  de  cet  individu, 
prouvée  par  des  actes  authentiques ,  n'est  disputée 
que  par  des  hypothèses  plus  ou  moins  vagues  (1).  11 
y  eut  aussi  un  Radon  qui  fut  maire  du  palais  en 
Austrasie  sous  Clotaire  11,  et  un  autre  qui  fut  léfé- 
rendaire  ou  chancelier  sous  Clovis  II.  Mais  il  est 
moins  vraisemblable  que  l'un  ou  l'aulre  eûi  fondé 
ce  couvent.  Enlin  ,  on  pense  encore  que  Radolium 
vient  du  mol  teutonique  rand ,  dont  on  a  fait  rade 
dans  notre  langue  pour  signiGer  un  rivage.  Quoi  qu'il 
en  soit,  le  monastère  de  Reuil  existait  dès  le  vu* 
siècle;  il  fui  mis  sous  la  dépendance  du  prieuré  de 
la  Chârité-sur-Loire ,  au  commencement  du  xii'^. 
Depuis  cette  époque,  ainsi  que  le  dit  Duplessis  (2), 
les  évêqiies  de  Meaux  devinrent  les  princi|>aux  bien- 
faiteurs de  celle  maison.  En  1160,  Renault,  évêque 
de  Meaux ,  lui  conlirma  la  possession  du  village  de 
Reuil  et  de  toutes  ses  dépendances  de  l'église  Saint. 

(I)  Ex  labul.  mvnasl.  Radoticiis. 

Dlc^lo^^AlRE  db  Gkooraphie  tccL.  11. 


Etienne-de-Condé,  à  laquelle  appartenait  toute  la  villa 
delà  Ferlé;  la  chapelle  de  Saint-Marlin  dans  la 
même  paroisse;  neuf  arpents  de  pré  entre  Condé  et 
le  pont  de  Condéet;  les  églises  de  Chamigny,  de 
Bussy  ou  Boissy-le-Chatel ,  et  de  Dhuisy,  celle  du 
Sainl-Clirisioplie  dans  la  ville  épiscopale,  etc.,  etc. 
La  même  année,  le  chapitre  delà  cathédrale  lui 
abandonna  tout  le  bien  qu'il  possédait  à  Chailly.  Vers 
l'an  1160,  Aide  de  la  Ferté-au-Coulfe,  du  consenie- 
ment  de  Simon,  vicomte  de  Meaux,  son  époux,  de 
ses  fils ,  Gilon  et  Hugon,  et  de  sa  fiile  Mathilde  , 
donna  au  prieur  et  aux  moines  de  Reuil  tout  ce 
qu'elle  pouvait  acquérir  ou  acheter  dans  les  icres 
de  Dhuisy,  de  Camberzils,  de  Coulombs  et  de  Ven- 
derest ,  mais  sans  détruire  les  forêts.  A  peu  près  à 
la  même  époque,  Simon  et  Ade,  lui  laissèrent,  pour  le 
repos  de  l'âme  de  leur  filsCilon,  le  prieuré  de 
Dhuisy  à  la  condition  qu'il  sera  desservi  par  trois 
religieux  de  HeuM.  —  Eu  1170,  Simon  d'Oisy,  vi- 
comte de  Meaux,  Ade,  son  épouse,  et  Hugues, leur 
fils,  abandonnèrent  à  ce  couvent  cinq  muids  de  fro- 
ment à  prendre  dans  leur  minage  de  Meaux.  En 
1245,  Mathieu  d'Oisy,  seigneur  de  Montmirel,  lui 
donna,  à  litre  d'aumônes,  le  droit  de  pêche  q^i'il 
avait  sur  la  Marne.  —  En  12o0,  Pierre  de  Cuisy, 
évêque  de  Meaux,  fit  la  dédicace  de  l'église  du  prieuré 
de  Reuil. 

Ce  monastère,  supprimé  à  l'époque  de  la  révolu- 
tion, est  aujouid'hui  un  agréable  château  dont  le 
parc  est  vivifié  par  des  eaux  magniliques. 

Le  village  de  Reuil  est  situé  sur  la  rive  gauche  de 
la  .Marne,  ayant  cette  rivière  à  l'ouest;  à  2  kil.  nord 

(2)  Histoire  de  l'Uglise  de  ffemix. 

ii 


S87 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


888 


de  la  Ferlé-sous-Jouarre  ,  à  6t  kil.  itord-esi  de 
Meliin,  et  à  20  kil.  à  l'est  de  Meaux.  L'église  parois- 
siale est  une  coiisiniciiun  qui  date  en  partie  du  xiii* 
siècle.  —  Plusieurs  écarts  existent  sur  le  territoire 
de  cette  toniuiuue,  gui  est  en  partie  couvert  de  bois  : 
ce  sont,  en  allant  de  l'est  :iu  sud-est  :  1°  à  une  denii- 
lieue  et  au  soniniet  du  cut<  au  qui  borde  la  Marne,  le 
hameau  du  Tillet,  anciennement  Tiidoj,  où  se  irou- 
vaii  une  chapelle  fondée,  en  1217,  par  Fnulques  de 
Juuarre,  chevalier,  Ic^juel  donna  pour  cet  objet  un 
niuid  de  IVonient  à  prendre  dans  .-^a  grange  de  Tiuloi; 
deux  auties  niuids  à  prendre  à  Mdnt-Haumer  ;  trois 
arpenis  de  vignes,  trois  arpents  de  terie,  trois  ar- 
pents de  pié,  trois  arpents  de  forêt,  et  quarante  sous 
sur  le  cens  de  <  ourcelles;  cette  chapelle  est  aujour- 
d'hui une  iir.inge.  Au-dessus  e^l  le  hameau  des 
Charbonnières,  et  eiuore  |)lus  au  sud  celui  des  Poii- 
plains.  Entre  Reuil  et  la  Ferie'-sous-Jonarre,  ou 
rencontre  la  plaine  de  Tarlerel ,  renommée  pour  les 
meules  di;  moulins  qui  -ortenl  de  ses  carrières.  — 
Au  sud  de  Ueuil  et  à  l'est  de  la  Fené-sons-Jouarre, 
entre  la  Marne  et  le  Peiii-Morin,  se  voyait  le  prieuré 
dit  de  Fontaine-Cerise,  dépendant  du  monastère  de 
Rtuil.  On  igiuir.iil  l'épnque  piécise  de  la  londaliou 
de  ce  couvent  (|iii  existait  de»  le  xii<î  siède  ,  et  qui 
subsista  pour  liois  religieux  jiisi|u'à  l'époque  de  la 
révolutiiin.  On  prétend  aus>i  que  ce  ne  fut  d'abord 
qu'une  simple  chapelle  dont  la  munifieence  de  nos 
ancèire*  lu  un  prieuré  c(uive"luel;  quelques  ruines 
seulemeat  témoignent  aujourd'hui  de  son  existence. 

La  population  de  Reuil  est  de  â(iU  habitants  en- 
viron. 

Ralnkum,  Raudiiizl,  ville  située  eu  Allemagne  sur 
la  rive  gauche  de  l'Elbe,  était  le  chef-lieu  de  la  sei- 
gneurie d  ■  ce  nom.  Populalioii,28j0  habilmls.  On  y 
remarque  un  magnifique  château  qui  appartient  aux 
princes  de  la  maison  de  Lobkowiiz.  Cette  maison,  qui 
s'appelait  primitivement  Lobez,  lait  remonter  sa  gé- 
néalogie jusqu'en  8!>1.  Elle  prit  le  nom  de  Lobkowite 
d'un  chàiean  qui  fut  bâti  sur  l'Elbe  ai>rès  la  destruc- 
tion de  celui  de  Lobez.  Jean,  baron  de  Heydeck,  gé- 
néral de  Jean-Frédéric,  dernier  électeur  île  Saxe  de 
la  brandie  ernestine,  ayant  été  mis  an  ban  de  l'Em- 
pire, et  la  seigneurie  de  Neustadl  dans  le  haut  Pa- 
laiinal  qui  lui  appartenait,  ayant  été  confisquée,  l'em- 
pereur Maximdien  II  la  coofén  à  Ladislas  de  Lob- 
knwilz.  Ferd  tiaiid  11  créa  en  i6H  Zdenco-^dalbert 
de  Lobkowitz,  fils  de  Ladislas  II,  prliiee  d'Empire, 
et  en  1641.  la  Seigneurie  'e  Menstadt  lut  élevée  au 
rang  de  comte  primier.  Wenceslas-Ensèbe,  fils  d'A- 
dalberi,  aeliet  I  en  164i>  le  duché  de  Sagan,  et  ob- 
tint e;i  1654  séance  à  la  diète  de  l'Empire  au  col- 
lège des  princes,  l'ar  les  petits-fils  de  celui-ci,  la 
maison  se  partagea  en  deux  branches.  La  famille 
ayant  vendu  en  1786  Sagan  au  duc  de  Cuurlande, 
le  majorât  de  Kaudnitz  en  Bolième  fut  élevé  au  rang 

(1)  Hisioiie  île  l'Eqlise  de  Meaux.  —  C'est  sans 
donie  par  erreur  de  date  qu'un  des  auteuis  d'un  ou- 
vrage moderne  sur  le  département,  dressé,  dit-on, 


de  duché.  Le  comté  de  Sternstein  ayant  perdu  son 
immédiateté  par  la  confédération  du  Ubin,  le  prince 
de  Lobkowiiz  le  vendit  en  1807  au  roi  de  Bavière. 
La  fatnille  est  catholique.  —  La  branche  atnée  pos- 
sède, outre  le  duché  de  Raudnitz,  plusieurs  terres 
en  .\uiriche  et  en  Bohème,  ayant  ensemble  58  m. 
c.  g.  (105  I.  c.)avec  80,000  habitants,  et  rapportant 
prés  de  900,000  fr. 

Rancia  Uoraia  ,  le  Mesnil-Amelot,  paroisse  du 
diocèse  de  Meaux,  canton  de  Dainmariiu,  arrond.  de 
la  première  de  ces  villes,  dép.ut.  de  Seine  et-Marue. 

—  Mesnit  signifiait  anciennement  une  habitation 
rurale  à  laquelle  on  joignait  ordinairement  le  nom 
du  propriétaire,  pour  la  désigner  plus  spécialement  : 
ainsi  le  village  dont  il  s'agit  dans  let  article  a  porté 
successivenienl  les  noms  de  Mesnil-Madam-Rance, 
Mesnil-Couturjer,   Mesnil-Desvieux  ,  Mesnil-Amelot. 

—  Ce  village  est  situé  au  milieu  d'une  grande  plaine, 
tur  le  bord  de  la  route  de  Paris  à  Bruxelles,  a  8  kil. 
sud-ouest  de  Dammariin,  à  20  kil.  ouesl-nord-ouest 
de  Meaux,  et  à  58  kil.  nord  de  Melun. 

On  ignore  positivement  l'origine  du  Mesnil  :  die 
remonte  à  une  assez  haute  antiquité.  Cette  commune 
dut  probablement  son  existence  primitive  à  quel- 
ques métairies.  Ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  qu'avant 
l'an  12U5  une  dame,  nommée  liance  ou  Rancie  (l), 
qui  en  était  piopriéiaire,  est  mentionnée  dans  lui 
acte  de  l'iloiel-Dicu  de  Dammartin  comme  la  mère 
d'un  des  bienfaiteurs  de  cet  établissement.  Le  Mesnil 
devint  dans  la  suite  une  dépendance  du  marquisat  de 
Mauregard.  Le  seigneur  avait  droit  de  haute,  moyeme 
et  basse  justice,  et  il  existait  encore  sur  la  commune 
d'autre  fiels  ,  mais  sans  aucun  droit  de  justice  : 
c'étaient  ceux  de  Freniont ,  de  Mariavel ,  de  Saint- 
André,  de  Guivry  et  des  Sablonières.  —  On  comptait 
aussi  douze  fermes  dans  cette  ciiminune;  leur  nom- 
bre se  réduit  tous  les  jours,  soit  par  le  système  actuel 
des  grands  établissements  de  culture,  qui  fait  qu'ua 
même  fermier  fait  valoir  les  terres  de  plusieurs 
fermes,  soit  par  le  morcellement  de  quelques-unes 
d'entre  elles.  —  L'église  est  fort  remari(uable.  Sa 
voûte  est  soutenue  par  des  piliers  d'une  grande  déli- 
catesse, et  l'on  tourne  autour  du  sanctuaire.  On  y 
voit  un  jeu  d'orgues.  Le  clocher  est  élevé  et  s'aper- 
çoit de  très-loin  ;  on  en  a  recouvert  le  dôme  et  refait 
tonte  la  pariie  supérieure  en  1780.  .\vani  la  révolu- 
tion, il  renlerniait  dix  cloches.  Le  maitre-autel  offre 
des  beautés  comini'  morceau  de  sculpture;  il  date  de 
la  fin  du  xviii^  siècle.  —  On  voit  à  l'etliémité  du 
vHldge  une  belle  place  demi-circulaire,  sur  laquelle 
s'élève  une  halle  qui  servait  naguère  au  commerce 
des  vins,  dont  il  y  avait  un  marché  dans  cène  com- 
mune, le  premier  mardi  de  chaque  mois.  Cette  halle 
peut  contenir  plus  de  mille  pièces  de  vin;  elle  est 
divisée  par  réserves  Toàtées  ;  mais  le  marché  a  cessé. 

sur  des  documents  authentiques,  fait  vivre  celle  dame 
en  1549,  et  lui  fait,  à  celte  éjioque,  donner  à  l'église 
l'aigle  qui  lui  sert  de  lutrin. 


989 


tJBOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


890 


—  A  une  portée  de  fusil  au  nord  du  Mesn  1,  et  sur  le 
bord  de  la  même  route  de  Bruxelles,  est  le  Iianieaii 
de  Nolre-Dame-de-la-Miséricnrde  de  Guivry,  La  Ira- 
ditdii  rapp'vfie  rju'il  y  avait  dans  ce  lieu  un  couvent 
de  Templiei  s ,  ce  que  d'ailleurs  aucun  acte  ni  aucun 
nionunienl  ne  prouvent. 

La  population  du  Mesnil-Ameloi  est  de  800  Imes; 
son  territoire  est  en  terres  de  ialjour.  On  y  trouve 
un  relais  de  poste. 

Kaiisiacitni,  l'.oissy,  paroisse  du  diocèse  de  Meaux, 
canton  de  Touriians,  nrrond.  de  Melun  ,  départ,  de 
Seine-et-Marne.  —  Le  village  de  Uoissy  est  situé  à  2 
kil.  sur  la  gauche  de  la  rouie  de  Paris  à  Sezanne,  à 
8  kil.  i!ord-ou(.'St  de  Melun,  dans  une  plaine  maréca- 
geuse et  froide  qui  produit  peu  de  grain,  mais  où 
l'on  trouve  beaucoup  de  prairies  et  qii  est  bordée  par 
la  forêt  d'Aï  niainvilliers.  — Le  nom  de  Koissy  vient-il 
lie  (c  qu'il  troi>-saii  auv  alentours  des  nijrie;  sau- 
vages, eu  latiiuiiscus,  ou  de  ce  iiu'un  Romain  nommé 
lioscius  y  avait  son  di  micile?  nous  ne  ildciderons 
point  cette  qnesiion.  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  village 
existait  rertaincmeni  dès  l'an  llOt,  puisqu'à  celle 
cpoipie  Guy  le  Rouge,  de  la  maison  de  Montlliéry, 
et  .Adélaïde ,  sa  lenmie,  en  fondant  le  prieuré  de 
Gouriiay,  ajoutèrent  au  don  qu'ils  firent  à  ce  prieuré 
(le  l'église  de  Roissy,  le  tiers  du  Village.  Anseau  de 
Garbmle ,  séi>cclial  de  Louis  le  Gros,i|ui  était 
seigneur  des  deux  autres  tiers,  les  lui  donna  dans 
l'année  1122.  —  Dans  la  foièt,  à  l'est  de  Rois-y,  se 
trouvent  les  vestiges  d'un  ancien  bAiinient  dit  le 
rrieuré-du-f'.i.rinier.  Il  consisiait  encore  en  1738  en 
une  vieille  tour  en  ruines  qui  était  dans  une  ence  me 
de  fossés  pleins  d'eau,  sur  lesquels  était  établi  un 
petit  pont  d'une  arclie  seulement.  On  y  voyait  à  celle 
é|oqne  les  murs  ruinés  de  bàliinents  auxquels  on  ne 
pouvait  rien  reconnaitre.  Ce  qi  i  en  siilisislait  fil 
conjcciurer  à  l'abbé  Lcbeiif  que  ces  ruines  résul- 
taieni  de  constructions  du  ix«  ou  x*  siècle.  «  Cetie 
tour, dit-il,  est  carrée  et  bàiie  de  moellons;  elle  avait 
deux  ou  trois  étages  veinés.  La  voùl"  de  l'étage  d'en 
bas  siilisisie  encore,  soutenue  par  (piatre  iliapiteaiix 
ou  corbeaux  de  pierres  de  tailie.  L'eitrée  est  au 
levanl  ;   du  loté  du  midi  et   du  septentrion  e»t  une 

arcade  abs  lument  ronde  en  forme  de   fenêtre Il 

n'y  a  pas  de  marque  qu'il  y  ail  pu  y  avoir  d'aultl  ni 
en  bas  ni  en  baiil  ;  et  rien  ne  prouve  non  plus  qu'elle 
ai»  été  une  tour  à  mettre  des  cloclies.  »  Lelieuf 
pense  donc  que  cet  édilice,  qui  n'a  jamais  dû  servir 
au  culte,  était  la  ruine  d'une  maison  de  campagne  de 
Cbaries  le  Chauve,  et  il  appuie  son  opinion  sur  ee 
que  l'an  biteetuie  de  ce  vieux  bâtiment  est  effective- 
ment de  ce  Siècle;  qu'il  exis'e  un  diplôme  du  9  oc- 
tobre 845  lionne  in  villa  liausiaco  ,  et  que  dans  ce 
lieu  se  tenaient  des  plaids  en  831;  que  l'on  ne  peut 
pas  croire  que  par  fiumiaco  on  ait  voulu  désigner  un 
autie  lieu,  puisque  Rouey,  en  Champagne,  qui  pour- 
rait aussi  porter  ce  nom,  n'a  élu  connu  qu'en  Ît48  , 
que  l'église  paroissiale  de  Roissy  était  sous  l'itivoca- 
tion  de   Saint  Germain,  évèqtie  d'Auneire  ,   et  q;ie 


Cbaries  le  Chauve  avait  la  plus  grande  dévotion  dans 
ce  saint  ;  enfin  qu'il  est  probable  que  la  maison  de 
plaisance  que  les  rois  de  la  première  race  avaient  à 
Conibault  ayant  été  négligée  depuis  qu'on  a\ait  écarté 
la  forêt  de  ce  lieu,  ce  prince  en  fit  construire  une 
nouvelle  à  Roissy,  et  que  c'est  là  que  furent  battues 
les  monnaies  de  la  seconde  race,  sur  lesquelles  on  lit 
fiausiaco.  Mais  on  voit  que  tout  ceci  ne  sort  point  du 
domaine  des  conjectures.  —  On  a  cru  que  ce  lieu  , 
bien  fortifié  pour  l'époque,  devait  receler  quelque 
trésor,  et  peut-être  n'est-ce  point  sans  fondement 
que  de  pareilles  traditions  se  sont  répandues  dans 
nos  campagnes.  Il  est  si  naturel  de  penser  que  dans 
un  pays  qui  fut  souvent  ensanglanté,  dévasté  par  les 
guerres  civiles ,  ceux  qui  possédaient  de  l'argent 
aient  lâclié  de  le  mettre  à  l'abri  de  la  rapacité  de 
l'enneini....  mais  on  .f  vainemerrt  chen  lié.  —  On 
ajoute  que  deux  ou  trois  siècles  après  )\ue  les  rois 
eurent  abandonné  celle  maison  de  plaisance,  des  er- 
mites s'en  emparèrent  el  y  élevèrent  un  oratoire  que 
l'on  nomma  Nolre-Dame-du-Cormier,  peiit-é(re  à 
cause  qu'il  se  trouvait  un  de  ces  arbres  diuis  le  voi- 
sinage. —  Le  (iremier  titre  qui  fait  mention  de  cette 
maison  est  de  11  y."»  Néanmoins  elle  ne  fut  jamais 
qu'un  simple  prieuré,  une  maison  pauvre,  puisque, 
vers  Tan  1-2-20 ,  Isabelle  .  femme  O'uii  Maibieu  du 
Buisson,  dans  la  donation  qu'elle  lui  lit  d'un  seller 
(le  blé  par  an,  la  qualiOe  pauper  domus  du  Cormier. 
Il  est  probable  qu'elle  lut  abandonnée  dés  le  siècle 
de  saint  Louis....  uiais  il  est  ronstani  aussi  que, 
bien  que  le  litre  de  prieur  cxist.il  encore  dans  le  xv« 
siècle,  el  que  celui  (|iii  en  ciaii  pourvu  iiiucb.ît  le  bé- 
nélice,  le  p.ieuré  n'existait  idus. —  Le  rui.'.seau  de 
Marbras,  qui  du  parc  de  Croissy  va  se  jeler  dans  la 
Mar  p  au-dessous  de  Creleil,  fa  l  tourner  un  moulin 
à  Roissy;  les  rues  de  ce  village  et  les  chemins  envi- 
ronnants sont  pavés  dj;  tcoriei  de  fer  qui  atlcsienj 
qu'il  s'y  trouvait  des  mines  de  ce  minéral  et  des 
forges  consid(irables. 

La  population  de  Roissy  est  de  460  babitanls. 

liavens'  urgnm,  Ravensboiirg,  ville  du  royaume  de 
Wur'einberg,  dans  une  vallée  de  l'Algau,  sur  1 1  rive 
gauche  de  la  Sehusz,  à  76  kil.  sud-sud-onesl  d'Ufra. 
Population,. 40(H)  habitants  eu  partie  luthériens. Cette 
ville  I  ossède  des  forges,  poteries,  teintureries,  mé- 
tiers à  draps  et  à  toiles;  elle  exporte  des  cuirs  ap- 
prêtés, des  ouvrages  faits  au  tour,  et  lécolle  du  vin, 
mais  qui  ne  se  transporte  pas  hors  de  la  province. 
Elle  ajipartient  à  la  maison  de  DiefrJchlein.  —  La 
tradition  dérive  celte  maison  d'un  Didii  r  (Oielrich), 
comte  deZeitschacli,  qui  doit  avoir  bâti  dans  le  ix* 
sièele  le  chàleau  de  Dietriùhsiein.  La  souche  plus 
uestaine  de  la  maison  est  Reinpert,  qui  esi  mort  en 
1004.  Pancrace,  un  de  ses  descendants,  obtint  en 
1505  de  l'empereur  Maxiinilien  !"■  la  charge  héré- 
ditaire de  grand  éclianson  du  d  .clié  de  Carimhie. 
François  el  Sigisinoud,  ses  lils,  fondèrent  les  deux 
lignes  de  la  maison  qu'on  appelleWeicbsetelsedl-Ra- 
Dcnsiein  el  Hollcnbourg-Finkeissiein  .  Cliaoone  M 


591  DlCTIONNAlkE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 

subdivisa  en   [plusieurs  branches.    La  seconde  bran-       duits  du  sol;  tes  entrepôts 


che  de  la  seconde  lig«e  descendant  d'Adam,  fils 
puiné  de  Pancrace,  aci|uit  en  1575  la  seigneurie  de 
Nicoisbourg  en  Moravie,  et  lut  élevée  en  1031  à  la 
dign.ié  de  p;ince  d'Empire.  En  1654  elle  obtint 
séance  à  la  diète  au  collège  des  princes;  et  lorsqu'en 
11)8-4  elle  eut  aciiuis  la  lorteresse  de  Tra-p,  celle-ci 
fui  déclarée  principauié  immédiate.  Le  recès  de  la 
députalioadelSOÔadjugea  ce  petit  pays  aux  Grisons, 
et  ddinia  au  prince  de  Dieiriclislein  on  indemnité  la 
seigneurie  de  Neu-Havensbourg  en  Souabe,  qui,  par 
suite  des  événeuienis  de  1806,  devint  grand  bel  du 
royaume  de  Wurtemberg.  —  Les  Dietricbstem  pos- 
sèdent héréditairement  les  charges  de  gond-veneur 


892 
sont  Dessau  et  Berii- 
bourg.  —  Le  territoire  d'Ânhalt,  partagé  entre  les 
branches  de  la  famille  de  ses  anciens  souverains, 
forme  une  Union  politique  (Gesammtung)  composée 
des  trois  duchés  d'Anbalt-Bernbourg.Anbalt  Dessau 
et  Anhalt-K(etben.  Chaque  duché  forme  un  état  iodé 
pendant  et  indivisible,  inaU  dont  les  souverains  se 
succèdent  les  uns  aux  autres.  Le  gouvernement  est 
une  monarchie  pure,  limitée  seulement  en  matière 
u'im]i<5lS  par  l'avis  des  ElMfi  (Anhaltsche  Laiidscha(l), 
composés  des  délégués  des  trois  duchés.  Quelques 
instiiuiions  admiiiistraiives  sont  communes  aux  trois 
Etats  :  le  conseil  politique  de  l'Union  {(.esamnilralh), 
les  Aicliives(Gesammtarc/i!ie),  la  Cour  suprême  d'ap- 


de  Styrie  et  grand  èchanson  de  Cai  intliie,  qu'e.\erce      pel  à  Zerbst,  qui   est  en  outre  cour  d'appel  pour  les 
le  doyen  de  la  maison.  Ils  sont  catholiques. 

Recium,  Rey,  l' Arsatia des  rois  parihes,  etl'ancienne 
lihagès  de  la  Bible,  où  se  passa  l'histoire  si  intéressante 
et  si  louchante  de  Tobie,  était  au  xi«  siècle  la  rési- 
dence des  sultans  seldscbuks,  et  une  ville  importante 
lie  l'Asie  par  sa  grandeur,  sa  population  et  ses  mo- 
numents. Aujourd'hui  ce  n'est  plus  qu'un  village  du 
nom  deChabr-ab-Doiilazini, avec 5à 400  ramilles,  dans 
l'Iiak-Adjemi,  province  de  Perse.  On  y  voii  d'im- 
menses ruines  et  trois  tours  énormes  qui  sont  en- 
core debout.  Il  y  a  aussi  une  belle  mosquée,  et  le 
tombeau  du  saint  niabométau  qui  a  donné  sou  nom 
H  ce  village. 

lUyio  Ascania,  vel  Anlmliina,  le  duché  d'Anhalt. 
C'est  une  ancienne  principauté  de  l'empire  d'Alle- 
magne, composée  de  plusieurs  parties  isolées  et  en- 
clavées dans  les  provinces  prussiennes  de  Brande- 
bourg et  de  Saxe,eientre  cette  dernière  et  le  Bruns- 
wick; entre  ol»  oV  et  52°  7' de  bit.  nord;  8°  Ô4'  et 
1 0°  10' de  longitude  est.— 2282  kil.carr.  Pop.  150,000 
hab.  dont  ÔOUO  juifs  et  500  catholiques.  —  Pays  gé- 
néralement plat  et  peu  élevé;  point  culminant  010 
ni.,  dans  les  contreforts  du  Harz.Cuiirsd'euu:  l'Elbe, 
la  Saaie,  la  Mulde,  la  Wipper  et  la  Bode.  Sol  sa- 
blonneux sur  la  rive  droite  de  l'Elbe,  partout  ailleurs 
irès-lertile.  Sources  principales  de  richesses,  la  cul- 
ture et  l'élève.  Récoltes  surabondantes  de  céréales, 
froment,  orge,  avoine  et  blé  noir,  de  lin,  de  fourra- 
ges, de  fruits,  de  houblon  et  de  tabac  ;  un  peu  de 
garances;  forêts  occupant  44,0110  hectares  ouïe 
ciiiqu;ènie  du  sol.  Elève  considérable  de  gros  bé- 
tail, moutons  et  chevaux  de  races  améliorées.  Ex- 
ploilalion,  dans  le  Har/;,  de  fer,  argent,  cuivre, 
houille,  vitriol,  soulre;  sources  minérales  d'Alexis- 
bad  et  autres.  Hors  du  Hari,exploiialion  de  gypse  et 
de  bel  ocre.  Industrie  manul'actor.ére  peu  impor- 
tante, et  dont  les  branches  principales  sont  la  fa- 
brication de  ia  bière  et  de  l'eau-de-vie  de  grains  et 
le  trav  il  des  minéraux  exploités  :  loiideries  de  fer, 
forges  pour  taillanderie,  lerronnerie  et  armes.  Par- 
mi les  antres  produits  fabriqués  :  les  lainages,  les 
toiles,  les  poteries,  les  cuirs,  le  papier  et  le  tabac.  Le 
pays  est  compris  dans  l'association  prussienne  des 
douanes,  et  fait  un  commerce  considérable  en  pro- 


di  ux  principautés  de  Sobwarzbourg,  la  représenta- 
tion diplomatique  à  la  diète  et  prés  des  cours  de 
Vienne  et  de  Berlin.  Les  ailmiiiistraiions  des  Qnan- 
ces  et  des  troupes  sont  entièrement  distinctes.  La 
jnui-sance  de  certains  domaines  et  privilèges,  le 
dmit  de  convoquer  les  Etats  et  de  diriger  Its  instiiu- 
tions  commune'' aux  trois  duchés,  constituent  le  sé- 
niorat  de  l.i  maison  6' AnU:i\l  (Anliallsche  S,  nioral). 
Il  passe  toujours  au  plus  âgé  des  ducs  régnanis,  avec 
le  titre  d'ainé  et  directeur  de  la  maison  et  des  Etats 
d'Anhalt  (Ober-Ùireclor,  Senior  des  llausii,  et  der 
Lanilschafi).  La  régence  administraiivede  Bernliourg 
est  en  même  t'  mps  chancellerie  du  sénioral.  Les  du- 
chés d'Anhalt  ont  chacun  une  voix  à  la  diète  d:iiis 
les  assemblées  en  plénum  ;  dans  les  assemblées  ordi- 
naires, ils  n'ont  qu'une  voix,  collectivement  avec  les 
deux  principautés  de  Schwarzbourg  et  le  grand-du- 
ché d'Oldenbourg.  Leur  contingent  à  l'armée  fédé- 
rale fait  partie  de  la  divisioii  d'infanterie  de  réserve. 
— La  population  d'Anhalt  appartient  à  la  religion 
protestante  ;  au  culte  évaiigé!ii]ue-uni  dans  les  du- 
chés de  Dessau  et  de  Bernbonra;  ;  au  culte  léformé 
dans  le  duché  de  Kœthen.  Les  écoles  y  sont  nom- 
breuses ;  les  villes  de  Dessau,  Kœthen  et  Beriibourg 
ont  des  écoles  normales  d'instituieiirs  primaires  ;  les 
iiiênies  villes,  avec  Zerbst  ei  Ballensiedt,  ont  des 
écoles  classiques,  dont  la  plus  importante  est  le 
gymnase  de  Dessau.  Dans  cetie  ville  se  trouve  aussi 
une  école  isiaélile  pour  le  haut  enseignement  etl'en- 
seigiicmeni  commercial. 

I  Anliall-Cernburg  {llenoglhum) ,  franc,  duclié 
d'Anball-Beriibourg,  Etal  de  la  confédération  germa- 
nique :  capitale  Bernbourg,  résidence  du  souverain 
Ballenstedt. — Coinposé  de  quatre  territoires  isolés  et 
bornés  ou  enclaves  par  la  Prusse,  le  Brunswick  et 
les  autres  duchés  d'Anhalt  :  le  territoire  du  Hartz  ou 
du  haut  duché  {Ob  r-Henogihum),  le  plus  considé- 
rable ;  les  territoires  de  Bernliourg  et  deMùblingeii 
sur  la  Saale,  et  celui  de  Koswig  sur  l'Elbe,  formant 
ensemble  ce  qu'on  appelle  le  bas  duché  [Uiiler- 
HerzogtUum).—  \i,\9  niill.  géogr.  allem.  ou  780  kil. 
carr.Pop.  50,0J0  hab. — L'adminisiraiion  centrale  est 
le  Collège  de  Régence  (  Landes-Regierung's-Kolle- 
gium),  qui  est  en  mime  temps  le  tribunal  d'appel  du 


593  GEOGRAPHIK  DES  LEC.V. 

duché,  et  a  son  siège  à  Bernboiirg.  —  Revenus  esii- 
roés  à  1,030,000  fr.;  délie,  à  1,360,000  fr.— Coniiti- 
gent  à  l'armée  fédérale,  570  liornmes. — Division  ad- 
ministrative et  judiciaire  :  neuf  Amubezirks,  dont 
cinq  dans  le  haut  duché,  ceux  de  B;ilknst<'dt,  lloym, 
Gerarnde  ,  Harzgerode  et  Giiniersberge  ;  et  quatre 
da' s  le  has  duché,  ceux  de  Bi-rnbiHirg,  Plc.tzkau  , 
Miililing<-n  et  Koswig.— Le  duché  renferme  sept  vil- 
les, un  bourg  et  54  villages. 

I  Anlialt  De'sau  (Ihrzogtlium),  fr.  duché  d'An- 
lialt-Dessau,  Etat  de  la  confédéralion  germanique  ; 
capitale  l)e=sau. — Territoire  composé  de  quatre  por- 
tions isolées  et  enclavées  dans  la  Presse  elles  autres 
duchés  d'Auhali.  I.a  portion  la  plus  étendue  esi  celle 
de  Dessau,  sur  la  MulJe,  les  trois  autres  sont  celles 
de  Zerbst,  de  Sondersleben  et  de  Gross-AMebeii.— 
15,52  mill.  géogr.  alleni.,  ou  842  kil.  carr.  Pop. 
60,94")  h;ib. — L'admiuislialion  centrale  est  le  mi- 
nistère (Ministerinm)  composé  des  chefs  des  hautes 
administrations.— Revenus  évalués  à  1,200,000  fr.  , 
non  compris  ceux  des  domaines  parliculiers  du  duc. 
Dette. environ 2, 000,000f. Contingent  à  l'armée  fédé- 
rale, î)29liom..  Formant  un  bataillon  de  ligne. — Divi- 
sion administrative  et  judiciaire  en  sept  Amisbe- 
zirks  :  de  Dessau,  Oranienbaum,  Qualendorf.Grobzig, 
Soni!ersleben,Gross-Alslehen  et  Zerbst. —Le  duché  de 
Dessau  renferme  huit  villes  ,  deux  bourgs  et  116 
villages, 

I  Anhall-Kœihen  (Henogtlmm),  (r.  duché  d'An- 
halt-Kœth.  n.  Etat  de  la  confédération  germanique  ; 
capitale  Kœihen.  —  Territoire  c  mpo^é  de  quatre 
poli,  ns  isn'éps  dont  la  principale  est  celle  de  Kœ- 
ihen, sur  la  rive  gauche  de  l'Elbe;  les  triis  antres 
sont  celle  de  Warmsdorf .  sur  la  Wipper.  celle  de 
Ro.-lau  ,  *ur  la  rive  droite  de  l'Elbe ,  et  celle  de 
Dornburg.  —  12,07  mill.  géogr.  .illem.,  ou  C(jj  kil. 
carr.  Pop.  40,000  liab.  —  L'adminisirati.m  ceolrale 
est  le  collège  dirigeant  (Landes-Direktions-Kotle- 
gium).  —  Revenus  évalués  à  1,200,000  fr.;  dette,  à 
8,000,000  fr.,  occasionnée  enpariie  par  l'acquisilinn 
faite,  en  1828,  du  teriitoire  li'Ascania-Nova  (55,000 
liect.l,  dati»  le  gouvernement  russe  de  Tauride,  dé- 
claré propriété  inaliénable  de  la  m.iisou  d'Anhalt. 
Contingent  à  l'armée  fédérale,  325  hum.  —  Division 
aduiiiiislrative  ei  judiciiire  en  six  Amlsbeziiks  :  de 
Kœthen,  l'.einsilorf,  Nienburg  ,  Wulfen,  Warmsdorf 
et  Ko>lau.  —  Le  duché  renleroie  quatre  villes  ,  un 
houig  et  'j5  villages. 

La  maison  d'Anhalt,  ou  Ascanieiine,  est  une  des 
plus  aiicieimes  maisons  souveraines  d'Allemagne. 
Esikon,  comte  de  Ballensiaedi,  vivait  au  commence- 
ment du  xi«  siècle.  Son  peiU-fils,  Ution  le  Riche, 
épousa  Eilica,  fille  de  Magnus,  dernier  duc  de  Saxe, 
de  la  f.iuiille  des  liillungs.  Leur  lils  Albert,  sur- 
nommé rOuis,  obtint  le  inaigraviat  du  Nord  ou  de 
Soltwedel ,  ensuite  appelé  margraviat  de  Brande- 
bourg; il  est  la  sonche  des  quatre  lignes  de  la  mai- 
son Ascamenne  qui  ont  régné,  et  dont  une  seule 
eiisle  encore.  Albert  transmit   le  margraviat  à  son 


NDES  AU  MOYEN  AGE.  W* 

(ils  atné  Otinn,  dont  les  descendants  s'éleignireni  en 
1320.  Bernard,  son  troisième  (ils  ,  lui  succéda  dans 
le  comté  de  Ballenstsedt,  et  fut  nommé  en  1180  d'  c 
de  Saxe.  Henri,  (ils  aine  de  Peinard,  préféra  Ift 
comté  de  Ballenstsedt  au  duché  de  Saxe  ,  qu'il  laissa 
à  son  cadet,  et  prit  le  titre  de  prince  d'Anhall;  ce 
cadet,  Albert,  est  la  souche  d'une  suite  de  ducs  et 
électeurs  de  Saxe  qui  s'éteignirent  en  1422,  et  des 
ducs  de  Saxe-Lauenboiirg,  dont  le  dernier  mnuriil 
en  1G89.  De  Henri,  premier  prince  d'Anhall,  des- 
cendent tous  les  ducs  et  princes  d'Anhalt.  En  1603 
cette  maison  se  divisi  en  cinq  branches,  nommées 
de  Dessau  ,  de  lîernhourg,  de  Plœizkan,  de  Zcrbsi 
et  de  Kœihen.  La  dernière  s'éteignit  eu  1665;  la 
branche  de  Plœlïkau  prit  alors  le  nom  de  Kœihen.  La 
branche  de  Zerbsi  cess;i  en  17'J3,  et  ses  possessions 
furent  partagées  entre  les  trois  lignes  qui  subsistent 
encore.  —  La  maison  d'Anhalt  jouissait,  à  la  diète 
de  l'Empire,  d'une  seule  voix  que  porlail  le  doyen 
des  princes  régnants  de  la  famille  ;  elle  était  entrée 
en  1807  dans  la  confédération  Rhénane.  A  la  diète 
de  la  confédération  germanique  ,  elle  participe,  avec 
Holstein-Oldenbourg  et  Schwnrzbourg,  à  la  quin- 
zième voix  ;  dans  l'assemblée  générale  ,  elle  a  trois 
voix  particulières  ,  les  vingt-deuxième,  vingi-troi- 
siéme  et  vingt-qnairième.  —  La  maison  d'Anhalt 
n'a  jamais  renoncé  à  ses  prélenti ons  à  l'électoral  do 
Saxe  et  au  duché  de  Lauenbnurg,  comme  do>cei)dant 
de  Bernard,  premier  acquértur;  loiiiefois  l'élecinrai, 
en  tant  qu'elle  peut  y  avoir  droit,  se  borne  au  cercle 
et  à  la  ville  de  Witlemherg  ,  qui  appartiennent  au- 
jourd'hui à  la  Prusse. 

Regio,  vel  Ager  Ciileteniis,  le  pays  de  Caux,  qui 
forme  aujourd'hui  une  grande  partie  du  diocèse  de 
Rouen  et  du  départ,  de  la  Seine-Inférieure;  il  com- 
prend l'arrondissement  du  Havre,  l,i  presque  tota- 
lité des  arrondissements  de  Dieppe  et  d'Yveloi,  ci 
une  partie  de  celui  de  Neufcliàlel.  C'étaii  ancienne- 
ment un  des  quatre  pays  qui  composaient  le  vaste 
diocèse  de  Rouen.  Son  nom  latin  est  pris  des  peuples 
appelés  Caleles,  qui  l'ont  habile,  d'où  est  venu,  par 
corruption,  le  nom  de  Caux.  Le  pays  de  Caux,  de 
forme  triangulaire,  avait  environ  64  kil.  de  long  sur 
autant  de  large,  et  s'étendait  depuis  la  banlieue  l'c 
Rouen  jusqu'à  la  mer,  dans  laquelle  il  s'avance,  et 
fi  rme  un  proiTiontoiire  en  pointe,  appelé  Chef-de- 
Caux.  Ses  limites  étaient  :  la  Seine,  l'Océan  et  la  Pi- 
cardie, le  pays  de  Bray  et  le  Vexiii  ni^mand;  Dieppe 
en  éiait  la  capitale.  Cette  contrée  a  fail  sucressiv(!- 
menl  partie  de  la  Gaule  Belgique,  delà  Celtique,  de 
la  Lyonnaise  seconde,  enfin  de  la  Neiislrie  et  de  la 
Normandie.  —  Onze  rivièrO'i  assez  petites,  el  éloi- 
gnées les  unes  des  autres,  arrot-ent  le  pays  de  Caux, 
mais  ne  l'empêchent  pas,  dans  les  sécheresses,  de 
ressentir  la  disetle  des  bonnes  eaux.  Deux  de  ces 
rivières  prennent  leur  cours  du  nord  au  midi,  et  se 
jelient  dans  la  Seine  ;  toutes  les  antres  coulent  dii 
sud  au  nord,  ou  du  sud-est  au  nr)rd-ouest,  et  se  dé- 
chargent dans  l'Océan.  Les  plus  cohsidéraMes  sont  ■ 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESïASTIQOE 

Scie  ou  Sie,  l'Arques  et      ainsi  que  celui  de  Cambre- 


595 

la  Paluel,  la  Janoe, 
l'Eanne.  —Le  lerriioire  du  pays  de  Cauii  esl  Fe- 
nommé  pour  sa  fertiliié,  et  surtout  pour  sa  lieile 
culture.  On  y  réc  ille  une  grande  quantité  de  céréa- 
les de  lonie  espèce,  beaucoup  de  lin  et  du  clianvre 
de  1res  belle  quililé.  On  é'èvc  dans  l'arrondissement 
de  Dieppe  les  cbevaiix  de  selle  connus  sous  le  non) 
de  bideis  d'allure,  et  qui  sont  irès-recbercbé^.  Les 
pâturages  y  sont  excellents.  Aussi  les  ve:iux  gras, 
dits  de  rivière,  et  les  moulons  de  piésalé,  ont-ils, 
dans  la  capitale,  une  réputation  méritée.  Les  \olail- 
les,  el  surtout  les  poules  noniniées  gélinoies  de  Caux, 
sont  très- esl. tuées  pour  la  délicatesse  de  leur  cliair. 
Le  giliier  y  esl  abondant  et  !e  poisson  exquis.  On  y 
recueille  une  grande  quantité  d'oxcelletits  fruits, 
dont  la  culture  est  («Uement  du  goiit  des  liabilants, 
que  les  bourgs,  les  fermes  et  les  vilhiges  soûl  en- 
tourés de  lommiers  el  de  poiriers;  li  <aiu  aan,; 
même  est  plantée  d'arbres  nliijnés,  (|ni  n'empéclieiit 
pas  qu'on  n'y  fasse  d'abundames  récoltes,  tant  le  sol 
en  esl  fertile.  Le  principal  couimcrce  du  pays  con- 
siste en  toiles  brunes,  toiles  de  ménage,  toiles  à  voi- 
les et  pmpres  aux  emliallag'  s;  en  cuirs,  en  papiers, 
en  cartes  à  jouer,  eu  dauias  de  fil  rayé;  en  volaille, 
en  marée,  etc.  Il  y  a  plusieurs  verreries.  —  Les 
productions  minérales  sont  des  cailloux  cristallisés, 
des  fleurs,  des  sialaginiies,  des  géodes,  et  toutes 
snrles  de  fossiles.  —  Les  Cancboise;  sont  connues 
pour  la  beauié  de  leur  teint,  la  richesse  el  l'élé- 
gance de  leur  parure.  Leur  coiffure  esl  siiigulièie, 
par  sa  forme  et  son  élévation,  mais  souvent  ircs-ii- 
cbe,  à  cause  des  broderies  et  dentelles  dont  elle  e^t 
ornée.  Un  bonnet  de  Cauchoise  a  quelq  lelois  coûté 
lOOécHS,  et  servi  de  dot  à  celle  qui  (e  portait. — 
Ce  pays  est  très-peuplé;  l'on  y  coiDptait  environ 
600  paraisses,  y  compris  les  villes  et  les  bourgs.  Il 
y  avait  beaucoup  de  noblesse  et  de  terres  litiées.  La 
coutume  de  Caux  était  peut-êiie,  de  toutes,  la  plus 
favorable  aux  aînés  ;  ils  la  tenaient  des  anciens 
Normands  et  Saxons,  chez  qui  l'abus  de  celte  légis- 
lation domaniale  était  si  fort,  que  l'oti  attribue  en 
partie  les  incursions  des  Normands  à  l'obligation  où 
se  trouvèrent  la  plupart  d'entre  eux  de  cliercber  de 
nouvelle ^  terres. 

Regio  Cumeracensis ,  le  Cambresis,  compris  dans 
le  diocèse  de  Cambrai,  et  qui  lait  aujourd'hui  partie 
(lu  départ,  du  Nord,  était  une  province  de  h  Fian.- 
die-Française,  qui  n'avait  que  10  1.  de  long  sur  7  de 
large,  mais  elle  était  très-peuplée;  ses  habitants 
passaient  pour  vifs  et  laborieux.  C'éiaii  proprement 
l'étendue  de  la  chàlcllenie  de  Cambrai  dotil  elle  por- 
lail  le  nom.  Ce  petit  pays,  tombé  sous  la  domina- 
ton  des  Français  dès  le  commencement  de  la  mo- 
I  arcbie,  avait,  sous  Clovis,  son  roi  particulier,  ap- 
pelé Regnacaire,  que  le  premier  fil  mourir.  Il  ;iva  t 
depuis  fait  partie  du  royaume  d'Anslrasie,  el,  au 
commencement  du  x^  siècle,  on  lui  reconnaissait  ses 
«omles  particuliers,  vassaux  des  rois  de  Lorraine, 
dont  le  dernier  étant  mort,  le  comté  dei  la  ville, 


soi; 

furent  donnés  à  l'évê- 
que  en  104.7.  Le  prélat  en  remit  la  garde  à  des  elià- 
telains,  et  celle  chàielleiiie  fui  possétiée  par  des 
connes  de  Flandre,  des  dauphins  de  France,  el  en- 
suite engagée  aux  ducs  de  Bcurgogiie.  Le  roi  n'a- 
vait d'iiulre  domaine  dans  le  Cautbresis  que  celui 
du  bailljaL;e  de  la  FeuiUée,  qui  ne  rapportait  pas 
100  écus  de  revenu;  il  ne  relirait  du  Cambresis  et 
de  Cambrai  que  3(l,00i/  liv.  d'aides  par  au.  Les  Etals 
foHi. Hissaient,  outre  cela,  la  plus-value  des  fourra- 
ges, dont  le  roi  ne  payait  que  7  sols  6  deniers  la 
ration.  Li  s  droits  sur  l'eau-de-vie  qui  se  consom- 
iiiaii  dans  le  plat  pays,  et  les  iuipôls  qui  se  levaie:il 
dans  la  ville  sur  le  vin,  la  bière  et  le  bois,  ren- 
daient tou>  ensemble  58,000  liv.  par  an.  Ce  pays, 
loiis-'lemp-  séparé  de  la  Fiance,  el  souiviis  à  des  sei- 
gneurs parliniliers,  lui  cédé  à  Louis  XIV,  en  1678, 
pir  le  traité  de  Niniégue.  Les  lerres  de  Cambresis 
simt  un  peu  sèches,  mais  bonnes  el  lèrliles.  On  y 
cullive  louies  sortes  de  jrains,  et  des  lins  dont  le  lil 
esl  si  lin,  qu'il  a  donné  naissance  il  la  uianxfaelure 
des  toiles  de  batiste  ou  de  Cambrai.  Les  pâturages  y 
sont  excellents,  surtout  pour  les  chevaux  el  les 
moutons,  d'^ntla  laine  esl  d'une  TiHesse  singulière  et 
foil  rechertbée.  Le  commerce  de  ce  pays  consiste 
en  grelins,  en  moutons  el  en  laines,  qn'o»  débite 
dans  les  p.iys  voisins,  et  en  toiles  Unes  qu'on  tait 
passer  en  Allemagne,  eu  Hollande,  en  France,  en 
Esp  gne,  et  ménie  aux  Indes. 

Hegio  CIvtrisma,  Chiiaresm  ou  Kharism  (le  pays 
de),  était  une  bmde  éireile  de  tenarn  entre  l'Oxus 
à  l'orient  ei  la  uicr  Cas|  ieime  il  l'occident;  bornée 
au  sud  par  le  Kh'Hâssau,  au  nord  par  le  pays  des 
Tiiikmans.  La  population  mciaugée  avait  tfes  moeurs 
pariieulièies  ;  sa  langue  difféiait  du  Turc  et  du  pnr 
f'oisan.  Les  villes  ptincipales  en  étaient  Kiirltendsc'i 
ou  Dscliordsclian»,  siii'  la  rive' occidentale  de  l'Oxus, 
et  Kal,  su:  ta  riveorierrtale.  Les  schalis  de  Chuarcsm 
résidaient  à  Kurfcendscl»  ;  ils  ont  j'Uié  un  grand 
rôle  dans  l'iiisteiie  politique  de  l'Asie  au  moyen  âge, 
sous  l'empire  des  klialiles  seWscliuks.  Le  dernier 
scliali  do  Clmaresm.  Pschelaleddin-Wnkberni,  suc- 
combi  Sun- la  puissance  du  rernble  D-elieugts-Klian, 
qui  dés<ila  loflt  le  pays.  Le  Chuaiesm  esl  classé  p:ir 
la  géograplire  moderiie  dans  le  khanai  rie  Khiva. 

Higio  Ecclesiarnm  Tiiiim,  vet  .4ri)ieHi(i,  le  pays  des 
Trois  Eij  ise*,  OM  l'Arméi(iv,  grande  cimlrée  etlino- 
grapbique  d  ■  l'Asie  oceidi'iilale,  dont  le  centre  et  la 
partie  principale  esl  le  vaste  plateau  situé  entre  la 
Caspienne  i-l  la  mer  Noire  aiï  Su  t  du  Kour,  et  coni- 
prenaiil  la  partie  supérretrre  rftr  bassin  du  Tigre  et  de 
l'Eiiphiate.  —Ce  plateau,  d'une  altitude  moyenne  de 
te  i»)  à  20O.>  mèlres,  sup|iorte  dé  iiombrcnses  chai- 
iii's- de  montagnes,  dont  les  points  culminants,  TATa- 
r.ii  ei  idusreurs  autrci  inas-ils,  s'élèvent  nu-dessus  du 
niveau  dos  neiges  nerpéiire'les.  Il  renferme  les  sour- 
ces cl  une  grande  partie  <iu  C'iirs  de  l'Eiiphrate,  du 
Tigre,  A»  Kour  el  de  l'Araxe,  et  les  bassins  r)rmés 
(Vs  l;.rs  (VOurmiah  et  de  Van.  Ses  fertiles  vallées 


BîW 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOTEN  AGE. 


¥98 


produisent  en  abondance  et  suivani  leur  élévation 
des  céréales,  do  tabac,  du  coton,  du  vin  et  des  fruits 
excellents.  Les  minéraux  qu'on  y  exploite  sont  le 
Ter,  le  cuivre  et  le  sel  gemme.  — Celle  contrée,  qui, 
pendant  pins  de  1900  ans  et  jusqu'au  xiv»  siècle  de 
notre  ère,  a  figuré,  mais  avec  des  limites  variées 
aux  diverses  époques,  parmi  les  Etals  de  l'Asie,  est 
encore  habitée  en  partie  par  les  Arméniens,  descen- 
dants du  peuple  auquel  elle  apparienail  ;  le  reste  des 
fcabiianlssfcnmposede Turcs,  Persans,  Ru-ses,  Tur- 
kom:)ns,  Koiirdes.  L'ancien  idiome  arménien,  im- 
p(iri:iiit  autrefois  par  une  riche  litlér.iture  dont  pres- 
que tous  les  monuments  ont  péri  dans  les  dév^isia- 
tions  auxquelles  a  élé  exposé  le  pays,  n'esi  plus  de- 
puis loiiglimps  que  la  langue  liilérnire  de  la  nation. 
L'ariîiénien  moderne  isi  dérivé  de  cel  an'  ien  idiome, 
mais  il  en  diffère  et  |>ar  ses  foi  mes  gramniaiicales 
et  par  ?a  nomenclature  aliérée  par  le  mélange  d'un 
grand  nombre  de  mois  éirangers  :  persans,  turcs, 
etc.  Los  invasions  ennemies  et  l'oppression  du  pays 
ont  depuis  longtemps  forcé  un  grand  nombre  de  ses 
liabiianls  à  l'abandonner.  Les  Arméniens  émigrés 
forment  aujourd'hui,  comme  les  Juifs,  des  comiuu- 
naulés  plus  ou  moins  nombreuses  répandues  dans 
tout  l'eiiiiire  Oitonian,  la  Perse,  l'Inde,  la  Russie, 
la  Hongrie  ei  d'autres  pailles  d'  l'Europe,  dans  l'A- 
fri(|u«ei  jusque  dans  l'Aiiiérique.  Partout  ils  se  font 
remarqner  par  leur  industrie  et  s'adonnent  presque 
exclusivement  au  commerce.  Leur  nombre  total  a 
été  évalué  a  2,000,0(0,  dont  les  deux  tiers  habitent 
laTurqtiie;  dans  Consiantinople  el  les  villagesenvi- 
ronnanis,  leur  nombre,  dit-on,  ne  s'élève  pas  à 
meins  de  200,000 L'Arménie  est  aujourd'hui  par- 
tagée entre  la  Russie,  la  Turquie  el  la  Perse.  Ses 
villes  principales  sont  Erivan,  ErzeToum,  Nakhit- 
schevan,  Akhaitzikh,  Van,  Bldlis,  Djoulamerk,  Kars 
et  Diarbékir. 

Le  territoire  de  TArménie  est  assez  difficile  à  dé- 
terminer d'une  manière  ceriaiue  :  il  sulfii  de  dire 
qu'en  y  ajoutant  toutes  les  provinces  qui  composè- 
rent son  domaine  au  temps  de  sa  prospérité,  elle 
égale  à  peu  près  l'étendue  actuelle  de  la  France. 
Les  cent  bras  de  l'immense  cbaine  du  Taurus  la 
cotipeni  dans  toutes  les  directions;  çà  et  là  s'élèvent 
des  pics  gigantesques  perpéiuellement  couverts  de 
glaciers  et  <le  neige,  alimentant  de  grands  cours 
d'eau,  qu'on  croil  être  les  quatre  sources  des  fleuves 
qui  arrosaient  le  jardin  du  premier  homme.  Si  pen- 
dant les  jours  de  l'innocence  ce  lieu  était  le  paradis 
de  la  terre,  il  faut  avouer  qu'après  la  chute  dont 
elles  forent  le  théâtre,  tes  mêmes  contrées  ont  élé 
maudites  et  réprouvées  ;  car  nul  pays  n'est  plus  ai- 
tristant  et  plus  ingrat  pour  ceux  qui  riiabiient.  L'hi- 
ver règne  toute  l'année  sur  le  plan  supérieur  des 
montagnes,  et  les  frimas  ne  cèdent  dans  la  vallée 
qu'aux  feux  d'un  soleil  bient()t  dévorant  et  intolérable. 
Quelques  plateaux,  comme  ceux  d'Erziugam,  d'Ak- 
char.où  «e  trouvait  l'ancienne  Nicopolis,  d'Erzeroiim, 
d'Anietde  Van,  se  distinguent  par  nne  heureu.'ifi  l'eni.- 


lilé, eisontcommelesgreniersdercseï vedela  popula- 
lion;  le  resledu  sol  semble  moins  fait  pour  l'homuie  que 
pour  ses  magnifiques  troupeaux.  Le  peuple  arménien 
a  pu  jouir  anciennement  d'une  opulence  temporaire , 
comme  on  le  voit  à  l'époque  du  roi  Tigrane,  dont 
les  innombrables  soldats,  tout  resplondissants  d'or 
et  de  pierreries,  allèrent  se  faire  battre  par  la  poi- 
gnée de  Rimiains  que  comniandaii  Lucullus.  Mais  ce 
peuple  avait  des  voisins  tioji  puissants  et  à  la  fois 
irop  avides  j  our  con-erver  longtemps  sa  prospérité  : 
pris  el  repris  par  les  grandes  monarchies  priuiii  ves 
de  l'Orient,  il  fut  ensuite  su' cessivement  foulé  aux 
pieds  des  Macédoniens,  des  Romains,  des  Perses, 
des  Grecs  de  Byzancc,  des  Arabes,  des  Persans,  des 
Mong(ds,  des  Géorgiens,  des  Turcs  Seidjoukides, 
OrloRides,  Osmaniis  eldes  Kurdes.  Aussi  le  terrain 
est-il  géiéralement  nu  el  dé^e^t  comme  celui  de  oos 
places  publiques  ;  ei  dans  ceriaiue  s  provinces,  telles 
que  le  Va~bo'!ragan,  il  faut  marcher  plusieurs  jour- 
nées de  suite  avant  de  trouver  le  loit  d'un  chétif 
réduit  pour  abriter  s^  tête.  Partout  la  renconlre 
d'un  arbrisseau  est  un  phénomène  exceptionnel  sur 
le  passage  des  voyageurs,  péniblemenl  affectés  par 
la  solitude  de  ces  vallées,  doni  le  labyrinthe  fugiiil 
et  sans  fin  n'offre  que  de  loin  en  loin  des  saules 
penchés  sur  leurs  fontaines,  et  de  longues  herbes 
inutiles  que  dessèchent  le  soleil  et  les  vents.  Les 
rares  h.ibitants,  échappés  à  des  massacres  séculai- 
res, cragnant  encore,  pour  ainsi  dire,  de  paraître  à 
la  face  du  jour,  se  réfugient  sous  terre,  oii  ils  se 
creusent  des  trous  qui  ne  peuvent  même  être  assi- 
milés a  nos  éiables.  Les  Turcs  qui  les  entourent, 
non  contents  de  les  dnniiner  superbement,  les  abreu- 
vent d'avanies  humiliantes,  et  eu  exiraient  les  der- 
niers paras  qui  ne  sont  pas  entrés  au  trésor  du  pacha 
ou  dans  k)  bourse  du  collecteur  d'iuipôis.  Ces  misè- 
res expliquent  la  cause  des  lointaines  émigrations 
de  ee  peup  e,  dispersé  depuis  le  fond  de  l'In  le  jus- 
qu'au centre  de  la  Pologne.  Il  déserte  ses  foyers  et 
renonce  à  sa  nature  première  de  peuple  agricole  et 
pasteur,  pour  devenir  la  population  marchande  des 
bazars  de  l'Orient.  Il  a  ce  irait  de  re^semblal:ce  avec 
le  peuple  juif,  dont  les  misères  lui  sont  en  partie 
communes.  Pourquoi  celle  conformité  de  fortune  ? 
se  serait-il  aussi  rendu  coupable  de  quelque  prévari- 
cation qui  exigeât  une  expiation  sévère? 

L'élude  historique  des  peuples  chrétiens  de  l'Asie 
nous  conduit  à  conclure  que  l'origine  el  la  cause  ef- 
ficiente de  leurs  calamités  sociales  est  leur  défection 
du  centre  de  l'Eglise  universelle  :  les  preuves  en 
sont  écrites  en  caractères  sanglants  à  chaque  page 
de  leurs  annales.  Eu  effet,  dès  que  l'hérésie  de  Nes- 
lorius,  assoupie  après  sa  mort  el  réveillée  ensuite  par 
Barsumas  el  les  autres  disciples  de  l'école  d'Edesse, 
se  fut  répandue  dans  1 1  Syrie,  la  Chaldée,  la  Méso- 
potamie ei  la  Perse  ,  l'unité  des  communions  chré- 
tiennes éiaiil  rompue,  la  puissance  des  peuples  païens 
de  ces  contrées  profila  de  ces  divisions  pour  réparer 
les  perles  qu'elle  avait  essuyées  sous   le  règne  des 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESUSTIQUS.  «M 

Dés  ce  moment  l'épée  des   Sas-       parmi  les  Arménien!  la  paix  et  i'orthodoiie.  Cet  éiat 


«iipereurs  romain 
sanides  devint  aussi  reJniiiable  a  la  cliréi lente,  que 
l'était  auirefois  pour  Rome  l'arc  des  Parilirs  sous 
les  premiers  Arsacule^.  Les  persécmions,  SHSciiécs 
au  sixième  siècle  en  Perse  contre  les  orllindoxes, 
étaient  provoquées  par  les  Nesioriens,  qui,  pour  se 
concilier  les  bonnes  grâces  des  Sapor  et  des  Chos- 
roés,  leur  faisaient  entendre  que  le  moyen  de  résis- 
ter aux  souverains  de  Conslaminople  et  d'affailiiir 
l'empire  grec  serait  de  détruire  les  populations  Mlho- 
liques  qui  senibl.iieiit  en  ê're  les  alliées.  Que  ga- 
gnaiem-ils  à  ciMle  trahison  ?  Ils  appesanliss  lient  sur 
le'ir  lête  le  joug  des  infidèles,  ei  ils  creusaicnl  V»- 
Idine  de  malheurs  où  ils  snnt  encore  plongés.  El  plus 
tard,  ce  même  empire,  quel  avaiiiage  relira-t-il  de 
sa  rupture  avec  les  Latins  ?  Il  perdit  les  seuls  alliés 
qui  pouvaient  proléger  ses  Etats  contre  les  envahis- 
sements de  l'Islamisme.  La  nation  grecque  le  com- 
prit promptement,  et  elle  manifesta  à  pluf^ieurs  re- 
pri.ses  la  velléité  d'une  réunion.  .Mais  toujours  il  se 
rencoiiirait  qm^lques  sophistes  renouvelant  les  objec- 
tions iiisoutenab'es  de  PholiusetdeMiihelCéruI  lire  : 
le  Patriarche,  presque  réduit  au  siège  de  Consianti- 
nople,  cerné  par  les  infi  lèles,  écrivait  avec  le  titre 
l'.istuenx  d'Evêque  œcuménique,  au  pape,  qui  se  con- 
tentait de  répondre  en  signant  :  c  Le  Serviteur  des 
serviteurs  de  Dieu.  >  Les  moines  illuminés  du  mont 
Atlios  prétendaient  que  la  lumière  émanée  d'eux- 
mêmes  étiiii  incréée  comme  celle  du  Thabor  :  et, 
pendant  ce  temps,  les  Turcs  s'avançaient  dans  la  Cap- 
padoce  et  la  Bithynio  ;  ils  franchissaient  le  Bosphore, 
et  acculaient  ces  orgueilleux  dans  leur  capitale,  qui 
aédail  bientôt  aux  assauts  des  janissaires  de  Moham- 
mède  H.  —  Mais  c'est  surtout  à  la  nation  armé- 
nienne que  s'applique  avec  justesse  cette  observation. 
LepatiiarcheNeisèsd'Aclietarag  convoquait,  l'an  520 
de  notre  ère,  un  synode  à  Toviti,  où  il  osait  impruu- 
ver  les  décisions  du  concile  générai  de  Chalcédoine. 
La  division  se  mil  aussitôt  dans  les  esprits  et  les 
consciences  :  les  uns  préléraienl  la  doctrine  définie 
par  les  Pères  de  l'Eglise  univeiselle  et  sanctionnée 
par  son  chef,  auxi  iterpréiai.ons  faillibles  d'un  mé- 
trop'oliiaiii  assisté  de  quelques  vnriabedt  (docteurs). 
Les  i.ovateurs,  au  lieu  de  discuter  avec  calme  et  de 
s'éclairer  sur  des  matières  aussi  importantes,  recou- 
rurent aux  moyens  employés  par  tous  les  dissidents  : 
ils  mêlèrent  à  la  question  religieuse  les  intérêts  po- 
litiques du  temps,  et  en  appelèrent  aux  passions  hu- 
maines. Ainsi,  comme  les  Nestoriens,  ils  persuadè- 
rent au  monarque  persan  qu'il  éuit  intéressé  à  briser 
les  li.'iis  qu'une  foi  identique  avait  établis  entre  l'Ar- 
ménie et  l'Europe.  Le  roi  de  Perse  lrou\ ail  une 
prnpo-ilion  semblable  trop  avantageuse  pour  y  fer- 
mer l'oreille  :  assister  les  Arméniens  schismatiques, 
c'était  les  asservir.  Première  cause  de  longues  guer- 
res, dont  les  infortunes  auraient  dû  c  )rriger  ces  en- 
fants rebelles. — Cent  donze  aimées  se  passèrent. 
L'empereur  Héraclius,  qui  revenait  de  la  Perse  vic- 
lorieux  et  rappoilanl  avec  lui  la  vraie  croix,  rétablit 


normal  dura  im  siècle,  au  terme  duquel  Jean  Us- 
niensis  renouvela  par  ses  écrits  subtils  la  dispute 
presque  oubliée.  Le  schisme  recommença.  En  même 
temps  aux  frontières  apparaissaient  les  Arabes,  qui 
venaient,  nouveaux  Philistins,  infliger  aux  prévari- 
cateurs ta  punition  qu'ils  avaient  méritée.  Les  Grecs, 
dont  ils  venaient  d'abandonner  la  communion,  leur 
refusèrent  tout  secours.  Ils  furent,  durant  plusieurs 
siècles,  flagellés  jusqu'au  sang  par  ces  ennemis  nou- 
veaux, auxquels  se  réunirent  les  hordes  talares  des 
Mongols  et  des  Turcs.  La  dernière  dynastie  armé- 
nienne des  Rhoupéniens,  forcée  par  suite  de  ces 
événements  de  se  retirer  en  Karamanie  (l'ancienne 
Cilicie),  se  trouvant  en  contact  avec  les  Cioisés,  qui 
venaient  délivrer  leurs  frères  d'Orient ,  forma  le 
royaume  latin  d'Arménie,  qui  résista  aux  Osmanlis 
jusque  dans  le  milieu  du  xiv°  siècle.  On  le  désigna 
par  le  nom  de  royaume  de  la  Pelite-.\riuénie,  en 
opposition  au  royaume  de  la  Grande-Arménie,  qui 
exista  dans  les  vi«,  vu  et  viii«  sièc'es.  Alors  le  parti 
orthodoxe,  qui  se  conservait  toujours  secrélemeni, 
leva  la  tête,  et  le  remords  se  réveilla  dans  la  con- 
science du  roi  Léon.  En  recevant  la  couronne  de  la 
main  du  cardinal  Conrad,  archevêque  de  Mayence, 
il  abjura  l'erreur  ei  reçut  son  pardon  du  papeCéles- 
tin  111.  Plusieurs  des  patriarches  de  Sis  envoyérenC 
à  Rome  l'acte  de  leur  soumission  ;  de  ce  nombre  fut 
l'illustre  Nersès  Claïensis,  que  ses  vertus  ont  fait 
ranger  parmi  les  saints.  Un  autre  Nersès,  non  moins 
distingué,  et  qnl  porta  le  nom  de  Lainpron,  sa  patrie, 
tenta  une  réunion  générale  dans  le  synode  de  Rom- 
Cla,  où  il  prononça  une  harangue  conservée  comme 
un  des  cliefj-d'œuvre  de  la  littérature  ecclésiasiique 
des  Arméniens.  Mais  la  mon  inopinée  de  l'empereur 
Manuel  rompit  toutes  les  négociations  :  de  nouveau 
les  Talares  et  le  sultan  d'Egypte  firent  des  incursions 
dans  le  pays.  Au  concile  de  Lyon,  de>  propositions 
sincères  de  paix  furent  présentées  par  quelques  pré- 
lats; mais  elles  ne  furent  pas  ratifiées  par  le  reste 
du  clergé.  Alors  les  Sarrasins  reparurent  :  d ms  la 
Cilicie  seulement,  ils  massacrèrent  trente  mille  hnm- 
mes,  et  en  conduisirent  dix  mille  en  esclavage.  Le 
dernier  des  Léon  alla  mourir  en  exil  à  Paris.  Les 
infidèles  se  partagèrent  leur  proie  :  d'un  côté,  les 
Turcs  prirent  la  majeure  partie  du  territoire  et  lais- 
sèrent aux  Persans  les  provinces  orientales;  tan  lis 
que  les  chefs  kurdes,  retranchés  dans  leurs  monta- 
gnes inaccessibles,  mirent  à  cuntribuiion  les  cantons 
du  midi.  Il  y  a  environ  dix  ans,  un  quatrième  com- 
pétiteur plus  redoutable  venait  aussi  du  fond  du 
Nord  revendiquer  sa  part,  et  l'empire  russe  s'adju- 
geait les  terres  comprises  entre  les  cours  de  l'Arpa- 
Soui  et  de  l'Araxe.  Là  se  trouve,  an  pied  du  mont 
Ararat,  désigné  par  la  tradilion  comme  le  point  où 
s'arrêta  l'arche  du  déluge,  le  monastère  d'Echemia- 
zin,  appelé  par  les  Turcs  le  couvent  des  Trois  Egli- 
tes.  C'est  le  premier  centre  spirituel  de  l'Eglise  ar- 
ménienne, et  le  lieu  où  saint  Grégoire  l'Illuminaieurt 


«01 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  ACE. 


602 


apôtre  de  la  nation,  b&iii  la  basilique  patriarcale. 
Les  successeurs  de  saint  Grégoire  y  (ixèrenl  leur 
sicge,  e(,  tant  qu'ils  n'en  étaient  pas  chassés  ou  at- 
tires ailleurs  par  les  nécessités  poliiiqiies,  ils  ne  ces- 
sai>'nt  d'y  résider.  Depuis  le  schisme  l:i  majorité  des 
Arméniens  e^'t  demeurée  soumise  à  leur  autorité, 
bien  que  deux  ombres  de  patriarcats  subsistent  de- 
puis sept  siècles  à  Sis,  en  Cilicie,ei  à  Aghibarnar  Le 
trône  incrusté  d'ivoire  sur  lequel  leviciire  génénl 
(i'Arniénii!  siège  dans  les  cérénidiiies  solennelles 
vient  de  Rome.  Les  religieux  du  monastère  sont  en 
fort  petit  nombre,  com|):irativemeiit  à  nos  couvents 
d'Europe.  Une  dizaine  à  peu  prés  sont  décorés  du 
titre  d'archevêque  ou  d'évèqiie,  sans  dioct^se;  on 
compte  autant  de  vartabeds  ou  dncieurs,  dont  la  di- 
gnité se  subdivise  en  plusieurs  degrés,  selon  l'éten- 
due de  leur  savoir.  Queh|ues-uns  sont  réellement 
versés  dans  la  connaissance  de  la  langue  et  de  l'bis- 
toire  de  leur  nation. 

Du  reste,  Echemiazin  a  perdu  son  importance  et 
sa  grandeur  passées;  il  ne  lui  reste  que  l'autorité  de 
son  nom,  et  encore  chaque  jour  s'alTaiblii-'ille.  Son 
iiicorporaiion  à  la  Russie  n'a  servi  que  lus  intérêts 
de  l'empereur,  qui  voulait  attirer  dans  ses  Etats  uou- 
vellement  conquis  la  population  arménienne  des  pro- 
vinces turques  et  pi-rsanes.  Outre  les  concessions  de 
terres  et  la  promesse  de  certains  droits  et  privilèges 
politiques,  on  faisait  valoir  aux  yeux  des  Arméniens 
l'avantage  d'une  réunion  plus  étroite  à  leur  cher 
spirituel.  Par  ce  moyen,  le  gouvernement  russe  est 
parvenu  à  enlever  à  la  Perse  quarante  mille  émigrés, 
et  soixante-dix  mille  à  la  Turquie.  MjIs  celte  émi- 
gration, fort  nuisible  aux  in'érêts  des  deux  Etals  mii- 
suluiaiis,  a  réveillé  particulièrement  l'aitenlioii  sur 
cette  classe  de  sujets  ;  et  l'on  ne  s'est  plus  snucié  de 
les  voir  franchir  la  frontière  russe,  soit  pour  accom- 
plir des  pèlerinages,  soit  pour  aller  chercher  le  mei- 
ron  ou  l'huile  sacrée  que  le  Patriarche  a  seul  le  droit 
de  bénir.  Ainsi  la  source  principale  de  la  richesse  et 
des  revenus  du  monasière  est  tarie  :  bien  plus,  le 
gouvernement  turc  défend  à  l'archevêque  arménien- 
scbismatique  de  Constantinnple  de  communiquer  li- 
brement avec  celui  d'Echemiaiin,  ordre  qui  l'obli- 
gera bientôt  de  s'arroger  les  mêmes  droits.  Cette 
néeessité  est  douce  au  cœur  d'un  métropolitain  qui 
a  ,  comme  tous  les  prélats  hétérodoxes  orientaux,  la 
tentation  de  la  suprématie.  D'un  antre  côté,  l'empe- 
reur de  Russie,  concentrant  dans  sa  personne  le 
double  pouvoir  temporel  et  religieux,  ne  doit  laisser 
au  chef  de  l'Eglise  arménienne  qu'une  prééminence 
fictive  et  subordonnée  à  ses  propres  volontés.  Il  est 
fort  probable  que  le  plan  adopté  depuis  quelque 
temps  de  fondre  dans  une  sorte  d'unité  tontes  les 
sectes  de  l'empire,  s'appliquera  aux  Arméniens  comme 
au  reste  des  sujets.  Déjà  une  administration  sécu- 
lière est  organisée  suivant  ce  but  par  le  gouverne- 
raeni  dans  le  monastère,  afin  d'en  diriger  et  surveil- 
ler l'aciion  ;  déjà  l'élection  patriarcale  a  été  complè- 
tement modifiée.  Il  est  vrai  que  la  dignité  n'est  plus 


mise  à  l'enchère,  comme  sous  le  régime  des  Persans 
et  des  Turcs,  qui  spéculaient,  à  la  honte  du  nom  chré- 
tien, sur  l'ambition  des  candidats.  L'investiture  n'é- 
tait conférée  qu'à  des  prix  énormes,  et  cet  abus  avait 
démesurément  accru  la  simonie  du  clergé,  vice  dé- 
plorable qui  consomma  parmi  les  Arméniens,  comme 
ch.  z  les  Grecs,  la  mi-ère  de  la  nation  ;  parce  que  le 
Patriarche,  pour  s'acquitter  de  sa  dette,  rançonnait 
les  évêqnes,  les  évé(iues  rançonnaient  les  docteurs, 
ceuv-ti  les  simples  desservants,  et  ces  derniers  le 
peuple,  sur  qui  tout  mal  retombe  à  la  lin.  Sous  ce 
rap  .on,  il  y  a  donc  une  amélioration  réelle,  mais 
voyons  jusqu'à  quel  point.  A  la  mon  du  Pariarche, 
les  quinze  prélats  relevant  de  son  siège  et  répartis 
dans  la  Perse,  la  Russie  et  les  autres  contrées  de 
l'Europe,  sont  convoqués  à  un  synode,  ainsi  que  les 
grimis  de  la  nation  appelés  Icliekans,  et  les  députés 
descirporatiofis.  Au  premier  tour  de  scrutin,  on 
choisit  riuatre  candidats;  an  second, deux  seulement, 
et  le  sort  décide  emre  eux.  Le  dernier  élu  succède 
alors  à  la  chaire  vacante  de  saint  Grégoire,  si  toute- 
fois la  sanction  impériale  lui  est  octroyée.  Donc  l'in- 
dépendance spirituelle  d'Echemiazin  a  cessé;  et  cette 
Eglise,  qui  toujours  refusa  la  paternelle  et  libre  pro- 
tection du  chef  des  Eglises,  a  lini  par  courber  for- 
cétneni  li  téie  sous  un  cbel  militaire.  —  Des  catholi- 
ques arméniens  se  simt  réfugiés,  à  l'époque  de  la 
dernière  guêtre,  dans  la  province  russo-arménienne. 
Leur  position  est  critique.  Ils  ont  abandonné  le  sol 
de  la  Turqoie,  espérant  trouver  daris  les  Etals  d'une 
pui-sance  clirélienne  un  soulagement  à  leurs  maux. 
Mais  leur  espérance  a  été  déçue,  et  voici  qu'ils  sont 
réduits  à  regretter  le  joug  musulman.  En  effet,  si  le 
gonvernemenl  tolcr.'  encore  les  prêtres  qui  ont  ac- 
compagné les  émigrés,  ii  ne  permet  pas  tju'ils  com- 
muniquent avec  leurs  supérieurs  spirituels  restés  sur 
le  territoire  ottoman,  et  il  interdit  soigneusement 
l'entrée  de  son  territoire  à  lotit  nouveau  prêtre.  De 
la  sorte,  on  espère  que  les  liens  religieux  se  relâ- 
cheront et  que  les  Arméniens  orthodoxes  perdront 
insensiblement  l'attachement  qui  les  retient  à  leur 
communion.  Puis,  comme  la  mort  décime  chaque  an- 
née quelques  prêtres  et  que  l'ituligence  ne  leur  per- 
met pas  d'avoir  une  école,  il  ne  se  forme  aucun  jeune 
lévile  pour  les  remplacer.  Donc,  au  bout  de  deux  gé- 
nérations tout  au  plus,  ces  catholi(|ues  seront  rede- 
venus scliismatiques  arméniens,  à  moins  qu'ils  n'em- 
brassent la  religion  de  l'Etat,  ou  que  la  divine  Pro- 
vidence n'intervienne  pour  les  sauver.  —  De  leur 
côté,  les  scliismatiques,  [ilus  riches,  plus  nombreux, 
occupant  des  fonctions  publiques,  ont  la  lâcheté  de 
persécuter  ces  frères  malheureux.  Ils  ont  bâti  à 
grands  Irais,  ainsi  que  les  Oecs  réfugiés,  une  église 
dans  la  nouvelle  ville  d'Alexandropole,  l'ancienne 
Gumrn,  et  ils  insultent  orgueilleusement  à  la  détresse 
des  fidèles  qui  ne  peuvent  célébrer  les  divins  mys- 
tères que  dans  des  réduits  obscurs  et  humides.  Il 
faudrait  assister  à  la  sainte  messe  dans  un  de  ces 
lieux  qo'oii  appelle  églises,  et  être  témoin  de  la  \^\éià 


603 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  EflCLF.SIASTIQUE. 


604 


8imple  ei  fervente  des  homme  ,  (1rs  femmes  ci  des 
peiils  enfants;  les  eniendre  cli  nter  la  liianiedoiii  le 
ion  plaintif,  el  le«  paroles,  der  rorhormia  (Segneur, 
ayez  pitié  de  nuis),  répétées  en  ninsse  el  avec  mesure, 
semlilent  être  le  refrain  d'un  hymne  de  drmieur  ! 

Outre  Tiflis,  Lori  eî  surinut  Akhnt'siké,  où  il  y  a 
plus  de  qiia;re  mille  caihnliqiies,  on  trouve  d'antres 
villages  eiptièremenl  cailiolinTies,  tels  qoe  Kara- 
Eklissé,  TeiKJ-Dnnlak,  Keftarhk,  Palnlhi,  Kazandji, 
un  antre  bonrg  du  imin  de  Kara-Kkiissé,  Arlm-Tepé 
el  Clianazir.  Ils -onl  dispersés  dans  la  plaine  qui 
s'cie  d  an  pied  sepienllimal  du  mont  A'a-fin'iiz,  et 
qui  formait  dans  l'ancienne  Arménie  nne  pnrii  n  du 
plaiean  de  ("liirag.  Quatre  on  cinq  préires  seni  ment 
sont  clt.krafég  de  l'administration  spir  tiielle  de  tons 
ces  lieijx,  séparés  par  d'.isse/.  grandes  dislances. 
S»M»  m>e  prompte  assistance,  cette  poprdation  ca- 
Ih'iliqne  disparaîtra,  comme  celte  d'Erivan  et  de 
Nakcltivan  ,  vilfes  sitnées  à  00  et  HO  kit.  de  là  , 
ei  que  les  icissions  des  Jésuites  el  des  Dominicains 
avui'i>t  an  retois  gagnées  5  l'tglise. 

Dans  la  Perse,  le  nombre  des  Arméniens  a  été 
considéralilenient  réduit  par  la  dernière  émigtaiion  ; 
il  ne  s'élève  guère  dans  tout  le  myaiime  (|ii'à  vingt- 
cJnq  mille.  Ils  ont  pour  rUefs  spi'  ilnels  il.  ux  évè(|ni's 
schismaliques  résidant  à  IN  ki'liivan  el  à  Djiilfn,  pe- 
tile  ville  qui  forme  comme  on  diS  laubi  uigs  d'Ispi- 
lian.  Poi.r  pi'rndre  d'nn  seul  trait  leur  état  religieux, 
nous  emplorPTons  les  propres  paroles  d'un  varlahed 
qni  les  connaissait  bien  :  c  En  feise,  les  Arméniens 
ressemblent  aux  Persans,  et  les  Persans  aux  Armé- 
lueiis;  »  mol  qrfi  exprimo  avec  esprit  et  nmliffé- 
rence  religieose  (te  ceux-ci,  et  li  tendance  tolérante 
de  cenit-là.  Il  est  ceiiain  que  les  Arméniens  sont  plus 
Iteirreiix  el  plus  considérés  en  Perse  qu'en  Turquie  ; 
ils  peiiveni  remplir  de  hautes  charges,  et  comman- 
der même  des  proîimes. 

L'Arménie  méiidinnale  a  un  siège  patriarcal,  dis- 
tinct de  celui  d'Ecliemiazin.  Il  s'appelle  Aglitliamar, 
dn  nom  de  l'île  où  réside  le  prélat.  Vnjci  quelle  en 


puissance  usurpée  en  se  prévalant  de  la  possession 
de  la  relique  de  saint  Grégoire,  furtivement  enlovée 
il'Echeniiazin  :  car,  entre  les  croyances  absurdes  po- 
pularisée? par  le  scliisnie,  il  faut  conipliT  celle  qui 
fait  de  la  seule  présence  d'une  relique  dans  un  cer- 
tain livn,  le  signe  de  sa  suprématie  patriarcale.  Le 
bras  droit  de  saint  Grignire,  transféré  de  Sis  à 
Echemiazin,  lui  avait  déjà  rendu,  suivant  lopininn 
commune,  te  ilruit  de  prèéminenct^que  ce  siése  avait 
perdu  momentanément,  et  dmit  il  (ut  privé  de  nou- 
veau Irirsqiie  D  vid  réussit  àli'  dèrnher.  Aïlitli  mar 
conserva  peu  di'  temps  ce  précieux  dépôt,  parce  :|ue 
le  patriarche  d'Eoheniiazin  employa  tons  les  moyens 
imaginables  pour  le  recouvrer.  Le  roi  de  Perse,  Ab- 
bas,  connaissait  bien  ce  faible  d.-s  Arméiriens,  puis- 
qu'il eut  soin  île  porter  la  iiême  relique  à  DJulfa, 
pour  retenir  dans  cet  endroit  la  colonie  de  raiMifs 
qu'il  y  avait  amenée.  Quand  Aghihmiar  fut  dépos- 
sédé de  celte  relique,  ses  prélats  lirent  valoir,  comité 
droit  an  patriarcat,  un  autre  trésor  :  <  C'était  l'autel 
où  célébrait  saint  Grésnire,  c'était  sa  ceinture  de 
ctiir,  c'ét  ient  le  voi  e  e'  les  sandales  {hoghntnp)  de 
saillie  Rypsiniée.i  Ainsi  le  léninignent  les  historiens 
Jean  Caiholicos  et  Vai tan.  Telles  sont  les  raisrms 
qu'allégueni,  pour  légitimer  leurs  préteniions,  ces 
pairi  ifcbes  qui  osent'  parodier  la  puissance  pontifi- 
cjfe. 

Pour  arriver  à  Agbtbnmar,  il  faut  traverser  le  ter- 
ritoire des  Kurdes,  voyage  toujours  dangereux,  à 
cause  de  leurs  dèprédati  .ns.  Le  centre  de  la  pro- 
vince se  trouve  entre  le  lac  de  Van  et  Djezirèb.  On 
n'y  parle  pas  le  turc,  et  l'on  peut  dire  que  c'est  un 
pays  indépendant,  puisqu'il  y  a  un  !icy  qui  ne  paye 
aucun  tîibiit  d  anciui  employé  turc.  Les  Kurdes  sont 
trcs-tnielliijeiiis  et  trè>-iniliisiriLMix  :  ils  fabriquent 
tout  ee  qui  leur  est  nécessaire,  ot  ne  lirent  presque 
r'ren  des  provinces  environnantes.  .Avec  ces  disposi- 
tions ils  ne  Sont  ccpeinlani  pas  riches;  cela  lient 
sans  doute  à  la  passion  du  vol,  qui  est  développée 
chez  eux  à  un  très-h;iui  degré.  A  chaque  instant  un 


est  l'origine:  elle  ne  remonte  pas  au  temps  d'Uéra-      bêy  en  dépouille  un  antre  moins  fort  el   ruine   tous 


ctius,  comme  quehiuesuns  de  ses  partisans  le  veu- 
lent faire  croire,  mais  bien  au  comniencenient  du 
xri»  siècle.  L'an  II  13  de  notre  ère,  un  descendant 
de  rillustre  famille  Pablavouui,  Grégoire  III,  sur- 
nommé Ugafaser,  ou  l'Ami  des  Xlurtyrs,  parce  qu'il 
ai'aii  recompo-é  le  martyrologe  arinéiiien,  l'.ioiiia  sur 
la  chaire  de  saint  Grég  lire,  qu'il  honora  peuilant 
cinquante-trois  ans  par  son  savoir  et  ses  vertus. 
C'était  l'époque  de  la  domination  des  croisés  dans  la 
Syrie  et  la  Palesline,  oi  l'autorité  du  smiver.iin  pon- 
tife avait  repris  de  l'ascendant  sur  les  coniniiininns 
orientales.  Grégoire  envoya  donc  à  la  cour  romaine 
l'icie  de  sa  soumission,  par  l'entremise  d'une  am- 
bassade que  décrii  l'auteur  tatin  Otio  de  Freisingen. 
Ce  fui  saui  dou/e  cet  acte  é^Liiaut  d'orthodoxie  qui 
détermina  le  moine  scliisniatiqiie  David  à  raU'ier  au- 
tour de  lui  les  sectaires  obsLifiés,  en  se  déclarant 
Çalholico»,  ou  patriarche  d'AËhtliamat'.  Il  foiilUa  »-i 


ses  villages.  — Sur  ta  route  de  Djezirèb  à  Di.irbékir,  les 
vilhiges  sont  très-rares,  et  leur  emplaremeni  parait 
avoir  été  délerininé  par  !e  pins  grand  nombre  de 
cavernes  nalnrilles  qu'on  a  trouvées  dans  le  sol. 
Ces  villages  sont  assez  riches,  car  fur  les  points  où 
la  terre  peut  être  cultivée,  elle  est  Irès-prodoctive  ; 
mais  en  général  le  manque  d'eau  se  ftiit  sentir,  et 
dans  les  grands  intervalles  sans  culture  qui  séparent 
les  lieux  hab  tés,  des  citernes  suffisent  à  peine  au 
besoin  des  voyageurs  et  des  caravanes.  La  populi- 
liou  qu'on  rencontre  est  presque  eiifièrement  com- 
posée de  chrétiens  portant  le  cosiume  arabe,  et  pir- 
lant  l'arabe  de  Syrie.  La  ville  d'Argana,  par  laquelle 
ou  passe,  est  bâtie  en  gradins  sur  le  A  me  d'un 
immense  rocher;  elle  possède  des  mines  de  cuivre 
noir  de  mauvaise  qualité.  A  12  fcil.  d'Aghthamar,  à 
l'extrémité  orienfa'e  du  lac  de  Van,  on  aperçoit  le 
Château  kurde  de  Paklewu.  Ce  château,  dont  le  nm 


ce: 


GEOGRAPHIE  1>KS  LEGENDKS  AU  MOYKN  AGE. 


606 


iiiuiqiif  une  origine  ariuciiionne,  resseiiibie  à  nos  an- 
ciens manoirs  féndnis  :  ilesl  (1:in'iuéile  qiiaire  tours 
penées  de  menrliicres;  il  esl  bâli  sur  une  tolline 
rnide  el  élevée,  au  pied  'le  laque!!'  niugil  un  lorrenl. 
l'èsia  fin  de  sepien)l)rc,  l'hiver  con.mence  dans  ces 
c  nirérs,  la  neige  blantliii  le  cercle  des  montagnes 
qui  envirnnneni  !e  lac,  el  une  bise  glaciale  siiullle 
lialiituellem 'nt.  —  On  Iruuvn.à  i  kil.du  lac  de  Van, 
les  ruines  du  couvent  de  INareg,  (jui  renferme  le 
t'inilieau  du  plus  pruloud  d>  cieur,  du  plus  parlait 
écrivain  el  du  saint  le  plus  ieiidreii<eni  fiieiix  de  l'E- 
glise arménienne,  sai  it  Grégoire  Nnrégalsi,  (|ui  vi- 
vai'  »  la  lin  du  x°  sièL-le.  Ce  tombeau  aiiire  un  gr:ind 
cnncours  de  pèlerins.  Les  Kurdes  ont  :icbevé  de  riii- 
niT  le  mona-tére,  et  ils  ont  dénaturé  l'élégant  p  ir- 
t  i|ue  de  l'église. 

La  Hier  de  Van,  comme  disent  les  Arméniens,  e^t 
un  grand  lac  bleu  et  salé,  qu'on  appelle  aussi  mer 
d'Aslilliam;tr,  dn  nom  de  li  petite  île  ou  du  roc  sur 
le'iuel  le  monastère  de  ce  nom  est  bà.i.  Ce  rnclier 
n'.i  que  900  toises  de  circuit.  On  n'y  reirouve  plus 
les  constructions  royabs  ;:itribuées  à  K:'kig,  pre- 
mier roi  de  la  dynastie  de-;  Ardzéroinis,  desipielles 
'I  bornas  Ardzérouni,  liisioiien  is'su  de  la  même  mai- 
son, a  fait  une  description  pompeuse  (  !  ).  —  On  ne  dé- 
couvre autour  de  soi  (j^i'iin  écneil  aride  ;  pas  un 
pouce  de  terre  vçgétali',  e'  parloiil  li  détresse  et  la 
désolation.  La  prélendne  di^iie  de  Kakig,  (jne  l'au- 
teur ci-dessus  mentionné  compare  an  trav.iil  gigan- 
tesque attribué  à  Sémiiainis,  ()ui  se  trouve  près  de 
V.'in,  au  pied  du  mont  Varak,  aurait  totalement  dis- 
paru sous  les  (lots  cnvabis^ants  du  lac,  et,  s'il  IV.ut 
croire  les  babitanis  de  l'i'e,  l'œil  peut  encore,  dans 
les  jours  de  calme,  en  distinguer  au  fond  de  la  mer 
les  derniers  vestiges.  Il  ne  reste  que  l'église,  on 
mieux  la  chapelle,  dont  l'arcbitectnre  Tort  médioire 
n'a  d'antre  orig  nalit('  que  de  grotesques  et  informes 
bns-reliofs  'Culptés  à  l'exiérieur  et  rejirésentant  l'bis- 
toire  abrégée  de  l'Ancien  el  du  Nouveau  Testantenl. 
L'baliilalion  du  palriarebe  est  bâtie  a\ec  de  la  l>rre 
déirempée  dans  l'eau  mêlée  de  i  aille,  comme  lou'.es 
les  maisons  du  pays.  Celte  manière  de  ronslriiire  du 
reste  n'est  pas  particulière  a  l'Arménie  ;  elle  eïisle 
également  dans  certaines  provini  e%  de  France.  Les 
fenêtres,  fermées  par  un  sintj^e  treillis,  sont  ouver- 
tes à  tous  les  venis,  ou  n'ont,  en  guise  de  vitres,  que 
des  feuilles  builées  d'anciens  maniscrils. 

Le  patriarche  d'Aghthamar  est,  avec  son  clergé, 
d'une  ignorance  cl  d'une  nullité  affli.eantes.  Pour 
eux  le  monde  se  borne  à  l'ile  d'Agliihainar  el  aux 
villages  arméniens  répandus  dans  le  Kurdistan 
cl  qui  tombent  sous  leur  juridiclion.  Ils  savent  à 
peine  de  la  langue  liiiérale  ce  qui  est  nécessaire  pour 
rimelligence  de  la  liturgie.  La  bibliothèque  du  mo- 
nastère consiste  en  une  centaine  de  manuscrits  pou- 
dreux et  entassés  sans  ordre  dans  un  des  coins  de  la 
sacristie.  La  plupart  de  ces  livres,  incomplets  el  dé- 
chirés, étaient  des  psautiers,  des  copies  de  l'Evan- 


gile, quelques  traités  <les  Pères  el  des  sermons. 
Qu'est  devenu  le  dépôt  littéraire  recueilli  par  les 
patriaichfs  précédents,  et  qni,  préseivé  par  ta  po- 
sition avantageuse  de  l'ile,  doit  avoir  échappé  au 
vandalisme  d'Alp-ArsIan  et  de  Timour  ?  L'ignorance, 
la  misère,  l'épée  des  Kurdes,  le  joug  des  Turcs  el  le 
mépris  dos  autres  communions  arméniennes  pèsent 
à  la  fois  sur  ces  obstinés,  dont  le  chef  se  complaît 
crgueillensenienl  dans  sa  solilu  le,  où  il  s'enta  nd  sa- 
luer p.ir  quelques  bouches,  du  nom  de  Catliol.cos  ou 
patriarche  universel. 

Feu  M.  Saint-Martin,  connu  par  ses  doctes  tra- 
vaux sur  l'Iiisloiri-  et  bi  géographie  du  peuple  armé- 
nien, s' esl  trompé  lorsqu'il  avance  iine  l'Eglise  d'Agh- 
thamar suii  le  rite  et  la  doctrine  des  Grecs.  La  li- 
turgie et  le  Symbole  sont  exactement  les  mêmes  que 
dans  l'K-lise  d'Lcbeiniozin,  el  louie  la  scission  vient 
de  rétablissement  d'un  p;itriaica(  indépendant  du  pre- 
mier. Les  deux  communiotiS  sont  sépirées  de  la  vé- 
ritable Eglise,  parce  qu'elles  icjetiont  le  conc  le  de 
Chalcédoine.Ce  n'e-l  pas  qu'elles  sontenne  t  la  doc- 
trine complèie  d'Eiitycbés.pirisqiron  l'analhématise 
comme  complieed'Apollinaire.enceiin'il  nie  que  Nc- 
tie-Seigneiir  Jésus-Cbfisl  soil  homme  comme  nous. 
Mais,  après  avoir  admis  que  le  S  luveur  est  Dieu  et 
hemmi'  parfait,  qu'il  a  souffert. selon  la  chair  et  non 
selon  la  divinité,  ils  nir  veulent  cependant  pas  con- 
e'iiie  qu'il  y  ait  deux  natures  en  sa  personne.  Ils 
parlasent  l'i  rieur  des  Syriens  jacob'.les,  des  f.optes 
et  de  tous  les  Monophysiles.  L'unité  de  nature  les 
conduit  à  dire  qu'il  n'y  a  en  Notre-Seigneur  Jèsus- 
Cbrisl  qu'une  schIb  opération  et  qn'nne  seule  vo- 
lonté. —  C'est  un  fail  bien  digne  d'attcnlicm  que  l'er- 
reur, api  es  avoir  placé  une  Eg  ise  hors  rfn  sein  de 
l'Eglise  nniquc-y  tifit  aussitôt  en  elle  toutes  les  sour- 
ces de  la  foi  el  du  la  charité  :  c'e^t-à-dire,  première- 
ment, que  la  doctrine,  au  lieu  d'être  dévebtp- 
pée  par  les  lumières  d'un  enseignemcnl  légitime, 
resie  incite  el1;oni  me  frappée  de  slénlité  théologie 
que  ;  ei>  second  lieu,  que  le  fnyer 'l'activité  qui  va 
toujours  se  dilatant  dans  le  catholicisme,  et  se  reprt»- 
duisanl  chaque  jour  sous  les  mille  inventions  de  Fes- 
ppit  évaiigéli'iue  de  sacrifice,  est  pont  ainsi  diTW 
glacé  par  celle  première  négation,  en  sorte  lyte  son 
•feu  divin  se  retire  des  insiiluiiotw  même  où  d'ordi- 
naire il  se  maiiilèste.  Le  culte  arméi^en-scbi-mali'- 
que  nous  servira  d'exemple.  Le  saint  sacrifice  de  ht 
messe,  do.t  i'Eglise  catholique  esl  sainieinent  pra- 
digue,  comme  du  miracle  le  plus  grand  d«  la  bont-4 
céle^le^  et  cninine  du  moyen  le  pins  exrelleil  po«fi" 
la  sanciilication  de  l'hoinme,  esi  rendu  rare  comme 
une  exccpiion,  et  sa  célébration  devient  pins  diffi- 
c.le.  O'abord  il  faut  relranclier  les  jours  de  jeûne 
si  nombreux  dans  le  rite  arménien  ;  e  suite  A  n'ar- 
rive guère  que  l'on  célèbre  deux  messes  en  un  jour 
dans  la  même  é^W&a,  et  jamais  elles  ne  peuvent  èlre 
diiessur  le  même  autel.  L'e8.pïil  .tes  sacremenls  est 
encore  faussé   dans  leur  apfdicaiion  :  ainsi  le  bapr 


(1)   Géographie  de  CaHciewu    Aritiém;  Vwiibe,  iS22,  —  A'oMi'W/«>lri«Mie,  page  152;  Venise,  1805,  ;^^<r 


e/    ^ 


&fl 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


têire  n'est  administré  à  l'enfani  que  le  huitième 
jour  après  sa  naissance;  s'il  menri  dans  l'intervalle, 
certains  vartaliecU,  pour  se  justifier,  aiment  mieux 
nier  impliciietnenl  le  péché  originel  que  d'avouer  le 
dérani  de  leur  liturgie.  La  conliniiation  est  donnée 
à  l'enanl  après  le  haplênie,  et  le  simple  prêtre  s'ar- 
rngi'  le  (ionvoir  de  la  ennférer.  L'Kucliari^tie  est  ad- 
niMiisrée  sous  le^  deux  espèces  aux  fidèles,  qui  se 
p^é^ent.•lll  dehnut  à  la  sainte  lahle.  Le  prêtre  ne 
consacre  i|u'une  seule  hosiii;,  et  il  la  divise  en  aiiiani 
de  parties  qu'il  y  a  de  communiants.  De  la  sorie,  le 
lrcs-s:iinl  saorenienl  n'est  pas  toujours  présent  dans 
lésçlise;  l'I  il  fair  ajouter  que,  soit  par  isprit  de  ri- 
g<irisme,  S"il  par  iiulilïéience,  les  communions  sont 
exirêmemeiil  rares,  non-seulement  parmi  les  simples 
fidèles,  mais  même  parmi  les  évêques  ei  les  varia- 
heds.  qui  célèhrent  à  peine  une  fois  l'an.  Qui  pour- 
r.iiten  outre  concevoir  l'excès  inouï  d'orgueil  de 
ce-;  derniers?  un  docteur  croirait  déroger  ii  sa  di- 
gnité s'il  recevait  le  Fils  de  l'Eternel  des  m^iins  d'un 
prêtre  inférieur,  ou  s'il  s'agenouillait  à  ses  pieds  pour 
être  absi'us.  L'exlréme-onction  ,  administrée  par  les 
uns  dans  l'étal  de  santé  ainsi  que  pendant  la  mala- 
die ,  est  entiérenieni  supprimée  par  les  autros  , 
comme  pouvant  favoriser  le  relâchement ,  parce 
qu'ille  oCTre,  disent-ils,  au  mourant  un  dernier 
moyen  de  salut:  éirange  inlerprétaiion  de  la  pré- 
voyance miséricordieuse  de  l'Eglise,  qui  nous  pour- 
suit de  ses  grâces  jusque  dans  les  bras  de  la  morl! 
Le  saciement  de  l'ordre  est  le  mieux  conservé 
dans  son  intégrité  primitive;  et  comme  celte  Eglise 
a  reçu  ses  cérémonies  de  saint  Grégoire  le  Grand, 
son  rile  ressemble  presque  eniièiement  a  celui 
de  l'tglise  romaine.  Toutefois,  une  différence  essen- 
tielle distingue  le  sacerdoce  arménien,  c'est  la  fa- 
culté donnée  ou  même  le  devoir  imposé  au  simple 
prêtre  de  co.ilracter  mariage.  Tous  les  deid,rs,  qui 
forment  la  classe  des  desservants,  correspondante 
chez  nous  à  celle  des  vicaires  et  des  curé>,  ont  leur 
eretsguin  :  tel  est  le  nom  que  porte  l'épouse  du  prê- 
tre. 

Les  communions  chrétiennes  de  l'Orient  sont 
schismaiiques  et  même  hérétiques;  mais  la  pratique 
des  devoirs  qui  coiiSiitiient  pour  le  prêtre  la  partie 
active  du  ministère,  quelque  altérée  qu'elle  soit,  sub- 
Eisle  toujours.  On  doit  même  dire  qne  la  cause  de 
celle  aliération  est  le  mariage,  qui  contraint  le  pau- 
vre derder  à  travailler  des  mains  pour  faire  subsis- 
ter sa  fimille.  En  effet,  apiès  avoir  récité  les  mati- 
nes au  lever  de  l'aube,  il  va  meure  la  main  à  la 
charrue  ou  paître  son  bétail,  lorsqu'il  n'est  pas  oc- 
cupé d'autres  soins  domeslii|ues,  jusqu'à  l'heure  de 
vêpres,  qu'il  chante  au  coucher  du  soleil,  et  qui  com- 
posent la  seconde  partie  obligatoire  de  son  bréviaire. 
Il  manque  donc  du  temps  et  des  moyens  d'étudier  ; 
comment  ensuite  pourrait-il  instruire  ses  ouailles? 
Aussi  semble-l-il  s'être  résigné  à  la  nécessité  hu- 
miliante da  son  ignorance,  en  abandonnant  la  lec- 
ture et  l'instruction  aux  docteurs  et  aux  vartabeds. 


008 

lesquels  vivent  dans  le  célibat ,  ain«i  que  tous 
les  autres  supérieurs  ecclésiastiques.  Les  derdeis  ne 
sont  que  leurs  premiers  valets,  les  haillons  qui  les 
couvrent  lus  distinguent  seuls  des  autres  paysans; 
ils  s'empressent  de  rendre  aux  voyageurs  les  ollices 
les  plus  serviles,  pour  avoir  le  droit,  au  départ,  de 
tendre  la  main  et  de  réclamer  leur  bakchichf.  Le 
mariage  est  soumis  à  des  empêchements  plus  sévè- 
res que  parioul  ailleurs  ;  et  cependant,  lorsque  les 
réclamations  ^oni  appuyées  près  du  patriarche  par 
quelque  largesse,  dn  trouve  les  moyens  de  faire  lé- 
gitimer mê  ne  le  divorce. 

Les  Armé  iens  soni  appelés  les  grands  jeûneurs 
de  rOiient,  et  ils  méritent  justement  ce  nom,  puis- 
que durant  le-^  deux  tiers  de  l'année  ils  observent  une 
abstinence  rigoureuse  qui  leur  iulerdil  l'usage  de  la 
viande,  du  poisson,  de  l'huile  et  dn  vin.  Cet  cspiil 
de  mortification,  véritablement  louable  en  soi  ,  dé- 
génère néanmoins  eu  un  pharisaïqiie  orgueil,  qui  les 
porte  à  accuser  de  relâchement  l'Eglise  romaine.  Il 
est  aisé  de  reconnaître  que  l'intention  de  saint  Gré- 
goire rilliMiiinaieur,  en  institnnm  ces  jeûnes,  était 
de  sanctifier  pir  la  religion  des  privaiions  rendues 
nécessaires  par  la  nature.  Le  pain,  le  lait  et  la  chair 
des  brebis,  tels  sont  les  seuls  aliments  possibles 
dans  le  pays;  loul  le  reste  est  du  luxe.  Le  dernier 
paysan  de  la  France  ne  pourrait  supporter  le  régime 
des  gastronomes  arméniens.  Les  fruits  et  la  vigne  ne 
mûrissent  (|u'en  quatre  ou  cinq  lieux  privilégiés  ;  le 
poi^sou,  dont  la  pèche  esl  la  plus  abondante  dans  le 
lac  de  Van,  ne  peut  être  pris  que  deux  mois  de  l'an- 
née ;  et  il  se  borne  à  deux  espèces.  L'abstinence  de 
la  viande  est  >i  peu  une  privation,  que  la  majorité  du 
peuple  n'en  mange  pas  les  jours  où  elle  est  permise. 
L;i  consiiiution  saine  et  robuste  de  la  race  prouve  , 
du  reste,  que  cet  alinreirt  rr'est  pas  pnrrr  elle  uo  be- 
soin. La  vie  sédentaire  des feiriines,  coniinnellerrrent 
renfermées  ou  assises,  l'indolence  des  hommes,  qui 
ne  portent  pas  au  travail  l'aciiviié  érrergirpre  de  nos 
ouvriers  ,  expliqiierrt  encore  cette  possibilité  des 
longues  abstijiences.  Quant  à  l'iiuile,  elle  esl  si  rare 
dans  le  pays,  (|ue  l'on  n'en  trouve  môme  pas  darrs  la 
ville  d'Erzingam,  l'urre  des  Cilés  les  plus  considéra- 
bles de  l'Arrrréiiie;  et  d'ailleurs  le  patriarche  ei  les 
évêques  sont  obligés  d'employer  l'huile  de  sé-ame  , 
et  même  le  beurre  ,  porrr  les  orrclions  de  la  liturgie. 
—  Le  perrple  arméirien  esi  profondéruenl  rel.yierrx  ; 
et  sa  foi,  (|uand  elle  s'attache  à  la  vérité,  est  iné- 
branlable crr  présence  de  la  persécution  ,  conrrrre  crr 
ont  fouriri  lanl  de  preuves  éclatantes  les  c  iiho^iques 
de  Consiautinople  et  d'Angora.  Il  ne  parl-ge  pas  les 
préjugés  et  la  partie  hainerrse  de  ^es  clieis  spirituels; 
il  n'a  besoin  que  d'être  éclairé  potrr  abjirrer  l'erreur. 
Torrs  les  missionrraires  qiri  sonl  verr  is  l'irrs'rrrire  ont 
vir  leirrs  peiires  arrrplement  récornperrsées.  Oaris  le 
xiv<' siècle,  urr  frère  doirrinicairr,  Barthélémy  de  Bo- 
I'  gne,  envoyé  par  le  pape  Jean  XXII,  s'établit  à  deux 
journées  de  Tarir is  ,  dans  la  petite  ville  de  .Maraga. 
Le  lirnit  de  sa  sainteté  attirait  à  sa  cellule  tous  les 


;; 


609 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


610 


vartabeds  d'alentour.  L'un  d'eux  ,  Jean  de  Kerirai  , 
neveu  du  priuce  Giég"iie  de  ce  nom,  le  vi^iia  aussi, 
et  engagea  avec  lui  une  controverse  sur  la  question 
de  la  suprématie  poniincale.  Eclairé  de  la  grâce  et 
guiJé  par  son  sens  droit,  il  se  convertit  à  la  foi  ca- 
tholique, et  résolut  noblement  de  iravail'er  le  reste 
de  ses  jours  à  la  pro|,ager  dans  sa  nation.  Parmi 
les  docteurs  que  la  lecture  île  ses  écrits  avait  portés 
à  Imiter  sou  esemi'le  ,  il  en  clinisit  douze  ,  et  fonda 
l'association  des  Frères  unis,  qui  durant  trois  siècles 
ont  éié  les  défenseurs  et  les  apôtres  de  l'ortliodoxie 
dans  l'Arménie,  la  Géorgie,  la  Tartarie  et  la  Crimée. 
En  ibSU  ils  avaient  encore  une  maison  àNakcliivan, 
el  la  midtiiude  des  catlioliques  qui  remplissait  le 
pays  était  le  fruit  de  leur  zèle.  Dieu  bénit  aussi  les 
travaux  des  Jésuites  (|ui  leur  succédèrent  à  cette 
époque;  mais  ceux-ci  ayant  été  contraints  par  les 
circons|;inces  d'abandonner  celte  mission,  la  plupart 
des  brebis  se  sont  dispersées  ou  ont  péri,  et  le  ber- 
cail est  resté  désert.  —L'Eglise  catholique  d'Armé- 
nie n'est  pourtant  p  'int  restée  dans  l'abanJon. 
Rome,  Veniiieet  Vienne  ont  des  élabli-seinenis  des- 
tinés à  loriner  l'élite  du  clergé  arménien  orthodoxe. 
Un  aiclicvèque  de  celte  nation  réside  à  Constanti- 
nople.  Un  autre  préiat,  qui  porte  le  titre  de  patriar- 
che de  Cilicie,  habile  au  mont  Liban;  il  a  sous  sa 
juridiction  des  é»éques  et  des  préires  qui  dirigent  , 
dans  l'Aiménie  proprement  dite,  de  nombreuses 
chrétientés.  A  Djulla  s'est  établie  une  mission  armé- 
nienne, chargée  d'évangéiiser  ceux  de  sa  natinn  qui 
habitent  la  Perse.  EtTiflis,  capitale  de  la  Géorgie  , 
voisine  des  conirées  nouvellement  conquises  par  les 
Russes,  a  des  missionnaires  capucins  que  l'œuvre 
de  la  Propagation  de  la  foi  a  déjà  secnuius. 

I  Arménie  (Province  d'),  subdivision  administra- 
tive de  Russie  ,  dans  le  gouvernement  de  Tra  scau- 
casie  ;  sur  la  frontière  de  la  Perse  el  de  la  Turquie; 
chef-.ieu  Erivan.  —  Elle  comprend  les  dernières 
Conquêtes  assurées  à  la  Russie  par  les  traités  de 
Tourkinantseliai  et  U'Andrinople,  la  partie  russe  du 
pacbalik  d'AkhaU/.ikh  et  la  piovince  d'Arménie  pro- 
prement dite,  située  entre  l'Arase  et  la  chaîne  de  moD- 
tagnes  qui  sépare  le  bassin  de  cette  rivière  de  celui 

du  Kour.  Superlicift  évaluée  à  23,000  kil.  carrés. 

Popul.  160,000  habitants. 

Regio  Lamentiana,  l'ile  de  Saint-Laurent,  ou  Ma- 
dagascar. Ces-t  un  vicariat  apostolique,  et  le  vi- 
caire est  ordinaiivment  un  prêtre  du  séminaire  du 
Sainl-E>piii,  à  Paris.  La  foi  catholique  fut  portée  à 
Sladagaîcar  au  coinmencenient  du  xviif  siècle  avec 
les  éiabllsseinents  Irançais  dont  elle  pariagea  les 
diverses  vicissitudes.  Dans  le  cours  de  ce  siècle  et 
dans  le  suivant,  il  s'éleva  diverses  réactions  contre 
les  missiunnaiies.  Il  y  a  une  trentaine  d'années  les 
proleolanis  ont  songé  à  répandre  leurs  bibles  parmi 
le,  populations  de  l'île.  En  18-20,  Radama,  roi  des 
llovas,  envoya  un  certain  nombre  de  jeunes  gens. 


les  intruduiie  dans  l'île.  Il  autorisa  des  missionnai- 
res anglicans  à  former  un  collège  dans  sa  capitale. 
Après  sa  mort,  arrivée  en  182!),  il  y  cul  une  réac- 
tion contre  les  Européens  et  surtout  contre  le  chris- 
tianisme, qui  fut  proscrit  par  son  successeur.  Cette 
mission,  qui  a  été  auirel'uis  llorissante,  n'est  plus 
que  l'ombre  d'elle-même.  Les  missionnaires  calholi- 
ques  cependant  n'ont  pas  cessé  d'évangéiiser  quel- 
ques tribus.  Comme  tous  les  peuples  saiivtges,  les 
M  ilgaches,  depuis  irois  siècles,  se  fniit  entre  eux  une 
guerre  continuelle.  C'est  une  cause  de  dépopulation, 
et  en  même  temps  un  très-grand  obstacle  à  la  pro- 
pagation de  la  loi.  Les  indigènes  délaissent  la  cul- 
ture, pour  laquelle  ils  éprouvent  l'aver-iun  iiui  ca- 
ractérise toutes  les  races  sauvages.  Uuoiqu'i  s  ai  nt 
un  commencement  d'organisation  de  sociéié,  ils  sont 
très-arriérés  sous  le  rapport  de  la  famille,  puisque 
les  frères  épousent  leurs  sœurs  et  quelquefois  les 
fils  leurs  mères.  Les  Malgaches  sont  idolâtres,  et  ils 
mêlent  à  leurs  superstitions  quelques  pratiques  em- 
pruntées au  judaïsme  et  au  niaboiuélisme.  Par  une 
circonstance  historique  assez  curieuse,  mais  restée 
obscure  jusqu'à  ce  jour,  l'Islam,  qui  a  envahi  toutes 
les  Contrées  environnantes,  n'a  point  pénétré  dans 
cette  île.  —  Avant  b  s  Portugais,  qui  visitèrent  Ma- 
dagascar de  1503  a  to06,  et  lui  donnèient  le  nom  de 
Saint-Laurent,  cette  île  n'était  connue  en  Europe 
que  par  les  lécits  de  Murco-Polo;  cependait  les  Per- 
ses et  les  Arab  s  y  comin.;rçai  nt  depuis  des  siècles: 
plusieurs  savants  géoiiraplies  ont  ménie  penbéqu'elle 
étjit  la  Cerné  <ie  Pline  et  la  Ménulhias  de  i'iolémée. 
Les  Français  la  nommèrent  ile  Dauphiiie  ;  ma. s  son 
véritable  nom  est  MudécasiC,  quoiqu'elle  soit  géné- 
ralement connue  sous  celui  de  Midagascar.  Située  à 
l'entrée  de  l'Océan  Indien,  sur  la  route  de  la  mer 
Rouge,  du  golle  Peioiquj,  du  Bengale  et  des  lies  de 
la  tonde,  son  gisement  est  à  peu  près  nord- nord-est 
el  Sud-sud-ouest  ;  ses  limites  en  laiiiude  les  12"^  et 
26^  degrés  :  son  étendue  est  de  liuO  kil.  enviruii  de 
longueur,  sur  une  largeur  de  4-40  kil.,  ce  qui  lui 
donne  plus  de  3200  kil.  de  circuit  et  une  supei  licie 
de  près  de  120,10'J  kil.  Ain.-i  une  partie  de  ceiie  ile 
est  sous  la  zone  loiiide,  l'autre  sous  li  zone  tempé- 
rée, el  c'est  dans  un  espace  de  près  de  qnatorz  -  de- 
grés que  les  Européens  qui  ont  teuié  d'y  lim  er 
des  établissements  avaient  à  choisir  des  terres  pro- 
pres à  la  culture.  On  peut  évaluer  à  plus  li'iin  mil- 
lion d'arpents  celles  qui  sont  d'une  qualité  supérieure 
et  d'un  rapport  assuré.  —  Des  tleuves,  de  gr-imies 
rivières  et  un  grand  noiitbie  de  riiisse.oix  qui  pien- 
iienl  leur  source  au  pied  d'une  longue  chaîne  de 
montagnes  qui  scp.ire  la  côte  de  l'est  de  celle  de 
l'ouest,  arrosent  toutes  les  parties  de  Madagascar,  si 
justement  célèbre  par  la  fertilité  de  son  sol  et  pai  la 
variété  de  ses  productions.  Les  deux  plus  hautes 
montagnes  de  l'iniérieiir,  Vigagora  dans  le  nord,  et 
Botislinène  dans  le  sud,  ont  une  élévation  de  quinze 


les  uns  en  Angleterre,  les  autres  à  l'ile  de  France,  *  à  dix-huit  cents  toises  au-dessus  du   niveau  de  la 
afin  qu'ils  y  apprissent  di\efs  ail?  mccnnitjues,  pour      mer  :  elles  renfertneot,  ainsi  que  la  plupart  des  au- 


DICTIONNAIKË  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Cil 

1res  monlagiifts,  telles  iiiic  celles  de  Bey-Foiir,  m'" 

Boni  moins  élevées,  des  fossiles  et  des  ininérJuv 

précieux. 

Il  existe  à  Madag  'SC.ir  six  racfs  d'honimes  qni  dif- 
fèrent par  les  iraiis,  quoiqu'ils  aiont  à  peu  près  le 
nênie  langage.  La  premier  o  de  ces  races  hab  te  la 
côte  de  l'est;  elle  est  composée  des  Bessiin-Saras, 
des  Aiita-Varats,  des  Bey-T;iri-\'iiienes,  des  Ania- 
Tschiriies,  (les  Anta-Rayt-s,  etc.  Ces  peuiiles  sont 
grands,  bien  faits;  leur  couleur  est  le  miirron  ]^us 
ou  moins  foncé;  la  pinpail  ont  des  traits  européens, 
et  leurs  yeux  une  expression  de  douceur  et  de  bon- 
té: leurs  cheveux  sont  crépu'*,  mais  longs  et  fins.  Si 
l'on  s'en  rapporie  à  la  Iraditioo,  on  doit  considérer 
ces  peuples  comme  les  vérit-ibles  indigènes,  ou  du 
moins  comme  les  plus  aiÉcieiis  babiiants  de    l'île.  — 


0(1 

Avant  les  conquêtes  de  Dianampouine  et  de  fia- 
dania,  son  fll'i,  on  pouvait  considérer  Madagascar 
comme  divisé  en  trois  royaumes  :  Emirne,  les  Saca- 
laves  etBombétoc,  car  chacun  de  ces  Et^ls  avait  un 
roi;  le  dernier,  soumis  par  Radama  en  18i4,  a  éié 
réltni  à  Emirne  ;  le  second  a  conservé  jusqu'à  pré- 
sent son  indépendance  et  est  devenu  l'allié  de  a 
reine  des  Hovas,  en  •vertu  d'un  traité  conclu  par  Ra- 
dama en  1825  avec  le  roi  Ramilra,  dont  il  épousa  la 
liUe  Rasalime.  —  Les  deux  royaumes  qui  subsistent 
en  ce  moment  à  .Madagascar  sont  divisés  en  pro- 
vinces, subdivisées  ellis-mêmes  en  une  infinité  de 
jietils  districts,  conimandés  par  des  chefs  électifs, 
choisis  dans  quelques  familles  considérées.  Tous  ces 
petits  chefs,  avant  Rad.inia,  étaient  continuellement 
en  guerre  entre  eux  dans  le  but  de  faiie  des  prison- 


Les  Ilovis,  qui  sont  établis  à  peu  pi  es  au  centre  de      nieis  qu'ds  écliangaieni  contre  les  maTeliaiidises  des 


Pile,  ont,  a:ii-i  gue  les  Anla-Ancayôs,  leurs  voisins, 
ia  couleur,  les  tr;iils  et  les  liiibiindes  di's  Mal  is. 
Leurs  cheveux,  d'un  noir  luisant,  sont  dro  ts,  longs 
et  gros  comme  eeux  des  Indiens.  —  Les  peuples  du 
Nord  et  ceux  de  l'Ouest,  depuis  la  baie  de  Vouhé- 
mare  jus(iu'.î  Antscinuéft  et  Malfiily,  ont  les  cheveux 
laineux,  le  nez  épaté  ei  les  lèvres  grosses  comme 
lestalres;  leur  teint  est  d'un  noir  plus  ou  moins 
lonré.  —  Les  Anl:i-\nt>cian:ics  cl  les  Siiealaves  du 
Sud  onl  quelque  chose  ilu  Cafre  et  du  llova,  avec 
lesquels  ils  se  sunl  mêles;  leur  teinl  est  d'un  noir 
plus  on  moins  foncé.  Les  Ania-Aniscianacs  el  les 
Saealavps  du  Sud  sont  les  peuples  les  plus  guerriers 
de  l'ile.  Ils  se  >ervenl,  pour  parer  les  coujis  de  sa- 
^Qves  d'un  bou<li''r  rond  en  bois  d'un  pied  de  dia- 
tnètrc;  il  est  couvert  d'une  peau  de  bœuf.  Toutes 
les  familles  puissantes  d'Ëinirne,  la  famille  régnante 
elle-même,  assurent  qu'elles  sont  originaires  de 
Mena-Bey,  capitale  des  Sicalavis  du  Sud.  —  Les 
ATia-ïmiinres,  les  Zaffi'  Eroméuiens  el  les  Z^fTé- 
Ibrahini  ont  une  origine  commime  :  ce  sont  drs 
Arabes  établis  à  Madagascar  depuis  plusieurs  siè- 
cles ;  ils  Oui  le  teinl  cuivré,  les  cheveux  crépus,  les 
yeux  vifs,  et  s'épileiit  le  haut  de  la  tête,  l'.es  peuples 
onl  des  livres  écrits  en  caraelères  ar.ibes,  cl  qui, 
disent-i's,  onl  été  apportés  de  la  Mckke  par  leurs 
ancêtres;  ils  savent  1<mis  lire  ei  écrire,  et  l'on  voit 
chez  eux  un  grand  nombre  d'écoles  [lubliqties  où 
leurs  enfanls  apprennent  à  écrire  le  malga<  lie  avec 
des  caraetères  ar;ibes  sur  des  tableaux  de  planches 
polies.  C'étaient  les  Anta-Ynionis  ipii  foitruis-aient 
des  sécietairis  à  Dianampouine  et  à  Radania,  et  qui 
serviienl  d'instituteurs  aux  Hovas  avant  qu'ils  eus- 
sent adopté  les  caraelères  français. 

On  trouve  à  Madagascar  une  -ixième  race  d'hom- 
mes coniuie  sous  le  nom  d'Aiitalotclies.  Ils  sont  éta- 
blis dans  diverses  parties  de  l'île,  mais  c'est  dans  le 
Nord  et  dans  l'Ouest  qu'ils  sont  en  plus  grand  iiim- 
bre  :  ce  sont  des  Arabes  mahornétans  une  le  com- 
merce a  attirés  à  Madagascar,  et  qui  se  soui  mêlés 
avec  les  Malgaches  des  conlrées  où  ils  se  sont 
fixés. 


Françiiis  et  des  Arabes  ;  quehpicfois  plusiein*  de  ces 
(letiis  chefs  s'unissaient  contre  les  suzerains  de 
leiws  provinces,  qui  n'exerçaient  d'ailleurs  sur  eux 
aucune  autorité  réelle.  Atijourd'lini  toutes  ces  peu- 
plades et  leurs  chefs  sont  soumis  à  une  seule  volon- 
té, celle  de  la  reine  ib^s  llov;i»,  avec  rasseutiment  de 
laquelle  oji  pourrait  parcourir  les  contrées  le-  plus 
reculées  et  les  plus  sauvnges  avec  autant  de  sécu- 
rité que  l'Europe;  car  elle  a  eu  soin  d'établir  par- 
tout des  magistrats  civils  ou  militaires  qni  la  re 
pré-entei.l.  Les  Sacalaves  du  Sud  étant,  depuis  Ifl 
con(|uèle  de  Boinl>éi«c,  le  seul  peuple  de  Madagas- 
car qui,  comme  bs  Hovas.  obéisse  à  -un  i^eul  ctief, 
b'  couimeice  européen  piurraii  trouver  dans  leur 
pavs  ia  même  sécurité  qu'à  Eiuirnc  s'il  faisuit  ses 
transact  ons  avec  leur  roi. 

Dans  l'Est,  près  des  cotes  où  l'on  trouve  des  jwrts 
S[iacieux  el  >ùrs,  tels  que  Teinlingue,  qui  contien- 
drait plus  de  quarante  vaisseaux  de  guerre  à  l'abri 
de  tous  les  vents  et  des  ouiagans  qui  causent  tant 
de  ravages  à  Mautice  et  à  Bourbon,  on  voit,  sur  les 
premières  montagnes  que  l'on  rencontre  en  s'avan- 
çant  dans  l'inlériiur,  des  champs  de  riz,  de  cannes  à 
sucre,  de  patates  suerées,  d'ignames,  de  msinioe,  de 
maïs,  de  chanvre,  de  lin  et  de  tabac  dont  la  culture 
n'exige  que  peu  de  sains;  c'est  là  aussi  que  l'un 
iiJiuve  ces  beaux  bois  de  construction,  tels  que  le 
fDtiraba,  le  meilleur  des  Indes  après  le  teck,  et  que 
chacun  a  la  faculté  d'abattre  et  d'employer  à  son 
usage.  Les  limons,  les  citroits,  les  oranges,  les  maix 
giies,  les  bananes  de  plusieurs  espèces,  n'étant  {>as 
plus  éloignés  de  la  mer,  od'ient  aux  équipages  les 
rafraîchi.sse4iients  les  plus  variés.  Dans  le  iSord,  la 
bie  la  plus  saine  et  la  plus  commode  est  celle  de 
Diego  Suarès,  qui  a  été  explorée  en  1833  par  la  cor- 
vette la  Nièvre.  Sa  position  est  si  avantageuse,  que 
les  rivières  qni  se  jeiieni  dans  ses  poris  assurent  au 
commerce  des  commuiiicatiiins  faciles,  taul  avec 
Bumbétoe  et  Antcianic  qu'avec  le  pays  des  Sacala- 
ves.  Dans  l'Ouest,  le  port  de  Mazang:iye,  habite  par 
une  (olonie  d'Arabes  el  de  Maureî^,  a  une  belle  ri- 
vière navigable  jusnu'à   'Jombéloc,   capitale  de  l'aa 


615 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


614 


cien  royaume  de  ce  nom  :  son  lerriioire  est  riclie  en 
troupeaux  de  bœufs  (Jonipiés  el  sauvages;  il  a  pour 
limiies  le  pays  d'Antcianao,  an  ceiiire  duquel  se 
trouve  un  lac  (|iil  a  plu^  de  100  kil.  île  circuil. 

En  quili.inl  Boinbéioc,  on  rencculre  le  royaume 
pulssani  des  Sacalaves  :  là  ce  sont  des  savanes  ini- 
nienses  qui  nourris'^eni  de  nonilircux  troupeaux  de 
bœufs  donipiés  et  sauvages,  des  niouinns  à  grosse 
queue  de  l'espèce  de  ceux  du  Sénégal,  des  chèvres, 
des  milliers  lU'  tortues  de  terre  qui  sont  d'au(aiil  plus 
abondantes  que  les  Sacalaves  ne  mangent  pas  leur 
clfair.  Ou  trouve  aux  eniboucliuies  des  rivières  de 
celte  fertile  contrée  beaucoup  de  tortues  de  mer  et 
de  cirrct-.  <pii  pioduiseut  l'écaillé,  et  souvent  sur  le 
rivage  denoruies  morceaux  d'ambre  gr:s.  L'écuille 
vaut  à  Maiiiiee  et  à  Bourbon  de  '0  à  GO  francs  la  li- 
vre; la  ch  ir  de  la  lortuc  se  vend  dans  ces  colonies 
au  poid-;,  comme  celle  du  bœuf  et  du  ntouton.  Les 
Orientaux  estiment  l'ambre  gris  autant  que  l'or. 

Cette  côte  a  plusieurs  baies  vasies  et  sûres;  celle 
de  Miiuroundava  est  la  plus  impnrtaule,  i|iioii|H'ellc 
soit  la  moins  fréquentée  par  les  Européens;  elle  n'e>t 
qu'à  trois  journées  de  marcbe  de  Mena-Bey,  capitale 
desSicalaves  du  Sud,  située  sur  la  rive  gauche  du 
fleuve  d'du  elle  tire  son  nom.  C'est  sur  les  bords  <le 
ce  fleuve  ei  à  une  peiiie  distance  d  ■  la  ville  de  Mena- 
Bey,  ou  grande  eau  rouge,  rpi'il  existe  une  mii-e 
d'or  que  l'on  doii  supposer  abmulante,  si  l'on  juge 
de  sa  féconiliié  par  le  minerai  qui  s'en  délaclu:  dans 
la  saison  des  pluies,  et  que  les  Saiala\es  donnent 
aux  Arabes  en  échange  de  poudre  et  de  toiles  de 
Suraie. 

A  cinquante  lieues  environ  des  côtes  sont  les  vas- 
tes forêts  (l'Aui  aye,  formant  pour  ainsi  dire  une  mu- 
raille d'arbres  touff.is  qui  sépare  les  p  uplades  de  la 
côte  et  les  habitants  d'Ambanivoule,  ou  des  monta- 
gnes de  bambou,  des  plaines  fertiles  des  lîesoiisons, 
voisines  des  montagnes  d'Ancove  ou  Em  rue,  au 
centre  desquelles  e>t  la  ville  de  Tananarive,  siégedu 
gcuvcrnemenl  de  la  reine  Kanavale  et  île  la  puis- 
sante bova.  La  dislance  de  Tamaiaveà  celle  capitale 
est  d'environ  2S0  kil.;  mais  en  parlant  d'VvoniIrou, 
qui  n'esl  pas  à  plus  de  1-2  kil.  de  ce  porl,  on  peut  en 
faire  prèsdeltiOen  pirogue  sur  des  rivières  et  sur 
des  lacs:  ces  lacs  sont,  le  Nossi-Bey,  le  Uassoua-Bey 
et  le  Rassi.ua-Massaye  ;  le  ^econd  est  presque  ans  i 
^rand  que  le  lac  d'Antciauac.  — C'est  dans  les  forêts 
d'Aucaye  que  l'on  tr'  uve  non-seulement,  comme 
près  des  (ôles,  des  bois  magnilljues  propres  aux 
ronstruclioi.s  navales,  m  lis  des  bois  p.écieax,  lels 
que  l'éliéue,  l'aloès  et  lesandal,  el  un  ^'rand  nmnbre 
d'arbres  qui  pourraient  êlie  employés  à  l'ébéiiisterie. 
Le  fruit,  l'éeorce  et  la  sève  de  la  plupart  de  ces  ar- 
bres, ainsi  lu'niie  inriniié  d'arbusies  et  de  plantes 
qui  Cl  Dissent  dans  le  pays,  servent  de  teintures  aux 
Malgaches  pour  donner  aux  tissus  de  ralia,  de  coiufl 
et  de  soie  qu'ils  fabriquent,  ces  couleurs  vives  et 
brillantes  que  les  Européens  admirent.  Le  quinquina 
gris,  jaune  et  rouge,  aussi  beau  que  celui  de  Loxa, 


n'esi  pas  plus  rare  dans  ces  forêts  qu'un  grand  nom- 
bre d'autres  écorces  précieuses,  parmi  lesquelles  on 
peut  com(iter  le  sassafras,  que  le-  Malgaches  em- 
ploient comme  dépuratif.  Quoiqu'il  n'y  ait  pas  de 
mûriers  à  Madagascar,  ou  voit  suspendus  aux  bran- 
ches de  ceriains  arbres,  dont  les  feuilles  servent  de 
nuuriiiure  aux  vers  à  soie,  des  cocons  d'une  grosseur 
extraordinaire;  ils  sont  produits  par  des  vers  de 
trois  espèces  différentes,  et  sont  assez  multipliés 
pour  mériter  que  le  commerce  s'en  occupe.  Les 
Malgaches  ne  savent  pas  dévider  la  soie,  mais  ils  la 
filent  comme  de  la  bourre,  et  en  font  des  lapis  qui 
servent  à  les  couvir. 

Des  pirogues  d'un  seul  arbre  creu-é,  qui  coniieii- 
nenl  deux  ou  Irois  cetits  personnes,  pourront  donner 
une  idée  de  la  grandeur  prodigieuse  de  certains  ar- 
bres el  de  la  puissance  de  la  végétation  à  Madagascar  : 
ce  sont  ces  arbres  monslriteux  qui  servent  d'asiles  à 
de  nom!  reux  essaims  d'abeilles  qui  font  du  miel 
roui-'e,  blanc  et  veri,  et  de  la  cire  en  abondance, 
dont  les  Malgaches  ne  tirent  aucun  parti.  On  y  trouve 
du  soccin,  de  la  gomme  gutle  el  de  la  gomme  co- 
pal  qui  renferme  souvent  des  insectes  curieux;ils 
consci  vent  dans  ce  prisme  leurs  couleurs  éclatantes 
et  toute  la  fraîcheur  de  la  vie. 

Les  Malgaches  tirent  de  plusieurs  productions  vé- 
gétale-, tels  que  le  raveiie-sara,  qui  rémiit  au  par- 
fum du  giroffe  celui  de  la  cannelle  et  de  la  muscade, 
des  lini'es,  donliiuel(|ues-uues,  qui  sont  aromatiques, 
pourraieiii  êlre  ulibs  à  la  médecine,  d'autres  à  l'é- 
conomie domestique.  —  Il  est  utile  de  remarquer  ici 
(|ue  les  arbres  de  Madagascar  sont  couverts  d'oi  ■ 
seaux  rares,  curieux  et  utiles,  et  le  commerce  pour- 
rait tirer  parti  d'une  espèce  pariiculiére  de  maii 
dont  la  chair  est  aussi  bonne  que  telle  du  lièvre  et 
la  fourrure  aussi  riche  que  celle  de  la  martre  el  de 
riiermine.  Le  gibier  aquaiique  est  si  abondant  sut 
les  lacs  et  les  rivières  de  celle  ile,  et  il  e-t  si  facile  à 
prendre,  que,  s'il  était  C"nservé  par  les  pro'édés 
nouveaux  de  Ouinton  et  de  Colliii  de  Nantes,  il 
pourrait  être  utilisé  pour  le  raviiaillement  des  bâti- 
ments qui  vont  dans  l'Inde,  el  qui  ne  consomroenC 
aujourd'hui  que  fort  peu  de  salaisons.  Les  porcs 
pourraient  offrir  au  commerce  des  ressources  plus 
grandes  encore.  Quoiqu'il  n'y  en  ait  pas  dans  toutes 
les  iiarties  de  l'île,  un  piéjiigé  ne  permeiianl  pas  a 
tous  les  Malgaches  d'en  élever,  ils  sont  cependant  eu 
si  grand  nombre  à  Emirue  et  à  la  côte  oi  ientale  ,  et 
coùieiit  si  peu,  que  l'exploitation  de  leur  chair  et  d<5 
leur  graisse  ne  pourrait  manquer  d'être  lucrative.  A 
Tananarive  le  porc  le  plus  gras  ne  coiiieque  'i  fr- 
Ou  pourrait  tirer  aussi  quelque  parti  dans  le  com- 
merce des  jambons  et  des  soies  de  sangliers,  ces 
animaux  étant  très-nombreux  dans  toutes  les  parties 
de  Madagascar. 

L'indigotier  et  le  colunnier  des  meilleures  esjiéces 
sont  indigènes  à  Madagascar;  le  calier,  le  girofle,  y 
ont  parfaitement  réussi,  et  le  poivrier  y  vient  anssi 
bien  qu'à  Sumatra.  La  vigne  ne  se  trouve  pas  ailleurs 


I)1CTI0^NA1UE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


615 

que  sur  le  terriioire  d'Eniirne,  d'uii  il  esl  probable 
(jii'i'lle  esi  originaire;  le  raisin  qu'elle  produit  de- 
vrait être  bon  si  les  Hovas  le  laissaient  mûrir,  et  on 
en  récolterait  assez  pour  faire  du  vin  qni  vaudrait 
peiii-ètre  celui  du  capdeBoniie-Espérance.— Les  mi- 
néraux sont  aussi  ricbes  à  Madagascar  que  les  végé- 
taux y  sont  variés  :  on  voit  en  plusieurs  endroits  de 
l'île,  mais  particulièrement  sur  les  moniagnes  de 
Bey-Foiir,  de  beau  cristal  dont  l'éclat  produit  au  so- 
le 1  un  elTet  merveilleux.  Plusieurs  moniagnes  de  Ma- 
dagascar renferment  dans  leur  sein  d'excellent  fer, 
de  l'étaiii  vl  de  l'or,  dont  les  mines  vaudraient  la 
peine  d'èire  exploitées.  On  voit  dans  la  vallée  d'Am- 
Luutp,  près  du  fort  Dauphin,  à  Bout-Zanaar,  sur  la 
route  de  Tan^iave  à  Einirne,  et  en  d'autres  lieux,  des 
sources  d'eaux  thermales  ferrugineuses  ;  et  dans  un 
pays  à  qui  la  nature  semble  avoir  tout  accordé,  on 
finirait  peut-être  par  découvrir  la  bouille,  qui  serait 
d'une  utilité  immense  aux  bàiiiiients  à  vapeur  qui 
vont  dans  l'Inde  (I). 

Cei  endant  la  populalion  de  Madagascar  est  loin 
d'être  en  rapfiort  avec  son  étendue  et  la  richesse  de 
&es  pmduits;  cetie  abondai. ce  e:tt  peut-être  la  cause 
de  l'apaihie  de  quelques  peuplades  fixées  dans  les 
conirées  les  plus  lavori^ée5.  Plusieurs  causes  nous 
ont  paru  supposera  l'accroissement  de  la  population 
de  cette  île;  la  principale  était  la  iraiie  des  esclaves; 
aujourd'hui  qu'elle  a  cessé,  nous  n'avons  plus  à  in- 
diquer que  les  épreuves  du  languin  et  du  caïman,  et 
l'usage  barbare,  con-ervé  eucore  par  plusieurs  peu- 
plades de  Madagascar,  de  laisser  mourir  les  enfanis 
Dés  à  des  jours  malheureux  ou  à  des  heures  répuiées 
sitiislres.  Quoi  qu'il  eu  soii,  les  côtes  sont  beaucoup 
moins  peuplées  que  l'iniérieur.  La  population  du 
royaume  d'Eniirne  (2)  ne  s'élève  pas  pjr  elle-même 
à  plus  de  1JO,000  ànies  ;  mais,  en  y  comprenant  tous 
les  peuples  qui  lui  sont  soumis,  elle  peut  êire  de 
1,500,000  âmes.  Les  Sacalaves  et  les  peuplades  en- 
core indépendanies  forment  tout  au  plus  2,OO0,O;  0 
d'âmes;  ainsi,  depuis  t'aboliiioii  de  la  traite  des  es- 
claves, on  peut  évaluer  la  populalion  de  l'ile  entière 
à  3,500,000  individus. 

L'ile  de  Madagascar  éiaut  sous  le  vent  de  Maurice 
et  de  lîourbon,  dont  elle  n'est  éloigné  que  de  560kil., 
sa  position  géographique  assure  aux  navigateurs  de 
Ces  colonies  des  traversées  heureuses  et  faciles  qui 
durent  rarement  plus  de  quatre  à  cinq  jours  quand 
ils  abordent  à  la  côte  orientale,  et  di.x  à  douze  jours 
quand  Ils  en  reviennent, à  moins  qu'ayaut  été  attirés 

(1)  Voir  Rochon,  Voyage  aux  Indes-Orientales, 
pag.  S. 

(2)  C'est  à  tort  que  plusieurs  caries  présentent 
Emiriie  comme  une  ville;  t'est  le  nom  d'un  myaume, 
d'un  Elat  puissant,  dont  la  capitale  est  Tananarive. 
Le  royaume  d'Emii  ne  prend  son  nom  d'une  grande 
rivière  (|iii  le  ir.ner»e,  et  se  jet:e  dans  le  Mangourou 
qui  pa>»e  dans  le  pays  des  Anlatchimes  et  près  de  la 
ville  d'Auboudéhar,  sa  capitale,  située  dans  l'inié- 
rieur, à  me  jnurnée  de  niarciie,  dans  le  sud-ouesl 
de  MauDiirou.  Le  gouverueiiienl  de  Maurice  avant 
Toulu  s'assurer  s'il  êiait  possible  de  faire  un  port  a 


616 


dans  l'ouest,  ils  n'aient  à  lulier,  pour  gagner  Mau- 
rice ou  Bourbon,  contre  les  venis  contraires  et  les 
courants  violents  qu'ils  sont  presque  toujours  sûrs 
de  rencontrer  au  cap  d'Ambre  ou  au  cap  S.iinte-Ma- 
rie,  quand  ils  ont  à  doubler  ces  caps  en  quittant  la 
côte  occidentale. 

Tous  les  avantages  maritimes  et  commerciaux  que 
nous  venons  de  signaler  aiiirérent ,  dès  l'an  1642, 
l'alteniion  de  la  France,  et  pendant  prés  de  deuisiè" 
clés  les  Français  lurent  seuls  en  possession  de  ci>m'- 
niercer  sur  la  côte  orientale  de  Madagascar.  Ils  y 
fondèrent  successi»ement  divers  établissements  qui, 
depuis  1667  jusqu'en  1671  ,  dépendirent  du  fort 
Dauphin,  chef-lieu  des  possessions  orientales  de  la 
compagnie  des  Indes,  et  résidence  d'un  gouverneur 
général  et  d'un  conseil  souverai  i.  Depuis  178b,  après 
l'abandon  momentané  de  ces  établissements  néces- 
sité par  des  circonstances  locales,  la  France  n'eut  plus 
à  Madagascar  que  quelques  postes  de  traite  néces- 
saires pour  assurer  l'approvisionnement  de  l'ile  da 
France  et  de  [iourbon  en  riz,  bœufs  et  salai- 
sons. (3).  Les  plus  considérables  de  ces  postes,  qui 
étaient  pendant  les  guerres  de  lempire  à  Foulpulule 
et  à  Tamatave,  où  un  agent  commerçai  et  quelques 
soldats  les  protégeaient,  tombèrent  en  1811  au  pou- 
voir des  Anglais;  mais  le  traité  de  Paris,  du  30  mai 
1814,  ayant  rendu  à  la  France  tous  ses  drnits  sur 
Madagascar,elle  se  décida, ayant  perdu  l'ile  de  France, 
à  rentrer  dans  ses  anciennes  pos»es.>ions,  p'sses- 
sions  qu'elle  a  cessé  d'occuper,  à  l'exception  de  la 
petite  ile  de  Sainie-Marie,  où  elle  conserve  encore 
un  poste  militaire. 

On  sait  que,  dans  les  temps  anciens,  les  exactions 
de  quelques  agents  de  la  compagnie  et  les  moyens 
de  rigueur  qu'ils  employaient  contre  les  Malgaches, 
contribuèrent  à  la  ruine  de  nos  établissemeuis.  Mais 
la  principale  cause  de  nos  désastres  l'ut  la  division 
des  peuplades  de  l'ile  et  l'état  de  guerre  permanent 
dans  lequel  elles  vivaient  entre  elles.  On  compren- 
dra facilemeiil  que  cet  état  de  choses  ne  pouvait  of- 
frir aucuue  garantie  au  commerce  ;  car  si  les  Fran- 
çais faisaient  un  jour  un  iraité  avec  le  chef  d'une 
peuplade,  fe  iraité  avait  si  peu  de  valeur,  que  sou- 
vent, dès  le  lendemain,  une  petite  puissance  voisine 
de  celle  avec  laquelle  on  venait  de  contracter 
envahissait  le  lerriioire  de  celle-ci,  et  substituait 
son  autorité  à  la  sienne.  D'un  autre  côié,  il  était  im- 
possible de  coniiaitre  les  ressources  du  pays  et  ses 
besoins,  puisqu'on  n'aurait  pas  pu,  sans  s'exp  serau 

.Manourou,  y  envoya,  en  1821,  un  incé  ieiir  accom- 
pagné de  son  agent,  M.  Hastey.  Ces  me^sieur^  éiarent 
protégés  dans  leur  expluratlo.i  par  un  :  division  de 
troupes  hovas,  commandée  par  le  prince  Italaialah, 
car  on  avait  fait  conipr--iidre  à  Kadama  que,  si  les 
travaux  proje  es  à  Manourou  étaient  reconnus  pra- 
ticables. Il  aurait  un  jour,  parla  rivière  d'tniiine,  le 
Mangourou  et  la  rivière  de  Manourou,  un  débouché 
pour  les  produits  de  son  pays. 

(3)  Précis  sur  tes  élablissenients  (rançuii  formét  à 
Madagascar,  imprimé  par  ordre  rie  ramiral  Duperré, 
ministre  de  la  marine,  p.  2. 


Cii 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


818 


pillage,  voyager  dans  l'intérieur  et  parcourir  des 
peuplades  qui,  étant  toutes  en  gueire  mire  elles, 
D'auriii«>nt  pas  manqué  de  punir  nos  agents  des  nia- 
lions  qu'ils  auraient  eues  avec  leurs  ei^tiemis,  et  de 
riiospitaliié  qu'ils  leur  auraient  accordée.  Les  (lèvres 
eiidé  iiiqurs  qui  alTaiblissaieiit  nos  garnisons  se  joi- 
gnirent à  ces  fan>es  pour  nous  élnigner  de  Sladag  's- 
car;  car  la  Fratice  avait  inallieurt  useniful  cluiisi 
pour  londer  ses  Ptalilissenients  la  partie  la  plus  mal- 
saine de  l'ile,  uii  les  marais  soni  presqui>  part<iui  au- 
des'i'usdu  nivciiu  de  la  mer.  Il  eût  éié  cependant 
fac  le  d"y  fonder  des  cl  biissenietiis  dur.ibles,  si  un 
s'é  ait  un  i>eu  plus  occupé  de  répandre  parmi  li-s 
iiiiligénes  les  connaissance^  qui  leur  sont  nécessai- 
res pour  prép.irer  el  pieire  en  valeur  les  diverses 
sub-ilances  que  pruduit  leur  pays.  L'insalubrité  d'une 
partie  de  l'ile  ne  devait  pas  éire  ui  obstacle  à  sa  co- 
lonisation, si  l'on  a\ ail  pu  compter  sur  l'assistance 
des  populations;  car  avec  leur  concmirs  il  eut  été 
possible  d'obtenir  pour  Sun  assamissemeiit  les  mêmes 
résii>iuts  que  les  Hollandais  oui  nbtei<us  à  Jiva,  où 
ils  sont  parvenus  à  faire  une  colonie  saine  et  flmis- 
sauie,  quoique  cette  ile  soit  bejucoiip  moins  grande 
et  moins  férule  que  Madagascar  et  qu'elle  lût  d'a- 
bord p'uo  malsaine. 

Le  peuple  liova, conquérant  et  dominateur  aujnur- 
d'Iiiii  de  la  plus  grande  partie  de  Madagascar,  doit 
probablement  son  origine  à  l'une  de  ces  ass' dations 
malaises  qui  émigréreni  dans  les  temps  reculés  et  fu- 
rent s'établir  dans  la  p'upan  des  îles  de  l'Océanie. 
Les  traits,  la  langue,  la  couleur,  les  cheveux  et  les 
habitudes  des  Hovas  viennent  à  l'appui  de  cette  opi- 
nion, coiilirmée  d'ailleurs  par  la  tradition  des  autres 
Magaches,  qui  n'ont  aucune  ressemblance  avec  eux. 
Le  peuple  hova  vécut  jusqu'au  ronimencement  de  ce 
siècle  dans  le  mépris  que  lui  valaient  de  la  part  des 
peuplades  indigènes  son  caracière  particulier  et  sa 
qualité  d'étranger.  Cependant  dès  IKOS  il  commença 
à  sortir  d'une  manière  sensible  de  cet  état  de  mi- 
sère ei  d'alijeciion.  Ce  fm  à  Danampouine,  père  de 
Radatna,  qu'il  dut  sa  pieniière  oganisaiion  sociale 
el  ses  succès  à  la  guerre,  qui  le  rendirent  bientôt 
redoutable  ii  ses  voisins. 

Quoique  celle  peuplade  ne  fut  pas  nombreuse  el 
que  son  territoire  n'eût  pas  une  grande  étendue , 
elle  avait  sur  les  Malgaches  encore  sauvages  l'ascen- 
dant que  donne  toujours  à  un  grand  nombre  de  for- 
ces individiiplles  une  seule  volonlé  qui  les  dirige  : 
cet  étal  résultait  d'un  coinniencement  de  civilisation 
qu'elle  avait  sans  doute  apporté  de  sa  patrie  primi- 
tive. Les  Hovas  connaissaient  les  métanv  et  leur 
usage;  ils  exploitaient  des  mines  et  cultivaient  le 
sol  fertile  qui  les  nourrissait  avant  qu'ils  eussent 
communiqué  avec  aucun  Européen.  Leurs  mœurs 
étaient  bien  différenies  aussi  de  celles  des  Malga- 
ches qu'ils  commençaient  à  siibju^'ier.  Ceu\-ci,  jeu 
occupés  de  l'avenir  pourvu  qu'ils  eussent  des  fruits, 
du  riï  et  de  l'eau,  élaie.t  sans  ambition  et  sans 
•mour-propre  ;   tandis    que  les  Hovas.    envieux  de 

DlCTIOMNAll^Ii;    DE  GÉOGRAPHIE  ECCl.  II. 


tous  les  objets  étrangers  qui  llattaieiit  leur  vae, 
étaient  capaliles  d'un  travail  assidu  pour  se  les  pro- 
curer :  des  pensées  de  domination  el  de  fortune  ve- 
naient déjà  troubler  leur  sommeil,  et  quelques  an- 
néi'S  plus  lard  ils  étaient  devenus  admirateurs  en- 
thousiastes de  ni'S  usages,  de  nos  vêlements  et  des 
produits  de  noire  indus  rie  et  de  nos  arts. 

Had.ima,  qui  clierctiaii  a  attirer  dans  son  nouvel 
empiie  d.s  élranirer  capables,  réiissii  à  se  procurer 
quelques  ouvrieis  de  .Maurice.  Ce  piiic",  l't  la  i  lu- 
pai  t  des  grands  qui  l't  niouruieoi,  avaient  déj:»  d.ins 
leurs  maisons  une  partie  des  coinmodi  ésdonilesgens 
aisés  ne  se  passent  pas  en  Kuiope,  ei  ils  i  liercliaieuc 
à  se  pnicurer  à  tout  prix  les  superfluiiés  et  Itj  ob- 
jets de  luxe  recherchés  par  les  babi.auis  de  nos  ci- 
tés. 

Cependant  l'empire  malgache  que  Uianamponine 
avait  fondé  prit  un  accroissEiue ^t  rapide  sous  Ra- 
dama  :  ce  prince  parcourait  l'ile  pe -d  mt  six  mois  de 
l'année  à  la  têie  de  ses  légions  vii  lorieuses  qu'un 
Soldat  mulà're  avait  instruites  el  disciplinées;  il 
établit  bientôt  dans  ses  quatre  parties  pr  ncipales 
des  garnisons  et  des  gouverneurs  généiaux,  chargés 
de  inainteiiir  en  son  absence  les  populations  qu'il 
avait  soumises.  Ces  sortes  de  proeoinuls  interve- 
naient toujours  eu  son  nom  dans  les  affaiies  civiles 
et  administiatives  du  pays,  quand  elles  étaient  d'un 
ordre  élevé.  Les  résidences  de  ces  gouverneurs,  en- 
core les  mêmes  aujourd'hui,  sont  :  faniative,  Foul- 
poiiite,  le  fort  Dauphin  et  Ma/aiigaye. 

Radama  passait  dans  sa  capitale  le  reste  de  l'an- 
née, et  l'employait  ntilement  :  c'était  pendant  la 
saison  des  orages  et  des  inondations  qu'il  préparait 
des  conquêtes  nouvelles,  et  qu'il  s'occupait  sans  re- 
lâche de  la  législation  et  de  l'instruction  de  son 
peuple.  Un  code  militaire,  qu'il  rédigea  pour  ses 
armées,  devait  sufiire  .à  un  piysoù  lout  le  monde 
était  soldai  et  soumis  à  la  volonlé  d'un  seul  homme. 
Hadama  établit  à  la  même  époque,  sous  la  direction 
d'un  sf.rgent  français,  son  instituteur,  des  écoles 
publiques,  où  les  vieillards,  comme  les  enfants, 
étaient  admis  gratuitement,  et  il  ordonna  que  hes 
caractères  français,  qu'il  trouvait  plus  simples  et 
plus  commodes  que  ceux  des  Arabes,  seraient  em- 
ployés pour  écrire  le  malgache  :  ils  sont  encore  en 
usage  aujourd'hui.  Des  hommes  d,-  cinquante  et 
soixante  ans,  de  vieux  guerriers  et  de-  courtisans, 
voyant  la  néeessité  d'étudier  pour  plaire  au  prince 
et  pour  conserver  leurs  emplois,  apprirent  eo  peu  de 
temps  à  lire  et  àéciire,  ei  en  ijoelqnes  nnnées  celle 
éducation  i  remière,  regardée  à  Kmirne  connue  in- 
dispensable, se  propagea  de  caste  en  caste  jusqu'à 
celle  des  Ciron  las,  qui  est  la  derniè'^e  et  la  moins 
considérée,  liieutôi  il  fut  possible  de  faire  le  dénom- 
brement de  la  nation  huva  et  des  peuples  qu'elle 
avait  conquis.  Kadaraa  organisa  des  ailininistrations, 
et  ht  constater  sur  des  registres  les  naissances  el  les 
décès  ;  l'impôt  fut  réparti  et  perçu  avec  plus  d'ordre 
qu'auparavant  par  des  employés  spéciaux,  et  bientôt 
20 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


619 

une  ligne  de  douanes  (ui  établie  sur  les  côtes  et  pro- 
tégée par  les  troupes  du  roi. 

Radania  étant  mort  en  18i8,  non  pas  empoisonné 
par  une  de  ses  fenimrs  ,  ainsi  que  l'ont  prétendu 
quelques  personnes  mal  informées,  le  pouvoir  éclmt 
à  Ranavale  ,  sa  sœur  consanguine  et  sa  Vudy-Bey 
ou  priiicip:ile  lenime.  Le  nouveau  gouvernenieiii 
conserva  ce  que  le  feu  roi  avait  pris  ,  mais  il  ne 
chercha  pas  à  fuire  de  nouvelles  conquêtes.  Sa  do- 
mination s'étendait  déjà  sur  l'ile  entière ,  moins  une 
partie  de  l'ouest  et  quelques  peuplades  guerrières 
du  sud  établies  entre  le  fort  Dauphin  et  Manahar. 
La  reine  reconnut  et  approuva  le  traité  d'alliance 
et  de  commerce  fait  par  son  époux  avec  les  S;ica- 
laves  du  sud  ,  et  malgré  la  défiance  que  son  peuple 
et  son  gouvernement  avaient  conçue  <  outre  les  An- 
glais, malgré  des  préventions  dont  la  date  était  an- 
cienne ,  elle  senipiessa  de  ratilier  les  traités  laits 
avec  eux  par  son  prédécesseur  pour  l'abolition  de  la 
traite  des  esclaves,  quuiiju'ils  ne  fussent  pas  à  l'a- 
vaniage  de  son  pays. 

Lorsque  la  France  voulut  rentrer,  en  1829,  dans 
ses  possessions  de  Madagascar  ,  occupées  depuis 
longtemps  par  les  troupes  d'Emirne,  l'ancien  ordre 
de  choses  était  totalement  changé  :  elle  trouva  ces 
misérables  peuplades  qu'elle  avait  vues  jadis  disper- 
sées et  pres(|ue  nomades,  réunies  en  corps  de  nation, 
et  des  armées  régulières  disposées  ,i  lui  ré.-.ist(;r. 

La  population  malgache  est  conipo>ee,  comme 
oous  l'avons  dit,  de  deux  nation»  dillérentes  :  l'une  , 
qui  est  d'origioe  étrangère,  s'est  rendue  maitrcsse 
de  la  plus  grande  partie  de  l'île  :  c'est  le  peuple  liova, 
chez  qui  la  civilisation  fait  cliaipie  jour  des  progrès 
nouveaux..  Ce  peuple  dominateur  est  le  seul  à  .Mada- 
gascar qui  connaisse  l'usage  île  l'argent  monnayé  , 
qu'il  emploie  pour  les  ventes  et  les  achats  ;  n'..yant 
pas  de  billon,  il  coupe  la  piaslred'hspagne  en  so  xanie 
parties  qui  le  remplacent.  On  ne  seia  pas  étoiuié  de 
l'abondance  du  numéraire  à  Eniirne  ,  si  l'on  remar- 
que que  depuis  des  siècles  presque  tous  les  esclaves 
tirés  de  Madagascar  par  les  colonies  de  .Maurice  et  de 
Bourbon  ont  été  v.  iidus  pa.-  les  Hovas,  qui  s'étaient 
faits  les  courtiers  de  ce  trafic,  ei  payés  moitié  en  ar- 
gent, moitié  en  m:irchandises.  L'autre  partie  de  la 
population  malgache  est  composée  d'indigènes  pres- 
que sauvages,  pour  lesquels  la  civilisation  n'a  pas 
encore  paru  jusqu'à  présent  avoir  beaucoup  d'al- 
iraits.  C'est  avec  ceux-ci  que  se  fait  un  commerce 
d'échange  très-avantageux.  On  peut  comprendre 
parmi  les  (leuplades  indigènes  plusieurs  colonies  de 
Juifs  et  d'Arabes  établies  depuis  les  temps  leculés 
en  diverses  localités  ;  ces  étrangers  ,  avant  oublié  la 
plupart  des  usages  de  leurs  ancêtres,  sont  tombés 
dans  un  étal  d'abrutissement  pres(|ue  égal  à  celui 
des  peuples  avec  lesquels  ils  se  sont  mêlés.  Les  Ca- 
fres  venus  de  l'intér,eur  de  l'Afrique,  et  établis  dans 
l'ouest  de  iMadagascar ,  peuvent  être  placés  dans  la 
même  catégorie. 

Voici  comment  le  commerce  d'échange  se  fait  à 


620 


Madagascar.  Aussitôt  qu'on  s'établit  s<ir  un  point  , 
{■n  fait  venir  chez  le  chef  du  lieu  où  l'on  s'est  fixé 
des  honnnes  libres  et  aisés  du  pays  qu'on  appelle 
commandeurs  ;  on  en  prend  vingt ,  trente,  quarante, 
suivant  la  quantité  de  marchandises  que  l'on  veut 
écouler  ;  on  remet  à  chacun  de  ces  coiomandeurs  , 
en  présence  du  chef,  les  marchandises  que  l'on  sait 
convenables  pour  acheter  deux  ou  trois  cents  bœufs, 
chez  telle  peuplade  dont  on  connaît  le  goût  et  les 
ressources.  Lorsque  chacun  a  reçu  son  lot,  qu'on  ap- 
pelle antouc,  le  chef  fait  tuer  un  bœuf,  et  tous  les 
commandeurs  ,  plongeant  successivement  leurs  sa- 
gayes  :lans  ses  flancs,  jurent  d'administrer  avec  éco- 
nomie tt  fidélité  les  intérêts  ({u'oii  leur  a  confiés  ; 
ils  s'obligent  à  laisser  pour  garantie  de  leur  gestion 
leurs  familles  et  leuis  troupeaux,  qui  doivent  rester 
sous  la  main  du  chef  jusqu'à  leur  retour  :  ils  met- 
tent ensuite  le  diine  sur  ce  même  chef.  Le  dime  est 
une  imprécation  d'une  liaiiie  portée  à  Madagascar  , 
et  il  est  très-rare  qu'un  ne  suit  pas  sur  d'un  homme 
qui  a  prêté  ce  serment  terrible,  conçu  à  peu  près  eu 
ces  ternies  :  i  Que  le  chef  un  tel  meure  ;  que  sou 
corps  soit  la  pâture  des  caïmans  et  des  oiseaux  de 
pro.e;  que  sa  postérité,  inauiiuani  d'eau  et  de  riz  , 
soit  dévorée  par  les  chiens  des  forêts  ,  si  je  fais  le 
moindre  tort  au  blanc  qui  m'a  confié  ses  marchan- 
dises pour  être  échangées  contre  les  pioductions  de 
notre  p..ys.  > 

Ce  serment  prèle,  chacun  des  comm  .ndeurs  s'ad- 
joint trois  ou  quatre  hoinines  de  peine  que  l'un  ap- 
pelle marmites.  On  donne  par  mois  à  cliacun  de  ces 
marin, tes  .iU  grains  de  cidl  ers,  qui  ne  revienneat 
pas  ensemlile  à  plus  d'un  Iranc.  Lorsque  toutes  les 
marchandises  sont  divisées  en  petits  lots  et  embal- 
lées iians  des  feuilles  de  vakoua  pour  les  préserver 
de  l'humidité  qui  pourrait  les  altérer  pendant  le 
voyage,  on  les  dirige  vers  les  divers  lieux  de  leur 
expédition.  —  Le  salaire  qu  il  est  d'usage  d'allouer 
à  chacun  de  ces  commandeurs  consiste  en  tO  grains 
de  colliers  par  mois,  plus  10  grains  pour  leur  dé- 
pense, ce  qui  forme  une  musbC  dont  la  valeur  eu 
fabiique  est  de  '2  francs  tout  au  plus.  —  Nous  n'a- 
vons jamais  piis  à  Madagascar  plus  d'un  homme  par 
oO  bœufs  pour  conduire  un  troupeau  dans  les  sen- 
tiers les  plus  dilltciles  ,  et  nous  ne  perdions  jamais 
plus  de  quatre  à  cinq  de  ces  animaux  sur  cent  , 
dans  un  voyage  de  ■'S2U  à  4U0  kil.  ;  deux  ou  troii 
étaient  enle\ es  la  nuit  pai  les  caïmans;  les  autres 
mouraient  de  fatigue,  et  leur  chair  boucanée  servait 
à  nourrir  les  hommes  de  l'expédition.  —  H  est  rare 
que  de  telles  expéditions  durent  pins  de  deux  mois, 
à  moins  (|n'uii  couimandeur  ne  >oit  arrêté  par  quel- 
que chel  cupide  ou  retenu  par  un  saluil  ou  procès  ; 
ce  qu'il  est  facile  d'éviter  en  gagnant  par  des  pié< 
senis  de  peu  de  valeur  l'amitié  des  chefs  puissants  , 
ceux  qui  sont  à  redouter  dépendant  presque  toujours 
de  ceux-là. 

Les  Malgaches  donnent  à  l'une  des  parties  princi- 
pales de  la  ha  e  D  égo  Suarès  le  nom  de  DomouiIi- 


eu 


GEOGRAI'UIE  DES  LEGENDES  AU  MOVEN  AGE. 


6M 


vota,  qui  signifie  baie  des  t'raiifais.  Vata  est  en 
effet  le  nom  par  lei)iiel  ils  désigiienl  le-;  Fi'aiiç;iis  , 
en  disliiigiianl ,  quand  il  y  a  leu  ,  les  Vasa  fnuUUi 
ou  Français  hlaucs,  qui  sont  les  colons  des  iles  de 
Fiance  et  de  Bourbon  ,  des  Vasd-iiiinty  ou  Français 
noirs  ,  qui  sont  les  gens  de  couleur  de  ces  mêmes 
iles  ;  quant  aux  Fr:inçais  d'Eurpe  ,  ils  les  appel- 
lent Vuia  amni  laiiy  beij,  ou  Français  de  la  grande 
terre.  Pour  les  Anglais  ,  ils  les  iiomment  EnguiUsch. 
Les  lialiiianis  de  la  baie  de  Dlégo-Suaiès ,  ainsi 
que  tous  les  Malgaches  du  Nord  ,  depuis  la  rivière 
Soninlia-Ranoii  dans  la  baie  de  Possondava  jusqu'à 
celle  d"Ankal;iva,  sont  connus  snus  le  nom  d'Anian- 
cares.  Leurs  traiis  el  leurs  habitudes  sont  prcsipie 
les  mêmes  que  ceux  des  Malgaches  de  l'ouest  ,  mais 
ils  sont  encore  plus  sauvages  qu'eux  depuis  le  port 
Lonquet '}4is>|u'au  cap  d'Ambre;  ils  sont  plus  nnirs 
quelesJlessimtsaras  et  les  âniiivanvtz  ;  leurs  lèvres 
sont  plus  larges  ,  leur  nez  plus  épaté,  et  |ires(|ue 
tous  ont  des  clieveux  laineux ,  ce  qui  donne  lien  de 
penser  qu'ils  se  sont  mêlés  avec  les  Cafres  ,  d'.iil- 
leurs  plusieurs  mots  du  langage  de  ces  pi  n|des  eu 
usage  à  la  b  lie  de  Diégo-Suarés  prouvent  qu'ils  ont 
eu  des  rapiwrts  lréi|Hents  et  suivis  avec  les  Afri- 
cains. —  Les  Aniancares  sont  plus  laciturnes  et 
niiiins  tracassiers  que  les  autres  M.ilgaches;  on  doit 
convenir  aussi  (|u'ils  sont  moins  inielligenls  et  moins 
adroits.  Ils  reconnaissaient  autrefois  la  suprématie 
d'un  chef,  que  les  llov:is  ont  vaincu  et  soumis.  Au 
reste  ,  l'espèce  d'honiniage  qu'ils  rendaient  à  ce 
chef  ne  les  obligeait  à  riin  ,  pas  ntèuie  à  lui  payer 
irihnt;  les  habitants  de  chacun  de  leurs  villages 
obéissent  à  un  vieillard  qu'ils  clioisisseiit  eux-mê- 
mes. Celte  sorte  de  patriarche,  assisté  d'un  conseil 
composé  des  plus  anciens,  décide  de  toutes  les  affai- 
res de  la  petite  société. 

On  ne  trouve  pas  à  la  b.iie  de  Diégo-Suarès,  elen 
général  dans  tout  le  nord  ,  de  grandes  associations 
d'hommes,  comme  diins  certaines  contrées  de  l'ile. 
Li»,  ou  ne  voit  que  de  uiiséiables  villages  composés 
de  vingt  ou  irente  cases,  petites  et  peu  solides.  Ces 
peuples  n'ont  aucune  idée  de  l;i  culture,  qui  cependiint 
devrait  mieux  réussir  chez  eux  qu'ailleurs  s'ils  vou- 
laient s'y  livrer,  car  ils  ont  de  bonnes  tei  res  végétales 
qui  n'allendenl  que  les  travaux  de  l'homine  pour 
devenir  productives,  et  qui  sont  d'autant  plus  pré- 
cieuses, que  ce  pays  étant  moins  marécageux  que  la 
partie  de  l'ile  fréi|uentée  par  les  Européens,  on  n'y 
aurait  pas  à  craindre  les  inondations  qui  fout  sou- 
vent du  lort  aux  plantations  de  la  cote  de  l'est  et  du 
sud. 

Les  Aniancares,  trouvant  dans  leurs  rivières  et 
sur  leurs  côtes  qui  sont  très-poissonneuses  ,  une 
nourriture  abondante,  ciiliivent  très-peu  de  riz,  des 
igiiaïues  qu'ils  nomment  caiibarres,  et  des  citrouilles 
qui  font  avec  du  bœuf  bouilli  la  base  de  leur  nour- 
i  ture.  Ces  peuples  ne  voyagent  pas  hors  des  limites 

(1)  A  Madagascar,  l'hiveruige  coniuieiice  avec  la 
mousson  du  nord-est,  au  cominenccmenl  du  mois  de 


de  leur  province,  et  cependant  ils  sont  peu  atiachéB 
au  sol  où  ils  sont  nés.  La  construction  de  leurs  cases 
exige  si  peu  de  temps  et  de  soins  ,  qu'ils  le^  aban- 
donnent souvent  pour  aller  s'établir  et  en  bâtir  de 
nouvelles  dans  des  liewx  qui  sont  plus  à  leur  conve- 
nance. —  Leurs  usages  sont  les  mêmes  que  ceux  des 
autres  Malgaches,  à  quelques  dlHérences  près;  mais 
ils  sont  en  général  plus  malpropres  et  plus  mal 
vêtus.  Leur  habillement  consiste  en  nattes  grossières 
qu'ils  tressent  eux-mêmes  ;  ils  fabriquent  aussi 
quelques  toiles  de  rafia,  qu'ils  teignent  en  rouge, 
bleu  et  vert.  Ces  couleurs  sont  de  la  plus  grande 
beauté;  mais  ils  travaillent  si  lentement,  que  peu  de 
personnes  peuvent  s'en  procurer. 

L'arrack  est  une  boisson  très-précieuse  à  Mada- 
gascar, et  dont  aucun  commerçant  ne  pourrait  se 
passer.  Maliieiireusenienl  les  indigènes  ont  tant  de 
goût  pour  ce  spiritueux  ,  qu'ils  donneraient  tout  ce 
qn'ils  possèdent,  el  se  vendraient  eux-uièmes  pour 
s'en  procurer.  On  leur  vend  la  bouteille  d'arrack 
1  fr.  25  c,  en  quelques  endroits  2  fr.  25  c.,et  même 
jusqu'à  1  piastre  d'Espagne,  représentée  en  produits 
du  pays. 

Les  bœufs  forment  la  branche  de  commerce  la 
plus  sûre,  la  plus  étendue  et  la  plus  lucrative.  Lu 
bœuf  ne  coûte  pas  à  Madagascar  plus  d'une  masse  de 
colliers,  qui  vaut  en  Europe  2  francs  Les  meilleures 
parties  rie  la  chair  de  ces  bœufs,  salées  et  mises  en 
barils,  sont  envoyées  à  Manrice  et  à  Bouibon,  où  le 
quart  ou  baril  de  salaison  se  vend  toujours  de  12  h 
U  piastres  (60  ou  70  fr).  Le  nonibre  en  est  im- 
iiieiise.  La  première  contribution  de  guerre  que  leva 
Railama  à  Bomhéloc  ,  lorsqn'il  en  fit  la  conquête  en 
1^24,  fut  de  30,000  bœufs,  et  en  quatre  mois  cette 
coiitriboiion  fut  payée.  Un  ancien  chef  du  pays  de 
Sakaléon,  Vouhare,qui  n'était  pas  un  grand  potentat, 
avait  un  troupeau  déplus  de  12,000  bœufs;  les 
Malgaches,  dans  leur  langage  figuré,  disaient  que 
quand  ses  bœufs  marchaient,  le  s  ileit  étai!  obscurci 
parla  poussière  qu'ils  soulevaient.  Ou  fait  à  Mada- 
gascar deux  réc'dtes  de  riz  tous  les  ans;  la  plus 
considérable  a  lieu  pendant  l'hivernage  (1). 

Les  Malgaches  soni  en  général  intelligents,  adroits 
et  iiidii-trieux.  Ceux  qui  habitent  les  côtes  construi- 
sent (le  grandes  pirogues  en  planches  ,  ass^z  fortes 
pour  ré-isier  aux  vagues  de  l'Océ.m  ;  ils  s'en  servent 
pour  la  pèche  du  baleineau,  qu'ils  harponnent  avec 
beaucoup  de  courage  et  d'adresse  ;  ils  savent  aussi 
falirii|uer  des  toiles  de  diver-es  sortes;  mais  leurs 
métiers  sont  si  imparfaits ,  qu'il  leur  faut  plusieurs 
mois  pour  en  (aire  une  pièce.  Les  plus  belles  de  ces 
loiles,  ou  du  moins  les  plus  curieuses,  sont  connues 
dans  le  commerce  de  l'Inde  sous  le  nom  de  pagnes  : 
c'est  un  tissu  d'écorce  de  raîia;  les  autres  sont  <le 
colon  ou  de  soie. 

Cependant,  chez  les  llovas  ,  l'industrie  est  beau- 
coup plus  avancée  que  dans  les  autres  parties   de 


décembre,  el  finit  au  «omiiieiiceineiit  dt 
sud-est,  à  la  lin  de  mars. 


celle  du 


625 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


rile  et  que  sur  les  côtes  uièmes  :  nn  trouve  à  Eniirne 
des  cliarpeniieis  ,  des  forgerous ,  des  armurieis  et 
des  orfèvres.  Pendant  que  la  traite  des  esclaves  était 
permise,  c'était  ce  peuple  qui  fournissait  aux  habi- 
lanis  de  Maurice  et  de  Bourbon  leurs  meilleurs  ou- 
vriers. Quant  aux  Malgaches  de  la  côie  ,  l'usage  est 
de  les  payer  en  marchandises  et  de  les  louer  au 
mois;  et  quoiqu'il  ne  soit  pas  rare  qu'ils  continuent 
à  servir  les  Européens  pendant  plusieuis  années,  ils 
tiennent  à  se  réserver  la  faculté  de  les  quitter  à  la 
fin  de  chaque  lune.  On  les  paye  en  toile  de  colon 
bleue  ou  blanche  ou  en  verroterie  de  Venise;  mais 
il  est  beaucoup  plus  avantageux  de  leur  duniier  de 
ces  colliers ,  puisque  les  4  piastres  qui  leur  sont 
dues  par  mois  pour  leur  karam  ou  loyer  sont  repré- 
sentées par  40  grains,  qui   ne   reviendraient  pas  à 

I  fr.,  et  qu'il  faut  quatre  ou  huit  brasses  de  toile  pour 
représenter  la  même  valeur  (1). 

Les  Mdgaches  ne  cultivent  pas  le  blé,  quoiqu'il 
réussisse  fort  bien  dans  leurile.  La  canne  à  sucre,  le 
cafier,  le  giroflier  cl  le  poiviier  ont  bien  réussi  à 
Madagascar ,  où  on  en  trouve  quelques  plantations. 

Regnum  Acenorum,  royaume  d'Acheen,  ou  Acheni. 

II  est  situé  à  l'extrémité  nord-ouest  de  Si.matra  , 
une  des  îles  de  la  Sonde.  Des  divers  Etats  indépen- 
dants de  cette  grande  îli»,  il  est  celui  qui  a  joué  le 
rôle  le  plus  célèbre  dans  les  relations  des  Européens 
avec  Sumatra.  Les  voyageurs  des  xn"  et  xvii^  siè- 
cles ont  écrit  sur  le  royaume  d'Achcm  des  légendes 
vraiment  merveilleuses.  C'était,  suivant  eux,  la  con- 
trée de  la  chevalerie  malaise  musulmane. 

La  population  est  mahométane  et  de  race  ma- 
laise. On  y  voit  très-peu  de  chrétiens.  Les  sociétés 
bibliques  y  ont  fait  peu  de  progrès. 

Cet  Etat  s'étend  sur  la  côte  orientale  depuis  le  cap 
Acbem  jusqu'au  cap  Diamant  ;  sur  la  côte  occiden- 
tale jusqu'à  Barus  ;  au  sud-est  il  est  borné  par  la 
pays  des  Battas.  Une  chaîne  de  montagnes  ,  qui 
commence  au  cap  Achem  et  court  an  sud-est,  tra- 
verse ce  pays,  et  s'unit  aux  monts  Samponan.  Les 
points  les  pins  élevés  sont  le  mont  Eléphant,  les  caps 
Babnan,  Félix,  Labon.  Les  principales  rivières  sont 
la  Sinkel,  l'Anna  Labon  et  l'Achem.  Ce  royaume  se 
divise  en  193  districts,  dont  plusieurs  réunis  furinent 
un  gouvernement  ;  il  a  un  sol  léger  et  fertile,  qui 
abonde  en  riz,  ognons,  racines  et  fruits  du  tropique. 
On  y  voit  fourmiller  le  bétùl,  les  éléplunts,  dex- 
'  cellents  chevaux.  Les  élép-hants  sauvages  exercent 
de  grands  ravage»  dans  les  plantations  de  riz  et 
dans  les  champs.  On  y  obtient  de  bel  or.  Les  habi- 
tants, grands ,  robustes  et  braves  ,  ont  un  teint  plus 
basané  que  les  autres  insulaires  ;  ils  sont  aussi  plus 
fins,  plus  intelligents,  plus  industrieux  ;  mais  on  les 
accuse  d'avoir  un  caractère  bas  et  traîtie.  Bons  ma- 

(1)  La  brasse  est  une  mesure  malgache  :  c'est  un 
morceau  de  bois  dont  la  longueur  varie  selon  les 
conventions  que  l'on  fait  avec  le  chef  du  pays  où  l'on 
s'établit  pour   commercer;    cependant   il  "est  rare 


G24 

tins,  ils  emploient  un  grand  nombre  de  vaisseaux  à 
la  pèche  et  au  commerce.  Un  capitaine  doit  se  gar- 
der de  faire  connaître  aux  pirates,  avec  (jui  ce  peuple 
se  ligue,  que  son  vaisseau  est  sur  la  côte.  Les  liabi- 
tanis  fabriquent  une  espèce  d'étilfe  de  coton  Oleue  et 
blanche  que  portent  les  pins  riches  classes  ;  les  au- 
tres se  revêteni  de  lari^es  étoffes  de  madris  écrues. 
On  Ks  regarde  comme  assez  bons  mécaniciens,  con- 
naissant la  poulie,  la  vis,  le  cabestan  et  les  moyens 
d'oiiposer  une  fmce  snllisanle  pour  vaincre  les 
grands  obstacles.  Ils  fondent  de  petits  TumIs  longs, 
d'un  calibre  étroit,  nommés  rayilakka.  Dans  les  con- 
trées orientale*  ils  font  de  bons  filigrant-s  <'n  or  e!  nrg. 
Ils  parlent  le  malais.  Leurs  pr:ncipali's  expnrlai'ons 
consistent  en  or,  joaillerie,  soufre,  que  l'on  lire  de 
l'île  de  Pnlo-Way,  camphre,  poivre;  ils  importent 
opium,  étoffes  de  soie  du  Bengale,  coutellerie,  pou- 
dre à  canon,  armes,  verre  et  autres  objets  de  moin- 
dre coiiséi|nence. 

Ce  royaume  fait  un  commerce  considérable  avec 
les  Européens  et  les  nations  de  l'O  ieul  ;  mais  tout 
paye  un  droit  an  roi,  qui  exerce  un  mnno)  oie  sur  la 
veirt'"  en  gros  de  tout  l'opimu,  en  afferme  la  vente 
en  déiail  dans  tout  le  royaume;  outre  le  dioit,  il 
faut  encore  lui  faire  des  présents.  Les  habiants,  en 
général  mabomét^ms,  ont  nn  grand  nombre  di'  mos- 
quées, mais  petites  pnur  la  plupart.  Leur  gonviTne- 
ment  est  monarchique,  despotique  ei  bérédiraire  ; 
cependant  le  fils  pnîtré  rèitire  de  préférence  à  l'aîné, 
si  on  le  juge  plus  capable,  ce  qui  occasionne  de  fré- 
quentes guerres.  Les  lois  pénales  sont  d'une  ri- 
gueur extrême,  et  ne  frappent  que  les  pauvres,  les 
riches  ayant  dans  leur  fortune  assez  de  moyens 
pour  s'y  soustraire.  —  Le  roi  garde  ordinairement  au- 
tour de  sa  personne  100  cipayes  de  la  côte  de  Co- 
romandel  ;  les  sujets  l'appellent  {iiafi-Aifo,  ou  maître 
dans  le  gouvernement  des  affaires  d'Etat:  il  donne 
ses  ordres  à  une  femme  qui  siège  à  ses  pieds,  et  les 
communique  à  un  officier,  qui  les  proclame  tout 
haut.  Un  des  derniers  rois  ayant  envoyé  son  (ils 
aîné  faire  une  offrande  au  tombeau  de  Mahomet,  à 
Médine  et  a  la  Mikke,  le  vaisseau  relâcha  à  l'Ile  de 
France,  où  le  prince  acquit  quelque  connaissame  de 
la  langue  française  et  des  arts,  qui  devinrent  utiles  à 
ses  sujets  futurs.  Les  Portugais  connurent  le  royaume 
d'Ai  hem  en  1509.  Depuis  ce  temps  il  paraît  qu'on  a 
admis  les  lemmes  au  gouvernement.  L'Etat  a  subi  de 
grandes  révolutions  ;  et  en  ISGî  le  souverain  fut 
oliligé  de  s'enfuir.  Les  Anglais  visitèent  Achem  en 
1602  ;  ils  y  font  maintenant  le  coirmerce  tranquille- 
ment. Les  principales  villes  sont  Achem  ,  Pedir , 
Souinu  et  Sinkel. 

Achem,  capitale  du  même  royaume,  près  de  l'extré- 
mité nord-ouest  de  Sumatra,  sur  la  rivière  du  même 
nom,  est   située  à   une  lieue  de  la  mer,  dans  une 

qu'elle  soit  de  plus  d'une  aune  et  quart.  Ur  e 
biasse  de  toile  bleue  équivaut  à  une  piastre  à  Mada- 
gascar; il  faut  deux  brasses  de  toile  blancbe  pour 
représenter  la  même  valeur. 


«23 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


62« 


lai'ge  vallée  formée  par  un  ampliiihéâire  de  hauts 
rangs  de  collines  ;  elle  est  irrégulièrement  bâtie,  et 
contient  8U00  maisons  sur  pilotis,  pour  les  garantir 
des  inondations  soudaines  qui  couvrent  tout  le  pays. 
La  communication,  dans  ces  temps,  se  fait  par  des 
canots.  On  di^tin.uue  la  principale  rue,  un  peu  élevée 
ei  tablée  ;  mais  les  autres  sont  plates  et  sales  après 
l>  pluie.  Le  luilais  royal,  grossièrement  bâti  et  ceint 
d'une  forte  muraille  et  d'un  fossé,  est  hors  la  ville  , 
et  y  communiiiu'  par  une  route  et  un  canal  de  la  ri- 
vière Acheni.  Cette  ville  a  des  fonderies  de  canons. 
Elle  l'ait  un  bon  commerce  en  productiims  du  pays 
ciléus  ci-dessus  ;  i  Ile  prend  eu  retour  étoffes  de  co- 
lon, opium,  fer  et  aulies  denrées.  Il  n'y  a  que  les 
peiils  va  s  eaux  qui  puissent  aborder  à  la  vile,  parce 
qu'il  n'y  a  que  8  pieds  d'eau  dans  les  plus  hauies 
marées.  Tomes  les  ;iffaires  se  font  en  argent,  qui 
consiste  en  une  |  etile  innnuaie  d'or  de  la  grandeur 
d'une  pièce  de  dix  sous,  et  en  d'anires  monnaies  de 
diiïércnis  métaux.  Il  y  a  aussi  une  monnaie  natio- 
nale en  plomb,  pour  le  service  du  bazar.  Mais  le 
commerce  épiouve  quelque  obstacle  de  la  part  du 
roi,  qui  est  le  priiicipal  m.Trcliand  de  son  lùat.  En 
outre,  à  l'arrivée  des  (argaisous,  on  prélève  pour 
droit  1-2  p.  0|0.  Les  environs  de  celte  ville  sont 
peuplés  et  couveiis  de  villages  florissants  et  bien 
cu'tivés  :  les  provisions  de  tout  genre  y  abondent. 
Lat.  nord  5',  long,  est  9')°  40. 

Reliannn,  Reuss  ou  Reiitz,  principauté  d'Allema- 
gne. Ce  pays  est  li.>rné  au  nord  par  une  partie  du 
grand  duché  de  Saxe-Weimar,  à  l'est  car  le  royaume 
de  S:'\e,  ^iu  sud  par  la  Bavière,  à  l'ouest  par  celte 
dernièie  et  les  enclaves  de  Schwarzbonrg-Rudolsladt 
et  de  la  Pr  »se;  elle  a6U  kil.  de  long  sur  24  de  large, 
et  5  i  kil.  carré-,  y  cnnipris  le  distiict  de  Géra,  qui 
en  dépenl,  et  dnni  elle  e-t  séparée  par  une  partie  du 
grand-duché  de  Saxe-Weimar.  Les  princes  de  Reuss 
ont  en  outre  un  petit  territoire  enclavé  entre  le  du- 
ché di-  Saxe-Weimar  et  celui  d'Altenbonrg.  Le  sol 
est  montagneux,  et  plus  piO|ire  aux  pâturages  qu'au 
labourage  :  il  recèle  des  mines  de  cuivre,  d'argent, 
de  fer,  d'alun,  de  vitriol.  Son  industritî  consiste  en 
manufactures  d'éioffes,  de  toile,  cuirs,  coton,  quin- 
caillerie. Les  prin(  es  de  Reuss,  d'iipp  maison  irès- 
ancienne,  se  divisent  et  deux  branches  :  ReuvS-Greiz 
ou  brandie  ainée,  et  R.  uss-Lobenstein  ou  branche 
cadette.  Les  revenus  de  cetie  principauté  montent  à 
480,000  florins.  Elle  lournit  745  hommes  à  la  confé- 
dération. Elle  a  une  voix  à  la  diète  lédéiaiive  con- 
jointement avec  Hohenzollerii,  Lichtenstein,  Lippe 
et  Waldeik,  et  dmix  pour  elle  seule  à  la  diète  gé- 
nérale. Popul.  95,000  hab.,  la  plupart  luthériens. 

I  Renss-Greiz  (branche  ainée),  principauté  dAl- 
lemagiM-,  est  bornée  au  nord-ouest  et  au  nord  par 
une  partie  du  duché  de  Saxe-Weimar,  à  l'est  et  au 
sud  par  la  Saxe,  à  l'ouesi  par  la  branche  cadeite  ou 
Re.'ss-Lobensieiii  ;  elle  a  28  kil.  de  long  sur  20  de 


I  Reuss-Lobenstein-Ebersdorf  (branche  cadette), 
principauté  d'Allemagne,  est  bornée  au  nord  par  un» 
enclave  de  la  Prusse  et  une  partie  du  duché  de  Saxe- 
Weimar,  à  l'est  par  la  branche  aînée  de  Reuss  et  la 
Saxe,  au  sud  et  à  l'ouest  par  la  Bavière,  au  nord- 
ouest  par  une  enclave  de  Schwarzbourg-Rudolsiadt. 
Le  district  de  Hera  en  dépend.  Celte  branche  se  sub- 
divise en  deux  rameaux  :  Reuss-Schleiz  et  Reuss- 
Lobensiein-Ebersdorf.  La  première  a  108  kil.  carrés 
et  28,000  liab.  ;  la  deuxième  128  kil.  carrés  et 
27,000  hab.  On  y  trouve  des  montagnes  qui  renfer- 
ment des  mines  d'argent,  de  cuivre,  de  plomb,  de 
colbalt  et  d'alun. 

Les  princes  Reuss  dérivent  leur  origine  d'Eckberi, 
coDiie  d'Os'eroda  au  Harz,  qui  vécut  dans  la  seconde 
moitié  du  x^  siècle,  et  épousa  l'héritière  des  comtés 
deSchwarzenberg(dansrErzgebirge)  et  deGleissberg 
ou  Glilzlierg  en  Hesse.  Son  fils  ilenri  fut  nommé, 
vers  1084,  par  l'empereur  Henri  l\,  un  des  avoyers 
impériaux  dansce  qu'on  appelait  la  terre  des  avoyers 
(las  Voigttand.  Le  pays  ainsi  nommé  comprenait 
(outre  les  districts  qui  forment  aujourd'hui  la  prin- 
cipauté de  Reuss)  le  cercle  de  Voigtiand  du  royaume 
de  Saxe,  celui  de  Neustadt,  qui  a  été  partagé  de  nos 
jours  entre  la  Prusse  et  le  grand-duc  de  Saxe-Wei- 
mar, le  bailliage  de  Ronnebourg,  qui  est  au  duc  de 
Saxe-Goiha,  et  enfin  la  partie  de  la  principauté  de 
Bayreuih,  où  se  trouve  llof.  Les  avoyers  qui  gouver-- 
naient  cette  province  étaient  une  espèce  de  magisirat» 
détendants  de  l'électeur  palatin,  comme  chef  de  toute 
justice  eu  Etupire,  et  archiavoyer  (Erzrojyj).  D'après 
l'esprit  de  la  constitution  germanique,  la  place  d'a- 
voyer,  comme  toutes  les  fonctions  tenant  au  gouver- 
nement, était  une  véritable  charge  qu'on  conférait 
à  litre  de  fief,  et  à  laquelle  était  attaché  un  lerriiulie 
où  le  titulaire  exerçait  plus  ou  moins  de  droits.  L'é- 
poque où  le  comte  de  Glitzberg  fut  nommé  avoyer 
l'ut  précisément  celle  de  la  révolution,  par  laiiuelle 
tous  les  feudataires  qui  ne  tenaient  pas  encore  leurs 
bénéfices  à  titre  héréditaire  trouvèrent  moyen  de 
les  transmettre  à  leur  postérité.  —  Henri  III,  dit  le 
Riche,  son  petit-fils,  établit  un  de  ses  fils  avoyer  à 
Waida,  l'autre  à  Plaueii,  le  troisième  à  Greit/,,  le 
quatrième  à  Géra.  Ils  formèreul  autant  de  lignes 
régnantes  qui  s'éteignirent  successivement,  excepté 
celle  de  Plauen.  Henri  l'Aîné,  avoyer  à  Plauen,  fut 
nommé,  en  1-426,  par  l'empereur  Sigismond,  bour- 
grave  de  Misnie  et  prince  d'Empire.  Ce  bourgraviat 
est  différent  du  margraviat  de  Misnie.  Les  maigr.i- 
ves  avaient  été,  dans  l'origine,  des  commandants 
militaires,  les  bourgraves  des  juges.  Les  fiels  atta- 
chés au  bourgraviat  de  Misnie  consistaient  dans  la 
bailliage  de  Frauenstein,  situé  dans  l'Erzgebirge,  le 
comté  de  llartensiein,  et  la  seigneurie  de  Wildeid'els. 
La  ligue  de  Plauen  se  divisa  en  deux  branches  : 
celle  des  bourgraves  de  Misnie  et  celle  des  seigneuri 
de  Plauen.  La  première  vendit   le  bourgraviat  à 


large,   et   76  kil.  carrés.  Elle  fournil  des  grains  et      maison  de  Saxe,  et  dilapida  tellement  son  patrimoine, 
des  bestiaux,  ,|„-i  son  extinction,  en  1572,  elle  ne  transmit  à  I» 


631 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE 


branche  cadelle  que  la  partie  deVoigllanil  qui  lui  élait 
échue,  vingt-deux  ans  auparavant,  par  l'extinciioii 
de  la  ligne  de  Géra.  —  La  liranche  cadelle  de  la  ligne 
de  Pl;Hjen  est  la  maison  do  Reiiss,  encore  existante. 
Son  fondiieur,  Henri  le  Jiune,  avnyer  à  Plauen,  sei- 
gneurdeKorineb(iurg.,arrière-peiil-filsde  Henri  le  Ri- 
che, fut  SU!  noniniéHnzzoouIieiiss  (Russe),  paiceque, 
s'étant  croisé  du  temps  de  Frédéric  II,  il  tomha  au  pou- 
voir des  infidèles,  par  lesquels  il  fut  vendu  comme 
esclave  à  un  négocimi  russe  qui  le  transporta  dans  sa 
patrie,  oii  il  passa  plusieurs  années  Cëtaii  l'usage 
d'aliirs  de  donner  une  épitliéte  distincte  à  chaque 
individu,  et  cet  usage  était  plus  nécessaire  encore 
dans  une  famille  dont  tous  les  individus  mâles  (lOr- 
taient  le  nom  de  Henri.  Cette  branche  se  subdivisa 
de  nouveau  en  I53S  en  trois  lignes,  dont  il  ne  sub- 
siste 1  lus  que  deux,  qu'on  distingue  par  les  dériomi- 
nalioris  d'ainée  et  de  cadette.  La  ligne  aînée  a  oblei  u 
en  1778  le  renouvellement  de  la  dignité  pririclère  que 
Sigisniond  avait  accordée  en  U26  à  toute  la  mdsnn. 
Elle  possède  les  seigneuries  de  Greiiz  et  de  Burgk. 
La  ligne  cadette  se  subdivisa  dans  les  maisons  de 
Schleitz,  de  Lobenstein  et  de  Géra;  la  dernière  s'est 
éteinte  eu  18!I2.  —  Tontes  ces  brandies,  y  compris 
les  chefs  des  branches  apanagées,  obtinrent  en  18ûG 
le  rang  de  princes  d'Empire  :  tomes  entrèrent  en  1807 
dans  la  conféJéraiion  Rhénane.  Elles  font  également 
partie  de  la  confédération  germanique,  et  partie  iperit, 
avec  Hohenznllern,  Lichtensiein,  Lippe  et  Wal  leek, 
au  sixième  sulirage  à  la  diète.  A  l'assemblée  générale, 
chacune  des  deux  lignes  prin^  ipales  a  une  voix,  sa- 
voir les  trente-imième  et  trenie-denxiéme.  —  Tous 
les  princes  de  celle  maison  portent  le  nom  de  Henri. 
On  prétend  que  ce  fut  Iberthe,  princesse  de  Carintliie 
et  épouse  du  troisième  avoyer  de  Pl.uien,  qui  intro- 
duisit cet  usage  en  l'honneur  de  l'empereur  Henri  VI, 
son  pireni.  On  distinguait  anciennement  lous  ces 
Henri  par  des  surnoms,  lels  que  ceux  d'Aine,  deCa 
det,  de  Long,  de  Riche,  de  Roux,  de  Gris,  etc.  Plus 
lard  on  choisit  pour  cela  des  chiffres,  et  l'on  rnnvini 
en  1668  que  chaque  ligneaurait  une  série  particnlière, 
mais  que  dans  chacune  les  chiffres  passeraient  d'une 
branche  à  l'antre  à  mesure  qu'il  y  naîiraii  un  prince. 
Enfin,  en  1700,  on  convint  de  n'aller  que  jusqu'.i 
100,  après  quoi  on  recommencera.  Les  revenus  de 
toutes  les  branches  passent  un  millioii  de  francs.  Les 
princes  sont  luthériens,  ainsi  que  leurs  sujets. 


028 

situé  dans  la  partie  la  plus  haute  et  la  plus  reculée 
de  la  vallée  de  Tavatscli,  et  d'un  petit  lac  qui  se 
trouve  près  du  Saint-Goibard  ;  il  traverse  ensuite 
cette  vallée  et  se  réunit,  piès  de  Disentis,  au  Hhin 
du  milieu;  celui-ci  prnvient  d'un  petit  lac  qui  se 
trouve  sur  le  Luckmanier,  dans  le  fond  de  la  vallée 
de  Made!s.  Après  la  jonction  de  ces  deux  branches, 
les  eaux  du  Rhin  se  grossissent  encore,  près  d'I- 
lanz,  par  celbs  du  (Jlener,  rivière  qui  découle  des 
glaciers  de  la  vallée  de  Saini-Pierre  ;  et  enfin  à 
Reicheuau  par  le  Rhin  postérieur.  Douze  torrents, 
qui  se  précipilenl  d'un  glacer  énorme  silné  au  fond 
de  la  vallée  de  Rheinvald,  forment  celte  branche  du 
Rhin  qui  force  son  passage  avec  grand  fr  .cas  au 
tiavers  de  l'elîrayanie  Via  mnla,  où  elle  fait  une 
belle  chule  ;  el'e  reçoit  ensuite,  près  de  Tusi-,  la 
Noila  noire,  et  non  loin  de  eel'e-ci,  l'.Albiila.  Depuis 
Reiclienau  le  Rhin  commence  à  être  navigable  pour 
des  radeaux.  A  Coire  il  s'augmente  encore  de*  eaux 
de  la  Plessoiir,  et  près  de  .Mallans,  de  celles  de  la 
L.mdquart  ;  ensuite  il  quitte  le  canton  prés  de  Lu- 
cieiistig.  Il  arrose  du  niêineiôtè,  Siein,  Schaffouse, 
où,  près  delà,  à  Laiifen,  il  forme  une  superbe  cala- 
rarte.  Celle  chule  est  sans  contredit  la  plus  grande 
curiosité  du  canton  de  Schaffouse  et  même  de  tout» 
la  Suisse.  C'est  à  i  kil.  de  Schaffouse,  entre  le  petit 
château  de  Worlh  e'  celui  de  Laufen,  que  le  Rhin, 
déjà  brisé  par  des  rochers  qui  gênent  son  cours,  se 
précipite,  d;ins  tonte  sa  largeur,  d'une  hauteur  de  70 
à  8U  pieds.  Le  fracas  qu'il  fait  en  forçant  ^on  passage 
entre  et  par-dessus  d'énormes  quartiers  de  roches 
et  sa  chute  même  causent  un  bruit  qu'on  entend  à 
nue  lieue,  comme  le  bourdonnement  du  tonnerre 
dans  le  lointain.  Le  plus  beau  point  de  vue  pour  ad- 
mirer celle  scène  imposante  est  sur  une  petite  gale- 
rie de  bois  appelée  la  Fischez  ;  elle  se  trouve  au  bas 
de  la  chule,  tout  près  de  la  principale  et  de  la  plus 
haute  colonne  d'eau.  Vouloir  décrire  l'ensemble  de 
ce  speciacle  majestueux  senit  peine  perdue  ;  le  ta- 
bleau le  plus  déiaillé  et  le  plus  énergique  qu'on 
piinrrait  en  tracer  rcsieraii  toujours  nu-ilessou^  de 
la  réalité.  Un  senlier  assez  roide  conduit  de  cette 
galerie  au  château  de  Laufen  ,  qui  est  assis  au-des- 
sus de  la  chute  ;  dans  un  pavillon  ailenaul  à  ce  cl  à- 
teau  on  est  au  niveau  du  fleuve  et  en  ligne  pirallèle 
de  la  paroi  de  roche  par-dessus  laquelle  il  se  préei- 
pile.  Il  y  a  encore  un  troisième  point  de  vue  duquel 


Rlienus,  le  Rhin,   un  des  plus  beaux  fleuves  de      fn  peut  contempler  la  cataracte  du  Rhin,  ce  spcc- 


l'Europe,  et  certainement  le  plus  fameux  dans  l'his- 
toire des  légendes  européennes,  prend  sa  source 
dans  la  partie  la  plus  centrale  et  la  plus  élevée  de  la 
Suisse,  dans  le  canton  des  Grisons.  Les  annales  du 
moyen  âge  sont  rrniilies  des  FégendC'  conip.isées 
sur  les  croix,  les  chapelles,  les  abbayes  et  les  châ- 
teaux qui  dé -oraieui  les  montagnes  dont  il  baigne  le 
pied.  Il  se  forme  de  trois  branches  principales,  qui  ont 
toutes  leurs  sources  sur  les  plus  hauts  glaciers  des  fron- 
tièresdu  canton  des  Grisons.  Le  Rhin  aniérieursorldu 
glacier  Baduz,  qui  fait  partie  du  Crispait,  et  qui  est 


tacle  unique  en  Europe  ;  il  se  présente  au  petit 
châlean  de  Wnrih,  qu'on  atteint  en  se  faisant  traver- 
ser sur  la  rive  droite  du  fleuve.  D;  là  on  voit  la 
chuie  dans  toute  sa  largeur  el  dans  tout  son  ensem- 
ble ;  l'aspect  en  est  pariiinlièrement  beau  le  matin 
et  le  soir  1  irsque  les  raynns  du  soleil  s'y  réfléchis- 
sent un  peu  obliquement.  Dans  le  petit  château  de 
Worlh,  on  voit  aussi  la  chute  dn  Rhin  d  ms  un  ; 
chambre  obscure  qui  y  est  très-in,;énieuscment  pra: 
liquée  ;  ce  tableau  mouvant  mérite  d'être  vu.  —  Le 
Rhin  passe  ensuite  à  Dàle,   Rheineck,  Constance, 


629 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOIEN  AGE. 


630 


Stekborn,  Diessenhofen  ,  Kaisertulil ,  Laufenbourg  , 
Rliinfelden;  il  se  grossii,  à  droite,  de  la  Lan-juarl,  de 
rill,  de  la  Riesen  ;  à  gauche,  de  la  Tliur,  la  Toss,  la 
Glail,  l'Aar,  l'Ergellz  el  la  Birse,  sur  le  lerriloire 
de  la  Suisse,  dans  une  étendue  de  cours  de  5i0  kil. 
Rien  n'allère  l'admirable  limpidité  de  ses  eaux  ;  les 
ruisseaux  bourbeux  qui  s'y  jettent  au-dessous  de 
B&le  ne  peuvent  la  troubler.  De  Bâie,  il  coule  au 
nord,  reçoit,  à  droite  de  l'Allemagne,  le  Neckar  et 
le  Main  ;  de  la  France,  à  gauche,  la  Moselle  ;  tourne 
au  nord-ouest,  eii're  dans  les  Pays-Bas,  et  se  divise 
en  <lenx  bras,  dont  le  méridional  porte  le  nom  de 
Wahal,  et  devient  un  bras  de  mer,  en  baignant  Dor- 
drechf,  Rotterdam  et  Willemsiad. 

Ce  Walial  parcourt  72  kil.  dans  ses  détour?,  s'u- 
nit à  Woudricheni  à  la  Meuse,  rivière  bien  moins 
consi'lérable;  et  cependant  on  considère  la  Meuse 
comme  le  cours  d'eau  principal ,  en  sorte  que  ce 
qu'on  appelle,  au-dessous  de  Woudiicbem,  la  Meuse 
et  les  boiicbes  de  la  Mense,  devrait  s'appeler  le  Rliin 
et  les  bouches  du  Rhin.  Il  dirige  un  de  ses  bras 
vers  le  nord-ouest  ,  jusqu'à  Huissen  ,  au-dessus 
d'Arnheira,  el  de  là,  sons  le  nom  d'Yssel,  une  par- 
tie de  ses  eaux  coule  vers  le  nord,  et  va  se  jeter  dans 
le  Zuyderzée,  après  un  cours  de  96  kil.,  pendant  les- 
quels il  reçoit  plusieurs  rivières,  telles  que  l'Oude- 
Yssel,  le  Berkel  et  le  Bolks-Beck.  L'autre  branche 
Bc  dirige  vers  l'ouest  jusqu'à  Wykby-Dursiède;  delà 
elle  projette  un  bras  vers  Liirechl,  où  il  se  divise  en 
deux  ;  l'un,  sous  le  nom  de  Kromme,  va  se  jeier  dans 
le  Zuyderzée  à  Amsterdam.  Il  est  à  remarquer  qu'à 
peu  piés  entre  cette  ville  et  Utrechi  une  auire  bran- 
che prend  la  direction  de  Muiden,  où  elle  se  jette 
aussi  dans  le  Zuyderzée  ;  le  bras  qui,  sous  le  nom 
de  Rhin,  se  dirige  depuis  Utrechi  jusqu'à  Ley  le,  à -4 
kil.  de  laquelle  il  se  jeiie  dans  la  mer  du  Nord,  a  CO 
kil.  de  long.  A  Wjkby-Durrtéde  un  bras  considéra- 
ble va  se  jeter  dans  celui  auquel  on  donne  le  nom  de 
Meuse  ;  mais  à  Nieuporl  ce  bras  prend  le  n  tu  de 
Li  ck  ;  enfin,  à  l'endroit  où  il  reçoit  celui  de  'Wahal, 
c'esi-fc-dire  où  il  se  divise  pour  la  première  fois,  sa 
largeur,  devenue  plus  considérable,  s'augmente  en- 
core des  eaux  que  lui  fournit  la  Meuse,  en  sorte  qu'à 
8  kil.  au-dessous  de  leur  réunion  il  se  divise  en  deux 
bras  principaux  qui  se  subdivi?ent  encore  en  formant 
plusieurs  lies,  telles  que  celles  de  Ysselnionde,  de 
Rosenbourg,  de  Worn,  d'Over-Flakkée,  et  enfin  les 
nombreuses  petites  îles  du  Bies-Bodch  et  de  Dor- 
drechl,  qui  furent  formées  en  1421  par  une  épou- 
vantable iuomiation  du  fleuve,  i|ui  engluutil  72  villes 
ei  vdiages,  el  100,000  hab.  Celte  partie  des  Pays- 
Bas  qu'arrose  le  Rhin  a  été  souvent  ravagée  par  les 
e.iu>  douces  el  marines.  Outre  l'événeuieni  sinistre 
que  nous  venons  de  rappeler,  on  sait  que  vers  l'an 
i-^  la  mer  ravagea  tellement  les  côtes  de  la  Hollande, 
(;ue  c'est  depuis  celle  époque  que  le  fleuve  n'a  plus 
I  lissé  d'autre  trace  importante  de  son  embouchure 
dans  la  mer  du  Nord,  que  le  bras  qui  porte  aujour- 
d'hui le  nom  de  Meuse.  Toutefois  nous  appuierons 


toujours  sur  la  nécessité  de  considérer  en  géogra- 
phie pbysiqne  les  bouches  de  la  Meuse  comme  étant 
réellemenl  celles  du  Rhin,  car  il  serait  bien  inexact 
de  regarder  comme  son  embouchure  le  médiocre 
couisd'eau  qui  se  jette  dans  la  mer  au-dessous  da 
Leyde  ;  ou,  en  considérant  le  Wahal  comme  une  por- 
tion du  Rhin,  d'admettre  que  ce  fleuve,  qui  a  plus 
de  1200  kil.  de  cours,  va  se  jeter  dans  une  rivière 
comme  la  Mi'use.  En  elîet,  en  examinant  les  choses  sous 
ce  point  de  vue,  la  Meuse  deviendrait  un  fleuve,  el  le 
Rhin  une  grande  rivière,  dont  le  plus  faible  des  bras 
s'unirait  seul  à  la  mer  du  Nord.  Depuis  sa  source 
jnsqn'à  M;iyence,  on  nomme  ce  fleuve  Haut-Rhin,  et 
depuis  cette  ville  jusqu'à  la  Hollande,  Bas-Rhin. 

Le  cours  total  du  Rhin,  déplus  de  1200  kil.,  ne 
répond  pas  à  la  grandeur  de  son  volume.  Ses  eaux, 
comme  celles  du  Danube,  sont  limpides  et  d'un  beau 
vert.  Son  cours,  rapide  dans  la  Suisse,  jusqu'à  BâIe, 
où  il  offre  des  paysages  pittoresques,  s'enibarrasso 
jusqu'à  Stnisbourg,  el  même  à  Cermersbeini,  d'une 
multitude  d'îles  ;  mais  à  Mayence  il  reprend  sa  pre- 
mière beauté.  De  là  jusqu'à  Cologne  il  baigne  les 
plus  belles  contrées  de  l'Allemagne.  Des  châteaux 
antiques  el  modernes,  des  villes  et  des  villages  pit- 
tore~quement  situés  sur  ses  deux  rives,  embellissent 
el  varient  les  belles  vues  qu'il  offre  de  tout  côté. 
Un  voit  les  collines  couvertes  de  vignes  jusqu'à  leurs 
sommets,  qui  fournissent  ces  fameux  vins  dils  du 
Rhin,  tandis  (jue  les  tour;  elles  loris,  débris  de  la  féo- 
dalité, restent  suspendus  sur  les  ondes.  Au-dessous 
de  Cologne  ce  fleuve  perd  bea»coi:p  de  sa  l.'rgeur. 
Ses  rives  de\iennenl  plates  ,  sablonneuses,  el  n'of- 
frent presque  pins  de  beaux  points  de  vue. 

Le  Rhin,  relativement  à  la  navi^^atinn,  offre  un 
avantage  immense  pour  les  pays  qu'il  arrose;  il  est 
navig;ible  depuis  Coire  ju-qu'à  la  mer  du  Nord.  Il 
reçoit  un  grand  nombre  de  rivières  navigables  que 
nous  avons  citées  ci-dessu-,  qui,  comme  antanl  de 
canaux  onveris  pour  le  joindre,  ouvrent  un  passage 
dans  les  pays  divers  qu'il  arrose  à  droite  el  à  gau- 
che. On  transporte  auv  Pays-Bas,  sur  ce  fleuve,  les 
les  bois  de  conslrnciion  de  la  Souabe  et  les  denrées 
coloniales  de  la  côte  dans  l'intérieur  de  l'Allemagne 
el  de  la  Suisse.  Les  bateaux  à  vapeur  ofl'rent  aux 
voyageurs  et  au  commerce  de  grands  moyens  de 
communication.  La  navigaiion  est  Muelqnefois  difû 
cile,  mais  rarement  dangereuse.  A  Cologne  il  arrive 
des  navires  de  ll'O  à  150  tonneaux  i[ui  font  usage 
de  voiles,  et  rareme  l  de  chevaux  ;  ou  a  entrepris  en 
Bavière  de  réunir  le  Rhin  au  Danube  par  un  canal. 
En  France  on  travaille  à  un  canal  de  Strasbourg  à 
Il  Marne,  qui  communiquerait  par  celte  livièreavec 
Paris.  Le  Rhin  a  donné  son  nom  aux  provinces  et 
aux  départements  suivants. 

I  Le  Rhin,  cercle  d'Allemagne,  P.avière,  sur  la  rive 
gauche  du  fleuve  du  même  nom,  es'  borné  au  nord 
pari-  grand-duché  deHesse,  à  l'estparceluJdeBade, 
àl'ouesi  parles  Etats  prussiens,  par  ceux  d'Oldenbourg 
el  de  llombourg,  et  au  sud  parla  France;  il  forme  un 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


631 

lerriloirecompacleqniapprochedela  forme  d'un  car- 
Té.  lia  U;0  kil.de  long,  surlOSkil.  de  large,  el  1500 
kil.  c;  la  Lauier  et  la  Queith  l'arrosent  :  étant  coupé 
par  plusieurs  rameaux  des  Vosges,  son  sol  esi  inégal, 
agresie  ei  varié:  on  voit  la  vigne  prospérer  sur  les 
cuteaux  les  mieux  siiués,  tandis  que  les  sommets 
rocheux  des  collines  sont  couronnés  deruines  de  vieux 
châteaux.  Les  vallées  abondent  en  blé,  orge,  avoine  et 
fruits.  La  France  a  cédé,  par  les  traités  de  1815,  ce 
territoire  à  l'Auiriche,  qui  l'a  échangé  avec  la  Ba- 
vière. On  divise  ce  cercle  en  quatre  disiricis,  savoir: 
Fraiikentbal,  Landau,  Kaiserhlauierii  et  denx-F'onis. 
On  y  compte  28  villes,  16  bourgs  et  563  villages  et 
hameaux.  Popul.  470,000  habitants. 

I  Rhin,  province  d'Allemagne,  grand-duché  de 
liesse  ,  bornée  au  nord  par  le  duché  de  Nassau , 
à  l'est  par  la  principauté  de  Starkenbourg,  au  sud 
par  le  cercle  bavarois  du  Rhin,  à  l'ouest  par  le  land- 
graviai  de  Ilonibiurg  el  la  province  prussienne  du 
B..s-Rliiii.  Il  a  48  kil.  de  long  sur  40  kil.  de  large  , 
el  560  kil.  c.  Les  Vosges  qui  le  traversent ,  et  princi- 
palement le  mont  Tonnerre,  qui  en  est  une  rati  ifl- 
c»lion,  rendent  sa  surface  nionlueiise  et  roman- 
liqne.  Le  Rhin  forme  un  vaste  demi-cercle  le  long 
de  sa  frontière  nrlen'ale  et  sepicnlrlonale.  Les  val- 
lées et  les  plaines  ,  d'une  gr;inile  fertiliié,  produi- 
sent blé,  lin,  l:iliac,  vin.  Les  collines,  en  certaines 
parties,  ti  cèlenl  des  mines  de  fer  et  de  s^l.  Les 
priniipales  mannfaclures  consistent  en  toiles,  coton 
et  cuirs.  On  s'y  livre  à  la  navisialion  et  au  transit 
de-i  marcha  dises  sur  le  Rhin,  qui  offrent  un  grand 
bénélice.  Cei!e  province  comprend  onze  caninns , 
et  renferme  10  villes  ,  seize  bourgs  et  161  vilhiges. 
Popul.  286,00j  Lab. 

I  Rhin  (Bas-),  grande  province  d'Allemagne, 
Etais  1  ruasiens  ,  comprend  en  grande  partii-  le  ter- 
ritoire de-  anciens  dépirtemenis  lrançai^  de  la  Roèr, 
de  Rliin-ei-Miiselie  .  de  la  Sarre  ,  a  nsi  qu'une  |):<rlie 
de  celui  de  l'Oiir.he.  Elle  e-i  bornée  à  l'ouest  et  au 
nord  par  Irs  Pays-Bas,  à  l'est  par  les  régences  de 
Dùsseldorf  et  de  Cologne,  et  par  le  duché  de  Nas- 
sau, le  grand-duché  de  Hesse,  le  landgraviai  de 
Heise-Hombourg  ,  la  principauté  de  Birkeiifell  et  la 
province  bavfirnise  du  Rhin  ;  au  sud  par  la  France. 
Elle  a  environ  220  kil.  de  long  sur  100  kil.  de  large, 
et  2856  kil.  c.  ;  elle  se  divise  e»  trois  rég.  ,  savoir  : 
Aix  la  Chapelle,  CoMeniz  et  Trêves.  Le  sol  ofl're 
diverses  chaînes  de  montagnes  volcaniques.  Les 
plus  importantes  sont  celle  d'Eifel,  le  vlcan  de 
Goldberg  ,  d'où  l'on  jouit  d'un  horizon  fon  étendu, 
burné  par  une  r.mgée  de  sommités  coniques  :  à  cha- 
que pas  que  l'on  fait  dans  celle  contrée,  on  aperçoit 
de  vastes  cratères  ou  de  hautes  montagnes  qui  pa- 
raissent avoir  vomi  des  laves  à  des  époques  diffé- 
rentes. L'Eifel  semble  avoir  beaucoup  de  ressem- 
blance avec  les  montagnes  du  Puy-de-Dôme.  Les 
montagnes  ei  collines  qlii  hérissent  le  sol  nuisent 
à  sa  fertiliié.  On  y  cultive  pommes  de  terre,  blé  en 
petite  quantité.  La  vigne  prospère  sur  les  rives  du 


652 


Rhin ,  de  l'Ahr,  et  surtout  de  la  Moselle  ;  les  autres 
productions  consistent  en  houblon,  tabac,  lin.  Les 
montagnes  recèlent  des  minéraux.  Les  manufactures 
se  trouvent  cunnnées  dans  les  districts  d'Aix-la  Cha- 
pelle et  de  NenwiL'd.  Popul.  1,215,':48  bab.  cathol. 
I  Rhin  (Bas-) ,  déiiariement  de  la  France,  est 
bnriié  au  nord  par  le  département  de  la  Moselle  et 
par  le  cercle  bavarois  du  Rhin  ,  à  l'est  par  le  Rhm 
qui  le  sépare  de  l'Allem:ignc,  au  sud  parle  départe- 
ment du  Haut-Rhin,  à  l'ouest  par  ceux  des  Vosges  , 
de  la  Menrthe  et  de  la  Moselle  :  il  a  108  kil.  de  long 
sur  64  kil.  de  large,  et  520  kil.  c.  Il  lire  son  nom 
du  Rhin,  qui  baigne  sa  partie  orient;de  et  le  sépare 
de  l'Allemagne.  L'Ill,  la  .Muder,  la  Zorn,  le  canal  de 
la  Bruche  el  le  canal  de  Monsieur  ou  du  Rhône  au 
Rhin ,  l'arrosent  aussi. 

Ce  département,  divisé  en  quatre  arrondissements, 
trentre-qiiatre  cantons,  540  commune-',  se  compose 
de  la  Basse-AUaee,  d'une  partie  de  la  Lorraine  et 
d'anciens  territipires  de  l'Allemagne.  Il  lire  son  uoiu 
de  sa  posiiion  physique  relativimeut  au  cours  du 
Rhin,  qui  s'abais;e  seiisib'ement  du  sud  au  nord. 
Il  dépend  de  la  cincpiième  division  militaire,  esi  du 
ressort  de  la  cour  royale  de  Colmar,  forme  le  dio- 
cèse de  Strasbourg.  Il  y  a  deux  églises  con-isto- 
riales  réformé-'s,  Tune  à  Strasbourg  ,  l'aiiire  à  Bis- 
chweiler  ;  une  des  sept  synagogues  ctuisisturiales 
est  à  Strasbourg. 

Peu  de  léparteiiients  égalent  celui  du  Bas-Rhin 
en  richesses  lerrlioriales  et  industrielles.  C'est, 
après  celui  du  Nord ,  le  plus  avancé  pour  la  cul- 
ture :  on  y  cidlive  en  libomlance  toutes  sortes  de 
proiluciions ,  et  spéciulenieni  garance,  tabac,  se- 
mences potagères.  On  y  récolte  beaucoup  de  vins  ; 
les  blancs  sont  les  plus  estimés.  On  cite  ceux  de 
Molsheini ,  WoKlieiin  ,  Mutzik  ,  Sherweiler,  Heili- 
gensiein.  On  y  comi'le  14,390  liec;ares  de  vignos 
qui  duiinenl,  année  cnnimiine,  4il,0t0  hectolitres 
de  vin  ,  dont  200, OoO  se  consomment  dans  le  pays. 
155,'rit7  heciares  sont  planté-  en  foréi.  L'industrie 
luaiiuraciurière  fouinit  aimes  de  toute  espèci-  , 
grosse  quincaillerie  ,  scies ,  bijouterie  d'acier,  toi- 
les métalliques  ,  orfèvrerie ,  instruments  reiioniinés 
de  chirurgie,  physique  ;  mar(i.|uin  ,  amidon  ,  savon  , 
papier,  verres,  nankin,  draps,  toiles  peintes,  toi- 
les à  voiles,  siamoises,  lainages,  graisse  d'asphaU 
te,  bitun'e  et  goudron  minéral  à  Lamperstloch,  Loh- 
sann.  Ce  dépariemeni  offre  au-si  des  pailli-ttes  d'or 
dans  le  Rhin,  houille,  plâtre,  m:inganèse;  de  nom- 
breuses mines  de  fer,  deux  de  cuivre,  l'une  à  la 
Petite-Pii  rre,  et  l'autre  à  Ville,  où  l'on  trouve  au-si 
des  mines  d'antimoine  et  quelques  filons  d':irgenl  ; 
il  est  l'entrepôt  du  commerce  de  France ,  d'Italie, 
d'Allemagne  et  de  Suisse 

Par  le  traité  de  Paris,  du  20  novembre  1815, 
tout  le  territoire  sur  la  rive  g.iiiche  de  la  Lauter, 
faisant  ci-devani  partie  de  ce  département,  fut  cédé 
à  l'Allemagne,  à  l'exception  de  VVeissemliourg,  avec 
un  rayon  de  1000  toises  sur  la  rive  gauche  du  Rhin. 


653 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


«S4 


i  Rhin  (Bas-)  ou  Élecloral ,  ancien  cercle  d'Al- 
lemagne, comprenait  les  archevêcliés  de  Mayence, 
Trêves  ei  Cologne ,  el  la  partie  du  Palatinat  qui 
était  à  l'élecieur  Palatin.  Il  est  maintenant  partagé 
entre  les  Etats  de  Bade,  de  Bavière,  de  Hesse- 
Darmstadt ,  de  Nassau  ,  de  Prusse  et  de  Hanovre. 

I  Rhin  (Haut-) ,  département  de  la  France  ,  est 
borné  au  nord  ,  par  celui  du  Ba!s-Rliia ,  à  l'est  par 
l'Alleningne  et  la  Suisse,  au  sud  par  la  Suisse  et  le 
département  du  Doulis,  à  l'oufsl  par  ceux  de  la 
Haiite-Saôiie  et  des  Vosges;  il  a  112  kil.  de  long 
sur  68  kil.  de  large  ,  et  772  kil.  c.  Il  lire  son  nom 
du  Kbin ,  qui  le  baigne  à  l'est  ;  l'Ill  ,  les  canaux  de 
Neuf-Brisach  el  du  Rhin  l'arrosent  aussi. 

Ce  département ,  divisé  en  trois  arrondissements, 
vingt-neuf  cantons  ,  490  communes  ,  est  tiré  de  la 
Hauie-Alsace  ,  du  Sundgau  ,  et  de  l'ancienne  répu- 
blique de  Mulliausen  ou  Muliiouse.  Il  dépend  de  la 
cinquième  divis  on  militaire,  est  du  ressort  de  la 
cour  royale  de  Colmar,  et  fait  pariie  du  diocèse  de 
Strasbourg.  Il  y  a  une  églisB  consistoriale  réformée 
à  Mnibausen  ,  et  une  synagogue  à  Wlnlzenlieim. 

La  partie  mériilionale  et  occidentale  «le  ce  dépar- 
tement est  prrsque  eniièrement  couverte  de  hautes 
montagnes  qui  se  raiiaclient  au  nioni  Jura,  pren- 
nent leur  direction  vers  le  nord  ,  foiment  la 
chaîne  des  Vosges  ,  el  servent  de  limiies  à  la  partie 
du  Rhin  qui  appai  lient  à  la  France.  Les  nioniagnes 
s'abasseiil  sensiblement  du  côté  de  l'Allemagne,  et 
présentent  des  coieaux  tapissés  de  visines  qui  s'é- 
tendent jusi|u'au  bord  du  ferlile  bassin  que  longe 
le  cours  du  Rhin  :  ce  bassin ,  traversé  par  l'Ill ,  qui 
le  d  vise  en  deux  parties  presque  égales  dans  le 
sens  de  la  longueur,  oQ're  ,  entre  les  monlagnes  et 
cette  rivière,  des  terrains  fertiles  et  b.en  cultivés, 
qui  fournissent  en  abondance  des  griinsde  touie 
espèce,  des  vins  de  diverses  qualités ,  et  d'exccU 
lenis  pâturages.  La  partie  située  entre  l'Ill  et  le 
Rhin  est  couverte  de  vastes  forêts  dans  la  [ires- 
que  totalité  de  son  étendue  ,  parmi  lesquelles  nous 
citerons  celle  de  la  Hart ,  dont  la  contenance  est  de 
15,572  hectares. 

II  abonde  en  froment ,  seigle,  maïs  et  sarrasin  , 
chanvre,  iiavetie,  colza,   garance,   légumes,  beau- 


I  Rliin  (Haut-) ,  ancien  cercle  d'Allemagne,  com- 
prenait les  évèchés  de  Bàle ,  Strasbourg ,  Spire  et 
Worms;  plusieurs  Etats  des  cadets  de  la  maison  Pa- 
latine, les  landgraviats  de  Hesse  et  plusi>'urs  villes 
impériales  et  comtés.  Les  Français  s'emparèrent  de  la 
moitié  de  ce  cercle  contigu,  el  la  gardèrent  de  1794 
à  1814.  Ce  cercle  se  trouve  maintenant  partagé  en- 
tre la  Bavière,  la  Hesse  Electorale,  Hesse-Darmsladt 
et  autres  Etals. 

Rlietnncum,  Rheinau,  ou  Rhinau,  petite  ville  de 
Su'sse  dans  le  canton  de  Zur  ch,  située  sur  le  Rhin 
entre  Schaffonse  et  Eglisau,  qui  do  t  son  origine  à 
uneahb:iye  de  Bénédiciins,  fondée  en  778  par  Welf. 
Cet  endroit  formait  alors  une  solitude  sombre  et  pro- 
fonde. Les  moines  défrichèrent  les  environs  et  se 
livrèrent  ensuite  à  la  culture.  Plus  lard  ils  copièrent 
des  manuscrits  et  ouvrirent  une  éi'olt>  qui  eut  une 
certaine  renommée.  L'abliaye  a  produit  des  éruilits 
el  des  savants  qui  ont  laissé  des  ouvrages  estimés. 
Elle  a  pu  jusqu'à  présent  survivre  à  toutes  les  vicis- 
situdes que  les  établissements  monastiques  ont 
éprouvées  eu  Suisse  comme  ailleurs,  bâtie  dans  une 
petite  île,  entre  deux  péninsules  formées  par  les  si- 
nuosités du  lihin,  elle  se  trouve  dans  une  situation 
pitioresque  et  fort  agréahle.  Elle  possède  une  biblio- 
llièque  riche  en  manuscrits  précieux  et  en  collec- 
tions d'Iiistoire  naturelle.  On  remarque  à  rexiiémiié 
de  l'île  une  chapelle  assez  curieuse, qui  est  construite 
en  forme  de  grotie  et  toute  remplie  de  coquillages. 
—  La  population  de  Rheinau  est  cailndique,  quoique 
le  canton  de  Zurich  soit  presque  entièrement  pro- 
testant. L'abbaye  et  la  ville  sont  a  une  distance  de 
16  kil.  nord-nord-ouesi  de  Winierthur,  autre  petite 
ville  du  même  canton,  mais  dont  les  habitants  sui- 
vent le  culte  calviniste.  Winienhur,  située  sur  le 
ruisseau  Enlach,  d^ms  une  vallée  fertile  el  riante, 
exploite  plusieurs  branches  d'industrie  el  fait  un 
commerce  assez  c  onsidérable,  parce  iprclle  est  traver- 
sé-: par  la  grande  route  de  Constance  elde  Saini-Gall. 

Hhodanus,  le  Rhône.  Ce  fleuve  rappelle  le  souve- 
nir de  saint  Jérôme  et  de  saint  Hilaire  de  Poitiers. 
Le  premier,  dans  ses  lettres,  compare  l'éloquence 
de  l'illustre  évé(|ue  de  Poitiers  au  Rhône  qm  roula 
ses  eaux  avec  impétuosité.  Ce  lli-uve  est  liistrmenl 


coup  de  fruits,  el  nombie  de  merises.  Il  possède  de     célèbre  dans  les  légendes  des  contrées  qu'il  parcourt, 


belles  pépinières,  surtout  celle  de  Bollviller.  15,000 
hectares  de  vignes  donnent  ,  année  commune  , 
400,000  hectolitres  de  vin  ,  dont  les  habitants  con- 
somment 223,000  ;  le  surplus  est  livré  au  coinnter- 
ce.  141,717  hectares  sont  plantés  en  forêts.  Le  Haut- 
Rliia  renferme  de  nombreuses  usines  à  fer,  cuivre, 
laiton  à  Mederbriick  ;  outils  el  pièces  d'horlogerie  et 
autres  objets  à  Beaucourt  ;  de  vastes  manufactures, 
en  fdatures  et  tissus  de  laine ,  de  coton  ,  en  impres- 
sion de  toiles  ;  des  fabriques  considérables  de  kirs- 
chenwasser,  eau  de  gentiane,  eau-de-vie  ;  des  car- 
rièies  de  très-belles  pierres  de  taille,  plâtre,  mar- 
bre, granits  variés,  porphyre  des  Vosges,  cristal  de 
roche  :  il  fait  un  commerce  consid.  avec  l'étranger. 


à  cause  des  ravages  qu'il  occasionne.  Au  moyen  âge 
on  n'osait  lui  imposer  des  punis.  Un  simple  pâtre, 
sans  insuuction  et  sans  argent,  saint  Béiiézel,  en- 
treprit néanmoins  d'en  construire  nu  à  .\viguon 
dans  l'inlérêt  des  populations  rurales  des  deux  rives. 
Ayant  confiance  en  Dieu,  il  réussit  dans  son  œuvie 
colossale,  surtout  pour  l'époque.  On  en  voit  encore 
aujourd'hui  une  partie.  On  avait  bâti  une  petite  cha- 
pelle au  milieu.  Le  pont  d'Avignon  el  son  pieux 
constructeur  étaient  devenus  populaires  dans  tout 
le  midi  de  la  Fiance,  et  parmi  le  peuple  on  chantait 
des  chansons  légendiques  composées  à  celte  occasion. 
<  Le  Rhône  prend  sa  source  au  mont  de  la  Four- 
che, près  du  Saint-Gotbard  en  Suisse,  traverse  la 


cgs 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Valais,  le  lac  de  Genève,  entre  en  France  un  peu 
au-dessous  de   celle  ville,   court  au  sud,   renumie 
ensuite  au  »ord,  se  dirige  à  l'ouest,  et  coule  ensuite 
constamment  au  sud  jusqu'à  son  enibnuclnire.  II  ira- 
verse  Seyssel;  non  loin  de  là,  an  Sanlt,   le   Rhône 
franchit  un  banc  de  rochers  nommé  Saut-du-Rliône, 
et  qui,  sur  1000  mètres   de    longueur,  forme   deux 
cascades  d'un  mètre  de  hauteur  cliacnne.  Le  Rhône 
s'est  tracé  à  travers  ces  rochers  des  sillons  qui  pré- 
sentent didérentes  passes  plus  ou  moins   favorables 
à  la  navignion.  Gel  endroit  est  en  général  difficile  à 
franchir.  Ce  fleuve  baigne  du  mênie  côié  Lyo  i,  Gi« 
vors,  Tour.ion,  Saint-Peray,    la    Voiilte,  Viviers,  le 
bourg  Saini-Andéol,  le   Pont-Saint-Esprit,    Itoque- 
nianre,  Viileneuve-lez-.Avignon,  Aramon,  R.MUcaire; 
il  arrose  à  gauche  Quirieu,    Vienne,   Saini-V:illier, 
Tain,  Valence,  .Monlélimarl,  Caderousse,   Avignon, 
Tara?^con,  Arles;  un  peu  au-dessus  de  celle  ville,  à 
Fourqiies,  le  Rhône  se  divise  en  deux  bras,  dont  le 
princifial  se  jetie  dans   la    Mëiliterranée  à   la  Tnur- 
Saint-Louis;  le  second   bras,  nppelé  le  Petil-lllume, 
se  dirige  si)r  la  droite,  forme  l'ile  de  la  Camargue, 
et  déboHchc  dans  la  mo'  dans  le  golfe  du  Lion  ou  de 
Lyon,  près  les  îb'Sde  Sainle-Marie.  Ce  fleuve  reçoit 
à  droite  l'Ain,  la  Saône  à  Lyon,  lArdéelie,  la  Cèz'", 
le  Gardon:  à  gauche  l'Isère,  la  Drôme  et  la  Durance. 
Il  borne  d'un    côté   les  départements  de    l'Ain,   de 
l'Isère,  du  Rhône,  de  l'Ardéclie.  de  la   Drôme,   de 
Vaucliise  et  du  Gard,  ei  arrose  celui  des    Rouches- 
ilu-Kliône.  Le  Rhône  cummence  à   être  floliahle  à 
Arlod,  et  navigable  au  Parc,  un  peu   au-dessns   de 
Seyssel,  déparlement  de  l'Ain;  le  fl.ntagese  fait  avec 
difficulté,  à  cause  des  rochers  au   milieu   desquels 
coule  le  Rhône.  Ce  fleuve   se    perdait  en   hiver  au 
pont  de  Lucey,  à  Belleijarde,  sous  un  rocher  qui  in- 
terceptait la  navigation.  On  a  cuupé  le  rocher;  il  a 
fait  place  »  un  canal  dans  lequel  on  floue  maiiitenant 
une  grande  qiianiiié  de  bois  de  construct  on.   Dans 
l'été,  lorsque  le  Rhône  est  grossi  par  la  fonte  des 
neiges  des  Hautes-Alpes,  ses  eaux  recouvrent  tous  les 
rochers.  Le  Rhône  roule  ses  eaux  avec  une  grande 
rapidité  depuis  Lyon  jusqu'à   Avignon;   sa   vitesse 
décroît  à  mesure  qu'd   approche  de   Beaucaire  et 
d'Arles,  et  devient  à  peu  près  nulle  sur  un  grand  es- 
pace avant  d'arriver  à  la  mer.  On  a  construit  de  cha- 
que côté  du  Rhône  des  chaussées  destinées  à  conte- 
nir ce  fleuve,  et  à   l'empêcher  de  porter   le  ravage 
dans  les  plaines  qui  l'environnent.   Les  bouches  de 
ce  fleuve  sont  très-nombreuses,  et  les  îles  qui  les  sé- 
parent produisent  des  barres  qui  rendent  le  passage 
difficile:  la  principale  île  est  celle  deCamargue.  —  La 
Camargue,  primitivement  créée  par  les  dépôts  du 
Rhône,  s'accroît  toujours  par  la  même  cause.  t;'est 
un  vaste  bassin  triangulaire,  garanti  des  iiiiindaliDiis 
du  fleuve  par  de  fortes  digues,  et  seulement  séparé 
de  la  mer  par  des  monticules  de  sables  mobiles.  Sa 
surface  se  compose  de  74,2l!0  hectares,  dont  li,600 
en  état  de  culture,  51,300  en   pâturages  iiaiurels, 
terres  vagoes,  etc.,  10,400  en  marais,  et  19,900  en 


636 

éiangs  et  lias-fonds  salés.  Des  12,600  heelares  en 
état  de  culture,  1600  sont  occupés  par  des  vignes, 
des  luzernes,  des  orges  ei  autres  prodiiiis;  5i00  par 
des  blés;  et  lesauires  5500  demeurent  clia(]ue  an- 
née eu  jachère,  pour  êire  ensemencés  l'année  sui- 
vante, d'après  le  système  d'assolement  suivi  dans 
le  pays. 

Le  maxiniuni  de  l'élévaiion  des  eaux  de  la  mer  sur 
la  côte  de  l'île  est  de  i  pieds  et  demi  seulement,  car 
les  marées  sont  irès-peu  sensibles  dans  la  .Méditer- 
ranée, surtout  dans  les  temps  calmes;  l'élévation  est 
un  peu  plus  marquée  en  automne  ei  au  mumeni  des 
syzygies.  Touiebiis,  ma'gté  ce  peu  d'élévation  des 
eaux  de  la  mer,  comme  le  delta  du  Rhône  est  pres- 
que entièrement  pl;>t,  la  partie  insubmersible  du  sol 
n'est  guèie  que  de  20  mille  heelares;  la  partie  sub- 
mersible durant  l'iiiver  est  de  ûi,(i0  >  hectares;  et  la 
partie  presque  tuujours  eniièremeni  submergée,  en 
automne,  eu  hiver  et  au  priuleiup^,  est  de  19,900 
lieci.  La  hauteur  moyenne  des  fonds  insubmersibles 
est  de  2  met.  7(»  cenl.  —  Sur  la  côle,  les  .-aux  de  la 
nier  contiennent  environ  le  4  pour  0/0  de  leur  poids 
de  sels  de  diverses  natures.  La  bauieur  moyenne  des 
dunes  qui  séparent  la  nur  des  étangs  de  la  Cimar- 
gue  est  d'un  mètre  au-dessus  de  l'éiiuge  ou  de  15 
pouces  au-dessous  des  plus  fortes  élévations  de  cet 
élément,  dont  les  inondations  arrivent  en  décembre 
et  passent  p  ir-dessiis  touie  la  pla;;e,  pour  retourner 
à  la  mer  des  que  le  veni  cesse,  par  des  canaux  na- 
turels, v»li,'airemeut  appelés  graux,  qu'elles  se  sont 
frayés  sur  plusieurs  points  de  son  littoral.  C'esl    au 

m ent  ilii  retour  des  eai\  à  la  nier  qu'on  fait  dans 

ces  grauv  la  pèche  du  turbot,  dans  laquelle  deslinni- 
mes  armés  d'une  soiie  de  trident  se  mettent  dans  la 
mer  jusqu'à  la  ce  nliire,  et.  en  piétinant  le  sol,  sen- 
tent le  turbol,  à  moitié  enterré  dans  le  sable,  s'agi- 
ter sons  leurs  pieds  nus,  qui  le  disiingiienl  des  aU' 
très  poissons,  aux  cbuis  dont  son  dos  est  couvert.  Le 
poisson  des  étangs  y  périt  en  éié  par  l'excessive  sa- 
lure (le  l'eau  marine,  qui  d'ailleurs  s'évapore  et  sou- 
vent même  se  crisiallise  eniièremeni.  —  Sans  ses  di- 
gues, la  Camargue  serait  submergée  par  le  Rhône 
plusieurs  fois  durant  le  cmits  du  printemps,  au  niQ.. 
ment  surtout  de  la  fonte  des  neiges,  el  pendant  l'au- 
tomne lors  des  pluies  équinoxiales.  Au  mois  d'août, 
le  Rln  ne  est  à  son  plus  bas  niveau,  l^.TS'i  au-dessus 
de  celui  de  la  mer.  —  Le  grand  bras  du  fleuve  ou  gr.ind 
Rhône,  mesuré  au  pont  d'Arles,  a  H'»  mètres  de  lar- 
geur, et  "20  mètres  de  profondeur;  sa  viiesse  n'est 
jitnais  moindre  de  l'",45  par  seconde.  Le  petit 
Rhône,  mesuré  au  pont  de  Fourqiies,  a  114  mètres 
delirgeur,  sur  2  mètres  de  profondeur,  et  sa  vitesse 
est  moindre  que  celle  du  grand  Rhône.  Sur  quelques 
poinis,  près  de  la  mer,  le  grand  Rhône  a  jusqu'à 
800  mètres  de  largeur,  et  ses  eaux  sont  limoneuses. 
On  évalue  à  iiW  mètres  cubes  l'eau  ipie  les  deiu 
branches  ensemble  porteul  à  la  mer.  Celle  eau  se 
cnnserve  longtemps  sans  se  corrompre,  lors  même 
qu'elle  est  exposée  à  toute  l'action  du  soleil   dan^ 


fiS7 


GEOGBAPHIE  DES  LEGEtiDES  AU  MOYEN  ASB. 


63S 


des  mares  seivaiil  d'abreuvoirs,  ou  elle  csl  comi- 
nuellement  irépignée  et  salie  parle  béi'.il.  Contenue 
dans  des  jarres  à  l'ombre,  elle  ne  se  lorronipi  ja- 
mais, ei  c'est  la  plus  s.iine  à  boire,  quand  elle  e>l 
ben  elarifiée  :  sans  elle  la  Camargue  snaii  inliabi- 
table.  Autiefois  les  navires  de  toute  la  cote  qui  par- 
laient pour  les  voyages  de  long  couis  venaient  aux 
enilioucluircsdu  Rbône,  en  faire  leur  provision. 

Malgré  la  positiiui   méiidionale  de  la  Camargue, 
l'été  n'y  est  pas  excessivement  chaud;   l'aideur  du 
soleil  y  est  nrdinair^nient  lempérée  par  lèvent  de 
mer,  doni  l'iiorizontaliié  de  l'ile  permet   le   libre  et 
plein  nuiuvemenl  sur  elle;  et  l'air  qui  louche  la  mer 
étant  miiins  ddaté  diins  le  jour  que  celui  qui  louclie 
la  icrre,  il  en  résulte  que  l'équilibre  de  l'aimcis])hcre 
est  rompu,  ce  qui  aniène,   le  malin,  vers  'J   heures, 
une  brise  qui  souflle  jusqu'à  ce  que,  le  soleil  cessant 
d'échauffer  la  terre,  ce  vent  de  mer  cesse  également 
avec  la  cause  qui  le  pmduil.    Un   peu  ;ivant  le  cré- 
puscule, l'é  luilibre  est  rompu  de  nouveau  par   une 
CJUse    inverse  :  l'ai;  des   moniagies,  plus  refroidi 
pendant  la  nuit,  a  plus  de  ressort  et  soul'Qe  à  son 
tour.  Aussi  la  chaleur  et  seisiblemeiil  nioiiéiée,    et 
le  ihermcinètre  ne  s'élève  ordinairement  en  été  qu'à 
23  deçré-.  Pas  de  pluies  dans  cette  s:iisi)n,  excepté 
quelques  pluies  d'orage;  mais  les  riisé''s  sont  abon- 
dantes et  |iarnissenl  snriirc  pour  htnn'  cicr  les  piau- 
les. En  auionine  les  pluies  viennent   par  la  iramon- 
tane,  ou  le  vent  des  Alp«\s.  D'oclobre  à  janvier,  les 
alternatives  de  pluies,  de  mistral  et  de  vents  dénier 
ne  laissent  que  peu    d'.niervalles  de  beau  lemps  ; 
souveiil,  nu  coniraire,  les  mois  de  j mvier  et  de  fé- 
vrier sont  très-beaux,  les  amandiers  se  couvrent  de 
fleurs,  ei  si  le  ii  isir.il  ne  revenait  en  mars  dessécher 
lamturedans  l'i^c  de  la  C:imargne,  on  n'y  connaî- 
trait pfls  d'hiver. — Le  climal  de  l'ile  esi  irès-malsain, 
à  cause  des  eaux  corrompues  et   des    miasmes  des 
marais,  qui  dans  l'été  produisent  de  fréquciiles  épi- 
zoolies  chez  les  animaux,  et  des  fièvres  puiiides  c'  ei 
les  hommes;  maladies    i|ui   désesiièrcnt   et    ruinant 
souvent  les  propriétaires  de  la  Camargue,  où  la  mor- 
lalilé,  terme  mo)en,  est   souvent  d'un  8*,  lorsque 
l'ans  le  reste  de   la  France  elle  n'est  que  d'un  40« 
de  la  population  par  annéo.  .Aussi,  la  population  de 
nie,  qui  n'est  que  de  2523  imdvi  lus,  et  n'a  que  le 
malheureux  bourg  de  Sainie-.Marie,  est  sms  cesse 
a'imcniée  par  les  villes  d'.\rles,  de  Saiui-Gilles  et  de 
Fourques.  Au  xiii*  siècle,  il  faui  que  la  Camaigueail 
été  plus  lenile  et  plus   saine  qu'a'ijnuril'liui,  puis- 
qu'elle ivait  d  s  villes  el  des  villages  en  f;r;ind  nom- 
bre.   Jules  César   la    trouva    couver  e    d'arbres    de 
haine  futaie  et  y  fil  couper  le   bois    nécessaire  à  la 
cinslrnctiou  (le  12  galères;  mais  à  piésent    ou   n'y 
trouve  plus  (|ue  quelques  ornicnux  près  des  mais'ins 
de  cam;^•\gne.  et  dos  lagunes  siériles,  ou  des  étangs 
sur  lesi|uels,  lorsqu'ils  sotii  desséchés,  a  lieu  le  plié- 
«>««éfte  du  mirage,  comme  en  Egypte. 
;      te  cours  entier  du  Rhône ,  depuis  sa   source  (à 
'  Sfii*  p.  au-des'us  de  la  mer)  au  glacier  du  Rhône, 


jusqu'à  son  embouchure  dans  la  Méditerranée,  est 
de  2,'j9:',57t)  p.  ou  2u8  I.  cl  demie,  el  sa  pente  est 
de  3130  p.,  ou  par  esliiiiaiion  moyenne,  de  1  p.  sur 
487  p.  un  quarl  de  distance.  —On  remonte  le  Rhône 
à  la   Voile  di'piiis  la  mer  jusqu'à   Beaiicaire;   mais 
au  dessus  de  <etlevdle,   il  n'est  plus  possible  de 
vaincre  la  rapiililé  du  courant  (pie  par  le  secours  du 
ballage.  La  facilité  que  les  barques  de  mer  trouvent 
à  remoiiler  jusiju'à  lieaucaire,  a  [ail  choisir  cette  ville 
pour  èlre  l'cnirepôi  général  du  commerce  de  France 
avec  l'Espagne,  les  cfiies  d'Afri(|ue  et  d'Asie  ,  ainsi 
qu'iivec  li^ut  le  Lev  <nl  el  l'Italie.  Néanmoins  l'incer- 
liiude  de  cette  navigation  et  les  difficuliés  qu'offre 
la  r  euionle  du  liliôiie  depuis  Arles  jusigu'a  Lyon  font 
que  la    plupart  des  ex|>édilinns  de   Marseille  pour 
l'ol  de  la  France  onl  lieu  par  la  voie  du  nvulage  : 
en  ellél,  sur  environ  ,^oO,IjUO  quin  aux  méiriques  de 
Di^irchaiidises  qut  sortent  aunuelleinent  de  Marseille 
à  la  desiiiiation  de  Beaucaire,  d'Avignon  ou  de  Lyon, 
i'  n'en  lemonie  par  le  Rhône  que 200,001)  quintaux  en- 
viron, tandis  que  le  surplus  vient  par  terre.  Les  bâ- 
limenls  de  mer  qui  vont  de  Marseille  à  Arles  font  ce 
trajet  en  trois  nu  cinq  joHrs,  et  reniouient  en  quel- 
ques heures  d'Arles  à  Beaucaire;  mais  ils  sout  sujets 
à  de  grands  retards  si  le  vent  est  contraire.  —  La 
renionie  du  Rlnine  depu  s  Beaucaire  jusqu'à  Lyon, 
sur  une  longueur  de  263,000  mètres,  pré>enle  des 
difficultés  (le  toute  naluie,  résultant  de  la  vitesse  du 
fleuve,  de  l'action  quehpielois  très-violente  des  vents 
du  nord  el  du  sud,  de  la  variation  dans  la  haiitenr 
des  eaux,  et  de  la  nécessité  de  ciianger  souvent  de 
rive  pour  le  hallage.  La  longueur  de  la  partie  navi- 
gable de  ce  fleuve  esl  de  5OS,00Ù  mètres,  celle  de  la 
partie  flotlalde  se   borne  à  10,000.  Au  l'arc,  où  sa 
teniiine  la  naviiialion  ascendante,  il  se  (tiit  un  dépôl 
considérable  de  sels  qui  viennent  du  Languedoc;  ou 
remonte  un  peu  de  vins  el  beaucoup  de  charbons  de 
Icrie  provenant  des  houillères  de  Rive-deGier.  On 
ctmsiruit  à  Seyssel  et  à  Culles  un  grand  nombre  de 
bateaux  destinés  pour  la  navigation  du  Rhône  et  de 
la  Saône.  Où  y  embarque  pour  Lyon  des  bois  de 
construction,  de  la  p  erre  de  taille  blanche,  de  l'as- 
plialie.  Ou  charge  aussi  sur  le  Rhône  des  charbons 
de  bois,  des  fagots,  des  fruits,  et  pariiculièremenl 
des  pommes  du  Bugey.  Les  épiceries,   les  vins,  les 
huiles  de  la  Provence  et  du  Languedoc  remontenl  le 
Rhône,  ainsi  que  les  papiers  d'Annoiiay.  Des  bateaux 
à  vapeur  se  succèdent  presque  sans  interruption  de- 
puis Lyon  jusqu'à  Arles  ;  ces  mêmes  bateaux  conmiu- 
liiquenl  avec  la  Méditerranée  par  le  canal  d'Arles  au 
port  de  Bouc.  La  traver-ée  de  Lyon  à  Arles  se  fail 
avec  une  rapidité  si  grande,  que,  dans  cette  distiince 
d'environ  73  lieues,  ces  bateaux  ne  tonique  13  heures 
pour  la  pnrcdurir  :  ils  prennent  les  passagers  et  louls'S 
sortes  de  marchandises,  et  remontent  aussi  le,  fleuve. 
Rhodanusiii,  vel  Lvgdimum,  vet  Leopolis,  vel  Léon- 
lopolis,  Lyon,   métropole  de  la  première  Lyonnaise, 
dans  l'exarchat  des  Gaules.  Elle  date  de  l'an  179  de 
l'ère  chrétienne.  Ses  archevêques  onl  forlé  le  tiir« 


€59 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


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de  patriarche  au  vi«   siècle.  En  1079,  le  pape   Gré- 
goire MI,  qui  avait  été  chanoine  de  celle  métropole, 
leur  accorda  le  titre   de  primat  des  quatre  provinces 
Lyonnaises.  Les  métropolitains  de  Tours  el  de  Sens 
récl:inièrent  foriemenl  contre  celle  dénomination, 
qui,  au  res;e,  él.iit   plus   honorifique  que  réelle. — 
Les  archevêques  de  Lyon,  au   moye'  âge,   possédè- 
ren'  pendant  un  certain  temps  la  j-ouveraineté  de  la 
ville.  Les  chanoines  de  la  caihéilrale  prenaient  le  ti- 
lilre  de  C'iinle,  el  devaient  fiire  i  renve,  avant  d'être 
a'Iiiis    dans    le  cli;ipitie,   d'une    Irès-a' rienne  no- 
bles^^e.  —  Oaiis  le  siècle  dernier,   le  jansénisme  se 
répandit  parmi  le  cleigé  du  diocèse,  el  l'archevêque 
Monlazel    s'en    déclara     le    pr.ilecieur.     Après    le 
concordat  di-  1801,  le  cardinal  Fesch,  oncle  mater- 
nel de  Napoléim,  fui  promu  à  rarchevècl.é  de  Lyon, 
doiil  il  co  iserva  le  litre  jusqu'il  -a  mort,  malgré  l'exil 
auquel    la   reilauiaiioii  le  condacmia  comme   im  ni- 
bre  de  la   famille  Bimaparle.  Avaii?  17S  i,  le  diucèse 
de  Lyon  était  considérahle  ;    il  l'est  encore  aujour- 
d'hui, pui.-qu'd   comprend    dars  sa   circonsciiption 
les  dé  artemenis  du  R  ône  et  de  la  Loire,   hirmés 
des  anciennes  provinces  du  Lyonnais,  du  P.eaiijolais 
et  du  Forez.  Lanhevêque  avait  pour  sulfr  gants  les 
évèques  de  Langiez,  de  Dijon,  d'Aulnn,  det.hàlons- 
sur  Saône  et  de  .Mâcon.  Les  deux  derniers,  suppii- 
iné- par  le  ciiiicuril  .1   de  u  01,  avaient  été   rétit)lis 
pir  celui  de  1817  ;   mais  comme   il  n'a   reçu   qu'une 
exécution  partiel  e,  les  deux  sièges  en  questimi  smit 
restés  déliiâtiveinent  supprimés.  Les  siilliagants  :ic- 
tuels  sont  les  évéques  de  Samt-Olaude,  de  Grenolde, 
d'Auiuii,  de  Dijon  el  de  Langre,-. 

Il  s'est  tenu  à  Lyon  huit  conciles,  savoir  :  en  19.j, 
en  517,  en  5i)7,  en  )83,  en  IOj',  en  !o80,  en  1243 
el  en  1274.  La  ville  de  Lyon  a  moniré,  à  diverses 
époques,  un  vif  attachement  à  la  religion  catholique. 
On  raconte  de  sa  population  beaucoup  d'actes  de 
courage,  de  dévouement  el  de  fui,  en  1795,  di  et 
95,  et  surtout  lors  du  siège  et  de  la  prise  de  la 
ville  par  les  iroupes  do  la  Conventiiii  nationale. 
C'est  Lyon  qui  a  eu,  en  l!i  17, l'idée  de  l'association 
pour  la  propagation  de  la  loi,  et  qui  l'a  réalisée. 
C'est  d.ins  cette  ville  que  se  trouve  le  siège  de  l'eta- 
blis-emenl. 

L'origine  de  Lyon  se  perd  dans  la  nu't  des  siècles, 
el  il  parait  pre>que  impossible  de  déterminer  l'épo- 
que précise  de  sa  fondation.  Lors  de  la  conquête 
des  Gaules  par  César,  c'était  déjà  une  place  de  quel- 
que Iropurtanee  et  le  principal  marché  des  Sègnsieiis, 
bâtie  un  peu  au-dessus  du  cunQueni  de  la  Saône 
et  du  Rhône.  Tout  porte  à  croire  que  cette  vil  e  a 
été  tàtie  dans  la  situation  où  elle  existe  aujourd'hui, 
par  le  consul  Lucius  Munalius  Plancus,  qui  la  peu- 
pla de  citoyens  romains  que  les  Allobroges  avaient 
chassés  de  Vienne.  Voici  comment  l'historien  des 
Gaulois  (A.  Thierry)  explique  son  origine  :  i  De 
graves  dissensions  domestiques  s'étaient  élevées 
dans  l'enceinte  des  murs  de  Vienne,  durant  les  guer- 
res de  César  et  de  Pompée;  une  partie  des  habitants 


avait  chassé  l'autre  ;  réfugiés  sur  les  bords  du  Ulitf*  [ 
ne,  prés  de  son  confluent  avec  la  Saône,  les  bannis  ' 
viennois  y  vécurent  longtemps  campés  dans  des  ca- 
banes ou  sous  des  tentes.  L'année  qui  suivit  la  mort 
du  dictateur,  le  sénat  romain  forma  le  projet  de  les 
coloniser  et  de  leur  bâtir  une  ileineure;  il  chargea 
de  ce  soin  le  gouverneur  de  la  province,  F'Iancus, 
dont  il  redoutait  et  voulait  occuper  l'i'sprit  tuibu- 
lent.  A  l'endroit  où  la  Saône  se  jelle  dans  le  Rhône, 
sur  le  pen<  hani  d'une  colline  qui  la  borde  â  l'occi- 
dent, était  situé  un  village  ségusi'n,  nommé  Lug- 
dunum  :  Plancus  s'en  empara,  le  reconstruisit  et  en 
fil  une  ville  nù  il  établit  les  exilés.  Plus  tard,  Augus- 
te, charmé  de  la  beauté  du  si:e,  y  attira  une  colonie 
militaire,  i  On  la  nouiiiinit  encore  LeupoUs  (ville  de 
Lyon)  et  Leontopolis.  Elle  porta  aussi  le  surnom  de 
Nouvelle-Ail. eues.  Au  lem(>s  de  saint  Iréiiée,  cette 
ville  se  noiumait  Rhodan>isia. 

Admiraiilement  placé  pour  la  navigation,  Lugdu- 
niim  s'enrlciiit  et  aci|uit  en  peu  de  temps  une  assez 
grande  iraport:iiice  commeiciale.    Auguste  en  fit  la 
nictrop'  le  de  la  Gaule  ('ellii|ue,  qui  dès  1  irs  chan- 
gea de  nom  el  prit  celui  de  Gaule  Lyiuinaise.  I'  vint 
lui-nienie  dans  cette  ville,   acc.iiiipagiié  de  Tibère, 
d'une  garde  nouibreuse  el  d'une  Cour  brillante  (l'an 
738  de  Home),  et  fut  reçu  dans  un    pa'ais  construit 
sur  le  pi  nchant  de  la  colline  de  Foiirvières,  qui  prit 
le  nom  de   palais    impérial.  L'eni|ieieur  séjourna 
tiois  ans  d  us  celte  ville,  où  il  organisa  une  cour  et 
une  e^pêce  de  sénat  semblable  à  celui  de  Rome.  Il  y 
él:ililit  un  collège  des  soixanie,  qui  renda  t  la  ju^lice 
avi'C  dépendance    innnèdiaie   du    sénat   romain,   un 
athénée  où  des  orateurs  s'exerçaient  à  des   disputes 
éloquentes,   un  collège  paiticulier  pour  les  citoyens 
romains,  un  surveillant  des  collèges   d'anisaos,  un 
maille  de  navigation  el  des  ports,  etc.,  etc.  t'nfiii,  il 
embellit  celte  ciié  de  tant  de  monuments,  il  y  ré- 
pandit tant  de  biC' faits,    que  Soixante  nations  gau- 
loises, pour  témoigner  leur   reconnaissance,    firent 
construire  en  son  honneur,  au  coiiflueni  du  Rhône 
et  de  la  Saône,  un  tem;>le  (|ui   était  un    des  monu- 
menis  Us  plus  célèbres  de  l'antiquité.  Agrippa,  gen- 
dre d'Augusie,  coniriliua  aussi  beaucoup  h  la    pros- 
périié  de  Liigdunum;  il  en  fil  le  point  de  déport  des 
quatre  grandes  voies  mili  aires  qui   traver^aient  les 
Gaules,  dont  l'une  allait   aux  Pyrénées  par  les  Cé- 
veiincs,  l'Aiiveriine  el  l'.^quiiaine;  la  seconde,  vers 
le  connuent  du  Klim  et  de  la  Meuse;  la  troisième,  à 
l'Océan  par  la  Bourgogne  ;  et  la  quatrième,  à  la  Mé- 
diterranée par  .Marseille  et  Narbonnc  :  on   voit  en- 
core des  restes  considérables  de  ces  voirs  romaines 
aux  environs   de  Lyon.  Tihéie,  pour  éterniser  la 
mémoire  d'Auguste,  qui  l'avait  choisi   pour  héritier, 
insiiiua  les  Augustaux  (prêtres  du  culte  d'Augusie), 
et  fut  honoré  lui-même   d'une   statue  éque^lre  par 
les  trois  provinces  de  la  Gaule  Lugdunaise.  Caligula 
habita  le  palais  impérial  de  Lyon.  Durant  son  séjour 
dans  cette  ville,  ii  commença  par  soumettre  les  par- 
ticuliers à  des  taxes,  sous  le  nom  spécieux  de  pré» 


6ii 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOVEN  AGE.  644 


Benis,  el  ne  craignit  pus  ensuiiede  coniianiner  à  mort 
les  |)|iis  opiilenl-  trenuv  eux  poi;r  s'emparer  de 
leurs  richesses.  Ce  lyran,  d'nn  caraclère  b  zarre, 
ainiall  les  choses  ridicules  :  il  iiisiilua  |)rès  de  l'au- 
lel  d'Augusie  de  nouvelles  coiileie  ces  grecques  et 
latines,  et  prit  pl:"isirà  loiiruieiiler  cette  foule  d'ora- 
teurs qui  venaient  à  Lyon  pour  disputer  le  prix  d'é- 
loquence, en  imposant  pour  punition  aux  vaincus 
de  fournir  à  leurs  dépens  des  prix  aux  vainqueurs, 
61  eu  les  contraignant  d'ell'acer  leurs  propres  ouvra- 
ges avec  la  langue  ;  en  cas  de  relus,  ils  étaient  Itat- 
lus  d'  verges  el  même  précipiiés  dans  le  Kliône.  Ce 
(yraii  quitta  Lyuii  pour  retourner  à  Home  où  il  fut 
assassine. 

L'empereur  Claude  orna  la  ville  de  Lyon  de  magni- 
fiques aqueducs  el  d'aulres  monuments.  Il  obtint 
du  sénat  (l'an  48  de  l'ère  cbrélienne)  qu'elle  serait 
mise  au  rang  de  ciié  romaine,  et  prononça  à  ce 
sii^(!l  un  discours  qui  s'est  conservé  sur  deux 
tables  de  bronz-  ,  où  les  Lyinnai-  le  firent 
graver  pour  perpétuer  leur  recnniiai  sance.  L'é- 
tat llorissiiit  de  cette  cité  ne  fut  pas  de  longue 
durée  :  le  plus  terrilne  incendie  dont  la  mé. noire 
des  liomiiies  ait  consi  rvé  le  souvenir,  et  d(mi  Sé- 
i,è|ue  a  peint  vivement  les  affreox  elTils,  anéantit 
dans  une  seule  laiit  cette  majinifiq  e  rite.  Néron  la 
fit  biemôi  len.'ire  de  ses  cendres.  T'.ijan,  Adren 
et  Anlinin  cum  ouruienl  aussi  au  lélahlisscnient  de 
sa  pr  spérité,  en  y  faisant  construire  «le  somptueux 
édifice»  et  lui  accorlaui  plusieurs  privilèges;  mais, 
suivant  M.  tliochard,  ce  qui  contribua  le  plus  à  lui 
donner  de  l'éclat,  ce  fut  rétablissement  des  loires  qui 
se  tinrent  chaque  année  dans  son  enceinte,  et  qui  y 
attirèrent  des  diverses  contrées  de  l'Europe  et  de 
l'Asie  une  affluence  prodigieuse  d'étrangers.  Le 
commerce  ne  pouvait  se  fixer  sur  un  sol  plus  pros- 
père; aussi  il  s'y  déveinppa  avec  une  rapidité  éton- 
nante ,  et  y  jeta  de  si  profondes  racines,  que  les 
siècles  et  les  révolutions  n'ont  pu  l'anéintir.  Lors- 
qu'après  la  mort  de  l'eriinax ,  Albn  et  Septinie 
Sévère  se  tlisputèient  l'euipire,  la  fortune  ayant  se- 
condé le  premier  dans  les  Gaules,  Lyon  se  déclara 
en  sa  faveur,  et,  après  sa  défaiie  aux  plaines  de 
Trévoux,  eut  le  courage  île  lui  ouvrir  ses  portes. 
Sévère  entra  dans  celte  ville  en  vainqueur  irrité  et 
la  livra  à  la  fureur  de  ses  soldats,  qui  n'en  firent 
qu'un  monceau  de  cendres  et  de  ruines,  et  passèrent 
les  habitants  au  tii  de  l'épée  :  dix-neuf  nille  hom- 
mes, sans  compter  les  femmes  et  les  enfants,  péri- 
rent dans  cet  horrible  massacre  (l'an  197).  A  peu 
près  vers  cette  époque,  saint  Pothin  y  propagea  le 
christianisme  et  y  périt  avec  cinquante-huit  de  ses 
disciples.  Saint  Iréiiée,  qui  lui  succéda,  succomba 
avec  dix-neuf  mille  chrétiens  dans  nue  secon  e  per- 
sécution qui  eut  lieu  en  "2l)'2.  Sous  les  empereurs, 
Lyon  fut  encore  prise  d'assaut  et  pillée  par  les  peu- 
ples du  N<rd  ,  qui  se  disposaient  à  y  mettre  le  fe*, 
lorsqu'ils  furent  surpris  et  exterminés  par  Julien. 
Vers  le  milieu  du  v»  siècle,   Attila  saccagea  cette 


ville  et  fit  disparaître  tout  ce  qni  restait  de  monu- 
nieiits  r  mans.  En  4r>8,  S  ilonius  Apollinaire  livra 
Lyon  à  Tliéodorie,  roi  des  Visigollis.  En  47tj,  Gun- 
ilerir  s'en  empara  ei  en  fil  la  capitale  du  royaume  de 
Bourgogne,  qui  subsista  près  d'un  siècle.  Vers  la  fin 
du  vif  siècle,  Lyon  passa  sous  la  domination  des  rois 
de  Fiance.  Une  armée  de  Sa:  rasins  venus  d'Espagne 
s'en  empara  dans  le  viif  siècle,  renversa  les  églises 
et  les  murailles,  détruisit  une  partie  des  maisons,  et 
passa  au  fit  de  l'épée  un  grand  non^bre  d'Iialiitants. 
La  protection  et  les  bienfiils  de  Charlemagne  ren- 
dirent à  Lyon  une  pariie  de  sa  prospérilé  ;  il  lit  rele- 
ver ses  ruines  et  établit  une  belle  bibliothèque  dans 
le  monastère  de  l'ile  liarbe.  Lors  du  partage  de 
l'empire  eniie  les  enfants  de  Loihaire,  Lyon  devint 
la  capitale  du  royaume  de  Provence,  situé  enire  les 
Alpes,  le  Uliône  el  la  mer,  qui  ér but  au  piince 
Charles.  En  87ii,  cette  ville  passa  de  la  dumiiiai<on 
des  enfants  de  Charlemagiie  sous  celle  de  Boson,  à 
qui  la  royainé  fut  déférée  par  vingt  trois  prélats  : 
Aurélien,  aichevêque  de  Lyon,  eut  jjrande  part  à 
celte  éicclion.  Après  la  mort  de  Bodidphe,  roi  de 
Bourtiogiie  ,  Bun  liard  ,  son  frère,  arclicvê|ue  de 
Lyiui,  retint  pour  lui  celle  vi^le  et  une  partie  du 
Lyonnais,  comme  étant  l'hérila.je  de  Si  mère  Ma- 
tliilile.  De  cette  époque  date  la  souveraineté  des  ar- 
chevêques de  Lyon  ,  qui  leur  fut  confirmée  par  une 
bulle  de  l'empereur  Uarherons^e,  en  d.itc  du  18  no- 
vembre 1157.  Un  siècle  après,  les  e\..clions  exercées 
par  les  officiers  de  l'archevêque  f  ircèrenl  les  habi- 
tants de  courir  aux  armes;  ils  se  forn.èrcnl  en  com- 
pagnies, ninnmèrent  les  plus  notables  pour  veiller  à 
la  sûreté  de  tous,  organisèrent  le  gouvernement  mu- 
nicipal ,  et  s'emparèrent  des  tours  et  du  pont  du 
Bliône  :  cette  première  révolte  se  termina  par  una 
transaction.  Trente-quatre  ans  après,  la  giierie  se 
ralluma  :  les  habitanis  furent  excommun  es  par  l'ar- 
chevêque. Louis  IX  fut  piis  pour  arbitre:  il  profita 
de  «es  déniées  pour  rentrer  en  possessimi  de  la  jus- 
tice tem  'orelle.  Philippe  le  Bel,  en  faisant  rentrer 
la  ville  de  Lyon  sous  l'autoriié  des  rois  de  Fnnce, 
mit  fin  pour  toujours  h  celle  lutte.  Sous  leur  gou- 
vern  ment,  l'industrie  et  le  commerce  se  dévelop- 
pèrent avec  une  aetivité  extraordinaire  ;  par  suite  des 
guerres  civiles  d'Italie,  des  lamlUes  opulentes,  fuyant 
la  persécution  qni  désolait  ce  pays,  lui  apportèrent 
des  capitaux  et  les  arts.  Les  Pazzi,  forcés  de  céder 
la  fortune  aux  Médicis ,  s'y  retirèrent  de  Floience 
avec  un  grand  nombre  de  maisons  de  leur  parti,  el 
les  Génois  y  jetèrent ,  au  temps  de  François  1",  les 
fondements  de  ces  manufactures  de  soie  qui  depuis 
sont  parvenues  à  un  si  haut  degré  de  célébrité.  Lyon 
jouissait  alors  d'une  entière  liberté  ,  était  exempt 
d'impôis  et  offrait  ainsi  au  commerce  toutes  les  ga- 
ranties dé  irables.  Les  foires  dont  Charles  Vil  graiifia 
cette  ville  en  1420,  mais  qui  ne  furent  organisées 
définitivement  que  sous  Louis  XI,  en  1463,  innuè- 
rent  aussi  d'une  manière  sensible  sur  les  progrès  de 
son  commerce;  les  privilège."  concéttés  aux  mar- 


«a 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


6i4 


cliands  qui  .es  fréquenlaieiU  firent  affluer  une  foule 
«l'élrangers  industrieux  sur  les  rives  du  Rliônc  ;  la 
fortune  qu'ils  y  aciiuirenl  les  y  naturalisa.  La  déca- 
dence de  ces  foires  roraniença  avec  le  xviii*  siècle  ; 
cependant  elles  n'ont  cessé  qu'à  la  révolutiou  de 
178!),  et  leur  supppi'ssion  n'a  uiéme  apporté  aucun 
changement  noiahle  dans  les  opëraiions  coinintîr- 
ciales  de  Lyon,  parte  que  les  manufactures  des  soie- 
ries avaient  pris  dès  lors  une  telle  extension  , 
qu'elles  n'avaient  plus  besoin  de  leur  appui  pour  se 
soutenir  et  pour  prospérer. 

Eu  1560,  les  calvinistes  s'eniparèrenl  de  Lyon  par 
surprise,  mais  ils  n'eurent  pas  le  temps  de  s'y  éta- 
blir, et  furent  chasses  des  points  qu'ils  étalent  par- 
venus »  oceuper  par  l'abbé  de  Savigne.  Di'ux  ans 
après,  c^s  religionnaires  surprirent  cette  ville  par  un 
coup  de  main  hardi  et  ne  la  rendirent  qu'en  li6J  au 
maréthiil  de  Vienville.  Après  la  luort  de  Henri  IH  , 
quelques  religieux  poussèrent  Lyon  dans  le  parti  de 
la  Ligue;  mais  après  l'attentai  de  Jean  Châtel,  cetie 
ville  reconnut  Henri  IV,  qui  la  visita  en  15S)j.  —  La 
prospérité  de  Lyon  fut  portée  à  un  haut  degré  sous 
le  règne  de  l^ouis  XIV.  Cette  ciié,  jusqu'alors  peu 
remarquable  sous  le  rapport  architectural,  s'embellit 
de  nouveaux  quais  et  d'un  grand  nombre  de  beaux 
éililices.  La  ré^•olution  de  178!'  lui  porta  un  coup  fu- 
neste; assiégée  eu  17'j5  par  une  année  de  soixante 
mille  hommes  aux  onlres  de  Duliois-Crancé,  elle  se 
défendii  pendant  deux  mois  avec  le  cour.ige  le  plus 
liéroi|ue;  obligée  enfin  de  capituler,  après  avoir 
souffert  tontes  les  horreurs  .le  la  famine  et  d'un 
terrib'e  bombardeineiil,  elle  fut  en  pi  oie  à  loiiies  les 
SoulTran  'es  d'une  ville  prise  d'assaut;  ses  principaux 
édifices  et  plus  de  deux  cents  maisons  furent  renver- 
sés ou  démolis,  et  son  nom  changé  en  celui  de  Ville- 
Affranchie.  Toutefois,  t.inl  de  désastres  disparurent 
sous  le  consulat  et  snus  l'empire  ,  et  Lyon  devint 
plus  llorissatile  que  jamais;  sa  prospériié  fut  l'objet 
constant  de  la  sollicitude  de  Napoléon  pendant  tout 
son  règne,  romnie  l'aitesleiit  les  règienienis  d'.dnii- 
uistratinn  publique  qu'il  rendit  concernant  la  fabri- 
que lyonnaise,  eiilre  autres  le  rétablis  eraenl  de 
la  magisiralure  des  prud'hommes.  —  En  1831  et 
en  1854,  Lyon  a  été  le  ihéàire  de  luttes  sanglantes, 
que  l'histoire  a  inscrites  en  lettres  de  sang  dans  nos 
annales. 

Lyon  est  dans  une  belle  siiuation,  au  confluent  du 
Rhône  et  de  la  Saône  ,  entre  lesquels  la  plus  grande 
partie  de  celle  ville  se  t'ouve  resserrée  :  au  nord, 
elle  est  dominée  par  les  montagnes  de  Fourvières  et 
de  Saint-Sébastien,  (|iii  s'élèvent  en  amphithéâtre 
sur  le  bord  de  la  Saône.  Le  Mte  en  est  infiniment 
riche  et  pittoresque;  les  deux  fleuves  qui  le  bai- 
gnent, les  coteaux  couvons  de  verdures  et  de  mai- 
sons qui  le  bornent,  les  aspects  variés  que  présen- 
tent les  deux  rives  de  la  Saône ,  la  perspective  des 
Alpes  groupées  à  l'orient,  concourent  à  en  faire  une 
des  villes  les  plus  intéressantes  du  monde.  De  la 
montagne   de  Fourvières,   on  embrasse   d'un  seul 


coup  d'oeil  l'ensemble  de  cette  ville  et  tous  ses  grands 
monuments  ;  l'aspect  que  présentent  ses  rues ,  ses 
pouls,  ses  places,  ses  quais,  ses  édifices  ,  son  active 
population,  préseule  un  des  plus  beaux  panoramas 
de  l'Europe.  Bùlie  en  partie  sur  plusieurs  collins  et 
en  partie  sur  un  lerraiu  uni,  cette  ville  offre  peu  de 
régularité;  l'intérieur,  composé  de  rues  éiroiles  et 
tortueuses,  bordées  de  m.iisons  Irès-élevées ,  nuit  à 
la  beauté  de  son  ensemble:  mais  elle  est  dédomma- 
gée de  l'aspeii  peu  agréable  de  quelques  qu:irtiers 
par  la  ma?nificenfe  de  plusieurs  autres.  Trois  rangs 
de  quais,  entrecoupés  de  dix-sepi  ponts,  et  presque 
tous  de  construciion  moderne,  ainsi  que  les  glacis , 
embrassent  tout  ■  la  pailie  située  sur  les  ileux  ri- 
vières, et  lorment  une  superbe  enceinte  que  l'on  ne 
peut  se  lasser  d'admirer.  Sur  les  bords  du  Rhône, 
Une  ligne  immense  de  maisons  et  de  beaux  édifices 
publics,  depuis  le  faubourg  Sainl-t^lair  jusqu'à  la 
porte  Perrache,  donne  aux  points  de  vue  un  carac- 
lére  particulier  de  grandiose  qui  tient  à  la  naiure  des 
sites  de  Lyon;  des  iioiioirs  d'une  lieue  d'ctenduo, 
garnis  d'un  double  rang  d'arbres,  et  d'où  la  vue  s'é- 
tend sur  une  belle  plaine,  bardent  le  cours  majes- 
tueux du  fleuve.  Sur  les  quais  de  la  Saône,  la  colline 
de  Fiuirvières,  lescote.iux  de  Saint-Just  etdeSainle- 
Foy  offrent  des  tableaux  ra|)pr(ichés;  les  regards  s'y 
promènent  sur  des  scènes  nionv;inies  (|ui  se  mulli- 
plieiiiei  varient  à  chaque  iustani ,  st  une  prodi- 
geuse  <|u;iuiiié  de  barcpies  ei  de  bateaux  de  formes 
différeules,  qui  présentent  le  tableau  animé  de  la 
navigation  au  pied  d'une  colline  pittoresque.  Sur  la 
Saône,  celle  navigation  est  tranquille  cimiuie  le 
cours  de  la  rivière;  mais  sur  le  Rhône  ,  les  bateaux 
qui  descendent  le  fleuve  fuient  avec  la  rapidité  du 
trait.  De  tîntes  paris  on  voit  des  miuilins,  des  fou- 
lons, des  frises  et  de  grands  éiablissemenis  hydrau- 
liques, dont  le  mouvement  et  le  bruit  annoncent  les 
travaux  d'une  ville  de  fabrique  de  premier  ordre. 

Lyon  est  entouré  de  |.lu--ieiirs  faubourgs  :  les  plus 
remaiqu;ibles  sont  Fourvières  au  sud-ouest  ;  la  pres- 
qu'île Perrache  au  sud;  Serin  et  Vaize  au  nord- 
ouest;  la  Guilloiièie  à  l'est,  et  la  Croix-Housse  au 
nord;  ces  deux  derniers  ont  acquis  le  droit  de  ciié, 
et  forment  deux  comuiunes  distinctes  de  Lyon.  — 
Fourvières  est  siiué  sur  le  Forum  vetiis,  où  existait 
l'ancienne  ville  romaine.  Le  haut  de  la  montagne  est 
occupé  par  un  grand  nombre  de  billes  habiiations , 
d'où  l'on  jouit  d'une  vue  magnifique  sur  la  ville  en- 
tière et  sur  les  deux  fleuves;  le  bas  el  la  partie 
moyenne  soûl  habités  par  la  classe  du  peuple  la  plus 
pauvre  :  les  rues  y  sont  noires,  m  ilpropre*,  insalu- 
bres, et  beaucoup  sont  en  escaliers.  —  Le  quartier 
de  Perrache  occupe  un  immense  terrain  conquis  sur 
le  Rhône,  qui  a  éié  forcé  de  se  creuser  un  autre  lit 
il  y  a  près  de  soixante  ans;  il  doit  son  nom  à  M.  Per- 
rache, qui  conçut  l'idée,  en  177(),  de  reculer  d'une 
"tenii-lieue  la  jonciion  du  Rhône  cl  de  la  Saône,  pour 
allougei-  la  ville  ,  qu'on  ne  pouvait  agrandir  d'aucun 
;'Ulre  côté,  à  cause  des  montagnes  qui  l'entourent  et 


645 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


m 


des  fleuves  qui  la  bardent.  La  presqu'île  Perrache  , 
par  sa  position  auconnueiil  de  la  Saône  et  du  Uliôiie, 
sera  uii  jour  un  nouveau  Lyon  ,  beau(Oup  plus  beau 
gue  l'ancienne  ville  :  les  rue-  qu'on  y  a  tracées  sont 
Irés-larges  et  abouiissenl  presque  toutes  à  l'une  et  à 
l'autre  rivière.  A  l'exlréinité  de  l'ile,  et  non  loin  du 
pont  de  la  Mulalière,  on  a  conslruit  un  pont  en 
cliarpente  destiné  au  passage  du  chemin  de  fer  de 
Saint-Etienue.  —  Le  faubourg  de  Serin  ,  d'une  pe- 
tite étendue,  est  dans  une  situation  agréable,  sur  la 
rive  droiie  de  la  Saône,  dont  les  rives,  terminées 
par  des  coteaux  peuplés  de  lielles  maisons  de  cam- 
pagne, oUrent  une  charmante  promenade.  Au  centre 
se  trouve  le  grand  entrepôt  des  vins  de  la  ville  de 
Lyon.  —  Le  laubourg  de  Vaize  commence  à  la  place 
des  Deux-Amanis,  au-dessus  du  rocher  de  Pieire- 
Sciae.  La  rue  principale  conduit  à  ime  p;ace  circu- 
laire à  laquelle  aboulibseni  les  routes  de  Bourgogne 
et  du  Buurlionnais.  Le  centre  de  cette  pbice  éLiit 
autrelois  orné  d'une  pyramide  dédiée  à  Louis  XVI. 
—  Le  faubourg  de  la  Gujllotitre  est  situé  sur  la  rive 
gauche  du  lUiône,  vis-à  vi<  du  pont  de  son  nom. 
Uiiuiqu'il  porte  encoie  e  nom  de  lauliourg,  il  n'en 
forme  pas  moins  une  ville  dislinciede  Lyon,  dont  la 
pU|<uUiion  esi  de  26,UU0  haliiiaots.  11  ue  possède  que 
fort  |>eu  lie  fabriques  el  de  manufactures,  rt  n'ei^ten 
partie  composé  que  d'auberges  et  de  caltarets ,  oit 
descendent  les  nuiubieux  r^uliers  de  la  Provence  et 
du  Langucdue.  —  La  Cruix-itousse  est  aussi  une 
Tille  dont  la  population  s'élève  à  16,260  habiianis 
bile  est  siiuée  sur  le  plateau  de  la  inorita.^ne  qui  se 
trouve  entre  le  Kliône  et  la  Saône  ,  et  presque  >-i\- 
tièiement  composée  de  jardina  et  de  peutes  guin- 
guettes tres-fréqucntés  le.-,  jour»  de  féie  par  la  popu- 
lation laboiieuie  delà  ville  de  Lyon.  Lie  ce  côté  s'é- 
tendaient autrefois  des  loi  tilicatlons,  aujourd'hui  ré- 
tablies ,  deslinées  à  déleiidre  la  ville. 

Le  besoin  de  pourvoir  les  habitants  do  Lugdunum 
des  eaux  salubres  indispensables  à  une  grande  popu- 
lation, détermina  le  gouveruemeiilde  Rjnie,  ou  plu- 
tôt les  magistrats  qu'il  avait  établis  dans  cède 
ciié  ,  là  laire  lecherclier  les  sources  qui  avoisinaient 
la  ville,  pour  les  conduire  sur  les  poinis  où  elles 
élaieiil  nécessaires.  Les  Romains  construisirent  suc- 
cessivement plusieurs  aqueducs.  Les  eaux  du  Mont- 
d'Ur,  les  plus  lappiochécs  de  Lyon  ,  furent  d'abord 
recu'iliies  par  deux  br.mches  d'aqueducs,  dont  l'une 
partait  de  Poleymieux,  et  s'étendait  jusqu'à  Saint- 
Didier,  en  traversant  les  collines  qui  ont  leur  pen- 
chant vers  la  Saône.  L'autre  branche,  parlant  de 
Limonest,  allait  jusqu'il  Salni-Didier;  là,  se  réunis- 
sant à  la  première,  elle  ne  lonnail  plus  qu'un  seul 
aqueduc  qui  pas-ail  à  Eully  ,  au  Ma^su  et  à  Salnt- 
Irénée.  Cet  aq  educ  formait  une  ligne  courbe  qui 
embrassait  plusieurs  vallées  dans  sa  concavité,  sans 
perdra  pour  cela  son  niveau,  parce  que  toutes  les 
l>elite8  collines  qui  le  supiorlaient  se  succédaient im- 
médialemenl.  Il  parait,  d'^.près  les  traditions,  qu'il 
fut  conslruit  par  les  soldais  du  camp  de  César,  et 


qu'il  ne  servit  qu'aux  premiers  habiiants  de  Liigdn- 
nuni.  L'accroissement  rapide  de  Lyon  rendit  bientôt 
Ces  eaux  insuffisantes.  La  partie  de  la  colline  de 
Fourvières  où  l'on  construisit  les  plus  riches  mai- 
sons lie  plaisance,  et  le  palais  des  empereurs,  ayant 
une  élévation  de  soixante  pieds  au-dessus  du  lieu 
d'où  partaient  les  eaux  du  Mont-d'Or,  il  fallut  recueil 
lir  celles  des  sources  plus  éloignées.  Le  Mont-Pila, 
éloigné  de  32  kil.  et  séparé  de  Lyon  par  plusieurs 
vallons  d'une  grande  profondeur,  élait  le  seul  lieu 
d'oii  l'on  pût  tirer  une  quantité  d'eau  snlfisante. 
L'exécution  d'une  entreprise  .mssi  gigantesque  n'ef- 
fraya pas  les  Romains  ;  (ouïes  les  enux  des  environs 
du  Mont-Pila  lurent  réunies  en  un  seul  aqueduc,  qui 
commençait  au  midi  de  Saint-Chamond.  On  y  re- 
(ueillit  au.-si  la  totalité  de  celles  de  la  rivière  de 
Giers  ,  ainsi  que  toutes  les  eaux  du  ruisseau  du  Ja- 
non  el  duFiireiis.  Une  fois  réunies,  les  eaux  de  ces 
rivières  coulaient  emprisonnées  dans  leurs  canaux  , 
parmi  les  campagnes  qui  portent  aujourd'hui  les 
noms  de  Saiiil-Chaiiiond  ,  Celiieu,  Chagnon,  Saint- 
Genis  de  Terre-Noire,  Sainl-Martin-la-Plaine,  Saint- 
Manrice-^ur  Oargoire,  Mornant,  Saint-Lanrent-d'A- 
gny  ,  Soncieu  ,  Chaponnst,  lieaunan  ,  Sainte-Foy, 
Saint-liénée  cl  Fourvièies.  L'aqueduc  se  terminait 
en  ce  lieu  par  un  réservoir  tiès-Uirge,  très-prolond , 
solidement  voùié,  fi  encore  de  nos  j  urs  parfaite- 
ment conserve.  11  existe  sur  la  colline,  dans  l'ancien 
clos  des  Minimes  ;  sa  longueur  est  de  45  pieds  de 
long  sur  ïi  de  large  ;  son  élévation  est  de  21  pieds  ; 
son  intérieur  est  divisé  par  arcades,  soutenues  par 
de  (orls  piliers.  Le  tout  est  revêtu  d'un  ciment  qui 
s'est  maintenu  assez  intact,  ainsi  que  les  ouvertures 
supérieures  par  où  les  eaux  se  piécipiiaieni.  Tout 
prés  de  là,  il  y  avait  un  autre  réservoir  plus  long 
et  supporté  par  un  grand  nombre  de  voûtes,  dans 
ladireciion  du  nord  au  midi  ;  l'eau  y  descendait  par 
un  puits  d'un    pied  et  demi  carré. 

La  construction  des  aqueducs  depuis  les  sources 
des  montagnes  jusqu'aux  réservoirs  de  la  cité  était 
fou  variée,  à  cause  des  nombreux  obstacles  que  les 
ingénieurs  avaient  rencontrés  sur  le  passage  des 
canaux.  Ceux-ci  furent,  ou  pratiqués  dans  l'intérieur 
des  collines,  avec  des  puits  supérieurs  qui  servaient 
de  ventouses,  ou  bâtis  à  la  surface  même  du  soi, 
ou  supportés  par  des  arcades.  Dans  le  premier  cas 
on  entourait  le  canal  d'un  massif  de  maçonnerie  ; 
ensuite  on  l'enduisait  intérieurement  d'un  ciment 
Composé  de  briques  pulvérisées,  dont  la  solidité 
égalait  celle  du  granit.  Des  évasi-ments  en  forme  de 
chambre  élaenl  pratiqués  à  des  distances  plus  ou 
moins  éloignées  pour  contenir  les  eaux  surabondan- 
tes. Quand  le  canal  était  à  Heur  de  terre,  on  creusait 
un  fossé  de  5  pied-  de  largeur  ;  on  lui  ilonnait  10 
•  pieds  au  moins  de  profondeur  ;  on  pliçait  au  fond 
un  massif  de  pur  ciment  de  18  pouces.  Sur  ce  llla^- 
sif,  on  élevait  les  deux  murs  de  côté,  en  leur  don- 
nant un  pied  et  demi  d'épaisseur.  Ces  di  nx  niurg 
étaient  ensuite  surmontes  d'uie    voùie  à  plein   cm 


647 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


648 


ire,  d'un  pieil  Ae  flèche  et  d'un  pied  d'épaisseur. 
Lorsque,  par  l'effet  dts  pentes  du  terrain,  le  canal 
se  trouvait  hors  du  sol,  on  rélevait  sur  un  mur  de 
maçonnerie  if  6  pieds  d'épaisseur.  Mais  pour  une 
liauieur  plus  considérahle,  on  construisait  des  arcs 
et  des  piles;  ei  leur  hauteur  dépendiàt  de  l'élévation 
où  l'on  était  forcé  de  placer  le  canal.  La  soliililé  de 
cei  ouvrage,  la  perfection  du  travail,  la  longueur  et 
la  difli'ulié  de  l'enireprise  étonnent  tous  ceux  qui 
l'examinent.  Rien  n'est  plus  proirequeles  vestiges 
qui  eu  restent  à  nous  donner  une  idée  juste  de  la 
magnificence  que  mettaient  les  Romains  dans 
la  coii>truction  de  leurs  édifices  public».  L'étendue 
de  celui-ci,  à  cause  de  ses  circuits,  était  de  plus  de 
54  kil.,  à  Compter  de  sa  nai-.sance,  près  de  Saint- 
Charnond,  jusqu'à  Lynn.  La  construction  de  cet  ou- 
viage  est  digne  également  de  remarque  :  le  corps  de 
la  inayonnerie  est  un  petit  moellon  de  roche,  depuis  5 
jusqu'à  (i  pouces  d'éiiaiîSeur,  toujours  posé  en  bain 
de  nior'.ier,  qui  ne  laissait  aucun  vide  dans  ses  joinis- 
mouions,  et  furmail  partout  un  corps  inaltérable. 
Dans  II  s  parties  qui  tint  une  certaine  élévation  hors 
de  lerre,  lie  gramles  briiues,  dont  on  f.iisait  régner 
un  cours  de  di'ux  assises  de  quatre  en  quatre  piedsde 
hauteur,  liaient  les  parements  avec  les  massifsdu  mur, 
et  interrompaient  le  maillage  en  réseau.  Les  restes 
les  plus  considérables  de  cet  iiniuensc  travail 
sont  ceux  du  grand  aqueduc  qui  conduisait  les 
eaux  du  Monl-Pila  sur  la  colline  de  Fourviéres  : 
on  en  voit  des  débris  hors  des  portes  de  Saint- 
Irénée,  à  côté  du  télégraphe,  à  Sainle-Foy,  dans  le 
vallon  de  fîeaunan  ,  à  Ch.ipoiiost  ,  à  Biignais,à 
Mornant,  à  Saini-Mauriee,  à  Saint-Genis  de  Terre- 
^oire ,  et  à  la  petite  Varizelle.  —  Au-dessous  de 
l'esplanade  qui  domine  le  Jardin  des  plantes  ,  on  re- 
marque l'emplacement  d'une  nanmiicbie,  dont  M. 
Àriaud  a  reconnu  la  dimension,  aiu>i  que  les  canaux- 
aqueducs  pour  la  conduite  et  la  décharge  des  eaux. 
L'ainplii'béàtre,  dont  l;i  forme  e'iipiique  est  encore 
dessinée  sur  le  terrain  ,  avait  une  circonféience 
d'environ  800  pieds,  en  y  compienant  les  gradins 
et  les  portiques.  Le  bassin  avait  -lii  pieds  ue  large 
sur  280  de  Imig.  On  apeiçoii  encore  la  place  des 
gradins,  qui  s'etend^iient  sur  un  einplacemeni  de  2-2 
pieds  de  laigeur. 

Lyon  renlerme  encore  plusieurs  autres  restes 
d'antiquité. — La  cathédrale  i1e  celle  ville  doit  .-on  ori- 
gine à  un  bapiitére  londé  par  saint  Arége  au  com- 
Diencenient  du  vii^  siècle,  el  dédié  à  s<inl  Je  n- 
Baptisic.  Ce  baptistère  n'était  piiinitivemenl  que 
l'atcessnire  de  l'église  Sainl-Etienne,  bâiie  par  saint 
Patient  dans  le  v«  Siècle  ;  dans  la  suite  il  devint  l'é- 
glise p'incipale,  et  vers  le  x'  siècle  l'église  méiiopo- 
lii.'ine  el  primatiale  des  Gaules.  L'église  Siinl-Jean 
fut  ruinée  et  rétablie  plusieurs  fois.  Sous  Charleina- 
gne,  l'archevêque  Leyderade  la  flt  réparer.  Tiois 
liècles  api  es,  on  entreprit  de  la  rebâtir  telle  qu'un 
h  voit  aujourd'hui.  On  y  employa  plusieurs  blocs  de 
marbre  et  de  pierre  de  rlioiii,   tirés  des  ruines  du 


forum  construit   par   Trajaii    sur   la  monfn?ne  de 
Fonrvières.  Le  cloître  Saint-Jean  fut  environné  d'é- 
paisses murailles  el  de  tours  comme  une  citadelle. 
— Le  sanctuaire  el  la  croisé»'  sont  fort  anciens;  mai» 
la  grande  nef  parait  postérieure  au  siècle  de  saint 
Louis.  Le  portail  n'a  été  achevé  quesnus  le  règne  de 
Louis  XI;  il  présente,  au-dessus  des  deux  marches 
qu'il  faut  monter  pour  y  arriver,  trois  portiques  de 
forme  semblable  el  de  hauteur  différi'nie  ;  celui  du 
milieu  esl  surmonté  d'une  vaste   rose  circulaire. 
Quatre  tours  carrées,  richement  sculptées,  fl:inquent 
cette  basilique  :   trois  sont  désertes  el  entièrement 
vides  ;  la  quatrième  sert  de  clocher.  Deux  galeries  'a 
balustrades   en  pierre,  et  taillées  à  jour,  régnent 
dans  toute  la  largeur  de  la  façide  ;  les  ornements  y 
sont  peu  prodigués  ;  le  fronton  triangulaire  qui  la 
termine  en  haut  offre  seul  des  détails  un  peu  com- 
pliqués. —  L'intérieur  de  l'église   esl  d'une  grande 
simplicité;  mais  la  longueur  des  nefs,  l'élévation  des 
votttes,  la  multiplicité  des  ci'iounei,  la  riihesse  des 
sculptures,  la  beauté  des  vitraux,  qui  ne  laissent  pé- 
nétrer qu'un  jo'ir  sombre  et  mystérieux,    donnent  à 
cet  édilice  un  grand  c  ractère  de  majesté.  La  grande 
nef  a  79  mètres  de  longueur  dans  œuvie,  sur  11 
mètres  30  centimètres  de  largeur  entre   les  piliers. 
Le  maitre-autel  s'élève  presqu'au  centre   de  l'em- 
branchement de  la  croisée  ;  il  n'est  remarquable  que 
par  deux  croix,  qui  rappellent  que  ce  fut  au  c  'ucila 
oecuménique  de  Lyon,  tenu  dans  cette  basilique  en 
1274,   que  s'opéra  la  réunion   momentanée  de  l'é- 
glise greci|ue  à  l'église  latine.  Autour  des    petites 
nefs  règne  une  suite    de  chapelles,  fondées  à  di- 
verses époques  par  les  archevêqutset  par  les  cha- 
noines de  cette  église  :  la  plus  remarquable  est  celle 
fondée  dans  le  xv«  siècle  par  le  cardinal  de  Bour- 
bon ;  c'est  un  des  ouvrages  gothiques  les  plus  remar- 
quables en  ce  genre,  par  la  richesse,  la  variété  et  la 
délicatesse  de  ses  ornements.  —  Dans  le  bras  gauche 
de  la  cioisée,  on   remarque  une  fameuse  horloge, 
chef-d'œuvre  de  mécanique  pour  son  temps,    qui 
offre  un  système  complet  d'astronomie  en  mouve- 
ment. Elle  esl  consiruite  en  forme  de  tour  terminée 
par  un  dôme,  et  chargée  des  ornements  de  mauvais 
goût  du  xvii«  et  du  xvni^  siècle.   Depuis  plusieurs 
années  le  mécanisme  de  cette  horloge  est  dérangé  , 
et  sa  réparation  exigerait,  dit-on,  des  dépenses  con- 
sidérables. 

L'église  Saint-Paul,  située  rue  de  la  Poterie,  der- 
rière le  quai  de  Flandre,  fut  fondée  vers  l'an  519 
par  saintSacerdos,archevêqupdeLy<in; elle  fulminée 
par  les  Sarrasins,  el  restaurée  sous  Charleiiiagne 
par  l'archevêque  Leyderade.  On  reconnaît  le  goût  de 
cette  époque  dans  la  pai  lie  supérieure  de  l'èd  fica 
éclairée  par  un  dôme  octogone.  Hugues  !"■  y  lit 
aussi  faire  quelques  réparations  en  1200.  —  On  vnit 
dans  le  cloître  un  bas-relief  en  marbre,  exécuté,  à 
ce  que  l'on  croit,  dans  le  ix^  siècle  ;  il  représente  le 
comte  Richard  à  genoux,  demandant  miséricorde 
_  par   ces  paroles,  gravées  en  caractères   carlotin- 


6-19 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


6»0 


giens:  Chrisie,  rei  miserere  met,  medicina  reorttm.  Le 
Sauveur  est  au-dessus,  (enant  un  livre  de  la  luaia 
gauche  el  bénissant  delà  droite  le  prince. 

L'église  Saint-Pierre  remonie  aux  premiers  lemps 
du  clirisiianisme.  Dans  le  ix=  siècle,  elle  fut  recon- 
struite par  les  sciins  de  l'arclievoque  Leyderade  :  la 
porte  d'enirée,  qui  n'a  rien  de  remarquable,  est  tout 
ce  qui  reste  de  cette  époque.  Le  sanctuaire  consiste 
dans  im  ordre  de  pilastres  ioniques,  couronné  d'un 
entablement,  au-dessus  duquel  sont  placés  deux  an- 
ges aux  extrémités.  Derrière  l'autel,  formé  de  mar- 
bres précieux,  est  une  vaste  tribune  qui  servant  au- 
trefois de  cliœur  aux  religieuses.  Le  retable,  sur  le- 
quel on  a  représenté  l'enterrement  de  Marie,  est  un 
assez  beau  morceau  de  sculpture,  ainsi  que  celui  de 
la  chapelle  de  la  Vierge. 

L'église  d'AInai  fut  construite  sous  le  règne  de 
Constantin,  sur  l'emplacement  du  temple  célèbre 
élevé  à  Auguste  par  soixante  nations  gauloises.  Au 
commencement  du  V  siècle,  des  solitaires  s'y  réuni- 
rent ei  y  fondèrent  nu  monastère  qui  fut  ruiné  par 
les  Huns.  Salone,  évêque  de  Gènes,  le  lit  rétablir  ; 
mais  il  fut  encore  ruiné  par  les  Vandales  qui  dé- 
vastèrent la  Biiurgogne,  el  ensuite  par  les  Lombards. 
En  iiii,  la  reine  Brunehaut  fit  bâtir  à  Ainai  une 
nouvelle  abbaye,  qui,  peu  de  temps  après,  fut  brûlée 
par  les  Sanasins.  En  859,  l'abbé  Aurélian  la  fit  ré- 
tablir, et  Aniblard  rééilifia  l'antique  église  bâtie  par 
Salone.  Aujourt'hui,  Ainai  forme  une  des  paroisses 
de  Lyon. —  Cette  église  présente  dans  sa  consiruc- 
tion  le  caractère  de  l'arcliiteclure  qui  s'introduisit  en 
France,  du  lemps  de  Charlemagne.  Le  dôme,  la 
voiite  du  chœur,  le  cloclier  pyramidal,  sont  des  ou- 
trages moins  anciens  que  le  reste  de  l'édifice.  Au- 
dessus  du  portail,  on  remarque  un  bas-relief  antique 
en  marbre,  représentant  trois  déesses  ;  celle  du  mi- 
lieu porte  une  corne  d'abondance  et  deux  pommes  ; 
les  deux  autres  tiennent  chacune  une  pomme  ; 
au-dessus  on  lit  ces  mots  : 

MAT.  AVG.  PIE.    EGN.   MED. 

Suivant  l'opinion  la  plus  vraisemblable,  ce  monu- 
ment représente  les  déesses-mères  qui  veillaient  au 
Balui  des  provinces,  des  princes  cl  des  particuliers. — 
La  chapelle  qui  est  à  gauche  du  chœur  est  décorée 
d'ornements  de  la  plus  grande  délicatesse  ;  on  en 
fait  remonter  la  fondation  au  temps  de  saint  An- 
selme. Les  quatre  colonnes  en  granil  qui  soutiennent 
le  dôme  sont  de  beaux  restes  du  temple  d'Auguste  ; 
leur  diamètre  est  de  5  pieds  i  pouces,  et  leur  hau- 
teur individuelle  de  12  pieds  11  pouces,  de  sorte 
que  dans  leur  premier  emploi  chacune  avait  25 
pieds  10  pouces  sans  les  bases -et  les  chapiteaux  : 
chacune  de  ces  colonnes  supportait  dans  le  prin- 
cipe  une  statue  de  la    Victoire. 

L'église  de  Fourvières,  dont  on  fait  dériver  le 
nom  de  Forum  vetui,  occupe  remplacement  du  Fo- 
rum ou  marché,  construit  par  Tiajan  à  l'imitation  de 
celui  que  l'on  voyait  à  Rome.  Au  milieu  du  xii=  siè- 
île,  l'urchevèque  de  Canlorbéry  ayant  cherché  un 
Dictionnaire  de  Géographie  «ccl.  II. 


asile  à  Lyon  contre  les  persécutions  dont  il  était 
l'objet,  la  vénéraiinn  des  Lyoïmais  pour  les  vertus  de 
ce  prélat,  qui,  dans  la  suite,  l'ut  placé  au  rang  des 
martyrs,  porta  le  doyen  du  chapitre  de  Saint-.lRan  à 
lui  élever  une  chapelle.  L'an  1102,  l'église  niéiropo- 
lilaliie  de  Lyon  fonda  un  chapitre  et  une  église  pa- 
roissiale à  Fourvières,  sous  l'invocation  delà  Vierge. 
Cette  église  fut  ruinée  en  1502,  rétablie  peu  de 
temps  après  ,  et  beaucoup  agrandie  en  1740.  —  La 
chaielle  de  Fourvière-  est  bâtie  sur  le  point  le  plus 
élevé  de  la  colline  de  son  nom.  Tous  les  samedis,  et 
aux  principales  fêtes  de  l'année,  elle  est  le  rendez- 
vous  d'une  aflluence  considérable  de  pèlerins  ;  quel- 
ques-uns aitirés  par  la  dévotion,  le  plus  grand  nom- 
bre par  la  beauté  de  si  situation  :  l'intérieur  est  ta- 
pissé ù'ex-voio.  A  côté  de  l'église  se  trouve  une  ter- 
rasse délicieuse  qui  domine  les  deux  fleuves ,  d'oîi 
l'on  découvre  toute  la  ville  de  Lyon,  les  plaines  fer- 
tiles et  les  charmants  paysages  qui  l'environnent, 
bornés  à  l'horizon  par  l'immense  chaîne  des  Alpes. 
L'église  Saiiit-Nizier.  Le  premier  oratoire  con- 
sacré à  la  Vierge  dans  les  Gaules,  pjr  saint  Pothin, 
fut  élevé  à  l'endroit  où  existe  aujourd'hui  l'église 
Saint-Nizier;  ce  n'était  dar.s  le  priuciie  qu'une 
crypte,  sur  laquelle  on  bâlit  dans  le  iv=  siècle  une 
église  sous  l'invocaiion  de  saint  Pierre  et  de  saint 
Paul,  qui,  au  vi^  siècle,  reçut  le  nom  de  Saint-Ni- 
zier  ,  en  mémoire  de  cei  archevêque  qui  y  avait  été 
inhumé.  Celte  église  fut  détruite  par  les  Sarrasins 
et  réédifiée  sous  le  régne  de  Charlemagne  par  les 
soins  de  l'archevêque  Leyderade  ;  mais  elle  perdit 
alors  le  titre  d'église  cathédrale  et  le  siège  épiscopal, 
qu'elle  avait  possédés  pendant  longtemps.  Les  sec- 
taires de  l'ierre  de  Vaux  la  brillèrent  en  1253.  Cin- 
quante-deux ans  après,  elle  fut  érigée  en  collégiale. 
—  La  construction  du  bâtiment  aujourd'hui  existant 
date  du  commencement  du  xiv"=  siècle.  Un  négo- 
ciant, nommé  Renouard  ,  entreprit  de  refaire  l'an- 
cienne crypte  ,  où  l'on  déposa  dans  la  suite  ,  en 
1528,  le  corps  de  saint  Ennemi. nd.  Le  clocher  ne 
fui  commencé  qu'en  U65.  C'est  une  belle  pyramide, 
supérieure  en  élévation  à  tous  les  autres  édifices  de 
la  ville.  Le  portail  a  été  élevé  sur  les  dessins  de 
Philibert  Delorme  ;  quatre  colonnes  doriques  canne- 
lées, supportant  un  enlablement  dentlLulaire  que 
couionne  une  coupole  sphérique,  fiirjieiii  l'entrée 
principale  ;  malheureusement ,  le  frontispice  n'a  pas 
été  achevé.  L'avani-corps  méridional  est  postérieur 
de  plusieurs  années  au  reste  de  l'ouvrage.  —  L'in- 
lérieur  de  l'église  est  remarquable  par  l'élévation  et 
la  hardiesse  des  voûtes,  par  la  forme  des  piliers  qui 
les  soutiennent,  par  retendue  de  l'édifice  ,  par  la 
clarté  qui  y  règne  ,  et  surtout  par  un  certain  carac- 
tère de  sévérité  imprimé  à  tout  l'ouvrage.  A  gauche 
du  chœur  est  la  chapelle  de  la  Vierge,  décorée  d'une 
statue  de  la  mère  du  Christ  ;  c'est  un  chel'-J'œuvre 
du  célèbre  Coysevox,  qui  l'avait  faite  pour  orner 
la  uiaison  qu'il  habitait  à  l'angle  de  la  rue  liùt~ 
d'Argent ,  d'où  elle  a  éié  transférée  à  Saint-Nizier- 
21 


651 


DIGTIONNAIKE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


(;::2 


A  la  suite  de  celle  cliapeile,  on  ea  remarque  une 
autre  décorée  d'après  les  dessins  de  l'arcliilecte  Gay  ; 
on  voii  sur  l'aniel  un  beau  lableau  de  Revoil,  reprc- 
senlant  Jésus  mourant  sur  la  croix.  A  droite  du 
niaiire-auti'l,  et  vis-à-vis  de  ia  chapelle  de  la  Vierge, 
on  remarque  une  autre  cliapeile  nouvellement  dé- 
corée ,  dont  l'autel  est  surmonié  d'une  statue  en 
marbre  blanc,  due  au  ciseau  de  (^binard,  représen- 
tant saint  Potliin.  —  L'église  Sainl-Ni/.ier,  une  des 
plus  é;eiidues  de  Lyon,  a  été  malheureusement  res- 
taurée dans  le  goût  moderne  ;  le  maître- autel  est  re- 
marquable par  de  belles  statues  en  marbre  blanc  , 
représentant  les  apôtres,  exécutées  par  M.  Legendre- 
Hérald. 

L'église  Saint-ltonaventure  ,  qui  a  son  entrée  sur 
la  place  du  Méridien  ,  doit  son  origine  à  un  couvent 
de  fianciscains  ou  de  cordcliers,  londé  en  1-2-20,  et 
que  saint  Ijonaventure  rendit  célèbre.  Jacques  Grolée 
en  jeta  les  fondr-nients  au  commencement  de  1325  , 
et  Simon  de  Pavie,  médecin  de  Louis  X[,  la  fil  aclie- 
-.er  vers  la  (in  du  xv«  siècle  ;  l'un  et  l'autre  y  eurent 
leur  tombeau.  —  Les  Lyonnais  ayant  choisi  saint 
Bonavenlure  pour  leur  patron  spécial  ,  l'église  fut 
consacrée  sous  rinvocaiion  de  ce  saint  en  1-48-i. 
Dans  la  suite,  elle  devint  une  des  plus  somptueuses 
de  Lyon  par  la  richesse  des  ornements  iniérieurs. 
l'ierre  de  Bourbon  ,  régent  du  royaume  en  l'absence 
de  Charles  Vlll,  l'enrichit  de  ses  libéralités.  Mais 
les  excès  des  calvinistes,  en  loG2,  et  les  dévastations 
de  i~d5 ,  l'ont  entièrement  dépouillée  de  ce  qu'il 
y  avait  de  remarquable.  —  L'église  Saint-Bonaven- 
lure.esi  vaste  et  très-spacieuse  ;  mais  elle  n'est  pas 
élevée  à  proportion  de  sa  longueur.  L'architecture  , 
quoique  dans  le  style  gothique,  est  d'une  simplicité 
remarquable.  La  nef  est  accompagnée  de  bas-côtés 
où  l'on  voit  un  grand  nombre  de  chapelles  fondées 
par  dillérciits  corps  de  métiers  ,  qui  y  avaient  établi 
leurs  confréries.  —  Saint  Bonavenlure  ,  ce  Père  de 
l'Eglise  si  célèbre  par  ses  profondes  connaissances  , 
mourut  à  Lyon,  en  1271,  pendant  la  tenue  du  se- 
cond concile  œcuménique;  il  fut  inliuiné  dan<  le 
monastère  qui  avait  pris  son  nom  et  dont  il  portait 
l'habit.  La  magnificence  de  ses  obsèques  surpassa 
celle  des  rois  et  des  empereurs  ,  et  fui  digne  du 
deuil  général  que  causa  sa  mort.  Le  pape  avec  toute 
sa  cour,  les  C(irdin;iux,  les  évoques  et  tous  les  pré- 
lats du  concile  y  assisièreni.  On  ht  mention  de  sa 
rairl  dans  les  actes  de  celte  assemblée  ,  comme 
d'un  événement  mémorable  pour  tuus  les  peuples  et 
pour  la  postérité.  —  C'est  dans  le  cloitre  des  Cor- 
dcliers, transformé  aujourd'hui  en  une  petite  place 
et  en  plusieurs  habitations  particulières,  que  Hen- 
ri IV  découvrit  au  maréchal  de  Biron  qu'il  était 
instruit  de  ses  projets  de  trahison.  Ce  dernier  re- 
connut ses  loris.  Henri  lui  pardonna,  sous  la  condi- 
tion qu'il  romprait  de  suite  ses  liaisons  avec  l'Espa- 
gne. On  sait  que  Biron  oublia  ses  promesses,  fut  arrêté 
à  quelque  temps  de  là,  livréaux  ir,bunauxetexécuié. 

L'église  Saint-Polycarpe  a  été  bâtie  en  17G0  ,  sur 


les  dessins  de  Loyer  (lar  les  Pères  de  l'Oratoire. 
Elle  est  décorée  de  colonnes  d'ordre  corinthien,  fort 
petite,  mais  très-jolie.  Le  in.iilre-autel  est  orné  d'un 
beau  tableau  de  la  Nativité,  peint  par  Blanchel  ,  de 
chaque  côté  duquel  s'élèvent  deux  belles  colonnes 
de  marbre  de  Savoie.  L'arcliiiectiire  de  la  façade  est 
riche  de  détails,  et  produirait  un  bel  effet ,  si  elle 
était  dégagée  de  vieilles  maisons  qui  la  masquent 
en  partie.  —  Dans  cette  église  repose  le  corps  du 
célèbre  abbé  Bozier  ,  savant  agronome  ,  tué  à  l'épo- 
que du  siège  de  Lyon,  par  une  bombe  partie  des 
Brolteaux,  q  li  l'écrasa  dans  son  lit,  la  nuit  du  28  au 
$9  septembre  1795. 

Le  monastère  des  Cbarlrcux  fut  fondé  en  1585  , 
par  Henri  111  ,  qui  lui  donna  le  nom  du  Lys-Sainl- 
Esprii,  sur  l'emplacement  de  la  vieille  citadelle  de 
Lyon.  L'église  ,  commei^cée  en  IJOO,  a  été  agrandie 
et  réparée  dans  le  siècle  dernier  ;  elle  est  surinon- 
lée  d'un  dôme  d'une  grande  beauté,  construit  en 
partie  d'après  les  dessins  de  Servandoni.  Le  chœur 
mérite  une  aiteiition  particulière,  par  sa  grandeur  , 
ses  belles  proportions,  et  la  manière  dont  il  est 
éclaire.  L'autel,  toinposé  des  marbres  les  plus  rares, 
est  surmonté  d'un  baldaquin  d'une  forme  imposante 
et  majestueuse.  Les  deux  tableaux  qu'on  voit  sous  ce 
dôuie  sont  les  derniers  et  les  mcill  urs  ouvrages  de 
la  Tremollière.  Les  statues  de  saint  Jean-Baptiste 
et  de  saint  Bruno,  remarquables  par  leur  correction, 
sont  de  Sarrazin  ,  ainsi  que  deux  bas-reliefs  ,  dont 
l'un  représente  de  petits  anges  jouant  ensemble  ,  el 
l'autre  un  saint  Jean-Baptiste  couché.  —  La  position 
de  l'église  des  Chartreux  est  superbe  :  le  dôme  est 
aperçu  de  toutes  paris.  Si  la  façade  de  cet  édihce  était 
achevée,  il  serait  un  des  plus  remarquables  de  Lyon. 

L'église  du  Collège  date  de  IblT  ;  c'est  l'ouvrage 
du  frère  Martel  Ange,  à  qui  l'on  doit  l'église  du  i\o- 
viciaides  Jésuites  de  Paris.  —  Cei  édifice,  dont  |j 
porte  d'entrée  est  surmontée  d'un  observatoire  ,  est 
d'un  style  lourd  et  manque  d'ensemble  dans  ses  par- 
ties ;  mais  tous  les  ornements  iniérieurs  sont  riches 
et  d'assez  bon  goût.  Le  chœur  est  décoré  de  grands 
pilastres  ioniques,  et  la  nef  formée  d'arcades  fort 
élevées.  L'autel,  le  sanctuaire  el  les  chapelles  son' 
revêtus  de  marbres  de  loute  espèce  ;  les  niches 
placées  enlre  les  pilastres  sont  copiées  d'apiès  les 
plus  belles  de  Home;  les  iribnnes  qui  règnenl  au- 
tour de  l'église  font  un  très-bel  effet;  la  chaire, 
construite  en  inarbrt;s  choisis,  est  reniai  quable  pat 
les  marbres  cl  les  bronzes  dont  elle  est  ornée.  La 
voûte  est  peinte  à  fresque. 

L'église  de  Sainl-licnée  est  située  à  rcxlrémilé 
du  faubourg  de  son  nom  ,  presque  au  somniel  de  'a 
niomagne  où  lut  bâti  l'ancien  Lyon  ,  qu'..n  alîrei.s 
incendie  anéantit  sous  le  règne  de  iSéiun.  Elle  oc- 
cupe l'emplacement  de  raucienne  église  des  Ma- 
chabées,  l'un  des  premiers  lu  nunients  du  christia- 
nisme dans  les  Gaules  ,  élevé  sur  les  tombeaux  de 
sain!  Epiloy  et  de  saint  Alexandre,  martyrisés  lors 
lie  la  persécution  que  les  chrétiens  de  Lyon  cprou» 


«3 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


GfH 


fèrent  sous  Marc-Aurèle.  Selon  la  coutunii;  de  ce 
temps ,  les  fidèles  construisirent  une  cbapelle  sou- 
terraine, qu'ils  consacrèrent  à  Dieu  sous  le  nom  de 
Saint-Jean  ;  dans  la  suite  ,  elle  fut  dédiée  à  saint 
Irénée.  Lorsque  le  culte  catholique  fut  devenu  do- 
minant, on  éleva  sur  cette  crypte  une  église  ina- 
gnilique  ,  que  les  calvinistes  ruinèrent  en  partie  en 
liiOa.  L'église  actuelle  est  peu  spacieuse  et  n'a  rien 
de  bien  remarquable  ;  les  nombreuses  réparations 
qu'on  y  a  faites  en  ont  fait  disparaître  la  plupart  des 
restes  d'antiquités  qui  s'y  trouvaient  en  assez  grand 
nombre,  et  d'intrépides  badigeouneurs  ,  sous  les  or- 
dres d'une  fabrique  ignorante,  ont  effacé  plusieurs 
inscriptions  qui  attestaient  la  piété  des  premiers 
chrétiens.  Le  portail  de  la  cour  qui  précède  l'église 
est  le  premier  ouvrage  du  célèbre  Souflloi,  à  son 
retour  d'Italie.  —  L'église  Saint-lrénée  est  divisée 
en  deux  parties,  situées  l'une  au-dessus  de  l'autre. 
Le  pavé  de  l'église  haute  présente  quelques  restes 
d'une  mosaïque,  dont  la  grossièreté  annonce  un  ou- 
vrage du  IX*  ou  du  x«  siècle  ;  on  y  aperçoit  quel- 
ques vestiges  des  signes  du  zodiaque,  des  emblèmes 
des  vertus  théologales ,  et  des  fragments  d'une  ins- 
cription en  vers  latins,  destinée  à  perpétuer  la  mé- 
moire des  dix-neuf  mille  chrétiens  massairés  avec 
saint  Irénée  sousSeplime-Sévère.  L'église  inférieure 
renferme  une  crypte  d'un  aspect  sombre,  dont  la 
voûte  offre  encore  des  vestiges  d'une  ancienne  fres- 
que :  au  milieu  est  un  puits  où,  selon  la  tradition  , 
on  recueillit  les  ossements  des  martyrs.  Cette  crypte 
parait  être  de  la  plus  haute  antiquité  et  a  été  plu- 
sieurs fois  restaurée.  —  Derrière  l'église  ,  sur  une 
esplanade  d'où  la  vue  domine  tous  les  environs  ,  on 
remarque  une  représentation  du  Calvaire,  élevé  par 
quelques  habitants  de  Lyon  en  ISlo.  Dans  le  fond 
d'une  cour  terminée  en  rond-point ,  sont  placées 
trois  croix  de  fonte,  supportant  les  statues  du  Christ 
et  des  deux  larrons  :  au  pied  du  Sauveur  ,  on  voit 
cir>q  figures  ,  représentant  Marie-Madeleine  ,  saint 
Jean-Baptisie  ,  Marie-Salomé,  et  deux  anges  en 
adoraiioii  ;  toutes  ces  figures  sont  en  marbre  blanc. 
Autour  de  la  cour,  douze  peliis  autels  nniformes  , 
ornés  chacun  d'un  tableau  d'albâtre  en  relief,  repré- 
sentent les  différents  iiaiis  de  la  Passion.  Le  des- 
sous de  ce  Calvaire  est  occupé  par  une  chapelle  sou- 
terraine, dans  laqiielle  on  voit  le  Christ  an  tombeau. 

L'église  «le  la  Charité  est  régnlièie  et  d'une  noble 
simplicité  ;  elle  consiste  en  de  simples  montants  éle- 
vés entre  de  doubles  arcades  qui  séparent  la 
nef  des  ailes.  Les  arcades  supérieures  forment 
de  grandes  tribune^  où  les  pauvres  viennent  assister 
aux  oflices.  Dans  la  chapelle  de  la  Vierge  ,  à 
droite  du  gr.ind  autel,  on  remarque  l'épitaphe  du 
CJidinal  Alphonse  de  Uichelieu,  et  près  de  l'entrée 
principale  le  buste  du  bai  on  de  Saint-Trivier.  Le 
clocher  qui  joint  l'église  a  été  exécuté  d'après  les 
dessins  du  cavalier  Bernin  ;  il  est  de  forme  octogone 
et  déc.  ré  de  pilastres  des  ordres  dorique  et  ionique. 

L'Eglise  de  Saint-François  de  Sales,  construite  en 


1G88,  n'était  dans  le  principe  qu'une  chapelle  com- 
mune entre  la  maison  des  Filles  pénitentes  et  celle 
des  Recluses.  Elle  est  petite  et  n'offre  rien  de  régu- 
lier  ni  de  remarquable. 

L'église  paroissiale  et  collégiale  de  Saint-Just 
était  dans  son  origine  un  oratoire  dé'Jié  aux  Macha- 
bées,  où  l'on  déposa  le  C"rps  de  saint  Just,  mnri  eu 
Egypte.  Vers  la  fin  du  v^  siècle,  saint  Patient  rem- 
plaça cet  oratoire  par  une  superbe  basilique  qui  fut 
dédiée  sous  l'invocation  de  saint  Just.  Atlenani  à 
celle  église  ,  on  construisit  dans  la  suite  un  vaste 
cloître  dont  tous  les  dehors  ressemblaient  à  une 
forteresse  ;  son  enceinte  était  environnée  de  murail- 
les épaisses  de  quatre  pieds  et  hautes  de  six  toises, 
flanquées  de  grosses  tours  carrées,  placées  à  15  pas 
de  distance  les  unes  des  autres.  Les  bâtiments  de  ce 
monastère  formaient  une  espèce  de  petite  ville,  séparée 
des  antres  quartiers  de  Lyon.  Dans  le  temps  des 
troubles  civils  qui  armèrent  les  habitants  de  cette 
ville  contre  le  chapitre  de  Saint-Jean,  il  se  retira  à 
Saint-Ju>t  et  soutint  un  siège  contre  les  bourgeois  , 
qui  avaient  réuni  une  armée  de  plus  de  vingt  mille 
hommes.  Ce  monastère  était  assez  vaste  pour  y  re- 
cevoir les  souverains;  c'est  là  que  logea  Louis  VIII, 
lorsqu'il  vint  à  Lyon  ;  Innocent  IV  y  séjourna  sept 
années,  à  la  suite  du  concile  général  tenu  à  Lyon  ; 
Clément  V  y  fut  couronné  en  présence  des  rois  de 
France  ,  d'Angleterre  et  d'Aragon  ,  qu'il  avait  invités 
à  cette  solennité.  —  Le  nnuiastère  et  l'église  de 
Saint-Just  furent  démolis  de  fond  en  comble  par  les 
prolestLints  en  1562.  Cent  ans  après,  le  chapitre  en- 
treprit la  construction  de  l'église  qui  existe  aujour- 
d'hui, que  l'on  plaça  dans  l'enceinte  de  la  ville  , 
beaucoup  au-dessous  de  sa  situation  ancienne.  Cette 
église  fut  commencée  en  1661  et  achevée  en  1747. 
Le  portail  est  composé  de  quatre  grands  pilastres 
ioniques  couplés  et  cannelés,  élevés  sur  des  piédes- 
taux qui  supportent  un  entablement  couronné  d'un 
fronton.  Les  faces  des  ailes  qui  accompagnent  cet 
avant-corps  sont  décorées  d'un  entablement  d'ordre 
dorique  à  iriglyphes,  soutenu  de  pilastres.  La  pnrte 
du  milieu  est  ornée  de  montants  d'un  profil  régulier, 
et  de  consoles  qui  servaient. à  supporter  autrefois 
les  armes  du  chapitre;  au-dessus  est  un  grand  vitrail 
de  forme  ovale.  Toute  celle  façade  est  élevée  sur 
un  perron  de  sept  marches,  d'un  contour  figuré,  qui 
contribue  à  lui  donner  une  grande  apparence.  On 
remarque  à  l'entrée  du  chœur  un  groupe  de  marbre 
représentant  l'incrédulité  de  saint  Thomas,  et  au- 
dessus  du  portail  les  statues  de  saint  Just  et  de  saint 
Irénée,  beaux  morceaux  de  sculpture  que  l'on  doit  au 
ciseau  de  M.  Legendre- Herald. 

L'église  Saint-Louis,  sur  le  quai  des  Augustins  ,  a 
été  l'ondée  en  1759  par  les  Augustins  ;  elle  est  re- 
marquable p:ir  sa  noble  et  élégante  constmclion.  La 
façade  est  élevée  sur  un  perron  de  treize  marches  , 
qui  lui  donne  beaucoup  de  majesté. 

L'église  de  l'Hôiel-Dieu,  située  sur  une  petite 
place,  est  petite,    miis  solt-Jeiuent  ooustruite  en 


6S5 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUË- 


656 


pierres  de  taille.  La  façade,  d'un  genre  darcliiiec- 
lure  assez  noble,  est  lerminée  par  un  fronton  qii'ac- 
conipagnent  deux  clochers  qui  produisent  un  bon 
effet.  Les  décorations  en  sont  faites  nvec  goût.  La 
chaire  est  un  joli  ouvrage  qui  décorait  avant  la  révo- 
lution l'église  des  Cannes  décliaussés  ;  la  rainpe  de 
cette  chaire,  le  tambour,  les  stalles  et  les  boiseries 
du  ciiœur  sont  des  chefs-d'œuvre  de  menuiserie  et 
de  serrurerie.  Le  chœur  est  décoré  de  beaux  ta* 
bieaux. 

X.a  construction  du  palais  de  rarchevèclié  est  due 
au  cardinal  de  Bourbon  ,  (jui  le  fil  bàtir  dans  le  xv" 
siècle,  sur  les  ruines  d'un  autre  palais  qui  renion- 
lait ,  dit-on  ,  à  Charleraagne  :  plus  tard  ,  le  cardinal 
de  Tencin  le  fit  restaurer  sur  les  dessins  deSoufftot  ; 
la  terrasse  a  été  construite  au  commencement  du 
siècle  dernier.  Ce  p:.lais  prend  son  entrée  par  la  rue 
à  laquelle  il  a  donné  son  nom  ,  où  il  se  lie  au  bàli- 
iueiit  neul  de  la  Manécan'.erie  ,  affecté  aujouid'hui 
au  menl-de-piété.  Deux  portails  uniformes,  cons- 
truits aux  deux  angles  nord-est  et  uord-ouest  d'une 
vaste  cour  carrée  ,  conduisent ,  l'un  d ms  les  appar- 
tements, et  l'autre  à  l'église  cathédrale.  b"n  général, 
la  façade  n'offre  rien  qui  puisse  donner  l'idée  que  l'on 
se  forme  d'un  palais  ;  mais  l'intérieur  est  vaste  et 
beau.  Les  appaitements  y  sont  bien  distribués,  et 
Ton  y  remarque  quelques  pièies  fort  belles,  où  l'on 
a  malheureusement  prodigué  les  ornements  de 
mauvais  goût  du  siècle  de  Louis  XV.  La  salle  en 
entrant  est  d'une  étendue  considérable  ;  c'est  par 
elle  que  l'on  parvient  aux  différentes  chambres  (|ui 
ont  leur  vue  snit  sur  le  quai  ,  soit  sur  la  place  à 
l'issue  du  pont.  La  salle  à  manger,  d'une  construc- 
tion singulière ,  est  éclairée  par  un  dôme  en  forme 
de  lanterne.  La  salle  de  réception  est  ornée  de  plu- 
sieurs portraits  de  prélats  distingués,  parmi  lesquels 
on  distingue  ceux  de  Bossuet  et  du  cardinal  de 
Bissy.  Le  salon  à  la  suite  est  remarquable  par  ses 
dimensions  et  par  sa  régularité;  il  communique  à 
une  terrasse  découverte  qui  termine  le  bâtiment  du 
côté  du  nord.  De  cet  endroit  on  jouit  d'une  vue  dé- 
licieuse sur  le  cours  de  la  Saône,  qui  décrit  une 
couibe  dont  deux  ponts  bornent  les  extrémités;  le 
grand  nombre  de  barques  de  toute  forme  et  de  toute 
grandeur  (jui  montent  et  descendent  celle  rivière  , 
la  multitude  de  piétons  ,  de  chevaux  et  de  voilures 
qui  circuleiu  sur  les  ponts  et  sur  les  quais,  forment 
une  suite  de  tableaux  variés  et  pleins  de  mouve- 
jnent,  qu'eiuhellissent  encore  les  gracieux  paysages 
des  environs. 

Depuis  1818,  la  préfcclure  du  département  est 
installée  dans  les  bâtiments  de  l'ancien  couvent  des 
Jacobins,  qui  ont  été  apnropriés  à  celle  destination. 
L'édiûce  se  compose  d'un  corps  de  logis  central , 
qu'accompagnent  deux  ailes  parallèles  reunies  par 
une  grille  en  fer,  séparées  par  une  cour  entourée 
de  portiques.  Le  premier  étage  compose  les  appar- 
tements ei  les  salles  d'apparai  ;  l'aile  gauche  est  oc- 


cupée par  les  archives.  Un  jardin  bien  planté  s'étend 
derrière  les  bàtimenis. 

L'Iiôtel  de  ville  de  Lyon  est  le  plus  bel  édifice  en 
ce  genre  qui  existe  en  France  :  il  fut  commencé  en 
1046,  et  entièrement  achevé  en  1055,  sur  les  des- 
sins de  Simon  Maupin,  alors  voyer  et  architecte  de 
la  ville.  Cet  édilice  forme  un  carré  isolé  ,  composé 
d'une  façade  de  40  mèires  de  large,  qui  règne  sur  la 
place  des  Terreaux,  et  de  deux  ailes  en  retour  de 
70  loises  de  longueur  ,  qui  donnent  sur  deux  des 
plus  belles  rues  de  Lyon ,  et  se  terminent  à  la 
place  de  la  Comédie  :  ces  deux  ailes  forment  deux 
cours,  dont  l.i  |iremière  est  beaucoup  plus  grande 
et  plus  élevée  que  la  seconde ,  et  qui  se  commu- 
niquent au  moyen  de  deux  terrasses  découvertes  , 
soutenues  sur  des  arcades  :  l'une  de  ces  cours  est 
pavée  en  dalles.  La  façade  principale,  qui  donne 
sur  la  place  des  Terreaux  ,  n'appartient  à  aucun  or- 
dre d'archiieclure  ;  elle  offre  néanmoins  une  belle 
apparence  ,  et  se  termine  par  une  balustrade  sur  la- 
quelle s'élèvent  deux  grandes  statues  d'Hercule  et 
de  Minerve.  Les  deux  parties  latérales  sont  Oan- 
quées  de  deux  pavillons  carrés,  surmontés  de  fron- 
tons et  terminés  en  dôme.  Derrière  la  façade  est  la 
tuur  de  l'horloge  ,  haute  de  150  pieds  et  couronnée 
par  une  coupole  ;  l'Iiorioge  placée  dans  cette  lour 
répond  à  ipialre  cadrans  ;  celui  qui  regarde  la  place 
des  Terreaux  est  accompagné  des  doux  ligures  du 
Rhône  et  de  la  Saône.  Le  second  portail,  donnant 
sur  la  place  de  la  Comédie,  est  flanqué  de  deux  pa- 
villons carrés  ,  et  peu  inférieur  au  preniier.  —  La 
porte  d'entrée  de  la  façade  principale  s'annonce  par 
un  vaste  perron  de  douze  marches ,  qui  lui  donne 
un  aspect  majestueux  ;  elle  est  pratiquée  dans  un 
enfoncement  circulaire  formant  une  espèce  de  por- 
tique ,  dont  la  voûte  est  soutenue  par  deux  colonnes 
ioniques  de  marbre  rouge.  Les  fenêtres  du  rcz-de- 
cliaussée  sont  percées  par  des  arcades  feintes.  Les 
fenêtres  du  premier  étage  sont  surmontées  de  fron- 
tons qui  supportent  des  lions.  L'attique  a  encore  un 
rang  de  fenêtres  moins  grandes  que  les  autres  et 
ornées  de  lestons  ;  au  milieu,  on  remarque  un  bas- 
relief  représentant  Henri  IV  achevai.  —  L'intérieur 
de  l'hôtel  de  ville  n'est  pas  moins  digne  d'attention 
que  l'extérieur.  A  l'entrée  par  la  porte  principale, 
est  un  beau  vestibule  en  arc  surbaissé  d'une  grande 
hardiesse  ;  les  deux  extrémités  s'ont  occupées  par 
deux  groupes  en  bronze  de  grandeur  colossale,  qui 
ornaient  autrefois  le  piédestal  de  la  statue  équestre 
sûr  la  place  Bellecour;  celui  placé  à  gauche  repré- 
sente le  Rhône  appuyé  sur  un  lion  rug'ssant  et  sur 
sa  rame;  l'autre  représente  la  Saône  appuyée  aussi 
sur  un  lion  ,  mais  dans  une  attitude  paisible.  Der- 
rière ces  groupes  ,  ouvrage  des  frères  Cousiou,  se 
trouvaient  autrefois  plusieurs  inscriptions,  dont  la 
plus  remarquable  était  la  iiarangue  de  l'empereur 
Claude;  elle  est  placée  aujourd'hui  dans  le  palais  des 
Arts.  Du  vestibule  parlent  aeux  escafiers  ;  ceîui 
gauche  du  portique,  qui  sépare  le  vestibule  de  la 


6»-' 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  658 


grande  cour,  est  de  forme  ovale,  à  irait  sans  noyau, 
€t  suspendu  en  spirale  d'une  manière  ingénieuse  et 
très-hardie.  A  droite  est  l'escalier  principal,  large 
<le  8  pieds,  porté  en  demi-berceau  sans  appui  hors 
«les  murs ,  et  terminé  par  une  galerie  en  foriiie  de 
balcon.  Le  plafond  est  orné  de  peintures  dans  les- 
quelles Blanchet  a  représenié  avec  beaucoup  d'art 
l'embrasement  de  Lyon  décrit  psr  Sénéque.  Cet  es- 
calier conduit  à  une  très-belle  salle  de  82  pieds  de 
longueur  sur  58  de  largeur  ,  dont  les  peintures  sont 
devenues  la  proie  des  flomnîes  qui  consumèrent  celte 
partie  de  l'hôtel  de  ville  en  4G74.  Le  tableau  princi- 
pal, chef-d'œuvre  de  Blanchet,  représentait  le  tem- 
ple circulaire  dédié  à  Auguste  par  les  Gaulois.  (Cette 
salle,  qu'un  second  incendie  avait  beaucoup  endom- 
magée en  1803,  est  entièrement  réiablie  et  décorée 
à  neuf.)  La  salle  du  tribunal  de  commerce  et  la 
chambre  du  consulat  sont  aussi  ornées  de  plafonds 
peints  par  Blanchel.  La  salle  des  archives,  coniignè 
à  celle  dernière  ,  réunit  à  la  plus  grande  solidité 
tout  ce  qui  est  nécessaire  pour  conserver  le  dépôt 
important  qu'on  y  a  placé.  Le  rez-de-chaussée  de 
l'aile  gauche  est  occupé  par  les  bureaux  des  con- 
iribiitions  ,  de  la  police  ,  elc.  ;  celui  de  l'aile  droite 
par  les  bureaux  de  la  mairie  et  les  salles  d'assem- 
blées du  conseil  municipal.  Le  premier  étage  ren- 
ferme les  appartements  d'apparat ,  qui  sont  décorés 
avec  beaucoup  de  goût. 

Le  grand  collège,  situé  sur  le  quai  du  Khône,  est 
un  des  monuments  les  plus  imponanls  de  Lyon  ;  il 
est  traversé  par  la  rue  Ménétrier,  recouverte  en  par- 
lie  d'une  arcade.  Les  bâtiments  occupent  l'emplace-' 
ment  de  l'ancien  collège!  de  la  Trinité  ,  fondé  en 
151!'.  La  cour,  qui  est  d'une  grande  étendue,  est  en- 
tourée de  bâliments  de  tous  côtés;  les  classes  occu- 
pent le  rez-de-chaussée.  Les  dortoirs  ,  les  salles 
d'éludé,  la  cnisine,  la  lingerie,  l'infirmerie,  le  loge- 
ment du  proviseur  ,  de  l'économe,  du  censeur,  des 
professeurs  ,  sont  d'une  distribution  commode  et  fa- 
cile. 

La  bibliothèque  publique  est  placée  dans  la  partie 
des  bâtiments  du  collège  qui  se  trouve  sur  le  quai 
de  Uetz.  L'entrée  ne  répond  point  à  la  beauté  du 
vaisseau  :  on  y  arrive  par  un  petit  escalier  tortueux, 
aboutissant  à  une  porte  de  peu  d'apparence,  qui  sert 
d'entrée  à  une  salle  immense  dont  la  longueur  est 
de  50  mèires,  la  largeur  de  1 1 ,  et  la  hauteur  de  plus 
de  13.  Le  pavé  est  de  marbre,  etrinlérieur  orné  de 
quaire  globes,  de  sphères,  de  planisphères,  de  tables 
précieuses  ,  et  de  divers  busies  et  bas-reliefs.  Six 
rangs  d'in-folio  régnent  à  l'eniour  et  sont  placés 
dans  cinquante-trois  armoires  grillées,  renfermant 
quatorze  mille  quatre  cents  volumes;  au-dessus 
régne  une  g;dcrie  à  balustrade,  oii  dix  antres  rangs 
offrent  les  iii-i°ei  les  in-8°,  au  nombre  de  cinquante 
mille.  Une  grille  sépare  celte  vaste  salle  d'une  aile 
collatérale,  dite  bibliothèque  Adamaly  ,  léguée  à 
l'académie  par  l'honorable  citoyen  de  ce  nom.  Une 
porte  à  glaces  conduit  de  cette  salle  à  celle  des  es- 


tampes ,  où  sont  réunis  les  gravures  et  les  volumes 
adanticpies.  Derrière  cette  pièce  est  le  cabinet  d'an- 
tiquilés.  A  côté  de  la  grande  salle  ,  il  s'en  trouve 
deux  autres  :  la  première  reçoit  les  lecteurs  en  hi- 
ver ;  la  seconde  renferme  une  collcclion  considéra- 
ble de  ce  qui  a  été  imprimé  sous  le  titre  d'oeuvres  , 
et  toutes  celles  dont  les  auteurs  sont  Lyonnais.  Au- 
dessus  de  ces  pièces,  on  parvient  à  la  talle  des  ma- 
nuscrits et  des  éditions  antérieures  au  commence- 
ment du  xvi»  sièc'e,  et  à  un  vaste  dépôt  où  sont 
rassemblés  presque  autant  de  livres  qu'il  s'en  trouve 
dans  la  grande  salle. 

La  bibliothèque  de  Lyon  a  été   formée  des  dons 
faits  par  les  rois  de  France  ou  par  divers  particuliers; 
des  livres  provenant   des  monastères  supprimés,  et 
des  fonds  annuels  mis  par  la  ville  à  la  disposition  du 
bibliothécaire.  André  Gérard,  grand-prévôt  de  l'é- 
glise de  Bourg,  légua,  en  1557,  sa  belle  librairie  au 
collège  ;  Camille  de  Neuville,  archevêque  de  Lyon  , 
lui  donna  aussi  la  sienne  en  16'JO  ;   Louis  XIII  et 
Louis  XIV  l'enriehireiit  des  magnifiques  éditions  du 
Louvre  ;    Mazenod  ,    Penacliou  ,    Aubert ,     Bros- 
sette  ,  etc.,  l'augraentèreni  aussi  d'un  grand  nombre 
de  volumes  ;  enfin,  la  suppression  des  corps  monas- 
tiques lui  a  procuré  une  infinité  de  livres  rares  et 
précieux.  —  Indépendamment    d'une  mulliiude  de 
livres  imprimés  dans  toutes  les  langues  ,  la  biblio- 
thèque contient  une  collection  considérable  de  gra- 
vures, des  manuscrits  chaldéens,  syriaques,  hébreux, 
arméniens,  grecs,  arabes,  persans,  tartarcs,  indiens, 
chinois,  elc.  ;  quelques-uns  sont  écrits   sur  vélin, 
deux  sur  des  feuilles  de  palmier  ;  plusieurs  autres 
sont  remarquables  par  le  luxe  des  miniatures  et  des 
ornements  qui  y  sont  répandus.  Parmi  les  ouvrages 
imprimés  ,  on  dislingue  une  histoire  générale  de  la 
Chine   en  vingt   volumes,   imprimée  à  Pékin,  eii 
beaux  caractères  chinois;  un  Tiie-Live  en  deux  vo- 
lumes in-folio  sur  beau  vélin  ,  Ven  se,  liTO;  l'His- 
toire naturelle  de  Pline,  sur  vélin,  deux  volumes 
in-lolio,  Venise,  Nicolas  Jeanson,  1-472  ;  un  Cicéroa 
en  quatre  tomes  ,  Milan  ,  Minutianus,  1 190-98  ;  les 
œuvres  de  Luther  en  sept  volumes  in-folio,  dont  le 
dernier  contient  sa   fameuse    conférence   avec  le 
diable  ;  un  Herbier  sur  vélin,  avec  figures,  qu'on  dit 
avoir  plus  de  six  cents  ans  d'antiquiré  ,  etc.  —  Une 
vaste  terrasse,  de  soixante-dix  pas  de  longueur,  joint 
la  grande  salle  de  la  bibliothèque ,  et  offre  une  pro- 
menade agréable  d'où  l'on  jouit  d'un  point  de  vue 
magnifique  :  un  quai  superbe  ,   couvert  d'arbr  s  et 
bordé  des  plus  belles  maisons  de  la  ville,  longe  le 
Rhône,  dont  les  eaux  rapides  coulent  dans  un  large 
canal  traversé  par  trois  ponts;    au  delà  s'étend    une 
plaine  immense,  qui  se  prolonge,  à  l'est,  jusqu'aux 
Alpes,  tandis  qu'au  nord  elle  est  bornée  par  les  co- 
teaux de  la  Bresse  ,  et  au  sud  par  le  mont  Pila  et 
les  montagnes  du  Oauphiné. 

Le  palais  des  Arts  était,  avantla  révolution  de  1789, 
une  abbaye  de  religieuses  fondée  dans  les  premiers 
temps  du  christianisme.  Au  commencement  du  vi« 


6S9 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


660 


siècle,  Godegiselle,  et  la  reine  Teudelinde,  son  épouse, 
rélablirenl  ce  momgière,  qui  fui  délruil  par  les  Sar- 
rasins, reconstruii  sousCharleniagne,  el  rebàii  plus 
magnidquement  dans  le  xvii»  siècle  ,  sur  les  dessins 
de  M.  de  la  Volsinière.  —  Ce  vasie  bâtiment,  qui  a 
plus  l'air  du  palais  d'un  prince  que  d'un  monastère, 
est  composé  de  (luatre  grands  corps  de  logis  qui  for- 
ment une  cour  dont  on  a  fait  un  parterre,  orné  dans 
le  centre  d'une  statue  d'Apollon  placée  sur  un  autel 
antique.  La  façade  principale,  qui  donne  sur  la  place 
des  Terreaux  ,  est  embellie  de  deux  ordres  d'ar- 
chitecture en  pilastres,  lé  dorique  et  le  corinthien  ; 
un  troisième  ordre  en  attique  s'élève  au  milieu  el 
accompagne  un  belvéder  à  l'italienne ,  qui  domine 
sur  tout  le  bâtiment,  et  qui  cohtribue  beaucoup,  de 
même  qOè  la  balustrade  qui  surmonte  l'entablement, 
à  donner  une  grande  apparence  à  toute  cette  façade  ; 
mais  la  fégulariié  malhenreusemeni  ne  s'y  trouve 
pas,  et  les  ordres  sont  absolument  hors  de  propor- 
tion. Il  manque  beaucoup  de  choses  pour  terminer 
cet  ouvrage  ;  toutes  les  sculptures  sont  encore  à 
tailler  ,  et  i!  devait  y  avoir  un  fronton  à  chaque  ex- 
trémité. L'intérieur  répond  à  l'apparence  du  dehors. 
La  C'iur  est  entourée  d'un  portique  solidement  voûté, 
et  dont  le  dessns  forme  une  terrasse  découverte  , 
bordée  d'une  balustrade  de  fer.  Au  centre  de  celle 
cour,  ombragée  de  deux  côtés  par  des  arbres  ,  un 
autel  antique  porte  l'inscription  d'un  vœu  de  Junius 
Sylvanus  Mélanion  ,  receveur  augustal  :  on  a  élevé, 
au-dessus  de  cet  autpl,  une  statue  en  marbre  blanc. 
—  M.  Artaud  a  mis  un  soin  infatigable  à  rassembler 
autour  des  portiques  plusieurs  morceaux  d'antiquités, 
dont  la  découverte  est  le  fruit  de  ses  nombreuses 
recherches.  Les  regards  s'arrêtent  sur  un  grand 
iionibre  d'inscriptions  propres  à  piquer  la  curiosité. 
On  y  remarque  un  autel  taurobolique  élevé  par  les 
Lyonoais3AntoninlePieux;un  autre  taurobole,  objet 
d'un  vœu  de  deux  dames  lyonnaises  pour  le  succès 
des  armes  de  Sepiime- Sévère,  contre  Albin  son  com- 
pétiteur à  l'empire;  un  sarcophage  à  deux  corps  en 
irarbre  grec, orné  sur  les  parties  latérales  de  trophées 
Composés  de  haches  d'armes  et  de  boucliers;  une 
inscription  tumulaire  en  caractères  grecs;  une  co- 
lonne niilliaire  qui  rappelle  le  nom  de  l'empereur 
Maxime  ;  des  autels  érigés  en  l'honneur  des  mères 
augustes,  de  tous  les  dieux,  de  Sylvain, etc.;  un  cippe 
élevé  aux  mânes  d'Oppius  Placidus  ,  le  premier  des 
àruspices  qui  faisait  partie  du  collège  des  prêtres 
d'Auguste  ;  une  inscription  honoraire  à  Sextus  Li- 
gurius,  et  une  autre  à  Tibérius  Anlistius;  un  grand 
nombre  de  pierres  tumulaires;  des  inscriptions  en 
l'honneur  des  sevirs  augustaux  du  temple  d'Auguste; 
des  fragments  de  statues  et  de  sculptures;  des  mas- 
ques antiques;  des  amphores  ,  des  urnes  cinérai- 
res, etc.  Tous  ces  monuments  précieux  de  l'histoire 
de  Lyon  attirent  la  curiosité  des  artistes  et  des  sa- 
vants.— Dans  le  palais  des  Ans  sont  établis  :  le  mu- 
sée des  tableaux  ;  le  cabinet  des  médailles  ;  le  mu- 
sée lapidaire  ;  la  galerie  des  plâtres  antiques;  le  dé- 


pôt des  pièces  mécaniques  pour  la  fabrication  des 
étoffes  de  soie  ;  la  biblioihèque  du  conservatoire  ;  l'é- 
cole gratuite  de  dessin,  et  différents  cours. — On  par- 
vient à  la  grande  salle  du  musée  par  un  très-vaste  es- 
calier, où  l'on  voit  une  belle  inscription  en  lettres  d'or, 
qui  est  un  des  monuments  historiques  du  progrès  des 
manufactures  de  soie  à  Lyon.  Celte  salle  est  un  fort 
beau  vaisseau  pavé  en  carreaux  de  marbre,  et 
di\isé  en  trois  parties  par  des  arcs  élevés  à  plein 
cintre;  le  plafond,  orné  de  rosaces  ,  de  différents 
compartiments  et  de  peintures  d'un  bel  effet ,  est 
absolument  plat  et  sans  aucun  point  d'appui  sur  des 
pilastres  ou  des  colonnes,  ce  qui  est  ctKitraire  à 
toules  les  règles  du  goût.  C'est  dans  la  grande  salle 
du  palais  que  se  trouvent  tous  les  tableaux  qui  com- 
posent le  musée.  A  l'entrée  sont  des  tableaux  de 
fleurs  de  Van  Huysum ,  Van  Broussel ,  Vander  Ka- 
bel,  Berjon,  Bony  et  autres  artistes  distingués.  A  la 
suite  sont  les  tableaux  d'histoire  de  plusieurs  grands 
maîtres  des  écoles  italienne,  vénitienne,  napolitaine, 
hollandaise  et  flamande  ,  parmi  lesquels  nous  cite- 
rons :  le  grand  tableau  de  l'Adoration  des  Mages  , 
par  Rubens  ;  les  sept  Sacrements,  par  le  Poussin  ; 
l'Assomption  de  la  Vierge,  par  le  Guide;  la  Prédica- 
tion de  saint  Jean  et  le  Baptême  de  Jésus-Christ,  par 
l'Albane  ;  Moïse  sauvé  des  eaux,  par  Paul  Yéronèse; 
l'Ascension  du  Christ ,  par  Pérugin  ;  un  portrait  de 
chanoine,  par  A.  Carrache;  l'Adoration  des  bergers 
et  l'Invention  des  reliques,  par  Philippe  de  Cham- 
pagne; la  Circoncision,  par  Guerchin  ;  saint  Luc 
peignant  la  Vierge  ,  par  Giordano  ;  plusieurs  ta- 
bleaux du  Tintoret;  les  Vendeurs  chassés  du  temple, 
par  Jouvenet  ;  l'Adoration  des  anges  ,  par  Stella  ;  le 
Christ  à  la  colonne,  par  Palme;  saint  François  d'As- 
sise ,  par  l'Espagnolet.  —  Au  fond  de  la  galerie  de 
tableaux  se  trouve  le  cabinet  des  antiques  et  des  mé- 
dailles, dans  lequel  un  a  transporté,  depuis  la  for- 
mation du  musée,  tous  les  magnifiques  souvenirs  des 
Romains  qui  étaient  épars  chez  différents  particu- 
liers, ainsi  que  ceux  qui  ont  été  découverts  dans  dif- 
férentes fouilles.  On  y  voii  la  fameuse  Table  de 
bronze,  découverte  en  1529  sur  la  colline  de  Saint- 
Sébastien,  et  qui  contient  en  partie  la  harangue  que 
prononça  l'empereur  Claude  devant  le  sénat  de 
Rome,  pour  faire  accorder  à  la  ville  de  Lyon  le  titre 
de  colonie  ;  un  fragment  d'une  cuisse  de  cheval  en 
bronze  doré;  un  bas-relief  en  marbre  représentant 
un  sacrifice  ;  ce  morceau  fort  remar.iuahle  décorait 
autrefois  la  porte  de  l'église  de  l'ancien  château  de 
Beaujeu.  C'est  lors  de  la  démolition  de  cette  église 
qu'il  a  été  transféré  au  musée  ;  une  partie  du  tableau 
d'une  mosaïque  en  relief,  représentant  l'Espérance; 
une  statue  de  Vénus  en  marbre  ;  des  tableaux  en 
émail;  un  modèle  en  relief  du  temple  d'Isis,  à  Pom- 
péia  ;  des  ouvrages  en  ivoire  ;  plusieurs  monuments 
du  moyen  âge  ,  tels  que  le  vase  de  la  Mère  folle,  des 
armes ,  des  émaux ,  un  plai  et  une  aiguière  de 
fiîence,  un  calendrier  servien  ,  des  flèches,  des  cas- 
se-tèie,  des  haches  en  pierre  ,  etc.  —  On  voit  aussi, 


161 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


662 


dans  [iiairc  armoires  d'un  beau  travail  ,  une  grande 
quanlilc  de  ligurines  grecques,  égyptiennes,  romai- 
nes; elles  sont  d'une  rare  pcrfeclion.  On  y  trouve 
ëgalëment  des  lampes  de  diverses  formes ,  des  vases 
de  verre  antiques  ,  des  insirunrtenls  f  ivils  ,  refigieui 
et  militaires,  etc.,  et  ime  colleclinn  de  médailles  en 
brooze  et  en  argent.  On  remarque  encore  au  musée 
une  momie  enfermée  dans  une  caisse  cliargée  d'Iiié- 
roglyphes. 

L'Ecole  vétérinaire  de  Lyon  est  la  première  de  ce 
genre  qui  ait  été  établie  en  France.  Sa  fondation  est 
due  an  célèbre  Uourgelat ,  qui  obtint,  en  176), 
l'autorisation  d'ouvrir  à  Lyon  une  école  dans  laquelle 
on  enseignerait  In  connaissance  et  le  traitement  di'S 
maladies  des  bœufs,  cbevaux,  mulets,  etc.  Celte 
école  rendit,  dès  sa  naissance,  de  si  grands  services 
dans  les  campagnes,  en  arrêtant  les  progrès  des 
épizooiies  ,  qu'elle  mérita  le  titre  d'école  royale 
■vétérinaire.  D'abord  établie  au  faubourg  de  la  Guil- 
loiiére,  dans  une  maison  de  l'Hôtel-Dieu,  elle  a 
été  transférée  en  Tan  V  à  l'Observance ,  où  elle 
occupe  iJn  local  vaste  et  bien  disposé.  Le  buste  du 
fondateur  de  cet  important  établissement  en  est  i;n 
des  plus  beaux  orm^ments.  Le  jardin  est  pittoresque 
et  bien  entretenu;  an  fond  est  nne  jolie  colline 
couverte  d'arbres  de  toute  espèce ,  d'où  jaillissent 
des  sources  d'eau  vive.  Le  jardin  de  botanique,  la 
pbarmacie  et  le  cabinet  d'histoire  naturelle  niéri 
tent  de  fixer  l'attention. 

Le  jardin  des  plantes,  situé  au  rentre  de  la  ville, 
où  il  forme  une  promenade  on  ne  peut  plus  agréable, 
a  été  fondé  par  M.  Gilibert,  célèbre  médecin  de 
Lyon,  qnî  y  professa  longtemps  la  botanirpie.  On 
y  entre  par  im  perron  qui  donne  sur  la  place 
Sathnnay  :  5  gauche  est  l'orangerie;  sur  le  devant 
est  tiHf  parterre,  à  l'entrée  duquel  «st  placé  le  busie 
en  marbre  blanc  du  célèbre  abbé  Rozier  :  le  piédes- 
tal, cotironné  d'une  guirlande,  porte  l'inscription 
Suivante  : 

kV   COIUMELLE  FRANÇAIS, 
LVON,  SA  PATRIE. 

La  posiiion  en  amphithéâtre  de  ce  jardin  ,  et  ses 
divers  détours  et  allées,  peuvent  donner  une  idée 
des  sites  de  Lyon,  qui  varient  à  chaque  instant  par 
l'effet  du  mouvement  des  terrains.  Dans  la  partie 
supérieure  ,  se  trouve  une  esplanade  ombragée 
d'arbres  de  différentes  espèces.  De  cet  endroit,  la 
vue  domine  sur  une  partie  de  la  ville;  on  distingue 
les  principaux  édifrces  et  les  ponts  sur  la  Saône  et 
Te  Rhône;  au  levant ,  les, regards  s'étendent  sur  la 
colline  de  Fourvières,  et,  dans  le  lointain,  sur  les 
Alpes  et  les  campagnes  du  Dauphiné.  Au-dessous  de 
l'esplanade,  est  l'emplacement  d'un  vaste  amphi- 
théâtre de  forme  circulaire,  qui,  du  temps  des 
Romains ,  servait  de  naumachie.  —  La  situation  du 
jardin  sur  une  colline  qui  présente  diverses  exposi- 
tions, permet  d'y  cultiver  toutes  les  espèces  de 
plantes  connues.  Comme  il  est  abrité  des  vents  du 
nord ,  on  y  jouit  ordinairement  en  hiver  d'une  tem- 


pérature très-douce  :  les  fleurs  y  naissent  lorsque 
partout  ailleurs  la  nature  est  encore  inanimée;  en 
été,  la  chaleur  y  égale  quelquefois  celle  des  côtes  de 
la  Méditerranée. 

La  loge  du  Change,  qui  fait  le  principal  ornement 
de  la  place  du  Change,  a  été  construite  en  1710,  sur 
les  dessins  du  célèbre  Soufflot,  et  par  les  soins  de 
négociants  italiens;  c'était,  dans  l'origine,  le  lieu  où 
les  commerçants  s'assemblaient  pour  leurs  affaires 
de  commerce  et  pour  leurs  règlements  de  compte. 
Elle  a  été  restaurée  il  y  a  quelques  années,  et  sert 
aujourd'hui  de  temple  aux  protestants.  Lors  de  sa 
restauration ,  on  a  laissé  subsister  une  inscription 
gravée  sur  une  table  de  marbre  noir,  qui  se  trouve 
au  centre  de  la  façade;  c'est  la  devise  que  les 
Gryphe,  fameux  imprimeurs  de  Lyon,  plaçaient  au 
frontispice  de  leurs  livres  : 

Virtute  duce ,  comité  Fortuna. 

La  Condition  des  soies  est  un  bâtiment  isolé  des 
autres  maisons,  afin  de  prévenir  tout  accident,  ei 
les  appartements  dont  il  se  compose  ont  été  voûtés; 
I  est  destiné  à  enlever  aux  soies  l'humidité  superDue 
qu'elles  peuvent  contracter  d;ins  les  moulins,  dans 
la  roule  ou  par  quelque  sulre  cause.  Lorsqu'un  bal- 
lot de  soie  est  acheté  par  le  fabricant,  il  passe  à  la 
londiiion  publique,  où  il  est  pesé,  placé  dans  des 
armoires  grillées,  et  exposé  pendant  vingt-quatre 
bcures  à  une  chaleur  de  dix-huit  à  vingt-deux  de- 
grés. Quand  toute  l'humidiié  est  enlevée,  on  le  pèse 
de  nouveau,  et  le  déchet  qu'il  a  subi  est  constaté 
par  un  certificat  auiheniique  de  l'établissement. 

La  halle  aux  Grains  a  été  élevée  en  ISI.'Ï  sur 
'emplacement  qu'occupaient,  avant  la  révolution  de 
17S9,  la  magnifique  chapelle  des  Confalons  et  celle 
de  Noire-Dame  de  Bon-Rencontre;  c'est  une  con- 
struction lourde,  vaste  sans  être  commode;  le  rez- 
dR-ehaussée,  affecté  à  la  vente  dés  graines,  est  in- 
commode et  mal  éclairé;  au-dessus  est  un  vaste 
magasin  servant  d'entrepôt  pour  les  grains.  Cette 
halle  est  be.iiicoup  trop  petite  pour  nne  grande 
ville;  mais  sa  situation  centrale  et  près  d'un  grand 
fl'uve,  la  facilité  des  abords,  y  amèneront  toujours 
un  grand  nombre  de  vendeurs  et  d'acheteurs. 

Le  Mont-de-Piété  ne  date  que  de  l'année  1811. 
U  fut  d'abord  établi  dans  le  cloître  des  Jacobins; 
maintenant  il  est  placé  dans  le  bâtiment  de  la  Mané- 
canterie,  édifice  d'une  très-belle  apparence,  cons- 
truit en  17(J8  pour  loger  le  clergé  de  la  cathédrale 
de  Lyon,  sur  les  dessins  de  l'architecte  Decrénice. 
Tous  les  étages  sont  voûtés. 

L'flôtel-Dieu,  ou  Hôpital  général,  est  une  fonda- 
tion de  Childebert  et  de  la  reine  Ulirogothe,  son 
épouse.  L'adminisiraiion  en  fut  d'abord  confiée  à 
des  personnes  laïques  sous  la  direction  de  l'arche- 
vêque ,  et  cette  forme  dura  plus  de  six  siècles.  Ella 
passa  ensuite  successivement  à  des  religieux  de 
différents  ordres;  enfin,  en  l'année  USG,  les  conseil- 
lers échevins  de  la  ville  s'en  chargèrent,  et  gouver- 
nèrent cet  hôpital  immédiatement  et  par  eux-œême» 


665 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


664 


josqn'en  1585,  qu'ils  remirent  ce  soin  à  douze  citoyens, 
dont  le  nombre  fiit  porté  dans  la  suite  à  quatorze. 
L'entrée  principale  de  lllôpital  a  été  refaite  en 
l'année  1708.  Ferdinand  Delainonce,  qui  en  a  donné 
le  des^in  ,  a  su  faire  valoir  l'irrégularité  de  la  situa- 
lion,  et  en  a  fait  un  morceau  d'architecture  très-joli. 
La  porte  extérieure  est  ouverte  en  arcade,  accom- 
pagnée de  deux  colonnes  doriques  qui  portent  sur 
de^  socles ,  et  soutiennent  un  entablement  régnant. 
Un  grand  attique  à  pilastres  s'élève  au-dessus  du 
premier  ordre  et  renferme  une  table  d'inscription  , 
où  est  gravé  le  nom  de  cette  maison.  Ce  portail  est 
encliàssé  dans  deux  portions  de  cercle  qui  se  joignent 
aux  bâtiments  des  côtés,  et  qui  servent  à  cacher 
toute  l'irrégularité  de  cette  situation  ;  il  donne  entrée 
dans  un  vestibule  octogone  qui  dégage  dans  l'ancien 
cloître  par  où  l'on  va  aux  appartements.  Ce  vestibule 
est  voijté  en  croupe  et  décoré  d'ornements  qui  ser- 
vent à  raccorder,  d'une  manière  fort  ingénieuse,  les 
anciennes  voûtes  avec  les  nouvelles.  Au  centre  de 
la  cour,  on  voit  une  superbe  croix  en  fer,  entourée 
de  saules  pleureurs,  érigée  par  les  administrateurs 
et  bienfaiteurs  de  l'hospice,  ainsi  que  par  la  sœur 
Olard,  en  1813.  —  L'intérieur  de  l'Hôpital  consiste 
principalement  dans  la  grande  inûrmerie  ,  sur  le 
dessin  de  celle  de  Milan.  Elle  est  disposée  en  .''orme 
de  croix  grecque,  ayant  "60  pieds  de  longueur,  dans 
chaipie  partie  de  laquelle  il  y  a  trois  rangées  de  lits 
pour  les  malades.  Ces  vastes  salles  sonivulgaiiement 
appelées  les  quatre  rangs  ou  des  fiévreux  ,  et  ont  32 
piids  de  largeur  et  25  de  hauteur.  Deux  de  ces  rangs 
sont  destinés  pour  leshon.mes,  et  les  autres  pour 
les  f.  nimes.  Au  milieu  de  reuiplaecment  où  aboutis- 
sent ces  quatre  rangs ,  s'élève  un  dôme  de  5tj  pieds 
de  diamètre  ,  sous  lequel  est  un  auiel  isolé  qui  peut 
être  vu  des  rangs  les  plus  éloignés,  mais  qui  manque 
absolument  de  proportion  :  les  prières  ,  qu'on  y  lit 
deux  fois  par  jour,  peuvent  être  ent''ndues  de  tous 
les  apparii-menis,  et  le  prêtre  peut  être  vu  de  tous 
les  malades.  Eu  général ,  tons  les  lits  sont  de  fer  et 
au  nombre  d'environ  1800,  compris  ceux  des  mem- 
bres de  la  communauté  qui  sont  attachés  au  service 
des  pialades,  et  qui  se  montent  à  260  :  tant  que  le 
nombie  des  malades  le  permet,  on  les  couche  seuls 
dans  chaque  lit.  De  la  grande  salle  on  passe  au 
dôme  principal ,  sous  lequel  se  trouve  un  grand  et 
bel  autel  I  ien  décoré.  La  salle  qui  forme  la  conti- 
nuation du  dôme  est  destinée  aux  blessés;  elle  a  vue 
sur  le  quai  du  Rhône.  On  a  eu  soin  d'ouvrir  dans 
le  dôme  jilusieurs  grandes  fenêtres,  et,  pour  prévenir 
les  accidents,  on  a  placé  un  grillage  assez  serré 
jusqu'à  la  hauteur  d'environ  sept  pieds.  —  Ce  su- 
perbe étalilissement  est  de  la  plus  grande  beauté. 
Le  service  s'y  fait  avec  autant  de  générosité  que  de 
soins.  Cent  cinquante  sœurs  servent  les  malades,  et 
préparent  les  remèdes  qui  sont  ordonnés.  La  phar- 
macie est  remarquable  par  sa  grandeur  et  par  l'ordre 
qui  y  est  établi  ;  elle  fournit  aux  besoins  du  public 
et  aux  pauvres  malades  des  paroisses,  qui  y  trouvent 


les  remèdes  gratis.  Une  seconde  est  spécialement 
destinée  à  l'usage  de  la  maison.  La  belle  façade  qui 
domine  sur  le  quai  du  Rhône  fut  construite,  vers  le 
milieu  du  siècle  dernier,  par  l'architecte  SoufDot. 
C'est  un  magnifique  bâtiment,  qui  n'annonce  nulle- 
ment l'asile  de  la  pauvreté  souffrante. 

La  maison  de  Charité  est  une  grande  preuve  de  la 
charité  des  Lyonnais.  En  l'anuée  I5ÔI ,  une  siérilité 
affreuse  ayant  occasionné  la  famine  ,  le  peuple  des 
environs  du  Rliône  et  de  la  Saône  fut  réduit  à  une 
si  grande  misère  ,  que  ne  sachant  que  faire  des 
bouches  inutiles,  on  les  mit,  dit-on  ,  dans  des  ba- 
teaux où  on  les  abandonna  au  courant  de  l'eau  ; 
plusieurs  de  ces  bateaux  arrivèrent  à  Lyon.  Ce  spec- 
tacle loucha  vivement  le  cœur  des  Lyonnais;  tous 
ces  malheureux,  au  nombre  de  douze  mille,  furent 
reçus  charitablement  et  secourus ,  nonobstant  la 
disette  dont  la  ville  souffrait  aussi  beaucoup.  D'abord 
ils  furent  partagés  dans  les  maisons,  chacun  en  prit 
chez  soi,  ensuite  l'on  pourvut  en  commun  à  leur 
nourriture  :  on  la  leur  distribuait,  ainsi  qu'aux  pau- 
vres de  la  ville,  en  différents  endroits.  Huit  notables 
bourgeois  furent  chargés  de  ce  soin  et  de  recevoir 
les  aumônes  qui  se  fai^aient  pour  cola  :  cette  bonne 
œuvre  fut  continuée  depuis  le  19  mai  jusqu'au  1' 
juillet,  et  alors  le  temps  de  la  moisson  ayant  rap- 
pelé tous  ces  pauvres  à  la  campagne ,  il  se  trouva 
encore  entre  les  mains  du  trésorier  de  celte  associa- 
tion une  somme  de  396  liv.  2  s.  7  den.  de  reste  des 
aumônes.  Il  fut  résolu  dans  une  assemblée  des  prin- 
cipaux bourgeois  de  la  ville  de  les  employer  à  la 
nourriture  des  pauvres  de  la  cité,  et  de  continuer  à 
l'avenir  de  leur  fournir  les  mêmes  secours.  L'on 
établit  h  cet  effet  une  espèce  de  bureau  dans  le  cou- 
vent des  Cordeliers  de  Saint-Bonaventure.  En  1613, 
on  fit  encore  plus;  car,  sans  discontinuer  cette  dis- 
tribution ,  on  bâtit  une  maison  pour  renfermer  les 
pauvres  mendiants.  Ils  furent  d'abord  logés  dans  la 
maison  de  Saint-Laurent,  hors  de  la  porte  de  Saint- 
George,  sur  le  chemin  des  Etroits;  mais  ce  bâlimeni 
n'étant  pas  suffisant,  on  acheta  un  grand  espace  de 
terrain  qui  faisait  partie  de  l'ancienne  place  de  Belle- 
Cour,  et  à  l'aide  des  libéralités  de  M.  Marquemont , 
archevêque  de  Lyon,  îles  chanoines  de  la  cathédrale, 
de  M.  d'Halincourt,  gouverneur,  et  de  plusieurs 
riches  citoyens,  l'éslise  et  l'hôpital  furent  mis  à  peu 
près  dans  l'étal  lù  ils  sont  aujourd'hui.  Dans  la  cour, 
en  face  de  la  porte  d'entrée,  il  y  a  des  tables  noires 
sur  lesquelles  on  a  gravé  les  noms  des  personnes 
qui,  en  mourant,  ont  institué  pour  leurs  héritiers  les 
pauvres  de  cette  maison.  —  Les  bâtiments  de  cet 
hospice  sont  très-vastes.  Neuf  cours,  dont  une  plus 
grande  au  milieu,  séparent  les  différentes  parties  et 
contribuent  à  augmenter  la  clarté,  quoique  l'on  ait 
tâché  d'y  ménager  toutes  les  commodiiés  dont  on 
avait  besoin.  Les  proportions  de  cet  édifice  ne  sont 
avantageuses  ni  dans  le  détail ,  ni  dans  le  tout  en- 
semble. La  façade  s'étend  jusqu'à  la  caserne  de  cava- 
lerie, vulgairement  connue  sous  le  nom  de  youvellt- 


665  GEOGKAPHIF,  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 

Douane,  et  n'est  remarquable  que  par  sa  noble  sim- 
plicité. L'entrée  principale  a  été  rostriurée  en  1S27. 
D.ins  la  p;iriie  supérieure  da  portail ,  on  remarque 
un  I  as-relief  exécuté  par  U.  Legendre-Hérald  :  six 
fifîures,  h  peu  près  de  grandeur  naturelle,  composent 
cet  ouvrage,  dont  le  sujet  est  la  Charité  elle-même. 
Jusqu'à  présent,  la  plupart  des  peintres  et  des  sta- 
tuaires qui  avaient  essayé  de  représenti'r  cette  venu, 
s'étaient  allacliés  à  la  montrer  assise,  allaitant  plu- 
sieurs petits  enfants  placés  sur  ses  genoux.  M.  Le- 
gendre-Hérald  a  cru  pouvoir  sortir  de  la  routine.  La 
Charité  est  deliout,  le  sein  gauche  découvert;  elle 
étend  la  main  gauche  vers  l'enfant  d'une  jeune  et 
pauvre  femme  qui  lui  demande  l'aumône,  et  de  la 
main  droite  elle  donne  du  pain  à  un  malheureux 
vieillard  ,  également  accompagné  d'un  petit  enfant, 
que  l'artiste  a  représenté  la  tête  et  les  yeux  baissés  ; 
un  autre  petit  enfant  est  assis  aux  pieds  de  la  Charité, 
et  a  la  tête  et  les  regards  tournés  vers  elle. 

L*hospice  de  l'Antiquaille  a  sa  principale  entrée 
par  la  place  de  ce  nom,  et  occupe  l'emplacement  de 
l'ancien  palais  des  préfets  du  prétoire  ou  gouverneurs 
de>  Gaules.  Plusieurs  empereurs  romains  l'ont  habité; 
Cl.aude  et  Caligula  y  sont  nés ,  et  c'est  aussi  dans  ce 
palais  qu'Antonia  accoucha  de  Germanicus.  —  L'An- 
tiquaille n'était  qu'un  lieu  couvert  de  ruines,  et  en- 
vironné de  vignes,  lorsque  Pierre  Sala,  d'une  des 
familles  de  Lyon  les  plus  distinguées  dans  la  ma- 
gistra'ure,  fit  élever  à  la  place,  l'an  1500,  une  belle 
maison  somptueusement  bàiie,  dans  laquelle  il  réunit 
les  monuments  de  l'antiquité  que  ce  quartier  ofTrait 
en  abondance.  Ce  fut  la  destination  donnée  à  cette 
maison  qui  la  fit  appeler  du  nom  de  l'Antiquaille, 
dénomination  que  l'on  ne  trouve  mille  part  avant 
cette  époque ,  mais  qui  lui  fut  dès  lors  consacrée. 
La  propriété  en  passa  ensuite  à  Sympliorien  Ruatier, 
à  Jeanne  Buatier,  et  ensuite  aux  religieuses  de  la 
Visitation.  L'église,  bâtie  en  1639,  fut  consacrée  à 
Notre-Dame  et  aux  martyrs  lyonnais  :  au-dessous  est 
un  cachot  qu'on  assure  avoir  servi  de  prison  à  saint 
Pothin.— On  trouve  dans  la  première  cour  de  la  mai- 
son l'entrée  de  longues  voûtes  souterraines  qui  tra- 
versent, à  une  assez  grande  profondeur,  une  partie  de 
la  montagne.  Cet  ouvrage,  conduit  par  l'architecte 
Billion,  date  du  milieu  du  siècle  dernier,  et  n'avait 
été  exécuté  qu'avec  des  travuux  immenses,  dans  le 
but  de  procurer  l'eau  nécessaire  aux  besoins  du  mn- 
nastére.  —  Dans  l'enclos,  sous  le  chemin  qui  va  de 
la  place  des  Minimes  à  Fourvières,  il  existe  un  sou- 
terrain de  100  pieds  de  long,  1-2  de  large  et  15  de 
haut;  il  est  enduit,  jusqu'à  la  naissance  de  la  voûte, 
d'un  ciment  rnuge  cxtrêmemiiit  dur  et  poli,  et  un 
mur  très-épais  coupe  en  deux  parties  inégales  ce 
long  bnyau. 

Les  casernes  à  Lyon  sont  de  très-beaux  corps  de 
bâtiments  qui  méritent  d'être  vus.  Cel'e  du  quai  de 
Serin,  construite  en  17-28,  était  autrefois  des  greniers 
d'abondance,  devenus  inutiles  depuis  qu'on  a  favorisé 
Ea  libre  circulation  des  grains;  on  en  a  formé  des 


666 

casernes  pour  la  cavalerie  et  l'infanterie.  —  Celle 
située  à  la  suite  du  bâtiment  de  la  Charité  était  au- 
trefois riiôiel  des  Fermes,  construit,  quelque  temps 
avant  la  révolution,  sur  les  dessins  de  l'arcbilecte 
Diipoux.  L'édiilce  est  très-étendu  et  sert  de  quartier 
pour  la  cavalerie  et  l'infanterie.  —  Le  couvent  des 
Colinettes,  sur  !s  coteau  de  Saint-Clair,  sert  de  loge- 
ment à  l'infanterie  ;  la  cour  est  grande  et  propre  aux 
manœuvres;  la  vue,  qui  .s'étend  très  au  loin  et  qui 
domine  les  Brotteaux,  est  magnifique.  —  Le  monas- 
tère de  Sainie-Marie-des-Chaîiies,  prés  du  quai  de 
Serin,  est  un  entrepôt  pour  les  fourrages,  où  l'on 
avait  commencé  de  belles  casernes  pour  la  cavalerie, 
mais  les  travaux  ont  été  suspendus.  —  Le  couvent 
des  religieuses  du  Bon-Pasteur,  situé  rue  Neyret,  et 
l'ancien  couvent  des  Carmes-Décbaux.  servent  aussi 
de  casernes.  —  La  ca=erne  de  gendarmerie  est  un 
bel  édifice  récemment  construit  sur  l'ancien  ompla- 
cemenl  du  Manège  ,  à  l'angle  des  rues  Sala  et  Saint- 
François  de  Sales. 

On  compte  à  Lyon  250  rues,  dont  plusieurs  son! 
fon  longues,  quelques-unes  larges  et  assez  régulières. 
Cependant  il  en  est  peu  de  véritablement  dignes  de 
la  seconde  ville  d'un  grand  Etat.  Dans  les  qu.irtiers 
nouveaux,  les  rues  sont  régulières  et  se  coupent  h 
angle  droit;  mais  elles  manquent  de  beaux  édifices. 
En  général,  Lyon,  surtout  dans  la  partie  basse,  est 
percé  de  coinmunications  étroites,  escarpées  ,  tor- 
tueuses et  bordées  de  maisons  si  élevées  qu'elles 
permettent  rarement  au  soleil  de  pénétrer  jusqu'au 
pavé.  Ces  rues ,  presque  toujours  humides  et  fan- 
geuses, sont  d'ailleur'i  mal  pavées  de  cailloux  roulés 
et  manquent  de  trottoirs.  Des  allées  obscures,  ser- 
vant de  passage  d'une  riie'à  l'autre,  des  cours  étroi'.es 
et  sombres,  une  population  surabondante,  et  surtout 
des  habitudes  de  malpropreté  assez  générales,  se- 
raient des  causes  d'insalubrité  funeste,  si  la  nature 
ne  faisait,  pour  les  détruire,  plus  que  les  habilaiils 
eux-mêmes.  —  La  rue  Mercière  est  une  des  plus 
longues,  des  plus  fréquentées  et  des  plus  marchandes 
de  Lyon;  mais  elle  est  aussi  l'une  des  plus  étroites, 
des  plus  tortueuses  et  des  plus  malpropres.  La  rue 
de  la  Juiverie  était  autrefois  une  des  plus  belles  de  la 
ville,  et  elle  est  encore  aujourd'hui  une  des  plus 
larges  :  c'est  dans  celle  rue  que  Charles  Vill  et 
Louis  XII  donnèrent  des  fêtes  et  des  tournois  durant 
leurs  séjours  à  Lyon. 

Les  bords  du  Bhône  et  de  la  Saône  sont  bordés 
de  larges  quais  et  de  cours  spacieux,  pour  la  plupart 
bien  ombragés.  La  disposition  et  la  forme  particu- 
lière de  chacun  de  ces  quais  est  assortie  à  la  nature 
des  lieux  où  ils  sont  placés.  Les  quais  du  Rhône 
forment  une  longue  ligne  droite  et  paraissent  beau- 
coup plus  grands  que  ceux  de  la  Saône ,  dont  les  si- 
nuosités cachent  l'étendue.  Les  différents  genres 
d'architecture  qui  distinguent  les  maisons  de  l'un  "et 
l'autre  quai  ne  sont  pas  moins  en  opposition  que  lesi 
sites  :  sur  les  rives  de  la  Saône,  le  bâtiment  des  An- 
tiquailles, la  bibliothèque  de  Saint-Jean,  les  prisons, 


667 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


l'église  de  Fourrières,  le  dôme  des  Cliartreux,  don- 
nenl  aux  divers  points  de  vue  un  aspect  majestueux, 
un  csracière  monumental;  sur  les  bords  du  Rliôiie, 
r.irchiieclure  moderne  a  déployé,  dans  les  édiliccs 
publics  et  les  maisons  particulières,  toute  la  richesse 
convenable  à  chacun  de  ces  genres  de  consiruclion. 
Le  contraste  que  présente  le  tableau  des  deux  quais 
se  retrouve  encore  dans  la  température  qui  régne  sur 
les  hords  des  deux  rivières  :  sur  les  quais  de  la 
Saône,  on  éprouve  dans  le  printemps  ime  chaleur 
douce  et  agréable,  qui  devient  brillante  en  été;  tan- 
dis que  sur  les  bords  du  Rhône  faimosphère,  glacée 
en  hiver,  est  constamment  rafraîchie  en  été  par  des 
courants  d'air  (jui  rendent  la  promenade  délicieuse. 
—  Le  quai  Saint-Clair,  qui  s'étend  sur  la  rive  droite 
du  Rhône,  est  remarquable  par  l'élégance  des  édifices 
qu'on  y  a  construits,  par  la  promenaie  aaréahie  qu'il 
offre,  et  par  la  vue  enchanteresse  dont  on  y  jouit  : 
c'est  dans  ce  quartier  qu'habitent  la  plupart  des  riches 
négoi  iants.  A  la  suite  du  qiiai  Saint-Clair  est  celui 
de  Ri-tz,  bordé  de  maisons  magnifiques,  et  de  belles 
plantations  qui  se  prolongent  jusqu'à  l;t  place  du 
Concert.  Ce  quai  communique  à  celui  île  Bon-Ren- 
contre, qui  se  joint  au  quai  de  l'ilôpital,  lequel  se 
lie  par  le  quai  d'Angoulême  à  la  belle  avenue  de 
Perraclie.  —  Sur  la  rive  gauche  de  la  Saône ,  les 
quais  d'Occident,  de  Saint-Antoine,  des  Célestins, 
oITrent  une  voie  extrêmement  large,  bordée  de  maisons 
généraleiiieiil  bien  bâties,  d'où  l'on  a  en  perspective 
de  cliainiants  points  de  vue.  Ces  quais  se  prolongent 
depuis  le  pont  du  Change  jusqu'à  celui  de  Serin  ,  et 
offrent  des  ports  eommoiles  pour  la  navigation.  —  Le 
nombre  des  ports  de  débarquement  est  de  dix-huit, 
dont  (juatre  sur  le  Rhône  et  quatorze  sur  la  Saône. 
Lyon  possède  plus  de  50  places  publiques,  dont 
quelques-unes  seulement  sont  vastes,  a^sez  régu- 
lières et  ornées  de  beaux  éililices  ;  les  autres  sont 
petites  et  n'offrent  aucune  régul.irité.Les  principales 
sont  :  la  place  Rellecour,  une  des  plus  b'iles  et  des 
plus  vastes  de  l'Europe.  Elle  a  la  forme  d'un  paral- 
lélogramme t lès-allongé  ,  de  510  mètres  de  long  sur 
200  mètres  de  large  d'un  côté,  et  225  mètres  de 
l'autre;  irrégularité  qu'on  a  fait  disparaître  par 
une  plantation  de  tilleuls  qui  occupe  toute  la  face 
méridionale  et  dérobe  la  vue  des  maisons  de  ce  côté. 
Le  nom  de  Bellecoiir  lui  vient,  dit-on  ,  de  celui  de 
Itetla  Curia  ,  que  ce  lieu  portait  depuis  le  second 
siècle  de  l'ère  chrétienne.  Elle  fut  ensuite  nommée 
place  Lonis-le-Grand  ;  sous  le  consulat,  elle  riçut  le 
nom  de  place  Bonaparte,  qu'elle  changea  pour  celui 
de  Napoléon.  Cette  place  offre  une  promenade  d'au- 
tant plus  agréable  qu'elle  est  presque  au  centre  de 
la  ville.  Aux  deux  extrémités  sont  deux  corps  de 
bâtiments  symétriques  ,  présentant  une  façade  de 
Il  ois  étages,  dont  un  avant-corps,  décoré  de  huit  pi- 
lastres ,  occupe  le  centre.  —  La  place  des  Terreaux 
est  la  plus  remarquable  après  la  plaie  Bcllecoiir  ; 
son  nom  ,  qui  signifie  fossé  dans  le  langage  du  peu- 
ple de  Lyon ,  rappelle  la  première  destination  de  ce 


ces 

lien.  Cette  place  est  petiie,  mais  régulière  ;  huit  rues 
y  aboutissent.  L'hôtel  de  ville  et  le  palais  des  Arts 
en  occupent  deux  côtés  ;  les  deux  autres  façades  sont 
formées  de  différentes  maisons  particulières.  Le  cen- 
tre, circonscrit  par  des  banquettes,  était  autrefois 
décoré  d'une  pyramide  qui  a  été  détruite  en  1660. 
C'est  sur  celte  place  que  furent  exécutés  de  Thon  et 
Cinq-.Mars.  —  La  place  du  Méridien  offre  un  des 
points  de  vue  intérieurs  de  Lyon  les  plus  intéres- 
sants :  au  milieu  s'élève  une  colonne  cannelée  de 
plus  de  60  pieds  de  hauteur,  surmontée  d'une  sta- 
tue colossale  représentant  Uranie,  qui  indique  le  mé- 
ridien. —  La  place  des  Célestins  conduit  à  la  belle 
rue  Saint-Dominique  par  un  passage  formé  de  ma- 
gasins. Elle  est  régulière,  ornée  de  plusieurs  cafés 
remarquables  et  de  belles  maisons  nouvellement 
construites.  —  La  place  du  Change  doit  son  nom  à 
l'établissement  de  la  banque  de  Lyon  sous  Fran- 
çois I".  1  Ile  est  assez  régulière,  et  ornée  d'un  joli 
édifice  qui  sert  de  temple  aux  protestants.  —  La  place 
Sathonay  doit  son  nom  à  la  reconnaissance  des  ha- 
biianis  pour  M.  de  Sathonay,  maire  de  Lyon  ,  dont 
l'administration  fut  marquée  par  un  grand  nombre 
de  travaux  importanis.  Celte  jolie  place  sert  d'entrée 
au  jjrdin  des  plantes;  elle  est  environnée  de  beaux 
édifices  ,  bien  pavée,  et  renferme  dans  son  enceinte 
un  vaste  marché.  —  La  place  de  la  Chariié  est  belle 
par  sa  p.isilion  entre  un  des  plus  beaux  quais  du 
Rhône  et  la  place  Bellecour  :  au  nord,  plusieurs  hô- 
tels réunis  forment  i:n  corps  d'.ircliiiecture  régulier; 
vis-à-vis  est  l'église  de  la  Charité  ,  surmontée  d'un 
joli  clocher  de  forme  octogone.  —  La  petite  place 
de  l'Homme  de  la  roche  doit  son  nom  à  une  statue 
en  bois  ,  représentant  un  guerrier  avec  une  cuirasse 
et  une  halleb  irdfi  ,  eî  tenant  une  bourse  à  la  main. 
Si  l'on  interroge  un  homme  du  peuple  sur  ce  qu'on 
a  vuulu  représenter  par  celte  statue,  il  répondra  : 
«  C'e-t  le  bon  Allemand  qui  marie  les  filles  de  Vaize 
et  de  lîourgueuf  ;  il  leur  montre  sa  bourse  pleine 
d'argent  pour  les  doter.  »  Voici  l'origine  de  cette 
Ira.lilion  populaire  :  Jean  Cléberg,  de  Nuremberg  , 
après  avoir  exercé  le  commerce  en  Suisse,  se  mil  à  la 
tète  d'une  compagnie  franche,  entra  en  Italie  avec 
François  h^,  qu'il  suivit  ensuite  dans  sa  captivité  en 
Espagne.  Après  le  retour  de  ce  souver^iin,  Cléberg 
se  fixa  à  Lyon,  où  il  devint  l'un  des  négocianis  les 
plus  distingués,  et  acquit  le  droit  de  bourgeoisie.  En 
reconnaissance  de  ce  témoignage  de  considération  , 
cet  homme  généreux  répandait  ses  bienfaits  sur  la 
classe  ouvrière;  chaque' année  il  employait  une 
somme  considérable  à  la  dotation  des  pauvres  filles 
de  son  quartier.  Après  sa  mort,  le  peuple  des  fau- 
bourg de  Vaize  et  de  Bourgneuf  lui  éleva  une  statue 
en  bois,  et  chaque  fois  que  ce  fragile  monument  s'est 
détruit,  il  l'a  renouvelé  à  ses  frais.  Cet  usage,  que 
l;i  reconnaissance  a  consacré,  n'est  point  tombé  en 
désuétude  :  en  1820,  une  nouvelle  sialiie  du  bon  (Clé- 
berg, après  avoir  été  promenée  dans  toute  la  ville 
au  son  des  instruments,  a  été  placée  sur  le  roc,  d'où 


669  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


670 


elle  domine  la  route  de  Paris,  avec  les  mêmes  céré- 
monies qu'en  1716. —Près  de  l'Homme  de  la  roche 
était  le  fort  de  Picrre-Scise,  l'un  des  monuments  les 
plus  curieux  du  moyen  âge.  Le  grand  roclier  de  granit 
sur  lequel  il  avait  été  élevé  s'avançait  dans  la  Saône 
de  manière  à  ne  laisser  aucun  passage  ;  Agrippa  le 
fit  couper  pour  établir  l'une  des  quatre  grandes  voies 
romaines  qu'il  ouvrit  dans  les  Gaules  ei  dont  Lyon 
était  le  centre.  —  Quelques  historiens  attribuent  la 
construction  du  châieau  fort  de  Pierre-Scise  aux  ro  s 
de  Bourgogne  ;  mais  ii  parait  plus  vraisemblable  qu'il 
fut  l'ouvrage  des  premiers  archevêques  de  Lyon  , 
qui,  après  l'avoir  habité  longtemps,  l'abandonnèrent 
pour  aller  résider  au  palais  S'int-Jean.  Cetie  forte- 
resse fut  ensuite  transformée  en  prison  d'Eiai, 
Lmiis  XII  y  fit  emprisonner  Louis  Sforce  ,  duc  de 
Milan,  ainsi  que  son  frère  le  cardinal  Ascagne  ;  sous 
Charles  IX,  le  farouche  baron  des  Adret*,  qui  s'em- 
para de  Lyon ,  chassa  le  clergé  et  pilla  les  églises  , 
fut  ensuite  enfermé  dans  ce  château  ;  le  duc  de  Ne- 
mours, de  Tliou,  Cinq-Mars  y  ont  été  également  dé- 
tenus. Au  commencement  de  la  révolution,  le  peuple 
de  Lyon  s'empara  de  celte  prison  d'Etat  et  en  com- 
mença la  démolition  ,  qui  a  été  continuée  depuis  :  le 
roc  qui  la  portait  a  lui-même  disparu  ;  abattu  par  la 
mine,  il  a  été  transformé  en  maisons. 

Le  Rhône ,  devant  Lyon,  a  une  largeur  d'environ 
200  mètres;  il  est  traversé  par  trois  pouls  :  le  pont 
Morand,  le  pont  Lafayette  et  le  pont  de  la  Guillo- 
lière.  La  largeur  de  la  Saône  et  d'environ  150  mè- 
tres ;  on  la  passe  à  Lyon  sur  neuf  ponts  :  le  pont  de 
Serin,  le  pont  de  la  Gare,  le  pont  Saint-Vincent,  le 
pont  de  1:1  Fouillée  ,  le  pont  du  Change,  le  pont  Vo- 
lant, le  pont  de  Tilsilt,  le  pont  d'Ainay  et  le  poni  de 
la  Mulaiière.  — Le  pont  Morand  ,  construit  en  1774 
par  l'habile  architecte  dont  il  porie  le  nom  ,  est  en 
bois  et  communique  de  la  rue  PHils-GailIol  à  la  pro- 
menade des  Broiteaux  :  il  a  630  pieds  de  long  sur 
42  de  large;  sa  charpenle  effraye  par  son  étonnante 
légèreté  et  n'en  supporte  pas  moins  le  poids  des  plus 
lourdes  voitures;  les  piétons  y  passent  librement 
sur  de  larges  trottoirs  en  briques.  Chaque  pile,  for- 
mée d'une  seule  traversée  de  poteaux,  espacés  les 
uns  des  autres  ,  n'oppose  à  la  rapidité  du  Rhône 
qu'une  épaisseur  de  9  à  10  pouces.  Quatre  pavillons 
Bymélrifioes,  en  forme  de  socles  et  en  maçonnerie  , 
servent  d'ornements  aux  deux  exirémités.  Toutes 
les  pièces  de  ce  pont  sont  dispo-ées  de  manière  à  ce 
qu'on  en  peut  substituer  d'autres  sans  déranger  celles 
qui  les  touchent.  Sa  résistance  au  dégel  de  1789  pa- 
rut si  étotinante  à  raison  de  sa  fragilité,  qu'après  la 
débicle  on  plaça  au  milieu,  sur  un  poteau,  une  cou- 
ronne de  laurier  avec  cette  inscription  : 

Impavidum  ferlent  riiinœ. 
Une  crue  subite  du  Rhône,  qui  eut  lieu  le  22  oc- 
tobre 1825,  entraîna  des  radeaux  qui  brisèrent  et 
enlevèrent  trois  arches.  Quelques  mois  après  ,  il  a 
été  réparé  avec  beaucoup  de  soin,  et  orné  d'une  ba- 
lustrade en  fer ,  qui  ajoute  encore  à  sa  légèreté.  La 


vue  dont  jouit  le  spectateur  placé  au  milieu  du  pont 
Morand  est  on  ne  peut  plus  agréable  :  d'un  côté, 
on  découvre  le  quai  Saint-Clair  et  le  cours  d'Her- 
bouville,  couronné  par  une  belle  colline  ;  de  l'autre, 
les  beaux  quais  du  nhône,  que  terminent  majestueu- 
sement le  bâtiment  et  le  dôme  de  l'Hôpital.  —  Le 
pont  Lafayette  communique  de  la  place  du  Concert 
à  une  nouvelle  avenue  tracée  aux  Broiloanx.  Les 
piles  sont  en  belles  pierres,  ei  le  reste  en  1er  ;  quatre 
beaux  pavillons  s'élèvent  aux  deux  exirémiiés.  La 
construction  de  ce  pont  a  éié  achevée  en  1S29.  — 
On  attribue  la  construction  du  pont  de  la  Guilloiière 
au  pape  Innocent  IV  ,  qui  habiia  pendant  sept  ans 
le  cloître  de  Saint-Jean  ;  mais  il  parait  plus  certain 
que  ce  pont  fut  construit  en  grande  partie  des  libé- 
ralités des  citoyens  de  Lyon.  Sa  longueur  est  de 
103  mètres.  Au  lieu  de  le  bàiir  dans  louie  son  éten- 
due sur  une  ligne  droite,  une  partie  a  éié  construite 
en  retraite  ;  ce  qni  forme  un  angle  à  peu  prés  vers 
son  milieu  ,  ei  lui  donne  la  force  de  résister  à  l'im- 
péluosiié  du  fleuve.  Dans  l'origine  ,  il  se  composait 
de  vingt  arches,  que  l'on  a  réd\iites  à  dix-sept  en 
supprimant  une  pile  entre  deux  arches.  Celte  entre- 
prise harilie  fut  suivie  d'une  autre  qui  ne  l'était  pas 
moins  :  comme  ce  pont  était  si  étroit  qu'à  peine  il 
sufûsail  pour  le  passage  d'une  charrette ,  on  l'a 
élargi  de  moitié  par  l'adosscment  d'un  pont  nou- 
veau, qu'on  a  lié  à  l'ancien  avec  des  barres  de  1er. 
Sa  construction  est  solide,  mais  il  n'a  ni  élégance 
ni  régularité.  Le  pont  de  laGuilloiière  S'Tt  de  com- 
munication avec  le  midi  de  la  France,  la  Savoie  et 
l'Italie.  C'est  au  pied  d'une  de  ses  arches  que  des 
pêcheurs  trouvèrent,  par  hasard,  le  fameux  bouclier 
où  est  représentée  la  continence  de  Scipion.  — 
La  conslruclion  du  pont  du  Change  remonte  au 
milieu  du  xi«  siècle  ;  il  se  compose  de  huit  arches  et 
a  193  mèires  entre  les  culées.  Quelques  inscriptions 
antiques,  que  l'on  voit  sur  les  piles,  indiquent  qua 
les  matériaux  qui  ont  servi  à  l'établir  proviennent 
en  majeure  partie  des  débris  du  célèbre  temp'o 
d'Anionin.  Il  existait  anciennement  une  tour  au  mi- 
lieu de  ce  pont.  Dans  le  xiii'^  siècle,  lors  des  démê- 
lés eirtre  le  clergé  et  les  habitants,  ceux-ci  s'en  ren- 
dirent maîtres,  et  interceptèrent  de  celle  position 
toute  communication  de  la  rive  gauche  à  la  rive 
droite  de  la  Saône.  Plus  lard,  la  tour  fut  démolie  et 
remplacée  par  une  jolie  niche,  ornée  d'une  statue  de 
la  Vierge,  à  laquelle  on  a  substitué  un  bâtiment 
destiné  à  servir  de  corps  de  garde. 

Lyon  possède  plusieurs  fontaines  publiques,  mais 
leur  nombre  est  loin  d'être  en  rapport  avec  les  be- 
soins d'une  cité  aussi  populeuse  ;  celles  qui  existent 
sont  d'ailleurs  peu  dignes  d'attention  sous  le  rapport 
monumental.  Les  plus  remarquables  sont  la  petite 
fontaine  Saint-lrénée,  celles  de  la  place  des  CorJe- 
liers,  de  la  place-Grollier,  et  une  jolie  au  pied  du 
chemin  Neuf.  Lyon  a  trois  rangs  de  quais,  dont 
deux  sur  la  Saône  et  un  sur  le  Rhône.  Ces  quais  ont 
chacun  un  nom  différent  ;  ils  sont  entrecoupés  de 


611  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


672 


diJt-sept  beaux  poris,  et  offrent  pour  la  plupart  des 
promenades  agré:ibles.  On  remarque  encore  dans 
l'inlérieur  de  la  ville  les  promenades  de  Bellecour  , 
de  la  place  des  Coesiins,  le  jardin  de  bohmrque,  etc., 
dont  nous  avons  déjà  eu  occasion  de  parler  ;  et  à 
l'exiérieur,  la  promenade  des  Broiteaux  ,  l'avenue 
Perraclie,  les  Elroil<,  la  I  épiiiière,  l'île  Barbe  , 
etc.,  etc. — La  Pépinière  occupe  depuis  1817  l'enclos 
de  l'ancien  monastère  de  l'Observance  :  de  toutes 
les  siiuaiions  des  alentours  de  Lyon,  il  n'en  était 
point  de  plus  convenable,  sous  le  rapport  du  climat 
et  de  l'exposiiion.  Occupant  le  penebanl  d'une  col- 
line, les  sinuosilés  du  terrain,  l'enfoncement  des 
vallons,  y  favorisent  la  maturiié  de  toutes  les  espè- 
ces de  fruits  ;  le  versant  <les  coteaux  et  des  prairies 
est  arrosé  par  des  ruisseaux  qui  aident  à  la  végéta- 
tion. Des  différentes  bauieurs  que  renferme  son 
enceinte,  on  jouit  d'une  niultilude  de  points  de  vue 
pittoresques  ;  plusieurs  allées  agricoles  ,  bordées 
d'arbres  et  d'arbustes  à  fruits  des  meilleures  quali- 
tés, et  de  belles  allées  de  botanique,  offrent  sur 
tous  les  points  une  continuité  de  promenades  fort 
agréibles.  Indépendamment  des  essais  de  toutes  les 
cultures  concernant  la  botanique,  on  fait  à  la  Pépi- 
nière des  essais  de  piaules  céréales,  ainsi  que  des 
plantes  fourragères  et  tinctoriales.  Tout  est  gratuit 
dans  l'adniinisiraiion  de  cet  établissement  :  ses 
produits  sont  employés  à  fournir  des  arbres  forestiers 
pour  l'embellissement  des  routes,  à  introduire  de 
nouvelles  essences  dans  les  forêts,  à  cnlliver  toutes 
les  espèces  d'arbres  à  fruits,  et  'à  favoriser  l'agri- 
culture.— A  i  kil.  au-dessus  de  Lyon,  au  milieu  de 
la  S;iône,  se  montre  une  île  de  1200  pas  environ  de 
longueur  sur  300  dans  sa  plus  grande  largeur,  que 
la  nature  et  l'art  se  sont  plu  à  embellir.  Cette  île, 
environnée  de  collines  en  ampbitbéàlre,  paraît  pla- 
cée au  fond  d'un  vallon  embelli  par  des  eaux  paisi- 
bles comme  celles  d'un  lac  ;  c'est  l'île  Barbe,  l'orne- 
ment d'im  des  plus  beaux  sites  des  environs  de  Lyon. 
— Suivant  les  plus  anciens  auteurs,  l'île  Barbe  et  les 
environs  furent  d'abord  des  lieux  consacres  à  la  re- 
traite des  druides.  Sous  Sepiime-Sévère,  quelques- 
uns  des  cliréliensécbappés  aux  massacres  qui  eurent 
lieu  à  l'occasinn  des  fêtes  décennales,  'clierclièrent 
un  asile  dans  cette  île.  De  ce  nombre  furent  Etienne 
et  Péregrin,  dont  la  douceur  et  l'esprit  de  charité  at- 
tirèrent bientôt  prés  d'eux  des  prosélytes.  A  peine 
l'îie  fut-elle  ha.iitée  qu'on  y  fonda  une  abbaye,  que 
Dagoliert  et  son  fils  comblèrent  de  leurs  dons.  Ce 
monastère,  qui  s'accroissait  ciiaque  jour,  fut  ravagé 
par  les  Sarrasins.  Le  savant  Leyderade  le  fit  re- 
construire et  y  .ajouta  plusieurs  édifiées  nouveaux, 
riiarlemagne  voulut  le  connaître,  et  enelianlé  d'une 
liabiiatinn  placée  dans  une  situation  aussi  agréable, 
il  forma  le  projet  de  venir  dans  celte  île  se  reposer 
des  fitignes  du  irône.  Dans  celte  inienlion,  il  fit 
rassembler  nue  belle  bibliothèque,  qui  fut  pillée  et 
brûlée  par  les  calvinistes  en  ISCS.  Plusieurs  rois  de 
France  ont  aussi  visité  cet  antique  monastère  ,  dont 


une  partie  des  vastes  bâtiments  s'élèvent  au-dessug 
de  belles  masses  de  ver. lire,  et  offrent  un  aspect 
pittoresque.  —  L'île  Barbe  est,  à  deux  époques  de 
l'année,  à  Pâques  et  à  la  Pentecôie,  un  but  de  pro- 
menade vers  lequel  se  dirige  une  partie  de  la  popu- 
lation de  la  ville  de  Lyon  et  des  campagnes  envi- 
ronnantes. 

Lyon  a  donné  naissance  à  un  grand  nonilira 
d'hommes  célèbres,  dont  les  principaux  sont:  les 
empereurs  Marc-Aurèle,  Caracalla  et  Claude;  Germa 
nicus,  dont  l'empire  romain  pleura  la  mort  préma- 
turée ;  Sidoine  Apollinaire,  écrivain  du  v  siècle; 
saint  Anibroisele  Grand  ;  Philibert  de  Lorme,  Per- 
rache,  Rondelet,  architectes  ;  les  frères  Coustoii, 
Coysevox,  Chinard,  Lemoi,  sculpteurs  ;  les  peintres 
Siella,  Vivien,  Hevoil  et  Richard;  les  graveurs  Au- 
deau ,  Drevet,  Gryphe  ;  les  naturalistes  Kozier, 
Bernard  et  Adrien  de  Jussieu ,  la  Touretle  ,  Morel  ; 
Bourgelat,  fondateur  des  écoles  vétérinaires  de  Lyon 
et  d'Alfort;  le*  historiens  Paradis,  Coloni  i ,  Méné- 
trier ;  l'hydrographe  Fleurieu  ;  le  célèbre  écono- 
miste J.-B.  Say  ;  les  mécaniciens  Jambon,  Thonié, 
Jacquard  ;  le  maréchal  Snchet  ;  le  major  Martin  , 
fondateur  de  l'école  de  la  Mariinière  ;  l'oraleur 
Bergasse. 

L'industrie  de  Lyon  est  immense.  Les  étoffes  de 
soie,  renommées  par  la  solidité  de  la  leinliire  et  le 
bon  goùl  des  dessins,  en  forment  la  base  principale. 
Lyou  est  la  première  des  villes  de  France  qui  ait  pos- 
sédé des  fabriques  de  soie  ;  elles  datent  du  règne  de 
Louis  XI,  et  durent  leur  élablissemenl  à  des  Floren- 
tins et  des  Lucquois  qu'avaient  repousses  de  leur 
pays  les  querelles  sanglantes  des  Guelfes  et  des  Gi- 
belins :  ou  a  des  lettres  patentes,  données  à  Orléans 
le  23  noTembre  4i06,  portant  que,  pour  empêcher 
la  sortie  annuelle  du  royaume  de  quatre  à  cinq  cent 
mille  écus  pour  achat  d'élolTes  de  soie,  il  sera  établi 
à  Lyon  des  métiers  à  faire  des  éiolTes  de  ce  genre  ; 
quatre  ans  après,  Louis  XI  appela  à  Tours  des  fa- 
bricants de  l'étranger.  L'établissement  des  grandes 
manufictures  de  soieries  qui  ont  placé  Lyon  à  la 
tête  des  villes  industrielles,  et  rendu  le  globe  tribu- 
taire (les  produits  variés  de  ses  innombrables  mé- 
tiers, date  de  Ih'S.  A  celle  époque,  Etienne  Tiirquet 
et  Barthélémy  Nariz,  manufacturiers  de  Gènes,  na- 
turalisés Lyonnais,  proposèrent  au  consulat  de  Lyon 
de  faire  venir  des  ouvriers  pour  piablir  des  métiers 
en  celle  ville  et  confectionner  des  draps  de  soie  et 
des  tissus  d'or  et  d'argent,  dont  on  faisait  alnis  un 
grand  usage.  Cette  proposition  trouva  d'abord  quel- 
ques opposants  dans  le  conseil,  qui  loulefnis  arrèia  à 
une  grande  majorité  de  présenter  au  conseil  privé 
du  roi  la  requête  de  Turqnet,  tendant  à  obtenir  uu 
sauf-conduit  à  l'égard  des  manœuvres  qui  viendraient 
de  Gênes  ou  d'autres  pays  étrangers,  leur  naturali- 
saiion  et  leur  exemption  des  tailles,  impots,  etc.  Le 
2  décembre  1556  arrivèrent  ;»  Lyon  les  lettres  pa- 
tentes de  François  1",  portant  auiorisalion  d'élever 
dans  la  cité  lyonnaise  les  métieis  des  raanufaciiires 


GtOGRAFHlE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


G74 


de  draps  d'or,  d'aigeiiiei  de  soie,  ot  la  concession 
des  privilèges  demandés.  Turquet  exposa  ensuite  au 
conseil  que  ,  pour  donner  à  la  fabrication  des  éioiïes 
l'exlension  nécessaire,  il  avait  besoin  de  quelques 
avances  pour  faire  confectionner  un  moulin  à  filer  et 
tordre  la  soie,  et  pour  faire  établir  des  chaudières 
propres  à  fabriquer  les  couleurs  qu'on  était  obligé 
de  faire  venir  de  Gênes  ou  do  Flandre.  Celle  de- 
mande fut  prise  en  considération,  et  l'on  arrêta  i  de 
prêter  à  Turquet,  entre  mars  et  Noël,  cinq  cents 
écus-soleil,  dont  il  s'obligera  à  les  rendre  dans  cinq 
ans  que  finira  la  première  compagnie  ;  et  encore, 
pour  le  mieux  graiifier  et  l'encourager  à  soutenir 
son  œuvre,  on  le  tiendra  exempt  de  ce  qu'il  pourra 
devoir  à  cause  de  ses  marcliaiidises  de  Flandre,  i 
Aussitôt  après  trois  métiers  furent  mis  en  activité  ; 
des  cliaudi'cres  de  teinture  fureulélevées;  Turquet  fit 
venir  des  ouvriers  de  Gènes,  d'Avignon,  de  Tours, 
et  d'autres  villes  de  fabriques  ,  et  commença  la 
grande  manufacture  qui  fit  la  prospérité  et  qui  sera 
pendant  longtemps  l'orgueil  de  la  ville  de  Lyon. —  Le 
nombre  des  ateliers,  pour  le  travail  de  la  soie  dans  tou- 
tes ses  branches,  s'élève  à  Lyon  au  delà  de  quinze  mille. 
Plus  de  80,000  personnes  prennent  part  directement 
ou  indirectement  à  celte  industrie. — La  chapellerie  , 
la  librairie,  l'imprimerie,  l'orfèvrerie,  la  fabrication 
des  liqueurs,  sont  les  brandies  secondaires  de  l'in- 
dustrie et  du  commerce  de  Lyon.  Les  principaux 
établissements  consistent  en  manufaciures  importan- 
tes d'étoffes  de  soie  de  toute  espèce  ;  d'étoffes  mé- 
langées d'or  et  d'argent;  châles  bourre  de  soie  el 
duvet  de  cachemire,  rubans,  tulles,  crêpes,  chapel- 
lerie, toiles  peintes,  tissus  de  colon,  broderie,  pas- 
sementerie, dorures,  boimeteric  de  soie  et  filoselle, 
dentelles  d'or  et  d'argent,  papiers  peints,  colle-forte, 
cordes  harmoniques,  brosses  et  pinceaux,  cardes  , 
chandelles,  cartons  fins  cl  pour  apprêts,  plomb  la- 
miné. Fabriques  considérables  de  liqueurs  estimées, 
d'acides  minéraux  et  autres  produits  chimiques. 
Teintureries  en  rouge  d'Andrinople  ;  teintureries  en 
soie  ;  fonderies  de  métaux  et  de  caractères  d'impri- 
merie ;  ateliers  de  tirage  d'orel  d'argent  ;  verreries, 
faïenceries,  moulins  à  plâtre,  tanneries  et  corroie- 
ries  estimées  ;  nombreuses  el  belles  brasseries. 
—  Construction  de  bateaux. 

Lyon  est  le  chef-lieu  du  département  du  Rhône  ,  le 
siège  d'une  cour  d'appel  qui  comprend  dans  son  res- 
sort les  départements  de  l'Ain,  de  la  Loire  el  du 
Rhône.  Il  y  a  un  tribunal  de  première  instance  et  de 
commerce,  une  chambre  et  une  bourbe  de  com- 
merce ;  une  académie  uuiversiiaire,  une  académie 
des  sciences,  belles-lettres  et  arts,  nce  école  spé- 
ciale des  beaux-ans,  une  institution  des  sourds- 
muets;  une  école  d'économie  rurale  véiérinaire; 
une  école  d'arts  et  métiers,  dite  institution  de  la 
Mariiniére;  une  faculté  de  théologie,  et  enfin  une 
société  d'agriculture  et  d'hisloire  naturelle.  On 
y  trouve  |.lusieurs  communautés  religieuses  des 
deux   sexes   qui  se  livrent  à  réJucation  de  la  jeu- 


nesse. —  Lyon  est  l'entrepôt  du  commerce  pour  la 
midi  de  la  France,  parce  que  le  Rhône,  la  Saône  et 
la  Loire  offrent  de  grandes  facilités  pour  le  transport 
des  marchandises.  Ainsi,  il  a  l'entrepôt  de  la  soie, 
du  sel,  des  farines,  des  céréales  de  toute  espèce, 
des  marrons  et  des  vins  du  Rhône.  —  La  population 
de  Lyon  est  de  près  de  200,000  habitants,  en  y  com- 
prenant les  faubourgs  de  la  Guillolière,  de  la  Croix- 
Rousse  et  de  Vaize.  Cette  ville  est  à  HO  kil.  de 
Grenoble,  à  98  de  Charnbéry,  à  348  de  Marseille,  et 
à  m  de  Paris. 

Riijaldus  Sanctus,  vel  ilonsolium,  Monsol,  paroisse 
du  diocèse  de  Lyon,  départ,  du  Rhône,  chef-lieu  de 
canton  de  l'arrond.  el  à  32  kil.  de  Viliefranche,  avec 
une  population  de  1600  hab.,  ré|)artis  dans  douze 
petits  hameaux.  La  fabrication  de  toiles  communes 
en  fil  est  leur  industrie  habituelle  ,  quand  les  tra- 
vaux des  champs  ne  les  occupent  pas.  Monsol  est 
situé  dans  une  vallée,  à  l'une  des  sources  de  la 
Grosne.  Le  climat  y  est  très-froid  ,  et  le  terrain  ptu 
feiUle  ;  néanmoins  les  noyers  et  les  châtaigniers  y 
prospèrent.  La  montagne  de  Saint-Rigaud  se  trouve 
dans  celle  commune  ;  c'est  une  des  plus  hantes  de  la 
contrée,  car  elle  a  1012  mètres  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer.  Son  nom  lui  \ienl  d'un  ancien  couvent  de 
religieux  de  Cluny  ,  qui  avait  été  bâti  sur  son  som» 
met  dès  les  commencements  de  cet  ordre  ,  et  donl  il 
ne  reste,  depuis  fort  longtemps  déjà,  aucune  trace. 
On  n'y  trouve  plus  qu'une  fontaine  qui  avait  été,  à 
l'époque  du  monastère  ,  l'objet  d'un  pèlerinage  cé- 
lèbre pour  les  femmes  stériles.  Celle  fontaine  est  en- 
core visitée  de  temps  en  temps. 

Rottaciuiii,  Saini-Georges-de-Rognains,  petite  ville 
du  diocèse  de  Lyon,  à  8  kil.  de  Vll'cfranche,  4  de 
Belleville,  sur  la  grande  route  de  Bourgogne  qui  la 
traverse.  La  populaiion  s'élève  à  2875  habitants.  La 
Yauvonne  arrose  cette  commune  el  en  inonde  sou- 
vent les  prairies.  On  y  voit  une  chapelle  qui  remonte 
à  une  haute  antiquité  ,  el  qui  est  dédiée  à  Notre- 
Dame-dés-fOaux.  C'est  nn  pèlerinage  qui  ,  dans  les 
temps  de  séiheresse  ,  attire  beaucoup  do  monde.  Le 
8  avril  18U  ,  eut  lien  près  de  Sainl-Georges  le  com- 
bat entre  les  troupes  françaises,  commandées  par 
le  maréchal  Angereau  ,  duc  de  C;isiiglione,  et  les 
Auirichiens,  sous  h  eonlniie  du  prince  de  Ilesse- 
Hoinbonrg.  Les  Français  perdirent  500  hommes. 

Les  hahitanls  de  Sainl-Georges  s'occupent  de  la 
fabrication  de  toiles  de  colon,  qui  constitue  la  prin- 
cipale industrie  de  la  locilité. 

liupes  Eremitarum,  vel  Agennum,  Agen,  sur  la  rive 
droite  de  la  Garonne,  et  chef-lieu  du  déparlement 
de  Lot-et-Garonne,  est  une  des  pins  ancii-nnes  villes 
des  Gaules.  Sous  les  Romains  elle  s'appelait  Açiin- 
num,  et  c'était  la  capitale  des  Nitiohi  iges.  Au-dessui 
de  la  ville  s'élève  un  rocher  où  plusieurs  ermites 
s'éDieni  creusé  de  pieuses  retraites.  Agen  est  le 
siège  d'un  é\êché,  qui  était  entouré  autrefois  p'<r 
ceux  deSarlal,  de  Périgueux,  de  Lecioure,  de  Con- 
dom  de  Cahors,  de  Monianban  et  de  Bazas.  Le  Con- 


675 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGKAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


076 


doniois  en  avait  ancieiinemeiufait  pariie.  Il  comprend 
îniourd'liiii  le  dépariemeni  de  Lot-el-Garoiine.  Il 
late  de  l'an  3o0,  dépendait  et  dépend  encore  de  la 
jKélropole  de  Bordeaux.  Au  moyen  âge,  Agen  suivit 
la  fortune  de  la  province  de  Guyenne,  dont  elle  fai- 
sait pariie.  Lors  du  protestantisme  celte  ville  fut 
prise  en  1561  et  en  1591  par  les  nouveaux  religion- 
naires,  qui  dévastèrent  ses  couvents  et  ses  églises, 
comme  ils  faisaient  partout  ailleurs.  La  population 
est  de  16,000  âmes.  La  basilique  de  Saint-Caprais  est 
remarquable  à  plus  d'un  litre.  Agen  est  une  ville  ri- 
cUe  et  commerçante  du  midi  de  la  France.  Sa  situa- 


lion  sur  la  Garonne  en  a  fait  naturellement  l'entrepôt 
du  commerce  entre  Toulouse  et  Bordeaux.  Elle  ré- 
colte du  blé,  du  vin  et  des  prunes  estimées,  dites  pru- 
nes d'Agen.  Ses  babitanis  se  livrent  à  la  préparation 
du  cuir  ei  des  peaux,  à  la  fabrication  de  toiles  à 
voiles,  d'indiennes,  et  de  fromages  qui  reçoivent  le 
nom  de  fromages  d'Auvergne  ;  ils  conmiercerjt  sur 
les  vins,  les  eau\-de-vie  et  les  farines.  Agen  est  à 
714  kil.  sud-sud-ouest  de  Paris,  sur  la  rive  droite  de 
la  Garonne,  à  10-4  sud-est  de  Cordeaux,  S6  nord 
d'Auch.  Lat.  nord  H"  12'  22";  lon^il.  ouest  1"  iô' 


S 


Sabaudia,  la  Savoie.  Celte  province  est  bornée  au 
nord  par  le  canton  ei  le  lar,  de  Genève,  au  nurd-ejt 
par  le  Valais,  au  sud  et  au  sud-esi  par  le  Piémont, 
au  sud-ouest  et  à  l'ouest  par  la  France;  elle  a  140 
kil.  de  long  sur  90  de  large  et  1668  kil .  carrés.  Elle 
a  subi  les  vicissitudes  politiques  de  la  maison  de  Sa- 
voie, à  laquelle  elle  a  donné  son  nom.  An  nioy.en 
âge  elle  formait  unducbé  ;  et  avant  de  porter  le  lilre 
de  roi,  les  princes  de  Savoie  avaient  le  litre  de  ducs. 
La  Savoie  est  un  pays  riclie  en  légendes,  c'esi  peut- 
être  celui  de  l'Europe  qui  en  a  le  plus.  Il  y  en  a  une 
entre  autres  fort  intéressante  sur  le  ducbé  de  Savoie, 
et  qui  finit  par  prédire  que  quand  la  maison  de  Sa- 
voie le  perdra,  elle  cessera  de  figurer  parmi  les  puis- 
sances européennes.  Beaucoup  d'eriiiiles  et  de  pieux 
solitaires  se  retiruieni,  lors  des  premiers  siècles  du 
moyen  âge,  dans  ses  solitudes  sauvages.  Des  disci- 
ples de  saint  Culumbaii  et  de  saint  Gall  venaient  s'y 
ensevelir  dans  la  prière  et  la  méditation.  La  Savoie 
avait  d'antiques  abbayes.  L'abbaye  d'Haulecombe, 
par  exemple,  qui  a  été  restaurée  il  y  a  quelques 
années,  sert  de  sépulture  aux  princes  de  la  mai- 
son de  Savoie.  Avant  1789,  la  province  comptait  un 
archevécbé,  celui  de  Mousiier  en  Tare  niaise ,  les 
évécbès  d'Aosle  ou  Aousie,  de  Saint-Jean  de Mau- 
rienne,  d'Annecy  (ancien  diocèse  de  Genève).  Aosle 
était  suffragant  de  Tareniaise;  Saint-Jean  de  5Iau- 
rienne  et  Annecy,  si  connu  par  saint  François  de 
Sales,  son  évèque,  étaient  suffraganls  de  Vienne  en 
Dauphiné.  Aujourd'hui  l'archevêché  de  Tareniaise 
n'exisle  plus,  son  litre  a  été  transiéi'é  à  Clianibéry, 
capitale  de  la  Savoie,  qui  a  pour  sulfraganls  les  évê- 
chés  d'Aoste,  de  Saint-Jean  de  Maurienneet  de  Ta- 
reniaise, qui  a  conservé  un  siège  épiscopal,  à  cause 
de  son  antiquité.  La  Savoie  forme  la  piemicre  des 
dix  divisions  qui  se  panageiit  les  Eiats-Sardes,  créés 
en  1813  par  le  congrès  de  Vienne.  Elle  a  fait  partie 
de  la  République  et  de  l'Empire  frança  s  depuis  1793 
jusqu'en  1814,  sous  le  nom  de  dépariemeni  du  Monl- 
Blauc.  Le  peuple  est  sobre,  laborieux  ei  all.iché  à  la 
religion.  La  Savoie  compte  507,000  habitants.  C'est 
le  pjys  le  plus  curieux  ei  le  plus  romantique  de 
l'Europe.  Quelques  géographes  modernes  préten- 
dent qu'il  n'appariieut  pas  à  l'Italie,  parce  qu'on  y 
parle  fiançais,  et  que  1«S  moiur»  et  usages  de  celte 


nation  y  sont  en  vigueur;  comme  si  on  voulait  ravir 
à  la  Suisse  les  cauiuns  français  de  Vaud  et  de  Ge- 
nève. Pour  bien  connaître  ce  pays  pittoresque,  dit 
M.  Berlulotti,  il  faut  pénétrer  dans  les  vallons  solitai- 
res de  la  Tareniaise,  visiter  les  cités  industrieuses 
et  cultivées  du  Genevois,  n)onter  aux  glaciers,  des- 
siner les  cascades,  se  reposer  à  l'umbre  des  épais 
châtaigniers  qui  embellissent  les  rives  du  lac  Léman, 
descendre  sur  les  bords  riants  du  Rhône,  entrer 
dans  la  demeure  du  citoyen  d'Annecy,  boire  du  lait 
avec  les  bergers  de  la  hauie  vallée  du  Giffre,  con- 
verser avec  les  mineurs  de  Pcscei,  suivre  les  gui- 
des de  Chamouiiy,  recevoir  l'hospitalité  dans  les 
campagnes  de  la  Sciautagua,  s'arréler  quelques  jours 
d'éié  aux  bains  d'Aix,  de  la  Perrière,  de  Saini-Ger- 
vais,  d'Evian,  et  parcourir  ces  sites  si  pittoresques 
et  si  variés.  Ensuite  on  pourra  se  former  une  idée 
précise  de  la  Savoie,  pays  où  la  nature  a  rassemblé 
toutes  les  merveilles  des  Alpes,  où  le  terrible  s'unit 
au  tranquille,  le  sublime  au  riaiit;  pays  où  le  naïu- 
rL'l  de  l'habitant  se  montre  toujours  le  même,  parce 
que  le  Savoyard,  soit  dans  l'aisance,  soil  dans  la 
pauvreté,  que  son  esprit  soil  cultivé  ou  grossier,  est 
t;onstainint'iit  en  toui  lieu  bmi,  aHable  et  honuèie. 
Ce  peuple,  réuni  depuis  plusieuis  siècles  sous  la 
même  liouiiuaiion,  forme  pour  ainsi  dire  une  seule 
famille  qui  a  mis  en  commun  ses  forces  respectives 
dans  soH  commun  intérêt.  Le  voyageur,  qui  de 
rilalie  traverse  les  Alpes,  en  s'enfonçanl  dans  la 
grande  vallée  de  la  Mjurienne,  sera  surj.ris  de  se 
trouver  duis  des  cavités  aussi  profondes,  entourées 
de  tous  cotés  de  ruchers  gigantesque»,  qui  ne  per- 
meiteiit  à  l'œil  de  n'apercevoir  qu'une  [letite  partie 
du  ciel;  il  aduiireia  l'ouvrage  merveilleux  de  la  uju- 
vcUe  mute  du  S(i/«io,  qui,  sans  celle  du  Smiplon, 
serait  dans  le  monde  Vincompaiable,  ainsi  que  les 
grands  traits  de  la  nature  sublime  dans  sa  sau\age 
horreur,  les  plaines  fertiles  qu'arrose  l'Isère ,  les 
belles  collines  ei  les  vallons  cliaruianis  de  Cham- 
béry  cl  la  grotte  fameuse  des  Echelles. 

Les  Alpes  Coiiiennes,  les  Grec<iues  et  lesPennines 
séparent  la  Savoie  du  Dauphiné  ,  du  Piémont  et  du 
Valais;  mais  cette  province  renferme  les  plus  hautes 
cimes  de  ces  dilTércntes  chaînes,  ou  pour  mieux  dire, 
les  pies  les  plus  élevés  elles  glaciers  les  plus  ccLbreJ 


677 


GËOCRAPIllE  DES  LEGENDES  AU  MOYES)  AGE. 


C78 


de  l'Europe  eniière.  La  vallée  sillonnée  par  l'Arve  , 
dans  le  liaui  Fam  igny,  celle  du  GilTre  qui  lui  esl  pa- 
r.illèle,  soMi  riches  en  prodiges  naturels  ;  mais  celle 
dernière  a  toujours  été  négligée  des  géographes.  Les 
monts,  les  vallées,  les  glaciers ,  entre  lo  Faucigny  , 
la  Tareulaise  ei  la  Maurienne  ,  appellent  aussi  l'al- 
tentitio  des  naiiiralisies  et  de  tous  ceux  qui  se  plai- 
sent à  observer  des  abîmes  sans  fond  ,  des  rochers 
sauvages,  des  antres  obscurs  ,  des  sommets  horri- 
bles et  bizarres.  Les  deux  plus  grands  lacs  de  la  Sa- 
voie sont  ceux  d'Annecy  et  du  Bourget.  Le  premier, 
dans  les  beaux  jours  d'été,  rappellent  les  lacs  enchan- 
teurs de  la  Lonibardie  ,  celui  du  Bourget  est  lemar- 
quable  par  l'abbaye  d'Aiiacomba  ou  Ilaulecombe  , 
par  la  fontaine  délie  Marmiglie  (  des  .Merveilles  ) ,  et 
par  la  sombre  majesté  de  ses  rives  solitaires.  Les 
petits  lacs  du  Mont-Cenis ,  du  petit  Saint-Bernard  , 
d'Aquabellela,  de  la  Balme,  de  Seide  et  de  Porrae- 
nus,  dont  les  eaux  limpides  récréent  la  vue,  frap- 
pent d'éionnement  par  leur  position  au  milieu  de 
montagnes  élevées,  dominées  elles-mêmes  par  d'au- 
tres monlagties  couronnées  de  neiges  perpétuelles. 

La  côte  du  Chablais  qui  borde  la  Méaiterraoée 
des  Alpes  (  le  lac  Léman)  est  couverte  de  collines  , 
tantôt  très-uscarpées,  tantôt  d'une  pente  plus  douce, 
qui ,  en  se  rélléchlséaut  dans  les  eaux  du  lac  ,  for- 
ment le  paysage  le  plus  délicieux.  La  Savoie  est  ar- 
rosée par  l'Isère  ,  l'Arc,  l'Arve,  le  Giffre,  la  Dranse, 
la  porone  ,  l'Arli,  etc.,  et  plusieurs  autres  rivières  , 
dont  quelques-unes  ,  comme  le  Fiero  ,  le  Seion  ,  la 
Néfa,  roulent  des  sables  d'or  ,  et  par  d'innombrables 
torrents.  Toutes  ces  eaux  descendent  des  sommets 
les  plus  élevés,  se  répandent  en  frémissant  dans  les 
vallons,  et  produisent  des  cascades  de  toutes  les 
grandeurs,  de  toutes  les  formes  où  l'arc-en-ciel  se 
varie  en  mille  couleurs  ;  quelquefois  elles  se  per- 
dent dans  des  goulTies  profonds,  dans  de  noirs  abî- 
mes ;  quelquefois  leur  écume  blanchissante  bouil- 
lonne sur  d'énormes  masses  granitiques  ,  ou  bien 
encure  leur  ciisial  argenté  serpente  sans  bruit  sur 
les  prairies  émaillées.  Le  Rhône,  qui  baigne  pendant 
un  as^ez  long  trajet  la  limite  occidentale  de  la  Savoie, 
en  reçoit  dans  son  cours  toutes  les  eaux  ,  et  les  porte 
en  tribut  à  la  mer.  —  On  trouve  aussi  dans  l'enceinte 
des  Alpes  des  cavernes  de  glaces  ,  dont  s'échappent 
avec  fracas,  d'impétueux  torrents  ,  des  étangs  sou- 
terrains que  lenlerinent  des  antres  couverts  de 
mousse  ,  des  grottes  i(nmenses  éclatantes  de  sta- 
laoiites  ,  que  le  peuple  considère  encore  comme 
l'ouvrage  des  fées.  Aucuu  pays  n'est  peut-être  aussi 
riche  que  la  S..voie  eu  eaux  minérales  ;  elle  en 
possède  de  sulfureuses,  d'acidnies,  de  ferrugineuses, 
de  salines,  d'alcalines  ;  les  unes  jaillissent  bouillan- 
tes, les  autres  froides,  mais  presque  toutes  en  abou- 
dance.  La  Savoie  recèle  dans  ses  entrailles  des  mines 
d'argent,  de  cuivre,  de  plomb,  de  charbon  fossile  , 
des  carrières  de  marbre  blanc  ,  noir  ,  vert,  violet, 
rose  ,  jaunâtre  ;  de  hautes  forêts  antiques  !a  cou- 
trenl  de  leur  ombre  ;  des  hêtres,  des  mélèze:-,  des 


sapins,  qui  dédaignent  les  vents  et  la  tempête,  gar- 
nissent le  penchant  et  la  croupe  des  montagnes. 
Les  frênes  ,  les  aulnes  ,  les  bouleaux  ,  les  chéne«, 
les  ormes  se  propagent  dans  les  vallées  ;  des  noyers 
gigantesques  ombragent  les  villages,  les  routes  ;  et 
lis  châtaignes  du  Chablais  ne  peuvent  être  compa- 
rées qu'à  celles  qui  viennent  sur  quelques  versants 
des  Pyrénées  ou  sur  ceux  de  l'Etna.  Où  voit-on  de 
vieux  tilleuls  plus  touffus  que  ceux  du  Faucigny  ? 
Et  quel  est  dans  la  Savoie  le  coteau  exposé  auK 
rayons  du  soleil ,  qui  ne  soit  tout  couvert  de  rai< 
sins,  excepté  la  partie  supérieure,  où  la  vigne  no 
prend  plus  racine  ?  Un  connaît  les  vins  de  Montm»< 
lian  ,  de  Frangy ,  de  Siestello,  de  Lucci,  de  Saint- 
Jean-della-Pona  ,  de  Montermino  ,  de  Saint-Julien. 
Le  mûrier  croît  dans  les  vallées  arrosées  par  la 
Leissa ,  et  dans  celle  où  l'Isère  reçoit  les  eaux  de 
r.\rc  ;  le  figuier  mûrit  sur  les  collines  de  Saint-In- 
nocent; et  la  même  table  voit  réunis  les  fruits  du 
printemps  et  ceux  de  l'automne  ;  la  fraise  qui  se 
plaît  dans  les  lieux  élevés ,  répand  son  parfum 
agréable  près  de  la  pomme,  de  la  poire,  de  la  pêche 
et  de  la  grappe  dorée  du  coteau.  Le  miel  de  la  vallée 
de  Chamouny  rappelle  les  célestes  dons  de  celui 
du  chantre  des  Géorgiques.  Le  berger  savoyard  est 
très-industrieux  dans  l'art  de  varier  les  produits  de 
son  gras  et  beau  bétail.  Les  vaccherini  (  espèce  de 
fromage  liquide  )  de  la  vallée  d'Abondance,  font  les 
délices  des  banquets  de  Genève  et  de  toute  la  Suisse. 
Le  fromage  verdàire  de  la  Maurienne  se  mêle  aux 
plus  splendides  festins  des  villes  de  France  et  d'Ita- 
lie. Le  beurre  des  Alpes  Coltiennes  et  des  Grecques 
est  connu  de  Rome  à  Paris  et  foc  t  recherché.  (D. 
Bertolotti,  Voyage  en  Savoie,  extrait  et  traduit  de 
la  Bible  italienne  publiée  à  Milan  ,  dans  le  Bulletin 
de  la  société  de  géographie,  n*  69.) 

Sacelnus,  Sachseln,  ou  Sachlen,  village  du  haut 
Underwald  en  Suisse.  Ce  village  est  situé  au  pied 
de  la  montagne  de  son  nom  et  sur  la  route  du  Bru- 
nig;  on  y  remarque  une  église  qui  est  décorée  de  co- 
lonnes d'un  beau  marbre  noir  et  qui  renferme  le 
tombeau  du  frère  Nicolas  de  Fine;  sa  hgure,  ciselée 
sur  la  pierre  sépulcrale,  passe  pour  un  beau  morceau 
de  sculpture.  Ce  tombeau  attire  chaque  année  nii 
grand  concours  de  pieux  pèlerins,  qui  viennent  y 
révérer  les  reliques  du  bienheureux  frère  Nicolas. 
Un  joli  seuiicr  qui  présente  des  points  de  vue  variés 
conduit,  en  une  heure,  dans  une  solitude  sauvage 
qui  se  trouve  sur  la  hauteur  du  Ranft,  et  à  Flueli, 
lieu  remarquable  d'où  Nicolas  de  Flue  et  sa  famille, 
qui  s'appelaient  autrefois  Lôwenbrugger,  ont  pris 
leur  nom.  Deux  maisons,  que  l'on  voit  encore,  ont 
été,  l'une,  celle  où  il  naquit,  et  l'autre,  celle  de  son 
habitation  ordinaire.  Dans  la  vallée  de  Melcliilial, 
située  au-dessous  de  Flueli,  on  trouve  aussi  la  cha- 
pelle ei  l'ermitage  où  cet  homme  pieux,  après  s'être 
éloigné  de  sa  famille,  a  mené,  pendant  longues  an- 
nées et  jusqu'à  ia  mort,  arrivée  le  21  mars  14S7,  une 
vie  contemplative  et  austère.  C'est  aussi  de  la  vallea 


679 


DICTIONNAIRE  UE  GEOGRAPHIE  ECCLEblASTlQUE. 


680 


de  Melchthal  qu'est  sorti  un  autre  homme  célèbre 
dans  riiisloire  suisse  :  c'était  Arni  ou  Arnold  an  der 
Ualden,  un  des  trois  conjurés  pour  la  liberlé  helvé- 
tique. Sa  famille  s'est  éieinie  à  la  fin  du  siècle  der- 
nier, mais  celle  des  de  Flue  existe  encore  de  nos 
jours. 

Saciacum,  Saacy,  paroisse  du  diocèse  de  Meaux  , 
arrondissement  de  celle  ville,  canton  de  la  Ferié- 
sous-Jouarre  ,   département  de  Seine-et-Marne.  — 
Ce  village,  l'un  des  plus  populeux  du  déparîenieni, 
est  siiué  sur  la  rive  gauche  de  la  Marne  ,  dans  une 
vallée   que  borde  cette  rivière,  au  confluant  d'un 
petit  ruisseau  qui  vient  s'y  jeter  vis-à-vis  de  la  com- 
mune de  Méry  ,  placée  sur  l'autre  bord.  L'abbesse 
de  Jouarre  possédait,  depuis  un  temps  immémorial, 
la  seigneurie  de  ce  lieu,  et  présentait  a  l'cvêque  pour 
la  cure.  L'église  est  un  édifice  du  xiv'  siècle.  —  Un 
grand  nombre  d'écarls  dépendent  decetie  commune; 
ce  boiii  :  1"  le  hameau  La\al,  à  un  quart  de  lieue  au 
sud,  sur  le  coteau  qui  borde  la  Marne  ;  S''  plus  avant 
dans  les  terres  et  au  tud  de  Laval,  le  hameau  du 
Petit  el  (Ju  Grand  Moiii-Ménard  ;  Z"  en  se  portant  à 
l'est,  dans  la  plaine,  ceux  de  Rougeville  et  de  Cou- 
larville  ;  4°  à  mi-côte  ,  sur  le  bord  et  presque  à  l'ori- 
gine du  petit  ruisseau  dont  il  \ieiil  d'étie  question  , 
le  huiucau  de  Bois-Martin  ,  qui  est  voisin  de  la  route 
de  Paris  à  Cbàloiis-sur-Marne;  5°  au  sommet  d'uiie 
éminence,    au  sud-est  de  Saacy,  le    hameau    de 
Chante-Marne  ;  6"  dans  la  même  direclioji  et  dans  le 
voisinage  même  de  celle  commiuie,  la  ferme  appelée 
la  Deuil  ;  7°  enlin,  au  nord  sur  la  même  rive  et  au- 
dessus  de  la  conmiune,  la  ferme  de  Paroy.  La  Marne 
y  r.tit  tourner  un  moulin.  ^  Tous  les  ans,  le  3  juin, 
les  populations  environnantes  se  réunissent  à  Saacy, 
à  l'occasion  d'une  fête  toute  religieuse  dans  le  prin- 
cipe, puisqu'il  s'agissait  de  rendre  grâce  au  ciel  de 
la  cessation  d'une  maladie  épidémique  qui  avait  dé- 
solé la  contrée.  Mais  aujourd'iiui  le  pèlerinage  n'est 
qu'une  affaire  très-secondaire.  Des  plaisirs  plus  mon- 
dains ont  remplacé  ou  du  moins  sont  venus  se  mêler 
aux  pieuses  cérémonies  et   changer  l'objet  de  l'af- 
llueiice  du  peuple. 

Le  territoire  de  celte  commune  produit  des  grains, 
des  pâturages,  du  vin  et  du  bois.  Llle  est  située  à 
6  kil.  esi-iiurd-est  de  la  Ferté-sous-Jouarre  ,  à  -24 
kil.  à  l'est  de  Meaux,  et  à  08  kil.  noid-est  de  Melun. 
Sa  population  totale  est  de  126U  âmes. 

Sacra  Insula,  l'Ue-Sacrée,  ou  Tonga-Tabou.  L'ar- 
chipel de  Tonga  fut  découveil,  il  y  a  deux  cents  ans, 
par  Tasinan,  célèbre  navigateur  hollamlais;  mais  il 
n'y  aborda  pas.  11  y  a  soixante-quinze  ans  environ  que 
les  insulaires  virent  pour  la  première  fois  un  navire 
qui  les  étonna  beaucoup.  Us  le  prirent  pour  une 
ile  lloitante,  et  finireni  par  le  nommer  planche  du 
ciel,  papa  laiigiii,  nom  qu'aujourd'hui  ils  donnent  in- 
distinctement à  tout  ce  qui  est  étranger.  Ce  navire 
était  commandé  par  le  capitaine  Cnok, 

L'nrcliip 'l  do  Tonga  comprend  près  de  cent  îles  , 
tlois  et  atollous ,  sur  une  étendue  de  deux  ceuis 


milles  du  nord  au  sud,  sur  une  largeur  moyenne  de 
cinquante  ou  soixante  milles  ,  c'esl-à-dire  du  18° 
au  20"  de  latitude  sud,  et  du  176"  au  178°  de  longi- 
tude ouest.  Les  plus  considérables  sont  celles  de 
Vavaou ,  Tonga-Tabou  ,  Loa  ,  Lefouga  ,  Namouka  , 
Tofoua  et  Laté.  —  Cet  archipel  peut  être  divisé  en 
trois  groupes  :  au  sud  les  îles  Tonga  proprement 
dites,  au  centie  les  îles  Hapaï ,  au  nord  les  îles  Ha- 
foulou-Hou,  et,  en  outre,  quelques  îles  éparses  ou 
éloignées. 

Eoa,  la  plus  méridionale  de  ces  îles ,  fut  décou- 
verte, en  1645  ,  par  Tasman ,  qui  la  nomma  Middel- 
bourg.  C'est  une  terre  de  hauteur  médiocre  ,  assez 
peuplée,  ayant  onze  railles  du  nord-norà-oinst  au 
sud-sud-est ,  sur  six  ou  sept  de  large.  Forster,  qui 
parcourut  Eoa  en  1773,  fait  un  tableau  charmant  de 
ses  sites  el  des  mœurs  hospitalières  de  ses  habitanis. 
Comme  elle  est  dépourvue  de  bons  mouillages,  elle 
a  été  peu  visitée  depuis  Cook.  Eoa  relevait  jadis  de 
l'aulorité  du  Toui-Tonga;  mais  depuis  que  celte 
puissance  s'est  éteinte,  elle  obéit  à  un  chef  i  articu- 
lier.  Le  sommet  de  l'île  gil  par  21°  2j'  de  latitude 
sud,  et  175°  17'  de  longitude  ouest.  A  qui'lqiics 
milles  au  sud-ouest  est  un  ilôt  nommé  Kaiao.  Un  de 
nos  savants,  M.Walkenaèr,  dit  que  le  sol  de  l'île  Eoa 
est  en  général  argileux,  et  qu'on  y  volt  percer  le  co- 
rail jusqu'à  la  hauteur  de  300  pieds  au-dessus  du 
niveau  de  la  mer. 

L'île  de  Tonga-Tabou  est  située  p.ir  le  178'  de 
longitude  occidentale  el  le  21°  parallèle-sud,  et  par 
conséquent  peu  éloignée  de  nos  antipodes.  C'est  une 
terre  enlièremenl  plate  ;  point  de  ruisseaux,  point 
de  sources  jaillissantes.  Sa  plus  grande  hauteur 
n'excède  pas  50  pieds  au-dessus  du  niveau  de  la  mer. 
Un  pourrait  craindre  à  chaque  instant  d'être  sub- 
mergé, si  l'on  ne  savait  que  celui  qui  a  creusé  l'Océaii 
lui  a  dit  :  Tu  viendras  jusqu'ici,  et  tu  briseras  contre 
ce  grain  de  sable  l'orgueil  de  les  flots.  La  plus 
grande  longueur  de  l'île  est  de  52  kil.,  et  sa  lar- 
geur de  16.  Elle  est  entourée  d'une  quarantaine 
d'îlots,  tous  plus  élevés  (ju'elle,  et  qui  semblent  exé- 
cuter une  danse  au  milieu  du  perpéiuel  balancement 
des  vagues.  Le  terrain,  à  peu  près  sans  pierres,  est 
d'une  grande  fertilité.  L'île  est  bien  boisée  ,  quoi- 
qu'elle ail  peu  de  grands  arbres  ;  il  en  est  cepen- 
dant quelques-uns  d'une  prodigieuse  grosseur  ;  on  en 
voit  qui  ont  56  pieds  de  circonférence. 

La  population  de  Tonga-Tabou  est  d'environ  15,000 
âmes;  ajoutons-y  le  même  chiffre  pour  les  sept  au- 
tres îles  qui  sont  babiiées  ,  et  nous  aurons  un  total 
de  30,000  âmes  pour  tout  l'archipel ,  et  non  pas 
200,000,  comme  le  disent  presque  toutes  les  géogra- 
pliies.  —  La  nourriture  des  indigènes  consiste  en 
bananes,  ignames  el  fruits  à  pain  ;  le  coco  el  le  kava 
forment  la  boisson  ordinaire.  Le  bananier  croît  an- 
nuellement et  très-vite  ;  il  produit  une  seule  grappe 
où  l'on  compte  jusqu'à  cent  cinquante  fruits,  aussi 
gros  que  les  plus  belles  ligues  de  France.  .Vussilot 
■  que  le  fruit  est  njilr,  la  piaule  meurt  el  se  trouve 


SSf 


GEOGUAPlllE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


C82 


bieiilôt  remplacée  par  un  nouvel  arhrc  qui  sort  de 
sa  lige.  Ses  feu. Iles,  longues  de  6  pieds  ei  larges  de  3, 
servent  aux  insulaires  de  plats  el  de  table.  La  banane 
est  d'un  bon  goût,  mais  peu  nourrissante.  L'igname, 
qui  fait  le  principal  aliment  des  naïuiels  ,  est  une 
grosse  racine,  pesant  de  dix  àcinqnanie  livres,  assez 
sembbble  pour  la  saveur  à  nos  pommes  de  terre. 
L'arbre  à  pain,  qui  a  (|uelque  rapport  avec  les  grus 
noyers  de  Fiance,  purte  un  fruit  de  (|naue  à  cinq 
livres,  qui  est  d'un  trè>-bon  goûl  lorsqu'il  est  cuit  au 
four.  Le  cocotier  ,  aduiiiablcnient  pbicé  par  la  Pro- 
vidence dans  ces  îles  liass'^s  et  peu  arrosées,  donne 
continuellement  des  fruiis  qui  contiennent  trois  à 
quatre  verres  d'une  eau  tiès-agréable  à  boiie,  et 
dont  la  cliair  n'est  pas  à  dédaigner  lorsqu'on  les 
laisse  mûrir.  Son  noyau  produit  une  bulle  abimdante, 
dont  les  indigènes  font  usage  pour  apprêter  leurs 
mets  et  s'oindre  le  corps.  Il  serait  trop  long  d'énu- 
mcrer  tous  les  avaiitages  du  Cdcoiier  ;  i'  suflii  de  dire 
qu'rl  pourrait  servir  à  nourrir,  babiller  et  lugir  les 
natuiels.  Le  kava  est  ime  piaule  assez  semblable, 
pour  l'extérieur,  à  l'Iiortensia  ,  mais  beaiic(iu|i  plus 
grande.  Les  insulaires  en  mâchent  ia  racine,  puis  la 
délayent  dans  de  l'eau  qu'i's  boivent  ensuite  avec 
délif-cs.  Les  Européens  partagent  peu  leur  enthou- 
siasme pour  celle  liqueur  divine,  soit  à  cause  de 
son  àpreié,  soii  à  cause  de  sa  prép.iraiion  dégoû- 
tante; n  aii  le  missioiinalie  ne  pourr:iit  s'en  abstenir 
sans  nuire  à  la  conHance  que  demandent  ses  tra- 
vaux. 

Tonga-Tabou  possède  encore  des  orangers  et  des 
citroniiifrs  aus.-i  forts  que  les  noyers  d'Europe.  Le 
cotonnier  et  la  canne  à  sucre  y  croissent  paifaite- 
incnt  bien.  Mais  le  fruit  qui  parait  mériter  une 
mention  bonurab'c,  bien  qu'il  soit  peu  estimé  des 
iiaiurels,  est  l'ananas,  grOîSe  fraise  épanouie  sur  une 
tige  épineuse,  pesant  jusqu'à  trois  livres,  et  surpas- 
sant autant  par  sa  qualité  que  par  sa  grosseur  les 
fraises  de  France.  Les  missionnaires  catholiques 
{ce  sont  les  Pères  de  la  société  de  Jhrie  qui  sont 
chargés  de  cet:e  mission)  ont  introduit  dan?  l'ile  la 
vigne  et  le  liguier.  En  onze  mois  la  vi^ne  a  poussé 
des  sarmenis  de  50  pieds  de  long.  Les  figuiers  ont 
déjà  donné  d'excellentes  figues.  Parmi  les  diiïéien;s 
arbustes  apportés  par  les  mêmes  initsionnaires,  la 
rube ,  la  balsamine  et  le  géranium  ont  seuls  réussi. 
Ils  ont  aussi  amené  de  Sydney  des  brebis  qui  pros- 
pèrent. —  L'ile  en  général  n'offre  pas  ce  magnifique 
paysage  qui  résulte  d'une  niiiltitude  de  collines,  de 
valiées  ,  de  plaines,  de  ruisseaux  et  de  cascades  ; 
mais  elle  étale  aux  yeux  des  spectateurs  la  fertilité  la 
plus  aliundanie.  Les  lieux  abandonnés  aux  soins  de 
la  nature  annoncent  la  liihesse  du  sol,  aussi  bien 
que  les  districts  cultivés  par  les  iu>ulaires.  La  ver- 
dure est  perpétuelle  dans  les  uns  et  dans  les  auties, 
et  toutes  les  productions  végétales  y  sont  d'une  ex- 
trême force.  De  loin  l'ile  entière  parait  revêtue  d'ar- 
bres de  diffcienies  tailles  ,  dont  quelques-uns  .sont 
Un  t;ros.  Les  grands  cocotiers  élèvei.t  loujouro 
DIl:rlo^^Alli!■.  i)i;  Cii^:oGn*rHiE  iccr,.  11. 


leur  léte  panachée,  et  3s  ne  coniribnent  pas  faible- 
ment à  la  décoration  de  cette  scène.  Le  bougo,  (|ui 
est  une  espèce  de  (iguier  à  feuilles  étroites  et  é|ioin- 
tées  ,  est  l'arbre  le  plus  considérable;  le  pandanus, 
des  hybiscus  de  plu^eurs  sortes  ,  le  fdUauou  ,  et  un 
petit  nombre  d'aibies,  sont  les  arbrisseaux  et  les 
peiits  arbres  que  présentent  c 'niniunémenl  les  can- 
tons en  friche,  surtout  vers  la  mer.  Si  les  diverses 
clioses  qui  forment  les  gr.mds  paysages  n'y  sont  pas 
nombreuses,  il  y  a  une  foule  de  sites  qu'on  peut  ap- 
peler de  jolis  points  de  \ue  ;  ils  sont  répandus  autour 
de^  champs  mis  eu  culture  et  des  hab.tations,  et  par- 
ticuliéiemeiit  autour  des  faïloukas  ^tombeaux),  où 
l'art  et  quelquefois  la  nature  ont  beaucoup  fait  pour 
le  p'aisir  des  yeux. 

Tonga-Tabou  étant  peu  éloigné  du  tropique,  le 
climat  y  est  pins  variable  que  sur  les  îles  situées 
plus  près  de  la  ligne.  Les  ents  y  soufllent  le  plus 
souvent  ei.tre  le  sud  et  l'est,  et  lorsqu'ils  sont  mo- 
delés, on  a  ordinairement  un  ciel  pur.  Quand  ils  de- 
viennent plus  frais,  l'atinosphére  est  chargée  de 
nuages;  mais  elle  n'e.^t  point  biiiuiense,  et  il  plut 
fiéqueiiiineni.  Les  vents  passent  i|ncl'|uefois  au  nord- 
est  ,  au  nord-nord  et,  ou  même  au  nord-nord- 
ouest;  mais  ils  ne  sont  jamais  d'une  longue  durée  , 
et  ils  ne  soufflent  pas  avec  foice  de  ces  points  du 
compas,  quoiqu'ils  se  trouvent  en  généial  aceompa- 
gnés  d'une  gnsse  pluie  et  d'une  chaleur  éioiinanie. 
lin  rocher  de  corail  ,  le  seul  qui  se  présente  sur  la 
côie  ,  sert  de  buse  à  lile,  si  l'on  en  croit  Anderson. 
On  n'y  aperçoit  que  des  petits  cailloux  bleus  répan- 
dus autour  des  fnïtoukas ,  et  une  pierre  noire  polie 
et  pesante  qui  approche  du  topis  lydius,  et  dont  les 
naturels  font  leurs  haches.  Quoique  le  corail  s'élance 
en  beaucoup  d'endroiis  au-dessus  de  la  surface  du 
terreau,  le  sol  est  eu  général  d'une  profondeur  con- 
sidérable. Dans  tous  les  disiricis  cultivés ,  il  est 
communément  noir  ei  friable,  et  il  semble  venir  eu 
grande  partie  du  déirimeiit  des  végét:iux  :  il  est  pro  - 
bible  qu'il  se  irouve  une  couche  ;  rgileuse  au-des- 
sous, car  on  la  rencontre  souvent  dans  les  terrains 
bas  et  dans  ceux  qui  s'élèvent,  el  surtout  en  divers 
endroits  près  de  la  côte  ,  où  il  est  un  peu  ri  nflé  ; 
lorsqu'on  le  fouille,  il  parait  quelquefois  rougeâtre  , 
plus  ordinairement  brunâtre  et  compacte.  Dans  les 
pariies  où  la  côte  est  basse  le  sol  est  sablonneux,  ou 
plutôt  de  cor.iil  trituré;  il  produit  néanmoins  des  ar- 
brisseaux très-vigoureux,  et  les  naturels  le  cultivent 
de  temps  en  temps  avec  succès.  —  Les  principaux 
fruiis  que  cultivent  les  naturels  sont  les  hanaues  , 
dont  on  compte  quinze  sortes  ou  variétés,  le  fruit  à 
pain  ,  deux  Copèces  de  ce  fruit  qu'on  trouve  à  Taïti, 
et  qu'on  appelle  jambo  et  evi  (  le  liernier  est  de  la 
nature  de  la  prune),  et  une  multitude  de  shaddechs, 
qu'on  y  voit  aussi  souvent  dans  l'état  de  nature. 
Deux  espèces  d'ignames,  dont  la  première  est  si 
grosse  qu'elle  pèse  souvent  vingt  livres  ,  el  dont  h» 
seconde,  blanche  et  longue,  en  pèse  rarement  une  ; 
«ne  grosse  rac  ine  appelée  kappé  ;  une  antre  qui  ap 
22 


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DICTIONNAIRE  DL  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  68-i 


proche  de  nos  païaies  blanches ,  et  qu'on  nomme 
mawhaha,  le  laro  ou  le  coco  de  quelques  îles  des  en- 
virons, et  une  dernière  appelée  djeyie  ,  forment  la 
liste  des  plantes  de  Tonga-Tabou.  Outre  un  grand 
nombre  de  cocotiers ,  il  y  a  trois  autres  espèces  de 
palmiers  ,  dont  deux  sont  rares  :  l'un  est  appelé 
biou  ;  il  s'élève  presque  à  la  hauteur  du  cocotier  ;  il 
a  de  très-larges  feuilles  disposées  en  formo  d'éven- 
tail, et  des  grappes  de  noix  globulaires  de  la  gros- 
seur d'une  balle  de  pisiol<;i  :  ces  noix  croissent  parmi 
les  branches;  elles  portent  une  amande  très-dure 
qu'on  mange  quelquefois.  Le  second  est  une  espèce 
de  choux  palmiste,  dislingiié  seulement  du  coco  en 
ce  qu'il  est  plus  épais,  et  qu'il  a  des  feuilles  décou- 
pées ;  il  produit  un  chou  de  5  ou  l  pieds  de  long  : 
on  voit,  ;iu  sommet  de  ce  chou, des  feuilles,  et  an  bas, 
un  fruit  qui  est  à  tieine  de  2  pouces  de  longueur,  ([ui 
ressemble  à  une  noixdecocoobloiiguo,eti|uiolfreune 
amande  insipide  et  tenace,  que  les  naturels  appel- 
lent niouyola,  ou  ia  noix  de  coco  rouge,  parce  qu'elle 
prend  une  teinte  rougeàtre  lorsqu'elle  est  mûre.  La 
troisième  espèce,  qui  se  nomme  omjo-onqo,  est  beau- 
coup plus  coniniune;  on  la  trouve  autour  des  (ai- 
loukas  :  sa  hauteur  oïdinaiie  est  de  •:>  pieds;  mais 
elle  a  quelquefois  8  pieds  d'élévation  ;  elle  présente 
une  multitude  de  noix  ovales  et  comprimées  ,  qui 
sont  aussi  grosses  qu'une  pomme  de  rtiiieite,  et  qui 
croissent  immédiatement  sur  le  tronc  ,  parmi  les 
feuilles.  L'ile  produit  d'ailleurs  une  rauUiludedecan- 
iies  à  sucre  excellentes  ,  dont  les  naturels  prennent 
soin,  des  gourdes,  des  bambous,  des  soucliets  des 
Indes,  et  une  espèce  de  ligue  de  la  grosseur  d'une 
petite  cerise  ,  appelée  main,  qu'on  m.inge  quelque- 
fois :  au  resie,  le  catalogue  des  plantes  qui  croissent 
naturelleiueni  est  tiup  nombreux  pour  l'insérer  ici. 
—  Les.  quadrupèdes  du  pays  se  bornent  à  des  co- 
chons, à  beaucoup  de  rais  et  à  quelques  chiens  qui 
ne  sont  pas  indigènes,  mais  qui  viennent  des  cou- 
ples qu'on  y  laissa  en  1775,  et  de  ceux  que  les  na- 
turels ont  tirés  de  Fidji.  Le»  volailles  sont  d'une 
grande  <aille  et  vivent  dans  l'élat  de  domesticité.  — 
On  remarque,  parmi  les  oiseaux,  des  perroquets  un 
peu  plus  petits  que  les  perroquets  gris  ordinaires  , 
dont  le  dos  et  les  ailes  sont  d'un  vert  assez  faible  , 
la  queue  bleuâtre  et  le  reste  du  corps  couleur  de 
suie  ou  de  chocolat  ;  des  perruches  de  la  grandeur 
d'un  nioineau  ,  d'un  beau  vert  jaunâtre ,  ayant  !e 
sommet  de  la  ;éte  d'un  azur  brillant ,  le  cou  et  le 
ventre  muges  :  une  iroisiéme  espèce  ,  de  la  taille 
d'une  colombe,  a  le  sonmiet  de  la  léle  et  les  cuisses 
bleus;  le  cou,  la  partie  inférieuro  de  la  lête  et  une 
partie  du  ventre  ciamoisis,  et  le  reste  d'un  joli  vert. 
Il  y  a  des  chouelies  de  la  grand'ur  do  no»  choueiles 
ordinaires  ,  mais  d'un  plumage  plus  be:iu;  des  cou- 
cous pareils  à  ceux  de  l'ile  P»liuersion  ;  des  inariin- 
pècheurs  do  la  grosseur  d'une  grive,  d'un  bleu  ver- 
dâtre  et  portant  un  collier  hianc  ;  un  oiseau  de 
l'espèee  de  la  grive,  dont  il  a  presque  la  taille.  Ce- 
lui-ci porte  deux  conlons  jaiuies  .i  !«  racine  du  bec  ; 


c'est  le  seul  oiseau  chantant  qu'on  rencontre  dans 
l'ile;  mais  il  produit  des  sons  si  forts  et  si  mélodieux, 
que  les  bois  sont  remplis  de  son  ramage  ,  au  lever 
de  l'aurore,  le  soir  et  à  l'approche  du  mauvais  temps. 

—  On  voit ,  dans  la  liste  des  oise.iux  de  terre  ,  des 
râles  de  la  grandeur  d'un  pigeon,  qui  sont  d'un  gris 
tacheté  et  qui  ont  le  cou  brun  ;  une  autre  espèce  qui 
est  noire  ,  qui  a  les  yeux  rouges ,  et  qui  n'est  pas 
plus  grosse  qu'une  alouette  ;  deux  espèces  de  gobe- 
mouches  ;  une  très-peiite  hirondelle;  trois  espèces 
de  pigeons ,  dont  l'une  est  le  ramier  cuivre  de  Son- 
nerai :  la  seconde  n'a  que  la  moitié  de  la  grosseur 
du  pigeon  ordinaire;  elle  est  d'un  vert  pâle  au  dos 
et  aux  ailes  ,  et  elle  a  le  front  rouge  :  la  troisième, 
UD  peu  moindre,  est  d'un  brun  pourpre  et  blanchâlia 
au-dessus  du  corps.  —  Les  oiseaux  marins,  ou  ceux 
qui  fréquentent  la  mer,  qu'on  trouve  à  Tonga-Tabou, 
sont  les  canards,  les  hérons  bleus  et  blancs,  tes  oi- 
seaux du  tropique,  les  noddies  couimuns  ,  les  hi- 
rondelles de  mer  blanches,  une  nouvelle  espèce  qi>i 
est  couleur  de  plomb,  et  qui  a  la  tète  noire;  un  petit 
courlis  bleuàlte,  un  grand  pluvier  tacheté  de  jaune. 

—  Les  seuls  animaux  nuisibles  on  dégoûtants  de  la 
famille  des  reptiles  ou  des  insectes  sont  les  ser- 
penis  de  mer  de  3  pieds  de  longueur,  qui  offrent  al- 
ternativement des  anneaux  blancs  et  noirs,  et  qu'on 
voit  souvent  sur  la  cote,  quelques  scorpions  et  des 
centipèdes.  Il  y  a  de  beaux  gManous  verts  de  1  pied 
Ift  de  long  ,  un  second  lézard  brun  et  tacheié 
d'environ  12  pouces  de  longueur ,  et  deux  autres 
plus  petits.  On  dislingue  parmi  les  insectes  de  belles 
teignes  ,  des  papillons ,  de  très-grosses  araignées  et 
d'autres.  —  La  mer  abonde  en  poissons.  Les  plus 
communs  sont  les  mulets;  plusieurs  sortes  de  pois- 
sons-perroquets, le  poisson  d'argent,  les  vieilles 
femmes,  des  soles  joliment  laclielées,  des  leater- 
jackeis,  des  bonites  el  des  albicores  ,  des  anguilles  , 
une  espèce  de  brochet ,  et  des  diables  de  mer. 

Les  n:iturels  de  Tonga  ne  difl'crent  guère  des  Eu- 
ropéens pour  la  taille ,  les  traits  et  la  couleur  ; 
ils  sont  un  peu  basanés,  ce  qu'on  doit  attribuer  à 
la  température  irès-élevée  duclimai.Si  les  insulaiies 
n'ont  pas  la  siauire  élevée  que  leur  accordent  cer- 
taines relations  de  voyages,  ils  n'ont  pas  davantage 
la  vigueur  qu'on  s'est  plu  à  leur  attribuer.  Il  en  est 
peu  qui  n'aient  quel(|ues  plaies  existantes  ou  cica- 
trisées ,  et  plus  de  la  moitié  d'enlre  eux  meurt  poi- 
trinaire. Outre  leur  mauvaise  nourriture  ,  he.iucoup 
d'antres  raisons  contribuent  à  cet  état  de  faiblesse  , 
leurs  excès  en  tous  genres  par  exemple.  Si  les 
voyageurs  qui  ont  tant  vanté  leur  propreté,  avaient 
été  obligés  de  vivre  seulement  quinze  jours  avec 
eux,  ils  auraient  bien  changé  de  langage.  Sans  douta 
qu'ils  ne  les  ont  vus  que  dans  leurs  fêtes.  Oh  !  alors 
ils  sont  parés  avec  autant  de  recherche  que  peut  le 
permettre  tine  agreste  pauvreté  ;  ils  savent  tirer 
parti,  dans  l'intérêt  de  leur  coquetterie  ,  de  tout  ce 
que  leur  fournissent  l'industrie  et  la  nature.  Hors 
de  ]ii,  c"e.-i  uu>;  malpro,]relé  dégoûtante.  Au  reste  , 


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GEOGRAPIIIR  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


on  petil  (lire  qu'ils  sonl  beaux,  iiilcHigenls,  iniijouis 
g?is  ;  les  Européens  sans  cducaiioii  sont  moins  polis 
et  suridut  moins  hospitaliers.  Se  rencoi!lrent-ils  , 
ils  s'ollierit  liMirs  nniitiés  ,  tsi  oto  ofa  (mou  :imitié)  ; 
s'ils  porient  quelque  chose  qu'ils  puissent  donner  , 
comme  du  kava  ou  des  Iruits,  ce  serait  une  grande 
malhonnéieié  de  ne  pas  l'offrir.  iN'onl-ils  rien,  ils  en 
J'oni  mille  excuses.  Les  subalternes  s'asseyent  .î  terre 
pour  parler  à  leurs  supérieurs.  Allcï-vous  dans  une 
case?  c'est  le  gr;icieux  salut  isi  oto  ofa,  puis  des  re- 
roercîmeiils  pimr  voire  \isiie,  des  félicitations  sur 
votre  santé,  et  tout  en  vous  présentant  le  kava  ,  ils 
s'excusent  de  n'avoir  rien  à  vous  offrir.  Si  vous  ne 
demeurez  pa^  a^se7.  buigiemps  pour  i|u'ils  puissent 
\ous  préparer  des  aliments,  ils  se  confondent  eu  re- 
grets de  n'avoir  pas  prévu  votre  arrivée.  Dans  les 
Wsites  âe  cérémonie,  outre  le  kav.i,  qui  est  de  ri- 
gueur ,  ils  se  font  nintuellemenl  des  présents  ;  ils  ne 
savent  jamais  rien  refuser  de  te  qu'on  leur  demande. 
Dans  les  rapports  particuliers  qu'ils  ont  avec  les 
missionnaires,  ils  leur  montrent  la  niéine  civilité. 

Les  honin:es  elles  femmes  ont  les  clieveux  courts, 
et  les  enlanis  des  deux  sexes  portent  jusqu'à  Tàge 
de  douze  ans  une  espèce  de  tonsure,  fiiie  au  ravoir 
ou  au  moyen  d'une  dent  de  requin;  c'est  un  lri;inglo 
qui  a  sa  base  sur  le  fiont,  et  son  sommet  à  la  partie 
inférieure  du  derrière  de  la  lèie,  laissant  de  chaque 
côté  un  toupet  bien  frisé,  qui  leur  donne  un  air  tout 
à  fait  gentil.  Ils  naissent  aussi  blancs  qu'en  Europe, 
ce  n'cbt  qu'insensiblement  qu'ils  se  cuivreni.  Les 
lioninses  faits  sont  tatoués  depuis  les  genoux  jusqu'à 
la  ceinture;  ce  tatouage  est  pour  eux  l'époque  d'une 
fête.  Ils  ont  peu  de  barbe  et  ils  se  rasent  souvent, 
les  femmes  porieul  les  mêmes  liabillemenls  que  les 
hommes;  ils  consisieni  en  lapes,  ou  étoffes  faites 
avec  des  ccorces  d'ai  bi  es,  dont  ils  se  couvrent  depuis 
la  ceinture  jusqu'au  genou. 

Il  serait  diriicilc  de  dire  quel  est  le  vice  dominant 
des  naiurels;  l'orgueil,  limmoraliié,  la  paresse, 
marchent  de  pair.  Dans  lems  rapports  avec  les 
blancs  ils  sonl  assez  peu  respectueux  ;  ils  affectent 
même  une  espèce  de  mépris.  A  leurs  yeux ,  aucun 
penple  sur  la  terre  n'est  digne  de  s'asseoii-  auprès 
d'un  kauack  de  Tonga.  Lui  seul  sait  quelque  chose. 
De  raênie  qu'autrefois,  qui  n'éiait  pas  Grec  ou  Ro- 
main, éiail  considéré  comme  barbare,  ainsi,  d'après 
les  idées  do  ces  insulaires  ,  celui  qui  n'est  pas  de 
rile  sacrée  (c'est  ce  ,|ue  signifie  Tonga-Tabou)  est 
ignorant  et  esclave.  Quant  à  la  moraliié,  n'en  par- 
lons pas  ;  le  vice  n'y  a  aucun  secret,  même  pour  les 
enfants.  La  paresse  semble  être  leur  défiut  de  pré- 
dilection. Les  naïu-tls  ne  font  d'autre  travail  que 
celui  dont  ils  ne  i  euvent  se  dispenser.  Hors  les  jours 
de  fête,  ils  mangent  très-peu ,  de  sorte  que  la  nour- 
riture d'un  homme  en  France  suflirait  ici  abondam- 
ment pour  dix  personnes.  Ils  souffrent,  mais  pour 
eux  mille  fois  mieux  vaut  souffrir  la  faim  que  sup- 
porter la  fatigue. 

Les  naturels  de  Tonga  ne  sont  point  grossière- 


ment idolâtres;  les  esprifs  scïils  reçoiv.;nt  leurs  ado- 
rations, cl,  comme  les  pa'iens  de  l'ancien  monde,  ils 
débitent  h  leur  sujet  mille  contes  absurdes.  Le  plus 
grand  de  leurs  dieux  est  Jflaoui,  qui,  de  leiiips  im- 
mémorial, pécha  Tong.i  dans  l'Océan.  Ou  conserve 
encnrê,  disent-ils,  l'hameçon  qui  servit  à  tirer  lilc 
du  fond  des  mers.  Mais  ceux  qui  en  ont  la  garde  ont 
soin  de  dire  que  le  premier  qui  le  verra  sera  frappe 
de  mort.  La  vue  n'en  est  permise  qu'au  roi  seul,  en- 
fant bien-aimé  de  Maoui. 

Lorsque  les  missionnaires  les  interrogent  sur  l'o- 
rigine de  leurs  divinités,  ils  balbutient  ()uelques 
mois,  puis  finissent  par  dire  :  «  Nous  n'en  savons 
rien,  nius  faisons  comme  nos  pères.  >  Toujours 
est-il  cert.iin  qm-  les  objets  de  leur  culte  sont  des 
esprits  malins  qu'ils  craig.ient  beaucoup,  mais  qu'ils 
n'aiment  pas.  Ces  dieux  habitent  invisib'ement,  dit- 
on,  dans  les  grands  cliels  et  dans  les  vieilles  fem- 
mes. Les  insulaires  sont  aussi  esclaves  de  mille  su- 
perstitions ;  toucher  un  bâton  placé  à  l'entrée  d'une 
plantation  de  bananiers  ou  de  cannes  à  sucre  est  un 
crime  qiie  les  esprits  punissent  de  mort.  Personne, 
s'il  n'est  grand  chef  ou  ami  des  dieux,  ne  peut  man- 
ger une  tortue  ou  tout  auire  objet  csiimé  dans  le 
pays.  Cependant  ces  idées  s'en  vont,  et  les  jeunes 
gens  surtout  les  mépiisent.  Les  vieillards  seuls  finit 
résistance.  «  Les  dieux  que  les  missionnaires  nous 
annoncent,  disent-ils,  sont  bons  sans  doute,  mais 
les  nôtres  ne  le  sont  pas  moins,  puisque  ce  sont  eux 
qui  font  croître  les  igriames,  les  cocos  et  siiilout  le 
kava.  tenons  bon,  il  faut  au  moins  que  la  nioiiié  de 
l'île  reste  fidèle  à  nos  anciens  dieux  ;  autrement  ils 
se  vengeraient  de  noire  abandon  par  notre  perte.  » 

Les  habitints  de  Tonga  tiennent  à  honneur  d'a- 
voir un  giaïul  iiombie  d'enfanis,  et  ils  les  élèvent 
avec  une  lendre  solliciinde  jusqu'à  l'âge  de  quatre  à 
cinq  ans.  A  «elle  époque  ils  les  ab mdonneut  ;  aussi 
les  jeunes  gens  n'ontils  aucun  respect  ponr  leurs 
parents.  Bien  différents  des  Nouveanx-Zélandais , 
qui  exposent  leurs  infirmes  en  plein  air  et  les  dc- 
laifsent,  ils  ont  recours  à  tous  les  moyens  imagina- 
bles pour  obtenir  leur  guérison  :  le  malade  est  bien 
iogé,  sa  nourriture  préparée  avec  soin;  on  fait  pour 
sa  santé  des  vœux  et  des  prières.  Si  un  grand  chef 
est  aliié,  on  coupe  des  doigts  à  plusieurs  personnes, 
quel(|uelois  même  on  en  immole  pour  apaiser  la 
divinité  malfaisante  qui  dévore  tes  malades  ioul  vi- 
vants. Mais  rien  n'éj^ale  le  soin  qu'ils  prennent  de  la 
sépulture  des  morts.  Dès  qu'un  naturel  a  rendu  le 
dernier  soupir,  les  voisins  en  sont  informés,  et  à 
l'instant  toutes  les  femmes  vieivnent  pleurer  autour 
du  corps.  (Ici  jamais  les  hommes  ne  pleurent.  )  On 
le  garde  ainsi  un  ou  deux  jours,  pendant  lesquels 
on  s'occupe  à  ériger  son  tombeau  près  de  la  de- 
uieure  de  ses  parents.  La  maison  sépulcrale  est 
belle,  bâtie  sur  une  éminence,  eniourée  d'une  jolie 
palissade  de  bambous  choisis;  l'enceinte  est  phin- 
lée  de  toutes  sortes  d'arbustes  odoriférants  et  sur- 
tout d'immortelles.  Enfin  le  monument  en  couvert 


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DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


d'an  toit  arlistement  iravaillé.  Pour  le  mmbeau  des 
rois  ou  des  plus  grands  chefs,  on  va  chercher  des 
pierres  colossales  dans  les  îles  lointaines,  pour  cou- 
ronner le  sépulcre.  Le  P.  Jérôme  Grange  en  a  vu 
une  qui  avait  vingt-c|uaire  pieds  île  long  sur  huit  de 
large  et  dix-huit  pouces  au  moins  d'épaisseur.  L'un 
de  ces  tombeaux  a  éié  construit  par  les  gens  de 
Wallis,  qui  ont  apporié  des  bines  énormes  dans 
d'immenses  pirogues.  C'est  prodigieux  pour  ces 
peuples.  Mais  ce  qui  fait  gémir,  c'est  de  voir  ces 
pleureuses  qui,  pour  lénioigner  leur  douleur,  se 
coupent  les  doigts,  se  fendent  le  nez,  les  oieilles  et 
jes  joues  ;  et  cependant,  tant  de  larmes  ne  sont  que 
de  vaines  cérémonies,  où  le  cœur  n'a  point  de  part  : 
ces  femmes  sont  bien  joyeuses  lorsqu'elles  se  voient 
délivrées  d'un  lel  supplice. — Ces  insulaires  n'ont  au- 
cune l'or-ne  régulière  d'administrer  la  justice.  La  vo- 
lonté bizarre  d'un  tyran,  qui  ne  pense  à  faire  res- 
pecter l'ordre  que  lorsqu'il  y  est  personnellement 
iiiléressé,  voilà  l'unique  et  souveraine  loi.  Le  même 
niissinnnaire  a  vu  des  hommes  en  luer  d'autres  sans 
que  personne  se  soit  le  moins  du  monde  iniiniéié  île 
venger  le  crime.  Avec  des  usages  aussi  arbitraires, 
ce  qui  étonne  c'est  que  ces  peuples  ne  soient  pas 
parvenus  a  se  déiruire.  Il  n'y  a  pas  de  despote  plus 
redouté  que  le  roi  du  pays.  Lorsqu'il  commande, 
chacun  s'empresse  de  lui  obéir  :  veut-il  faire  mou- 
rir quelqu'un  de  ses  sujets,  il  n'a  qu'à  l'envoyer 
chercher;  la  victime  contre  laquelle  est  décerné  ce 
mandat  d'amener  ne  prendra  pas  la  fuite,  lors  même 
qu'elle  coiinaitrait  le  motif  de  son  appel.  Aussitôt 
que  le  tyran  se.  lève,  c'est  à  qui  aura  l'honneur  de 
lui  baiser  tes  pieds.  Ouvre-t-il  la  bouche,  chacun 
écoute  avec  une  respectueuse  attention;  et  ses  ora- 
cles fussent-ils  autant  de  sottises,  tout  le  monde  de 
répondre  :  C'est  la  vérité,  boc  !  Ce  régime  d'escla- 
vage apportera  un  grand  obstacle  à  la  conversi(<n 
du  peuple  ;  parce  que  les  chefs  ont  en  général  de 
flirtes  raisons  pour  demeurer  dans  l'infuléliié,  et 
que,  d'ailleurs,  les  sujets  sont  peu  hardis  à  prendre 
l'initiative. 

La  cuisine  est  toujours  en  commun  ;  c'est  assez 
d'apercevoir  la  fumée  d'un  banquet  pour  avoir  droit 
d'y  prendre  place.  Quelqu'un  prépare-l-il  un  mets, 
tout  le  quartier  en  est  informé,  et  il  est  de  bon  tnn 
que  celui-là  seul  qui  l'a  apprêté  n'en  gnùie  point.  Si 
l'on  veut  faire  cadeau  d'un  porc  ou  d'un  autre  ani- 
mal, on  vous  le  donne,  on  le  tue,  on  le  mange  ;  il 
ne  vous  reste  que  l'honneur  de  régaler  vos  voisins. 
Cette  politesse,  cette  communauté  de  biens,  qui  pa- 
rait si  belle  au  premier  abord  ,  est  loin  d'être  utile 
en  réalité.  Qu'en  arrive-t-il?  chacun  compte  sur  son 
voisin,  et  personne  ne  pense  à  se  pourvoir  de  ce  qui 
lui  rsi  nécessaire.  Ainsi  leskanacks  vivent  dans  une 
funeste  oisiveté,  et  meurent  souvent  de  faim,  dans 
une  ile  si  féconde  qu'un  seul  jour  de  travail  par  se- 
maine suffirait  à  un  père  de  famille  pour  nager  dans 
l'abondance  avec  tous  ses  enfants. — Ils  bâtissent  avec 
assez  d'élégance  ;  leurs  maisons  sont  de  forme  ellrp- 


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tique,  disposées  à  peu  prés  comme  un  vaste  para- 
pluie, et  ouvertes  à  tous  les  veiiis,  ce  qui  est  un 
avantage  dans  les  grandes  chabnrs.  Elles  sont  as- 
sez élevées,  et  pour  l'i  rdinaire  d'une  grande  pro- 
preié  à  l'extérieur.  Ils  excellent  .Miriout  à  les  levêiir 
de  tresses,  dont  ils  forment  un  tissu  de  diverses 
couleurs,  représentant  des  ligures  de  la  plus  éton- 
nante régularité.  Ces  tresses  sont  une  espèce  de  li- 
celle  plate,  qui  leur  sert  à  lier  hs  bois  ei  l^ur  tient 
lieu  de  clous.  Lenrs  embarralio'  s  ou  pirogues  sont 
d'une  beauté  à  ravir  l'admiration  dis  Européens 
eux-mêmes.  Il  y  en  a  qni  ont  cent  cinquante  pieds 
de  long  ;  elles  sont  ornées  de  b:illants  coquillages 
et  de  plumes  des  plus  beaux  oiseaux  du  pays.  Les 
insulaires  savent  aussi  très-bien  conreciloiiier  les 
voiles  et  les  cordages.  Montés  sur  ces  petits  navi- 
res, ils  font  queIf|iiefois  jusqu'à  trois  cents  lieues, 
sans  autre  boussole  que  les  astres. 

Peu  'aiit  les  dernières  années,  des  guerres  de  re- 
ligion avaient  divisé  et  armé  les  unes  contre  les 
autres  les  diverses  tribus  de  Tonga.  Les  adeptes  des 
ministres  protestants  voulaient  prup  ger  leur  foi 
avei;  les  armes  parmi  leurs  compairinles  rebelles, 
qu'ils  appelaient  le  parti  du  diaHe.  Alors  le-  deux 
camps  se  suni  conslniii  des  furis  p  mr  se  inetlre  à 
l'ahri  des  surprimes,  et  i's  s'y  ri  tirent  ppnd.mt  la 
guerre;  en  leiiips  de  paix  ils  habitent  d<-s  villages 
qui  sont  aux  environs.  To.iga  compte  quatre  redou- 
tes principales  :  IJéa,  où  lésidem  les  missionnaires 
catholiques,  est  la  mieux  fortifiée;  aus-l  est-elle  ré- 
putée presque  imprenable.  Des  Européens  assurent 
qu'elle  a  renfermé  jusqu'à  cinq  mille  boni. nés  :  le 
nombre  est  exagéré,  mais  deux  à  trois  mille  peuvent 
y  habiter  à  l'aise.  Elle  eît  divisée  en  compartiments 
par  de  jolies  baies  de  roseaux,  et  ces  divers  com- 
partiments où  sont  groupées  les  maisons,  forment 
des  rues  qui  se  croisent  en  tout  sens  et  donnent  i 
ce  camp  l'aspect  d'une  peiite  ville. 

Béa  est  situé  à  une  assez  grande  dislance  de  Pan- 
gai-Madou,  nù  se  trouve  le  mouillage  ordinaire  et  le 
plus  sûr.  Les  missionnaires  catholiques  uni,  depuis 
leurariivée  dans  l'ile,  empérhé  plusieurs  guerres; 
et  leur  car:  cière  à  cet  égard  e-t  si  lieu  connu,  que 
le!>  habitants  ont  d  une  à  Béa  le  nom  de  Piace-Town 
(ville  de  la  paix).  Cette  localité  a  déjà  soutenu  plu- 
sieurs sièges.  Voii  i  à  quelle  occasion.  Une  tribu  ga- 
gnée au  prutesianiisme,  qui  tentait  de;  uis  plusieurs 
années,  mais  toujours  en  vain,  de  hue  embras^er 
sa  crovaiice  à  la  peuplade  infidèle  qui  uonnail  I'Ids- 
pilalité  aux  missionnaires  catholiques,  décida  que 
ces  endurcis  se  cuiivertiiaient  ou  qu'ils  expieraient 
leur  obstination  par  la  mort.  lie  minis.re  ai.gUis 
qui  dirigeait  cette  affaire  lit  entrer  dans  ses  vues 
un  Commodore  de  si  nation,  dont  le  navire  était  en 
rade.  On  vint  doue  assiéger  la  place  eii  forme  ;  le 
parti  du  diable  se  mil  en  état  de  défense,  et  il  fut 
heureux.  Le  commodore  Croker  fut  lue  avec  onze 
des  siens  et  beaucoup  d'insulaires;  mais  il  ne  périt 
personne  du  côlé  des  infidèles,  qui  restèrent  maître» 


68S 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


C90 


de  trois  pièces  de  canon.  Un  capilajne  anglais  est 
venu  rccliimer  ces  Irois  pièces  ;  il  les  exigeait  avec 
un  ion  lie  iiantcnr,  offrant  tontefois  une  récompense 
aux  vainqueurs,  ei  il  ajoutait  (jii'ils  pourraient  avoir 
à  se  repentir  s'ils  n'accpciaient  pas  à  sa  demande. 
Alors  un  des  clicfs,  après  avoir  (iris  l'avis  des  autres 
guerriers,  parla  ainsi  au  commandant  :  i  Vous  êtes 
venus  nous  attatiurr  chez  nous,  lorsque  nous  jnuis- 
jinns  de  la  paix  la  plus  profonde;  no. .s  n'avons  fait 
que  nous  ilélèndrf,  alors  que  nous  aurions  eu  des 
raisons  p"ur  alla(|uer.  Les  canons  que  nous  avons 
pris  nous  apiiariienneiit  d'après  les  lois  du  pays; 
nous  pnurrions  donc  les  garder  et  nous  en  servir 
contre  vous.  Mais  afin  de  vous  montrer  que  nous  ne 
vous  craignons  pas,  nous  vous  les  rendons.  Pour  les 
vendre  ,  nous  ne  le  voulons»  pas  ;  c'est  au  pér  il  de 
notre  vie,  au  péril  de  la  vie  de  nos  femmes  et  de  no5 
enfants,  que  nous  les  avons  conquis  ;  il  n'y  a  pas  de 
pris  pour  celi.  Preiiez-li:s  et  allez-vous-en.  » 

Quoique  le  pays  ne  |  arle  guire  à  l'imagination,  à 
cause  de  sa  monotonie  et  de  son  peu  d'étendue,  les 
habitants  de  Tonga  ne  sont  pas  cependant  tout  à  fait 
éir;ingers  à  la  poésie.  Us  composent  eux-mêmes  des 
chansons  qu'ils  savent  rendre  tristes  ou  joyeuses 
selon  la  circonstance.  Lorsqu'im  convoi  de  piro- 
gues part  pour  une  île  lointaine,  grand  nombre  d'in- 
digèiii'S  accompiignent  leurs  frères  sur  le  rivage  ; 
puis,  au  moment  où  los  voyageurs  mettent  à  la  voi- 
le, deux  ou  trois  cents  personnes  eiilonnent  cecbant 
mébiiKolique  et  liarn)on.eux  :  <  Où  vas-tu,  jeune  et 
imprudent  oiseau,  nù  vas-tu?  pourquoi  t'abandon- 
ner  aux  caprices  des  flots  et  des  ondes  trompeuses  ? 
Tu  ne  pourras  plus  désormais  étanclier  la  soif  dans 
le  cieiix  du  baudiou,  ou  dans  l'épaisse  écorce  du  co- 
cotier. Le  bananier,  de  ses  l.irgds  feuilles,  no  te  dé- 
fendra plus  des  ardeurs  du  s(deil,  ni  du  froid  de  la 
nuit;  et  si  lèvent  vient  à  souiller,  tu  n'auras  plus 
pour  abri  les  ailes  de  ta  mère.  Où  vas-tu,  jeune  et 
imprudent  oiseau,  où  vas-iu  ?  i  Et  ils  répèieui  eu  ca- 
dence ce  chant  si  doix  jusqu'à  ce  que  les  pirogues 
aient  disparu  à  leurs  yeux. 

Les  prolestauts  sont  en  possession  de  l'île  depuis 
plus  de  vingt  ans.  S'ils  sont  venus  annoncer  Jésus- 
Christ  à  ces  peujiies,  du  moins  ont-ds  prêché  h  la 
maiii^TH  de  Mtliumei,  et  s'ils  (uil  opéré  des  conver- 
sions, c'est  iivec  le  sabre.  Le  P.  Grange  croit  qu'ils 
n'ont  qu'un  bien  petit  nombre  de  partisans  sincères 
et  qui  leur  soienl  atiacliés.  Il  a  demandé  à  plusieurs 
Insulaires  pourquoi  ils  n'avaient  pas  embrassé  le  pro- 
tesiaulisne,  depuis  si  longtemps  qu'il  y  avait  des 
ministres  dans  leur  île  ;  et  tnujours  il  a  reçu  la  même 
répoi.se  :  i  J'avais  peur  des  coups.  »  Eu  effet,  on  ne 
voudrai!  pas  croire  en  Europe  avec  quelle  sévériié 
les  proiesianls  traitent  leurs  néophyi.'s.  Ce  n'est 
pas  assez  de  leur  interdire  tous  les  amusements,  on 
leur  iuiiiose  des  jeûnes  arbitraires,  on  les  soumet  à 
une  péuiience  publique.  Les  travaux  forcés  suivent 
de  près  la  moindre  infraclion  à  des  pra.iques  indif- 
férente» :  il  n'est  pas  rare  de  voir  un  pauvre  kann»  k 


attaché  .i  un  arbre,  frappé  jusqu'à  tondier  sous  lea 
coups,  etcela  tout  .''implement  pouravoirfumé  une  pi- 
pe. Mais, depuis  l'arrivée  des  missionnaires  catholiques 
dans  celle  île,  les  ministres  ont  cru  qu'il  était  de 
leur  intérêt  de  revenir  à  un  régime  plus  doux,  et  il  y 
a  sur  ce  point  une  grande  amélioration. 

Il  est  a  remarquer  que  les  femmes  sauvages  sont 
plus  difficiles  à  convertir  que  les  homn  es  ;  jamais 
elles  ne  prennent  l'initiative,  et  quand  elles  se  ren- 
dent, ce  n'est  que  longtemps  après  l'abjuration  du 
mari.  En  Europe  c'est  tout  le  contraire;  les  femmes 
y  sont  généralement  plus  dévouées  à  la  religion  que 
ies  hommes.  La  raison  en  est,  qu'à  Tonga,  comme 
dans  tout  pays  qui  n'a  pas  été  éclairé  et  ci\ilisé  par 
l'Evangile,  les  femmes  ne  sont  que  des  esclaves.  La 
servitude  avilit,  et,  pour  embrasser  la  vériié,  pour 
combattre  ses  passions,  il  faut  du  courage,  de  la 
noblesse,  de  la  grandeur  d'Ame.  Les  Polynésiennes 
sont  si  méprisées«et,  de  fait,  si  méprisables  par  leur 
conduite,  qu'on  les  regarde  comme  des  êtres  diffé- 
rents des  hommes. 

Les  indigènes  de  Tonga-Tabou  ont  beaucoup  d'é- 
nergie dans  leurs  paroles  et  de  feu  dans  leurs  ac- 
tions. Chez  eux  tout  parle  à  la  fois,  les  pieds,  les 
mains,  les  yeux;  la  figure  n'est  pas  moins  expres- 
sive que  la  langue. 

Ce  f.it  en  1842  que  Mgr  Pompallier,  évêque  de  la 
Nouvelle-Zélande,  se  trouvant  aux  îles  Wiii,  près  de 
l'archipel  de  Tonga-Tabou,  fut  sollicité  par  quelques 
naturels  de  Tonga,  arrivés  là  par  hasard,  de  fonder 
une  mission  dans  leur  île  où  le  code  des  mission- 
naires Wesleyens  (secte  anglicane  fort  dure,  fort  in- 
tolérante et  fort  ignorante  en  même  temps)  avait 
causé  de  grands  troubles  et  augmenté  le  nombre  des 
païens.  Il  y  arriva  le  1*"'  juillet  :  l'accueil  bienveil- 
lant d'une  partie  des  naturels  de  Béa  et  des  villes 
environiiauies,  llouma,  Vahini  jusqu'à  .Moua,  le  dé- 
termina tout  à  lait,  et  la  mission  fut  éiablie.  Un  an 
après,  les  PP.  Marisies  s'occupèrent  de  la  construc- 
tion d'une  église  ;  elle  a  été  achevée  en  quatre  mois 
et  demi.  Les  naturels  ont  mis  à  sa  construction  toute 
l'adresse  et  toute  l'aotiviié  dont  ils  sont  capables; 
et,  de  fait,  elle  est  plus  belle  qu'on  ne  pourrait  se  le 
ligurer  en  Europe.  Bâtie  eu  bois,  elle  a,  en  y  com- 
prenant la  sacristie,  soixante-douze  pieds  de  long  et 
trente  de  large.  Douze  colonnes  élég mtes  de  bois  de 
fer  soutiennent  une  voûte  magnifique,  élevée  de 
trente  pieds.  Les  murailles  sont  en  bambous  bien 
entrelacés  avec  des  ficelles  de  cocotier;  les  poutres 
qui  forment  la  voûte  sont  tressées  avec  des  filaments 
de  diverses  couleurs,  et  représentent  différents  oi- 
seaux du  pays.  Deux  cents  jolies  nattes  en  forment 
le  pavé.  Bon  nombre  de  paroisses  en  France  s'esti- 
meraient heureuses  d'en  avoir  une  semblable.  Le  12 
février,  jour  de  sa  dédicace,  fut  un  grand  jour  de 
fête;  plus  de  six  cents  naturels  assistèrent  aux  offi- 
ces divins. 

On  compte  à  Tonga  400  protestants,  7  à  800  ca- 
iholiques,  et  le  reste  de  la  population  est  païen.  L'ar<* 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE   ECCLESIASTIQUE. 


cbipel  est  compris  dans  les  missions  de  l'Océanie 
occidentale,  et  fait  partie  du  vicariat  apostolique  de 
la  Nouvelle-Zélande.  Les  PP.  Marisies  ont  eu  beaii- 
cr.-jp  à  souffrir  les  premières  années,  parce  que  les 
niinlsires  wesleyens  excilaient  contre  eux  la  popu- 
lation. Mais  la  dilférence  de  conduite  entre  les  uns 
et  les  autres  est  tellement  énorme,  que  les  indigènes 
nul  fini  par  la  remarquer.  Les  PP.  Marisies,  par  leur 
désintéressement,  leur  esprit  de  douceur  et  les  bons 
services  qu  ils  rendent  aux  indigènes  ont  obtenu  la 
C'insidération  générale. 

L'archipel  de  Tonga  forme  à  roccident  la  limite 
de  la  Polytiésie.  A  quelque  distance  dans  l'ouest  se 
trouve  le  groupe  Witi,  première  terre  mélanésienne. 
Cependant  le  type  polynésien  reparaît  encore  au 
delà,  comme  nous  verrons.  11  se  relève  sur  quelques- 
unes  des  Nouvelles-Héhrides,  dans  lespeii;es  îles  Ro- 
touma,  Tikop:a,  Dufi,  eic  ,  mais  seulement  par  pe- 
tites peuplades  et  avec  tmis  les  «caractères  qui  an- 
noncent une  migration.  Dans  cette  zone  prévaut  et 
règr.e  la  race  mélanésienne,  qui  occupe  toutes  les 
grandes  îles  de  l'occident,  ju>qu'à  ce  que  paraisse  la 
race  malaise.  Voisines  des  iles  Witi,  les  îles  Tonga 
leur  ont  plutôt  donné  qu'elles  n'ont  reçu  d'elles;  elles 
ont  civilisé  à  demi  ces  barbare-; ,  ,^ai!s  s'infecter  el- 
les-mêmes de  barbarie.  Le  type  Witi  a  été  dominé  par  le 
t)pe  Tonga. Celle  île  est  sans  contredit  la  plus  avan- 
cée dans  la  civilisation  polynésienne;  son  influence 
s'étend  sur  tous  les  archipels  voisins, tels  que  les  Ha- 
moa,  les  Fidji,  et  même  jusqu'aux  Hébrides,  avec  les- 
quelles ellecommuni(|ueau  moyen  de  seshellespiro- 
gues,  bien  construites,  excellentes  voilière-,  et  assez 
grandes  pour  contenir  unecinquaniaine  de  personnes. 

La  religion  des  indigènes  de  l'archipel  est  basée 
sur  les  notions  suivantes  :  Les  Tongas  croiei:!,  i° 
qu'il  existe  des  Iwiouat  (dieux),  où  des  êtres  supé- 
rieurs, ou  peut-être  éternels,  dont  les  allrib;iis  sont 
de  ré,  nriir  le  bien  et  le  mal  aux  ÎKimmes,  suivant 
leur  mérite.  2°  Que  les  âmes  des  nolles  et  des  .Mata 
houles  cm  le  même  pouvoir,  mais  dans  un  degré  infé- 
rieur. 5°Qu'j1  existe  des  hotouas  lions,  ou  dieux  nial- 
faisanls,qui  se  plaisent  à  faire  du  mal  indistinctement 
à  tout  le  monde,  i'^  Que  tous  ces  êtres  supérieurs  ont 
pu  avoir  un  conimencement,  niiis  qu'ils  n'au- 
ront pas  de  fin.  5°  Que  l'origine  du  monde  est  incer- 
taine; que  le  ciel,  les  corps  célestes,  l'Océan  et  l'ile 
de  Bolutou,  existaient  avant  la  terre,  et  que  les  iles 
de  Tonga  ont  été  lirées  du  sein  des  i  ndes  par  le  dieu 
ïangaloa,  landis  qu'il  pêcliaii  à  la  ligne.  6°  Que  les 
hommes  sont  venus  originairement  de  Gololnu,  île 
située  au  nord-ouest  ,  et  la  principale  résidence 
des  d  eux.  7°  Que  tout  le  mal  qui  arrive  aux  »liom- 
ines  leur  est  envoyé  par  les  dieux  ,  parte  qu'ils  ont 
négligé  quelque  devoir  de  religion.  8°  Que  les  éguis 
ou  nobles  ont  une  âme  qui  leur  survit  ei  qui  habile 
Bololou  ;  que  celles  des  malaboulès  vont  aussi  à  Bo- 
lotou,  pour  y  servir  de  ministres  aux  dieux  ,  mais 
qu'elles  n'ont  pas  le  pouvoir  d'inspirer  les  prêtres. 
Les  opinions  sont  très-partagées  au   sujet   de  celles 


692 

des  mouas  ;  quant  aux  louas,  il  est  reconnu  qu'ils 
n'ont  pas  d'âme,  ou  que  s'ils  eu  ont  une,  elle  périt 
avec  leur  corps.  9°  Que  l'àme  humaine  ,  pendant  la 
vie,  n'est  pas  une  essence  distincte,  mais  seulement 
la  partie  la  plus  éihérée  du  corps.  lO'  Que  les  dieux 
primitifs  et  les  nobles  qui  sont  mort-  apparaissent 
quelquefois  aux  hommes,  pour  les  ailler  de  leurs 
avis  ou  leur  faire  du  bien,  et  ([ue  les  dieux  se  méta- 
morphosent souvent  en  lézards ,  en  marsouins 
ou  en  une  espèce  de  serpent  d'eau.  1 1"  Que  Toui- 
Tonga  et  Veachi  descendent  en  ligue  directe  de  deux 
des  principaux  dieux.  li°  Que  les  prêtres  inspirés 
sont  pleins  de  la  personne  du  dieu  pendant  le  temps 
que  dure  leur  inspir.nion,  et  qu'alors  lis  penvent 
prophétiser  l'avenir.  15°  Que  le  niérite  et  la  vertu 
consistent  à  respeeter  les  dieux,  les  nobles  et  les 
•vieillards,  à  défendre  les  droits  qu'on  tient  de  ses 
ancêtres,  à  pratiquer  ce  qui  cousiitue  l'honneur,  la 
justice,  le  patriotisme,  l'amitié,  la  douceur,  la  mo- 
destie, la  fidélité  conjugale,  la  piété  filiale,  à  ne  man- 
quer à  aucune  cérémonie  r-eligiense ,  à  souffrir  avec 
paiience,  etc.  Il"  Que  les  dieuv  récompensent  ou 
punissent  les  hommes  dans  cette  vie  seulement.  Les 
habitants  de  Tonga  comptent  ep^irun  trois  ceiiisdieux 
primitifs,  dont  les  noms  sont^a  plupart  inconnus. 
Les  principaux,  an  nombre  de  vingt ,  ont  des  mai- 
sons et  des  prêtres  dans  les  dilTéreiites  îles.  Ju-U-m- 
Toubo  est  le  patron  du  h:iu  et  de  sa  famille;  il  est 
aussi  le  dieu  de  l;i  guerre.  Il  a  qnilre  maisons  ou 
temples  dans  l'ile  de  Vavaou,  deux  dans  celle  di  La- 
foiiga,  une  à  ilaano,  une  autre  à  Wina,  et  deux  ou 
trois  aut;es  ailleurs.  Il  n'a  de  prêtre  que  le  hou,  qu'il 
inspire  irès-raremeni.  Toit'i  feiia  bololou,  ou  chef 
de  tout  Bololou,  n'et  pas,  (Omme  son  nom  pourrait 
le  faire  croire,  le  plus  grand  des  dieux.  Il  le  cède 
en  puissance  au  précédent,  i  qui  des  cieux  touche 
la  terre.  »  Il  est  le  dieu  des  préséances  dans  la  so- 
ciété, cl,  comme  tel,  invojué  par  les  chels  de  grandes 
laniilles  dans  tous  les  cas  de  maladies  ou  de  chagrins 
l'ouiestiques.  lia  irois  ou  quatre  maisons  à  Vavaou, 
uwh  Lafoug.T,  idusieur.^  dans  les  autres  iles, et  trois 
ou  quatre  prêtres  qu'il  inspire  quelquefois.  Uigoii- 
teo  est  aussi  un  dieu  puis-ant,  vénéré  surtnui  par  la 
fimille  du  Touï-Tonga.  Il  n'a  ni  prêtres  ni  maisons, 
et  ne  visite  jamais  les  îles  'îonga.  A'io  A'io  csi 
le  dieu  du  vent,  de  la  pluie,  des  moissons  ei  de  la 
végétaiinn  en  général.  On  l'invoque  pendant  le  beau 
temps,  au  moins  une  fuis  par  mois,  pour  lui  en  de- 
n^ander  la  continuaiiou,  et  on  l'impluic  journelle- 
intnl  si  la  saison  est  mauvaise,  ou  si  le  vent  occa- 
fi  iiine  quelques  dégât-.  Vers  la  fin  de  décembre 
lorsque  les  ignames  sont  mûrs,  on  lui  en  fait  huit 
olfMndes  consécutives,  de  dix  jours  en  dix  jours. 
Ce  dieu  n'a  que  deux  maisons,  l'une  à  Vavaou  et  l'au- 
tre à  Lafouga,  desservies  par  aulaiii  de  prêtres. 
Ha  la  A'pi  A'pi,  T'oijiii  Oiikoii  il'ea  et  Toubo  Bougon, 
autres  dieux  de  1 1  nier  et  des  voyages,  protégèrent 
la  fimille  de  Finaii.  Le  premier  a  deux  temples,  l'un 
à  Vavaou  et  l'autre  à  Laluug-i,  et  deuit  ou  trois  pré- 


603 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  Me\EN  A(iE. 


69i 


très.  Tangaloa  est  le  dieu  des  artisans  et  des  ans, 
et  a  plusieurs  prêtres,  tous  charpentiers.  C'est  lui 
qui  tira  les  iles  Tonga  du  fond  de  la  mer. 

Les  hotouM  hous,  uu  dieux  malfaisants,  sont  aussi 
Irès-nonibreux;  mais  ou  n'eu  connaît  que  cinq  ou  six 
qui  résident  à  Tonga  pour  tourmenter  les  iionimes 
plus  à  leur  aise.  Un  leur  attribue  toutes  les  petites 
contrariétés  de  cette  vie.  Ils  égarent  les  voyageurs, 
les  font  tomber,  les  pincent,  leur  sautent  sur  le  dos 
dans  l'obseuriié  ;  c<:;  sont  eux  qui  donnent  le  cauche- 
mar, qui  envoient  les  songes  alTreux,  etc.  Ils  n'ont 
ni  temples,  ni  prêtres,  et  on  ne  les  injplore  jamais. 

L'univers  repose  sur  le  dieu  iU«iii,  qui  est  toujours 
couché.  C'est  lu  plus  gigantesque  des  dieux;  mais  il 
uinspire  jamais  personne;  il  n'a  ni  prêtres  ni  mai- 
sons, et  reste  sans  cesse  dans  la  même  position.  S'il 
arrive  un  treniblementde  terre,  on  suppose  que  Moui, 
trouvant  sa  posture  trop  fatigante,  cherche  à  se  met- 
Ire  à  sou  aise  ;  alors  le  peuple  pousse  de  grands  cris, 
et  frappe  la  terre  ii  coups  redoublés  pour  l'oliliger  à 
se  tenir  tranquille.  Oh  ignore  sur  quoi  il  est  couché, 
et  on  ne  hasarde  même  aucune  supposition  à  ce  su- 
jet; t  car,  disent  les  indigènes,  qui  pourrait  y  aller 
voir?  » 

Voici  comment  ils  expliquent  l'origine  du  monde. 
Un  jour  que  Tangaloa,  dieu  des  inventions  et  des 
ans,  péchait  du  haut  du  ciel  dans  le  Grand  Océan, 
il  sentit  un  poids  extraordinaire  au  bout  de  sa  ligne. 
Croyant  avoir  pris  un  immense  poisson,  il  se  mil  à 
lirerde  toutes  ses  forces.  Bientôt  parurent  au-de<sus 
de  l'eau  plusieurs  rochers ,  qui  augmentaient  en 
nombre  et  en  étendue,  en  proportion  des  efforts  que 
faisait  le  dieu.  Le  fond  rocheux  de  l'Océan  s'élevait 
rapidement,  et  eût  fini  par  former  un  vaste  continent, 
quand  par  malheur  la  ligne  de  Tangaloa  se  rompit; 
ce  qui  fil  que  les  îles  Tonga  reslèrenl  seules  à  la 
surface  de  la  mer.  On  montre  encore  à  Hounga  le 
rocher  auquel  l'hameçon  de  Tangaloa  s'accrocha. 
Cet  hameçon  fut  remis  à  la  famille  de  Touï-Tonga, 
qui  le  perdit,  il  y  a  environ  trente  ans,  lors  de  l'in- 
cendie de  sa  maison. 

Tangaloa  ayant  ainsi  découvert  la  terre,  la  couvrir 
d'herbes  el  d'animaux  semblables  à  ceux  de  Bolo- 
tou,  mais  d'une  espèce  plus  petite  et  périssable.  Vou- 
lant aussi  la  peupler  d'êtres  intelligents,  il  dit  à  ses 
deuxfils:iPrenez  avec  vous  vos  deux  femmes,  et  al- 
lez vous  établir  à  Tonga.  Divisez  la  terre  en  deux  el 
habitez  séparément,  i  Ils  s'en  allèrent.  Le  nom  de 
l'aîné  était  Toubo  ,  celui  du  cadet  Vaka-.Ako-Ouli. 
Le  cadet  était  fort  Imbile.  Le  premier  il  tli  des  ha- 
ches, des  colliers  de  verre,  des  étoffes  de  papalairgui 
et  des  miroirs.  Toubo  était  bien  différent  :  c'ëiaii 
un  fainéant.  Il  ne  faisait  que  se  promener,  dormir  et 
convoiter  les  ouvmges  de  son  frère.  Ennuyé  de  les 
demander,  il  pensa  à  le  tuer,  el  se  cacha  pour  cette 
mauvaise  action.  Il  rencontra  un  jour  son  frère  qui 
se  promenait,  et  l'assomma.  Alors  leur  père  arriva 
du  liolotou,  enllanimé  de  colère.  Puis  il  lui  demanda  : 
«Pourquoi  as-tu  tué  ton  frère ?ne  pouvais-tu  pas  tra- 


vailler comme  lui? fuis, malheureux,  luis!  Dis  à  la  fa- 
mille  de  Vaka-Ako-Ouli,  dis-lui  deveuir  ici.  >  Ceux-ci 
vinrent,  el  Tangaloa  leur  adressa  ces  ordres  :  lÂlIez 
el  lancez  ces  pirogues  à  la  mer;  faites  route  à  l'est, 
vejs  la  grande  terre,  et  restez  là.Voire  peau  sera  blan- 
che comme  votre  àme,  car  votre  âme  esi  belle.  Vous 
serez  habiles  ;  vous  ferez  des  haches,  toutes  sortes 
de  bonnes  choses,  et  des  grandes  pirogues,  t'^n  mémo 
temps,  je  dirai  au  vent  de  toujours  souffler  de  votre 
terre  vers  Tonga.  Ll  ils  ne  pourront  venir  vers  vous 
avec  leurs  nianvaises  pirogues.»  Puis  Tangaloa  parla 
ainsi  au  frère  aîné  :  i  Vous  serez  noir,  car  votre  àme 
csl  mauvaise,  et  vous  serez  dépourvu  de  tout.  Vous 
n'aurez  point  de  bonnes  choses  ;  vous  n'irez  point  à 
la  terre  de  votre  frère.  Comment  ponrriez-vous  y  al- 
ler avec  vos  mauvaises  pirngues?  Miis  votre  Irère 
viendra  quelijuefois  à  Tonga  pour  commercer  avec 
vous.  I 

Cette  légende  singulière ,  répandue  dans  quelques 
îles  de  l'archipel  do  Tonga,  a  un  grand  rapport  avec 
riiisloire  de  Cain  el  d'Abel.  Des  vieillards  ont  assuré 
à  Mariner,  qui  a  l'ail  uit  loog  séjour  dans  ces  iles, 
que  celle  légende  était  fondée  parmi  eux  sur  une 
tradition  très-ancienne. 

Salacui,  SouUic,  village  du  département  de  la  Gi- 
ronde, diocèse  de  Bordeaux,  où  se  irouv^dl  le  prin- 
cipal banc  d'iiuiires,  dites  huîtres  de  Bordeaux,  qui 
servaient  à  l'apvrov  sionnement  de  Rome,  au  temps 
de  Pline  el  d'Auson"».  On  a  faii  à  Soubc  une  pécha 
considérable  de  ces  mnllnsqnes  jusqu'au  xiv«  siècle. 
Aujourd'hui  celle  pêclie  esi  presque  nulle.  —  La  lé- 
gende raconte  à  ce  sujet  une  histoire  qui  est  irop 
longue  pour  que  nous  la  rapportions  ici. 

Salamis  vet  Constantia,  Salamin»,  métropole  de 
l'ile  de  Cliy|ire  dans  le  patriarcal  d'Antioche,  dont 
on  voit  les  ruines  à  l'endroit  iionimi5  Porlo-Consian- 
zo  à  (j  milles  de  Famagouste.  Il  y  eut  un  évèque 
dès  les  premiers  siècles,  qui,  outre  la  qualité  de 
métropolitain,  v.):ilui  avoir  celle  d'autocépliale  ;  ce 
qui  lui  fut  accordé  par  le  concile  d'Ephèse  et  confir- 
mé par  I  empereur  Zenon.  Après  la  ruine  de  cette 
ville  par  les  Sarrasins  vers  le  ix«  siècle,  la  d  guité 
de  inéiropde  fut  transférée  à  Famagouste. 

Sous  le  gouvernement  des  monarques  persans,  Sa- 
laniine  participa  à  toutes  les  révolutions  de  l'île.  Le 
roi  Costa,  père  de  sainte  Catherine,  lut  un  de  ses  sou- 
verains; elle  en  a  même  pris  le  nom  de  Constance, 
sous  le(|uel  elle  est  également  connue.  Les  Sarrasins 
la  détruisirent  sous  l'empire  d'Iléraclius-  elle  fui  dès 
lors  abandonnée,  et  n'a  jamais  été  rebâtie  depuis.  — 
Jl  n'est  demeuré  de  nos  juurs  aucuite  construction  qui 
puisse  nous  donner  une  idée  de  celte  lille;  ou  n'y 
voit  guère  que  des  colonnes  éparses  çà  et  lit,  des 
monceaux  de  pierres  noircies  par  le  teuips,  et  un 
reste  d'édifice  présumé  èire  le  débris  de  quelque 
temple.  Celte  longue  suite  de  siècles  a  tependani 
respecté  les  fontaines  ou  réservoirs  qui  distribuaieiK 
dans  Salamine  les  eaux  de  Cyllière,  celle  ville  n'en 
r.yant  jamais  eu  par  elle-même  que  de  lrès-mauvais«s. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


69S 

Elle  avait  un  port  que  l'on  nommait  Porl-Salnmine, 
et  dans  la  suite  Port-Constance.  On  en  voit  encore 
les  traces,  mais  il  est  dégradé  et  presque  entièrement 
comblé. 

Salamine  compte  une  fuule  d'hommes  illustres  nés 
dan-  son  sein  ;  elle  est,  enire  antres,  la  pairie  de  l'his- 
lorien  Ariston,  dont  parle  Strabnn  dans  son  livre  xiv. 
Le  pliilnsophc  Cléobule,  fils  d'Evagoras  11,  éiait  de 
Salamine,  ainsi   que   Néocrion,   général  de  Tarniée 


«96 

Grand-Sainte-Foy.  En  partant  de  Lyon,  on  y  arrive 
par  un  chemin  a  mi-côle,  qui  sépare  la  colline  en 
deux  parties  dans  toute  sa  longueur  ;  celle  dont  la 
Saône  baigne  le  pied,  s'appelle  Fontanière,  de  l'abon- 
dance de  ses  sources.  Le  coteau  de  Sainte-Foy  est 
remarquable  par  la  salubrité  de  l'air;  les  brouillards, 
qui  couvrent  quelquefois  la  rivière  et  la  ville  de 
Lyon,  ne  s'élèvent  pas  jusqu'au  sommet  île  la  colline. 
Les  eaux  y  sont  excellentes  ;  les  légumes  et  les  fruits 


navale  d'Alexandre  le  Grand.  —  Cette  ville  a  donné      abondanis,  savoureux  et  d'une  maturité  précoce  .Ce 


le  jour  à  nombre  de  saints  personnages.  Saint  E|ii- 
phane,  aussi  distingué  par  la  sainteté  de  sa  vie  que 
par  ses  écrits,  fut  archevêque  de  Salamine. 

Quelques  historiens  prélendeiit  que  sainte  Ciihe- 
rine,  (ille  du  roi  Costa,  était  de  Salamine,  quoique 
tous  les  léi,endaiies  1.1  fassent  naître  à  Alexandrie. 
H  y  avait  au  nord  de  Salamine  une  espèce  de  tour, 
où  on  la  renferma  d'abord,  dit-on,  puis  on  l.i  iraus- 
féra  dans  les  prisons  de  Paplios.  L'empereur,  ayant 
l'ail  I entrer  dans  îe  devoir  l'Egypte  révoltée,  appela 
à  Rome  le  roi  Costa;  sa  fille  sortit  alois  des  prisons 
de  Paplios,  et  fut  conduite  à  Alexandrie  où  elle  reçut 
le  martyre. 

Entre  Famagoiisle  et  les  ruines  de  Salamine,  sur 
le  rivage  de  la  mer,  sont  plusieurs  cli  inps  qui  pro- 
duisent le  boia  ou  la  gai  ance.  Cette  racine  donne  une 
très-belle  couh  ur  écarlale  :  c'est  la  meilleure  pro- 
duct'on  de  l'ile.  —  En  suivant  la  côte  de  Salamine, 
toujours  au  levant,  on  entre  dans  <elte  p;irtie  de  l'ile 
appelée  le  C.irpnsse,  qui  s'étend  jusiiu  ;  «  cap  Saint- 
André.  Le  Carpasse  est  abondant  en  sox  et  en  colon. 
Sur  les  bords  de  la  mer  sont  des  bosquets  d'oliviers 
qui  sont  aujourd'hui  stériles  :  les  h^ibilanls  de  l'ile, 
ceux  mêmes  des  villes  maritimes  de  la  Syrie,  y  vien- 
nent faire  leur  provision  de  bois  ;  ils  ont  à  cet  égard 
la  plus  grande  lilierié. 

11  y  avait  autrefois  une  ville  appelée  Carpassie, 
qui  est  aujourd'hui  le  village  de  Saint-Jean. 

A  4  milles  de  Salamine,  dans  la  plaine  de  Mes- 
sarée,  se  trouve  la  belle  église  de  Saini-Barnaha,  . 
avec  un  vaste  nionasière  qui  ne  renferme  cependant 
que  très-peu  de  religieux.  Non  loin  de  là  est  une 
église  plus  ancienne  dédiée  au  même  saint;  elle 
tombe  en  ruines.  On  montre  dans  la  partie  souter- 
raine, le  tombeau  du  patron,  dont  le  corps  fut  re- 
trouvé, selon  le  cardinal  Baronius,  au  temps  de  l'em- 
pereur Zéion.  Il  avait  sur  sa  poitrine  l'Evangile  de 
saint  Matthieu,  écrit  de  la  main  même  de  cet  évan- 
géliste. 

Sanciu  Fidiaca  Lugdunensis,  Sainte-Foy-lez-Lyon, 
paroisse  du  diocèse  de  Lyon,  arrond.  et  à  6  kil.  de 
celte  ville,  dépt.  du  Rhône.  Ce  bourg,  situé  sur  un 
coteau  élevé  près  de  la  rive  gauche  de  la  S.tône,  est 
riche  de  2560  habitants.  Les  premiers  chrétiens  de 
Lyon  se  réunissaient  en  secret  pour  prier  sur  son 
coteau;  et  c'est  delà,  dit-on,  qu'on  hii  a  donné  le 
nom  de  Sainte-Foy. 

La  commune  de  Sainte-Foy  est  composée  de  plu- 
sieurs hameaux,  dont  le  plus  considérable  se  nomme 


coteau  est  un  des  plus  beaux  et  des  plus  riches  vi- 
gnobles de  France  :  l'été  et  l'automne,  les  jardms  et 
les  vergers  y  sont  chargés  de  fruits  succulents.  Tons 
les  genres  d'arbres  des  contrées  du  nord  et  du  midi 
s'y  trouvent  réunis  ;  le  laurier-rose,  le  citronnier  et 
l'oranger,  simplement  abrités  en  hiver,  ornent  au 
printemps  les  terrasses,  les  avenues  et  les  jaidins. 
La  beauté  de  ces  arbres  annoncentqu'ils  sont  prèsde 
leur  climat  natal,  et  les  fleurs  qui  abondent  en  ces 
lieux  ont  le  même  parfum  qu'en  Provence  ;  des  sour- 
ces abondantes  jaillissent  de  toutes  parts,  coulenten 
petits  ruis3e.iux,  ou  sont  retenues  dans  de  grands, 
bassins  bordés  de  saules  pleureurs,  de  peupliers  et 
de  trembles.  Sur  cette  colline,  la  dernière  dont  la 
Saône  baigne  le  pied,  le  paysage  réunit  aux  beautés 
de  détail  l'aspect  de  la  seconde  cité  de  France,  ce- 
lui du  confluent  de  deux  rivières,  le  grandiose  d'un 
immense  lointain  et  la  vue  des  Alpes. 

Le  spectateur  placé  sur  le  coteau  de  Sainte-Foy 
domine  de  inules  parts  les  contrées  environnantes 
où  sa  vue  s'étend  au  loin.  Les  diverses  chaînes  dei 
Alpes  ne  paraissent  dans  cet  immense  espace  que 
comme  des  collines  ou  des  aiguilles  placées  à  différen- 
tes distances,  qui  se  confondent  souvent  avec  les 
nuages. 

Sancia  Opporiuna,  Sainte-Opportune,  ou  Moussy- 
le-Neuf,  paroisse  du  diocèse  île  Meaux  ,  canton  de 
Dammariin.  C'est  la  dernière  commune  du  départ, 
de  Seine-et-Marne  dans  sa  partie  septentrionale  , 
son  lerriloiie  est  limitrophe  ,  au  nord  ,  avec  le  dé- 
paiieinent  de  l'Ois-e,  et  à  l'ouest  avec  celui  de  Seine- 
et-Oise.  Moussy  est  dans  un  vallon  sur  la  Beu- 
vronne,  à  2  kil.  au  nord  au-desSus  de  Moussy-le- 
■yieux.  —  On  raconte  que,  dans  la  seconde  moitié 
du  ix«  siècle,  les  chanoines  de  Séez  dont  la  ville  était 
aifligèe  par  les  excursions  des  Normands,  obtinrent 
de  Louis  le  Germanique  la  terre  de  Moussy,  pour  y 
déposer  le  corps  de  sainte  Opportune  et  le  préserver 
ainsi  des  profmalions  de  ces  peuples  barbares. 
L'abbé  Lebeuf  ajoute  qu'il  n'y  avait  pas  encore  d'é- 
glise à  Moussy,  et  que  le  corps  de  la  sainte  fut  déposé 
dans  la  maison  d'un  nommé  Gonielin  ;  mais  que  les 
nombreux  miracles  que  ces  reliques  opérèrent  dans 
ce  lieu  ayant  attiré  un  grand  concours  de  peuple  , 
les  aumônes  sulfirent  pour  élever  un  petit  temple 
sous  l'invocation  de  la  sainte.  —  En  1090,  un  nommé 
Albert,  chevalier  et  sans  douie  seigne'jr  de  Moussy, 
lit  don  de  Vaimm  el  de  ses  dépendances  au  cha- 
pitre du  prieuié  de   Saiiii-Martin-dts-Champs.  — 


6f)7  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  .MOYEN  AGE. 


En  1220,  l'église  de  ce  prieuré  fui  rebâtie  par  les 
soins  des  religieux  :  c'est  celle  qui  existe  aujour- 
d'hui. Cet  éililice,  qui  est  trés-élevé  ,  a  deux  ailes 
voûtées;  le  portail  offre  trois  espèces  de  guérites 
termiuées  en  cul-de-himpe  par  le  bas  :  celle  lîu 
milieu,  plus  élevée,  liuii  eu  flèche  et  sert  de  clo- 
cher. —  L'église  paroissiale  est  située  à  quelque  dis- 
tance du  prieuré  ,  à  l'e^l,  et  plus  au  centre  du  vil- 
lage; c'est  un  éililice  du  xvi"  siècle  ,  bas  ,  entière- 
ment voùlé,  avec  une  aile  de  chaque  côté,  mais  sans 
galerie  ;  il  renferme  plusieurs  pierres  tnmulaires  de 
celte  époque  et  d'un  temps  posiérieur.  —  En  1351, 
il  existait  a  M'  ussy  deux  hospices  :  la  Maison-Dieu 
et  la  léproserie.^  En  1220,  Gaucher  d'Annoi,  séné- 
chal de  Dainmarlin,  était  se  gueuren  parliede  .Moiissy. 
En  1271  ,  d;ins  le  dénombrement  des  chevaliers 
du  haillage  de  Paris  qui  devaient  aller  à  la  guerre 
couire  le  couiie  de  Foix  ,  le  cnmie  de  Dmmariin 
fut  imposé  à  deux  hommes  pour  sa  terre  de  Moussy. 
Dans  le  xiv*  siècle,  la  seigneurie  de  Moussy  était 
partagée  par  la  fami  le  de  Laval  et  par  celle  des 
Bouteillier. —  En  1740,  cette  seigneurie  appartenait 
au  marquis  de  Roihe  in. 

Le  territoire  étendu  de  celte  commune  est  princi- 
p:ilemeni  en  terres  de  labour,  qu'exploitent  qualcze 
fermes.  On  y  remarque  aussi  des  bois  ;  ce  sont ,  à 
l'extrémité  la  plus  septentrionale  du  canton,  ceux  de 
Monimel.an,  situés  sur  la  montagne  de  ce  nom  , 
dont  une  partie  s'étend  dans  le  dépnrtenient  de 
Seine-el-Oise,  et  l'autre  dans  le  département  de 
l'Oise.  Au  pied  de  celte  morptagne  s.;  trouve  la 
source  de  la  Beuvroime,  les  buis  de  Saint-I.,aurent 
et  de  Beaum:irchais,  qui  fout  partie  de  la  forêt  de 
Darumariiii  ,  le  bois  de  la  Garenne. 

Ce  village  prèsenie  plusieurs  écarts  :  1"  la  Folie  , 
au  nord-esi  de  Moussy  ,  au  sud  et  au-dessous  de  la 
forêt  de  Danimartin  ;  ancien  fief  dont  il  reste  encore 
quelques  ruims  ;  2°  l'Erable,  tuilerie;  ô°  la  Grande- 
Tuilerie,  an  nord,  entre  Moussy  et  la  lorét  de  Dam- 
niartiii  ;  V  la  Garenne,  maison  de  garde  au  sud  de 
la  peiite  Tuilerie  ;  5°  ie  Clos,  ancien  fief  qui  n'est 
plus  aujourd'hui  qu'une  ferme  ;  0°  les  restes  du  châ- 
teau qui  depuii  longtemps  n'était  plus  qu'une  ferme 
dont  un  voit  encore  quelques  ruines  :  on  remarque 
encore  les  anciens  lossés  d'un  château  dit  le  ISiset  ; 
7°  à  l'ouest,  la  leinie  des  Moines,  a"i  était  attenante 
i  l'ancien  piieuré  dont  elle  dépendait.  — On  trouve 
aussi  sur  le  territoire  de  celte  commune  trois  h  Iles 
fontaines  qiji  ont  reçu  les  noms  de  Pierre- Visier  , 
la  Pisotle  et  les  Deux-Ermites,  et  des  carrières  à 
plâtre. 

Monssy-le-Neuf  est  à  5  kil.  ouest  de  Dammartin  , 
24  kil.  ouest  de  Meaux,  et  62  ktl.  nord  de  Melun.  Sa 
popidation  est  de  860  iimes. 

Sanciœ  Magdalenœ  Fons,  Flouren»,  'paroisse  du 
dioce.-ede  Toulouse,  dépi.  de  la  Haute-Garonne. 

La  commune  de  Flomens,  une  des  plus  riches  du 
dép  irtemeut  de  la  Haute-Garonne,  possède  une  fon- 
taine d'eau  minérale,  connue  sous  le  nom  de  Sainte- 


Madeleine,  dont  les  eaux  sourdent  près  de  la  grande 
route  de  Toulouse  à  (Castres,  dans  un  petit  vallon  al- 
longé, d'un  aspect  agréable.  Ce  vallon  est  formé  par 
deux  coteaux  couverts  de  chênes,  séparés  au  nord-est 
dans  ime  étendue  de  500  mènes,  par  une  double  al- 
lée d' peu|.liers,  se  rapprochant  ensuite  au  suil-est 
pour  former  une  gorge  dont  les  côtés,  doucement 
inclinés,  sont  sillonnés  de  petits  sentiers  sinueux  qui 
offrent  un  bois  toun"u  d'un  aspect  très-pittoresque. 
C'est  vers  le  milieu  de  ce  joli  vallon  que  s'élève  la 
belle  fontaine  de  Sainte-Mideleine,  à  l.\qu(lle  on 
arrive  par  plusieurs  aveinies  garnies  de  deux  rangées 
d'arbres.  —  La  source  de  la  Madeleine  a  été  signalée 
en  1821  par  M.  Cany,  docteur  médecin  à  Toulouse, 
qui  en  a  été  nommé  médecin-inspecteur  par  le  mi- 
nistre de  l'intérieur,  le  51  mai  1823.  L'étahlissemenl 
des  eaux  de  Flourens  est  très-agiéablement  situé  ; 
les  malades  y  respirent  un  air  vif  et  pur,  et  trouvent 
autour  de  la  source  des  promenades  très-jolies  et 
très- variées. 

Cette  fontaine  avait  été  connue  au  moyen  âge.  Du 
moins  il  en  est  question  chez  desclnoniqueurs  et  des 
trouvères  du  temps  ;  on  y  venait  en  pèlerinage  de 
diverses  parties  du  Languedoc.  Mais,  à  partir  du  xvi» 
siècle,  il  n'en  fut  plus  question,  on  ne  sait  pourquoi  ; 
et  pendant  trois  siècles  les  habitants  de  Flourens 
ignorèrent  l'existence  de  ces  eaux  minérales  dans 
leur  paroisse.  — Les  propriétés  médicinales  des  eaux 
de  Sainte-Madeleine  sont  les  mêmes  que  celles  des 
autres  sources  acidulés  ferrugineuses  froides  de 
France,  telles  que  celles  de  Cransac,  Forges,  Passy, 
Vais,  etc.,  qui  jouissent  d'une   réputation   méritée. 

Flourens  est  situé  à  9  kil.  de  Toulouse;  il  compte 
environ  375  hahitatils. 

Sancii  Martini  Dominicum  ,  Dammartin  ,  petite 
ville  du  diocèse  et  (bel-lien  de  canton  de  l'arrond.  de 
Meaux,  départ,  de  Seine-et-Marne.  —  La  ville  de 
Dammartin  est  bàlie  en  amphithéâtre  sur  une  mon- 
tagne (J'où  l'on  jouit  d'une  vue  magnifiiiue  qui  s'étend 
à  plus  de  72  kil.  Il  ne  peut  pas  y  avoir  d'équivoque 
sur  l'étymologie  de  sou  nom  :  il  vient  incontestable- 
ment d'une  chapelle  nu  d'un  oratoire  dédiés  à  saint 
Martin,  Dominicum  Mnrtini. 

Cette  ville  était  le  chef-lieu  d'un  comté  dont  Hu- 
gues l*''',  avoué  de  Ponthien,  s'empara  dès  le  x'  siè- 
cle. Un  ignore  comment  il  surtil  des  mains  des  des- 
cendants de  ce  seigneur  ;  on  ignoie  même  si  celui- 
ci  portait  le  titre  de  comte.  Le  premier  comte  de 
Dammartin  dont  il  soit  question  dans  l'histoire  est 
Manassès  ,  que  qnel'iues  auteurs  ont  fait ,  sans  en 
donner  la  preuve,  fils  puiiié  d'ililduin  II,  eomte  du 
Monididier,  lequel  aurait  eu  pour  épouse  uneA^léla 
ou  une  Constance.héritière  du  comté  de  Dammartin.  Il 
est,  comme  grand  vassal  de  la  couronne,  nommé  lé- 
moin  dans  une  chartre  que  RoDei  t,  roi  de  France  , 
accorda  en  1028  à  l'abbaye  de  Coulombs.— En  1077, 
Hugues  1«S  (ils  de  Manassès,  fit  la  guerre  au  roi 
Philippe  !'■',  et  eut  plusieurs  contestations,  soitave» 
les  moinc"  de  l'idiliaye  de  Saint-Lucien  de  Beauvais. 


999 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESiASTlQUE. 


dont  il  avait  enlevé  par  violence  ceriaines  églises  , 
soit  avec  les  cliaiioi.ies  de  Paris  ,  pour  les  exactions 
qu'il  comnietiait  en  leurs  lerres.  Frappé  pour  ce  fait 
d'exciiniiiiuniculioii  par  Ih  pape  Urbain  H  ,  il  renira 
en  lui-Miêine  et  fit  saiisfaciion  au  chapilrc.  Il  eut  de 
Roarde  Pierre  et  Hugues,  el  trois  filk'S  ,  Basilie  , 
Adèle  el  Eustacliie.  Il  lui  enferré  dans  l'église  d'Es- 
cerent.  —  Vers'  l'an  1107,  Hugue-;  H  recommença 
le*  vexations  de  son  pêne  contre  résîllse  de  Paris  ; 
il  se  ligna  au  cornmencemenl  du  régne  de  l.uuis  le 
Gros  avec  le  comte  de  Champagne  contre  ce  mo- 
narque. Il  avait  épousé  Rolvilde;  mais  on  ignore 
l'époiiue  de  sa  mort  el  s'il  laissa  de  la  posiériié.  — 
François  de  Montmorency  fut  pourvu  du  coinlé  de 
Damniarlin  dans  lo  xvi°  siècle;  il  mourut  sans  posté- 
rité en  1S7!1.  —  Le  comié  de  Dainniartin  resta  dans 
la  maisoif  de  Monimoreitcy  jusqu'à  la  mon  de  Henri, 
duc  de  Montmorency ,  qui  fut  décapilé  l'an  1002, 
d;»ns  l'iiôtcl  de  ville  de  Toulouse.  Ses  biens  ayant 
été  conlisqués,  Louis  Xlll  fil  don  au  prince  de  Coudé 
du  eofitté  de  Danimailin  ,  qui  depuis  a  toujours  été 
possédé  p»r  celle  maison.  —  Les  restes  du  manoir 
féodal  sont  sllitès  an  fiord-esl  de  la  ville,  el  sur  le 
bord  do  chemin' de  Nanleinl-le-llardouin  ou  le  Hau- 
dolr».  L'ortgine  de  ce  château  remonte  à  une  liante 
antiqnité;  il  ét.iit  sarfs  doute  des  premiers  siècles  de 
la  mon;irelife  :  mais  faire  honnettr  de  sa  fondation 
ai>x  Romains,  c'est  annoncer  peu  de  connaissance 
dans  riiistoire  de  J'archikciure.  Il  était  construit  en 
briques,  flani|ué  de  Imii  tours  oclogones  ,  et  envi- 
ronné de  tossés  larges  el  profojids.  On  le  dé- 
mantela lorsque  les  liiensde  Henri  de  Montmorency 
furent  confisqués.  Depuis,  les  matériaux  de  cet  an- 
cien château  oui  contiibué  h  l'élévation  d'une  partie 
des  bâtiments  de  la  ville;  ses  restes  ont  élé aplanis, 
et  la  place  qu'ils  occupaient  forme  une  agiéable 
promenade.  —  Ln  1^30,  la  vi<lle  de  Dammarlin  fui 
dévorée  par  les  flammes,  —  On  ignore  l'époque 
précise  de  la  foiidaiion  de  l'église  paroissiale  de 
Danimartin  :  on  sait  seulemeiit  que,  dés  l'an  1115, 
il  y  existait  déjà  un  prieur-curé  et  six  cliaiioines 
qui  lui  servaieni  de  vicaires.  Les  comies  de  Dam- 
marlin ,  qui  avaient  relevé  cette  église,  avaient  doio 
k  prieur  de  privilèges  considérables  cl  l'avaient  rendu 
aussi  puissant  dans  la  partie  de  la  ville  qui  lui  était 
dévolue  que  les  comies  dans  celle  qu'ils  s'étaient 
réservée.  —  En  1183,  Alberic  11 ,  comte  de  Dam- 
inartin  ,  Matliilde,  son  épouse,  et  Renaud,  comte  de 
Boulogne,  leurs  fils,  conlirmèrent  la  donatiunde  l'é- 
glise on  du  prieuré  de  Dammarlin,  que  ses  prédé- 
cesseurs avaient  faite  aux  chanoines  de  S.iinl-Mar- 
lin-aux-Bois,  diocèse  de  lieauvais.—  L'église  parois- 
siale, qui  était  placée  près  du  cliàteau,  ayant  élé  dé  ■ 
truite  ou  étant  tombée  en  ruine  ,  car  on  est  dans  le 
doute  à  cet  égard  ,  lo  priein  -cnré  transféra  dans  lo 
coinmencemenl  du  xviii'  siècle  le  service  divin  dans 
la  chapelle  de  Saini-Jean-Uaplisie  qui,  dès  lors  , 
était  une  des  dépendances  de  la  cure.  —  11  est  déjà 
fait.meiitioH  de  celle  chapelle  dès  l'an  1185,  dans  le     elles  abandonnèrent  leur  motiaôlète.  —  Eu  Wi'i 


700 

litre  ci-dessus  mentionné.  Il  y  esi  aussi  question 
d'une  église  de  la  Mjgdeleine-de-Moiencouri,  dont 
on  ne  voyait  déjà  plus  aucun  vestige,  il  y  a  renl  ans, 
et  de  l'église  de  Notre-Dame,  (jui  depuis  (ut  érigée 
en  collégiale.  —  Cotte  église  était  originairement 
une  suecuisale  du  prieuré-cure  de  Sainl-Jean-Dap- 
llste,  lorsqu'en  U80,  sous  le  pontificat  de  Louis  de 
Melun  ,  Antoine  de  Chabannes,  comte  de  Dammar- 
lin ,  qui  avait  reconstruit  l'édifice  ruiné  dans  les 
guerres  du  règne  de  Charles  Vil ,  y  fonda  un  cha- 
pitre de  cbaiioiues  séculiers,  pour  le  repos  de  l'âme 
de  ce  prince  et  pour  le  repos  de  la  sienne.  Par  une 
bulle  de  l'an  148û,  Sixle  IV  approuva  celle  fonda- 
lion,  et  Jean  de  Chabannes,  (ils  du  fundateiir,  la  ra- 
tifia en  1489.  Une  ancieime  coutume  de  cette  ville 
était,  ainsi  que  le  dit  Ihiplessis  (Histoire  de  i'étjlise 
de  Meiitix) ,  de  n'y  enterrer  persoime  ,  qu'on  n'eût 
auparavant  porté  en  céiémonie  le  corps  du  défunt 
dans  celle  collégiale  ,  où  l'on  chantait  une  antienne 
à  la  Vieigiî,  après  quoi  on  le  transportail  dans  le 
lieu  desiiné  à  la  sépulture. —  Anloine  de  Chabannes, 
mort  en  1488,  el  Jeanne  de  Sancerre,  comtesse  de 
Dammarlin,  fureiii  iidiiimés  dans  cette  église. — 
L'église  collégiale  ayant  été  vendue  à  l'époque  de  la 
révolution  ,  l'abbé  Lemire  en  fit  l'acquisiliim  ;  il  la 
rendit  au  culte  en  iSOl.  Elle  est  maintenaiil  une 
succursale  de  la  paroisse.  —  L'Ilôtcl-Dieu  de  Dam- 
marlin sulisistail  dos  le  xit'  siècle,  puisi|ue,  d'après 
un  acte  que  l'on  rapporte  à  l'an  1"20"> ,  Guillaume  de 
Alneto  donna  à  cet  hospice,  du  conseniemeiit  de  sa 
femme  et  de  ses  enfants,  en  présence  de  Ranre,  sa 
mère,  d'Anselle,  son  frère,  cl  de  Gauthier,  vicomle 
de  Dammarlin,  un  demi-niuid  de  blé  à  prendre  tous 
les  ans  dans  sa  grange  de  Moussy  (ilunciacum).  — 
On  cile  parmi  les  bienl'.iiteurs  de  celle  maison  ,  en 
1212,  MiUrn  de  Belz;  en  1238,  Gilles  de  Cuisy  , 
frère  de  Pierre  de  Cuisy  ,  évcque  de  Meaux;  en- 
suite, Guillaume  de  Compans  ;  Matliilde,  coinlesse 
de  Doulogne,  eic,  etc.  L'hospice  fut  d'abord  gou- 
verné par  un  administrateur  et  des  religieux.  Vers 
1260,  on  relira  ces  religieux,  el  l'un  donna  la  mai- 
son à  ceux  de  Clisnibre  Fontaine.  —  En  16i)5,  on 
ét:iblit  un  hôpital  à  Dammarlin;  en  169!),  les  biens 
de  cet  liô;ùlal  el  les  levenus  ont  élé  réunis  à  ceux 
de  l'ancien  llôiel-DIeu.  Cet  hospice  esi  maintenant 
desservi  par  des  sœurs  de  Sainl-Vinceiil  de  Paul.  — 
Il  existait  dans  le  commencement  du  xiii'  siède  une 
léproserie  à  Dammarlin,  sous  le  nom  de  Saint  Gui- 
nefort,  abbé  de  Sainl-Uisin  de  Bourges.  Le  comte 
de  Dammarlin  le  donna  sous  le  bon  plaisir  du  roi , 
à  un  gentilhomme,  comme  une  cominanderie.  Dans 
la  suite  on  laissa  subsister  la  chapelle;  mais  les  re- 
venus de  la  léproserie  furent  réunis  à  l'Ilôlel-DIeu 
de  Meaux  :  celte  léproserie  était  située  à  t'exlréinité 
occi'Iciitale  de  la  ville.  —  Dans  le  milieu  du  xvii' 
siècle,  des  religieuses  de  la  Visitation  vinrent  s'éta- 
blir à  D.immarlin.  Forcées  de  se  réfugier  à  Paris  da- 
ranl  les  guerres  civiles  de  la  minoriié  de  Louis  XIV, 


70 i  GEOGKAPHU;  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGEv 

une  dame  Portefin,  pour  accomplir  un  vœu  de  son 
mari,  tondii,  sous  la  proleclion  du  cardinal  de  Biisy, 
évê  |ue  de  Meaux  ,  un  collège  dans  lequel  éiaienl 
(■levés  graluiteuieiii^x  jeunes  gens  de  la  ville. — 
Avaui  la  révolution,  il  y  avail  à  Dammaiiin  un  bail- 
liage auquel  éiaient  unies  depuis  1033  lesjus'.ices  de 
Mory,  de  Saint-Mesmes  ,  de  Siinl-Souppleis  ,  dont 
les  appels  ressurlissaient  au  pailemeni  de  Paris;  et 
wie  grume ,  iribimal  insiiiué  pour  juger  des  dom- 
mages (ails  dans  les  foièls.  Aujourd'lini,  celli^  ville, 
comme  clief-lieu  de  canton,  esi  le  siège  d'une  justice 
de  paix  et  la  résidence  d'une  brigade  de  gendar- 
merie. Il  s'y  tient  tous  les  jeudis  um  niarclié  aux 
grains  considérable,  et  le  lundi  un  niarclic  de  me- 
nues denrérs.  11  y  a  aussi  quatre  foires  par  an ,  qui 
ont  lien  le  lundi  de  la  cinquième  semaine  de  carèuie, 
le  lundi  de  la  Pcolccôie  ,  le  1"  octobre  ei  le  G  dé- 
cembre. On  n  end  à  ces  loires  une  grande  quantité 
de  bestiaux  el  surtout  de  bêles  à  laine.  Le  lerj  iloire 
qui  environne  la  ville  est  en  terres  de  labour ,  en 
vignes  ei  on  bois  ;  on  y  trouve  plusieurs  carrières  à 
plùtro.  —  Sur  le  pencbani  de  la  colline  qui  legarde 
l'orient  est  le  cliàieau  de  la  Tuilerie  dont  le  parc 
borde  la  grande  roule  de  Soissons.  On  jouil  de  ce 
P'iini,  comme  de  toute  la  vilb-,  d'une  vue  tiès- 
ètendife.  —  La  situation  élevée  do  Dammariin  a 
permis  de  consli  uire  autour  de  la  ville  des  moulins 
à  vent  qui  ont  tous  reçu  des  noms  particuliers  ;  ainsi 
ce  sont  :  la  Cnrbie,  le  Jard,  la  Justice,  !e  Moulin- 
Vieux.  La  populalion  de  Daminartin  est  de  2900 
âmes  ;  il  est  à  20  kil.  nord-est  de  Meaux  et  à  60  kil. 
au  nord  de  Melun. 

Sanclui  Àndreat,  Saint-André.  11  y  a  plusieurs  vil- 
les, bourgs  et  villages  de  ce  nom  en  Europe. —  Saint- 
André,  paroisse  du  diocè-e  de  Liège  ,  Belgique.  Ce 
village,  <|ui  cumpie  500  li;ibiiants,  est  à  18  kil.  nurd- 
est  de  Liégi;  ;  il  a  pris  son  nom  d'une  |ieli(e  cbapelle 
qui  e\is'ail  sous  le  vocable  de  saint  André,  au  x« 
tiède.  Les  babilanis  font  un  commerce  de  fromages, 

appelés  fromages  de  Saint-André. 

I  Saint-André,  paroisse  du  diocèse   de   Digne, 

dépt.  des  Basses-Alpes.  C'est  un  chef-lieu  de  canton 

qui  Comprend  dix  coummnes;  il  est  de  l'arrond.  et  à 

12  kil.  de  Casttllanc,  près  de  la  rivière  du   Verdon. 

La  population  est  de  800  habit  nts. 

I  S:iini-André,  paroisse  dn  diocèse  de  Gap,  dépl. 

dos  Ihutes-Alpes.  Cette  commune  fait  partie  de  l'ar- 
rond. ei  du  canton  d'Embrun  ;  elle  a  près  de  onze 

ceiit^  liabiiaiils. 

I  Saint-André,    paroiêsè  du  didcèse  de  Rodez, 

dépt.  de  l'Avi'vron.  Elle  ost  comprise  dans  le  canton 

de  Najac,  arrond.  de  Villefranche  de    Rouergue  :  sa 

populalion  s'élève  à  "2000  âmes. 

I  Saint-André,  paroisse  du  diocèse  d'Evr'eux,  dépl. 

de  l'Eure.  Ce  bourg  forme  un  clief-lieu  de  canton  qui 

coniieni  treitleliuit  communes;  il  est  de  l'arrond.  et 

à  IG  kîl.  d'Ev^èux.   La  population,   qui  e^t   moitié 

agricole,    moitié  induètfielle,  atteint  le  chiffre   de 

ISQOlialihnls. 


•702 

I  Saint-André,  paroisse  du  diocèse  d'Orléans, 
dépl.  du  Loiret.  Elle  ne  forme  point  une  com- 
mune, mais  c'i'si  un  hameau  dépendant  de  la  petite 
ville  de  Niitre-Dame-de-Cléry,  dans  l'arrond.  d'Or- 
léans. La  populalion  est  cepeiid;int  de  840  habilanls. 
Ce  hameau  lire  son  nom  et  son  origine  d'une  chapelle 
dédiée  à  l'apolre  saint  André,  dont  on  invoquait  la 
proleclion  dans  les  malheurs  publics. 

I  Saint-André,  dans  le  diocèse  de  Never.'i,  dépl. 
de  la  [Sièvre.  C'est  un  bourg  du  canton  de  Lormes, 
dans  l'arrond.  de  Clainecy,  avec  une  population  de 
1500  lialiitanls,  i|ui  s'uccupenl  de  travaux  agricoles 
el  de  l'exploiiaiiou  des  bois  du  canlon. 

I  Sainl-Aiidrè,  paroisse  du  diocèse  de  Cambrai. 
C'e.^l  un  village  à  cinq  kil.  de  Lille,  du  caiitjn  et  de 
l'arronil.  de  celle  ville,  dépl.  du  Nord.  Il  y  a  une  fa- 
brii|ue  decéruse.  Les  habilanls,  an  nombre  de  600, 
sonl  presque  lous  lileuis  et  tisserands. 

I  Saint-André,  dans  le  diocèse  de  Clermont-Fer- 
land,  dépt.  du  Puy-de-Dôme.  Ce  bourg,  qui  ne 
compte  pas  moins  de  1100  habilanls,  fait  partie  du 
canton  de  Ptandan,  dans  l'arrond,  de  Riom. 

I  Saint-André,  dans  le  diocèse  de  Perpignan,  dépt. 
dus  Pyrénées-Orientales.  11  est  du  canton  d'Argelès, 
dans  l'arrond.  de  Céret,  avec  une  populalion  de  600 
babilanis  environ.  On  y  récolle  de  très-bons  vins 
blancs. 

I  Sainl-André-d'Apchon,  du  diocèse  de  Lyon, 
déjit.  de  la  Loire.  Ce  bourg,  compris  ilans  l'arrond. 
de  Roanne,  est  à  10  kil.  ouest  de  celle  ville.  Il  y  a 
d.s  euix  minérales,  on  yrécoltede  bons  vins  rouges. 
La  populalion  esi  de  18G0  liabiianls. 

1  S^iint-André-de-Chalançon,  dans  le  diocèse  du 
Puy,  dépl.  de  la  Haute-Loire.  C'esl  un  bourg  du 
canlon  du  Bos-en  Bosseï,  dans  l'arrond.  d'Vssen- 
geaux,  avec  une  population  de  liO  >  habilanls. 

I  Saint-Andrédis-Combes,  paroisse  du  diocèse 
d'Angoulême,  dépl.  de  la  Charente.  Ce  village, où  l'on 
fabrique  d'excellentes  eaux-de-vie,  est  à  7  kil.  ouest- 
nord-ouest  de  Cognac  et  de  son  canton.  La  popula- 
tion est  de  500 habilanls. 

I  Saint-André-dc-Cubzac,  petite  ville  du  diocèse 
de  Bordeaux,  dépt.  do  la  Gironde.  C'est  un  chef-lieu 
(le  canton  qui  renferme  onze  communes,  dans  l'ar- 
rond. et  à  18  kil.  nord-est  de  Bnrdenui;  il  est  situé 
pi  es  de  la  rive  droite  de  la  Durdogne.qui  traverse  en 
cet  endroit  la  grande  roule  de  Paris  à  Bordeaux. 
Ce  passage,  qui  se  faisait  au  moyen  d'un  bac,  était 
dangereux  ;  cl  à  l'époque  des  grandes  eaux,  les  ponls 
(pi'on  y  avait  bàiis  éi.iient  presi|ue  toujours  endom- 
magés, souvent  emporiés.  On  y  a  construit  dans  ces 
(lernieis  temps  im  pont  suspendu  qui  lui-même  n'a 
pas  été  à  l'abri  de  la  violence  des  eaux  de  la  Dordo- 
gne.  On  récolle  du  vin  dans  les  environs.  La  popula- 
lion est  de  5000  babilanis  au  moins.  Comme  le  pas- 
sage de  la  Dordogno  en  cet  endroit  était  fort  périJ- 
leu!i(  il  arrivait  souvent  des  accidents.  Au  commen- 
cement du  moyen-âge,  on  avait  planté  sur  la 
droite  une  croix  au  pied  de  laquelle  los  passiDij 


^f     ^ 


DICTIONNAIRE  DE  GEOSRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


703 

g(>nonilliiient  soit  pour  remercier  Dieu  d'avoir  tra- 
versé lieiireuseineiil  la  rivière,  soit  pour  obtenir  d'ar- 
river sain  et  sauf  sur  l';iulre  rive.  Il  s'éleva  ensuite  à 
<ô!é  de  celte  croi\  une  petite  chapelle  où  les  voya- 
geur- se  leconimaiidaient  à  saint  André.  De  là,  dit- 
on, l'oiisjine  de  la  ville  di-  Sainl-And.é-de-Cubzac. 

I  Sainl-Andic-le-Désen  ,  paroisse  du  diocèse 
d'Auiun  ,  dépl.  de  Saôni'-et-Lnire.  (^e  bourg,  du 
canton  de  Cluny,  dans  Tarroud.  de  Màcon,  lire 
son  non)  et  son  otigiue  d'un  ermiiai^e  délié  à 
saint  Andi'é,  dans  une  siditude  profonde,  au  xi«  siè- 
cle, ou  au  xii<^,  suivant  quelijues  auteurs.  Il  y  a  une 
population  deH75  liabilants. 

I  Sainl-Aiidré-les-Eaux  ,  p.iroisse  du  diocèse 
de  Nantes,  dépt.  de  la  Loire-inférieure.  Ce  bourg, 
du  canton  de  Guérande  dans  l'arrond.  de  Suvt-nay, 
coniple  une  population  de  14U0  liabilants. 

I  Saioi-André-Gonliloie,  paroisse  du  diocèse  de 
Luçon,  dépt.  de  la  Vendée.  C'est  un  bourg  du  can- 
ton de  Saint-Fulgent,  dans  l'arrond.  de  Bourbon- 
Vendée,  d'autres  disent  Napoléon-Vendée.  On  y 
compte  une  population  de  lOSO  bnliiiants. 

I  Sainl-AinIré-de-Lidon,  dans  le  dincèse  de  la  Ro- 
cliellc,dépl.  de  la  Charente-Inférieure. ("est  un  bourg 
du  canton  de  Geinozai"  dans  l'arrond.  de  Saintes, 
avec  unf  population  rie  14  0  habitai, ts. 

I  Siint-Andpé-de-Majcncoules,  dans  lediocèsede 
Nîmes,  dépt.  du  Gard.  Ce  Imurg,  qui  a  une  popula- 
tion de  1800  liabilants,  lait  p:irtie  du  lanton  de  Val- 
1ers  ugue,  dans  l'ai  rond,  du  Vigan,  dont  il  est  éloigné 
de  7  kd.  nord. 

I  Sain'-André-de-la-Marche,  paroisse  du  diocèse 
d'Angers,  dépi.  de  Maine-et-Loire;  elle  est  de  l'ar- 
rond. et  à  12  kil.  de  Beaupréau,  et  du  canton  de 
Monif.'ucon,  avec  une  population  de  1200  liabilants. 

I  Saint-Aiidré-d'Oinais.  piroisse  du  diocèse  de 
Luçon,  dépl.  de  la  Vendée.  Ce  village  est  compris 
dans  le  canton  et  l'arrond.  de  Bourbon-Vendée,  dont 
il  est  .à  2  kil.  au  sud-ouest  :  sa  population  est  de 
800  habitants. 

I  Saint-André  la-Palud,  paroisse  du  dincèse  de 
Grenoble,  dépt.  de  l'Isère.  Ce  bourg  récolte  d'assez 
bons  vin*  rouges;  il  e^-t  duis  le  cantun  de  Pout-de- 
Beauvoibin,  airond.  de  la  Tour-du-Pin.  La  popula- 
tion est  de  1200  habitants. 

I  Saini-André-de-Soiigoiiii,  dans  le  diocèse  de 
Moiiipellier,  dépt.  de  l'iléranlt.  Celte  petite  ville  re- 
colle beaucoup  de  fiuiis  et  en  fait  un  coniiuerce; 
elle  se  livre  aossi  à  la  faliricaii^n  des  e.iux-de-vie 
dites  de  .\lonl(iellier.  Elle  dépend  du  canton  d'Arbo- 
ras,  ilaiis  l'arrond.  de  Lodève,  duii  elle  est  à  18  kil.; 
sa  population  esi  de  â5'}5  liabiianls. 

I  Saiiil-André-Treize-Voies,  pnrrisse  du  diocèse 
de  Luçon,  dépt.  de  la  Vendée.  Comprise  dans  le  can- 
ton de  Uocheservièie  de  l'arrond.  de  Bourbon-Ven- 
dée, elle  a  une  population  de  1240  habitants. 

1  Saint-André  de-Valbnrgne,  paroisse  du  diocèse 
de  Mmes,  dépl.  du  Gard.  C'est  un  chef-lieu  de  can- 
lou  qui  comprend  cinq  communes  dans  l'arrond.  du 


TOI 

Vigan,  dont  il  est  à  20  kil.  nord-est,  et  quia  une 
population  de  1000  habitants. 

I  Saiiit-André-de-Vesines,  dans  le  diocèse  de  Ro- 
dez, dépl.  del'Aveyron.  Ce  bourg, dont  la  population 
est  de  2120  h.ibitants,  fait  panie  du  canton  de  Pey- 
releiii,  dans  l'arrond.  de  Milbau. 

I  Saini-André,  paroisse  du  diocèse  de  Troyes, 
dépl.  de  l'Aul.e.  Ce  village,  qui  a  800  habitants  en- 
viron, est  à  4  kil.  de  Troyes.  —  Le  terriioire  de 
Saini-Audré,  entrecoupé  de  canaux  dont  les  bords 
sont  plantés  de  bouquets  d'arbres,  offre  une  multi- 
tude de  jardins  très-productifs,  qui  alimentent  les 
marchés  de  Troyes,  et  fournissent  la  majeure  par- 
lie  des  légumes  nécessaires  à  la  consommation  des 
habitants  de  celle  ville.  L'église  paroissiale,  surmon- 
tée d'une  flèche  élevée,  est  un  édifice  spacieux,  dont 
le  portail,  ouvrage  de  Gentil  et  de  Dominique,  dési- 
gne la  profession  des  habitanis,  tous  jardiniers  ou  vi- 
gnerons ;  suivant  deux  insrriptions,  il  fut  failenl5J9. 
On  y  voit  la  porte  particulière  par  on  les  ladres  d'une 
maladrerie  voisine  entraient  autrefois  dans  l'ég'lse; 
on  sait  qu'il  leur  éiaii  défendu  de  se  mêler  aux  habi- 
tanis. Un  cultive  en  grand  l'ail  et  l'étbalote,  le  chan- 
vre ei  le  lin. 

De  Saint-André  dépendaient  les  abbayes  de  Mon- 
lier-la-Celle  et  de  Noire- Dame  des  Prés. — L'abbaye 
de  Moiitier-fi-Celle  fut  fondée  par  saint  Froberi  en 
6(Î0,  dans  un  marécage  couvert  de  bois  et  de  brous- 
sailles. Le  premier  bâtiment  cnnsisiait  seulement  en 
un  petit  oraioire  et  en  autant  de  cellules  iiu'il  y  avait 
de  religieux.  Il  fut  appelé  le  moiiasiére  de  l'Ile-Gei- 
niaine.  Le  nombre  des  re  igieux  s'élant,  en  peu  de 
lenips,  considérablement  augmenié,  le  saint  abbé  ju- 
gea à  projios  de  faire  un  voyage  à  la  cour.  Clolaire 
lli  venait  de  succéder  à  son  père  Clovis  II.  Ce  prince 
étant  mineur,  Erobert  s'adressa  à  la  reine  Baibildc, 
qui  lui  lit  donner  la  confiniiation  de  la  possession 
de  l'ile-Germaine.  Après  la  mort  de  saint  Froberi,  le 
monastère  changea  de  nom  et  fut  appelé  la  Celle  de 
saint  Froberi.  Bobin,  évêque  de  Troyes,  augmenta 
les  bàtinicuts  elles  revenus,  de  sorte  que  celle  ab- 
baye changea  de  nom  pour  la  troisième  fois,  et  fut 
appelée  la  Celle  de  Bobin  :  Cella  Bobini.  Enfin,  le 
dernier  nom  sous  lequel  le  monastère  ail  é  é  connu 
depuis  plusieurs  siècles  est  celui  de  Moiitier-la- 
Celle.  En  1548,  les  Anglais  brûlèrent  le  luonasière, 
quiavaitécliappéà  la  fureur  des  Norinands  plus  de  cinq 
cents  ans  aup.iravaiit.  (Juelques-uns  atiribueiit  ce 
désasMe  au  peu  de  prévoyance  de  l'abbé  Ayuieric. 
Henri  de  Vienne,  son  successeur,  répara  ce  malheur. 
L  église  de  telle  abbaye  éiail  un  chel-d'œ  vre  d'ar- 
cliile- ture,  et  les  connaisscuis  la  regar.laient  com- 
me une  des  plus  belles  de  la  province.  Elle  fut  re- 
conslruile  par  les  to  ns  de  J'abbé  rt  gulier  Antoine 
Giiar.l,  en  1517.  Sa  longueur  élail  de  200  pieds,  sa 
croisée  de  100;  les  leoèlre.=,  d  une  grande  hauteur  et 
large-;,  éiaienl  au  nombrede  58.  Les  vitraux,  très-bien 
coloriés,  représentaient  plusieurs  ligures  de  l'An- 
cien Testament,  des  mystères  du  Nouveau,  des  iiua- 


705 


GKOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


706 


ges  de  saints  et  saintes  dont  le  irésor  posséilait  des 
reliques.  Tout  cet  cOilice  se  distinguait  par  une  déli- 
catesse de  style,  pai  iculièremenl  à  la  v.ûte  du  rond- 
point,  où  l'on  voyait  un  cul  de-lampe  di;  00  pieds  en 
1'  ndcMir.  et  l'J  de  projet  liorsrie  laxoûle.  H  étaiil(i;it 
percé  à  jour,  et  semblait  n'rlre  porté  que  sur  le 
dos  d'une  colondie  volante  ,  suspendue  perpendicu- 
lairement sur  le  maître  auiel.  La  ciiapelie  dédiéeaux 
.11  gCï,  qui  fai?ail  le  fond  du  ba-  côté  droit,  a  étéor- 
née,  vers  le  milieu  du  xvi'^  siècle,  de  peintures  à  fres- 
que et  de  sculptures.  Il  ne  reste  plus  d<;  ce  monastère 
que  d 'S  ruines. 

L'al'baye  Notre-Dame  des  Prés  doit  son  ét.iblis- 
sèment  à  plusieurs  filles,  qui  voulurent  se  séparer 
du  monde  et  vivre  dans  la  reiraite.  Elles  choisirent 
une  métairie  nommée  Cliiilierey, et  s'yétablirenl  vors 
ii'O  ou  12Ô1.  Au  mois  de  janvitr  1235,  la  maison 
de  Notre  Dame  des  Prés  fut  érigée  .n  ;ibhaye.  Ur- 
bain IV  envoya,  en  126i  ,  cinq  miPe  (loriiis  pour  ai- 
der à  biiir  l'église.  Au  cominenceineni  du  xvii^  siè- 
l'e.le  monastère  Cl  nimejiç  lit  à  menacer  luliie;  niais, 
vers  1130  il  dut  sou  réiabllssemer.l  à  Talibesse  Ma- 
rie de  la  Chaussée,  i|ui  fit  creuser  les  fossés  et  fer- 
mer l'enceinte  de  ninr..illes.  Les  bâtiments  de  ce 
nionasière  sont  aujourd'hui  une  propriété  particu- 
lière. 

I  Saint-André,  du  diocèse  de  Sainl-Jean-de-Mau- 
rieiiiie  en  Savoie  (Etats-Sardes).  Ce  bourg  est  situé 
à  570  toises  au-di-ssus  du  niveau  de  la  mer,  près  de 
la  rivière  d'Arc,  qid  est  un  aflluenide  l'Isère;  il  est 
éloigné  de  i  kil.  ouesi-nord-ouest  de  Modane,  et  a 
une  population  de  1100  habitants. 

I  Saint  Aidré,  bourg  de  l'ile  Bourbon,  aujour- 
d'hui de  la  Réunion.  Il  est  à 20  kil.  est  de  Saint-De- 
nis ;  il  compte  iMO  habitants  :  son  commerce  con- 
siste en  sucre  et  en  café. 

I  Saint-Audrew's,  ville  du  Nouveau-Brunswick 
(Amérique  sepieiitrinale anglaise).  Elle  fait  partiedu 
diocèse  de  Charlolte-Town  ;  elle  est  à  200  kil.  nord- 
est  de  Porllanil,  sur  le  Passa-Maqnoddy.  Son  port 
Bert  principalement  à  l'exporiaiicn  des  bois  du  iNou- 
veau-brunswick.  On  yconipie  environ  5  00  bahilanls. 
Elle  possède  ime  assez  behe  tliapelle  catholique. 

SaucJHs  Ct/rus,  iraint-Cyr.  On  compte  en  France 
p'.usicurs  villages  et  plusieurs  bourgs  dt'  ce  nom.  — 
Sainl-Cyr,  paroisse  du  d'ocè-e  de  Meaux,  dépt.  de 
Selne-ci-M-.rne,  arrond.el  à  12  kil.  nord-est  de  Coii- 
lonimiers.  Ce  bourg  est  situé  sur  la  rive  droite  du 
Pelit-Morin,  et  a  une  population  de  1100  âmes  en- 
viron. 

I  Sainl-Cyr ,  lamisse  du  diocèse  de  Limopes, 
dépt.  de  la  Haute-Vienne,  arrond.  et  à  12  kil. 
csideRochechouart.  La  population  est  de  1220  ha- 
biiants. 

—  Saint  Cyr-au-Mont-d'Or,  dans  le  diocèse  de 
Ly.u),  arrond.  et  à  6  kil.  nord  d-'  celle  ville,  dépt. 
du  Uhôiie.  Ce  bourg,  situé  au  mil. eu  de  niojita,-nes 
connues  sous  le  nom  de  Mont-d'Or,  compte  2000 
àuies.  —  Le  Mont-d'Or,   ainsi  nommé  par  les  Ro- 


mains,  sans  douie  à  cause  de  sa  grande  fertilité,  est 
un  COI  ps  de  montagnes  séparé  des  autres,  qui  i>ccu- 
pe  un  espace  d'environ  12  kil.  et  s'étend  dans  la  di- 
reciioM  du  sud  au  n<  rd  depuis  les  environs  du  bourg 
de  la  Riverie  ju'-qu'aux  bords  de  la  Saône,  piés  de 
Couion.  Des  difféiemes  élévations  d  nt  se  compose 
celte  chaîne,  celle  qui  poiie  spéci^deuienl  le  nom  de 
Mont-d'Or  se  cnuipose  de  trois  monts  nommés  le 
Mont-Cindre,  le  Mont-Thoux  et  le  Mont-d'Or  ;  c'est 
au  pied  du  premier  de  ces  monts  qu'est  s  tuée  la 
comniune  de  Saint-Cyr.  Leplus  élevé  de  ces  trois 
sommets  est  celui  appelé  montagne  de  Verdnn,  de 
Poleniieux  ou  de  Limonest.  Sa  hauteur  au-ile>sus 
du  niveau  de  la  mer  est  de  320  mètres.  On  y  a  cons- 
truit une  pyramide  en  piene,  qui  est  un  point  tri- 
gnnométriijiie  de  la  carte  de  France.  C'est  niusi  un 
des  points  de  vue  tes  plus  remarquables  :  on  décou- 
vre de  \i\  les  admirables  val'ées  du  Rhô  .e  et  de  la 
Saône,  et  une  éiendue  cnnsi.lérable  d'un  pays  des 
plus  riches  et  des  plus  productifs  qu'on  pui>se  voir. 
—La  I  auteur  du  Mont-Cindre  est  de  5uC  mètres. 
Sui  le  sunmti  l  existe  un  ancien  ermitaije,  tapissé 
d'.i-uo/o,  i|ui  atiire  un  gr.Tmlnonilire  de  pèlerins,  et 
où  le  curé  de  Saint  Cyr  va  processionnellemeiii,  cer- 
tains jours  de  l'année,  célébrer  la  uicsse.  Il  est  dif- 
ficile de  rendre  rimpressi(ui  que  l'on  éprouve  sur 
la  cime  de  ce  muni,  du  li.iut  duquel  se  déploie  un 
iiiim  ose  panora  i  a,  ou  les  plus  hautes  munlagnes, 
telles  que  risernri,  le  Pda,  les  Alpes  dauphinoises 
et  hehétiques  ne  paraissent  que  des  monticules  dont 
les  sommités  ressemblent  à  de  légères  découpures. 
Le  Rhône  ne  l'orme  dans  ce  vaste  espace  qu'une 
ligne  bleuâtre  ;  l'on  voit  serpenter  la  Saône  comme 
un  faible  ruisseau;  la  ville  de  Lyon,  qui  n'est  éloi- 
gnée de  là  que  d'une  faible  distance,  ne  parait  èire 
qu'un  monceau  de  pierres  environné  de  vapeurs.  Ce 
magnifique  tableau  a  inspiré  plusieurs  poètes  lyon- 
nais de  nos  jours.  L'espace  de  ces  coieaiix,  compris 
euire  Poleniieux  et  Saint-Cyr,  passe  pour  ètie  le 
terrain  où  les  premières  vignes  furent  plantées  par 
les  Romains  dans  les  Gaules  sous  le  règne  de  l'em- 
pereur Prnbus. 

Les  coiiiniunes  du  Mont-d'Or  où  l'on  é'ève  des 
chèvres,  sont  celles  deSaioi-Cyr,  S  ini-Didier,  Col- 
longe,  Limunesi,  Cou7.on,  S.iinl-Romaiu.  On  peut 
porter  le  nombre  de  ces  animaux  à  18, (00  environ; 
plusieuis  particuliers  en  enlretlenncnt  jusqu'.à  cin- 
quante. Leur  éilucaiioii  dans  ce  pays  remonte  à  des 
temps  reculés.  Ces  chèvres  sont  nourries  touie  l'an- 
née dans  l'étable,  d'où  elles  ne  sortent  jamais  que 
muselées  ;  on  les  entretient  dans  un  grand  éiat  de 
propreté  en  les  peignant  soiivent,  et  telle  est  l'in- 
fluence du  climat,  qu'elles  jouissent  d'une  san  é 
p.irfaile.  Dans  la  belle  sai.-on,  oi^  les  nourrit  d'her- 
bes d.;  toute  espèce,  de  chardons,  de  bruyiTes,  de 
luzerne,  de  feiuHes  d'arbres  ;  pendant  l'hiver,  leur 
principale  nourriture  se  compose  de  feuilles  de  vi- 
gne, que  l'on  maintient  dans  un  état  de  fraiclieur,  en 
les  ni(  ttani  dans  des  fosses  bétonnées.  Le  lait  de  ces 


loi  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


70è 


chèvres  a  un  goùi  particulier  et  fournil  les  excel- 
lents fromages  renommes  dans  loule  la  France  sous 
le  norn  de  fromages  du  Monl-d'Or. 

Satulus  Medericus  ,  Sainl-MiTry ,  paroisse  du 
diocèse  de  Meaux,  canton  de  Moimani,  arrond.  de 
Mclun,  départ,  de  Seine-et-Marne.  —  Ce  village  est 
situé  à  1  kil.  sud-est  de  Clianipeaux,  dont  il  est 
séparé  par  un  vallun  peu  profond  où  coule  le  ruisseau 
de  Varvnnne;  il  est  bàii  sur  la  rve  droite  <lu  ru 
d'Ancœiir  et  sur  la  pente  du  coteau  qui  termine  de 
ce  côté  la  plaine  de  Champeaux.  —  On  prétend  que 
Saint-.Merry  ou  Médéric,  allant  d'Autun  à  Paris,  vers 
l'an  695,  tomba  malade  dans  ce  lieu,  qu'il  y  séjourna 
longtemps,  et  qu'en  niénioire,  ou  d'un  miracle  qu'il 
y  opéra,  ou  d'un  séjour  que  la  fatigue  l'obligea  de  faire 
sur  le  coteau  voisin  île  ce  bourg,  on  y  bâtit  une 
chapelle  qui  fut  l'origine  du  village.  —  La  paroisse 
date  de  l'an  1157;  l'église  appartenait  au  cliapiire  de 
Champeaux,  qui  noininait  les  curés  et  qui  venait  y 
oflicier  le  jour  de  la  fête  patronale.  L'église  ,  qui 
existe  aujourd'hui,  n'a  pas  plus  de  iiois  cents  ans 
d'antiquité.  —  On  y  voyait  jadis  ini  château  nommé 
Lamote-Saint-.Merry ,  entouré  d'un  fusse  avec  un 
pont-le«s.  On  trouve  encore  plusieurs  fermes  tant 
dans  la  lornmune  qu'à  l'écart;  entre  autres  celle  de 
Monchauvoir,  au  nord  et  près  de  Champeaux  ,  et 
celle  de  Bailly,  au  sud  dans  la  plaine  qui  est  de 
l'autre  côté  du  ru  d'.\ncauir.  —  Une  partie  du  ha- 
meau des  Vallées  déjiend  de  ceito  commune  ;  le 
reste  appartient  à  Blandy.  La  Yarvaiiue  y  fait  tourner 
trois  moulins  :  ce  sont  ceux  de  Flauy,  de  Ville  et 
de  Voie. 

Saint-Merry  compte  670  habit.;  il  est  à  C  kil.  sud- 
ouest  de  Mormani,  et  12  nord-est  de  Mehiii.  Sun  ter- 
ritoire est  en  terres  labourables,  en  vignes  ,  en  prés 
et  en  bois,  disséminé»  en  plusieurs  bouipieis. 

Sanclus  Micliael  Montis,  SaiiÉl-.Michel-de-la-Mon- 
lagne,  ou  Moniliidu,  paroisse  du  diocèse  de  iMeaux  , 
arrond.de  cette  ville,  caution  de  Damniariin,  départ. 
de  Seine-et-Marne.  II  est  question  de  ce  viilagc  dos 
l'an  llfeo,  époqucà  laquelle  Simon,  évêquede  Meaux, 
terniiiia  la  querelle  qui  existait  déjà  dR|iuis  iongtenips, 
entre  MassiUe  Prieure  de  Noèfort  et  Barlliélc?iny  de 
Monthion;  il  s'agissait  de  droits  seigneuriaux  que  ni 
l'un  ni  l'autre  ne  voulait  abandonner.  Eu  118!^,  le 
même  Baiibélemy  fit  don  de  cinq  arpents  île  terre  à 
l'Hôtel-O.eu  de.Meaiix,  et,  sius  sun  approbation, 
comme  seigneur  suzerain,  llélie  et  ilugo,  chevaliers, 
donnèrent,  en  119J,  trente  arpents  de  terres  labou- 
rables à  l'église  de  Chambre-Fivniaine.  —  En  111)5, 
Barthélémy  ajiiuta  vingt  arpents  on  faveur  du  même 
monastère.  —  En  li5  •  ,  Agnès  de  Monihion  laissa 
par  testament  la  troisième  partie  de  tout  son  héii- 
tage  pour  rétablissement  d'un  prêtre  qui  devait  des- 
servir une  chapelle  dans  l'église  même  de  ce  village. 
—  La  terre  de  Monihion,  Montion,  Monsivonys  avait 
jadis  le  titre  de  baronnie;  Suu  château,  qui  fut  une 
sorte  de  forteresse,  ne  coiiseive  plus  (|uc  son  corps 
de  logis;   les  d«ux  ailes  en  ont  été  démolies.  —  Le 


dernier  seigneur  de  ce  lieu  était  le  philanthrope 
Monthion  qui  eut  la  singulière  idée  de  laisser  à  l'a- 
cadémie Française  son  immense  fortune  pour  distri- 
buer annuellenienl  des  prix  de  venu. 

Le  village  de  Monthion  est  bâ'i  sur  le  bord  de  la 
route  de  Meaux  à  Senlis  au  sommet  d'une  montagne, 
d'oii  l'on  jouit  d'une  vue  très-étendue;  son  château 
est  au  sud.  Sur  la  même  nioniagne  se  trouve  la  ferme 
de  Saini-.Michel,  ancien  prieuré  fondé  dans  le  milieu 
du  xv"  siècle.  —  On  prétend  qu'il  y  avait  en  1238, 
dans  ce  village  ,  une  comniunanté  d'hospitaliers  qui 
fut  supprimée,  et  le  bénélice  réuni  à  la  commanderle 
de  Clioisy.  La  ferme  qui  reste  seule  porte  encore  le 
nom  d'hôpital. 

Une  partie  du  hameau  de  Pringy,  situé  à  l'est  et 
à  un  kil.,  dépend  de  cette  commune.  Le  territoire  de 
Monthion  est  en  terres  labourables  qui  sont  exploi- 
tées par  quatre  grandes  fermes,  en  vignes  et  en  oois. 
On  y  a  planté  une  grande  quantité  d'arbres  fruitiers, 
et  l'on  y  rencontre  plusieurs  carrières  à  plâtre. 

La  population  de  cette  commune  est  de  1100  hab.  : 
elle  es!  distante  de  12  kil.  au  sud-est  de  Daramartin; 
de  8  kil.  nord-nord-cst  de  Meaux,  et  de  60  kil.  au 
nord  de  Melun. 

Siiiicius  Puihus,  Sainl-Palhus,  paroisse  du  diocèse 
et  de  l'arrund.  de  Meaux,  canton  de  Dammartin  , 
départem.  de  Seine-et-.Marne.  —  llerling ,  vingt- 
deuxième  évêi|ue  i.'e  Meaux,  en  681,  venait  de  mou- 
rir, lorsque  le  clargé  de  celte  église  jeia  les  yeux 
pour  le  reuiplacer  sur  Pathus,  natif  de  Meaux  ou  des 
environs ,  l'un  de  ses  membres ,  distingné  par  la 
sainteté  de  sa  \ie.  Il  fut  élu  tout  d'une  voix;  mais  il 
mourut  avant  d'être  consacré.  Quelques  écrivains 
modernes  prétendent  qu'il  se  retiia,  pour  éviter  l'é- 
jiiscopat,  dans  le  lieu  qui  fait  l'objet  de  cet  aiiicle; 
d'autres,  qu'il  y  fut  seulement  enterré.  Ce  qu'il  y  a 
de  certain,  c'est  que  ce  village ,  qui  n'.i  jamais  été 
connu  autrement  que  sous  le  nom  de  Saini-Palhn-, 
remonte  à  une  irés-baute  aniiqnité.  —  En  llo2, 
Eudes  (lU  Udon  donn  i  à  l'abbaye  de  .Molènic  l'église 
de  Saint-l^aihus  ;  celle  donation  fut  cimlirmée  e.i 
1112  par  Manassés  !«■■,  évéqne  de  Meaux.  «  Ca  fut  là, 
d  t  Ouplessis  {H moire  de  l'Eglise  de  Meaux).  l'origine 
du  |)rieuré  conventuel  que  les  religieux  de  Mnlèmc 
ciigérent  en  celle  église,  mais  qui,  ayant  dégénéré 
par  la  suite  des  temps  en  bénéfice  simple,  lut  éteint, 
du consenieineni de  toutesles parties  intéiessées,  le 28 
juin  1726,  pa'  décret  du  cardinal  de  Bissy,  évéque  de 
Meaux,  qui  en  réunit  les  revenus  à  son  séminaire,  i 

Le  village  de  S  lini-Pathus  est  bâti  sur  un  plateau 
au  nord,  et  près  do  la  Thérouanne.  Entre  ce  v  liage 
et  celui  de  Marchemorel,  sur  les  boids  de  la  rnute 
de  Meaux  à  Senlis,  sont  les  restes  de  l'ancien  couvent 
de  Noéfert.  On  ignoie  le  nom  des  fondatriirs  de  ce 
ninnastcre  et  l'année  précise  de  sa  fondation.  Ou 
pense  que  ce  fui  sous  le  poiitilicat  de  Manassés  il , 
ou  |ilutôlsûus  celui  de  Burcbard,  son  prédécesseur, 
qu'elle  eut  lieu,  puisque  Burchard  fut  évéque  en 
1134,  et  Manassés  II  seulement  en  1157,  et  qu'une 


709 


GEOCnAPHIE  DlîS  LEGENDES  AU  MOYEiN  ACE. 


710 


biiUe  d'Adrien  IV,  du  mois  do  décembre  de  celte 
même  année,  fait  déjà  nienlion  du  prieuré  de  Saint- 
Pallius.  —  On  cite  an  noml/re  des  principaux  bien- 
faiteurs de  celte  maison,  en  1175,  Marie,  (il le  de 
Louis  le  Jeune,  comtesse  de  Brt«,  qui  lui  donna  cinq 
muids  de  vin  à  prendre  tous  les  ans  à  L;igiiy.  Eln 
1184-,  Eliene  ou  Elconore,  comtesse  de  Saint-Qnen- 
lin,  qui  lui  abandonna  vingt  sons  pnrisis  sur  l'cscliange 
delà  Fcrté-Milon  ,  et,  par  une  cliarte  de  Simon, 
évéque  de  Meaux ,  de  l'année  H77,  il  appert  que 
I  Guy,  vicomte  de  Dampmarlin,  a  doi  né  (lourle  sa- 
lut de  son  àme,  aux  religieuses  de  Nnêfort,  dix  sols 
à  prendre  chascun  an  sur  le  travers  de  Saint-Patlius; 
avec  ce,  Guîllaunie-des-Barres,  pèlerin  en  Jlicrnsa- 
lem,  au  regarl  de  pitié  et  de  cliariié  ,  au  devant  dit 
travers,  qu'il  avait  aclieplé  dudit  Guy,  a  donné  aus- 
diles  leiigieuses  autres  trente  sols  cliascun  an  le  jour 
de  la  Purificition  Notre-Dame,  avec  les  dix  sols  des- 
sus dît;  avec  ce,  Pierre  ,  vicomte  de  Crécy,  a  vendu 
ausdiies  religieuses  la  terre  de  Mont-Denys  (1).  i  — 
Ce  monastère  fut  soumis,  dès  son  établissement ,  à 
l'abbaye  du  Paraclet,  diocèse  de  Troycs.  En  1-22!t,  le 
nombre  des  religieuses  fut  fixé  à  vingi-cinq.  En 
1599,  Henry  le  Migueur,  évêqiie  de  Digne,  fit  la  dé- 
dicace de  l'église,  qui  sans  doute  avait  été  réédifiée 
à  la  place  d'une  plus  ancienne.  En  lG-29,  ce  monas- 
tère de  Noëforl  fut  transféré  dans  la  ville  de  Meauv , 
où  il  conserva  son  nom,  et  les  religieuses  consenti- 
rent à  faire  célébrer  trois  messes  dans  leur  ancieujie 
habitation.  —  Les  bâtiments  du  couvent  forment 
aujonrd'liui  une  ferme  et  quelques  habitations  parti- 
culières. On  voit,  au  sud  ,  un  petit  bois  qui  porte 
aussi  le  nom  l'e  Noëfort  :  il  borde  la  roule  de  Meaux 
à  Scnlis. 

Les  productions  du  territoire  de  Saint-rathus  sont 
en  grains;  il  y  a  aussi  quelques  prairies  et  un  peu 
de  bois.  Ce  village  est  à  8  kil.  à  l'est  de  Danimartin, 
à  16  kil.  nord-ouest  de  Meaux,  et  à  Cl  kil.  au  nord 
de  Melun.  Sa  population  est  de  530  habitants. 

Sanclus  Pauliis  Fo/i/iiim  ,  Saint-Paul-Jes-Fonis, 
village  du  canton  de  Saint-Aflrique ,  diocèse  d,; 
Rodez,  Avcyron.  Ce  village  est  situé  au  pied  du  pla- 
teau du  Soryac,  lequel  plateau  termine  les  Céveiines 
à  ruccident.  Ce  plateau  est  composé  de  calcaires 
qui  sont  très-caverneux  et  fendillés.  C'est  dans  de 
vastes  cavités  de  ces  calcaires,  au  milieu  d'une  masse 
eu  partie  détaclice  du  Soryac,  el  descendue  par  af- 
faissement un  peu  au-dessous  du  niveau  général, 
que  sont  établies  les  fameuses  caves  où  se  fabriquent 
les  fromages  de  Roquefort.  Les  propriétés  si  pré- 
cieuses pour  cegenre  d'industrie  dont  les  excav,\tions 
de  Roquefort  seules  jouissent  à  nu  degré  snlfisani, 
paraissent  dues  à  des  courants  d'air  frais  et  secs 
qui  s'y  établissent ,  sous  l'intluence  des  vents  du 
midi,  par  le  moyen  des  crevasses  de  l'enceinte.  L'in- 
dustrie des  fromages  de  Roquefort  est  ancienne  dans 
ce  village;  on  en  attribue  la  découverte  et    le    pre- 


mier c>sai  à  un  bon  solitaire  qui  vivait  dauE  un  er- 
niitagede  la  montagne. 

Saiictus  Quiniianus  ,  Saint-Quiniien  ,  ou  plutôt 
Lieusainl,  paroisse  du  diocèse  de  Meaux,  canlOR  de 
Brie-Comle-Robert,  arrond.  de  .Melun ,  départ,  de 
Seine-et-M:irne. — Le  village  de  Lieusainl  est  situé  sur 
la  grande  route  de  Paris  à  Genève  par  le  Simplon,  i» 
8  kil.  sud  ouest  deBrie-Comte-Robert,  à  12  kil.  nord 
de  Melun,  à  A  kil.  de  Moissy-Cramayel  et  de  Combsla- 
ville. — Ce  lieu  existait  dès  le  vni«  siècle,  ce  qui 
est  constaté  par  deux  pièces  de  monnaie  battues 
sous  la  première  race  de  nos  rois,  et  ayant  pour 
exergue  ;  Loeo  Sancto. 

Le  nom  que  porte  ce  village  vient  de  Saint-Quin- 
lien  qui  a  demeuré  et  qui  est  mort  sur  le  territoire 
de  cette  paroisse.  Sainl-Quintien  était  prêtre  et  no 
doit  pas  être  confondu  avec  un  autre  saint  du  même 
nom  qui  fut  successivement  évéque  de  Rodez  et  de 
Clerniont.  —  L'église  conserve  quelques  vestiges  du 
xii'  siècle.  —  En  llSi»,  Galleian  de  Lieusainl  vendit 
h  Maurice  de  Sully  toute  la  censive  qu'il  avait  dans 
ce  bourg.  —  En  1278i,  Robert  ou  Rbibault  de  Lieu- 
saint,  chevalit'r,  rendit  hommage  dans  l'église  de  ce 
village  à  Etienne  Tempier,  évéque  de  Paris.  — 
i°  Villepecle,  Villepcclie  ou  \illepesque  ,  ferme  au 
sud-ouest  el  à  (  kl.  de  cette  commune,  est  mentioimé 
dans  le  cartulaire  de  l'abbaye  d'Yerres  de  l'an  1227; 
c'était,  alors  un  ch.îleau  où  les  princes  venaient 
souvent  pour  prendre  le  plaisir  de  la  chasse  dans 
la  forêt  de  Senart  qui  en  est  très-voisine.  Eu  1372  , 
Charles  V  y  établit  une  foire  qui  devait  avoir  lieu 
le  jour  de  saini  Georges  et  les  deux  jours  suivants. 
—  2"  Varàire ,  ferme  à  l'ouest  ;  Varasire  ,  ancien 
fief.  —  ô°  Vernouillet  présente  quelques  ruines  en- 
tourées de  fossés  à  l'est  de  la  conmmne.  —  H  y  avait 
encore  sur  cette  paroisse  plusieurs  autres lieis  conmie 
ceux  de  Servigny,  de  Launoy,  etc. 

Li  commune  de  Lieusainl  est  un  bureau  de  poste 
aux  lettres  ;  un  relais  de  poste  aux  chevaux  et  la 
résidence  d'une  biigade  de  gendarmerie.  Sa  popu- 
lation eslde6oOI>abit3nts;  son  territoire  en  terres  da 
labour;  on  y  trouve  de  très-belles  pépinières,  el  il 
s'y  fait  un  commerce  considérable  d'arbres  indi- 
gènes ou  exotiqi'.es  de  toute  espèce. 

Sanclus  Hnmanus  Aiisaiius,  Saint-Romain  d'Anse, 
ou  la  ville  d'Anse,  dans  le  diocèse  de  Lyon,  ilépt.du 
Rhône,  arrond.  et  à  6  kil.  sud  de  Villefranclie,  dans 
uïie  plaine  délicieuse,  au  pied  d'un  long  coteau  de 
vignes.  Après  avoir  baigné  les  magnifiques  coteaux 
du  Beaujolais,  si  renommés  pour  les  vins  qu'ils  pro- 
duisent, la  Saône  forme  nn  va>le  conioiir  et  se  rap- 
proche d'Anse  pour  y  recevoir  l'Azerguc,  jolie 
rivière  dnnl  les  eaux  serpentent  pendant  plusieurs 
lieues  dans  le  fond  d'agréables  vallons,  qui,  par 
leurs  tableaux  rimts  el  animés,  par  la  variété  des 
cultures  et  par  leur  belle  végétation,  offrent  un  coup 
d'œil  fort  pittoresque.  Cette  ville  est  très-ancienne. 


(1)  £.  cod.   im.  bibliotli.  CoistimuHiœ.  —  B  labnl,  mon-nt.  S.  Fidis  Colnmbarieitsis. 


DICTIONNAIRE  UE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


7tl 

L'empereur  Aiigti«tey  éiablit  une  garnison  de  quatre 
coboiles  (-_4l0  lioniiiie^^).  On  y  voit  encore  une  par- 
tie des  niurail.es  qui  enfermaieni  le  cauipdes  Ko- 
inains,  et  les  ruines  du  palais  de  ce  prince.  Il  lui 
donna  le  nom  d'Aniiuni,  qui  c(ait  une  ville  voisine 
de  Home,  el  célèlire  à  cause  des  sorls  ()ui  y  étaient 
consulics  dans  le  leniple  consacré  à  la  Fortune.  De- 
puis, la  garnison  romaine  s'étant  retirée  ailleurs, 
cette  fcirtilication  tlonna  lieu  à  une  nouvelle  ville 
qui  fut  nommée  Ama,  de  son  premier  nom  AiUium. 

Seion  plusieurs  géographes,  et  notamment  l'iii- 
nér.iiie  d'Antonin,  Anse  était  l'aiicieiine  Assa  ou 
Ansa  Pmilini.  Celle  ville  a  beaucoup  soullért  par 
les  guerres  dans  le  xvi»  siècle.  Il  s'y  est  tenu  six 
coiiciles  :  le  premier  en  l(i25,  le  dernier  eu  1-299. 
Tous  ont  été  lenus  d.ms  l'église  de  Saint-Komain 
d'Ausf,  (pii  a  eié  entièrement  détruite  en  175-2.  — 
Des  fouilles  faiies  à  Anse,  en  décembre  l<S-20,  ont 
fourni  la  preuve  de  1  antique  usage  qu'avaient  les 
Roni.iiiis  de  déposer  deux  coi  ps  dans  un  même  cer- 
cueil, l'arnii  quelques  débris  de  colonnes,  de  statues 
en  marbre,  de  va.MS,  d'inscriptions,  etc.,  on  décou- 
vrit un  ceicueil  en  pierre  dans  lequel  se  trouvaient 
lesossemenis  de  deux  corps  bien  distincts,  que  le 
contact  de  l'air  ne  tarda  pjs  à  réduire  en  poussière. 
Il  parait  que  cet  usage  était  encore  assez  commun 
dans  le  v«  siècle  pour  que  l'on  ciùt  devoir  faire  une 
loi  pour  le  laire  cesser.  (  Vvy.  l'ai  t.  4  du  titre  lvu  de 
la  loi  saliqui'.)  Une  inscription,  découverte  depuis 
longienips  dans  le  voisinage  du  lieu  oui  es  fouilles  ont 
étéfaites,est  placée  sur  le  mur  latéral  et  en  deliorsde 
l'église  :  elle  est  en  vers  be.xamèiies  el  pentamètres, 
et  se  rapporte  à  l'an  498  de  notre  ère  : 

Cerminenublimi,  Proba  nomine,  mente  provata 
Quœ  subuorapta  est, hic  lumidata  jacel. 

In  qua,  quidquid  liabenl  cunclorum  vola  parenlum, 
tonlideral  iribuem  omiiia  pidchra  Deiis. 

Hiiic  mollis  palev  esl,  m'iaque  malrique  perennis. 
Tilia,  heu  !   lacitius  causa  péril  piclas, 

Accipeque  lacrimis   perjuiidis  juqeter  ora. 
Mors  nihit  esl,  iilam  le^qiice  peipetuam. 
Quœ  lixil  aiinis  V,  elmensibus  VIIU, 
Ubiit  S.  D.  111  IDS  Octobris.  Pautiiio  VI. 

En  voici  la  traduction  :  i  Sons  celle  pierre  repose 
une  jeune  fille  nommée  Proba,  distinguée  p.ir  son 
esprit  et  par  l'illuslraiion  de  sa  niis.sauce,  qui  fut 
enlevée  par  i>ne  mort  subite  à  sa  lamille.  Uieu  avait 
Comblé  les  vœux  de  ses  parents,  en  rassoii.blanl  sur 
elle  tous  les  genre*  de  perfection.  Cet  évéïienienl 
rendit  son  père  inconsolable  et  éternisa   la  douleur 


712 

Le  château  d'Anse  subsiste  encore;  il  est  fort  an- 
cien el  sert  de  logement  à  la  gendarmerie;  l'une  des 
deux  énormes  tours  qui  le  composent  lient  souvent 
lieu  de  prison.  —  Les  murs  d'Anse,  du  côié  du  sud, 
sont  baignés  par  l'Azergue,  qui  se  jette  près  de  là 
dans  la  Saône.  Cette  rivière  inonde  quelquelois  la 
plaine  el  y  forme  un  étang  d'une  lieue  de  longueur 
sur  une  demi-lieue  de  largeur.  Il  y  a  dans  la  com- 
mune deux  larrières  ouvertes  depuis  plusieurs  siè- 
cles; la  pierre  qu'on  en  lire  esl  d'un  blanc  tirant 
sur  le  jaune  ;  elle  est  grenelée  el  cassante,  mais  fa- 
cile à  tailler  et  très-propre  pour  bâtir.  On  assure 
que  c'est  de  celte  carrière  qu'on  a  tiré  la  pierre 
qui  a  servi  à  construire  l'église  de  Saint-Jean  de 
Lyon.  Le  territoire  de  la  commune  offre  beaucoup 
de  grypbites  et  beaucoup  d'autres  fossiles.  —  On 
compte  à  Anse  cinq  fontaines,  dont  quatre  ne  ta- 
rissent jamais,  et  deux  font  tourner  des  moulin-^.  La 
plus  remarquable  esl  la  cinquième,  dite  de  llrioieux, 
qui  ne  tarit  que  dans  les  années  pluvieuses,  et  dont 
les  eaux  sont  plus  abomlantes  dans  les  grandes  sé- 
cheresses. Aus-i,  lorsqu'on  y  trouve  de  l'eau,  l'épou- 
vante se  répand  dans  le  pays  ,  parce  que  les  paysans 
prétendent  que  la  récolte  sera  infailliblement  mau- 
vaise. 

Le  terrain  qui  environne  la  ville,  notamment  du 

côté  du  nord,  est  des  plus   fertiles;  on   y  fait  trois 

récoltes  par  année  :  ce  qui  a  doniié  lieu  au  proverbe: 

De  YiUel'runche  à  An.'.e, 

La  plus  belle  lieue  de  France. 

L'air  y  est  très-bon  el  il  y  a  beaucoup  de  vieil- 
lards. 

Anse  est  un  cbef-lieu  de  canton  qui  comprend 
14  communes.  La  population  de  la  ville  est  de  2000 
habitants. 

Sancius  Sulpicius,  Saini-Souplesl ,  paroisse  du 
diocèse  et  de  l'arrond.  de  Meaux,  canton  de  Dam- 
inariin,  départ,  de  Seine-el-.Marne. — Ce  village, 
qui  a  été  aussi  désigné  sous  les  noms  de  Saint-Su- 
plesl,  Siiint-Soiiplex,  Saiul-Souplels,  corruption  de 
Saint-Sulpice,  son  patron,  esl  situé  sur  le  bord  de 
la  route  de  Meaux  à  Dammarlin  ,  à  l'extrémité  sep- 
leiiinonale  d'un  plateau  que  borde  au  nord  le  vallon 
où  conle  un  ruisseau  qui  va  tomber  ,  à  quelque 
distaiii  e  au-dessous  ,  dans  la  Tbérouanne.  —  En 
1107,  Mauassès  ,  évoque  de  Meaux,  afin  de  mettre 
en  pratique  ,  comme  il  le  dit  d  'US  sa  cbane,  relie 
maxime  de  l'Evangile  :  Quidquid  hubet  homo  com- 
mulnbit  pro  anima  sua,  donna  celle  paroisse  au  clia- 
pitre  de  sa  catjiédr.ile ,  pour  que  l'on  lit  son  anniver- 


de  sa  mère  ut  de  son  aïeule. — Funeste    sort! saire  ,  el  que   ce  jour-là  même  il  y  ail  un  repas 

Apprenez,  vnus  qui  ne  ce-sez  de  la  pbnrer,  que  la 
mort  n'eal  rien,  el  qu'il  ne  faut  envisiger  que  la  vie 
éieriielle.  Elle  m  .iirut  âgée  de  cinq  ans  et  neuf 
mois,  le  5  des  ides  d'octobre,  sous  le  consulat  de 
Panlinus.  >  —  Sur  l'emphcement  de  l'ancien  palais 
d'Auguste;  on  avait  construit  une  chapelle  dédiée 
à  saint  Cyprien,  qui  est  mainlenanl  abandonnée  et 
iransformée  en  magasin. 


pour  les  chanoines.  Par  une  charte  de  l'an  ll5o, 
Manassès  II ,  neveu  et  successeur  du  précédent , 
ratifia  ce  don  lait  par  son  oncle.  —  En  1204,  Siuion 
Miles ,  seii;iieiir  de  Saint-Souplest ,  donna  à  l'église 
du  moimslère  de  Chambre-Fontaine  ,  la  troisième 
paitie  de  la  dîme  du  village.  —  La  léproserie  qui  ■ 
existait  en  ce  lieu,  en  1227  ,  subsistait  encore  en  ^ 
1494.  Cette  même  année    12-27,  Odon  ou  Eudes, 


713 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


714 


prêtre  de  Saint-Souplet,  fut  autorisé  par  le  doyea 
et  l'official  de  l'église  de  Meaux ,  ei  avec  l'assen- 
timent de  SCS  paroissiens  ,  à  vendre  à  Alexandre  , 
militaire,  un  arpent  neuf  perclies  de  terre  ,  appar- 
tenant à  son  presbytère  siiué  prés  de  la  maison  de 
Suint-Lazare. — Un  titre  de  l'an  1247  fait  aussi 
mention  d'une  chapelle  de  Saint-Loup  ou  Saint- 
Leu,  qui  exisiaildans  ce  village  proche  les  haies,  et 
à  laquelle  Guillaume  de  Compans  donna  deux  ar- 
pents et  demi  de  terre.  —  L'ancien  fief  de  Maulny  , 
aujourd'hui  simple  maison  de  campagne  ,  est  placé 
au  nord  de  la  commune;  la  ferme  appelée  le  Vervier 
est  dans  le  vallon  à  l'ouest,  à  1  kil.  sur  le  bord  de 
la  roule  de  Meaux  à  Dammartin;  et  le  moulin  à  vent 
entre  celle  ferme  et  la  commune. 

On  ne  comple  pas  moins  de  six  fermes  dans  ce 
village  ;  elles  exploitent  !e  territoire  qui  est  en 
grande  partie  en  terres  labourables  ;  on  y  voit  aussi 
quelques  vignes  et  un  peu  de  bois.  La  population  de 
Saini-Souplest  est  de  SGOàmes  :  celle  commune  est 
située  à  S  kil.  à  l'est  de  Danimanin,  à  12  kil.  au  nord 
de  Meaux,  et  à  64  au  nord  de  Melun. 

Sarmuiia  At,iuti:a,  la  Kabardie  ou  Kabarda,  pro- 
vince de  l'empire  russe  (Circassie),  dans  les  monta- 
gnes du  Caucase,  au  sud -ouest  du  gouvernement 
d'Astrakhan.  Le  ïérek  et  la  Malka  la  séparent  du 
gouveinemenl  du  Caucase:  à  l'ouest  la  même  ri- 
vière Malka  la  sépare  de  l'Abazie,  et  la  Sundja  de 
la  partie  orientale  du  pays  de  Tscheiclientzy.  On  la 
divise  en  grande  el  petite  K:ibarda  ou  Kabardie.  La 
grande  cunipiend  les  quatre  races  de  Misosies,  Ala- 
jouks,  Bek-Mirzas  et  les  Caiiloukiues  ;  ceux  qui  ha- 
bitent la  petite  Kabarda  vivent  à  côlé  des  premiers, 
sur  la  rive  droite  du  Térek,  à  commencer  du  pied 
des  montagnes  Noires,  vis-à-vis  la  forteresse  d'Eku- 
li.riii(>grad,  jusqu'à  la  ville  de  Mozdok  ;  ils  sont  plus 
Iranquilles,  plus  humains,  et  en  général  plus  géné- 
reux que  les  premiers.  Us  se  divisent  en  deux  races,  qui 
soni  celles  de  destin  el  de  Tavgastan.  Pour  com- 
muniquer avec  la  Géorgie  on  a  fait  deux  chemins  à 
travers  leur  pays,  l'un  vient  d'Ekaierindgrad  cl  l'au- 
tre de  Mozdok.  On  a  bâti  «n  fortin  à  l'endroit  où  se 
réunisseiil  ces  deux  chemins.  Quoique  soumis  aux 
Russes,  l'espèce  de  régime  féodal  qui  existe  dans  le 
gouverncmenl  de  ce  peuple  se  conserve  et  se  pro- 
page. Tout  Kabardien  qui  n'est  pas  serf  se  reconnaît 
à  son  costume  :  il  est  toujours  revêtu  d'un  casque 
el  d'une  cuirasse;  il  porte  à  sa  ceinture  un  poignard 
et  des  pistolets,  et  assez  souvent  même  son  sabre  au 
côlé,  et  son  carquois  sur  l'épaule.  Les  Kabardiens 
sont  remarquables  parla  beauté  et  la  force  de  leur 
constituiion  :  irés-nerveux  en  général,  c'est  surtout 
dans  le  poignet  que  réside  leur  vigueur,  et  il  n'est 
point  de  peuple  qui  sache  faire  voler  un  sabre  d'une 
manière  au,si  meurtrière.  Les  femmes  ,  plus  belles 
encore  que  les  Géorgiennes,  remportent  sur  elles 
par  l'éclatante  blancheur  de  la  peau,  la  régularité 
des  traits  et  la  souplesse  de  la  taille. 

Sixa  Atpium,  vd  Alpes,  les  Alpes.  Les  monlagnes 

PlCTtONNAlRE   DE    GÉOGRAPHIE    ECCL.  II," 


des  Alpes  tiennent  une  large  place  dans  la  légende 
féerique,  historique,  militaire  et  religieuse.  L'anti- 
quité et  le  moyen  âge  les  supposaient  habitées  par 
des  génies  et  une  fonled'espriis  plus  ou  moins  puissants, 
plus  ou  moins  dangereux.  Dans  les  nomhrensesguerres 
quiontsignalélespremierssièclesdnmnyenàg,  les  Al- 
pes servaient,  1°  de  retraite  a  ux  populations  ma  Iheureu- 
ses,  2°  de  refuge  aux  voleurs  qui  attaquaient  les 
voyageurs.  Les  Alpes  rappellent  le  souvenir  d'Anni- 
bal,  de  César  ,  de  Cliarleniagne  et  de  Napoléon. 
Dans  les  vi<=,  vu»,  viii»,  ix»  et  x"  siècles,  les  Alpes 
étaient  habitées  par  un  nombre  assez  considérable 
d'ermites  et  de  solitaires  qui  venaient  y  chercher  le 
calme  et  la  paix  qu'ils  ne  trouvaient  point  dans  la 
société.  Saint  Gall  y  vécut  quelque  temps  isolé  ; 
saint  Columhan  s'y  arrêta  en  allant  en  Italie.  Les 
premiers  disciples  que  saint  Benoit  envoya  dans  les 
Gaules  y  furent  attaqués  et  dépouillés  de  ce  qu'ils 
avaient  par  des  voleurs.  Les  papes  Etienne,  Zacha- 
rie,  Urbain  II,  Eugène,  Innocent  111,  Pie  VI  el  l'ie  VII 
traversèrent  plusieurs  fois  les  Alpes  pour  venir  en 
France.  La  légende  des  ordres  religieux  avait  aussi 
inscrit  leur  nom  dans  ses  annales  ;  et  les  couvents 
du  grand  et  du  pelit  Saint-Bernard  étaient  cliers  à 
l'humanité.  Les  lettrés  de  la  Suisse  moderne,  impor- 
tunés sans  doute  de  celte  gloire  religieuse  euro- 
péenne, l'ont  supprimée  ,  et  les  Alpes  aujourd'hui  ne 
possèdent  plus  que  les  merveilles  naturelles  dont 
Dieu  les  a  enrichies  et  que  les  hommes  ne  peuvent 
leur  enlever.  Sous  la  République  et  l'Empire  fran- 
çais, les  Alpes  donnaient  leur  nom  à  trois  départe- 
ments :  celui  des  Alpes-Marilimes,  qui  formait  la 
diocèse  de  Nice,  et  ceux  des  Hautes  et  Basses-Alpes, 
qui  loi  niaient  les  diocèses  de  Gap  et  de  Digne.  Le 
premier  n'exisie  plus,  el  l'ancien  comté  de  Nice  a 
été  réuni  en  1815  aux  Etats-Sardes.  Les  deux  der- 
niers existent  toujours.  Ce  sont  les  deux  dépane- 
menls  et  les  deux  diocèses  les  plus  pauvres  et  les 
moins  peuplés  de  France.  Les  habitants  se  montrent 
laborieux, sobreselaitachésà  la  religion. —  Les  Alpes 
consliiueni  un  système  de  montagnes  le  plus  consi- 
dérable de  l'Europe,  dont  il  renferme  les  points  cul- 
minants, et  où  il  couvre  une  partie  des  Etals-Sardes, 
de  la  France,  de  la  Suisse,  do  la  Bavière,  des  Etats 
autrichiens  et  de  la  Turquie;  entre  40"  16'  et  47" 
10'  de  lat.  nord,  G°  15' et  1.j°  20'  de  long,  esi.— La 
chaîne  centrale  des  Alpes  n'est  que  convenlionnelle- 
meni  distinguée  de  celles  de  l'Apennin  et  du  Bal- 
kan,  avec  lesquelles  elle  se  c  intitme  sans  interrup- 
tion. On  la  faii  commencer  à  l'ouest,  à  la  dépression 
la  plus  forte  qu'offre  le  faîte  de  l'Italie  seplenlrio- 
nale,  au  col  d'Allaro  (altit.  490  mélres),  à  l'ouest  de 
Savon»,  entre  la  vallée  de  l'Krroet  celle  deSavona, 
par  44*  21'  de  lat.  nord,  et  6"  15'  de  long,  est  ;  elle 
se  termine  à  l'est  à  la  vallée  de  la  Narenta ,  dans 
l'Herzégovine,  par  environ  45°  16'  de  lat.  nord  et 
15°  iO'  de  long.  est.  Entre  ces  deux  points,  la  chaîne 
décrit  une  courbe  sinueuse  qui  enveloppe  le  fond  de 
l'Adriatique,  dont  elle  s'approche  à  mesure   qu'elle 

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D'.CTIONNÀUŒ  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


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avaaee  k  l'est  ;  vers  les  sources  de  la  SaUa,  elle  s'é- 
lève jiiiqu'à  47°  JO'  (Je  lai.  iinrd.  Le  (iéveloppement 
de  celte  rc.iirletsi  d'environ  1800  kil.,  et  sa  corde  , 
ou  la  distance  eiilreses  deux  extréinilés,  de  790  kil. 
Do  côté  de  l'Adiiatiqnc,  la  cliaine  des  Alpe<,  avec 
des  pentes  abruptes  eisaiiscoriireforis  considérables, 
foru;e  la  punie  nioyenne  el  la  plus  élevée  de  la  pa- 
roi du  bassin  qu'occupe  en  pnriie  ce  golfe.  Dn  côlé 
de  sa  convexité,  elle  sert  d"ép:iuleinent  au  plateau  de 
l'Europe  Cl  nlrale  ;  ses  nombreux  coiUreforts  siikm- 
nenl  la  partie  la  plus  élevée  de  ce  plateau  et  se  rat- 
lachent  par  leurs  derniers  cliaiaons  à  tons  les  massifs 
qui  le  d.)niincnt.  Le  poinl  culminant  des  Alpes  est  le 
Mnni-Haiic;  mais  le  vcrilable  noyau  de  tout  le 
système  semble  être  le  nias-if  du  Sain'.-Goihard,  ou 
pluiôl  le  massif  compris  entre  les  b.ources  du  Rhône 
au  pied  dn  Saini-Coiiiard,  et  celles  de  llnn  au  pied 
du  Sepiimer,  entre  les  canluns  Suisses  du  Valais,  de 
Berne,  d'Uri  et  des  Grisons  au  nord,  lesEiats-f  ardes, 
le  canton  du  T.ssin  et  la  Lnmbardie  au  sud.  A 
l'oHcsl  dnSainl-Goih.ird,  comme  à  l'est  du  Sefiiiner, 
l'altitude  îiériérale  de  la  cliaineva  en  diminuant  vers 
ses  exlrémilés.  A  ce  massif  se  rattachent  les  conlre- 
forls  les  plus  puissanis  de  lont  le  sy^lèn)e,  el  i-ur 
ses  ûancs  iiaissent  dans  tontes  les  directions,  soit  di- 
reciement,  suit  par  leurs  aldnenls,  les  plus  grands 
fleuves  de  rfiuropc  centrale,  le  Danube,  le  Uliin,  le 
Rhône  et  le  Pô. 

Le  système  des  Alpes  est  géngrapbiqnement  divisé 
en  gioupes  ou  sections,  dimt  les  limites  et  la  nomen- 
clature sont  encore  à  peu  près  celles  éinblics  parles 
Romains  :  1°  les  Alprs  Maiidnies,  en  latin  Alpes  Ma- 
Titimœ,  en  italien  AIpi  ilaiiiime,  et  en  allemand 
iletr-Alpcn,  de  l'origine  du  système  au  col  d  All.iro, 
jusqu'au  mont  Viso,  sur  une  longueur  d'envlion  ISO 
kil-,  dans  les  Elals-Sarde>,el  entre  les  Eiats-Sardes 
e:  la  Fiance.  Leur  altitude  ne  deviejil  considérable 
qu'aux  environs  dn  mont  Viso;  point  culmiiunl,  le 
mont  Pelvo,  5053  n  èires.  -1°  Les  Alpes  Coiiicnnes, 
Alpes  Coiliœ,  Alpi  Cozie,  Coilisclien  Alpen,  du  mont 
Viso  au  muDt  Cenis,  entre  les  Etats-Sardes  et  la 
France;  longueur  110  kil.;  points  culminants,  le 
m' nt  Ulaii,  4il2  n>ctres  ;  le  Pelvoux  de  Valiouise, 
40;i7  nicires  ;  le  Pic  de  Maurin,  Ô993  mètres  ;  le 
moni  Viso,  "886  mètres;  le  niimiGenèvre,  ôiyà  mè- 
tres, ."i"  Les  Alpes  Grecques,  A/pes  Craiœ,  AlpiGrnje, 
Grieclikclien  Alpen  el  Giuuen  Alpen,  du  mont  Ceuis 
au  col  du  Biinhouime.  sur  une  longueur  d'environ 
SO  kil.  ;  dans  les  Etais-Sardes,  entre  la  Savoie  et  le 
Piémont;  pf)ims  cnlminaiits  :  le  mont  Iseian,  4045 
mètres  ;  la  Roche-Michel,  sommet  du  mont  Cenis, 
5405  mètres;  lemoni  Valaisan,  5332  me:res.  4°  Les 
Alpes  Penniiies,  Alpes  Penniiiœ,  Alpi  Pcnnine,  Pen- 
uinischen  Alpen,  du  col  du  Bnnliomme  au  muni  Ro- 
sa;  entre  le  Piémont  au  sud,  la  Savoie  et  le  Valais 
au  nord;  bmguenr  90  kil.  Ce  groupe  renferme  les 
pniiiis  culniinanis  et  les  glaciers  les  plus  vasi.  s  de 
l'Eunipe  ;  poins  iiiLeinanls  ;  le  nK)nt  Rlauc,  47 'a 
Ϗiies;  le  mont  l'iosa.  4618   uictres  ;  le  mont  Cer- 


vin,  4322  mèires  ;  le  mont  Crmbin,  4303  mètres  ;  le 
Géant,  4206  mètres;  le  mont  Velan,  5572  mètres; 
le  grand  Saint-Bernard,  5536  méires.  .3*  Les  Alpes 
Lépontiennes  ou  llelveiiques,  Alpes  Lepontiœ,  A. 
LepoMinm  ,  Alpi  Leponzie,  Lepontisclien  Alpen,  du 
nient  Rusa  au  mont  San-Bernardino;  dans  la  Suisse 
el  eiiire  les  Etats-Sardes  et  la  Suisse;  longueur  It^O 
kil.  Ce  groupe  est,  par  U  puissance  de  ses  conire- 
foris,  le  plus  considérable  du  système;  ses  rameaux 
couvrent  louie  la  Suisse  à  l'ouest  du  Rhin.  Sa  bi anche 
principale,  la  ch;iine  des  Alpes  Bernoises,  qui  lorme 
la  p;iroi  septentiionale  du  Valais,  égale  la  cliaimi 
cenlraic  en  puissance;  ses  contreforts  s'étendent  sur 
luute  la  Suisse  occidentale  et  se  rattachent  au  Jura, 
au  nord  du  lac  de  Genève.  Elle  renferme  les  plus 
giaiidsglaciersdu  système,  après ceuxdes  Alpes  Pen- 
nines,  el  les  points  culminants  du  groupe,  le  Finsler- 
Aar-Uurn,  4502  méires;  la  Jung-Frau,  4K-:l.  mè- 
tres ;  le  Mœncli,  4114  mètres;  le  Schreckhorn,  4080 
mètres;  le  Wetierhorn,  5914  mètres,  l^es  points  cul- 
minants dans  la  chaîne  centrale  sont  le  Gallenslock, 
58'J4  Qiélres,  et  le  Siniplon  ou  Monte-Leone,  5318 
nièties.  0°  Les  Alpes  Rhéiiqnes  ou  Rhéiiennes,  Al- 
pes Hhœlicœ,  Alpi  Renche,  Rhâlisclien  Alpen,  du 
mont  San-Bernardino  anx  sources  de  l'.Vdige  ;  dans 
le  canton  des  disons,  le  Tyrol  el  au  nord  du  Lom- 
bard-Vénitien; longueur  en.ironJCÛ  kil.  lie  groupa 
forme  les  Alpes  des  Grisons  et  une  partie  des  Alpes 
du  Tyrol.  Sa  principale  branche  est  celle  qui  suit 
le  Cours  de  l'Inn  au  nord.el  forme  en  s'épanouissant 
les  moniagnes  duVorarIberg  et  les  .\lpes  de  Bavière; 
elle  se  lie  au  nord-esl  du  lac  de  Constance  avec  le 
R;intie-Alp  el  le  Schwarzwald.  Legrouperenfermedes 
glaciers  lonsidéraldes  ;  points  culminants:  l'Oite- 
1er  ou  Ortelespilz,  5917  mèires;  la  .Maloja,5300  mé- 
tier ;  le  Dœdi,  5571  mètres.  7°  Les  Alpes  iNorifiues, 
Alpes  Soricrv,  Alpi  Noriche,  Korischen  A'pen,  des 
si'urces  de  l'Adige  jusqu'à  celles  de  la  Drave  et  du 
Kiei  i  ;  dans  le  Tyrol,  le  Salzburg,  la  Carint  .ie  et  le 
Lombard-Vénitien  ;  longueur  environ  210  kil.  A  ce 
groupe  appariient  la  plus  graude  part  e  des  Alpes  du 
Tyrol,  ei  il  donne  naissance  auxcontreforis  les  plus 
étendus  de  tout  le  syslème.  Ceux-ci  forment  les  Al- 
pes do  Siyrie  et  d'Aniritlie,  et  se  prolongent  jusque 
sur  le  Danube,  uù  iU  se  rattachent  an  Bœhmerwald 
et  au.v  autres  massifs  situés  ûu  nod  de  ce  lleuve.  Le 
point  culminant  du  groupe  est  le  Gross-Glockner, 
5894  méires.  8*  Les  Alpes Carniques,.4/;jes  Camicœ, 
Alpi  Carniclie,  Karniiclien  Alpen,  des  sources  de  la 
Drave  ei  du  liienz  au  col  de  Saisnitz,  à  l'uuesi  de 
Tarvis  ;  entre  le  Lombard-Vénitien  et  la  Carinthie; 
longueur  1 10  kil.  ;  point  culminant  :  la  M;;rmt  tatn, 
5J08  mètres.  9°  Les  Alpes  Juliennes,  Alpes  Juli,-, 
Alp^  Ciulie,  Julischen  Alpen,  du  col  de  Saisnitz  au 
mont  Kleck,  près  de  Zer.gg,  dans  la  Carinole;  lon- 
gueur environ  250  kil.  ;  point  culminant  le  Terglou, 
5400  mètres.  10°  Les  Alpes  Dinar:.]ties,  A/p«;  Dina- 
ricœ,  Alpi  Dinariche,  Dinarisclhn  Alpen,  dn  mont 
Kleck  à  laNarcnta;  dans  la  Croatie,  la    Daiinaiie  et 


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717  GEOGRAPllIR  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 

l'Herzégovine;  lonj^'iieurSCO  kil.  ;  points ciilininanls: 
le  inont  Dinara,  2^273  iiicires  ;  le  mont  Kleck,  2111 
mètres.  —  La  liiiiiie  des  neiges  perpétuelles  dans  les 
Alpes,  est  en  moyenne  à  pi  es  de  29C0  inèlres  ;  mais 
dans  quelques  vallées  les  glaciers  descendent  jus- 
qu'à I15U  niéires.  Lis  plus  vastes  de  ces  mers  de 
i;lace  sont  cilles  des  Alpes  Penuines,  des  Alpes 
Bernoises  et  des  Alpes  du  Tyrol.  Les  limiies  de  la 
réséiaiion  diffèrent  sur  chacun  des  versants  de  la 
chaîne  cenlr.ile;  tiulcs  circonstances  cliniatériques 
égales  d'ailleurs,  elless'é  èvenl  davantage 'Ui  le  ver- 
sasil  iiiéridiiui  il.  La  liuiiie  de  la  culture  du  froment 
vaiie  entre  1250  et  155  J  mètres;  celle  de  l'orge  :it- 
lelni  1953  mètres,  et  les  lutaies  qui  s'arrêtent  dans 
quelques  points  à  1500  mètres,  s'élèvent  ailleurs 
ius<|u'à  -300  mètres.  Les  richesses  minérales  des  .-M- 
pes  sont  peu  considérables;  le  ler  et  le  sel  y  sont 
seuls  l'objet  d'une  exploitation  très-importante;  après 
ces  deux  produits  viennent  le  plomb  et  le  cuivre,  et 
le  mercure  des  riches  mines  d'Idria.  La  plupart  des 
imnes  d'or  et  d'argent  qui  y  ont  été  nuvertcs  sont 
aujourd'hui  abandonnées.  —  Ou  évalue  à  7,000,000 
habitants  environ  la  somme  des  populations  labo- 
rieuses qui  occupent  ti  uies  les  rannlicaiious  des  Al- 
pes. Ces  peuples,  pasteurs  eu  jjéuéiai,  ou,  comme 
dans  les  Alpes  des  Etats  autrichiens  particnlièrement, 
occupés  à  l'exploitation  et  au  travail  des  mctaus, 
apparlienneni  en  grande  majorité  à  la  souche  alle- 
mande ;  le  reste  se  compose  de  Français  ou  de  Uo- 
mans  dans  les  Alpes  de  la  France,  de  la  Savoie  et 
de  la  Suisse,  d'Iia'iens  dans  les  hi.utes  vallées  l'es 
allluents  de  l'Adriaiiiine,  etde  Slaves,  dans  les  mon- 
tagnes au  nord  de  ce  golfe. 

La  barrière  cpie  foinieiit  les  Alpes,  entre  l'Italie 
d'un  côté  et  de  l'antre  la  France,  la  Suisse  et  le  Ty- 
rol, n'était  encore,  au  commencement  de  te  siècle, 
franchissable  qu'au  moyen  de  quelques  scnti:'rs  dilli- 
ciles,  et  praiicah'es  seuiemeiit  pur  les  piétons  et 
les  bêles  de  somme.  Avant  celles  qu'a  fait  ouvrir 
Napoléon,  il  n'existait  aucune  route  )  ratic.ible  pour 
voilures  à  travers  cette  partie  des  Alpes.  L'Eiirope\ 
doit  au  géiue  créateur  de  ce  prii.ce  la  route  du  Siin-\ 
pion,  exécutée  de  ISOl  à  1800,  et  regardée  comme 
la  construction  la  plus  prodigieuse  des  temps  moder- 
nes; la  route  du  uiont  Cenis,  coumeucée  en  1805  et 
restée  la  plus  fréquentée  de  tout  le  système  des  Al- 
pes, et  la  route  du  mont  Genèvre.  Les  routes  pour 
voitures,  qui  traversent  aujourd'hui  la  chaîne  cen- 
trale en  Italie,  sont,  en  allant  de  l'ouest  à  l'est  :  1° 
la  roule  dn  col  de  Teude,  de  Nice  à  Coni,  s'clevant 
au  col  de  Tende  à  1795  mètres;  2"  celle  du  mont 
Gencuc,  d'Avignon  à  Turin,  suivant  les  vallées  de  la 
Durance  et  de  la  Dora-Ripera,  par  Briançon  et  Suse  ; 
eUes'élèveau  passage  du  mont  Genèvre,  à  1974  mè- 
tres; 5"  celle  du  mont  Cenis,  de  Grenoble  à  Turin, 
suivant  les  vallées  de  l'Isère,  de  l'Arc  et  de  h  Doia- 
Kipcra,  par  Saint-Jean  de  iMaurienne  et  Suse,  et  s'é- 
levaril,  au  passage  du  mont  Cenis,  à  2065  mètres  :  ce 
passage,  le  plus  fréquenté  des  Aljics,  est  traversé 


718 

annuellement  par  plirs  de  16,000  voitures  et  45,000 
chevaux  et  niideis;  4"  la  roule  du  petit  Sainl-Dernard, 
de  Grenoble  à  .Aosle,  suivant  les  vallées  de  l'Isère  et 
de  la  Dora-lialiea,  par.Montiers  et  Saiirt-Maurice  :  elle 
s'élève  au  passage  du  jetit  Saint-Uernard,  k  211^2 
mètres;  5°  celle  du  Simplon,  de  la  Sui.'^se  occidentale 
à  Milan,  suivant  les  vallées  du  Uhôrie  et  du  Tessiri 
et  le  lac  M:ijeur,  par  Marligny,  Sion,  Brigg,  et  Domo 
d'OsSOla  :  son  altitude,  au  passage  du  Simplou,  est 
de  2tJ05  mètres  ;  6°  celle  du  Saint  Goiliard,  de  la 
Suisse  centrale  à  Milan,  par  Allorf  et  Dellinzona, 
suivunt  les  vallées  de  la  lieuss  et  du  Tessin  et  le  lac 
Majeur,  et  s'élevaut,  an  passage  du  Saiiu-Goihard,  à 
2075  mètres  :  cette  route,  qui  a  toujours  été  l'un 
des  passages  les  plus  importants  et  les  plus  fiéiuen- 
lés  des  Alpes,  n'est  praticable,  pour  les  voitures  que 
depuis  quelques  années  ;  7°  celle  du  San-Bemardino, 
de  la  Suisse  orientale  à  Milan,  par  Coire,  Splijgen, 
Ilinter-IUiein,  San-Cernardino,  Misocco  et  liellin- 
zana,  suivant  les  vallées  du  Bhin,  du  Rhin-Poslé- 
ricur  (Ilinter-Rhein),  de  la  Muesa  et  le  lac  Majeur  ; 
elle  s'élève  au  passage  du  San-Bernardiiio,  à  2138 
mènes  :  cette  roule  est,  avec  la  suivante,  importante 
surtout  pour  le  commerce  de  rAllemagne  occiden- 
tale avec  l'Italie;  8°  celle  du  Sp'ugen,  e:itre  les  mê- 
mes pays  que  la  précédente,  par  Coire,  Spiiii'en, 
Isola,  Cam{io-Llo!cino,  Chiavenna  et  Conio,  suivant 
les  vallées  du  liliiu-Postéricur,  de  la  Lyra,  de  la 
Maira  cl  le  lac  de  Como,  el  s'élevant  au  passuge  du 
Spliigon,  à  2177  mètres  :  cette  roue,  l'une  des  plus 
belles  des  Alpes,  a  élé  en  entier  constrnito  par  le 
guuvenienienl  autrichien,  del81S  à  1822;  9°  la  roula 
de  la  Shiloja,  prat.caide  pour  les  pciitis  voilures 
seulement,  nrais  l'ime  des  plu  ■  frci|iieutées  ;  e'ie  va 
de  Cuire  à  Como,  par  la  vallée  d'Oberhalbsieiii  et 
celle  de  la  Maira  ;  elle  s'élève  à  2az0  mètres;  10° 
la  roule  du  St  Iviii,  ou  Stiifser-Jocli,  d'Inspirick  à 
Milan,  par  Landeck,  Finstermùriz,  Glurns,  Stelvio, 
Bormio  etSondrio  :  cette  voie  militaire,  l.i  pins  éle- 
vée des  grandes  routes  de  l'Europe,  a  élé  construite 
pir  le  gouvernement  autrichien,  de  1820  à  1825,  et 
e>t  I  egardée,  avec  celle  du  Simplon,  comme  la  cons- 
tiuetion  la  plus  magnilique  de  ce  genre  :  elle  suit  les 
vallées  de  l'Iiirr,  de  l'Adige  dans  sa  partie  super  eure, 
et  celle  de  l'Ad  Ja  dans  toute  sa  longueur  ;  elle  atteint, 
au  Col  du  Stelvio,  une  altitude  de  2797  mère-,  supé- 
rieure au  niveau  des  neiges  perpétuelles  ;  11°  la  roui  ; 
du  Brenner,  l'une  des  principales  voies  du  cornrnerci; 
à  Ira  vers  les  Alpes,  d'Inspruck  à  Vérone,  parMairay, 
BTCmier,  Slerïing,  Brixen,  Bolzano  et  Roveredo, 
suivant  les  vallée.-  de  la  Sill,  de  l'Eisach  et  de  l'A- 
dige,  et  s'élevant,  au  col  du  Brenner,  à  1420  mètres; 
il"  la  dernière  roule  à  l'est,  qui  traverse  la  chaîne 
centrale  en  Italie,  est  celle  du  col  de  Saisnitz,  de 
Yillach  à  Udine,  par  Tarvis  ,  Malborgel  et  Poirteba , 
elle  s'élève,  au  col  de  Saisnitz,  à  809  mètres.  Celte 
route  sert  aux  cummunication-i  entre  Venise,  Linz, 
Salzbourg  et  Vienne.  —  Parmi  les  passages  non  pra- 
ticables pour  les  voilures,  le   plus  célèbre  est  celui 


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DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


du  grand  Saint-Bernard,  franchi  pur  l'armée  fran- 
iitise  leli  mai  1800;  il  condiiii  de  Martigny  sur  le 
K4iôtie,  à  l'eiiirée  du  Valais,  à  Aosle  sur  le  Dora- 
Baliea,  par  Sainl-lîraiicliier,  Oisières,  Liddes,  et 
Saint-Pierre  dans  le  Valais,  Saiiii-Ueuiy,  Etniables, 
et  la  Cluse  é>ni  la  vallée  d'Angle;  son  pninl  culmi- 
nant esta  2428  mètres,  à  l'hospice  du  Grand-Sa  iit- 
Bernard. 

La  léiièreté  et  la  grande  rareté  de  l'air  dans  les 
Mpes  soiil  cause  de  l'épni.-ement,  de  la  lassitude, 
de  ra?soup;ssenienl,  desmaUiises,  de  la  lièvre  vio- 
lente ei  des  évanouissements  nuxqials  bi^amoup  de      ''^f  orages  accompagnés  de  tonnerre  ont  coutume  de 


720 
les  lieux  plus  bas,  dans  lesquels  celui  du  nord  se  fait 
encore  sentir,  tandis  qu'on  aperçoit  la  violence  du 
premier  au  bruissement  que  l'on  entend  dans  les 
airs,  et  à  l'agitation  des  arbres  qui  couvrent  les  som- 
mités des  montagnes.  Le  vent  du  sud-ouest  dessè- 
tbe.éiouidil,échan(Teel  produit  plusieurs  effets  dés- 
agiéables  sur  le  corps  l/uniain;du  reste  il  rend 
l'air  plus  pur  et  plus  transparent,  et  rapproche  les 
objets;  de  sorte  que  les  paysages ,  eniièremcnt  dé- 
gagés de  vapeurs,  ressembleuiàdestubleaus  que  l'oa 
vient  de  laver.— Sur  le  revers  méridional  des  Alpes, 


personnes  sont  sujeties  quand  elles  s'élévenl  sur  les 
plus  hautes  montagnes.  Qnelqnes-uns  de  ces  a(ci- 
denls  obligent  môme  certains  individus  à  rebrous- 
ser prompiement  chemin  dès  qu'ils  ont  atteint  la 
Lauteur  de9003pieds.  Lesmnlels,  à10,416  pieds  au- 
dessus  du  niveau  de  la  mer,  se  trouvent  lelleinent 
essoufflés  qu'ils  font  entendre  une  sorte  décris  pLiin- 
lifs.  Les  guides  les  pins  vigoureux  de  la  vallée  de 
Chamouny,  pendant  la  d.-ruière  heure  de  l'.iscension 
du  .Mont-Blanc,  sont  si  épuisés  iiu'il,  se  trouvent 
hors  d'étal  de  faire  plus  de  quelques  pas  sans  s'ar- 
rêter pour  se  remelire.  Ces  qualités  de  l'air  sont 
aus,-i  cause  de  la  bouffissure  et  de  la  rongeur  qu'on 
observe  sur  le  visage  et  les  mains  des  personnes  qui 
parcourent  les  li:iuie-Alpes  par  un  trmps  serein. 
A  la  suite  de  cetie  espèce  d'enflure,  ass^z  doulou- 
reu>e,  l'épiderme  a  couiume  de  se  détacher  et  de 
tomber.  —On  est  c\p.isé,  dans  h  s  Al(e-i,  à  d'ctrau- 


s'éleverdés  le  matiji  :  sur  le  revers  opposé  ils  ont 
plutôt  lieu  pendant  la  Soirée;  les  averses  y  seul  aus- 
si moins  fréquentes. 

Le  plus  magnifique  phénomène  qu'offrent  les  Alpes 
(principalement  celles  de  leurs  montagnes  que  cou- 
vrent des  neig.s  éternelles),  consiste  dans  le  pour- 
pre éclatant  dont  le  soleil  couehant  les  embrase. 
Lorsque  le  ciel  est  sejein  ,  et  qu'on  a  lieu  de  croire 
que  le  coucher  du  soleil  sera  beau,  le  voyageur  fera 
l)ien  de  quitter  la  ville  et  la  niaisun ,  pour  chercher 
quelque  point  de  vue  d'où  il  puisse  découvrir  les 
Alpes  dans  tonte  leur  majesté.  11  est  assez  rare  que 
l'atmosphère  réunisse  toutes  les  ciiconsiances  né- 
cessaires pour  donn  r  lieu  à  ce  magnifique  specta- 
cle ;  il  faut  donc  profiter  soigneusement  des  soiiées 
où  l'on  trouve  l'occasion  d'en  jouir  plein-'uient. 

Les  glaciers  coumiencent  entre  les  Alpes  Mariti- 
mes et  Coitiennes.  prés  des  souries  de  la  Durance 


gcs  illusions  d'.ipti|ue  sur  la  dis  ance  des  ohjeis  que  et  du  Pô  ;  ils   ferment  ensuite  une  chaîne  continue 

l'on  croit  toujours  beaucoup  plus  rapprochés  qu'ils  ne  P^""  'i^s  Aïoes  Grecques,  Pennines,  Bernoises,  Lépon- 

sont  cil  effet.  Le   rappr.  chenient  de    la  chaîne  des  liues,  Rhét(iues,Noriques  et  Carniques,  jusque  dans 

Alpes  est   quelquefois   ti-lleui.  ni  sensible   dans    des  '^  Haulc-Carinlhie,   dans  le  voisinage  de  Guiùnd  ; 

endroits  qui  en  soni  à  12  ou  IJ  lieues   de  dislance,  dausle  I  yml  on  les  appelle  /mi  ou  ferner;en  Suisse, 

qu'il  n'y  a  personne  qui  n'en  soit  frappé.  Ce  phéno-  gteiiclier.  On  trouve  réellement  de-  glaciers  sur  le 

ii.ène  a  ciuumun  ■ment   lieu   le  matin,  et  quelques  sommet  des  mont  gnes  qui  atteignent  la  linvte  des 


heures  après  le  lever  du  S'hil.  C'est  un  indice  as- 
suré que  le  vent  est  sud -ouest  et  que  le  temps  va 
se  nieit'e  à  la  pluie.  —  Sur  l'un  et  l'autre  revers  des 
Alpes,  per.dant  les  mois  d'été,  on  (diserve  dans  les 
vallées  transversale-,  des  vents  qui  enmuienceni  à 
souffler  au  coucher  du  soleil,  l<>rsqu'il  n'a  pas  fait 
d'orage.  Ces  vents,  ijui  quelquefois  sont  d'une  violence 
extrême,  descendent  le  bng  des  veillées;  ils  durent 
pend.int  plusieurs  heures,  et  recnniuieneent  un  peu 
avant  le  lever  du  soleil.  Vers  le  milieu  du  jour,  au 
contraire,  les  vents  sont  beaucoup  nio  ns  f.irts,  et  se 
dirigent  vers  le  haut  di  s  vallées.  Quand  les  vents  (du 
soir)  descendent ,  ils  amènent  prcsi|ue  toujouis  le 
lieau  temps,  au  lieu  que  les  vents  ascendants  sont 
suivis  de  la  pluie  et  des  orages.  Le  vent  du  sud- 
ouisi,  connu  dans  la  Suisse  allemande  sous  le  nom 
de  Fœn  (Favoniits),  esi  toujours  orageux  dans  les 
Alpes;  il  y  cause  quelquefois  des  tempêtes  si  terri- 
bles qu'elles  déracinent  les  plus  gr.mds  arbres,  en- 
traînent d'énormes  rochers,  renversent  les  cabanes, 
i)roduiseut  des  avalanches  de  neige,  tenasseiit  les 
LommeSjÇiç,  Ce  yeul  n^  iic.-cciid  que  pn;  "  l"""  tos 


neiges  éternel  es  ,  à  la  hauteur  d'environ  15  à  1600 
toises.  —  Tims  les  glaciers  do  la  Suisse  provienneDt 
d'un  g' and  amas  de  neige  imhibée  d'eau ,  lequel  , 
après  s'êtie  congelé  pendant  l'hiver,  ne  peut  enliè- 
renieni  se  fondre  pendant  l'été  ,  et  persiste  ainsi 
jusqu'à  l'hiver.  C'est  exclusivement  dans  ks  plus 
hauts  vallons  des  montagnes  que  se  sont  formés 
presque  tous  les  glaciers  ,  sans  en  excepter  ceux 
dont  les  rauùMcalions  descendent  dans  les  vallées 
les  plus  fertiles.  Il  n'y  en  a  que  très-peu  dans  la  di- 
rcciion  de  l'est  à  l'ouest ,  et  tous  sont  entourés  de 
hauies  montagnes  dont  les  ombres  affaiblissent  con- 
sidérablement les  effets  du  soleil  durant  les  trois 
mois  d'été.  Pendant  neuf  mois  de  l'année  les  neiges 
s'accumuleut  dans  ces  hautes  régions.  Des  lavanches 
de  neige  d'un  puids  énorme  tombent  incessamment 
du  haut  des  montagnes  circonvoisines  au  fond  de 
la  vallée,  où  elles  s'entassent  comme  dans  un  bas- 
sin, eu  couches  très-compaeies  de  plusieurs  centai- 
nes de  pieds  d'épaisseur.  On  conçoit  qu'une  telle 
masse  ne  peut  se  fondre  entièrement  pendant  l'été, 
de  sorte  qu'au  retour  de  l'hiver  elle  a  pus  l'aspect 


721  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGÎT.  723 

d'un  amas  de  neige  congelée,  consistant  en  peiiis      le  soleil  a  repris  de  l'aciivilé,  et  qu'il  survient  un 
grains  que  l'infilcralion  deseain  qui  pénètrent  d;ins      dégel  subit,  ces  masses  se  brisent  et  s'écroulent  par 

'"elTel  de  leur  pes.'inteur,  ou  pir  l'ébranlement  de  l'air 


l'intérieur  de  la  niasse  réunit  entre  eux  en  aug- 
rnentanl  leur  volume. 

Il  n'y  a  pas  de  vallée  dans  les  Alpes  dont  le  sol  ne 
forme  un  plan  incliné  :  ainsi,  lorsque  la  partie  supé- 
rieure d'une  vallée  est  occupée  par  \u\  glacier  dont 
la  niasse  et  l'étendue  augmentent  tous  les  ans  en  rai- 
son de  l'accroisseme  it  du  froid  qu'il  occasi(mne  lui- 
même,  il  résulte  de  cet  état  de  choses  une  forte 
pression  des  glaces  vers  la  pariie  inférieure  de  la 
vallée,  qui  est  le  seul  point  oii  il  n'éprouve  aucune 
résistance.  On  compte  dans  la  cliaîne  des  Alpes,  de- 
puis le  Mi>nt  Blanc  jusqu'aux  liiuiiesdu  Tyrnl ,  envi- 
ron 400  glaciers,  dunt  seulement  un  très-petit  nom- 
bre n'ont  qu'une  lieue  de  longueur,  tandis  qu'il  eu  est 
une  n)iillitude  dimt  la  longueur  est  de  ii  à  28  kil. 
sur  2  à  ô  kil.  de  largeur,  et  sur  100  à  600  pieds  d'é- 
paisseiir  :  la  surface  de  tous  ces  glaciers  a  600  kil. 
carrés.  Tels  sont  les  réservoirs  intarissables  qui  en- 
tretiennent les  plus  grands  et  les  principaux  lleuves 
de  l'Europe. 

Les  chutes  de  neige  connues  sous  le  nom  de  ta- 
vancltes  ou  d'avalanches  offrent  un  des  phénomènes 
les  plus  terribles  et  les  plus  extraordinaires  de  la 
nature  dans  les  Alpes.  Tant  que  les  neiges  tendres  et 
poudreuses  qui  couvrent  les  sapins  ne  sont  pas  tom- 
bées, il  faut  s'aitendre  à  des  lavanches.de  sorte  que 
le  dangi-r  dure  ordinairement  deux  à  quatre  jnurs 
après  qu'il  a  neigé.  Quard  les  neiges  sont  molles,  le» 
lavanches  sont  plus  fréquentes  ;  mais  elles  sont 
plus  dangereuses  par  le  dégel.  Quand  la  neige  toinlie 
sur  la  surface  gelée  d'une  neige  plus  ancienne,  elle 
forme  plus  facilement  des  lavanches  que  lorsqu'elle 
trouve  une  surface  dégelée.  Les  lavanches  ont  lieu 
en  hiver,  au  printemps  et  en  été. — Lorsque  les  hautes 
montagnes  sont  couvertes  de  neiges  récentes,  et  que 
les  vents  ou  quelque  autre  cause  viennent  à  en  déta- 
cher des  flocons,  ces  derniers  tombent  souvent  le 
long  de  la  pente  des  rochers,  où  ils  se  grossissent 
au  point  de  prendre  une  grosseur  monstrueuse , 
après  quoi  ils  poursuivent  leur  course  formidable  en 
roulant  jusqu'au  fond  des  vallées  :  c'est  là  ce  qu'on 
ùfifeWe  lavanches  froides.  Lors(|ue  des  hommes  ou  des 
bestiaux  ont  le  malheur  d'être  atteints  et  couverts 
par  ces  sortes  de  lavanches,  on  peut  les  sauver  en  se 
hâtant  d'enlever  la  neige,  ce  qui  est  praticable, 
ces  masses  n'éiant  point  compactes.  Lorsque  les  la- 
vanches ne  sont  pas  irés-coiisidérables,  ceux  qui  en 
sont  atteints  parviennent  quelquefois  à  se  f.iire  jour 
eux-mêmes  en  fondant  la  neige  avec  leur  h.ileine 
jiiime  à  l'effet  de  leur  trauspir.ition,  ei  en  tenant 
leur  corps  dans  un  mouvement  continuel.  Jlais  lors- 
(|iie  la  lavaiiclie  est  trop  grande,  et  qu'il  n'y  ii  pas  de 

secours  du  dehors,  l'infortuné  y  périt  de  Imid 

Pendant  le  cours  de  l'hiver  d'énormi  s  masses  de 
neige  s'amassent  et  s'avancent  considérablement  au 
delà  des  parois  de  rochers,  de  manière  à  surplomber 
au-dessus  du  sol  ;  aux  mois  d'avril  et  de  mai,  quand 


agité  par  les  cloclieites  des  chevaux,  par  la  voix  des 
hommes  ou  par  les  orages.  Alors  ces  lavanclies  sa 
précipitent  avec  une  violence  incroyable  dans  les 
parties  basses,  en  entraînant  dans  leur  chute  dei 
quartiers  de  rochers,  des  arbres  et  des  terres;  ellei 
ensevelissent  sous  leurs  ruines  des  maisons  et  des 
villaues,  et  renversent  des  forêts  entières  avec  une 
impétuosité  irrésistible.  C'est  au  printemps  que  ces 
sortes  de  lavanche.  ont  le  plus  smivent  lieu,  et  cà 
sont  elles  qui,  dans  cette  sai-on,  rendent  si  dange- 
reux le  passage  des  llauies-AIpes.  Le  moindre  son 
est  capable  d'exciter  une  chute  de  neige.  Les  person- 
nes qui  sont  dans  la  nécessité  de  passer  les  Alpes  au 
printemps  doivent  s'arranger  à  faire  le  voyage  en 
compagnie.  Ceux  qui  ont  le  malheur  d'être  couverts 
par  une  lavanclie  de  printemps  sont  le  plus  souvent 
perdus  sans  ressource:  i!s  sont  étouffes  ou  écrasés 
sous  cet  énorme  poids.  La  neige  dont  elles  sont 
composées  est  tellement  durcie,  qu'im  homme  ou  un 
cheval  qui  y  siint  enfoncés  ne  peuvent  absolument 
s'en  retirer  sans  un  secours  étranger  :  aussi  forme- 
t-elle  quelquefois  sur  les  torrents  des  Alpes  des 
voûtes  naturelles  sur  lesquelles  on  (ait  passer  des 
masses  d'un  poids  considérable  jusque  bien  avant 
dans  l'été.  L'impétuosité  affreuse  des  lavanches  froi- 
des et  de  celles  du  printemps  étonne  l'imagination  :  la 
chute  de  ces  masses  de  neige,  qui  tombent  souvent 
de  plusieurs  milliers  de  pieds  de  bailleur,  cause  un 
tel  ébranlement  dans  l'air,  qti'on  vyil  quelquefois 
des  cabanes  renversées,  des  hommes  terrassés  et 
étouffés  à  une  distance  considérable  de  la  place  où 
la  lavanche  a  passé.  La  vitesse  avec  laquelle  ces  la- 
vanches tomb.uil  est  quelquefois  si  prodigieuse, 
qu'elbs  couvrent  dans  les  vallées  des  surfaces  de 
plus  d'une  lieue  de  longueur,  et  qu'elles  exercent 
leurs  lavages  dans  des  endroits  dist;inis  de  plus  de 
2  lieues  du  pied  des  rochers  d'où  elles  sont  descen- 
dues: elles  enlrainent  toujours  un  grand  nombre  de 
pierres  du  haut  des  montagnes,  et  laissent  dans  les 
pâturages  des  Alpes  et  dans  la  vallée  les  traces  dé- 
plorables de  leurs  dévastations.  Ces  alîreux  vestiges 
subsisieut  quelquefois  pendant  une  longue  suite 
d'années,  semblables  à  ceux  qu'a  laissés  le  torretit 
sauvage,  en  frappant  de  stérilité  les  prairies  les  plus 
riantes. — Les  lavanches  de  la  iroiiiéine  espèce  n'ont 
lieu  qu'en  été  ;  elles  ne  sont  dangereuses  ni  pour  les 
hommes  ni  pour  les  bestiaux,  parce  qu'elles  na 
tombent  guère  que  sur  les  parties  les  plus  élevées 
des  montagnes  où  la  neige  séjourne  pendant  toute 
l'année;  elles  offrent  un  spectacle  très-curieux  ;  vous 
croiriez  voir  une  rivière  d'argent  entourée  d'ona 
nuée  de  neige  exlrêmenienl  subtile,  se  précipiter  du 
haut  des  rochers;  la  masse  auginenie  de  gradins 
en  gradins  ;  elle  marche  avec  un  bruit  qui  ressemble 
à  Celui  du  tonnerre,  et  se  prolonge,  à  la  faveur  des 
échos,  au  milieu  du  silence  sublime  des'Alpes.  C'est 


TS5 


DICTrONNAIRE  DE  GEORRAPHIE  ECCLrSlASTIQL'E. 


72-4 


ordinairement  quand  le  ciil  e-i  serein  el  que  les 
venis  (i'onest  règiienl,  que  ces  sortes  de  lav;inclies 
Ont  licii.  Il  t'Sl  fojl  rare  que  les  voyageur*  qui  \oiit 
de  Giiiidelwald  à  Mi:yrii)glien,  par  le  t^clieidcck, 
n'aieni  pas  le  plaisir  de  voir  le  spectacle  quolTrenl 
ce>  lavaiiclies  d  élé. 

Le^  lavaiiclu's  s'annoncent  f^iij'inrs  par  un  bruit 
sou.d  ei  i'iïra\ani,  semlilaUle  à  celui  du  tonnerre, 
de  srrie  que  le  voyageur  a  souvent  le  tem|is  de 
chercher  son  salul  dans  la  fuite.  La  fortne  ei  la 
posiii  n  de  eeriaines  n^onlagncs  soiit  cause  qu'il  y 
a  des  endioits  exposés  toutes  les  années  aux  pins 
lerriiiles  lavanches;  niissi  ces  phénomènes  rcdnuia- 
bles  onl-ils  occasionné  aux  habiiants  des  montagnes 
de  Kiuie  la  chaîne  des  Algies ,  des  malheurs  sans 
nombre. 

D.ms  un  fens  plus  resserré,  le  mot  Alpes  désigne, 
dans  le  lanjiage  des  il:lbllal>t^  de  ces  hautes  régions, 
les  pâturages  de  inoi.iagnes,  lesquels  s'élèvent  entre 
les  diverses  chaînes  de  rochem  qui  eu  fnrment  les 
gradins  jusqu'à  la  ligne  des  neiges,  (/ost  dans  ces 
pâturages  que  croissent  les  plantes.  A  lOUO  toises  on 
entre  dans  la  région  des  arbres,  dont  les  plus  re- 
marquables sont  le  sapin  à  reiiillcs,  dit  le  piii  commun, 
le  pin  mugho,  le  mélèze,  le  picéa,  le  bouleau,  le 
hëire,  le  chêne,  le  cerisier  qui  sert  à  (aire  le  kirs- 
chenwa-ser,  le  iroyer,  le  châtaignier.  La  vigne  vient 
k  la  hauteur  de  288toi^es;  l'iilivier  se  cultive  au 
pied  des  Alpes  du  côté  de  l'Iialii';  el  l'on  y  élève 
l'oranirer,  le  citronnier,  et  d'autres  arbres  de  1 1  zone 
tempérée  chaude.  L'orge,  l'avoine,  le  seigle  croissent 
à  70  !  et  mcme  à  10;  0  mises;  dans  toute  la  région 
des  forets  on  voit  les  lianes  des  Alpes  ornés  d'arbres 
magnifiques  :  irès-souvent  l'àpretédes  lieux,  l'éloi- 
guement  de  toute  habitation  empêchent  de  l?s  e\- 
ploiier;  d'ailleurs  il  est  nécessaire  de  laisser  sur  pied 
pliisieirrs  forêts  dans  les  montagnes,  pour  préserver 
les  pàlnrages,  les  arbustes,  les  maisons,  de  In  chute 
des  rochers  qui  se  détachent  souvent  des  sommets , 
el  pour  arrêter  la  force  des  avalanches. 

Les  Alpes  offrent  un  lableau  champêtre  irès- 
agréable  pour  les  amateurs  de  la  belle  nature  :  c'est 
celui  d'innombrables  troupeaux  de  vaches,  de  bœufs, 
de  moulons  et  de  chèvres  qui  paissent  pendant  la 
belle  saison  dans  les  plus  hantes  vallées  :  en  voyant 
la  quantité  de  ces  animaux  qui  couvrent  les  monta- 
gnes et  leurs  croupes,  on  dirait  qu'rls  y  ont  remplacé 
les  hoiiin^es.  Au-dessus  de  ces  pâturages  accessibles 
à  l'honmie  et  au  bétail  qu'il  élève,  le  bouquetin  et  le 
chamois  ne  IVéquentent  qne  ceux  qui  sont  enclavés 
au  milieu  des  glaciers  et  des  neiges  perpéiuelles.  Le 
bouquetin  gravit  les  sommets  les  plus  élevés;  le 
chamois  se  Qxe  au  second  étage  des  montagnes  et 

(1)  Dans  la  roule  de  Biienos-Ayres  au  ("hili,  le 
passage  que  l'on  «nii  en  sortant  de  Mendoza  n'a 
pas  nriiins  de  2'i4  kil.  Le  froid  vif  el  péiiélrani  que 
l'un  y  éprouve  laii  e;  uelleinenl  souffrir  les  voyii^eurs; 
il  e>l  li'ail  tu'S  liès-nrflicile  de  s'''ll  garantir.  i)ii  e>t 
Einr.tiil  ttilon  iiit  saisi,  qne  la  ri'spiiati  ii  lu.in.pie 
luuià  uuuo.  Ua  rcncuniie  de  dislance  en  dirsiaace. 


dans  leur  région  boisée  ,  mais  jamais  on  ne  le  voit 
dans  If'S  plaines.  —  Aii-de>sous  de  eetie  région  éle- 
vée vivi-n»  les  inariuo^tes;  la  plupart  se  tiennent  au- 
dessiîiis  de  la  rég  on  boi>ée  ,  d'antres  hahiient  de 
moinires  hauteurs,  où  l'un  Iroive  des  taupes  et  des 
ours  noirs  et  f^.uves;  i  lus  tas  encor-  les  loups,  les 
renards,  les  lynx  el  les  chats  sauvages  répainK'nl  la 
terreur  parmi  1rs  troupeaux  de  hélail ,  et  meileul 
qiielqn.fiiis  en  liéf  ut  la  vigi'anre  des  bergers  :  enlin 
on  triuive  h-  lièvre  hlaiic  des  Alpes,  l'écureuil  noir, 
le  Coq  blanc  de  bruyère,  le  petit  telras,  la  gelinotte 
blantlie,  le  bel  oiseau  nomuié  alpenjUievogel;  mais  on 
remarque  par-dessus  tous  les  animaux  al,  ins  ,  le 
grand  aigle. 

Suxa  Americatia,  vel  Snxa  CordiUera,  vel  liupes 
Andium,  les  \ndes,  ou  C.oidillères,  en  espagnol  las 
Cordilleids  de  Us  Andes.  Ces  montagnes,  d'une  con- 
linuilé  (le  960!)  kil.,  occupent  dans  l'histoire  légeii- 
diqui;  une  place  sombre,  mystérieus;  el  magnilique 
tout  à  la  fois.  Elles  réuiiisseirl  loirtes  les  spleiidides 
merveilles  ei  les  imposantes  horreurs  que  Dieu  de 
sa  m. -in  puissante  a  répandues  dans  la  créaiion;  elles 
son'  l'adiiiiralion  et  la  terreur  des  peuples.  Si  l'on 
réunissait  toutes  les  iradiiions  légeudiques  qui  les 
concernent,  et  qui  sont  dispersées  dans  les  deux 
Ainéri  lues,  on  eu  composerait  des  volumes.  Sur  les 
plateaux  de  Tiiicaca  et  de  Quito,  comme  sur  ceux  de 
T  Inea  et  d'Orizaba,  une  vieille  tradition  portait  (|ue 
dos  guerriers,  des  génies  niallaisanls, venant  de  l'Est, 
dé. miraient  les  races  auiér.eaiues.  Lue  légende  po- 
pulaire qui  se  transniel  de  père  eu  bis  cirez  les  In- 
diens des  Cordillères  veut  qu'api  es  l'invasion  des 
Espagiio's  des  trésors  imineuses  aient  été  précipités 
dans  les  abîmes  gigantesques  des  Andes.  Le  lac 
de  Tiiicaca,  par  eieniple,  en  roiiiiendrail  une  par- 
tie. Un  ruisseau  qui  coule  non  loin  du  Chimborazo, 
el  doiii  l'œil  ne  peut  sonder  qu'avec  effroi  la  profon- 
deur, renlermerail,  dit  on,  des  choses  aussi  curieu- 
ses que  riches,  mais  qu'où  ne  peul  retirer  vu  l'im- 
possibilité reconnue  de  descendre  dans  ces  précipi- 
ces. Les  nombreuses  tentatives  que  l'on  a  faites  oui 
toujours  été  inutiles.  On  distingue  en  effet  toutes 
sortes  de  couleurs  qui  brillent  dans  les  eaux  irans- 
parentes  du  ruisseau,  comme  les  éiueraudes  et  les 
rubis.  Combien  de  missionnaires  des  divers  ordres- 
religieux  el  de  voyageurs  ont  disparu  dans  le  pas- 
sage si  dangereux  des  Andes  !  Assaillis  par  un  vent 
impétueux,  saisis  par  une  bise  glaciale,  ou  ils  mou- 
raient de  froid,  ou  ils  étaient  entraînés  dans  des  pré- 
cipices épouvantables,  ou  ils  élaieni  tués  par  les  In- 
diens sauvages  (1).  La  science  moderne  a  voulu 
avoir  aussi  sa  légende  sur  les  Cordillères.  N'a-t-elle 
pas  voulu  faire  passer  le  Chimborazo   pour  la  moti- 

sur  celle  roule  de  désolation  ,  de  petites  maisons 
balles  en  pierre  qiip  le  gouvernement  a  fait  cons- 
truire et  munir  de  bisiuit.de  viandes  sa'éfs,  de 
B''.i  t't  dr-  bois,  afin  (|ue  les  voyageurs  il  surtout  les 
employés  piiisscnl  s'y  rclugreraii  he-oin. 

(S Ole  de  Cauleur.) 


72S  GEOCRAPfllE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


lagi>3  la  plus  élevée  du  globe?  Elle  souriait  com- 
plai'-.inimeni  à  te  système  dans  l'intérêt  de  nous  ne 
savons  trop  qncl  argument  hostile  à  la  création  bibli- 
que. Mais  celle  asst-rtion  n'a  pu  se  maiiiten  r,  elle  e-t 
bii'nlôt  tomlii^e  dans  ^lli^toire  légendaire.  Le  sys- 
»ème  orograpbique  de  l'Asie  a  prévalu  ;  les  monts 
Himalaya  sont  restés  ce  qu'ilsélaienl,  les  géants  de 
la  création,  et,  comme  disent  les  Hindous  dans  leur 
langage  légendique,  ils  continuent  de  porter  la  lerre. 

Les  Andi'S  s'étendent  dans  les  deux  Amériques  ; 
elles  forment  incoi  lestablcment  la  plus  g'aiide 
chaîne  de  montagnes  qu'il  y  ait  an  monde,  puis(|ii'elle 
comnieiice  au  cap  Horn,  exiréiiii'é  de  l'Aniériiiue 
méridionale,  et  ne  finit  qu'au  mont  Saint-Elie,  sur  la 
côie  nord-ouest  de  l'Amérique  spptenirionali!.  La 
distanie  comprime  entre  ces  deux  exlréniiiés  est 
d'environ  9G00  kil.  Elle  emlirasse  120",  ei  s'appro- 
che presque  également  des  deux  pôles;  ses  extié- 
miiés  n'en  restent  éloigaées  que  de  29  à  50°.  Les  An- 
des, étr(àtes  à  leur  naissance,  courent  directement 
du  sud  :in  nord  jusque  vers  le  21"  de  latitude  sud,  où 
elles  s'élargissent  et  se  dirigent  à  l'ouesl-nord-onest; 
au  5"  de  latitude  sud  elles  lournent  au  nord-est,  et 
vont  former  l'isiliuie  de  Darien  ou  Panama.  Du  cap 
Froward  à  ce  point,  elles  s'étendent  de  C800  kil.  de 
loiig,  et  dans  tout  cet  espace  elles  s'éloignent  rare- 
ment de  plus  de  80  kil.  du  Grand  Océan  :  on  estime 
leur  plus  grande  iirgeur  à  24  j  kil.,  et  leur  hauteur 
moyenne  à  2i0  toises  sous  l'équateur.  Par  7"  sud,  en 
panant  des  p'aines  de  l'Amaz  me  aux  rô'.esdu  Grand 
Océan,  la  chaîne  n'a  pas  plus  de  100  kil.  de  lar^e. 
Les  Andes  offrent  cii.q  panies  ou  rauiilications  dif- 
férentes :  dans  la  P.ilagonie,  depuis  le  cap  Froward 
jusque  vers  le  41"  de  l.itiiude  sud,  on  raiijelle  S'erra- 
Nerada  de  lus  Andes;  dans  le  Chili  ou  la  nomme 
Andes  du  Chili  ;  elle  traverse  le  Pérou  sous  le  nom 
de  Cordillère  royale  des  Andes,  ou  Grande  Cordillère 
du  Pérou.  Jusqu'au  2"  de  latitude  noid  on  la  con- 
naît sous  le  nom  de  Chaîm:  de  Quito.  Dans  la  Nou- 
velle-Grenade on  peut  lui  donner  le  nom  de  ceite 
contrée,  comme  elle  n'en  a  pas  de  particulier. 

La  chaîne  de  la  Patagonie  offre  quelques  volcans, 
tels  que  le  Sao-Clenienle,  le  Medielana,  et  leMinchi- 
madava,  qu'on  croit  le  plus  élevé,  et  près  duquel  îe 
Rio  de  los  Camarones  prend  sa  source.  Dans  le  sud 
du  C.ili  la  Cordillère  se  rapproche  beaucoup  de  l'O- 
céan; on  y  voit  le  cône  neigeux  du  Cuptona,  le  plus 
haut  de  ces  contrées  ;  il  a  1500  toises  de  haut.  Plus 
au  sud,  vers  le  cap  Pilar,  les  monts  s'abaissent  jus- 
qu'à 2i.0  toises,  ei  même  plus  bis.  —  La  chaîne  du 
Chili  surpasse  presque  sur  tous  les  points  la  liuiile 
des  neiges  éternelles.  Elle  s'étend  en  largeur  de  180 
kil.,  escarpée  à  l'ouesi,  elle  s'éloigne  de  120  à  100 
kil.  du  Grand  Océan  ;  125  rivières,  dont  50  se  jettent 
dans  l'Océan,  y  prennent  leurs  sources  ;  mais  elles 
sont  loin  d'égaler  le  Cusuleuvu  ou  RioNegro  et  le 
Rio-Cnlorado,  (|ui  descendent  du  versant  oriental,  à 
pente  douce,  et  débouchent  dans  l'Atlantiiue.  Ceç 
Andes  ranfermeni  plusieurs  volcans.  On  présume  que 


leurs  éruptions  sont  continuelles.  On  y  ressent  sou- 
vent des  Iremblemenis  de  terre  peu  dangereux.  La 
qnanlilé  de  neiije  qui  losnlie  depuis  avrl  jusqu'en 
novembre  rend  intpiniitables  les  neuf  roules  qui 
Iraverseul  ceite  «haine.— La  Cordillère  du  Pérou 
commence  au  21"  de  l.iiitiide  sud,  au  point  où  les 
montagnes  de  Sinla-Cruz  de  la  Sierra  cl  de  Chiqui- 
tos  .-e  séparent  des  Andes,  et  courent  vers  l'est,  pour 
se  lier  par  des  plateaux  aux  moniagnes  du  Brésil. 
Par  ItJ"  celle  Gorilillcre  forme  un  imnid  duquel  se 
détachent  plusieurs  chaînes  conidérahles.  La  princi- 
pale, nommée  Cordillère  d'Acama,  décrit  un  demi- 
cercle,  et  lournani  au  sud,  encaisse  le  lac  Titiraca. 
Elle  jette  à  l'est  plusieurs  rameaux,  dont  les  princi- 
paux sont  les  Allus  de  Intinuijo  et  les  Sierras  AUi-iii- 
m«s;  le  Pileomayo,  le  Guapeby,  le  Béni  y  prennent 
leurs  sources.  De  ce  même  nœud  sortent  l'Apuriuiac 
et  les  afibients.  i  J'entends  par  nœud,  dit  M.  de  llum- 
boldl,  non  les  plus  hautes  parties  d'une  chaîne,  mais 
les  poiiiis  où  des  chaînes  parallèles  se  réunissent.  II 
y  a  dans  les  Andes  de  l'Amérique  méridionale  cinq 
de  ces  nœuds  :  ceux  de  Porco,  de  Cusco,  de  Pasco, 
de  l'Assiiay  et  de  los  Pasios.  C'est  leur  connaissanca 
iniime  qui  explii|ue  la  chirpenie  des  Andes.  Lors- 
que entre  deux  nœuds  il  y  a  plusieurs  chaînons,  les 
plus  hauis  souunets  apparïieiinent  lamôl  à  l'une  et 
taniôt  à  l'autre  de  ces  rangées  de  mouiagues.  Parmi 
trois  chaînons,  ce  n'est  pas  tonjours  celui  du  milieu 
ei  celui  qui  a  le  plus  de  neige  qui  est  le  plus  élevé,  t 
Les  Andes  se  dirigent  ensuite  au  nord-ouet  jusqu'à 
11°  de  latit.  sud,  où  elles  se  divisent  en  trois  ra- 
nii  aux  qui  s'abaissent  sur  la  rive  droite  de  l'Ama- 
zone :  on  appelle  l'une  Cordillère  de  la  côte,  l'autre 
Cordillère  centrale,  el  la  troisième  Coidi/Zèré  oricnln'e. 
L'Iluallaga,  aflluent  de  l'Amazone,  coule  eiiire  cette 
dernière  et  troisième  chaîne.  Le  Tunguragua  ou 
IIaui-Mar.agnon  ijaigne  la  vallée  formée  par  la  Çqtdil- 
lére  centrale  et  celle  de  la  côte. 

Depuis  le  désert  d'Aiacama,  sous  le  tropique,  jus- 
qu'au golfe  de  Guyaquil,  dans  une  étendue  d'envi- 
ron 1600  kil.,  les  Andes  ne  s'écartent  de  l'Océan  que 
de  48  à  KO  kil.  Quel(|ues  torrents  qui  se  précipitent 
de  leur  flanc  occidenlal  arrosent  par  intervalles  ctile 
longue  étendue  de  côhs  que  les  pluies  ne  fécondent 
jamais.  A  6°  5u'  de  laiitude  sud,  point  de  l'origine  de 
la  chaîne  de  Quilo,  les  Andes  n'offrent  plus  qu'une 
seule  arèie jusqu'au  3'^  50';  là,  se  divisant  en  deux 
chaînes  séparées,  elles  offrent,  de  la  plaine  ceitrale, 
l'aspect  le  plus  majestueux  el  le  plus  extraordinaire. 
Les  cimes  les  plus  hautes,  rangées  sur  deux  lignes 
à  peu  près  parallèles,  furmenl  une  double  crête.  Sur 
cette  double  chaîne  s'élèvetil  des  cimes  colossale? 
qui  surpassent  en  hauteur  presque  toutes  bp  monta- 
gnes du  globe.  Elle  a  servi  de  signal  dans  les  opér.i- 
tions  des  académiciens  français  pour  la  mesure  dij 
degré  de  l'équaleur;  c'est  pourquoi  on  l'a  décrite 
avec  plus  d'exactitude  (|ue  les  autres  parties  des  An. 
des.  Hougner  a  recoimu  l'existence  des  deux  Cordil- 
lères jusqu'au  del.a  de  Popayau,  situé  à  240  kil.  nord 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


728 

gions  de  l'almosplière  ;  on  se  rappelle  à  peine  qne  le 
sol  que  Ton  habile  est  plus  élevé  au-dessus  des  côies 
voisines  de  l'Océan  Pacifique  que  ne  Test  le  sommet 
du  Canigou  au-dessus  du  bassin  de  la  Méditerranée.  > 
C'est  au-dessus  de  la  plus  occidentale  de  ces  deux 
chaînes,  dans  un  espace  de  148  kil.  depuis  Quito  jus- 


727 

(le  Quito.  M.  de  llumboldt,  qui  de  nos  jours  recnn- 
luil  ces  montagnes,  a  constaté  par  des  mesures  ba- 
roniétiiques,  non-seulement  la  hauteur  de  plusieurs 
sommets  non  mesurés  avant  lui,  mais  encore  celle 
de  la  masse  même  sur  laquelle  ces  sommets  s'élèvent. 

Les  passages  par  lesquels  on  peut  traverser  la  dou- 
ble crête  des  Andes  doivent  être  comptés  comme  les  qu'au  2*  de  latitude  sud  que  s'élèvent  le  Casiia^na 
plus  élevés  qui  soient  connus.  Au  pied  du  Chimbo-  le  Pichincha,  l'Atacazo,  le  Corazon,  l'Islinessa  ou  II- 
razo  il  s'en  trouve  un  qui  communique  au  versant  linissa,  le  Carguairazo,  le  Chimborazo  et  le  Cunam- 
occidental  des  Andes,  par  la  vallée  transversale  bay.  De  la  cliaine  orientale  s'élancent  le  Guamani, 
nommée  Riobaniba.  Bouguer  cite  encore  le  pas  de  l'Antisaiia,  le  Passuachoa,  le  Ruminnavi,  leCotnpaxi, 
Guamacas  près  des  sources  du  Rio  de  la  Maydakm  le  Qneleiidama,  le  Tungurngua,  le  Capa-Urcu,  l'Alli- 
(rivière  de  la  Madeleine).  Au  milieu  de  la  vallée  de  vir  et  le  Sangay.  Aucune  rivière  importante  ne  des- 
Quito, un  chemin  (racé  entre  les  deux  Cordillères 
passe  sur  le  paramo  (bruyère)  de  l'Assuay,  par  un 
point  dont  la  hauieur,  selon  M.  de  llumbolJt,  est  de 
2118  tol^es  au-dessus  de  la  mer.  On  estime  à  loOO 
toises  la  hauieur  moyenne  de  la  vallée  de  Quito  au- 
dessus  de  l'Océan.  La  partie  située  au  sud  de  l'éqoa- 
teur,  celle  qui  a  été  vi^iiée  par  les  académiciens 
français,  semble  ne  pas  offrir  ces  formes  aigiies 
qu'alfectent  les  aiguilles  des  Alpes.  Elle  présente  des 
formes  coniques  dont  h  la  vérité  les  pentes  sont  si 
rapides  qu'on  ne  pourrait  les  gravir,  si  elles  n'étaient 
composées  de  pierres  détachées  et  de  débris  dans 
lesquels  le  pied  peut  s'affermir.  —  Les  crevasses 
nommées  Quebradas  offrent  d'immenses  fentes  qui 
coupent  la  masse  des  Andes.  C'est  dans  ces  abîmes 
que  l'œil  du  voyageur  épouvanté  saisit  le  mieux  la 
grandeur  gigantesque  de  la  Cordillère.  C'est  à  tra- 
vers ces  portes  naturelles  que  les  grandes  rivières 
descenilenl  vers  l'Océan  en  avançant  de  Popayan 
vers  le  sud.  Les  vallées  des  Cordillères,  plus  profon- 
des et  plus  éiroiies  que  celles  des  Alpes  et  des  Py- 
rénées, présentent  des  scènes  sauvages,  et  remplis- 
sent l'âme  d'éionnement  et  d'effroi.  — Les  ruisseaux, 
en  descendant  des  montagnes,  se  creusent  des  lits 
de  20  à  25  pieds  de  profondeur  sur  1  pied  à  1  pied 
et  demi  de  large.  Les  sentiers  remplis  de  boue  res- 
semblent à  une  gilerie  creusée  à  ciel  ouvert.  On  y 
marche  en  frétiiissant.  Les  bœufs  qu'on  emploie  peu- 
vent à  peine  les  traverser.  Dans  certains  endroits  on 
Voyage  à  dos  d'homme. 

La  chaîne  occidentale  de  la  double  crête  est  éloi- 
gnée de  la  mer  de  U4  à  28S  kil.  Les  deux  chaînes 
le  sont  l'une  à  l'autre  de  28  a  52  kil.  La  plaine  a  de 
20  à  24  kil.  de  largeur,  et  toute  la  population  du  pays 
se  trouve  resserrée  dans  celte  lisière.  «  Lorsqu'on  a 
vécu,  dit  M.  de  Humboldt,  sur  le  plateau  élevé,  où 
le  baromètre  se  soutient  à  0°  54'  ou  à  20  pouces  de 
hfiuleur,  on  éprouve  ir^é^istihlement  une  illusion 
extraordinaire  :  on  oublie  peu  à  peu  que  mut  ce  qui 
environne  l'observateur,  ces  villages  annonçant  l'in- 
dustrie d'un  peuple  montagnard,  ces  pâturages  cou- 
vens  à  la  lois  de  troupeaux  de  lamas  et  de  breiiis 
d'Europe,  ces  vergers  bordés  de  haies  vives,  do  du- 
rania  et  de  barnadesia,  ces  champs  labourés  avec 
soin  et  promettant  de  riches  moissons  de  céréales, 
se  trouvent  comme  suspendus  dans   les  hautes  ré- 


ceud  de  la  chaîne  occidentale  de  Quito;  du  côté  de 
l'ouest,  dans  la  chaîne  orientale,  un  grand  nombre 
d'aiflucnts  de  l'Amazone  y  prennent  leurs  sources, 
dont  les  principaux  sont  le  Napo,  l'Ica  et  l'iapuru. 

Dans  la  Nouvelle  Grenade  la  Cordillère  se  pari.age 
en  trois  chaînes  parallèles;  la  chaîne  orientale  qui 
ne  s'élève  jamais  à  la  limite  des  neiges  éternelles, 
se  dirige  d'abord  au  nord-nord-est,  sous  les  noms  de 
Sierra  de  Pardaos,  de  Paramo  d'Albarracin,  jusque 
vers  C  de  latit.  nord,  où  on  l'appelle  Loinas  del 
Viento;  de  ce  point  elle  continue  au  nord,  où  on  la 
nomme  Sierra  de  Perija  et  Sierra  de  Azeyte;  elle  fi- 
nit là  au  bord  de  l'Atlantique  à  la  pointe  Gallinas, 
par  7°  de  latitude  nord;  elle  jette  dans  le  Caraccas 
un  rameau  qui  traverse  la  province  de  Maracaïbo 
du  sud-ouest  au  nord-est  sous  les  noms  de  Sierra  cfe 
Merida  et  de  Paramo  de  la  Rosa,  et  se  lie  aux  der- 
nières branches  de  la  chaîne  orientale  des  monts  de 
l'Amérique  méridionale,  qu'elle  réunit  de  ce  côté  à 
la  grande  Cordillère  des  Andes.  Le  Rio-Negro,  prin- 
cipal affluent  de  l'Amazone,  le  Guaviari,  le  Rio- 
Meta  et  l'Apure,  trois  grands  affluents  de  l'Orénoque, 
descendent  du  versant  oriental  de  la  sierra  de  Santa- 
Marta,  presque  isolée  de  la  grande  Cordillère.  Le 
paramo  de  Porqueros  joint  la  sierra  de  Merida  à  la 
chaîne  orientale  des  Andes.  Le  rameau  intermé- 
diaire qui  court  au  nord  renferme  les  nevados  de 
Quindiu,  d'Ervez  et  de  Ruiz.  De  Santa-Fé  cette 
chaîne  centrale  offre  les  points  de  vue  les  plus  ma- 
gnifiques.—  La  Cordillère  des  Andes,  en  traversant 
l'istbme  de  Darien,  est  réduite  à  une  petite  hauteur, 
et  rattache  la  grande  chaîne  dont  nous  venons  de 
parler,  aux  plateaux  très-élevés  du  Mexique.  Les 
Andes  offrent  huit  groupes  d'une  élévation  prodi- 
gieuse, savoir  :  dans  la  province  de  los  Pastns,  6*  SO' 
de  latitude  nord;  dans  les  volcans  de  Popayan, 
2"  25'  ;  le  passage  de  Quindiu,  i"  25'  ;  la  sierra  de 
Merida,  7"  58';  celle  de  Sanla-Marta,  10°  55';  le 
plateau  du  Mexique,  19°;  la  Nouvelle  Hanovre,  50*; 
enfin  nu  mont  Saint-Elie ,  60°,  la  Cordillère  par- 
vient à  une  hauteur  presque  égale  .à  celle  des  Andes 
de  Quito.  Les  régions  cquatoriales  de  l'Amérique 
offrent  à  la  fois  les  cimes  les  plus  élevées  et  les  plai- 
nes les  plus  vastes  cl  les  plus  belles  du  monde  :  au 
volcan  d'Anlisana  s'ouvre  uue  plaine  de  douze  lieues 
de  tour.   En  général  la  chaîne  des  Andes,  même 


7ÎD 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


730 


dans  les  hauts  plateaux  de  Quito  el  du  Mexique,  a 
lieu  de  fnpper  l'imaginalion  plus  par  sa  niasse  que 
par  sa  liauieiT. 

A  partir  du  groupe  au  nœud  de  los  Paslos.  les 
Andes  se  divisent  au  sud  en  deux  rameaux  ;  au  nord, 
entre  Popayan  el  Sanla-Fé  de  Bogota  ,  en  trois 
brandies  parallèles. 

La  Cordillère  des  Andes  n'offre  pas,  comme  les 
Alpes  de  la  Suisse  el  les  monts  Himalaya  de  l'Asie, 
iHie  chaîne  continue  de  ciinos  neigeuses.  La  hauteur 
moyenne  des  neiges  perpétuelles,  dans  les  Aniles,  à 
compter  de  l'équaleur  à  I'  30'  de  latitude  nord,  est 
de  2498  toises.  Le  sommet  du  Rncu  Pic  hincha  est  à 
2498  toises.  .M.  de  Ilumboldi  estime  de  "25  à  35 
loises  au-dessous  de  sa  cime  la  limite  inférieure  des 
neiges  qui  le  couvrent  presque  touie  l'année.  Au 
Chimburazo,  la  neige  perpétuelle  règne  à  2171  loi- 
ses; an  Corazon  et  à  l'Antisana,  à245S;  au  Coio- 
pnxi,  à  25"8.  Les  neiges  se  fondent  sur  ce  dernier 
et  sur  le  Tunguragua  quelque  temps  avant  les  érup- 
tions volcaniques.  Les  neiges  qui  tombent  snus  l'é- 
qualeur aident  à  e-timer  la  hauteur  relative  des 
moni.ignes  ;  elles  nivellent  les  différenies  cimes 
d'un  même  chaînon.  Dans  la  province  de  Quito  la 
neige  ne  tombe  pas  au-dessous  de  1860  à  191)0  toi- 
ses, région  des  paramos.  Dans  les  plaines  habitées 
d'Antisana,  couvertes  d'un  magnifique  gazon  com- 
posé d'herbes  aromatiques,  la  neige  couvre,  à  2100 
toises,  la  terre  pendant  cinq  à  six  semaines,  de  3  à 
4  pieds.  Sous  l'équaleur  les  neiges  commenreiit  à 
tomber  à  1887  Icises  ;  plus  on  s'éloigne  de  la  région 
équaloriale,  et  plus  les  cimes  cnuvertes  de  neige  se 
rapprochent  les  unes  des  autres.  Quoique  la  partie 
montagneuse  à  l'est  du  Pérou  soit  peu  cuimue,  on 
regarde  comme  certain  qu'il  n'existe  de  neiges  enn- 
tinuelles  dans  ce  continent  que  dans  la  chaîne  des 
Andes,  dont  les  Cordllères  du  Mexique  sont  une 
prolongation  vers  le  nord,  dans  le  groupe  de  Mé- 
rida  et  dans  celui  de  Sania-Marta.  Aucun  sommet 
de  la  chaîne  côiière  de  Venezuela  ,  de  celle  de  Pa- 
rinie  et  du  Brésil  n'atteint  la  région  des  neiges  per- 
pétuelles, car  leur  plus  grande  hauteur  n'excède  pas 
8-40  toi.-es  ;  c'est  pourquoi  on  ne  voii  pas.de  neiges 
dans  toute  la  région  orientale  el  non  volcanique  du 
nouveau  continent. 

La  température  de  la  partie  haute  des  Andes  offre 
sous  les  tropiques  des  particularités  remarquahles  : 
on  y  voit  des  villages  de  200  toises  plus  élevés  que 
la  cime  du  pic  de  Ténériffe.  Dans  la  Cordillère  des 
Andes  le  décroissement  du  calorique  est  en  raison 
de  5  à  5  plus  rapide  au-dessus  de  1750  toises  que 
depuis  le  niveau  de  la  mer  à  125U  toise-;  la  couche 
d'air  où  le  refroidissement  est  le  plus  prompt  sous 
Vcquateur  paraît  comprise  entre  1250  el  17.j;o  loi- 
ses. Les  phénomènes  électriques  y  ont  un  caractère 
plus  particulier  que  dans  les  vallées  des  grandes  ri- 
vières; par  exemple,  dans  celles  de  la  Magdalena, 
du  Rio-Negro  et  du  Cassiquiari,  les  orages  ont  lieu 
vers  minuit.  Entre  900  et  ICOO  toises  on  entend  les 


plus  fortes  et  les  plus  bruyantes  explosions  de  lon- 
neirc,  surtout  datis  les  vallées  de  Calato  et  de  Po- 
payan. Au-dessus  de  1000  loises  ils  -ont  mcins  (ré- 
quents,  mais  il  s'y  forme  beaucoup  de  grêle,  sur- 
tout i>  loOO  toises;  au  delà  on  entend  rarement 
d'explosions.  La  grêle  lomhe  sans  éclairs  et  souvent 
mêlée  de  neige  au  delà  de  1950  loises;  l'azur  du 
ciel  paraît  plus  foncé  sous  les  tropiques  qu'à  hau- 
teur égale  en  Europe.  Rien  n'approche  de  la  beauté 
des  nuits  de  ces  régiims;  les  étoiles  fixes  y  scintil- 
lent tranquillement. 

Du  niveau  de  l'Océan  à  513  mises  on  voit  prospé- 
rer le  bananier,  le  mais,  le  manioc,  le  cacao;  c'est 
la  région  des  ananas,  oranges,  manmiées  et  fruits 
exquis.  Les  Européens  y  ont  naturalise  le  sucre, 
colon,  indigo  et  café.  De  513  à  1200  toises  i.n  voit 
régner  la  régi.n  la  plus  tempérée  pour  l'Européen  : 
le  colon  y  abonde;  les  autres  plantes  y  de\iennent 
plus  rares,  à  l'exceplion  du  calé,  qui  croit  dans  le-i 
sites  élevés  et  pierreux.  A  1300  loises  la  canne  à 
sucre  fleurit  dans  les  plaines  étendues  de  la  province 
de  Quito,  où  les  rayons  du  soleil  sont  réfléchis. Tous 
les  fruits  sont  délicieux  ,  surtout  ceux  du  cherimo- 
lier.  Dans  les  régions  équaioriales  le  Mé  mûrit  par- 
tout à  700  loises ,  mais  plus  abondamment  de  821  à 
à  i;75  toises.  A  cette  hauieur  vient  le  cocca  ,  ery- 
thro.xijtum  penivianim.  De  1026  à  l.jôD  toises  on  s'est 
livréàlaculturedesblésd'Europeetduquinoa;  à  ICOO 
et  17011  toises  les  gelées  et  les  grêles  font  souvent  périr 
les  récolles  dn  blé  ;  au  delà  de  1200  toises  on  ne  voit 
plus  (le  mais;  de  1530  à  2052  loises  on  cultive  la  pomme 
de  teire;  à  I(i93  toises  l'orge  a  remplacé  le  froment, 
elmême  elle  y  soulfre. Toute  culture  cesse  à  1847  loises. 
Les  montagnes  d'une  hauieur  moyenne  sont  cou- 
veries  de  forêts  majestueuses.  Prés  de  l'équaleur  la 
région  des  grands  arbres,  dont  le  tronc  excède  de  60 
à  80  pieds  ,  ne  s'élève  pas  au  delà  de  1385  loises  ; 
depuis  le  niveau  de  la  ville  de  Quito  les  arbres  sont 
moins  grands.  Du  bord  de  la  nier,  à  513 luises,  s'étend 
la  région  des  scitaniinéi'S  et  des  palmiers;ony  voit  les 
musa,  les  héliconia,  les  alpinia,  les  liliacées  les  plus 
odoriférantes,  les  palmiers,  qui  ne  peuvent  dans  l'A- 
mérique méridionale  supporter  le  froid  des  hautes 
montagnes,  le  haume  de  Tolu,  et  le  cusparé  ou 
quinquina  de  Cacory  (cortex  angusliirœ).  Sur  les  côtes 
arides  de  la  mer  croissent  les  mangliers  et  le  cactus 
pereskia,  à  l'ombre  des  cocotiers,  du  laurus  persea 
et  du  mimosa.  Le  ceroxylon  vient  dans  les  andes  de 
Quindiu  e!  de  Tolima,  par  4°  23'  de  lat.  nord,  de 
934  à  1472  loises  ;  son  tronc  couvert  de  cire  a  jus- 
qu'à 50  toises  de  haut.  —  Au-dessus  de  celle  région 
on  remarque  celle  des  fougères  arborescentes  et  des 
quinquina.  Celle  dernière  s'éicnd  beaucoup  plus  que 
celé  des  fougères  en  arbres,  qui  ne  se  plaisent  que 
dans  les  climals  tempérés.  On  voit  au  contraire 
croître  le  quinquina  jusqu'à  1487  toises.  Les  vrais 
cinchona  se  prolongent  dans  les  Andes  sur  plus  de 
2800  kil.  de  long,  de  Polosi  cl  la  Plala,  par  20^  de 
latitude  sud,  jusqu'aux  monts  Neigeux  de  Sanla-Marla, 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


731 

par  M"  nord.  Toute  la  pente  orientale  Jes  Andes, 
au  sud  d'Huanuco,  près  des  mines  de  Tipuani,  dans 
les  e'ivirtins  d'.spolabaniba  ei  d'Yurarardes,  n'offre 
qu'une  forêi  suivie  de  quinquina.  On  voit  pousser 
au  niveau  de  la  mer  le  cusparé  de  la  Guyane,  le  eus- 
paria  delà  Nouvelle-Andalousie,  la  cascarille  d'Ala- 
caniec.  La  végétation  se  montre  moins  variée  dans 
tout  le  haut  plateau  deRiohambael  de  Quito,  comme 
aussi  dans  celui  de  les  Pastos  jusqu'à  Alniaguei-,  que 
dans  d'autres  régions  également  élevées  au-dessus 
de  l'Océan.  La  région  tempérée  des  cinchona  offre 
quelques  liliacé"S,  melasioma  à  grandes  fleurs  vio- 
lettes, passiflores  en  arbres,  hautes  comme  les  chê- 
nes du  nord;  le  bocconia  fnitescens,  le  fuchsia  et 
des  alsiroenieria  d'une  rare  beauté.  Les  mousses 
toujours  vertes  couvrent  le  sol.  Vers  872  toises  on 
remarque  le  cilrosma  à  feuilles  et  fruits  odorants, 
et  de  nombreuses  espèces  de  symplocos.  De  iô54  à 
155;)  toises  s'étend  la  région  des  chênes  qu'on  n'a- 
perçoit dans  les  contrées équatoriales  qu'à  87i  toises. 
Au  Mexique  et  entre  17  et  22"  de  laiiuule  nord,  ils 
descendent  jusqu'à  410  toises.  Dans  celle  régionphi- 
sieurs  plantes  herbacées  forment  un  gazon  épais.  A 
1796  toises  cesse  presque  toute  végéi;)lion  en  arbres, 
et  les  arbustes  y  sont  d'autant  plus  communs.  Le 
sol  se  couvre  d'une  multitude  de  calcéolaires,  d'une 
corolle  à  couleur  dorée  qui  contraste  agréablement 
avec  la  verdure  du  gazon  sur  lequel  elles  s'élèvent. 
Plus  h:)s,  sur  le  sommet  de  la  Cordillère,  de  I43(i  à 
1695  mises,  on  découvre  la  légion  des  winiera  et 
des  escallonia.  La  température  froide  et  toujours 
humide  de  ces  monts  appelés  Païawos,  produit  des 
arbres  dont  le  tronc  court  et  courbé  se  divise  en  un 
gfiind  nombre  débranches  couvertes  de  feuilles  co- 
riaces et  d'une  verdure  luisante.  On  y  voit  (|uelques 
arbres  de  quinquina  orangé,  des  embothrium  et  des 
melastoma  à  fleurs  violettes  presque  pourprées.  De 
10U6  eià  2103  toises  s'étend  la  région  des  plantes 
alpines,  savoir  :  gentianes,  espelelia  frailexon  à 
larges  feuilles;  à  21 05  toises  commencent  les  gra- 
minées, qui  régnent  jusqu'à  2360  toises  ;  de  ce  point 
jusqu'à  la  neige  perpétuelle  les  rochers  n'offient  que 
des  plantes  licheneuses.  M.dellumboldt  en  a  trouvé 
à 2330  toises  vers  le  sonmiet  du  Chimborazo.  —  Du 
niveau  de  la  mer  à  315  toises,  dans  la  région  des 
palmiers,  on  voit  le  paresseux  ,  qui  vit  sur  le  cecro- 
pia  pell.ita,  les  boas  ,  les  crocodiles,  le  cabiai,  le  ja- 
guar, le  hocco,  les  tangaras,  les  perroquets,  les 
beaux  charausons.  On  entend  hurler,  dans  les  forêis 
de  ces  climats  brûlants,  les  alouaies  et  autres  singes 
sapajous.  Le  jaguar,  le  cougouar,  le  tigre  noir  y 
chassent  le  petit  cerf.  Les  cavias,  les  fourmiliers,  les 
maringoins,  acaris,  araignées  venimeuses,  fourmis, 
termes,  infestent  l'air  de  ces  basses  régions.  De  .HI5 
à  1006  toises  les  tapirs,  les  lajussus  et  ocelots  abon- 
dent. Des  milliers  de  chèques  harcèlent  l'homme, 
le  singe  et  le  chien.  De  1000  à  1559  toises  le  margny, 
li-.s  ours  et  le  grand  cerf  des  Aniles  sont  communs. 
De  1559  à  2Cà2  toises  oo  apciçoii  le  puma,  le  petit 


7:2 

ours  à  front  blanc,  les  colibris  et  quelques  viverres. 
De  2052  à  2505  toisesvivent  en  troupes  les  vigognes, 
les  guanacos.  Les  lamas  sont  des  animaux  domesti- 
ques. Les  aipucas,  les  vigognes,  les  guanacos  et  le 
mandou  se  répandent  sur  la  chaîne  des  Andes  du 
Chili  jusqu'à  9°  de  latitude  sud.  Au  nord  on  n'en  voit 
plus.  La  limite  des  neiges  perpétuelles  forme  celle 
des  êtres  organisés.  Le  condor  seul  habite  ces  vas- 
tes solitudes.  M.  de  Ilumboldtl'a  vu  planer  à  plus  de 
5535  toises. 

On  aperçoit  le  granit  à  nu  au  pied  des  Andes,  sur 
les  côtes  du  Grand  Océan  et  de  l'Atlantique,  entre 
lesboucliesde  l'Orénoque  et  de  l'Amazone.  Il  sou- 
tient la  haute  charpente  de  ces  monts,  comme  la 
formation  secondaire  des  plaines.  On  trouve  sur  les 
Cordillères  le  gneiss  ,  le  schiste  micacé,  le  grenat, 
le  porphyre.  M.  de  Humboldt  a  reconnu  le  granit 
dans  les  monts  Quindiu,  à  1796  toises.  Les  sommets 
glacés  du  Chimborazo,  du  Cayambé  et  d'Antisana, 
de  3000  à  3270  toises,  sont  de  porphyre.  La  pierre 
calciiiie  secondaire  se  montre  près  de  Micuipanipa 
au  Pérou,  à  ICOJ  toises.  Hnancavelica  offre  des  grès 
à  2510  toises  ;  le  schiste  micacé  des  Andes  de  To- 
lima.dans  la  Nouvelle-Grenade,  parait  à2DjO  toises; 
le  basalte  de  Pichincha  à  2430  toises;  on  aperçoit  la 
houille  en  couches,  près  de  Santa-Fé,  à  1325  toises; 
au  Pérou,  près  d'Hu;inuco,  à  2300  toises  ;  les  plaines 
de  Dogota,  à  14Ù0  toises ,  abondent  en  grès,  gypse, 
pierre  calc.iire,  coquillière,  et  en  sel  gemme,  près 
de  Zipaquica.  On  trouve  rarement  dans  les  Andes 
des  débris  de  corps  organisés;  néanmoins  près  de 
Micuipampa  on  a  découvert  des  coquilles  pétrifiées, 
des  venus,  des  osirea,  d 'S  écliioites  à  2000  toises. 
Ou  n'a  trouvé  les  os  fossiles  d'une  espèce  d'éléphants 
très-différente  des  mammouth,  que  de  1181  à  1489 
toises.  On  rencontre  dans  les  montagnes  primitives 
les  grandes  masses  de  soufre  qui  abondent  d.ms  la 
Cordillère.  La  nature  a  déposé  les  richesses  métal- 
Ibiues  au  Pérou,  de  1800  à  2100  toises;  on  y  trouve 
de  l'argent  murinté  ,  de  l'argent  natif  et  du  fer.  .Au 
Mexique,  de  900  à  lôOO  toises,  les  filons  de  mercure 
sont  très-abondants. 

Sàxonia,  la  Saxe,  royaume  et  duché  de  la  confé- 
dération germanique.  — Les  anciens  Saxons  étaient 
primitivement  fixés  au  nord  de  l'Elbe  et  du  Weser 
et  dans  la  péninsule  cimbrique.  Lorsque  les  Franks, 
leurs  voisins,  eurent  passé  le  Rliin  pour  inonder 
les  Gaules,  les  Saxons  passèrent  à  leur  tour  le  We- 
ser  et  s'étemlirent  dans  les  contrées  abandonnées 
par  les  Franks.  Le  pays  qu'on  appelle  aujourd'hui 
Saxe,  et  qui  est  situé  entre  la  forêt  de  Thuringe  et 
les  montagnes  de  Bohême ,  formait  alors  une  partie 
du  royaume  des  Thiiringiens  qui  était  habité  par 
des  peuples  slaves.  Les  fils  de  Clovis  et  les  Saxons 
détruisirent  le  royaume  des  Thuringiens  :  alors  les 
Saxons  s'attribuèrent  une  partie  des  débris  de  cette 
monarchie,  savoir  le  pays  situé  à  l'est  de  la  Saale, 
et  iju'on  appela  depuis  Oslerland  {lerra  AmiiaUs), 
nom  dont  il  s'est  conserve  des  traces  jusqu'à  nos 


755 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


TSt 


jours.  Après  la  sniimission  des  Saxons,  les  empe- 
reurs et  rois  d'Allein.agiie  élablirenl,  dans  ce  qu'on 
appelle  aujourd'hui  la  Saxe,  des  landgraves,  des 
margraves,  «les  bourgraves  et  des  avoyers,  les 
derniers  subordnnné-i  aux  comtes  palatins  du  Rbiu. 
Tels  furent  les  landgriivas  dp  Thuringe,  qui  devin- 
rent de  puissants  seigneurs.  Le  margraviat  orien- 
tal devint  l'origine  de  celui  de  Lusaie.  Entre  ces 
di'ux  pays  se  trouvaient  les  margravi  s  de  Misnie, 
chargés  de  la  dérense  de  celle  frontière  contre  les 
Slaves;  les  hourgravcs  de  Misnie,  dont  le  devoir 
éiait  d'administrer  la  justice  dans  leur  arrondisse- 
ment, comme  les  avoyers  de  Plauen  l'exerçaient 
dans  le  leur.  Les  provinces  qu'on  appria  p;ir  la  suite 
basse  Saxe  et  Wcsipbalie,  formaient  alors  le  duché 
de  S.ixe,  un  des  pins  pr^inds  fiefs  de  l'Empire.  La 
puissance  des  ducs  de  Saxe  s'accrut  à  nu'sure  iju'ils 
réussirent  à  soumettre  les  peuples  slaves  fixés  au 
nor.l  et  à  l'est.  Ils  devinrent  même  formidihles  aux 
chefs  de  l'Empire,  depuis  que  les  deux  duchés  de 
Bavière  et  de  S.ixe  se  trouvèrent  réunis  dons  les 
mêmes  mains.  Cet  ciat  de  choses  cessa  en  1180  par 
la  proscription  de  Henri  le  Lion,  duc  de  Saxe  ei  de 
B  iviére.  Le  fief  du  duché  de  Saxe  fui  alors  conféré  à 
Bern.ird  l'Ascanien,  fils  puiné  d'Albert  l'Ours,  in-.ir- 
grave  de  lirandebourg;  mas  il  ne  put  se  mettre  en 
possession  d'.iucone  des  provinces  qui  avaient  ori- 
ginairement constitué  le  dut  hé  de  S.ixe,  et  dm  se 
con:enter  d'un  simple  liire.  Soi  père  Alhert  l'Ours 
lui  ayant  la  ssé  le  territoire  et  la  vilie  deWittenhcrg 
qu'il  ;ivail  conduis  >nr  les  Slavfs  ou  Weudcs,  il  at- 
tacha à  ce  distiict  le  titre  de  duché  de  Saxo,  clungé 
ensuite  en  celui  U'élecio.  al,  ainsi  que  la  dignité  de 
coiuie  palatin.  Son  (ils  Alberi  y  joiguit  encore  le 
district  siiué  au  nord  de  l'Elbe,  entre  le  Hol-teiu  et 
le  Micklenlionrg,  et  q<ii  avait  appartenu  à  llenii  le 
Lion,  soit  comme  partie  de  son  duché,  snit  pour 
l'avoir  conquis  sur  les  Polabes.  Jean  et  Albert  II, 
fils  d'Alhiit  l"-',  partagèrent  li succession  paternelle, 
et  donnèrent  ainsi  naissance  à  deux  duché-^,  appe- 
lés l'un  du;hé  de  Saxe-Lauenbourg,  et  l'antre  du- 
ché de  Saxe  propremejit  dit,  qui  ne  se  composait  que 
du  territoire  de  Wittenberg,  que  d:iiis  ce  dernier 
temps  on  nomma  le  cercle  électoral.  Les  descen- 
dants d'Albert  11  s'éteignirent  en  1422.  Le  duché  ou 
éleciorat  de  Saxe  aurait  dû  passer  alors  à  la  branche 
de  Lanenbourg  ;  mais  l'empereur  Sigismond  en  dis- 
posa autrement.  Il  le  coniéra  à  Frédéric  le  Belli- 
queux, qui  était  à  la  fois  nwrgravc  de  llisine  et 
landgrave  de  Thuringe.  Celle  famille  descend  des 
anciens  comtes  de  Weitm,  dont  les  domaines  étaient 
situés  sur  la  Saale,  et  qui,  comme  tant  d'antres  mai- 
sons, dérive  du  fameux  Winekind.  liedon,  comie 
de  Wcttin,  mort  en  lOGS,  se  distingua  comme  mili- 
taire. Un  de  ses  descendants  ,  Conrad,  fut  nommé  en 
.  1127  margrave  de  Misnie,  et  en  !l3t)  margrave  de 
la  Mai  ci  e  orieniale  «lu  de  la  bassi^  Lnsace  '.sa  fa- 
piille  perdit  ccpcodaot  (e  dernier  fief.  Ib-nri  l'Illustre, 
piargrave  de  Uisuie,  liéiiia  ea  Hii  ic  Jandgiaviat 


de  Thuringe  de  son  onde  maternel  Henri  Raspoii , 
anti-empereur,  ou  plutôt  il  y  succéd  i  en  venu  d'une 
expectative  que  sa  maison  avait  oblenue  en  1212  de 
l'empereur.  Frédérie  le  Belliqueux,  auquel  Sigis- 
mond conféra  en  '  <;2  i'éiccloral  de  Saxe,  réduit  au 
seul  cercle  de  Wiaemberg,  descendait  de  Henri 
l'Ilhisire  au  cinquième  degré.  H  possédait  par  sa 
mère  ce  qu'on  appelle  aujourd'hui  le  duché  de  Co- 
bourg.  Ainsi  l'électorat  de  Saxe  prit  à  peu  près  l'é- 
tendue qu'il  eut  av;int  la  réformaliou  ,  et  le  nom  de 
Saxe  se  trouva  attaché  à  un  pays  où  il  n'y  avait  au- 
cun descendant  des  anciens  Savons. 

Ernest  et  A'bert ,  (Ils  de  Frédéric  h'  le  Débon- 
naire, ei  petits-  fi's  de  Frédéric  I"  le  Bclliipieux  ,  de- 
vinrent les  fondaieurs  des  deux  lignes  de  la  maison 
de  Saxe  (  ncore  exislantes.  Ernest  l'aîné  eut  la  di- 
gnité électorale  avec  le  cercle  di>  Wiitenberg  auquel 
elle  était  ail 'chée,  ainsi  que  la  plus  grande  pariie 
de  la  Thuringe,  le  Vogiland  (faisant  partie  de  la 
Misnie)  et  Colionrg  ;  Albert  eut  le  reste  de  la  .Vlisnie 
avec  une  petile  partie  de  la  Thuringi-.  Jean-Frédéric 
le  Magnanime,  petilfils  d'Ernest  ,  lui  dépouillé  en 
l.'jiT  pur  Charles-Quint  de  la  dignité  électorale,  qui 
fut  transférée  sur  Maurice  ,  pelit-fils  d'Aihert,  et 
aprè>  sa  mort  sur  son  fière  Augusie  ,  dont  les  des- 
cendants l'ont  conservée  jusqu'à  ce  qu'ils  l'échangè- 
reni  contre  le  titre  royal.  Néanmoins  les  fils  de  Jean- 
Frédéric  le  Magnanime  ne  lurent  pas  enlièrement 
privés  de  leur  I  ériiage  ;  en  conformité  de  diverses 
transact'ons,  la  ligne  Albertine  leur  abandonna  une 
partie  considérable  de  la  Thuringe. 

Mitison  royale  île  Saxe,  ou  ligne  Albertine  ou  cadette 
de  la  maison  de  Misnie.  —  Auguste,  second  électeur 
de  Saxe  de  la  ligne  Albertine,  acquit  une  partie  du 
roimé  de  llenneherg.  Jean-George  I*',  son  peiit-flls, 
obiiiit  en  16"5  par  la  paix  de  Prague  la  principauié 
de  Qoertfuit  rt  les  deux  Liisaces,  cl  par  la  paix  de 
Wcsipbalie  les  évèchés  de  Mersebourg  ei  de  Naum- 
bonrg,  on  pluiôl  les  moyens  de  les  réunir  p:ir  la  suite 
à  sa  maison.  Ses  fils  formèrent  quatre  branches, 
l'aînée  nu  électorale,  la  seule  qui  se  snit  perpétuée; 
la  braiirhe  de  Querfurl  ou  Weissenfels,  qui  s'est 
éteinte  en  ili6;  celle  de  Mersebnurg,  ipii  a  duré  jus- 
qu'en 1738,  et  celle  de  Naumbourg-Zeiiz,  qui  a  cessé 
de  régner  en  1718.  Ainsi  toutes  les  possessions  de  la 
ligue  Albertine  se  trouvèrent  de  nouveau  réunies  en 
1746  siiiis  le  sceptre  de  l'électeur  Fiédéric-Angnste, 
qui,  ainsi  qu-;  son  père,  avait  éié  élu  roi  de  Pologne. 

—  L'électeur  de  Saxe,  le  troisième  parmi  les  élec- 
teurs séculiers,  était  revêtu  de  la  charge  d'archi- 
inarécbal  de  l'Empire.  En  sa  qualité  de  comte  pala- 
tin de  Saxe,  il  était,  pendant  les  vacances  du  trône 
impérial,  vicaire  de  l'empiie  dans  les  pays  soumis 
au  droit  saxon.  Quoique  caiholique  depuis  16J7,  il 
dirigeait  comme  chel  le  corps  évangélique  à  la  diète. 

—  L'électeur,  aujourd'hui  roi  de  Saxe,  ne  fut  pas 
du  nombre  des  princes  qui  anéantirent  la  eonslitu 
lion  germanique  par  l'acte  du  12  juillet  !;sOti.  il  ij/^| 
ac.éda  que  le  il  dceembrc  ItiOti,  et  prit  alors  k  tij 


73^ 


DICTIONNAIRE  DE  GEOCRAPniE  ECCLESIASTIQUE. 


736 


de  roi.  En  ',807  il  fut  nommé  duc  de  Varsovie.  Les 
évciienionis  de  1813  ne  le  déponillèreni  pas  seule- 
ment do  celle  acquisilion,  mais  il  perdit  même,  par 
les  décidons  du  congrès  de  Vienne,  une  grande  par- 
tie de  son  royaumo.  Il  entra  en  181d  dans  la  confé- 
dération germanique,  où  il  occupe  la  quatrième 
place,  et  dans  l'assemblée  générale  il  prend  la  troi- 
sième, et  jouit  de  quatre  suffrages.  \ 

Le  royaume  de  Saxe,  dans  ses  limites  actuelles,  a  ' 
une  surface  de  538  m.  c.  g.,  ou  939  1.  c,  avec 
une  popnlaiion  de  1,752.044  âmes  :  c'est  par  consé- 
quent le  plus  petit  royaume  aujourd'hui  existant. 
Ses  revenus  peuvent  se  monter  à  £9  millions  de 
francs.  Le  roi  est  catholique  et  réside  à  Dresde, 
belle  et  grande  ville  sur  l'Elbe,  ay:int  76,000  habi- 
tants. 

La  Saxe,  située  entre  les  50°  et  51°  2ir  de  lat. 
nord  et  les  9°  et  15»  de  long,  est,  est  bornée  au 
nord  et  ii  l'est  par  la  Prusse,  au  sud  par  la  Colième, 
à  l'ouest  par  la  Havière,  la  principauté  de  lîençs,  des 
parties  de  Saye-Wcimar  et  de  Sase-Cdlmurg-Gotha, 
et  les  Etals  prussiens.  L'Elbe,  la  Mdide,  la  PIciss, 
l'Ester,  la  Sprée  l'arrosent.  Ce  royaume,  riche  en 
produits  d'agriculture  et  de  niinér;ilogie,  jciuit  d'un 
climat  si  doux  qu'on  fait  du  vin  dans  la  Misnie.  L'as- 
pect de  ce  piiys,  surtout  au  sud,  offre  une  agréable 
variété  de  sol  par  ses  coteaux  et  ses  valhnis.  La 
parlie  septentrionale  est  unie.  Les  environs  de  Meis- 
sen  et  de  Dresde  rivalisent  avec  le  nord  de  l'Italie. 
Les  plaines  et  les  vallées,  bien  cultivées,  produisent 
blé,  orge,  avoine,  et  autres  grains,  houblon,  tabac. 
La  Saxe  possède  presque  ions  les  minéraux  connus, 
savoir  :  argent,  plomb,  cuivre,  éiaiii,  fer,  cobalt, 
houille  et  bois  fossile,  soufre,  vitriol,  .dun.  C'est 
principalement  dans  l'Erzgcbirge  et  le  Saxenbausen 
qu'on  les  exploite.  Ce  pays  abonde  aussi  en  topazes, 
améthystes,  calcédoines,  cornalines,  agates,  jaspe, 
serpentines,  asbesie,  amiante,  beaux  marbres,  albâ- 
tre, evcelleute  ttrre  de  porcelaine.  L'industrie,  très- 
active,  comprend  des  inanufa-^tures  de  toiles,  étoffes 
de  laine,  coton,  cuir,  papier;  les  exportations  con- 
sistent dans  les  produits  des  mines  cl  des  fal)riques. 
Leipsick  est  la  principale  place  de  commerce.  Par 
l'acte  de  congrès  de  Vienne,  du  9  juin  1815,  le  roi 
de  Saxe  a  perdu  environ  la  moitié  de  ses  Etats,  qui 
ont  été  cédés  à  la  Prusse.  En  vertu  du  traité  île  Til- 
sitt,  du  9  juillet  1807,  la  Prusse  lui  avait  cédé,  h 
l'exception  de  quelques  districts,  toute  la  partie  de 
la  Pologne  qu'elle  avait  acquise  en  1772,  1795,  179o, 
et  qui  fut  érigée  en  grand-duché  de  Varsovie.  Par 
le  lr:iilé  de  Vienne,  du  14  octobre  1809,  ce  grand- 
duché  fut  agrandi  de  toute  la  Gallicie  occidentale  et 
du  cercle  de  Zamosc,  dans  la  Gallicie  orientale; 
nuis  par  l'acic  du  congrès  de  Vienne,  ce  grand- 
duché  revint  à  la  Russie,  à  l'exccpticjn  de  celui  de 
Poseu,  qui  letourna  à  la  Prusse.  On  vante  l'idiome 
de  la  Saxe  comme  l'un  des  plus  estimés  de  l'Alle- 
magne, et  la  littérature  est  très-cultivée  dans  ce 
fiays. 


I  Saxe,  province  d'Allcm.igne  (Prusse),  bornée  au 
nord  par  le  royaume  de  Hanovre  et  la  province  de 
Brandebourg,  à  l'est  par  cette  dernière,  au  sud  par 
le  royaume  de  Saxe,  la  principauté  de  Géra,  le 
grand-duché  de  Saxe-Weiniar  et  celui  de  Saxe^Io- 
bourg-Golha,  à  l'ouest  par  la  Hesse  Electorale,  le 
royaume  de  Hanovre  et  le  duché  de  Brunswick;  elle 
a  240  kil.  de  long  sur  220  kil.  de  birge.  La  partie 
septentrionale,  quoique  généralement  sablonneuse  et 
couverte  de  bruyères,  produit  cependant  seigle, 
orye,  houblon,  pommes  de  terre.  L'ancien  duché  de 
Magdebou'g,  abondant  en  grains,  bois,  lin,  garance, 
fournil  aussi  aiiis,  cumin,  sel,  potasse,  amidon,  huile 
de  navette,  savon.  Il  a  des  prairies  arrosées  par  des 
canaux,  et  où  l'on  élève  un  grand  nombre  de  bes- 
tiaux. La  province  de  Saxe  renferme,  outre  plu- 
sieurs autres  pays,  celte  partie  de  la  Saxe  que  la 
Prusse  a  acquise  par  l'acte  du  congrès  de  Vienne, 
et  qui  comprend  environ  la  moitié  de  l'ancien 
royaume  de  Saxe.  Elle  forme  les  trois  rég.  de  Mag- 
debouig,  Mersehouig  et  Erfurl.  1,496,240  habi- 
tants. 

Maisons  grand'diicale  et  ducales  de  Saxe,  ou  ligne 
Eniesliiie  ou  nince  de  la  tnaisnn  de  Misnie. — Les  mai- 
sons grand'ducaie  et  ducales  de  Saxe  descendent 
d'Ernest,  (ils  aine  de  Frédéric  le  Débnnnaire,  et  de 
son  petit-fils,  Jean-Frédéric  le  Magnanime,  dernier 
électeur  de  Saxe  de  la  lii;ne  Ernesiine.  Leurs  pos- 
sessions consistent  :  1°  dans  la  plus  grande  partie  de 
la  Thuringe  que  l'électeur  Auguste  abandonna  par  la 
transaction  de  Nauuihourg  de  1554  aux  fds  de  Jean- 
Frédéric;  2°  dans  la  plus  grande  parlie  du  comté  da 
llenneherg  en  Franconie,  qu'ils  obtinrent  en  1.583  à 
l'extinclion  des  anciens  comtes  de  Heimeherg; 
3°  dans  les  acquisitions  que  les  branches  de  Weimar 
et  de  Cobourg  oui  faites  en  1815.  Toutes  ces  posses- 
sions ensemble  ont  une  surface  de  176  m.  c.  g. 
(489  I.  c.)  et  une  population  de  plus  de  600,000 
âmes. 

La  maison  Ernesiine  de  Saxe  se  divise  en  deux 
lignes  principales,  celles  de  Weimar  et  de  Goilia, 
dont  les  sou<lies  sont  Guillaume  et  Ernest  le  Pieux, 
(ils  de  Jean,  lequel  était  petit-fils  de  Jean-Fréiléric 
le  Magnanime.  Tous  les  princes  de  cette  maison  sont 
luthériens. 

Les  ducs  de  Saxe  ne  sont  entrés  dans  la  confédé- 
ration Rhénane  qu'après  les  événements  malheureux 
de  la  (in  de  l'ar.née  1866.  Ils  sont  membres  de  la  con- 
fédération germanique,  où  ils  ont  la  douzième  place  : 
h  l'assemblée  générale,  chaque  branche  a  une  voit 
particulière. 

Ligne  de  Weimar.  —  La  ligne  de  Veimar  se  divisa 
en  1662  en  trois  branches,  dites  de  Weimar,  Kise- 
nacb  et  Jena  ;  mais  la  dernière  s'éteignit  dès  1690,  et 
celle  d'Eisenach  en  1741.  La  lirauclie  de  Weimar, 
qui  seule  a  survécu,  possède  les  principauiés  de  Wei- 
mar et  d'Eisenach,  une  partie  du  ducJié  d'Altenbourg, 
et  une  partie  du  comté  de  Heiuieberg,  auxquelles  il 
faut  joindre  les  acquisitions  faites  par  suite  du  con- 


151  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


738 


grès  de  Vienne.  Le  chef  de  la  maison  a  pris  en  1815 
le  tiire  de  grand-duc.  Ses  Etals  ont  anjourd'liiii  une 
surface  de  66  m.  c.  g.  (183  l.c.)  el  une  population  de 
2-i5,0004mes.  Les  revenusdu  grand-duchéseinonlent 
à  1,500,000  reiclisthalers  ou  -4,900,000  fr. ,  dont 
500,000  reichstlialers,  provenant  des  domaines  du 
prince,  sont  administres  par  sa  ciianibre  des  (inances 
et  employés  à  l'entretien  de  la  cciur,  des  fonctionnai- 
res publics,  de  l'université  de  Jena,  etc.  Les  autres 
800,000  reicli^halers  proviennent  des  contributions 
et  sont  administrés  par  le  collège  des  Etats. 

Le  grand-duc  réside  à  Weimar,  ville  de  la  Thuringe 
qui  a  été  rendue  célèbre  par  les  écrivains  les  plus  dis- 
tingués de  l'Allemagne  contemporaine,  et  qui  compte 
plus  de  10,000  habitants. 

Ligne  de  Gotha,  —  Ernest  le  Pieux,  souche  de 
cette  ligne,  laissa  sept  fils  qui  se  parl.tgèreiil  la  suc- 
cession paternelle,  et  formèrent  autant  de  branches, 
dont  il  n'existe  plus  que  quatre,  iiu'on  nomme  Gotha, 
Meinungen,  Hildbourghausen  el  Cobourg.  1°  La  bran- 
die de  Gotha  possède  la  principauié  de  Guiha  avec 
la  seigneurie  supérieure  de  Kranichfeld  et  le  comté 
supérieur  de  Gleicben,  la  majeure  partie  de  la  prin- 
cipauté d'Altenbourg,  el  un  district  du  comté  de 
Henneberg.  Ses  possession  j  ont  une  surface  de  55  m. 
c.  g.  (152  I.  c.)  et  une  pnpulaiion  de  190, OuO  âmes. 
Les  revenus  du  duc  sont  estimes  à  un  peu  plus  de  3 
millions  de  fr.  11  réside  à  Gotha,  jolie  pcliie  ville  de 
la  Thuringe.  'i°  La  branche  de  Jkinungen,  qui  s'ap- 
pelle aussi  Cobourg-Meinungen,  piirce  (iiTello  a  hé- 
rité d'une  partie  de  la  succession  de  la  branche  de 
Cobourg,  laciuelle,  fondée  par  un  des  fils  d'Ernest  le 
Pieux,  s'est  éteinte  avec  lui  en  1099.  Les  possessions 
de  celte  brandie,  qui  consistent  dans  une  partie  du 
comté  de  Henneberg,  onl  une  surface  de  18  m.  c.  g. 
(50  l.c.)  ut  une  population  de  130,000  âmes.  On  estime 
ses' revenus  à  700,000  francs.  Le  duc  réside  dans  la 
petite  ville  de  Meinungen.  5°  Les  possessions  de  la 
branche  de  Hildbourghausen,  se  coniposaicnt  de  la 
moitié  de  la  principauté  de  Cobourg  ou  de  la  princi- 
pauté de  Hildljourghausen,  et  d'une  irès-peliie  parcelle 
du  comté  de  Henneberg.  Elles  n'avaient  que  11  m.  c. 
g.  ("0  I.  c.)  de  surface  et  une  population  de  55,000 
âmes.  Les  revenus  du  duc  étaieni  100,000  fr.  environ. 
Celle  branche  étant  éteinte,  le  duché  a  été  réuni  à 
celui  de  Sae-Meinungen,qui  est  désigné  sous  le  nom 
de  Saxe-Meinungen-Uildbuurghausen.  l°La  branche 
de  Cobourg  descend  de  Jean-Ernest ,  septième  fils 
d'Ernest  le  Pieux,  qui  obtint,  dans  le  partage  de  la 
succession  paternelle,  la  partie  méridionale  de  la 
principauté  d'Altenbourg;  elle  portait  d'abord  le  nom 
deSaaIfeld,  el  prit  celui  de  Cobourg  ou  de  Cobourg- 
Saalfeld  depuis  la  mort  du  secoiid  fils  d'Ernest  le 
Pieux  qui  avait  eu  Cobourg  et  ne  laissa  pas  de  fils. 
Elle  possède  la  principauté  de  Saaifeld,  qui  fuit  partie 
de  celle  d'Altenbourg  ;  celle  de  Cobourg,  une  partie 
du  comté  de  Henneberg;  le  tout  ayant  20  m.  c.  g. 
(72  l.c.)  el80,00a  habitants.  La  seigneurie  de  llaum- 
liolder  sur  la  rive  gauche  du  Rhin,  que  le  duc   avait 


obtenue  en  1816,  a  été  cédée,  au  mois  de  décembre 
1818,  à  la  Bavière.  On  estime  les  revenus  à 
1,200,000  fr.  Cobourg,  la  résidence  ,  a  9800  habi- 
tants. 

Saxum  Glaciale,  le  Spilzbirg,  dans  la  mer  polaire 
Arcti(ine,  nommé  quelquefois  Groenland  oriental.  Le 
nom  de  Spiizherg  esl  pris  des  rochers  escarpés  qui  le 
bordent.  Le  Spilzlierg  coiniirend  trois  grandes  lies 
et  un  nombre  considérable  de  petites.  La  gramle  ile 
propremenl  dite  est  séparée  par  des  détroits  de  l'ile 
du  sud-est  el  de  celle  du  nord-est.  La  presqu'île 
orientale  de  la  grande  île  se  nomme  Nouv.-Friziande. 
Ces  îles  sont  situées  entre  70°  30'  et  80*  W  de  lat. 
nord ,  et  etitre  6°  25'  et  20°  30"  de  long.  est.  Leur 
surface  est  de  2870  lieues  carrées.  Vers  la  pointe 
nord-ouest  on  trouve  les  restes  de  rétablissement  des 
baleiniers  hollandais,  nommé  Smeevenborg.  BarenU 
découvrit  le  Spitzberg  en  159G.  Les  montagnes  du 
Spilzberg,  couronnées  de  neiges  perpétuelles  el 
llanquées  de  glaciers,  réllécliissenl  de  loin  l'aurore 
boréale,  ou  la  lumière  du  nord.  On  les  distingue  à 
une  grande  dislKiice,  ii  cause  de  leur  hauteur  pro- 
digieuse ;  et  comme  leur  base  gît  au  niveau  de  la 
mer,  les  baies,  ks  vaisseaux,  les  baleines,  tout  pa- 
rait dans  leur  voisinage  d'ime  extrême  petitesse. 
Dans  celle  région,  le  jour  esl  de  cinq  mois,  et  forme 
l'été;  le  coucher  et  le  lever  du  soleil  distinguent  les 
deux  saisons.  Vers  le  midi  de  ce  jour,  ou  au  milieu 
de  l'été,  la  chaleur  constante  du  soleil  échauffe  un 
peu  avant  cette  terre  glacée  ;  le  goudron  des  vais- 
seaux fond,  et  cependant  on  ne  voit  pousser  qu'un 
très-petit  nombre  de  plantes,  savoir  :  du  cochléaria, 
des  renoncules  et  des  joubarbes.  Les  golfes  el  les 
baies  abondent  en  fucus  el  algues  d'une  dimension 
gigantesque  :  une  espèce  a  200  pieds  de  long.  On 
voit  dans  ces  parages  bondir  les  phoques,  les  chiens 
de  mer  ;  la  baleine,  qui  lance  des  jets  d'eau  par  ses 
vastes  évenis,  ressemble  à  un  banc  llottant  sur  lequel 
divers  crusiacées  ei  mollusques  fixent  leur  demeure; 
m;iis  elle  est  souvent  blessée  à  mort  par  le  narltval, 
nommé  unicorne  de  mer,  à  cause  de  la  perte  habi- 
tuelle d'une  de  ses  défenses  liorizoniales.  La  baleine 
succombe  aussi  souvent  sous  les  coups  d'une  espèce 
de  dauphin,  nommé  Vépée  de  mer,  qui  lui  arrache 
des  morceaux  de  chair,  et  qui  cherche  surtout  à 
lui  dévorer  sa  langue.  Au  milieu  de  tous  ces  animaux 
marins,  on  aperçoit  l'ours  polaire,  quadrupède  re- 
doutable, vorace  et  sanguinaire  :  lanlôt  sur  un  ilor 
de  glace,  et  tantôt  nageant,  il  poursuit  tout  ce  qu 
respire,  dévore  tout  ce  qu'il  rencontre,  et  s'asseoi! , 
Cil  rugissant  de  joie,  sur  un  trophée  d'ossements  '  ,'t 
■  de  cadavres.  Le  morse  ou  hialross,  armé  d'énormja 
défenses  dont  l'ivoire  est  caché  sous  une  couche  de 
limon  de  mer,  gritnpe  aux  rochers.  Les  animaux 
terrestres  sont  le  renne  timide,  qui  broute  la  mousse 
des  rochers  ;  le  retmrd,  et  d'innombrables  ciseaux 
de  mer  qui  viennent  pendant  quelques  moments  peu- 
pler ces  îles  solitaires,  el  se  retirent  dès  q»e  le  jour 
polaire  linil.  Les  Russes  d'Arklianger  onl  formé  des 


739  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 

élablissemenls  pour  la  chasse  en  plusieurs  endroits  teniioii.  L'Icôlel  de  ville 
du  S|riizberg.  Des  navigateurs  de  diff^Teiits  pays  vont 
pécher  les  baleines,  qui  comnienceiil  h  ère  moins 
nodihriuscs  sur  los  côtes  ilu  Spiizberg.  La  baleine 
ressemlile  à  la  iu»rue,  i|uaiit  à  la  (orme  ;  elle  a  les 
yeux  petits,  la  peau  du  dos  brunâtre  et  marbrée,  le 
venire  blanc,  et  deux  trous  .>ur  la  lête,  par  lesquels 
elle  rejette  Tcau  iiu'elle  pompe  eu  respirant.  La  le- 
nielle  produit  queliiuefois  deux  baleines  de  li  niêiiie 
portée  ;  et  une  b  ileine,  .tu  inomcnl  de  sa  naissance, 
a  environ  10  pieds  de  longueur.  Le  morse  est  plus 
nombreux  et  plus  facile  àailaipier.  Sa  peau,  qui  sert 
à  suspendre  les  voitures,  et  ses  dents,  plus  coui|)ac- 
tes  que  celles  de  l'éiépliant,  S(int  des  objets  qui  at- 
tirent souvent  au  Spitzberg  des  colonies  temporaires 
russes.  Celte  région  polaire  offre  encore  une  curio- 
sité :  c'c^l  la  prodigieuse  a'.)Ondance  de  troncs  d'ar- 
bres que  la  mer  apporte  sur  ses  côtes  et  sur  les  ter- 
res arctiques  voisines  :  les  baies  en  sout  remplies. 
Ces  troues  par.iisseut  avoir  été  entraînés  par  les 
grands  fleuves  d"Asie  et  d'Amérique.  Les  uns  sont 
apportés  du  golfe  du  Mexique  par  le  fameux  courant 
de  Bahuma,  les  autres  sont  pousses  par  le  courant 
qui,  au  nord  de  la  Sibérie,  porte  constamment  de 
Test  à  l'ouest.  On  fait  il'excelienls  bois  de  construc- 
tion de  quelques-uns  de  ces  gros  arbres  dépouillés 
de  leur  ceurce  par  le  frotieuieut. 

Sediiuum,  vel  Seciodunum,  Sion,  Siiten  ,  chef-lieu 
du  canton  du  Valais  (Suisse).  Cette  ville  traversée 
par  la  Sionne,  qui  se  jette  près  de  là  dans  le  Rhône, 
est  fssise  au  pied  de  deux  rochers  isolés  d  un  aspect 
assez  sauvage;  l'un  de  ces  rochers  est  couronné  d'une 
vieille  église  et  du  ciiâteau  Valérie,  qui  est  encore 
habité,  quoiqu'il  date  du  temps  des  Romain:*  ;  l'auïre 
rocher,  qui  est  plus  élevé  que  le  preuiier  ,  supporte 
sur  sa  croupe  le  chiiteau  Tourbillon,  et  sur  sa  base 
celui  de  Majorie,  qui  servait  autrefois  de  résidence  à 
l'évéquc;  aujourd'hui  ils  tombent  tous  les  deux  en 
ruines.  La  situation  de  Sion,  dans  la  belle  vallée  du 
Rliône,  à  l'endroit  de  sa  plus  grande  largeur,  est  une 
des  plus  riantes  de  la  Suisse.  Les  coteaux  de  vignes, 
les  champs  bien  cultivés,  les  prairies  éniaillées  et  les 
arbres  fruitiers  dont  cette  ville  est  entourée  lui  don- 
nent un  aspect  extrêmement  pittoresque,  qui  est 
même  rendu  imposant  par  les  montagnes  élevées  qui 
dominent  la  vallée  de  tous  les  côiés.  L'intérieur  de 
Sion  est  cependant  loin  de  répondre  à  son  extérieur. 
Les  fossés  profonds,  les  hauts  remparts  elles  fortes 
murailles  qui  ceignent  cette  ville,  les  rues  étroites, 
tortueuses,  m;il  pavées  et  sales,  qui  la  traversent,  la 
rendent  sombre  et  désagréable,  en  même  temps  que 
le  peu  de  circulation  de  l'air  y  rend  le  séjour  mal- 
sain. Sion  renferme  néanmoins  uae  grande  place,  ap- 
pelée le  Graud-Poui,  entouré  de  plusieurs  bâtiments 
p.irliculiers  très-élégants.  La  calhédraleest  d'une  belle 
architecture  gothique.  On  lit  plusieurs  inscriptions 
roiuaines  sur  ses  n.urs,  et  son  intérieur  renferme 
quinze  autels  ei  un  grand  nombre  de  tombeaux.  L'é- 
glise de  Sainl-Théodule  est  un  monuiuent  digne  d'ai- 


74» 
est  un  beau  mor- 
ceau d'architecture  du  moyen  âge.  Les  Calendes, 
tour  qui  date  du  régne  de  Chark-magne,  ser- 
vent aujourd'hui  d'Iiabilition  aux  quatre  grands  di- 
gnitaires du  cliapiiie  épiscopal.  La  Tour  des  chiens 
se  trouve  sur  le  délilé  qui  conduii  aux  ruines  du 
château  Tourbillon.  C'est  d.ms  cette  tour  que  furent 
détenus  et  secrètement  mis  à  m  irt,  en  1308,  vingt 
citoyens,  boas  pairioles,  qui  «'opp  isérent  à  l'assu-» 
jetiissement  du  Valais,  que  le  due  de  Savuie  av^iil 
résolu.  L'hôpiial  est  administré  par  une  prieure  et 
huit  sœurs  de  la  congrégation  des  sueurs  de  la  Misé- 
ricorde, qu'on  nonuue  ici  sœurs  Blaucties.  Toui  ma- 
lade, soit  de  la  ville,  solide  la  campagne,  et  même 
louléiianger  passant,  y  est  reçu  et  bien  soigné,  lin- 
niédiaieiuenl  hors  de  la  ville  on  rencontre  le  cou< 
vent  des  Capucins,  habité  par  dix  religieux  de  cet 
ordre;  il  est  lemarquable  par  sa  cbarmante  situai 
tion. 

Sion  est  le  siège  du  gouvernement  de  l'évêque  et 
de  son  chapitre,  et  c'est  là  que  résident  aussi  les  fa- 
milles les  plus  distinguées  du  canton.  Néanmoins  il 
y  a  peu  de  sociabilité  et  encore  moins  de  ressources 
dans  cette  ville,  où  les  étrangers  sont  cependant  ac- 
cue  Ilis  avec  beaucoup  d'urbanité. 

Rien  de  plus  agréable  que  les  sites  champét  esqui 
se  trouvent  dans  le^  environs  de  Sion.  On  les  par- 
court avec  délices,  comme  un  j  irdin  anglais,  qui 
présente  à  tout  mouieutdes  variations  nouvelles.  Les 
promenades  les  plus  intéressantes  sont  toulelois 
celles  ijui  se  rencontrent  entre  la  ville  et  le  Ri.oue, 
et  celles  qu'olTrent  les  coteaux  connus  sous  le  nom 
de  Mayens  de  Sion,  qui  se  trouvent  au  delà  de  ce 
fleuve.  On  jouit  dans  les  hameaux  et  dans  les  mai- 
sons de  campagne,  qui  sout  situés  sur  ces  coteaux, 
d'un  air  pur  et  libre,  en  même  temps  qu'on  plane 
sur  une  campagne  riante.  Les  plus  beaux  points  de 
vue  des  environs  de  Sioii  se  découvrent  néanmoins 
près  des  châteaux  de  Valérie  ei  de  Tuurbibon.  Le 
chemin  qui  conduit  à  ce  dernier  est  taillé  dans  le 
roc. 

Sion  e^t  à  6U0  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
n.er.  La  population  est  d'environ  50i)J  babitanis.  La 
ville  et  le  canton  sont  catholiques.  L'évêque,  au 
moyen  âge,  éiaitpiince  du  haut  et  bas  Valais,  élcciif 
et  sullr.igant  de  l'archevôque  de  Tarentai^e.  Le  Va- 
lais était  allié  des  Suisses;  il  a  depuis  été  admis  au 
nombre  des  cantons,  et  fait  partie  de  la  Diète  fédé- 
rale. —  L'évèché  de  Sion  date  de  581.  Avant  cette 
époque  le  siège  épiscopal  élait  à  Oclodurum.  Celle 
ville  compte  dix  églises.  Les  Français  la  prirent 
d'a--saut  eu  1798.  On  récolte  du  vin  dans  les  envi- 
rons. Elle  est  à  iO  kil.  sud-est  de  Lausanne,  et  JO 
sud  de  Berne.  Le  goitre  est  une  infirm  lé  commune 
dans  ce  canton,  surtout  dans  le  bas  Valais;  on  l'al- 
iribue  à  la  qualité  de  l'eau  et  à  l'uisalubrilé  du  cli- 
mat. 

Sextiœ  Aquce ,  Aix,  ville  de  France,  chef-lieu  de 
canton  et  d'arrond.  du  dépt.  des  Bouclies-du-Rliône, 


74)  GÉOGRAPHIE  DKS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


7i2 


sicge  d'un  évéché  nu  iv"  siècle,  érigé  dans  le  viii« 
siècle  enarcliovèclic,  ei  auquel  on  a  joint,  par  le  con- 
cordai de  1801,  cens  dWrIosel  d'Einhrun.  Sicirron- 
scripiion  renfernie  ledeuxiènieei  le  lroiï.ièniearrond. 
didépi.  desBouclios-dU'Rliône.  Il  a  pour siiffragants 
Marseille,  Fréjus,  Digne,  Gap,  Ajaccio,  Alger. 

Celle  ville  doit  son  nom  d'Aquw  Sextiai  au  pro- 
consul C.  Sexiius  Calvinus,  qui  Ta  Tondée,  ou  du 
moins  qui  l'a  reiiaurée  ei  afirandie.  Siralion  assure 
(|iie  ce  général  romain,  qui  avaii  passé  les  Alpes  en 
C30  (av.  J.  C.  123)  ei  ivaii  vaincu  près  de  là  les 
Sjjyens,  y  lit  bàlir  ntie  (orlcresse  où  il  mil  garnison 
romaine  pour  pié.-erver  le  lerriioirc  de  Marseille  des 
incursions  des  Gaulois.  (Slrab.  Geogr.  1.  iv.  Vicl.  et 
Epiioin.  lib.  Lxi  Livii;  Solin.  cap.  vin,  in  fine; 
Vell.  Paierc,  cxterosque  romanosscripiorcs  liisiori- 
cos.  Pioléniéc  la  nomme  "lSax«  iÉ^Tia  iolovix,  et 
l'Iutarqiie,  in  ilario,  Tôira  SsçTÛia.)  Cette  ville,  qui 
fild'aboril  partie  de  la  Viennoise,  soucia  méiropole 
de  Vienne,  lut,  sous  llonorius,  réunie  à  la  seconde 
Narbunnaise,  et  devint  métrnpo'e  ciwie.  Elle  ne  de- 
vint métropide  religieuse  qu'en  878,  sous  la  prima- 
lie  d'Arles.  Le  siège  d  Aix  cependant  est  lieancoiip 
plus  ancien.  Une  tradition  du  pays  lui  donne  pour 
premier  apôire  et  cvcque  saint  Maïimin,  un  des 
soixanle-d  luze  disciples  de  Jé^u^-Cl)rist,  en  lui  ad- 
joignant pour  compagnon  de  son  apost(jlat  saint  Si- 
doine ou  Célidoine,  qu'on  prctemi  êire  l'aveugle-né 
de  l'Evangile.  .Mais  en  ISOI,  par  suite  du  concordat 
passé  entre  le  pape  Pie  VU  et  iNapoléon  Bonaparte, 
premier  consul  de  la  république  françiiise,  l'arche- 
véc.bé  d'Arles  ayant  élé  supprimé,  son  titre  fut 
ajouté  àceluid'Aix.  Plus  lard,  le  6  octobre  1822,  la 
bulle  du  pape  qui  lixait  les  nouvelles  limites  des  dio- 
cèses de  Fiance  attacha  encore  au  siège  d'Aix  le  li- 
tre d'Lnibrun,  qui  en  1801  avait  été  rèuui  avec  celui 
de  Vienne  à  l'archevêclié  de  Lyon,  l'armi  les  arche- 
vêques d'.iix,  on  en  compte  deux  qui  ïOnl  reconnus 
pour  saints,  un  pape,  huit  cardinaux,  un  patriarche 
de  Jérusalem,  etc. 

L'archevêché  d'Aix  renleruiait  jadis  8i  paroisses. 


Dans  l'église  des  Carmes,  on  voyait  un  vieux  tableau 
peint  de  la  propre  m;iin  du  roi  Kené. 

Le  siige  épiscopal  d'Aix  éla  l  autrefois  placé  dans 
l'église  qui,  du  nom  de  Setles  epUcopalis,  a  pris  le 
nom  de  >'otre-D.ane  de-l:i-Seds.  Le  cl.apiire  l'avait 
abandonnée  durant  les  guerres  du  xi«  siècle,  pour 
aller  s'établir  dans  l'endroit  de  la  vi'le  le  plus  peu- 
plé. Il  la  donna  aux  Minimes  en  t.^oC.  Les  Capucins 
avaient  dans  leur  église  le  Crucifix  inexpugnable,  fort 
célclne  dans  la  ville  d'Ax  et  aux  environs.  —  La 
chambre  souveraine  ecclé-iastiipie  d'Aix  était  une 
des  Sept  qu'établit  Henri  III  en  1S80.  Elle  avait  dans 
son  ressort,  outre  la  métropole  d'Aix,  celle  d'Arles 
et  treize  autres  diocèses  :  Api,  Cap,  Fréjus,  Riez  et 
Sisteron ,  suffragants  d'Aix  ;  Marseille ,  Toubm  et 
Orange,  suffragants  d'Arles;  Digne,  Glandèves, 
Grasse,  Senez  et  Vence,  suOragants  d'Einbruii,  c'est- 
à-dire  loute  la  Provence,  la  principauté  d'Orange,  et 
le  diocèse  de  Gap  en  Dauphiné.  Les  diocèses  des 
villes  d'Avignon,  Carpentras,  Cavaillon  et  Vaison, 
quoique  leurs  capitales  appartinssent  au  pape,  n'é- 
taient pas  m<iins  du  ressoude  la  chambre  ecclé- 
siastique d'Aix,  mais  seulement  pour  les  paroisses 
sujettes  du  roi  de  Fiance.  Celle  chambre,  présidée 
pur  l'archevêque  d'Aix,  connaissait  de  lous  les  ap- 
pels des  taxes  imposées  par  les  bureaux  diocésains, 
ainsi  que  de  toutes  les  sentences  de  ces  mêmes  bu- 
reaux, dans  les  cas  où  la  somme  dépassait  20  livres. 
Elle  décidait  en  dernier  ressort  et  sans  appel  ulté- 
rieur lous  les  différends  concernant  les  décimes  et 
les  subventions  du  clergé. 

La  généralité  d'Aix  s'étendait  sur  lous  les  évêcliès 
de  Provciice,  c'est-à-dire  Aix,  Api,  Arles,  Digne, 
Fréjus,  Glandèves,  Grasse,  Marseille,  Riez,  Senez, 
Sisieron,  Toulon  et  Vence.  Le  receveur  provincial 
d'Aix  résidait  ordinairement  à  Marseille.  Les  rece- 
veurs diocésains  lui  remeltaient  les  sommes  qu'ils 
recevaient  des  bénéliciers  ou  du  clergé  de  leurs  dio- 
cèses respectifs.  Ce  receveur  provincial  transmellail 
ensuite  ces  diverses  sommes  au  receveur  général  du 
clergé  à  Paris. 

Il   s'est  tenu   à   Aix   un  concile  provincial  par 


et  1  archevêché  d  Arles  ol.  Aujourd  lui  l'on  v  comme  «i         i       /■-      ■    •              .      . 

,...,„„            ,     .     •      ,                '"" ""  y '-orapie  Alexandre   Camiagiuus,  archevêque   de   celle  ville 

d'uze  cures,    dont  six  de  nrem  ère   casse    noup  /      ,      ■       .^a-    ....        . 

r..rr«,„i     ,iù;v     .,    .■      "*"=""""   'i'-''"'^'   V^^r  septembre  158oj.  Il  élait  assisté  des  évêques  d'Apt, 

larrond,   dAix,   et  dix,  dont     rois   de   preni  ère  ^»  r„„  j    t>-       .  ,    c-                      „ 

„i^^^„   ,„  .^1  •    ...  ,        ,,          ..          t""^""^-ie  de  Gap,  de  Riez  et  de  Sisteron,  ses  suffragants,  et  du 

Classe,  uoiir  e^.lui    iIAiIac     i  ^Qrf/\i,<i:.can^.ir.f    ^i»*;-  >                   o        »  ^v  «« 


classe,  pour  celui  d'Ailes.  I.'arroiidissemenl  d'Aix 
lenferiKe  61  succursales  et  celui  d'Arles  55.  On  y 
tromcenonire  vingt-deux  vicariats,  chapelles  vica- 
riaies,  etc.  Aiv  renferme  quatre  congrégations  reli- 
gieuses de  femmes,  autoiisées;  les  hospitalières  de 
Notre-Da  iie-de-Crâce,  les  Ursulines,  les  Carmélites 
et  les  sœurs  du  Saini-Sacrement. 


grand  vicaire  de  l'évêque  de  Fréjus.  Il  s'y  lit  plu- 
sieurs règlements  de  discipline  ecclésiastique  assez 
semblables  à  ceux  du  concile  de  Bourges  de  l'année 
précédente  (1584).  L'.<rchevêque  Iluraut,  en  I6l2, 
assembla  les  suffragants  pour  censurer  le  livre  De  la 
puissance  ecclésiastique,  d'Edmond  Rieher. 
L'université  d'Aix,  élabl;e  en  1409  par  le  pape 
Ou  conservait  dans  la  cathédrale  quelques  pré-  Alexandre  V,  et  confirmée  en  1415  pur  Lo  ,is  II, 
cieuses  reli(,ues.  Le  trésor  renfermait  une  statue  comte  de  Sicile,  alors  comte  de  Provence,  lui  ré- 
d  argent  de  la  sainte  Vierge,  de  grandeur  naturelle,  lablie  en  1603  par  Henri  IV,  roi  de  France,  qui  lui 
et  une  rose  d'or  que  le  pape  Innocent  IV  avait  en-  accorda  de  nouveaux  privilèges,  approuvés  et  aug- 
voyée  a  Raymond  Bérenger,  comte  de  Provence  (1).      mentes  encore   par  Louis  XIII   en   165-2,  et  par 

iJ' n.^''Il^-T^''*^   "."®  f'  '^I'"®*  ''"^  '"^  l'^P^  "Jénit      à  celui  des  princes  ciiiéliens  qui  a  le  mieux  mérité 
tous  les  ans,  le  dimanche  de   Lœlare,  et  qu'il  envoie      de  la  religion  d.ms  rannée  qui  vie.il  de.^S'écoulér 

{y Ole  de  /ou.eur.J 


745 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Louis  XIV  en  1660,  1683  et  1712.  Elle  éiait  com- 
posée de  trois  nicullés  :  Iliéologie,  jurisprudence  et 
niédi'ciiie  :  l':>rclievéqiie  d'Aix  en  était  le  chauce- 
lier-né.  Aujourd'hui  l'académie  d'Aix,  substituée  à 
l'ancienne  université,  comprend  les  dépariemenls 
des  iJouches-du-Rliône,  des  Basses-Alpes,  du  Var  et 
de  la  Corse.  On  y  compte,  à  Aix,  une  faculté  de 
théologie  et  une  de  droit;  à  Marseille,  un  collège 
royal.  Dans  le  ressort  :  seize  collèges  communaux, 
Cinq  institutions,  quarante  et  une  pensions,  deux 
écoles  normales  primaires,  1659  écoles  primaires. 

Les  curiosités  principales  de  ceite  ville  .^uj^mr- 
d'hui  sont  la  cathédrale  (au  titre  de  Saint-Sau\eur- 
de-la-Transflguratinn)  ;  son  bapuslère  ociogone , 
qu'on  croit  avoir  été  un  temple  d'Apollon,  est  un 
des  plus  préi;ieux  restes  de  son  antiquité  païenne; 
la  Tour  de  l'iloi  loge,  la  Foni.iine  de  l'hôtel  de  ville, 
avec  sa  colonne  antique  de  granit;  l'oLélisque  de  la 
place  du  Palais,  les  greniers  publics,  ornés  d'un 
ironion  remarquable  de  Chastel  ;  le  nouveau  Palais 
de  justice,  bàli  sur  l'emplacement  de  l'ancien,  et 
plusieurs  monuments  romains.  L'église  gothique  de 
iSaiut-Jean,  qui  était  autrefois  possédée  par  l'ordre 
de  Malte,  renferme  les  tombeaux  de  plusieurs  comtes 
de  Provence.  On  remarque  encore  le  Cours  oii  se 
trouve  la  .statue  du  roi  René,  dont  la  mémoire  est 
restée  populaire  dans  les  provinces  jadis  soumises  à 
sa  doute  et  paternelle  domination.  Cette  statue  fut 
élevée  en  1819.  La  bibliothèque  de  la  v.lle,  dite  de 
Méjaies,  est  célèbre,  et  mérite  de  l'être,  par  le  choix 
et  le  nombre  des  volumes  et  des  manuscrits  qu'elle 
coulient.  La  population  d'Aix  est  de  27,000  hab. 
On  l'a  surnommée  l'Athènes  française.  La  Martiniére 
aflirme  avec  naïveté  qu  on  trouvait  a  Aix  de  son 
temps  des  gens  de  mérite  :  nous  n'en  doutons  point, 
mais  ((uand  il  ajoute  que  le  plus  renommé  des  cabi- 
nets d'antiques  de  la  ville  avait  été  rassemblé  par 
un  maréci;al-ferrant,  nommé  Reboul,  ce  nom,  peut- 
être  un  peu  altéré  pur  l'illustre  géographe,  nous  a 
rappelé  Celui  du  poétique  boulanger  de  Nimes;  et 
nous  avons  conclu  que  la  Piovence,  qui  s'était  plu  à 
faire  germer  un  antii[uaire  sous  le  tablier  du  for- 
geron, n'en  éiait  pas  à  son  premier  miracle  quand 
elle  fit  naitre  à  l'ombre  du  pétrin  ce  poète  de  pre- 
mier ordre  qui  laisail  des  pains,  et  qu'on  avait  pris 
d'abord,  à  Paris,  pour  un  boulanger  qui  faisait  des 
vers. 

A  •ikil.  ouest  de  cette  ville,  on  trouve  la  vallée 
pittoresque  du  Tholonel,  semée  de  ruines  romaines, 
et  au  delà  le  mont  Sainte-Victoire  (haut.  1000  mè- 
tres), ainsi  nommé  de  la  vicioire  remportée  tur  les 
Cinibres  et  les  Teutons  par  Marius,  102  ans  avant 
Jésus-Chrisi.  Cette  bataille  est  connue  sous  le  nom 
de  balailU  d'Aix. 

Silva  Jorena,  vel  Jolremis  ,  Jouarre,  paroisse  du 
diocèse  et  de  l'arrond.  de  Meaux,  canton  de  la  Ferit- 
soiis  Jouarre  ,  départ,  de  Seine-et-Marne.  —  Ce  fut 
au  cummeocemeui  du  vu'  siècle  que  saint  Colum 


TU 

ban,  chassé  du  royaume  de  Bourgogne,  et  cherchant 
un  asile  à  la  cour  d'Austrasie,  passa  dans  le  village 
d'Ussy.  Il  y  fut  bien  accueilli  par  Authaire,  seigneur 
du  lien.  En  reconnaissance  le  saint  bénit  Auiliaire 
et  ses  deux  enfants,  Adon  et  Oadon.  Dagobert  \"  , 
qui  régnait  alors,  honora  les  deux  jetiiies  gens  de  sa 
bienveillance ,  et  leur  cinfia  les  premières  charges 
du  royaume.  Mais  Adon,  bientôi  dégoûté  des  vaines 
pompes  du  siècle,  résolut  de  consacrer  le  reste  de 
ses  jours  à  la  prière.  En  conséquence  il  bâiit  un 
monastère  dans  l'épaisseur  des  bois  de  Jouarre , 
nommés  Joranus  saltus  ou  Sika  Jotrensis ,  qui  lui 
appartenaient ,  s'y  retira  et  rompit  tout  commerce 
avec  les  hommes ,  pour  n'avoir  plus  de  société 
qu'avec  Dieu.  Son  exemple  eut  des  imitateurs.  De 
jeunes  seigneurs  abandonnèrent  la  cour  pour  suivre 
Adon  dans  sa  retraite  ;  de  ce  nombre  furent  Agil- 
bert,  qui  occupa  depuis  les  sièges  épiscopaux  de 
Dorchester,  en  Angleiene,  et  de  Paris;  et  Ebri- 
gisile,  qui  fut  évèque  de  Meaux.  Quelques  femmes 
marchèrent  sur  les  traces  de  ces  saints  personnages. 
Elles  étaient,  pour  la  plupart,  les  parentes  du  Ion- 
dateur  ;  elles  mirent  à  leur  léie  une  leligieuse  de 
Faremouiier,  nommée  Thelchilde  ou  Tliéodechilde, 
qui  était  sa  cousine  germaine.  Ainsi,  dans  son  prin- 
ci|ie,  le  monastère  de  Jouarre  renferma  des  reli- 
gieux et  des  religieuses.  Rien  n'était  plus  fréquent 
que  ces  associations  pieuses,  et  elles  avaient  lieu  sans 
produire  le  moindre  scandale.  —  Aux  pieux  soli- 
taires qui  babitèrenl  d'abord  la  retraite  de  Jouarre  , 
succédèrent,  dès  le  vu'  siècle,  des  moines  qui  veil- 
laient aux  besoins  spirituels  du  monastère ,  mais 
sous  la  domination  des  religieuses.  Dans  le  commen- 
cement du  xiii=  siècle,  ces  moines  avaient  eux- 
mêmes  èié  remplacés  par  des  clercs  séculiers  qui 
prirent  bientôt  le  titre  de  chanoines,  ou  du  moins  à 
quiles religieuses confèrèrentce  titre,  sans  doute  pour 
donner  plus  d'éclat  à  leur  couvent.  Mais,  dans  le  xv" 
siècle,  les  chanoines  prétendirent  qu'ils  remplaçaient 
les  anciens  fondateurs,  et  résolurent  de  s'emparer  du 
monastère  ,  d'en  chasser  les  religieuses,  ou,  tout  au 
plus,  de  ne  les  y  tolérer  que  comme  leurs  subor- 
données.... De  là  naquit  un  malheureux  procès  qui 
dura  plus  de  trois  cents  ans,  et  ne  fut  terminé  qu'en 
170i.  Défenses  furent  faites  aux  chanoines  de  pren- 
dre à  l'avenir  d'autres  tiires  tjue  celui  de  chapelains, 
ei  de  se  considérer  autrement  que  comme  les  dé- 
pendants des  dames  de  Jouarre.  Ces  danies  eurent 
aussi  un  long  procès  contre  les  évêques  de  Meaux  : 
elles  se  croyaient  exemptes  de  la  juridiction  épisco- 
pale,  pensant  que  leur  monastère  relevait  immé- 
diatement du  saint-siège.  Cette  discussion,  qui  avait 
commencé  dans  le  xiii'  siècle,  ne  fut  terminée  qu'en 
1690,  sous  Bossiiet.  Ce  prélat  obtint  un  arrêt  du 
parlement  qui  le  maintenait,  lui  et  ses  successeurs  , 
dans  le  droit  de  gouverner  le  monastère  de  Jouarre 
et  d'y  exercer  la  juridiction  épiscopale  sur  l'abbesse, 
les  religieuses,  comme  sur  le  clergé,  le  chapitre,  !■: 
curé,  le  peuple  et  la  paroisse  du  bourg. 


745  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOVEN  AGE 

Un  ancien  nnleur  (1)  prétend  que,  quand  Adon 
fonda  son  monasière  dans  ce  lien,  Jouarreétail  une 
relraiie  de  voleurs  ;  ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  que 
l'existence  de  l'albaye  précéda  celle  de  la  commune 
qui  ne  consisia  d'ahnrd  que  dans  les  hal)ii:itions  des 
gens  (|ui  servaient  au  couvent.  Selon  le  plus  grand 
nombre,  le  nnm  de  Ji'uarre  dérive  de  Jovis  ara  ou 
Jouis  airum  ;  mais  s'il  n'est  pas  liors  de  vraisem- 
blance que  l'on  ait  édifié  un  autel  ou  im  temple  sur 
une  colline ,  au  milieu  d'une  forêt,  puisque  tels 
élaieni  les  lieux  que  les  anciens  affei  tionnaient  pour 
offrir  leurs  sacritices  ,  il  est  au  moins  douteux  que 
l'amel  ait  été  primilivemenl  consacré  à  Jupiier  ;  car 
le  culte  de  celle  divinité  ne  s'est  introduit  dans  les 
Gaules  (|u'après  la  conquête  de  Jules  César.  Nos  an- 
cêtres, dans  leur  langage  ludesque  ,  appelaient  Teu- 
taiés  le  maître  du  tonnerre,  et  il  n'y  a  rien  dans  ce 
nom  qui  ressemble  i\  celui  de  Jouarre.  Enfin  les  plus 
anciens  auteurs  appellent  ce  lieu  Joirum  et  Joranus 
jn/(Ht,  ce  qui  annonce  un  pays  couvert  de  bois. 
Jouarre  paraîtrait  n'être  qu'une  corruption  de  Jo- 
ranus. 

Le  bourg  de  Jouarre  est  situé  au  sommet  d'une 
nion!»grie,  dont  le  Petit-Morin  environne  la  base,  de 
l'est  ;iu  nord.  De  ce  point  on  découvre  un  horizon 
immense,  et  la  vue  plonge  sur  un  des  plus  riches , 
des  |ilus  variés  et  des  plus  agréables  paysages  de 
la  I{rie.  Le  bourg  conserve  encore  beaucoup  de 
traces  de  sa  gothique  origine  ;  l'on  y  voit  plusieurs 
maisons  dont  le  premier  étage,  avançant  sur  la  voie 
publique,  supporté  par  de  massifs  pilastres  ou  par 
des  piliers,  forment  une  sorte  de  galerie  bnsse  à 
l'instiir  de  celle  qne  l'on  nomme  les  Piliers  des  Hal- 
les, à  Paris.  —  La  principale  place  est  très-irrégu- 
lière  et  assez  vaste  ;  les  rues  sont  étroites  et  mal 
alignées.  —  L'église  paroissiale  est  un  édifice  du  xv' 
siècle  ou  à  peu  près  ;  c'était  une  collégiale  desservie 
par  treize  chanoines,  à  la  nomination  de  l'abbesse 
du  monastère.  Le  curé  avait  la  première  dignité.  Les 
chapelains  de  l'abbaye  formaient  une  communauté  ; 
ils  jouissaient  d'une  partie  de  la  dîme  et  de  la  sei- 
gneurie de  Jouarre.  Dans  l'ancien  cimetière  de  cette 
église  est  r^miique  monument  connu  sous  le  nom 
de  Saiiiie-Chai  elle  de  Jouarre  ;  c'est  nn  petit  édiOce 
en  forme  de  crypte  ,  auquel  est  adossée  une  autre 
chapelle  souterraine.  On  y  descend  par  un  degré  de 
cinq  marches,  qui  conduit  à  un  parvis  soutenu  par 
des  murs  en  terrasse,  de  là  on  parvient  dans  l'en- 
ceiute  par  un  autre  degré  de  neuf  marches.  La 
voûte  est  supportée  par  six  colonnes  corinthiennes  , 
ëonl  deux  sont  d'albâtre  cannelées,  deux  de  jaspe  , 
et  deux  de  porphyre;  toutes  surmontées  d'une  cor- 
niche d'un  dessin  différent.  On  y  entrait  jadis  du 
couvent  par  un  long  souterrain  éclairé  par  deux 
soupiraux.  On  prétend  que  les  premiers  chrétiens 
se  rassemblaient  dans  ce  lieu  pour  y  célébrer  les 
mystères,  et  que  plusieurs  y  souffrirent  le  martyre. 
Cette  enceinte  renferme  sept  tombeaux  que  l'on 
(!)  Yefes,  Chronique  de  Saint-Benoit. 

DlCTIOUNAIBE  DE    GÉOGRAPHIE    ECCL.  II. 


74« 

croit  être  ceux  du  fondateur  du    monastère  ,   de 
sainte  Ti  Ichide  et  d'autres  saints  personnages.  Cette 
chapelle  était  recouverte  par  une  église  qui  éiait,  à 
ce   que  l'on  assure,   l'ancienne  paroisse  du  bourg. 
Elle  siihsisiait  en  155');  mais,  en  1G92,  on  en  eiil>;va 
l'autel  afin    de  forcer  les  chapelains  à  de^cendra 
dans  les  chapelles  souterraines  pour  y  célébrer  la 
messe.  Il  se  fait  encore,  le  mardi  de  la  Pentecôte, 
à  cette  cli;ipel!e,  un  pèlerinage  où  se  rassemble  un 
grand  concours  de   peuple.  —  L'église  de  l'ubbaye 
était  longue  et  étroite  ;  elle  avait  été  détruite  dans 
les  troubles  civils  ;  rebâtie  de  nouveau,  elle  fut  dé- 
diée, en   1588,    par  Henri   le  Mignon ,  évèque  de 
Digne.  En  1155,  il  se  tint  à  Jouarre  nn  concile  cen- 
tre les  meurtriers  de  Thomas  de  \illeneuve,  prieur 
de  l'abbaye  Saint-Victor  de  Paris,  V  é  prés  de  Gour- 
nay-sur-Mariie  ,   par  les  neveux   de  Thibauit ,  ar- 
chidiacre de    Paris.  Ce  concile,    auquel    assistè- 
rent les    archevêques   de    Reims  ,   de  llouen  ,    de 
Tours   et   leurs    sniffragants ,    fut    convoqué    par 
Geoffioy,   évè|ue   de  Chartres,    légat   du    saint- 
siége  ,  à  la  sollicitation  d'Etienne,  évêque  de  Paris. 
—  liii  1572,  Chai  lotte  de  Bourbon  ,  fille  de  Louis  de 
Bourbon,  onzième  du  nom,  duc  de  Monipensier, 
et  de  Jacqueline  de  Longvic,  treniièuie  abbesse  de 
Jouarre,  n'avait  point  encore  fait  profession,  lors- 
que Louise  de  Longvic  de  Gigry,  sa  taiiie,  lui  rési- 
gna l'abbaye.  On  prétend  qu'elle  avaii  été  «menée 
à  Jouarre  quinze  jours  après  sa  naissance,  mais 
que  telle  était  sa  répugnance  pour  l'état  monastique 
que  l'orgueil  ou  l'ambition   de  ses  parents  voubiit 
lui  faire  embrasser,  qu'en  prononçant  ses  vœux  elle 
protesta,  par  un  acte  devant  notaire,  qu'elle  n'a;;is- 
sait  que  par  contrainte.  Les  opinions  de  Calvin  se 
répandaient  alors  en  France  ;  Charlotte  de  Bourbon, 
dans  le  dessein   sans    doute  de  recouvrer    plus  de 
liberté,  adopta  ces  opinions  ,  et  fit  partager  sa  ma- 
nière de  penser  à  plusieurs  de  ses  religieuses.  Après 
avoir  réuni  des  sommes  assez  considérables ,  en 
vendant  ou  en  échangeant  des    biens  qui  apparte- 
naient au  monastère  ,  elle  s'enfuit  secrètement  avec 
ses  adhérentes.  Les  fugitives  se  retirèrent  d'abord  à 
Heildelberg  ,  sur  les  terres  de  Frédéric  III ,  électeur 
palatin  ,  où  elles  apostasièrent  pour  embrasser  ou- 
vertement le  calvinisme.  Le  duc  de   Montpensier, 
zélé  catholique ,  écrivit  à  l'électeur  pour  lui  rede- 
mander sa  fille  ;  mais  l'électeur  éluda,  et,  sur  la 
dem:inde  expresse  du  roi,  il  répondit  qu'il  ne  con- 
sentirait à  la  rendre  que  sous  la  condition  expresse 
qu'elle  aurait  pleine  liberté  de  conscience.  Mais  le 
père  ne  voulut  rien  promettre.  Charlotte  passa  en- 
suite à  Brielle,  où  elle  épousa,  le  10  jun  1574,  Guil- 
laume de  Nassau  ,  prince  d'Orange,  fondateur  de  la 
république  de  Hollande,  dont  elle  fit  Is  troisième 
épouse.  Elle  devint  mère  de  six  filles,  dnnt  une, 
rentrée  dans  le  giron  de  l'Eglise,  mourut  en  odeur 
de  sainteié,  abbesse  de  Sainte-Croix  de  Poitiers, 
en  16-iO.  —  L'abbesse  de  Jouarre  jouissait  de  plu* 


2i 


747. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGKAPUlE  ECCLESIASTIQUE. 


7« 


sieurs  privilég'^s  considérables  ;  elle  était  dnrae  du 
lieu  ,  où  ell  ■  avait  dmit  de  justice  ;  elle  piéseiitait 
à  plu.-ieurs  cures  ,  dans  le  diocèse  de  Meaux  et  à 
quelques  aiiires,  dans  les  diocèses  de  Nuyon,  da 
Chartres  el  de  Soissons,  riouimait  de  plein  droit  les 
chapelains  d'un  grand  nombre  de  chapelles,  lant 
diins  le  bourg  que  dans  d'auires  paroisses.  .  .  Plu- 
sieurs faims  personnages,  et  ensuite  plusieurs  fem- 
nies,  appartenaiii  aux  premières  familles  du  royau- 
me, ont  gouverné  ce  monastère.  L'abbaye  de  Jv.iiarre 
a  été  supprimée  en  1792  ;  son  église,  ses  bâti- 
ments sont  en  giande  partie  démolis  ;  il  n'en  re^le 
plus  que  l'abbatiale  qui  forme  une  maison  particu- 
lière. —  L'ho<|iicc  de  Jouarre  date  d'une  haute  an- 
liqutié ,  mais  on  ignore  l'époque  précise  de  sa  fon- 
dation. En  1-228,  Tliéubald  ou  Thibault  ,  prieur 
de  la  Charité,  donna,  du  conseniement  des  parties, 
à  la  .Maison-Diou  de  Joiiarie,  ce  que  le  monasière 
de  Ueiiil  avait  au  mouii:i  de  Comporté.  En  1515, 
Marguerite,  fonn.e  de  Gaucher  de  Chàiillon,  aban- 
donna, par  son  testament,  aux  powes  de  t'ostellerie 
Kotre-Da:iie  de  leurre,  vinyl  sots.  —  En  lt9(j,  on 
piignii  h  cet  hospice  la  maladrerie  du  Hu  de  Yérou  ; 
aujourd'hui  qu'il  conlient  vingt  lits,  il  est  desservi 
par  cinq  sœurs  de  Saint-Vinci'nl-de-1'.itil,  qui  s'occu- 
pent en  même  lemps  de  l'insnuction  des  jeunes  fil- 
les pativies.  Les  dames  bospit.ilicres  acceptent  toutes 
les  charges  lorsqu'il  s'agit  de  l'aire  une  bonne  oeuvre. 
Avant  la  révolution,  Jouarre  éiait  le  siège  d'un 
bailliage  seigneurial  el  d'une  cliâielleiiie  qui  ressor- 
lissaient  au  bailliage  de  Meaux.  Il  y  avait  aussi,  sur 
la  commune,  trois  manoirs  léodaux  qui  éu.if'nt  :  1° 
celui  de  Ferreuse,  à  un  quart  de  lieue  sud-ouest  de 
Jouarre,  dans  un  petit  vallon  ,  près  de  la  cninmiine 
de  Sis<iiy-Signet  dont  il  est  séparé  par  des  bois  qui 
j:  igncKi  à  l'ouest  la  foret  de  Mani.  L'on  y  liouve  en- 
core ui\  étang  considérable  (jui  porte  son  nom.  2° 
Celui  de  Nolongues,  dans  le  hanit-au  de  ce  nom  , 
plus  au  sud  el  à  une  demi-lieue  de  Jouane,  dans 
une  plaine  basse  environnée  de  buis,  où  se  trouvent 
quelques  étaiii;s,  el  qui  est  bornée  à  l'ouest  par  le 
grand  éiang  de  Yillitrs  el  celui  de  Bibejiault.  La 
ehajellode  ce  ci.àleau  avait  été  fondée  en  1515, 
par  Ahel  le  Koi  qui  en  était  le  seigneur.  5°  Enfin 
celui  de  Moras. 

On  ne  compte  pas  moins  d.î  douze  hameaux  qui 
dépendent  de  la  commune  de  Jouarre  ;  ce  sont ,  au 
nord  et  sur  la  rive  droite  du  Peiit-Morin  ,  ceux  de 
Courcelles  et  de  Viiury,  placés  entre  cette  rivière  et 
la  grande  roule  de  Paris  à  Châions-sui-Martie,  Uo- 
mini  el  le  Monl,  au  sud-est  sur  la  rive  gauche  du 
Petii-Morin.  Les  Corh  ères ,  h  l'ouest  dans  une 
plaine,  au  pied  de  la  muniagne  de  Jouarre.  Vo;pil- 
lière,  à  l'es l  sur  le  bord  de  la  route  de  Pari^  à  Cl.à- 
loiis.  Les  Cranils-Carrois,  au  nord  de  Nolongues, 
et  les  Petiis-Carruis  ,  plus  au  nord  encore  sur  le 
penchant  d'un  coteau.  Dans  cette  même  plaine 
basse  entrecoupée  de  bois,   de  marécages  et  d'é- 


langs  qui  environnent  au  midi  la  montagne  de  Jouar- 
re, on  il  cuve  encore  les  hameaux  de  la  Dorde-du- 
Bois,  rie  oii  la  ville  Jourdain,  la  Maznre-Michel,  les 
Grands  et  les  Petits  Clérels,  et  les  fermes  ou  h.ibita- 
tions  isolées  de  la  Cloipieuse  ,  des  Grands  et  Peiits- 
Biberiaults,  des  Laquais,  de  la  Hideuse,  de  l'Ilôtel- 
des-Bois  ,  les  Grand  et  Petit-Belleaiix  ,  etc.  ,  etc. 
Enliii,  sur  le  plateau  de  Jouarre,  la  ferme  de  ia 
Grange-Grenier  ou  Gruyère;  et  sur  le  bord  du  che- 
min de  Jouarre  à  la  Ferté,  le  cliàieaii  de  Vanieuil; 
auquel  on  parvient  par  une  avemie  de  Tilleuls. 

La  population  totale  de  Jouarre  est  de  2,880  âmes. 
Il  se  tient  dans  ee  bourg  trois  foires  par  an,  le  mardi 
de  Pâques  ,  le  mardi  de  la  Pentecôte,  et  le  deuï 
novembre.  H  est  à  4  kil.  sud  de  la  Ferté,  à  "20  kil. 
à  l'est  de  Meaux,  et  à  61  kil.  nord-est  de  Metun; 
son  territoire  plus  étendu  au  n:idi  se  compose  dfl 
terres  labourables,  de  bois,  de  piairies;  il  s'y  ren- 
contre une  grande  quamiié  d'éiangs. 

Simarina,  Siiimaringen,  petite  Vrile  d'Allemagne, 
fbef-lieu  de  la  principauté  de  Ilohenzollern-Sigma- 
ringen,  résidence  du  prinre.  Ce  bourg  est  situé  sur  le 
Danube,  à  !I2  kil.  sud  de  Stntigard.  Pnpul.  I,6".0  lia- 
biianls.  Le  château,  sans  être  précisément  beau,  est 
vaste  et  considérable.  La  pupulalinn  de  la  principauté 
est  de  57,032  âmes.  Les  revenus  du  prinre  soDt  da 
près  de  500,000  fr.  —  La  maison  de  Hnheiizidlern 
est  la  branche  aiiiée  de  la  ma'S'>n  royale  de  Prusse. 
Tassilon,  Ccimle  de  Zollern,  mourut  v>rs  l'an  800.  Ro- 
dolp'ie  II,  qui  en  descendait  dans  la  neuvième  gêné- 
raliipn,  lai<  a  deux  (ils,  Frédéric  IV  et  C 'Urad.  Fré- 
déric IV  héiita  des  biens  paternels  ;  il  est  la  souche 
des  prmces  de  llohenzollern,  comme  Conrad  est  celle 
des  r.iis  de  Prusse.  Eitel-Frédéric  IV,  descendant  aa 
huitiènu-  degré  de  Frédéric  IV,  fut  revêtu,  en  1507, 
de  la  charge  de  camerier  ou  chambellan  héiëditaire 
de  l'empire,  que  les  princes  de  HoheiitoHern  ont 
exercée  ju  qu'à  la  dissolution  du  corps  germanique.  Il 
acquit  la  seigneurie  de  llaiger^och,  eu  échange  con- 
tre celle  de  R:T>zuns.  Charles-Qnint  conféra  à  son 
peiil-fils,  Charles  I*'',  les  comtés  de  Sismaringen 
el  Vœhringeii.  Ses  deux  (ils,  Eirel-Frédéiic  VI  et 
Charles  II,  fondèrent,  en  1576,  les  deux  lignes  de 
lla-chiugen;etSigmaringen,  qui  se  sont  perpétuées. 
En  16-25  les  deux  lignes  furent  élevées  au  rang  de 
prince,  et  en  1653  l'aînée  obtint  voix  el  séance  à  la 
diète.  Celle  de  Sigmaringeii  ne  l'eut  qu'en  I803. 
Les  chefs  des  deux  lignes  eurent  part  à  la  fcn.laiion 
de  la  conféilération  da  Kliin;  celui  de  la  branihe  de 
Signiaringca  obtint  à  celle  époque  q;'e'que  agraiidis- 
seinent.  Depuis  ce  temps  tous  les  membres  de  la  fa- 
mille portent  le  litre  de  prince,  qui  auparavant  n'ap- 
partenait qu'au  chef,  liindis  que  les  princes  puînés  £e 
qua;i  aieut  de  comtes.  Le»  p  inces  de  llohenz.dlern 
se  nomment  aussi  bour^raves  de  Nuremberg,  il 
cause  d'une  coiifratciiiiié  hérédiiaire  qu'ils  ont  cri- 
gce  en  loliô  avec  la  maisun  de  Uiandehnurg.  Ils  soat 
de  la  leligio"  cathnliq'ie.  Les  deus  liranches  appnr- 
licuLenl  à  la  cunlédéi  al  on  genuanique,  ci  occupent, 


î«  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


7!i« 


»vec  les  maisons  de  Lichlensiein,  Reuss,  Schaiim- 
bourg-Lii  pe,  Lippe  ei  Wakleik,  'a  seizième  place  à 
la  dêle;  dans  ras>cii'.l>lce  géucrale,  elles  ont  deux 
voix  viriles,  les  vingl-ciuquième  et  vingi-sepiième. 

La  principauté  de  UoliejÉZollern-Hœchingen  a  une 
surface  de  C  m.  c.  g.  (16  I.  c.)  et  une  ponulatioii  de 
14.000  âmes.  Oa  estime  les  revenus  du  prince  à 
165,900  fr.  Il  réside  à  Hœchingen. 

Soliiudo  Sancta,  Aîn-Maùhi,  ville  frontière  du  dé- 
sert de  Sahara  en  Afrique,  place  foi  le  dont  l'émir 
ési  féudataiie  de  la  France.  —  La  chaleur,  au  mois 
de  hi:ii,  pendant  le  jour,  eit  de  40  degrés  à  l'ombre. 
C'est  la  cité  la  plus  commerciale  des  confins  du  dé- 
sert, et  comme  une  tribu  de  Lévi  mahoméianc,  con- 
centrée dans  une  seule  enceinte.  —  Le  marabout  qui 
la  commande  n'y  souffre,  à  litre  d'babiiant,  aucun 
étranger.  —  La  cilé  que  régit  le  marabout  est,  pour 
les  Musulmans,  une  espèce  de  commanderie  ou  chef 
d'ordre  reli|<ieux  ei  politique,  dont  les  succursales 
sont  dispersées  dans  les  villes  africaines.  —  Ain- 
Madlii  est  en  quelque  sorte  la  ville  sainle  de  U  partie 
septentrionale  du  désert,  il  court,  parmi  les  tribus 
arabes,  beaucoup  de  récits  merveilleux  qm  la  con- 
cernent. Elle  touche  par  le  désert  à  r.\lriquo  cen- 
trale dont  le  plaié^u  ne  s'élève  pas  à  plus  de  400 
mètres  au-ilessus  du  niveau  de  la  mer. 

Spana  Ai/hu,  Aigue-Pcrse,  peiiie  ville  du  diocèse 
de  Clermonl-Ferrand ,  départ,  du  Puy-de-Dôme, 
t'est  uii  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  et  à  15  kil. 
nord-esi  de  R:om  ,  qui  conipie  onz.!  con.munes. 
telle  ville  i.st  bàiie  sur  la  rivière  de  Béron.  L'église 
paroissiale  est  assez  remarquable ,  et  on  y  vo.t  un 
tableau  qui  mérite  ratieniiou.  II  y  a  une  source 
minérale  ricidule,  on  y  fjbr  que  de  la  loik'.  Le  poêle 
).  Deiiile  e>t  né  à  Aigiie-Perse.  Dans  les  environs  se 
trouve  le  château  de  la  Roche,  où  naqnii  le  cliancelicr 
de  ^tlo^pilal.  La  population  est  de  4000  babilanis 
environ. 

I  Algue-Perse,  paroisse  dii  diocèse  de  Lyon  , 
départ,  du  Rliônc,  canton,  et  à  8  kil.  nnrd-ouesi  de 
Monsols,  orr>iid.  de  Villerrancbe,  à  40  kil.  de  cetie 
Ville.  Il  s'y  fait  un  commerce  de  (il  et  de  bestiaux. 
Les  babiinnis  sont  au  nombre  de  l'250. 

Siifl'ie.i,  les  Suanes.  D'origine  géoigienne  ou  gru-' 
sieniie,  ils  forment  une  peuplade  de  la  Circassie  ou 
Tsclierkessie,  dans  la  Russie  asiatique.  Outre  leur 
langage  qui  est  un  dialecte  grusin,  et  leur  religion, 
ils  n'ont  rion  conservé  des  Géorgiens  dans  leurs 
inneurs.  C'est  une  peuplade  malpropre  et  abandonnée 
nu  brigandage,  à  laquelle  cejiendant  on  ne  peut  dis- 
puter le  courage.  Ils  niellent  deux  ou  trois  vèle- 
nieiiis  sales  l'un  sur  l'autre,  mais  point  de  chemise  ; 
la  poitrine,  l'avant  bras  cl  le  genou  à  découvert 
comme  les  Ecossais;  ils  portonl  une  espèce  de  ta- 
blier ;  des  bandes  de  draps  leur  servent  de  bas  et  de 
souliers;  ils  ont  la  léie  nue;  les  cheveux  crépus  , 
sont  couverts  d'un  bonnet  iméréiliicn.  Les  femmes 
portent  des  surlouls  de  lin  étroits  et  longs,  bouton- 
nés par-devant  ;  leur  visage  couvert  d'au  voile  épais 


ii'a  d'ouverture  que  par  un  seul  œil.  Cependant  le 
Suane  conserve  le  sens  dr'iit  et  ouvert,  et  développe 
des  facultés  imellecluelles.  Il  fabrique  du  gros 
drap,  des  armes  et  de  la  poudre  h  canon,  el  travaille 
tous  les  métaux  dont  ses  inonlagnes  abondent,  et 
même  l'or  et  l'argeni.  Ils  cultivent  moins  le  grain  : 
l'éducation  des  bestiaux  en  revanche  captive  leurs 
soins;  el  ils  font  écouler  les  produits  de  leur  S"l  et 
de  leur  i  idusirie  principale  dans  les  places  com- 
merciales de  la  mer  Moire,  ou  chez  leurs  voisins, 
avi-c  lesquels  ils  traûquent  aussi  pour  des  esclaves  , 
ou.s'il  se  peut,  volent  p^ur  fournir  à  ces  marchés. — 
Leur  pays,  appelé  Suaneli,  est  situé  sur  les  hauteurs 
des  montagnes  du  Caucase,  entre  les  Abazes,  les  Ba- 
sianes  et  les  Besiéniens  ,  il'iin  côté;  et  de  l'autre, 
entre  la  Jlingrelie,  l'iniérélhi  et  la  Gratide-Abazie  , 
et  s'éleiid  à  lest  jusqu'au  pied  de  l'Elbrouz,  au  de'à 
dui)uel  ils  habileni  encore  le  village  Khulam.  On 
compte  environ  5C00  familles  distribuées  en  races  , 
dont  chacune  a  so  i  chef;  au  reste  ils  d  meurent 
dans  de  petits  villages,  ou  isniément  par  familles  ; 
mais  leurs  vallées  sont  les  plus  inconnues  de  loules 
celles  du  Caucase.  Les  Tscherke.-ses  appellent  les 
Suanes  Sona,  les  Basiens  Ebae.  — Dans  cca  vallées, 
les  chefs  de  f.imille  et  les  nobles  accordent  ci'pcn- 
dant  une  hospitalité  splendide  aux  voyageurs  qui 
leur  sont  adressés,  ou  qui  par  hasaid  traversent 
leur  pays.  La  description  de  leurs  habiijtijns,  da 
leurs  repas,  de  le.irs  usages,  rappel'ent  ces  mœurs 
et  Cds  coutumes  féodales  des  montagnes  de  l'Ecosse, 
avec  li»i-qinlles  Walter-Scoit  nous  a  famiiiari:és.  Les 
vastes  salles  de  réception,  les  lits  de  cnuip  couverts 
dé  tapis  et  de  (oussiiis,  les  immenses  troncs  de  chê- 
nes rtunis  sur  le  foyer  qui  oicufie  le  ceuUe  de  la 
chambre,  les  bancs  longs  sur  lesquels  de  nombreux 
domestiques  viennent  manger  les  énormes  morceaux 
de  gomi  (pâte  chaude  de  millet)  ,  le  mouton  et  les 
volailles  rôties  ,  les  vastes  t;amelles  remplies  de 
morceaux  de  chevreau  ou  de  bouc  ,  les  Iromages 
de  lait  de  chèvre,  et  les  grandes  galettes  de  farine 
de  maïs,  tenant  lieu  d'assieites  et  de  pain  ,  les  serfs 
servant  d'échansons  et  versant  aux  hôtes  un  vin  rude 
et  vigoureux  ,  soil  dans  des  cornes  de  touri  (  bou- 
quetin du  Caucase),  soit  dans  des  coulas  (vases  de 
bois  creusés  et  garnis  d'argent),  toute  la  famille  et 
les  amis  participant  au  joyeux  repas  ,  el  remplacés 
bientôt  par  la  foule  des  valets  et  des  pauvres  ha- 
bitants admis  à  prendre  place  pour  en  dévorer  les 
restes  ;  toute  celle  magnificence  rustique  des  chefs 
de  famille,  le  caractère  généreux,  l'ignorance  et  la 
sorte  de  rudesse  qui  les  distinguent  pour  la  plupart, 
retracent  cet  esprit ,  ces  usages  de  la  féodalité  eu- 
ropéenne qui  s'étaient  maintenus  presque  jusqu'à 
nos  jours  dans  l'anlique  Calédonie  ,  et  dont  la  pein- 
ture imprime  aux  compositions  du  barde  écossais  un 
cachet  si  original. 

Sitilta  Gen$,  la  nation  Toungoiise.  Les  Tonngdu- 
ses,  de  race  Mandschoue,  sont  un  peuple  de  la  Ras- 
sie  asiatique;  ils  s'appellent  eux-mêmes   Avoénnei 


"751 


DICTIONNAIRE  DE  GEOfcRAPHIÉ  ECCLESIASTIQUE. 


et  Donka,  fuielqiiefois  aussi  Toiigboie  (hommes)  ;  les 
Osiiaks  et  les  larlnes  d'Iéni>séi  k.  ainsi  que  les 
Russes,  les  nomniem  Touiigouses,  ce  qui  vent  dire 
pourceaux,  en  langue  tariaie,  dénnniinalinn  que  les 
orgueilleux  Tariaieslour  oui  donnée  pour  liésigner 
leur  soumission,  on  peut-être  ieiir  malprnpreié.  Les 
Tastes  dépens  d.>ns  lesquels  ils  nouialisenl  aujour- 
d'Iiui  s'éienderii  de  Pouesi  à  l'est,  depuis  l'iénisséisk, 
en  traversant  la  Lena  jusqu'à  l'Amour,  et  à  la  mer 
Orientale,  du  sud  au  nord.  Us  occupent  du  .SS»  au 
es»  lie  lat.  nord,  par  conséquent  ils  n'approchent 
point  des  frontières  de  la  Zungorieou  Dzoùngarie, 
ni  des  côtes  de  l'Océan  glacial  Arctique.  —  Ce  peu- 
ple, très-accomniodani,  a  admis  dans  son  territoire      Ions  également  de  peau,  et  portent  eu  outre  des  bas 


752 
la  pèche.  Il<  parai^fenl  être  pes  .«en.sibles  aux  effets 
du  froid  et  de  la  chaleur;  ils  couvrent  leurs  lentes 
avec  des  peaux  de  chamois  o<i  avec  la  seconde  écor- 
ce  de  bouleau,  qui  devient  aussi  souple  que  du  cha- 
mois quand  elle  est  roulée  et  exposée  penilant  quel- 
qiiiî  temps  à  la  vapeur  de  l'eau  bonillaiile. —  Les 
ToiiiigDiises  se  vêiisseni  en  hiver  .le  i  eaux  de  rennes 
ou  de  pe.iux.de  mouioiis  sauvages,  dont  la  fourrure 
est  en  dedans.  Ils  ont  sur  la  poitrine  une  grande 
pièc'dela  même  peau,  qu'ils  attachent  autour  de 
leur  cou,  et  qui,  en  s'élaigissnni,  torol<e  jusqu'à  la 
ceinture.  Celte  pièce  est  bordée  très-élégamment,  et 
ornée  de  grains  de  Verroterie.   Ils  font  leurs   panla- 


les  Osiiaks,  les  Samoièdes  et  les  \'akoutes.  Les  con- 
trées que  nous  venons  de  mentionner  sont  en  olus 
grande  partie  situées  dans  le  gouvernement  d'Ir- 
koutsk;  un  petit  nombre  de  Toungouses  sont  regar- 
dés comme  ét^mi  de  la  prov.  de  Tomsk.  Les  Osiiaks 
d'Iénisséisk  ont  lait  connaître  ce  peuple  aux  Russes. 
Au  dernier  dénombremeni  ils  consisiaienten  16,000 
mâles,  et  50,1'00,  en  comptant  les  fenimes  et  en- 
fants. Les  Toungouses  qui  iioniadisent  vers  les  côtes 
de  la  mer  Orientale,  sont  connus  sous  le  nom  de 
Lanwules. 

Les  Toungouses,  d'une  taille  médiocre  et  d'une 
grande  agilité,  se  distinguent  par  de  petits  y^ux  et 
une  physionomie  Irès-rianie  ,  par  leur  clieveliire 
noire  et  longue,  qu'ils  l;iis=eiii  pendre  natui' llmient 
autour  de  leur  lête,  il'une  longueur  uniforme.  Leur 
visage  est  plus  l'plaii  et  plus  gros  que  celui  des  Mon- 
gols. Ils  ont  peu  de  barbe,  plus  eurs  n'en  ont  pas  du 
tout.  Les  vieillards  conservent  longtemps  leur  fraî- 
cheur et  toute  leur  force.  Francs,  si.;céres,  d'un  ca- 
racière  ouvert,  et  délestant  loui  mensonge,  ils  ne 
jurent  jamais,  et  croient  que  leur  parole  doit  suffi- 
re. Le  vol  et  la  fraude  sont  inconnus  parmi  ce  peu- 
ple. Les  Toungouses  errent  avec  leurs  troupeaux  : 
il  est  rare  que  leurs  tentes  restent  plus  de  six  jours 
au  niéine  endroit  ;  il  faut  qu'ils  les  changent  de  pla- 
ce, ne  fût-ce  que  pour  les  pnrter  à  vingt  pas  de  dis- 
tance; mais  à  la  vériié  c'est  pemlant  la  .-aison  de  la 
pêche,  et  dans  le  temps  (|u'ils  recueillent  des  baies 
dans  les  lieux  soliinires,  éloignés  de  ceux  qu'hubi- 
lent  les  Cosaques.  Ils  déposent  djiis  ces  enilroiis  des 
provisions  de  poisson  sec  et  de  halos,  qu'ils  n)eltent 
dans  de  grandes  caisses  placées  sur  des  arbres  ou 
sur  des  poteaux,  afin  qu'elles  servent,  soii  à  eux- 
mêmes,  soit  à  des  personnes  de  leur  tribu,  lorsqu'ils 
voyagent  en  hiver.  Les  Toungouses,  mêlant  les  baies 
avec  de  la  mousse,  ou  du  lii'licn  ruminé  par  les  ren- 
nes, en  f.int  des  gâteaux  minces  qu'ils  étendent  sur 
de  l'écorco  d'arbre,  et  qu'ils  exposent  au  soleil  et  au 
vent  sur  leurs  huttes,  pour  les  faire  séclii:r.  Leur 
occupation  la  plus  constante  est  la   chasse,   euEuiie 


courts,  avec  des  bottes  de  peau  de  jambes  de  ren» 
nés,  dont  le  poil  est  en  dehors.  Ils  se  coiffent  d'uik 
bonnet  de  fourrure,  et  ont  des  gants  fourrés.  Leur 
habillement  d'été  ne  diffère  point,  pour  la  forme,  de 
celui  d'hiver;  mais  au  lieu  de  fourrures  ils  porlent 
dfs  peaux  tannées.  Peu  d'entre  eux  ont  embrassé  Ift 
christianisme;  les  autres  sont  pour  la  plupart  riémo- 
nolàtriens:  ils  ont  des  conjureurs,  tt  sacrifient  aux 
mauv.iis  esprits  (1). 

Les  Toungouses  chassent  en  général  avec  l'arc  et 
la  flèche,  mais  quelques-uns  ont  des  fusils  carabi-^ 
nés.  Ils  n'enterrent  point  leurs  morts,  les  vêtissent 
de  leurs  plus  beaux  h.ibits,  les  niellent  dans  unô 
caisse  bien  solide,  ei  les  suspendent  entre  deux  ar- 
bres. Ou  enterre  les  instruments  de  chasse  qui  ap- 
pai  tiennent  au  mort.  Lorsrju'il  n'y  a  point  de  sclia- 
man  ou  conjureur  piéseru  ,  cet  enterrement  se  fait 
sans  cérémonie  ;  mais  s'il  s'en  trouve  un,  on  immo- 
le un  renne,  on  en  offre  une  partie  au  démon,  et 
on  mange  le  reste.  —  La  polygamie  est  en  usage 
parmi  les  Toungouses,  mais  ils  ont  iouj"Urs  une 
princ.  femme  que  les  antres  snul  obligées  de  servir. 
La  cérémonie  de  leur  mariage  n'est  autre  chose  que 
l'achat  qu'ils  font  d'une  fille  à  son  père.  Ils  la  payent 
depuis  '2J  jusqu'à  Uiô  rennes,  ou  bien  ils  travaillent 
un  certain  laps  de  temps  pour  le  père.  Les  fi  h  s  des 
Toingouses  ne  >e  distinguent  pas  par  leur  cli  sielé. 
—  Les  Toungouses  se  rendent  souv<;nt  dans  les  ha- 
bitations solitaiies  des  Cosaques,  que  le  gouverne- 
ment enireiient  dans  divers  postes,  parce  que  ccS 
Cosaqiiesi  leur  vendent  ordlna, renient  enu-de-vie, 
aiguilles,  fil  et  autres  pot.  articles  di.nt  ils  ont  be- 
snin  pour  eux  et  pour  leurs  femmes,  qui  les  accom- 
pagnent presque  toujours  dans  ces  courses.  Les  fem- 
mes, chargées  par  eux  de  lout  le  soin  du  ménage, 
se  lient  le  poisson,  préparent  toutes  le^  provisions 
pour  l'hiver,  font  les  habits,  les  chemises,  travail- 
lent les  peaux.  Elles  sont  en  général  jolies  jusqu'à 
un  certain  âge,  mais  les  vieilles  sont  lii.leu-e  . — 
Ce  peuple  possède  une  vue  excellente  et  une  ouïe 
très-fine.  Les  indigènes  indiquent  bien   une  route 


(I)  La  personnalité  du  démon,  ou  d'un   mauvais  savants  aient  donné  une  explication  plausible  de  ce 

esprit  ennemi  de  l'Iiomuie,  se  relfoiive  dans  les  cinq  grand  lait  qui  porte  avec  lui  un  ciractére  mystérieux 

parties  du  monde  et  sous  les  diverses  laiilmles.  Ni.iis  ei  terrible,  oi  luéiue  qu'ils  aient  p.ru  le  comprendre, 
n'avons  pas  vu  jusqu'à  présent  que  les  lettrés  el  les  (A'ow  de  Cauleur.) 


?55 

<4te  100  kil.  en  faisanl  rénuinéralioii  des  arbres  et 

'des   pierres  qui  s'y  irouveni  :  ils  ne  soni  pas  moins 

habiles   à  découvrir  les  ir.ices  du  gibier   par   l'al- 

faissenieDt  de  la  mousse  ou  de  l'berbe  qu'il   a  ira- 

wersé. 

On  distingue  les  Toungouses  en  trois  espèces  :  les 
ToaDëOu>cs-rennes  ;  ce  sont  les  nomades  du  nord  ; 
«D  l' s  nomme  aussi  Toungouses  des  bois  ou  clias- 
seurs  :  les  Toungouses-cliiens  ;  ce  sont  ceux  qui 
•vivent  aux  environs  de  la  mer  d'Okhotsk  et  vers  le 
Kamstcliatka;  ils  vcjyagent  eu  traîneaux  Iraiiiés  par 
des  eliiens  :  les  Tonngonses  à  clieval,  dans  la  Danu- 
rie,  pos>èdent  de  nonibieux  troupeaux  de  bétes  à 
cornes  et  de  cbevaux  ;  quelques-uns  même  se  livrent 
à  Pagricnliure,  et  ressemblent  beaucoup  par  leurs 
mœurs,  usages  et  costumes,  aux  Bouriais  ;  les  pet. 
chi^fs  qn'ds  oni  s'appellent  toîon.  Le  plus  grand  en- 
nemi qu'aient  les  Tnungouses,  tant  ceux  du  nord 
■que  ceux  du  sud,  c'est  la  petite  vérole,  qui  fait,  à 
certaines  époques ,  des  ravages  terribles  parmi 
eux. 

Sumatricum ,  vel  Terra  Patebani,  Sumatra,  ou  la 
Terre  de  Palembang.  C'est  une  île  de  l'archipel 
asiatique,  divisée  oblliuemcnt  par  l'éguaienr  en  deux 
parties  égales,  et  plus  occideniale  qu'aucune  des 
autres  lies  de  la  Sonde.  Elle  est  comp'ise  dans  la 
division  du  inonde  maritime  ou  de  l'Océanie ,  qui 
porte  le  nom  de  Malaisie.  La  Ti'rre  de  Paleiuliang 
esteile  une  conquête  ou  une  colonie  des  Malais? 
Nous  croyons  qu'elle  est  lune  et  l'autre.  La  race 
indigène  existe  encore,  elle  est  refoulée  dans  l'inté- 
rieur de  Pile;  elle  a  conservé  l'idolàirie.  Les  Malais 
ont  reçu  la  religion  musulmane  des  Arabes.  Lorsque 
les  Porii'g;iis  parurent  dans  les  mers  de  l'Inde , 
rislani  existait  déjà  à  Sumatra.  Au  comuieijcement 
du  xvii«s.écle,les  Hollandais  s'emparèrent  de  presque 
toutes  les  possessions  portugaises  dans  les  iles  de  la 
Sonde.  Us  testèrent  nultres  de  Sumatra  jusqu'à  la 
réunion  de  la  Hollande  à  la  France.  Alors,  l'Angle- 
terre, eu  guerre  avec  l'empire  français  ,  prit  à  son 
tour  toutes  les  colonies  hollandaises.  Elle  les  rendit 
à  la  p:iix  de  1814,  sauf  Sumatra,  (|u'e>le  garda  jus- 
qu'en lb23.  A  celte  époque,  le  gouvernement  anglais 
céda  Benkœlen  et  ses  autres  coloufcs  dans  l'île  à  la 
Hollande,  eu  échange  des  possessions  de  celle-ci 
dans  la  presqu'île  de  Malakka.  La  Hollande  a  de  la 
peine  à  gouverner  Sumatia,  à  cause  de  l'esprit  d'in- 
dépendance des  indigènes  et  des  Malais;  et,  comme 
elle  n'a  pas  la  luissunce  de  l'Angleterre,  elle  con- 
servera diincilement  cette  vaste  et  liclie  contrée. 
Sumatra  fait  partie  du  vicariat  apostolique  de  Batavia 
dans  l'Ile  de  Java;  maison  y  cuin|ite  très-peu  de 
catholiques ,  on  y  voit  même  peu  de  protestants  , 
quoique  le  gouvernement  hollanilais  favorise  le  pro- 
testantisme par  inclin 'tion.  On  sait  du  reste  que  la 
Hollande,  eu  général,  se  montre  peu  soucieuse  des 
progiés  de  la  civilisation  chréilenne.  Depuis  le  com- 
mencement de  ce  siècle  ,  les  sociétés  bibliques  ont 
répandu  des  bibles  dans  les  divers  cantons  de  l'ile. 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  754 


mais  sans  aucun  succès  ,  bien  enic ndu.  Sous  la  do- 
mination anglaise,  quelques  Malais,  atiacbés  à  l'ad- 
ministr:itlon,  ont  embrassé  le  christianisme.  H  exista 
à  Beukœlen  un  temple  où  l'on  prêche  en  hollandait 
et  en  malais.  Les  Anglais  avaient  fait  de  cette  colonie 
un  lieu  de  déportation  pour  les  criminels  de  l'Hin- 
douïlan.  On  voyait  parmi  ces  déportés  une  classe 
d'hommes  particulière,  c'éiaient  les  Slanghiris,  c'est- 
à-dire  des  débiteurs  sur  lesi|uels  les  créanciers,  seloo 
les  lois  de  l'Hindousian,  ont  les  droits  des  maîtres 
sur  1 -urs  esclaves  ;  en  sorte  qu'on  les  cédait  ou  qu'on 
les  louait  h  volonté  à  ceux  qui  avaient  besoin  d'ou- 
vrit-rs.  Car  les  ouvriers  sont  rares  et  cheisà  Ben- 
kœlen. Les  autorités  anglaises  ont  restreint  ces 
droits  exorbitants  avant  la  cession  faite  à  la  Uul- 
lanile. 

Sumatra  est  située  entre  les  95*  et  103"  de  long, 
est.  Sa  poiiiie  septenirionale  s'étend  vers  le  golfe  du 
Bengale;  sa  côie  occidentale  est  baignée  pir  la  mer 
des  Indes;  vers  le  sud,  elle  se  trouve  sépirée  de  l'ile 
de  Java  par  le  détroit  de  la  Sonde  ;  à  l'est,  de  Boriifo, 
et  des  antres  iles  par  la  Chine  et  la  tuer  des  Indes; 
et  de  la  presqu'île  de  Mahtkka,  au  nord-est,  par  le 
détroit  de  ce  nom.  En  longueur  elle  peiit  avoir  liSO 
kil.  sur  une  largeur  moyenne  de  220  kil.  Chez  les 
peuples  de  l'Or. eut  en  i;énéral,  et  parmi  les  naturels 
instiuits,  cette  île  esi  connue  sous  le  nom  de  Pulo- 
Purkliu,  et  sous  celui  d'Indulas  :  on  ignore  l'origine 
du  nom  de  Sumatra.  Marr-Paul  l'appelle  Java  Minor, 
et  les  Javanais  la  terre  de  Paiembuny. 

En  partant  de  la  pointe  d'.Achem,  jusqu'à  l'entrée 
du  détroit  de  Banca,  la  côie  nord-est  de  Sumatra 
s'étend  sur  une  longueur  de  120J  kil.  au  moins,  na- 
turclleineni  divisée  en  trois  parties;  la  première,  du 
détroit  de  Banca  à  la  rivièie  de  Reccan,  distance 
d'en\iron  Gt)4  kil.,  est  basse  et  plaie,  sans  aucune 
montagne  visible',  arro;ée  par  un  grand  nombre  de 
rivières,  ei  bordée  il'iies  d'allnvion  considérables  et 
de  bancs  de  sable.  C'est  le  pays  du  sagou,  ilu  raian, 
du  sang-de  dragon  et  du  benjoin.  La  deuxième  divi- 
sion, de  la  rivière  de  Keccan  à  la  pointe  du  Diamant, 
occupe  un  espa<  e  d'environ  52J  kil.  C'est  une  c6te 
basse  comme  la  première,  mais  moins  inarécageuse; 
on  n'y  remarque  ni  grandes  rivières,  ni  iles  considé- 
rables. C'est  le  pays  du  poivre  noir.  La  troisième 
division ,  qui  va  de  la  pointe  du  Diamant  à  celle 
d'Acbein,  et  qui  peut  avoir  2u0  kil.,  est  comparati- 
veuicnl  une  côte  élevée  et  montagneuse.  On  peut  la 
citer  peut-ôire  comme  le  pays  du  monde  le  plus 
abondant  en  noix  d'arec  :  on  en  exporte  une  immense 
quantité  pour  Pinang  et  pour  Siiigapoie.  Toute  la 
côte  de  Sumatra,  le  long  du  déiroit  Aé  Banca,  n'offre 
à  l'œil  qu'une  suite  non  iiiteriompue  de  marérages  et 
de  l'oiéis.  A  Langkat,  Delli ,  Batnbea  et  Assaban, 
sur  la  côie  nord ,  la  marée  s'élève  de  S  à  10  p.;  à 
Siak,  de  8  p. ,  et  de  même  dans  la  rivière  de  Reccan. 

Toute  sa  longueur  est  occupée  par  une  chaîne  do 
montagnes  qui,  dans  beaucoup  d'endroits,  est  doubla 
et  triple,  mais  qui,  en  général,  incline  plus  à  rocoi- 


755  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


7o(5 


deiil  que  vers  la  côte  opposée.  Quoique  ces  nmnta- 
cnes  soient  irés-liauies,  elles  ne  le  soni  pas  assez 
ptiur  éire  couvertes  de  neige  ,  en  aucune  saison  de 
l'année.  Le  moni  Ophir,  situé  iinméiliati'rncnl  sous 
la  ligue,  passe  pour  le  plus  élevé  de  ceux  ((u'cu  dis- 
tingue de  la  nier,  au-dessus  du  niveau  de  hiquelle  il 
g'é'ève  de  13,8  >2  p.  Ce  nom  lui  a  été  donné  pur  les 
Dâvigileurs  européens,  et  est  loui  à  fait  iuciinnu 
au:t  n;.luiel3.  Eu  1817  un  voyage  fut  entrepris  de 
Maiiiia  à  Pas$uu)ab  ,  et  à  li  grande  mouligne  de 
Gunoiig-Uempi) ,  qui  lui  es pl"rée  jusqu'à  sun  soni- 
niel.  Elle  est  visible  de  lîenkalen  au  n^  rd-imrd  est 
de  Manna  et  au  nord  de  PadangGueliei;  on  évalue 
approxiinaiivenient  sa  hauieur  à  12,000  p.  ru-dessns 


régions  tropicales  lui  peu  étendues,  le  vent  souffle 
uiiilorménient  de  la  niera  lo  terre  pendant  un  cer- 
tain nombre  d'heures  su-  24,  s  Mlle  ensuite  d'une  «c- 
irémité  à  l'autre,  ei  soufile  pendant  à  p'-u  près  .la 
niènie  n  «rnbre  d'Iieures  île  la  terre  à  la  mer.  L'air 
de  Sumatra  est  géncraieuienl  plus  iem|éré  que  dans 
beaucoup  de  régions  au  delà  des  tro  iques.  On  a 
rar.nient  vu  le  (liermo  i-élre  s'éiever,  à  lo.ibre,  à 
plus  de  fô°  deKahrenlieil,  et  au  lever  du  sole  I,  il 
n'esi  oïd  naiivmeiii  qu'à  7J.  Dausl'.iiiérieur,  auoen 
des  uioniagnes,  le  llicrmomè  re  a  bdssé  jusqu'à  40*. 
le  fro  d  qu'o'.  y  éprouve  étant  au.ssi  beaucoup  plus 
fciri  que  ne  l'indique  pour  l'ordinaire  le  nombre  de 
degré?.  On  n'y  ci.nn  lît  pas  la  gelée  et  la  neige,  mais 


de  la  mer.  Entre  les  lijjnes  de  nu.nlagnes  d^nl  ou  a      il  y  régne  des  brouillards  fréquents  et  d'une  épais- 
parlé  ci-dessus  ,  sont  de  vastes  plaines  éle\ées  au-      seur  étonnante. 


dessu.'  du  .'■ni  des  teries  maritimes  :  l'air  y  est  froid 
et  le  pays  ouvert  et  assez  lialiité.  Dans  les  espaces 
intermédiaires  entre  ces  lignes  on  voit  .lussi  l'iiisieurs 
beauj  1..CS,  qui  s'éiendenl  por  inl^  rvalles  jusqu'au 
centre  de  l'ile,  et  f.iciliienl  les  coinuiunicuious. 

La  côte  occidentale  du  .'^umair.i  aboi:de  en  cours 
d'eau  :  partout  on  renconire  des  sources  et  des 
riviè.  es,  mais  ces  dernières  sont  trop  peu  profondes 
et  en  niénie  temps  trop  rapides  pour  l.i  navigation. 
3ur  la  cote  nord-est  ,  les  mnniagnes  cou'-ant  à  une 
plus  grande  distance  de  la  mer,  les  rivières  acqu  è- 
rent  un  volume  plus  cofisidéralile.  Parmi  les  pins 
fortes  de  la  côte  occideut.ile,  nous  citerons  le  Kalaun, 
rinJrapoura  ,  le  Tahayong  et  le  Sinkel,  inférieures 
pourtant  au  Jambée ,  à  l'Indragiri  et  au  Siak  de  la 
côte  orientale,  qui  jusqu'à  ce  jour  n'ont  été  que 
parliellement  explorées.  Les  naturels  disent  que  ces 
dernières  rivières  remontent  jusqu'au  centre  de 
l'île,    fait  sur  lequel  il  serait  à  désirer  qu'on  acquit 


Il  y  a  à  Sumatra  beaucoup  de  montignes  volcani- 
ques, qu'on  appelle  en  malais  Gounong-api.  On  a  vu 
la  lave  couler  d'une  des  |  li;s  considérables  de  ces 
montagnes,  près  de  rrianiau.  mais  sans  occasionner 
aucun  autre  dommage  que  de  Ln'iîer  les  bois.  Les 
lri:mldements  de  terre  y  sont  fréquents,  mais  en  gé- 
iiér;il  légers,  et  sans  qu'on  ail  jamais  déco'  vert  au- 
cune coitriexion  directe  entre  ces  secousses  et  les  vol- 
cans. 11  n'est  pas  rare  de  voir  le  long  de  la  côie  des 
trond)C-s  d'eau  qui  portent  1  inondation  dans  l'iiilé- 
rieur.  Le  tonnerre  et  les  éclaiis  y  sont  si  fréquents, 
qii'i'n  y  fait  à  peine  atiemion;  (nais  la  foulre  y  a 
raienient  causé  de  grands  dommages  ou  tué  per- 
S' nue.  Le  sol,  sur  la  côte  occidentale  de  Sumatra, 
est  le  plus  communément  une  craie  dure  et  rougeà- 
Ire,  couverte  d'un  lerreaii  noir,  mais  peu  profond; 
il  se  revêt  d'une  verdure  perpétuelle,  d  une  végéta- 
tion vigoureuse,  composée  d'une  berbe  abondante  et 
forte,  de  broussailles  et  de  grands  arbres,  tellement 


quelques  luniiéres,  ainsi  que  sir  l'éiat  des  contrées      qu'une  giande  partie  de  l'Ile,  surtout  au  sud,  n'offre 
qu'elles  arrosent,  principalement  sur  Menancabow,      qu'i.ne  forêt  impénétrable. 


qui  passe  pour  la  métropole  de  Sumatra  ;  un  voyage 
entrepris  en  1820  |  our  exploier  cette  province  n'eut 
aucun  ré^uiiat,  par  la  maladie  grave  et  la  mort  de 
il.  Ibberion,  qui  était  cba'gé  de  iliriger  l'expédition. 
L'expérience  a  prouvé  que  des  fies  se  formaient  par 
l'accroissement  rapide  du  corail;  il  en  e»iste  plu- 
sieurs sur  la  cote  occidentale  ,  qui  ont  cette  origine 
singulière.  ?ur  cette  côte  de  Sumatra,  les  marées  ne 
s'élèvent,  dit-on,  qu'à  i  p.,  ce  qu'il  faut  attribuer  à 
sa  situation  dans  une  trier  ouverte  de  toutes  parts, 
où  il  n'y  a  pas  lieu  à  une  accumulation  d'eau  comme 
dans  les  mers  resserrées. 

Sur  la  môme  tôte,  au  sud  de  la  ligne,  la  nious- 
Bon  du  sud-est  ou  la  saison  de  la  sécheresse,  com- 
mence vers  le  mois  de  mai,  et  diminue  en  scpiem- 
bre.  La  mousson  du  nord-ouest  se  fait  sentir  en 
novembve,  et  les  grandes  pluies  cessent  vers  le  mois 


Suinaira  est  ricbe  en  raines  et  autres  productions 
fo.-siles,  et  dans  tous  les  temps  on  a  vanté  cette  i.e 
pour  Sun  or  :  on  eu  tire  encore  aujourd'bui  une  quan- 
tité considérable,  et  qui  le  serait  beaucoup  plu^  en- 
core, si  ceux  qui  exploitent  les  mines  avaient  upe 
connaissance  snflisante  delà  udnéialogie;  elle  recèle 
aussi  de^  mines  de  cuivre,  de  fiT  et  d'éiain.  Le  sott- 
fre  se  trouve  abondamment  dans  les  environs  des 
volcans.  Les  naturels  extrayenl  le  salpêtre  diuii  la 
terre  est  imprégnée,  surtout  dans  d'immenses  ca- 
vernes qui  ont  été  longtemps  habitées  par  les  oiseaux 
et  les  ebauves-iouris;  laûeiile  de  ces  animaux  forme 
la  superlicie  du  sol  de  ces  cavernes,  et  lui  commu- 
nique ses  propriétés  nitreuses.  Dans  plusieurs  en- 
droits, notamment  à  Ivutiiun,  à  Ayer,  à  Rami  et  à 
Benkœlen,  les  rivières  charrient  du  charbon  fossile, 
mais  léger  et  d'une  qualité  médiocre.  Plusieurs  dis- 


de  m:irs.   Les  moussons,   le   plus  ordinairement,  y  trie  ts  possèJinl  des  eaux  chaules  et  ninérales.  C'est 

commencent,  et  finissent  par  d'gros  et  sans   transi-  à  Ipii  et  ailleurs  que  l'on   recueille  l'Iinile  de   terre 

tion  brusque;  avril,  mai,  octobre  et  novembre  aniè-  qu'.ji    emploie   principalen.enl    comme    préservatif 

neni  en  général  des  i.  inps  variables  et  des  vents  contre  les  morsure»  de  la  fourmi   blanche.  On  ra- 

dans  cette  ile;  comme  dans  les  autres  contrées  des  contre  à  peine  une  seule  espèce  de  rucbe  dure  dans 


7B7  fTEDGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


7Sft 


les  porties  basses  de  l'île  près  du  rivage  de  la  mer, 
où  l'on  ramasse  diverses  pétrificaiions  et  des  cp- 
quillages. 

Le  cuivre  se  trouve  dans  les  moolagnes  de  ijucky, 
près  de  la  mer,  entre  Analabou  et  S'iusou,  an  nord 
des  aïKJens  étublisscmenis  anglais  à  Tapanoiily. 
L'espaoe  qni  fournit  le  minerai  est  considirablc, 
ayant  pbis  d'un  degré  en  longueur,  et  git  plus  à  l'est 
dans  l'inlérieur  de  l'île  qu'on  ne  l'a  cru  jusqu'il:..  Une 
immense  quaniiié  d'excillenl  cuivre  se  tionve  ré- 
pandue à  la  surface  des  montagnes,  auxquelles  les 
naiurels  ont  jusqu'ici  borné  leurs  reclieiclies.  L'ana- 
lyse a  fait  voir  qu'il  contient  de  l'or  dans  une  pro- 
portion irès-fiirli'. 

Le  riz  est  l'ariicle  de  culture  le  pins  important  à 
Sumat' a.  I!  y  en  a  de  nonibi euses  espèies,  que  l'on 
pi  ut  divi-er  en  deu\  gr.indos  classes,  savoir  :  le  riz 
des  linntenrs  ou  riz  sec,  et  le  riz  des  bas-es  lirr^^s  ou 
rir  de  marais.  Les  naturels  donnent  en  général 'la 
préférence  au  riz  à  petits  grains,  lorsqu'il  est  en 
même  temps  blanc  et  en  quelque  sorie  transpirent. 
D.ins  quelques  parties  de  l'île  la  végétation  est  si  vi- 
goureuse et  si  active,  qu':l  sufllt  de  né.-'liger  pendant 
tine  seule  saisnti  le  clianip  le  mieux  défriclié,  pour 
qu'd  puisse  ollrir  de  nouveau  un  abri  aux  bétis  des 
forêts.  L'inieivalle  oïdinaire  entre  les  semailles  et 
la  recolle  du  riz  des  buutes  terres  est  de  cinq  m<>is 
lunaires  et  de  dix  jours,  inlervallo  qui  varie  néres- 
sairement  suivant  les  cliconstames  de  la  saison.  Left 
înnombr.ibles  sources  et  ruisseaux  dont  le  pays 
abondi!,  d  spenso  des  procédés  laborieux  en  usnge 
poiir  les  irrigations,  sur  le  continent  de  l'Inde,  où  le 
sol  est  sablonneux.  Dans  les  années  les  plus  favora- 
bles, le  riz  donu'!  jusqu'à  140,  mais  coramunén  ent 
50  pour  1.  On  foule  les  épis  avec  les  pieds,  niauièrQ 
pénible  et  gauche  d'en  séparer  le  grain  (I).  Le  riz 
des  liantes  terres  ne  se  garde  pas  plus  d'un  an  ,  el 
celui  de  terres  basses  commence  à  se  détériorer  au 
bout  de  six  iu'<is;  mais  conservés  dans  l'épi,  l'un  et 
l'autre  se  gardent  beancnup  (lus  longiem.us.  Les 
parties  nord  de  la  c6ic,  sous  le  gouvernement  d'A- 
cliein,  en  fournissent  une  prodigieuse  quantité. 

Le  produit  !e  plus  iiuporiaiit  après  le  riz  est  le  co- 
cotier qui,  ainsi  i|ue  le  bétel  el  le  tmmbnu,  exige  peu 
de  culture  ou  de  anin.  Ou  trouve  aussi  à  Sumatra 
l'arbre  à  sagou,  et  une  grande  variété  de  palmiers. 
Ou  cultive  la  canne  il  sucre  presque  dans  toutes  les 
parties  de  l'ile,  mais  en  petite  quantité,  et  plus  sou- 
vent pour  en  mâcber  le  roseau  .viicré  que  pour  en  fa- 
briquer du  sucre;  relui  qui  se  consomme  à  Suma- 
tra vient  ordinairement  de  .lava.  On  récolte  le  maïs, 
le  poivre,  le  gingembre,  la  coiianJre  el  le  cumin 
dans  les  jardins  des  naturels;  ils  s'appliquent  surtout 
i  culiiver  le  chanvre,  non  pour  en  faire  des  cordes, 
mais  pour  en  tirer  une  préparaiion  enivrante  a|ipelée 
iang  qu'ils  fument  avec  le  tabac,  dont  on  trouve 
partont  de  petites  plantations. 

(!)  C'éinii  la  manière  des  premières  sociétés  hii- 
marnes.  M  y  avjii  des  esclaves  spécialement  chargés 


Il  est  impossible  d'énunie'rer  ici  tous  les  vci»étaux 
qui  enrii  hiss-'nt  cette  île  si  fertile.  Quelques-uns  des 
plus  remarquables  sont  :  une  espèce  Je  mûrier-nain, 
cultivé  pour  les  vers  à  soie  qu'on  élève  en  peiil 
nombre,  et  qui  ne  donnent  qu'une  soie  commune;  la 
plante  à  i.nile  de  cas'or,  qni  croit  en  alion. lance, 
pariiciilièrement  sur  le  bord  de  la  mer;  le  caout- 
chouc, espèce  de  vigne  qui  donne  la  gnmine  élasti- 
que; l'indigo,  dont  ou  extrait  I;)  leininre,  et  qu'oq 
emploie  généralement  dans  l'élal  de  liquide;  li>  bois 
de  Brésil,  l'uliar  on  bois  rouge  qui  lessemlile  pour 
les  pr«i  riélés  au  bois  de  eampèclie, — Le  niani^nnslan 
(Gitrciiiia  maiifjoslana),  appelé  5lai>(iiiia  par  les  naiu- 
rels, appartient  exclusivi  ment  à  l'archipel  Asiaiique 
et  aux  contrées  d'au  delà  du  Gange  ;  il  a  obtenu<lun 
€on<entemei:t  unanime,  dans  l'opinion  des  Knro- 
péeiis,  la  prééminence  sur  tous  les  arbics  fnii'iers 
de  l'Inde:  sa  qualité  caractéristique  est  un  iiaifunj 
d'une  déli»  aie»se  extrême.  Plusieurs  espèces  de  l'ar- 
bre à  paiii,  le  jack,  le  manguier,  les  pommes  île  pin, 
que  les  natiir.  Is  mangent  avec  du  sel,  les  oianges, 
le  tamarin,  e  cachou,  la  pomme-grenade,  lesgnia^es, 
les  pip;is  et  une  multimde  d'autres  fiuits  qui  n'ont 
pas  de  noms  en  lùiropc,  sont  les  productions  parii- 
culières  de  Sumatra.  —  L';irbreà  camplire  croit  prin- 
cipalement d:ins  le  pays  de  Battas,  an  nord-ouest  de 
Sumatra,  à  environ  5°  de  latitude  nord,  et  ne  se 
trouve  pas  ;.u  sud  de  l'équaieur.  On  le  rencontre 
aussi  à  Bornéo,  à  peu  près  sous  le  n'ièine  pirallcle. 
Le  camphie  de  Sumaira  se  vend  en  Chine  douze 
fois  le  prix  de  celui  du  Japon  :  on  le  trouve  dan^ 
l'état  de  concréiion,  dans  les  caviiés  et  les  fissures 
du  cœ  r  de  l'arbre;  mais  on  ne  trouve  pas  im  arbre 
sur  50!)  qui  contienne  celle  précieuse  substance,  qui 
probablement  s'élè.era  à  un  prix  énorme,  d'aut.uit 
plus  qu'on  abat  iinmédiateineni  l'arbre  d'i>ù  on  l'ex- 
trait, (".'est  dans  les  forêts  que  se  trouve  le  Puhn-upa, 
ou  arbre  nu  poison,  sur  lequel  on  a  déijiié  tant  da 
contes  merveilleux.  Le  poison  de  cet  arbre  est  sans 
doute  inoriel,  mais  il  est  loin  d'êiie  aussi  puissant 
qu'on  l'a  repiésenté.  L'arbre  lui-même  ne  fan  aucun 
mal  à  ceux  qui  s'en  approchent  :  les  himimes  peuvent 
s'asseoira  l'ombre  de  son  feuillage,  et  les  oise:iux  sa 
perchent  sur  ses  branches  sans  eu  éprouver  le  plus 
léger  mal. 

On  rencontre  d&ns  Sumatra  les  mêmes  quadru- 
pèdes que  dans  tout  l'Oiient.  Le  bullle  fournit  du 
lait  et  du  beurre,  rempl:ice  le  bœuf,  et  est  le  seul 
animal  employé  aux  travaux  domestiques;  ses  mou- 
vements sont  extiêmement  lents,  mais  il  a  le  pas 
stlr  ;  toutefois  l'ouvrage  qu'il  fait  est  ioiii  de  ce 
qu'on  croTail  pouvoir  attendre  de  lui  d'après  sa 
taille  et  sa  force  apparente.  On  ne  trouve  pas  les 
buffles  dans  l'état  sauvage,  où  ils  restent  exposés 
au\  attaques  du  tigre.  Il  n'y  a  que  ceux  d'iH;e  espèce 
faible  ei  les  femelles  qni  soient  une  pr.  ie  facile  pour 
cet  anima!  ciévastaieur  ;  les  mâles  et  ceux   qui  ont 

de  fouler  les  épis,  et  qni  ne  faisaient  pour  ainsi  dira 
que  cela.  {Mule  de  l  auteur.) 


759 


DlCTlONNAIRli  DE  GKOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  :*iO 


tome  la  force  de  leui;  espèce  résistent  au  premier 
coup  de  griffe  ilu  tigre,  quelque  terrible  qu'il  soit, 
et  le  plus  souvent  la  luilenese  termine  pas  à  l'avan- 
tage du  dernier.  On  dislingue  le  tigre  de  Sumatra 
par  sa  gnnde  taille  ;  on  en  a  vu  dont  le  front  avait 
18  pouces  de  large.  11  est  vraisemblable  qu'ils  font 
leur  principale  nourriture  des  singes  dont  les  forêls 
abondent. — La  vaclie appelée  sapi  eijaiDiesi  évidem- 
ment étrangère  h  l'île,  et  n'y  parait  même  pas  en- 
core naturalisée.  La  race  des  chevaux  est  petite, 
bien  faite  et  vigoureuse;  on  les  amène  de  l'iuiérieur 
à  la  côte  dans  un  état  presque  sauvage.  Dans  le  pays 
desBallas  on  les  mange,  usage  qu'un  retrouve  à  Cé- 
lèbes.  Les  moulons,  probablement  importés  du 
Bengali-,  y  sont  égloment  de  peiite  taille;  parmi  les 
autres  animaux  nous  citerons  le  piTC,  la  chèvre 
sauvage  et  domestique,  la  loutre,  le  rat,  le  chat  et  le 
chien.  De  cette  dernière  espèce  ceux  qu'on  apporte 
d'Europe  dégénèrent  avec  le  temps  en  dogues  aux 
oreilles  droites. — Les  éléphants  abondent  dans  les  fo- 
rêls; mais  si  l'on  en  excepte  quelques-uns  qu'on 
élève  comme  animaux  de  parade  pour  le  roi  d'A- 
chem,  ils  ne  sont  nulle  part  dans  le  pays  en  état  de 
domesticité;  on  trouve  aussi  dans  les  biiis  des  rhi- 
nocéros à  une  et  à  deux  cornes.  Les  naturels  regar- 
dent la  corne  du  rhinocéros  comme  un  aniiilote  con- 
tre le  poison  ;  et  dans  cette  idée  ils  la  façonnent  en 
coupes.  On  trouve  à  Sumatra  l'hippopolauie,  ainsi  que 
l'ours  petit  et  noir,  et  qui  grimpe  sur  le  coculier 
pour  y  dévorer  la  partie  tendre  de  la  noix,  ou  le 
choux.  11  y  a  de  nombreuses  espèces  de  bêles  fauves, 
et  les  variétés  du  singe  sont  innombrables.  On  y  voit 
aussi  des  paresseux,  des  écureuils,  des  puanis,  des 
chats-civeites,  des  cliais-tigres,  des  porcs  épies,  des 
pangolins,  des  crocodiles,  des  hérissons,  des  camé- 
léons, des  guanos,  des  lézards  volants,  des  tortues  et 
des  tourterelles.  Les  lézards  de  maisons,  de  un  à 
quatre  pouces  de  longueur,  sont  les  plus  gros  rep- 
tiles qui  puissent  marcher  dans  une  position  ren- 
versée. 

En  1824  l'équipage  d'un  vaisseau  anglais  tua,  sur 
la  côte  nord-ouest,  un  orang-ouian  cidossal.  Quand 
on  l'aperçut  par  hasard  dans  les  bois,  il  présentait 
la  ligure  d'une  sorte  d'homuie,  couvert  d'un  puil 
brun  et  luisant,  marchant  sur  deux  pieds,  mais  en 
se  toriillanl,  de  ten)ps  à  autre,  s'aidant  de  ses  mains 
pour  hâter  sa  marche,  et  même  se  poussant  par  fois 
en  avant  à  l'aide  d'une  bianche  d'arbre.  Lorsqu'il  se 
vit  attaqué,  il  déploya  une  force  et  une  agilité  sur- 
prenantes, et  une  telle  énergie  de  vie  que  ce  ne  fut 
qu'après  avoir  reçu  plusieurs  blessures  mortelles,  à 
coup  de  fusil,  de  pique  et  de  pierre,  qu'il  rendit  le 
dernier  soupir.  D'après  la  description  qui  en  a  été 
consignée  dans  les  Asiatie  Researches  par  le  docteur 

(1)  Ce  fait  est  une  réponse  aux  lettrés  et  aux  sa- 
vants qui  ont  voulu  et  qui  veulent  ranger  cette  caté- 
gorie de  singes  parmi  les  Jraces  humaines.  11  n'y  a 
qu'une  diflicullé,  irés-siniple  du  resie,  à  celte  pré- 
tention, la  voilà.  On  n'a  trouvé  nulle  part,  dans  les 


Clarke  Abel,  sa  taille  était  de  7  pieds,  son  corps 
bien  proportionné,  sa  poitrine  large,  ei  il  était 
mince  de  la  ceinture.  A  son  menton  pendait  une 
barbe  en  forme  de  franges,  il  avail  les  bras  longs, 
même  à  proportion  de  sa  stature,  et  comparaiive- 
nient  à  ceux  de  l'homme;  mais  ses  jambe*  étaient 
beaucoup  plus  couries.  A  l'état  de  ses  dents  ou  le 
jugea  jeune  encore.  Quand  on  l'apporta  sur  le  pont 
du  bàiiment,  il  avait  la  têie  de  plus  que  l'homme  le 
plus  grand  de  l'équipage,  placé  dans  l'altitude  qu'on 
lui  supposait  la  plus  ordinaire  (1). 

Parioui  les  marécage»  fourmillent  d'animaux  du 
genre  de  la  grenouille,  ei,  à  l'.ipproclie  de  la  pluie, 
le  bruit  qu'ils  font  est  assourdissant.  Ils  sont  li  nour- 
riture des  serpents,  et  à  Sumatra  il  y  en  a  de  toutes 
les  grosseurs,  dont  beaucoup  sont  inoffensifs.  On 
voit  ces  reptiles  avaler  des  animaux  qui  ont  deux  et 
trois  fois  leur  propre  circonférence,  et  cela  au  moyen 
de  la  force  conipressive  de  leur  gosier,  qui  réduit 
leur  proie  aux  dimensions  convenables.  Les  rivages 
de  la  mer  fournissent  écrevisses,  crevettes,  crabes, 
Jiimas  ou  I  étoncles  gigaiiieS'iues,  huîtres  d'une  es- 
pèce inférieure,  nmules,  œufs  de  mer,  etc.  Parmi  les 
poissons  il  faui  nommer  le  dugong,  grand  animal  de 
l'ordre  des  mamnnfèies,  avec  deux  fortes  nageoires 
pectorales,  connu  pour  paiire  au  fond  de  l'eau  ;  les 
voiliers,  ainsi  appelés  à  cause  de  leur  épine  dorsale 
qui  ressemble  à  une  voile;  le  re(]uin,  la  raie,  la  mu- 
rène, le  gynmoie,  le  rock-cod,  le  muUet,  le  poisson 
volant  et  un  grand  nombre  d'autres.— Les  espèces  d'oi- 
seaux ne  sont  ni  moins  nombreuses  ni  moins  va- 
riées :  ou  y  trouve  faisans,  paons,  aigles,  vautours, 
milans,  corbeaux,  choucas,  niartin-pêcheurs,  cigo- 
gnes, volailles  sauiages  et  domesliiiues,  bécassines, 
foulques,  pluviers,  pigeons,  cailles,  élourneaux,  hi- 
rondelles, perroquets,  oie^,  canards,  sarcelles,  etc. 
On  ne  voit  pas  l'oiseau  de  paradis  dans  cette  île,  et 
le  casoar  qui  s'y  rencontre  y  a  été  apporté  de  Java. 
—  Quant  aux  iiisecies,  il  y  en  a  de  très-nombreuses 
espèces,  parmi  lesquelles  on  citera  le  grillon,  les 
abeilles,  les  mouches  de  touies  les  variéiés,  les 
mousiics,  les  scor|iions,  les  mille-pieds  et  les  sang- 
sues d  eau  et  de  terre.  La  mouche  de  feu  est  plus 
grosse  que  la  mouche  ordinaire,  et  lance,  comme  en 
respirant,  une  lumière  si  vive,  qu'en  tenant  un  de 
ces  insectes  à  la  main,  et  en  l'approchant  du  papier 
on  peut  dislinguer  les  mots  qii  y  sont  écrits.  La  fa- 
mille des  foui  mis  s'y  subdivise  en  des  variétés  infi- 
nies, qui  diffèrent  l'uue  de  l'autre  par  le  goùl  : 
quand  on  les  met  dans  la  bouche,  les  unes  sont  chau- 
des et  aigres,  les  autres  sures.  Les  grandes  fourmis 
rouges  mordent  avec  furie,  et  laissent  ordinairement 
leur  tète  dans  la  blessure,  comme  l'abeille  son  ai- 
guillon. 

cinq  parties  du  monde,  de  singes  marchant  iialurel- 
lemeiu  comme  l'houime,  mais  on  a  vu  touies  les  va- 
riétés de  singes  marchant  à  qnaire  pattes. 

(A'ud;  lielauieur.] 


761 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


762 


Parmi  les  produclioiis  de  Snmalra  ,  regardées 
comme  articles  de  ci>iisoinmatioii,  la  plus  aboiidniiie 
et  autrefois  la  plus  iriiporianie  était  le  poivre.  D'a- 
près le  système  adopié  pour  la  culture  du  poivre, 
les  purls  et  dlslriois  qui  sont  les  plus  produciils  une 
année,  très-peu  de  leinps  après  se  trouvent  n'en  plus 
pouV'  ir  fournir  qu'une  petite  quantité.  Quant  au 
poivre,  le  premier  est  celui  de  Slalabar  ;  vient  en 
seconde  ligne  celui  des  côtes  de  Siam,  puis  celui  de 
Kalania»,  sur  la  picsqu'île  de  Malakku;  celui  de 
Bornéo,  de  la  côte  occiilenlale  de  Suniaird  ;  et  enfin 
de  Kio,  dans  les  détroifs.  On  a  e^iiiné  par  approxi- 
maiion  le  produit  de  celte  é|iice  a  i5  millions  de  liv. 
pesant.  La  presiue  totalité  de  ce  commerce  ss 
trouvi'  entre  les  niiiins  des  étrangers  ;  la  plus  grande 
partie  du  poivre  s'expédie  pour  l'Europe,  et  le  reste 
pour  la  Cliinc^ 

Après  la  prise  des  Mo'uques,  en  1790,  la  muscade 
et  11.'  clou  de  giiolle  l'nrciit  introduits  à  lîenkœlen,  et 
ces  doux  précieuses  épices  y  ont  pris  nu  accro  ssc- 
ment  très-rapide.  M^is  probahlement  les  produits  du 
cainplire,  dont  un  a  déjà  fait  mention,  y  diminueront 
cliaque  année  par  l'imprévoyance  et  la  maladresse 
des  naturels,  qui  coupent  à  tort  et  à  travers  un 
grand  nombre  d'arbres  ,  avant  d'eu  trouver  un  qui 
coiiilemie  une  quantité  de  gomme  suffisante  pdiir 
payer  leur  travad,  quoiqu'ils  aient  la  précaution  de 
se  faire  assister  dans  leur  reciiercbe  par  un  devin  de 
profession.  Le  camphre  du  Japon  est  très-infér.  à 
celui  de  Sumatra. — C'est  dans  le  pays  des  Baltas  ex- 
clusivement que  se  trouve  le  benjoin  ;  la  meilleurt, 
espèce  s'expédie  pour  l'Europe,  et  celle  de  qualité 
infér.  pour  l'Arabie,  la  Perse  ei  quelques  parties  de 
l'flindoustan,  où  on  la  brûle  pour  parfumer  les  mai- 
sons et  les  temples  d'Angleterre:  ou  le  réexporte 
pour  les  pays  catholiques  romains  et  mahoMiétans, 
où  on  l'emploie  comme  encens.  On  en  fait  aussi 
usage  en  médecine  comme  siypiique.  La  ca^se  et  le 
rallan  fournissent  aussi  plusieiirscargaisons.  Les  natu- 
rels cultivent  le  cmon,  mais  seulement  en  quantité 
Siinisante  pour  leur  propre  besoin.  On  a  aussi  natu- 
ralisé le  cilé  dans  tous  les  quartiers  de  l'ile,  mais  il 
n'a  donné  jusqu'ici  qu'une  fève  médiocre  en  (|ua- 
lilé  (1).  On  ne  doit  pas  oublier  non  plus,  parmi  les 
articles  du  cotnm.  de  Sumatra,  le  dammer,  sorte  de 
sang-dedragon,  une  drogue  qu'on  lire  d'une  grande 
espèce  de  raitan  ;  le  yainbir,  suc  extrait  des  feuilles 
d'une  piaule  de  ce  nom  ;  les  bois  d'aioés  et  d'aig!e  , 
dont  on  fait  un  irès-grand  cas  dans  l'Orient,  à  cause 
des  parfums  iju'ils  exhalent  lorsqu'on  les  brûle. 

Les  forêts  de  cette  ile  renfermenti  une  inépuisable 
quaniilé  et  une  variété  infinie  de  grands  arbres,  dont 
on  peut  employer  plusieurs  espèces  à  la  construction 
des  vaisseaux  ;  mais  le  tek  ne  paraît  pas  indigène, 
quoiqu'il  fleurisse  au  nord  et  au  sud,  à  J;iva  et  au 
Pégu.  Les  autres  aibres  remarquables  sont  le  poun, 

(1)  Nous  croyons  que  le  sol  et  la  culiure  font  la 
.'lualiié  avec  le  climat.  L'arbuste  qui  produit  le  calé 


ainsi  appelé  d'un  mot  malais  qui  signifie  bois  en  gé- 
néral, et  auquel  on  ddune  la  préférence  pour  les 
mais  et  les  esparres;  l'arbre  il  camphre  qu'emploient 
les  charpentiers  ;  le  bois  de  fer,  ainsi  appelé  à  cause 
de  son  extrême  dureté;  le  marban,  dont  ou  fait  des 
pouires  pour  les  vaisseauv  el  Ks  maisons  ;  le  pénaga, 
dont  on  tire  des  couples  et  des  courbes  excellentes.  On 
doit  y  ajouter  l'ébène,  le  kayngadis,  buis  qui  a  l'o- 
deur et  les  qualités  du  sassafras  ;  le  rangi,  qu'on 
croit  élie  le  mancenilier  des  Indes  occidentale^,  et 
qui  ressemble  it  l'acajou.  Des  d  (lérenlcs  espèces 
d'arbres  qui  fournissent  le  damrner,  quelques-uns 
sont  propres  aux  conslruclions,  et  l'on  trouve  aussi 
il  Sum.itra  le  gros  bananier  de  l'dindoustan. 

Les  parties  centrales  de  l'Ile  donnent  de  l'or,  et 
Menancabow  a  foiijours  été  regardé  comme  le  canton 
le  plus  riche.  Dans  les  districts  de  l'iniérieiir,  à  par- 
tir de  Padang,  qui  esl  sons  ce  rapport  le  marché 
principal,  on  tire  l'or  des  mines  et  des  lits  de  ri- 
vière :  ou  a  quelquefois  ironvé  des  murceaux  d'or 
pur  et  pesant  jusqu'à  9  onces  et  plus.  On  croit 
qu'une  moitié  seulement  de  cet  or  passe  aux  mains 
des  Européens  ;  toutefois  on  peut  avancer,  d'après 
des  autorités  sûres,  qu'on  en  a  exporté  annuellement 
de  Pailaiig  10  à  12  mille  onces,  de  Nalabou  iUOO  , 
de  Natal  8(19,  cl  600  de  Mocomocu.  Les  marchands 
purtenl  l'or  de  l'intérieur  à  la  côte,  où  ils  l'écliangent 
conire  du  fer  en  barre  el  ouvragé,  contre  de  l'opiuin 
et  de  belles  étoffes  du  Bengale,  de  Madras  et  d'Eur. 
Ane,  dans  les  ports,  on  le  payait  sur  le  pied  de  80 
fr.  l'once,  mais  il  s'esi  élevé  ensuite  à  un  prix  beau- 
coup plus  considérable.  Dans  plusieurs  parties  de 
l'ile  01)  l'emploie  conmie  monnaie,  el  à  cei  elfet  cha- 
que individu  a  sur  lui  une  paire  de  petites  balances. 
On  frappait  autrefois  à  Achem  une  petite  monnaie 
d'or,  mais  on  y  a  renoncé  depuis  quelque  lemps.  Ou 
n'a  pas  connaissance  qu'il  se  trouve  de  l'argent  dans 
aucun  canton  de  Sumatra.  — L'étain  y  foinie  une 
Lrani  lie  de  commerce  considérable,  mais  les  mines 
qui  le  roiiniissent  sont  dans  l'île  de  Danca.  Ou  tire 
aussi  du  fer  de  cette  Ile,  mais  en  petite  quantité  ;  la 
consommation  des  naturels  s'alimente  des  feis  d'An- 
glelerre  el  de  Suède.  Les  volcans  fournissent  du 
soufre,  et  l'arsenic  jaune  forme  au^si  un  ariicle  de 
commerce  du  pays.  On  voit  dans  le  pays  de  Kuilaun  de 
profondes  cavernes  du  sol  desquelles  on  extrait  du 
nitie;  d'auires  fournissent  des  nids  d'oiseaux  qu'on 
envoie  en  Cliine.  Les  autres  objets  d'ex  poriaiionconsis- 
leni  en  cire,  gomme-laque  el  ivoire.  On  expuriaii  au- 
trefois des  éléphants  d' Achem  à  la  côte  de  Coroman- 
del,  sur  des  bâtiments  construits  exprès,  mais  ce 
trafic  a  cessé  depuis  longtemps. — Les  ouvrages  eu 
filigrane  d'or  el  d'argent  de  Sumatra  jouissent  d'une 
célébrité  anc.  et  méritée,  el  l'admiration  augmente 
quand  on  voit  de  quels  outils  grossiers  se  servent 
les  ouvriers  qui  les  font:  un  morceau  de  quelques 

est  délicat  de  sa  nature,  el  il  ne  se  plaJt  point  partout 
où  il  y  a  du  soleil,  comme  on  se  l'imagine. 
{Noie  de  l'auteur.) 


7f3 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGKAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  7W 


vieux  cerceaux  de  fer  sert  à  faire  la  machine  à  lirer  : 
une  lêie  de  marteau  enfermée  dans  «ne  pièce  de 
bitls  sert  d'cndume,  cl  le  compas  n'est  autre  cliose 
que  deux  viens  clous  aliacliés  l'un  à  l'autre  par  une 
de  leurs  extrémités.  C'est  dans  un  pot  à  riz  que  l'on 
fond  l'or;  en  général  on  ne  se  sert  pas  de  soufflet  ; 
mais  les  ouvriers  soufflent  avec  leur  Louche  par  un 
bambou  creux.  Si  la  quaiiiilé  d'(ir  à  fondre  est  U!i 
peu  considérable,  trois  ou  quatre  personnes  s'asseyent 
autour  du  fourneau,  qui  est  un  vieux  pot  de  fer,  et 
Eouffleni  cnsenilde.  Les  naturels  d'ailleurs  montrent 
peu  d'habileié  dans  le  travail  de  la  fnrge.  lU  fo'.t 
des  clous,  mais  on  en  emploie  rareinent  dans  la  bâ- 
tisse. Ce  qu'il  y  ^  de  singulier,  cl  ceci  conuiiuc  une 
dérogalion  exceplionntlle  à  un  fait  ge'néral,  c'est 
qu'Us  n'ont  aucune  iilée  de  la  peinture  ni  du  dessin  ; 
il  y  a  chez  eux  quelques  sculpteurs,  dont  les  ou- 
vrages a'inoncent  de  l'imagination  ,  mais  sonl 
presque  loujours  groiesques  et  liors  delà  nature.  Ils 
fabriquent  des  éiofl'es  de  soie  et  de  coton  qui  sont 
portées -par  les  naturels  dans  toutes  les  parties  de 
l'ile.  Rien  de  plus  dércciueux  que  leurs  métiers  et 
leurs  machines  à  lisser.  Us  font  aussi  différentes  es- 
pèces de  taïence  grossière,  ainsi  que  de  l'huile  de 
eoco  qui  est  d'un  usage  général  dans  le  pays.  Il  y  a 
des  fabriques  de  poudre  à  canon  dans  q  iel<|ues  en- 
droits, mais  moins  dans  la  pa:tie  méridionale  que 
chez  les  habitants  de  Menancabow,  de  Ballas  et  à 
Achem.  dont  le>  fréquentes  guerres  en  nrcessiteiit 
une  giande  consommation;  leur  poudre  n'est  que 
très-iiiiparf.iiienietit  grénée,  attendu  que  fort  souvent 
ils  lu  fimt  à  la  baie,  en  petite  quantité,  et  pour  l'em- 
ployer tout  de  suite.  Ils  reçoivent  par  l'iuiporîaiion 
la  plus  grande  partie  du  sel  qu'ils  con-ommenl  , 
qHiiiipi'ils  en  fabriquent  aussi  eux-mêmes  par  des 
procédés  les  plus  longs  et  les  plus  enniiyi'ux. 

Les  principales  divisions  politiciues  modernes  de 
Sumatra,  sur  la  côte  nord-ouest,  si.nl  l'empire  de 
Menancabow  et  des  Malais,  le  roy.iume  d'Acbeni,  les 
B:itta<,  les  Rejangs,  et  les  peuples  deLampnnc.  La 
chaîne  d'îles,  qui  s'étend  en  une  ligne  parallèle  sur 
la  (Ole  nord-ouest,  à  la  dist.mre  d'un  degré  environ, 
est  habitée  par  une  race  ou  des  races  d'hommes 
qui  paraissent  appartenir  à  la  même  souche  que 
ceux  de  l'intérieur  de  Sumada.  Ils  ont  conservé  à  un 
point  remarquable  l'originalité  de  leur  caractère  na- 
tional, tandis  que  les  îles  à  l'est  sont  peuplées  de 
Malais.  Il  ii'y  a  guère  que  1:20  ans  que  toute  la  côte 
méridionale  de  Sumatra,  jusqu'à  lo  rivière  d'Urei,  dé- 
pendait du  roi  de  Bantam,  dans  l'ile  de  Java,  dont 
l'agent  allait  chaque  année  à  Benkœlen  ou  Siilebar 
lever  les  contributions  en  poivre,  cl  nommer  aux 
emplois  vacants. — Presque  toutes  les  formes  de  gou- 
vernement à  Sumatra  ofl'rent  un  mélange  de  régime 
féod;iI  et  d'autorité  patriarcale.  M;iis  le  système  poti- 
licMie  des  peuples  qui  habitent  près  de  la  toic  se  res- 
sent beaucoup  de  l'iiifluence  des  Européens  qui 
exercent  de  fait  les  fonctions  de  la  s  uvcra  neié,  an 
grand  avantage  de  leurs  sujets.  Le  pays  sur  lequel 


la  compagnie  anglaise  des  Indes  étendait  son  in- 
fluence fut  maintenu  en  étal  de  paix,  et  sans  les  me- 
sures imposées  aux  habitants,  il  n'y  aurait  pas  un 
seul  village  qui  ne  fût  en  hostilité  permanente  avec 
I  ;  village  voisin.  La  population  de  ce  pays  a  60,000 
individus,  disséminés  sur  un  sol  ii>grai,  le  kmf  d'une 
côte  inaccessible  de  120  kil.  de  long,  et  remaniua- 
bles  par  des  habitudes  de  paresse  «loiit  rien  ne  pou- 
vait les  réveiller.  La  (orme  du  gouvernement  des 
Rejaiig*,  près  de  Benkœlen,  s'applique  en  général 
aux  Or«|7-îi/i(s  ou  habitants  de  l'inlérieur.  Dans  les 
cantons  de  bois  et  de  montagnes  c'est  l'occupation 
seule  qui  constitue  la  propriété  du  territoire,  excr'pié 
là  où  il  y  a  eu  des  ai  bres  à  fi  iiii  de  plantés,  et  comme 
il  ii'exisia  p'esqiie  jamais  des  limili  s  bien  déterminées 
entre  les  villages  voisins,  ce  sont  des  marques  de 
rossessioii  que  l'on  viole  rarement. — La  côte  nord- 
est  de  Sumatra  çppariient  nouijiialement  à  cinq  sou- 
verains ,  savoir  :  les  sultans  de  Palembang  ,  de 
Jambe,  d'indragiri ,  de  Si.ik  et  d'Achein,  mais  elle 
est  soumise  de  fait  à  une  miiliitude  de  petits 
chefs,  dont  les  douiaines  respectifs  se  trouvent  com- 
plètement enfermé-i  et  isolés  les  uns  des  autres  par 
des  forêts,  des  marais  et  des  broussailles.  Le  plus 
fertile  ei  le  mieux  peuplé  de  ces  Etats  est  sans  con- 
tredit celui  de  Palembang.  Les  iles  de  Rancao,  de 
Papan,  de  Saratas  et  de  Kancalis  sonl  en  partie  ba- 
biié'S  (lardes  Malais,  et  surtout  par  une  autre  raca 
non  convei  tie  à  l'Islam. 

Quant  aux  luis  des  diverses  nations  de  Sumatra, 
elles  n'ofl'rent  à  proprement  parler  qu'un  amas  d'an- 
ciennes coutumes,  tran>mises  de  génération  en  gé- 
nération, et  dont  l'aulnrilé  est  fondée  sur  l'habili.dâ 
et  sur  un  consentement  général.  L'<  loi  qui  tend  tous 
les  membres  d'une  famille  solidairement  obligés, 
pour  les  dettes  de  tous  et  d'un  chacun,  établit  entre 
eux  un  lien  très-fort.  Quand  un  homme  menri,  tout 
ce  qui  lui  appartient  se  partage  également  entre  ses 
enfants.  Le  code  de  Sumatra  admet  la  compensation 
pécuniaire  pour  l'iiomicide,  cas  auquel  (  n  n'a  point 
à  s'occuper  de  la  distinction  entre  le  uieurtie  et  ce 
que  n:ius  appelons  homicide  simple.  Les  punitions 
d'une  nature  quelconque  sont  extréoiement  rans.  — 
Le  lieu  le  plus  solennel  chez  eux  pour  la  prestation 
d'un  serment  est  la  sépulture  de  leurs  ancètri  s,  et 
ils  ont  de  certaines  ri-liques  ou  appareils  à  jurer 
qu'ils  mettent  eu  avant  dan;  les  occasions  importan- 
tes :  c'est  une  vieille  lance  rompue,  un  cation  de 
fusil  brisé,  ce  sonl  quelques  vieilles  balles  de  cuivre, 
ou  tout  autre  objet  auquel  le  hasard  ou  le  caprioe  a 
pu  attacher  l'idée  d'une  vertu  exlraordinalre.  Ils  les 
trempent  ordinairement  dans  l'eau,  cl  font  boire 
celle  eau  à  la  personne  qui  jure,  après  qu'elle  a  pro- 
noncé la  formule  du  serment.  .A  Manna,  la  relique 
la  plus  vénérée  autrefois,  en  pareille  occurrence, 
éiail  uu  vieux  canon  de  fusil  ;  lorsqu'on  le  produisait 
pour  une  prestation  de  serment,  on  le  transportait 
au  lieu  désigné,  précieusement  enveloppé  dans  un 
morceau  d'étulTe  de  suie  et  sons  un  parasul.  L'houi- 


I 

I 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  7RC 

lance  Je  Leipsick  est  de  lui  kil.  sud-ouest,  la  popul. 
de  5,71)0  liabii;iiils.  Los  possessions  décolle  branclio 
Oui  une  surface  de  22  m.  c.  g.  (61  lieues  c.)  ei  une 
popul.  d  '  57,1100  liul  iianls.  Ses  revenus  soui  esliuics 
à  450,000  fr. 

Suomaii,  les  Finnois.  —  La  famine  ucs  peuples 
finnois  est  icpaiHlue  en  Russie,  dans  le  nnrd-esl  de 
l'Eurcipe  el  le  nord-esi  de  TAsie.  Le  nom  de  peuples 
Ouraliens  lui  conviendwit  bi>>ncoui>  mieux  :  cap 
le>  iiionumenls  liistiiri((ue><  ei  la  ciunparais"  n  des 
langues  s':iccordenl  pour  indicjuer  la  première  de- 
meure de  ce->  peuples  dans  le»  cnnirces  voisines  de» 
monls  Oural  ,  d'où  ils  sonl  descendus  vers  l'ouesi  et 
vers  l'esi.  I!  paraît  (|u'avaiii  la  grande  migialion 
des  peuples,  ils  li;il)iiaient,  du  moins  en  Kuiope, 
beaucoup  plus  au  sud  (|u'aujourd'bui,  el  sViendaienl 
jusqu'à  la  nier  Noire,  où  ils  élaieiil  compris  avec 
beaucoup  d'autres  iiatiuns  ,  sous  le  nom  vague 
de  Scyihes.  l'eu  à  peu  les  FiniKiis  furent  rïpoussés 
plus  au  nurd  par  il'aiitrps  peuples,  ou  bien  se  fon- 
dirent avec  eux,  et  il  ré>ulia  de  ces  évciiemenls  un 
mélange  d'idiomes. 

Considérée  sous  le  raiipnrt  de  la  langue,  la  fa- 
roiile  finnoise  peut  se  diviser  en  quatre  iiiiius  princi- 
pales, renferoiiint  cliaiune  plusieurs  peuples  qui  sa 
donnent  des  noms  biens  diiïérenls  de  ceux  sous  les- 
quels nous  les  désignons  ;  les  premiers  sont  indiqués 
en  caractères  italiques.  —  i"  Finnois  teltuni  es.  On 
leur  applique  celte  dénomination,  parce  que  leur 
langue  a  é(é  modiliée  par  celle  des  peuples  tenions, 
dont  elle  a  emprnnié  un  tiers  de  ses  mois.  Ils  liabi- 
lenl  le  plus  à  l'onesi,  le  long  de  la  mer  Balliijue. 
Ce  te  laniiUe  comprend  les  Finlandais  (Siioma  Lai- 
iieu),  les  EslonieiH  {Maha  riilivasi),  les  Kiréliens 
(Ayrin/fs),  les  Ingriensou  Finnoisd'OlonetS  (Iclioré), 
les  L:ipons  {Snme  Lad).  Tous  ces  peuples  sont  dési- 
gnés dans  les  annales  russes  par  le  nom  Tchoudes, 
qui  a  eiisoile  élé  app'ii|né  vaguement  à  tons  les  peu- 
ples du  nord-esi ,  dont  l'existence  antérieure  est  in- 
diiiuée  par  des  toinl  eaux  et  des  travaux  pour  l'exploi- 
lalion  des  tnints,  ce  qui  a  rioniié  lieu  h  laiil  d'Iiypo- 
tlièses  fabuleuses  sur  nn  peuple  piimilif  pljcé  dans 
les  déserts  et  les  montagnes  neigeuses  de  l'Asio 
moyenne.  —  2*  FiNyoïs  voLClE^s,  vivent  principale- 
ment sur  le-i  bords  du  Volga  et  de  ses  afiluents  :  les 
Mnrduines  ^Ersc),  les  Mokchaiies  {Mouci'ia),\es  Tche- 
remisses  (Mari).  La  fréquentaliun  des  bordes  turqu;  s 
a  bi-ancoup  aliéré  l'idiome  de  ces  Finnois  de  l'est. 
M.  Klaproih  pense  que  c'est  peut-être  tliez  enx  qu'il 
faut  cbercher  les  resies  des  Kliasars  du  moyen  âge. 
— 5°  Pep.mie.ns  habiient  la  Permie  des  annalistes  rus- 
ses (62-7C°est,  tS-65°  nord),  pays  qu'il  ne  faut  pas 
confondre  avec  la  Biaiinie  des  Saga  ou  Mythes  islan- 
dais au  sud  el  à  l'est  de  la  mer  Blanche.  Les  Voiiaks 
{oiid  Mourd),  les  Syriœnes  {llomi  Mouit),  les  Per- 
miens  (Kotni  Mourd  et  aussi  Souda  el  i!i).—i°  FiN- 
N"is  oucoR.  Les  Vi>i.'ouls  {'hn'xi,  on  Mwich  h'oum), 
dans  11  partie  seolftiilriiinale  de  l'Oural  ;  les  0»liaks 
de  l'Ob  (As-iaUi),  et  quelques  autres  peuplades  asia- 


765 

me  de  Sumatra,  persuadé  de  l'existence  de  puissan- 
ces invisihb'S.  mais  non  de  sa  propre  immoi  talilé, 
ne  voit  qu'.ivec  un  respect  mêlé  de  terreur  ces  em- 
blèmes ou  ces  instruments  supposés  de  leurs  fonc- 
tions, et  jure  sur  des  lances,  sur  des  canons  de  fu- 
Eil  et  toutes  choses  qui  peuvent  être  des  moyens  de 
deslrufiion  personnelle. 

Siinderaqua.    Sondershausen,   ville  d'Allemagne, 
chef-liiu  du  comté  inférieur  de  Scliwaribourg,  est  la 
résidence  des  princes  de  ce  nom.  Cette  vibe,  située 
au  coi.nueiit  de  la  Bébra  et  de  la  Wipper,  renferme 
un  cbâieau,  deux  églises,  un  gyinnise  et  des  filaïu- 
T'  s.  On  remarque  dans  les  environs  le  château  de 
PoïSen  avec  de  magnifiques  jardins,  et  la  source 
d'eau  sulfureuse  de  Guntliers-Bad.Ponul:  5, "00  hab. 
Les  possessions  des  princes  de  Schwarzbnurg-Son- 
dershauscn  ont  une  snr'ace  de  25  m.  c.  g.  {■■ii  I.  c.) 
et  50,000  habitants.  On  estime  leur  revenu  à  580,000  fr. 
La  maison  de  Scbwirzbourg  est    une  des  plus  an- 
ciennes m::isons  souveraines  d'Allemagne.  Si  on  ne 
peut  pas  laire  remonter  diplomatiqnemenl  sa  filiation 
jusqu'à  lin  certain  Wilekind,  qui  do  t  avoir  éié  dans 
le  ix'  siècle  premier  comte  de  Scliwarzbourg,  tou- 
jours esi-il  certain  qu'elle  possédait  dès  le  xi'  siècle 
des  terres  considérables  en  Tbnringc.  Dans  le  xii' 
vécut  Gonihier  III,  dont  le  fils  nîné  continua  la  li- 
gnée dns  comtes  de  Schwarzliourg,  taudis  que  le  ca- 
dei  fnt  la  SOU' he  des  comtes  de  Kapfernbourg ,  qui 
s'éteignirent  ilans  le  xiv*  siècle.  En  lôiO  la  maison  de 
Scliwarzlioiirg   fournit  un  empereur  à  l'Allemagne 
dans  la  per>onne  du  comte  Gontliier,  qui  fit  empoi- 
sonné quatre  mois  après  son  élection.  Sou  frère  aîné, 
Henri,  coniiniia  la  suite  des  comtes  de  Scliwarzbouig, 
qui  en  1552  se  pariagèrmi  en  deux   lignes  encore 
subsistantes,  celle  d'Arnsiadt,  nommée  par  la  suite 
Sonder»hai'sen,  et  celle  de  Rudolsiadl.  Elles  furent 
<levée^  en  lt)97  et  17 Hl  au  rang  de  princes,  et  ob- 
tinrent en  nSi  le  droit  de  sléi'er  à  la  diéle  parmi  les 
princis.  La  maison  de  Scbwarzbourg  possédait  jus- 
qu'en îiOfi  la  charge  d'arcb  -éiuyer  et  relb'  de  grand- 
veneur  de  l'empire.  Les  princes  portaient  aussi  le 
titre  des  quatre  comtes  de  l'empire  (der  Vier  Gralen 
des  Reichs)    titre  dont  l'oriaine  est  problématique. 
Ce  ne  fut  qu'au  mois  d'avril  1807  que  les  princes  de 
Scbwarzbourg  cnirèreni  dans  la  conlédéraiion  Rlié- 
rane.  Dans  la  confédération  germa.iique  ils  pariageot 
la  quinzième  p'ace  avec  Oldenbourg  ci  Anlialt^  i:s 
ont  deux  voix  dans  l'assemblée  générale.  La  princi- 
pauté de  Scbwarzbourg  se  compost'  de  deux  districts 
séparés,  qu'on  appelle  la  primipauié  supérieure  et  la 
principauté  inférieure.  Les  deux  branches  de  la  mai- 
son sont  luthériennes.  —  Les  princes  de  la  branche 
de  Schwarzbourg-RudofSladl  résident  à  Rudolsiadl, 
sur  la   rive  gauclie  de  la  Saale.  Celle  ville,  située 
dans  une  vallée,  est  bien    bâtie;  e  le  possède  un 
gymnase  el  un  séminaire  lulhéncn.  Le  château  du 
piinee  renfe'ine  une  bihlioiiè'|iie  el  une  galerie  de 
table  iix   que  les  amateurs  eniment  beaucoup.  Ou 
fabrique  à  Rudolsiadl  det  étoffes  de  laine.  La  dis- 


767 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


768 


tiques.  La  coinp:iraison  îles  langues  a  fuil  lecoiinai- 
Ire  qu'une  iiaiidu  lielliqneuse  de  l'Europe,  les  lloii- 
giois  {Hladjar  ou  Madgyar),  3p()arleiiait  à  celle  qua- 
Iricnie  division  de  la  funiille  riiinoi!>e. —  Quoique  les 
différeiils  peuples  qui  la  ci  inposeiil  S'uenl  épars  sur 
uu  espace  immense,  la  ressemblance  de  langage,  de 
mœurs,  de  pliysioiioirie,  prouve  leur  parenté;  les 
cheveux  roux  ou  jaunes-bruns,  le  derrière  de  la  léie 
grand,  les  os  des  pouiineiles  s:iillanls,  les  joues  en- 
foncées, la  biirberare,  le  leiut  brun  sale,  semblent 
les  carac  éi  iser.  Les  Vogouls  (Mansi)  et  queliiue-  La- 
pons ont  des  cbeveux  i  oiis  et  durs  et  le  nez  enfon- 
cé ;  ce  qui  provient  d'un  mélange  avec  les  peuplesde 
race  jaune,  t'est  d'un  semblable  mélange  que  sont 
issus,  dans  le  moyen  àg-,  les  Huns,  les  Avars  et  les 
Klia>ars  dont  le  souvenir  seul  existe  dans  l'Iiistoire. 

On  a  remarqué  que  la  plupart  des  peuples  Unnois 
préféraientles  lieux  mai  éageux  et  leslurêts.  Lâchas- 
seetla  pèche  furent  longtemps  leurs  occupations  fa- 
vorites. Aujourd'hui  les  Lapons  el  les  peuples  asiati- 
ques mènent  eni  ore  la  vie  nomade.  Les  autres  sont 
devenus  agricuheurs;  à  l'exception  des  M.uljar,  au- 
cun n'a  joué  un  rôle  marquant  sur  la  scène  du  monde; 
aucun  n'a  d'annales  particulières,  on  ne  trouve  leur 
histoire  que  dans  celle  de  leurs  vaimiueurs. 

Du  temps  de  Strabon  el  de  Tacite,  les  finnois, 
nommé-  par  le  premier  Soùtjov,  pr  le  second,  Feniii, 
habitaient  à  l'est  de  la  Pologne  :  la  première  de  ces 
dénominations  rappelle  le  mot  suoma  :  la  seronde 
vient  du  mot  /en,  n.arais  en  goti  i;|ue.  Pioloniée 
nomme  ces  peoiiles  •tiwoi.  Tacite  les  décrit  comme 
tiés-patnres  el  Irès-.'ales;  on  croit  lire  une  relation 
concernant  une  nation  sauva|;e  de  l'Oiéanie. — Les 
Norwégiens  ont  donné  aux  Lapons  le  nom  de  F.n- 
nen  :  ce  qui  a  lait  appeler  Finnmark  la  partie  la  plus 
septentrionale  de  la  Norwége;  quant  aux  Finnois,  ce 
même  peuple  les  nomme  Quœnes.  La  ressemblance 
de  ce  mot  avec  quinna  (femme)  a  fait  imaginer  à 
Adam  de  Brème,  un  pays  des  Amazones  qu'il  place 
dans  le  nord  de  l'Eut  ope. 

La  Finlande  actuelle,  qui,  d'après  ce  que  nous  ve- 
nuns  d'exposer,  ne  répond  nuilement  au  pays  des 
Feniii  de  Tacite,  appanient  enlièreiuent  à  la  Russie; 
elle  fui  cédée  à  celle  puissance  parla  Suède  en  IbOO. 
Conquis  au  moyeu  âge  par  les  Suédois,  les  Finlan- 
dais ne  furent  jaioais  sincèrement  aliacbés  à  leurs 
dominateurs,  qui  cependant  les  avaient  admis  à  par- 
tager les  droils  civils  el  poliiiques  dont  ils  jouis- 
saienl.  Leur  pays  forme  une  principauté  administrée 
d'après  les  lois  suédoises.  Le  paysan  y  jouit  de  ton- 
te sa  liberté,  et  envoie  ses  députés  aux  diètes  natio- 
nales. Dans  l'Esthonie,  au  contraiie,  el  dans  l'Ingrie, 
le  paysan  esl  serf  comme  dans  le  reste  de  la 
Russie.  Parmi  les  peuples  finnois  existant  dans  cet 
empire,  on  compte  1,800,000  individus  qui  appar- 
tienoentaux  Finnois-Teut  ins,  220,000  aux  Fmnois- 
Ougor,  9U0,  OOO  aux  Finnois  Vogouls  et  Periniens. 

Supra    Ararim    Bellavitla,    Eelleville-sur-Saone, 


dans  le  diocèse  de  Lyon,  arrond.  de  Villefranche,  à 
a  kil.  de  cette  ville,  et  8  de  Ceaujeu.  Oiie  viile  est 
située  sur  l'Ardière  à  uu  kil.  de  la  Saône,  sur  la- 
quelle elle  a  un  pnri  et  un  pont  suspendu,  et  compte 
près  de  SOuO  habitants  :  sa  situation  est  assez  agréa- 
Lie  par  les  nombreuses  prairies  et  les  plantations 
qui  renvironnent.  —  Belleville  était  autrelois  la  se- 
conde prévolé  du  Beaujolais,  el  se  divis.iilen  quatre 
quartiers,  qui  avaient  chacun  à  leur  le  c  un  capitaine, 
un  lieuienaol,  un  enseigne  et  un  sergent.  Les  dra- 
peaux étaient  aux  armes  de  la  ville,  qui  sont  une  sa- 
lamandre dans  le  feu,  avec  ce  mol  :  Durabo.  On  y 
remarquait  alors  une  bebe  abbaye  conimendataire 
de  chanoines  léguliers  de  l'ordre  de  Saini-Angiistin, 
fondée  en  lltiO  par  lluiubcri  il,  sire  de  Beaujeu. 
Dans  leur  église  se  irouvaieni  les  tombeaux  de  plu- 
sieurs princes  de  cette  maison,  entre  autres  ceux  de 
Guichard  IV,  cuiméiable  de  France,  mort  en  lot)!2; 
de  Louis  de  Beaujeu,  égilemenlconi  élable,  décédé 
le^ô  août  lt)93,  el  d'Edouard  l",  sire  de  Beaujeu 
el  maréclial  de  France,  mort  eu  17ol, 

La  population  s'occupe  de  broderies  el  de  la  fabri- 
cation de  tuiles  de  coton.  Le  commerce  consista 
surtout  en  tonneaux  et  en  vins  du  pays,  que  l'oa 
expédia  pour  Paris  el  le  nord  de  la  France. 

Supra  MalroHum  Ckriacmn,  Citry-Sainl-Ponce,  ou 
Citry-surMaine,  paroisse  tlu  diocèse  et  de  l'.'rruu» 
dissi-menl  de  Meaux,  canton  de  la  Ferlé-sous- Jouarre, 
département  de  Selne-ei-Marnc;  elle  est  située  à 
l'cxtréuiité  orientale  du  déparlement,  dans  une  val- 
lée agréable  ,  sur  le  bord  de  la  Marne  qui  décrit  une 
large  courbe  et  qui  sép..re  son  territoire  de  celui  du 
département  de  l'Aisne.  —  La  famille  de  Renty  , 
anc.eiuie  maison  Ai  l'Artois,  possédait  la  seigneurie 
de  Citiy;  plusieuis  membres  de  cette  illnsire  fa- 
mille ont  éié  enterrés  dans  l'église  du  village,  où  l'oa 
trouve  ,  entre  autres  lombe.s ,  celles  de  Jacques  de 
Kenty,  inori  en  1575,  et  de  son  épouse  ;  et  celle  de 
Gaston  (Jean-Bapiisle)  de  Renty.  Ce  dernier  ,  qui 
fut  un  modèle  de  perfection  chrétienne,  se  maria,  en 
l(j53,  à  Ë.isabetli  de  Balzic,  lille  du  comte  de  Gra- 
ville.  Après  s'être  distingué  dans  les  armées,  avoir 
mérité  l'estime  de  son  roi  ,  il  se  relira  de  la  cour 
pour  s'appliquer  imiquement ,  comme  le  dit  son  liis- 
torieii ,  il  tout  ce  qui  regardait  la  gloire  de  Dieu  elle 
soulagement  du  prochain;  se  mit  à  la  tête  d'une  as- 
sociation de  gens  richrs  dont  le  but  était  de  secou- 
rir les  Anglais  catholiques,  réfugiés  en  France,  lit 
faire  à  ses  dépens  des  missions  dans  nos  contrées 
pour  y  ranimer  la  foi,  el  institua  des  sociétés  d'arti- 
sans qui  vivaient  ensemble  comme  les  premiers 
chrétiens,  donnant  aux  pauvres  le  surplus  de  leur 
nécessaire.  11  mourut,  en  1*48,  à  trenle-sepi  ans,  el 
fut  enterré  dans  l'église  de  Ciiiy.  On  rapporte  que 
neuf  ans  après  sa  mort  on  ouvrit  son  tombeau  ,  que 
«  l'on  y  trouva  son  corps  entier  ,  la  peau  fort  blan- 
ciie,  la  chair  ferme  el  revenant  contre  le  doigt,  lors- 
qu'on la  pressait.  »  Ce  phénomène  ,  qui  n'est  pas 
rare  d'ailleurs,  s'expliqua  par  la  vie  exemplaire  que 


769 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


770 


îebaroiideiienly  avait  menée.  On  ajoute  que  les  peii- 
plesseportèreni  enfouie  à  snnioniheau. —  L"églisede 
Citryéiaii  une  cure  régiilièrede  l'ordre  de  Saint-Augus- 
tin, qui  dépendait  du  diocèse  de  Soissons.  Elis:il)elli 
de  Balzac,  marcliant  sur  les  traces  de  son  époux, 
érigea  dans  cette  église  une  chapelle  dont  le  cha- 
pelain éiait  obligé  de  résider  dans  la  coninurne,  et 
fonda  une  instiiuiioii  chariiable  en  laveur  des  pau- 
vres de  la  parnisse.  Cene  pieuse  fondation  s'est 
éieintc;  on  ignore  de  q\ielle  manière.  —  Le  cliâii^au 
est  siiué  à  l'extrérnilé  occiilent;ile  du  village;  il  ne 
présente  rien  de  parliculier.  On  y  jouit  d'une  fort 
belle  vue.  —  Le  hameau  de  Vill;iré,  dont  le  nom 


vient  sans  doute  de  villa  (habîlation  rurale) ,  est 
pincé  à  mi-côte  au  sud  et  à  un  kil.  de  Tilry;  il  con- 
tient trois  fermes  ;  celui  du  Plessier  est  plus  au  sud- 
est  ,  plus  bas  et  plus  pi  es  de  la  Marne  ;  c<;lui  de  la 
Pierre  est  .lu-dessus  du  préf-édetil ,  au  sommet  du 
coteau  ;  celui  de  Champestré  e--t  bâti  à  mi-côte  à 
l'esi  et  tout  à  fait  à  la  limite  du  déj  arteiueni  ;  enfin 
la  Marne  fait  lourner  un  niiiuliii  dans  la  conununc. 

I><s  pvoduciioiis  de  ce  v  liage  sont  des  g'aiiis,  des 
pàlurag^es  et  du  vin  ;  une  partie  du  lerrituire  est  en 
bosquets  et  en  friches.  — Ciiry  est  à  8  kil.  est  de  l.i 
Ferté-sous-J'iuarre  ,  à  2G  kil.  est  de  Meaux,  et  à  G8 
kil.  est  de  Melun.  Sa  population  est  de  850  hab. 


Tagus,  le  Tage.  Ce  fleuve,  qui  traverse  une  partie 
de  l'Espagne  ei  dn  Portugal,  a  une  répiiiaiion  légen- 
d'qne  extraordinaire.  Pendant  la  dnniinaii(m  des 
Visigolhs  eu  Espagne,  des  prêtres  et  des  chrétiens 
se  retirèrent  dans  les  nmntagnes  qui  bordent  ses 
rives  pour  se  soustraire  aux  persécutions  de  l'aria- 
nisme.  Lors  de  l'invasion  du  miili  de  l'Espagne  par 
les  Arabes ,  1  s  solitudes  que  ce  fleuve  parcourt  se 
trouvèrent  habitées  par  des  familles  entières  qui 
Venaient  y  chercher  un  refuge.  Il  s'éleva  ainsi  dans 
leur  partie  la  plus  dc-erte  et  la  plus  escarpée  des 
ermitages  et  des  chapelles  qui  re^^lè^enl  même 
longtemps  après  l'expulsion  des  Arabes  de  la  Pénin- 
sule. Les  poêles  ont  ajouté  à  la  réputation  du  fleuve 
par  de  pouipeuses  descriptions  de  son  cours;  mais  il 
suffit  de  s'approcher  de  ses  rives  pour  se  convaincre 
que  leur  i  einture  est  l'ouvrage  de  leur  imagination. 
Rien  de  plus  triste  en  effet  que  le  tableau  que  présente 
ce  fleuve  :  des  bords  escarpés  et  presque  cm  pés  à 
pic,  un  cours  généralement  impétueux,  un  lit  étro.t, 
entrecoupé  à  chaque  pas  par  des  obstacles  naturels; 
des  eaux  iroubles  et  presque  toujours  bourbeuses, 
voilà  ce  qu'offre  aux  yeux  du  voyageur  une  campa- 
gne ordinairement  nue  ,  aride  et  inculie,  brûlée  par 
l'ardeur  du  soleil,  lorsque  le  souffle  des  ouragans  ne 
soulève  pas  des  nuages  d'une  poussière  rougeiitre  qui 
pénétre  les  vêlements,  et  communique  sa  couleur 
non-seulement  aux  habiiants  des  champs,  mais  même 
aux  touffes  d'yeuses  qui  peuvent  à  peine  se  conserver 
entre  les  rochers  pelés  dont  ce  territoire  est  couvert 
en  grande  partie.  Au  lieu  de  ces  oiseaux  charmants, 
parés  du  plumage  le  plus  éclatant  et  le  pins  varié, 
dont  nous  parlent  les  poêles,  à  peine  dans  le  pays 
que  traverse  le  Tage  en  rencontre-i-oii  d'autres  que 
des  oiseaux  de  proie,  menaçant  sans  cesse  les  trou- 
peaux de  brebis  que  leurs  misérables  bergers  peu- 
vent à  peine  défendre  ,  non-seulement  des  loups  , 
mais  des  lynx,  des  renards  et  autres  bêles  voraces 

{\)  Le  principal  endroit  que  baigne  le  Gallo  est 
Molina  de  Aragon.  Sou  élévation  au-dessus  du  niveau 
de  la  mer  est  de  \Wi  varrs  (5792  iiieds). 

(Sote  du  géographe  Aniilton.) 

(2)  Par  les  observations  barométriques   faites  si- 


qui  abondent  dans  les  montagnes  de  Gredos.  Il  n'y  a 
pas  dans  toute  l'Espagne  de  contrée  .lussi  pauvre, 
aussi  sauvage  que  celle  que  les  joëtes  nous  ont  dé- 
peiiile  coiTime  la  plus  riche  et  la  plus  ngréable  du 
monde  ;  et  ce  ne  sont  pas  qitelques  portions  de  ter- 
rain un  peti  pitis  favorisées  par  la  nalnre,  et  u>i  peu 
mieux  cultivées  par  l'industrie,  telb'S  que  les  vafées 
d'Aranjiiez  et  de  T  lavera  ,  qui  ont  pu,  h  juste  lit  e, 
mériterai!  Tage  l'épiihète  de  dor^  ,  ni  la  célébrité 
attachée  à  C(  lie  qualifictiiion.  —  Ce  lleiive  coule  dans 
la  partie  du  terniin  qui  est  entre  la  chaîne  des  mon- 
tagnes comuies  sous  le  nom  de  Sierra  di;  Guad.liipe 
(Montes  Carpetani  des  anciens),  dans  les  environs  de 
l'aurien  mapnifiqiie  monastère  de  l'ordr.;  de  Saint- 
Jérôme  de  Giiad  dupe,  et  la  chaîne  de  (inadarrania. 
Il  sort  d'une  faible  source  appelée  Pie  IzquierUo, 
dans  la  chaîne d'Albarracin, dans  l'évèché  de  ce  nom, 
aux  monts  de  la  Mnela  de  San-Jnan  ,  couverts  de 
neige  pendant  huit  mois  de  l'année;  non  loin  de  sa 
source,  et  déjà  grossi  par  de  petits  riiis-eaux,  1  pas<e 
par  les  plaines  de  son  nom,  où  il  nourrit  d'excel- 
lentes truites  saumonées,  et  entre  de  suite  d:ins  la 
province  deCnença,  à  laquelle  il  sert,  sur  plusieurs 
points,  de  limite  a^ec  celles  de  Soria  et  de  Gutidila- 
jara.  Dans  la  première  ,  il  reçoit  par  sa  droite  la 
Oeeseca,  la  Ciibrilla  elle  Gallo(i).  Dins  la  toisième, 
la  petite  rivière  Clfuentes,  à  l'ouest  de  Trillo;  et  bien 
avant  d'arriver  à  Tolède,  il  s'enrichit  par  sa  gauche 
delà  Guadiela,  déjà  réunie  à  i'Escahasel  autres  plus 
petites.  Après  ce  confluent ,  et  svoir  dépassé  les 
montagnes  (pii  lui  font  faire  plusieurs  chiites,  et  oîi 
se  forme  la  Olla,  appelée  Bolarqiie,  espèce  de  puits 
profond,  il  coule  tranquillement  à  travers  lescham|>s 
de  Zorila,  baigne  les  superbes  jardins  d'Ar:in;iiez  , 
élevi'S,  d'après  M.  de  IIumboKll,  de  6-21  vires  {\W5 
pieds)  au-dessus  du  niveau  de  la  mer,  entoure  les 
murs  de  la  haute  ville  de  Tidède  (2),  passe  par  Ta- 
lavera,  Alcintara,  Abrantès,  Santarem,  et  va  dcboii- 

muUanémeni  à  To'ède  et  à  Madrid,  et  calculées  selon 
la  formule  de  L  iplace  ,  il  résii  te  que  le  jialais  ar- 
chiépiscopal de  Tolède  est  à  12  •  vares  (o.i/  pieds) 
au-dessous  du  niveau  de  Madrid,  dans  la  rue  Amii«* 
de  San-Bcrnardo.  (Noie  du  mime.) 


771 


DlCTIONNAIRIi;  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


cher  dans  la  mer  à  Lisbonne  (1),  qu'il  laisse  sur  sa 
dioile  (•2).  Ajirès  sa  jonction  avec  la  Cnadielâ,  ce 
fleuve  reçoii  du  nord  Ir  J.ir.inia  (3),  la  G'iailaijama, 
rAlhcri'lii',  le  Ticiar,  l'Alagon,  l'Erjas,  le  Ponzul,  la 
L:u;a  el  le  Zezeie;  et  par  le  côié  opposé  l'Algodor, 
leTnrcon,  laSedaiia,  la  Piisa,  entre  Araiiji.ez  et  Tala- 
Vera,  l'Alija,  l'Iljor,  qui  sert  de  liiiiiles  aux  pnviiices 
de  Tolède  et  d'Eslroniadure,  Li  Magasca,  la  Salor, 
la  Sever,  qui  se;  are  l'AlcnleJ!»  de  i'Ksireinadure  es- 
pagnole, l'Alpiarza,  la  Zalas  et  rAliiiaiizur.  —  La 
navigaiiuii  de  Lisbonne  à  Alcautara  ,  par  le  Tage, 
s'ouvrit  en  loSO.  Le  projet  d'Aritonelli ,  célèbre  in- 
génieur, ajanl  élé  approuvé,  on  continua  les  travaux 
pour  reiidie  ce  fleuve  navigable  jusqu'à  Tolède;  et  en 
effet  il  rélait  en  1^88.  Sous  le  règne  de  Pliilippe  III, 
cette  navigation  a  cessé,  quoiqu'un  ait  soc.gé  à  la 
rétablir,  en  ouvrant,  en  1 6-40,  des  canaux  de  Ma- 
drid àAraiijuez,  ainsique  d'Aianjiiez  à  Alcala;  puis, 
en  17Ô5,  de  Tolède  à  Talavera,  dont  les  eaux  arri- 
veot  encore  jusqu'à  la  nioiilagne  de  Cuença.  Aucun 
de  ces  projets  ne  fut  lenniné,  et  iis  n'ont  servi  qn'à 
dénionlrer  la  possibilité  deiablir  une  coniniunication 
par  eau  de  la  Manche  à  l'Atlantique,  do  laquelle  ré- 
Buiieiaient  des  avantages  incalculables  pour  l'tspa- 
gne.  —  Le  Isge  a  environ  IviOU  kil.  de  cou;  s  ,  OU 
223  lieues.  Le  chiflVe  de  iC'J  lieues,  ou  6iO  kil., 
porté  dans  le  tableau  des  fleuves,  est  une  erreur. 

Talabrlcn-Eiiora,  Talavera- de -la-Reyna.  Cette 
ville,  du  diocèse  de  Tolède,  a  été  ainsi  aurnominée 
parce  qu'elle  était  l'ap.nage  d'une  reine  de  Caslille. 
Située  sur  le  Tage,  dans  une  plaine  fei  tle,  elle  est 
riche  et  cou)nierçanie;  elie  renferme  des  fabriques 
renomiuées  d'étoffes  de  soie  et  de  faïence  denii-liue. 
Son  cliinal  est  cliaud;  l'hiver  y  est  assez  froid, 
mais  duie  peu;  il  gèle  souvent  dans  celte  saison, 
mais  la  neige  y  est  rare ,  et  les  chaleurs  de  l'été  ex- 
cessives. On  recueille  dans  son  territoire  des  grains 
de  iiiute  espèce,  des  vins  blancs,  faibles  en  qualité, 
des  fruits  cl  légumes  excellents.  Les  montagnes  en- 
vironnâmes abondenl  en  gibier,  et  quoique  le  Tage 
soit  géiiéraleineni  jieu  poissonneux,  on  y  pèche  de 
bannes  anguilles  et  des  barbots.  —  Talavera  possé- 
dait treize  couvents  des  deux  seses  avant  la  sup- 
pression des  ordres  monastiques.  Elle  a  sept  parois- 
ses, parmi  lesquelles  on  dislingue  une  égbse  qui  a  le 
litre  de  cathédrale.  Ce  monument,  dans  le  style  go- 
thique lourd ,  est  néanmoins  d'une  architecture  iin- 


qui  est  en  grande  vénérai'on  dans  la  contrée  et  l'ob- 
jet d'un  pèlerinage  très-fiéqnenié.  Talavera  est  h 
5(i  kil.  ouest  de  l'olèd  •  et  de  la  province  de  ce  noir; 
elle  offre  en  général  un  aspect  peu  gra  iens  ;  les  an- 
ciennes maisons  sont  grand -s,  mais  dépourvues  de 
toutes  commodités;  les  nouvelles,  petites,  mes  |uine» 
el  resserrées;  les  rues  étioites,  tortueuses,  mal  pa- 
vées et  nialpr.'pres.  I  a  campagne,  (pii  est  belle  el 
agiéable,  p  ésente,  de  queh,iie  côté  qu'on  se  dirige, 
de  charmantes  promenades,  uotaniineiii  le  bois  qu'on 
appelle  l'Alameda,  sur  le  hi  rd  du  fleuve,  que  l'on 
passe  sur  un  pont  de  lio  loises  de  long,  dont  les 
piles  et  les  aiclies  sont  en  pierres,  et  le  re  te  en 
briques.  C'est  un  archevêque  de  Tolède  qui  l'a  tait 
Construire.  La  culture  des  nmiiers,  la  labiicalion  da 
la  soie,  de  la  cbapelierie,  de  la  cire,  du  chocolat,  et 
de  totit  ce  qui  compose  la  coiifisi  rie  :  telles  sont  les 
principales  branches  d'industrie  et  de  commerce  de 
Talaveia,  autrefois  considérable,  mais  bien  décluicj 
depuis  les  trouilles  politiques  et  les  malheurs  de  l.i 
guf-rre.  Don  Ordono  II,  roi  de  Léon,  enleva  celto 
ville  aux  Maures,  qui  la  repriieiit  et  la  peidirent  dé- 
finitivement en  lOS.'î,  ailles  la  conquête  de  Tolèdo 
par  Alphonse  VI.  —  L'événement  le  plus  remarquaiilc 
et  le  p'us  léceni  qui  se  soit  passé  sous  les  murs  de 
cette  ville,  est  la  lataille  qui  se  donna  les  ■li  ci  2S 
juillet  it;09,  entre  1<  s  Anglais  et  les  Espagnols  d'un 
côié,  et  de  l'autre  l'armée  française  ;  les  premiers 
étaient  commandés  par  le  duc  dj  Wellingion,  et  les 
Français  par  le  roi  Joseph  Bonai'arleen  personne  et 
le  maréchal  Soult  :  ces  derniers,  après  des  efforts 
inouïs  de  valeur  el  d'habileté,  plièrent  un  instant; 
mais  une  sa\anle  manœuvre  du  général  françiis  suf- 
fit pour  faire  prendre  la  fuite  à  l'armée  anglaise  et 
espagnole  au  moment  où  les  généraux  anglais  décer- 
naient à  lord  Wellinglun  le  tilre  de  vainqueur  de  Ta- 
lavera. Ceite  ville  est  d'une  hante  antiqui'é  :  on  y 
trouve  des  pierres  couvertes  d'inscriptions  romaineS 
et  des  crrières  de  marbre  violet  el  btarié.  Elle 
esta  lUO  kil   de  Madrid.  Popid.  12,000  hah. 

Talavera  est  la  patrie  de  Juan  de  Mariana,  do  la 
compagnie  de  Jésus,  un  des  pi emiers  écrivains  dé 
l'Espagne.  Mariana  lit  ses  études  à  l'uaiversité  d'AI- 
c.Ij,  enseigna  à  Rome,  en  Sicile,  à  P  ris  et  en  Es- 
pagne, avec  une  réputation  distinguée.  Il  composa 
un  livre  sur  l'iiistilution  des  rois,  qui  fut  censuré  à 
Paris  par  la  Sorbonne,  et   condamné  au  feu  par  le 


posante,  grandiose,  el  d'une  solidité  à  toute  épreuve,  parlement.  L'auteur  y  soutient  qu'il  est  permis  île  se 
A  un  demikil.  de  la  ville,  on  voit  l'église  de  Notre-  défaire  d'un  tyran.  Maiiana  écrivit  en  latin  un  autre 
Daine-del-Prado,  sous  le  vocable  de  la  sainie  Vierge,      ouvrage  sur  les  monnaies,  pour  leqitel  il  lut  mis   en 


(t)  Le  Tage,  semblable  au  Duero,  à  la  Cnadiana  et 
au  Gi'adahpiivir,  dans  sa  direction  la  plus  sensibb^ 
qui  est  de  l'ouest  à  l'est,  s'incline  loujeiirs  un  peu  au 
sud,  ainsi  que  le  démontre  la  conniaraison  des  lali- 
indes  observées  sur  quelques  p  lints  de  S'  s  rives.  De 
Triilo  à  'loiède,  sadireeiion  s'approche  vers  l'équa- 
teuriie  i'i'  6";  de  Tolède  à  Alcaniara,  seulement  de 
G'  il'';  mais  d'Alcantara  a  Lisbonne  «le  1"  i'  -II". 
(Alulc  du  géographe  Anlilloit.) 

Câ)  Le  Tage  débouche  dans  l'Ucean  Atlantique  par 


une  embouchure  étroite  au  sud  de  Lisbonne  ,  dont 
la  nos'iioii  ligourciisemenldétermiué.-  e^l  par  les  58* 
42'  !4"  de  laliiude  nord,  el  les  H"  2S'  45"  de  loogil. 
ouest.  (^^<"«  <'e  rau!eur.) 

(5i  Le  Jarama  arriva-  a'ors  enrichi  des  eaux  «le  la 
Tai  lia  et  «le  l'ilénarès.  Celle  derniCie,  en  passant 
par  Gua.ialaj  'ra  ,  coule  à  une  hauteur  de  près  «le 
8i:0  vares  (loîJO  pieds)  au-dessus  «lu  niveau  de  la 
mer,  qui  est  aussi  celle  de  «elle  ville. 

{Sole  du  géographe  AnlUhit.} 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


774 


prison  par  ordre  du  gonveriiement  espagnol.  C'est  du- 
rant sa  capiiviic  qu'il  prépara  sa  rcniarqiiaMe  Uis- 
tei.e  d  Eapagne,  laquelle  réunit  à  la  grandeur  du 
dessein,  la  nubles^e  du  style  et  ta  prol'undeur  des 
aperçus.  Ceiie  Hisioireluî  d'abord  éi  rite  eii  laiin,  et 
ensuite  en  espagnol;  mais  la  preiniè  e  est  bien  supé- 
rieure ii  la  seconde;  sa  Imiiiité  ejt  digne  du  sièule 
d'Aiigusie.  Mariaiia  n'osa  pas  aller  .'.u  delà  du  règne 
de  Ferdinand  et  d'Isabelle  la  Catholique.  Ses  ci  nti- 
nuateurs  Saicedo,  Soto  ei  Miniana,  qui  s'étendent 
successi»emeiil  jusqu'h  ia  fin  du  xvii»  S'.ècle,  ne  sont 
que  des  enregistreurs  de  faits  et  d'événements  plus 
ou  moins  importants. 

Tarnada,  ville  el  abbaye  de  Saint-Maurice,  dans  le 
canton  du  Valais  (Suisse).  Celte  petite  ville,  dont  là 
popn'ation  est  de  1800  habitants  environ,  assez  ré- 
gulièrement bàlie,  est  située  sur  la  rive  gauche  du 
Rlione,  à  l'endroit  où  ce  fleuve  s'éebappede  la  gorge 
étroite  dans  laquelle  !a  Dent  de  Morcle  et  la  Dent 
du  Midi  l'enserrent.  Le  passage  que  laissent  ces  deux 
ninniagiies  ,  les  dernières  des  deux  chaînes  qui  cei- 
gnent le  Valais,  est  si  étroit,  que  la  porte  de  la  ville, 
qui  se  trouve  sur  le  pont  du  lUiônc,  le  ferme  eniiè- 
renient.  Les  Uomains  reconnurent  d'abord  liinpor- 
tance  de  la  place  de  Saint-Maurice,  comme  iirincipal 
passage  de  la  vallée  Pennine  au  pays  des  llelvétiens, 
et  ils  y  tinrent  garnison.  Cttie  \ille  s'appeiait  alors 
Tarnaïas  ou  Tarnada ,  et  plus  lard  Aguuiiuin  ou 
Agauiius.  La  innliiiuilé  de  pierres  sépucrales  qui  y 
ont  été  trouvées  lait  présumer  qu'il  y  exist;iit  des 
catacombes  du  temps  des  Romains.,  D'après  une 
vieille  tradition,  il  doit  y  avoir  ea  des  chrélirns  à 
Saint-Maurice  dés  l'an  58  de  notre  ère,  c'est-à-dire 
Sous  le  règne  de  l'empereur  Néi on  ,  et  régli.-e  ac- 
tuelle de  Saïut-Lauient  aurait  éic  leur  premier  lieu 
deiéunion;  s'il  en  était  ainsi,  cet  édifice  si  rait  la 
première  maison  de  Dieu  qui  eiit  existé  on  Suisse; 
son  architecture  exticmenient  antique  au  orise  à 
ajouter  qnelqiie  foi  à  ceite  tradition.  On  voit  aussi  à 
Saint-Maurice  une  chapelle  qui  a  été  bâtie  sur  rem- 
placement où  les  officiers  de  la  légion  Thébaine  su- 
birent la  mort  des  martyrs,  le  2-2  septembre  502, 
pour  n'avoir  pas  voulu  renier  le  christianisme.  Ils 
fnrtnt  d'abord  enterrés  dans  les  catacombes  ,  mais 
leurs  ossinienls  en  furent  tiiés  plus  tard,  pour  être 
I  lacés  dans  l'église  de  I  abbaye,  érigée  en  leur  com- 
njémoration.  Le  nom  de  Saiiit-Maurice,  adupté  par 
la  ville  et  par  l'abbaye  ,  était  celui  du  chef  de  cette 
légion  thébaine.  En  517,  Sigisinond  ,  roi  de  Bour- 
gogne, dota  richement  cete  abLaye  ,  en  expiation 
du  liieuitre  de  son  fils.  L'église  est  presque  entière- 
niei.l  pa>ée  de  iiierres  sépulcrales  ,  provenant  des 
Riiinaihs,  mais  les  inscripiiuns  sont  géuéralcuienl 
fruMes  ei  illisibles.  L'abbaye  conserve  dans  sa  Bi- 
hlioll.èqtie  beaucoup  de  nianttsciils  très-iniéressants, 
et  lin  trouve  dans  le  Collège  une  coUtClion  d'objets 
d'.'i>toire  naturelle. 

Un    reniar(|ue   dans  la  ville   le  Pont  de  Pierre , 
J'uiiu  seule  arci.e,  construit  d'.iprés  le  plan  donné 


par  un  évêqne  du  Valais;  et  l'ermitage  de  Notre- 
Dame-du-Sex,  taillé  dans  le  roe  vif,  à  ui  e  hauteur 
très-i  ousidérable.  On  y  jouit  d'une  Irès-bello  vue.  Il 
y  avait  aulie^'is  un  grand  concours  de  |.éierii.s  à 
l'abbaye  de  Sainl-Mjurice  et  à  Notre-Dame  du  Sev. 
Les  drux  l'èlerinages  exisient  toujours,  mais  ils  sont 
moins  fiéi|ueuié>.  L'abbaye  est  cncupée  par  des 
chanoines;  tlie  n'a  pas  été  épari.née  d:ins  la  contri- 
bc'.tion  de  guérie  (|ne  la  Dièie  fcdciale  a  imposée  aux 
éiablisseincnts  ecilésiaïliques  de  la  Suisse,  après  sa 
victoire  sur  Us  cariton>  catholiques,  à  la  fin  de  1817. 
—  Nom  loin  de  Saint-Maurice,  et  du  côté  du  lac  de 
Genève  se  trouvait  Epnunum,  Epaoue  ou  Epaune, 
célèbrepirleconciledcsévêques  de  l'ancien  royaume 
de  Bourgogne  qui  y  fut  tenu  en  317,  car  la  plus 
forte  partie  de  la  Suisse  en  dépendait.  Epaunum  lui 
détruit  par  la  chute  d'une  montagne.  Il  n'en  resta 
aucun  débris. 

Tarraco,  Tatragona,  ou  Tarragone.  C'éiait  la  mé- 
tropole de  la  province  Tarragonaise  et  de  l'exar- 
chat des  Erpagnes.  Elle  possédait  des  arcbevénucs 
dès  le  iv^  siècle,  et  figurait  parmi  les  villes  les  plus 
considérables  de  l'Espagne.  11  s'y  est  tenu  ci:iq  con- 
ciles dans  le  moyen  âge,  en  516,  en  1230,  en  1242, 
en  1279  et  en  1Ô12.  Uuii.ée  en  partie  lors  des  pre- 
niièrei  incursions  des  Sairasius  (Arabes)  en  E>pagna 
et  dans  le  ruidi  des  Gaules,  elle  fut  réduite  au  titra 
de  simple  évéché  Snus  la  métropole  de  Narbunne. 
Le  pape  L'rba  n  11  la  rétablit  dans  se-  droits  de  mé- 
tropole,  mais  siius  la  priraatie  de  Tolède,  que  le^ 
archevêques  de  larragone  ont  const;imment  refusé 
de  reconnaître.  La  lathédrale,  bàlie  en  1117,  est  un 
monuineiil  g  ithique  irès-reinaniuable,  par  le  sombra 
religieux  qui  y  règne,  el  les  énormes  piliers  qui 
sujiporteiii  lu  voûte.  L'édifice  est  orne  de  tableaux  , 
de  statues,  de  tooibeaux  et  de  bas-reliefs.  Avant  la 
suppression  des  ordres  monastiques,  elle  cnmiiait 
onze  couvents  des  deux  sexes.  —  Tarragone  est  une 
place  fitrie,  dans  une  situation  pittoresque,  sur  una 
hauteur  escarpée,  au  bord  de  la  mer,  à  l'embouchure 
du  Fraiicoli  ,  où  on  a  lonslruit  un  mole  qui  fait 
de  celte  ville  un  des  plus  riches  éuibli-,sementi  de 
la  côte,  en  facilitant  l'exportation  des  productions 
leriitoriales  ,  et  faisant  de  celte  place  la  défense  la 
plus  sûre  des  lies  voisines.  Elle  jouit  d'un  climat 
tempéré  ,  malgré  les  vents  impéiueux  qui  y  régnent 
souvent  ;  on  recueille  dans  son  territoire  d'excel- 
lents fruits,  un  vin  un  peu  grossier,  m  ils  bon;  grains, 
légumes  et  chauvi  e.  Les  environs  sont  ;igréables  et 
mieux  peuplés  que  la  ville,  qui  n'a  que  12,000  âmes; 
ce(|uiest  bien  peu,  comparativement  à  la  population 
qu'elle  avait  sous  les  Romains.  Elle  consene  de.* 
traces  de  celte  époque  de  sa  grand<;ur,  les  ii;  nés  d'un 
arc  de  triomphe,  d'un  amphithéâtre  ,  d'nu  temple 
élevé  par  les  habitants  en  l'honneur  de  l'empereur 
Auguste  et  de  son  vivant.  Un  magnifique  aqueduc  , 
de  lues  de  28  kil.  de  longue  ir  ,  amène  l'e.iu  dont 
cette  ville  ét;iit  privée.  C'est  un  ouvrage  des  Ro- 
mains, mais  qui  a  été  réparé  par  un  des  aicUcvéques 


Ï78 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


nu 


de  Tarragone,  Pline  dii  c]»Vlle  eut  pour  fondateurs 
les  Se. liions,  qui  la  foililièrent  contre  les  Carlhagi- 
iKiis.  Elle  fui  cohmie  romaine,  et  donna  son  nom  à 
tiiuie  l'Espagne  cliérieure.  Tarragone  fui  assiégée 
parles  F'rançals,  en  1810,  ei  piise  d'assaut  après 
deux  mois  de  siège  et  une  vigoureuse  défense,  celle 
ville  est  la  patrie  du  célèbre  historien  eecésias- 
liqne  Paul  Orose.  Elle  est  à  7-2  kil.  ouesl-sud-ouest 
de  iJarcelone,  i^O  kil.  sud-est  de  Madrid.  Latitude 
nord  41°  8'  50";  longitude  ouest  1°  V  45". 

L'arclievéque  de  Tarragone  avait  pour  suffragants 
les  évêeliés  de  Tortose,  de  Baicelone,  de  Lérida,  de 
llequiiienza,  de  Girone,  de  Vicli,  de  Solsona,  d".\m- 
P'.itias  et  dX'rgel;  il  les  a  conservés,  sauf  Mequi- 
nenza  et  Anipurias,  qui  n'existeni  plus. 

Teremisii,  lc~  Tcliérémisses.  C'est  un  peuple  de  la 
Riissie  d'Europe,  de  race  (innoise,  qui  habile  les  gou- 
\ernenienls  de  Viaika,  Cazan,  Sinihirsk,  Orenboiirg 
ei  Perm,  les  deux  rives  du  Volga,  et  principalement 
la  rive  de  la  Kama  vers  son  emboui  hure.  Ils  se  nnm- 
nieni  Mnri,  c'csi-à-dire,  lioninics  ;  le  nom  de  Tclié- 
rémisses (orientaux)  leur  a  été  donné  par  les  Mor- 
diians  ,  parce  qu'ils  étaient  à  l'est  de  ces  derniers. 
Leur  langage  est  nn  dialecte  liniiois  mélangé  de 
mois  russes  et  lart.ires.  Les  Tchéréinisses  s'enteii- 
deni  pa  faitement  à  l'éducali  in  des  abeilles,  et  cette 
brar  clie  d'écon,.inie  'levient  exiièinenieni  prodiiclive 
entre  leurs  nsains.  Ils  sont  fort  ignorants  ;  n'ayant 
pas  d'alphabet,  ils  n'ont  pu  conserver  aucune  notion 
de  leur  ancien  culie,  de  leurs  lois  ni  de  leur  histoire  ; 
ce  qu'ils  en  savent  encore  n'est  que  par  tradition  , 
el  celle-là  s'efface  tous  les  jours  de  leur  mémoire  , 
surtout  depuis  qu'une  grande  partie  de  ce  peuple 
6'est  convertie  au  chri-tianisme.  De  taille  médiocre, 
ils  ont  pr(  sque  tous  les  cheveux  chàtain-clair,  ou 
blonds  on  roux.  Ces  couleurs  se  disiinguenl  surtout 
dans  leur  barbe  ,  qui  n'est  pas  fort  garnie.  Trés- 
blancs  de  visage,  ils  oni  de  gros  traits,  el  ne  sont 
pas  rebutes,  mais  craintifs,  dissimulés  el  d'un  en- 
lélenieoi  sans  égal.  Le  sexe  y  est  d'une  figure  assez 
agréable.  Le  costume  des  Tcliérémisses  est  presque 
le  mènie  pour  les  deux  sexes  que  celui  des  Morduaos, 
à  quelques  peliies  difl'érences  près,  excepté  encore 
que  chez  les  Tcliérémisses  les  femmes  mariées  e./ 
les  filles  s'habillent  de  même  :  elles  portent  l'hiver 
el  l'été  des  caleçons  sous  leurs  chemises,  qui  sont 
étroites  et  as-ez  courtes.  Les  Tthéréinisses  sc^nt 
plus  propres  dans  leurs  habitations  que  les  Votiaks, 
Morduans  et  Fnnois  ,  et  approchent  beaucoup  en 
cela  des  Tchouvaches.  Leurs  maisons  ,  ressemblant 
à  celles  e  ces  derniers,  n'ont  point  de  cour,  el  sonl 
dispersées.  Dans  la  plupart  des  mai-ons  il  y  a  nn 
appartement  d'été  el  un  d'hiver,  avec  une  galerie 
couverte  et  un  escalier.  La  distribution  intérieure 
est  en  lont  la  même  que  celle  des  maisons  tariares. 
Ce  sont  d'excellents  agriculteurs  ,  aussi  leur  pays 
abonde-i-il  en  grains.  Lorsqu'ils  moissonnent  ,  ils 
enipil'Mit  les  gerbes  en  nlenle^  en  for.iie  de  cônes  , 
qui  sont  soutenues  par  quatie  pieux  ou  poteaux  avec 


des  traverses,  el  couvertes  de  morceaux  d'écorces 
d'arbres  ,  ce  qui  les  mei  a  l'abri  des  souris  el  de  la 
pourriture.  Ils  possèdent  beaucoup  de  chevaux  et  de 
bêtes  à  cornes.  Une  partie  des  Tcliérémisses  vt  dans 
l'idolàlrie  ,  el  ceux-là  mangent  volo  .tiers  la  viande 
de  cheval ,  d'ours  et  de  toutes  sortes  d'animaux,  les 
bêtes  mortes  et  le  porc  exeepiës  qu'ils  ont  en  horreur. 
Lorsqu'il  leur  naît  un  enfant,  le  premier  venu  lui 
donne  un  nom  ;  si  c'est  un  garçon  ,  un  homme  le 
nomme  ;  si  c'est  une  fille,  une  femme  en  a  l'honoeur. 
Ils  achètent  leurs  femmes  ,  et  le  prix  ordinaire  est 
de  40,  50,  jusqu'à  100  roubles.  La  polygamie  est 
permise  parmi  ces  idolâtres  ,  mais  ils  n'épousent  ja- 
mais une  parente  ,  et  ne  peuvent  même  épouser  les- 
deux  sœurs  ,  mais  après  la  mort  de  la  pieinière  ils 
peuvent  prendre  l'autre  ,  si  elle  y  consent.  Celui  qui 
a  donné  le  nom  au  garçon  est  l'entremelteur  de  son 
mariage.  Le  jour  des  fiançailles  le  prétendu  arrive 
avec  ses  amis  chez  la  prétendue,  el  y  donne  une 
espèce  de  bal ,  car  il  amène  des  danseurs  et  des 
musiciens  ;  il  paye  le  reste  de  la  somme  convenue 
pour  sa  fuiure  ,  el  fail  des  présents  aux  assi^iams  , 
après  quoi  l'on  se  diveriii  jusqu'au  lendemain.  Alors 
il  emmène  la  fiancée  ,  malgré  ses  pleurs,  ses  cris  et 
sa  feinte  résistance,  dans  son  1  gis.  LesTchéréniisses 
idolâtres  eiiierrent  leurs  morts  le  jour  niê-oe  du  dé- 
cès; ils  ont  soin  de  poser  le  cercueil  du  sud  à  l'cst, 
de  façon  que  la  lête  reste  tournée  au  sud.  Ils  font 
chaque  année  un  grand  sacrifice  avec  beaucoup  de 
cérémonies.  Les  Tchérémis-cs  chrétiens  oni  eoose  vé 
plusieurs  usages  et  superstitions  du  paganisme;  ils 
se  joignent  encore  volontiers  aux  idolâtres  pour  les 
cérémonies  et  pratiques  superstitieuses  de  tes  der- 
niers, et  surtout  quand  ils  croient  pouvoir  le  faire 
impunémenl  et  à  l'insu  de  leur  curé.  On  compte 
100,000  habitants  de  ce  peuple  dans  toute  l'étendue 
de  l'empire  Russe. 

Terra  Amoris,  Futuna  et  Arofi.  Ces  deux  iles,  com- 
prises dans  le  vicariat  apostolique  de  la  Nouvelle- 
Zeeland,  sont  évangélisées  par  les  PP.  de  la  société 
de  Marie.  Fuiuna  el  .^rofi  sont  deux  îles  voisines, 
communément  désignées  sur  les  caries  françaises 
l^ar  les  noms  de  Alluu-Falou,  en  océanien  Aroofa 
(amour),  Atou  (à  toi);  le  premier  de  ces  deux  mots 
est  le  salut  ordinaire  des  naiurels.  Arofi,  moins 
grande  de  raoiiié  que  Futuna,  en  est  séparée  par  un 
canal  dont  la  largeur  n'excèile  pas  un  quart  de  lieue  : 
elles  sont  situées  à  environ  160  kil.  sud-ouest  de 
Wallis,  par  le  14«  degré  de  latitude  australe  et  le 
179'  de  longitude  orientale.  L'ile  de  Fuinna  n'est 
qu'une  montagne  de  peu  d'élévatioa  et  bien  boisée  ; 
ses  bords  sont  ou  des  rochers  à  pic  battus  par  les 
Hots,  ou  des  ciiles  fortement  inclinées  sur  une  pente 
de  cent  à  six  cents  pas  :  c'est  le  long  de  ces  rivages 
que  s'élèvent  les  habit'ti  lions,  par  groupes  qui  for- 
ment autant  de  villages.  On  ne  peut  guère  y  aborder 
qu'av  c  de  léger' s  chaloupes  ;  encore  faut-il  beau- 
coup (le  précautions  pour  n'ê.re  pas  jeté  sur  les 
écucils  par  le  ressac  qui  règne  sur  toute  la  côte,   it 


777  GEOGUAPHIE  DES  LEGE^DES  AU  MOYEN  AGE. 


778 


l'exci^ptioii  d'une  petite  anse  où  un  navire  serait  bien 
h  l'éiroit. — On  retrouve  i''!  à  peu  prés  les  niênies  vé- 
gétaux que  dans  le  reste  de  l'Océanie  :  cocotiers,  ba- 
naiders,  arbres  à  pain,  bois  de  fer,  etc.,  sont  la  pa- 
rure la  plus  ordinaire  de  l'ile,  et  la  ricbesse  priuci 
pale  de  ses  liabiinnis.  Les  belles  Heurs  sont  rares. 
La  canne  i  sucre,  le  coionnier,  le  tabac,  se  déve- 
loppent à  merveille  sous  l'influence  du  climat.  Les 
missionnaires  de  la  société  de  Marie  ont  introduit 
dans  l'ile  l'oranger,  le  citronnier,  la  vigne  et  le  blé. 
La  vigne  y  dégénère,  et  quant  au  blé,  les  épis  en 
restent  vides.  —  A  côté  des  productions  utile.'',  on 
trouve  à  Putuna  quelques-uns  de  ces  accidents  lieiî- 
reux  qui  prêtent  un  nouveau  charme  à  une  nature 
pleine  de  fraicheur  :  dans  les  bois  c'est  une  foule  de 
petits  perroquets  ou  d'autres  jolis  oiseaux,  presque 
eniièrement  blancs;  au  bord  de  la  mer  ce  sont  des 
poissons  de  toutes  les  formes  et  de  toutes  les  cou- 
leurs, les  ui:s  bleus,  les  autres  rouges,  verts,  tache- 
tés, bariolés  de  mille  nuances  gracieuses;  mais  il  en 
est  peu  de  gros,  à  cause  de  l'agitation  des  vagues 
toujours  eu  tourmente  sur  cette  côte  garnie  d'écueils. 
A  chaque  pas  un  ri>nconlre  des  traces  d'éruptions 
xolcaniquts  :  de  fréquents  trembleraenis  de  terre  en 
feraient  craindre  la  réapparition  prochaine. 

Les  Fuluniens,  à  quelques  exceptions  près,  dif- 
férent peu  des  Européens  pour  les  formes  physiques 
et  l'ensemble  de  la  physionomie.  Bien  qu'ils  soient 
légèrement  cuivrés,  leur  teint,  surtout  parmi  les 
femmes,  pari>itrait  moins  hàlé  que  celui  de  nos  com- 
patriotes occupés  aux  travaux  de  la  campagne,  sous 
les  rayons  d'un  soleil  d'été.  Ils  portent  en  général 
les  cheveux  courts,  à  part  un  certain  nombre  de 
fashioiiables  qui  laissein  flotter  sur  leurs  épaules  une 
longue  crinière,  dont  ils  prennent  un  grand  soin. 
Leur  dlBormiié  la  plus  saillante,  quoiqu'elle  n'ait 
rien  de  bien  désagréable,  est  un  nez  tant  soit  peu 
écrasé  ;  et  cela  provient  de  la  nianlèf  e  dont  les  mères 
porieni  leurs  noumssons.  Un  les  voit  .-'incliner  pro- 
tondément,  puis  jeter  l'enfa'it  sur  leur  dos,  étendre 
par-dessus  deux  brasses  de  l'étotre  du  pays,  large 
d'une  demi-aune,  qu'elles  lient  pir  devant  en  faisa:,t 
passeï  un  bout  sur  l'épaule  dioile  et  l'antre  sous  le 
bras  gun<  be.  Le  marinot  est  là  parfaitement  bien  : 
on  ne  l'entend  jamais  ileiirer.  Sous  ce  fardeau  chéri 
les  mères  peuvent  courir  uii  bon  leur  semble  et  tra- 
vailler tout  a  leur  aise.  Le  tatouage  se  pratique  avec 
les  mêmes  cérémonies  et  la  même  bizarrerie  de  des- 
sin <|u'à  la  Nouvelle-Zeeland.  Il  est  toutefois  en  ce 
genre  un  ornemeni  propre  aux  Futuuiens,  et  dont 
ils  tirent  la  plus  grande  vanité  :  il  consiste  à  se  di- 
viser la  figure  en  quatre  carreaux  symétriques,  deux 
noirs  et  deux  rouges;  les  premiers  sont  peints  sim- 
plement .ivec  du  charbon,   les  autres  avec  le  suc 


ligure  des  femmes,  indique  qu'elles  sont  séparées  du 
leurs  maris,  et  qu'elles  aspirent  à  contracter  une 
nouvelle  union.  Elles  doivent  faire  une  étrange  con- 
sommation de  cette  teinture  favorite,  car  il  y  a  sipcn 
de  mariages  de  longue  durée!  Au  premier  méconlen- 
lement  de  l'un  ou  de  l'autre  époux  on  se  quitte,  et 
même  avec  moins  de  dilliculté  qu'on  n'en  mettrait  en 
Europe  à  renvoyer  lui  domestique.  —  La  distribution 
des  emplois  est  assez  eu  harmonie  avec  les  forces  et 
les  aptitudes  des  divers  membres  de  la  famille  :  aux 
femmes  le  soin  de  ramasser  les  coquillages  que  la 
marée,  en  se  retirant,  a  déposés  sur  les  récifs;  à 
elles  encore  la  fabrication  des  iiattes  qu'elles  tres- 
sent avec  une  merveilleuse  dextérité,  et  celle  du 
siapo  ou  tape  de  Fuluna,  renommé  dans  tous  les  ar- 
chipels voisins  pour  la  délicatesse  et  la  régularité  de 
ses  peintures.  Cette  étoffe,  tirée  de  la  seconde  écorce 
d'un  arbre,  que  l'on  étend  avec  un  marteau  de  bois, 
est  aussi  solide  que  la  plus  furte  toile  ;  mais  elle  ne 
résiste  pas  à  l'eau.  Aux  hommes  sont  réservés  la  cul- 
ture des  terres!,  l'entretien  des  arbres  et  la  grande 
pêche;  ils  sont  en  outre  chargés  dé  la  cuisine  (1). 
Quand  les  aliments  sont  prêts,  on  se  réunit  dans  la 
maison  du  notable  de  chaque  village,  où  chacun 
porte  son  dîner;  les  femmes  prennent  leur  repas  à 
part,  dans  une  autre  habitation.  En  guise  de  cuiller 
on  se  sert  d'une  feuille  repliée,  et  pour  ceux  qui  crai- 
gnent de  se  brûler  les  doigis  en  tirant  les  herbages 
de  la  soupe,  la  fourchette  est  le  premier  petit  mor- 
ceau de  bois  qui  tombe  sous  la  main.  Ces  herbages 
sont  quelquefois  si  forts,  qu'un  instant  après  s'en 
être  nourri,  il  semble  qu'on  vous  pienne  à  la  gorge 
pour  vous  éioufTer.  Si  le  festin  se  donne  en  l'honneur 
d'un  ami,  c'est  un  chien  qu'on  sert  aux  convives  ;  le 
porc  est  réservé  pour  les  jours  de  fêle;  on  le  jette 
au  four  tout  entier,  après  lui  avoir  brûlé  le  poil  et 
vidé  les  intestins  :  il  est  inutile  d'observer  qu'on  l'en 
retire  tout  saignant.  Aux  rejias  ordinaires  on  se  con- 
tente d'un  (iot;ige  de  tara,  assaisonné  avec  la  chair 
du  coco,  que  l'on  a  fait  pourrir  en  terre,  ou  avec  une 
émulsion  de  la  noix  de  ce  même  fruit  non  fermenté  : 
en  y  ajoutant  quelques  menus  poissons  qu'on  dé' oie 
le  plus  souvent  sans  les  faire  cuire,  on  aura  l'idée 
d'nn  diner  de  famille  à  Futuiia.  —  Les  banquets  pu- 
blics sont  présidés  par  le  roi,  devant  le(|uel  chaque 
insulaire  vient  déposer  les  mets  qu'il  a  préparés. 
Après  la  prière  commune,  on  mâche  solennel- 
lement le  kma  pour  l'offrir  à  la  divinité  de  l'ile  : 
c'est  le  roi  qui,  en  sa  qualité  de  (abernacle  riu  dieu, 
lui  fait  parvenir  la  précieuse  liqueur  par  la  voie  de 
son  propre  gosier.  Alors  les  alimenis  sont  rera's  aux 
chefs  de  villages,  qui  les  distribuent  à  leur  tour  aii.v 
pères  de  famille  :  on  mange  toujours  trois  ou  quatre 
dans  I*  même  plat;  et  il  est  de  bon  ton  de  présenter 


d'une  racine  que  les  naturels  récoltent  et  préparent  à  ses  amis  le  morceau  qu'on  a  mordu.  Chacun  s'as- 
en  cnmmun,  avec  tous  les  joyeux  ébats  qui  signalent  sied  à  terre  sur  une  natte;  car  on  ne  connaii  dans  ce 
en  Europe  l'époque  des  vendanges.  Ce  rouge,  sur  la      pays  ni  bancs  ni  chaises;   les  hommes  se  tiennent 


1 1)  Les  aliments  se  préparent  i«  Fuluna  comme  à  la  N>tu\elle-/eeland.  (ISote  de  routeur.) 

DiniONNAinP.    DE    rfKOGBAPHIE    BCCL.    M. 


58 


779 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIAST'QUE. 


780 


les  jambes  croisées  à  la  mode  des  tailleurs,  el  les 
leniines  sor.l  accroupies  sur  leurs  laions.  Le  n-pas 
fini,  les  restes  ainsi  qiie  la  vaisselle  et  la  nappe  sont 
jetés  aux  thiens  et  aux  cochons,  qui  n'ont  cessé  de 
rôder  autour  des  convives  (I).  —  Les  habitations 
sont  très-simples.  Une  grossière  charpente  reposant 
sur  quatre  on  six  colonnes  et  supporlanl  un  toit  ([ui 
descend  à  2  ou  5  pieds  de  terre  ;  entre  les  piliers 
quelques  troncs  d'arbres,  desiinés  ii  proléger  coiitre 
les  atteintes  de  l'air  ceux  qui  sont  assis  dans  l'inié- 
rieur  de  la  cabane;  pour  ouverture,  un  irès-faible 
intervalle  ménagé  entre  \c  rempart  d'enceinie  et 
l'extrémité  de  la  toiture,  voilà  les  demeures  occu- 
pées par  les  insulaires.  La  forme  en  est  générale- 
ment ovale;  si  leurs  dimensions  ne  sont  pas  partout 
les  mêmes,  elles  sont  toujours  de  peu  d'étendue. 
Au  11  ilieu  de  ces  huttes  sauvages  ,  ceile  des  mis- 
sionnaires se  dislingue  par  une  architecture  à  pari  : 
elle  est  close  sur  toutes  les  faces  par  un  ireiilis  de 
bambou  ;  elle  a  portes  et  fenêtres  comme  les  mai- 
sons à  l'européenne;  an-dedans  elle  se  divise  en 
plusieurs  pièces.  Il  est  vrai  que  ces  cliamlirelies 
sont  resserrées,  que  la  hauteur  en  est  pi-ii  considé- 
rable, (|ue  pour  tout  plafond  ellos  n'ont  que  le  feuil- 
lage. Autour  de  chaijue  maison  rvgne  une  sorle  de 
terrasse,  plus  ou  moins  v;iste  snivani  la  richesse  des 
propriétaires,  mais  partout  sablée  et  tenue  avec  une 
propreté  parfaite. 

Le  siil  est  naturellement  d'une  extrême  lécomliié  : 
la  rapidité  de  la  végétation  tient  du  merveilleux. 
Ainsi  au  mois  de  juillet,  temps  pour  les  snuv.Tges  de 
coni|ilèie  inaction,  j'.'i  suivi,  érrit  le  P.  Chevron  ,  de 
moments  en  moments  les  progrès  de  quelques  végé- 
taux, et  sur  une  durée  de  vingt  heures  j'ai  vu  une 
feuille  de  bananier  grandir  de  sept  pouces.  Je  m'en 
étonnais,  et  l'on  nie  dil  :  «  Ce  n'est  rien  ;  le  terrain 
qui  nourrit  cet  arbre  est  mauvais.  >  En  effet ,  snr 
d'autres  emplacements  il  se  développe  avec  nue  vi- 
gueur plus  surprenante  encore.  Admirable  sollici- 
tude de  la  Providence!  si  elle  accélère  avec  tant  de 
promptitude  la  végétaiion ,  c'est  i]ue  ces  iles  en  ont 
besoin.  D'effrayantes  lenipéies  rréijueniment  les  dé- 
solent; et  quand  ces  ouragans  se  décliahieni,  coen- 
liers,  bananiers,  arbres  à  pain,  tout  est  brisé  par  la 
tourmente,  ou  au  moins  dépouillé  de  ses  fruits.  Il 
est  rare  de  rencimirer  une  grande  tige  qui  n'ait  été 
plus  ou  moins  miiiilée  par  les  orages.  Entre  les  cau- 
ses diverses  de  cette  fécondité  ,  les  rosées  doivent 
occuper  la  première  place.  Elles  sojjt,  sous  ce  ciel, 
d'une  excessive  abondance;  la  nuit  surtout  elles  éia- 
blissenl  dans  l'air  une  telle  humidité  que  celle  des 
brouillards  de  l'Europe  même  les  plus  épais  ne 
saurait  leur  être  comparée.  Il  esi  facile  aprdi  cela 
de  concevoir  que  le  sol,  ainsi  détrempé  el  sans  cesse 
rafraîchi,  soit  henteusement  disposé  à  pioliler  de  la 
chaleur  vivifiante  du  soleil.  Mais  ce  qui  est  pour  la 

(1)  Cette  vaisselle  n'esi  autre  que  la  feuille  du  ba- 
nanier ,  longue  de  8  pieds  environ  ,  sur  2  on  .j  de 
large;  elle  sert  non-seulemeni  de  marmiie  ,  de  plat, 


n.itnre  un  si  précieux  avantage,  devient  presque  un 
fléau  l'our  l'insulaire.  Couvert  d'une  sueur  ruisse- 
lante jusqu'au  moment  où  le  jour  tombe,  le  sauvage 
se  jeitc  dans  cet  état  sons  le  toit  de  sa  cabane  mal 
fermée  ;  et  qu'arrive-t-il  ?  C'est  que  surpris  au  mi- 
lieu de  sa  transpiration  par  la  fraîcheur  de  l'atmnr- 
)diore  qui  le  pénètre  el  le  glace,  il  puise  dans  ce  re- 
froidissement le  germe  d'une  foule  de  maladies  et 
d'inflruiiiés  :  aussi  la  plupart  des  insulaires  sont-ils 
attcinis  d'afTeclions  plub  ou  moins  graves  à  la  peau  ; 
les  uns  S'int  rongés  par  d'allreux  ulcères  ;  d'autres 
ont  des  bras  ou  des  jambes  d'une  grosseur  mons- 
trueuse; el ,  chose  encore  plus  déplorable,  à  peine 
un  petit  nombre  d'entre  eux  veut  user  des  remèdes 
nécessaires,  parce  que  la  superstition  les  condamne 
à  se  résigner.  «  C'est  un  dieu  qui  nous  mange  ,  di- 
sent-ils; nous  ferions  de  vains  efforts  pour  échapper 
à  sa  colère.»  Du  reste,  ils  ne  se  bornent  pas  h  pren- 
dre pour  autant  de  dieux  les  maux  qui  les  affligent  ; 
ils  placent  des  divinités  partout,  el  vont  même  jus- 
qu'à supposer  que  le  plus  grand  de  Ions  les  esprits 
repose  dans  la  personne  de  leur  prince  comme  dans 
un  sanctuaire  vivant.  De  cette  croyance  résulte  une 
manière  étrange  d'envisager  leur  roi,  el  de  se  con- 
duire sous  son  autorité.  A  leurs  yeux  le  souverain 
n'est  pas  responsable  de  ses  actes  ;  on  le  regarda 
comme  inspiré  par  l'Esprit  divin  dont  il  est  le  ta- 
bern.icle  ;  sa  volonté  par  conséquent  est  sacrée  ;  il 
n'est  pas  jusqu'à  ses  caprices  et  ses  fureurs  qu'on 
ne  vénère  ;  el  s'il  lui  plaît  de  se  montrer  tyran,  ses 
sujets  se  prêtent  par  conscience  aux  vex'itions  dont 
il  les  accable.  Mais  en  retour  est-il  insouciant  ou 
faible?  chacun  devient  son  propre  maître  ;  comme 
le  dieu  ne  se  mêle  de  rien  ,  tout  insulaire  est 
investi  du  droit  de  régler  ses  actions  au  gré  de 
ses  fantaisies  ;  on  peut  même  égorger  son  voi- 
sin, sans  avoir  à  redouter  d'autre  vengeance  que 
celle  de  la  famille  à  laquelle  appartient  la  victime. 
—  Ces  rois,  tout  dieux  qu'on  les  suppose,  ne  sont 
pas  assez  heureux  ou  assez  habiles  pour  maintenir 
la  paix  au  milieu  de  leurs  Iribus.  L'ile  est  constam- 
iiienl  divisée  en  denx  partis  tour  à  tour  appelés  maro 
ou  lava  ,  suivant  qu'ils  sont  vainqueurs  ou  vaincus. 
Vaincu,  011  app^irlient  corps  ei  biens  au  vainqueur, 
jusqu'à  ce  que  redevenu  assez  fort  pour  lutter  contre 
ses  maîtres,  on  essaie  de  briser  leur  joug.  La  guerre 
alors  se  déclare,  et  l'acharnement  est  affreux.  Tous 
les  vieillards  du  camp  défait  doivent  mouiir  les 
armes  à  la  main.  Dans  une  lutte  semblable  qui  eut 
lieu  en  '840,  un  de  ces  malheureu*  à  cheveux  blancs 
élait  tombé  sur  ses  genoux ,  tout  couvert  de  bles- 
sures :  le  prince  victorieux  lui  dit  qu'il  lui  faisait 
grâce  de  la  vie  ;  «  Non,  répond-il,  je  veux  périr, 
c'est  mon  devoir;  i  ^,  ramassmt  le  peu  de  forcés 
qui  lui  restaient ,  il  se  mil  à  frapper  en  désespéré 
dans  toutes  les  directions,  jusqu'à  ce  qu'enfin  on 

d'assiette  et  de  nappe,  mais  encore  de  parapluie,  de 

parasol  et  de  vêtement. 

(Noie  de  l'auteur.) 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  Ali  MOYEN  AGE. 


78i  litUUUAniiE-  uii,b  LtiibNUfi  AU  MOYEN  AGE.  78i 

deuil!  On  croirait  assister  à  un  banriuet  do.  tioces, 
laiu  la  joie  esi  franclie  et  la  félc  animée.  Dix  j^iurs 
(liiraui,  les  iliverlisseineiils  sesuccèdeiil,  a\ec  quatre 
repas  par  jour  ,  et  promesse  d'anniversaire  à  la 
dixième  lune.  Assez  ordinairement  il  y  a  lutte  au 
pugil  a  en  l'honneur  du  défunt;  les  coups  ne  cessent 
que  lors  lu'un  des  deux  cliampions  louibe  sur  l'aiéne  : 
le  vainqueur  lui  tend  aniic:ileinent  la  main  pour  l'ai- 
der à  se  relever,  ci  revient  soutenir  un  second  as- 
saut contre  un  nouvel  antagoniste,  vengeur  du  pre- 
mier. Quelquefois  les  deux  combaitanis  sont  armés 
d'une  brandie  de  cocotier,  moins  dure,  il  est  vrai, 
que  le  bois  ordinaire,  mais  cependant  assez  forte 
pour  casser  les  membres  ;  et  ce  jeu  dure  jusqu'à  ce 
qu'il  plaise  aux  vieillard>  de  dire  :  <  C'est  assez.  » 
Jusqu'ici  la  religion  n'a  fait  que  peu  de  progrès 
dans  l'île  :  quelques  caiéchuniénes  passablement 
instruits  un  certain  nombre  d'eniams  et  de  grandes 
personnes  baplisés  eu  danger  de  mon,  voilii  à  quoi 
se  réduisent  tous  les  fruits  de  la  mission.  La  princi- 
pale cause  esl  !a  cupidité  du  roi  qui,  en  sa  qualité 
de  tabernacle  de  Dieu,  croit  avoir  iniérêt  à  maintenir 
l'ancien  culte,  dont  les  offrandes  l'enricbisseni.  A 
l'imitatiiii  du  prince  et  par  crainte  de  lui  déplaire, 
pent-éire  aussi  parée  qu'en  se  faisant  ehréliens  il 
faudrait  devenir  sages,  la  plupart  des  insulaires  res- 
tent sourds  aux  soUicitaiions  de  la  grâce,  bien  qu'en 
secret  ils  témoignent  le  désir  d'embrasser  la  foi.  Il 
est  à  croire  qu'en  exprimant  ce  vœu,  la  jeunesse  esl 
sincère;  il  y  a  ei.  effet  de  grandes  espérances  à  fon- 
der sur  elle;  mais  les  vieillards  sont  entachés  d'un 
ciirae  qui  semble  peser  sur  leurs  lêies  comme  une 
réprobation  ,  c'est  laniliropopliagie  poussée  far  eus 
aux  dernières  horreurs.  D'apiés  les  documents  re- 
cueillis de  la  bonclie  même  des  naturels,  le  nombre 
ie  l'île  que  l'Aiiia  était  irrité  contre  son  enfant,  à  <'«"  lialiiianis  des  deux  îles  s'éle.ait  naguère  à  plus 
cause  d'une  cuisine  mal  faite;  mais  on  n'osait  pas  lui  ^'^  quatre  mille;  aujourd'hui  il  ne  dépasse  pas  douze 
reprocher  d'avoir  faii  cuire  sa  propre  mère  pour  s'en  cents!  et  c'est  en  grande  partie  la  dent  de  ceux  qui 
repaître  avec  ses  amis.  Si  la  maladie  continue,  mal-  survivent  qui  a  opéré  cette  eflrayante  réduction  I  11 
gré  les  promesses  de  giiérisnn  ddmiéei  en  échange  y  a  lo'ii  au  pins  vingt  ans ,  la  fureur  de  manger  de 
de  piéseiits,  le  labemacle  avoue  que  décidément  son  •*  tli;iir  humaine  en  vint  au  point  que  les  guerres  ne 
génie  n'est  pour  rien  daiisces  souffrances.  Alors  nou-      suffisani  plus  pour  fournir  anx  hideiiv  festins  ,  on  se 


l'achevât.  Le  roi  lui-même,  atteint  à  son  tour  par 
une  lance  qui  de  l'épaule  droite  alla  sortir  au-ilessus 
de  la  hauclie  gauche,  essaya  d'abord  de  l'arracher; 
mais  les  pointes  recourbées  qui  garnissaient  le  fer, 
empêchaient  l'arme  fatale  de  revenir  sur  la  plaie 
qu'elle  avait  iaite  :  alors  le  prince,  brisant  ce  qui 
demeurait  en  dehors  de  la  blessure,  se  remit  à  com- 
baiireavec  fureur.  Un  catéchumène,  percé  à  la  jambe 
par  un  trait  ennemi,  l'en  relira  aussitôt,  et  le  rejeta 
avec  une  étonnante  énergie  à  celui  qui  l'avait  lancé. 

—  A  lu  cruauté  les  naturels  jnigneni  presipie  tous  la 
manie  du  vol  :  c'est  surtout  aux  blancs  qu'ils  aiment 
à  dérober. 

Les  insulaires  ne  se  représentent  pas  leurs  dieux 
sous  les  traits  de  la  grandeur  ou  de  la  bonté;  une 
cruauttj  féroce  paraît  être  à  leurs  yeux  le  premier 
attribut  de  la  nature  divine  :  Elle  a  des  enirnilles  de 
dieux,  disaient-ils  d'une  mère  qui,  ne  pouvant  ache- 
ver d'étoull'er  son  cnlant,  lavait  broyé  sons  ses  pieds. 

—  Le  plus  grand  de  tous  ces  génies  porte  un  nom 
qui  n'est  pas  flaileur;  on  l'appelle /•'«/.n  veri  kéré 
{faiêant  h  terre  mauvaise).  An-ilessous  de  lui  s'agite 
on  essaim  d'esprits  subalternes,  nommés  Atiia-Mouri. 
Comme  leur  roi,  ils  ont  pour  tahernacle  quelques 
insulaires,  hommes  ou  femmes,  qui  se  tr insmetieiU 
de  générât!  n  eu  génération  la  divinité  devenue  hé- 
réditaire d:ins  leuis  familles,  t^es  dieux  portent  une 
grande  responsabilité  :  tout  le  mal  qui  se  fait  est  né- 
cessairement leur  ouvrage.  Quel(|u'nn  est-il  souf- 
frant, c'est  un  mauvais  génie  qui  le  mange,  et  il  faut 
se  mettre  en  quéie  pour  trouver  l'homme  en  qui  il 
réside.  Celui-ci,  après  s'être  fait  raconter  toute  la 
vie  du  malade  ,  déclare  solennellement  qu'il  est 
mangé  par  son  dieu  en  punition  de  telle  ou  telle 
faute.  L'iTacle  répondit  un  jour  à  l'un  des  puissants 


velles  recherches  et  nouveaux  cadeaux  ;  car  un  Aiua 
pour  une  famille  est  vraiment  la  poule  aux  œufs  d'or, 
.^près  le  culte  des  dieux,  les  Ininneurs  rendus  nux 
moris  sont  ce  qu'il  y  a  i.'e  pins  soieiinel.  Dès  qu'un 
insulaire  vient  d'expirer,  on  s'empresse  de  l'envelop- 
per de  siapot,  après  toutefois  l'avoir  lavé,  l'avoir 
inondé  d'une  huile  odorante,  et  paré  comme  aux  plus 
beaux  jours  de  fête;  puis  on  l'cnt.rre  encore  tout 
chaud.  Une  fois  débarrassé  du  cadavre  ,  la  famille 
se  dispose  à  recevoir  la  visite  de  l'île  entière,  q'ti  ne 
tarde  pas  à  venir  payer  au  délnnt  le  tribut  de  ses 
pleurs,  ou  plutôt  de  ses  cris.  Chaque  naturel,  en  ar- 
rivant, commence  par  hurler  sa  douleur,  et  aussitôt 
■^  s'arraant  de  deux  coquillages  ,  il  se  déchire  de  son 
i  mieux  le  visage,  les  bras  et  la  pdirine  :  ces  préli- 
minaires sont  de  rigueur,  si  l'on  veut  avoir  part  au 
festin  qui  doit  être  servi,  l'ne  Ims  à  table  ,  adieu  le 


mil  à  faire  la  chasse  au  sein  même  de  sa  propre  tribu  ; 
hommes,  feiimies,  enfants,  vieillards,  qu'ils  fussent 
amis  ou  ennemis,  étaient  tués  sans  distinction.  Un 
en  vit  même  égorger  les  meuibres  de  leur  propre 
famille  :  des  mères  ont  fait  rôtir,  pour  s'est  repaire, 
le  fruit  de  leurs  entrailles...  Au  roi  seul,  en  sa  qua- 
lité de  dieu,  étaient  servis  des  corps  entiers;  dans 
les  autres  cuisines  on  découpait  les  cadavres.  On  a 
compté  à  la  fois  quatorze  victimes  sur  !a  table  du 
prince  :  et  lui  de  crier  :  i  Courage,  courage,  arra- 
chez la  mauvaise  herbe!  >  Avec  les  corps  rôiis, 
souvent  oti  servait  aussi  des  hnmines  vivanis,  pieds 
et  mains  liés  ;  on  les  étendait  sur  de  grandes  auges 
pour  ne  pas  perdre  le  sang;  puis  on  leur  découpait 
les  bras  ,  les  jambes,  et  en  dernier  lieu  la  tête ,  ou 
plutôt  on  l'S  leur  sciait  a\ec  un  hambeu  brisé  qui 
coupe  à  peu  prés  comme  un  couteau  de  bois,  —  Celte 


785  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  784 

boucherie  conduisait  rapiilemenl  le  peuple  à  une  ex-  beau  d'éloO';;  voilà  ce  qu'il  y  a  pour  eux  de  plus 
termiualiou  totale,  lorsque  le  roi  fui  tué  par  ses  coni-  précieux  au  inonJe  :  le  reste  peut  exciter  leur  éton- 
plices  dans  une  assemblée  religieuse.  Dieu,  qui  lient  neiueul;  mais  ces  Lagaielli^s,  ils  les  convoitent,  ils 
entre   ses  mains  le  cœur  des  hommes,   inspira  au      les  volent  s'ils  eu  irouvetit  l'occasion.  Un  vieil  haiiit 


nouveau  prince  des  sentimenls  d'humanité  qu'il  im- 
posa à  tous  ses  sujets,  et,  depuis,  il  n'y  a  pas  un  seul 
insulaire  mangé.  Ce  n'est  pas  sans  regrets  que  les 
vieux  cannibales  ont  renoncé  à  l'horrible  pâture 
dont  ils  étaient  si  friands  :  plus  d'une  lentative  a  été 
faite  par  eux  pour  remettre  leurs  g<<ùls  sanguinsires 
h  la  mode.  En  1840,  un  vieillard  proposait  de  reve- 
nir à  la  uourriluie.  des  dieux  :  <  Celait,  disait-il,  une 
diTiiiiié  qui  lui  avait  demandé  eu  songe  ce  retour  à 
l'ancien  culte.  »  Toutefois  il  suflirait  d'une  famine 
pour  replacer  l'ile  entière  sous  le  règne  de  l'antliro- 


est  encore  pour  eux  un  trésor.  —  Cimme  les  Nou- 
veaiix-Zélaudais ,  les  insulaires  traviullent  par  bou- 
tade, sont  vils,  faciles  à  la  colère  et  prompts  à  la  ven- 
geance ,  mais  très-sensibles  à  l'amilié.  Pour  la 
guerre,  au  moment  d'engager  l'action,  ils  se  peignent 
en  noir  et  en  rouge,  se  levéteiii  d'une  belle  ceinture, 
lient  leurs  cheveux  au  sommet  de  la  lèie,  foni  rouler 
des  yeux  éiincelaras  dans  leur  orbite,  et  s'élancent 
nu  comhat,  tous  eu  désordre,  poussant  des  huile- 
ments  adreux  et  faisant  des  roniorsitms  horrildes. 
Leurs  armes  sont  des  uiassues  cl  de  lorgues  lances 


pophagie  :  que  Dieu  la  préserve  de  ce  malheur!  elle      dentelées  qu'ils  manient  avec  adresse.  La  femme  ac- 


né renferme  déjà  que  trop  de  principes  de  destruc- 
tion. Pour  ne  parler  que  de  rinlanticide ,  il  est 
porié  dans  ce  pays  à  son  plus  haut  pério  le.  Ce  n'est 
même  plus  une  bonie  pour  des  mères  c'e  faire  périr 
leurs  enfants;  on  en  trouve  qui  ont  lue  jusqu'à  six 
de  ces  innocentes  créatures  :  les  unes  les  écrasent 
dans  leur  sein  en  se  pressant  le  corps  avec  de  gros-ses 
pierres;  d'autres  les  étouffent  au  moment  de  leur 
naissance  ,  ou  les  enterrent  vivants  dans  le  sable.  Il 
suflil,  pour  décider  une  mère  à  selle  baibarie,  que 
le  père  de  son  nourrisson  ail  cessé  de  lui  plaire,  ou 
qu'elle  soit  abandonnée  de  son  mari.  Dans  l'un  ou 
l'autre  cas,  si  elle  ne  se  senl  pas  le  courage  d'étoulfer 
les  cris  de  la  nature,  ses  vieilles  voisines  tiennent 
conseil;  la  vie  de  l'enfant  est  mise  aux  voix,  et  la 
condantnalion  prononcée,  elles  se  chargent  de  l'exé- 
cution, même  contre  les  réclamations  de  la  uiére. 
Quand  ou  reproche  aux  naturels  ces  atrocités,  ils  ré- 
pondent froidement  (jue  c'est  la  mode  du  pays,  Kore 
(aka  Fuluna;  c'est  nu  usage  ancien,  Koi\'  nea  manqo. 
Celle  dernière  excuse  est  toujours  celle  qu'ils  don- 
nent quand  ils  n'en  trouvent  plus  d'autres,  quel  que 
soit  d'ailleurs  le  sujet  sur  lequel  on  les  presse.  —  On 
n'est  pas  d;ins  l'habitude  d'étrangler  ici  les  vieillards, 
comme  cela  se  pratique  dans  quelques  autres  îles, 
mais,  hirs'iu'ils  deviennent  à  charge,  ou  n'eu  a  pas 
moins  l'art  de  s'en  déiarrasser  en  les  soumettant, 
sous  prétexte  de  maladie,  à  une  diêie  si  sévère , 
qu'ils  ne  tardent  pas  à  mourir  de  laim. 

Avec  toute  leur  férocité  les  sauvages,  sous  plus 
d'un  rapport,  sont  encoie  de  grands  enlants  qu'un 


compagne  son  mari  sur  le  champ  de  bataille,  por- 
tant avec  elle  de  l'huile  et  des  tapes  pour  l'ensevelir 
en  cas  qu'il  succouibe.  Lorsqu'un  (larli  est  vaincu, 
il  se  réfugie  sur  le  haut  des  montagnes  oit  les  natu- 
rels ont  des  forts.  Mais  les  vieillards,  pnur  qui  la 
fuite  serait  un  déshonneur,  restent  paisiblement 
dans  leurs  habitations,  attendant  une  moil  certaine; 
et  quand  le  parti  vainqueur  a  tout  pillé,  tout  ravai^é 
et  tout  tué,  il  va  présenter  aux  vaincus  des  proposi- 
tions de  paix. 

Fuluna  abonde  en  reptiles.  A  la  grande  île,  il  n'est 
jiarlé  que  de  petits  serpents  aux  couleurs  bfillant-'s 
et  variées;  mais  à  l.i  pciiie  île  il  en  est  de  toute  di- 
mension el  de  toutes  nuances  ;  le  plus  gros  est  presque 
égal  à  un  corps  humain  ,  et  d'une  longueur  propor- 
tionnée à  sa  grosseur.  Il  est  certain  que  ces  serpenis 
.sont  venimeux,  puisque  plusieurs  naturels  atteints 
de  leur  niorsuie  ont  été  malades;  cependant  on  n'a 
pas  enlendii  dire  que  quehju'un  d'eux  en  soit  mort. 
Dans  cette  Ile  surtout  le  serpent  a  mille  ru>es  pour 
saisir  sa  proie;  souvent  il  grimpe  sur  le  haut  des 
arbres  qu'il  enlace  de  plu^ieurs  contours,  et  présente 
à  travers  le  feuillage  une  partie  de  son  coips  qui 
ressemble  à  une  eau  limpide;  l'oiseau,  surtout  le  pi- 
geon, trompé  par  celle  apparence,  va  pour  s'y  désal- 
térer, mais  il  y  trouve  la  mort.  D'autres  fois,  caché 
dans  l'épaisseur  des  rameaux ,  il  tourne  sa  tête  de 
coté  ei  d'auire  pour  épier  sa  proie,  et  s'élance  sur 
elle  avec  impétuosaé  pour  la  saisir.  Mais  la  Provi- 
dence a  donné  aux  oiseaux  un  merveilleux  instinct 
pour  s'avertir  mutuelloinent  du  danger.  Paraît-il  un 


rien  sufiit  pour  énierveiler.  —  Ils  s'imaginent,  dans      peiitserpent,  ils  se  réunissent  plusieurs  dans  l'endroit 


leur  ignorante  vanité,  que  leur  île  est  le  principal 
continent  du  ghihe  :  ceux  imime  de  leurs  ciunpairiotes 
qui  sont  allés  à  Sydney,  n'ont  pas  encore  pu  les  dé- 
tromper sur  ce  point.  Les  objets  de  leur  piédilection 
sont  un  morceau  de  fer  pour  défricher  le  sol  et  arra- 


oii  se  cache  leur  ennemi  commun,  et  font  entendre  si- 
multancmeut  lecri  d'alaf  me.  Quand  le  serpent  est  gros, 
il  n'y  a  qu'un  seul  ciseau  qui  annonce  sa  présence. 
On  retrouve  dans  ces  deux  îles  la  fougère  gigan- 
tesque de  la  Nouvelle-Zeeland,  les  collines  aux  pentes 


cher  la  mauvaise  herbe,  une  hache,  un  couleaii,  des      escarpées,  le  sol  volcaniiiue  avec  des  ruisseaux  d'eau 


ciseaux,  une  aiguille,  une  lime,  un  rasoir  (auircfois 
ils  se  faisaient  li  liarbe  en  la  froilanl  avec  la  pierre 
pouce  ou  en  l'arruchanl  poil  par  poil),  nu  clou  pour 
fabriquer  un  hameçon,  ou  mieux  un  hameçon  tout 
fait,  quelques  verroteries,  une  chemise  ou  un  lara- 


chaude,  des  craléres  qui  fument  encore  dans  les 
icmps  de  pluie  ,  el  des  tremblements  de  terre  aux 
secousses  plus  violentes. 

Ce  petit  coin  de  terre  a  élé  arrosé  par  le  sang  d'un 
martyr.  L«  R.  P.  Chanel  avait  baptisé  enyiron  cin- 


785  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 

quante  personnes;  il  élait  sur  le  point  de  conquérir      guerre  contre  leurs  rivaux 


nie  entière  à  Jésiis-Clirist,  par  la  conversion  du  fils 
du  roi;déj;i  un  cerlain  nombre  de  jeunes  gens,  mé- 
prisant les  objets  de  leur  culte  superstitieux,  s'étaient 
fait  inscrire  au  rang  des  citéchuniènes.    Mais  il  y 
avait  tant  d'obstacles  à  la  prédiialion  de  l'Evangile, 
que  !a  semence  du  cbrisiianisme  n'éiaii  jeiée  qu'in- 
sensiblement  et  sans  briiii;  c'était  la  généiaiioii  nais- 
sante, mieux  disposée  parce  qu'elle  était  plus  pure, 
qui  la  recevait  avec  le  plus  île  courage;  on  a  rapporté 
qu'un  enfant  de  dix  ans,  pour  se  soustraire  à  la  per- 
sécution de  ses  parents  et  d'autres  infidèles,  se  reti- 
rait ch.'iiiue  jour  dans  les  bois  pour  prier  Dieu,  et 
qu'il  cachait  comme  un  trésor  la  médaille  que  le 
P.  Clianel  lui  avait  donnée.  —  Tel  était  l'éiat  de  la 
mission  à  Fuiuna,  lorsque  les  ennemis  de  l'Eiangile, 
désespérant  d'en  airèter  autrement  les  progrès,  lor- 
mèrent  l'alTrenx  complot  de  massacrer  le  zélé  mis- 
sionnaire. Il  paraît  que  le  roi  avait  une  grande  bar- 
barie,  tout  en  paraissant   bon  à  l'extérieur;  car,  ce 
qu'on  n'a  j/unais  lu  dans  les  annales  de  la  cruauté 
bumaine,  il  avait  éié  jusqu'à  manger  sa  propre  mère. 
D'après  ses  ordres,  on  dev:iit  massacrer  non-seule- 
ment le  P.  Clianel,  mais  encore  tous  ceux  qui  avaient 
embrassé  la  foi  :  son  propre  fils,  que  la  séduction  ni 
la  crainte  des  châtiments  n'avaient  pu  ébranler,  était 
compris  dans  la  condamnation  à  mort;  cependant  sa 
vie  fut  épargnée.  Trois  jours  auparavant ,  ce  jeune 
prince,  dans  une  dernière  entrevue  avec   l'homme 
apostolque,  avait  saisi  vivement  la  croix  qui  pendait 
au  cou  du  Père,  et  l'avait  suspendueausieii,  comme 
pour  lui  dire  que  définit  vement  il  embrassait  la  re- 
ligion  de  Jésus  crucifié.   S'il   ne  la  scella  pas  par 
l'elfusioii  de  tout  son  sang,  il  fui  du  moins  blessé 
pour  elle,  et  de  la  main  de  ceux  qui  étaient  déjà  en 
chemin  pour  aller  massacrer  le  prêtre.  On  dit  qu'en 
apprenant   leur  affreux  projet,  il  s'habilla  de  blanc 
-îvec  six  de  ses  compagnons,  et  qu'ils  se  préparèrent 
tous  à   cueillir  avec  leur  missio:inaire  la  palme  du 
martyre.  —  Au  moment  où  le  crime  se  cimsommait, 
un  autre   jeune  homme,  très-attaché  au  P.  Chanel, 
courut  vers  le  lieu  de  l'exécutinn  pnur  périr  avec  lui. 
€  Il   ne  pouvait  plus  vivre  ,  ilisait-il ,  parce  que  le 
Père  était  mort.  »  Les  assassins  l'eussent  aussi  frap- 
pé, si  ses  parents  et  ses  amis  ne  l'avaient  empêché 
lie  se  livrer  à  leurs  coups.  —  Le  triomphe  du  crime 
fut  de  CDurle  durée  :  quelques  jours  après,  la  mort 
frapiiait  un  des  plus  infiuents  conseillers  du  roi,  qui 
BViiit  beaucoup  contribué  au  martyre  du  P.  Chanel; 
le   roi  lui-même  suivit  son  complice  au  tombeau  , 
après  une  longue  maladie.  C'en  fut  assez  pour  per- 
su.ider  aux  naturels  que  la  vengeance  divine  s'appesan- 
tissait sur  les  meurtriers,  et  celte  opinion  seconda  mer- 
veilleusemeni  les  efforts  apostoliques  d'un  chef,  nom- 
mé Sam,  insidaire  distingué  par  ses  qualités  émineutes. 
Depuis  longtemps   il  y  avait  à  Futiina  deux  partis 
irrécoMcilialiles  et  presque  toujours  aux  prises,  celui 
des  vainqueurs  et    celui  des  vaincus.   Sam ,  qui  se 
trouvait  i  la  tète  de  ces  derniers,  eut  à  soutenir  la 


■;s(î 

Dans  celte  lutte  san- 
glante, il  montra  un  courage  héroi,|ue;  ne  s'a;erce- 
vant  pas  que  les  siens  avaient  pris  la  fuite,  il  sou- 
tint, lui  seul,  pendant  quelque   temps,   le  choc  de 
trois  cents  guerriers,  esquivant  les  coups  de  lance, 
et  combattant  comme  un  lion.  Forcé  enfin  d'abai.- 
donner  le  champ  de  bataille  ,  il    courut   se  léfugi'r 
sur  le  haut  d'une  montagne,  où  le  P.  Chanel  alla  le 
visiter.  A  la  première  entrevue  ,  le  bon  Père  pleura 
sur  lui,  l'embrassa  et   lui  recommanda   de  s'embar- 
quer au  plus  lot ,  pnur  échapper  à  la  mort  que  l'aiii- 
mositc  des  vainqueurs  n'aurait  pas  manqué  de  lui 
faire  subir;  car  il  élait  surtout  pour  eux  un  objet  de 
haine,  à  cause  du  mépris  qu'il  professait  pour  l'ido- 
lâtrie. Sam   suivit  ces  conseils,  il  s'embarqua  pour 
Wallis,  où  il  eut  le  bonheur  de   recevoir  le  bienfait 
de  l'instruction  chrétienne.  Quelque  temps  après  il 
revint  à  Fntuna  à  bord  de  la  corvette  l'.4//ier;  mais, 
hélas!  son  bon  Père  n'y  était  plus.  En  apprenant  sa 
moi  t  à  Wallis,  il  l'avait  pleuré  pendant  l'espace  de 
trois  jours.  Dès  qu'il  eut  mis  pied  à  terre ,  il   alla 
avec  sa  femme  dans  la  maison  que  le  P.  Chanel  avait 
construite   de  ses  propres  mains  ,   pour  y  faire   la 
prière  du  soir  ;  là,  il  rencontra  deux  enfants  de  dis 
à  douze  ans  auxquels  il   proposa  de  croire  en  Dieu  , 
de  prier  avec  lui,  de  renoncer  aux  superstitions  de 
l'ile  et  de  brûler  leurs  tapous,  en  se  résignant  à  bra- 
ver toutes  les  persécutions  plutôt  que  d'abandonner 
la  foi.  Non-seulement  ces  deux  enfants  répondirent 
à  l'appel   de  la  grâce  ,  mais  encore  ils  engagèrent 
leurs  parents  à  embrasser  la  religion;  ils  les  liraient 
par  la  main  pour  les  conduire  à  la  prière;  ils  persua- 
daient aussi  à  leurs  jeunes  compignons  de  reconnaître 
le  vrai  Dieu,  en  leur  disant  qu'une  lumière  intérieure 
leur  faisait  voir  qu'ils  étaient  en  possession  de  la 
vérité.  Dès  ce  moment,  toute  l'île  fut  ébranlée.  Sam 
coniait  jour  et  nuit  dans  les  divers  villages  pour  y 
porter  rinsiruction,  sans  se  laisser  ni  rebuter  par  les 
difficultés,  ni  intimider  par  les  menaces.  Les  insu- 
laires attachés  à  l'idolâtrie,  et  surtout  les  prêtres  et 
les  vieillards,  le  menaçaient  de  la  colère  des  dieux, 
en  lui  disant  que  les  atua  le  mangeraient,  t    Qu'ils 
viennent  me  dévorer  cette  nuit ,  leur   répondait-il, 
j'y  consens;  mais  demain,  si  je  ne  suis  pas  mangé  , 
reconnaissez  leur  impuissance  ,  et  croyez  au  grand 
Dieu  des  chrétiens,  i  Toute  la  population  de  Fuiuna 
ne  tarda  pas  à  comprendre  que  l'histoire  Jeses  divini- 
tés n'était  qu'un  tissu  de  mensonges,  et  d'un  commun 
accord  »n  brûla  tous  les  objets  du  culte  superstitieux. 
Terra  Aquosa,  la  Guyane.  C'est  une  vaste    contrée 
de  l'Amérique  méridionale,  située  entre  la  rivière  de* 
Amazones  et  celle  de  l'Orénoqiie.  Elle  est  à  l'orient 
de  l'Etat  deVénézuéla,  depuis  le3«  degré  de  latitude 
australe  jusqu'au  8»  degré  de  latitude  boréale  et  ver» 
le  53'  et  le  64'  degré  de  longitude.  Ses  bornes  sont, 
du  côté  du  nord,   l'Oréiioque,  et  du  côté  du  midi 
l'Ainazone,  qui  la  sépare  du  Brésil  ;  à  l'orient,  la  mer 
baigne  ses  côtes  ;  et  à  l'occident  elle  est  bornée  par 
le  Kio-Négro,   grande  et  belle  rivière,  qui   joint  la 


787 


DICTIONNAIKE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


788 


fleuve  des  Amazones  à  celui  de  l'Orénoque  ,  par  le 
Cassiquiari;  ainsi  la  Guyane,  renferméedansses  bor- 
nes esl  une  ile  qui  peul  avoir  au  nio'nis  80»)  kil.  du 
nord  au  sud,  et  plus  de  liWkil.  de  re>i  h  l'ouest,  ayanl 
pour  froniiéres  le  Brésil  el  la  Nouvele-Grenade. 
Des  géographes  lui  donnent  iSOO  kil.de  longueur  sur 
une  largeur  de  1200  kil.  L'intérieur  en  est  peu  connu 
ei  presque  point  fréquenié  par  les  Européens ,  à 
cause  de  ses  iniincnses  savanes,  de  ses  lorols  épais- 
ses, impénétrables,  qui  ont  jusqu'à  400  kil.  d'élendue. 
Néanmoins  cet  intérieur  est  beau,  leriile  à  quelques 
excepiions  près,  et  peuplé  de  nations  indiennes  tiès- 
nombrcuses,  dont  on  sait  à  peine  les  noms,  tl  qui 
n'ont  de  communicition  qu'avec  celles  voisines  des 
grandes  rivières.  Ses  côtes  sont  beaucoup  mieux 
connues  elles  s'élendeni  depuis  le  cap  Nord  jusqu'à 
la  grande  emboucliure  de  l'Orénoque,  ei  renferme 
dans  cet  espace  plus  de  1000  kil. 

11  semble  que  celte  vasie  parlion  de  terre  soit 
composée  des  débris  île  matières  volcaniques,  ou  de 
la  desiruciion  d'un  ou  plusieurs  volcans,  qui  à  des 
époiues  inconnues  auraient  liouieversé  ces  contrées 
ainsi  ([ue  celles  des  Cortlillères.  On  observe  que  les 
terres  n'y  sont  pas  rangées  par  couches,  mais  mê- 
lées s.ins  ordre  et  au  hasard  ;  les  angles  saillants  des 
collines  ne  répondent  point  aux  angles  rentiauls  des 
hauteurs  correspondanl-'s;  on  n'y  voit  point  de 
cailloux;  les  pierres  n'y  soûl  que  des  morceaux  de 
laves  qui  commencent  à  se  décomposer;  indices  des 
feux  souterrains  qui  l'ont  autrefois  bnuleversée.  Le 
sol  en  divers  lieux  en  est  stérile  ou  presque  couvert 
des  e  lUX  d'un  grand  nombre  de  ruisseaux  ou  de  ri- 
vières, i|ui  formeni  en  plusieurs  endroits  des  lacs  et 
des  marécages.  Ses  rives  sont  riches  et  lécimdes.  Le 
limon  (juc  déposeni  sans  cesse  sur  leurs  rivages  de 
gianiis  neuves  y  esl  gras  et  produit  en  quelques  an- 
nées des  arbres  magnifiques  et  surtout  des  palétu- 
viers, espèce  de  manglicrs,  qui  en  peu  de  temps  y 
formeni  de  va.-tes  foréis  couvertes  de  3  pieds  d'eau 
dans  les  inondations,  et  d'une  vase  inaccessible  quand 
ces  inondations  se  son!  retirées.  Quelquefois  les  fo- 
rêis  (le  palétuviers  sont  emporiées  par  les  vagues  qui 
ne  cessent  de  les  henrier  avec  violence.  L'ne  côte  de 
1200  kil.,  qui  s'étend  de  l'Orénoque  au  Maragnon  ou 
Amazone,  esl  bordée  de  ces  palétuviers,  détruits  et 
renouvelés  tour  à  tour  par  les  eaux,  la  vase  el  le  sa- 
ble; deirière  celle  bordure  sont  des  prairies  ou 
savanes,  inondées  lors  des  pluies,  cl  qui  souvent 
restent  des  mar.iis  dans  la  belle  saison;  les  eau\  in- 
fectes et  croupissantes  ne  conienaienl  jadis  que  des 
reptiles  immondes  ou  venimeux;  mais,  à  mesure 
que  la  cuit  ire  s'étend,  ces  animaux  disparaissent,  et 
l'air  se  purifie. 

De  même  que  dans  toutes  les  régions  équinoxia- 
les,  où  la  chaleur  el  l'humidité  favorisent  la  végéta- 
tion. Celle  de  la  Guyane  esid'une  vigueur  prodigieuse. 
Le  rocouyer,  dont  la  graine  donne  une  couleur 
rouge;  le  simarouba,  bois   extrêmement  amer;  le 


caoutchouc,  qui  fournit  la  gommeélastiq.ie;  beaucoup 
d'arbres  dont  le  bois  est  cvcellenl  pour  la  marquel- 
lerie,  remplissent  les  foiélsdela  Guyane.  Toutes  les 
produciion.-.i|ui  font  la  richesse  elaliinenlenl  le  com- 
niei ce  des  . Antilles,  se  récolienl  dans  celle  contrée 
doni  le  café  et  le  coton  soni  surtout  estimés.  On  y  a 
fait  des  planlalions  de  girofliers,  de  muscadiers,  de 
canneliers,  et  d'autres  arbres  de  l'Inile  qui  ont  bien 
réussi. — Rien  n'égale  la  variété  des  quadrupèdes, 
des  oiseaux,  des  serpents,  des  reptiles  qui  peuplent 
les  forêts,  les  savanes,  les  bords  des  rivières,  les  ri- 
vages delà  mer,  les  rivières  et  les  marais  de  ce  pays. 
L.i  mer  el  les  rivières  sont  irès-poissonneuses. 

La  partie  sepientiiomile  du  Brésil,  située  presque 
sous  la  ligne  el  enclavée  dans  la  région  appelée 
Guyane,  esl  sujette  à  de  grandes  pluies,  à  des  vents 
qui  ont  leurs  périodes  réguliers  ;  ils  commencent  en 
mars  el  en  septembre;  des  tourbillons,  des  ouragans 
mêlés  de  fortes  pluies  eu  sont  les  avant-coureurs. 
La  partie  méridionale  jouit  d'un  climat  plus  tempéré, 
d'un  air  plus  sain  qu'aucun  des  pays  situés  sous  la 
zone  torride,  avantage  qu'elle  doit  aux  vents  frais  de 
la  mer   el  a  c-  nx  qui  descendent  des  Cordillères. 

La  Guyane  Portugaise  comp:endles  terres  situées 
aux  environs  des  côtes  occidentales  et  septentriona- 
les du  Ile  ive  dos  Amazones,  depuis  le  cap  Nord  jus- 
qu'à Uio-Négro,  borne  de  ses  derniers  établissements. 
Ce  ne  fut  qu'eu  1088  que  les  Portugais  s'appro- 
chèrent du  cap  .Nord  ;  ils  bâiircnt  le  fort  Saiiil- 
Anioine  sur  la  rivière  d'Arwary,  mais  il  fut  renversé 
en  4091  par  les  marées  ou  la  barre  de  la  rivière  des 
Amazones.  Dans  la  même  année  1688  ils  vinrent  s'é- 
tablir à  Macapa,  sur  les  ruines  d'un  fort  que  les 
Fi  ançais  avaient  ahandonné.  el  où  ils  avaient  laissé 
quatre  pièces  de  canon,  plusieurs  boulets  el  des  bal- 
les de  mousquets.  Les  Français  s'en  plaignirent 
comme  d'une  usurpation; et  les  Portugais,  reconnais- 
sant la  justice  de  ces  plaintes,  s'oblijèrenl,  par  le 
ti:iilé  de  Lisbonne,  en  1701,  de  détruire  le  fort  du 
.Maca)ia:  mais  ils  le  réiablirenl  bien  ôl  après.  Par  le 
Itailé  d'Utreclit,  de  1713,  la  France  leur  céda  la  par- 
lie  méridionale  de  la  Guy.ine,  située  aux  cnviriuis  du 
cap  Nord  et  du  fleuve  des  Amazones. —Ce  ne  fut 
guère  que  vers  165i  que  les  Poiiugais  s'é  alilirent 
(l'une  manière  stable  sur  les  bords  de  l'Amazone. 
Plus  tard  les  Jésuites  s'enfoncèrent  dans  les  forêts 
qu'arrose  le  fli'iive  ;  et  au  xviii^  siècle,  après  des 
missions  lrès-|éiibles,  i!s  y  avaient  rassemblé  dix 
mille  Indiens,  di-trihués  en  irenle-six  bourga- 
des, douze  sur  le  .Napo,  et  vingt-quatre  sur  l'.Ama- 
7»no.  Quelquos-iinês  étaient  éloignées  enire  elle. 
de  Ci'O  à  7-20  kilomètres.  Depuis  l'expulsion  des 
Jésuites  des  po-scssions  espagnoles  el  poringai- 
ses,  ces  pauvres  Indiens,  sans  oublier  tout  à  fait 
les  robei  noires  (c'est  ainsi  qu'ils  appellei  t  les  mis- 
sionnaires), ont  repris  leuis  anciennes  habitudes  el 
leur  vie  sauvage.  —  Dans  la  Haute-Guyane,  qui  est 
resté(!  jusqu'-i  présent  iinpéné'.ral)lo,  pour  ainsi  dire,  à 
cause  de  ses  forèls   dél('li'  es,  n:i  iciicoiiire  un  cer- 


789 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


790 


lain  nombre  de  peuplades  indépenJan les  que  les  ro- 
bes noires  n'onl  pu  encore  aborder,  el  que  des  iioUces 
modernes  présentent  comme  aniliropopliages.  Uuant 
aux  Indiens  de  la  Basse-Guyane,  ou  de  la  Giivane 
Europe  nue,  leur  nombre  a  considérablement  dimi- 
nue; et  leur  race  disparaîtra  tout  à  fait  dans  un  temps 
donné. 

La  langue  de  ces  sauvages  est  en  général  fort  pau- 
vre ;  ils  n'ont  qui;  les  mots  qui  leur  serrent  à  com- 
muniquer entre  eux  cl  à  nommer  ce  qu'ils  compren- 
nent par  le  mijiistère  des  sens.  Aussi  n'a-i-nn  pas  be- 
soin de  beaucoup  de  temps  ni  de  peine  pour  les  en- 
leudre.  Des  liuil  parties  de  Toraison  dont  nous  com- 
posons un  discours,  ils  n'en  oui  que  deux,    savoir, 
le  nom  des  choses  et  le  verbe,  pour  représenter  les 
actions  et  les  pas^^iiiis.  Ils  ont  deux  sortes  de  nom- 
bres, sans  cas  et  sans  articles.  S'ils  veulent  dire  que 
telle  cbose   appariieut  à  Pierre,   ils  disent  Meiou 
Piere,  s'ils  veulent  vous  apprendre  que  celle  cabane 
est  à  leur  père,  ils  disent  cabine  père  ;  cependant  on 
peut  dire  qu'ils  ont  un  vocatif,  <  ar  ils  s'appellent  fort 
bien  entre  eux,  à  moins  que  le  ton  seul  ne  leur  en 
tienne  lieu.  Au  li':u  de  pluriel,  ils  se  servent  du  mot 
de  pai'O,  qui  signifie  tous.  Ainsi,  ponrsigniler  plu- 
sieurs hommes,  plusieurs  femmes,   on   dit,  homme 
(ouf, /'t-mmelouf.  Ils  n'ont  qu'uneseule  terminaison  pour 
tjus  les  genres.  S'ils  veulent  exprimer  les  qualités 
contraires  à  celles  de  leurs  adjeciifs,  ils  .ijouleni  la 
négation  oua.  Par  exemple,  les  Français  sont  bons, 
twn  Fraiicici  troapa  ouït.  Les  Anglais  sont  bons  non, 
pour  dre  qu'ils  sont  niéclmnls.  Ils  oni  Us  pronoms 
dénionslratifs,  moi,  loi,  lui,  qui  servent   pour    tous 
les  possessifs,  el  pour  distinguer  les  personnes   des 
verbes.  Aou  signifie  moi,   nous,  je,  mien  el  noire  ; 
onwu,  loi,  lu,  vuus,    votre;  mocé,  il,  il<,   lui,  eux, 
leur.  Ils  n'ont  pas  de  pronoms  relatifs,  ni  de  verbes 
tubs:antirs,  ni  de  conjugaisons  des  verbes,  ni  de  pas- 
sif. A  l'égard  de=  nouihres,  ils  ne  comptenl  que  jus- 
qu'à quatre  :  un,  annik;  oko,  deux;  oroua,  qnalre; 
ueouruba  mé,  cinq.  Vpoupomé  signifie  deux  fois  les 
luaiiis  cl  l' s  pieds. 

Les  missionnaires  sont  parvenus  à  entendre  les 
différenies  langues  de  tous  ces  peuples,  qui  parlent 
chacun  la  leur;  ce  qui  semble  annoncer  les  débris  de 
plusieurs  nations,  mais  retrace  la  confusion  de  la 
tour  de  Babel.  Souvent  des  i^euples  irèa-voisins  ne 
s'eniendenl  pas;  il  y  a  néanmoins  irois  Lingues 
principales  en  usage  d:ins  une  giande  élendue  de 
pays,  et  coiuiues  au  moins  par  les  diels,  de  la  plupart 
des  bourgades.  La  première  et  celle  des  Galibis:  on 
la  parie  depuis  C.iyenne  jusqu'à  l'Orénoque.  La 
seconde  esi  celle  des  Ouaycs  :  on  la  parle  et  i  n 
l'eBlend  depuis  Caycnne  jusqu'à  Uuyapuk  et  à 
Maiakaré.  La  troisième  est  celle  des  Oniaguas  ;  on  la 
parle  sur  tous  le^  bords  de  la  rivière  des  Amizunes. 
La  I.Higue  uts  Mouiaguas  este.\trènienient  difficile  : 
elle  a  ^uanlilé  de  mots  qu'il  faut  ((renoncer  avec  des 
aspirations  Irès-rudes  ;  d'autres  qu'on  ne  peut  arti- 


culer que  les  dents  serrées,  et  d'autres  qui  obligent 
de  parler  du  nez.  Des  nations  indiennes  prononcent 
absolument  de  la  gorge;  celles-ci,  enfin,  parlent 
avec  une  volubilité  si  extraordinaire  qu'elles  articu- 
lent un  mot  de  buit  ou  dix  syllabes  en  moins  de 
temps  que  nous  n'en  prononçons  un  de  trois  ou  quatre 
lettres. 

Dans  la  nation  Caribe  ,  la  plus  nombreuse  et  la 
plus  guerrière,  les  habitants  sont  grands  et  bien 
faits;  celle  nation  occupe  une  partie  du  pays  que 
la  rivière  de  Canca  arrose  ,  et  se  trouve  renfermée 
entre  l'Orénoque  et  la  chaîne  de  moniagnes  qui  est 
au  sud.  Celte  nation  est  la  plus  cruelle  de  loutes; 
elle  commence  cependant  à  se  civiliser  el  à  vivre  en 
bonne  Intelligence  avec  les  nations  soumises  aux 
Espagnols  américains. 

H  esi  difficile  de  savoir  l'origine  de  toutes  ces 
nations,  dont  quelques-unes  se  croient  au-dessus  des 
autres,  et  qui  s'en  dislingueni  en  elTol  par  la  figure, 
l'air,  la  taille  el  le  langage.  On  ne  trouve  chez  elles 
ni  peintures,  ni  hiéroglyphes,  ni  aucune  autre  espèce 
de  monumenis  qui  puissent  répandre  le  moindre  jour 
sur  lerir  histoire.  Lorsqu'on  veut  s'en  in^l^uire  chez 
les  Caribes,  en  leur  faisant  des  questions ,  ils  ré- 
pondent avec  hauteur:  «  Nous  somme-  des  hommes; 
les  autres  ne  sont  que  des  esclaves.  »  Leur  igno- 
rance ne  leur  permet  pas  de  donner  d'autres  éclair- 
cibsenients.  Leur  tradition  porte  ipie  l'Etre  suprême 
lil  descendre  son  Fils  du  ciel  (I)  pour  tuer  un  ser- 
pent horrible  ;  et  que  l'ayant  vaincu,  il  se  forma  dans 
les  enlrailles  de  l':inimal  des  vers  (pii  produisirent 
chacun  un  Caribe  avec  sa  femme.  —  Comme  ce 
monstre  avait  lait  une  guerre  cruelle  aux  nations 
voisines,  les  Caribes,  qui  lui  doivent  le  jour,  les  re- 
gardent toutes  comme  des  peuples  ennemis.  Les 
Salivas  se  donnent  une  origine  qui  n'est  guère  moins 
originale.  Ils  croient  que  la  terre  engendra  des 
hommes  et  des  femmes,  comme  elle  produit  aujour- 
d'hui des  plantes  et  des  fruits,  el  que  certains  arbres 
pnriaienl  pour  fruits  des  créatures  humaines.  Leurs 
pensées  ne  s'élèvent  jamais  plus  haut  que  la  terre 
qu'ils  habilent;  et  ils  n'ont  d'autres  idées  que  celles 
qui  sont  en  rapport  avec  les  objets  matériels. 

Ces  peuples  en  général  ne  connaissent  ni  l'arith- 
métique, ni  l'écriture.  Ils  ont ,  en  échange,  la  mé- 
moire excellente  :  c'est  un  répertoire  fidèle  iiui ,  par 
lr.idiiion  ,  leur  conserve  les  coutumes  de  leurs  an- 
cêtres, les  annales  de  leur  histoire  depuis  les  temps 
les  plus  reculés,  el  les  événements  des  guerres  qu'ils 
ont  eues  entre  eux  et  avec  les  Européens. 

Un  homme  studieux  et  patient  pourrait,  à  force  de 
les  interroger  el  de  recueillir  leurs  récits,  composer 
une  histoire  de  ces  peuples,  qui  serait  fort  intéres- 
sante. Pour  exprimer  des  unités,  des  quantités,  ils 
font  usage  des  doigts  de  leurs  mains  et  de  leurs 
pieds,  et  quand  ils  veulent  énoncer  un  nombre  au- 
dessus  de  vingt,  ils  saisissent  une  poignée  de  leurs 
cheveux,  el  la  montrent  en  prononçant  en  leur  lan- 


(1)  N'est-ce  pas  ici  une  tradition  défigurée  du  uiyslère  de  la  U^Jeinpliou  ?  {Note  de  l'auteur.) 


791 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


gue,  autant.  Ces  sortes  de  quaniiiés  qu'ils  ne  peuvent 
faire  entendre,  s'appellent  :  tapoiné.  Ils  ont  pourtant 
quelque  chose  de  plus  précis  quand  ils  se  donnent 
des  renilez-vous;  ils  expriment  le  nombre  des  jours 
qui  doivent  s'écouler  par  des  nœuds  qu'ils  font  sur 
une  peiite  cordelette,  ainsi  que  le  pratiquaient  les 
Péruviens,  dont  ils  descendent  peut-être.  Cluque 
jour  ils  déront  un  nœuil  ;  lorsqu'ils  sont  au  dernier, 
ils  Toient  que  le  terme  de  leur  promesse  est  arrivé. 
—  Couime  les  Salivas  habitent  toujours  dans  les 
forêts ,  ils  n'ont  appris  qu'il  y  avait  des  hommes 
vêtus  que  par  le  moyen  des  missionnaires.  La 
première  fois  qu'ils  en  virent,  ils  furent  saisis  de 
frayeur,  et  coururent  se  cacher  dans  les  bois,  en 
pnusï^anl  des  hurlenienls  horribles.  Leurs  femmes  et 
leurs  lilles  sont  eniièreraent  nues.  Elles  n'en  mu- 
gissent point  ;  lorsqu'on  leur  distribue  des  mou- 
choirs pour  couvrir  leur  nudité,  elles  les  jettent  dans 
la  rivière,  pour  n'être  point  obligées  de  s'en  siTvir. 
Si  on  leur  en  demande  la  raison,  elles  répondent  que 
ces  vêtements  leur  causent  de  la  honte. 

Toutes  les  nations  de  l'Orénoque ,  et  celles  de  la 
Guyane,  s'oignent  depuis  la  tête  jusqu'aux  pieds, 
avec  de  l'huile  et  de  l'aeliioli,  ou  du  roucou;  et  les 
mères,  pendant  qu'elles  s'oignent  elles-mêmes  ,  font 
]a  même  chose  à  leurs  enfants,  sans  en  excepter 
ceux  qui  sont  attachés  à  leurs  mamelles.  Cet  usage 
se  pratique  deux  fois  par  jour  au  moins,  le  malin 
et  le  so  r.  Elles  oignent  aussi  leurs  maris,  et  se  ser- 
vent pour  cela  d'un  gros  pinceau  de  poil;  les  jours 
de  fête  elles  ajoutent  à  celte  onction  une  grande 
quantité  de  figures  de  différentes  couleurs  ;  et  toutes 
les  fois  que  le  iiiari  revient  de  la  pêche  ou  de  la 
chasse  ou  de  quelque  autre  expédition,  l'une  de  ses 
femmes  ou  de  ses  filles  le  frotte  de  nouveau.  Cette 
onction  leur  sert  de  parure,  et  les  gar:iiiiit  en  même 
temps  des  mousquites.  D'ailleurs  cette  matière  grasse 
les  rend  moins  sensibles  à  la  chaleur  du  pays;  elle 
enipêi  he  aussi  la  trop  grande  transpiration.  Outre 
cette  onction  ,  les  hommes  se  pnrent  de  plumes 
choisies ,  et  s'attachent  autour  des  genoux  et  uu- 
dessus  des  chevilles  des  pieds  ,  quatre  grosses  lou- 
pes de  coton.  Ils  s'ornent  le  nez  et  les  oreilles  de 
divers  bijoux  ridicules,  se  passent  des  plumes  dans 
les  trous  pratiqués  aux  joues;  d'autres  emploient  à 
cet  usage  de  petites  lames  d'or  ou  d'argent ,  qu'ils 
travaillent  euN-inênies  à  leur  manière.  Les  Salivas 
exigent  encore  de  leurs  femmes  qu'elles  les  peignent 
matin  et  soir.  Une  fois  peigné  et  enduit ,  un  Salivas 
n'ose  se  frotter  la  tête  ni  le  corps,  de  peur  de  gâter 
sa  parure  :  et  il  ^ime  mieux  endurer  quelque  mal 
que  ce  lui  plutôt  que  de  déranger  l'économie  de  sa 
coiffure  et  l'arrangement  de  ses  plumes. 

Les  Oaribes  se  parent  de  colliers  de  dénis  de  morts 
lesjiiurs  de  cérémonie,  c'est-.i-dire  lorsqu'ils  se  ma- 
rient, lorsqu'ils  célèbrent  la  naissance  de  leurs  caci- 
ques et  de  leurs  capitaines,  ou  lorsqu'ils  reviennent 
de  voy^ige.  Ces  jours-1.^  ils  paraissent  d'abord  tout 
DUS  eu  public,  portant  leurs  pots,  leur  oing  et  leurs 


792 

couleurs;  ils  s'ogneni  d'abord  à  l'ordinaire,  après 
quoi  ils  enduisent  d'une  espèce  de  colle  ou  de  résine 
de  petites  nattes  minces  de  différentes  couleurs  qu'ils 
s'appliquent  sur  le  corps  avec  symétrie,  de  manière 
qu'étant  placé  dans  un  certain  éloignement ,  un 
étranger  qui  ne  serait  pas  prévenu  les  croirait  velus 
d'une  étoffe  brillante.  Celle  décoration  n'est  pas  pour 
un  jour,  ils  sont  obligés  de  la  porter  tout  le  temps 
que  la  résine  conserve  sa  léiucité,  et  elle  ne  la  perd 
que  diificilemeni.  Quelques-uns  appliquent  sur  les 
dessins  querelle  colle  laisse  sur  leur  ctirps,  des 
plumes  de  différentes  couleurs  ,  qu'ils  arrangent  «y- 
niétriqueineni,  ce  qui  fiTuie  un  coup  d'œil  tout  par- 
ticulier. Celte  parure  e-.l  surtout  employée  par  ceux 
qui  dansent;  d'autres,  et  ce  sont  principalement  les 
giierrier.>,  portent  sur  leurs  têtes  un  bonnetdegrandes 
plumes,  en  forme  de  couronne  ou  de  diadème.  Ils  se 
couvrent  aussi  la  tête  d'une  espèce  de  perruque  faite 
de  plumes  singulières  et  de  couleurs  très-vives  ;  ils  la 
portent  à  la  chasse  et  à  la  pêche  ,  parce  une,  outre 
l'ornement,  elle  les  garantit  encore  des  ardeurs  du 
soleil  et  de  la  pluie.  Rien  n'est  plus  risible  que  de  voir 
un  Indien  tout  nu  avec  une  perruque  fort  riche  sur 
la  lêie,  ramer,  courir  les  bois,  tout  fier  de  sa  parure. 
—  Dans  le  temps  que  les  premiers  navigateurs,  no- 
tamment les  Espagnols  ,  ne  parlaient  de  la  Guyane 
et  de  l'Amérique  méridionale  qu'avec  enthousiasme 
et  exagération  ,  ils  prétendirent  qu'il  y  avait  uns 
province  dans  la  Guyane  où  les  habitants,  après  s'êtrs 
frotté  la  peau  du  suc  de  certaines  herbes ,  se  cou- 
vraient ensuite  tout  le  corps  de  poudre  d'or.  —  Dès 
qu'une  tille  vient  au  monde  ,  la  mère  a  soin  de  lui 
meure  au-dessus  desgenoux  et  un  peu  au-dessus  de 
la  cheville  du  pied,  des  bandes  larges  et  épaisses, 
qui  font  grossir  extraordinairement  leur  gras  de 
jambes.  Ce  que  nous  regardons  comme  un  défaut 
énorme  dans  une  femme ,  est  à  leurs  yeux  d'une 
beauté  sans  égale.  —  Les  femmes ,  outre  les  orne- 
ments du  nez  et  des  oreilles,  qui  sont  les  mêmes  que 
ceux  des  hommes,  portent  aux  bras,  au  cou,  à  la 
ceinture  et  aux  jambes,  plusieurs  colliers  de  ^uiripa, 
c'est-à-dire  de  petits  colimaçons,  qu'elles  arrangent 
avec  beaucoup  d'adresse.  Elles  s'attachent  aussi  des 
colliers  de  dents  de  singe  et  d'autres  animaux. 
Celles  qui  peuvent  se  procurer  des  colliers  de  verre 
s'en  chargent  jusqu'à  ce  qu'elles  en  soienl  t'Ules 
couvertes;  et  pour  relever  leur  étrange  parure,  elles 
se  fourrent  à  chaque  oreille  une  grosse  dent  de 
caïman,  après  avoir  fait  un  grand  trou. —  Parmi  les 
nations  voisines  des  Espagnols  ou  qui  correspondent 
avec  les  Indiens  conveilis,  les  hommes  se  couvrent, 
pour  la  plupart,  d'une  pièce  de  linge,  que  quelques- 
uns  appellent  gnymo  et  les  autres  guarruma.  Les 
femmes  ont  un  petit  tablier  par-emé  de  grain  de 
verre,  en  forme  d'éventail;  elles  rattachent  avec  un 
cordon  sur  leurs  reins,  et  l'appellent  coniou. 

Les  Indiens  prennent  deux,  trois  et  quatre  fem- 
mes, selon  qu'ils  sont  dans  une  sorte  d'aisance,  au 
moyen  de  la  chasse  et  de*lu  pêche  ;  c'est  chez  eux 


79» 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGR. 


794 


une  inarquedei;randeur,etniêine  de  faste,  d'en  avoir 
jusqu'à  dix  ou  douze.  Cependaulilsne  peuvent  s'asso- 
cier une  nou>ulie  épouse  qu'un  an  après  être  réuii's 
à  la  |iiécédente.  —  L'amour  que  ces  peuples  ont 
pour  l<-urs  enfants  encore  dans  un  âge  temlre  leur 
persuade  souvent  que  le  plus  grand  bien  qu'une 
uière  puisse  procurer  à  sa  liil  '  est  de  la  l'aire  niou- 
rjr  dès  l'iiistanl  qu'elle  voit  le  jour.  Un  mi»sionnaiie 
re|jrocli:i  à  une  Indienne  cette  inhumanité  (Il  ;  elle 
l'éco^jia  d'abord  sans  lever  les  yeux,  et  lorsqu'il  eut 
cessé  de  parle  ,  elle  lui  fit  cetie  réponse  :  i  Père,  si 
lu  veux  le  permettre,  je  t'avouerai  te  que  j'ai  d:ins 
le  rœur.  Plût  à  Dieu  que  ma  mère,  en  nie  mettant 
BU  uionde,  eût  eu  assez  de  compassion  et  d'amour 
p^iur  moi,  pour  m'épargner  les  pe'nes  que  j'ai  endu- 
rées jusqu'à  présent,  et  que  j'aurai  encore  à  souffrir 
jusqu'à  la  fin  de  mes  jours!  Si  elle  ro'fùt  enterrée  en 
naissant,  je  n'aurais  point  senti  la  mort,  et  elle 
m'aurait  exemptée  de  celle  à  laquelle  je  suis  indis- 
pensalilement  assujettie,  ainsi  que  des  iravaux  qui 
me  sont  aussi  cruels  que  la  mort  est  affreuse.  Ali  ! 
qui  sait  le  nombre  des  peines  qui  m'attendent  avant 
qu'elle  arrive?  Repiésente-toi  bien,  Père,  les  maux 
auxquels  une  t'eninic  est  assujettie  parmi  nous;  nus 
maris  vont  à  la  chasse  avec  leurs  arcs  et  leurs  flè- 
ches, et  c'est  à  quoi  se  borne  toute  leur  fatigue  : 
nous,  au  contraire,  nous  y  allons  cnargées  d'une 
corbeille,  d'un  enfant  qui  pend  à  nus  mamelles,  et 
d'un  autre  que  nous  purions  dans  ce  panier.  Nos 
hommes  vont  tuer  un  oiseau  ou  un  poisson;  et  nous, 
nous  bêchons  la  terre,  et  supportons  tous  les  travaux 
du  nién  'ge.  Ils  reviennent  le  ^oir  sans  aucun  fardeau; 
et  nous,  outre  celui  de  nos  enfants,  nous  leur  appor- 
tons des  racines  et  du  mais.  En  arrivant  chei  eux, 
ils  vont  s'entreienir  avec  leurs  amis;  et  nous,  n^us 
allons  chercher  du  bois  et  de  l'eau  pour  leur  prépa- 
rer à  souper.  Unt-ils  m^ngé,  ils  se  mettent  à  dor- 
mir :  au  lieu  que  nous,  nous  passons  presque  toute 
la  nuit  à  faire  leur  boisson.  Et  à  quoi  aboutissent 
toutes  nos  veilles?  ils  boivent  et  s'enivrent,  et,  tout 
hors  d'eux-mêmes,  ils  nous  chargent  de  coups  de 
bilon,  nous  traînent  par  les  chiveux,  et  nous  fou- 
lent aux  pieds.  Ah  !  Père,  plût  à  Dieu  que  ma  mère 
m'eût  enterrée  dès  l'instant  qu'elle  m'a  mise  au 
monde!  Tu  t-ais  toi-même  que  nous  nous  plaignons 
avec  raison,  puisque  tu  vois  tous  les  jours  la  viTité 
de  ce  que  je  viens  de  te  dire;  mais  tu  ne  connais  pas 
encore  notre  plus  grande  peine.  Qu'il  est  triste  de 
voir  une  pauvre  Indienne  servir  son  époux  comme 
une  esclave,  aux  champs  accablée  de  sueur,  et  au 
log'.s  privée  de  sommeil,  tandis  que  ce  mari,  dédai- 
gnant sa  première  femme,  prend,  au  bout  de  vingt 
ans  de  mariage,  une  épouse  plus  jeune  qui  bat  nos 
enfants,  qui  nous  nialtra  te  noiis-niéines!  Et  si  nous 
osons  nous  plaindre,  on  nous  impose  silence  avec  un 
fnuei.  Une  mère  peut-elle  procurer  un  plus  grand 
bien  à  sa  fille  que  de  l'exempter  de  toutes  ces  peines, 

.(1)  Cet  étranfte  amour  maternel  se  retrouve  dans 
d'autres  parties  du  globe,  notauiuien»  dans  quelques 


et  de  la  tirer  d'une  servitude  pire  que  la  mort?  Plût 
à  Dieu,  Père,  que  celle  qui  m'a  donné  la  vie  m'eût 
témoigné  son  anniur  en  me  l'ôtant  dès  m.i  nais- 
sance !  Mon  cœur  aurait  moins  à  souffrir,  ei  mes 
yeux  moins  à  pleurer!  »  —  Li^r-que  les  enfants  sont 
malades,  leurs  mères  se  perceni  la  langue  avec  des 
dents  de  poissons.  Du  sang  que  ces  blessures  leur 
font  perdre,  elles  arrosent  le  corps  de  ces  enfa'  ts 
tous  les  matins,  jusqu'à  ce  qu'ils  meurent  ou  gué- 
rissent. S'il  arrive  qu'une  maladie  épidéiniqiie  afflige 
toute  une  peuplade,  ce'ui  qui  en  est  le  (  ht  f  est  nbligé 
de  procurer  le  soulagement  à  chaque  liabitani.  Il 
leur  frotte  l'estomac,  après  s'être  percé  les  chairs 
avec  des  bmcettes  d'os  de  poissons.  Un  de  ces  capi- 
taines, pâle,  maigre  et  défait,  rencontré  par  nu 
voyageur  qui  lui  demanda  s'il  était  malade,  répondit: 
<  Je  me  (.ortenis  b.en,  si  mes  malades  ne  me  fai- 
saient périr.»  Ce  devoir,  qui  souvent  cause  la  mort, 
et  ce  qu'il  en  coûte  pour  satisfaire  son  ambition, 
n'einpêebe  pas  de  briguer  le  funeste  honneur  d'étie 
à  la  tête  d'une  peuplade. 

Pour  obtenir  la  qu^dité  de  capitaine,  il  faut  avoir 
donné  des  preuves  éclatâmes  de  valeur  et  de  pru- 
d'  nce.  (iciui  qui  aspire  à  celte  grande  distinction, 
déclare  ses  vues  en  revenant  de  sa  case  avec  une 
ronilache  sur  la  léie,  b:iiss.int  les  yeux,  et  girdant 
un  profond  silence.  Il  n'explitiue  pas  même  son  des- 
sein à  sa  femme  et  à  ses  enfa  as.  Se  retiiant  dans 
u;i  coin  de  la  case,  il  s'y  f.iit  faire  un  petit  retran- 
chement qui  lui  laisse  à  peine  la  liberté  de  se  re- 
muer. On  &iispenJ  au-dessus  le  hamac  (|ui  lui  sert 
de  lit,  afin  qu'il  n'ait  occasion  de  parler  à  personne. 
Il  ne  sort  de  ce  lieu  que  pour  les  nécessités  de  la  na- 
ture, et  pour  subir  de  rudes  épreuves,  que  les  capi- 
taines lui  imposent  successivement.  Un  lui  fait  d'a- 
bord ga'der,  pendant  six  semaines,  un  jeûne  fort 
rigoureux.  Toute  sa  nourriture  consiste  dans  un  peu 
de  millet  bouilli  et  de  cassavc,  dont  il  ne  doit  man- 
ger que  le  milieu.  Les  capitaines  voisins  viennent  le 
visiter  malin  et  soir.  Ils  lui  représentent,  avec  beau- 
coup de  fi>rce,  que  pour  se  rendre  digne  du  rang  au- 
quel il  aspire,  il  ne  doit  craindre  aucun  danger;  que 
non-seulement  il  aura  l'Iioniieur  de  la  nation  à  sou- 
tenir, mais  à  tirer  vengeance  de  ceux  qui  ont  pris  en 
guerre  leurs  amis  et  leurs  pareits,  et  qui  leur  ont 
fait  souffrir  une  mort  cruelle;  que  le  travail  et  la 
fatigue  seront  désormais  son  seul  partage,  et  qu'il 
n'aura  plus  o'autre  voie  pour  acquérir  de  l'hunneur. 
Après  cette  harangue,  qu'il  écoute  modestement,  on 
lui  donne  mille  coups,  pour  lui  faire  connaître  ce 
qu'il  aurait  à  supporter  s'il  lombali  entre  les  mains 
des  ennemis  de  sa  nation.  Pendant  cette  exé<  iition 
amicale,  il  se  lient  debout,  les  mains  croisées  sur  la 
tête.  Chaque  capitaine  lui  décharge  sur  le  corps  trois 
grands  coups  d'un  fjuet  composé  de  racine  dt;  pal- 
mier. Tout  le  temps  de  cette  cérémonie,  les  jeunes 
gens  de  l'habitation  s'emploient  à  faire  les  fouets;  et 

îles  delà   Polynésie  et   de    rOcéai>ie. 

(Noie  de  l'auteur.) 


I^i  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLKSIASTIQIÎE.  m 

comme  il  ne  reçoit  qiio  (rois  coups  d'un  mêmefmiet,  Les  Indiens  ont  des  rliefs  nfin  de  ma'iaenir  le  bon 
il  en  faut  beaucoup  lorsque  les  capitaines  sont  en  ordre  dans  les  bourgades  ;  ils  suiveni  leurs  avis  plu- 
grand  nombre.  Ce  traiiemeni  recommence  deux  fois      tôt  (jue  leurs  ordres.  Le  chef  de  cliaque  bourgade 


le  jour,  pciubnt  l'espace   de   six  semaines.  On   le 
frappe  en  trois  endroits  ilu  corps,  aux  mamelles,  an 
ventre  et  aux  cuisses.  Le  sang  ruisselle;  et,  dans  la 
plus   vive   douleur,  il  ne  doit  pas  faire  le  moindre 
mouvement,  ni  donner  la  plus  légère  marque  d'impa- 
tieme.  Il  rentre  ensuite  dans  sa  prison,  avec  la   li- 
berté de  se  coticbcr  dans   son  lit,   au<lessus  duquel 
on  met,  comme  en  trophée,  tous  les  fouets  qui  (uii 
servi  à  son  supplice.  Si  sa  cnnsiauce  se  s»ureiit  pen- 
dant six  semaines,  on  lui  prépare  des  épnuves  d'cjn 
autre  genre  :  lous  les  chefs  de  h\  nation  s'assemblent, 
parés  soli'nnellement,  et  viennent  se  cacliev  aux  en- 
virons de  sa  case,  dans  des  buissons,  d'où  ils  poui- 
senl  des  cris  horribles.  Ensuite,  paraissait  tous  avec 
la  flèche  sur  l'arc,  ils  entrent  brusquement  d:uis  la 
case;  ils  prennent  le  candidat,  déjà  tort  exténué  de 
son  jeune  et  des  coups  (|u'il  a  reçus,  ils  l'empurtent 
dans  son  hanKif,  qu'ils  attachent  à  deux  arbres,  et 
d'où  ils  le  Ibni  lever.  On  l'enrouiage,  comme  la  pre- 
mière fois,  pir  un  discours  piéparé:  et    pour  essai 
de  son  cour  ge,  chacun  lui   appli(|ue  un    coup  de 
fouet,  beaucoup  plus  lort  que  les  précédents.  Il    se 
re<net  dans  son  lit.  On  amasse  autour  de  lui  quantité 
d'herbes  d'une  odeur  très-repoussante,  auxquelles  on 
met  le  feu,  sans  que  la   (lannne   puisse  le   loucher, 
mais  pour  lui  en  faire  sentir  la  cliiileur.  La  seule  fu- 
mée, qui  le  pénètre  de  toutes  paits,  lui  fait  soutTrir 
des  maux  étranges;  et  s'il  y  demeure  conslamineut, 
il  tombe  dans  des  pâmoisons  si  profonde*,  qu'on  le 
croirait  mort.  On  lui  donne  quelque  liqueur,    pour 
rappeler  ses  forces;  nuis  il  ne   revient  pas  |dul6t  à 
lui-même,  qu'on  redouble  le  feu,  avec  de  nouvelles 
exhortalions.  Pendant  qu'il  est  dans  ces  souffrances, 
tous  les  antrrs  passent  le  temps  à   boire  autour  de 
lui.  EnQn,  lorsqu'ils    le   voient   au  dernier  degré  de 
langueur,  ils  lui  font  un  collier  et  une   (  einture  de 
feuilles,  qu'ils  remplissent  de  grosses  fourmis  noires, 
dont  la  piqûre  est  exirêmernent  vive.  Ils  lui  mctii-nt 
ces  deux  ornemems,  qui  ont  bienlôi  la  puissance  de 
le  réveiller  par  de  nouvelles  douleurs.  Il  se  lève,  et 
s'il  a  la  force  de  se  tenir  debout,  on  lui  verse  sur  la 
tèie  une  liqueur  spirltueuse.  Il  va  se  laver  aussiiôt 
dans  la  rivière  ou  la  fontaine  la  plus  voisine,  et  re- 
tournant à  sa  case,  il  y  va  prendre  un  peu  de  repos. 
On  lui  l'ail  coniinuer  son  jeûne,  mais  avec  imins  de 
rigueur.  Il  commence  à  manger  de  petiis   oiseaux, 
qui  doivent  être  tués   par  la  main  des   capitaines 
Les  mauvais  iraiieuients  diminuent,  et  la  nourriture 
augmente  par  dei^rés,  jusqu'à  ce  qu'd  ait  repris  son 
ancienne  force.  Alors  il  est  proclamé  capitaine.  On 
lui  donne  un  arc  neuf  et  tout  ce  qui  convient   à    sa 
dignité.  Cepei  daut  ce  rude  apprenlissage  ne  fait  que 
les  petits  chefs  militaires.  Pour  être  élevé  au  premier 
rang,  il  faiii  être  en  possession  d'un  canot,  et  l'avoir 
fait  soi-même;  ce  qui  demande  encore  un  travail 
long  1 1  pénible. 


distribue  à  ceux  qui  l'habitent  leurs  occupations.  Dès 
le  malin  il  en  envoie  une  partie  à  la  pêche,  une  au- 
tre à  la  chasse,  une  autre  aux    champs,  pour  des 
aba'.is  ou  pour  cultiver  la  terre,  car  lous  les  biens 
son!  communs.  Les  femmes,  qui  ne  vnni  point  ense- 
mencer, sarcler,  se  livrent  aux  travaux  du  ménage, 
et,  sur  le  midi,  elles  vont  jouer  à  la  paume.  Elles 
tiennent  le  batioir  à  deux  mains,  et  pou-sent  la  balle 
avec  tant  de  force  et  de  roideur,  qu'd  n'y  a  point 
d'Indien  qui  ose  la  parer,  sans  s'exposer  à  avoir  l'é- 
panle  démise.  Cet  accident   arrive  quelquefois,  et 
divertit  les  joueuses.  Les  parties  sont  de  douze  et 
de  vingt-quatre  contre  un  pareil  nombre.  Les  maris, 
simples   speciateurs,   parient  pour   leurs    femmes. 
Quand  ils  jouent  eux-mêmes,  ils  ne  se  servent  point 
de  battoirs;  ce  n'est  qu'avec  l'épaule  droite  qu'ils 
doivent  renvoyer  la  balle;  et  si  elle  vient  à  toucher 
linéique  auire  partie  du  corps,  on  perd  un  point  ou 
une  r.;ie.  On  ne  peut  s'empôcber  d'admirer  l'adresse 
avec  laquelle  ils  h  recliassent,  div  à  douze  fois  de 
suit'»,  sans  la  laisser  tomber  à  terre;   mais  ce  qui 
étonne  le  plus,  c'est  que  la  balle  venani  à  raser  le 
sable,  ils  se  jettent  vintre  à  terre,  et  la  relèvent  de 
l'épaule  avec  une  agilité  surprenante.  Echauffés  par 
cet  exercice  et  par  l'ardenr  du  soleil,  les  joueurs  se 
font  des   incisions   aux  cuisses,  aux  jiuibes,   aux 
bras,  et  lorsqu'ils  ont  répandu  assez  de  sang,  ils  en- 
Ireiil  dans  la  rivière,  ou  se  roulent  sui  le  sable.  Pen- 
dant ce  te'!ips-là,  ils  tiennent  une  P'ugnée  de  terre, 
qu'ils  lèchent  et  saviiurent,  hommes  et  femmes,  avec 
un    plaisir  infini,   parce   qu'elle  est  imprégnée  de 
graisse  de  tortue  ou  de  caïman,  qui  les  nimrrii,  et 
di  ut  ils  sont  très-avides.  Aussi  les  mères  qui  veu- 
lent apaiser  leurs  enfanis,    leur   donnent-elles   un 
morceau  de  cette    terre,  qu'ils  sucent  comme  une 
dragée.  —  A  quatre  heures  les  pêcheurs  arrivent,  et 
charnu  rentiedan-;  sa  cabane.  Les  femmes  et  lesen- 
fanis  vont  prendre  le  poisson  ou  le  gibier,  et  le  por- 
tent an  capitaine,  qui  le  partage  égaleineiil  entre  tou- 
tes les  familles.  On  soupe,  on  va  se  baigner  de  nou- 
veau, l'on  danse  jusqu'à  ce  qu'on  se  couche.   Les 
hommes  se  tiennent  par  la  main,    et   forment  un 
rond  ;    les  fuîmes  en  font  un  second,  et  les  en- 
fants renferment  les  deux  premiers  dans  un  troisième 
cercle. 

Les  Indiens  de  rOrénoque  regardent  comme  un 
très-giand  malheur  les  éclip?es  île  lune  :  les  uns 
croient  i|ue  let  astre  esi  à  l'agonie  et  prêt  à  mourir; 
d'autres,  qu'il  est  irrité  contre  eux;  qu'il  se  relire 
pour  ne  les  plus  éclairer;  et  tous,  dans  cette  occa- 
sion, se  livrent  à  mille  extiavaganci  s.  Ceux-ci  sor- 
teiii  de  leurs  cabanes,  et  poussent  des  cris  effroya- 
bles; ceux-là  courent  éplorés,  tenant  chacun  un  tison 
à  la  main,  qu'ils  vont  cacher  dans  la  terre  ou  dans 
le  sable,  persuadés  i|ue,  si  la  lune  moiiraii,  il  ne  res- 
terait de  feu  que  celui  qu'on  aur.iit  dérobé  à  sa  vue. 


Ï97 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


798 


Les  uns  s'assemblent  au  bruii  du  (amboiir  ou  d'au- 
tres instruments  de  guerre,  se  rangent  en  file,  pré- 
sentent leurs  armes  à  l'astre  malade,  et  offrent  de  le 
détendre  contre  ses  ennemis;  tandis  que  leurs  en- 
fanis  se  niellent  sur  deux  lignes  et  que  les  vieillards 
se  l'oueiient  avec  des  courroies.  Le^  autres  prennent 
les  outils  (lu  labourage,  et  vont  déCriclier  un  teirain, 
poiir  semer  du  njais  à  l'usage  de  la  lune,  afin  de  l'en- 
gager à  ne  point  les  abandonner.  V(iy;iiii  que  tous 
leurs  efforts  i-onl  inutiles,  et  qu'elle  perd  peu  à  peu 
sa  lumière,  ils  rentrent  dans  leurs  cabanes  et  gron- 
dent liMirs  femmes  de  ce  qu'elles  se  monirent  si  peu 
sensibles  à  sa  maladie.  Celles-ci  font  semblant  de  ne 
pas  les  eniendreet  ne  leur  répondent  rien.  Alors  ils 
adoucissent  leur  ion,  les  supplient  de  pleurer  et  de 
prier,  pour  que  la  lune  reprenne  ses  forces  et  ne  se 
laisse  point  mourir.  Leurs  prières  ne  font  pas  plus 
d'effi't  que  leurs  menaces.  Les  maris,  pour  vaincre 
cette  inflexibilité,  les  comblent  de  caresses  ei  de  pré- 
sents. LorS(|ue  les  l'emmes  ont  tiré  d'i.'iix  tout  ce 
qu'elles  soubailenl,  elles  offrent  à  la  lune  des  brace- 
lets de  verre  et  des  colliers  de  dents  de  sinise,  eie. 
Elles  sortent  ensuite  pour  la  .'■aiuer,  et  lui  adressent 
dune  voix  plaintive  un  grand  nombre  de  prières. 
Comme  celte  cérénmnie  commence  dans  le  temps 
que  l'iistre  éclipsé  reprend  sa  lumière,  et  (|u'il  repa- 
rait bientôt  dans  son  éclat,  les  maris  font  mille  re- 
niercîmen:s  à  leurs  femmes  d'avoir  fléchi  la  lune,  et 
de  l'avilir  engagée  à  conserver  si  vie. 

Ces  différents  peuples  rendent  une  sorte  de  culte 
au  diai)le,  comme  au  mauvais  génie,  toujours  dis- 
I  osé  à  leur  l'aire  tout  le  mal  possible,  et  dont  ils 
s'efforcent  ,  par  leurs  soumissions  ,  de  désarmer 
la  niécianceté.  Us  pensent  qu'ils  ne  doivent  aucun 
bommage  à  Dieu,  qui  leur  accorde  ce  qui  leur  e.4  né- 
cessaire. Ceux  de  ces  peuples  qui  croient  à  l'immor- 
t.ilité  de  i'àme  s'im:iginent  qu'elle  ne  lait  qu'errer 
amour  de  lems  tombeaux. 

La  Guyane  française  est  une  préfecture  apostoli- 
que. Le  préfet,  qui  est  oïdinairement  pris  dans  la 
Cungiégal'on  du  séiuinaire  du  Sainl-Espril  ite  Pa- 
lis, léside  à  Cayenne.  Les  sœurs  de  la  roogrégation 
de  Saini-Josepb  de  Cluny  y  ont  fondé  plusieurs  éta- 
blissements importants. 

La  partie  française  de  la  Guyane  occupe,  au  sud 
et  à  l'est,  la  moitié  enviion  de  cet  immense  terri- 
toire; sescôiis,  me-urant  a  peu  près  .oOU  Ml.,  sont 
compiises  entre  l'emboncbure  du  Alaioui,  qui  la  sé- 
pare des  pi'SsessiGiis  bollandaises,  et  le  cap  Nord, 
limite  nord  de  l'eoipire  du  lirésil  :  sa  .superficie  peut 
être  évaluée  à  '20, UO.;  lieues  carrées,  ou  bO,0(iO  kil. 
—  Une  cbaine  de  montagnes,  désignée  par  les  In- 
diens sous  le  nom  de  Tumucumaque,  occupe,  à  la 
hauteur  du  cap  Nurd,  le  centre  de  la  Guyane, 
dont  elle  a  déierniiné  les  lormesorographiques  ac- 
meiles,  en  donnant  naissance  à  une  ligne  anieclinale 
lliiigéç  de  l'est  à  loucei,  d'où  partent  deux  ver.-anls 
oppoèvs,  nord  ei  sud  ,  qui  constiiuen;  les  traits  gé- 
jiéraux   de  la  couiiée.  Des  cliainons,  espèces   de 


contre-Ions  de  cette  cbaine  princip  de,  s'en  déta- 
chent et  semblent  devoir  être  attribués  à  des  l'ail- 
les qui  auraieoi  brisé  l'axe  principal  perpendiculai- 
rement à  sa  direction.  La  direction  sud-ouest  de  la 
Sierra-Tunmcumaque  est  sensiblement  parallèle  au 
Cours  de  l'Amazone,  qu'elle  a  déterminé,  selon  toute 
apparence,  comme  les  Alpes  et  le  Jura  ont  déier- 
niiné en  Fr.ince  le  cours  de  la  Saône  et  du  Rhône 
qui  lui  fait  suite.  Le  par:illélisme  de  la  Sierra-Tuniii- 
cumaque  avec  les  cliaînes  centrales  du  Brésil  est  un 
fait  d'autant  plus  remarquable  que  la  composition 
du  Sol  et  les  causes  de  soulèvement  paraissent  avoir 
les  plus  gtands  rnpporls.  Une  autre  chaîne  de  mon- 
tagnes dont  la  hauteur  maximum  ne  dépasse  pas  600 
mètres,  et  qui  Ofcupe  l'espace  compris  entre  le  Ma- 
roni  et  la  mer,  pnrati  être  indépcmlanle  du  système 
de  sonlèvenienl  de  la  chaîne  Cfiitrale  de  Tumucuma- 
que, i|iii  serait  venu  postérieurement  affecter  son 
relief  et  effacer  en  partie  la  direction  générale  de 
si'S  peines  primitives,  pour  imposer  aux  rivières  de 
nouveaux  cours  vers  le  nord  et  le  nord-nord -est, 
en  les  obligeant  aujourd'hui  à  franchir  les  anciennes 
rides  ou  lignes  de  faite  de  la  chaîne  primitive;  les- 
quelles, en  barrant  le  cours  de  toutes  les  rivières  de 
la  Guyane  française  ,daus  la  direction  du  nord-rst,  don- 
neninaissanceàces sauts  brusques  et  à  ces  caiaiacies 
où  l'eau  se  précipiteavec  fracas,  ei  qiii,àGUou80  kil. 
descôies,  interrompent  la  navigaiioii,  pour  ne  permet 
tre  que  celle  des  seuls  canois  qu'on  peut  iranspor- 
if.v  à  br;'s,  au-dessus  de  ces  barrages  naturels  sou- 
vent trcs-i approchés  les  uns  des  autres.  Le  lit  des 
rivières  est  aloi  s  encaissé  dans  des  rochers  qui  en 
rétrécissent  la  largeur,  jusqu'à  n'avoir  plus  que  '20  à 
50  mèues;  des  arbres,  renversé-  en  travers,  y  for- 
ment des  ponts  naturels  de  l'effet  le  plus  magique 
et  viennent  encore  ajouter  aux  dillicultés  de  la  na- 
vigation. Les  es|icces  de  gradins  qui  donnent  lieu  à 
ces  chutes  d'eau  se  prolongent  au  loin  à  travers  la 
contrée,  sons  forme  de  terrasses  et  de  plaines  hau- 
tes, et  quelquefois  marécageuses,  dont  le  sol  argileux 
a  été  formé  aux  dépens  des  roches  feldspalliiques 
sous-jacenles.  Le  niveau  de  ces  terrasses  s'abaisse 
suCLes-ivemeni  en  se  rapprochant  de  la  mer,  jus- 
qu'au pied  de  collines  ferrugineuse^  dooi  les  formes 
arrondies  semblent  être  le  lait  de  l'érosion  des  eaux  ; 
puis  commence  une  vaste  plaine  d'alluvions  moder- 
nes allant  se  perdre  dans  la  mer,  et  qu'interiompent 
(à  et  là  des  masses  noires  rocheuses  s'élevant  brus- 
i,uement  au-dessus  de  la  plaiin-,  comme  pour  indi- 
quer la  charpente  du  sous-sol.  Leur  prolongement 
dans  la  mer,  et  jii,>qu'à  là  kil.  au  large,  cunsiùue  les 
nombreux  iluls  qui  bordent  la  côte,  et  dont  l.s  prin- 
cipaux sont  :  les  Connétables ,  les  îlots  de  Ré- 
mire, l'Enfant  perdu,  les  iles  du  Salut  et  les  lies 
Vertes. 

Vingt-deux  rivières  sillonnent  la  Guyane  française 
du  sud  au  nord  et  au  iiord-nurd-est,  et  débouchent 
dans  la  mer  après  avoir  reçu  les  eaux  d'un  grand 
nombre  de  ruisseaux  et  de  criques  qui  cioiseiil  le 


799 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  ?0{) 


pays  dans  tous  les  sens  ;  ces  rivières  sont,  comme 
nous  4'avons  dii,  toutes  plus  ou  moins  navigables 
jusqu'au  pied  des  montagnes  où  commencent  les 
premiers  ?auis.  Les  principales  sont  :  le  Maroni,  la 
Mana,  l'Iracoubo,  le  Conanama,  le  Coura«sani,  le 
Smnnmary,  le  Kourou,  le  Macouria,  la  rivière  de 
Cayenne  -u  des  Cascades,  le  Maliuri,  la  livière  de 
Kaw,  rA)>i>roiiague,  l'Ouaniiri,  l'Oyapock,  l'Ouas-a, 
Je  Ca>sipour  ei  la  rivière  Vincent-Pinçon.  On  compte 
quelques  lacs  à  la  Guyane;  les  plus  étendus,  situés 
au  sud-esi  dans  les  hautes  savanes  qui  avoisinent  la 
côie  du  cup  Nord,  ^oiit  connus  sous  les  noms  de 
Ouavine,  Mépépueu,  Maeariet  Mapa.  Ce  dernier  ren- 
ferme une  ile  où  l'on  avait  établi  un  poste  français, 
qu'on  a  évacué  momenianéuient  il  y  a  peu  d'an- 
nées. 

Quant  à  la  constitution  géologiqoe,  toute   la  série 
des  formations  sédinienlaires  comprises  entre  le  ter- 
rain de  iransitiiin  et  l'époque  tertiaire    paraît   man- 
quer dans  la  Guyane,   et  sa  place  être  occupée  par 
une  roche  ferrugineuse,  qui,  en  recouvrant  le  ter- 
rain ancien  sur  une  vasie  étendue,  a  formé,  soit  de 
puissantes  collines  et  des  mornes  dont  la  hauteur 
absniue  atteint  jusqu'à  2o0  mètres,    soii  des  valiées 
et  des  plaine»  hantes  constituant  autour  des  terres 
basses,  depuis   l'Oyapock  jusqu'à  la  Mana,   comme 
une  ceinture  qui  comprend  les  montagnes  de  la  cri- 
que Katamina.d'Approuage,  de  Kaw,  de  la  Galirielle 
et  du  cours   moyen  de   l'Oyac ,  ainsi  que  i'ile  de 
Cayenneet  le  sol  rouge  de  la  ville  proprement  dite, 
noiamnieiit  de  la  savane  quienoc<npe  le  centre.  Cette 
roche,  cotmue  sous  le  nom  de  limonile,  est  <  omposée 
de  Ter  perovydé  hydraté,  mêlé  d'argile  et  de  sable  ; 
elle  offre  plusieurs  variété-  d'aspsct    et  de  eomposi- 
lion;  tantôt  elle  a   une  eontexture  spongieti'e;  elle 
est  tendre  et   conlieni  des  lits  de  kaolin   cdorc  en 
ronge,  l'eau  et  l'air  la  désagrègent  promptement;  on 
la  désigne  alors  dans  le  pays   sous   le  nom  de  Roche 
hravei.  Tantôt  ses  cellules  se  rétrécissent,  elle  de- 
vient plus  compacte,  contracte  un  aspect  métallique, 
et  sa  riches>e   enfer  est  telle,  qu'elle  constitue  un 
vériiahle  minerai,  doiit  il  exi-te  des  masses  considé- 
rab  es  sur  une  foule  de  points,   nulamment  dans  les 
montagnes  de   la  Gahrielle,  sur  les   rives  de  TAp- 
jtrouague  et  de  l'Oyac,  et  à  la  source  de  la  fontaine 
de  Badiiel,  à  inie  lieue  de  la  vil  e   de  Cayei.ne.  Soiis 
le  rapport  de  la  ct>niposilion,  ce  minerai  promettrait 
un  rendement  fort  avanlageiix,  et  l'abondance    iné- 
puisable des  bois  semblerait  offrir  l'un  des  élémei.is 
principaux  de  toute  explo. talion  de  fer,  le  combus- 
tible. Mais  serait-il  de  bonne  qualité?  Il  est  permis 
d'en  douter.  En  effet,  il  est  à  remarquer  que  l'on  se- 
rait obligé  d'eiiipl.iyer,  à  la   fabrication  du  charbon, 
un  mélange  de  tous  les  bois  qui  croissent  dans  les 
forêts  voi>iiies;  or  les  bols  à  lihre   làclie,  à  textuie 
poreuse,  y  prédominent  et  donnent,  conmie  on  sait, 
de  foit  mauvais  charbon.  Le  Brésil,  placé,  quant  au 
combustible,  dans    les   mêmes   conditions    que  la 
Guyane,  puisque  les  roêoies  essences  croissent  dun» 


les  forêts  de  ces  deux  pays,  a  offert  récemment  l'e- 
xemple de  l'insuccès  de  pbisieurs  entreprises  de 
hauts  fourneaux  :  nous  nous  horr'erons  à  citer,  sur 
la  foi  de  M.  Pissis,  un  haut  fourneau  établi  à  Ypa- 
nema  (province  de  Saint-Paul),  où  l'on  n"a  pu  obte- 
nir jusqu'ici,  avec  le  charbon  de  bois,  qu'une  fonte 
pâteuse  impossible  à  cooler.  D  nn  ait're  rôle,  les  mi- 
nerais de  fer  dont  nous  iloimons  l'aurilyse  plus  haut 
sont  très-réfractaires,  et  le  pays  manque  alsolument 
de  matières  propres  à  servir  de  fondant,  de  casiine 
en  un  mot:  c'est  là  un  obstacle  anqiiel  semblent  n'a- 
voir pas  le  moins  du  monde  pensé  toutes  les  person- 
nes qui  ont  annoncé  hautement  que  l'exploitation 
des  mines  de  fer  de  la  Guyane  offrirait  de  grands 
avantages. 

Deux  natures  de  dépôts  alluviens  bordent  la  côte 
dans  un  rayon  dont  la  profondeur  moyenne  est  de  4 
niyriamètres.  Les  parties  de  ce  dépôt  les  plus  rap- 
prochées du  pied  des  montagnes  sont  d'immenses 
plaines  dont  le  sol  argileux  ,  formé  par  la  nier  aux 
dépens  des  roches  fe'dspaihiques  voisines,  conserve 
les  eaux  pluviales  dans  ses  (lépres^ions  ,  résultant  , 
sans  dimle,  du  tassement  inégal  des  malérianx,  et 
donne  iraissanee  à  des  pinutières  et  à  des  savanes 
noyées  ou  prispris,  espères  de  marais  qui  ne  sèchent 
jamais  coniplélernent,  faute  d'écoulements  suffisants, 
bien  que  leur  niveau  ,  exhaussé  par  un  abotrdant 
terreau,  soil  anjounl'iiiii  supéiierirà  celui  de  la  tuer. 
Des  bouquets  de  bois  imerrompenl  de  distance  en 
distance  ces  immenses  prairies  ,  et  en  dérobent  à 
l'œil  l'étendue.  On  remarque  enflo,  entre  Kaw  et  le 
Mahury,  ainsi  que  dans  le  quartier  de  Sinnamary.  de 
vastes  espaces  formés  par  l'asseurblage  il'herbes 
aqrratiques  reposant  sui-  un  fond  de  vase  molle;  ce 
sont  de  véritables  tourbières  en  voie  de  fornviiiun  , 
qu'on  désigne  dans  le  pays  .-ous  le  nom  de  sataufs 
tremblantes.  —  Sous  le  vent  de  Cayenne,  c'est-à- 
dire  au  nord-ouest  de  la  Guyane  française,  le  dépôt 
argilerrx  dont  il  s'agit  est  séparé  dis  tern-s  alluvic:- 
nes  toutes  modernes,  par  urr  pirissant  banc  de  sable 
mêlé  de  quelques  débris  de  coquilles  marim  s  d\:s- 
péces  actuellement  vivantes  sur  la  côte.  Ce  banc , 
qui  lorme  le  long  de  la  mer  de  légères  ondulations  et 
de  petites  dunes  ,  depuis  le  qirartier  de  Macorrria 
jusqu'à  l'embouchrrre  du  .Maroni,  dans  une  longueur 
de  plus  de  200  kil.,  est  évidemment  un  relais  de  la 
miT  et  ne  saurait  être  attribué  au  cours  des  rivières 
de  la  tîuyane.  Mais  d'où  vient  aujourd'hui  qu'il  a 
cessé  de  se  former  pour  laire  plaie  à  un  dépôt  d'une 
tout  antre  nature,  qui  est  venu  se  poser  à  ses  pie  !s  ? 
Celte  modifiiation  ne  se  rattacherait  eKe  pas  au 
grand  courant  océanique  qui  longe,  comme  on  sait  , 
la  côte  dans  la  direction  du  >ud  au  nord  ?  Ce  cou- 
rant, après  avoir  longtemps  bitlu  la  ceinture  ro- 
che.ise  soris-marirre,  formée  par  le  prolongement  des 
diverses  cliaines  de  montagnes  du  continent  brési- 
lien, et  dont  l'amiral  liuussin  a  signaié  l'existi  nce 
sur  la  côte  du  Brésil  depuis  Sainte-Catherine  jus- 
qu'à Maraitlianii   et  avoir  charrié  ses  débrit,  souk 


SCI 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


802 


forme  de  sable,  sur  les  côles  de  la  Guyane,  s'esl  at- 
taqué aux  anciens  dépôts  alluvieiis  de  li  rive  druiie 
de  l'Amazone  qu'il  eniporie  aujourd'hui 'dans  son 
cours  et  c^i'il  dépose  sans  doute  un  peu  plus  loin  , 
c'est-à-dire  sur  les  côtes  de  la  Guyane  ,  à  la  laveur 
du  remous  occasionné  par  sa  reucinlre  à  angle  droit 
Rvec  le  puissant  courant  des  Aniaiones  et  des  nom- 
breuses rivières  de  la  Guyane  ,  les(|uelles  viennent 
aussi  ajouter  quelques  inaicriaux  au  dépôt  dont  il 
s'agit.  Ainsi  s'expliquerait  la  présence  de  ces  co- 
quilles d'Iinilres  qu'on  rencontre  dans  les  terres 
basses  di^  l'.nlér  ieur,  celle  d'une  ancre  qu'on  a  trouvée 
enfouie  dans  les  v;iscs  de  la  vasie  plaine  que  dessé- 
che en  partie  le  canal  de  Torcy,  ancre  qui  indique 
une  station  du  na\ire  sur  ce  point  distant  aujour- 
d'hui de  8  kil.  de  la  mer.  On  pourrait  aussi  allribuer 
à  celte  cause  l'exhausseiueut  du  fond  du  mouillage 
occupé  en  lOVU  par  l'escadre  du  maréchal  d'Eslrérs, 
prés  des  ilols  Malouins  ,  qui  font  aujourd'hui  partie 
Intégrante  de  l'ile  de  Cayeuniî ,  et  où  il  exi-te  des 
cultures  de  vivres,  de  cotonniers  et  de  girofliers  ; 
enfin,  l'élétation  toujours  cioissante  du  fond  de  la 
mer  sur  les  côtes  de  la  Guyane,  fait  si  évidemment 
établi  par  les  canes  hydrographiques  les  plus  ré- 
centes. Quoi  qu'il  en  soit ,  ces  pleines  ,  qui  se  pro- 
longent au  loin  dans  la  mer,  sont  formées  de  vases 
argileuses  qui ,  lorsqu'elles  se  découvrent  à  marée 
basse,  ne  lardent  pas  à  éiro  occupées  par  une  forêt 
de  palétuviers  et  de  m  ngliers  dont  'es  mille  racines 
lixent  la  vase,  tandis  que  les  brancht-s  et  les  troncs 
roruient  un  obstacle  à  l'envahissemeul  des  eaux  de 
la  mer.  Derrière  cet  abri ,  divers  végétaux  qui  de- 
mandent un  sol  moins  mouillé  et  surtout  plus  des- 
salé, succèdent  aux  palétuviers,  qui  ne  peuvent  plus 
y  vivre.  Tel  est ,  enire  autres  ,  le  palmier  pinot  ;  ce 
sont  ces  mêmes  terres  qui,  desi-échées  au  moyen  de 
fossés,  de  digues  et  d'écluses,  jouissent  d'une  ferti- 
lilé  à  nulle  autre  comparable. 

La  température  de  la  Guyane  n'est  pas  aussi  éle- 
vée que  le  ferait  supposer  s-a  proximité  de  la  ligne 
équatoriale;  elle  est  plus  uniforme  qu'en  aucun  lieu 
de  la  terre  ;  mais,  il  faut  le  remarquer,  le  corps  hu- 
main n'éprouve  pas  la  sensation  de  la  chaleur  à  la 
manière  d'un  thermomètre,  que  l'air  en  mouvement 
et  l'hiunidité  n'afiécienl  pas  sensiblement  ,  tandis 
que  ces  deux  agents  eserce-il  une  action  irés- 
marquée  sur  les  organes  de  I'Ik  nime;  aussi  une  tem- 
pérature humide  plus  basse  qu'une  lempéraiure  sè- 
che ost-ede  moins  supportahle  que  celte  dernière  ; 
or,  à  la  Guyane,  l'air  est  souvent  saturé  d'humidité, 
par  suiie  de  l'iininense  évaporation  d'un  sol  presque 
continuellement  iimndé.  Depuis  le  mois  de  novembre 
jusqu'en  juillet ,  l'Iiygromèire  est  presque  constam- 
ment à  /.éro.  C'est  celte  hum  dite  c|ui,  combinée  avec 
la  chaleur,  énerve  les  forces  de  l'Iionime.  Touiefois, 
les  brises  du  soir  ,  pendant  I  hivernage  ,  en  rafraî- 
ohis>ant  l'air,  viennent  rendre  du  Ion  a  ses  organes, 
ei,  au  demeurant,  à  la  Guyane  ,  la  lempérature  , 
quand  on  ne  se  livre  pas  à  -un  exercice  violent ,  est 


supportable ,  plus  supportable  que  la  chaleur  en 
France,  dans  les  beaux  jours  de  l'été.  Le  climat  est 
bien  loin  d'être  aussi  malsain  qu'un  le  pense  générale- 
meni ,  par  suite,  sans  doute,  de  quelques  essais  de 
colonisation  aussi  mal  conçus  que  mal  exécutés.  Le 
pays  est  (iévieux,  c'est  chose  incontestable  ;  les  fiè- 
vres intermittentes  y  régnent  partout,  avec  plus 
ou  moins  d'intensité,  pendant  une  grande  partie  de 
l'année,  excepté  à  Cayenue  niéine,  ville  où  l'air  est 
aussi  sa!ubre  que  dans  les  deux  tiers  des  villes  de 
France.  Ces  lièvres  sont  quelquefois  fort  tenacts  et 
conduisent  a  des  hépatites  et  à  des  hydropisies;  la 
dyssenterie  vient  aussi  s'y  mêler  ,  mais  elle  n'ollra 
pas,  à  beaucoup  près,  les  mêmes  dangers  qu'ailleurs, 
el  Ton  en  gu'ril  ordinairement  en  s'assujellissant  à 
un  régime  sévère.  Les  blessures  les  plus  légères  oc- 
casionnent quelquefois  le  létanos  ;  toutefois  ,  celte 
maladie  n'est  guère  plus  fréquente  qu'en  Europe 
pendant  les  chaleuis  Toutes  les  autres  maladies 
n'offrent  pas,  à  la  Guyane,  d'autres  caractères  qu'en 
Europe,  si  l'on  en  excepte  l'effet  de  l'insidation,  qui 
y  détermine  quelquefois  des  maladies  inflammatoires 
du  cerveau,  dont  l'invasion  et  la  marche  ifirayent 
par  leur  rapidité.  Mais,  enfin,  on  a  beaucoup  ex:  géré 
l'effet  du  soleil,  et  il  est  facile  de  s'i  n  garantir  en 
évitant  de  s'y  exposer  en  plein  iniili,  et  en  plaçant 
quelques  feuilles  dans  la  coiffe  de  son  chapeau.  Il  est 
évident,  toutefois,  que  la  constitution  de  l'Européen 
s'altère  à  la  longue,  à  la  Guyane,  sous  l'influence  de 
la  chaleur  humide  qui  y  règne  cunsiammeot.  Son 
premier  effet  est  la  décoioiatiou  de  la  face,  qui  con- 
tracte une  teinte  jaunâtre  ;  puis  les  force>i  diimnuent 
giaduellemenl ,  le  corps  perd  de  sa  vitalité,  l'esprit 
de  son  activité.  La  fièvre  a  pour  effet  immédiat  de 
para  yser  l'énergie  de  l'àme  ;  alois  ,  dans  l'isolement 
d'une  liabitation,  la  nostalg'e  s'empare  bien  vite  de 
l'Enropéen,  qui  se  voit  comme  abandonné  du  niuiide 
entier,  ei  il  meurt,  faute  de  la  volonté  de  vivre.  Les 
tempéramenis  nerveux  sanguins  paraissent  réji>ier 
inliniment  mieux  au  climat  de  la  G'iyanc  ;  ainsi  la 
ronstilulion  des  blonds  s'altère  moins  piofondéinent, 
moins  r.ipidementque  celle  des  bruns;  ils  ne  si-ni  pa& 
aut.int  abattus  par  la  fatigue,  ei  penlent  m' lus  de 
leur  énergie  native.  Ceite  opinion  paraîtra  peul-éire 
cou  raire  à  la  loi  providentielle,  qui ,  eu  proiédant 
à  la  distribution  des  races  e.i  Europe  ,  a  p!  ce  les 
bruns  au  Midi  et  les  blun:!g  au  Nord  ,  mais  elle  n'en 
csi  pas  moins  exacte;  les  faits  sont  l:'i  :  qu'on  les 
consulte.  Si  l'on  con-idére,  au  surplus,  qu'à  la  Gu vane 
la  plupart  des  iiial.idi  s  des  Européens  S'iit  des  af- 
fections bilieuses  ,  auxquelles  les  bruns  sont  bien 
plus  di-poaés  par  leur  cou  tiiuiion  que  les  bl-  nds,  on 
s'étonnera  moins  de  la  remarque  que  nous  avons 
faite. 

Les  saisons,  à  Càyenne,  ne  sont  guère  marquées 
nue  par  l'époque  des  plues  ,  car  la  température 
moyenne  entre  l'été  et  l'hver  ne  d.ffére  que  de  5  à 
4  degrés.  Il  y  a  deux  saisons  :  la  saison  sèclie  ,  qui 
dure  quatre  à  cinq  mois  ,  pendant  laquelle  il  pleut 


803 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


peu  ou  il  ne  plein  poinl  ,  et  la  saison  pluvieuse  , 
donl  la  durée  esi  de  sepi  à  huit  mois,  et  qui  est  or- 
dinairement inleiTompue  en  mars  par  irois  ou  quatre 
semaines  de  beau  temps.  La  pluie  y  tombe  i^inioi  par 
grains  avec  des  embellies,  laniôl  d'une  manière  con- 
tinue ei  avec  une  violence  donl  on  n'a  point  d'iilée 
dans  le  nord  de  la  France.  —  La  Guyane  est  le  pays 
de  la  terre  où  il  tombe  le  plus  d'ean  ;  et  la  quaniiié 
qui  tombe  vers  l'Oyapnck  peut  èire  estimée  à  .'™,&0; 
c'est  à  peu  près  sept  fois  auinut  qu'à  Paris,  où  la 
moyenne  esi  de  0°,S5.  Dans  une  expérience  faite  :.u 
port  de  Mapa,  en  1859  ,  rudomélre  a  donné  O^.ogs 
d'eau  en  vingt-quatre  heures.  Aux  approches  de  la 
saison  pluvieuse,  les  vents  se  rapprochent  de  l'est 
pour  rallier  ensuite  le  nord-est;  ils  balayent  alors 
devant  eux  les  abondantes  vapeurs  qu'engendre  l'im- 
mense surface  d'ëvaporaiion  des  mers  tro].icales,  les 
portent  vers  le  continent  de  la  Guyane,  et  en  accu- 
mulent d'abord  les  nuages  sur  les  points  culminants 
de  l'intérieur,  où  ils  s'arrêtent  et  se  condensent  par 
le  refroidissement,  avant  de  s"abatlre  sur  les  plaines 
basses  et  chaudes  des  bords  de  la  mer;  aussi,  les 
pluies  de  l'intérieur  devanceni-elles  ce  les  du  liltor.il, 
et  voii-on  les  crues  des  rivières  précéder  de  plusieurs 
jours  !'épo,|ue  des  pluies  qu'elles  annoiiceni  aux  ha- 
bitants des  terres  basses.  Vers  le  mois  de  juillet,  les 
vents  serrent  l'tsi,  le  dépassent  même  et  se  rappro- 
chent du  sud  ;  les  vapeurs  de  l'Océan  sont  alors 
chassées  vers  la  chaîne  des  Antilles,  et  y  détermi- 
nent la  saison  des  pluies  ,  tandis  qu'une  sécheresse 
plus  ou  moins  opiniâtre  régne  à  la  Guyane,  s.nns 
que  les  brises  de  mer  en  viennent  r.ifraichir  l'ahmi- 
sphére  embrasé.  Durant  le  petit  été,  c'est-à-dire  vers 
l'équinoxe  du  printemps  ,  les  vents  rallient  le  nord 
et  le  nord-nord-ouest,  les  vapeurs  océaniques  ne 
sont  plus  poussées  en  aussi  grande  abondance  vers 
le  continent  de  la  Guyane  ;  quelques  beaux  jours 
luisent  pour  ce  pays,  et  viennent  interrompre  celle 
série  sans  lin  de  jours  pluvieux.  —  La  périodicité  des 
vents  généraux,  jdinte  à  l'effet  du  courant  océanique 
qui  se  dirige  du  nord  au  sud,  rend  três-dilficile,  pour 
tous  autres  bâtiments  que  les  navires  caboteurs,  qui 
calent  peu  d'eau  et  qui  peuvent  dès  lors  serrer  la 
côte  et  profiler  des  remous,  les  communications  par 
mer  du  nord-ouest  au  sud-est,  depuis  le  mois  d'avril 
jusqu'au  mois  de  décembre  ;  mais,  à  celte  ép(ique  , 
les  vents  du  large  deviennent  traiersiers  et  permet- 
leni,  pendant  trois  ou  quatre  mois,  aux  navires  du 
plus  fort  tonnage,  de  lutter  contre  les  courants  pour      de  sang  africain.  La  population  de  sang  mêlé  se  rend 


804 
heures  51  minutes  ;  ce  jour,  le  plus  court  de  l'année» 
a  i  1  heures  ii  minutes. 

Les  pliénnnièiies  électriques  de  l'atmosphère  ont 
peu  d'intensité  à  la  Guyune  ;  aussi  les  orages  y  sont 
rares  et  les  ouragans  incoinius.  Les  tremblements  de 
terre  n'ont  jamais  causé  le  moindre  dommage  à  la 
Guyane,  donl  le  sol  n'est  pas,  d'ailleurs,  de  la  nature 
de  ceux  qu'agitent  de  prélérence  les  forces  internes 
du  globe.  Depuiscinqnanie  ans,  on  n'a  ressenti  que 
trois  légères  secousses  :1a  première,  en  1794;  la  se- 
conde, en  1821  ;  et  la  troisième,  le  8  té\rier  1843, 
à  11  heures  25  minutes  du  matin.  Cette  dernière  est 
celle  qui  a  détruit  de  fond  en  comble  la  Poiuie-à-PÎ- 
tre  ;  elle  a  été  à  peine  sensible  à  la  Guyane. 

La  population  de  la  Guyane  se  compose  d'Euro- 
péens, de  créoles,  d'individus  desang-mèlé,  de  noirs 
libres,  de  noirs  esclaves  et  de  quelques  tribus  d'In- 
diens aborigènes.  La  population  blanche  entre  pour 
lOUl)  à  1(00  individus  dans  les  5746,  formant  le  chif- 
fre de  la  population  libre  séJenlaire  de  la  colonie  : 
elle  se  compose  de  créoles  (  c'est  ainsi  qu'on  appelle 
les  individus  nés  dans  la  cobmie)  et  d'Européens 
venus  pour  y  chercher  fortune  ou,  tout  au  moins,  des 
moyens  d'existence.  Nijus  avons  dit  ailleurs  quels 
sont  à  la  longue  les  effets  du  climit  de  la  Guyane 
sur  les  individus  de  race  blanche.  Nous  ajouterons 
que,  contraireineiil  à  une  opinion  généralement  ad- 
mise, le  climat  traite  à  peu  près  de  la  même  manière 
le  créole  et  l'Européen,  alors  que  ce  dernier  a  été 
acclimaté  par  un  séjour  d'une  année  environ,  séjour 
pendant  lequel  il  a  vu  diminuer  plus  ou  moins  rapi- 
dement cette  dose  de  vitalité  qu'il  possédait  à  son 
arrivée  d'Europe,  et  qui  est  la  conséquence  d'un 
sang  riche  en  fibrine,  circonstance  qui,  dans  le  cours 
de  ta  première  année,  le  prédisposait  aux  effeis  de 
l'iiisolaiion.  Les  fièvres  interniiitentes  de  marais  et 
les  maladies  qui  les  accompagnent  atteignent  à  peu 
pré-  également  le  créole  et  l'Européen.  Toutelois,  ce 
dernier  reste  plus  longtemps  sujet  aux  maladies  in- 
flammatoires aigîies  dites  fièvres  pernicieuses  et  ty- 
phoïdes, qui  enlèvent  quelquefois  le  malade  au  troi- 
sième accès. 

Les  préjugés  de  caste  sont  moins  prononcés, 
moins  vivaces  à  la  Guyane  française  qu'aux  Antilles  : 
on  ne  les  renconlre  guère  plus  que  dans  les  salons 
et  chez  les  dames  créoles,  qui  se  regarderaient  en- 
core comme  fort  humiliées  de  recevoir  à  leur  table, 
ou   n'iéme  chez  elles,   un  habitant  de  sang  mêle  ou 


suivre  le  sud-est.  —  La  marée  se  fait  sentir  jusqu'à 
28  à  32  kil.  de  la  côte  ;  sa  hauteur  maximum  est  de 
ô",!?,  el  sa  hauteur  minimum  de  2"", 17;  consé- 
quemment  sa  hauteur  moyenne  est  de  2"!, 67.  —  Au 
solstice  d'été,  le  22  juin,  le  lever  du  soleil  a  lieu  à 
5  heures  51  minutes,  et  son  coucher  à  G  heures  9 
minutes  ;  ce  jour,  le  plus  long  de  l'année,  a  12  heures 
18  minutes.  Au  solstice  d'hiver,  le  22  décembre,  le 
Boleil  se  lève  à  6  heures  'J  minutes,  et  se  couche  il  5 


d'ailleurs  chaque  jour  davantage  digne  de  considé- 
ration par  sa  manière  de  \  ivre  comme  par  ses  mœurs. 
Quant  à  la  population  nuire,  libre,  les  nouveaux  af- 
franchis épronveni  une  véritable  antipathie  pour  le 
travail  de  la  terre,  qui  est,  après  tout,  pour  eux  le 
symbole  poignant  de  l'esclavage.  Mais  ceux  qui  sont 
libres  depuis  longtemps  n'ont  plus  ces  idées  ;  ceux 
surtout  qui  possèdent  de  petites  habitaiions  dirigent 
le  travail  de  leurs  quelques  esclaves,  et  y  prennent 
une   part   direcie;   toutefois,   celle   classe  compte 


805 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


SOR 


beaucoup  d'imlividus  dont  les  moyens  d'existence 
sont  fort  |irol)lémaiiques.  —  La  promiscuité  des  se- 
xes est  un  guùl  que  l'esclavage  entretient  chez  le 
nègre.  Quels  que  soient  les  encourngemenls  de  son 
maître  pour  qu'il  se  marie,  il  s'y  décide  difficilcmeni, 
et,  s'il  cède  à  l'appàl  des  fa\ei!rs  qui  lui  sont  pro- 
mises, son  union  est  rarement  de  longue  durée  :  les 
époux  ne  lardeul  guère  à  se  séparer  ;  le  mari  aban- 
donne insoucieusement  ses  enfants.  —  Les  femmes 
sont  inllninienl  moins  fécondes  à  la  Guyane  qu'en 
Afrique  :  on  eu  peut  clierclier  la  cause  dans  la  vie 
dissolue  qu'elles  mènent.  Un  a  remarqué  que,  dans 
les  ateliers  écartés  et  sans  voisinage,  elles  sont  asses 
fécondes  pour  que  le  nombre  îles  naissnnces  égale  ou- 
dépasse  celui  des  décès,  tandis  qu'il  est  des  ateliejs 
où  toutes  les  feumies  sont  stériles,  ei  ce  sont  princi- 
palement ceux  qui  reçoivent  de  fréquentes  visites  de 
tous  l«s  nègres  du  voisinage.  Les  nègres  sont  sou- 
mis, il  est  vrai,  a  plusieurs  maladies  graves,  en  lêie 
desquelles  il  f.iut  pincer  la  lèpre,  l'éiépliantiasis  et  le 
pian,  mais  ces  affections  sont  rares  ;  les  fièvres  inler* 
mitieiKes  les  alt:iqiient  plus  fréquemment.  Ils  sont 
aussi  sujets  à  des  nial.ulies  inflammatoires  qui  les 
emportent  rapidement  et  qu'on  a  dû  souvent  prendre 
pour  les elïetsdu  poison.  — Il  existe  snrqnelques  h..- 
biiaiions  plusieurs  exemples  de  longévité  reniari|na- 
ble.  On  y  voit  des  nègres  plus  que  septuagénaires,  et 
des  négresses  octogénaires. 

La  populatiiin  aborigène  devient  tous  les  jours 
plus  rare  :  elle  est  divisée  en  (ribus.  Les  principales 
sont  celles  des  Galibis,  de  l'Approuague,  des  Enic- 
rillons,  des  Oyampis,  etc.;  quelques  Tapouilles, 
chassés  du  Para,  sont  venus  dans  ces  derniers  temps 
établir  leurs  carbels  dans  le  haut  des  rivières.  — Les 
Indiens  cultivent  un  peu  de  manioc,  des  ignames  et 
des  bannnes  ;  mais  ils  tirent  surtout  leurs  ressour- 
ces de  la  chasse  et  de  la  pèche,  exerc  ces  dans  les- 
quels ils  excellent  :  ils  se  louent  quelquefois  pour  ce 
genre  d'occupation;  ils  s'emploient  aussi  à  l'exiiloi- 
tation  des  bois;  mais  ils  ne  sauraient  se  déterminer 
à  prendre  part  a  un  travail  quelconque  de  culture. 
Ils  viennent  vendre  dans  les  villes  de  la  poterie  et 
des  paniers.  Ils  sont  sujets,  comme  les  autres  habi- 
tants de  la  Guyane,  à  l'influence  délétère  des  mias- 
mes. La  fièvre  et  les  désoidres  qu'elle  amène  simt 
des  affections  fort  communes  parmi  eux;  la  petite 
vérole  y  a  exercé  d'alTreux  ravages.  La  population  des 
villages  indiens  de  Maraoun  et  de  Mourages,  qui  ha- 
bitaient le  haut  de  la  rivière  de  l'Appioiiagne,  a  dis- 
paru complètement,  à  l'exception  de  trois  ou  rpiaire 
individus.  L'usage  du  iifia,  que  les  Indiens  déngnent 
sous  le  nom  d'esprit  de  blanc,  a  été  des  plus  funes- 
tes à  ces  malheureux,  qui  aiment  avec  passion  cette 
liqueur. 

La  Guyane  hollandaise  forme  un  vicariat  aposto- 
lique sous  le  litre  de  vicaire  npostolique  de  Surinam. 
La  colonie  compte  environ  60,060  habit,  sur  lesquels 
il  y  a  16,000  Indiens  et  Nègres  m;irrons.  Avant  la 
domination  hollandaise,  en  167i,  les  missionnaires 


portugais  et  espagnols  avaient  cherché  à  instruire 
les  indigènes  dans  la  foi  catholique.  Mais  il  fallut 
renoncer  à  cette  noble  et  laborieuse  entreprise  à 
l'arrivée  des  llcdiandais.  Alors  cette  va«ie  contrée, 
qui  n'a  pas  moins  de  1,"20i)  kil.  de  côlos,  sur  une 
profondeur  de  800  kil,,  fut  abandonnée  à  l'immoralité 
et  à  la  b.irbarie.  Les  Nègres  ne  recevaient  aucune 
instruction  religieuse ,  il  n'y  avait  aucun  minisire 
pour  les  baptiser;  on  apercevait  à  peine  deux  nu 
trois  églises  calvinistes.  La  polygamie,  l'idolâtrie  et 
la  sorce'Ierie,  que  les  Nègres  et  les  colons  appellent 
obeali ,  dominaient.  On  sait  que  la  race  noire  a  un 
penchant  prononcé  pour  la  sorcellerie,  penchant  que 
l'esclavage  n'a  pu  que  fortilier  et  augmenter.  Tel 
était  r(;tat  religieux  de  la  colonie  lorsqu'une  partie 
en  fut  cédée  à  l'Angleterre,  il  y  a  quelques  années. 
Cette  partie  a  pris  le  nom  de  Guyane  anglaise.  Elle 
est  beauc  up  plus  peuplée  que  les  deux  autres;  elle 
possède  16», 000  habitants,  sur  lesquels  il  y  a  plus  de 
30,0'JO  Indiens  et  INégres  marrons.  Peu  de  temps 
après  la  pi  ise  de  possession  de  celle  contrée  par  l'Angle- 
terre, on  bâtit  plusieurs  églises  de  la  religion  établie. 
C'esi  ainsi  qu'on  désigne  l'anglicanisme.  Il  vint  ensuite 
les  presbytériens  d'Eeosse,  les  méthodistes  et  les  au- 
tres sectaires.  La  colonie  a  aujourd'hui  plus  de  2,^ 
églises  hérétiques,  avec  leurs  terres,  leurs  presbytères, 
leurs  écides.  L'introduction  du  catholicisme  n'y  date 
que  de  ISiD.  Quelques  catholiques  sollicilèrent  du 
gouverneineni  anglais  la  liberté  et  des  secours  pour 
leur  culte.  Lord  Hathurst,  alors  secrétaire  d'État 
pour  les  colonies,  leur  répondit  laconiquement  :  i  Si 
les  catholiques  de  Déinérary  veulent  avoir  une  église 
et  un  prêtre,  qu'ils  bâtissent  l'une  et  qu'ils  entre- 
tiennent l'autre.  >  Le  premier  prêtre  catholique  qui 
parut  dans  la  colonie  fut  un  dominicain  irlandais  ,  le 
P.  ilynès.  Une  chambre  dans  une  maison  particulier* 
lui  servit  d'abord  de  cliupelle.  La  Guyane  anglaise 
compte  aujourd'hui  de  10  à  11,000  catholiques  sur 
plus  de  100,000  ànies  qui  appartiennent  à  diverses 
sectes.  Le  gonvernenieni  colonial  a  enfin  voté  une 
faible  allocation  pour  l'entretien  de  deux  ou  trois 
prêtres,  à  cause  des  soldats  irlandais  catholiques, 
répandus  dans  les  casernes  et  les  postes  de  la  colo- 
nie. Les  églises  sont  de  pauvres  chapelles  en  bois  ;  il 
y  en  a  une  i>  Georges-Town,  siège  du  gouvernement 
colonial,  une  autre  à  Berbice.  Il  n'y  en  a  qu'une  seule 
dans  le  vaste  établissement  d'Ëssequibo,  et  pas  une 
dans  rinlérieur  des  terres,  où  les  Indiens  si  nom- 
breux Cl  encore  païens  pourraient  se  réunir  pour  ap- 
prei;di  e  h  connailre  le  christianisme.  Les  catholiques 
de  Berbice  se  composent  de  1000  à  120'i  pauvres 
Africains,  esclaves  alfranchis,  et  de  quelques  proles- 
tants convertis.  La  colonie  a  sur  son  territoire  une 
tribu  catholique  d'Indiens,  autrefois  soumise  aux 
Espagnols,  an  nombre  de  SÛO  environ,  qui  oni  émi- 
gré du  territoire  espagnol  lors  du  soulèvement  de, 
Nouvelle-Grenade  contre  la  mère-patrie,  te  P. 
dont  nous  avons  déjà  parlé,  demanda  pour/  ^ 

gouveinemeiit    anglai.î    deux    prêtres    calB^iiuei'^ 


807 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


coiiime  ils  les  avaient  sons  l'adininisinilion  espa- 
gnole. Celle  deiiaiide  ne  fui  pas  accueillie.  Il  se 
[iroposi  pour  aller  résider  avec  eux  au  milieu  de 
lenrs  loréts  séculaires;  mais  ou  repoussa  également 
celte  généreuse  proposition. 

La  Guyane  anglaise  a  été  érigée  en  vicariat  dont 
le  titulaire  porte  le  liire  de  vicaire  apostolique  de 
Dùmérary.  Il  existe  dans  ce  vicariat  huit  tribus 
d'Indiens  encore  païens  ,  formant  ensemble  une  po- 
pulation de  "27  à  28,000  individus ,  qui  vivent  sans 
connaissance  du  vrai  Dieu  et  sans  idée  de  civilisa- 
tion. Voici  le  tableau  que  trace  de  leur  situation  le 
P.  Hynès ,  qui  a  passé  plusieurs  années  de  sa  vie 
dans  la  mission  de  la  Guyane  :  <  Ces  tribus  diiïèrent 
de  toutes  les  autres  aut;ini  pour  les  mœurs  que  pour 
la  figure  et  le  langage.  Elles  ont  peu  d'idées  reli- 
gieuses :  on  n'a  point  encore  trouvé  parmi  elles  ces 
iradilions  si  rép indues  ailleurs  sur  la  créaliun  du 
monde  ei  celle  de  Tbomnie,  sur  le  déluge,  sur  la  ré- 
surrection future  ;  et  bien  que  la  colonie  de  la  Guyane 
anglaise  soit  habitée  depuis  deux  siècles  par  des 
liommes  qui  se  donnent  le  beau  nom  de  chrétiens, 
les  gouvernements  n'ont  fait  aucun  eiïort ,  pendant 
celte  loi.guc  période,  pour  améliorer  l'étal  des  sau- 
vages ,  qui  souvent  habitent  à  peu  de  <li>tanee  des 
planiations,  et  dont  quelques-uns  viennent  joumel- 
lenienl  promener  au  milieu  de  Georges-Town  leur 
déplorable  nudité,  l'bisieurs  tribu-,  ont  été  réduites 
en  esclavage,  et  les  prédécesseurs  des  Anglais  (les 
llolbindais)  ont  exploité  au  profit  de  leuis  passions 
l'avilissenient  de  ces  infortunés.  Mais  ni  eux  ni  les 
Anglais  n'tuil  jamais  attaché  la  moindre  importance 
à  faire,  de  tant  de  créatures  pensantes,  des  chrétiens 
ni  Diéme  des  hommes.  > 

Terra  Murina,  l'ile  des  Rats,  ou  lie  Maurice,  an- 
cienne Ile  de  France.  C'est  un  vicariat  apostolique. 

—  La  nature  s'est  plu  à  réunir  sur  ce  point  de 
l'Océan  des  avantages  dont  peu  de  pays  ont  été  fa- 
vorisés ;  elle  lui  a  donné  des  sites  pitturesqurs  d'une 
rare  roagnilicence,  un  sol  d'une  fertilité  inéiuisable, 
et  un  climat  dont  nul  autre  ne  surpasse  la  salubrité. 

—  L'Ile  de  France,  qu'on  appelle  aujourd'hui  Mau- 
rice, est  s  tuée  par  le  20«  degré  de  latitude  méri- 
dionale et  par  le  55"  de  Inngitude  orientale  :  elle 
n'est  éloignée  de  l'ile  Bourbon  que  de  160  kil.  ma- 
riiimes.  On  prétend  qus  dans  les  beaux  jours  on 
voit  de  Maurice  le  sommet  des  montagnes  de  Uourbon, 
dont  quebiues-unes  sont  fort  élevées  et  souvent  cmi- 
vertes  de  neige.  Maurice  a  48  kil.  de  longueur  de 
l'est  h  l'ouest,  et  ôi  kil.  i\e  largeur  du  midi  au  nord. 
La  partie  occidentale  est  pres.jue  entièrement  cul- 
tivée; à  l'orieni  la  main  de  l'homuie  ne  s'est  point 
encore  fait  sentir  :  le  sol  y  est  mauvais  et  ne  se 
prête  pas  à  la  culture  des  cannes  à  sucre,  qm  sont 
la  principale  richesse  des  insulaires.  Le  cemre  est 
occupé  par  des  montagnes  dont  la  plus  élevée  a  la 
forme  d'un  doigt  et  s'appelle  le  Pouce.  —  Au  pie-i  de 
celle  chaîne  de  montagnes,  dans  la  partie  méridio- 
nale, fe  trouve  connue  encaiBsée  dans  une   demi- 


circonférenee  la  ville  unique  de  la  contrée ,  Port- 
Louis.  Quand  d'une  hauleur  voisine  on  voit  du  nièine 
coup  d'œil  la  ville  et  le,  pi^rt,  on  ne  peut  s'empêcher 
d'admirer  la  divine  Providence  qui  semble  avoir  dis- 
posé cetamph  théâtre  naturel,  pour  recevoir  au  pied 
de  son  enceinte  protectrice  les  vaisseaux  des  voya- 
geurs et  les  demeures  des  colons,  pour  les  abriter 
contre  les  furieuses  tempêtes  qui  régnent  dans  ces 
parages,  depuis  le  commencement  de  février  jusqu'à 
la  fin  de  mars.  Le  ciel  est  magnifique  et  presque 
toujours  sans  nuage  ;  on  y  voit  briller  des  étoiles 
sans  nombre  ,  et  beaucoup  plus  de  première  gran- 
deur que  sur  l'horizon  de  France  :  on  en  compte 
plusieurs  dans  l'hémisphère  méridional ,  qui  sont 
presque  aussi  brillantes  que  l'étoile  du  Berger.  Si 
l'on  conservait  en  ce  pays  la  vigueur  du  tempé- 
rament européen,  on  serait  lenlé  de  passer  les  nuits 
en  plein  air  pour  jouir  du  spectacle  qu'offre,  cette 
magnifique  illumination  ;  mais  le  climat  ôte  beau- 
coup à  l'àme  de  son  énergie  et  de  son  activité.  Ce 
ne  sont  pas  seulement  les  ardeurs  du  soleil  pcnd.mt 
huit  mois  de  l'année  qui  amollissent  tout  ensemble 
le  physique  et  le  moral  ,  il  semble  que  la  doueeur 
de  l'air  pendant  la  nuit  et  une  partie  du  jour  y  con- 
tribue aussi  :  on  n'éprouve  aucune  impression  qui 
réveille,  aucune  sensation  qui  ranime  ,  à  peine  si 
l'on  se  sent  exister;  l'âme  que  rien  ne  provoque 
reste  comme  endormie  ,  ne  pense  qu'avec  effort,  ne 
veul  qu'avec  nonchalance ,  et  n'agit  qu'avec  une 
singulière  lenteur.  Ce  climat  séducteur  et  lyran- 
niqiie  traite  l'homme  comme  on  traite  quelquefois 
les  oiseaux  :  on  les  flatte,  on  les  caresse  ;  mais  on 
leur  coupe  les  ailes.  —  Les  luerveilles  de  l'ile  ,  ca 
sont  ses  montagnes  et  ses  forêts.  Les  premières , 
sans  être  gigantesques  ,  affectent  des  formes  si  bi- 
zarres, si  capricieuses  ,  la  coupe  en  est  si  élancée  et 
si  hardie,  qu'on  dirait  qu'en  les  façonnant  Dieu  s'est 
joué  des  lois  qu'il  a  imposées  à  la  matière.  Il  eu  est 
une,  la  plus  célèbre,  qui  représente  un  p.iin  de  sucre 
renversé;  vue  de  loin,  on  ne  peut  concevoir  Ci  ni- 
niC'  t  elle  peut  se  soutenir,  bien  moins  encore  com- 
ment on  en  pourrait  tenter  l'accès  Toutefois,  il  y 
a  quelques  années,  un  Anglais  appelé  Péterboth 
conçut  le  projet  de  mettre  à  fin  celte  fat  uleuse 
aventure  :  il  prit  avec  lui  dix  hommes  ,  fit  piu>i^ion 
de  crociiCts,  de  cordes,  d'échelles,  et  s'acliemiua 
vers  la  montagne.  A  force  d'audaee  et  d'elTorts  il 
parvint  heureusement  au  sommet  avec  trois  de  ses 
compagnons  ,  y  passa  la  nuit  plus  content  et  plus 
fi'T  qu  un  vainqueur  sur  le  chanip  de  bataille  ;  le 
lendemain  il  reiiesrendii  après  avoir  faii  tomber  un 
quartier  de  roc  sans  lequel  l'ascension  devenait  im- 
poss  ble  ,  afin  de  conserver  à  lui  seul  la  gloire  de 
l'aMÙt  exr'.cuiée.  L'admiration  lut  universelle  :  peu 
s'eii  fallut  que  le  héros  ne  sévit  porlé  en  triomphe, 
et  la  montagne  <ievenue  le  théâtre  de  ses  exploits 
fut  baptisée  du  nom  de  Péterboth.  Quelque  temps 
après  ,  en  parcourant  les  archives  de  la  ville  ,  on 
trouva  qu'au  \viii«  liècle  un  Français  seul,'  sans 


803  GEOGRAPHIE  DES  LEG 

compagnons  et  sans  bruit,  avait  accompli  la  même 
entreprise  :  de  là,  comme  on  le  pense,  désappoinle- 
ment  complet  pour  les  admirateurs  du  touriste  bri- 
tannique ,  et  mortification  grande  pour  sa  personne. 
—  Les  forêts  de  Maurice  sont  plus  belles  que  ses 
montagnes;  plusieurs  ,  encore  vierges  ,  décorent  la 
partie  orientale  :  la  nature  y  est  entièrement  livrée 
à  elle-même,  ou  plutôt  à  l'action  de  la  Providence  ; 
on  n'y  découvre  pas  nn  sentier  ,  pas  une  trace  hu- 
maine, pas  un  arhre  abattu,  pasunebrancbe  coupée; 
la  végétation  sans  cesse  y  périt,  sans  cesse  s'y  re- 
nouvelle par  ses  propres  forces ,  et  l'on  ne  peut 
s'cmpêcîier  d'adorer  la  Sagesse  divine  qui  maintient 
un  si  bel  ordre  au  milieu  de  ce  cbaos  apparent.  A 
l'aspect  de  ces  lieux  sauvages ,  de  ces  arbres  des 
siècles  passés,  qu'on  voit  pourrir  gisants  sur  le  sol 
on  sécbcr  lentement  sur  pied,  de  cette  vieille  berbe 
haute  et  si  épaisse  qu'elle  semble  former  un  indis- 
soluble ti'Su  ,  de  ces  lianes  qui  se  replient  eu  mille 
festons  et  dont  on  n'aperçoit  ni  le  commencement 
ni  la  fin  ,  de  cette  riche  création  où  la  main  du 
grand  Ouvrier  se  laisse  voir  encore  fraicliement 
empreinte,  et  où  tout  semble  néanmoins  i.avoir 
6000  ans  ,  l'esprit  se  sent  porté  à  la  méditation  et 
le  cœur  à  la  veitu.  On  trouve  dans  ces  bois  de  beaux 
ébéniers  très-recberchés  dans  le  commerce.  Les 
pamplemousses  ne  se  trouvent  que  dans  la  partie 
occidentale  ,  particulièrement  au  lieu  qui  leur  em- 
prunte son  nom.  Les  principaux  arbres  nourriciers 
sont  le  cocotier  et  le  bananier  ;  mais  leurs  fruits 
n'approchent  point  de  l'exquise  délicatesse  de  l'a- 
nanas. 

Maurice  n'a  que  deux  rivières,  appelées  l'une  pe- 
tite rivière  ,  et  l'autre  grande  rivière.  En  fait  de 
grandeur,  tout  est  relatif;  car  si  grande  rivière 
il  y  a,  c'esi  uniquement  par  comparaison  à  l'autre 
qui  est  extrêmement  petite  :  à  part  le  temps  des 
pluies ,  il  n'est  pas  besoin  d'être  leste  pour  sauter 
le  lleuve-rivière  à  pieds  joints.  Une  demi-lieue  avant 
de  se  jeter  dans  la  mer,  elle  forme  une  jolie  cascade 
qui  peut  avoir  iCO  pieds  de  hauteur.  Un  lait  surprenant, 
c'est  l'absence  complèiede  bêles  féroces  et  d'animaux 
venimeux;  en  revanche,  les  rats  fourmillent  et  font 
de  continuels  dégùis  dans  les  plantations  de  cannes 
à  sucre;  aussi,  quand  les  Hollandais  y  abordèrent, 
l'appelèrent-ils  Vile  aux  Rats,  du  nom  de  ses  princi- 
paux habitants.  Il  est  d'autant  plus  difficile  d'expli- 
qaer  la  mnliitude  de  ces  petits  rongeurs  ,  qu'ils  vi- 
vent en  présence  d'un  grand  nombre  de  chats  sau- 
vages qui  doivent  leur  laisser  peu  de  repos.  On  irouve 
aussi  quelques  singes  sur  une  montagne  voisine  de 
la  ville  :  il  paraît  qu'ils  se  sont  fixés  là  afin  d'être  à 
la  porte  des  vergers  qu'ils  visitent  pendant  la  nuit  ; 
ils  y  ont  d'ailleurs  l'avaniage  d'une  retraite  inabor- 
dable. —  L'oiseau  le  plus  commun  est  l'étourneau  : 
il  rend  de  grands  services  eu  faisant  la  guerre  aux 
inseties,  qui,  à  son  défaut,  se  mnltijdieraient  bieniôt 
au  point  de  ne  pas  laisser  un  brin  d'iierbe  dans  les 
champs  :  aussi  est-il  le  favori  et  le  protégé  des  créo- 

DlCTIONNAIBE   DE  GÉOGRAPHIE  BCCL.  II. 


ENDES  AU  MOYEN  AGE.  bit,  : 

les;  il  est  sous  la  sauvegarde  de  la  loi  cl  de  l'opinion; 
Je  meurtrier  est  mis  à  l'amende  et  déilaré  l'eimemi 
du  bien  public.  L'étourneau  se  sent  fort  de  sa  posi- 
tion ,  et  à  peine  daigne-t-il  se  détourner  quai.d  on 
passe  près  de  lui.  Il  a  des  compagnons  plus  bril- 
lants ,  mais  non  plus  courtisés  :  le  cardinal  et  le 
paille-en-queue.  Le  cardinal  est  ainsi  appelé  ,  à 
cause  d'un  petit  chaperon  qui  orne  sa  tête  et  lui 
donne  un  air  de  dignité  tout  à  fait  imposant.  Le 
paille-en-queue  doit  son  nom  aux  plumes  de  sa 
queue  qui  sont  fort  longues  et  très-effilée-,  de  ma- 
nière a  imiter  des  brins  de  paille.  C'est  un  oiseau  très- 
élégant  ;  la  couleur  de  son  plumage  varie  beaucoup  , 
mais  elle  e-t  toujours  belle.  Ce  gi:icienx  animal  ne 
manque  jamais  de  rendre  une  visite  de  congratulation 
aux  navigateurs  qui  arrivent  heureusemeiità  Maurice; 
il  vient  quelquefois  à  leur  rencontre  jusqu'.i  80  ou 
120  kil.,  et  ne  les  quitte  qu'au  port.  Pendant  ce 
temps  il  voltige  autour  du  navire  et  fait  mille  circuits 
en  tous  sens  ,  pour  ne  pas  le  devancer.  C'est  vrai- 
ment l'ami  des  marins  :  rien  n'égale  sa  confiance  ; 
si  un  maieloi  coiffé  d'un  bonnet  rouge  va  se  percher 
au  haut  d'un  mât,  l'oiseau  vient  se  poser  sur  sa  téie, 
et  il  n'est  pas  rare  qu'il  lui  en  coûte  la  liberté.  V(jilà 
les  beautés  extérieures  de  l'Ile  de  France  :  le  fond 
est  assez  riche  pour  que  l'imagination  de  Bernardin 
de  Saint-Pierre  ail  pu  y  faire  une  élégante  broderie. 
La  population  totale  de  l'île  est  d'environ  100,000 
âmes,  dont  7O,OU0  à  la  campagne  et  30,000  à  la 
ville.  Port-Louis  est  une  ville  par  excellence  dans  le 
sens  que  les  Romains  attachaient  à  ce  mot;  car  elle 
n'est  guère,  dans  son  ensemble  ,  qu'une  réuu'on  de 
maisons  de  campagne  alignées  et  mises  en  ordre. 
Chaque  maison  a  son  parterre,  son  jardin,  son  ver- 
ger et  son  mur  de  clôture.  Les  maisons,  générale- 
ment peu  élevées  ,  sont  richement  bâties  et  ornées  ; 
les  rues  sont  larges  et  presque  toutes  tirées  ati  cor- 
deau ;  l'église  est  simple  et  élégante  tout  à  la  fois; 
l'évêché,  qui  est  l'ancienne  cure,  est  commode,  pro- 
pre, m;iis  sans  luxe  et  sans  recherche.  Le  plus  grand 
édifice  est  la  caserne,  qu'on  dit  assez  vaste  pour 
loger  500i)  soldats  :  c'est  encore  un  legs  de  l'an- 
cieniie  domination  française.  On  voit  à  Port-Lotiis 
des  hommes  de  tous  les  pays  et  de  toutes  les  reli- 
gions :  des  Français,  des  Anglais  ,  des  Européens  de 
toutes  nations,  des  Américains,  des  Africains,  des 
Malgaches,  des  Indiens,  des  Parsis,  des  Malais  ,  des 
Chinois,  etc.  ;  aussi  un  homme  d'esprit  l'appelail-il 
VOmnibus  de  l'univers.  Comme  il  y  a  beaucoup  d'é- 
trangers, la  police  s'y  fait  avec  une  exactitude  qui 
devient  souvent  de  la  sévérité.  L'immense  majorité 
de  la  population  est  catholique;  comme  partout,  il 
s'y  rencontre  des  catholiques  fervents,  d'autres  tiè- 
des  et  d'autres  froids.  Il  n'y  manque  pas  non  plus 
de  ces  sortes  de  gens  qui  ne  pro(esseiii  aucune 
croyance,  qui  n'cml  de  foi  qu'aux  plaisirs  et  aux 
piastres.  Il  peut  y  avoir  de  li  à  •i:',0;.0  imidèles  de 
toute  espèce  de  sectes.  On  compte  3  ou  iM  pro- 
testants, dont  nn  grand  nombre  io-.d  des  employés 

2C 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


?11 

du  gouvernement.  Pour  un  troupeau  peu  couHilé- 
rable  il  y  a  trois  niinislres,  tandis  qu'il  n'y  n  que 
six  prêtres  pour  adniiiiisirer  plus  de  70,0  0  ealha- 
liques  disséminoi  sur  toute  la  surface  de  l'ile.  — 
'  Cepend:inl  les  ministres  oui  fait  jusqu'à  pi  osent  peu 
de  prosélyl.s  :  la  population  a  une  propension  déci- 
dée pour  le  calholicisine  ;  le  simple  bon  sens  lui  dit 
que  la  religion  doit  être  enseignée  ,  et  ne  saurait 
s'inventer  à  l'aide  il'une  hible  souvent  mal  cnniprise. 
La  beauté  du  culte  catholique  et  la  niulité  du  pro- 
testantisme servent  aussi  à  déterminer  les  justes 
préférences  de  ces  pauvres  gens.  —  A  la  fin  du  siè- 
cle dernier,  lorsque  File  appartenait  à  la  France,  le 
cliristiauisme  avait  presque  disparu  de  la  f:ice  du 
pays;  un  gouvernement,  qui  proscrivait  clioz  lui  le 
culte  de  Dieu,  ne  pouvait  cire  disposé  à  le  propager 
dans  ses  colonies.  Qucbiiies  prêtres,  dont  le  nombre 
dépassa  rarement  dix  on  douze  ,  luttaient  coniie  les 
progrès  du  mal,  ei  répondaient  de  leur  mieux  aux 
besuins  spirituel»  .le  la  population.  Il  «.■«t  vrai  qu'a- 
lors elle  ne  s'élevait  probablement  pas  à  la  moitié  du 
cliiffre  qu'elle  atteint  aujourd'hui.  En  1811,  les  deux 
îles  de  France  et  de  linurbon  celèrent  aux  forces 
de  la  Hotte  britannique,  et  furent  (xcnpées  par  les 
troupes  anglaises  qui,  à  l'issue  des  hostilités,  rendi- 
rent linurbon  à  ses  anciens  maîires,  et  gardèrent 
l'ilc  de  France  qui  reprit  son  nom  hollandais  de 
Maurice,  —  A  en  juger  i  ar  le  nombre  annuel  des 
Lap'émes,  la  popul.ition  catholique  doit  dépasser 
80,01)0  âmes  La  grande  majorité  se  compose  de 
noirs,  dont  la  probuide  ignorance  est  le  résultat  dit 
inallieur  de  leur  condition.  Pour  une  Eglise  aussi 
CKiisidéraMe  ,  le  gouvernement  a  reconnu  et  réiri- 
tribné  d'aboid  huit  prêires  ,  et  plus  tard  dix.  Ce 
chiffie  n'a  pas  été  dépassé  depuis  que  la  colonie  ap- 
partient à  l'Aiiglolerre. 

Li  s  es<  laves,  dont  le  nombre  s'élevait  à  60,000  , 
furent  émancipés  en  iS5J.  Avant  leur  alTrancliisse- 
nient,  ils  étaient  générale  nenl  traités  avec  huma- 
nité et  presque  avec  bienveillance.  Bien  qu'ils  vé- 
cussent dans  r.gnorauce  de  la  doctrine  chrétienne  , 
faute  de  prèircs  et  de  catéchistes  pour  les  instruire, 
ils  étaient  presque  tous  baptisés.  Aujourd'hui  encore 
la  plupart  d'entre  eux,  tout  en  se  disant  catholiques, 
ne  connai'iseni  pas  les  premiers  éléments  de  la  reli- 
gion ,  et  ne  savent  pas  même  réciter  le  Paler,  ni 
faire  le  signe  de  la  croix.  Il  est  certain  que  depuis 
l'émancipation  leur  condition  n'a  fait  qu'empirer  : 
indolents  par  caractère ,  ils  se  refusent  au  travail 
dès  qu'il  n'est  plus  pour  eux  une  nécessité.  Leur 
unique  andtitiou  se  borne  à  se  procurer  un  petit 
coin  de  terre  pour  y  semer  du  maïs  et  se  construire 
mie  nié<'haule  cabane;  tout  leur  bonheur  consiste 
h  pas-er  leur  temps  couclics  à  terre  sous  ce  chétif 
abri.  In  peu  de  riz  snllii  à  leur  nourriture,  et  le  la- 
beur d'un  jour  leur  en  fournit  assez  pour  vi\re  une 
semaine  entière.  Ils  aiment  beaucoup  les  (érémo- 
nics  religieuses;  et  de  toutes  les  fêtes,  celle  qui 
émeut  le  plus  leur  piété  est  la  comraémoralion  des 


812 

morts.  Le  soir,  ils  se  rendent  au  cimetière  «t  y  brû- 
lent des  cierges  sur  les  tombeaux  de  leurs  amis  dé- 
funts ;  l'enceinte    funéraire  ressemble   alors  il  un 
champ  en  feu,  dominé  par  une  croix  lumineuse  elle- 
même.  Au  rentre  s'élève  nu  grand  crucifix  ;  des  flols 
de  lumières  se  pressent  à  ses  pieds,  et  le  serrent 
de  si  près  que  la  ba-e  en  est  toute  noircie  et  presque 
à  demi  brûlée.  C'est   un  spectacle  singulier  et  vrai- 
ment saisissant  de  voir  ce  lugubre  séjour  des  morts, 
inondé  ainsi  d'êtres   vivants  qui  ,   velus  les  uns  à 
l'euiopéenue,  les    autres   à   la  mode   bizarre    des 
Orientaux,  viennent  se  couiber  tristement  sur  des 
tombes  ,  au  milieu  d'une  forêt  de  torches  embrasées. 
Dans  le  district  de  Savaune  on  rencontre  le  Grand- 
River,  torrent  rapide,  qui  comme  toutes  les  rivières 
de  l'ilc  coule  dans  un  ravin  non  moins  esearpé  que 
profond.  Son  lit  est   encombré  d'énormes  blocs  de 
rochers,  à  travers  lesquels  il  se  préi  ipilc  avec  fracas. 
Souvent  il  se  déi  obe  aux  rt^gards  sous  les  massifs  do 
verdure  qui  ombragent  ses  rives;  mais  alors  même 
que  ses  eaux  disparaissent,  ou  les  entend  mugir,  elles 
s'indignent  et  Iréniiisent  contre  les  obstacles  qui 
semblent  vouloir-  les  empêcher  de  courir  vers  l'Océan. 
—  Ces  ravins,  (lue  l'on  rencontre  fréquemment  dans 
l'Ile  ,   sont  tellement  abruptes  et  vont  se  perdre  si 
loin  ,  que  les  f>isean\  du  ciel  peuvent  seuls  en  visi- 
ter les  gonffies  inaccessibles.  Le  voyagem'  en  voit 
souvent  voltiger  ,  au-dessus  de  ces  abîmes,  de  nom- 
breuses tribus  aux  ailes  blanches  et  rouges  :  paisi- 
bles habiiants   de   ces  solitudes,    dont  le  brillant 
pinmage    contraste    heureusement  avec  la  sombra 
verdure  de  la  végétation.  L'éclat  d'un  ciel   admira- 
blement pur  ajoute  à  ce  paysage  un  charme  ravis- 
sant, et  lui  donne  l'aspect  d'une  terre  enchantée.  Pluf 
loin  on  traverse  une  plaine  qui  s'élève  par  grailation 
à  mesure  qu'elle  s'éloigne  de  l'Océan.  Elle  ollVe  à  sa 
surface,  coname  tout  le  reste  du  pays,  des  traces  de 
son  origine  volcanique  ,   que  les  siècles  ne  peuvent 
effacer.  —  Dans  l'intérieur  de  l'Ile  ,  on  trouve  une 
forêt  traversée  dans  sa  longueur  et  sa  largeur  par 
une  bonne  route.  Les  arbres  qui  la  bordent,  iniep< 
ceptent  la  vue  dans  toutes  les  directions ,  au  point 
que  le  voyageur  n'aperçoit  plus  rien  devant  lui  ni  au^ 
dessus  de  sa  tête,  si  ce  n'est  par  intervalle  le  sommet 
âpre  et  sauvage  de  quelques  montagnes  qui ,  comme 
la  chaîne  dont  elles  dépendent,  présentent  les  formes 
les  plus  irrégniières.  Elles  semblent  braver  les  lois 
de  l'équilibre  ;  on  dirait  qu'agitées  par  ipielque  génie 
malfaisant  qui  s'est  enfui  soudain,  mais  qui  va  reve- 
nir leur  rendre  le  mouvement  ;  elles  attendent  soa 
retour  pour  précipiter  leur  chute  un  moment  inler- 
rompue.  —  Lu  ruisseau  soutenain  et  un  lac  formé 
dans  le  ciatcre  d'un  volcan  éteint  se  font  remarqncf 
à  peu  de  distance  île  chaque  côté  de  la  route  :  ce  sont 
encore,   au   milieu  d'autres   indices  si  lOmbriu», 
comme  des  témoins  irrécusables  des  agitations  con- 
\ulsives  qui  ont  autrefois   bouleversé  le  pays.  Det 
lits  de  corails,  des  stratifications  sous-niarines,  trou- 
vées dans  le  centre  de  l'Ile,  atieslenl  que  les  poiiiM 


m 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


814 


les  plus  élevés  gisaient  autrefois  dans  les  profun- 
deiirs  de  l'Océan.  —  Après  un  trajet  de  douze  ou 
quatorze  milles,  on  sort  de  la  forêt  et  l'on  arrive  à 
l'exiréniiic  de  l'île,  dans  un  pays  ouvert  et  bien  cul- 
tivé. C'est  là  qu'est  situé  le  village  de  rort-Souillae, 
dont  l.i  population  est  considérable. 

A  peine  y  a-t-il  dans  tonte  l'île  un  village  ou  même 
un  banii-au  un  peu  uonsidérable,  où  les  niéiliodisies 
n\tient  ériijé,  pour  les  enfants  du  peuple,  une  école 
gratuite,  dt'Ut  la  direction  est  couliée  à  des  maiires 
et  niafircâses  venus  d'Angleterre.  Les  enfants  de  la 
tinsse  éuiaucipée,  qui  vont  y  chercher  l'insiruciion, 
s'^iii'icuteul  eu  même  temps  les  préj'igés  dont  leurs 
itiaiires  sont  imbus,  et  quoiqu'ils  aient  été  baptisés  , 
ainsi  que  leurs  parents,  dans  l'Eglise  catholique  , 
aussitôt  qu'ils  ont  fréquenté  ces  écoles,  les  ministres 
les  considèrent  comme  ap}iartcnanl  à  leur  commu- 
nion. —  Les  calhi'liques  ont  aussi  à  Port-Lo'iis  une 
école  gratuite,  soutenue  principalement  par  l'évêque. 
Il  n'est  pas  douteux  qu'en  donnant  il  cette  institution 
un  développepient  plus  convenable,  on  préviendrait 
la  chute  de  plusieurs  centaines  d'enfants  catholiques 
qui ,  pour  se  faire  iiistiuire,  n'ont  d'autre  ressource 
que  les  établissements  méthodistes  du  gouvernement 
colonial.  —  Un  collège  royal  a  été  fondé  pour  l'é- 
ducation des  enfants  d'origine  européenne.  Sa  di- 
rection, confiée  d'abord  à  un  prêtre  catholique ,  a 
pas-é  entre  les  mnins  d'un  prolestant  irlandais.  On 
y  donne  un  soin  tout  |  anicnlier  à  1  étude  de  l'an- 
glais, dont  on  se  sert  pour  l'csplicaiion  des  auteurs 
classiques.  Les  efforts  du  gouvernement  tendent  à 
inlioduire  l'usjge  de  cette  langue,  aussi  bien  que 
l'esprit  et  les  coutumes  anglaises  :  il  est  très-proba- 
ble que  l'entreprise  réussira,  elle  ne  deni.inde  que  du 
temps  pour  atteindre  son  but.  M.iis  avec  sa  lansue 


qui  seules  pouvaient  en  assurer  le  bienfait,  est  de- 
venue un  véritable  malheur  pour  celle  classe  infor- 
tunée, en  faveur  de  laquelle  on  l'avait  si  généreuse- 
ment conçue  et  si  loyalement  exécutée.  Pour  rem- 
placer les  bras  dunt  l'agriculture,  et  particulièrement 
la  culture  de  la  canne  à  >ucre,  se  irouvaieni  privées 
par  l'émancipation  ,  on  introduisit  dans  l'île  plus  de 
vingt  mille  coolies  amenés  ici  des  différentes  prési- 
dences de  l'Inde.  Ce  sont  des  hommes  de  couleur 
cuivrée,  de  haute  taille  et  d'une  maigreur  affreuse  ; 
ils  portent  pour  tout  vêtement  une  ceinture  de  toile 
autour  des  reins ,  et  un  lambeau  de  niènie  étnffe 
roulé  autour  de  la  tête;  ce  qui  leur  donne  une 
étrange  tournure  aux  yeux  d'un  Européen.  Quelques- 
uns  recherchent  avec  une  prédilection  tonte  parti- 
culière les  vieilles  vestes  que  les  soldats  européens 
ont  jetées  au  rebut;  ce  sont  pour  eux  des  habits  de 
luxe.  Rien  n'est  bizarre  comme  de  voir  l'a  r  de  sa- 
tisfaction avec  lequel  ils  posent  et  s'admirent  sous 
cet  accoutrement  favori,  avec  un  turban  à  la  tête,  et 
autour  du  corps  un  miséi  able  h.iillon  rouge ,  d'où 
s'échappe  une  longue  paire  de  jambes  noires  et  tou- 
tes nues.  Cette  classe  d'hommes  est  encore  puïenne  ; 
elle  a  i^onservé  l'usage  de  brûler  ses  morts.  Jusi|n'icî 
il  n'a  pas  été  possible  d'entreprendre  sa  conver- 
sion. 

La  mission  de  Maurice  a  sous  sa  dépendance  diU 
fércntes  îles  dont  les  habitants  sont  cailiolii|ues. 

L'île  Kodriguoz,  située  à  une  distance  de  quatre 
cents  milles  du  eôie  de  l'est,  a  été  i  euplée  par  des  fa- 
milles qui  autrefos  étiiigièienl  de  l'île  .Maurice.  Elles 
professent  la  foi  catholique  ,  et  se  conposent  d'en- 
viron 500  personnes.  Ces  iniortunés,  non-seulement 
n'ont  pas  de  pasteur  au  milieu  d'eux,  mais  on  dit 
qu'ils  n'ont  jamais  reçu  la  visite  d'un  prêtre;  ils  vi- 


le gouvernement  espère  (et  nous  croyons  qu'il  s'en      vent  sans  secours  religieux  et  meurent  abandonnés  à 
flatte  vainement)  que  la  cob/nie  adoptera  la  religion 
nsiionale  de  la  Grande-Bretagne. 

L'ue  mortalité  progressive  a  décime  la  population 
nègre  depuis  son  émancipation;  la  cause  en  est 
surtout  dans  la  funeste  habitude  de  l'ivrognerie,  vice 
qui ,  dans  un  climat  chaud ,  est  toujours  fatal. 
Plus  d'une  fois  on  a  trouvé  le  long  des  chemins 
quelques-uns  de  ces  mallierireux  morts  des  suites 
de  l'ivresse.  Il  a  clé  constaté  que  dans  le  cours 
d'une  année  plus  de  quarante  noirs  avaient  succom- 
bé, victimes  de  leur  intempérance,  avant  d'arriver 
à  la  porte  de  l'hôpital  et  avant  d'avoir  reçu  les  pre- 
miers secours  du  raédicin.  A  cet  égard  ,  la  dégra- 
dation des  nègres  s'est  accrue  depuis  leur  affrandiis- 
sement.  Sans  doute  ,  l'esclavage  est  une  plaie  de 
Thumanité  donl  la  religion  s'afflige  ;  il  ne  devrait 
pas  être  toléré  par  un  peuple  chrétien,  et  tout  gou- 
vernement qui  protégerait  un  lel  système  par  des 
considérations  d'intérêis  matériels  ou  politiques,  mé- 
riterait la  flétrissure  des  nations  civilisées.  Néan- 
moins il  est  démontré  par  l'expérience  que  son  abo- 
lition dans  les  colonies  britanniques  ,  faute  d'avoir 
«té  accompagnée  de  ces  mesures  sages  et  prudentes 


leur  sort.  —  A  six  cents  milles  ,  dans  une  autre  di- 
rection, l'île  d'Agalega  compte  quelques  centaines 
d'habitants  condamnés  au  même  abandon. —  Cinq 
cents  milles  plus  loin,  et  à  plus  de  trois  cents  lieues 
de  Port-Louis  ,  on  trouve  le  groupe  des  îles  Sey- 
chelles.  Là  aussi,  les  prmcipales  familles  sont  ori- 
ginaires de  JLiurice,  et  revendiquent  le  nom  de 
catholiques,  parce  que  leurs  pères  s'honoraient  de 
le  porter.  Jamais  ,  depuis  qu'elles  existent ,  ces  îles 
n'ont  j. lui  de  la  présence  d'un  prèlre,  bien  que  leur 
population  soit  d'environ  6000  âmes  ,  y  compris  les 
nègres  qu'on  y  a  transportés  des  côtes  d'Afrique.  A 
diverses  reprises ,  leurs  habitants  ont  adressé  des 
pétitions  au  gouvernement  local  pour  obtenir  un 
ministre  de  leur  culte  ;  mais  ces  demandes  sont 
toujours  restées  sans  résultat. 

Terra  Senogalla,  le  Sénég  il  ou  la  Sénégambie.  — 
— Cette  contrée  forme  une  préfecture  apostolique,  di- 
rigée par  les  prêtres  du  séminaire  du  Saint-Esprit 
de  Paris.  Elle  tire  son  nom  du  Sénégal,  fleuve  ap- 
pelé dans  son  cours  supérieur  Ba-Fing  (eau  noire), 
qui  se  jette  dans  l'Océan  Atlantique,  sur  la  côie  oc- 
cidentale. Le  Sénégal  prend  sa  source  sur  le  ver- 


Si  5 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


816 


sant  0(Cii1enl:il  des  nioiiiagnes  qui  Iravrseiit  le 
pays  des  Mandingnes,  à  120  on  IGO  kil.  oiiesl  des 
sirunes  <lii  Niger.  Dans  iiiiie  sun  élendiie  il  coide 
h  liavers  un  pays  nioniufiix  enirecciii|ié  de  collines 
et  de  piécipices  jusqu'à  Galain,  où  cnniniencc  une 
pi  ine  unie  dmil  les  lisièr- s  soni  eouveiles  de  foiêls 
penidées  de  singes,  de  perroquels  el  d'inie  grande 
variété  d'oiseaux.  Depuis  Gui  ini  jusque  dans  le  pays 
plal  il  sedivi>e  en  plusieurs  bra>,  ei  forme  un  grand 
nonilir.'  d'iles  infestées  de  crocodile?,  et  se  déborde 
comme  le  Ml  ;  il  inonde,  depuis  la  (in  d'aoùi  jus- 
qu'en novembre,  les  plnine^  siinées  le  long  de  ses 
kords,  et  présente,  dans  le-  lieux  dégunis  d'arlires, 
des  courants  ou  des  nappes  d'eau  douce  de  plusieurs 
lieues  d'étendue.  A  sou  emliouuliure,  ub-lruée  par 
un  banc  de  salde  lrè<-dangereux  qui  s'étend  dans 
toule  la  largeur  du  fleuve,  les  eaux  monteui  à  celle 
époipie  au-dessus  des  plus  h.iuti'S  marées;  mais 
quand  les  pluies  <mi  cessé,  elleî  ba  s>enl;  le  flux  s'y 
fait  sentir,  et  l'eau  devient  sa'ée.  La  barre  laisse  ce- 
pendant une  passe  qui  permet  l'entrée  aux  baïqiies 
81  petits  bâtiments  poiiiés.  A  une  époque  plus  éloi- 
gnée ce  fleuve  perd  tonte  la  force  impidsive  du  cou- 
rant, et  ses  eaux  douces  ne  sont  plus  mises  eu  mou- 
veuieui  que  par  le  flux  qui  les  refoule  dans  leur  lit 
vers  leur  source,  et  ensuite  par  le  reflux,  qui  leur 
permet  de  descendre  vers  la  mer.  Comme  les  ter- 
rains à  travers  le.-quels  coule  le  Séué.^al  sont  Irès- 
plais  et  très-peu  élevés  au-dessus  du  niveau  de  l'O- 
céan, ce  flux  et  ce  reflux  se  font  sentir  successive- 
ment de  pioche  eu  proche  dans  les  eaux  douces, 
jusqu'à  une  distance  de  5iO  kil.  du  bord  de  la  mer. 
D:ins  ce;te  dernière  partie  de  son  cours  le  Sénégal 
n'a  plus  de  courant.  Ce  fleuve  se  grossit  du  Falémé 
et  du  Kokiro.  Il  est  navigable  dans  les  hautes  eaux, 
dans  une  étendue  de  400  kil.  A  80  kil.  au-Jessus  de 
Gal;im  la  contrée  prend  un  aspect  moniueux,  el  un 
cbiiinon  de  rncliers  barre  le  lit  du  fleuve  au  point  de 
ne  pas  permettre  aux  b.irques  de  le  remonter.  C'est 
ce  qu'on  appelle  la  cataracte  de  Félou.  On  estime  la 
longueur  de  son  cours  à  plus  de  1200  kil.  Dans  les 
preuiiéres  descriptions  de  l'Afiique  on  a  dépi-int  ce 
fleuve  comme  identique  avec  le  Niger,  el  sortant  des 
contrées  intérieui es  de  cette  partie  du  monde;  ce- 
pendant les  Frjuçais  ayant  formé  leur  premier  éta- 
blissenieut  dans  le  Sénégal  à  Sa  iii-Louis,  à  l'emboii- 
cliure  de  ce  fleuve,  pénétrèrent  jusqu'à  Galain,  dû  ils 
bâtirent  un  fort.  Ou  regii<lait  alors  Toinboudou  ou 
Teembeclou  comme  l'entrepôt  de  l'Afrique  centrale; 
on  fil  depuis  plusieurs  tentatives  pour  arriver  dans 
celle  ville  par  le  Niger;  mais  elles  furent  infruc- 
tueuses. On  peut  lixer  les  sdurces  du  Sénégal  vers 
drSJ'de  latitude  nord  et  ;,°  2 /' 15"  de  longitude 
ouest.  Les  femmes  s'occupent  de  tirer  de  l'or  de  ses 
sables  par  le  lavage. 

La  Séiiégainbie  est  bornée  au  nord  par  le  Sahara, 
à  l'est  par  la  Nigrilie,  au  sud  par  la  Guinée  supé- 
rieure, et  à  l'ouest  par  rAllanlique.  Elle  est  com- 
prise entre  !•"  cl  18°  de  latitude  nord,  el  entre  G"  et 


20"  de  longitude  ouest.  Sa  longueur,  de  l'est  à  l'ouest, 
est  d'environ  1200  kil.,  et  sa  laigeur  moyenne,  du 
nord  au  sud,  de  8S0  kil.;  sa  superficie  est  évaluée  à 
54,600  lii-ues  cariées  ou  210,100  kil.  carrés. 

Les  rivages  de  la  Sénéganibie  sont  composés 
d'iiuinenses  terrains  d'alluviori,  exposés  à  de  furieux 
ouragans;  les  embouchures  des  fleuves  y  sont  en- 
trecoupées d'iles  presque  noyées  sous  les  eaux  :  on  y 
éprouve  les  chaleurs  les  plus  intenses,  mais,  comme 
dans  tout  le  reste  de  la  contrée,  où  le  climat  est 
aussi  irés-cbaud,  les  nuits  sont  fraîches  el  les  pluies 
aboudnntes.  En  s'enfonçant  dans  l'intérieur  des  ter- 
res, l'a-pect  du  piysdevieul  plus  varié;  à  côté  de 
plaines  d'une  excessive  fécondité,  on  rencontre  des 
cnlliues  re\ élues  de  la  plus  riante  verilure,  el  des 
forêts  épaisses,  qui  renferment  des  palmiers,  des  co- 
coleis,  des  mangliers,  des  tamariniers,  des  papayers, 
des  citronniers,  des  orangers,  des  grenadier>  et  des 
sycomores.  Le  baohab,  le  plus  volumineux  de  tous 
lesaibres,  est  commun  dans  la  Sénéganibie.  Les 
ci'ocodiles,  les  hippopotames,  les  singes,  ahoadent 
dans  celle  région. — Les  monts  Badel,  Couro  et  Tangué 
s'élèvent  dans  la  partie  méridionale.  De  leurs  ver- 
sants descendent  trois  fleuves  considérables,  tribu- 
taires de  r.\tlantique,  le  Sénégal,  la  Gambie,  large 
fleuve,  qui  arrose  la  partie  centrale  de  la  contrée, 
et  le  Uio-Grande,  qui  baii;ne  la  partie  méridionale. 
Le  Diali-ba  ou  Niger  se  ntonlre  dans  la  partie  orien- 
tale, et  il  en  sort  pour  entrer  dans  le  Soudan. — On  ne 
connaît  que  trois  lacs  remarquables  dans  la  Séné- 
ganibie :  celui  de  Cayor,  prés  du  Sahara,  au  nord  du 
Sénégal;  celui  de  Panié-Foul  ou  N'gher,  près  el  au 
sud  du  même  fleuve,  el  celui  de  Denduudé-Tliiali,  à 
peu  I  rès  au  centre  de  la  contrée.  La  côte  se  dirige 
d'abord  du  noid-csi  au  sud-ouest,  jusqu'au  cap  Vert, 
le  point  le  plus  occidental  de  l'ancien  continent,  en- 
suite du  nord-nord-ouesi  au  sud-sud-est,  en  présen- 
laui  le  cap  S 'inle-.Marie,  a  l'euibouchiirede  la  Gam- 
bie, et  le  cap  Uouge,  un  peu  plus  au  sud.  A  l'etn- 
boucliure  du  Sénégal  est  l'île  Saint-Louis,  basse, 
aride  el  peu  salubre  ;  elle  appartient  aux  Français. 
Très-près  el  au  sud  du  cap  Vert,  on  trouve  l'île  de 
Corée,  qui  dépend  aussi  des  Français  :  ce  n'est  pres- 
que qu'un  rocher,  mais  elle  est  iniéressanie  par  la 
bonté  de  son  mouillage.  Entre  l'embouchure  de  la 
Gambie  et  celle  du  lUo-Grande  s'étend  l'archipel 
des  lies  Bissagos  ou  Bijugas,  remarqu.ibles  par  leur 
feiiilité,  et  dont  les  principales  sont  Yate,  Bussi, 
Bissao,  Bulama  cl  Formosa  ;  elles  paraissent  répon- 
dre aux  llespérides  des  anciens. 

Le  l'ortugal  est  la  première  puissance  européenne 
qui  ait  paru  sur  les  côtes  de  la  Sénéganibie.  La 
France  et  l'Angleterre  y  sont  venues  ensuite,  mais 
bien  plus  lard.  Les  ministres  protestants  et  les  mé- 
thodistes y  ont  formé  des  missions  qui  réussissent 
peu.  La  race  noire  aime  les  cérémonies  el  tout  ce 
qui  appiiraîl  à  la  vue.  Or,  les  sectes  protestantes  sont 
toutes  d'une  séilieiesse  et  d'une  nudité  extrêmes. 
L'Ulain  est  répandu  parmi  les  Nègres  de  la  Sénégam- 


«7 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AD  MOYEN  AGE. 


8)8 


'  bie;  mais  In  partie  la  plus  nombreuse  de  la  popula- 
tion est  plongée  dans  la  grnssièreic  brutale  du  féii- 
chisnie.  Oii  évalue  à  plus  de  12  millions  le  nom- 
bre des  babilaiils,  parmi  lesquels  on  dislingue  une 
grande  variété  de  peuples  que  nous  allons  faire  ciui- 
naîlre.  Les  Français  oiii  la  plnpiri  de  leurs  établis- 
sements surles  rives  du  Sénégal.  Leclief-lieu  de  leurs 
possessions  est  Saint- Louis,  ville  fortifiée,  sur  l'île 
du  même  nom,  à  l'ernboucbure  du  Sénéiial.  Abreda, 
comptoir  sur  la  Gambie,  est  une  de  leurs  princi|i:iles 
dépendances.  —  Celle  colonie  a  éprouvé  de  grandes 
révobiiions  politiques:  en  1750  ille  él;iit  soumise  à 
t'Angleterre,  qui  la  céda  à  la  France  en  1763,  et  la 
confirma  de  nouveau  à  celte  dernière  puissance  en 
1783.  Dans  la  dernière  guerre  les  Français  l.i  per- 
dirent, mais  ils  la  recouvrèrent  à  la  [tesiauraliou. 
Ce  fut  en  allant  prendre  possession  de  cet  éiablisse- 
meni  que  la  frégate  la  Méduse  essuja  ce  terrible 
naufrage  qui  lit  tant  de  bruit  dans  le  monde.  —  Les 
Anglais  ont  des  comptoirs  sur  la  rjamliie;  les  princi- 
paux sont  le  fort  James,  cbef-lieu  de  loutes  leurs 
pnsse  sions  dans  la  Sénégaiiibie,  et  Balhurst  dans 
l'île  de  Sainte-Marie,  près  de  l'emboucliure  du  fleuve. 
Les  l'oriugais  possèdent  Caclieo,  ville  de  £0!)0  âmes 
sur  le  Kio  San-Domingo,  Geba,  petite  ville  enire  la 
Gambie  et  le  Rio-Grande,  et  quelques  autres  piiiis 
comptoirs  sur  le  même  fleuve  ou  dans  le  voisinage. 
Le  Sénégal  pré-ente  d'inappiéciables  avaniages, 
car  il  dé|icnd  d'un  vasie  cuniinent  arrosé  p;vr  un 
grand  fleuve,  et  il  est  situé,  en  outre,  piécisément 
dans  le  pays  d'où  l'on  lirait  jadis  les  travailleurs  de 
l'Amérique  et  des  îles  tropicales.  L'esploitation  ma- 
térielle ti'oflre  point  dedi.ficultés,  ei  l'on  n'aura  ja- 
mais en  Afii  iue,  c  omme  dans  les  autres  cidonies,  la 
crainte  de  voir  abandonnée,  faute  de  bras,  à  une 
déplorable  stérilité,  une  terre  qui  aurait  pu  fournir 
de  licbes  et  abomiants  produits.  La  situation  de 
cette  colonie  est  néanmoins  loin  d'être  prospère:  la 
gomme  est  à  peu  près  l'uiùque  produit  de  son  com- 
merce ;  et,  outre  qu'elle  est  exposée  par  là  aux  clian- 
ces  d'une  mauvaise  récolte,  elle  est  placée  encore 
sous  la  dépendance  des  Maures  (I),  qui  peuvent,  s'ils 
le  veulent,  cesser  de  lui  apporter  celte  denrée,  et 
comprometirc  ainsi  l'existence  de  la  plus  grande 
partie  de  la  population  euri'péinne  ou  indigène.  Les 
Maures,  turbulents  et  guerriers,  sont  aussi  de  foi 
douicuse;  il  e-t  prudent  de  les  ménager,  quelquefois 
même  de  souffrir  leurs  rapines,  parce  qu'il  est  d.ffi- 
cilc,  pnsque  impossible,  d'éiablir  parmi  eux  son 
influence  assez  solidement  pour  les  dominer.  L'anar- 
cliie  qui  les  divi^e  et  leur  vie  nninade  n'offrent  ni 
garanties  de  relations  durables  de  b  rme  barmonie, 
ni  faciles  moyens  de  leur  infliger  des  chàtimenls  à 
propos.  — -Le  Sénégal  n'a  pas  toujours  été  aussi  res- 
treint dans  son  importance  et  dans  ses  moyens  de 
transaction.  La  compagnie  française  d'Afrique,  lors- 
qu'elle vint  remplacer  les  Portugais,  ne  se  borna  pas 

(\)  Les  Maures  dont  il  est  question  sont  venus  du 
nord  de  l'Afrique  occidentale.  Ce  soDl  eux  qui  pra'li- 


ù  l'unique  commerce  des  gommes;  elle  poussa  ses 
recnni'sissances.  dès  son  début,  vers  le  baut  de  ce 
fleuve,  (|ui  n'offrait  poin;  alors,  comme  aujourd'bui, 
les  Miêmes  garanties  de  ^écllrilé  aux  explorateurs. 
Celle  compagnie  de  marcbands  ne  se  borna  pas  à  une 
exploration  infructueuse  et  stérile;  elle  eut  la  gloire 
de  fonder  des  éiablissemenis  dans  des  lieux  dont  ac- 
tuellement niHis  connaissons  à  peine  le  nom,  et  elle 
les  fonda  en  dépii  de  difficnliés  immenses,  et  chez 
des  peuples  don:  l'éiat  de  civilisation,  beaucoup 
moins  développé  qu'aujourd'hui,  ne  pouvait  faire  es- 
pérer ni  confimce  ni  proiection.  Le  fort  Saint-Joseph, 
à  Dramané,  le  fi'ri  Saint-Pierre,  dins  la  Falémé, 
celui  de  Far;ibana,  dans  le  Uambouk,  ontéié  succes- 
sivement éablis  par  elle. 

De  toutes  les  possessions  que  la  Franie  a  eues  dans 
le  liant-Sénégal,  il  ne  lui  reste  que  Bakel.  Pos'le  mi- 
litaire et  coinpioir,  cet  établissement  est  d'une  assez 
grande  importance  commerciale,  et  les  bénélices 
qu'il  s'y  fail  aiuiuellemeut  ont  di\  depuis  longlemps 
démonlrer  que  lexlension  des  relations  les  accroî- 
trait encore.  Bakel  n'est  pas,  à  vrai  dire,  heureuse- 
ment choisi  sous  le  rappori  sanitaire:  sa  siluation 
topograph  que  contribue  particulièrement  à  en  ren- 
dre le  séjour  dangereux  aux  Européens  :  aussi,  de- 
puis plusieurs  années,  est-il  expressément  défendu 
d'en  diriger  sur  celle  possession.  D>  ux  causes  de 
maladies  se  rencnnlrent  presque  exceplionnellement 
dans  celte  localité,  c'est  d'abord  le  rayonnement  dé- 
terminé par  les  collim-s  pierriuses  et  stériles  qui 
reiiloureiii,  et  (jiii  élève  énormément  la  tenipéralura 
pendani  le  jour,  et  ensuite  la  stagnation  des  eaux 
dans  des  trous  profonds  et  étendus;  ces  eaux,  vapo- 
risées par  l'aclion  d'u.ie  lem[iéiaiure  de  63  à  70  de- 
grés, dégagent  en  abi'udance  des  gaz  déléières  for- 
més par  îles  maiières  ammales  et  végéiales  putié- 
liées. — Le  comptoir  de  Bakel  est  dirigé  par  un  agent 
appartenant  à  une  comp^ignie  établie  à  Saint-Louis 
sous  le  nom  de  compagnie  de  Galam  et  Cazamance, 
et  exploiiaiit,  snns  quelques  resirictions,  le  com- 
merce du  haut  du  fleuve.  On  traite  à  Bakel  de  la 
gomme,  de  l'or,  de  l'ivoire,  des  peaux  de  bœuf,  du 
mil  ei  de  la  cire.  Les  échanges  s'opèrent  au  m  "yen 
de  marcliandises,  dont  la  guinée,  la  poudre,  les  ver- 
roteries et  le  sel  sont  les  principales. 

Iles  Manies  de  diverses  nations  contribuent  parli- 
culièrenieni  à  la  prospéiitédu  commerce  de  Galarn, 
en  apporlant  les  gommes  qu'ils  vont  réculler  dans  les 
forêts  qui  servent  de  limites,  du  côté  du  sud-esl,  au 
grand  désert  de  Sahara.  Ce  produit  est  ici,  comme 
au  bas  du  fleuve,  la  plus  imporlanie  braiiibe  de 
commerce.  Les  Dowiciies  condi/isenl  leurs  g  mimes 
il  Bakel  même;  les  Oiial;id-el-Koissls,  qui  avaient  au- 
trefois choisi  Makana  pour  marché,  el  les  Onalad-in- 
Bareck,  qui  se  rendaient  àMélne,  porientles  leurs 
à  un  comptoir  flollant  expédié  chaque  année  par  le 
gérant  de  Bakel  et  placé  dans  les  environs  de  Makana. 

quenl  l'Islam  et  qui  probablement  l'ont  répandu  dans 
cette  partie  du  conlinenl  africain.  {Note  de  l'auteur.) 


819 


DlCTIONNAIPtE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Les  aulres  objets  de  commerce  ci-dessus  désignés 
sonl  apportés  le  plus  soiiveul  à  Bakel,  qneliuefois 
aussi  au  comptoir  floiianl,  par  des  caravimes  demjr- 
cliands  colporteurs  ou  revendeuis  connus  sous  le 
nom  général  de  Dioulas,  et  appartenant  aux  nations 
des  Sairacolets,  des  Mandingnes,  des  BamI'aras  et 
des  Foulalis  du  lioudou  et  du  Kusson.  Enliii  ces  mê- 
mes objets  sojit  encore  apportés  par  des  Mandingues 
du  Banibouk  et  de  Ségou,  qui  les  ojit  recueillis  eux- 
mêmes  dans  leur  propre  pays.  —  Les  Sarracolets 
qui  po  sèdi'iit  l'étiU  de  Galam,  où  est  situé  le  comp- 
toir français  de  Bakel,  forment  un  peuple  indus- 
trieux, cultivateur  et  inarcbanJ,  ad.Miné  particulière- 
ment et  presi|ue  exf'luîivenitnt  à  un  commene  de 
eolpnrtage.  Il  offre,  par  ses  goùis  paisibles  et  ses 
mœurs  douces,  des  g;iranties  de  bonnes  relations. 
—  Les  Sarracolets,  répandus  dans  différents  pays 
du  haut  Sénégal,  foraient  des  espèces  de  colonies 
marcliandes,  «ruù  partent  des  caravanes  qui  vont 
clierclier  en  iliver.-.es  coniréos  de  l'Afrique  les  pro- 
duits qu'elles  fournissent,  et  qui,  de  retour  à  leurs 
établi^seiiicnts,  en  partent  de  nouveau  pour  aller 
vendre  ces  produits  aux  Européens. 

H  y  a  trois  classifications  principales  parmi  ce 
peuple,  peu  considérable  numéiiquemeiit,  quoique 
disséminé  dans  une  grande  étendue.  Les  Cuidiagas 
sont  les  plus  nombreux  ;  ils  babilent  la  rive  gaucbe 
du  Sénégal,  le  liondou  et  pariiculicrenicnt  le  Galam. 
Les  Guibiniabas  sont  en  petit  nombre,  ils  habitent 
la  rive  droite.  Mêlés  aux  Maures  dont  ils  sunt  volon- 
lairement  devenus  tributaires,  ils  ont  cuinplétenienl 
fait  scission  avec  les  Guidiagas,  contre  lesquels  ils 
commettent  parfois  des  brigandages,  à  l'exemple  des 
Maures.  Les  Aérankais,  également  peu  nombreux, 
Labileut  le  Fouta-Daniga,  limitropbe  du  Galam  ;  ils 
sont  alliés  aux  Guidiagas. 

L'état  de  Galam  est  divisé  en  deux  parties  sépa- 
rées par  la  Falémé  ;  la  partie  occidentale  se  nomme 
Goye  ou  bas  Galam,  la  partie  orientale,  Kaméra  ou 
haut  Galam.  Elles  étaient  autrefois  toutes  deux  sous 
la  domination  d'un  seul  chef;  mais  des  dissensions 
les  ont  séparées,  et  ont  même  amené  de  sanglantes 
luttes  dans  lesquelles  le  Tounka  du  Kaméra,  S;imba- 
\aciiin,  envahit  avec  une  armée  de  Bamburas  le 
pays  de  Goye,  pilla  et  détruisit  Tuabo,  sa  capitale, 
et  commit  partout  les  plus  atroces  cruautés.  Les 
Guidiagas,  qui  occupent  les  deux  parties  du  Galam, 
se  subdivisent  en  deux  nouvelles  classillcalions  :  les 
Bakirisou  gueriiers,  ci  IcsSaybobés  ou  marabouts. 
Les  Bakiris  sont  les  possesseurs  véritables  du  Ga- 
lam, dont  le  gouvernemeni,  plaré  d'ordinaire  aux 
■_  mains  d'un  vieillard,  est  faible  et  chancelant.  C'est 
une  monarchie  dont  l'absolutisme  est  tempéré  par 
une  espèce  do  rcprésentaiion  ou  de  conseil  choisi 
partie  parmi  les  liakiris,  qui  sont  seuls  appelés  .m 
trône,  et  partie  parmi  les  Saybobés  (|iii  en  sont  tou- 
jours exclus.  La  transmission  du  pouvoir  a  lieu  par 
ligne  collatérale,  comme  da.;s  presque  lous  les  Etats 
du  haut  du  fleuve;  c'est  toi'joms  le  ficre  aine  qui 


succède.  Or,  djos  ces  pays,  où  règne  la  polygamie* 
et  où  la  loi  donne  la  qualilicailon  de  frère,  noi. -seu- 
lement aux  frères  véritables,  mais  encore  aux  cou- 
sins, on  doit  concevoir  que  le  auccesseur  au  Irène  ne 
doit  pas  être  extrêmement  jeune.  —  Les  Bakiris  dn 
Goye  et  ceux  du  Kaméra  sent  encore  divisés  et  en- 
neniis.  La  mort  de  Simba-Yacinn,  du  pouvoir  du- 
quel ses  enfants  ont  bérilé,  grâce  à  l'anarchie  qui 
existe  dai.s  cette  partie  du  Galam,  et  contrairement 
à  la  transndssion  régulière  ci-deisus  indiquée,  a 
calmé  un  peu  les  haines  que  les  cruautés  de  leur 
père  avaient  soulevées  chez    leurs  frères  du   Goye. 

Le  Galam  u'occupe  (pi'nne  mince  partie  du  litto- 
ral, à  peine  8  on  10  kilomètres  dans  le  Go)e,  et  28 
ou  3â  dans  le  Kaméra.  Il  est  borné  au  nord  par  la 
Sénégal  et  le  Fouta-Damga  ;  au  sud,  par  le  Bondou  e| 
leBambouk;  à  l'ouest,  par  le  Fouia-Dainga,  et,  à 
Tesi,  par  le  Uainbouk  et  le  Ka<son. 

En  délinitive,  les  Sarracolets,  peu  guerriers,  fai- 
lilement  gouvernés,  et  livrés  à  des  divisions  intesti- 
nes, sont  peu  redoutables. 

Au  sud  du  bas  Galam  se  trouve  le  Bondou,  occupé 
par  des  Foulabs,  émigrés  du  Fouta-Toro.  La  création 
decel  Etal  a  diinné  lieu  à  une  légende  que  voici: 
Les  Sissibés,  famille  pnis-ante  du  Foula,  chassés  de 
leur  pays  par  des  troubles  politiques,  vinrent  un 
jour,  sous  lacmiduite  de  leur  chef,  demander  asile 
au  Tounka  du  Galam,  alors  grand  royaume  dont  la 
capitale  était  Tuabo.  Les  fugitifs  furent  reçus  avec 
bonté  par  le  Tounka,  qui  mit,  dans  sou  hospitalité, 
une  courtoisie  remarquable. nent  chevaleresque.  Ainsi 
il  ne  leur  dés  giia  pa-,  comme  il  l'aurait  pu  faire, 
une  ré'idence  momentanée;  il  ne  leur  offrit  p.is  une 
protection  stérile,  qui  les  eût  laissés  pauvres  et  af- 
famés dans  un  pays  étranger  pour  eux,  quoique  ami; 
il  voulut  qu'ils  trouvasscni  dans  ses  Etats  une  patrie 
nouvelle,  qui  leur  lit  oublier  les  ouir.iges  du  sort 
qui  venait  de  les  frapper  :>i  cruellement.  Il  fitdnnc 
parcourir  le  Galam  au  chef  des  Sis^ibés  jusqu'à  ce 
que  celui-ci  rencontrât  un  lieu  qui  lui  plût;  puis, 
lorsqu'il  eut  bien  fait  son  choix,  le  Tounka  convint 
avec  lui  qu'àun  jour  désigné,  au  lever  du  soleil,  cha- 
cun d'eux  partirait,  le  chef  des  Si^sibés,  du  lieu  qu'il 
venait  de  choisir,  et  le  Tounka,  de  Tuabo,  où  il  allait 
se  rendre,  et  que,  marchant  l'un  vers  l'autre,  le  point 
de  rencontre  formerait  la  limite  dedeus  Etats,  dont 
le  nouveau  deviendrait  celui  des  proscri(s,  et  aurait 
pour  capiiale  un  grand  village  élevé  à  la  place  que 
leur  chef  avait  préférée.  Le  jour  convenu,  le  chef  des 
Sissiboj  partit  à  l'heure  fixée,  mais  le  Tounka  ne  se 
ressouvint  de  la  convention  ijue  fort  avant  dans  la 
matinée.  Il  partit  aussi,  et  ne  tarda  pas  à  rencontrer 
tout  près  de  Tuabo  son  hoie  moins  oublieux.  Ainsi 
commença,  dit  la  légende,  le  royaume  du  Bondou, 
qui  s'agrandit  successivement  par  la  conquête,  et  se 
peupla  de  nouveaux  raéeontems  du  Fouta  et  de  di- 
verses ccdonies  de  Sarracolets,  et  de  Foulabs  du 
Fouia-Pjallon.  La  famille  des  Si<sibés  est  réelle- 
ment celle  qui  règne  dans  le  Bondou,  et  l'Almamy  a 


m 


CEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE, 


S22 


tôujiiiirs  eu  une  gfatidè  déférence  pour  le  Touiika  de 
Coye,  qu'il  a  pioldgé  et  défendu  dans  ses  guerres 
avec  les  B.ikiris  du  Eaniéra. 

Celle  légende,  fort  suspecte  de  véracilé,  comme 
))eaucoupdc  légendes,  servirait  au  moins  à  explii|uer 
la  consiaiile  alliance  des  Bakiris  de  Goye  et  des  Sis- 
sibés  du  lîondou,  ei  le  peu  d'étendue  du  royaume  de 
Galiitn  perpendiculairement  au  fleuve. 

Les  iiahilants  du  Bonduu,  pris  en  mnsse,  sont, 
comme  ceux  du  Foula,  appelés  Tuucouleurs  par  les 
autres  nations  nègres.  Ce  nnm  ne  se  irouve  cepen- 
dant employé  pour  désigner  la  population  d'un  Ëlat, 
ni  dans  les  relations  de»  voyageurs,  ni  dans  les  géo- 
graphies. Confondus  pour  nous  avec  les  Peuls  ou 
Poules,  nous  n'avons  point  établi  de  disiinclion  irjn- 
cliée  entre  eux,  et  nous  leur  appliquons  à  tous  in- 
distincienient,  dai:s  ceux  de  nos  ouvrages  où  il  est 
que^lion  des  peuples  de  1  Afrique  occidentale,  d'S 
noms  de  Poulalis,  Fellalali,  Kellahs,  Fuulans,  Fcl- 
lans,  Fontes,  Fcllanies,  Puules,  Peuls,  dont  nous 
faisons  des  synonymes.  En  Sénégambie,  au  contraire, 
on  dislingue  parfaitement  les  Peuls  ou  Puules,  des 
Touciiuleurs.  Les  premiers  forment,  en  réalité,  un 
peuple  de  race,  de  moeurs,  de  condition  et  de  cos- 
tume différents.  Leur  couleur,  d'un  brun  leirjié  de 
rouge,  lient  lé  niiiieu  entre  celle  des  Maures  et  celles 
des  Tuucouleurs;  leur  nez,  moins  épaté  que  celui  des 
nègres  de  pure  race  étliiopique,  est  caitilagineux,  ca- 
factère  p:'rticulier  à  la  race  Cauca^ique,  qui  manque 
è  la  race  étliiopique  ;  leurs  lèvres  minces,  leur  visage 
ovale,  leur  Iront  plus  làig%,  et  leur  angle  facial  moins 
aigu,  en  font  bien  évidemnienl  une  race  à  pari,  niuis 
une  race  quelque  peu  bybride.  Leurs  mœurs  no- 
mades, leur  consiitution  en  bandes  de  pasteurs 
presque  toujours  tributaires  d'auires  nations,  enlin 
leur  état  de  prrlétarisme ,  qui  les  empédie,  en  les 
privant  de  propriétés  foncières,  de  former  entre  eux 
ce  qu'on  appelle  une  nation,  sont  de  nouvelles  preu- 
ves de  leur  origine  étrangère.  —  Un  intéressant  nié- 
liiioire  de  M.  d'Eiclitall  est  venu,  à  la  véiité,  éveiller 
rattention  sur  celle  race  particulière;  mais,  quoi- 
qu'il signale  avec  une  grande  exactitude  les  diffé- 
rences plly^iques  du  peiiple  peul ,  quoiqu'il  n'oublie 
pas  de  désigner,  sous  les  noms  de  Toucoulors  et  de 
Torados.une  race  mulâtre  et  un  peuple  occupant 
primitivenient  le  pays  avant  la  venue  des  Peuls,  cet 
ethnologue  ne  s'arrête  pas  assez  sur  la  condition  po- 
litique de  ceux-ci  et  sur  la  différence  qui  existe  entre 
les  élémenls  qui  forment  aujourd'hui  la  population 
des  Etats  qu'il  appelle  aussi  Peuls  ouFoulalis,  et  qui 
doivent  être  appelés,  comme  ils  le  sont  par  les  natu- 
rels, Etats  toucouleurs.  (C'est  bien  ainsi  que  les  nè- 
gres prononcent  le  mot.) 

Après  avoir  présenté  les  opinions  des  voyageurs 
sur  l'origine  que  chacun  d'eux  atlriljue  aux  Peuls,  et 
avoir  combaliu  ce  que  ces  opinions  renfermaient 
d'inexact,  M.  d'Eichiall,  qui  s'est  livré,  à  propos  de 
cette  question,  à  des  recherches  linguistiques  très- 
étendues,  donne  sou  opinion  particulière,  qui  sem- 


ble être  en  effet  la  meilleure  et  la  plus  satisfaisante. 
Des  analogies  remarquables  observées  par  lui  entre 
diiïoienis  dialectes  de  la  fâmilie  mal  i^ieime  et  la 
langue  que  parlent  aujourd'hui  les  Peuls,  donnent 
un  point  d'appui  e.vcellent  à  sa  version,  et  permet- 
tent de  présumer  avec  lui  que  ce  peuple  de  la  Séné- 
gambie descend  des  insulaiies  de  l'arcliitel  malai- 
Eien,  par  une  succession  de  migrations  dont  l'histoire 
fournit  plusieurs  preuves.  Les  voyageurs  avaient 
tous  été  frappés  des  dilfércnces  physiques  cl  ethno- 
logiques qui  distinguent  la  race  nègre  du  peuple 
peul,  cl  cliacun  d'eux  avait  clierclié,  dans  ses  souve- 
nirs de  voyages  peul-èire,  des  comparaiscuis  plus  ou 
njoius  vraisemblables;  mais  la  question  eu  était  restée 
là,  c'e^l-à-dire  à  l'état  de  confusion  et  de  désordie. 
C'est  ainsi  que,  dans  ce  chaos  hypothétique,  les  Pmls 
descendent  alternativement  des  Ethiopiens,  des  Lta- 
rabras  de  la  Nubie,  des  habitants  de  Télouan  dans 
l'enipire  du  Maroc;  on  a  été  nicme  JMsi|u'à  leur  don- 
ner pour  ascendants  les  suidais  d'une  légion  romaine 
disparue,  dans  la  Nuniidie,  pendant  la  ileuxièine 
guerre  punique,  étrange  et  bizarre  origine  que  rien 
ne  justilie,  si  ce  n'est  peut-être  leur  costume,  dont 
la  coiffure,  entre  auires,  rappelle  par  sa  foru;eelles 
ornements  de  cuivre  dont  ils  li  paient,  le  casque  des 
légionnaires.  Toutes  ces  versions  manquaient  dune 
de  vraisemblance,  el  celle  de  M.  d'Eiclitall,  au  con- 
traire, basée  sur  les  présomptinns  les  plus  l'iiites  qui 
puissent  être  admises  en  ethnologie,  sur  la  compa- 
raison des  langues,  demeure  eiicure  la  plus  proba- 
ble. Cepeudaut,  quelque  séduisante  qu'elle  soit,  nous 
devons  recliher  une  assertion  qui  n'est  point  parfai- 
tement exacte  :  les  cheveux  des  Peuls  ne  sont  point 
plats  et  utils  comme  ceux  des  individus  de  race  nion- 
golique;  ils  sont,  en  effet,  moins  laines  que  ceux  des 
nègres,  ils  sont  plus  longs  el  disposés  u'ailleurs  en 
co  ffiircs  qui,  souvent,  nu  manquent  pas  d'un  certain 
bon  goùl.  —  Le  peuple  peul,  qui  ne  se  trouve  que 
dans  des  Etats  occupés  par  des  Toucouleurs,  y  est 
toujours  dans  une  condition  inférieure  qu'on  pour- 
rait comparer  à  peu  près  à  telle  des  Bohémiens  ou 
Egyptiens  établis  en  Fiance  et  particulièrement  en 
Ecosse,  à  la  fin  du  moyen  âge,  et  dont  on  trouvait 
encore  des  traces  dans  le  dernier  siècle.  Il  existe  ce- 
pendant, dans  le  Voloff  surtout,  et  dans  quelques 
Liais  mandingues,  des  camps  de  Peuls  nomades, 
mais  leur  condition  y  est  pire  encore  que  dans  les 
Etals  toucouleurs  ;  c'est  parmi  eux  que  les  rois  choi- 
sissent les  hommes  qu'ils  chargent  de  la  garde  des 
troupeaux.  On  dit  communément  :  les  PeuU  du  roi, 
connue  on  dirait  les  captils  ou  les  dumesiiques  du 
roi.  On  donne  aussi  quelquefois,  eu  Sénégambie,  le 
nom  de  Peuls  à  des  Toucouleurs  tributaires,  pasteurs 
ou  cultivateurs;  mais  c'est  par  une  extension  plutôt 
politique  que  physiologique,  et  ici  Peuk  veut  dire 
uniquement  tributaires.  —  Les  Toucouleurs  sont 
bien  certainement  le  résultat  du  croisement  du  peu- 
ple peul  avec  les  Torodos  qui  habiiaienl  primitive- 
ment le  Fouia-Toro  ei  aussi  avec  des  YuiolTs  el  des 


823 


DICTIONNAIBE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


824 


Maiidingues  :  leur  couleur,  plus  foncée  que  celle  des 
i'euls,  Test  moins  que  celle   des  nègres  aborigènes  ; 
leurs  caraclère-  pliysi((ues,  modifiés  par  le  mélange 
du  sang,  ne  simt  pas  ex.iciemeni  ceux  du  type  élliio- 
pique  ;  enfin,  leur  conslilution  en  corps  de  nalion, 
et  la  présence  parmi  eux  (à  peu  près  exclusivement 
à  loui  autre  peuple)  des  Peuls,  dont  ils   parlent   la 
langue,  viennent  donner  une    nouvelle    valeur   à    la 
douille  liypiill.èse  sur  laquelle  un  peut  fonder  l'exis- 
tence d'un  peuple  étranger  à  la   race   élhiopique  et 
d'un  peuple  nitiis,  dont  celui-ci  serait  le  générateur. 
En  effet,  à  quelque  npinion  qu'on  s'arièle  sur  l'ori- 
gine des  Pi-uls,  ou  s'expliqueia  luujouts  facilement 
leur  étal  actuel  et  celui  des  Toucouleurs;  car,  ouïes 
premiers  ont  reçu  l'Iiospiiîiliié  en  qualité  d'étrangers 
immigrants,  ou  ils  ont  été  d'abord  conquérants;  et, 
dans  l'un  ou  l'autre  cas,  ils  ont  dû  former  des  al- 
liances avec  les  femmes  du  pays  où  ils  se  sont  éta- 
blis, soit  en  botes,  soit  en  vainqueurs.   Or,  comme 
dans  les  anciens  Ei:its  torodos,   yof  ffs   et  maiidin- 
gues,  ce  sont  les  femmes  et  non  les  bonnues  qui 
transmciient  la  noblesse  du  sang,  il  a  ilù  nécessaire- 
ment résuliiT  (le  ces  alliances,  après  une  suite  d'aji- 
nées,  qui  peut  même  ne  pas  èire  longu',  une  géné- 
rition  nouvelle  (les  Toutouleiir»),    toute   puissante 
<lans  l'opiniim  et  dans  les  institutions  du  pays.  Cette 
généiaticn,  devenue  en  se  multipliant  la  plus  foi  te 
en  nombre,  comme  elle  l'était  déjà  en  induejice,  a 
pu,  ce  ((ui  serait  parfaitement  dans  l'ordre  des  évé- 
nements admissibles,  faire  exactement  ce  qui   s'est 
fait  depuis  peu  d'années  dans  certains  Etats  de  l'A- 
mérique. Quant  aux  Peuls,  la  conscrv.tiion  de  leur 
race,  qui  a  dû  être  tant  soit  peu  altérée  par  les  rela- 
tions postérieures  des  deux  peuples,  s'explique  par 
le  petit  nombre  de  femmes  (|ui  les  auraient  suivis 
dans  leur  émigration  première;  et  leur  condition  de 
tributaire  est  déjà  expliquée  par  la  révolution  poli- 
tique, qu'où  peut  admettre  avec  quelque  conCance. 
Les  Foulalis  du  Bondou  sont  cultivateurs  et   pê- 
cbeurs,  moins  commerçants  que  les  Sarracolets   et 
plus  guerriers.  Leur  gouvernemeiil,  qui  n'est  point 
la  théocratie  élective  duFouta-Toro,  est,  comme  ce- 
lui des  Sarracolets,  une  monarchie  qu'on   pourrait 
appeler  gérontocratique,  ce  mot  étant  pris  ici  dans 
un  sens  sérieux  ;  car  c'est  la  même  règle  de  succes- 
sion au  trône.  Cepend.mt  des  révolutions  changent 
de  temps  à  autre  Tordre  établi.  —  Le  gouvernement 
du  Bondou,    dégagé   de  l'ombre  de  représentation 
qu'on  rencontre  dans  le  Gahun,  est  toujours  plus  ab- 
solu et  plus  ferme.  Sadda-Auiady,  qui  règne  actuel- 
lement, tient  les  rênes  d'une  main  vigoureuse,  et, 
sous  lui,  les  habitants   du  Bondou,   rompus   h    une 
obéissance  passive,  sont  de  dociles  animaux  qu'il  di- 
rige à  son  gré;  bien  différents  er.  cela  de  leurs  frères 
du  Fouia,  dont  le  caraclère  indiscipliné,  développé  et 
presque  favorisé  par  le  mode  de  gouvernement  qu'ils 
onl(boibi,  donne  si  fréquemment  aux  Européens  des 
embarras,  souvent  sans   la  participation   et  même 
contre  le  gré  de  leurs  chefs.  —  Les  Foulabs,  généra- 


lement paisibles,  industrieux  et  adonnés  à  la  culture, 
sont,  en  outre,  plus  pariiculièremenl  que  les  autres 
nègres  de  la  Scnég:imbie,  sous  rinfluence  du  roaho- 
métisnie.  C'est,  au  Bondou,  une  garantie  de  plus  de 
leurs  pacifiques  dispositions  :  cette  religion  dont  ils 
ont  su  repousser  le  fanatisme,  haineux  et  quelque- 
fois cruel  chez  les  Arabes  du  nord  de  r.\frique,  n'est 
pour  eux  qu'une  pratique  sévère  du  rit  musulman, 
et  un  code  de  morale  qu'ils  observent  avec  une  grande 
fidélité.  Les  habitants  sont  exempts  de  tous  ces  vi- 
ces qui,  comme  le  vol,  la  fraude  et  le  mensonge, 
Irouhlejit  l'harmonie  des  relations,  et,  s'il  arrive  par 
hasard,  que  quelques-uns  d'entre  eux  s'en  rendent 
coupables,  un  chàlimenl  grave,  infligé  par  l'almamy, 
retient  ceux  qui  pourraient  se  laisser  aller  ùune  imi- 
tation dangereuse. 

Le  Bondou  a  pour  limites,  au  sud,  le  Tenda  et  le 
Woirlli,  à  très-petite  distance  de  la  Gambie;  à  l'ouest, 
le  Fonta-Damga  ;  à  l'est,  la  Falénié;  au  nord,  le  Ga- 
lam.  L'almamy  possède  aussi,  à  titre  de  suzeraineté, 
une  étroite  ligue  de  territoire  sur  la  rive  orienlali;  de 
la  Falémé  :  ce  sont  des  colonies  d'émigiés<lu  Foula- 
Djallon,  qui,  sous  sa  pioiecliun  et  en  lui  payant  des 
tributs,  sont  veims  s'établir  sur  cette  rive,  abandon- 
née  par  les  Abmdingues  du  Bambouk,  ses  habitants 
naturels,  à  la  suite  de  leurs  démêlés,  soit  entre  eux, 
soit  avec  les  Bambaras. 

11  existe  entre  les  Foulahs  et  les  Mandingues  une 
sorte  de  haine  profonde,  engendrée  par  l'indifférence 
religieuse  de  ces  derniers,  et  elle  les  tient  éloignés 
les  uns  des  autres  avec  unp  si  opiniâtre  perbistance, 
qu'un  accord  semble  bien  dillicile  à  réaf  ser.  L'anti- 
pathie des  deux  peuples  est  poussée  à  un  tel  point, 
que  l'almamy,  dans  ime  entrevue  avec  les  Français, 
leur  dit  qu'il  verrait,  ainsi  que  le  Tounka  de  Goye, 
avec  un  vif  déplaisir,  le  rétablissement  de  l'ancien 
comptoir  français  de  Makana,  chez  les  Bakiris  du  Ka- 
méra,  alliés  encore  actuellement  aux  Bambaras  ;  et 
il  ajouta  que,  tant  qu'il  serait  roi  du  Bondou,  il  ne 
ferait  jamais  alliance  avec  ceux  qui  n'auraient  pas 
pour  ennemis  les  Bambaras,  qu'il  qualifia  de  cruels 
et  d'impies. — Cette  profonde  aversion  d'un  peuple 
religieux  à  l'égard  d'un  peuple  qui  a  en  quelque  sorte 
renié  ou  au  moins  repoussé  la  même  religion,  sera 
difficile  h  détruire  entièrement. 

Le  Bondou,  l'Etal  le  plus  voisin  de  la  possession 
française  de  Bakel,  après  le  Galam,  se  trouve  dans 
les  meilleures  conditions  pour  faire  désirer  son  al- 
liance. C'est  un  Etat  populeux  et  grand,  non  positive- 
ment puissant  par  les  armes,  mais  assez  fori  pour  ré- 
sistera une  invasion  et  assez  énergiquemenl  gouverné 
pour  imposer  aux  autres  peuples  et  suspendre  leurs 
manvais  desseins.  Le  Bondou  a  en  outre  laissé  de 
glorieux  souvenirs  dans  la  mémoire  des  nations  qui 
l'eniourenl. 

A  l'est  du  Bondou  est  situé  le  Bambouk,  occupé  pai 
des  Mjudingues,  appelés  Malinkais  par  les  Sarraco- 
lets et  les  Toucouleurs.  L'organisation  polili(|ue  du 
Bambouk  est  irès-iléfeciueuse  et  en  fait  un  Etat  faible. 


823 


GEOGRAPHIE  DL.S  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


826 


en  dépit  de  son  étendue  territoriale.  Vers  la  Falémé, 
il  est  runnc  en  petites  républiques  irjdépendanles, 
obéissant  cliacune  à  un  clief  i|ui  ne  relève  de  per- 
eoiine.  Plus  vers  l'est,  ce  système  de  gouvernement 
existe  an>si,  mais  les  républiques  offrent  une  force 
plus  grande  ei  se  trouvent  en  outre  liées  entre  elles 
de  manière  à  former,  par  leur  ensemble,  une  sorte 
d'Etal  lë.léialif  assez  puissant  po;ir  résister  aux  in- 
vasions des  peuples  turbulents  cl  pillards  qui  les  ap- 
prochent. Leur  gouveruement,  quoique  morcelé  et 
divisé,  est  néanmoins  plus  ferme  que  celui  des  petits 
Etals  de  l'Occideni.  Quelques-unes  de  ces  républi- 
ques de  l'est  se  sont  alliées  aux  Bambaras. 

Les  Maiidingues,  dont  la  moralité  n'a  pas  été  dé- 
veloppée par  des  enseignements  rel'gieux,  sont  né- 
cessairement bien  inférieurs  aux  Foulalis.  Leur  in- 
dustrie favorite  est  Li  clia.>.se,  exercice  qui  ne  con- 
tribue pas  à  adoui  ir  les  mœurs  et  à  donner  des 
tendances  pacifiques;  ils  cultivent  peu,  par  pnresse 
et  peut  être  aussi  par  mépris  pour  un  genre  d'occu- 
pation qu'ils  irouvent  iiiliiue;  ils  expluileul  cependant 
les  niirnlircuses  mines  J'or  i|ueconiienl  leur  pays  : 
ce  sont  leurs  femmes  qui,  par  des  lavages  successifs, 
sé(iareul  l'or  des  corps  étrangers  avec  lesquels  il  se 
trouve  mêlé.  L'or  de  leurs  mines  el  l'ivoire  des  élé- 
pliaiiis  tués  dans  leurs  chasses,  elqui  abondent  dans 
le  lîamboiik,  compotenl  presque  exclusivement  les 
matières  de  leur  commerce.  Ils  le  font  au  moyen  de 
caravanes  qu'ils  cunduisenl  eux-mêmes  aux  comp- 
toirs européens,  ainsi  ([ue  les  Sarracolels  et  les  Fou- 
labs. 

Le  gouvernement  des  Bamboukains  ne  pré-ente 
point  sans  doute  la  consistance  qui  doit  nécessiire- 
ment'exisler  pour  constituer  une  n^ition  puissante  et 
redoutable,  et  cependant  celle  division  en  petits  Eiais 
indéjendants,  souvent  hostiles  les  uns  aux  autres, 
bien  qu'elle  prive  ces  nègres  de  l'unlun  et  de  l'unité 
qui  rendent  forts,  en  lait  néanmoins  de  irés-incom- 
modes  voisins,  surtout  pour  les  émigrés  du  Fouia- 
Djallon  établis  dans  leur  pays.  Leur  organisation  po- 
lili(|ue,  aux  abords  de  la  Falémé,  offrant  trop  peu  de 
cohésion  pour  qu'ils  pusseni  s'opposer  au\  euipiéle- 
inents  du  cbefdu  Rondou,  les  Bamboukains  ont  dû 
borner  leur  proiesiation  à  des  invasions  de  pillards 
qu'ils  n'épargnent  pas  aux  étrangers  que  leur  faiblesse 
les  obligea  tolérer.  Ils  revendiquent  aussi  avec  force 
la  propriéié  des  mines  voisines  des  lieux  occupés  par 
les  Foulahs,  el  ils  gênent  autant  <|u'ils  le  peuvent 
l'exploitation  qui  en  est  faite. 

Quels  que  soient  les  défauts  des  Mandingnes  du 
Rainbouk,  défauts  dont  la  cause  n'esi  autre  que  l'ab- 
sence de  croyances  religieuses  iiui  .luraient  pu  les 
moraliser,  ils  ne  sont  pas  cependant  cruels  et  barba- 
res au  point  de  porter  les  Européens  à  un  éloigne- 
meni  absolu.  A  cause  des  richesses  nombreuses  que 
renferme  le  ir  p:iys,  ils  désirent  el  rechercheiii  l'al- 
liance de  la  France,  qui,  du  reste,  y  avait  autrefois 
un  fort  sur  un  cours  d'eau  qui  se  jelle  dans  la  Falémé 


vis-à  vis  Nayé  (le  Séiiou-Colé,  que  les  Portugais 
avaient  appelé  Uio-del-Ouro  ). 

A  l'est  du  Kaméra  et  du  Bambouk,  sur  les  bords 
du  Sénégal,  existe  le  Kasson  (  Cassou  ou  Kasso  ),  oc- 
cupé par  des  Foulahs  émigrés  originaireiuent  du 
Fouia-Djallon.  Eiat  autrefois  puissant,  placé  sur  les 
deux  rives  du  fleuve,  il  est  en  proie  à  l'anarchie  et 
à  la  destruction.  La  partie  du  Kasson  qui  occupait 
la  rive  gauche  est  presque  déiruile  ;  les  habitants  qui 
y  sont  demeurés,  sont  exposés  aux  plus  affreuses 
perséculioiis  de  lapiirt  des  Bimbaras  :  le  reste,  for- 
mant le  plus  grand  nombre,  est  eu  fuite  vers  le  Bon- 
dou,  où  l'almamy  a  bien  voulu  recevoir  ce  peupla 
proscrit  el  son  roi  Sambala.  Ce  malheureux  prince, 
chassé  de  ses  Elais  par  ses  frères,  alliés  aux  Bamba- 
ras, a  vu  le  pays  dont  il  était  le  chef  sur  le  point  de 
devenir  en  entier  la  proie  de  ses  ennemis  naturels, 
avec  lesquels  ses  frères  oui  eu  l'imprudence  de  faire 
alliance.  Le  Kasson  n'est  donc  aujourd'hui  pas  même 
lombre  d'un  Etal,  caria  partie  restante,  celle  de  la 
rive  droite,  se  fond  et  s'agglomère  eu  quelque  sorle 
avec  le  Kaaria,  où  habitent  ces  terribles  Bambaras, 
le  fléau  du  pays.  —  Les  Foulahs  du  Kasson  sont 
beaucoup  moins  religieux  que  ceux  du  Bunduu.  L'in- 
fluence démoralisante  des  Mandingnes  du  Bambouk 
et  du  Kaarta  les  a  rendus  au  moins  indifférents,  et 
ils  ont  maintenant,  pour  les  mœurs  et  les  croy^mces, 
plus  de  rapports  avec  les  Bambaras,  dont  iiS  parlent 
à  peu  prés  la  langue,  qu'avec  leurs  anciens  compa- 
triotes el  les  autres  Foulahs.  -  Les  qualités  el  les 
mœurs  douces  des  hommes  du  Boiidou  et  des  Sarra- 
colels sont  remplacées,  chez  eux,  par  les  délauls  de 
leurs  voisins.  Le  vol,  la  paresse,  un  éloignement 
profond  pour  les  occupations  agricoles  et  paisibles, 
sont  les  conséquences  fâcheuses  de  leurs  rel.itions 
avec  les  .Mandiugues  et  surtout  avec  les  Bambou- 
kains. Leur  pays,  pauvre  et  sans  industrie,  fournit  à 
peine,  en  temps  ordinaire,  une  nourriture  indispen- 
sable; ils  luttent,  en  se  livrant  à  la  chasse  des  élé- 
phants, contre  celle  pauvreté  que  leur  paresse  a  vo- 
lonlaireuienl  accepté',  el  ils  vont,  en  outre,  en  cara- 
vanes chercher  dans  les  pays  voisins  des  produits 
qui ,  joints  à  ceux,  bien  faibles,  de  leur  propre  indus- 
trie, sont  vendus  par  eux  aux  comptoirs  français  ou 
à  ceux  des  Anglais. 

A  l'est  elau  nord  de  la  partie  du  Kasson  située  sur 
la  rive  droite  du  Sénégal,  se  trouve  le  Kaaria,  ayaut 
pour  habitants  ces  .Mandiiigues-Bambaras  qui  sèment 
la  discorde  el  la  guerre  chez  tous  les  peuples  qui  les 
entourent.  Aventureux  et  guerriers,  ils  tiennent  à  la 
fois  des  Romains,  au  temps  de  leur  splendeur,  lors- 
qu'on recherchait  avec  empressement  leur  alliance, 
et  des  routiers  bamliis  et  mercenaires,  pillant  nos 
campagnes  au  xiii^  siècle,  après  les  guerres  du  loi 
d'Angleterre  Henri  II  contre  ses  fils,  el  qui,  soldais 
de  profession,  vendaient  leurs  services  à  ceux  qui 
les  payaient  le  mieux.  Du  reste,  bien  supérieurs  à 
leurs  voisin,  dans  l'art  de  la  guerre,  les  Bambaras 
sont  véritablement  redoutables,  et  leur  appui  est  sol- 


til 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


828 


licite  fréquemment,  laniôt  pour  décider  des  querel- 
les paniculiores  de  famille,  comme  dans  le  Galam  el 
le  Kasson,  tantôt  pour  s'en  faire  des  auxiliaires  puis- 
sants contre  les  autres  peuples.  L'alliance  des  Bam- 
baras  s'obtient  par  des  tributs,  et  ils  sont  d'ordinaire 
fidèles  observateurs  de  leurs  engagements.  —  Les 
Maridingues-Bambaras  dépassent  encore  les  Maiidin- 
gues  du  Uambuuk  dans  leur  irréligiusité;  mais,  en 
revanche,  soumis  à  un  gouvernement  régulier,  ils 
cultivent  dilTéreiiies  industries  Mvec  plus  de  succès 
encore  que  les  Foulahs  et  les  Sarracolels.  Ils  fabri- 
quent eux-mêmes  de  la  poudre  en  se  procurant  aux 
eomptoirs  français  du  soufre  qu'ils  n'ont  pas  chez 
eux  ;  ils  possèdent  des  cultures  de  mil,  d'aiacliides, 
dj  colon  et  d'indigo,  dont  les  récoites  [lourvoient  à 
leur  nourriture  et  à  leur  habillement;  enfin  ils  tra- 
vaillent le  iér,  et  savent  même  lui  donner  une  assez 
bonne  trempe. 

La  religion  musulmane  est  peu  observée  chez  les 
Bambaras.  Ils  pratiquent  dans  les  grandes  circons- 
tances une  espèce  de  féticliisiiie  qui  consiste  à  adirer 
un  énorme  vase  de  terre,  qu'on  appelle  dans  le  pays 
Canari,  et  qu'ils  remplissent  de  gris-grij  de  toute 
sorte;  ils  le  consultent  toujours  avant  d'entreprendre 
quelque  chose  d'imporlniii,  et  ses  décisions,  qui  se 
ré\èlent  à  eux  par  des  signes  mystérieux,  sont  tou- 
joiN's  strictement  suivies.  —  Leur  gouvernement  est 
Une  monarchie  liéi  éditairc  seinbl  ible  à  celle  des  Sar- 
racolels et  dus  Foulahs  du  Bondou.  C'est  aussi  le 
tnêide  ordre  de  succession.  On  y  remarque  une  es- 
pèce de  vasselage  hiérarchique  qui  rappelle;  avec  as- 
sez d'exactitude  la  féndaliié  du  moyen  àse.  —  Les 
captifs  (I)  du  roi  des  Bamliaras  ressemblent  parfui- 
leihent  aux  loudes  ou  fidèles  des  loisFranks  du  la 
première  et  de  laseeunderace;ilscoiiimandeiillcsar- 
niées  ei  possèdent  eux-mêmes  des  captifi,  lesquels 
en  pussèileiit  aussi.  Les  hommes  libres  du  pays 
•mail  iiieiit  de  protection  et  de  patronage,  et  ils  le- 
grettent  souvent  cetie  liberté  qui  les  livre  sans  appui 
è  la  discrétion  d'un  captif  puissant.  Ou  ne  peut  voir 
finalement,  dans  ccite  constitution  de  l'ciat  des  per- 
sonnes, d'autre  dillérence  que  celle  du  nom  ;  car 
e'esttoujoursl'applicatiiindu  même  principe  hiérarchi- 
que :  de  vassal  à  captif,  il  n'y  a  qu'une  faible  nuance  ; 
c'est,  sous  l'une  comme  sous  l'autre  désignation, 
l'homme,  moins  sa  liberté.  —  On  retrouve  dans  d'an- 
tres Etats  de  la  Sénéganihie,  dans  le  Bondou,  par 
exemple,  quelques  vestiges  d'une  organisation  ana- 
logue ;  mais  elle  n'ctl  point,  comme  dans  le  Kaarta, 
régulièrement  adoptée. 

Les  Bambaras  sont  dans  te  haut  pays  le  seul  peuple 
tiègre  susceptible  d'inspirer  quelque  doute  sur  la 
nature  dos  relations  que  les  Européens  pourraient 
avoir  avec  lui  ;  car,  forts  de  la  crainte  qu'ilsinspirent, 
soumis  'à  «n  gouvernement  ferme  et  bien  établi,  il 
serait  difficile  d'amener  leur  orgueil  à  souffrir  une 
iuQuence  étrangère. 

(I)  On  donne  le  nom  de  cajuifs,  chez  les  indigènes 
del'Afiiquu  et  à  Saint-Louis  méinc,   aux   humines 


Les  autres  peuples  nègres  des  pays  voisins  sont 
tous  ou  Foulahs,  ou  Klaiidingues.  Ces  derniers  sont 
les  plus  nombreux  :  les  bords  de  la  Gambie  sont  nni- 
queiiicnl  occupés  par  eux.  Le  Foula-Djallon,  puis- 
sant Eial  au  sud-est  de  ce  Qeuvc,  est  peuplé  de  Fou- 
lahs, au  milieu  desquels  vivent,  comme  dans  le  Yo- 
loff  et  le  Foula-Toro,  des  bandes  nomades  de  ces 
Peuls,  si  originaux,  dont  nous  avons  fait  connaître 
les  caractères  tranchés  qui  les  disiingueni  des  autres 
habitants  de  l'Afrique  occidentale. 

Après  tous  ces  peuples  sédentaires  viennent  les 
Maures  Dowiches,  Oualàd-el-Kuissis  et  Oualâd-m- 
Bareck,  nations  puissantes  vivant  au  grand  dé^eit, 
et  amenées  accideniellemcnt  sur  la  rive  droite  du 
Sénégal  pour  les  besoins  de  leur  cmnmerce.  Les  Do- 
wiches sont  ceux  qui  viennent  à  Bakcl,  et  avec  les- 
quels les  Fronçais  ont,  par  conséquent,  le  plus  de 
relations.  Ils  sont  mêlés  aux  Sarraiolets-Giiiliimahas, 
qui  ont  formé,  sous  leur  protection,  des  établisse- 
ments sur  la  rive  droite  du  lleuve  et  même  dans 
l'intérieur.  Ces  Sarracolels,  quoique  leurs  tributai- 
res, ont  cependant  su  conserver  une  espèce  de  na- 
liuiialilé,  qui  a  empêché  une  complète  fusion.  —  La 
rclijjion  mahomélane,  sévèrement  oliservée  par  les 
Maures,  est  encore  pour  eux  à  l'état  d'intolérance 
exclusive  et  presque  persécutrice  qui  existait  chez 
leurs  ascendants.  Le  fanatisme  de  leurs  prêtres  a 
pénétré  aisément  eu  eux,  el  en  a  fait,  de  ceuv  du 
moins  qui  se  qualifient  de  vrais  croyants,  de  farou- 
ches ennemis  des  chrétiens.  —  L'histoire  des  Dowi- 
ches présente  une  série  de  crimes  qui  ont  bouleversé 
si  Souvent  l'ordre  légal  de  succession  au  pouvoir, 
qu'il  c.-t  bien  didic.le  de  sortir  du  chaos  de  haines, 
d'i-mbiiioiis  el  d'intrigues  qui  s'agitent  parmi  leurÉ 
princes.  Cette  histoire,  beaucoup  trop  longup,  ilè 
servirait  qu'il  mieux  mettre  au  jour  l'embarras  oii  i'i 
sont  de  choisir,  au  milieu  de  tous  les  piélendanls, 
celui  (|ui  aurait  le  plus  de  dridts  au  trône.  —  Leuir 
gouvernement,  qui  a  sans  doute  servi  de  modèle  à 
ceux  des  peuples  nègres  des  environs,  est  une  mo« 
iiarchie  absolue  traiismissible  aussi  par  ligne  coliaié- 
iale.  Mais,  chez  eux  plus  qu'ailleurs,  les  révoltes  ar- 
rêtent presque  toujours  l'application  du  principe  ré- 
gulier dé  succession,  cl  l'anarchie  la  plus  désordon- 
née est  devenue  depuis  longtemps  l'état  normal  de 
leurconsliluiion  politique.  En  ce  moaieni,  les  Dowi- 
ches sont  divisés  en  deux  camps  principaux,  ayant 
embrassé  chacun  le  parti  d'un  pi  étendant.  De  là  de 
permanentes  hostilités,  qui  jettent  parmi  les  nom- 
breuses tribus  de  cette  naiiorr  leplus  déplorable  dé- 
sordre, qu'augmente  encore,  de  temps  à  autre,  l'in- 
tervention de  plusieurs  nations  maures,  dont  l'une, 
les  Braknas,  défend  la  cause  d'Abdalaye,  frère  du 
dernier  roi  et  héritier  légal  ;  et  l'autre,  les  Oualàd- 
m-Bareck,  celle  de  Hamet-Deya,  fils  d'un  prince  dé- 
posé et  mort  en  exil. 
Les  Dowiches  sont  pillards,  comme  tous  les  Mau- 

nomtnés  esclaves  dans  les  Antilles. 

(Hiote  de  Cauleur.) 


8C9 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  830 

sèment  pour  maintenir  l'ordre  cl  empéciicr  les  niar- 
cliiinJs  li'clre  inquiéiés  dans  leur  conini^  rce. 

Kéniolia  est  un  village  du  Bambouk,  actuellement 
occupé  par  des  émigrés  du  Foula-Djallon,  placés, 
sous  la  protection  de  l'almumy  du  Bondou,  auquel  ils 
payent  iribui.  Ce  village,  elieriieude  ce  qu'on  pour- 
rait appeler  un  canton  de  mines,  est  ;>  49  kil.  de 
Sansandig, aSkil.du  villagede  Samba-Yaya  surlaFa- 
lémé.ct  3ou4kil.  des  mines.  La  principale  se  nomme 
Dambagnagney;  die  est  située  au  milieu  d'un  buis.lrès- 
près  d'une  ligue  courbe  de  collines  foiuianl  un  demî- 
cercle  de  l'ouest  au  sud-est.  Les  abords  en  sont  sè- 
mes de  pierres  biliceuses  blancbes,  légèremenl  véi' 
liées  de  rouge;  les  terres  sont  forlenient  colorées 
par  l'oxyde  de  fer  et  Liisseiit  voir  une  nouvelle  es- 
pèce de  roclie  du  genre  schisteux.  Pour  descendre 
dans  cette  mine,  on  a  praiii|ué  un  (rou  ayant  la  for- 
me il  régulière  d'un  cône  dont  la  base,  platée  en  bas, 
présente  de  singulières  conditions  de  solidité;  ce 
trou  est  d'une  profondeur  de  7  à  8  mètres  au  plus, 
et  .ses  parois,  dépourvues  d'éiais,  ont  à  leur  partie 
supérieure  plusieurs  fissures  veiticales  qui  menacent 
d'une  chute  prochaine.  Ces  sortes  d'accidunis,  inévi- 
table^ pour  les  lioninies  du  pays,  si  inhabiles  dans 
de  semblables  travaux  ,  sont ,  comme  on  doit  le 
penser,  irès-coiiimuns.  Au  fond  de  ce  irou,  une  ou- 
verture latérale,  de  0"»60  à  1  mcire  de  hauteur,  con- 
duit dans  une  galerie  souterraine,  d'une  étendue  de 
40  à  '0  métrés.  Le  terrain  des  mines  est  un  terrain 
d'alluviou,  formé  de  salile,  de  cailloux  quartzeux 
roulés  et  de  schiste  ferrifère  micacé ,  conienant 
queUinefiiis  d -s  parties  de  terre  grasse  et  iinirâire. 
L'ensemble  de  celte  roche  se  brise  aisément  sous  le 
doigt.  Tout  autour  de  cette  mine,  qui  est  la  seule  ac- 
luelleinenl  en  expluiialion,  on  rencontre  destious 
d'une  enrayante  profondeur,  garnis,  de  distance  en 
dislance,  de  traverses  de  bois  scellies  aux  parois  et 
formant  des  croix  hoiizontales  ;  ces  traverses  ser- 
vent à  recevoir  les  échelles  des  mineurs,  dont  les 
mnniants  sont  faits  avec  de  jeunes  arbres  tenus 
écartés  par  des  échelons  grossièrement  et  irréguliè- 
remenl  lixés  au  moyen  de  liens  d'écorce.  C'est  par 
de  semblables  échelles,  si  mal  posées  sur  des  pièces 
de  bois  en  croix,  que  ces  malheureux  descendent 
daiii  ces  mines,  dont  la  profondeur  est  an  moins  de 
35  à  40  mètres.  Un  doit  dire,  il  est  vrai,  qu'elles 
sont  peu  exploitées.  L'une  d'elles  porte  le  nom  de 
Gaêdy  :  on  y  descend  par  deux  trous  dillerents 
communiquant  l'un  à  l'autre  par  une  petite  galerie. 
—  Dans  le  nord-est  1/4  est  de  Dambagnagney,  à  une 
distance  de  2  kil.  au  plus,  au  sommet  d'un  mamelon 
du  nom  de  Pellel,  les  indigènes  disent  qu'il  y  a  des 
mines  bien  plus  riches  que  celles-là,  mais  que  ceux 
qui  y  Vont  meurent  on  deviennent  fous.  C'est  chez  eux 
iine  conviciion  si  profondément  arrêtée,  qu'on  est 
forcé  de  lui  chercher  une  origine  rationnelle  qui  se 
trouverait  peul-êire  dans  l'hypothèse,  fort  admis- 
sible, delà  présence  de  l'arsenic  dansées  mines.  En 
effet  les  premiers  exploitaleurs,  si  ce  métal  exist» 


res  de  l'Afrique  occideniale.  Leurs  excursions,  fré- 
quentes et  productives,  ont  lieu  dans  la  saison  sè- 
che, lorsque  le  retrait  des  eaux  a  ouvert  des  gués 
praticables.  Il  n'est  pas  d'années  dans  lesquelles 
des  partis  de  ces  Maures  ne  viennent  ravagiT  tan- 
tôt le  Galura,  tantôt  le  Dondou,  et  lantôi  enûn  le 
Bambouk,  semant  sur  leur  passage  uns  telle  frayeur, 
que  les  nègres,  quel  que  soit  leur  nombre,  fuient 
lâchement  devant  une  poignée  d'hommes,  qu'ils  dé- 
truiraient aisément  s'ils  ne  se  laissaient  trop  f,icile- 
inent  dominer  par  un  effroi  pusillanime.  Ils  abandon- 
nent, dans  leur  fuite  honteuse,  leurs  troupeaux, 
leurs  récoltes,  quelquefois  leurs  femmes  et  leurs  en- 
fants, qui  deviennent  le  butin  de  leurs  faciles  vain- 
queurs, dont  la  cruauté,  justement  proverbiale, 
s'exerce  souvent  sur  ceux  qui  leur  semblent  ou  trop 
faibles  pour  être  captifs,  ou  de  trop  peu  de  valeur 
pour  être  vendus  :  car  ils  ne  pourraient  pas  les  nour- 
rir. Les  Maures  qui  se  livrent  à  ces  pillages  n'ont 
que  cette  unique  industrie  pour  subsister.  Aussi  at- 
tendent-ils impatiemmentchaqneannée  le  relourde  la 
saison  des  basses  eaux  pour  recommencer  leurs 
courses  dévastatrices;  ou  bitn,  pressés  par  le  be- 
soin, lorsque  les  gués,  tardivement  ouverts,  les  re- 
tiennent sur  l'autre  rive,  ils  aiiaquenl  et  pillent  leurs 
compatriotes  qui  viennent  apporer  leur  gnnune  au 
comptoir  français.  Les  Oualàd-cUKoissis  et  les  Ouj- 
lâd-m-liarccli,  plus  éloignés,  comnicilent  leurs  bri- 
gandages quelquefois  dans  le  Bambouk  oriental  et  le 
Kasson,  quelquefois  dans  le  Kaaria,  pays  des  Bam- 
baras,  en  guerre  assez  souvent  avec  les  Lakiaies, 
Iribu  de  marabouts  des  Oualàd-m-Bareck.  Les  Ham- 
baras,  comme  on  le  voit,  ont  eu  Téeeigie  de  la  lé- 
tistance  ;  ils  ont  osé  faire  ce  qu';iucune  naiion  nègre 
n avait  encore  fait;  ils  ont  repoussé  par  une  décla- 
ration de  guerre  les  excursions  des  .Maures.  Les  inva- 
sions des  Oualàd-el-Roissis  et  des  Oual.àd-m-Uareck 
Sont,  au  surplus,  muius  préjudiciabics  au  commerce 
européen  que  celles  des  Dowiches.  Le  gué  par  le- 
quel ils  passent  le  plus  souvent  est  ii  l'ancien  village 
de  'luabo,  dans  le  Galam,  à  environ  10  kil.  au-des- 
sous de  Bakel  ;  celui  de  Sasse-Makana,  près  Koun- 
ghcl,  est  également  irès-fiéquenié.  Les  autres  sont 
proK'gés  par  des  villages  dont  les  habitants  leur  iui- 
puseni  toujours  un  peu. 

Le  pilliige  entre  tribus  de  Dowiches  est  chose 
fort  Ci-mmune,  soit  pendant  la  roule  pour  se  rendre 
h  l'escale,  soit  à  l'escale  même,  située  sur  la  rive  op- 
posée au  comptoir;  et  les  princes,  qui  devraient  pro- 
téger leurs  sujets  et  empêcher  les  rapines,  sont  sou- 
vent les  premiers  à  dépouiller  les  mallieurcux  mar- 
chands qui  reviennent  de  Bakel.  Ils  ne  regardent 
même  pas  si  les  hommes  qu'ils  volent  sont  ou  ne  sont 
pas  de  leur  parti.  Que  leur  importe,  pourvu  qu'ils 
pillent!  Dans  l'état  d'anarchie  et  de  division  qui  rè- 
gne parmi  eux,  aucime  protection  n'est  certaine,  au- 
cune sécurité  n'est  donnée  aux  trafiquants,  et  cela  en 
dépit  des  coutumes  que  les  Européens  payent  préci- 


hZl  DICTIONNAIRE  DE  GEOGR 

rcellcmeiii,  ont  pu,  suii  p:ir  l'orgaiie  de  la  respira- 
lion,  soit  en  prenant  leur  nourriture  sans  se  laver 
les  mains,  en  iibiorl)er  une  assez  forte  quantité  pour 
être  vivement  inciimmodés,  et  par  suite  mourir;  et 
alors  les  témoins  de  ces  accidents,  hors  d'étal  de  les 
expliquer  par  des  causes  naturelles,  leur  auraient 
assigné,  cédant  à  leurs  superttilieuses  idées,  une 
cause  surnutiirelle,  comme,  par  exemple,  les  malé- 
fices d'un  a^eni  occulte  donnant  la  niurt  ou  la  lo- 
lie.  Celle  opinion  est  générale  dans  tout  le  fîambouk, 
et  aucune  des  mines  situées  sur  les  collines  n'est  ex- 
ploitée. Il  faut  nécessairement  cependant  que  cette 
exploitation  ait  été  tentée;  car,  sans  cela,  comment 
les  naiurels  cunnaiiraienl-ils  l'existence  de  ces  mi- 
nes ? 

L'cxploi'aiion  des  mines  de  Kéniéba  est  ordinai- 
rement f,iite  par  les  babitanls  foulalis  des  villages 
voisins  et  de  (elui  de  Kéniéba  iiême,  moyennant  un 
droU  layé  auclu-f  de  S,Tniha-Yaya,quie>l  le  clief  su- 
piênie  de  toutes  les  colmiesdesa  nation  établies  sur 
Il  r.ve  droite,  et  qui  traite  seul  avec  l'alniauiy  du 
Bondou  pour  le  tribut  général.  Les  femmes  duvdiage 
de  Kéniéba  oiit  le  monopole  de  la  manipulation,  et 
pailagenl  lor  qui  provient  des  produits  de  la«mine, 
avei;  l'individu  qui  les  leur  a  donnés  à  travailler. 
L'exploitation  n'est  pas  siins  danger  :  elle  se  fait 
dans  la  saison  des  La-ses  eaux,  tl  les  travailleurs 
ont  à  redouter,  outre  les  agrtssions  pirmanenlcs 
des  .Maiidingues  Bamboukains,  celles  des  .Maures  qui 
ont  traversé  à  gué  le  Sénégal  ou  la  Falémé.  Aussi 
H'est-elle  enlieprise  qu'avec  un  certain  déploiement 
de  forces  :  les  fennnes  Irav.'jillent,  aidées  seulement 
de  (|uel.jues  bommes;  les  auirei-  ve. lient  armés.  Les 
eaux  jiluviales  qui  smtiomienl  dans  les  minus  long- 
temps après  la  mauvaise  saison  ne  permettent  d'y 
travailler  que  pendant  cinq  mois  environ,  de  janxicr 
à  MM.  —  LVxtraciion  de  l'or  est  d'une  iniperlection 
qui  é;oiiiie.  Voici  comment  s'y  prennent  les  l'euimes 
qui  en  sont  chargées  exclusivement  :  les  produils 
delà  mine,  con)posés  de  schiste  en  Iragmen  s  assez 
gros,  de  cadiou.v  et  de  terre  sablonneuse,  sont  (ilacés 
dans  une  calebasse  pleine  d'eau,  et  pétris  avec  les 
mains  pour  être  écrasés;  les  cailloux,  une  grande 
partie  du  sable  terreux,  et  de  très-gros  fragmenis  de 
scbisie,  sont  rejetés  à  la  suite  de  cette  première  opé- 
ration, qu'il  a  été  impossible,  on  le  conçoit,  d'exé- 
cuter parfaitement.  La  calebasse  ne  contient  plus 
alors  qu'un  sable  boueux,  qui,  soumis  à  différents  la- 
vages, (init  par  donner  un  résidu  de  sable  noir  très- 
fin,  dans  lequel  se  trouve  l'oi-,  sous  forme  de  molé- 
cules et  de  paillettes  quelquefois  extrêmement 
ténues.  La  séparation  des  molécules  aurifères  et  du 
sable  se  fait  aussi  très-grossièrenieni  :  le  tout,  placé 
dans  une  valve  de  coquille,  subit  encore  de  nouveaux 
lavages,  à  la  suiie  de  chacun  desquels  on  jutie  des 
parties  de  sable,  et  bien  souvent,  avec  elles,  des 
paillettes  d'or,  malgré  l'adresse  des  orpailleuses  ; 
cnlin,  un  petit  caillou  écrase  et  réduit  en  poussièie 
le  sable  restant.  On  soutnet  le  contenu  de-Ia  valve 


APHIE  ECCLLSIASTIQUE.  83-2 

à  l'action  du  soleil  pour  f;iire  sécher,  puis  on  soiif- 
Oe  le  plus  légèrement  possible;  il  ne.reste  plus  alors 
que  l'or,  considérablement  réduit,  il  est  vrai,  car 
une  grande  partie  a  du  en  être  perdue  par  les  lava- 
ges successifs  que  les  divers  produils  de  la  mine  ont 
supportés.  De  petites  cornes  de  chèvre  reçoivent 
provisoirement  les  molécules  et  les  paillettes  auri- 
lères,  jusqu'à  ce  que  celles-ci  s'y  trouvent  réunies 
assez  ab.in  lamment  pour  être  agglomérées.  Cette 
ag;;loméraiion,  qui  est  obtenue  par  la  fusion  des  mo- 
lécules dans  un  creusel,  termine  l'opération,  dont 
le  résultat  est  de  présenter  l'or  sous  forme  de  torsa- 
des ou  d'anneaux  à  vives  arêtes  transversales,  ainsi 
qu'il  est  vendu  aux  comptoirs  européens. 

Le  commerce  anglais  et  le  commerce  français  pré- 
sèment,  en  Sénégambie,  de  telles  différences,  qu'une 
comparaison  nous  semble  véritablement  impossible 
à  établir  entre  l'un  et  l'autre.  Dans  la  Gambie,  les 
échanges  se  font  à  très-peu  de  frais  et  avec  le  se- 
cours (l'un  «eul  éiablissemeiit  protecteur,  placé  à 
Mac-Cartby's-lsland  (\aiiyamliouié)  ;  cette  ile,  à 
180  milles  anglais  de  Batbursl  (Sainie-.Marie),  est  la 
lésidcnte  des  commerçants  qui  ont  des  coiopioirs 
sur  le  tleuve;  c'est  au-si  une  espèce  de  centre  civi- 
lisaieur  et  commercial.  Il  y  a  des  missionn-ires, 
des  libérés,  auxquels  le  gouvernement  a  fait  des 
concessions  de  terres,  une  garnison  de  80  bommes 
et  une  quinzaine  de  pièC''S  de  canon  sur  affûts  mobi- 
les, disposés  dans  diverses  parties  de  l'île,  mais  sim- 
pli  ment  en  batterie  de  campag.e ,  sans  autuiie 
construction  pour  abriter  les  canunnieis.  Les  comp- 
toirs sont  échelonnés  au-dessus  et  au-dessous  de 
Mac-Cartiiy's-lsland,  et  cbaciiu  il'eux,  dirigé  p.T  un 
noir,  se  compose  d'un  vieux  bàl.ment  mouillé  au 
laige  qui  sert  de  magasin,  et  de  quelques  cases  à 
terre  servant  de  caravansérail  pour  recevoir  les  ca- 
ravanes. Avec  une  si  heureuse  disposition,  favorisée 
par  la  facilité  des  communications,  sur  un  ffeiive 
navigable  en  toute  saison  jusqu'au  comptoir  le  plus 
élevé,  on  conçoit  que  le  commerce  anglais  puisse  se 
faire  sans  le  secours  de  canons  et  de  soldats;  car,  à 
la  moindie  alerte,  le  bâtiment  comptoir  reçoit  les 
lialiquanls  et  les  protège  contre  toute  attaque.  Le 
commerce  est  libre  dans  la  Gambie  :  il  est  exploité 
par  des  maisons  anglaises,  représentées  aux  comp- 
toirs par  des  trailaiiis  noirs;  mais  il  n'y  a  pas  chez 
eux  celle  affreuse  plaie  de  concurrence  individuelle 
qui  les  ruinerait  tous.  Chaque  traitant  choisit  une 
place,  et,  dès  iiu'elle  est  choisie,  personne  ne  \ient, 
coninie  au  Sénégal  ,  la  disputer  au  premier  occiip.mt. 
On  traite  en  Gambie  des  peaux,  des  arachides,  de  la 
cire,  de  l'ivoire  et  de  l'or  :  les  deux  premiers  arti- 
cles forment  le  principal  commerce.  Les  .Anglais  ont 
établi,  dans  les  villai,'es  voisins  du  fleuve,  des  entre- 
pôts de  marchandises  dont  la  direction  est  conliée 
au  chef  ou  à  un  habitant  de  confiance  ;  ils  emploient, 
en  ouire,  des  courliers  indigènes  qu'ils  expédienl  au 
loin,  quelquefois  avec  des  objets  d'échange.  Ce  sont 
là  deux  cxcelleols  moyens  d'augmenter  leur  coin- 


853  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


8U 


merce  :  car,  en  exposant  aux  regards  des  habitants 
de  l'Afrique  des  niarcliandises  qui  les  tentent,  ils 
leur  créent  de  nouveaux  besoins  et  développent  en 
eux.  pour  arriver  à  les  sali.vfaire,  le  goût  du  travail, 
si  rare,  chez  les  Mandingues  surtout.  On  a  remarqué 
que,  dans  plusieurs  villages  à  entrepôt,  les  cultures 
étaient  très-soignées,  eirinlérieur  dos  cases,  la  tenue 
des  habitants,  tout  respirait  un  air  d'aisance  et  decivili- 
Eation  qui  ne  se  remarque  pas  toujours  dans  les  Eials 
Mandingues,  pas  plus  que  dans  les  autres  parties  de 
l'Afrique  occidentale  et  orientale.  Quant  à  l'inté- 
rieur, l'esclavage  s'y  rencontre  sous  la  forme  la  plus 
affreuse  que  l'imagination  puisse  concevoir.  Ce  sont 
d'étranges  figures,  amaigries  par  la  souffrance  et  la 
faim  ;  ce  sont  des  corps  grêles  et  cbancelants,  cou- 
verts de  plaies  et  de  gale. 

Thenegium  ,  Thengen ,  ou  Theningen  ,  bourg  du 
grand-duché  de  Bade,  sur  la  rivière  d'Elz,  à  16  kil. 
noid-ouest  de  Fribourg,  avec  une  population  de  1500 
habiianis.  C'éiait  un  comté  princier  et  un  (ief  du 
grand-duclié  de  Bade  qui  appartient  à  la  maison 
d'Auersberg.  Celte  maison  lait  remonter  avec  une 
cert:iine  proliabiliié  ,  son  origine  à  une  famille  ro- 
maine qui  est  venue  se  fixer  en  Carniole  :  toutefois 
sa  généalogie,  en  tant  qu'elle  est  fondée  sur  des  di- 
plômes, ne  commence  qu'au  x"  siècle. 

Les  comtes  d'Auersberg  se  divisent  en  un  grand 
nombre  de  lignes  et  de  branches.  Une  seule  do  ces 
branches  ,  revêiue  depuis  1C53  de  la  dignité  de 
princes  ,  a  été  souveraine  jusqu'en  1806  puur  le 
comté  princier  de  Thengen,  et  a  siégé  à  la  Dièie  au 
collège  des  princes.  Celle  maison  possédait  aussi  en 
Silésie  les  duchés  de  Mûnsierberg  et  de  Fraukens- 
lein,  qu'aille  vendit  en  1791  au  roi  de  Prusse.  Le 
tiire  ducal  fut  alors  attaché  à  son  comié  de  Goitschée 
en  Carniole.  Le  doyen  de  la  famille  exerce  les 
charges  héréditaires  de  grand  chambellan  et  grand 
maréchal  du  duché  de  Carniole. 

Cette  maison  caiholique  réside  communément  à 
Vieime.  La  plus  grande  pnriie  de  ses  vastes  posses- 
sions se  trouvent  dans  la  monarchie  autrichienne. 

Tliunium,  Tlioune  (Tliun)  en  Suisse  dans  le  can- 
ton de  Berne,  à  -22  kil.  de  celte  ville.  —  La  route 
qui  y  conduit  est  non-seulement  excellente,  mais 
agréablement  variée.  Des  siies  agrestes,  beaucoup 
de  jolies  campagnes  et  les  beaux  villages  de  Mûri, 
de  Munsingen,  de  Wichtrach,  de  Kiesen,  etc.,  se 
présentent  successivement  à  l'œil  du  voyageur,  et  des 
champs  bien  cultivés  lui  annoncent  l'aisance  des  ha- 
bitants de  toute  celte  contrée.  A  mesure  qu'on 
avance  vers  Thoune,  la  perspeciive  des  moniagnes 
se  rapproche,  et  lorsqu'on  y  est  arrivé,  les  scènes  im- 
posâmes de  rOberland  frappent  l'œil  du  voyageur. 
—  Celle  jolie  petite  ville  est  située  sur  l'Aar,  non 
loin  de  sa  soriie  du  lac,  et  sa  position  pittoresque,  à 
l'entrée  de  l'Oberland,  rend  ses  environs  aussi  agréa- 
bles qu'iniéressanis.  Sur  une  pl;ile-fornie  (vulgaire- 
ment appelée  le  cimeiière)  qui  entoure  l'église  el  qui 
est  presque  aussi  élevée  que  le  chàieau,  on  découvre, 


comme  dans  celui-ci ,  une  vue  magnifique  qui 
embrasse  la  ville  même,  ses  environs,  le  lac,  l'é- 
norme masse  isolée  du  mnnt  Niesen  et  la  chaîne 
de  mnniagne-i  du  Stockliorn.  Une  prenu  nade  con- 
diiii,  le  long  de  l'Aar,  à  Srherziingen  el  de  là  jusiiu'à 
la  bchadau.  Une  vieille  fibrique  ([ui  se  trouve  dans 
le  premier  de  ces  endroits,  lui  donne  un  a-pei:t  irés- 
pitioresque ,  el  rappelle  à  la  mémoire  son  an:i. 
que  fondateur,  Kodolplie  de  Siraiilingeu  ,  roi  de 
la  Bourgogne  transjurane.  La  Sohadau  est  particu- 
lièrement remarquable  par  sa  position  sur  le  lac; 
un  petit  bois,  qui  le  cùtoie,  offre  une  promenade 
bien  agréable  et  présente  des  points  de  vue  déli- 
cieux. A  peu  près  vis-à-vis  de  la  Schadau  on  voit 
Hofsieiten,  campagne  qui  mérite  d'être  vue,  non- 
seulement  à  ciusc  de  sa  situation,  mais  par- 
liculiérement  pour  les  alentours  dont  la  nature  et 
l'art  l'ont  embellie.  Un  petit  château,  bâii  dans 
le  siyle  goihii(ue,  et  siirnionlé  d'une  tourelle  or- 
née de  vitraux  peints,  se  trouve  à  l'enirée  d'une 
promenade  romantique,  appelée  le  Bachih<dzlein 
(petit  bois  du  Bachi).  Toui  ce  que  le  goût  simple, 
mais  le  mieux  entendu,  peut  imaginer,  se  irouve 
réuni  dans  ce  petit  parc,  où  reposent  les  cendres 
du  noble  chevalier  et  troubadour  Henri  de  Siratt- 
lingen.  On  trouve  toujours  des  baieaux  à  Scherzligen 
qui  conduisent  le  voyngeur,  dans  peu  de  minutes, 
à  Hofsieiien,  et  on  y  va,  depuis  Thoune,  eu  sui- 
vant la  rive  droite  de  l'Aar.  —  Tliieracbern  est 
un  vill.ige  à  3  kil.  de  Thoune;  on  y  arrive  parla 
plaine  de  l'Aiment,  où  se  irouve  le  polygone  de  l'école 
d'artillerie  et  du  génie  de  ia  Confédération   suisse. 

La  traversée  du  lac,  depuis  Thoune  au  Neuhaus 
(maison  neuve)  est  de  16  à  20  kil.  On  peut  la  faire 
dans  les  bateaux  de  la  posie  et  du  marché. 

La  diversité  des  points  de  vue  que  présentent  les 
deux  rivages  et  les  glaciers  éblouissants,  dont  on 
approche  insensiblement  sur  la  surface  d'une  onde 
claire  qui  réfiécliit  tant  d'images  v;iriées,  ajoutent 
aux  charmes  de  ce  voyage.  —  En  arrivant  près  de 
la  Waudilub,  on  doit  quitter  le  bateau  ei  monler  sur 
le  Béalenbeig  (montagne  du  Saint-Béat),  tant  pour 
y  jouir  d'une  vue  superbe,  iiue  pour  visiter  la  Béa- 
tenhohle  (caverne  de  saint  Béat)  que  ce  disciple  de 
l'apôlre  saint  l'ierre  habiia,  pendant  qu'il  répandit 
la  doctrine  chrétienne  en  Helvétie,  et  où  il  mourut 
dans  l'année  112,  suivant  la  légende. 

Tigris,  le  Tigre,  ou  Tygil.  Ce  fleuve  possède  une 
haute  et  ancienne  célébriié,  à  cause  des  grandes  et 
magnifiques  cilés  bâties  sur  ses  rives,  comme  Ninive, 
Séleucie,  Ciésiphon.  Le  Tigre  a  sa  source  dans  les 
montagnes  de  l'Arménie,  vers  le  lac  de  Wan,  à  72 
kil.  nord  de  Diarbèkir  et  20  kil.  est  de  la  source  de 
l'Euphraie.  Ces  deux  fleuves  coulent  paralléieinent, 
mais  à  une  grande  distance  l'un  de  l'autre.  A  Bag- 
dad, se  rapprochant,  l'espace  qui  les  sépare  a  moins 
de  .0  kil.  Ils  s'éloignent  de  nouveau,  et  forment  le 
riche  district  de  l'Irak-Arabi;  le  premier  fleuve  coule 
à  l'esl,  baigne  à  droite  Diarbèkir,  IJesn-Keîfa,  tourne 


83S 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


856 


au  sud-est,  arrose  à  droite  Djeziréh  et  Mossonl,  des- 
cend eiisiiiie  vers  te  sud  jusqu'à  Bsgdad ,  passe  par 
Tecrid  ei  Snmarali.  Le  Tigre  se  distingue  par  la  ra- 
pidité de  son  cours,  qui  lui  a  fait  donner  le  nom  de 
Tt-er,  qui  sig  cilié  phlie.  Au-dessus  de  Bagda'i  il  n'est 
navigable  que  pour  de  petits  navires.  Ceux  qui  font 
le  commerce  entre  celle  ville  et  Mnssoul  consistent 
en  esquif-  soutenus  par  des  peanx  de  brebis  enOées; 
ils  descendent  la  rivière,  et  à  leur  ariivée  à  Bagdad, 
on  vend  la  'aitie,  et  les  peaux  retournent  .'t  Mnssonl 
sur  des  chameaux.  Entre  Bagdad  et  Korns,  le  Ti-;re 
a  100  ("ises  de  large,  et  est  navigable  pour  des  ba- 
teaux de  20  .i  50  tonneaux.  Ses  rives  escarpées  et 
couvertes  de  broussailles  servent  de  rep:iires  aux  bê- 
les féroces.  A  Korna  il  joint  l'Kupbraie,  et  leur  cours 
réuni  sous  le  ncm  de  Shal-el-Avnb  débouche  dans  le 
golfe  Pcrsique.  Ce  fleuve  déborde  deux  fois  dans 
l'année  ;  la  première  et  la  plus  remarquable  en  avril, 
est  occasionnée  par  la  fonte  des  neiges  des  nionia- 
gnes  d'Arménie.  Le  deuvième  débordemenl  a  lieu  en 
novembre  par  les  pluies  périodiques.  Son  cours  est 
d'environ  1480  kil.  ;  il  se  grossit  à  tauche  du  Kha- 
bour,  du  Touz,  Sinne  on  Kicheiak,  et  du  Rouniis- 
koun,  près  de  son  confluent. 

Tipasa,  Teffessed.  C'était  une  ville  épiscopale  de 
la  province  de  Mauritanie  Césarienne,  en  Afrique, 
sous  la  méiropoie  de  JhIm  Cxsarea  :  ses  ruines  ont 
été  récemment  explorées  et  décrites  par  M.  Ber- 
brugger.  Elle  eut  beaucoup  à  souffrir  des  rois  van- 
dales, qui  ne  pardonnaient  pas  à  ses  habitants  leur 
attachement  à  la  foi  catholique.  En  481,  le  roi  Umé- 
ric  ayant  voulu  imposer  un  évêque  arien,  au  pre- 
mier bruit  de  l'arrivée  du  faux  pasleur,  ils  rassem- 
blèrent le  plus  grand  nombre  de  barques  possible, 
et  passèrent  en  Espagne,  préférant  l'exil  à  Taposta- 
sie.  Tous  cependant  n'avaient  pu  quitter  ces  rivages. 
A  celle  nouvelle  le  tyran  redouble  de  fureur  et  de 
rage,  il  envoie  un  messager  revêtu  de  pouvoirs  sans 
bornes,  il  donne  des  ordres  extraordinaires,  une  ar- 
mée entière  investit  Tipasa  ;  toutes  les  autorités  de 
la  province,  la  province  elle-même,  sont  convoquées 
{illttc  provincia  nduoca'.a),  tous  les  catholiques  fidè- 
les, dignes  et  généreux  frères  des  exilés,  sont  traî- 
nés dans  le  forum,  sommés  une  dernière  fois  de  re- 
connaître l'évèque  arien  :  tous  refusent.  Bientôt  tous 
sans  exception  auront  la  main  droite  coupée  et  la 
langue  arraibée.  .Mais,  ô  prodige  !  ils  parlent  encore, 
il»  confessent  encore,  avec  plus  de  ferveur  que  ja- 
mais ,  la  foi  catholique.  Dispersés  plus  tard  par  tout 
rOrieai,  ils  y  lurent  jusqu'à  la  mort  l'objet  de  l'ad- 
miration, de  la  vénération  des  peuples  et  des  prin- 
ces. Sans  parler  d'une  foule  d'auteurs,  soit  profanes, 
soit  sacrés,  qui  nous  ont  transmis  la  mémoire  de  ces 
admirables  scènes,  l'empereur  Justinien  en  a  consi- 
gné l'impéris-abie  souvenir  dans  sou  recueil  célèbre 
des  Lois  Romaines  ;  et  il  exisie  un  ouvrage  fort  re- 
marquable, intitulé  :  La  Divimté  du  christianisme, 
prouvée,  démonlrée  par  le  miracle  de  Tipasa, 
Les  ruiues  de  Tipasa  se  découvrent  actuellement 


aux  environs  de  Cherchell,  dans  le  diocèse  d'Alger. 
Tisovica,  Tischnowitz,  petiie  ville  de  la  Moravie 
(Allemagne).  —  A  rôle  de  cette  ville  il  existe  un 
couvent  de  religieuses,  très-ancien  et  forl  beau,  sé- 
cularisé siuis  le  règne  de  Joseph  II,  en  17!ii.  L'é- 
glise possède  un  excellent  tableau  de  l'école  fla- 
mande. —  Sur  la  route  de  Tischnowiiz  à  Blansko, 
on  rencontre,  dans  un  pays  fort  pitiore-quc,  les  rui- 
nes d'une  église  de  Sainie-Caiheriue  et  du  Château 
NoNvybrod,  détruils  tous  deux  lors  de  la  guerre 
des  Ilussiies.  —  Tischnowitz  d"itson  origine  ài'ab- 
baye.  Cette  pe  ite  ville,  située  sur  la  rive  gauche  de 
la  Schwarza,  est  à  16  kil.  nord- nord-ouest  de 
Brùun.  La  populiition  est  de  1600  habitants. 

Tobolica  provincia,  province  deTobolsk.  Elle  forme 
un  des  gouTeri.enients  les  plus  Ciusidérables  et  les 
plus  vastes  de  la  Sibérie,  dans  !a  Kussie  asiatique. 
La  Sil'érie,  conquise  sous  le  règne  du  tzar  Ivan  IV, 
surnommé  le  Terrible,  offrait,  surtout  dans  le  district 
de  Tobolsk,  de  vastes  contrées  presque  désertes  et 
qu'il  fallait  peup'er.  Les  travaux  des  mines  étaient 
d'ailleurs  d'une  nature  à  ne  pas  tenter  le  courage 
d'explorateurs  libres  et  bénévoles  ;  la  force  seule  pou- 
vaii  y  attacher  le  malheureux  destiné  à  ne  plus  revoir 
le  jour,  sitôt  qu'il  est  descendu  dans  cette  espèce  de 
tombeau,  où  il  trouve  une  mort  certaine  et  prématu- 
rée. En  1753,  l'impératrice  Elisabeth  Peirowna  (iille 
du  Izar  Pierre)  abolit  la  peine  de  mort  ilans  ses  Etats. 
Sous  cette  grave  mesure  se  cachaient  des  motifs  po- 
litii|ues  et  des  intérêis  purement  matériels.  Il  fallait 
peupler  les  solitudes  glacées  de  la  Sibérie.  Aussi , 
depuis  cette  époque  ,  la  déportation  est-elle  devenu* 
un  moyen  de  gouvernement,  et  elle  a  surtout  frappé 
la  population  catholique  des  anciennes  provinces  po- 
lonaisef.  Dans  le  commencement,  le  gouvernement 
de  Tobolsk  était  surtout  désigné  pour  recevoir  les 
déportés.  Aucun  prêtre  catholique  n'a  le  droit  d'y 
pénétrer  pour  offrir  les  secours  de  son  ministère  aux 
pauvres  exilés,  qui  doivent  s'adresser  aux  popes  rus- 
ses (prêtres  grecs  S(hisniatiques),  dont  l'ignorance 
et  la  dégradation  morale  soi>t  un  phénomène  dans 
l'ordre  intellectuel  et  religieux.  Il  est  expressément 
défendu  aux  déportés  catholiques  de  laire  de  la  pro« 
pagande ,  et  même  de  parler  de  religion  aux  tribus 
nomades,  qui  sont  encore  idolâtres. 

Ll-  gouvernement  de  Tobolsk  est  borné  au  nord 
par  l'Océan  Glacial  Arciique,  la  mer  de  Kara  et  le 
golfe  d'Oh;  à  l'est  par  la  province  de  Tomsk,  au  sud 
par  celle  d'Omsk,  à  l'ouest  par  les  monts  Curais  qui 
le  séparent  des  gouvernements  d'.\rkhange',  de  Vo- 
logda,  de  Perm  et  d'Orenbourg.  H  a  environ  2400 
kil.  de  long  sur  1600  kil.  de  large,  et  310,104  kil. 
carrés.  Le  golfe  d'Ob  ,  dans  ce  gouvernement,  dé- 
pend de  l'Océan  Glacial  Arctique,  et  prend  son  non» 
du  fleuve  Ob  ou  Oby,  qui  y  a  son  embouchure.  L'Ob, 
les  rivières  d'Irtyche  ,  de  Vakh  ,  de  Sosva  ,  qui  SQ 
jettent  dans  l'Ob.cl  une  inliniié  d'autres  rivières 
n:oins  considérables,  l'arrosent  de  toutes  parts.  L'é- 
tendue do  ce  gouvernement  étant  immense,  la  feni- 


837 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MO\EN  AGE.  a^ 


Vue  ()e  $on  terriioire  n'est  pas  l.i  même  parlont;  on 
voii  les  Contrées  qui  avoisineni  le  cercle  polaire 
coiivcries  lie  marais,  et  d'auires  liéiissées  de  forêts. 
La  sieppe  de  IlsMba,  au  contr.iirp,  ofTie  un  pays  fer- 
tile el  riche  en  pâturages.  En  général,  ce  gouverne- 
ment, dans  sa  partie  nicridionale,  aux  environs 
d'Uinsk,  et  sur  les  bords  de  ricliime ,  jusqu'il  ceux 
du  V;igaie,  est  beaucoup  moins  fécond  ,  et  renferme 
une  steppe  sablonneuse  remplie  de  lacs  salins  ,  peu 
propre  an  labourage.  Le«  rives  du  Vagaie,  les  terres 
qui  avoisinent  le  cours  méridional  du  Tobol,  de  l'Is- 
sel,  de  la  Toura,  et  jusqu'à  la  Tavda,  produisent  au 
contriire  une  si  immense  quantité  de  blé,  que  non- 
seulement  elle  suffit  à  approvisionner  les  conliées 
septentrionales  et  incultes  de  ce  gnuvcrnemeni,  mais 
encore  à  IVxportation  dans  les  gouvernements  de 
Perm  el  d'Orenbonrg.  Les  immenses  forêts  qui  cou- 
vrent une  partie  do  la  province  abondent  en  bêtes 
fauves,  dont  les  précieuses  fouirnres  sont  très-re- 
cherchées dans  le  commerce.  Les  pêcheries  dans  les 
lacs  et  les  grandes  rivières,  ainsi  que  l'éducation  des 
bestiaux  dans  l;i  partie  méridionale,  y  sont  très-pro- 
ductives. Le  nombre  des  habitants  n'est  pas  propor- 
tionné à  sa  grande  étendue,  car  on  y  compte  à  peine 
886,000  âmes.  Les  |<euples  qui  composent  celte  po- 
pulation, sans  compter  les  Russes,  sont  les  Zirianes, 
les  Ostkaks,  les  Samoièdes,  les  Vogouls,  les  Tchou- 
vaches  et  les  Toungouses ,  dont  une  partie  professe 
l'islamisme  eti'autre  leschamanisme.  Le  clergé  ru-se 
y  est  sous  la  direction  d'un  archevêque,  qui  réside  à 
Tobolsk,  et  qui  prend  le  titre  d'archevêque  de  To- 
bolsk  el  de  Sibérie.  On  divise  ce  gouvernement  en 
sept  districts,  qui  porient  les  noms  de  leurs  gouver- 
nements, savoir  :  Tobolsk,  Bérézof,  Tourinsk ,  Tuu- 
mène,  Valoutorovsk,  Kourgane  ,  Ichime.  La  ligne 
militaire  d'Ichime  se  trouve  aussi  dans  cegouverne- 
incnt;  elle  commence  à  la  ligne  de  l'Ouï,  continue 
sans  interruption  sur  une  distance  de  520  kil.  jusqu'à 
Omsk,  el  sépare  le  gouvernement  de  ToboUk  de  la 
province  d'Omsk. 

Celte  province,  quoique  presque  partout  plate  et 
mèoie  inclinée  vers  le  pôle,  a  cependant  de  hautes 
montagnes  granitiques;  e:ir  les  monts  Uurals,  limite;, 
de  ce  côié,  entre  l'Europe  et  l'Asie,  courent,  sans 
interruption,  depuis  la  sieppe  des  Kirguiss  jusqu'aux 
bords  de  l'Océan  Glacial  Arctique.  Ce  gouvernement, 
très -riche  en  minéraux,  offie  en  général  aux  recher- 
ches du  naturali^te,  dans  les  tmi^  règnes  de  la  natu- 
re, une  source  inépuisable  el  peu  connue.  Les  manu- 
factures qu'il  possède  se  réJui-eni  à  peu  de  chose; 
quelques  disli  leries,  forges,  verreries,  fabriques  de 
savon,  de  suif  et  de  potasse,  voilà  tout  ce  qu'où  y 
trouve  en  ce  genre.  Son  commerce  intérieur  se  vivi- 
fie presque  entièrement  par  celui  de  la  Chine. 

Tobotiiim,  le  Tobol.  C'est  un  alQuent  de  l'Irtyche, 
rivière  considérable  de  la  Sibérie  dans  la  Russie  a^ia- 
lique.  (Juc'ques  géographes  croient  qu'il  a  donné  son 
n-im  à  la  ville  et  à  la  province  de  Tobolsk  qu'il  ar- 
rose. Le  Tubol  prend  sa  source  dans  la  steppe  de* 


Kirguiss,  sous  le  5-2°  3'J"  do  latitude  nord,  et  le  «P 
30"  de  longitude  csl.  Il  sépare,  près  du  fort  d'Ors- 
kaïa,  les  teri es  des  Kirguiss  du  gouvernement  d'O- 
renbonrg, traverse  la  province  d'Umsk,  entre  ensuite 
dans  le  district  de  Tobolsk,  y  parcourt  les  cantons  de 
Kourgane,  d'Yaloutorovsk  et  de  Toumène,  et  se 
jette,  prés  de  Tobolsk,  dans  l'Irtyche,  après  un 
cours  de  520  kil.  Il  reçoit  à  gauche  l'Ouï,  après  quoi 
il  devient  navigable.  L'Issel,  la  Toura  et  la  Tavda 
sont  éualement  ses  affinents.  Son  eau  est  saumàire 
et  amère  vers  sa  source,  ce  qui  provient  des  marais 
imprégnés  d'alun  et  de  vitriol  qu'il  traverse  ;  mais  il 
perd  ensuite  cette  amertume.  Comme  ses  rives  sont 
très-basses,  il  déborde  facilement  et  souvent. 

Toboisca,  vet  Tobolia,  vel   Civiias  Scylliica,   To- 
bolsk. Cette  ville  est  le  chef-lieu  d'un  district  dans 
le  gouvernement  du  même  nom.  Ce  district  occupe 
le  centre  d'une  pkiine  immense  sous  un  climat  très- 
rude,  qui  cppenJanl  subitdes  chaleurs  considérables; 
en  été  le  thei  moniélre  de  Réauuiur  s'élève  à  2B  ou 
28"  ;  les  pluies  sont  très-fories  et  les  orages  fréquents. 
H   y  règne  un  froid  si  grand  en  hiver,  que  souvent 
le  Ihermomèlre    descend  jusqu'à  iO"  au-dessous  de 
zéro.  Le  sol,  en  général,  d'une  terre  noire  et  légère, 
n'e\igejamaisd'engrais,  et  produit  toute  espèce  de  blé. 
Tobolsk,  ancienne  c,ipit;ile  de  la  Sibérie,  est  située 
sur  la  rive  gauche  de  l'Irtyche,  près  de  l'endroit  oîi 
il  reçoit  le  Tobol.  L'archevêque,  dont  le  diocèse  est 
d'une  étendue  considérable,  prend  le  titre  de  métro- 
politain de  la  Sibérie;  il  appartient,  comme  tout  le 
clergé  russe,   à   l'Eglise  grecque  schismalique.  Ce 
siège  métropolitain  a  été  créé  par  le  tzar  Jean  Rasi- 
lowitz  (Ivan  IV  le  Teriible),  qui  transporta  des  ha- 
bitants de  Moscow  (Moscou),  de  Nowogorod  et  d'au- 
tres localités  dans  sa  nouvelle  conquête  pour  la  peu- 
pler. Tobol>k,  b.Uie  en  bois  (c'est  un  usage  presque 
général  en  Sibérie),  est  une  ville  grande  et  ri-he  par 
son  commerce  ;  elle  est  comme  le  centre  des  habita- 
tions des  Vdgouls  et  des  Osiiaks.  Ses  rues  sont  droi- 
tes et  pianchéiées  eu  poutres.  Elle  est  divisée  en  vilie 
haute  et  basse  :  la  première  se  trouve  sur  la  partie 
très-élevée  de  la  rive  orientale  de  l'Irtyche,  et  ren- 
ferme la  forieresse  ou  kréml  en  ruines;  la  basse,  sur 
le  bord  du  fleuve,  est  sujette  aux  débordements  de 
l'Irtyche  et  du  Tobol  :  on  ne  peut  alors  y  entrer  que 
par  eau.  Des  caravanes  apportent  dans  cetie  ville  dif- 
férentes marchandises  de  la  Chine,  des  mousselines, 
de  la  soie,  de  la  laque,  de  la  rhubarbe  el  des  dattes  : 
on  en  remporte  des  fourrures,  des  draps  et  di;   la 
mercerie.  Elle  a  un  palais  archiépiscopal,  une  bourse, 
un  séminaire,  une  école  centrale,  une  maison  pour 
les  enfants   trouvés,    des  maisons  de  charité,  un 
théâtre,  une  imprimerie  el  un  entrepôt  des  pellete- 
ries de  la  courcmne.  La  population  est  de  2G,000  ha- 
bitants, dont  les  Tartaies   forment  près   d'un   cin- 
quième. Disl.  2i20kil.  est  de  Moscou.  Lai.  nord  38* 
It'  42"  ;  long,  esi  G5'  46'. 

Toeatum,  Tokat.  —  La  plus  grande  confusion  el 
a  plus  grande  obscurité  régnent  sur  le  passé  de  celte 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


839 

ville,  f.es  uns  veulent  que  ce  soil  l'ancienne  Néocé- 
sarée,  les  autres  l'ancienne  Citmana.  Quelques-uns 
en  loni  l'ancienne  Berisa,  on  Berissa.  Enfin  il  en  est 
qui  Cîoieni  que  Tokat  était  Eudocias.  L'abbé  deCom- 
nianville  est  de  cet  avis.  On  voit  dans  la  province  de 
Lazique  (exarchat  de  Pont),  au  i\^  siècle,  deux  évê- 
cliés  sous  la  métropole  de  Tiébizonde,  nommés  l'un 
Tokal-Zitzi,  et  l'autre  Tokat-Z.erizi.  Le|uel  était  le 
Tokal  d'aujourd'hui?  Ces  deux  é\ccliés  ont-ils  bien 
réillenieni  existé,  et  ne  seiaii-ce  point  une  erreur 
dans  la  notice  épisco|ale  de  la  province?  Quoi  qu'il 
en  soit,  le  Tokat  actuel  est  une  ville  considérable 
du  pachabk  de  Siwas  (l'ancienne  Sébaste),  <>ù  l'on 
rencontre  encore  beaucoup  de  chrétiens,  mais  qui 
n'ont  plus  que  des  églises  en  ruine,  parce  que  les 
anciennes  s'écroulent  de  vétusté,  et  qu'on  ne  peut  les 
rééiiilier  sans  une  autorisallon  écrite  du  divan  de 
Constantinopis. 

Tokai  est  à  CO  kil.  nord-nord-ouest  de  Siwas,  dans 
l'Anatolie  (ancienne  Asie  Mineure),  sur  un  haut  pla- 
teau formé  par  trois  collines,  et  baigné  pai  le  Tozin- 
lou,  aflluenl  du  Kizil-lnnak,  et  mtouré  de  murs  , 
avec  une  vieille  forteresse  bàiie  sur  un  rociier  es- 
carpé, et  qui  domine  la  ville.  11  a  des  rues  étroites 
irais  bien  pavées;  des  maisons,  la  plupart  à  deuv 
étages;  beaucoup  de  mosquées,  douze  pauvres  égli- 
ses grecqnes  et  arméniennes.  Ou  y  fabrique  beaucoup 
de  toiles  peintes,  tapis,  étoffes  de  soie  légères,  bou- 
tons, toiles  de  coton,  maroquin  bleu  et  jaune,  et 
quantitéd'ouvragesencuivre,  quioccupenlplus  de  300 
forgerons.  On  y  fait  un  coniinerce  très-in.porlant, 
Tokat  étant  le  point  central  de  beaucoup  de  cara- 
vanes, et  un  entrepôt  de  marchandises  d'ismir.  On 
exporte  principalement  des  ustensiles  de  cuivre  pour 
l'Egypte  et  Constaniinople  :  du  plomb,  du  maroquin, 
de  la  soie,  du  safran,  des  toiles  peintes  et  des  toiles 
de  colon.  Latitude  nord  -40°  7';  longitude  est  34»  10'. 

De  Tiikat,  on  fait  aisément  dans  une  journée  le 
pèlerinage  au  tombeau  de  saint  Jean  Chrysostome. 
Comana  est  le  nom  que  portait  la  ville  où  cet  illustre 
pontife,  succombant  aux  fatigues  du  voyage  et  aux 
mauvais  iraiten  euts  de  ses  guides,  termitra  sa  glo- 
rieuse carrière.  Quelques  pierres  sépulcrales  enfon- 
cées en  terre,  des  pans  de  murs  écroulés,  les  piliers 
d'un  pont  restés  debout  au  milieu  de  la  rivière,  voilà 
tout  ce  qui  indique  aux  curieux  la  place  où  s'élevait 
jadis  la  ville  de  Comana.  Le  saint  reçut  en  ce  lieu 
les  hiinne.urs d'une  première  sépulture;  le  fils  et  suc- 
cesseur de  l'empereur  qui  avait  exilé  Chrysostome, 
Ut  ramener  son  corps  à  Constaniinople,  d'où  il  a  été, 
quelques  sièeles  après,  transporté  à  Rome;  mais  on 
conserva  longtemps  à  Comana  la  terre  qui  avait  re- 
couvert les  précieuses  reliques  et  le  tombeau  dans 
lequel  l'empereur  les  avait  fait  déposer  avant  que 
d'opérer  leur  translation  dans  la  capitale.  La  \ille  de 
Tokai  s'éiant  élevée  à  8  kil.  seulement  de  distance, 
Comana  perdit  peu  à  peu  sa  population;  les  maisons 
ahindonnoes  tomberont  en  ruines  ;  au  milieu  de  ces 
décombres,  la  petite  chapelle  qui  avait  servi  de  toui- 


SiO 


beau  au  saint,  restait  seule  debout;  elle  s'écroula 
enfin  de  vétusté.  Alors  les  Arméniens  hérétiques  se 
sont  emparés  du  sépulcre,  et  l'ont  transporté,  sans 
qu'il  y  eût  la  moindre  réclamation  de  la  part  des 
Grecs,  dans  un  vieux  monastère  qu'ils  ont  dans  les 
montagnes  à  deux  lieues  plus  lo  n.  C'est  là  que  se 
fait  actuellement  le  concours  des  pèlerins  de  tous 
rites.  Le  village  se  compose  de  quatre  fimilles  ar- 
méniennes hérétiques  et  de  huit  à  dix  familles  tur- 
ques. On  ne  peut  rien  voir  de  plus  pauvre  que  le  mo- 
nastère; un  seul  prêtre  l'habite  et  dit  quelquefois  la 
messe  pour  les  pèlerins.  Le  sépulcre  de  saint  Jean 
Chrysostome  est  de  marbre  blanc;  sa  partie  infé- 
rieure a  la  forme  d'une  bière,  son  couronnement 
ressemble  à  un  couvercle  convexe;  on  n'y  remarque 
ni  inscription  ni  S(  ulplure  ;  des  espèces  de  tiéleaux 
relèvent  un  peu  au-dessus  de  terre. 

Tokat  est  rélèliie  par  ses  usines  où  de  nombreux 
ouviiers  Iravailleni  le  cuivre  que  fournissent  les 
mines  de  Mahden.  Cette  ville,  qui  compte  ime  popu- 
lation de  plus  de  100,000  h.ibitants,  a  beaucoup 
snuO'erl,  en  1^25,  d'un  ireinblement  de  terre,  pareil 
à  celui  (jui  renversa  Alep  en  1852.  Les  secousses 
ecp-ndant  se  firent  sentir  plus  violemment  dans  les 
environs  que  dans  la  ville  même.  Les  Turcs,  les  Ar- 
méniens et  les  Grecs  qui  l'Iiabilenl,  vivent  en  assez 
bonne  harmonie.  Les  Arméniens  sont  presque  tous 
hérétiques.  Ils  ont  un  archevêque  qui  réside  au  mo- 
na^tère  de  Thivvaiavai.k  ou  de  Sainte-Anne,  à  11  kil. 
de  Tokat.  Les  Giecs  y  ont  aussi  un  archevêque.  Les 
Arméniens  catholiques,  au  nombre  de  1200  environ, 
sont  généralement  pauvres,  mais  dignes  du  plus  vif 
intérêt  par  leur  fol  et  leur  piété.  Ils  dépendent  du 
vicaire  apostolique  qui  réside  à  Constaniinople,  et 
qui  a,  sous  sa  juridiction,  une  partie  de  l'Anatolie, 
ou  Asie  Mineure. 

Toletana  Provincia,  province  de  Tolède,  dans  la 
Nouvelle-Castille,  Espagne.  Elle  se  ron)posc  des  trois 
districts  de  Tolède,  d'Ocana  et  de  Tal  ivera.  Lile  a 
pour  bornes,  au  nord  la  province  de  Madrid,  à  l'est, 
celle  de  la  Cuença,  au  sud  la  Manche,  à  l'ouest 
l'Eslramaclure,  et  au  nord-ouest  la  province  d'.^vila. 
Ellea  264  kil.  de  long  sur  192  de  large,  et  1152 
lieues  carrées.  Elle  occupe  le  centre  de  la  Pénin- 
sule, et  se  compose  de  toutes  les  natures  de  tenaius, 
plats,  monlueux,  gras  et  légers.  On  voit  les  plaines, 
dont  le  Sol  est  sablonneux  et  calcaire,  généralement 
dépourvues  d'arbres,  ce  qui  est  commun  à  près  |ue 
toute  la  partie  centrale  de  l'Espagne  ;  mais  elle 
abonde  assez  en  toutes  sortes  de  productions,  surtout 
en  grains.  La  partie  montueuse,  composée  d'une 
chaîne  de  montagnes  qu'on  appelle  monts  de  Tolède, 
occupe  un  espace  d'environ  200  kil.,  qui,  s'il  était 
garni  de  tous  les  arbres  et  arbustes  qui  pourraient  y 
réussir,  fournirait  aisément  de  bois  et  de  charbon 
une  portion  considérable  de  la  Casiille.  On  y  trouve 
une  infinité  de  pl.imes  médiciuiles,  et  des  làtuiages 
excellents,  où  l'on  élève  des  iroopeaiix  de  tonte  es-: 
pèee.  Les  moutons  donnent  une.  laine  très-esiiœée  ;  l 


841 


GEOGKAPIIIK  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


et  ce  qui  ne  s'exporte  pns  sert  à  alimenter  les  faliri- 
(|ues  de  Li  prnvince.  Ces  mêmes  mnntagnes  sont  peu- 
plées de  sangliers,  cerfs,  loups,  cliais  de  montagnes, 
daims,  renards,  lièvres  et  lapins.  Le  Tage,  avec  ses 
afllnenls.  la  Tajima,  le  rio  Ansarès,  le  Guadarrama 
et  l'Alberche,  arrosent  la  contrée,  dont  la  richesse 
consiste  surtout  en  grains  de  toute  espèce,  légumes, 
fruits,  sumac,  soude,  safran,  bois  de  construction, 
vins,  liuiles,  cire,  miel,  laine,  etc.  Des  fabriques  de 
toiles,  draps,  couvertures,  serges,  bas,  chapeaux, 
velours,  taffetas,  cuirs,  quincaillerie,  vlirerie,  galims 
d'or  et  d'argent,  savon,  e.m-de-vie,  etc.,  composent 
l'iiidusirie  de  ses  habitants. 

To/etam  ,  Tolède.  C'était,  dés  le  m"  siècle,  une 
ville  épiscopale  de  la  province  Cai  thaginoise  et  de 
l'exarchat  des  Espagnes,  so.iis  la  méiropole  de  Car- 
thagène.  Après  la  ruine  de  cetie  dernière  ville  opérée 
par  les  Vandales,  l'évêqne  de  Tolède  prit  le  litre  de 
métropolitain  de  U  province  Carpetana  ,  et  ensuite 
de  la  province  Carthaginoise.  Tolède  demeura  la 
capitale  du  royaume  des  Gmbs  jusqu'en  5lj7,  ce  qui 
lui  fil  accorder  la  primatie  sur  tous  les  évêques  de 
la  péninsule.  Mais  en  71-i  elle  tonrba  au  pnuvoir  des 
Arabes,  et  perdit  tous  ses  droits.  Reprise  en  108.5 
par  Alphonse  VI,  le  pape  lui  rendit  ses  droits  en 
1088.  La  prinKiiie  cepemlant  lui  a  toujours  été 
contestée,  surtout  par  les  archevêques  de  Tarragone. 
11  s'y  est  lemi  vingt-sept  conciles  ,  savoir  :  en  400, 
403,551,  589,507,  610,  633,  636.  658,  646,t53, 
653,  65:i,  673  ,  «si  ,  683,  684,  688,  693,  691,  704, 
1086,  1359,  1317  ,  1555,  1475.  L'archevêque  de  To- 
lède avait  un  revenu  île  750,000  l'r.,  d'api  es  i'abbé 
de  Commanville.  iSons  croyons  que  c'est  l'évaluaiion 
la  plus  exacte  ;  car  on  a  publié,  à  ce  sujet,  des  exagé- 
rations incroy.ibles.  Aujourd'hui  il  reçoit  de  l'Etat 
un  traitement  modeste.  Du  re.-te,  les  biens  de  l'ar- 
chevêché n'ont  pas  tous  été  aliénés. 

Tolède,  autrefois  la  capitale  du  royaume  des  Visi- 
goths ,  et  cnsu  te  d'une  monarchie  particulière  sons 
les  Sarrasins  ou  Arabes  ,  était  une  ancienne  colonie 
des  Romains.  La  tradition  légeiidique  porte  qu'elle 
fut  d'.ibord  bâtie  par  des  Juifs  sortis  de  la  captivité 
de  Babylotie  ;  que  César  en  lit  une  place  d'armes  , 
et  qu'Auguste  y  établit  une  ch.imbre  impériale.  Les 
Goths  l'agrandirent,  et,  embellie  par  les  Sarrasins, 
foriiliée  par  les  Castillans,  ornée  d'un  magnifique 
château,  elle  fut  longtemps  la  résidence  de  ses  rois, 
et  est  encore  anjourd'hui  une  des  principales  villes 
de  la  nouvelle  Castiile.  Le  Tage,  qui  coule  c  tre  des  ro- 
chers escarpés ,  l'environne  de  deux  côtés;  le  reste 
est  entouré  de  vieux  murs  ,  flanqués  d'un  nombre 
prodigieux  de  tours  ,  qu'on  dit  être  l'ouvrage  des 
\isigoihs  et  des  Arabes.  Sa  situation  sur  un  rocher 
fort  escarpé  la  rend  inégale ,  et  oblige  presque  tou- 
jours de  monter  ou  de  descemlre.  Les  rues  sont 
étroites,  mais  les  maisons  sont  assez  belles.  Le  clià- 
leau  roy  d  a  été  ruiné  dans  les  dernières  guerres  ; 
mais  il  en  reste  des  débris  assez  considér.iblcs ,  pour 
faire  juger  de  son  ancienne  magniliccnce.  Il  ocuipe 
Dictionnaire  vk  Géograthie  eicl.  II. 


une  des  extrémités  de  la  ville,  et  est  bàii  sur  ni 
rocher,  d'où  l'on  découvre  toute  la  cimpagne.  ti 
consistait  en  quatre  gros  corps  de  logis  avec  des  pa 
villons.  On  montait  aux  appiriements  par  un  grand 
escalier ,  (|ne  l'on  voit  encore  au  fond  de  la  cour ,  cl 
qui  en  tient  toute  la  largeur. 

Tolède  ,  divisée  en  vingt-trois  quartiers,  n'est  pas 
peuplée  à  proportion  de  sa  gr.mdeur.  On  n'y  compte 
guère  que  IS.COd  babiliints  ,  par'.agés  en  vingi-scpt 
paroisses,  dont  deux  suivent  le  rite  mozarabe.  Apré< 
la  conversion  des  Goths  ariens  à  la  foi  caiboli  |ue  , 
saint  Isidore,  archevêque  de  Séville,  régla  parmi  eux 
le  culte  divin  ,  el  composa ,  par  ordre  du  concile  de 
Tolède,  un  offieeet  un  missel  qui  furent  reçus  dans 
toutes  les  Eglises  d'Espagne.  Cette  discipline  dura 
jusqu'à  l'invasion  des  Arah<>s,  où  tous  les  chrétiens 
furent  dispersés.  Ceux  de  Tolède  eurent  la  liberié 
de  rester  dans  la  ville,  et  lurent  appelés  Mozarabes, 
du  nom  de  Moza,  chef  des  Sarrasins,  qui  leur  per- 
mit de  suivre  leur  reli|iioii.  Ils  conservèrent  l'oflicc 
de  saint  Isidore,  et  ce  ne  fut  qu'après  l'expulsion  de 
ces  infidèles  qu'on  parla  de  leur  laire  prendre  le  rite 
romain.  Le  clergé,  la  noblesse  et  le  peuple  s'y  op- 
posèrent, par  respect  pour  l'ancien  usage,  et  il  y  eut 
de  grandes  contestations  pour  savoir  laquelle  des 
deux  liturgies,  la  romaine  ou  la  mozarabe,  serait 
conservée.  Après  des  jeûnes  ,  des  procession-,  des 
prières,  on  lit  allumer  un  grand  feu  ,  et  l'on  convint 
qu'en  y  jetant  un  exemplaire  de  chaque  liturgie, 
celui  qui  résisterait  aux  flammes  serait  admis  dans 
toutes  les  églises.  L'office  mozarabique  fut  trioin- 
pliant;  car  si  l'on  en  eroit  la  légende,  il  ne  fut  pas 
même  endommagé,  tandis  qu'on  vit  l'autre  réduit  en 
cendres.  Cependant  l'usage  du  rituel  mozarabe  ne 
fut  permis  que  dans  quelques  Eglises.  Ce  culte  per- 
dit insensiblement  de  sa  laveur;  le  souvenir  même 
en  serait  totalement  effacé,  si  le  cardinal  Ximenès  , 
archevêque  de  Tolède ,  ne.  l'eut  rétabli  au  commen- 
cement du  xvii  sècle.  Il  fmda  nue  collégiale  com- 
posée de  douze  chanoines  et  d'un  doyen ,  qui  suivent 
le  rite  mozarabique,  et  dépensa  oO.OOJ  écus  à  faire 
imprimer  des  missels  et  des  bréviaires  pour  cet 
usage. 

On  ignore  l'origine  du  nom  de  Tolède  ,  qui  ren- 
ferme plusieurs  inscriptions  et  autres  antiquités  ro- 
maines, gothiques  et  arabes.  Son  climat  est  désa- 
gréable ,  son  territoire  montueux  el  nu  en  grande 
partie  ;  on  y  ressent  une  chaleur  excessive  en  été, 
On  n'y  voit  ni  place  ni  fontaine  digne  d'une  cité  de 
cette  impnriance ,  les  habiianls  étant  dans  i'usage 
de  se  servir  d'eau  de  citeree.  Llle  a  tro  s  portes  prin- 
cipales sur  les  bords  du  Tage,  et  tout  près  de  la 
ville  deux  ponts  de  pierre,  dont  un  d'une  seule  arche, 
et  fameux  par  la  hardiesse  de  sa  construction. 
Ses  édifices  les  plus  remarquables  sont  l'.AIcazar  , 
ouvrage  des  célèbres  architectes  espagnols  tlovarr  i- 
bias,  Versara,  Vega  et  Villalpando,  mais  qui  a  beaucoup 
Souffert  dans  la  guerre  de  rindépendance  ;  l'église  no'- 
iropijliiaint .  une  des   jilus  magnifiques  cl  des  plus 


84S  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  Ui 

riclifs  de  l'univers ,  fondée  par  le  roi  Flave  Reca-  Catholique  et  Isabelle  ,  y  lenan  le  premier  rang  ;  et 
redo  en  587,  rebâiie  en  1227  par  saint  FiTdinand.  l'on  raconte  comme  nne  chose  remarquable,  qu?  le 
L'archi lecture  et  les  ornements  sont  dans  le  style  moine  Ximenès ,  qui ,  sous  leur  régne,  parvint  à  la 
gothique.  Cet  édifice  a  Mi  pieds  de  long  et  204  de  dignité  d'archevêque,  de  cardinal  et  de  premier  mi- 
large  ,  et  se  divise  en  cinq  nefs  soutenues  par  81  co-      nisire  ,  fut  le  premier  novice  de  celte  maî-on.  Aux 


lonnes:.  Plusieurs  cliapelles  de  celle  église  méritent 
l'aiient  on  des  curieux  ,  entre  autres  celles  de  San- 
tiago,  de  Musarate,  de  Saint-Pierre  ,  ornées  de  vi- 
traux peinis  avec  une  rare  perfection,  et  de  i^Iilenus 
des  plus  grands  maîtres  des  écoles  espagnoles,  ita- 
liennes et  Qamande'î,  etc.  La  lour  carrée  du  la  ca- 
thédrale renferme  une  bibliothèque  riche  en  manu- 
scrits précieux  :  on  montre  dans  la  sacrisiie  une 
Bible  du  xii''  siècle,  ornée  de  vignettes  pari'aiiement 
conservées,  et  dont  saint  Louis,  roi  de  France,  fit, 
dit-oii,  présent  à  cette  église.  La  plupart  des  autels 
et  des  gradins  par  où  l'on  y  montait  étaient  de  ver- 
meil ;  la  quantité  de  perles,  de  diamants,  de  pierres 
précieuses  renfermée  dans  les  sacristies  formait  un 
prix  inestimable.  Il  y  avait  quatre  grandes  figures, 
représentant  les  quatre  pirties  du  monde  ,  montées 
sur  deux  globes  de  2  pieds  de  diamètre,  et  ornées 
de  tomes  les  différentes  sortes  de  pienrries  qui  se 
trouvent  dans  les  pays  ([u'eiles  représentent.  Les 
globes  reposaient  sur  des  piédestaux,  et  tout  y  était 
d'argent  massif,  les  piédestaux,  les  globes  et  les 
figures.  Ce  luagnihque  présent  venait  de  la  reine 
Marie -Anjie  de  Neubourg,  seconde  femme  de 
Charles  II.  Il  y  avait  un  nombre  infini  de  châsses, 
de  reliquaires,  de  vases  ,  de  lampes  ,  d'encensoirs  , 
de  chandeliers  ,  de  croix  ,  de  statues,  de  crosses  et 
de  couronnes  d'or,  d'argent,  de  vermeil,  qui  rem- 
plissaient les  armoires.  Tous  ces  trésors  ont  disparu 
dans  la  guerre  civile ,  occasionnée  par  le  testament 
de  Ferdinand  Vil.  Le  cardinal  Ximenès  est  un  de 
ceux  qui  ont  le  plus  contribué  à  l'embellissement  de 
cette  église.  Il  orna  la  salle  dii  chapitre  des  poitrails 
de  tous  les  archevê  |ues  de  Tolède,  fit  faire  des  tapis- 
series d'or  et  de  soie  ,  et  une  ar^'enieiie  moins  esti- 
mable encore  par  h  matière  que  par  la  beauté  et  la 
perfection  de  l'ouvrage.  Il  y  avait  aussi  quelques  ta- 
bleaux remarquables,  dont  un  entre  autres  était  du 
Titien.  Le  chapitre  comptait  quatorze  dignitaires  , 
quarante  chanoines,  cinquante  prébendes,  autant 
de  chapelains,  et  tout  le  clergé  ,  y  compris  les  offi- 
ciers ,  les  enfants  de  choeur  et  les  desservants  ,  était 
d'environ  six  cents  ecclésiastiques ,  dont  les  revenus 
passaient  1,500,000  fr.  Autrefois  ce  chapitre  était 
régulier,  suivait  l'ordre  de  saint  Augnsli.i ,  et  vivait 
en  communauté  avec  l'archevêque  ;  mais  le  reUiche- 
meni  s'y  étant  introduit,  on  convint  qu'il  valait  mieux 
'  le  séculariser  que  de  le  laisser  vivre  plus  longtemps 
d'une  manière  opposée  à  l'esprii  de  son  institut.—  Il 
y  avait  à  Tolède  trente-huit  communautés  religieuses, 
dont  dix-sept  d'hommes  et  vingt-une  de  tilles.  Le 
couvent  de  Saint-François,  fondé  par  Ferdinand  le 


murs  de  la  ville,  près  de  ce  couvent,  on  voyait,  il  n'y 
a  pas  longtemps  encore,  d'énormes  chaînes  auxquelles 
les  Arabes  afachaient  les  esclaves  chrétiens,  avant 
l'expulsion  de  ces  inlidèles. 

Ce  qui  donne  encore  de  la  célébrité  à  celte  an- 
cienne capitale,  est  la  quantité  de  guerres  qu'elle 
a  essuyées  et  les  conciles  nombreux  qu'on  y  a  te- 
nus. Le  premier  fut  assemblé,  l'an  400,  contre  les 
priscillianistes,  dont  l'hérésie  avait  commencé  en 
Espagne.  Leur  doctrine  était  en  piriie  celle  des 
manichéens ,  et  en  partie  celle  des  gnostiqoes'. 
Comme  les  premiers  ,  ils  admettaient  ttn  mau- 
vais principe,  moteur  delà  matière  et  de  son  im- 
perfei  lion.  Comnie  les  seconds,  ils  autorisaient  la 
dissolution  et  la  débauche.  Ils  tenaient,  la  nuit,  des 
assemblées  où  les  hommes,  les  femmes,  les  tilles, 
les  garçons  assistaient  nus,  et  se  mêlaient  sai'S  au- 
cjjne  distinction  d'âge,  de  parenté  ^^n  de  sexe.  Pris- 
cillien,  chef  de  cette  secte,  Espagnol  noble  et  riche, 
fut  mis  à  mort  par  ordre  de  l'empereur  Maxime, 
qu'il  avait  traité  d'usurpateur.  —  Dans  un  autre  con- 
cile, tenu  à  Tolède  en  658,  il  fut  statué  qu'aucun  roi 
d'Espagne  ne  monterait  sur  le  trône,  à  moins  qu'il 
ne  promit  de  conserver  la  foi  catholique  (1). 

On  distingue  aussi  parmi  les  momiments  de  Tolède 
l'église  de  San-Juan  de  las  lîeyés,  l'hôpital  de  Santa- 
Cruz  ou  des  enfants  trouvés,  l'hôpital  des  fous 
et  l'hôtel  de  ville.  Une  des  curiosités  les  plus 
singulières  de  Tolède  est  la  Caverne  cTUercule , 
ouvrage  de  la  nature,  antérieure  h  la  fondation  de  la 
ville,  et  crensi  e  dans  les  rochers  mêmes  snr  lesquels 
elle  a  été  construite:  on  n'en  trouve  pas  la  fin,  l'en- 
trée en  est  large  et  se  rétrécit  par  degrés,  ei  l'intérieur 
est  entrecoupé  de  plo>ieiirs  rues  et  sentiers.  —  On 
comptait  autrefois  un  grand  nombre  d'éiablissements 
industriels  et  fiorissants  à  Tolède;  il  n'en  resie  au- 
jourd'hui qu'une  fabrique  d'ornenients  d'église,  une 
de  tissus  de  laine,  dans  l'hôpital;  quelques  fabriques 
particulières  de  lainages  et  de  soieries,  de  cuirs,  de 
corder  de  guitare,  de  verie  blanc  commun,  dCj  tein- 
tureries et  l'importante  manufacture  royale  d'arnieî 
blanches  ;  on  admire  l'édifice  où  esl  ce  dernier  éta- 
blissement, et  on  vante  les  armes  qui  en  S' rient, 
pour  la  finesse  de  leur  trempe,  qu'on  attribue  anx 
eaux  mêlées  de  la  Xarama  et  du  Tage,  dans  le  voi- 
sinage de  leur  conUuent.  —  Le  territoire  de  Totède 
fournit  grain-,  vin,  huile,  fruits  et  beaucoti'^  de 
bestiaux.  On  trouve  dans  les  environs  un  grailil  nrê^ 
lé  de  feldspath  entièrement  comerti  en  terre  à  por- 
celaine, un  granit  commun  ;  des  mines  d'argent  et 
d'hyacinthe,  et  dans  l'intérieur  même  de  la  ville  une 


(i)Cetieclau-e  s'e-\plique  par  les  persécutions  .{lie      ariens  ;  et  elle  donne  eu  même  temps  la  rai-on  il6 
les   catholnpies   avaient  éprouvées  sous  les    Cotlis      l'établissement  de  l'inquisition.    {Soif,  ih- routeur.) 


im 


GÉOGRAPHIE  DES  LEGElNDES  AU  MOYEN  AGE. 


8i6 


mine  de  soufre.  —  Tolède  est  aujonrd'lini  en  com- 
plèie  décadence;  on  voil  qu'elle  se  seni  cliaque  jour 
mourir. 

Le  siège  épiscopal  de  Tolède  daie  du  m*  siècle. 
Au  v«  il  fut  érigé  en  arclievêdié  et  en  primaiie,  droit 
qu'il  perdit  <|ueliiue  temps  après,  mais  que  le  sainl- 
siége  lui  rendit  au  xi'^  siècle,  et  qu'il  a  defiiiitive- 
conservé  ju-qu'à  ce  jour.  Tolède  avait  pour  suffra- 
gants  Cordoue,  Marlos  ou  Mailos  {Tucciim),  Jaen, 
Montéciir  ou  Monléj.ir  {Meuleraj,  Carlliugènc,  Alta- 
la-de-Ilénarès,  Baesa  (Beceliu),  Ca.-doiia  (Ciis(«/o), 
Loicliou  Lorei|Ui  (t'/iociom;,  Oreio  {Orelum),  Cueu- 
ça,  Valera  ( Vn^ci iVi ),  Arcos  (Aicobriga),  Siguenza, 
Ségovie,  Osma,  Valladulid  et  L^rgavica.  Ces  suffra- 
gauts  sont  reslés  les  nièuies,  ;>  l'exception  de  Tiic- 
cuni,  qui  n'est  plus  qu'un  village  appelé  Martos,  ou 
Marins,  et  dont  le  siège  a  disparu  dés  le  vi«  siècle; 
de  Moniéj  ir,  qui  a  été  transféré  à  Jaen  .lU  xiu'^  siè- 
cle; de  Casiloiia,  qui  n'est  plus  qu'un  village  et  qui 
a  perduson  litreau  vi«siètle;  d'Orelo,  dontil  no  reste 
plus  qu'une  clmpelte  ;  de  Vali-ia  et  d'.Xrcobiiga  dont 
les  sièges  ont  éié  transférés  et  réunis  à  Cuença  dans 
le  XII*  siècle;  d'Ergavica,  dont  ou  ne  connaît  pas 
nième  remplacement. 

Jovalci,  les  iciiuuvaches.  Ils  sont  de  race  finnoise 
ou  iclioude  ,  et  habitent  la  Russie  d'Europe.  —  Les 
Russes  eux-ménies  >e  dunneni  le  num  qu'ils  portent  ; 
mais  les  Mordu:ins  les  noinmeni  Yidki  ,  et  les 
Ttliérémjsses  Cowk-mar,  c'est-à-dire  yens  de  mon- 
tagnes. Les  Tcliouvaclies  payent  la  capiialion  |iour 
plus  de  50,UU0  .^ines  et  se  tiennent  sur  les  deux  bords 
du  Volga,  dans  les  gouvernements  de  Cazan,  de 
Nljnei-Nowgnrod  et  d'Orcnliourg;  ils  sont  exiéiieu- 
recnent  chré.ieNS,  n'uni  pas  de  lettres,  et  ne  savent 
par  conséquent  ni  lire  ni  écrire.  Ils  vivent  mainie- 
iianl  dans  des  demeures  fixes,  et  i'attjclieni  beaucoup 
à  l'agriculture,  quoique  inujmrrs  cliasseur;,  déicrini- 
nés.  Ils  ne  s'arrêtent  pas  dans  Ks  villes.  Les  liabi- 
lants  païens  sacrilient,  conune  les  Tcliéremisses, 
dans  des  kéremeis,  et  le  plus  souvent  un  cheval.  (Is 
donnent,  comme  ces  «leru'ers,  des  '.umis  aux  mois 
de  l'année,  selon  les  occupaiiont  qu'ils  amènent,  et 
coniniencent  leur  semaine  pur  le  vendredi  ,  qu'iis 
appellent  ama  :  c'est  en  inéine  temps  chez  eux  le 
jour  du  tepos.  Du  reste  ils  ri  sseaibicnt  pn.sque  en 
tout  aux  Tchérémisses,  ayant  les  mêmes  cou;unies, 
mœuis  cl  Usages,  et  sont  seub'ment  plus  malpropres. 
Le»  païens  parmi  eux  mangent  toutes  sortes  d'animaux 
el  de  bèies  mortes;  il^  abhorrent  cependant  le  porc. 
Popul.  570,(100  habitants. 

Trailucta  Juiia,  Tarifa.  —  Celte  ville ,  du  diocèse 
de  Cadix,  est  une  place  forte  nui  a  joué  un  rôle  dans 
les  diverses  invasions  que  l'Espagne  a  subies;  son 
nom  est  d'origine  arabe.  Elle  est  située  sur  le  point 
méridional  de  l'Europe,  à  ii  kil.  sud-i  si  ci  sur  le 
détroit  de  Gibraltar,  avec  une  île  fortifiée  au  sud- 
siid-ouest.  il  y  a  dans  l'intérieur  de  la  place  un 
château,  ouviagc  des  Arabes,  cl  la  ville  est  eut' urée 
de  murs.  Les  troupeaux   font  la  prinoipale  rii  liesse 


de  son  territoire,  qui  ne  produit  que  des  grains  d'iine 
qualilé  médiocre,  à  cause  des  vents  d'est  qui  régnent 
fundant  le  mois  de  mai,  elles  foni  mûrir  avant 
qu'ils  aient  eu  le  temps  de  prendre  la  iKiurrilure 
nécessaire;  ses  oranges  passent  pour  les  meilleures 
de  l'And^ilousie.  Son  industrie  se  borne  à  quelques 
fabriques  de  cuirs ,  de  briques  et  de  poterie.  Tarifa 
est  célèbre  par  plusieurs  sièges  mémorable^,  entre 
autres  celui  qu'y  souiinl  conire  les  Maures,  ;iu  xiii* 
siècle,  don  Âlonzo,  père  de  Guzinan  le  Bon  ,  qui, 
menacé  par  les  ennemis  de  voir  égorger  son  lils,  âgé 
de  neuf  ans,  s'il  ne  livrait  pas  sa  ville,  leur  jeta 
lui-même  le  couteau  qui  servit  h  donner  la  mort  à 
cetenfani.  Elle  fui  assiégée  en  1811  par  les  Français, 
qui  se  retirèrent  sans  la  prendre.  L'île  de  Tarifa  est 
presque  au  centre  et  d;ms  la  partie  la  plus  resserrée 
du  détroit,  à  près  de  600  toises  de  la  ville.  Elle  a 
360  toises  de  l'est  à  l'ouest,  el  340  du  nord  au  sud, 
ei  olïie  une  cote  escarpée  dans  toute  sa  circonfé- 
rence. En  18(i8  ou  l'a  réunie  au  coiiliuent  par  une 
ciiaus^ée  solide,  et,  défendu ::  par  plusieurs  ou\ rages. 
Dans  l'ile  si<nl  trois  loits,  plusieurs  batteries  et  un 
quartier  à  l'épreuve  de  la  bombe.  Sur  la  poinlc  la 
plus  méridionale  on  a  construit  une  tour  avec  un 
magnifique  fanal ,  de  135  pieds  d'élévation,  qui  se 
voilà  une  distance  de  li  kil.  Il  suffit  de  jeter  les 
yeux  sur  la  carte  du  détroit,  pour  apprécier  la  posi- 
tion avaniai;euse  d' celte  île,  et  l'utiliié  dont  elle 
peutélieà  l'Espagne  en  temps  de  guerre  et  en  temps 
de  paix.  Distance,  80  kil.  sud-est  de  Cadix.  Popul. 
11,000  habitants. 

Tramalda ,  Trautmaniisdorf ,  bourg  de  la  basse 
Auiriclie,  situé  prés  de  la  Leiilia,  qui  doit  son  orî 
gine  au  château  fort  des  comtes  de  Trautmannsdorf. 
La  popiil.iiion  est  de  700  habita. iis.  —Il  n'y  a  pas  de 
nom  plus  illustre  ilaiis  l'Iiisloire  militaire  et  poliiique 
de  la  mais<in  d'Aiiti  iche  que  celni  de  Trautmannsilorf. 
Ainsi  que  les  Fabius  des  Humains,  on  compte  les 
Trautmannsdorf  qui  ont  péri  ila  .s  les  batailles  livrées 
par  les  empereurs  île  celte  maison.  Quatorze  cheva- 
liers de  ce  nom  payèi  eut  de  leur  sang  la  victoire  que 
Rodolphe  de  Habsbourg  gas'ii.i  en  Mlf>  sur  Oltocar, 
roi  de  Bohème,  cl  qui  fonda  la  grandeur  de  sa  mai- 
son. De  vingt-liois  rrautmannsdoif  qui  défendirent 
les  droits  de  Frédéric  d'Autriche  contre  Louis  de 
Bavière,  vingi  périrent  à  la  bataille  d«  Mulilberg  en 
lôââ  ;  mais  c'est  surtout  le  premier  comte  de  Traut- 
mannsdorf qui  rendit  son  nom  célèbre  en  lerniinaiit 
heureusement  les  négociations  de  Munster  el  d'Us- 
nabrûck. 

La  famille  de  Trautmannsdorf  est  de  la  plus  haute 
antiquité  :  son  nom  vient  de  deux  ch.iieanx  situés, 
l'un  en  Styric,  l'autre  en  basse  Autriche.  Lorsqu'en 
!6i3  l'empereur  Ferdinand  créa  le  baron  de  Tiaut- 
mannsdorf  comie  d'Empire,  il  lui  reconniîl  dans  le 
diplôme  une  ancienneté  de  sept  siècl 'S.  La  famille 
se  divise  en  plusieurs  lignes,  dont  r;iînée,  qui  pos- 
sède les  terres  de  Weinslierg  et  de  Nenstadl  sur  le 
Koeher  en  Souabe,  obiini  en  1778  séance  au  collège 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


8i7 

(les  comtes  de  la  Sonabe,  ei  fut  élevée  en  1801  à  la 
dignité  de  prince,  laquelle  fut  aiiacliée  à  sa  seigneu- 
rii!  (ITriiprenbacli  en  Fianconie,qiii  a  élc  niédialisée 
en  IS.'G.  —  La  famille  esi  c:itholique. 

Tinnqnittus  Fluvius,  Tliisia,  rivière  de  l'Hindous- 
lan.  Elle  est  fameuse  à  plus  d"un  liire  dans  la  lé- 
gende hindoue.  Un  n'en  connaît  pas  la  source  d'une 
manière  certaine.  Suivant  l'opinion  de  quelques 
voyâpeurs,  elle  sort  du  Thibel ,  coule  an  sud  ,  et 
s'ouvre  un  passage  à  iravers  la  grande  chnîne  de 
rilim-.ilaya.  A  sa  sortie  des  moniaijnes ,  à  environ 
68  kil.  au  nord  de  Jelpigori ,  la  Tliista  forme  une 
chute,  et  entre  d;ins  le  désert  de  Rungpour,  près  de 
son  exlréiniié  septentrionale,  oi"i  il  est  liorné  parla 
principauté  de  Sikkm;  son  lit  a  410  toises  de  large; 
ses  eaux,  abondantes  dans  toutes  les  saisons,  coulent 
avec  impéiuosiié  parmi  des  rncliers  rapiiles.  Dans 
les  temps  de  séibcresse  de  petits  bateaux  peuvent 
monter  jusqu'à  Paliarpour,  près  des  frontières  du 
Sikkim,  maisy  pendant  les  pluies  on  peut  (.nre  le 
même  voy.ige  avec  des  bateaux  de  '.0  on  50  ton- 
neaux. En  traversant  les  possessions  anglaises,  celle 
Tivièie  se  grossit  de  plusieurs  cours  d'eau  ,  cbange 
souvent  de  nom  et  de  lit ,  jusqu'à  ce  qu'enfin  elle 
tombe  dans  le  Pudda ,  ou  grande  branche  orientale 
du  Gange,  près  de  Nabobgiinge  ,  après  un  cours 
d'eiivirnn  5i0  kil.,  y  compris  ses  sinuosités.  La 
déesse  de  cette  rivière  p.isse  pour  une  vieille  femme, 
qui ,  en  r:iison  de  cc-tl.(  croyance,  est  au  nombre  des 
objets  du  culie  ou  des  divinités  de  village  parmi  les 
païens  des  environs.  La  Thisia  commence  à  s'euller 
au  printemps ,  et  s'élève  ordinairement  de  2  ou  5 
pieds  entre  le  12  avril  et  le  12  juin  ,  probablement 
par  suite  des  fontes  de  neiges  ;  mais  ce  n'est  que 
dans  la  saison  des  pluies  qu'elle  prend  un  accroisse- 
ment un  peu  considénible.  Au-dessus  ei  au-dessous 
de  Cbilmary  elle  communique  par  plusieurs  branches 
avec  le  Brahmapoutre. 

Trapesus,  Trébizonde.  Celait  dès  le  u'  siècle  un 
évéché  de  la  province  de  Lazique ,  dans  l'exarchat 
de  Font,  sous  la  métropole  de  Pliasis.  Cette  dernière 
ville  avant  été  ruinée  par  les  inond.aions  du  Phase, 
on  transféra,  dans  le  xi«  siècle,  le  liire  de  métiopole 
à  Trébizonde,  qui  l'a  conservé  jusqu'à  ce  jour,  puis- 
que l'archevêque  grecscliismaiiiiuequiy  réside  prend 
le  litre  de  métropolitaia.  Située  sur  une  hauteur  qui 
s'élève  eu  pente  douce  des  bords  de  la  mer,  la  ville 
est  couverte  par  deux  gnrges  ou  défilés  réunis  à 
l'est  et  à  l'ouest  p.tr  un  fossé,  par  des  ouvrages  ex- 
léiieurs  qui  vont  jusqu'au  rivage.  Elle  a  une  cita- 
delle qui  domine  la  place,  avec  des  fossés  taillés  dans 
le  roc  ,  des  nmrailles  tiès-iiautes  et  six  doubles 
portes.  Les  rues,  éiroiies,  quoique  pavées,  sont  sales; 
les  maisons,  bàlies  en  pierres  et  en  peliles  biniues, 
ofl'ient  un  triste  aspect  et  sont  irès-incoinmodes;  son 
vieux  château  tombe  en  ruines.  Elle  pos  ède  dix 
grandes  iiios(|uées,  un  grand  bazar  carré,  cinq  bains: 
son  industrie  consiste  en  hlatureset  teintureries con- 
.sidérables,   tanneries,    savonneries,  tissus  de  soie  , 


8.i8 

coton,  eic.  Cette  ville  expédie  la  plus  grande  partie 
des  produits  du  pays,  tels  que  bois  decon^iiuc- 
tion,  laine,  fruils,  poi-snn  et  cuivre;  elle  prend  en 
retour  sucre,  café,  grains ,  .'•el ,  fei.  Elle  entretient 
quelques  bâtiments  pour  le  cab"tage,  fait  une  forte 
pèche,  sale  du  poisson  et  du  caviar;  elle  a  une  rade 
grande,  mais  peu  sûre,  avec  deux  petiis  p'irts  ou- 
verts au  vent  du  no'd.  Elle  est  éloignée  de  2i0  kil. 
nord-ouest  d'Erzeroum  ,  et  de  060  kil.  est  de  Con- 
slantinopie.  Lalit.  nord  il"  1';  longit.  est  57"  24'57". 

Trébizonde,  dans  les  temps  les  plus  recniés,  porta 
le  nom  de  Trapeziis  (l:ible  ou  carré),  probablement 
à  cause  de  la  fnruie  de  son  enceinte,  qui  enveloppe 
encore  aujourd'hui  la  forteresse  sur  lu  pente  d'une 
montagne.  Colonie  grecipie  de  Siiiope,  et  tenue  dans 
la  dépendance  de  la  métroixde,  elle  'offrit  un  aerueil 
hospitalier  aux  Grecs  de  Xénoplion  poursuivis  par 
le  roi  de  Perse.  L'on  ignore  c"  qno  fit  Miihrida'e 
pour  Trapezus;  mais  les  embellissements  ordonnés 
parTrajan,  Adrien  el  Justinien,  sont  encore  altesiés 
par  des  inscriptions  et  des  médailles,  par  les  restes 
du  port  et  de  l'aqueduc.  (Voi/.|T"urnefort ,  (.  III, 
p.  70.)  Elevée  depuis  Tiajan  an  r  ng  de  capitale  du 
Pont  lie  Cappadoce,  Tréb  z  'iide  fut  le  but  des  pre- 
mières pirateries  des  Golbsdans  la  mer  Noire,  qui  la 
dévastèrent  et  la  minèrent.  (Voi/.  Zozime,  I.  i,  p. 
52  et  53,  el  Gibbon,  I.  i,  p.  219.)  Après  la  conquête 
deConstaiiiiiioplep:irles croisés  latins,  lesOoninènes, 
en  1260  ,  établirent  leur  trône  à  Trébiznnde;  nu^is , 
environnés  de  voisins  pui^sallts,  ils  se  maintinrent 
par  des  alliances  de  famille,  et  marièrent  leurs  filles 
aux  princes  des  dynasties  du  Montim-Blanc  et  du 
Mouton-N"ir,  aux  petits-fils  de  Timur-Kan  et  à 
d'autres  barbares  voisins  ,  tels  que  les  Lases  et  les 
.\bases  ou  Cabsczitapi  de  Cli;ilC'indylos. 

Trébizonde  payait  un  tribut  nnnuel  lie  2000  ducats 
an  sultan  Moliammède  11.  —  Elle  avait  été,  dans  les 
premiers  siècles ,  illustrée  par  le  martyre  d'  s  iO 
soldats  chrétiens  que  l'empereur  Licinius  fit  mourir 
dans  un  ét.mg  glacé,.  —  C'est  la  patrie  du  célèbre 
cardinal  Ressarion.  —  .Mohamméde  II,  qui  la  prit  en 
lUil,  s'empara  de  300  jeunes  gens  des  plus  be.mx  et 
des  premières  familles  pour  en  l'aire  des  esclaves. 
Ainsi  disparut  de  l'histoire  l'empire  grec  et  la  rare 
souveraine  de  Byzance,  écrasée  p.ir  la  boule  et  noyée 
dans  le  sang.  Un  seul  membre  de  la  famille  im;  é- 
riale,  l'impératrice  Hélène  des  Canlacnzènes,  souffrit 
avec  force  el  courage,  et  nioiirui  avec  gloire. 

Tré'izoïide  devient  mainleiianl  le  lieu  de  passage 
des  niimbreux  voyageurs  qui  vont  en  Perse  et  eu 
Géorgie;  et  l'entrepôt  pour  les  marthandises  que  les 
iiégocianli  européens  expédient  en  ce  pays.  Sa  si- 
luationaux  bnrdsdelamer,  aux  pieds  d'une  montagne 
du  sommet  de  laquelle  on  voit  encore  en  juin  la 
neige  du  Caucase  est  fort  piuoiesque.  La  population 
s'évalue  à  10,0(0  âmes  environ.  La  grande  majorité 
est  composée  de  Turcs;  il  y  a  aussi  des  Jiiils,  des 
Grecs,  des  Arméniens.  Les  Grecs  ont  une  douzaine 
d'églises,  ce  qui  est  beaucoup  pour  leur  nombre,  ils 


849  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOÏEN  AGE 

ont  même  un  monastère  de  femmes,  situé  au  milieu 

dos  ruines  d'un  vieux  château  royal  ,    auprès  d'un 

rocher  dans  lequel  est  creusée  la  chapelle.  Au  resie , 

on  hésite  à  donner  le  nom  de  monasicre  à  un  amas 

de  maisonneiies  éparses ,  de  hauteur  ei  de  loimes 


850 


<ies  animaux  crevés  jusfju'à  ce  qui;  les  eliiens  ou  la 
corruption  les  fassent  disparaître,  y  susciienl  tour  k 
tour  ce  redoutable  fléau. 

II  y  a  en    Fiance  une  imposition    qui   rend  au 
gouvernement  des  sommes  considérables,  et  qui  pro- 
diverses, où  habi(enl  .-éparémeril  plusl.'urs  de  celles      dnirail  peu  de  ciiose  d  .us  les  villes  turques  de  \'X- 


qiii  viennent  y  faite  profession  de  la  vie  religifu;e. 
La  communaoté  secomposi^  d'une  trent.une  de  per- 
sonnes, sous  la  direciion  d'un  aumônier.  Les  Grecs 
sont  là,  comme  ailleurs,  encore  fort  prévenu*  contre 
les  Latins.  Aux  environs  de  la  ville  et  dans  la  ville 
même,  se  trouve  un  nombre  conslilérahle  de  familles 
d'origine  grecque,  qui  font  profes>ion  extérieure  de 
mahoméiisme,  et  qui  vivent  en  chrétiens  dans  l'in- 
térieur de  leurs  maisons.  On  a  peine  à  coinevoir 
comment  II  se  trouve  des  hommes  qui  cherchent  à 


naiolie:  c'esi  l'imposiiion  des  portes  et  lenèires.  A 
ïréliizniide,  on  ne  voit  point  delènêiressur  les  rues; 
l'imibrageuse  jalousie  des  Turcs  interdit  à  leurs 
femmes  la  vue  du  dehors.  En  marcbaot  dans  les 
rues,  on  croit  longer  les  clôtures  de  vastes  parcs, 
ou  des  murs  de  prisons.  Les  femmes  ne sortini  qu'a- 
vec un  long  voile  qui  pend  ju^ql^aux  talons,  et  dont 
ellis  se  couvrent  la  (i^'ure  avec  grand  soin,  même 
devant  les  personnes  do  leur  ccjnnaissance  :  au  reste, 
sous  cette  longue  pié(  e  de  toile  rayée  les  ornements 


unir  ensemble  la  religion  de  Jésus-Christ  si  pure  et      "^  *0"'  P^*  négligés.  Il  en  est  un  surtout  trop  appa- 


si  sainte,  et  celle  de  .Mahomet,  si  corrompue  et  si 
dégradante.  Ce  n'est  pas  le  seul  pays  où  l'on  remon- 
tre des  chrétiens  professant  l'islamisme  par  crainte 
ou  par  cupidité,  et  le  christianisme  par  cnnvictiim. 
Datis  les  provinces  d'Europe  de  l'empire  Ottoman  , 
plusieurs  familles  catholiques  se  trouvent  dans  celte 
catégorie.  Déjà  souvent  l'archevêque  catholique  de 
Sropia,  en  Servie,  éi  rit  afin  d'cditenir  la  permisson 
de  professer  librement  et  publiquement  le  christia- 
nisme pour  ces  pauvres  gens,  dont  les  ancêtres,  dans 
l'espérance   d'échapper  aux  cruelles  vexations   des 


renl  pour  ne  pas  frapper  les  regards  :  c'est  une 
chaîne  d'or  à  trois  ou  quatre  brins  qui  est  attachée 
aux  deux  oreilles,  et  qui  pend  sous  le  menton,  ornée 
de  pierres  piécieuses  si  elle  est  por^e  par  une  per- 
sonne riche.  —  C'est  à  Tiébizonde  ou  dans  les  pi.rts 
"oisins  que  les  marchands  d'tsclaves  amènent  ceux 
qu'ils  ont  ou  volés  ou  achetés  en  Circassie  ,  pour 
les  consigner  à  ceux  ■  ui  le<  viennent  vendre  à  Cons- 
lanlinople,  où  jusqu'à  picsent  les  Turcs  seuls  ont 
droit  de  les  acheter.  Un  voit  souvent  des  jeunes  filles 
cl  des  jeunes  garçons,  et  des  entants  encore  au  ber- 


Turcs  leurs  dominateurs,   ont  professé  le  culte  de      «"e^"  :  c  s  pauvres  créatures  sont  d'auiani  plus  digues 


Mahomet,  toulen  conservant  la  connaissancedu  chris- 
tianisme. —  On  voit  à  Trébizorule  quelques  familles 
arméniennes  catholiques.  Elles  sont  pauvres  :  im 
prêtre  leur  est  envoyé  d'Krzernuu)  pour  les  assisier; 
comme  il  ne  sait  d'ordinaire  que  l'arménien  et  un 
peu  de  turc,  il  ne  peut  rendre  service  aux  catholi- 


de  pitié,  qu'on  leur  fait  embrasser  la  religion  rnaho- 
métane;  et. pourtant  [ilnsieurs  dans  leur  pays  ont 
reçu  ie  baptême. 

Cette  contrée  est  riche  de  souvenirs.  A  Ti  éluznnde, 
tout  près  de  la  ville,  ou  montre  le  lieu  où  les  dix 
mille  Grecs,  dans  la  célèbre  retraite  conduite  ei  ra- 


ques latins  ou  antres  qui  s'y  trouvent.  Les  envoyés  contée  par  Xénophon,  rejoignirent  1 1  mer.  A  peu  de 

de  la  Société  biblique  smii  établis  dans  la  ville  de-  distance  de  la  même  ville  se  trouve  la  ville  de  Céra- 

puis  dix  ans;  deux  prédicanis  avec  femme  et  enfants  sonte  ,  d'où  l'arbre  du  cerisier  nous  est  venu.  Les 

y  sont  fixés,  et  s'occupent  à  faire  l'étole,  distribuant  villes  de  Samszun,  Sinope  ,  lléraclée  sont   sur  celte 

des  livres,  des  remèdes  et  des  instructions  soi-disant  niême  côte  :  on  leuiarquc   dans   la   première   d'an- 

religieuses.  ciennes  fortiliialions    vénitiennes.    Sinoi^e    rappelle 

Le  pays  est  agréable  et  serait  fertile  s'il  était  cul-  '"^^  guerres  des  Romains  conlre  Mitliridale,  dont  elle 

livé:  on  y  trouve  une  espèce  de  miel  qui   a  la  pro-  '^'^''  '*   capitale.  Le  cluisliani.sme,  autrefois  si   llo- 

priéié  singulière  d'enivrer  ceux  qui  eu  oiangeni  ;  on  ''ssant  dans  ces  pays    qui   sont   la  Cappadoce  ,   la 

en  recueil  e  une  grande  quantité,  d'où  l'on  relire   h  Galalie,  la  Diihynie,  y  est  aujourd'hui  bien  pauvre 


cire  qui  est  bonne.  Les  vignes  sont  ailaohées  aux  ar- 
bres et  en  couvrent  les  branches  ;  et,  chose  singu- 
lière pour  un  cliinal  assez  froid  ,  on  laisse  le  raisin 
sur  la  vigne  jusqu'au  mois  de  j  invier  :  à  celle  épo- 
que seulement,  les  vendangeurs  grimpent  sur  les 
arbres  pour  couper  le  raisin.  On  regarde  à  Constan- 
linople  la  ville  et  le  pays  de  Trébizonde  comme  le 
foyer  de  la  pesle  la  plus  maligne  qui  puisse  se  déve- 
lopper dans  ces  contrées  ;  à  Tjébi/onde  ,  au  con- 
traire, on  e-i  dans  la  pefsnasioii  que  la  peste  ne  s'y 
manifeste  jamais,  si  elle  n'est  apponéede  Constanti- 
nopl'\  Pour  nous  ,  nous  sommes  persuadés  que  la 
malpropreté  commune  à  ces  deux  villes,  l'usage  des 
égouis  ouverts  au  milieu  de  plusieurs  rues,  l'abandon 


ei  bien  dégradé.  Dans  les  siècles  derniers  les  reli- 
gieux Récollets  avaient  sur  celle  cote  de  la  mer 
Noire  divers  élablissemenis  ,  qu'ils  ont  du  abandon- 
ner faute  de  r.ssnuiccs  ou  de  sujets,  et  peut-être 
inèmn  pour  l'une  el  l'autre  cause.  —  Les  catholiques 
de  Trébizonde  sonl  sous  la  juridiclion  du  vicaire 
aposlolii|ue  patriarcal  de  Coiislanlinople.  La  ville  est 
le  chef-lieu  d'un  pachalik  de  ce  nom,  s'éiendanl  le 
long  de  la  mer  N'oire  qui  le  borne  au  iioid-ouest;  Il 
a  pour  limiles  à  l'esl  le  Tcheldir  ,  au  suil  est  el  au 
sud  l'Erzeroum,  au  sudouesi  leSnvas;il  s'étend  de 
540  kil.  de  longsurSOkil.  delarge. Ce  pays  maritime 
c't  couvert  de  hautes  montagnes  d'où  SO'  lent  une 
quantité  de  fleuves  el  de  rivières.  On  s'y  livre  pliij 


"k 


851  DICTIONNAIRE  Dt  GEOGRAPHIh  ECCLESIASTIQUE.  852 

à  l'éducation  des  bestiaux  qu'à  la  culiure  ;  cepen-  nommé  Pierre  Moraitin',  qui  l'a  coiisiruii,  ^l  ce  sont 
dant  rogrioulture  n'y  est  pas  négligée  totalement,  les  quatre  communes  de  la  vallée  d'Urseren  qui  en 
On  y  fait  beaucoup  de  vin;  on  y  recueille  beaucoup      ont  payé  les  frais.  Aivcs  avoir  traversé  une  région 


de  fruits,  et  le-  foiêis  abondent  en  toutes  soi  les  de 
beaux  ;irbres.  On  y  trouve  marbre, albâtre, porpliyie, 
cliaux  ,  etc.  L'industrie  s'occupe  principalement  de 
la  fabrication  des  toiles,  cuirs,  lapis  et  savoii,  mais 
seulement  dans  les  gr:indes  villes.  L'exportation 
consiseen  buis  de  construction,  laine,  poisson  salé, 
fruits  s-ecs  ,  toile  de  lin  et  de  chanvre,  vin  ,  poi.x , 
goudron,  plomb  et  cuivre.  Popul.  188,000  liab. 

Très  Pontes,  les  Trois-Ponts,  dans  le  canton  d'Uri 
(Suisse).  —  Les  scènes  les  plus  impo-aiites,  et  en 
même  temps  le*  plus  attrayantes,  sont  sans  contre- 
dit itlle^  que  l'on  rencontre  sur  la  roule  du  Sainl- 
Gotbard,  mais  elles  sont  si  variées  et  souvent  si  su- 
blimes et  si  lioiTibles  à  la  foi-,  qu'il  est  impossible 
de  les  décrire  avec  précision;  il  faut  les  voir  pour  en 
saisir  tous  les  détails  et  pour  s'en  faire  une  juste 
idée. — A  une  petite  distance  deGestheuen  on  trouve 
le  Ponl-Long  {lange  Urucke^,  ou  pont  de  llxJerli 
(UàderH-Briické),  là  commence  celte  gorge  elîio.able 
connue  sous  le  nom  de  Scbœllinen;  la  route  traverse 
dans  celle  gorge,  tantôt  d'un  côté  et  tantôt  de  l'autre, 
trois  ponts  qui  ont  été  jetés  :.vec  une  liardiesse  in- 
concevable par-dessus  dalTreux  précipices  ;  sur  le 
pont  du  milieu,  appelé  Tanzebein,  se  trouve  la  boine 


si  affreuse,  le  voyageur  se  i  éjouit  de  l'aspect  de  celte 
vallée  riante,  et  parcurt  avec  liil  iriié  les  quali .; 
vil  âges  qui  s'y  trouvent;  ils  se  nouiinent  Anderniail 
ou  lirseren,  Hospiial,  Zum-Dorf  et  Réalp.  Le  pie- 
niier  de  ces  villages  se  trouve  à  itne  élévation  de 
444'j  pieds  au-dessus  de  la  Méditerranée,  et  le  der- 
nier à  celle  de  i"35.  Mais,  malgié  la  liati:e  position 
de  la  vallée  d'Lrsercn,  le  climai  y  est  a^si  z  doux  el 
la  végétation  très-belle;  on  n'y  rencontre  cependant 
point  d'autres  arbres  que  le  sapin  et  le  siiule,  qupique 
autrefois  toute  la  vallée  ftjii  couverte  de  bois. 

Tubatia,  vel  Tubalua,  Tafalia,  ville  du  diicèse  de 
Pampelune,  dans  la  Navarre  ,  province  d'Espagne. 
ËLe  e>i  Siioee  ,  :)  o  kil.  nord  d'Olite ,  sur  la  côle 
orientale  d'une  colline,  dans  un  lerraiii  feriile.  Sa 
fertilité  a  donné  lieu  au  dicton  populaire  :  Oliie  y 
Tafullu  lu  flor  de  Kavaira  (  Olite  et  Tafalia  la  fleur 
de  la  Navarre).  11  s'est  tenu  à  Tafalia  plusieurs  cor- 
tès  générales,  entie  au.res  celles  de  1-16  ),  où  Mosan 
Pedro  de  Peralia  assas>in.i,  le  23  novembre,  Nicolas 
Akevarri,  évêque  de  Paqipe'une.  Taf;dl.i  avuii  trois 
couvents  avant  la  suppression  desoidies  leligieus; 
elle  a  conservé  deux  paroisses  et  un  hôpital.  Il  lui 
reste  un  palais  qui  appartenait  aux  anc  ens  rois  de 


qui  sépare  le  district  d'Uri  de  celui   d'Urseren.  Le      Navarre.  Par  la  partie  orientale  des  murailles  dont 


dernier  de  ces  ponts  est  le  Pont  du  Diable  (TeufcU 
Briiike):  ce  pont,  d'une  seule  arclie  de  "3  pieds 
d'ouverture,  s'apiuiie  ^u^  deux  parois  de  rochers  nus 
presque  peipendicnlaires  ;  sa  consiruciion  hardie 
passe  pour  un  chef-d'œuvre,  et  sa  position,  dans  une 
solitude  affreuse  et  sauvage,  est  une  des  scènes  les 
plus  grandioses  de  la  Suisse.  La  Reuss  passe  en  mu- 
gissant sous  ce  pont  et  se  précipite,  en  se  brisant  sur 
des  roches,  à  une  profondeur  de  pins  d  •  10  >  pieds; 
Ea  chute  fait  un  bruit  semblable  à  celui  du  tonnerre, 
elle  vent  qu'elle  produit  élève  en  t nirbillon  la  1  rui- 
ne de  la  colonn  •  d'eau  et  en  mouille  constamment 
le  ponl  et  les  voyageurs.  Après  ce  passage  terrible, 
mais  qui  ne  présente  cependant  aucun  ilanger,  on 
arrive  à  la  monta;;ne  du  Diable  (Teu[els-Berg),  au  Ira- 
vers  de  laquelle  la  route  est  taillée  dans  le  roe  ;  on 
appelle  ce  passage  le  Trou  d'Uri  {Urner-Locli);  il  est 
long  de  220  pieds,  hirge  de  ib,  et  haut  de  12;  des 
ouvertures  également  pratiquées  dans  le  roc  l.iis- 
sent  pénétrer  un  peu  de  lumière  dans  ce  passage 
souterrain.  Au  delà  du  Trou  d'Uri  se  déploie  uiie 
contrée  extrêmement  ronuiiuque,  c'est  la  vallée 
d'Urseren  (Vrseren-Tha!)  qui  autrefois  ne  pouvait 
être  atteinte,  de  le  coté,  qu'en  passant  un  ponl  sus- 
pendu dans  des  chaînes  sur  le  flanc  de  la  montagne 
el  à  une  baulcur  prodigieuse  an-dessus  de  la 
Reuss;  il  était  connu  sous  le  nom  de  Pont  de  pous- 
sière [Siaùbende  Bnicke),  à  cause  de  la  bminc  dans 
laquelle  il  était  ioiij<mrs  enveloppé.  Le  Trou  d'Uri 
n'existe  que  depuis  l'année  1707;  c'est  un  habile 
""7-  Jflgénieur  du  val  Maggia ,  au  canloii  du  Tessin , 


elle  est  environnée,  et  sur  la  rive  droite  de  la  Cida- 
cos,  qu'on  II  averse  sur  deux  ponts  en  pierre,  passe 
la  route  royale,  avec  une  chaussée  Près  de  la  plate 
d'armes  est  la  basilique  de  Sainte-Lucie,  et  sur  une 
éminence,  en  vu  '  de  la  ville  ,  une  autre  basilique  , 
près  de  l'E-davitud.  Rlle  jouit  il'un  eliinat  si  doux 
et  si  sain  qu'à  plusieurs  époques,  en  laispn  d'épidé- 
mies qui  rég'i  ient  à  l'ampelune,  on  y  a  transporté 
les  iribun.inx.  Ses  environs  pioduisent  vius,  grains, 
fruits  et  légumes.  On  y  élève  de  nombieux  trou- 
peaux de  toute  espèce.  Son  industrie  consiste  en 
plusie:irs  fabriques  de  cuirs  ,  de  serrurerie  ei  d'eau- 
de-vie.  Popul.  5980  hab. 

Tunioacum  ,  Tournan  ,  petite  ville  du  diocèse  de 
Menux  ,  arrondissement  de  Meluu,  déparieiiit^nl  de 
Seincet-Maine.  —  La  ville  de  Tournan,  situéi;  dans 
une  vallée  sur  la  route  de  Pai  is  à  Sezaime  ,  est  tra- 
versée par  un  ruisseau  qui  vient  des  bois  qui  sont 
au  nord  el  se  termine  à  2  kil.  environ  au  moulin  de 
Villeginare,  commune  de  Presles  ,  dans  un  goulTie 
plaré  sous  la  roue  du  moulin  même.  —  On  piétend 
que  ce  nom  de  Tunrnan  vient  du  mot  celtique  tuni 
ou  liii-ii  ,  dont  ou  ignore  la  véùlable  signiricalion,  ce 
qui  ferait  présumer  que  l'origine  de  ce  lieu  reuio.ae 
à  la  plus  hante  aniiqiiiié,  quoique  rien  d'ai  buri  ne 
le  constate,  les  guerres  el  lescalimités  publiques 
avant  fait  périr  toutes  les  pièces  auihenliques  qui 
pouvaient  donner  quelques  lumières  à  cei  ég-ird.  — 
Dans  les  anciens  actes,  Tournau  est  dé<igné  sous  les 
noms  de  ï'uinJ'ianiMS  ;  plus  tard  on  a  éir  t  Tiinio- 
niiiiiii ,  ïutiiûticum  ,  Toiikiiuum   et  quelquefois  Torf 


.-  y 


?9?  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


854 


nomium  ,  ei  en  français  Tornan,  Tonicn  ou  Toinam, 
puis  Tournon  et  quelquefois  Tournehem.  —  Si  l'on 
doit  s'en  rapporler  à  une  ancienne  iraclilion  ,  la  lerre 
de  Tournan  viendrait  des  ancêiies  de  sainie  Fare  , 
abbesse  du  diocèse  de  Meaux.  Celle-ci  aurait  éiabli 
un  monastère  dans  cet  endroit ,  colonie  de  celui  de 
Farmouliers  ;  mais  les  religieuses  l'abandonnèrent 
durant  l'invasioji  des  Normands  dans  leix*  siècle.  — 
L'évêque  de  Paris,  ayant  retiré  les  biens  de  ce  cou- 
vent dont  des  mains  étrangères  s'étaient  emparées  , 
en  devint  le  premier  seigneur  et  y  éiablit  des  cha- 
noines ,  qui  n'y  restèrent  pas  longtemps  puisque  nous 
voyons  qu'en  1088,  Guy  de  Vjlry  et  Uavise  sa 
femme  donnèrent  ,  du  consentement  des  chanoines, 
aux  moines  de  Saint-Maur  l'église  de  Saint- Denis  de 
Tournan.  —  Celle  église  de  Saint-Denis  dans  le 
vieux  château  à  l'occident  de  la  ville  est  un  édiTice 
du  xiii«  siècle  ou  du  commencement  du  xiv^qui  n'a 
rien  de  remarquable  ;  on  y  voit  une  tombe  du  xii« 
siècle.  —  Le  prieur  de  Saint-Denis  jouissait  de  pré- 
rogatives assez  considérables.  En  1192,  Anseau  de 
Gurlande  ,  II'^  du  nom  ,  seigneur  de  Tournan  ,  avait 
reconnu  que  les  moines  avaient  toute  justice  dans 
ses  terres,  que  ceux  qui  demeuraient  sur  ces  mêmes 
terres  ne  lui  devaient  pas  de  corvées  ni  n'étaient 
tenus  de  moudre  à  son  moulin  ;  enfin  qu'il  ne  pou- 
vait s'établir  aucune  école  dans  la  paroisse  de  Tour- 
nan sans  la  permission  du  prieur. 

L'église  de  la  Madeleine,  cunstruite  avant  le  xi'' 
siècle,  était  la  seule  paroisse  de  Tournan  ,  l'église  de 
Saini-Donis  ne  servait  qu'aux  moines  de  Saint-Maur 
pour  faire  l'office  divin  ,  et ,  comme  la  Madelaine 
leur  était  soumise  ,  ils  ne  permetiaienl  pas  qu'on  la 
regardât  auirementque  comme  une  chapelle.  — Cette 
église  a  été  détruite  à  la  révolution  ,  et  le  culte 
s'exerce  maintenant  dans  l'église  Saint-Denis.  — 
Les  évéques  de  Paris  ont  toujours  conservé  quelques 
droits  sur  la  seigneurie  de  Tournan.  C'étaient  eux 
qui  dojinaient  l'inve-iiiuie  au  nouveau  seigneur  en 
lui  mettant  au  doigt  un  anneau  ;  droit  qui  leur  fut 
confirmé  par  une  charire  de  Philippe-Auguste  don- 
née à  Paris  au  mois  de  mars  1185,  et  le  seigneur 
de  Tonrnan  avait  la  singulier''  prérogative  d'être  un 
de  ceux  qui  portaient  le  nouvel  évéque  à  son  entrée 
au  siège  épiscopal.  —  Le  plus  ancien  seigneur  de 
Tournan  dont  on  ail  connaissance  est  Guy  nu  Guil- 
laume de  Viiry.  Il  vivait  en  1088;  son  fils  Man.issès 
lui  succéda  ,  ei  Guy  ,  son  petit-fils,  voulant  entre- 
prendre le  voyage  de  Palestine,  vendit ,  en  1147,  la 
lerre  de  Tournan  à  Guy  de  Garlande.  —  La  maison 
de  Garlande  posséda  cette  terre  sous  sept  seigneurs 
jusqu'en  1295. 

En  1270,  Tonrnan  était  un  lieu  réputé  pour  le 
charbon  ;  le  voyer  de  Paris  avait  alors  le  droit  de 
prendre  deux  sacs  chaque  marché  dans  le  nombre 
de  ceux  qu'.tn  y  apportait  (I).  —  La  ville  de  Tour- 
nan est  assez  bien  bâtie  ;  elle  ne  consiste ,  pour  ainsi 
dire ,  qu'en  une  longue  rue  avec  un  gros  de  maisons 

(J)  teljiiuf,  HUtoire  au  </>«c«<^  de  Paris,  i.  XIII. 


aux  environs  de  l'église.  La  plac  e  du  marché,  la 
seule  de  la  ville,  est  peu  spacieuse.  Le  quartier  de  1» 
Madelaine  est  sé|iaré  par  le  ruisseau  que  l'on  nomme 
glacis  et  qne  l'un  traverse  sur  un  pont.  —  Il  se  tient 
à  Tournan  le  lundi  et  le  jeudi  de  chaque  semaine  un 
marché  assez  for!  en  denrées  ,  mais  dans  lequel  on 
vend  peu  de  blé.  En  106!),  Henri  de  Beringhen,  pre- 
mier écuyer  du  roi,  seigneur  de  Tournan,  obtint  des 
lettres  patentes  pour  l'établissement  de  ce  marché  el 
pour  deux  foires  par  an.  —  Les  restes  de  l'ancien 
château  ne  consistent  plus  qu'en  deux  tourelles  en 
ruines  ,  et  Ton  a  édifié  sur  l'une  des  portes  des 
constructions  modernes.  C'est  dans  ce  local  que  se 
tiennent  les  assemblées  municipales  elles  audiences 
du  juge  de  paix.  —  Il  y  avait  aussi  à  Tournan  un 
Hôiel-Dieuqui  subsistait  du  temps  de  Saint-Louis,  et 
une  maladrerie  qui  fui  par  la  suite  réunie  à  cet 
Hôtel-Dieu.  Maintenant  les  secours  sont  administrés 
à  domicile  aux  indigents.  —  Tournan  était  avant  la 
révolution  le  siège  d'une  justice  royale  ,  d'une  pré- 
vôté et  d'une  châtellenie  ;  cette  ville  est  aujourd'hui 
le  chef-lieu  d'un  canton  ,  le  siège  d'une  justice  de 
paix  et  la  résidence  d'une  brigade  de  gendarmerie. 

Tournan  a  plusieurs  écarts  ;  ce  sont  :  1°  Coin- 
breux ,  château  situé  au  sud-est  de  Tournan.  On  pré- 
tend que  ce  nom  vient  de  combros;  on  sait  que  fa- 
cere  combros  signifiait  abattre  des  arbres  el  en  cou- 
vrir le  chemin.  Dès  le  xii«  siècle  il  y  a  un  Gervaij 
de  Combreux  :  en  litiS  Pierre  de  Combreux  fut 
cboisi  par  Anseau  de  Garlande,  seigneur  de  Tour- 
n:in,  pour  le  remplacer  dans  l'honneur  de  porter  la 
nouvel  évéque  de  Paris  ,  Etienne  Tempier,  à  sa  pre- 
mière entrée  dans  la  ville  épiscopale.  Celte  sei- 
gneurie relevait  du  seigneur  des  Egrefins,  commune 
de  Neufmoutier.  Le  château  de  Combreux  a  été 
nouvellement  reconstruit  :  il  domine  un  joli  vallon  ; 
son  parc  est  traversé  par  le  ruisseau  qui  sépare  la 
ville  de  Tonrnan  du  quartier  de  la  Madelaine.  2* 
Armainvilliers,  qui  est  aussi  nommé  Ermainvilliers, 
et  Hermainvilliers ,  Hermnni  villare  ,  campagne 
d'Ilerman  ,  est  un  château  situé  à  l'ouest  de  Tour- 
nan ,  avec  nn  parc  qui  renferme  un  étang  considé- 
rable. Gaucher-du-Chàtel  en  était  seigneur  en  1580. 
—  En  170'i,  Jacques-Louis  de  Beringhen  ,  premier 
éciiyer  du  roi,  dont  la  famille  éiail  originaire  du  du- 
ché de  Gueidre  ,  obtint  des  lettres  patentes  qui  éri- 
geaient  en  titre  de  comté  sous  le  nom  d'Armain- 
villiers  les  terres  d'Hermainvilliers ,  Tournan,  Châ- 
tres ,  Maries  ,  Greiz  et  autres.  5°  La  Bourgognerie  , 
autre  fief  au  sud-est.  4"  Courcelles  la  Mote  à  l'est, 
sur  le  bord  de  la  route  de  Tournan  à  la  Houssaie. 
5°  Ville,  Mocquesouris,  au  nord-est,  etc.,  etc. 

La  population  de  Tournan  est  de  -2800  habitants. 
Celte  ville  est  située  à  28  kil.  au  nord  de  Melun  ; 
son  territoire  est  en  terres  labourables  ,  en  praiiles 
et  en  bois. 

Turris  Slraionis,  vel  Cœsarea,  Tour  de  Straton,  ou 
Césarée  de  Palestine.   Cette  ville  s'appela  d'abord 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


8io 

Tdur  lie  Siraioii.  du  nom  d'un  célèbre  général  di; 
Darius.  Hérode  le  Grand,  ou  autrement  l'Ascaloniie, 
la  i.omiua  depuis  Césarée,  en  honneur  de  César- 
Aiigiisie,  qui  l'avait  coiifirnié  dans  la  possession  de 
ses  Etals.  Mais  celle  cité  n'offrait  rien  encore  qui 
répondît  à  la  grondeur  de  ce  nouveau  nom.  Hérode 
invita  tous  les  artistes  fameux  de  l'univers  à  se 
rendre  a  sa  cour.  Il  leur  communiqua  son  dessein, 
en  conTéra  avec  eux,  et  de  ce  conseil  des  talents 
émanèrent  dos  cliefs-d'œuvre  en  tous  genres,  qui 
l)ientôl  lixèrenl  les  regards  de  Rome.  L'enreinle  de 
Césarée  s'agrandit,  des  mes  alignées  se  formèrent, 
des  palais  bâtis  de  marbre  s'élevèrent  sur  les  an- 
ciennes masures  ;  on  vit  paraître  des  cirques,  des 
théâtres  et  des  amphithéâtres,  qui,  regardant  la 
mer,  étonnaient  au  loin  la  vue  des  navigateurs.  Hé- 
rode sut  tirer  avantage  d'une  colline  qui  divisait  la 
cité  en  deux  parties  égales.  Il  y  fit  construire  un 
(eniple  qu'il  dédia  à  César  Prolecteur,  en  y  pl.içant 
.«;i  sKiiio  niudelée  sur  le  Jupiter  Olympien,  et  celle 
de  Rome  aussi  grande  que  la  Junon  d'Argos.  Les 
écriviiins  du  temps  nous  ont  laissé  une  description 
pompeuse  de  ce  tenijile;  miiis  il  suffit  de  dire,  pour 
en  donner  une  idée,  que  le  granit  et  le  porphyre  en 
furent  les  matériaux  ordinaires,  et  que  l'intérieur 
réunissait  tout  ce  qu'on  peut  imaginer  de  rare  et  de 
précieux. 

Césarée,  nouvellement  agrandie,  avait  besoin 
d'hahiiauts.  Son  port,  vaste  et  commode,  creusé 
aussi  par  l'ordre  d'Hémde,  manquait  de  vaisse.iux. 
Les  ateliers  du  commerce  attendaient  des  bras  in- 
dustrieux. Une  partie  des  étrangers,  que  le  désir  du 
merveilleux  y  avait  attirés,  fut  retenue  par  la  géné- 
rosité du  prince. 

Celte  ville  essuya  avec  les  temps  différentes  révo- 
lutions |ioliiii|iies.  Gouvernée  d'abnrd  par  des  rois 
qu'elle  avait  vu  naître,  elle  devint  colonie  romaine 
sous  Vespasien,  et  changpa  son  nom  en  celui  de 
Fl.ivia.  En  548  de  l'ère  clirétienne,  elle  eut  à  souf- 
frir tous  les  excès  du  fanatisme,  de  la  part  des  Juifs 
et  des  Samaritains,  divisés  en  deux  faclioits.  Beau- 
coup de  chrétiens  périrent  sous  leurs  coups.  Tous 
les  temples  furent  brilles,  et  le  préfet  L^tienne  lui- 
même  se  vil  assaillir  dans  le  prétoire,  où  on  regor- 
gea, après  q  l'on  eut  pillé  ce  qui  lui  appariemit.  Les 
armes  victorieuses  d'Oman-,  l'un  des  successeurs  de 
MoliJinniéde,  forcèrent,  en  05-5,  les  habitants  de  Césa- 
rée (le  se  tendre  à  la  foi  de  l'Alcoran.  Elle  fui  re- 
prise aux  Sarrasins  par  Baudouin  l«r,  roi  de  Jérusa- 
lem, en  1101  ;  les  Génois  lui  furent  d'un  grand  se- 
cours dans  celle  expédiilon,  et  en  récompense  il 
leur  fut  accordé  le  liers  du  bulin.  Il  échut  dans  leur 
lot  un  vas  :  de  couleur  verte,  qu'on  crut  être  une 
émeraude,  et  qui  lut  porté  à  Gènes  comme  une  ra- 
reté digne  de  celte  ville.  Il  est  déposé  dans  l'église 
méiropoliiaine  de  Saint- Laurent.  Les  chrétiens 
perdireni  de  nonve.iu  Césarée  en  1187,  sous  le  rè- 
gne du  fameux  Alaeildin. Un  conib:il  la  leur  rendit  en 
1191  ;  un  aiilie  la  leur  enleva  quelques  années  api  es. 


856 


Ils  la  reprirent  en  1251,  sous  Louis  IX,  qui  répara 
ses  fortiBcalions,  et  enfin  ils  la  cédèrent  aux  infidè- 
les en  1264,  pour  ne  plus  y  rentrer. 

Au  milieu  de  ses  désastres,  tant  de  fois  renouve- 
lés, celle  capitale  de  la  Palestine  vit  anéantir  sa  pre- 
mière splendeur  et  la  magnificence  de  ses  monu- 
ments. Il  ne  reste  du  temple  bâti  par  Hérode  qu'un 
déhris  de  murailles  et  une  partie  de  la  forteresse 
qui  l'avoisinait  :  çà  et  là  sont  épar^es  plusieurs  co- 
lonnes de  porphyre;  et  dans  l'enceinte  de  la  cité  on 
voit  encore  quelques  ruines  d'édifices,  construits  en 
marbre  blanc,  mais  que  les  injures  du  temps  ont  to- 
talement noircis.  On  ne  peut  recuim^iitre  la  place  de 
l'ancien  port,  que  plusieurs  historiens  ont  vanté 
comme  une  autre  merveille  du  monde.  Il  est  proba- 
ble qu'il  n'a  pas  subsisté  longtemps,  puisque  Guil- 
laume de  Tyr  n'en  dit  rien  dans  la  description  de 
cette  ville. 

Césarée  fait  partie  du  gouvernement  de  Damas, 
mais  elle  est  tellement  abandonnée,  que  le  pacha 
n'en  tire  aucun  parti  avantageux.  —  C'est  dans  celte 
cité  fameuse  qu'Hérode-.^grippa  donna  au  monde  un 
exemple  terrible  de  la  colère  célesie.  Enivré  de  ses 
succès  et  des  basses  adulations  de  sa  cour,  ce  prince 
s'aveuglaii  jusqu'à  se  croire  un  dieu;  mais  dans  un 
instant  où,  revêiu  de  ses  habits  royaux,  il  parlait 
avec  mépris  aux  Sidoniens  qui  lui  demandaient  la 
paix,  il  tomba  de  son  trône,  et  mourut  rongé  de 
vers. 

Après  la  chute  de  Jérusalem,  Titus  vint  passer 
l'hiver  à  Cé-arée  avec  les  prisonniers  nombreux 
qu'il  traînait  à  sa  suite.  Il  y  célébra  avec  la  plus 
grande  pompe  la  naissance  de  son  frère  Domilien, 
ei  tel  e  était  la  barbarie  du  paganisme,  que  deux 
mille  cinq  cents  hommes  furent  livrés,  en  signe  de 
joie,  .tux  flammes  et  aux  bêles  féroces.  L'apôtre  des 
Gentils  y  prêclia  la  foi  catholique,  et  ne  craignit  pas 
de  Combattre  l'orateur  Terlullus  en  présemedu  pré- 
sident Félix.  Il  fut  chargé  de  fers  par  l'ordre  du 
proconsul  Feslus  Porcins ,  qui  voulut  le  juger  à  son 
tribunal  ;  mais  Paul  fil  valoir  son  droii  de  citoyen 
romain,  qui  l'autorisait  à  récuser  tout  autre  juge 
que  César  lui-même,  et  en  effet  il  obtint  d'être  con- 
duit à  Rome. 

Comme  Césarée  était  la  résidence  du  gouverneur 
de  la  Judée,  on  y  ameimit  les  chrétiens  persécutés 
pour  y  recevoir  leur  sentence  de  mon.  Des  milliers 
de  fidèles  y  souffrirent  le  martyre,  sous  les  légnes 
de  Gallien,  de  Dioclélien  et  de  Valens.  Le  f.imeux 
Origène  y  séjourna  (juelque  temps,  et  y  perfectionna 
le  célèbre  Cantique,  dont  il  avail  conçu  l'idée  à 
Athènes.  —  On  compte  plusieurs  hommes  illustres 
parmi  les  archevêques  de  Cè-arée,  tels  que  Théo- 
phile, Agricolaûs,  Talassius,  Glicon,  El  e,  Eulogius, 
et  particuf  èretnent  Eusèbe,  dont  les  ouvrages  sont 
bien  conoiis. 

Cë-arée  fut  évêehé  dès  le  premier  siècle  et  mé- 
tropole de  toute  la  Palestine  au  iit',  sous  le  patriar- 
cat d'Antioche.  .\u  v»  siècle,  sa  juridiciion  de  mé» 


ii>.:iiule  ne  s'étendit  plus  que  sur  la  première  pro- 
vince de  Palestine,  par  suite  de  l'érection  de 
plusieurs  autres  métropoles,  et  du  patriarcat  de 
Jérusalem.  La  première  province  de  Palesiine  com- 
prenait trente-quatre  sièges  tant  arclievèchés  qu'é- 
véchés,  qui  tous  dépendaient  de  Césarée.  Celte  ville 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  858 

est  encore  aujourd'hui,  malgré  sa  ruine,  le  litre 
d'un  archevêque  grec.  Lors  des  Croisadrs,  les  La- 
tins y  établirent  un  archevêque  de  leur  rite,  qui 
avait  vingt  sullragants.  Cette  organisation  ne  survé- 
cut pas  a  leur  déi'uiie. 


Urbs  Alba,  la  Ville-Blanche,  ou  Akschehr.  C'est 
une  ville  sainte  dans  la  légende  musulmane,  à  cause 
des  nombreux  cloîtres  et  des  tombeaux  de  pieux 
personn:iges  qu'elle  renferme.  Elle  se  trouve  à  2  kil. 
sud-ouest  du  lac  Eberdy,  qui  est  fort  poissonneux, 
sur  la  base  orientale  de  la  Montagne  Aksi  hehr,  dans 
un  canton  fertile.  Chef  lieu  d'un  sandschak  qui  porte 
son  nom,  elle  fait  un  commerce  de  laine  ,  de  ciri', 
dégomme,  de  noix  de  galle  et  de  riches  tapis  que 
fabrique  la  population  et  qui  s'exportent  à  Smyrne, 
et  sont  appelés  dans  le  commerce  lapis  de  Smyrne. 
Timur  s'empara  d'Aksfhehr  en  1402.  On  croit  que 
le  sultan  Bajésid  (Bajazei)  ,  qu'il  fii  prisonnier  dans 
la  bataille,  cnourut  dans  cette  ville.  C'est  pour  cela 
qu'on  y  a  élevé  un  collège  consacré  à  sa  mémoire. 
—  Akschehr  est  à  80  kit.  sud-est  d'Alioum  Karaliis- 
sar.  Lai.  nord  3S°  13';  long,  est  29°  15". 

Cette  ville  est  comprise  dans  le  vicariat  apostolique 
patriarcal   de   Conslaniimiple.     La  population ,    de 
10,000  habitants,  se  compose  en  partie  de  Turks,  de 
Grecs  et  d'Arméniens  qui  se  livrent  au  commerce. 
L'rb:t  Amasiœ,   Amiisiéb,  l'ancienne  Amatia,  dont 
le  nom  (chose  rare)  sVst  conservé  intact  jusqu'à  ce 
jour,  en  passant  à  travers  tant  de  siècles,  et  par  la 
bouche  de  tant  de  peuples  barbares. — Celte  ville 
est  située  dans  la  ^atulie  sur  l'Iris  ou  Tschehars- 
chenbessiiji.   h-nlevée  aux  Grecs  par  les  Danische- 
mendes,   à  ceux-ci  par  les  Si-Mscbuks,  aux  Selds- 
clmks  par  les  Isléndiars,  aux  Isfendiars  par  les  Ot- 
tomans,  elle  est  surtout  remarquable  par  les  ruines 
de  l'anuien  cbàleau  royal,  les  tombeaux  des  rois  du 
Pont  y  sont  creu«ès  d.ms  le  roc,  p:ir  les  anciens  aque- 
ducs et  le  palais  d'Isfendiar.  —  Celte  ville  compte 
pbisirurs  édilices     remarquables   et  des   tombeaux 
qui  sont  un  sujet  de  pèlerinage.  Amasia  était  au  iv° 
siècle  la  méiropole  de   la  province  d'Hénélupont  ; 
elle  élendaii  sa  juridiction  sur  les  archevêchés  d'Ëu- 
choiix,  de  Leoniopulis;  sur  les  èvêiiliés  d'Amisus, 
de  Sinope,  d'Ibyra,   d'Andrapa,   de  Zela   ou  Tila.  — 
Elle  a  conservé   un  archevêque  grec   suffragaiit  du 
patriarche  de  Constanimople,  qui  compte  beaucoup 
plus  de  Turcs  et  d'Arméniens  qui;  de  Grecs  dans  son 
diocèse;  ces  derniers  ont  aussi  leur  archevêque, 
qui  est  soumis  au  patriarche  de  Sis  dans  la  Kara- 
manie.  Cette  ville  fait  un  commerte  importun  en 
vins,  soie,  garance  et  grains.   La  population  est  de 
30,000  habitants.  Lat.  nord  H)°  7,â'  ;   long,  est  54°  6'. 
Vrbs  Anionina,   vel  Ancyni,  Ancyre ,  aujourd'hui 
Angora  ou  plutôt  Engurije,  métropole  de  la  première 
provinco  de  Galaiie,  dans  l'exarchat  d'Asie,  dès  le 
kV  Siècle.  Saint  Paul  a  adressé  une  de  ses  Epitres 


u 

aux  Galates  qui  étaient  une  colonie  de  Gaulois.  Cette 
métropole  comprenait  neuf  évêcliés.  Elle  fut  nnmmée 
Antonine  sous  l'etupereur  Cara(  alla.  Lors  de  l'em- 
pire grec,  elle  reprit  son  nom  d'Ancyra. 

A  moitié  chemin  de  Koulaiêh  à  Enguiije  on 
traverse  en  bac  (  les  pools  sont  chose  rare  en 
Turquie)  la  rivière  appelée  Sakaria;  c'est  là  que 
commence  le  pays  dont  les  pâturages  donnent  aux 
chèvres  renommées  d'Engurije  un  poil  fin  comme  la 
soie,  mais  qui  dégénère  et  n'offre  pins  qu'une  toison 
commune  dès  qu'on  les  transporte  ailleurs.  Plus 
loin  ,  à  la  descente  d'une  chaîne  de  montagnes,  ou 
entre  dans  les  vastes  plaines  qui  s'étendent  jusqu'aux 
murs  d'Engurije  même  :  elles  sont  arrusées  par  une 
multitude  de  rivières  et  de  ruisseaux  bien  propres 
à  y  entretenir  la  fertilité,  si  l'on  savait  profiter  de 
ces  avant.iges  ;  mais  les  Turks  n'aiment  pas  le  ravail, 
ei  d'un  antre  côté  ils  ne  permettent  pas  que  bs  rajas 
deviennent  de  gros  propriétaires;  de  sorte  que  ces 
beaux  champs  restent  incultes,  faute  de  bras  qui 
exploitent  leur  richesse  naturelle. 

Engurije,  grande  et  ancienne  cité,   est  mal  bâtie; 
les  niiii-'Ons  sont  en  buis  et  en    briques  cuites   au 
soleil;  il  n'y  a  aucun  édifice  public  remar(|uable.  On 
«•litre  aux  voyageurs  quelques  restes  d'un   temple 
qui  daie  des  empereurs  romains,  et  les  ruines  d'un 
vieux  (hàieaii   dont  on   faii  remonter  la  prem.ére 
fondation  à  Miihridaie.  La  population  de  cette  ville 
se  compose  de  Turks,  de  Grecs  et  d'Arméniens.  Les 
ïuiksen  forment  la  grande  majorité;  les  Grecs  sont 
peu  nombreux  et  tous  hérétiques;  la  nation  armé- 
nienne y  est  représentée  par  dix-hnil  ccnls  familles 
(on  compie  cinq  personnes  par  famille).  Trois  cents 
d'entre  elles  ferment  encore  les  yeux  à  la  vraie  foi, 
et  retiennentà  leur  usage  toutes  les  anciennes  églises, 
dont  plusieurs  tombent  en  ruines,  parce  que  les  fonds 
manquent  à  leur  eniietien.  Les  quinze  cents  autres 
sont  catholiques;  douze  prêtres,  nés  pour  la  plupirt 
dans  le  pays,  administrent  les  secours  delà  religiun; 
un  vicaire  général,  délégué  par  l'archevêque  armé- 
nien de  Constantinople,  eut  chargé  du  g:  uveriicment 
spirituel  el    lempoiel  de  celte   chrétienté.  —  Les 
fidèles  d'Enguiije  se  distiniîuent  entre  leurs  frères 
du  Levant  par  leur  atiacliement  à   l'Eglise  roiiuine, 
centre  de  l'uniié  catholique,  el  par  une  grande  assi- 
duité à  à  s'approcher  des  saciements.  On  voit  régner 
chez  les  personnes  du  sexe  un  goùi  particulier  pour 
les  \œux  monastiques;  plus  de  deui  mille  marabétet 
(c'est  ainsi  qu'on  appelé  les  religieuses  en  arménien)    ■. 
font  profession  de  la  vie  ascétique,  sous  la  surveil-    ' 
lance  el  la  dirertion  d'une  su|j)érieure.   Elles   n'ont 


s;i9 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRi^PUIE  ECCLESIASTIQUE. 


poim  de  iiioiiasière,  ei  ne  forment  poinl  de  coniinu- 
naulé;  pliaciuie  resie  dans  sa  famille  ou  dans  quel- 
qui!  aulre  nmison,  pi'ur  y  exeiccr  son  emploi;  louies 
soiil  \éui.s  de  noir  et  n'ont  pas  d'autre  marque  dis- 
linctive.  Les  catholiques  occupent  un  quartier  ré- 
servé qui  se  fermait  avec  des  pories,  à  une  époque 
encere  peu  éloignée;  culte  précaution  éuùi  néces- 
saire pour  écliapper  au  pillage  qu'exerçait  au  gré  de 
ses  caprices  l'indiscipl.nable  njilice  des  janissaires. 
C'e-i  au  centre  (le  ce  quartier  qu'à  force  de  sacrifices 
et  de  constance  les  catholiques  soni  parvenus  à  Iiâiir 
une  église,  dont  les  travaux,  plusieurs  fois  arrêtés 
par  la  mauvaise  volonié  des  Turks  ei  surtout  du 
pacha  ,  sont  enlin  terminés.  Toutefois  elle  est  loin 
de  répoiidre  aux  besoins  de  la  population  callinlique; 
il  faudrait  encore  un  ou  deux  temples  seniblaliles , 
pour  que  tous  les  lidèles  pussent  assister  aux  saints 
offices. 

Eiigurije  est  Tcnirepôt  des  riches  produits  du  pays 
en  laine  et  en  poil  de  chèvre;  des  négociants  euro- 
péens y  accréiliièreiit  des  agents.  Ceux-ci  devenant 
chaque  jour  plus  nombreux,  les  vicaires  apostoli- 
ques de  Coustanlinople  envoyèrent  à  leur  tour  des 
missionnaires  pour  assister  les  catholiques;  les  héré- 
tiques se  montrèrent  dociles,  peu  à  peu  il  s'en  cnn- 
veriit  un  bon  nombre;  les  familles  rentiées  dans  le 
sein  de  l'Eglise  donnèrent  des  sujets  au  sacerdoce , 
et  avec  l'aide  de  ce  clergé  indigène,  qui  sut  agir 
d:ins  im  prudent  silence,  le  prosélytisme  devint  en- 
core plus  facile  ei  fil  de  r.tpides  progrès.  Aujour- 
d'hui les  eccicsiasiiqucs  d'Engiirije  suffisent  à  la 
direction  de  leurs  (rères,  et  poursuivent  avec  zèle 
la  cqpversipn  de  ce  qui  reste  d'hérétiques.  Il  y  a 
dans  celle  vjlle  un  prèlre  chargé  de  veiller  sur  le 
petit  troupeau  de  catholiques  latins  qui  s'y  trouvent 
encore. 

Le  seul  inpntnneni  religieux  di^ne  d'atteniion,  est 
le  lombeau  de  saint  Clément,  évèiiue  et  martyr;  les 
reliques  dii  glorieux  pontife  sont,  dii-oo,  restées  in- 
tactes dans  le  sépulcre  qui  les  renferu»  ,  et  jusqu'ici 
agciine  parcelle  n'en  a  été  dél^ichée.  Ce  tombeau  est 
un  lieu  de  pèlerinage  fréquenté  iiidislinctenieni  par 
mus  les  chréiiens,  soil  sectaires,  Spii  catholiques. 

La  ville  d'Engurije  devriiii  être  liche  ,et  elle  l'a 
éié  en  effet  jusqu'à  ces  derniers  leinps  :  la  fabrique 
de  ses  châles  en  poil  de  chèvre  nff<aiià  tous  une 
occupation  lucrative;  les  femmes  filaient,  les  boinmes 
travaillaient  à  la  confection  des  tissus,  el  les  négi- 
ciants  exportaieui  annuellenient  de  vingi-cinq  à 
trente  mille  pièces  de  ces  étnlfes.  Il  y  avait  proldbi- 
lion  de  Iransporler  le  poil  de  chèvre  anireinenl  qu'en 
fil,  et  par  ce  moyen  les  pauvres  gens  ne  inanquaient 
jamais  d'ouvrage.  Depuis ,  celte  prohibition  a  été 
levée;  des  S|iéculaieurs  d'Europe  font  acheter  les 
laini'set  poils  de  chèvre  à  Icuréiat  brut,  pour  êtie 
travaillée  dans  les  filatures  étrangères  ,  ei  ils  fabri- 
(pient  ainsi  des  cliàles  d'une  qualité  supérieure  à  ceux 
d  bi.gurije.  La  dcplaçaiil  spn  indusuie,  on  a  enlevé 
â  un  seul  coup  à  tout  ce  peuple  êou  unique  ressource; 


dès  lors  il  est  tombé  dans  une  misère  qui  va  tou- 
jours croissant;  les  catholiques  en  souffrent  plus  que 
personne.  D'un  autre  côié,  les  Turcs  se  maintien- 
nent en  possession  du  privilège  ,  refusé  aux  cliré- 
liens,  de  nourrir  des  troupeaux,  d'êire  propriétaires 
ou  cultivateurs;  les  impôts  du  gouvemenieni  accrois- 
sent avec  la  détresse  des  contribuables;  ils  sont 
triples  de  ce  qu'ils  éiaienl  à  l'époque  la  plus  floris- 
sante (lu  Cdinnierce. 

Les  Arabes  prirent  Engurije  sous  l'eniperenr  !lé- 
raclius.  L''  klialilè  Haïun-Al-Raz-Kliid  se  glorifia 
lieauciiup  de  sa  conquêle,  parce  qu'elle  élaii  le  poinl 
de  jonction  de  toutes  les  roulfS  qui  mènent  de  Syrie 
el  d'Arménie  à  la  C()te  de  Thrace  et  de  Cilicie.  En 
1422,  Timur-Klinn  s'en  empara,  après  avoir  vaincu 
et  pris  le  sultan  Bijezid  IL 

Eni;urije  a  une  population  de  28,000  liabiianls.  On 
y  voit  beaucoup  de  bains,  de  tombeaux  et  de  mos- 
quées; on  v  distingue  surtout  celles  d'Hadschi-Bei- 
ram  et  d'Ahmel-Pacha.  Celle  ville  est  à  360  kil.  de 
Coustanlinople,  à  l'estsud-est,  et  à  240  ouest  d'A- 
Miasie.  Lai.  nord  40°  '2'.  Long,  est  50°  45'. 

Les  énormes  queues  des  nioutnns,  les  longues 
soies  des  chèvres  d'Engiirije  étaient  fameuses  dans 
les  temps  les  plus  anciens,  comme  aujourd'hui  sont 
renommés  ses  couvertures,  ses  camelots,  ses  poires 
savoureuses,  ses  pommes  el  ses  raisins  secs.  Les 
jardins  de  Kdjisch  si  bien  arrosés,  si  riches  de  vé- 
géialiod,  sont  comptés  parmi  les  plus  fertiles  des 
plus  beaux  cantons  de  l'Asie  Mineure,  et  les  sour- 
ces d'Ajasch  signalées  parmi  les  plus  salutaires  pour 
bain  et  pour  boisson. 

Vrbs  Cairodimensis,  vel  Crncovia,  Cracovie. —  L'é' 
vêché  de  celle  ville  date  de  l'année  'J()5;  il  fut  pres- 
qii'aussitôi  érigé  en  archevéché,avecle  titre  de  métro- 
pi;le.  .Mais  la  Iraditionlégendique  rapporte  qu'eu  lOSO 
le  liiulaii  e,  nommé  Lambert,  ayant  négligé  d'envoyer 
à  Rome  pour  le  fatitum,  perdit  ses  droits.  Queli|ue 
temps  après,  Cracovie  fut  dévastée  el  ruinée  par  les 
Slaves  de  I.;  Boliême.  Pendant  la  vacunce  du  siège, 
l'archevèiiue  de  Gnesne,  qui  eut  l'adminisiralion  du 
diocèse  réclama  pour  son  église  le  litre  de  métro- 
pole, el  pour  lui  celui  de  primat  de  Pologne,  qu'il  a 
luujouis  porté  depuis;  de  sorte  que  Cracovie  rede- 
vint un  simple  évèclié.  Saint  Stanislas  en  a  été  évê- 
que,  et  il  y  a  une  église  sous  sm  invocation. 

Fondée  par  C|aeus  à  la  fin  du  viF  siècle,  Cr.ico- 
viefiil  la  résidence  des  rois  jusqu'au  coinmencemenl 
du  xvti«  siècle,  époque  à  laquelle  Sigismond  III 
alla  ^'élabli^  àYaisovie,ei  jusqu'en  17G4  elle  a  con- 
servé le  privilège  de  couronner  les  souverains  de 
Pologne.  Ses  évêques  prétendeni  à  la  dignité  de  pro- 
loiiônes  (expression  en  usage  dans  l'Eglise  grecque). 
—  Tout  dans  celte  ville  porte  un  caractère  impo- 
s:inl  d'ancicnnelé;  tout  rappelle  un  nom,  une  date, 
un  fait  mémorable.  Un  rempart  entoure  encore  celle 
cité  des  princes,  comme  au  temps  où  elle  élait  le 
bouclier  de  la  Pologne.  Les  rues  sont  pour  la  plu- 
part loriuçuses  el  sonibres,  comme  celles  des  villes 


861- 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


du  moyeu  âge  ;  les  maisons  portent  des  pignons  fes- 
tonnés, comme  celles  d'Augsbourg  ou  de  Nuremberg. 
Ici  on  aperçoii  des  portes  ornées  de  colonneiies  et 
couronnées  d'un  cep  de  vigne,  comme  dans  les 
joyeuses  bourgades  des  bords  du  Rliin;  là  îles  sta- 
tues de  saints,  les  mains  jointes  sons  leur  dais  ciselé, 
conmie  celles  qui  décorent  le  poriail  de  nos  vieilles 
catiiédrales;  plus  loin,  voilà  le  palais  de  l'évèelié 
dont  les  rois  briguaient  jadis  la  faveur,  et  la  maison 


toire  de  cinq  siècles  ,  souvent  funeste  et  souvent 
sublime.  F^à  siml  les  monuments  de  Boleslas,  de  Ca- 
simir le  Grand  ,  d'Elienne  Batori ,  du  valeureux 
Jean  III,  et  la  cli.ipelle  des  Sigismond,  revêtue  en- 
core d'un  dernier  éclat  par  la  piéié  de  leurs  succes- 
seurs et  le  ciseau  d'un  habile  artiste.  Dans  les  ca- 
veaux sont  les  restes  des  béros  auxiiuels  la  Pologne 
a  voué  un  éternel  sentiment  d'amour  et  de  vénéra- 
tion. Sous  ces  voàies  souierrainrs,  à  la  lueur  d'une 


de  l'Université,  la  plus  :iniienne  université  des  cnn-      lampe   vacillante,  on  lit  sur  un  sarcophage   noir  le 


trées  slaves  après  celle  de  Pragne.  De  tous  côiés. 
On  voit  aussi  surgir  des  flèches  aiguës,  des  croix 
dorées.  Il  n'y  a  pas  moins  de  irentebuit  églises  à 
Cracovie  ,  presque  tontes  remarquables  ,  les  unes 
par  leur  architecture,  d'antres  parleurs  pieuses 
traditions.  Celle  de  Notre-Dame  dnte  du  commen- 
cement du  xiii«  siècle  ;  elle  renferme  trente  aniels 
de  marbre  et  une  quantité  de  tombeaux  histori- 
ques ;  celle  de  Saint-Pierre  e(  Saint-Paul  a  éié  re- 
construiie  par  Sigismond  111  sur  le  modèle  de  Saint- 
Pierre  de  Piome;  celle  des  Dominicains,  fondée  en 
1200,  possède  une  double  rangée  de  stulles  en  chêne 
sculptées  avec  un  art  admirable. 

Les  longues  vicissitudes  politiques  qui  ont  désolé 
et  accablé  le  peuple  de  Cracovie  n'ont  pas  en- 
core éiemt  en  lui  le  sentiment  leligienx  Les  di- 
manches on  voit  les  artisans  de  la  ville,  les  pay- 
sans de  la  campagne  avec  leurs  larges  redingo- 
tes bleues  ornées  de  boi  dures  roui^es,  les  fem- 
mes avec  des  draps  de  toile  blanche  qu'clbs 
ji-itent  sur  leurs  épaules  comme  des  écharpes , 
courir  d'église  en  église  ,  se  prosterner  dans  le  par- 
vis et  baiser  le  pavé  de  la  nef.  —  Au  centre  de  la 
ville,  sur  un  large  roc  qui  domine  au  loin  la  plaine, 
s'élève  l'ancien  château  des  Rois,  rebâti  par  Casimir 
le  Grand,  enrichi  par  ses  successeurs,  dévasté  p:ir 
les  Autrichiens.  En  gravissant  les  escaliers,  en  par- 
courant bs  galeries  de  ce  châieau,  (in  n'y  reiiouve 
plus  aucun  des  ornements  décrits  jadi-;  avec  tant 
d'admiration  parles  voyageurs  du  xvu'  sièele;  mais 
ses  inurailles  épaisses,  ses  vieilles  tours  lui  donnent 
encore  un  aspect  iraiiosant,  et  les  héroïques  souve- 
nirs ijui  peuplent  son  enceinte  lui  inijirimenl  un  carac- 
tère auguste.  Ce  château  a  vu  passer  sous  ses  voiites 
six  dynasties  puissantes.  Il  a  vu  un  prince  français 
s'a.seoir  sur  le  trône  des  Jagcllons,  et  deux  fem- 
mes de  France,  Marie  de  Gonzague  et  Marie  d'Ar- 
quien,  porter  le  sceptre  et  la  couronne  de  Pologne. 
Les  descendants  de  Gustave  Wasa  y  ont  reçu  le  in- 
signes de  la  roy:iulé,  puis  les  descend  nts  des  élei  - 
leurs  de  Saxe,  et  le  noble  Stanisl  is  Lesczyuski,  dnnt 
la  Lonaine  bénit  encore  la  mémoire.  A  présent,  c'en 
est  fait  de  ces  jours  de  splendeur,  de  ces  fêtes  na- 
tionales qui  attiraient  les  regards  de  l'Europe  etitié- 
re.  Le  château  a  été  dépouillé  de  ses  richesses,  l'é- 
glise des  couronnes  des  rois,  elle  n'a  gardé  que 
leurs  cercueils.  Là  reposent  tous  ces  cœurs  agités 
dont  le  trône  excitait  les  battements  impétueux  ;  là 
te  déroule  sur  la  pierre  «épulcrale  toute  une  hi«- 


nom  de  Sobieski  ;  sur  un  autre  celui  de  Kosciusko  ; 
sur  un  iniisièine  celui  de  Poniaiowski,  glorieux  as- 
semblage de  trois  noms  impérissables,  derniers  tré- 
sors d'un  peuple  auquel  on  a  tout  enlevé. — Le  royal 
châle;iu  des  Piasis  et  des  Jagellons  n'est  |ilus  à  pré- 
sent qu'une  caserne  airricliienne.  L'Université,  l'une 
des  plus  anciennes  et  n:iguére  eneure  l'une  des  plus 
riches  universités  de  l'Europe ,  compte  à  peina 
soixante-dix  étudiants.  La  ville  de  Cracovie  ,  dont 
la  population  s'élevait  autrefois  à  100,000  âmes, 
n'en  renferme  pas  maintenant  plus  de  30,000.  —  Du 
haut  de  la  terr^isse  de  Wawd  on  aperçoit  encore, 
sur  (rois  points  difierents  de  l'horizon,  trois  tumu- 
lus  gigantesques,  trois  tertres  funèbres,  pareils  à 
ceux  qui,  |  rès  ii'Ups:il,  portent  le  nom  des  trois 
dieux  Scandinaves,  Le  premier  de  ces  tertres  ren- 
ferme, dit-on,  sous  ses  couches  de  sable  et  son 
mante.iu  de  verdjre  les  restes  de  Cracus,  le  fonda- 
teur de  Cracovie  ;  le  sec<md,  ceux  de  Wanda,  l'hé- 
roïque reine  ;  le  troisième,  élevé  pieusement  par  les 
mains  de  tout  un  peuple,  e^i  consacré  à  la  mémoire 
de  Kosciusko.  Entre  ces  sépulcres  du  législateur,  de 
la  jeune  femme  et  du  guerrier,  séparés  l'nn  de  l'au- 
tre par  un  espace  de  onze  siècles,  s  élève  la  ville  de 
Cracovie, qui  est  aujourd'hui  le  plustiiste  monument, 
le  cercueil  des  rois,  le  tombeau  de  la  Pologne.  Elle  est 
située  sur  la  rive  gauche  de  la  Visiule,  au  confluent 
de  11  Kudawa  ,  dans  ee  fleuve  qu'on  passe  sur  un 
pont  volant.  Les  principaux  articles  de  son  com- 
merce consistent  eu  buis,  poissons,  vins  de  Hongrie, 
cire  ,  miel  ,  toiles  de  lin.  Cracovie  se  rendit  aux 
Suédois  en  1702  ;  il  s'y  établit  une  confédération  en 
176'J;  niais  les  confédérés  y  furent  assiégés  par  les 
Uussis,  (iui  prirent  la  ville  d'assaut  et  les  firent  tons 
prisonniers.  Les  Pidnnais  la  reprirent  en  1809.  Ce 
fui  à  ('racovie  que  Kosciusko,  la  nuit  du  24  mars 
1794,  se  déclara  général  de  toutes  les  forces  po- 
lonaises. 

Celte  ville  est  éloignée  de  220  kil.  sud-ouest  de 
Varsovie,  de  500  nord-est  de  Vienne  ,  de  320  ouest- 
nord  de  Leniberg,  de  600  sud-est  de  Berlin,  et  de 
1200  est  de  P.nis.  Lat.  nord  .50°  3'  38"  ;  long,  est 
17°  ,36'  r'Â".  Kn  1815.  le  congrès  de  Vienne  déclara 
t'racftvie  ville  libre  et  chel-lieu  d'une  peiite  répu- 
blique, démembrée  de  la  Pologne,  sous  la  pinlection 
de  la  Russie,  de  la  Prusse  et  de  l'Autriche.  En  1846, 
une  insurrection  ayant  éclaté  d^ms  cette  ville,  les  trois 
puissances  protectrices  supprimèrent  la  république  , 
et,  malgré  les  stipulaiioos  coiitiaires  du  traité  de 


8C5 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


864 


Vienne,  réunirent  Cracovie  aux  Eiais  autrichiens. 
llrbs  Meldoriim,  Meaux,  évêclié  dès  l'an  280  de  la 
quairiénie  province  Lyonnaise  et  do  l'exareliai  des 
Gaules,  sons  la  métropole  di;  Sens,  acluellemenl  de 
celle  de  Paris.  Le  diocèse  était  assez  circonsrrit  en 
1789;  mais  par  le  concordai  de  1801,  il  comprenait 
les  dépaitemenis  de  Seine-et-Marne  et  de  la  Marne, 
l'arclievêclié  de  Reims  et  Tévêché  de  Chàlons-sur- 
Marne,  Ions  deux  siippiiinés.  Par  le  concordat  de 
1817  et  par  les  convenlions  particullèri'S  de  182-2, 
passées  enire  la  Resiiuiraiion  et  le  pape  Pie  Vil,  le 
diocèse  eut  le  département  de  Seine-et-Marne  pour 
circonscripiion. 


fln  du  xi«  siècle.  Elle  lut  un  siège  épiscopal  dès  les 
premiers  temps  que  la  foi  pénétra  dans  les  Gaules. 
C'est  ce  qui  prouve  l'importance  qu'elle  avait  alors, 
puisque  l'on  sait  que  les  premiers  pasteurs  s'éiabli- 
rent  dans  les  lieux  les  plus  considérables  afin  que  le 
concours  des  peuples  contribuât  à  la  propagation  du 
christianisme. 

Le  premier  nom  sous  lequel  est  désignée  la  ville 
de  Meaux  est  Jfl(i/iHm  ou  Galmum.  Elle  est  apiieléa 
dans  la  table  théodosienne  Fixtuiniim,  puis  Metdi, 
Metdœ,  Meldorum  urbs,  Meledh,  Meldis  d'où  l'on  a 
fait  Meaux.  —  Celle  ville  avait  été  bàiie  dans  le  lieu 
qu'oi  cu|ieni  aujourd'hui  les  faubourgs  de  Chage  ei  de 


Rien  n'est  mieux  constaté  qiio  l'aniique  origine  de      Saini-Faron.    Détruite  dans  le  vur  siècle   par  les 


la  ville  de  Meaux.  A  l'époiiue  des  Romains  elle  était 
déjà  la  capitale  d'un  peuple  que  réj^issaient  des  lois 
particulières  et  qui  avait  son  gouvernement  propre. 

Sous  les  empereurs,  Meaux  devint  ic  chef-lieu 
d'une  cité;  il  était  alors  administré  comme  les  au- 
tres cités  par  un  comte  dépendant  d'un  président 
{prœses)  qui  résidait  à  Sens,  métropole  de  la  pro- 
vince. 

Lorsque  les  anciennes  provinces  eurent  remplacé 
les  provinces  Gauloises,  Meaux  fut  la  capitale  de  la 
Brie;  et  c'est  à  tort  que  certains  gé'igraphes  et  cer- 
tains historii'us  ont  accordé  cet  honneur  aux  villes 
de  Pi  ovins  et  de  Brie-Coinie-Roberi.  Ce  qui  a  pu 
donner  lieu  à  l'erreur,  c'est  que  les  comtes  de  Brie 
et  de  Champagne  faisaient  leur  résidence  ordinaire 
à  Provins,  et  qu'ils  tenaient  leur  cour  dans  celte 
ville,  préférence  que  lui  avaient  méritée  sa  situation 


peuples  du  Nord  qui,  après  avoir  traversé  l'Océan 
sur  leurs  frêles  embarcations,  remonièrent  encore  la 
Seine  et  la  .Marne  jusqu'au  delà  de  Meaux,  elle  fm 
reconstruite  dans  les  lieux  où  elle  est  assise  mainte- 
nant. La  Marne  la  divise  en  deux  parties  inégales  : 
celle  du  nord ,  la  plus  considérable,  s'appelle  la 
Ville;  l'antre,  qui  était  jadis  un  grand  champ  de 
loire,  bâtie  dans  une  anse  que  forme  la  rivière,  se 
nomme  le  .Mirclié.  Ces  deux  quartiers  communi- 
quent ensemble  par  un  pont  de  pierres.  Au  sud  du 
Marché  on  a  creusé  le  canal  dit  de  ('-■irnillon  qui  réu- 
nit l'anse  de  la  .Marne;  c'est  par  le  canal  que  s'opère 
toute  1.1  navigation  d'une  rivière  dont  le  courant  ra- 
pide présenterait  trop  de  dangers.  L'enceinte  totale 
de  la  ville  lut  primiliveuient  très-resseriée,  et,  cha- 
que jour  encore,  l'on  découvre,  en  cnn-truisani,  les 
restes  de  ses  anciennes  foriiricaiinns.  Elle  fut  brûlée 


au  cenire  des  étais  de  ces  seigneurs,  ei  son  égal  en  1558  et  rebàiie  sur  un  plus  vaste  plan, 
éloigneiiieiil   des    villes    de    Meaux   et  de   Troyes.  Les  évèques,  d'abord  sin. pies  parliculiers,  acqiii- 

Quanl  à  Brie-Cointe-Kobcri,   ce  ne   peut  être  que  rem  bientôt  une  grande  prépondérance  sur  le  reste 

l'elTet   d'une   méprise  établie  sur  la  similitnde  des  du  peujile.  Ils  eurent  tous  les  avantages  féodaux  et 

noms;  il  y  avait  longtemps  que  la  province  de  Prie  en  proliièrenl  pour  embellir  la  ville  et  la  doter  d'un 

exisiail,  qu'elle  avait  ses  comtes  souverains,  loisque  grand  nombre  d'édilices  religieux.  On  ne  compte  pas 


la  ville  de  Brie  fut  fondée  ;  et,  bien  que  cette  der- 
nière eût  ses  comtes  on  plutôt  ses  seigneurs  particu- 
liers, ceux-ci,  quoii|ue  de  sang  royal,  ne  jouirent  ja- 
mais iraiicun  droit  de  suzeraineté  sur  le  r.  ste  de  la 
conirée.  —  La  ville  de  Meaux  lit  panie  du  io\aume 
d'Austrasie  jusqu'au  conimencenieni  du  vif  siècle 
que  Cloiaire  II  réunit  sous  sa  puissance  la  monar- 
chie tout  entière.  Elle  eut,  sous  la  suzera  netè  des 
comles  de  Brie  et  de  Champagne,  ses  vicomtes  par- 
ticuliers héiédit;iiies  dont  l'existence  remonte  à  la 

(1)  Dans  le  milieu  du  iii^  siècle,  sous  l'empire  de 
Dèce  ,  saint  Denis  vlni  annoncer  la  foi  dans  les 
Gaules;  il  (ut  le  premier  évêqiie  'le  Pans,  et  l'on 
suppose  qu'il  lut  aussi  le  premier  évrnne  de  Meaux 

ni.    ..I...AI   ....M    .,     .. . :.    !..      1 j:'     ■  ■' 


moins  de  cent  quinze  ou  cent  seize  de  ces  prélats 
depuis  rétablissement  du  catholicisme. 

1.  Saint  Denis  (1).  — 2.  Saint  Saintiii  ou  Sanlin  (2). 

—  ~i.  Saint  Anlonin  (5).  —  4.  M  iiisuet  (i).  — 
o.  Modeste.  — 6.  Aciier.  —  7.  Rieul.  —  8.  Proraer. 

—  !).  Piimit.  —  U:.  Principe  (a).  —  11.  Saint-Bi- 
gomer  ((i).  —  12.  Crescent.  —  13.  Anius.  —  11.  Pra;- 
sidius.  —  1-')   Proinissus.  —  10.   Mèdouée  en  bi'K 

—  17.  Eden.  —  18.  Boudouald.  —  ly.  Gondoald  eu 
OU.  —20.  Saint  Faron  (7).  —  21.  Saint  Hilde- 

(  1)  Il  vivait  .sous  le  règne  de  Clovis. 
(  )  On  ignore  repo(|ue  précise  de  l'inironisaiion  et 
de  la  durée  de  l'épiscopai  de  ces  dix  premiers  évèque*. 
(0)  Né  à  Meaux  ,  il  vi»ait  vers  la  lin  du  v»  siècle; 


plniôt  qu'il  gumeniait  les  deux  dincèses,  ce  que      on  louait  sort. mi  l'ardeur  de  son  zèle  contre  les  en 


rien  ne  constate. 

•  (2)  Disiiple  de  saint  Denis,  fut  institué  évèqiie  de 

Meaiiv  parce   pontife;  il  y  souffrit  le  martyre  sons 

Dincléiien  :  une  ahliaye  a  éié  édilié.'  sur  son  tombeau; 

nous    n'avons    d'ailleurs    que    des    renseignemenis 

vagues  sur  plusieurs  des  premiers  prélats  de  celte 

église. 

(3)  Prêtre  que  saint  Denis  avait  donné  à  saint 
Saïuiin  pour  l'aider  dans  les  lonciions  du  ministère 
el  qui  lui  succéda.  (Gallia  CliiUiiaiia.) 


neiiiis  de  la  lui.  (Galiia  Clirisiiana.) 

(7)  Fils  d'un  de-  seigneurs  de  la  cour  de  Tliéode- 
berl,  loi  d'Austrasie,  comte  de  .\ie.iux  ,  il  était  pos- 
ses>eur  de  biens  immenses  doni  il  lu  trois  paits  : 
l'une  qu'il  donna  an  clergé  de  sa  c&lliédrale,  l'autre 
à  l'abliaye  que  sa  sœur  Fare  avait  fondée  à  Eboriacum 
qui  depuis  porta  par  recomiaissance  le  nom  de  sa 
fondainee  (Faremouiier),  ei  de  la  troisième  il  érigea 
un  monastère  sous  le  nom  ne  Sajnte-Croix  en  042  ou 
liou,  0"  donn.»  depuis  ii  celte  abbaye  le  nom  du  fou- 


^ 


865 

veil   (1).  —22.  Herlin 

lus  (2).  —  a.  Saint   Ebrigisile  (5).  —  25.  Edold. 

—  26.  Adulfe.  —  27.  Rag.iminat.  —  28.  Sigeiiolri. 

—  2'.).  Erlaureus.  —  30.  Âidener.  —  5).  Komain, 
en  744(4).  —  32.  Viilfran,  en  763(5). —33.  Bru- 
iner. —  3i.  Hilderic.  —  35.  Hubert  I",  en  8i3  (6). 
36.  Hildegert,  en  853(7).  — 57.  Rainfroi ,  en  876. 

—  58.  Segeniond,  en  887.  —  39.  Engiierrand,  en 
900.  —  4(».   Hnherl  11',  909.  —  41.  Rholaid  ,  936. 

—  42.  Gildric,  947.  —  45.  Agenc  (8).  —  44.  Ar- 
chanrad,  en  9f'6  (9).  —  45.  Saint  Gilliert  ,  en 
995  (10).  —  46.  Macaire,  en  1015.  —47,  Berner,  en 

dalenr.  Saint  Faron,  qui  était  évêqiie  de  Meaux  en 
627,  assista  an  secund  concile  de  Sens  en  657  et 
itionri.t  le  28  octobre  672 ,  âgé  de  près  de  quatre- 
viuiils  ans. 

(1)  Né  à  Meaux  ;  s^s  grandes  vertus  le  firent  choi- 
sir eu  680  pour  sucré'Ier  h  saini  Faron  dont  il  était 
l'élève.  Il  l'ut  enterré  à  Vignely,  canton  île  Clayp, 
dans  l'é.^ilise  de  ce  lieu  qu'il  avait  (ondée.  (Galiia 
Clirisliana.) 

(2)  Né  à  Meaux,  fut  choisi  par  les  clercs  et  par  le 
peuple  pi>ur  remplacer  Her  ing  qui  venat  de  mou- 
rir. On  dit  que,  se  lT'  yant  indigne  d'un  ti'l  liouuenr, 
il  désira  mourir  le  jour  même  de  son  èlect  on  et  (|ue 
le  ciel  exauçi  ses  voeux.  {Gatlio  Chrisiiuna.) 

(5)  Né  à  Meaux,  l'ière  de  sainte  Agilberie,  ab- 
besse  de  Jouarre,  lut  lui-même  moine  dans  le  mo- 
nas'ère  d'i.omiiies  éiabli  dans  ce  lieu  par  Odon. 
Elevé  à  l'épiscopai  en  660,  il  choisit  puui  le  lieu  de 
sa  sépulture  le  c  metiére  qui  enviioiinail  l'cglise 
Saini-Paul  de  Joiian  e. 

(4)  .Moine  de  l'abbaye  de  Saint-Faron. 

(5)  Moine  de  la  même  aiilmye. 

(6)  Cl'  lut  sous  Sun  poutilicat  qu'en  845,  se  célé- 
bra le  \^'  concile  de  .Me:iux,  principalement  dirigé 
contre  ceux  qui  détenaient  1  s  b  eus  d>^  l'Eglise.  .\ 
ceconiiie  :<ssislèreiii  les  uiénopolitains  de  tjens,  de 
Reims  et  de  Bourges,  et  leurs  suilragants  les  évêipies 
de  Meaux,  Paiis,  (Chartres,  Orléans,  Troyes,  Auxerre 
Nevers,  Soissons,  Cliàloiis-sur-.Marne,  Lao»,  Senlis, 
Beauvais ,  Amiens,  l\'o;)on,  Boulogne,  Cambrai, 
T<iuriiai,  Arras,  Clermont,  Limoges,  le  Puy,  Tulle, 
Saiiii-Floiir,  Alliy,  Rodez,  Castres,  Cahors,  Vabres, 
et  Mende.  Ou  y  recueillit  plusieurs  canons  des 
conciles  précédents  et  l'on  en  lit  pi  i-ieurs  nouveaux. 
Les  pères  du  concile  se  plaignirent  de  certains  abus 
auxquels  ils  pri  lient  le  roi  de  reiiédier.  De  ce  nom- 
bre était  l'habitude  qu'avaient  les  souver.nns  de  loger 
dans  les  maisons  épiscopales  et  d'y  laire  loger  avec 
eux  les  seigneurs  de  leur  suite,  avec  leurs  lemmes  ; 
de  laisser  impunément  piller  les  villes  par  leurs 
courtisans ,  laquais  dorés  ,  espèces  de  vampires 
avides  du  sang  des  peuples,  et  dont  la  race  est  la 
iiième  snus  tous  les  cliiuals  et  à  touie.>  les  époques. 
Enfin,  l'on  piiait  le  roi  de  ne  plus  détourner  les  pas- 
leurs  de  leurs  lonct  ons  irincipalenieut  pendant  l'a- 
veni  ou  le  caième.  On  demanda  encore  de  permettre 
deux  fuis  par  an  l.i  célébration  de  conciles  provin- 
ciaux. 

(7)  Moine  de  Saint-Denis  en  853. 

(8|  En  li62,  sons  le  poutilicat  de  Gildric  ou  sous 
celui  d'Agerac,  les  évèques  de->  provinces  de  Reims 
et  de  Sens  tinrent  un  concile  dan.-,  un  lieu  du  dincè  e 
de  Meaux  que  Ton  ne  saurait  désigner  d'une  manière 
positive ,  mais  ^m  était  situé  sur  la  Marne,  il  lut 
i|ues  ion  dans  cette  assemblée  d'éialilir  sur  le  ^.ége 
pnniilical  de  Reiuis  Hugues  de  Vermandnis,  lils  de 
Hubert  I",  coui  e  de  Cliainpague  et  de  Brie;  niais  on 
pensa,  sur  la  repré>eiitalion  de  deux  des  évèques  pré- 
sents, que  ce  prclat  qui  n'avait  été  i|u'un  iH<i«s  imposé 
par  la  loictf  à   l'église  de  Reims  et  qui  avait  cic  cx- 


GEOGRAPHIE  DF>S  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 

en  684.  —  S5.  Saint  Pa-      1028.  —  4S.  Dagobert,  en.. 


866 
49.  Gauthier  1^1-, 
en  10i5(;i).  —  5).  Robert  I''',en  1082.  — 51.  Gau- 
thier II»  de  Chambly,  en  1105.  —  52.  Manassès  I*'', 
en  112 J. — 53.  Bnrckard.eu  1154. — 54. Minasses  Il«, 
en  1137.  —  55.  Renaud,  en  1161.  —  56.  Hugues,  en 
1171.   —  57.  Etienne  de  la   Chapelle,  en....   — 

—  58.  Pierre  I",  en  1172  (12).  .59.  i'ierre  II,  ei 

—  6  ).  Simon  hf,  en  1 176  (13).  —  61.  Anseau  ,  en 
12)7.  —  (iî.  Geolîroi  de  Tre^sy ,  en  1208.  — 
65.  Guillaume  !'"',  fils  de  Philippe  de  Nemours,  en 
1214.  —  64.  Amaury,  en  1221.  —  65.  Pierre  III  de 
Cuisy,  en  1223  (14). —  66.  Aleaume.  en  1267.  — 

communié  par  un  grand  nombre  d'évéques  ne  pouvait 
ê:re  reconnu.  Leur  seniiment  fut  partagé  par  tous  les 
pèies  du  coni  iie.  Hugues,  étant  dépnssédé,  fut  rem- 
]ilacé  par  Oldoilc. 

(9)  Ce  fut  le  premier  évêqiie  de  Meaux  qui  ras- 
sembla dans  sou  église  cathédrale  un  synode,  nom 
qu'on  donne  à  des  assemblées  dVcclésiastniues  con- 
voqués par  révéqiie  pour  s'occuper  dtS  affaires  du 
diocèse. 

(10)  Né  à  Meaux  ou  à  Sainl-Qnentin,  saint  Gilbert 
fut  choisi  d'un  commun  accnnl,  à  la  mort  d'Archau- 
ràd  pour  ri'inplaier  ce  iirélai  dnni  il  était  un  des 
.tri  hidnicres.  {Cailla  Clirisliana.)  Il  est  le  dernier 
évè(|ue  de  Meaux  qui  aii  élé  canonisé. 

(11)  Son-  son  poutilicat,  Hngnes,  évèque  de  Die, 
légat  du  Saint-Siège,  iiiit  un  concile  à  Meaux  dans 
lequel  Ursioii,  ayant  été  chassé  du  siège  de  Snssons, 
on  lui  sub^tiitia  Arniiiit,  moine  de  Saint  Médard , 
hninme  d'une  éuiinente  piéié.  Apés  la  ninrt  de  Gau- 
thier l<^' ,  Hugues  de  Die  assembla  un  antre  cniicile 
à. Meaux  dans  lequel  il  sacra  Roberi,  abbé  de  l\esbais, 
évèque  de  .Meaux  ;  mais  Rich.ird  ,  archevêque  de 
Sens,  considéraui  cette  entreprise  comme  une  usur- 
paiion  sur  ses  drdts  de  inélropolituin  ,  ordonna 
Gauthier  ou  GauMiier  de  Chambly.  Il  fut  encnre  ré- 
glé d^<us  cecoiicile  que  tout  monastère  qui  ne  pnur- 
rait  entreienir  que  dix  moines  passerait  snus  la  juri- 
diction de  l'abbaye  de  Cluny  on  de  .Mannoutier.  Il  y 
en  aiait  (|uatre  dans  le  diocèse  :  ceux  de  la  Celle,  de 
Courtevroull,  de  iNaiiteuil-le-Hauduuin  et  de  Gr.<nd- 
Champ. 

(12)  Il  fut  élu  cardinal  par  le  pape  Adrien  IV. 

(13)  En  12.  4,  Jean,  abbé  deCaseniare,  légat  du 
pape  Céle-tin  111,  ouvrit  un  concile  à  Aleaux  ;  il  s'a- 
gi-sait  de  rétablir  la  concorde  >  nire  le  roi  de  France, 
Pliilipiie-Auguste,  et  Jean,  roi  d'Angleterre.  Le  mo- 
iiarq  le  Irançais  avait  cédé,  à  litie  de  lief,  la  province 
de  Poitou  au  roi  Jean,  et  s'était  remis  eu  possession 
de  celle  province.  Anseau  ,  évèque  de  Me:iux,  et  les 
autres  prélats  français  qui  assistaient  à  cette  assem- 
blée, voyant  que  le  légat  cberchait  à  lavfuiser  le  roi 
d'Angleterre,  en  appelèrent  au  pape  et  se  rendirent 
à  Kuiiie  munis  de  plusieurs  lettres  de  recommanda- 
tion auprès  d'Innocent  III  qui  avait  succédé  à  Cé- 
lestin. 

(14)  En  122;),  une  assemblée  ecclésiastique  ou  un 
concile  lut  réuni ù  Meaux,  dans  leijuel  Raymuiid  VII, 
dit  le  Jeune,  comte  de  Toulouse,  fut  réconc.lié  avec 
l'Eglise.  On  sait  que  Rayinoml  VI  ,  père  de  celui-ci, 
dont  la  conduite  politiqne  lut  très  équivoque,  soiiiinl 
l'hérésie  des  Albigeois,  liuten  protestant  de  la  sin- 
cérité de  sa  foi  et  de  son  attachement  au  saint-siège; 
qu'eu  lii.'),  il  fut  prive  de  Sun  comté  de  Tnulou^e 
par  les  conciles  de  Montpellier  et  de  Latvan  qui  en 
donnèrent  l'investiture  à  Simnn  de  Montfoii  ennemi 
du  coml  de  Toul'iuse;  celui-ci  s'était  déjà  par  la 
force  des  armes  emparé  d'une  pariie  des  Etats  de 
Raymond.  Itaymond  VII,  dunt  tous  les  ellorts  lurent 
vains  pour  obtenir  la  permissinn  de  faire  ensevelir 
siiii  père  parce  qu'il  était  mort  dans  son  hérésie  suc- 


867  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE 


67.  Jean  l"  de  Poincy,  en  4208.  —  68.  Je.m  II  de 
Garlaniie,  en  1272  (1).  —  (>9.  Jean  III  de  Mon- 
troles,  en  1233.  —  70.  Adam  de  Vaudoy,  en  1398. 
—  71.  Jean  IV  de  la  Grange,  en  lôlH.  —  72.  Nico- 
las Volé,  1505.  —  73.  Simon  II  Festu  ,  1309.  -- 
74.  Giiillanme  II  de  Brosse,  1518.  —  73.  l'ierre  IV, 
1321.  —  70.  Durand  de  Sainl-Pourçain  ,  1520.  — 
77.  Jean  V  de  Meulan  ,  155;)(2).  —  78.  Philippe  de 
Vitry,  1351.  —  79.  Jean  VI  Royer,  1304.  —  80.  Guil- 
laume m  de  Dormans ,  en  1378. —  81.  Pierre  V, 
Fresnel,  1390.  —  82.  Jean  VII  de  Saints ,  li09.  — 
83.  Robert  H  de  Girème  ,  141.S.  —  84.  Jean  VIII  de 
Brian,  1426.  —  8o.  Pasqiiier  de  Veatu  ,  145.N.  — 
86.  Pierre  VI  de  Versailles,  1439.  —  87.  Jean  1.^ 
Meunier.  —  88.  Jean  X  du  Broc,  1458.  —  89.  Tris- 
tan  de  Sala2ar,  1474.-90.  Louis    I»--,  1473  (3). 

céda  à  ses  querelles.  Il  conibâtiit  le  (ils  de  l'nsnrpa- 
leur  et  fut  excommunié  eu  1228.  Eillin  ,  après  avoir 
soutenu  une  !oni;(ie  ^ucire,  il  (il  la  paix  avrc  les 
papes  et  avec  son  souverain.  Le  tiaité  fut  conclu  à 
Meaux  qui  appaiieuriil  ah  rs  au  ciimle  de  Chauipa- 
gne,  mais  à  des  cnndit  ons  dures.  L:)  signature  du 
liaiié  eut  Heu  le  jeudi  Saint,  et  Raymoiul,  en  habit 
de  pémtenl,  eu  diemise,  en  haui-de-cliausses  et  nu- 
pieds,  fut  introduit  dans  Nnlre-D.ime  de  Paris,  où  la 
récoiiciliatiiMi  s'opécu.  (Velly,  Hisl.  de  France.)  — 
En  12 kl,  il  y  eût  à  .Meaîix  une  nouvelle  réunion  d'é- 
vèi|ues  dans  laiiuellc  Jacipies  de  Palesliiie,  légat 
du  saint-siége  ,  rulinuia  la  ?pnipnce  d'excoininiinica- 
tion  ci'Titie  l'empereur  Frédéric  II ,  et  indupia  un 
concile  géuéralqui  devait s'ouviir  à  Rome  le  jonrd.i 
Pâipies  lie  l'année  >uiv:uiie.  Ce  concile  n'eut  point 
lieu,  61  Icsévôiines  fiançais,  qui  s'éiaie.it  mis  ou  roule 
()our  s'y  rendre,  furcni  pris  par  un  bàiird  de  l'empereur 
qui  leur  (il   souffrir  les    plus    mauvais  Iraitcnients. 

(1)  Frère  il'Ansoa'i  de  Garlaiide,  seigneur  de 
Torneu  (Tournan). 

(2-  De  la  famille  de  l'Hospilal. 

(3)  De  la  ma  siui  de  .Melun.  Il  mourut  de  la  pesie 
à  Germigny  l'f'jvè  jU  •,  sa  inuison  de  campagne. 

(4)  Parut  d'abord  au  barreau  de  Paris,  tut  fait 
ensuite lieulonautgéiièial  an  bailllat;e  de  .Montferraiii, 
puis  avt>cat-géi:érol  .ui  p.irleuionldH  Touli.use.  Klevé 
décharge  eu  charge,  il  devint  pi  i  mior  président  du 
parlement  de  Paris  en  I.jOS,  et  chancelier  de  France 
en  1013.  La  comtesse  d'Angouléme,  n  eu:  de  Fran- 
çois ]<"■,  lui  louiia  l'édui  aiion  de  son  lils  donl  il 
gagna  la  coidiance.  Ay.ml  embrassé  l'étal  ecclésias- 
tique, il  fut  nommé,  en  l.)55,  évéque  de  Meaux,  puis 
évéque  d'Alby,  de  Valence,  de  dp,  enUu  archevêque 
de  Sens;  cardinal  en  lS-7,  puis  légat  «  laUre,  il  cou- 
ronna en  France  la  reine  EléoiKue  d'Autriche.  Il 
mourut  eu  153.b,  à  l'âge  de  soixante-douze  ans. 

(5)  Né  et  enterré  a  Villeinarenil. 

(6)  Né  à  Dijon  le  27  septembre  1627,  il  vint  .i 
Paris  etl  1042,  reçut  le  bonnet  de  docteul'  eu  1652, 
remplit  avec  éclat  les  principales  chaires  de  Paris, 
et  prêcha  plusieurs  foisdevanile  roi  de  lO'Jl  à  I(Î6'!. 
Nommé  à  l'évêché  de  ("ondom,  le  13  ■•eptemhre  lOiiO, 
il  fui  lait  prëocpieur  du  dauphin  eu  1070;  premier 
auuionier  de  la  dauphine  feu  10!!  j;  évéque  de  Meaux 
en  1081;  conseiller  d'Etaten  1697;  premier  aumônici- 
de  la  duchesse  de  Bourgogne  eu  10  -S;  il  mourut  en 
i704  et  fut  enterré  d:ins  la  calhédrale  de  Meaux. 

Sa  vie  entière  a  éié  une  suite  de  travaux  et  une 
carrière  de  gloire.  La  Bruyère  a  dit  de  lui  :  «  Parlons 
d'avance  le  tangage  de  la  postérité,  vn  Père  de  CE- 
nlise.  >  La  postérité  a  confirmé  ce  mot.  Voltaire  ,  si 
bon  juge  en  cette  Tuatière,  l'appelle  le  seul  Français 
éloquent  parmi  tant  d'écrivains  élégants,  il  csi   avec 


868 

—  91.  Jean  XI  l'Huillier,  en  1483.  -^  92.  .Jean  XII 
de  Pierrepont,  1501.  —  93.  Louis  II  Pinelle  ,  1  10. 

—  94.  (Juillaume  IV,  Briçonnet,  1516.  —  9'».  An- 
toine du  Prai,  en  1535  (4).  96.  Jean  de  Bus  XIII, 
en  1352  (5).  —  97.  Jean  XIV  de  Levis,  de  Cliarlus, 
en  1553.  —  98.  Louis  111  de  Brezé ,  en  1554.  — 
m.  Jean  XV  du  Tillet,  en  1570.  —  100.  Alexandre 
de  la  Marche.  —  101.  Jean  XYl  Touchard.  — 
102.  Louis  VI  de  l'Hôpital.  —  103.  Jean  XVII  da 
Vieupont,  en  1003.  —  104.  Jean  XVIll  de  Balleau, 
en  11)20.  —  105.  Dominique  I^"'  Séguier,  en  1057. 

—  100.  Dominique  11  de  Ligny,  en  1059.  —  107.  Jac- 
ques-Bénigne Bossuet,  en  1681  (6).  —  108.  Henry 
de  Thyard  de  Bissy,  en  1705.  —  109.  Laroche  de 
Fontenille.  —  HO.  La  Marthonie  de  Caussade  ,  en 
1759.  —  111.  Camille  Apollinaire  de  Polignac,  en 

Pascal  le  seul  auteur  dont  on  lise  encore  les  écrits 
polémiques.  Ou  rapporte  qu'annoncé  comme  nn  pro- 
dige aux  beaux  esprits  de  l'hôlel  île  Rambouillet  ,  il 
fil  devant  une  asscuibiée  nombreuse  et  choisie  un 
sermon  sur  un  sujitipi'on  lui  donna.  Il  parla  comme 
s'il  se  lili  prépaie.  Le  prédicateur  n'avait  que  seize 
ans  et  il  élait  onze  heures  du  soir.  Ce  qui  lit  dire  à 
Voilure,  si  fécond  en  jeux  de  mois,  qu'il  n'avait 
jamais  cnremln  prêcher  ni  si  tôt  ni  si  ta.d.  Il  s'.ip- 
pliqua  surtout  à  l'insiruction  dfs  proi.'Slauts  et  en 
ramena  plusieuis  à  la  foi  c;aholique.  Ses  succès  eu- 
rent de  l'éclai  et  commeiicèreut  sa  renouiméi:.  P.irnii 
ses  oiivrag  s,  tous  remarquables,  tons  dignesd'iin  di'S 
plus  beaux,  d'un  des  plus  profonds  génies,  On  cite 
suriout  SOU  Histoire  des  Variations,  sou  Discours  tur 
CHistoire  universelle,  ses  Oraisons  funèbres,  sa  Dé- 
fense de  tu  déclaration  du  clergé  de  France  sur  la 
puissance  erclésiistirine,  etc. 

Son  style  ,  sans  être  châtié  et  poli,  est  plein  de 
force  et  d'énergie;  il  ne  marche  point  sur  des  fleurs, 
mais  il  va  rapidement  au  sublime  dans  les  sujets  qui 
l'exigent.  Ses  écrits  français  ne  le  cèlent  eu  rien  à 
ceux  de  nos  ^neillcur•^  écrivains.  Il  osa  dire  à  l'or - 
guciileux  Lnuis  XlV,  qui  voulait  mander  à  la  cour 
les  évéques  de  P.imiers  et  d'Aleih  alin  de  les  accabler 
du  poids  de  sa  colère  parce  qu'ils  avaient  riSi-lé  .à 
sa  volonté  dans  la  grande  alfaire  de  la  Régale  :  «  lié! 
ne  craignez-vous  pas.  Sire,  que  toute  la  route  des 
deux  évêpit's,  du  fond  du  Languedoc  jusqu'à  Ver- 
sailles, ne  soit  linrdce  d'un  peuple  immense  qui  d'> 
niandeia  leur  béuéilKtion  àgennu'v?.  .  i  llcnndanuia 
les  (Il agoiiiiades  ei  disait  :  i  (vs  baïonnettes  ne  sont 
pas  des  insiriimenis  de  conversion...  »  Ce  lut  encore 
lui  ijui  écrivit  celle  rétlexion  aussi  profonde  quo  phi- 
losophique :  I  On  parle  toujours  îles  llaltetirs  des 
princes,  et  l'on  ne  dit  rien  des  tiaileurs  d.s  peuples. 
Tout  llalleur,  quel  qu'il  suit,  est  toujours  un'  animal 
traiire  et  odieu\;  mais  s'il  fallait  comparer  les  llai- 
teurs  des  rois  avec  ceux  qui  vont  Haiiir,  datis  le 
cœur  (les  peuples,  ces  iTiiicipes  d'indocilité  •  t  c*lte 
liberté  farouche,  qui  est  la  cause  des  révoltes,  ;,e  ne 
sais  lequel  serait  le  plus  hunietix!  i 

Ses  mœurs  éinieni  aussi  sévères  que  sa  inora!  •. 
Tout  siui  temps  était  absorbé  par  l'élude  ou  par  les 
travaux  de  son  miiislére.  Il  se  liv  ail  .sa  s  réserve 
aux  soins  et  à  ruisiriicti  >n  de  son  diocèse,  t;é^ulu  de 
finir  ses  jours  dans  smi  sein,  d  ijoùlé  du  mnnde  et  de 
la  gloire,  il  n'a  pir  il  plus,  disail-il,  qu'à  être  en- 
terré aux  pieds  de  ses  prédéce-seiiis.  Après  avoir, 
dans  sa  jeunesse,  effrayé  par  sa  i;>orale  éloi|uenie  les 
souverains  et  IC'  grands  de  la  terre  ,  il  consola  par 
cette  même  éloquence  les  faib'cs  et  les  indigenis 
conliés  à  sou  zèle.  Il  descendait  même  jusqu'à  Paire 
le  catéchisme  aux  enfants  et  burioui  aux  pauvres,  et 
ne  se  croyait  ]  as  dégradé  par  celle  fonction  si  digne 


GEOGRAPHIE  DES  LÉGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


m 


1779.  —  H2.  Tliuin  ,  éri  i790  (1).  —  113.  Louis 
Jlatliias  (leBiinal,  eh  l803  (2).  —  lli.  Pierre- 
Paul  de  Faudoas,  en  1805.  —  113.  Jean-Jacqnes- 
Marie-Virioirc  deCosnac,  en  ISl9(3).  —  UO.  Ro- 
main-EréJéric  Gallard,  eu  183!. 

Les  coniles  de  Biie  et  de  Champagne  prenaient 
aussi  le  lilie  de  comtes  de  Meaux ,  capitale  de  la 
première  de  ces  deux  provinces  ;  mais  celle  ville  eut 
d'abord,  sous  la  suzeraiiieié  de  ces  seigneurs  et  après 
la  réunion  de  la  (îrie  et  de  la  Champagne  à  la  cou- 
rHhtfê,  fous  la  suzeraineté  du  monarque,  ses  vicomtes 
partîcûlieYs. 

On  prétend  que  la  ville  de  Meaux,  bien  que  placée 
ufi  peu  ptUs  au  nord  qu'elle  ne  se  trouve  maintenant, 
éiait  néanmoins  située  sur  la  rive  gauche  de  la 
Marné  qui  environnait  toute  sï  partie  septentrionale, 
de  façon  que,  celle  rivière  établissani  les  limites  en- 
tré la  Gaule  celtique  et  la  Gaulli  belge,  Meaux  faisait 
partie  de  la  première  de  ces  deux  provinces.  Par 
rertrs  accroisseifients  successifs,  la  ville  et  le  marclié 
éllaîent  devenus  conligus,  lorsqu'au  cnnimencemeni 
dû  xHi«'  siècle,  Thibault  IV,  comte  de  15rie  et  de 
Champagne,  qui  avait  déjà,  pour  la  facilité  de  la  na- 
vigation, fait  creuser  à  lextrémité  méridionale  du 
marché  le  canal  de  Cornitton,  lit  pratiquer  un  large 
fossé  ati  pied  de  son  cliàtran,  entre  la  ville  et  le 
marché,  fossé  qui  devint  le  nouveau  lit  de  la  rivière; 
car  celle-ci  avait  jusque-là  suiw  son  cours  jusqu'au 
pied  de  la  roche  de  Crégy ,  dans  la  direction  que  dé- 
crit ertcore  aujourd'hui  le  Brasset  que  l'on  regarde 
Comme  l'ancien  lit  de  la  .Marne  (i).  ^ 

Wènux,  ville  épiscopale,  avait  été  dotée  par  ses 
pasiëurg   et  par  des  personnes   pieuses  d'un  grand 


On  érigea  la  nef  cl  les  ba?-côtés  pendant  leJ  xii"  et 
xiii"  siècles  ;  on  fit  etisuile  la  tour,  le  porlail  et  les 
chapelles  ;  mai^  le  numuliièril  n'a  été  terminé,  dans 
l'éial  où  nous  le  voyons  à  présent,  que  vers  le  milieu 
du  xvi«  siècle  ;  et  l'on  peut  facilement  reconnaître 
aux  différents  siyles  d'archiiectiire  les  diverses 
phases  (le  sa  consiruclion.  —  L'cgli-e  offre  une  lon- 
gueur lie  cinquaniedeux  toises,  depuis  le  grand  por- 
tail jusqu'à  la  chapelle  delà  Vierge-du-Chevet ;  sa 
larjieur,  de  la  porte  du  nord  jusqu'à  celle  du  midi, 
es(  (le  vingt  loises  ;  sa  hauteur,  de  seize  t 'ises  sous 
clef,  non  compiis  l'espace  qui  se  trouve  eriire  la 
voûie  et  le  faîte  du  bâiîmeni  qui  est  encore  de  neuf 
loises.  Des  deux  innrs  qui  devaient  orner  le  bis  de 
ré:.;lise,  une  seule  esi  achevée  :  c'est  celle  Hu  côté 
septentrional  ;  elle  a  près  de  deux  cenis  pieds  d'élé- 
vaiion  et  se  lermine  par  une  plate-lurme  environnée 
d'une  balustrade  d'où  l'on  découvre  par  im  lemps 
favorable  les  bailleurs  de  Monlmarlré  et  dil  mont 
Valérien,  quoique  leiii'  éloignemeht  soit  de  plus  de 
dix  lieues.  Dans  l'inlérieur,  le  sanctuaire  est  fertile 
par  six  colonnes  que  leur  délicatesse  fait  remarquer. 
Le  chœur,  qui  a  vingt  loises  de  longueur  Sur  dix  de 
largeur,  est  soutenu  par  quatorze  piliers  en  faisceaii, 
on  cobinnes  ron  les  ;  dix-huit  autres  piliers  du  même 
genre  supporieni  la  nef.  La  dispo'^ition  des  cbapelles 
est  telle  que  du  sancinaire  on  les  découvre  toiileS  â 
travers  les  arcades,  et  que  réciproquement  leurs 
croisées  éclairent  le  sanctuaire,  mais  de  cette  do'ice 
lumière  (|ui  porte  si  h.ien  Pâme  au  recueillement  ei 
à  la  prière. — La  caibéiirale  est  sous  l'invocation  de 
saint  Etienne,  premier  martyr.  Il  existait  dans  cette 
église  certains  usages  fort  extraordinaires,  entre  au- 
tres celui  de  l'offrande  des  cierges  le  jour  de  la  fêle 


ilombre  d'éditices  religieux  ;  aussi,  avant  la  révolu 
lion  ,  ne  comptai(-on  pas  moins  de  se;-t  paroisses  \  du  palro  i,  usage  qui  remonte  jusqu'au  xii'  siècle  et 
outre  la  cnihédiale,  de  pluveurs  chapelles,  de  trois  j  qui  se  pratiquait  de  cette  manière.  Pendant  la  célé- 
abbayes,  de  six  couvenis,  dont  tr>,is  d"homme^  et'/  braii  h  de  la  messe  solennelle  du  jour  de  saint 
trois  de  femmes,  de  deux  séminaires  et  deux  hospi-  f  Ëiienne,  «  sont  apposés  près  du  grand  autel  trois 
ces... — La  cailiédrale  est  le  principal  monument,  t  grands  cierges  de  chacun  deux  livres  ou  environ,  à 
non-seulement  de  la  ville  de  Meaux,  mais  de  tout  le  l-  l'un  desquels  est  un  écn-son  des  armoiries  de  la  ma- 
déparlement.  Situé  sur  une  place  vaste  qiidiqu'irré-  t  jesié  du  roi,  notre  sire  ;  et  aux  deux  autres  il  n'y  a 
gulière,  ce  chef d'oeuvre  d'arcbilecture  gothique  do- '.  pas  d'écnsson.  Alors  de  l'offertoire  de  ladite  grand'- 
mine  tous  les  adres  édifices  de  la  ville.  11  fut  coin- V'  messe,  le  seigneur  révérend  évêque  s'assied  dans 
mencé  sous  l'épiscopat  de  Gauthier  I»"- ,  dit  Saveyr  5  W"e  chaise  estant  dans  la  closture  et  parquet  dudit 
ou  le  Sage,  évèque  de  Meaii.x,  en  lOiS,  et  lorsque  ce  i  giand  autel,  lien  où  ledit  sieur  évêque  et  ses  préiié- 
prélat  mourut,  le  20  octobre  1082,  le  chœur  seul  ve-|^  cesseurs  évêques  ont,  de  tout  lemps  et  ancienneté, 
nait  d'être  terminé  ;  il  composait  alors  tout  l'édifice.  6^  accoutumé  lesdiis  jours  saint  Etienne,  dire  l'Epislre 

d'un  évêque.  «  C'était,  dit  un  écrivain,  un  spectacle  |  '  l'ornement  de  l'épiscopat,  et  dont  le  cierge  de  France 
rare  et  lourhani.  de  voir  le  grand  Bossuet  transporté  l  se  fera  honneur  dans  tous  les  siècles  ;  un  évêque  au 
de  la  cbap.dle  de  Versailles  dans  nue  église  de  vil-  î  milieu  de  la  corr  ;  l'homme  de  tous  les  talents  et  de 
lage,  apprenant  aux  paysans  à  supporter  leur,s  maux  tontes  les  sciences;  le  docteur  de  tout,  s  les  églises; 
avec  paiience,  rasS'mblani  avec  tendresse  leur  jeune  ;  •'  la  terrfcuf  de  toutes  les  sectes;  le  pèr^  du  xvii'^  siècle, 
lamille  autour  de  lui,  aimant  l'innocence  des  enfants,  '"  !  et  à  qui  il  n'a  manqué  que  d'éire  né  dan;-  lespreiiiiers 
la  simplicité  de=  pères ,  et  trouvant ,  dans  leur  nai-  '  temps  pour  avoir  été  la  lumière  des  conciles ,  l'àiue 
veté ,  dans  leurs  mouvements,  dans  leur  aiïeeiion  ,  *  t  des  Pères  assemblés ,  dicté  des  canons,  et  préside  a 
cette  vérité  précieuse  qu'il  avait  vainenieni  cherchée  *.  -  Nicée  et  à  Epbè  e.  »  (Eloge  de  monseigneur  le  Dan- 
a  la  ccur.i  >  p/„„).  (pélix  Pascal.) 

Le  déparlement  de  Seine-et-Marne  a  fait  élever  ;'      (I)  Evêque  dit  conslitutiomiel. 
dans  l'église  qu'il  illustra  un  monument  à  cet  homme,  4      (2)  Nommé  archevêque  de  Tours. 
suivant  l'expression  de  Massillon,  «  d'un  génie  vaste    ;      (5)  Nommé  arcbevê  pie  de  Sens, 
et  heureux  ,  d'une  candeur  qui  caractérise  toujours  J      (4)  Duplessis,  Hhtûhe  de  l'égthe  de  M  aux  ;    Mê- 
les grandes  àme:i  et  les  esprits   Ju  premier   ordie  ,  1'  moires  de  !, enfant. 


«71 


DICTIONNAIRE  DK  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


872 


de  ladite  grand'messe  audit  grand  autel  en  célébrant 
icelle.  Et  alors  le  voyer,  ou  ai>par;ileur  dndit  sieur 
révérend,  appelle  par  trois  lois  à  haute  voix  nôtre- 
dit  sire  le  roi  ;  et  a|irès  lesquelles  proclamations  se 
présente  le  procureur  de  Sa  Majesié  et  l'un  de  ses 
avocats  au  bailliage  el  siège  présidial  diidii  Me;iulx, 
lequel  prend  le  cierge  où  est  ledit  écusson,  et,  après 
avoir  baisé  l'anneau  que  porte   ledit  sieur  évêque  à 
la  main  droite,  offte  ledit  cierge  ,  et  puis  après,  au 
même   instant ,   sont    semblableuient  appelés   l'un 
après  l'autre,  par  ledit  voyer,  par  trois  fois,  à  liauie 
voix,  le  vicomte  duditMe;iulxet  le  vidauiede  Trilbar- 
douf  près  ledit  Meaulx,  les  olliciers  desquels  prennent 
semblablement  chacun   leur  cierge  ;  et ,  après  avoir 
par  eux   baisé   l'anneau    dudit  sieur  évèqne  ,   font 
pareilles  et  semblables  offertoires  que  dessus.  » 
i    Si  l'évéque  de  Meaux  n'avait  aucun  litre  d'honneur 
temporel  attaché  à  sa  dignité  épiscopale,  il  avait  d'au- 
tres prérogatives.  Ainsi,  en  12"28,  Phdippe,  conitu  «le 
Boulogne  et  de  Dammariin,  luiaccord.i  le  droit  d'en- 
trée avec  sept  personnes  de  sa  suite  dans  le  château  de 
celle  dernière  ville,  lorsque,  dans  les  rièi|uentes  que- 
relles qui  survenaient  entre  le  comte  de  t>li;impague  et 
lui,  il  craignait  de  ne  pouvoir  demeurer  eu  bùreié  à 
Meaux.  Il  avait,  comme  beaucoup  d  autres  (irélais  du 
royaume,  le  droit  de  battre  monnaie,  droit  que  Phi- 
lippe  le    liel  supprima  en  1308  dans  tome  l'éten- 
due de  ses  Etats.  (E  labulario  episcopi  Metdeiisis.) 
Au  nord  de  la  place  se  trouve  le  palais  épisc^pal, 
donl  la  structure,  qui  n'offre  rien  de  bien  remarquable 
ni  par  son  antiquité,  ni  par  son  élégance,  ne  remonte 
pas  plus  haut  (jue  le  milieu  du  xvii"  siècle.  Les  jar- 
dins ont  été  dessinés  par  Le  Nôtre  et  augmentés  par 
la  démolition  de  plusieurs  maisons  de  chiinoines;  on 
a  reculé  leurs  limites  jusqu'aux  anciennes  lortilica- 
lions.  La  terrasse,  qui  donne  sur  le  boulevard,  con- 
duit au  cabinet  de  Bossnet,  que  l'on  a  religieuse- 
ment conservé  ;  lionaparte,  premier  consul,  n'a  pas 
dédaigné,  en  1800,  de  concourir  à  sa  restauration. 
—  Aliénant  à  l'évèchè,  et  toujours  dans  le  voisinage 
do  la  cathédrale,  est  le  bàiimentde  la  maîtrise  des 
enfants  de  chœur.  Si  l'on  en  croit  la  tradition  du 
pays,  l'existence  de  cet  édifice  remonterait  jusqu'au 
règne  de  Dagob.  rt,  el  l'on  s'auloiise  pour  lui  assi- 
gner celle  date  des  restes  d'un  escalier  que  l'on  sup- 
pose,  d'après  quelques  formes,  avoir   été  construit 
vers  le  vi^  ou  le  vii"  siècle  ;  cependant  un  examen 
plus  sévère  fait  reconnaître  que  les  sculptures  qui 
couvrent  les  poteaux  et  différentes  parties  ne  remon- 
tent guère  au  delà  du  xv  siècle.  —  Jadis  vis-à-vis 
du  grand  portail  de  l'église,  ou  voyait  une  fontaine 
élevée  en  1200  par  Thibault  III ,  comte  de  Brie  et 
de  Champagne,  qui  mourut  l'aniiée  suivante.  Ce  petit 
monument  consistait  eu  une  colonne  qui  supportait  une 
statue  de  la  sainte  Vierge  tenant  l'enfant  Jésus  dans 
ses  bras  ;  dans  de  petites  niches  placées  au-dessous 
on  avait  sculpté  l'elligie  des  saints  Eiienne,  Nicolas, 
Thibault,  Chrisioplie  et  Rémi,  considérés  comme  les  pa- 
trons de  la  ville.  Celle  fontainca  été  déiruiteonl'ilâ. 


L'Hôtel  Dieu  est  situé  au  couchant  de  la  même 
place;  l'ensemble  de  ses  bâtiments  ne  remplit  qn'im^ 
parfaitement  le  but  de  se  destin.ilion.  —  Il  avait  été 
construit  attenant  à  une  des  portes  de  la  ville,  ap- 
pelée d'abord  porte  dorée  et  qui  prit  ensuite  le  nom 
de  Saint-Melar  d'une  église  voisine  qui  était  sous 
l'invocation  de  ce  sainl.  Avant  1527,  la  porte  et  l'é- 
glise avaient  été  rasées.  —  L'hôpital  dut  sa  fonila- 
tion  à  la  munificence  d'un  grand    nombre  de   sei- 
gneurs du  voisinage,  parmi  lesquels  on  cite  particu- 
lièrement Ade,  vicomtesse  de  la  Ferté-sous-Jouarre, 
Barthélémy  deMontyon,  quelques  comtes  de  Brie  et 
de  Champagne,  elc,  Thibault  111  qui,  en  ratifiant, 
en  1199,  plusieurs  donations  de  ses  prédécesseurs, 
en   ajouta  de  nouvelles  que  leur  singularité    nous 
engage  à  rapporter  ici.  Ainsi  il  donna  entre  autres 
droits  celui  d'usage  dans  la  forêt  de  Mani  ;  deux 
muids  de  blé  par  an  ,  un  demi-setier  de  vin  aux 
quatre  fêles  annuelles  et  aux  jours  de  l'Epiphanie, 
du  mardi -gras  el  de  la  Saint-.Martin  ;  pareille  quan- 
tité par  jour,  lorsqu'il  séjournerait  à  Meaux  ,   avec 
six  deniers  et  la  moitié  des  meis  qui  resteraient  sur 
sa  table  ;  enlin  à  l'Ascension  et  à  la  Pentecôte  ,  un 
quartier  d'. agneau.  —  En  1214,  par  un  accord  passé 
entre  Thibault  IV,  roi  de  Navarre,  comte  de  Brie 
ei  de  Champagne,  et  Pierre  de  Cuisy,  évêque  de 
Meaux,  l'Hôtel- Dieu  de  Meaux  fut  donné  aux  reli- 
gieux, de  l'ordre  de  la  Saime-Tiinité  ,  en  stipulant 
toutefois  que  tous  les  biens  et  tous  les  revenus  qui 
y  étaient  atiaché»  seraient  affectés  aux  pauvres  et 
^  l'entretien  des  religieux,  sans  permettre  même 
qu'on  en  séparât  le  tiers,  sebm  l'usage  de  l'ordre, 
pour  l'employer  à  la  rédemption  des  captirs.  (  £  la- 
Inilaiio  majoiis  nosocomii  Meldcnsis.)  En  1520,  le 
parlement,  par  un  arrêl  rendu  sur  les  plaintes  de 
l'évêque  et  des  habitants  de  Meaux  ,  qui  accusaient 
les  triniiaires  d'une  conduite  scandaleuse  et  d'une  ex- 
cessive  dissipation  dans  le  temporel  de  rilôtel-Dieu, 
retira  des  mains  de  ces  religieux  l'administration  de 
la  maison  pour  la  confier  à  des  séculiers.  Cet  hôpi- 
tal est  maintenant  desservi  par  les  dames  de  la  con- 
grégation de  Saint-Augiisiin.  —  Au-dessous  de  cet 
édifice,  vers  l'ouest  se  trouvait  l'église  paroissiale  de 
Saint-Remi ,  l'une  des  plus  anciennes  paroisses  de 
Meaux.  On  prétend  que  sainl  Faron,  qui  occupait  le 
siège  épiscopal  en  6ii(j,  allait  souvent  faire  sa  priéie 
dans  cette  église.  Si  ce  lait  était  bien  constaté,  il 
témoignerait  de  l'antiquilé  de  cet  édifice.  —  En  12<J7, 
Blanche  ,  cointosse  de  Champagne,  obtint  des  cha- 
noines de  la  cathédrale  la  cure  de  Saini-Remi  p.iur 
la  réunir  a  l'Hôtel -Dieu  qui  avait  besoin  d'un  cime- 
tière et  de  fonts  baptismaux.  Les  chanoines  con- 
sentirent à  ce  changement,  à  la  condition  lonierois 
que  le  chapelain  de  rilôiel-Dieii ,  qui  devenait  par 
là  curé  de  Saint-Remi ,  recevrait  rinstitiiiion  des 
mains  de  l'évêque,  promettrait  fidélité  au  chapitre  et 
serait  tenu  de  faire  à  la  cathédrale  le  même  service 
que  tous  les  ciiiés  de  Saint-Remi  y  avaient  fait  jus- 
qu'alors ;  car  chaque  curé  de  la  ville  avait  dans  ces 


875  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


874 


temps  une  fonction  servile  à  la  caihédrale  ;  celle  du 
curé  de  Sa'nl-Renii  coiisislaii  à  sonner  les  cloolics. 
(Janvier,  Histoire  de  ileaui  et  du  diocèse.)  — L'église 
de  Saiiii-Renii,  ruinée  en  1447  par  les  Anglais,  re- 
bâtie par  les  libéralités  d'un  conseiller  au  cliàiclet , 
nommé  Gérand  Lecoq,  détruite  une  seconde  fois  en 
1590  pendant  les  (roubles  de  la  ligue,  fut  réédifiée 
en  1106  par  Jean  de  Vieupont,  évèque  de  Meaux. 
Elle  est  aujourd'hui  détruite  et  remplacée  par  des 
maisons  particulières.  —  Le  séminaire  consiste  en  un 
grand  bâtiment  moderne  formé  de  quatre  corps  de 
logis  parallèles  ;  il  est  situé  près  du  boulevard  qui 
sépare  le  faubouig  Saint-Remi  du  reste  de  la  ville. 
—  L'iiôtel  de  ville  a  été  rcieniment  construit;  ayant 
une  destination  spéciale,  cet  édifice  offre  tous  les 
avantages,  toutes  fes  commodités  que  l'on  peul-sou- 
liaiier;  son  aspect  a  quelque  chose  d'imposant,  quel- 
que chose  de  grandiose  bien  en  harmonie  avec  l'ini' 
poriance  de  la  cité  ;  senlement.  il  serait  désirable 
qu'il  commandât  une  plus  vaste  place.  L'ancienne 
maison  commune ,  placée  dans  une  autre  partie  de 
la  ville,  ollraii  bien  moins  de  magnificence;  con- 
struite en  1710  ,  elle  vient  d'être  démolie. 

En  1200,  Thibault,  lli<'  du  nom,  comte  de  Brie 
et  de  Champagne ,  bâtit  le  chàieau  de  Meaux.  Il  était 
situé  entre  la  ville  et  le  marché,  et  fut  séparé  de  ce 
dernier  p;ir  le  large  fossé  que  ce  seigneur  lit  creu- 
ser, et  qui  devint  depuis  le  lit  principal  de  la  Mar- 
ne ;  il  avait  sou  entrée  par  la  rue  de  la  Juiverie  ;  des 
fossés  en  environnaient  l'enceinte  que  circonscri- 
vaient de  massives  fortifications.  On  appela  ce  lieu 
le  Castel-Royal ,  puis  le  Chùtelet.  Le  présidial  y  fut 
ét;ibli  en  1551  ;  il  y  donna  ses  audiences,  ainsi  que 
le  bailliage  royal ,  jusqu'à  l'époque  de  la  révolution. 
Ses  fortifications  détruites,  ses  fossés  comblés,  for- 
ment des  rues  et  des  i  laces  publiques.  L'on  voyait 
encore  en  1778  les  ruines  de  son  ancienne  chapelle. 

L'eneeinle  de  la  ville  renfermait  encore  la  paroisse 
Saint-Christophe,  qui  datait  du  xf  siècle.  Les  guer- 
res l'ayant  ruinée,  le  roi  Charles  VI  ordonna  en  1590 
au  bailli  de  Meaux  de  faire  contribuer  les  habitants 
à  son  réiablissenienl ,  et  la  ville,  qui  avait  donné 
deux  cent  quarante  livres  pour  les  réparations  de 
la  cathédrale  ,  donna  encore  cent  francs  pour  aider 
à  rebâtir  Saint-Christophe.  Cette  église  est  aujour- 
d'hui détruite.  —  Les  juifs  ont  aussi  habité  Meaux  : 
on  appelle  juiverie  le  quartier  où  ils  résidaient.  Ce 
quartier  consiste  en  quelques  petites  rues.  Si  l'on 
s'en  rapporte  à  ce  qu'en  écrii  Pierre  Janvier  duns 
le  tome  G  de  sa  volun.iiieuse  et  ind  grste  compi- 
lation ,  les  Juifs  se  seraient  établis  i»  .Meaux  en  635, 
et  ils  en  auraient  été  chassés  ,  comme  de  beaucoup 
d'autres  villes  de  France,  en  llbi.—  En  16i8,  Hé- 
lène Boullé,  veuve  de  Samuel  Chaniplain,  lieutenant 
général  à  la  Nouvelle-France,  eut  l'idée  de  fonder  a 
Meaux  un  couvent  d'Ursulines  ;  elle  donna  pour  ce 
sujet  20,000  livres,  et  les  libéralités  d'auires  per- 
sonnes firent  monter  cette  somme  à  2'i. 000 ,  avec 
laquelle  on  acheta  quelques  héritages  situés  dans  le 
Dictionnaire  de  Géographie  eccl.  II. 


quartier  anciennement  habiié  par  les  juifs.  La  vill« 
concéda  une  ujaison  de  la  lue  Poiievine,  qui  servait 
jadis  de  collège  ;  les  chapelains  de  la  cathédrale  et 
l'abbé  de  Chage  abandonnèrent  les  droiis  qu'ils 
avaient  sur  cette  maison,  et  les  religieuses  arrivèrent 
à  Meaux  Ie21  mars  1648.  La  londairice  fit  prifession, 
dans  ce  couvent,  au  mois  d'août  suivant.  En  jetant 
les  fondements  de  la  maison,  on  trouva  quantité  d« 
sépultures  de  juifs,  et  l'on  remarqua  qu'ils  avaient 
chacun  une  pierre  sous  la  téie  pour  leur  servir  de 
chevet.  Le  cidiége  communal  occupe  aujourd'hui  les 
anciens  bâtiments  de  ce  couvent.  — A  leur  sortie  de 
rilolel-Dieu  ,  les  Trinitaires  se  bâtirent  un  couvent 
prés  de  la  paroisse  de  Saint-Remi,  au  de  à  du  bou- 
levard ,  sur  le  bord  de  la  roule  de  Paris.  L'éghse  ne 
fut  achevée  qu'en  1553  ,  et  l'évêque  de  Russie  en  fit 
la  dédicace  la  même  année.  —  Sur  la  rive  droite  de 
la  Marne,  hors  de  la  ville  et  vers  la  commune  de 
Villenoy,  se  trouvait  encore  une  maison  nommée 
Venise  qui  était  destinée  à  loger  les  pestiférés  d^ins 
les  temps  de  contagion.  Démolie  en  1589,  pendant 
les  guerres  de  la  ligue,  elle  fut  rétablie  en  1390  à 
l'occasion  de  la  peste  qui  lavagea  la  ville.  —  Fran- 
çoise Simon ,  veuve  d'un  receveur  des  tailles ,  fonda, 
en  1031,  dans  le  faubourg  de  Chage  ,  un  couvent  de 
dames  religieuses  de  la  Visitation.  Ce  couvent,  vendu 
comme  propriété  nationale  à  l'époque  de  la  révolu- 
tion ,  forme  aujourd'hui  des  maisons  particulières. 

On  prétend,  comme  nous  l'avons  dit,  que  la  cathé- 
drale de  Meaux  fut  d'abord  érigée  dans  ce  méma 
faubourg  de  Chage,  au  lieu  où  existait  auparavant  un 
.•luiphiihéàtre  destiné  aux  spectacles  publics.  Ruiné 
par  les  Normands  dans  leurs  invasions  successives  , 
tout  l'édifice  ne  consista  plus  que  dans  une  chapelle 
dédiée  à  la  Vierge,  qui  fut  ensuite  élevée  à  la  di- 
gnité de  paroisse.  En  1135,  le  chapitre  de  la  cathé- 
drale de  Meaux  fonda  dans  cette  paroisse  une 
abbaye  de  chanoines  réguliers  de  la  congrégation  de 
Sainte-Geneviève,  et  l'église  prit  ie  nom  de  paroisse 
et  d'abbaye  de  Chage.  Construite  sur  un  vaste  plan, 
celte  maison  éprouva  diverses  vicissitudes  par  l'effet 
des  guerres  dont  Meaux  a  souvent  été  le  théâtre, 
tlle  fut,  en  1594,  en  partie  détruite  ;  on  l'a  réparée 
depuis  :  mais,  à  l'époijuc  de  la  révolution,  on  sup- 
prima l'église  ainsi  qu'une  partie  du  monastère;  le 
resie  forme  aujourd'hui  un  couvent  de  dames  de  la 
Visitation.  —  En  1475,  le  pape  Sixte  IV  concéda  à 
l'abbé  de  Chage  le  droit  de  porter  la  crosse  et  la  mi- 
tre comme  les  évéques.  —  Vers  l'an  660  ,  saint  Fa- 
ron,  étant  comte  et  évèque  de  Meaux ,  établit  au  nord 
de  la  ville  un  moi:astére  dont  l'église  fut  consacrée 
sous  le  nom  de  Sainte-Croix.  Les  religieux  suivirent 
d'abord  la  régie  de  saint  Coloinban,  mais  le  saint 
évèque  ayant  été  enterré  dans  celle  abbaye,  et  un 
immense  concours  de  peuple  venant  visiter  son 
tombeau,  l'abbaye  prit  alors  le  nom  de  son  fonda- 
teur. Lu  grand  nombre  de  .-eigneurs,  parmi  lesquels 
ou  ciie  Hugues  d'Oisy,  vicomte  de  Meaux,  Raoul  I^', 
comie  de  Vermandois,  Thibault  de  Créuy,  Hugues, 

28 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


873 

seigneur  de  Lisy,  Jean  de  Chàiillon,  Guy  de  Gar- 
Jande,  Tliiluult,  coiiile  de  Brii',  Aiplionse,  cimile  de 
Poitiers,  Gauclier  de  Cliàiilloii,  fireiii  du  bien  à 
celle  uiai^ou  doni  ils  irirent  l'habit.  —  Le  célèbre 
Oger,  :ippelé  aussi  Olger  el  Aiilcaire,  célèbre  dans 
<:S  anciens  imnaiis  sous  le  nom  de  bnuois,  el  qui,  si 
1  on  en  croit  le-^  hisinriens,  rendit  de  grands  services 
[{  Cliarleinagne,  el  fut  estimé  et  cliéri  du  prince  et 
de  toute  sa  cour,  louclié  de  la  vertu  des  religieux  de 
sailli  Farnn,  abandonna  sa  brillante  destinée  pour 
venir,  avec  un  de  ses  amis,  nommé  Benoit ,  p.iriager 
les  atistér  lés  du  cloiire  où  ils  n  oururenl  l'un  et  I  au- 
tre dans  leiï"  siècle  avec  les  plus  grands  seniimenls 
de  piété.— En  139e,  t!eno!i  XIII  accorda  a  \\<\>hé  de 
saint  Faron  le  d  "il  de  (iorler  la  crusse  el  la  mitre. 
—  Dans  les  irnubles  qui  .igiièreni  la  ville  de  .Meaux , 
l'alibaye  et  l'église  Saini-Faron  furent  désolées  plu- 
sieurs foi*.  Cl  lie  dernière  a  été  rehénite  en  dernier 
lieu,  en  1758.  Tout  est  mainleuanl  détruit  cl  forme 
des  habitations  p  ulculières.  L'abbaye  de  Saint- 
Faron  avaii  son  liésnr  el  sa  b.blioihéque  qui  font 
aujiiurd'liui  p.iriie  de  la  biblidlliè^ue  de  la  ville. — 
Au  conimemeinent  du  xvii»  siècle,  les  capucins  se 
fixèrent  à  Meaux,  dans  le  voisinage  de  l'abbaye  de 
Saint-Faron,  et  ce  fut  même  cette  abbaye  qui  con- 
tribua la  première  à  leur  éiablissemeni.  51.  Devieu- 
pont  acheta  de  ses  propres  deniers  les  resies  de 
l'aiicicn  château  de  La  Muetie,  doni  on  fait  remonter 
rexiîtence  jusqu'aux  premiers  temps  de  la  ville  de 
Meaux,  sans  pouvoir  loulelois  en  donner  la  preuve  ; 
et  des  démolitlcns  des  massives  fond  liions  de  ce 
dernier  on  tira  les  p'eires  nécessaires  à  la  construc- 
tion du  couvent.  Il  fut  .«npprimé,  comme  lnus  les  or- 
dre>  nionasli  |ues,  en  1700. — La  paroisse  de  Saint- 
Thibault  était  aiilrefois  dans  l'église  Sainl-Faron 
même;  on  l'appelait  Saint  Pierre  dans  l'Enclos,  et 
loogt /nips  les  religieux  de  ce  monastère  la  desservi- 
rent. Dans  la  suite  des  temps,  pour  honorer  sans 
doute  les  comtes  de  Brie  el  de  Clianipagne,  on  lui 
donna  le  nom  de  Saint-Tliibaiilt  ;  et,  comme  les  re- 
ligieux se  triiuvaieui  incommodés  d'avoir  cette  pa- 
roisse dans  leur  abbaye,  ils  la  transférèreni  près  de 
là  dans  leur  grange  dimeresse  ;  c'est  l'etnpIaciMnent 
qu'elle  occupe  encore  {Histoire  du  diocèse  (te  Meaux), 
Elle  sert  inaiuii'naiit  de  temple  aux  calvinistes  qui  y 
exerci'nt  paisiblement  leur  culte. 

Entre  la  ville  et  le  faubourg  Saint-Nicolas  on  \oil 
l'arc  de  triomphe  apiielé  porte  Saint-Nicolas.  Elevé 
à  l'exil éiiiiié  d'une  belle  esplanade  bordée  d'arîres  , 
ce  i!ii>iiume!it  a  quelque  chose  de  fort  gracieux.  On 
apiielail  le  plateau  l'espace  qui  est  au  devant  de  celle 
porte  ;  il  él;iil  obstrué  par  une  bulte  énorme  qui  avait 
le  nom  de  iîutie  des  CordeliiTs.  M.  de  Tillière, 
maire  de  Meaux,  la  fit  aplanir  en  1767. 

La  légende  rapporte  que,  sous  le  règne  de  Cliildé- 
ric,  père  de  Clodovech,  il  y  avait  à  Meaux  une  jeune 
personne  recominandable  par  sa  beauté,  pir  sa  no- 
blesse autant  que  par  ses  vertus  :  Céline  était  son 
DOin  ;  accordée  à  un  jeune  homme  du  lieu ,  elle  al- 


876 

lait  s'engager  sous  les  lois  de  l'hymen,  lorsque 
saillie  Geneviève  vint  dans  la  ville.  La  grande  répu- 
laiiim  dont  jnui:-sail  la  sainie  eul  bienlôl  gagné  la 
Cnnfianie  de  Céline  ;  celle-ci  lui  découvrit  tous  les 
moiivemenis  de  sou  cœur,  son  clnigiienn'nl  d<i  ma- 
riage et  son  ardent  désir  de  se  consacrer  uni>|uenient 
à  Dieu.  Geneviève  l'encouragea  dans  cette  pieuse 
résolution  ;  mais  le  fiancé  aicourut,  la  rage  dans  le 
cœur,  pour  l  rer  vengeance  de  l'.iffr.  ni  qu'il  croyait 
avoir  reçu.  Persuadées  qu'il  y  avait  lout  à  redoiuer 
d'un  homme  que  transportaient  les  fureurs  d'uo 
amour  méprisé,  les  deux  saintes  femmes  clieichè- 
renl  un  asile  contre  ses  persécutions.  Elles  le  tron- 
vèrent  dans  l'église,  dimi  la  porte  du  baptistère  s'ou- 
vrit miraaileiisfiiieiit  devant  elles.  Céline  prit  le 
voile  sacré  des  mains  de  Geneviève  el  passa  le 
reste  de  ses  jours  dans  l'abstinence  et  la  chariié. 
Ce  qu'il  y  a  de  ceriain,  c'est  que  la  sainie  ayant 
été  enterrée,  selon  l'usage,  ho;s  de  la  ville,  les  fidè- 
les érigcreiil  sur  son  tombeau  une  chapelle  qui  de- 
vint bienlôl  une  abbaye  considérable  ;  mais  les  re- 
ligieux qui,  avant  le  x^  »iè(le,  étaient  au  nombre,  de 
plus  de  snixauie,  furent  réduits  à  un  seul  par  la 
succession  des  temps  et  la  mauvaise  administration 
du  temporel  de  la  niaisun.  En  I0'J6,  l'abbaye  de 
Sainie-Céline  netaii  plus  qu'un  prieuré  dépendant 
deMarinoutier.  Depuis  il  a  subi  le  son  de  tous  les  au- 
tres établissements  nioiiaslii|ues;  il  fut  détruit  à  l'é- 
poque de  la  révolution  de  1789. 

Les  Cordeliers  vinrent  à  Meaux  dans  la  première 
moitié  du  xiii*  siècle  ;  ils  édifièrent  leur  couvent 
sur  un  fonds  situé  au  faubourg  Saint-Nicolas  que 
Jean  Rose,  licbe  bourgeois  de  la  ville,  donna  pour 
cet  objet.  Blanche,  fille  de  saint  Louis,  bàiil  leur 
église,  leur  dortoir  el  leur  eloilre.  Ruiné  dans  les 
guerres  civiles  de  la  fin  du  xvi«  siècle,  ce  couvent 
avait  été  entièrement  réparé,  lorsqu'en  1789  il  ser- 
vit à  logiT  les  bureaux  ei  l'aduiinistration  du  dis- 
trict. Aujourd'hui,  l'église  est  un  magasin  de  réserve 
pour  la  ville  de  Paris,  ei,  comme  une  partie  des  res- 
tes du  cloître  appartient  à  la  commune  de  Meaux, 
on  y  a  placé  la  bibliothèque  publique,  composée 
d'environ  dis  mille  volumes  da:  s  lesquels  se  trou- 
vent quelques  ouvrages  précieux.  Ce  local  renferme 
encore  la  gendarmerie  el  les  écoles  primaires  diri- 
gées par  des  fières  de  la  doctrine  cbréiienoe  qui  se 
fixèrent  à  Meaux  par  les  soins  du  cardinal  de  Bissy, 
en  1729,  el  qui,  supprimés  en  93,  furent  rétablis  en 
1803.  —  Vers  le  milieu  du  xii*  siècle,  on  érigea 
dans  la  paroisse  de  Saini-l'atus,  canton  de  Danimar- 
tiii,  une  abbaye  de  Bénédictines  sous  le  nom  de 
Noêl'ort.  Par  suite  des  craintes  que  pouvaient  cor  - 
cevoir  les  religieuses  pour  leur  si^reté  personnel-j 
dans  un  monasiére  en  pleine  campagne,  au  milieu 
des  troubles  civils,  on  transféra  cette  maison  dans 
le  faubourg  Saiiit-Nicolas  de  la  ville  épiscopale  : 
cette  translation  eul  lieu  en  1629.  Noéf  irt  subit  le 
sort  des  autres  couvents  :  il  fut  supprimé  en  1789. 
Son  local  sert  aujourd'hui  de  magasin  militaire.  — 


877  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


87« 


En  l'an  1667,  on  avait  commencé  à  former  au  fau- 
bourg Saint-Nicolas  l'hôpital  général  qui  ilul  son 
existence  aux  hieuriils  de  M.  Deligny,  évoque  de 
Mt-aiiK,  et  de  plusieurs  citoyens  île  celle  \ille.  il 
reiilernie  siujnurd'liui  ceni  vieillards  ei  cent  ea- 
/anis  nriilieliiis.  Les  lettres  palenies,  déiivrée^i  par 
Louis  XIV  pour  rétublisçemeni  de  cette  maison, 
renrerment  ce^  cUuses  singuiièreà  :  i  Voulons  aussi 
que  tous  les  officiers,  avocats,  procureurs,  notaires, 
tergens  et  autres  qui  doivent  serment  à  {u.-'iice,dans 
l'éteniliie  du  baillage  de  Meaiix  ;  les  compagnons  de 
métiers  et  aspiraos  aux  maîtrises  et  les  maîtres  ju- 
rés, lors  des  élections  à  la  jurande,  fassent  avant 
leur  réception  quelques  aumônes  audit.  Iiospiial-gé- 
néral;  et  seront  exiiorlés  les  curés  et  notaires  qui 
recevront  des  lestamens  de  faire  souvenir  les  lesta- 
leiirs  de  (aire  part  de  leurs  cliarilés  audit  hospi- 
tal,  etc.,  etc.  i  Par  les  roénics  patentes,  l'iiôpiial 
général  avait  le  monopole  de  la  tenture  des  églises 
de  la  ville  iioor  les  funérailles,  le  soin  de  fournir 
les  pauvres  <|)ii  devaient  poner  les  torches  auv  en- 
terrements ;  il  était  de  plu-  afTraiicLii  de  tous  snb- 
fides,  inipOMiion<,  droits  d'entrée,  billelles,  roulu- 
mes,  oi'irois  lie  ville,  gardes,  fonilications,  répara- 
lii'ns  et  de  tome-  taxes  généraliMnent  quelconques. 
•—  L'ariciennt^  église  par"issiale  de  Saint-Nicolas 
forme  aujourd'hui  une  succursale.  Cette  église  et  la 
calliédraie  sont  les  d<  iix  seuls  édificts  puMics  où 
l'on  célèbre  le  eidie  catholique;  elles  reni|dacent 
les  sept  anciennes  paroisses. 

La  ma  adrerie  ,  dédiée  sons  le  nom  de  Saint-La- 
zare ,  qui  servait  à  recevoir  les  lépreux,  et  dont  la 
fondation  remonte  au  commencement  du  \ii' siècle, 
él:>i'  située  à  l'exlrémiié  du  faubourg  Sainl-Nicol.is. 
Elle  fut  réunie  à  l'Hôtel  Dieu  de  Mcaux  en  l'>42. 

La  partie  de  la  ville  située  au  sud  de  la  Marne, 
que  l'on  appelle  le  Marché  ,  fui  bàiie  par  Thib mit 
III,  coinie  lie  Brie  ;  elle  devint  une  fonere-se  i  onsi- 
dérable  q:ii  conimandait  la  ville  ;  mais,  eo  1567,  les 
lurtificaiiuiis  en  fiireot  entièrement  détruites  et  les 
fossés  comblés  par  ïuite  des  représentations  que  fi- 
rent les  prévôu  des  marchands  et  échevins  de  Pa- 
ris, que  les  inaiires  de  ce  château  pouvaient  à  vo- 
lonté affamer  la  capitale.  Des  décombres  de  ces  dé- 
molitions on  a  formé  une  longue  butte  qui,  plantée 
d'arbres  dans  le  siècle  dernier,  est  une  des  plus 
agréables  promenades  des  environs  de  Meaux  ;  ce 
qui  lui  a  valu  le  nom  de  Bellevue  sous  lequel  on  la 
désigne.  —  Le  Grand-Marché  faisait,  pour  ainsi  dire, 
Une  ville  à  pan;  les  habitants  n'étaient  tenus  â  faire 
ni  guet  Di  garde  dans  la  ville,  et  ceux  de  la  ville 
n'étaient  obligéi  à  nen  pour  le  marché.  Chacun  de 
ces  deux  quartiers  avait  sa  police  et  ses  officiers  in- 
dépendanis  les  uns  des  autres  ;  il  y  eut  même  long- 
temps séparation  des  deniers  communs ,  ce  qui  dura 
ju-qu'en  1515  (Diiplessis,  flisfoiie  ecclésiaslUiue  de 
Meaux).  —  Le  marché,  comme  le  reste  de  la  ville  , 
■«•eiifermaii  un  grand  nombre  d'édilices  religieux  ou 
hospitaliers;  c'étaient  :  1"  la  paroisse  Saini-Sainlin, 


monument  qui  datait  du  ix"  siècle,  simple  oratoire 
d'abord  ,  que  l'on  érijfca  sur  le  tombeau  de  ce  saint 
évèque  ;  les  dons  des  liilèles  en  fiient  bien  ôi  una 
abbaye  qui  devint  dans  la  suite  une  égl  se  collégial» 
et  paroissiale,  avec  son  chapitre,  ses  piébcmles  » 
ses  dignités.  Elle  est  acluelleme^a  déirnite  ;  2°  la 
paroisse  Sainl-Ceimain  de  Cornilloii  ,  qui  fui  sup- 
priiiée  en  i:26  par  le  cardinal  de  Bissy,  et  dont  le* 
habitants  furent  partagés  entre  la  paroisse  Saint- 
Snintin  et  celle  de  Aanieuil-lez-Meanx  ;  5°  leglis» 
Saint-Martin  ,  (ondée  avant  le  x^  siècle  ,  et  que  la 
curé  abandonna  en  1S6I  aux  calvinistes  pour  y  célé- 
brer leur  culte  ;  mais  qui  fut  peu  de  temps  après 
rendue  aux  caihidiques  ;  4°  le  prieuré  de  Saint- 
Pierre  de  Cornillon  ,  ancienne  abbaye  de  Bénédic- 
tins ,  réduite  par  les  guerres  à  l'étal  de  prieuré  ; 
5°  Saini-Rigomer  qui,  dès  le  xi»  siècle  ,  était  égale- 
menl  une  église  abbatiale  ,  et  devint  un  prieuré 
simple.—  En  123i,  Jean  de  Courlandnn  fonda 
près  de  Fîmes  ,  diocèse  de  Reims,  sous  le  nom 
d'Ormont,  une  abbaye  de  filles  de  l'urlre  de  Ciieaux, 
que  l'on  transféra,  en  16i6  ,  au  Grand-Marché  dà 
Meaux  pour  soustnire  les  religieuses  aux  horreur» 
delà  (.ueire.  Les  bâtiments  de  ce  monastère  for- 
nient  aujourd'imi  un  très-beau  quarlier  de  cavalerie. 
—  Avant  Tan  1100,  on  avait  établi  au  lien  dit  Ter- 
faii,  près  du  faubourg  de  Cornillon,  un  petit  hôpital 
qui  fui  poité  ,  en  1200,  au  Grand  Manhé,  dans  une 
place  que  des  particuliers  de  cette  (artie  de  la  ville 
achetèrent  de  leurs  propres  deniers.  Les  revenus  da 
cet  hospice  ont  été,  en  1096.  par  éd  t  du  roi, 
joints  à  ceux  du  grand  Hôtel-Dieu ,  et  il  ne  resta 
plus  dans  ce  lieu  qu'une  chapelle  qui  subsista  jus- 
qu'à la  révolution.  —  En  fais;int  de-  fouilles  pour 
établir  un  chemin  près  le  Puthuis  de  Chage,  on 
trouva,  en  1591,  les  restes  d'une  ancienne  halle  à  la 
construction  de  liquelleon  ne  peut  assigner  de  data 
certaine.  Depuis  on  en  avait  élevé  une  autre  au  mi- 
lieu de  la  place  du  marché ,  où  l'on  vendait,  dit-on, 
les  draps  que  l'on  fabriquait  à  Meaux  ;  elle  fut  rui- 
née par  la  guerre;  mais,  en  177-2,  la  Marihonie  de 
Caussade,  alors  évèque  de  Meaux,  el  madame  de 
Lannion,  qui  él.dl  vicomtesse  de  cette  ville  ,  firent 
ériger  celle  qui  existe  aujourd'hui. 

Avant  la  révolution,  Meaux  était  le  siège  d'un  goii- 
veriieinent  particulier,  d'un  présidial,  d'un  bailliage 
civil  régi  par  une  coutume  particulière  rédigée  en 
4509,  et  enfin  d'un  bailliage  critninel  qui  ressorlis- 
saient  au  parlement  de  Paris  et  auxquels  un  édii  da 
17-49  avait  réuni  la  prévôté;  d'une  police,  d'une  ma- 
réchaussée, d'une  élection,  d'ungrenii:r  à  sel  et  d'une 
snbdélégalion.  Aujourd'hui,  cette  ville  est  le  chef- 
lieu  d'une  sous-préfecture,  le  sié^e  d'un  tribunal 
civil  de  première  instance,  d'un  tribunal  de  commer- 
ce, d'une  justice  de  paix,  la  résidence  d'un  lieute* 
nant  el  d'une  brigade  de  gendarmerie.  La  ville  de 
Meaux  renferme  aussi  une  société  savante  sous  la 
nom  de  société  d'agriculture,  sciences  et  arts,  etc., 
la  première  qui  se  soit  établie  dans  le  déparleiueiU* 


tù 


DICTiOiSNAlRb  DE  GKOGRAPHlK  ECCLESIASTIQUE. 


•i^Meanx  esi  traversé  dans  son  plus  grand  diamètre 
par  la  route  de  Paris  en  Allemagne;  les  rues  prin- 
cipales sont  bordées  de  belles  maisons,  de  boutiques 
élégantes;  cependant  on  renconlte  encore  des  restes 
■  d'anciennes  fortilicaiions  avec  leurs  tours  du  moyen 
âge,  mais  chaque  jour  des  conslruciions  nouvelles 
s'élèvent  à  la  place  des  vieux  'remparts.  Leurs  larges 
fossés  comblés  offrent  maintenant  un  boulevard 
plante  de  plusieurs  rangées  d'arbres  qui  environnent 
la  viile  d'une  ceinture  majestueuse;  tandis  qu'une 
population  de  plus  de  8000  âmes  donne  à  la  ville 
un  aspect  animé  que  n'ont  point  les  autres  cités  du 
département.  —  Il  se  tient  à  Meaux,  le  mercredi  et 
le  samedi  de  chaque  semaine,  un  marché  abondara- 
nietit  pourvu  de  denrées  et  de  grains.  En  1576  les 
habitants  obtinrent  du  roi  que  ce  marché  serait 
fianc  tous  les  premiers  samedis  de  chaque  mois.  On 
trouve  à  Meaux  des  tanneries,  des  fabriques  d'in- 
diennes, de  calicots,  de  salpêtre,  de  colle  forte  et  de 
Vinaigre. 

Le  canal  de  l'Ourcq  borde  la  ville  dans  sa  partie 
seyiienti  ionale,  et  le  chemin  de  fer  de  Paris  à  Stras- 
bourg s'ajoute  à  cette  voie  d<i  communication.  Meaux 
est  à  40  kil.  est  de  la  première  de  ces  villes  et  à  48 
kil.  nord  de  Meliin.  Son  commerce  consiste  surtout 
en  grains,  enfarinés,  produits  de  ses  nombreux  mou- 
lins, et  en  fromages  dits  de  Brie  ;  son  territoire, 
irès-fertile,  rapporte  beaucoup  de  blé. 
■  Vrbs  Melodutmisis ,  Melun  ,  ville  du  diocèse  de 
Meaux  ,  cliet-lieu  de  préfecture  du  déiiarlement  de 
Seine-et-Marne  ,  siège  de  la  cour  d'assises ,  d'un 
tribunal  de  première  instance ,  de  deux  justices  de 
paix  ;  ré^idence  d'une  direction  des  domaines  ,  des 
contributions  directes  et  des  contributions  indirectes, 
d'un  commandant  et  de  deux  brigades  de  gendarme- 
rie, elle  est  située  à  40  kil.  sud-est  de  Paris  sur  la 
Seine  qui  la  partage  en  trois  parties  inégales.  Tra- 
versée dans  un  sens  différent  par  les  deux  routes  de 
Genève  et  d'Italie  par  le  Siuiplon ,  elle  est  bâtie  du 
nord  à  l'est  sur  les  penchants  des  coteaux  qui  bordent 
la  rive  droite  du  fleuve  et  s'étend  du  sud  à  l'ouest 
dans  une  plaine  découverte  qui  laisse  apercevoir  la 
forêt  de  Fontainebleau  dans  le  lointain.  —  Cette 
ville  est  appelée  par  César  Mutodunum,  dans  l'itiné- 
raire d'Anlonin  Metlieium  et  dans  d'autres  Chartres 
DU  par  d'anciens  historiens,  Mitidtuwm,  Meledmiunif 
Hetdmutin,  Melodunum,  Metledmi,  militanuincastrum, 
i-aalrum  miliionem,  sans  ([ue  l'on  puisse  donner  une 
étyniologie  plausible  de  ces  différents  noms. 

L'oi  igine  de  la  ville  de  Melun  remonte  à  une  haute 
antiquité;  mais  nous  n'avons  rien  de  précis  sur  la 
date  de  sa  fondatioi;,ni  sur  son  état  piimitif;  en  effet, 
s'il  est  absurde  d'admettre  qu'une  reine  d'Egypte, 
nommée  lo,  déiliéc  depuis  sous  le  nom  d'Isis,  et  qai 
était  la  contemporaine  du  patriarche  Abiaham,  se 
goit  arrêtée  dans  l'île  que  la  Seine  forme  à  cet  en- 

(f)  Cœs.,  Comm.  de  Bello  gallico ,  lib.  vu. 
(2)  .\o(i(ifl  proiiiuiarum  et  civ.  Galliœ,  Sirmund., 
toni.  1. 


880 

droit ,  et  y  ail  jeté  les  premiers  fondements  de  la 
ville,  il  n'est  pas  mieux  constaté  que  Melun  se  soil 
d'abord  appelé  Isis;  que  les  habitants  par  reconnais- 
sance aient  voué  un  culte  à  cette  déesse;  que  Paris, 
bâti  plus  de  mille  ans  après,  l'ait  été  sur  son  modèle 
et  qu'il  en  ait  tiré  son  nom;  enfin  qu'elle  soit  deve- 
nue, dès  le  principe,  une  ville  considérable  puisque 
cette  tradition  n'est  appuyée  sur  le  témoignage 
d'aucun  auteur  digne  de  foi ,  mais  setdemeni  sur  des 
bruits  populaires  recueillis  par  quelques  écrivains 
du  moyen  âge  et  notamment  par  Jacques  Magny, 
moine  espagnol ,  confesseur  des  rois  Charles  VI  et 
Charles  Vil,  qui  vivait  à  la  fin  du  xiv«  et  au  commeii- 
cement  du  xv^  siècle.  Ce  qu'il  y  a  de  positif,  c'est 
que  lorsque  Labienus,  lieutenant  de  César,  en  lit  la 
conquête  l'an  7(!0  de  Rome,  52  ans  avant  notre  ère, 
cette  ville  appartenait  aux  Senonais  (1);  qu'elle  de- 
vait son  importance  à  sa  position  sur  le  fleuve,  plus 
qu'à  sa  population  et  à  son  étendue;  qu'elle  était 
inférieure  sous  tous  les  rapports  à  Paris;  qu'elle  n'a 
jamais  été  la  capitale  d'un  peuple,  et  que  ,  lorsque, 
sous  l'empire  d'Auguste ,  la  Gaule  fut  divisée  en 
provinces,  elle  ne  fut  même  point  élue  pour  être  le 
chef-lieu  d'une  cité  (i);  qu'enfin,  dans  le  vi'  siècle, 
elle  n'était  encore  qu'une  simple  position  militaire  , 
puisque  Grégoire  de  Tours,  auteur  contemporain,  ne 
la  qualifie  jamais  des  titres  d'ur6s  ou  d'oppidum,  mais 
seulement  de  celui  de  castrum.  —  Comme  on  suppo- 
sait que  la  déesse  Isis  avait  été  l'objet  du  culte  des 
premiers  habitants  de  Melun,  un  chercha  s'il  n'exis- 
tait pas  des  vestiges  de  quelque  édifice  consacré  à 
cet  usage,  et  l'on  pensa  les  avoir  trouvés  dans  les 
restes  d'un  bâtiment  carré-long  que  l'on  voit  dans 
l'ile  près  de  l'église  Notre-Dame;  mais,  en  examinant 
ces  l'uines ,  on  peut  facilement  se  convaincre  que  ce 
bâtiment  ne  remontait  pas  au  delà  du  x°  siècle  ;  que 
ce  n'était  pas  un  temple,  mais  une  grande  salle  qui 
servait  de  lien  d'assemblée  aux  chanoines  de  Notre- 
Dame  ,  ou  peut-être  une  ancienne  chapelle  que  les 
vicomtes  de  Melun  bâtirent  en  iâl6,  et  qui  tomba 
faute  d'entretien  (3).  —  Longtemps  toute  la  ville  de 
Melun  ne  consista  que  dans  l'étendue  de  l'ile  que 
depuis  on  nomma  la  Cité.  Dans  la  suite,  des  habita- 
tions s'élevèrent  sur  les  deux  rives  opposées  de  la 
Seine;  on  y  construisit  des  édifices  religieux,  et 
leurs  populations  s'augmentèrent  rapidement;  mais 
ces  nouveaux  habitants  ne  jouirent  que  tardivement 
des  privilèges  et  des  immunités  des  villes,  pui~qie 
dans  le  xiii"  siècle  ils  étaient  encore  esclaves,  lisca- 
lins  et  mortaillables. 

Melun  se  compose  maintenant  de  l'ile  ou  cité,  du 
quartier  Saint-Ambroise,  au  sud,  et,  aunoid.du 
quartier  Sainl-Aspais  qui  est  la  portion  la  plus  coh- 
sidérable  de  la  ville.  La  Seine  sépare  ces  difforentes 
parties  qui  communiquent  entre  elles  par  deux  ponts 
de  pierre   établis  sur  le  fleuve. 

(5)  Séb.  Rouillard,  Hisioiie  de  Melun.  —  D.  Mo- 
riii,  Ui6!vire  du  Câlinais. 


881 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENOKS  AU  MOYEN  AGE.  RS2 


Dès  les  premiers  lemps  de  la  rnonarclile,  la  ville 
de  Meluii  eul  des  comtes  pariiculiers.  Ces  lilres  alors 
n'éiaieiil  point  liérédiiaires  comme  ils  le  devinrent 
par  la  siiiie,  et  le  souverain  les  accordait  pour  ré- 
compenser les  services  qu'on  rendait  à  l'Eiat  on  à  sa 
personne.  C'est  ainsi  que  Clovis  fit  Anrélien  comte 
ou  duc  de  Melun  ,  parce  qu'il  avait  été  le  principal 
instrument  de  son  mariage  avec  la  princesse  Clmilde. 
Plusieurs  autres  ont  porté  le  tiire  de  comtes  de  Me- 
lun jusqu'à  l'époque  où  les  vicomtes  le  possédèrent 
comme  (ief  héréditaire.  —  Le  premier  vicomte  licré- 
ditairede  Mi.'lun,  dont  il  est  question  dans  l'histoire, 
est  Josselin  ou  Goscelin,  premier  du  nom.  Il  était  un 
•des  plus  grands  seigneurs  de  la  cour  des  rois  Hugues 
Capet  et  Robert.  Ayant  pris  l'habit  religieux  au  mo- 
nastère de  Saini-Maur-des-Fossés  ,  il  y  mourut  en 
mars  998. 

Avant  la  révolution,  Melun  était  le  siège  d'un  gou- 
vernement particulier,  d'un  bailliage  et  d'un  présidial 
régis  par  unecoulume  particulière;  d'une  sénécliaus- 
sce,  d'une  prévôté ,  d'une  élection  de  la  généralité 
de  Paris  ,  d'un  grenier  à  sel  et  d'une  gendarmerie 
qui  jugeait  prévôtalement. — On  y  comptait  cinq 
paroisses,  une  collégiale,  une  abbaye  et  cinq  monas- 
tères. De  tous  ces  édifices  religieux,  il  ne  reste  plus 
que  deux  églises  consacrées  au  culte  :  les  autres  ont 
été  détruits  ou  hien  ont  changé  de  destination.  — 
Le  château  de  Melun,  l'un  des  plus  anciens  monu- 
ments de  cette  ville,  siiué  dans  la  partie  occidentale 
de  l'ile  ,  lut  pendant  longtemps  l'habitation  des  vi- 
comtes de  Melun  ;  et  plusieurs  rois  de  France  ne 
dédaignèrent  point  de  l'occuper  et  d'en  faire  leur 
maison  de  plaisance.  Cependant,  dès  le  règne  de 
Charles  IX ,  il  ne  servait  déjà  plus  qu'à  loger  des 
prisonniers.  Il  a  été  entièrement  démoli  vers  1740 
et  remplacé  par  des  habitations  particulières.  —  II 
n'y  a  pas  encore  longtemps  que  l'on  voyait  dans  l'île 
une  grosse  tour  dont  un  attribuait  la  construction 
à  Jules  César,  tandis  que  quelques-uns  en  faisaient 
honneur  à  Chilpéric;  mais,  en  examinant  l'architec- 
lure  de  cet  édifice  ,  on  pnnvait  facilement  se  con- 
vaincre qu'il  datait  seulement  du  moyen  âge  et  qu'il 
n'était  que  les  restes  d'une  ancienne  forteresse  éle- 
vée dans  l'intention  d'arrêier  les  excursions  des 
peuples  du  Nord. 

Pè>  le  premier  siècle  ,  Melun  et  tout  le  Sénonais 
avaient  reçu  les  lumières  de  la  foi  ;  cependant  ce  ne 
fut  que  versr;in  214,  lorsque  les  persécutions  eurent 
cessé,  que  les  chrétiens  élevèrent,  à  la  pointe  orien- 
tale de  l'ile,  un  petit  temple  sous  l'invocation  de 
Saint-Laurent.  — Chilpéric,  père  de  Clovis,  donna, 
l'an  171,  une  chartre  pour  établir  près  de  ce  lieu  un 
cimetière  dans  lequel  seraient  séparément  enterrés 
les  chrétiens  et  les  païens  :  c'est  ce  que  l'on  appelle 
auj"urd'hni  la  Courtille.  —  Clovis,  devenu  chrétien, 
jeta  les  premiers  fondements  de  l'église  Notre-Dame 
au  devant  de  la  petite  chapelle  Saint-Laurent  : 
Cliarlemagne  y  ajouta  de  nouvelles  constructions  ; 

(1)  P.  Morin,  Histoire  du  Gâtinais. 


mais  cette  église  ne  fut  terminée  et  mi^e  dans  l'état 
où  noii'i  la  viiyons  aujourd'hui  que  sous  le  règne  da 
Robert  le  Pieux,  qui  retendit  et  y  comprit  la  chapelle 
Saint-Laurent.  —  Une  inscription,  placée  sur  l'un  des 
piliers  decelte  église,  attestait  qu'elle  n'avait  été  con- 
sacrée qu'en  l'an  !  I9S  par  Michel  de  Corbeil,  archevê- 
que dcSens(|).D'aulros  écrivains  ont  pensé  que  Cliar- 
lemagne en  fut  le  véritable  fondateur  et  qu'elle  était 
une  des  vingt-quatre  basiliques  que  ce  prince  fit  bâtir 
selon  l'ordre  des  lettres  de  l'alphabet  (2).  —  En 
1622  ou  1623,  si  l'on  en  croit  D.  Morin,  la  voûte  du 
temple  ayant  crevé,  il  en  tomba  plus  de  ileux  mille 
éciis  d'oT  au  porc-épic  ,  qui  portaient  pour  légende, 
d'un  côté  :  Karolus  Magnus,  rex  Francorum,  et  sur 
le  revers  une  croix  avec  ces  mots  :  In  nomineChristi, 
amen.  Cette  somme  était  accompagnée  d'un  écrit  con- 
tenant le  nom  de  celui  qui  l'avait  fait  mettre;  il  por- 
tait en  outre  que  l'intention  du  donaieur  était  qu'ella 
servît  à  réparer  l'église  si  elle  venait  à  être  dévas- 
tée. —  Celte  église  fut  d'abord  une  abbaye  qui  eut 
son  abbé  et  ses  ir.oines,  et  que  l'on  désignait  <ous  le 
irom  de  Peiite-Ahbaye-Notre-Dame-de-Melun.  Depuis 
elle  fut  érigée  en  collégiale  avec  un  chapitre  de  cha- 
noines, ce  qui  dura  jusqu'à  la  révolution  de  !i3  :  elle 
est  maintenant  la  paroisse  de  la  partit;  de  Melirn  qui 
comprend  l'île  et  tout  ce  qui  est  au  sud  de  la  rivière. 
—  L'église  Notre-Dame  date,  ainsi  qu'on  le  voit,  du 
x«  siècle  :  c'est  un  bâtiment  carré  long  qui  consista 
dan^  une  nef  principale  avec  deux  colluiérairx  ;  elle 
présente  toute  la  simidicité  de  l'architecture  romana 
avec  ses  pilastres  épais,  ses  formes  massives,  ses 
pleins-cintres  et  l'absence  de  celte  richesse  d'orne- 
ments dont  on  a  été  si  prodigue  dans  les  siècles  sui- 
vants. —  Vis-à-vis  de  cette  ég'ise  se  tmuvait  celle 
de  Saini-Eiienne,  paroisse  de  toute  la  ciié,  qui  n'é- 
tait dans  le  principe  qu'une  chapi'l'e  destinée  au  ser- 
vice des  chapelains,  des  domestiqrtes  de  chanoines 
de  la  collégiale  et  des  habitants  dir  cloître.  Ella 
ci;stait  avant  le  x^  siècle,  puisque  nous  avons  une 
chartre  des  rois  Hugues  et  Robert,  donnée  en  975, 
ipii  en  ordonnait  la  réparation.  Elle  est  maintenant 
remplacée  par  des  habitations  particulières.  —  Le 
monastère  des  religieuses  hospitalières  de  l'nrdre  de 
Saint-François,  sous  le  nom  de  couvent  de  Saint- 
Nicolas  ou  Maison-Dieu,  qui  servait  d'hôpital  pour 
les  femmes,  environnait  le  côté  méridional  de  l'i'glisa 
Notre-Dame.  Cette  maison  est  lrès-a!:cieniie;  elle 
était  déjà  établie  en  l'an  1255,  puisque  ,  dans  un 
titre  de  cette  année,  il  est  que-iinn  d'un  échange  qui 
l'intéresse.  —  Il  paraît,  d'après  celte  chartre ,  et 
d'après  une  autre  qui  lui  est  postérieure,  que  l'hô- 
pital était  desservi  par  un  ordre  mixte  de  religieux 
tt  de  religieuses,  comme  cela  avait  lieu  dans  quel- 
ques autres  monastères  où  les  hommes  portaient  la 
nom  de  Béguards  et  les  femmes  celui  de  Béguines. 
Ces  associations  ayant  été  depuis  supprimées  dans 
l'église  à  cause  du  scandale  qui  pouvait  en  résilier, 
les  religieuses  i-estèrent  seules  en  possession  du  mp- 
(2)Séb.  Rouillard,  Histoire  de  Melun. 


8S3 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


K84 


naslère.  —  C'est  sur  remplacement  de  cet  ancien 
converti  que  s'e-l  éleTée  la  maison  centrale  de  déten- 
tion qni  sert  pour  les  condimné<  du  ressort  de  la 
eour  d':ippel  de  P3ri<.  —  Elle  est  formée  de  qiiaire 
grands  corps  de  logis  parallèles,  cnmposé^  de  trois 
ëiage<  chacun  ,  et  elle  occupe  une  superficie  totale 
de  18,000  mètres.  Les  condamnés  y  sont  employés  à 
divers  genres  de  travaux  :  ainsi  l'on  y  trouve  des 
menuisiers,  des  relieurs,  des  tailleurs  ,  des  <ordon- 
n'ers,  des  él'énistes  ,  des  serruriers,  des  chapplii.-rs, 
des  filaieurs  de  coton  et  des  tisseurs  de  calicot  et 
d'étolTes  de  crin.  Tmis  ces  ouvrages  sont  eiiéculés 
avec  une  grande  perfection. 

On  pense  que  l'on  d  t  à  Philippe  le  Bel  la  cha- 
pelle qui,  sous  le  t  ire  de  Saint-Vin  enl,  avait  exis- 
té dans  le  eliàieaii  de  Meluo.  Un  acte  de  I332  nom- 
me un  Pierre  l'ésessirt  chai-elain  du  château  comme 
en  élatitle  litiiliiie.  —  (■nOn.  R.iynaudouHagiienaiilt, 
évêqiie  de  Paris,  (ils  du  comte  Bouchard  ou  Bour- 
cliard,  cotnie  de  Meluo,  fonda  une  église  de  Saint- 
Sanveur  prés  du  eliàleau  de  Melun  :  ce  fut  vers  le 
X*  siècle.  Cette  église  devint  ensuite  un  simple 
prieuré. 

La  partie  de  Melun  qui  est  au  nord  de  l,i  Seine  est, 
comme  imus  l'^ivons  déjà  dit,  la  plus  considérahli»; 
elle  renfermait  autrefois  trois  paroisses.  Les  collines 
Bur  lesquelles  elle  est  hàiie  sont  séparées  par  le  val- 
lon où  coule  r.Almont;  celles  qui  se  trouvent  sur  la 
rive  droite  de  cette  petite  rivière  ont  reçu  les  m  ms 
de  nionta';ne  Siini-Raithélemy  qui  est  plus  près  de 
la  Seine,  et  l'.iutrc  de  montagne  des  Carm.'s  ou  du 
Palais-de-Justice.  La  montagne  Saini-Liesne  est  sur 
l'autre  bord.  —  L'églife  dédiéi^  à  Saint-Aspais  est  au- 
jourd'hui la  seule  paroisse  de  tout  ce  gr^md  quartier. 
Il  parait  qu'Aspais,  évéque  d'EInsa.  Eeause,  métro- 
pole de  la  Novem-f'onnlanie,  assis  a  au  seiond  con- 
cile d'Orléans  tenu  en  o55;  que  des  troubles  déso- 
lant la  province  où  était  situé  son  évêché,  il  se 
retirai  .Melun  et  qu'il  y  mourut  vers  l'an  .t88  (I). 
Cette  église  existait  déjà  sous  le  règne  d'Hugues 
Cape'.  Elle  est  remarquable  par  son  architecture  qui 
■n'est  pas  sans  élégance  ni  sans  hardiesse,  et  par  la 
peinture  de  ses  vitraux  qui  mérite  de  fixer  l'a  ten- 
tion  des  connaisseurs;  mais  l'édifice  a  trop  peu  de 
longueur  pour  sa  largeur  et  son  élévation  :  la  tour 
est  placée  au  ba?  de  l'église  du  (ôté  du  septentrion. 

L'ancienne  abbaye  de  BénéHic  ins,  dite  de  Saint- 
Pére,  éiaii  située  au  noid  de  Melun,  au  sommet  de 
la  mootagne  de  Saint-Barthélémy,  en're  la  roule  de 
Melun  à  Paris  et  la  Seine.  On  attribue  sa  première 
fondation  au  roi  Clovis,  ce  qui  paraît  hasardé; 
mais  il  est  certain  qu'en  l'an  97.3,  les  rois  lingues 
Capet  et  Robert  donnèrent  une  chartre  pour  rétablir 
cette  ahhaye  qui  avait  été  r;'inée  par  ies  Normands. 
—  Placée  hors  de  l'enceinte  de  la  ville,  exposée  aux 
insultes  de  l'ennemi,  celte  mni-on  fut  pillée,  :ib;it- 
iiie  jnsqu'.a  quatre  loi-,  puis  détruite  d''  fond  en  com- 
'  ble  paruir  incendie,  la  nuit  du  20  au  21   septembre 

M)  Séb.  Rouill.ud,  Hii'.oire  de  Melun. 


15')0.  Rpcnnsiruite  depuis  cette  époque,  ses  bâti- 
ments n'offrent  rien  de  bien  remar(|u  ible  par  leur 
antiquité;  mais  on  j'Xiit  de  ce  lieu  d'un  des  plus 
beaux  points  de  vue  du  dépanemenl.  Avec  quelques 
cha  gements,  quelques  embellissements,  cette  ab- 
baye est  devenue  l'hôtel  de  la  Préfecture,  et  le  pré- 
fet en  habile  l'ancienne  maison  abhatiale. 

Dans  une  petite  place  tiiaogiil 'ire  située  devant 
l'hôtel  de  la  Préfet  ture,  sur  le  boni  de  la  grande 
route  de  Melun  à  Paris,  était  l'ancieniK- église  pa- 
roissiale de  Sainl-Birthéleniy.  Cet  édifice,  qui  da- 
tait du  XI'  ou  xii<  siècle,  a  élé  tuot  à  fait  détrnit  à 
la  révolution.  Il  ne  teste  plus  anjuiini'hui  que  le 
clocher,  snrninnié  d'une  flèche,  ipii  a  é:é  conservé 
connue  point  de  reconnaissance  pour  mesuier  les 
degiéà  du  méridien.  La  cure  de  Saint-Bartliélemy 
et  celle  de  Saint-Aspais  étaient  h  la  coHaiion  de  l'ab- 
baye  de  Saint-Père,  dont  la  seigneurie  s'étendait 
jusqu'au  marché  au  blé  dépeiid.int  de  la  paroisse  et 
aup.iravani  tlu  bourg  Siint-Aspas,  et  sur  plusieurs  pa- 
roisses des  enviions.  —  Les  iiois  monassiè: es  d'hom- 
mes, qui  existaient  avant  la  révolution  dans  ce  quar- 
tier de  la  ville,  s'y  étaient  établis  dan-t  le  courtnt 
du  xv=  siècle.  Le  couvent  des  (apucins  est  niHlnie- 
nanl  une  belle  ma  son  boiirgeoi-e  placée  à  l'extré- 
mité du  faubourg  des  Carmes,  sur  le  bord  de  la  rou- 
te de  Melun  à  .Ueaux.  Le  couvent  des  Carmes,  très- 
spacieux,  siiué  sur  le  penchant  de  la  même  monta- 
gne, ati-dessons  de  celui  des  Capucins,  f.  rine  aujonr- 
d'hui  le  palais  de  Jtistice  et  sert  de  caserne  à  la  gen- 
darmerie. —  L'ancienne  église  des  Carmes,  tl•all^for- 
mée  en  une  falle  i  e  speciticle,  sert  aussi  dans  cer- 
taines occasions  à  donner  des  féies  publiques.  L'é- 
glise paroissiale  de  Saint-Liesne  était  située  au 
faubourg  de  ce  nom,  sur  le  penchant  du  coteau  qui 
descend  à  l'AliTionl  et  sur  le  boni  de  la  route  de 
Heluii  à  Montereau-faut- Yonne  et  à  Lyon.  Cette  églifte 
est  détruite  depuis  la  révolution  —  D'après  une 
tradition  ,  saint  Liesne  aurait  été  évètiiie  de  Me- 
lun, et  la  ville  aurait  perdu  l'avantage  d'être  une 
ville  é|.iscopale  autant  par  la  négligence  de  ses  lia- 
bit  tilts  que  par  les  dévastations  successives  dont 
elle  avait  été  le  théâtre.  Mais  cette  opinion  n'est 
même  pas  probable;  car,  si  .Melun  eût  élé  un  siège 
pontifical,  plusieurs  évêques  l'auraient  successive- 
ment occupé,  et  il  serait  nécessairement  resté  dans 
quelques  endroits  des  traces  de  leur  existence  :  mais 
l'on  ne  saurait  trouver  rien  de  semblable.  Quant  à 
saint  Liesne.  dont  la  vie  est  d'ailleurs  assez  peu  con- 
nue, il  est  cité  au  martyrologe  comme  confesseur  et 
non  comme  poiilife. 

Le  couvent  des  Récollets  était  construit  au  sommet 
de  la  montagne  de  Saint-Liesne.  La  position  de  ce 
monastère  est  à  l'est,  et  hors  de  la  ville,  dans  nn  lieu 
où  l'on  jouit  de  l'air  le  plus  pur;  ses  vastes  bâti- 
ments environnés  de  beaux  jardins,  où  coule  une 
source  ireaii  vive  abondante,  le  lirent  choisir,  à 
l'époque  de  la  suppression  des  couvents,  pour  y  éta- 


StJS 


GEOfiRAPmE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


88^ 


blir  l'hôpital.  On  a  rfiitni  dans  ce  Irral  l'Iiôpital  des 
hooimes  ei  celui  des  femmes  qui  ci;iieiu  auparavant 
séparés.  Le  premier  éiaii  situé  pics  de  la  plaee  du 
marrhé  aii  blé  ;  la  peiiie  église  diie  Saiiit-Jaciiues- 
de-l'llôpiial  en  fai-ail  partie.  On  prétend  que  cet 
édifice,  fondé  par  Charlemagno,  avnil  été  augmemé 
par  Louis  VII;  mais  l'éialdissemeit  de  l'Iiôpilal  était 
dû  à  la  munificence  de  quelques  citoyens  de  Melun. 
—  Ces  bâtiments  sont  m;iimeuani.  remplacés  par  un 
très-bel  liôiel. 

L'Iiôiel  de  ville  ,  au  centre  de  Melun ,  dans  une 
belle  rue,  est  un  grand  bâiiinenl  que  rion  ne  distingue 
des  habitations  particulières.  Il  contient  plusieurs 
salles  où  se  tiennent  li'S  difTérenies  léuniiins  admi- 
nistratives, politiques  ou  scicntifKpies  ,  et  renferme 
encore  une  bibliutbèque  composée  d'environ  buit 
mille  volumes. 

Au  bas  du  faubourg  de  Saint-Liesne  ,  eu  deçà  du 
pont  bàii  sur  l'Aluiont,  il  y  avait  auirefuis  une  petite 
église  de  Saiiit-Jean-Baptiste,  sous  le  litre  de  Com- 
manderie,  dépendant  de  Saint-Jean-en-l'lle  de  Cor- 
beil.  Déiruite  en  1590,  elle  fut  remplacée  par  un  ci- 
metiè  e.  Peu  de  temps  après,  les  Kécolleis  vinrent 
s'établir  dans  le  voi-in;ige. 

Sous  le  règne  de  Louis  le  Jeune  ,  les  juifs,  qui 
avaienl  des  synagogues  dans  plusieurs  villes  des  in- 
viroiis  de  Paris,  en  avaient  égaleinrnl  une  à  Melun. 
Il  y  a  toute  probabilité  qu'elle  était  dans  la  rue  de  la 
Juiverie.et  Séb.  Uonillurd  crcii  même  avoir  reconnu 
la  maison  où  on  l'avait  établie. 

Le  moulin  Poiguel,  placé  sur  l'Almont,  entre  les 
faubourgs  des  Carmes  et  Saint-Liesne,  nicriie  une 
mention  par.iculière  par  son  ancienneté,  puisqu'il 
existait  d'après  une  ebartre  de  la  reine  Blanche,  dès 
l'année  12S0. 

L'ancienne  paroisse  de  Saint-Ambroise ,  dont 
l'église  est  maintenant  démolie  ,  fut  fondée  avant 
l'an  1047.  Elle  renfermait  lonte  cette  partie  de  la 
ville  qui  e&t  au  sud  de  la  rivière  et  que  traverse  la 
route  qui  va  de  Melun  à  Fnniaineblenn.  Cette  pa- 
roisse comprenait  dans  son  étendue  l'ancienne  pri- 
£on,  l'ancieane  caserne  et  la  maison  des  Frères  de 
la  doctrine  chrétienne,  chef-lieu  de  l'ordre  ,  cons- 
truite dans  le  xvin»  siècle,  sur  l'emplacement  du 
couvent  des  Dames  de  la  Visitation  Sainie-Marie,  et 
de  plusieurs  autres  édifices  (1).  Ce  grand  bâtiment 
forme  aujourd'hui,  avec  quelques  constructions  qu'on 
y  a  jninies,  l'un  des  plus  beaux  quartiers  de  cava- 
lerie des  envirnns  de  Paris.  Les  tribunaux  siégèrent 
pendant  longtemps  dans  ce  local. 

La  population  de  la  ville  de  Melun  s'accroît  d'une 
manière  rapide.  On  y  comptait  à  peine  4n00  .imes 
il  y  a  quarante  ans;  il  y  a  aujourd'hui  S^OO  habi- 
tants. Des  rues  larges,  de  grandes  jilaces,  des  quais 
magnifiques,  ont  remplacé  les  rues  petites  et  étroiies 
que  naguère  encore  enconibraîenl  d'ignobles  bâti- 
ments. Les  deux  grandes  routes  d'Italie  ei  le  fleuve 
qui  traversent  celle  \ille   la  vivifient  et    facilitent 

(1)  Plan  tnanuscril  de  Melun,  année  16G0. 


son  commerce  qui  consiste  en  grains  ,  farine,  vins, 
volailles  et  fromage.  Il  s'y  tient,  le  inercreiii  et  sur- 
tout le  samedi,  un  marché  bien  fourni  en  denrées 
de  toute  espèce.  —  On  trouve  à  Melun  plusieurs  éla- 
blissemenis  industriels  ,  comme  filatures  et  tissages 
de  coton,  tanneries,  fours  à  chaux  et  h  plâtre.  —  La 
ville  est  placée  au  milieu  d'un  paysage  très-varié. 
Elle  est  la  patrie  du  célèbre  tradiiceur  de  Plutarque, 
Jacques  Amyot,  né  le  l.i  octobre  15:0,  dans  une 
condition  si  obscure,  que  l'on  ignore  quel  fut  l'état 
de  son  père,  et  qui,  après  avoir  mendié  pour  vivre 
et  avoir  été  recueilli  par  (  hariié,  devint  précepteur 
de  Charles  IX  qui  le  fil  évèque  d'Auxerro ,  grand- 
aumônier  de  France,  chevalier  du  Saint-Espiit,  etc. 
Abeibird  a  tenu  pendant  longtemps  une  école  à  Me- 
lun, qui  compte  trois  conciles ,  assemblés  par  les 
évêques  de  la  province  de  Sen«,  en  lilC,  li225et 
lôOO.  Celte  ville  n'a  que  deux  écarts  ;  une  partie  du 
hameau  des  Trnis-Moulins  situé  au  nord,  à  I  kil.  de 
Melun  sur  l'Almont ,  et  la  ferme  de  Montagu  ,  ati 
nord . 

Vrbs  Nicœim,  Nicée,  aujourd'hui  Isnik,  sur  le  lac 
de  ce  nom,  à  l'est  de  Moudania  dans  l'Aiiatolie  , 
Asie-Mineure.  Celait  une  vil^e  considérable  de  la 
Seconde  Province  de  Biihynie,  dans  l'exarchat  du 
Pont,  qui  comptiiit  plus  de  100, 0„0  habilanis.  Elle 
en  a  aujourd'hui  à  peine  4000.  Le  concile  de  Chai- 
cédoine  lui  accorda  le  titre  de  métropole.  Le  sixième 
concile  général  lui  assigna  pour  sulTraganls  les  évê- 
chcs  de  Linoë,  Gordoservus,  Numerica,  Modrcna  ou 
Melina,  Taum  et  Maximiana.  L'Eglise  grecque  y  a 
conservé  un  archevêque.  Elle  dépend,  sous  le  rap- 
port catholique,  du  vicaire  apostolique  patriarcal  de 
Consiantinople,  et  constitue  un  titre  d'archevêché  in 
partibus  infidelium. 

Isnik,  autref  lis  Antitiona,  de  son  fondaieur  Anii- 
gnnas,  prit  le  nom  de  Nicée  en  l'honneur  de  l'épouse 
de  Lysimaque.  Cette  ville  est  célèbre  dans  l'histoire 
de  l'Eglise,  par  les  deux  conciles  œf  uinéniques  qui 
s'y  sont  tenus  ,  le  premier  et  le  septième  ,  dont  l'un 
détermina  la  profession  de  foi  de  l'Eglise  cathoIi<|ue, 
prononça  la  condamnaiinn  d'Arins,  fixa  le  temps  de 
la  fête  de  Piques,  et  posa  les  bases  de  la  discipline 
ecclésiastique  ;  et  dont  l'autre  condamna  l'hérésie  de* 
iconoclastes,  ou  briseurs  d'images.  L'Egli-e,  où  les 
518  évêques,  parmi  lesquels  on  voyait  plusieurs  Pè- 
res et  plusieurs  saints,  réunis  de  l'Occident  et  de 
rOrienl ,  en  présence  de  l'empereur  Constantin  , 
avaient  établi  contre  les  ariens  la  consubslanlialité 
du  Père  et  du  Fils  comme  article  fondamental  de  foi 
pour  tous  les  temps  à  venir;  celte  église  fut  trans- 
formée en  mosquée  par  !e  sultan  Urchan,  dont  on 
voit  encore  le  nom  taillé  au-dessus  de  la  porte,  sur 
de-i  pierres  conservées  au  milieu  des  ruine».  L'église 
du  Sainl-Synnde  est  également  devenue  une  mos- 
quée. L'Iiisloire  de  cette  ville  a  été  fort  agitée,  et  pat 
son  importance  elle  occupe  une  première  place  dans 
les  annales  de  l'Orient.  Elle  était  la  capitale  des  siif- 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


887 

tniis  Seldschiiks  de  Riim,  lorsqirdle  sulsit  le  long  cl 
rigoureux  siège  des  premiers  croisés  condiiils  par 
Godefroy  de  Bouillon.  Tancrède,  Rolieinoml,  Hugues 
le  Grand,  Robert  de  Flandre,  Robert  de  N.irmandie, 
eic.  Au  XII «^  siècle,  en  HOO,  elle  deviiil  la  résiilenee 
de  IVmperenr  grec  Théodore  Lascaris,  durant  la  do- 
ininalion  des  Latins  à  Cnnstanlinople.  ;  el  ce  fut  sous 
l'empereur  Andronicus  le  Jeune  qu'elle  se  rendit  au 
sultan  Ureb:in  par  capiiulaiion.  Aujourd'hui  celle  ville 
ii'esl  plus  qu'une  enceinie  de  hantes  murailles,  seules 
respectées  par  la  main  des  hommes  el  du  temps,  oi!i 
l'on  ne  reiicoiiire  que  quelques  cabanes  isolées 
comme  dans  un  parc  soliiaire.  Ainsi  celle  ville  bril- 
lante el  célèhre  snu':  tant  de  rappnris  vint ,  comme 
tant  d'autres  ciiés,  cchatiger  cuire  les  mains  des 
Turks  son  opulence  et  son  illuslralion  contre  la  mi- 
sère cl  la  ruine.  —  Isnik  est  éloigné  de  Nikmid  ,  ou 
Kiconicdie.  de  00  kil.  On  faii  la  rotile  par  des  mon- 
tagnes couverles  de  belles  forêis,  au  miliîu  desquel- 
les un  aperçoit  avec  snrpiiseles  restes  d'un  chemin 
très-bien  pavé,  souvenir  perdu  dans  les  montagnes 
d'une  civilisation  qui  a  disparu. 

Vrhs  Pergnmensis ,  vet  Pergnnunn,  Pergame. — 
Après  avoir  éié  l'opulenie  capitale  de  la  Mysie,  la 
résidence  du  roi  Atiale;  après  avoir  paru  avec  édal 
dans  riiisioire  des  arls  et  des  sciences  par  ses  ma- 
gnifiqne*  tapis  si  recherchés  des  Romains,  par  l'in- 
ïeniiondu  parchemin,  par  sa  bibliothèque  de  "200,000 
vol.,  par  ses  temples  d'Esculape  cl  de  Minerve,  et 
par  ses  églises  encore  plus  admirables  ;  après  avoir 
eu  la  gloire  de  figurer  parmi  les  sept  anges  de  l'Apo- 
calypse, Pergame  n'esi  plus  qu'un  bourg  misérable 
et  désolé  du  pachalik  de  Smyrne,  dans  l'Anatolie, 
qui  a  nom  Bergama  ou  Pergamo.  Son  évêihé ,  fous 
la  niéiropole  d'Ephèse,  dans  la  Première  Province 
d'Asie,  datait  du  i'"'  siècle;  au  ix'  il  obtint  le  liire 
d'archevêché.  Déjà  la  ville  se  mourait.  —  Pergame  a 
TU  naître  Galieii  el  Apollodore.le  maîire  d'éloquence 
d'Auguste.  Elle  a  fourni  au  christianisme  des  mar- 
tyrs, des  évêques  illustres  el  de  saints  confesseurs. 
Il  s'y  est  tenu  un  concile  en  l'an  ISO.  La  population 
est  d'environ  2000  babitinls,  sur  lesquels  on  ne 
compte  pas  plus  de  deux  à  trois  cents  chrétiens  ;  elle 
liabite  des  huttes  délabrées  qui  se  perdent  au  milieu 
des  ruines  imposantes  des  anciens  édifices.  On  re- 
marque les  débris  du  temple  d'Esculape,  de  celui  de 
Minerve,  les  restes  d'une  porte  niagtiifique  et  d'un 
aqueduc.  La  cathédrale  est  encore  entière.  Le  bourg 
de  Pergamo  dépend  du  vicariat  apostolique  de 
Smyrne. 

Urbs  Philadelphica,  Philadelphie,  aujourd'hui  Alas- 
chehr,  et  au  moyeu  .âge  Kallatebos.  L'évéi  hé  datait 
du  i^'  si jcle  ;  il  faisait  partie  de  la  province  de  Ly- 
die, sous  la  métropole  de  Sardes  :  c'était  un  des  sept 
anges  de  l'Apocalypse.  Des  commeniateurs  et  des 
légendaires  ont  prétendu  que  ces  paroles  du  livre 
mystérieux  de  saint  Jean  :  Si  tu  es  liède,  je  te  voud- 
rai ,  s'appliquaient  à  cette  ville.  Quoi  qu'il  en  soit , 
comme  rien  n'a  manqué  à  son  illuslralion  historique 


88S 

et  chrétienne,  rien  non  plus  n'a  manqué  à  sa  ruine. 
On  y  aperçoit  les  débris  imposants  de  la  PhUadelpIiia 
des  Grecs,  fondée  par  Aitale-Piiiladelplie,  dans  le  ii» 
siècle  avant  Jésus-Clirist.  Hérodote  en  parle  à  cause 
de  ses  gâteaux  de  miel,  qui  éta  ent  et  qui  sont  tou- 
jours en  grande  faveur  dans  tout  l'Orient.  —  Celle 
ville  fut  la  dernière  possession  de  l'empire  grec  en 
Asie.  En  1590,  le  sultan  Bijesid-lldirim  s'en  empara 
avec  le  concours  des  empereurs  grecs  Jean  el  Ma- 
nuel Paléologues,  père  cl  fils  ,  qui ,  n'osant  résister 
à  ce  barbare,  montèrent  eux-mêmes  à  l'assaut  de 
cette  malheureuse  ville,  à  la  tête  de  1-2,000  hommes 
qu'ils  avaient  armés  conlre  leurs  propres  sujets. 
L'empire  grec  n'existait  déjà  plus  ni  de  droit,  ni  de 
f.>il;  on  ne  comptait  que  dos  esclaves  qui  se  balaient 
d'obéir  eu  tremblant.  La  ville  fut  dévastée,  la  popu- 
lation transportée,  bs  églises  démolies  on  changées 
en  mosquées.  Avant  ce  désastre,  la  dignilédc  métro- 
pole lui  avait  été  transférée  de  Sardes.  Il  y  a  encore 
aujourii'hui  un  arrhevêqne  grec  scliismalique,  —  Phi- 
lade'pbie  est  située  dans  l'Anatolie  ,  sur  l'Yarim- 
Tchaï,  au  pied  du  Bouz-Agadj;  sa  position  favorise 
beauc'up  son  commerce,  parce  qu'elle  est  un  liiMide 
station  pour  les  caravanes.  Un  grand  nombre  d'Ar- 
méniens la  fréquenient.  Les  babitanls,  doiit  on  porte 
le  chiffre  à  I5,COO,  sur  lesquels  il  y  a  S.O0O  grecs,  se 
livrent  à  la  fabrication  des  colons  :  leurs  leinlureries 
sont  très-renommées.  Alaschehr  est  à  1-20  kil.  est 
de  Smyrne  el  sous  la  juridiction  du  vicaire  apostoli- 
que decelle  ville.  Lat.  nord  38°  20';  long,  esl  26°  51'. 

Il  y  avait  deux  autres  évêcbés  de  ce  nom,  l'un  se 
trouvait  dans  la  province  d'Isaurie,  patriarcal  d'An- 
tioche  ,  l'aulre  dans  la  Seconde  Province  Arabique, 
patriarcat  de  Jérusalem.  Le  premier  datait  du  v' 
siècle,  et  dépendait  de  la  métropole  de  Séleucic 
{Scleucia  Aspera).  Cet  évêché  n'existe  plus,  la  ville 
étant  tout  à  fait  ruinée.  Le  second  datait  également 
du  vi^  siècle,  il  dépendait  de  la  métropole  de  Bosira, 
laquelle  n'est  plus  aujourd'hui  qu'un  village  habité 
par  de  pauvres  Arabes. 

Urbs  Principis,  la  Ville-du-Prince,  ou  Begschehri 
(quelques  géographes  mettent  Beg-Clieher  :  en  écri- 
vant Begschehri,  nous  avons  suivi  les  géographes 
arabes.)  —  Begschehri  esl  la  ville  par  excellence  des 
légendes  musulmanes  durant  une  partie  du  moyen 
âge;  elle  ligure  avec  éclat  dans  les  contes  orien- 
taux ,  à  cause  de  la  noble  et  mystérieuse  figure  de 
son  fondateur  Alaeddin  ,  le  grand  prince  des  Selds- 
chuks  de  Rum.  Aussi  habile  adininistraleur  que 
conquérant  heureux,  Alaeddin  fonda  dans  la  Kara- 
manie  la  Ville-du-Prince  sur  la  rive  orienule  du  lac 
Begschehri ,  qui  a  -40  kil.  de  tour  ,  el  qui  est  très- 
poissonneux.  Située  dans  une  plaine,  celle  ville  esl 
le  chef-lieu  d'un  sandschak  de  la  Turquie  asiatique. 
On  y  voit  des  Arméniens  et  quelques  grecs  ;  mais  I3 
niasse  de  la  population  se  compose  de  Musulmans. 
Elle  est  à  120  kil.  de  Koiiiéb. 

Urbs  Samiisttensis  ,  vel  Amaslris,  vel  Sesamos, 
Amaslrab,  ou  Amasserah.ouAraasreh,  vieille  ciléqui 


8S9 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


890 


étiiii ,  Ml  V*  siècle,  un  nrclievêclié  de  la  province 
de  l'aplil.iKiinie ,  dans  l'exarchat  de  Por^t ,  sous 
la  inéiropole  de  Gangra.  A  cause  de  sa  siliiaiion 
sur  une  peiiiepre=quîle,  de  fon  doible  port  snr  la 
mer  Noire,  et  de  la  heauié  de  ses  édifices  ,  Pline  le 
Jeune  la  nommait  l'œ//  du  monde  (  Episi.  lib.  x, 
p.  09  >.  Nicétas  et  Minnert  en  parlent  comme  d'nne 
ville  dont  le  commerce  était  irès-imporiant.  Elle  de- 
vint, dans  le  xv*  siècle,  le  clvef-lieu  des  possessions 
génoises  dans  la  province  de  Pont.  Moliammède  II 
s'en  empara,  et  depnis  ce  moment  elle  n'a  fait  que 
décrniire.  On  y  découvre  des  restes  de  temples  ainsi 
que  des  ruines  de  l'antiquité  grecque  et  du  moyen 
ôge.  Son  territoire  fournit  beaucoup  de  bois  de 
consiruclion,  dont  l'exportation  occasionne  le  mouve- 
ment du  port.  Elle  est  à  270  kil.  est-nord  de  Cons- 
tnntiMopIe,  et  à  120  du  petit  port  de  Triboli.  Elle  est 
comprise  dans  le  vicariat  aposfolique  patriarcal  de 
Conslantino(de. 

Vrbs  Sardicensis  ,  vel  Sardica ,  Sardique,  ou  Sar- 
dikj,  aujourd'bui  Sofia,  Sophie,  qui  a  été  la  pairie 
de  l'empereur  Maximien,  et  la  métropole,  dé?  le  iv" 
siècle,  de  la  province  de  Dacia  Mediterranea  ;  elle 
n'avait  que  deux  sulTragants,  Nissa  et  Remesiana.  Il 
s'y  tint  en  347  un  concile  pour  juger  la  cause  de  saint 
Athanase  contre  les  partisans  de  l'arianisme.  Ravagée 
par  les  Huns,  dévastée  par  les  Valaques,  rehiitie  par 
l'empereur  Justinien  ,  elle  parvint  à  se  m;iinieiiir 
diins  le  moyen  âge,  sous  le  nom  de  Sofia;  et  au- 
jourd'hui c'est  encore  une  ville  remarquable  p^r  ses 
mosquées  ,  ses  bains ,  ses  sources  chaudes  et  froides. 
Située  dans  une  grande  plaine  entourée  de  hautes 
montagnes  entre  l'Isker  et  la  Nissava  ,  elle  est  ceinte 
de  murs  flanqués  de  tours ,  avec  un  château  ;  elle 
possède  25  mosquées,  plu<i"enrs  églises  grecques  et 
tjne  catholique.  Quoiqu'une  des  plus  belles  et  des 
plus  riches  de  la  Turquie  d'Europe  ,  cette  ville  n'en 
est  pas  moins  ,  comme  toutes  les  autres  ,  très-mal 
bâtie  dans  l'intérieur  :  on  n'y  voit  que  des  maisons 
de  bois  en  partie  sans  fenêtres,  et  garnies  seulement 
d'une  grille.  Elle  a  quelques  fabriques  de  soierie , 
toiles  de  coton,  tabac,  etc.,  et  fait  un  assez,  bon  com- 
merce. Elle  tomba  au  pouvoir  des  Turks  en  1382, 
par  capitulation.  —  Sofia  est  à  Ij-il  kil.  nuest-nord- 
oiiest  de  Conslantinople.  La  population  est  d'environ 
50,0ii0  habitants,  partie  Turks,  partie  Grecs,  Armé- 
niens ,  Juifs  et  Bulgares.  Elle  est  le  cbcf-lieu  d'un 
sandschak  di  la  Rumélie  (Turquie  d'Europe),  qui  est 
borné  au  nord-ouest  par  celui  de  Widdin,  au  nord- 
est  par  celui  de  Nikopoli ,  à  l'est  par  celui  de  Tschir- 
roen,  au  sud  par  ceux  de  Gallipoli  et  de  Ghius- 
tendil ,  à  l'ouest  par  celui  d'Aladschaissar.  —  Sofia 
est  la  résidence  d'un  métr ipoliiain  grec ,  et ,  pour  les 
catholiques  ,  elle  fnrme  un  vicariat  apostolique  et 
une  mission  qui  est  remplie  par  les  PP.  Capucins. 

Urbs  Sardiumvel  Sardis,  Sardes.  Dès  le  i'^''  siècle, 
cette  ville  devint  la  métropole  de  la  Lydie,  dans 
l'exarcliat  d'Asie  ;  elle  eut  ensuite  pour  suffraganls 
vingt-huit  évéchés.  Elle  était  un  des  sept  anges  de 


l'Apocalypse.  Ses  églises  étaient  des  monuments  re- 
inar(iuable5  autant  parleur  construction  que  par  la 
richesse  de  leur  ornementation.  Les  Turks  s'en  em- 
parèrent à  la  fin  du  ww^  siècle,  après  un  siège  long 
et  meurtrier  ;  ils  la  renversèrent  entièrement,  après 
avoir  massacré  une  partie  de  la  population  ,  et  ré- 
duit l'autre  à  l'esclavage.  On  en  voit  les  ruines 
dans  l'Ànatolie  ,  sur  la  route  de  Smyrne  à  Conslan- 
tinople. Elle  était  bâtie  sur  une  élévation  qui  domine 
la  plaine  de  l'Hermus  :  les  ruines  de  ses  murailles  se 
prolongent  des  deux  côtés  du  Pactole.  Deux  colonnes 
inniques  soutenant  un  entablement  sont  les  seuls 
rentes  du  temple  de  Cjbèle.  Sur  le  penchant  de  la 
colline  ,  de  l'autre  côté,  sont  un  théâtre  et  un  stade. 
Il  n'existe  plus  d'habitations  dans  cette  ville  célèbre. 
Quelques  tentes  de  pauvres  Lrncks  ,  peuples  noma- 
des ,  ornent  seuls  les  bords  du  Pactole  ;  et,  du  haut 
d  î  la  citadelle  de  Crésu^,  on  n'aperçoit  dans  la  cam- 
pagne que  les  tombeaux  des  rois  de  Lyilie.  Ce  sont 
de  grandes  buttes  (lumuli),  au  nombre  d'environ 
soixante ,  parmi  lesquelles  on  distingue  le  tombeau 
d'Alyattcs  ,  père  de  Crésus  ,  dont  parle  Hérodote 
connue  du  monument  le  plus  considérable  qu'il  eût 
vu  après  les  pyramides  ,  et  qui  ressemble  en  effet  à 
une  montagne  naturelle.  —  En  sortant  de  Sarde,  on 
traverse  l'Hermus,  !a  plaine  d'Hyrcanie,  et  l'on  en- 
Ire  dans  la  chaîne  de  montagnes  connue  sous  le  nom 
de  Youssof-Dagh  ,  qui  s'éiend  du  mont  Olympe  au 
mont  Ida  et  forme  la  séparation  deseauv  de  la  mer 
de  Marmara  avec  celles  de  l'Archipel. 

Vrbs  Scbasteiia  ,  Sébaste,  l'ancienne  Samarie.  — 
C'était  une  ville  épiscopale  du  iv^  siècle ,  bâtie  sur 
l'emplacement  de  Samarie,  dans  la  Première  Pro- 
vince de  Palestine,  sous  la  métropole  de  Césarée, 
patriarcat  de  Jérusalem.  Ce  n'est  plus  qu'nn  vilhige, 
qui  possède  encore  néanmoins  nue  église  dédiée  à 
saint  Jean-Baptiste,  autour  de  laquelle  se  groupent 
quelques  cabanes  de  chrétiens  et  d'Arabes.  Ce  mo- 
nument a  trois  nefs,  dont  la  proportion  est  admira- 
ble. Les  matériaux  en  sont  précieux  ,  les  pilastres 
travaillés  avec  délicatesse;  une  tribune,  que  le 
temps  a  épargnée,  offre  des  médaillons,  qui  sont  des 
chefs-d'œuvre  de  sculpture.  Lors  des  Croisades  , 
pendant  la  domination  des  Latins  dans  la  Palestine, 
Sébaste  eut  un  évêque  catholique 

Vrbs  Scbastensis ,  Sébaste  ,  Saustia  ,  aujourd'hui 
Siwas.  —  Cette  ville  est  célèbre  dans  le  martyrologe 
du  cliiistiauisme.  Dans  les  premiers  siècles,  le  sang 
de  ses  enfants  a  largement  coulé  pour  la  foi.  Au  com- 
mencement du  moyen  âge,  elle  partagea  les  vicissi- 
tudes de  l'Arménie,  et  eut  beaucoup  a  souffrir  des 
guerres  des  rois  de  Perse  contre  les  Grec»  de  By- 
zance.  Rebâtie  entièrement  par  Alaeddin  ,  grand 
prince  des  Seldscliuks  ,  elle  était  l'une  des  villes  les 
plus  peuplées  et  des  pbices  les  plus  fortes  de  l'Asie- 
Mineure  ;  elle  comptait  plus  de  100,000  habitants. 
Ses  ouvrages  étaient  construits  avec  des  pierres  da 
5  mètres  50  centimètres  de  longueur  sur  1  mètre  30 
centimètres  d'épaisseur  ;  les  murailles,  d'une  éleva- 


80J  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQI'E. 

valinn  de  24  mètres  ,  en  avaient  6  de  profondeur,  el      nique,  ou  S;iloiiiqiie,  ou  Saloniki. 


892 


Causoniniei.  Le»  sepi  portes  de  la  ville  roiilaieni 
sur  des  gonds  de  fer.  Elle  fut  néanmoins  prise  en 
1400,  par  Titniir,  qui  fil  enterrer  vivants  «ne  par- 
lie  des  liabiiants  avec  un  raffinement  de  cruautés  in- 
croyil'les  (1).  —  Lesultan  Asdilin-Keikawus,  à  la  fleur 
de  son  âge,  y  mourut  au  commencemenl  du  xiii* 
siècle.  On  y  voit  son  tombeau  à  c6ié  d'un  hôpital 
qu'il  avait  fondé.  Ville  épiscopale.  elle  fut  érigée,  au 
\»  siècle ,  en  métropole  de  la  Première  Province 
d'Arménie.  Sa  juridiction  s'étendait  sur  les  arcbevè- 
cbés  juivants  :  Iléracléopolis,  Rhenum  ,  Colonea  , 
Sebasiopoli-;,  el  sur  les  évécbés  de  Nicopolis,  de  Sa- 
tula  et  de  Berissa.  Sébaste  est  actuellement  fort  dé- 
labrée ;  elle  possède  un  archevêque  grec  schismaii- 
que,  un  archevêque  arménien  dépendant  du  p;ilriar- 
che  d'Ecsmiazin.  Geite  ville  compte  encore  un  assez 
grand  nombre  de  catholiques.  Mais  iU  n'ont  point 
d'églises,  celles  qu'ils  avaient  étant  tombées  de  vé- 
tusté. Elles  n'ont  point  été  rebâties ,  faute  d'aulori- 
sallon  du  divan  de  Consianiinople. 

Siwas,  chef-lieu  du  paclialik  de  son  nom,  ou  de 
Rum,  dans  rAnainlle ,  est  dans  une  plaine  sur  la 
Kizil-Irmak,  que  l'on  passe  sur  on  beau  pont.  Elle  a 
plusieurs  mosquées  et  une  église  arménienne.  Elle  est 
éloignée  de  Cousiaïuinople  de  520  kil.  est-sud.  La 
population  est  de  8C00  habiuinis.  Les  catholiques 
sont  sous  1m  juridiction  du  vicaire  apostolique  pa- 
triarcal de  Gonsianiinople.  —  Le  pach.ilik  de  Siwas 
ou  de  Rnm  est  borné  au  nord  par  la  mer  Nuire,  au 
nnrd-cs!  par  le  i achilik  de  Trébizond.\  à  l'est  p.ir 
celui  d'Erieriiuni,  au  sud  par  ceux  de  Diaibékir  et 
de  Marascli,  au  sud-ouest  par  ta  Karamanie.  11  a 
480  kil.  de  K>iig  sur  5"20  de  large.  Celle  province 
innhiime,  une  des  plus  belles  et  des  plus  ferii  es  de 
la  Turiuie  d'Asie,  re.iferme  plusieurs  moni.ignes  qui 
apparlieniient  h  fa  ch:iîni'  de  rAnii-T;iunis  ;  on  dis- 
lingue le  Jildis-Tagh,  chiîiie  du  T^urus,  qui  s'étend 
de  Siwas  à  K.iisarieh  ;  le  Kizil-lrni;ik,  l'U'schiUr.-nak 
(l'/ris),  leTherméi7'mi/don),  l'Askid^i  {Tlioaris),  etc., 
l'arri'seni.  L'air  y  est  sain, et  il  y  pleut  abondamment 
en  é  é  :  on  y  trouve  peu  d'industrie  et  de  fabriques. 
Les  exporiaiions  eonsisienl  en  cuivre  ,  cuivreries, 
bois  de  charpente  el  de  construction,  miel,  cire, 
grain,  riz,  fruits  secs,  biine,  plomb,  poils  de  chèvre, 
crin,  bétail,  poisson  séché  ou  salé,  vin.  On  divise  ce 
pachalik  en  sept  sandjacks,  dont  quel'|ues-uns  sont 
peu  connus,  savoir  :  Siwas,  Djaiiik,  Amasiéli,  Tchou- 
rum,  Jeuzgait  ou  hozuk,  Diwrigi  et  Arabkir.  Popul. 
env.  800,000  habitants,  Turks,  Turkomans,  Grecs  cl 
Arméniens. 

Urbs  Thessato'i'ccnsis,  vel  Thessalonica,  Thessalo- 

(l)  Timur-Kan  (Tamerian)  réunit  sur  sa  tête  les 
couronnes  de  viiiglse|it  pays.  Ses  ciinqiiêtes  s'éten- 
dirent en  Orient,  jusqu'en  Chine;  au  >'•  ni,  jusque 
dans  le  centre  de  la  Russie;  à  l'Ouest,  jusqu'à  la 
Méditerranée;  au  Sud,  jusqu'à  rEi-'vpie.  C'éiail 
l'honiuie  du  iri'implie  de  la  farce  et  Ue  l'oigniiisalion 
intelligente  :  il  s'entendait  à  gouverner  comme  à 
Taincre. 


Malgré  les  dé- 
plorables vicissiuidcs  aitaehées  aux  choses  humai- 
nes, on  ne  peut  disconvenir  toutefois  qu'il  ne  pèse 
sur  quelques  ciiés  une  fatalité  plus  sombre  que  sur. 
d'autres.  Il  en  est  ainsi  de  Tliessaloniqne  :  appelé*! 
d';ibord  llalia  et  Tkerma  (Tliernies),  cetie  ville  leçul 
de  Cassandre,  qui  la  rebâtit,  le  nom  de  sa  femme, 
Thessalonica,  sœur  d'Alexandre  le  Grand.  Après  la 
ruine  ei  la  suppiession  du  royaume  de  Macédnine 
par  les  Homaiiis,  elle  fut  pillée  et  dévastée  par  leurs 
géi.éraux  et  leurs  consuls.  Au  temps  des  guerres 
civiles,  le  sénat  romain,  qui  défendait  le  parti  de 
Pompée,  s'y  transporta  et  y  tint  ses  séances.  Cons- 
lantin  lorna  d'arcs  de  triomphe  dont  on  voit  encore 
les  beaux  débris;  Théodose  y  plaça  ses  statues  et 
celles  de  l'impératrice,  sa  femme.  Elle  n'échappa 
point  aux  barbares,  qui  la  pillèreni  dans  leurs  pre- 
mières comme  dans  leurs  dernières  invasions.  Saint 
Paul  y  séjourna  et  y  prêcha  l'Evangile  avec  un  grand 
succès.  Thessalonique  devint  métropole  dès  le  !<-'• 
siècle;  elle  eut  ensuiie  vingt  et  un  sufTraganis  tant 
arche\ê:;hés  qu'cvêchés.  Ses  évê|ues  étaient,  dans 
les  premiers  siècles  du  patiiarcal  romain,  exarques 
et  vicaires  apostoliques  des  papes  pour  les  dix  pro- 
vinces de  l'iilyrie.  L'empereur  Justniien  leur  en  en- 
leva cinq  pour  conipo-er  l'exarchat  de  la  Dacia  sous 
Otliridvi ,  de  sorte  qu'il  ne  leur  resta  que  l'exarchat 
de  Macédoine,  que  Léon  ^l^aurique  soumit  au  pa- 
triarcal de  CoMSlanlinople.  Innoient  III  remit  Salo- 
nique  sous  l'obéissance  des  pipes,  et  lui  rendit  le 
palliuin  latin  ,  lorsqu'elle  fut  la  capitale  d'un 
royaume  qui  avait  été  établi  par  les  Croi>és,  cl  qui 
passa  aux  Véniii«iis  en  1423.  liais  les  Turks  s'en 
rendirent  maîtres  en  lj3t,  et  depuis  ce  temps  là 
elle  est  restée  au  patriarche  de  Consiantinople, 
sous  lequel  elle  n'a  que  le  titre  d'exarque  de  Macé- 
doine, ou  plutôt  de  Thessalie.  Le  titulaire  n'a  main- 
tenant que  soixante-dix  prêtres  dans  son  diocèse; 
mais  il  a  huit  évéques  sutfragants. 

La  mission  de  Salonique,  qui  dépond  du  vicariat 
apostolique  patriarcal  de  Consiantinople,  a  été  cul- 
tivée par  les  PP.  Jésuites  français,  jusqu'il  l'époque 
de  leur  suppression  :  l'éiablissement  éiaii  dans  un 
état  prospère,  lorsqu'il  leur  fallut  l'abandonner.  Les 
Lazaristes  français  l'ont  accepié  après  le  dépari  des 
Jésuites;  depuis  lors,  ils  y  ont  toujours  eu  deux 
prêtres.  Par  leurs  soins  l'église  a  été  bien  décorée, 
abondammeni  pourvue  d'ornements  et  autres  objets 
néce^salres  au  culte  :  ils  entretiennent  une  code 
pour  les  garçons,  et  il  y  a  quelques  années  ils  en  ont 
fait  ouvrir  une  pour  les  filles.  Le  nombre  des  li- 
niilles  cathiiliques  qui  résident  à  Salonique  varie  se- 

Timur,  d'une  haute  stature  ,  avait  la  lêie  extraor- 
dinairenienl  grosse,  le  front  large,  élevé,  le  leiiii  vif 
et  animé:  par  une  parliculariié  singulière  ,  dès  son 
enfance  il  avait  les  clwvenx  blancs  ;  à  cbaruiie  de 
ses  oreilles  il  portail  une  perle  d'un  grand  prix.  Sé- 
rieux el  sombre,  il  élaii  eniiemi  de  la  gaicé,  <  iioore 
plus  de  l'iiypocrisie.  (iVofe  de  l'auieur.) 


895 


GEOCRAPRIË  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  S04 

ne  les  ouvre  plus  pour  |icrsonnc;  celui  nui  a  le  mal- 
heur de  se  trouver  dehors  doil  passer  la  iiiiil  à  la 
belle  éioile. —  Salonique  est  le  chef-lieu  du  sand- 
schak  de  la  Rumélie,  Tiir(|uie  d'Europe,  borué  au 
nord  ei  à  l'ouesl  par  celui  de  Gallipoli,  à  l'esi  el  au 
sud-est  par  l'Arcliiiiel,  au  siid-ouest  par  les:indschak 
de  Tirhala,  à  l'ouest  par  celui  de  Gallipoli;  il  ren- 
ferme b20  lieues  cariées  et  230,000  habitants. 

Salonique  est  située  à  l'exirémité  septentrionale 
du  golfe  du  r  ème  iionfi,  au  pied  du  Knrtiaih  ou  llor- 
lascli,  contre  lequel  elle  est  en  parle  h.îlie.  Elle  a 
la  lornie  d'un  iriang'e  irréguiier,  et  est  environnée 
de  mers  consirni;s  en  briques  sur  fondations  en 
pierre  de  laille,  d  une  épaisseur  énornre  et  fl;iiu|Hées 
de  tours.  Ses  dômes  ei  ses  minaret*,  ses  maisons  la 
plupart  entourées  de  jardins  et  bâties  en  amplii- 
tlié.itre,  loi  donnent  à  l'extérieur  le  pins  bel  aspect, 
mais  l'imérieur  ressemble  à  louies  les  autres  villes 
turques  :  on  n'y  trouve  qne  des  rues  étroites,  des 
places  peu  étendues,  des  maisons  basses  et  mal 
consiniiies,  qui  resbemblent  en  partie  à  des  bara- 
ques. Cependant  on  y  remarque  plus  de  proprcié  et 
d'activité;  les  qu.iis  abondent  en  iiiarchandisis;  les 
bazars  fourmillent  de  vendeurs  et  d'a(  heieiirs;  quan- 
liîé  de  personnes  sont  occupées  autour  des  vaisseaux 
el  des  nia^a-ins.  On  y  compte  des  consuls  di;  loules 
les  nations,  et  un  nnnibi  e  considérable  de  maichan  s 
franks  qui  ont  tout  le  commerce  entre  les  mains, 
ainsi  que  10  grandes, mosquées  et  pinsi'urs  pe- 
tites; di'S  églises  greci|ues  et  couvenis,  d  s  synign- 
gues,  pliisi(  iirs  fabriques  el  manufacinres,  surtout  de 
colon,  maroquin,  lapis,  tabac  el  vêlements  de  lem- 
uies  en  soie.  Le^  exportutions  consisieni  en  grains, 
laine,  tabac,  colon,  miel  el  cire,  buile  d'olive. 
Suie,  etc.  Celte  ville  esi  une  des  [dus  commerçanteg 
du  Levaul  ;  on  y  importe  indigo,  c.ifé.  coclien.llg, 
sycre,  oifévrerie,  épices,  colon,  laine,  cire,  enivre, 
dr.'ps,  plomb,  monlres,  etc.  On  en  i  xiorte  (Oiir  en- 
viron 9  niillious  de  piastres;  cl  la  valeur  des  impor- 
laiions  ne  va  pas  au  delà  de  5  millions.  On  trouve 
dans  les  environs  beaucoup  d'aniiquiles.  Elle  est  à 
560  kd.  ouesi  par  sud  de  Consianiinople.  Lat.  nord 
40°  38'  iT';  long,  est  20°  36'  58".  Sur  les  70,000 
habitants  qu'elle  compte,  il  ya20,O00JurK  12,  00 
Grecs,  3000  Franks. 

IJrbs  Tirihulensis,vet  Tiiilialum,  Tschorli.  — C'est 
une  ville  de  la  Rumélie,  Turquie  d'Europe,  qui  fait 
partie  du  sandschak  el  qui  est  à  72  kil.  sud-sud-ouest 
de  Vi^a,  sur  le  Zorulus.  Elle  est  ceinte  de  murs, 
mais  qui  lombenl  en  ruines.  On  y  voit  une  mosquée, 
•un  klian  et  quelques  chapelles  grecques  délabrées. 
On  y  fait  un  commerce  de  bestiaux,  et  surtout  de 
fromages  qui  sont  renommes  et  recherchés  dans 
toute  la  Rumélie.  La  population,  de  4000  habitants, 
y  est  irès-mélangée;  elle  se  compose  de  Turks,  de 
Grecs  el  d'Arméniens. 


Ion  que  l'état  du  commerce  est  plus  ou  moins  pros- 
père. Ce  nombre  est  rarement  au-dessous  de  cin- 
quante. La  piété  des  chrétiens  de  ce  lieu  est 
digne  des  éloges  que  l'Apôtre  donnait  à  ceux 
qu'il  y  avait  inslruils.  Les  seuls  vestiges  matériels 
du  plissage  du  grand  Apôtre  sont  trois  chaires  du 
liant  desquelles  le  sublime  Paul  avait,  dit-on,  in- 
siriiit  les  Thessaloniciens.  L'une,  qui  est  en  bois,  se 
trouve  entre  les  mains  d'un  juif  :  personne  ne  va  la 
voir,  tant  l'antiquiié  en  est  suspecte.  Les  deux  au- 
tres sont  dans  les  mosquées  des  Turks;  ceux-ci  les 
conservent,  à  cause  des  cadeaux  des  curieux  qui 
vont  les  visiter.  Mais  ces  chaires  ne  se  composent 
plus  qne  de  quelques  morcea'ix  de  marbre,  aux- 
quels sont  attachés  quatre  à  cinq  marches  d'un  es- 
calier étroit.  On  reconnaît,  à  l'examen  de  ces  res- 
tes, qu'ils  ont  éié  enlevés  à  qi'Clqnes  chaires  du 
genre  de  celles  qu'on  retrouve  dans  les  églises  grec- 
ques (1).  Il  esi  donc  probable  que  les  Turks  les  ont 
ironvées  dans  les  temples  chrétiens,  lorsqu'ils  se 
sont  emparés  du  pays,  el  qu'ils  ont  converti  ces 
temples  en  aut;int  de  mosquées  Celles  de  ces  ancien- 
ne? églises  qui  subsistent  encore,  sont  spacieuses, 
d'un  bon  gnùt  d'architecture,  el  quelques-unes  re- 
marquables par  la  beaiiié  de  leurs  co'onnes  en  mar- 
bre :  les  Tuiks  n'y  ont  fait  aucun  ehangement  noia- 
j).s  .  Dans  une  d'elles,  on  voit  les  porliaits  en  niu- 
s..iqi!e  de  Noire-Seigneur  et  des  apôtres;  dans  une 
autre,  le  tombcnu  d'un  saint  api  e.é  tlcriié:r'.  Il  y  a 
toujours  une  Inmpe  allumée  sur  ce  lomlicau:  et  l'i- 
man  qui  est  préposé  à  la  garde  de  la  mosi|uée  a  soin 
d'enireleiiii  d'huile  cette  lampe. 

La  population  de  Salonique,  qui  est  de  70  000  ha- 
bitants, se  compose  de  Turks,  de  Grées  et  de  Juifs. 
Les  derniers  sont  h  s  plus  nonibreus  ,  el  renommés 
entre  les  Juifs  niéme  par  leur  attaclienieni  a  liMir  loi. 
Kéanmoiiis  li  soif  du  gain  dont  cette  iialion  estd'- 
vorée,  el  le  dé^ir  de  se  sotisiraire  aux  avanies  des 
Turks,  en  ont  détaché  un  bon  nombre,  qui  ont  em- 
brassé la  religion  musulmane,  sans  renoncer  toute- 
fois au  judaïsme  d'une  manière  absolue;  niahomc- 
tans  au  dehors,  juifs  dans  l'iutérienr  de  leur  famille, 
tels  sont  ces  nialheureux,  dont  le  nombre  peut  s'é- 
lever à  5000.  Les  Turks  n'ont  jamais  pu  les  amener 
à  contracter  des  alliances  avec  eux,  mais  ils  nes';il- 
licnt  pas  non  plus  avec  les  véritables  Juifs  ;  en  sorte 
qu'ils  forment  une  tribu  à  pan,  qui  se  suflit  a  elle- 
même,  ils  sont,  du  reste,  fort  riches.  La  population 
grecque  s'élève  lout  au  plus  à  10  ou  12,000  âmes; 
ces  sectaires  possèdent  plusieurs  églises,  qu'ils  ont 
làiies  pour  remplacer  celles  que  les  Turks  leur  ont 
enlevées  ;  toutes  ces  églises  n'avaient  rien  de  re- 
tnanjuable. 

La  lièvre  règne  presque  toute  l'année  5  Salonique. 
Cette  ville  a  encore  ses  murailles  telles  qu'elles 
étaient  quand  les  Turks  s'en  emparèrent.  Le;  portes 
te  lernient  cbaqiie  soir  au  coucher  du  soled,   et  on 

(I)  Elles  sont  un  tiers  pms  élevées  que  les  nôtres,  de  forme  ronde,  petites,   avec  un   escalier  étroit  et 
tour'  a;/l  autour  d'un  pilier. 


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DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUK. 


Urbs  Treceusis,  vel  Trecœ,  vel  Tricasses,  tel  Au- 
gusioboia,  Troyes.  — Son  évêclié  daie  du  ni"  siè- 
cle, éiail  et  est  encore  siiffragant  de  Sens.  Con- 
servé par  le  concordat  de  1801,  il  a  sons  sa  juridic- 
tion tout  le  déparienient  de  l'Aube.  —  Il  s'est  lenn  à 
Troyes  cinq  conciles,  en  867,  878,  J 104,  1107  et 
1128.  Il  y  a  un  gr:ind  et  un  petit  séminaires. 

Les  élyniologisles  ,  qui  souvent  troiivenl  des 
mystère';  où  il  n'y  eu  a  pas,  disent  que  celle  ville  a 
élé  appelée  Trecœ,  comme  qui  dirait  Très  nrces,\tsr- 
ce  qu'il  y  av.nit  autrefois  trois  châteaux  dont  on  voit 
encore  les  vesiiges.  Le  plus  considérable  était  relui 
où  les  comtes  de  Clianipagne  faisaient  leur  demeure. 
L'église  Saiiit-Eiicnne  en  ci;iit  la  sainie  chape'Ie.  Le 
second  de  ces  châteaux  est  presque  entièrement 
abattu  ,  et  l'on  ne  voit  plus  qu'un  reste  de  tour  et 
quelques  murailles  qui  étaient  derrière  le  couvent 
des  Coidclieis.  L'église  autrefois  ap(;elée  Saint-Jean- 
le-Chatel  et  Beffroi,  et  depuis  Saint-Biaise,  servait  de 
chapelle  à  ce  château.  Le  troisième  enfin  était 
entre  l'église  de  Saint-Nicolas  et  la  porte  du  nelfroi. 
Ce  fut  dans  ce  dernier  que  le  roi  de  France  Louis 
le  liègue  accueillit  vers  l'an  878  le  pape  Jean  VIII, 
a]\rès  avoir  reçu  de  sa  main  la  couronne  impériale 
dans  un  concile  tenu  dans  l'église  cathédrale  de 
Tioyes.  Ce  troisième  château  fut  ruiné  par  un  in- 
cendie .'irrivé  en  l'an  Vj-li. 

Quoique  Jules  César  n'ait  pas  fait  mention  de 
Troyes,  ri  y  a  tout  lieu  de  croire  que  cette  ville  eiis- 
lait  de  sou  icuips,  car  elle  était  déjà  uoe  des  plus  no- 
tables de  la  Gaule  dès  le  premier  siècle  de  notre  ère. 
Pline  parle  du  peuple  Tricasses.  l'ioléméc  appelle  la 
capitale  de  ce  peuple  Augtistobom  ou  Atigitsiomana 
Tricassium.  Elle  dut  perdre  le  nom  d'Angustobona 
pour  prendre  celui  de  la  peuplade  dont  elle  était  le 
chef-lieu,  à  peu  près  vers  le  temps  où  la  ville  de  Lu- 
lèce  prit  celui  de  Paris.  —  Troyes  fut  d'abord,  com- 
me Paris  et  Melun,  circonscrite  dans  une  île  formée 
par  deux  bras  de  la  Seine.  Dès  l'an  356,  elle  était  fer- 
mée de  murs,  ainsi  que  nous  l'apprend  Animien  Mar- 
cellin.  En  M,  Attila,  roi  des  IIuiis,  ayant  élé  défait 
par  Aétius,  (it  sa  retraite  sur  Troyes,  où  l'alarme  de- 
vintgcnérale  lorsqu'on  apprit  qu'il  marchait  sur  cette 
ville.  Sous  les  murs  de  laquelle  il  arriva  le  20  sep- 
tembre. Saint  Loup,  qui  en  éiaii  évèquo,  avait  tout 
.î  craindre  d'une  armée  composée  de  gens  féroces  et 
accoutumés  au  pillage  :  la  ville,  alnrs  peu  considéra- 
ble, n'avait  pour  défense  que  des  murs  construiis  à 
la  halo  deux  siècles  auparavant.  Le  prélat  négocia 
avec  Auila  pour  le  passage  de  son  armée  dans 
Troyes.  Par  une  des  cnndifions  de  ce  traité,  Attila 
exigea,  pour  sa  sauvegarde  et  cell»  de  son  armée, 
que  l'évêque  l'accompannât  jusqu'au  Rhin,  lui  pro- 
nielianlde  le  laisser  revenir.  En  effet,  dès  que  l'oc- 
casion s'en  présenta,  le  barbare  ne  s'opposa  pas  à 
son  retour. —  La  ville  de  Troyes  fut  réduiie  on  cen- 
dres par  les  Normands  en  8^9.  En  1228,  le  comte 
Thibault  IV  y  fut  assiégé  par  les  seigneurs  qui  vou- 
lurent enlever  la  régence  à  la  reine   Blanclie.  S:tint 


Louis  vint  en  personne  au  secours  de  Troyes,  et  le 
siège  fui  levé.  Le  jeune  ri'i  n'était  encore  que  dans 
sa  quatorzièir.e  année;  il  lit  ses  premières  armes 
dans  celle  expédition.  Le  duc  de  Bourgogne  s'em- 
para de  Troyes  vers  1415.  Après  l'assassinat  de  ce 
prince  à  Moutereau,  par  ordre  du  dauphin  Charles, 
la  reine  Isabeau  de  Bavière  crut  cette  occasion  favo- 
rable pour  le  perdre  ;  profitant  de  la  faiblesse  d'es- 
prit du  roi,  elle  lui  persuada  de  déclarer  son  fils  cri» 
miiiel  de  lèse-majes'.é,  ennemi  de  l'Eiat,  de  le  dés- 
hériter, de  marier  leur  fille  au  roi  d'Angleterre,  Hen- 
ri V,  et  rie  lui  donner  pour  dot  la  couronne  de 
France.  Le  28  mars  1420,  le  nouveau  duc  de  Bour- 
gogne arriva  à  Troyes  ave^^  une  suite  nombreuse,  et 
il  fut  admis  à  prêter  foi  ei  hommage  au  roi  pour  le 
duché  de  Bourgogne,  les  comtés  de  Flandre  et  d'Ar- 
tois et  ses  autres  seigneuries.  Il  y  fut  reçu  avec  con- 
fiance par  leroi,  la  reine  etmadame  Catherine  ;  le  roi 
n'avait  plus  ni  mémoire  ni  jugement.  Les  conditions 
de  la  paix  avaient  élé  convenues  pendant  que  la  trêve 
était  prorogée  seulement  do  dix joursen  dix  jours, 
et  le  9  avril,  Isabeau  en  fit  signer  les  préliminaires 
à  Charles  VI ,  qni  ne  savait  pas  ce  qu'il  faisait.  Ces 
préliminaires  obligeaient  Henri  V  à  renoncer  au  titre 
de  roi  de  France,  qu'il  s';iltribu.iil  ,  pour  se  conten- 
ter de  celui  de  régent  et  héritier  de  la  couronne  ; 
mais  en  retour  ils  lui  transmettaient  immédiatement 
l'administration  du  royaume  :  ni  la  reine  ni  le  duc 
de  Bourgogne  ne  s'y  étaient  réservés  aucune  part. 
Les  négociations  avaient'  porté  dès  lors  sur  la  ga- 
rantie des  libertés  du  royaume  et  de  son  intégrité  , 
et  sur  quelques  réserves  pour  l'entretien  du  roi  et  da 
la  reine,  ou  pour  le  douaire  de  madame  Michelle  , 
duchesse  de  Bourgogne.  Le  29  aviil  ,  le  chancelier 
de  France  donna  communication  de  l'état  des  négo- 
ciations à  une  assemblée  formée  à  Paris,  du  parle- 
ment, de  la  chambre  des  compies  ,  de  l'université  , 
du  chapitre,  des  gens  du  roi  ,  du  prévôt  de  Paris  , 
du  prévôt  des  marchands,  enfin  des  quarteniers,  des 
dizainiers  et  cinquanteniers.  Aucune  voix  ne  s'élev-i 
contre  ces  préliminaires;  on  ne  répondit  à  leur  lec- 
ture que  par  des  cris  de  :  Vive  le  roi ,  la  reine  et  le 
duc  de  Bourgogne  !  Le  chancelier  et  le  premier  pré- 
sident se  rendirent  ensuite  à  Pontoise,  auprès  du  roi 
d'Angleterre  :  tout  était  conclu,  et  le  20  inai,  celui- 
ci  se  transporta  lui-même  à  Troyes.  Il  était  accom- 
pagné l'ar  les  ducs  de  Glocester  et  de  Clarence,  ses 
frères,  et  il  conduisait  avec  lui  une  année  de  7ii00 
hommes  d'.irnies.  Le  dite  de  Bourgogne,  à  la  tête  des 
seigneurs  de  son  parti  et  de  celui  de  la  reine,  alla 
au-devant  de  lui,  et  le  conduisit  à  l'hôtel  qui  lui  éiaii 
destiné,  nu-dessouhs  de  l'esglise  Sainct-Jelian.  En  ar- 
rivant, ce  prince  vit  le  roi  ,  la  reine  et  dame  Cntlie- 
rine,  leur  fille  ,  qui  feirent  de  irès-grantz  honneurs 
l'ung  à  l'autre.  Le  "0  mai  ,  lendemain  ,  suivant  Le- 
febvre,  du  jour  de  la  Trinité  ,  que  VArl  de  vérifier 
les  dates  place  au  2  juin  1420,  et  le  2  juin,  suiv.mt 
Jiivenal  des  Ursiiis,  c'est-à-dire,  le  jour  même  de  la 
Trinité  ,    Henri  V ,   voulant   que  le  mariage  se  fist 


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GEOGRAPHIE  t)ES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


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sitivant  la  consimne  de  t'rance  ,  épousa  madame  Ca- 
llicrine  dans  l'aglise  parochiale.  Henri  de  Savoisy  , 
archevêque  de  Sens,  leiir  donna  la  bcnédiciioii  ,  et 
pour  treize  deniers  il  mil  sur  le  livre  irei/.e  nobles. 
Ai'dffrande,  avec  le  cierge,  les  nouveaux  époux 
oITrirent  chacun  trois  nobles,  et  donnèrent  à  ladite 
église  deux  cents  nobles  ,  et  feuretit  les  soupes  au  vin 
faiclesen  la  mayniere  accoustumée  et  le  lit  béni,  t  S'y 
feurenl  faicles  ce  jour-là  par  les  .\nglais,  ajoute 
saint  Remy,  grands  estais  et  bombanz,  eslanl  riche- 
ment vesuis  et  parez  de  draps  d'or  et  de  soye  de 
riches  couleurs  et  chargiez  de  pierres,  que  François 
et  Borgoignons  s'esmerveilloient  oii  telles  ri- 
chesses pouvoient  avoir  esté  prinses.  Là  esioient  du 
parly  du  roi,  le  duc  de  Borgoigne,  par  le  moyen 
duquel  les  iraictiez  et  alliances  se  faisoienl;  et  avec 
lui  le  prince  d'Orange  ,  le  seigneur  de  Joinville,  1; 
Veau  de  Bar,  le  seigneur  de  Monlagu,  messire  Jean 
de  Coitebrune,  mareschal  de  Borgoigne  et  Picardie, 
le  comte  de  Conversan,  niessiie  Jehan  de  Luxem- 
bourg, le  seigneur  de  Croy,  le  seigneur  du  Hnmber- 
cour,  le  S.  de  Longueval,  le  S.  de  Robec,  M.  Ilere 
de  Lannoy ,  etc.  >  —  Le  fameux  traité  de  Troyes , 
par  lequel  Charles  VI  rendait  la  Frai;ce  sujeile  du 
roi  d'Angleterre,  fut  signé  le  21  mai.  Par  ce  traité, 
Henri  V  s'engageait  à  conserver  à  Charles  VI  et  à 
Isabeau,  durant  la  vie  du  premier,  la  couronne  et  la 
dignité  royale,  avec  les  revenus  nécessaires  pour  en 
soutenir  la  splendeur.  Mais,  après  la  mort  de  Char- 
les VI,  la  couronne  de  France  devait  êire  perpé- 
tuellement dévolue  ,  avec  tous  ses  droits  ,  à  Henri  V 
et  à  ses  héritiers.  Même  pendant  la  vie  de  Charles  VI, 
l'adniinisiration  du  royaume  devait,  à  cause  de  l'in- 
firmité du  roi ,  êire  confiée  à  Henri  V;  mais  il  éiait 
tenu  d'user  pour  cela  des  conseils  des  nobles  et  des 
sages  du  royaume,    de   maintenir  la  juridiction  du 


partie  de  la  Fraiicc,  et  ^nrloul  par  la  ville  de  Paris, 
qui  était  réduite  au  dernier  dogié  de  misère  :  beau- 
coup d'autres  cependant  n'y  voy;iient  qu  l'humi- 
liation de  la  France  et  le  triomphe  de^  Anglais,  que 
pendant  un  siècle  on  s'était  accoutumé  à  regarder 
comme  ennemis.  Aussi  plusieurs  des  grands  sei- 
gneurs attachés  au  duc  de  Bourgogne,  et  entre  au- 
tres les  deux  frères  de  Luxen>bouig,  refusèrent-ils 
d'abord  de  jurer  le  traité  de  Troyes.  Les  villes  de 
Bourgogne  ne  montrèrent  pas  moins  d'éloignemenl 
pour  le  recevoir.  Les  bourgeois  de  Paris  ,  au  con- 
traire ,  écrivirent  le  2  juin  à  Henri  V,  pour  accepter 
ce  traité  de  paix,  et  protester  de  leur  soumission. 
Les  trois  Etats  du  royaume  furent  convoqués  à  Paris, 
pour  donner  leur  sanction  à  ce  même  traité.  Char- 
les Vi  présida  lui-même,  le  (J  décembre,  leur  assem- 
blée dans  son  palais  de  Saint-Paul  ;  il  avait  alors 
suffisamment  de  présence  d''esprit  pour  ré|  èter  la 
leçon  qu'on  lui  avait  faite,  et  déclarer  qu'il  regardait 
le  traité  de  Troyes  comme  pouvant  seul  assurer  la 
paix  du  royaume.  Il  invita  les  trois  Etats  à  se  retirer 
dans  leur  ciiambre  pour  délibérer,  et  à  se  réunir  de 
nouveau  le  10  décembre,  en  assemblée  générale.  Ce 
jour-là  le  traité  de  Troyes  fui  solennellement  accepté 
par  les  trois  Etats  du  royaume  ,  et  déclaré  loi  de  la 
monarchie. 

En  1429,  Charles  Vil,  sur  les  instances  de  la  Pu- 
celle  d'Orlé.ins,  prit  la  déierminalion  de  se  rendre  à 
Keims  pour  s'y  faire  sacrer.  Il  arriva  sous  les  murs 
de  Troyes  le  l'"''  juillet ,  et  fit  sommer  la  ville  de  se 
rendre.  Les  liahitanis  ,  dominés  par  les  Anglais ,  re- 
fusèrent de  le  reconnaître  et  se  préparèreni  à  la  ré- 
sistance ;  mais  Jeanne  d'Arc  ayant  aitaqué  la  place 
avec  vigueur,  les  assiégés  entrèrent  en  négociations, 
qui  se  terminèrent  par  la  soumission  de  la  ville  au 
roi  ,  qui  y  lit  une  entrée  solennelle  et  proclama  une 


parlement,  ainsi  que  les  droiis  ei  liberiés  des  nobles,  ;   amnistie  générale.  —  Sous  le  règne  de  François  l' 
pairs, cités, villes  et  communautésdeFrance. Ceux-ci,  r,  Troyes  devint  une  place  importante  durant  les  guer- 


en  retour,  devaient  prêter  serment  de  le  servir  fidè- 
lement el  de  le  reconnaître  pour  roi  au  décès  de 
Charles  VI.  Henri  s'engageait  à  réduire  à  l'obéissance 
du  roi  toutes  les  villes  et  piovinces  qui  tenaient  le 
parii  d'Armagnac  ou  du  dauphin  ;  mais  toutes  ces 
conquêies  ,  la  Normandie  exceptée  ,  devaient  être 
réunies  au  royaume  de  France.  La  Normandie  elle- 
même  devait  y  être  réunie  aus=i  quand  Henri  V 
parviendrait  a  la  couronne.  Henri  s'engageait  à  ne 
lever  aucune  imposition  sur  le  royaume  ,  sans  cause 
raisonnable  el  nécessaire.  Les  deux  royaumes  de- 
vaient demeurer  perpéluellement  unis  et  gouver- 
nes par  le  même  roi  ,  mais  cliacun  selon  ses  lois  et 
ses  usages  ,  el  par  ses  officiers  nationaux.  Les 
deux  rois  ei  le  duc  de  Bourgogne  s'engageaient  enfin 
à  ne  jamais  traiter  avec  Charles,  </«/  se  dit  dauphin 
de  Viennois,  si  ce  n'est  d'un  commun  consentement, 
et  avec  le  conseil  des  trois  Etals  du  royaume,  à  cause 
des  horribles  el  énormes  crimes  qu'il  a  commis.  L'es- 
pérance de  la  paix  ,  après  tant  et  de  si  truelles 
souffrances,  fit  accueillir  ce  traité  avec  joi'  par  une 


res  de  ce  prince  avec  l'empereur  Charles-Quint  :  les 
officiers  municipaux  employèrent  ,  pour  réparer  les 
fortifications ,  le  produit  d'un  octroi  qui  leur  avait 
été  accordé  ,  et  ceiie  ville  fut  munie  de  loui  ce  qui 
peut  rendre  une  forieresse  capable  de  soutenir  un 
long  siège.  En  lo24,  la  ville  de  Troyes  fut  en  grande 
partie  brûlée  par  des  bonte-feux  au  service  de  l'em- 
pereur Chailes-Quint.  L'incendie  commença  le  21 
mai  à  la  maison  de  \' Homme  sauvage,  à  l'eniréede  la 
rue  du  Temple;  il  gagna  et  consuma  toutes  les  mai- 
sons jusqu'aux  portes  de  Croncels  el  de  Beliroy,  le 
château  de  la  Vicomte,  les  églises  de  Saint-Jean  du 
Temple,  du  Saini-Esprit ,  de  Sainl-Panialéon,  Saint- 
Nicolas,  Saint-Bernard,  une  partie  de  celle  de  Saint- 
Jean  au  Marché  ,  où  cinq  gro.-ses  cloches  furent  fon- 
dues ;  enfin  Saint-Abraham  ,  où  le  feu  commença  à 
s'apaiser,  après  avoir  duré  vingt-lmit  heures.  Plus 
de  vingt-deux  rues  furent  la  proie  de  cet  incendie  , 
et  quelques-uns  disent  que  trois  mille  maisons  furent 
consumées  par  les  flammes  ;  mais  ce  nombre  paraii 
exorbitant ,  vu  l'étemlue  de  la   ville.  Quoi  qu'il  en 


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DICTIONiNAiRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQIJE.  900 


soit,  h  perle  fut  immense  ,  et  quantité  de  magasins 
de  grains,  de  vins  et  de  marcliandises  furent  enlié- 
rement  cnnsumés. 

La  relijjion  réformi'e  s'introduisit  à  Tr"yes  vers 
î''5i»,  et  y  fil  d."  nombreux  i  rn»clytes.  Après  le  mas- 
s^rre  de  Sens  Un  1oî2),  lù  plus  de  cent  calvinistes 
fur  ni  jt^tés  dans  l'Yonne  an  sertir  de  leur  (irêclie  , 
Ci-ux  de  Troyes  ,  crnignant  le  même  suri,  se  rendi- 
rent maîtres  de  la  ville  ,  rpie  reprit  bienlôt  le  duc 
de  Nevers,  g  nverneur  de  la  provinre,  doni  les  sol- 
dais cominiient  les  plus  grandes  violences  contre  les 
reliijionnaires.  Ces  malheureux,  cousîernés,  résolu- 
rent d'abandonner  leur  pairie  et  d'einnieneravec  enx 
leurs  femrat'S,  leurs  enfants  et  une  partie  de  leurs 
effet'i  ;  ils  se  retirèrent  à  Bar-sur-Seiue  dont  ils  s'eni- 
parêreni,  mais  qui  leur  fut  enlevé  peu  après  par  les 
callioliques. 

Tioyes  est  la  première  ville  où  fui  signée  l'asso- 
ciation dite  de  la  sainte  ligue  ;  dès  l'an  Ic62  ,  le  c:ir- 
dinal  de  Lorraine  é:ant  au  concile  de  Trente,  Cimçut 
Je  plan  d'une  sainte  ligue,  ou  associatinn  de  catholi- 
ques, qui  devait  avoir  le  triple  but  de  défendre  à 
main  année  l'église  catholique  en  France,  de  faire 
rendre  au  frère  du  cardinal,  François  duc  de  Guise, 
la  lieuienance  générale  du  roy.iume,  dans  le  cas  où 
la  race  des  Valo  s  viendrait  à  s'éteindre.  La  mort  du 
duc,  assassiué  devant  Orléans  par  Polirot,  ne  permit 
pas  au  cardinal  d'exécuter  son  plan.  Cinq  ans  après, 
Henri  de  Lorraine,  duc  de  Guise,  fi  s  aîné  de  Fran- 
çois, et  alors  âgé  de  huit  ans,  fit,  pour  la  pieniière 
fois,  composer  une  formule  de  serment,  par  laquelle 
les  siguatiires  s'engageaient  à  sacrifier  leuri  biens 
et  leurs  vies  à  la  défense  de  la  religion  catlmliiine 
envers  et  contre  tous  ,  excepté  contre  le  roi,  la  fa- 
mille royale  ei  les  princes  de  son  alliance.  Celle 
formule  fut  signée  par  la  noblesse  de  Champagne  et 
de  Brie,  pro»inces  dont  Henri  était  guuverneiir  ;  et 
le  25  juillet  1568,  l'évêque  et  le  clergé  de  Troyes  la 
signèrent  égalerat-nt.  L'ussociaiion  est  nonmiée,  dans 
la  formule,  sainle  ligue,  ligue  chrétienne el  royale{i}. 
Juiiqu'à  l'année  1576,  cette  association  resta  secrète 
et  ne  passa  pas  les  limiies  de  la  Champagne;  mais 
à  l'avénemeni  de  Henri  111  au  trône,  l'édii  de  pacifi- 
cation de  1573  ayant  été  rompu,  Henri  de  Guise 
commença  à  mettre  à  exécutiun  les  plans  de  son 
oncle  le  cardinal.  Après  l'abjur.aion  de  Henri  IV,  les 
Troyens  le  reconnurent  pour  leur  souverain  ,  et 
chassèreui  les  ligueurs  de  leur  ville,  où  le  roi  fit  une 
entrée  solennelle  le  20  mai  1505. 

La  ville  de  Troyes  eut  des  comtes  héréditaires 
»ers  le  milieu  du  x«  siècle.  Le  comte  Robert,  qui 
s'empara  de  cette  ville  sur  l'évêque  Ansegise,  mou- 
rut eti  968,  et  eut  pour  successeur  son  frère  Héri- 
bert  de  Vermandois.  Ce  dernier  transmit  le  comté 
de  Troves  h  Etienne,  son  fils,  en  qui  s'éteignit  la 
première  race  des  comtes  de  Troyes.  Vers  l'an  liil'j, 
Eudes  ,  dit  le  Champenois ,  s'empara  du  comté  de 
Troyes  et  de  Champagne.  En  lui  cumuience  la  se- 


conde race  des  puiss.inis  comtes  de  Champagne,  qui 
souiiiirent  des  guerres  contre  les  empeieurs.  les  rois 
de  France  et  de  Bourgogne,  elc.  Quoique  leur  fief 
releiàt  de  la  couronne,  ils  ne  c^aign  ient  pas  de 
s'atirihuer  l'autorité  sonver.iiue,  et  même  de  pren- 
dre quelquefois  la  qualité  de  ro>s.  .\u  comté  de 
Ch:jmp'ig(ie  plu>ieurs  réunirent  ceux  de  Blois ,  de 
Chartres  et  de  lirie.  Leur  séjour  le  plus  ordinaire 
étoi  la  ville  de  Troyes,  dont  la  giandciir  réjKuidit 
bien  ôl  à  celle  de  ses  souvemins.  Thibault  IV,  qui 
ré^na  de  1102  à  115'3,  déploya  sur  cette  ville  toute 
la  magnificence  d'un  prince  véritablement  grand.  Il 
affranchit  les  hommes  e'.  les  appliqua  anx  arts  uti- 
les ;  il  attira  toute  l'Europe  aux  foires  de  sa  capitale, 
qui  fut ,  pendant  quatre  siècles  ,  l'entrepôt  du  cem- 
merce  de  toutes  les  pariirs  occidentales  de  ce  conti- 
nent ;  créa  des  manufactures  ;  el,  pour  leur  con.mo- 
dilé,  il  partagea  la  Seine  en  une  inliiiité  de  ramifica- 
tions qui  la  portèrent  dans  tous  les  ateliers;  e  tre- 
pri^e  digue  de  l'admiration  des  siècles  les  plus  éclai- 
rés, soit  par  son  oljet ,  soit  qu'on  l;i  Considère  du 
côté  de  l'an  qui  a  présidé  à  cette  distribution  ,  d  nt 
cette  ville  jouit  encore  aujourd'hui.  En  un  no  t,  le 
comte  Thibault  créa  et  fixa  à  Troyes  l'industne  et 
l'esprit  de  commerce  qui  la  souiiennenl  depuis  qu'elle 
a  ces<é  d'ê:re  une  des  premières  places  de  l'Eorope. 
La  race  des  comtes  de  Champagne  est  éteinte  demis 
d-s  siècles.  Leur  grandeur  et  leur  palais  ont  dispaiu, 
leurs  poésies  et  leur  puiss  ince  sont  tombées  dans 
l'oubli  ;  ce  qu'ils  ont  fajl  pour  le  bien  des  pinp  es 
subsiste,  et  leur  mémoire  recueille  encore  de^  bé  é- 
dictions. 

La  ville  de  Troyes  a  éié  visitée  par  plusieurs  rois 
de  France  :  Charles  le  Chauve  y  séjourna  avant  la 
bataille  de  Fonienay ,  pris  de  Chablis  ,  où  périt  la 
plus  grande  partie  de  la  noblesse  de  Ctian)|iagne; 
événement  qui ,  dit-on  ,  a  donné  lieu  à  la  noblesse 
Diérine,  par  laquelle  la  mère  anoblissait  l'enfant 
qu'elle  tenait  d'un  père  roturier.  En  15îi  ,  Char- 
les IV,  dit  le  Bel,  épousa  dans  le  palais  des  comtes 
de  Champagne,  Marie  de  Luxembourg,  fille  de 
Henri  VIII,  empereur  d'Allemagne  ;  Charles  Vlll  y  ht 
une  entrée  solennelle  en  1486;  Louis  XII  y  vint  en 
•1510;  Charles  IX  y  séjourna  en  1564  :  c'est  pendant 
son  séjour  à  Troyes  qu'il  signa  la  paix  avec  Elisa- 
beth, reine  d'Angleterre,  après  la  reprise  du  Havre. 
Nous  avons  dit  précédemment  que  Henri  IV  y  entra 
en  159.').  Louis  XIII  séjourna  en  cette  ville  en  1629; 
honneur  qui  coûta  un  peu  cher  aux  Troyens ,  car 
après  le  départ  du  roi  ,  on  leva  sur  tous  les  habi- 
tants de  la  ville  et  des  faubourgs,  la  somtne  de 
200, OM  livres  17  sous,  pour  payer  les  frais  d'entrée 
et  de  séjour  du  monarque.  Louis  XIV  s'y  arrêta  en 
1668,  au  retour  de  la  Francbe-Comlé  qu'il  ven.iilde 
coui|uérir.  —  Kn  1795,  la  commune  de  Troyes  a  été 
terrorisée  :  Roussebn  y  lut  envoyé  par  le  comité  de 
salut  public,  le  -id  brumaire  au  II;  il  arriva  (e28, 
ériiie.i  le  tribunal  criminel   en   tribunal  révolulion- 


(t)  Journal  de  Henri   III,  t.  III,  pag.  51,  édition  de  1744. 


901 


CÊOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOÏËN  AGE. 


302 


I 


naire,  ei  lit  dresser  une  guillotine  perm.inenie  sur  la 
Iil:)ceS:iiiil-Picrre.  Le  même  jour,  il  iuip  sa  révolu- 
lioiinniremeiii  1,700,000  llvie^  sur  les  citoyens  de 
tous  éiiis.  —  L'empereur  Napoléon  p:is-a  à  Tioyes 
en  1n05.  Il  rendii  dans  celle  ville  un  décret  concer- 
nant la  iiavig:iiion  de  la  liaiiie  Seini<,  qui  devait  êire 
rendue  navigalile  jusqu'à  Cliailllnn.  La  ville  de 
Triiyes  accorda  200,00'  Ir.  pour  commencer  les  tra- 
vaux. Le  4  lévrier  1814,  >'apoléon  reprit  la  ville  de 
Trnyes  sur  les  Russes  ,  qui  s'en  étaient  emparés  ; 
évacuée  q'iel(|nes  jouis  après  par  l'armée  française, 
celte  ville  tomba  de  nouveau  au  pouvoir  des  armées 
étrangères  ,  qui  y  coiniuireiil  toutes  sortes  d'ex- 
cès. 

La  ville  de  Trnyes  est  située  au  milieu  d'une  vaste 
et  Fertile  plaine,  ^ur  la  rive  gauclie  de  la  Seine,  qui 
Ttiiionre  en  parue  et  disiribue  ses  eaux  dans  sou 
intérieur  par  de  nombreux  cait'.ux  de  dérivaiiun,  qui 
aliinenient  un  grand  nombre  d'usines  et  de  manu- 
factures. Elle  est  enceinte  d'assez  bonnes  murailles 
dont  on  délruit  annuellement  quelques  parties, 
presque  entièrea)ent  construile  en  bois  et  générale- 
ment mal  bâtie  :  cependant  plusieurs  quartiers  of- 
frent des  rues  spacieuses,  propres  et  assez  bien  per- 
cées. La  Seitie,  qui  se  divise  en  deux  bras  avant  de 
baigner  ses  murs,  forme  une  multitude  de  canaux 
et  de  petites  livières  qui  vivilieiil  ses  gracieux  alen- 
tours :  un  sentier  côtoie  leurs  bords  nanis  :  il  con- 
duit aux  blancliisserles,  aux  foulons  et  aux  nom- 
breuses manufactures  répandues  au  milieu  d'un 
paysage  |iittoie<que,  entrecoupé  de  prairies  ,  bordé 
de  haies  vives  et  ombragé  de  bouquets  d'arbres.  De 
quelque  côté  que  l'on  se  dirige,  on  découvre  à  cha- 
que pas  des  eaux  limpides  ,  des  jardms  agréables 
et  bien  cultivés,  de  verts  ombrages,  des  vignes,  des 
bosquets  et  des  liabitaiinns  charmantes.  Dans  la  lon- 
gueur de  ces  divers  bras  de  la  Seine,  ou  a  pratiqué 
des  rigoles  qui,  recevant  aussi  des  eaux  de  sources, 
coupent  le  terrain  qui  avoisine  la  ville  :  ces  cantons 
sont  occupés  par  des  jardinages,  des  chenevières,  des 
oseraies,  des  bois,  plants  de  saules ,  etc.  Quelques 
autres  le  sont  par  des  vignes  ;  et  à  peine  trouve-t- 
on, à  1  kil.  de  Troyes,  des  terres  labourables  :  l'om- 
brage continu  qui  les  remplace,  ofire  de  tous  côtés 
des  promenades  champêtres.  La  plaine  oit  la  ville 
est  située  se  termine  ,  du  côié  de  l'ouest,  par  un 
cordon  de  coieaux,  qui  règne  à  peu  prés,  dans  la 
direciion  du  sud  au  nord,  dans  une  étendue  de  12 
à  16  kil.  Ces  coteaux  ,  revêtus  de  vignes  d'un  côté  , 
sont  couverts  de  bois  à  leurs  sommets,  et  sont  élevés 
à  ii-d  ou  140  mètres  environ,  au-dessus  du  niveau 
de  la  Seine. 

L'église  cathédrale,  dédiée  à  saint  Pierre,  est  un 
beau  monument  d'architecture  gothique.  La  France 
en  a  très-peu  qui  lui  soient  comparables  par  l'éten- 
due du  vaisseau  ,  par  la  hardiesse  des  voûies,  par  la 
justesse  ei  le  sirand  effet  des  proportions.  Il  ne  manque 
à  S' s  perfeotious  (|u'un  peu  plus  de  lé«èrelé  dans  les 
pilieisqui  séparent  laaefdts  bas  côtés.  Le  priail 


et  la  grosse  tour  qui  le  domine  ont  une  élégance 
qui  ,  dans  bs  bâtiments  gothiques,  n'.iccunipagne 
pas  toujours  la  léger'  té.  Les  premiers  fondeinenls  de 
cetie  église  furent  jeiés  en  SU.  Elle  fut  ruinée  par 
les  Normands  en  8;;8,  et  réparée  vers  l:i  fin  du  siècle 
suivant.  Le  23  jinllei  llSSelle  fut  déiru  le  pir  un 
incendie ,  qui  consuma  presque  toute  la  \ille.  t.'est 
seulement  eu  I20i  que  fut  coHimen<ée  la  construc- 
tion de  l'église  aciuelle;  le  rond  point  était  déjà  élevé 
en  122"i;  le  chœur  et  la  nef  sont  des  ouvrages  du 
xni',  du  XIV»  et  du  xv'  siècle.  La  tour  ci  le  portail, 
commencés  en  1506,  furent  terminés  vers  la  lin  du 
XVI''  siècle.  La  longueur  intérieure  du  vaisseau  est 
de  5SI  pieds,  et  la  largeur  iniérieure  est  de  154 
pieds  ;  la  largeur  de  la  uel  et  de  la  croisée  est  de  54 
pieds;  la  hauieur  des  voûtes  sous  clef  est  de  90 
pieds,  et  la  hauienr  de  la  coupole  ei  des  tours  est  de 
192  p  eds.  Cinq  arcades  composent  la  nef  de  ce  grand 
édifice  :  elles  l<  rment ,  avec  celles  des  croisillons  et 
du  chœur,  un  ensemble  parfait.  La  gilerie  de  la  nef 
est  des  pins  riches.  Dans  la  chapelle  des  fonts  à 
droite,  il  existe  un  groupe  de  cinq  figures,  ouvrage 
du  xvi*  siècle ,  représentant  le  baptême  de  saint  Au- 
gustin ;  en  face,  sur  l'autel ,  est  une  copie  de  la  Cène 
de  Léonard  de  Vinci;  à  droite  de  l'autel  est  uu 
autre  lableau  sur  bois,  divisé  en  plusieurs  panneaux, 
représentant  la  naissance  de  Jésus-Christ.  Tous  les 
tableaux  qui  existent  dhiis  les  autres  chapelles  ne 
niériient  pas  d'être  cités,  à  rexcepiioii  toutefois  d'un 
tableau  représeuiant  l'entrée  du  pape  Pie  VII  dans 
la  cathédrale,  dont  toutes  les  ligures  sont  d'une 
grande  ressemblance  ;  c'est  l'œuvre  de  M.  Paillot  de 
Muntabert,  auteur  d'un  Traité  complet  de  peinture 
très -estimé.  Les  vitraux  des  chapelles  qui  envi- 
ronnent le  sanctuaire  ,  datent  du  commencement  du 
xiii<  siècle  :  les  sujets  de  l'Ancien  et  du  Nouveau 
Testament  y  sont  représentés  dans  des  cercles 
et  des  losanges;  malheureusement,  ces  viiraux 
oui  souffert  ,  et  il  y  a  plusieurs  panneaux  qui 
manquent.  Ce  ix  des  grandes  fenêtres  du  chœur  sont 
précieux  par  leur  belle  conservation  ei  par  les  su- 
jets q  l'ils  représenieut  :  ce  sont  la  plupart  des 
fleures ,  grandes  comme  nature  ,  de  rois  de  France, 
de  comtes  de  Champagne ,  de  princesses  de  leur  mai- 
son, d'évéques  de  Troyes  et  de  saints  personnages  du 
xui»  siècle,  dont  les  différents  costumes  sont  rendus 
avec  beaucoup  d'exactitude.  Dans  la  fenêtre  qui  oc- 
cupe le  milieu  du  sanctuaire  est  le  crucifiement  ; 
dans  celle  à  droite,  le  martyre  de  saini  Pierre  et  la 
pèche  miraculeuse  ;  à  gauche  est  l'apothéose  de 
sainte  Maihie,  patronne  de  la  ville  de  Troyes.  Dans 
les  vitres  de  la  nef  sont  des  généalogies  ,  avec  l'his- 
toire de  Tobie,  de  Jo-eph,  de  David  ,  de  Sa! miou; 
les  costumes  sont  évidemment  de  convention  ,  mais 
les  couleurs  sont  vives  et  brillantes.  La  grande  rose 
placée  au-dessus  du  grand  pori.il  est  suiioui  re- 
maniuable  par  rharmi^nie  et  la  viv;icité  des  couleurs. 

L'ancienne  collégiale  de   Saint-Urbain  ,  citée  (par 

Millin  comme  un  des  plus  beaux  oiwceaux  d'arcbi  • 


905  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE, 

tetlure  goiliiqiie,  et  dont  la  légèrelé  surpasse  celle      voit  aussi  dans  la  même 


delà  SiiiiUe  Cliapelle  de  Paris,  est  un  édifice  élevé 
par  le  pa[ie  Urbain  IV  vers  la  fin  du  xiii«  siècle. 
Après  la  mort  d'Urbain  IV,  Clément  IV,  son  succes- 
seur, envoya  larchevéque  de  Tyr  à  Troyes  pour 
bénir  la  nouvelle  église.  Un  seul  bas-relief  se  fait 
remarquer  dans  le  mur,  près  de  la  porte  méridio- 
nale de  celte  église.  Le  sculpteur  y  a  représenté  , 
dans  une  proportion  plus  petite  que  nature ,  une 
femme  couchée  sur  un  tombeau  et  enveloppée  d'un 
linceul  :  le  naturel  de  la  pose  et  la  souplesse  des 
draperies  rendent  celle  figure  digne  du  ciseau  de 
François  Gentil,  auquel  on  l'allribue.  Au-dessus,  on 
lit  une  légende,  avec  la  date  de  lo70.  Le  maîire-autel 
a  éié  récemment  entouré  d'ornements  d'architecture 
gothique,  qui  sont  loin  d'être  en  harmonie  avec  le 
ttylede  l'édifice.  —  L'église  de  Saint-Jean,  sans  être 
comparable  aux  deux  premières  ,  mérite  l'attention 
des  étrangers.  Le  maître-autel  est  décoré  d'un  beau 
tableau  de  Pierre  Mignard,  représentant  le  bapiême 
de  Jésus-Clirist  dans  le  Jourdain;  c'est,  sons  le  rap- 
port de  la  couleur  et  du  clair-olisciir,  une  des  meil- 
leures produ( lions  île  cet  artiste  célèbre.  La  figure  du 
Père  éiernel  qui  est  au-dessus,  dans  l'attique  du  re- 
table, ne  le  cède  en  lien  pour  l'exécution  au  tableau 
du  bapiême  ;  on  y  trouve  même  plus  de  chaleur  et 
d'inspiration.  C'est  un  don  que  Mignard  lit  dans  le 
temps  à  la  paroisse  Saint-Jean  ,  sur  laquelle  il  était 


90i 
ise  trois  tableaux  de 
Niiiet  de  Letin,  élève  de  Voiiei.  —  Les  piliers 
de  la  nef  it  du  chœur  de  l'église  Saint- Nlcnlas 
sont  décorés  de  statues  qui  proviennent  d'ancituiics 
maisons  religieuses.  On  y  remarque  celles  de  saint 
Nicolas,  de  saint  Frobert,  de  plusieurs  apôtres  el 
autres  saiiiis  personnages;  mais  ces  siaïues  n'offrent 
aucun  iniérêt  sous  le  rapport  de  l'art  :  elles  sont  en 
général  de  mauvais  goùi,  à  l'exception  toutefois  de 
celle  de  la  Vierge,  qui  a  de  la  grâce  dans  la  pose,  et 
dont  l'exéculion  est  bien  supéfieure;  on  la  croit  de 
la  main  de  François  Gentil,  sculpteur  estimé,  qui 
mourut  à  Troyes  en  1580.  Dans  la  chapelle  haute, 
dite  le  Calvaire,  et  qui  est  à  l'extrémité  de  la  nef, 
ou  voyait  une  peinture  curieuse  du  xvi«  siècle,  qui 
en  occupait  toute  la  largeur.  Elle  représentait  le  cru- 
cifiement :  le  fond  offrait  une  vue  de  Jérusalem,  evé- 
culée  d'après  un  dessin  pris  sur  les  lieux  par  un  ha- 
bitant de  Troyes  qui  avait  fait  le  voyage  de  la  terre 
sainte.  Cette  fresque  a  été  repeinte  entièrement  par 
un  baibouilteur  qui  l'a  totalement  perdue.  Au  milieu 
de  cette  même  chapelle  du  Calvaire,  on  voit  un  christ 
à  la  colonne,  de  proportion  plus  forte  que  nature, 
que  l'on  attribue  à  François  lientil.  Celte  i-iaïue  est 
adossée  à  la  colonne  qui  soutient  la  retombée  de  la 
voûte  ;  elle  parait  être  du  même  bloc.  Mallieureuse- 
meiit  elle  a  éié  baibouillée  à  l'huile  d'une  teinte  dite 
de  chair,  dont  la  crudité  choque  l'œil  le  moins  deli- 


lié.  Sur  l'autel  sont  deux  anges  adorateurs  de  peliie  f*'-  Cette  figure,  doni  la  pose  est  cependant  assei 

proportion  ,  en  cuivre  doré,  ouvrage  de  Girardon.  Le  naturelle,  ne  parait  las  digne  de  Gentil,    si   on    la 

retable  de  la  chapelle  des  fonis ,  à  gauche  de  la  nef  compare  aux   productions  bien  connues  de  cet  ar- 

est  décoré  de  plusieurs  bas-reliefs  en  albâtre,  de  ''^'**  Dans  le  caveau  dit  le  Sépulcie,  qui  est  au  bas 

Jacques  Juliot  :  le  plus  grand  représente  la  cène;  de  cette  chapelle,  il  y  a  une  statue  couchée   du 

les  figures,  presque  de  ronde  bosse  ,  sont  travaillées  Christ  mort,  qui,  dit-on,  est  estimée  ;  mais  l'obscu- 


avec  beaucoup  de  soin.  —L'église  Sainte-Madeleine, 
I»  plus  ancienne  delà  ville,  offre  dans  sa  construction 
des  détails  précieux  du  xii^  et  du  xvi«  siècle.  Le  jubé, 
remarquable  par  la  légèreté  et  par  la  richesse  de  ses 
détails,  futcoiisiiuit  en  1518  par  Jean  Gualdo,  ita- 
lien ;  c'est  le  seul  existant  d«s  cinq  jubés  qui  déco- 
raient autrefois  les  églises  de  Troyes  ;  deux  statues 
d  assez  bon  style  et  bien  drapées  font  partie  inté- 
grante de  sa  décoration.  Les  vitraux  des  chapelles 
qui  environnent  le  sanctuaire  ,  sont  remarquables 
par  la  vivacité  des  couleurs  et  par  la  manière  fran- 
che dont  les  riches  étoffes  sont  rendues;  ils  repré- 
sentent pour  la  plupart  des  sujets  tirés  de  la  Genèse 
et  de  la  vie  de  la  Madeleine.  Dans  Une  chapelle  à 
gauche  du  chœur  ,  on  remarque  huit  petils  tableaux 
peints  sur  bois,  et  deux  plus  grands  peints  sur  toile, 
par  Nicot,  offrant  les  principaux  irails  de  la  vie 
de  la  Madeleine.  —  L'église  de  Saini-Remy  est 
décorée  d'un  fort  beau  christ  en  bronze,  de  trois 
pieds  quatre  pouces  de  proportion,  ijtie  l'on  voit  sur  la 
grille  du  chœur;  c'est  un  des  plus  beaux  ouviai,es  du 
célèbre  Gnardoii,  qui  en  gratifia  l'église  Saint-Remy, 
.■sa  paroisse.  Sur  l'autel  d'une  tbapelle,  .i  droite,  est 
nue  sia;ue  de  saint  Robert,  remarquable  par  la  naï- 
veté de  l'expisssion  el  la  vérité  des  draperies.  On 


rilé  qui  règne  dans  ce  lieu  ne  permet  guère  d'en  ap- 
précier le  mérite.  Au-dessus  de  ce  caveau,  sous  un 
dôme  porté  par  six  colonnes  d'ordre  corinthien,  on 
voit  une  autre  statue  du  Christ  repré-enté  debout  et 
dans  une  altitude  qui  semble  indiquer  la  résurrec- 
tion. Les  tableaux  qui  existent  dans  la  même  église 
ne  méritent  pas  d'être  mentionnés  ;  un  seul  pouriani, 
exécuté  dans  le  xvr  siècf-,  peut  offrir  de  l'intérêt 
sons  le  rapport  des  cosinmes.  Il  est  sur  bois  et  divisé 
en  trois  panneaux,  où  sont  représentés  les  sacre- 
ments du  baptême,  de  l'euchariîlie  el  de  la  conlir- 
niaiion.  Les  vitres  de  la  chapelle  à  droite  du  chœur 
so'ii  d'assez  jolies  grisailles,  représentant  l'hi-'loire 
de  saint  Claude,  archevêque  de  Besançon.  —  La  pe- 
tite église  de  Saint-Panialéoii  e.-t  de  toutes  celles  de 
la  ville  la  plus  riche  en  monuments  des  ans.  Les 
douze  piliers  isolés  qui  soutiennent  les  voûtes,  soi.t 
ornés  de  riches  culs-de-lanipe  et  de  clochetons  qui 
abritent  et  supportent  vingt-deux  statues  dis,  osées 
sur  deux  rangs,  et  de  proportion  un  peu  au-dessous 
du  nature'.  Dans  la  nef,  sont  celles  de  plusieurs  vier- 
ges, saints  et  saintes;  dans  le  sanctuaire,  celles  de 
saint  Joseph  avec  l'enfant  Jésus,  de  sainte  Anne  avec 
la  Vierge,  de  saini  Nicolas,  de  saint  Andié,  de  la 
Madeleine,  de  saint  Jean  et  de  saint  Grégoire.  Toutes 


905 


GÉOGRAPHIE  DliS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  906 


ces  sialues ,  (|noique  faillies  sons  le  rapport  de 
l'é  uile,  l'iii  une  cenaliie  naïvelé  qui  plali,  el  ne  sont 
pas  lie  nianvaii  goût.  On  los  aiinbiie  généialenienl  à 
Fr.iiiçiiis  Gentil;  mais  les  deux  petites  siaïues  d«;  la 
Fdi  el  di!  la  Cliaiiié,  qui  sont  plus  rapprochées  de 
Tau  el  di;  chaque  côlé,  paraissent  seules  dignes  du 
ciseau  de  cet  a^Ii^le.  Dans  la  chapelle  à  droite  de 
l'uulel.  Il  y  a  un  groupe  de  saint  Juai  him  el  de  sainte 
Anne  se  rencontrant  sous  la  porte  dojéu;  il  est  aussi 
de  françois  Gentil.  La  première  chapelle  à  droite 
de  la  nef,  arrangée  eu  calvaire,  renlerine  plusieurs 
groupes,  dont  deux  seulonient  paraissent  être  de 
Gentil  :  celui  de  l'ilaie  montrant  Jésus  Christ  au 
peupli',  et  celui  de  la  Vierge  soutenue  pur  saint  Jean 
et  par  la  Madeleine.  Le  retabl.:  de  la  cliapelle  qui 
suit  iinMiédiaicinent,  est  décoré  d'un  groupe  cuiieux 
dont  les  figures  ot  trois  pieds  de  proportion.  Il  re- 
présente saint  Crépin  et  saint  Créjiinicn,  occupés, 
l'un  à  couper  du  cuir,  l'autre  à  coudre  la  semelle 
d'un  soulier,  pendant  que  des  soldats  viennent  les 
saisir.  L'expression  de  calme  el  di!  résignation  est 
tiès-bieii  rendue  sur  la  figiire  des  deux  saints,  et 
conliaste  avec  la  joie  barbare  qui  est  peinte  sur  celle 
des  deux  satellites.  Les  coslun.es  de  ces  derniers 
sont  ceux  du  temps  de  Henri  II  ;  la  dr.iperie  et  les 
ligures  ont  été  chargées  de  couleur  et  de  dorures 
qui  ont  ci^nservé  leur  éclat.  Le»  fenêtres  de  la  cha- 
pelle sont  ornées  de  giisaiUes  d'un  bon  st)le  :  exé- 
cutées au  XVI*  siècle  parMiicadrée  et  Lutbereau,  son 
élève,  peintres  sur  verre  à  Troyes,  elles  représentent 
toute  riii^toire  de  Daniel  el  celle  du  Nouveau  Testa- 
ment.  Les  arcades  de  la  nef  et  celles  du  chœur  sont 
remplies  par  des  tableaux  peints  dans  le  xvii*  siècle 
par  Jacques  Carré,  élève  de  lo  Brun  ;  ils  représentent 
diveis  sujets  de  la  vie  de  saint  Pantaléon.  La  ma- 
nière de  ce  peintre  n'est  qu'une  faible  imitation  de 
celle  de  son  maiire;  néanmoins,  les  animaux  qui 
sont  représcmés  dans  ces  tableaux  sont  d'une  exécu- 
tion bien  supéiieure  à  celle  des  ligures. — On  re- 
marque encore  à  Troyes  le  musée,  i  enfermant  une 
belle  collection  de  miiiéialogie,  classée  d'après  la 
méthode  d'ilaiiy,  divers  objets  d'histoire  naturelle, 
et  qiiehpies  tableaux  pour  la  plupart  fort  méiliocres; 
le  pal.iis  de  ju^tice;  les  niagjiiliques  pronienad>.s  qui 
entourent  la  ville;  les  bains  de  l'Arquebuse,  etc.  — 
La  façade  de  l'Ijôtel  de  ville  est  remarquable  p.ir  la 
régularité  de  son  arcliitectuie.  Huit  corps  avancés, 
décotes  datis  leur  partie  supérieure  de  colonnes  com- 
posites de  ntarbie  noir,  annoncent  avant:)geusement 
ce  bàtiineni,  connneocé  en  IGli,  et  terminé  en  1670. 
La  grande  salle  est  ornée  de?  bustes  on  marbre  des 
grands  hommes  nés  dans  la  ville  de  Troyes,  et  dé- 
corée d'un  niéilaillon  de  Louis  XIV,  en  marbre 
blanc,  grand  morceau  de  Girardon,  dans  lequel  la 
riche-se  de  la  composition  «  t  la  précision  du  dessin 
tout  rehaussées  par  la  légèreté  du  ciseau  cl  le  rini 
rie  l'exéciuujii.— L'Hôpital  est  un  bàiimcni  construit 
vers  lenii.ieudu  XMiie  siècle,  il  est  fermé,  du  côlé 
de  la  rue,  par  une  superlje  grille  de  1J3  pieds  de 

DlCXIOSNAIRB  DE  GÉOGRAPHIli  fiCCL,  II. 


long  sur  Ô7  pieds  de  haut.  —  La  Bibliothè.iue  pu- 
blique, formée  des  débris  des  bibliothèques  des 
comniunaulés  leligieues,  cl  particulièrement  de  la 
majeure  partie  des  livres  du  docteur  Henneqiiin  et 
du  président  lioidiier,  est  une  dos  i  lus  précieuses 
riclies>es  de  Troyes.  Elle  reiilèrme  o.'J  000  vulnmas 
impiimés,  et  pièsde  5000  manuscrits.  Dans  lenoin- 
bie  des  livres,  il  y  a  beaucoup  de  bonnes  éditions  : 
aucune  ne  remonte  à  l'origine  de  l'imprinierie;  la 
plus  ancienne  est  de  1470.  Les  manuscris  soni  pos- 
térieurs au  M=  et  au  xii«  siècle.  La  s;ille  qui  ren- 
ferme la  Bibliolliè(iue  a  environ  50  niéires  de  lon- 
gueur sur  10  de  largeur  et  7  de  hauteur.  Les  croisées 
sont  ornées  de  peintures  historiques  sur  verre,  re- 
présentant les  principaux  événements  de  la  vie  de 
Demi  IV,  exécutées  par  Linard-G mihier. 

Troyes  est  la  patrie  de  plusieuis  hommes  célèbres, 
parmi  lesquels  on  cite  'llubauli  IV,  le  premier  chan- 
sonnier parmi  les  rois,  le  premier  écrivain  Ir.uiçais 
dor.t  les  vers  puissent  s'enlendre  el  se  lire;  Pierre 
Comestor,  auteur  d'une  histoire  abrégée  de  l'Ancien 
et  du  iNouveau  ïestamenl  ;  Salomon  Jarilii,  {|iii  se 
dislingu;i  par  une  coiinaissajice  pioloiiJe  de  l'Ecri- 
ture Sainte  et  une  perspicacité  lieuieuîe  à  l'expli- 
quer; Chrestien  de  Troyes,  l'un  des  romanciers  les 
plus  féconds  du  xii«  siècle;  Guiler,  abbé  de  Saint- 
Loup,  auteur  d  une  li;sioire  de  son  monastère,  où  ï 
cite  un  titre  de  l'année  !>93,  qui  jette  quel(|ue  lumière 
sur  les  ravages  des  >ormands;le  pape  Urbain  IV, 
lils  d'un  pauvre  cordonnier;  Juvénal  des  Ursins,  his- 
torien du  xv>^  siècle;  Jean  Passerai,  liuéraieur  dis- 
tingué du  xvie  siède,  l'un  des  auteurs  de  la  fameuse 
satire  Menippée;  Pierre  el  François  Piihou,  célèbres 
jurisconsnlles  :  on  doit  au  premier  la  découverte  du 
Plèdie,  dont  il  adonné  à  Troyes,  en  1596,  cbe* 
Oudul,  l'édition  princeps;  François  Girardon,  un  des 
plus  célèbres  sculpteurs  duiit  s'Iionore  la  France; 
Pierre  Mignard,  peinire  célèbre;  Jean  Grosley , 
homme  de  lelttvs  et  savant  antiquaire,  eic.  — 
Trc.yes  possède  des  manufactures  considérables  da 
bonneterie  en  colon  très-esiiniée,  de  toiles  de  coton, 
basins,  molletons,  talicois,  percales,  lineites,  coutils 
blancs,  draps,  ratines,  couvertures  de  l.iine,  toiles  pei  n- 
tes,  fabriques  de  lacets,  savon  noir,  biane  de  Tioyes, 
moutarde,  cierges,  peignes  de  corne,  cordes  d'insiru- 
mctiis,  amidon,  etc.;  de  nombreuses  et  belles  filatures 
de  laine  et  de  coton;  huileries;  brasseries  ;  bellej 
blanchisseries  de  bas  etdeluiles;  papeleiie,  etc.,  etc. 
—  Le  commerce  consi^le  en  céréales,  légumes  secs, 
vins,  euux-de-vie,  chanvre,  cire,  laines,  boimelerie, 
loties,  draperie  et  buis  de  construction.  Mais  la  ville 
est  bien  déchue  du  rang  commercial  qu'elle  ocmpait 
dans  le  moyen  âge.  On  y  compte  près  de  40,01)0  lia- 
bilanls,  sur  lesquels  il  y  a  une  nombreuse  population 
ouvrière  qui  ne  travaille  pas  louiours  par  suite  de 
chômage. 

Troyes  est  le  chef-lieu  de  préfeclure  du  départe- 
ment de  l'.Aube.  Cette  ville  est  à  100  kil.  esi-sud-esl 
de  Paris.  Lat.  nord,  të"  lo'  5";  long.  est.  1»  44'  54", 

29 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


907 

—  Le  département  de  l'Aube,  qui  est  compris  dans 
le  diocèse  de  Troyes,  est  formé  de  la  ci-devani  basse 
Champagne,  d'une  purlie  du  Voilage,  de  quelques 
enclaves  du  dnclié  de  Bourgogne,  et  de  plusieurs 
déniembremenls  de  l'ancienne  généralité  de  Paris. 
Il  lire  son  nom  de  la  rivière  d'Aube,  qui  le  traverse 
du  sud-est  au  nord-ouesl.  Ses  limites  sont  :  au  nord, 
le  département  delà  Marne  ;  à  l'esi  .celui  de  la  Haute- 
Marne;  au  sud-est,  celui  de  la  Côte-d'Or;  au  sud  et 
au  sud-ouest,  celui  de  l'Yonne;  au  nord-ouest,  celui 
de  Seine-et-Marne.  La  surface  de  ce  département, 
quoique  généralement  plane  et  unie,  est  coupée  dans 
sa  partie  nord-ouesl  par  de  petites  collines  siti'ées 
à  de  grandes  distances  les  unes  des  autres,  qui  aug- 
nienleni  en  hauteur  et  se  lapprocbent  à  mesure  qu'on 
avance  au  sud  et  à  l'est.  Le  territoire  n'est  pas  éga- 
lement  fertile  partout  :  le  sol  de  la  région  nurd  et 
nord-ouest  est  de  mauvaise  qualité;  c'est  un  fond  de 
(•r;iie  recouvert  d'une  légère  couche  de  terre  végétale 
qtii  ne  produit  q.o  de  l'avoine,  du  surrasin  et  du 
seigle  assez  bon  ,  mais  eu  si  petite  quantité  qu'on  en 
relire  à  peine  les  frais  de  culture,  ce  qui  fait  qu'une 
grande  pirtie  des  terrains  reste  eu  friche.  Celle  ré- 
gion n'offre  i  la  vue  que  des  campagnes  dépouillées 
d'arbres,  et  dont  la  nudité  laisse  les  troupeaux  expo- 
sés à  l'aidjurdu  soleil  ;  c'est  la  Chumpagne  Pouilleuse. 
Toulefoi»,  des  plantations  d'arbres  verts,  leniées 
avec  succès  dans  ces  dernières  années,  donnèrent 
l'espoir  de  grïiules  aniélinr.uions  puur  l'avenir.  La 
stérilité  de  cette  contrée  est  heureusement  eompi'nsée 
par  la  lertilit:>  de  l'autre;  le  sol  de  la  réjjion  sud-est 
e^l  liès-prnductif,  quoiqu'il  suit  quelquefois  si  fort 
que  qnalre  ou  en  |  bons  c  lievaux  sullisent  à  peme 
poui  tirer  la  charrue.  Cette  p;irlie  produit  ahoiidain- 
ment  toute  sorte  de  grains,  dis  frui  s,  des  iégimies,  de 
ta  navette,  du  fuiii,  du  bois  et  beaucoup  do  clianvre  : 
on  y  trouve  des  vignnliles  bien  exposé»,  (|iii  donnent 
d'excellents  vins.  La  Seii.e  et  l'Aube  arrosent  dans  le 
déparieme  it  de  riche-;  |  rair  e«  qui  nourrissent  beau- 
coup de  gros  et  de  menu  bétail,  et  produisent  une 
grande  quantiié  de  loin  pour  l'approvisioiiiienienl  de 
P.iris.  —  D.ms  une  p;iriie  du  (b^partemeni  de  l'Aube, 
les  lérines  et  dépendances  forment  des  cncbis  plus 
ou  moins  vastes,  suivant  la  quantité  de  leries  à  cul- 
tiver; ils  cnnliennent  ordinairement  depuis  deux  jus- 
qu'à huit  et  dix  hectares.  Chaque  bâtiment  eu  dis- 
tinct et  occupe  un  einplacemeiit  séparé  ;  mais  les 
coris  de  ferme,  c'est-à  dire,  les  maisons,  les  gran- 
ges, les  |H-esS"irs,  les  écuries,  les  éiables  et  licrge- 
ries,  réunis  dans  un  enclos  particulier,  sont  bâtis  en 
bois,  et  couverts  le  plus  souvent  en  chaume.  L'éten- 
duedes  terres  al'scbces  à  chaque  ferme  est  depuis  20 
jusqu'à  ISO  hectares.  On  renian)ue  avic  peine  que 
les  habitations  des  petites  fermes  sont  en  général 
placées  dans  une  situation  malsaine  :  la  cour  se 
trouve  quelquelois  au-dessus  du  niveau  de  la  maison, 
dont  11)  porte  est  obstruée  par  des  tnsdefnmier;  les 
pièces  de  l'intérieur  ne  reçoivent  le  jour  que  par 
une  peiiti;  croisée  fixe,  qui  ne  permet  pas  d'en   re- 


nouveler  l'air  ni  d'en  dessécher  le  pavé  ,  souvent 
trop  humide. 

Le  déparlement  est  divisé  en  cinq  arrondissements 
et  en  26  cantons,  renfermant  ii^  communes.  Sa  su- 
perficie est  de  1320  kil.  carrés ,  et  sa  population  de 
303,000  habitants. 

Vskudama,  vel  Hadiianopolis ,  Andrinople  ,  ou 
Endrem.  —  Andrinople  était,  dès  le  V  siècle,  la 
métropole  de  la  province  d'Hémimoiii  dans  l'exar- 
chat de  Thrace.  Sa  juridiction  s'étend.iii  sur  cinq 
archevêchés  et  sur  dix  éiéchés;  elle  faisait  partie 
du  patriarcat  de  Kome,  auquel  elle  fui  eidevée  lors 
de  la  création  de  celui  de  Constantinople.  Elle  est 
située  ,  dans  la  Rumélie  ,  à  170  kil.  nord-ouesl  de 
Constantinople;  sur  la  Maritza,  à  l'embouchine  de 
la  Tounilja  et  de  l'Arda.  Lai.  nord  il°  48";  long,  est 
24°  9'.  La  population  est  évaluée  à  90,000  habitants, 
dont  43,000  luiks,  50,000  Grecs  et  Bulgares,  le 
reste  Arméniens  et  Juifs.  Cette  ville  est  considérée 
comme  la  seconde  capitale  de  l'empire  Utiomaii  ;  elle 
est  protégée  par  une  citadelle,  entourée  de  vieilles 
murailles,  et  possède  un  arsenal  et  une  fonderie  de 
canons.  Son  industrie  est  assez  active;  elle  consiste 
dans  la  préparation  importante  de  cuirs  et  de  maro- 
quins ;  dans  la  fabrication  de  soiries,  cotons,  lainages, 
tapis;  dans  des  distilleries  d'eau  et  es-encede  roses; 
dans  des  teintureries  eu  beau  rouge  garance  ,  dit 
rouge  iurk,  rou;e  d' Andrinople.  Le  cunnuerce  est 
très-actir  en  produits  du  sol  ;  l'entrepôt  s'en  trouve 
à  EiiOS ,  à  l'embouchure  de  la  Maritza  ,  le  lleuvo 
n'étant  navigable  jusijn'à  Andrinople  que  la  moitié 
de  l'année,  durant  les  grandes  eaux.  L'evportalion 
se  f.iit  en  belles  laines,  en  vins  esliinés,  coton, 
opium,  soie,  fruits,  leintuies,  eau  de  lo.-e,  cuirs  et 
maroquins.  Le  savon  it'Aiidriiiople  rivalise  avec  celui 
de  Syrie;  ses  sucreries  et  ses  sorbets  valent  ceux 
de  Kiiiiiéh  et  d'Ilaïua.  Un  admire  dans  celte  ville  ses 
édifices,  ses  palais,  ses  marches,  ses  mosquées,  .-es 
éi  oies  et  ses  ponis.  On  y  rcniar<|ue  les  immenses 
jardins  du  palais  des  sulians,  commencé  par  Murad  \" 
en  13(i5;  la  mosi|uée  de  Séliin  II .  le  plus  beau  tem- 
ple construit  par  les  Ottomans;  celle  de  Wurad  !«'; 
le  bazar  d'Ali-Pacha;  l'aqueduc  qui  alimente  les 
fontaines  de  la  ville. 

Andrinople  rebâtie  par  l'empereur  Adiien  qui  lui 
donna  son  nom,  sur  les  ruines  d'Uskiidama,  antienne 
ville  diS  Bessiens,  appelée  aussi  Orestio,  est  célèbre 
dans  !'hi>toire  par  le  siège  et  les  dévasialions  des 
Gnths  sous  Fritigerii,  du  temps  de  l'empereur  Valeiis, 
qui,  vaincu,  fut  hrùlé  vif;  par  le  pillage  des  Bulgares 
sous  Rumanus,  et  par  le  passage  des  croisés  sous  les 
Comnénes.  Murad  1"  prit  Andrinople  bur  les  Grec  - 
en  1560.  11  y  établit  le  siège  de  son  empire  en  151  (-. 
Elle  continua  d'èlie  la  résidence  des  sultans  jusqu'à 
la  prise  de  Constantinople  parMohai)imèdell,en  li-^S. 
C'est  lîiainicnant  la  seconde  ville  de  l'empire  Otto- 
man. Les  Russes  s'en  emparèrent  en  1829,  et  il  s'y 
conclut,  le  14  septembre  de  la  même  année,  un  traité 
de  paix'entre  la  Russie  et  la  Turquie.  Peu  de  temps 


90D 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


après  elle  souffrit  beaucoup  du  ireniblemenl  de 
terre  qui  ravagea  au  même  instant  la  Cavala,  Lai;os 
cl  Orfano.  —  Aiidriiiople  est  aussi  renomniée  pour 
sa  situation  à  la  jonction  de  trois  rivières,  doi.t  l'une 
d'elles,  rilèbre,  roule  ses  eaux  à  travers  des  champs 
de  rosiers. 

L'archevêque  grec  d'Andrinople  n'a  plus  à  présent 
qu'un  sirffragant.  La  inissifin  cailiolique  est  confiée 
aus  soins  des  religieux  franciscains  iialirns  appelés 
Conventuels ,  et  connus  autrefois  en  France  sous  le 
nom  de  Cordeliers.  Ces  religieux  sont  au  nombre 
de  deux  ;  quelquefois  cependant ,  quand  les  suje.is 
leur  manquent,  le  second  de  ces  Pères  est  rempUicé 
par  un  prêtre  séculier.  Ils  possèdent  une  petite  église 
et  une  maison  pour  loger  les  missionnaires.  Celle-ci 
a  été  bâtie,  il  y  a  quelques  années,  par  les  soins  et 
sous  la  surveillance  d'un  religieux  conventuel  , 
français  de  nation.  Il  y  a  à  Andrioople  une  quaran- 


910 

eux 


laine  de  familles  catholiques,  ce  qui  fait  près  d 
cents  personne?. 

Malgié  leur  beauté  et  leur  fertilité ,  les  plaines 
immenses  qui  s'ctcndenl  presque  .sans  interruption 
depuis  Conslanliiiople  jus(iu"à  Andriiiople,  générale- 
ment restent  sans  culluie.  On  voyage  plusieurs  jour- 
nées sans  trouver  ni  ville  ni  village;  seulement  on 
aperçoit,  de  loin  eu  loin,  de  raies  iroupeaux  confiés 
à  la  garde  de  quelques  (làtres  bulgares  ou  albmais  : 
ce  sont  les  seuls  qu'on  applique  aux  travaux  pénibles 
de  la  campagne.  Dans  ces  cantons,  comme  partout 
ailleurs  en  Turquie ,  les  populaiions  de  diverses  re- 
ligions et  rites  n'ont  jamais  une  habitation  commune; 
les  Tuiks  ont  leurs  villages,  et  les  Grecs  les  leurs. 
Dans  les  villes,  il  y  a  quartier  turk,  quartier  grec  et 
même  quartier  des  Arméniens,  s'il  s'en  trouve  dans 
l'eniiroit.  Les  villages  grecs,  dans  la  partie  d'Europe, 
sontau  moins  d'un  tiers  plus  nombreux  que  les  turks. 


Yaga  Gens,  les  Kosaques,  les  Kirguis-Kaïssaks  et 
les  Kalniouks,  peuples  nomades  de  l'Europe  et  de 
l'Asie,  soumis  à  la  Russie  et  à  la  Chine.  Il  e:^iste 
.chez  les  Kosaques  et  les  Kahuouks  une  légende  qui 
en  lait  le  peuple  ie  plus  ancien  cl  ■  la  terre  ;  ils  y  ont 
foi  et  n'en  parlent  qu'avec  vénération.  Les  Kosaques, 
dans  la  Russie  d'Europe,  foi  ment  aciue  lenicnt 
une  naiion  dis'incte  des  Russes,  tant  par  leur  ma- 
nière de  vivre,  leurs  occupations  et  leur  consutntion 
gueriièri',  que  par  leur  costume,  leurs  mceurs  c  t 
quelques  privilèges.  Ils  de^eeudent  des  peuples  sla- 
ves quL  bahitaienl  aneienucment  les  mêmes  conirées 
que  lej  Kosaques  du  Don  occupent  aujourd'hui.  Une 
colonie  de  ces  peuples,  formée  de  tous  ceux  qui  ne 
voulaient  pas  s'jistreindre  à  un  gouvernement  réglé, 
se  retira  dans  les  steppes  entre  la  mer  Noire  et  la 
mer  Caspienne.  Là  ils  menèrent  une  vie  erninie,  se 
livrant  à  la  chasse  et  à  la  pêche,  et  souvent  au  brigan- 
dage.LesRusses  les  non  mèrentPo/ou/;is  ou  chasseurs. 
Le  nom  de  Kosaques  qu'ils  portent  leur  fui  donné  en- 
suite par  Ici  Tartarcs,  qui  nommaient  aiiisi  tous  les 
vagabonds.  Les  princes  slaves,  russes  et  tariares  les 
employaient  souvent  à  leur  solde  pour  se  f.iiie  la 
guerre,  ou  pour  garder  leurs  frontières,  et  leur  assi- 
gnaient des  terres  dans  la  contrée  qu'ils  devaient  dé- 
fendre; de  là  diflérents  élabli^senlenls  où  ils  se 
fixaient,  et  qu'ils  nommaient  stanitsijs  ou  campement. 
Les  Russes  donnaient  aux  habitants  de  ces  stanitzys 
des  noms  particuliers  tirés  de  leur  manière  de  vivre, 
de  la  villequ'ils habitaient  ou  de  celle  dont  ilsétaient 
plus  près,  et  qui  ont  été  l'origine  de  celte  grande  va- 
riélé  de  Kosaques  que  l'on  trouve  en  Russie.  On 
les  divise  en  deux  branches  principales  d'où  sont 
sorties  les  autres  :  l°les  Kosaques  du  Don,  desquels 
sont  provenus  dans  la  suite  ceux  du  Volga,  du  Té- 
rek,  les  Grebenskii,  les  Seymens,  ceux  de  Mozdok, 
de  rOural  et  de  Sibérie;  2°  les  Kosaques  d'Ukraine, 
qui  ont  donné  naissance  aux  Kosaques  Zaporogues, 
Tclernomorskou  de  la  mer  Noire,  et  aux  régiments 
slobodiens.  Viennent  ensuite  les  Kosaques  de  Tschou- 


gou-ief,  et  ceux  du  Boug,  qui  n'appartiennent  ni  à 
la  première  ni  à  la  deuxième  branche.  Nous  allons 
les  passer  en  revue  en  suivant  l'ordre  alphabétique. 

Kosa(iues  d'Astrakhan.  Ils  descendent  des  Kosa- 
ques du  Don,  et  habitent  entre  Tzarilzin  et  Astra- 
khan. Ils  entretiennent  les  postes  sur  celte  route 
dans  ce  dernier  gouvernement;  leurs  bourgs,  ainsi 
que  ceux  de  tons  les  Kosaques  de  la  ligne  du  Cau- 
case, sont    entourés  d'un  rempart  de  terre. 

Kosaques  du  lîoug.  Ils  proviennent  d'un  corps  de 
clirétiens  moldaves,  valaques  et  bulgares,  que  les 
ïurks  firent  marcher  contre  les  Russes  en  1769. 
Depuis  ce  temps  ils  forment  un  corps  régulier  de 
1500  Kosaques  qui  prennent  tous  les  armes  en  lemps 
de  guerre.  Ils  ont  le  privilège  d'incorporer  dans 
leurs  milices  les  Moldaves,  les  Valaques  et  les  Bul- 
gares. Leurs  établissemenis  se  trouvent  dans  les 
districts  de  Kherson,  d'Elisabelgrad  et  d'Olviopol. 

Kosaques  du  Don,  province  de  la  Russie  d'f^uro- 
pe,  qui  comprend  la  contrée  qu'habitent  les  Kosa- 
ques du  Don  en  Russie;  elle  esi  bornée  au  nord- 
ouest  parle  gouvernement  de  Voronêje,  au  nord - 
esl  par  celui  de  Saratof,  à  l'est  par  celui  d'Astra- 
khan, au  sud-est  par  celui  du  Caucase,  au  sud-ouest 
par  la  Tauride  et  la  mer  d'Azof,  à  l'ouesl  par  le 
gouvernement  d'Ekaterinoslaf.  Elle  a  130  lieues  de 
long  sur  100  de  large,  et  10,030  lieues  carrées.  Cette 
grande  étendue  de  pays  partout  fertile  est  arrosée 
par  le  Don,  qui  la  parcourt  presqu'en  entier  de 
l'ouest  à  l'est,  el  ensuite  de  l'est  au  sud  par  le  Kho- 
per,  la  Medvéditza  et  un  grand  nombre  d'auires  ri- 
vières plus  petites  qui  viennent  se  réunir  à  celles-ci. 
Des  steppes  très-riches  en  pâturages  et  en  bestiaux, 
des  bois  remplis  de  gibier,  et  assez  nombreux  pour 
les  besoins  des  habitants,  des  rivières  excess. ve- 
ntent poissonneuses,  des  champs  fertiles  et  des  vi- 
gnobles, su^fl^ent  non-seulement  à  l'entretien  de  ses 
heureux  habitants,  mais  leur  fournissent  encore  les 
moyens  de  se  procurer  les  objets  de  luxe  et  d'arts, 
en  exportant  le  superflu  de  leurs  denrées.  Les  prin- 


9il 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  912 


cip;iles  prodnciions  de  celle  province  sonl  orge,  avoi- 
ne, millet,  friniïiil,  sarr^izin,  légmnes  de  imiie  es- 
pèce, inelons,  citrons,  citrouilles, concombre*,  fiiiiis, 
vin  parmi  leiiuel  on  distingue  le  tymoroska;  les  ob- 
j^■ts  de  commerce  consistent  en  loile,  draps,  man- 
teaux, l:iine,  pelis-es,  chevaux,  be^lianx,  caviar,  as- 
sez reclicrché,  colle  de  poisson.  Les  Kosaques  du 
Don  nali.tent  des  bourgs  fortifiés  qu'ils  nomment 
ttaniliijs,  le  long  du  Don  et  sur  tonie  lelend  ;e  du 
p  lys  coiiipri-,  i  iiire  les  g  invernenionis  d'Ekaeiinos- 
hil,  de  Yoroncje,  de  Saralnf  et  du  C;iucase.  Le  chef- 
lien  de  leur  pays  est  Tsclierkask;  leur  population 
peut  monter  à  255,830  uiàle-^,  qui  l'ourni.«sent  en 
temps  de  guerre  33,400  combatl.inis  tous  armés  à 
la  légè'e,  montés  sur  de  bons  cbevanx  el  à  leur 
propre  frais.  Ces  troupes  ne  reçoivent  leurs  ap|ioin- 
Icnienls  el  munitions  que  du  moment  qu'elles  sor- 
tent de  leurs  terres  :  chaque  homme  est  armé  d'une 
lani  e,  d'un  sabre,  d'une  carabine  et  d'une  paire  de 
l'isiolels;  ce  sont  les  meilleures  lroupe>  légér.s  de 
la  Ru  sie,  tant  pour  aller  à  la  découverte  de  l'enne- 
mi que  piur  les  avant  gardes,  où  elles  ne  se  laissent 
jmiais  suc  prendre;  e  les  sonl  infatigables  ;  el,  sou- 
teimes  des  troupes  régulièies,  elles  auacpienl  avec 
fore  ir  et  courage  ;  niuis  seules  elles  sonl  lâches  et 
moins  hardies.  On  les  a  vues  en  Fiance,  en  1814., 
mettre  bas  les  armes  devant  quehpies  braves,  et 
mêu;e  devant  quelques  l'aysaus  liardis  et  de^  .'"em- 
iiies.  Ordinaireniint  les  K 'saqnes  n'ont  pas  de  ca- 
nons avec  eux;  lien  ne  peut  les  airêier  quand  une 
fois  l'ennemi  e.-t  en  déroute;  ils  le  poursuivent  sans 
relù(  he,  sans  lui  la  sser  de  repos.  Ils  ne  payent  au- 
cune imposition  à  l'Elat;ma:S  aussi  tout  Kosaque 
est  soldat  depuis  l'âge  de  15  ans  jusqu'à  celui  de 
50.  Ils  marchent  chacun  à  leur  tour  (piand  on  les 
requiert;  mais  ils  peuvent  se  faire  remplacer  s'ils  le 
veulent,  en  louant  et  équipant  nn  Kosaipie  de  bonne 
volonté  ;  leurs  troupes  sonl  divisées  en  régiments 
composés  chacun  de  SCO  à  "(lO  hommes,  comm mdés 
par  im  colonel  el  plusieurs  ceiiieniers.  Ils  oniiroiséien- 
dards  que  la  clianceileiie  leur  donne  au  moment 
d'entrer  eu  campagne.  Mainlenanl  ils  comptent  leur 
temps  de  service  avec  lonto  l'armée,  ont  leurs  offi- 
ciers, leurs  clonels  el  leurs  généraux,  comme  le 
resie  des  troupes  i  usses  ;  et  souvent  on  a  vu  des 
gé  .éraux  kosaques  commander  des  corps  d'armée 
régulière  très-considérables.  Les  Kosaques  ont  nn 
costume  mixte,  qui  lient  de  celui  des  Tstherkesses 
et  de  celui  des  Tolonais;  ils  portent  uii  bonnet 
fort  haut ,  des  pantalons  larges  pre-que  sembla- 
Lies  à  ceu\  (les  Turks,  et  le  sabre  au  côié  en  temps 
de  pjix  comme  en  temps  de  guerre;  ils  coupent 
leurs  clieveux  en  rond,  et  leur  donnent  quelquefois 
la  forme  d'une  calotte. — Les  Kosaques  sont  régis 
par  un  voiskovoy-a Maman  ou  heiman,  chef  des  trou- 
pes, choisi  parmi  eux  par  l'empeieiir,  et  qui  a  rang 
do  lieuieuant  général  et  souvent  de  général  eu  clief  ; 
le  dernier  est  le  célèbre  Matthieu  Plaiow,  mort  en 
1818,  et  fameux  par  ses  pillages  en  France  en  1814 


el  181?;.  Dans  la  campagne  de  Russie  en  1812,  ce 
barbare  lit  massarrer  un  !;ran'l  nombre  de  prison- 
niers français.  L'attainan  préside  à  une  chancellerie 
composée  de  trois  déparlements;  ceux  de  la  ;;uerre, 
du  civil  el  des  finances  :  or  ils  |  relèvent  parmi  eux 
un  petit  impôt,  qu'ils  fisenl  eux-mêmes  pour  les  be- 
soins de  leur  gouvernement;  il  a  sous  lui  doux  con- 
seillers ayimt  ordiMairemeul  rang  de  génétaux  ma- 
jors, el  quatre  assesseurs  ou  colonels.  Tous  ces  di- 
gniiaiies  sont  élus  par  les  Kosaques,  et  chanj;eut 
tous  les  trois  ans.  —  Les  terres  des  Kosaques  du 
Don  Sonl  partagées  en  sept  districts,  el  ceux-ci  en 
119  bcrgs  ou  staniizys.  Ils  ont  des  maisons  ordi- 
nairement bâties  en  bois  comme  celles  des  paysans 
russes,  excepté  (|u'en  gé:iéi:il  elles  sont  plus  grandes 
et  plus  propies.  Leurs  femmes  portent  louies  des 
pantalons  d'étofTes  de  colon  ou  de  soie.  Celles  de 
leurs  chefs  ou  généraux  comnienceoi  déjà  à  adopter 
l'iiabillement  des  européennes;  mais  les  femmes  du 
peuple  ont  conservé  leur  costume  ;  elles  portent 
beaucoup  de  coraux,  de  perles,  et  souvent  des 
monnaies  d'or  et  d'ar;;enl  sur  leur  coii.  Les  Kosa- 
ques Sont  liospilaliers;  ils  ont  une  table  lrés-sim{de, 
et  aimenl  les  liqueurs;  on  leur  reproelie  la  paresse 
et  l'ivrognerie  ;  ils  suivent  la  religion  grecque,  et 
ont  pour  évéque  celui  de  Voroncje.  Ou  divise  les 
K  saques  eu  deux  classes,  la  noblesse  el  le  peuple  ; 
ils  sonl  ee|ien'lant  tous  ég:iux  devant  la  loi.  —  l^es 
Kosaques  du  Don  font  un  commerce  considérable  en 
loissoii,  cav  ar,  coMe  de  poisson,  qu'ils  <-xporient 
dans  l'iiitérieur  de  l'empire  ;  ils  vendent  également 
beaucoup  de  laine,  el  surtout  des  che.aux  dont  ils 
int  des  haras  nombreux,  el  dont  la  réputation  est 
trés-gr.inde  pour  le  service  de  la  cavalerie  légère, 
en  ce  qu'ils  sonl  agiles,  vifs  et  infatigables.  Popula- 
tion, 5:0,0.0  habitants. 

Kosaques  Crébeiiskii,  formés  d'une  troupe  de  400 
hommes,  qui,  après  s'être  séparés  de  l'armée  du 
fameux  Jarmak  limof  eeviich,  furent  dispersés  par 
des  troupes  qu'on  envoya  conire  eux,  el  se  retirè- 
rent dans  les  inoinagnes  du  Cauiase  sous  le  règne 
de  Pierre  ie  Grand;  ils  revinrent  sur  le  Térek,  où 
ils  occupent  cinq  bourgs.  Ils  sont  réputés  les  plus 
braves  des  Kosaques,  cultivent  la  vigne,  et  vendent 
du  vin  à  .\siraklian. 

Koaiiucs  de  Mozdok,  colonie  considérable  divi- 
sée en  six  siaiiitzys  ou  bourgs,  est  lit  ce  des  Kosa- 
ques du  Volga.  Ils  sont  placés  entre  Mozduk  et  Kis- 
liar. 

Kosaques  de  l'Oural,  la  plus  nombreuse  colonie 
des  Kos:o]ues  du  Don;  ils  habitent  la  partie  ia  gilus 
méridionale  t!u  gouvernement  d'Orenbourg  sur 
l'Oural.  Ces  Kosaques,  ainsi  que  le  fleuve,  se  nom- 
maient aniiennemeni  Jaiks;  mais  depuis  la  révulle 
du  fameiis  Pougalchef,  dans  laquelle  plusieuis  d'en- 
tre eux  avaient  pris  pari,  ceux  qui  étaient  restés  fi- 
dèles demandèrent  il  changer  leur  nom,  ce  qui  leur 
fui  accordé  eu  1775,  par  l'impérairice  Catherine  II. 
Un  compte  parmi  eux  30,000  habitants;  ils  fuur- 


9)5 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


Il 


nissent  dix  régiments  de  500  lionimes  répartis  sur 
les  froiilièrcs  des  Kirgiiiss.  Ils  sont  presque  tous 
pêclieiirs,  cl  fnni  mi  grand  conmierce  de  poissons. 

Ko<:aqiie'i  Scyinens.  Ils  font  partie  des  Kos:iqnes 
du  Térek,  et  liabilenl  trois  bourgs  sur  la  ri\e  gauche 
du  Té.<  k. 

Kos.-iqiies  de  Sibérie,  Ils  descendent  aes  Kosaqiies 
du  Di.n,  qui  sons  la  conduite  du  célèbre  Jarmak  ou 
Jai  iiiolay,  firent  la  comiuéie  de  îa  Sibérie,  et  s  y  éia- 
Mirent  dans  des  villps  et  villages  ;  ceii.<  qui  sont 
restés  Kosaques  ,  an  nonil:re  d'environ  15,000,  sont 
répanis  dans  les  différentes  conirées  de  la  Sil>érie  , 
et  ressemblent  nux  Kosaqncs  du  Don  ;  ceux  des  vil- 
les ne  forment  pins  de  légimenis,  mais  de  petites 
troupes  si'bordonnées  aux  coniniandams  des  vilb-s. 
On  les  emi'l'iie  pinir  le  surNice  des  postes,  pour  des 
convois  de  oravanes. 

Kosaqnes  Slobodiens;  ce  sont  cinq  régiments  de 
Kosaques  connus  sous  les  noms  d'Akbtirka,  Sonini  , 
Uliarkof,  Isum  ,  Ribna  ou  Ostiogobk.  Is  se  sont  sé- 
parés des  Kos.tques  de  l'Ukraine  en  lCo2,  pour  ailer 
habiter  vers  les  steppes. 

Kosaques  Tcbernonior^k ,  ou  de  la  mer  No're. 
Lorsque  l'uknve  que  Catlier  ne  II  denni  en  1775  pour 
disséminer  les  Kosafines  Zaporogues.  parut ,  on  les 
transporta  dans  le  district  de  Uielogorod  ,  où  ,  abju- 
rant le  célibat ,  ils  furmé  eut  des  colonie-^  rie  culti- 
vaieiirs.   Lors  de  la  déclaration  de  guerre  avec  la 


ges  dans  lesquels  ils  passaient  les  hivers  avec  leurs 
familles.  Le  pays  des  Kosaques,  communément  ap- 
pelé Ukraine,  nom  i|ui  signifie  limitrophe ,  parce 
qu'il  formait  la  séparation  de  la  Russie,  de  la  Polo- 
gne, d.-  la  Petiie-Tanarie  et  de  la  Turquie,  couMsie 
en  une  plaine  exlrêniemeni  ler:ile,  cou|iée  de  belles 
riviéies  et  (i'jgiéables  forêts.  Il  est  divisé  en  plu- 
sieurs gouvernements,  qui  sont  Pultawa,  Tchernigof, 
Kiew,  Kliaikof,  Novgorod-Severskny,  et  une  partie 
d'Ek  iliTiiioslaf. 

Kosaques  du  Térek.  Ce  sont  les  Kosaques  du  Don 
qui  suivir.nt  Pierre  le  Grand  dans  ses  can)pagnes 
de  Perse,  et  qu'il  établit  à  son  retour  sur  la  mer 
Caspienne  ;  mais  l'impéralrire  Anne  les  fit  passer 
sur  les  bords  du  Térek  où  ils  sont  aeiuellement.  Ces 
Ko-a(|i;es  f.irment  trois  lég  meuts,  et  se  giiivernenl 
eux-mêmes;  ils  sont  toujours  en  activité  de  service 
et  cniumandéspar  les  généraux  russes  qui  se  trouvent 
à  Ki^liar. 

Kosaques  du  Volgi.  Des  Kosaques  dn  Don  que 
l'on  envoyait  chaque  hiver  faire  le  service  des  fron- 
tières du  Volg:!,  trouvant  trop  dur  de  revenir  chez 
eux,  se  (ixcient  en  nombre  assez  considérable  sur  le 
Yolga.  Bientôl  un  plus  grand  nombre  vint  se  joindre 
à  eux,  et  ils  finirent  par  peupler  les  villes  de  Suuara, 
Saraof  et  d'.iuire- de  ces  contrées.  En  1754  i!s  se 
sépaièreut  ctitièrememdeceux  du  Dot),  élnieiit  leur 
propre  voiskovoy,  et  formèrent  deux   rcg  meuts  qui 


Turquie  en  178",  plusieurs  d'entre  eux  demandèienl      «e  iiomiueni    Doubowskoy  et  Astraklmnskoy.   Leur 


à  former  des  régi'uenisde  Kosaques.  Après  la  guerre 
dans  laquelle  ils  avaient  rendu  de  grands  services  , 
on  les  établit  dans  l'île  de  Tamaii.  Eu  17;  2  ilscons- 
irui'irei  t  la  forteresse  Ekaieriiioslaf.  Ils  ont  encore 
la  ville  de  Tainan  ou  Phanagorie.  Li'urs  terres  s'é- 
teiideni  sur  la  rive  droite  du  Kouban,  jtisqu'à  l'em- 


genre  de  vie  neiliffère  eu  rien  de  celui  des  Kos.ques 
du  Don.  Leurs  éiablisseineuts  sont  le  long  du  Vol"a 
près  de  la  ville  de  Ocuibovka  et  sur  les  deux  rives  de 
la  rivière  de  ce  nom. 

Kos;ii|ues  Zaporogues.  Ils  occupaient  la  Selcha  ou 
fop  1er  esse  située  datis  les  îles  du  Drdeper,  et  furent 


bciichure  de  la  Laba,  qui  s'y  jette  en  y  joignant  l'île      longtemps  le  boidevard  de  l'empirecunire  les  Tarta- 


de  Tamau,  Ils  culliveni  peu  la  terre,  malgré  sa  grande 
feriilitc,  mais  ils  font  un  commerce  considérable  de 
poissons.  Ils  sont  au  nombre  de  14,.'iOt)  hommes;  en 
temps  de  guer  re  tous  montetit  à  cheval. 

K'isaques  d'Ukraine  ou  Malorossiens.  Ce  sont  des 
Russes  qui,  lors  de  l'invasion  des  Poloniis  dans  la 
Russie  Rouge  en  1340,  se  rclirérent  dans  les  bas- 
ses îoiitiëes  du  Don.  Harcelés  sans  cesse  par  les  Po- 
lonais, les  Lithuaniens  et  les  Tartares.  voisins  du 
pays  qu'ils  avaient  choisi  pour  retraite,  ils  se  virent 
dans  la  I  écessité  de  combattre  sans  cesse  contre  eux 
pour  leur  défense,  ce  qui  établit  naturelh^menl  chez 
eux  cette  consiitution  militaire  qu'ils  ne  counaissaietit 
pas  auparavant.  Lors  de  la  deuxième  dévastation  de 
Kiew  en  1415,  et  surtout  lors  de  l'incorporation  de 
ia  prov.  de  Kiew  à  la  Pologne,  les  Russes  allèrent 
en  grand  nombre  rejoindre  leurs  compatriotes  pour 
se  soustraire  à  celte  domination  étrangère.  C'est  à 
celle  époque  que  l'on  doit  rapporter  le  nom  de   Pè- 


res debKrimée.  (Catherine  II  les  supprima  en  17T5, 
et  donna  leur  pays  à  d'autres  cultivateurs,  en  puni- 
lion  de  ce  qu'ils  avaient  émigré  chez  les  Turks  et 
combattu  pour  eux.  Ils  ont  été  transportés  eu  pariie 
dans  l'île  de  Tainan,  où  ils  sont  cotmus  sous  le  nom 
de  Tcbermorskié. 

Kosaques  de  Tchou-gou-ief.  Ils  sont  originaires 
du  Don,  mais  s'étant  établis  près  de  la  ville  de 
Tchou-gou-ief,  ils  recueillirent  des  Russes  et  des 
Kahnonks  qui  vinrent  se  joindre  à  eux,  se  choisirent 
un  aiiam m,  et  firent  bande  à  pan.  Ces  Kosaques 
forment  un  régiment  de  lU  escadrons;  on  y  a  joint 
deux  régiments  d'anciens  Kosaques  d'Ukraine;  leur 
chef  réside  dans  la  ville  de  Tchou-gou-ief. 

Les  Kirguis-Kaïssacks  habiieut  le  nord  du  Tuikes- 
tan.  Les  Kirgiiis  sont  nu  peuple  belliqueux  et  pasteur, 
libre  de  tout  joug  despotique  :  la  mnyeine  et  la  petite 
horde  jurent  fidélité  à  l'empereur  de  Russie,  mais  ils 
ne  se  reconnaissent  nullement  pour  ses  sujets,  et  ne 


tite-Uussio  qui  fut  donné  à  ce  pays.   Les  Kosaques  lui  payent  aucun  tribut.  Leur  manière  de  vivre,  leurs 

d'Ukraine  s'étendirent  peu  à  peu  jusqu'au  Boug    et  moeurs,  leur  religion,  semblent  interdire  toute  civil!- 

au  Dniester,  et  occupèrent  tout  le  pays  ([ui  est  entre  sal  on  aux  Kirguis.  Les  faibles  lumières  dont  ils  sont 

ces  deux  fleuves.  Ils  bâtirent  des  villes  et  des  villa-  éclairés  sont  même  obscurcies  par  la  superstition. 


91a 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGEIAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


91  <$ 


Leur  langage  est  un  dialecte  lurk  corroinpu  ,  cnlre- 
niê'é  de  mois  aussi  ininieliigibles  pour  un  Turk  que 
pour  un  TartMre  de  Krimée,  et  souvent  même  pour 
l'babiiant  d'Oreiibourg.  De  plus,  là  où  les  Tuiks  et 
les Tarlares emploient  le  scA,  lesKirguisprononeenis. 
Aux  sons  1(7,  ié,  il,  io,  ioti  des  premiers,  ils  siibsii- 
tueni  les  articulations  djn,  djé,  dji,djo,  djou.  Au  lieu 
du  gué,  ils  emploient  le  kh.  La  plupart  de  leiirs  voyel- 
les n'oiii  p:is  de  son  déterminé,  et  ils  confomient  si 
souvent  les  lettres  a  et  e.  que  l'on  ne  fent  en  faire  la 
distinction,  ou  plutôt  qu'elles  forment  des  espèces  de 
sons  intermédiaires.  —  Un  Kirguis  qui  comprend 
l'Alcorui,  et  eoTiséquemment  qui  sait  l'arabe,  passe 
pour  nii  prodige  de  science.  Celui  qui  peut  écrire  et 
lire  dans  la  langue  tarlareest  regardé  comme  un  sa- 
vant. Mais,  en  général,  presque  aucun  d'eux  ne  sait 
lire.  L'iirs  khans,  sulla  s  et  beys,  ne  sont  pns  plus 
însirnits  à  cet  égard  que  leurs  sujets  (I),  et  ils  ont 
auprès  d'eux  des  secréiaires  ou  muUalis,  dont  les 
fomiions  consistent  à  faire  lecture  de  leurs  lettres  et 
à  y  répondre.  Les  chefs  des  hordes  impriment  sur 
leurs  dépêches  un  sceau  où  leur  riom  est  gravé,  et 
qui  sert  pareillement  à  la  signature  des  passe-poris 
et  sauis-conduits.  Les  gens  des  classes  inférieures  se 
servent  de  tamgui  ou  marques  distinctives,  qui  leur 
tiennent  lieu  de  signaiure. 

Malgré  tout  cet  appnreil  d'ignorance  et  de  gros- 
sièreié,  l'on  trouve  tependoni  chez  les  Kirguis  quel- 
ques commencements  de  poé-«ie  et  de  musique.  Sans 
douie  la  poésie  n'est  pas  vne  science,  mais  les  chan- 
sons naiionali  s  des  Kirguis  et  les  chants  que  presque 
eliaciin  d'eux  improvise  piurraient  venir  à  l'appui  de 
cet  ancien  axiome  en  civilisation,  que  l'homme  est 
né  poêle  et  musicien.  Ils  pos>èdent  aussi  un  grand 
nombre  de  coules  remplis  de  prodiges,  d'enchanie- 
mcnl-  et  de  meurtres,  et  doni  les  héros,  senibl.ibles 
aux  chevaliers  des  xii<'  et  Xfil*  siéeles,  vont  courir 
le  monde  pour  chercher  des  avcniures.  ■ —  La  mélo- 
die de  leurs  chants  est  presque  nulle;  leurs  princi- 
paux iiistrunients  de  musique  soi:t  le  kobouize  et  la 
tcliiboiiizgâ;  les  curdes  du  premier  sont  des  crins  de 
cheval,  et  ne  reiiilent  que  des  sons  grossiers  et  dé- 
nués de  toute  pureté.  La  tchibouizga  est  une  es|  éce 
de  flÙLè  en  roseau,  longue  d'cnviion  trois  quarts 
d'aune,  et  pnunue  de  trois  (;u  quatre  trous,  sans 
clef.  Il  n'est  pas  dil/icilc  de  concevoir  que  cet  ins- 
trument est  encore  plus  dé>agréable  que  le  kobouize. 
—  Ils  ont  encore  des  balaltiilm,  luth  grossier  à  trois 
coides,  et  une  autre  espèce  de  kohouize,  qu'ils  ont 
empruntée  aiix  Russes,  et  à  laquelle  les  gens  du  peu- 
ple ont  donné  les  noms  de  vaigan  et  organ.  C'est  or- 
dinairemenl  une  lame  de  fer  ou  d'acier  très-flexible, 
qu'ils  appliquent  contre  leurs  dents,  et  dont  iis  tirent 
des  sons  en  faisant  mouvoir  un  petit  fil   de  fer  qui 

(1)  Par  des  ukases  de  1781,  1786  et  autres,  l'im- 
péralricft  Callieiine  11  ordonna  qu'il  serait  construit 
sur  la  fronlicie  des  Kirguis  des  nios(|uées  et  des 
écoles,  où  tous  leurs  enlants  seraient  élevés  :iux  frais 
d!i  gouvernement.  Ses  volontés  ont  été  exécutées, 
mais  les  écoles  sont  toujours  restées  vides,  et  main- 


tient lieu  de  cordes.  Les  Grecs  trouvaieivt  que  la 
musique  était  indispensable  pour  adoucir  les  mœurs. 
Les  Kirguis  ne  la  cultivent  que  pour  propager  leurs 
superstitions  et  guérir  les  malades  :  c'est  ce  dont  ou 
peut  se  convaincre  en  voyant  les  représent;itions 
iragi-comiqnes  des  l'axes,  qui  rein|ilis-e!it  chez  eux 
les  lunciions  de  médecins  et  de  nécromanciens.  — 
Cependant  les  vaines  et  superstitieuses  cérémonies 
de  ces  imposteurs  ne  constituent  pas  tout  l'ait  médi- 
cal des  Kirguis  ;  ils  connaissent  plusieurs  remèdes 
salutaires,  dont  voici  les  principaux  :  Pour  les  maux 
de  poitrine,  une  décoction  de  racines  d'églantier 
avec  du  miel  et  du  beurre;  pour  la  phthisie  et  quel- 
ques autres  maladies,  des  bains  dans  des  lacs  d'eui 
sa'ée  ;  pour  les  enflures,  des  fumigations  de  diiïérents 
végétaux.  Une  plante  qu'ils  nomment  schiraco  leur 
lient  lieu  de  salse-paieille,  et  ils  se  servent  du  bel 
d'ours,  ainsi  que  nous  faisons  des  mooclies  cantha- 
rides,  pour  rétablir  l'épuisement  des  forces.  Pour 
remédier  à  la  (lèvre  chaude  et  à  l'Iiydrophohie,  ils 
font  sécher  les  pattes  d'un  oiseau  qu'ils  appellent 
tilegouss,  assez  semblable  à  la  perdrix;  ils  les  pilent 
dans  un  mortier,  et  en  donnent  la  poudre  à  avaler 
dans  de  l'eau.  -  -  Quant  à  leurs  connaissances  en  as- 
tronomie, l'Etoile  polaire,  en  raison  de  son  cours 
presqne  imperceptible  et  de  sa  position  au  nord,  oc- 
cupe à  leurs  yeux  la  principale  position  dans  le  ciei; 
ils  l'appellent  timis-kazijg,  c'est-à-dire,  l'axe  de  fer  : 
elle  leur  sert  de  guide  pour  s'orienter  dan?  leurs 
voyages.  Vénus  poi  te  chez  eux  le  nom  de  tcliouban- 
djouldoiiss  (éîoile  du  soir),  et  la  Grande  Ours  celui 
de  djidi-karaidiki.  Ils  piéiendent  que  celte  constel- 
lation est  formée  par  sept  loups  qui  courent  après 
deux  chevaux  qui  fuient  devant  eux,  et  que  la  lin 
du  monde  arrivera  lorsque  ces  derniers  auront  été 
dévorés.  Ils  nomment  les  Pléiades  le  mouton  sau- 
vage {azkar  ou  omkar),  et  comme  cet  anima!  céleste 
devient  invisible  pour  eux  pendant  une  partie  du 
printemps,  ils  s'imaginent  qu'il  descend  dans  le  sein 
de  la  terre,  et  qu'il  en  fait  sortir  les  pâturages  né- 
cessaires à  leurs  troupe  -ux.  Ils  donnent  à  la  constel- 
lation de  la  Vierge  le  nom  de  siuiunbulia;  au  Réiier 
Celui  de  saoïir;  aux  Gémeaux  celui  de  djaouZabe- 
rudji;  et  la  voie  lactée  est  pour  eux  le  chemin  des 
oiseaux  {kouschnvul-djoul),  parce  qu'ils  la  regardent 
comme  la  route  que  pieiinent  b  s  oisMux  pour  pas- 
ser d'Europe  en  Asie  et  d'Asie  eu  Europe.  —  L'an- 
née des  Kii  guis  commence  au  mois  de  ntar-,  au  pre- 
mier jour  duquel  ils  donnent  le  nom  de  naourouz, 
c'est-à-dire  le  nouvel  an.  Cet  usage  a  été  introduit 
chez  eux  avec  la  religion  mahumélane,  aussi  la  plu- 
part d'entre  eux  l'ignorent-ils.  Voici  (es  noms  des 
mois  :  Mars,  kokots;  avril,  maniouir;  mai,  mamrai  ; 
juin,  orflï;  juillet,  tcAi/dnii;  août,  siunboulia;  sep- 

ten.Tnt  même  tous  ces  établissements  tombent  en  rui- 
nes. Les  élforts  des  missionnaiies  écossais  ont  éga- 
ieineni  été  infructueux  pour  faire  disparaître  la  bar- 
barie de  chez  ces  peuples  grossiers. 

{Note  de  ["auteur.) 


m 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  918 


leiiiLrs,  saïajatamouite ;  oclobTe.,  karulchahaoui  ;  nti- 
veiiibiv.,  djionschiitscliaskaiii;  décembre, /lan/or;  jan- 
vier, djhchlounai  ;  février,  byrdini.  Ils  oiil  eropruiué 
des  Persans  la  manière  de  compter  les  jours  de  la 
semaine  qu'ils  commenceril  au  samedi,  ainsi  que 
cela  se  pratique  dans  l'Alcoraii.  Les  noms  des  jours 
sont  lous  persans  :  seinbé  pour  schembé,  s<iniedi; 
djéisembé,  iiiin»nc\\e;  diiussembé,  lundi;  sissembé, 
mardi;  siarsembé,  mercredi; (liissenifce,  jemli;d;oiima, 
vendredi.  Le  dernier  j"ur  se  célèbre  comme  le  di- 
manche chez  les  chréliens.  — L  ère  de  i'hégiie  n'esi 
connue  que  des  mull.ihs;  le  resle  de  la  nation 
compl'  par  jubilés  mongoles,  de  douze  années,  dont 
chacune  porte  le  nom  d'un  animal  (1).  Voici  l'ordre 
de  ces  jubilés  :  1"  année,  Syfscft/iaiie,  de  la  souris; 
2«  si/9uir, de  la  vache;  î"  djou/fcarss,  du  linx;4«(0K- 
gouiclikaiie  ou  kouiane,  du  lièvre;  5"  lou,  du  croco- 
dile ;  6"  djilàne,  du  serpent  ;  7'  djilki,  du  cheval  ; 
8^  koï,  du  monton  ;  9'  pilchir.e,  du  singe;  llflflow/.', 
de  la  poule;  11^  it  ou  oii^  du  chien;  H"  doungouz, 
du  porc.  Puis  reviennent  r.innée  de  la  souris,  celle 
de  la  vache,  et  ainsi  de  suite  dans  le  même  ordre. 
En  comptant  de  cette  manière,  pour  dire  que  tel 
événement  est  arrivé  il  y  a  36  ans,  les  Kirgnis  s'ex- 
priment ainsi  :  Trois  années  de  la  Poule  ;  au  lieu  de 
Su  ans,  ils  disent  :  Quatre  années  du  moulon  et  deux 
annéen  communes. — Comme  ils  n'exercent  d'autre 
commerce  que  celui  des  échanges,  ils  n'ont  ni  mon- 
naies, ni  balances,  ni  toutes  les  mesures  générale- 
ment adoptées  par  les  auires  peuples.  Leurs  mon- 
naies sont  les  moulons  et  les  brebis,  dont  ils  fixent 
le  nombre  suivant  le  prix  qu'ils  attachent  à  tel  ou 
le!  objet.  Quant  aux  marchandises  susceptibles  d'être 
pesées,  ils  les  prennent  à  vue  d'oeil. 

Les  Kalmouks  habitent  l'Asie  centrale  et  orientale. 
Ils  dépendent  en  partie  de  la  liussie  et  en  partie  de 
la  Chine.  <  Les  Kalmouks,  dit  M.  Hommaire  de  Hell, 
savant  voyageur  moderne,  sont  boudbistes,  ou  plutôt 
lamites,  comme  la  plupart  des  peuples  qui  appar- 
tiennent ainsi  qu'eux  à  la  race  mongole.  On  sait  que 
le  grand  lama  est  le  chef  de  ce  culte ,  et  qu'il 
demeure  au  Thibet.  Tous  les  livres  des  Kalmouks 
parlent  de  l'existence  de  quatre  grandes  terres  :  la 
première  ,  située  à  l'orient ,  est  occupée  par  des 
géants  qui  vivent  cent  cinquante  ans;  la  seconde < 
vers  l'occident,  est  peuplée  d'individus  encore  plus 
grands,  qui  vivent  cinq  cents  ans,  la  troisième, 
placée  au  nord-est,  est  peuplée  d'habitants  qui  sont 
plus  grands  encore  ,  exempts  d'infirmités  et  qui  vi- 
vent mille  ans;  enfin  la  quatrième  est  celle  que  nous 
habitons,  et  qu'il  dépend  de  la  Divinité  de  combler 
de  faveurs.    Au   milieu  d'une   des  montagnes   du 

(1)  Celte  manière  de  compier  les  années  en  usage 
dans  «ne  srande  partie  de  l'Asie  est  connue  des  uns 
sous  le  nom  de  mongolienne,  des  autres  sous  ce- 
lui d'oKifyourieiiiie  on  de  turque.  11  est  présnmable 
qu'elle  lui  inventée  dans  les  t^mps  fabuleux  de  l'his- 
toire nioiigoln-tartare,  mais  personne  ne  saurait  dire 
parf|uini  à  quelle  époque.  M.  Abcl  Rémusat  l'ap- 
pelle ktrgmsienne,  supposant    que  les   Kirguis  l'ont 


Thilirt  ,  les  Kalmouks  supposent  qu'il  existe  un 
éléphant  long  de  deux  lieues  et  blanc  comme  la 
neige.  Ce  fabuleux  animal  a  trente-trois  têies  rouges, 
munies  chacune  de  six  trompes,  d'où  jaillissent  un 
même  nombre  de  funtaines  surmontées  de  six  étoiles, 
et  sur  chaque  étoile  se  tient  assise  une  vierge,  tou- 
j'Urs  jeune  et  toujours  parée.  Ces  vierges  sont  filles 
des  esprits  aériens,  dont  l'un  ,  le  plus  puissant,  se 
met  à  cheval  sur  le  milieu  de  la  tète  de  l'éléphant, 
quand  cet  intelligent  anitnal  veut  changer  de  place. 
Les  Kalmouks  ont  des  divinités  terrestres  appelées 
biiurkhans  ,  et  qu'ils  vénèrent  comme  des  génies 
bienfaisants.  Après  ces  bourkhans  viennent  les  esprits 
aériens,  qui  sont  ou  bienfaisants  ou  n.échants.  Les 
Kalmouks  adorent  de  préférence  ces  derniers  comme 
pouvant  leur  nuire,  tandis  que  les  autres  ne  peuvent 
leur  rendre  que  de  bons  offices.  Ces  mauvais  génies 
enfantent  les  orages,  et  lorsque  les  Kalmouks  en- 
tendent le  tonnerre,  duquel  ils  ont  si  grand'peur,  Ils 
se  hâtent  de  tirer  des  coups  de  fusil  pour  éloigner 
les  démons  qui  planent  au-dessus  d'eux.  Il  y  a  en 
outre ,  dans  la  religion  Limite,  un  grand  nombre 
d'idoles  monstrueuses,  et  q.ni  n'ont  généralement  que 
des  fi.-ures  de  femmes.  Les  Kalmouks  adressent  des 
Loniniages  à  ces  divinités  secondaires  ,  et  ils  croient 
également  à  la  transmigration  des  âmes,  ainsi  qu'à 
un  enfer,  dont  le  grand  juge  passe  eu  revue  tontes  les 
âmes  au  sortir  de  la  vie.  Ce  roi  des  enfers  est,  du 
reste ,  assez  bon  pour  permettre  à  un  malheureux 
pécheur  un  peu  repentant  d'aller  vivre  de  nouveau 
sur  la  terre  sous  sa  première  forme.  Erlik-Khan  ,  ca 
juge  des  trépassés ,  et  en  même  temps  souverain 
absolu  du  royaume  des  damnés,  habite  un  palais  où 
l'on  fait  continuellement  retentir  des  timbales;  ce 
palais  est  situé  dans  une  grande  ville  entourée  dé 
murs  blancs,  en  deçà  de  laquelle  s'étend  un  cloaque 
infect,  séjour  des  maudits.  Un  sentier  de  fer  traversa 
cette  mer,  et,  ainsi  que  le  rapporte  M.  de  Hell, 
lorsque  les  coupables  tentent  de  le  franchir,  il  s'a- 
mincit sous  leurs  pas  jusqu'à  présenter  a  peine 
l'épaisseur  d'un  cheveu,  puis  II  se  brise,  et  les  âmc^ 
dépravées  ainsi  reconnues  sont  aussitôt  précipitées 
dans  les  enfers  sans  autre  forme  de  procès.  Non  loitt 
de  ce  lieu  d'horreur  on  remarque  une  mer  de  sang, 
au-dessus  de  laquelle  surnngent  de  nombreuses  têtes 
humaines  .  c'est  là  que  sont  torturés  ceux  qui  ont 
excité  des  querelles ,  et  donné  lieu  à  di-s  meurtres 
entre  parents  et  amis.  Plus  loin  se  trouve  renouvelé 
le  supplice  de  Tantale  :  sur  un  sol  blanc  et  aride 
une  foule  de  damnés  souffrent  ia  faim  et  la  soif.  Ils 
creusent  et  fouillent  incessamment  la  terre,  ei  leur 
travail  n'a  d'autre  résultat  que  d'user  peu  à  peu  leurs 

composée  à  l'instar  du  cycle  des  Chinois;  mais  les 
preuves  de  celle  assertion  ne  sont  pas  éviileuies  : 
ce  qu'il  y  a  de  certain,  c'est  «pie  sons  le  nom  de 
Kirguis,  il  ne  faul  pas  comprendre  les  Kirguis-Kaïs- 
saks  ,  ipii  n'existaient  pas  encore,  lorsque  depuis 
longtemps  déjà  on  se  servait  de  celte  chrnnoL 
mais  bien  les  anciens  Kirguis,  ou  les  Karq 
(Kirguis  sauvages  d'aujourd'hui).  {ISote  de/ 


g,g                                DICTIONNAIRE  DE  GKOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  920 

Iras  jusqu'aux  épntiles  ;  puis  leurs  membres   ainsi  canion  dii  dépnriemeni  des  Deu\-Sèvre«,  an  diocèse 

rongés  repônsseni  bii>niôi  pour  que  leur  iniirment  re-  de  Poiiiers,  sur  la  ri\  iéie  de  Tliouo.  On  y  recolle  du 

coiimience.  TtHe   est  la  pnnilion  indigée  à  ceux  qui  vin,  des  céréales;  on  y  culiivc  le  chanvre  cl  le  lin. 

'■•li'ë  de  pourvoir  aux  bes"ins  ei  aux  iialiiludes  Ses  habitants,  au  nombre  de  2000,  fabiiquenl  de  la 

de  boime  chère  du  clergé  lamiie,  lequel,  au  moyen  de  toile,  ei  commerceni  sur  les  laines, 

ses  fables,  lieni  sous  sa  dominaiion  les  petits  ei  les  Vallis  Clama,  Vaucluse.  Il  y  a  dans  le  diocèse  et 

grands.  Les  préires  kalmouks  fout  voeu  de  chasteté  et  à  16  kil.  d'Avignon  une  paroi-sede  ce  nom.  Elleist 

deconl  nence,niaiscelane  les  empêchepasd'MVdir  (les  située  au  pied  de  la  nu  ntagne  el  à  2  kil.  de  la  fon- 


relaiions  avec  des  femmes  mariées;  du  reste,  lors- 
qu'un m;iri  kalmouk  s'en  aperçoit ,  il  accepte  avec 
résignation  sa  m  saventure  ,  et  la  regarde  même 
comme  un  honneur,  tant  il  vénère  ses  chefs  reli- 
gieux.   Les  princes  partagent  avec  les   prètr-'S   ces 


laine  de  Vaucluse,  sur  la  live  droite  de  la  Sorgue, 
avec  une  population  de  517  habitants;  elle  possèile 
des  papeteries  et  des  fabriques  de  garance.  A  peu 
de  distance  de  ce  village,  ou  remarque,  sur  des  ro- 
chers, les  ruines  pi;toresques  d'un  ancien  châl>  au 


sortes  de  privilèges;  ils  vont  même  plus  loin  :  lors-      qui  appartenait  autrefois  aux  évêques  de  CavaiH  n, 


qu'une  lenime  leur  plaît,  ils  la  fcmt  enlever  sans 
façon,  puis  ils  la  renvoient  quand  ils  en  sont  fati- 
gués. Le  mari  endure  tout  cela  d'une  manière  Irès- 
pliilo'ophique;  il  a  d'ailleurs  l'espoir  de  se  faire,  par 
ce  moyen,  absoudre  de  bien  des  peccadilles  avenir.) 
Yaldemoiilium  Seduiiense.  Sioii-Vaudémont.  C'est 
une  paroisse  du  diocèse  de  N;incy,  à  52  kil.  sud-nuest 
de  celle  ville,  départ,  de  la  Meurilie.  La  population 
est  de  530  liabii;<nts.  Elle  devait  ê  rc  plus  considé- 
rable autrefois,  si  l'on  en  juge  d'après  les  débris 
des  foriilicatioiis  qui  restent  encore.  Eu  effet,  d'api  es 
queliines  mdieiitions  foirrnies  par  des  charires  et  des 
chroniques  du  noyen  âge,  Sion-Viudéinont  aurait 
été  alors  une  place  importante  ;  mais  elle  aurait  été 
tans  doute  démantelée  et  ruinée  dans  le-!  guerres 
presque  coilinuelles  qui  ravagèrent  la  Lorra  ne  aux 
SV  el  xvi«  siècles.  —  Cette  paroisse,  siinée  sur  une 
montagne,  est  un  lieu  de  pèlerinage  ce  èbre  dans 
loute  la  contrée,  à  cause  d'une  statue  miraculeuse 
de  la  sainte  Vierge,  honorée  depuis  un  temps  immé- 
morial. On  a  établi  dans  ces  derniers  temps  h  Sion- 
Vaudéuiont  un  in-tilut  de  Frères  pour  les  éccdes 
primaires,  qui  porienl  le  litre  de  Frères  de  Notre - 
Danie-de-Sii'n. 

Valentia  Laiinorum,  tel  Roma,  Rome.  Cette  ville 
est  le  centre  de  la  catholicité,  la  mélro|iole  du 
Dionde  chrétien,  la  résidence  du  pape,  el  la  c;ipi- 
lale  des  Etats-Romains.  Elle  est  la  plus  riclie  de 
loutfS  les  villes  actuelles  en  nmnumeuts  anciens  et 
modernes  auxquels  se  rattachent  de  notnbreuses  lé- 
gendes, toutes  fort  intéressantes.  Ses  souvenirs  em- 
brassent l'ancien  et  le  nouveau  monde  ;  et  elle  a  ce 
{irivi'ége  que  sou  histoire  est  celle  des  peuples  an- 
ciens et  des  peuples  nmderues.  Sans  égale  dans 
l'antiquité,  elle  a  été  la  première  dans  le  moyen 
ige.  Prise  el  déva^iée  successivement  par  les  Bar- 
bares, elle  survji  à  ses  ruines  amoncelées.  —  Nous 
renvoyons  à  son  article  Rome,  dans  le  vol.  III. 
1  Vallis  Aurea,  Airvaidl,  ancienne  abbaye  cnnimend. 
d'hominesen  Francedansie  llaut-Pniiou,  à40kil.  ouest 
de  Poitiers,  à  12  sud  de  Thouars,  ei20  est  de  l'arthenay. 


el  que  l'on  nomme  improprement  le  château  de  Pé- 
trarque. De  ces  ruines,  un  sentier  étroit  cunioume 
la  montagne  de  Yauclu>e,  et  conduit  eu  trois  quarts 
d'heure  au  sommet  du  rocher  éb'vé  verticalement  sur 
l'antre  de  la  fontaine.  Là,  un  speciac'e  magniliquc 
frappe  les  regards  :  aux  pieds  de  l'observ.iieur  une 
rivière  bleuâtre  s'échappe  en  grondant  du  vallon 
qui  la   gêne,  ralentit  son   cours  pour  former  des 
méandres  gracieux,  revenir  sur  elie-niêuie,  comme 
si  elle  quittait  à  regiei  les  prairies  ombragées  qu'el'e 
traverse,  se  diriger  en  canaux  qui   alimentent  plu- 
sieurs usines,  embrasser  de  petites  îles  el  se  diviser 
encore.  On  dislingue  des  villes,   «les  vilbiges,  des 
habiiaiions  éi)irses,  des  champs  fertiles,  des  prai- 
ries, des  vignobles,  des  lieux  incultes  et  ceux  que  le 
laboureur  fertilise.  Lf-s  regards  se  reposent  avec  un 
pliiisir  indicible  sur  un  horizon  Iranijuille  et  sur  les 
plus  riants  tableaux.  —  La  fontaine  de  Vaucluse,  qui 
donne  son  nom  au  département  et  rappelle  le  sou- 
venir de  Pétrarque  comme  poète  et  comme  philoso- 
phe, est  une  des  plus  belles  de  France;  elle  occupe 
le  fond  d'une  vaste  el  profonde  c  iverne  qui  s'ouvre 
en  arceau,  au  pied  d'un  roc  élevé  à  pic.  Pour  arriver 
à  celle  source,  objet  dn  la  plus  grande  curiosité,  on 
eiilre,  après  avoir  dépassé  le  village  de  Vaucluse, 
dans  un  vallon  un   peu  loriueux,  fort  étroit,  dirigé 
du  sud  au  nord,  boidé  de  pari  el  d'autre  de  rochers 
Irès-élevés  et  fort  escarpés,  lesquels  vont  se  joindre 
à  un  immense  rocher  qui  termine  brusquement  le 
vallon,  et  eu  forme  uii  vrai  cul  de-sac,  d'où  elle  tire 
le  nom  de  Vaucluse  (t'a//is  clausa).  C'est  au  pied  de 
ce  rocher  que   se  trouve  le  bassin  de  la  foniaine. 
Pour  y  arriver,  on  suit,  le  long  de  la  rive  droiie  de 
la  Sorgue,  un  senliir  rocailleux  ;  el  on  voit  surlir  de 
dessous  ce  sentier  20  lorrenis  d'eau,  dont  la  plupart 
sont  de  la  grosseur  d'un   homme,  qui  se  précipitent 
avec  fracas,  et  forment  une  rivière  majestueuse  ca- 
pable de  porter  baleau.  Au  ilelà  de  ces  sources,  on 
découvre  un  entassement  de  blocs  énormes  de  ro- 
chers que  couvrent  les  eaux  qui  débordent  par-des- 
sus le  bassin  de  la  fontaine,  dans  le  temps  de  la 


Cette  abbaye,  de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  fui  fon-  fonte  des  neiges.  Ce  bassin,  d'un  diamètre  d'environ 

dée  par  Hildegarde,  veuve  d'Herbert,  premier  vi-  60  pouces,  est  à  peu  près  circulaire,  et  creusé  eu 

comte  de  Thouars.  Elle  C'ait  autrefoisdudiotèscdela  entonnoir;  le  rocher  auquel  il  est  adossé  forme  le 

Rochelle. —  Airvault  est  aujourd'hui  uu  chef-lieu  de  fond   du  cul-de-sae,  et  est  coupé  à  pic  jusqu'à  la 


921 

hauteur  de  300  pieds.  — On  ne  doil  visiier  In  fon- 
taine (le  V;iiicliise  qire  lorsqu'elle  est  très-basse  ou 
dans  lonic  sa  hauteur.  C'est  dans  le  premier  état 
seulement  qu'on  peut  s'approcher  de  la  caverne,  et 
parcourir  sans  danger  le  lit  naissant  de  la  rivière. 
C'est  penilant  l'Iiiver,  et  »uitoul  à  l'équinnxe  du 
printemps,  époque  de  la  fonte  des  neiges,  que  la 
source  de  Vaucluse  est  dans  toute  sa  force  et  toute 
sa  beauté;  a'ors  elle  verse  si-s  eaux  par-dessus  lis 
bords  de  la  caverne,  dont  elle  cache  et  surmonte  de 
beaucnup  ['«luvenure  :  un  figuier  qui  a  pris  nais- 
sance dans  les  veines  du  rocher,  à  plusieurs  nièires 
au-dessus,  est  désigné  comme  la  marque  de  leur 
plus  grande  élévation.  Ler-que  ce  moment  arrive, 
l'onde  se  soulève  du  gouffre  sans  fond  qui  recc  c 
son  origine;  elle  s'enlli-,  monte  sans  laisser  aperce- 
Vnir  d'abord  ses  mouvements;  bientôt  elle  ne  peut 
plus  être  contenue  dans  la  grotte,  qui  disparait 
aus!.j  .sotrs  l'alliue  des  eaux;  les  flots  bouillonnants 
£6  pressent  l'un  l'antre  et  se  précipitent  avec  fureur 
contre  les  l)locs  entassés  qui  semblent  s'opposer  à 
leur  passage.  Cette  lutte  produit  un  fracas  horrible, 
une  longue  suite  de  cascades,  nue  nier  d'écume,  un 
bruvant  tumulte  que  l'écho  des  montagne-;  redouble 
et  fait  retentir  au  loin.  Le  vall  ii  étant  fermé  du 
côté  du  midi  par  les  immenses  rochers  qui  environ- 
nent la  fontaine,  jamais  elle  ne  fut  éclairée  par  les 
rayons  du  soleil.  — A  la  tête  du  bloc  de  rochers,  et 
Sur  le  bord  même  du  bassin,  l'.icadéinie  de  Vaucluse 
I  fait  ériger  une  colonne  avec  celte  inscrijiliion  en 
lettres  d*or  : 

A  pétrahoce,  1809. 
La  base  de    celte    colonne   porte    la   marque  des 
eaux  qui  la  baignent  lors  de  la  crue  de  la  snurce. 

Le  département  de  Vaucluse,  qui  forme  le  diocèse 
d'Avignon,  comprend  le  comtat  Venaissin,  l'ancienne 
principauté  d'Orange,  la  viguerie  d'Apt  et  la  vallée 
de  Sault.  Ses  bornes  sont  :  au  nord,  le  département 
de  la  Diôme;  au  levant,  celui  des  Biisses-Alpes;  au 
midi ,  la  Durante,  qui  le  sépare  du  département  des 
Uouches-du-Rhône;  à  l'ouest,  le  Rhône,  qui  le  sé- 
pare de  celui  du  Gard.  Le  territoire  de  ce  départe- 
ment, renfermé  d'un  côté  dans  l'angle  obtus  produit 
par  la  jonction  du  Rhône  et  de  la  Durance,  offre  sur 
Ions  les  autres  points  opposés  des  montagnes  plus  ou 
moins  élevées,  dont  les  unes  bordent  le  cours  du 
Rhône,  les  autres  celui  de  la  Durance,  et  qui  sem- 
blent tout  à  coup  s'éloigner,  s'enfoncer  au  loin,  et  se 
creuser  en  demi-cercle  au-devant  du  confluent  des 
eaux  impétueuses  de  ces  deux  rivières.  La  nature 
semble  donc  diviser  le  département  en  pays  de  plai- 
nes et  pays  de  montagnes;  cette  dernière  partie  est 
beaucoup  I  lus  étendue  que  la  première.  La  plaine, 
eu  effet,  n'est  autre  chose,  premièrement,  que  la 
continuaiiou  de  la  vallée  du  Rhône  ,  depu's  l'entrée 
du  département  à  la  I  alud  jusqu'à  Avignon;  et  se- 
condement l'aire  de  l'angle  au  sommet  duquel  se 
réunissent  le  Rhône  et  la  Durance.  Tout  le  reste  du 
dfparlement  doil  être  regardé  contme  pays  de  mon- 


GEOGRAPIIIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  92î 


lagnes.  Les  plaines  peuvent  se  diviser  en  trois  bas- 
sins :  celui  d'Orange,  ou  du  nord  ;  celui  d'Avignon  à 
Carpentras,  ou  du  milieu,  et  celui  de  Cavaillon  ,  ou 
du  midi.  Delà  plaine  à  la  moniagne,  le  passage  n'est 
pas  subit  ;  divers  points  iniermédiaiies  en  foruient 
la  li  lison  graduelle.  D'abord  quelques  collines  bor- 
dent et  coupenl  ensuite  les  plaines  que  nous  venons 
de  désigner  :  dé-*  l'entrée  du  département ,  on  ren- 
contre assez  près  du  Rhône  et  dans  la  direction  de 
ce  fleuve,  les  hauteurs  de  Bollène,  de  Montdragou, 
de  Mornas,  de  Piolenc  ;  d'où,  après  une  courte  in- 
terruption, se  présentent  les  collines  d'Orange,  da 
Counhezon  ,  de  Bédarrides;  ensuite,  en  se  rappro- 
chani  du  Rhône,  se  trouvent  les  coteaux  de  Cliâ- 
teauneul-Calcernier.  Peu  après,  toujours  dans  la  di- 
rection du  nord  au  midi ,  on  voit  les  collines  de  Vé- 
déne,  de  Saint-Saiurjiin  ,  de  Jonquerette,  de  Gada- 
gue,  se  ternunanl  oliliquement  sur  les  bords  de  la 
Durance  aux  roches  de  Rou-Pas.  D'autres  collines 
sont  encore  jetées  au  devant  des  montagnes  de  Vau- 
cluse, et  leur  seiveut  en  quelque  sor;e  de  prélude  , 
dans  ce  fond  circulaire  du  bassin  des  plaines  du 
milieu.  Ainsi  sont  placées,  au  nord,  les  col I  nés  de 
Vacqne  ras,  de  Sarrians,  d'Aubignan  et  de  Lauriol; 
à  l'est,  celles  de  Serres,  de  Mazan  et  de  la  Lègue  ; 
au  midi  ,  celles  de  Sdnt-Didier,  de  Pirnes,  de  La- 
gue,  de  Robion  et  de  Taillaite.  Les  points  culminants 
de  ces  montagnes  sont  :  le  Jlonl-Vento  ix,  dont  l'é- 
lévation Cît  de  iOil  mètres  au-ilessu-;  du  niveau  de 
la  mer  :  le  Léberon,  au-dessus  u'oppède  de  I7U0  m.; 
le  Léberon,  au-dessus  de  Cuiuron,  de  1 180  mètre-; 
la  montagne  de  L 'garde,  1493  mètres  ;  celie  de  S.dnl- 
Saturnin,  1587  mètres;  le  passige  des  Abeilles,  980 
mètres;  la  montagne  de  Vaucluse,  634  mètres. — Les 
moniagues  de  Vaucluse  sont  assez  peu  intéressantes; 
aucun  fleuve  ,  aucune  grande  rivière  n'y  prennent 
leur  source  ;  la  nudilèet  la  stérilité  de  leurs  smnmets 
repoussent  même  la  simple  curiosité.  Une  muliilude 
de  vallées  s'enfoncent,  il  est  vrai,  au  milieu  d'elles  : 
mais  le  plus  grand  nombre  de  ces  vallées  ne  sont 
exactement  que  de  simples  vallons  très-courts  et 
fort  étroits,  ou  pluiôt  des  raiinsoù  coulent  entre  les 
montagnes  les  torrents  qui  en  descendent.  Ce  n'est 
qu'en  approchant  de  la  plaine,  et  en  quelques  en- 
droits particuliers,  que  se  forment  les  vallées  pro- 
prement dites.  11  faut  toutefois  en  excep'er  la  vallée 
de  Sault  et  le  torrent  qui  la  parcourt;  située  par 
delà  et  au  levant  du  Monl-Venioux,  elle  s'étend  du 
nord  au  midi  dans  une  longueur  de  10  kil.  sur  une 
largeur  de  2  à  5  kil. 

Le  sol  du  département  de  Vaucluse  étant,  comme 
nous  l'avons  vu,  entrecoupé  de  morrtagnes,  de  co- 
teaux et  de  plaines,  offre  nécessairement  de  grandes 
variétés.  En  général,  les  terres  sont  calcaires  et  ntê- 
lées  plus  ou  moins  avec  l'argile  et  le  sable,  ce  (|ui 
les  rend  tantôt  trop  fortes,  qiielqirefois  même  abso- 
lument drrres  et  compactes,  tantôt  trop  légères  et 
sans  aucune  liaisotr.  Le  bassin  qui  s'étend  le  h)ng  du 
Rhône,  depuis  la  Palud  jusqu'à  Caderousse,  offre  des 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


8S5 

terres  franches  el  forles  ;  mais  la  partie  méridionale 
de  ce  bassin  présente  l'aspect  le  plus  déplorable;  la 
terre  végétale  a  presque  partout  disparu,  et  à  peine 
en  reirouve-ion  une  coucbe  légère  et  sablonneuse 
dans  quelques  parties  basses  et  humides  ;  tout  le 
reste  est  roc,  cailloux  roulés,  gravier  et  sable.  La 
partie  du  bassin  comprise  entre  Avignon  el  Carpen- 
tras  ne  présente  que  des  cailloux  roulés,  qui  cou- 
vrent, à  quelques  exceptions  près,  louie  la  plaine  de 
Sorgues  à  Avignon.  Le  b;issin  de  ce  vaUon  est  tou- 
telois  le  plus  fcriile  et  le  plus  couvert  d'arbres  el  de 
verdure  ,  parce  qu'il  est  le  mieux  arrosé;  il  faisait 
autrefois  seul  la  renommée  du  Comtat  ;  peu  de  plai- 
nes ,  en  eOtl,  présenient  un  plus  bel  .ispect.  Cepen- 
dant, si  l'on  excepte  quelques  terres  de  Caunioni  et 
de  Cavaillon,  qui  sont  exactemeiit  sur  les  bords  de 
la.Durance,  l:i  ferliliié  de  ce  bassin  vient  moins  de 
la  bonté  intrinsèque  du  sol  que  de  l'industrie  qui  le 
cultive.  —  En  iiénéral,  le  sol  est  peu  fertie  en  grains 
et  ne  produit  pas  assez  de  céréales  pour  la  consom- 
maiion  des  liabiianls  :  quelques  plaines  cependant 
donnent  des  grains  de  bonne  qiialiié;  mais  sa  plus 
grande  richi'sse  consiste  en  vins  estimés  et  presque 
toujours  abondants.  Dans  la  majeure  partie  du  terri- 
toire on  réoolte  tout  à  la  fois  du  grain  et  du  vin  ;  le 
terrain,  planté  de  vignes  très- espacées,  est  partagé 
en  deux  bandes  ,  dont  lune  est  façonnée  en  terres 
labourables,  et  l'autre  en  vignes,  qui  donnent  des 
vins  chauds,  capiieux  et  fortement  colorés.  —  Le 
département  ne  compte  aucun  canal  navigable,  mais 
il  possède  plusieurs  canaux  servant  à  l'irrigation  des 
terres  ou  au  mouvement  de  quelques  usines.  En  lan- 
gagi'  du  pays,  (es  canaux  sont  appelés  Béais,  et  l'on 
donne  le  nom  de  Prise  au  lieu  où,  par  le  moyen  de 
l'ouverture  d'une  écluse  disposée  obliquement,  une 
portion  des  eaux  s'échappe  du  lit  de  la  rivière  ou  du 
torieni,  et  entre  dans  le  canal.  Pour  jeter  les  eaux 
dansCL'S  canaux  d'étroite  ouverture,  on  est  obligé 
de  construire  transversalement,  dans  le  lit  du  tor- 
rent, des  ouvrages  destinés  à  retenir  les  eaux;  ces 
(luvrages  ne  sont  quelquefois  que  des  espèces  de  ba- 
lardeaux,  grossièrement  faits;  mais  quelquefois  aussi 
ils  sont  construits  avec  la  plus  grande  soliditéet  selon 
toutes  les  règles  de  rhydiau!ii|ue  :  on  peut  en  voir 
des  modèles  curieux  sur  le  torrent  d'Auzon,  entre 
Maxan,  Carpentras  et  Monteux.  Le  Lez,  l'Aigues , 
rOuvèze,  la  Nesque,  le  Caidon,  la  LimergUL-,  la  Lèze, 
fournissent  aussi  une  multitude  de  canaux  d'irriga- 
tion ;  mais  un  canal  beauc mp  plus  imporianl  est  ce- 
lui ouvert  depuis  plus  de  six  siècles  des  rives  de  la 
Durance  à  Mérindol ,  pour  arroser  le  territoire  de 
Cavaillon  et  du  Cheval-Blanc.  A  côté  de  ce  canal,  et 
surtout  presq\ie  du  même  p:'int  latéral  de  la  Durance 
à  Mérindol,  est  celui  du  Cabédan,  qui  féconde  un  ter- 
ritoire jadis  tout  à  fait  inculte.  Deux  autres  canaux 
sont  encore  tirés  de  la  Durance  auprès  de  Bon-Pas  ; 
l'un,  sous  le  nom  de  Durançoie,  arrose  le  territoire 
d'Avignon,  coule  autour  et  dans  l'intérieur  de  la  ville 
de  ce  nom,  et  se  perd  dans  le  Rhône;  l'autre  porte 


924 

le  nom  de  canal  de  Crillon;  il  arrose  une  grande 
éiendoe  de  terres,  couvertes  seulement  autrefois  de 
pierres  el  de  cailloux. 

Le  climat  du  déparlement  de  Vaucluse  est  sain  et 
fort  tempéré;  mais  l'atmosphère  y  est  sujette  à  de 
grandes  variations.  En  été,  au  milieu  des  pins  forti-s 
chaleurs,  comme  en  hiver  au  milieu  des  froids  le* 
plus  rigoureux,  le  thermomètre  monte  ou  descend 
tout  à  coup  de  i,  j,  6  et  8  degrés.  Après  une  pluie 
douce  et  légère,  s'élève  une  tempête  furieuse,  et  cette 
inconcevable  agitation  de  l'air  cesse  soudainement  et 
est  suivie  du  calme  le  plus  plat.  Dans  ce  dé|iarte- 
meni,  les  saisons  peuvent  se  réduire  à  deux  ou  tout 
au  plus  à  trois.  A  peine  y  connait-oii  le  printemps,  à 
moins  qu'on  ne  le  place  dans  le  mois  de  janvier  et  de 
février  ;  presque  toujours  les  arbres  fruitiers  sont  en 
fleur  dans  le  second  mois  de  l'année  ;  mais  l'hiver 
reprend  ensuite  et  dure  jusqu'à  la  fin  de  mai.  il  n'est 
pas  rare  de  voir,  le  lendemain  d'un  temps  froid  et 
désagréable,  commencer  les  chaleurs  de  l'été,  et  l'hi- 
ver succéder  quelquefois  presque  immédiatement  aux 
derniers  jours  de  chaleur.  Toutefois  ,  les  automnes 
sont  presque  constamment  beaux  et  se  prolongent 
jusqu'au  15  décembre;  c'est  alors  la  plus  belle  sai- 
son de  l'année.  Les  plus  grands  froids  de  l'hiver  font 
rarement  descendre  le  thermomètre  au-dessous  de 
10  à  1-2  degrés  de  Réaumur  ;  ordinairement  il  se  sou- 
tient entre  4  et  6.  Ces  froids  durent  un  mois  et  demi; 
ils  sont  secs,  sans  brouillards  ,  et  toujours  tempérés 
par  la  présence  du  soleil  ;  aussi  tombe-i-il  très-peu 
de  neige  dans  les  plaines.  Pendant  l'été,  le  tbermo< 
mètre  monte,  dans  les  plus  fortes  chaleurs,  jusqu'à 
29,  30,  ôl  el  52  degrés  :  ces  chaleurs  excessives  du- 
rent souvent  plus  de  deux  mois,  el  rarement  moins 
d'un  ;  les  chaleurs  ordinaires  élèvent  le  lljermomè- 
tre  de  2-^  à  28  degrés.  C'est  alors  que  les  orages  sont 
fréquents  et  accompagnés  de  détonations  terribles  , 
prolongées,  et  de  torrents  de  pluie.  Quelquefois  l'air 
en  est  rafraîchi  pour  un  moment,  et  le  vent  du  nord, 
qui  souffle  aussitôt,  fait  éprouver  à  la  température 
ces  brusques  variations  dont  nous  avons  déjà  parlé. 
—  Les  vents  dominants  sont  ceux  do  nord  et  du 
midi  ;  le  vent  du  nord-ouest  est  quelquefois  d'une 
fureur  inconcevable  :  il  courbe  et  déracine  les  ar- 
bres, découvre  les  maisons,  renverse  les  cheminées; 
au  printemps,  il  arrache  les  fleurs  ,  emporte  toutes 
les  espérances,  arrête  tout  à  coup  la  végétation,  res- 
serre et  crispe,  pour  ainsi  dire,  toute  la  nature.  Par 
lui,  en  été,  les  blés  sont  couchés,  les  plantes  flétries, 
les  fruits  abattus  ;  par  lui ,  le  froid  et  la  tristesse 
succèdent  au  plus  beau  jour,  et  l'hiver  renaît  souvent 
au  milieu  du  temps  ordinaire  des  chaleurs. 

On  commence  généralement  les  semailles  dans  le 
département  de  Vaucluse  vers  la  lin  de  septembre, 
et  du  15  an  20  octobre  celles  des  seigles,  des  orges 
et  des  avoines  sont  achevées;  on  ne  s'occupe  de 
celles  du  froment  que  vers  le  20  octobre,  et  elles 
sont  terminées  du  15  au  20  de  novembre.  C'est  ordi- 
nairement vers  le  lo  février  que  le  priaiemps  s'an- 


925 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MO\EN  AGE.  926 


¥ 


nonce  par  les  donx  parfums  de  la  violette,  cl  par  la 
floraison  des  amandiers.  Les  arbres  fruitiers  se  cou- 
vrent de  llenrs  dés  la  fin  de  ce  mois  ;  mais  ce  prin- 
temps prématuré  disparaît  souvent  devant  les  aqui- 
lons fougueux  qui  ramènent  un  nouvel  liiver,  de  peu 
de  durée  à  la  vérité  ,  mais  qui  n'en  est  pas  moins 
pernicieux.  Au  commencement  d'avril,  les  mûriers 
laissent  entrevoir  quelques  feuilles,  le  grenadier  en- 
ir'ouTre  ses  bourgeons,  le  cerisier  fleurit,  la  plupart 
des  autres  arbres  ont  noué,  et  la  vigne  en  pleurs  sort 
de  son  engourdissement.  En  juin,  les  moissons  com- 
mencent. Le  foulage  des  gerbes  par  les  cbevaiix,  les 
Qiulets  et  les  ânes,  et  quelquefois  par  les  bœufs,  suit 
immédiatement  les  moissons.  Les  vendanges  se  loni 
vers  la  lin  de  septembre. 

Le  département  de  Vaiiclusc  a  pour  cliet-lieu  Avi- 
gnon, qui  est  un  archevêcliô.  Il  est  divisé  en  4  ar- 
rondissements et  en  22  cantons  ,  renfermanl  loO 
communes.  —  Superlicie,  288  lieues  carrées.  — 
Population,  204,113  babiiants. 

Yallisienum,  VVallersiein,  bourg  de  la  Bavière, 
dans  la  seigneurie  d'OEltinaen-Wallerstein,  à  4  kil. 
nord-nord-ouest  de  iNordlingen.  Sa  population  est  de 
1609  habitants.  Il  y  a  un  cbàteau  ou  résiden<.  les 
princes  d'CEitingen-Wallerstein.  Quebines  auteurs 
rattachent  l'origine  de  cette  famille  aux  empereurs 
d'Alleniagne  de  la  maison  de  Saxe;  mais  h  l'aide  des 
Chartres  on  ne  peut  la  faire  remonter  qu'au  commen- 
cement du  3ini<^  siècle.  Il  parait  qu'à  l'époque  où  la 
Sonabe  était  divisée  en  plusieurs  gnti  ou  cantons, 
dont  chacun  était  présidé  par  un  comte,  des  nncùires 
de  la  maison  d'QEttingen  d'aujourd'hui  furent  inves- 
tis de  la  charge  des  comtes  du  Uiess  ou  Ueisgnii, 
dans  laquelle  ils  trouvèrent  moyen  de  se  maintenir  à 
titre  héréditaire.  Frédéric  III,  comte  d'OEtiingen, 
épousa  Adélaïde,  héritière  du  landgraviat  de  la 
basse  Alsace;  mais  ses  fils  vendirent  en  lôo'J  à  l'é- 
\êcbé  de  Strasbourg  la  partie  du  landgraviat,  qirt 
consi^tait  en  fiefs  de  l'église  de  Strasbourg;  quant 
aux  fiefs  du  landgraviat  qui  relevaient  immédiate- 
ment de  l'Empire,  ils  les  abandonnèrent  à  reiupe- 
reur  Charles  IV,  qui  en  disposa  en  partie  en  faveur 
des  seigneurs  de  Lichlenberg.  La  maison  d'OEtiin- 
gen conserva  cependant  son  droit  de  domaine  direct 
sur  la  seigneurie  de  Fleckensleiu  en  Alsace  qui,  lors 
deTexlinclionde  lamaisondes  baronsdeFleckensiein 
en  17-20,  fut  conférée  par  Louis  XV  à  celle  de  Rolian- 
Soubise.— Louis  XV.comtcd'Œttingen,  mort  en  1S48, 
est  la  souche  commune  de  toutes  les  branches  de  la 
maison.  Son  fils,  LouisXVI,  fonda  la  ligneainée,dile 
d'Œtlingen,  ou  évangélique,  qui  obtint  en  1674  1e 
rang  de  prince,  et  s'éteignit  en  1751  ;  Frédéric,  se- 
cond  fils  de  Louis  XV,  fonda  la  ligue  catholique  ou 
de  Wallerslein.  La  ligne  de  Wallersieiuse  subdivisa 
en  trois  branches,  nommées  Spielberg,  Wallerslein 
et  Kaizenstein-Baldern.  La  dernière  s'est  éteinte 
en  1798  :  les  deux  autres  subsistent  encore. 

Le  dernier  prince  de  la  ligne  évangélique  avait 
JBSiiiué  héritière  de  ses  Etats  la  branche  de  Wallers- 


tcin,  à  l'exclusion  de  celles  de  Spielberg  et  de  Kat- 
zenslcin-Baldern.  Le  procès  qui  s'éleva  à  ce  sujet 
fut  lerminé  par  un  arnngement.  La  branche  deWal- 
lersiein  céd.i  à  son  aînée  le  tiers  de  la  succession; 
mais  U  branche  de  Kaizensiein-Baldern  re^la  privée 
de  sa  part.  Après  l'exiinciion  de  celle-ci,  ses  posses- 
sions furent  partagées  entre  les  branches  de  Spiel- 
berg et  de  Wallerslein,  dont  la  première  possède 
ainsi  environ  5/12,  et  |j  seconde  7/12  de  la  totalité 
dn  comté  d'OEtiingen.  Les  deux  branches  portent 
depuis  1731  le  titre  d'Œttingen-OEttingen,  auquel 
l'une  ajoute  Spielberg  et  l'autre  Wallerslein.  Le 
comte  de  Spielberg  a  été  créé  prince  d'Empire 
en  1734,  celui  de  Wallerstcin  en  1774.  Chaque 
prince  obtint  par  le  rcccs  de  1805  une  voix  au  col- 
lège des  princes;  mais  l'acte  de  la  confédcration  du 
Rhin  les  soumit  l'un  et  l'antre  à  la  souveraineté  du 
roi  de  Bavière. 

Les  deux  princes  sont  catholiques  ;  celui  de  Spiel- 
berg réside  à  OEltingcn,  celui  de  Wallerslein  à  Wal- 
lerslein. 

Vaiidopern,  Vendeuvre,  ou  Vandœuvre.  C'est  une 
petite  ville  dn  diocèse  de  Troyes,  arronil.  de  Bar- 
sur-Aube,  à  26  kil.  de  cette  ville,  chel-lieu  de  can- 
ton du  département  de  l'Aube.  La  population  est 
de  1*J30  habitants.  —  Quelques  auteurs,  s'apiuyant 
sur  une  de  ces  analogies  de  nom  si  souvent  trom- 
peuses, ont  prétendu  que  Vendeuvre  avait  élé  fondé 
au  commencement  du  v"  siècle,  par  les  Vandales, 
qui  à  celte  époque  envahirent  U  France  :  suivant 
eux,  Vendeuvre  ou  son  nom  latin  Yandopera,  signi- 
fie œuvre  des  Vandales.  Mais  cette  opinion  a  été  ré- 
futée par  le  baron  Pavée  de  Vendeuvre,  propriétaire 
du  château,  dans  une  dissertution  histori(|ue,  pu- 
bliée en  1812.  Le  plus  ancien  nionutncnt  qui  lasse 
menlion  de  Vendeuvre  est  un  acte  de  l'an  664. 
En  805,  Ingilirude,  femme  de  Boson,  qui  s'était  en- 
fuie avec  un  amaiit,  fut  reçue  à  Vendeuvre  sous  la 
prol(;clion  de  Charles  le  Chauve,  roi  de  France  et 
de  Bourgogne.  Le  pape  se  disait  seigneur  de  Ven- 
deuvre en  vertu  d'une  donation  iiu'il  prétendait  lui 
avoir  été  faite,  soit  par  Louis  le  Cernianii|ue,  soit 
par  un  ancien  comte  de  Vendeuvre,  nommé  Gérard. 
Malgré  ses  prétentions,  un  prince  Bosoo  s'en)para 
de  Vendeuvre,  et  y  établit  un  de  ses  vassaux 
nommé  Aremberl.  Le  pape  Jean  VIII,  informé  de 
Celte  usurpation,  écrivit  pour  s'en  plaindre  à  lin- 
gues, à  Rodolphe  et  à  Boson  lui-même.  D.ms  sa  let- 
tre, il  appelle  Vendeuvre  villam  suam  Yuudeaiam.  Il 
ordonna  aussi  à  Isaac,  évèque  de  Langres,  d'excom- 
niuoier  Boson  s'il  ne  rendait  Vendeuvre  au  couvent 
de  Ponllières.  Précéilemmeni ,  le  même  pape , 
Je  m  VIII,  ayant  appris  que  des  difficuUés  s'étaient 
élevées  enire  l'évêque  de  Langres  et  celui  de 
Troyes,  pour  savoir  à  quel  diocèse  devait  apparte- 
nir Vendeuvre,  .ivait  décidé  dans  un  concile  tenu  à 
Troves  en  8TS,  et  où  il  se  trouvait  en  personne,  que 
cette  petite  ville  dépendrait  de  l'évêché  de  Langres. 
—  Quoi  qu'il  en  soit  des  prétentions  du  pape  sur  la 


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DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


038 


lerre  de  Vendenvre,  il  est  certain  qu'elle  cul  plus 
lard  «les  seigneurs  puriiculiers.  En  1121,  Houlin  et 
Hcdouin,  frères,  en  porieiil  le  nom.  Tous  deux,  à  la 
prière  de  Hugues,  comte  de  Troyes,  ccmcèdèrenl  de 
vastes  propriétés  aux  moines  de  Poul'.ières.  A  peu 
près  à  la  même  époque,  les  seigneurs  de  Vendt'uvre 
aidèrent  par  leurs  bierilails  à  la  l'onda'ion  du  cou- 
vent de  l'Arrivmir.  En  1271,  Guillemelte  et  Gérard 
son  fils,  alors  seigneurs  de  Vendeuvre,  affratichirenl 
leurs  liommes  de  Vendeuvre,  à  la  cliarge  de  la  cor- 
vée iiour  l'œuvre  du  château  une  (ois  par  semaine.  Ces 
derniers  mois  pnr  eut  à  croire  (|ue  la  construclioa 
du  château  de  Vejideuvre  remonte  à  cette  époque. 
Cet  Mutique  édifice  est  d'un  assez  hel  effet,  vu  du 
suil-ouest  ;  il  domine  de  ce  côié  un  vaste  parterre  de 
gazon,  que  couronnent  des  coleiux  couverts  de 
plantations  et  de  vignes.  En  IGli,  Henri  de  Luxem- 
bourg fit  décorer  avec  un  gi'ùl  bi/.ane  une  cham- 
bre, dont  on  a  conservé  la  disirihulion,  ilans  la- 
quelle on  reMiar.jne  le  chiffre  de  Henri  IV,  et  une 
vue  du  château  de  Vendeuvre,  tel  qu'il  était  à  celte 
époque. 

La  source  de  la  Barse  est  au  pied  du  châleau,  et 
pour  ainsi  dire  ihnis  ses  fondations  mêmes  ;  son  eau 
lim|iide  est  reçue  dans  tin  bas-iu  voillé  et  omliragé 
de  queliiues  arhres,  pui?  s'échappe  de  là  pour  an  oser 
le  parc  et  la  vdie.  Autrefois,  à  l'une  des  ailes  du 
cliâieau  et  près  de  la  chapelle,  existait  une  tour  Irè-î- 
éle^ée,  qui,  dans  les  temps  reculés,  coiiimuniqu  ilt, 
dit-on,  avec  les  chàieaux  de  Biienne  et  de  Cliace- 
nay.  —  Vers  le  commencement  du  xn»  siècle,  la 
lerrfl  de  Ven<leuvre  passa  à  la  famille  des  Noyers. 
Elle  eut  ensuite  pour  seigneurs  des  Luxenibonrgs  et 
des  Mesgrigny  :  elle  avait  été  érigée  en  inarqiisat 
en  laveur  de  l'un  de  ces  derniers.  —  L'église  parois- 
siale <le  Vendeuvre  est  un  ancien  édifice,  où  Ion 
voit  plusieurs  londjes  sé|  ulcrales.  Vendeuvre  es',  la 
pairie  de  Nicidas  liourbon,  ilitl'ancien,  poêle  laiin,  né 
en  I5U5.  H  parle  de  son  pays  dans  plusieurs  de  ses 
poèmes. 

De  Vendeuvre  dépend  le  Val-Suzenay,  hameau  si- 
tué dans  une  cliariuamc  position,  sur  la  lisière  d'un 
bois  où  l'on  voit  une  petite  cliapelle,  liès-fréqueuiée 
le  jour  de  la  INotre-Duine  de  seplemlire. 

Vanuin,  vcl  Artemita,  VVan.  —  C'était  une  des 
villes  les  plus  considérables  do  rArménie,  dont  elle 
a  partage  toutes  les  révolutions  religieuses  et  politi- 
ques. Successivement  attaquée  par  les  Perses,  les 
Grecs,  les  khalifes  abassides  el  les  Selschuks  de 
Ruin,  elle  fut  assiégée  p^r  le  farouche  TImur.  Le 
siège  ne  dura  que  vingt  jours  ;  et  celle  ville,  qui  ne 
s'étaii  abaissée  devant  aucun  vainqueur,  fut  empor- 
tée d'assaut  et  livrée  à  la  fureur  d^s  troupes.  Timur 
enleva  un  butin  considér.ible,  et  les  églises  firent 
dans  ce  désastre  des  perles  ii  réparables. 

Waii  est  un  archevêché  arménien  schismalique  , 
dont  le  titulaire  léside  dans  le  couvent  de  Warach. 
Située  sur  la  rive  orientale  du  lac  du  même  nom,  la 
ville  est  ceinie  d'une  bonne  muraille  el  d'un  fosse 


profond,  avec  quatre  portes.  Un  cbâlcaii  fort,  situé 
au  nord  sur  un  locher  perpendiculaire,  la  défend. 
Elle  a  des  rues  longues  et  bien  pavées,  des  maisons 
bâties  en  pierre  et  couvertes  en  tuiles  ;  elle  est  bien 
pourvue  d'eau  el  de  provisions  de  toute  espèce.  Ob 
remarque  ses  environs. 

Le  lie  de  VVan  esi  borné  au  sud  par  une  chaîne 
de  montagnes  fort  élevées  el  abruptes,  qui  fait  suite 
à  celle  de  Moucli.  —  La  rivière  Djennei-Souî ,  ou 
Eau  du  Paradis,  un  des  principaux  alfiiienls  du  Ti- 
gre, donl  le  nom  contraste  singulièrement  avec  la 
naiure  sauvage  du  pays,  coule  presque  constamment 
dans  une  vallée  excessivement  resserrée  et  irès-pro- 
fonde,  puis  s'échappe  par  un  défilé  formé  d'une  chaî- 
ne réiiulière  de  calcaire. 

Wan  compte  plus  de  40,000  Iiabiiants  :  il  appar- 
tient à  la  Porte  depuis  l'an  1549,  et  est  le  chef-lieu 
d'un  pachalili  de  son  nom,  dans  la  Tiiripiie  asiati- 
que. Ce  pachalik,  composé  d'une  partie  de  l'Armé- 
nie el  du  Kourdisiau  tuiks,  est  borné  au  nord  par 
celui  d'Erzeroum,  à  l'est  et  au  siide-t  par  la  l'erse  , 
au  sud  par  celui  de  Gliehrezour,  à  l'ouest  parle 
Diarlieek  ;  il  environne  le  lac  très-coisidérable  du 
même  nom.  Ce  pays  très-montagneux  offre  des  plai- 
nes et  des  vallées  étendues  et  bien  arrosées  par  tii.e 
niulliiude  de  rivières  qui  descendent  de>  montagnes. 
On  y  né„'  ige  l'.igriciillure  :  à  peine  les  habitants  ré- 
coltent-ils le  grain  nécessaire  à  leuis  besoins.  On  y 
cultive  ilu  coton,  du  lin,  <lu  (abac,  des  fruits  el  du 
vin.  De  belles  prairies  iiourrissenl  de  nombreux  bes- 
tiaux, deschevaiu  et  des  chèvres.  Ou  exporte  beshaux, 
maiine,  noix  de  Galles,  contre  du  fer,  sel,  étoffes  de 
colon  ,  de  soie  ,  armes ,  plomb  et  poudre,  li  a  une 
faible  populaiinn,  composée  de  Tiiiks,  Tiirkimans, 
ArniéuiensKi  Kourdes.  Poiuilation  100,000  habitants. 
Yapoyifer  liivHs,  le  R  iz-El-Akba,  ruisseau  sortant 
de  la  monîagne  de  ce  nom,  h  120  kilonièires  de  Bone, 
dans  le  diocèse  d'Alger.  A  4  kilomètres  au  sud-ouest, 
on  découvre  des  souries  d'eaux  ilieruiales  où  les  Ro- 
mains avaient  fait  un  bel  élahlissement,  ainsi  que 
l'at'e.-tentdes  ruines  encore  parfaitement  conservées. 
Après  avoir  traversé  la  Scybouse  et  des  collines,  on 
Toit  t.'éieiidre  à  droiie  une  petite  plaine  bordée  par 
un  ru'sscau  donl  il  faut  remoiiier  le  cours.  Tout-à- 
coup  la  végotalion  cesse,  le  sol  esl  blanc,  dur,  reten- 
tissant et  comme  formé  par  une  coiuhe  de  plaire 
dans  une  étendue  de  plus  de  60  mètres  de  côté.  Sur 
cette  plale-fiirme  on  voit  s'élever,  éloigné-,  de  *  ou  S 
mètres  les  uns  des  autres ,  environ  trente  cônes 
blancs  de  grandeurs  diverses,  mais  dont  les  plus  éle- 
vés n'ont  pas  moins  de  4  mètres  de  hauteur  ;  ils  af-  i 
fectent  exacieiuenl  la  forme  d'un  paii  de  sucre.  Ces 
cônes  sont  pleins,  mais  ils  sont  percés  à  leur  som- 
met d'un  trou  qui  semble  être  l'orifice  d'un  f 'ual 
intérieur  par  lequel  coulaient  les  eaux.  Ces  sources 
sont  taries.  Le  plateau  fiiiii  briisquemeni,  el  de  l'an- 
fractuosité  qui  le  borne  s'élèvent  des  nuages  d'une 
fumée  épaisse  qui  porte  une  odeur  fortement  snl- 
l'ureuse.  D'espace  en  espace  on  voit  dans  l'étendue 


95,j                                   GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  Âf.E.  030 

de  30  mètres  environ,  s'élever  des  peiils  cônes  au  5  à  6  brasses  dVan.Warna  est  fortifié  et  a  un  vieux 
sommet  desquels  bouillonnent  encore  dans  un  petit  château  avec  de  grosses  tours.  On  y  compte  donze 
cratère  des  eaux  parfaitement  limpides.  Ces  eaux  se      ^   '  ^" '  ^  ....  i  „...-„..„. 


répandent  en  nappe  vers  la  partie  déclive  du  ravin  , 
en  coulant  sur  des  couches  saliiies  qu'elles  ont  dé- 
posées. Parvenues  au  bas  du  ravin,  elles  se  mêlent 
à  celles  d'un  petit  ruisseau  irè"rapide  qui  va  se  je- 
ter dans  la  Seybou<e.  C'est  après  te  mélange  et  à 
deux  ou  trois  cents  pas  de  leur  chute,  qu'elles  ont 
ime  température  convenable  pour  le  bain  ordinaire. 
Toutlecoursdece  ruisseau  est  maniué  par  une  ri-inte 
végétation  de  lauriers  roses,  d'arbousiers,  de  vignes 
sauvages  et  de    plantes  rau'pantes  ou  parasites  dont      chrétienne    que    quelques    pauvres    fuyard-,    pour 


mosquées  et  deux  églises  grecques;  c'est  l'entrepôt 
du  lommerce  de  la  Bulgisrie  et  de  la  Valachie  avec 
ConstantiiKiple  ;  il  consisic  en  blé,  beurre,  fromage, 
vin,  volaille,  œufs,  etc. 

Les  pagi!S  qui  concernent  celte  ville  dans  l'his- 
toire du  moyen  âge  sont  ensanglantées.  Il  se  livra, 
sous  ses  murs,  le  19  novembre  UU,  une  baiaille 
en(re  Ladislas  Yl,  roi  de  Hongrie  et  de  Pologne,  et 
le  sultan  Miirad  IL  Le  brillant,  mais  malheureux 
Ladislas  périt  dans  la  nièlép,  et  il  ne  resta  de  l'armée 


la  verdure  éternelle  contraste  avec  l'aSiiect  aride  et 
désert  des  terres  voisines  brûlées  par  un  soleil 
ardent.  La  Iradiiion  aiabe  porte  que  ces  eaux 
étaient  d'abord  malfaisantes,  et  qu'elles  ne  sont 
devenues  salutaires  que  parce  qu'un  musulman  a 
passé  dans  une  grotte  voisine  iO  ans  do  sa  vie 
à  glorilier  Dieu  et  sim  piopiiéle,  et  à  lire  le  koran. 
Le  parfum  de  ses  prières,  dit  la  légende  arabe,  re- 
tombait comme  une  douce  rosée  sur  ces  e^ux  et  leur 
communiquait  une  vertu  efficace  pour  la  gnéiisonde 
maladies  cutanées  dont  soulTrent  pai  ticulièrenient  les 
Arabes. 

Vaniesia,  Warna  (I).  Cette  ville  est  située  sur  le 
coté  sepientriiinal  d'un  golfe  de  la  mer  Noire 
formé  par  deux  caps  dont  l'un,  à  gauche,  est  une 
pente  de  l'Ila^nius,  à  l'exirémiié  de  laquelle  s'éiend 
un  long  lii.urg  appelé  Macropolis;  sur  le  promon- 
toire du  midi  s'élevait  Galala,  à  500  pas  seulement 
de  la  ville. —  Plate  foneet  sandschukde  la  Rumélie 
(on  prononce  Uounnélie)  dans  la  Turquie  d'Europe, 
à  12J  kil.  sud-cstde  Silistri,  Warna  se  irouvcà  l'em- 
bouchure de  la  rivière  du  même  nom.  Sa  rade  peut 
recevoir  une  escadre  ;  elle  est  bornée  d'un  côté  par  le 
cai>  dilata,  et  de  l'autre  parle  cap  Hndrova  ou  Sok- 
hanlik,  ouverte  aux  vents  d'est  etdesud-est  :  elle  passe 
pour  être  incommnde,  mais  comme  elle  se  tiouveà 
l  abri  des  vents  du  nord-ouest,  les  plus  dangereux 
sur  la  mer  Noire,  et  (jue  le  fond  eu  e-l  très-bon,  les 
marins  1 1  disent  irès-sùie  en  été  :  les  plus  gros  vais- 
i,v  peuvent  y  mouiller  sur  8  à  1.5  brasses  de  prO' 


aller  prévenir  de  cet  immense  désastre  les  popn'a- 
lions  consternées.  Le  1 1  octobre  1828,  Warna  tomba 
au  pouvoir  des  Russes.  La  Russie  aurait  vou'u  gar- 
der cette  conquête,  car  c'est  le  meilleur  lon  de  la 
côte  occiilentale  de  la  mer  Noire.  Elli>  consentit  ce- 
penilant  à  le  rendre  à  la  Porte,  par  le  traité  de  paix 
qui  secoiiclnl  à  Andrinople  en  1829.  —  W..rna  pos- 
sède un  évêiue  grec  schismatiqne.  Quant  aux  ca- 
tholiques, p'  u  nombreux,  ils  dépendent  du  vicaire 
apostolique  de  Soda.  La  population  est  de  18,000 
habitants.  Lat.  nord,  4J°  12'  15";  long,  est,  2.i* 
33'  S.)". 

Venctiola,  Vénéznéla.  Il  y  a  une  ville  épiscnpale 
connue  sous  ce  nom,  et  pUis  sous  ceini  do  Coro, 
puis  la  priivin'e  de  Venezuela,  dans  lAméiiine  mé- 
ridionale, qui  firme  niijpuril'hiii  l'Etat  de  Venezuela. 
La  villedeCoronu  d.;  Vénézuél  i,ile  fondation  espagno- 
le, lut  érigée  e;i  évêclié  en  13  2,  soMS  la  métropole  da 
Douiinicopolis,  Sami-Domingue,  dans  l'ile  de  ce  nom. 
L'évoque  avait  24,000  francs  de  revenn.  En  raison 
de  l'état  d'agiiatiiin  contmoeile  où  se  trouve  ce  pays 
depuis  trente  aMS,  l'évècbé  n'est  pas  oc  upé.  Il  était 
dans  ces  derniers  temps  sufl'ragant  de  l'archevéi  hé 
de  Léoti-de  Caracas,  capitale  de  l'Etat  de  Vene- 
zuela. 

Coro,  chef-lieu  du  district  de  son  nom,  est  situé 
dans  une  plaine  sablonneuse,  sur  un  i^lhme  qui  sé- 
pare le  lac  de  Maracaibn  de  la  mer  des  Canbes  ou 
Caraïbes.  Ses  rues  sont  régulières,  mais  ses  mai^ons 
cl.éiives,  son  port  ei  son  commerce  peu  importants. 


fondeur,  bon  fond.  O.i  jetie  l'ancre  à  l'est,  entre  la      Corc  e^l  à  180  kil.  ouesl-nord-onist  de  Barquisimeto; 


tour  hexagone  de  Warna  et  l'anse  de  Soklianlik;  les 
navires  plats  se  placent  au  sud  de  la  ville,  où  il  y  a 

(I)  U  règne  une  grande  confusion  parmi  les  érn- 
dits  et  les  géographes  au  sujet  de  W.irna.  M.  de 
llammer,  dans  son  Hisloire  de  rempire  ottoman,  dit 
positivement  ipie  Warna  est  l'antienne  Couslantia 
des  Romains,  qu'elle  lui  érigée  en  évêché  au  i\e  siè- 
cle, sous  la  métropole  de  Philippopoli.  Dans  sa  Géo- 
graphie épiscopale  ,  l'abbé  de  Commauiiile  admet 
aussi  l'existence  de  Conslaiiiia  dans  la  province  de 
ïbr.ice,  sous  la  métropole  de  Philipponnli  ;  puis  il 
place  dans  la  seccîide  province  de  .Mœ^ie,  sous  la 
métropole  de  N  copolis  ,  Tibériopolis,  seu  (Jde^sus, 
qu'il  appelle  Warna,  et  dont  il  fait  un  archevêché  du 
v«  siècle.  Dans  sa  Géoijrapliie  ccrlé-ia-tiqre,  le  P. 
Charles  de  Samt-Paul  se  tait  sur  la  Consi.mtia  de  la 
Thrace,  mais  il  nomme  dans  la  province  de  ilœsia 
tnlerior  Udessus,  qu'il  écrit  Udy$sus.  i}u  géograplie 


sa  population  monte  à  12,000  habitants.  Lat.  nord, 
11'  44';  long,  ouest  69  ^  72". 

du  xviit"  siècle  soutient  nue  le  Warna  de  la  mer 
Noire  est  positivement  l'Odessus  des  Grecs,  qu'il 
appelle  Odesnis  Milesiorum. 

Il  est  pos>ible  qu'au  milieu  des  auerres  et  des  vi- 
cissitudes politiques  dunt  cette  parti  ■  de  l'Europe  a 
éié  victime  du  v  siècle  au  x=,  Warna  fù  ,  au  v^  s  è- 
cle,  archevÙLbé  sous  la  métropole  de  Nicopolis  avec 
le  mim  de  Tibériopolis  ou  OdesMis,  et  redevint  au 
i\'  siècle  évéclié,  sous  la  métropole  de  Philip|iopoli, 
avec  le  nom  de  Coi  siantia.  Nou^  ne  disons  p.is  que 
cela  ait  eu  lieu,  mais  nous  disons  qu'e  ■  raison  des 
révidiilimis  permaiienles  de  l'éiioque,  il  en  a  pu  être 
ainsi.  Ncius  vovons  en  elfet  que  ifoiinlis  de  l;i  .Mœsia 
inférieure  avait  perJu  au  u"^  >iècle  son  titre  de  mé- 
tropole, {^"le  de  Cauieur.) 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLtSIASTIQUE. 


93  J 

L'Etat  actuel  de  Venezuela,  avant  rinsurrection 
des  colonies  espagnoles  contre  la  mère-patrie,  dé- 
pentlait  de  In  capitainerie  générale  de  Caracas  dans 
la  Castiile  d'Or.  Les  Espagnols,  découvreurs  de  cette 
partie  de  TAraérique,  sou>  la  conduice  de  Clirislophe 
Colomb,  lui  avaient  donné  le  nom  de  Castiile  d'Or, 
parce  que  le  sol  renfermait  des  ricliesses  immenses. 
Il  serait  diflicile  aujourd'hui  de  se  (aire  une  idée 
de  l'exagéraiioM  des  esprits  à  ce  sujet.  Les  légendes 
sur  la  Casiille  d'Or  sont  très-nombreuses,  remplies 
de  récits  plus  merveilleux  les  uns  que  les  autres; 
elles  formeraient  à  elles  seules  une  biblioilicque.  Les 
Indiens,  voyant  le  côté  faible  de  leurs  conquérants, 
se  plaisaient,  pour  se  venger  d'eux,  à  exagérer  la 
richesse  roinéralogique  de  leur  pays,  et  à  multiplier 
ses  mines  aurifères.  C'est  ainsi  qu'ils  avaient  créé 
le  lac  Parime,  dont  la  vase  inépuisable  était  de  l'or; 
plus  on  eu  retirait,  plus  il  y  en  avait  ensuite.  Mais 
l'e  chef-d'œuvre  de  leurs  créations  lauta>iiques  en 
ce  genre  consistait  dans  l'exisienre  d'une  contrée 
trés-riclie  située  vers  les  sources  de  l'Orénoque, 
où  l'or- natif  tenait  lieu  de  sol  pour  ainsi  dire.  La 
découverte  de  cet  heureux  pays  fai-ait  lo  tourment 
cl  le  désespoir  tout  à  la  fois  des  Espagnols  ;  car  les 
In'diens,  sous  divers  piétextes,  refusaient  de  les  y 
conduire  ou  de  leur  en  indiquer  la  roule.  Du  reste, 
les  tribus  enire  elles  avaient  prononcé  le  serment 
solennel  de  ne  jamais  indiijuer  aux  E/prits  m.lfni- 
sanls  (expression  dont  ils  se  servaient  dans  leur  lan- 
gue pour  ilcslguer  les  E>pagnoU)  les  sources  de  leur 
père  et  de  leur  ami.  Les  .\l)'irigènes  du  Haut-Oiéno- 
que  appellent  ;iiiisi  le  (leuve  encore  aujourd'hui.  De 
là  est  venue  l'expression  el  dorado.  Aussi,  pour  ex- 
piimer  la  feniliié,  la  prodigieuse  fécondité  d'une 
tcTe  quelconque,  dit-on  :  C'est  un  el  dor.ido. 

Après  l'indépendance  de  l'Amérique  espagnole, 
la  province  de  Vénéituéla  lit  pariie  de  la  répubrique 
de  'Jolombie.  Mais,  depuis  quelques  années,  elle 
l'orme,  tous  le  titre  de  république,  un  Etnt  indépen- 
dant, quoique  toujours  agité  par  la  guerre  civile. 
—  Cet  El:it  et  borné  au  nord  par  la  mer  des  An- 
tilles, à  Test  par  l'Atlantique  el  la  Guyane  anglaise, 
au  sud  par  le  Brésil ,  à  l'ouest  par  U  Nouvelle-Gre- 
nade. Il  est  compris  entre  1"  et  15°  de  latitude 
nord,  et  Cl"  et  73«  de  longitude   ouest.  Il  a  1,'iOO 


932 


qu'elles  jouent  un  rôle  imporlani  dans  la  formation 
des  rivières,  dans  l'aménagement  des  eaux.  Leur 
hauteur  au-dessus  des  grandes  plaines  varie  do  100 
à  200  mètres.  Cet  exhaussement,  touï  fail  le  qu'il  est, 
dojine  aux  plateaux  de  l'importance,  en  en  faisant 
un  refuge  pour  les  êtres  vivants  à  l'époque  pério- 
dique des  inondations,  eu  conservant  les  eaux 
pour  la  saison  !>èclie  ;  car  dans  les  Uanos,  rbomme 
se  trouve  successivement  en  présence  de  deux  in- 
convénients contraires ,  l'envahissement  des  eaux 
el  la  sécheresse  du  désert.  —  La  constitution  géolo- 
giiiue  des  mesas  diffère  k  quc^^ues  égards  de  celle 
des  llaitos.  Les  plaleanx  sont  géuéraleoient  formés 
d'un  sable  disposé  en  couches  Siorizonlales ,  repo- 
sant sur  le  grès  dur  el  imperméable  des  plaines  ; 
ce  sont  comme  les  lambeaux,  les  restes  d'une  allu- 
vion  qui,  à  une  épo  pie  ancienne,  couvrait  la  tota- 
lité du  sol.  Ces  am:is  de  sable,  par  leur  nature  po- 
reuse ,  perméable ,  s'imbibent  d'eau  durant  la  saison 
pluvieuse  ,  et  quand  les  rivières  rentrent  dans  leurs 
lits,  quand  t'inondaiion  cesse,  ces  alluvions  laissent 
éihapper  avec  lenteur  les  eauv  qui  s'y  trouvent  ac- 
cumulées, et,  préservées  des  elTeis  de  l'cvaporation, 
ces  mesas  devieiment  alors  de  véritables  sources. 
Ainsi,  de  la  mesa  de  Guanipa  il  ne  sort  pas  moins  de 
<juaranic  livlère?  dont  les  eaux  se  remleirt  à  l'Oré- 
noque, au  go;fe  de  Paria ,  ou  directement  à  la  mer. 
—  C'est  peut-être  à  la  nature  géidoglque  des  mesas 
qu'une  grande  étendue  des  Uanos  doit  de  ne  pas  être 
un  désert.  Les  ll.ino*  sont  fertiles,  on  y  rencontre 
des  villes,  des  villages  nombreux  et  peuplés.  Leurs 
Iiabitanis  sont  d'une  force  et  d'une  activité  surp'c- 
nantes.  Le  LIanero  passe  sa  vie  à  dompi-r  les  che- 
vaux ,  à  lutter  c  mire  les  taureani;  il  traverse  à  la 
nage  les  fleuves  les  plus  lapides  et  se  plail  à  chas- 
ser le  tigre,  à  combattre  le  caïman.  Sous  un  climat 
ardent,  les  besoins  du  LIanero  sont  trè^-limiîés. 
Dans  la  paix,  une  courroie  et  un  hamac;  dans  la 
guerre,  uns  lance,  un  cheval  toujours.  L'expéiience 
l'a  prouvé ,  dans  les  plaines ,  ces  hommes  n'ont  à 
redouter  que  leurs  semblables  ,  et  pour  quiconque 
connaît  bien  l'Amériqne  du  Sud,  les  Uanos  ,  avec 
leurs  courageux  habitants,  forment  le  re  bipartie  |>lus 
solide  de  l'indépendance  naliimule.  —  Les  Uanos, 
malgré  les  caractères  généraux  qui  leur  sont  pri)pros, 
kil.  de  longueur  de  l'est  à  louesl,  1000  de  largeur  }.  offrent  cerendant  à  un  œil  exercé   des  différences 


moyenne  du  nord  au  sud.  ' 

Les  steppes  ou  Itanos  appartiennent  à  ces  im- 
menses plaines  qui  oi  cupent  un  si  grand  espace  sur 
le  nouveau  contmeni.  L'égalité  appaienle  de  leur  sol, 
l'borùon  sans  bornes  (jue  l'on  y  découvre ,  leur 
donnent  l'aspect  de  l'Océan.  Oa  se  former.iit  néan- 
ûioihs  une  idée  peu  exacte  des  Uanos,  si  on  les  con- 
sidérait comme  une  [daine  ayant  partout  un  même 
niveau.  Les  steppes  ont  des  plateaux  ,  trcs-peu  éle- 
vés à  la  vérité  ,  mais  d'une  éteiidae  suuven!  considé- 
rable; ce  sont  les  mesus  (tables),  les  baitcoa  (hancs). 
Ces  inégalités  peu  apparentes  de  la  surface  du  sol 
niér/.oni    particulièrement  d'être   étudiées ,    puis- 


p.-rceptibles  qui  influent  sur  leurs  iiroduclions  et  sur 
la  condition  de  leurs  habitants.  Ainsi  les  plaines  de 
l'Apure  et  de  lu  Guyane  ne  ressemblent  pas  absolu- 
ment aux  plaines  de  Varinas.  La  descri,ition  de  l'X- 
puie  est  des  plus  intéressantes  :  dans  ces  Uanos  le 
terrain  présente  une  grande  égalité,  on  n'y  v-it  pas 
une  pierre  ;  quand  un  Indien  de  l'Apure  approche 
pour  la  première  fois  des  montagnes  des  Andes ,  le 
moindie  caillou  devient  pour  lui  un  objet  d'éton- 
nement.  Les  rivières  Apure  et  .Meta  ,  qui  sont  les  li- 
mites naturelles  de  ces  Uanos  ,  ont  des  courants  t'i 
peu  prononcés  qu'on  est  souvent  incertain  sur  leurs 
directions  ,  le  moindre  vent  d'est,  la  moindre  crue 


933 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


934 


de  rOrénoque ,  ,&s  refoulent  aussitôt  vers  leurs 
sources.  Au  milieu  d'un  Océan  de  verdure,  dit  M.  Co- 
dazzi  ,  ingéiiieur-géograplie  qui  a  composé  la  des- 
cription géographique  de  l'Elat  de  Venezuela  par 
ordre  du  gouvernement,  les  groupes  de  palmiers 
que  l'on  découvre  çà  et  là  à  l'horizon  font  l'effet  de 
navires  à  la  voile  :  l'illusion  est  complète.  L'inonda- 
tion des  basses  plaines  de  l'Orénoque  est  toujours  la 
conséquence  des  grandes  crues  hivernales  ;  bieniol 
les  savanes  se  changent  en  autant  de  grands  lacs  ; 
sur  plusieurs  points ,  la  lerre  se  couvre  de  1  à  2 
mètres  d'eau;  les  communicaiions  deviennent Uif- 
Ticiles,  et  pour  aller  d'une  habitation  à  une 
autre ,  il  faut  le  plus  souvent  avoir  recours  à 
des  embarcations.  Les  Llaneros  les  plus  expéri- 
mentés sont  les  seuls  qui  se  hasardent  à  parcou- 
rir à  cheval  ces  terrains  inondés;  car,  pour  enire- 
prendre  une  tulle  traversée  ,  il  faut  joindre  l'ha- 
bileté du  cavalier  à  la  prudence  du  pilote.  — 
D.uis  le  bassin  de  l'Oiénoqne,  il  tombe  annuelle- 
nienl  2"°  oi  d'eau  dans  les  forêts;  diins  les  plaines 
1">  81.  En  tenant  cnnipic  de  l'étendue  et  des  con- 
ditions physiques  des  surfaces,  on  trouve  2"»,  01 
pour  la  pluie  annuelle  moyenrfe.  L'Oréiioqne  recuit 
toutes  les  eaux  du  bassin  dont  il  porte  le  nom,  les- 
quelles arrosent  les  lla)ws  de  l'Etat  de  Venezuela.  Il 
a  des  circuits  midiipliés,  et  ir.iine  un  prodigieux 
volume  d'eau.— La  ccimmunication  directe  avec  le 
Mara^n^n,  d!i  rivièie  des  Ani.izanes,  a  été,  pendant 
longues  années,  le  sujet  des  discussions  les  plus  vives 
entre  les  géographes.  On  se  demandait  s'il  était  pos- 
sible d'aller  d'un  fleuve  à  l'autre  sans  passer  par  des 
portages,  sans  ir.  îner  sur  terre  les  canots.  Aujour- 
d'hui la  coniuiunii  ati.in  directe  des  bassins  de  l'Oré- 
noque et  de  rAmaznne  est  un  lait  inconiestable,  et 
la  bifurcaiion  de  l'Orénoque,  quoique  plicnoméne 
géoijrapliique,  est  hors  de  doute.  Au  point  de  ^a 
bilurcaiion,  l'Orénoque  verse  le  tiers  de  ses  eaux 
dans  le  Cassiquiare,  qui  les  déverse  ensuite  dans  le 
Ki.i-iNégro,  alûucnl  de  l'Amazone.  L'incertitude  sur 
les  siiirces  de  l'Oiénoque  existe  toujours,  malgré  les 
recherches  faites  à  ce  sujet  par  des  savants,  des 
voyageurs  et  des  ^édgraphes.— Les  eaux  de  l'Oré- 
noque, selon  M.  Codazzi,  ont  une  température  qui  se 
maintient  entre  27°  2  ei  29°  i.  Mais  cette  tempér;i- 
luie  ne  se  conserve  pas  dans  les  rivières  du  Uaut- 
Oréuoque,  et  à  la  proximité  des  montajines  de  la 
Parime,  là  où  les  plaines  sont  ombragées  d'épaisses 
forêts.  Les  eaux  du  Cassiquiare  et  du  Rio-Kégri>, 
par  exemple,  n'ont  plus  que  23°  à  24°,  4.— L'Oré- 
noque coule  encaissé  dans  un  lit  resserre  cl  dont  la 
largeur  n'est  que  de  6688  mètres,  ou  presque  une 
lieue  3\i.  Un  rocher  placé  naturellement  au  milieu 
du  courant  e^l  pour  les  riverains  un  véritable  ori- 
nocomètre.  Dans  ce  détroit,  à  l'époque  des  basses 
eaux,  il  passe  8,227  mètres  cubes  d'eau  par  seconde. 
C'est  environ  huit  (ois  plus  que  la  Seine  à  Paris,  en 

(1)  Jusqu'à  présent  les  géographes  enropéens  ne 
donuaient  à  l'Oréuoque  qu'un  cours  de  12l'0  kil.  ou 


temps  il'éiiage.  Alors  le  fleuve  n'a  pas  encore  riçu 
le  Kio-Caroni,  un  de  ses  principaux  affluents. — L'Oré- 
noque, après  avoir  décrit  autour  du  groupe  de  la 
Parime  une  ligne  demi-circulaire,  marche  direde- 
inenl  à  l'est  jusqu'à  la  mer. — Le  cours  sinueux  et 
contourné  de  ce  fleuve  s'explique  par  la  forme  escar- 
pée du  plateau  de  la  Parime,  par  la  pente  des  grandes 
savanes  du  Meta  et  du  Guaviare.  Ces  plaines  se  re- 
lèvent insensiblement  vers  les  Cordillères,  et  c'est 
un  fait  curieux,  peiil-èlre  plus  général  qu'on  ne  le 
suppose  communément,  que  celte  inlluenco  exercée, 
à  une  si  grande  distance,  par  la  direction  des  mon- 
tagnes, par  des  lignes  de  faites  aussi  éloignées.— 
Après  un  cours  d'environ  620  lieues  (I)  ou  2480 
kilomètres,  l'Orénoque  prend  une  largeur  considé- 
rable dans  le  voisinage  de  Siacoa.  C'est  le  commen- 
cement du  Délia,  qui  occupe  123,  î,  myriamèlres 
carrés,  ou  environ  508  lii>ues  carrées,  et  qui  présente 
un  labyrinthe  interminable  de  canaux.  Il  n'y  a  plus 
rien  d'extraordinaire  dans  la  réunion  d'une  aussi 
grande  m.isse  d'eau,  quand  on  sait  que  ces  eaux  pro- 
vienncnl  des  pluies  qui  tombent  sur  un  territoire  de 
8955  myriainètres  carrés,  ou  22,586  lieues  carrées. 
Dans  la  botanique  de  l'Etal  de  Venezuela,  on 
trouve  b;  palnder  moriche  {cocus  mamiiia)  que  les 
niissiiiunaires  ont  désigné  par  le  nom  expressif  de 
pain  de  la  vie.  Ce  |  almier  crol".  de|i"is  le  niveau  de  la 
mer  jusqu'à  la  hauteur  de  100  mètres;  sesjeimes 
piiusses  servent  d  aliments;  ses  fiuits  .eris  présen- 
tent une  iiourrituie  farineuse  :  parvenus  à  l'état  de 
maturité,  ils  donnent  de  l'huile  en  abondance.  On 
fait  des  hamacs,  des  toiles  avec  la  partie  lihreu-ede 
son  écurce;  les  jeui.es  feui  les  servent  à  fabriquer 
des  chapeaux,  des  nattes,  des  voiles  pour  les  emliar- 
cations  ;  un  tissu  naturel  qui  enveloppe  les  fruits  pro- 
cure aux  Indiennes  un  vêtement  qui  n'exige  aucune 
façon  ;  la  sève,  riche  en  principes  sucrés,  produit 
une  liqueur  vineuse;  letionc,  avant  sa  fructilication, 
renferme  une  moelle  amilacée,  avec  laquelle  on  fait 
du  pain;  oetie  moelle,  eu  se  putréfiant,  donne  nais- 
sance à  une  mullilude  de  gros  vers  blancs,  que  les 
Indiens  caraïbes  rcchercbeni  comme  un  mets  des 
pins  délitais  ;  enlin  le  ligneux  du  mauritia  est  un 
excellent  bois  de  n  nstniciion.— Tel  est  encore  le 
palmier  chiqiticliiiiui,  si  commun  dans  les  forêts  du 
UioNégro,  qui  produit  chaque  année  une  espèce  de 
cheveluie,  avec  laquelle  les  Indiens  confectioiment 
des  cordages  remarquables  par  leur  solidité  et  leur 
élasliiiié. 
Voici  l'état  de  la  population  au  Venezuela  : 

Blancs, 

Caste  mixte. 

Esclaves, 

Indiens  civilisés. 

Indiens  catéchisés, 

Indiens  indépendants, 

975,348 

%m lipues  Ce  chitTre  se  retrouve  mêmcdans  les  pri  n-    

dpaïes  SograShies  n.oderne.    (Noie  de  l' auteur. ) ^^^ 


\ 


935 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


r35 


Les  nionlagncsde  la  Parime  lorment  au  Venezuela 
un  sysiéine  qui  s'éluigne  îles  auiies  sysiènies  de 
inonlagiies  de  celle  contrée,  aulanl  par  sa  position 
que  par  sa  consliliilimi  géologique.  Placées  pouj 
ainsi  dire  en  delr  rs  du  monde  cnniiii,  couvenes  de 
foréls  iniponélrables,  ces  nioniagnes  oui  été  peu  étu- 
diées; leur  e\i>tenLe  ne  se  révèle  que  par  des  pics 
giaiiiiiqiies  isolés,  dont  le  sommet,  souvent  recou- 
vert d'une  abondante  végéialion,  pré«enie,  suivant 
M.  de  Huuiljoldt,  l'iiungR  de  lorèls  su^pen(lucs  sur  une 
forêt  (I).  Il  est  à  peu  près  impossible  d'escalader  ces 
masses  colossiles.  Les  sommets  les  plus  élevés,  sui- 
vant riiigéneur  Cudazzi,  sont  : 


Le  Garunio, 
Le  !\hiraguaca. 
Le  Duiiia, 


2ôil  mètres. 
2508 

2474 


Il  est  vraiment  impossiMe ,  dt  M.  Cod;!izi,  de 
lecoiinailre  une  d  lection  prononcée  au  groupe  de  li 
P.iiin.e;  tout  y  parait  désordre  et  coi>:u»ioo.  L'iiée 
la  plu^  naturelle,  la  .seule  qu'il  soit  i.osMble  o'av.ir 
aujourd'hui  sur  la  lor.iiede  ce  sysième  de  iiioi:tagiies, 
est  cel  e  d'un  large  plaie  ii  cmivexe,  s';illongeaMt  sen- 
siblement dans  une  diieclion  de  l'est  à  l'oiiesi . — Du  res- 
te, après  avoii'  exainine  alieoiivemenl  les  île  .x  autres 
systèmes  de  montagnes,  M.  Codazzi  regarde  |:i  cli:it- 
ne  entière  de  Véoézuéla  comine  indép. ndjiite  du  ra- 
meau des  Andes  de  la  iNouvelie-Grenade.  Celle  opi- 
nion peut  être  conleslée  pour  ce  qui  concerne  la 
cliaine  des  Andes  qui  de  la  Nouvelle-Grenade  s'é- 
tend dans  lo  Venezuela.  Au  7«  de  l.ititude  nord, 
commence  la  région  aljiine  de  Venezuela,  qui  passe 
par  Méri  la,  Truxillo  et  Darquizimeto.  Cette  cliaine, 
ramificaiion  des  Andes  de  Pasto,  court  dans  une  di- 
rection à  pou  prés  esl-nord-est ,  l^aver^e  loule  la 
Nouvelle-Grenade  et  supporte  les  grands  plateaux  de 
Bogota  ,  de  Tunja  el  de  Pamplon  i.  La  sierra  de  Mé- 
rida,  doni  la  cime  est  couverte  de  neiges  perpétuel- 
les, aiieint,  suivant  une  mesure  ingoiiométriijue, 
l'altitude  de  5i"'J  mètres.  Les  roclies  arénacées  de 
celle  cliaine  sont  fori-eiiieiil  bouleversées,  conloiir- 
nées,  repliées  sur  elles-irèmes. —  La  région  cbiude 
((i«na  ffl/icnfe)  commence  au  niveau  delà  mer,  et 
se(oniinue  jusqu'à  une  hauleor  de  585  nièircs;  les 
lempèratur'  s  y  sont  27*,  5  et  2  /,5.  La  région  leni- 
pérée  ((ierrn  lemplada),  dont  on  a  li.\.é  la  limite  supé- 
rieure à  2144  mcires,  possède,  à  letie  limite,  une 
température  moyenne  de  16°.  Enlin  dans  la  région 
Iroide  {tierra  {ria),  qui  atteint  455)0  mètres,  la  cha- 
leur moyenne  n'est  plus  que  de  2°  à  la  limite  supé- 
rieure. 

L'Etat  de  Venezuela  se  livre  à  la  culture  du  tabac 
el  de  la  canne  à  sucre.  — Le  tabac  esi  un  objet  des 

(1)  Une  basse  température  et  une  grande  humi- 
dité p  uvenl  1  rodiiire  sous  des  latitudes  irès-diffé- 
reote^  desiffel>  an  do!.'iie>.  Am>i  on  a  remarqué  à 
l'exiréioiié  auslia  e  de  l'Amériqoe  jusqu'au  niveau 
de  'a  lier  le  même  |  licnou  éne  obser\c  au  4"  noid 
en  vu  on  de  réi|uateur  p.ir  une  hauleur  de  ÔGOJ  mè- 
tres. Dans  la  Nou>elle-Greuade,  sur  les  Andes  ,  par 


plus  importants  pour  ragriciiltiire  de  la  province  de 
Yariuas  qui  eu  exporie  12o,  8(j0  kilogrammes,  les- 
quels représentent  une  valeur  de  «5  millions  de 
francs.  A  peu  d'élévaiiiin  au-dessus  de  la  mer,  par 
une  température  de  27°,  la  culuiie  du  tabac  dure 
quarante  à  cinquanie  jours.  Dans  les  mi  niaijnes, 
comine  ù  Bayladores,  dans  un  climat  teii.péré,  la 
durée  de  celte  cullure  est  d'environ  s  x  mois.  Kn 
moyenne  ,  un  liedare  renferme  13.C28  plints  qui 
fonriiissentlôDikilogrammesde tabac  propre  àl'iisa- 
ge  ;  en  France,  on  piTle  le  produit  annuel  à  950  kilo- 
grammes par  hectare.  Quanta  la  c;iniie,  on  distinguo 
trois  variélés  :  la  canne  créole,  originaire  de  l'Ilin- 
douslan,  et  qui  est  arrivée  en  Amérique  en  passant 
par  les  C maries  ;  la  c;inne  d'Otliaîli,  beaucoup  plus 
productive  que  la  créole;  enlin  la  csnne  violeita 
[cana  moradn)  qu'on  suppose  originaiie  de  Java  : 
celte  diniiére  est  prélérée  pour  la  fabricatiiui  du 
rhum.  La  Imipératuie  la  plus  favorable  à  la  cai.na 
est  de  27°  à2à°;  le  produit  en  sucre  v:irie  d'à  lieurs 
consiilérablemeot  avec  le  cbmat,  les  rondilions  phy- 
siques du  sol  el  les  soins  de  la  cullure.  In  Vene- 
zuela, M.  C.odazzi  estime  qu'un  lieciare  de  terrain 
produit  IïSd  kilogrammes  de  sucre.  Eu  France,  un 
lieciare  piaulé  en  bitleravcs  ne  rend  que  1271  kilo- 
[«raoïnies  de  sucre  briil,  qui  équivalent  à  1017  kdo- 
g  animes  de  sucre  blanc.  Ainsi,  à  surf.ice  égale,  le  snl 
des  liopiipios  produit  prés  de  deux  fois  autant  de  su- 
cri'que  le  sol  de  la  France. — Li  culiure  des  céréales 
est  assez  limiiée  dans  le  Venezuela.  La  ciiltufe  du 
blé,  dans  les  climats  chauds,  s'allie  à  celle  du  café 
et  de  la  canne  à  sucre.  Sous  l'inlluence  d'une  cha- 
leur moyenne  de  25"  à  24°,  le  fi  ornent  met  env  rnn 
trois  mois  pour  parvenir  à  sa  maturité.  En  moyenne, 
et  d:ins  les  localités  favorables  ,  on  recolle  par  hec- 
tare 771  kilogrammes.  C'est  un  produit  inférieur  à 
celui  que  l'on  obtient  dans  certaines  parties  de  la 
Fiance,  où  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  bonnes  terres 
à  blé  donner  1500  kilogrammes.  Cette  iidérionté  de 
produit,  à  surfaces  égales,  est  due  sans  nul  doute  à 
celle  circnnstance  que,  sous  les  lr()pi(|ues,  le  grain 
se  siine  be.'UCOU|)  moins  dru  qu'eu  Europe.  C'est 
une  nécessiié  reconnue  par  la  pratique.  En  semant 
dru,  la  végéialion  des  céréales  présente  d'.ibord  la 
plus  belle  apparence,  m..i-.  le  blé  monte  en  herbe, 
et  la  recolle  devient  in-igniliaiiie.  Ceite  pra  ique  de 
semer  clair  dans  les  légions  les  plus  fertiles  des  iro- 
pi(|ues  ne  s'app  ique  pas  seulen  eut  au  fnunenl, 
elle  convient  également  au  mais;  l'espacement  des 
arbres  à  café,  à  cacao,  doit  être  aussi  irautant  plus 
grand  que  le  sol  est  doué  d'une  plus  grande  fei  lililé. 
En  rapprochant  trop  les  plantes  dans  une  terre  fé- 
conde, on  arrive  toujours  à  faire  naître  une  végéti- 

une  atmosphère  hiiini  le  el  froide  ,  les  troncs  des 
arbres  el  leurs  rameaux  se  couvreni  de  peines  fou- 
gères et  de  lichens  qui  lorineni  pir  leur  eniielace- 
nieiii  un  sol  laciiee  sip  leipiel  ou  par  oiin  desesp  i.  es 
assez  ciuisidérables  à  une  éieva  i  ui  .1  •  1  u  jU  t  i"  (iO 
au-dessus  du  vrai  Sol.  [Sole  de  l'aulcur.) 


957 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AL  MOYEN  AGE. 


958 


lion  herbacée  des  plus  vigoureuses,  on  fait  une  fo- 
rêt, mais  on  obtient  peu  de  fruits.  On  dirait  que  les 
végétaux  exigent  d'autant  plus  de  lumière  solaire, 
pour  élaborer  uiilenient  les  principes  qu'ils  puisent 
dans  le  sol,  que  ce  sol  conlienl  lui-même  plus  de 
sucs  nourriciers. 

Sur  les  côies  du  golfe  de  Cariaco,  la  culture  du 
cocotier  a  pris  un  grand  développement;  déj.i  l'ex- 
portation de  l'huile,  qui  en  est  le  résultat,  est  une 
source  importante  de  richesse  publique.  Dans  un  sol 
convenable,  le  cocotier  fructifle  à  quatre  ans  et 
demi,  et  continue  à  donner  des  fruits  avec  abon- 
dance jusqu'à  l'âge  de  trente  à  quarante  ans.  Les 
cueillettes  se  continuent  même  jusqu'à  la  soi.van- 
lièine  année.  Une  surface  d'un  hectare  contenant 
5o7  cocotiers  en  plein  rapport  Tourn  t  1671  kilo- 
grammes d'huile,  producti<m  bien  supérieure  à  celle 
des  oliviers,  dont  la  récolle,  par  une  bonne  culture  et 
dans  une,  contrée  abritée,  n'est  que  de  918  kilo- 
grammes d'huile  par  hectare  au  maximum. 

Les  Guaharibas,  Indiens  de  l'Ltai  de  Venezuela, 
habitent  la  région  occidentale  du  bassin  du  Haut- 
Oréiioque,  arrosée  par  la  rivière  Mcti,  un  des  af- 
fluents de  ce  fleuve.  Ces  Indiens  sont  insoumis;  ils 
ont  défendu  jusqu'à  présent  leur  indépeudance  avec 
une  vigoureuse  énergie,  et  ont  repou-bé  tous  les 
blancs  qui  ont  voulu  parcourir  leur  contrée.  —  Les 
autres  tribus  indiennes,  répandues  duos  le  Ve- 
nezuela, sont  les  .Maïpoures,  les  Caraïbes  ou  Cari- 
bes,  les  Ottomaqnes,  etc.,  etc. 

La  religion  catholique  est  la  seule  qui  soit  prati- 
quée dans  la  république;  mais  des  idées  de  sépara- 
tion d'avec  le  saint-sié^e  y  prédominent  depuis 
longtemps  déjà.  Le  clergé  séculier,  du  reste,  comme 
dans  toutes  les  colonies  espagnoles,  est  ignorant  et 
peu  zélé.  Les  Franciscains  et  les  Dominicains 
avaient  été,  dés  la  découverte  de  l'Amérique,  char- 
gés des  missions  des  aborigènes.  Ces  religieu.v 
ont  encore  quelques  missionnaires  dans  le  Vene- 
zuela. 

Venti  iloHS,  le  Mont-Venloux.  —  C'est  une  mon- 
tagne isolée,  située  dans  la  partie  orientale  du  dio- 
cèse d'Avignon  (  Vaucluse  ) ,  sur  les  cmlins  de  celui 
de  Valence  (Drôme).  —La  plus  grande  élévation  du 
Mont- Venteux  est  de  1959  mètres  au-dessus  du  ni- 
veau de  la  mer,  et  le  sommet  en  est  souvent  cou- 
vert de  neige  pendant  que  de  fortes  chaleurs  se 
font  sentir  à  sa  base.  Sa  forme  est  à  peu  près  celle 
d'un  cône  placé  sur  un  dôme  immense.  Du  côté  de 
Vaucluse,  il  se  prolonge  par  une  pente  assez  douce; 
mais  au  nord  il  est  très-escarpé  et  inaccessible  sur 
beaucoup  de  points.  Le  sommet  du  Mont-Ventoux 
est  éloigné  de  10  kil.  du  village  de  Bédouin,  d"où 
l'on  pari  ordinairement  pour  en  faire  l'ascension. 
Il  ne  faut  pas  moins  de  quatre  ou  cini(  heures  pour 
en  atteindre  la  cime,  sur  laquelle  est  bâtie  une  cha- 
pelle d'où  la  vue  se  perd  de  tous  côtés  dans  un  im- 
mense horizon  ;  on  y  trouve  une  fontaine  que  la 
neige  recouvre  une  |iartie  de  l'année,  qui  ne  lorit 

DlCTION.NAlBE    DE    CiKOGRAPHtE    ECCL.    II. 


Jamais  dans  les  chaleurs  de  l'été,  cl  dont  la  lempé 
rature  est  constamment  dc-/-4°R.  Cette  cliapelle 
est  fort  ancienne;  on  y  venait  anlrefuis  eu  pèleri- 
nage. La  tradition  légendiqne  r.npporle  fju'elle  a  été 
élevée  par  suite  d'un  vœu  fait  par  un  voyageur  qui 
avait  failli  mourir  do  froid  snr  le  Mont-Veoloux. 
Lorsque  le  temps  est  l':iv<irable,  on  aperçoit  la  cliaine 
des  Alpes,  les  côies  de  la  Provence  et  du  Langue- 
doc; on  découvre  même  les  Pyrénées.  Peu  de  mon- 
tagnes offrent  un  aussi  bel  observatoire,  une  viio 
aussi  étendue.  Du  cô;é  de  l'oiiesi,  les  plus  grandes 
hauteurs  ne  semblent  que  de  vagues  ondulations; 
on  découvre  à  peine  les  villes  et  les  villages.  Le 
Rhône  offre  plutôt  l'aspect  d'im  ruban  argenté  né- 
gligeniment  étendu  que  celui  d'un  vaste  fleuve.  On 
ne  voit  que  des  masses;  les  collines  à  quatre  ou 
cini)  lieues  se  confoiident  avec  la  plaitie.  Un  vcri. 
sombre  iodi.iue  les  forêts;  im  vert  moins  rembruni 
les  piailles.  IMus  loin,  tout  prend  un  aspect  uni- 
forme et  nue  teinte  plus  ou  moins  azurée.  La  plaine 
bleuâtre  (|u"on  distingue  dans  le  lointain,  vers  le 
sud,  est  la  mer.  A  l'orient  apparaissent  les  Alpes 
avec  leurs  sommeis  couverts  de  noires  forêts,  de 
rocs  azurés  ou  blanchis  par  la  neige.  On  est  vive- 
ment frappé  du  magnifique  spectacle  oue  développe 
aux  reganls  cl  à  la  pensée  uu  horizon  aussi 
étendu.        , 

VicuUis  Mapiciani,  Mainpincien ,  hameau  dépeii- 
dsol  de  la  paroisse  d'Aiidrezel,  diocèie  de  Jleaux, 
canton  de  Mornianl  ,  aïKiiul.  de  Meluo,  départ,  de 
Seine-et-Marne.  Mainpincien  est  à  5  kil.  ■  nest  d'Aii- 
drezel. —  Simon  de  Brie,  r)ui  fut  pape  sous  le  iio^u 
de  .Marin  IV,  était  né  dans  ce  hameau,  et  non  dans 
un  vilhige  de  Tourainc,  lomine  t'insinuent  certains 
auteurs,  contrairement  aux  témoignages  des  plus 
graves  historiens.  G  irde  des  sceaux  de  saint  Louis, 
il  refusa  son  éleciinn  au  trône  ponlilical  jusqu'à  se 
faire  déchirer  son  m  inteau  quand  on  voulut  le  re- 
vêtir des  insignes  de  la  papauié.  Durant  sou  règne 
de  quatre  ans  et  cinq  jours  ,  il  montra  toute  la  sé- 
vérité de  son  caractère  ;  Irappa  d'analhéme  Michel 
Paléologue,  comme  fauteur  de  l'hérésie  des  Grecs  , 
et  Pierre  d'Aragon,  promoteur  des  vêpres  siciliennes 
donna  à  Charles  de  Valois  fils  de  Philip|ie  le  Hardi, 
le  royaume  d'Aragon ,  et  ordonna  une  croisade  con- 
tre Pierre;  mais  l'expédition  fut  malheureuse  ,  et 
l'armée  des  croisés,  frappée  de  contagion  ,  fut  dé- 
cimée parla  maladie;  Philippe  lui-même  y  troiiv.i 
la  moi  t  :  issue  funeste  que  l'on  rci-'arda  alors  comme 
la  punition  des  crimes  et  des  prof.inatioiis  auxquels 
les  croisés  s'étaient  livrés.  —  Le  hameau  des  liantes- 
Loges,  dans  la  même  direction  et  au  delà  de  Main- 
pincien, est  à  plus  de  i  kil.  d'Aiidrezel.— La  pop  - 
lation  de  celle  commune  avec  ses  dépendances  cl 
de  201  habitants  ;  sa  situation  à  6  kil.  ouest  de  Mor- 
mant  et  à  12  kil.  nord-est  de  Melun.  Productions  ; 
grains  et  prairies. 

Vicui  Albcrii,  Kônigsfelden ,  ancienne  abbaye  du 
diocèse  de  Bàle,  dans  le  canton  d'Aaraovie,  Suisse, 

30 


959 


DICTIO.NNAIUE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


04ft 


maiiiteiianl  pioprié.ti.  f anionalc,  où  se  iroiivenl  un 
hOpilal  el  un  el;ibli:>senieiil  pour  les  aliénés.  C'Cît 
ici  i^uVn  1508,  le  l-"^  raai,  fui  assassiné  l'empereur 
Albert  I'-''  par  son  neveu  Jean,  due  de  Sou;ibe,  et 
ses  conjurés.  Deux  années  plus  lard  ,  il  y  fut  fondé 
un  couvent  de  minimes  el  un  couveni  de  religieuses 
de  Sainie-Claire.  La  reine  Agnès,  fille  de  l'empereur 
a-sas--iné,  y  prit  elle-même  le  voile.  On  montre  en- 
core auj!)urd'liui  sa  cellule,  et  à  la  place  où  Albert 
perdit  la  vie,  se  trouve  raainlenanl  l'antiM  de  l'église. 
Les  vitraux  peints  que  l'un  voit  dans  le  cliœiir  sorji 
des  plus  beaux  et  des  plus  remarciuables.On  peut  re- 
garder comme  curio.-ités  de  cet  endruii  le  caveau 
servant  dt  sépulture  aux  princes,  ainsi  que  plu- 
sieurs restes  d'arcbUeclnre  romaine. 

A  1  kil.  de  Konigbleblen  on  trouve  Brougg  (Bnick), 
petite  ville  d'environ  800  i;abitau(s,  située  sur  l'Aar 
et  sur  les  grandes  routes  de  Zurzach  cl  de  Bàle,  ii 
14  kil.  d'Aarau.  La  riNicre  e>t  ici  trcs-resserrée  par 
de  grosses  roches  ,  qui  s'élèvent  sur  les  deuv  rives 
et  qui  supportent  un  pont  de  65  pieds  de  longueur. 
L 1  tour  appelée  tour  noire ,  qui  est  à  l'entrée  du 
pont ,  est  regardée  par  beaucoup  de  personnes  pour 
un  ouvrage  des  Romains ,  mais  elle  est  d'origine 
plus  moderne  el  a  probablement  été  b^uie  avec  des 
pierre  de  laille  de  rancienne  \indonissa.  Les  incen- 
dies qui  si  souvent  ont  dévasié  cette  vifle  sont  sans 
doute  la  cause  de  l.i  leinie  noire  de  ces  pierres.  Une 
léie  antique,  très-bien  sculptée,  que  l'on  remarque- 
d'ins  le  gros  du  mur,  à  peu  près  au  milieu  de  la 
luur,  est  envisagée,  par  les  uns,  pour  une  lèie  de 
Kéron,  ei,  par  d'auires,  pour  une  icie  délibère.  Sur 
une  colline  Irès-ptocbe  de  la  ville,  nommée  auj  mr- 
d'bui  le  liuuberg,  el  anciennement,  par  les  Kuniaius, 
Voceiivs,  on  jouit  d'une  très-belle  vue. 

A  '■2,  kil.  lie  Brougg  el  ii  1  kil.  de  Konigsfelden  se 
présente  Windiscli ,  sur  une  hauteur  qui  domine 
les  conlluenls  de  la  Iteuss  el  de  la  Linimai  avec 
l'Aar.  Ce  petit  village  rappelle  à  peine  le  souvenir 
de  l'antique  el  lélèbie  Vindonissa,  qui,  platée  sur 
les  conlins  de  l'Helvéïie,  form.i ,  pendant  plus  de 
cinq  cents  ans,  un  boulevard  coiilie  les  peuples  de 
la  Germanie.  Du  presbytère  de  Windisch  on  décou- 
vre louie  la  vaste  enceinte  qu'avait  cette  ville,  jadis 
si  llorissanie.  On  y  voit  anjourd'i.ui  la  ville  de 
Brougg  et  les  villages  de  Fahrwindisch  ,  de  Gebis- 
lorf,  de  Konigsfelden  et  d'.Allenbuurg.  On  y  trouve 
assez  souvent  des  antiquités  rouiaines,  et  dans  un 
eiiiiroil  appelé  B.ilhgruben ,  les  ruines  d'un  ani- 
phiihéâtre.  Le  premier  évéqiie  en  llelvétie  établit 
son  siège,  dans  le  vi'^  siècle,  it  Vimlonissa  ;  mais  , 
lors  de  la  dernière  destiuction  de  celte  \ille,  en 
51)3,  il  lui  transféré  à  Constance,  par  Cbildebert  II, 
roi  d'Austrasio. 

V'itiis  Atids ,  Alix,  village  du  diocèse  de  Lyon 
(Rhône)  il  15  kil.  noid-ouesl  de  cettj  ville,  à  4  kil. 
d'Anse,  près  de  la  source  dii  petilruisseau  deCliarcin, 
Bvaitjailisiinchapitredechanoinesses  régulières.  De- 
puis 1754  il  fallaii  ,  pour  y  entrer,  faire  preuve  pa; 


éciit  de  cinq  quartiers  de  nolilesse.  L'année  suivanie 
il  fut  permi"]  au.\  clianoinesses  de  (orier  une  mé- 
daille d'or  émaillée,  surmontée  d'une  couronne  de 
comte  et  attachée  à  un  ruban  ponceau  passé  en 
écharpe. 

L'ancien  château  de  Mavré,  dont  il  ne  reste  plus  ac- 
luellemeiitque  quelques  ruines,  donna  à  ce  village  une 
certaine  célébrité  au  moyen  âge.  Alix  possède  une 
très- belle  fontaine  qui  fournissait  de  l'eau  au  châ- 
teau. Il  y  a  des  fours  à  chaux,  et  l'on  y  fait  de  la 
po'.eriede  lerre.  La  population  n'est  que  de  520  ha- 
bitants. 

Yiciis  Amallii,  anciennement  Amathunle,  actuel- 
lement Liiuassol-la- Vieille,  pour  la  distinguer  de 
Limassol-la-lsouvelle.  —  Cette  ville  n'est  plus  quuu 
village,  qui  néanmoins  a  conservé  un  évéïjue  grec, 
sulfragaiil  de  Nicosie.  L'évéclié  date  du  v»  siècle, 
et  a  été  réuni  au  litre  de  Limassol-la.^ouvelle  dans 
le  xiv«  siècle.  Les  deux  villes ,  l'aneienae  eoinine  la 
nouvelle,  sont  aussi  ruinécts  l'une  i|iie  l'autre  ;  elles 
sont  situées  sur  la  lôie  méridionale  de  l'île  de  Chy- 
pre. Ou  y  élahiil  un  évéclié  lalin  en  l2âG  ,  qui  était 
suUragant  de  Nicosie  ,  mais  il  disparut  api  es  Te.»- 
pulsiou  des  Lalius.  L'évéque  grec  réside  au  bourg  de 
Lescare. 

L'ancieon  '  Limnssol  était  célèbre  même  au  com- 
meucement  du  moyeu  âge  ,  sous  ses  ducs  Byzantios. 
Le  rci  Kichard ,  vainqueur  du  dernier  de  ces  vassaux 
de  l'empire,  la  rasa  en  1191  ;  elle  ne  fut  jamais  rebâ- 
tie depuis.  Celte  vi.le,  dans  l'origine,  était  fameuse 
pai  son  temple  ,  élevé,  comme  nous  l'appreud  Pau- 
sanias,  en  l'honneur  de  Vénus  et  d'.Adonis. 

Aniaihonte  l'ut  le  ^iCgC  d'uu  des  neuf  premiers  rois 
dei'ile,et  entre  auires,  d'Onéiisie,  qui  succomba 
dans  la  suite  suu^  les  armes  d'Anaban,  généial  des 
Perses.  Elle  a  doni  e  le  jour  à  beaucoup  de  person- 
nages céLbres  par  leur  science  el  a  siiiniulé  de  leur 
vie.  Le  plus  distingué  d'enire  eux  est  l'évéque  Léon- 
ce, qui  llorissail  vers  l'an  58J  de  Jésus-Chrisl,  e( 
véciii  jusqu'en  bl6.  Saint  Léonce  écrivit  une  Vie  de 
saint  Jean  l'Aumônier,  pairiarclie  d'AUxaudrie  ,  né 
à  Aniaihiuiie,  ainsi  que  beaucoup  d'aulies  qu'il  se- 
rait trop  long  de  nomuier.  —  Il  y  a  dans  les  envi- 
rons plusieurs  niiies  de  cuivre  que  les  Tuiks  oui 
été  lorces  d'abandonner. 

Le  lieu  où  est  aujourd'hui  la  nouvelle  Limaasul 
prenait  ancleuuemeni  le  nom  cie  Nomosie,  de  ce^^e 
multitude  de  bols  qui  l'environnaient.  Richard,  roi 
d'Angleterre,  ayant  déiruil  Amathonte,  Gui  de  Lui 
signan  jeta,  dans  le  xii'' siècle,  le  fondeinent  de  ceUQ 
nouvelle  ville,  que  les  Grecs  appelèrent  aussi  ^éa- 
poléo»,  el  les  Latins  ^eHpolls  .Ytwusi.  La  laudll^ 
de  Liisigiian  coniiiiua  d-;  l'embellir  el  de  la  forlilier, 
y  bàiii  des  palais,  des  éghses  grecques  et  laiiue^,  e^ 
en  ht  le  siège  d'un  évéque.  A  la  prise  do  li.e  p.T 
les  Turks,  eu  1570,  l'armée  ottomane  entra  dans 
celle  ville,  le  i  juillet,  et  y  lit  les  plus  grands  rava- 
ges :  e'Ie  devint  la  proie  des  Uamuies.  Ce  n'esi  plus 


941  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


942 


aiijoiird'iiiii  qu'une  misérable  ci:é,  où  l'œil  dis!iii5;ue 
à  piiiic  i|ueli|ues  relies  de  •■es  .inuien^  édilices.  — 
Son  poi'i  e>i  Mssez  cdininode,  il  esi  :i  Paliri  des  venls 
impéiMeiK,  et  ollre  un  asilu  sur  aiiv  vaissc^iux  sur- 
pris par  la  lenipèle.  La  caroube  csl  ici  plus  abon- 
dïiilc  que  parloui  ailleurs,  el  c'esl  aussi  dans  le 
poil  de  Liuiass»!  que  s'en  foui  les  cluirgcments  les 
plus  «oiisidérables  ;  on  en  exporte  encore  du  sel  (|ue 
l'on  lire  d'un  lac  voisin  des  Salines,  beauco  >p  moins 
éiendu  que  le  lac  des  environs  de  Ciiii.  Les  colons, 
les  graines,  l'orge,  les  mûriers  soni  à  la  fois  abon- 
danis  et  bien  cultivés  dans  cette  punie  de  l'ile;  le 
terrain  produit  quantité  df  fruits  cl  de  légumes.  C'est 
aussi  sur  les  coteaux  île  Liniassol  qiic  se  recueille 
le  meilleur  vin  de  Chypre  :  on  raifsemble  tous  les 
vins  du  royaume  dans  celle  ville  pour  les  Irimspor- 
ler  à  Liirnic,  qui  offre  des  celliers  pins  considérables, 
et  devient  par  là  le  ceutre  naturel  de  ce  com- 
merce. 

ViiHs  Amporieiisii,  Anipuis,  paroisse  du  diocèse, 
de  larroiid.  el  à  il  kil.  de  Ly  n,  dans  le  canlou  de 
Saiule-Colouibe,  dopl.  du  Rhône.  Ce  bourg  est  irès- 
agréaidenienl  siiuc  sur  la  rive  droite  du  Rhône;  il 
a  nue  populiition  lie -2,00  liabitantj.  Son  lerritoire 
esi  reinaninable  pur  toix  admirable  lertiliic;  c'est 
un  angle  de  peu  n'cleudue,  l'urine  des  sédnnenis  du 
Rhône,  où  la  vcgciaiion  la  i  lus  riche  témoigne  des 
l)iel'^ait^  de  la  nature  <  t  des  soins  du  cu'.livaleur. 
La  colline  qui  le  protège  contre  les  injures  du  nord 
n'éiaii  autrefois  qu'un  rucher  aride  uù  iJes  religieux 
laborieux  lranspor:creul  des  lenes,  pratiquèrent  dea 
ninrs  piiur  les  retenir,  et  planiéreul  ces  sarnieuls 
précieux  qui  prudniscnl  les  vins  rcuo  mués  sous  les 
noms  d>;  Côle-Rôiie,  léicbres  dans  toute  l'Europe 
par  leur  qualité  spiritueuse,  leur  hne~se  el  leur 
agréable  pariuui.  Un  désigne  ces  vins  sous  le  nom 
de  Côte-Rôtie  brune  cl  Côle-Rôlie  blonde  :  ils  ont 
besoin  de  rester  en  louiieau  cinq  ou  six  ans  pour 
acquérir  la  uiaturité  convenable;  mis  ensuite  eu 
bouteilles,  ils  y  gagnent  encore  de  la  qualité  pen- 
dant un  grand  uonib:e  u'aniiées. 

Viciii  Aiiuœ ,  Zwickau,  ville  d'Allemagne,  au 
royaiiuie  de  Saxe.  Kile  est  située  sur  la  Miilde,  et, 
quoiqu'elle  i-oit  devenue  une  localité  touie  indus- 
trielle, elle  n'a  rien  conservé  de  l'im|iuriauce  qu'elle 
avaii  au  nmyen  âge,  épocpie  à  I  qielie,  déclarée  ville 
impéiiale,  elle  coinpiait  une  p'i|inljiion  nombreuse 
et  riche.  Au|>aravanl  elle  avau  appartenu  aux  comtes 
de  :  cliociibourg.  Co.nnie  la  ville,  ce; te  maison  est 
ion  ancienne;  ses  possessions  cnnsisienl  en  cinq 
grands  lies  saxons  ,  savoir  :  le^  seigneuries  de  Glm- 
Ciiau,  de  Waldenboiirg,  de  Liclitensl-  in,  de  llarten- 
steiu  et  de  Sieiu,  et  dans  pl»>icurs  liels  coininuiis, 
les  uns  et  les  autres  enclavés  dans  le  royaume  de 
Siixe,  et  soumis  à  sa  souveraiinlé.  Lesi|u;iliei;rands 
liels  soul  aussi  désignés  sous  le  nom  de  seigneuiies 
de  lecès  (lieces>,  Ucnschaflen),  parce  qu'en  vertu 
d'une  transaction  ou  d'uu  recés  conclu  e  :  17  io  entre 
l'électeur  de  Saxe  eila  maison  de  Scliœnbourg,  celle  • 


ci  y  jouit  de  certains  droits  régaliens  qui  découlent 
de  la  souvciaiiicié.  Cet  arrangen  ent  a  été  conlinné 
par  le  congrès  de  Vienne.  Quo  que  la  maison  de 
Scba-nbourg  n'eut  jamais  possédé  aucune  terre  iiii- 
niédlaie,  elle  avait  cepeidani  séanceà  la  Diète  parmi 
les  comtes  de  Wetternvie. 

Les  princes  el  comtes  dt  Scbœubourg  dérivent  letir 
origine  d'une  famille  d'outre-Rliin,  et  iiomniéuient 
d'Albaii  de  Schœnbourg,  que  l'einpereur  Ollou  !•' 
établit  en  93C  àiiwiikau  pourdéléndie  le  pays  con- 
tre les  Sorabes.  Ernest  de  Schœnbonrg  pos-éiail  les 
grands  (icfs  saxons  que  nous  avons  nom  i  es  ci-des- 
sus; il  luouiut  en  iSj4,  et  est  la  souche  de  tus  les 
princes  et  coinies  de  Sclia>nboiirg.  Se?  liU  lingues  et 
Woll'gaiig  londérent  les  deux  lignes  de  W.ildenlioiirg 
et  de  l'enigk,  dont  chacune  ie  snbdivisi  en  plusieurs 
branches.  Elles  ol/tinrentau  conimenceiiiculdn  xviiie 
siècle  le  rang  de  comtes,  et  la  ligne  de  Waldenbourg 
en  179  J  celui  de  princes  d'Empire.  Elle  possède  les 
grands  liefs  ci -dessus  nommés,  excepté  Glauchau, 
qui  est  f;  patrimoine  de  la  bgne  de  l'enigk.  Tomes 
ses  terres  ont  une  surface  de  8  m.  c.  g.  (22  I.  c.)  el 
29,(00  habiianis.  On  en  estime  les  revenus  à  50  j, 000 
fr.  Les  possessions  de  la  li^ne  de  Peiiigk  oui  aussi 
8  m.  c.  g.  avec  2iJ,>i0J  habitants;  mais  les  revenus 
de  celte  ligne  sont  proporiionnelleiiient  beaucoup 
moindres,  tl  esiimés  à  12. ',000  Ir.  seulement. 

Tonte  la  maison  de  Scnœnbourg  est  iullicrienne. 
La  ligne  de  Waldenbourg  se  div  se,  depuis  18 13  seu- 
lement, en  deux  branches,  nommées  Stein-Walden- 
bouig  et  Slein-H,l^ten^tein. 

Zwickau  esi  a  72  kil.  de  Leipsick.  La  population, 
qui  est  de  SiOO  .'inies,  se  livre  à  la  culture  .iii  hou- 
blon et  du  lahac.  L'ancien  chât<>au  d'Ostersiein  sert 
de  maison  de  travail  et  de  correction.  On  remarque 
quatre  églises,  un  lycée  avec  une  liibliofticiine  de 
lli,i't  0  volum  s  et  un  cabinet  d'hi-.loire  nalnrelle,  un 
ho-pii  c,  des  maga-,ins  milil^tires,  des  fabriques  de 
draps,  de  casimirs,  de  colon,  d'indiennes,  ne  cire  à 
cacheter,  de  carmin  et  d'antres  cuulenrs;  des  pape- 
teries, tanneries  et  brasseries,  divers  moulins,  des 
carrières  d'ardoises,  de  pierres  à  aiguiser,  etc.,  des 
bouiliéresdans  lesquelles  brûle, depuis!  6  il, nn  feu  sou 
lerr:iinalluméex|irès,  dit-on.àcetteépoi|neuùla  ville 
se  toHvait  assiégée  par  les  impériaux  et  les  Saxons. 

La  décadence  de  Zwickau  riale  de  la  Rél'orination 
de  Luther,  que  les  comtes  de  Schœnbourg  et  les  ha- 
bitants accueillirent  avec  enipies-cment. 

Yicus  Arollii ,  Arolsen,  ville  d'Allemagne,  chef- 
lieu  de  la  principauté  de  Waldeck,  à  IS  kil.  nord  de 
Waldeck,  sur  l'Ahr.  Lat.  nord  51"  ::3'  ;  long,  csl  6° 
42'.  La  population  esld'eiivinm  ÔOI.O  liabilanis.  On  y 
remarque  un  beau  cliàleau  habiié  par  les  princes  de 
Waldeck.  —  La  famille  de  Waldeck  est  de  la  pins 
lianie  antiquité.  Outre  les  comtés  de  Waldeck  et  de 
l*y rmont,  elle  possédait  ancieniieinent  ceux  de  Scliwa- 
Icnb.  rg  et  de  Sternbcrg,  lesquels,  à  l'extinclion  des 
ligues  qui  en  portaicni  le  nom,  passèrent  à  la  mai- 
son de  Lippe.  Les  comtes  de  Waldeck  se  partage- 


945  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  9U 

rent  en  1580,  en  deux  bmiclies,  dites  d'Eisenberg  plus  anciens  iiioniimenls  dn  chiislianisiiie.  11  lepré- 
ct  de  Wildung'en  :  la  dernière  obtint,  en  16S2,  la  di-  sente,  disait-on,  Louis  le  Débonnaire,  la  couronne 
gnité  de  prince;  mais  elle  s'éieignit  en  1692,  après  en  lete,  llécbissant  le  genou,  tenant  entre  les  mains 
quoi  sa  dignité  fut  transférée,  en  1711,  à  Frédéric-      nne  espèce  de  chapelle  qu'il  présente  à  un  religieux 


Antoine  Ulric,  de  la  ligne  aînée.  Son  fière  Josie 
fonilé  la  ligne  apanagéedes  comtes  de  Waldeck-Berg- 
heini.  Le  comté  de  Pyrmoiit,  ancien  domaine  de  la 
mai- on  c|ui  en  était  sorti  par  mariage,  y  est  rentré 
en  1025.  à  Texiinciion  des  comtes  de  Gleichen.  Le 
prince  de  Waldeck,  qui  avait  obtenu  en  1803  une 
voix  virile  à  la  Diète,  entra,  le  18  avril  1807,  dans 
la  confédéral  ion  Rhénane.  11  est  aujourd'hui  mem- 
bre de  la  confédération  germani  lue,  et  occupe  à  la 
Oièie  la  dernière  place  avant  les  villes,  en  partici- 
pant à  la  seizième  voix  cnriale.  Dans  l'assemblée 
générale,  il  précède  les  maisons  de  Reuss  et  de  Lippe. 
—  La  famille  est  luthérienne. 

La  principauté  de  Waldeck,  bornée  au  nord  et  à 
l'ouest  par  la  province  prussienne  de  Westplialie,  à 
l'est  et  au  sud  par  la  Hesse  électorale,  a  i&  kil.  de 
long  sur  3-i  kil.  de  large,  et  240  kil.  c.  Situé  dans 
la  partie  la  plus  élevée  de  l'Allemagne,  ce  pays  est 
montagneux  et  froid;  le  sol  se  prête  eu  partie  au  la- 
bourage el  en  partie  aux  pâturages.  Il  recèle  des 
mines  de  fer,  cuivre  et  plomb,  carrières  de  marbre, 
des  eaux  minérales.  Le  comte  de  AValdeck  possède 
en  outre  le  comté  do  Pyrmoni,  enclavé  entre  la  ré- 
gence de  iMinden,  la  principauté  de  Lippe-Delnudd 
et  le  duché  de  Brunswick.  Cette  principauté  se  di- 
vise en  trois  bailliages  ou  districts,  savoir  :  Diemel, 
Eibenberg  et  Eder.  Ses  levmus  s'élèvent  à  1  million 
'Je  fr.,  sou  coiilingenl  à  510  hommes.  Elle  a  une 
voix  à  la  Diète  fédéraiive  conjointement  avec  Hohen- 
zollern,  Lichtenstein,  Reuss  et  Lippe,  el  une  pour 
elle  seule  à  la  Diète  générale.  Popul.  5(j,000  hab. 
V'itMS  Aserki ,  Aisier,   bourg  de  Normandie,  dans 


(saint  Vincent),  el  que  celui-ci  bénit,  ayant  la  main 
gauche  sur  la  poitrine,  pour  marquer  l'accepiation 
qu'il  en  fait,  ou  comme  si  tous  les  deux  voulaient 
oITrir  un  temple  à  la  Vierge.  Au-dessous  est  cette 
inscription  : 

]{ex  Ludoviciis  proprius  ac  virluds  atnkiis 
Offert  ecclesiam,  recipit  Yinci'iUitis  islam. 
Lampale  bisseuu  (luiluens  Jttlius  ibal. 
Mors  fiigat  ob  pasilum  rccjis  ad  inlerilum. 
Sur  la  l'ace  opposée,  qui   regarde  le  nord,  est  re- 
présentée l'Annonciation  de  la  Vierge  ;  et,  sur  la  face 
antérieure,  Jésus  au   milieu  de  ses  douze  apôtres. 
On  assure  que  ces  bas-ieliefs  ont  été  découverts,  en 
1612,  par  les  soins  de  l'évêque  de  Maçon,   Gaspard 
Dinet. 

Sévert  l'historien  prétend  que  Louis  le  Débonnai- 
re, laversantles  provîntes  du  Lyonnais  et  du  Bcau- 
jol  is,  gouvernées  alors  par  Balmundus,  vers  l'an 
82i-,  résolut  de  ra^er  entièrement  le  château  de  Ga- 
neloii,  bàii  sur  le  sommet  de  la  montagne  de  Tonr- 
véo;i,  dans  la  paroisse  de  Chennelette,  el  que  Cbar- 
lemagne  avait  déjà  fait  détruire  en  partie;  que  co 
fut  pour  rendre  grâces  à  Dieu  de  la  victoire  rempor- 
tée sur  Gaiielon ,  que  remperenr  fil  bâtir  l'église 
(i'Aveiias,  dont  il  confia  le  serviie  à  des  religieux 
de  l'ordre  de  Saint-Benoît,  qui  résidaient  alors  sur  le 
même  territoire;  et  que  l'un  des  bas-reliefs  ci-des- 
sus décrits  était  destiné  à  conserver  la  mémoire  de 
cet  éiénement,  dont  Sévert  place  la  date  au  12  juil- 
let de  la  même  année.  —  .Mais  un  autre  fait  histori- 
que, rapporté  par  Philippe  de  Comincs,  semble  dé- 
truire l'assertion  de  Sévert  :  il  y  est  dit  que  le  roi 
Louis  Xi,  revenant  de  Saint-Claude,  où  il  éiaii  allé 


pays  de  Caux,  diocèse    de  Rouen,   dépt.   de  la      acquitter  un  vœu,  passa  par  Boaujeu  et  y  séjourna; 


Seine-Inférieure.  —  Aisier  appartenait  à  l'abbaye  de 
Fécamp,el  avait  exemption  de  juridiction  épiscopale. 

ViiusAvenacénsis,  Avciias,  paroisse  du  diocèse  de 
Lyon,  dépt.  du  Rhône,  arrond.  et  à  25  kil.  de  Ville- 
francl;e,  à  i  kil.  de  Reaiijeu.  —  Il  parait  que  la  route 
de  Lyon  (Lug(/iinwm),  pour  aller  à  Autnn(.l»;or;iiiiHm), 
passait  près  d'Âvenas  du  temps  des  Romains.  Une 
grande  partie  de  cette  roule  subsi^te  encore  près 
de  Saint-Jean  d'Ardière.  Au  haut  de  la  montagne, 
on  voit  les  ruines  d'un  ancien  monastère  dont  l'o- 
rigine remontait  au  berceau  du  christianisme.  La 
tradition  rapporte  que  dans  la  suite  les  moines  de 
Cluny  ayant  introduit  la  rélorme  de  Saint-Benoît, 
plusieurs  monastères  l'adoptèrent,  entre  autres  celui 
d'Avenas. 

On  remarque  dans  l'église,  dédiée  à  l'Assomption, 
l'épitaphe  suivante  : 

Uk  jacel   Uoniiiius  Jonnnes   Pinet  P.  curalus  hujus 
ecclesiœ,   qui  obiit  anno  Domini  MCCXCII. 

On  voit  sous  un  autel  latéral  un  retable  en  pierre, 
sculpté  en  relief,  qui  était  d'abord  sous  le  inailre- 
auiel,  que  l'on  a  regardé  longtemps  comme  un  des 


que  ce  l'ut  sans  doute  pour  satisfaire  à  quelque  acte 
de  dévotion  envers  la  sainte  Vierge  qu'il  en.reprit 
ce  voyage.  Or,  si  l'on  compare  ces  deux  faits,  il  est 
bien  plus  probable  que  l'inscription  se  rapporte  à 
Louis  XI  qu'à  Louis  le  Débonnaire,  qui  d'.iilleurs 
était  empereur.  Alors  le  monument  en  question,  sur 
lequel  il  n'existe  aucune  date,  ne  remonterait  qu'an 
xv<^  siècle. 

Avenas  possède  une  population  de  350  habi- 
tants. 

Viens  Aximarsœ,  Aimargues  ou  Aymargues.  C'est 
une  petite  ville  du  moyen  âge  qui  a  perdu  de  son 
importance.  Elle  est  du  diocèse  et  de  l'arrond.  de 
Nîmes,  à  18  kil.  sud-ouest  de  cette  ville,  dépt.  du 
Gard.  Elle  portail  autrefois  le  litre  de  barounie,  et 
appartenait  aux  ducs  d'Uzès.  C'est  là  que  saint 
Louis  réunit  les  troupes  qu'il  fil  embarquer  à  Ai- 
gues-Mortes  en  1248  el  en  12(10  pour  ses  croisades, 
La  populatien  est  de  2300  habitants. 

Ykus  Belitenii,  Beilstein,  petite  ville  d'Allemagne, 
dans  le  royaume  de  Wurtemberg.  Elle  est  située  sur 
une  montagne;  ses  eaux  minérales  ont  de  la  répuia- 


945 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


9IG 


lion,  ainsi  que  les  vins  recollés  dans  ses  environs. 
Elle  comple  1600  liahilants;  sa  distance  de  Slullgard 
est  de  14i  kil.  On  y  remarque  un  ancien  cliàieau 
qui  a  élé  ravagé  d.ins  la  guerre  diie  de  irenle  ans 
par  le  duc  Weimar,  en  I6i5,  et  par  les  Français  en 
1G93.  Il  appariient  à  la  famille  Meiternicli,  originaire 
de  la  Wesiplialie,  et  dont  une  tradition  respectable 
parson  antiquité  faitreuionter  l'ori^'ine  jusqu'au  lemps 
de  Charlemagne.  On  annonça,  dit-on,  à  cet  empereur, 
qu'un  chef  saxon,  nommé  Métier,  avec  plusieurs deses 
camarades  nouvellement  convertis  au  (  lirisiianisme, 
avaient  abnndnnné  l'armée  des  Fraiiks  pour  re- 
tourner au  culte  de  leurs  idoles.  Au  nom  de  Métier, 
Charlemagne  arrêta  les  dénonciateurs:  «  Pour  les  au- 
tres, c'est  possible,  dit-il,  mais  Metter,  non  (We<(«r 
niclit).  «QiielqiiesjoHrs.après,ayantpénétré  plus:ivant 
dans  les  épaisses  forcis  de  Paderborn,on  trouva  Mét- 
ier qui,  avec  une  poignée  de  fidèles,  avait  cbercbé 
l'ennemi,  et  était  occupé  à  renverser  la  fameuse  Ir- 
iiieiisœule.  <  Ne  vous  l'avais-je  pas  dit?  s'écria  l'em- 
pereur :  Metter,  tion!  »  L'armée  répéia  les  derniers 
aools,  qui  restèrent  comme  nom  au  cbef  saxon. 

La  soucbe  diplomatiquement  prouvée  de  celle  mai- 
son, Cliarles  de  Metternicli,  acheta  en  i  iOO  la  sei- 
gneurie lie  Zievel  dans  le  pays  de  .luliers.  Edmond, 
un  de  ses  desrendants  au  quatrième  degré,  eut,  avec 
une  seule  femme  vingi-cinq  enfants,  et  devint  le 
fondateur  de  la  branche  de  la  m.iison  d'où  viennent 
les  princes  de  Meiicrnieh.  Deux  Metiernicb  occupè- 
rent, dans  le  xvii«  siècle,  le  sicseéleclnral  de Mayence, 
savoir,  en  1673,  Lolbaire-Frédérie,  de  la  ligne  au- 
jourd'hui éteinte  de  Rursclii'id  (dans  le  duché  de 
Luxembourg),  ei,  en  1676,  Charles-Henri,  de  la  bran- 
che de  Winnebourg.  Un  autre  baron  de  Melternich, 
nommé  Lotbaire,  fut  nommé,  en  1599,  électeur  de 
Trêves,  et  gouverna  jusqu'en  162".  Son  règne  est 
remarquable  comme  l'époque  de  la  formation  de  la 
Ligue  catholique  dont  ce  prélat  fut  un  des  promo- 
teurs. Les  seigneurs  de  Winnebourg  et  de  Beilsiein 
s'étanl  éteints  au  comniencement  du  xvn^  siècle,  et 
leurs  fiefs  étant  dévolus  à  l'arclievéelié  de  Trêves, 
Lotbaire  les  conféra  à  ses  neveux,  qui  formèrent  d'a- 
bord deux  branches,  mais  elles  se  réunirent  en  1695, 
et  en  1696  la  branche  surviv:\nle  obtint  le  rang  de 
comte  d'Empire.  Le  reccs  de  1805  donn.i  au  corme 
de  Metlernicb-Winnebourg-Beilstein  l'abbaye  d'Och- 
senhausen  eu  Souabe,  ayant  prés  de  5  m.  c.  g.  (8  I. 
c.)  de  surface  et  6000  babiiants,  et  l'empeienr  lui 
conféra,  pour  lui  et  les  chefs  de  la  maison  après  lui, 
la  dignité  de  prince  d'Empire.  L'acie  du  12  juillet 
1806  le  plaça  sous  la  souveraineié  du  roi  de  Wur- 
temberg. La  maison  possède,  dans  les  IHais  de  la 
monarchie  autrichienne,  le  comté  de  Kœnigswarth, 
et  les  seigneuries  de  Daruvar,  Umraendorf,  Horn- 
fischbach,  Amons  et  Marcusgrunu,  et  Miliigau  ;  le 
beau  domaine  de  Johannisberg  dans  le  duché  de  Nas- 
sau a  élé  donné  au  prince  à  l'époque  du  congrès  de 
Vienne.  —  La  famille  est  catholique. 

Vieil»  Bellijocensis,  vel  BeUijociis,  Beaujeu,  dai*  lo 


diocèse  de  Lyon  ,  départ,  du  Rhône  ,  chef-lieu  de 
canton  de  l'arrond.  et  à  23  kil.  de  Villefranche,  avec 
une  population  de  2000  hab.  —  Celle  pelile  ville 
est  assez  bien  b.âiie,  dans  une  position  agréable,  sur 
l'Ardière,  au  pied  d'imo  montagne  dont  le  sommet 
est  couriinné  par  les  ruines  de  l'ancien  château  fort 
des  sires  de  Beaujeu.—  Beaujeu  (BeUijociis)  a  donné 
son  nom  au  pays  qu'il  occupe,  et  qui  forme  le  pre- 
mier arrondissement  du  déparlement ,  appelé  encore 
aujourd'hui  le  Beaujolais,  parce  qu'il  en  fut  d'abord 
la  capitale.  C'est  la  plus  ancienne  cilé  de  la  province, 
et  il  semble  en  avoir  élé  longtemps  la  plus  considé- 
rable. L'honneur  qu'il  avait  d'êlre  la  résidence  des 
seigneurs  de  ce  petit  Eiat  lui  donnait  une  irès-grande 
importance. 

La  province  du  Beaujolais  était  l'une  des  plus  an- 
ciennes siries  et  baronnies  du  royaume,  qui  éiaient 
celles  de  Bourbon,  Beaujeu  et  Coucy.  L'existence  des 
sires  de  Beaujeu  remonte  au  x^  siècle,  ils  tiraient 
leur  origine  d'un  comte  de  Flandre,  à  qui  Charles 
le  Simple  avait  confié  le  gouvernement  de  celte  pro- 
vince pour  réprimer  les  excès  des  seigneurs  de 
Tourvéon  ,  qui  s'étaient  déclarés  les  ennemis  du 
royaume.  Ce  qui  prouve  la  haule  origine  de  la  no- 
blesse des  sires  de  Beaujeu  est  la  qualité  de  cousin, 
qui  leur  fui  donnée  par  Louis  le  Gros,  dans  la  per- 
sonne de  Huu'bert  III,  fondateur  de  Villefiancbe.  — 
La  ville  n'avait  pas  d'aulres  armes  que  celles  de  son 
seigneur.  Un  quatrain  en  langue  vulgaire  les  désigne 
de  cette  manière  : 

Un  lion  nai  en  champ  d'ora 
Les  anqles  roge  el  la  quoua  reverpa 
Un  Inmbey  rage  sur  ht  joua 
Y  sont  les  armes  de  Bejona. 

On   lisait   autrefois   la  devise  suivante  sur  les  vi- 
traux de  la  salle  d'audience  de  celle  ville  : 

A  tout  venant  beau  jeu. 
Cepenifant  on  assure  que  la  devise  des  anciens 
seigneurs  était  fort,  fort.  La  maison  de  Beaujeu  fonda 
son  illnslralion  sur  les  plus  hautes  dignités  que  ses 
membres  occupèrent  :  Guichard  III  fut  ambassadeur 
prés  le  pape  Innocent  III  ,  el  fut  tué  an  siège  de 
Douvres,  en  121G  ;  Humbert  V  fut  connétable  de 
France;  Guichard  IV  fut  .imbassadeur  en  Angleterre, 
où  il  mourut,  en  lîli.j  ,  connétable  de  l'rance  ; 
Edouard  l"'',  maréchal  de  France  ;  et  Louis  de  Beau- 
jeu  ,  connétable.  —  Les  sires  de  Beaujeu  reconnais- 
saient les  rois  de  France  pour  seigneurs  suzerains, 
lis  hiibilaient  un  châle  lU  extrêmement  lortilié  ,  en- 
touré de  fossés  et  llanqué  de  cinq  grosses  tours  , 
dont  une  renfermait  les  archives  et  le  trésor.  H  ne 
reste  plus  que  quelques  ruines  de  celte  ancienne 
forlere.-se,  que  sa  position  rendait  inexpugnable,  et 
qui  fui  démolie  en  161!.  Un  .lutre  château  a  élé 
construit  depuis  au  jded  de  l'ancien.  Il  renfermait 
dans  son  enceinte  l'église  collégiale  dédiée  à 
Notre-Dame  ,  et  les  maisons  des  chanoines  qui  la 
desservaient.  On  le  nommait  Pierre-Aigue  ,  parce 
qu'il  était   construit  sur  le  roc;  il  »  élé  également 


ji7  DlCTlONNAIftK  DE  GEOGRAPHIE  ECCLF.Sr ASTIQUE, 

détruit.  Au  milieu  de  la  cour  coiilo  une  belle  fon- 
taine, dont  les  e.iiix  limpides  et  abondantes  snflisenl 
Aux  besoins  des  bahiiants  de  Deaujeii.  —  L'église 
collégiale  a  été  vendne  cl  démolie  pendant  la  révo- 
luiion;  Au-dessns  de  la  porte  principale  éta:t  un 
lias-felief  antique  de  marbre  blanc  ,  représi-nianl  nn 
de  ces  sacrifices  en  usnge  eliez  les  Romains.  C'est 
«ne  espèce  île  frise  coinpo'^ée  de  vingi-sepl  figures 
liès-saillantes,  et  servant  à  doniier  une  a'scz  juste 
idée  de  ces  sortes  de  cérémonie».  Ce  licau  morceau 
de  scidptnre  a  é  édéiaciié  avec  soin  et  placé  an  mu- 
sée de  Lyon,  L'église  paroissiale  actuelle  est  dédiée 
à  saint  iSicolas;  on  lisait  sur  une  ancifune  fiamarte 
tjne  la  dédiare  de  ce  monument  pieux  avait  été 
tonsacrée  l'an  de  grâce  122') ,  par  le  pape  Inno- 
cent Il ,  .à  la  prière  du  siiè  de  Reanjeti  GnicbarJ  II  , 
i|i  i  avait  reçu  ce  pape  avec  empressement  à  son  pas- 
sage pour  se  reoilre  à  Clu'iy.  La  conimum-  des  Rlimx, 
sur  le  lerrit'iire  de  laquelle  cette  église  est  située, 
a  été  réuide  à  celle  de  lieaujeu. 

La  s  luaiion  de  lieaujeu  ;ni  fond  de  la  v.nllée  de 
l'Ardière  ,  enire  les  montagnes  de  Gcuty  et  d'  Cnr- 
nillon,  (jui  forment  sur  ce  poini  un  xalbiU  resserré , 
a  donné  lieu  à  une  trad  lion  suivant  laipiclle  l'eoi- 
placeuient  G  cnpé  par  cette  ville  était  auirefois  un 
vaste  étang,  et  rinspecli.  n  des  lieux  rend  ce  te  con- 
•Vciure  assez  vraisemblable;  en  effet,  en  barrant  la 
rivière  dans  l'endroit  appelé  VEtioii-Pont,  il  serait 
facile  de  convertir  en  un  lac  Deanjen  et  les  prairies 
qui  ravoi>ii.e';l.  —  On  assure  i|ue  le  fils  d'un  sei- 
gneur de  lieaujeu  s'élarit  noyé  en  comliiis  ni  des 
cbevaox  à  l'éiao!;,  son  pèie  fil  vœu  de  bàiir  une  église 
à  l'enilroii  mi  serait  irouvé  le  corps  du  jeune  prince; 
qu'ensuile  il  fit  itieilre  l'élang  à  sec  et  s'acquitta  de 
son  vœu  ;  que  bientôt  des  maisons  s'élevèreii!  aiiiour 
de  la  nouvelle  église  et  donnèrent  uai>sani  e  à  la  v;lle, 
de  manière  que  sa  fondation  scr.iit  postérieure  à 
celle  du  cliàteau. 

Ueanjeu  est  le  thef-lieii  d'un  canton  qui  comprend 
19  communes  ei  la  partie  vignnble  la  plus  considë- 
rnble  du  Be;iujolais.  Ce  pays  ,  aujourd'hui  si  couvert 
d'bibiiations  de  toute  espèce,  esi  un  des  mieux 
cultivés  de  toute  la  Fnmce,  et  il  était,  il  y  a  soixante 
.luSi  un  des  mi.ins  peup'és;  h  l'exception  de  qiu'lques 
prail-ies,  le  sol  était  grenelé,  maigre  et  stérile.  C'est 
à  la  cUltot-e  de  la  ^igne  qu'on  est  redevable  de  cet 
liourenx  cliflnçement,  et  à  la  belle  ronle  qui,  tiaver- 
eaui  dès  moniagues  aunefois  inipraiicables  ,  jnini  la 
Baône  à  la  Loire,  Cl  favorise  singulièrement  le  Irans- 
pori  de  tnuiès  les  pinduciions  de  celte  miic  con- 
tt-ée.  Les  vins  dil  De.oijolais  ,  facilement  Iranspnriés 
jusqu'à  la  Loi'C,  y  soûl  embarqiilis,  et  de  là,  par  le 
caoal  de  Rriat-e,  parviennent  à  P.. ris  à  peu  de  frais. 
Par  la  Saône,  il  s'en  expédii"  Innjiiirs  beaucoup  pntlr 
le  Nord  cl  la  Uelgiqne.  —  Le>.  vins  les  pins  remar- 
quables de  ce  Cnillon  solil  ceux  de  Cben:iS  ,  Fleuri  , 
Juliénas, Morgon,  Ciiirouble  <\  Roiuanccbe;  vieiment 
ensuite  ceux  de  Quineié,  Reignié,  Laniigiié,  etc. 

Bêaujeu  offre  peu   d'établisseUientJ  industriels  : 


»48 
deux  manufactures  de  papier  ,  situées  sur  la  com- 
mune des  Eioux  ,  et  qui  fo'ii  miiintenant  partie  de 
son  territoire,  une  belle  (ibilure  bydraulique  de  co- 
ton, sont  les  seules  usines  que  l'on  puisse  ciler  ; 
elles  sont  mues  par  les  e mx  de  l'Ardière  :  mais  on 
y  trouve  beaucoup  de  fabriques  de  tnnoer.ux,  et  de 
lUMobreuscs  lanneries  ,  dent  une  établie  d'après  le 
système  anglais.  Il  s'y  lait  un  grand  commerce  de 
vins  d'excellente  qualité  ,  de  grains,  fer,  cuirs,  etc* 
—  Entrepôt  des  produciions  qui  s'écliangeui  entre 
la  SaôiKi  Cl  la  Loiie.  —  Marché  important  tous  les 
mercre.lis. 

Il  y  a  un  bôpilal  à  Bcaujeu,  établi  par  les  babi- 
innls  vers  la  lin  du  xvii''  siècle,  dont  l'adminisiration 
et  le  service  sont  coulics  :>  des  sœurs  de  S-.iiut  Jo- 
seph. Le  bien  qu'elles  font  est  considérable. 

Yiius  BiofeUœ,  liraunl'  Is,  bourg  de  la  Prusse  Rhé- 
nane, à  lis  kil.  e^t-nord-esi  de  Cobleutz,  et  8  ouest 
de  Wetzl-ir.  Popul.  1700  babitaiils.  On  y  voit  un 
ancien  chàlenu  fort  qui  appnrlient  aux  princes  de 
Solms,  et  oïl  ils  résident.  On  distingue  dilTorenles 
branches  qui  toutes  sont  prolestaiitcs.  —  Celle  mai- 
son est  de  la  plus  bauie  antiquité, quoiqu'on  ne  puis-e 
en  établir  la  filiation,  avec  une  certitude  diplomati- 
que, que  depui-.  le  commencement  du  xiv^  siècle. 
Henri  V,  suniommé  Wcsterbourg,  parce  qu'il  avait 
épousé  une  demoiselle  de  celle  maison,  possédait  le 
comté  de  Braunlels,  et  mourut  en  1512.  Son  lils  aîné 
épousa  l'iiéritière  du  comte  d'Ulieimeinen  Weslplia- 
lic,  et  abandonna  h  son  fièr';  cadet,  Reruard,  l'Iicii- 
tage  paternel.  Les  princes  et  comtes  de  Soims  des- 
cendent de  ce  dernier.  En  1109  les  C(uules  de  Solms 
se  partagèrent  en  deux  lignes  qui  existent  encore: 
Bernard,  pelil-llls  de  celui  duul  nouj  venons  de 
parler,  foitda  celle  de  Braunfuls,  et  Jean,  sou  fière, 
la  ligne  de  Licb.  La  ligne  de  Biauidels  se  subdi- 
visa eu  trois  bniucbes,  dites  de  Braniifels,  de  Greif- 
feosieiu  et  de  Ilnugeii.  11  n'eu  existe  plus  qu'une 
seule,  celle  de  Greiffenstein,  qui  depuis  16i).î  a  pris 
le  nom  de  Braunfels,  et  a  été  élevée  en  1742  au  lang 
de  prince.  La  lii;ne  de  Licli  .^e  subdivisa  eu  deux 
brancles  principales,  celles  de  Licb  uu  de  lloben- 
solnis,  et  celle  de  Liuliacb.  La  branche  de  Licli  a 
obtenu  en  1792  la  dignité  de  prince;  la  branche  de 
Laubach  a  conservé  le  titre  de  comte. 

1  ictis  Capelii,  Cippcl,  village  llii  fcanlou  de  Zurich 
en  Suisse,  est  situé  à  10  kil.  de  Zurich,  sur  la  louie 
de  Zng  el  près  des  trcuilières  de  ce  caillou.  Il  s'y 
livra,  en  iaâl,  un  comhai  acliarnë  eUlfe  les  paili- 
sans  de  Calvin  el  ceux  d'L'Iricb  Zwingli,  où  ce  dernier 
peiilii  la  vie  :  ce  qui  atficiia  la  défaite  o'e  ses  p:iHi- 
sans  et  le  tritunplie  ilu  calvinisme  en  Suisse.  Ulrich 
Kwingli,  qui  m- diliail  et  cnlrigeuil  les  doclriiifes  dU 
farouche  et  iitrahilaire  Calvin,  cialt  hé  à  Wildhàiis, 
village  le  plus  éle^é  de  tout  lé  Tojgenboiirg,  dans  le 
caniim  de  Saiui-Gall.  WiMIiaus  est  à  USO  mèlrts 
au-de>sus  du  niveau  de  la  Médlerranée. 

Viens  Cappensis,  CInpprÇi,  paroisse  t)u  dio'cèSé  de 
Troyes,  arlDnd,  de  Bar-sur-Seine,  à  7  kil.  de  celte 


949 


GEOGRAPHie  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


950 


ville,  (lépari.  He  l'Aube  La  population  est  de  5-25 
habiianls.  —  Quelques-uns  prélendent  que  Chappes 
a  éié  dans  les  temps  reculés  une  ville  considérable, 
qu'on  y  a  batiu  nionnnie,  qu'.ivanl  la  conquête  des 
Gaules  par  Jides  Céor,  c'était  le  chef-lien  d'un  pe- 
lil  peuple  gaulois.  Qiioiiiue  ces  prétentions  ne  soient 
pas  siif(isanimciit  jiisiiliées ,  il  convient  de  dire 
qu'elles  ne  sont  pas  loul  h  fait  dénuées  de  fonde- 
ment. Grnslcy,  -i"'  •">  'ai^sé  sur  Cli:ippes  une  notice 
liisl  )riqMe,  partage  l'avis  de  ceux  qui  croient  à  l'an- 
cienne importance  de  ce  village.  <  Cli^ippes,  dit-il, 
était,  dès  les  premiers  leipp^  de  la  nmnaridiie,  un 
lieu  important,  et  par  sa  situation  comme  Iroiilicre 
de  l'ancien  royaume  des  Hourgnignons,  et  par  son 
fort  qui  coniniandail  le  passage  de  la  rivière  de 
Seine,  cl  par  son  port  sur  cette  rivière,  qui,  favo- 
risant le  commerce  enire  deux  royaumes,  y  fixait 
les  marchan  Is  quM  cmicliissail,  et  les  artisans, 
dont  l'industrie  était  ani.née  pu  la  tcnitudcdu  dé- 
bit   Ciiap(ies   était   part:igé  en    haute  et   basse 

ville,  dont  la  première  sur  la  rivr  droite  de  la  Seine, 
défendue  par  un  cliâteau,  avait  un  prieuré  ;  la  se- 
conde remplissait  un  espace  considérable  sur  la  rive 
opposée.  L'église  paroissiale,  dédiée  à  saint  Loup, 
était  dans  la  basse  ville.  L'une  et  l'antre  étaient  ha- 
bitées par  des  ailisans  et  des  manulactiTiers,  aux 
différents  corps  desquels  étaient  assignées  différen- 
te- rues  qui  en  portent  aujourd'hui  le  nom.  i  — 
Chappes  est  mentionné  dès  l'an  752.  Saint  Loup, 
abbé  de  Ferricres,  nous  apprend,  dans  une  de  ses 
Jetires,  que  vers  8"0  il  lut  obligé  de  se  retirer  au 
icliàieau  d'Aix  en  Otlie,  parce  que  les  Normands 
menaçaient  de  remonter  la  Seine  jusqu'à  Chappes. 
Les  anciens  seigneurs  de  Ch  ppes  étaient  des  plus 
puisants  de  la  province.  Ils  étaient  du  nombre  des 
barons  qui  rendaient  la  justice  aux  conse.ls  des 
conil'S  de  Clianip;>gne,  dans  les  assemblées  appelées 
4et  (/ronds  jours,  oi\  ils  siégeaient  à  côté  des  sei- 
gneurs de  Joinville  et  de  Brienne.  Parmi  le-  droits 
dont  ils  jouissaient,  était  celui  iduiapt  du  bàtim, 
qui  ëloit  que  les  grands  seigneurs  pouvoient  aller 
ou  envoyer  par  la  ville,  et  tuer  au  bâton  les  poules 
dudit  lieu,  et  pouvoient  emporter  les  poules  qn'ds 
(uoient,  en  payant,  pir  chacune  poule,  six  deniers,  i 
—  En  1W9,  le  ihàteau  de  Chappes,  alors  icnu  par 
Jacques  d'Aumont,  allié  des  Anglais,  soutint  un 
siège,  à  la  suite  duquel  il  fut  pris  et  détruit.  <  En 
ce  temps-là,  dit  Monstrelet,  le  duc  de  Uar,  nommé 
René  de  Cécile,  convoqua  très-grand  imuibre  de 
gens  d'armes.  Et  ponvoit  avoir  icclui  dm;  de  deux  à 
trois  mille  comhattanis,  à  tous  lesquels  il  alla  assié- 
ger Chappes,  à  trois  lieues  de  Troyes,  dedans  la- 
quelle éloient  le  seigneur  d'Aumont ,  et  son  frère, 
«l  avec  eux  plusieurs  gens  de  guerre  qui  très-vail- 
lamment se  mirent  en  défense.  >  Les  Bourguignons 
viiirciu  à  leur  secours  au  nombre  de  quatre  mille 
combattants,  mais  ils  furent  mis  en  dé-arpui.  «  Si 
f\il  environ  que  morts  que  prins  bien  soixante,  en- 
tre lesquels  le  seigneur  de  Plaiicy  ;  et  particulière- 


ment le  seigneur  d'Aumont  en  saillant  hors  de  sa 
place  pour  aider  à  combattre  ses  ennemis  avec  au- 
cun de  ses  gens,  fut  prins  prisonnier.  Si  convint 
qu'il  livr.it  sa  forteresse  au  duc  de  Bar,  laquelle  fui 
du  tout  démolie,  et  son  frère  fut  prins  comme  lui.  » 
Quelquo  temps  aprè»  ,  Ci  appes  fut  repris  par  les 
Anglais,  qui  furent  délogés  une  seconde  fois  de  ce 
bourg  par  fîarberey  en  1131. 

Ykus  Cazalii ,  Cha^ay,  paroisse  du  diocèse  de 
Lyi>n,  départ,  du  Rhône,  à  12  kil.  de  Villefranche, 
et  aut.inl  de  Lyon.  Ce  bourg,  situé  sur  l'Azerque, 
dans  une  contrée  fort  agréable,  est  une  ancienne 
baronnie  du  Lyonnais,  C'était  autretiis  une  forteresse, 
appelée  le  fort  Saint-André,  qui  servait  de  retraite 
aux  paroisses  voisines  dans  le  temps  des  guerres 
civiles;  l'église  est  même  dédiée  à  saint  André.  Il  y 
avait  au-si  une  abbaye  de  Bénédictins  qui  ont  été 
sécularisés  et  transférés  à  Aiiiay.  On  trouve  dans 
les  environs  différents  fossiles.  Les  habitants,  qui 
sont  au  nombre  de  950,  se  livrent  au  tissage  de  la  soie. 

Vicus  Cenacensis,  Clienas ,  paroisse  du  diocèse  de 
Lyon,  départ,  du  Rhône,  à  10  kil.  de  Beanjen, 
avec  f  00  habilanls.  Le  nom  de  ce  bourg  désigne  un 
lieu  planté  de  chênes.  Balnze  rapporte  le  capitulaira 
de  Charlemagne  par  lequel  ce  prince  ordonna  d'ar- 
racher une  partie  des  bois  qui  couvraient  ce  pays. 
C'est  sans  doute  de  cette  époque  que  date  le  défri- 
chement d'ime  poriion  du  sol  du  Beaujolais,  et  notam- 
ment de  Chen  s.  On  y  récolte  beaucoup  de  vin  d'une 
bonne  qualité.  11  y  a  sur  la  crête  qui  fait  la  limite  de 
cette  coinmnne  avec  celle  de  Fleury,  •  ne  niaisnnnelte 
appelée  la  maison  dn  Canonnicr,  où  un  homme  du 
village  est  cliargé  d'iiller  tirer  des  boîtes  (|nanil  lesora- 
gcsse  forment,  afin  de  les  dissiper  parleur  détonation. 

Vic!i.f  Chilliaci,  Chailly,  vu  i  hilly,  pnroisse  de 
l'ancien  diocèse  de  Paris,  aujourd'hui  de  celui  de 
Versailles,  canton  de  Longiumeau,  arrond.  de  Cor- 
beil,  Seine  et-Oise,  à  2  kil.  nord  de  Lnngjiimeau,  8 
de  Corbeil  et  16  sud  de  Paris.  Plisieiirs  villages  en 
France  sont  nommés  Chilly  ou  Chnilly,  Celui-ci  a  été 
appelé  Cbailly  au  xiii«  siècle  et  dans  les  suivants;  ce 
n'e^t  guère  que  depuis  2  à  500  ans  qu'on  s'est  mis  à 
éciiio  Chilly.  Il  est  probable  que  les  possesseurs 
romains  de  ce  lieu  ont  été  d'une  famille  dite  Cali- 
dia,  ou  Callidia,  ou  bien  de  celle  (lui  se  nommait 
Caluliii  ou  Caliliti.  Ces  noms  se  trouvent  dans  le 
recueil  d'inscriptions  deCruter;  en  sorte  que,  selon 
ce  principe,  le  nom  laiio  de  Chnilly,  dans  sa  pre- 
mière pureté,  aura  éié  Callidianni  ou  bien  Catitltia- 
cum.  On  trouve  dans  Valois,  ùilUncum,  et  les  titres 
des  xii"  et  xiii*  siècles,  qui  sont  les  pins  anciens  qui 
fassent  mention  de  ce  lieu,  rendent  en  latin  le  nom 
de  ce  village  par  Calliucum  ou  Cliaitliucum;  mais  ce 
dernier  parait  évidemment  formé  sur  le  français. 
—  La  terre  et  seigneurie  de  Chilly  a  toujours  été 
possédée  par  des  familles  du  piemier  rang  ou  par 
les  rois  de  France.  Au  xiv»  siècle,  ce  village  n'était 
pas  remarquable,  quiiqne  lioberl,  comte  de  Dreux, 
nis  lie  LouiS  le  Gros,  y  eût  fait  bâtir  un  chileau  et 


DICTIONNAIRE  DE  GEOfiRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


une  rliapclle.  Ce  Roben  est  le  premier  seigneur  de 
Cliiliy  que  l'on  connaisse  en  celle  qiialiié  d'une  ma- 
nière ceriaine.  11  paraîi  (|ue  celte  terre  vint  depuis 
à  la  couronne,  pui-qu'en  125i  Louis  IX  la  céda,  eu 
écliangc  d'antres  terres,  à  Pierre,  duc  de  Bretagne, 
dont  la  pnsiérilé  en  jouit  quelque  temps;  elle  re- 
vint, en  l'OO,  au  roi  Philippe  le  Bel,  et  sauf  quel- 
ques concessions  passagères,  elle  resta  aux  mains 
du  roi  jusqu'en  l'GO,  qu'elle  tomba  d;ins  la  mai- 
son d'Anjou  :  celte  maison  en  jouit  longtemps  , 
puis  elle  rentra  à  la  couronne.  François  I""^  la  don- 
na à  sa  sœur  naturelle,  souveraine  d'Angoulênie,  qui 
avait  épousé  Micliel  G  illard,  pannetier  du  roi  :  1 1 
postérité  de  Gaillard  en  jouit  jusqu'en  16)6.  Mariin 
Rusé,  si^ciéiain;  d'Etal,  en  fit  l'acquisition,  cl  An- 
toine Grossier  d'Effiat,  neveu  de  Martin  Rusé,  en 
hérita.  Celui-ci,  snriniendant  des  finances,  mourut 
maréclial  de  France.  Ce  lut  lui  qui  lit  bâtir  le  châ- 
teau de  Chil!y  avec  une  niagnillience  vraiment 
roy:i'e.  Ses  héritiers,  parmi  lesquels  on  compte  un 
duc  delà  ileilleraie-Mazarin,  embellirent  beaucoup 
ce  domaine.  —  L'ancien  ibàiean  avait  été  en  grande 
réputation  :  on  en  voit  la  représentation  dans  la 
topi'grapbie  de  France,  de  Pierre  Chastillon,  gravée 
en  1610.  Le  nouveau,  bâti  sous  le  règne  de  Louis 
XllI,  par  le  maréchal  d'Efliat,  avec  beaucoup  de 
soins  et  de  dépenses,  n'était  élevé  que  de  deux  éta- 
ges ;  sa  forme  était  carrée  :  quatre  pavillons,  pa- 
reillement carrés,  en  occupaient  les  angbs  et  se 
terminaient  en  terrasses,  revêtues  d'une  balustrade 
de  pierre,  d'où  la  vue  s'éiendail  dans  la  vaste  plaine 
des  environs;  au  milieu  s'élevait  un  canipanille 
carré  :  la  porie  du  château  était  ornée  de  deux  co- 
lonnes et  de  deux  niches,  dans  cbacinie  desquelles 
il  y  avait  une  statue.  Jacques  Le  Mercier  con- 
duisit la  construction  de  cet  édilice  sur  les 
dessins  de  l'architecte  Méiézeau.  Les  a|iparte- 
ments  étaient  décorés  de  magnifiques  dorures.  Ter- 
rier, sur  les  dessins  de  Vonet,  avait  peint  dons  la 
chapelle  douze  tableaux  représeniaut  l'histoire  de 
saint  Anteiiie;  les  sculptures  éiaient  de  Sarrazin  : 
Vouet  lui-même  avait  peint  les  plafonds  et  la  galerie. 
Ce  séjour  a  éié,  dans  le  dernier  siècle,  le  témoin 
d'une  Icie  brillanie  donnée  par  la  duchesse  de  .Maza- 
rin,  et  à  lai|uelle  assistèrent  les  daines  de  France. — 
L'église  paroissiale,  du  titre  de  Saint-Eiienne,  est  au- 
près du  ch.àieau,  dont  elJe  est  couverte  du  côté  du 
midi;  elle  manque  d'une  aile  du  même  côté,  et  le 
principal  corps  de  l'édifice  est  sans  vitrages;  il  y 
manque  aussi  l'intervalle  ordinaire  qu'on  ménage 
derrière  le  chœur  dans  la  plupart  des  églises;  au 
reste,  elle  se  ressent  de  la  ricliesse  de  ses  anciens 
seigneurs,  étant  couverte  d'ardoises;  mais  elle  est 
fort  basse,  ainsi  que  le  clocher,  placé  au  nord,  ,î 
côié  du  grand  autel,  le  plus  loin  qu'il  a  été  possi- 
ble du  chàiean ,  pour  épargner  l'incommodité 
du  bruit  des  cloches  à  ceux  qui  y  logeaient.  Cette 
église  n'a  point  élé  rebâtie  à  neuf.  On  voit  dans 
le  ehœur  quatre  piliers   fort  anciens,  et  qui  parais- 


95'2 

sent  avoir  supporté  un  ancien  clocher  :  le  reste  du 
chœur  et  le  sanctuaire  sont  d'un  travail  du  xiii» 
siècle,  ou  tout  au  plus  de  l'an  1500  ;  ils  ont  pour  or- 
nement une  ordonnance  de  petites  colonnes  posées 
l'une  sur  l'autre,  dans  le  goût  et  la  délicatesse  des 
constructions  du  règne  de  Louis  IX.  On  a  détruit 
une  pai  tie  de  celle  architecture  pour  élever,  sur  le 
côté  droit,  les  mausolées  des  seigneurs  d'Effiat,  dont 
le  dernier  mourut  en  1719,  âgé  de  80  ans  :  leurs 
tombes,  de  marbre  noir,  remplissaient  presque  tout 
le  chœur.  La  cure  était  à  la  pleine  collation  épisco- 
pale. — 11  y  avait  autrefois  sur  le  territoire  de  cette 
paroisse  une  léproserie  du  tiire  de  Saint-Laurent, 
qui  était  à  la  nomination  de  René,  roi  de  Sicile  et 
duc  d'Anjou,  seigneur  de  Chailly  ei  de  Longjumeau; 
mais  elle  fnl  réunie  par  lui,  vers  l'an  I'l73,  au  prieuré 
de  Saint-Eloi,  situé  sur  la  même  paroisse.  —  Ce 
prieuré  avait  élé  fondé,  vers  l'an  li^ô'i,  par  Jean  de 
Dreux,  surnommé  de  Rrenne,  et  Alix,  sa  femme, 
comtesse  de  Màcon.  Ces  deux  époux,  n'ayant  point 
d'enfanis,  se  proposèrent  de  rendre  Dieu  héritier  d'une 
parlie  de  leurs  biens.  Pour  cet  effet,  ils  firent  cons- 
truire une  maison  dans  un  vallon  situé  au  midi  de  la 
terre  de  Chailly,  iiui  leur  appartenait,  et  ils  y  mirent, 
de  l'aveu  de  Gnilbuime,  évêque  de  Paris,  des  reli- 
gieux du  prieuré  de  Sainte-Catherine-du-Val-des- 
Ecoliers.  Ces  religieux  y  restèrent  jusqu'en  1662, 
qu'ils  lurent  remplacés  par  des  chanoines  réguliers 
de  la  congrégation  de  France,  ordre  de  Saint-Au- 
gustin.— L'église  de  ce  prieuré  était  remarquable, 
tant  par  sa  consuuction,  où  régnait  la  délicatesse 
golhi(iHe  du  xiv<=  siècle,  que  par  les  ornements  dont 
elle  éinit  embellie.  Ou  y  admirait  un  crucifix  de 
marbre  blanc,  qui  passait  pour  être  d'un  seul  bloc 
avec  sa  croix;  la  suspense,  sous  laquelle  on  conser- 
vait le  saint  sacrement,  le  jeu  d'orgues,  qu'on  dit 
avoir  élé  fait  pour  Versailles;  mais  ce  qui  donne  sur- 
tout de  la  célébrité  au  prieuré  de  Saint-Eloi.  c'est 
d'avoir  appartenu  au  fameux  Théodore  de  fîèze,  de 
Vézelai,  qui  le  possédait  en  1546.  C'est  aujourd'hui 
une  maison  de  campagne.  —  Chailly  a  vu  en  divers 
temps  les  rois  de  France  logés  dans  son  chàieau. 
Philippe  le  Bel  s'y  arrêta  avec  la  reine,  le  5  décem- 
bre 1^01,  en  allant  de  Saint-Germain-en-Laye  à  Fon- 
tainebleau; François  I^f,  revenant  de  celte  dernière 
ville,  y  logea  le  6  juillet  1537.11  faut  sans  doute  at- 
tribuer au  séjour  des  princes  et  des  personnes  de 
considération,  auxquels  ce  lieu  a  constamment  ap- 
partenu, les  vestiges  de  dlsiinctioii  qu'on  y  aperçoit 
encore.  Contre  l'ordinaire  des  villages,  Chailly  a  ses 
rues  pavées  et  alignées,  quoiqu'il  ne  soit  point  sur 
le  passage  des  voitures  publiques  ;  on  remarque  dans 
l'une  de  ces  rues  cinq  belles  maisons  de  campagne 
parallèles.  Ces  bàtiinenis  avaient,  dans  le  dernier 
siècle,  leur  entrée  terminée  dans  le  haut  par  une 
lanterne  couverte  d'ardoises  :  on  disait  dans  le  pays 
que  c'étaient  les  logements  que  le  maréchal  d'Effiat 
avait  assignés  à  cinq  de  sesolfieiers. — Le  poète  Cha- 
pelle y  fit  bâtir  une  maison  en  1680,  et  y  passa  les 


953 


f.EOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


95) 


dernières  années  de -a  vie. — Chaiily  élait  ancienne- 
ment renommé  pour  la  qualité  supérieure  du  pain 
qu'on  y  f;iisaii.  Une  ordonnance  du  roi,  de  1350, 
marque  trois  sortes  de  pnin  :  le  pain  de  Chaiily,  le 
pain  coquille  et  le  pain  bis.  Sous  le  rioui  de  pain  dt 
Chaiily,  cette  ordonnance  désignait  le  pain  blanc  de 
première  qualité.  Les  céréales  sont  encore  le  prin- 
cipal objet  de  culture  dans  celte  commune,  dont  le 
territoire  est  presque  eniièremeni  en  terres  labou- 
rables. 

Yicus  Credulii,  Creil,  petite  ville  du  diocèse  de 
Beauvais,  chef-lieu  de  canton  de  l'arroml.  de  Seu- 
ils, avec  une  justice  de  paix,  Oise,  à  9  kil.  nord-est 
deSenlis,  et  -45  nord  de  Paris.  Le  liameau  de  Vaux, 
qui  renferme  une  maison  de  campagne,  ancien  (ief 
du  duché  d'Enghien,  et  le  ci-devant  prieuré  Duples- 
sis-Lapomemye  en  font  partie.  —  Cette  ville  est  si- 
tuée sur  la  rive  gauche  de  l'Oise,  qu'il  faut  traverser 
sur  un  pont  de  pierie  pour  y  arriver;  on  y  trouve 
une  manu.'acture  de  faïence  fine,  dite  terre  de  pipe 
fln(//nis«,- elle  entretient  plus  de  600  ouvriers.  Cet 
établissemenl,  dont  les  produits  sont  trés-esiimés, 
est  irés-vaste  et  tient  ;'i  un  parc  bordé  par  un  bras 
de  l'Oise.  Quantité  de  vases  de  terres  de  grès  noires, 
de  toutes  formes  et  façons,  pour  les  déjeuners,  et 
vases  de  décors,  y  sont  jouruelleinent  fabriiiués.  Les 
entrepôts  de  ce  grand  établissemenl  sont  à  Paris, 
d'où  se  font  les  expéditions  pour  la  Fiance  et  les 
pays  étrangers.  Il  se  tient  à  Creil  une  foire  par  an, 
le  2  novembre  ;  le  marché  est  le  vendredi  de  chaque 
semaine.  Deux  ports  sont  établis  sur  l'Oise  pour  le 
transport  des  bois  provenant  de>  forêts  de  Hallaie 
et  de  Hcz  ;  un  trois  eue  est  destiné  il  la  venie  des 
grains.  Les  productions  du  terroir  de  celte  commune 
sont  en  grains,  une  partie  est  en  prairies.  — 
On  voit  aux  alantimrs  de  la  ville  des  carriè- 
res de  pierre  dure,  propre  à  la  construciion  des  plus 
beaux  édifices.  Des  demeures  souterraines,  prati- 
quées dans  l'intérieur  de  ces  carrières,  sont  habi- 
tées sans  frais  de  location  par  des  familles  pauvres. 

La  ville  de  Creil,  appelée  Credulium  dans  les  titres 
anciens,  fut,  à  une  époque  fort  reculée,  le  siège  d'une 
seigneurie  assez  considérable.  Les  Normands  la  pri- 
rent et  la  pillèrent  plusieurs  fois,  ainsi  que  tous  les 
autres  lieux  de  celle  partie  du  royaume.  11  est  pro- 
bable que  son  vaste  et  antique  château  fut  commencé 
à  l'époque  où  l'on  cherchait  à  opposer  sur  ce  point 
une  ligne  de  peiites  forteresses  aux  invasions  de  ces 
dévastateurs.  La  fondation  de  l'église  est  fort  ancien- 
ne :  vers  le  régne  de  Chilpéric,  c'est-à  dire  à  la  fin 
du  vi«  siècle,  le  corps  de  saint  Évreniont  y  fut  dé- 
po>é.  Le  clergé  attaché  à  celte  église  devint  po-ié- 
rieurement  un  chapitre  qui  célébrait  le  S  octobre  la 
fête  du  saint  patron.  Creil,  qui,  dans  la  suite  des 
temps,  était  tombée  dans  le  domaine  des  rois  de 
France,  lut  possédée  par  Robert  de  France,  fils  de 
Loois  IX,  qui  lui  donna  cette  seigneurie  à  l'époque 
de  son  mariage  avec  Béatrix  de  liourgogne.  Louis, 
fils  de  Robert,  la  donna  à  son  tour  à  sa  fille  Béatrix, 


en  la  mari,int  avec  Jean  de  Luxembourg,  roi  de  Bo- 
hême. Après  la  mort  de  ce  monarque,  Béatrix  ven- 
dit sa  seigneurie  au  roi  de  France  :  elle  revint  à  la 
couronne.  Vers  le  milieu  du  xiv=  siècle,  un  seigneur, 
ou  plutôt  un  brigand  navarrais,  nommé  Foudrigues, 
était  maître  de  Creil.  De  ce  point  il  envoyait  des  dé- 
tachements sur  les  routes  voisines  et  forçait  les 
voyageurs  à  recevoir,  signés  de  sa  main,  des  sauf- 
conduits  qu'il  leur  faisiit  payer  fort  cher. Charles V 
fit  bâtir  à  Creil,  dans  une  ile  que  forme  l'Oise,  un 
château  irès-fort  que  les  Anglais  assiégèrent  et  pri- 
rent en  1434.  Le  19  mai  1441  Charles  Vil,  accom- 
pagné de  son  fils,  vint  mettre  le  sié;;e  devant  Creil, 
sous  le  cominaiidement  du  connéiable  de  Uicliemonl; 
après  12  jours  de  siège  la  place  capiiula.  Les  4  ou 
500  bomtiies  qui  composaient  la  garnison  se  retirè- 
rent avec  armes  et  bagages.  Les  habiiants  de  Paris  à 
cette  nouvelle  léinoig;ièreiit  leur  joie  par  des  jeux, 
des  danses  et  les  cris  des  Noëls.  En  1567,  les  cal- 
vinistes s'étani  emparés  de  Creil  pillèrent  les  églises 
et  brûlèrent  les  corps  de  saint  Évremont  et  de  saint 
Syinphorien.  La  lèle  du  premier  fut  seule  préservée 
par  les  chanoines,  parce  qu'elle  était  dans  une  châsse 
séparée.  En  15^8,  les  ligueurs  surprirent  Creil  et 
s'y  établirent.  Le  château  n'existe  plus  :  il  était  situé 
dans  une  petiie  île  au-dessous  du  pont  de  Creil.  Quel- 
ques années  avant  la  révolution,  le  prince  de  Cundé, 
à  (jui  il  appartenait,  le  vendit,  à  la  charge  de  le  démo- 
lir. Sur  son  emplacement  a  éié  bâtie  une  maison  as- 
sez appareille  :  il  ne  reste  de  cet  ancien  château  que 
le  soubassement  d'une  terrasse  au  devant  de  celte 
maison,  laquelle  est  flanquée  d'une  espèce  de  tour 
tronquée,  qui  est  cITectivement  la  base  d'une  des 
anciennes  tours.  Avant  la  révolution  on  montrait 
encore  aux  voyageurs  une  chambre  dont  le  balcon 
élait  fermé  par  une  grille  de  fer,  et  où  l'on  assurait 
que  le  malheureux  monarque  Charles  VI  avait  éié 
retenu  lorsque  sa  démence  se  fut  déclarée.  Les  mu- 
railles de  ces  antiques  appartements  portaient  en- 
core les  traces  des  ornements  du  siècle  où  on  les 
avait  décorés  :  les  lambris  éuiienl  peinis  eu  camaïeux 
et  les  solives  des  planchers  peintes  en  rouge.  Sous 
Charles  VI  on  s'y  chauff.iit  encore,  dit-on,  autour 
d'une  largo  losse  creusée  an  milieu  de  l'appartement; 
plus  laid,  on  sut  pratiquer  des  cheminées  dans  l'é- 
paisseur même  des  murs.  Dans  cette  même  ile  et 
très-prèi  du  châieau  sont  les  ruines  de  l'abbaye 
de  Saint-Évremoni,  dont  le  chœur  est  encore  de- 
bout. Le  (  IocIk  r  de  l'église  paroissiale  est  bien  bâ- 
ti.—  Le  pont  est  singulièrement  construit;  on  y 
jouit  de  points  de  vue  très-agréables.  Au  couchant  se 
voit  Monlalaire,  village  irès-pittoresqiie,  situé  sur 
une  assez  haute  montagne.  C'est  dans  sa  petite  égli- 
se (|ue  l'ennile  Pierre  prêcha,  dit-on,  les  premières 
croisades.  —  11  existait  à  Creil,  dans  l'ancien  régi- 
me, une  collégi.ile  royale,  une  cbàtellenie  et  un  gre- 
nier à  sel. 

Vicus  Crisiaci,  Crécy,  petite  ville   du  diocèse   de 
MeauK,  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  cetic 


955  DICTIONNAIRE  DE  GEOCRAPIIIE  FXCLRSIASTIQUE.  flSC 
ville,  avec  une  justice  île  paix,  siliiccsurla  route  i!c  nnul-esi  de  Paris.  —  C'éiaii  un  gouvernemeni  de 
Paris  à  Coulominiers,  dans  une  vallée  agréab'e  et  place,  le  siège  d'un  (rosidial,  d'une  éleclion  el  d'uo 
sur  la  rivièic  du  Giand-Morin,  qui  s'y  partage  rn  liailliago,  où  Ton  suivait  une  cnuiume  particulière, 
plusieurs  brandies  ;  à  12  kil.  au  sud  de  Meaux,  40  ninis  coninnine  à  tout  ce  duché,  qui  appartenait  à  la 
kil.  au  nord-est  de  Mclun,  el  42  kil.  est  de  Paris,  maison  dOiléans.  Il  y  avait  aussi  hôtel  de  ville, 
Klle  e>(  entoniéo  en  partie  de  vignes  el  de  belles  grenier  à  sel  et  sididélégalion.  On  a  voulu  donnera 
prairies.  La  poi  u!ali(.n  est  de  17lO  lialdtanls. —  cette  \ille  l'illustration  de  rantiquité,  parce  qu'on  y 
Crécy  était  ancienuenieni  le  siège  d'une  scigneiu-ie  a  découvert  quelques  médailles  roimines;  niaiî  ces 
éieiidi.e,  dont  les  possesseurs  poricrenl  d'abord  le  objets  inoliiles  et  portatifs  ne  présentent  aucune 
titre  de  vicomte,  puis  celui  de  comte.  Leurs  noms  preuve  snfiisanie,  n'étant  point  appuyés  par  des  lé- 
paraissent  dans  plusieurs  actes  relatifs  à  des  fonda-  luoignages  historiques.  Le  moine  llcigaud  est  le  prê- 
tions pieuses  el  datés  des  premiers  règnes  de  la  mier  écrivain  qui  fasse  mention  de  Crépy.  Il  nous 
iruisiéiiie  dynastie.  Lhie  chapelle  avait  probnMement  apprend,  dans  sa  vie  du  roi  Robert,  que  ce  lieu  était 
exi>ié  en  ce  même  lieu  avant  qu'i's  y  cussi'nt  établi  i;n  château  que  Waltérius  ou  Gautier,  dit  Leblanc, 
leur  résidence  ;  ils  l'érigèrenl  en  une  collégiale,  comte  il'AuMens,  fit  construire  dans  le  Soissonnais, 
dont  il  est  fail  mention  dans  un  litie  de  lliS.  l'ans  el  où  il  londa  l'abbaye  de  Saiiu-Arnould.  Ce  château 
les  siéclessuivants,  Crécy  appartenait  à  la  maison  de  et  celte  abbaye,  dont  la  fondalioii  est  de  la  fiii  du  x» 
Ch.itillon,  et  divers  memircs  de  (Cite  famille  s'al-  ou  du  cnmmenceinent  du  xt' sit'cle,  donnèrent  nais- 
tacbèrent  à  eiiiichir  l'église  dédiée  il  Sainl-Geurges,  sauce  à  la  ville  do  (^épy.  Caulier  transmit  ce  clià- 
ainsi  que  plusieurs  auires  du  pays.  Plus  tard  la  sei-  leau  à  son  quaiiième  li!s,  Rodolphe  ou  Raoul,  beau- 
cneurie  Cul  tenue  imu.édiatcmeni  par  les  comtes  de  pore  ilu  roi  Philippe  I";  celui-ci  vivait  do  brigan- 
Champagne,  ccmme  comtes  de  lîrie.  En  1405,  Lo;  is  dage,  comme  les  se  gneurs  de  .'on  temps,  el  dévasta 
XI  diinna  celle  seigneurie  en  échange  ii  Aninine  de  souvent  les  lerres  de  ses  voisins.  Ce  Raoul,  sui- 


Chabaïuics,  comte  de  Dauimarlin.  Au  xiii«  siècle,  un 
Hôtel-Dieu  existait  à  Créry,  el  (iueli|ues  litres  de 
cette  époque  prouvent  ipie  cette  maison  était  dirigée 
par  des  religieux.  Une  nialadrerie  plus  antienne 
encore  exislaii  à  l'une  des  portes  de  la  vdie,  et  le 


nommé  le  Grand,  sans  doute  à  cause  de  sa  grande 
puissance,  se  qualifiait  de  comte  par  ta  grâce  de  Dieu. 
Raoul,  ou  son  successeur  du  même  non),  continua 
les  usurpations  et  les  violences  de  son  prédéces- 
seur. Simon,  son  fils,  marcha  sur  les  traces  de  son 


souvenir  en  a  été  conservé  par  une  chapel'e  de  Saint-  père,  devint  le  plus  riche  seigneur  du  royaume,  et 
iMicliel  qui  en  faisait  panie.  Au  xvii^  siècle  celte  ma-  fil  la  guerre  au  roi  Philippe  h',  qui  fut  contraint 
ladrerie  fut  réunie  à  i'iiopital.  A  l'époque  des  iroii-  d'en  venir  à  un  accommodement  avec  lui.  Quelque 
blés  religeux,  lerhâ'eau  seigneuiial  de  Crécy  était  temps  après,  le  remords  de  ses  crimes  l'ayant  déler- 
un  des  plus  loris  de  la  cmilrée,  et  la  ville  était  Dan-  miné  .à  renoncer  au  monde  et  à  se  faire  moine,  il  se 
quée  de  99  tours,  dont  il  rcsle  encore  quelques  ves-  relira  au  monastère  de  Saint-Claude,  où  il  fui  ac- 
tiges.  Une  garnison  royale  la  défendit  contre  les  ef-  compagne  par  cinq  ou  six  chevaliers  qu'il  avait  con- 
forts des  ligu.urs.  Au  conunciicemenl  du  xvii«  sié-  veriis,  et  qui  comme  lui  voulaient  embrasser  la  vie 
cie,  i!  fut  établi  à  Crécy,  comme  dans  plusieurs  au-  religieuse.  11  niouriit,  en  108-2,  à  Rome,  où  il  était 
1res  lieux  de  la  France,  des  communautés  relijiieuses  allé  remplir  une  mission  pour  le  pape.  —  Les  vastes 
des  deux  sexes.  On  y  eouiplait  avant  la  révolution  possessions  de  Simon  furent  démembrées  à  l'époque 
un  couvent  des  Minimes,  des  Missionnaires,  aux-  de  sa  retraite  du  monde.  En  1077,  Herbert  IV, 
quels  le  roi  donna,  en  1641,  son  château  de  Crécy,  coniie  de  Vermandnis,  son  beau-frère,  lui  avait  suc- 
un  prieuré  de  religieuses  de  l'ordre  de  Saini-Benoii,  (édé  dans  le  comié  de  Valois,  el  dès  ce  moment 
et  d'autres  religieuses  non  cloiirées.dites  Miramion-  l'histnire  des  comtes  de  Vermandois  devint  celle  des 
nés.  Les  revenus  dont  jouissaient  ces  dernières  ont  onmies  de  V;dois.  —  Le  chàieau  de  Crépy  fiil,  au 
été  réunis  à  ceux  de  l'hospice.  —  Ou  trouve  à  Ci écy  commencement  du  xi^i  siècle,  construit  avec  no- 
plusienrs  tanneries  et  chamuiserii'ï,  el  une  manufac-  blesse  par  le  comte  Gautier ,  no6i/i(er  consiruclum, 
ture  de  laceis  établie  dans  l'ancien  couvent  des  .Mi-  dit  le  nmine  llelgaud.  Il  construisit  ensuite  un  beau 
niines.  Il  s'y  fait  un  commerce  assez  considérable  de  cnrps  de  logis  dont  la  façade  regardait  le  monastère 


laines.  Il  y  a  deux  foires  annuelles  :  le  premier  jeu- 
di de  niai  et  le  jour  de  Saint-.Michel,  le  29  septem- 
bre :  celle-ci  csi  la  plus  cnnsidéralde.  Les  marchés 
son!  lejeiidi    de  chaque  semaine;   ils  abondent  en 


de  SainleAgathe.  Gautier  Ut  tracer  l'enceinte  qui 
environne  encore  la  ville  de  Crépy.  Dans  l'intervalle 
qui  se  trouva  entre  celte  enceinte  el  le  château,  il 
se  forma  un  bourg  en  peu  de  temps  par  l'aggloméia- 


denrées  de  toute  espèce  :  celui  du  jeudi  saint,  remis      lion  d'un   certain   nombre  de  familles    auxquelles 


au  lendemain   vendredi,  peut   cire  comparé  à  une 
foire  par  raflluence  de  monde. 

Vicus  Crispincl  Silvanccii,  Crépy,  petite  ville  du 
diocèse  de  Heauvais,  chef-lieu  de  canlim  de  l'avron- 
dis>emcnl  de  Senlis,  avec  juslice  de  paix,  Oise,  à 
SU  kil.  ebt  de  Seuils,  20  sud  de  Coinplcgiie  ei  56 


Gautier  permit  de  bàlir  des  demeuics  moyennant 
une  redevance  annuelle.  Le  comte  soumit  ces  fa- 
milles à  un  gouverneur  qui  prit  le  nom  de  tiirjiire; 

on  lo  nommait  aussi  li  boyre  cl  même  /i  boiig de 

Créi'y.  On  appela  laidiourg  une  autre  portion  de 
maisons  qui  se  loima  hors  de  l'eiiceinie.  Gautier 


957 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


95S 


élablit  dans  celle  partie  un  second  officier  qui,  dans 
ui)  tilre  de  1070,  est  nommé  villicus.  Le  comic  Gu- 
tler  fonda  ;  us.-i  un  nionaslère  du  litre  de  Saiiil- 
Ariioiild  ,  à  la  place  dos  clercs  oh  clianolncs  que 
Raoul  I"^'  avail  placés  dans  son  égli-e.  La  construc- 
tion du  l'àlinieut  de  ré};lisi-  de  Saiiit-Ainould  dura 
pi  it  do  60  ans.  Quaril  à  la  ville,  e!l<^  était  alors  el 
fi  l  jusi|H'ii  la  fin  du  xiii'  ^iitle  l'une  des  plus  for- 
tiliée*  de  citle  cpo(|ue.  On  di~liiigu;iil  <in((  qnaniers 
dus  In  ville,  on  plutôt  sur  le  ton  il  'ire  de  Crcpv  : 
ce  ui  du  donjon,  celiM  du  cliàii'au,  le  honrg,  la  ville 
et  les  Biu'des.  Los  seigneur-,  de  N ::nteui|,  auxquels 
app  rli'naii  le  donjon,  ciiireicnaicni  ilans  cotte  es- 
père de  citadelle  nu  cl  âlclain  qui  einil  iiidé|>eiidaiit 
dos  soigneurs  de  Ciéiy,  inaitres  du  cluiienu.  (in  en- 
lr;iil  dans  l'oiiceinte  du  donjon  par  la  poite  souter- 
raine du  grand  clieniiu  de  Bapaunie.  L'espace  occupé 
par  le  rli.àieau  se  icrnduaii  aux  premières  maisnns 
de  la  ville,  à  la  poierne,  à  la  Croix-au-Bnurg  el  à  la 
porte  aux  Souliers.  On  entrait  dans  le  cliàioaii  par 
doux  porii's  principales  :  cille  de  Compiégne  el  celle 
de»  Pnnrreanx.  On  perça  plus  lard  une  n  uvelle  porte 
du  côté  du  firf  des  fîordes ,  (|iii  parait  être  celle 
qu'on  nomma  depuis  poi  te  du  Paon.  L'ontentedu 
bourg  continuait  depuis  l'eniplarement  de  la  poUe 
du  Pa'iii  jusqu'à  la  croix  de  son  nom  et  jusqu'aux 
lunrs  du  cliàtcau  cl  du  donjon  ;  c'esl  celle  troi- 
sième partie  de  Orépy  qui  avait  le  gouverneur  par- 
tirnlier  auquel    les  titres  donnent  les  noms  de  bur- 

ynre,  li  boyre  el  li  l'oiiq Celle  fonction,  si  lizar- 

loirenl  dcsijjnée,  élaii  l;i  niéuie  que  celle  de  iliàlelaiii. 
Le  dernier  boug....  de  Crépy  donl  on  ail  conriais- 
sance  se  nommait  Itobeil;  il  mourul  .à  la  lin  du 
\ïw  siècle.  A  pi  II  pi  es  à  Tcpoiue  où  Ciiarles  de 
France  nçiil  en  apanage  le  conilé  de  Valois  el  clJ- 
blit  sa  résidence   au  château  di^  Crépy  ,    !a   cli;irge 

ou  au  moins  le  litre  de  buug lut  aboli.  —  Crépy 

avait  depuis  loni;icinps  une  cbartc  de  conmiune 
qu'on  ir  uive  en  entier  dans  \'liisioire  du  Valois,  par 
Cartier.  Suivant  des  litres  des  années  itJlil,  lâTC  , 
1:Î.S2,  le  crrps  de  ville  de  Cropy  devait  être  composé 
un  maire,  de  biiil  jurés,  d'un  argentier  ou  rece- 
veur, et  de  douze  ou  quatorze  hommes  jugeants  ,  qui 
formaient  le  tribunal  de  la  comumne.  —  Les  forli- 
(icaiions  de  la  ville  de  Crépy  ,  par  les  guerres  des 
N  ivarrais  etdes  Anglais,  avaient  épiouvéde  notables 
dé.^radalions.  Elle  resta  pendant  34  ans  ,  depuis 
1558  jusqu'.à  iôj-2,  sans  murailles  el  sans  antre  dé- 
fense quo  que'ques  |ians  de  murs  et  des  fossés  à 
demi  coniblos.  Lciiis,  duc  d'Orléans  ,  frère  du  roi 
Charles  VL  lit  rétablir  ces  lortitic-ilions  de-  l'année 
où  il  commença  à  jouir  du  comté  de  Valois  ;  ces  ou- 
vrages ne  forent  achevés  qu'eu  1  iôj.  Eu  l'an  13!i9 
fui  faite,  par  le  même  priiico,  aux  babiiants  dcCiépy, 
la  remise  d'une  ex:icii(.»i  donl  l.'s  détails  caracté- 
risent le  système  féodal.  Ce  piincc  le  exempta 
dos  droite  de  prise  pour  sou  liôlcl  et  pour  celui  de  sa 
femme.  Cette  ville  eut  beaucoup  à  souffrir  des  dis- 
sensions qui  eurent  lieu  entre  le  duc  d'Orléans  et  le 


due  de  Bourgogne.  En  1431,  les  Anglais  avec  les 
Bourguignons  vinrent  mettre  le  siège  devant  Crépy, 
surprireui  le  faubourg  et  pillèrent  la  collégiale,  en- 
irèrunidans  les  maisons  des  chanoines  et  en  emme- 
nèrent tous  ceux  dont  ils  espéraient  obtenir  quelque 
raiiçdii  ;  ils  enlevèreul  ensuite  de  chaque  maisnn  ce 
qui  leur  cunvini,  |iuis  ils  passèrent  du  cloître  à  la 
ville,  qu'ils  mirent  au  pillage,  el  détruisirent,  dit-on, 
plus  de  loiiO  maisons.  Ils  aitaquorent  ensuite  le 
cliâieaii,  dont  l'enceinie  répondait  au  contour  ac- 
tuel de  la  ville  de  Crcpy.  Col  e.-pace  était  rempli 
par  de  grands  édifices,  des  places  spacieuses,  des 
cours,  des  jardins,  des  leurs  ol  de  va>t"S  corps  de 
logis.  Le  capitaine  de  Crépy  se  défendii  vigoiireiise- 
n.eui  ;  malgré  Ions  ses  efforts  la  place  fut  emportée 
d'emblée,  el,  furieux  de  la  résisiance  opposée,  les 
Aiiglai-.  paiisèrent  la  gatni.'im)  au  fil  de  Tépée,  sans 
ép'igner  personne.  Les  vainqueurs  voulaient  con- 
server la  place;  mais  le  feu  prit,  et  l'incendie  s'éten- 
dit de  telle  sorte  que  le  désastre  fut  complet.  Les 
Anglais  el  les  lîonrgiiignons  étaient  denuis  deux  ans 
maîires  de  Crépy,  lorsqu'on  1 133  Charles  VU  fit 
prendre  celle  place  par  escaladf  ei  [)assfr  la  garni- 
son au  lil  «le  l'épée.  Le  duc  d'Oiléans,  rentrant  d:ins  le 
duché  de  Valid-,  lit  réparer  àCrépyquel  [nés corps  de 
bàtiiwciil  échappés  à  l'incendie  ,  ainsi  que  le  don- 
jon, et  permit  aux  bouigeois,  ensuite  aux  habitants 
de  la  c:impagne,  de  venir  s'établir  sur  les  décom- 
bres de  l'ancioiinc  ville.  Celle  restauration  fut  l'ori- 
gine de  la  ville  actuelle.  L'ancienne  ^ille  de  Crépy 
reiiferiiiail  dans  l'e-pacc  actuellement  découvert 
qu'on  travers-e  lursqu'oo  va  de  Crépy  à  Du^y,  deux 
va>ios  cliàieaux,  l'iolel  de  la  Cnmtesse,  près  de 
Sainle-Agillie,  et  le  palais  de  Bouville  à  côlé  du 
Pare-anx-Danics  ;  le  cbàicau  fou  ou  le  donjon  était 
siluédu  côlé  de  Uuvy.  Ou  y  voyait  buii  beaux  hô- 
lels  et  cinq  églises:  mais  cette  ville,  bâtie  sur  un 
plan  irrégulier,  ofirail  des  rues  mal  alignées  et  des 
maisnns  en  général  très-basses.  La  cbarle  de  la 
conimiiiie  de  Crépy  suppose  que  la  banlieue  conte- 
nait plusieurs  petits  cbàteanx  occupes  par  des  /ie/fés 
opnlcui-  Le  nombre  des  babitams  de  l'ancienue 
ville  devait  mtuiler  à  plus  d  ;  18,000,  sans  cmiipler 
les  familles  établies  d:ins  le  chàieau  de  Boiiville, 
dans  la  lorieresse  et  dans  l'hôtel  de  la  Comtesse. 
Suivant  un  état  de  U.^C,  la  ville  do  Crépy,  malgré 
la  prol^clion  du  due  d'Orléans  et  les  soins  qu'il  prit 
d'y  rappeler  les  lamilles  dispersée-  en  1431,  ne 
renfermait  encore  (|ue  la  inoilié  dos  habitants  i|u'on 
y  (.ompia  plus  tard.  Ln  1588  la  ville  de  Crépy  fut 
prise  par  les  ligueurs,  après  une  tentative  inutile 
sur  Scnlis.  Henri  IV,  ayant  repris  celle  ville,  en  lil 
réparer  les  loitificaiions.  Les  bàiimeius  qu'il  y  réta- 
blit furent  décorés  du  chiffre  du  roi  ,  c'est  à- 
dire  d'un  11  coi.roniié  débranches  de  laurier  et  de 
lierre  scul(>lé»  sur  la  pie.re.  Ce  roi  donna  en  fa- 
veur dos  babiianis  des  leilres  paleuics  où  il  déclare 
qu'il  prend  sous  sa  sauve-garde  spéciale  les  bour- 
geois  de  Crépy,  et  permet  auxdits  bourgeois  de  cou- 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


95y 

rir  sus  à  tous  ceux  qui  contreviendraient  à  l'or- 
donnance. Sur  la  lin  de  l'année  1616,  la  garnison 
de  Pierretoiii,  comniandée  par  Villeneuve,  vint  faire 
des  courses  jusqu'aux  portes  de  Crépy  el  essaya  mê- 
me de  surprendie  la  ville.  Charles  de  Valois,  comte 
d'Auvergne,  fut  envoyé  au  secours  de  la  place  avec 
une  armée  de  14,000  hommes  de  pied  el  de  3000 
chevaux  ;  de  là  il  marcha  sur  Pierrelonl.  Lors  des 
troubles  survenus  sous  la  minorité  du  roi  Louis  XIV, 
les  habiianls  de  Crépy  el  de  plusieurs  aulres  lieux 
voisins  pensèrent  à  relever  les  murailles  de  leur 
ville,  nliii  de  se  mettre  à  l'abri  d'un  coup  de  main. 
Depuis  celte  époque,  aucun  événement  remarquable 
ne  s'est  passé  àiCrépy. — On  comptait  dansCiépy  trois 
paroisses,  Sainie-Ag.iihe,  Saint-Denis  el  Saini-Tlio- 
nias.  Celte  dernière  avait  été  bàlie,  en  1182,  par 
Philippe  d'Alsace,  comte  de  Vermando^s,  en  l'hon- 
neur de  Thomas  Bekct,  archevêque  de  Canlorhéry. 
I!  y  avait  aussi  deux  collégiales  de  chanoines,  Saint- 
Aubinet  Saint-Thomas;  uncouveiit  deClunisies  réfor- 
més, sous  le  titre  de  Saint-Arnould,  el  un  aulre  de 
Capui.'ins,  qui  élaii  hors  de  la  ville;  un  prieuré  de 
Bénédictins,  sous  le  liire  de  Saint-Michel;  deux  com- 
munautés de  religieuses,  l'une  de  Saint-Augustin  et 
l'autre  d'Ursulines,  qui  élevaient  des  jeunes  filles; 
un  collège  où  l'on  ensiignail  les  humanités;  en  ou- 
tre, les  religieux  de  Saint-Arnould  faisaient  chez 
eux  un  cours  de  philosophie.  Des  trois  paroisses, 
ce'le  de  Saini-Denis  subsiste  seule  :  le  chœur  de 
l'église  est  soutenu  par  deux  colonnes  de  chacune 
2  pieds  de  diamètre.  Ces  colonnes  sont  regardées 
comme  un  chef-d'œuvre  d'architecture.  L'ancien  châ- 
teau ne  présente  plus  que  de  vieilles  murailles.  La 
population  de  Crépy  est  d'env.  2600  hab.  Celle  ville 
est  environnée  d'un  cours  planté  d'arbres  et  de  pro- 
menades agréables.  On  y  entre  par  cinq  portes.  La 
place  publique  est  vaste.  Il  s'y  fait  un  grand  com- 
merce de  grains;  deux  foires  s'y  tiennent  chaque 
année  :  1."»  première,  le  lundi  de  la  deuxième  semai- 
ne de  carême,  et  la  seconde,  le  3  novembre.  Celle 
dernière  est  la  plus  considérable  ;  on  y  vend  notam- 
ment de  grosses  toiles  de  ménage  fabriquées  dans 
les  environs,  ainsi  que  du  lil  commun  connu  sous  le 
nom  de  fil  de  Crépy.  Tous  les  premiers  mercredis  de 
chaque  mois  il  y  a  un  marché  Iranc;  les  marchés  or- 
dinaires sont  les  mercredis,  vendredis  el  samedis 
de  chaque  semaine.  Le  blé  s'y  vend  les  mercredis  et 
samedis;  ce  dernier  jour  la  vente  est  beaucoup  plus 
forte.  Dans  le  couvent  des  Ursulines  est  établie  une 
manufacture  de  tissage  de  colon.  Sur  l'emplacement 
du  prieuré  de  Sainl-Arnould  i'esl  élevée  une  pension 
de  jeunes  gens,  La  situation  en  est  agréable  et  en 
bon  air. 

Yicus  Cristotius,  Créieil,  paroisse  du  diocèse  de 
Paris,  canton  de  Charenton  ,  arrond.  de  Sceaux, 
Seine,  à  3  kil.  de  Charenton,  à  0  de  Paris,  et  2  de  la 
Marne,  dans  une  plaine.  —  Ce  village  remonte  à  une 
très-haute  aniiquité,  si  l'on  en  croit  la  tradition  po- 
pulaire de  Créieil,  et  son  nom   lalin  viens  Cri^ioilui 


est  célèbre  dans  les  légendes  des  saints.  Usuard,  qui 
écrivait  dans  le  ix»  siècle,  nous  apprend,  dans  son 
Martyrologe,  que  saint  Agoard  el  saint  Aglibert,  el 
une  foule  d'autres  chrétiens,  furent  martyrisés  dans 
un  bourg  du  terroir  de  Paris,  appelé  licKs  Cris(oi/«s; 
il  s'exprime  en  ces  termes  : /m  territorio  Parisia- 
censi  vico  Cristoilo,  pussio  sanclorum  Agoardi  e!  Agli- 
berti  cum  atiis  innumeris  promiscui  sexus.  Quelques 
copies  melieni  vico  Crisiolio,  et  l'on  a  dit  l'un  et 
l'auireen  latin.  Usuard  ne  désigne  point  l'époque  de 
leur  mort,  et  ce  n'est  que  dans  le.  x"  sièile  que  quel- 
ques auteurs  ignorants  ou  crédides  s'avisèrent  d'éi  rire 
que  ces  saints  martyrs  avaient  été  massacrés  dans 
le  i'^''  siècle  de  Jésus-Christ,  i  Mais,  dit  l'abbe  Le- 
beuf,  celle  supposiiion  est  une  pure  invention  de  la 
part  de  ces  auteurs.  Aujourd'hui  l'on  juge  à  la  seule 
prononciation  de  leur  nom,  qui  n'est  ni  grec,  ni  ro- 
main, ni  gaulois,  qu'il  fallait  (|ue  ce  fussent  des 
étrangers  qui,  dans  le  cours  du  v'  siècle,  eussent 
été  mis  à  mort  par  les  barbares  lorsqu'ils  firent  leurs 
incursions  dans  les  Gaules....  Tout  le  reste  est  in- 
connu; on  sait  seulement  qu'en  remontant  la  Marne, 
un  peu  pli!S  haut  que  Créieil ,  commence  une  île 
asseï  consiilérahle  ,  appelée  Vlle-Bmbière,  que  des 
titres  latins  du  xiii'  siècle  appellent  Instda  Barbaria, 
Celle  île  n'est  arrosée,  du  côté  du  midi ,  que  par  la 
Yieille-iilarne  ,  dite  autrensenl  Morlbias,  qui,  étant 
l'ancien  lit  de  la  Marne,  prouverait  qu'elle  aurait 
fait  primitivement  partie  de  la  grande  péninsule  de 
Sainl-Maur.  On  sait  encore  que  vis-à-vis  cette  île,  de 
l'autre  côté  de  la  Marne,  il  y  a  eu  autrefois  une 
chapelle  el  un  crypte  du  nom  de  Saint-Félix,  marqués 
dans  d'anciennes  cartes  sous  le  nom  de  Cuve  de 
Saint-Félix,  el  quelquefois  par  altération  de  Cave  de 
Saiiii-Philippc....&i  le  terme  de  ente  ne  signifie  point 
en  cet  endroit  une  chapelle  souterraine  en  forme  de 
voùle,  il  peut  signifier  une  prison  où  l'on  renfermait 
les  bêles  pour  le  spec lacle.  Ce  saint  Félix  ,  martyr  , 
était  apparemment  un  des  notables  de  la  troupe  des 
chrétiens  qui  lut  massacrée  dans  ce  lieu,  et  dont 
étaient  les  deux  saints  dont  parle  Usuard.  »  La  tra- 
dition veui  que  tous  ces  saints,  nés  à  Créieil ,  aieni 
demeuré  à  la  porte  Caillolin,  et  qu'ils  soient  moi  ij 
à  la  Croix  Tnhoury.  Le  premier  monument  authen- 
tique où  il  soit  fait  mention  de  ces  saints  et  de 
Créteil  est  ,  d'après  le  Martyrologe  d'Usuard,  une 
charte  du  roi  Charles  le  Simple,  de  l'an  900,  et  daiéo 
du  palais  de  Veibeiie  ,  que  Sauvai  avait  cru  fausse- 
ment (le  Charles  le  Chauve.  Dans  cette  lettre,  le  mo- 
narque français  confirme  les  donations  que  le  vi- 
comte Grimoard  avait  faites  à  une  église  de  Saint- 
Christophe  ,  dans  laquelle  reposent  les  oisemenls 
des  mattyrs  morts  en  même  temps  que  lui,  et  cela  sans 
les  nommer.  Ces  biens  donnés  par  Grimoard  sont 
dits  êlre  situés  dans  le  village  de  Christoilum  sur  le 
territoire  de  Paris.  On  ignore  comment  ils  étaient 
passés  en  980  à  la  cathédrale  de  Paris  ;  car  on  trouve 
que  Lysiard  ,  évèque  de  Paris  ,  fit  don  cette  anné<i 
k  SCS  chanoines  de  la  iprrf  s>  de  l'église  de  Créteilt 


961 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


962 


Le  roi  Lothaire  et  son  ficre Louis  confirnièrent  celle 
donation.  —  La  prévention  des  habilaiits  de  Créieil, 
au  sujet  de  raniiquiié  de  leurs  mai  lyrs,  leur  l'ait  as- 
surer que  l'église  de  ce  lieu  daie  de  l'époque  où  les 
reliques  de  ces  saints  y  furent  déposées;  mais  sa 
consiruciion  esl  d'un  temps  bien  plus  moderne.  La 
tour,  [lacée  sur  le  milieu  du  porlail  de  l'église  , 
comme  celle  de  Saint-Germain-des-Piés  à  Paris,  pa- 
raît être  du  règne  de  Henri  I^^  Le  cliœur  est  du 
xiii«  siècle  ou  environ.  Celle  église  est  vaste,  et  ac- 
compagnée à  droite  et  à  gauche  de  bas-côtés  as-ez 
bien  exécutés.  On  voit  dans  la  chapelle  du  fond  de 
l'aile  septentrionale  le  modèle  qui  a  servi  pour 
l'image  de  la  sainte  Vierge  de  la  métropolitaine  de 
Paris;  aux  cùtésdii  grand  aniel  sont  les  châsses  en 
bois  doré  qui,  dit-on,  contiennent  les  reliques  des 
saints  Agoard  et  Agiiliert.  Dans  le  temps  des  guerres 
de  religion,  elles  fiirenl  cachées  entre  deux  murailles 
qu'on  voit  encore;  on  lésa  soustrailes  de  cette  ma- 
nière à  la  fureur  et  aux  spoliations  des  huguenots. 
Les  viti'jux  de  l'église  représentent  les  mêmes  saints 
armés  de  pied  en  cap  et  couverts  de  fer,  suivant 
l'usage  des  premiers  siècles  de  la  monarchie.  La  cé- 
léhriié  des  reli(iues  de  celle  église  avait  faii  recher- 
cher le  cimelière  qui  esl  amour.  Nos  pères  aimaient 
à  reposer  dans  les  lieux  qui  possédaient  les  restes 
des  hommes  qui  avaient  souffi'rt  pour  le  soutien  de 
leur  religion.  On  a  trouvé  vers  le  conimencement  du 
xvii«  siècle,  en  fouillant  dans  ce  cimetière,  plusieurs 
de  ces  tomijeanx  en  (ierre,  que  les  anciens  se  fai- 
saient construire  et  qu'on  enfouissait  avec  eux  en 
terre.  Dans  l'un  d'eux  était  une  pièce  de  monnaie 
antique,  et  dans  un  autre  de  petites  houles  ou  bou- 
lons ,  dont  ne  put  pas  déterminer  l'usage.  —  En 
conséquence  de  la  donation  que  l'évêque  Lysiard  fit 
de  la  terre  de  Créteil  au  chapitre  de  son  église,  les 
chanoines  de  la  cathédrale  de  Paris  étaient  seigneurs 
de  ce  village.  On  rapportera  à  ce  sujet  une  anecdote 
précieuse  par  son  antiquité,  qui  prouve  que,  dans  les 
temps  reculés  de  notre  monarchie,  les  monarques 
étaient  loin  d'avoir  l'étendue  d'autorité  qu'ils  ont 
possédée  depuis.  Le  roi  Louis  VIL  étani  venu  à  l'im- 
provisle  à  Créieil,  y  prit  son  logement  à  l'enlrée  de 
la  nuit.  Etienne  de  Paris ,  écrivain  contemporain  , 
raconte  de  cette  manière  et  avec  toute  la  naiveiéde 
son  temps  les  suites  de  cet  événement  :  «  J'ai  vu, 
dit-il,  que  le  roi  Louis,  qui  vouloit  arriver  un  cer- 
tain joiM-  à  Paris,  étant  surpris  de  la  nuit,  se  relira 
dans  un  village  des  chanoines  de  la  cathédrale , 
appelé  Créteil  ,Cliristoïliim.  Il  y  coucha,  et  les  habi- 
tants fournirent  la  dépense.  Dès  le  grand  matin,  on 
le  vint  rapporter  aux  chanoines  ;  ils  en  furent  fort 
allligés  et  se  dirent  les  uns  aux  autres  :  C'en  esl  fait  de 
l'i'glite,  les  privilèges  sont  perdus.  Il  faut  ou  que  te  roi 
rende  la  dépense,  ou  que  l'office  cesse  dans  noire  église. 
Le  roi  vinl  à  la  caihédrale  dès  le  même  jour,  suiv  ant 
la  coutume  où  il  éloit  d'aller  à  la  grande  église 
«juelque  temps  qu'il  lit.  Trouvant  la  porte  fermée  , 
il  en  demanda  la   raison,   disml  qne  si  quelqu'un 


avoit  offensé  cette  église,  il  vouloit  la  dédommager. 
On  lui  répondit  :  Vraiment,  sire,  c'est  vous-même  qui, 
contre  les  coutumes  et  tes  libertés  sacrées  de  cette  sainte 
église,  avez  soupe  hier  à  Créteil,  non  à  vos  frais,  mais 
à  ceux  des  hommes  de  cette  é/jlise  ;  c'est  pour  cela 
que  l'office  est  cessé  ici  et  que  la  porte  est  fermée  ,  le* 
chanoines  étant  résolus  de  plutôt  souffrir  toutes  tortit 
de  l»urments  que  de  laisser  de  leur  temps  enfreindre 
leurs  libertés.  Le  roi  fut  frappé  de  ces  paroles.  Ce 
qui  est  arrivé,  dit-il  ,  n'a  point  été  fait  de  dessein  pré- 
médité. La  nuit  m'a  retenu  en  ce  lieu,  et  je  n'ai  pu 
arriver  à  Paris  comme  je  me  l'étais  proposé.  C'est  sans 
force  ni  sans  contrainte  que  les  gens  de  Créteil  ont  (ail 
de  la  dépense  pour  moi  ;  je  suis  fâché  maintenant 
d'avoir  accepté  leurs  offres.  Que  l'ctêque  Thibaud 
vienne  avec  te  doyen  Clémenl,  que  tous  les  chanoines 
approchent,  et  surtout  le  chanoine  qui  est  prévôt  de  ce 
village  :  si  je  suis  en  tort,  je  veux  donner  satisfaction  ; 
si  je  n'y  suis  pas,  je  veux  m'en  tenir  à  leur  avis.  Le 
roi  resta  en  prières  devant  la  porte,  en  ai  tendant 
l'évêque  et  les  chanoines.  On  fit  l'ouverture  des 
portes  ;  il  entra  dans  l'église,  y  donna  pour  caution 
du  dédommagement  la  personne  de  l'évêque  même. 
Le  prélat  remit  en  gage  aux  chanoines  ses  deux 
chandeliers  d'argent,  et  le  roi,  pour  marquer  par  un 
.icte  extérieur  qu'il  vouloit  sincèrement  payer  la  dé- 
pense qu'il  avoit  causée,  mil  de  sa  propre  main  une 
bague  sur  l'autel,  laquelle  bague  louies  les  parties 
convinrent  de  faire  conserver  soigneusement ,  parce 
que  l'on  avoit  écrit  dessus  qu'elle  éioil  en  mémoire 
de  la  conservation  des  libertés  de  lEglise.  i 

En  \Sil ,  l'évêque  de  Paris  échangea  avec  les  cha- 
noines de  son  église  sa  terre  de  Wissous  pour  celle 
de  Créieil.  Celle  terre,  devenue  propriété  desévêques 
de  Paris,  reçut  de  ses  illustres  possesseurs  beaucoup 
d'accroissements  et  leur  a  dû  tous  ses  embellisse- 
ments. DiDérents  prélats  contribuèrent  à  la  cons- 
truction d'un  château  qui ,  lors  de  la  révolu- 
tion, était  encore  la  maison  de  plaisance  des 
archevêques  de  Paris.  Il  appartint  depuis  au 
maréchal  Serrurier,  ancien  sénatpur  et  gouver- 
neur des  Invalides  pendant  le  règne  de  Napoléon  et 
au  commencement  de  la  restauration,  rnort  en  1819. 
Ce  château  a  été  vendu  et  démoli  en  1821. — La 
popul.  de  Créieil  est  d'environ  120 J  hab.,  en  y  com- 
prenant quelques  habitations  isolées  sous  diverses 
dénominations.  Les  principales  pioduclions  du  ter- 
roir de  celle  commune  sont  en  grains  ;  les  coteaux 
offrent  pourtant  quelques  vignes,  et  les  bords  de  la 
Marne  sont  alternativement  garnis  de  bois  ou  de 
prairies.  On  trouve  dans  Créteil  deux  établissements 
de  commerce  :  l'un  esl  une  fabrique  ou  distillation 
d'eau-forte,  et  l'autre  une  filature  de  coton.  Le 
moulin  qui  fait  marcher  celle  filature  esl  mis  en 
mouvement  par  la  Marne  ,  sur  les  bords  de  laquelle 
il  est  établi.  Ce  village  a  aussi  sur  son  territoire  des 
carrières  de  pierres  de  taille  et  de  plâtre  très- 
anciennement  exploitées. 

Vicui  Horiorum,  la  Ville  des  Jardins,  ou  Behinsi 


963 


DICTlONNAtRe  DE  GEOGRAPHll-;  ECCLESIASTIQUE. 


S64 


dans  ia  Tnpqiiii^  d'Asie.  Les  énidiis  ponl  pnrfogés  sur 
son  origine.  Les  mis  veulent  qi.e  ce  bourg  ail  ôié 
foiiilé  paf  le-  Grecs,  les  aiiires  p;ir  les  l<omaiM>.; 
qtiel(iufs-im'<  par  les  Araltes,  dans  le  pieiiiier  siècle 
de  leur  invasion.  Celle  opinion  nons  par;ill  la  plus 
piobable.  —  Belieiisi ,  ctiel'-lieu  d'un  disiritl  du 
même  nom,  ^e  trouve  sur  le  clieniin  de  Meraascli  ou 
Mœraasch  ( l'ancienne  Germanka)  à  Kai/.aiije  (Césa- 
rce)  ;  il  esi  cnionré  de  nombreux  j.irriins  '|ui  sont 
arrosés  p;ir  une  peiiie  rivière.  De  là  lui  vient  le  nom 
de  la  \We  des  Jardins.  Les  liabil  )nis  otii  (lorté  ;iii 
plus  haut  degré  la  (onindssance  de  la  scieiue  Inirli- 
cole.  Lors  des  Croisades,  Baudrand,  conile  d'F.desse, 
s'cmpari  de  Beliensi,  en  Hl(j.  —  La  |iO|inlaiion,  de 
3000  lialiiianis  environ,  est  en  i-ailie  musulmane; 
(in  y  voit  quelques  Grecs,  et  trois  ou  quatre  pauvres 
familles  aiiuéiiiennes  eatlioliques. 

Yicui  Insiilm,  Isle-Aunioul.  C'est  une  paroisse  du 
diocèse  ei  de  l'arrondissement  lie  Tioys,  à  11  kil.  de 
celte  ville,  dépi.  de  l'Aube.  La  popul.iliun  est  de 
2à0  liali.iants.  Ce  viliage,  »iiué  au  cuiiflueiit  de  l'ilo- 
zain  et  de  la  Mngne,  a  des  souvenirs  Ion  am  iens,  i.t 
a  eu  bOus  le  régm.e  lé'dal  beanc  ■up  plus  d'iinpor- 
lance  qnanjouni'hui.  La  terre  d'Anmont,  érigée  en 
dm  lié,  en  1605,  relevait  du  roi  seul,  à  «au^e  de  la 
g^u^;«  tour  de  Tiiiye-i.  l'es  le  iv'  siècle,  elle  est  men- 
lioni.ée  dans  les  anciennes  légendes.  Saint  Uiliain  y 
élaldii  alors  un  nionasicre,  qui  fut  ruiné  i  ar  les 
Normands  dans  le  ix«  sièc'e,  et  rétabli  environ  20J 
an-i  après  par  sa  nt  Robert,  natif  de  Triijcs,  fonda- 
teur des  alihayes  de  M.desnies  et  de  Cite  ux.  l'Ius 
tard  ce  munastète  lut  de  nouveau  déiruil.  Au  coin- 
nienceniei.t  du  xiii'  siècle ,  un  autre  couvent  fut 
fondé  à  Isie,  par  des  religieux  connus  sons  le  nom  de 
)S  iiis-liommeN;  il  a  aussi  d<S|iaru.  A  l'épui|tie  où  le 
cahinisme  pénétra  à  ïnyes,  tes  parlis:iiis  é.ablircnt 
à  Isle  un  piccbe,  qui  desiot  mi  oljet  de  disensions 
dans  le  pays.  —  On  vol  encore  à  Ule  les  tiaccs  d'un 
ancien  cliàteau  fort,  bâti  sur  une  bautenr  formée  lie 
terres  rapportées,  ei  entouré  de  fossés.  Aucun  sou- 
venir historique  ne  se  raliaclic  à  tetie  construction, 
dont  on  ignore  l'origine  ainsi  que  l'époque  de  la  des- 
truciion. 

Vicus  Licinii ,  Lésigny,  paraisse  du  diocèse  de 
Meaiix.  Ce  vill.igc  fait  pu  lie  du  canton  de  Brie- 
Cnnte-Roberi,  dans  l'arrond.  de  Mcluo,  départ,  de 
Seine-ei-Marne;  il  est  à  U  kil.  nord  de  la  i  remière 
de  ces  villes,  ii  24  noid  delà  seconde.  Sa  populaiion 
est  d'enxiron  5Û0  habtanls.  Le  terriloiie  de  Lésiy^iiy 
se  compose  de  terres  labourables  de  médiocre  qua- 
lité, de  bois  et  de  quelunes  prairies.  L-itué  dans  une 
plaine  à  l'exiréinité  d'un  vallon,  le  village  est  formé 
d'une  seule  rue  ,  dont  les  maisons  sont  assez  bien 
alignées.  U  y  avait  aniiel'ois  une  porte  à  l'extrémité 
septentrionale  de  cette  rue.  L'église  est  lUi  coinnieii- 
eenient  du  xvi'^  siècle  ;  elle  est  surmontée  d'une  lléclie 
en  aiguille  qui  s"aperi;oit  de  très-loin.  —  Le  cliàteau 
était  autrefois  flanqué  de  deux  énomtes  tours  avec 
une  longue  galerie,  une  salle  de  justice  et  une  cha- 


pelle qui  ne  subsistent  plus.  Il  consiste  maioicnant 
en  un  corps  de  logis  construit  en  grès  et  eu  bi  iques, 
et  se  fait  remarquer  par  son  ai  cliileelure  golbique. 

La  commune  de  Lésigny  a  pour  écarts  :  1°  Moii- 
téli,  Moniétis  (Mous  œ.^fh'Ks),  ancienne  cliapelle  à 
une  demi  lieue  noid-est  de  Lésigny,  d.uis  utie  petite 
plaine  enviionnce  de  bois,  étaii  primiliveinent  une 
abhaye  de  chanoines  léguliers  ,  érigée  dans  le  xii" 
siècle.  Un  pon  e  que  celte  abbaye  ,  dont  on  place 
la  fondation  vers  l'un  1170,  fut  transiérée  avant  l'an 
1218  dans  la  vallée  à  '.  kil.  de  là,  h  l'ouest,  mais 
toujours  sur  le  territoire  de  Lésigny.  On  ignore 
quelle  fut  la  cause  de  celle  tratislalion,  que  l'on  a 
égaleinent  attribuée  à  la  disette  d'eau,  à  un  incendie 
on  au  voisinage  du  grand  cl.emin  de  la  Brie.  Il  sa 
tient  dans  ce  lieu,  depuis  le  i  ègne  de  Louis  Xll,  les  8 
et  9  sepiembre,  une  foire  considérable  de  bestiaux. 
2°  Romaine,  cb.^tcau  situé  d:îns  une  vallée  h  l'est 
de  Lésigny.  Les  litres  qui  parlent  d:  ce  lieu  remon- 
tent jusqu'au  règne  de  saint  Louis;  mais  il  est  ridi- 
cule il'aitribner  son  nom  à  ce  qtie  des  lîomaius  l'onl 
babité.  puisque  rien  ne  Icnioigiie  de  la  vérité  de  co 
fait.  5"  La  Jonclicre,  chùteau  à  l'oue  l  et  à  2 
kil.  de  Lésigny,  sur  le  penchant  d'un  cote.oi  in- 
cliné au  midi  et  au  bas  duquel  conle  le  Réveillon. 
C'est  une  habitation  dont  l'existence  ne  remonte  pas 
au  delà  de  deux  cents  ans.  i"  Sous-Carrière,  an- 
cien (ief  :  le  château  n'offre  plus  que  quelques  ruines 
et  le  parc  se  confond  avec  lefui  de  la  Joiicbère. 
h"  Le  Buisson,  dont  II  est  parlé  dans  le  CMrtuiaiiv  de 
Saia;-Manr  de  l'an  1284,  château  et  ferme  à  l'onesl 
de  Lésigny.  G°  M.iison-Blanche ,  maison  de  campa- 
gne au  nord  de  Lésigny.  7"  Yillai  ceau ,  ancien  clià- 
teau détruit,  contigu  à  la  commune  et  près  de  Uo- 
niaiiie.  8"  Iliveiiieau  ou  Iveriial,  ancienne abb.iye.  On 
prétend  ipie  l'abbaye  de  Montéli  cl  celle  d'Iverneau 
ne  sont  qu'un  s-eol  et  niôuie  couvent  qui  a  seulement 
changé  de  lieu,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  ci-dessns  ; 
il  est  toutefois  certain  qu'il  n'est  plus  question  dans 
les  anciens  litres,  de  l'abbaye  deMonicti,  désipi'ilcsl 
parlé  de  l'abbaye  d'Iverneau  ,  et  cc'a  dts  l'année 
1218.  Cette  abbaye,  qui  avait  été  aiïaihiie  par  les 
guerres  civiles  des  .\iv«  et  xv^  siècles,  ruinée  par 
celle  des  calvinistes  du  xvi".  enlicrenienl  rétablie  en 
16Si,  lut  supprimée  cent  ans  après.  Il  par.iît  aussi 
qu'il  avait  exisié  jadis  un  hainc;ui  qui  n'est  pins  aii- 
jomd'hiii  qu'une  ferme  de  peu  d'importance;  il  avoi- 
sinait  l'église,  dont  les  vestiges  aUestenl  un  édiOce 
du  xm'  siècle. 

Yitus  Liisiiiaci,  Lusigny,  paroisse  du  diocèse  de 
Troves.  Ce  bourg,  siitié  dans  une  plaine  feriile,  près 
d'une  belle  prairie  arrosée  par  la  rivière  de  liarse  et 
bornée  par  la  lorêt  de  l'Arrivour,  est  de  l'arrond.  et 
à  14  kil.  de  Troyes,  dépl.  de  l'Aube.  Il  compte 
1168  habitants.  —  Lnsigny  souffrit  beaucoup  dans  le 
temps  de  la  Ligne  de  la  pan  des  leiires  venus  au 
secours  de  Henri  IV.  lis  incendièrent  une  paitiedu 
vill.ige,  connu  encoie  sous  le  nom  de  Maison  brûlée. 
C'est  aussi  une  des  communes  qui  ont  le  plus  S"uf- 


8(i5                                     GKOCRAPHIE  Dl.S  LE(:EM>KS  AU  iMUYtN  AGK.  aUQ 

fert  de  l'invasion  fies  étrangers  eis  1S!4.  Les  Fran-  i:uice  du  ju'lcrinaiîo,  s.:  iiieileiii  Ma  lèie  do  la  troupe, 

5   çais  y  arrèièreiil  pi'iidaiii  trois  jours,  au   poiii  (le  la  et  les  laiiduiurs  (Idiinonl  le  signal  ijii  départ.  Apiès 

■   Giiilloiièrc,  l'année  des  coalises,  (pii  j  éprouva  dtfs  avoir  passe  le  bac,  la  iroii|esedirlj;e  en  ligue  droite, 

pertes  eoii^idérahles.  Après  la  bataille  de  Moriltjreau,  F''!""  de"  cuiraires  ou  sentiers  (festiiiés  aux  lrou|ieaux. 

il  se  liul  à  Lusigiiy  des  conférences  qui  avaient  pour  Elle  s'ariè  e  au  pied  de  li  jnonta!;iie  pour  piendre 

objet  de  traiter  des  condition»  d'un  arinislice  de  u"  léger  repas.  Les  piiems  fout  disiribuer  à  cliacun 


quinze  jours,   pendant  lei|uel  on  devrait  s'occuper 
de  poser  les  b^scs  d'une  paix  délinilive  ;  mais  comme 
les   alliés  ne   vnulaienl   que  (gagner   du  Ivnips,   ces 
conférences  militaires  n'eiiient  aucun  rosuliai. 
L'Arrivoiir,  ancieiwie  alihaye  d'hoiunics  de  l'ordre 


du  p:iin,des  fruiis  et  diffé  entes  l'.rnvisKins  apponées 
sur  des  ânes.  Aires  ce  repris,  la  caravi.ne  j^rivil  la 
nionl.igoe,  et  le  premier  soin  dont  oii  a'occup(>,  c'est 
(\e  ramasser  du  huis  sec  et  des  r:'ciRes  pour  faire  un 
fen  de  joie.  A  l'eiitiée  de  la  nuit,    le  feu  est  allumé 


de  Citeaux,  siiuée  sur  la  rive  droite  di;  la  Barse,  et      sur  la  terrasse  du  couvent,  sur   un  point  assez  élevé 
dont  il  ne  reste  plus  que  des  ruines,  est  une  dépen-      pour  que  la  flamme  puisse  cire  a|ierçue  de  Peribuis. 


dnnce  de  la  commune  de  Lusigny.  Vers  l'an  ll.'o, 
Tbibaull  II,  comte  de  Champa).ne,  saint,  Bernard, 
abbé  de  Çlairvaux,  et  llaiton,  évè.|uc  de  Troycs, 
ayant  mis  la  réforme  dans  l'abbaye  de  Saint-Loup, 
conçurent  le  dessein  d'établir  un  iJionasière  dans  le 
terrain  appelé  Uuxei  ou  Biixi'i,  .«rir  la  paioisse  de 
Lus'gny.  La  fondation  n'eut  son  entier  acCMiiidisse- 


Les  baliilants  restés  dans  la  ville,  lasscinblés  sur 
une  esp'anade  en  dehors  des  remparts,  répondeni  au 
signal  des  pèlerins  par  un  autre  feu,  e;  témoignent 
par  tome  soile  de  ciis  et  de  démonstrations  qu'ils 
|iarticipeiii  h  l'œuvre  entiepnse.  Cependant  les  pèle- 
rin», apiés  leur  feu,  n'ont  tl'atitre  parti  à  prendre 
que  de  se  coucher  sur  le  roi-,  exposés  à  toutes  les 


ment  qu'en  1 15't.  L'abltaye  de  r.'\riivoiir  devint  dans  intemiiéres  de  l'air,  sur  une  montagne  élevée  de  500 
la  suite  une  des  plus  célèbres  de  la  Champagne;  \'.<-  toises,  où  l'air  est  fort  vil  et  même  froid  dans  cette 
gricultuic  et  les  lettres  y  ont  été  norissanles;  et  dès  saison.  Avant  la  destruction  du  couvent  ils  y  trou- 
le  xvi«  siècle  il  y  avait  une  imprimerie  dirigée  par  vaient  quelque  abri  ;  mais  aujuiid  liui  (|U'il  y  aurait 
Nicole  Paris,  qui  donna,  en  13*7,  une  édition  de  la  du  danger  à  se  blottir  dans  ces  mines,  il  faut  se  ré- 
traduction eu  français  de  l'instilulion  du  prince  par  sondre  à  pass;er  la  nuit  à  la  lielle  étoile;  aussi  tout 
Bndilé,  faite  par  Jean  de  Luxembourg,  alors  ablé  le  monde  esisur  pinl  avant  le  joui.  Le  curé  de  Vau- 
de  r.'irr  voiir.  venargues  célèbre  la  messe,  a  laijuidle  assistent  tous 
Vitus  Perlhusii.  Pertliuis,  petite  ville  du  diocèse  ''■'*  pèlerins  :  chacun  d'eux  dépose  son  ollrandi!,  et 
d'Avigiioti.  cliel-lieu  (fe  canton  fie  l;irrond.  d'Api,  "'"^  ^""'  ^'^'^^'^  '«  Garaguai,  gouffre  où  îli.rius  (il 


à  20  kil.  de  cette  ville.  Elle  a  une  population  de  50110 
âmes,  et  un  triliunal  de  conimeice.  Les  babiianis 
s'occupent  si'Ccialemcnt  de  la  fabrication  des  eaux- 
de-vie. —  Celle  ville  passe  pour  avoir  été  fondée 
avant  l'entrée  des  Rotnainsdans  lis  Gaules.  Elle  est 
dans  une  belle  bitualion,  sur  une  éminence.  entotirée 
de  remparts,  et  traversée  par  la  Léze.  Ses  dehors 
sont  agréables  et  son  territoire  irèsfeiiile.  Depuis 
un  temps  imniéuiorial,  les  habitants  de  l'eilhuis  sont 
dans  l'usage  de  se  rendre  en  péleiinage  à  l'eriiiilage 
de  Saiiiie-Vieloire,  bàli  sut  la  nu  ntagne  de  ce  nom, 
situé  à  20  kil.  de  distance,  de  l'antre  côté  delà  Du- 
rance.  dans  le  diocèse  d'.^ix,  ilépariemenl  des  Bou- 
cbes-du-Rliône.  Il  existait  sur  cette  montagne  un 
couvent  qui  a  été  suppiinié  eu  1789.  Le  2i  avril,  au 
point  du  jour,  les  gros  lambouis  paicoiireni  la  ville 
et  annoncent  le  départ.  Un  ne  saurait  se  faire  une 
idée  de  la  joie  qui  s'emp.ire  de  tous  les  esprits  cl  de 
l'ardeur  que  montrent  les  babilanl^de  Pertliuis  pour 
faire  ce  pieux  voy.ige.  U  n'est  aucune  raison  qui 
puisse  retenir  les  jeui  es  gens  cl  les  hommes  dans 
la  force  de  l'âge  ;  mais  ce  qui  a  lieu  de  sut  prendre, 
c'est  que  les  vieillards  eux-mêmes  pn-ienilcnl  ne 
pas  pouvoir  s'en  dispenser.  Les  mères  Je  famillesoiit 


précipiter,  dit-on,  cent  piisonniers  teutons  apiès  sa 
victoire.  On  retourne  au  couvent  pour  de  j'-ùner,  et 
chacun  ayant  eu  soin  d'attacher  au  chapeau  et  ii  la 
bonlfuiniére  dis  brins  de  vcrduie,  la  caravime  re- 
tourne à  l'erihuis,  où  elle  rentre  tambour  battant  en 
poussant  des  cris  de  joie.  Lue  tradition  constante  et 
génèiale  lallache  celte  coutume  vraiment  remar- 
quable ;t  la  victoire  lemporlée  pir  .Matins  sur  les 
Tenions  et  les  Ambions.  On  assure  que  la  italatile  se 
donna  le  21  avril,  ei  que  le  soit  les  Uonidiis  allu- 
iiièrent  un  grand  feu  au  souimcl  de  la  moniagne, 
qu'ils  dcsignèienl  alors  sous  le  nom  de  Mous  Ykto- 
riœ.  iMarius  lit  ensuite  le  vœu  d'élever  l'u  temple  à 
la  Yitloire,  et  ce  temple  fut  en  effet  liàti  non  au 
sommet  de  la  montagne,  mais  à  sa  base^  du  côté  de 
Y.iuveiiargucs,  où  l'on  en  voit  encore  quelques  luines 
à  la  ferme  ipii  a  conservé  le  nom  de  Delalire.  Les 
Pei thuisitiis  ne  se  sont  pas  bornés  à  conserver  le 
souvenir  de  la  victoire  de  M.irius,  ils  oui  aussi  une 
fêle  annuelle  qui  a  pour  but  de  célébrer  le  triomphe 
de  ce  général. 

Vicus  Ramcnici,  Raincrupt,  paioisso  du  diocèse 
de  Troyes,  arrond.  d'Arcis  sur-Aube,  à  14  kil.  de 
celte  ville,  dép.  de  l'Airlie.  —  Ce  bourg  est  situé  dans 


obligées  de  veiller  de  prés  sur  leurs  peiiis  cnlanis,  "ne  plaine  lèitile  sur  le  ruisseau   du  Puits,   et  il 

et,  malgré  leur  surveillance,  il  y  en  a  toujours  i|uel-  coiupie  015  habitants  qui  se  livrent  à  la  labticaiioii 

ques-uns    qui  se  joignent  à  la  c.uavaiie.  Tout  le  de  la  honnelcrie. 

monde  étant  réuni,  deux  chefs  cumins  tous  le  litre  L'existence  deRamrupt  lemonteau  delà  de  l'ii!- 

de  prieurs,  et  chargés  de  la  police  et  de  la  survcil-  née  407  ;  Albéiic  en  fait  mention    dins  ses  chroni- 


967 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


968 


ques,  où  il  dit  que  Ganelon  pril  naissance  à  Rame- 
rupt.  Celait  alors  une  peiilc  ville  bien  liàtie,  riche, 
comnierçanie  el  bien  peuplée,  entourée  de  fossés  et 
défendue  par  un  cliàieau  fort  dont  on  ne  voit  plus 
aucuns  vestiges.  Des  fossés  communiquant  à  la  ri- 
vière, qui  les  remplit  de  ses  ean\  ;  des  éminences  de 
terrain,  élevées  par  la  main  des  hommes,  et  des  sou- 
terrains irès-éiendus,  sont  tout  ce  qui  resie  de  celle 
ancienne  cité.  Déiruit  en  407  par  les  Vandales;  ruiné 
à  diflërenies  époques  par  les  guerres  civiles;  ravagé 
en  1380  par  les  Anglais  sous  la  conduite  du  due  de 
Buckingbam;  déiruit  en  partie  par  un  incendie  en 
1775,  Ranierupt  a  perdu  depuis  longiemps  une  par- 
lie  de  son  importance.  De  Ranierupt  dépendait  l'an- 
cienne abbaye  de  la  IMiié,  fondée  en  1:210,  dont  l'é- 
glise a  été  démolie  récemment. — Le  bourg  est  assez 
bien  bàii  sur  le  revers  d'une  colline  crayeuse;  il 
possède  deux  belles  places  publiques,  sur  l'une  des- 
quelles est  une  vaste  halle  où  il  se  lient  annuelle- 
ment quatre  foires.  Prés  de  l'autre  place,  nommée 
place  des  Granges,  on  remarque  uiiebulle  uès-lianlc, 
formée  de  terres  rapportées,  construite  à  une  épj- 
que  ancienne,  dans  le  but  de  proléger  le  pays  lors  des 
guerres  de  l'épnque.  Du  sommet  de  cette  hauteur, 
qui  domine  une  grande  étendue  de  pays,  on  jouit 
d'une  vue  magnifique  sur  de  nombreux  villages  dis- 
séminés dans  une  vaste  plaine.— Ranierupt  est  tra- 
versé par  le  chemin  de  Trnyes  à  Vilry.  Ses  coniiiiu- 
nicaiions  avec  les  communes  de  la  rive  gauche  de 
l'Aube,  favdrisées  autrefois  par  un  bac,  ont  éié  ren- 
dues plus  sûres  et  plus  faciles  par  rétablissement 
d'un  pont. 

Ykits  Rhenœ,  Rheina,  ville  de  Prusse  ,  province 
de  Wesiphalie  ,  dans  le  cercle  de  Steinfurt ,  à  4' 
kil.  de  Munsler,  se  trouve  sur  la  rive  gauche  dé 
l'Enis  ,  qui  y  esi  navigable.  Elle  pos^ède  un  hôpiial, 
des  filatures  et  des  raffineries  de  sucre.  On  e.\i.luiie 
de  la  tourbe  dans  les  environs.  Son  diàteau  sert  de 
résidence  aux  princes  et  comtes  de  Looz  et  Cors- 
waren.  —  Les  princes  et  comtes  de  Loiiz  ont  la 
même  origine  que  les  anciens  ducs  de  Rrabant ,  car 
ils  descendent  des  comtes  de  llainault.  Ils  fuient  éle- 
vés en  17ôi  par  Ciiarles  VI,  et  en  \T,^  par  Marie- 
Thérèse,  au  rang  de  ducs.  Guillaume-Joseph,  duc  de 
Looz-Corswaren,  obtint,  par  le  recès  de  la  députa- 
tion  de  l'Empire  de  1803,  une  partie  de  l'évêché  de 
Munster,  sous  le  lilre  de  principauté  de  Rheina- 
Wolbeck,  avec  suffrage  à  la  Diéte  ;  mais  l'acte  de  la 
confédération  du  Rhin  le  souniit  au  grand-duc  de 
Berg.  Aujourd'hui  la  principauié  qui  ,  sur  12  m.  c. 
g.  (S^  1.  c),  a  91G0  hab.,  el  rapporte  120,000  fr.,  est 
en  partie  sous  la  souveraineté  prussienne  et  en  partie 
sous  celle  du  Hanovre.  La  famille  possède  des  biens 
considérables  dans  les  Pays-Bas.  Elle  est  catholique, 
et  réside  à  Rbeina,  petite  ville  sur  l'Ems. 

Vicus  Rhenecœ,  Rheineck,  petite  ville  de  Suisse,  du 
canton  de  Saiui-Gail,  ii  'S  ki;.  csl-nord-esi  de  relie 
ville,  dans  une  position  superbe,  sur  la  rive  gauche 
du  Rhin,  près  de  l'en Ji oit  vn  le  lleiive   t"inbe  d:nis 


le  lac  de  Constance  ;  elle  possède  plusieurs  beaux 
bàtinienis,  et  fait  un  grand  cotumeice  en  bois.  Ses 
manufactures  en  toiles  de  fil  el  de  colon,  ses  blan- 
chisseries, ses  ateliers  de  teinture,  en  font  une  ville 
industrielle.  Ses  euvirr)ns  offrent  des  promenades 
flirt  pittoresques.  Le  Bucliberg,  coteau  situé  près 
de  Rheineck  .  produit  les  meilleurs  vins  rouges  , 
nou-.^eulemeiit  des  bords  du  Rhin,  mais  encore  de 
toute  la  Suisse  allemande.  Cette  ville  formait,  au 
moyen  âge,  un  bourgiaviat  qui  depuis  a  passé  à  la 
maison  de  Sinzendorf.  —  La  maison  de  Sinzendorf 
fait  dériver  son  origine  des  anciens  Guelfs  par  un 
comte  Eihicon  ,  frère  puîné  de  Rodolphe  (Guelf)  , 
duc  de  Bavière.  Auguste  de  Sinzendorf  fut  créé  ba- 
ron en  1611.  Son  fils,  Rodolphe,  fui  investi  eu  1055 
delà  charge  de  trésorier  héréditaire  de  l'Empire.  Il 
acheta  le  bourgraviai  de  Rheineck  ,  et  devint  ainsi 
état  el  comte  d'Empire.  Ce  bourgraviai  ayant  été 
pei'ilu  par  la  paix  de  Lunéville,  le  comte  de  Sinzen- 
dorf obtint  en  1803  le  bourgraviai  de  Winterrieden, 
que  l'empereur  éleva  au  rang  de  principauté,  mais 
par  l'acte  de  la  confëdéraiion  du  Kbiii  elle  fut  sou- 
mise à  la  souveraineté  du  roi  de  Bavière.  —  La  fa- 
mille de  Sinzendorf  est  catholique  et  habite  Vienne. 
Elle  possède  la  charge  héréditaire  de  grand-échanson 
de  l'archiduché  d'Autriche  au-dessus  de  l'Ens ,  et 
plusieurs  auires  grandes  charges.  Le  nom  de  Sinzen- 
dorf est  illustre  dans  les  annales  de  la  diplnmatie. 

Viens  liicciensis,  Les  Ricevs,  dans  le  diocèse  de 
Troyes.  arrond.  de  Bar-sur-Seine,  à  12  kil.  sud  de 
cette  ville,  chef-lieu  de  caniou  du  dép.  de  l'Aube, 
avec  une  population  de  ô'JSO  habiiaiits.  On  comprend 
sous  ce  nnin  trois  bourgs  distingués  par  les  noms  de 
Ricey-Haut,  Ricey-Hauterive  et  l!icey-Bas.  Quoique 
généralement  mal  percés  et  assez  mal  bâtis,  ces 
bourgs  renferment  plusieurs  belles  iiabitatious.  Ils 
soni  situés  dans  une  vallée  arrosée  par  la  petite  ri- 
vière de  Laignes,  et  formée  par  les  montagnes  les 
plus  élevées  du  département,  dont  les  pentes,  cou- 
vertes (le  vignes,  offrent,  dans  un  cadre  resserré, 
des  points  de  vue  agréables  et  variés. 

Les  anciennes  chroniques,  d'accord  avec  la  tradi- 
tion, font  remonier  l'origine  des  Riceys  jusi|u'au 
temps  de  César  et  à  rétablissement  des  Bi.ïens  sur 
les  confins  de  la  Bourgogne,  après  la  défjiie  que  ce 
conquérant  des  Gaules  fit  éprouver  aux  Helvétiens 
près  d'Aiiliin,  et  ensuite  près  d'.Auberive.  Voici,  à 
l'appui  de  cette  version,  un  passage  de  la  Chronique 
de  Langres  (Cliionicon  Lingonense  et  probutionibus 
liisloricis  coiiiexlum;  Idboj  :  i  Ciesar,  inconditam 
multiludinein...  acri  pralio  fundit  et  IniciJat.  Su- 
persiiies  ad  cxxx  niillia,  refugi  non  longe  ab  Auto- 
maduno  iterum  cœduntur,  armisque  spoliati  remit' 
luniur  eo  unde  erant  prolecti,  retentis  Boiis,  Raura- 
cisque,  et  illis  qiiideiu  inter  i£dui<s,  bis  in  Ambar- 
rorum  sive  Barrensium  linibiis  collocatis,  ex  quihus 
Riccieiises.  >  Ce  qui  ajouterait  quelque  valeur  à  ces 
traditions,  à  défaut  d'autres  pieuves  el  de  nicnii- 
menls,  c'est  que  les  moeurs,  le    langage  et  jusqu'à 


1)69 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOïEN  AGE. 


070 


l'habillement  des  Ricelons,  et  surtout  des  femmes, 
OUI  ciinserTé  quelque  chose  d'exiepiioniiel  qui  leur 
a  liiUsé  le  carartèie  ifuiie  peuplade  Isolée  au  milieu 
des  pays  les  plus  voisins.  — Ou  voit  en'ore  quelques 
restes  des  murailles  et  de«  tos-és  dont  chacun  des 
bourgs  était  ceiul.  Ln  éJil  de  Henri  lll,  daié  de 
Blois,  1588,  conservé  d.ins  les  archives  de  la  coin- 
innue,  en  avait  permis  la  reconslrudion.  Les  pories 
n'ont  éié  démolies  que  de|>uis  peu  d'années.  Les 
trois  églises  Sont  vasies,  d'une  as-ez  belle  construc- 
tion, et  surmontées  de  clochers  élevés  (ju'on  aper- 
çoit de  loin.  Celle  de  RireyDas  se  fait  remarquer  par 
Sun  porta. I  e(  la  délicates>e  de  sa  (lèche  en  aiguille. 
On  n'a  pas  de  notions  piécises  sur  leur  fondation, 
qui,  d'après  le  style  de  rai'cbitoctiire,  ne  doit  pas 
rcnuMiier  plus  liiut  que  l'époque  de  la  reiiiissancc. 
Le  château  de  Uicey-B.is  était  un  des  plus  anciens 
de  la  Bourgogne.  Dàti  par  Robert,  baron  des  Riteys, 
dans  le  m«  siècle,  possédé  ensuite  par  Rollin,  chan- 
celier de  Philii'pe  le  litui,  duc  de  Bourgogne,  il  (lassa 
aux  Vignicr,  au.vCréqui,  etc.,  et  fut  érigé  en  mar- 
quisat sous  le  règne  de  Louis  XV.  Une  partie  a  éié 
rebâtie  vers  le  milieu  du  dernier  siècle;  l'autre  par- 
lie  est  de  construction  primitive  et  n'a  rien  de  re- 
Diarquable  que  la  grande  épaisseur  de  ses  murs.  On 
y  voit  en(  ore  l'empreinte  des  tours  dont  il  était  flan- 
qué, et  qui  n'uni  été  démolies  qu'après  ia  révolution 
de  1789. 

LesRiceys  sont  plus  particulièrement  connus  com- 
me un  «ignoble  ;iussi  itu|  oitant  |  ar  son  étendue  que 
par  la  qua.ité  de  ses  produits.  Leurs  vins,  distingués 
par  leur  liuesse  et  par  une  lîéve  agréable,  s'expor- 
tent à  Paris,  dans  les  départements  du  Nord  et  jus- 
que dmisla  Belgique.  Ils  soia  rangés,  dans  la  classi- 
fication des  vins  de  France,  sur  la  même  ligne  que 
les  secondes  classes  de  la  Côlr-d'Or  et  le-  premères 
du  Maçonnais.  Les  Riceys  posèdeni  des  fabriques 
d'iau  de-vie,  lanneiies,  et  teintureries. 

Vicus  Rumiltucensis  ad  Seriuuimm,  Romilly- sur- 
Seine.  L'est  une  pe:iie  ville  du  diocèse  et  à  20  kil.de 
Troyes,  clief-iieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Nogent- 
sur-Seiiie  avec  une  populat.on  de  ô60o  habit.uils. — 
Celte  ville  est  assez  bien  bâtie,  .iu  pied  d'une  petite 
niouiagne,  sur  la  ri«e  gauche  de  la  Seine,  qui  y  ar- 
rose de  belles  praiiies  le  long  desquelles  elle  s'étend 
en  demi-cercle  sur  un  espace  de  près  de  4  kil.  On 
ignore  l'époque  de  sa  foudaiion,  qui  purail  remonter 
à  des  temps  très  reculés;  on  sait  seulement  qu'avant 
les  gueires  de  la  Ligue,  sa  population  était  beau- 
coup plus  nombreuse  qu'aujourd  hui.  Au  sud  du  ter- 
riiiiire  de  la  coiniuune,  sur  les  bords  du   ruisseau  le 

Rup,  ou  remarque  plusieurs   toorbelles  ou    t ulus, 

que  la  tradition  fait  remonter  au  temps  des  guerres 
d'.\tiila. 

Romilly  possède  un  superbe  château  construit  sur 
l'emplacement  d'une  ancienne  lorleies-e  démante- 
lée, déf.  ndue  auiiefois  par  des  louielles,  des  bas- 
lious.  et  lerméeile  pones  et  de  ponts-lcvis.  Les  hàti- 
n.eils  il,  s   avant  cour»  du  château  sont  m.igiiiJiques. 

Dictionnaire  be  Géographie  eccl.  II. 


Il  est  entouré  de  boii  et  de  belles  plantations  de 
peupliers,  avec  un  parc  traversé  par  plusieurs  cours 
d'eau  et  orné  de  biiS(|uets  charnianUs.  Les  anciens 
fossés  ont  été  convertis  en  de  beaux  canaux  qui  s'é- 
tendent au  levant  à  perle  de  vue.  —  Du  Aominet  de 
la  montagne  des  llauls-Biiissons,  Romilly  offre  un 
aspect  irès-agréable  :  des  prairies,  des  champs  ferti- 
les, variés  par  la  plus  riche  culture,  s'offrent  au  pre- 
mier p'an  ;  au  second,  !a  ville,  en  formant  une  cour- 
be régulière,  se  laisse  voir  presque  eu  entier  avec 
son  château  et  les  nombreuses  usines  bâties  sur  tes 
divers  bras  de  la  Siine;  dans  le  lointain,  une  niasse 
de  bois  et  de  peupliers  forme  le  cadre  de  ce  i  i.mt  ta- 
bleau. Du  haut  de  cette  montagne,  on  jouit  d'un  fort 
bel  horizon  :  au  nord-ouest.  o:i  aperçoit  les  côtes  de 
la  Brie  et  la  forêl  de  la  Tracone,  dominant  Mont-le- 
Poiier,Villenauxeel  Séziinne;  au  nord-est,  on  distin- 
gue le  Monl-Ayiié,  où  l'empereur  Alexandre  av  il 
établi  son  quariier-généial  lors  de  la  re>ue  qu'il 
passa  de  ses  troupes  en  1815;  îi  l'est,  on  découvre 
les  plaines  de  la  Champagne;  au  sud-e-t,  les  nom- 
breux villages  qui  honleui  le  cours  de  l.i  Seine,  et 
les  tours  de  l.i  cathédrale  de  la  ville  de  Troyes;  au 
sud,  les  hauteurs  de  la  forêt  d'Oilie;  à  l'ouest,  la 
ville  de  Pont-sur- Seine,  et,  dans  le  loinsain,  la  tour 
du  chàieau  de  Fougeon,  ancienne  babitaiion  de  la 
reine  Blanche. 

Romilly  est  le  lieu  de  naissance  du  l'euiennnl-gé- 
néral  comte  de  Parloune.iux,  anci>n  député  du  Var, 
qui,  avec  moins  de  12,000  hommes,  soutint  la  re- 
traite  mémorable  de  la  campagne  de  Russie,  con- 
tre plus  de  90,000  R'is^es.  L'indusirie  de  cette  villa 
a  piiucipaleineut  pour  objet  la  labriration  de  la  bon- 
neterie ,  qui  occUiB  seule  800  métiers.  On  y  trouve 
aussi  deux  moulins  à  blé,  dmx  huileries,  dtu.v  scie- 
ries hydrauliques ,  plusieurs  teiniureries  ,  et  une 
usine  pour  la  cuiss m  et  la  pulvérisaiion  du  plâtre. 
L'é  lucation  des  abeilles  est  très-suignée  dans  celle 
commune. 

Sur  un  tertre  environné  de  prairies  sillonnées  par 
les  eaux  de  la  Seine,  qui  eu  celemlroil  se  divise  en 
plusieurs  canaux,  on  reinar(|ue  à  une  demi-lieue 
ouesl-nord-ouesl  de  Romilly.  les  ruines  de  l'abbaye 
de  Scelliéres,  ancien  monuslère  de  l'ordre  de  Ct- 
teaiix.  Fondée  en  1 167,  par  Hugues  de  Ronii  ly, 
celte  abbaye  fut  ruinée  par  les  hus^uenois  eu  1367  ; 
recousiruiie  peu  de  temps  après,  e!le  fut  minée  de 
nouve.iu  à  l'époque  de  notre  première  ré>olution. 
L'église  était  un  bel  édifice  construit  au  commence- 
ment du  xni»  siècle.  —  l.'abb  ye  de  Sieliières  est 
célèbre  pour  avoir  conservé  pendmt  treize  ans  les 
restes  de  Voltaire,  transportés  par  son  neveu  Mign  t, 
abbé  commeiidaiaire  de  cette  abbaye.  Voltaire  fut 
inhumé  dans  l'église  le  2  juin  1778,  et  y  demeura 
renfermé  dans  un  cercueil  de  plomb  jusqu'au  10  mal 
1791,  époque  où  sis  restes  fuient  exhumés  eu  ver- 
tu d'un  déirei  de  rAssemblée  consliioaule,  et  trans- 
porlé^  à  Paris  pour  être  déposés  au  Panihéon.  L'a\.te 
d'inbuinat.ou  de  Voila  re   dans  l'église  de    l'abbayn 

31 


371 


DICTrONXAmE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTinUE. 


!)7f 


de  Seellières,  en  dale  du  2  juin  1778.  el  un  procés- 
verbal  du  8  du  nicnie  muis,  jusiilic^itir  delà  con- 
duiie  que  lini  en  celle  circonstance  dom  Po,  lierai  de 
CorMères,  piieur  de  l'abbiye,  el  par  lui  adressé  à 
Mgr  l'évé(|ue  de  Troyes  qui  vnul.iii  empêclier  celle 
iniHiiiiaiioM,  ont  été  déposés  le  19  aoûi  1807,  par 
dom  Meunier,  dernier  procureur  de  l'abbaye,  en 
l'élude  de  M«  Thomas,  alors  noiaiie  à  Roinilly. 
€  Afin,  cst-ii  dit  en  l'aile  de  ce  dépôt,  que  la  pns- 
lériié  puisse  toujours  y  trouver  et  y  puiser  les  élé- 
ments el  les  matériaux  d'un  fait  historique  aussi  re- 
inarq'iable.  i  L'acte  d'cxhiimaiion  existe  aux  archi- 
ves de  la  mairie  de  Roinilly.  —  Il  ne  reste  plus  de 
l'abbaye  de  Seellières  que  deux  arcadrs  de  l'église, 
vis-à-vis  des(|uelles  éiait  le  loiiibeau  de  Voltaire,  re- 
cnuveil  d'une  pierre  sépulcrale  ornéfdesdcux  lettres 
initiales  eiiirelacces  AV.  Celle  pierre  a  élé  conservée 
par  le  comte  de  Plaiicy. 

VicKs  Salemi  Veieris  ,  le  Vieux-Salm,  petite  ville 
d'Allemagne,  da.;s  la  Prusse  lUiénane,  qui  était  le 
chef-lieu  de  la  partie  basse  du  coinlé  t!e  Salin.  Elle 
est  à  60  kil.  nord  de  Luxembourg,  elle  a  5000  habi- 
tants. —  Il  existe  ,  ou  plutôt  il  a  existé  deux  comtés 
de  Salm,  l'un  situé  dans  les  Vosges,  entre  l'Alsace 
et  la  Lorraine,  l'autre  dans  li^s  Ardeiines  ,  ou  dans 
le  duché  de  Luxembourg,  sur  les  froniiéres  del'évé- 
ché  de  Liéije.  On  appel. lit  le  premier  le  comté  inlë- 
rieur,  l'autre  le  conilé  supérieur  do  Salm.  L'origine 
des  anciens  possesseurs  de  ces  comtés  se  perd  dans 
la  nuit  des  temps;  ce  qui  est  certain,  c'est  que  dans 
le  IX'  siéc'e  les  deux  familles  étaient  réunies  en  une 
seule  par  suite  d'un  mariage.  Celle  ancienne  et  véri- 
lable  maison  de  Salm  se  partagea  en  1040  en  deux 
lignes  par  Henri  et  Charles  ,  les  deux  fils  du  comte 
Iriiéodoric,  dont  l'aîné  eut  Salm  supérieur  et  le  cadet 
Salm  inférieur.  —  Jean  V,  comte  de  Salm  supérieur, 
mort  en  U51,  laissa  deux  fils,  Jean  VI  ei  Simon  II, 
nui  parligèrent  entre  eux  le  comté  supérieur  de 
Salin.  Les  descendants  de  Jean  VI  se  subdivisèrent 
de  nouveau  en  deux  branclies ,  dont  la  cadette  eut 
la  moitié  du  comté   appartenant  à  celle  ligne,   la- 
quelle passa,  au  commencement  du  xvii"  siècie,  par 
mariage,  dans  li  maison  de  Lorraine.  L'aîné  ;;cquit 
le  comié  de  Neubourg  sur  l'Inn ,   et  s'éteignil  en 
1754,  sans  avoir  eu  part  au  comté  de  Salm.  SinKui  H 
ne  forma  pas  lignée  ;  sa  fille  Jeannctie  apporia   en 
1475  sa  moitié  du   comté  supérieur  de  Salm  à  son 
époux  .leau  V,Wikl-ei-Rhingrave,  dom  descend  une 
i-ouvelle  maison  de  princes  de  Salm.  Quant  à  Char- 
les, second  fils  do  TliéudoriC  ,  qui  eut  le  comté  in- 
férieur de  Salm  dans  les  Ardenne?,  ses  descendants 
acquirent  le  duciié  de  Limbouig,  de  manière  que  le 
ciMiité  de  Salm  fut  abandonné  à  un  cadet  de  la  mai- 
son, dont  la  lignée  s'éteignit  en  1113  avec  Henri  IV, 
qui  institua  Sun  bcrit  er  Ji'an  IV,  cmnle  de  Reiffers- 
clieiil.  Ce  Jean  IV  6;ail  lui-mèinc  de  la  maison  de 
Salm  ,  puisqu'il  desceiidaii  île  Gi'rlac,  fils  cadet  de 
lîe  ri  II,  duc  de  Lini!«)iiig.  Ainsi  la  inaivoii  de  Rsif- 
îerscheiil  esi ,  de  tomes  les  familles  qui  portent  au- 


jourd'hui le  nom  de  Salm  ,  la  seule  qui  y  ait  drnie, 
en  n'ayant  égard  qu'à  la   filiation   nrasciiline.  Aussi 
les  princes  de  celte  maison  ont-ils  grand  soin  de  se 
qualifier  d'Algraf(Vieux-Comies)  de  Salm.  —  La 
maison  de  Reillerscheid  ,  qui,  dei.uis  1431,   reprit 
son  ancien  nom  patronymique  de  Salm,  se  divi  a  en 
102')  en  deux  lignes.   Eric-Adolphe  ,  fils  aîné  d'Er- 
nesi-Frédér.c  ,  eut  Salm  el  Reillerscheid;   Ernest- 
Valeniin  ,  le  cadet,  eut  Dyck.  Les  deux  lignes  exis- 
tent encore;   la  première  s'est  subdivisée  en  trois 
branches,  dont  deux  porlenl  le  titre  de  princes,  la 
troisième  branche  a  conservé  le  titre  de  comte;  la 
branche  de  Dyck  a  éié  élevée  en  1816  au  rang  de 
princes  de  la  monarchie  prussienne.  —  Eric-Adnl- 
phe,  souche  de   la  ligne  aînée   de   Reitfeischeid, 
mourut  en  1678.  Son  fils  aîné,  Charles-Anloine-Jo- 
sepb  ,   fonda  la  branche  de  Reifferscheid-liedbur, 
qu'on  nomme  aujourd'hui  Salm-Reifferscbeid-Krau- 
Iheim  ;  Léoi  old  ,  le   second  ,    fonda  la  branche  de 
Hainsbacli  ;  li  brandie,  dite  de  Reiiïersclieid ,  des- 
cend du  troisième,  nommé  Antoine.  —  La  brancha 
aînée  de  la  maison  de  Salm  ayant  perdu  ses  posses- 
sions par  la  paix  de  Luiiévllle,  le  rccés  de  1803  lui 
donna  à  litre  d'indemnité  des  terres  en  Fraiiconie, 
qui,  en  1804,  furent  éiigéesen  principauté  de  Rrau- 
tbeiin.  Celle  principauté  a  une  surface  de  6  m.  c.  g. 
habiles  par  14,000  âmes  ,  et  rupponani  160,000  fr. 
L'acte  de  la  confédération  du  Rhin  la  plaça  sous  la 
souverrdnelé    du    roi  de   Viirleniberg  et  du  grand- 
duc  de  Bade.  Le  prince,  qui  est  catholique,  réside  à 
Gerlachsheim  ,  petite  ville  sur  h  Tauber.  —  La  se- 
conde maison  de  Salm  est  une  branche  des  VVild- 
el-Rhingraves,  et  eniièremeni  étrangère  à  la  véri- 
table maison  de  Salin.  Dans  un  temps  où  les  comtes 
étaient  encore  des  espèces  de  fonctionnaires  prépo- 
sés ,  pour  l'admiiiisiration  de  la  justice  ,  à  certains 
cantons  nommés  gati  ,  on  appelait   wiUlgraves   ou 
rliaiigravcs  (comtes  silveslres)  ceux  que  le  sort  avait 
placés  dans  des  districts  montagneux  el  sauvages. 
C'est  ainsi  que  les  fils  de  cet  Oilon  de  Witlelsbach, 
qui  avait  assassiné  l'empereur  Philippe  de  Souabe , 
établis  comtes  dans  les  Ardennes  ,  furent  nommés 
Wihigraves  ,  et  devinrent  les  souches  d'une  maison 
qui  se  perpétua  jusqu'au  commencement  du  xv«  siè- 
cle. Les  biens  de  la  famille  furent  alors  portés  par 
mariage   dans  la  maison   des  Riiingraves,  posses- 
seurs du  cninié  ou  rhingraviat  de  Siein  sur  la  Nihe. 
Celle  deinièie  maison  existait  depuis  longtemps  :  on 
fail  remonter  son    origine    jusqu'à    un  rhingrave 
Adhelme,  qui  a  vécu  au  vin'  siècle,  mais  avec  plus 
de  certitude  jusqu'à  Siégefroi  II,  qui  est  du  xni'  siè- 
cle. Après  l'exiinriion  des  Wildgraves,  les  Riiingra- 
ves, leurs  héritiers ,  réunirent   les  denxnoins.rn    : 
s'appelaiit   VVild-et-Rhingraves ,  c'csl-à-dire  comtes 
dans  la  foret  (des  Ardennes)  el  sur  le  Kliin.  — ■ 
Jean  V,  Wild-ct-Rliingrave,  épousa  Jeannette,  fllle 
et  liérlticie  de  S  mon  II,  pnsses-eur  de  la  moitié  dd 
comté  sui'érieiir  de  Salm  ,  et  se   nomma  dèi  lors 
Wild-ei-Rhiiigrave  de  Salm.  Sous  ses  descendants  la 


I 


S75 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


yt» 


laniille  se  partagea  en  plusieurs  brandies  ,  dont 
l'aillée  (lorie  le  nnin  de  Salin,  landis  que  les  autres 
cnntiiiiièrent  à  se  servir  de  celui  de  Wild-el-Rliin- 
graves  jusqu'en  1816  qu'elles  récliaiigèrcnl  contre 
celui  de  princes  de  Salm-Horsimar.  —  Fréilérrc, 
Comte  de  Salin,  seigneur  de  Neulville,  ariière-pelil- 
fils  de  Jean  VI ,  Wild-et-Rliingrave  lar  son  père  , 
el  coiolc  de  Salm  par  sa  mère  ,  est  la  souiiie  de 
cette  seconde  maison  de  Salin  supérieure.  Ses  frères 
foiidërent  les  lignes  des  Wild-et-Rliingraves  de 
Grunibacli  (aujourd'hui  Salin-IIorstniar) ,  et  des 
AVild-ct-Rliiiigraves  de  Dliaiin,  éteints  en  1750.  — 
Frédéric,  comte  de  Salm-Neufville  ,  laissa  en  ICIO 
deux  fils,  l'iiilippe  Otion  el  Frédéric-.M:ignus,  qui 
furent  les  souclies  de  deux  lignes  ,  dites  de  Salm  et 
de  Neufville.  Pliilippe-Oiton  fut  créé  en  16iô  prince 
d'Empire  ,  et  son  fils,  qui  é|i0usa  l'héritière  du  comté 
d'Anliolt ,  obtint  le  droit  de  siéger  au  collège  des 
princes  à  la  diète.  Ces  princes  de  Salm  s'éteignirent 
en  1738.  Leurs  possessions  passèrent  alors  aux  des- 
cendants de  Frédéric- .Magnus  ,  comte  de  Neufville. 
Ceux-ci  avaient  formé  deux  brandies  qu'on  aipelait 
de  lloogstraten  et  de  Leuz  :  elles  se  partagèrent  la 
succession  qui  leur  advint  en  1738,  de  manière  que 
Snlin-Hoogsiraien  eut  le  comté  de  S;dra  dans  les 
Vosges  ,  et  Salm-Leuz  le  comté  de  Kyrbourg.  Elles 
s'appelèrent  dès  lors  Salm-Salm  et  Salm-Kyrbourg. 
Ainsi  les  princes  de  Salm,  sortis  de  la  maison  des 
Wild-el-Rliingraves,  forment  aujourd'bui  les  lignes 
de  Saim-Salm,  Salm-Kyrbourg  et  Salm-Uorstinar. 

Les  princes  de  Salm-Salm  possédaient  le  comté 
de  Salm  dans  les  Vosges,  une  partie  des  terres  wi!d- 
ei-rbingraviennes,  et  la  seigneurie  d'Anliolt  entre  la 
Westpbalie  et  les  Provinces-Lnies.  Ils  les  perdirent, 
à  l'exoeption  d'Anbolt,  par  suite  de  la  révolution 
française  ;  le  recés  de  1803  formai  en  leur  faveur  une 
nouvelle  piincipauté  dans  l'évêclié  de  Miinster,  de 
manière  qu'ils  ont  en  tout  environ  :21  m.  c.  g.  avec 
58,000  habitants  ,  rapportant  540,01)0  francs.  Le 
prince  de  Salni-S:ilm  fut  pai  tic  contractante  de  la 
confédération  du  Uhin  ;  mais  le  sénalus-consulie  du 
!0  décembre  1810  le  priva  de  sa  souveraineté.  Il  se 
trouve  aujourd'hui  sous  celle  de  la  Prusse.  Ce  prince 
est  calboilque  ,  et  réside  à  Bocbolt ,  bourg  situé  sur 
l'Aa. 

Des  différentes  branches  de  la  maison  des  Wild- 
et-Uhingraves,  qui  avaient  conservé  ce  titre  jusque 
dans  ces  derniers  temps,  il  n'en  existe  plus  qu'une 
seule  ,  la  branche  de  Grumbach.  Elle  s'était  subdi- 
visée en  deux  branches  ,  dites  de  Rhcingrafeiisiein 
,  et  de  Grumbaih  ,  qui  obtinrent ,  en  1803,  pour  la 
perte  de  leur  patrimoine  situé  sur  la  rive  gauche  du 
Uliln  ,  le  bailliage  de  Ilortsraar  dans  l'évêclié  de 
Miinster,  ayant,  sur  ai  m.  c.  g.  (80  1.  c),  i6,000 
habitants ,  ei  rapportant  au-delà  de  100,000  fr.  Les 
deux  lignes  le  possédaient  en  commun;  mais  t'acle 
de  la  confédération  Rhénane  les  priva  de  leur  sou- 
veraineté :  aiijo:ird'liui  le  pays  est  sous  celle  de  la 
Prusse.   La  branche  de   Rheingrafenstein   s'étant 


éteinte  ,  le  \Vilil-ei-Rhingrave  de  Horismar  lut  créi 
en  1817  priiice  par  le  roi  de  Prusse;  et  depuis  ce 
temp-i  il  se  nomme  prince  de  Salm-liortsmar. 

Celte  branche  est  luthérienne;  le  prince  réside  k 
Cœsfeld. 

Yictts  Sancti  Albini,  Saint-Aubin,  paroisse  du  dio- 
cèse de  Troyes,  arrond.  de  Nogent-sur-Seiiie,  à  t 
kil.  de  celte  ville.  —  Ce  vill.ige,  situé  sur  l'Ardus- 
son,  a  une  population  de  l>20  liubitauts. 

De  Saint-Aubin  dépend  le  Paraclet,  situé  sur  l'Ar- 
dusson  qui  le  sépare  de  la  commune  de  Quincey, 
sur  le  territoire  de  laquelle  se  trouve  une  partie  des 
bâtiments  du  couvent.  Le  Paraclet  doit  son  éiablis- 
scnieni  à  Ab..ilard,  qui  se  i élira  sur  les  terres  da 
comte  de  Champagne,  où,  du  consentementd'llalton, 
évêquede  Troyes;  il  bâtit,  en  10i3,  aux  environs  de 
iSogent,  une  petite  chapelle  formée  de  jonc  et  de 
branches  d'arbres,  qu'il  dédia  à  la  Trinité  et  qu'il 
nomma  le  Paraclet;  le  motif  de  cette  dédicace  est  la 
condamnation  de  ses  opinions  sur  la  triniié,  obtenue 
sur  les  instances  de  saint  Bernard.Poursuividanscet- 
tc  retraite  où  sa  réputation  attirait  un  grand  nom- 
bre d'élèves,  Âbailard  fut  obligé  de  l'abandonner  :  il 
la  laissa  à  deux  de  ses  amis  else  retira  en  Bretagne. 
En  1 128,  Héloïse  fut  chassée  du  couvent  d'Argen- 
leuil  dont  elle  était  supérieure.  Abailard  lui  fa  don 
de  sa  solitude  du  Paraclet,  où  elle  vint  se  fixer  avec 
ses  compagnes  en  1129.  Le  pape  Innocent  II  con- 
firma, en  1151,  rélablissenient  de  ce  monastère, 
dont  Héloïse  fui  la  première  abbesse.  L'oratoire  du 
Paraclet  reçut  bieniôi  des  dons  considérables  :  par 
la  suite  il  devint  chef  d'ordre  et  avait  plusieurs  mo- 
nastères sous  sa  dépendance.  A  la  mort  d'Aliailard, 
arrivée  le  21  avril  1142,  son  corps  fut  envoyé  à 
Héloïse,  qui  le  fit  enterrer  au  Paraclet.  Vingt-deux 
ans  après,  Héloïse  mourut  dans  ce  monastère.  Lors- 
qu'en  1792  on  vendit  l'abbaye  du  Paraclet,  les  no- 
tables de  Nogeiit  y  allèrent  en  cortège  enlever  les 
corps  d'iléloïse  et  d'Abailard,  qu'ils  déposèrent  dans 
l'église  de  Saint-Laurent.  M.  Lenoir,  conservateur  du 
mu^ée  des  monuments  français,  ayant  obtenu  du  mi- 
nistère de  l'inléiieur  la  permission  de  les  faire  trans- 
férer à  Paris,  dans  cet  établissement,  se  rendit  à  l'é- 
glise de  Nogent  avec  les  magistrats  de  la  ville.  L'ou- 
verture du  caveau  se  fil  en  présence  du  sous-préfet 
de  l'arrondissement,  qui  remit  à  M.  Lenoir  le  cer- 
cueil où  les  deux  corps  avaient  été  renfermés,  et 
qui  n'étaient  séparés  que  par  une  lame  de  plomb.  Le 
monument  élevé  au  Paraclet  sur  le  tombeau  d'Abai- 
lard avait  élé  brisé  à  Nogent  en  1794,  de  même 
que  les  trois  figures  représentant  la  Trinité,  sym- 
bnle  de  la  croyance  d'Abailard.  M.  Lenoir  ne  put 
donc  y  joindre  cet  ancien  monument.  Le  tombeau 
qui  recela  les  deux  époux,  et  fit  pendant  longtemps 
l'ornement  du  musée desPeiits-AugU5iins,estaujour- 
d'hui  au  cimelière  du  Père-Lachaise  ;  c'est  celui  où 
Abailard  fut  enseveli  immédiatement  après  sa 
mort  arrivée  au  prieuré  de  Saint-Marcel  de  Cliâ- 
Ions-sur- Saône.  —  Après   avoir   édifié  el  gouveru 


\ 


975  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE,  978 

rahbayc  du  P:iriclit  pendant  53  ans,  HéNiise  ilé-  vel.  Celle  abbaye  ii'offriil  plus  que  des  ruines  lors- 
féila  le  17  mai  I1C5,  étani  âgée  aussi  de  63  ans.  qu'elle  devint  la  propriéié  dii  général  l'ajoi,  qui,  avec 
Elle  fut  inhumée  ilms  le  niè  i  e  tombeau  qu'Abailard,  les  dé'jris  de  la  ma  son  abbatiale,  a  f.-.il  i  econslruire, 
qui  fut  d'alinril  placé  et  disposé  de  m  inière  qu'une  sur  les  anciens  fundenient»,  un  éd.fice  régulier  d'une 
pnriic   se   irnuv.iit    dans   l'église    ei  l'^iulre  dans   le      belle  l'pparence.  Du  milieu  des  décombres,  le  géné- 


ihœur  des  re'igiense'^.^fin  qu'elles  pussent  prier  sur 
le  lomheau  de  leur  fondilc  ir  san^  sorlirde  leur  cloî- 
tre. I.a  première  épil^iphe  é  a^t  se  demenlà  la  louan- 
ge il'lléloîse.  duirtalon   a  ra|ipor!e  ainsi: 

JI,c  liimiilo  abbiilissii  jacel  prudrns  He'oisxa. 

l'aracletnm  s  atuil,  cum  Paroclelo  rrquiefci'. 

('•imdin  .•■anctoruiii  sua  tuiil,  super  n!ta  pulorum, 

A'os  mer. lis  p  ecibustiue  suis  e.xullet  ab  imia. 
Plus  tard,  le  tombeau  (ut  placé  à  la  [larlie  la  plus 
recnlét!  de  l'église  des  religieuses,  et  enfin  Mme  de 
Roucy,  «ini  en  lut  la  dernière  alihe-se,  en  1780,  le  fit 
liietire  an  pied  de  la  cliapel'e  dite  de  la  Sainie-Tri- 
nilé,  qui  se  irouvaii  au  centre  de  l'église.  On  y  lisait 
les  deuxépitaplle^  suivantes,  l'une  eu  français  et  l'au- 
tre en  latin  : 

I   Pierre  Ab^ilnrd,  fondateur  de  celte  abbaye,  vi- 
«   vaii  dans  le  xn«  siècle;  il  se  distingua  par  la  pro- 

<  fondeur  de  sou  savoir  et  la  rareté  de  si  n  niéiile. 

<  Cependant  il  publia  un  traité  de  la  Trini;é,qni  fut 
(  condamné  par  un  concile  tenu  à  Soissons,en  11^0; 
I  il  se  rétracta  aussitôt  par  une  sounii-sion  parlaiie, 
I  et  pour  témoigner  qu'il  n'avait  que  dis  senlimenls 
«  oithodoxes.il  fit  faired'nue  seule  pierre  ces  trois  fi- 
«  gui  es  qui  repré  enient  les  trois  personnes  divines 
«  dans  une  même  nature.  Après  avoir  consacré  ce 
«  nionaslère  au  Saint-E'-prit,  il  le  nomma  Paraclel,  par 
«  rapport  aux  consolaiions qu'il  avait goû'.ées pendant 
«  la  reiraiie  qu'il  fil  en  ce  lieu.  —  Il  avait  épousé  Hé- 
€  loïse,  i]ui  en  fut  la  prem  ère  abbesse.  L'amnur, 
«  qui  avait  uni  leur  esprit  pendant  leur  vie  et  qui  se 
«  conserva  dans  leur  absence  par  des  lecture;  les 
I  plus  lendres  et  les  plus  spiriuielles,  a  réuni  leurs 
t  cous  dans  ce  tombeau  :  il  mourut  le  21  avril 
€  1  ai,  âgé  de  05  ans  après  avoir  donné  l'un  et 
(  l'autre  des  marques  d'une  vie  cbiétienne  et  spi- 
I  riiuelle. 

I  Par  irès-baule  et  ircs-puissante  dame  Caihe- 
I  rine  de  la  llocbefoucault,  abbesse  du  l'ara- 
i  clet,  le  5  juin  1701.   > 
Mme  i'c  Kuuey  marqua  son  séjour  an  Pataclet  par 
des  monemenis  remarquables;   elle  sollicila   et  ob- 
tint de  l'Académie  des  inscr  plions  l'épilaplie  latine 
ci-après  : 

Sub  endrm  marmore  jncent 

IIujus  iuo)wsli:tii 
Coiidiliir  Pi'lrus  AbeUirdus, 
El  abbalhsa  irimn  Helaïssa. 
Ulimsluaiis,  iniie>iio,amor<\  iu[aus:isnupliis 
El  pœnil.-titiii , 
Kunc  œlerittt,  quod  speramus,  fclicilale 
Cvnjuncn. 
Pe'rua  ubiil  ïx  prima  avriUs  1142, 
lleloissn  \\\i  mui  146i. 
Cwis  Carolœ  de  Itoucy  Purucleti  abbalitsœ. 

M.  DCC.  XXIX. 

néiruil  en  pnriie  pendant  la   révolution,  le  mn- 
ntâtère  du  Paiaclet  fut  acheté  par  le  comédien  Mon- 


rai  a,  pour  ainsi  dire,  exhumé  le  caveau  où  les  restes 
d'Abailanl  cl  d'iléioîse  ont  reposé  pciulml  près  de 
but  sièeles,  et  d.ms  lequel  il  a  retrouvé  le  sarcophage 
que  l'on  avait  trouvé  trop  hurd  pour  eue  transféré 
à  Paris,  avec  le  cercueil  où  les  deux  corps  étaient 
reiiferniés  :  ce  sarropliape  a  élé  restauré  et  replacé 
dans  le  c:ivean,  dont  l'entiée  a  été  fermée;  pour  en 
désigner  la  pl.ice,  le  propriétaire  a  fait  ériger  sur  le 
lien  même  une  colunne  votive. 

L'emidaceuient  du  Parac'et  était  occupé  en  1S22 
par  nue  n>iue  (  ù  l'un  avait  établi  une  fabrique  de  limes 
ei  d'acier. 

Vicus  Werlhetni,  Weribeim,  ville  d'AUeuiatçHe  , 
dans  le  grand-duché  de  Bade,  située  an  confluent  du 
Taulier  el  du  Mein  qui  y  forme  un  bon  pnri ,  est  à 
114  kil.  est-sud -esi  de  Mayence.  Popiil. ,  iOOJ  habi- 
tants. Celle  ville  commerce  en  vins  el  en  tabac.  On  y 
voit  les  ruines  d'un  vieux  chàleau,  autrefois  rési- 
dente des  comies  de  Weribeim.  Les  princes  ai  tnels 
habitent  deux  cliàleaux  modernes.  Voici  quelle  est 
l'origine  de  la  ra>ison  de  Weribeim. — Frédéric  le 
■Victorieux,  électeur  palatin,  mon  en  147G,  contracta 
un  mari.ige  niorganaiii|ue  avec  Claire  de  Teilingen 
(ou  plu!ôt  avec  Claire  Dell,  d'Augsbourg,  qu'il  avait 
connue  canlalrice  à  la  cour  de  Minuch).  Il  en  eut  un 
(ils  nommé  Louis.  L'élecieur  lui  as>igna  plusieurs 
districts  du  Palaiinat;  mais  Philippe,  son  successeur, 
annula  ces  donations.  Il  abindonna  toutefois  h  son 
cousin  la  seigneurie  de  Scbatfeneck  et  le  comté  de 
Lœweiisiein,  bien  patrimonial  que  le  père  de  Frédé- 
ric le  Victorieux  avait  acquis.  L'empereur  y  ayant 
atiai  hé  la  qnalilé  de  comte  d'Empire,  Louis  devint 
la  souche  d'une  nouvelle  maison  régnante.  Son  pelit- 
iils,  qui  s'appelait  aussi  Louis,  épousa  Anne  de 
Slolherg ,  liéiiiière  des  comtés  de  Werlheim  el  de 
Rocliefort,  et  d'auires  terres  dans  les  P.iys-Bas.  Ce 
dernier  laissa  diux  fils,  quifurent  le'  snui  lies  de  deux 
lignes.  On  en  appelle  l'une  ligne  évan^éli  ine ,  on  de 
Virnebouig,  parce  que  Christophe-Louis,  l'aîné,  qui 
la  fonda,  épousa  l'hériiièrc  du  comiéde  Vunebourg  ; 
l'anire  est  connue  sous  le  nom  de  ligne  ciitholiqne  ou 
de  Kochelori.  Les  deux  lignes  possèdent  en  conmiiii) 
les  comiés  de  Lœwenstein  et  de  Werlheim.  Ayant 
perdu  par  la  paix  de  Lnnévlle  les  cmniés  de  Vir«e-. 
bourg,  de  Roebefort,  de  Scharfeneck,  Putlinge  ,  et 
en  général  tout  ce  qu'elles  possédaient  sur  la  rive  . 
gauche  du  Rhin,  elles  en  furent  indemnisées  par  (îcs 
parcelles  de  l'évéché  de  Wuribourg  et  d'autres  biens 
ecclésiasiiques  ;  mais  elles  perdirent  leur  souve- 
raimlé  par  la  coufédéralinn  du  Rhin,  et  furent  sou- 
mises .i  la  Bavière  el  au  grand  duc  de  Bade.  La 
comié  de  Lœwensieiu  éiait  depuis  longtemps  sous  la 
soiiveraineié  du  Wuriemlierg. 

Les  possessions  de  la  branche  ainee,  parmi  les- 


977  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


978 


<juel'e5  se  (ronveni  aussi  In  seigneurie  wiirlemlier- 
geoise  de  Linipdiirg-Soiitlieiiii-Miclielliach  cl  une 
pa- Ile  de  celle  de  Sonllii'iiii-Obeisoi.ilicim,  oui  une 
Siirlaco  de  8  m.  c.  g.  (2'2  I.  c.)  et  nue  iioinilalinn  de 
48,20(»  ànies,  rapport  un  265,000  fr.  Les  terres  de  la 
Iraiiclie  cailinlii|ue  ,  situées  en  Allemagne  ,  forun  nt 
13  1(2  m.  c.  g.  (57  I.  c.)  cl  ont  30,000  habitants  ; 
mais  cette  branche  a  en  Boliéme  des  terres  cons  dé- 
rahles,  ayant  sur  9  m.  c.  g.  (25  1.  c.)  18,000  habi- 
tants. Ses  revenus  prissent  un  million  de  francs. 
Les  deux  lignes  portent  le  titre  de  prince,  la  ligne 
aînée  ayant  obtenu  cette  dignité  en  1812  par  le  roi 
de  Bav.ère. 

La  maison  de  Lœwenslein,  brandie  légilinie  de 
cellede  Wiilelsb.ich,  quo  que  issue  d'un  inariige  iné- 
gal, n'a  pas  renoncé  aux  droits  qu'elle  pourrait 
faire  valoir  un  jour  sur  la  succession  Palatine,  si 
toutes  les  branches  de  la  maison  de  Bavière  venaient 
à  manquer. 

Villnad  Firwiiairm,  Ville-sous-la  Ferlé,  paroisse 
du  diocèse  de  Tmyes,  arrond.  de  Bar-sur-Aube,  à 
li  kil.  de  (eue  ville,  dépl.  de  l'Aube.  Sa  population 
est  d  '  825  liabilant>. 

De  cetie  paroisse  dépendait  la  célèbre  abbaye  de 
Clair  vaux,  chef  d'ordre  de  la  filiation  de  ("îteaux, 
fondée  en  1114,  par  saint  lîernard  el  par  Hugues, 
comte  de  Champagne,  dans  un  vall'u  eniouré  de 
bois  et  de  immtagnes,  appelé  Clairval.  Celte  pre- 
mière fondât  On  fut  aiigmeniée  dans  la  suite  par 
Th.binji  le  Graiid,  comte  de  Cli  impa;;np,  et  ses  re- 
venus s'accruieni  di's  dons  des  mis  de  France,  des 
cnmies  de  Flamlre,  el  de  ceux  d'un  giand  nombre 
de  seigneurs  paniciilicrs.  La  vallée  où  lut  b.ilie  le 
monas:ère  portail  le  n.ni  de  vallé-  d'Alisinthe.  «.l'é- 
tait une  letr.iiie  inculte  et  sauvaoc,  lù  Uernard,  à 
peine  àjié  de  xingi-quaire  ans,  lieciiard  que  ni  les 
attraits  séduisants  des  i-ociéiés  séc-il  èies,  ni  les 
remontrances  de  ses  paienis,  ni  les  prières  de  ses 
am  s,  ne  purent  déiduriicr  du  penchant  qui  l'entraî- 
nait au  fond  d'un  cloître,  vinl  avec  quelques  aiities 
moines  hilir  le  prcniier  asile  de  leur  coinninnaulé. 
En  peu  d'années  Bernar<l  fonda  nu  agrégea  à  son 
abbaye  "G  monaslèies,  dont  35  en  France,  11  en  Es- 
pagne, 10  en  Angleterre  et  en  Irlande,  (i  eu  Flandre, 
4  en  Italie,  2  en  Allemagne,  2  en  Suéde,  1  en  Hon- 
grie et  1  en  Danemark.  Le  nombre  de  ces  fondations, 
tout  incroyable  qu'il  paraisse ,  n'a  t' ntefni-;  pas 
lieu  de  surprendre;  car  alors  les  insiituiiotis  mona- 
stiques avaient  une  importance  que  nnus  ne  pour- 
rions guère  smiiçonner  arrjourd'hui,  si  elle  n'était 
attestée  pir  tous  les  monuments  de  cet  âge.  Uix- 
sepl  années  scrlemeut  après  la  fondation  de  Clair- 
vaux,  les  religieux  étaient  devenus  si  nombreux, 
qu'on  fut  obligé  de  leur  bâiir  un  plus  spacieux  nio- 
nasiére,  où,  vers  la  fin  de  la  vie  de  saint  Bernard, 
qui  niourui  en  1155,  on  ne  con.piait  pas  moins  de 
700  nioines.  Cette  abbaye  a  été  la  pépinière  de  plu- 
sieurs grands  hommes,  et  elle  a  donné  à  l'Eglise  un 
pape,  qui  fut  Eugène  111,  1.^  cardinaux  et  un  trés- 


granil  nombre  d'arche\è(|ueE  et  évèqiies.  A  répo.jue 
de  la  suppression  des  conrmunauiés  religieuses,  il  y 
ava  t  encore  à  Clairvairx  40  religieux  de  chœur,  20 
frères  convers  et  un  grand  nombre  de  doine-liques: 
le  revenu  de  l'abbaye  était  alnrs  de  plus  de  60,000 
livres  en  argent,  7  à  8(  0  scliers  de  blé  et  7  à  Sl'O 
mnids  de  vin  ;  ce  revenu  en  naiure  augmentait  quel- 
quefois de  la  moitié,  et  cette  augnrcntatioir  s<  ula 
produisait  plus  de  20,000  fr.  Les  nriirs  de  l'enclos 
de  l'abbaye  avaient  p-ès  de  2  kil.  de  tour;  outre  les 
magnifiques  bâtiments  ciausiraux,  celte  vaste  en- 
ceinte renfermait  plusieurs  églis'is,  un  cellier  aussi 
spacieux  que  la  salle  des  Pas  perdus  du  Palais  de 
Jrrsticede  Paris,  un  pressoir  banal,  une  boulangerie, 
des  canières,  un  four  à  cbaux,  une  tuilerie,  une 
scierie  hydraulique,  des  moulins  à  tan  et  à  blé,  une 
tannerie,  une  infirmerie,  une  prison,  une  gla- 
cière, eic.  —  L'église  était  un  beau  bâtiment,  élevé 
l'an  1174  par  les  soius  deGasie,  évéqne  de  Langres. 
La  bibliothèque  était  remplie  de  manuscrits  curieux. 
On  lenianiirait  dans  une  peiiie  église  séparée  et  cou- 
verte de  plomb,  le  tombeau  de  Philippe,  comte  de 
Flandre,  et  de  Maibilde,  sa  femme,  qui  avaient 
fait  de  grands  biens  à  cetie  maison.  Les  os  de 
tous  les  religieux  à  qui  saint  Bernard  avait  donné 
l'habi!,  regarlés  conrme  autant  de  saints,  étaient 
rerif  rmés  dans  un  caveau  s-ous  l'aulel  de  ceito 
é;;l  se.  —  Depuis  la  lévidutiori,  les  bâtimerrts  de 
l'abbaye  de  Clairvaiix  ont  été  couverts  err  une 
maison  ceuiiale  de  détention  pour  les  condamnés 
des  dépariemei.is  de  l'Ain,  des  Aidennes,  de  l'Anbe, 
de  la  tôie-d'Ur,  du  J^ra,  de  la  Marne,  de  la  Haine- 
Marne,  de  la  Meurt  e,  de  la  M.'use,  de  la  Moselle, 
de  11  Mèvre,  de  S:  ône-et  L^ire  et  de  l'yonne.  De- 
prris  qU'I.jues  ar. nées  on  y  renferme  au^si  des  con- 
damnés pi'irr  cause  pnlillijrre.  Cette  maison  e>l  ile- 
Tenue  un  va«te  établissement  industriel,  qui  ren- 
ferme plusieurs  ateliers  où  les  condamnés  sont  em- 
ployés, suivant  leur  capacité,  au  hallage,  à  l'éplu- 
ebage,  à  la  filatrtre,  au  lissage,  etc.,  du  coton;  le» 
balles  expéiliéps  pour  Clairvaux,  telles  qu'elles  arri- 
vent des  cnbrnies,  ressorlent  converties  eu  lissiis  de 
la  plus  grarrde  beaulé.  Atirr  de  niéirager  au»  détenus 
qui  ont  des  élats  en  ciilrant  ilans  celle  maison  les 
moyens  de  les  cultiver,  on  y  a  et  ibii  des  aieliers  de 
menuisiers,  de  tailleurs,  de  cordonniers,  de  sabo- 
tiers, de  ciirdiers,  etc.  La  laine  y  est  aussi  tissée  et 
filée  pour  rhahillenienl  des  détenus.  Le  chanvre  y 
est  filé  et  tissé  piMi!  la  fabrieaiioii  du  line.  Tous  le» 
objets  nécessaires  aux  dcteuns  se  confectionnent  dans 
réiablissemeni.  Le  service  de  la  b  ulangerie,  des 
cuisines  el  des  infirmeries  est  fait  par  des  déienns 
qui  mériieni  une  certaine  confiance,  mais  sous  la 
surveillance  d'emplnyés  libres.  Ceux  qui  j  >  grrent 
quel  lue  éducation  à  une  bourre  comlu  te,  sont  em- 
ployés dans  les  bureaux  de  l'entreprise  générale,  ou 
coirime  surveillants  oir  comnre  contre-maîtres  dans 
les  ateliers.  Les  femmes  détenues  sont  aussi  occu- 
pées suivant  leur  capacité,  les  unes  à  la  conlection 


979 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


et  au  raccommodage  dcsliabillerneiits  ei  du  linge,  les 
autres  au  biuncliissaiie,  Ole.  L'ii  alelier  de  liugères 
attire  raitciuion  par  la  beauté  des  clicmises  de  per- 
cale qu'on  y  coiifeciioniie.  11  y  existe  aussi  un  ate- 
lier pour  la  (  ouliirc  des  gants,  et  les  ouvrages  qui 
s'y  exécuient  rivaliï>ent  avec  ceux  des  fabriques  de 
Grenoble  etd>:  Cliauiniint. 

L'abbaye  a  donné  naissance  à  un  village  qui  compte 
aujourd'hui  1800  babiianis.  Il  y  a  dis  forges  dans 
les  environs.  Les  liabitants,  qui  vivyionl  autrefois  par 
les  travaux  et  les  secours  de  l'abbaye,  vivent  niain- 
lenant  par  le  piTsoanel  de  la  maison  centrale,  et  le 
mouieinent  d'aiïaires  qu'elle  occasionne. 

Villa  Bona  vel  Blesiiilla  Auxilii,  Blosseville-Bon- 
Secours,  paroisse  du  diicéseeiàS  kil.de  Uouen.dépt. 
de  la  Seine  Inférieure.  Cette  loi^aliié  est  célèbre  dans 
toute  la  Niiruiandie  par  une  jolie  cbapelle  goibique, 
dédiée  à  la  Viergo,  située  sur  un  coteau  élevé  qui  do- 
mine le  cours  de  la  rivière.  Le  poriail  de  ce  petit  édi- 
fice esi  en  ogive,  orné  de  ceps  île  vigne,  de  guirlan- 
des eld'ornenienis  à  jour.  L'inierieuresi  tapissé  d'une 
rault  ti;de  d'etvoio,  au  nombre  desquels  on  remarque 
un  grand  nombre  de  pciiis  vaisseaux,  déposés  sans 
doute  par  quelques  matelots  sauvés  du  naufrage.  — 
Blosseville-Bon-Secnurs  est  situé  près  de  la  Seine. 
La  population  est  en  partie  occupée  par  l'industrie 
cotonnière. 

Yitla  Cenelensis,  Cbeneletle,  très-ancienne  pa- 
roisse du  diocèse  >!e  Lyon,  dépt.  du  Rliône,  à  Skil. 
de  Ceaujcu  et  .àîide  Villelrancheavcc  une  population 
de  S'IO  liabitaiiis.  La  montugne  de  Tonnéon  (en  palois 
Trévailloit,  en  latin  ttirris  veliens,  ponant  des  loiirs) 
est  dans  cette  comnKme  ;  elle  a  une  forme  coiii(|ue 
qui  la  fiil  facilement  reconnaître.  C'est  sur  son  som- 
met qu'était  autrefois  la  forteresse  appelée  le  chût  au 
de  Gaiieliin,  dont  les  seigneurs  s'éluicnt  déclaré-  les 
ennemis  du  royaume,  et  répandaient  l'effroi  dans  les 
con;rées  environnantes.  Le  dernier  seigneur  de  cette 
maison  s'éiait  nolimment  rendu  le  fléau  de  la  con- 
trée :  il  habitait  pendant  la  belle  saison  le  cbàieau 
de  Tourvéon,  où  il  ironvait,  au  retour  de  ses  excur- 
sions sur  le  lerriioire  de  ses  voisins,  un  asile  inex- 
pugnable. Il  avait  en  outre  dans  la  vallée,  à  l'ouest 
de  cette  montagne,  un  château  également  fortilié, 
où  il  de^^end.^it  pour  habiter  pendant  l'hiver.  Une 
tradition  du  pays  rapporte  qu'il  voulut  traiter  avec 
Louis  XI  d'égal  h  ég  il.  <  Vous  êtes  donc  bien  puis- 
sant !  lui  dit  leroi.  —  Sire,  répondit  Ganelon,  j'habite 
un  château  dont  toute  la  paille  de  votre  royaume  ne 
saurait  combler  les  fo-sés.  t  L'einplacemenl  de  ce 
château  se  reconnaît  facilement  ;  autant  qu'il  est 
possible  d'en  jnger  par  l'inspeclioii  des  lieux,  il  se 
composait  d'ini  immense  bâtiment  flanqué  à  ses  deux 
extrémités  de  deux  énormes  lours.  On  reiarque  en- 
core des  ponions  de  voûtes  qui  ont  dû  appartenir  aux 
caveaux  du  château,  et  un  puits  dans  les  fossés,  dont 
on  retrouve  presque  partout  le  déblai.  Les  riche-ses 
de  Ganelon  faisaient  dire  vulgairement  que  ce  puits 

(I)  Lebeuf,  Histoire  du  diocèse-de  Paris ,  t.  XIV. 


080 

était  une  source  d'nr.  Pour  donner  le  change  à  ses 
ennemis  sur  le  sens  de  sa  marche,  le  prince  de  Ga- 
nelon faisait,  dit-on,  ferrer  ses  chevaux  à  l'envers. 
Ses  vexations  ayant  fait  des  siens  même  des  ennemis, 
son  secret  fut  vendu  par  quelques-uns  d'entre  eux. 
Ganelon  fut  pris  au  retour  d'une  de  ses  excursions 
de  pillage.  La  chroni(]ue  dit  qu'on  le  conduisit  pieds 
et  poings  liés  aux  murs  de  Tourvéon  ;  là  on  l'enleriua 
dans  un  tonneau  dont  on  avait  garni  les  parois  de 
pointes  aiguës  et  de  lames  tranchantes,  et  on  laissa 
rouler  le  lonneau  sur  le  liane  de  la  montagne  jusque 
dans  la  calice.  Ce  fut,  dit-on,  une  application  de  la 
loi  du  talion,  et  Ganelon  aurait  souvent  traiié  de 
cette  manière  ses  prisonniers. 

Hans  l'ancien  l.ingage,  eiiganiifr  signifiait  tromper, 
de  méioe  qu'en  italien  on  dit  tu  lannan,  et  Ganelon 
désign.Mt  un  trompeur,  un  iraîire.  Celte  forteresse 
de  Tourvéon,  dont  on  voit  encore  les  ruines,  n'était 
qu'à  6  kil.  du  châieau  fort  deReaujeu.  Quelques  ha- 
bitants oui  été  assez  crédules  pour  admelire  l'idéa 
qiie  l'on  pouvait  communi'|uer  d'un  château  à  l'autre 
par  un  souterrain. 

On  iiouvedans  les  flancs  des  montagnes  de  cetta 
commune  des  mines  de  plomb  sulfuré  et  de  zinc. 

Vitta-Fabaria,  Favières ,  paroisse  du  diocèse  de 
Meaux,  canton  de  Tournans,  arrond.  de  Melun  , 
département  de  Seine-et  Marne.  —  Le  nom  de  Fa- 
Viéres  dérive  naturellement  de  [uba  et  fabariii  qui 
signifie  un  lieu  où  l'on  cultive  les  fèves.  Dès  le  t^^ 
siècle,  celle  terre  appartenait  à  1  abbaye  Sainl- 
Maur  des-Fossés.  «  Celte  abbaye,  dit  le  Polypticin 
on  catal'igue  impiinié  des  biens  de  rabba\e  de  Sainl- 
Maur-des-Fossés,  possè  le  à  Favières  sept  nians  ou 
maisons  atfranchies;  le  huitième  mans  ou  n)as  ap- 
partient à  l'égli.--e  du  village  dédiée  à  saint  Martin. 
Anciennement  chaque  mas  payait  cinq  sous  de  re- 
devance par  an.  Dans  la  suite  cela  fut  changé,  et 
chaque  maison  donnait  trois  jours  de  service  par 
mois  depuis  la  Saini-Jean  jusqu'à  Noël  ;  plus  une 
corvée  de  trois  semaines  en  tiois  semaines;  outra 
cela ,  elle  faisait  une  corvée  dans  la  vendange  ,  nue 
autre  dans  la  moisson  ;  deux  nnisnns,  mans  ou  feux 
devaient  en  outre  amener  trois  charretées  jusqu'au 
monastère  des  Fusses.  Pour  le  droit  de  pni-son  clia- 
que  feu  payait  douze  deniers,  trois  poule  s  et  quinze 
ceufs.  Le  neuvième  niani  ou  mas  éiaii  celui  que  l'on 
qualifiait,  ii.'iyoHii/iifuiws,  c'est-à-dire  la  maison  sei- 
gneuriale ou  l'abbaye  ;  il  avait  cinq  coutures  ou  la- 
boura'jes  ,  un  pré ,  des  bois ,  des  eaux  et  un  mou- 
lin (1).  —La  maison  de  Garlunde  posséda  celte  sei- 
gneurie depuis  le  xu»  sièelc  jusqu'en  1203,  que  Jean 
et  Agnès  sa  femme  la  vendirent  à  P.erre  de  Cliambly 
avec  celles  de  Tournans,  Maries,  Fontenay,  etc., 
etc.  —  L'église  est  une  longue  chapelle  du  xiv»  siè- 
cle.   Le  chapitre  du  Vivier  en  Brie  était  en  partie 

seigneur  de  Favières. 

Ce  village  est  situé  dans  une  vallée  où  coule  un 
petit  ruisseau  venant  de  la  forêt  de  Crécy,  à  2  kil. 


S8I 


GEOGRAPHIE  DKS  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


fi2 


nord  de  Tounians,  et  à  28  kil.  dans  la  même  direc- 
lion  dcMelun  ;  son  lerriloire  très-marécageux  pro- 
duit un  peu  de  grain,  des  fourrages,  mais  surlout 
du  bois. 

Les  écarts  de  cette  commune  sont:  1°  Sainl-Ouen, 
entre  Tournans  et  Favières ,  ancien  prieuré  qui  ap- 
partenait à  l'abbaye  de  Thiron,  diocèse  de  Chartres, 
même  avajil  l'an  1 147-  0«  i^ore  "a  quelle  époque  et 
Bovr  ««wnVien  de  religieux  ce  prieuré  fut  fondé.  Au 
nioinent  de  la  révolution ,  l'église  n'était  plus  qu'une 
simple  chapelle  que  l'on  avait  reconsiniile  plusieurs 
fois.  Cet  ancien  prieuré  est  maintenant  une  maison 
de  campagne  dont  un  ruisseau  arrose  le  parc;  ce 
ruisseau  est  celui  qui ,  après  avoir  traversé  Tour- 
nans ,  va  se  perdre  dans  le  gonffre  de  Villegenart. 
S°  Hermières  au  nord  de  F.ivièrcs,  auprès  d'un  bois 
dit  des  Trente- Arpents  ,  entre  la  forêt  de  Crécy  et 
celle  d'Armainvilliers  ,  et  dans  un  lieu  très  maréca- 
geux, éiait,  avant  la  révolution,  une  abbaye  de  l'or- 
dre des  prémonirés,  fondée  vers  le  milieu  du  xii« 
siècle,  par  un  nommé  Rognaud  ,  un  des  comtes  de 
Cbampigne  du  nom  de  Thibault ,  et  Adèle,  épouse 
de  Louis  YII ,  auxquels  on  peut  jnindre  Gny,  Ansel 
et  Robert  de  Gai  lande.  —  L'église  en  form.e  de  croix 
était  un  édifice  du  xm'  siècle,  petit  et  bas,  orné  de 
ga!eries  \itiée'  avec  les  voûtes  supportées  par  de 
petites  colonnades  réunies.  L'abbaye  n'existe  pins  : 
une  maison  bourgeoise  et  une  ferme  la  reinjilacent. 
5'  Mandegris  :  nous  ne  citons  ce  lieu  que  pour  faire 
oonnaitre  l'instabilité  des  choses  iinmaries  :  fief  dès 
le  xiii°  siècle,  puis  château  et  enfin  simple  ferme  ; 
il  appartenait  en  127S  à  l'.ibbaye  d'IIerniières,  et, 
en  1494,  à  Robert  Sureau  écuyer,  prévôt  de  Cor- 
beil;  on  n'y  voit  plus  aujourd'hui  de  traces  d'Iiabila- 
tions.  —  On  trouve  encore  dans  les  environs  de  cette 
commune  et  dépendantes  de  son  terriloiie  les  fermes 
de  Puits-Carré,  laSablonnière,  la  Hutte,  la  Planchette, 
les  Trente-Arpeiiis,  Villemigeon. 
La  population  de  Favières  est  de  760  âmes. 
Villa  Ferreulorum  ,   Ferroles-Allily  ,  paroisse  du 
diocèse   de   Me^ux,  canton  de  Brie-Comie-Roliert, 
arrond.  de  Melun  ,  dépait.  de  Seine  et-Mariie. — 
On  pense  que  le  nom  de  Ferroles  ne  peut  pas  venir 
de   forges  de  fer  qui  auraient  été  établies  dans  cette 
commune  puisque  l'on  n'en  voit  maiiiienant  aucun 
vestige  ,  mais  bien  de  celui  de  Ferreotus  ,  que  l'on 
suppose  avoir  été  l'ua  de  ses  anciens  propriéLiires  ; 
c'est  avouer  d'une  manière  implicite  que  l'on  est 
dans  l'ignorance  à  l'égard  de  celte  éiymologie.  On 
pourrait  peut-èire  avec  plus  de  raison  supposer  que 
Ferroles  était  le  lieu  oi'i  se  retiraient  les  ouvriers 
dont  les  forges  étaient  dans  les  bois  voisins  ;  ce  qui 
ir.diquerait  le  nom  de  Ferieolorum  villa  qu'il  porte 
dans  les  anciens  actes. 

L'église  de  Ferroles  existait  dès  l'an  1090;  à  cette 
époque  elle  fut  donnée  à  l'ahhaye  de  Saint-Maur.  — 
Dans  le  iin^  siècle  ,  l'abbaye  Saint-Victor  eut  aussi 
des  hôtes  dans  ce  lieu.  Il  en  résulta  des  difncultés 
entre  les  deux  monastères  qui  étaient  jaloux  de  leurs 


privilèges.  Pour  tout  aplanir  on  eonvint  que  les  ha- 
bitants de  Ferroles  prêteraient  le  serment  de  lideliié 
à  l'une  et  à  l'autre  église.  Au  milieu  du  xvin«  siècle 
Jean  Legay,  curé  de  cette  paroisse  ,  légua  les  fonds 
nécessaires  pour  l'établissement  d'un  maître  d'école. 
Le  village  de  Ferroles  est  à  2  kil.  à  l'ouest  de 
Chevry,  à  i  kil.  nord  de  Brie-Comte-Robert,  et  i 
20  kil.  dans  la  même  direction  de  Melun,  sur  le  pen- 
chant d'un  coteau  qui  borde  le  Réveillon ,  et  à  peu 
près  à  égales  distances  de  la  route  de  Paris  h  Dàle, 
et  de  Brie-Conile-Roberi  à  Tournans.  —  Le  château 
de  la  Barre,  placé  sur  le  coteau  opposé,  est  contigu 
au  village.  Son  parc,  agréablement  dtSbiné,  est 
traversé  par  le  Réveillon.  Ce  château  avait  donné 
son  nom  à  la  famille  le  Fèvre  qui  le  possédait  en 
16Ô9.  —  En  1766,  Jean-François  le  Fèvre,  cheva- 
lier de  la  Barre,  âgé  de  19  ans,  fils  d'un  garde  du 
corps  et  descendant  d'Antoine  le  Fèvre  ,  seigneur 
de  la  Barre,  périt  à  Abbeville  sur  réchalaud,  accusé 
d'avoir  mutilé  un  crucilix  placé  sur  le  pont  de  cette 
ville.  Si  l'on  en  croit  les  mémoires  particuliers  du 
temps,  le  jugement  aurait  été  le  résultat  de  la  ven- 
geance paiticuliore  d'un  homme  qui    avait  été    en 

même   temps  accusateur  et  juge Le  tribunal 

d'Abbcville   avait  condamné   de  La   Earre  à  être 
brûlé  vif;   le   parlement  de  Paris  adoucit  la  sen- 
tence,  (t  le   malheureux  iconoclaste  fut  décapité 
avant    d'être  jeté   dans  les  Canmies.  —  La  Borde 
Grappin  était  un  autre  fief  qui  ajiparienait  â  un 
nonmié  Grappin  qui  vivait  à  la  fin  du  xiii'^  siècle.  Ou 
sait  que  le  nom  de  La  Borde  signinaii  une  petite 
maison   couverte  en  jonc.  Dans  ce  même  siècle, 
l'abbaye  de  Saini-Maur  avait  aussi  un  manoir  et  une 
grange  à  Ferroles  :  chaque  feu  lui  devait  par  an  trois 
œufs,  que  l'on  appelait  les  œufs  des  croix,  ou  bien 
une  obole  ;  le  monastère  recevait  les  deux  tiers  de 
cette  redevance  et  le  [uêtre  d.i  village  l'autre  tiers. 
—  Le  petit  village  d'Atiily.qui  n'est  plus  qu'une  an- 
nexe de  la  commune  de  Ferroles,  est  sitné  à  l'est 
et  à  lieux  portées  de  fusil  entre  celle-ci  et  la  com- 
mune de  Chevry,  et,  comme  ces  deux  villages,  sur 
les   bords  du  Réveillon.  Il  est  question  d'Attily  dès 
le  XII»  siècle.  Milo  de  Aililiaco  était  seigneur  de  ce 
lieu  sous  Louis  le  Gros.  —  Le  château  avait  été  bàli 
sur  un  petit  monticule  environné  de  fossés  remplis 
d'eaux  vives  ;  il  n'en  reste  plus  que  quelques  rui- 
nes ;  mais  il  est  remplacé  par  une  jolie  maison  de 
campagne. —  AuberviUiersou  Haubert  Villiers,  ferme 
à  un  quart  de  lieue  à  l'est  de  Fer: oies,  dépendait 
autrefois  de  la  paroisse  d'Attily.  —  En  1191!,  Thomas 
d'Aubert  Villiers  fit  présent  à  l'ahbayede  Saint-Maur 
d'un  droit  de  froment  qu'il  peiccvait  in  lilla  Feireo- 
lorum  ,  et,  en  1226,  il  existait  un  Johannrs  de  llau- 
berio  viltari,  — Beaurose,  ferme  à  l'esi  de  Ferroles, 
à  l'extrémité  d'une  plaine,  et  sur  le  bord  des  bois 
d'Ozouer-la-Ferrière.  En  lo80 ,  elle  a  été  appelée 
Beauroy.  —  Les  Petites-Romaines,  hameau  au  nord 
de  Ferroles.  —  ForciUe,  château  et  feinie  au  sud  da 
Ferroles.  En  l.";62,  il  y  avait  un  prêche  ou  assem- 


DICTIONNAIRE  DE  (JEOGRAPIUE  ECCLESIASTIQUE. 


983 

Liée  de  prolestanis  en  ce  lieu  où  allaient  des  officiers 
du  roi  du  bailliage  rie  Brie-Conite-nolierl.  Le  parle- 
ment ordonna  qu'il  sérail  infnm'é  sur  ce  fait. 

Le  lerriinire  de  Ferroles-Al-ily  est  en  terres  la- 
boiiral)l''s  ircs-ferliles  ,  en  hois  el  en  prairies.  On  y 
a  depuis  peu  de  leirps  p'anié  quelques  vignes.  La 
pnpul.ilion  est  de  icO  lialiilant=. 

Viita-Fianca,  Viliefranche.  Il  y  a  plusieurs  villes 
et  villages  de  ce  nom  en  Furopp,  S'irloul  en  Fr.mce 
et  en  Espagne.  —  Villefrancle-sur  Saône,  ville  du 
dinrèse  de  Lyon  dans  le  dcparlement  du  Rliône.  Elle 
est  située  sur  la  rouie  de  Dourgogne  et  sur  la  |>eliie 
rivièn'  du  Morgon,  à  un  kil.  de  la  Sôup,  à  28  kil. 
de  Lyon,  el  52  de  Slàcon.  La  population  est  de  SOOO 
habitants. 

Plusipurs  historiens  placent  le  berceau  de  Ville- 
franclie  dans  le  milieu  du  xi«  siècle.sous  Ilnmliertlll, 
seigneur  de  Beaujeu.  Celle  famille  illusire  et  puis- 
saiiie,  dont  la  fortune  commença  dairs  la  personne 
d'Onfroy,  preuiier  comte  de  Beaujeu,  sous  liugnes 
Capel,  et  s'éieigiiit  vers  le  xv«  siècle  dans  le  tom- 
beau d'Edouard,  dernier  prince  de  cetie  maison, 
d'minaii  d'abord  les  deux  rives  de  la  Saône,  et 
réunissait  sous  sou  obéi-sance  la  Dombe  au  Beaujo- 
lais. Celte  famille  souveraine  qui,  par  ses  alliances, 
mêla  son  sang  au  sang  royal,  et  compta  parmi  ses 
membres  des  chambellans,  des  généraux,  des  ambas- 
sadeur?, des  maréchaux  el  des  connéiables,  voyait 
avec  peine  la  grandeur  de  son  nom  emprisonnée  dans 
l'enci'inie  étroite  d'une  capitale  sans  glnire  :  elle 
franchit  les  montagnes,  el  descendant  dans  la  plaine 
fertile  qui  s'abaisse  vers  l'orient,  plaçi  à  l'entrée  de 
ces  ricbes  carnpngnes,  sur  la  route  de  Lyon,  le  ber- 
ceau d'une  ville  nouvelle. 

Villefrancl:e,  qui  ne  dut  son  nom  qu'aux  franchises 
qu'elle  obtint  plus  tard,  s'appelait  à  son  origine 
Lunna,  d'où  et  venu  peut  être  le  nom  de  Lima, 
qui  appart  enl  maintenant  à  une  commune  voisine. 
Elle  ne  s'étendait  pas,  comme  aujourd'hui,  sur  les 
deux  penchants  d'une  colline  légèrement  im  linée  ; 
elle  é  ait  tout  entière  placée  sur  le  coteau  méridio- 
nal, dans  le  lieu  qu'on  appelle  la  Porie-d'Anse.  Elle 
ne  dut  même  ses  accroissements  vers  le  nord  qu'à  la 
circonstance  suivante,  d'après  les  légendaires.  L'en- 
droit le  plus  bas  de  la  ville  actuelle,  qui  est  traversée 
par  le  Morgon,  ne  formait  alors  qu'un  marais  fan- 
geux dont  les  rares  liiurages  étaient  abandonnés 
an  premier  occufiant.  Un  berger  qui  paissait  là  ses 
troupeaux,  les  vii,  dit-on,  un  jour  s'incliner  d'un 
niouvenifut  unanime  :  il  s'apprncbi  et  aperçut  une 
image  de  la  sainte  Vieige  Marie.  Pour  consacrer  le 
souv.nir  d^  ce  f.iii,  on  éleva  sur  ce  lieu  une  petite 
chapelle,  dédiée  a  Notre-Dame  des  Marais,  autour  de 
laquelle  se  groupèrent  quelques  habitaiions.  qui  for- 
njèri-ni  un  second  noyau  des  .-.ccroissements  futurs 
delà  ville  ;  la  petite  chapelle  s'agrandii  successive- 
meni,  et  devint  ensuite  église  paroissiale,  lanuelle  est 
aujourd'hui  un  des  monuments  remarquables  de  no- 
tre architecture  gothique.  —  Les  seigneurs  de  Beau- 


S84 

jeu  comprirent  quelle  importance  s'attachait  à  la 
création  de  cette  ville,  placée  dans  le  sein  de  la  plus 
fertile  contrée,  à  d'égales  distances  entre  df  iix  gran- 
des cités,  Lyon  el  Mâcon  ;  assez  près  de  la  Saône 
pour  emprunier  le  secours  de  sa  navigai  on  ;  assez 
loin  d'elle  pour  braver  les  dangers  rie  son  voisinage. 
La  ville  nouvelle  était  en  même  tem  s  le  boulevard 
du  Beauolai»,  dont  elle  fermaii  t>niré^  ati  ji>idi,  et 
le  dépôt  naturel  de  ses  mirc.handises,  donl  e\\ec/>n- 
flaii  a  X  eaux  de  la  Saône  le  transport  et  la  disiii- 
bution. 

Viliefranche  possédait  des  Corde'iers,  des  Capu- 
cins, des  Ursulines  et  des  Vi  i^andines.  Il  y  avail 
trois  liôpiiaiix,  qui,  vers  le  milieu  du  xtii^  sièf  le,  fu- 
rent réduits  en  un  seul  par  la  muniticpiice  de  Sibylle 
de  Flandre,  femme  de  Gnichard  III,  siie  de  Teaujeu. 
Cet  hôpital,  détruit  en  1S()2  par  les  huguenote  fut 
rebâti  par  un  simi  le  bourgeois,  dont  |i  richesse  éga- 
lait la  charité.  En  l'an  1210,  le  même  Gnichard  III, 
revenant  d'nne  ambassade  à  Conslartinople,  vil  en 
Ilalie  saint  François  d'Assise,  lui  demanda  quelques 
religieux  et  les  éiablii  dans  sa  capita'e  :  ce  fut  la  le 
premier  couvent  de  Cordeliers  qu'ait  eu  la  France. 
—  L'église  paroissiale,  doiit  on  a  vu  l'or  gine,  s'em- 
bell  i  en  même  len  ps  par  les  bienfaits  de  la  piété 
publique.  Le  clocher  qui  subsiste  aujourd'hui  n'est 
que  le  reste  d'une  tour  consimiie  en  1318,  et  l'ime 
des  plus  hantes  el  des  plus  admirables  du  inyaume. 
Elle  fut  détruite  dans  un  vicient  incendie  le  15 
aviil  1566. 

La  pirlie  la  plus  curieuse  de  l'histoire  de  Ville- 
franche  est  celle  qui  traite  des  franchis'  s  et  des  pri- 
vilèges qui  lui  furent  accordés  par  llumb'-ri  IV,  fon- 
dateur de  la  ville,  el  qui,  pour  y  attirer  des  habi- 
tants, autorisa  les  maris  à  battre  leurs  femmes  ji  s- 
qii'à  elTHsion  de  sat:g,  pourvu  que  la  mou  ne  s'en- 
suivit pas.  Si  burgensi$  tixorem  sunm  perctts-^erii,  seu 
verberaieril,  riominus  non  débet  inde  recipere  clamo- 
rem,  nec  emendam  pelere,  nec  Icvnrp,  nisi  illa  ex  hae 
verberalura  morlaittr.  On  disait  pt  urt.int  vulgaire- 
ment :  Viliefranche  sans  (ranchite  ;  comme  on  disait 
Beaujeu  sans  triomphe,  Bellevillesans  beauté. 

Il  y  avait  avant  1789  à  Viliefranche,  comme  capi- 
tale du  Beaujolais,  toutes  îes  autorités  qui  consii- 
tuaient  le  gouvernement  de  la  province,  lelles  que 
lieutenance  du  roi,  milice  bourgeoise,  état-rnajor, 
corps-de-ville,  grand-bailli  ,  bailli-d'épée,  prévôt, 
capitaine  des  chasses  pour  les  eaux  et  forêts,  inspec- 
tion des  gabelles,  cliambre  des  manufactures,  com- 
pagnie de  chevaliers  de  l'arc,  compagnie  de  cheva- 
liers de  l'arquebuse  (celle  dernière  existe  encore), 
et  même  une  académie  royale  des  sciences,  belles- 
lettres  et  arts,  laquelle  était  céébre  avani  que  celle 
de  Lyon  existât  :  on  se  rappelle  que  celle-ci  ne  fut 
instiiuée  qu'en  1700.  La  pr^-mière  séance  de  l'aca- 
démie de  Viliefranche  eut  lieu  en  1679,  mais  elle  ne 
fut  autorisée  qu'en  1695  par  lettres-patentes,  con- 
firmées en  1716  et  1723.  Le  duc  d'Orléans  d'alors 


985  GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AL  MOYEN  AGE. 


s'en  déclara  le  proieclenr,  comme  seigneur  deVille- 
fraticlie. 

Les  liabitnnis  de  Villefranche  s'intitulent  Cnla- 
dois.  Calade  est  un  ternie  qui  leur  est  particulier  :  ils 
S'en  fervent  pour  désigner  le  parvis  de  leur  princi- 
pale église,  (]ui  est  pavée  en  dalles  carées.  Ce  mot 
parait  dériver  de  l'iialicn  calala,  desrenie. 

La  cnniMiune  de  Villefraiiclie  ne  comprend  ab«o- 
lumenl  que  l'enceinle  de  l'ancienne  ville  :  les  fau- 
bourgs, ({ui  dcvicnnenl  chaque  Jour  plus  considéra- 
Lies,  appariieniienl  aux  quatre  cnMiniune>  qui  l'en- 
vironnent :  Beligny,  Gleizé,  Ouilly  et  Limas.  C/esi  à 
lorl  que  quelipies  (:éograples  ont  dit  que  Villefran- 
che n'avait  qu'une  seule  rue  allant  du  nord  au  midi, 
puisqu'elle  en  a  quatre  aiiIri'S  moins  largps,  il  est 
vrai,  mail  dans  la  mêm''  direction,  dont  deux  occu- 
pent la  place  «le  ses  anciens  remparts;  elle  est  en 
outre  percée  de  beaucoup  d'auires  rues  qui  la  traver- 
sent de  l'est  à  l'oue^it. 

Villefranclii!  est  aujourd'hui  la  seconde  ville  du 
dép»rl<'ment  par  l'iinporiance  d-;  son  commerce  et 
de  ses  fabriques.  C'est  un  rhef-lieti  d':irrondissenient 
et  de  canton.  Il  y  a  :  iribunauv  de  première  instance 
et  de  commerce  ;  société  d'agriculture  ;  collège  con;- 
niuual;  compagnie  de  chevaliers  de  l'arqui-liuse  ; 
bospice  civil  pour  qu  iire-vingts  lits  de  malades  et 
vingt  bis  de  V  eiilards,  dont  les  retenus  s'élèvent  à 
50,0OJ  fr.;  un  couvent  d'L'rsulioes  ;  deux  marchés 
considérables  touies  les  semaines;  une  greneitc; 
une  halle  aux  toiles  ;  une  belle  promenade  publique. 
On  y  voit  de5  f.ibriques  considérables  de  toiles  de  iil 
et  «le  cmon,  basins,  iiankinels  et  toiles  peintes,  des 
teintureries,  des  tanneries  et  des  filaiiires  de  coton. 
—  Les  environs  de  Villefranche  offrent  des  vues  pii- 
tores(|ues,  de  ncmbreuses  maisons  de  plaisance  et 
des  l'bâ'eaux  reinari|uables. 

I  Vi  lefranclie-ile  L:<uraguais,  petite  ville  du  dio- 
cèse lie  Tml  u^e.  C■e^l  le  chef-lien  d'un  arrondis- 
sement du  dépaitenienl  de  la  Hante-Garonne  ;  il  y  a 
un  iribunal  de  première  instance,  et  une  société 
d'^'giiculiure.  La  population  est  de  5000  liabilanls 
environ.  Celle  ville,  bâtie  en  briques,  est  f<irniée 
d'une  me  très-longue  que  traverse  la  grande  roule  ; 
elle  est  située  dans  une  vaste  plaine  rennmmée  par 
sa  IVrlililé,  sur  le  Lers,  près  du  canal  du  midi.  On  y 
voit  lies  fabriques  de  loile  à  voile,  et  des  poteries 
de  terre.  Les  enviroos  produisent  des  céréales,  du 
maïs  et  du  chanvre.  Villefranche  est  à  56  kil.  nord- 
est  de  Toulouse,  et  7o0  de  Paris. 

1  Villefianche  dans  le  diocèse  d'Aueh,  à  12  kil. 
nord-nord-ouest  de  cette  ville,  dépariemeni  du  Gers. 
On  y  remarque  «les  «aux  minérales  froides,  qui  sont 
au  milieu  d'une  prairie  pièi  de  la  iNive. 

I    Vilkfranclie  dans  le  diocèse  de  Moulin?,  dé- 


OJiC 


I  Viilefranclie  dans  le  diocèse  de  Perpignan 
arron.l.  et  6  kil.  sud-onest  de  Prades  dépi.  des  Pyl 
rénces-Orientales.  C'.'si  une  ville' forie  simée  nu  pied 
des  Pyrénées  sur  la  rive  droite  de  la  Tet,  avec  un 
château  bâti  sur  la  live  opposée,  entre  deux  monta- 
gnes très-hautes.  Au  centre  d'une  monlagne  «si  une 
caverne  où  l'on  monte  par  un  escalier  de  pierres  de 
près  de  KO  marches  et  dans  les  détours  de  laquelle 
on  n^ose  s'engager  trop  avant  :  on  y  aperçoit  de  dis- 
tance en  dislance  des  morceaux  de  glace  (stalactites) 
suspendus  à  la  voûie.  Celte  ville,  qui  faisait  partie 
du  Roussillon,  fut  prise  par  les  Franç.iis  en  1654.  On 
trouve  dans  les  enviions  des  carrières  de  beau  mar- 
bre et  des  eaux  minérales.  Il  y  avait  autrefois  dans 
le  pays  une  tradition  qni  voulait  que  la  caverne  dont 
nouî  venons  de  parler  eût  servi  de  retraite  à  de 
pieux  solitaires  au  moyen  âge,  et  que  plus  tard  on 
aiicélébré  la  messe  dans  cette  sorie  «l'ermitage.  Il 
siiflit  d'une  inspection  sérieuse  des  lieux  pour  s'assu- 
rer que  celle  tradition  n'est  pas  fondée.  La  popula- 
tion de  Villefranche  est  de  2000  habiianis. 

I  Villel'ranche-d'Aveyron,  dans  le  diocèse  de  Ro- 
dez, chef-lieu  d'un  arrinidissement  du  département 
de  r.Aveyron  avec  un  tribunal  de  première  instance, 
une  société  d'agricullnre  et  un  collège  coinniunal.  La 
population  est  de  10,700  h  ibiiants.  Cette  ville  est  à 
48  kil.  de  Rodez,  48  de  Caliors  et  600 de  Paris. 

Villefranche  doit  son  origine  à  Alphonse,  comte  de 
Toulouse  et  frère  du  roi  Louis  IX,  qui  en  traça  les 
foiid.tiins  près  de  remplacement  de  l'ancienne  cité 
de  Carenioniag.  En  1551,  c'était  une  ville  foriifiée 
qui  lui  souvent  prise  et  reprise  ;  elle  souffrit  consi- 
dérablement dans  les  giie'  res  du  xvi"  et  du  xvii» 
siècle.  Les  paysans  insurgés,  connus  sous  le  nom  de 
Croquants,  la  pillèrent  en  16t3.  La  peste  la  désola 
d'une  manière  cruelle  en  1358  et  en  lfi28. — Cette 
ville  est  bàiie  dans  une  siinalinn  agréable  et  saine, 
au  conlliient  de  l'AIzon  et  de  l'Aveyron  ;  elle  «ceupe 
la  lèle  seplenirionale  d'une  vallée  circonscrite  ;i  l'est 
par  une  petite  montagne,  et  sur  inns  les  antres  points 
par  lin  rideaii  circulaire  de  collines.  An  levant,  celte 
ceinture  est  inierrompne  par  deux  gorges  qui  don- 
nent passage  aux  rivières  de  l'.AIzon  et  de  l'Aveyron; 
au  sud,  par  le  cours  de  cette  dernière  rivière;  et  au 
nord-ouest,  par  l'extrémité  d'un  vallon  d'où  coule  un 
ruisseau  qui  va  baigner  les  murs  de  la  ville.  Les  ter- 
res et  les  coteaux  environnanis  sont  soutenus  à  des 
distances  inégales  par  des  murs  de  terrasse  qui  for- 
ment des  gradins  plantés  «le  vignes,  de  pêchers  et 
d'antres  arbres  fruitiers.  Celte  belle  perspeclive  est 
encore  v.iriée  par  des  bosquets,  des  lilets  d'eau,  des 
prairies,  des  terres  à  blé,  de  jolies  maisons  de  plai- 
saixe,  et  par  un  grand  nombre  de  colombiers  isolés, 
dont  la  blancheur  ressort  agréablement  sur  hé  vert 
foncé  du  pampre  des  vignes.  -  En  arrivant  i.ar   les 


partenicni  de  l'Allier,  arrondissement  et  à  2-2    kil.  hauteurs  du  sud-ouest,  Villefranche   présente  deux 

est-nord-est  de  Montiuçon.   Ce   bourg  compte  lOUO  villes;  l'une  dont  les  maisons  sont  groupées  sans  au- 

habitants  environ  ;  il  possède  une  niine  de   houille  cun     iniervalle  ;   c'est    la  ville    proprement   diie  ; 

«ju=  occupe  un  certain  nombre  d'ouvriers.  l'autre  dont  les  bâtiments   plus    espacés  paraissent 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


987 

ombragés  par  les  peupliers  des  cliamps  voisins  :  ce 
soni  les  faubourgs.  L'enceinte  de  la  ville  a  la  forme 
d'une  losange  ;  sa  position  en  pente  douce  dispose  les 
toiis  en  éclielons  et  les  découvre  tous  à  l'œil;  l'anti- 
que église  collégiale  et  sa  baute  tour  dominent  tou- 
tes les  autres  constructions  et  forment  un  eiïet  très- 
pittoresque.  Les  quartiers  de  Yillefranche  sont  régu- 
jicremeat  distribués  ;  ilsforment  des  par.illélogrammes 
partagés  p:ir  une  ruelle  étroiie.  Quatre  grandes  rues 
a^sez  bien  alignées,  qui,  vers  le  centre,  se  coupent 
à  angles  droits,  divisent  la  ville  eu  neuf  pariies;  les 
faubourgs,  au  nombre  de  cinq,  correspondent  aux 
principales  portes.  La  place  du  marché  est  grande  et 
carrée,  mais  les  maisons  qui  l'eniourent,  et  qui  pour 
la  plup  >rt  sont  baules  et  vieilles,  lui  donnent  un  air 
tonibie  et  irisie;elle  est  entourée  d'un  portique 
d'une  aroliiientiire  claustrale,  qui  sert  de  halle,  et 
met  à  couvert  pendant  le  mauvais  temps  les  roar- 
cbands  et  les  acheteurs  ;  une  belle  terrasse,  à  laquelle 
on  monte  par  un  escalier  à  double  rampe,  orne  le 
côté  du  nord;  dans  un  enfoncement,  on  voit  une  fon- 
taine publique  de  forme  carrée,  autour  de  laquelle 
règne  une  hainstrade  en  fer. 

L'ancienne  collégiale  offre  un  beau  vaisseau  d'ar- 
chitecture gothique,  qui  mérite  l'attention  des  artis- 
tes; un  superbe  porche  décore  son  entrée,  et  sert  de 
bases  une  haute  tour  flanquée  de  quatre  tourelles. — 
La  maison  commune  n'est  remarquable  que  par  ses 
bâtiments  spacieux.  Le  cluitre  de  l'ancienne  char- 
treuse, affecté  aiijonnrbiii  à  un  hôpital,  offre  un  mo- 
dèle d'architecture  gothique.  — On  remarque  encore 
à  Villelranche  le  collège;  la  bibliothèque,  contenant 
7000  vol.,  les  promenades  et  h:  cabinet  de  physique. 

De  nombreuses  forges  de  cuivre  rouge  sont  éta- 
blies dans  les  environs;  on  y  fabrique  divers  ouvra- 
ges en  cuivre  jaune.  La  population  urbaine  et  rurale 
se  livre  à  la  fabrication  de  toiles  grises  et  de  toiles 
d'emballage.  Le  commerce  consiste  en  céréales,  vins, 
toiles,  quincailleiieel  chaudronnerie.  Yillefranche  a 
vu  naître  plusieirs  personnages  distingués,  entre  au- 
tres le  maréchal  de  Be.le-Isle  et  le  docteur  Aibetl, 
qui  lut  un  des  médecins  de  Louis  XVlll  et  de  Char- 
les X. 

1  Villelranche  dans  le  diocèse  d'Agen,  arrond.  et 
à  22  kil.  sud  de  Marmande,  dépl.  de  Lot-et-Garonne. 
Cette  ville  compte  prés  de  3000  habitants. 

I  Villelranche  dans  le  diocèse  d'Alby  ,  chef-lieu 
de  canton  de  l'arrond.  de  celte  ville,  dépt.  du  Tarn. 
Ce  bourg  est  à  16  kil.  est-sud-esl  d'Alby  ;  il  exploite 
une  raine  de  fer  très-riche.  La  population  est  de  900 
habitants. 

I  Villefranche  dans  le  diocèse  de  Sens,  dépt.  de 
l'Yonne.  Ce  bourg  est  de  l'airond.  et  à  12  kil.  ouest- 
sud-ouest  de  Joigny;  il  a  une  source  d'eau  minérale. 
La  population  est  de  960  habitants. 

I  Villefranche-de-Belvez,  dans  le  diocèse  de  Pé- 
rigueux,  dépl.  de  la  Dordogne.  C'est  un  chef-1  en  de 
canton  de  l'arrond.  de  Sarlal,  qui  est  éloigné  Je  celte 


Ville  de  52  kil.  sud-sud-ouest.  La  population  s'élève 
à  1620  habitants. 

I  Villefranche-de-Louebapt,  dans  le  diocèse  de 
Périgueux,  dépt.  de  la  Dordogne.  C'est  un  chef-lieu 
de  canton  de  l'arrond.  de  Bergerac,  à  38  kil.  ouest- 
nord-ouest  de  cette  ville.  On  y  compte  9G0  ha- 
bitants. 

1  Villafranca,  ou  Villefranche,  dans  le  diocèse  et 
à  5  kil.  nord-nord-esl  de  Nice,  dans  les  Etats-Sar- 
des. —  Cette  ville  a  un  port  de  mer  qui  est  défendu 
par  deux  châteaux,  et  une  des  plus  belles  rades  de 
l'Europe, où  cent  vaisseaux  de  ligne  pourraient  mouil- 
ler facilement.  La  population  est  de  5000  habitants 
environ.  Lat.  N.  43'  40'  20".  Long.  E.  4°  39'  13". 

I  Villefranche  de  Piémont,  ou  Villafranca  di 
Piamonie,  du  diocèse  de  Pignerol,  à  18  kil.  est-sud- 
esl  de  celle  ville  dans  les  Etats-Sardes.  — Villefran- 
che est  située  sur  la  rive  gauche  du  Pô,  dans  une 
contrée  fertile  ;  elle  a  deux  paroisses  et  quatre  cou- 
venis,  avec  une  population  de  C700  habitants. 

1  Villalfanca,  du  diocèse  de  Vérone,  à  16  kil. 
sud-ouest  de  cette  ville,  dans  la  Yénétie  (Italie  su- 
périeure oiientale  ).  Elle  est  située  sur  la  rivière  de 
T.irtaro;  elle  compte  une  population  de  5830  habi- 
tants. 

I  Villafranca,  ville  du  diocèse  de  Girgenti,  en  Si- 
cile. Elle  est  à  20  kil.  ouest  de  Bivona.  Il  y  a  3000 
hahitanfi. 

{  Villafranca,  dans  le  diocèse  de  Tudela  en  Espa- 
gne, à  20  kil.  nord-nord-ouest  de  cette  ville.  Elle 
portail  autrefois  le  nom  d'Alasvés,  q  l'elle  a  conservé 
jusqti'au  règne  de  Sanche  le  Fort.  Elle  prit  à  cette 
époque  le  nom  de  Villafranca  à  rause  des  franchises 
qui  lui  furent  accordées.  Celte  ville  est  située  sur  un 
terrain  uni,  prés  de  la  rive  gauche  de  l'Elire,  au 
milieu  de  la  campagne  la  plus  belle  et  la  plus  fi-rtile 
de  toute  la  Navarre,  que  baignent  les  rivières  d'Ara- 
gon et  d'Arga,  et  qui  fournil  toutes  les  productions 
du  pays  à  Pampelune  et  à  une  partie  de  la  montagne. 
C'est  dans  celte  plaine, et  sur  la  rive  droite  de  l'Arga, 
que  se  trouve  Peralta,  où  il  se  fait  un  grand  com- 
merce des  vins  fameux  connus  sous  le  nom  de  vins 
de  Peralta. 

Les  habitants  de  Villafranca  se  livrent  à  la  vente 
des  vins  vieux  appelés  llancio  et  Tieto. 

I  Villafranca,  ancienne  ville  du  diocèse  d'Angra. 
Elle  est  située  sur  la  côte  méridionale  de  l'île  Saint- 
Michel,  l'une  des  Açores,  qui  appartiennent  au  Por- 
tugal. Renversée  par  le  lerrible  tremblement  de 
terre  de  1591,  qui  bouleversa  les  Açores,  elle  a  été 
rebâtie  ;  mais  sa  population  est  restée  au-dessous  de 
ce  qu'elle  était,  puisqu'elle  n'a  pu  s'élever  encore 
qu'à  2400  habitants.  —  Villafranca  a  un  petit  port 
nommé  llheo,  formé  par  une  ouvertuie  dms  une  île 
volcanique,  où  quatre  vais-eaux  peuvent  se  trouver 
en  sûreté.  La  ville  a  une  église  ;  elle  avait  trois 
couvents  avant  la  suppression  des  ordres  reli- 
gieux. 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  Ali  MOYEN  AGE. 


990 


I  Villafranca  de  Jim,  dans  le  diocèse  de  Lisbon- 
ne, province  de  l'Estraniadure  poiiugaise.  Celle 
ville,  d'après  la  tradition,  fut  peuplée  en  1160  par 
les  Anglais  qui  servaient  comme  troupes  auxiliaires 
dans  Tarméedu  roi  Alphonse  Henriquez,  quand  il 
s'empara  de  Lisbunne.  Ils  lui  donnèrent  le  non)  de 
Cornualla,  en  mémoire  de  leur  patrie  ,  le  comté  de 
Cornouailles.  On  élève  à  Villafranca  beaucoup  de 
chevaux  qui  paissent  dans  les  prairies  toujours  ver- 
tes desLieirias,  peiiles  îles  du  Tage.  Villafranca  a  une 
paroisse  et  une  maison  de  charité  ;  elle  est  éloignée 
de  Lisbonne  de  28  kil.  au  noid-nord-est.  La  popu- 
lation est  de  51Ô0  habitants. 

I  Villafranca  de  las  Mai  ismas,  bourg  du  diocèse 
de  Séville  (E^pag^c),  à  28  kil.  de  cette  vile.  On  y 
voit  à  côté  sur  une  cmiuence  un  palais  d'un  haut 
si>le  d'architecture.  Celle  petite  ville  avait  le  titre 
de  marquisat.  La  maison  qui  le  portait  étant  éieinie, 
le  roi  Ferdinand  VU  l'avait  accordé,  on  ne  sait  trop 
})ourquui,  au  banquier  Aguado,  célèbre  d.uis  l'Iiis- 
tuiie  cunteinporaine  par  sa  niagninque  galerie  de  ta- 
bleaux de  l'école  espagnole,  et  plus  encore  par  son 
inlerveniioii  niallieureuse  dans  les  finances  de  l'Es- 
pagne. 

I  Villafranca  de  las  Abujas,  dans  le  diocè>e  et 
à  18  kil.  nord-est  de  Cordoue  (Espagne).  —  Cette 
ville  est  située  dans  une  plaine  fertile,  auprès  du 
Guadal(|uivir,  entre  (e  fleuve  et  un  de  ses  affluents, 
le  Guaduliiiellalu.  C'était  une  cité  romaine,  on  y 
trouve  des  inscriptions  et  des  restes  d'aiiii<|uiiés  qui 
l'attestoni.  Elle  a  une  paroisse  et  un  hôpital.  La  pu- 
pulaiinn  est  de  459.)  hubiianis.  On  élève  dans  les  en- 
virons beaucoup  de  bestiaux. 

I  Villafranca  de  la  S'erra,  dans  le  diocèse  et  à  M 
kil.  ouest  d'Avila  (Espagne).  —  Ce  bourg  repose  au 
pied  d'une  sierra  (montagne),  cl  près  de  la  rivière 
Corneja.  On  y  tinnve  quelques  fabriqui s  de  tuiles, 
parce  qu'on  cultive  le  chanvre  dans  les  enviions.  La 
population  est  de  1590  habitants. 

I  Villafranca  d'el  Vierzo,  dans  le  diocèse  d'As- 
lorga  (Espagiii). — Ce  bourg  est  à  16  kil.  ouest- 
liord-ouest  de  Punferrada,  au  confluent  des  rivières 
de  Valcarce  et  de  Curbla,  qui  s»;  jettent  dans  la  Sil. 
Il  a  le  litre  de  inar(|uisai.  Ou  y  voit  un  ancien  palais 
et  un  château  qui  le  dominent.  Avant  la  uppressiun 
des  ordres  religieux,  Villafranca  possédait  un  tribu- 
nal ecclésiastiiiue,  quatre  couvents  ei  une  église 
collégiale.  H  lui  reste  trois  paroisses  et  un  hôpital. 
Les  environs  produisent  un  vin  médiocre,  des  fruits 
de  t'iuie  espèce,  des  châtaignes  qui  servent  de  nour- 
riture aux  habitants,  et  le  succin  en  abondance.  — • 
Avant  d'arriver  à  Villafranca,  sur  la  route  de  Ma- 
drid, on  rencontre  le  village  de  Manzanur  habité  par 
les  maragatas,  ainsi  que  quelques  autres  villages  de 
la  contrée,  qui  est  presque  stérile.  Ces  maragaïas 
BOnl  muletiers  de  profession,  et  passent  pour  les  plus 
edèles  conducteurs  de  l'Espagne;  ils  ont  des  allures 
et  des  habitudes  particulières.  —  Villafranca  est  la 


patrie  de  Martin  Sarrnietiio,  savanl  bénédictin,  éeri- 
vain  d'un  goût  pur  et  éclairé. 

I  Villafranca  d'el  Cid,dans  lediocèse  de  Ségorbe, 
à  28  kil.  sud-ouest  de  Morella,  est  bâtie  sur  un  ter- 
rain moniueux  où  abonde  le  succin.  Les  babiianls 
fabriquent  quelques  toiles  et  du  savon  :  ils  sont  en- 
viron 2000. 

I  Villafranca  de  los  Caballeros,  dans  le  diocèse  de 
Tolède  (Espagne). —A  12  kil.  ouest-nord -ouest 
d'Alcazar  de  San-Juan,  celte  ville  s'élève  sur  la  rive 
droile  de  la  Giguela,  affluent  de  la  Guadiana,  au 
milieu  d'une  plaine  dont  le  sol  est  nitreux,  et  les 
pâturages  excellents.  On  y  fabrique  du  salpêtre  et 
de  la  poudre.  La  population  est  de  5000  habitants 
environ. 

I  Villafranca  de  Monlès  de  Dca,  dans  le  diocèse 
et  à  28  kil.  est  de  Durgos  (Espagne).  —  Ce  bourg, 
où  l'un  rencontre  diverses  antiquités  romaines,  a  élé 
bàii  sur  les  ruines  de  l'ancienne  Anca,  ville  épisco- 
pale  de  la  province  Tarragonaise,  dans  l'exarchat 
des  E^^lagnes.  L'évèehé  datait  du  v*  siècle;  il  fut 
réuni  5  celui  de  Durgos  en  1075.  L'église  cathédrale 
était  sous  l'invncaiion  de  la  sainte  Vierge  ;  c'est  pour 
cela  qu'apiès  la  chute  de  l'empire  romain  la  ville  prit 
le  nom  de  Nostra  Signora  d'Oca,  qu'elle  conserva 
jusqu'à  la  fin  du  xf^  siècle  ,  époque  à  laquelle  on 
commença  à  la  désigner  par  celui  qu'elle  porte  ac- 
tuellemeiil.  On  y  voit  une  belle  église,  mais  qui  a 
élé  hàiie  depuis  le  transfert  de  l'évêché,  et  un  hôpi- 
tal fondé  et  doié  par  la  reine  Jeanne,  petite  fille  du 
roi  Alonzi),  pour  y  recevoir  les  malades  et  les  pèle- 
rins qui  passent  en  allant  à  Saint-Jacques  de  Com- 
postelle.  On  y  file  le  lin  ,  le  chanvre  et  la  laine, 
et  l'on  y  f.ibrique  des  toiles  et  des  ctofl'es  de  laine 
cnniniunes.  Les  habitants,  au  nombre  de  900,  élè- 
Teni  aussi  beaucoup  de  volailles,  et  exploitent  les 
bois  des  montagnes  voisines  qu'ils  expédient  à  Bri- 
vicsca. 

I  Villafranca  de  Panades,  l'ancienne  Antisliana, 
dans  le  diocèse  de  Tarragone  (Espagne).  —  Cette 
ville,  entre  Tarragone  et  l'embouchure  du  Llobre- 
gat,  a  élé  comme  posée  entre  deux  nioniagnes,  qui 
sont  si  rapprochées  l'une  de  l'aiiire,  qu'elles  sem- 
blent se  toucher.  On  récolle  sur  son  terroir  des  rai- 
sins fort  estimés.  Elle  a  des  tanneries,  et  les  habi- 
tants se  livrent  à  la  fabrication  de  l'eau-de-vie.  Il  y 
avait  un  couvent  qui  n'est  plus  habile.  Pierre  Caman 
nés,  médecin,  qui  a  composé  un  commentaire  sur 
Galien,  y  est  né. 

Villafranca  est  à  40  kil.  ouest  de  Barcelone.  On  y 
compte  environ  5000  iines. 

Villa  Nova  ad  Caslellum,  la  Villeneuve-au-Chàtelot, 
dans  le  diocèse  de  Troyes,  arrond.  et  à  12  kil.  de 
Nogent-sur-Seine,  dépl.  de  l'Aube. — Ce  village  est 
situé  au  nord  de  la  belle  prairie  de  Pont,  près  d'un 
ancien  chemin  appelé  le  chemin  des  Romains,  qui 
conduit  à  Ponl-sur-Seine.  La  population  est  de  280 
babit:inis. 

'fout  porte  à  croire  que  Villeneuve  était  jadis  une 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLKSIASTIQUE. 


091 

ville  assez  ronsidémble,  ruinée  par  les  giieires  civi- 
les. Kn  1175,  Henri,  coiiile  <le  Trfiyes,  lui  accorda 
une  cliarlo  Je  roimimne,  que  nous  croyons  devoir 
rapporter:  «  Moi  Henri,  conilc  de  Troyi's,  f.iis  s.ivoir 
à  imispiésiMiiseï  à  venir,  que  j'ai  éi:ilili  les  coutumes 
ci-dessous  énoncées  pour  les  liabilnnls  de  ma  Ville- 
Neuve  (|iiès  Poni-siir-Seine),  enirc  les  chaussées  des 
ponts  de  faany.  Tonl  lioinme  dimenranl  dans  la- 
dite ville  payera,  chaque  année,  dnuze  deniers  et 
une  mine  iravoiiie  pnnr  prix  do  son  domicile;  et  s'il 
veut  avoir  une  poriinn  de  (erre  ou  de  pré,  il  donnera 
par  arpent  quatre  deniers  de  renie.  Les  niaisoni;,  vi- 
gnes et  prés  piinrronlê  re  vendus  ou  aliénés  à  la  vo- 
lonlé  de  l'acquéreur.  Les  hnnuiies  résidanl  dans  la- 
dite ville  n'iront  ni  à  l'osl,  ni  à  ;iucune  clievau- 
cliée  (I),  si  je  ne  suis  moi-même  à  leur  lèie.  Je  liur 
accorde,  en  outre,  le  droit  d'avoir  six  éclievins  qui 
administrent  les  affaiies  cuniinuiies  de  la  ville,  et 
assisteront  mon  piévôt  dans  ses  plaids.  J'ai  arrêté 
que  nul  seigneur,  chevalier  ou  autre,  ne  pourroit  ti- 
rer hors  do  ladite  ville  aucuns  des  nouveaux  habi- 
tants, pour  quelque  raison  que  ce  fùi,  à  moins  que 
ce  dernier  ne  fût  son  homme  de  co'ps ,  ou  n'eût  un 
arriéré  de  taille  à  lui  payer.  Fait  à  Provins,  l'iin  de 
rmcarnation  1175.  »  Crtte  charte  se  neuve  dans  le 
lonie  VI  du  Recueil  des  ordonnances  des  rois  de 
Franic. 

Villa  JVoi'fl  Bergana,  Villeneuve  dc-l!crg.  C'est  une 
petite  ville  du  diocèse  de  Viviers,  chef-lieu  de  can- 
ton de  l'anond.  et  à  2C  kd.  sinl-sud-ouest  de  l'rivas, 
dépl.de  l'Ardéclie;  elle  est  sur  l'Aide,  et  est  la  patrie 
de  l'ihbé  Barrui  I.  Mé  le  2  octobre  1711,  Augustin  Har- 
ruel  ht  ses  étude>  chez  les  Jéuites  et  eiilia  dans  leur 
société.  A  la  suppression  de  l'ordre,  il  se  relira  en 
Aiitiiclie,  Cl  parcouiut  ensuite  une  partie  de  l'Eu- 
rope. En  1784,  il  publia  son  livre  intitulé  :  Les  Ilel- 
viennes  ou  Litlris  i^ruvincinles  jJiilusupliiqiies.  De  ses 
divers  ouvrages, c'est  le  plus  estimé.  De  178S  à  1792, 
il  travailla  au  Journal  ecclési  .siiqiie.  Il  se  réfugia  en- 
suite, à  l'époque  des  troubles  révolutioini:iiies,  en 
Angleterre,  où  il  pnlilia  son  lli.'<lt)ire  du  clergé  pen- 
daiil  la  rétoliitwii,  l'Iiis  taid,  il  écrivit  ses  ilémoires 
pour  servir  à  l'histoire  du  jacobinisme.  Il  y  a  de  l'exa- 
gération dans  telivie,  et  beaucoup  trop  d'idées  sysié- 
matii|iies.  Rentré  en  France  eu  liSOi,  l'ablié  Darruel 
défendit  le  ciuiiordal  de  1801  dans  un  ouvrage  inti- 
tulé :  Du  Pape  et  de  ses  droits  religieux  à  l'occasion 
du  concordat.  L'abbé  Bairiiel  mourut  dans  le  Viva- 
rais,  eu  18-0,  .à  80  ans,  lai  siml  la  réputaiinn  d'un 
ecclésiasli(pie  aussi  zélé  qu'instruit.  —  Villeueuve- 
de-Iîerg  esl  aussi  la  piUiie  d'Olivier  d.-  Serres,  qui  a 
rendu  de  grands  seivces  à  l'iigùcullure.  Un  lui  a 
élevé  un  ninnuuient  devant  la  niai  on  qu'il  oc  njiait. 
—  Lors  des  guerres  de  r.ligion,  celte  |  ctiie  ville  eiil 
beaucoup  à  sonllrir.  Klle  était,  .i  cette  é(ioque,  en 
possession  d'un  pèlerinage  qui  cessa  peii  à  peu  par  la 
crainte  que  les  pèlerins  avaient  des  protestants. 

Villa  ISvxia,  Villenauxe-la  Grande.  Cette  peiiie 

(1)  Armée  et  campagne  de  guerre. 


902 

vii;e  du  diocèse  de  Troyes,  chef-lien  de  canton  de 
l'arrnnJ.  et  à  16  kl.  de  Nogenl-sur-Seine,  dépi.  de 
l'Aube,  compte  2900  habitants,  li'après  une  vieille 
clironiciue,  sa  fondation  remonte  au  coinuiencenicnt 
du  règne  de  Pliilippe-Angusie  (1 180).  l.e  plus  ancien 
titre  qui  en  fasse  mention  est  une  cliarte  de  l'abbaye 
de  Nesle-la-Ueposte,  de  1212.  On  irésuine  qu'après 
la  destruction  de  Nesie,  les  hahiianis  de  cette  ville, 
qui  di'puis  longtemps  n'est  p'us  (pi'un  i  hélif  village, 
dispersés  par  le-  guéries,  vinrent  se  rél'ugi  r  sur  les 
terres  qu'ds  possédaient  auprès  du  monastère  de 
NesIe  et  du  prieuré  des  Augustins.  Ils  bâtirent  d'a- 
bord Dival,  anjoitrd'h'ii  faubourg  de  Villen.iusc, 
mais  qui  lortni  longtemps  une  commune  séparée,  et 
avait  encore  en  InOS  son  maire  et  ses  éche^ins  par- 
ticulitTs,  et  à  mesure  (pi'ils  desséchaient  la  prair'e 
sur  laquelle  ils  bàiissaieni,  ils  construisirent  Ville- 
nauxe.  —  Cette  ville  est  située  à  l'ostrémité  nord- 
ouest  du  dépariemenl,  prés  des  confins  de  ceux  de 
la  Marne  et  de  Seinc-it  M:irne,  stir  une  assez  bonne 
route,  qui  conduit  de  Mézières  à  Orléans,  par  Reims 
et  Sézanne.  Le  ruisseau  de  la  Naiixe  la  traverse  du 
nord  au  sud.  Llle  est  beaucoup  plus  longue  que 
large,  et  était  autrefois  fermée  de  murs,  construits 
en  i557,  et  entourée  de  fossés  :  <m  y  entrait  par 
quatie  porte-.  Tous  les  murs  ont  été  détruits,  et  une 
partie  des  remparts  plantés  de  deux  rangs  de  til- 
leuls, qui  formeront  par  la  suite  une  .jolie  pnmie» 
nadt".  Le  centre  de  la  ville  est  bien  hàti,  bien  percé, 
el  s'embellit  tous  les  j  inrs  ;  le  reste,  et  surtout  Di- 
val, est  mal  construit,  mal  percé  et  d'un  aspect  peu 
agréable. 

■Villenauy.e  posséilait  avant  1780  une  abbaye  de 
Bénédictins  de  la  congrégatinn  de  Saiut-Vanues , 
connue  sous  le  nom  d'abbaye  de  Nesle.  Cette  ab- 
baye fut  fondée  en  o'Jl,  à  Nesle-la-Reposie,  diocèse 
de  Châlons-sur-Marne ,  suivant  les  légendaires , 
par  Clovis  I^',  à  la  sollicitation  de  Cloiilde,  s)n 
épouse  ;  elle  consistait  priniilivemenl  en  deux  mo- 
nastères, l'un  pour  des  leligieux  et  l'autre  pour  des 
religieuses.  Les  religieux  se  livraient  à  l'enseiaine- 
ment,  et  plusieurs  hommes  distingués  y  étudièrent 
avec  succès  dans  le  vii«  siècle.  Les  caviuisies  pillè- 
rent r.ihbaye  et  ruinèrent  l'église  vers  le xvi' siècle: 
on  en  répjia  une  partie  ;  mais,  eu  1C70,  l'insaliiln iié 
de  sa  situation  au  milieu  des  ni' rais  qui  l'euvirou- 
naietit  de  tontes  parts,  la  hiiraoslérer  à  Mllenause, 
où  elle  conserva  le  nom  d'abbaye  de  Neslc-li  fte- 
posle.  Le  iiortail,  qui  éiait  le  moiceau  le  plus 
piéeieux  Cl  le  plus  vénéralde  pnr  S'Ui  antiquité,  y  lut 
trau^poité.  L'église  et  l'abbaye  de  N'esie  ont  été  dé- 
truites lors  de  notie  prem  ère  révolution.  Les  ruines 
n'offient  |  lus  .|ue  les  testes  d'une  tour  cariée,  sup- 
portée p.ir  quatre  arcades,  dmil  la  constructiim  a 
environ  treize  siècles  d'existence.  La  maison  abba- 
tiale, qui  subsiste  encore,  n'est  remarquab'e  que  par 
son  antiquité. —  Avant  la  révolution  il  y  avait  ;« 
Villenauxe  un  fort  beau  château,  dont  le  parc  Ion- 


993 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


994 


geaii  la  route  ile  Nogent.  Le  chàuau  a  été  dciniii, 
ei  le  parc  divisé  entre  plusieurs  acquéreurs.  —  L'é- 
glise paroissiale  de  ViUeiiauxe  est  snus  le  vocable  de 
saint  Pierre  et  de  saini  Piiul.  La  tradition,  d'accord 
avec  une  ancienne  chronii|ue,  en  fait  remonter  la 
fondaliun  à  l'année  1482;  mais  rinaiiguralio.'!  n'eut 
lieu  qu'en  1499.  Le  v.iisseau  est  reuiarqualjJe  par  sa 
grandeur  et  par  sa  Ijeauic;  il  est  surmonté  par  un 
clocher  dont  on  admire  la  légèreié;  les  vitraux  sont 
beaux  et  dans  un  assez  bel  état  de  conservaiiciu  ;  ils 
datent  du  coinmencement  du  wa"  siccle,  c'est-à-dire 
de  la  période  la  plus  brillante  de  la  peinture  sur 
verre  en  France.  L'église  de  Dival  est,  dit-on,  plus 
ancienne  de  deux  siècles  que  l'église  paroissiale  ;  elle 
ii'a  rien  de  remarquable.  Outre  ces  deux  églises, 
Villenauxe  possède  trois  petites  chapelles,  désignées 
sous  les  noms  de  la  Trinité,  de  Notre- Daiue  du  Lo- 
retie  et  du  Cimetière. 

En  1652,  un  corps  de  Lorrains,  fort  de  14  à 
l.S.UOO  lionimes,  tenta  sans  succès  de  s'emparer  de 
Villenauxe,  qui  fut  défendu  avec  courage  par  les  ha- 
bitants. Le  9  février  1814,  Napoléon  passa  à  Ville- 
nauxe sur  les  deux  heures  api  è^-midl,  allant  avec 
10,000  hommes,  combattre  et  vaincre  à  Cliamp-Au- 
bert,  une  colonne  russe,  torte  de  (0,000  hommes, 
comiiiaudés  par  le  général  Alsufief.  Le  8  mars  de  la 
mènie  année,  Villenauxe  lut  pdlé  pendant  huit  jours 
par  l'armée  russe. 

En  1S16,  les  habitants  de  Villenauxe,  incommodés 
depuis  plusieurs  années  par  des  petits  scarabées,  ap- 
pelés ubéricots,  urebecs,  «u  hurebers,  qui  rava- 
geaient principalement  leurs  vignes  et  celles  des 
lieux  voisins,  portèrent  plaiuie  contre  ces  insi'Ctes 
par-di'vant  le  juge  ecclésiastique,  et  provoquèrent  la 
célèbre  sentence  rapportée  par  Grosley  dans  ses 
Epliémérides.  —  Les  habitants  s'occupent  de  v.uiiie- 
rie.  Il  y  a  des  tantieries  et  des  mégisseries.  On 
conimerce  aussi  sur  les  vins. 

Villa  Othica,  Oliiis,  paroisse  du  diocèse  et  de  l'ar- 
roiid.  de  Meaux,  canton  de  Dammattin,  dépi.  de 
Seine-e;-Marne.  Ce  village  e>l  situé  au  pied  des 
collines  sur  lesquelles  est  assise  la  ville  de  Daminar- 
lin,  dans  une  plaine,  à  l'entrée  d'un  vallon  où  coin- 
nience  un  petit  ruis-eau  qui  coule  au  noidet  qui, 
entrant  imméiliaieinent  dans  le  dépt.  de  l'Oise,  tra- 
verse la  foret  d'Ermenonville,  pour  se  joindre  à  la 
Nouette.  — Oïliis  est,  comme  on  le  voit,  la  dernière 
commune  du  département  sur  ce  point.  Son  terri- 
toire est  limitrophe  au  département  de  l'Oise;  aussi 
éiaii-il  autrefois  du  diocèse,  de  I  élection,  delà  sub- 
délégaiion  et  du  grenier  à  sel  de  Senlis,  dont  il  est 
à  peine  éloigné  de  cini]  à  six  lieues.  Le  chapitre  de 
Senlis  était  aussi  collateur  de  la  cure,  et  l'église  a 
été  bàiie,  ainsi  que  le  constate  une  inscription  dé- 
gradée que  l'on  voit  sous  le  portail,  en  1553. 

Un  quart  de  la  population  seulement  habile  le  villa- 
ge :  le  reste  est  réparti  entie  plusieurs  écarts;  ce 
sont  :  1*  Beauiiré,  ancien  château,  au  nord-ouest 
d'Otbis,  près  le  bois  de  Saiui-Ladre.   2°  Gaineourt 


ou  Goinconri,  ferme  h  côté  de  Beau]'ré.  5°  i;e:iu- 
niarchais,  hameau  au  no:  d  du  buis  de  Saint-Ladre 
et  sur  les  conliiis  du  la  forêl  d'Ermenonville  (Seine- 
eiOise).  Entre  Beaupré,  Guincourt,  et  lieaiimar- 
chais,  était  une  petite  chapelle  sous  rinvocaùoii  de 
Saiiit-Eiisiache.  4°  Sur  un  pi  iteau  plus  au  nord- 
ouest,  bordé  par  les  buis  dits  de  l'Eglise  U  la  furet 
de  Danimarlin,  est  la  ferme  de  Saint-Laurent, 
où  il  y  avilit  une  ancienne  ch:ipeile.  h'  Sa  iii-Ladre 
ou  Saint-Lazare,  à  l'ouest  d'Olhis,  ancienne  ma- 
l.drei  le  aclOLlIemenl  iraii.^fuiinée  en  leiiuf.  ^j'^  Tout 
auprès,  la  Tuilerie  et  le  hameau  de  la  Caveiie  ou 
Cahuetle.  7°  Sur  une  petite  éminenct;  nommée 
Mnnt-Crépin,  uii  moulin,  qui  était  jadis  une  ferme. 
S'  On  voit  encore  les  ruines  d'une  feime  dite  de 
Siiiite-Opportune.  Ce  nom  lui  vient  probablumeut 
d'une  chapelle  qui  en  dépendait  et  qui  était  suus 
l'invocalitin  de  cette  sainte. 

Le  territoire  de  cette  commune  est  en  terres  la- 
bourables et  en  bois;  il  s'y  trouve  des  carrières  à 
plâtre.  Si  population  totale  est  de  430  habitants. 
Elle  est  à  2  kil.  nord  de  Dammartiii,  à  25  kil. 
nord-ouest  de  Meaux  ,  et  à  12  kil.  nord-est  de 
lle'iin. 

Villare  Ilamberli ,  Saint- P.amherl',  paroisse  du 
diocèse  de  Lyon,  à  3  kil.  de  ci'tte  vile,  sur  la  rive 
droite  de  la  Saône.  Popul.  COO  habit.  —  L'hi>torien 
le  Laboureur  prétend  que  Saint- Umibert  occupe 
l'emplacement  d'une  ancienne  villo  ,  appelée  Occia- 
ciim.  Une  pierre  tuinulaire,  qui  forme  le  bassin  d'une 
foiitiiine  près  de  l'église,  porte  une  inscription  ro- 
ma  ne  dont  voici  la  traduction  :  i  Aux  dieux  mâiies 
et  au  repos  éternel  d'Aulinus  Aiitonius,  vétéran  de 
la  3o^  légion,  et  de  Tiiia  son  épouse;  ils  ont  fait 
élever  ce  lombeai  de  leur  viani,  pour  eux  et  leurs 
descendants,  et  font  dédié  sous  l'Ascia.  i  La  petite 
ville  d'Occiaciim  prit  ensuite  le  nom  de  Saint  llam- 
bert,  après  la  translation  de  ce  saint,  dont  l'histoire 
a  é.é  trouvée  dans  les  manuscrits  de  l'ile  Barbe, 
publiée  par  le  Laboureur.  L'égli-e  de  cette  paroisse, 
l'une  des  pins  anciennes  des  Gaules  lut  fondée  par 
les  religieux  de  l'île  Barbe,  dédiée  à  saint  Kléazar,  et 
ensuite  à  saint  Rambert,  sur  la  fin  du  xii*  siècle. 
L'aicliiieciure  du  portail  conserve  les  traces  d'une 
haute  antiquité;  elle  a  beaucoup  de  ressemblaice 
avec  celle  du  temps  de  Charlemagne,  dont  on  voit 
encore  des  r  sles  à  Lyon.  Près  de  Saini-Bamlicrt  sa 
trouve  la  belle  manufacture  d'étoffes  appelée  la 
Sauvagère. 

Il  y  a  dans  le  diocèse  de  Belley.  une  petite  ville 
connue  sous  le  nom  de  Sainl-Ramhert-de-Jouy.  Au 
commencement  du  moyen  âge  ,  dans  un  vallon  res- 
serré entre  deux  montagnes  fort  é'evées,  au  pied  dii 
mont  .lura,  sir  la  rive  droite  de  l'Albarine,  on  aper- 
cevait une  petite  chapelle  dédiée  à  saint  Rainbert. 
La  tradition  voulait  que  ce  saint  y  eût  passé  un  cer- 
tain temps  en  prières  et  en  contemplation.  On  venait 
en  pèlerinage  à  coite  chapelle  des  pays  voisins  et 
même  d'assez  loin.  Ce  concours  de  peuple  inspira 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


996 


Tiilée  de  bâiir  ini  monastère  dans  celle  soliiiide.  La 
miidesîe  cliai'elle  vii  donc  s'élever  à  côié  d'elle  une 
abhaye  de  IVrdre  deS.<int-Beiii'it,  île  la  congrégation 
de  Cliir.y.  laqnel'e  à  son  tour,  donna  lien  h  la  fon- 
dation d'nn  village  qni,  dans  lasuile,  est  devenu 
une  ville.  Le  dnc  de  Savoie  était  seigi;enr  kI  baron 
deSaint-Uauiberi.  Snr  Tniie  des  deux  niOMlaj;neà,  il 
y  avait  antref.iis  un  cbàleau  qui  cninniand.iit  la  ville 
et  l'abbaye.  Le  luarcdul  de  Biron  le  fit  raser,  après 
le  traité  de  Lyon  de  16J1.—  S.iinl-Raniberl-ile-Jouy 
est  actuellenicnl  un  i.bef-lieu  de  canion  de  l'inond. 
et  à  28  kil.  nord-ouest  de  Belley,  déparieuient  de 
l'Ain  ;  il  a  inie  filaiure  de  soie,  des  fabriques  de  lai- 
nage et  des  nianufaciuresde  toiles  communes,  dites 
de  Saiiit-Ramberl,  qui  occupent  les  popidalinns  des 
montagnes  voisines.  On  compte  à  Saint-Rambert 
S,6U0  habitants. 

On  trouve  dans  le  diocèse  de  Lyon  une  autre  pe- 
tite Tille  du  nom  de  Saini-Ranibert.  Cette  localité 
possédait,  dil-on,  des  reliques  du  saint  :  ce  qui  fait 
qu'elle  en  a  pris  le  nom  dans  la  première  partie  du 
moyen  âge.  Saint-Ranibert-snr-Loire  est  situé  sar  la 
rive  gauche  de  la  Loire,  qui  y  est  navigable.  C'est 
un  chef-lieu  de  canton  de  l'arrond.  de  Monibrison, 
à  18  kil.  sud-est  de  cette  ville,  dép^irt.  de  la  Loire  , 
qui  possède  un  entrepôt  des  vins  du  Forez  et  du 
Beaujolais.  Ses  environs  sont  riches  en  forges  et 
hauts-fourneaux.  La  population  est  de  2,900  babiu 

Vi7/w/a  Chiroliensis  ,  Chiroubles  ,  paroisse  du 
diocèse  de  Lyon,  à  i  kil.  de  Beaiijeu ,  départ,  du 
Rhône ,  avec  705  habitants.  —  L'église  de  cette 
commune,  qui  est  dédiée  à  saint  Roch,  fut  construite 
par  Antoine  Blondel,  h.ibitant  du  lieu,  à  une  époque 
où  la  peste  exerçait  de  grands  ravages.  Le  procès- 
verbal  de  sa  fondation  rapporte  que  le  jour  où  l'on 
commença  à  la  bâtir,  la  peste  cessa  dans  la  paroisse, 
et  que  les  pestiférés,  se  trouvant  guéris,  vinrent  se 
joindre  aux  ouvriers  qui  y  travaillaient.  L'air  de 
Chiroubles  est  extrêmement  vif  et  pur  :  on  y  voit 
assez  communément  des  centenaires  sans  aucune 
infirmité.  Le  sol  produit  de  très-bons  vins  et  d'ex- 
cellents navets  ,  renommés  dans  tout  le  pays ,  et 
notamment  à  Lyon. 

Viniiacum,  Neuville-sur-Saône,  autrefois  Vimy, 
petite  ville  du  diocèse  de  Lyon,  à  12  kil.  de  celte 
ville,  avec  2000  habitants.  Elle  est  située  dans  une 
position  raviss.inte,  sur  !a  Saôue,  qu'on  y  traverse  sur 
un  beau  pont  suspendu.  —  Vimy  n'était  d'abord 
qu'un  village;  en  devenant  une  petite  ville  il  prit  le 
nom  de  Neuville;  c'était  la  capitale  du  Fr:inc-Lyon- 
n»is;  elle  faisait  partie  du  diocèse  de  Lyon  et  dépen- 
dait de  rile-Barbt-.  Le  Franc-Lyonnais  était  une 
pe;ite  contrée  située  aux  portes  de  Lyon ,  sur  la  rive 
gauche  de  la  Saône.  Elle  conserva  celte  dénomina- 
ti<in  jusqu'au  moment  de  la  révolution.  Les  liabitanis 
éiaieiit  exempts  des  gabelles,  des  droits  d'aides  ,  de 
la  milice,  de  la  taille  et  de  tous  les  autres  impôts 
qui  élaioni  perçus  dans  le  royaume,  ils  jouissaient 
encurc  de  plusieurs  autres  privilèges  et  immunités. 


Ce  pays,  administré  comme  ime  république,  offrait  un 
phém.niène  étonnant  au  miUini  des  insiitnlions  mo- 
narchiques d'alors.  En  JGGG,  les  haronnies  de  Vimy, 
Moiitaiicé,  Lignières,  la  terre  d'Onibreval,  les  fiefs  de 
Monijoly,  etc.,  furent  réunis  et  érigés  en  marquisat 
en  faveur  de  Camille  rie  Neuville  de  Villeroi,  qui, 
treille  ans  après  la  mon  de  saint  Français  de  Sales, 
vint  ocmiper  le  siège  é;li^cop;^l  de  Ly  n  en  1  '53.  Ce 
prélJt,  dont  le  frère  était  gouverneur  de  Lyon,  éta- 
blit à  Neuville  des  moulins  à  grains  et  à  orgaiisiner  la 
soie,  des  usines  et  des  fabriques  de  toute  espèie  :  la 
soie  seule  occupait  plus  de  cent  ouvriers.  C'esi  aussi 
à  lui  que  l'on  doit  la  fontaine  et  la  belle  église  de 
Neuville. 

Neuville  possède  des  eaux  minér.iles  ferrugineuses 
qui  ont  beaucoup  d'analogie  avec  celles  de  Charbon- 
nières. C'est  dans  la  plaine  qui  s'étend  au  nord-est 
de  cette  ville ,  dans  les  environs  du  domiine  dû 
Mont-Triblueux  (nions  Terribilis),  que  se  donna  la 
fameuse  bataille  qui  décida  du  sort  de  l'empire  ro- 
main, entre  Septinie-Sévére  et  son  compétiteur  .Albin. 
Des  vestiges  d'armures,  de  nombreux  ossements  hu- 
mains el  des  médailles  romaines  de  cette  époque  at- 
testent cette  assertion. 

Neuville  se  livre  à  la  fabrication  du  velours  el 
d'autres  étoffes  de  soie.  On  y  voit  des  blanchisseries 
et  un  laminoir  pnur  le  plomb. 

Viremacum,  Yillemaure,  paroisse  du  diocèse  et  da 
l'arrond.  de  Troyes,  à  30  kil.  de  cetie  ville,  dépt. 
de  l'Aube.  Ce  bourg,  siiué  sur  la  rivière  de  la  Vannes 
qui  le  divise  en  deux  parties,  a  751  habitants.  —  Des 
écrivains  ont  prétendu  que  Ville  naiire  dovait  sa  fon- 
dation à  des  Maures  ou  Sarrasins  qui  y  pénétrèrent 
autrefois,  ou  à  un  officier  nommé  Maur,  qui  aurait 
été  gratifié  de  cette  terre,  en  ?>6\,  par  l'empereur 
Julien  :  mais  ces  conjectures  ne  reposent^sur  aucun 
fondement  historique.  Suivant  Chlore  de  la  Cliar- 
mette,  qui  a  fait  l'hisioire  de  ce  bourg,  en  deux  vo- 
lumes in-folio,  il  a  éié  beaucoup  plus  considérable 
qu'aujourd'hui,  et  a  porié  le  litre  de  ville,  dout  il  pa- 
raît avoir  eu  l'importance  :  des  restes  de  remparts 
qui  servent  actuellement  de  clôture  au  jardin  du 
presbytère,  et  les  noms  de  quartier  de  la  ville  et  de 
faubourg  Saint-Honoré,  conservés  par  certaines  par- 
ties de  la  commune,  confirment  ce  témoignage  de 
l'iiistoire  et  de  la  iradiiion.  Villemaure  a  été  plu- 
sieurs fois  ravagé  et  incendié,  et  a  beaiiciup  souffert 
dans  le  xiii'  et  le  xiv«  siècle,  lors  de  l'occupaiion 
des  Anglais.  Un  incendie  désastreux  y  éclata  en  fl'ib  ; 
l'éslise  fut  alors  consumée.  Un  autre  eut  lieu  eu 
1564.  En  1588,  la  Ligue  y  tenait  garnison  :  pris  en 
1504,  il  fut  livré  au  feu  el  au  pillage.  D'anciens  ti- 
tres apprennent  qu'il  y  eut  à  Villemaure  un  chapitre, 
une  maladrerie,  el  un  Hôtel-Dieu  qui  devnl  l.i  proie 
des  fiammes  en  1594.  —  Suivant  les  vieilles  légen- 
des, le  corps  de  saint  Flavil,  qui  avait  éié  inliumé 
dans  un  ermitage  construit  pour  li:i,  près  de  la 
source  de  l'Ardusson, alors nppeée  source  de  CAbon- 
dancc,  fut  transféré  au  comiuencement  du  vn«  siè- 


997 


r.riOGR.VPIlIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE, 


rip,  au  cliDieaii  de  YiHemaure,  où  les  seigneurs  lui 
bâtirent  une  église. 

La  cliàiellen  e  île  YiHemaure  était  une  des  plus 
iraporianies  des  environs  de  Troyes.  Sa  mouvance 
s'éiciidait  sur  plusieurs  fiefs  voisins.  Elle  eut  dis 
seit;neurs  de  distinction  que  l'iiisiorien  de  YiHemaure 
divisri  en  sis  races.  le  plus  .-incien  connues!  Manas- 
tès  de;  YiHemaure,  vivant  en  1115.  Dans  le  xiu«  siè- 
cle to'.te  cliàtellenie  appartenait  aux  comtes  de 
Champagne.  Après  plusieurs  niulalions,  elle  fut  ac- 
quise, en  1647,  par  le  chancelier  Pierre  Seguier,  en 
n.ême  temps  que  le  château  d'Esiissac  et  plusieurs 
terres  des  environs.  En  I6S8  elle  fui  érigée  en  du- 
ché-pairie. 

Le  bourg  de  YiHemaure  est  généralemenl  bien 
bâii;  la  plupart  des  maisons  sont  couvertes  en  tuiles, 
et  offrent  à  l'intérieur  une  propreté  et  un  air  d'ai- 
sance qu'on  n'est  pas  haliitué  à  rencontrer  dans  les 
villages  de  la  Champagne.  On  remarque  dans  l'église 
un  très-beau  jubé  en  bois,  représentant  les  princi- 
paux événements  de  la  vie  de  Jésus-Christ. 

Vudami,  les  Votiaks.  Ce  peuple  a  conservé,  en 
partie,  par  tradition  de  ses  pères,  ridnlâlrie  que  la 
race  finnoise  à  laquelle  il  appartient  pratiquait  dans 
le  nord  de  l'Europe,  et  que  le  christianisme  est  par- 
venu à  déiruire,  après  des  travaux  opiniâtres  et 
difficiles.  Ce  genre  d'idolâtrie  avait  un  caractère  de 
barbarie  mystérieuse  qu'il  empruntait  sans  d.iuie  de 
rincléinence  du  climat.  Ceux  qui  sont  chrétiens  ont 
conservé  plusieurs  pratiques  païennes,  ce  nui  fait  un 
christianisme  défiguré  et  bizarre.  Les  Yotlaks  habi- 
tent en  grande  partie  les  gouvernements  d'Orenbourg 
et  de  Yiaika,  dans  la  Russie  d'Europe.  Les  Tarlares 
leurdonnenile  nomdMrty  ils  s'appellent  eux-mêmes 
Oud  ou  Ourft/ et  Mord,  c'est-à-dire  hommes,  ou 
à'Oudmord  ,  peu  mélangés  d'autres  peuples.  Leur 
langage  continue  d'être  un  pur  dialecte  finnois.  Ils 
conservent  encore  leur  ancienne  distribution  par  tri- 
bus, et  donnent  en  conséquence  des  noms  addition- 
nels ii  leurs  villages.  Leur  nombre  est  assez  consi- 
dérable :  dans  le  gouvernement  d'Orenbourg  ils 
sont  environ  1d,OuO  mâles,  el  30,000  dans  celui  de 
Yiaika.  La  plupart  sonl  baptisés  ;  il  y  en  a  cependant 
encore  qui  sont  païens.  Ils  ont  beaucoup  de  traits 
caractéristiques  qui  les  distinguent  parfaitement  des 
Tchéiémisses.  ainsi  que  des  autres  Finnois.  Ils  sont 
plus  vifs,  plus  gais,  moins  entêtés,  mais  en  revanche 
très-ivrognes.  Le  sexe  même  ne  le  cède  point  en  cela 
aux  hommes.  Il  y  a  parmi  eux  très-peu  d'hommes 
giands,  bien  f.iiis  et  robustes.  Les  femmes  suriout 
sont  petites  et  point  jolies.  L'on  ne  voit  chez  aucun 
peuple  autant  de  ronges  ardents  que  chez  les  Votiaks; 
il  y  en  a  cependant  qui  ont  des  cheveux  bruns  , 
d'auires  des  clieveux  noirs,  néanmoins  la  plupart 
sont  cliàiains  ;  mais  ils  oni  en  génénl  la  bai  be  rous«e  : 
ils  sont  aussi  moins  sale«s  que  les  Morduaiis  et  les 
Fmoois.  y  ,ani  à  la  propr.'té  dans  le  ménnije  et  dans 
les  liahus,  iisn.'  leeèa.Mit  enrieii  aux  Tcliéréiuisses  : 
rien  de  plus  dégoûtant  que  leur  va  sselle  et    leurs 


mets.  Leurs  boissons  spiriiueusi's  ne  sonl  guère  plus 
agréables,  quoiqu'ils  n'y  épargnent  ni  mail  ni  miel. 
Il  n'y  a  point  de  pays  dans  tnuie  la  Ku  sie,  où  les 
fewmes  ponent  une  coiffure  plus  singuliè-einent 
arrangée  el  plus  laide  que  chez  ces  tribus  :  leur  bon- 
net forme  un  demi-cylindre.  Les  Voilaks  sont 
d'assez  habiles  cuUivateu  s;  ils  payent  leur  rede- 
vance à  la  couronne  comme  les  paysans  russes. 
141,000  hab. 

Yutp'mm  Inmlœ,  Alénules,  Aleuiiennes,  ou  îles 
des  Uenards.  —  Ces  îles,  siir.ces  dans  le  Grand 
Océan  boréal,  à  l'est  du  Kamtchatka,  vers  les  côtes  de 
l'Amérique  russe,  dont  elles  font  partie,  s'éiendent 
de  la  pointe  sud-ouest  de  la  presqu'île  d'Alashka, 
par  194"  11'  jusqu'à  169°  10'  de  lon^^itude  est, 
entre  fil"  40'  et  S5°  de  latitude  nord.  Cei  archipel 
forme  une  espèce  de  chaîne  qui  se  prolonge  en  ligne 
courbe.  Elles  lurent  découvertes  la  plupart  d.ms  le 
dernxr  siècle,  tant  pendant  les  voyages  entrepris  par 
les  onlrcs  du  gouvernement  russe  que  par  divers  par- 
liculers  qui  faisaient  le  commerce  de  fourrures. 
Behring  et  Tchirikof  commencèrent  en  1711  ;  Bil- 
lings  el  S  iryiclief,  dans  leurs  voyages  depuis  1795 
jusqu'en  17:15,  achevèrent  les  découvertes  de  toutes 
les  îles  qu'on  connaît  à  présent.  —  Les  îles  Aléoutes 
se  ressemblent  presque  louies  par  leur  Jeecriptlon 
lopograpbique  et  physique;  généralement  remplies 
de  rochers  ,  elles  .s'élèvent  considérablement  vers 
leur  centre;  leurs  bords  sonl  entourés  de  bas-fonds 
et  de  rochers  cachés  s-ous  l'eau,  ce  qui  y  rend  la  na- 
vigation très-dangereuse;  on  y  trouve  un  grand 
nombre  de  ruisseaux  cl  de  lacs,  dont  la  plupart  mao- 
quent  de  poisson.  L'hiver  y  est  beaucoup  plus  doux 
qu'en  Sibérie.  La  neige  ne  commence  guère  à 
tomber  avant  le  mois  de  janvier,  et  elle  couvre  I» 
terre  jusqu'à  la  fin  de  mars.  Il  y  a  des  volcans  dans 
quelques-unes  de  ces  îles,  dont  plusieurs  renferment 
du  soufre,  et  d'autres  des  sources  d'eau  chaude  où 
l'on  peut  cuire  de  la  viande  el  des  liqueurs  :  elles 
sonl  en  général  passablement  peuplées  relativement 
à  leur  étendue.  Les  insulaires  habitent  sous  terre 
hiver  et  été;  ils  sonl  d'une  taille  moyenne,  et  jouis- 
sent de  leur  liberté  moyennant  un  petit  tribut  en 
fourrures  qu'ils  payent  à  la  Russie;  encore  n'est-il 
pas  général  pour  toutes  ces  îles,  car  il  y  en  a  plu- 
sieurs dont  les  habitants  sont  entièrement  libres.  — 
Les  idées  religieuses  y  consistent  dans  la  sorcellerie 
et  la  magie,  et  quelques  insulaires,  qui  passent 
pour  magiciens  dans  l'esprit  des  autres,  se  mê- 
lent de  prédire  l'avenir  et  de  deviner  le  passé.  Les 
enfants  n'y  ont  nul  respect  pour  leurs  parents  et  les 
vieillards.  Les  indigènes  se  piquent  entre  eux 
de  constance  et  de  fidélité,  sont  d'une  humcnr  gaie 
et  enjouée,  mais  sujets  à  la  colère;  du  reste,  inca- 
pables de  meltre  la  moindre  ilitinciion  entre  le  bien 
et  le  mal,  ils  se  livrent  sans  honte  à  toutes  les  actions 
que  la  bienséance  défend.  Les  enfants  ont  coninme 
de  se  ba  gner  dans  la  nier,  ce  qui  doit,  dans  l'i  pini  n 
de  letir»  parents,  les  rendre  courageux  el  adroit*  à 


999                                 DICTIONNAIIIE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  1000 

la  pêclie.  lis  se  nourrisseiii  delacliair  eldel.i  graisse  vient  de  voir,  nvec  celle  différence  que  dans  c.  Iles-ci 

des  aiiiinanx  iiiuriiis,  de  poissons  de  mer,  ainsi  que  les  l.oiiimes  sont  cduveris.d'un  masque  de  liciis  peint 

de  lonles  snries  de  racines  et  de  b:iies;   un   mais  de  luuies  sones  de  couleur»,  avec  une  lerre  tjrossière 

friand  pour  eux,  ce  sont  des  ognons  de  lis  ;  ils  pren-  qui  se  trouve  dans  ces  lies,  lesquels  masqiie~  re|rj- 

nenl  ausii  les  saumons  qui  reiiionlent  leurs  rivières.  sèment  divers  animaux  marins.  Uur.int  ces  fêles  ils 

Ils  n'ont  point  d'heures  fixes   |  our  leurs  repas,  ils  vont  avec  lou  e  leur  faniille  de  v  lla;e  en  vill.ge,  el 

n.angent  quand  ils  onl  faim,  et  si  leurs  provisions  même  d'îles  en   îIlS.  Au  printemps  iU  parlent  pour 

sont  épuisées,  ils  sont  capables  de  snppnrler  la  faim  la  chasse  des  ours,  des  lions  marins  el  des  lialeines. 

plusieurs  jours  de  suite.  Dès  leur  plus  tendre  enfance  En  élé,  lorsque  la  mer  est  caliue  el  même  agiice,  ilj 

on  les  nourrit  des  aliments  les  plus  grc/ssi  ts.  Quand  s'nciupent  de  la  pêelie  à  la  ligne.  S'd  leur  arrive  de 


un  eiiranl  crie,  la  mère  le  prend,  le  porte  à  a  mer, 
l'y  plonge  tout  nu,  et  l'y  tient,  i|uelque  temps  qu'il 
fasse,  et  quelle  que  soit  la  saison,  ju^qu■à  ce  qu'il 
cesse  de  ciier..Ce  traitement  ne  lait  aueun  mal  aus 
enfants;  au  comiaire,  il  les  endureil  lelleinenl  au 
froid,  que  même  en  Idvei  ils  peuve"t  alli  r  pieds  nus. 
Les  lionimes  p..rtenl  des  lialiiis  faiis  du  venlre  de 
diveis  oiseaux,  comme  niques,  macareux,  cornmrans 
et  autres.  Les  habits  d'iit  i's  se  ccuvienl  en  temps 
de  pluie  soni* faits  des  entra. Iles  enlîéesetdessécliées 
de  lions  marins,  de  grands  veaux  marins  el  de  ba- 
leiie-..  Ils  coupenlleuis  cheveux  en  rond  tout  autour 
de  la  tête  jusqu'aux  oi  cilles,  el  se  rasent  le  sommet 
de  la  tê  e,  où  ils  laissent  toujours  une  petite  place 
ronde  el  absolument  nue.  Les  femmes,  au  coi.irairc, 


se  blesser,  soit  par  ui  e  chute,  seil  en  rombatt  iiit, 
ils  font  dièie,  et  i;e  mangent  rien  pendant  une  se- 
maine entière,  se  C(m!eiitanl  de  mettre  sur  la  pi  ie 
une  eeriaine  racine  jaune.  La  tèle  leur  fait-il:e  mal, 
ils  s'y  ouvrent  une  veine  avec  un  caillou  iran>  liant. 
Ont-ils  que'iiue  chose  i\  coller,  ils  se  donnent  un 
grand  coiiii  sur  le  nez,  et  froiient  du  sang  qui  en 
sort  ce  qu'ils  veulent  caller.  Parmi  eux  le  meurtre 
est  impuni,  faute  de  tribunaux  et  de  magi'irats.  Ils 
se  contentent  d'envelopper  leurs  moris  dans  une 
naiie,  et  de  les  jeter  dans  une  fosse  ipi'ils  recouvrent 
de  terre.  Si  c'est  une  personne  rici  e,  on  l'élend  à 
terre  d  ms  un  petit  canot  fait  de  buis  fl  aie,  ou  l'en- 
luiire  de  tous  les  meubles  et  usIeiiill'S  i|ui  ont  été  à 
son  usage,  et  on  la  laisse  là.  Depiii-  qnel(|ues  années 


ne  coupent  leurs  cheveux  qu'au-dessus  du  front,  et      jj^  ^„„i  soumis,  payent  un   tribut  aux   Russes,  dont 


nouent  le  reste  ensemble  sur  la  léle.  Toul  autour  des 
oreilles  elles  se  font  de  peiites  incisions  aux'iuelles 
elles  suspendent  de  petites  branche»  de  cor.<il  que  les 
Russes  troquent  avec  eux.  Les  deux  sexes  se  pei- 
gnent le  visage  de  toutes  sortes  de  couleurs  ;  mais 
leur  principal  ornement  consiste  à  porter   de  petits 
os  passés  dans  les  narines  et  à  travers  la  lèvre  infé- 
rieure, lu  iraliqucnt  en  cjsiors  et  ours  de  mer,  en 
habiis  de  plumes,  en  chemises  d'enirailles  d'animaux 
pour  la  pluie,  en  grandes  peaux  de  veaux  el  de  lions 
marins  pour  canots,  en  bunnels  d'osier,  flèches  ,  lil 
de  poil  de  vache  et  de  renne,  qui  leur  vient  du  pays 
à'Alashka.  Leurs  ustensile»  de  ménai;e  consistent  en 
de  framis  seaux  cariés,  en  de  grandes  haches  et 
autres  thoses  semblables  qu'ils  fonl  tux-mêines  de 
bois  flotté.  LiMirs  arnns  sont  l'arc  el  la  lleche,  dont 
la  pointe  est  laite  d'une  piene  aiguè,  et  de  javelots 
de  la  biiig.ieur  de  deux  archines,  qu'ils  lancent  avec 
la   main.  —  Ces  peujiles  onl   souvent  des  fêles,  el 
paitienlièreinent  lorsqu'ils  sont  visités  par  les  habi- 
tant^ des  îles  voisines.  Les  hommes  vont  au-devant 
de  leurs  hôies  avec  des  timbales,  et  leurs  femmes  en 
chantant  et  en   dansant.  Ou  emmène  les  nouveaux 
venus  d.'iis  les  terr  ers,  on  les  lait  asseoir  sur  des 
naites,  et  on  leur  olfre  à  manger  ce  qu'on  a  de  ine.l- 
leur.  Au  reste  ces  réjouissances,  (pii  ne  manquent 
jamais  de   se  faire   à  l'arrivée  des  étrangers,   n'ont 
jamais  lieu  à  leur  départ.  La  saison  où  ils  chassent 
le  plus  habituellemeiil  est  rantomnc,  depuis  le:2i)  oc- 
toere  jusqu'au  1"  décendire.   Ce>l  alors  qu'ils  ont 
nui. unie  de  prenilre  île  jeunes  oirs  de  mer,  pour  se 
fa.re  lies  haliits  de  lei.rs  peaux.  A  celie  chasse  suc- 
cèdent des  rejuuisbauces  telles  que  celles  que  l'un 


entendent   la  langue  pour    la  plupa  t,  el    trafi- 
quent avec  eux. 

On  divise  les  Iles  Aléoutes  en  Aléontes  propre- 
ment dites,  et  ce  sont  les  plus  proches  :  on  en 
compte  trois,  savoir  :  Alla,  Agaita  etSéioitche;  en 
îles  des  Rais,  au  nombre  de  quatre,  qui  sont  :  Boul- 
dyre,  Kiskn,  Ainlchitka  el  Krysiy-oslrov,  ou  l'Ile  du 
Rat;  en  lies  d'An  Iréanof,  qui  sont  au  nombre  de 
quatorze  :  nommément  Tanaga,  Kamga,  Rubrovoî 
ou  du  Castor,  Gnréloi  ou  île  Brûlée,  Sémisopotcbniii 
ou  des  sept  Craièies,  Ailakhe  ou  Ai.<gue,  Sitkine, 
Tagiiilak  ou  'fagaoune,  Aklila,  Amba  ou  Aml.'k,  Si- 
gooaui,  Aiuoukhla,  Tthougagane  et  Tchéiyré-Sopo- 
chniaosirova  ou  les  iles  des  quaire  Craières;  en  îles 
des  Renards,  fort  nombreuses,  savoir  :  Uumnak, 
Ounalasl.ka.  Spirkine,  Acouiane,  Acoime,  Cagalga, 
Ounimak,  Sannakh,  Chouinaguine.  —  Entre  1  île  de 
Saniiakli  et  celle  de  Cbouniaguiiie  se  trou\e  un  petit 
archipel  de  sept  à  huit  îles  peu  cou  idéiabb  s,  sa- 
voir :  Naminak,  Animak,  Li.ilnskikh,  Aitanaîs» 
Ksiakh,  Couéguedak,  Kuagodkh  et  Ounakhtouh  ;  et 
un  petit  archipel  composé  de  sept  iles,  qu'on  apj.el  e 
Evdnkéevskia  ou  île^  d't.udoxie.  On  les  nomiiie  aussi 
Semiiles.  On  remariue  eue  ^re  les  îles  Toug.iidok  , 
Kadiak,  l'archipel  qui  entoure  cette  dermèr  •  île  ,  et 
dont  ks  principales  sont  Siagkidak ,  Asognak  ,  la- 
vrachilihei  et  Khouékh. 

Les  Russes  y  onl  un  évèché,  une  petite  garnison 
et  un  chaniierde  construc  ion.  Les  iles  deTanaga,  de 
Kanag.»  el  d'.vkhla  sont  célèbres  par  leurs  vol.  ans 
eu  ac'.iiiié.  La  compagnie  russe  d'Amé"i  ;up,  ipii  a 
des  cuiiiploirs  élubtis  dans  les  îles  Kadiak  ei  Ou..u> 


1001 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


1002 


laslika,  met  les  habitants  en  réqiiisiiiun  pour  se  pro- 
curer les  fourrures  d'aiiiniaiix  uiariiis. 

Vutiemburgiim,  Wùrlemher^.  —  L'origine  de  la 
mai-oii  (le  WûilcHil'erg  est  enveloppée  dans  l'olis- 
ciirlié.  llliii',  surnoinnié  avec  le  ponce,  comte  de 
Wûrlcnilierg,  pidiia  des  troubles  occasionnés  par 
rcxiini'lion  de  la  maison  de  llolien>laureji,  pour 
ac(|iiérir  plusieurs  dou)aines  de  celte  maison  et 
d'iiiiires  irrrc-,  tels  que  le  couué  d'L'rach.  Sou  fds  , 
ELerard  l'Iluslre,  fui  iiu  seigneur  turbulent  que 
l'empereur  Henri  VII  fit  déi>ouiller  de  toutes  si>s  pos- 
se-sious  connue  p-rluibateur  du  repos  public.  II  y 
fui  réiabl'  en  1513,  après  la  mon  de  l'en)perei>r. 
Son  nis  Ulric  lut  un  prince  ccononie  qui  aciieta  les 
douiaines  îles  comtes  de  Vacliingen  et  des  comtes 
palatins  lie  Tûliiiigen,  et  le  comié  de  Grœningen. 
Eb>rard  le  Pacifi'pie,  mort  en  141.7,  épousa  la  li!le 
du  dernier  duc  de  Teck,  qui  mourut  en  l-i37.  Les 
terres  (les  ducs  de  Tei  k  passc.vnt  à  la  maison  de 
\\'ûrleuibcrg,  p.ir  achats  et  auircmenl.  Ebernrd  IV  , 
son  fiN,  ac(piii  lecouilé  de  Monihéliard  eu  éponsaijt 
riicrilière  de  ce  pays.  C'est  ainsi  que  se  forma  suc- 
ces-ivenient  l'étil  de  Wûrtembcrj;,  que  l'empereur 
M.iximilieii  1"  éleva,  en  1493,  au  rang  d'un  duclié  , 
eu  réunissant  tous  les  alleux  de  la  nciison  en  un 
seul  (ief  masculin ,  et  permeltanl  à  Eberard  V  de 
prendie  le  titre  et  les  armes  de  la  maison  de  Teik. 
Le  rcg  .c  du  duc  Ulric  l"',  qui  dura  pendant  toute 
la  moiiié  du  xvr  siècle,  est  fort  reuiarquable.  Sa 
piodtgaliié  et  les  charges  qui  en  lévultèrent  pour  le 
p.TysocfiisioiMiéreni  ou  soulèvement.  Ulric  fui  obligé 
de  passer,  eu  15U,  avec  ses  sujets,  la  tiansaclion 
delûhmgeu,  qui  est  la  base  des  droits  constilu- 
linunels  dfS  Liais  de  Wurtemberg,  et  l'origine  des 
coniestatiiins  qui ,  depuis  trois  siècles,  subsistent 
entre  la  maison  régnante  et  ses  sujels.  Un  différend 
qu'Ulric  eut  avec  la  ville  de  Reuilingen  l'enveloppa 
d->ns  une  guerre  avec  la  ligne  de  Sou:ibe  :  les  alliés 
lirenl  la  conquête  du  duebé  de  VVûriemberg  ,  el  le 
vendiieul ,  en  l.M'J,  à  Cliarles-Umut.  Ulric  passa 
quatorze  années  dans  l'exil  ;  mais  en  155111  recon- 
q"ii  son  pays  par  l'assi-lance  de  PInlippe  le  Magna- 
D'Hie,  lamlgiave  de  liesse.  Sa  possession  lui  fut  as- 
surée par  la  iransnetion  de  CaJau,  mais  il  se  rec  m- 
nul  va>sal  autrichien.  Ulric  favorisa  ei  introduisit  la 
réformation.  —  L'empereur  Rodolphe  II  renonça  , 
par  le  ira  lé  de  Prag  le  de  1519,  au  domaine  direct 
Sur  le  duché  de  Wurtemberg,  que  le  traité  de  C.idan 
lui  avait  accordé,  en  se  réservant  cependjnl  li  l'é- 
V'Tsii  i  iic  à  défaut  d'hoirs  mâles  de  la  maison  de 
^^'ûllelllbl'rg.  Connue  la  maisnn  do  Habsbourg  s'est 
étciiiie,  en  1740  ,  dans  les  mâlfS,  les  ducs  de  Wûr- 
lemberit  oui  r.gardé  celle  révi-rsibil.té  comme  égale- 
meul  éteinte;  mais  la  maisnn  de  Lorraine-Autriclie 
n'y  a  renoncé  qu'en  1809.  —  Les  ducs  de  Wurtem- 
berg ayant  i  erdu,  par  la  paix  de  Luuéville  ,  leurs 
pnssi's>ions  sur  la  rive  gauche  du  Khin  ,  Frédéric  II, 
qui  régnait  depuis  1797,  profita  des  conjonctures 
pour  agrandir  son  pays;  le  recès  de  1805  lui  donna 

DlCTiOMNAIRB  PI   GÉOGRAPHIE   ECCL.  IL 


une  riche  indenm'té  eu  fondations  erclé-iistiqucs 
siluées  à  sa  convenance  ,  el  la  dignité  élecu.rale. 
Il  obtint,  I  ar  la  paix  de  Presbourg,  une  grande  piirlic 
des  possessions  de  l'Autriche  en  Sou-be  ,  el  la  snu- 
veiainelé  avec  le  tit>e  myal.  Il  fut  un  des  Ion  'a'eiirs 
delà  confédéraliou  ibénane,  qui  lui  souu.ii  plu- 
sieurs maisons  régiiatiles  en  Souabe.  Enliii  la  paix 
de  Scliœiibiunn  lui  procura  de  nnnvillcs  acquisi- 
tions. —  Frédéric  ne  participa  pas  à  la  îondalioo  de 
la  con'éilération  i^einianiqne,  nuis  il  y  entra  après 
coup,  el  y  occupa  la  place  qu'on  lui  avait  ré-ervée. 
Le  roi  de  Wiirtemberg  ociiipe  la  sixi  nie  place  à  la 
diète  ;  a  rassemblée  générale ,  quatre  si.ffragcs  y  siiit 
joints. 

Le  r'iyaume  de  Wurtemberg  a  une  surface  de  i;69 
m.  c.  g.  (I02S1.  c),  leiiferinaiit  un  pays  riche  et 
fertile,  et  ayant  I,6ti7,000  li:ibilanis  ,  paru  i  lesipiels 
il  y  a  l;5,0U0  sujels  raédi  ils.  II  est  donc,  sous  le 
rapporl  lie  la  population,  le  plus  pe  il  eu  Liiripe  , 
excepté  la  Saxe  el  le  Hanovre;  sous  le  rapport  de 
réieiiilite,  il  est  presi;ui!  de  la  luoiiié  inférieur  au 
Hanovre.  Siiiié  entre  les  47°  ôo'  et  5j°  île  laliiiirie 
nord  et  les  6  et  8'  de  loi  gitude  est ,  il  est  fiTiiic 
d'une  grande  partie  des  priii<  ipnuics  de  Hiibenlohe  , 
de  celle  d'ElIwangen,  du  duché  de  Wùriemberg.  îles 
anciennes  villes  impériales  de  Heilbionn  ,  Hall  , 
GilUind,  Dibcrach  ,  des  coinlés  de  llobeinbeig  ,  de 
Kônigseik-Aulendorf,  du  landiîraviat  de  Nellen'>oi;rg. 
Il  est  borné  au  nord-est  ei  à  l'est  par  la  Bauére,  au 
sud  par  l'Autriche,  le  lac  de  Constance  ,  le  grand- 
duché  de  Cade  ,  les  piincipauiés  de  llnhenz  4lern  ; 
à  l'ouesl  et  au  nord  par  le  grand-duelié  de  Dade. 
En  1810,  il  lut  agrandi  Ce  la  ville  d'Utni  et  d'une 
partie  du  territoire  situé  sur  la  ri\e  gmc  e  de 
l'iller,  etc.  Ses  principales  rivières  sont  le  l):inube, 
le  Necker,  l'Enz  ,  la  Muhr  ,  le  hocher,  l'iavi  et  le 
Taubcr.  Les  grands  traits  naturels  de  ce  royaume 
cunsislenl  en  deux  chaînes  de  monlignes  :  l'une,  ap- 
pelée la  Forèt-NoiieouSi-'bwarzwald.  court  l'espace 
de  50  lieues  le  long  de  la  frnnliére  occiileiiiale  ; 
l'autre,  nommée  Alpede  Souabeou  de  Wiinemlie'g, 
lormanl  u^:e  suite  de  nioiilai.Mies  privées  de  bois  , 
commence  à  Koihweil,  el  i.aveise  le  royaume  du 
sud  au  nord.  Les  plus  liants  sommets  sont  :  le  Kal- 
zenkdpf  (Têie  de  chat),  de  plus  de  30^0  pieds  de 
haut  ;  le  Stornberg,  de  263  J  pieds  ;  le  llubenz.nlern, 
de  2621  p.  ;  le  Kuiebis,  de  ildo  p.  ;  le  Teck,  de  2027 
p.  ;  le  Slaifenberg,  de  2515  p.  Sur  ces  montagnes 
on  éprouve  une  température  froide.  Le  reste  du 
pays  est  agréablement  coupé  de  collines  peu 
élevées  el  de  vallées  délicieuses  jouissant  d'un  ciimat 
très-doux.  Si  l'on  en  excepte  les  mouiagnis,  ce 
royaume  offre  une  des  contrées  les  plus  fertiles  cl  les 
mieux  cultivées  de  l'Allemagne  :  on  y  récolte  toiiles 
sortes  de  grains,  des  vins,  dont  la  meilleure  qualité 
est  connue  S"us  le  n un  deiwHsrfii  Sn-ker  ;  des  frinl» 
de  toute  espèce.  Le  sol  recile  mines  de  fer,  argent, 
cuivre,  tharbon  ,  terre  à  porcelaine.  La  Foret-Noire 
abonde  en  pins  et  sapins ,  dont  on  exporte   un« 

3à 


J003 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


iiiU4 


grande  fiii.'nlilc.  La  prin(ip;ile  brniiclic;  d'iniliistrie 
esl  la  f;ibiip:ilion  des  luile-;  et  des  éluOes  de  laine. 
Le  AVûrleiiiberg,  aulicftiis  duché,  mais  érigé  en 
royaiiine  en  18' 6  ,  se  divise  en  qiiaire  cercles,  laxt, 
Ne(kor,  Fuicl-Noire  (Schwarzwald)  el  Diiniibe  , 
subdivisés  en  12  bailiages.Le  g  uvcrnenieiit  esl  une 
moiiarcliie  consiiltniunnelie.    Le    [mouvoir    exéculif 


ré-ide  entre  les  mains  du  roi,  et  est  modilié  par  une 
chambre  représentative.  La  noblesse  jouit  de  grands 
privilèges. 

Le  loi  est  luthérien,  ainsi  que  sa  famille.  Il  y  »•. 
un  évèché  pour  Ks  dllioliiues  du  n^yaun^e  à  Ro-' 
ibeiibourg.  L'évê(|iie  est  suffragai;!  de  rarclievéchJ 
dé  Fribourg-eii-Bjisgaw  (grand-duché  de  Cide). 


X 


Xaeharius,  tel  Fluviiis  Amazonidns,  le  Rifi-de- 
Cbahuaiis,  ou  le  Maragno»,  l'Orellana,  ou  enfin  le 
lleiive  'les  Amazoni's,  le  plus  gnnd  arflufut  de  l'O- 
céan Allantiqne,  dans  l'Amcrique  méridionale,  en- 
tre le  cap  Nord  el  l'île  .Maraji,  sous  l'éiiiialftiir  (I). 
—  Ce  llenve  piend  d'abord  le  nom  de  liio-de-Cha- 
huaris,  que  plus  bis  il  échange  contre  celui  des 
Ayiazones.  Il  arrose  1>  contrée  habitée  par  dt'S  tri- 
bus américaines  indigènes  iiommées  iinlividuclle- 
nient  Chahnaris,  Paiicartambinus,  ci  dé.-ignéts  tnl- 
lecliTcnienl  sous  le  nom  général  de  Chnnchos.  De  là 
celle  p  emice  appillatioii  de  Rio-de  Chahnaiis.  Les 
thunclios  sont  du  nombre  dfs  tribus  baiba.es  qni 
Labiteni  les  plaim-s  arroiéos  par  le  Béni  (-.')  et  l'A- 
mazine  ,  plaines  qu'a  parcourues  réc  iiiment  im 
voyageur  français  aussi  savani  que  c  lura^piix  et  in- 
flli^aslo  (M.  de  Casicinan),  el  dom  les  découveilus 
coiitirmcht  le?  (.bscrvationg  faites  il  y  a  plus  de 
deux  siècles  par  les  miss:  iinaires  caiiioliques.  — 
La  langne  des  Clmiichos  esl  If.takMnenl  inennime 
aux  ï^-pagnols  qui  haliiîeiil  sur  leurs  frontières.  La 
man  ère  de  conptcr  de  ces  peuples  csl  irès-impar- 
faiie  :  ils  ne  penveni  aPer  an  delà  du  ciiilTio  '»r -is, 
n'ayant  d'antre  expression  poui'  b;  nombre  quatre 
que  le  ra  il  bcnu  onp.  Cc;te  i-np^rfeciiou  esl  presqne 
comniune  i\  Imiles  le^  liil.ns  sanvai;es  de  l'.\.iiéii(p'e, 
lie  l'i)  éaiiie,   de  l'AI'iiqtie  et  de  l'.Asie  du  iior  i-esi. 

L'.Amal')iic  esl,  pour  l'éiemliie  de  son  b  ssin  et 
l.\  I  iijiueur  de  >on  cours,  en  y  (onipienant  les 
briechcs  qui  le  formeoi,  le  plus  gr.ntd  fleuve  ilu 
rniiiiiieiii  américain  et  lenl-èTe  du  monde.  Ou  ti\e 
<  '.mmiinénicni  son  or  g  ne  au  c<'nnnenl  de  ses  deus 
branches  su,iérienres  les  plus  lon^iitérables,  le  Tun- 

(!)  Considérée  dans  son  ensemble,  la  partie  du 
conline  i  américa'u.  située  a  i  snl  de  l'éinalcur, 
nuMiire  une  piainl"  vaiiéé  de  eoi  li.jnraiiin  urogra- 
ptii<|Ue.  A  l'est,  e.'isl  nu  gru-  p  •  ciintinu  de  iinuia- 
gnes  ba-se>  forma  l  un  ma-sil  dont  es  laineaiiv 
S'éten  li'iit  depuis  qneli|nes  degrés  an  sud  ile  !a  li- 
gne jusqu'à  remho'iciinre  de  la  l'I.ila  ;  h  rriuesl, 
c'ssi  l-i  l-wrdillèie  dmil  les  eime-  éievees  CKinmeti.. 
Cent  vers  le.  dciioil  de  Magell m  el  se  pridongcnl 
jusque  dan^  1 1  NinivelleCr.  ii:ide.  en  traçant  nneerce 
diruée  en  sens  divers  et  d.:  lacpicle  s'éla  cenl  les 
plus  baïus  pies  du  m  uveaii  moudc.  Kntre  ces 
grands  sy-lénics,  à  partir  du  snd  de  !a  l'atagmiie, 
une  sniiaee  piesqne  pi  .ne  loujie  l.i  C'.rdillère,  oc- 
cupe l'i  iiervalle  compiis  emre  Cfi.e  iiiipnrtanle 
cliaiiic  el  le  massif  dn  iirési!,  |.a-.se  du  bassin  de  la 
l'iaii  dan-  celui  de  i'.\iiiazni.c,  puis  s'é  argii  à  l'e^l 
et  vient  enibiajser  au  loin  les  uenx  ri». -s  di'  re  llenve 
immense.  (Sole  rie  railleur.) 

(2)  Le  Béni  ou  Parc,  vaste  cours  d'eau  navigable  da 


gursgua  (5)  el  l'L'cayalé  ,  à  Sainl-Mianel-Yarriip» 
(l'éiou),  par  i»  30'  laiitude  sud,  el  7i°  5J'  lingiiiido 
ouest.  Son  cours,  depuis  ce  point  jusqu'à  son  em- 
bouchure, est  d'environ  5000  kil.;  son  développe- 
ntenl  total  sciait,  en  y  coiii|iie<iant  le  eours  du 
Tunguragua,  de  plus  de  6000  Vil.  et  d'environ 
T.'X'O  kii.  en  le  faisant  commence'  aux  sources  les 
|i!ns  éloignées  de  l'IJcayalé.  Son  immense  bas  in 
s'apnuyant  au  faite  des  .A.  des,  près  de  la  côte  occi- 
dentale du  ciuilneni,  sur  une  étendue  de  plus  de 
2501  kil.  (entre  Z°  de  lai.  iior  I,  ei  21"  lai.  sud), 
comprend  plus  du  quart  ilii  coniinent  de  l'Auiérique 
méridionale.  Les  cours  d'eau  les  plus  lonsidérables 
qui  si  loiine  t  ce  bassin  snnt  l'Yab^ry.  l'Yiitay,  l'Yu- 
rn.i,  le  Cnary,  le  P.irus,  la  .M.ideira,  le  Tapa.oz  et  !e 
XiiiL'u,  ;  ftliiaiil  d.iiis  r.Amrïo.ic  à  droite;  le  Napo, 
rica  ou  Piilumayo,  i'V  ipuri  et  le  ^égrn  qiit  y  affluent 
a  g.tiiclie.  Li.i  c.'.nal  nainrel,  le  C^^ssiquiati,  affinant  à 
la  l<  is  dans  ie  .Négro  el  dan-  rOiéiio<|ne,  établit  une 
c<im::  niiicalinn  directe  en  re  ce  llenve  el  l'Amaz.  ne. 
Dans  toute  îon  étendu  ■,  lAma/.oie  cnule  entre  des 
rives  entiéremeni  basesetsur  lesquelles  il  déborde 
à  une  rfi^tanec  lics-éloigiif  c  au  temps  des  crues.  Ses 
bifnrciti'ins  nombreuse»  forment  une  multilnde  d  J- 
les  d'alluvion,  qutiqucf  us  forl  étendues,  cl  doui  la 
«haine  se  1.  indne  à  l'Ile  Caviana,  à  l'entrée  de  l'es- 
tnaire.  La  i  lései.re  de  ces  îles  dans  la  p. nie  infd- 
rieuie  du  fleuve  dont  elles  réir  cisselit  le  lit,  isC 
l'nn  !  lies  caiisis  du  phénomène  efTi-ayanl  du  poro- 
rofa;  c'est  le  nom  que  les  Indi  ns  ont  donné  au  re— 
f 'iileiiieiil  iuii'éliie.ix  ci  presque  in  laulaiié  des  ennÉ 
par  !e  (lux  ries  giainles  m.irées.  Le  (Inx  icionlé 
jn-qa'à  Ovidos,   à  150   kil.  de  l'Ile  Caviana.— L9 

l'Amérique  tr.éridionale,  gouvernement  île  Cuenos- 
Aytes,  an  miliiii  de  lu  Curdnlére  d'Aeauia,  prnviiicfl, 
PI  à  4i<(  k  I  snd  de  la  Paz.  qu'elle  arrose,  entre  d  mî 
le  i'éruiiit  ir.ixcrse  de-t  contiées  peu  connues.  E<l« 
ciinle  au  nord,  puis  au  nord-ouest.  Cl  se  réuiiit  j| 
r.\pminiae,  a  i  Ij"  i")' de  I  .tiinde  sud  ;  elie  reçoii  à 
drni  1-  le  yneliito,  et  à  g mclie  rinanibari.  Sou  cours 
esl  n'enN'.i'U  lO-'HU  kd.  On  l'ai  pelle  au  si  riviéie  du 
Seri)ei.l.  D'Anvibe  la  uoniuiu  Amaruiuayii. 

[Xcle  de  ra'icur.) 
(3)  LeTungnragna,anlrecoiirsd'cauderAni<TÎ^n) 
méiidionale,  dans  le  Pérou,  province  de  Tant  j, 
son  du  lie  de  l.auiieocha,  près  de  Guaniico,  tra» 
verse  le  Périiii,  jusqu'à  Jaen  de  Bracanioro-,  coula 
au  nord-nnr  l-onesi,  et,  après  avoir  f  anchi  les  An- 
des, an  Pongo  de  .Maoserich,  se  jeiie  dans  le  M  •- 
rajjùon  an-dessouî  d"  village  de  Saiiii  Régis,  après 
un  cours  d'environ  2i0  kil.;  il  se  g'ossil  de  plu- 
sieurs lorrcnis  et  rivières,  dont  la  Huallaga  esl  la 
plus  considérable.  {Note  de  l'auteur.) 


lOOS 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  4006 


développement  de  la  ligne  de  nnvlgniion  qu'offre  le 
hasfiii  de  l'Anmzoïie  n'osl  pas  évalue  à  moins  de 
G4,OO0  à  80,000  kil.;  le  neuve  liii-inèiiic  et  navi- 
irab.'e,  et  peiit-èlie  pour  bâlinienls  de  lou:  lonnag-^, 
jtifqii  a  son  origine,  c'est-à-dire  jnsipraii  pi'd  des 
Andes.  Ces  avantages,  qui  doivent  faire  \in  jonp  de 
l'Amazone  la  voie  de  conimiiriic:ition5  inlériciires  la 
plus  ini|'Oriaire  du  monde,  sont  encore  sans  lésul- 
lat  pialii(iie.  Les  contrées  arrost'cs  )  ar  le  flcnve, 
couvertes  de  l'iréts  ou  dfs  proilinis  vier^iesde  la  vé- 
gctalion  la  pins  riilie,  n'ont  toujours  pour  hu'.iilanlg 
que  quelques  ptuipliiiles  d  Indiens;  et  d'S  élaljlisse- 
menis  ou  villes  Condces,  en  petit  nombre,  par  les 
Européens,  aucune  n'est  devenue  remarqualilo.  Aussi 
la  navigaiion  sur  le  fleuve  est-elle  à  peu  près  nulle, 
evcepié  dans  la  partie  iiiloiieiMe  de  son  C"uis.  Les 
prineipalcs  relations  qu'il  clatdit  entre  le  Brésil  et 
les  Elalô  iiccidenlaiix  snnt  celles  de  la  contrebande 
des  métaux  prétieus.  Le  iini|uièmc  du  produit  des 
mines  du  Pémn  doit  passer  par  celte  voie  au  lirésil. 
Déi  r3iiné>;  1 100,  Yanez  l'inçnn,  le  piemier  Cas- 
tiiian  (|ui  passa  b  li^ne,  découvrit  l'immense  em- 
biiuebiire  de  la  rivière  des  Amazones,  qu'il  nomma 
Marigimii.  Lors  de  cette  dccotivert",  un  Espagnol, 
pour  coiilirnier  le  droit  de  ses  souverains,  écrivit 
son  nom  ^iir  un  arbre  d'une  si  priidigieu>e  gros- 
seur, que  s  ize  Imninies,  se  tenant  par  la  m  .in,  ne 
ponvai.i  t  lembiasser.  —  Le  Itio-de -Cliahiiaris  n'a 
pas  qu'une  senle  source  ;  il  en  a  plusieurs  qui, 
p:iri.inl  lies  Dord. lierez,  dans  la  province  de  Q  liln, 
deviennent  bientôi  de  gros-es  rivières,  et  après  avoir 
p:in(iu;i:  une  a=sez  vaste  élendue  de  pays,  se  réunis- 
fent  ei  formeiil  ensemble  le  Maragnon,  si  i  élèbre 
sous  le  II  im  de  civière  des  Amazones.  S(m  cours,  i|ni 
ne  ■f.inpleseuleinenlquedulac  de  Laiiricliocbn.àniic 
grande  dislinrc  de  sa  source,  est  au  moins  de  ISOO 
lieues. Il  leçnildans  son  se  ndesneiives  larjjes  et  pro- 
fonds, qui  l'égalent  presque  par  la  longMi'iir  de  leur 
cours  et  la  masse  de  leurs  eaux.  L'Apurimae  (I),  qui 
prend  le  nom  li'Ucoijulé  en  apiirncbanl  du  .Mara- 
gnon, e^lsi  large  et  d'une  ti  singulière  profmidcur, 
q  .'on  lut  sait  pas  leqml  îles  deux  se  jelte  dans 
l'autre.  Lenrs  eaux,  en  s'iinissant,  se  lieiirient  avec 
tant  de  violence,  que  celles  de  l'Apurimac  ou  Ucaiayé 
pre  sent  et  fiiicenl  le  Ciiurs  du  .Maragnon  ,  jusqu'à 
le  f:iire  d.iscer.dre  en  ferpentanl.  Le  I'.  d'.\culina, 
fameux  missionnaire  portugais,  qui,  ac'ompagnc 
d'Espagnols  it  de  piusieurs  de  ses  compatriotes,  en 
1()39,  descendit  le  lleuvc  des  Amazones,  en  parle 
a>ee  un  eniboiisiasnie  curieux  par  son  exagéralinn, 
et  le  repré-enie  comme  le  plus  vaste  de  tous  les 
fleuves  du  monde.  «  Il  traverse,  dit-il,  des  royaumes 
drt  grande  élendue  ,  et  les  enrichit  plus  que  le  Gan?e, 
plus  que  rtlupiirale  elle  Nil;  il  nourrit  Inflniineiit 
plus  de  peuples;  il  porte  ses  eaux  douces  bien   plus 

(I)  L'Apurimac  a  sa  source  au  milieu  des  sava- 
nes du  pl.il  au  lie  Coiidoruma,  dans  la  Cordillère  du 
l'ciou,  au  nord  d'Arequipa  et  à  l'ouest  du  lac  Titi- 
c;i(:\.  Elle  ci.mt  d'aboril  au  nord-esi,  puis  au  nor.l- 
ouesi,    eiisuiie  au    nord-est,  traverse  le   territoire 


loin  dans  I.1  mer;  il  reçoit  beaucoup  plus  de  l'.vià- 
rcs.  Si  les  bords  du  Gange  sont  couverts  d'un  sable 
doré,  ceux  de  l'Amnznr.e  sont  chargés  d'un  sablt 
d'or  pur,  et  ses  eaux,  creusant  ses  rives  de  jour  en 
jour,  découvrent  par  degrés  les  mines  d'or  et  d'ar- 
gent que  la  t'rrc  qu'elles  baifinent  cache  dans  son 
sein.  Enliii  les  pays  qu'il  fertilise  sont  un  paradis 
terresire;  et  si  leurs  liabilanis  aidaient  nn  peu  la  na- 
ture, tous  lesbor.U  d'un  si  gr.ind  fleuve  seraient  da 
vasles  jardins,  remplis  sans  ce-se  de  fleurs  et  do 
fruits.  Les  débordements  de  ses  raiix  engraissent  len- 
tes les  terres,  qu'elles  Immectenl,  non-seulement 
pour  une  année,  mais  pour  plusieurs.  Elles  n'ont 
pas  besoin  d'autre  amélioralio  i.  D'ailleurs  toutes 
Ks  richesses  de  la  nature  se  trouvent  daiiS  les  ré- 
gii'iis  voisines  :  une  prodigieuse  abou  laice  de  pois- 
sons dans  les  rivières,  mille  animaux  différents  sur 
les  moiilagnes,  un  iiondire  inlini  de  lûmes  sortes 
d'oiseaux,  les  arbres  loiijours  chargés  de  fruits,  les 
champs  couverts  de  moissons,  et  les  etiinilles  ds 
la  terre  farcies  de  pierres  piécieiises  et  des  plus  . 
riches  métaux.  Enfio,  parmi  tant  de  peuples  qui 
liabilent  les  b  irds  de  i'Auiazone,  on  ne  vuil  que 
l'es  hommes  bien  faiis,  adroits  et  p!ei;is  de  génie, 
pour  les  choses  du  moins  (pii  leir  sont  iitilci.  i 

i  Toîite  celle  vasie  contre. -,  dit  un  voyage;ir  qui 
l'a  visitée  au  coinoienccineiit  de  ce  .siècle  ,  é.a  t  ha- 
bitée, au  lemps  de  sa  dé'  ouverte, |ar  une  infi.iiié  de 
sauvages  répandus  en  différentes  provinces,  qui  fai- 
taie  ;l  aiilani  de  nations  particulières.  Le  pay>  était 
si  peuplé  et  les  habiiaiiiuis  si  proches  l'uie  do  l'aii- 
Ire,  (|ue  do  dernier  bourg  d'une  naiion,  on  enien- 
dail  couper  1.;  buis  dans  un  autre.  Cette  grande 
proximiic  ne  servait  point  à  les  faire  vi.re  en  paix  : 
ilséiaienl  divisés  par  desgiieriesconliiiuelles.d  ins  les- 
quelles ils  s'entretuaient  ou  s'enlevaient  mutuellement 
pour  l'esclavage.  Mais,  quoique  vaillants  entre  eux, 
ils  h'osaieni  se  battre  de  pied  ferme  avec  les  Euro- 
péens, dont  ils  n'avaient  jamais  vu  les  armes  à  feu. 
La  plupait  prenaient  la  fuite,  se  jetaient  dans  leurs 
cannts,  d'une  construction  fort  légère,  abordaient 
à  terre  eu  uu  clin  d'œil,  se  chargeaient  de  leurs 
canots,  et  se  retiraient  vers  quebju'un  des  laci 
que  le  fleuve  forme  en  grand  nombre. 

«  Leurs  âmes  ordinaires  étaient  des  javelines, 
d'une  médiocre  longueur,  des  dards  d'un  bois  très- 
dur,  dont  la  pointe  était  fort  aiguë,  et  qu'ils  lan- 
çaient avec  beaucoup  d'adresse.  Ils  avaient  aussi 
une  sorte  de  lance,  qu'ils  nommaient  eslalica,  plate 
et  longue  d'une  toise  sur  trois  doigts  de  large,  au 
bout  de  laquelle  un  os,  de  la  forme  d'une  dent,  ar- 
rêtait une  flèche  de  six  pieds  de  long,  dont  le  boui 
était  armé  d'un  autre  os  ou  d'un  morceau  de  boit 
fort  pnintii  ei  taillé  en  barbillon.  Ils  prenaient  cel 
instrument  de  la  main  droite  ;  lixant  leur  flèche  de 

des  Andes,  se  grossit  de  plus  de  50  rivières,  reçoit 
à  ganche  le  Picliacliaca,  le  Pampa;,  le  Mantaro,  l< 
Per.ne  ;  à  droite  le  Vilenniayo,  le  Paucarlaml.o  et 
enlin  le  UCiii  ;  prend  le  nom  d'Ucayalé  après  plus 
de  800  kil.  de  cours.  {Kou  de  t'auUur.) 


1007  DUTlOiNNAir.E  DE  GEOCRAPillE  ECr.LF.SIASTIQrE.  10C8 

Il  main  paiiche  dans  l'os  il"en  liaiil,  iU  la   lançaient      clnituii  des  assisianis,  el  son  Mî-age  prétède  toujouis 
aver  lani  Ji;  vigiioji  el  de  justesse,  (|iie  de  cinqtunie      los  repas  d  ■  céiémonio. 


pas  ils  nd  ni.Mi  luaicnl  pas  lenr  conp.  l'uiir  ann-Ndé- 
fens:vps,  ils  avaifiil  des  bunilicrs  d'nii  tissu  de  «an- 
nes  fendues  el  si  spriées  entre  clli-s,  «lue  leur  lé- 
gC'ielé  n'en  diiiiinn^dl  pis  a  Tiiiee.  Qiicl(|iies  naiions 
n'eiiipldyaieit  ipie  l'arc  et  le:;  fièeh  s,  dmit  ils  cnipoi- 


On  a  ras  rinlilé  à  Pévas  des  Indiens  de  diiïérentos 
na;iiins,  dont  iliaoïme  parli'  nne  langue  ditrérenle  ; 
ee  i|iii  est  asstz  ordinaire  dans  Ions  les  liDiirgs  for- 
né  par  les  missionnaires,  oii  q  lelqnefi  i-  la  tnèine 
l.Jigne  i.'o-l  cnicidiie  qm;  de  denx  ou  irois  familles. 


sonnaient  la  pninle  avec  des  sucs  si  venimenii,  (|uc  rt'>le  mi-éralile  d'un  peuple  détroit  ci  dévoré  psr  uû 
la  ld<  ssnre  eu  était  toojotirs  morn-lle.  »  nuire.  Il  n'y  a  piini  au/iurd  bui  il'aiilliiopophajjos  sur 
L I  nii>s  on  de  Sai  t-.loacldin  est  coninnsée  de  plu-  les  bords  de  l'Aniaz  ne,  mais  il  eu  reste  encore  dans 
^jenis.ualions  indii-unes,  surloiil  de  celle  des  Ouia-  les  terres,  surlont  veis  le  nord  ;  et  Li  Coudamine 
giias,  peuple  aiirefois  puissant,  qui  iiabiia  t  les  iies  assure  qu'eu  reuionlantr  Yupur.!,  on  irouv.-iit  des  lu- 
01  lus  Lords  du  (leuve,  dans  l'e-p  ce  d'euvii(Mi  ;.00  diens  qui  mangeaient  leurs  prisonniers, 
kil.  au-dess'ins  de  remliourlurre  du  Napo.  On  les  Parmi  les  iiizarres  usages  de  ce-,  nations  courer- 
Cioil  dcsceu'Jns  lie  la  Noiivelle-Grenade,  par  quel-  "fnt  leurs  le-t  us,  leurs  danses,  leurs  iirsln:menis, 
qu'une  des  rivières  qui  y  prennent  leur  sou'ce,  leurs  antres,  leurs  iistruiiles  de  chasse  et  de  pcclie, 
pour  fuir  la  dommaticMi  des  EspagiurU  dans  les  pre-  leurs  oii'eineiit-  ridicules  d'uS  d'a.ilu.aiix  cl  de  pois- 
niiers  temps  d;  la  conquéie.  Lne  auire  naiiorr  qui  soirs  passés  dans  leurs  narines  et  leurs  lèvres,  leurâ 
SG  iKuume  de  mène  lialiite  verr  la  sirmce  d'une  de  joues  cr  bléts  de  trou*,  qui  servent  d'etui  a  des  pin- 
ces rivières.  Parmi  tnus  les  Indiens  qui  peupleiri  les  mis  d'oiseanK  de  inutts  couleurs,  on  est  p.rriicul.è- 
bor.ls  de  l'Amazone,  quelipies  vestiges  de  la  léié-  reitienl  snrpri-,  eu  voyant  les  Abanes  de  la  inuns- 
nrorrie  du  baptême,  et  ijuelques  (radiliuiis  déliguiée»,  Irneuse  extension  du  lobe  de  rexiréaiité  iiiféiieure 
coidiinrein  la  miijeelure  de  leur  iraiisniigraiiiii.  Ils  de  leurs  oreilles,  sans  que  l'épaisseur  en  paraisse 
axaieni  icus  été  converiis  à  la  foi  cbrciienne.  Leur  dim  nuée  (1).  Ou  vo;l  de  ces  bouts  d'ureilfes  longs 
nom  il'Omaguas,  cornu. e  lelui  de  Caurbi-ras,  qoe  les  de  quatre  ou  cinq  pouces,  pereé'  d'un  trou  de  dix- 
Porliigais  du  Para  leur-  dumreirl,  eu  larrgue  lirési-  sept  à  dix-liuii  ligrics  de  diamètre,  el  ce  spectacle 
lienue  sigrrilie  (é/e  ;)/u/e.  En  ellet,  ils  (rnt  le  bizarre  est  commun.  Tout  l'art  consiste  à  in;ércr  d'abord, 
usage  de  presser  entre  deux  pamhes  le  crâne  des  dans  le  trou,  un  petit  cylindre  de  boi^ ,  auquel  on 
eiilai  Is  qui   vi.niieut  de  iiaitre,  elde  leur  ap'aiir  le  substitue   un    plus   gros,   à  mesure  que  l'.'uvertura 


fioni,  puor  leur  procurer  leile  étrange  (igure  qui 
ressi  uible,  discrilils,  à  la  plei.  e  lune.  D'autres  leur 
pressent  la  ic.e  de  manière  qu'ils  parvieiriieiit  a  la 
leur  rendre  fort  lirngue,  ci  presque  semblable  à 
celle  d'un  cliien.  Leirr  langue  n'a  aucini  rapport  avec 
ce'l»!  du  Périru,  iii  av,c  celle  du  Brésil,  (pi'on  parle. 


s'agrandit,  ju-qii"à  ce  que  le  b.. ut  de  l'oreille  pende 
sur  l'épaule.  La  grande  parure  des  Indiens  est  de 
F' mplir  le  trou  d'un  gros  bouquet  ou  d'uire  toirffe 
d'herbes  et  de  fleurs,  qui  leur  sert  de  peidanis  d'o- 
reille. Ils  s'y  aiiaeheiil  aussi  nu  morceau  de  bois, 
si,r  lequel  ils  gravi-nt  des  ligures  grotesque- ,  pein- 


l'une  au-dessus,   l'autre  au-dessirus  de  leur  pays,  le      (es  en  noir  ou  en  rooge  ,  et  qui  donn-nt  à  celui  qui 


long  du  fleuve  des  Amazones.  Ils  prenneut  d'une  fa- 
çon singiil.c  u  une  sorte  de  labac  eu  pondre  qui  les 
e.rivie  penil'iil  viugi-qiia.re  beiiies,  et  Ic.r  procure 
les  plus  étranges  visions;  ils  se  sérient  d'un  luyau 
de  roseau  tem.i.ié  en  fourel.e,  et  de  l.r  (igure  d'un 
y  grec,  dont  ils  iir-èrenl  tha  iie  brauebe  dai.s  une 


porte  ce  bizarre  ornemcirl  nn  air  tout  à  fait  risibie. 
Les  Abanes  ne  sont  pas  la  seule  nali>>n  de  l'Amé- 
rique qui  se  défigure  ainsi  les  oreilles.  Les  premiers 
Espaguols  qui  débarquére:  l  sur  le  golfe  de  llon- 
duiJS,  s'aper(;uriiit  que  les  femmes  du  pays  avaient 
touies  les  oreilles  pendanics;   ce  tpri  tnl  cause  que 


d.  s  uar  lies.  Celle  i  péiation,  snivie  d'une  aspiraliou  cotte  cote  fui  nommée   Costa  de  Ureja  (la  Côte  des 

violente,   leur  fut  faire  diverses  grimaces.  Le-  Por-  Oreilles). 

liig  i>  du  P.  ra  oui  appiis  d'eux  à  fabriquer  diiréreuts  fn  cioii  communément  que  le  premier  Européen 

ustensiles  d'une  ré  me  fort  élastique,  rumiuuiie  sur  qui  a  reconnu  la  rivière  des  Amazones  bit  François 

les  bords  de   rArua^one,  et  qui  reçoit  toutes  sortes  d'Ilreilana.    Il  s'iinbarqua   en    là39  ,  assez  près  de 

de  formes  dans  sa  fr.  ic'ieur,  e  Ire  auires  celles  de  O"ito  ,  sur  la   rivière  de  Coca  ou  Cauca,  qui  pies 


pompes  ou  de  seringues,  qui  n'ont  pas  besoin  d( 
piston.  Leur  forme  est  celle  (l'une  poire  creuse,  per- 
cée d'un  petit  trou  à  1 1  pointe,  oii  l'on  adap.e  une 
canule.  Ou  le-  remplit  d'eau,  ci  en  les  pressant  lors- 
qu'elles soi.l  pleines,  elles  fout  l'effet  des  Seiiirgues 
onlinaires.  Ce  meuble  est  fort  en  iionneur  chez  les 


bas  prend  le  nom  de  Napo  ;  de  celle-ci  toniba  rians 
une  autre  plus  grande, el, se  laissant  aller  sans  auire 
guide  qi  e  le  cour.iiit ,  il  ariiva  au  cap  Mord  ,  sur  la 
côte  de  Guyane,  après  nne  navigaiion  de  ISOO 
lieues,  suivant  sou  estime.  Le  même  Oiellai.a  péril 
dix  ans  après,  avec  trois  vaisseaux  qui  lui  av.iieiil 
éié  confiés  en  Espagne,  sans  avoir  j  n  leirouver  la 


Oiiiaguas.   l>ans  toutes  lenr.i   assemblées,  le  m:  î:re      vraie  embmicbure  de   la  rivière.   La  rencontre  qu'il 
de  la  maison  ne  inau.',ue  point  d'en  présenter  une  à      ilit  avoir  laite,  en  la  desccudani,  de  quelques  feinines 


{{)  Cet  usage  (>iiarrgo  se  leirouve  dans  l'Oré.iide.      sieurs  peuplades 
Lub  navigateurs  mudt:riies  l'uni  retiiariiuo  cliez  plu- 


lu  monde  maritime. 

(Noie  dt  l'autetir.) 


1009 


CE0GRAPI11E  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


<01A 


armées  dont  un  cariqiie  indien  Inhnait  dit  de  se  délier, 
la  (il  n.iniii:ei'  nv.érc  dos  Amazones.  Queliiiies-iuis 
lui  uni  donne  le  nom  d'Orelliina  ;  mais  a^aiil  Orel- 
lana  elle  s'appi-L'il  déjà  Maraïton  (  iiroiioncfi  Ma- 
ragiioti).  Les  géographes  tjui  oni  faii  de  l'Amazone 
ei  d»  Maragium  deux  rivières  ditTéreoies  ,  trompes  , 
comme  Laci,  par  l'auioriié  de  Garrilas-o  et  d'iîcr- 
rera,  ignoraient  sans  doiile  que  non-seidenient  les 
plus  uncieus  auteurs  espagnol:  originaux  appellent 
celle  dont  nous  parlons  Maragnon ,  dé-  l'an  iji3  : 
mais  qu'Orellana  lni-mcoie  dit  dans  sa  reluiinn  , 
qu'il  rencontra  les  Amazones  en  desiendant  le  Ma- 
raginn,  ce  qui  est  sans  réplique;  et  en  eiïel ,  ce 
nom  lui  a  toujours  été  conservé  sans  intcrrupiion 
jusqu'anjouid'lini,  depuis  pins  île  deux  >iècles,  cliez 
lei  Espagnols,  dans  tout  son  cours,  et  d:'S  sa  source 
dans  le  liant  du  Pérou.  Cependant  les  Poitugais, 
ëtalilis  depuis  IG16,  au  Para  ,  ville  épiscopale  siiiiée 
vers  rembouchure  la  plus  orientale  de  ce  llenve,  ne 
le  connaiiisent  là  que  sous  le  nom  de  rivière  des 
Au<azones ,  plus  haut  so.is  celui  de  Kio-do--Soli- 
nioêiis,  et  ils  ont  transféré  le  nom  de  Maragnon,  eu 
de  Muraiihaou  dans  leur  idiome  ,  à  une  ville  et  à 
une  province  entière  ,  ou  capitainerie  voisine  de 
celle  du  P'ra. 

El  1^60,  Pedro  de  L'r.-oa,  envoyé  par  le  vice-roi 
du  Pérou  pour  chercher  le  laineux  lac  d'or  de  Pa- 
rinit^  et  la  vile  U't7  Dorailo  (i) ,  qu'on  croya't  voi- 
sins des  liurds  de  rAinaznne  ,  se  rendit  d.ns  ce 
fleuve  par  une  livière  qui  vient  du  côté  du  sud. 
La  lin  d'Uis^ia  fut  encore  plus  tragique  (|ue  celle 
d'Orellana  ,  suii  prédécoseur.  Il  périt  par  la  main 
d'Agiiirie,  soldat  rebd  e,  qui  se  lit  déclarer  roi.  Ce- 
lui-ci deicciidii  ensuite  la  r.viére  ,  et  a;irès  une 
longue  loute  ,  qui  n'est  pas  encore  hien  éclaiicie  , 
Djaiii  porté  tu  tous  lieux  le  ineiirlre  et  le  hrigan- 
daije,  il  finit  par  être  écaitelé  dans  l'ile  de  laTii- 
liidad. 

De  pareils  voy.'igcs  ne  donnaient  pas  de  grandes 
luniicres  sur  le  cours  du  neuve,  ynelqnes  gouverneurs 
pan.culiers  li.c;;l  depuis,  avec  au~si  pende  succès, 
d  fferentes  lentatives.  Les  l'orliigais  furent  plus  heu- 
\KU\  que  les  E>pi>gnols.  Ln  i()58,  un  siècle  apiès 
Urellaiia  ,  FeJro  lexeira  ,  envoyé  par  le  i;ouveineur 
du  Para,  à  la  ié:e  d'un  non.ljri.nx  dclaclieinenl  de 
Portugais  et  d'Indiens  ,  reinont  i  l'Ainazone  jusqu'à 
remhouch  .re  du  Napo,  et  ensui;e  le  Napo  nièine  , 
qui  le  cuiiduisil  as-cz  près  de  Quito,  où  il  se  rendit 
par  lerie  avec  quelques  Portugais  de  sa  troupe.  Il  fut 
hien  ri  eu  des  Espai;nul.s ,  les  deux  nations  nliéis- 
saiit  Hlursan  nicuie  miftre.  Il  reloiirni,  un  an  après, 
an  P.ra  par  le  nèiiie  chemin,  ..ccunip  gué  de-  PP. 
d°.\culiii .  et  d'AriiéJa,  jé-uites,  noiiiniés  pour  rendre 
co.npie  a  la  tour  lie  Madrid  des  panicuhui  es  du 
voyage.  Ils  estiniéreot  le  (.lieinin,  dei>uis  le  hameau 
de  iNapo,  lieu  de  leur  cmliarquenient,  jusqu'à  Para, 
de  I35t)  lieues  espagnoles,  qui  valent  plus  de  ISOO 
lieues  marines,  et  plus  de  7bOO  kil.  La  relatiou  de 


ce  voyage  fut  imprimée  à  Madrid  en  1G40,  et   tra- 
duite en  français  en  56S2,  par  GoniherxiHe. 

La  carte  très-déléetiieuse  du  cours  de  ce  fleiiTe, 
par  Sanson,  dressée  sur  cette  iclation  purement  his- 
torique, a  de;iuis  été  copiée  par  tous  les  géographe», 
faut  •  de  nouveaux  mémoires  et  nous  n'en  avons  pa< 
eu  de  meilleure  jusqu'en  1717.  Alors  parut  p'ur  11 
prLinié  e  l'ois  en  Fiance,  dms  le  Xll"  tome  des  /.«- 
1res  édi/ianes,  etc.,  une  copie  de  la  cane  gravée  à 
Oiiilo  en  1707,  el  dressée  des  l'année  It'JO,  par  la 
P.  Samuel  Friiz,  jésmle  allemand,  mis  imnaire  sur 
les  bords  du  M.iragnon,  qu'il  av^iit  parcouru  dans 
toute  sa  longueur.  Par  cette  carte,  on  apprit  que  le 
Najo,  qui  passait  encore  pour  la  vraie  source  de 
rAina^one  du  temps  du  vuyage  du  P.  d'Aciihna,  ii'é^ 
t  lit  qu'une  r.viére  Miiialierne,  ipii  grossissait  de  ses 
eaux  celé  des  Amazones;  et  ipie  celle-ci,  sous  le 
nom  de  Maragnon,  sortait  d'un  lac  près  fiuanuin,  à 
120  kil.  d.'  Lima.  Du  reste,  le  P.  Fritz,  sans  pendule 
et  sans  luneile,  n'a  pu  déterminer  aucun  point  en 
longitude.  Il  n'ivait  qu'un  p''lit  demi-cercle  de  bois, 
de  trois  pouces  de  rayon  pour  les  laiiniJes  ;  enfin  il 
était  malade  quand  il  descendit  le  lleiive  jusqu'au 
Para.  Il  ne  faut  que  lire  son  journal  inaiiuscril,  pour 
voir  que  plusieurs  obstacles  ne  lui  pi  rniirent  pas  de 
faire  lesi>bservations  nécessaires  pour  rendre  sa  carte 
exacte,  su. tout  vers  la  partie  iiiférienie  du  fleuve. 
Cet'c  rarli!  n'a  élé  acconipagiiée  que  de  quelques 
nfi:es  sur  l.i  même  feuille,  sans  presque  aucnii  iléiail 
liist'  riqne;  en  sorte  qu'avant  le  voyage  de  La  Con- 
daiiiiiic  dans  r.Aniérii{ue  niéiidonale,  on  ne  S'V.iit 
en  Enr-pe,  sur  les  i  ays  tr.iversés  p  .r  l'Amazone,  que 
ce  i)u'en  avait  appris  le  P.  d'Aeulina  par  sa  relation. 
Le  .Maragnon,  après  cire  serti  du  lac,  où  il  prend 
son  or, g. ne  vers  11°  de  laliiudc  australe,  court  au 
iiiiiri  juqii'à  Jaen-'Ie-Bracainoros,  dans  rélciidne  de 
(j°  ;  de  là  il  piei.d  sou  cours  vers  l'est,  presque  pa- 
rai.é.emeiit  il  la  ligne  é'iuinoxi;i|e  jusqu'au  cap  Nord, 
où  il  entre  daiisl'Ucé.in  sou-,  le  juaieiir  nicoiC,  après 
avoir  paicnurii,  depuis  Jaeii,  où  il  coimuciice  à  être 
navigable,  Zi)°  en  lon,:,iiude,  ou  7S0  lieues  coiinmi,  es 
évaluée  p:r  le?  détours  à  4  UO  ou  4i  0  k.l.  —  Les 
bords  du  Mar.ignon  étaient  encore  peuplés,  il  y  a  un 
siècle,  d'un  gra.d  nombre  de  nations,  qui  se  sont 
retiiécsdans  l'imérieurdes  terres,  aussilôi  qu'elles  ont 
vu  les  ICuropéens.  On  n'y  reiicunire  aujourd'hui 
qu'un  petit  nombre  île  bourgades  de  naturcU  du  p  lys, 
récemniciil  tiré>  de  leurs  bois,  eux  ou  leurs  pèies, 
les  uns  p^r  les  missionnaires  espagnols  du  haut  du 
fleuve,  les  autres  par  les  inis-iunnaires  poriugais 
établis  dans  la  panle  inférieure. 

Il  y  a  troi-  cliemins  qui  conduisent  de  la  province 
de  Q.iilo  à  celle  de  M.iyiias,  qui  donne  son  nom  aux 
missions  espag  oies  des  hords  du  .Maragnon.  Ces 
tio'S  cliemins  traversent  celle  fameuse  chaîne  de 
montagnes  couvertes  de  neige  el  connue:^  sous  le 
nom  de  Cordillères  des  .\iides.  Le  premier,  presque 
sous  la  ligne  équinoxialc,  à  l'orient  de  Quito,  passe 


(1)  Nous  en  expliquons  l'origine  à  l'ariiclé  Veneliotu,]  Venezuela.  {Note  de  t'auletir.) 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


lt)ll 

par  Aretliidoiia,  el  conduit  au  N.ipn.  Ce  fiii  le  clie- 
niiii  que  piii  Tevcira,  à  son  reiour  de  Qniio,  cl  ce- 
lui du  P.  d'Aeulma.  Le  seccnd  esl  par  une  gorge  :iu 
pied  du  volcan  de  Tiingnrogua,  à  1"  el  demi  do  lati- 
tude ausirale.  Par  cel:e  rouie  ou  paruenl  à  la  |iro- 
vince  de  Canelus,  en  Irav^-r.-aiit  plusieurs  icrj-ciil-s  , 
«loi  t  la  j  KClioii  lait  la  rivière  ii  ni!i  ée  Pasiaçi,  <|iii 
se  jriie  dans  le  Mai:  gi.on,  600  kl.  plus  liant  .jire  le 
Napn.  Ces  lieux  clicmiiis  sont  ceux  i|ue  preiii^iit  or- 


1012 

iiifaillildeinent  avoir  pris  quelque  chose  des  mceurs 
de  ses  conquérants,  el  par  cor.sé(|ueiil  (|iruii  Indien 
lialiiiaiii  d'une  ville  ou  n'en  village  du  Pému,  par 
exemple,  di.il  se  dlHinguer  d'un  sauvage  de  l'inté- 
rieur du  C"iuincMl,el  niénic  d'un  nouvel  liab  tant  des 
iiiis?iiins  él.bl.es  sur  les  burds  du  Mara^incu  II  tni- 
drait  donc,  pour  duinerune  idée  exa  le  <!rs  Aiiiéri- 
Cains,  près  |iie  autant  de  destripliims  '|n'il  y  a  de  na- 
tion^  parmi  ei:x;  ceper.dani,  comme  lou'es  Irsnali'iis 


diuaircnienl  les  roissioiinaires  de  Quito  ,  les   s^'uls      d'Europe,  (pioiqne  diirérenlrs  cnlic  elles  en  langues, 


Furopéens  qui  f(éi]iienieni  ces  cniilrc'cs ,  dont  la 
coinirunicatiuii  avec  la  pMvince  vol  ine  de  Qniio  est 
presque  loiiilemeiil  inienoiiipne  par  la  Cnrdiiière  , 
qui  n'est  praliiabl.2  que  pendant  quiiques  mois  de 
l'année.  Le  iroisième  ilieniiii  isl  par  Jaen-de-Bra- 


inœurs  ei  cduiumes,  ne  laisseraient  pas  d'avoir  qiiel- 
qu.;  clmse  de  coinninu  aux  jeu^  d'un  Asaiiqne  qui 
les  exanib  eraii  avec  aiiemion  ,  de  incine  lo  .s  les 
lnd:eiis  uinériiams  des  eilTéieiiles  c  uirées  parais- 
sent avoir  leriaius  traits  de  ressemblance  les  uns  avec 


camoios,  lar  5'  et   demi  de  lalilnde  ausirale ,  où  le  b"S  antres;  el,  à  quelque^  nuances  pié«,  n»  recminait 

llaiagnon  loinmenre  à  porler  bali  au.  Ce  dernier  est  ànns  lous  un  méuic  (ond  de  caraclcre.  L'insensibdilé 

le  seul  des  Irois  ou  l'on  i  nissc  conduire  di  s  bêles  de  en  f^'i"  bi  base.  <  Je  laisse  à  décider,  di    La  Conda- 

cliarge  el  de  ni'iiiure,  jusqu'au  lirii  de  lembar  |iie-  niine  d.ins  la  lîelalion  de   son    voyage  dans  l'Améri- 

n;eni.  P..r  les  deux  autres  il  y  a  plusieurs  jours  de  que  tnérid  o.mie,  si  on  la  doit  hon-uer  du  nom  d'a- 

niarclie  .'i  pied  ,  et  il  faut  tout  faire  porter  sur  les  pailiie,  ou  l'avilir  par  cebi  de  riupidlé.  Elle  naii  ;-aus 


éiaiiiis  des  Indiens;  cependant  celui-ci  esl  le  moins 
frcqucu'é  des  irois  ,  lut  à  cauie  du  long  déiour  et 
dos  pluies  continuelles  qui  rendent  les  cbcniins 
presque  impiaiicablos  dans  la  jlns  belle  saison  de 
rannce  ,  que  p.ir  la  diilli  iillé  et  le  danger  d'un  dc- 
iroii  célèbre,  a;. pelé  le  Pongo,  que  l'on  rencunireen 
sorlanl  de  la  CorJI  léie.  —  Au-des>oiis  de  San-lago 
on  trouve  liorja,  ibcf-lieu  du  gouverneineit  de  May- 
lias,  qui  ci.n;preiid  tuules  bs  missions  cspaghoI.;s 
des  borils  du  Maraguon.  Horj  i  n'esl  séparée  de  San- 
lago  que  par  e  laineux  Congo  de  .Manséricbe.  Pon.o, 
aiicienueiiienl  Puiicn  dans  la  langue,  figi.ilie  tmis  les 
passages  élroits.  C'est  un  chein  o  que  ie  Maragnon, 
lournaiit  à  l'est ,  apiés  plus  de  t>00  k  1.  di-  cours  au 
nord,  s'o  ivre  au  mdieu  des  moniagin  s  de  la  Ci^rd.l- 
lère,  en  se  ireusanl  un  lit  entre  deux  mm  ailles  pa- 
jallèles  de  rochers,  coupés  presque  à  plomb.  11  y  a 
un  peu  plus  d'un  siècle  i|i;e  quilques  soldats  espa- 
gnols, de  San-lag",  déiouviirent  ce  passage  ,  ei  se 
liasar^èreiit  à  le  franchir.  Dcu.v  missionnaires  jésui- 


douie  lin  petit  nombre  d''  leurs  idées,  qui  ne  s'étend 
p;ts  au  delà  de  leurs  besoins,  (il  nions  jusqu'à  la  vo- 
racité, quand  ils  ont  de  qunj  se  sali>ra;re;  sobres, 
quand  la  ncce>siié  les  y  oblige,  jusqu'à  se  pisser  de 
tout,  sans  parait: e  rien  désiier;  pusillanimes  et  pol- 
trons à  l'ixcès,  si  l'ivresse  ne  les  irausporte  (a>; 
eniitin)isdu  Iravad,  imlilléieut^  à  lont  motif  de  gloi:e, 
d'iionnourou  de  reionnaissaice;  uniqueineul  i  ccupés 
de  l'objel  présent  it  toujours  déierniincs  par  lui  ;  sans 
inquiéln  e  pour  l'avenir;  inca:  ables  de  prévoyance 
et  de  lenexiiiii  ;  se  livrant,  quand  rien  ne  lei  gène, 
à  une  juie  puérile,  qu'ils  nianilcsleul  par  des  s.uiis  et 
des  éclats  de  rire  iu.nnidé^és,  ils  passeul  leur  viv 
sans  penser,  et  ils  vieillissent  sans  sortir  de  l'enfance, 
donti's  conservent  tous  les  défauts. 

«  ïo  lies  les  langues  de  l'.Ainérique  imiridioncle 
sont  l'on  pauvres  ;  plusieurs  ^ont  cueig  ques  cl 
suscei'libles  U'élégance,  et  singutièreinent  l'ancienne 
langue  du  Pérou  ;  mais  louies  m  iii|Ueni  de  termes 
pour  exprimer  les  idé'S  abstraites  universelles;  preuve 


tes  de  la  province  de  Qniio  les  suivireni  de  près,  et  évidenle  du  peu  de  progrès  qu'ont  lait  les  e-piiis  de 

fondèrent  en  IGôO  la  mission  de  Mayuas,  qui  s'élend  ces  peuples.  Temps,  durée,  espace,  élre,  subitaiice.  nia- 

fort  loin  en  descendant  le  fleuve.  tière,  lo.is  ces  mois  et  beaucou;i  d'anires  n'ont  poini 

Les  naturels  du  bas>iu  de  l'.Vin.izone  sont  basanés  d'é.|uivale:pls  dans  leurs  langues  :  non-seulement  les 

et  de  couleur  rougcàtre,  plus  ou  muius  claiie  ;  la  di-  noms  des  cires  tnélapliysiques,  mais  ce  x  mêmes  dts 

versiie  de  la  nuance  a  viaisemblablcmeni  pour  cause  éires  moraux  ne  peuvent  se  rendre  chez  eux  qu'im- 

principile  la  d:lféroute  lempéraiure  de  l'air  des  pays  par:..ilement  et  par  de  lo  gués   périphrases   11  n'y  a 


qu'ils  babiienl,  variée  dcnis  la  plus  grande  chabur 
«ie  la  zo  le  loiiide,  jusqu'.  u  Irnid  ransc  par  le  voisi- 
nage de  la  ntige.  Celle  différence  de  cliinais,  celle  des 
pays  de  bois,  de  plaines,  de  inunt.ig'.es  ci  de  riv.è- 


pa^ide  mois  propres  qui  répondent  exacieincni  à  ceux 
de  l'crJH,  justice,  libtrté,  recomidissance,  ingrulituile. 
Tout  cela  paiail  birt  difficile  à  concilier  .ivec  ce  que 
Garcilasso  rapporte  de  la  )  obce,  de  l'industrie,  des 


res;  lav.i.'iéiédesalimenli.le  |;eu  decoininerceqn'out      arls,  du  gouvernement  et  du  génie  des  aiciens  Pé- 


eiilre  clle.v  les  nalons  voisines,  el  mille  autres  causes 
doiveni  néce;=;iiieinenl  avoir  inlroduil  des  d  Iféren- 
ces  dans  les  occup.iiion.^  et  daiKi  Ics  (ouiimea  de  ces 
peuples.  D'ailleurs  on  tonçuii  bien  qu'une  naiion  ùe- 
^enue  citréliennc  et  soumise,  depuis  un  ou  deux  s.é- 
cles,  à  la  domination  espagnole  ou  portugaise,  doit 


ntviens.  Si  l'amour  de  la  p. trie  ne  lui  a  pas  fat  ill 
Sion,  il  laut  convenir  que  ces  peii|  les  ont  bien  dé  é- 
iiérédu  leurs  an.  êtres.  Quant  aux   autres  nai'ons  de 
l'Améiique  australe,  on  i.jnure  qu'elles  soient  jan.ais 
sorlies  de  la  barbarie. 

(  J'ai  dre~bé  un  vocabulaire  de^  lUQti  le  plu.«  du- 


i0i3  GEOGRArniE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 

sage  l'e  diverses  langues  imiienncs.  La  comparaison 
df  CCS  iiMis  avec  ceux  ijiii  «ini  la  méiiie  sigiiificaiiuii 
en  (l'ai. Il  es  laiigiifs  de  l'iiitcrii'ur  des  iiTres  l'Cut 
niiii-scirciiieiii  servir  à  prouver  les  di^e^^es  irans- 
iiil.  râlions  de  ces  (leiiiiles  d'une  exiriiiiiué  ù  l'^nire 
de  ce  va>le  tniilineiit;  mais  celle  mêiiie  C"ni)j:iraison, 
ipiaiid  'Ile  66  pourra  f  iie  avec  tlivoiscs  langues  d'A- 
fiii|ue,  d'tuiupe  cl  des  Indes  urienlalcs,  es(  pcnl- 
êlre  le  snil  im  yen  de  découvrir  l'uritiiic  des  Amé- 
ricains, l'i.e  confi  rniié  de  lai:gne  I  iin  avéïce  déci- 
dera.l  sans  doule  la  quesii^m.  Le  in.t  Abba,  Duba, 
Pupu,  cl  celui  dr  Huma,  qui  des  anciennes  langues 
d'Uiienl  senibli'ni  avuir  pas;é  avec  de  Icgeis  eliaii- 
genicnts,  dans  la  pluparl  de  celles  d'Eur.  pe,  ï-onl 
coniiiuiis  à  un  grand  iioinbie  de  natil)n^  n'Aiiié  i  ,ue, 
dont  le  Ln^age  isl  d'ailleurs  bien  dillircni.  Si  l'on 
rcg  irde  ces  n.ois  cimune  les  |ircniiirs  ^oub  que  les 
enfaiils  peuvent  arlicnler,  et  par  conséquent  cninme 
(eux  qui  ont  du  par  inus  pays  être  adopiés  préréra- 
blenienl  par  les  parents  qui  lesoiilciidaienl  |  rouonier 
pour  les  f  ire  servir  Je  signe  aux  iilces  de  père  et 
denicie,  il  restera  à  s.ivoir  jinurquoi,  dans  toutes  les 
autres  langues  d'An  érique,  <.ii  ces  mots  ^e  reiiron- 
treiii,leur>igMilication  s'esl  conservi'esanssecri'iser? 
Par  quel  basai  d  dans  la  iatgae  omagua,  par  exemple, 
au  Centre  du  coniincn>,  i/U  dans  quelipie  autre  pa- 
leilli,',  où  les  mots  do  Papa  et  de  Mania  sont  en  usage, 
il  n'est  pas  airivé  ijuelquLfois  que  P«;:a  siginliàl  mère 
el  Mamu  i  ère;  nmis  qu'on  y  obseive  constamment  le 
coiilraiie,  comme  dans  les  langues  d'Uiienl  el  d'tu- 
rojie?  Il  y  a  bcau<oup  de  vraiseniblince  qu'il  .'■e 
trouverait  parmi  les  nalmels  d'Amérique  d'autres 
terii  es  dont  le  rapport  bien  constaté  avec  ceux  d'une 
autre  langue  de  l'ancien  inonde  punirait  répandre 
quelque  jour  sur  une  question  jusifu'ici  abandonnée 
aux  pures  cnnjeciures.  ► 

Les  outils  des  Abitrigcnes  pour  la  coiisinution  lie 
leurs  cauois  et  de  leurs  éililices  n'étaient,  rapporte 
le  P.  d'Aciilina  .  que  des  cognées  et  des  liaclics  ,  et 
voici  p.ir  quelle  iudiutrie  ils  les  fabiiquaiem  :  l'ms- 
lincl  ou  !c  besoin  leur  avait  appris  à  couper  l'écaillé 
de  tortue  la  plus  dure,  par  feuille  de  quaire  à  cinq 
doigts  de  large,  qu'ils  airnaieiil  sur  une  [lierre; 
après  l'avoir  lait  séclier  à  la  fumée  ,  ils  la  fleliaieiit 
d'Hs  un  manclie  de  bois,  pour  s'en  servir  à  couper 
les  bois  tendres  cl  légers,  dont  ils  r.ii^aieiit,  nun- 
seulement  des  canots  ,  nviis  encore  des  tables  ,  des 
armoires  el  des  sièges.  Pour  ab::tire  les  aibres  ,  ou 
couper  du  buis  plus  ferine,  ils  avaient  des  cognées 
de  |>ieire  furl  dure,  qu'ils  aflilaienl  ii  forte  de  bras. 
Leurs  ciseaux  ,  leurs  rabots  et  leurs  vilbrequins 
ciaieni  des  dents  de  sangliers  et  des  curnes  d'ani- 
maux ,  entés  dans  des  inancbcs  de  buis.  Ils  s'en  ser- 
vaient comme  du  meilleur  acier. 


Quoique  tonlcs  leurs  provinces  pioduisenl  n:itii- 
rellemeiit  diverses  sories  de  colon  ,  ils  ne  l'ein- 

(1)  Le  Hio-Ni%To,  livérc  cous  déiabb:  do  l'Amé- 
rique méridionale  (Brésil),  duiiue  sou  iiuin  à  l'iiii- 


iCIt 

p'oyaieiil   puini  à  se  vêtir.  Ils  allaient  nus  presque 
tous  ,  el  sans  distinclion  de  sexe. 

La  religion  de  luus  ces  peuples  est  presque  la 
même.  Ils  ont  des  idoles  labriquéesde  leurs  mains  , 
auxquelles  ils  attribuent  ili\er-es  opérations.  Les 
unes  président  aux  eaux  ,  d'autres  aux  niuissons  el 
aux  l'iniis.  Ils  se  vantcui  que  ces  divinités  sont  des- 
cendues du  ciel  pour  demeurer  avec  eus,  et  pour 
leur  f.iire  du  bien  ;  mais  ils  ne  leur  rendent  pas  le 
moindre  culte.  Elles  sont  gardées  il  l'écart ,  eu  d  <ns 
un  étui ,  pour  les  occasions  où  l'on  a  besoin  de  leur 
secours,  l.'est  ainsi  que ,  prêts  à  uiarclier  à  la  guerre, 
i's  élèvent  à  la  proue  de  leurs  canots  l'idole  dont  ils 
attendent  la  victoire,  ou  qu'en  partant  |.uiir  la  pèi^lie 
ils  arborent  celle  (|ni  piéside  aux  eaux,  (lepenuaiit 
ils  reconnaissent  qu'il  peut  exiler  des  dieux  plus 
puissanls.  L"n  de  ces  bar'. arcs  ,  cluf  d'une  peuplade, 
vi'oliii  p:irler  aux  Portugais,  ajirés  leur  avoir  fiurni 
des  vivres  ;  et  marquant  beaucoup  d'à  imiration  pour 
le  boiibeur  qu'ils  avaient  eu  de  surmonter  les  difll- 
cullés  de  la  giande  rivière,  il  leur  demanda  en  grâce 
el  par  leeoniiaiss.incc  pour  le  bon  liaitement  qu'il 
Icui  avait  fuit,  de  lui  laisser  un  de  leurs  dieux  ,  qui 
fi'il  capable  de  le  servir  a\ec  autant  de  puissance  que 
de  buiiié  dans  lootes  ses  entreprises.  Un  cacique  lit 
connaître  i|u'ii  se  formait  ausî-i  quelque  idée  d'un 
dieu  sii|  cri.nir  aux  siei^s  ,  par  la  folle  vanité  qu'il 
avait  de  '. ouloir  passer  lui-inéine  pour  le  dieu  de  son 
pays,  i  C'est  ce  ipie  nous  apprîmes  ,  dit  d'Aciibni  , 
quelques  lieues  avant  que  d'arriver  ii  son  hab. talion. 
Nous  lui  finies  annoncer  que  nous  lui  apportions  la 
coniu'.issance  d'un  dieu  plus  pnissiint  que  lui.  Il  vint 
au  rivage  avec  liuics  les  apparences  d'une  vive  curio- 
sité. Je  lui  donnai  les  cx|licaiions  qu'on  lui  avait 
pioiiiises.  Mais,  demeurant  dans  son  nveuglenieut . 
sous  prétexte  qu'il  voulait  voir  de  ses  propres  yeiit 
le  dieu  que  je  lui  précliais  ,  il  me  dit  qu'il  était  (lU 
du  Soleil  ;  que  toutes  les  nuits  il  allait  en  esprit  dans 
le  ciel ,  donner  ses  ordres  pour  le  jour  fuivaut  et 
régler  le  gouvernement  général  du  iiioiide.  l'n  ca- 
cique d'un  autre  lieu  me  marqua  plus  île  raison.  Je 
lui  demandai  pounpioi  ses  compagnons  avaient  pris 
la  fuite  à  la  vue  de  notre  lloiie  ,  tandis  qu'il  é  ait 
venu  librement  au-devant  de  nmis,  avec  quelques- 
uns  de  ses  parents.  Il  me  répondit  que  des  bommes 
qui  avaient  été  capables  de  voyager  sur  la  grande 
rivière  malgré  tant  d'ennemis,  et  sans  essuyer  au- 
cune perle,  devaient  être  un  jour  les  seigneurs  de 
celte  contrée;  qu'ils  reviendraient  pour  la  sou- 
mettic,  et  la  jeiipleraienl  de  nouveaux  babiianis; 
qu'il  ne  voulait  pas  toujours  vivre  en  eraiuie  et 
trembler  dans  ^a  maison;  qu'il  aimait  mieux  se  sou- 
mettre de  bonne  bcure  ,  et  r.  cevoir  pour  ses  maîtres 
et  amis  ceux  que  les  autres  seraient  no  jour  con- 
traints de  reconnaître  et  de  servir  par  force.  » 

Le  P.  d'Aculma  l.iit  une  description  fort  poéiiqne 
du   Rio-Nègio  (I).  C'est  la   plus   belle   et   la   plus 

men«e  élendue  de  pavs    qu'il    pareourt  dans  la  pro- 
vince de  Para,  descend  du  versant  orient>il  des  AiiJes 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


1015 

grande  rivière  de  loiiies  celles  qui  s<>  jeiieni  dans 
l'Amazone  ,  dan<  l'espiici;  de  î^iJO  kil.  i  On  peut 
dire  ()ue  celle  puissante  rivière  est  si  orgneilleuse  , 
qn'elie  semble  riioqnée  d'en  ironver  une  pins  ^''^nile 
qu'elle.  Aussi  l'incomiiarable  Amazone  semble  lui 
temlie  les  bi as;  tandis  qu' l'autre,  dédaigneuse  el 
superbe,  au  lieu  de  se  mêler  avec  elle  ,  s'en  lient 
séparée ,  et  qn'orcnpaiii  seule  la  nioiiié  de  leur  lit 
commun  ,  elle  fail  distinguer  ses  flots  peml.int  plus 
de  12  lieues.  Les  l'ortngais  oui  eu  quel, pie  rai-oii 
de  la  nommer  rivière  Noire,  parce  qu'à  son  emliou- 
cliure  ,  el  plus  eurs  lieui'S  au  dessus ,  s  i  profondi'ur, 
j'iiiiteàla  clarié  de  loules  ses  enux  qui  toinbint 
de  plusieurs  grands  lacs  dans  son  lit ,  ia  font  pa- 
rai re  aussi  nuire  que  s' elle  éiait  leiiiie;  (pioiqne 
dai'S  un  verre  ses  eaux  ayent  toute  la  clarié  du 
crist  il.  > 

Los  Tobinâmbas  du  (leuve  liabilent  une  île  de  180 
kil.  de  large,  el  prir  coiiséij-.ent  du  plus  de  800  kil. 
de  circuil.  Ilsconfinnèrenl  aux  Poitugais  re\i-leiice 
de  vraies  amazones,  dont  le  fleuve  a  tiré  'On  nou- 
veau nom.  Les  preuves  que  le  P.  d'Acubua  ,  d'une 
crédulité  naïve  ,  a  réunies  sur  fesisiencc  de  ces 
finîmes  extraordinaires,  lui  paraissent  si  fortes, 
qu'on  no  peut  les  rojeier,  di-il,  sans  rononcer  à 
loiiie  foi  liumaine.  Maïs,  d;t  La  Conilamine,  si  leur 
ancienne  existmce  ne  peut  éire  lévoipiée  en  doute, 
il  est  probible  qu'elles  oui  dispniu  depuis  quel.|iies 
sièiles  du  lien  qu'elles  liahitaicnl,  soii  par  lellel  de 
quelque  révolniion  ,  poil  parce  que  leur  race  s'est 
insensiblement  éleinte. 

dans  le  Caguan,  pavs  de  la  Nouvelle-Grenade  ,  coule 
à  l'e-t,  près  île  580  kil. ,  puis  au  sid  dans  un  rspace 
de  48  i  à  .i-iU  kil.,  reprend  sa  première  ilir'Tiinn 
orieiiliile  jusqu'à  In  vile  de  Tboinar  pendnnl  .SOO  à 
600  kil.,  où  il  se  dirige  au  sud-est  avant  de  se  je- 
ter dans  rAinazone,  dont  il  est  le  plu;  vasle  a(- 
fliioi  t ,  et  où  il  forme  plusieurs  i  rs  :iss.'Z  spa- 
ciiMi-es,  sur  l'uMe  de-quelles  om  a  élevé  le  fort  San- 
Joz-,  d.ins  un  cours  de  plus  de  2,v00kil.  I.e  Uio- 
Négro  reçoit  no  non  be  irodij,- eux  d>'iivières,  dont 
les  iirincipales  so  l,  à  drni(e,  b-  Ri"-Xiè,  Tlssa- 
na,  rU^M'pes,  le  Ciiriciirari,  le  Ilio-Tfva,  l'inru- 
ba>s  ,  l'Ujuaiia,  rUrubava,  le  Quii.ini  ,"le  fiaruri , 
rU.Uiinari  el  U  Cevaboris.  Il  se  g  ossil  à  gin.  lie  du 
Cbamngnisscni,  du  Conoticbile,  du  (:as>ji|iiia'i  ('), 
au  nioyf  11  duquel  il  cumiiiunique  avec  l'Oréiioque  ;  du 
Dimili,  du  t  alialiiiri  .  du  Palavlii,  du  Sever-ni ,  du 
l>eiieiiiini,  du  Ulo-P»riuie  ou  braiico,  de  l'Iagnaj.iiri 
du  Hio  Aiùivone  Ou  AiiaviH^iiia  ,  el  du  Cuinuiahi! 
Celte  ri.èie,  pirsemèe  li'iles  iooo  i.brabl.  s  ,  est  peu 
coiuiiie.  Les  villes  on  villages  (pi'.'be  arros.'  sont,  à 
diote,  SaiiMircell  n  I,  San  Iclipo,  Sao-J  aqnim  , 
Lamaloiiga  ,  lu  ■niiir  ,  .Moiviia,  Bj:Cfll.is,  Jloina; 
à  gaiclie,  Miiroa  ,  S  iii-Minnel ,  Sari-Cm  lo<,  San- 
J.zé,  Sati-.loào-tiiii-li,  S.in  Prdio  ri  Vi,ia-i).'-l;in- 


1016 

La  nation  des  Tapijos  (1)  donne  son  nom  à  une 
très-belle  rivière.  Le  pays  est  irès-feilile,  el  ses  Ua- 
bilaiits  sont  redoutés  des  nations  voisines,  parce  qua 
le  poison  de  leurs  flèches  est  si  uiurtel,  qu'on  n'y 
trouve  aucun  remède. 

Eiinn  le  P.  d'Acubiiaetse>  rompagnons,  apiés  une 
longue  et  pénible  navigation,  arrivèrent  sains  ctsanfs 
à  Para,  possession  portugaise,  sur  les  côtes  du  Bré- 
sil, où  r.\niaz  >ne  se  jeue  dans  la  mer,  el  n'a  pas 
moins  de  520  kil.  a  son  emboucliure.  Par  son  ex- 
liêuie  rapidi  é,  ele  conserve  la  douceur  de  ses  eaux 
prés  de  8j  kil.  dans  l'Océan.  Elle  est  si  prof  nde  en 
certains  endroits,  qu'une  sonde  ne  trouve  point  de 
fond  à  105  brasses. 

Xavaii ,  les  Samoïèdes,  ou  Séinoyades.  lis  for- 
incnt  un  peuple  nomade  de  la  Russie  asiatique,  encore 
i(lo';;tre,  qui  baiiile  la  partie  nord-est  du  gouverne- 
ment d'.\rkli:'ngcl,  les  landi  s  gl.icées  du  district  do 
Ml  zen,  et  enlin  le  nord  île  la  Sibérie  jii-qu'à  l'Iétiis- 
séi.  Ils  paraissent  avoir  reçu  leur  idolâtrie  de  l'Amé- 
rique, c'est  du  moins  l'opinion  de  quelques  géogra- 
phes. Qu:im  à  niius,  en  comparani  leurs  idées  reli- 
gieuses et  leurs  conliinies  supersiiiieuses  avec  celles 
des  Ki'lioiiges,  qui  liabilent  l'Anièrqne  sepie 'Irio- 
nale  extrême,  nous  n'y  avons  pas  aperça  un  carac- 
tère dilTéreiiiicI  bien  consi  lénible.S'i  n'y  a  pas  d'af- 
liiiilé  entre  les  deux  peuples,  qu.inl  à  l'origine  dtS 
races,  il  en  existe  du  inoin-)  une  entre  leiiri  idées 
rclijiieuscs.  Les  Samoièdes  se  donnent  eux-mêmes  le 
nom  de  /l'/uisorn  ;  les  0-iiaks  les  appelle  l  Yéroinis- 
cho,  it  les  Tuungouscs  de  l'iéiiisséi,  Uiliiandal.  Quant 

(Maito  Grosso),  tire  ses  sources  alxmd.inies  des  nnm- 
lireux  cours  d'eau  qui  desce  dent  de>  Paresis,  iiioii- 
tigiirs  iiilérieuies  du  Brésil.  C'est  uii  des  plus  grands 
atiluenls  (le  rAiiiazo^e  qui  vienne'^l  du  sml.  Elle 
Coule  au  nord  plus  de  80  >  kil.,  entre  le  Xiiigu  el  la 
Madeira.  el  se  jette  dans  l'AmaZiine  on  .Mar  giiun, 
Briés  un  cours  de  152  kil.  l'.lle  se  grossii,  à  droiie, 
de  l'Apiaea,  du  .Monbiari  cl  do  Uiu  de  Tres-Uaras  ;  à 
gauche,  du  Tiiii:iVila,  dn  Ne,:riiino  el  du  liio  dus 
Ureif.ains.  Le  s.iil  endroit  qu'elle  arros  •  esi  le  vl- 
lagii  d"Aller-do-Cbaiii  on  Pnihel,  à  sou  co.fluent 
avec  le  M  'r:ignon,  p.ir  -'  2.-'  5u"  de  l.aiinde  sud  et 
57°  -J.i)  15"  de  loigitude  oue-st.  On  peut  dire  que  le 
'J'ap  yos  se  l'oinie  de  la  joiicti'U  des  deu\  rivières 
Aiiiins  el  Jii  i.eoa,  non  loin  des  soiirees  du  l'aij- 
giiay,  de  surie  q  .'il  pounai,  établir  une  coniiiiuiiua- 
linu  cn:re  ces  deux  riuères.  Il  est  évident  aussi  que 
par  le  tapoyus  et  par  ses  l.irijes  br.uici.cs,  r.vri.ius 
el  le  Jiirueii.i,  il  -cran  la  Ile  de  d'Uiiiiuiiiqu^r  avec 
la  vil  e  OeP.ra,  le  mines  de  .Matto-tjrussoeU^uyahi. 
Cène  navig.iioii  jusi|ii'.,ii  .M.liui.rosso  el  u  umins 
tW  kl',  plus  cunrie  que  celle  qui  a  lieu  par  l.i  .M  '- 
deiM  ei  le  Cnapuré,  le  qui  piu  iireraii  un  grmd 
av. image  |  oiir  l'expl  nlaiiou  des  niues  de  G  lyaua. 
La  nau^Miioo  de  Ci  lie  ii>,è  e  puir.at  ausSi  laci  ilef 


ÎJè^io.  E  le  rsl  située  par3°  16'  de  lalilii  le  sud,  au     les  de>.uii\eilcs  diiis  ces  \asies  coiuices  ine^pio  ces 
cei:iliie  i,l:irgedel253t.àaes.Q;iel.|nesanleursregar- 
deniccltj  i  iviéie  coiniiie  idenliqoe  avec  la  Caqueia. 
(  y  aie  lie  relieur.  ) 
(I)   Le  Tapoyos  ,  Tapajos  ou    lopayos,  grande  et 
niagnilique  r.viè  e  de  l'Ainéiique  mérid-on.de,  Brésil 


(')  1,0  C  ssiqniari ,  rivière  di-  1  Etat  de  Venezuela  ,  af- 
flueet  .lu  Rio-Néiîro,  IUL  découvert  eu  1731  par  le  1'.  Ru- 
Juaii ,  religieux  capuciu  ,  ipii  iiisppelaii  les  nllS^ioIls  du 
Baiu  OïL-uoqiie.  A  1 .  luul.  urdu  liuaviare,  il  rencontra 
«ne  lirogue  montée  par  des  Portugais,  qui  furent  irès- 


jo.-qua   son  eii.iee  dans   ie»  l^aiiipus  l'aress;delà 
on  |é  clieiail  dans  la  lèj^ion  imlllen^e  de  l'.^m.iz me. 
Le  Tapoyos  e.-t  eniinu  par  les  saljles  annleres  qu'il 
députe  dans  une  grande  (>ait.e  ne  «un  cuurs. 
(i\ote  Ue  t'iiuUur,) 

surpris  d'apprendre  qu'ils  naviguaient  sur  le  Haut-Oré- 
uoque.  lU  étaieul  venus  par  1-  llm-Négr  ,afllueiil  de 
1  Amazone  ,  el  de  celle  rivnre  pur  le  Cassiquiari,  que  le 
P.  Itoinaii  descendit  avec  eux  pour  visiter  le«  missiousdu 
Hio-iNégro.  ( Note  de  iauteur.f 


leiT                                 GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE.  1018 

4U  nom  de  Samoièdes  que  les  Russes  leur    doirnenl  civilisé  par  ses  relations  de  commerce  avecle's  Rus- 

irnpropicmcni.  il  paraii  leur  eue  venu   de  ce  qiiMs  ses.  Leur  soumission  parfaite  a  le  plus  coiilriuiiéà  ce 

les    onl    confondus    avec   les   Lapons,    auxquels  clnngemeni.  —  Les  Samoièdes  nèiieni  au  conirairo 

ils  avaient  depuis  longtemps  donné  le  nom  de  leur  une  vie  libre  dans  les  déserts  éloignés  ([u'ils  haliiienj. 

pays,  qui  en  langue   hiponne  s'appeile  S«nie  iirfa,  et  Ils  professent  l'ulolàlrie ,  dont  ils   conservent  qucl- 

uun  parce  qu'ils  les  supposent  cannih.iles  :  car  on  ques  cérémonies   par  tradition.  Le  principal  dieu 


ne  voit  nulle  part  que  ce  peuple  ail  jamais  eu  la 
coutume  barbare  de  queNpies  sauvages  du  midi.  Il 
se  divise  en  trois  principales  tribus,  i|ui  ont  des  oia- 
lecies  (iifléicnis,  et  aiix<piels  ils  donne  t  eux-n.'êines 
les  noms  suivants  :  fies  V<.noï'es,-i°  les  Tijii.i-Iyo- 
léij,  ei  5°  le■^  Kirulclies.  Les  premiers  balmeiit  sur 
les  bords  du  .Mezen,  île  l.i  Pelclioia,  et  sur  l'Ob,  dans 
leaenvir'iiis  O'Obdork:  les  seconds,  dans  rmlérieur 
du  {louveriienient  d  Aikhaiigel  ;  et  les  troisièmes, 
daus  l'iniéieurde  la  Sibérie,  au  delà  des  montagnes, 
dans  le  d. strict  de  Uérézof,  etc. 

On  panade  le  pays  liabilé  par  les  Samoièdes  eu 
deiK  parties  pnm  ipiles  :  la  première  s eii  nd  le  long 
de  la  mer  Claci  île,  depuis  le  cap  Canine,  qui  5e 
trouve  au  liord-esi  de  l'enibnucbiiie  dj  Mtzen,  jus- 
qu'au cap  Saint,  piès  de  la  ii\e  occidentale  d<i  la 
Peicliijra,  elle  rentre  ensuite  dans  l'intéiieur  des 
lcire.~,  en  su  V  ut  une  petite  cbaiiie  de  montagnes 
qui  loiige  le  couis  de  ce  lleuve,  et  qu'on  nomnie 
Tclii.iiz^nc  Cumene,  Wul  ce  pays  s'appelle' teire  de 
Caiiiiie.  L.i  (leuxuniie  p.atie  du  pays  des  Samoièdes 
cuininence  au  boid  cinenial  de  l.i  Peicliora,  et  suit 
les  cotes  de  TCéan  glaeialAici  que,  jiisiju'àla  gr.iuJe 
cbai  e  des  monts  Uiual»;  elle  est  bornée  au  sud  par 
le»  guuvirnenienis  de  l'erni  ei  d'Arkbangel.  'louie 
celle  vaste  région,  arro:ée  par  un  giand  nombre  de 
riviéie-,  se  couvre  de  neige  et  de  glaces  pendant 
I)uil  mois  de  l'année.  Les  Sainoïèdes  ignorent  eux- 
mêmes  leur  origine.  La  vie  dure  et  ^énib  e  qu'ils  mè- 
nent,   les   dangers    an.\qiieU  ils    ^unl  expnsés,  0;it 


clicz  eux  est  Nouni,  qui  régit  le  ciel  et  la  tine  :  il: 
sous  lui  une  quantité  innombrable  de  divinités  d'un 
ordre  iiilérieiir,  d'esprus  et  de  deini-dienx,  qu'ils 
nomment  ïadepizies  ;  ils  les  partigeui  en  eéesies  et 
terrestres,  et  re  sont  eux  qui  font  le  bien  et  le  mal 
aux  liommes.  Nouni  ne  saurait  être  leprésenlé  cliez 
eux  pir  aucune  image  :  ils  n'ont  pas  de  termes  pour 
exprimer  ni  sa  grandeur  ni  sa  toute-puissance.  Ils 
représenienl  au  contraire  les  Tadeplzics  par  de  pe- 
tites idulfcs  en  bois;  elles  ont  une  ligure  Iminainc, 
et  ils  les  couvrent  de  cbiffiuis  et  d'autres  ornements. 
Ces  idoles  se  placent  dans  les  buis  ou  dans  les  niai- 
snns;  queiquefois ,  les  transportant  d'un  endroit  à 
l'autre,  ils  les  ai'pellent  Kliaé.  Leur  culte  consista 
en  saciilices  qu'ils  n'i  ffrent  qu'en  action  de  grâces 
pour  Uii  bien  qui  leir  arrive,  ou  pour  un  mal  qu'ils 
prétendent  avoir  détourné  par  là.  Ces  sacrifices  cou- 
si>ieiit  presque  toujours  en  un  renne  qu'un  immole 
au  pied  de  l'idole.  Leurs  seliamans  s'appellent  Tadi' 
leuy  parmi  eux;  les  Russes  les  n  immeni  Coudesniki. 
— L'l.abil!emenl  des  liommes  diffère  peu  de  celui  des 
Osliaks  :  Us  uns  se  rasent  la  tcieeniièrement  nu  en 
pal  tie,  les  autres  conservent  leurs  cbeveux  ;  plusieurs 
portent  des  mnuslacbes, d'autres  laissent  une  peli:o 
barbe  de  chaque  côté  du  menton,  quoique  clair- 
seiuée.  On  remarque  dans  l'Iiabillemenl  des  feiiunes 
beaucou|)  de  détails  qui  leur  sont  propres,  et  qu'el- 
les n'ont  empruntés  d'aucune  autre  nation;  elles  ne 
connaissent  pas  le  voile  ni  le  vorop  des  femiiies  ns- 
tiakes.  Elles  ont  la  léte  et  le  visage  découverts,  ex- 


saiis  duu'.e  eir.icé  de  leur   mémoire  louie  espéee  de      cepté  djus  les  voyages  d'biver;  leurs  cbeveux  lor- 


nioiiiiii  eiii.  L'asseitiun  la  plus  eertaiiie,  c'est  que 
les  1  miles  les  plus  leeulées  de  riiémispbèie  boréal 
OUI  éié  lenpléds  par  une  nation  o|>piliiiée  par  les 
giievies,  et  chassée  de  ses  liatiitaliuus.Ou  trouve  en- 
core des  reste-,  de  celle  inciue  iia.iun  dans   la    par- 


nieui  deux  tresses  qui  tendent  par  derr.ére,et  qu'el- 
les ne  défont  jamais.  Elles  portent  des  pemlaiits  d'o- 
reilles de  gr;iins  de  coraux.  Leur  robe  offre  un  as- 
semblage de  morceaux  de  drap  dont  le  devant  de  la 
poiirine  et   le  dos   sont  toinmui  émeut   formés  de 


tie  orientale  de  la  Sbéne,  près  de   lléuisséi.  Tout      peaux  déjeunes  rennes.  Elles  les  ornent  par  devant 


prouve  que  ces  cnnii  ces  éiaicni  autrefois  bien  plus 
peuplée.s.  Ou  ne  doutera  plus  que  ce  pays  ne  soit  la 
vraie  patiie  des  SauiOièdes,  lorsqu'un  saura  que  les 
Caïbals,  les  Camaelies,  les  Abntnrs,  les  Soyoles  et  les 
Karagasses  oui  la  n.é.ne  ligure  que  les  Sainoïè  les  et 
pail.iit  leur  langue.  Les  SauioïèJes  diOèieiit  entiè- 
rement des  Osiiiks  par  la  langue  et  les  trait,  de  la 
li^^ure;  les  visages    de    ces  derniers  lessembleul  à 


et  par  derrière  de  quelques  morceaux  de  drap.  Le  bas 
de  la  robe  de  dessus  est  garni  de  trois  bandes  de 
belles  fipurrures,  qui  foniieiii  le  tour.  C-itie  robe  est 
ouveitc  par  devant  ;  elles  rabattent  un  des  côtés  sur 
l'aulie,  et  les  lixciit  au  moyen  d'une  ceiniuru  qui  a, 
au  lieu  debnucles,  un  gros  anneau  de  fer,  ampiel  el- 
les ailaeLe»;  ces  deux  evlréiniiés.  Les  femuiea  Sa- 
moièdes porient  des  culottes  de  peaux  de  renne,  pré- 


ceux  des  Einnois,  taudis  que  le>  Samoièdes  ontbeau-      par«'-^  comme  nos  peaux  de  daim.  Elles  ne  quittent 

pniiit  leurs  babits,  même  pour  se  coucber.  Les  liom- 
mes ôient  les  leurs,  mais  ils  gaident  leurs  culottes. 
On  ne  s'apeiçoit  p<s  autant  de  la  malpiopreié  des 
Samoièdes  que  de  celle  des  Ostiaks  ,  parce  qu'ils 
mènent  lout  l'biver  une  vie  errante,  passant  d'une 
contrée  à  l'autre  avec  leurs  yourtens.  Ils  choisissent 


co  ip  de  ressemlilaiice  avec  les  Touugouses.  Ils  ont 
Je  visage  plai,  rond  et  luge,  de  larges  lèvres  re- 
troussées, le  ntï  large  et  ou^er•t,  peu  de  ba.be  et  des 
clieveuv  noirs  et  rudes;  la  plupart  sont  au-dessous 
de  la  taille  niédi'  cre,  mais  bien  proportionnés,  plus 
irapus  et  plus  gras  que  les  Ostiaks;  ils  sont  en  revaii- 


cbeplussauvages  et  plus  remuantsque  ce  peuple  un  peu      toujours  pour  camper  des  plaines  dépourvues  de  bois. 


1019 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  102) 


qu'ils  appellent  tomidra.  Les  Samoîèiles  g;irdeiii 
eiix-inêines,  avec  Iniss  faiiiilies,  leurs  rennes  dins 
les  pâuirages,  à  l'excepii'  ii  des  riches,  qui  payent 
des  |i:ii!vrcs  pour  leur  servir  de  paires;  ils  ne  se  ser- 
veni  guère  de  ces  aiii.naux  domestiques  ijue  pour  les 
alicler  à  Ictus  traîneaux.  Ils  ne  savent  pas  traire  les 
rétines  pour  so  procurer  du  lait  (1).  Ils  vivent  de 
clias-i-,  ain^i  que  les  Tuungousesel  pluseurs  penjiles 
de  l'Auiérique  sepl''nlrinnalc;  ils  mangent  beaucoup 
de  lenufs  ^allva;e■^  qu'ils  prennent  de  i.liisicufs  ni:i- 
niéîps.  Ces  animaux  sutfisenl  à  presque  tous  les  Ije- 
coins  des  Sauioièiles,  soii  piair  la  vie,  soit  pour  leurs 
tcnies  ou  leur  lialillen-ent.  Ils  se  servent  des  nerfs 
de  ranimai  pour  coudre  ei  pour  d'auires  u;ages;  ils 
en  lirent  aussi  une  colle  ;  i!s  font  des  pelles  avec  li  s 
cornes.  Li  rsqu'ils  sont  sur  les  côti'S  de  la  mer,  ils 
se  nourrissent  d'ours  marins  qui  viennent  sur  le  ri  • 
vage,  de  baleines  mortes  gue  les  eaux  y  jettent,  et 
d'autres  animaux  m  irins.  Ils  les  mangeni  sans  pré- 
férence et  sans  aversion,  récliani  de  temps  à  aune 
dans  les  golfes  de  la  mer  et  dans  les  lacs,  ils  sft  font 
des  filels  avrc  l'écorce  du  saule,  et  les  cordes  ncies- 
saires  avec  les  jeis  ou  baguettes  de  cet  arbre.  Leur 
principale  occuj  aiion  en  auioinne  est  la  cbasse  du 
renord  blanc:  hommes,  (emmcs ,  cnlanls,  loiit  le 
monde  s'en  occupe.  Les  premiers  leur  die.-isent  des 
pièges,  les  autres  s'amusent  à  les  ilcierrcr  dans  leurs 
terriers  et  à  les  assommer.  Qae'ques  Samoièiles 
riches  Vont  en  élé  lixer  leur  résiilence  prés  de  l'Ob, 
pour  jouir  du  p'aisir  de  la  pèche.  Ils  font  p;iîlre  et 
garder  leurs  troupeaux  par  des  enfants  on  des  pàircî, 
el  y  séjoiirnen'  i;isqu'à  la  saison  de  la  cli.isse. 

Les  Sanioïédes  enterrent  les  nioils  peu  après 
leur  décès,  et  n'oni  pas  de  lieu  (ixe  pour  ies  sépul- 
tures. Ils  choisissent  la  première  liautenr  ou  colline 
qu'ils  trouvent  :  ils  mellenl  à  lenrs  mots  aulaul 
d'habits  qu'ils  peaveni,  el  placent  amour  du  cadavre 
ceux  qui  sont  trop  éiroils;  ils  lui  renversent  un 
cbaudion  par-dessus  la  lêle,  persuadés  que  l'àme 
y  lésiJe  même  a|)rès  la  deslruciion  du  corps.  Ils  en- 
veli'ppent  ensuite  le  cadavre  avec  tous  ces  objets 
dans  une  couverlurc  de  tente  faite  de  peaux  de  reu- 
nes, l'emballent  avec  des  cordes,  cl  le  tirent  la  lêle 
en  avant,  par  une  ouveilure  faite  à  la  icule  où  la 
pe:  sonne  est  décédée.  Jaunis  on  ne  le  fait  passer  par 
la  pnrle,  p  rce  qu'ils  croient  que  le  mort  enlraîiierait 
bienlôt  après  lui  quelqu'un  de  la  famille,  s'il  y  pas- 
sait. Arrivé  au  lieu  de  la  sopuluire,  ou  creuse  une 
fusse.  On  la  fait,  si  peu  profonde  en  élé,  que  le  mort 
est  à  peine  euliéremcnt  couvert  ;  ils  couvreni  la 
tombe  de  branchages,  et  jet  tenl  de  la  lerre  par-des- 
sus. Ils  construisent  en  hiver  une  cabane  avec  du 
bois  et  des  branchages;  ils  y  placent  le  mort,  et  lui 
donnent  une  hache,  un  couteau,  un  are,  des  Uéches, 
du  tabac,  une  pipe,  une  cuillère  el  une  tasse.  Le 

(1)  Celte  circonstance  nous  donner.Mi  à  croire  que 
les  S.iin.-.îèJes  re  sont  point  une  nation  in.lijène  ds 
l'Asii",  mais  qu'ils  sont  venus  de  l'Amérique  s  pten- 
trionalc  Ciilrênie.  En  ulfei,  l'usage  du  lai'  est  parli- 


convoi  s'en  retourne  ensuite.  On  tue  les  rennes  qui 
ont  11  aîné  le  corps  sur  le  lieu  de  la  sépulture,  et  on 
les  laisse  sur  la  tombe  avec  leur  harnais.  L"S  riches 
lu  lll.au^si  ceux  dont  le  défont  se  'ervait  pnnr  aller 
à  la  chasse.  En  hiver  on  couvre  la  f'i>se  île  neige,  eu 
Clé  de  liranchages  et  de  nic'U.ss.' ;  ait^si  leurs  mnrls 
servent-ils  de  pâture  aux  renards  blancs,  aux  sfi  > 
tons  et  autres  aniniauv  carnassiers.  Ob--ervaiii  a  S;i 
une  ecrcinonie  avec  leurs  morts,  ils  fini  venir  quel- 
quefois un  mag  cien  [tndib]  p(mr  apaiser  l'e  prit  du 
dèfiinl.  Ces  devins  sanioîcdes  sescrva:it  d'im  l:iinlinur 
de  ba-qiie,  mellenl  un  hahi'  parliculicr,  ^'artii  de  d  f- 
fértiils  colifichets  de  fer,  p.>rlenl  à  l'e-prir,  lexhor- 
tenl  à  ne  pas  inquiéter  ceux  qu'il  f.isse  sur  la  terre, 
et  à  ne  pas  les  entraîner.  Us  finissetil  par  le  prier 
d'abandonner  à  ses  parents  les  places  où  il  a  cli  ssé 
avec  succès.  On  tue  un  renne  pour  le  repas  lics  fu- 
nér.iilles  :  le  mari  ou  la  femme  du  dèfunl  n'oe  pas 
manger  avec  les  convives  a\an;  de  s'être  pmiiié  eu 
se  lavatit  avec  du  muse.  Dès  (pi'un  Sanioiède  est 
mort,  ou  i;e  prononce  plus  son  nom,  il  f  ml  user  do 
délouis  lorsqu'on  veut  palier  de  lui.  Celui  qui  pro- 
ni.ncerait  son  nom  deviendrait  le  niO'tel  ennemi  de 
toute  la  famille.  Le  nom  du  défi. ni  repa.-se  avec  la 
temps  dans  1 1  famii  e  :  on  le  donne  à  un  etifsnl  de 
la  seconde  ou  troisième  génération.  On  iiimtiveile 
par  ce  nmyen  la  mémniie  de  cebii  qui  l'a  porté. 

Une  chose  reniirqualde ,  c'est  (jiie  les  magiciens 
el  un  er.ind  nombre  de  Samoîéiles  ont  qochpie 
chose d'ellrayant  dans  la  figure  :  ceci  provient  de  la 
len-ioii  el  di^  la  sensibilité  extraordinaire  de  leurs 
libres,  du  climat  qu'ils  habitent ,  de  la  vie  qu'J.-  mè- 
nent, de  leur  imagination  et  de  leurs  préjugés.  Des 
personnes  dignes  de  foi  assurent  qu'on  trouve  des 
figures  pareilles  chez  les  Toungouses  el  lesKami- 
cli:ida!es.  Le  major  Is  énicf  pi  étend  qu'il  eu  exisl.iit 
au-si  chez  les  Yakoules.  Il  y  en  a  parmi  les  Boiiii.  Is 
cl  les  Tariares  de  riénis;é!,  mais  ils  sont  inciiisel- 
frayanls.  Pour  peu  qu'on  les  touche  aux  flancs  ou  à 
quelques  a!:lreç  parties  du  corps  sensibles,  un  cri  eu 
un  ciup  de  sifflet  imprévu,  un  rêve,  etc.,  mettent 
ces  malheureux  hors  d'eux-mêmes,  el  les  font  pres- 
que tomber  dans  une  espèce  de  rage.  Celte  rage  est 
ponéeà  un  tel  degiéchcz  les  Samnïèdes,  qui  ont 
le  genre  nerveux  el  les  hbres  très-seusibks,  que 
lorsquils  en  sont  atteinls,  ils  saisissent  couledu, 
hache,  ou  tout  ce  qui  se  trouve  sous  la  niain,  pour 
massacrer  la  personne  qui  est  cause  de  leur  saisis- 
sement, ou  toutes  celles  qu'ils  rencontrent.  On  na 
s'en  débarrasse  que  par  la  force,  el  en  les  désar- 
mant ;  lorsqu'ils  ne  peuvent  assouvir  Icir  fureur, 
ils  fiappent  des  pieils  el  des  mains,  p  ussent  des 
hurlements,  se  roulent  par  terre,  eic.  Les  Samoîè.leS 
et  les  Osiiaks  ont  un  excellent  remède  pour  guérir 
ces  maniaques  :  ils  allument  un  morceau  de  peau  de 

culicr  à  tons  les  peuples  asiatiq'ies  ,  civilises,  no- 
mades ou  barbares;  ei  on  ee  l'a  lenconlré nulle  pr.rl 
en  Asiiérique,  lois  de  sa  décuuvei'e. 

(Xoie  de  l'auieur.) 


}031 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


i012 


reniir',  ou  un  petit  tampon  de  poil  d(!  icni>e,  et  Ils 
leur  en  Innt  lespiicr  la  fumée  par  le  nez.  Le  inainde 
Ininbe  ^lussiiôi  dans  nn  .igsuiipUsciiniil  ei  une  lassi- 
tude (jui  durent  ordinairement 2Î  licurts,  ce  qui  lui 
remet  enliércMienl  les  sens.  Ce  remède  est  plus  \y.^t- 


rc|iéliiiûiis.  Les  femmes  nasillent  en  ii  eue  '.eraps, 
et  niar|iiei!i  la  mcstiie.  Les  Samoiédes,  fort  enci  lis 
à  l'ivrogneiie,  aiment  le  labnn  avec  passion.  Lors- 
qu'ils sont  ivres  on  liaient  d'eux  tcut  ne  i|ii'on  vent, 
auliemenl  ils  sont  assez.  sau«aj;es.  .M.  Zouief  est  cer 


pre  i|iie  toute  autre  ciio&c  à  lépai^dre    des  lumières  lui  i(ui  a  donné  la  meilleuie  descrij  lion  de  ce    peu- 
sur  b  cause  de  cette  malad  e.  pie;  c'est  d'api  es  lui  i)iiu  nous   dunnous  ces  détails, 

L'S  jours  de   lé.c  les  Samoiciles  se  rassemblent  éga'cmeiii  copiés  par  le  prof<  sscur  l'jllas. 

pour  jouer  à  la  lutte  et  sauter  à  des  dis'anves   inar-  On  compte   lii-2   familles    Saim  ïèdes   habitant   le 

ijuées,  dan  eut  aiifsi    des  rondeaux,  et  cPaqiie   dan-  cap  Canine,  ei  200  sur  le   bnid  de    la   mer  ju-qo'à 

feeiir  a  sa  ilanseiise.  Sans  s"ccar;er  beaucoup  île  leurs  la  l'etcbora.  Ou  peut  évaluer  jusqu'à   2i,00(j  irdi»!- 

places,  ils  font  des  ligures   et    pienneul    dilTéieiiics  dus  des  deux  sexes  tous  les   S;imi.ïcdes;  ils   payent 

positions  ;  liui  s  pas  Siiiit  coiictï  d  i's  marclenl   eu  un  pot  l  Iriliul  en  fourrures  au  gouvernement  russe, 

cadcnre.  Leur  mus  que  con^i^lc  à  rlian:er  du  nez  et  D'autres  esiitnent  leur  nombre  a  ô-i,DUO. 
de  la  gorge  quelques  syllabes  particulières  avec  des 


Ittbo'.i,  les  Vofiouh,  ou  Vogouliiclics.  Cette  na- 
liun  de  race  linnoise  lialiite,  d.<ns  la  [tussie  f.siati- 
«jue,  la  partie  orieiitule  de  l'Oural  sepienlriuiial.  S^n 
idolâtrie  est  em|  rente  d'un  caraelcre  paiiiculier  qui 
rélnigne  liiut  ti  lait  de  celle  qui,  s^us  diverses  lor- 
mes,  eslgéiicraletiienl  |  raliqnée  parles  peuplades 
Boinades  de  l'Asie  centrale  et  urien:ale.  Les  Vogouls 
errent  aux  environs  des  nv  ères  qui  se  réunis:enl 
avi  c  l'Iilyi  lie  t4  l'Ob,  dans  l'Océan  Glacial,  ou  se 
jetl.  Ht  a»ei  la  .lama  et  le  Volga  dans  la  mer  </is- 
pieiine,  piiniipalt^ment  dans  les  gouverneuieiils  de 
Teriii  et  de  iolioUk.  Ils  se  donnent  les  noms  de 
Vogoiily  Mansi,  suivant  M.  Georgi,  et  sont  appelés 
Vogiiul  tcbis  par  les  Uussi'S,  et  quelquefois  Oogril- 
ïliis.  Le  prufe^.seur  Fisclier  pense  oue  les  Voiioiils 
et  les  ilongroi?  ne  foi  ineiil  qu'un  même  peuple.  Leur 
langue,  à  lavéïiié,  ofl're  du  rapport  avec  celle  des 
Finnois;  !iiais  elle  a  néauin  >lns  heiuconp  de  cliosi  s 
qui  lui  -ont  propres.  Les  lSn5»es  criirenl  aussi  pen- 
dant quelque  temps  qu'ils  formaient  un  nicine  peu- 
ple avec  les  Osti.'ks.  Des  docui>ien:s  liistorii|ues  de 
plus  de  5J0  ans  de  dite  les  désignent  comme  une 
nation  distincte.  Tomes  le?  peu(lades  des  Vogoiils, 
dispersées  dans  différenis  caillons,  prises  col  cciive- 
inenl,  composenl  une  n;ilio:i  liomiiiciise;  mais  m 
ne  peui  avoir  de  dénombrement  exact  de  leur  popu 
latioii.  Suiv:int  kur  Irailiiion,  ils  ont  iniijuurs  résidé 
diins  les  l.cux  qu'ils  lialiienl  aujourd'hui.  Ils  passe- 
ront sous  la  souveraineté  de  la  Uussie  avaiil  la  con- 
quête de  la  Sibérie.  C>  Ite  nal.on  ét:iit  ;>lors  si  brave 
ei  si  gucri  ère,  liue  les  Russ<:s  eurent  beaucjitp  de 
peine  i  les  réduire  sons  leur  obéi-sauce.  Maiiiienant 
tes  peuples  denienrciil  par  familles  ou  parentés, 
dans  leurs  forcis.  Chaque  famille  éicnd  son  territoire 
aussi  loin  qu'elle  prut  chasser,  en  respectant  celui 
delà  ramillequi  ravoisiftc.  N'ayant  d'autie  occupa- 
tion que  la  chasse,  la  néoess  lé  ne  leur  permet  pas 
d'bjbi;er  eoseuibli;  dans  des  villaqi's,  eile  les  ob!!"e 

(l)  Il  est  bon  de  const.itev  ici  que  la  plii'anihropie 
nioili-rue  i|ni,  eu  en. ployant  les  os  a  faire  d'i  bon. lion 
Oii  lie  a  gélatine,  s'iina^inaii  avoir  rendu  un  tare 
service  à  l'Iiumanité,  n'avait  pas  luéiue  rioi;i.iihe  de 


au  contraire  à  s'éloigner  les  uns  des  autres.  Rassem- 
blés, il  leur  serait  impassible  de  trouver  as-ez  rtegi. 
Lier  pour  fournir  ii  leur  subsisiauce.  ils  n'ont  point 
derlievanv  ;  ils  leur  seraient  pri'sque  inui'es,  parce 
qu'ils  peiiveul  plus  commodcmenl  parcourir  à  pied 
leurs  loièts  niaréiaseiise»;  d'ailleurs  ils  n'ont  point 
de  pâturages  pour  les  nourrir,  et  ces  animaux  se- 
raient toujours  csposéi  à  être  dévorés  pr.r  les  ours, 
qui  abondent  dans  celte  contrée.  Les  riches  possè- 
dent ccptndant  quelques  vaches,  qui  restent  auprès 
de  leurs  laluiiics,  avec  leurs  ftnmies.  Fort  peu  de 
Viigouls  ont  des  chiens,  sans  autres  aniniaiix  do- 
mestiques. La  nature  leur  lournil  en  revanche  as.sei 
d'animaux  sauvages. 

Les  élans  suni  la  principale  nnnrritnre  des  Vngouls 
dn  Nord.  Chaque  coinninnauié  a  des  enclos  de  12  à 
IG  kil.  et  même  plus,  dans  la  lorci.  Un  abattis  d'ar- 
bres, on  de  jeunes  pins  cl  sapins  posés  en  travers 
contre  des  pieux,  ks  entoure.  Tiè— jaloux  de  la  sû- 
reté de  leurs  enclos,  ils  les  gardent  avec  soin,  pour 
que  personne  ne  vienne  y  voler  leurs  foins,  cou- 
per du  bois,  s'y  établir  on  s'enip.irer  du  gibier,  qui 
S8  prend  dans  les  pié^^i-s.  Ces  enclos  ont  des  ouver- 
tures de  dislance  à  autre;  ils  y  tendent  des  piéi'es.  et 
font  des  Irappes  pour  prendre  le  gibier.  —  Les  Vo- 
gouls  paient  leur  tribut  en  peaux  d  élans,  et  vendent 
le  reste.  Ils  coupent  la  chair  de  ces  animaux,  qu'ils 
ne  peuvent  pus  consommer  dans  sa  frichcur,  en 
langues  bandes,  et  la  fout  ainsi  séchera  l'air,  sans 
sel,  ou  ils  la  .''umeni;  iN  la  mangent  cuite,  et  incnio 
crue  lorsiiu'eHe  est  séchée.  Quand  ils  sont  i.uelqua 
temps  sans  prendre  de  giliier,  et  qu'ils  se  trouvent 
dans  ladi-ctte,  ils  ont  recours  aux  us  (I),  les  cas- 
snit  par  moiccaux,  el  les  font  cuire  dans  l'eau;  ils 
se  contentent  a'ors  de  ce  bouillon  jusqu'à  ce  qu'ils 
ptiissonl  se  procurer  du  nouvelles  provisions.  Mais  ils 
sont  rarement  réduits  à  cette  exiréuiité,  parce  qu'au 
moyeu  de  ieurs  flèches  ou  du  fusil,  ils   sont  presque 

sa  découverte.  La  philanthropie  venait  à  la  suite  des 
hahitnnis  des  gorges  de  fdur.i;  et  de  h.rcts  de  ta 
Kam  1.  q:.i.  de  temps  umnémurial,  us.iioni  Ue  ce  pro- 
cédé dans  la  disette.  (lYole  de  l'uuieur.) 


1025  DICTIONNAmE  DE  GEOCnAPlIlE  ECCLESIASTIQUE.  lOM 

toujours  pourvus  (le  loiiie  s  Tie  de  gibier.  Ceux   (jui      plus  petits  pour  les  porter  sur  le  dos.  Hnbil.tnt  peu 


demeurant  p'è>  des  rivières  trouvent  u!ie  ressource 
dans  le  poisson,  quMs  pieuueiit  au  (ilet  ou  à  li  nas- 
se. Ils  cou!.truiscia  à  cet  fffet  des  canots  avec  des 
nii/rceaiix  d'écorce  de  lioiile.iux  (ju'ils  assujettissent 
avec  d's  nerfs  ti'él;in,  ils  les  cinluisent  ensui;c  de 
résine.  Ces  viandes,  les  amandes  ou  pisiaclies  de 
cèdres,  el  les  grair.es  de  niarai<,  compfisenl  toute 
leur  su!isisi:ince.  Ils  joi.issent  i!e  la  meilleure  sanié, 
qu'jque  deineniaiii  au  milieu  des  marais  et  des  lo- 
rc's,  dan>  une  contrée  iiéç-froide.  Les  Russes  leur 
vend'îiil  la  farine  avec  laf|uelle  ils  s'arcontuuicni  peu 
à  peu  à  faire  toutes  sortes  de  pâtes.  Ils  soûl  f  ri  con- 
tents lorsi|u'i!s  peuvent  se  procurer  desljipieiirs  spi- 
ritue^^es.  Ils  .'iclièieiii  des  Russes  toutes  les  choses 
nécessaires  à  leur  liabilleiiieiil,  car  ils  ont  niètue 
oublié  la  prépuraiion  des  peaux  el  fourrures. 

Les  Vdginils,  petits  et  efféminés,  ressemblent  un 
peu  aux  Kdhnuuks,  excepté  qu'ils  sont  blancs.  On 
les  reconnaît  à  lour  vl>age  rond,  à  lurs  cheveux 
noirs  ;  on  trouve  rarement  p.irmi  eux  des  blonds  ou 


leurs  jourtens  pendant  l'été,  ils  occu-enl  alos  leurs 
balagany'^,  ou  cabanes  d'é.é,  laites  il'écorces  de  bou- 
leau, et  entretieiiiieiit  sur  le  devint  un  feu  couli- 
nuel,  priur  en  éloigi'cr  les  mouches  el  les  taons  qui 
fonrinlllent  djiis  ces  contiées,  et  qui  ne  b^nr  laisse- 
raient pas  un  luuinenl  de  repos  sans  celte  précau- 
tion. Ils  gardent  près  d'eux  leurs  animaux  domes- 
tiques. 

Les  Vogouls,  non  encore  convertis  au  ehr!slia« 
nlsiiie,  croient  également  en  un  Dieu  Souverai:i  mat- 
ire  du  inonde:  ils  lui  donnent  le  nom  de  Torome,  et 
pensent  que  'e  soleil  esl  le  lieu  de  scn  séjour  ordi- 
naire. Ils  regardant  aussi  le  soleil  et  la  lune  comme 
des  divinités  du  second  ordre.  Leur  principale  féie, 
qu'ils  niimuicni  ijébola,  est  r onsacrée  à  Torome  et  au 
soleil.  Elle  ye  ce  ébre  à  l'àjues,  qu'ils  re^iardeat 
comme  la  fête  de  la  descente  de  Dieu  sur  la  lerre. 
Celle  fêle,  à  l 'quelle  ils  donnent  le  nom  de  piin- 
temps,  est  réioque  k  laïueHe  leur  année  coin- 
ineiice.  (,luand  la  nouvelle  bme   lojidic  avec  In  pre- 


des  roux.  Us  ont  peu  de  baibe,  el  elle   leur  pousse  miére  de  ces  fêles,  ils  en  lent  aussi  une  solemiité 

très-Uiid.  Les  lemiuessoni  assez  jolies  :  leur  babil-  qu'ils  célèbrent  sous  le  nom  d'aiifc'ifto.    Ces  jours-là 

'lenienl  consiste   en   une  longue  chemise  de  desbus,  ils  ofl'renl  en  sacrilice  éiaiis,  bœnfs,   bêtes    fauves, 

de  crusse  toile  blanche,   qui  de.-cend  jusqu'à  lerre,  brebis,  porcs,  oies,  canards,  poules,  gelinottes,  per- 

Elles  ont  pour   cuiffore  un  mouchoir  autour  de   la  dris,  gàleaux,  miel,  bière,  hydromel  et  ean-de-vie. 

lé.e,  et  porieni  dessous  un   bandeau  noir  garni  de  Us  s^e  disent  tous  chrétiens  (I);  il  esl  cependant  ccr- 

cura'ix.  Les  tilles  ont  leurs  cheveux    tressés  ciunme  lain  qu'ils  en',  un  grand  nombre  d'idoles   à  qui   ils 

les  Russes.  Ce  peuple  a   adopté   une   grande  partie  rendeni  un  cube  secret,   surioiu    lorsqu'ils  paiieut 

des  mflp:irs  russes,  ainsi  que  les  d.inses,  qu'il  prélère  pour  la  (basse  des  élans,  des  iibclines,  etc.;  ils  in- 

anx  siennes.  Leur  insliumenl  ordinaire,    es.  ècu  de  vorpieul  des  divinités  particulières,  el  iuimok-nt  ces 

harpe  qu'ils  appellent  cougour,  a  la  forme  d'un  pi'lit  .nn maux  dev;inl  leurs  idoles  ou  ligures.  Des  mineurs, 

canoi  couvert  d'une  table   harin(  nique,  sur  laijU'Ile  occupés  delà  recherche  des  mines,  truiivérenl,  il   y 

esl  posé  un  chevalet  ;  sept  cordes  de  boyaux,  tendues  a  (ilusieurs  années,  en  purcourant  une  foiél  cousu- 


dessus,  sont  attachées  à  l'un  des  bouts  d<-  l'instru- 
nieiit  par  une  cheville  qui  le  traverse;  le  musicien 
lient  rinstriimeiil  sur  ses  genuux,  niaïque  les  loos 
de  la  main  droite,  et  joue  de  la  m. du  g'ucbe. 

Les  cabanes  d'hiver  des  Vogouls,  qui  n'ont  pas  de 
maisons  pat  eilb  s  à  celles  des  paysans  russes,  sont 
en  bois,  de  forme  conique  et  sans  loil  ;  elles  ont  li 


niée  par  le  eu,  entre  la  Sosva  et  la  Lobva,  une  sta- 
tue de  cuivre  près  d'un  pin  fort  élevé;  elle  repré- 
sentait un  homme  tenant  un  javelot:  c'était  pmlia- 
bleinent  une  id  le  vognule.  Ce  pe.ipe,  avant  il'èlra 
Converti,  gardait  coninionéinenl  ses  idides  dans  les 
an. tes  de?  mibers,  ou  au-dessus  des  rocs  escarpés, 
ou  sur  des  pins  élevés,   pour   s'exciter  à  une   plus 


porle  au  noid    ou  à  l'est;  à    gauche  de  la  porie,  et  grande  vénéialion.  Ou  voit,  près   de   la   L'diva,  au- 

con.i'C   le   mur,  est    on   fouriie:<(i  assez  bas  el   une  (je:<sus  du  ruisseau  de   Cbaïtanka.    une  grolle  dans 

cheminée   à  cô'é,    ati-dessus  de  laquelle  se    trouve  une  inonlagne  calcaire,  que  l'on  regarde  encore  au- 

unc  ouvi-rlure  con  que  qui  sert  d''  pi'Ssage  à  la  fumée  jomd'hui  comme  un  temple  vogonl  :  il  e  l  rempli  d'os 

el  de  fenêtre  à  la  cabaire.  En  face  du  fouuieiu  esl  un  de  viciinies,    el  ou  y  trouve  quehinefois  de   petites 

larg'i  banc  pour  s'asseoir.  Devant    cet   a|ipar  einent  iin  ges,  des  anneaux  de  cuivre  avec  des  (ig  ire- f '3- 

il  y  a  comniunémenl  une  autre  pièce  couverte;  ils  y  vées,  et  autres  oljeis,  que  les  Vogi'ii's  aciièli  ni  des 

serrent  tous  leurs  vases  et  nsleioiles.  Ceux-là   con-  Russe.-,  ei  auxqm  Is  ils  leiidenl  un   culte  setrel.  Il  y 

sisleni  priiicipalem''nt  d  ins  des  auges    et    des    ton-  a  un  grand  no. obrc  de  ruisseaux  et  de    lieux    dans 

neaux  de  troncs  de  bouleaux  évasé-,  ou  de  l'deorce  cette  parte  de  la  Sibérie,  qui    p<nteiil   le  *noin  de 

du  même  arbre,  qu'ils  emploient  à  différents  ustiges.  chûlanka  ou  chai  anskuia,  parce   nue  les  VogonU    y 

Us  en  font  des  gobelets  el  de- plats,   et  les  femtres  sai  r.liaieiil    leurs    idides    appelées    communément 

de  longs  berceaux  en  forme  de  b..lelpls,  qu'elles  sus-  ciml.ni  par  les  Russes  de  cette  contrée.  On  estime  à 

pendent  en  l'air  pour  y  coucher  leurs  enfants,  el  de  1 1,01)0  le  nombre  de  ce  peuple. 

(1  )  Il  y  en  a  une  partie  qui  professe  le  culte  de  l'E-  gouls  ;  mais  il  n'y  a  pas  réussi,  et  ceux  qui  sont  con- 

glise  grecque.  Le  |;ouverueui<-nt  russe  s'est  ellorcc  veitis  pruiquent  te  clinsiiainsiiie  eu  pulilic,  et  leur 

de  faire  adojiter  le  christianisme  par   lous  les  Vo-  idolàlrie  eu  particulier.  (iV«(e  rfe /'(lufciir.) 


tOSj 


GEOGRAPHIE  DES  LF.GENDliS  AU  MOYEN  AGE. 


Zamora,  vet  Stntica,  Znmnra  cti  Espagne.  L'alihé 
de  Coniiiianville  rapporte  que  celle  villt;  se  noinmjit 
^umantia,  si  l'un  en  croit  une  ancienne  Notice  (|ni 
(lit  expressément  :  Numawin,  qiiam  Col!ii  vocarunt 
Zanioram  (Nuinance,  qne  les  Gollis  nirninnèient  Za- 
mora). Quant  à  nous,  Zaninra  nous  paraît  plutôt  èire 
un  mol  d'oriiiine  arabe.  Quoi  qu'il  eu  soit,  l'évêcUd 
de  Z^imora  date  de  l'an  1119;  il  clilt  et  est  encoie 
Si'ffiajj'anl  de  l'arclievèclié  de  Saint-Jacques  de  Coni- 
postelle.  Zamora,  auparavant,  faisait  p:ii  lie  du  dio- 
cèse de  Nuuiantia  (l'ancienne  iNuiuauCt),  que  les 
Rouiains  avaient  rebâtie,  cl  qui,  sous  les  Goilis,  avaii 
échangé  ce  ninii  contre  celui  de  Girriy,  mot  d'origine 
évideuuntnt  golliiqiie.  Connue  Numanlia,  on  Gairay, 
t'iitibaii  eu  ruines  au  ci'mmencf  mcni  du  xii'  siècle, 
l'évéclic  lut  transféré  à  Zatuora.  Garray,  bàii  sur  le 
Du";ro,  existe  encore  aujourd'hui  ;  mais  ce  n'«st  ri>'-iz 
bourg.  Zamora,  dans  le  moyen  âge,  était  une  ville  de 
passage  pour  les  nombreux  pèlerins  qui  se  reiid.iicnt 
à  Composlelle  en  l'honneur  de  l'apôtre  saint  Jacques. 
Aussi,  pour  faciliter  leurs  voyages,  0(  nstruis  l-on 
dans  la  province  des  routes,  îles  pouls  et  des  hôpi- 
taux. La  ville  de  Zamora,  à  elle  seu'e,  possède  un 
hospice  et  Iros  hôpitaux,  dont  la  londation  remonte 
à  l'époque  dont  nous  parlons.  Elle  e>.i  siiuce  au  som- 
met d'une  colline  escarpée,  e-'tre  l'emij(ui(liure  <lu 
Valder:ilduey  et  ctlle  de  l'Es'a,  à  la  droite  du  Duero, 
qu'on  y  traverï^e  sur  un  pont  très-solide  et  d'une 
grande  architiclure.  Le  Duero,  un  des  principaux 
Oenves  d'Espagne,  parcourt  le  vaste  espace  qui  se 
trouve  entre  les  montagnes  de  Guadarrama  et  de 
Kbbaual,  pour  entrer  ensuite  dans  les  possessions 
portugaises;  il  prend  naissance  au  nord  de  la  ville 
d'Osnia  et  dans  les  limites  de  son  évèchc,  pics  d'un 
lac  extraordinaire  et  profond,  qiii  se  trouve  sur  le 
sommet  même  des  montagnes  d'Uibiou,el  sur  le<|iicl 
on  raconte  parmi  le  peuple  des  légendes  étranges. 
Ce  n'est  qu'à  vii  gi  pas  du  lac  qu'où  rriuiintoe  la 
source  du  Duero,  qui  a  peu  d'eau;  mais  tninme  II  re- 
çoit ensni;e  bcauciiup  de  lelits  ruisseaux,  il  se  gros- 
sit presque  aussitôt  :  il  est  trcs-poissom.eux.  Il  dirige 
son  cours  au  midi,  par  Garray,  dans  l'enipl  iceiuent 
de  Nuinance,  et  par  S'>ria;  nu  peu  avant  Aliuuzaii,il 
tourne  à  l'ouest,  et  dans  cette  diriciiim  il  continue 
jusqu'.'Upiès  de  Mirandii;  là,  il  tourne  au  siidjiisqiià 
Moncorvo,  où  il  reprend  sou  ancienne  dirci  tio  i  à 
l'ouest,  et  se  jette  dans  l'Océui  après  un  ccurs  de 
6U0  kil.  Uieii  que  dans  le  diocèse  d'Usma,  il  cuit.pie 
seize  ponts  eu  pierre  et  plusieurs  bacs.  Il  leçoit  par 
sa  rive  droite  dix  rivières,  et  dix-huit  par  sa  rive 
gauche. 

Zamora  possède  une  église  cathédrale  assez  v.-isle 
el  viiigl-di-ux  paroi-ises  ;  elle  avait  seize  couvents  des 
deuï  sexes  avant  h  suppression  de.',  ordes  religieux. 
Elle  était  autrefois  une  place  d'armes  très-forte;  elle 
n'a  plus  niainlen ml  que  des  inuraillcs  en  ruines  et 
saos  défense.  Les  produits  de  son  sol  consistent  en 


grains  et  en  vins.  Quelques  métiers  pour  le  lin,  le 
chanvre  el  la  laine  o;cupenl  une  partie  de  la  popu- 
lation. 

Znmora  a  huit  pnrîes,  près  d'une  desnue'lcs  «st 
l'ancien  pal-iis  de  la  reine  Urraca,  où  se  réfngi;!  Vcl- 
lido  Dolfos,  après  avoir  donné  la  nirri  au  rni  Sanche 
II.  On  conserve  pi  es  du  paliis  épisropal  les  ristus  do 
ce'ni  qn'hidjita  le  Cid  roi  Diaz,  et  on  le  nniuiiie  en- 
core aujourJ'Iiui  la  inaisnn  du  Cid.  Colle  \ilh',  suc- 
cessivement déiiuiie  et  leliâlic  par  ceux  que  la  vic- 
toire favorisait,  a  essuyé  bien  des  vicissitudes  sous 
les  Gohs,  les  Arabe,  et  les  mis  catholiijues.  Patrie 
de  Flor  an  de  Ocauipo,  historien  et  tiii  des  ji'iis  sa- 
vants anliiuai;es  de  l'Espagne;  d'AlTirnse  de  Zamora, 
juil  converti,  ainsi  nommé  du  nom  de  ceite  vdie,  un 
des  coopérai 'Uis  du  cardiial  Ximenès,  pour  l'éditi  n 
de  la  Polvgli  Iti',  el  de  plusieurs  autres  pei-onnages 
célèbres.  Zamora  a  une  pnpul.uion  de  10,90U  habi- 
tanis,  el  est  à  fC  kd  sud-ouest  de  Léon;  elle  est  le 
«hef-lieu  de  la  province  suivante. 

I  Zamora,  province  d'Espagne,  faisant  partie  de 
l'antieM  riyanme  de  Léon,  lians  le  noid-nord-' uest 
de  la  péninsule,  coidine  au  nord  à  la  prnvinc!  de 
Valladolid,  au  sud  à  celle  de  Salainaniue,  à  r>  nest 
à  des  portions  de  ces  deux  provinci's  et  de  celle  de 
Tias-oz-Montcs  en  J'oringal,  el  eiilin  à  l'est  encoie  à 
coll.'  de  Valladolid  et  à  ceMede  Toro.  Le  climat  y  est 
en  général  tempe; é,  sain  el  iiès-doux  au  prinienips 
el  à  l'auiomne;  cependant,  loisqn'i'u  hiver  et  même 
au  printemps  régnent  les  vents  du  nord  et  du  nord- 
nord-est,  on  y  éprouve  des  fmids  rigoureux,  el  ou  a 
vu  le  theriuoinélre  de  Kéaumur  descendre  à  b°  au- 
dfc.ssoiis  de  zéro  :  ce  qui  vient  de  ce  que  ces  v-nts, 
partant  de  la  chaîne  de-  monlagues  teptenlrionales 
qui  traversent  la  péninsidj  de  l'est  à  i'one^t,  ne  ren- 
contrent ni  forêts,  ni  ii  régularités  de  teriains  qui 
puissent  niiti,er  leur  ligueur  avant  d'arriver  dans  les 
graiid's  pi  lines  de  la  Castilîe.  Céiéralement  parlant, 
le  sol  de  cette  province  est  uni,  r|uoiqiie  roupé  dans 
différentes  dirertions  par  des  collines  peu  élevées, 
qui  déieruiinenl  le  cours  des  eaux,  lantôt  du  nird  au 
sul,  lanlôl  du  sud  au  nord,  lesmielles  vnni  presqua 
toutes  se  rendre  dans  le  Duero.  qui  l'arrose  de  l'est 
3  l'ouest.  A|uès  ce  lleiive,  la  rivière  l.i  p'ns  fonsiné- 
rahle  de  la  piovinre  est  l'Ksla.  Il  n  y  a  )  eul-è're  p.ts 
dans  tout  le  royaume  de  province  où  les  coinmniiica- 
llons  se  trouvent  plus  larcs,  soil  avec  rinléri'Ur, 
soit  avec  les  poinis  extrêmes  de  la  côie;  et  elles  ne 
sont  ni  plus  fuciles  ni  plus  iiouibrenses  avec  le  Por- 
liigal,  à  hiquille  elle  louche  :  ce  qu'  1  faut  allnbn  r 
au  mauvais  état  des  cliemins,  au  dcfiuid'iiidn>tiie,  à 
l'absence  de  ers  curiosités  de  la  iialiire  ou  de  l'arl 
qui  attirent  les  éirangers,  et  e'ifin  aux  obs  ac  es  pres- 
que iiisurmonlables  que  pré-ente  le  Duero,  forcé,  par 
la  dis|  o-ilioii  du  terrain,  de  se  resserrer  dans  un  !•; 
profond,  et  de  couler  entre  des  montagnes  el  dis  ro- 
chers escarpés  cumii  c  des  murailles,  dont  la  seule 


\ 


1027  DICTIONNAIHE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  1023 

vue  fait  frissonner  le  speeiaieiir.  Les  richesses  miné-  coniraire,  est  pourvue  pnr  la  nature  de  poris  niagni- 
ralogiqui'S  de  la  proviuce  se  réduisent  à  une  n.ine  de  fi^iues  et  de  liavres  li:.l)ité<.  Les  ports  fiéiiitiniés  sont 
sel  gemme  et  à  qnehiucs  terrains  niireux.  Ses  mon-  la  baie  Clialky,  la  bde  Dii^ky,  la  iKiieT.^suaii,  la  b^iia 
ta'Mies  sont  par  intei  v;dle  garnies  de  cliénes,  pins,  de  rAuiirauié,  lu  canal  de  la  î'.e.jic-Cliarloiii-,  l.i  bais 
peupliers,   liéo'"S,   et  offrent  d'excellents   pâturages       Cloudy,  le  port  (Jlagc  et  le  havre  Molyueux  Sur  l'ila 


pour  les  bestiaux.  On  y  trouve  sa"f!liers,  loups,  re- 
n:irds  chats  sauvages  et  gibier  de  toute  espèce  en 
abondance.  Les  riv  ères  et  les  ruisseaux  obiuident  en 
tanches,  trniies  el  L:irboif.  On  vante  les  angu  llesdu 
canal  de  Cuerra  au  Duero  comme  les  plus  exquises 
que  l'on  connaisse. 

L'agi  iculmre  y  est  dans  un  état  médiocre.  Ses 
prineipabs  ié;:oltes  consist'Mit  en  blé  et  autres  céréa- 
les, eu  vin,  légumes,  cliàt;ii;;r.es  el  Iniiis  de  d  verses 
espèces.  On  y  élève  moulons,  vaclns,  cbeviiux  et 
puris.  Dans  quelques  (autous  on  s'applii|ue  à  l'édu- 
calion  de^  ;ibfiilcs  et  à  reognisseoicnl  îles  vidailles, 
el  dans  d'autres  ou  lait  d'assez  bons  fromage-.  Une 
des  lautes  de  l'état  peu  floiis^ant  de  l'agrie  Iturc  est 
le  défaut  de  chemins  vicinaux,  ausM  négli>.cs  que  les 
grandes  routes.  L'iodosirie  n'est  p  .s  moios  en  a  rière 


Taviiî-Pouuamuu  ;  la  baie  Mioiooii-Kan,  le  havre 
Kai-Para,  la  baie  Tara-N'aké ,  la  liiiè.c  Cliouki- 
Anga,  la  baie  iSai.ga-OurMU,  l.i  baie  Ouibudoit,  la 
baie  Wangaroa,  les  b.iies  Tanue-Kua,  Ibiwke  el  d«s 
llt'S,  le  gollé  Cbour;:ki  el  ses  havres  numUieux. 

Paimi  les  l'es  qui  sont  des  dépeuda  ces  ttéogra- 
phiques  de  la  Nouvelle- Zedand,  on  rein  n  que  I  te 
Sievv.irt,  où  l'on  trouve  le  port  Marioa,  te  p. il  Fa- 
cile el  -e,  port  l'cgise,  deu\  îles  du  nom  oe  K 'solu- 
tion, j'ile  d'Uivi;le,  les  îles  Pain  de  S.iere  (Snyar- 
Loa[)  ,  'ioi:lioiia  ,  Tea-Iloura  ,  Poubia-i-Vtaka  i, 
Otea,  Cbooiourou,  les  lies  Mciciue,  les  iles  de  U 
baie  Cbooraki,  les  î!es  M.maoua-Touî  ou  les  Trois- 
Uois,  les  îles  Molon-Ko;iou,  eleii(iii  les  îles  T.iouili- 
l'ubi.  Ces  terre-,  et  suitoni  l.>  grande  i  c  du  nord| 
jouissent  d'une  Icnipcrature   unilorme  el  modelée, 


que  le  commerce  el  ragriiM.liuie  dan.  la  province  de  q»'  rend  leur  cinnal  saluire  ei  Ic.ir  sd  1er  ile. 
Zmiora,  el  qnoiuu'elle  abonde  eu  toutes  les  choses  Mais,  sur  leurs  tous,  les  \enls  rc.^neut  avec  l'meur; 
nécessaires  à  rétablissement  des  (abri., nés,  Il  n'y  en  aussi  li  conlormatioii  de  1  urs  liva^cs  por;e-l-e;:« 
a  pas  une  seule  eu  grand  dans  louie  sou  éieiulue.  l'empreinle  de  rniclenaii  e  des  é  éoenis.  Les  ro- 
Celle  I  roviuee  ne  possèilo  ni  uiii\ersiié  ou  aeadéiui.',  cheis  s'y  mon:reiii  fiéciueminent  uns  el  déei  i  lUeiéi 
ni  éeele  d'agiicullure,  ni  l.iblioii.éque  puiduiuo,  ni  en  forme  île  poissons  et  auires  an.nuux,  el.soiiveii» 
jardni  botanique,  ni  cabinet  d'hi>loiic  i.atinelle;  mais  ceux  qui  sont  exposés  iso:é.i  ei.l  à  la  l'ircur  des  va- 
il  y  a  des  écoles  primaires  dans  les  vi;lai;ei  el  des  gués  sont  peicés  d'outre  eu  nuire,  el  (orme. a  des 
écoles  de  lalioiié  dans  les  bourgs.  Ces  deruièiesont  arcades  de  diffeieotes  grandeurs,  donl  la  pi  is  tu- 
cependani  smifTert  de  la  fero.eture  des  maisons  reli-  rieuse  pe  l-étre  est  celle  île  Te^a  lou,  qui  e--l  sur- 
gieuïCS  ,  sans  qu'il  y  ail  eu  coinpeusaiion  jusqu'à  ce  niootée  d'un  pà  mi  vi  I  ij^c  fov  ilié,  el  »ous  l.iqoello 
jour. —  Les  babilants  sont  sobres,  pacifiques  el  as-  passent  lespin.gues;  ce  q.ii  loin.e  un  ellei  inlini- 
sez  laborieux,  La  pro\iuce  compte  'Ji.'iUO  àmcs,  sur  mcnl  piiu.ris.iue.  La  Nouvelle-Zeelaml  est  silluméo 
une  étendue  de  ^ôj.  kil.  carrés.  par  pliiso  uis  rivières  qm  sont  coo.,idérables,  quoi- 
Zelttuda  Nwa,  Nouvelle -Zeeiand.  Située   dans  le  «pie  leur  cours  s  il  peu  étendu.  Elle,  a   de  grande» 


Grand  Océan  anslr.d,  au  sud-eal  de  la  Nomelle- 
llo  lande,  enlie  51°  et  iC"  de  laiimde  sud,  eteuire 
104''  et  M'J"  de  lungindc  e»t,  elle  a  éic  découv.  ne 
eu  16i2  parle  cé'.èi  re  navigateur  ludlandais  Tas- 
man,  qui  lui  donna    le  nom  qu'elle  porte  encore  au- 


cbaines  t'e  miMita^ms,  (|Ui    leiifeiuicnl  des  Volcans; 
des  cl. mes  d'eau  en  decendeiil   eu  cascades  majes- 
tueuses. Dans  l'inlérieur  d'ika-na-Maoui  se  irvUveiit 
les  lieux  laes  de  Uoio-Doua  et  de  iU  .upère. 
Le  solde  la  Nouvelle  Zee'.and  peut  suppo  (cr  toile 


jmird'liui,  et  qui  est  celui  de  la  Zélande,  province  de      e.'pèce    de   culture.    11  est  couvert  li'arbres   iruua 


la  il'illande.  Cette  grande  terre  est  composée  de 
deux  lies;  elle  oflVc  une  bande  de  ICOO  kd.  de  lon- 
gueur sur  une  largeur  moyenne  de  100  à  l^U  kil. 
S'éleudant  ^/ans  la  direclinn  du  nord-est  au  sud- 
Ouest,  elle  est  interrompue  par  le  détroit  de  (^ouk, 
découvert  en  1770  parle  navigateur  de  ce  nnin,  et 
dont  la  laigeur  varie  de  IG  à  iOO  kil.  La  eirconlé- 
reoce  des  deux  iles  réunies  n'est  guère  iidérieure  à 
Cille  de:.  Iles  Brliaouiipies.  —  L'ie  septentrionale  se 
lioiunie  Ikan.i-M.iouï,  et  celle  du  sud  Tavai-Pouna- 
n.ou.  M.  d'UrviUe  i  ous  apprend  que  le  premier  nom 
signifie  poisson  de  ilaoui,  fondateur  de  ce  peuple,  et 
que  le  second  indique  le  lac  où  se  recueille  le  poK- 
nanicti  ou  jade  vert.  L'ile  du  sud  n'a  jamais  été  ex- 
plorée avec  soin,  à  cause  de  sa  cnnforinaiiuu  nion- 
tueuse  et  du  peu  de  sûreté  qii'u:)  petit  noiniire  de 
poris  ull'rent  aux  navigateurs.  L'ile scptenlriunale,  au 


beamé  remarquable,  surtout  dans  rintéiieiir  des 
leires.  Quelques-uns  s<>oi  lePeineiil  giga  le-qne^, 
qu'un  seul  liunu  fourni  une  pirogue  de  eiieire  con- 
lenanl  cuiqiiante  à  tuixante  guerrier.^.  I.c  plus  beau 
lin  du  monde,  le  p/ionnium  Icnux,  y  nail  sp.titané- 
n>enl  ;  on  le  récoiie  suri'jul  nu  bord  de  la  mer  dans 
les  crevasses  des  n, chers.  Les  femmes  le  |  e  gneni, 
le  netioient  avec  soin,  el  en  fabriitiient  des  étofTes 
soyeuses  du  plus  beau  lissu. 

Ika-na-Maoui  piéseire  presque  partout  nn  s  i|  ri- 
che, et,  dans  quelipies  parties,  la  plus  brillan  e  vé- 
gélation.  —  On  dépeint  Tavaï-Poimaniou  comme 
beaucoup  moins  favori-ée  à  cet  égard.  D'apiès 
M.  Wallis,  la  .Mipeificie  des  terres  susceptibles  li'é  le 
cultivées  ne  s'élève  qu'à  un  dixième  de  la  lut  illlé. 
Ncannioios  elles  sont  toutes  les  deux  bien  boisées, 
et  les  arbres  y  atieignent  les  plus  grandes  diioon- 


c*?       J.i 


I0Î1 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


1030 

sions;  on  en  voit  de  l'espèce  du  in'ii  qui  onl  quatre-  pariiion  des  prêtres  caiîinliqiie":  qu'elles  ont  pris  dia 

»ingi-ilix  pieds  de  liant   cl  viiigi  do  dianiêire,  mais  l'.icilviié.  Jusipi'alors  elles  s'étaient  beaucoup  pltis 

saii>  Hue  seule  branche.  L'mbre  qui  domine  louies  occupées  d'achats  de  teriains,  de  fermes,  de  iHUlti- 

ics  forêts  est  le  cèdre  à  feuilles  d'olivif;r.  Il  en  e\i>te  plicalioii  de  bétail,  (jne   de  la  conveiiiiiiii  di'S  ii;\- 

un  graod  nnndjrc  qui  sont  propres  au  cliarpe  iiage,  lurels. 

à  la  menuiserie  et  h  l'ébénisierie.  An  ra|)ptirl  des  La  mission  cit'.iolique  ;i  éié  fondé.'  en  183S  pnr 
missionnaires,  ces  Iles  jaii-seni,  en  général,  d'un  Mgr  Pompai  ier,  évè  |uc  de  Maronée  i;!  panibiu  In- 
clinât doux  el  tempéré,  également  éloigné  des  clia-  fideimm,  vicaire  aposu  liq^e  i!e  l'Ucé  mie  occi  i'-ni  de 
ieurs  brûlantes  des  conliées  équinoxiales  et  du  fn  iJ  (pii arriva  dans  la  Nouvelle-Zeelan.l  avec  un  pnîtrc  el 
intense  des  légions  seplenirionnles,  excepté  cepen-  un  caiécliisle.  Le  succé-.  de  celle  ini>sion  est  dû  ca 
dani  rextrécuité  nord  de  T.ivaï-Pounamuu,  où  il  grande  pan  e  au  mérite  pcrsoiincl  du  londjleur.  Il  a 
pleut  tiès-riéipicnimciii.  On  ti'y  trouve  aucun  arbre  subi  de  rudes  épreuves  dms  les  coniii,enc<.inenis  j 
dont  le  fruit  ofTie  un  aliment  aux  Européens,  et  à  mais  il  est  sorii  trioinph.intderes  lui'esd.injjOicuses, 
ptine  tiois  ou  quatre  qui  |ué?eiitent  le  niêuie  avan-  grâce  à  la  droiture  de  ses  internions,  à  la  iruilcnci 
lage  aux  iiidigèiies.  Ou  y  récolle,  entre  au;ies  plan-  de  sa  conduite,  et  à  sa  confiance  en  Dieu.  Lors  da 
tes  liLibacée»,  du  céleri  et  du  peisil  sauvage,  de  désasire  cl  de  la  n/ine  de  la  ville  de  Kuroiaréka  en 
l'neibe  dei  C^maries,  du  planiain,  une  espèce  de  18-i  i,  à  la  baie  di's  Iles,  il  lut  personrr  1  cinunt 
rayr,rats,  l'ensnla  eu  glaïeul.  Enlin  les  naturels  cul-  respecté  par  I  s  Maoris  ,  ainsi  que  l'égl  se  catlioli  jua 
liVeiit  un  leu  de  blé  d'inde,  des  pommes  de  tejre  et  les  bàtiMients  d;  la  mission.  Les  prétrei  auii- 
en  .'iboiidaiK  e,  des  choux,  des  niiveis  et  une  espèce  Maires  du  vicaire  apnsioliiiue  sont  les  Pères  de  I4 
d'y.tni,  d<int  les  semences  leur  uni  éié  données  par  société  de  Marie,  dont  la  mairon  principale  est  à 
ifs   premiers  naiigaleurs    européens    qui  les  visi-  Lyon,  société  estrêoienient  recommaudilde  p.ir  le 


lereoi. 

On  ne  connaît  jusqu'à  présent,  dans  celte  grande 
terri",  d'uutres  quadrupèdes  que  des  rats  cl  des 
ctdens,  I  xcepié  une  e^|iéce  de  l.-zard  assez  gros  ap- 
pelé gouaiia.  Il  n'y  existe  ni  repliiez  ni  insictcs  ve- 
nio  eux.  (joani  aux  oiseaux,  quoique  les  cs|.èccs  en 
S'iiCiit  peu  variées,  il  en  e^t  plusieurs  qui  se  disiiu- 
guin!  aiitanl  pai  leur  pluui^ige  que  par  la  méludc 
de  leur  ciianl;  de  ce  nombre  csl  le  pou.  Il  y  a  aos^i 
des  perroquets  de  d.lléicnles  espèi  es,  u!i  petit  oi- 
seau qui  re^Simble  à  un  moijiean,  un  canarti  q-ii  a  le 
biîf,  les  jnibes  elles  pattes  d'un  rouge  brillant,  et 
le  corps  ci'nn  beau  noir;  des   cai.aids  sauvages,  qui 


dévouement  el  l'insiruciiou  dont  ses  membres  font 
preuve,  f.es  Maoris  appellent  le  missionnaire  catlio« 
lique  l'Ariki. — L'adminisiraiion  de  cette  mission  est 
aujoiiro'hui  parfailcu;ciil  réglée  :  a  ÏAld:  des  101  res- 
pr.iidances  des  hanqu  s  de  Londres  et  de  Sydney, 
l'argiMit  el  les  appruvisionnemenl.^  iriveni  it  point 
nommé. 

■  Voici  les  principales  localités  de  la  Noiivelle-Zee- 
laml. 

Ilokianga,  ville  qui  possède  une  église  cil'.ioliqne 
et  où  réside  le  plus  souvent  le  \icairc  apostrli:|ue. 
C'e-l  un  port  situé  en  fice  de  Sydney  (dans  U 
Noiivelle-Hidl.inde),    d'où  la  traversée  poirr  y  :iller 


habitent  les  lieux  marécageux,  el  une  multitude  d'oi-      n'est  que  de  huit  jours.— Le,  Pori-Nicolsou  est  le  prin.» 


seaux  aqtiaiiques,  aux  |iiels  on  peut  ajouter  îles  din- 
doiiS,  des  oies,  drs  poules  el  autres  volatiles,  diml 
les  niissionnaifes  anglais  ont  en  soin  de  se  [loiirvoir 
en  :dlaiit  s'é  ali'ir  dans  ces  réglons  éloignées,  et  qui, 
eu  se  niuliipliant.  ciTrironi  bientôt  aux  raturels  de 
r.ouvelles  ressources  aliiueiilaircs.  Les  riviéics  el  la 
mer  sont  fréquentées  par  des  ours,  des  lions  de  mer 
et  drs  cétacés,  dont  les  naturels  mangent  la  chair 
avec  délice. 

Hoc  pariicidarilé  digne  de  remarque,  c'est  que  le 
ceiitipéd-",  qui  est  ineoimu  à  la  Nouvelle-Zeeland, 
abonde  dans  les  trois  peliies  iles  Manaoua-Toiiî,  q\ie 
Tasman  nomma  les  Tr(d--[lois,  et  qui  ne  sont  qu'à 
2'J  kd.  de  l'eMiéuiité  nord-ouest  de  l'île  Ika-iia- 
Manuî.   D'.iprès   le  recenseoienl  fait  en   1810,    par 


cipai  étallissemeni  eurnpéen  dans  la  |  arlie  du  Nord  ; 
il  coii^pie  5;. OU  babitant<.  —  La  colonie  a- glaise 
d'Auikland,  r)rtc  de  2000  babitjnls,  e^l  ég'dem.nl 
dans  la  partie  sepientr  (ui.de  ;  elle  communique  avec 
l'intérieur  par  deux  rivière-;  doiil  les  bassins  offrent 
des  terres  à  la  culture. — W.  Iliogion  est  une  autre 
colonie  anglaise  de  création  rccenlc.  C'est  le  lieu  où 
demeoreiii  les  luissioinaires  anglicans.  La  position 
n'en  parait  pas  avoir  é:é  clioisie  heureusement  ;  car 
le  pays  cu'iivable  eu  est  éloigné  de  plusieurs  kil,  ;  et 
précisément  à  cet  emlroit  de  la  côie,  il  n'y  a  poiut 
de  |iort. 

Akaroa  est  une  baie  el  un  pori  de  la  presqu'île 
de  Banks,  dans  l'île  du  Sud ,  par  le  i5°  environ  de 
Uilitude  ;  ce  port  est  donc   tout  à  fait  aux  antipodes 


ord.c  du  gouvernement  cijloni;il,   la  pupulation  de  de  Toulon,  qui  est  au>si  au  45°  de  hit  tude  nord, 

l'île  septentrionale  était  de    iOJ,550  âmes.  Ou   y  moins  la  différence  de  longitude.  Ainsi,  de  iTiielque 

comptait  ôci.OOJ  naturels  qui  suivaient  le  culte  an-  point  du  globe  qu'on  écrive   en   ce  pays,    on  ne 

gliean,  12,0  .0  Cl  nverlis  à  la  secte  des  wesleyens,  et  pourra   le  faire  de  p'us  loin.  La   presqu'île  a  été 

environ    70C0   catholiques.    Le   reste    éiail   encore  acheiée   par  des   Européens  fr.ir.çais  et   anglais,   et 

païen.    Les    missions    protestâmes    n'avaient    que  pour  d;;s  sommes   très-modiques.  L^s  naturels  ap- 

520  convertis   en  It27  iors  du  passage  de   Dumont  précient  peu  le  terrain.  Vers  le  fond  de  la  baie  il  y  a 

d'I'itille  à  la  baie  des  Iles  ;  ce  n'est  que  depuis  l'ap-  deux  colonies  des  deux  nations,  protégées  chacune 


1031  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  i039 

pur  des  navires  de  leurs  gouvernements  respectifs.     lesplnsniiniiiieiiscs  circmistanees  du  lieu,  du  toinps, 


Ce  n'est  que  depuis  la  paix  de  1815  que  les  inission- 
riaires  anglais  oni  abordé  dans  celle  ilc. 

Bien  que  la  lenipéraiiire  y  soit  plus  douce  qu'en 
Provence,  elle  e.-t  sujette  a  des  variations  si  fré- 
queijius,  la  trinsitiDii  du  froid  a;i  rliaud  est  si  brus- 
que, qu'elle  expose  les  éirangers  à  bien  des  mala- 
dies. Au  moment  où  Pou  jouit  d'un  temps  d'éié,  il 


des  personnes,  il  lanl  de  la  p  I  ence  pnur  I  s  enten- 
dre rapport  r,  avec  une  senipu'c  i-e  exarii  ude, 
toutes  les  pariiles  de  celui  qu'ils  niellent  eu  Si  èiio,  en 
imitant  le  son  de  si  viiix,  s<  s  gestes  et  ses  njanioies. 
Au  retour  d'im  voyage  ou  d'n.e  an:hassade,  le  rap- 
porteur s',  ssied  à  terre  ;  après  avi.ir  lespiré  un  ins- 
tant, il  comoience  son  rcc  t  eu    fai^ani    des   gestes 


s"c!ève  tout  à  coup  un  vent  furieux  du  sud,  aceom-      express  fs,  en  se  frappant  1j  poitrine   avec  fore    et 
pagné  de  grêle  et  de  ploie,  qui  vous  fait  sentir  les      agilité.  Kicn  ne  loi  écliappe,  depuis   le   niouieni   de 


froids  rigmneui  de  l'hiver,  et  laisse  les  soinmeisdes 
montagnes  blanchis  pir  la  neige.  Un  jour  après  , 
l'é  é  levient  encoie,  dure  quelques  jours,  et  puis 
c'est  à  recoiinnenccr. — Le  terrain  est  des  pins  ferti- 
les et  trcs-i  ropre  à  la  cul  iire  ;  de  liii-mêine  il  ne 
produit  qu'une  espèce  de  fougère  Irès-épai-se,  et  des 
arbres  de  tmiie  grosseur  inconnus  en  France.  Il  est 
exltèuieiuenl  dilïieile  de  voy;'ger  soil  parmi  les  fou- 
gère», poil  dans  les  furets,  et  te!  cliasseiir  qui  croit 


son  départ  jusqu'à  s:)n  retour  ;  il  dit  i, ml  ce  <|ii"  I  a 
reneo  itré  eu  ri.ule,  ce  qu'il  a  vu  et  appris,  où  il  a 
couché,  ses  repas,  ses  privaiioiis,  s'il  a  eu  froi  ',  si 
le  vent  lui  a  fait  courir  quelque  d  nger  dai;S  sa 
pirogue,  combien  de  vagues  siuit  enitces  d  lis  sa 
barque,  l'accueil  qu'il  a  reçu,  si  on  lui  :i  d  .nno  en 
aboiulaiice  <le  belles  pommes  de  terre,  de  beaux  ku- 
ruara.  Les  paroles,  les  manière;,  le  lou  de  voix  de 
ses  inlei  locuteurs,  tout  est  rendu  admiraldemi-nt;  s'il 


rallier  llicu^ile  son  bord  ou  sa  case,  se  voit  souvent  e-i  enliè  dans  la   maison  d'un  étranger,  il   saura  ce 

forcé  de  camper  sous  un  arbre  et  d'y  passer  la  nuit  <|ii"elle  renlerme  aussi  bien  que  le  m:iiire  dn  logis.  — 

au  frais  ;   mais  comme  dédoniinagement,  il  rapporlc  L<^s    Maoris   n'ont  point  de  secret  entre  eux,  ei  ils 

quelquefois  une  trentaine  de  pigeons,  qui  ne  l'auront  -'e  ci  oient  par  là  même  en  droit  de  tout  savoir  sur 

pas  fait  courir  beaucoup,  l'ex;  losion  d'une  arme  à  feu  '"  au'rcs.  Il  faut  une  étude  pour  les  satisf.iire  sans 

ne  les  effrayant  guère.  Les  oi^eaux  abondent  dans  meniir,  tuii  en  évitant  de  leur  apprendre  ce  qu'.in 

celle  contrée  :  leurs  cris  et   leurs  gazonibenieits   y  veut  qu'ils   ignureni.  Leurs  discours  sont   pleins   da 

font  lin  concert  continuel,  auquel  manque  cependant  toms    poéiiques  et  figurés  ;    ils   parenl    a\ec   volié- 

la  vois  du  loss'giiid.  jnence,  durant  des  beiires  enlicres,   sur   des  (>lioses 

Les  iiainrels  de  l'î'e  du  Sud  ,   moins  civilisés  que  qu  ils  pourra  e.i  expriiin-r  en  c  nq  minnes;    car  la 

ceux  du  Noid,  sont  aussi  moins  iiombriMix,  par  suite  langue  m.iorieest  plus  énergique,  plus  coucis",  p  us 

des  guerres  désasireiises  qu'ils  se  smi  faites.  Il  faut  expressive  que  les  idiomes  de  l'Euiope.  Qua.  d  iU 

espérer  qu'iis  déiiouilleront  ce  caraciére  de  (érotité  traiteiii  des  questions  grave^,  comme  la    guerre   ou 

et  iraiiibropopliaiiie  qu'ils  conserveni  encoie  aujoiir-  la  prise  de  po.-session  de  leurs  terres  par  les  é.raii- 

d'hui,  dès  qu'ils  commencer  lit  à  jirêter  l'orrille  à  la  gers.  ils  parlent  en  se  promenant  ou  en  courant  avec 

Toix  de  l'Evangile. — Le  premier  v;iisseau  qui   entra  lapidiié  dan»  le  tercle  de  leurs  audiiourî  accroupis, 

dans  la  baie  d'Ak  iroa  fil  sur  les  indigènei  une  iiu-  Alors  b  urs  figures  tatouées,  leurs  babils  éiranges, 


pression  inextirimable.  N'ayanl  aui  une  idée  d'un 
giaiid  navire  cl  de  sa  mâture,  et  ne  sacbant  s'expli- 
qier  connient  nue  si  lourde  masse  pouvait  se  mon- 
v<  ir  et  venir  à  eux,  ils  ciurenl  que  c'éiail  un  diable, 
et  s'enfireui  à  tontes  jauihcs  dans  les  forêts.  Un 
d'enire  eux,  plus  brave  que  ses  cnmpairio'es,  après 
quel  , lies  j. urs  passés  dans  le-  bois,  virjanl  le  diable 
arrêté,  s'a\ança  peu  à  peu  du  rivage,  ayant  grand 
foin  de  se  caclicr  à  la  faveur  des  arOres  ;  bientôt  il 
aperçoii  quelque  cbose  qui  se   déiacbe  du  navire 


leurs  gestes  menaçants,  leurs  yeux  enflammés,  les 
rendent  effrayants  à  voir.  Ces  hommes,  si  vifs  d  >i:8 
raclion,  dcmeuient  cepcnd.inl  accroupis  des  jour- 
nées presque  entières,  antour  de  leurs  maisons  ou 
sur  quelque  lieu  éininenl,  d'où  ils  peuvent  déeouvrir 
le  pays,  faisant  de>  réllexions  sur  lout  ce  qui  se  pré- 
sente à  leur  vue  :  le  veut  qui  agite  l'eau  du  lac,  le 
vol  d'un  oiseau,  la  piqûie  d'un  moucheron,  le  moin- 
dre incident  deiieiil  pour  eux  un  sujet  o'observa- 
linns;  sans  que  li  pipe  resle  jamais  oisive.  —  Comme 


(c'éiail  une  emb.ncation),  il  laisse  arriver,   épie  et      Ions  les  peuples   sauvages,  les  iMaoris  sont  curieux. 


reconnaît  ile^  êtres  avant  braset  jimbes  C'>mme  lui  ; 
aussitôt  il  court  avenir  ses  fièrr-s,  l.àclie  de  les  fiiie 
revenir  de  leur  terreur,  ei  tuiis  s'approclieiit  avec 
gr  ne  piécaiilion  de  ces  morlels  inconnus. 

La  vallée  d'Akaroi  est  babitée  pur  des  naturels 
idolâtres  que  les  missionnaires  protesianis  cherchent 
à  eaiécliiser  ;  ils  sont  au  nombre  de  800  )  environ. 

Le>  Manr  sfNoHveanx-Zélaiilais)  sont  vifs,  inlelli- 
genls,  d  une  conversaiion  agré.ibe  et  surtout  auin- 
siinie  par  les  détails  qui  animent  leurs  niiratim  s. 
D  ués  d'un  esi  rit  observateur  ei  d'une  mémoire  heu- 
reuse, ils  rùconient,  ils  détaillent,  ils  développent 


tniicbent  à  tout  ce  qu'ils  voient,  et  sont  surlnnt  dans 
leurs  cases  d'iiae  malpropreté  dégoûtante.  .Atssi  les 
Euro,  éeiis  ne  les  ai'procheni  qu'avec  une  exirême 
précaution,  et  ne  les  soiilTreui  pas  chez  eux.  ('oinine 
ils  soiii  à  (leii  près  dénué-  ile  tout,  ils  ne  se  soi-jucnt 
pas  plus  en  maladie  qi'en  santé.  Leur  lit  csl  la  terre 
nue  on  recouverte  tout  au  p'ns  d'un  pea  d'herbe; 
leur  UDurri'uie  la  même  q'i'eii  éiat  de  snnié.  Quinil 
ils  voni  au  Cindil,  ils  ii'nni  pour  inul  habit  qu  une 
ceinture  à  b  anges;  ils  |  OM>senl  des  cris  aflieiix,  et 
leui  prélude,  par  la  danse  guerrière,  esi  bien  capa- 
ble d'animer  le  cuuiaje  des  cuntbatiauts.  Heureuse- 


1033 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


10' 


menl  ces  peuples  ont  perdu  benucoup  de  leur  Im- 
meiir  liellùpieise,  el  l'un  ne  verra  plus,  il  esi  à 
cniire,  ces  giicres  déva-taliices  qui  (inissaienl  or- 
dinaironieiit  par  rexleiiniiialioti  de  l'im  des  deux 
partis,  par  le  safcagcment  des  réiolies  el  des  Inlii- 
(ations,  et  par  le  eaiiuilialisine.  C'est  ainsi  i|ue  cette 
race  superbe  des  Zélandais  s'csl  en  grande  partie  dé- 
truite. 

Des  qu'un  enfant  eH  né,  sa  mère  elle-même  l'en- 
veloppe de  langes,  l'eiubras^e  icndrenienl  à  la  ma- 
nière du  p:iys,  c'est-à-dire  eu  fais:int  balire  uez  con- 
lie  nez;  elle  élargit  par  des  incisions  les  lobes  de  ses 
ore  lies,  afin  qu'ils  puissent  dans  la  suiieêire  cliar- 
gès  irorneni' nls;  I  uis  elle  continue  à  vaquer  ;ius 
travaux  du  niéuai^e.  Lor>que  reulanln  de  cinq  a  huit 
jour?,  daiis  cert.iines  tiibus,  la  mère  le  susptnd  aux 
branches  d'un  arlire  appelé  fcniomo,  ellui  redit  (piel- 
qiies  lelrain»  populaires  île  l'Océanie;  tl:e  l'eiiiuiail- 
lone  eusiiiie  avec  les  feuilles  du  haïamo,  l'allai'e  et 
continue  à  le  bercer  en  ch:inl:inl.  Ailleurs  c'est  nu 
autre  usage  :  une  l'ennne  porte  son  nourrisson  sur  le 
b'  rd  d'un  ruisseau,  el  le  pré-eute  a  un  vieux  Taura 
salarie;  ce  prêtre  prend  une  bagneile,  y  fiit  des  en- 
tailles en  cinq  eudrui  s  dlfTérents,  el  la  dépose  à 
lerre  ;  il  reçoit  eiisniie  le  nouve:iii-iié  dans  ses  mains 
cl  le  lient  un  uioment  debouL  en  face  île  la  baguette. 
S'il  arrive  alors  quelque  tlio.-e  de  fâcheux,  ou  l'en- 
fant ne  vivra  pa-,  nu  i:  sera  inalheiiieux  cl  pnllrou; 
mais  s'il  ne  se  réi  èle  point  de  ^illlSlre  augure,  il  sera 
brave  ;  si  par  li:iSard  on  avait  entendu  roucouler 
une  cnlninbe  à  la  iialssaine  d'un  gar(,:iin,  ce  seiai<  si- 
gne qu'il  verra  i|Uel.|ne  jnur  de  grands  événements; 
el  dés  liirs  il  devient  lespéraiice  et  la  joie  de  loule 
sa  l'ainiile  ;  ou  l'élève  avec  le  plus  grand  soin.  La 
cérémonie  ne  se  termine  pas  là  :  le  prêtre  plonge 
l'enfant  dans  l'eau,  lui  impose  un  nom,  balbutie 
quelques  paroles  que  les  a.-sisianis  ne  coiupreniunl 
pas,  mais  qu'ils  su|iposeiit  adressées  à  uii  ceriaiii  gé- 
nie chargé  de  pré?idL-r  aux  destinées  des  hommes  et 
d.;s  o;Sc  aux  ;  on  cioit  aussi  qu'elles  expriment  des 
vœux  pour  (|ue  le  jeune  Océanien  se  familiarise  plus 
t  iid  avec  t 'Utes  îO,  tesde  ciiuié-.  L'iniliaiiuii  achevée, 
l'i  niant  est  porté  sur  les  bras  du  prêtre  jusqu'à  la 
case  des  parents.  Son  noin  n'ol)énse-t-il  personne  '.' 
on  se  livre  àdcs  réjouissances;  maissil  a  reçu  le  nom 
sacré  d'un  grand  chef,  il  est  coupable  d'une  grave 
injure ,el  il  sera  impiioyablement  tué  et  mangé,  à 
moins  qu'en  ne  rachète  sa  vie  à  force  de  présents.  — 
En  général,  les  enlanls  sont  mai  tenus  ;  souvent 
même,  par  une  certaine  cra'mte  siipersiitieuse,  celles 
qui  leur  ont  donné  le  jour  lefusent  absolument  de 
les  nourrir  ;  el,  comme  la  charité  est  inconnue 
parmi  les  femmes  idolâtres,  si  les  mères  ne  veident 
pas  ou  ne  peuvent  pas  en  prendre  soin,  ces  innocen- 
tes créatures  ne  trouvent  personne  qui  consente  à 
leur  sauver  la  vie. 

Outre  les  productions  iniporiées  dans  les  iles,  telles 
q'.ie  la  pomme  de  lerre,  la  pataie  doute,  le  melon 
O'o.iii,  l'.-'calebasse  verte,  les  choux,  les  oignon>,  le 

Dictionnaihe  df,  Géosrvphie  ecci.. 


Ik 


laro,  la  pêche  et  le  mais,  les  Noiiveanx-Zé'andais  ont 
beaucoup  de  planlis  indigènes  qui  leur  servent  d'a- 
liuienl  ;  de  le  nombre  soqi  :  la  racine  de  fougère, 
qui,  réduite  en  pâte,  est  savoureuse  pour  l  s  naïu- 
rel>,  bien  qu'elle  paraisse  insiiûde  aux  étrangers;  le. 
li.  racine  dont  le  goût  sucré  se  distingue  à  pe  ne  de, 
1,1  pomme  cuite,  lirsqu'on  l'a  prénaiée  au  feu,  après 
l'avoir  laissé  sécher  deux  on  trois  jours  an  sole  I , 
plusieurs  «spèces  de  f  nit,  comme  le  liori  i  rouge,  de 
deux  ligues  de  circoulérence;  le  iwirmap (,  u'e  la 
grosseur  du  précédent  el  de  couleur  Idanclic;  le  li- 
lok'.,  rouge,  sucré,  mais  nn  peu  sauvage  ;  !e  rimu, 
noir  ei  au>si  peiil  que  le  kuroi  ;  la  taw^ra  aux  longues 
feuilles  qui  croissent  en  s'.iiigloinérant  sur  un  arhre 
appelé  kiékie  ;  le  knpère,  fiuit  jaune,  caché  sous  une 
milice  enveloppe  ;  il  a  un  goùi  appétissanl,  n  ai-,  il 
devient  lunesle  à  ceux  qui  en  inani;enl  avee  irop  d'a- 
vidite;le  kolwlio,  de  couleur  éc:irlaie;  \e  koliutnliuta, 
noir,  de  la  grosseur  de  la  gr.  seille,  et  d'une  saveur 
Irès-agié.ible  ;  le  lupakihi,  c'est  la  vigne  sauvage  de 
la  iNouveile-Zélandi;  ;  le  j.is  en  est  Ires-doux,  mais 
la  larineel  sunoui  les  II  xiut-nls  recèlent  un  poison; 
le  rito,  on  appelle  ainsi  la  racine  très-sucrée  et  mé- 
dicinale du  nicuo  ;  le  kinau,  espèce  d'amande  puur- 
piée  iioni  le  noyau  est  sub>tanii(;l  ;  \e  tawa,  noir  el 
agréalile  au  goût;  une  espèce  d'ununas,  petit,  aiide 
el  iiès-aqiie  IX  ;  enliu  le  kawaki.a,  dont  le  jus  fer- 
menté devient  une  liqueui  forte  ei  enivrante.  —  Bien 
que  I  '  piTc  ei  le  piusson  abnndent  il.ins  l'ile,  les  na- 
turels n'en  inaiigiiit  qii'.nix  jouis  de  gra  d.'  réjouis- 
sance; ils  sont  paiiiculièiencnt  de^l  nés  aux  hiams 
et  aux  éirang  rs.  Vuiià  pie-que  ions  les  alimenia  des 
Nduveaux- Zélandais.  Conimenl  les  prépan  nl-ils  ? 
D'abord,  pour  avoir  du  feu,  on  prend  deux  moiceiux 
d'un  certain  bols  sec;  ou  prali  |ue  une  entaille  à  l'un 
deux,  el  avec  la  pointe  de  l'autre  ou  fn lie  dans; 
Cl  Ite  entaille  jusqu'à  ce  qu'il  s'y  soit  formé  une  pous- 
sière que  la  coin,  ression  enlliinme.  Alors  on  fait  un 
creux  dans  la  lerre,  on  le  remplit  de  bo.s  tl  de  cail- 
loux ;  lors'i' e  les  piirres  sont  brûlantes,  on  nettoie 
celte especedc  four;  on  laisse  une  partie  des  cailloux 
toul autour;  les  aiiires  resienleiilassé-  au  fond;  par- 
dessus, soûl  placées  les  pommes  de  terre,  arrosées 
d'un  peu  d'eau  ;  [lUis  on  éiend,  p  ur  les  proié^er, 
une  légère  couilie  de  végétaux  el  ue  feuilles  Iraic  .es; 
on  arrose  encore  le  tout  el  on  le  couvre  de  lerre. 
Les  aliineuls  cuils  de  la  sorte  pendanl  une  demi- 
heure  sont  à  la  lois  prop  es  et  savoureux. —  Quand 
le  rep is  est  préi,  l'éiiiueiie  ne  demande  pas  qu'on 
se  fas^e  avertir  deux  fuis  :  au  premier  signal,  les 
convives  accourent  à  toutes  jambes,  et  en  linéiques 
min.tes  tout  est  dévoré.  Le»  iiisiil  ores  ont  un  violent 
anpéiil  :  à  ies  Voir  man.er,  on  n'oserait  prononcer 
s'ils  sont  moins  avides  que  les  chiens  allâmes  qui 
les  obsèdent  pour  avoir  leur  pari.  Ils  ne  prennenl  que 
deux  repas  par  jour,  le  maiin  el  le  soir.  Le  peuple 
n'a  ni  vaisselc  m  batterie  de  cuisine  ;  quant  au.t 
chefs,  ils  ont  deux  espèces  d'assieiles,  l'une  plate, 
V.uili  e  en  forme  de  panier  ;  elles  sont  tailes  en  feuil- 

33 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


<055 

les  de  phormium-icmix,  iressées  avec  beaucoup  d'a- 
dresse par  les  femmes.  Les  chefs  ii'admeiienl  pas  à 
leur  lable  les  personnes  du  peuple  :  Tnsage  ne  souffre 
pas  non  plus  que  les  étrangers  de  distinclion  man- 
gent avec  les  esclaves. 

L'IiabiUemenl  des  Maoris  consiste  en  un  petit  vê- 
tement simple  qui  couvre  le  corps  depuis  la  ceinture 
jusqu'aux  genoux;  il  n'y  a  guère  que  les  femmes  q»i 
le  porieiii;  on  l'appelle  patai.  Le  tatata,  plus  long  ot 
plus  orné  que  le  palai,  est  l'Iiabii  ordinaire  de  des- 
sous; celui  de  dessus,  appelé  karowai,  est  cliargé 
d'orjiements  :  souvent  cette  tunique  entière,  et  lnu- 
jours  ses  bords,  sont  garnis  de  franges  larges  d'i«i 
demi-pied,  ei  teintes  en  beau  noir.  Les  insulaires 
aiment  aussi  à  la  colorier  en  rouge.  On  dislingue 
quatre  sortes  de  manieaux  ;  deux  sont  destinés  à  ga- 
rantir de  la  pluie  :  le  iigéii,  court,  imperméable,  et 
si  fourré  à  l'extérieur,  qu'il  préie  h  celtii  qui  le  porte 
une  grosseur  démesurée  et  un  aspect  s-auvage;  le 
pata,  qui  descend  des  épaules  jusqu'aux  talons,  bien 
qu'il  ne  soit  pas  founé,  il  est  très-compacte.  Les 
deux  autres  sont  uniquement  pour  la  parure  :  le  bii- 
kala,  tissu  du  fil  soyeux  du  phonnium-icitax,  est  re- 
marquable par  sa  blanclieur,  par  sa  propreté  et  par 
les  figures  en  loiige  et  en  noir  qu'on  y  dessine  avec 
une  parfaite  symétrie;  le  lopuiti  est  une  simple  peau 
de  cliien  que  les  chefs  se  font  honneur  de  porter,  et 
dont  l'usage  est  interdit'aux  esclaves. 

Les  habitations  de  ces  insulaires,  toujours  placées 
à  l'abri  des  vents  froitls,  sont  construites  avec  des 
plantes  aquatiques.  L'nç  espèce  de  palmier,  appelé 
nikao,  prèle  ses  laiges  feuilles,  à  forme  de  parasol, 
pour  laire  le  toit,  qui  présente  deux  surlaces  inclinées 
et  terminées  eu  angles.  Celle  de  devant,  plus  vasto 
que  l'autre,  est  bordée  d'une  planche  d'un  demi-pied 
de  large,  peinte  en  rouge  et  ornée  de  sculptures 
faites  pour  perpétuer,  avec  leurs  figuies  groiesques, 
la  Miémoire  des  ancêties  et  des  guerriers  morts  au 
champ  d'honneur.  Chaque  maison  a,  poiir  l'ordinaire, 
avec  l'élroiie  entrée  dont  la  porte  ferme  herméti- 
quement, plusieurs  petites  lenétres  destinées  non- 
seulement  à  donner  du  jour  et  de  l'air,  mais  encore 
à  lai-ser  échapper  la  fumée  étoufTanie  du  feu  que  font 
les  naturels,  surtout  à  la  tombée  de  la  nuit  pendant 
l'hiver.  —  La  vaisselle  dont  nous  avons  parlé  plus  liant, 
une  natte  qui  lient  lii:u  de  lit,  et  un  bloc  de  bois  qui 
sert  d'oreiller,  vnilà  tous  les  meubles  dont  les  ca- 
banes des  grands  sont  garnies.  Les  cases  dn  peuple 
sont  moins  grandes  et  encore  moins  ornées  :  souvent 
le  Nouveau-Zélandais  ne  prend  pas  niéine  la  peine  de 
se  procurer  une  natte  et  un  oreiller  de  bois;  il  trouve 
plus  simple  de  se  coucher  sur  la  terre  une. 

Parmi  les  sauvages  la  propriéié  est  connue  comme 
cbez  les  nations  ci\ilisées  :  les  enlanis  succèdent  à 
toutes  les  possessions  de  leurs  pères,  sans  ipie  les 
cl  efs  eux-mêmes  puissent  les  en  tiépouiller.  Les  na- 
turels n'écrivent  pas  leurs  contrats  ;  mais  leur  nie- 
moire  conserve,  aussi  fidèlement  que  des  écrits, 
leurs  litres  e' jusqu'aux  circonstances  les  plus  niinu- 


103(5 

lieuses  qui  peuvent  attester  leurs  droits.  Les  esclaves 
ne  possèdent  rien  que  ce  que  la  bienveillance  du 
maître  leur  a  donné.  Outre  le  droit  de  succession, 
les  Nouveaux  -  Zélandais  reconnaissent  encore  le 
droit  de  conquête,  en  vertu  duquel  les  vaincus  ne 
peuvent  aliéner  leurs  propriétés  sans  l'aiitorisation 
du  chef  des  vainqueurs  :  depuis  la  cessation  de  la 
guerre,  ce  droit  semble  tomber  en  désuétude.  Le 
possesseur  d'une  terre  permet  facilement  à  une  tribu 
amie  ou  alliée  d'y  semer  ou  d'y  planter,  moyennant 
une  redevance;  mais  si  on  ensemençait  un  champ 
sans  l'autorisation  du  propriétaire,  celui-ci  pourrait 
en  récoller  tous  les  fruits.  Les  champs  sont,  pour 
l'ordinaire,  très-éloigiiés  les  uns  des  autres  :  de  là 
une  vie  un  peu  nomade.  On  doit  clore  son  domaine 
pour  le  garantir  contre  la  dévastation  des  porcs  et 
autres  animaux  voraces.  Avant  rintrodnction  par  les 
étrangers  des  injtruments  aratoires,  les  insulaires 
cultivaient  leurs  terres  avec  une  bêche  de  bois  dur; 
quand  le  sol  est  préparé,  ils  font  comme  de  petites 
taupinières,  où  ils  caclieui  la  semence.  Les  cendres 
de  buis,  de  fougères  tt  d'autres  végétaux  leur  ser- 
vent d'engrais.  Il  est  d'usage  que  les  cultivateurs  se 
réunissent  et  s'aident  mutuellement;  ils  s'animtnt  au 
travail  par  des  chants  et  des  cris,  et  s'entendent 
aussi  les  uns  avec  les  autres  pour  la  consommation 
ou  pour  la  vente  de  leurs  denrées. 

La  nécessité,  mère  des  expédients  et  des  ressour- 
ces, a  inspiré  aux  Nouveaux -Zclandais  d'excellentes 
manières  de  pécher  :  ici,  on  fixe  des  filets  d'une 
(iiiiieiision  extraordinaire  à  des  pieux  plantés  dans 
l'eau;  là,  on  emploie  l'Iianieçon  fait  d'une  dent  de 
rei|uiu  ou  de  la  coquille  d'une  grosse  huilie,  appelée 
piiua;  ailleurs,  pendant  la  nuit,  on  attire  les  poissons 
avec  des  torches  ou  bien  avec  la  résine  du  kaori  al- 
lumée, et  on  les  perce  avec  une  lance  de  bois.  — 
Les  pirogues  de  guerre  sont  eu  général  très-grandss  : 
il  y  en  a  qui  peuvent  porter  cent  personnes.  Quel 
travail,  quelle  patience  il  fallait  naguère  pour  couper, 
creuber  et  polir  des  arbres  aussi  énormes,  quand  on 
n'avait  d'autre  outil  que  la  hache  de  marbre  ou  de 
jaspe  !  Les  guerriers  aiment  à  orner  ces  embarca- 
tions de  sculptures,  peu  variées,  il  est  vrai,  mais 
régulières  et  gracieuses;  ils  les  peignent  en  rouge 
et  les  bordent  d'un  cordon  noir.  A  la  proue  est  tou- 
jours une  liorrible  ligure  humaine  qui  tire  la  langue 
avec  de  violentes  contorsions,  eniblèine  des  gri- 
maces que  font  les  coinbaiinnts  sur  les  champs  de 
bataille.  Les  pirogues  ordinaires  sont  plus  petites  et 
sans  ornements  :  ce  sont  simplement  des  arbres 
creusés  à  l'intérieur. 

Le  tatouage,  avec  toutes  ses  variantes,  est  la  marque 
dislinctive  des  diverses  conditions.  Les  chefs  ont 
seuls  le  privilège  de  se  peindre  les  jambes.  On  re- 
coniiaîl  les  femmes  d'une  illustre  extraction  à  un 
léger  tatouage  sur  les  lèvres ,  et  à  deu*  lignes 
droites  et  parallèles  tracées  sur  le  front.  Les  gens 
du  peuple  et  les  esclaves  sont  bariolés  sur  le  dos. 
Ces  marques  sont  héréditaires,  et  les  enfants  se  font 


i 


1037  GEOGKAl'HIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE 


liunneur  de  porter  celles  de  leurs  aïeux.  Voici  coui- 
nient  on  iiriprinic  ce  liizarre  ornement.  D'abord  on 
trace  des  lignes  nj)ires  sur  la  peau;  puis  on  fait  sur 
cliacurie  d'elles  une  sui(e  de  petites  blessures  avec 
un  ciseict  enfoncé  à  petits  coups;  à- chaque  pii|ùre 
on  trempe  le  ciselel  ilans  un  liquide  où  Ton  a  délayé 
la  racine  du  phormium-tenax  réduite  en  poussière. 
C'esl  cette  douloureuse  opération  qu.î  tous  nos  sau- 
vages, arrivés  à  l'âge  mùr,  sont  forcés  de  subir  : 
rbonnenr  l'esige  absolument. 

Autrefois  le  |.ouvoir  des  chefs  était  despoiique  : 
au  premier  signe  de  leur  volimlé,  un  esclave,  une 
femme,  un  enfant,  éiaienl  mis  à  mort;  ils  s'empa- 
raieni  presque  à  leur  gré  des  propriétés  de  leurs  su- 
jets, et  désignaient  arbitrairement  les  victimes  hu- 
maines dont  ils  faisaient  servir  la  chair  dans  d'hor- 
ribles festins.  —  Les  N'onveaus- Zélandais  n'ont 
jamais  eu  une  forme  régulière  de  g'Uvernement; 
mais,  outre  certaines  lueurs  d'équiié  naturelle  qu'ils 
ont  toujours  conservées,  ils  ont  maintenu  plusieurs 
coutumes  de  leurs  ancêtres,  sur  lesquelles  se  léglent 
leurs  déleiminatioiiS  et  leur  conduite.  G'est  toujours 
le  grand  chef  qui  ^lré^ide  le  conseil  de  guerre  où 
tout  le  monde  a  voix  délibcrative.  La  digniié  dont  il 
est  revêtu  commande  un  tel  respect,  que  sa  volonté 
présumée  exerce  une  souveraine  innuence  sur  Its 
esprits.  Chaque  tribu  reconnaît  encore  un  grand 
nombre  de  cliefs  subalternes,  et  c'est  un  malheur. 
Désunis  et  indépendants  les  nos  des  autres,  ils  en- 
travent 1.1  plupart  dts  projets  utiles,  en  voulant  faire 
prévaloir  chacun  leur  scniimeni.  C'est  peu.-ctie  à 
leurs  brouilleries  qu'il  faut  altiibner  ces  innumbra- 
blés  11  aSïacres  et  ces  guerres  inu'rminahles  qui  tn- 
sangiantaieiil  naguère  la  iSouvelle-Zél.inde.  —  Au- 
dessous  des  chefî  et  de  leurs  sujets  sont  les  esclaves, 
ou  prisonniers  de  guerre  ;  on  les  traitait  jadis  d'une 
manière  truelle  ;  ils  payaient  de  leur  tète  le  moindre 
inanqucnienl  ;  quelquelois  mOme  ils  puitaieoi  la 
peine  des  injures  que  leur  ancien  roi  avait  laites  à 
leur  iiuuveau  maitre  ;  souvent  aus^i,  lor^que  un  |  er- 
sunnage  distingué  périssait,  on  vengeait  ^a  mort  par 
celle  d'un  malheureux  prisoonier.  Aujourd'hui  la 
peine  ordinaire  que  les  vainqueurs  infligent  aux 
captifs  se  réduit  à  leur  imposer  un  labeur  sans  sa- 
laire ;  il  s'en  trouve  même  qui  les  récompensent  de 
leur  lldélité  et  de  leur  zèle  soit  par  des  ca'leaux, 
soit  en  les  rendant  à  leurs  tiilms  et  à  leurs  fainilies. 
La  servitude  est  réputée  si  ij^noininicnse,  que  ce 
serait  un  déshonneur  de  porter  le  inèine  nonr  qu'un 
esclave.  Cependahl  on  en  voit  qui  comniâiideni  l'es- 
time et  s'introduisent  dans  les  as-emblées  deliLéra- 
lives,  où  ils  font  prévaloir  leur  seuiinienl  sur  les 
aUaiies  les  plus  importantes. 

Le  Nouveau-Zeliindais  est  bon,  mais,  en  uiénie 
temps,  emporté  et  vindicatif  ;  en  recevant  de  vous 
un  bienfait,  il  vous  a  donné  son  cœur  sans  réserve; 
toutefois,  si  vous  lui  faites  une  injure,  i!  oubliera  à 
l'instant  tout  ce  qu'il  vous  doit,  sa  fuieur  éclatera 
comine  un  coup  de  toonerre  :  incapable  d'entenure 


lfl38 

raison,  il  se  portera  aux  derniers  excès.  Autant  il 
est  violent  dans  sa  eolère  el  terrible  dans  sa  ven- 
geance, autant  il  est  tendre  dans  les  témoignages  de 
son  amour.  Lorsqu'arrive  un  parent  ou  un  ami, 
on  lui  témoigne  la  joie  qu'on  éprouve  par  ces  pa- 
roles accueillantes  ;  Viens,  vient;  parles  regards  les 
plus  affectueuN,  par  des  soupirs  et  par  des  cris  ac- 
compagnés de  torrents  de  larmes;  puis,  tandis  que 
les  nez  sont  piessés  contre  les  nez,  que  les  visages 
se  décomposent  par  la  vivacité  du  sentiment,  des 
voix  mélancoliques,  distord.mies,  enir  coupées  de 
sanglots,  et  divisées  en  deux  choeurs,  entonnent  ta 
l'improvisant  le  chant  de  leiidrcsse.  Un  ne  s'en  lient 
pas  là  :  les  femmes  iracent,  avec  des  coquillages  de 
mer,  des  sil  ons  sanglants  sur  leurs  visages  et  sur 
leurs  bras  :  ce  n'est  qu'en  se  déchirant  ainsi  cl  en 
faisant  couler  leur  sang  iin'elles  prouvent,  dit-on, 
qu'elles  savent  aimer.  —  L'entrevue  doit  durer  plu- 
sieurs semaines  et  même  plusieurs  mois';  autiemcnt 
la  famille  visitée  se  plaindrait  d.ms  un  langage  aussi 
tendre  qi.e  poétique  :  Tu  t'en  vas!  nous  ne  l'avons 
pas  encore  vu!  à  peine  acons-nous  vu  tes  yeux!  etc. 
Quand  le  parent  ou  l'ami  est  sur  son  départ,  les 
chants  de  tendre-se  et  de  regret  recommencent; 
puis  on  l'accompagne  fort  loin,  en  le  faisant  asseoir 
de>ieii.ps  en  temps  et  le  priant  de  revenir  sur  ses 
pas.  Si  l'on  a  une  faveur  a  demander,  c'e^t  alors 
qu'on  la  si  lliciie.  La  visite  d'un  chef  a  quelque  chose 
de  plus  Solennel  :  le  lien  où  il  doit  être  reçu  est  ap- 
proprié avec  soin,  cuinert  iic  feuillage  et  tapissé  de 
belles  nattes  qui  serviront  de  sièges.  —  Qu'un  ne 
s'étonne  pas  des  larmes  que  les  Nouveaux-Zclandais 
lépandeiu  en  quKtant  ou  en  revoyant  leurs  amis  : 
ils  en  versent  à  volonté  lorsque  l'usage  les  com- 
mande; el  l'étranger  est  quelquefois  surpiis  de  voir 
le  suurire  suecéder  en  un  instant  aux  pleurs,  le 
sang-froid  aux  émotions  exirémes.  Api  è-  qu'un  grand 
chef  a  reçu  les  témoignages  d'affection  de  son  peu- 
pie,  il  s'assied  à  la  place  la  plus  lioiioiable;  les  chefs 
inférieurs  se  rangent  à  ses  côtés,  plus  ou  moins  rap- 
prochés de  lui,  suivant  leur  d  gnité.  Chacun  garde 
un  niument  le  silence;  un  subalterne  ne  parlerait  pas 
avant  son  supérieur;  tous  relléchissent  longtemps  et 
milrissent  bien  leurs  pensées  avant  de  les  expiimer. 
C'est  encore  la  coutume,  dans  tes  sortes  de  visites, 
de  se  faire  des  présents  mutuels  :  le  grand  chef  doit 
être  le  plus  généreux,  et  il  l'est  en  effet. 

Peiidani  longtemps  la  Nouvelle-Zélande  a  été  le 
théâtre  de  guerres  continuelles  et  sanglantes.  Que  de 
montagnes,  que  de  vallées,  que  do  plaines  aujourd'hui 
désertes,  el  naguère  peuplées  p  ir  des  tribus  que  les 
vieillards  ont  connues  et  qu'ils  noiuinent  i  leurs  pe- 
tits enfants!  Ce  t^éau  terrible  les  a  exterminées.  L'é- 
ducation des  Maoris  conlrihue  beaucoup  à  ces  hosti- 
liiés.  Les  insulaires,  apics  avuir  sucé  avec  le  lait 
riiumeur  belliqueuse,  entendaient  tons  les  jours  de 
leur  enfance  leurs  pères,  leurs  mères  e.  leurs  voisins 
vanter  la  gloire  des  armes,  chaniei  la  valeur  et  le» 
i.eiions  des  guerriers,  applaudir  au  massacre  des  en- 


DICTIONNAinE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIOUE, 


i059 

neiU'S.  Or,  il  esi  facile  de  comprernire  que  des  hom- 
mes ainsi  élevés  ne  lespirciu  que  les  coinb;iis.  En 
oiitie,  les  raisons  l'O'.ir  lesqiielli>s  on  en  venait  anx 
mains  élaienl  infimes  ;  la  plus  légère  insulte  laite  à 
un  membre  de  la  Iribn,  la  morl  d'nn  chef  ntti  ibnée  à  la 
magie  d'nn  piètre  maori,  la  dévasiaiion  d'nn  chariipi 
un  vol,  mie  parole  injnrien-e,la  ncniraliiégirdée  dans 
un  démêlé  cnire  den\  familles  rivales,  le  plaisir  de 
faire  cuire  dans  le  limigi  (cuisine)  la  tête  des  vain- 
cus, enfin  l.i  seule  amlùiion  d'un  chef  qui  voulait 
s'acqnér  r  une  répnt.ilion  de  bravoure,  snflisait  pour 
meltrr  l'île  en  feu.  Si  par  malheur  nn  dief  aval  été 
lue  ou  blessé,  la  guerre  devenait  inicrminable,  parce 
qu'il  ne  pouvait  êire  pleinement  ven.é  que  par  l'ex- 
termination de  l'eiinemi.  —  Les  armes  des  Nouveaux- 
Zélandais  sont  :  l'arc,  avec  leciuel  ils  savent  lancera 
unegrandedistanredes  lléclics  mcuilrières;  lafronde, 
dont  ils  se  servent  pour  jeter  des  pierres  brûlâmes, 
lesquelles  tombant  sur  di'S  u  aisnns  toutes  cmisiruiles 
avecdesmaléii  iiix  inflammables,  allument  de  vastes  in- 
cendies (1)  ;  une  lance  de  bois  dur,  bien  travaillée  et 
denleléi'  à  la  pomte;  le  /iaiii.doiit  un  bout  est  aplati  et 
tranchant,  et  l'autre  représinie  une  langue  et  deux 
yeux  ;  le  mère-  poJinnmu  on  casse-té  e,  fait  d'un  mar- 
bre vert,  cris.tallisé  et  très-poli  :  c'est  l'arme  favorite 
deschel's.  Taniôi  la  trahison,  tantôt  la  ruse,  ei  plus  sou- 
vent la  force  ouverte  décident  du  triomphe.  Ordinai- 
rement les  naturels  commencent  |3r  se  réiinr  en 
conseil;  la  délibération  e^t  vive  et  animée  :  les  ora- 
teurs fixent  d'abiifd  l'attention  de  l'assemblée  par  un 
chant;  ils  déploient  tour  à  tour  les  res-omcfs  de  l'é- 
loquence et  (elles  de  la  poése,  pour  déterminer  les 
suffrages.  En  en.':,  comme  nous  l'avons  déjà  dit,  tout 
parle  :  les  bras,  les  yeux,  les  traits  du  visa;;e,  le  corfis 
entier  ajoute  à  l'elTet  île  la  harargue.  Si  la  guerre  est 
résolue,  on  envoie  demainJer  répaialion  d'Iionneur  à 
la  tribu  jugée  cnupable.  Les  députés  (uni  cette  de- 
mande par  de  longs  discours,  qu'ils  prononcent  en 
se  promena  it  dans  l'attitude  de  la  fureur,  menaçant 
rennemi  de  leur  lumi  ou  de  leur  werepounamu. 
Obtiennent-ils  la  sa'isff.ciion  exigée,  les  deux  partis 
se  rendent  en  lou'e  dans  un  même  lieu  pour  exé- 
cuter une  danse  guerrière,  en  signe  de  récom  ilialion  ; 
tous  y  prennent  part  en  faisant  des  sauts  simultanés 
et  eu  pous-aiit  des  ci  is  aigus.  Mais  si  la  réparation 
est  refusée,  1  s  esprits  -'exaspéreni,  les  deux  camps 
é  hangent  des  difis  et  des  injures;  c'est  à  qui  fera  les 
con'orsions  les  plus  horribles  (2)  ;  enfin  ils  se  jettent 
les  uns  sur  les  autres  et  se  décliireni  cnmine  des  lions 
furieux.  Quand  l'ennemi  est  en  déroute,  on  le  pour- 
suit en  répétant  des  chants  de  victoire  entrecoupés  de 
liurlemetnls  affreux.  Après  la  dispersion  des  vaincus, 

(1)  Celle  manière  d'incendier  les  habitations  ap- 
parten  it  aussi  anx  sauvages  de  la  Luiii-iane,  de  la 
Floride  et  de  presque  inute  la  contrée  qui  forme 
aujourd'hui  les  Ktats-Unis  d'Amé'ique. 

{Noie  de  l'auleur.) 

(2)  Il  est  à  remarquer  que  les  Chinois,  dont  cresque 
tons  le(  géographes  ont  lait  un  peuple  puissant  en  ci- 
viliwtion,  ont  con»«rv«  cette  «tiange  manier»  d'enga- 


io;o 

on  voit  ces  cannibales  saisir  les  inallieureux  qui  n'ont 
pu  échapper  à  leur  vengeance,  déchi'er  lentement 
h'iirs  membres,  se  désaltérer  dans  leur  sang,  et  se 
rassasier  avec  délices  de  leur  chair  p.il|itaiite.  Ils 
conservent  les  têtes  pour  servir  de  trophées,  et  à 
certains  jouis  de  réjouissance  ils  les  exposent  sur  les 
toits  des  maisons. 

Les  naturels  portent  toujours  sur  eux,  comme  or- 
nement et  comme  souvenir,  des  objets  qui  ont  aiqiar- 
tenu  aux  personnes  chéries  dont  la  mort  on  l'absence 
les  sépare.  Ces  ol  jets,  grossièrement  travaillés  en 
forme  de  figure  hniuaiue,  ont  des  yeux  l'aits  avec  le 
brillant  coquillage  appelé  pntin.  Quelquefui-,  à  l'ar- 
rivée il'iiu  ami  qu'on  n'avait  liai  vu  depiii-  I  iigtemps, 
on  détache  les  gages  vénérés,  on  les  dépose  avec 
rtspect  sur  une  lonITe  de  feuillage  ou  de  gazon,  ou 
se  range  tout  autour,  et  chaque  fuis  que  sont  pronon- 
cés les  noms  des  êtres  lien-am  e»  quMs  rappellent, 
on  réitère  les  marques  d'aflVciion  déciiles  plus  haut 
en  pillant  des  visites.  — Les  autres  oriiemenis  sont 
aussi  variés  que  bizarres.  Les  Nnuveaux-Zéliiidais  se 
chargent  la  tète  de  [iluincs  en  furnie  de  panache;  ils 
suspenileiu  à  leurs  oreille>  des  dents  de  reqni  ,  des 
barbes  de  baleine  des  oiseaux  lout  entiers,  se  bar- 
bou  lient  la  peau  de  rouge  et  de  noir  ;  ils  ont  aussi  la 
coutume  de  s'oindre  le  corps  avec  de  l'huile. 

Outre  la  danse  guerrière  qui  a  lieu  aux  traités  de 
paix,  aux  visites  des  grands  chefs,  et  autres  réjouis- 
sances publiques,  il  en  est  une  fort  remarquable,  où 
les  acteurs,  tourné-,  du  même  côté,  portant  une  bran- 
che d'arbre  à  la  maii  et  sur  la  tête  une  couronne  de 
verdure,  et  chantant  tous  à  la  fois,  fnnt  simultanément, 
sans  remuer  les  pieds,  des  évo!utions  à  droite  et  à 
gauche.  Au  nombre  des  jeux  les  plus  usités  on  compte 
le  ruriruri,  qui  consiste  à  s'asseoir  d  abord  en  cercle 
ou  en  demi-cercle;  puis,  tout  le  monde  à  la  fuis  et  en 
cadence  se  frappe  les  jambes  et  la  poitrine,  agite  avec 
rapidité  les  bras  et  le-  doigts,  etsilfle  en  prononçan) 
avec  volubilité  nue  espèce  de  refiaiu;  entre  tous  ces 
mouvements,  ces  geste-,  ces  sifflements,  ces  ciis,  ces 
paroles  si  précipitées,  il  existe  un  accord  étonnant. 
— Les  natuiels  sonl  très-sensibles  aux  charmes  de  la 
musique.  Autrefois  ils  avaient  plu»ieurs  sortes  d'in- 
sirnuienis;  ils  n'ont  plus  aujuard'liui  qu'une  mau- 
vai?e  Aille  à  trois  ou  quatre  trous,  qui  fatigue  les 
oreilles  par  ses  sons  aigus  et  sunout  monotones,  car 
ils  n'ont  qu'un  petit  nombre  de  imtes.  Leurs  musi- 
ciens et  leurs  poêles  iiuprovisenl  avec  une  nier\eil- 
leuse  faci  ité.  Ou  est  souvent  surpris  d'entendre  exé- 
cuter par  plusieurs  indigènes  une  pièce  qu'un  d'eux 
compose  à  mesure  qu'ils  la  jouent.  Leurs  chants, 
surtout  ceux  qui  ont  pour  sujet  l'absence  d'un  pa- 

ger  le  combat.  Comme  les  Maoris,  ils  font  des  gri- 
maces et  (les  contm.-ions  elTroyaliles ;  comme  les 
M  101  is,  ils  reiirésentenl  des  ligures  gr  inaçantes,  dia- 
boliques,sur  leurs  armes, sur  leurs  étendards;  comme 
les  Maor.s,  ils  pou»sent  des  cris  confus,  inarticulés, 
des  espèces  de  hurlements,  au  moment  d'en  venir 
aux  iiiaiiis.  {yole  de  l'auuur.) 


I 


1U41 


GEOGRAPHtfi:  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


luiâ 


reot  ou  d'un  ami,  renrermenl  des  pensées  nobles, 
des  seniiiiiems  lendres  et  élevés,  des  iraiis  vraiment 
lyriques;  mais  ils  sont  défigurés  par  des  Irivialiiés 
el  des  ré(iétiiions  fréquentes.  —  Quoiqu'ils  s'enien- 
dent  fort  peu  en  peinture,  ils  aiment  cependant  à 
barbuuiller  le  frontispice  dt^  leurs  maisons,  ainsi  que 
leurs  pirogues  de  guerre  et  tous  les  objets  qu'ils  ont 
travaillé^  avec  soin  ;  le  rouge  e^l  leur  couleur  favo- 
rite.—  L'art  de  sculpter  est  celui  qu'ils  connaissent 
le  mieux  et  auquel  ils  s'appliquent  le  plus;  bs  tom- 
beaux, les  cabanes,  les  armes,  les  pirogues,  plusieurs 
ustensiles  de  iiién  ige  sont  ornés  de  ligures  oii  l'on 
admire  l'ordre,  les  proporiions  et  les  contours;  mais 
on  y  désirerait  plus  de  variété. 

Quoi(|ue  la  Nnuvelle-Zélande  abnndo  en  plantes 
médicinales,  les  naturels  ne  connaissent  (iuére,  en 
fait  de  simples,  que  le  pua,  le  naiii,  le  ruruhau,  le 
li,  le  korau,  (|ii'ils  emploient  coni  ne  rafraicliissanls, 
la  racine  et  la  feuille  du  phormium,  et  la  r.iciae  du 
rengurenga  qu'ils  f<uil  cbauiïer  et  qu'ils  appliquent 
sur  les  parties  ma'aiies,  particiilèiement  sur  les  tu- 
meurs et  sur  les  abiè-.  Quand  une  |iersonne  éprouve 
une  douleur  externe,  elle  se  couche  sur  la  terre,  et 
un  antre  insulaire  marche  sur  le  membre  soulfrant 
pour  le  guérir.  La  manière  di;  panser  les  blessures 
n'est  pas  moins  étrange  :  aptes  les  avoir  meurtries 
avec  une  pierre,  on  les  tient  exposées  à  la  fumée. 
Pour  les  miladies  interiies,  on  ne  connaît  point  de 
remèdes.  Celui  qui  en  est  atteint  s'étend  déses|iéi'é 
sur  la  terre  et  fat  consulte"  un  préire  maori,  pour 
savoir  s'il  peut  compter  sur  quelque  chance  de  salut. 
Le  (irêtre  se  idace  en  fine  d'une  machine  comfiosée 
de  petites  pièues  de  bois,  et  observe  avec  aiieiiliuu 
les  inouveinents  que  lui  imprimera  le  vent  ;  si  les 
augures  sont  défavorables,  Il  déclare  que  le  malade 
va  mourir.  Dès  lors  on  lui  refuse  toute  nourrituro  ; 
sa  famille  même  l'abandunie  ;  on  le  biisse  en  proie 
au  dieu  qu,  croit-on,  lui  dévore  les  chairs  et  les 
enirail  es  ;  ainsi  le  irésage  du  piètre  superstitieux  ne 
mai)  iue  jamais  de  s'accomplir  ;  car  le  patient  meurt 
toujours,  sinon  de  la  maladie,  au  moins  île  la  faim. — 
Lorsqu'un  insulaire  a  fjjt  un  songe,  il  ne  manque 
pas  d'en  informer  tout  sou  village:  aussifit  chacun 
d'accourir  et  de  se  presser  autour  de  lui  pour  eu- 
tendre  le  récit  de  son  rêve  avec  ses  plus  puériles  cir- 
constances; les  anciens  et  les  vieilles  feniinesen  inter- 
prètent les  obscurités  ;  on  avertit  les  hameaux  envi- 
ronnants et  les  tiibus  voisines  de  la  vision  nocturne 
et  de  ses  commeuiaiies  ;  et  c'est  là  ce  qui  détermi- 
ne les  grandes  entreprises  des  pauvres  sauvages,  ce 
qui  règle  même  toute  leur  comluitc.  Ils  croient  aussi 
volontiers  aux  revenants  i|u'aux  songes  :  souvent, 
au  milieu  de  la  nuit,  lorsque  l'ile  eiuiére  est  dans  le 
repos  et  le  silence,  soudain  des  cris  de  frayeur  re- 
teuilsseni  déboutes  parts,  les  femmes  se  lamentent, 
le  villajie  eniier  est  dans  la  consternation,  parce 
que  l'omlire  d'un  parent,  d'un  ami,  ou  d'un  chef 
mort  dans  les  combats  aura  apparu  à  quelqu'un  pen- 
dant qu'il  dormaii.  Avant  d'entreprendre  une  guerre, 


on  consulte  l'aruspice:  si,  pendant  que  le  prêtre  iu- 
specie  les  entrailles  des  animaux  sacriliés,  le  cri  du 
hibou  se  fait  entendre,  c'est  un  miuvaisaugiire;  mais 
si  c'est  un  faucon  qui  voltige  sur  la  tête  des  guerriers, 
l'ennemi  sera  défiit.  On  emploie  encore  un  autre 
moyen  pour  prévoir  l'issue  d'une  rampagne:  un  jeune 
homme  prend  un  noiiibie  de  h  gu-lles  égal  à  relui 
des  tribus  belligérantes,  il  aplanit  un  certain  espace 
de  terr.iin,  y  plante  le.s  baguettes  comme  des  quilles 
sur  deux  ligne»  parallèles  représentant  les  deux 
armées  en  préseuce,  et  s'éloigne  un  peu  eu  attendant 
l'effet  que  produira  le  vent.  Si  les  baguettes  qui  repré- 
seuieni  l'enneuii  lomlieut  eu  arrière,  l'enneini  sera 
culbuté  :  si  c'est  en  avani,  il  sera  vainqueur  ;  si  c'est 
obliquement,  la  victoire  demeurera  in(!ertaiiie. —  L'i- 
m:igin;.iion  ardente  des  Nouveanx-Zélandais  et  leurs 
mille  superstitions  les  font  vivre  sous  l'empire  d'une 
terreur  continuelle.  Dans  les  ténèbres,  ils  sont  tris- 
tes et  mélancoliques  ;  ils  croient  voir  des  fantômes  , 
entendre  les  sifllements  des  dieux  maoris,  aperce- 
voir des  monstres  qui  rôdent  autour  d'eux,  tout 
prêts  à  les  frapper  de  maladie  ou  de  mort.  Passer  la 
nuit  sans  lumière  est  pour  eux  un  supplice  ;  ils  na 
peuvent  ni  parler,  ni  dormir;  ils  osent  à  peine  res- 
pirer, et,  quand  vous  leur  présentez  un  flambeau,  ils 
s'écrieut  :  t  Maintenant  nous  coinmençons  à  vivre  !> 
Mais  la  lumière  ne  dissipe  pas  toutes  leurs  craintes  : 
c'est  une  croymce  parmi  eux,  que  la  violation  des 
lapons  est  toujours  punie  par  quelque  grand  mal- 
heur, tatidis  que  la  lidélité  à  (  es  rits  superstitieux  assure 
une  longue  vie,  une  bonne  santé  et  beaucoup  d'autres 
précieux  avantagea.  Ils  plaeent  en  mille  endroits 
le  dieu  Taidwa,  gueit.int  les  prévaricateurs  pour  les 
dévorer.  Les  chefs  imposent  aussi  des  peines  qu'ils 
proportionnent  à  l'importance  du  tapou  violé  :  quel- 
quefois ce  sont  de  simples  réiiriiiiainles,  assez  sou- 
vent des  cou|)S  de  bàtoii,  ou  bien  encore  la  confisca- 
tion d'une  propriété  ;  la  mort  même  peut  être  infli- 
gée comme  cliàtiment  de  co  préendu  sacrilège.  — 
Mais  qu'enlendent-ils  par  les  (a/ioas .'  La  personne 
qui  a  rendu  les  derniers  devoirs  à  un  parent,  h  un 
ami,  ou  (|ui  s'est  approi  bée  d'un  cadavre,  est  tapoue  : 
elle  doit  se  coucher  sur  le  ventre  ;  elle  ne  peut  se 
servir  de  ses  mains  piiur  prendie  sa  nourriture,  et 
lorsqu'elle  ne  trouve  point  d'ami  d.sposé  à  lui  met- 
Ire  les  aliments  à  la  bouche,  elle  est  réduite  à  man- 
ger à  la  façon  des  bêles.  Tout  peut  être  .soumis  au 
taiioii  :  les  bomtnes,  les  animaux,  les  objets  inani- 
més, les  lieux,  les  affaires  politiques  et  religieuses. 
Ainsi  tous  les  sauvages  qui  oui  touché  un  mort, 
ceux  qui  ont  préparé  la  terre  pour  seuer  les  kouma- 
ras,  ceux  qui  les  ont  semés,  les  ch:impsoù  ils  crois- 
sent cotunie  ceux  où  ils  ne  viennent  pas,  sont  la- 
pous  ;  les  herbes  qui  poussent  au  pied  des  arbres  la 
sont  aussi  pour  cei  taines  personucs,  et  si  d'autres 
que  celles  (|ue  la  loi  désigne  osaient  les  arracher,  les 
arbres  péiiraieiii,  disent  les  pauvres  sauvages.  A 
l'époque  de  la  grande  pêche,  sont  tapous  et  l'empla- 
cement qui  sert  aux  préparatifs,  et  les  filets  qui  doi<i 


1043 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE, 


i044 


vent  être  employés,  ei  U  rivière  où  on  les  jettera;; 
il  faut  s'en  tenir  à  une  dislance  respectueuse,  jus- 
qu'à ce  que  l'insulaire  ^pii  préside  ait  pris  et  mangé 
un  poisson;  \'alaniirn  (cimetière),  el  le  lieu  où  meurt 
Une  personne,  S'i't  aussi  tapons;  la  maison  où  vient 
d'expirer  un  chef  el  les  objets  qui  lui  ont  appane- 
nii,  sont  soumis  à  un  tap  ■■«  qui  ne  se  lève  pas  :  Il  faut 
les  brûler.  De  là  l'usage  de  porter  les  mourants  en 
plein  air,  ou  sous  i|upli|ues  mauvais  abiis  dressés  à 
la  Inile.  Lalinngis,  nu  cuislires,  sont  lapoue.i  pour  les 
chefs  ;  il  leur  est  rtéi'endu  d'y  dnrniir,  d'y  inausier, 
de  s'v  chauffer.  Les  létes  de  ceux-ci  sont  toujours 
tnpoues.  Parmi  h's  animaux  (npotis,  on  disiingue  denx 
espèi-es  d'oiseaux,  le  lid  et  l'iîie  ;  Manuï,  le  créateur 
de  la  Nouvelle-Zélande,  a  fait  pan  de  son  esprit  à 
ce  dernier.  Les  anciens  avaient  des  ctanis  eu  l'hor»- 
neur  de  ces  deux  oiseaux.  —  Quelle  est  l'oriiiine  des 
tttpoits?  Les  uns  sont  atlriliiiés  aux  dieux  du  pays, 
les  autres  aux  chefs  des  tribus  et  aux  prêtres.  On  les 
jelie  en  prononçant  avec  précipitation  quelques  mots 
d'un  jargin  inintelligible  ;  pour  les  lever,  on  passe 
un  bàiori  sacré  sur  l'épude  droite  de  la  personne 
tnpoiie,  puis  sur  ses  rei  s,  ensuiie  sur  son  épiute 
gauche  ;  on  casse  le  bàinn  en  ileux,  et  on  l'enseve- 
lil  dans  la  terre,  ou  bien  on  le  fait  brûler,  d'autres  le 
[cttent  dans  l'eau  ;  apré'i  celle  opéiaiion,  l'insulaire 
est  remis  au  rang  des  profunes. 

Il  n'y  a  guère  que  les  personnes  de  di«linclion  qui 
soient  admises  aux  fonciions  sacrées;  et  même  il 
n'est  pas  rare  de  voir  des  chefs  de  Iribii  céder  le 
sceptre  à  un  de  leurs  eidanis  pour  être  élevés  à  la  di- 
gnité sacerdotale.  Le  miuisicrc  des  prêtres  se  borne 
à  consulter  les  augures,  à  donne;- aux  cnfanis  cette 
e-pèce  de  biptêuie  doui  il  est  (piesiion  plus  haut, 
à  conjurer  les  icmpêies,  à  faire  des  prières  pour  la 
santé  des  hommes,  pour  le  succès  de  la  ^'uerre,  pour 
la  conservation  et  la  piospérilé  des  Iruiis,  pour  ob- 
tenir un  veni  favorable  ,iux  navisaieurs  el  une  douce 
pluie  !in\  fhan)pjdÈs-»échés.  Quelquefois  les  femmes 
partagent  avec  lenrs  maris  les  honneurs  du  sacer- 
doce, et  nos  crédoles  insulaires  sont  a-sez  simples 
pour  regarder  les  songes  de  ces  prêtresses  comme 
des  révél»iions ,  leurs  décisions  ridicules  comme  des 
oracles. 

Il  y  a  trois  espèces  de  mariages  parmi  les  naturels  : 
le  premier  se  conclut  par  la  délibération  des  chefs  et 
des  parents,  avec  le  simple  acquiesceuieni  du  jeune 
homme  et  de  la  jeune  filie;  dans  le-ecnnd,  l'inclina- 
tioM  des  futurs  époux  parait  seule  consullée.  Le 
Nouveau-Zéluidais  qui  a  résolu  de  prendre  une 
compasjne  ,  va  chez  !a  personne  qui  â  (ivé  son  choix, 
Il  l'embrasse  à  la  irti.ori,  en  faisant  battre  nez  corilre 
liez  ;  longtemps  il  pleure  auprès  d'elle,  lui  redt  dans 
ses  chanl~  lous  les  seniimenis  quM  désire  faire  par- 
laner,  et  enfin  il  lui  demande  sa  main  ;  c'est  ici  que 
les  chefs  inicrvienneni  pour  s'assurer  que  leconsen- 
teineiit  de  !a  femme  n'a  pas  éié  arraché  par  la 
craiiite.  La  Irnisièmeesfréce  est  ptutôi  un  rapi  qu'un 
Il  ariage  :  le  prétendant,  (laign  ml  un  refus  de  celle 


qu'il  veut  obienir  ,  a  recours  à  la  for«e  ouverte,  et 
l'eidèvc  à  sa  (anii.le.  Alors,  i  our  lui  disiuiler  sa  con- 
quête ,  s'engage  une  luite  sanglante  entre  les  parti- 
sans de  l'agresseur  et  la  tribu  insulice;  mais  si  le  ra- 
visseur dérobe  la  jeuin>  lille  aux  recherches  de  ses 
purcnis  pendant  trois  ou  quatre  jours,  il  y  a  pres- 
cription en  sa  faveur  :  elle  est  devenue  sa  légitime 
époii-e,  et  les  ileux  partis  mctient  bas  les  armes.  — 
Parmi  le  peuple  ,  la  polygamie  est  détendue,  bieo 
qu'il  soit  permis  à  tout  Nouveau-Zélandais  de  ren- 
\oycr  la  compagne  qui  n'a  plus  le  bonheur  de  lui 
plaire  ,  pour  contracter  une  nouvelle  union.  Quant 
aux  cliefs  ,  le  nombre  de  leurs  femmes  est  réglé  sur 
leurdigniié  :  le  prein;eren  a  un  plus  grand  nombre 
que  ses  suballernes;  cependant  une  seule  est  consi- 
déiée  comme  épouse.  Il  est  inuiile  de  dire  qu'ici, 
Comme  partout  où  elle  est  éiahlie,  la  polygamie  eii- 
traiiie  à  sa  smie  une  iiiOniié  de  crimes;  outre  les 
jalouses,  les  dissensions  et  les  lixes  qu'elle  sème  et 
perpétue  dans  les  niéiiages,  elle  est  la  source  la  plus 
commune  des  infanticides  et  des  suicides  qui  répan- 
dent le  deuil  au  sein  des  tribus. 

Dès  qu'une  personne  est  morte ,  surtout  si  c'est 
nn  chef,  des  messagers  en  porieiii  la  nouvelle  aux 
amis  du  défunt  cl  aux  peuplades  voisines;  son  plHS 
proche  pareni  lui  feime  les  yeux,  luiis  011  le  frode 
avec  du  phormium  veit  ,  afin  d'enlever,  d'seni  les 
naturels,  les  restes  de  la  maladie  ;  ses  cheveux  sont 
arrangés  avec  élégance  et  ornés  de  ftuiliage:  il  est 
revè'u  avec  magnificence  el  déposé  dans  une  bière 
tapissée  de  verdure  en  dedans  ,  el  peinte  eu  dehors 
avec  des  couleurs  rouscs  et  blanches  :  dans  cet  élat 
on  l'expose  en  public,  et  tout  le  monde  vient  lui 
offrir  ses  derniers  témoignages  d'affeciinn.  Jusqu'à  ce 
que  le  soleil  se  soit  levé  et  couché  trois  fois,  l'air 
retentit  jour  el  nuit  de  chants  fimèbres  et  de  cris 
lainentahies.  Pour  exprimer  leur  attachement  au 
mort,  ses  parents,  ses  amis  el  ses  esclaves  se  déchi- 
rent le  corps  d'une  manière  horrible  ,  se  traçant  en 
lignes  courbes  des  sillons  sanglants  sur  le  front  ,  sur 
le  visage,  sur  la  poitrine  ,  sur  les  épaules  et  sur  les 
br.is.  Le  moment  de  la  sépulture  arrivé,  les  hommes 
ei  les  femmes  accompagnent  le  convoi  à  Yntamira  ou 
cimetière,  en  chant  int  tour  à  tour  l'hym  le  du  deuil. 
S'il  s'agit  d'un  chef,  on  place  le  cercueil  sur  un 
mausidéc  élevé,  en  lorme  de  colonne,  orné  de  sculp- 
tures el  peint  en  ronge  ;  les  corps  des  simples  insu- 
laires sont  suspendus  aux  branches  des  arbres.  On 
dépose  auprès  delà  tombe  du  guerrier  son  mere-pou- 
nnniii,  son  mère-paruwa  et  ses  autres  armés,  parce 
qu'il  en  a  be>oin,  dii-nn,  pur  faite  la  guerre  dans 
les  régions  de  la  nuit.  Les  funérailles  finies  ,  ceux 
qui  y  oni  été  employés  ,  vont  se  purifier  dans  la  ri- 
vière voisine.  —  Si  l'on  demande  au\  indigènes  pour- 
quoi ils  suspendent  en  l'air  lenrs  parent*  défunts  : 
•  Nous  voulons,  répondent-ils,  qu'ils  soient  toujours 
présents  à  nos  yeux  el  qu'ils  vivent  en  quelque  sorte 
au  II  ilien  de  nous  :  ensevelis  dans  la  terre  ,  ils  se- 
raient gênés  et  ne  voyageraient  qu'avec  oeine  dans 


1045 

les  scniiers  de  la  iiiiil  :  lorsque  la  guerre  nous  oblige 
de  quitter  iius  vullées  ,  uous  les  eintiorioiis  plus  fa- 
ciiemt^ni  avec  nous  ;  car  nous  ne  saurions  nous  sé- 
parer des  cendres  de  liOS  pères.  »  —  La  nation 
maorie  ;i  pour  les  morts  un  aiiacheraeiit  et  un  res- 
pect qui  passe  louie  expression.  Elle  aime,  honore. 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  Alj  MOYEN  AGE. 


I  40 
inférieures  situées  au-dessous  de  la  mer,  ii  éc^irie  le 
voile  transparent  qu'on  trouve  à  l'entrée  du  chemin 
de  Motatau,  et  gagne  les  |d:iines  aériennes  ;  après  s'y 
ilre  récliaullé  aux  r.iyoiis  du  soleil ,  il  rentre  dans 
la  nuii,  où  il  est  livré  à  la  tristesse,  aux  souffrances 
et  aux  maladies  ;  de  là,  il  revient  en  ce  monde  pour 
adore  presque  ceux  même  qu'elle  avait  méprisés  et  reprendre  ses  ossements,  et  retourne  encore  au 
haïs  pendant  leur  vie.  Tour  Vatiimira  on  clioisit  de  neimi»,  pour  de  longues  années.  Plusieurs  des  nco- 
prélérence  un  lieu  élevé  ,  solitaire  et  couvert  d'ar-  phyies  ont  f.iit  remarquer  aux  missiontiaires  ca^ho- 
bres  touffus.  Il  est  soumis  au  plus  lerrib'e  de  tous  liqnes  le  rapport  de  celle  croyance  avec  le  dogme 
les /npoMS  :  ce'ui  qui  osemit  le  violer  ferait  à  la  na-  de  la  résurrection.  Les  iiauvres  iilolâires  croient 
lion  un  outrage  sanglant,  et  seiait  impitoyahlemeni  aussi  tiue  les  morts  'essusciiés,  après  un  long  séjour 
puni  de  mort.  Si  louiefois  il  échappait  à  la  vengeance      dans  le  Reinfia  ,  meurent  une  seconde  fois,  et  font 


des  hommes,  il  ne  saurait  se  soustraire,  disent  nos 
indigènes,  ou  dans  ce  monde  ou  dans  l'autre,  au 
courroux  de  l'implacable  Taniita ,  dieu  cmel  qui 
châtie  les  infrac'.eurs  du  lapou.  Plusieurs  tribus  se  réu- 
nissent une  fois  l'an  dans  ruiomira,  afin  de  descendre 
des  arbres  les  restes  de  leurs  morts  et  les  déposer 
dans  l'iolérieur  du  bois  sacré.  Cette  translation  s'ap- 
pelle le  lialiuiiga  ;  elle  a  quelque  chose  d'imposant 
piiur  les  étringers.  Voici  l'orJre  de  I .  cérémonie  : 
les  nniables  frappent  le  cercueil  avee  une  baguette, 
en  prononçant  des  paroles  magiques  ;  ensuite  on  le 
dépose  à  terre;  on  remplace  le  vêtement  mortuaire 
ilu  défunt  par  d'autres  ornements,  et  le  premier  des 
chefs  le  prenant  sur  ses  épaules  ,  s'avanre,  suivi  de 
la  foule  ei  précédé  d'un  homme  qui  porte  à  la  main 
H.e  branche  d'arbre,  vers  le  lieu  destiné  à  l'inhu- 
RKiiion  Là ,  le  cadavre  est  placé  sitr  un  tapis  de 
feuillage,  les  chairs  soni  ensevelies  dans  nne  fosse, 
une  Tieille  femme,  toute  ruisselante  d'huile  et  |om- 
peusement  parée,  recuit  le  crâne  dans  les  plis  de  son 
manteau.  Alors  eummence  le  pilie  ou  chant  funèbre; 
suivent  des  discours  longs  et  bruyants  (I)  ;  enfin  , 
après  avoir  peint  les  ossements  en  blanc  et  en  rou.L'e, 
on  les  Ile  en  un  faisceau  pour  les  déposer  dans  leur 
dernier  asile.  Avant  de  se  séparer  les  naturels  pas- 
sent plusieurs  jours  on  réjoni-sances  ,  et  se  chargent 
de  mutuels  présents. 

Les  Noavcanx-Zélandais  ont  toujours  ci^u  qu'il  est 
en  nous  une  substance  supérieure  à  la  matière  ,  et 
qu'une  vie  fîiluré  ,  heureuse  ou  malheureuse  ,  nous 
attend  au  delà  du  tombeau.  Le  voyage  qu'ils  fout 
faire  aux  niôrts  suppose  évidemment  cette  croyance. 
Us  disent  que  le  i!éfunt  ,  en  sortant  de  ce  monde  , 
va  prendre  ie  fokuàiatiia  (nom  du  seniier  qui  mène 
à  l'empire  de  la  mort).  Ce  cliemin  le  conduit  à  une 
avenue  appelé  Pirifa;  il  monte,  descend,  se  repose 
et  soupire  ajuès  (a  lumière  ;  et  après  s'être  reniis 
en  marche,  il  arrive  dans  une  maison  appelée  Ana  ; 
bieiiiôl  il  eu  sort ,  trouve  un  autre  chemin  qui  atiou- 
tit  à  un  ruisseau  dont  les  eaux  fout  entendre  un  mur- 
mure plaintif;  il  franchit  la  colline  de  lleraiigi  ,  et 
levoilMu  kèïngà  (enfer).  Quiilant  alors  les  régions 

(I)  Ainsi  l'usnge  récent  qui  s'est  introduit  en 
France  de  prononcer  des  discours  sur  la  tombe  des 
morts,  est  praiiijué  de  temps  immémorial  par  une 


de  nouveau  le  voyage  rie  la  nuit;  qu'ils  ressuscitent 
61  meurent  encore,  jusqti'à  ce  que  leur  corps  soit 
transformé  en  un  certain  ver  qu'ds  appellent  toke  , 
et  que  l'un  voit  souvent  en  creusant  la  terre.  La  vîè 
du  Reintfa  est  d'ailleurs,  selon  eux  ,  tout  à  fait  sem- 
blable à  la  vie  présente  :  on  y  éprouve  les  mêmes 
besoins,  ce  sont  les  mêmes  habitudes  et  les  mêmes 
rapports  ;  et  cela  explique  pourquoi  ils  font  périr  les 
esclaves  à  la  mort  de  li'iir  maître  ,  et  pourquoi   les 
femmes  se  suie  idenl  aiiprè    du  cercueil  de  leurs  ma- 
ris, à  moins  qu'elles  n'aient  des  enfants  qui  récla- 
ment leurs  soins  et  leur  tendresse.  —  Avant  la  pré- 
dicaiiim  de  l'Kvangile  ,  les  Nouveaux-Zélandais'ne 
réservaient  pas  l'immorialiié  à  eux  seuls  ;   ils  l'ac- 
cordaient aussi  à  leurs  chiens  ;  et  ils  les  envuy.itent, 
après   leur   mort  ,    dans   tiri    autre  monde   :'piielé 
Wawwaowao.  —  Le  dieu  maori  TViro  jotie  un  grand 
rôle  daifs  le  lleinga  :  on  le  suppose  occupé  *  nuir« 
aux  iiuirts  qui  voyagent  dans  les  régions  de  la  nuit, 
à  réduire  leurs  corps  en  poussière,  à  les  tenir  eux- 
mêmes  dans  l'esclavage;  il  ne  leur  laisse  d'autre  li- 
berté que  celle  d'apparaître  à  leurs  amis  par  des  sif- 
llements  nncturnes.   De  là,  l'iitiention  des   naturels 
à  observer  les  moindres  bruits  qui  se  f^nl  entendre 
dans  les  ténèbres  (2). 

Jamais  lesNouveaux-Zélandais  n'ont  eu  ni  temples, 
ni  autels,  ni  idoles.  Leurs  sculptures  ont  toujours  été 
consacrées  à  perpétuer  la  mémoire  de  leurs  parents 
et  de  leurs  amis;  mais  ils  se  figurent,  répandues 
partout ,  des  puissances  invisibles  qui  exercent  une 
certaine  influence  sur  leurs  corps  et  sur  leurs  âmes, 
sur  leurs  actinns  iiubliques  et  privées,  sur  leur  des- 
tinée et  sur  leur  vie.  Ces  esprits ,  comme  ils  le 
croient ,  sont  souvent  irrités  ;  et  celle  croyance  fait 
vivre  les  pauvres  sauvages  soufj  l'impression  pres- 
que continuelle  d'une  terreur  religieuse.  Un  coup  de 
tonnerre,  une  lempêle,  un  accident  funeste  ,  une 
mort  subite  ,  une  perle  imprévue  ,  une  année  sté- 
rile, sontà  leurs  yeux  tout  autant  de  marques  certai- 
nes du  courroux  d'on  dieu  qui  punit  1»  violation  d'un 
lapou  ,  r.rmission  de  quelque  prière  ou  de  ipielque 
superstition  ttiaori.  Sont-ils  atteints  de  celle  espèce 

peuplade  idolâtre  et  sauvage  du  Grand  Océan  Austral! 
'^  (iVufe  de  l'mileur.) 

(2)  Le  dieu  }Yiro  ne  paraît  être  ici  qu'une  parodie 
de  Salm.  U^ote  de  l'auleur.) 


10i7 


DICTIONNAIRE  DK  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTlQUii. 


de  maladie  qui  les  consume  peu  à  peu,  ei  donl  ils 
meurent  presque  tous  ;  c'est  un  dieu  anlliropophage 
et  vengeur  qui  est  entré  dans  leur  corps  et  qui  en 
ronge  iasensihienieiil  les  iiarlies  vitales.  —  Pour  se 
garantir  de  ce  génies  UKilfaisanis,  on  observe  exac- 
teiiM-ni  los  lapous  ,  ou  bien  l'on  a  recours  à  ceriai- 
taines  priéi  PS,  à  des  eucliautemeiils  ,  à  des  inalédic- 
lioiis  mêiiii:  ;  on  va  jusipi'à  les  menacer  de  le-  tuer, 
de  les  manger  ou  de  les  biûU'r.  Les  Nonveanx-Zé- 
laudais  prêtent  à  tous  leur>  dieux  les  nécessiiés  et 
les  faible.^ses  des  bomnies,  et  il-  ailiiliuent  à  chacun 
d'eux  en  particulier  une  fonction  spéciale.  L'un  pré- 
side aux  éléments  ,  l'autre  rés;ne  sur  les  oisraux  et 
les  pi  issons.  7'aio.  ki  est  le  niailre  du  tonnerre  :'il  le 
forme  en  roulant  it  déroulant  avec  préi  ipilation  des 
lapes  qu'on  sujipose  placées  au  dessus  des  nuages. 
Uuliucke  a  créé  le  cbien  :  c'est  un  dieu  timiiie  ou 
âauva^e  qui  ne  (|uillp  jamais  les  antres  lénébreux, 
et  (|ul  ist  peu  ciiunu.  Tingara  ou  Huro  liabite  uidi- 
ualicii;ent  les  pays  étian^ers;  il  n'aborde  que  de 
lenip.-  en  temps  à  la  ISouvelle-ZiOlande,  et  ses  odieu- 
ses vi»i'es  sont  toujours  su. vies  de  maladies  ei  de 
mortalités;  de  là,  s, ms  doute  ,  le  piéjugé  populaire 
qui  fait  cousulcrer  aux  naturels  tout  rapport  avec 
les  blancs  couiuie  l'unc^te  à  leur  santé  et  à  leur 
vie. 

Au  commeucementdes  temps,  les  ténèbres  étaient 
inco  inues  sur  la  terre  ;  la  liMuière  y  était  continuelle. 
Ce  fut  la  dé>>sse  Hina  qui,  pmr  se  venger  d'une 
raillerie  de  Kue,  fit  snC(é.lir  la  mut  au  jour,  te  ne 
sont  pas  là  tnus  ses  hauts  laits  :  un  jour  que  sa  fille 
lioiia  était  allée  ramass.  r  du  bois  parmi  les  brous- 
SiiilLs  pour  préparer  uti  repas,  elle  revint  IcS  pieds 
tout  enanglaiiiés.  La  vue  de  son  sang  et  la  vive 
diuileur  qu'elle  épiouvait  la  firent  entrer  en  fureur, 
et  dans  son  emporenienl  el  e  maudit  la  lune,  en  lui 
criant  :  «  Que  lu  sois  mangée,  parce  O'-e  lu  n'es 
pas  venue  ni'éclairer  an  nioinent  où  j'allais  me  bles- 
ser les  |  icds.  )  Indignée  de  celte  malédiction,  la  lune 
jeta  un  liamevon  sur  lîona,  et  l'ayant  altii  ce  jusqu'à 
elle,  la  plaça  dans  son  disque  avec  la  batterie  de 
cui>ine  qu'elle  tenaii  à  la  m.iiu  et  l'arbre  auquel  elle 
s'accrodiail  pour  n'éliepas  enlevée.  Pour  punir  la 
lune,  la  déesse-mcre  lui  ôla  le  pouvoir  de  jeter  à 
l'avenir  de:,  hameçons  sur  la  lene. 

Parmi  leurs  dieux,  les  iiaturelsen  distinguent  trois 
qu'ils  di-eni  être  Irèies,  et  auxquels  ils  aliribuent 
particuliéiement  la  création  de  leur  île  :  ils  les  ap- 
pellent Mawi,  Maunpoiiki  ei  Taki. — Mawi,  desceuda 
du  ciel  sur  la  mer,  se  mit  à  cingler  jusqu'à  ce  qu'il 
reuconlra  un  rocher  qui  s'élevaii  à  l'en  mit  où  se 
voit  maintenant l'iledu  nord, appelée /fca-iVa-.VnHi; 
il  s'y  ariéta  et  s"a>sit  pour  pécher;  et  comme  il  n'y 
trouva  rien  de  mieux,  ptmr  faire  des  hameç  ns,  que 
les  mâchoires  des  deux  en  ants  qu'il  avait  eus  de  la 
déesse  de  Wina  sa  femme,  il  les  fit  mourir.  L'oeil 
droit  de  l'un  lit  l'étoile  du  malin,  appelée  Malariki, 
et  l'œil  droit  de  l'autre  devini  l'éloile  du  soir,  donl 
le  nom  c^t  nerealiinlti.  Un   jour  que   Mawi    péchait 


1048 

avec  la  mâchoire  et  une  partie  d'une  oreille  de  son 
fils  aillé,  il  sentit  que  quelque  chose  de  pesant  s'é- 
tait accroché  à  son  h.imeçiwi  ;  après  de  longs  et  inu- 
tiles efîorls  pour  tirer  ce  qu'il  cnyait  être  un  mons- 
tre marin,  il  attacha  sa  ligue  au  bec  d'une  colombe, 
à  laquelle  il  communiqua  son  esprit  ;  et  la  cnlondte, 
en  s'élevani  dans  les  airs,  lira  des  alûnies  la  Nou- 
velle-Zélande. Aussitôt (]Herile  parut  hors  de  l'Océan, 
le  Dieu  pècl  eur  et  ses  compagnons  s'élancèienl  sur 
la  liage,  formèrent  en  se  pronienanl  les  plaines,  les 
collines,  les  montagnes  et  les  vallées,  fécondèrent 
la  nouvelle  terre  et  lui  firent  produire  des  arbres 
et  des  plantes.  Dans  une  de  ses  promenades,  Waici 
.ip  Tçiit  du  feu  :  il  le  trouva  si  beau,  qu'il  s'empressa 
d'y  porter  la  main  ;  comme  il  se  b  ùlaii  bs  doigts, 
et  qu'il  ne  voulait  pas  repemlant  s'en  dess.d~ir,  il  se 
précip  ta  dans  la  mer.  Biemôl  il  reparut,  les  épaules 
chargées  de  matières  sulfuienses  qui  formèreni  les 
volcans.  Quand  sa  grande  œuvre  fut  achevée,  ce 
dieu  mourut  ;  mais  d  n'emporta  pas  son  esprit  dans 
les  régions  de  la  ir  it  ;  il  la  légua  à  un  oiseau  i|u'on 
appelle  leie,  et  qi'on  voit  ici  pend 'Ut  la  belle  saison. 
—  Ilawipotiki  et  Taki  parlagèrenl  les  travaux  et  la 
gloire  de  leur  frèie  C'est  au  second  qu'on  attribue 
la  création  du  premier  homme  dont  il  h'rm  i  le  corps 
avec  de  la  boue.  Apiés  sa  mort  il  lui  enlevé  au  ciel 
sur  une  toile  d'araignée,  et  sou  œil  droit  devint  l'é* 
toile  polaire  du  Sud. 

Dans  ces  troi-  dieux  principaux,  et  unis  par  les 
liens  de  la  parenté  ;  dans  la  manière  dont  ils  ont  créé 
le  premier  homme  et  la  Nouvelle-Zél  unie,  que 
les  naturels,  avant  d'avoir  vu  les  Européens,  croyaient 
être  à  elle  seule  loiil  l'univers  ;  dans  ce  combat  qui 
eut  lieu  au  commenceinenl  entre  les  esprits,  on  ne 
peut,  dii  le  P.  Servant,  prêtre  de  la  société  de  Ma- 
rie, ei  mis>ionnaiie  apostolique  dans  l'O  éaide  oc- 
cidentale, seiiipécher  de  voir  des  lambeaux  épars 
et  déligiiiés  d'une  lévélatiuii  primitive  sur  la  sainte 
Trinité,  sur  la  création  du  monde  et  d'Adam,  et  sur 
le  condia;  des  bons  et  des  mauvi.is  Anges. 

Dans  la  Nouvrlle-Zélande  aucun  homme  ne  reçoit 
de  son  vivaniles  iionncursde  l'apothéose  ;  mais  aussi- 
tôt après  leur  mort,  tous  sont  placés  au  rang  des 
divin. tés  du  second  oidre  ;  leurs  noms,  surioiit  ceux 
des  chefs,  so  t  tellement  tapons  ou  s-acrés,  qu'on  ne 
pourrait  même  les  pronuncer  sans  se  rendre  coupa- 
ble d'une  horrible  prnranalion.  Quand  un  ciief  meurt, 
sou  œil  droit  va  se  placer  au  firmament  ;  ainsi 
toutes  les  étoiles  qui  brillent  dans  le  c  el,  sont 
pour  les  Polynésiens  idolâtres  de,  yeux  de  chefs 
zélandais. 

Zocala  Gens,  les  Zonks,  ou  Iakouts,  ou  Iakontes, 
ou  \akoules.— Ce  peuple  forme  une  des  nombicuses 
peuplades  que  possède  l'Asie  septentrionale,  il  per- 
sonnifie presque  à  lui  seul  toute  l'histoire  légcndiqua 
si  étrange,  si  merveilleuse,  des  tribus  sauv.ig^es  de 
celle  partie  du  inonde.  A  ce  titre,  il  mér  le  d'étrf 
connu;  d'aulaut  plus  tpi'i-  diminue  i  rogr.  ssivemem, 
el  qu'il  finira  par  disparaître  de  la  carie  d'Abie,  à 


1049 


CCOGRAPHIE  DES  L£GKNÛ£S  AU  MOYEN  AGE. 


1030 


l'exomple  de  plusieurs  nations  errantes.  Soumis  à  lu 
Russie  ilt-piiis  16;2l>,  les  Yakniites  haliiienila  province 
d'Y:ikiiiiisk.  Ce  sont  les  Russes  qui  les  oui  nommés 
Yakniiles;  mais  li-iir  nom  indigène  est  Zmiks.  Hien 
qu'ils  soient  voisins  des  Yonkagiiirs,  ils  n'cuit  aiicnii 
Irait  de  ressemblance  avec  eux,  étant  d'une  oriijine 
eniièremeiit  différente. 
'  Ce  peuple  liabiiail  anciennement  vers  les  mnnts 
Saïansk.  au  delà  même  de  l'Angara,  et  jusqu'aux 
l/ords  rie  la  Lena  supérieure.  Oi'piimés  par  les  Hou- 
riais  et  les  Miiiipols,  ils  se  iranspoilèieni  plus  bas, 
en  suivant  toujours  les  bords  de  la  Lénn,  jusqu'aux 
pays  fioid<  et  arides  iiu'ils  lialiienl  acluelleuient. 
C'psi  ici  que  les  Kosaques  de  Maugiizei  les  cnnnurcnl 
ei  les  coui|uirenl  à  la  Russie,  conjoiulcmeul  av  c  les 
Kdsaqiies  de  l'Iéiiisséi,  eu  1620.  Les  Russes  impo- 
sèrent un  iribiu  à  ces  peuples  en  1630.  Les  vices  et 
l'opiiri'ssion  de  leurs  nouveaux  cbefs  les  poriérent 
plusieurs  lois,  quoique  sans  succès,  à. séculier  le  j"Ug 
de  la  Russie;  mais  depuis  qu'on  les  gouverne  'égu- 
lièreiuent,  el  que  la  ju-lice  est  adniinislré'  Comme 
dans  le  reste  de  l'empire,  ils  vivent  lraii(]iiilles,  et 
s'ailaclient  tous  les  jours  davantage  aux  Russe*. 

Les  Yak"Uies  s'éiendeni  sur  les  deux  rives  de  la 
Lena,  depuis  la  livèrede  Vi'iin  j  sqiià  son  em- 
b'iiicliure,  et  depuis  l'Anabara  jusqu'au  golle  île  Pen- 
pinsk,  el  au  nerd  jusqu'à  la  Koliiiia,  ce  qui  fuil  une 
élendiie  da  pays  qui  aurait  nu  diamèlie  de  2000 
kil.,  c'esi-à-dire,  depuis  le  52°  jusqu'au  70"  de  lat. 
nord,  et  le  lOJ"  jusqu'au  155°  de  long.  csl.  Ce  peu- 
ple entassez  numbieuv,  quoiqu'on  ne  puisse  déler- 
miner  au  jusie  la  quanlilé  d'individus  qui  le  compo- 
seut.  Ou  peut,  p;ir  ap|iroximatinn,  faire  le  ilénoiu- 
bremenl  suivant  :  comme  ils  payent  un  Iribul  en 
fnurrines,  el  (|ue  ce  liiliut  esl  imposé  à  tani  pour 
cliiupie  mâle,  ils  n'avouent  ordinairemenl  que  le  liers 
des  iiicliviilus  imposables,  et  comme  on  paye  pour 
54,970  mâles,  en  (ompianl  lous  les  Oulouss  ou  tri- 
bus (jui  erreiil  sur  cet  iiMuiense  letriiuire,  ou  peut 
pnrler  loiile  la  populaimn  des  Yukoules  à  88,01:0 
iiiàles.  Le  célèbre  bisioriograpbe  Millier  et  le  profes- 
seur Fiselier  les  supposent  de  race  tariare. 

P<ii|-é(re  nulle  aulre  nation  au  monde  ne  peut 
offrir  une  aus>i  grande  vaiiéié  de  slainre  que  les 
Yakiiiiles.  Les  riches,  qui  liabilenl  aux  environs  des 
prairies  siuiées  au  su  I  des  montagnes  de  Ver- 
klinyaiiski,  ont  en  général  de  5  p.  10  pnuces  à  6  p. 
■i  pouces  de  liant;  ils  sont  h!en  propirlioniiés,  Irés- 
forts  et  tiès-acUls.  Les  pauvres  Yakoules,  qui  vivent 
au  nord  du  ces  nionlagnes,  sont  luns  au-dessous  de  la 
moyenne  taille,  indnleuls,  malsains,  et  paraissent 
devoir  ce  triple  désa\antage  à  une  mauvaise  nourri- 
ture, à  la  sévérité  du  climat  et  au  manque  de  vête- 
ment.— Les  propriétés  des  Yaknuies  coiisisieni  en 
chevaux  el  eu  bêtes  à  curnes.  Ce  peuple  peut  se 
passer  de  tomes  les  autres  nations  :  il  ne  lui  faut 
qu'un  contenu,  une  liaclie,  une  cbaiiilière,  un  briquet 
et  une  pierre  à  feu.  Quand  ils  oui  ces  objets,  la  bien- 
faisante main  du  Créateur  leur  procure    asse?.  l-'i 


autres  objets  dont  ils  ont  besoin,  et  leur  donne  même 
les  moyens  d'en  procurer  aux  peuples  voisins.  Ils  fa- 
briquent leurs  couteaux  et  leurs  haclies  avec  le  fer 
qu'ils  tirent  des  mines  de  Vilioiiï.  Ce  fer  est  si  facile 
à  extraire  du  minerai,  qu'on  peulle  considérer  com- 
me un  fer  ii.itif.  Les  Yakoules  funt  eux-mêmes,  non- 
seulement  leurs  iisteisiles,  mais  tout  ce  qui  sert  à 
leur  habillement  el  à  leur  parure.  L<'rsqu'ils  vont  à 
la  chas.se,  ils  n'emportent  jamais  d'autres  provisions 
qu'un  peu  de  emimis,  s'abanduniianl  au  hasard  pour 
tout  le  leste.  Si  leur  chasse  n'est  pas  lieureuse,  et 
qu'ils  ne  puissent  pas  se  procurer  de  la  viande,  ils 
niangeui  la  secoi.de  écorce  des  pins  et  bnuleaiiv,  ou 
(les  racines  qu'ils  connaisseni.  Les  éciireu  Is  S'iit  un 
liês-boii  manger,  mais  leur  viande  a  moins  d'aiirait 
pour  les  Yakoules  que  celle  de  la  luarmoiie  siiUeusc. 
—  Les  Yakowles  croient  être  absolument  dans  un 
état  de  démunocralie,c'' sl-à-diresous  rinlluenee  des 
esprits  mallaisanis.  Ils  donnent  à  Dieu  le  nom  de 
Tauiflira.  Il  a  été  inipnssible  d'appieudre  quels  siuil, 
d'apiè-.  eux,  ses  attributs.  Ils  reconiiaissent  encore 
d'auires  ilivlniiés,  et  voici  ce  qu'ils  en  disent  •  Aar- 
tinjon  (le  chef  niiséricoidieux)  est,  suivnni  e«x,  l'au- 
teur de  11  eiéaiion  ;  ils  picienilent  qu'ila  une  leniiue 
nommée  Koiibpy-klialoun  (Inilaute  de  gloire),  et  iU 
cioieui  que  l'un  et  l'autre  sont  tout-puissants.  Ils 
douiieni  à  un  aulre  dieu  le  nom  de  Oiuhsyi  (l'avocat), 
el  ils  disent  que  c'est  lui  qui  porte  leurs  i  riéres  au 
ciel,  el  qui  exécute  les  volontés  du  Tuut-Piussant. 
Oiicbsyt,  ajoutent-ils,  a  sonvciil  paru  parmi  eux,  cl 
cnnliiiue  eiienie  à  se  montrer,  tantôt  sous  la  forme 
d'un  cheval  blanc,  tanlôl  sous  celle  de  quelque  oiseau. 
Cliesoiujui-loyon  (le  prolecienr)  intcreèile  pour  i  ux 
el  leur  procuie  les  choses  qu'ils  peuvent  désirer,  tel- 
les que  des  enfants,  du  bélail,  des  richesses,  ainsi 
que  tout  ce  qui  ctuilriliue  aux  agréments  de  la  vie; 
il  a  une  femiiie  qu'ils  nomment  Akstjl  (la  dunneuse). 
Telles  soûl  les  divinités  bienfaisantes  des  Yakoules. 
Ou  peul  en  ajouter  une  aulre  qu'ils  adorent  dans  le 
soleil.  Ils  oITieni  une  lois  chaque  année  seulement 
des  sacrifices  à  ces  divinités.  Ils  croient  qu'il  existe 
dans  le  leii  un  êire  auquel  ils  supposent  le  |  uuvuir 
de  dispenser  les  liieiis  el  les  maux,  ei  ils  lui  offrent 
des  s.icrilices  continuels.  Les  esprits  ii  alfai-anls  que 
reconnaissent  les  Yakoules  sont  en  grand  nombre  : 
ils  ne  ciimplent  pas  moins  de  27  tribus  d'esprits 
aériens,  dont  le  chef  se  nomme  Oulou  loyoïi;  il  a 
une  femme  el  be:iucoup  d'enfants.  Soiiyai-loyoïi 
(Soiigai  siguilie  une  iiaclie),  le  dieu  du  loniiei  re,  csl 
le  iniiiislre  de  sa  promple  vengeance.  Les  Yakoules 
disliiigiieul  les  autres  démons  parles  noms  de  diffé- 
reiiles  couleurs.  Ils  croient  que  dès  que  leurs  scha- 
nutiis  (magiciens)  meurent,  ils  se  réunissent  à  ces 
espiiis,  etc. 

Les  fêtes  solennelles  des  Yakoules  coromenceni 
avec  le  mois  de  juin,  et  durent  15  jours.  Chez  eux, 
lorsque  les  iuiueiits  ont  mis  bas,  on  ne  les  laisse  té- 
ter que  deux  fois  le  jour  par  leurs  poulains,  encore 
ii'esice  fi"e  pour  quelques  instants.  Dans  l'iniervalle 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  EC(.LESIASTIQL'E. 


4051 

les  poulains  sont  atlacliés  ou  renfermés  dans  un  parc 
auprès  de  la  moison.  On  irait  les  juments,  el  on  met 
le  lait  dans  des  vases  de  cuir,  faits  en  '^orme  de  liou- 
teilles,  61  conienant  environ  une  am  re  (mesure  du 
pays).  On  jette  dans  ce  lait  un  moicean  dVstoniac 
de  veau  ou  de  poulain.  On  y  mêle  ensniie  un  peu 
deau,  et  avec  un  hàton  d.  ni  le  l'oul  est  aplaii,  on 
le  remue  jusqu'à  ce  qu'il  soil  en  fornienlaiion.  Le 
lait  acquiert,  par  ce  moyen,  un  goût  acide,  agrcjlile, 
et  est  irès-niurrissant  :  mais  si  l'on  en  huit  une 
grande  quantité,  ii  enivre.  C'est  cette  Iwisson  que  les 
\ak(iutes  appellent  coumis.  Ils  en  faliriquenl  aulanl 
qu'il  leur  est  possilde,  el  quelques-uns  de  leurs  cliefs 
en  font  faire  i«si|u'ii  otW  ancres.  Chaque  clief  fixe  un 
jour  pour  célébrer  une  f.  te  à  1  occi'sion  de  sini  cou- 
mis ;  alors  on  pratique  les  rérémonies  suivantes  :  on 
consiriiit  dans  une  grande  prairie  uns  huile,  à  la- 
quelle on  donne  une  f>Tme  conique,  faite  avec  des 
pieusfori  minces  rouverleavecde  la  seconde  écoice 
de  bouleau;  elle  a  un  foyer  au  milieu,  ei  esi  décorée 
de  hraiiclies  de  boule:ni  en  dedans  et  en  dehors.  Les 
])arents  et  les  amis  sont  spéeialement  invités  au  ban- 
quet, el  on  arcueiile  amicalement  li'US  les  convives 
qui  se  présentent,  de  quelque  nation  qu'ils  soient. 
Les  scliamans  occupent  les  (iremièrcs  |daccs,  cl  les 
autres  convives  s'asseyint  suiv-inl  leur  rangil'ancien- 
iieté.  On  n'admei  pas  les  femnies  dans  la  cabane  où 
se  célèbre  la  cérémonie  du  coumis.  Il  leur  est  même 
défendu,  ainsi  qu'aux  impurs,  de  boire  du  coumis 
du  premier  svniir,  par(e  qu'on  le  rou'arde  connue 
sanctifié,  cl  ayant  le  iifuivoir  de  forliller  l'esprit  et 
de  le  remplir  d'un  sens  divin.  Quand  ies  Yak  iiiles  à 
qui  il  est  permis  de  boire  du  coumis  sacié  ont  porté 
les  lèvies  à  la  coupe,  ils  sortent  tous  de  la  cabane,  et 
s'asseyent  sar  les  braïK-hes  de  bouli  an,  formant  des 
demi-cercles,  et  faisant  fice  à  l'est.  Tons  les  syinirs 
sont  perlés  hors  de  la  cabane,  el  placés  entre  des 
branches  d'arlues  pi  iniés  dans  la  leire,  et  les  con- 
%iTes  conmeiiceni  à  boire.  Chaque  demi-cercle  a  son 
syinir,  son  tcbornn  et  un  schaman  pour  le  présider. 
C'est  ce  .schaman  qui  remplit  la  coupe  et  la  fait  cir- 
culer, en  suivait  toujours  le  cours  du  soleil.  Il  se 
boit,  d*ns  ces  occasions,  une  quanlilé  de  coumis  in- 
croyable. Alors  commencent  les  j'ùles,  la  liiiie,  la 
course,  les  sauts  el  divers  autres  jeux  d'adresse.  Ou 
regarde  comme  pariiculièremenl  favorisé  des  dieux 
celui  quia  remporié  le  prii  dans  Kmis  ces  exercices, 
et  dès  ce  mouenl  smi  lémnignage  est  plus  respecté, 
el  a  plus  de  poids  que  celui  d'un  hoinme  ordinaire. 
Après  les  «inib.ils  gyninasii.ities,  le>  Yakouies  nion- 
leiit  à  cheval,  forment  encore  des  deini-cercles,  boi- 
vent le  coup  du  dépail,  en  se  tournant  toujours  vers 
le  s<i4eil,  et  se  retirent  chez  eux.  Dans  ces  féles,  les 
fenimes  se  liennent  ensemble,  à  quelque  dislance  des 
liomnics,  boivent,  dansent  ei  s'amusent. 

Oi!  admei  les  personnes  des  deux  sexes  dans  l'ordie 
des  schanians  ou  magicien<.  Malgré  cela,  on  y  ci>ni|  le 
peu  de  ferdniej,  parce  qu'il  faut  que  leur  naissance 
ou  leurs  premiéies  années  soieni   signalées  par  des 


!0o-2 

circonstances  particulières  (wur  h  ur  d  .i^ior  droit  d'y 
entrer.  Les  jeunes  gens  deslirë-  à  l'état  de  schaman 
sont  instruits  par  un  ancien  piolesseur,  qui  le.->  mène 
et  le  jour  ei  la  nuii  dans  le  Tuid  des  f  rêis  les  plus 
solitaires,  leur  montre  les  lieux  que  chérissent  les 
esprits  aériens,  ainsi  que  ccuv  que  préfèrent  les  es- 
prits infernaux,  et  leur  apprend  à  les  iinoquer  et  à 
réclamer  leurs  secours.  Les  scbainan.i  sont  les  seuls 
médecins  des  Yakouies  malades;  et  tout  leur  art 
consiste  dans  ces  occasions  à  invoquer  l'esprit  in- 
fernal qui  s'est  emparé  du  malade,  el  à  le  rendre  fa- 
vorable par  le  sacrilice  d'un  cheval,  d'une  vaclie  ou 
de  quel  jue  animal  domesllque,  etc. 

Les  Yakoutcs  ne  sont  pas  adonnés  à  de  bien  grands 
vices  :  rarement  paimi  eux  il  se  comniei  de  vols. 
Très-vindicaiifs.i's  élendeul  leurs  venpeances  même 
sur  la  posiérité  de  ceux  qui  les  ont  offi-nsés;  mais 
aussi  ils  n'(inl)lienl  jamais  un  hienfail  reçu.  Non  con- 
tent dépaver  lui-même,  jiar  un  ample  retour,  le  bien 
qu'on  lui  fait  nu  les  services  qu'on  lui  rend,  un  Ya- 
kotite  r.  commande  loujours  à  ses  enfants  de  rester 
.iitachés,  par  les  liens  de  l'amitié  et  delà  gratitude, 
à  ses  biei  fa'leiirs. — Les  Yakoules,  très-soumis  à 
leurs  chefs  et  à  leurs  oflionion  (anciens  ou  sages), 
leur  prouvent  leur  respect  et  leur  dévnueieent  par 
de  fré(|uenies  visites  il  des  présents.  Us  exercent 
religieusement  rbospitaliié,  et  montrent  les  plus 
grandes  aileniions  pour  les  voyageurs,  et  surtout  pour 
ceux  qui  se  condnisenl  avec  honnclelé.  Ils  sont  en 
même  lenips  curieux  el  irè'-inlelligents,  c'est-à  dire 
qu'ils  iiiieirigenl  a\ec  heaucmip  de  francbi-e,  el  ré- 
pondent toujours  sans  hésiter.  Jaloux  d'acquérir  des 
amis  ''t  de  jouir  d'une  bonne  léputatiou.  Ils  éiudient 
avec  soin  le  caracièie  drs  personnes  uni  peuvent 
leur  être  niiles;  ils  leur  foni  souvent  des  piésenis, 
et  savent  même  les  flatter.  Toutes  les  fois  que  les 
Yakoules  se  rassemblent,  ils  délibèrent  sur  leurs in- 
lérèts  communs,  dont  la  chasse  est  un  des  princi- 
paux :  alors  les  oghoniors  sont  entourés  par  la  mul- 
tiiude,  el  leur  avi>  est  loujours  suivi. 

Les  Yaki'Ulcs,  hommes  bien  consiiiués  el  pleins 
de  courage,  siipporieot  l'excessive  chaleur  elle  fri'id 
le  plus  rigoureux  avec  une  éionnanie  facilité  :  ils 
voyagent  à  cheval  dans  le  lemps  des  plus  fortes  ge- 
lées, el  souffrent  souvcni  beauc  uip  de  la  disette.  Les 
nial.idies  les  plus  communes  chez  les  Yakoules  ,sout 
les  rhumatismes,  les  furoncles,  la  pale,  les  maux 
d'yeux.  En  1758  eien  1775,  la  petite  vérole  .lia  rou- 
geole en  firent  périr  un  Irès-grond  nombre.  Jamais 
les  Yakoules  ne  lavent  les  usiensiles  dont  ils  se  ser- 
vent pour  manger  ou  pnur  boire;  mais  dès  qu'un 
plat  est  vide,  ils  l'essuient  avec  linJex  el  le  doigt  du 
milieu.  La  laison  en  esl  qn'iis  croient  que  c'est  un 
grand  péché  que  de  jeter  avec  les  lavures  la  plus  pe- 
tite partie  d'aliiucnl,  et  ils  s'imaginenl  qu'une  disette 
d(dlen  être  l'effet.— Chaque  Yakoute  a  deux  noms, 
c'est-.i-dire,  un  vrai  nom  et  un  nom  qu'il  adopte  ; 
jamais  on  ne  l'appelle  par  ie  premier,  si  ce  n'est 
tiaus  le  cas  d'absolue  nécessilé.  H  croit  que  tant  qu'on 


iom 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


10o4 


ne  prononce  pas  son  vrai  nom,  il  peul  facilement 
échapper  à  la  reclierclie  ries  esprits  qui  veulent  le 
tourmoiiter.  Lors-que li's\;ikoiiies  ont  besoin  ilc  par- 
ler d'une  personne  niorie,  ils  ne  client  point  ^(ln 
nom,  mais  ils  la  désignent  de  qnel'|ue  antre  nia- 
;,  nière.  Aussitôt  que  quelqu'un  do  celle  iialion  ineurl, 
sa  imite  esl  abandonnée,  parce  qu'on  s'imagine 
qu'elle  esl  devenue  l'iiabiialion  des  démons.  Clicz 
les  Yakouies,  au  moment  de  l'enfaniement,  on  ;ip- 
pelle  le  mari,  et  deux  mairones  inielligenies  accou- 
clieiil  la  femme  en  sa  présence.  Si  renf^mi  esl  un 
garçon,  le  troisième  jmir  de  sa  nais.-ancc  on  lue  une 
jnineni  grasse,  on  invile  tous  les  voisins  à  souper, 
l'enfant  e*t  bien  IVotié  avec  la  gmlssc  de  la  jument, 
et  on  lui  donne  un  nom.  Lorsqu'il  nait  une  rille,«n 
n'observe  aucune  cérémonie. 

Zocaia  Provincia,  Pi  ovince  d'Yakoutsk,  dans  la 
Russie  asiniiqoe  (Asie  septentrionale).  Elle  est  com- 
prise enlie  55°  5,"i'  et  76°  15'  de  lal.  nord,  et  enire 
lti2°  Cl  161  de  long.  esl.  Elle  louche,  au  nord,  à 
l'océan  glacial  Arctique;  à  l'est,  au  pays  de  Tcliou- 
koisk,  vers  lequel  la  Kolinia  faii  une  pariie  de  sa 
limiie;  à  la  province  d'Oklioisk,  donl  la  Maïa  lu  sé- 
pare en  pmiie,  infiii  à  la  mer  d'OkliobU  ;  au  sud,  à 
l'euipirc  chinois,  avec  lequel  elle  a  pnur  fiontièie  les 
aïonls  Sian.ivoï  ;  au  sud  oucsi,  ju  gouve.nement 
d'Irkouisk,  vers  lequel  le  Viiim  lui  serl  de  bornes 
sur  nue  assez  grjiide  éieiidue,  et  à  l'one.ii,  au  g«u- 
venieuient  d'Iénisséi  k,  dont  l'Anabara  la  sépare. 
Elle  a  environ  -2100  kl.  de  Icngiieur  de  lesi  à  l'ouesi, 
et  HiOO  kil.  de  largeur  du  nord  an  sud  ;  sa  superhtiâ 
esl  do  201, 0;0  kil.  raiiés. 

La  vaste  éienduedes  côies  que  celte  province  pos- 
sède sur  l'Océan  Glacial  e>l  généralemeni  basse, 
birdée  de  récits  en  plu.^ieurs  endroiis,  el  olisiriiée 
parles  glaces  pemlanl  une  graîlde  partie  de  rannée; 
elle  esl  découpée  par  des  b»nciies  multipliées  de 
grands  fleuves  ou  par  des  golfes  a.ssez  profonds,  par- 
mi lesquels  on  peul  distinguer  les  golfes  de  Boikhaïa, 
Abel.akhskai»,  Amoulakaka  et  KrouLovska.  Quelques 
lies  sont  répandues  près  de  ces  côies  ;  les  plus  re- 
marquables sont  :  Stan-harkin,  Toumatsk,  Kanga- 
laounoï,  à  l'emboucl/iire  de  la  Lena:  el  celles  de  la 
Nouvelle-Sibérie  proprement  dile,  l'ile  de  Li.ikbof, 
FadevSttii  el  Kolelnoï;  d.ius  la  mer  d'Okhotsk,  celle 
province  a  les  îles  Clnintarskoï  et  Feklisiov.  Les 
monts  Siaiiovoi  ou  laldomioï,  qui  l'ormeni,  comme 
lions  l'aviins  dit,  la  limite  méridionale  de  ce  pays, 
le  traverbCni  ausud-esi,  el  repaiaissenl  dans  sa  par- 
tie orientale  sous  le  nom  de  montagnes  d'Okholsk. 
Ils  envolent  vers  l'iniérienr  de  la  province  de  lon- 
gues brandies  qui  se  prolongent  jusqu'à  l'Océan 
Glacial,  et  parmi  lesquelles  on  peut  nommer  les 
monts  Aldan.  Excepte  nue  étroite  région  siiuée  au 
sud-ebt  de  celle  (  haine  des  Stao.voï,  el  arrosée  par 
rOnda  tl  rukhola,  iiibuiaires  de  la  mer  d'Okboisk, 
lonie  celle  proviice  lait  partie  du  bassin  de  l'Ucéan 
Glacial,  auquel  elle  envoie  ses  eau.\  par  de  grands 
fleuves;  le  plus  iinporianl  de  ces  cours  d'eau  eiilia 


Léha,  qui  se  grossit  de  l'Olckma,  de  l'Aldan  el  du 
Vilioui;  viennent  ensuite  la  Kolima,  l'Indigirka,  ou 
Kolima  de  l'ouest,  l'iana,  l'Olenek  el  l'An:ibaia  grossi 
de  ruiem.  On  trouve  peu  de  lacs  dans  celle  immense 
conirée;  le  seul  remarquable  esl  l'Ouniajili  vers  le 
centre. 

Le  icrriioire,  généralement  inégal  el  monlagneux, 
renferme  cependant  de  vasies  plaines,  mais  le  sol  y 
esl  siérile,  et  ne  présenie  que  quelques  espaces  cou- 
veris  de  mouss  ■,  où  les  hahilKiiis  font  paîire  leurs 
rennes  pondant  l'éié  ;  l'hiver  ils  sont  obligés  de  se 
retirer  dans  les  lorêis,  qui  commencent  à  bS"  de  lat. 
nord. — Ce  n'est  que  sur  les  bords  de  la  Lena  qu'on 
trouve  quelques  villages  russes,  dont  les  b;ibilanls 
s'appliquent  à  une  culiure  précaire.  Vers  le  sud  on 
voit  ()ue^|ues  moniagnescouvei  tesde  forêis  où  ci  dis- 
sent des  mélèzes,  des  sapins  ei  des  bouleaux,  el  qui 
serveni  de  reiraiie  fi  un  grand  nombre  d'ours,  d'élans, 
de  rennes,  de  marires  zibelines,  de  ren;irds,  d'écu- 
reuils el  de  loups. — Le  saumon  abonde  dans  cette 
province  :  sa  chair,  sécliée  et  fumée,  sert  de  provi- 
sion d'hiver  aux  Imbitanis,  donl  la  chasse,  la  pêche 
et  l'édui  ation  des  besli;iux  forment  la  principale  oc- 
cupation.— Ou  fait  dans  celle  province  un  commerce 
considérable  de  pelleterie;  le  tabac,  l'eau-dc-vie,  le 
thé,  le  sucre,  le  nankin,  des  cloffcs  de  coton,  de 
drap  el  la  quincaillerie,  (onslilnent  les  importalinns. 
Les  revenus  du  gouvernement  se  composent  d'une 
fourrure  de  martre  imposée  à  chaque  laiiiille,el  taxée 
à  environ  56  fr.,  ce  qui  lorine  prés  de  500,Oi)0  ro!i« 
blés  d'impôts.  La  population  ésidel8S,00'Jbahilanl$. 

Zungorcs,  les  Téléoules,  ou  Telengouies.  C'est  un 
peuple  de  la  Russie  d'Asie  ,  mèié  de  Tariares  et  de 
Kaluiouks.  LesRi'isse-.  lesappelleul  lialixouks  blancs, 
parce  iju'ils  liahiiaienl  autrefois  parmi  les  Zungnrs. 
Leur  tangage  esi  un  larlare  corrompu.  Ils  tirent  leur 
nom  du  lac  Teleikoe,  dans  les  munlngnes  Allais  :  ils 
habitent  aciuellenieiil  le  gou\ernenient  d(^  Tomsk, 
district  de  Koiizneisk.  Leur  nombre,  qui  esl  peu  con- 
sidérable, ne  moule  qu'à  5U0  niàles.  Une  partie  de 
ce  petit  peuple  professe  la  religion  clitéiienne,  une 
aulre  le  inahoniélisnie,  et  une  troisième  le  scliama- 
nisiiie;  cela  ne  les  empêche  point  de  vivre  en  bonne 
inlclligence  enire  eux,  sans  jamais  se  reprocher  tel 
ou  tel  culle.  Depuis  un  petit  nombre  d'années  ils  sont 
devenus  bons  culiivaieuis,  sans  cesser  d'être  de  trés- 
iiabiles  chasseurs  ;  aussi  ne  paieui-ils  leur  redevance 
(qu'ils  portent  à  la  ville  de  Kouznelsk)  qu'en  four- 
rures. L'aiHiée  solaire,  qu'ils  noinnieui  inle,  se  par- 
tage chez  eux  en  année  d'été  cl  en  année  d'bi>er; 
l'année  d'élé  {yasse)  commence  à  la  foule  des  glaces 
sur  les  rivières,  el  à  la  première  herhe;  celle  d'hi- 
ver {(lisse)  commence  avec  les  premières  neiges. 
Chacune  de  ces  années  coniient  six  mois  lunaires 
(ai);  le  treizième  esi  confondu  eulre  l'année  passée 
el  la  nouvelle.  Les  noms  qu'ils  donnenl  à  lems  mois 
sont  pris  des  productions  de  la  lerre  qui  leur  sont 
propies,  ou  des  phénomènes  de  la  nature  qui  y  ar- 
rivent le  plus  souvent.  Ils  ont  leur  vendémiaire 


lUào 


DICTIUNNAIRË  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


{tchet-atj) ,  leur  frimaire,  eic.  Ils  commencent  par 
celui  d'avril,  qu'ils  uommenl  coiirouz-aï,  le  mois  de 
réoiiieuil,  car  c'est  vers  ce:te  époque  iiue  la  chasse 
de  cet  aiiim.il  conimenre  ciiez  eux. 

Zuria,  vel  Iberia,  la  Géorgie.  —  Au  sud  du  Cau- 
case, entre  'e  Daghestan  et  la  mer  Noire,  et  au  nord 
des  inotilagiies  de  Karahagli,  de  Pamliaki  el  de 
Tolicldir,  lubiie  la  nation  géingiemie.  Elle  se  doime 
à  elle-niénie  le  nom  de  Karllwuli,  el  se  divise  en 
quatre  liianclies  priucip;iles  qui  pai  lent  des  dialectes 
dillérents.  La  priimére,  ou  celle  ds  Géorgiens  pro- 
preincjii  dits  qni  sont  les  plus  civil  !>és,  li;ibiie  le 
Karllili  et  l<-  K:ikliéti,  vallées  iirrosres  (mr  le  K"ur  el 
ses  afû  'enls,  et  l'Iniéreilii,  qui  csl  à  l'ouest  des 
iponis  Ouliiuiiilia  et  Asinis-Mllia  ,  et  h'élenil  jus- 
qu'aux rives  du  T>ki'eni-Tsqali,  affluent  ilu  Rimii. 
Les  l'cliavi  et  le-  Joudaniaqaii ,  qui  vivent  dans  des 
vallées  étroites  du  Caucase,  à  l'est  du  llaiit-Arasivi, 
affluent  dn  Kimr,  :ippartiennenl  à  celle  iiiéine  liran- 
clie ,  qiioii|u'ils  prient  l'ancien  dialecte  géorgien, 
qui  (jiflère  considérablement  de  celui  qui  est  en 
iisnge  ;iuj"Urd'liui.  Les  Mingréliens  el  les  liabilants 
de  rodiclii  el  du  Gliouria,  tous  dans  le  bassin  du 
lîinni,  appartiennent  à  la  seconde  brandie,  dont  le 
dialecte  est  ni'iins  pur  que  celui  de  la  première.  La 
trui.-ièine  se  compose  des  Souane?  nu  Clia  on,  qui 
demeuienl  dans  les  Alpes  méiidionaics  du  Caiicsc, 
à  l'ouest  de  l'Ebronz  el  au  nord  de  l'irnéreilii,  jus- 
qu'aux sour<es  dn  Tskliéni-Tsqali,  de  l'Engouri  el  de 
l'Egr.ssi  ;  leur  langue,  déligurée  par  u  i  grand  nom- 
bre de  mots  empruntés  aux  iiliouies  caucasiens,  s'é- 
loigne encore  plus  du  geoigien,  el  est  iMintellii;ible 
même  aux  Mingréliens.  I  a  quairèine  cnmprcnd  les 
Lazi,  appelés  La]  par  les  Tnrk-;  c'est  un  |;euple  fa- 
ronclie  :  il  liabite  le  long  de  la  mer  Noire,  depuis 
Tréb  zonde  jusqu'.n  l'emlionchure  <ln  Tthonmlii,  donl 
le  cours  les  sépare  du  Glionria.  L''nr  langue  a  de 
l'affinité  avec  le  mingrélien.  Dans  le  moyen  âge,  leur 
«cm  désignait  tous  les  peuples  géorijiens,  qii  occu- 
paieni  les  pays  baignés  par  la  mer  N  ire.  Il  y  eut  un 
royaume  de  Lazes  q:  i  linii  par  appartenir  à  l'empire 
de  Tréljiz"nde.  Les  bisloriens  byzaniins  disent  una- 
nimement que  les  Lazes  sont  les  anciens  Culclii- 
dicns. 

Les  GéorL'iens  embrassèrent  de  bonne  heure  la  re- 
ligion chrétienne;  ils  avaient  de  Irè^-anciemies  tra- 
ditions qu'ds  rattai'lièrenl  à  celles  de  la  Genèse,  el, 
adoi>iant  les  généalogies  des  Arméniens,  iU  préten- 
dirent descendre,  connue  ceux-ci,  de  Tliaig.unos, 
arrière-petit-tils  de  Noé.  A  travers  les  fables  qui  ch- 
veloppenl  leur  origine,  on  voit  qu'ils  sont  d.scendus 
des  monts  de  Pambaki,  donl  la  dnuble  dnie,  qu'on 
nomme  Aleghès,  conserve  de  la  neige  jusipi'au  mois 
de  juin.  Les  Géorgiens,  niarcliani  vers  le  nord,  peu- 
plèrent les  vallées  situées  entre  celle  chaîne  et  le 
Caucase.  Leurs  chroniques  incertaines,  qui  lemon- 
lenl  jusqu'au  iii«  siècle  avant  notre  ère,  indiquent 
le  pays  au  sud  du  Kour,  jusqu'aux  rives  du  Bedrouji 
(Delieié),  codime  celui  où  demeurait  Karililos,  gui 


lOitî 

passe  pour  le  fondateur  de  la  nation.  C'est  de  là 
qu'elle  se  répandit  au  nord,  et  plus  tard  à  l'ouest, 
jusqu'à  la  mer  Nuire.  —  Quoique  la  langue  feénr- 
gienne  offre  plusieurs  points  de  ressemblance  avec 
les  langues  de  la  souche  iiulo-germanique,  el  avec 
d'autres,  suiloul  avec  celles  d^i  nord  de  l'Asie,  elle 
doit  i.éanmuins  être  considérée  comme  une  langue 
par  iculière  qui,  par  ses  racines,  de  même  que  par 
sa  grammaire,  difl'ére  de  toutes  les  autres.  —  Tous 
les  vnyagenrs  sont  d'accnrd  sur  l'extérieur  avanta- 
geux des  Géorgiens.  «  Le  sang  de  Géorgie,  dil 
Chardin,  est  le  plus  beau  de  l'Orient,  el  je  puis  dire 
du  monde.  J  ■  n'ai  pas  ninaïqué  un  visage  laid  en  ce 
pays-là  parmi  l'un  el  l'autre  sexe;  mais  j'y  en  ai  vu 
ii'angèli(|iies.  La  iiaiure  y  a  répandu  sur  la  plupart 
des  femmes  des  grà(es  qu'on  ne  V'  il  p  ini  ailleurs. i 
Les  voyageurs  postérieurs  à  Chardin  ne  l'init  pas 
contreilit  sur  ceséoges,  qni  pourraient  paraître  exa- 
gérés, et,  de  même  que  lui,  disent  que  les  Géor- 
gi  MIS  ont  beancmip  d'espni.  que  les  hommes  sont 
braves  et  excellents  guerriers,  mais  en  même  temps 
fourbes,  fripmis,  perfides,  traîtres,  ingrats,  superbes, 
d'une  effronterie  inconcevable  ,  et  vindicatifs.  Ils 
leur  reprochent  aussi  d'être  adonnés  à  l'ivrognerie 
et  aux  plaisirs  des  sens;  ils  conviennent  cependant 
qu'ils  sont  civils,  linmains,  graves  et  modérés.  — 
C'ist  en  Miiigrélie  el  eu  Géorgie  que  se  recrutent 
les  harems  de  l'Orient  ;  la  perspective  d'y  passer  sa 
vie  n'a  rien  d'iffaiiiuchant  pour  une  jeune  Géor- 
gienne. Si  elle  reste  dans  son  pays,  elle  y  est  de 
même  enfermée;  elle  sait  que,  pour  la  marier,  son 
père  ne  la  consiiliera  pas, et  qu'il  la  vei  dra  à  l'Inimmu 
le  p'us  opulent;  elle  désire  donc  de  tomber  en  par- 
tape  à  celui  iini,  |iar  ses  richesses,  pnuria  lui  rendre 
l'existence  aussi  heureuse  qu'elle  peut  l'imaginer.  — 
D-  l'.nt  temps  le  j  aysan  géorgien  l'ut  serf  d'  s  p>inces 
ei  des  nobles;  par  conséquent,  il  ne  s'effrayait  pas 
de  l'idée  d'éire  comluii  C"mme  esrlave  à  Consianii- 
iiople.  Il  savait  qu'en  restant  dans  son  pays,  il  le  se- 
rait également,  et  y  iraiiieraii  une  vie  misérable; 
tandis  qu',1  pouvait  espérer,  par  sa  bonne  conduite 
ou  par  sa  bravoure,  de  parvenir  chez  les  Tuiks  à  un 
soit  brillant. 

La  Géorgie  p  >riait  chez  les  anciens  le  nom  d'I- 
bérie.  Les  anciens  historiens  ne  nous  donnent  pas 
beau(onp  de  i enseignements  sur  ce  pays,  ni  sur  la 
Colchide;  mais  probablement  ces  conliées  s'enri- 
chirent de  bonne  heure  par  le  commerce.  Les  tré- 
sors de  la  Culchide  y  attirèrent  les  Grecs  vers  l'an 
2700  avant  Jésus-Christ.  L'expédition  des  Argo- 
nautes, la  preniièie  que  ce  peuple  eût  entreprise 
hors  des  mers  qu'il  fréquentait,  ouvrit  aiix  peuples 
de  l'Occident  la  navigation  de  la  mer  Noire.  Du 
lemps  des  Romains,  les  princes  de  l'Ibérie  furent 
assez  puissants  pour  que  leur  alliance  eût  du  prix, 
et  ils  tinrent  le  parti  de  la  république  contre  les  Par- 
thes.  Avant  celle  dernière  époque,  les  Géorgiens 
avaient  été  soumis  à  la  domination  des  Persans  ;  ils 
tombèrent  plu?  turd  sous  celle  de'*  Macédoniens.  Le 


1057 


GEOGRAPHIE  DES  LEGENDES  AU  MOYEN  AGE. 


lOSâ 


gouverneur  grec  ayaiilélé  chassé,  des  rois  indigènes 
régnèrent  dans  ce  pays  jusqu'à  l'exliiiftion  de  leur 
dynastie,  an  %5  après  Jésus  Christ.  Les  Géorsiens 
obéirent  ensiiiie  a  un  fils  du  mi  de  Perse,  marié  ù  la 
dernière  descendante  de  leurs  derniers  rois.  Une 
nouvelle  dynasiie,  celle  des  Bngr.iiidns,  montée  sur 
le  tiône  en  587,  l'a  occupé  jusqu'en  ISOU.  Durant 
cette  période,  la  Géorgie  fut  allernalivement  libre 
ou  déieiid^tnte  de  ses  voisins,  |irincipaleinenl  des 
divers  dominateurs  de  la  Perse,  qui,  à  plusieurs  re- 
prises ,  iav;igèreni  ceiie  ciuiiiée,  et  y  déuuisireut 
les  b  enfaits  d'une  civilisation  antérieure.  En  14. i, 
Alexandre  I"  iianagea  son  royaume  entre  ses  irois 
(ils,  douii:int  riniérellii  au  premier,  le  Katihli  au  se- 
cond, le  K'iklicii  avec  le  Chirvan  au  troisième-.  Ces 
princes  <iu  leurs  successeurs  ,  trop  faibles  pour  ré- 
sister à  leurs  voisins,  devinienl  leurs  tributaires. 
Le  Kartlili  et  le  Kakhéti  reconnureni  la  suzeraineté 
de  la  Perse;  l'iinéreihi  et  les  restes  des  contrées 
géoigiennes  à  l'ouest  drs  nionl:igues,  furent  soumis 
à  l'Innucuci;  des  Turks.  Mais  la  ciaiute  de  subir  en- 
llèrcnient  le  j  lug  des  musulmans,  et  la  conlormité 
de  religion  avec  les  Knsses,  purtérent  les  Géorg  ens, 
dès  158(j,  à  rechercher  l'alliunce  de  cette  nation. 
Enlin  ,  après  bien  des  vicissitudes,  le  czar  de  Kar- 
tbli,  qui  av..it  hérité  du  K  ^kbeti,  se  déclara  vassal  de 
la  Uussie  eu  1785,  ei,  en  ItOO,  ahdi  iu:i.  En  18i2,  le 
czar  d'Iméreihi  suivit  son  exemple.  Par  le  traité  de 
paix  de  1812,  la  Perse  céda  aux  Russes  tomes  ses 
prétentions  sur  le  Daghestan,  le  Chirvan,  leKarihli, 
le  Kakhéti,  l'imérélhi,  le  Ghouria ,  la  MIngrélie  et 
l'Ahasie. 

Le  nom  de  Géorgien,  que  quelques  auteurs  ont 
regardé  comme  dérivé  de  celui  d'un  laboureur  eu 
grec,  ou  de  celui  des  Georgi,  peuple  cité  par  les  an- 
ciens, vient  plus  probablement  de  GKrrf;i  (Giorji), 
roi  de  celte  nation  au  xi"  siècle.  Le  pays  lut  appelé 
Gurdjisian.  Kla|iroih  pense  que  le  Koiir  a  pu  égale- 
mei'l  faire  nommer  KourdjUlan  ou  Gurdjistan\a  con- 
trée qu'd  traverse.  Les  Russes  nomment  la  Géorgie 
Gronzia  ;  on  en  a  fait  Grousie  et  Grousiuie ,  noms 
très-incorrects.  —  La  Géorgie  est  un  pays  monta- 
gneux ,  mais  elle  a  des  vallées  fertiles  qui,  mieux 
cultivées,  seraient  très-fécondes.  Le  vin,  quoique  fait 
avec  peu  de  soin,  est  excellent;  les  Géorgiens  ont  été 
jusqu'à  préseul  trop  insouciants  pnur  le  mettre  en 
barriques,  et  cependant  leurs  montagnes  abondent 
en  bi'is  superbes.  L'Iniéréihi  est  plus  froid  que  le 
Karthli;  il  est  presque  enticreuienl  couvert  de  fo- 


rêis,  de  même  que  la  Mingrélie.  Les  montagnes  de 
toutes  ces  contiées  doivent  être  riches  en  métaux. 

Tinis(en  géorgien  Mikwari),  dans  le  Karthli,  sur 
le  Kour,  est  la  capitale  de  la  Géorgie.  C'est  une  ville 
fort  laide;  elle  a  beaucoup  soulleil  par  les  guerres  ; 
les  Russes  en  ont  rebâti  une  partie  à  l'eurnpécnne. 
Tillis  a  des  eaux  thermales  (élcbres.  0  ■  y  remarque 
une  vaste  et  antique  cathédrale.  La  population  est  de 
28,000  habitanis. 

Gori  est  une  ville  assez  considérable  du  Karihli  ; 
Thelavi  est  dans  le  Kakhéti;  Khouihaissi  (Cotatis) 
dans  rimeréthi.  Les  auiresvdlcs  n'eu  mérileni  pas  le 
nom;  les  maisons  sont  à  moitié  enlonréesen  ierre,et 
ont  des  murs  en  clayunn-igt-  ;  les  toits  sont  en  roseaux. 

Le  Karthli  et  le  Kakhéti  formenl,  suus  le  nom  de 
Géoigie,  un  des  goiiVernements  de  l'emi  ire  russe; 
sa  popnlaiion,  qui  s'élève  à  539,000  âmes,  se  coni- 
poe  de  Géorgiens,  d'Arméniens,  de  Juifs  et  de  tribus 
turques.  —  L'Iim  réihi  est  occupé  militairement  par 
les  Russes,  de  même  que  la  Mingrélie,  où  règne  le 
dadittii,  prince  niisérab  e.  Sur  la  côte,  on  trouve  Re- 
doiil  Kaléli,  port  avec  une  forteresse  à  l'emboucliure 
du  Klioplii.  —  Le  Glmuria,  qui  produ  t  du  tabac  et 
du  coton,  a  :>ussi  un  prince  qui  se  qualilie  vassal  de 
la  Russie.  Cette  puissance  y  occupe  quelques  posi- 
tions, afin  de  garantir  cette  contrée  rouire  les  incur- 
sions des  Otiomans.  Près  de  la  mnilié  des  haLiianlii 
a  embrassé  l'islamisme,  aBn  de  ne  pas  <oniberen 
esclavage.  Les  Otiomans,  aunefo^s  m^iiins  de  tous 
les  pays  géorgiens  situés  sur  la  mer  >oire  et  baignés 
par  le  Rioni  (Phase  des  anciens)  nu  par  le  Kuur  su- 
péiieur,  n'y  possèdent  plus  nen  dans  rinicrieur.  Le 
pacliaiik  d'Akhi;khali  (Akat  Tnklté  en  géorgien),  oit 
le  Kour  prend  sa  source,  est  une  province  russe. 

On  peut  évaluer  à  près  de  l,6l0,00uâiues  la  popu- 
lation de  tous  les  pays  géorgiens,  qui  ont  pemlanl  si 
longtemps  eié  ravagés  par  les  peuples  du  Caucase, 
ainsi  que  par  les  Oitomans  et  les  Persans. 

La  Géorgie  formait  depuis  plusieurs  siècles  une 
mission  catholique  desservie  par  les  PP.  Capucins 
italiens,  qui  avaient  un  c<iuveut  à  Tillis.  Mais  depuis 
qu'elle  est  devenue  province  russe,  ces  bons  reli- 
gieux ont  été  obligés  de  se  retirer  devant  le  mauvais 
vouloir  et  les  tracasseries  du  gouvernement  russe, 
qui  ne  vent  de  liberié  que  pour  les  prêtres  de  l'E- 
glise grecque.  La  mission  de  Tillis  est  donc  aban- 
donnée, et  les  familles  catholiques  n'ont  pas  de  prê- 
tres et  ne  peuvent  en  avoir  sans  s'exposer  ù  la  prison 
ou  à  l'exil. 


I0o9 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTllROPOLOGUTS , 


iOC") 


ESSAI 

SUR  LES  TRAVAUX   DES  ANTHROPOLOGUES, 

▲D  POINT  DE  VUE  DE  LA  GÉOGRAPHIE  BEUGIEDSE. 


L'anthropologie,  pour  remplir  dignement 
sa  mission,  ne  saiiraii  être  circonsciile  dans 
la  comparaison  des  crânes  et  des  caraclèrts 
naturels,  lels  que  la  forme  el  la  couleur,  jjour 
le  clas^emenl  des  modilicafions  du  genre  hu- 
main. C'<  si  amoindrir,  atténuer  cette  science 
que  de  I  enlermer  dans  d'iinssi  étroites  limi- 
tes. Les  considotaiious  analoraiques  sur  les 
formes  de  la  léle  (is,seuse  dans  les  races  hu- 
maines n'ont  el  ne  peuvent  avoir,  dans  la 
quesiion  d'unité  de  races,  pas  plus  que  les 
inductions  qui  s'en  suivent,  toute  l'impor- 
lance  qu'on  leur  accorde.  De  l'aveu  même 
des  anthropologues  les  plus  distingués,  la 
science,  bornée  à  celle  partie  d'elades  el 
d'observations  ,  est  incomplète  sous  Ions  les 
rappoits. 

Si  le  degré  de  perfectionnement  d'une 
science  devait  se  me>urer  par  le  nombre 
des  laits  qu'elle  possède,  nul  doule  que  lan- 
Ihropologie  ne  fût  l'une  des  i  ranchos  les  plus 
avancées  des  connaissances  humaines.  Mais 
si  l'on  ati;iclie  moi^s  irimiiorlance  au  nom- 
bre matériel  des  observations  qu'à  leur  valeur 
scienlilique,  s'il  est  pins  rationnel  de  peser 
les  faits  que  de  les  compter,  il  laul  porter  un 
jugement  tout  contraire,  et  iivouer  mê- 
me que  presque  toutes  les  divisions  île  la  géo- 
grapli  e  ont  devante  par  leurs  jirogrès  l'Iii- 
sloii  c  naturelle  de  l'homme.  Des  observations 
pour  la  plufart  incoaiplèles,  qu'aucun  lien 
méihodique  ne  coordonne  entre  ries,  el  donl 
les  conséquences  sont  souvent  nulles  ou  dou- 
teuses ,  tels  sont  le»  impai  faits  ré^uit;^ls  aux- 
quels une  sévère  mais  juste  crili'iue  réduit 
presque  tous  les  travaux  anlliiopologiques 
publiés  jusqu'à  ce  jour.  Aussi  les  zoologistes 
qui  oui  presque  réussi  à  classer  l'ensemble 
du  règne  animal  dans  un  ordre  à  la  fois  na- 
turel el  lo!zique,ne  sont-ils  pas  encore  par- 
venus à  déterminer  avec  quelque  précision 
les  d. verses  races  que  présente  le  genre  hu- 
main, pas  uicuio,  sauf  de  rares  exceptions,  à 
les  deerire  d'une  manière  satisl'aisaute.  A 
quelles  causes  f;uil-ii  attribuer  cet  é  al  si  im- 
partait, celte  enfance  prolo.  goe  de  l'.inlhro 
pologie?  à  la  grande  (iilliculté  du  sujet  d'a- 
bord, à  la  mauvaise  direction  impiimée  aux 
élûtes  el  aux  recherche-,  et  enOn  aux  idées 
sysieioatiques  qui  ont  prévalu  dans  les  com- 
niencemeuts  et  qui  dominent  encore. 

L'élude  des  caractères  des  races  humaines 
est  .'une  des  parties  principales  de  l'histoire 
naturelle  positive  de  l'homme.  Grâce  aux  dé- 
couvertes et  aux  voyages  récents,  la  popula- 
tion d'une  très-grande  partie  de  la  surface  du 


globe  se  trouve  à  présent  connue  dune  ma- 
nière plus  ou  moins  ex  icte.  Mais  alors  même 
que  cet  immense  travail  serait  compléié  pour 
toutes  les  race<,  alors  même  que  leur.-'  in- 
nombrables variations,  de  forme, de  louleur, 
de  liille,  auraient  é;é  étudiées,  fiiiurées,  dé- 
crites par  des  observateurs  instruits,  que 
d'obstacles  s'opposeraient  encore  à  ce  que  les 
mille  el  mil  e  faits,  lésultats  île  ces  longs  et 
pénibles  travaux,  pussent  être  coordonnés 
d'une  manière  satisfaisante,  et  surtout  à  ce 
qu'nue  détermination  rigoureuse  et  une  clas- 
silicaliou  exacte  des  diverses  variétés  de  la 
race  humiine  vinssent  enfin  fournir  une  base 
solide  aux  lh;'Ories  anthropologiques! 

A  moins  de  circonstances  favorables, qu'il  ne 
rencontre  que  bien  rarement,  l'a  ni  h  rOj  ologue, 
lorsqu'il  veut  se  rendre  e  impie  des  rapports 
el  (its  différences  de  deux  on  plusieurs  races, 
est  presque  toujours  réduit  au  seul  lappro- 
chement  de  de-criptions  et  de  figures  quel- 
quefois infidèles,  manquant  le  plus  souvent 
de  précision  :  privé  de  t^ut  moyen  direct  de 
comparaison,  comment  pourra-t-il  saisir  dans 
les  descriptions  de  deux  types  voisins,  les 
diffciences  si  légères  qui  seules  les  distin- 
guent entre  enx?  car  ces  différences  ne  soni 
souvent  (|ue  des  nuances  fugitives,  presque 
inappréciables.  Dans  les  traits  mêmes  qui 
fout  caractère  de  race,  il  y  a  des  nu;nces  ; 
pour  assigner  ces  caractères,  ces  nuances,  il 
i.nporte  de  comparer  avec  soin,  comparer  le 
plus  grand  nombre  d'objels  possible,  cl  cher- 
cher, au  moyeu  de  cette  compar  .ison,  à  dé- 
gager les  circonsUinces  co.islantes  et  c  iraclé- 
risiiques  ifes  circonstances  individuelles  et 
variables.  Or,  de  fails  imparfiilement  connus 
ne  peuvent  naître  que  des  conséquences  im- 
parfaites, c'est-à-dire,  ou  iiicuiuplètes  ou 
douteuses.  Aussi,  dans  cette  partie  du  la  scien- 
ce, trouve-l-on,  pour  une  vérité  bien  établie, 
dix  assertions  purement  hypothétiques  et 
Souvent  directement  contradictoires.  Omrez 
les  livres  des  anthropologues,  et  si  vous  ne 
faites  enirer  en  ligne  de  compte  que  les  ou- 
vrages orif;inaux.  vous  trouvez  exacte. neiil 
autant  do  sulu;ioiis  qu'il  y  a  d'auieu.  s.  Q.i.md 
tant  d'opinions  se  paitagenl  les  esprits,  est- 
il  besoin  de  dire  que  la  vérité  ne  règne  point 
dans  la  science?  Ûu  nouvel  examen  de  pres- 
que toutes  les  questions  relatives  a  l'histoire 
naturelle  de  riiomice,  une  révision  de  l'an- 
Ihiopologie  presque  tout  entière,  sont  donc 
réclames  par  l'elat  présent  de  la  science.  En 
atlendanl  cette  réorganis.ilion  générale  et 
absolue  de  l'anthropologie,  il  serait  utile  de 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


reprendre  et  de  soumeltre  à  un  nouvel  eva- 
men  piusii'urs  questions  déj  i  Irailt-es  par  les 
anllirui'oloi^ues,  mais  dont  ils  ne  paraissent 
pas  avuir  autani  avancé  la  solution  qu'ils  le 
pouvaient  en  mettant  à  proGl  toute  s  les  res- 
sources donl  ils  auraient  pu  disposer;  d'in- 
troduire dans  la  discussi^m  plusieurs  données 
jusqu'alors  négligées;  enGn,  s'appuyant  sur 
des  bases  nouvelles ,  substiluer  sur  divers 
points  des  résultats  démontrés  à  des  opinions 
seulement  hvpoihétiques,  quelquefois  aussi 
des  conséquences  probables  à  de  simples  con- 
jectures. 

Les  éléments  de  détermination  ordinaire- 
inent  employés  pour  la  solution  des  problè- 
mes relatfs  à  l'histoire  naturelle  de  l'homme 
sont  :  en  preniii're  lisjne,  l'esamen  anatoini- 
que  des  individus,  la  compar.iison  directe 
des  caractères  des  races  ;  en  sec'  nde  ii^iie, 
la  comparaisim  do  leurs  langues,  de  leurs 
coutumes,  de  leurs  tradiiions,  de  leurs  mo- 
numents de  tout  gi  nre,  et  des  circonstances 
de  leur  hibitalion.  Ce  sont  là  autant  de 
sources  d'inductions  ;  il  n'est  aucune  d'elles 
qui  n  ail  déjà  Ciintouru  à  enrichir  la  science 
de  résultais  nombreux  et  iniéressanls.  Mais 
ces  éléments  de  détcrniinaiion,  quelle  que 
soil  leur  valeur,  suflis.  nt-ils  toujours  à  la 
solution  des  questions  si  difficiles  et  si  com- 
plexes de  l'anthropologie?  N'arrivc-t-il  pas 
trop  Iréquemnienl  qu'appuyés  sur  leur  seul 
emploi,  les  eilorls  M'.ème  les  mieux  dirigés 
ne  puissent  qu'entrevoir  et  indiquer,  mais 
non  démontrer  d'imporlants  résultats  ;  ou 
même  qu'ils  échouent  co:!)plélemenl  devant 
des  difiicultes  encore  insunnontables '? 

Le  nombre  ei  l'intensité  des  mudificalions 
chez  l'homme  deviennent  pour  ainsi  dire  il- 
limités. Habitant  sous  Ions  les  climats  et 
presque  à  toutes  les  lempéralures,  variant 
de  cent  et  cent  manières  la  qualité  el  la 
quantité  de  sa  nourriture,  se  livrant  aux 
professions  les  plus  diverses,  il  présente 
dans  la  multiplicité  de  ses  races,  de  ses  sous- 
races,  et  l'on  peut  ajouter  de  s -s  innombra- 
bles variétés  individuelles,  l'effet  naturel  et 
nécessaire  de  la  multipiicilé  des  causes  qui 
exercent  sur  lui,  et  depuis  si  longtemps,  leur 
influence.  Les  moilifiealeurs  chez  l'hoiiime 
sont  les  circonslances  locales,  notamment 
l'habitation,  le  genre  de  vie  et  le  réginic  dic- 
(éiique.  Les  effets  des  variations  se  présen- 
tent d'abord  dans  la  iaille  et  dans  la  cou- 
leur, puis  dans  la  proportion  el  la  forme 
des  organes. 

La  science  anthropologique  ne  doit  pas 
seulement  se  borner  à  la  cl  issific:ition  des 
diverses  variétés  des  races  humaines;  mais 
elle  doit  s'étendre  aux  causes  physiques  qui 
arrêtent  leur  accroissement  ou  qui  occasion- 
nent la  dépopulation  de  telle  ou  telle  con- 
trée, c'est-à-dire  qu'elle  doit  rapporter  la 
nomenclature  des  diverses  maladies  qui  s'at- 
taquent à  telle  ou  telle  race,  ou  à  d  s  varié- 
tés de  cette  race.  Une  statistique  de  ces 
fléaux  ,,  si  laminlables  dans  l'histoire  du 
genre  humain,  ne  peut  manquer  d'avoir  son 
intport mce  et  son  utilité  sous  le  rapport 
•cicr.tilique.  il   est  des  maladies    qui   sort 


lOf.2 

coiiime  particulières  à  telle  ou  telle  race  ;  il 
y  eu  a  qui  paraissent  s  attaquer  de  prclé- 
rence  à  telle  ou  te  le  variété  de  race. 

Les  zoologistes,  fidèles  à  la  méthode  diffé- 
rentielle, diviseni  <t  subdivisent  sans  cesse, 
tandis  que  les  anlhropologistes,  plus  assu- 
jettis à  la  méthode  analogique,  tendent  au 
conlraireà  les  réunir,  purceque  celle  réunion 
est  le  trait  le  plus  distinctif  de  la  nature 
dans  le  croisement  des  races  humaines.  Or, 
nonobstant  l'esprit  de  castes,  qui  a  été  si 
puissant  chez  toutes  les  nations,  ces  croise- 
uients  ont  été  si  nombreux  et  si  multipliés, 
que  plusieurs  physiologistes  ont  avancé 
qu'il  n'y  avait  sur  le  globe  que  des  variétés 
croisées,  au  milieu  desquelles  il  était  im;i0S- 
sible  de  retrouver  les  t\pes  primordiaux. 
Ku  elïet,  la  question  du  croiMincnt  des  races 
mérite  un  examen  sérieux  et  allentif.  Qui 
p-ut  en  calculer  les  conséquence-  depuis 
des  siècles  ?  Comment  a(  préc.er  l'élit  nor- 
m.il  de  l'espèce  humaine,  après  toutes  les 
migrations,  les  substitutions  volontaires  ou 
forcées  qui  ont  eu  lieu,  el  le  mélange  des 
races  qui  en  a  été  le  résultat,  lequel  a  dii 
jeter  une  grande  confusion  dans  la  science 
anthropologique?  Les  anthropologues  qui 
n'en  tiennent  compte,  s'exposent  à  commet- 
tre de  graves  erreurs. 

Il  en  est  des  diverses  variétés  de  l'espèce 
huma-ne  comme  des  individus,  qui,  bien 
qu'appartenant  à  la  inêaie  nitiou,  vivant 
sur  le  môme  sol  el  sous  le  mémeclimal,  dif- 
fèrent tous  plus  ou  moins  les  uns  des  au- 
tres. L'espèce  humaine  habile  le  même 
globe,  vit  sous  le  même  ciel,  mais  se  partage 
en  plusieurs  races,  lesquelles  se  subdivisent 
en  une  intinité  de  variétés. 

On  conçoit  cependant  que  la  détermina- 
tion des  types  j  rimordiaux  est  la  c'.ef  de 
l'anthopologic  ;  car,  avant  de  rechercher 
comment  les  races  se  combinent  par  l'effet 
des  croisements,  il  est  nécessaire  de  préci- 
ser leurs  irails.  Sans  cela  comment  séparer 
ce  qui  s'&ntreméle  sans  cesse,  comment  liis- 
tingue.  ce  qui  tend  sans  cesse  à  se  con- 
fondre? 

L'anthropologie  a  donc  fait  de  nos  jours 
un  véritable  |,p  grès,  en  rapporianl  à  trois 
types  primordiaux  loules  les  variétés  hu- 
main s  :  le  lype  Caucusique,  ou  la  race  blan- 
cfie  ;  le  type  A/oiif/o/j'/Ke,  ou  la  race  jaune, 
et  le  type  Lthiopique,  ou  la  race  noire.  Le 
savant  et  laborieux  Blumenbach  ajoutait  à 
ces  trois  races  V Américaine,  ou  la  cuivrée, 
et  la  iMalnIse;  il  en  c  mptait  donc  cinq.  Ces 
deux  dernières  peuvent  se  rapporter  aux  ty- 
pes Mongiilique  et  Elhio^iique.  La  nouvelle 
classiiicaliou  dont  nous  parlons  prend  un 
cirac  ère  de  probabilité  des  voiiis  diiïerenîes 
par  lesquelles  la  science  y  est  arrivée  et  ap- 
pe.le  une  attention  soutenue.  Aifrti  'il.  de 
Walctienaer  a  été  amené  à  ce  résultat  par 
ses  recherches  approlondies  sur  la  géogra- 
phie el  l'histoire  des  peuples  ;  Cuvi'r  par 
ses  études  comparatives  sur  le  règne  ani- 
m;il  ;  et  Dumonl  d'Drviile,  ainsi  que  |d{i- 
sieurs  autres  voyageurs,  par  l'ubservaliiiu 
directe  d     l'ensemble  des  traits  et  des  habi- 


1063 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES  , 


1064 


tildes  des  peuples  divers  qu'ils  ont  visités. 
Cl'  résultai  sei:i-t-il  coiiliriné  par  la  compa- 
raison des  langues,  par  celles  des  Irailitions 
cl  des  (i!OaiiiiiiMUs  des  peiip.es,  qui  sont  pré- 
seiilenienl  l'objel  de  recherches  si  actives"? 
grand  problème  qui.  en  ce  jour,  se  di-cule 
dans  toulrs  les  parties  eu  niuiide  les  [jIus 
éclairées,  et  dont  la  solution  s'uj'proche  de 
plus  I  n  plus  par  des  découvertes  cimlinues 
et  nouvilles.  Il  est  difficile  de  cont^sler  que 
l'Amérique,  l'Aftique  el  l'Kurope  oui  n  çu 
leur  population,  romme  leurs  langue»,  leur 
éciilure,  leurculle,  leurs  traditions  cl  leurs 
sciences  de  laniique  Asi.',  où  la  Genèse  nous 
nii.nire  les  premiers  hoinnies,  eciiappaul  au 
dernier  caiacl\sie  qui  a  deso.é  la  le-re. 
Bienlôl  cette  hannonie  coniplcte  des  traili- 
tions  de  tous  les  piufiles,  et  leur  accord  ad- 
mirable avtc  les  dernières  observali'His  des 
géiilnuiie»,  se  niOMirerunl  avec  une  lurce  ir- 
résistible à  lous  les  ispriis  droits  et  dépouil- 
lés vie  préjuges.  KITeclivemenl  ceux  qui  oal 
le  loi>ir  d'oliserver  la  marche  générale  des 
découvertes,  les  \  oient  toutes  conveiger  vers 
un  même  et  imporliiiil  u  sull.it,  celui  ([ui 
élaldii  de  plus  en  plus  luiMé  de  l'e-pècc 
humaine,  el  la  vérité  des  hautes  el  .iutiques 
traditions  bibliques,  relrouvées,  sous  une 
forme  à  peine  detij-urée,  chez  tous  les  peu- 
ples, même  cIk  z  eu\  que  1  isun'inenl  1 1  ks 
besoins  physiques  les  plus  pressants  ont  dé- 
tnoraiisés. 

C'est  par  de  semldabies  éludes  que  l'an- 
thropologie doit  essajerde  se  lenili  e  raison, 
dune  part  des  caunlèri  S  pi  opres  a  chaque 
race,  el  de  rei  hei  cher  de  l'autre  les  lo.s  se- 
lon lesq.. elles  s'opère  le  mélange  el  la  coni- 
b  naison  de  ces  ear.ictères  [lai  1  elTel  de  lei;r 
croisemeiil  :  elle  arrivera,  par  ceUe  méthode, 
à    leconnaîlre   el  à  retrouver  encore  l'em- 

(1)  Les  etlinogrnplies  ilisiiegiieiil  les  lanijun  spé- 
cia/es.  Ainsi  t'i  éMeu,  lei  liuldéen,  lesyn.ique,  r^iraL.e, 
le  persiiii,  teluik,  rariiiémcn,  le  giee,  te  laiiii,  se- 
raient de»  l.iiigues  spéciales.  Le»  kuigiie.s  ^orlles  ou 
dérivées  de  celles  I  i  seiaieiil  des  iiliuiiies.  L^s  lan- 
gues parlées  anjoind'lnii  Ums  l'Inde  Sdiil  limles  dé- 
rivées du  saiibcni,  cl  coiiijnises  sous  la  déneiiiiiia- 
tluii  générale  de  procril,  de  uièmu  que  l'ilalieii  est 
un  priicrii  du  laiin. 

Les  dialecies  hindou,  giizérall,  lizluiiya,  bengali 
el  aiiires,  suni  lous  piociils.  Il  eu  e^l  de  luéine  du 
kaslini.nen,  qui  e;l  un  idiome,  du  resie  loi  l  giossier. 
Les  siklis  le  contiaissunl. 

L'idioine  pelilevi  (qu'il  ne  faut  pas  confondre  avec 
le  pelilevi  peisan,  el  mi  eniend  par  là  rccnlure  per- 
sane du  leiiips  des  Paiihes)  e,»l  (  eu  toiimi,  c'était 
la  langue  de  rancieniie  Pers-e  ;  on  la  parlait  encore 
siius  les  deniiera  princes  de  la  Jyuaslie  des  Sassaiii- 
des.Ledeii  est,  dit-on.  lamien.e  langue  de  la  l'erse, 
avant  l'iiivasiou  iiinsuliiiaiie  au  vu''  siècle,  ë|joi|ue  à 
laquelle  e  peisan  se  mélangea  d'aialje.  Ce  persan 
niodeiiie  mélangé  ti'aralie  est  la  langue  actuelle  de 
toutes  tes  conditions  de  r.vzerbidjau  Ju^qu'à  Mus- 
cliid. 

A  lierai  le  persan  conniiencc  a  se  fondre  avec  le 
postliouiiou  l.iiigue  desAllglians  ;  il  est  du  reste  parlé 
dans  les  hautes  classes  du  Fuujuii,  de  l'iluuious.aii 
el  du  Turkestan.  L'i.iabe  iiitioiiuil  par  les  conquêtes 
ces  Mahii.i  éuiiiî  a  disparu.  Djiis  l'Iliinlousi.ui,  il 
s'est  cuiifoi.du  avec  ruindousiani,  qui  n'est  qu'un 
niél.uige  de  l'iiindi  el    de   l'uidii  ou  ourdu.  — L'iiiiidi 


preinte  de  la  race  Caucasique,  et  à  expliquer 
comment  il  se  fait  que  dans  celle  race  cer- 
tains iiulividus  rappellecl  la  race  Mongoli- 
que.d'auiies  la  rare  Eihiopique,  chez  les- 
quels on  les  remarque  souvent  à  des  degrés 
Irès-marqués.  En  un  mol,  on  aura  la  cle.  de 
la  diversiié  des  tempéranien  s.  Ces  m.lions 
physiques  ac:|ui»es  pourront  servir  d'intro- 
duction à  des  recherches  morales  qui  en  sont 
la  conséquence.  Les  rapports  du  physique 
avec  le  iiioral  de  l'homme  ont  frappé  dans 
tous  les  temps  l'attention  des  physi  légistes 
el  des  philosophes.  Oi-  ces  rapports  peu  ap- 
parents chez  les  individus  de  la  race  Cau<-a- 
siiiue,  et  modiJîés  en  outre  par  la  civilisation 
el  l'éducaiion  des  peup  es,  sont,  au  coniiairc, 
si  marqués  Jans  les  races  humaines,  consi- 
dérées en  m.'isse,  que  l'histoire  en  inscrit  à 
cha(|ue  pas  les  effets,  soii  dans  laplitude  com- 
parée de  ces  races  pour  les  sciences,  lalitte- 
raiure  et  les  arts,  soit  dans  Lurs  habitudes 
et  leurs  mœurs. 

La  prononciation,  la  parole  et  la  voix  sont 
le  produit  d'un  appareil  très-compliqué  et 
très-variable,  dans  les  proportions  resp' cli- 
ves de  ses  divers  éléiiCnls  d'une  race  à  une 
auire,  de  la  race  Eihiopique  à  la  race  Cau- 
casique, par  exemple.  Aussi  l'examen  com- 
paralif  de  l'appareil  voc.il  dans  les  race<  hu- 
maines doil-il  élre  pris  en  considération 
dans  l'étude  des  langues  primitives.  Les 
idiomes  des  langues  se  classent  d'après  le 
giotipeme.il  des  familles  humaines,  c.ir  elles 
en  s  livenl  les  vari. liions.  Pour  nous  borner 
à  l'Océanle.  les  idiomes  des  Oiéaniens  peu- 
vent se  ranger  en  cinq  grands  rameaux  cor- 
respondant à  auiaiil  de  variétés  ee  races, 
lesquels,  suivant  l'opin  ou  de  Forster  et  de 
M.  Uuinonl  d'Ui  ville,  dé  ivenl  d'une  langue 
priuiiiive,  aujourd'hui  perdue  (1). 

est  la  langue  érriie  de  l'Inde  pour  laquelle  on  em- 
ploie les  caractèies  dévjiiaoaris.  L'iirdu  ou  oordu 
deviiil  la  langue  des  cours  apiès  l'inv.i'ion  diiTanier- 
lan  ;  on  présume  (|ue  c'était  la  lan^'iie  de  ses  soluais. 
Le  lurki  parait  n'être  qu'un  dialecte  du  turc,  t'est 
d..ns  riliudoustan  nue  langue  ëtrangèie. 

.M.  Wilsou  de  Buiiibay  pèle  d  qu;  le  zend  est 
une  lai.giie  forgée,  ci  siinpleiiieiil  un  mélange  de 
sanseril,  de  persan,  d'araue  et  de  i;uzerati.  Va  cepen- 
dant, d'apiés  Kavvliiisnn,  les  adiu:, leurs  du  feu  qui 
liabilciii  la  pariie  île  l'ancienne  Médie,  siiuée  d  .ns 
les  iiioiitagnes  de  Desniui  en  liai;idagsi,  à  l'ouest  de 
la  (^aspieu..e  et  au  nord  île  r.^zeilinlj.m,  parlent  en- 
core aujunid'i.iii  un  langage  resseniblant  au  zend. 

La  langue  liLélaine  dilfire  considéia.  leinenl  de 
celle  deLadak.  C'e.»i,  du  rest.',  une  langue  pauvre, 
et  d  nue  giande  simplicité  de  coiisirucliiui. 

La  l.ingiie  paluiyrénieiiiie,  parlée  a  Pidinyre  et 
dans  les  environs,  avait  une  a.liiiilé  très-éiruite  avec 
l'Iiélireu. 

La  lingue  phénicienne  et  l'arabe,  suivant  Ileeren, 
étaient  dérivé»  du  inéiiie  idiome,  ei  la  ditléreuce 
n'était  pas  assez  grande  p"Ui  emi  êclier  les  deux  peu- 
p'es  lie  s'enleudre.  Beaucoup  de  savants  ne  croient 
pas  le  sansciii  onginaiie  deritiudiiustan,  et  te  reg.^r- 
dent  coiiiine  une  langue  éhangére  à  la  coiitiée.  Dans 
ce  cas,  d'où  seiaii-il  venu? 

l,a  langue  lamotile  a  des  affinités  avec  les  idiomes 
de  Java,  suivant  M.  Ëlhs.  Llle  est  dure  a  l'oreille.  Lu 
révérend  Schiuidi,  missiuniiaire  anglican,  en  parle 
coniiiie  d'une  langue  absolument  distincte  du  tans- 


1063 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


4066 


•Les  anlbropologues  ont  remarqué  que, 
dans  le  croisement  de  deux  races,  la  supé- 
rieure empreint  ses  caractères  sur  le  produit 
qui  en  résulte,  d'une  manière  beaucoup  plus 
profonde  que  la  race  inférieure.  11  suit  de  ce 
fait  que  le  métis  n'est  pas  une  résultante 
moyenne  des  deux  producteurs,  mais  une  ré- 
sultante inégale,  dans  laquelle  prédominent 
toujours  les  caractères  de  la  race  supérieure. 
Cette  prédominance,  aussi  tranchée  au  mo- 
ral qu'elle  l'est  au  physique,  explique  com- 
ment, dans  le  croisement  des  races,  le  per- 
fectionnement intellectuel  de  l'homme  ac- 
compagne son  perfectionnement  physique. 
C'est  la  voie  natOrellc  mise  en  œuvre  pur  !e 
Créateur  pour  ramener  toutes  les  races  hu- 
maines à  leur  point  de  départ  primitif, 
l'unilé. 

L'anthropologue,  pour  ne  point  s'égarer 
dans  les  recherches  si  intéressantes  de  la  dis- 
sémination des  races  et  des  produits  do  leur 
croisement  sur  la  surface  du  globe,  doit  com- 
biner sans  cesse  l'étude  des  caiactcres  phy- 
siques et  moraux  (les  peuples  et  des  nations, 
en  ayant  égard  au  degré  de  perfectionnement 
des  types  qui  se  sont  croisés  ;  il  ne  doit  point 
oublier  que  les  peuples  portant  sur  leur  phy- 
sionomie les  véritables  éléments  de  leur  pro- 
pre histoire  naturelle,  ce  sont  ces  élémi'nls 
qu'il  faut  s'attacher  à  déchiffrer,  en  mettant 
à  profit  les  progrès  récents  de  la  zoologie, 
ceux  de  l'analomie,  de  la  physiologie  et  de  la 
linguistique. 

Dans  la  question  si  intéressante,  par  exem- 
ple, de  rOcéanie,  la  linguistique  et  l'anthro- 
pologie peuvent  s'éclairer  réciproquement. 
Là,  en  effet,  les  diverses  races  humaines  sont 
en  présence  l'une  de  l'autre.  Chacune,  à  son 
tour,  est  venue  prendre  possession  des  archi- 
pels qui  la  composent.  La  nature  de  ces  ar- 
chipels, séparés  les  unsdesautres  parl'Océan, 
formait  pour  ainsi  dire  autant  d'Etats  dislincls, 
permettant  aux  facultés  physiques  et  mora- 
les de  chaque  race  de  se  déployer  sans  con- 
trainte. Chaque  lace  a  donc  pu  montrer  ce 
qu'elle  sait  et  ce  qu'elle  peut  lorsqu'elle  est 
livrée  à  elle-même,  abandonnée  à  ses  propres 
moyens  de  conservation,  de  défense  et  d'or- 
ganisation sociale. 

En  s'arrétani  aux  modifications  que  pa- 
raissent avoir  subis  dans  les  diverses  con- 
trées de  l'Océanic  les  types  de  la  race  cuivrée 

crit,  cl(|i>i  serait  !a  langue  pure  des  aborigènes  liin- 
doiis. 

La  langue  noubas,  ou  nubienne,  cojiiprenJ,  sui- 
vant M.  IUi|i|iel,  sept  dlalcclos  (jui  sont  parlés  dans 
le  Kordofan,  en  Nuliie  :  !e  darfour,  le  seliaboun,  le 
senil,  le  iloiiké,  le  iakcie,  le  schilluk  et  lekoldagl. 

La  langue  amhargna,  parlée  dans  l'Afrique  orien- 
tale, a  uji  dialecte  commun  auv  nombreuses  peupla- 
des Gallas  de  l'Airique  ceulrale. 

La  langue  lagali!,  (|ui  vient  du  malais,  compte  plu- 
sieurs idiomes  donl  se  servent  les  peuplades  de  l'île 
de  Luçon.  Les  Cliinois,  éparsdans  toute  l'Asie  orien- 
tale Cl  méridionale,  nom  pu,  malgré  l'extension  de 
leur  empire,  répandre  leur  langue.  Cela  se  com- 
prend ;  c'est  une  langue  inl'oniie  comme  celle  des 
inlauis.  En  Amérique,  cliaque  tribu  indigène  avait 
sa  langue.  .MM.  Mai  Uns'ei  Spix  ayant  observé  48  iii- 

DlCTIONNAIRE    DR    GÉOGRAPHIE    ECCL,   II. 


et  de  la  race  mélanésienne,  on  en  voit  sortir 
de  suite  les  questions  importantes  dont  s« 
compose  l'histoire  naturelle  des  peuples. 
Quant  à  leur  origine,  elle  est  étrangère,  c'es  t 
un  point  actuellement  hors  de  discussion,  d'à  - 
près  l'opinion  de  ceux  ijui  ont  visiléces  peu- 
ples, de  ceux  qui  ont  écrit  sur  leur  histoire, 
et  d'après  les  découvertes  les  plus  récentes. 
Mais  ceci  posé,  il  a  fallu  chercher  aies  rat- 
tacher aux  familles  humaines  qui  couvrent 
les  parties  du  globe;  et  alors  on  est  tombé 
dans  le  champ  des  conjecSures  et  des  suppo- 
sitions, d'autant  plus  diftlciles  à  justifier  dans 
le  cas  préstnt,  que  les  ann.Tles  historiques, 
si  fécondes  pour  les  migrations  des  peuples 
qui  habitent  l'Europe,  l'Asie,  l'Afrique  et 
même  l'Amérique,  sont  presque  nulles  pour 
ceux  qui  occupent  présentement  l'Océanic. 
L'incertitude  à  cet  égard  s'est  encore  aug- 
mentée par  les  différences  que  présentent  les 
individus  qui  composent  la  population  océa- 
nienne. Ces  différences  ne  sont  pas  seulement 
dos  nuances  dans  la  coloration  de  la  peau, 
dans  la  disposition  des  cheveux,  dans  la 
forme  du  nez,  des  lèvres  et  des  orbites  :  elles 
portent  sur  tout  l'ensemble  du  crâne,  de 
la  face,  du  cou  et  de  la  stature.  Ces  différen- 
ces si  diversifiées  ont  amené  quelques  savants 
à  croire  bien  à  tort  à  la  pluralité  d'espèces 
d'hommes  dans  l'Océanic. 

Fors'.er  ,  M.  de  Chamisso  et  l'amiral  Du- 
mont  d'Urville  n'ont  vu  que  deux  races  dis- 
tinctes dans  les  peuples  de  l'Océanic,  la  race 
Mélanésienne,  qui  n'est  qu'une  branche  de 
la  race  Ellnopiqite  d'Afrique,  et  la  race  Po- 
lijnésienne  basanée  ou  cuivrée,  qui  elle-même 
n'est  qu'un  rameau  de  la  race  Jaune  origi- 
naire d  Asie.  Dans  celte  opinion,  la  rare  Ma- 
laise se  trouve  retranchée  du  nombre  des 
races  primitives.  Or,  ce  retranchement,  qui 
rend  la  race  Malaise  secondaire,  modifi' sin- 
gulièrement la  loi  du  croisement  des  races 
humainesàson  égard;  cardans  le  mélange  du 
Malais  et  du  Nègre,  le  Malais  étant  supérieur, 
le  Métis  devrait  reproduire  en  plus  ses  pro- 
pres Ciiraclères,si  la  race  était  primitive;  tan- 
dis, au  contraire,  que  si  elle  n'est  que  secon- 
daire, son  mélange  avec  une  race  pure  devra 
la  ramener  vers  cette  dernière  ;  et  c'est  elTec- 
tivement  ce  qui  exisie  dans  plusieurs  parties 
de  rOcéanie.  Aussi  l'hypothèse  que  la  race 
Noire   lui   a   donné   ses  habitants  primitifs, 

Ims  d'Indiens,  irouvùrent  i8  dialectes,  dans  Lnit 
voyage  au  Brésil  de  1817  à  1820. 

Les  Indiens  du  Mexique  se  divisent  en  be^iuc  'Up 
de  races,  et  chacune  a  sa  langue.  11  en  est  20  diffé- 
rentes qui  se  parlent  encore.  Le  climat  influe  sur  le 
pbysique  et  le  moral  de  l'Iionime,  mais  encore  sur 
les  langues  et  sur  leur  pronoiicinlion.  Dans  les  cli- 
uiais  à  température  douce  et  humide,  les  langues 
perdent  de  la  rudesse  qu'elles  ont  dans  lus  climats  à 
liaute  teiiipératiiri",  ei  de  l'énergie  qui  les  caractéiiso 
dans  les  climats  à  température  brrtlante  et  séclie. 
Ainsi  la  langue  portugaise  iiationalijée  au  Brésil  a 
subi  des  altérations;  elle  a  perdu  celte  rudesse  de 
prononciation  ei  crtle  arrogance  d'expression,  si 
analogues  au  caractère  des  Portugais;  elle  a  iiéan- 
niîiins  conservé  celle  mâle  énergie  qu'elle  possè.le 
i',i  commun  avec  la  langue  espagnole. 

{i\ote  de  railleur.) 

8'* 


iefr7  ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX 

réoniten  s»  faveur  tous  les  degrés  possibles 
de  probabililés  dans  cet  ordre  de  question,. 
C'est  l'opinon  de  l'amirul  Dumoni  d'Urvilie  , 
de  M.  de  Frcycinel  et  de  plusieurs  nnlhro- 
poldjjues  ()ue  la  race  Noircest  la  souclie-nièrc 
sur  laiiuille  sont  venus  se  jjrrffer,  par  la 
marche  du  U-iiips  et  des  cvénemiMils ,  les 
Hindous,  les  Mongols,  les  Chinois  et  les 
Arabes;  cl  il  est  (onslant  que  les  Océaniens 
portent  l'empreinte  de  ces  inélanjçcs  et  de  ces 
combinaisons.  Quelle  a  été  maintenant  l'in- 
fluence du  climat,  de  la  religion  et  des  gnu- 
vernen)çnls  sur  l'é'al  de  ces  peuples  ?  Com- 
ment se  sont  disséminés  sur  ces  ilifferenles 
lies  et  la  nation  primitive,  et  les  rameaux  de 
la  race  cuivrée,  sortis  des  croisemunis  (]ui 
ont  pu  s'o|iércr?  Ce  sont  des  questions  que 
l'anthrnpoloijie  doit  adresser  il  la  géographie, 
à  l'hisioire  et  à  la  lingnisi  que.  Car  c'est  un 
phénomène  fort  intéressant  à  j.pi  rofond  r  , 
que  celui  de  la  subsiitulion  d'une  race  à  une 
au're,  d'une  nation  à  une  autre  nation.  L'é- 
tude de  la  manière  dont  elle  s',  si  (ipér.''e  <  liez 
les  peuples  de  l'Occanic  serait  pour  l'iiuma- 
nilé  un  cnscii;nenunt  d'autant  plus  uli'e  , 
qu'elle  semble  s'éire  opérée  autant  p.ir  I  in- 
fluence des  niiiyens  naturels  que  parccuv  de 
la  force  et  de  l'ari.  Ai'.isi,  en  suivant  l'inva- 
sion hindoue,  on  la  voit  s'evcrcer  simulla- 
rémenl  sur  l.i  langue,  les  mirur:;  et  la  reli- 
gion. Lors  de  l'invasion  arabe,  le  même  pné- 
nomènc  se  reiiroduil  et  se  répète  avec  des 
circonstances  à  peu  près  iinalogues  ;  cl  dans 
les  deux  cas  c'est  toujours  une  race  plus 
avancée  qui  prend  la  place  d'une  race  qui 
l'est  moins. 

Quand  on  considère  a>ec  soin  les  mœurs  , 
l'induslric  el  la  religion  des  homuics  non  ci- 
vilisés, on  y  remarque  de  cui  ieuses  similiiu- 
des  avec  les  pensées  des  plus  anciens  peu- 
ples dont  l'hisioire  nous  ait  Iransiiiis  la 
croyance  el  la  sagesse.  Ces  observations  ten- 
dent l'i  démontrer  la  grai  de  unité  de  l'espèce 
humaine  et  les  communications  que  les  hom- 
mes ont  eues  entre  eux  à  une  époque  recu- 
lée, dont  les  livres  et  la  Iradi  ion  ont  égale- 
ment perdu  le  souvenir,  mais  dont  l'analo- 
gie nous  fournit  encore  des  preuves  irréfra- 
gables. 

Ce  soot  des  fails  très-remarquables,  que 
df-  retrouver  le  dogme  de  l'iminditalité  de 
l'âme  jusque  chez  les  peuples  que  nous  con- 
sidérons comme  placés  au  dernier  degré  de 
l'échelle  inlellecluelle  ;  de  voir  que  l'idée 
d'un  malin  esprit  el  celle  d'une  puissance  ré- 
munératrice existent  partout  nu  milieu  d'eux  ; 
que  |)resnue  partout  encore  ils  eouservenl  la 
tradition  du  déluge  ,  el  sur  beaucoup  de 
points  des  traces  evi  'cnles  de  la  loi  mos  lï- 
que.  Les  îles  l'Iiilippines,  p.ir  exemple,  con- 
servent une  p:!ge  de  l'Ancien  Teslameul. 
Suivanl  M.  Kenouard  de  Saiule-Croix,  l'é- 
poux, à  l'iiiiilalion  du  p;;lriiirche  Jacob,  doit 
servir  son  beau-père  pendant  plusieurs  an- 
nées ;  il  faut  qu'il  l'aide  à  labourer  ses 
champs  de  riz  ^  à  le  recueillir,  etc. 

Nul  doute  que  les  Hébreux,  les  Arabes, 
les  Chinois,  les  Japonais  el  plusieurs  autres 
nations  éloignées  de  nous   n'aient  eu  jadis 


DES  ANTUUOPOLOGl'ES, 


lOCS 


de  hardis  navigateurs,  el  n'aient  poussé  leurs 
courses  aventureuses  à  de  prodigieuses  dis- 
lances sur  le  gr;ind  Océan  ;  peui-èlre  ne  se- 
rait il  pas  difficile  de  suivre  les  célèbres 
flottes  de  Snlouion  à  travers  certains  archi- 
pels. Ces  suppositions,  qui  ne  sont  encore 
que  de  simples  probabilités,  en  raison  de 
notre  isnorance  sur  la  vie  passée  des  peuples 
orientaux,  s'accordent  parl'aiiemeni  du  re^te 
avec  les  nombreuses  vaiistcs  qu  offre  la  po- 
pulation océanienne. 

Les  aiithro(K>Iogues  ont  encore  remarqué 
que  dans  les  races  h  imaincs  autres  que  la 
Caucasif/u-,  telles  que  la  iMongoli(|ue,  la  Ma- 
laise ,  ri^lhioiiique,  li  forme  générale  du 
crâne  afl'ecte  deux  types  principaux  : 

1°  La  firrc  globuleuse,  caraclère  dislinc- 
(if  des  crânes  du  Chinois,  du  Mongol  et  du  Ma- 
lais, qui  reproduit  un  des  caractères  du  crâne 
de  l'enfant  dans  les  races  européennes  ; 

2°  La  f.>rme  allongée  propre  aux  crânes 
de  la  race  éthiopii|ue. 

Avec  ces  miHlifiealinns  dans  la  forme  gé- 
nérale du  crâ:ie  C'iïncideul  les  différences 
suivantes  dans  les  régions  latérales,  aiilé- 
riture  el  postérieure  du  crâne. 

Dan-  la  régi  in  latérale  du  crâne,  la  sur- 
face d'insertion  du  muscle  temporal  tend 
de  plus  en  plus  à  s'agrandir,  suit  que  cetlQ 
région  s'aplatisse,  soit  que  l'arcade  zygo- 
niaiii|ue  se  déjetto  de  plus  en  plus  en  de^ 
hors. 

La  répion  occipitale,  Irès-étalée  dans  le 
sens  Iransvers.il  chez  leChiuois,  cl'.ez  le  Mon- 
gol el  chez  le  Malais,  se  prolonge  au  con- 
uaire  en  arrière  chez  le  Hullentoi  et  cUei  la 
Nègre. 

Dans  la  région  antérieure,  par  suite  du 
redressement  du  bord  orbiiaire  et  de  lapo" 
physe  01  bilaire  du  froiiUil,  l'orbite  gagne  en 
étendue  dans  le  sens  Irausverrial  ce  que  perd 
la  capacité  ciânienne  par  suite  de  la  luite  en 
airière,  de  plus  en  plus  prononcée,  de  la 
région  coronile.  En  même  temps  les  arcades 
sourciiières  deviennent  plus  saillantes  dans 
toutes  ces  races-là  que  dans  la  ruee  Cauca- 
sique,  de  sorte  que  l'on  peut  dire  que  toules 
les  modifications  éprouvées  par  les  régions 
latérales  el  antérieures  du  crâne  tendent, 
dans  le  premier  cas,  à  donner  de  la  prédo- 
minance à  la  l'onction  masticatrice,  et  par 
suiie  aux  instincts  de  la  vie  végétative;  dans 
le  second  cas,  à  donner  de  l'ampliatinn  aux 
chambres  visuelles  cl  olfactives,  par  suite  des 
rapports  du  bord  orbiiaire  du  frontal  ei  des 
arcaUes  sourciiières  avec  la  cavité  orbitaire 
et  le  sinus  frontal. 

C' lie  amplialion  des  chambres  visuelles 
et  olfactives  ilevient  beaucoup  plus  évidente 
lorsqu'on  examine  la  manière  dont  chacun 
des  éléments  de  l'orbite  el  des  caviiès  olfac- 
tives se  combine  avec  ses  analogues  dans  les 
léies  des  races  Mongoliquc,  .Malaise  et  Ëihio- 
pique. 

On  voit  alors  que  si,  par  suite  du  redres- 
sement du  bord  orbiiaire  cl  de  l'apophyse 
orbiiaire  externe  du  frontal,  le  bord  supé- 
rieur de  l'orbile  gagne  en  étendue  dans  le 
sens  transversal,  ses  dimensions,  dans  la 


aO  point  de  vue  dé  la  GEOG«VAt>HIË  llELlGltUSE.  40lrrt 

non-seiilpmcnl  des   races  luiinaines  ,  mais 
aussi  de  leurs  principales  varioles. 

De  son  côté,  M.  Dubreuil,  prnfesscur  à  la 
faculté  de  a  édti:iiic  de  Moiiipellie.',  est  con- 
vaiiicii  «jue  les  carjclères  osléologiqucs  tirés 
de  la  lêie  sont  nécessaires  pour  arriver  à  la 
connaiss.ince  des  races  humaines,  de  leurs 
principales  v;iriétés,  et  découvrir  queiquefoi» 
dans  leurs  mélanges  celles  qui  dominent. 

-M.  d'Oinii  ius  d'Halloy  ,  en  signalant  la 
tendance  au  dévcloppcni'  n!  que  prési'ntent 
les  varioles  tie  la  race  b'anclic,  el 


même  sens,  s'acci'oissent  égalennnl  sur  le 
bord  inférieur  par  suit''  de  la  pic  Ion  iniice 
du  maxillaire  snpérieur  sur  l'o^;  molaire.  Or, 
on  conçoil  que  le  sinirs  tnaiillaiie  doit  s'a- 
grandir, par  suite  de  l'au^'inenlalion  d'é'cn- 
due  de  la  partie  de  l'elémeul  facial  qui  le 
'"         "       '  la  courbe  décrite 


contient.   En  même  (enip 
par  le  bord  alvéolaire  'lu  maxillaire  supé- 
rieur devient  plus  prononcée  en  avant  el  en 
dehors. 

Voilà  donc  la  chambre  olfactive  augmen- 
tée à  son  lour,  1°  |inr  l'anguicntalioii  d'éten- 
due du  sinus  maxillaire;  2^  par  l'auiplitu'lc 
éprouvée  par  le  pl.Éiicher  des  fusses  nasales, 
dont  les  nioiifi  allons  suni  ,  c>>nHiie  o»  le 
sa<t,  si  inlimcnunl  liées  à  celles  que  subit  la 
voùie  palatine,  el  par  suite  la  chambre  gu- 
slaiive. 

Toi»  sont  les  changements  principaux  que 
préf^onteiil  les  lêi  s  des  races  Mutigolique , 
Malaise  el  lilluopique  comparées  ai.t  tètes 
européennes.  Ces  ino  li'.icaiiniis  di-  forme, 
éprouvées  par  le  ciàui"  ei  par  les  chambres 
sensoiiali's,  vont  en  se  pr-MionÇanl  île  plus 
en  plus  du  iMongol  au  Chinois,  ilu  Chinois  au 
Maiais,  du  .Malais  au  Négie.  Cette  dernière 
race  parait  la  plus  élo.gnée  du  t^pecaucu- 
sique. 

A  ces  considérations  d'un  savant  anthro- 
pologue, .M.  le  diicleur  Puclieran,  il  oonv  ont 
d'ajouter  q  .c,  sunaul  M.  Vi.cy,  1 1  position 
plus  ou  n:0ins  centrale  du  Iro  .  uccipilal  chez 
les  dilTér  nies  races  humaines  mérite  une 
grande  .iltenti.tn,  lursqu'ou  se  propose  d'as- 
signCr  à  ces  races  un  ordre  de  prééminence. 
11  estime  que  ce  caractère  peut  servir  à  cia- 
blir  la  super  «rite  d'une  raco  sur  une  au  re, 
quai  (1  ou  M'ut  les  comparer  entre  elles  ^u^s 
le  rapport  de  bur  apiitude  à  ye  civiliser.  Ru 
zooloiiie,  sur  un  tel  élal  de  choses,  les  natu- 
ralistes élabliraiciil  non-seulement  des  espè- 
ces, mais  des  g.'r.res,  el  pcul-élre  mèuie  des 
ramilles.  En  ce  qui  concerne  l'histoire  na- 
turelle de  l'hiimmc,  il  n'en  saurait  élre  ainsi, 
et  si  l'on  compare  les  uns  aus  aulres  les  in- 
diiidusdis  races  occ;iuienncs,  t'i  l'on  rap- 
proche el  si  l'un  emploie  un  à  un  chacun  de 
ces  caractères,  on  nyil  le^  analogies  ressor- 
tir de  ces  dilTér. 'uces  ;  de  sorte  que  tandis 
que  riiom'ue  est  porté  a  diviser  da  is  sa  pen- 
sée, il  s'aperçoit  que  le  Crcalcur  réunit  dans 
sou  action  Le  point  ce  ccue  réunion  paraît 
rési  er  dans  rabais.-euicni  ou  l'elévalio.)  du 
pédicule  ocuio-na.ai  ne  l'es  cori  ual  qui, 
dans  iiiutes  les  races,  foiine  le  laraelère  au- 
Ihro,  ob'gque  le  plus  co.islj  .1  el  le  moins 
variable  d.ms  ses  njaiillits.  Par  la  posiiion 
qu'il  occupe,  ce  péiiicuie  forme  d'uiuî  pari  la 
paroi  interne  et  suiieiicuie  de  l'orbite,  et 
d'autre  part  sert  d'arc  bnutanl  aux  us  na- 
saux el  a  l'apophyse  oiontaule  de  l'os  maxil- 
laire supérieur;  d'où  il  suit  que  de  l.i  iiispc- 
sition  qu'il  affecie  rèsiille  celte  des  jeux,  du 
nez,  di;,  lèvres  el  des  p  ilits  laié.ales  de  la 
face.  Or,  de  ces  piriies  de  la  face  el  des  dis- 
positions que  preseuleul  le»  jeux,  le  nez  el 
la  bouche,  l'anifaropologie  déduit  précisc- 
uienl  les   caractères  les   plus    significatifs , 


tai  sia- 

tionnaire  ou  même  réirograde  des  rnc  s  co- 
lorées et  de  leurs  variété'!,  [Mrail  conclure 
que  ces  dernières  sont  intelectue' tenant  in- 
férieures aux  variétés  de  la  race  blanche. 
Celle  conclusion  est  une  énormilé  morale 
tjui  n'a  pas  de  fondement. 

Enfin,  d'après  les  travaux  ehcè;  halolomi- 
qucs  modernes,  un  analooiisîe  distingué, 
M.  Bourgery,  croit  que  l'hiinme  est  le  seul 
qui  oilri'  une  suiiériorité  Irès-graudedu  poids 
du  cerve.  u  sur  celui  de  la  tige  cc-.haiiqje 
représ- ntanl  les  organes  des  s:'ns,  de  la  .^en- 
siliilile  géiL-^rile  cl  du  mouvement.  De  ces 
mêmes  irai  aux,  il  ressort  i;ue  d^ns  l'homme 
l'étendue  el  la  varié'.é  de  l'intelligi'n  e  sont 
généralement  en  prnporlion  de  la  quantité  Je 
la  substance  cérébrale,  sauf  les  conditions 
physiologiques  de  la  lexture;  que  chez  les 
animaux  le  dévelo;  penienl  de  l'instinct  pa- 
raît en  rapport  avec  la  quantité  de  la  matière 
ccrélirale  iians  chacun  d'eux,  sauféîalemenl 
la  q  II  es  i'in  de  qualiléeolre  les  individus  d'une 
même  espèce. 

L'encéphalolomie  comparée  des  race',  hu- 
itaines ,  qui  est  une  subdivision  de  ranthro- 
pologie,  co  lis  li  lue  une  science  ton  le  non  \  elle. 
0:1  ne  peut  donc  pas  attacher  une  imporlance 
.majeure  aux  modilic.ilions  encéphaliques  qui 
ciinespondeiil  aux  mudilicatioiis  de  forme 
crânienne.  Car  pour  saisir  les  lois  de  la  na- 
lure,  il  ne  suffil  pas  de  discuter  quelques 
observations,  attendu  qu'elles  peuvent  ap- 
parlenir  a  des  cas  particuliers  :  il  faut  pou- 
voir en  comparer  un  grand  nombre  qui  aient 
été  laites  avec  beaucoup  de  soin  el  de  saga- 
cité. 

La  philosophie  ,  l'histoire  et  la  philologie 
se  tournent  aciuellement  vers  l'anthropolo- 
gie el  lui  d  niandent  des  secours  devenus 
mJi.-pensables  à  leurs  travaux  ;  mais  l'état 
d"im|jorfeCiioii  oïi  est  encore  celte  science  ne 
lui  percel  pas  d'être  immédialcinent  aussi 
ulile  qu'elle  devrait  l'être.  Néanmoins,  mal- 
gié  sa  faiblesse,  ciIe  rend  déjà  di  s  services. 
N'a-l-ellc  pas  renversé  les  systèmes  des  pre- 
miers anthropologues  ,  qui  admeiiaicnt  la 
p'uralitedes  espèces  pour  riiomuie?  Aujour- 
d'hui eile  ne  reconnaît  que  trois  types  pri- 
mordiaux, ou  pluiôl  trois  races  (ce  qui  est 
beamoup  pl.iS  clair  el  p^us  précis;  .  la  Cau- 
casUr.H-,  la  Monyoliijue  el  1  l£tluopique.  Au 
lieu'doi.c  de  diviser,  e.lo  revient  a  l'unilé 
primitive  :  c'est  nu  l'ail  capital.  Quant  à  l'O- 
céanie,  qui  a  tant  préoccupé  les  esprits  de- 
puis un  siècle,  r..nlliropologie  établit  que  la 
population  primitive  est  d'origine  étrangère, 
que  celle  population  appart«Dait  à  là  race 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES, 


1071 

Noire,  et  que  les  variétés  si  nombreuses 
d'habitants  que  cette  partie  du  monde  offre 
ne  sont  que  des  rameaux  sortis  de  la  souche- 
mère,  la  race  Noire. 

La  comparaison  des  langues  réduit  à  un 
très-petit  nombre  les  nations  qu'on  croyait 
multipliées  à  l'infini.  Si  la  linguistique  uti- 
lise à  son  profit  les  recherches  et  les  études 
de  rantliropologie,  de  son  côté  elle  lui  prête 
un  concours  très-précieux  dans  plusieurs 
circonstances.  Les  idiomes  des  langues  peu- 
vent se  classer  d'après  le  groupement  des 
familles  humaines.  Ainsi  ,  pour  l'Océanie, 
où  l'on  compte  une  si  nombreuse  variété  de 
nations  qui  atteint ,  si  elle  ne  surpasse,  le 
cliiffie  considérable  des  peuples  de  l'Amé- 
rique, les  idiomes  se  rangent  en  cinq  grands 
rameaux  ,  d'après  M.  Guillaume  de  Hum- 
boldt ,  correspondant  à  autant  de  variétés 
de  races. 

Quant  au  continent  américain  ,  on  comp- 
tait sur  sa  surface  [ilus  de  mille  nations  ; 
M.  d'Orbigny  les  a  réduites  à  liente-iieuf. 
Leur  répartition  avant  la  conquête  espa- 
gnole, comparée  à  leur  état  actuel ,  prouve 
que  toutes  occupent  aujourd'hui  les  mêmes 
lieux  qu'elles  hiibilaicnt  jadis.  Leur  ordre  , 
suivant  l'étendue  de  terrain  qu'elles  ha- 
bitent, donne  le  premier  rang  à  la  nation 
Guaranise,  qui  est  pour  ainsi  dire  à  l'état 
sauvage.  Les  migrations  des  peuples,  retrou- 
vées par  les  langues,  démontrent  à  l'auteur 
que  la  même  nation  ,  les  Guaranis  ,  les  Ga- 
libis  ou  Carihes  ,  s'étendait  depuis  les  An- 
tilles jusqu'à  la  Plala,  depuis  le  pied  des 
Andes  jusqu'à  l'Océan  Atlantique.  D'après 
les  reclierches  du  même  savant  anthropo- 
logue ,  le  nombre  actuel  des  Américains  purs 
de  race  s'élèverait  encore  à  plus  de  deux 
millions. 

iri  Dans  l'Amérique  méridionale,  deux  prin- 
cipes colorants  existent  parmi  les  indigènes, 
le  brun-olivâtre  plus  ou  moins  foncé  ,  et  le 
jaune-rougeâtre.  La  latitude,  l'élévation  du 
lieu  d'haliilation  ,  ne  sont  pas  sans  influence 
sur  la  couleur  de  la  peau,  et  la  sécheresse 
de  l'atmosphère  a  plus  de  part  à  son  inten- 
sité que  la  chaleur.  Les  plus  petits  hommes 
sont  sur  les  plateaux  des  Andes ,  ce  que 
M.  d'Orbigny  attribue  à  la  raréfaction  de 
l'air.  La  comparaison  tend  à  prouver  que  la 
forme  de  la  tête  des  Américains  n'offre  pas 
des  caractères  aufsi  certains  ,  aussi  tranchés 
qu'on  l'avait  pensé.  L'influence  de  la  position 
sociale  sur  la  phjsionomie  des  Américains 
est  on  ne  peut  plus  évidente  :  le  Péruvien  , 
de  tout  temps  soumis  à  la  plus  étroite  ser- 
vitude ,  la  grave  ,  réfléchie ,  triste  même  ; 
on  dirait  qu'il  renferme  en  lui  toutes  ses 
pensées,  qu'il  cache  ses  plaisirs  aussi  soi- 
gneusement que  ses  peines  sous  une  appa- 
rence d'insensibilité.  L'Araucauo  ,  libre  , 
mais  toujours  en  guerre,  est  également  ré- 
fléchi et  froid  ;  mais  ce  n'est  pas  de  la  tris- 
tesse ,  c'est  du  mépris. 

Il  existe  une  inégalité  étonnante  entre  le 
mélange  des  Espagnols  avec  telle  ou  telle 
race  américaine.  Avec  les  Guaranis,  les  Mé- 
tis sont  de  belle    laillf'  ,    presque    blancs  ; 


1078 

leurs  traits  sont  beaux  dès  la  première  gé- 
nération ,  tandis  qu'avec  les  Quichnas  les 
traits  américains  sont  plus  tenaces  et  ne  dis- 
paraissent qu'après  plusieurs  générations. 
Cette  remarque  vient  s'ajOuler  aux  observa- 
tions déjà  faites,  qui  prouvent  que  dans  le 
croisement  de  deux  races  la  supérieure  em- 
preint ses  caractères  sur  le  produit  qui  en 
résulte,  d'une  manière  beaucoup  plus  pro- 
fonde que  la  race  inférieure. 

11  est  démoniré  aujourd'hui  que  les  facul- 
tés intellectuelles  des  Américains  ne  sont  pas 
au-dessous  de  celles  dey  autres  hommes.  Les 
animaux  domestiques,  la  culture,  ont  une 
grande  influence  sur  les  causes  de  la  réunion 
des  Américains  en  grandes  sociétés.  L'ex- 
tcn'ion  co'iiparative  des  gouvernements  avec 
celle  des  nations  dislinguées  par  le  langage 
démontre  que  le  degré  de  ciMiisalion  ne  suit 
pas  toujours  une  m.irche  relative  à  leur  im- 
portance numérique  ,  mais  se  rattache  à  l'é- 
tendue et  ù  la  stabilité  des  sociétés. 

Les  Irente-neuf  nations  de  l'Amérique  se 
rapportent,  suivant  M.  d'Orbigny,  à  tiois 
types,  ou  races  ;  i''  Ando  -  Péruvienne  , 
couleur  brun-olivâtre  plus  ou  moins  foncée, 
taille  ])etile,  front  peu  élevé  ou  fuyant  ;  yeux 
horizontaux,  pas  bridés  à  leur  angle  exié- 
rieur. — 2^^  Panipéennc,  couleur  brun-oli- 
vâtre, taille  souvent  irés-élevée  ,  front  bom- 
bé, non-fuyani,  yeux  horizontaux  ,  quelque- 
fois bridés  à  leur  angle  extérieur.  —  3'  Ura- 
silio-Guaranienne;  couleur  jaunâtre  ,  taille 
moyenne,  front  peu  bonibé  ,  yeii-i  obliqnei, 
relevés  à  leur  angle  extérieur.  La  première 
race  compte  trois  rameaux,  la  deuxième 
aussi,  la  troisième  n'en  compte  pas. 

Des  observations  et  dos  couiparaisons  ré- 
centes faites  en  Asie  ont  démoniré  qu'ilexiste 
une  conformKé  remarquable  de  type  entre 
les  Chaldéens,  les  Kurdes,  les  Mèdes  et  les 
Juifs.  Ce  serait,  suivant  Dureau  de  la  Malle, 
une  nouvelle  variété  de  l'espèce  humaine. 
On  sait  que  les  Juifs  de  Rome,  qui  ne  s'al- 
lient jamais  qu'entre  eux,  ont  gardé  plus 
que  toute  autre  branche  de  la  race  juive,  le 
caractère  indélébile  de  leur  nation.  On  a 
saisi  également  une  identité  de  langage  en- 
tre ces  mêmes  peuples;  c'est-à-dire  que  les 
Chaldéens  et  les  Kurdes  s'entendaient,  en 
parlant  leur  patois,  avec  les  Juifs  parlant 
l'hébreu  liitéral.  M.  Bore  pense  que  les  Hé- 
breux et  les  anciens  Chaldéens  sorienl  d'une 
même  souche  et  sont  un  même  peuple.  Celte 
découverte  anthropologique  et  elhnographi- 
q::e  est  du  reste  conforme  à  l'histoire. 

Mais  jusqu'à  présent  l'anthropologie  n'a 
point  compris,  et  par  conséquent  n'a  point 
expliqué  d'une  manière  conforme  à  la  vérité 
et  aux  faits  historiques  l'élat  d'infériorité 
progressive  des  peuples  sauvages  de  l'Asie, 
de  l'Afrique,  de  l'Amérique  et  de  l'Océanie. 
Ladcgénération  et  labrulissement  de  ces  peu- 
pi-  s  tiennent  tout  à  la  foisà  l'ordre  physique  et 
à  l'ordre  moral.  En  général,  toutes  les  na- 
tions plus  ou  moins  sauvages  sortent  de  quel 
que  peuple  civilisé,  et  leur  état  social  dépend 
presque  toujours  de  leur  soin  à  conserver 
les  lois  qui  régissaient  le  monde  primitif,  sa 


1075 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


1074 


voir  :  l'unité  de  Dion,  l'état  de  snriélé  et  la 
pratique  du  travail.  Pour  compiendre  i'in- 
ieriorilé  des  ppiiplps  .sauvages,  il  faut  en 
chcrclior  l'explication  dins  leur  manière  d'ê- 
tre et  d'airir.  En  effet  tontes  les  nations  sau- 
vages ablitirrent  le  travail,  ou  ne  s'y  livrent 
que  niomentanérneiit  et  com;iie  poussées  par 
une  nécessiié  absolue  ;  eWes  vivent  is'Iées 
les  unr-s  des  autres  dans  l'ouhii  des  Iradi- 
linns  religieusi's  ])riinit;vis.  Car  il  est  tout  à 
fait  inexact  de  dire  que  les  peuples  puissent 
s'élever  par  eiix-mi'Dies  aux  idées  religieu- 
ses. Le  fond  des  idées  religieuses  qui  exis- 
Icnl  dans  le  monde,  n'importe  à  quel  titre  et 
sous  quelles  formes,  n'est  qu'une  altération 
plus  ou  moins  profonde  des  révélations  pri- 
mitives. .Affaiblies,  défigurées  par  la  corrnp- 
tlonou  l'ioibccil'ilé  de  la  raison  humaine, elles 
passent  d'unpeuple  à  un  autre,  mais  el'es  ne 
s'inventent  pas.  La  puissance  de  l'esprit  hu- 
main ne  va  pas  jusque-là. 

L'état  sauvage  n'accuse  donc  pas  le  man- 
que de  facultés  intellectuelles  chez  les  peu- 
ples qui  le  subissent,  mais  il  accuse  leur  dé- 
génération  morale  complète.  Or,  la  dégéné- 
ration n'exclut  pas  l'exislenre  et  l'étendue 
de  l'intelligence.  Ne  voit-on  pas  des  indivi- 
dus, posse-^seurs  de  hautes  et  belles  facultés 
intellectuelles  tomber  cependant  dans  une 
dégradation  affligeante"?Ilen  es!  de  même  des 
peuples,  et  toutes  les  accusations  formulées 
contre  l'infériorité  intellectuelle  de  la  race 
Noire  et  de  la  race  Cuivrée,  comme  n'étant 
pas  du  même  type  primordial  que  la  race 
Caucasique,  constituent  autant  de  non-sens. 
La  permanence  de  l'état  sauvage  est  une 
anormalité  dans  l'existence  des  peuples, 
comme  la  permanence  de  la  dégradation  en 
est  une  dans  l'existence  des  individus.  Est- 
ce  que  l'histoire  particulière  des  sociétés  ne 
présente  pas  à  chacune  de  ses  pages  des 
hommes  bien  cli  irpentés,  doués  d'une  (wga- 
nisation  vigoureuse  et  d'une  belle  figure  (1), 
qu'on  voit  lomier  insensiblement  dans  le  dé- 
sordre, y  vivre  et  perdre  chaque  jour  quelque 
chose  de  la  beauté  de  leurs  traits, leur  vigueur 
et  leur  santé  ,  à  ce  point  qu'après  un  lenips 
donné  ils  deviennent  ttiéconna'ssables  ?  Or, 
ce  cas  individuel,  qui  se  rencontre  fréquem- 
ment même  dans  des  familles  entières,  est 
applicable  à  des  tribus,  à  des  peuplades. 
(Juand  le  désordre,  les  privations  et  la  mi- 
sère deviennent  permanents  ,  le  moral  de 
rhnnime  se  brise,  l'intelligence  lui  fait  dé- 
faut ou  s'étiole.  N'a-t-on  pas  vu  des  popula- 
lalions  entières  réduites  à  cet  état  par  des 
causes  diverses,  et  y  demeurer  ou  par  suite 
de  l'isolement  dans  lequel  elles  se  trouvaient, 
on  par  découragement?  Pour  pouvoir  bien 
apprécier  les  nombreuses  variétés  des  races 
humaines,  il  faudrait  connaître  leur  histoire; 
et  c'est  ce  que  nous  ignorons  complètement. 
Que  s'est-il  passé  avant  notre  ère  en  Araéri- 

(1)  Qu.inl  aux  dépressions  fpii  se  remarquent  quel- 
quefois dans  les  régions  latéiaies,  aiilérieui e  ou  p  'S- 
lérienre  du  crâne,  elles  sont  de  simples  irrégulariiés 
qui  n'iiifleenl  en  rien  sur  le  reste  de  la  conl'oniialion, 
et  encore  moins  sur  le  développement  de  l'imelli- 
geiice.  On  a  remarqué  que  de  pareilles  aaomalies  s« 


que,  dans  l'Afri.iue  centrale,  dans  l'Océanie, 
dans  l'Asie  centrale?  Et  depuis  notre  ère 
que  s'est-il  également  passé  d  :ns  ces  con- 
trées jusqu'au  xvi'  siècle?  Nul  ne  peut  le  dire, 
car  nul  ne  le  sait  :  c'est  un  mystère  profond 
sur  lequel  nous  n'aurons  jamais  que  des  hy- 
pothèses plus  ou  moins  incertaines. 

M.  Jaiquinot,  auteur  d'une  Histoire  natu- 
relle de  l'homme,  ne  partage  pas  l'opinion  de 
Bulfon  et  de  ^L  Flo'irens  que  :  «  Les  degrés  de  la 
chaleur  mesurent  rint^nsitc  de  coloration  de 
la  peau  des  différentes  races  humaines.  »  H 
établit  que  chaque  groupe  d'hommes,  soit 
qu'on  l'appelle  variété,  ou  race,  existe  à  la 
fois  dans  une  grande  étendue  du  globe,  sous 
des  climats  différents  et  opposés,  et  y  con- 
servelacouleur  de  la  peau,  la  formedestraits, 
tous  les  caractères  zoologiques  en  un  mot. 

D'après  lui,  les  nuances  diverses  de  la  co- 
loration de  la  peau  chez  les  diîTérents  peuples 
qui  ont  été  regardés  longtemps  comme  un 
de  leurs  principaux  caractères  distinctifs,  et 
qui  ont  servi  de  base  à  la  plupart  des  divi- 
sions établies  pour  le  genre  humain,  n'ont 
pas  toute  l'importance  qu'on  leur  a  attribuée, 
et  ne  sont  pas  répandues  aussi  uniformément 
qu'on  le  pense. 

La  couleur  noire,  loin  d'être  particulière 
aux  Nègres,  se  trouve  également  chez  les 
hommes  i|ui,  du  reste,  offrent  les  différences 
les  plus  saillantes  d'organisation. 

Selon  lui,  la  couleur  jaune,  rouge,  basa- 
née,  cuivrée,  fous  ces  mots  n'expriment 
qu'une  couleur  jaune  plus  ou  moins  intense. 
Elle  se  retrouve  au  même  degré  chez  les 
Arabes,  les  Hindous,  les  Chinois,  les  Hot- 
lentots,  et  chez  quelques  nègres  de  l'Oiéanie, 
les  Américains,  les  Malais  et  les  Polynésiens. 

M.  Jacquinot  pense  que  la  couleur  de  la 
peau  n'est  pas  un  caractère  suffisant  pour 
faire  reconnaître  et  différencier  au  premier 
abord  les  diverses  variétés  du  genre  hum  lin; 
que  les  dénominations  de  Caucasique,  Nègre, 
Mongole,  ne  sont  point  synonymes  avec  cel- 
les de  race  blanche,  race  noire  et  race  jaune  ; 
que  ces  dernières  dénominations,  ainsi  que 
celles  qui  reposent  en  général  sur  la  couleur, 
sont  incomplètes  et  pr.r  conséquent  vicieuses. 
]1  regarde  comme  les  caractères  essentiels 
pour  la  détermination  des  races  humaines 
ceux  tirés  de  l'homme  physique,  de  l'exté- 
rieur, de  la  forme  et  de  la  proportion  des 
différentes  parties  du  corps,  des  traits  du  vi- 
sage, en  un  mot  des  caractères  zoulogiques. 
Il  ne  conteste  pas  l'importance  des  caractères 
tirés  de  l'élude  des  langues,  des  monuments, 
des  traditions,  des  arts  et  des  coutumes.  Ces 
caractères,  appelés  ethnologiques  sont  très- 
importants  sans  doute  pour  constater  la  filia- 
tion, l'origine,  les  rapports  éloignés  des  peu- 
ples entre  eux;  mais  ils  doivent  être  subor- 
donnés aux  caractères  zoo  ogiques.  Enfin,  ii 
se  résume  en  disant  qu'onne  peut, sur  des  hy- 

présenienl  fréquemment  dans  le  sysiène  osseux  des 
têtes  andalouses  ;  on  en  rencontre  également  en 
France  assez  souvent.  Le  crâne  d'un  de  nos  plus  ha- 
biles anatomisies  (Bichat)  portait  une  dépression  as- 
sez prononcée  dans  la  région  gauche  de  la  téie, 
(iVele  de  l'auteur.) 


1075 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES , 


1076 


pothèses  nnysiérieuses  établir  que  l'Aniérifiuc 
«lit  clé  I  eujilée  pm  lesSrandinnves.ei  prouver 
Ainsi  l'unilc  do  l'homme  dins  les  deux  mondes. 
LcspreuvesdiiCtmiraire'eprésiiilentcn  'ouïe. 
Jl  Irarc  ainsi  le  poF  irait  des  ï^ranlinavcs  :  Che- 
veuv  blonds,  yrux  bleus,  tcini  d'une  giNinde 
Minchcur,  j  ommelles  colorées,  visage  '^ale, 
conlornialion  réiiulièrc  du  crâne  des  Caucasi- 
ques.  Cecaraclèrc  dos  Scandinaves  a  sulii  des 
aliéi  illions  par  !<  ffei  du  niélaiijje  des  races. 
3î.  Jaciiuinot  a  reinaruDé  (jne  les  Noirs  qui 
haliiionl  le  liiloral  derAsie.l'inlérienrdosîles 
(Je  la  Malaisie  cl  de  la  Poljncsie  sonl  dilfc- 
renis  de  ce<ix  de  l'Afrique,  que  les  MaUis, 
hommes  au  tcinl  clair,  aux  cheveux  lisses, 
liahilcnt  les  rivages  de  ces  niéme^  con'rées  ; 
quo  <ians  THinilousIan,  sous  le  méine  cliinal 
A  la  fois,  les  Hohi'liis  blonds,  silués  au  sud 
du  Gange,  sont  bornés  par  les  Nci>auliens  à 
la  peau  noire,  par  les  Mabralles  à  la  potiq 
jaune,  et  les  B  nga'is  d  un  brun  foncé  ;  et 
cepeiidai'l  !es  Ruliillas  li;ibilenl  la  plaine,  et 
les  Néiauliens  les  uionlagnes. 

M.  Jacquinoi  alfiimciiue  les  Pécber.is,  les 
Palagons,  b  s  Araucanns  et  les  Bolorudos, 
quoique  éloignés  les  uns  des  aulres,  ofi'rent 
entre  eus  des  analos;  es,  à  c  ■  point  qu'on  croit 
que  tous  les  peupli-s  de  l'Amérique  du  Sud  ap- 
pariiennenl  à  la  même  race. 

Les  peu|  les  ib'  l'Auiérique  du  Nord,  apiès 
nn  examen  préal;ib!e, ont  avec  les  précédenis 
les  plus  grands  r.Tppoilt;,  et  apparlienuenl 
sans  auiiin  donie  à  la  même  ri|i  <■. 

Ainsi  les  deiis  AméiiqufS,  toujours  selou 
M.  Jaiquirol,  ne  sonl  peiip!ées  qu.-  pir  une 
$1  u!e  et  même  race  d'horuuies  doiil  les  diver- 
ses iribus,  rameanx  d'une  même  f.Mnilie,  of- 
fienl  les  rnon-.os  carai  lères  anlliropologic|ues, 
et  n;'  sonl  séparées  que  par  dei  uuaiires  légè- 
res, à  rex(ep  i0!i  di  s  Esquimaux  cl  de  quel- 
ques Iribus  de  la  Californie, 

lnilépendam:nt  ut  (ie  l'analogie  qni  paraît 
exisler  onlto  loiis  les  peuples  des  deux  Amé- 
riques, di's  rapporis  non  moins  frappants, 
une  iiniiliUnie  ion  moins  coinp  èle,  se  uioii- 
trent  entre  eux  <  l  d'autres  peuples  silués  à  de 
grandes <li-lar.ies(ie l'A méiiqu  ,les  insulaires 
do  la  Polynésie.  Il  y  a  entre  eux  la  ressem- 
blance la  plus  exacte,  la  plus  entière  des 
traits  du  visage  et  de  tous  les  caractères  (iby- 
siques.  Celte  resscniblance  existe  surlnul  cn- 
tie  les  Nou»eaux-Zélandais  et  les  Indiens- 
Joways.  —  Les  l'oi  lahs  ,  hommes  à  j  eau 
jaune,  sont  clrangers  à  l'Afrique.  —  Les 
Américains,  par  leur  ensemble,  par  les  ca- 
raclèresgenéraux,  ne  diffèrent  pas  entre  eux. 
—  On  ne  voit  parini  eux  ni  blancs,  ni  noirs, 
ni  cheveux  b  oiids,ni  cheveuxiaineux.  — Les 
Pécherais  sonl  de  giande  taille,  quoique  plus 
maigres  et  plus  misérablrs  que  les  Paiagons, 
ce  qui  s'explique  par  le  peu  d'abondante  de 
nourriture  el  par  li-  peu  de  moyens  de  s'en 
procurer.  —  Les  At^straliens  sonl  noirs,  hi- 
deux, oui  les  cheveux  rudes  et  crépus  et  non 
laineux,  et  n'ont  pas  de  rapports  avec  les 
noiis  d'Afrique.  — L'  s  babilanls  de  la  terre  de 
biéineu  sont  noirs,  à  cheieux  très-fri;és,  of- 
f. anl  de  grandes  analogies  avec  les  noirs 
d'Afrique.  —  La  race  polynésienne,  au  teint 


légèrement  brun,  aux  chnvoux  lissesel  noirs, 
au  visage  presque  ovale, esi  belle.  Ci'lte  race, 
disséminée  sur  desîles  suis  nonibie, occupant 
un  esjace  d'environ  oOO  mvriamèlres  en  la- 
titude, ne  présente  aucune  différence  dans 
ses  formes,  sa  couleur,  en  un  uiol  dans  ses 
carai  lères  z  ologi(|ues- 

Si  l'on  en  cioil  M.  Jacquinot,  les  Indiens- 
.lovvays  offrent  tous  les  caractères  de  la  race 
.■iméricaiue  propiement  dite,  et  une  grande 
analogie  exisle  ci  Ire  eux  cl  les  Polynésiens, 
surtout  les  Nonvcaux-Zélandais.  —  D'après 
tous  les  auteurs, les  Scandinaves  ont  le<  che- 
veux hlonds,  les  youx  bleus,  teint  très-blanc, 
poinmolles  colorées,  visage  ovale,  cr;\ne  cau- 
casiqiie.  I»c  nos  j  'urs,  ces  caractères  sont  un 
peu  altérés.  —  Lis  .lovvays  ofi'rent  des  che- 
veux noirs,  liïSi'S.  rmles  au  toucher;  les  poils 
et  la  barbe  noirs  el  rares  ;  les  yeux  peiits, 
nullemeui  obliques;  paupières  larges  el  flas- 
ques; arcales  scurci'ières  faisa;  t  sail  ie.  Le 
nez  est  long,  bosselé  ou  aquiliii,  mais  élargi 
à  l'exiiéinile;  les  narines  font  saillantes  et 
Irès-ouieries,  ce  <)ui  est  cause  sans  doute  de 
la  linesse  si  remarquable  de  l'odorat  chez  ces 
pi-uples  La  bouciie  est  a^^sez  grande,  la  lèvre 
inférieure  est  large,  et  la  supérieure  irès-ar- 
quée;  les  dents  sont  belles,  blanches  ;  elles 
s'useni  sans  élre  attaquées  par  la  carie.  Les 
pommelles,  larges  el  proémiuenles,  donnent 
au  visa(;e  une  apparonte  anguleuse.  La  mâ- 
choire inférieure  est  forte,  el  le  menton  assez 
S  lill.iiil.  Les  pieds  et  les  mains  sont  remar- 
quablenient  peiits;  la  peau  est  d'une  teinte 
basanée.  Le  cr.îne  est  arrondi,  élargi  au-des- 
sus des  oreilles,  aplati  de  chaque  côté  au 
sommcl  des  pariétaux.  On  y  rem  irque  un 
aplatis  eiiunl  occipital  tiè?-prononré  ,  dû 
sans  aucun  douîc  à  la  eoinume  qu'ont  les 
mères  de  fi\er  leurs  enfants  nouveau-nés 
sur  une  planelio,  afin  de  po  ivoir  les  trans- 
porter plus  l'aciemeni.  Le  front  étroit,  peu 
élevé,  ,1  une  direction  presque  verTuaie.  — 
Les  femmes  présentent  le  mèrue  type  de  race, 
mais  à  un  degré  iuléiieur.  Cette  infériorité 
a  déjà  été  signalée  chez  i  lusicurs  nations 
sauvages. 

Cette  description  peut  s'appliquer,  à  quel- 
ques nn.anoes  près,  aux  diverses  peuplades 
de  l'Amérique  et  aux  Polynésiens. 

L'aifiniié  des  Joways  avec  la  grande  fa- 
mille des  Sioux  el  !,i  plupart  des  tribus  qui 
Si  n  répandues  dans  les  parties  méridionales 
de  la  grande  vallée  du  Mississipi  est  un  fait 
dep.i-  long  emps  reconnu  par  le-  voyageurs. 

Les  Aztèijues,  d'après  M.  de  Hnniboldl,  vin- 
rent au  Mexique  en  1190,  et  refoulèrent  vers 
le  Sud  les  'l'oltèques,  qui  les  avaient  pré- 
cédés, en  54-i,  sur  le  plateau  Anahuqc.  Sur 
plusieurs  pi  ints  des  deux  Amériques  il  existe 
encore  des  mOiiuiniMi.s  qui  paraissent  appar- 
tenir à  la  plus  haute  auliquilé. 

La  côte  (le  L  iiirador,  ou  l'île  de  Terre- 
Neu»e,  s'oppose  à  la  culture  de  li  vigne  par 
sou  cli'ual  rigeureiix.  Ce  n'aurait  doue  pu 
elle  la  terre  de  Vinland,  biquelle,  située  par 
le  41'  degré  de  lalilud. ,  n'anrail  pu  être  que 
vers  i'endroil  oii  e-l  aujourd'hui  Hoslon. 

Il  ne  pfirttî^  aucupei)icivl  probable  %  M.^^p- 


W77 


AU  POINT  DE  VM  DE  LA  jCEOCRAPHIE  UELIGIEUSE. 


1078 


I 


qninDt  que  des  colonies  scnndinavcs  aient 
penplé  J'Amérique,  et  1rs  Jow.iys  ne  lui  nré- 
senleiil  .Tiicune  (les  indicaiions  confirmanl 
te  f;.iil  bislorique.  Il  pense  que  le  lype  des 
noijveaux  venus,  soil  Seaniiinave=,  snjl  >Jon- 
gols,  soit  Ch  noià,  se  fondit  bientôt  dans  ce- 
lui des  habiianls  primitifs,  et  qu'il  ne  resta 
des  traces  éc  leur  passage  que  dars  quel- 
ques mois,  qu!'J()ues  coulumes  que  la  science 
jciroitve  aujourd'hui,  et  qui  d<)iinpnl  lieu  à 
une  foule  ij'liyp'ithè'ies.  Il  reg;ir'le  l'Aniéri- 
qoe  comme  aussi  \ieilk'  que  raniien  niomle, 
sa  popuUiiion  comme  primitive  et  aulorli^ 
lhone,à  cause  de  son  type  propre,  de  sçs  lan- 
gues pc^mi  rcuses ,  qui  oui  enire  elles  une 
grande  aiïinilé,  et  qui  pc  dérivent  d'.7ucunc 
langue  de  l'ancien  monde,  à  cause  de  ses 
anciens  nionun.enls,  et  enfin  des  lypes  de 
figures  humaines  rejircscnlés  sur  les  ruines 
antiques  de  Palejique,  et  si  remarquables 
par  l'aplatissen'.eni  considérable  du  fronl, 
caractète  que  présenicut  encore  de  nos 
jours  une  foule  de  peuplades  des  deux  Amé- 
riques. 

M.  Flourens,  professeur  au  jardin  des 
plantes,  soutient  que  l'analomi'  comparée 
de  la  peau  nous  donne,  par  l'ana'ogie  pro- 
fonde et  partout  inscrite  de  la  structure  de 
Cet  organe,  la  preuve  directe  de  l'origine 
commune  des  races  humaines  et  de  leur 
unité  (iiemièrfi. 

L'homme  est  essentiellement  et  primitive- 
ment un.  La  peau  de  l'homme  blanc  se  com- 
pose de  trois  lames  ou  membranes  distinctes, 
le  derme  et  les  deux  épideroies  ;  et  ce  qui  est 
certi'in,  c'est  qu'entre  le  second  épidcrmc, 
l'épiderme  interne  et  le  derme,  il  n'y  a  ab- 
solument aucune  trace  de  cnuche  pigmen- 
tale,  aucune  trace  de  pigmeiituni.  La  peau 
des  Kabyles,  des  Maures  et  des  Ar.ihcs  est 
couleur  de  bisire  ;  mais  en  général  celle  cou- 
leur est  plus  foncée  dans  l'Arabe  que  dans 
le  Maure,  et  dans  le  Maure  que  dans  le  Ka- 
byle. A  cela  près,  tout  est  semblable.  Il  y  a 
dans  toutes  deux  épidcrmes  «  t  un  derme,  et 
dans  toutes,  enire  le  second  cpiderme  et  le 
derme,  il  y  a  une  coût  lie  de  pipmonlum  et 
une  membrane  |)ignientale.  —  La  peau  du 
mulàlre,  la  peau  (lu  Nègre  offreni  la  même 
siruciure  que  celle  du  Kabyle,  de  lAiabe  et 
du  Maure  :  partout  çleux  épidémies,  partout, 
entre  le  second  épiderme  et  le  demie,  une 
membrane  pigmenlaleet  une  couche  de  pig- 
menlum  (1).  — La  peau  de  l'Ainéricain,  fa 
peau  de  l'tJcéanien,  présenter  la  même  stru- 
cture comntune  à  toutes  les  races  colorées, 
deuî^  épidémies  et  un  derme,  et  entre  le  se- 
cond épidémie  el  le  derme  un  appareil  pig- 
mentai, c'est-à-dire  une  membrane  f.gmeu- 
lalc  et  une  couche  de  pignienlum. 

Que  l'i  n  compare  la  siruciure  de  la  peau 
dans  iQulçs  ces  r-ices  si  prolondénienl  dis- 
tinctes, le  Kabyle,  l'Arabe,  le  Manre  d'un 
côlé,  et  de  l'anirç  l'Américain,  le  Nègre,  et 
l'on  l^•ouvera  qt^e  celle  structure  est  par- 
tout essentiellement  et  fonriament.ilemeiil  la 
mcmc.  —  Le  Kabyle,  l'Arabe,   le  M.iure  ap- 

(1)  Alpiiius,  aiiaiomisie  du  Leydo ,  e«  lï^S,  dans 
»on  ouviage  v'Mtulé  :  De  «e^t  et  causa  coloris  /EiUio- 


parlienncnt  évidemment  à  la  f^ice  Cauca- 
si(|ne;  el  cependant  ils  ont  un  appareil  pig- 
nienlal  tout  semblable  à  celui  de  l'homme 
noir  el  à  celui  de  l'homme  rou'.;e. — L'homme 
blanc  lui-même  a  une  jieau  qui.  dans  cer- 
fanci  ci  constances,  iur  cerlains  poiflls, 
offre  toute  U  structure  de  la  pcju  des  races 
colorées. 

M-  Serre,  professeur  au  jardin  des  plantes, 
auteur  d'un  onvratre  sur  l'/inatomie  compa- 
rée, avoue  l'imperl'cclion  de  l'anthropologie. 
Il  reconnaît  que  les  hypoihèses  et  ks  sysiè- 
nies  ont  pris  la  place  des  f.iits,  parce  que 
l'examen  direct  et  comparatif  des  obj  Is  dfi 
leurs  éludes  a  manqué  aux  anthropologues. 
li  avoue  que  la  rac  •  Noire,  si  anciennement 
connue  et  une  des  races  primitives,  a  été 
élrau^eniem  défigurée  par  les  vues  sysléma- 
tiques  des  philosophes  eldes  ai.thropologues. 
Au|rès  des  uns  et  des  autres,  le  Nègre  est 
quelque  chose  de  plus  qu'un  singe,  mais 
il  est  considéré  comme  quelque  chose  de 
moins  qu'un  homme.  Depuis  Plalon,  de- 
puis Galien,  que  d'hypolhèses  sur  l'homme  et 
sur  la  nature  humaine  !  Depuis  Linné,  Buf- 
lou  cl  Ziinmerniann  ,  que  d'opinions  sur  la 
dispersion  de  riiomnie  sur  la  surface  du 
globe,  sur  la  circonscription  des  races  et 
leur  délimitation,  sur  le  parallèle  des  zones, 
des  variéiés  humiiines  avec  les  zones  anima- 
les el  végétales,  et  enfin  sur  l'action  que  les 
inliuences  locales  ont  pu  exercer  sur  le  dé- 
Vi  loppciiienl  du  [iliysuiue  et  du  moral  do 
l'espèce  humaine  !  Poi:r  apprécier  à  leur 
juste  v.ileiir  les  matériaux  que  la  science 
possède,  il  laui  au  pré.ilable  que  les  carac- 
tères humains  soient  délerminés  avec  pré- 
cision. 

Suivant  ce  savant  prof-fscur,  l'anthropo- 
logie s'est  enrichie  des  faits  qui  doivent  lui 
servir  de  base.  A  ces  laits  sont  venues  se 
joindre  des  recherches  d'une  aulre  nature  , 
relatives  à  la  filiation  des  races  humaines,  à 
leur  dispersion  suc  la  surface  du  globe,  à 
leur  mélange  enire  elles,  ainsi  qu'aux  com- 
biiuiisons  physiques  et  morales  qui  en  ont 
élé  le  résultai.  Mais  qu'-lque  nombreuses 
(]Ue  soientces  observations  el  ces  recherches, 
et  bien  que  les  nations  qui  peuplent  la  surface 
du  globe  soient  à  peu  (irès  loules  connues  , 
il  s'en  laul  de  beaucoup  que  l'anlhropologie 
ail  pu  suivre  les  progrès  des  autres  parties 
de  la  zoologie.  Celte  imperfection  reconnue 
de  lout  le  monde  tient  à  des  causes  qui  arrê- 
lent  à  chaque  pas  l'observaieur,  el  le  détour- 
nent de  sa  route  en  l'empêchant  d'attaquer 
de  front  les  obstacles  qu'il  rencontre.  P.irrai 
ces  causes,  la  plus  puissante  lient  à  la  diffi- 
cullé  même  de  se  procurer  les  éléments  de 
l'observation,  el  à  l'absence  d'un  musée  an- 
thrupologiiiue,  qui  est  le  résultat  de  celle 
dillicullé. 

Privés  des  moyens  de  rapprocher  les  faits, 
lie  les  comparer  entre  eux  pour  en  saisir  les 
rapports,  les  anthropologues  n'ont  pu  appré- 
cier avec  exactitude,  ni  leurs  différences,  ni 
leurs  analogies,  pour  en  déduire  quelque 
pum,  pense  d^:;  iiiénie  sur  le  siège  Je  coloraUoa  <le  la 
peau  dei»  noirs.  (A'oie  de  l'autoKl. 


lo-y 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES 


1080 


règle  générale,  ou  quelcjue  principe  fixe,  qui 
pût  donner  à  celle  branche  de  nos  études  le 
caraclère  scientifique. 

Ce  caraclère  manquant  à  l'anthropologie, 
la  partie  spéculative  a  pris  le  dessus  sur  la 
partie  positive,  et  de  là  sont  sorties  ces  opi- 
nions si  nombreuses  et  si  coiitrndictoires,  sur 
l'unité  ou  la  pluralité  des  types  auxquels 
peuvent  être  ramenées  les  variétés  du  genre 
humain  :  question  capitale  ,  à  laquelle  tou- 
tes les  autres  se  rattachent  ci  dont  le  vague 
atiestc  àluiseulle  peu  d'avancement  aut|uel 
nous  sommes  parvenus.  Si  en  effet  ces  types 
sont  très-nombreux  pour  les  uns,  il  est  uni- 
que pour  les  autres  ;  et  ces  deux  résultais 
qui  impliquent  contradiction  sont  justifiés 
l'un  et  l'autre  par  la  subordination  de  l'nn- 
Ihropologie  à  la  zooloijie. 

Dans  la  zoologie,  dit  M.  Serres,  l'espèce 
est  déierminée  par  l'existence  de  certains  ca- 
ractères dilTérentiels  qui  se  transmettent  par 
voie  de  génération.  Or,  celle  fonction  étant 
limitée  pour  les  animaux  ,  circonscrite  le 
p^Ui  Ëouvciit  entre  les  individus  de  la  même 
«'spèce,  il  en  résulte  que  rien  ne  vient  trou- 
bler chez  eux  la  c(inser\alion  et  la  trans- 
mission lies  types.  Si  le  genre  humain  eût 
été  renfermé  pour  la  génération  dans  le 
cercle  étroit  de  l'animalité,  nul  doute  que 
ses  résultats  n'cussenl  été  analogues  ;  mais 
il  n'en  est  pas  ainsi  :  les  caractères  des 
races  humaines  se  transmettent  bien  hé- 
réditairement comme  chez  les  animau\  , 
mais  de  plus  leur  promiscuité  étant  fé- 
conde, il  en  résulte  que  si  l'on  n'a  égard 
qu'à  la  génération  ,  l'espèce  humaine  est 
unique,  tandis  que  si  l'on  considère  la  trans- 
mission héréditaire  des  caractères,  la  plu- 
ralité des  espèces  ne  saurait  être  contestée. 
Pour  ne  point  s'égarer  dans  les  recher- 
ches si  intéressantes  de  la  dissémin.ition  des 
races  et  des  produits  de  leur  croisement 
sur  la  surface  du  globe,  il  faut  comhiner 
sans  cesse  l'étude  des  caractères  physiques 
et  moraux  des  peuples  et  des  nalions,  en 
ayant  égard  an  degré  de  perfeclionneaient 
des  types  qui  se  sont  croisés. 

Comme  les  peuple;  portent  sur  leur  phy- 
sionomie les  véritables  éléments  de  leur  pro- 
pre histoire  naturelle,  ce  sont  ces  éléments 
qu'il  faut  nous  attacher  à  déchiffrer,  en 
mettant  à  profit  les  progrès  récents  de  la 
zoologie,  ceux  de  l'anatomie  et  de  la  phy- 
siologie. 

M.  Serres  expose  qiie  la  race  Noire  compte 
lie  nombreuses  variétés  plus  tranchées  que 
dans  les  autres  races;  que  dans  la  nature, 
les  passages  d'une  variété  ne  sont  indiqués 
«jue  p;ir  des  modifications  dans  les  caractè- 
res fondamentaux. 

Les  Américains,  tant  par  l'imperfection 
de  leur  civilisation  que  par  le  peu  de  mé- 
lange qu'ils  ont  eu  entre  eux,  ont  conservé 
les  qualités  primitives  de  l'espèce  humaine. 
Ces  qualités  physiques  et  morales  compa- 
rées à  celles  des  hommes  de  l'ancien  conti- 
nent, en  établissant  la  supériorité  incon- 
testable de  ces  derniers,  montrent  les  effets 
de  la  civilisation.  Mais  quoique  peu  modi- 


fiée, la  race  américaine  n'est  cependant  pas 
identique  dans  tous  ses  membres.  Cet  air 
de  famille  que  l'on  remarque  parmi  les  peu- 
ples qui  la  composent,  cette  conformité  de 
coloration,  cette  analogie  de  langage  que 
les  linguistes  modernes  (Wiseman,  Alexan- 
dre et  Guillaume  de  Humboldt)  ont  reconnue 
dans  les  idiomis  divers  des  Américains  , 
tout  cela  prouve  bien,  sans  doute,  une  com- 
munauté d'origine,  mais  tout  cela  même  est 
loin  d'établir  une  simililude  complète.  Sur 
celle  base  commune,  des  diversités  se  sont 
établies,  et  de  ces  diversités  sont  sorties  les 
variétés  de  la  race  américaine,  compara- 
bles, sous  certains  rapports,  aux  variétés 
de  la  race  Caucasique.  A  la  vérité,  entre 
ces  divisions  de  la  race  américaine,  les  pas- 
sages de  l'une  à  l'autre  sont  souvent  diffi- 
ciles à  saisir,  et  de  là  nail  la  difficulté  d'en 
formuler  nettement  les  variétés. 

Cette  difficullé  de  classification  pour  la 
race  humaine  de  l'Amérique  n'est  pas  par- 
ticulière à  l'anthropologie,  elle  se  retrouve 
au  même  degré  dans  la  manimalogie ,  et 
surtout  dans  les  mammifères  du  Sud,  comme 
l'atteste  M.  Isidore  Geoffroy  Saint -Hilaire 
qui,  dans  sa  Zoologie  générale,  déclare  im- 
possible la  classification  des  mammifères 
américains. 

La  femme,  dans  les  races  humaines,  est 
conservatrice  du  type  de  la  race.  L'abaisse- 
ment de  la  race  américaine  a  sa  source  en 
partie  dans  le  délaissement  de  la  femme, 
comme  le  respect  de  la  femme,  porté  à  un  si 
haut  degré  chez  les  Scandinaves  et  les  Gau- 
lois, est  une  des  causes  île  l'influence  qu'ont 
exercée  ces  peuples  sur  les  destinées  de  l'hu- 
manité. M.  Serres  pense  qu'en  anthropo- 
logie les  rapports  de  l'homme  avec  la  fem- 
me doivent  être  étudiés  avec  soin. —  Iles- 
lime  que  pour  se  rendre  compte  de  l'état 
présent  de  l'humanité  sur  le  globe,  l'anthro- 
pologie doit  suivre  la  filiation  des  races.  Dans 
les  Indiens-Joways,  que  M.  Jacquinot  rap- 
proche des  Nouveaux-Zélandais,  M.  Serres 
a  trouvé  les  caractères  anthropologiques  des 
Scandinaves,  et  dans  les  femmes  quelques 
tralis  de  la  race  Mongole  qu'il  avait  déjà 
trouvés  chez  les  Botocudos,  caractères  re- 
connus par  MM.  Spi\  et  Marlins  dans  quel- 
ques tribus  brésiliennes;  par  AI.  de  Hum- 
boldt chez  des  peuplades  de  l'Orénoque  et 
par  M.  le  prince  Maximilicn  de  Wicd  chez 
les  Purys. 

Son  opinion  sur  la  ressemblance  des  in- 
diens-Joways  avec  les  hommes  du  Nord  est 
partagée  parMM.de  Humboldt  et  Alexandre 
Brongniart  et  par  M.  Duvernoy.  Celle  opi- 
nion s'appuie  sur  une  migration  des  Scandi- 
naves dont  nous  devons  la  connaissance  à 
M. Jean  Reynaud. 

«  11  paraît  certain, dit  ce  philosophe,  non- 
seulement  par  les  chroniques  des  ^candina- 
ves,  mais  par  le  témoignage  d'Adam  de  Brè- 
me, qui  a  si  bien  connu  tout  le  Nord  de  son 
temps,  que  ces  peuples  possédaient,  au  delà 
des  mers,  une  colonie  fondée  par  des  Groën- 
landais,  et  dans  laquelle  croissait  la  vigne 
ce  végétal  si  cher  aux   habitants    du   Nord 


1081 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


1082 


cel  établissement  en  avait  mdme  reçu  le  nom 
(le  Vinland,  terre  du  vin.  Sa  principale  ri- 
chesse venait  du  commerce  des  pellcleries, 
qu'ils  fuisiiient  avec  les  nalurcls  du  pays. 
Comme  on  y  arrivait  en  naviguant  au  sud,  à 
partir  du  Groenland,  ilest  inconleslable  qu'il 
devait  se  Irouvcr  soit  dans  l'île  de  Terre- 
Neuve,  soit  sur  la  côte  du  Labrador.  » 

Si  l'on  rapproche  l'époque  de  celle  migra- 
tion, qui  a  dii  se  fiiire  vers  la  fin  du  \'  siè- 
cle, de  l'histoire  des  anciens  et  des  nou- 
veaux Péruviens, que  nousdevonsàHerrera; 
si  l'on  consi  1ère  que  les  Mexicains  étaient 
une  race  élrangère,  qui  montrait  le  Nord 
auv  Espagnols  pour  leur  enseigner  son 
origine;  si  l'on  ajoute  que  la  prise  <le  pos- 
session de  cette  race  datait  du  xi'  siècle  , 
la  colonie  de  Vinland  pourrait  bien  rat- 
tacher le  continent  américain  à  l'ancien. 

Quant  .lu  rapprochement  supposé  par 
M.  Jacquinot,  entre  les  Polynésiens  et  les 
Américains,  dit  M. Serres,  M.  Bory  Saint- 
Vincent  fait  peupler  le  versant  occidental 
des  Andes  par  des  Océaniens  qu'il  appelle 
race  ncptunienne,  supposition  que  rejette 
M.  Gust.ive  d'Ëiciitals. 

Les  Indicns-Joways,  par  le  respect  de  la 
fenune,  se  rapprochent  encore  des  Scandina- 
ves, etia  lerreur  qu'inspire  leurcride  combat 
rappelle  celle  dont  furent  saisis  les  soldats  de 
Marins,  lors  du  débordement  de  la  Scandina- 
vie dans  les  provinces  romaines. 

Les  Botocudos  portent  l'empreinte  pro- 
fonde de  la  I  ace  Àlongole.  Chez  les  Joways 
il  n'y  a  que  les  femmus  qui  la  possèdent, 
elle  est  complètement  effacée  chez  les  hom- 
mes. 

On  a  reconnu  chez  les  Américains  du  Nord 
les  principaux  caractères  des  Scandinaves. 
Comment  le  type  américain  revêl-il  le  type 
caucasique?  Esi-ce  un  elTct  du  croisement 
des  deux  races?  C'est  un  problème. 

M.  Gustave  d'Eichlals  ,  auteur  A'Eludes 
sur  ritiatuire  primitive  des  races  océanien- 
7ifs  et  aHie/îcaùies ,  établit  une  civilisation 
primitive  dans  la  Polynésie  orientale,  puis 
la  répand  de  ce  point  vers  louest,  à  travers 
rOcéaiiie  juscjue  dans  l'Afrique,  et  à  l'est 
jusqu'en  Amérique. 

Les  migrai  lions  polynésiennes  s'étaient 
étendues  à  l'ouest  jusqu'à  l'île  de  Madagas  - 
car.  Les  Foulahs,  suivant  lui,  se  rattachent 
au  rameau  polynésien  d'une  manière  plus 
ou  moins  directe. Il  a  suivi  les  traces  de  l'in- 
fluence polynésienne  jusque  chez  les  Copies, 
les  Mandingues  et  diverses  autres  popula- 
tions africaines.  H  croit  à  une  ancienne 
communication  entre  la  Polynésie  et  l'Amé- 
rique, et  en  dehors  même  de  cette  communi- 
cation il  croit  à  l'existence  de  rapports  en- 
tre l'Afrique  et  diverses  races  aujourd'hui 
américaines. 

M.  le  docteur  Guyon  s'exprime  ainsi  sur 
l'anthropologie  du  nord  de  l'Algérie. 

(1)  Les  Cagois  des  Pyrénées  ont  une  conformation 
de  l'oreille  i|ue  l'auleur  considère  comme  un  carac- 
lère  disiinciif  de  race.  Ce  caruciére  coM^isIe  dans  un 
arrondissement  de  l'oreille  résultant  de  l'absence  de 
lobule.  Ce  sont  les  desceudanis  des  Goilis  dans  les 


Arabe.  Corps  sec,  élancé;  cou  long;  taille 
au-dessus  de  la  moyenne;  yeux  noirs;  che- 
veux de  même  couleur,  tendant  à  se  boucler; 
peau  un  peu  basanée;  face  oblongue,  dépri- 
mée latéralement;  crâne  ovoïde  d'avant  en 
arrière;  front  étroit,  oblique;  nez  long,  ar- 
qué, sec  ;  dents  Ioniques,  très-bellos.  —  Les 
os  du  crâne  sont  lemarquablcs  par  Imir  peu 
d'épaisseur.  Hérodoie  signale  un  'caractère 
seuibl.ible  chez  les  Perses.  Cette  conformité 
organique  conduira  peut-être  plus  lard,  avec 
l'aide  d'autres  éléments,  à  établir  entre  les 
deux  peuples  une  communauté  d'oriu'ine. 
Tous  deux,  du  reste,  habiient  des  contrées 
limitrophes,  et  cette  seule  circonstance  suf- 
firait déjà  pour  faire  soupçonner  qu'ils  ne 
sont  que  deux  branches  d'un  même  tronc. 

On  suit  que  rétablissement  des  Arabes  en 
Afri(|ue  commença  à  s'opérer  dès  l'origine 
même  de  l'islamisme.  Ce  grand  événement 
était  accompli  dans  les  premières  années  du 
viii'  siècle,  époque  à  laquelle  l'Arabe  passa 
de  l'Alrique  en  Espagne,  en  s'aidant,  pour 
celle  nouvelle  conquête,  des  deux  peuples 
qu'il  avait  trouvés  dans  la  première  de  ces 
contrées,  le  Maure  et  le  Berbère.  Ce  dernier 
nom,  comme  on  sait,  est  celui  du  Kabyle 
dans  les  montagnes  du  Maioc. 

Kabi/le.  Corps  trapu,  musclé;  cou  court; 
taille  peu  élevée;  yeux  et  cheveux  noirs, 
parfois  bruns,  avec  cheveux  châtains:  peau 
d'une  teinte  moins  foncée  que  celle  de 
l'Arabe;  face  ovali;, pleine  ;  crâne  globuleux, 
conique  en  arrière;  front  moins  étroit  et 
moins  obli()ue  que  celui  de  l'Arabe  ;  nez 
moyen,  épais;  dents  moins  longues  et  moins 
belles  que  chez  l'Arabe.  —  Le  Kabyle  habile 
les  montagnes ,  et  son  organisation  ,  comme 
celle  de  lous  les  peuples  montagnards,  se 
modifie  selon  les  localités.  Ainsi  ,  dans  les 
vallées,  il  est  sujet  au  goitre,  et,  par  suite, 
au  crétinisme;  et  ce  n'est  pas  là  qu'il  fau- 
drait aller  chercher  le  type  de  la  race.  Déjà, 
dans  une  autre  circonsianca,  nous  avons  fait 
une  remarque  semblable  à  l'égard  des  Guths, 
qui ,  sous  le  nom  de  Cagots  (1) ,  habitent  au- 
jourd'hui nos  Pyrénées. Généralement, ta  race 
kabyle  est  belle;  c'est  elle  qui  prédomine 
dans  une  race  que  nous  désignons,  à  son 
insu,  sous  le  nom  de  Maure,  et  qui  ne  rap- 
pelle du. Maure  d'autrefois  queleslieuxoùelle 
lui  a  succédé.  Le  Maure  d'aujourd'hui  est  un 
produit  de  croisements  multipliés  :  son  or- 
ganisation est  des  plus  belles,  et  nous  nous 
en  occuperons  ailleurs.  C'est  lui,  comme  on 
le  sait,  qui  constitue  en  très-grande  partie  la 
population  de  la  plupart  des  villes  du  nord 
de  l'Afrique. 

Le  Kabyle  est,  comme  l'Arabe,  étranger  à 
l'Afrique:  mais  il  lui  est,  dans  ce  pays,  de 
beaucoup  antérieur.  Son  origine  parait  phé- 
nicienne :  aussi  je  vois  en  lui  l'ancieu  Numi- 
de, lequel  n'est  pas,  selon  moi,  le  Maure 
d'autrefois,  celui  des  Grecs  et  des  Romains. 

Pyrénées;  ils  appartiennent  à  une  race  de  taille  éle- 
vée et  pirfaitenient  conformée.  Le  goitre  et  le  créti- 
nisme, dont  un  grand. nombre  de  Cagots  sont  enta- 
chés, ne  lieivient  qu'à  la  nature  des  localités  habitées 
par  ces  derniers.  (Note  de  l'auteur.) 


mS                             E;SS4I  sur  les  TPAVAUJC  DJlS  ANTPPQPOLPGIJES,  1084 

Celni-ci  me  paraît  avoir  éic  le  peuple  abori-  Ir.ation  ïospeclive  dos  Irous  audiliTs  est  ab- 

gène,  sinrii  de  loul  le  nord  dp  l'Afriqup,  du  soiuin''nl  la  môme  quo  d.'sns  les  léles  des  in- 

moins  d''S  contrées  où  il  cxislail  encore  i!u  dividus  de  tous  les  uiilies  peuples, 

temps  de  SnMusIe.  C'est  Cl- que  je  me  propose  Indépi'ndaminenl  de  celle  élévaiion  de  la 

d'établir  ailleurs,  sur  des   données   qui    me  voûle  du  crâne  et  de  sa  tonne  presque  sphé- 

pnraissent  devoir  porter  la  conyicliou  dans  riiiuo,  la  surface  des  inàrlioin-s  a  une  grande 

tous  les  e>prils.  étendue  e!   se  trouve  diiis  une  ligne  droite 

Mnzttbilç.   Co-ps    plus    ramassé    et    plus  ou  ,  erpondiculaire;  les  oib  les,  plus  évasés 

cbarnu  que  celi  i  de  i'A.abe;  taille  moyenne;  qu'on  ne  l'oStserve  en  général  sur  les  crânes 

yeux   nors;   cheveux   idem,  bouclé";;   pi-.iq  des  Eniopéens,  sont  un  peu  moins  inclinés 

olivâtre;  face  pvalf,  npdus   aiig;.liuse   que  eajirrière;  les  iireades  alvéolaires  sont  peu 

celle  (le  l'Arabe;  cràin'  ovoïde  (lavant   en  pro^'oneées,  garnies  de  dents  irès-hianclies 

arrière,  déprl'Mé  lalcrairmpr,!,  coinii.e   cbez  et  régnlièrej  ;  les  dents  rani;i' s  surtout  sont 

l'Arabe  ;    étendue    verlica'e    remarjiiable  ;  peu   SJiilianles,  ce   qui    cnnfintie   1  asserli   n 

front  étroit,  moins  obi'que  qu;-  ciicz  ce  der-  émise  par  les  voyageurs  qui  oui  été  à  même 

nii'r;  lie?  a'^sez  grand ,  ch.irnu  .  parfois  ter-  d'observer    le   régiir.e  des  Ar/ibcs,    poiiam 

miné  en  pointe;  dénis  assez  longues,  lu  Iles,  que  ce  pcnp!e  mange  peu  et  rarpineni  de  la 

Le  Mozabile  vjetii  de    'Orient,  comme  l'A-  nande.  Les   os  de  la   léte   des  individus  de 

ralic  et  le  K.ibyle,  piais  l'éimque  de  son  pas-  celle   nation   sont  plus  minces  que  ehcz  les 

sage   en   Afrique   est  inconnue.  I  our  qie'-  autres  peuples.  Cetie  perl'ecLibiliié  des  o-;  de 

ques-qn?,  réinigration    des    Mozahiles    sur  la  tête  s'ooserve  éialen^enl  dans  les  auireç 

r.U'rique   p.e  reuionte  qu'à  une  époque  peu  par'.ics  du   squelette.  Les   os   des  membres 

éloignée.  Sont  plus  denses,  d'un  tissu  plus  lompMcie, 

Le   baron  Larrcy   djstingue   les    Arjibes  ,  sans  cesser  d'être  élastique.  Les  circonvolu- 

1'  en  Aral)es  orienl,iux,  venant  des  bords  de  lions  du  cerveau,  doiil  l,i  masse  est  propor- 

la    mer  Ronge  ou   de   l'Arabie   proprement  îionnce  à    la   c  'pacilé   eu  crâne,  sont  plus 

dite  ;  2*  eri  Arabes  occidentaux,  ou  .Africains  multipliées,  les  sillons  qui  les  séparent  plus 

oriuinn  ros   de  la   Alaurjia'iie   ou   des    côtes  profonds,  et  les   substances  qui  forment  cet 

d'Afrique  ;  3°  en  Arabes  liéilouins  ou  scénilcs,  organe    p  us  fermes  que  chez  les  autres  ra- 

erranls  sur  les  bsières  des  déserts.  ces.   Le    système    nerveux   qui    pari    de    la 

Les  individus  de  la  première  classe,  quj  se  moelle  allongée  et  de  la  mo.^lle  épinièrc  nous 
sont  répandus  et  perpétués  dans  la  cl.rsse  a  paru  cire  composé  de  nerfs  plus  denses 
des  fellahs  (laboureu:s  et  arlisans  de  loule  que  cbez  les  p<'Uile>  européens  en  général. 
l'Egypie  et  des  contrées  fertiirs  de  l'Afrique,  Le  cœur  et  le  système  vasculaire  artériel 
sont  d'une  laille  un  peu  au-dessus  (!e  la  présentent  une  régularité  cl  un  développe- 
moyenne;  il<  scnl  robustes  tt  bien  faits:  leur  ment  panails.  Les  s^ns  des  .\rahes  snnl  ex- 
peau est  hâlée  ou  brune  et  élasiiiiue;  ils  ont  quis  et  d'une  perleclibliié  remarquable;  la 
le  visage  ovale,  de  couleur  cuivrée;  !eur  vue,  jhez  eux,  s'étend  fort  loin;  ils  enlen- 
front  esi  large,  élevé;  le  sourcil  noir,  delà-  dent  à  île  grandes  (iislances.  Le  sys.ème 
ché;  l'oeil,  de  inêuic  couleur,  \if  el  enfoncé;  musculaire  ou  locomoteur  est  fortemeiit  pro- 
ie nez  est  droit,  de  moyeune  grandeur;  la  nonce  et  se  dessine-  sensiblement  sous  la 
bouche  bien  taillée;  les  dents  sont  bien  peau;  ses  libres  sont  d'un  rouge  loncé,  fer- 
planlées,  belles  cl  blanches  comiiic  l'ivoire  ;  mes  el  Irès-éiasliques,  ce  qui  explique  la 
l'oreille,  d'une  beile  forme  et  d'une  grandeur  force  et  l'agilité  de  ce  peuple.  On  ne  trouve 
normale  (1).  pas  celle  perlertibilité  physique  cbez  les  na- 

La  deuxième  classe  ne  diffère  point  essen-  lions  mélangées  d'une  partie   de   l'Asie,  de 

liellenirnl,  j  our  ses  formes  physiques,  de  la  rAmérique  el  de  l'Europe  septentrionale, 

première,  et  il  y  a  une  parfaite  analogie  de  Les  Espagnols,  les  Basques,  les  Catalans 

caractère  entre   les   individus  de  cej  deux  et  les  Corses  ont  une  grande  analogie  dans 

races.  les  qualités   physiques   el  inslinclives    afec 

La  troisième  classe,  les  Arabes  bédouins,  les  Arabes. 
ou  Arabes  bergers,  sont  généralement  divi-  AL  d'Orbigny,  qui  pendant  plusieurs  an- 
ses par  trjbus.  Leurs  ysux  sont  plus  étince-  nées  a  parcouru  l'Amérique,  range  dans  sa 
lanls,  les  traits  de  leur  visage  généralement  race  Ando  -  Péruvienne  la  variété  améri- 
moins  prononcés;  leur  taille  est  moins  éle-  caine  Toilèque,  remarquable  par  le  groupe-: 
vée  que  chez  les  Arabes  civilisés;  ils  sont  ment  de  siîs  membres  et  une  civilisation  déjà 
aussi  plus  agiles,  et,  quoi(|ue  maigres,  ils  assez  avancée.  Des  autres  nations  errantes 
sont  très-robustes;  ils  oniresprit  vif,  le  ca-  ou  incivilisées  de  I  Améri(|ue  ,  il  en  fait 
ractère  fier  el  indépendant  ;  ils  sonl  métlaiils,  deux  races.  —  La  comparaison  des  crânes 
dissimulés,  errants,  mais  braves  el  intrépi-  tend  à  prouur  que  la  forme  de  la  Icle 
des;  l'hospitalité  psi  sacrée  çliez  eus;  ils  des  Américains  n'offre  pas  des  caractères 
sont  d'une  profonde  et  rare  intelligence.  aussi  certains,  aussi  iranchés  qu'on  l'avait 

Le  crâne  des  Arabes  a  une  forme  presque  pensé.  Les  caractères  des  traits,  de  la  phy- 

sphériquu,  fl  on  remarque  une  grande  élé-  sionomie,    paraisseit   au    contraire    devoir 

vallon  de  la  voiile  de  la  boîte  osseuse.  La  si-  servir  de  base  à  la  classiGcalion  de  l'homuie 

(I)  Larrey  dit  que  Ig  pavillon  de  l'oreille  peui  seulement  chez  los  différeiiis  peuples,  mais   aussji 

varier  à  l'inlini  par  sa  forme  el  sa  grandeur,  non-  chez  les  individus  de  chaque  espèce. 

(iVûie  ^e  Çauteur.} 


AU  POINT  PE  VUE  nE  l\  gEOGR/VPHIE;  RELIGIEUSE. 


108o 

anncricain;  en  voici  un  exemple  :  le  nez, 
\  long;,  siiiHanl ,  foriemcnl  ;inuilin  et  re- 
courbé à  son  cxlréiiiilo  chez  le;  l'éruviens, 
est  CDurI,  lég'  remi  ni  épalé  (liez  les  Arau- 
Ciinos  les  Moxiis,  les  Cliiqulos;  liès-C'Url, 
lrè>-cp;ilc,  IrJs-large  rhcz  les  PatagOMS  ; 
coun,  éiroil  chez  les  Gn;iriuus. 

Dans  une  position  jîéogra(ihii|"e  donnée, 
dit  M.  Durcau  de  la  Malle,  la  ii;iUire  du  sol 
et  sa  forme,  qui  résultent  de  causes  Uiulcs 
géog  'osiiques  ,  cliiblissent  les  prin  ipaies 
qui'>  lions  de  l'es  isl  en  ce  îles  [icnples,  de  leurs 
Diœnr<,de  leurs  li.ib  (ui'es  el  du  rA!c  qu'une 
ronirée  a  joué  sur  la  scène  du  monde.  Co 
n'est  pas  seiilcnienl  un  climat  à  pi'u  près 
nniforine  (]ui  f;iil  de  l'Hindoiislan  supérieiT, 
de  la  l'erse,  de  !  Asie  Mineure,  de  l.i  Syrie, 
de  la  Grèce,  de  Tllalie,  du  niidi  de  l'Allema- 
gne cl  de  la  I''r;mri',  de  louie  la  péninsule 
Ibériiiue  une  léjion  [)lijsiq;ie  dislincle  ; 
t'esi  encore  l'unifiinnilé  de  leur  consliluliun 
géo{;noslique  reconi.ue  aujourd'hui  depuis 
Lisbonne  jusqu'au  Liban,  el  nicme  depuis 
les  penles  orii-nl.iles  de  l'Inimniis  jusiju'aux 
points  où  les  chaînes  des  l'y  i  énées,  des  mon- 
îagiies  c  pagnoles  et  poitugaises,  vonl  se 
perdre  dans  l'Allanlique.  Les  peuples  de 
ces  diverses  conlrées  pouvaicnl,  dans  leurs 
migrations  «i  traveis  celle  large  bande,  re- 
trouver, avec  le  Diénie  ciel,  les  mômeri  <;ua- 
lilés  du  s(d,  les  mè.'ies  formes,  les  méoics 
a^fiCf  Is,  les  mêmes  pcoduclons  et  tout -s  les 
circonstances  physiques  qui  exercent  une  si 
puissante  influence  sur  les  peuples  dans  l'en- 
fance de  ia  ci\  ilisalion. 

T'>qi  change  it,  au  conlraire,  de  nature 
el  d'aspecl,  si  l'on  se  dirigeait  ou  vers  le 
nord,  ou  vers  le  midi.  La,  deux  léL'ions 
géogno-liques  d'ime  immense  étendue  ou- 
vraicnl  encore,  de  l'orient  ;i  l'occidenl,  di'UX 
nouvellis  voies  aux  mouvcmenls  des  peu- 
ples, l'une  en  suiianl  Ips  plaines  sablon- 
neuses de  l'Arabie  el  de  1  Afrique,  l'autre  à 
travers  les  i;:'oienses  steppes  des  terrains 
teriia'rcs  du  nord  de  l'Asie  el  de  lEurope. 

Les  antiques  niigcalions  des  peuples,  de- 
puis longléiîips  eliacces  des  pa-.'cs  de  l'his- 
loire,  sont  liacées  en  caractères  indélébiles 
dans  la  consliUilion  géologique  du  globe, 
dans  les  éléments  de  noire  langage,  dans  le 
type  cl  dans  leg  formes  de  nos  animaux  do- 
mestiques. Ce  graïul  événemenl  de  l'histoire 
primitive,  aucun  monument  écrit  ne  l'al- 
lesle,  et  cependant  nul  fait  historique  n'est 
mieux  pr -uvé.  En  moins  de  cinquante  ans, 
les  reciurclies  patient'  s  des  philologues  oui 
établi  sur  des  témoignages  irrécusal.les  l'a- 
nalogie el  la  niialiuii  des  idiomes  indo-per- 
sans avec  les  langue.-  ancien-ies  et  moder- 
nes de  l'Kujope. 

Une  élude  longue  et  co.nsciencieuse  de 
l'histoire  ancienne  des  animaux  m'a  dé/non- 
Iré  que  la  plus  gr;inde  j  ar'ie  de  nos  espèces 
domestiques  est  originaire  de  l'Asie.  Ainsi 
l'his'oire  naturelle, 'quoique  procédi- I  par 
d'autres  mojens  que  la  philologie,  conlirme 
cp  (ail  re(n;;ji)u;ibre  :  c  est  que  anléricuie- 
ajpnl  aux  lejni)s  historiques,  il  est  venu 
dans  noire  Occident  une  grande  immigration 


1006 

des  peuples  orientaux  qui,  s'avançant  de 
l'est  à  l'ouest,  ,i  Iravcrs  une  vaste  zone,  dont 
le  climat,  dont  la  lonstituiion  géognoslique, 
doni  les  qualités  du  sol  el  les  produc'ions 
étaient  semblables,  nous  ont  appo'-lé  les 
élémenls  de  leur  lingnge,  leur  civilisation 
adulte  el  lis  animaux  qui  en  marquent  l'ori- 
gine et  les  progrès. 

Les  recherches  entreprises  sur  l'histoire 
ancienne  de  nos  oiseaux  iloineyliques ,  de 
nos  ceiéales  et  de  ni's  phiiiies  U'-uclles,  n'ont 
fait  jusqu'ici  que  conGiuiec  ce  résultai. 

Mainlenanl  l'histoire  positive  v  enl  à  l'ap- 
pui de  ccUi"  assertion.  L'empire  i  ernan  naît 
avec  Cyrus  et  ginndit  sons  ses  sncce>scurs. 
La  configuration  du  terrain,  le  cli.^ial  el  les 
proilutiions  ont  posé  d'avance  1  s  jalons  lie 
la  marche  elilu  terme  de  '^es  conquides.  De 
l'Imniaus  au  Cauc;ise,  du  Caucase  au  Taurus 
fl  <".u  Liban,  tout  se  soumet  s;|ns  résistance, 
tout  s'amalgame  en  peu  d'années.  (2'est  que 
les  lois  invariables  de  la  nature  el  du  climat 
avaient  doué  ces  \astes  régions  du  même 
Ciel,  du  même  si:l,  des  mêmes  proilU'Hions  ; 
c'est  que  les  con.-équences  nécessaires  de 
ces  lois  iuimuables  avaient  créé,  chez  les  ha- 
bitants de  ceUt!  zone,  l'iilcntilé  de  iargige, 
ridcntilé  de  culture  ,  enfin  l'analogie  de 
mn-urs,  d'h.ibiiudcs  et  d'usages  qui  déiivent 
inc\  ilablement  de  ces  coudiiiuns  ualureiles 
et  so  iales. 

Alexandre  paraît  en  un  moment  dans  tout 
l'univers,  c'esl-à-diie  dans  cette  va^le  zone 
analogue  à  ia  Grèce,  de  climat,  de  ma'urs  et 
de  la.igage,  qu'occupaii  l'eiapire  persan.  11 
fait  plus;  il  y  sètue  la  civilisation  grecque  ; 
mais  celle  plante  exoti  jue  ne  peut  croître, 
ni  frendre  lacine  ilnus  les  plaines  glacées  de 
la  ïransoxiane  el  dans  les  saMes  brûlants 
de  l'Arabie.  C'est  un  autre  monde,  ce  sont 
d'autres  mœurs. 

lto:iie  semble  avoir  été  Tondéc  poiir 
conquérir,  geuverner  et  discipliaerl'univers. 
Dans  presque  toute  la  zone  montagneuse  que 
j'ai  signalée,  continue  M.  Dureau  de  la  JMalle, 
dans  la  rég  on  des  céréales,  des  peuples  agri- 
coles el  sédentaires,  elle  porleses  aigles  vic- 
torieuses. Où  s'arrêtent  ses  invasions  suc- 
cessives ?  à  l'est  et  au  sud,  devant  les  déserts 
brûlé-  de  la  Mésopotsmiç,  de  l'Aral  ie  el  de 
lAlrique  ;  au  nord,  devant  les  niarais  et  les 
for'ts  successives  do  lerriiin  tertiaire  de  la 
Hollande  el  de  la  Gernianie.  "Trajaii  ne  fran- 
chit un  moment  ces  limites  ualureiles  que 
pour  les  voir  tout  à  c  .lin  aband. innées,  ici 
l'exception  confirme  la  règle.  La  loi  du  sol, 
du  ciima',  qui  commande  les  mœurs  el  les 
habitude^,  cette  loi  puissante  re^lc  immuable, 
etprou>e  que  le  bras  le  plus  fort,  que  les 
courages  les  plus  fermes  sont  des  riseaux 
qui  plojenl  (levant  les  forces  irrésistibles  de 
la  natuie. 

La  rt  gence  d'Alger  nous  offre  dans  sa 
conslitu  ion  géognnsliiiue  les  deux  zones 
qui  ont  di  letmiiié,  de  rO.ieut  à  l'Occiiient, 
l'érnigrition  de>  peuples  agriculteurs ,  et 
du  Sud-Lsl  au  NoriJ-Ouesl,  celle  des  peuples 
nopiades.  Aussi  deux,  races  bien  dislinclcs 
s'y  louchent  sans  se  confondre.  Ce  sont,  dans 


10S7 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES , 


l'antrquife,  les  Numides  elles  Berbères;  île 
nos  jours  les  Arybes  et  les  Kabyles.  Ici  comme 
dans  les  différentes  zones  indiquées  parl'au- 
Icur,  la  constiiuliun  géognostique  du  sol  et 
le  climat  qui  en  dépend  ont  déterminé  iriva- 
riablemenl  les  différentes  espèce-;  de  produc- 
tions .  de  cultures  et  d'habilalions  ,  de 
mœurs,  d'habiludes  et  d'usages,  qui  en  sont 
la  ionsé(iuence  obligée. 

M.  Dureau  de  la  Malle  eslinieque  la  phi- 
lologie eU'anlhriipologie  s'éclairent  récipro- 
quement ,  quoique  parf;iileiuent  indépen- 
dantes lune  de  l'autre.  Il  a  découvert  une 
conformité  remarquable  de  t)  pe  qui  existe 
enire  les  Chaldéens,  les  Kurdes  et  Us  Mèdes, 
scDlplés  sur  les  bas-reliefs  de  l'ersépolis,  et 
celui  des  Juifs  figuré  dans  les  sculptures 
grecques  ou  romaines  ;  eniin  aéinc  l'idcnli- 
té  do  type  de  ces  divers  peuples  avec  celui 
des  Juifs  du  Ghello  à  Rome.  Celle  race,  qui 
ne  s'allie  jamais  avec  les  étranj;crs.  a  gardé, 
plus  que  toute  aulre  branche  de  la  race 
juive,  le  caractère  indélébile  de  sa  nation. 

M.  Bore  a  remarqué  dans  la  Perse  et  le 
Kurdistan,  celte  identité  entre  les  Juifs  et 
les  Chahléens  répandus  depuis  le  Pont-Eu- 
sin  jusqu'aux  bouches  du  Tigre  et  de  l'Ku- 
phrale  ;  sous  les  mois  de  Chalb,"  de  Kard,  de 
Kurd,  apparaissent  les  Chalybes,  les  Kar- 
douques,  les  Gordyens  des  anciens.  M.  Bore 
a  observé  aussi  une  identité  de  langage  qui 
confirme  ainsi  l'observation  zoologique. 
Tous  ses  guides  ,  Chaldéens  ou  Kurdes,  s'en- 
tendaient en  parlant  leur  patois  avec  les 
Juifs  parlant  l'hébreu  littéral,  tout  comme 
les  pa\sans  des  comtés  de  Galles  et  de  Cor- 
nouailles  s'entendent  avec  les  l'as-Brcluns 
du  Finistère.  M.  Boié,  parle  rappiochement 
des  deux  langues  liébraïiiue  et  cbaldéeime  , 
prouve  que  les  Hébreux  et  les  anciens  Chal- 
déens sortent  d'une  même  souche  et  sont 
un  même  peuple. 

Lé  savant' orientaliste  de  Hammer  raconte 
que  les  Turks  nommés  Tuku  par  les  Ciiinois, 
descendirent  de  l'Altaï  {Altun-Toyh).  De  là 
celle  vaste  étendue  de  steppes  qu'ils  habi- 
liiienl  se  nomme  Turkistan.  C'est  un  pays 
renommé  par  la  fertilité  de  ses  pâturages  , 
par  la  nature  de  ses  clievaux  et  les  mœurs 
de  ses  habitants,  dont  les  belles  proportions 
et  la  rapacité  sont  passées  en  proverbe  dans 
tout  l'Orient. 

M.  Libri  ne  se  montre  pas  aussi  favorable 
aux  Arabes,  dans  le  portrait  qu'il  en  trace  , 
que  le  baron  Larrey.  Les  Arabes,  suivant 
lui,  n'avaient  ni  cet  esprit  d'invention  qui 
distingue  les  Grecs  et  les  Hindous,  ni  cette 
perfection  dans  les  arts  mécaniques  et  celte 
persévérance  dans  les  observations  qui  ca- 
ractérisent les  Chinois 

M.  Gaudichaud  a  constaté  que  la  végéta- 
lion  des  hautes  montagnes  diffère  lolaleuient 
de  celle  des  plaines.  11  montre  toutes  les  puis- 
sances intellectuelles  des  temps  anciens  et  nso- 
dernes  s'accordant  à  penser  que  les  végétaux 
ont  précédé  les  animaux,  que  la  terre  était 
couverte  des  premiers  avant  l'apparition  des 
seconds  ;  ce  que  d'ailleurs  la  théologie  nous 


a  transmis  d'âge  en  âge,  dans  l'histoire  des 
sept  époques  ou  divines  journées  de  la  créa- 
tion. 

Les  philosophes  de  notre  temps,  les  uns 
en  prouvant  que  l'homme  n'a  pas  laissé  do 
vestiges  dans  les  terrains  primitifs,  et  les 
autres  que  les  végétaux  les  plus  simples  ont 
précédé  les  végétaux  les  plus  composés,  sont 
venus  de  nos  jours  donner  la  consécration 
de  la  science  aux  grandes  époques. créatrices 
des  premiers  âges. 

Chaque  siècle  amène  ses  progrès,  et  cha- 
que progrès  de  l'esprit  humain  est  une 
nouvelle  preuve  à  l'appui  des  vérilés  éter- 
nelles. 

La  physiologie,  comme  tout  ce  qui  est, 
date  donc  de  la  création.  Les  hommes  da  tous 
les  temps  ont  dû  s'en  occuper.  Et  pourtant, 
qu'est-ce  encore  aujourd'hui  que  la  physio- 
logie? Malgré  les  efforts  de  tous  les  hommes 
qui  y  ont  consacré  leur  vie,  leurs  veilles  et 
leur  génie,  quels  en  sont  les  éléments,  les 
principes,  les  bases  et  mèuie  les  vérilés  bien 
dé/i?onlrées  ? 

Les  sciences,  quoi  qu'on  en  ait  dit,  ne  se 
bornent  pas  seulemeiil  à  l'observation  et  à 
l'inscription  des  faits  qui  ressorlent  de  toutes 
nos  expériences,  à  la  coordination  et  à  lu 
simple  contemplation  des  phénomènes  de  la 
nature.  Leur  n\ission  est  plus  noble  et  plus 
élevée  :  elles  doivent,  après  la  généralisation 
de  ces  faits,  sans  laquelle  elles  n'existeraient 
pas,  se  livrer  à  la  recherche  des  causes  ca- 
chées, mystérieuses  et  trop  souvent  introu- 
vables qui  les  |iroduisenl,  et  tendre  par  là  à 
diriger  notre  esprit  vers  la  suprême  Intelli- 
gence qui  ordonne  tout  l'univers. 

Le  savantNiebuhr  a  remarqué  quiî  les  vrais 
Arabes,  les  Arabes  errants,  diis  Bédouins, 
liiniient  plus  à  leur  liberté  qu'à  l'aisance  el 
aux  richesses,  vivent  en  tribus  séparées  sous 
des  lentes,  et  gardent  encore  la  même  forme 
de  gouvernement,  les  mêmes  mœurs  et  les 
mêmes  usages  qu'avaient  leurs  ancêtres 
dès  les  temps  plus  reculés.  Ils  ont  l'odorat 
très-subtil.  —  Les  Arabes  sont  très-vifs, 
point  gais,  mais  fort  sérieux.  —  Les  Egyp- 
tiens ne  sont  point  non  plus  gais.  —  Les 
Arabes  aimenl  la  nombreuse  compagnie  ;  il 
est  de  là  aisé  de  conclure  qu'ils  soiil  plus  ci- 
vilisés qu'on  ne  pense.  —  Les  Arabes  lien- 
iient  leur  moustache  très-courte,  quelques- 
uns  la  coupent  tout  à  l'ait,  mais  jamais  iis 
ne  se  rasent  la  barbe. 

Niebuhr  a  aussi  remarqué  que  les  Kurdes 
ont  conserté  leur  langage  jusqu'à  présent. 
Oïl  trouve  beaucoup  de  mots  hébreux  dans 
la  langue  des  Kurdes  qui  errent  sous  des 
tentes. 

M.  de  Blainviile,  professeur  au  jardin  des 
plantes,  regarde  comme  un  mystère  une  race 
de  Nègres  au  milieu  d'hommes  d'aulres  races 
dans  la  Nouvelle-Guinée.  Mais  ce  mystère 
se  retrouve  à  l'île  de  Luçon,  à  l'ile  de  Bor- 
néo, etc..  etc.  Il  dit  aussi  qu'on  a  beaucoup 
exagéré  le  rapprochement  de  ces  premiers 
singes  (les  variétés  de  l'orang-outang)  avec 
l'espèce  humaine,  el  combien  l'emploi  trop 


1089 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


1090 


rigoureux  de  l'angle  facial  pourrait  induire 
en  erreur  sur  les  rapports  naturels  des  mam- 
mifères. D'après  lui,  l'analomie  du  cerveau 
de  l'homme,  de  cette  partie  évidemment  la 
plus  importante  de  son  système  nerveux,  et 
par  conséquent  de  toute  son  organisation,  a 
fait  le  sujet  d'un  nombre  véritablement  in- 
croyable de  travaux  ;  et  cependant  c'est  un 
des  points  de  l'organisation  sur  lesquels  il  y 
a  le  plus  de  difficultés  dans  la  conception  to- 
pographique  et  anatoraique,  et  par  consé- 
quent dans  la  démoiistrcition  ou  dans  l'expo- 
sition de  sa  structure.  Sans  doute  ce  grave 
inconvénient  provient  de  la  nature  si  molle 
et  si  délicate  de  l'encéphale,  qui  permet  dif- 
ficilement d'en  suivre  l'organisiiiiun,  si  ce 
n'est  qu'à  l'aide  de  grandes  précautions  et 
de  procédés  fort  délicats  ;  mais  cela  provient 
peut-cire  encore  davantage  de  ce  que  la 
physiologie  de  ce  subxtratum  des  sensations, 
de  l'intelligence  et  de  la  \olonté,  étant  en- 
core bien  plus  difficile  que  son  aiiatomie 
statique,  et  par  conséquent  bien  plus  con- 
troversée, l'ordre  suivant  lequel  l'investiga- 
tion de  cet  organe  impartiml  doit  se  faire 
n'a  pu  avoir  rien  de  rationnel,  d'étiologi- 
que;  et  en  effet,  la  marche  suivie  dans  l'ana- 
lomie du  cerveau  n'a  en  général  rien  de  na- 
turel et  qu'il  soll  possible  d'exécuter  autre- 
ment que  par  routine  et  par  une  sorte  d'imi- 
tation. 

Létiologie  étant  démontrée,  il  sera  possi- 
ble d'arrner,  par  une  comparaison  maté- 
rielle, ù  trouver  la  signification  des  diffé- 
rentes parties  du  cerveau  dans  la  série  des 
animaux,  mais  encore,  ce  qui  est  bien  plus 
difficile,  d'atteindre  p:ir  une  comparaison 
physiologique  expérimentale  volontaire,  ou 
pailiologique,  et  autant  que  cela  est  possi- 
ble, à  un  rapport  proportionnel  de  masse  et 
d'effet  ;  car  personne  ne  peut  penser  à  con- 
cevoir celle  de  cause  et  d'effet. 

M.  d'Abbadie,  savant  voyageur,  rapporte 
qu'on  parle  à  Massawwa(îlede  la  mer  Rouge) 
une  langue  sémitique  distincte  de  l'arabe  et 
du  dialecte  du  Tigray.  D'après  les  mœurs  et 
coulumes  des  Hhabab,  qui  demeurent  aux 
environs,  Il  croit  leur  origine  arabe.  D'après 
des  traditions  sur  l'origine  des  tribus  erran- 
tes des  Sh;ihu,  et  un  vocabulaire  raisonné 
de  leur  langue,  il  établit  leur  affinité  lointaine 
avec  la  souche  sémitique.  Par  le  secours  de 
la  langue  amhargna,  il  étudia  le  dialecte 
commun  [afan-ll-m'orma)  aux  nombreuses 
peuplades  Gallas  qui  habitent  l'Afrique  cen- 
trale, ainsi  que  la  langue  des  Somalis  à 
Mokha.  Dans  ce  vocabulaire  un  quart  des 
mots  est  iilenlique  avec  l'Il-m'orma,  ce  qui 
prouve  la  connexion  des  deux  dialectes.  La 
tradition  somall  lui  confirma  celle  des  Gallas, 
qu'il  avait  recueillie  à  Gondar,  et  d'après 
laquelle  tous  ces  peuples  seraient  issus  du 
sud  de  l'Arabie. 

M.Louis  de Freycinet,  auteur  d'un  Voyage 
iiulour  (Ih  monde,  veut  que  l'on  considère 
l'homme  comme  un  êlre  physique  isolé,  com- 
me vivant  eit  fuiuille,  ci.Cin  comme  appailc- 
nant  à  i*ne  tociété  politique;  qu'on  étudie  les 


meeurs,  les  usages  et  la  législation  des  peu- 
ples avec  une  invesligulion  minutieuse  et 
philosophique,  et  qu'on  y  ajoute  l'examen  de 
ses  arts,  de  son  industrie  mécanique,  de  sa 
littérature,  de  son  histoire  écrite  ou  tradi- 
tionnelle, de  sa  religion  et  de  son  langage 
usuel  et  poétique.  Suivant  ce  savant  marin, 
le  caractère  appartient  à  l'homme  individuel; 
les  usages,  qui  sont  les  lois  de  la  famille, 
constituent  les  mœurs  et  en  sont  les  consé- 
quences; tandis  que  les  lois  civiles  régissent 
la  société  ou  la  réunion  de  plusieurs  familles 
sons  un  même  chef.  M.  de  Fi  eycinet  a  trouvé 
chez  quelijues  nations  sauvages  des  traces 
de  ce  gouvernement  politique,  réellement 
priaiitll,  qui  n'est  qu'une  extension  de  celui 
do  la  famille;  certains  auteurs  ont  bien  pu 
l'imaginer  dans  leurs  spéculations  systéma- 
tiques, mais  il  était  à  la  fois  curieux  et  im- 
portant d'en  obtenir  des  preuves  positives  et 
irrécusables. 

Quand  on  considère  avec  soin  les  mœurs, 
l'industrie  et  la  religion  des  hommes  non 
civilisés,  (in  y  remarque  de  curieuses  simili- 
tudes avec  les  pensées  des  plus  anciens  peu- 
ples dont  l'histoire  nous  ait  transmis  la 
croyance  et  les  usages.  Ces  observations  ten- 
dent à  dénuintrer  la  grande  unité  de  l^espèce 
humaine  et  les  communications  que  les  hom- 
mes ont  eues  entre  eux  à  une  époque  recu- 
lée, dont  les  livres  et  la  tradition  ont  égale- 
ment perdu  le  souvenir,  mais  dont  l'analo- 
gie nous  fournit  encore  des  preuves  irré- 
fragables. 

Nul  doute  que  les  Hébreux,  les  Chinois,  les 
Japonais  et  plusieurs  autres  nations  éloignées 
de  nous,  n'aient  eu  jadis  de  hardis  naviga- 
teurs et  n'aient  poussé  leurs  courses  aven- 
tureuses à  de  prodigieuses  dislances  sur  le 
Grand  Océan. 

L'élude  de  la  religion  et  des  idées  qui  s'y 
ratlacheiit  montre  fréquemment  qu'un  grand 
nombre  de  croyances  el  d'usages  bizarres 
ont  eu  pour  source  des  vérités  incontestables 
que  l'ignorance  ou  les  passions  ont  dénatu- 
rées, mais  point  assez  cependant  pour  qu'une 
saine  critique  ne  puisse  les  dégager  de  l'er- 
reur et  les  montrer  aux  yeux. 

Chez  les  peuples  les  plus  éloignés  de  noire 
civilisation  on  remarque  des  traits  de  lu- 
mière qui  éblouissent,  el  une  sorte  d'instinct 
qui  supplée  à  la  science.  Par  exemple,  les 
pilotes  carolinais  conduisent  leurs  barques 
avec  intelligence  et  une  singulière  préci- 
sion, diirant  des  trajets  immenses,  sans  autre 
instrument  que  leurs  yeux  nus  et  une  saga- 
cité et  une  finesse  d'observation  qui  nous 
échappe.  L'habitant  de  la  Nouvelle-Hollande, 
semblable  au  pigeon  voyageur,  se  dirige 
sans  hésiter  au  milieu  des  forêts  qui  l'en- 
tourent, et  arrive  par  le  plus  court  chemin 
au  point  le  plus  éloigné  où  il  veut  se  rendre, 
laniiis  qu'un  Européen  s'y  égarerait  cent  fois. 
L'art  de  dresser  des  poissons  voraces,  et  de 
les  lenir  captifs  pour  servir  ;\  prendre  d'au- 
tres poissons,  paraîl  tout  à  fait  ignoré  de  nos 
pécheurs  européens;  tandis  que  cette  prati- 
que était  spéciale  aux  Mariannais;  et  ce  n'est 


1091  ESSAI  SLR  LES  TRAVAUX 

pas  la  seule  lirconsl.Tnce  où  l'on  puisse  re- 
marquer la  siipôriofilè  (le  ces  insulaires. 

D'après  M.  Isidore  Geoffroy  Saint-Hilalre, 
chez  riioijiiiie,  le  l'roiil  plUs  saillant,  l'angle 
facial  plus  ouvérl  dans  l'ônfance,  leiideiil  à 
diminuer,  et  la  face  lend  à  s'allonger,  à  me- 
sure (jue  de  la  première  enfance  il  s'iivame 
vers  l'àae  adulte  ;  n)ais  Ces  changements  s'ar- 
réleiit  bienlôl,  el  le  mémL'  type,  un  peu  mo- 
difié seulement,  se  conserve  pcudanl  loue  la 
vie.  Cette  modineation  a  lieu  moins  chez  la 
race  Caucasique,  plus  chez  la  rrice  Etliiopi- 
que.  A  un  ccrijin  âge,  l'homiue  élhiopi^uc 
a  l'angle  facial  a U'^si  ouvert  qu'il  l'est  nor- 
maleiiif nichez  l'homme  cauca  ique  adulte; 
mais  la  face  con'inuant  à  se  déveiopiier,  et 
par  saile  l'augle  facial  à  diminuer,  l'h'inme 
de  lace  Eihiopique  arquierl,  en  de,  a^sant  les 
condiiions  du  lyj.e  caucasique,  celles  qui  ca- 
ractérisent son  propre  l\pe. 

Desmoulins,  z)Ok>misle  distingué,  a  re- 
marque que  les  Saïniiri  ,  les  Sajous,  les  Ouis- 
titis variétés  de  siiii;cs,  onl  à  pr  porliou  le 
Cei  veau  plus  voUmi  nenx  qui;  1  homme.  H 
admet  l'existeiice  iinléptndanie  de  onze  fa- 
milles dans  la  race  humaine. 

Le  ducîeur  Dubrcuil,  professeui-  h  In  fa- 
culié  de  Oiédeoine  de  Montpellier,  di!  que 
l'imporlanec  des  caraclères  ostéo!oj;iques  li- 
res de  la  léte  est  grande  poiir  arriver  à  la 
foiinaissaoee  des  races  liumaines,  de  leurs 
principales  \arlccs,  el  déeoitvrir  iiuelqUe- 
f.iis  dans  Ifti^rs  niéla  gos  celles  qui  dominent. 
Ces  caractères  .*onl  le  poids  de  la  !éle  os- 
seuse, ses  dilléieuls  diamèlrcs,  l'étendue  do 
l'angle  facial,  ei  i.i  capacité  du  crâne,  mesu- 
rée au  mn<.  en  d'un  liijuidu. 

Le  célèhre  lieufiroy  ^aint-Hilaire,  d"  l'Ins- 
liUit,  n'arcttrdiiil  qu'une  valeur  ln-s-sccun- 
daire  .'tux  carac;ères  lires  ae  la  cons:déralion 
de  l'angle  facial  (1). 

Lé  \nyagenr  anglais  Makinlosh  pen?('  que 
let  naturels  de  la  baie  de  Saint-Augustin  à 
Madâjîa -car  descendent  des  C.'ifr-s  par  leur 
lempéramenl,  leurs  traiis  et  leurs  cheveux 
laineux.  Au  nord  de  colle  île  on  trouve  des 
babilattls  qui  sont  des  descend  mis  d'Arabes. 
Il  croit  que  leur  mélange  avec  les  autres  na- 
turels a  ronlribué  à  rendre  les  traits  des 
habitants  moins  plats.  L'auteur  constate  un 
fait  surprenant,  c'est  que,  maigre  le  com- 
merce fréquent  îles  femmes  iivec  les  i'^uro- 
péens,  on  ne  voit  pas  de  mulâtre  à  Mada- 
gascar. 

Les  habitants  des  îles  d'Andam  m  ont  le 
teint  noir  et  hs  chcvens  lai  leux.  On  dit 
qu'ils  descendent  desCatVes. — Les  habitants 
des  lies  Mkubar  descendent  sans  aucun 
doute  des  Malais;  car  ils  ont  le  mcmu  teint 
et  les  mêmes  traits.  Ils  soni  carrés,  forte- 
ment musclési  et  ils  onl  une  laige  poarine. 
Leurs  Incaibres  sont   prooorlionnés  comme 

(1)  Ndus  avons  remarque  pliisiours  fois  qtle  des 
individus  diiiil  l'âiigle  facial  étali  pea  ëteinlii  n'en 
avaiehi  pas  iimins  de  brillmites  f.Ciiliés  iinelliTtircl- 
les.  iNoiis  croyiins  qu'on  a  beaucoup  exiigéré  l'uillné 
de  l'angle  facial.  (Noie  de  t'éditeur.} 

(i)  Depuis  qu'on  a  voulu  astreindre  les  aborigènes 
d*  la  terre  de  Vfln-L>i«men  aux  usagat  européea»,  il 


DES  ANTHROPOLOGUES, 


1092 


ceux  d'une  statue  grecque  ou  romaine,  ex- 
cepté qu'ils  ont  de  pin'*  forts  muscles  au  gras 
de  jambe.  Leur  taille  est  l'ii  général  de  cinq 
pieds  neuf  pouei's.-^Le^  Hindous  ont  la  taille 
droite  cl  élégante;  leurs  membre--  sont  bien 
proportionnés,  leurs  doigts  longs  et  bien 
faits;  leur  figure  est  ouverte  et  agiAable. 

Suivant  le  géographe  J.  D.  de  Kienii.  les 
habitants  des  lies  ti'Anlaman  ont  le  teint 
noir,  la  chevelure  frisée  et  laineuse,  les  lèvres 
ê()aisses,  le  nez  aplail,  le  veiilre  proéminent, 
la  stature  relile  et  la  taille  mal  prise.  Ils  [la- 
raisseiu  appartenir  à  celte  grahile  race  des 
Nègres  océaniens  rép/ie.dusdins  la  NouVellc- 
Guinéc  et  jus(iu'à  la  li ne  di  Diénien  (2). 

Les  lialiilaiils  des  îleS  Nikoh  :r  sont  de  eon- 
leiir  cuivrée,  ont  les  yeux  [  ellts  et  fendus 
oliliqueaienl.  Ils  réssemlilent  aux  iMalais. 
Ignorants  dans  l'art  deragricullare,  [jresque 
dépourvus  d'industrie,  ils  mènent  One  vie 
misérable. 

Le  vo^ageni*  français  C.lillié  a  fecodnu 
deuv  classes  chez  les  .Nôjires,  l'une  au  type 
l'jiil  à  fut  tiè;^ie,  et  la  class  •  «les  ZolofTs  et 
des  Fouilahs,  qui  se  di-,iinguent  par  leur 
couleur  d'Un  b.au  iioir,  leur  nez  aquiliu, 
leurs  lèvres  ii.inces  et  leurs  yeux  noirs. 

D'après  M.  Hochet  d'HéricoUrl,  la  popu- 
lation des  royaumes  d'Adel  et  de  Choa  (Afri- 
que orientale)  se  compose  de  tribus  nomn- 
d's,  adonnées  à  là  vie  pastorale  et  au  pil- 
lage. Ces  tribus  s'appellent  Oanakyles  ;  leur 
langue  riiff'l'e  rie  l'ar.ibe,  de  ral>)$sin  mo- 
derne, de  réthiopiquê  et  de  la  langue  i  es 
Gallas  ;  elle  se  rapproche  le  plus  de  celte 
dernière.  Les  Daiuilivles  sont  de  belle  taille 
bien  mu-cles  cl  fortenicnt  roiisliiné^;  leur 
teint  est  cuivré  pliitjt  que  noir,  et  les  ir.iiis 
de  leur  visage  ne  les  rapprocuenl  nul  enviil 
des  Nègies.  Leur  fro'il  est  large  el  haut;  i.s 
oui  le  nez  presijue  aq^ilii,  la  ho.irhu  lii'  ii 
taillée,  el  leurs  lèvres  ne  simi  pas  cpaiss  's 
comme  celles  de  la  race  nuire  proprement 
dite. 

Il  est  difficile  à  un  Européen  de  déiermi- 
n  r  les. dilTercnces  ph\siques  qui  distinguent 
les  (jiilliis  des  Abyssins  proprement  dits,  ou 
Amharas.  Ces  derniers  sont  en  général  de 
haute  taille  et  de  constitul.on  vigoureuse; 
leur  leint  est  cuivré,  mais  leurs  traits  sont 
réguliers,  el  de  grands  yeux  u:>irs  élinco- 
lanls  animent  leur  physionomie  :  ils  ont  en 
général  le  front  d'une  b  die  forme  éi  cou- 
ronné d'une  épaisse  che»elurc  bouclée. 

La  race  Galla  est  fort  belle  :  son  arrivée 
en  Abyssinie  ne  remonte  pas  à  une  époque 
fort  é.oii;nec;  elle  y  paraît  être  venue  du 
Zanguebar,  prnvince  haliitée  encore  aujonr- 
d'Iiui  j)ar  quclqucs-Miics  de  ses  tnbus.  Du 
reste,  il  est  d  aiieux  qu'elle  soit  originaire 
du  conliiient  airicain  :  en  elïet,  une  vieille 
tradition  répandue  parmi  le^  Gallas  les  le- 

b'esl  inanif.'slc  chez  ces  indigènes  nu  dépérissement 
riipidc,  à  ul  i^DiUl  qu'iiii  ii'u  i:^iinialé  q  °u  seul  cas 
de  iialss.iiiee  ddrain  le  Cr-'i.v  iW,  !".-tniiée  1859.  lin 
iSj.i  on  comptiii  encore 5i  nnligènts,  tSi)  lioinmes 
et  loO'ftfiinnes.  Eu  iKi'.i,  il  n'y  en  avait  plus  que4U, 
doiii  cinq  leniines  seuleuienl.       {Noie  de  i'auieur.) 


1093 


U  POINT  DE  VUE  DE  L\  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


109.i 


présente  comme  ayant  traversé  deux  mors, 
une   petite,  l'autre    grande,  avant  iravoir 
louché  .lux  côtes  de  l'Afrique;  ces  deux  mers 
sont  probahlemenl  le  golfe  Persique  et  lO-" 
Céan    Iiidit'ii.    Leurs    caractères    physiques 
n'ont  rien  qui  répugne  à  cette  supp  tsition. 
Suivant  M.  d'Arnaud,  (|ui  a  fait  partie,  en 
18i3,  de  l'expédition  é^Mpticnne  à  la  recher- 
che des  sources  du  Nil-Blanc,  la  division  na- 
turelle des    deux    peuples  qui    hal'ilent   les 
lives   du   lleiive   Buhr-el-Aliiad  {.\it-filnnc), 
à  partir  de  lo"  33'  de  Intilude  nord  cl  2  ■"■  51' 
de  longilude  est,  jusqu'au  4.°  42"  de  latituile 
nord  ei  29°  18'  de  longitude  est,  et  d'après 
leurs    idiomes,   offre    quatre    groupes   b en 
disliuds  :  les   Arabes    nomades,    les  Sche- 
loiiks,   les  Dink  I j  et    les  Barry.   Les  tribus 
comprises  dans  l.i   première  division  ou  pre- 
mier  groupe,    habitant   les  deux    riies   du 
fleuve,    sont   des    pisleurs   nomades   ayant 
des  troupeaux  de  chameaux,  hœufs,  mon- 
tons, elc.   Ils   ont  aussi   quelques   mauvais 
chevaux,  qu'ils  tirent  du   Kordufan.  Ils  en- 
seuienrent  nn   peu  de  dourali    dans    l'inté- 
rieur, à   la  faveur  des  pluies  tropicales,  et 
ce  grain,  avec  lo   lait   de   leurs   troupeaux, 
sert  à    leur  nourriture.   Ils  (hangent   leurs 
parcs  suivant  la    saison,   cl   s'évileut   ain-i 
des  ronlrariélés  qu'ils  seraient  à  inénie  d'é- 
prouver sans  celle  précautio;i.  D'après  cela, 
leurs    denjoures    ne    peuvent  èlre  que   des 
tentes,  et  leur  coiumerce   un   éciinge   de 
bestiaux  et  d'e.>.claves  conlio  quelques  toi- 
les grossières   de  C'Ion,  servant  à  faire  des 
Chemisés  â  larges  manches,  leur  unique  vc- 
temciil. 

Les  Schetouks,  peuple  nombreux  et  plein 
d'astuce,  habitent  la  nve  gauche,  sur  un 
dcveioppement  de  103  m'Ilcs  environ,  ira 
population  peut  eue  éialuéc  à  un  millio:! 
environ,  lis  sont  aussi  pastouis.  Qiioiquc 
favorisés  d'un  Bc.'iQ  lerrito.re,  ils  eiisi'iiion- 
cent  lrès-|ieu  de  grains  de  donraii,  préférant 
vivre  des  graines  des  plantes  qui  cruissent 
nalurellement  d.ins  des  terrains  maréca- 
geux qui  les  âvoisinent,  de  la  pcche,  leur 
plus  grande  occupation,  enfin  lie  rapines 
exercées  sur  les  tribus  des  environs.  Ils  du>- 
cenilenl  à  cet  effet  le  lleuve  av  c  leurs  pi- 
rogues, qu'ils  manie  it  avec  beaucoup  d'ha- 
biielê,  jusque  sous  le  14'  degrj  de  laliluiL". 
— Les  grandes  îles  I  oisées  qui  se  trouvent 
dans  ces  parages  leur  servent  de  lep.iire  , 
La  réputation  d'être  cruel >  et  de  mauvaise 
fui  u  empêché  jusqu'ici  toute  relation  suivie 
avec  eux.  Ils  ne  conna.ssi  nt  encore  le  iuxe 
d'aucun  vé;emeiit.  Ce  peuple  reronn.iit 
comme  son  souver.iiii  un  mek,  nouuné  aciuel- 
lemenl  Niednk,  qui  jnuil  d'une  gramic  au- 
torité. L'objet  de  leur  vénération  est  Nié- 
coma,  qui  se  présente  à  eux  sous  la  forme 
d'un  arbre.  lis  habiieul  de  jolis  villages, 
chacun  de  trc-is  ù  quatre  cents  toukmls 
(espèce  d'habitation  de  forme  cylinurique, 
eu  terre,  recouverle  de  paille),  très-peu  es- 
pacés les  uns  des  autres,  et  étalés  le  long 
de  la  rivière,  sur  uoe,  deux  et  même  trois 
rangées. 
L«g  Dinka  tl  \ei  diverses  autres  tribus  qui 


parlent  à  peu  près  le  même  langage,  sont 
essentiellement  pasteurs  de  troupeaux  do 
bn'ufs,  moulons  et  chèvres  seulement;  ils  no 
s'a  prochent  des  rives  du  fleuve  que  lorsque 
l'ardeur  du  soleil  a  desséche  toute  l'herbe  de 
l'iniérieur.  Ils  sèment  très-peu  de  duuiah, 
et  vivent,  ainsi  que  les  Sclielouks,  de  grai- 
nes iju'ils  réculteut  en  faisant  paître  leurs 
troupeaux,  au  mi'ieu  des  troupes  d'é  é- 
plianis  ei  dans  les  marécages  oii  vivent  ces 
derniers.  Une  p.irtie  se  livre  aussi  à  la  pè- 
che fluviale  et  à  la  pêche  des  marais.  L'in- 
fluence des  lieux  qu'ils  h  ilitent  se  fiit  Pen-» 
tir  sur  leurs  corps,  i;s  ont  un  aspect  mala- 
dif. Leur  nudité  est  laide  à  l'aire  peur.  La 
plupart  lie  ces  tribus  sont  noinmoms  guer- 
rières. Les  bœufs  ont  de  tiès-graïules  cor- 
nes, et  rappellent  le  bœuf  Apis  des  anciens 
Egyptiens.  Chaque  troupeau  en  a  un  qai  est 
fêlé  ei  honore  de  tous  les  habit;int»  <le  la 
co;>lrée.  Ils  hatiilent  aus-i  des  cabanes  en 
terie  et  eu  pai.lCj  de  diverses  formes,  épar- 
ses  en  généial;  mais  la  majeure  partie  dos 
habitants  vivent  au  milieu  de  leurs  trou-* 
peaux,  dans  les  parcs;  ils  y  dorment  tous 
pêle-mêle,  dans  les  cendres  chaudes  proie-» 
uaiil  de  la  combustion  du  fumier  du  leurs 
bestiaux,  ce  qui  a,  entre  autres  buts,  celui 
de  produire  de  la  fumée  pour  les  garaniir 
des  moustiques,  excessivement  nombreux  et 
inquiélJits;  ils  fout  un  peu  de  commerce 
avec  leurs  birufs  et  des  défenses  d'éléphanis. 

Les  dernières  tribus,  désignées  par  l'ap- 
pellation de  Barry,  sont,  comme  les  auires 
riverains,  pjsteurs  ;  ils  s'occupent  d;  bi  pê- 
che, ils  sont  agriculteurs  et  guerriers  ;  aussi 
remariiue-l-^m  avrc  plaisir,  en  entrant  dans 
leur  pays,  -le  belles  moissons  pendantes  sur 
tous  les  terrains  qui  les  eiiviro  neni  et 
qu'eulr  c  lupeiit  e'v  tuus  sens  des  canaux 
naturels.  Los  bienfaits  de  l'ajjriculture  ei  le 
pelil  îrr.iic  qu'ils  font  avec  leurs  voisins  de 
i'i'^st  leur  procurent  une  vie  plus  douce  et 
cette  lier  é  l.bre  qi'accompagne  si  bien  leur 
haute  et  belle  stiiture  (7  pieds).  Ils  exploi- 
tent, ai:  pied  lie  toutes  leuis  montagnes,  un 
trcs-bin  ir.inerai  de  fer,  fort  abondant  ;  avec 
Ce  ler  ils  faii/ique.ii  des  lusirumenls  agri- 
coles, des  ances,  des  flèches  pour  leur  usage 
et  pour  éehanges.  Ils  se  servent  de  llèclies 
enipoisonnées.  Us  habi'.eiit  encore  des  villa- 
ges formés  de  toukouls,  établis  sur  Ips  ri-^ 
ves,  dans  l'iiilérieur  des  terres  et  sur  les 
moutagu.  s.  Ils  sont  nus,  le  corps  oint  d'une 
ponimade  rou;j;e  à  l'oxyde  de  fer.  Les  fem- 
liie-  p  irlenl  à  la  chùie  des  reins  une  cein- 
ture a  (ilels  en  coton,  parfaitement  travail- 
lée et  d'un  joli  etlet. 

Après  la  contrée  de  ces  tribus,  le  fleuve 
entre  dan.^  une  vallée  lormée  de  grandes  chaî- 
nes de  montagnes,  et  son  lit  devient  i  u;  a 
Coup  hérissé  de  rochers  et  d'ilols  syéniti- 
ques  qui  empêchent  d'aller  plus  en  avant 
dans  la  saison  diS  basses  eaux.  Dans  les 
hautes  eaux,  le  lleuve  devi-nt  encore  tiavl- 
galile  au  moins  uno  tremaine  de  lieues  , 
c'e->l-à-dire.  là  où  se  réunissent  duTérentes 
branches  dont  la  p  us  considérable  vient  de 
l'Est.  L'hypothèse  généralement  adoptée  qua 


1095  ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX 

les  sources  du  fleuve  viennent  de  l'Ouest  est 
donc  mal  fondée;  et  ce  point  donnera  lieu 
encore  à  bien  des  controverses  et  des  discus- 
sions, ainsi  que  les  sources  mêmes. 

M.  Lund,  s.ivant  danois,  dit  qu'au  milieu 
de  la  grande  diversité  d'opinions  sur  le  nom- 
bre, la  valeur  et  l'importance  des  différentes 
races  du  genre  humain,  il  y  a  un  fait  préé- 
minent qui  forme,  pour  ainsi  dire,  un  pi)int 
de  renconire  pour  loules  les  opinions  diver- 
genles,  c'est  que,  quant  à  la  forme  du  crânr,  il 
seprésenle  trois  types  généraux  vetleiudit  pro- 
noncés.Ce  savant  prétend  aussi  que  :  1"  l'exis- 
tence de  l'espèce  humaine  dans  l'Amérique 
méri:lionale  remonte  non-seulement  ;iu-d(  Jà 
de  l'époque  de  la  découverte  de  celle  pariie  du 
momie,  mais  Irès-luiu  dans  les  temps  histo- 
riques, prob:iblement  même  au  delà  de  ce- 
lui-ci, jusqu'au  temps  géologique,  puisque 
plusieurs  espèces  d'animaux  semblent  avoir 
disparu  des  riings  actuels  de  la  création  de- 
puis l'apparitioit  de  l'homme  dans  cet  hé- 
misphère ;  2°  la  race  d'hommes  quia  vécu 
dans  cette  partie  du  monde,  dans  soiv  anti- 
quité la  plus  reculée,  était,  quant  à  son  type 
général,  la  même  qui  l'habiiait  au  lemps  de 
sa  découverte  par  les  Kuropéens. 

11  est  clair  que  ces  résultats  ne  sont  pas 
très-propres  à  forlilier  l'opinion  générale- 
ment reçue,  que  le  nouveau  monde  a  été 
peuplé  par  l'immigration  d'habitants  venus 
de  l'ancien.  La  grande  alflnité  qui  existe  en- 
tre la  race  mongolienne  et  la  race  améri- 
caine n"a  échappé  à  l'atlcnlion  de  personne; 
la  race  américaine  à  laquelle  les  joues  plus 
saillantes  el  le  front  plus  bas  et  plus  étroit 
assignent  le  degré  iniérieur.  Il  fallait  donc 
considérer  cette  race  comme  une  variation 
de  la  mongolienne  qui,  par  l'immigration 
dans  cet  hémisphère,  était  descendue  du  de- 
gré (le  développement  supérieur  qu'elle  oc- 
cupait dans  le  pays  d'où  elle  tire  son  ori- 
giue.  Mais  à  une  pareille  opinion  s'ojjpose, 
continue  M.  Lund,  lo  défaut  total  de  quel- 
que monument  d'un  ancien  développement 
supérieur  parmi  les  peuples  de  toute  la  par- 
tie orientale  de  l'Amériijue  méridionale. 

M.  Louis  Marcus  croit  que  les  Gafres  de  Ma- 
dagascar, qu'il  regarde  comme  les  Gallas  de 
l'Afrique  antique,  ont  envahi  l'Abyssinie  el  le 
Sennaar  un  siècle  a^ant  Jésus-Christ.  Il  est 
convaincu  que  les  Foull.ihs,  les  Laobès,  les 
Galofl'es,  les  Minianas  el  ;!utres  peuples  du 
Soudan  occidental  descendent  des  anciens 
habitants  indigènes  ees  Etals  barbaresques  ; 
que  ces  habitants  indigènes,  les  anciens  Nu- 
mides et  Mauritain^, descendent,  comme  leurs 
traditions  le  portent,  des  Persans,  des  Mèdes 
el  des  Arméniens  qu  Hercule  a  conduits  dans 
le  nord  de  l'Afrique. 

Le  docteur  Edwards,  professeur,  distinguo 
cinq  variéiés  notables  dans  l'espèce  humaine  : 
la  Caucasienne;  la  Mongole  ;  la  Malaise  ;  la 
Nègre  ;  l'Américaine.  Il  croit  que  l'étude  des 
races  humaines  ai  d'un  grand  secours  pour 
l'histoire.  11  est  d'avis  qu'on  doit  se  borner 
à  l'observatio:!  seule  de  la  tète,  puisque  seule 
elle  offre  des  différences  essentielles  dans  sa 
conformation.  11  ue  pense  pas  que  le  croise- 


DES  ANTHROPOLOGUES  ,  1096 

ment  des  races  ait  produit,  physiologique- 
ment  parlant,  les  résultais  qu'on  lui  attribue 
ordinairement.  Ainsi,  il  s'est  assuré  qu'en 
Italie,  par  exemple,  les  invasions  des  barbares 
ont  eu,  sous  le  rapport  physiologique,  peu 
d'influence.  11  a  trouvé  en  Toscane  el  dans  les 
Etats  ponliflcaux  presque  exclusivement  des 
tyies  ou  caractères  romains-étrusques.  Le 
Ciiraclère  physionomique  des  Huns  ne  se 
borne  pas  à  la  ressemblance  qu'ils  ont  avec 
une  partie  de  la  population  hougroise  :  la 
conformation  de  leur  tête  el  les  traits  de  leur 
visiige  offrent  les  rapports  les  plus  frappants 
avec  ceux  des  Mongols,  dont  le  type  est  ce- 
lui de  presque  toute  la  moilié  orientale  de 
l'Asie. 

Lo  docteur  Samuel  L.  Miichell,  professeur 
d'Iiisloire  naturelle  à  New- York,  regarde  les 
idées  et  les  Irav.iux  des  premiers  anthropo- 
logues comme  des  visions  et  des  folies  hon- 
teuses pour  la  gloire  même  de  l'intelligence 
humaine.  Il  pense  que  la  race  qui  survécut 
aux  guerres  terribles  entre  les  diverses  na- 
tions des  anciens  indigènes  de  l'Amérique  du 
Nord  est  évidemment  une  race  tarlare,  el 
que  la  race  eslenuinée  était  une  race  malaise 
qui  occupait  la  région  située  entre  les  lacs 
Onlorio  et  Erié  au  nord,  el  le  golfe  du  Me- 
xique au  sud.  Cette  race  a\ait  la  inêîne  ori- 
gine el  les  mêmes  usages  que  les  habitants  de 
l'Australasie  et  des  îles  de  la  mer  Paciflque. 
Des  momies  de  celle  même  race,  découvertes 
el  examinées,  présenlenl  le  même  angle  fa- 
cial el  la  même  forme  de  crâne  que  la  race 
des  Malais.  11  pense  donc  que  les  Malais  ont 
peuplé  les  îles  du  Gr.ind  Océ.in  ;  qu'un  ra- 
meau de  celte  racea habité  les  rives  de  l'Ohio, 
du  Kenlurky  et  de  la  ïenessée  ;  enlin  que 
tout  établit  que  les  indigènes  qui  ont  peuplé 
l'Amérique  sont  originaires  du  Nord  eldu  Sud 
de  l'Asie,  el  appartiennent  à  la  même  famille 
que  celle  qui  habile  ces  régions. 

Le  prince  MaximiliendeNeuwiedaobservé, 
dans  son  exploration  du  Brésil,  que  les  in- 
digènes ne  sont  point  couleur  de  cuivre,  mais 
d'un  brun  jaunâtre  ou  rougeâtre.  H  allirme 
que  les  Indiens  établis  à  San-Pedro  das  In- 
dias  porteni  sur  leurs  figures,  à  quelques  diffé- 
rences près,  tous  les  caractères  qui  désignent 
la  race  tarlare.  lis  ont  le  visage  large  et  plat, 
les  os  de  la  pommette  Irès-prononcés,  le  nez 
étiré  en  long  el  peu  saillant,  les  lèvres  épais- 
ses, les  yeux  el  les  cheveux  noirs. 

Les  Purys  qu'il  a  ensuite  rencontrés  près 
de  S.mlidelis,  sur  les  rive>  de  la  Paraiba,  res- 
semblent, d'après  lui,  aux  ivalmouks  pour  la 
figure  ;  ils  ont  les  os  des  joues  larges  el  le 
nez  épaté. 

Le  prince  de  Wied  rapporte  que  les  Indiens 
Botucudos  el  les  Indiens  Joways  vivent  prin- 
cipalement des  produits  de  la  chasse,  par 
conséquent  sont  des  tribus  nomades. 

Les  Botocudos  habitent  les  épaisses  forêts 
situées  entre  le  Rio-Prado  et  le  Rio-Doce,  et 
s'étendent  du  13'  au  23«  degré  de  latitude  sud, 
d'après  le  prince  de  Wied.  Les  Portugais  les 
ont  appelés  ainsi  à  cause  des  plaques  qu'ils 
portent  suspendues  aux  oreilles.  Leur  la'lle 
moyenne  varie  depuis  !■"  85  jusqu'à  1  "^  18,  et 


l():7  AU  POINT  DE  VUE  DE  LA 

celle  des  femmes  depuis  l°3o,  jusqu'à  1"  16. 
Leur  couleur, d'un  brun  rougeâlre.esl  un  peu 
plus  rxsé"  que  ct-lle  des  Jow;ijs  ;  li  urs  che- 
veux sont  noirs,  épais,  couns,  lisses  et  li- 
mités en  denii-rercie  sur  le  front;  ceux  des 
huniniessont  plus  rudes  que  ccunde  la  femme. 
Dau-  le.i  deux  se\es,  les  yeux  sont  noirs,  les 
P'imnieltes  saillantes  et  la  ges;  les  narines 
larges,  la  bouche  grande,  les  lèvres  épaisses, 
les  dents  bt'll<'s  el  bien  a:ignées.  Fruul  bas, 
visage  un  peu  aplati.  Chi  z  l'hoinriie,  poiirine 
bien  coi\furuice,  membres  supérieurs  bien 
développes,  mains  très-pe(iles,  molleis  peu 
prononcés.  Chez  les  Joways,  les  membres 
étaient  en  rapport  avec  la  force  du  tronc, 
mais  tous  sont  remarquables  par  la  faibles- 
se  relative  du  mollet  el  ta  petitesse  du  pied 
et  de  la  main.  Leurs  cuisses  sont  légèrement 
infléchies  sur  la  jan)be,  ce  qui  l'ail  qu'ih  ne 
soni  pas  parfaitement  droits. 

André  Sparzmann  soutient  que  les  Hot- 
toniols  sont  généralement  aussi  forts  et 
aussi  bien  proportionnés  que  les  Euro|:éens, 
et  lorsqu'il  en  est  autrement,  il  faut  l'attri- 
buer a  I  insufGsance  de  leur  nourriture.  Ce- 
pendant  leurs  mains  et  leurs  pieds  sont  très- 
petits,  en  proportion  du  reste  du  corps;  la 
partie  supérieure  du  nez  est  communément 
aplatie,  ce  qui  fait  paraître  leurs  .yeux  plus 
éloignés  l'un  de  l'autre  que  ceux  des  Euro- 
péens. Leur  teint,  en  général,  incline  vers  le 
noir;  il  ressemble  à  ce  ui  des  Européens  qui 
ont  la  jaunisse  à  un  degré  considérable. 
Leurs  lèvres  ne  sont  pas  aussi  larges  que 
celles  des  habitants  de  Nigritie  et  de  Mo- 
zamlii.jue.  Leur  bouche  est  de  proportion 
moyenne,  et  ils  ont  de  très-belles  dents.  Ils 
para.ssenl  couverts  d'un  poil  fin,  mais  en 
approchant  d'eux  on  voit  que  c'est  seule- 
ment un  poil  fin,  comme  celui  des  Nègres. 
Ils  se  fntlenl  avec  une  so  te  de  poudre  et 
d'huile,  et  vont  presque  nus. 

M.  Hombrou,  voy;igeur  el  naturaliste,  dit 
que  l'habitant  du  nord  de  la  Nouvelle-Hol- 
lau  le  est  parlailement  ressemblant  à  ceux 
que  Forsier,  Péron,  Lesson,  U  Urville,  Quoy 
et  Giiiiiiard  ont  observés  sjt  la  eirconlé- 
rence  de  ce  pays;  que  SuU  insensibilité  ma- 
tériel e  est  en  rapport  avec  I  imp.issibililé 
de  su'i  iiilcllii^ence.  Aussi,  au  milieu  des  ma- 
tériaux propres  à  construire  des  habi  allons 
Ou  des  pirogues,  ne  faii-il  r  en  pour  a.iiélio- 
rcr  son  sort  ;  il  en  e  dans  les  bois  et  sur  la 
plage,  cl  tout  ce  qu'il  rencontre  lui  sert  in- 
dilTen  mmenl  de  nourriture.  —  La  rhevelure 
des  naturels  retombe  en  longues  mèches 
to  rnées  en  tire-bouchons,  et  leur  fait  une 
grosse  télé  dispreiportiounée  avec  la  mai- 
greur de  leur  ei;semble;  ils  se  barbouillent 
dech  ux,  el  iraceni  sur  leur  peau  des  ligues 
qui  semblent  être  le  résultat  du  jeu  d'un  en- 
fant. Le  nec  plu»  ullra  de  leur  pittoresque 
consiste  à  se  donner  l'apparence  d'un  sque- 
leite,  en  passant  une  traînée  de  blanc  sur  le 
trajet  de  chacun  de  leurs  os.  Leur  ventre  est 
fl  sque  cl  pendant;  leurs  grands  yeux  sont 
injectés  et  ont  le  regard  de  la  brute;  leurs 
gr,,!,ses  pommettes,  leur  fronl  fuyant,  la 
saillie  de  leur  énorme  maxillaire  supérieure, 

DlCTIOMfAIRB    DE    GÉOeRàPHIE    ECCL.    H. 


GEOGlUPHIÉ  flELlGIEllSE. 


1098 


leurs  moustaches  el  leur  barbe  crépue,  l'é- 
norme ouverture  de  leur  bouche,  les  rides 
épaisses  qui  silionneut  leur  face,  loul  cela 
forme  un  mél.inge  de  brutalité  et  d'expres- 
sion humaine  qui  a  quelque  chose  de  re- 
poussant el  de  monstrueux. 

Les  habitants,  observés  par  M.  Hombron 
sur  les  bords  de  la  baie  Triton,  sonl  des  mé- 
tis issus  de  Malais  et  de  Papous.  Leur  tailla 
rappelle  celle  des  .Malais,  aussi  dépasse-l- 
elle  de  beaucoup  celle  des  Papous.  Leur 
peau  noire  reflète  une  teinte  di'  cuivre  as^ez 
vive,  de  sorte  qu'il  serait  d^flicile  de  dire 
quelle  est  de  ces  deux  couleur^  celle  qui 
l'em)  orte  sur  l'aulre.  Ils  sont  bien  faits  et 
vigoureux;  les  traits  de  leur  figure  ne  sont 
point  aussi  délirais  que  ceux  des  Papous, 
dont  le  visage  a  des  formes  asez  déliées  et 
présente  un  ensemble  agréable;  mais  ils  en 
ont  conservé  le  jeu  de  physionomie.  Leur 
alliance  avec  les  Malais  se  reconnaît  à  la 
vivacité  du  regard;  en  effst,  tout  en  ayant 
les  grands  yeux  des  Papous,  ils  n'en  ont 
])oiut  l'expression  mélancolique.  Ces  métis 
remportent  en  beauté  sur  ceux  remarqués  à 
Wa  giou  par  MU.  dUrville,  Quoy  et  Gai- 
mard.  Ces  métis  de  Waigioa  résultent  du 
croisement  des  Malais  des  Moluques  avec 
les  Papous.  Or  les  habitants  des  .Molui]ues 
sont  les  moins  beaux  des  Milaisiens  :  leur 
peau  brune,  leurs  traits  oïdinairemeni  liès- 
grossiers,  trahissent  leurs  fréquents  mé- 
langes avec  les  anciens  Aborigènes  de  cette 
partie  du  globe,  les  Alfaïui^,  lesquels  vi- 
vent encore  sur  une  chaîne  de  mo.ilagnes 
des  îles  Philippines  jusqu'à  Van-Diemen,  en 
oubliant  un  moment  que  la  division  géolo- 
gique lie  la  Nouvelle-Ze  and'  au  plateau 
asiatique.  La  position  géographique  des  ha- 
bitants de  la  biiie  Triton  les  met,  au  con- 
traire, en  rapport  avec  les  Malaisieiis,  infi. 
niineiit  plus  beaux  :  ce  so:il  les  imligè.ics  de 
Célèbes,  <les  îles  de  la  Sonde,  et  en  particu- 
lier, de  Hali  el  de  Timor. 

Le  docteur  Puclirau,  auteur  de  considé- 
rations aiL.tomiqui'S  s  ir  les  formes  osseuses 
de  la  :éle  dans  les  raci^s  humiines,  eslimu 
que  c'est  à  l'avenir  qu'il  appar  lent  d'établir 
la  constance  des  caractères  dilTére  tiels  des 
races  huinaiiics,  en  raison  du  petit  noinbie 
de  matériaux  dont  l.i  scieiue  «cluelle  peut 
disposer.  Il  pense  qu  il  f  ut  proi  éder  avec 
réserve  ilans  les  molificalioiis  cnrépliali- 
ques  correS|ioiidant  aax  imid  fications  de 
forme  crânienne,  ait-  ndu  que  1  encéplialo- 
lomie  comparée  des  races  humaines  n'est 
pas  suffisamment  formée. 

Le  naturaliste  cl  voyageur  Bory  de  Saint- 
Vincent  pense  que  l'on  ne  doit  pas  accorder 
trop  d'importance  aux  crânes  et  aux  débris 
osléologiques,  si  on  n'est  siir  de  leur  authen- 
ticité ,  attendu  que  des  témoignages  de  ce 
genre  n'ouï  de  v.ileur  réelle  que  par  l'au- 
thenticité. ËlTei  tivement  il  est  clair  qu'il  y 
aura  erreur  complète  si  l'examen  porte  sur 
un  crâne  que  l'anthropologue  croit  apparte- 
nir à  telle  ou  telle -va' ié^é  coiiS'alec,  tandis 
qu'il  vient  d'un  ciiuelière  commun. 

Un  examen  attentif  n'a  révélé  à  l'auteur 
35 


(09D 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX 


nucnne  différence  entre  les  Kabyles  et  les 
iVl.iures,  qui  puisse  le  moins  ilu  monde  aulo- 
riser  à  les  r(  garder  comme  apparlenanl  à 
deux  variétés  d  hominos  ;  sruloment  les 
Waures  habitent  les  villes,  et  les  Kabyles  les 
Cfin  papiips.  La  seule  dif!ér<^nce  qui  occi- 
sioniie  enirc  eux  une  diversité  d'aspect  est 
toile  d'habitat  et  de  genre  de  vie,  mais  qui 
lie  va  p;is  même  jusqu'au-dessous  d'une 
première  peau,  laquelle  demeure  sujette  aux 
effets  de  ce  hâle  dont  on  n'ost  à  l'abri  nulle 
part,  p  us  ou  moins  toulefois. 

Les  Berbères  |  ruviennenl  également  de  la 
souihe  piiniilive  ;  ils  parleul  comme  les  Ka- 
byles une  niême  langue  propre,  très-diffé- 
rente de  l'arabe  et  du  turk. 

Les  J$.  rbèies,  les  Maures,  les  Kabyles  sor- 
tent de  la  r;ire  Alliinli'  dont  soriaieiit  ég;ile- 
ment  les  Celtes  ,  les  Ibères  ,  les  Guanches, 
Iiabilants  été  nts  des  Canaries,  ainsi  que  les 
Liliyer.s,  les  Gétules  ,  les  Garamanies  des 
premiers  âges.  Toutes  ces  variétés  ont  l'an- 
gle facial  comme  le  nôire  ;  l'épaisseur  dis  os 
du  crâne  est  |.;»reille  à  tel'e  du  nôtre  ,  ainsi 
tjue  les  pro|,or  ions  de  la  boîte  osseuse. 

Les  Os  du  crâne  ,  chez  l'Arabe,  sont  plus 
minces  qu'ils  ne  le  sont  dans  la  rare  Atijinle 
et  liihiopieane.  Sun  profil  est  allongé,  l'an- 
gle facial  ett  aigu,  d'où  résulte  (lue  le  visage 
^e  rétrécit ,  encore  que  l'écarlenient  des  fos- 
ses orbilaires  soit  assez  cimsidérable.  Les 
arcades  soui  cil  ères  sont  unies  et  parfaite- 
ment lisses,  ce  qui  fiit  qu'il  n'exisie  pas  de 
dépression  aussi  notable  entre  la  base  du 
front  et  l'origine  du  nez  ,  où  les  os  ,  plus 
longs  qu'ils  ne  le  sont  chez  tnus  les  autres 
Siomuies,  détern.inent  la  courbure  aquiline 
avec  une  bosse  plus  ou  moins  prononcée  qui 
n'est  pas  sans  noblesse. 

Les  Arabes  sont  généralement  de  haute 
laiLc  ,  tandis  que  leurs  femmes  sont  de  pe- 
tite taille.  L'obésité  est  presque  inconnue 
parmi  eux.  En  quelqueendroit  qu'on  trouve 
l'Arab  ■,  il  conserve  les  mœurs,  les  préjugés 
et  le  \isage  de  ses  premiers  pères,  vivant 
sous  la  lenle  avec  ses  troupeaux  et  enclin 
au  vol.  Départis  en  tribus  indépendantes , 
les  Arabes  n'ont  nulle  part  et  à  aucune  éiio- 
que  vécu  en  corps  de  nation,  ni  fondé  d'em- 
pire célèbre  ;  ils  n'ont  jamais  été  des  cun- 
liuérants,  à  proprement  parler. 

L'épiiisseur  des  os  du  crâne  est  plus  con- 
sidér.iblc  chez  L'  Nègre  que  chez  les  autres 
hommes.  La  proéminence  de  la  mâchoire 
supérieure  est  considérable.  A  la  base  du 
frontal,  qui  est  assrz  élevé,  mais  latérale- 
ment fort  rétréci ,  se  prononcent,  au-dessus 
des  ori  iles  ,  des  crêtes  sourcilières  pre>que 
aussi  cunsidérablesquesontceliesd'unorang 
d'âge  moyen.  D'autres  saillies  osseuses,  non 
moins  marquées ,  couronnent  les  régions 
temporales  aux  attaches  des  ciotaphiles; 
une  dépression  irès-prononcee  existe  à  l'o- 
rigine du  nez  ,  dont  les  os  propres  sont  aussi 
les  plus  courts  et  tellement  disposés  en 
avant,  que  le;ir  situation  en  devient  à  peu 
près  horizontale.  Aussi  la  largeur  du  nez 
étant  (on>idérable,  ks  narines  loil  ouvertes, 
les  làrres,  dont  l'inférieure  Sctuble  être  peu- 


DES  ANTHROPOLOGUES ,  liOO 

dante,  élant  très-épaisses,  il  résulte  de  cet 
ensemble  osléologique  certains  airs  d'anima- 
lité. 

M.  AugnsteSaint-Hilaire  partage  l'opinion 
de  M.  Serres,  sur  la  ressembl.inre  di's  lu- 
diens-Dotoc.idos  avec  les  hommes  de  la  race 
Mongoliqiie.  Les  Bot  endos  hahileni  ,  au 
Brcs  l ,  les  bords  du  Jiquitinhouha.  11  y  a 
entre  eux  et  les  Chinois  une  extrême  res- 
semblance, triiez  les  deux  peuples  les  yeux 
sont  divergents ,  le  nez  éjraleuient  épaté  ,  l'oi 
des  joues  «galenient  proéminent  ;  enfin  la 
barbe  leur  maip|ue  à  tous  deux. 

La  race  Américaine  n'est  ,  comme  les  tra- 
ditions d'is  indigènes  tendent  à  le  prouver, 
que  la  race  .Moiigol()ue,  modifiée  par  le  cli- 
mat et  inël.ingée  ,  du  moins  dans  des  sons- 
races,  avec  quelqu'un  des  rameaux  lesmoins 
nobles  de  la  rate  Caucasique  ,  tel  que  lo 
l'hcnicien.  11  a  déouvert  aussi  une  idenlilô 
presque  complète  dans  1  ■  chant  des  Butocu- 
dos  et  dans  ceiui  des  Chinois.  — Si'Ion  lui,  il 
ne  faut  pas  attilbuer la  méaieorig  neàloules 
les  peuplades  du  lircsil  ;  car  il  y  a  des  ililVé- 
renies  entre  elles,  et  l  s  croisements  primi- 
tifs n'ont  pas  été  les  mêmes. 

Le  docieur  ï'ioul;n  a  o  serve  que  davs  lo 
cr-dsement  entre  le  Nè^re  et  l'Ainéricaii» 
indigène,  le  méiis,  coninic  dans  les  colonies 
esjjagnoles  ,  sous  le  nom  de  Zambo,  a  coi>s« 
taiiimcnt  les  cheveux  p  als.  Ce  fait,  qui  n'a 
été  ju--qu'à  présin'  signale  par  aucun  voya- 
geur ,  est  bien  connu  de''  habitants  de  la 
Nouvi Ile-Grenade,  où  l'auteur  a  eu  très- 
souvent  ucC'ision  de  l'obicrve  .  Je  n'ai  pas 
rencontré,  dit-i' ,  une  seule  exception,  el  j  ai 
été  d'autant  plus  frappé  de  la  nature  di'S  che« 
veux  dans  le  melis  ijui  a  encore  la  moitié 
du  sang  nègre,  que,  dans  le  croisemeil  avt  c 
le  blanc  ,  le  crépu  des  cheveux  du  nègre  se 
fait  sentir  non-seulemcnl  dans  le  mulâtre, 
dans  le  quarteron  ,  qui  tient  pour  \es  lr>>ia 
quarts  de  la  race  blaiirhc,  mais  même  dans 
le  produit  du  quarteron  avic   le  blinc.  ; 

Le  docieur  Pritchard,  auteur  d  une  His- 
toire naturelle  de  l'homme,  regarde  les  Tar« 
tares  et  les  Turks  comme  formant  histori- 
quemi'nt  une  seule  race.  Il  signale  les  mé- 
tis d'.Américains  1 1  de  Nègre  ,  appelés  Zam- 
bos,  qui  ont  les  cheveux  très-crépus.  Les 
])euplades  de  Cafuros,  décrites  par  Al.M.  Spix 
et  Mnrtins  ,  sont  remarquables  par  leur 
én(u'nitt  chevelure  irépue,  qui  est  simple- 
ment une  conséquence  de  leur  do.ible  origi- 
ne. Leur  ehevclure  lient  le  milieu  entre  la 
laine  ilu  Nègre  el  les  cheveux  longs  el  raides 
de  l'Américain. 

M.  G. -P.  Blom  a  étudié  la  Norwége  sous 
le  rapport  géographique  et  géologique.  Son 
ouvrage,  sous  le  tiire  de  :  Dos  Rœnigreich 
l\'orwe/jen  (le  royaume  de  Norwége),  descrip- 
tionsLalistiqne.a  paru  en  I8'i3,à  i.eipsick.  I  i 
section  cnnsaciée  tout  en.ière  aux  Lapons 
est  d'un  grand  intéiél.  Ils  sont  peu  avances 
sous  le  rapport  inlellecluel.maisl'aut -ur  leur 
reconnaît  ilcs  ilispositions  égales  à  celles  des 
autres  hommes. 

Suivant  Benouard  de  Sainte-Cri)ix ,  les 
l'olteuluts  suiil  très-doux  et  assez  aJonuél 


ilOl 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE 


{!0S 


au  travail.  S«ns  leurs  cheveux  laineux,  ils 
pourraient  passer  pour  blancs.  Us  sont  sou- 
ples et  bien  Inils.  lis  s'enduisent  ia  peau 
il'huile  et  (le  priii-se  pfir mesure  hygiénique. 
Ils  ^uni  agriculteurs  et  pasteurs. 

L'auleur  a  remarqué  que  la  servitude  el 
l'étal  d^'  réiirobation  où  vivent  les  Boè-,  pa- 
rias dans  i'Hindoustan,  se  laissent  voir  dans 
leurs  espriis  el  sur  leurs  corp-.  Ils  n'ont 
point  de  noblesse,  point  de  dignité  dans  les 
habitudes  de  coriis,  el  nuLe  é.évalion  dans 
l'esprit. 

Les  Hindous  musulmans  sont  de  plus 
bc.'iuv  Immines  que  les  Hindous  païens. 
Ils  ont  la  ligure  beaucoup  plui  régulière,  et 
iurlont  les  yeux  très-fendus,  parte  qu'après 
leur  naissance  on  se  sert  d^un  grain  de  riz 
pour  les  cnuper  insensiblement  des  deus  cô- 
tés. Ces  musulmans  d;'scendent  des  vain- 
queurs  de  1  Hi.iduusian. 

Les  Hindous  sont  généralemenl  bien  faits, 
ont  la  Qi^ure  belle,  m  :is  ils  sont  faibles  de 
constitution.  Ils  ont  le  te  nt  noir  ;  c'est  ce 
qui  fiil  que  des  anthropologues  les  ont 
classes  parmi  ies  variétés  île  la  race  Noire. 
M.  d'Omalius  d'Halloy  l'a  ainsi  fait. 

Au  xu'  siècle,  des  Portugais  s'allièrent 
à  des  faiiiilics  de  Parias  ;  il  en  est  résulté 
une  sorte  de  métis,  aussi  noirs  que  les  Hin- 
dous, et  qui  parlent  la  langue  hindoue.  Ils 
sont  irès-pai  esseux,  mais  bons  soldats  :  c'est 
un  instinct  de  race. 

Les  peuplades  de  l'île  de  Luçnn,  réunies 
sous  la  domination  espagnole,  parlent  des 
idiomes  dérivés  de  la  langue  lagale,  laquelle 
vient  du  mal.iis. 

Les  Tinyuianes  de  la  même  tle  nnt  ies 
cheveux  lisses,  les  Ygoialtes  les  ont  laineux  ; 
ils  forment  deux  types  distincts,  l'un  lO'iiposé 
de  desrendanls  de  Malais,  l'autre  de  Nègres 
ressemblants  pour  la  cou'eur  et  la  figure  à 
ceux  de  l'AIVique,  excepté  qu'ils  sont  beau- 
coup plus  petil  s,  mais  tout  aussi  noirs.  C  s  der- 
niers vivent  dans  les  monlagius,  dans  un  iso- 
lement complet,  fuyant  les  habitanis  civilisés. 
Les  premiers  vivaient  en  société  s  >us  des 
chefs  lors  de  l'arr  vée  des  Espagnols.  Ils  ont 
la  couleur  d'un  bistre  clair,  les  membres 
bien  piuporlionnés  et  forts  ,  les  cheveux 
Usses,  les  yeux  gramls,  très-ouverts  et  le  nez 
un  peu  .ipl  'li.  Toutes  leurs  ma  lèreset  cou- 
tumes étaient  semllables;  ce  qui  établit  qu'ils 
n'ont  qu'une  seule  el  inéme  origine.  Ces 
Tin^ianes  n'ont  aucune  ressemblance  avec 
les  Chinois. 

Les  Vgorattes,  ou  Nègres  Olîtas  des  mon- 
tagnes, sont  de  petite  taille,  ont  les  trails 
fort  noirs,  I'  s  cheveux  crépus,  laineux,  le 
nez  aplaii  ;  ils  sont  »a:)s  vêlements,  absolu- 
ment nus.  Leur  langue  se  rapproche  de  celle 
des  Tinguianes.  Ces  OEtas  étaient  les  pre- 
miers habitanis  de  l'ile,  el  ils  ont  été  refou- 
lé; dans  l;s  montagnes.  Fort  paresseux,  ils 
ne  tr  ivaillent  jamais,  dit  lie  louard  deSainte- 
Croix.  Les  Tinguianes  sont  grands,  bien  iails, 
,  ayant  la  peau  couleur  de  bistre  clair. 

Ou  \o:ldans  les  îles  Babujannes  îles  des- 
ccnd.iuts  (le  Chinais  assez  noiiibnux,  qui 
oui  touservé  beaucoup  d'usages    primitifs 


de  la  mère-patrie,  mais  dont  le  langage  s'est 
altéré. 

,M.  d'Omalius  d'Halloy,  auteur  d'un  ou- 
vrage sur  les  ll.ices  huin;iines,  établit  que, 
dans  la  classiOcalion  des  diverses  modifica- 
tions du  genre  humain,  les  caractères  na- 
turels doivent  obtenir  la  préférence  sur  ceux 
tirés  du  langage  et  des  renseignements  his- 
toriques. Il  trouve  que  l'ethnograpliie  est 
une  science  fort  peu  avancée  encore. 

Il  existe  entre  les  caractères  naturels  des 
peuples  et  leur  état  de  civilisation  des  rap- 
ports qui  sont  tels  que,  quand  on  étaiilit 
une  série  naturelle,  parlant  des  Européens 
et  se  terminant  aux  Noirs  de  l'Australie,  on 
obtient  également  une  série  décroissante  da 
l'apiilude  à  la  civilisation. 

L -s  croisements,  très-importants  pour 
l'histoire  des  êtres  vivants,  sont  des  phéno- 
mènes peu  connus  ;  ils  appellent  l'attention, 
parce  qu'ils  semblent  expliquer  la  plupart 
des  anomalies  que  l'on  reinari|up  chez  l'hom- 
me et  chez  les  êtres  qui  se  développent  sous 
son  influence.  L'auti  ur  place  les  Hindous  et 
les  Abyssiniens  dans  la  race  brune  au  lieu 
de  la  blanche.  Suivant  lui,  la  race  blancha 
el  ses  variétés  présentent  une  tcn  lance  con- 
tinuil.e  au  développ'ment,  tandis  que  les 
reces  colorées  ainsi  que  leurs  vr.riétcs 
sont  dans  un  état  slationnaire  el  rétrograde. 

M.  Charles  Marten,  de  Philadelphie,  par 
l'inspection  du  crâne  des  Américains,  fait 
de  ces  peuples  deux  divisions  principales  : 
dans  l'une  il  place  le  crâne  le  plus  arrondi  ; 
dans  l'autre  il  classe  le  plus  allongé. 

M.  Carus,  de  DresJe,  auteur  d'une  Physio- 
logie, partage  la  masse  encéphalique  en  trois 
portions,  correspondant  aux  trois  vertèbres 
crâniennes ,  cl  le  développement  plus  ou 
moins  grand  de  chacune  de  ces  portions  in- 
dique ,  suivant  lui ,  la  prééminence  d'une 
des  trois  facultés  essentielles  de  l'âme ,  la 
volonté,  le  sentiment  el  la  pensée.  Le  déve- 
loppement de  la  portion  occipitale  est  en 
rapport  avec  la  puissance  de  la  volonté, 
celui  de  la  portion  coronale  avec  l'étendue 
de  l'inlelligence. 

M.  d  Olfers,  directeur  du  musé"  de  Berlin , 
qui  a  longtemps  habité  le  Brésil,  affirm  j  qua 
ceilainej  peupi  ides  brésiliennes  se  rappro- 
chent beaucoup  des  Mongols  par  leur  visage 
aplati ,  leur  nez  entièreaient  plat,  qui  se  perd 
en  quelque  sorte  dans  le  visage  lui-même  , 
l'os  proéminent  de  leurs  joues,  leurs  lohgs 
cheveux  droits  et  d'une  couleur  foncé;',  leurs 
yeux  un  peu  obliques  el  la  couleur  jaune  de 
leurs  corps.  On  est  fr.:pijé  de  ces  rapports 
lorsqu'on  voit  en  même  ti  mps  à  Rio-de- 
Janeiro,  un  Chinois  et  un  Boiocudos. 

L'amiral  Dumonl  d'Urville  ,  dans  son 
voyage  autour  du  monde,  n'a  vu  que  deux 
rares  dans  les  peuples  de  l'Océanie  ,  la  Mé- 
lanésienne ou  Noire,  qui  n'est  qu'une  bran- 
che de  la  race  Éthiopique  d'Afrique  ,  el  la 
race  Polynésienne,  basanée  ou  cuivrée,  qui 
elle-mome  n'esl  qu'un  rameau  de  la  r.ica 
Jaune,  originaire  d'Asie. 

MM.  Quoy  et  Gaimard  ,  deux  zoologistes 
distingué;,  qui  ont  accompagné  le  capitaiue 


FSSAl  Sun  LES  TRAVALX  DES  ANTHROPOLOGIES, 


r  : 

1103 

di<  Freycinet  d'abord  ,  et  ensuite  lainiral 
d'Urville  ,  d;ins  liiirs  voyages  autour  du 
nirudc,  (lit  loii  po'é  de  ti.iu  l'aiiHiropo opio 
drs  diverses  peuplades  de  l'Oeéanie.  Ils  ne 
soni  pas  Itiuiours  d'uccord  nvec  les  uulies 
anilii<)p<'lo;:ues  ;  mais  leur  travail,  (iéjà  im- 
porlaiil,  n'eu  iievicnl  encore  que  plus  pré- 
cieux sous  ce  nipporl.  De  sa  compaiai»on 
a^eclis  éludes  des  autres  observateurs ,  il 
résulte  des  cclaircisseuieiits  sur  diveis  points 
ob>cursde  li'i  géographie  des  raci'sliuuiaines; 
car  c'c^t  le  tr^ivail  le  plus  considérai  le  qu'on 
ail  eneore  lail  sur  lu  géographie  anihropu- 
logique. 

<i  iUen  ne  prouve  mieux  la  difficulté  que 
présente  la  zotilugie,  qu^ind  il  s'agit  de  bien 
caractériser  une  e? pè(  e  ou  une  variété  i. 'es- 
pèce ,  que  la  diver>ilé  des  races  humaini  s 
admises  pur  les  naturalistes.  Commenl ,  en 
clTei,  asseoir  sur  des  bases  solides  des  dis- 
liiielii.ns  qui  le  plus  souvent  sunl  si  lugacesl 
Lorsque,  en  tonne  zoologie,  on  veut  déler- 
niiiier  une  espèce,  c'est  en  réunissant  le  plus 
d'iniiividus  qu'il  est  possihie  qu'on  peut  ar- 
river à  quelque  certitude.  Comiuent.dèslurs, 
s  lisir  toutes  ces  niianc(S  délicat- s  qui  c<in- 
stiti  ent  ce  que  l'on  n(.mnie  le  faciett,  d'après 
des  noies,  des  dessins  ou  des  souvenirs  qui 
s'ulTaiblisscnt  par  les  dislances  (|u'un  a  par- 
courues cl  par  r.:lisence  des  individus  qu'on 
a  à  comparer?  l'our  obtenir  des  résultais 
pusilils  ,  il  faudrait  donc ,  ce  qui  e>l  p«ur 
ai.isi  dire  impossible,  reui  ir  un  grai.d  r.oui- 
bre  d'ind!\it.us  de  Ces  wirii  lés  pour  les  com- 
parer entre  eux,  ei  en  faire  faiie  dis  por- 
traits à  1  huile  bien  ressea.blanis ,  alin  d'in- 
diquer la  nuimce  de  la  |  I  ysiuuoniie.  C'est 
ce  qui  n'a  point  encore  éle  exé'  uté  d'une 
ni'inièie  saiisfaisanie,  et  ce  qui  éprouvera. l 
d'assez  grandes  dilHculiés  pendant  la  ra|  i- 
dité  d'un  voyage  nautique.  Ce  n'est  qu'eu 
procédant  de  la  sorte  qu'un  naluralisic 
pourra  rendre  avec  veilé  et  f.iire  coi  cevoir 
en  Europe  «e  que  lui-même  aura  saisi  el 
senti  beaucoup  mieux  qu'il  ne  pourrait  l'ex- 
pr.mer. 

«  Ou  concevra  facilemenl  que  si  nous 
son. mes  aussi  sévères,  nous  ne  devons  point, 
à  l'époque  actuelle,  faire  un  très-grand  cas 
des  ob^  rvaiions  des  pn  niiers  navigateurs, 
qui  dépeignent  avec  tant  de  vague  el  les  ca- 
v.Tclères  ptiysi(|ues  et  la  couleur  des  pen[:bs 
de  1,1  lier  du  Sud,  loules  les  fois  que  cet  e 
teinte  ou  ces  coractères  ne  soûl  pas  très- 
tran.  hés. 

«  Ce  que  nous  venons  i!e  dire  ne  doit  se 
rapporter  quaiiX  nuances  qui  dernamiei.t, 
pour  élre  saisies  cl  appréciées,  I  habitude 
de  l'o'  serva  ioii  .maloiiiqni-;  car  il  est  des 
laees  qui  sont  tcllenient  distinctes  qu'on  ne 
s'est  jamais  Iroinpé  en  les  ciiaul,  comme  pi.r 
exemple  la  race  iNoiie  et  la  race  Jaune.  Les 
diiticultcs   n'exislei.l   reellemenl  qu'à  saisir 

(!)Knrsi('r,  en  la  rnnip.iraiit  à  la  îitme,  l'ap- 
pehe  plii^  lilaiiclie.  <  Llle  ist  niuins  l'a^<uml;  i.i.e 
C'Ile  d  un  L>-|i»gnoi,  d,l-il,  el  ii'esl  pas  aussi  j:iiii>e 
qut>  celle  d'un  Américain....  C'ebl  un  M.iiie  n.èié 
u'iin  jaune  bniiià  re;  nia.s  la  It'iiiie  n'est  pas  as-ez 
lorle  pour  que,  sur  les  joues  de  la  plus  IjUaiclie  de 


1(04 


les  variétés  de  ces  deux  types  principaux 
du  tirand  Océan. 

<•  La  que-it  on  qui  nous  orrepea  été  posée 
el  trai  ée  avec  la  plus  grande  sagacité  par 
un  homme  qui  servait  con;nie  de  complc- 
meiit  ;iu  génie  du  marin  le  (  lus  intrépi(:e  et 
le  plus  expéiinien'é  des  tenips  modernes. 
Cook  cl  Forsier  ont  élevé  un  ninnumi  ni  de 
gloire  inipèri  sable  qu'admirent  avec  res- 
pect tous  ceux  qui,  de  loin,  ont  cherché  à 
mai  cher  sur  leurs  traces. 

«  Les  divisions  admises  par  Forster,  pour 
c;  ractériser  les  habiiaiits  de  la  nier  du  Sud, 
sont  si  naiurelles  que  nous  n'en  empleiernns 
pis  d'auties,  en  ajoutant  toutefois  aux  diffé- 
rentes peuplades  qu'il  a  visitées  et  que  i.ous 
avons  vues  nous-ii  émes,  celles  qu'il  n'a  pu 
connaîiie.  ?  eus  aurons  en  outre  la  précau- 
tion C;  nstante  de  ne  parler  que  de  no*  pro- 
pres observations,  car  tous  les  jours  nous 
voyons  naîre  une  foule  d  erreurs  dès  l'ins- 
tant oii  l'on  veut  s'affranchir  de  relie  règle. 
Il  nous  serait  facile  d'en  fournir  de  nom- 
breux exemples. 

«  t'e  qui  frapj.c  le  pins  le  voyageur,  dans 
la  Polynésie,  ce  sont  les  deux  l.>  pes  promn- 
cés  qui  caractérisi  ni  les  peuples  qu'on  y  ren- 
ci^ntre.  Nous  y  venons  donc,  avec  le  célèlre 
compcgn  n  de  Cook,  deux  races  bien  dis- 
liiiCK  s  :  la  race  Jaune  (I)  et  la  race  Noire. 

De  tn  1  ace  Juune  du  (Jrand  Océan.  —  «  Tous 
les  navigateurs  s'entendenl  parlai! ment  re- 
lalixemi  nt  à  celte  r;ue  d'hommes;  elle  esl, 
en  effet,  tellement  caractérisée  pirsa  cons- 
tiution  physique,  qu'il  suffit  de  lavoir  -  ue 
pour  la  reconnaître  à  l'insiant  partout  où  on 
peut  la  renconlier.  Comme  nous  necousidé' 
rons  ici  l'homme  que  dans  ses  rappoits  zoo- 
logiques,  laissant  à  la  partie  hisloiique,  ijun 
iraite  M.  le  capuaine  d  Urville,  le  soin  de  le 
fa  re  connaître  dans  ses  ma-uis  et  ses  halii- 
luces.  nous  ne  répéterons  <e  que  les  voya- 
geurs ont  dii  lai  t  de  fois  que  lorsque  no  re 
sujet  l'exigera  rigoureusement.  Nous  dirons 
seulement  que  nous  avons  observé  la  race 
jaune  à  la  Nouvelle-Zélande,  aux  î  es  dei 
Amis,  aux  îles  Sandwich  (dans  noire  pre- 
mier voyage  ),  sur  la  petite  île  de  Ti  ,opia  cl 
enfin  au  nàlieu  des  nombreuses  îles  Caicli- 
ues  où  elle  a  subi  un-  légère  varié  é  dans  la 
lein:e,  varièié  dépendant  du  sol  et  de  la  lati- 
tude. On  sait  que  le  peuple  qui  babil» 
Ta'iti  et  toutes  les  îles  de  la  Société,  \e^  .^iar- 
quises  ,  1  ile  de  l'âques,  se  raltariie  à  la  même 
origine.  L'opinion  de  Forsier  à  tel  cgaid  a 
éie  confirn;ée  par  les  navigateurs  qui  lui 
ont  .^uicedé;  mais  n'ayant  pas  vu  nous- 
ménies  ces  dernières  lecalilés,  neus  nous 
bornerons  à  b  s  citer.  Voilà  dune  les  débris 
de  ce  gr.did  peuple  ch-sséminés  à  la  surface 
du  gliilie,  occupaiii,  sur  des  scmmilés  iso.ces, 
un  espace  inimense  (entre  les  iiO'  degré  de 
latitude  nord  et  48°  de  latitude  sud,  el  les 

leurs  femmes,  in  ne  disiiiKuc  aiséinciii  les  progrès 
de  la  iiiiigeiir.  t  l,'é|iiihcie  de  juuiie  lui  co.ivieul 
mieux  (|Me  celle  d'une  Inea'iié  cjneli  oiniiie  paice 
<|u'(in  la  in^iive  dans  des  divi^ions  dlOéienli  s  du 
«iobe.  (iVoc  de  MM.  (lannaril  el  Quuy.) 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


1103 

J12*  i1<*«;ré  de  longi(udc  cccidenl.ile  et  HO- 
^i>  loiigîlude  oiieniale  ),  se  leconnais^anl  à 
fia  cors'iiuMon  physi(|ue,  ù  sos  mœurs  et  à 
son  lang'ige ,  c.irarières  qui  se  modiGent 
£cl<>ii  le>  disiaiices  el  les  latitudes. 

NoL'VEi  LE-ZÉLAvnE.  —  «  Celte  grande  terre, 
divisée  en  deux  îles  par  le  détroit  de  Cock, 
reculée  vors  rextrèmiléde  î'Iiénisphère  aus- 
tral, es!  babiiéo  par  les  plus  beaux  indivi- 
dus de  la  race  jaune.  Sa  laiilude,  qui  la  sou- 
met ans  variations  atmosphériques  des  cdii- 
<réps  tempérées  de  l'Europe,  donnant  à  ses 
lialiilanls  le  développement  (hysique  et  la 
vigueur  <îui  les  caracléii'.ent,  il  en  résilie 
une  «rande  énerjjie  mora'e  qui  fait  du  Zé- 
landais  le  peuple  le  plus  remarquable  de 
tou!e  la  mer  du  Sud. 

«  Nous  avons  fait  six  relâches  successives 
$ur  divers  points  de  la  Nouvelle-Zélande,  sa- 
voir :  l<i  baie  Tnsman,  la  baie  Inutile  ou 
léra-Wiii,  la  baie  Houa-Houa  (Tolaga  de 
Cook),  la  baie  Wangari  i.u  des  Brcn.es,  la 
baie  Shouraki  {riciàe  Tamise  de  Cook),  la 
baie  des  Iles,  et  sur  chacun  de  ces  points 
nous  avons  été  à  même  de  remarquer  plu- 
sieurs centaines  de  naiurels.  C'est  d'après 
eux  que  nous  donnons  l'esqui'ise  suivante  : 

«Les  Zi'Iandais  sont  grands,  robustes, 
d'une  physionomie  agréable,  quoiqu'ils  cher- 
chent à  la  défigurer  par  un  tatouage  en  in- 
cisions, dont  la  di!<pi:silion  ne  contribue  pas 
peu  à  leur  faire  paraître  le  nez  aquilin, 
forme  qui  d'ailleurs  est  assez  commune  cl 
se  joint  à  Técarlement  des  narie.es.  Ils  ont 
les  cl.eveux  longs,  lisses  et  noirs,  ainsi  que 
la  barbe.  Leurs  dénis,  d'une  régularité  ad- 
mirable et  d'une  blani  h'  ur  éclatante,  sont 
uniformément  usées.  Le  caractère  de  la  phy- 
sionomie est  aussi  varié  qu'en  Europe,  et, 
pour  tout  dire  en  un  mot,  nous  trouvions 
chez  vos  in>ulaires  des  ressemblancp*  re- 
marquables avec  les  liustes  de  Socrale,  de 
Brulus,elc.  La  basse  clas-e  a  les  formes  plus 
petites  et  moins  belles.  Peu  d'individus  sont 
taioués.  Ce  privilège  senible  appartenir  aux 
guerriers,  «  t  particulièrement  aux  chefs  qui 
sont  tous  gu'Tri'-rs.  Il  suffit  de  voir  cet  or- 
nemei.t  pour  juger  rombîen  il  doit  être  dou- 
loureux à  obtenir.  La  beauté  des  femmes  est 
bien  inférienre  à  celle  des  hommes.  Presque 
toutes  I  etites,  elles  n'ont  rien  de  ce  naturel 
gracieux  qu'on  trouve  quelquefois  parmi  les 
peup'ades  non  civilisées,  et  que  nous  avons 
fréqueii.ment  rencontré  dans  l'Archipel  des 
S.ndwieh.  Les  femmes  des  chefs  ont  seules 
le  priviléife  de  se  tatouer  les  lèvres  et  les 
épui  le^  d'une  manière  particulière. 

«  Si  quelque  joer  les  Européens  coloni- 
sent la  [Nouvelle-Zél.inde,  les  habitants  de  ce 
pays  enlrer(int  (iromplenient  dans  la  voie  de 
la  civilisation,  et  se  mélangeront  avec  les 
colons  pour  former  une  n  ,uvelle  raoe;  ils 
S'.nt  bien  différeiiis  en  cela  de  la  race  Noire, 
qui,  comme  à  la  Nouvelle  Hollande,  par 
exemjilp,  et  à  la  terre  de  Van-Uiémen,  s';sole 
des  Angias.  Ceux-ci  la  poussent  dans  l'inlé- 
rieur,  à  mesure  qu'ils  prennent  plus  d'ac- 
croissement, et  uniront  avec  le  temps  par  la 
faire  disparaître. 


nos 

Iles  des  Amis.  —  «  Quelqnes  degrés  de  dif- 
férence en  latitude  appor'eni  déjà  dans  la 
Con>tituli<>n  physique  de  l'homme  de  légè- 
res mo()ifieatio"s  qu'il  est  facile  de  saisir, 
non  sur  d'S  individus  isolés ,  mais  sur  des 
masses.  L'île  de  Tonga-Tabou,  dans  laquells 
nous  avons  --éjournè  pendant  un  mois,  est 
située  par  21"  8'  de  latitude  sud,  el  177°  33* 
de  loimitude  est.  Sa  végétation  est  celle  des 
Iropique'i,  et  avec  elle  naît  l'abondance  que 
lious  allons  retrouver  dans  toutes  les  îles  qui 
en  éprouvent  la  lécondanle  innu^'nce.  Les 
honiiiies  sont  encore  là  grands  et  robustes, 
niais  les  chefs  ont  de  la  tendance  à  a' quérir 
cette  énorme  obésil'-  que  nous  avons  vue  aux 
iles  ir^andwi.  h,  lorsque  l'abondance  des  ali- 
ineals  vient  se  joindre  au  défaut  d'exerciee. 
On  viit  parmi  eux  des  physionomies  très- 
.-igréables  à  nez  elfilé.  Leurs  cheveux  noirs 
seraient  comme  les  nôtres  si,  au  moyen  de 
la  chaux,  ils  ne  les  frisaient  pas  eu  buisson 
ou  ne  les  séparaient  pas  en  grosses  mèches. 
L(!S  chefs  les  portent  unis  et  se  les  coupent 
ras.  Les  hommes  ont  en  général  le  bas  di-  la 
jambe  gros.  Leur  tatouage  en  noir,  qui  n'a 
lieu  qu'à  la  ceinture  et  aux  ruisses,  esl  uni- 
forme. Un  usage  bien  malheureux  auquel  se 
soumettent  les  habiiants  de  Tonga,  eonsisle 
àsecouper  un  ou  deux  des  petits  doigts,  dans 
l'articulalion  de  la  première  phalange,  lors- 
qu'un de  leurs  proches  parents  est  malade, 
dans  lacroyame  que  ce  sacrifice  lui  rendra 
la  santé.  Sur  dix  individus,  sept  à  peu  près 
offrent  cette  mutilation.  Tous  les  chefs  sont 
dans  ce  cas;  el,  ce  qui  es'  encore  plus  bar- 
bare, on  mutile  ainsi  de  jeunes  enfants  qui , 
sans  aucun  dou^e,  ne  peuvent  pas  donner 
leur  consentcmei  l  à  un  acte  aussi  absurde. 

«  En  général,  les  jeunes  f''iiimes  de  Tonga 
sont  assez  jolies.  La  Glle  du  cbef  Palou  avait 
quelque  ressembhmce  avec  certaines  sla- 
t:jes  égyptiennes.  Ses  bras  et  ses  main» 
éiaieni  très-bien  faits.  Le  sexe  serait  mieux 
eiica.e  s'il  ne  coupait  pas  sa  chevelure  en  la 
defigi.rant.  Quelques  femmes  avaient  on  ta- 
lou-^g  '  blanchâtre  à  pstits  points  q^ii  les  ren- 
dait .iffreus'.  s;on  le  croira  facilement  si  nous 
ajoiilotis  qu'il  ressemblait  à  la  lèpre  ou  à  des 
marques  de  petite-vérole. 

I  lîs  Sandwich.  —  «  C'est  dans  le  voyage 
de  t'Uranie,  avec  M.  le  capitaine  de  Freyci- 
nit,  que  nous  visitâm-s  cet  archipel  en  1819. 
Nos  observations  furent  l'ai'es  sur  des  ini- 
Lers  de  naturels  des  îles  Owh\hi,  Mowi  et 
WaliGU.  Comme  à  Tonga,  une  latitude  qui 
n'est  point  Ir^p  élevée  permet  tout  le  déve- 
loppement des  forces  physiques  ;  là,  en  eiïei, 
nous  avons  vu  parmi  les  chefs  îles  hommes 
de  plus  de  SIX  pieds  qui  paraissaier.t  de  taille 
ordinaire,  tant  ils  étaient  gros.  C'est  parmi 
les  lemmes  des  chefs  qu'on  remar(]iiait  le 
p  us  d'obésité.  Ii  i,  la  mutilation  était  d'un 
autre  genre,  et  consistait  à  se  briser  une  <.u 
deux  dents  non  *eulenient  pour  d  s  chagrius 
particuliers,  mais  aussi  à  l'occasion  d'im 
deuil  général,  comme  par  exeaiple  lors  de  la 
mort  du  roi. 

«  Ce  peuple,  qui  .habile  des  îles  grandes 
et  élevées,  est  l'un  des  plus  nombreux  de  la 


*107 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX 


race  Jaune  et  l'un  de  ceux  qui,  avec  les  Tnï- 
liens,  mari'iipnl  ie  plus  vile  vei'>  Iti  civilisa- 
tion. On  peul  d'avance  se  faire  une  juste 
idée  drs  améliorations  qu'é|)roiivero!'l  dans 
Jeur  c  nstilution  pliy'ique  ces  insulaires, 
s'ils  veuleiil  seserviriie  vêlements  et  habiter 
les  coiilrées  tempérées  de  leurs  iiaules  mon- 
tagnes. Il  est  proli.ible  aus  i  que  les  chefs, 
uiodifianlleur  ijenre  devieel  (issint  des'al- 
lier  consta:i)nieni  entre  eux,  n'olfriront  plus 
les  formes  alhléliques  qui  les  caractérisent. 

Ile  TiROPiA.  —  «  Cette  île,  d'une  trè>-pe- 
tilc  élen'luc,  située  par  12"  18'  de  l..tiUide 
sud,  el  166'  12'  de  longitude  «st,  A  peu  près 
à  égale  liislunce  des  Nouvellis-Hébrides  el 
de  r.;rcl)ipel  de  Sama-Cruz,  s.  inb  e  avoir 
été  peuplée  par  la  race  Jaune  à  la  snile  de 
quelque  accident.  Dans  une  circonférence 
d'un  peu  plus  d'une  lieue,  elle  contient  plus 
de  cinq  cents  habitants,  qui  so\il  grands, 
robustes  ,  gais  ,  cont'iai>ls,  cornmuiiiciilifs 
comme  tous  les  hommes  de  cette  race  en 
quehjue  lieu  qu'on  la  Irome.  Leurs  us.igcs 
sont  les  n)èmes;  seulentenl  ils  en  oui  em- 
prunté (iuel(iues-uns  à  la  race  Nuire  qui  les 
enviriinne  el  haliie  d'autres  il>s;  c'est  aii>si 
qu'ils  ont  la  cuulume  de  porter  des  aitiieauK 
aux  oreilles,  el  de  se  percer  quelqurfjis  la 
cloison  du  nez  pour  y  passer  un  tiàtonnet. 
Ils  laissent  flolier  leuis  longs  thveus  sur 
les  épauti  s  ;  mais  ils  en  altèrent  la  couleur 
au  niuyeii  de  la  chaux  qui  leur  donne  une 
vil.iiue  teinte  ïousse.  Leur  latouage  est  ré- 
gulier et  consiste  en  plusieurs  bandes  trans- 
versales sur  la  poitrine  ;  quehiuefois  on  en 
remarque  aussi  trois  longitudinales  SLir  toute 
ia  lunj^ueur  du  dos. 

«  Il  j  avail  parmi  les  Tikopiens  un  habi- 
tant des  lies  de»  Amis  qui  ne  présentait  au- 
cune différence  avec  eux.  Nous  n'en  aurions 
rien  su  si  on  n'avait  pa-  eu  le  soin  île  nous 
en  instruire.  L'accident  qui  l'y  avait  amené 
est  iiii|  ortanl  à  conn.  ître,  et  il  nous  ser\ira 
à  expliquer  naturellement  la  manière  dont 
quelques-uups  de  ces  îles  se  sont  peuplées. 
Nous  en  parlerons  ii  ccssammeut. 

Iles  Cabolines.  —  «  Les  nombreuses  pe- 
tites îles  connues  sous  ce  nom  sont  éparses 
sur  la  vaste  étendue  de  niçr  qui  se  trouve 
coinpriseenire  les  3'et  l^.*^^  degrés  delatiluiie 
nord  et  les  128' et  171' degrés  de  longitude 
à  l'oneiilde  Paris.  Comme  la  plupart  de  cei 
lies  n'offrent  aucun  porl  sûr  aux  grands  na- 
vires, on  n'y  relâche  que  fort  rarement  ;  mais 
la  conûance  et  l'mlrépidi  é  des  C  iroiinois, 
qui  les  portent  conslainmeut  à  venir  reion- 
iiaîtrf!  les  navigaleurstini  travers  ni  leur  ar- 
chipel, p^uvenl  tJispeiiser  jusqu'à  un  cer- 
tain point  d'aborder  chez  eux,  surtout  lors- 
qu'on n'a  pour  but  que  de  sav<iir  à  quelle 
race  ils  appartienneni.  Nous  n'avons  donc 
jaaiais  (ait  aucune  relâche  aux  ilesCaroliues; 

(I)  Aux  iles  Mariannes,  nous  eûmes  un  exemple 
frapp:'nt  de  l'action  du  sileil  sur  l'espèce  hmiiuiiie 
relaiiveinenl  .i  la  miulKIcalioii  de  i.i  cmieuf.  Des 
Saïutnichiens,  lioinuies,  leiniim..  el  enfaiils,  avaient 
éié  pris  sur  un  cor^:i[re  des  inilepeinlants  d'.\M.érl- 
quc.  Ils  étaient  de\e.ius  si  bruns  que  nous  aviuiis  de 
b  uein«  à  les  recounaitre  pour  élredo  la  race  Jaune. 


DES  ANTHROPOLOGUES ,  i|>,8 

mais  nous  a  von  s  parcouru  plusieurs  fois  cet  ar- 
chipel, en  pissani  devant  les  îles  Ponlo.:- 
souk,  Pouloiihoi,  Tamaïain,  Ol'ap,  Fanad,k, 
au  milieu  du  groupe  plus  éloigné  dans  le 
sud -est  que  les  naturels  nomment  Klivi.  Noiis 
avons  côtoyé  la  grande  el  helle  ile  d  Y,  p. 
Partout  nous  avons  communiqué  avec  les 
indigènes,  et  de  plus  nous  avons  vécu  à 
(îuamuvec  un  assez  bon  nombre  d'entre  cu\ 
qui  viennent  chaque  année  de  Satadoual  el 
de  Lamnrsek  pour  y  chercher  du  fer.  Dans 
celte  élude  de  plusieurs  lenlaines  de  na  u- 
rels,  nous  avons  reionnu  et  conflrraé  ce  que 
Forsicr  n';ivait  admis  que  comme  une  sup- 
po  ilion,  puisqu  il  n'avait  pas  »u  ce  peuple, 
qui  apparlienl  réellement  à  la  ra.e  Jaune  de 
la  mer  du  Sud.  C'est  la  même  conformation 
générale  ;  ce  sont  les  mêmes  traits.  In  même 
chevelure  (lotlanle  et  lisse,  plu»  belle  ici 
parce  que  rien  ne  laltèie.  Leur  taille,  in 
général,  est  seulement  un  peu  moins  é'evée 
que  elle  des  autres  peuples  du  GrandOccan 
leurs  analogues.  Leur  tatouage,  à  l'excep- 
tion de  la  figure  qui  ne  présente  pas  cet  or- 
nement, est  des  plus  complets,  surtout  ce'ui 
des  chefs  qui  poricnl  iucruslée  dans  leur 
peau  la  marque  de  leur  puissance.  Un  usige, 
qui  leur  est  commun  avec  qielques  autres 
peuplades  .  consiste  à  s  agrandir  le  trou 
qu'ils  font  au  hbe  de  l'oreille  de  manière 
à  y  pouvoir  qucl:|uefois  introduire  le  poing. 

«  La  seule  différence  que  les  Ciirolinois 
présentent  a»' c  les  peuples  dont  nous  ve- 
nons de  l.iire  mention,  ce-t  qu'ils  sont  un 
peu  plus  foncés  en  couleur  tirant  sur  l(« 
brun.  Ma  s  celte  nuance  qui  ne  suffit  pas 
pour  en  faire  une  race  particulière,  lient 
manifestement  aux  latitudes  qu'.ls  habitent, 
au  peu  d'elévaliiiii  de  leur  sol  au-dessus  du 
niveau  de  la  iner,  à  l'habitude  qu'ils  ont 
d'ère  sans  cesse  dans  leurs  pros  ou  sur  les 
bords  de  1  Oiéan,  exposés  à  l'influence  d'un 
soleil  ardent  (1).  Ces  différences  sont  les 
même»  que  colles  qu'on  peut  remarquer  en 
Europe  enlre  les  peuples  du  midi  ot  ceux  du 
nord.  Ainsi,  par  exemple,  en  France  on 
di.stingue  facilement  les  Normands  et  les 
Bretons  des  Provençaux  el  des  Languedo- 
ciens; mais  ce  seiont  tunjours  des  Euro- 
péens,des  hommes  de  la  race  caucasienne, 
comme  les  ha  bilan  ts  des  Carolines  doivent  être 
de  la  race  Jaune.  Noas  différons,  en  cela,  de 
notre  confi  ère  de  la  marine,  M.  Lesson.  qui 
regarde  les  Carolinoi*  comme  lUfferenls  des 
Sandwiehion-,  des  Nouveaux-Zelandais,  etc. 

«  Il  sulGl  d'avoir  vu  la  race  Jaune  par- 
tout où  elle  se  trouve  pour  en  reconnaître 
l'idculilé,  et  il  esl  peu  nécessaire  pour  la 
confirmer  davantage  d'y  joindre  des  habitu- 
des de  mœurs  ou  des  similitudei  de  langage. 
Ce  dernier  moyen  n'est  même  pas  toujours 
concluant;  car  il  arrive  quelquefois   que, 

Nous  avons  vu  le  même  phénomène  sur  un  homme 
di-s  Marquises  ;  el  tous  \^■.^  jaiirs  on  pouvait  l'oliser- 
ver  en  coitiparant  les  chefs  aux  liiunines  d.;  (ieiii« 
qui,  piur  se  (irociner  leur  iioumiuie,  pisseni  leur 
vie  sur  les  récif,  cl  pre^tjiiu  Ëiiiièremenl  nus. 
(ISoieée  MJil.  Qkoy  et  (iaiinard.) 


1109 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


lorsque  la  race  Jaune  et  la  race  Noire  se 
trouvent  réunies  dans  le  même  archipel,  sur 
des  îles  séparées,  elle»  parlent  la  mêuic  lan- 
gue, ou  bien  se  serveot  d'un  grand  nombre 
de  mots  communs  à  chacune  d'elles,  comme 
cela  a  lieu  eniro  les  fies  des  Amis  cl  les  tles 
Vili,  LMitre  Vanikoro  et  Tikopia. 

«  Nous  ajouterons  à  ces  peuples  que  nous 
avons  vus,  et  comme  devant  appartenir  à  la 
même  race,  d'autres  hommes  <iue  nous  n'a- 
vons point  observés  nous-mêmes.  Nous  le 
ferons  avec  confiance  pour  les  naturels  de 
Taïli,  dos  Marquises  (Ij  i-t  de  l'île  du  Pâques, 
d'après  les  observations  de  Forster,  cl  pour 
ceux  d'Oualan,  d'après  le  rapport  deiM.  Les- 
son.  Ce  sera  avec  moins  de  certitude  que 
nous  joindrons  à  ceux-ci  les  habitants  des 
Mulsraves  et  des  iles  Palaos. 

Iles  Marianxes.  —  «  Parlerons-nous  du 
peuple  qui  h:ibite  acluell'  ment  les  lies  Ma- 
riannes?  Mai^  il  y  a  si  longtemps  que  son 
caractère  originel  s'est  altère  par  ses  allian- 
ces avec  les  Espagnols  d  liurope  et  de  Ma- 
nille ,  qu'il  serait  réellement  f'rl  d  fBcile 
d'in:llqiiei'  à  quelle  race  il  appartenait  pré- 
cisémunl.  La  position  des  Miirianncs  non 
loin  des  Carolines  pourrait  porter  à  croiie 
que  les  deux  peuples  devaient  avoir  une 
même  origine;  mais,  d'un  autre  côté,  si  l'on 
fait  attention  à  l'histoire  que  raconte  le  pcro 
Le  Goliien,  de  ces  Cai  olinois  qui,  dans  une 
f. êle  pirogue,  furent  jeiés  sur  l'île  d,'  Guam, 
où  leur  l.ngue  était  totalement  inconnue  ; 
si  l'on  tient  cmipie,  c!iez  beaucoup  de  niiiis 
actuels,  de  la  forme  des  yeux  qui  sont  obli- 
qviCS  et  assez  srmnlables  à  Cl-ux  des  Chi- 
nois on  sera  fort  euibarrassc  pour  répondre 
à  la  question  qui  nous  eccupe  ,  et  pour 
dire  à  quel  peuple  se  raliai  h.iit  celui  des 
Mariannes.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  rate  en  est 
ht  Ile  et  le  croisement  ne  lui  a  nui  en  aucune 
façon.  Les  Marianiiais  ont  conservé  de  leur 
type  ancien  les  cheveux  noirs  et  lisses,  la 
largeur  des  pommelles,  l'obliqui'é  de  l'angle 
inierne  de  lœil  (sans  cepeud.nt  le  renlle- 
ment  de  la  peau  qu'on  remarque  chez  les 
Chinois  dans  cet  enJroit],  un  peu  de  gros- 
seur dans  les  lèvres  et  les  ailes  du  nez,  et 
les  thevei:x  noirs  et  lisses.  Leurs  nien)l)res 
sont  robustes  ;  les  inférieurs  sont  d'une  gros- 
seur remarquable,  et  paraissent  peut-être 
nn  peu  courts  pour  se  trouver  en  proportion 
avec  le  torse.  Leur  peau  forlemeut  basanée 
se  ressent  de  sa  double  origine.  Les  finîmes 
des  chefs,  qui  ne  sont  point  exposées  à  la  fa- 
ligue  ,  suni  d'un  brun  foncé  agréable;  mai» 
une  maladie   terrible,  la  lèpre,  rend  hideux 


ItlO 

ceux  qu'elle  attaque,  altère  et  détruit  leor 
constitution,  etc  ,  etc. 

De  la  race  Noire  du  Grand  Océan.  — «  Eo 
nous  servant  de  cette  expression  de  race 
Noire,  nous  voulons  qu'elle  porte  en  quel- 
que sorte  sa  déûnition  avec  elle,  afin  qu'on 
ne  la  confonde  pas  avec  la  race  Nègre  d'Afri- 
que. Il  existe,  en  effet,  entre  ces  deux  races 
une  a-sez  grande  différence  pour  qu'on  ne 
s'y  méprenne  point.  Quelques-uns  des  pre- 
miers navigateurs  seuls  ont  pu  commettre 
celte  erreur.  Sans  être  naturaliste,  tout  ob- 
servateur judicieux  ne  confondra  jamais  un 
naturel  de  la  Nouvelle-Guinée  ou  de  la  Nou- 
velle-Hollande avec  un  habilant  du  royaume 
de  Bénin  ou  de  la  côte  de  Mozambique. 

«  Malgré  noire  répugnance  pour  tout  ce 
qui  est  hypothétique  ou  seulement  obs- 
cur, nous  ne  pouvons  nous  empécTier  de 
croire  cependant  que  la  race  Noire  lire  son 
origine  de  la  Nouvelle-Guinée.  Nous  voulons 
dire  la  race  des  îles  qui  environnent  cette 
grande  terre,  qui  a  poussé  ses  migrations 
dans  la  mer  du  Sud  jusqu'auprès  des  îles  des 
Amis,  et  qui  habile  exclusivement  le  grand 
ardiipel  des  Vili  (2):  car,  pour  l'espèce  qui 
habile  la  Nouvelle-Holande ,  nous  ne  pou- 
vons Il  regarder  comme  idonliqiio.  Les 
caractères  qui  la  différencient  sontuop  frap- 
pants pour  qu'on  cherche  jamais  à  la  ratta- 
cher aux  Papous.  Nous  citerons  les  faits 
sans  niius  engager  dans  aucune  conjecure 
sur  son  origine.  Nous  demandons  seu  ement 
qu'on  nous  tienne  compte  de  la  réserve  que 
nous  apportons  dans  des  o|iiiioiis  zoologi- 
ques, qui,  vu  le  développement  actuel  do  la 
science,  pourraient  être  portées  fort  loin  et 
trancheraient  bien  des  difficultés. 

Nouvelle  Guinée. — «  Nous  avonspirléail- 
leurs  (3)  do  ses  habitants  connus  sous  le  nom 
de  Papous  ou  Papouas,  que  nous  avions  vu» 
sur  l'ile  Vaigiou,  cl  nous  avons  donné  qael- 
ques  détails  sur  ce  que  l'organisation  de 
l'homme  a  de  plus  caractéristique,  la  lêle  os- 
seuse. Les  observations  que  nous  avons  fai- 
tes depuis  lors  sur  ces  hommes  qui  hatiitent 
le  liiloral  de  la  Nouvelle-Guinée,  au  port 
Dorey,  nous  ont  confirmés  dans  l'opinion  que 
nous  avions  avancée  ;  savoir,  que  ces  peu- 
ples formaient  une  race  distincte,  différeiilo 
de  la  race  Nègre  proprement  dite.  Ses  prin- 
cipaux caractères  sont  les  suivants  :  les  che- 
veux crépus,  mais  non  laineux  ;4),!rès-louf- 
fus  par  le  soin  lout  particulier  qu'ils  en  pren- 
nent. Quoique  leur  crâne  ait  en  général  les 
dimensions  voulues  pourconstituer  des  hon«« 
mes  doués  d'une  assez  grande  somme  d'inteU 


(1)  Nous  pourrions  invoquer  le  sealimeni  unanime 
de  voyageurs  aussi  insiruiis  c|ue  véridi(|ues,  ne  vou- 
lant pus  iiiciiiionner  les  iiidiviuis  isolés  de  ces  deux 
pn  mières  iles  que  nous  avons  eu  roccasion  d'exa- 
miuBr.  (ISotede  MM.  Qiioy  et  Ga  murd. 

(i)  Ce  sont  les  t'idji  des  navigateurs,  ainsi  nom- 
mées par  leu'is  voisins  les  lialiiiams  de  Tongn-Taliou. 
Le  iioni  du  V'ifi,  que  nous  adoptons  avec  M.  d'Ur- 
ville,  nous  a  été  romni  p  ries  inulaiies  eux-inéines, 
{Note  de.  MM.  i/uoy  et  Gumard.) 

(5)  Voyage  de  l'Vranie,  Zuolojsie,  pages  1-9,  plan- 


ches I  et  II. 

(i)  Celte  observation,  qui  est  fle  Fnrsicr,  nous  pa- 
rnîl  très-bonne,  en  ce  qu'elle  distingue  l>  chevtlurô 
d<'8  Papous  de  celle  des  Nègres  d'Alriiine  qui  'St 
courte  et  laineuse,  et  dont  on  nn  pourrait  jnnais  Tiir» 
ces  vastes  coiffires  des  Papous  dont  le>  clieveiis;  o« 
sont  que  ciépus  et  très-longs.  Nous  ne  nous  dissi- 
mulons p^s  du  reste  (|u'une  description  ne  saurait 
rendre  qii'iinfiarfaiieiiieiit  ce  qu'oïl  seu!  coiip-d.'vilieié 
sur  ces  lioninies  ou  sur  une  lionne  lig'ire  indique  ira» 
niédiaieineni.      {Note  de  MM.  Quoij  n  Cimurd- 


t^        ^ 


Uii 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES 


fll2 


ligpnrc,  les  proporlions  du  reste  de  h'ur 
corps  sont  loin  iléire  belles.  Ils  Sunl  peliis; 
ils  oui  li-s  iiitrîibres  assez  grêles  et  1«>  ven- 
tre wriis.  L;i  fouleur  de  leur  pe;tu  est  un 
brun  fiincé  mélangé  de  launâîre.  Ils  ont  le 
ne?  ^palé,  1.»  Ixiurhe  {jr.inde  et  Ifs  deux  dia- 
iiièin-s  de  la  face  presque  égaux.  Cependant, 
parmi  le*  jeunes  gi-ns,  il  s'en  trouve  d'une 
pliy>^ion  iniie  agriîab'e;  et  ni>us  citerons  pour 
le  villase  de  Dorcy.  un  de  nos  giiidcs  nommé 
Maiilié'iu.  Il  joignait  à  relégame  du  jeune 
âge  II  plus  grande  coquetterie  dans  sa  fri- 
sure qu'il  craignait  d.-  déranger  en  nous  ae- 
compagnant  dans  les  foréls.  Aus-i  sa  mère 
se  \aiit  ii-e  le  à  nous,  par  de>  signes,  de  l'a- 
voir porté  dans  son  sein. 

«  Dans  toutes  les  conlrécs  que  nous  avons 
parcourues,  nous  avons  trouvé  les  femmes 
m  lins  bien  que  les  hommes.  Ici,  elles  sont 
dégradées  au  dernier  d.gré  et  flétries  de 
bonne  heure  par  les  institutions  qui  les 
charg-  nt  des  travaux  les  plus  pénibles. 

c  Les  habitants  de  Dorey  nous  ont  paru 
de  mœurs  aussi  douces  que  simples,  sans 
cependant  manquer  de  sagacité.  La  fréquen- 
laliun  des  Malais  et  des  Chinois  des  Molu- 
qui'S  leur  donne  l'habitude  du  commtrce. 
Sans  vouloir  entrer  dans  des  détails  qui  ap- 
partiennent à  l'historique  du  voyage,  nous 
ferons  remarquer  cependant  ((u'ils  savent 
fabriquer  la  poterie,  coutume  qui  semble 
propre  à  la  race  Noire,  qu'elle  a  portée  avec 
elle  dans  ses  migrations,  et  que  nous  n'a- 
vons trouvée  nulle  part  clii  z  la  rate  Jaune. 
«  La  popualion  (iu  port  Dorey  présente 
de  singulières  dilTérences  dans  le  caractère 
de  I  1  léte.  Nous  ne  lûmes  pas  peu  surpris  de 
voir,  comme  a  Vaigiou  dans  noire  premier 
voyage,  des  Dgures  de  iNègri's  à  maxillaire 
avincé,  à  lèvres  saillantes,  avec  le  Iront 
fuyant  plus  ou  moins  en  arrière.  Leurs  che- 
veux coupés  ras  ajoutaient  encore  à  la  res- 
semblance. La  couleur  de  la  peau  seule 
était  celledes  Papous;  cependant  ces  indivi- 
dus, j  unes  pour  la  plu^jart,  aj  partenaitnt 
bien  à  la  même  peuplade,  y  étaient  n.s,  en- 
On  c'étaient  des  Papous  comme  les  autres, 
ainsi  qu  ils  le  dsaicnt  en  répondant  avec 
énergio  à  nos  que^^i•^ns  qui  paraissaient 
leur  déplaire.  Ot  fait,  qu'aujourd'hui  nous 
a»ons  de  nouveau  examiné  avec  attention, 
ne  nous  en  semble  pas  moins  difficile  à  ex- 
pliquer. Nous  ne  pouvons  même,  pour  cela, 
faire  intervenir  une  race  (  xistant  lians  l'in- 
térieur; car  les  habitants  de  Dorey  en  ont  la 
plus  grande  frayeur  et  >ont  en  guerre  ou- 
verte avec  elle,  comme  nous  avons  eu  occa- 
si'in  de  le  voira  nos  dépens.  (Voyez  l'His- 
toire du  Voy  ige.) 

«  i  es  Papous  du  lilturil  se  distinguent 
eux-mêmes  de  ceux  qui  habitent  les  monta- 
gnes ei  qu'ils  nomment  Arfnk  s  ou  Alfakis. 
Comme  ii  y  en  avait  plusieurs  familles  qui 
habitaient  trois  ou  quatre  ca^es  sur  les  hau- 
teurs de  Dorey,  'ù  elles  s'adonnaient  entiè- 
rement à  l'agriculture,  nous  les  visitâmes  en 
pous  f.iisanl  accompagner  par  un  assez  bon 
nombre  de  Papous,  afln  de  pou>oir  établir 
'.une  comparaison  immédiate  et  tout  à  fait 


zoologique.  Les  légères  dilTérenccs  que  nous 
trouvâmes  entre  eux,  et  que  la  couleur  noire 
de  la  peau  rend  encore  plus  diflicil'S  à  ap- 
précier, ne  peuvent  loui  au  plus  nous  les 
l'aire  considérer  que  comme  umc  de  ces  v.i- 
riétés  de  physionomie  qu'en  France  on  ob- 
serve e'ilre  des  provinces  éloignées. 

«  De  grandes  contrariétés  ayant  rmpêihô 
l'Asiroabe  d'exilorer  la  Nouvelle-tîuinéo 
comme  on  en  ava  I  lintention,  nos  rerher- 
cb'  s  relativiment  à  ses  habitants  n'ont  pu  se 
porter  sur  d'aulns  points.  Amsi,  non-  ne 
citerons  ceur  des  environs  des  lies  Srhou- 
ten,  qui  s'avancèrent  vers  nous  avec  des  n- 
tenlioiis  hostiles ,  que  comme  p  iraissant 
miiins  bien  cimformés  que  ceux  du  port  Do- 
rey, et  comme  étant  remarquables  surtout 
par  la  grosseur  du  ventre. 

Nouvelle-Irlande.  —  «  La  race  Noire  vit 
ici  dans  >on  état  le  plus  naturel,  loin  du  con- 
tact des  peuples  un  peu  plus  civilisés.  Ce 
n'est  même  que  de  loin  à  loin  que  quelques 
Européens  visitent  ces  contrées.  Les  indigè- 
nes du  havre  Carteret  vivent  en  petites  peu- 
plades isolées  et  sont  extrêmement  défiants; 
ils  écartaient  toutes  les  propositions  qui 
tendaient  à  obtenir  la  permission  de  visiter 
leur  village.  Des  cadeaux  que  leur  Gl  l'un 
de  nous  parurent  vaincre  un  inst;int  leur  ré- 
pugnance a  cet  égard;  mais  bientôt  ils  chan- 
gèrent d'avis  et  ne  voulurent  plus  tenir  leur 
promesse,  quoiqu'ils  eussent  reçu  des  pré- 
sents (ju'ils  considéraient  comme  Irès-pré- 
cieux.  La  différence  qu'ils  peuvent  pré8»^n- 
ter  avec  les  hab  lants  de  Dorey  lient  plus  à 
l'usage  de  se  barbouiller  Li  figure  de  blanc 
et  de  rouge,  à  celui  de  se  teiii<trc  les  che- 
veux de  plusieurs  couleurs,  qu'à  des  carac- 
tères réels  et  bien  t'aiichés.  Voici  du  reste  la 
noie  qui  les  concerne,  tirée  de  notre  journal 
et  fai>e  à  l'anse  même  où  était  mouillé  no're 
navire.  Ils  ont  la  t.illc  médi.>c>e,  le  ventro 
gros  et  les  membres  grêles.  L;i  face  est  élar- 
gie par  la  saillie  des  pommettes.  Le  nez  est 
épaté  ;  ils  s'en  percent  les  deux  ailes  pour  y 
passer  des  dents  de  cochon  qui  divergent 
comme  de  petites  cornes,  ce  qui  leur  donne 
un  aspr<ct  tout  à  fait  singulier.  Ils  ont  les 
yeux  petits  et  un  peu  obliques,  et  n'ont  pres- 
que pas  de  barbe;  leurs  cheveux  sont  noirs 
et  disposés  par  petites  tresses.  Ces  hommes 
peu  industrieux  Sont  entièrement  nus  et  pa- 
raissent fort  misérables.  Qaoiq  le  hatdlant 
sous  une  belle  Ijtitude,  par  ^1^°  su  I,  ils  ne  sa- 
vent point  tirer  parti  pour  leur  bien-êire  de 
l'admirable  végétât  ou  t^ui  les  environne.  Ils 
paraîtraient  au  cou  raire  en  recevoir  une 
inilnence  funeste  pour  leur  dév^  loppement, 
et  se  ressciiiir  de  1  atmosphère  humide  dans 
laquelle  ils  sont  si  fréquemment  plongés,  et 
qui  nous  contraria  beaucoup  pendaui  les 
quinze  jours  que  nous  demeurâmes  au  havro 
Cdi  tcrel. 

Ile  VàxiKono.  —  «  Il  parait  que  la  race 
Notre  du  Grand  0>éan,  dont  le  point  central 
est  Id  Nouveile-Guiné',  a,  par  des  migra- 
tions successives,  ga;;né  la  Nouvelle-Breta- 
gne, la  Nouvelle-Irlande,  les  archipels  de 
Salomon  et  de  Saula-Cruz,  les  Nouvelles- 


IM3 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


ml 


Hébrides,  l.i  Noavel!e-C;ilédiinie  ri  les  îles 
Vili.  L;i  -rulo  îie  de  Tikopi.'i,  s  Idée  entre  les 
Nouvellns-Hélu  iJes  ei  les  ilos  d.-  Sanl.i-Cruz, 
est  peuplée  pir  des  hoiinncs  de  1 1  rnce 
Jjuiiie,  comme  nous  l'avons  vu  prétédem- 
nicni. 

«  L'îl''  dp  Vnnikoro  ou  Vanikolo,  devenue 
à  j;iin;iis  ci''ièl>re  par  l.i  perte  des  vaisseaux 
de  Lapérouse,  apparlipDi  à  rarchipcl  de 
Sanli-Crtiz.  Elle  est  siuice  par  le  11"  iC  de 
latitude  sud  ■  t  16i'  ;t2'  de  longitude  à  l'est 
de  Paris.  Nous  devons  avouer  quiri  la  va- 
riété de  lespèce  Noire  est  des  plus  grandes, 
cl  ((u'elle  se  rapproche  .-lulanl  du  lype  Nègre 
proprement  dit,  que  du  Papou;  mais  il  s'y 
joini  un  autre  caractère  que  nous  n'avons 
trouvé  nulle  pan,  c'est  la  compr-'ssion  laté- 
rale el  naturelle  di-  la  lêie  produite  par  la 
Siiilii'j  du  toroual  tiès-bombé  en  devant  et 
par  la  forte  arêt  •  que  décrit  la  ligne  cou'be 
temporale  (Ij.  Leurs  cheveux  n'nvanrant 
poini  sur  le  iront,  le  si>in  qu'ils  prennent  de 
les  relever  et  l'e  les  rejeter  en  arrière  rend 
toutes  ces  parties  bien  visibles.  La  saillie 
des  ptinimettes,  qui  est  assez  considérable, 
rend  le  diamètre  transversal  de  la  face  plus 
gran  i  ijoe  cilui  du  rrâne.  Un  autre  carac- 
tère non  moins  lemarqualde  enrore  est  la 
dép.ession  des  o^  du  nez,  C"  qui  fait  paraî- 
tre cet  organe  comme  écrasé  à  sa  racine: 
sii'g  lière  ressemblance  avec  celui  de  l'o- 
ra.ig  -  outang.  Par  cette  disposition,  les 
b<)SSt.'S  orbilaires,  déjà  irès-bombées,  le  pa- 
raissent encore  davantage.  Le  nez  lui-même 
est  très-épaié;  ils  in  augmentent  l'éla  gis- 
semeiii  I  ar  d'assez  longs  bâtonnets  qu'ils  se 
passent  eu  travers  dans  la  cloison.  Quel- 
ques-uns se  percent  les  ailes  du  nez  et  y 
8nspende.it  d'assez  lourds  anneaux  d'écaillc 
de  tortue.  Le  maxillaire  intérieur  n'a  rien 
de  remarquable.  Ln  f  Tuie  bombée  du  front 
fai'  que  leur  angle  facial  n'est  point  trop 
aigu.  L'œil  est  assez  gr-ind,  ova'aire,  en- 
foncé; le  ginbeest  saillant  et  ressemble  pour 
la  ftirme  et  la  couleur  à  celui  des  Nègres; 
les  lèvres  8i>nt  grosses,  le  menton  esl  peiil. 
Les  hommes  â^^és  ont  la  têle  nue  et  les  ehe- 
■veux  Courts;  l'oreille  n'aurait  rien  d'ex- 
traordiiwiire  si  ces  insulaires  n'eu  perfu- 
raienl  le  lobe  et  ne  dilata  eut  l'ouverture  de 
manière  à  y  pisser  le  poing.  Lorsqu'un  ac- 
cident rompt  cet  anneau,  ils  eu  percent  un 
au're  dans  la  lanière  la  plus  considérable; 
et  ce  (|iiî  esl  très-singuiii'r,  c'esi  que  ces  par- 
ties qui  sembleraient  devoir  s'amincir  en 
ra'son  de  leur  extension,  prennent  très-sou- 
vent au  contraire,  parties  attouchements  et 
de-  liraillemeuis  continuels,  une  augmenta- 
tion de  viilume  qu>  pourrait  représenter  huit 
ou  dix  fois  celui  du  lobe.  Les  membres  in- 
férieurs, grêles  dans  les  uns,  sont  assez  bien 
nourris  chez  d'autres  ;  le  mollet  est  placé 
un  peu  liaul,el  le  calcanéum  chez  beaucoup 
d'individus  fait  une  saillie  assez  remarqua- 
ble. <e  qui  e>l  uu   nouveau  rapport  avec  le 

(1)  Ce  réirécisseineiit  irès-appaieiit  n'esi  crfp.îii- 
da'il  que  reialif,  coiiiine  il  a  été  facile  de  s'en  con- 
vaincre pur  lies  mesures  prises  avec  mi  conipas 
courbe  sur  une  quinzaine  d'individus,  et  comparées 


Nègre,  que  ne  présentait  pas  la  race  Poly- 
nésienni'.  Leurs  cheveux  sont  crépus,  et 
bien  qu'ils  ne  les  coupent  pas,  ils  ne  pren- 
nent jamais  en  masse  un  grand  aecroisse— 
ment  ;  ils  les  liennent  enveloppés  d.ins  un© 
pièce  d'étoffe  qui  leur  pend  jusqu'au  bas  du 
dos  ;  c'est  ce  qui  d'abord  semble  donner  plus 
de  développement  à  leur  chevelure.  Ils  fa- 
çoniîeiit  en  irès-grands  anneaux  l'écaillé  de 
tortue  e!  en  suspendent  jusqu'à  près  d'une 
demi-livre  à  chaque  oreille.  Du  re^lc  ils  se- 
raient entièrement  nus  sans  l'étoffe  droite 
qui  cache  à  peine  leurs  parties  génitales. 
L'usage  du  béiel  leur  détruit  les  dents  et 
rougit  désagréablement  le  contour  de  la 
bouche. 

«  Les  femmes  sont  d'une  laideureffrayanle. 
Ces  peup'es,  comme  tous  ceux  qui  h  ibilent 
par  de  s 'inblables  latitudes,  sont  sujets  à  la 
lèpre,  miliidie  qui  s'olTre  le  plus  s-uvent 
sous  la  forme  d'eléphanliasis.  Le  vieux  chef 
de  Manévé  avait  la  Cgure  couverte  de  pustu- 
les ulcérées  el  suppurantes. 

«  L'ile  de  Vanikoro,  d'environ  douze  lieues 
de  tour,  peut  avoir  une  population  de  mille 
à  douze  cents  âmes  dont  nous  avons  va 
plus  des  deux  tiers.  Dans  ce  grand  nombre 
d'individus  à  peine  pourrions-nous  en  citer 
quelques-uns  de  remirquables  par  le  déve- 
loppement de  leurs  formes.  Ils  sont,  en  gé- 
néral, petits  et  grêles.  Ces  misérables  peu- 
plades, divisées  et  constamment  en  guerre 
entre  elles,  habitent  sur  le  bord  de  la  mer 
un  sol  bas  el  marécageux  dont  iis  doivent  à 
la  longue  ressentir  l'innueiice,  comme  nous 
l'éprouvâmes  nous-mêmes  si  vivement  du- 
rant le  court  séjour  que  nous  fîmes  dans 
celle  île. 

Iles  VfTi. —  «Les  îles  Viti,  situées  dans 
le  Grand  Ocè.in,  non  loin  du  tropique  du 
Capricorne,  forment  vers  l'est  la  dernière  li- 
m  te  de  la  migration  des  hommes  noirs. 
Celte  race,  qui  occupe  complètement  cet  ar- 
chipel, s'est  constamment  tenue  isolée  des 
habitants  des  lies  des  Amis,  qui  les  tou'  hent 
pouraiU'ii  dire. Cependant  l'îlede  Laguemba, 
située  dans  la  partie  orientale  des  iles  Vili, 
e-l  souvent  fréquentée  par  les  insulaires  de 
Tonga,  et  le  sang  s'y  trouve  quelquefois  mé- 
lange. 

«  En  faisant  la  géographie  de  cet  archipel, 
nous  n'y  avons  point  trouvé  de  port,  et  le 
mauvais  temps  nous  a  empêchés  d'y  relâ- 
cher. Toutefois  nous  avons  eu  à  bord  pen- 
dant quelques  jours  plusieurs  naturels  de 
l'île  Emb.ou,  au  nombre  desquels  il  s'en 
trou\ait  un,  nommé  Toumboua-Nakoro,  qui 
était  doué  d'une  rjire  intelligence.  Par  un 
beau  temps  nous  commiinii|uâ  nés  avec  une 
centaine  d'autres  habitants  de  Viti-Lévou. 
En  général,  tous  ces  Vitiens  étaient  de  fort 
beaux  hommes.  Quelques-uns  avaient  de 
cinq  pieds  cinq  pouces  a  cinq  pieds  dix  pou- 
ces. Bien  pr  sdans  leurs  proportions  et  sans 
tendance  à  l'obésité,  plusieurs  auraient  pu 
ensuite,  avec  les  dimensions  de  celle  partie,  sur  des 
hoiiiiiies  de  notre  éii'iipage. 

(iVo(«  àe  MM.  Quoy  et  Gaimard.) 


IHS 


ESSAI  SUR  LES  T14AYAUX  DKS  ANTlinOPOLOGUES  , 


nm 


servir  de  modèle  et  offraient  celle  vigueur 
et  cPltc  sécheresse  de  formes  que  l'on  re- 
marque dans  la  statue  du  gladiateur  com- 
baltanl.  Leur  peau  est  d'un  noir  tirant  sur 
le  cliocolat;  ils  ont  le  haut  du  front  élargi 
de  Qiéoie  que  le  nez  ;  leurs  lèvres  sont  gros- 
8i>s;  cependant  quelques-uns  avaient  d  assez 
beaux  traits  fortement  prononcés.  Leur  che- 
velure <st,  comme  celle  des  Papous,  Irès- 
ampl»'  et  très-frisée  ;  ils  en  prennent  le  plus 
grand  soin  dès  l'enfance;  elle  est  nalurclle- 
nent  noire,  et  ils  augmentent  encore  l'in- 
lensilé  de  cette  couleur  au  moyen  du  char- 
bon. D'autres,  à  l'aiiie  de  la  chaus,  la  rou- 
gissent, la  blanchissent  ou  la  rendent  blonde  ; 
ces  diverses  substances  épaississent  les  clie- 
veus.el  les  font  ressemblera  du  crinfiisé. 
Quelques-uns  les  taillent  en  rond  avec  beau- 
coup d'art,  tandis  que  d'autres  les  divisent 
en  deux  touffes  par  un  large  sillon  qui  va 
d'une  oreille  à  l'autre  ;  ils  maintiennent  cet 
appareil  avec  une  étoffe  blanche  et  claire  de 
mûrier  à  papier,  disposée  en  forme  de  tur- 
ban, ce  qui  leur  donne  l'air  de  musulmans. 
«  Leur  tatouage  est  en  relief,  c'est-à-dire 
que  sur  les  bras  et  la  poitrine  ils  se  creusent 
des  trous  qu'ils  avivent  jusqu'à  ce  que  la 
cicatrice  se  boursouflant  devienne  grosse 
comme  une  petite  ceris  ■.  Pendant  le  temps 
qu'elle  met  à  se  former,  ce  sont  autant  d'ul- 
cères dégoûtants.  Le  tatouage  par  empreinte, 
qu'ils  doivent  avoir  emprunté  aux  îles  des 
Amis,  est  peu  répandu;  on  en  devine  facile- 
ment la  raison.  A  quoi  servirait-il  sur  une 
peau  noire? 

«  Une  industrie  qu'ils  ont  manifestement 
apportée  avec  eux  d  ms  leur  migration,  c'est 
la  faiiricaiion  des  vases  de  terre,  qu'on  ne 
trouve  dans  aucune  des  îles  du  Grand  Océan, 
pas  même  à  Tonga-Tabou,  qui  est  si  près 
d'eus;  ils  n'ont  point  l'usage  du  bétel;  ils 
pratiquent  la  circoncision,  comme  à  Tonga 
et  dans  beaucoup  d'autres  îles.  L'horrible 
coutume  de  manger  les  ennemis  morts  dans 
le  combat  est  portée  chez  eux  au  plus  haut 
point,  et  l'emporte  de  beaucoup  sur  ce  qui  a 
lieu  à  cet  égard  à  la  Nouvelle-Zélande. 

«  Si  dans  ce  vaste  archipel  la  race  Noire  a 
pris,  dans  sa  constitution  physique,  un  déve- 
loppement égal  à  celui  de  la  race  Jaune,  elle 
le  doit,  ce  nous  semble,  à  l'agréable  latitude 
sous  laquelle  elle  vil,  à  une  température  qui 
n'accable  poiut  ses  habitants  par  une  cha- 
leur humide,  énervante,  et  qui  n'étouffe 
point  les  productions  utiles  à  la  nourriture 
de  l'homme  sous  le  luxe  d'une  végétation 
équatoriale. 

Nouvelle-Hollande.  —  «  Nous  n'avons 
vu  de  ses  habitants  que  ceux  de  la  baie  des 
Chiens-M»rins,  du  port  du  Roi-Georges,  de 
la  baie  Jervis  et  de  Port-Jackson.  S'ils  appar- 
tiennent à  la  race  que  nous  venons  de  dé- 
crire, il  faut  convenir  qu'ils  en  forment  une 
variété  bien  distincte  et  des  plus  dégradées. 
Peut-être  l'en  isoleral-on  quelque  jour,  lors- 
qu'on aura  mieux  étudié  les  peuplades  qui 
couvrent  cette  vaste  partie  du  monde  et 
qu'on  aura  mieux  saisi  les  rapports  qui  les 
lient  entre  elles  sous  diverses  latitudes.  Les 


indigènes  de  Port-Jackson  étant  connus  par 
la  foule  de  voyageurs  qui  en  ont  parlé,  nous 
ne  décrirons  que  ceux  du  port  du  lioi-Geor- 
ges.  Quant  aux  habitants  de  la  baie  des 
Chiens-Marins,  ils  oui  été  décrits  et  Oguré» 
dans  le  \'oyage  de  iUranie. 

«  Les  liabilanls  du  port  du  Iloi-Georges, 
comme  tous  ceux  des  plages  de  la  Nouvelle- 
Hollande,  sont  peu  nombreux  el  divisés  en 
petites  tribus  dont  chacune  paraît  composée 
au  plus  d'une  vingtaine  d'individus.  Nous  ne 
les  avons  point  vus  entièrement  réunis.  Le» 
groupes  les  plus  considérables  avec  lesquels 
nous  ayons  communiqué  comptaient  à  p'ine 
douze  à  quinze  hommes  et  qiie'quts  enfants 
de  dix  à  douze  ans  qui  gouvaienl  1rs  suivre 
dans  leurs  courses.  Les  femmes  n'étaient  ja- 
mais avec  eux;  (t  nous  sommes  fondés  à 
croire  que,  par  crainte  ou  par  jalousie,  ils 
les  cachaient  avec  soin.  H  parait  mc:ne 
qu'elles  habitent  assez  loin  des  bords  de  la 
mer. 

«  Le  caractère  de  physionomie  de  ces 
hommes  nous  semble  à  peu  près  le  même 
dans  toute  la  Nouvelle- Hollande,  aul.int 
qu'on  peut  en  juger  par  les  relations  des 
voyageurs  que  par  ce  que  nous  avons  vu 
nous-mêmes  à  la  baie  des  Chiens-Marins,  à 
la  baie  Jervis  et  à  Port-Jackson.  Il  peut  y 
avoir  quelques  différences  dues  aux  locali- 
tés, mais  elles  ne  modifiei:t  pas  essentielle- 
ment le  type  général. 

«  Les  indigènes  du  port  du  Roi-Georges 
sont  en  général  d'une  laille  au-dessous  de  la 
moyenne.  Au  premier  aspect  on  esl  frappé 
de  la  mai^'reur  et  de  l'exiguité  de  leurs 
membres  inférieurs;  mais  celle  disposition 
ne  paraît  pas  être  le  caractère  propre  à  ces 
peuples  :  elle  tient  à  l'éiat  de  misère  dans  le« 
quel  ils  .sont  et  au  défaut  d'une  nourriture 
suffisante  pour  lo  développement  do  ces 
parties,  t^e  qui  semble  le  (irouver,  c'est  que 
nous  avons  vu  dans  ces  parages  des  femmes 
du  port  Dalrymple,  sur  la  terre  de  Van-Die- 
men.  prises  dans  cet  éiat  d'émacialion  par 
les  Anglais  qui  font  la  pèche  des  phoques, 
vivant  avec  eux  et  faisant  usage  d'une  nour- 
riture abondante  et  animale,  et  qu'elles 
avaient  leurs  extrémités  Irés-bien  dévelop- 
pées et  même  dans  un  état  d'obésité.  Le  mê- 
me cas  s'est  offert  chez  plusieurs  individus 
des  peuplades  de  la  Nouvelle-Galles  du  Sud. 
Quoi  qu'il  en  soil ,  ce  caractère  de  maigreur 
est  si  marqué  chez  les  honimes,  qu'il  parait 
vraiment  extraordinaire  au  premier  aspcdt 
et  que  le  dessin  que  M.  de  Sainson  a  fait 
d'un  enfant  nommé  Yalépouol  semble  élre 
une  vraie  caricature  :  on  dirait  que  ses  mem- 
bres inférieurs  ne  sont  aulre  chose  que  le  fé> 
mur  et  le  tibia  recouverts  de  la  peau. 

«  Si  le  torse  paraît  plus  développé  et  plus 
trapu,  on  ne  peut  attribuer  cela  qu'à  l'exi- 
guité des  jambes,  car  il  est  généralement 
maigre.  Les  bras  participent  aussi,  mais  un 
peu  moins,  de  ce  même  état;  cependant  le 
venire  est  arrondi  et  a  des  propensions  à  de- 
venir gros,  ce  qui  s'explique  facilemeiit  par 
l'habitude  qu'ont  les  peuples  sauvages,  ex- 
posés à  de  longues  abstinences,  de  orendr* 


«117 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  HELIGIEUSE 
quand  ils 


des    alimptils   ontre   mesure 
troHveiil  l'orrasion. 

«  Leur  tète  est  assez  grns«e.  la  Tace  un 
ppu  p)argie  tra"s<ersflle(Tienl  :  l'arcade  sour- 
ciiière  très-saillante,  d'aulMiU  plus  peul-élre 
que  leurs  yeux,  petits,  obliques,  noirs,  et 
dont  la  sclérolique  est  blanc-jnunàtre,  sont 
Irès-enf.inrés.  Us  oui  les  narines  plus  on 
moins  npb'lics  et  écarices,  les  lèvrrs  médio- 
crement grosses,  les  pcncives  blafariles,  la 
bouche  îirandc,  Irès-fendne,  ornée  de  dents 
fort  belles,  réffulières  et  serrées,  dont  l'en- 
semble ressemble  parfaitement  à  ces  râte- 
liers arliGriels  qu'on  voit  chez  les  dentistes 
de  Paris.  Ils  ont  les  oreilles  niédior,rement 
grandes,  les  cheveux  bruns  ou  nnirs,  frisés 
sans  être  laineux.  Dire  que  la  coulenr  de 
leur  icini  est  un  noir  roujïeâtre,  ce  n'est  pus 
indiquer  elle  qu'ils  dpyraient  avoir  n;iture'- 
lemenl,  car  la  fumée  et  l'orrc  dont  ils  se 
folteiii  la  télé  et  le  ci  rps  doivent  singuliè- 
rement moilifier  cette  teinte;  toutefois  c'est 
le  noir  qui  dotnine. 

«  Les  malheureux  habitants  du  port  du 
Roi-Gorgos  n'ayant  en  hiver  pour  toiit  abri, 
sous  un  climat  rigoureux  dans  cette  saison, 
que  de  misérables  catianes  ouvertes  À  mus 
les  vents;  pour  vêtement,  qu'une  mince 
peau  de  Kanguroo  qui  leur  couvre  les  épau- 
ifS,  et  pour  toute  nourriture,  que  des  lézards 
ou  de  maigres  lacines.  pen.venl  à  peine  vé- 
géter sur  une  terre  qui  semble  tout  leur  re- 
fuser. Leur  seule  industrie  |  araît  se  borner 
à  la  fabrication  grossière  de  quelques  pêche- 
ries sur  la  rivière  des  Français,  où  ils  \ont 
à  certaines  époques  de  l'année.  Mais  ils  ne 
con-iaissenl  ni  l'arc  ni  la  llèrhe  pour  attein- 
dre leur  proie;  ils  ne  font  usage  ni  de  la  pi- 
rogue ni  de  l'hameçon, instiumenls  naturels 
aux  peuî'Ies  riverî;ins. 

«  Cependant  ils  ne  sont  point  stup'des, 
quoique  leur  existence  s'écoule  presque  en- 
lièrcuent  d,ns  le  repos  ou  à  la  lecherche  de 
leur  nourriture;  ils  ont  de  la  sagaciié  et  de 
Ja  fincssf  dans  le  sou:  ire  et  dans  les  maniè- 
res. Notie  présence  leur  c.iusail  une  sorte  de 
gaieté,  et  ils  cherchaient  à  nous  communi- 
quer leurs  sensations  îivcc  une  loquacité  à 
laquelle  nous  ne  pouvions  répondre,  car  nous 
n'entendions  pas  leur  langage.  Dèsque  la  ren- 
contre s'opérait,  ils  venaient  à  nous  les  pre- 
miers en  gesticulant  et  en  parlant  beaucoup; 
ils  poussaient  de  grands  cris,  et  si  nous  leur  ré- 
pondions sur  le  même  ton,  leur  joie  était  ex- 
trême. Bientôt  l'échange  de  nom  avait  lieu, 
et  ils  ne  tardaient  pas  a  demander  à  manger, 
en  se  frappant  sur  le  ventre.  Dans  uue  nuit 
passée  au  milieu  d'eux  à  terre,  nous  obtîn- 
mes assez  fiicilenicnl  les  mots  les  plus  usuels 
de  leur  vocabulaire,  et  ils  ne  cessèrent  de 
nous  montrer  les  dispositions  les  plus  bien- 
Teilhmies. 

«  Si  notre  approche  n'a  point  eiïarouché 
ces  tribus,  si  elles  se  sont  empressées  de 
communiquer  avec  nous,  si  nos  armes  à  feu 
ne  les  ont  point  effriiyces,  nous  devons  l'at- 
tribuer à  la  présence  des  Anglais  qui  fré- 
quentent et  habitent  même  ces  parages  pen- 
dant une  grande  partie  de  l'année  pour  la 


t'IR 

pêche  des  phoques;  mai»  si  nous  n'avons 
pas  vu  les  femmes  des  indigènes,  il  faut  pro- 
bablement encore  en  chercher  la  cause  dans 
la  présence  de  ces  mêmes  Anglais,  qui  en 
ont  enlevé  plusieurs  pour  leur  propre  ser- 
vice. Elles  leur  sont  d'iiilleurs  de  la  plus 
grande  utilité  quand  il  s'agit  de  leur  procu- 
rer leur  subsisl;Mice,  soit  en  prenant  des 
poissons,  des  coquillages,  des  lézards,  etc., 
soit  en  chassant  avec  les  chiens  et  même 
avec  le  fusil.  Elles  deviennent  promp'enient 
habiles  dans  ce  dernier  exercice.  Une  fois 
que  ces  malheureuses  femmes  ont  perdu  le 
souvenir  de  leur  liberté,  dans  laquelle  ce- 
pendant elles  sont  maltraitées  par  leurs  ma- 
ris, elles  ne  peuvent  que  trouver  agréable  l.i 
vie  qu'elles  mènent  avec  les  Européens,  qui 
ont  poirr  elles  beaucouo  plus  dégards.  Nous 
tenons  de  quelques  pêcheurs,  abandotmés 
p;ir  Lnr  navire  plus  longtemps  qu'ls  ne 
pensaient,  qu'elles  leur  ont  été  d'un  extrême 
60C0UIS,  et  que  sans  elles  ils  seraient  pcut- 
êlre  morts  de  misère. 

Iliî  de  Van-Difmb\.  —  «  Nous  n'avons  vu 
que  quelques  habitants  de  celte  terre,  qui 
d  viennent  de  jour  en  iour  plus  rares. 
N'ay^inl  point  voulu  profiter  d»  quelques 
avantages  de  la  civilisali'in,  ils  ont  été  refou- 
lés dai.s  leurs  forêts,  et  il  s'est  élevé  entre 
eux  et  les  Anglais  une  guerre  à  mort  dans 
laquelle  ils  doivent  nécessairement  succom- 
ber. Ils  finiront,  n'en  doutons  point,  par  dis- 
paraître du  sol  que  la  nature  leur  avait  dé- 
parti. 

.(  Ce  peuple  dilTère  clonnammenl  des  na- 
turels de  celte  partie  de  la  Nouvelle-Hollande 
dont  il  n'est  séuaré  que  par  le  détroil  de 
Bass.ll  diffère  encore  plus  de  la  race  papoue 
et  de  ses  nuances  diverses  :  il  n'a  d'autres 
r;ipports  avec  elle  que  ceux  de  la  couleur.  11 
n'est  pas  de  tête  et  de  physionomie  qui  se 
rapproche  davantage  de  celle  du  Nègre  d'A- 
frique, mais  avec  des  moliûcations  qui  sont 
à  l'avantage  de  ce  dernier,  car  il  est  loin 
d'avoir,  en  général,  le  nez  aussi  écrasé  et 
les  lèvres  aussi  grosses  et  aussi  saillantes. 
Les  cheveux  des  habitants  de  Van-Dicmen 
sont  courts  et  laineux.  Les  femmes  que  nous 
avons  vues  sont  dans  l'habitude  de  se  raser 
la  léte.  Ces  différences  n'ont  point  éi  happé  à 
MM.  de  Labillaritière  et  Pérou:  elles  sont 
inexplicables  et  se  refusent  même  à  toute 
conjecture. Très-certainement  c'est  une  race 
distincte,  et  il  suffit  pour  s'en  convaincre  de 
jeter  les  yeux  sur  les  dessins  des  deux  voya- 
geurs que  nous  venons  de  citer  et  sur  ceux 
que  nous  donnons  nous-mêmes. 

«  Lorsque  ces  insulaires  ont  une  nourri- 
ture abondante  et  qu'ils  ne  sont  point  expo- 
sés aux  intempéries  des  saisons  propres  à 
ces  latitudes,  ils  sont  susceptibles  de  prendre 
beaucoup  d'embonpoint,  comme  nous  l'a- 
vons remarqué  chez  les  femmes  qui  vivaient 
avec  les  Anglais.  Un  métis  provenant  de 
celte  union  n'avait  rien  de  désagréable  dans 
les  traits,  bien  qu'il  cijl  conservé  la  couleur 
noire  de  sa  mère.  On  l'eût  pris  facilement 
pour  un  Indien.  > 


1M9 


ESSM  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES 


lltO 


Coup  d'ail  général  fur  h  différence  qui  existe 
entre  l  s  deux  peuples. 
■  Nous  avons  vu  dans  li  race  Jaune  une 
grande  uniformiié  p!iysique,  qu^  Iles  que 
soient  les  lalilules  diiei^es  où  nous  l'ayons 
observée ,  depuis  le  climat  tempéré  de  la 
Nouvel'e-Zélande  jusqu'à  Tikopia  et  nu%.  îles 
Carolincs,  OÙ  il  Tait  une  chaleur  brûlante. 
Partout  ce  sont  les  mêmes  liomines  :  grands, 
robnsies,  à  physionomie  ouverte  et  dont  les 
traits  ne  déplaisent  point;  il  n'est  même  pas 
lare  de  ren  outrer  de  belles  figures  parmi 
eii\.  On  s'arc  Mitume  facilomeni  à  la  vue  de 
ces  hommes  nus  de  couleur  jaune  cuivrée, 
parce  qu'ils  présentent  de  be'Ies  propo"- 
lions,  telles  que  l'espèce  Noire,  en  général, 
est  loin  d'en  offrir,  et  que  mênie  s.iuvenl  on 
ne  trouverait  pas  chiz  les  Enroprens, comme 
il  e-t  facile  de  s'en  assurer  dans  les  éiOles  de 
natation  ou  en  examinant  les  régiments  que 
l'on  fait  baigner.  Leurs  longs  cheveux  noirs 
cl  ondules,  qu'ils  laissent  flotter  sur  leurs 
épaules  en  boucles  élégantes,  «u  bien  qu'ils 
relèvent  avec  gràcu  au-dessus  de  la  Icle,  r.e 
contribuent  pas  peu  à  leur  donner  un  agréa- 
ble aspect.  La  race  Noire,  au  roniraire,  tor- 
ture ses  cheveux  en  tous  sens,  les  couvre  de 
poudres  de  diverses  couleurs,  €t  kur  fait 
prendre  celle  forme  ébourilïée  qui,  de  prime 
nbmti,  parait  si  singulière.  Les  habilnnls  de 
Vanikoro  ont  même  une  chevelure  tout  à 
fai^  laineuse,  et  l'enveloppent  soigneusement 
dans  de  longs  cylindres  ilotoffes  qui  pendent 
jusqu'au  bas  du  dos.  Indépendamment  de  la 
couleur,  les  traits  de  ces  deux  rac/s  ne  sont 
point  comparables.  Des  poiiimeltes  élargies, 
un  front  rétréci  et  coiupriiné  laléraleuicnl, 
des  lèvres  épaisses  ou  avancées  ,  un  t.ez 
écrasé,  les  yeux  un  peu  obliques  et  quelque- 
fois sailLints  :  tels  sont  L's  car.ictéies  de  la 
figure  des  noirs,  qui  ont  également  l'usage 
de  se  limer  les  den'S  et  de  les  altérer  par 
l'usage  du  bétel.  II  est  vrai  que  les  hom.ics 
jauius  ont  aussi  les  narines  un  peu  élargies; 
mais  quelques-uns  deulre  eux  ont  le  uez 
bien  fait. 

a  Le  tatouage  diffère  considérablement 
parmi  les  Océaniens.  Celui  du  Zélandais, 
unique  en  son  genre,  est  le  résultat  d'inci- 
sions douloureuses  et  régulières  ;  il  paraît 
propre  aux  chefs  qui  donnent  ainsi  à  leur 
Ggure  U!i  air  de  ressemblance  martiale.  Chez 
les  insulaires  des  Carolines,  ces  distiiiclions 
ne  se  trouvent  que  sur  le  <  orps  ;  mais  ce 
n'esl  plus  que  le  tatouage  ordinaire,  produit 
de  simples  piqûres.  Comme  nous  l'avons  dit 
précédemment,  il  serait  sans  objet  sur  une 
peau  noire;  el  c'est  sans  doute  pour  celle 
rjison  que  les  Viliens  lui  ont  substitué  le  H- 
touage  en  relief  qui  est  le  produit  d'ulcéra- 
tions longtemps  entretenues. 

«  Si  nous  voulions,  ce  qui  n'est  pas  direc- 
tement de  notre  rcisort,  descendre  à  l'exa- 
men de  leurs  mœurs  et  de  leurs  habituiies, 
nous  tiouverions  des  distinctions  non  moins 
fondamentales;  nous  verrions  cette  race 
Jaune,  si  conGante  et  si  joyeuse,  s'empresser 
d'accourir  au-devant  des  navigateurs,  leur 


apporter  le  produit  de  son  industrie,  y  j'in- 
dre  même  les  faveurs  de  ses  femme.'.  Nous 
la  verrions  pulluler  d'uns  manière  inconce- 
vable sur  les  plus  petites  îles,  comme  dans 
les  Carolinos,  à  Tikopia,  etc.;  tandi..  que  les 
Papous  vivent  par  peuplades  isolées,  raulti» 
plient  peu,  "^onl  le  p'us  snuvent  en  guerre, 
pjiraisseiit  défiants  1 1  sut  tout  excessivement 
jaloux  de  leurs  femmes  qu'ils  caiMient  avec 
le  plus  grand  soin  à  l'approclic  des  étran- 
gers. Lorsque  nous  vînmes  près  de  Tikopia, 
bientôt  touîes  les  pirog'ies  de  l'Ile  eniourè- 
re.ni /■.4s/ro/fi6e;  et  trente  lieues  plus  loin, 
nous  demeurâmes  deuxj^ursà  rôder  au- 
tour de  Vanikoro  sans  voir  un  seul  naturel. 
Cette  manière  d'ajîr  nous  Gt  dès  lor:.  con- 
naître quelle  race  l'hubitaii,  et  nous  allâmes' 
les  premiers  à  sa  rencontre. 

«Il  icsulie  de  l'étal  da  guerre  presque  per- 
manent dans  lequel  se  trouve  la  race  Noire, 
qii'i  lie  est  redoutée  de  la  race  Jaune  qui 
communique  rarement  avec  elle.  Nous  ne 
connaissons  qu'une  exception  à  cet  égard. 

a  Si  nous  portions  nos  regards  sur  leur 
navigation,  nous  trouverions  celle  de  la  Nna- 
velle-Guinée  dans  l'enfance,  les  pirogues  des 
noirs  océaniens  ne  perdant  jamais  les  rôles 
de  vue;  nous  verrions  les  pro<  des  G;iroli- 
iiois  et  les  pirogues  des  Sandwichiens  pren- 
dre l'essor,  abandonner  les  terres,  el  se  di- 
riger sur  les  astres  pendant  des  traversées 
de  plusieurs  jours. 

«  il  résulte  de  ce  que  nous  venons  de  dire 
des  caractères  propres  à  ces  deux  peuples, 
que  l'u!!,  sous  l'influence  des  Européei'S, 
marche  rapidement  vers  la  civilisation,  tau- 
dis que  l'autre,  refusant  tout  con'acl,  de- 
meure staiioonaire  dans  son  ignorance  et  sa 
barbarie.» 

Du  mélange  des  deux  races. 

«  Ce  n'esl  qu'entre  rarchi|iel  des  Viti  el 
celui  desAmisque  la  frcquentiition  des  natii< 
relsalieu.Toui  semble  prouverqu'il  n'ya  nas 
longtt-mris  que  ce  nié'ange  des' deux  peup!i;s 
s'est  Ojiéré.  Il  e«l  à  remarquer  que  les  "V'i- 
tiens  vont  très-rarement  à  Tonga,  el  que  ce 
sont  au  contraire  les  insulaires  des  Amis  iiui 
se  sont  établis  sur  Lagueinba,  une  des  îles 
de  la  partie  orientale  de  l'archipel  Viiii;n. 
Ils  vont  y  chercher  !e  bois  prvipre  à  la  cons- 
truction des  pirogues  qui  manqupdans  leurs 
îles,  el  le  bois  de  sandai  qui  sert  à  parfumer 
l'huile  dont  ils  se  frottent  le  corps. 

«Wjus  avons  eu  pendant  plusieurs  jo:rs 
avec  nous  un  de  ces  chefs  méii  .  Par  la  com- 
leur  de  la  peau  el  par  les  cheveux  il  tc'.iit 
du  Vitien  ;  mais  par  l'.nsemble  des  traits  et 
surtout  pi'r  son  obésité  il  appartenait  é  la 
race  Jaune.  Un  autre  cas  semblable  s'est 
également  olïert  à  nous  sur  l'ile  de  Viini- 
koro.  On  reconnaît  prompicment  ce  mi- 
lange  :  il  est  lonl  à  l'avantage  de  la  race 
Noire  parce  que  ces  métis  acquièrent  les 
formes  el  le  caractère  de  la  race  Jaune.  » 
Influence  des  localités  et  dis  habitudes  de  la 
vie  sur  ces  peuples. 

«  Comme  l'a  remarqué  depuis  longtemps 
Forsler,  les  deux  grandes    races  qui  nous 


U-21 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


un 


occupenl  présentent  des  différences  qui  peu- 
vent les  fuire  divi>er  en  sous-variélés  ;  mais, 
il  laul  en  coiiven  r,  ce  ne  soni  que  des 
nuances,  el  pour  quelc4Ui'S-uns  de  ces  insu- 
laires, elie^  tiennent  aux  latitudes,  à  la  cun- 
(l^'uratoD  du  sol,  à  l'abundance  de  la  vie 
uiiimale,  aux  habitudes,  etc.  Nous  allons 
examiner  rapidement  l'influence  de  quel- 
ques-uns de  ces  uiodilicateurs  sur  l'espèce 
humaine. 

«  Si  nous  observons  d'abord  la  race  Jaune, 
il  est  faille  de  remarquer  les  belles  propor- 
tions qui  distinguent  les  habitants  de  la  Nou- 
velle-Zélande, et  la  grande  énergie  morale 
qui  les  caraciérise.  Ils  vivent  sous  une  zone 
tempérée.  Ce  n'est  pas  que  leur  sol  fournisse 
abondamment  et  sans  culture  aux  besoins 
de  la  vie;  mais  ils  trouvent  par  leur  intelli- 
geuce  et  par  leur  industrie  une  partie  de  ce 
que  la  nature  leur  a  refusé.  Us  la  forcent  à 
produire;  et  partout  cette  lutte,  lorsqu'elle 
n'est  pas  trop  inégale,  tourne  à  l'avantage 
de  l'espèce. 

«  Non  loin  de  celle  contrée,  chez  la  race 
noire,  à  la  Nou\clle-Uoilande,  l'homme  sem- 
ble abandonné,  opprimé  par  celle  nature  si 
prodigue  ailleurs  de  ses  dons.  Là  elle  ne  pru- 
iluit  r.en  ;  elle  se  montre  si  ingr<>te  que 
nous  avons  vu,  au  purl  du  Roi-Georges, 
l'humme  se  nourrir  de  reptiles,  d'mseetes, 
de  ,  oissons  morts;  à  la  baie  des  Chiens-Ma- 
rins, il  est  forcé,  ainsi  qi'  tout  ce  qui  vil 
sur  celle  terre  de  desolaion,  de  boire  l'eau 
de  ia  mer  pour  se  désaltérer.  On  conçoit  fa- 
cilemeni  toute  l'action  d'une  cause  au>si  dé- 
primante, et  combien  l'espèce  doit  en  souf- 
frir; aussi  tiotj\e-t-on  que  les  haiiilants  du 
port  du  Koi-Georges,  piir  exen.ple,  ont  les 
membres  d'une  u. aigreur  excessive;  que  ce 
caractère  de  misère  Oisp. irait  chez  ceux  de 
la  baie  Jervis  qui  avo:sinent  les  éiabllsse- 
Uicnls  anglais,  et  qu'enGn  leur  consliiulioa 
renire  dans  sa  lorme  naturelle  lorsque  tout 
concourt  à  ce  but. 

«  Nous  n'entendons  parler  ici  que  des  rap- 
ports de  proportion  ,  et  non  de  ceux  qui 
constituant  la  base  londamentalc  de  l'orga- 
nisation établissent  des  dittereuces  dans  les 
races. 

«  En  poursuivant  notre  examen  et  en  pre- 
nant nos  exemples  au  hasard,  nous  vojons 
que  sous  l'equaleur,  par  de  petites  latitudes, 
l'a<  tio;i  de  la  chaleur,  de  l'huniidiié,  le  voi- 
sinage de  la  nier  ou  des  maréc.iges  agissent 
à  un  point  si  exlrauruinairc  sur  l'orgauisa- 
li'jn,  que  le  docteur  tiall  reconnut,  au  pre- 
mier aspect,  des  déf  .im.itions  rachitiques 
sur  ïix  têtes  de  i  apous  que  nous  lui  mon- 
trâmes, et  qu'il  en  dev.na  ia  cause.  Cepen- 
dant la  une  citilisation  commençante  lu  te 
contre  ces  causes  ne  déforoiation,  en  procu- 
r;inl  aux  indi<^ènes  une  nourriture  sinon 
abondante,  du  moins  assurée. 

«Trunsp  rtez  celte  même  race  sous  une 
latitude   moins  chaude,  aux  îles  Viti    par 


exemple,  vous  la  verrez  se  développer  au 
physique  et  an  moral  et  mareh'  r  l'ég  le  de 
la  race  Jaune  qui  lavoisine.  t^esl  ainsi  que 
le  c'.imat  peut  inodiGer,  jusqu'à  un  certain 
point,  nous  le  répétons,  le  caractère  de  tel 
ou  Ici  peuple. 

«  Après  la  latitude,  les  causes  qui  exer- 
cent la  plus  grande  influence  sur  la  consti- 
tution physique  de  l'hoMime  sont  la  disposi- 
tfon  du  sol  et  les  habitudes.  C'est  de  là 
mêoie  que  nous  tirons  nos  preuves  pour  dé- 
montrer que  si  les  Curolinois  ont  la  peau 
plus  loncéo  en  couleur,  ils  le  doivent  à  leur» 
Wes  basses  et  à  fieur  d'eau  qui  reçoivent  una 
forte  réverbération  du  soleil,  et  a  la  néces- 
sité où  ils  sont  de  rester  constamment  dans 
leurs  cani  ts  pour  se  procurer  une  partie  de 
leur  nourriture  à  l'aiJe  de  la  pêche  (IJ.  Nous 
avons  déjà  dit  ce  que  nous  avons  vu  à  cet 
égard  relativement  aux  Sandw>chiens.  lit. 
Comme  le  remarque  Forster,  le  bas  peqpie 
de  la  race  Jannc  qui  travaille  à  la  terre  ou 
exécute  des  travaux  qui  l'exposent  presque 
tonstarament  aux  rayons  du  soleil,  brunit 
au  point  de  se  rappro.  her  de  la  race  Noire 
quant  à  la  couleur.  Nous  ajouierous  que  co 
ne  sont  que  des  apparemes  pour  un  obser- 
vateur attentif  ([ui  retrouveia  toujours  les 
distinctions  que  présente  l'organisation,  la- 
quelle ne  »  ai  ie  que  très-peu. 

«  Ainsi,  en  ai  cordant  a  ces  causes  tout  co 
que  l'observjition  permet  d'accorder,  il  ne 
liiul  pas  aller  trop  luin  parce  qu'on  piiurrait 
bientôt  aliribuer  au  climat  ce  qui  appartient 
en  propre  à  l'organisation,  t^'est  alors  que 
pour  ïe  guider  on  a  besoin  d'avoir  recours 
aux  c.irrictères  zoologiques  proprement  dits, 
alin  d'é  alilir  une  opinion  sur  de>  ba-es  sta- 
ble-. C'est  ce  que  nous  avons  cherché  à  faire 
le  pus  souvent  qu  il  nous  a  été  possible  sur 
les  lieux  mêmes.  Malheureusement  nous 
n'avons  pu  apporier  des  preuves  irréfraga- 
bles de  tout  ce  que  nous  avançons  pour 
tous  les  peuples  dont  il  a  été  parlé,  parce 
qu'ils  tiennent  beauc nip  aux  de, ouilles 
niortelles  de  leurs  compalriot  s,  et  qu'on  ne 
pourrait  pas  violer  leur  sépulture  sans  cou- 
rir de  grands  dangers. 

«  Nous  éviterons  toute  discussion  et  toule 
hypothèse  relativement  à  la  question  de  sa- 
voir lequel  de  ces  peuples  a  la  priorité  d'oc- 
cupation sur  l'autre,  surtout  dans  les  lieux 
où  ils  se  louchent  et  ou  ils  parlent  la  même 
langue.  Encore  moins  chercherons-nous  à 
prouver  d'où  ils  tirent  primitivement  leur 
origine.  Ces  questions,  surlesquelles  chacun 
peui  dire  à  peu  près  ce  qu'il  veut,  ne  peuvent 
être,  ce  nous  semble,  sufti^ammenl  édciircies 
ddus  l'étal  actuel  des  choses,  cl  demeureruut 
toujours  Irès-ojscures. 

«  (Quelles  que  soient  d'ailleurs  les  preuves 
ou  les  raisoni;enienls  qu'on  apporte  pour 
retrouver  le  berceau  des  insulaires  du 
Grand  Océan  ou  celui  des  habitants  de  la 
Nouvelle-Hollande,  toujours  pourra-l-on  de- 


(I)  Les  li»l)itanisdes  Marquises,  dit  Forster,  doi-  raît  de  même  pour  ceux  de  l'Ile  de  Pà<iues,  qui  es* 
veiillbui  R<!Uleur  plus  bus.iuée  à  leur  rap{iruclienient  presque  eiiiiéren.eiit  dé;,o.irvue  de  bois  el  U'ombra- 
de  l'equaleur.  (Voi/uge,  loiiie  V,  p.ige  ïll.)  Il  en  se-      ge-.  (xVolt  de  ilM.  Quoij  el  Gatmard.f 


1123  ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX. 

mander  d'où  viennent  ces  hommessi  cxlraor- 
dinaiics  de  l'île  de  Van-Diémen,  qui  ne  res- 
semblent à  aucun  des  peuples  qui  les  avoi- 
Sinont. 

«  Nous  dirons  seulement  un  mot  sur  la 
manière  dont  quelques  îles  oui  pu  se  peu- 
pler par  des  pirogues,  que  les  venis  el  les 
courants  jetaient  au  larjje  et  porlaient  sur 
des  terres  que  le  hasard  leur  Taisait  rencoa- 
trer.  Les  navigateurs  parleut  de  ces  acci- 
dculs  qui  ne  sont  point  rares.  Un  témoin 
oculaire  nous  cita  un  événement  de  ce 
genre  arrivé  dernièrement  à  une  pirogue, 
qui  de  l'île  Rolouma  (ut  ponce  sur  les  iles 
Vili  ;  cependant  la  dislance  qui  les  sépare 
est  d'environ  cent  lieues. 

a  Tout  porte  à  croire  que  c'est  ainsi  que 
Tikopia,  située  au  milieu  d'îles  habitées  par 
la  race  Noire,  aura  été  peuplée  aciidenlelle- 
meut  ].ar  la  race  Jaune.  Néanmoins  diverses 
circonstances  peuvent  faire  penser  que  cetie 
dernière  race  est  plus  ancienne  dans  cet  ar- 
chipelquela  première,  qui  p.irle  sa  langue, 
el  qui  n'aurait  pas  manqué  de  s'emparer  de 
toutes  les  lies  enviionuaiites.  Voici  un  fait 
arrivé  de  nos  jours. 

«  Parmi  les  Tikopiens  qui  nous  accom- 
pagnèrent à  Vanikoro,  se  trouvait  un  natu- 
rel de  quarante  ans  environ  ;  il  nous  dit 
élre  des  îles  des  Amis,  distantes  d'environ 
deux  cents  lieues.  D'après  son  récit,  étant 
sorti  lorl  jeune  de  Vavao  dans  une  assez 
grande  pirogue  avec  huit  des  siens ,  des 
venis  violents  el  les  courants  les  purlèrenl 
au  litrge.  Bientôt  ils  ne  purent  se  diriger  ni 
retrouver  leur  roule.  Abandonnés  ainsi  à  la 
merci  dos  dots,  ils  eurent  à  souffrir  horri- 
blement de  la  faim  jusqu'à  l'instant  où, 
jetés  sur  Tikopia,  ils  furent  accueillis  par  un 
peuple  scmbable  à  eux.  Auiant  qu'un  en- 
fant de  sept  à  huit  ans  peut  se  le  rai>peler, 
il  dit  qu'aucun  deux  ue  mourut.  Cela  est 
vraisemblable,  lorsqu'on  sait  combien  ces 
hommes  supportent  facilement  une  longue 
abstinence.  Les  Carolinois,  dans  leurs  lon- 
gues navigations,  se  contentent  souvent 
O'un  seul  fruit  de  coco  par  jour. 

«  Ainsi  la  naiure  se  sert ,  pour  répandre 
les  races  humaines,  des  moyens  qu'elle  em- 
ploie pour  multiplier  les  végétaux,  dont  les 
fruits  abandonnés  sur  les  eaux  ilotlent  long- 
temps avant  que  d'aborder  aux  lieux  où  ils 
doivent  prendre  racine.  Dans  celte  grande 
harmonie  les  individus  el  le  temps  ne  sont 
rien.  Le  phénomène  linit  toujours  par  s'opé- 
rer, quelles  que  soieni  d'ailleurs  la  distance 
el  les  dilGcullés  qui  le  retardent. 

«  Comme  il  suffit  d'avoir  va  la  race  Jaune 
pour  en  reconnaître  lidenlilé  partout  où  elle 
se  trouve,  il  est  peu  nécessaire,  pour  confir- 
mer cette  identité,  de  joindre  aux  caractères 
zoologiques  la  description  des  mœurs  ou  les 
simililudis  de  langage.  Ce  dernier  moyen 
n'est  pas  même  toujours  concluant ,  car  il 
arrive  quelquefois  que  lorsque  la  race  Noire 
et  la  race  Jaune  se  trouvent  réunies  dans  le 
même  archipel,  sur  des  îles  séparées ,  el.es 
pai'.cnt  à  teu  près  la  même  langue,  comme 


DES  ANTIlUOrOLOGUES ,  111* 

cela  a  lieu  entre  les  îles  des  Amis  cl  les  lies 
Viti,  entre  Vanikoro  et  Tikopia.  » 


Note  sur  les  Al  fours  de  Celèbes. 

a  A  la  Nouvelle-Guinée,  à  Vaigiou  ,  dans 
toutes  les  Moluques,  on  nomme  Alfojrs  , 
Alfourous,  Alforésps  e'  Haryforis,  des  hom- 
mes qui  habitent  d  ns  l'i  lérieur  des  terrci, 
sur  les  montagnes.  Ils  ditTèrenl  sensibl.-nient 
des  Papous  ou  des  M<ilais  qui  occupent  Id 
liitoj'ai.  Celle  race,  qui  par.iit  fort  ancienne 
el  qui  poiii  rail  bien  être  autochtone,  tsl  loin 
d'être    partout  identique. 

«  Voici  ce  qtie  nous  avcis  vu  à  Célêbes , 
grâce  à   l'oliligeance  de  .M.    le    gouverneur 
.Merkus,  qui  nous  donna  les  moyens  de  l'airo 
un  charmant  voyage  au  lac  de  Tondano,  si- 
tué sur  une  montagne  du  comptoir  de  Ma-« 
nado,  à  plus  do  d-ux  m  lie  piets  au-d.ss  i» 
du  niveau  de  la  mer.  Sur  ce  lao  est  un  grand 
V  llai,'e  peuiilé  d'Alfours  qui  vivent  sous  la 
domination  hollandaise.  Nous  ne  fûmes  pis 
pe:i   surpris  de  voir  en  ce'  lieu   une  race 
d'hommes  dilTérenle  de  la  race  .Malaie,  re- 
marquable d'abord  par  une  plus  grande  bl.iii» 
cheur  de  la  peau  et  par  la  ro  ipc  arrondie  'lu 
visage.  Il  y   a  fori  peu  d'excefiliinis  qu  inl  à 
ce  dernier  caractère.  Leurs  yeux  sont  ov  ilei, 
bien  f-iils,  el  ne  Oennent  en  rien  de  c  -ux  des 
Cliinois,  ainsi  qu'on  peut  souvent  le  remar- 
quer   dans  ces  organes   chez    les   Malais. 
Leurs  cheveux  sonl  noirs  ,  lisses  ,  el  Irès- 
longs,  plus  pariiculièren>ent  encore  chez  les 
femmes.  Les  hommes  n'oni  point  de  iarba 
ou  n'en  ont  que  fort  peu.  La  tciiile  blanche 
de  hur  peau  est  d'autant  plus  claire  qu'.ls 
habitent  les  montagnes  où  la  lemjiérature 
est  fraîi  he  et  le  ciel  assez  souvent  couvert  do 
nuages.  Ceux  qui  se  tiennent  dans  lii  plaine 
ou  sur  le  1  ord  de  la  mer  ont  une  couleor  un 
peu  plus  foncéi'  ,  mais  qui  ne  peut  jamais 
être  confondue  avec  celle  des  .Malais.  Les  en- 
fanls  provenant  d'un   Européen  cl  d'un  Al- 
four  ont  des  formrs  trè^-agréables  ,  coinnie 
nous  l'a  montré  une  jeune  persinnc  lemar- 
quahie  aussi  par  la  beauté  de  ses  yeux.  Les 
Alfours  sonl  de   petite   taille,  bien  f.iils   et 
alertes  ;  les  hommes  du  peuple  vont  p  esque 
nus  :  une  pièce  d'étoffe  leur  cache  seuleme   t 
la  partie  moyenne  du  corps.  Quelque-uns 
d  entre  eux  portent  des  chemises.  Les  fem- 
mes sont  vêtue-.  Les  cliefs  ont  pris  le  cos- 
tume cun  peen  dans  lequel  ils  ont  l'air  em- 
pesé, ou  bien  ils  sonl  velus  à  la  malio:iiétai.e, 
ce  qui  leur  sied  beaucoup  mieux.  Cependant, 
chose  singulière  1  ce   peuple  n'esl  po  ni  ma- 
homèlan  et  semble  n'avoir  jamais  rien  c(  nnu 
de  l'islamisme  ;  ce  qui  est  le  conirjire  des 
Malais  qui  l'enTironnenl  de  tontes  parts   On 
n'a  p;is  pu  nous  donner  des  renseignemenls 
positifs  sur  leur  religion  ;  loul  ce  que  1  on 
sait,  c'est  qu'ils  n'ont   point   de  cuUe  exté- 
rieur el   que  leur  crojance  esl  toute  spiri- 
tuel e.  Il  est  certain  d  f:illeurs  que,  dans   un 
éiat  de  civilisation  qui  païaîl  irès-ancien,  ils 
doivent  avoir  une  religion  (|Ueli  onque  ;  el  la 
soin  qu'ils  donnent  à  leurs  tombeaux  sem- 


il95 


AU  POINT  DE  Vl'E  DE  LA  GEOGIUI'HIE  RELIGIEUSE. 


1126 


ble  en  être  une  preuve  (1).  Il  faut  convenir 
que  cette  religion  doit  eue  aussi  simple  que 
lolcranle,  puisqu'cile  paruil  si  peu  les  uccu- 
fier. 

»  Les  Aifours  de  Célèbes  sont  bien  élui- 
piiés  de  ceiti'  lerorilé  qu'on  reproche  a  ceux 
dos  autres  îles  Moluques  ou  de  la  Nouvelie- 
Guiiioe,  et  drs  ilcs  (|ui  en  dépendent.  Il  est 
cunst;int  au  contraire  que  leurs  mœurs  sont 
IrO'S-iioutes.  Tel  est  ce  peuple  dont  nous  n'a- 
vons fait  qu'cniri'voir  quelques  individus, 
dans  noire  premier  voyage  sur  VUranie  , 
lorsque  nous  étions  à  Vaigiuu.  Parmi  tant  de 
Mal.'is  et  d'autres  indigènes,  nous  ne  savions 
à  quelle  race  les  rajiporter,  puisque  nous 
dimcs  qu'il  était  possible  que  ces  m  'ividus 
isoles  fussent  le  produit  du  mélange  d'un 
Cliinois  avec  une  femme  de  ces  contrées  (2). 

«  Cet  aimable  peuple  construit  ses  habita- 
tions sur  des  pieux  très-élevés  ;  à  lerre  ou 
sur  l'eau,  la  construction  ne  varie  pas.  Les 
maisons  des  chefs  sont  do  vrais  édilicof.  Les 
féti's  qu'ils  donnèrent  au  gouverneur  Merkus 
ri'sseiulilaienl  parfailenienl  à  Cilles  de  l'O- 
péra pi.ur  l'élegance  des  coslu.nes  ,  avec 
celle  différence  qu'el.es  avaient  lieu  en  plein 
air,  à  l'abri  des  palmiers  et  sous  le  ciel  de 
l'équnteur.  On  peut  voir,  pour  de  pluf  amples 
détails,  la  rein  ion  historique  du  Voyage. 

«  D'ins  cet  exposé  rapide  des  peuples  di- 
vers que  nous  avons  vus,  nous  n'avons  voulu 
parler  que  de  leur  organisation  physique, 
pttur  contriliuer  autant  qu'il  est  en  n<<us  à 
réunir  ouelques  m.itériaux  propres  àéciair- 
cir  un  jour  l'histoire  si  obscure  des  variétés 
de  1  espèce  humaine.  Il  nous  eût  été  bien  fa- 
cile de  grossir  cet  aperçu;  car  peu  de  voya- 
geurs ont  été  à  portée  de  voir  autant  que 
nous  les  insulaires  du  Grand  Océan.  Mais, 
voulant  nous  en  tenir  à  ce  que  nous  avons 
observé  nous-mêmes  sur  les  deux  principa- 
les races  qui  peupi  nt  la  mer  du  Sud  ,  nous 
nous  sommes  bornés  à  de  simples  remarques 
zoologiques.  Si  nous  y  avons  quelquefois 
ajouté  dos  détails  de  mœurs,  c'est  qu'ils  se 
liaient  naturellement  à  notre  sujet.  » 

Voici  aciuellement  l'opinion  et  le  travail 
de  Malte  Brun,  ainsi  que  de  son  continua- 
teur M.  Huol  en  matière  auihropologique. 
Par  le  système  de  ces  deux  géographes,  on 
verra  quelle  confusion  règne  encore  dans 
l'anthropologie,  et  qu'au  fond  celte  science, 
loin  de  ruiner  l'unite  du  genre  humain,  l'é- 
l.blit,  au  contraire,  par  ses  contradictions 
multipliées  sur  les  mêmes  races  et  variétés 
de  races. 

«L'homme,  cet  animal,  si  distingué  de 
tous   les  autres,    forme,  dans  la   série  des 

(I)  Il  est  à  remarquer  que  les  corps  y  sont  ployés 
en  double,  coninie  cel.i  se  pratique  chez  quelques 
peuples  de  l'Amérique  inérid  onale. 

(:.)   Voyage  de  CVrante.  itoologie,  p.fge  5. 

('>]  ^ous  devons  faire  obser\er  cependant  que  la 
dcliiiiiioii  do  l'espèce,  lelle  qu'elle  est  donnée  ci-des- 
sus, n'e-l  poinl  de  nature,  ipioi  qu'en  aient  dit  quel- 
ques sav.inls  nnluialjjtes,  à  l'aire  rejeter  la  divisjoa 
du  grnre  liuii;aiii  en  ijpèces,  puisqu'il  e^^  ieco,.im 
que  dus  aiiiiiiiul  d'es;  «ee»  liien  iraiicliées,  entre  au- 
lies  le  ciiieii  et  le  loup,  piodulsenl  des  méiis  \é- 


êtres,  un  ordre  isolé  qui  ne  contient  qn'un 
seul  genre  et  une  seule  espèce;  car  on  en- 
tend par  espèce  un  ensemble  d'élres  organi- 
ques qui  se  reproduisent  entre  eus,  et  qui 
ne  dilièreiit  que  par  des  qualités  variables 
et  étrangères  aux  caractères  qui  constituent 
l'espèce.  Or,  toutes  les  r;ices  humaines  que 
nous  connaissons  produisent  par  leurs  mé- 
langes des  individus  féi  unds  ou  cap  ibies  de 
produire  à  leur  lour  (3).  D'un  autre  côté, 
les  diilérences  qu'on  observe  entre  ces  races 
se  bornent  à  des  qualités  (jue  nous  voyons 
encore  tous  les  jours  varier  pur  l'influença 
du  climat,  de  la  nourriture  et  des  mala- 
dies ('•). 

•(  La  première  de  ces  assertions  n'a  pai 
besoin  d'être  développée;  on  connaît  asseï 
les  nouibi  euses  classes  de  métis  et  de  muldires 
qu'ont  produites  les  unions  des  diverses  r.i- 
ces  humaines.  Quant  au  sei  oiid  point,  il  est 
bon  d'observer  que  les  différences  par  les- 
quelles se  distingueni  les  vnriéies  dis  espi- 
ces  sont  relatives  ou  à  la  stature,  ou  à  la 
physionomie,  ou  à  la  coi.lew,  ou  à  la  natura 
des  cheveux,  ou  enfin  à  la  forme  du  crâne. 

«  Personne  n'ignore  qu'une  vie  simple, 
une  nourriture  abondante,  un  ar  salubre, 
donnent  à  tous  les  êtres  organiques  des  for» 
mes  plus  belles  et  plus  grandes.  L'exemple 
des  Lapons  et  des  Hongrois,  dont  la  langue 
indique  l'origine  commune,  et  qui  diffèrent 
extrêmement  par  la  taille  et  la  physiono- 
mie, prouve  assez  .que  la  beauté  de  la  même 
race  varie  selon  le  ciimal  et  selon  les  quali- 
tés du  pays.  Les  (iei  mains  de  Tacite,  ces  Pa- 
lagons  de  fLurope,  ne  se  trouvent  plus  dans 
l'Allemagne  civilisée,  tandis  que  le  Hollan- 
dais, dans  l'intéiieur  de  la  colonie  du  Cap, 
est  devenu  un  géant  (5).  Combien  de  contras- 
tes ne  rencoDtre-l-on  pas  dans  une  seule 
nation  et  à  de  petites  distances  1  Les  paysan- 
nes de  la  "NVeslrogolhie  sont  des  Vénus,  et 
celles  de  la  Da  écarlie  sont  généralement 
laides,  quoique  l'une  et  l'autre  province 
soient  au  centre  de  la  vraie  pa:rie  des 
Goibs  (6).  Les  passions  violentes,  le  joug  de 
l'hypocrisie,  les  occupaiions  triste^  ou  agréa- 
bles, les  habitudes  de  l'activité  ou  de  l'iner- 
tie, impriment  un  caractère  permanent  aux 
physionomies  des  nations  entières. 

«  Plusieurs  dilTérences  de  physionomie 
sont  l'ouvrage  de  l'arl,  du  moins  en  partie. 
D'après  les  rapports  nombreux  de  témoins 
oculaires,  il  est  certain  que  les  nègres,  les 
habitants  du  Brésil  et  les  Caraïbes,  les  peu- 
ples de  Sumatra  et  ceux  des  îles  de  la  So- 
ciété, dépriment  et  aplatissent  soigneuse- 
ment le  nez  des  nouveau-nés ,    usage  qui 

conr/s.  J.  H. 

(•i)  Blunienbacli  ,  de  Varietate  nntiva  generis  hu- 
mani,  traduit  eu  Ir.mçais  par  M.  CharJe'.  —  Plu- 
sieurs variétés  accideiiielles  paralssem  être  en  elle! 
le  résultat  de  quelques  alTeerluns  maladives.  C'esl 
ainsi  que  se  perpétueni  les  Albinos  en  Afrique,  les 
Cagois  dans  les  Pyrénées,  cl  les  Ciéiint  dans  les 
Alpes.  J.  H. 

(5)  Uarrow,  Voyage  au  Cap.  Sparmanii ,  'tlium- 
berg,  etc. 

(ii)  A  rend  I,  Voyagi  en  Suèdi,  1,  25i,  etc. 


iHI 


ESSAI  SUK  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES, 


{13S 


sans  doute  ne  peut  pas  fiiire  naîlre  letlc 
configuration  hciCilitaire,  mais  qui  contri- 
bue à  rendre  les  esctptionj  inûninicnl  rares. 

«  Les  variélés  do  CDuieurs  sembler,!  éga- 
lement dépendre  des  circon  tances  extérieu- 
res. La  même  n;ition  renf'Tnie  souvi-ni  des 
individus  de  teintes  extrêmement  différen- 
tes. La  cause  de  la  couleur  réside  dans  le 
tissu  miiqueux  et  réticulaire  qui  est  immé- 
diatement sous  l'épidermc.  Si,  par  l'influence 
d'une  extrême  cbaleur  ou  par  quelque  autre 
cause  locale,  le  carbone  surabonde  dans  I  c- 
cunomie  animale,  il  est  rejeté  au  debors 
avec  riijdrogèiie  par  l'action  des  vaisseaux 
sanguins  du  derme;  mais  le  cont;ict  avec 
l'airalmospbérique l'ayant  précipité,  il  vient 
se  fixer  dans  le  réseau  muqueux.  Cette  ex- 
plication, fournie  par  la  chimie  moderne, 
nous  fait  concevoir  pourquoi  la  peau  des 
hommes  blincs  noircit  dans  cert.iines  mala- 
dies, tandis  que  les  nègres  diins  le  même 
ca^i  bhincliis>ent  ou  plutôt  jaunissent.  L'un 
et  l'autie  phénomène  indiquent  un  dérange- 
ment dans  les  sécrétions.  Slais  nous  ne  dissi- 
Diuleruns  point  le  seul  inconvénient  de  (ettc 
explication  ;  si  les  nègres  descendeiit  d'une 
race  originairement  bliinche,  il  a  laiiu  des 
unllions  d'années  pour  que  l'action  répétée 
du  climat  li  ur  rendît  la  couleur  noire  bèré- 
ditaire.  Or,  les  monuments  géologiques  sem- 
blent démontrer  le  peu  d'autiquile  du  genre 
humain.  «  Ainsi,  nous  dirunt  certains  philo- 
sophes, ou  accordez-nou^  pour  l'action  des 
causes  qui  ont  formé  les  races  humaines  une 
immense  série  de  sièc  es,  ou  avouez  que  ces 
races,  si  elles  n'existent  que  depuis  5  a  6,000 
ans,  ont  dû  naitre  de  couples  dit'iérents,  et 
quulijà  offraient  tous  les  curactères  de  leurs 
descendants  (1).  » 

«  Les  nombreuses  v.iriétés  de  cheveux  dé- 
pendent également  des  sécrétions  des  sub- 
«tances  élémentaires  dont  le  corps  se  com- 
pose; mais  ici  se  présente  une  contradiction 
dans  les  laits.  Paimi  les  nations  ci\ilisées  de 


l'Europe,  la  couleur  des  cheveux  devient 
coiistamn.eiit  plus  claire  à  mesure  qu'on 
avance  jusqu'à  une  certaine  limite  vers  !• 
Nord;  parmi  les  nations  sauvages  ou  bar- 
bares de  l'Afrique,  de  I  .Asie  et  .ie  l'.Anirri- 
que,  on  retrouve  une  même  eoulenr  de  i  he- 
veux  dans  des  clim;ils  absolument  différents. 
Ainsi,  tandis  que  l'ilalien  aux  cheveux  noirs 
elle  blond  Scandinave,  bien  qu'app;irien<int 
à  la  même  variété  de  l'espèce  liui"aine,  of- 
frent des  effets  sensibles  de  l'action  du  cli- 
mat, les  Lapons  et  les  Samu'ieites  ont  l.'s 
cheveux  aussi  noirs  et  aussi  rudes  que  le 
Mongol,  le  Tibétain  et  le  Chinois,  à  la  race 
desquels  d'autres  raisons  les  font  j^iindre. 
Tous  les  peuples  nègres  ont  les  tlieve  x 
laineux,  même  les  Yolofs,  qui  les  ont  un  peu 
plus  longs  et  moins  frisés  (2).  Il  ne  parait 
pas  non  plus  que  les  cheveux  nmér.caius 
offrent  des  nuances  comparables  à  ceiles 
qu'on  \o'd  chez  les  nations  européennes. 
Ainsi  la  nature  des  c'ieveux  reste  toujo  rs 
un  des  arguments  les  pliis  spécieux  e  >  fa- 
veur du  système  qui  admet  plusieurs  espèces 
d'hommes. 

«  Observons  pourt;int  que  dans  la  raeeeii- 
rojiéenne  la  couleur  des  cheveux  semble 
changer  avec  a  eivilisation,  o  i,  si  l'on  aime 
mieux,  avec  la  dépravaiiou  des  nations.  La 
race  blonde  qui,  nu  temps  d'H  mère,  four- 
nissait à  la  Gièce  des  rois  e>  des  héros,  do- 
minait encore  au  siècle  de  Tacite,  en  Giule- 
Belgique  et  en  Germanie;  aujourd'hui  elle 
paraît  s'éteindre  dyns  les  villes  du  nord  (1. 

«  Les  variélés  de  In  forme  du  crâne  sem- 
ble.it  être  de  plus  d'importance  que  toutes 
celles  (|ue  nous  avons  examinée-.  C'^pen- 
dant,  depuis  que  les  savantes  recherches  de 
Gall  (4)  ont  démoniré  que  la  co.. figuration 
extérieure  du  crâne  dépend  de  la  luroie  du 
cerveau,  on  ne  saurait  considérer  c;-s  diver- 
siiés  dans  une  sulistance  molle  et  susceptible 
de  prendre  toutes  les  (ormes,  comme  un 
caractère   propie   à    ind.quer  une  diver:>i.ô 


ft)  Quelle  que  soit  rinflnence  de  l'action  solaire 
«lir  hi  pe.iii,  il  est  cenaiu  ipie  celle-ci  revient  à  son 
preiuiir  état  lor.Mpi'elle  n'est  plus  soumise  ;(  celle 
action.  Cl  Iteacti'ii  o'^iiileurs  a  des  lionnes  as:ez  les- 
treuiles  :  e:ie  n'est  eeiLiiiieiueiil  p:is  de  naure  à 
Iriiiistoriner  une  nat.oii  de  Blancs  eu  iSègre-i,  ni  une 
iialiun  le  Nègres  en  OIj.  es,  sons  «pitluoe  laniude 
qn'ei  es  s'é  abiisseiil,  et  que  que  iiuigne  que  puisse 
è>re  la  durée  de  raclion  du  c  iiiiat.  Depuis  environ 
Ip  is  siècles  que  le^  Poroijjais  ti'Hit  élali  is  sur  ra  côie 
I  e  Cuinée,  ^u^  le  lerr.tnire  qui  uo'urii  la  race  nègre, 
ou  ne  viiil  pas  qu'ils  aieni  pris  une  teiiile  plus  ton- 
céc  que  sous  le  sideil  du  Piiriui;:il.  Les  Pcirluijaises  et 
les  E>pagiitiles  suiit  niéiiie  devenues,  au  Brésil  et  aux 
l'Iinit.pii  es,  plus  blain  lle^  que  dans  leur  p.iirie.  Ou 
ne  vi  it  pas  non  puis  i|ue,  l'.aiis  l'Amérique  septi-n- 
lriun:ile,  les  Nègres  soient  d'une  cuul  ur  nioius  noire. 
D  ailleurs  ce  qui  renverse  toutes  les  suppositions  des 
par.isaiis  de  i'intlueuce  des  climats  ui  la  teinte  de 
la  peuu,  c'est  qu'aux  niéiues  latiiudts  mi  trouve, 
dans  les  diverses  |>ariies  du  ^l>>be,  des  peuples  de 
couleur  dill'eienie.  Celle  ubservaliou  a  été  Taie  avec 
beiucoiip  lie  sigaLi-é  p  r  M.  Bory  ue  bant-Vuicenl  : 
t  Sons  ce  brùljni  éipnteur,  dii-il,  qui  iravei.-e  dans 
l'^ineit'U  n. mule  la  pa:rie  des  E  linipiens  ei  des  l'a^uus 

cwul«ur  d'cbèue,  on  n'a  pas  iruuvé  dti  néyiej  eu 


Amérique;  les  naturels  de  cette  aiiire  lene  sem- 
blent au  contraire  èl  ed'aii  ani  plus  blan<s  q'i'.l.  se 

rap  riiel l  div.mlajîe  de  la  iigiie  é)  oi  o\iale;  et  ti 

preuve  qui-  la  cm. leur  noire  n'esi  p  s  ciiser  ui.iqne- 
nienl  p.ir  l'ardeur  descoiiirees  iniei  trop  cales,  e  est 
(pie  \f.-  Lapons  et  les  (jrné.d  n.lai>.  i  é-  siuis  nu  ci  I 
glacial,  ont  l.i  peau  [.lus  t.ncée  que  les  Malus  des 
parlies  les  i.lus  cliaudes  de  l'in.ive.s.  t  AjOuluiis  que 
suus  le  ii.éiiie  «limai  un  voii  le^  Japnii.is  à  la  pe:.u 
d'un  jaune-orange  |  aie,  e;  les  Alno^  au  teiul  bf  n- 
vcrdâlre,  que  fou  a  touip.iié  à  la  couleur  des  éue- 
vis-e-  vivaues.  J.  11. 

(2)  B.uns,  Afiica,  V,  C9. 

(5)  M.  A  Desiiioiiiins  (  tlisl  ire  nntwi'lle  des  rncet 
huiiiainei)  rcla;e  des  laiis  qui  leudeul  à  prouver  j"  u- 
vaiialiititc  de  1 1  couleur  des  clieveux  quand  il  .  'y  a 
pas  mélange  de  races  ;  ainsi  d  pUiS  8  iu  ans  qu'une 
raie  au\  ctieveuv  b.oiiJs  est  éialilie  en  Islande,  ele 
n'y  a  point  épioiivé  le  iimindie  c  lan^eineul  uans  la 
couleur  dejctieveus;  ils  n'y  o  .1  pas  pri>  la  teinte  .te  la 
Clievelurede>G  eënljuJais.  C'e^^  do.ie  au  niéhintie  uei 
races  qii'd  lautalinU  .er  les  clnii;!'  ineiiis  dan-  la  Cou- 
leur des  cheveux  (.liez  i|ue.i|ue>  iiaLiniis.         J.  II. 

(4)  Gall  et  S|:urzi  ciiu,  Anuloiiiie  du  cerveuit,  etc., 
ave.:  i.if.  Citez  Saicell. 


L 


1.2J  AU  rOINT  DE  VUE  DE  LA 

d'espèce  (1).  La  forme  du  crâne  nous  p<ir.iit 
dépentlre,  ;iuliiiil  qic  la  iiîiysionomic,  du 
caiarlère  niot;il  des  indiviiliis.  Quoiqu'il  ne 
suii  pas  possible  d'as-isfiier  à  cliaiine  passion, 
à  chique  talent,  un  organe  parliculi-T  dans 
le  crrveiui,  il  i-enibie  conslanl  que  les  hom- 
mes doués  de  bcaucuup  de  lalen.s  el  di-  pas- 
sions fur. es  ont  la  tète  plus  garnie  d'énii- 
Dences  nu  de  busses  que  la  multitude.  Un 
autre  fiit,  c  C!*!  q'.e  la  nation  où  les  individus 
se  ressemblent  le  plus  par  le  caractère  offre 
une  forme  naiiouale  constante  du  crâne  ; 
qu.iiid  on  a  vu  une  tête  d'Hindou,  on  lésa 
vues  toutes  (2)  ;  au  contraire,  en  Europe, 
où  les  ra^arièes  varient  extièmemeni ,  on 
trouve  des  crânes  de  toutes  li'S  formes,  n.êmc 
les  plus  cloigi  CCS  de  ce  qui  nous  en  semble 
le  type  légulier. 

«  La  lorne  du  crâne  dépend  souvent  d'une 
cause  arliOc  elle.  Une  pression  exercée  con- 
tinuellement peniianl  une  lunguc  suite  d'an- 
nées donne  le  pins  souvent  aux  os  planes 
du  crf'ine  une  configuration  particulière  qui 
devient  i!  êuie  nalionale.  tÀl  elTet  |.eui  dé- 
pendre lie  la  manière  dont  plusieurs  nations 
placi'nl  leurs  enf.nis  d.ms  le  licrcrau,  ou 
bien  d'une  compiession  manuelle  exercée 
a>ec  soin  [.cndaut  iouglemps.  Vesale  rap- 
poric  que  ,  de  son  temps  ,  les  Allemands 
avaient  presque  luus  la  icte  aplatie  poslé- 
rieurumcnl,  et  élargie  sur  les  côlés  paice 
qu'on  les  couchait  conslanimeiit  sur  le  dos 
pendant  qu'ils  étaient  au  berceau  (:J).  Les 
Belges,  accoutumés  au  coniraire  à  meltre 
l.'s  enfanls  dormir  sur  le  côté,  se  faisa  eut 
remarquer  par  la  longueur  de  la  lêle.  Les 
Américains  sauvages  ,  depuis  la  Caroline 
luéridionale  jusqu'au  Nouve,iu-.Mexii|ue,  ont 
luus  le  crùne  dé)Timè,  paicc  qu'ils  donnent 
dans  le  bercciiu,  à  Uuis  enfanls,  une  posi- 
tion déclive,  de  manière  que  Ij  \erlux,  qui 
repose  sur  un  sac  re:;ipli  de  sable,  sup- 
porte tout  le  poids  du  corps  [k). 

«  Un  usage  qui  a  existé  ciicz  les  notions 
les  plus  antiques  comme  chez  les  uicdernes, 
dans  nos  climats  et  dans  les  pays  Us  plus 
éloignes,  c'est  ne  ramener  la  teiu  des  nou- 
\eai)-ncs  à  une  foime  n.ilioi..le,  au  moyeu 
de  liens,  a'iii>truininis  <  iffèienls,  ou  de  la 
simple  pression   des  mains.   Cette  haiiituclc 

(t)  Il  faut  liiiilefuis  iiiilir|iier  ici  une  d!slincLoii  ini- 
poii'iiie.  Les  |)riiUiLiéiaiicrS  <.rg;iiiii|ues  olistrvées 
pur  Gill,  el  i|ii'il  coii-Klére  avec  nun  de  IjIcmi  el  di! 
siigiK'iic  luiiiiiie  indices  des  iidlëienies  la  iiltcs  iiio- 
r.iles  et  intellei  luelles,  ne  cli.ngem  poinl  la  litniie 
géner.de  ou  iriàiiu.  L'uiiveriue  Je  l'angle  fjcial,  la 
Ue|ite.'.si»ii  plus  l'ii  iii'Miis  grande  Ou  la  Ijuiie  oiseuse, 
1.1  suillie  des  |iuiniiielie>,  la  ilireclion  de»  niàiheni  s, 
l'ii.ciiiiaisuii  dus  yeii\,  peiaoïii  d»iic  èli'u  cons  déiées 
cun>uie  aiil'iit  de  eaiaclèjes  ï>(iéeili'|iius.  Ai.sl  ,  à 
l'iiis)ieriiuii  d'un  ciàne  ,  on  {><  ut  de  uiinnier  à  quel 
|ie'i|i>e  II  ii|)|iariiciit,  à  cuviiis  qu'.l  ne  piuvieiinu  d  une 
raiu  iibàiar.ne.  J.  H. 

\i)  Coiii|i.  le  liel  ouviago  :  Description  des  Ilin- 
doiii,  |iar  .<i.  bdlvyns. 

(ô)   Vesitr,  eilé  yar  liiniiieiiliacli,  S  *'•'• 

(àj  Aua.i,  ilUto:y  ul  Oie  iiorlii  Anuriciin  Iiiditms, 
pa^e  9. 

(.'>;  J.  Clir.  Geiil.  A  kermaiin  ,  daiis  Neue  Maga- 
tiii  l'ur  Ai'isie  de  ii  lUIiiigur,  l.  Il,  p.  5-<J. 

UiGTiONNAIRB    DK    GÉOGRAPHIE    EGCL.    II 


GEOGRAPHIE  RELIGIEUSE. 


tlSU 


cul  lieu  jadis  ou  se  retrouve  encore  aujour- 
d'hui clii-z  les  liab  l.ints  de  pL'sieurs  parties 
de  la  (Jermanie  (5),  chez  les  Beig  s  (G),  les 
Fr.inç.iis  (7j,  cl  ez  quelques  peu]iles  d'ilalie, 
chez  les  insulaires  de  i'Arcliipel  grec  (8  , 
les  Turk*,  les  anciens  Sitjynes.  les  AJacroté- 
pliales  du  PoUi-Kiixin  (0)  ;  elle  rsl  en  vi- 
gueur chez  1rs  hahiianls  de  Siiin.ilra,  du  M- 
kibar  (10),el  surloul  chez  iliiVéfentes  nalioiis 
de  l'Amérique,  telles  que  le-,  peuples  du  dé- 
troit de  Noutka  (II)  ;  les  Chiclas,  nat  ons 
indigènes  de  la  Géorgie,  les  Waxsashs  de  la 
Caro  ine,  les  Car.tibes,  les  Péruviens  (12), 
les  Omaguas  (13),  et  chez  les  nègres  des  An- 
tilles (14).  Cet  usage  fut  délendu  dans  l'A- 
mérique e<p<»gno  c  par  le  décret  d'un  con- 
cile (15).  On  possôle  les  descriptions  les  |.lus 
cxaeles  des  moyens  que  ces  sauvages  em- 
ployaient ptiur  donner  à  la  léle  de  leurs  en- 
fanls, p.ir  une  pression  uniforme,  la  confi- 
guration qu'ils  desiraient  (16).  Ce  fait  étant 
déwioatré  par  tani  de  lémoignages  au  hinii- 
ques,  il  re.ste,  à  la  vérité,  encore  à  prouver 
si  les  formes  du  crâne  ob'eniies  [>ar  ces 
moyens  finissent,  après  une  longue  suiie  de 
générations,  par  cire  iiérédilaires  et  dev<'nir 
une  conlorniation  naturelle,  ce  i|ui  ne  parait 
pas  possible.  Hippocr  ite,  dans  son  Traité 
des  a'rs,  des  eaux  et  des  lieux,  parle  en 
particulier  des  Mnvrocéphale<< ,  nation  voi- 
sine du  Pont-Iiluxin.  Seioi  lui,  aucui  antre 
peuple  n'a  la  têle  faite  CO!:  un;  eux  ;  ce- te 
conforinalion,  farlict:lière  dans  le  (irincipe, 
dépeiKlait  de  leurs  usages.  Les  Alacroeè- 
phales  regardai -nt  la  longueur  de  la  léle 
comme  un  indice  de  courage;  d'après  celle 
opinion,  ils  pétriss.iienl  la  léle  des  enfants 
nouveau-nés  ,  el  tâcli  -ient  par  difl'ércnts 
moyens  de  l'alionger  aux  dépens  de  sa  lar- 
geur. Cette  forme,  dii-ll,  finit  par  deienir 
naturelle,  et  il  Lit  inutile  du  rien  faire  pour 
la  produire. 

«  11  y  a  encore  d'aulres  diversi'és  dans  les 
formes  d'i  corp,-.  humain  qui  paraissent  pro- 
pres à  des  nations,  el  peul-ètre  à  des  varie- 
tés  eiilières  de  l'espèie  humaine,  di  prétend 
que  plusieurs  tribus  sauvages  ont  les  oreilles 
mob.les;  mais  c'e;t  probab^emenl  par  une 
mauvaise  plaisanieric:  que  plusieurs  auteurs 
ont  iissuré  ([ue  les  ancens  Balave>  avaient 

(6)  Spigil.  Oiî  hum.  corp.  fabiicii,  p.  17. 

(7)  Aiidry,  OrVtupédie,  l.  Il,  p.  .5. 

(8)  tiiiliies ,  luéduciip  eproie,  ciié  pur  Dliinien- 
liatli.  Sliabuii,  I.  .vi ,  p.  3j8.  llipp.  de  Aerib.,  wj.  el 
lue. 

(9)  Nie.  Foiitani,  d.liis  Asialic  llesearclies,  t.  111, 
p.  M. 

(10)  Maisdeii,  llistory  of  Swnalru.  p.  38. 
(11;  Meaies's.  Vuy'igesy  p.  31  . 

(\-)  Uvi.-dii,  llisio  la  yener.  de  las  //idin.s. Torque- 
iiiada,  MoiturcUia  Indiuna,  t.  III.  Ulloa,  lie  aciu  del 
viaiié,  I.  Il,  p.  ^j55. 

(13)  La  GoiKlaniine,  J/e'/i.  de  l'Acad.  des  Sciences, 
1745,  p   ii7. 

(1*)  Tliibaull  de  Ciianvalon,  Voyage  à  la  Mariini' 
que,  (I.  3.!. 

(I,i)  Jos.  Saiiz.  de  Xf^\i\rc,('.vlle,tiomax:inaconri- 
lluruin  iiiiinhiiii  llupitiiv  el  iwi  orhis,  t.  \i.  p.  iUi. 

(16)  Journal  de  physique,  d'aoùl  l;yl,  p.  ûi. 


1131 


ESSAI  Sim  I.ES  TRAVAUX 


les  oreilles  d'une  difformité  pdr'iculiôrp,  et 
que  chez  les  Biscajens  celle  partie  est  dun3 
loiisucur  rem.'irqiiable.  Les  m.imelîes  pen- 
d  iiiles  lies  négresses  soiil  dues  à  l'usage 
d'ulla'ler  les  eiif.nils  sii'^pciidus  derrière  le 
dos.  L'iimpUur  de  celte  part  e  semble  apiar- 
lei;ir  au  cliiiiiil  chaud  et  liumidc.  Les  n<  S'es 
ont,  à  c  •  qu'un  assure,  les  s'giies  de  la  viri- 
lité Irès-pronnncc-'.  Les  feuimes  inon<:()li'S 
peuveiil  encre,  après  plusieurs  accouclie- 
nienls,  se  f.iire  passer  pour  vier^te-  (1).  Nous 
parlerons  aulre  part  de  la  dilTurmité  des 
leiiiin  s  lioscliismanes,  dans  l'Afrique  aus- 
trale. Cliez  les  peuples  de  la  mer  ilu  Sud  ou  du 
Grand  Océan  oriecilal,  les  chefs  et  lesgranils 
ddi. Ci  I  à  leur  par<  ssc  el  à  leur  mau.ère  de 
s'as.-coir,  des  jaiiilies  siugniièrcmenl  enflées. 
Pi'ul-éire  au^si  l'éiéphanliasis,  nuiladie  coin- 
iiiune  en  Alri.iU",  en  Aiahie  et  da  is  1  îlin- 
ddusijiii  l'I)  ,  élend-el!e  son  etnpire  sur  les 
Icrn  s  océaniqii' s.  Les  j:inilii's  loi  ses  ou  rani- 
biées  lies  Nè^-ies  avaieiil  dcj.'i  Irapi'é  1.  s  an- 
ciens (3),  el  i^raissenl  également  communes 
aux  naluiiss  mongiile-  ('*}.  Oii  altribiic  cille 
dilTumiié,  soit  à  l'équila  iin  )  rem.iturée  , 
so  t  à  la  posiln  n  des  enfants,  (jin,  fixés  ;  en- 
diinl  r.^ll.iileiiieni  sur  le  dus  de  leur  mèies, 
s'y  iippi  ienl  roitrment  avec  les  gfn  mx. 

«  il  y  a  des  variélcs  plus  esseulie  les  dans 
la  priipirtiiiii  des  ineniLres  iutérieu  s,  el  qui 
lieuneiil  a  la  race.  Les  sauvages  de  la  Non- 
velIe-Hollande  ont  les  jicnbi-s  exircmeineut 
longues  el  iiinces  (ii).  Il  ni  si  pas  vrai  que 
r»Ue  p.irlicula  iié  se  retrouve  riiez  les  Hin- 
dous, connue  l'assure  un  olsenaleur  peu 
digne  lie  conliance  (b).  Mais  il  paraît  ceitain 
que  les  Mongols  el  les  Américains  onl  es 
jambi'S  cl  les  disses  trop  courtes  en  [  ropor- 
lion  du  leste.  l'iusieurs  nation-  ont  nainrel- 
lemeni  les  mains  et  lis  |  ieds  petits.  On  a  ob- 
ser\é  sur  les  armes  ries  lîinilous  liue  ta  foi- 
gnéede-  sabres  esl  trop  peiiie  pour  la  plunart 
d  s  ma  lis  europceiiueji.  On  cite  aussi  les 
Chinois,  I  s  Kan'lihadales,  les  Esquiiiuiuv, 
les  Péruviens,  les  Holienlots  el  les  balitauts 
delà  Nouvelle-Hoilaude  (7). 

«  Lis  di\ erses  luUions  iliffèrenl  encore 
beai  coi.p  par  le  d- gré  de  force  dont  «lies 
goul  douces.  Les  belie-  expérieuds  d.;  MM. 
Peron  e;  Kcgnier  ont  prouvé  que  les  nations 
sauvages  ou  à  demi  civilisées  le  cid  ut  aux 
Euiu|  éens  pour  tous  les  gerres  lie  force  ac- 
tive ;  iiiiiis  nous  pinsons  qu'elles  possèdent 
dans  un  degie  plus  éminent  €•  lu-  lorce  pas- 
sive uni  réîisle  à  l'inlen.pcrie  des  saisons. 

H  V.n  lésnuiHut  toutes  l^s  iibs>rvalioiis  fai- 
tes par  les  voyageurs,  !e  c;  Icbre  Bumenbach 
réduit  toutes  les  \arié  es  de  l'espèce  hum/iine 
à  lin/j  types  pii:uiii(uix.  auxquels,  après  un 
mûr  examen,  nous  croyons  ne  devoir  appor- 
ter que  de  légères  uiu  lilicalions. 

(1)  Géoigi,  Descripiion  des  nations  delà  Rinsie , 
11,  iOO. 

{•!)  Allard,  tlisinire  d'une  muladic  parlicullcre  au 
iyilème  tijmj  lnt.que. 

(5)  Arisi.,  /  rubteiii.  V,  14,  ele. 

(4j  P.illas,  sur  /«j  ^iatiom  mongoles,  t.  1,  p.  TS. 

(b)  l'éiuii,  Yuyayes  uux  leires  uuslraUs ,  Allas, 
til.  XX. 


DES  ANTHROPOLOGUES ,  t:ô3 

«  La  piemin'e  variété  occupe  les  parties 
centrales  de  l'ancien  cintinent,  savoir,  l'A- 
sie occiilenl  tic,  r.Afrique  orientale  et  septen- 
trionale, rHindou-lan  et  l'Euiope.  Sis  ca- 
ractères sont  la  cou  eur  de  la  peau  plus  nu 
moins  blanche  ou  biuiie,  les  joues  teintes 
d'incarnat  ,  les  cheveux  longs  ,  bruns  oa 
blonds,  la  tête  presque  splurique,  la  face 
ovale,  él'oile,  les  traits  mèd^ccrenient  pro- 
noncés, le  front  uni.  le  nez  légèrement  ar- 
qué, la  bouciie  petite  ;  les  dents  in  isiveS 
des  deax  mâchoires  placées  perpeuuic  lai- 
rement;  les  lèvres,  et  surioui  l'inleriei.re, 
niolleinenl  étendues, le  luenion  plein  et  rond: 
!a  régulai  iiédes  traits  de  ce  visage,  qui  esl  ce- 
lui des  peuples  de  l'Lurope,  le  fat  en  général 
regarder  conirai'  !e  )•.  us  beau  el  le  plus  agréa- 
ble. Les  tiaUs  ce  l'Hindou,  ceux  de  l'Au) ssi- 
i;ieu  il  du  Berbère,  h  .bitanl  du  inonl  Allas, 
ne  dinèreni  p.is  'ssentieliemenl  de  ceux  des 
lùiiopéens  :  il  n'y  a  que  la  peau  qui  esl  rem- 
Irnnie  par  l'elTul  du  i  limai,  el  qui  d'ailleurs 
chez  i  Hi'.duu  el  l'.Abyssinien  iiicme  |  rend 
Ui  e  ti  inle  irés-cia.re  daas  les  provinces 
n.onlagnei.ses.  M.  Biunienbach  désigne  ce  le 
raie  sous  li'  nom  de  6'(iut>is(>»ne  ;  mais  ce 
nom  blés  e  Ls  droits  de  l'iiisUire  civil  ,  qui 
n'a  i.ucune  raiso.i  pour  croire  les  peuples 
du  Caucase  plus  am  iens  que  ceux  ilu  mont 
Atlas  ou  des  .Alpes.  îsi  la  physiologie  i  i  l.i 
géographie  physique  ne  fourussenl  la  moin- 
dre (.leuve  ti'une  or.giue  conimune  de  celte 
variété  de  l'espèce  humaine;  elle  a  pu  so 
former  partout  où  exislelit  les  causes  phy- 
siques iloill  elle  dépend. 

«  La  (leux.èiiie  taietcesl  celle  qu'on  avait 
d'abord  si  mal  designée  sous  le  n<tm  de  Tar^ 
tare,  quoique  les  Tartans  ou  l'aturs  pro- 
prenieiil  ,  ils  n'y  appartirniienl  point  ;  Jilu- 
luenbiich  la  noouiie  Monijolique,  lous  rap- 
pellerons variété  ou  race  vneniale  de  l'an-' 
litn  cuttiincif.  Kii  vuici  le  caractère:  (jou- 
leiir  j  lune  ;  cheveux  noirs,  roides,  diols 
et  peu  foulni^;  la  tète  presque  quadiangu- 
lairc  ;  la  l'ace  large,  à  la  .ois  plane  el  dépri- 
mée ;  les  traits  peu  marques  e:  comme  ion- 
dus  eiisen  ble  ;  l'espace  enlre  les  sourcils 
Saige  et  uni  ;  le  nez  pel.t  et  c.imus;  les  ji'UcS 
globileuses  el  saii^an  es  en  dehors  ;  l'ouver* 
lure  des  paupières  étroite  el  linè.tire  ;  It 
nionloii  pointu. 

«  Celte  variété  se  compose  de  tous  les  Asia- 
tie,ues  à  l'oricul  du  Gange  el  du  i.ont  Be-* 
lour,  excepté  les  Malais  île  1  exlremiié  de  la 
Péninsule  au  delà  ilu  tlan^e.  En  Eurojie  on  la 
retrouve,  selon  liluiuenbacti,  chez  Ls  La- 
pons, I  hez  les  t*  inno  s,  et  en  Aaiérique,  i  liez 
les  bisquimaus  répandus  depuis  le  Uetroil  du 
Bering  Jusqu'au  Gr  en  and.  .Mais  nous  nous 
sommes  convaincu  qu'il  faut  rapporter  le^ 
Finnois,   descendauts   des  anciens   Scylie* 

(C)  La  Bon  lave  le  Goiit,  Voij^gtS  et  Observ..  p. 
155  Cuiiip.  '■iilxyiis,  I.  •■. 

(7)  He  la  tlailmiais,  Vuyage  ohI'H  du  ino'iHe,  '. 
Il,  p.  Gj.  Daiupier,  Snite  du  Voui'je  imiont  du  mon- 
de, y.  lUit.  \Valr>,  l'hiosoph.  frànsncl,.  I.  LX  ,  p. 
1  y,  ei  Ciuli>,  ibiil.,  I.  LMV,  585.  VV.ukin  Teiich , 
Accuuiri  of  the  SelUemeiu  u{  t'ori  Jackttn,  p>  llJ> 


1133 


AL'  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGRAPHIE  RELIGIELSE. 


'il  34 


crEiiropo,  à  la  première  variété,  dont  ils  for- 
nipiil  u\ie  liès-iiiicieiiiie  .«ub  .ivi^ion,  ayant 
coiTMiip  les  Ci-ilis  ei  les  Bisiiiies  li'ur  plnsio- 
iiiiinle  el  k''  r  id  urne  à  pari,  ainsi  qu'il  sera 
démon iré  d.iiis  not  c  desiriplioii  de  l'Europe. 

«  L;i  race  orieiilale  de  l'andi  ii  conlinent, 
circuiisrrle  dans  les  horncs  que  nous  venons 
de  Iracer,  ofl're  une  rcniariiuable  idt-nMc  de 
leiiiic,  de  piijsioi.O'i  ie,  de  forme  du  crâne, 
et  niciiie,  ain.^i  (|ue  nous  le  verrons  dans  la 
sui  e.  de  lan<{iies. 

«  La  tari,  lé  Américaine  se  rapproche  à 
phl^ieurs  égaids  de  celle  <iue  nous  venons 
de  cinsidcrer.  lin  V(ji(  i  Ici  piiuci|)au\  la- 
r.iiléres  :  Couleur  cui\ri."c;  cheveux  noirs, 
di<iiis,  raides  el  ra.es;  front  lourl  ;  les  jeuv 
enfoncés,  le  nez  presque  camus,  cl  ce|)<n- 
daiil  saiilint  ;  en  général,  les  poniinciles 
éminintes  ;  la  face  large  sans  éire  plane  ni 
dé.iiinice;  les  Iriiils,  vus  de  prolil,  parais- 
sait! irès-prononcés  cl  idnime  profnnileiiient 
sculp'és.  I.a  fornic  clu  front  et  du  verlex.  est 
si.uveia  ici  un  produ  l  de  l'art. 

«  C<'tlc  varié  c  orcupc  loue  l'Ain;'rique, 
e\<'  plé  les  cxtiémiiés  se.ilfnlrionales,  ha- 
bitée- pitbs  iisi|uitiian\.  K  le  parait  ren- 
feinier  p!u^ieur>  braiulics  (jui  dilToreiil  con- 
EidéràbL'in.iit  soil  par  ie  teint  qui,  Itlanc 
cliez  les  Krislinaux,  arrive  prc.-qi.e  au  noir 
chez  Is  Kresi'iens,  soii  par  les  tr..ils  il  par 
la  forme  du  ciâne.  tantôt  apl.li  el  lanlât  al- 
longé, 'i'o.s  ces  peuples  ont  de  la  b.  rhe  (1), 
iiiaii  e'Ie  esl  faillie  ;  il  y  en  a  qui,  à  l'iosiar 
de  quelques  calions  m»ng()les  el  malaises, 
se  l'orrachenl.  Le  préjugé  qui  représente 
les  Américains  C'  inme  imberbes  a  été  pro- 
p;  gé  p.;r  le  pliilo-oplie  Paw  ;  un  é'iivain 
encore  plus  accré.iilé,  i  hisloricii  Uuberison, 
a  pnlciido  que  tous  ^es  Américains  oui  les 
ni6ii;i  s  tr  liu  d  ■  vsage  :  lani  les  vérités  de  la 
gcogrjpliie  ;  hjsi()ue  onl  été  méconnues  ou 
dcdaigiiées  l'ar  ceux  qui  ont  écrit  l'ii.stoire 
de   II  ouiuie. 

«  Nous  allons  revenir  vers  l'est  pour  con- 
sideier  la  qu'itrumc.  variété  di-  l'espèce  liu- 
inaine  ;  c'est  celle  des  leires  océaniques,  dé- 
siiinee  P'ir  Blumeniia  h  sous  le  nom  t.op 
a:  bilraire  de  ruce  Mu'oisc.  lîn  voici  le  carac- 
tcie  encore  liès-iaceilain  :  Coul.  ur  basanée, 
clii'V.  u\  no.r-,  mous,  épais,  abomianls  ei  ùii- 
sés  ;  la  lele  légèrcuienl  réirecie;  le  fiMui  un 
peu  l.'O.iibé;  ie  nez  gros,  large,  épate;  la  bou- 
che grande  ;  la  màciioir»!  supérieure  un  peu 
avancée;  ie*  Irails,  vus  de  piotil,  paraissent 
marqués  et  di>lincts. 

«  Celte  variété  loroprend  les  insalaires  de 
la  mer  Paci  iquc,  les  li,ib:lanis  des  îles  .Ma- 
il .unes,  Piiil  pijii.es,  Moluques,  de  ;a  Sonde, 
e  les  i'iiliiièi!.  s  delà  péninsule  de  Ma!..kiia, 
la  p  njiai  l  di'S  h.ihilants  de  la  Nouvelle-Kol- 
lanile,  elceux  de  la  Nouvel. e-Ze.iudi',  peol- 
ctrc  n.ômo  qtieiqui'S-unes  des  naiiuns  de  Ma- 
dagascar. Mais  qu'il  est  diflicile  de  rien  stu- 

(1)  Cliime.diieli,  Maïas'n  Je  Goningue,  elc,  etc. 

(•2)  yiiiios.  iJ.iiis  D.viynii.le,  C'dUci.  of  Voy.  to 
Ihe  Soalfi  pacifie  Oceuii,  i.  I,  p.  Kil. 

(3)  Uougaiiivillf,  \  oyiiçie  uuiunr  du  monde,  p.  211. 

(i)  Les  iiutiirali-ies  qui  om  eireciiié  les  trois  der- 
niers  voyages  de  circuiniiavigatiun  entrepris    pai' 


tuer  sur  des  peuples  aussi  imparfailei;iont 
connus,  et  qui  paraissent  renferoier  des  tri- 
bus d'origine  diverse!  L'immortel  t^uiros, 
qui  le  premier  découvrit  les  îles  de  la  So- 
ciole,  distingua  soigneusement  la  dispir.lé 
qui  exis!e  entre  leurs  h.-ib  tanls  ;  il  dil  que 
les  uns  res>emhlent  aux  blancs,  les  aulns 
aux  mulâtres,  el  enfin  aux  Nègres  (2).  De» 
voyageurs  plus  modernes  onl  ég  lemenl  cain- 
paré  la  caste  dominante  d.nis  l'ile  d'O-Ta'ili 
anx  Européens  du  UM,  et  le  peuple  aux  mu- 
lâtres (3)  L'ixtension  tiés-grande  de  la  lan- 
gue malaise,  qui  a  d'abord  fait  supposer  l'i- 
denl  lé  de  ces  nations,  pourrait  ne  p'ovenir 
tiue  d'ancienms  migrai. ons  el  conquêtes. 
Cepembinl  les  s;;uvages  de  la  Nouvi'lle-Galles 
du  Sud,  qui  parlenî  un  idiome  dilTérerii  du 
liia'.ais  ,  Llïrenl  les  princijiaux  caractiTes 
phy^ques  oe  la  variété  telle  que  nous  l'a- 
Voiis  dépe.nie  (4). 

((  L.i  iiv(jiiiéme  grande  division  du  penre 
iium.iin,  ou  lu  vunélé  Ncijre,  que  i>lum>>n- 
bach  appelle  Ethlopii-nne,  ne  prescule  rien 
de  c'ouieux.  S 'S  curdclèies  sont  :  La  couleur 
noire  ;  les  cli  veux  imlrs  el  crépus;  la  lèie 
étroite  ,  compiimec  sur'  les  côtes;  le  front 
trè--coiiv.  xe,  voûté;  les  os  de  la  p'nnr.ette 
saillanîs  en  avant  ;  le-  y  ux  à  llru:  de  lele  ; 
11.'  luz  gros,  et  se  conio:id;inl  presque  ;ivec 
la  inaiboin;  superieori-,  qui  esl  ponce  en 
avant  ;  le  bord  alvéolaire  étroit  el  allongé  ; 
les  dcuts  incisives  supérieures  pacees  obli- 
quement; les  iévics,  parlicul.èrerjient  la  su- 
périeure, gonflées;  le  un  ntoii  retiré;  les 
jambes  en  général  caaibfé.  s. 

i<  Celte  variété  répandue  dans  loule  l'Afri- 
que ofciilenlale  ei  méridioiiiilc  se  retrouve 
aussi  sur  \cs  (Oles  de  iMadagascar,  prohaliie- 
ment  sur  celles  de  nord-ouest,  de  la  Nou- 
velle-Uo. lande,  dans  les  grandes  îie^  de  Vari- 
Diemen,  de  la  Calédonie  et  de  la  Nouvelle- 
Guinée  ;  on  croit  niême  qu'elle  occupait  au- 
cieniiement  les  îles  Philippines,  Uoriiéo,  Java 
et  Suma:ra  ;  les  Aifourous,  qui  habitent  en- 
core l'intérieur  de  quelques-unes  ue  ces  îles 
soi.t  nègres;  les  indigènes  des  îles  Andaïuan 
le  sont  cgaleinenl.  ()uaiid  nous  observons  les 
dilTerences  entre  un  véritable  nègie,  à  leiiit 
de  jayel,  à  chevelure  laineuse,  crépue,  un 
Caire  à  iciiit  jaune  cuivré,  à  cheveux  lai- 
neux, longs,  un  Dieaiénois,  uii  nouveau  Ca- 
lédonien, un  P.ipou  à  couleur  de  suie,  a  c.'ie- 
Viux  frisés;  nous  restons  inceriams  si  ces 
trois  races,  sép.irées  d'ailleurs  par  des  mers 
el  des  montagnes,  soal  chacune  originaire  de 
Sun  domicile  actuel,  ou  si  elles  descendent 
d'une  so;ii  h-  coainiune. 

«  Les  Hotieulois  forment  encore  une  cx- 
ceptii'tn  lemarqiiable;  la  forme  de  leur  crâne 
est  ce  le  de  la  race  mal  .i-e;  ils  ont  le  teint 
et  la  barbe  laible  de  la  variété  mongole,  r.iais 
leur  chc-, elure  luiueuse  les  rapproche  des 
nègres. 

ordre  du  gouvern  inenl  fiançais,  onl  reconnu  qu'd 
él;Ml  iiiipossilile  de  (  oinpi'i ndre  dans  lï  race  nudalsâ 
le-  li:iiilianis  de  l.i  Nonvclle-llollaiide  el  de  la  Nou- 
velle-Z'jlaiido  ,  les  Taïiieiis,  les  MeridociiiS  el  'fH 
Sjndwicineiis.  i-  IL 


llOJ 


FS'AAl  PL'R  LES  THAVAUX 


«  Telles  sont  les  principales  v.iriélés  de 
J'rspèce  iKini.iinc  répauilue  sur  loule  ia  sur- 
face du  {•lohe  (1). 

«  Les  ..iineiis  s'éiaieni  à  lorl  imaginé  qne 
Ja  zone  lorride,  embrasée  des  feuv  du  so- 
leil, ne  perineliail  pas  aux  hilutinls  de  deux 
zones  leiiifiérérs  de  i'o»)iuuui,)uer  ensemb  e. 
Ces  réjifiO>,  qui  rel;éf issaienl  l'univers, 
onldispiru  devaiil  les  luniières  que  les  Co- 
lumi»,  les  Giini.i.  les  Cook  no.isont  pioc.u- 
réis.  Les  navi^aieurs  ont  lrou»é  di's  ii.ibi- 
tanls  dans  1rs  climats  li'S  pU  s  hi  ûlauis  ci 
dans  le  voisinage  di'S  pôles,  .-ur  les  rôt  s  les 
tU'  ius  aliordabl'S,  ei  dans  ces  iles  qu'un  iiu- 
nionse  Ové  ii  siinblail  séparer  du  resie  u 
inoude.  Les  îles  de  ïpilzberg  ei  de  la  Nou- 
vcile-Zenilde,  au  nord,  la  terre  Sandwirh, 
les  îles  de  t'alkland  ei  de  Kerguelen,  au  sud, 
sont  les  seuls  pays  d"uue  eleiidue  remarqua- 
ble qui  se  suieul  tiuuves  obsuk:mcul  saus 
hdtiiiaiits. 

((  Lj  teirc  entière  est  dune  la  patrie  de 
l'huinine.  Il  supporte  tous  les  cliinals,  et  s.  s 
habitalioiis  sélendeul  ju-iju'auv  doiniers 
coulius  de  la  naiure  aniiuée.  Les  Es(|Uiiiia(i\ 
de  liroënland  habitent  jusque  sous  le  8:J' 
parallèle.  A  l'auire  extiéniiie,  la  steril  Te.- 
le-de-Feu  nourrit  le^  pauvres  l'eiheiai-.  i-C 
nouveau  riioude,  q.iou|ue  en  général  moins 
peuple,  est  donc  lubiié  d'un  bout  à  l'autre. 
Dans  l'ancien  con  iuL'nl,  les  li,;biialiuns  de 
l'iiouimo  iormenl  un  ensemble  qui  u  e^l  in- 
terrouipu  que  p.ir  queaiues  landss  siIiIju- 
titu>es;  et  au  niiUe.i  même  de  les  Ocsels, 
t'Iiomme  a  peuplé  les  Oas.s ,  ces  îies  de 
Verdure  éparsrs  dans  un  ocoau  de  sable. 

«  Le  ctirjis  liumuiu  supporte,  sur  les  bords 
du  Sénégal,  un  degré  ue  chaleur  qui  l'ait 
bouillir  resprit-de->in  ;  dans  le  nord-(Sl  de 
l'Asie,  il  rc>  ste  à  un  Iro  d  qui  rend  le  nier- 
cuie  SI  lide  cl  malléable.  Les  '  xpériences  de 
Ford}Ce,  de  lioerhaave  et  de  Till  l  prouvent 
que  l'houiiue  «  st  (lus  ciipable  que  la  plupart 
des  ani.iiaux  de  supporter  un  très-grand 
degré  de  chaleur.  Ou  peut  croire  que   notre 


DES  ANTlIHOrOLOr.L'ES  ,  i(:g 

corps  rési  lerait  éga  cment  à  un  froid  exirê- 
inc,  pourvu  qu'il  eût  les  mouveuienis  li  ires. 
G  luime  d'à  Heurs  li-  froid  ne  doit  guère  ang- 
meuler  au  delà  du  16'  ou  du  80  di  g-é,  il  est 
probable  que  l'homme  ferai'  voi!e  sciUs  les 
pôles  au-si  bien  qne  sous  i'équateur,  s'il  n'y 
tt.it  pasariélè  par  les  g  aces. 

«  La  taulleqa'a  riiouiuie  de  s'acclimaler 
partout  et  en  peu  de  li-nips  paraît  venir  de  la 
/.lèuie  c.iu-e  qui  leud  sa  «anlé  moiu-  fernti 
ei  moins  dur.  blo  <iue  celle  d  s  animaux. 
Les  aniuiaux  doivent  à  la  plus  granâe  atfi- 
ni  é  ues  moiecuies  de  ieurs  corps  avec  U 
matière  bruie,  ces  ins:iui'ts  (|ui  nous  n)a'i- 
<iuent.  Nos  seus  au  cuatraire  ne  sont  si  irri- 
tables, niili'e  corps  n'est  si  susceptible  d'im- 
prcsjion  ,  la  l'ounue  de  nos  passidn-i  n'e^t  si 
impétueuse,  que  parce  (|ue  toute  notre  orga- 
ui  alion  est  plus  li ne,  plus  uc  icale,  plus  spiri- 
tuelle pour  ainsi  due.  L'in<labil:té  de  noire 
sanlé  et  l'iucei  liiude  du  terme  de  noire 
vij  dépi  nd<M!t  esseniiellencut  de  celle  nio- 
b:l  ié  de  nus  organes.  Mais  grâce  à  cette 
même  mobilité,  nus  organes  se  plie'nt  avec 
lac:l<lèct  |jruuipli!ude  :ni\.  \uioniés  de  notre 
âme.  Une  ferme  re  olution  de  ne  point  se 
loisser  vaincre  par  une  maladie  esl,  de  l'a- 
veu de  tous  le»  uieilei'ins,  un  des  reiuèdi'S  les 
plus  ehicaces,  tandis  ({u'uiic  imagination 
cr.iniive  aggrave  la  moindre  indi.'ipusitiun. 
{^'e5laill^i  que  noire  corps,  pour  s'endurcir 
et  se  loidir  contre  l'iniluence  d'un  climat 
nouveau,  n'aitend  que  les  ordres  de  l'inlel- 
ligence  a  laquelle  il  sert  d'organe  ;  sous  cha- 
que cliuiat,  les  nerfs,  Ijs  muscles,  les  vais~ 
seaux,  en  se  lemianl  ou  se  relâchant,  en  se 
d.laia  il  ou  se  resserrant,  prennent  bteiit.t 
l'état  habituel  qt.i  convient  au  degré  de  cha- 
leur ou  de  froid  qne  le  corps  éprouve. 

i<  On  d.t  assez  communouienl  que  le  nom- 
bre iotal  des  hommes  vivants  sar  l,i  terre 
peu)  s  élever  à  un  m  Iliard  ou  1000  millions. 
M.iis  tous  Icj  calculs  qu'on  a  f.iils  à  ce  su- 
jet so:it  et  dui\ent  être  déj.ourvus  d'evacli- 
liide.  D'après  toutes  les  pioUabililés,  la  pu- 


(1)  N"US  avons  conservé  dins  son  inlégriié  la 
cla-.>.illc:ilii  II  >lu  ^eiire  Ijiun.in  iloiaice  pur  iialle 
liriiii,  O'ap  éi  lUiiiiic  <l)a..li  ,  ipiOiipi  il  inuis  eût  élo 
fatale  lie  la  iiiud  lier  l(>,l^!de^'dl).elllelll  en  la  iiiel^aiil 
eu  iau,'ii.i  :ivee  lei  dill'éicihei  classiliualliiiis  iiui  nul 
élé  |ii'<ip:isé  '.-.  depuis  Linne.  Le  i:aiiu'.iii;<ie  suédu.s 
aiimci,  co  ■■iiae  Hi.llou,  luio  sc'iile  e»|iec  ■  linhiaiiie  , 
d'usée  e.i  vuiéles.  Celles  ipi'il  ;idii,.l«  soiil  les  c.iii| 
SU  va.ilis  :  VAiiiciicfiiiib  brune.  [''Kuiu-  éeiiiti:  idanchi:, 
r.4»iu£/i;Me  jdii/ie,  l'.l|M(.ui/i  iioiii;  ri  la  Mo  iSlrueuse. 
M.  l'iuneiil  reeoi.ii.ii.  eiii')  varieié<  •  l.i  Cuuc.i  i'jne  , 
ou  Arabe-Eiiiuitéeiin;  \'ti.jeib>iéeitiu',  li  Moiujolf, 
la  Muuii  e,  l.i  i^i  ijre  ei  1  Aneiicuiiii-.  C  laiviei  ne 
voil  ipie  Unis  races  eniiiiintes  ni. une  e-  :  la  Hiatulic 
uu  Caucuiiqiie  ,  la  Jaune  un  Muiiji.ii.iue,  el  la  .\cijie 
uu  Lliuofiqae.  Il  avmio  que  la  e..  Aiauiis  ni  les  l'a - 
|i(>ii-  ne  se  lai-seiil  a  beincHi  r.ippiTler  à  l'iiiio  Ue  >  es 
iH.iS  giaii  les  races;  ni.us  il  ne  urnivepas  ilo  carac- 
lèie.-.  .Nidii.anis  pour  U,sti(.i;ner  les  iireniiera  des  lliii- 
(ji'iis  caucasi>pies  el  des  Cliiii<>is  iiiniii^uiKpies,  el  se 
ileiiiJiide  .^1  ie>  Paiioiis  ne  >eraie  il  p  is  d  s  nègres 
aiiKieiiUiîiiienl  égares  sur  l.i  mer  des  |..des.  Lco  liu- 
biai.ls  du  iiiiAl  iJtts  den.v  euiuiiienls,  dil-il  ,  les  Sa- 
inoiédes,  e»  Lapons,  les  Lsipinii.iux.  viennenl,  se- 
lon i|iivlïiut;a-uiis,  ue  lit  race  utu.igole  ;  seiuii  u'auires, 


ils  ne  sont  que  des  rejelons  dégénérés  du  rameau 
Scythe  el  l..iai'  du  la  laee  Cau<  asii|  e.  Les  Améri- 
cains eu\-nieaie^  ,  :ijimiel-il.  n'diit  |iii  encDie  e.ie 
ramenés  claiieaiiii  m  a  I  u:,e  ni  àTaulie  de  nos  ra- 
ces de  raiii'ieii  euniinein,  tl  ci  peu  aiil  ils  n'uni  |  as 
iiiin  pins  d<:  c.^raclere  à  la  luis  piécis  et  eiin>lan(  qui 
piiiose  en  liire  inie  raCe  p:ir.iciilieri;  (/(è./He  a  iinul  , 
innie  l""',  IS-;).  Al.  \iiey  adnei  ne  iX  espèces,  i|U'il 
disUii^ue  par  ri.uvcrl.ne  de  i'.inj;  e  lae.al ,  ei  ip.'il 
d.vise  ea  su  raies,  t'ii  s;al  ipie  cel  an^le,  appi-lé 
iiiHjle  de  i.uivp^r  ,  esi  lai  nié  par  deux  Ignés  parlant 
Ues  denl-.  inei»iv.:s  sii|ierioiires,  ei  il  r:ijee^  l'un.-  à  la 
racine  du  ..ez,  cl  l'a.ilie  an  iruu  aud  ul.  I.a  i  reniiée 
e^liéùe  a  l'a.igl  :  lacial  laiveil  de  o'-i  a  DU  .icgres  ;  elle 
CDiiiprend  la  race  lilauciii',  la  race  lia-  neo  ei  la 
r.ice  cn.vieiise  ;  la  seconde  espèce  a  l'an^l.^ 
d.;  7o  a  Si  uegrés;  elle  renleriiie  la  race  bri 
cée,  la  r.iie  i^.nre  el  la  race  N  nrà  re.  M.  G.rnul 
sii.l  une  divi.^iua  .inalogue  à  celle  de  .M.  Lessua.  Ce- 
lin-ci  leco.in'jil  irois  laces  :  la  liiaiicii.',  la  Jaune  et 
la  iNu.re,  qui  se  diviseni  cliacmie  en  iHineaux  el  en 
vaililéi,  r.li.i  1  Al.  A.  Uesinoiili.is  el  M.  lioiy  de  Sailll- 
\iiieeiil  divisent  le  yeuie  iiuiiinie  :  le  premier  en  itj 
espèces,  el  le  secuiid  en   i5  espèces  J.  U> 


.  nei:  ei  la 
11,1.^  facial 
brune-iuu- 
\i     i:  ■.  ...I         I 


1IÔ7 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOGHAPIIIE  HEUCIEUSE. 


II 38 


pultliiin  du  globo  onlicr  doil  s'élever  à  otni- 
Tv>n  7i0  inililoiis  :  ce  sérail  p(Ul-é(ri>  l'exa- 
gérer IxMucoup  que  de  ^é^alIler  A  800  rnil- 
iii)i!S.  Ûjiiis  celle  cvalu.'ilion  l'Furopi'  rsl 
■cotni  risc  pour':22S  inillioDS.  l'Asie  pour  390, 
J'Afrique  pour  ('0,  l'Aniériiiue  pour  4-i,  cl 
I'0eé;inie  pour  20  inillions  (1).» 

M.  Lrvrault,  en  visilanlen  18%,  37,  38  el 
39,  I  Amérique  méridionale,  a  fail  quelqut-s, 
reir.arrjuos  sur  les  Itidi;i.s  fies  provinces  de 
Canélns  el  du  Napo,  dans  l'ival  de  l'E(|ua- 
tcur.  Voiri  ce  qu'il  dil  desSaparos  el  auircs 
trihus  indienne-'. 

«  Les  indiens'  fixés  à  Suni-Curi  sont  des 
Saparns.  Celle  nalion,  la  plus  noiniireiise 
(de  loiiles  Cflks  qui  habilint  ces  paiagcs,  e.'-l 
divisée  en  penpiades  sou\enl  err  nies,  qui 
s'étendent  depuis  le  Yaquino  jusqu'au  llen\e 
des  Amazone-.  Les  unes  sonl  fixées  sur  les 
boriis  du  Curaray  el  du  Napo;  les  aulies 
chançreiil  de  pays  s'uivant  leurs  besoins  ou 
leur  caprice.  Des  combats  sonl  souvent  le 
résultat  de  ces  étnigr.it.oiis,  qui  ont  géncra- 
len;e(il  pour  but  de  s'emparer  des  feiiimes  el 
des  terrai  s  de  cinsse.  Les  vaincus  sont 
jmpiloyab'emeiil  inassaciés  ;  les  l'cmines  et 
les  er.fanls  p.issenl  au  pouvoir  des  vain- 
queurs, qui  en  font  leurs  esclaves,  ou  les 
Vfiidenl  aux  étrangers. 

«  Leur  lailleesl  au-dessous  de  li  moyen- 
ne, leur  couleur  d'un  j'aune  pâle,  leurs  jam- 
be,, sotft  forte-  el  nius<  uleuses.  Leur  figure 
est  couverte  de  peintures  rouges  et  noires  ; 
leurs  clieveux  sont  lon;;s  et  en  désordre. 
Qiielqne--uns,  surti.ut  les  fenunes,  se  laseiit 
les  M)urcils;  leur  langue  est  entièi-enienl 
distincte  de   celles  des   Jivaros  cl  des  In- 

CifM. 

Pi'ay.'nt  d'autres  relations  avec  les  blanes 
que  celles  d'un  comnierrc  d'échange  avec  le 
petil  nombre  ds  manhan.ls  qui  vitnneul  à 
Cané'os,  ils  sont  dans  un  étal  de  barbarla 
qui  rend  leur  induslrie  naturelle  d'autanl 
plu-  remarquable. 

«  l.e  vêlement  des  bcmmes  est  une  espèce 
de  cli.i^uble  qu'ils  ni.mment  ycnicliumo,  <',l 
qu'ils  fonl  a\  ec  Iccorce  d'un  arhre  nommé 
ynra.  Cciui  de-  fe;  mes  esl  une  band  ■  de  la 
u)ème  ecorce,  altacliée  à  la  teinture,  et  qni 
couvieà  pe:iie  les  parties  sexuelles.  Is  ti- 
rent au-si  de  l'éiorce  d'un  arlmsle,  chambi- 
rn,  une  ficelle  d  ni  ils  foil  des  hamacs,  des 
lilels,  etc.  Leurs  armes  sont  des  ias.ccs  el 
des  javelots  de  chonla  ;  ils  ne  se  servent  pas 
de  Lo.K  l;ers. 

«  Les  Sapari  s  sont  généralenienl  pares- 
seux, et  passent  la  moitié  de  leur  vie  éten- 
dus dans  leurs  hamacs  :  aussi  ne  vunt-i!s  à 
la  rlias-e  ou  à  la  pccbe  que  lorsque  la  lé- 
ces-ilé  les  y  force.  Leur  leni|/ératncnl  se 
plie  égalemeni  à  une  dure  abstinence  el  ■iux 
excès  d'une  gloutonnerie  incroyable.  Dans 
leurs  excursions,  ils  ne  ^e  chargent  j  mais 
de    vivres  :  quelques   feuilles   de    guayusa, 

(I)  Ces  estimniions  ne  s'éloignent  pas  lie:iueonp  de 
eeilfts  qu'a  (iréseiilëes  M.  A.  lial.-.i  dans  sa  Buluiice 
polidiiue  du  globe,  en  18-28.  Malle  lirini ,  en  1810  , 
duiKiuit  à  l't.urupe  i7U  millions  d'iiabiianls;  à  l'A- 


planie qui  par  son  goût  el  ses  propriétés  of- 
fre beaucoup  d'analogie  avec  le  Ihé  et  le  lil- 
leiil,  peuvent  letir  suffire  pendant  f)lusieurs 
joins.  Du  reste,  ils  dévorent  indistinciem  nt 
loue  espèce  d'insectes  ou  de  rc[ililes;  les 
vers,  les  fourmis,  h  s  crapauds,  tout  leur  est 
Ion.  Mais  lorsqu'ils  reiiconireni  une  troupe 
de  sai'gliers,  ils  se  précipitent  dans  le  plus 
épais  de  la  foret,  le  corps  nu,  la  lance  ou  la 
srbacaneàla  main;  el  lor.-qne  l'espèce  de 
délire  ([u'ils  éprouienl  dans  la  cha  se  s'a- 
inor'il  parla  fatigue  on  par  l'impatience  de 
se  rejtailre  de  leur  vian-le  favorite,  ils  re- 
viennent à  i'endnit  où  iN  0Tillai<-:é  leirrs  fem- 
mes et  leurs  cnfanls  qi:i  ont  déjà  aliimé  un 
granil  feu  sur  leciuel  est  placée  une  marmite 
r-mplie  d'eau  ;  en  un  inslanl  le  sanglier  eU 
dépecé  :  une  partie  va  dans  la  marmiie,  l'au- 
•  ce  esl  placée  sur  les  cli  rbo"S.  Ils  n'atten- 
dent p  is  la  moiiié  dn  temps  nécessaiie  pour 
la  cuis'on,  el  déjà  ils  dévorent  leur  proie. 
La  marmite  qu'ils  ont  retirée  du  feu  esl  im- 
médiatemenl  remplacée  par  uneaulr^',  el  ils 
ne  s'arréient  (jue  lorsqu'ils  ont  tout  en- 
glou  i  Si  la  chasse  a  été  abondante,  ils 
s'arréienl  deux  ou  trois  jours,  cl  i;e  se  lè- 
vent pour  conlii  uer  leur  rorle  qu'après 
avoir  achevé  le  gibier  qu'ils  ont  tué. 

ChaqiÉC  peupL.de  a  sou  chef  mi  itaire,  qui 
esl  loi.joirs  le  plus  brave,  souvent  le  plu» 
fnrl  et  le  plus  grand.  Son  ponvdic  est  despo- 
tique, mais  il  en  abuse  r.irem.  nt  ;  car  les  In- 
diens oni  un  principe  inné  de  justice  el  de 
modération  <|ui  leur  f.iil  respecter  égale- 
ment le  plus  firl  coimiie  le  plus  fail)le. 

«  Les  Sa:'aros  ne  p^  raissent  avoir  aucune 
idée  de  rel'gion;  ils  croient  lonl  au  plus  à 
un  génie  mi  f  i-anl  et  à  la  métempsvcose  ; 
ils  n'adoraient  i  as  le  soleil  coma.e  les  Incas, 
et  f  lisaient  partie  de  ces  hordes  de  baibares 
qui  aidèrei.t  ies  Espagnds  à  conquérir  le 
royau  oe  de  O'iiio. 

«  Les  Sarayaeos  sonl  de  ta'llo  moyenne, 
ont  les  mcnibres  robustes  el  proportiomés, 
t-l  se  l'ont  lemarquer  par  leur  force  el  leur 
bravoure.  Ue  Irequenies  aliiane.s  avec  les 
Jivaros  ont  couiriiiué  sans  doute  à  I  ur 
donner  un  caractère  de  phy  i'inomie  qui  leur 
est  propie  :  pluNienrs  d'enti-e  rur,  ont  des 
traii'i  grecs  parla  temenl  caractérisés,  cl 
presque  Ions  les  j  une-;  gens  soat  d'un  corps 
élégant  cl  d'une  jolie  figure. 

«  Avant  plus  de  relations  avec  les  blancs 
que  les  Sa|.aros,  parlant  la  langue  quitclioa, 
ils  regardent  ceux-ci  comme  des  barbares. 
l's  piiiieiii  des  caleçons  de  toile  qu'ils  teignent 
de  diverses  louleurs,  el  de  peiiies  blouses 
collantes  qui  descendent  jusqu'à  la  ceinture. 
Ils  se  ci'Uvient  de  peintures  rouge.-  et  noires, 
aitachenl  leurs  che\eux  i  rès  de  lit  lôlc,  et 
se  perceiil  les  oreilles  pour  y  passer  de  peiiis 
morceaux  de  roseaux.  Les  f.  mmes  sonl  vê- 
tues ci  peu  près  comme  les  Indiennes  de 
Quito;  seulement  léioiïe   esl  la   même  que 

sie,  320  à  5 il)  ;  à  l'Afrique,  70  ;  à  l'Ariiériqne,  -50,  ot 
il  l\toe.<iiie,  -J.0;  ce  qui  lormait  un  total  de  120  à 
6i0  millions.  i.  IL 


1139  ESSAI  SLR  LES  TRAVAUX 

celle  de  leurs  maris.  Dnns  leurs  voyages  ou 
leurs,  (rnvuus  journaliers,  e.ies  purtenl  la 
blouse  coilanle. 

«  Les  productions  do  Sarn-Yucu  sont  les 
mêmes  que  cfles  de  Ciinél'is,  niiiis  peul- 
élrc  y  S!Rl-elles  lie  qiial'.lé  supciiture;  la 
pécîie  ei  la  thassu  y  sont  aussi  plus  a  bou- 
dantes. 

«  Son  (limât,  quoique  chaud  et  humide, 
est  «ain.  I.a  v'ge  ation  y  est  visoureisse, 
DiciU  Siii  triiioirc  l'Sl  infeste  de  bclos  lero- 
ces,  l'.c  repii'rs  et  >te  ii^o  .-itiqucs. 

«  Lii>  ^ariijaios  sont  d  :iii  car.iclère  doux 
et  aHahie,  uioius  paresseux  et  pius  diinciies 
pour  leurs  alimenls  que  les  Sap  ros.  lis  vont 
souvent  â  la  ihas^e  ei  à  la  iièche,  el  soat 
toujours  ahoiidauimenl  pourvus  de  viande 
et  de  poi»sun. 

«  II-  soûl  natutellenient  porlé<  à  so  (^iver- 
tir,  et  se  ri  unissent  uoi-  ou  quatre  foi?  par 
Si  mairie  chez  l'un  liViix  où  ils  d.insent  et 
boivent.  S  or-siu'ur.  luilien  a  l'at  <irii|]|e  pro- 
visi'Mi  de  i'hi<  h  i  et  (se  vémilo  (l)oisson  que 
l'on  esirait  de  l'isinarne  ruiic  à  1 1  vapeur,  el 
moisit-),  i'  VI  iuviiiT  >0j  airis  ;  our  le  jour 
s<:ivanl.  Ccii\-c^  se  remleiil  eli  z  lui  au  point 
du  j  'Ui-  ave  la  li.iclie  ou  le  cou!elas,  ei  ira- 
yaiil(nl  a  ses  pl;.niatio;s  jusque  vers  le>  d:x 
lieures;  pu. s  ils  rentieat,  se  parent  de  leurs 
orncirient's  de  pi; mes  d'oiseaux,  de  Iru.s 
colliers  d'-  de!)ls  île  tiiire,  pyssen  dans  Icuvs 
oreilles  de  pelils  liouts  de  roseaux,  1 1  se 
rendent  à  la  léie,  :a  ligure,  I  s  bras  ei  ics 
jauiires  couver is  de  peintures  rouges  el  noi- 
res, uni'  couronne  di  têtes  o'oiseaux  ou  un 
bonnet  de  piunus  de  perroquet  sur  la  tcte. 

«  Les  liKlicRS  v.vent  en're  eux  dans  la 
plus  pc>rfai;e  intelligence.  Les  ménages  sosit 
un  modè'e  d'amour  filial  et  de  fidélité  conju- 
gale, et  jamais  la  inoinilre  querelle  no  vient 
altérer  leur  bonne  harmonie, 

«  Les  femmes,  quoique  destinées  aux  Ira- 
Taux  les  plus  rudes,  ne  rnuraiurenl  jamais, 
et  rempis-cnl  leurs  devoirs  s  ms  clierelier  â 
s'en  faire  un  méiitc  aux  >eux  de  leurs  maris. 
L"é;;cqi!e  de  leur  grossesse  el  de  leur  accou- 
chtu:enl  est  leile  ou  elles  monlrenl  le  plus 
de  eouragi'  et  de  soumission, 

«  liés  que  la  f  mme  ressent  les  premières 
douleurs  de  l'enfanlemei,!,  elle  se  relire  dans 
la  forêt  à  trois  ou  quatre  lieues  de  la  iiia.son 
couiugale,  «tans  une  cabane  de  feu:lles  déjà 
préparée.  Cet  exil  esi  le  fruit  de  la  supers- 
tition dis  Indiens  qui  sont  persuatlés  que  le 
gén;e  du  mal  s'atlacherail  à  leur  u)ai.-.un  si 
les  l'emn/cs  y  faisaient  leurs  cuclies.  Lors- 
que le  lerme  est  arrivé,  celle-ci  esi  assistée 
par  une  de  ses  amies. 

«  Pendant  ce  temps,  le  mari  reste  chez 
loi,  bovailde  la  chieha,  et  recevant  les  com- 
plio'ents  de  ses  amis.  Le  liuiiième  jour  de 
ses  couches,  ce; te  femme  est  déjà  rentrée 
chez  sou  mari,  et  tr  ivailie  dans  ses  planta- 
ii'is,  son  enfant  srir  le  d<is,  enveloppé  dans 
un  manteau  de  ttile  qu  elle  altaclrt  par-de- 
vanl, 

I  Avant  leur  mariage,  qui  ne  consiste  le 
plus  souvent  <>u"à  se  lier  tonte  la  vie  par  une 
proniesse  solennelle,  les  Indiens  vivent  quei- 


OES  ANTtiROrOl  OCL'ES  ,  1149 

qucfuis  plusieurs  années  avec  leur  Hanoéc, 
pour  essayer  si  leurs  <'aracii'rcs  se  convi  n- 
nent,  et  s'ils  ponriont  remplir  leurs  entra- 
gtr)>ents  récipr<  ques.  ^'il  y  a  aiilipaihie,  ils 
se  --épirent;  si  au  contraire  ils  -e  Ironvenl 
d'iiccord,  la  iIcmHude  en  nrari.^gc  e-t  adres- 
sée aux  parents  de  la  fcMm:  e.  D?s  qu'eîe  lui 
est  accorde",  le  ivaii  se  trnovedins  l'obii- 
gaiioii  de  nounir  ceux-ci,  et  de  les  aider 
dans  leurs  travaux. 

«  Me  morne  que  les  Saparos,  les  Indiens 
cane  os  croient  à  la  métrmpsy  os'-.  C  est  sur- 
tout sois  la  l'orme  du  tigri-  qu'ils  pensen' 
ren.âire;  au>si  ne  l'aliaqnenl-ils  jamais  sai.s 
de  justes  motifs  do  vengeance, 

«  Il  y  a  euviion  de'X  ans,  la  mort  d'un 
Cané'ns  de  Sara-Y.icu  nomn.é  IJuaMiga, 
qui  fat  dévoré  p  .r  un  I  gr,-,  devint  la  caue 
d'une  guerre  saiigl mte  entre  ceux-ci  et  les 
Jii  ai  os.  Toute  la  famile  durtéî'unt  s'était  mise 
en  campagne  et  avi.it  \eni;é  son  parent  par 
lamoildu  tijre  ;  r^ais  h  eiilôl  elle  se  figura 
que  C'>  tigre  e;ait  un  gurrrier  jiv;iros;  la 
guerre  fui  'iéclarée,  el  ne  cessa  qu'après 
plusieurs  moits  de  part  et  d'autre. 

«  lîicn  que  les  Imliens  soient  f  imiliari-és 
avec  les  dai'gers  lie  lonie  espèce  nu  offre 
une  vie  passée  diius  les  forêis,  ils  oui  rare- 
meni  le  courage  d'attaquer-  leurs  a'iMTsaires 
en  f.-'ce.  Les  chefs  s-  ul-  se  mestirei^l  i(iiel- 
quefi'is  corps  à  corps,  et  la  mort  de  l'urt 
d'eux  décide  souieut  de  l'actio;i.  Leur  l;ic- 
tique  consiste  alors  à  surpreudr.-  leurs  ad- 
versaires au  moyen  d'une  nuirche  forcée 
faite  jieiidant  la  nuit.  Ils  s'éclairent  avec  des 
torches  de  lopal  ou  avec  des  vers  luisants; 
iis  s'atrêtenl  à  que'que  distance  du  village 
ennemi.  Leurs  espions,  qui  sont  géiiéialc- 
ment  des  jeunes  gens  renemmés  pir  leur 
agilité,  sont  envoyés  à  l'avance,  el  viennent 
rendre  compte  de  li'ur-  mission.  S'ils  sont 
découverts,  ils  se  retirent  sans  rien  entre- 
prendre; mais  si,  au  contraire,  l'ennemi 
n'est  pas  sur-  ses  gardes,  ils  l'aitaquent  un 
peu  aiant  l'aurore.  (Quelquefois  ils  incen- 
dient les  maisons  el  en  gardent  les  issues, 
et  loisque  les  habiianls  en  sortent  pour 
écliappi'r  aux  flamm;'s,  ils  les  foui  expirer 
sous  leurs  coups.  Ces  gue'res  se  renouvel- 
lent fréquemment,  car  les  vaincus  élèvi-ni 
leurs  enfanls  dans  des  senlimenls  de  haine 
cl  de  V'  ugeauce. 

«  Les  Jivaros  sont  généralement  d'une 
tai'le  plus  élevée  que  les  Canélos.  ils  sont 
aussi  plus  fcrls,  plus  bia>es,  et  mènent  irne 
vie  plus  agiléi'.  Ce  sont  les  seuls  Indiens  ihez 
le- quels  ta  polygamie  soit  en  usage.  Leur 
idiome  est  distinct  de  ceux  des  Canélos  el  des 
Saparos.  el  leur  parler  est  toujours  accentué 
aiec  lant  de  force,  qu'une  simple  conversa- 
tion ressemble  à  une  vive  que-clle.  Leur 
desunion  seule,  qui  provient  de  leur  amour 
excessif  des  femmes  et  de  leur  jalousie,  bs 
empêcj.e  ile  dominer  toutes  les  au're-i  tribus. 
Lei.r  bravoure,  leur  force,  leur  baliilelé  ;'i  li 
cha  se  el  b-nr  im.ustric  leur  dcimi  ni  eue 
sor  e  de  supériorité  sur  leurs  voisins;  cur 
ceux-ci  s  énorgueiliissei.l  de  Ictir  uiiiou  avec 


I 


ii;i 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GICOGRAPIUE  RELIGIEUSE 


mî 


eux,  ni  ont  niielqncfois  à  leur  lête  un  gucr- 
riiT  (!('  rixe  jiv^iros. 

«  f  1-  «oîiuiue  favori  dos  .livaros  çst  un 
vpli'nipni  ai  p'c,  cl  qui  ilescen.l  j(i<iqir;in\ 
pi'ils.  l'iK'  tnnoriiire  scrl  ii  p-isser  'a  lote,  ot 
im  ■  nu  rc  prat'iiuéc  <!f  ••luniuc  cùlé  permi't 
de  soilir  1rs  br.is.  (\\  vflrn^ciit  so  nomme 
c:*sl'.ma,  ol  so  fail  ;nrc  l'ocnrce  de  l'arbre 
yiir-,  Vs  poil' 11'  cgalemrnt  lîf*  la  loili'  Icin'c 
on  noir  on  ou  viol-t.  Da-is  louvs  fêles,  ils 
ccisr':rnl  Icnr  icle  d'une  large  Ci'iiiiure  de  la 
nionic  (Moffe  que  la  cùshma,  el  peinle  comme 
<  lie  en  jaune  ri  rou;jf. 

«  (■■|i  outre  dfs  oruemmls  ''ont  j'ai  parlé 
pins  luiiii  !e  Jivaro-  purl- n'  de  grands  rol- 
iier<  ''•'  graine-j  noires  qui  vionnrnl  se  rrni-or 
sur  leur  p' llruio.  Dans  les  peintures  liniil 
ils  roiivrenl  l'urs  visnar^s,  une  lar;;e  raie 
nu  re  qui  rouvre  le  nnnlon  el  s'cliud  jus- 
qn':!r>x  oreiilcï  e^l  parmi  eu\  une  maïquc 
d'eiéï.inre. 

«Lus  croyances  reli'^ieusps  sont  les 
inèmis  que  crlles.  des  !^ai)aros.  et  ils  onl  leurs 
sorcirrs  «ui  pro|  liclc  s  qu'ils  ronsiilieui  avant 
d'enireirrendie  une  expediion.  C'e<l  une 
liane,  <|u'ils  nonimenl  jairi-iinscn,  nui  déve- 
Iop(ie  chez  l'un  deux  le';  dons  pi'npliéliques 
qu-  lui  "-oui  allril'ués.  Ils  la  fonl  boui  lir,  el 
pretineiil  un  vase  de  relie  hoissou,  dont  les 
effets  sont  de  produire  une  forte  ivresse; 
c'Cîl  alors  que  l'inspiré  <  haute  la  loaange 
des  siens,  «i  iraiie  leurs  ennemis  ir  femmes. 
Un  assoupisseir.enl  succède  à  ses  triKSports, 
el  un  songe  l'msiru  l  ilc  ce  qu'il  doil  faire. 
A  sou  ié»eil,  il  r. ironie  ce  qu'il  a  vu  dans 
son  sommeil,  ce  qui  décide  de  leurs  projets 
ulléricurs. 

«  CeA  avec  les  Cnnélos  qu'ils  sont  le  plus 
souvent  on  guerre,  el  ils  la  iicclarenl  géné- 
ralemenl  par  un  message  qui  coiilicnl  tou- 
jours la  ni.'nace  d'enlever  des  femmes  à  leurs 
ennemis,  el  de  hoire  leur  ■  hicha.  Les  autres 
ré()ondcnt  qu'ils  nonl  qu'à  se  présenter,  que 
de  leur  côé  ils  désirent  mêler  leur  «ang  avec 
leur  cliicha.  Leurs  arnus  sont  la  lance  el  le 
bouclier.  » 

Le  F.  Jo-eph  Salo,  de  la  compagnie  de  Jé- 
sus, rliarué  en  18V3  cl  18ii  d'une  miss.ion 
dans  les  forcis  el  les  solitudes  de  la  province 
de  lllo-<îrande  du  Sud,  au  Brésil,  paile  ainsi 
de>  indigènes  (|(ii  les  liahitenl  : 

«  Les  forcis  qui  entourent  de  toule  part 
le  lerriloire  connu  sous  le  num  de  (Champs 
de  Vacaria,  sont  habitées  par  des  Imlicns 
plus  ou  leoins  sauvages,  l'arnii  eux  on  dis- 
tingue deux  nalionsii'iin  carat  1ère  Irés-cruel  : 
l'une  se  compose  des  Botocudus,  ainsi  appe- 
lés à  cause  d'nn  trou  qu'ils  se  lunneul  sous 
la  lèvre  infen 'ure,  par  lequel  ils  sJllenl 
d'une  manière  horrible,  soit  en  atlai|ii<inl 
leurs  ennemis,  soit  pour  se  demandi-r  mu- 
tueilement  du  secours  dans  les  renconires 
dilliciles  ;  l'aulre  porte  lonomde  CoronaiJos, 
parce  qu'ils  o.il  sur  la  tête  une  courome  ou 
tonsure  seinidaide  à  celle  de  uns  prélres. 
Ces  deux  Irihijs  irréconciliables  se  l'ini  une 
gtierre  a'roce ;  leurs  armes  sonl  des  flLcLes 
el  de  petites  lances  ;  chez  les  Bolicudos,  les 
Arcs  cl  les  flèches  .sunl  d'une  diuicusiun  bien 


plus  granile  que  chez  les  Coronados  :  le? 
uns  et  les  aulres  ont.  du  reste,  crand  soin 
de  les  orner  avec  toute  la  rccherihe  pos- 
sible. 

«  (!es  Indiens  ne  font  usage  d'anrun  v6- 
lemenl  ;  ils  sont  très-forts  et  sortent  rare- 
ment de  leurs  forèis.  I!s  n'a«sa  lient  les 
passants  que  quand  ils  sont  sûrs  de  |pur 
con;»,  ce  qu'  les  oblige  à  resîcr  quelquefois 
pluMeiirs  jours  en  observiiion  punr  ini  us 
ail'  indre  leur  but  :  les  malbeoreiix  qui  tom- 
bent entre  leurs  mains  sont  louiours  imni- 
loyableîn'Ul  massacrés;  mais  leurs  cITels 
sont  laissés  inlaels,  à  miins  qu'ils  no  con- 
tiennent du  fer.  Ce  métal  étant  l'iiniq  e  ob- 
jet de  leur  convoitise,  ils  l'en'èvenl  avec 
empressement  :  routea'i,  flou,  serrure,  tout 
est  bon  pour  eux  ;  ils  l'arran'ieni  et  s'en 
servent  pour  leurs  f!è"hps  e".  leurs  1  mces. 
Le  reste,  el  même  fargeul,  est  ;  bandon-ié, 
excepté  peui-clre  quelques  pièces  d  •  mon- 
naie pour  orner  le  eou  .les  Indiennes.  » 

La  prov^me  de  Bahia.  au  Bé-il.  est  en 
par. le  cuiivcile  «le  sombres  forèis  sécql  'ires, 
fréqu  nées  par  des  .«auvases  indig'Mies.  Le 
P.  Lou  s  lie  I^ivonrne,  de  l'o'd.-e  des  Capu- 
cins, parrou't  d  puis  plus  d"  \in2l  ans  res 
iinnieu>-es  soliludes  piuir  en  év;-,ngé!is'r  le* 
habilanls.  Il  a  recueilli  sur  celle  r  ce  d'ho-n- 
nies  les  notions  sinvanles.  transtnises  pnr 
le  P.  Samuel  de  Loili,  capucin,  au  P.  .\ndié 
d'.\rezzi) ,  du  même  ordre  :  «  Ces  Indij-es  oc- 
cupeni, entre  les  fleuves  Ilio-Pardo  et  Tavpo, 
un  tcrr.loiie  d'environ  trois  cents  milles  de 
long  sur  deux  cenls  milles  de  large,  tout 
couvert  rie  foréls  e  'core  vierges,  tout  hérissa 
de  montagnes,  nu  coupé  p  sr  des  vallées  nia- 
réeageusas.  Ils  fiumcntuuatre  tribus  distinc- 
tes, lounues  sous  les  noms  de  Camaeans,  de 
Boiocudos,  de  Palaxos  et  de  .Monguios.  ^a»% 
doute,  ces  enfants  dégénérés  appartiennent 
cmme  nous  à  la  gramle  fami  le  humaine: 
mais  on  a  souvent  de  la  peine  à  reconnaître 
des  hommes  dans  ces  créaiures  rebelles  ou 
élraiigères  aux  grâces  de  l'Evangile. 

«  La  chasse,  la  pèche,  des  Irniis  sauvages 
et  quelques  racines  alimentaires  qu'ils  trou- 
vent dans  les  bois,  fournissent  aux  premiers 
besoins  de  leur  exi-lence.  Ils  mangent  à 
toute  heure,  et  prennent  plus  ou  moins  de 
nourriture  selon  (iu'ilsont  pu  s'en  procurer, 
sans  melire  rien  eu  réserve  pour  le  lende- 
main. Presque  toujours  vasabonds,  le  plus 
qu'ils  s'cirrélenl  dans  un  mcuie  lieu  est  l'es- 
pace de  quelques  jou.s  ;  une  cubaiie  dres>ée 
à  la  hàie  pour  se  déf  nJre  de  la  pluie  est  le 
seul  élalilissemenl  qu'ils  elùent  dans  la  val- 
lée qui  a  su  fixer  un  ieslanl  leur  vie  errante. 
Le  caractère  iraditionnel  de  laltibuse  per- 
pétue et  se  Iransujel,  inv,iri;ib!e  e'  unifoime, 
de^  vieillards  a.ix  enfanis  ;  le  Gis  imiieson 
père,  la  filie  se  modèle  .-ur  celle  qui  lui  <■» 
donné  naissain  e,  el  c'est  ià  toule  l'éducation 
de  la  jeunesse. 

«  Dans  leurs  ma.'iaires,  ils  ne  respccîent 
ni  l'u;  iie  ni  rindissulubiliié  de  ci  Ile  union. 
S'il  suffi'  d'un  consenieii  enl  uiuluel  cl  de 
l'aveu  lies  parents  pour  foroier  le  contrai,  il 
sufUt  aussi   de  la  voiuuié  capricieuse  des 


Ii45 


ESSAI  SUR  LES  TRAVAUX  DES  ANTHROPOLOGUES  , 


ipoux  pour  le  dissoudre:  le  caractère  diffî- 
cilo  d'une  femme,  sa  slérililé,  ou  quelque 
infiruiilé  lialiilnelle.  sonl  auianl  de  inolifs 
qui  iuiloriseul  le  div..rre.  lis  n'en  ohI  pas 
moins  eu  honcur  l'adultère,  et  toute  femme 
convaincue  d'un  Ici  crime  Psl  sévèrement 
cliât'ée  ;  quelquefois  on  rattache  à  un  arbre, 
et  sou  mari  vient  lui-même  venger  sou  in- 
jure, en  I  immolant  <à  coups  de  flèches. 

«  Quanil  une  femme  est  sur  le  point  de 
donner  le  jour  à  son  enfant,  el'e  se  retire 
au  lio-d  d'un  inrreut  solliaire,  afin  de  pou- 
voir l'y  baig:ner  aussitôt  iu'  I  sera  né.  Plus 
tard,  ce  souvenir  rattachera  par  i;n  lien  re- 
ligieux le  jeune  Judien  à  son  premier  her- 
ceau  ;  ce  lorrenl  sera  p  lur  lui  une  eau  sa- 
crée, l'olijfl  du  culte  le  pus  iiffecliieux  ; 
rarement  il  s'éloijinera  île  ses  rives,  et  s'il 
s'en  écarte  jamais,  ce  sera  pour  y  revenir 
a\ec  nu  nouvel  amour;  il  croit  iiême  re- 
tremper sa  \  igueur  affaiblie  chaque  fois  qu'il 
boit  a  celle  source,  où  dès  sou  enfance  il 
s'est  dés  iltéré. 

«  Comme  tr.us  les  sauva£;es,  eux  rie  la 
province  de  l'ahia  sont  excessivemeni  jaloux 
de  leur  indépendance;  il  n'y  a  parmi  eux  ni 
supérieurs,  ni  lois,  ni  adminislratiou  qui 
règle,  en  la  reslrcignanl,  1 1  lilierlé  des  indi- 
vidus. Chai  un  est  maître  de  lui-même  et  de 
ses  actions.  L  i  seule  auloriié  i|u';ls  recon- 
naissent est  celle  de  l'âge;  encore  leur  sou- 
mission au  vieillard  qu'ils  ont  élu  esi-elle 
«ne  pure  déférence  qui  exclut  toute  con- 
trainte. En  temps  do  guerre  ils  se  choisissent 
lin  chef,  doni  le  p()U\oir  expire  aussitôt  la 
caR".|iaj;iie  terminée. 

«  l'entre  eux,  ces  guerres  sont  rares,  et 
■n'ont  j:imais  pour  origine  l'esprit  de  con- 
quête, ni  l'avidiiédu  butin  ;  fiuelquefois  c'est 
une  injure  persour.elle  qui  la  provoque, 
d'auires  l'ois  une  alleiiito  au  druil  do  pro- 
priété. Qu>;  des  étrangers,  par  exemple,  vieu- 
neni  chasser  sur  le  terriioire  d'une  aitre 
trihu,  la  peu|  lade  offensé.'  déclare  ;i!ors  la 
gueire,  mui  par  des  ambassiid.'iirs  ou  par 
de  brujaiits  défis,  mais  île  la  manière  sui- 
vanie  :  I/l,iilieu  (|ui  croit  uso'v  à  se  plain- 
dre, place  une  flèche  en  l!a^ers  sur  le  -en- 
tier i|ue  doit  pareoiirir  l'étranger.  Celui-ci, 
arrivé  leà,  ri  couiiaîl  à  ce  signal  (|iie  sa  faute 
est  déciMiverte,  et  il  se  hâie  de  lonsulliTsa 
Ir  h:i,  pour  sa^o  rs'il  doii  donner  salisl'aclion 
ou  a  cepler  la  uneire.Si  les  avis  sonl  pour 
la  piiix,  il  iléj  o  e  une  auire  llèclie  parallè.c- 
inenl  à  celie  qu'il  ,i  reueonirée  sur  son  |)as- 
Siige  ;  si  au  coiilr;iire  les  Indiins  acceptent 
le  co'.ubil,  leur  flèche  sera  placée  eu  face 
de  la  premièie,  et  les  deux  puinles  luurnées 
l'une  contre  l'autre. 

«  A  son  tour,  le  sauvage  offensé  revient 
ob^erve^  la  direi  tion  des  flèches  pour  savoir 
la  réponse  de  l'ennemi.  Si  c'e;-t  la  paix,  il  se 
garde  de  loule  repiésaille;  si  au  co;ilraire  la 
guerre  est  déclarée,  ses  compatriotes  s'y 
disposent  sans  délai ,  ou  si  leur  nou.bre  est 
insufiisanl  pour  assurer  la  victoire,  ils  vont 
en  diligence  chercher  du  renfort  chez  leurs 
alliés.  Les  femmes  srivcnl  leurs  maris  au 
combat,  snlt   pour  porter  les  flèches,  soit 


illi 

pour  recueillir  les  traits  que  lancent  1rs  deux 
années  ;  il  e;i  est  même  qui,  dans  le  moment 
du  péril  surtout  ,  se  mêlent  aux  guerriers, 
et  manient  l'arc  au-si  bien  que  les  hoiumes. 
A  l'evception  des  femmes  âgées  ou  de  celles 
qui  allaitent  de  petits  enfints,  toutes  se  ren- 
dent sur  le  champ  de  bataille. 

«  Vous  savez  ((uc  tous  'es  guerriers  sau- 
vages clierclienl,  en  se  défigurant  plus  ou 
moins,  à  se  donner  un  air  terrible.  Les  Bo- 
Imudos  sonl  peut-être  ceux  qui  y  ont  le 
m  eux  réussi.  Ils  ont  coulume  de  porter  dès 
l'enfiiice  un  morceau  de  fer  introduit  dans 
la  ièire  inférieure  el  aux  lob;  s  des  oreijies; 
ils  y  allai  hent  un  anneau  <le  bois  priul  .  de 
quaire  à  cinq  pouces  de  dianiètre  ,  ilont  le 
poids  al onge  néc'ssairemeni  ces  pariies  ;  la 
Ir  vre  surtout  se  replie  el  pend  sur  le  menton. 
I  s  coupent  leurs  cheveux  bien  près  par  le 
bas.  el  les  laissent  croître  dans  la  partie  su- 
périeure de  l.i  tèie  ;  puis  à  force  degomiuo 
ils  lis  fixent  dans  une  ilirection  horizontale. 
Cette  forme  hérissée  de  leur  ebeveliire  ,  jointe 
à  sa  coupe  circulaire  ,  lui  donne  assez  l'as- 
pect d'un  cliapenu.  Les  paupières  ei  les 
sourcils  ont  aussi  leur  préparation  parti  u- 
lière  ;  ils  les  teignent  ,  ainsi  qu  •  le  res'e  du 
visage  ,  avec  le  suc  d'un  fruit  n  imuie  aca- 
froa,  qui  donne  un  jus  couleur  de  san;-.  De 
là  cet  "spect  horrible  de  leur  physionutni.;  , 
qui  ne  laisse  pas  d'imprimer  une  certaine 
frayeur  à  leurs  ennemis. 

«  Ils  mangent  parfois  de  la  chair  humaine, 
non  par  un  excès  de  fémciié  ,  mais,  ce  oui 
paraiira  incroyable  ,  par  un  seniimeni  exa- 
géré de  tendiesse.  Il  y  a  peu  de  temps  qu'une 
mère  mangea  son  enfant  que  la  mort  ci  nait 
de  lui  ravir  ,  soit  qu'elle  voulût  s  incorporer 
la  substance  de  ce  fi  s  nieu-aimé,  soit  qu'elle 
ne  pût  se  résoudre  a  le  confier  à  la  terre 
pour  y  devenir  la  pâture  des  vers.  D'auir.'S, 
et  ce  sont  les  gu.rrieis  ,  dévorent  leur,-,  en- 
nemis ;  ils  pensent  proléger  ainsi  leur  vie 
co  Ire  la  vengeance  du  mnrl,  el  même  so 
nnilrc  invuluérables  aux  flèches  de  toute  la 
tribu. 

«  Celle  manière  étrange  de  Irai'er  les 
morts  ti>  nt  sans  doute  à  l'iJée  qu'ils  se  sont 
faite  de  lélat  des  âmes  dans  une  autre  vie. 
Voici  un  fait  ascz  cu(i:  u\  qui  vou-.  eu  dira 
sur  ce  sujet  plus  qu'un  long  commeut.iire  ; 
je  ie  rapporte  tel  que  le  P.  Louis  me  la  ra- 
con  é. 

«  Il  y  a  environ  deux  ans  qu'il  entendit,  à 
la  perte  de  sa  cabane,  une  grande  rumeur  de 
voi\  confuses,  comme  un  cri  d'alarme  poussé 
en  tumulte  par  des  gens  surpiis  par  un  as- 
saut. C'était  sur  les  Oix  heures  du  soir  ;  le 
ciel  étiiit  serein;  el  les  étoiles  scinlill.iienl  sur 
un  (iel  sans  nuage-;  la  lune  seule  refusait 
sa  clarté.  Attiré  par  ce  bruit  inattendu,  le 
Père  quitte  sa  demeure,  et  trouve  une  foule 
lie  Camiirans  plongés  dans  la  stupeur  el  l'ef- 
friu,  et  faisant  à  la  hâie  leurs  préparatifs  de 
défense.  «  De  quoi  s'agit- il  donc"/  leur  de- 
mande le  Missionnaire.  —  Comment  !  lui  ré- 
pondml-ils  ,  vous  ne  voyez  pas  ,  à  l'obscur- 
cissement de  la  lune  ,  le  malheur  qui  nous 
menace  1  Cet  astre  est  le  rendez-voui  des 


t 


lus 


AU  POINT  DE  VUE  DE  L4  GEOGRAPIUE  RELIGIEUSE. 


II4S 


âme»  sepnrécs  de  louis  corps  ;  aujourd'hui 
elles  y  seul  en  si  grand  nombre,  que  leur 
multiiiide  loile  son  disque  loiil  cnlipr.  (Jui 
suit  si  Ouegçjidhnrn  (l'Etre  suprême)  ne  les 
renverra  pas  parmi  nous,  pour  remlre  à  la 
luiiC  sa  lumière?  Alors  ds  espriU  s'incor- 
poreront aux  tigres,  aux  serp>  nls  venimeux 
et  iiux  bêles  féroces  ,  pour  dévorer  les  vi- 
vants  » 

«  Le  P.  Louis  fit  de  son  mieux  pour  les 
tranquilliser  ,  leur  assurant  qu'il  n'y  avait 
rien  à  craindre  ,  et  que  ce  qui  causait  leur 
elTroi  élail  un  pliénomôre  tout  naturel  , 
connu  S(;us  le  nom  d'éclipsé;  myis  ils  n'en- 
len<la:ent  rien  à  ses  explications,  et  leurs 
vieux  préjugés  l'omi  oïlant  dans  leur  es|)rit 
sur  ses  pj.roli's  ,  iis  coniinuaieiil  de  se  tenir 
sur  la  dcTensive.  Alors  il  imagina  ,  pour  les 
tirer  d'ang-.ii<se ,  une  'xpérience  qui  lui 
réussit  -  il  alluma  un  riiMnbeaii,  et  pienant 
deux  corps  sjJiériqucs,  il  monira  aux  sauva- 
g<-s  comnicnt  ces  ^'Iches  pou\aieiit,  d.ms 
le>:r-i  évolutions  ,  projeter  lo' r  à  tour  leur 
onibre  l'un  sur  l'auire  ;  ce  qui  expliqua  à  es 
bonnes  g'  ns  la  cause  d'  leurs  vives  inquié- 
tudes et  finit  par  les  détromper. 

«  Nos  Ind  eus  purtjnt  un  grand  respect 
aux  morts,  et  les  cnse»eiissent  a\ec  tontes 
les  mar(|ues  d'un  deuil  prol'ond.  Quand  un 
Diemltre  de  la  peuplad  •  vient  de  l'e'nier  les 
yeux,  son  plus  proelie  pan  ni  se  pl.icc  en 
pleurant  à  ses  côiés.  et  lui  exprime  tius  les 
sentiments  que  la  douleur  in-pire  à  ceux  qui 
aiment.  S' s  doléai  ces  finies,  un  autre  pa- 
rent le  remplace  el  fait  de  même  ;  ensuite 
chacun  des  assisiantii  témuigue  à  son  tour 
l'affliciion  qu'il  éprouvi-  ,  cl  ces  larmes  ne 
tarassent  souvent  ((u'aii  b'  ut  de  six  <>u  sept 
lieuns.  Peii'  anl  ce  temps,  on  prépare  le 
cercuei.  ,  qu'on  recouvre  de  feuillagi'  ai  rès 
que  le  corps  y  C"!  |  lacé,  el  le  convoi  mar(  lie 
vers  le  l.eu  de  la  sépulture,  où  on  le  dé  ose 
di.'Ucement  el  i  ii  silence.  Un  des  p„rrnts 
veilie  tout  armé  au|;rès  du  lomheau,  afin 
d'en  écar  er  les  bêtes  féroce-;.  Celle  carde 
funèbre  est  ainsi  ronfinuée  durant  neuf  à 
dis  j  uirs  par  tli-.cun  des  pareiiis.  U.iiis  cet 
iiiie- ville,  il  y  a  toujours  avec  la  seulineile 
queli)ues  amis  du  défunt  qui  vienuenl  geiiiir 
sur  sa  loiiib- ,  el  s'eiitreleiiir  avec  son  âme 
qu'ils  croient  piésrnîe  bien  iju'invisible,  rar 
ilssupposeiiL  qu'elle  s'éloigne  peu  du  (urps 
qu'elle  anima. 

«  Je  tromperais  votre   attente,  mon 

révérend  Père,  si  je  teriuinais  celie  lelire  sur 
nos  Indiens  sans  vous  dire  où  en  est  l'œuvre 
de  leur  ( onversion.  Ju^qu'iei  le  zèle  de  nos 
CD). frères  a  rencontré  des  cbslacle?  presque 
insurmontables  ;  et  cependant  le  ciel  a  déjà 
reçu,  comme  Iriliutde  ces  foiéls  sécu  aires  , 
plusieurs  centaines  d'eniants  ou  d'adulies  , 
que  le  P.  LuUiS  a  bapl.sés  au  mumenl  de 
leur  mort.  » 

Les  nuiions  que  le  P.  Louis-.M.irie  Pescia- 
rfili,  religieux  passionislc  ,  missionnaire  à 
l'île  Denvvieb  (  Occanic  ),a  iloniiée  ,  en  1844, 
sur  les  indigènes,  s'accorder  i  avec  le  por- 
trait qu'en  ont  iraté  les  iniliropolo^toes. 
0  Les  plus  nombreuses  tribus,  dit  ce  Père, 


ne  comptent  pas  au  delà  de  soixante  indi- 
gènes. Quoique  cliacnne d'elles  ait  un  rayon 
déterminé,  qui  est  censé  la  propriété  hérédi- 
taire et  exe  usive  de  la  peuplade  ,  cipendant 
elle  n'occupe  point  de  poste  fixe.  Prome- 
nant d'un  lieu  à  l'autre  son  existence  vaga- 
bonde ,  elle  ne  campe  jamais  plus  de  huit  à 
dix  jours  dans  la  n.ême  vallée,  semblable, 
si  j'ose  le  dire  ,  à  ces  troupeaux  nomades 
que  la  faim  pousse  vers  des  pâturages  nou- 
veaux ,  el  qui  abandonnent  sans  regret  la 
prairie  après  l'avoir  dévastée. 

«  Nos  sauvages,  à  défaut  d'habitations 
permam  nies  ,  se  construisent  de  misérables 
huiles  avec  des  écorces  d'arbres,  frêles  abris 
d'un  jour  que  le  lendemain  verra  abandonnés 
ou  léduitsen  cendres. 

«  depuis  longtemps  familiarisés  avec  les 
Européens  les  indigènes  (;ui  nous  avoisi- 
nei.t  sont  plus  sociables;  ils  se  niPltenl  vo- 
lontiers eu  rapport  avec  nous,  el  semblent 
même  nous  écDUter  avec  docilité  :  touief.iis, 
nous  soiuines  avertis  de  ni'  pas  trop  not;s  fier 
à  ces  apparences;  car  ils  sont  d'un  naturel 
à  trahir  même  cenx  qui  leur  font  du  bi'ii. 

«  Ils  ont  la  physionomie  moins  disgra- 
cieuse et  la  couleur  moins  noire  que  les 
Nègres  d'Afrique,  mais  en  fait  d'oruemen's 
ils  ne  choisissent  pas  ni»  iix  ;  ils  croient  scm- 
bellir  en  se  b  irLouillanl  la  figure  avec  du 
charbon,  sur  lequel  ils  élendeni,  en  guise  de 
fard,  une  couche  île  terre  rou;;e  ou  d'autre 
métier'  finement  colorée.  Avec  une  laille 
élevée  et  une  conslitulion  robuste,  ils  sont 
polirons  à  l'excès;  la  frloulonnerie  et  la  som- 
nolence se  partagent  leur  vie,  heureux  en- 
core si  la  veugtance  n'avail  pas  pour  eux 
piusd'atlrailque  le  som  iieil  ! 

«  il  est  rare,  à  la  vérité,  que  les  membres 
d'une  même  liibu  se  divisent  entre  eux  par 
des  querelles  iuleslines  ;  mais  la  guerre  s'é- 
lève plus  d'une  fois  entre  peup'ade  et  |ieu - 
pl.ide,  el  les  armes  don  se  servent  al  rs  les 
combattants  sont  la  massue,  le  bouclier  et  la 
lance. 

«  Ici,  comme  dans  vos  sociétés  é'éganlcs, 
la  \anilé  a  aussi  son  martyre.  C'est  un 
axiome  reç  !  parmi  nos  sauvages  que  les  prc- 
tenlions  à  la  beauté  sont  le  irix  de  la  dou- 
leur. .4iissi  ii'esl-!|  pas  d'homme  qui,  pour  se 
donner  un  compléa  eut  de  grâce,  ne  se  dé- 
chire les  bras,  la  poitrine,  le  dos  et  les  jam- 
bes avec  des  coquillages,  afin  d'obtenir  à 
chaque  incision  une  bilieuse  excroissance  de 
chair  qu'il  étale  avec  la  plus  repoussante  co- 
quellerie. 

«  (^)uant  aux  femmes,  c'est  moins  le  goiit 
à<-  la  parure  que  l'idée  d'un  sacrifice  reli- 
gieux qui  les  porte  à  se  mutiler.  Lorsqu'elles 
sont  encore  en  bas  âge,  on  leur  lie  le  bout 
du  petit  doigt  de  la  main  gauche  avec  des  fils 
de  toile  d'araignée;  la  circulation  du  sang  se 
trouvant  ainsi  interrompue,  ou  arrache  au 
bout  de  quelques  jours  la  première  phalange, 
qu'on  dédie  au  serpent  boa,  aux  poissons  ou 
aux  kauguroos 

«  Sans  doute  que  nos  sauvages  espèrent 
par  cette  oITrande  obtenir  une  chasse  heu- 
reuse el  une  pèche  abondante;  car  ils  n'unt 


1147    ESSAI  SUR  LES  TUAV.  DES  ANTHROPOL. 

prvsqne  pas  d'autres  ressources  pour  vivre. 
Iles!  vrai  qu'i  s  recupilltnl  aussi  une  espèce 
de  racnw  do!il  le  coût  diffère  p.'ii  de  celui  de 
l;i  piilaie.  qu'ils  infligent  an  i.esoiii  un  rep- 
tile assez  scnibiable  an  lézard,  aiais  hoaii- 
coup  p  us  grtis,  qu'ils  surprennent  [larfois 
1*  renard-volant,  qu'on  prendrait  po'ir  une 
grosse  chauve-souris;  m.iis  après  le  kangu- 
roo  qui  se  Ivouve  en  grand  nombre  dans  les 
ilcs  voisines,  leur  principale  nourriture  est 
le  poisson,  l'éunis  sur  la  côte  au  nombre  de 
six  à  huit,  et  armés  «h  icun  d'un  fil  l  cju'i  s 
coifeclionne  ut  avec  l.i  racine  d'un  ai  bre  rc- 
duilect  loi  due  en  mince  ficeie,  ilss'avaiiccnt 
en  demi-cercle  dans  les  flils,  iiiurmiiranl  à 
voix  basse  je  ne  sais  quelles  paroles;  et 
quand  ili  ont  ctrrié  leur  |>roie,  ils  la  poijs- 
sent  doueemciil  vers  le  rivag'*.  Alors  tous 
fnseuible  ils  poussent  ùc  gran  ts  cris,  comme 
pour  l  élourd  r,  et  s'en  rmparenl  avec  faci- 
lité. Aiissilôl  piis,  le  poisson  est  jelo  palpi- 
tant sur  la  braise,  ei  dévoré  même  avant 
d'être  rôti. 

«  Piiur  du  feu,  ils  en  ont  toujours  à  leur 
disposition  ;  l'usage,  je  dirais  presque  la  dé- 
votion de  ce  peuple,  étant  de  ne  marcher 
qu'un  lir;indon  à  la  m.iin.  Si  par  mégardc  ce 
li  -oii  vicnl  à  s'eicindre  ,  ils  s'ei.'ipressent 
ausilôi  d'en  allumer  un  auire,  et  voici  c  >m- 
ineiit  :  ils  prennent  un  s  irmeni  bien  poreu^, 
OU(|uel  ils  pratiquent  une  léjièra  entaille; 
sur  celle  incision  ils  appuieiil  la  pointe  d'un 
second  sai'uient  plus  sec  eii'Oro,  ils  le  !our- 
ncnt  et  relournenl  rapiiienieni  entre  leurs 
niaiuN  comme  u;i  fuseau,  jusqu'à  ce  qu'c- 
chaufTé  par  le  frotlemcut,  il  fume  et  puis 
s'enilauime. 

«  Celle  espèce  de  culte  des  sauvages  pour 
le  feu  se  ti  produl  encore  dans  leurs  funé- 
railles. A\ec  le  guerrier  qu'on  vient  de  dé- 
poser dans  la  loinbc,  on  ne  mancpie  jamais 
de  placer  d'un  côte  une  de  ses  armes  défen- 
sive-, et  de  l'autie  un  tison  ardent  (1).  Pen- 
^cut-ils  que  ce  (om^uignod  insépariible  de 
ses  niiaraiiiins  pendant  la  vie  est  encore 
plus  néces-aiie  à  ses  membres  glacés  (  ar  la 
xnort?  Je  serais  plutôt  porté  à  croire  que 
celle  pratique  est  pnur  eux  un  symbole  d'im- 
mortalité; car  de  même  que  la  flanime,  en 
se  dégageant  des  corps  qu'elle  consume,  s'é- 
lance \ers  lescieux,  ainsi  sont-ils  persuadés 
qu'au  sortir  do  ce  monde  ils  s'élèvent  dans 
les  régions  supérieures  où  les  privations  de 
lu  terre  sont  out^Uéesdans  les  Joies  d'un  éter- 
nel festin. 

«  Vous  le  voyez,  nos  pauvres  insulaires 
sont  encore  bicu  éloignés  des  saintes  idées 
de  la  foi.  Le  moyen  de  les  leur  inculquer  se- 
rait de  prêcher  aisément  dans  leur  langue 
naturelle;  mais  malheureusement  nous  ne 
la  parlons  pas  encore  avec  facilité  :  elle  est 
embarrassante  pour  un  Européen  surtout, 
parce  qu'elle  a  celte  pauvreté,  ce  laconisme 
et  celle  absence  de  liaisons  qui  jettent  oriii- 
nairemonl  tant  de  difficultés  dans  l'idiome 

(I)  Le  fait  signalé  p.ir  le  P.  Pesciardli  nous  paraît 
iiDporiatil.  Lel'e  e-.|  èce  de  cnlie  pour  K'  feu  ne  ii:>iis 
si.'nible  pas  avoir  Clé  renwrqué  chez  les  inJigèiies 


AU  POINT  DE  VUE  DE  LA  GEOG.  P.EL.      11 U 

des  nations  primitives  et  des  tribus  sauva- 
g'S.  » 

Les  renseignements  fournis  par  le  P.  de 
Smet,  missionnaire  de  l-i  c  >mpaï;nie  de  Jésus  ' 
dans  le  nord-ouest  de  l'Améiique,  sur  les 
sauvages  des  forêts  qui  bordent  la  rive  sep- 
tentrionale du  fleuve  le  Colombia,  ne  cms- 
laie.U  presque  pas  de  diiïérence  enire  cf"s 
indigènes  ei  cens  de  l'Amériiiue  méridionaîe  ' 
et  de  rOcéanie.  Les  Tchinonks,  suivant  ce 
relif;ieus,  forment  une  peuplade  établie  dans 
l'immen-e  foré:  qui  s'élenl  sur  la  rive  sep- 
tentrionale du  fleuve.  Les  Clapsops  occupent 
la  rive  uiéridionaie,  et  forment  une  popula- 
tion d'env  iron  cent  cinquante  homme-.  Les 
Tchinouks  habitent  trois  grands  villages  au 
deià  de  la  foret;  ces  deux  nations,  quoique 
Voisines,  sont  ennemies  l'une  d"  l'autre.  Les 
hominess'enveloppor.t  d'uuecouverture  pour 
pas  aître  devant  les  blancs.  lU  mettent  tou!c 
leur  vanité  dans  leurs  colliers  et  leurs  pen- 
dan!s  d'oreilles, ils  donne i aient  tout  ce  qu'ils 
possèdent  pour  s'en  proiurer.  Ces  sauvages 
se  meltent  extrêmement  à  leur  aise  ;  il  f.iut 
être  très-réser>é  avec  eu^s,  afin  d'empè  her 
la  trop  g:rande  (amiliariiè.  Il  leur  sutiii  qu'on 
ne  les  ci>assc  point;  conienls  pour  lors,  ils 
n'exip:ent  pas  qu'on  s'occupe  autrement 
d'eux  ;  ils  sont  d'un  naturel  piisible,  leur 
physionomie  ne  dillère  en  rien  de  celle  dis 
peuples  civilisés;  ils  sont  rebustes  et  bien 
ï'iiits;  trouvant  lacilement  de  quoi  satisfaire 
à  leurs  besoins,  ils  m  nent  pour  la  plupf-irt 
une  vi,'  fainéante  et  oisive;  leur  unique  oc- 
cupation est  la  pêche  el  la  chasse.  Le  sau- 
mon abonde  dans  leurs  fleuves,  et  le  gibier 
dans  leurs  forêis.  Après  s'être  pourvus  cha- 
que jour  de  ce  qui  leur  est  nécessaire,  ils  se 
couchent  au  soleil  des  heures  entières,  sans 
bouger.  Ils  vivent  du  reste  dans  l'ignorance 
la  plus  grossière  de  la  i  eligion. 

Pour  résumer  L'S  idées  el  1rs  travaux  des 
aniliropologncs,  on  n'aperçoit  partout  qu'une 
extrême  confusion.  Loin  d'ê're  d'aceo dsur 
le  nombre  des  races  ,  ils  varient  même  sur 
une  seule,  la  race  Arabe.  Comment,  dans  un 
pireil  désordre  scieulilîqi'e  pourraient-ils 
établir  ([Ue  le  genre  humain  n'est  pas  un? 

Bory  de  Sai'I-Vincent  partage  le  genre 
humain  en  plusieurs  espèces  ,  lesquelles  se 
subdivisent  en  races  el  en  sous-races.  En 
Algérie,  par  exemple,  il  distingue  li  race 
Atlantique, la  race  Adamiqueel  l&TixccEtltio- 
pienne. 

Le  docteur  Larrey  regarde  la  race  Arabe 
comme  le  type  primordial  de  l'espèce  hu- 
maine, comme   la  race  par  excellence. 

Le  docteur  Prilchard  ,  dms  son  Histoire 
naturelle  de  ritoutne,  le  divise  en  tro.s  races 
principales  qu'il  appelle  ,  d'après  leur  con- 
formation cranioscopique  ,  la  race  Ocole  (la 
race  Caucasique),  la  race  Prognaihe  (la  r„ce 
Noire),  ta  rate  Pyramidale  [lea  races  Mongole 
et  Américaine). 

d^s  forêts  et  de?  olaines  de  rAniériqoe  mer  dionalfi  : 
mais  f  !li-  ex'^t-;  hez  des  liilHi»  iioimles  d  •  l'AoïG 
teiiuale  el  boicai  ■.  (A'uie  Ud  l'auteur.) 


Bir-LlOGnAI'IHR  GEOGIlAl'ilIQUE. 


K49 

riumenbach  comple  cJnc}  r;ip?s  ,  s;ivoir  : 
l<"i  riico  Cîuic  is'<iuo  ou  Blanche,  la  r  (  e  iMcm- 
golc  on  J.niiiu  .  la  raco  Nègre  ou  Nane,  la 
rare  XJal,  i»e  ou  Cuivrée, la  race  Américaine 

ou  lliillgc. 

Le  docteur  Mit'holl  ran^e  le  cenre  huinnin 
en  Iro  s  ilivtsi  MK  :  1"  L'Iinmuie  bnsrinr,  com- 
prenani  louleslcs  tribus  indipèues  de  l'Amé- 
rique, 1rs  Ta'ars.  les  M.ilais,  les  Chinois,  les 
l.axars  et  les  autres  nations  du  nicme  sang 
eli'c  1.1  même  famille.  2  L'hummi-  lilarif  (I), 
qui  liabitv  n<iiur<'ilcmeiil  les  contrées  d'Asie 
et  d'iîuroiie  ^illlées  au  nord  de  lu  mer  Mé- 
diterranée ,  et  dans  le  cours  de  ses  enire- 
prises,  s'c  abiit  sur  tous  les  points  du  globe. 
il  range  dans  cctfe  première  variéié  les 
Groënlaiiilals  el  les  E-quimaux.  3"  L'homnic 
tivtr,  d.'.nl  l;i  rcsiitonce  nature  le  est  ilans  les 
régi  ins  an  sud  de  la  Médilcrr.inéc.  el  parti- 
culièrt-mcnl  dans  l'iniériiUr  de  rAfrique.  A 
eelle  race  semblent  appartenir  les  Lapons  et 
les  lial'ilants  de  la  Iimtc  de  Van-Dieineii. 

Lç  professeur  Camper  inventa  l'anglo  fa- 
cial. 

Le  docteur  Serres  accorde  en  général  une 
grande  importance  anx  formes  oslcologi- 
ques  tirées  de  la  têt-,  el  en  parliculurà  l'a- 
baissemi'nl  ou  à  l'èlévailun  du  pédicule  ocu- 
lu-nasal  de  los  loronal. 

M.   d'Omalius    d'Halloy   leur  accorde   la 

Erééuiiiience  dans  l'élude  des  diverses  races 
u  naines. 

Le  docteur  Dnbreuil  partage  cel  avis  , 
en  délermiiianl  quels  sont  ces  caractères,  le 


il50 

poids  de  1 1  tète  o«seu«e  ,  ses  di'éri'nls  dia- 
nicires  ,  léleiidnc  de  i  angle  facial,  cl  la  me- 
sure de  la  cai:;icilé  du  crâne. 

SI.  le  lioclpur  Piicheran  reconnaît  que  la 
fornip  générale  da  crâm-  alfecle  di-u\  types 
prin  ipaux,  cl  il  les  applique  à  trais  racea 
principales. 

Le  docienr  Virey,  à  ces  divers  caractères 
d'appréciation  ,  ajoute  la  positioM  plt^s  ou 
moins  C'  iiiraledu  iroi  oic  pilai  chez  les  dif- 
fcrenies  rac<'s  qu'il  regarde  comme  un  point 
capital  dans  leur  appréciation  inteliec- 
luelle. 

Le  docienr  Bourgery  établit  que  dans 
l'homme  1  étendue  tl  la  varielé  mc  l'intelli- 
gence sont  généralement  en  proportion  di:  la 
quamite  de  la  snbslaiire  cérébrale,  sauf  les 
condiiions  physiol  giques  d.'  la  lexture. 

Le  professeur  Dumoulin  admet  onze  espè- 
ces pour  le  genre  humain. 

Ouant  à  nous  ,  nous  n'attachons  qu'une 
médiocre  inipori;ince  à  li  ilivision  en  cinq 
races  de  B  umciibacti,  et  nous  n'accordons, 
avec  Geoiïroy  Saint-Hilaire,  qu'une  valeur 
Irès-socondaire  aux  caïadères  tirés  de  la 
coMsiiléraii  >n  de  rang!e  l;icial. 

La  comparaison  d.  s  différentes  variétés  de 
res;;èce  liiimainc  nous  a  prouvé  qu'elle  était 
une  :  car  leur  conformation  physique  ne  dif- 
fère pas,  qn  ni  à  l'organisaiiou  radicale  ;  et 
c'est  ce  que  l'anthropologie  démonlre  claire- 
ment pour  celui  qui  cherche  la  vérité  do 
bonne  foi. 


(1)  Si  la  race  Blanclie  s'éuib'it  el  s'acclimale  pnr-  contrées  les  pli'S  seplcnirinnales.  Par  la  force  de  s;t 

tout,  un  pt'iit  en   "lire  .niiianl  de  lu  race  Noire.  hUe  consiitn  in»,  cHi;  siipporie  tous  les  clinials,   elle  s'a- 

8*e^t  aeel  m  .lée  dans  l'Asie,  dans  les  Amiilts,  da'.s  dapie  à  lous  les  genres  de  civills Hion,  etc. 

flmilA      ÇA  iiiâi-i/tiiit  •    all.1    vil       Ati     [r>i..j.i>u     i^f      a..    .£■     1.  c  f  V...^    J^   f». ........  \ 


tou(e  l'A iiiéri(|ue  ;  elle  vit    eu  Ewupe  et  da.is  lis 


(Ao(e  de  l'auteur.) 


CONTENANT  DE  COIÎKTKS  NOTICES  SUR  Î.ES  ÉCRIVAINS  ET  LES  GÉOGRAPHES  QUE  L'AUTEUR 
A  CONSULTÉS,  AINSI  QUE  SUR  UN  GR\.ND  NO.MBRE  DE  RELIGIEUX  ET 
b'l:.CCLÉSlASTIQUES  QUI  ONT  TRAITÉ  DE  LA  GÉOGRAPHIE. 


Nous  ne  donnons  pas  la  Bibliographie  géographique  qui  suit  comme  un  outrage  cojnplet. 
Noua  l'avons  composée,  parce  que  jious-  avons  consulté  presque  Cous  kn  auteurs  qui  en  font 
partie.  L's  Annales  de  la  Propagation  delà  Foi  nous  ont  été  aussi  fort  utiles  ,  surtout 
pour  les  misiions  acluellement  existantes. 


Acerbi  (Joseph),  né  à  Casiel-Goiïredo,  en  Loinliar- 
die,  s'csi  laii  coni>::!ire  par  u'i  voyag.>  au  cap  Nord, 
par  la  Siièile,  la  Finlande  ci  la  Lapnnie,  dans  les  an- 
nées 171i8  ei  178!);  2  vol.  in-l°,  avec  rarles  et  gr.i- 
viires.  l.'oiivraje  a  élé  Iradiiil  en  français  par  Joseph 
Laval  ce.  5  v(d    iii-ii».  1801. 

Acn>.ta  (.l.isi|ih  d'),  jcsi.ile,  né  a  Médina  del  Caniipo 
(Espagne),  eu  il^'i;  mort  à  Siilanianiiue  en  1691). 


—  Nou.s  avons  de   lui  Vllisioire  naturelle  des  Inde» 
(Anériqiic),  ouvrage  estimé. 

Acii/inn  (  Cliristoplie  il' ),  né  à  Bnrgi/s  en  Î597, 
mournt  à  Lima  à  la  lin  du  xvii<^  s'ccle.  Eniré  dans 
la  compa^'nie  de  Jé<^us,  il  fut  envoyé,  en  qnalilé  de 
niissionnaire.  dans  l'S  contrées  d;  rAniérique  méri- 
dional" (pie  parcnuri  le  (l 'iive  liej  Amazones.  Le  P. 
d'Acnlina,  naiurilleniei.t  idi-ervaleiir,  el  par  g' ùt 
pour  ia  géngr.iphie,  se  mit  à  éiuuisr  le  cours  de  l'A- 


iVA 


BIBLlOGP.APlllE 


mayoïic,  et  rédigea  ses  cx^loraiions  géngraphiques 
tant  sur  c-  fleuve  que  sur  l;i  Giiy;iiie.  Tous  les  écrits 
posiériciirs  n'oni  encore  \m  faire  oublier  rei  ouvrage. 
dont  Leroi  de  Goinherville  pnlilia  en  lGS-2,  à  Paris, 
une  iniiliiciioii  eu  2  vol.  iii-I-2.  M;illieurensem^nl  le 
tradiicienr  a  gâté  le  livre  du  Sftvaui  religieux  par  un 
style  romantique  et  par  des  additions  fort  peu  scien- 
tiliques. 

Adnin  de  Brème,  né  à  Meissen  (Allemagne),  clia- 
noiiic  de  Brème  en  1067.—  Auieur  d'une  (lescrip~ 
lion  gcographiiine  des  Etals  de  l'Europe  scpien- 
triomde.  Ce  livre  est  |TCi  ienx  pour  la  géograpliie  du 
inoveu  âge,  et  curieux  coninio  le  premier  rssai  de 
féograptiiequiailé!éccriisurrEnro;>ese  len'riona'e. 
Ad;>in  de  Bré^i  e  a  :!U^si  roni|'Osé  un  autre  ouvrage  : 
His  oriii  ecil  sinalicii  Eccleshnuni  llaiiiburgensh  et B(<- 
meiisif  iknorinvque  loconirnsepieiitrionalium  ub  anno 
7 -.8  «rf  0".  1072;  luv'age  important  pour  la  géogra- 
plii('  il.ri'iienne  du  nord  de  l'Europe. 

Adams  (John  Qnin^'y) ,  Amc'ficain,  fils  aii:é  du 
CcKbro  f ré<idenl  Jolin  AiUmis,  s'est  fait  connaître 
pu  une  Deicriplion  géoijrnpliiqne  et  topographlue 
delaSilé-^e,  avoc  carte;  1  vol.  inS°,  Londres,  180i. 
Mbery  (l'ublé  J.  an-Fié  léric-llugues  d"),  rhanoine 
dl•^Yorm-,  niort  à  A^cl  atrenboiirg  en  \&\i,  auieurde 
diTiiineiits  exacts  et  instructifs  sur  la  géographie  de 
runeui. 

AWi  (Henri),  né  à  Bolène,  dnns  le  comtit  Veraissin 
(aijonru'nui  dépt.  de  VaHclu>e),  eu  I5i)0,  entra  chez 
les  .!(  suili  s,  !ui  succissivenicni  lecteur  des  collèges 
d'A\i-nnn,  u'Arlos,  l'e  (.r>noble  et  de  Lyon.  Il  mon- 
rnt  <ii  luo9,  laissii!  une  lraluc!io:i  de  VHi^loiredu 
rryoume  d^  Tim/uiii  (aojo  iril'hui  emiiire  d'Aii-nam) 
et  un  ouvrag.'  inlim'.c  :  Grands  progrès  l'e  CEyanijile 
devnis  l'27  jvsrjuen  IGlG,  in-'i».  pu'.l  é  a  Lyon.  Ce 
livre  <iHiiienl  des  renseignements  précieux. 

Atexandcr  (J.-F..),  ofliciir  anglais  dans  un  régi- 
meni  de  dragons.  Lors  de  l.i  guerre  de  l'Angleterre 
contre  l'empire  Birman,  en  1825,  ce!  officier,  ayanl 
ru  occasion  d'aborder  à  l'i'e  l'etil-Andanjan,  dans 
le  golfe  de  Cong'.l.',  en  prolila  pour  rédiger  u»e  no- 
lice  sur  les  i'es  qui  portent  ce  U'-m,  qui  ;ilois  él  dent 
ei  Sont  encore  anjourd'liid  niénic  peu  connues.  La 
Noiice  du  capitaine  Alexander  est  ce  qu'  1  y  a  de 
plus  exact  rt  de  plus  délai  é  sur  cet  archipel,  ha- 
bité par  des  tribus  de  la  raie  no  re,  féroces  eitnéme 
anlhrojoph.iges,  si  l'on  s'- n  rappoite  à  l'accnsaiion 
formulée  par  les  Cliinois,  qui  descendent  quel(|uefois 
d.ins  CCS  îles  pour  prendre  les  nids  de  Vlltrundo  escu- 
tenla.  Les  missionnaires  qui  y  ont  abordé  n'ont  pu 
jusqu'à  pr,  sent  y  dem'iirer. 

Ai'xander  (sir),  officier  anglais  mort  en  18i',en 
laissant  une  llelniion  d'un  voyage  à  Eovk'ip.ra;  excel- 
lent livre,  qui  fait  connaître  exactement  cette  pattie 
de  IWsie  centrale,  si  peu  connue  en  Europ-. 

Almeida  (le  P.  Tliéodrire  d'),  de  la  cotigrcgalion  de 
l'Oratoire,  en  Portugal,  auteur  d'une  Description  d'un 
nouveau  planétaire  uiiiiersel. 

Alrarex  (dom  Francisque),  auteur  d'une  Hitloire 


GEOGRAPHIQUE.  U52 

de  l'Ethiopie,  était  aiiaché  en  qu^lilé  de  chapelain,  à 
l'andiassarte  de  lion  Roderig  de  Lima,  cinoyée  |  ar  le 
roi  de  Poringal  en  Abyssinie  eu  l-'i22.  Les  documents 
qu'il  recueillit  pendant  i  etle  ai:ibas--ade  lui  servirent 
ensuite  à  com.ioser  son  Hmoire,  qui  laisse  à  désirer 
niénie  pour  son  lenips,  mais  qu'il  est  utile  cependant  de 
comparer  avec  les  relations  nioderne-.  qui  ne  sont  pas 
non  plus  toujours  bien  exacics  et  très-jndioieu'es. 

Amman  (lgnacc-.\mhroise),  géographe  allemand, 
né  en  Wjo  'a  Mûhllicim,  sur  le  D:iiiube,  s'est  f  dt  con- 
naîirc  par  l:i  détermination  gcegrapliirpie  de  la  Souabe 
orientale  et  des  pays  voisins,  Aug-hm.rg,  ITOo,  in- 
8".  C'est  ini  travail  iinporlant  et  iligiie  de  confiance. 

Aw.yot,  jésuite  fiançais,  né  à  Toidun  en  1718,  est 
mort  à  Pékin  en  17'J4.  Il  a  composé  un  grand  nom- 
bre de  inéinoi' es  relatifs  à  la  ^éogpiphie  et  à  riisiDire 
de  la  Chine,  ainsi  qu'un  Diciionnaiie  larlare-ntanl- 
chou-français,  ouvrage  précieux  pour  l'étude  de  la 
lingiiisiiipie. 

Anchietn  (Jo:eph  d"),  missionnaire  portugais,  sur- 
nommé VApctre  du  tiouv  au  monde,  naquii  en  laôiî, 
dans  l'île  de  Tcnériffe,  de  parents  liehcs  cl  noi.le--. 
Il  cuti  a  5  17  ans  dans  la  compngniedc  Jésus.  En  1155, 
il  par;it  pour  le  Brésil,  dans  l'intérêt  de  la  propaga- 
tion di:  la  foi.  —  Il  est  auteur  d'une  grammaire  et 
d'un  vocabulaire  dans  la  langue  des  Tamoy-'S,  indl- 
géii'S  :)nthri'pop  lagos  de  cette  pailicde  l'Amérique 
Miéridionale.  Il  s'efforça  de  faire  disp.T al  re  l'antluo- 
popliagie  parmi  les  tribus  !>anvages.  Il  finda,  sous  is 
litre  do  Stinl  I';iul,  un  collège  qui  donna  lieu  en-nile 
à  la  ville  de  ce  nom.  Avec  les  Indien-  convertis,  il 
C(mimença  la  ville  de  Saint-Sébastien,  aujourd'hui  une 
des  villes  les  plus  riches  et  les  plus  importantes  da 
l'onipire  du  Brésil. 

Anderson  (Geoiges),  naquit  à  Tundern  daoN  le  du- 
ché de  Sehlesvvig,  au  commencement  du  xvii«  siècle. 
Onoique  sanséiudes,  il  \oy:igea  eu  Orient  depuis  1Gi4 
jusqu'en  1050.  Ses  voyages  coin;  lennent  1.»  Syrie,  la 
Palestine,  l'.Arabie,  la  Perse,  l'ilimlousian,  la  Chine, 
leJap>nel  la  Tai  tarie.  Oléarius  les  publia  à  Silileswig, 
en  ItiCl.sousce  litre  :  Helaliondesvoyage''  en  Orient, 
</■•  George  Anderson  et  de  Vo'j  Sicrsens,  iii-fol.,  en 
allemand. 

Anderson  (Jacques),  né  h  ricrmislon  près  d'Edim- 
bourg, en  i'ô9,  mort  en  UOf'.  —  .\grononie  disiui- 
g\ié,auleur  d'une  Helati'u  de  l'état  actuel  des  Iléirides 
et  de  II  cô  e  occidailalede  l'Ecosse,  publiée  à  Ediui- 
bourg,  in-S". 

Andenon  (Jean),  né  à  Hambourg,  le  14  mars  IC71. 
Il  remplit  les  fonctions  de  bourgmestre  de  cotle  vî'Iq 
en  17.3,  et  y  mourut  en  1743.  —  Il  est  an  eir  de 
Jicnseignewe  Is  géngraphiqus  S'ir  Clstande,  /e  Groen- 
land et  ledétioilde  Oai'is,  impriniésenalhnMiil  apès 
«•a  mon  en  1716,  et  piéiédés  d'une  notice  sur  sa  vie. 
Ces  renseignements  sont  encore  aujourd'hui  liés- 
bons  à  consulter. 

Andradd  (Antoine),  jésuite  portugais,  né  en  1.S8,), 
fil  des  missions  dans  l'Hindoiistan  et  en  Tarlarie.  En 
1024,  il  pénétra  dans  leThibet,  et  mourut  eo  1634. 


1153  BIBLIOGRAPHIE 

Son  Voyage  a  été  Iraduil  en  français  Pii  1028.  iii-8°. 

Andiada  (Goniez  Ficire  d'),  Pciringuis,  officier  de 
C.'ivalorie  au  xvije  siècle,  esl  I'.  iilpiir  d'une  Hisloiie 
du  ilarngmn  (fleuve  des  Aniaienes),  f  jH  cx:iclcpo»r 
lV|io  jiie,  el  qui  est  restée  eu  ninnusciit  :  ce  qui  est 
fàclieiix,  car  ou  aurait  pu  faire  la  coniparaissn  avec 
celles  du  P.  d'Aculiiia,  du  coune  de  l'ayan,  du  P. 
Frll^,  jésuite,  cl  de  La  Coiidaininc. 

Aiidriveau-Gonjon  (M.),  |.'éiigra(«lie  et  earlograplie, 
auteur  de  plusieurs  Atlas  el  d'ouvrages  géugraplii- 
ques. 

Anson  (George),  brille  au  premier  rang  dans  les 
fa^les  de  lu  marine  britnnniquc.  Il  nar|uil  dans  le 
Sliffordsliire,  en  1G97,  iroisiènie  (ils  de  William  Au- 
sou.  Il  fit  bâtir  une  ville  dans  la  Caroline  du  Sud, 
qui  porte  ^on  nom.  Ses  voyagcssur  niersout  nombreux. 
La  lelation  du  voyage  d'.\nstin  autour  du  monde  a 
paru  eu  anglais  sous  ce  titre  :  A  Voyage  round  tlie 
^Yorld,  iit  llie  yenrs  1740  ta  1745,  by  Ceovfjes  lors 
Aiiion,  compiled  from  Itis  papers,  hy  Richard  Walter. 
Il  mourut  suliilcmcnl  au  reiour  d'une  promeiiade 
qu'il  venait  de  h  re  dans  son  j:irdin  de  Mosakpa-k  le 
()  juin  17G2. — Celle  relaiinn  des  voyages  d'Ansoa 
a  éië  traduite  en  français  et  a  eu  plusieurs  éditions. 
Les  voyages  autour  du  monde  n'éiaieiit  pas  couimniis 
alors.  Il  n'y  avait  encore  que  les  navigateurs  espagnols 
qui  en  avaient  entrepris. 

Anlillon  (Isidore),  est  né  au  village  de  Sainte-Eu- 
lalie  dans  l'Aragon.  Il  lit  ses  éludes  à  Saragnsse,  et 
devint  professeur  d'astronomie  cl  de  géograpliie.  Il 
mourut  eu  1820,  et  fut  enterré  sans  lii>nueurs.  Mus 
tard,  il  fut  exhumé  et  dépose  dans  une  tombe  plus 
distinguée.  —  Un  a  de  ce  savant  un  grand  nombre  de 
Cjrles  géographiques,  des  Leçons  de  géographie  gé- 
nérale el  des  LIcments  de  giographie  astronomique, 
naturelle  et  politique  de  l'Esp.igne  el  du  Portugal. Ce 
dernier  ouvrage  esl  trop  sec  et  trop  sucoincl.  Il  eu  a 
l^aru  une  traduction  en  lS2r>  chez  Charles  Piquet. 

Anqtielil-Duperron  (Abrah:im-HyacinlhL-),né  à  Paris 
en  1731,  moil  en  lîsOo.  Célélire  orientaliste;  auteur 
de  R^clierch  s  historiques  et  géotjruphi:iites  sur  l'Inde. 

Areutphe,  lliéologien  Iranç.iis,  lit  un  pèlerinage  à 
Joriisalciii  sur  la  lin  du  m^  .«ièclo.  Il  dit  la  la  relation 
de  son  vi.yage  à  l'abbé  Adaniau,  (|ui  mit  par  é.rit  sa 
description  des  lieux  sainls.  Scranius  publia  cet  ou- 
vrage en  5  Vol.,  sous  ce  titie  :  Libri  de  situ  terrœ 
sanciœ.  Bède  en  recueillit  des  extrait-,  que  .Mabillon 
a  pub  iés,  ainsi  que  Lahbe,  etc. 

Arrowsniith,  cartographe  anglais  cl  hydrographe 
du  roi,  mourut  à  Londres  le  16  avril  iSH,  à  l'âge 
de  73  ans.  Le  nombre  de  caries  qu'il  a  publiées, 
dont  (|ueli|iies-unes  en  plusieurs  leuiilos,  se  monte  à 
plus  de  150.  Un  remarque  ['Angleterre,  en  loi  feu  lies; 
l'Ecosse,  en  4;  r/r/a/irfe,  en  4;  la  ilappemonde,  nu 
6;  le  Grand-Oci.in,  en  9;  la  Manche,  en  7.  Un  a 
aus-i  de  lui  un  .4(lnj  unioersel  en  45  cartes,  et  des 
allas  partiels.  Un  ouvrage  provenant  de  lui  a  été  pu- 
blié sous  (  e  titre  :  Cons(ruc(i6)i  géométrique  des  cartes 
tt  dit  gloke*. 


GEOGRAPHIQUE. 


1  lot 


Ascelitt  (Niodias),  religieux  mi«sinnna're,  envoyé 
par  Innoiciil  IV  d:ins  la  .Mongolie  en  Mil.  suivii  le 
snd  de  la  mer  Caspienne,  liaver-a  la  Syrie  ei  la  fVise. 
Son  Jouriiut  a  été  conservé  par  Vinrent  de  Deauvais, 
qui  riii'-èia  dans  son  Miroir  historique. 

Asuny  (Ooniin  que-Alber(),  né  à  Sissari  m  Sar- 
daigiie,  vers  1760,  'C  (il  remarquer  par  un  Essai  sur 
Ciiiitoire  géngraplivjne  de  la  Sardaigne,  I  vol.  in-  ', 
17'JS;  lU  Paris,  1801,  2  v<  I.  in-B",  a»ec  une  carte 
déiai:iée  cl  fort  exacte.  — Cet  onviage  faii  bieu  con- 
nailre  la  Sardaigne,  qui  était  peu  connue,  cl  (|ui  ne 
l'est  pas  encore  brauconp  aujourd'hui. 

Aubiy  de  la  Moiiraye,  né  eu  l6/'4,  mort  à  Paris 
en  1743,  auteur  du  liei  hercltes  géographiques  sitr  l'Ew 
Tope,  i\i!>ie  el  l'Afrique. 

Auzolt's  de  Lapeyre  (iai\  d'),  théologien,  chronoloiii- 
sie, hébraisani  et  géographe,  né  en.\iiveigne  en  IGiO, 
mon  en  16 '2;  auteur  de  la  Suinte  Géoqraphie,  iu-fol. 

Aijnez  (François-David),  homme  de  leities  et  li- 
braire à  Lyon,  a  composé  un  Dictionnaire  de  géogra- 
phie ancienne  et  moderne,  1804,  3  vol.  10-8"  avec 
caries  et  lahleaux  chronoloj.!iques.  Il  est  aussi  l'autrur 
d'un  Aperçu  géographique,  1  vol  in-12,  1813,  Cl 
d'une  Méthode  de  géograpliie,  1813,  iu-12. 

Lu  Dii  tiunnaire  était  c^rlaineiiieni  fait  avec  plus 
de  soin  que  bien  des  diclionnaiies  qui  sont  venus 
depuis. 

B 

Bachiene  (GuillaunieAlberi),  publia,  en  17ô6,  k 
Leipsick  ,  tin  ouvrage  en  7  vol.  ln-8',  sous  ce  titre  : 
Hihtor.  und  gengr.  Beschreibung  von  Pulœstina. 

CdcWioMse  (J  ),  auteur  d'un  Voyage  en  Australie 
t  Nonvelle-llollaiide  ). 

Badia  y  Lebtich  ,  dit  Domingo  ,  dit  Ali-Bey,  voya- 
geur espagnol ,  né  en  1766;  autour  de  Voyages  en 
Afrique,  en  Egyp.e,  en  Arabie,  etc. 

Balbi  (Adrien),  né  à  Venise  et  nioit  en  184S. 
Balbi  manifesta  de  trcs-bonne  heuie  un  goùi  pro- 
noncé pour  la  science  gé'graphique.  En  recueillant 
des  notes  sur  les  diverses  langui  s  parlées  dans  les 
cinq  paiiii'S  du  innnde.  Il  eut  l'idée  de  son  Atlas 
ethnographique  du  g'.obc,  ouvrage  (Onsidérab'e,  par 
la  variété  des  recheiches,  la  niullipliciié  des  détails 
el  l'importance  des  ai/erçns.  Nous  en  avons  rendu 
comple  en  1828  dans  le  Consùivateur  de  la  Restaura- 
tion, ot  nous  avons  regardé  sa  puldicati'ii  comme  un 
service  signalé  rendu  à  la  linguistique.  Plusieurs  cri- 
liiiues  rclevèieul  anièreneril  quelques  irreuis,  iné- 
vitab'es  dans  un  travail  si  compliqi.é,  et  biâmèreut 
l'oidoiinmce  du  plan.  Balbi  était  Irès-sensihle  à  la 
critique  ;  il  s'en  plaignait  avec  vivacité,  el  criait  à 
l'iugiaiitnde.  Il  hahiiaii  abirs  avec  son  fils,  âgé  de 
il  uns,  deux  petites  chambres  au  cinquième  étage 
dun  hôtel  garni  de  la  luo  du  Colombier  (anjourd'liuï 
rue  Jacob).  Il  faisait  lui-même  sa  cuisine.  Afin  de  vi- 
vre, il  liavaillait  pour  des  libraires  ;  car  il  ne  l'ii 
restait  plus  rien  de  sa  fortune,  et  il  était  mal  avec  le 
gouvernement  auirichicu,  La  publication  de  sa  C«o- 


1155 


DIBLIOGHU'lllii  GCOGR.XPUIQUS. 


U% 


grophii',  qui  suivit  celle  de  \'Al!os  cllinogrrpliique, 
amélior.i  sa  siin.iiiiiii.  Par  I  iiiierii.é.i;Hirr  lie  quel- 
ques îuiiis,  il  lui  apiie^é  a  Vieiiut;  el  leç.il  \mc,  \  eri- 
vi"H  de  l'einiPHiienr.  Son  Traiié  de  gci!;riiiiliie,  df- 
vcmi  li^iiol  (Il  quelque  soi  le.  eul  pliiMCUrs  é  lilimis. 
L'aiileiir  en  a  l'ail  i.ii  :ibréjjé  à  riis:>ge  des  niaisuMS 
d"éd  xailoii.  La  cri  ique  l'ail.iqna  enrore  plus  vive- 
ineiil  qui'  l'Atlas.  Il  est  Ct-ilain  qu'il  n'est  p.<s  sans 
déî.iuls.  l'oiir  avoir  voulu  grnupiT,  |iroié>li;r  par 
grandes  masses  goograpliiqnes,  Baibi  a  n  is  de  la 
ton  u-^iun  dans  siin  l.vrc.  11  a,  d'un  auliv  côlé,  aila- 
tlié  liop  de  va'eur  aux  déiioininal  ons  el  circnn- 
SCiiplions  politiques,  qui  ne  snnlqiie  de  ennvi'iilion 
el  liès-varables  de  leur  nature.  Mais  un  a  éic  à  son 
égard,  il  faut  le  die,  d'inie  pattialjté  exagérée. 
Quelques  écrivains  onl  osé  l'appeler  un  charlatan 
de  téuHrapliie.  Ceci  n'était  qu'une  injure  il  ne  pou- 
Tail  ail  iiidie  Balbi.  Il  en  conçut  riéauinoin-;  nu  pro- 
(oiid  r.sseiniuii'iil,  el  il  s'abandoinia  à  de  vives  ré- 
criuiinaiinns.  Ii.dé'i'endatnmeiil  de  mémoires  el  d'.ir- 
tir.es  dispeisîs  dans  des  lecueils,  r.e  géographe  a 
f  «lnpo^é  encore  un  Essai  sur  le  Porlttgat  el  une  Ba- 
in:.ce  poliiiune  du  ijlnbe.  Tous  ses  ouvrages  sont 
écrits  en  l'raiçais.  A  nne  conversation  animée,  piilo- 
reS'ine,  il  juignaii  beaucoup  l'e  péiiciraiion  dans 
l'i'sprit.  Il  ï^e  cripyiiil  naïvcnuMii  le  prcin  er  gcugra- 
plie  de  noiie  époque.  Il  avait  d'ailleu;s  tonte  la  fou- 
gue, toute  l'exaliatinn  des  tètes  niéiidiniiales. 

B.vccto  (  Narcis-o  y  ),  moine  espaguol ,  auteur  de 
Vr.tiiKjcs  lia  Pérou  dans  les  aui  ées  17!il  à  1791,  et 
d'une  Description  gé.itjr applique  et  topograpliique  de 
celle  vaste  contrée,  avec  cartes  ;  2  vol.  in-8". 

Btirros-Carvaliosa  (M  inuel-Fianci!>co  de),  vicomte 
de  S  Miiareui ,  né  à  LiSbniiue  en  1787  ;  auteur  d'un 
Atlas  fie  monumeiUs  caitoijrapUiques  du  moyen  âge  ; 
Paris, grand  in-folio. — Cet  ouvia;e  est  destiné  à  ^er- 
vir  de  pienvcs  aux  recherches  de  M.  de  Santarein 
bur  les  découvertes  des  Ponnj^ai»  en  Afrique.  Il 
forme  un  niununient  géograpinque  très-renurquable, 
et  qui  iniare.-se  pariicullérenicnt  rhi.-loiic  de  la  géj- 
giapUie  du  nii)y<-n  âge  et  des  temps  mwlemes. 

Bnrlliékmii  (le  1".  Paulin  de  Saint-)  ,  naqint  ;i  llof 
sur  la  l.eiUiH  ,  dans  la  bas^e  Autriche  ,  le  ^25  avril 
1718. — Nous  avons  de  lui  plusieurs  ouvrages  , 
entre  antiesles  suivants  ;  1°  Musei  Borgiani  Vetitrii 
codices  mntniscripti  Avense<,  Pejuani ,  Siamici,  M.i- 
labiiriii ,  IndosKini  ,  animiulversionibus  casligali  et  il- 
Ittitrati  ;  accedunt  iitovvinenla  inedi:n  el  Csmogonia 
liid.co -Tlibctitua  ;  i"  hidin  orienlalis  Clir.siiima  , 
coniiiiena  iHndulwiies  E.clesiaruin,  cjiisio;)o/«m  mis- 
sioiies  ,  sc/iisninin  ,  pcrsecinioues ,  viras  ilhtstres;  5° 
Viaggiu  iilte  indie  Orienliili.  Il  iiinurnt  à  Home,  le  7 
janvier  IS.i'o.  (.'élail  un  savant  d'une  éruiliiiou  im- 
mense el  infiligable  ,  niais  un  peu  dilfnse.  Ses  ou- 
vrages sont  du  reste  fort  utiles  à  la  géngra)diie  re- 
ligieuse des  pcup'es,  et  il  est  bon  de  les  tnusnller 
qnand  on  veut  connaître  cette  partie  de  la  science 
géographique. 

Bartram  (Guillaume),  a  fait  ea  1773  des  voyat^S 


d:;!is  la  Ciroliort  sopienirionaie  et  méridionale,  la 
iiéorge,  la  Floride  oriei.tale  et  oicidetiiale,  le  pays 
des  irnijuois  ,  elc.  Cette  relation  contienl  Un  exp  SÉ 
du  snl  el  des  prodneitons  de  ces  régions,  a>ec  des 
observations  sur  les  mcensdes  Indiens,  lille  parut 
à  Phil  idel|.liie,  in-b°.  C'est  nn  t.vre  qn'.l  faut  i  on- 
Snller  pour  cmmaitre  la  sittnilion  île  ces  moirées  . 
an  érieure  au  (iéveioppemenl  de  l'Uni, ni-  Mué.'icai.ie. 
ii«iii//Ci/.?il/,H,yoi'i(G.-F.),  pinfej.ven  depiiiooplue 
positive  en  l'nniversilé  de  Turin  ,  e>l  r.mteiu'  il'uh 
V;  i;ii(/e  rfans  l'Italie  seiitenlrioiiale.  dans  l'Ailnuigue 
méridiona'eel  en  Hongrie,  in  !»■;  lui  in,  1811.  —  U 
a  publié  en  lîiiô  un  Vo'jageà  Con^l'.ittinople  cl  rti 
Gièce.  M.  Uarnlli  -e  nio..tri:  oliser\:'.teur  (leleÉn(isen 
lenips,  inie'qnefoiv  original  ;  t-enendanl  it  ne  fanl  pas 
toujours  accepter  toti'.es  ses  idée-. 

l!<:tna  (D.-P.  ),  dinjrU-nr  du  dépôt  liVdrogra- 
phlque  d- Madrid,  a  i  xécnlé,  en  ISS),  la  cart-d'niw 
paitie  du  territoire  de  la  Co  oinbie  dans  l'Amérique 
uiéiiiliuuale,  coinpienant  les  nonvellesprnviin  es  de 
Corn,  Cardioli»,  Trujelb) ,  Darinis,  Ailiai^u.is,  Ca- 
racas, ll.nceione  el  Cuniana  ,  avec  mie  parie  de 
celle  de  Ma::ic.iybo,  Meriil.'»  ,  Casaiiare  et  Gnayana. 
-M.  Uauza,  pour  son  travail,  s'est  fnnné  surle^  ol-sef- 
val  ons  astriiiioni'qnes  dn  baVon  de  llunibniil!,  ei  sur 
ceilcs  faites  depiii-  par  MM.  Bnus»i.igaii!i  et  liivero. 
U  a  co  isulié  en  (Uttre  les  plaes  paràeiilleis  du  gé- 
nérai D.  .1.  S' laio  Bo;e,  ainsi  i|ue  les  du  inne  ts  oii- 
gininx  des  officiers  de  la  (lulte  royale  de  Vinceulo 
Doz  et  K.  Gnerrero. 

Beauté  (  le  docteur  W.  ),  Anglais,  a  écr'l  des  sou- 
venirs sni  les  monasières  anglais,  i  vol.  illustré,  in- 
&°;  Londres,  1842. 

Beau}onr{^  le  baron  Félix  de  ),  qui  a  'Oinpli  d'un- 
poriantcs  niissinns  diplnniaiiqnes  ,  a  \i-i(é  en  ol  sef- 
valeiir  les  diveises  pio\inc.s  de  renipiie  ottoman. 
En  U2},  il  pnlil  a  la  relatimi  de  son  voy  v^e,  -ons  le 
litre  de  Voyagi:  mili.are  dans  l'empire  ttomnn  ;  Pa- 
ris, 2  \ol.  i:i-8*,avic  cinq  caries  gé.igraplnques. 
L'atlas  qui  accompagne  l'ouvrage  n'est  point  en  har- 
monie avec  le  lexte. 

Biaiiiii'r  (  Dnni  ),  religieux  béiiédiilin  de  l'abbnye 
de  Siiut-Gon.baiill  en  Derry,  est  l'anieur  o'n  le  Géo- 
graphie dea  archii'cchés ,  des  évichés  et  abbayes  de 
fiance  avant  la  révo  utiini  de  1780  ,  avec  dix-hnit 
cartes,  l.'onviage,  publié  à  Paris  en  17à2,  lonne 
deux  vol.  iii-4°  ;  il  est  devenu  assez  rare. 

Belinim  (  Martin  ),  de  Nniemberg,  eul  la  prcmièfo 
idée  de  la  d.-coiivei  le  de  t'An  ériiiue.  Il  abnr.l»  en 
\i6'),  à  l'ile  de  Fayal  ,  au  itiésil  ;  mais  ces  déeoii- 
veiles  fuient  négl  gées.  Il  nn  unit  à  l.isb  nue  eu 
l.'Oo.  — Itie.  ioli  ,  dans  sa  Gcugriiyhia  r,furinata, 
liv.  III  ,  elCellaiius.  dans  sa  Nat  V.a  orbix,  p.  2;5, 
disent  qiip!  (  olonib  fit  u-age  des  caries  marines  de 
MarlMi  lîeha  m  pour  son  viiy  ge  d'evpinraiion-.  Nnfts 
d-vons  cependant  ajouter  que  ces  déernive  les  de 
i^laniii  I.chaiiii  ont  été  finiemenl  atiai,uées  par  les 
partisans  de  Colo  \>h. 

Ucliring,  uu  Bechring  (  Viins  ).  ué  à  Hoise 'S  'ani 


H5Î  DlBLIOGRAPillE 

le  Jiilliind  (  Osiiie  l'srk  ) ,  »vail  la  réiiilaloii  d'un 
excelliîiil  inaiiii  :  ce  qui  in;,Mgea  Pierre  la  Giaiid  à 
le  (lemaiiiliu-  piiur  !a  Knssie.  liuhriiig  ciiiiiiiiainla 
re\|iéditio(i  de  déioiivcrics  i|uc  le  gMiivi'iiu'iutiit 
russe  envoya  dans  l'OiCin  glaiMal;  Il  cnn(iiiiia  la  sé- 
parili  ,11  de  l'Asie  el  de  I  Aiii  Th|iie,  et  le  iiélrnil  ijiii 
les  s^p^re  pure  aiijoiuiriiui  smi  nom.  L'ile  ((l'il  dd- 
cuiiviil,  i-l  ipii  piirle  c^aleii:eiil  snn  nom  ,  élail  alors 
cl  osi  restée  Siérili;  el  inlialiilce.  li  y  nioiimt  de  nia- 
lad  e  et  de  misère  en  l"U.  —  Le  tniiie  III  (Je  la 
co  IccLop  gcogr.ipliiiiue  de  Muller  contient  dus  ex- 
traits de  se»  voyagi'S. 

Béhnger  {iil.  Charles  ),  nalnrali<le,  directeur  du 
jardin  des  plantes  de  rmnlkliéiy,  bc  rendit  en  cette 
Vi  le  par  rAllemagi.o,  la  l^du^ne,  la  l{ns^ie  méridio- 
nale ,  le  Caucase ,  la  l'erse  ei  le  Bengale.  Non  cou- 
lent de  ce  long  voyage  ,  M.  liélanger  lit  diverses  t\- 
«nrsions  ilans  le  Carnaie  ,  sur  la  cote  de  Corom.in- 
del,  pu!»  il  passa  dans  l'empire  Birman  el  de  là  dans 
les  lie»  de  la  Snndc.  ICn  levenant  en  Fiance,  il  s'a r- 
ré!a  aux  îles  .Maurice  et  de  Boiirb  m ,  <;t  au  cap  de 
Donne-E>péran  ■('.  —  L'iiisloire  iialuicile  de  tes  di- 
viTses  toiilrces  lui  doit  beiuconp.  Sous  le  tiire  mo- 
deste de  :  Ubservutioiis  sur  ta  (jéoyrapliie  des  ptunles  , 
il  3  publié  un  ouvrage  loiil  à  lait  i:cuf.  Les  sdencis 
géi'grapliiipies  ont  retiré  de  giani's  avantages  des 
travaux  de  ce  voyageur. 

Be/Z.j  (l'ablié  Auguati  ),  membre  de  l'acailémie  des 
inscripiiiiiis,  né  dans  !e  iliocèîe  de  lisieux  ,  moit  en 
17;  i.  —  Il  a  laissé  divers  mémoires  relaiifs  ù  la 
géographie  ancienne, 

Berijeron  (Pierre),  né  à  Paris  et  mon  en  1037. 
—  Parmi  ses  ouvrages,  nous  citerons  un  Traité  de  ta 
navign'.ion  et  des  voyniies  de  découvertes  el  conquêtes 
modernes,  in-8°,  Paris,  102;,  ainsi  qu'une  Uelalion 
des  voyages  en  TarU.rie  avec  un  Traité  sur  les  lar- 
tares  ,  etc. 

UiTgliaus  (M.  ),  a  composé  un  grand  allas  qui  sup- 
pose nue  masse  iniroyable  de  rc'clieicli-s  :  sa  cane 
de  la  Syrie  est  le  travail  le  plus  c  .mpel  que  no  s 
ayons  sur  celle  contrée.  Le  inéni'iire  qui  y  est  joini 
anilv.'.e  avec  aulani  d'imp:>rlialiié  que  de  sagacité 
tous  les  documents  dont  s'est  servi  M.  Berglians. 

Bergman  (Torbein),  né  à  Cailiarinebetg  en  Suèle, 
ni'U-l  en  178i,  savant  cliiiiiisie  cl  nalur.disie  ;  au- 
teur d'une  Géoyrapli  e  plnjsi  fue,  2  vol.  in-8°.  —  Cet 
ouvrage  a  été  traduit  eu  danois,  en  allcm:ind  et  en 
italien. 

B('r/ii7«;y  (Guillaume),  mort  en  .4:glelerre  en  1G6", 
vi-iia  la  Virginie,  aejounriiui  iNiii  des  priuciiaux 
Etats  de  l'Utiioh-Amciicaiiie.  lieu  a  lais^é  une  des- 
cripiion  géigrapliique. 

Berlingli.eii  (François),  Noble  Florentin  et  poêle, 
vivait  au  xve  siècle.  11  est  l'.iuieur  «l'une  Véogruphie 
envers,  grand  in-fol.  sans  date,  à  Florence.  Ce  lure 
est  rare  :  il  eonlienl  à  la  lin  des  caries  géographi- 
ques lileu  cra^ées  poii'  le  lenips. 

Bernant  (Jean-Frédéric),  libraire  d'Ameicrdam,  au 
JlYlii»  siècle,  a  publié  un  liecvedde  vcijiqM  au  Nord, 


GEOGUAPllIQUE.  ilSS 

'iMiIeiiant  divers  niéuioires  iillles  àii  commerce  el  à 
la  iiaviLiaiiou,  10  v.d.  in-l2,  p  ibliés  de  1715  i  :7ô8. 

Bifrnii/i  (JiK-'Cph-Maric),  capucin  uii.-'  ionnaire,  né 
à  Carignau.  (Ktal<-Sar  :es),  voyagea  daiisrHiudoiis- 
tan  et  dans  le  Né|)aul,  <  ù  il  mourut  en  fïSS,  sur  la 
roule  de  Paina.  —  Ce  religieux  a  composé  une  Det- 
criplion  de  la  prùi'ince  de  Séiiuul,  tpii  a  été  traduite 
en  Anglais  et  iu-éiée  dans  le  t.  Il  de  la  co  lec  ion 
des  /iec/itrf/ies  fl«io(i/i(es,  comme  luviage  utile  àcon- 
sull.  r. 

Bcriholel  (Jean),  jésuite  ,  né  à  Salm  dans  le  dmlié 
de  Luxembourg,  mort  à  Liège  en  t7r)o  ;  auieiir  d'une 
IliitoircecclésidSliqueet  civile  du  duclté  de  Luxembourg 
el  coiiilé  de  C'iiny,an  8  vol.  iu-4°  :  ouvrage  écrit  sans 
méthode,  mais  qui  renl'ennc  des  faits  peu  connus 
et  iutéress;ints. 

Beitius  (Pierre),  né  à  Bévcrein,  vill.tge  de  la  Flan- 
dre en  IcCj,  professa  la  pliilusopliie  à  Levd.-.  En 
1G20,  il  vint  à  Paiis,  enibrassa  la  religion  catholique 
el  lui  non.mé  historiographe  de  France.  Ses  ouvra- 
ges de  géographie  sont  fort  e.uiji.és.  Son  Tlieairuni 
yeo(jrop  liœ  velnis  en  2  vol.  in-fol.,  avec  de  savantes 
note--,  est  larc  et  lecheulié. 

Bertudi  (l'iéiléric-Jiisliu; ,  gé'igraphe  et  carto- 
graphe, né  àWeimar  eu  1747,  nioil  en  1S22,  a  laissé 
un  Hecueil  de  toutes  les  positions  géuyraphiqursconnutê, 
Weiiuar,  iSOJ;  de-.  Epl:éinéridesgéojrapliiqu<-'S.  —  Il 
aexé.ulé  plu-ieuis  grandes  caries ,  comme  colle 
d'.iliemagne,  d.;  Pr.:^se,  de  Pologne. 

Beuynoi  (\l.  Arlliiir),  a  publié  un  ouvrage  inléres- 
sanl  sur  les  juils  d'Occideit,  eu  France,  en  Espagne 
ete.i  lialie,  pendant  le  miyen  .'ige;  Puiis,  in-8',lS24. 

Biiin.o  (Andréa?,),  eartogriphe,  dessin.^  sa  carte 
vers  iôj-j.  La  ligne  des  cotes  et  le  cours  de^  fleuves 
sont  iiidi,|ués  comme  sur,  les  autres  caries;  le  resta 
est  rendu  en  li,:^u:ci. 

Biard  (le  i'.),  missionnaire  à  la  Nouvelle-France, 
ou  C.uiada,  penlanl  les  preinièresannées  du  xvii  siè 
cle,  eu  écrivit  la  Discriplion  géogaphujue  en  161(5. 
Les  notions  qu'il  donne  sur  les  Irihus  smvageS  Sont 
d'autant  plus  exaeles  qii  il  avait  élé  h  même  par  ses 
foncliipus  de  les  fiéqueiiicr  et  de  les  étudier. 

Buiiemann  (Philippe),  dit  Api.ii  ,  exécuta  ,  eft 
457U,  une  Splière,  irava  1  remarquable  pour lel.-uips, 
qu'il  présenta  au  co  nie  Palatin. 

Biitoze;c(le  P.  Vinceuzo),  oiigiuaire  du  grand- 
duehé  de  Toscane,  fut  envoyé,  en  qualité  de  mis» 
sioniiaire,  dans  l'Amérique  sepieiiiiioiialc.  Il  évau- 
gélisa  surtout  la  province  des  Aiiacapas,  aux  Ëtais^ 
Uns;  mais  eu  même  temps  il  prolita  de  sa  mis» 
sion  pour  se  livrer  à  des  éludes  géographiques  5ur  le» 
conirées  q  .'Il  visitait. 

Blagden  (François-Guillaume),  anglais,  .iiueur  du 
Céograplte  moderne,  publié  à  Londie,  en  1807,  o  vol. 
in-8'. 

jB/a'irm(/(rierie),  voyageur  au  xix«  siècle,  anlèW 
d'un  Manuel  du  commerce  des  Indes  Orientais  et  ée  W 
C"/ii;ie,  etc.,  dédié  hl'ein,erenr  et  roi  (iNapoléou), 
avec  une  grande  carte  dresbé^;   par   Lapic  ;  Pai-ii»< 


11Ô9 


BIBLI0GR\1'H1E 


4;0j  :  ouvrage  excellent  pour  so:i  époquf,  el  encore 
bon  :i  roiisuiler. 

lilaiifiuel  de  Liiliiiie  (Jnciil)),  officier  fiiinçais,  gnu- 
vcinenr  en  IG70  îles  iles  de  M.idaga-^rar ft  de  Hniii- 
LiJii,  ;iiileiT  d'un  Joiiniil  du  voijaije  des  Grandes-In- 
des in-l2;  l'iiris,  1(598. 

Dii(jli  (Giiillaiiiiie),  conire-ainiral  nnginis,  nnu-nr 
d'un  Voijuje  dans  la  m,  r  du  Sud  ei\  I7ii2,  in-t°.Cet 
ouvrige  a  é'é  nudniien  fraiçiis  parSmilcs  e:i  17  .:2, 
in  8°.  Ce  navigateur  a  iiétuiiviTl  d:in<  re  v<  yage  un 
groupe  ii'il  s  incnunnes,  siuiées  au  nord  de  la  (erre 
du  Saiil-Esprii  de  Q'.iiras,  et  auxquelles  il  dunna  le 
nom  désir  Jsepli  B.mks. 

Dlom  (('..- p.),  auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Le 
rtyaiime  de  yorwécje,  i  vol.  iu  8*,  avec  deuxearles; 
Le  |>>ick,18i5. 

D.uclier  (le  d.icieur  II.  diO,  sVsl  occupé  de  la  (léo- 
grapliie  ^)ily^i'^ue  d.i  Mecklcnibourg  el  de  la  Ni>uvelle- 
Poniéranie  aniéiieure.  Ces  deu\  pi  ov  nées  loiil  par- 
tie de  la  grande  |.laiue  qui  s'élond  depuis  le  pied 
des  niuiiUgni'.s  du  Hliiu,  du  Weser,  du  i!aiz,  de  la 
S>ixc  e:  de  la  Silésie  jusqu'à  li  Iiaili{|ue  cl  à  la  luer 
du  Nord,  el  se  prolonge  sans  inienupiion  dans  les 
Pavs-Iias  d'un  côté,  dans  la  PiUSSC  et  une  gr;>n\!e 
partie  de  la  l'ologue  el  de  la  Russie. — L'uuviage  qui 
est  aciouipigné  d'une  carie  géographique,  a  paru  à 
Berlin  en  ISiO. 

Buchart  (.Saniuol),  né  à  Rouen  en  l.";99,  mort  à 
Caen  le  ItJ  nmi  1GU7.  Il  jiublia  une  Céograpliie  sa- 
crée (Georjrapliiasacra),  infol.,  1031. — IJocliirl  s'est 
fait  un  iiuiu  par  iCUe  géograiiliie,  par  ses  invesli- 
galioiis  lalinrieusC'!  cl  ses  travaux  sérieux  sur  l'iiis- 
loire  naturelle  el  les  inoeurs  de  la  P.ilestine.  En  fai- 
sant l'IiiàtOire  naïuieile  de  l'Eciiiuie  sainte,  il  a 
lourni  ni.e  véritable  encyclopédie,  qui  reste  encore 
aujourd'hui  même  un  ouvrage  utile,  indispensable. 
Ce  travail  a  pour  litre  :  Opéra  oinnia,  hoc  esl  Plia- 
leg,  Canaan  et  Uiervzoicun,  in-fol.,  ICOi,  Lndg. 
Bal.,  in-f(d.,  17j2;  édition  de  Rosenmiiller  avec  ses 
noie,  Lipsiac,  in-i%  1793-9li. 

D'de  (Jean-Elei  t),  astrononie  -  géographe,  né  à 
lla^rbooig  en  17i7;  ameur  de  [dusieurs  ouvrages 
du  géugraphie  liiatbénianque,  de  niénioiies  géi.gra- 
pli  i|ues  et  d'un  At:as  œlestli  en  20  cartes,  grand 
in-f.d.,  Berlin,  T^Ul. 

Bow.;  (P.-Ct.-\icl.),  mon  à  Paris  en  I82S;  au- 
teur d'un   bidonna  re  de  ijéorjnipliie  uni  erselle. 

Bolliii  (Ivan),  tflicier  ru  se,  né  à  Saint-!  étrrs- 
Lourg  Ci  1753;  aiiiour  d'un  Di^iionnnire  géogm- 
pU./ii.',  poliique  et  civil  de  la  Russie,  ù  vol.  iii-4% 
17>ô.— L'auteur,  inain|uaiil  d'érudition  el  de  con- 
naissances Sficnliliiiues,  adn:el  beaucoup  de  cliuses 
ridieules;  mais  il  a  une  exielieute  mélbude  el 
prouve  un  eS|)rit  droit  et  judicieux. 

Buimrt.tiire  de  Si!.teron  (le  P.),  prédicaleur  ca- 
pucin, auteur  d'une  llisluire  de  tt  ville  et  pniici- 
pavté  (/"O.Ymi/f;  Avignon,  I7H,  in  8°. 

lionlrè  e  (Jacq.je^),  né  en  1")75  à  fliuiiii-Mir- 
Mcuse,  se  (i!  jésuile  eu  Iû'J:.  11  uiouiul  à  ïouinay 


qui 


GEOGRAPHIQUE.  H60 

le  9  mars  161?. — On  estime  son  'ruvrage  intitulé  : 
Desripioiides  lieux  cl  des  villes  de  l'Ecritnre  samle. 
Ce  livre  est  ulile  piuir  la  géographie  sacrée. 

IS'".ifjce  (XU^K.),  lié  à  l:iri-  en  178  ;  auteur  d'une 
Inrodu  lin  U  CHiide  de  lu  geoguiphie. 

Dun,,iiuU  ^Je.iu  Baiili>le),  né  a  .Maiseille  en  lC8i 
dans  la  congrégation  de  l'Uiaioiie.  Il  mourut  à 
S:!ini-G.ruiain-dea-l'rés,  le  15  ui.m  i7dj.  —Il  lit  un 
uuviage  sous  le  lilre  de  Debcripiion  ijéog:uphiiiuc  el 
hisioriiine  de  la  haute  :Sori:iai,d:e. 

Benne  (Rigoberl),  est  né  eu  17-7  [uès  de  Se 'an, 
et  uiouri;t  à  l'aiis  le  â  décembre  179'». — il  a  pub;  é 
giaiid  nombre  n'Allas  et  de  Caites  géograpliiques 
qui  soni  :  i°  Allas  moderue  pour  la  Ce'  g.a,>idr  de 
N.rolu  de  La>  roix  ;  2"  Petit  AU  s  m.rilinie  pour  les 
côies  de  la  Fraïae;  5° 'lahleau  de  la  Fia  ce;  i" 
Allas  pO(.r  la  Ceograjdue  de  l'ôbijé  Greue.  ;  ô°  Caile 
du  golie  lie  .Mc\i.|ue,  e.c. 

Boscuvich  (le  r.),  jésuite  n!lemaiiil,  auîeur  d'un 
Vvyuye  osooMUHii/iie  «;(  géojraph  que  dans  les  Éia:s- 
Romains,  in-i',  en  177u  :oiiv!agK  savant  e.  esiinié. 

Bosi,u  iNi. .),  voyageur  du  XMii"  siécic.  iNé  à  liai- 
gueux-ies-Juils  (diocèse  de  liijon,  CotL-d'OiJ,  es! 
un  de  ceux  qui  uni  le  mieux  lait  ci-Miiaitie  ia  Luui- 
siane  el  les  peu^iles  sauvages  qui  i'Iiab  laieiit. — Il 
esl  i'ai:it;ur  de  plus:eurs  letties  publiées  sous  le  inre 
de  1*  ^touieuuxcoyaijes  aux  Indes  occidniales,  e.c; 
12^  Xouveaux  votjayes  liuns  l'Amérique  teptentriuniile, 

Bi'lhaï^,  l'un  des  plus  .ineieiis  géograp  es  Coin. us. 
Marcieu  a'Ilérac  ée  mus  a^jinud  qu'il  aval  c  in- 
po.-é  en  giec  une  di'scnpii m  des  tôles  uu  luondj,  el 
que  les  distances  s'y  liouvaienl  in'iii|uécs  par  le  mou- 
brc  de  jours  ei  par  celui  des  nuit>,  el  non  en  stades. 

Bottani  (Trino),  a  piiblé  à  Venise  en  181 1,  Hng- 
g.o  di  itoria  civile,  natuiale,  poliiica,  etc.  Esaid'hS' 
tûire  civile,  naturelle  el  pulitii/ue  de  ta  ville  de  Cuosic, 
laiit  ancienne  qi.e  muai  rue, — a\ec  dtux  laiics  bien 
excCii'ée». 

Bouclier  de  la  Richitiderie  (Gil'es),  !ié  à  Saint- Ger- 
niu:n-ch  Laye  en  1735;  auteur  dui.e  Bib.iohJçut 
iiiiiviTseile  des  loyayei. 

Bouc  eseiche  (J.-B.),  chef  de  diïision  à  h;  pré- 
fecliire  de  pidice  sois  l'en.pire;  auJiMir  de  la  Céiyr..- 
pliie  nuiionale,  ou  La  l  rance  di'isée  en  déj,artein,  nlt 
el  diilrieis,  in-S",  179U;  do  isolions  éléim  mains  de 
giographie,  etc. 

Bofgainiille  (J.-P.).  né  à  Paris  en  1722;  gé.igra- 
phc  anl  quaire,  anleiir  i.e  plu^  eurs  (iisseï  talions  sur 
des  poinis  de  géogaphie  ancienne  el  moderne. 

Bougriuville  {\e  coinlo  Louis-.Anlnine  de),  céèbre 
navigaicur  du  XMii°  siècle,  miMiriil  à  Par  s  en  I-SIl. 
—  Il  a  comll0^é  un  Essai  historique  sur  hs  iiaviga- 
tl<,iis  iinciemies  el  modernes  dans  les  h  ute^  latitu- 
des .-epteiitrionales,  ainsi  qu'une  Xuiice  surl.-ssau- 
vaiiesdu  nord  de  l'Aioérique.  Il  y  a  dans  celte  Notice 
qii.  Iqiies  idées  el  quelques  a-seilionsi|ni  laraisseiit 
un  |u'U  hasardées,  ou  qui  ne  conCurdcnl  pis  tou- 
jours avec  des  l'aiis  précis. 

Douiei  (l'abbé),  auteur  de  iUliiioire  de  l'empire  des 


1161  BIBLIOGRAPHIE 

(liérifs  en  Afiiijve,  et  d'une  Description  géographique 
de  ce  continent. 

Bouroite(V)  10  Fr.-NIc  ),  bénédicliii  ileSainl-Maiir, 
r.)orl  à  Paris  en  1781;  auteur  d'une  Description  géo- 
gripltique  du  LangiieJoc. 

Botnillicr  (l'.ilibé),  auteur  d'une  Géographie  métho- 
dique élémentaire,  ancienne  et  moderne. 

Boivdicit  (T.-E.),  voyageur  el  géi'grapiie  anglais. 
— 0»  a  de  lui  uni'  Dcscripiion  géegrapliiiue  du 
rotiaume  d'Ashunlie  (Afrique  occidentale),  ilr-s  Nnlices 
géograpliiques  sur  des  régions  de  l'Afiique  cen- 
trale, etc. 

Boyer-Peyreleav  (le  colonel  Eug.-Eù.),  a  décrit  la 
géographie  des  Antilles  françaises. 

Boijer  de  Suiiilc-ilaitlie  (L.-Ans.),  dominicain; 
auteur  d'une  Histoire  de  l'église  et  du  diocèse,  de 
Saint-Paul-Trois-Cliàleaux,  ei  d'une  Histoire  égale- 
meul  de  l'église  et  du  diocèse  de  Yaison. 

Braconnier  (\e  P.),  jé-uite,  visita,  en  1706,  le>s 
inou.ibtères  grecs  du  nn  ni  Atlios.  Il  en  pulili^),  à  Sun 
retour  en  France,  une  desori|iiinn  géograpliii|ue  pour 
servir  à  l'hi^loire  de  l'Eglise  orientale.  Cetie  notice, 
lrè--exacte  el  fort  curieu-e,  est  restée  inédile.  Elle 
ét:iit  déposée  à  l.i  bildlolliè<|ue  nationale  de  h  rue 
Rxli>-licu  ;  nous  ne  savnns  si  elle  y  eit  restée.  On 
l'y  voyait  encore  eu  184i. 

Brandano ,  ou  BraiidHm  (Antoine),  moine  portu- 
gais de  l'ordre  de  Cîie;iux,  né  en  15Si,  mort  en 
1637  ;  cnnlinui'leiir  de  la  Monarquii  Lus:  ana,  oa- 
vrage  imporlanl  pour  la  géographie  ecciéiiasii(|ue  du 
Porlugal.  Peinlanl  dix  ans,  Tauleur  recueillit  des 
docuiuenl'i  dan>  les  archives  des  mona.-léres  et  des 
églises  ;  2  vol.  in-fol.,  formant  la  5'  el  la  i'  partie 
de  celle  grande  histoire  ;  Lisbonne,  1G32.  —  lier- 
iiarde  de  Briito,  moine  poringnis  ,  de  l'ordre  de  Ci- 
leaux,  mort  en  l(jl7,  avait  fait  les  deux  premiers  vol. 

Brandano  (François),  neveu  d'.Anloine,  cl  religieux 
dans  le  monastère  clsiereien  d'Alcobaça,  dont  son 
oncle  éiaii  uhbé,  continua  l'ouvrage  des  deux  auteurs 
précédents,  el  publia  la  5' el  C'  partie,  2  vol.  in- 
fol.,  à  Lisbonne  en  lOoO  et  1G72.  Ce  religieux  mou- 
rut eu  1085.  Ces  6  vol.  vont  jusqu'à  l'année  1525. 

Braun  (J.),  a  public'  à  Cologne,  eu  1824  el  1827, 
un  Cours  de  géographie  pour  l'enseignement  dans  les 
universités.  L'ouvrige  commence  par  uneinirodin  lion 
à  la  géographie  générale,  puis  vie"t  la  descriplion  de 
rEuro;>e  et  ce'le  des  auiies  parties  du  monde. 
Nous  ne  coiuiaissons  pas  de  liadin  lion  française  de 
ceiouviage,  cjiii,  malgré  p'u^ieurs  erreurs  el  inexac- 
titudes, a  éié  rédigé  avi'C  assez  de  soin. 

Breydenbnch,  pèlerin,  lit  un  voyage  en  terre  sainte, 
en  li8.^,  avec  un  peintre  d'IIlrechl,  Eriiard  IJewicli, 
dnni  les  dessins  eurent  un  grainl  succès.  Si  carte 
péuéra'e  de  1 1  terre  ^aiuie  ie-|>'re  un  air  de  vérité  el 
di"  naïvelé  qui  n'evclnt  pas  Ceifei  piquant  du  crayon. 
L'cMivrage  eut  un  grand  uombic  d'éditions  en  dilVé- 
rciias  langues  cl  u  >  iniinense  débit  dans  Ic.uie  l'Eu- 
rope. 11  fui  tritduii   eu    tiaiiçais   par   im    religieux, 

Diction NAiRB  de  GéosBiPaiB  eccl.  II. 


GEOGRAPHIQUE. 


11C2 


Jeliiu  do  Hesdin,  dorleur  rn  Ibéilogie,  en  I  ';89. 

Biiand  de  Ycrzé  a  composé  un  Dictionnaire  com- 
plet géographique  de  la  France  el  des  coloni'  s,  revu 
el  auguienié  par  Wariu-Thierry,  imprimeur  à  Eper- 
nay.  —  L'ouvrage  forme  deux  vol.  iii-S*.  Il  est  assez 
exacl  en  re  qui  concerne  l'am  ieune  France  :  seule- 
ment il  n'annonce  pss  toujours  qne  les  lunnunienls 
religieux,  par  exemple,  i|u'j1  r:ippe  le,  n'exisienl  plus  ; 
Cl  c'est  là,  suivant  nous,  un  grave  défaut  dans  un 
ouvrage  de  ce  genre. 

Brice  (Oom  Germain),  bénédictin,  né  h  Paris  et 
mort  en  1727  ;  auteur  d'une  descriptiim  de  la  ville 
de  P;iris,  el  l'un  des  coll.iboralcurs  de  la  GaUia 
Christ. ana,  etc. 

Brion  de  la  'Fcnr  (Louis),  ingénieur  géographe  et 
cariographe,  mort  au  coiiimenceneui  de  ce  siècle; 
auienr  de  plusieurs  Allas  el  de  plusieurs  ouvrages  de 
géographie. 

Brofflrd.  en  1280,  fit  un  vny.ige  en  terre  sainte, 
qui  a  été  pidilié  sous  ce  titre  :  Lber  desrriptionis 
terrœ  sanclœ  ;  Yenetiis,  iti-8°,  1SI9. 

Brwe'e  (Ailiien-IIuherl),  irgcnieur  géographe,  né 
en  1786,  e^tmorl  à  Sceaux  en  l;iô2. —  Il  ■>  composé 
plusieurs  allns  de  géograidiie,  et  en  1816  il  présenta 
au  roi  Louis  XVIll  son  A'Ias  universel.  Oindip  e  habile 
carlographo,  il  a  cependant  hiissé  subsister  sur 
toutes  £e>  c  >rles  les  erreurs  qu'on  reproche  gcnéra- 
lenieni  .i  n.is  atlas  :  ce  qui  les  rend  toujours  vieu.x 
d'un  dcmi-sièile  au  moins. 

Brtinn  (Frédéric  Léopold),  philologue  distingué, 
néàZerhslen  17o8,  profeS'-cur  au  gymnase  roral 
de  .loachiuislhal,  à  Berlin,  c-l  l'auieiir  d'un  Manuel 
de  géographie,  fîerlin,  1786  ;  de  Polices  géoqraphi- 
qurs  et  sintisliqui's  sur  la  Savoie,  le  Piémont,  etc., 
in-S",  1793,  avec  une  carte  de  Solzinann  ;  d'un  Pié- 
cis  de  la  connaissance  des  Etats  de  l'empire  germant- 
que,i\o\.  in-S",  179o-lS04;  carie  de  SoizmaTin. 
—  La  première  ps'lie  des  Notices  gé-^crnnhiaue^, 
etc.,  etc.,  seule  a  paru.  C'est  fâcheux  ;  car  l'ouvrage 
a'est  pas  dépourvu  d'intérêt. 

Bruun-Niergaard,  Dimois,  auteur  d'un  Voyage 
pi(iori'S7He  au  nord  de  l'Ihdie,  1813,  iii  fol. 

Bruns  (Paul  Jai  nb),  savant  or:eniali>te  et  géogra- 
phe allemand,  naqnit  à  Preeiz  d  'Us  le  HoKiein,  le 
18  juille:  1743,  voyagea  en  Europe,  et  fut  pr^fes- 
senr  h  l'univeisiié  d'Ilelinstadl. —  Il  est  l'auteur  d'un 
Manuel  géographique  pour  l'industrie  et  le  commerce, 
Leipzig,  IT88;  d'une  nouvelle  Descriiuion  de  l'Afri- 
qw,  de  t'.Aiie  et  de  l  Amérique,  Leipzig,  1791,  179!;, 
6  Vol.  iu-b*.  Cet  ouvrage  est  utile  à  consulter,  sur- 
tout pour  l*.\frii|ue.  Il  a  laissé  une  Géographie  extra- 
européenne,  Berlin,  1803. 

Briisch,  OH  Bruschius  (Gaspard),  né  en  1S18  à 
Schlaekenwald  en  Bohêuie,  mon  en  1559  ;  auteur, 
1*  d'un  ouvrage  iniitnié  :  De  C-rmaiite  episcopatibus 
epilome-  Nuremberg,  in-8",  1549  (ce  vol.  ne  ronlient 
que  larcnevèclié  de  Mayenceel  révèché  de  Bend 
2°  d'un  ouvrage  intitule  :  Monasierio'rvm 
yrvripvorum  rhronoloqin,  Ingolsladt,  loSI, 
•41 


1163 


BIBLIOGRAPHIE 


iîri/rfone  (Patrick),  voyageur  anglais  ;  aiileiir  d'uii 
Voyage  en  iicile  cl  il  Muite,  2  vol.  iii-i.*,  1775  ;  Ira- 
duil  en  liaiiçais  par  Deiiieuiiier,  Paris,  1775. 

i)U(ii:/iÊ(Jean-INiCuhis),  ciiriScrvaleur  liydrograplie 
en  clit;rdu  (Icpôi  lie  la  niaiine,  nai|iiil  à  la  INeuville- 
aii-Poni  prés  Sainie-Ménéli  >nld  vers  l74;t.  —  Il  pu- 
blia en  1709  une  6'^  (/ra/j/iit;  é.êm>nlaire  anc'enne  et 
modeine,'i.\i>\.  in-li;  des  EcluircissemiiUs  géogra- 
phiques iur  la  ?l OUI' elle  Bretagne  H  sur  les  cotes  sep- 
tentrionales de  ta  iSomellc-Guiiiée,  1787, cl  plu-ieuis 
auircs  mémoires  sur  diverses  qu  stions  géographi- 
ques, l'.n  1704,  il  fui  noiniiié  professeur  de  géogra- 
phie à  l'école  Normale. 

ISucelin  {G:^hriv^),  bénédioiin,  né  en  13C9  à  Dies- 
senlidllen  en  Turgovie  ;  écrivain  laborieux  el  savant, 
mais  pas  toujours  ex^ict  et  juciicieux.  —  Il  a  hiissé 
les  ouvrages  sui%anls  :  A/wifo  impirii  licnedictna ; 
de  ordinis  S.  Beiiedicti  per  universum  imperUim  Ro- 
tnnniim  immortalibus  meriiis;  Venise,  I(i5l,  in-4°. 
Annales  Denediciini,  IGjo,  Vienne.  Germaiùa  sacra 
el  profana,  i  vol.  In-fol.,  L'Iin,  lo?"!,  el  l""iancrort, 
l'J7l.  Hliwlia,  Etrusca,  Itomann,GalliC(i,  ijermanica, 
Kuropœ  provinciarum  suit allissima,  Angsbourj,  lù'ifi, 
in-4*.  C'est  une  liescripiion  gcugiapliitiue  assez  exacte 
du  pays  des  Grisons. 

Ducelin  (Jean),  jé-;uite  de  Canihrai,  né  en  1571, 
inoitenl6-9;  auteur  de  Cnllo-Fiandria  sacra  et 
fTofiina,  Douai,  iGào,  àvol,  in-Cilio.  C'est  la  desrrip- 
tioii  liistciriqiic  el  géographique  de  l'Artois  et  de  la 
Flandre  \valloniie. 

Buch  (Léopold  de),  savant  «oy.tgBur  prus>;ien  ; 
auteur  d'un  Voyage  en  iSorwi'ge  el  en  Laponie,  2  vol. 
ÏD-iS",  avec  cartes. — Ce  voyage,  l'aiicu  18uC,  1809  et 
1810,  a  été  traduit  eu  français  par  M.  Eyricseii  I8l(j. 
M.  de  llnmboldt  y  a  joint  inie  inuoduction.  Cet  ou- 
vrage est  remarquable  et  iniciessanl. 

Buclianan  (Claude),  ministre  anglican,  né  à  Cam- 
busluug  près  de  Glascow  en  17. C,  mon  en  1815  ; 
auteur  d'un  Tableau  abrégé  de  l'élat  des  colonies  de  la 
Grande-Bretagne  el  de  son  empire  en  Asie,  relative— 
nient  à  l'instruction  religieuse  ;  de  Becherches  chré- 
tiennes en  Asie,  ouvragL-  fort  imporlani. 

Buchanan  (François),  midecin  anglais,  s'est  fait 
«ne  répuiaiiiin  par  un  Voyage  de  Madiasdans  le  My- 
tore,  le  Cauara  et  le  tlidihar,  5  vol,  111-4",  1,SU7.  — 
Ce  livre  est  un  des  meilleurs  ouvrages  publiés  sur 
riliiidoiiSian. 

Bncliaiian  (lean-Lannc),  né  h  Menleilit  au  comté 
de  Perth  en  Ecosse,  a  laissé  des  Voyages  dans  tesîles 
Hébrides  occidentales,  île  1782  h  1793,  !■!-">. 

Biicher  (Urlvain-Godcfrnl),  aiileur  d'une  Descrip- 
tion de  la  source  du  Danube  et  du  pays  de  Fursiem- 
herg.  in-8»,  IT20,  Nuremberg;  d'une  llisloire  natu- 
relle de  la  Saxe,  ouvnige  incomplet. 

Buckitjghant  (J.-S.),  voyageur  anglais.  M;irin  dés 

ïti^c  de  9  ans,  à  ?.l  ans  il  commandait  un  vaisseau. 

Il  visita  par  mer  les  deux  Amériques,  la  SIé  literra- 

^i-/'^     l'ée,  la  Turipie,  la  mer  Kouge,  le  golfe  Persique, 

*<  les  Indes  orientales,  y  compris  gombuy,  Ce^.ua, 


GEOGRAPHIQUE.  ffC4 

Madras  et  le  Bengale.  Par  terre,  il  voyagea  dans 
l'Egypte,  la  [Subie,  l'Arabie,  la  Pa'esline,  la  Syrie, 
la  Mésopoiiiinie  et  la  Per-.e.  Ses  divers  ouvrages  ont 
contribué  aux  progrès  d^'S  sciences  géographiques. 

Bulteiu  (Louis),  né  .i  Rouen  en  lt)2i,  mort 
en  13"J3;  auteur  d'un  Essai  de  f histoire  monastique 
de  l'Oricni  ;  d'un  Abrégé  de  fhimoire  de  l'ordre  de 
Soinl-Benvil,  2  vul.  iii-4°,  Ui,S4.  —  Ce^  ouvrages 
sont  bons  à  consulter  pour  la  géographie  des  ordres 
religieux. 

Bnrchell  (M.),  se  lit  connaître  d'abird  par  soa 
voyage  en  Afrique.  11  consacra  ensiiili;  six  ans  de 
1824  à  iS50,  à  l'explora. imi  des  vastes  provinces 
intérieures  du  Biésil,  dans  lesquelles,  à  l'exci-plion 
des  religieux  mi-sionnaires.  aucun  voyageur  euro- 
péen ne  b'était  hasarilé  à  i  énélrcr,  du  nioin»  dans 
les  temps  modernes.  M.  Uurclu-ll  a  p.irlicul  érement 
visté  la  province  de  M.uio-Grosso,  ou  le  Grand- 
Bois,  plus  considérable  à  elle  seule  que  rAn^jletcrre 
et  l'Irlande  ensemble. 

Burck  (A.),  a  composé  ui.e  Histoire  générale  des 
voyages  p  ir  terre  et  par  mer,  Slagilcbonrg    184i. 

Burck  (Auguste),  Allenaiid,  auieor  d'une  édition 
allemande  4I11  Voyoije  de  Magellan  autour  du  monde, 
Leipsiek,  184  i,  in-8°. 

Bi:rckhurdi  (Jean-Louis),  célèbre  voyagef.r,  n.v 
qiiit  à  Lausanne  en  17SI,  et  inoiiriit  le  4  octo- 
bre 1817.  —  On  a  de  lui,  en  anglais  :  l"  Vcy.ig  s  en 
iNubie  {Travels  in  Nitbia  and  in  the  interior  of  JSortU 
eastern  A(rica  pcrformed  in  1815),  Londres,  1819, 
iu-4°,  avec  cartes;  2"  Voyages  en  Syrie  et  dans  la 
terre  sainte,  Londres,  1822,  in  4°,  avec  ciries  et 
plans.  —  La  géogiaidiie  a  reçu  de  grands  et  impor- 
tanis  services  de  ce  livre,  bien  qu'on  ait  quelques 
exagérations  à  y  reprendre.  —  En  1814,  biirckhardt 
fit  sou  voyage  à  Assuan,  D.iran  et  Suak  n,  snais  il 
n'eut  pas  occasion  de  recueillir  des  observations  as- 
Ironomiq'ies  pour  la  rédaction  de  ses  cartes. 

Bure  ou  Burœus  (André),  le  père  de  la  géographie 
en  Suède,  naquit  en  1571.  Le  roi  !e  mit  à  la  tête  du 
bureau  du  cadastre.  Il  fut  chargé  de  mesurer  tontes 
les  provinces  et  de  dre.sser  une  carie  générale  du 
royaume.  —  Son  Orb:s  ArctA,  impnmisq  -e  regni 
Sueciœ  tabula,  gravée  en  C  feuilles,  gr.  in-lolio,  qui 
parut  à  Stockholm,  eu  1C2G  ;  el  sou  Orfis  Arctot, 
prœsertim  Sueciic  descriptio,  publiée  la  inênie  année 
à  Stotkliolui,  in-&°,  furent  le  lésulial  de  ses  travaux. 
Il  mouiiil  en  1G46.  —  Buricns  créa  une  géographie 
nouvelle  des  provinces  du  NorJ  tiès-exacie. 

JSuriies  (Alexandre),  officier  anglais,  a  publié  des 
notes  tt  des  remarques  géographiques  sur  rU.n- 
donstin,  1825. 

Bussihes  (M.  Léon  Renonard  de),  a  parcouru  tmc 
partie  de  la  Unssie.  Il  a  public  son  voyage,  qui  con- 
tient sur  cet  empire  des  note~  géographiques  d'au- 
tant plus  inléiessantcs  qu'elles  sonl  exactes  :  ce  i|in 
est  assez  rare  de  la  part  des  voyageurs  modernes, 
qui  n'écrivent  pas  pour  la  science,  mais  qui  louent 
outre  u»e»uie  la  Russie,  ou  qui  l'atiaqueni  avec 


lies  BIBLIOGRAPHIE 

amcrt'inie  ;  de  sorte  qn'au  milieii  de  ces  exagéra- 
tions de  l'espril  de  parli,  la  sfii'Dce  géograpliiijue 
n'a  rien  nu  peu  declicse  à  rectieiilir. 

C 

Cndnm  sto  (Alvise  de),  Veniiien.  fiUin  vnv^ge  en 
Afriiiiic  cil  Ui5,  cliiii  ss'cond  en  1116.  —  SuuJour- 
nat  e^l  une  pcintiiri:  lidiile  ci  iiiiive  du  psy«,  des 
mœirr»  pi  U'-aj^cs  des  p'ipiilalions  de  la  rôti'  orculen- 
tale  de  l'A  riiiiie.  La  première  éd  lion  pniul  à  Yiciiice 
en  IÔ07;  elle  fui  li.-idinlc  enÂiiilc  un  nllcni:iiid,  en 
latin  el  d.in»  pliisicur.'!  antres  l:in,:^ues. 

C'vsar  (Piulipiie),  aiiieiir  de  l'ouvr.Ége  :  Triaposto- 
taltu  Sei)len:iionii.  Vita  es  gs^la  S.  WiLlindi,  S. 
Aittgnrii,  S.  Ihiubeili,  Colugne,  15-42.  Ce  livre  ren- 
femie  des  piôcis  d'un  grand  initrci,  et  il  est  furt 
rare. 

C.almel  {D'>m  Aiigiisliii),  bénédictin,  naquit  le  26 
févri  -r  lb^2  à  .Meiinl-ia-llorgne,  prés  Coinnien  y  en 
Lorraine,  li  moiirul  ii  Sénonci  le  25  oclolire  17")7.  — 
Il  a  f.ii  plusifiirs  oinnii^es,  i  nireaiitres  les  siiiianls  : 
1°  Oiclioiniaire  hislorique,  cniUjue  et  géographique  de 
/a  Cii/e,  P.iris,  1730,  4  Vol.  in-lol  On  trouve  dans 
cet  ouvrage  nue  biograpliie  ecclésiasticpie  Irés-élen- 
diie.  2"  Hhloire  unii'en.el'e  sacrée  el  prof  me  depuis  le 
commcnccmettl  du  monde  jmqii'à  iir.t  jours,  1720, 
Strasbourg  — NaiK  y — 17  vi.j.  in  4".  M.  l'abbé  Migne 
a  publié  une  uonv^lje  c  lilion  du  Diclioniuiiie  hislo- 
rique el  géographique,  qui  a  é  é  r(;\ue  et  adaptée  aux 
progrès  des  découvertes  modernes  par  M.  Tabbé 
James. 

Cuplait  (M.)  a  composé,  sons  le  lUre  de  Ere»  Ke- 
dumiit,  une  gé.'grapbie  de  la  Bible;  Wilni,  iii-8°, 
ISS'J.  M.  t'uSraïadt,  de  Kœuigsberg,  a  traduit  cet 
ouvrage  eu  allemaiul. 

Carabanles  (Juscpb  de),  cai  iicin  espagnid,  né  en 
1628,  el  mon  en  r,9i.  —  il  parcouriii  nue  p.Ttiedes 
dé-eils  de  l'A iiicrique  centrale  et  de  la  scplenlriu- 
nali;  pour  6v.  iigé.iser  les  Indiens,  il  est  auteur  d'un 
livre  iiiiituic  :  Ars  addisreudi  alque  docendi  pro  mis- 
siumriis  ad  conversioucm  Imtorum  abeunl.buê. 

Curlelli  (François),  ité  à  Florence,  en  la. 2.  —Il 
a  composé  liu  ouvr.ige  en  2  vol  in-y,  sur  ses  voya- 
ges en  Afrique,  en  Amérique,  auv  ÎOi  Pbilippincs 
et  au  Jupon.  Qnoiqne  dépourvu  d"instru(;iio:i,  il  écri- 
vit son  livre  avec  siinplicilé,  n.itnrcl,  clarté  et  exac- 
titude. 

tarli  de  Piacenxa  ^neriis),  et  Michel  Angelo  Gual- 
Uni,  tous  deux  capiRins,  nés,  l'un  à"  Pieggio,  et  le 
second  à  Plaisance,  inis>io  naires  an  Congo  en  1000. 
—  Ils  ont  lédigé  ime  Rela;ion  de  leur  mission,  sous 
ce  titre  :  Yinygio  di  D.  Michel  Aii^iioh  di  Guattiui  e 
del  P.  Dioniqi  l'.arli  nel  reyiw  det  Congo,  etc. 

Cartier  (l'ablié  Claudi),  né  à  Verberies  en  1:25,  et 
mort  cil  1787,  prieur  d'Andre^i,  a  pub  ié  des  obser- 
vations pour  faire  suite  à  l'bitoire  géographique  du 
diocèse  de  Paris. 

Carré,  voyageur  français,  a  fait  un  Voyage  avx  In- 
det  orienialet  et  dan»  l'Asie  mineure,  2  vol.  in-12,  Kuii. 


GROGIIAPHIOUE.  HG5 

Carrillo  (.Martin),  né  à  Siragosse  au  xvi«  s  éole, 
cbanoiiie  .le  cette  ville.  —  Il  a  rédigé  une  Description 
gé.graphique  el  topograpliiquc.  de  t'iU  de  Sardaigne, 
Barcelone,  1612,  in-i».  Celle  description  mérite  con- 
fiance à  canse  de  son  exactitude. 

Carierei  (Pliilips),  Anglais  capitaine  de  vaisseau, 
fit  lin  voya-c  de  découvertes  en  {Î6i)  dans  rbémi- 
splièie  méridional,  aujnur.Ibni  l'Océanie.  II  contri- 
bua a  déterminer  la  géograpliie  de  celle  partie  .fu 
monde  ,  qne  rturopc  commençiil  s  ulenieni  à  con- 
naître, bien  que  les  navigaieurs  poitngais  el  es- 
pagnols y  eussent  paru  près  de  deux  siècles  aupa- 
ravant. 

Cdiiier  (Jacques),  né  à  Saint-Malo  au  xvi'  siècle, 
navigateur,  anteiir  de  décoiiveriCN  géographiques  dans 
rAiiiérii|ue  septentrionale  et  surtout  dans  le  Canada. 
C'e^ilui.,ui  le  premier  fit  connaître  le  fleuve  Saint- 
Laurent,  le  pays  qu'il  parcourt  et  les  côtes  qui  l'a^ 
Toisineiii. 

Curvajal  (L.  Marmol-y),  historien  et  géographe  es- 
pagnol, lé  .1  Grenade  en  Io20,  mort  en  159'J.  — 
Nous  avons  de  lui  une  Description  générale  de  l'Afrim 
que. 

Cisado-Ciraldès  ( J. -P. -C.  ),  géographe  portugais, 
auteur  (l'une  géograpli  e  pm  tUnaise. 

Cathmccro  (M.),  du  pays  de  llliote  (Tbibel);  au- 
teur d'une  Dcoir.piion  yéogriphique  el  lopi  grnpliiqut 
du  Népiiul  et  du  p:  ys  de  Blioie,  lue  à  la  iociéié  asia- 
liiine  deCdcuita  eu  .82!j. 

Cns/ri  (Michel),  savaui  orienialisie,  religieux  sy- 
ro-inaroiiie,  né  à  Tripoli  de  Syrie  en  1710,  mort  eu 
IVJi  à  Mailrid  ;  aiilenr  d'une  Bibiiuihecu  Arabico- 
nispuiKi,  ouvrage  utile  à  la  géographie  ecclésiasti- 
que. 

Cassis  (Louis-François),  artiste  d'un  beau  talent 
et  d'une  pHidi^iense  laciiiié,  a  publié  eu  i'iO'i,  in- 
fol.,  nu  Voyage  pittoresque  de  la  Syrie,  de  la  Pliéni- 
de,'  de  la  Palesliiie  el  de  la  basse  Lgypie,  avec  un 
texte  e^pli'atil.  L'ouvrage  a  clé  in:errGinpu  par  la 
m  sére  el  la  mort  de  l'anteur. 

Cahiaultida  (Feinando-Lopez),  liiMorieu  portugais 
du  xvi»  .^iè^le.  —  Il  a  écrit  t'Uiiloire  de  la  conquête 
des  Indes  par  les  Portugal-,  in-folio,  1552,  ouvr.ige 
exact,  contenant  des  noi ions  géographiques  précieu- 
ses. Il  est  e-tinié  cl  fort  r;itc. 

Casiela  (Henri),  leligienX  observaniiiï,  né  à  Tou- 
louse, lit  en  IbUO  un  voyage  en  Palestine,  et  en  écri- 
vit la  relation  souj  le  litre  :  Saiiii  vyage  de  H.éru- 
salem  et  du  muni  Sinui,  Boidcani,  in-o.*  ,  ou  Guide 
et  adie^se  pour  ceux  qui  veulent  faiie  levoyaje  de  lerrc 
sainte,  in-12,  Paris,  1601.  — Celte  relaiioii  est  écrit  ■ 
avec  simplicité  ei  en  bon  observateur. 

Castro  (Jean  de),  célèbre  iia\igaleur  porLugai>  du 
xvi«  siècle,  auienr  de  ïllinerarium  maris  ttubri, 
INous  citons  .M.  de  Santarem,  ^avaul  géographe  |M>r  ■ 
tiigais,  qui  a  pnblié  un  Mémoire  sur  Jean  de  Castro 
et  sur  sa  Biogi  aphie  par  Freire  d'Andraila,  et  l'a  pré- 
senté à  la  SOI  i  té  de  Géevraphie  de  Pari--. 

1  La  vie  d'un  gr:  ;ul  lii    me  n'exciie  pas  loujouis 


!167 


BIBLIOGRAPHIE 


l'admiration  Je  ses  conipmporains,  lors  même  qu'il  a 
consacré  la  plus  belle  o|ioqiic  de  Sii  jeunesse  an  ser- 
vice de  sa  pairie,  à  la  niluire  de  la  seience  cl  iiu 
boiiliciir  de  riiuinanilé.  C'est  la  pnsiciilé  qui  vient 
presque  toujours  ciiiiroiiner  de  lauriers  celui  qui  de 
son  vivant  avait  clé  en  luille  aix  allaques  de  l'envie 
ei  aux  pcrliiles  stleintes  de  ses  rivaux.  Néanmoins 
Jean  (le  Oasiro  fil  exception  i>  celle  icgie,  car  il  lut 
toujours  lionmé  par  ses  ciinlen\pi)raiiis,  el  les  géné- 
rations qui  se  SHCCodcrenl  lui  ont  toutes  vouj  un  tri- 
but d'adniir.  tion. 

«  Le  grand  épique  Camoens,  Léonard  Nnnès  (l), 
Barrello  de  Resende  (2),  Faria  y  Soiisa  (ôj.Tnrrcsao 
Coellio  (4),  Mallliaeus  (5),  Telles  (0),  S'>ares  de  Brit- 
to  ('),  Lalileau  (8).  Itarliosa  M;icliado  (9),  le  )-avant 
Bayer  (Ul),  Murpliyill).  eideriiicrer.ieni  les  deux  sa- 
vants acadéniic  eus  Ribeiro  dos  Sai  tos  el  Slock- 
1er  (!2),  «un  consacré  dans  leurs  ouvia^es  des  arti- 
clei  à  ce  grand  homme,  ^éanlnoins  aucun  de^  ailleurs 
diinl  nous  parlons  n'enircpril  la  noble  tàrlie  de  se 
constituer  son  biogrnplie.  Celle  gloire  appai lient  à 
F'eiie  d'Andrada,  d  nt  l'ouvrage  est  nu  des  plus 
justement  tclèlires  dans  la  liiiérainre  portugaise. 

«  Le  travail  d'.\ndrada  présente  non-seuleinenl  un 
grand  intérêt  p;ir  les  laits  qn'on  y  trouve  (On^igncscl 
par  le  grand  homme  qni  e<i  est  lu  sujet,  mais  encore 
par  les  charmes  du  style;  car  il  est  pour  l;i  prose 
porlugiise,  ii  une  é|ioquc  de  décadence,  le  que  lu- 
rent les  grands  génies  de  l'époipie  classique  pour  la 
poésie;  el  inèmc,  en  adineltanl  hs  reproches  que 
certains  Cl iliipi  s  de  n  iire  temps  adressent  à  ce  li- 
vre, il  n'en  esi  pas  moins  viai  (pis  l'Europe  savante 
l'a  regardé  comme  un  chef  d'univre  de  biograpliie,  el 
qu'on  l'a  traduit  en  plusieurs,  langues  (15). 

<  Bouterwek,  dont  l'opinion  e~t  d'un  grand  poids 
en  paredle  oialicrc ,  toosidcre  celle  biographie 
comme  un  chel-d'ienvie.  Il  soutient  inôine  qu'on  n'en 
connaît  point,  soil  en  portugais,  soit  dans  les  antres 
langues  modernes  de  l'Europe,  (pii  puisse  loi  é:re 
comparée  (li).  Cette  biographie  de  D.  Jean  de  Castro, 
dit-il,  est  un  monument  élevé  en  l'Iionneur  de  ce  grand 
liomiie. 

(I)  Cliron.  Mss.  de  D.  .loao  de  Castro,  biblioth.  du 
Itiaripiis  de  Caslid  o  Melhir. 

{i)  Trniié  de  mus  les  vice-roit  de  ri)idc,  etc.  Mss. 
(in  Musée  briiauniqne  •  i  iie  l.i  Uiblintnèipie  da  roi,  à 
Paris,  II"  88--2;  fonds  Colliert. 

('<)  Commenlnires  Mo  Camoens  el  Aiin,  f'rrtug.; 
part.  1,  p.  3  I,  édii.  de  Lishoiine,  11)74,  el  part,  ii, 
p.  ilO. 

I  i)  E'oge  de  Jean  de  Castro  avec  des  Noies  el 
Eflnircinenieiils  de  l'iiiio  liibeiro,  Li. -'bonne,  16i:2. 

(.'))  Veteris  nti'  niinlela,  e.e.  ii,  8. 

(6)  llht.da  Ethiopi;  liv.  i",  <hap.  2;  Cliron.  da 
Conipaniiin  de  Jcjjis;  paa.  ii,  p.  78.5. 

(.)  Jhealrnm  Lnmaniœ  (ttterutum.  .Mss.  de  la  Di- 
blioili.  (1(1  T'i. 

(8)  llisioire  des  découvertes  des  Portugji.';  ;  loin.  Il, 
p.  4l7. 

(!i)  Bii'lioin.  hnit..  art.  Castro. 

(lO;  liibliulk.  Hispoii.  nova.  I.  ti7'i. 

(U)  Voi/nge  en  Porliig.;  loin.  !l,  201. 

(12)  ËijMt.  Hittor.  i."br.  n  oiig,  das  matliem.  «m 


GEOGRAPHIQUE.  116S 

€  La  preiricre  éililion  de  la  Vie  da  D.  Je'n  de 
Castro  parut  en  l(;5l,el  est  devenue  très-i are  Celle 
dont  l'Acadéuiie  vient  de  vous  envoyer  un  e.veinpiairc 
a  le  dnutde  a>antage  d'èlie  une  léiinpn  ssion  de  la 
prenrére  et  d'i'lre  enrichie  de  plu^ienis  notes  criti- 
ques el  de  soixante-cin(|  doeuments  pioque  tous  in- 
édits, qui  nnn-'enlemenl  ont  (dlerl  au  ^avanl  édileur 
lin  grand  iiunihre  de  maiérianx  pour  c  rriger  plu- 
sieurs passages  et  rétablir  un  ^rand  nomlire  de  faits 
que  Frein;  d'Andrada  avait  ignorés,  nial-i  encore 
pour  nous  donner  dans  cette  nouvelle  édition  iiae 
foule  de  notions  précieuses  dont  les  pré(édenics 
Claicnl  coinplélemenl  déiioiirvues. 

«  Vous  ayant  ainsi  rendu  compte  de  celte  nouvelle 
édition,  je  sollicite  eocre  voire  hienveil'anie  atten- 
tion et  votre  !-ympailiie  pour  le  giand  lionime  q;n 
consacra  ses  veilcs  dès  son  jeune  .ige  au  milieu  des 
orages,  despéii's  de  la  mer  et  du  bruit  du  canon  (15), 
qui  ciuis.cra,  dis-je.  ses  veilles  ii  la  C'  smographie,  à 
la  géograph'e  el  à  l'élude  de-  ouvrages  des  anciens. 

I  Je  dirai  donc  quelques  mois  des  seivices  que 
Jean  de  Castro  reiidi'  aux  sciences  géographiques,  et 
je  signalerai  ses  connaissances  classique-,  d'auianl 
plus  que  les  éirivains  ipie  j'ai  noniniés  plus  haut, 
sai  s  en  excepter  même  son  ln^  gr:i|ihe,  nul  été  sur 
ces  deux  points  d'une  désespérante  sobriété  de  dé- 
tiils,  se  cohlenlani  de  nous  dire  à  peine  qu'il  était 
tics-in-'ruit  dans  les  niatl.émaliipies  cl  liès-veisé 
dans  la  coonais'-ance  des  aoteins  ai  cieiis. 

«  l'i  ur  m'a  quitter  de  celle  tache,  n'ayant  malheu- 
rcusemenl  devant  moi  que  peu  de  matériaux,  ce  ipie 
j'aiiiai  I'Ik eiir  de  vous  dire  sera  cxirémeincni  in- 
complet. Néaiiiiioins,  les  pariicularités  qui  concer- 
nent l'éducation  et  les  éludes  d'un  grand  homme,  et 
notaininenl  d'un  savant  du  comuiencein  nt  du  xvi« 
siècle,  forment  non-seulement  une  panie  très-impnr- 
liinte  de  sa  biographie,  mais  ces  particulaiiiés  ser- 
vent encore  ii  agrandir  le  domaine  de  la  philosophie. 

I  Castro  fit  ses  études  de  philosiq  hic  ei  de  matlié- 
niatiqnes  sous  la  diiect'iOii  de  Pedro  IN'unès,  géomètre 
po:liigais,  savant  qui,  selon  l'cxpre-sioii  d'un  célèbre 
maihéinaiicien  de  nos  jours(l6),  était  iiicontestable- 

rorlHon/,  1819. 

(|3;  tue  iradiiclion  anglaise  a  paru  à  Londres  en 
1661;  nue  autre  à  lioin.!  en  l.iliii,  17  7. 

(14)  Boiiterwi  k  .  Iradiiclion  anglai  e.  Hislorti  of 
Sp.tiisli  and  Potluyueie  liltauture;  Imn.  Il,  p.  32i  et 
suivanles. 

(15)  Castro  comniandaii  un  des  vaisseaux  de  l.i 
flo  le  porliiiiaiM'  de  l'ami  al  don  El  cnne  da  Gniia, 
ipii  était  (iini|io  ée.  d'apiè-  le  jinriiil  de  C<str(i,  de 
tii  iLàiiiiieni",  donl  12  de  liant  liud  (selon  Andraile;, 
il  qui  iievail  incendier  :elle  ibs  Tiirks.  Aiani  eeie 
expédiiiiiii,  le-  Poringais,  dès  )4:)7.  fiMiit  tons  leurs 
elfoiis  pour  liéiruiie  le  cimnierce  et  la  iiavigat..  n 
de  la  mer  Ronge.  Une  île  leurs  floites  détruisit  tome 
II!  mari  rc  inarchaude  des  Tiirk»  et  des  Vénitiens,  el 
le-  vaiseanx  que  .Soliin.iii  II  avait  l'ail  consliniie  à 
grands  irais  à  Suez  en  I    ."8. 

(iSole  de  M.  de  Santarcm.) 
(IG)  Viiy.  Slockler,  t'ssûi  sur  l' histoire  des  maihé- 
mal.  en  Porliigut  (Eusaio,  p'c.k  Paris,  1819,  p.  29 
et  50. 


lia 


BIBLIOGRAPHIE  GEOGRAPHIQUE. 


1170 


ment  le  plus  profond  de  l'Europe  au  cnmmciicemeiit 
du  XVI»  siècle.  Nmiés  éiall  professeur  h  l'Universilé 
de  Lisbonne  ;  ses  ouvriges  pi  iinaicnt  nous  f;iire  C"n- 
n:iiire  qne'.les  fiireni  les  durinnes  (lue  Casiro  reçut 
de  lui.  Munis  av;iil  Ini-n  éiiic  lail  un  ^'anil  nomlirc 
de  voyages  pour  xisiler  les  pays  lompiis  par  ses 
compairinies. 

«  Lis  produLiiiMis  de  tet  aulenr,  dont  quelques- 
unes  furent  irailniles  en  ilivorscs  luignes  de  l'Europe, 
soiil  :  1"  De  cille  alijve  ratione  imiiiiinidi  Hhii duo  (I). 
D.ms  cet  ouvrage  il  analyse  el  reciilie  ipit  I  incs  pas- 
sagi's  des  ouvrag''s  de  l'.egioninni;iniis  el  de  Jiirôme 
Cardanus,  el  coriii;e  aussi  qn.M  |iies  prnpc  sitions  Iri- 
gonouiéliiiucs  de  .Mene':'ù-i  ("2)  el  de  Ciiperiiic  (5). 
i'  Des  Aiinoinlioiis  à  la  Mécanique  d'Ari.^lvle  el  iihX 
théories  des  plntièles  de  Poibucliio ,  ouvrage  où  le 
géomètre  poriug:us  monir:i  un  profond  savnir  el  une 
élude  ap|irofi>ndie  de  i'Alnia.'esie  de  Pl'déiiiée  (4). 
5*  l'ne  Iradiicliun  latine  du  f'ineux  traité  de  l'aslrn- 
non)e  nralie  Al- Azeu,  sur  ta  cause  des  crépuscules  (3). 
4°  De  erralis  oroiilii  Finei  (G).  i°  L'n  Truili  de  la 
tplière  avec  la  théorie  du  soleil  el  de  la  lune,  et  d<  s  ob- 
servatiout  critiques  sur  le  i"  livre  de  la  Géographie  de 
Ptuléniée.  G°  Deux  ti ailés  sur  les  caries  tn:irines,  et 
des  annoialloMs  au  iraiié  de  Spliita  tuuudi,  de  Sacre 
Bosco  {'.).  T  L'n  iraiié  d'altèbra  (8).  8'  Une  traduc- 
tion des  livres  de  Viltuve  sur  r:ircliitf(  ture,  avec  des 
nolc>  et  étlaiiris«enienis  (9).  Wridler  (10),  Nicolas 
Antonio  (I!),B  yle(l"2),  Ba  lly  (13),  et  noiamnient  de 
Lalanile,  consacréroni  d.ms  leurs  ouvrages  des  arti- 
cles au  rélèiire  profes-eur  el  ami  de  Jean  de  Castro. 
Lalaiide  observe  même  que  notre  géoniélr  ■  fui  l'in- 
venienr  d'une  division  ingénieuse  dont  Ticlio  Bralié 
lit  usage  (I  î). 

I  Cssiro  ne  pouvait  que  recevoir  d'exceilenies  le- 
çons d'un  lel  niaîlre.  Eu  cITil,  son  lliiiériire  d  ■  la 
mrr  Rouu'e,  celui  de  Lislioinie  h  Cuà  (loi,  et  de  Goà 
à  Diu,  nous  en  fournissent  la  preuve  la  plus  con- 
vaincaiile. 

f  L'étiule  et  la  culinre  de  la  langue  latine  au  xvi» 
siècle  éiail  dans   son  âge  d'or  en  Portugal  ;  celle  de 

(1)  Cet  ouvrage  fut  puHié  à  Coïm'i'e  en  15Ci,  el 
à  Bàle  en  I.-66,  .  t  traduit  aiirés  eu  français. 

(2)  Je  d(Ms  olise' ver  ici  qu'une  pirtie  d  ■  l'uuviage 
ilu  géonièire  grec  éianl  penliie.il  u'v  avait  du  temps 
de  Nuuès  que  deux  radnciio's,  dont  l'une  eu  :ralie 
cl  l'autre  in  liclireu.  La  iriilnuion  la'iue  n'a  été  ini- 
îiliée  que  dans  l'année  1707  à  Oxfurd,  seui  le  litre  : 
jleiielui  Alexand'ini  lihri  très,  etc.  Nunès  s'tSl  pru- 
batileinent  sei  vi  de  la  tr.  dnciioii  ar  be. 

{\'oie  (le  iW.  de  San'arem.) 

(5)  Voij.  Slofkler,  iiuviage  cité.  p.  53. 

(i)  Siii  kler  souiieiit  que  ce  livie  de  notre  géumè- 
Ire  est  le  plus  inéib'uliqne  et  en  inèuie  lemps  le  (dus 
clair  qu'on  :iii  publié  jnsipi'à  celle  époque  (Ouvrage 
cité.  p.  58).  {Note  de  M.  de  SaïUaiem.) 

(5i  l'ub  ié  à  Lisbonne  en  13i"2. 

((>)  Puldié  à  C"ïinbre  en  1346. 

("i  Ces  ouvrages  fuivni  publiés  à  Venise  en  1562, 
il  à  i^ologîie. 

(8|  Vu;/.  Siockler,  Essai  sur  thist.  des  mathém. ,elc. 

{:}  /t;./  ,p.  58. 

(1    )  llnliiria  nuronom'œ.  17il,  in-4°,  p.  361, 

(11)  Bibtiolh.  Iiispanica,  III,  476. 


la  belle  langue  d'IIomére  el  de  Déinosthcne  élait 
aussi  irès-répandne  ;  néanmoins  si  nous  jiig  ons 
Castro  par  ses  éecils,  ce  grand  boinnie,  Irès-baliile 
dans  la  preuiicre,  paraît  avoir  eu  plus  de  pré  iileili  m 
pour  les  écrits  des  anleurs  de  celle-'  i  que  pour  ceux 
de  la  seconde,  comme  nous  le  nionircrons  par  la 
suiie.  D'autre  pan  il  parait  qu'il  a^a■l  i|uelque 
conna'ssance  de  l'iiabe,  el  peut-être  du  persan,  ce 
qui  nous  es:  lévélé  jusqu'à  un  certain  point  |>ar  le 
raiprochenieiil  de  dciiv  des  documents  aj  iiié-  à  la 
nouvelle  édition  de  ^on  b'ogrnp'ie  ,  avec  quelques 
pa-sages  de  son  llinéraiie  de  la  mer  Bouge  ,  dont 
l'original  portugais  n'a  paru  q\ie  l"Ul  nieeinincnt. 

«  La  Icclnre  attentive  i!e  ce  travail  précieux  nous 
révèle  sa  vaste  connaissance  des  auteurs  anciens, 
ainsi  que  son  opinion  sur  leurs  ouvrages.  Celte 
lecture  nous  montre  encore  qu'il  suivit  datis  Sfui  plan, 
exécuié  p!u^  de  deux  siècles  avant  l'illustre  d'Anville, 
celui  de  ce  céîèlire  géo._rapbe,  c'esl  à  savoir  que 
tous  deux  éludicieul  le  golfe  .Arabique,  de  manicro 
il  en  faire  coiuiaiire  les  dil'érentcs  posilintis  anciennes 
el  actuelles.  Casiro  n'a  duic  pas  parcouru  les  rivages 
deceg'dfe  f.itneux  sans  cberdier  à  reconnaître  quels 
pouvaient  être  les  lieux  dont  il  est  fait  uienlion  dans 
les  amiens  auteurs  (16). 

«  Déjà  dans  la  dédicace  à  son  illustre  ami  l'infant 
D.  Lo  is,  il  révèle  ses  connaissances  pliilosopbiqiies, 
sa  criii'iue  el  sou  érudition.  Il  s'y  plaint  de  U 
présomptueuse  ignorance  de  (pii'lques  piéieulus 
savanls.  Il  leur  reprocbe  celte  fatuité  qui  les  faisait 
par'er  comme  s'ils  eussent  su  tonte  «  rasiroinunia 
d'Ilipparque,  la  mécanique  sublime  d'Ar<bimèdo  ,  la 
cosMiogiaplii-  do  Piolémée,  la  gé"nicirie  d'Eudide; 
commi  s'ils  eussent  eu  le  génie  cl  l'habileté  d'.Arislolt , 
ainsi  que  le  coup  d'oril  el  le  savoir  de  l'Iiuc,  pour  pou- 
voirappréeitrct  décrire  les  objets  de  la  nalure(17).  » 

<  La  lecture  de  cet  ouvrage  nous  montre  ce  grand 
boiiune  é  udiant  toujours  les  auteurs  anciens  pour 
les  admirer  iiasMonncinent,  el  pour  les  suivre  dans 
ses  observations  et  ilans  ses  ra|iproLlieincnls,  mais 
souvent  aussi  pour  corriger  Icuis  inexactiliides.  On 

(12^  Diciionnaire. 

(15)  llisloiie  d)"  Cnstrniiomie  woderne. 
(li)  Traité  d'astronomie,  liv.  ii,  437. 

(13|  On  voii  dans  une  I  lire  de  l'illustre  i"fant  don 
Lo  is,  adressée  .a  C.i-'ro  le  l!l  mars  l.iô'J,  que  ce 
ileiiiii'r  av ail  transmis  à  ce  mince,  le  5  aoûl  île  l'aii- 
iice  préeédenle,  une  série  d'oliseï  valions  astronomi- 
ques, el  qu'il  avait  écrit  lout  ce  qu'il  avail  observé 
dans  le  cours  de  sou  vovage.  Ce  Havail  préféla  da 
qiiaire  ans  celui  de  son  liiuéraire  de  la  mer  Bouge, 
f.e  prince  lui  exprime  sou  iinpalience  de  coiinaiire 
les  lé-iiltats  des  observations  laiies,  dii-il,  avec  ne» 
iphtrumeiils  Ces  instruiiients  snnl  pr'.balili'iiieiil  ceux 
que  ^nllés  avail  l'ait  consiruire.  Rappiocbez  le  pas- 
.'a<;e  de  ce  te  Icitre  (  D'Ciim.  n"  5  oans  l'éilitiou 
d'Àinliada  île  1855)  avec  l'antre  des  paies  134  el  155 
de  l'Essai  sur  l'Iiist.  des  mulh.  pir  Siochler. 

(So'e  d-  il.  de  Snutnrem.) 

(16)  Voij.  d'Anville.  Mémoires  sur  l'Egypte  ancienne 
et  mnderiie.  Paris,  1766,  piél.,  p.  13. 

(17)  Bappriicbez  cet  éloge  qn-  Castio  fait  de  Pline 
en  si  peu  de  mois,  avec  relui  que  fait  BulTon  du 
même  auteur.  {Xoie  de  il.  de  Santarem.) 


im 


BIBLIOGRAPHIE 


voit  (ju'il  avait  avec  lui  iiii  l'Iine  qu'il  ciie  souveni, 
ayant  toujours  le  soin  de  l'appeler  le  Naturaliste, 
pour  qu'on  ne  le  confonde  pas  avec  Pline  le  Jeune. 
Il  elle  égalenioiit  Diodorc ,  qu'il  n'oublie  j.iiii:iis 
d'appeler  de  Sicile  ,  pour  qu'on  ne  le  confonde  pas 
avec  niodore  d'Anlioclie.  Il  avait  aussi  avec  lui  un 
Poinponius  Melii  et  une  édiliou  di-  Slralion,  auteur 
qu'il  iioniuie  loujnurs  île  C^ppadoce,  peni-éire  pour 
qu'on  ne  le  cotif:  nde  jias  avec  !e  Str^ibnn  Wahif  ide, 
savant  auteur  du  ix'  siècle  (1).  Pour  ui  ,  géoyinphe 
qui  avait  étudié  le^  éi  rils  du  moyen  âge,  et  qui 
écrivait  dan^  un  siècle  qui  a  vu  parvllri:  vinstcinq 
é<lilions  de  Ptn'éuiée  ,  son  auteur  de  jirr'd  l.cti'in 
était  ce  fameux  géogiaphe  d'Alesandric.  Néamuoins 
il  ne  l'épargne  jamais;  il  relève  à  clia(|ue  instant  ses 
erreurs  comine  il  relève  celles  de  Sirilion.  El  malgré 
ion  adniiiat  OQ  pour  le  prince  des  géographes  , 
comme  il  l'appelle,  il  avoue  qu'if  est  frappé  déinn- 
nenicnt  toutes  les  fois  qu'il  pense  qne  Plolc.'i.éc,  né 
à  \lexandric,  où  il  composa  son  ginnd  ouviageit 
on  il  passa  (ouïe  sa  vie,  que  ce  saiant  ait  pu  cimi- 
inf'ttre  tant  d'erreurs  en  traitant  de  Suez  el  du  gulle 
Ellaniliquc. 

«  Castro  ne  s'aidait  pas  seulement  des  ouvrages 
des  auteurs  anciens;  il  éiudiaii  aussi,  au  milieu  des 
da-igiis  d'mc  navigation  pcrillcuse,  d'autres  livres 
qui   i.onvaicnt  léelaircr  sur  les  Jocaliiés  (-2).  C'est 

ainsi   que  nous  rcniai-.i is  que  quand  il  parle  de 

S-iinie-Cailidinc  du  Moni-Sinaï,  il  cite  Amoniu, 
aiclievèqiie  do  Florence  (5),  ce  ccU-hie  cliioiiiquour 
du  xive  viéclc  canonisé  par  Clémciil  XII. 

«  Ca-ir.i  p(uiaii  donc  a\ec  lui  nue  coJl  ciion  .les 
ailleurs  anciens, |ui  iralicnt  des  localités  dont  il  devait 
écrire  son  célèbre  llin.r.iiro.  .Néanmoins  je  ne  dois 
pas  caclier  mon  cloiiiicnicni  de  ne  le  voir  jamais  citer 
les  anlcms  grecs;  car  il  ne  s'était  jamais  servi  dos 
nciions  d'Agaiarchidcs  de  Cnido  (i)  ni  de  celles 
d'Arrien  ,   qui  a  donne  dans  son  périj  le  de  la  mer 

f  I)  Çasiro  cennaissa't  peui-êire  les  écriis  du  Slra- 
Ijnn  allcinand  avant  ieur  publiai ioi  dans  le  reeii-il 
do  Canisius.  (  y  Ole  de  .1/.  d-  Snmaum.)  ' 

<-'    ""S rs  passades   ,1e  l'itinérair,-  île  C^.sir,) 

I  rcuiveM  ,|i>-||  avait  avec  lui  d:ins  son  vai-soau  noe 
ciil'e,ii,i,i  ,li!s  ailleurs  .pi'il  cite.  Cl  nol  •noient  celui 
»^w  le.piH  II  .létermiiie  la  position  ,1e  l'jb.t  p,és 
do  promontoire  l'os^ilio.  pa^s^.,;  oi,  il  dit  ,|u' 1  dé- 
banp.a  j.oo,.  ,„esu,er  les  disiances .  po  r  faire  des 

oL^rvalmus  a^lren,. ,n  ■.  .  el  r„p,„ocher  /,.,   uoms 

aiuiciis  tilt  promvnloire  nvec  les  noms  iirtulemes. 

{..)  n«teun.   p.  Ifi!!.   _    L,  fliro.il.nie  d'Ani onin 
Cntp^Meursédilions.  Au  temps  ,1e  Caiiro  cWs  au 
d.  la  c  llcsde  Venise  de  liso,  OeSnr  mhe..'  .ie  1  .Xf 

eu    .■mes  go.hi^nes;  c  I e  l!-,;,.  ,„  j  :,,f    ,\  ,  g„; 

de  Lyon  de  ldl7,  en  5  vol.  in-1,,1. 

,,.    ,,  ,        (yQtedp  ii.deS.wloreni.) 

(.)  f.et  autour  écrivit  s„us  I'l„lémée  Plol,  n.elor. 
PlioMus  nous  aconservédanssa  Biblioll,è,p,e,|uel.|ues 
exirails  de  son  hv.e;  mais  ce  bel  ouvia!,';t  clan  éenl 
en  grec,  et  la  première  Iraduciinn  laiineile  S  oit  n'i 
p:innii'en  ii.U6,  plus  d'i  n  d,mi-.-iècle  a  rès  I ,  n  ort 
'*",!••"*"■"•  {^ole  de  SI.  de  Sa,il,rem.) 

10)  Au  temps  de  Casiio,  il  n'y  avait  pas  encore  de 
'raduct.on    latine    d'Arrie,,.    La   première   n'a  pa.u 


GEOGR.\PHIQUE.  H"2 

Erythrée  la  description  de  tous  les  ports,  des  rades, 
Iles  et  stations  de  cette  mer  {>)).  S'il  cite  Hipparque 
dans  un  passage  de  sa  préface  ,  il  n'en  a  parlé  que 
d'après  ce  qu'il  avait  lu  dans  Pline  l'Ancien ,  qjii 
nous  a  conservé  les  litres  des  ouvrages  de  cet  asiro- 
noine,  ouvrages  qui  se  sont  perdus  (0). 

t  Quoi  qu'il  en  soit,  ce  que  je  irouve  encore  de 
plus  e\lra,iidin;iire  ,  c'est  que  Castro,  en  parlant 
biiigiiement  du  ISiI  et  des  causes  du  débordement 
de  ce  fleuve,  débordement  qui,  eoinniu  il  le  reniai  que 
tièi-liieii,  avait  (oiiriii  aux  anciens  ph  loioiihes  un 
llième  de  discussion  S'^iis  qu'Us  oient  p»  le  résoudre, 
u'ail  point  c:ié  lléi",,dote,  ni  Lr.,st  stliéne,  Jii  Tbéo- 
pbrasle  dans  l'orpliy  c,  d'auiaiii  plus  que  le  preuiier 
aurait  dû  le  charo^er  par  le  tableau  si  iiitéressaui 
qu'il  nous  a  laissé. 

c  Les  anciens  philosophes  auxquels  Castro  fait 
allusion  ne  pouvaient  cire  les  auteurs  qu'il  cite. 
Scraieni-ce  Thaïes,  Anaxagore,  Euripide,  Epboïc, 
Aiisioie  el  SOD  scoliasie  A^ex.indre  d'Aiihrodisée  , 
qui  se  sont  occupés  de  ce  phénomène?  Nous  ne 
pouvons  que  le  pré-iimer. 

«  Notre  auteur  prétend  avoir  obtenu  la  coniiais- 
saiice  des  causes  de  c-  pbéiiou.ène  du  détiordeiuent 
du  Nil ,  que  de  si  grands  génies,  dil-il,  ont  ignoré  ;  et 
j'ai  en  peu  d'heures,  sans  dépeiues,  .■^ans  veilles  el  sans 
truviiil,  déionverl  le  secre:  iiue  tani  de  puissants  ruis, 
après  avoir  dépensé  des  sommes  immenses,  n'ont  pas  pu 
découvrir.  D-iiis  ce  nas>agc  ,  Casiro  parait  vouloir 
nous  lairc  comprendie  qu'il  enleinlait  parer  des 
rccJierches  faites  par  différents  princes  qui  mit  régné 
êur  J'Egypif,  tels  queSé.-.ostris,  C^mby'^c,  Alexandre, 
les  deux  Plnlémées  Pliilad.  Iphe  et  Eveigéle,  enlin 
des  recliciches  faites  du  temps  de  Césir  et  diî'Néroii 
pour  déeoiiviir  les  sources  du  Nil.  recherche^  qui 
lurent  toutes  iril'rurliii  uses.  Ces  <  bservaticns  m. us 
montrèrent  à  la  l'ois  l'iustruciion  el  le  sav(dr  de 
C.isiro,    et  nous  prouve, ont  eu   mène    teuips  qu'il 

q  ,',  n  1577,  pics  de  trente  ans  après  la  mort  de 
{^lslro;  Arie,,  n'a  poioî  olKeivé ,  cnome  notre 
anieiir.  les  rmiil»»  des  v  ii  s  et  1,;«  cmiraots  du  uolfe 
Ar.dui|'ie.  Le  1  ce  (Descnpl.  ite  l'Egypte,  loin.  XI, 
édii.  iii-8)  p.irait  n'.ivoir  pas  connu  la  irailiiciioii 
préciice,  il  m-  cil?-  que  la  trailii'  llnii  laite  pai  tila<  iiard 
en  UiS.j.  G.sseliii  (llecherdi'S ,  ele..  Il,  17li)  ilil  que 
ce  périple  est  laiissemeni  aiiniiié  i»  Arr,.  n.  Sii'  cette 
qne.^iioii  V'  yez  le  savain  ouvrage  du  Oocieur  W.  Viii- 
cint,  Vfli/ui/t;  de  Néari/ue.  etc. 

[Soie  de  il.  de  Saniarem.) 
(!)  Casiro  ne  pouvait  (as  lOmailre  ce  qui  nous 
resti-  (le  col  :  iiieiir,  le  Ciimmcniaire  sur  Ar..los.  ipii 
ue  lut  iiiipr.iné  vcc  une  iradicniui  la.ine  d'Ilildér  ic 
qu'eu  15  7,  cli,  /.  les  Juntes,  preMiue  vingt  ans  apiés 
Ja  mort  de  t.aslci.  S'il  paile  li'Arcliiim  de ,  c'est 
peiil-e,ie  d'après  la  tiaducliim  la  ii.e  l.iite  par  le 
sa\a  I  éNè.p.e  de  Goâ  ,  duu  François  de  .Mcll> ,  son 
cuiipatrliil-  el  son  cun'einporaio.  Eu  elîei,  c  pié  at 
ir:  duisit  du  grec  en  latin  h;  tiailé  ')e  inciden  tbus  in 
lnimtdis,v[  les  tiailcsd'Kin  liile.yuaot  àDiodore,  qu'il 
cite  Cl  qu'il  corrige  qoelqu- Ims,  c'est  probablement 
d'aiiès  la  ir.idnclion  latine  des  six  premiers  liMe>  de 
cet  auteur,  qui  availété  i:npninée  à  Venise  en  U'j6. 
(iVcede  ii.  de  Santarem.) 


1173  BIBLIOGRAPHIE 

aimait  de  prérérence  la  langue  latine ,  qu'il  ne  se 
servait  des  ouvrages  des  auteurs  grecs  qu'autant 
qu'il  en  existait  des  tiadnclions  latines.  En  eiïtH,  il 
ne  parle  juniais,  m:ilg>é  son  érudition,  des  diiïérents 
systèmes  des  Grecs ,  tels  «nie  ceux  d'Hésiode , 
d'Homère ,  «rOrpliée,  de  Démoerite  ,  de  Se ylax  et 
d'Eiiilo.xe.  Il  n'est  pas  moins  digne  de  remari|ue  que, 
contre  l'usage  des  géog.a|>lies  du  moyen  âge  ,  il  ne 
parle  qu'une  <'U  deux  lois  d'une  manière  claire  des 
Iradil'ons  bili'iiineset  delà  géographie  des  llélireux. 
Il  ne  cite  p;is  même  la  déiKiminaiinn  dnnuceà  la  mer 
Riii'ge  dans  les  textes  di'  no^  livres  saints  de  V'niH- 
Siipli,  mer  dosjuncsou  de  l'algue  (I),  ilont  une  île, 
Snlfange-ul-Buliat'i ,  dont  il  détermina  la  position  et 
indiquai  la  synonymie ,  conservait  encore  un  nom 
analogue  à  celui  que  les  livres  f-ainis  donnent  à  ce 
g"lfe.  Il  gifdft  le  même  silence  quand  il  discute 
qiieli|nes  ilonnées  pour  déterminer  la  (losilion  ;:stro- 
non^que  de  Bérénke,  i;e  se  ra;'p(ir:anl  pa>  aux  tra- 
ditions bibliques;  il  ne  nous  dit  pa^  si  c'était  !'an- 
ciinne  Esiongaber  des  Hébreux  (2),  quoique ,  du 
temps  de  Joscplie,  elle  fût  déjà  nommée  Bérénice  (5). 
Il  est  él<:' nant,  dis-je,  (pie  nuire  auteur,  qui  aima  t 
à  r.iire  des  rapproi  lien:eni^ ,  n'en  ail  point  fait  ici 
avec  1rs  dénominations  des  textes  sacrés  ,  et  qu'il 
n'ait  pas  signalé  non  plus  une  vdie  appelée  nu  n  éuic 
i.oin  de  Bérénice,  et  située  dans  le  golfe  .\ia|]i(|U3, 
savoir  :  la  Bérénice  de  Sirabon  près  de  Salié^',  x/rù 
2à€«ï,  Déréniie  Epi-dirrs;  et  ce  silence  e  t  da;  l;inl 
plus  rrniarqi  able  (|ue  J  an  de  f.:islrii,  tout  en  >ui- 
v.int  i'Iiiie.  assure  que  les  données  fusirniis  à  l'égard 
de  celle  ville  par  l'umponius  Mêla  étaient  insorfi- 
santés  (t).  D'autre  |iart ,  Castro  parait  avoir  eu 
quelque  coimaissance  des  langues  arabe  elpersarie; 
car  nous  remarquons  qu'il  désigne  la  si.nific,  tion  eu 
port  ignis  d'un  grand  iKnnbre  de  noms  arabes,  cl 
qu'il  rapporte  une  longue  et  curieu>e  conversation 
qu'il  eut  avic  on  Arabe,  qu'il  dii  très-instruit,  et 
qu'il  questionna  sans  inlerprclc  sur  les  iradil  ons  qui 
existaient  parmi  eux  sur  l'endroit  par  où  les  Israé- 


GEOGRAPniQUE.  1174 

liles  eCfectuèreiit  leur  passage;  problème  que  notre 
auteur  discuta  avant  qu'il  ne  (M  discuté  par  un  grand 
nombre  de  savants  et  de  voyageurs  célèbres  (S). 

t  Je  dois  ajouter  ici  que  notre  auteur  prouve  » 
dans  cette  discussion,  qu'il  ^ivaii  éluilié  les  auteurs 
qui  avaient  parlé  avant  lui  de  ce  passige,  quoiqu'il 
garde  le  silence  snr  ce  que  dit  l'usèbe  à  c*-!  cgard(fi). 
Nons  signalerons  encore  une  auire  particularité  fort 
curieuse,  qui  montre  :a  piTsC'ér.ince  de  noire  au- 
teur :  ce  lut  de  ibi  relier  Uius  II  s  moyens  de  s'in- 
giruire  sur  tout  ce  qui  avait  Irait  à  l'Iiisloirc  et  à  la 
géographie  ancienne  de  celle  partie  du  globe.  A  cet 
elTel,  il  se  procura'.»,  par  l'inlerniédiaire  de  ses  cor- 
respoiidanls  qui  voy:igeaii'iit  en  l'er>e,  VlliHoire 
à'AleiimiireU  Gioiid  il'apiès  les  éciivains  oricntauv, 
et  nommémeiit  d'ajircs  les  ailleurs  persans,  particu- 
larités qui  nous  sont  révélées  pir  tleuK  des  docunieuls 
publiés  dans  'a  nouvrlle édition  d'.Aiidra  !a.  En  eiïei, 
les  deu\  correspomlanis  de  Castro,  c'est-à-dire  Fal- 
cao,  et  Garcia  de  la  Penlia,  lui  envoycreni  chacun 
un  exemplaire  de  {'llisfoire  d'Alexandre  en  persan. 
Le  prt-mier  ajoiiii»,  dans  sa  leiiro  d'envoi  datéo  d'Or- 
niHS  le  "21  février  lîiifi,  (\uU  pense  que  les  U  res  orieti' 
taux  'le  ce  genre  sr.ni  moim  cxiuls  et  moins  léridiquet 
que  les  no  res.  Fa'cao  parait  l'aire  ici  allusion  aux 
fables  :!ébitées  par  b-s  Oiienlaiix  sur  leur  F.>kander 
ou  Iskenner  Dintknrnain.  fables  qr.'  I  croyait  peiit- 
ênc  ir  uver  dans  cil  ouvrage.  Quoi  qu'il  en  soit, 
Falcao  nous  révèle  en  nèine  temps  par  celte  lettre 
la  considcia'ion  dont  noire  auteur  jouissait  pamui 
les  L'cns  instruits  ;  car  il  ajoute  que  le  même  vo- 
lume coniienl  d'autres  histoires  (ou  plutôt  des 
coules)  outre  celle  d'Alexandre,  mais  dont  la  lec- 
ture plairait  peiitéirc  mieux  à  D.  Ferdinand  de 
(Jiislro  (lui  éi^iit  on  jeune  honnie)  qu'à  lui,  homma 
grave  ei  savant;  particiilaiité  qui  parait  montrer 
d'une  manière  plus  décisive  encore  que  ces  his- 
toires n'étaient  autres  que  les  fables  d'Eskander.  Le 
second  exemplaire  envoyé  à  Castro  par  La  l'enlia 
éiail  très-précieux;  car  celui-ci  dit  dans  sa  lellro 


(1)  Barradas .  auteur  portugais  du  xvi»  siècle, 
cai".  \,  de  Mare  Hubro,  prmbiit  la  déuooiiin-jon  bé- 
br.>iipie  de  celle  mer.        (  V«/e  de  M.  de  Sanliireni  ) 

(2)  Liv.  m  lies  Hois,  thap.  9,  v.  26;  Paralipora., 
liv.  Il,  c(i;ip.  8,  V.   17. 

(3)  Flav.  Josèpiie,  Anliq.  judnïq.,  liv.  viii ,  C.  G  , 
p.  457.  Un  temps  de  Castro  il  n'existait  pas  de 
traduction  latine  de  cet  ouvrage. 

{.\olede  M.  de  Sanlarem.) 
(i)  Selon  Pomponins  Mêla,  C'ile  ville  élan  placée 
entre  le  promonioire  d'liéroop"lis  et  celui  de  Siro- 
bile.  Josèplie  (lit,  eu  parlant  de  la  flotte  de  Salomon, 
que  Bérénice  fut  coiislriiue  à  Azinogaber,  mais  que 
celle  Aziongaliei'  s'appelait  de  son  temps  Bérénice,  et 
qu'elle  n'él;iiloas  liinnrhlina  {Anliii.jnduiq.,  p.  lîC  )). 
Selon  iluui  Calinet,Josè|dies'esllruiiipé  lorsqu'il  a  mis 
de  ce  c(ilé  de  la  mer  lionge  une  Bérénice  (|ni  était  à 
l'autre  bord.  Vossiiis  croit,  aucOiiUaire,  que  la  Bé- 
rénice de  Jo>ùplie  est  la  même  que  celle  île  Pomiio- 
nius  Mêla.  N  iis  nous  bornons  pour  le  présent  u  citer 
au  lecteur  celte  discordance  d'opinions,  mais  nous 
disi'iiions  ce  point  dans  noire  exaineii  critique  el 
géographique  de  l'Itinéraire  de  Castro,  auquel  nous 


renvoyons  le  lecteur.  {Noie  de  M.  de  Snntnrem.) 
(.')  (Castro  devança  aussi  dans  cette  discussion 
Belloniiis,  Fiirer,  son  compati ioie  le  jésuite  ll.iria- 
das,  qui  écri  il  iùiiercirium  jUionim  Israël  ex  /Egyp- 
1.0,  e-C.,  ouvrage  publie  pour  la  preniièri;  fois  à  Lyori 
en  llJ-0,  à  .\iners  en  lliïl  (édii.  de  la  biblir,t!i.  du 
ro'.;.  H  devança  é^jalemeiil  Le  (,leic,  qui  écnvi:  .lusst 
De  iriiject.oiiis  maris  Idumœi  ,  le  célèbre  liocbart, 
Micliael  s,  Seliaw,  Goldsinilli,  i|ui  écnvii  Nvvn  de-- 
nions  r.ilio  irunsilus  populi  hruet;  enfin  m  Ire  auteur 
devança  Pukoke,  Melmlir,  .M.  (lu  Dois  Ayn  é,  etc. 
(Sole  de  M.  de  Suniareni.) 
{<"•)  Eusèbe,  Préparât.  Evanq..  liv.  iv,  c.  17,  qm 
expliqua  le  passage  de  la  mer  Ùouge  au  moyen  des 
marées,  et  (|ui  parle  (l'Arlapinuis,  qui  irodidsait 
celle  opinion  comme  ayant  éié  ce;le  des  piê  re~  de 
Meniidiis.  Le  silence  de  Castro  sur  le  passage  d'Ku- 
sébe  doji  nous  étonner  (laulanl  plus  (pi'a  l'époque 
où  il  écrivit  sou  Itinéraire,  il  exisliil  déjà  deux  ira- 
duclioiis  bitines  (les  ouvrages  du  savimi  évêqiie  de 
Cés.irée,  c'est  à-diro  celles  ue  1470  et  IS'iâ,  el  qui 
pri'cédèrenl  celle  du  l-xte  original  g. ee  donné  par 
K.  Etienne  eu  lo-i-i.  (Sole  de  M.  de  Suntareni.) 


flTS  BIBLIOGRAPHIE 

qu'où  n'a  pu  découvrir,  apiè<  de  longues  et  (icnibles 
reclierclies ,  que  ce  seul  exi'niplaire  qu'il  sipiiale 
romnie  une  pramle  (locniivene.  D'uiilre  p'""'.  <";islro, 
infalig:ilile  dans  ses  rechfTclies,  o'ierrliail  à  Ui'tou- 
vrirà  M:iizua  (I),  dans  les  livres  aliyssins.  les  Ira- 
diiioiis  qu'on  pouv:iil  y  trouver  sur  la  reine  do 
Salia. 

On  doit  dnne  voir,  par  les  observations  que  je 
>iens  de  rnnsigU'r  ici.  If  zèle  de  Jean  de  Castro 
pour  la  science  ;  mais  vous  vous  en  convairirrc/.  tla- 
vaniagi;  lorsque  j'aurai  rimniienr  de  vous  lire  l'csa- 
nien  criliiuc  Pl  gpo;;ra|diique  de  son  llincraire  de  la 
mer  Rouge,  d"Ul  je  rédige  en  ce  inotncui  les  der- 
nières pages.  Là,  il  ne  se  borna  pas  à  tracer  cl  à 
dclerinnier  les  positimis  asimnouiupies,  ni  à  luius 
donner  de  vagues  iiniinns,  coniinc  celles  que  nous 
rencontrons  dans  la  plupart  des  porttdauis  d  i  moyen 
âge;  mais  au  coulriire,  on  le  voit  corriger  les  er- 
reurs des  ;incieus  géographes,  ajouter  des  descrip- 
tions liisiiirii|- es  et  des  convidcraiinns  irès-impor- 
tiiritp;,  et  souvent  d'nu  ordre  trcs-élevé.  Il  y  décrit 
plus  d(i  douille  des  ports,  rades  et  îles  de  la  mer 
Ronge  ijne  n'en  :i  décrit  Le  Père  d  uis  son  sav;iiil 
Mémoire  sur  le  ranul  ries  deux  mers  (-2).  L'exactitude 
du  invail  du  navigateur  porlug^is  a  été  reconnue 
par  l'illustre  d'Anville.  Au  surplus,  notre  auteur 
donne  nue  cuiiense  dcscriplinu  de  rEili^opie.  de- 
vançant -linsi-  celles  des  PP.  Sanios,  Lolio  ci  Telles, 
devi-nues  si  (élèbres  par  les  commeniaires  de  Lu- 
d"ll'.  Castro,  avide  de  coiuiaitre  tout  ce  qui  avait 
Irait  aux  pays  qn'i'  parcouraii,  se  plaint  |je;>iico«p 
de  ce  que  les  Abysîins  m;  portent  ant  nu  inicrèi  aux 
antiquités  de  leur  pays,  .\illeurs,  il  regrette  que  !e 
cadre  de  .^on  travail  ne  lui  permette  pas  de  s'étendre 
davantage. 

I  Castro  se  disiingua'l  ainsi  de  la  plupart  des  na- 
vigateurs de  sou  temps  sous  )dus  d'un  rapport,  par 
Son  érudi'.ioo,  par  son  esprit  île  reclierclie  et  de 
discussion,  cl  par  l'iuiporlance  qu'il  ailaih.iil  aux 
pliénoniéues  physiques  (\<-\  Irappaienl  scui  imagina- 
liou.  il  abonlail  lotîtes  les  qucslions,  ions  les  pro- 
b'èuies  lii>^lor:ques  et  géographiques  que  le  génie  et 
la  sagacité  îles  anciens  n'avaient  point  résolus,  ou 
qu'.ls  n'avaient  que  simplement  eflleiiré>.  C'est  ainsi 
que  nnu>  le  voyons,  sans  le  secours  de  la  géidogie, 
que  m  illieiircii>e;iieul  d  ignorait  comme  les  savants 
de  ïO'i  ép  'i|iie,  nous  le  voyons,  dis-je,  décrire  la 
ôlrucliiie,   la  couleur  ei  la  direction  des  montagnes, 

(1)  Selon  Le  Père,  c'est  le  pori  de  cette  île  qui 
remplace  l'ancienne  Adulis,  ei  par  lequel  on  |iéné- 
Iraii  Cl  nime  on  l'ait  anjourd  lun  dans  le  lovainne 
d'Aliy^Miiie.  Selon  Castro,  c'esl  l'loloiii:iii<.  Vo«ius 
:ii'o(iia  lelie  opinion,  mais  il  Anville  l'a  coinbailne. 
Vo(;.'2d'Auvil|e,  Mé'iiuires  sur  l' Egyple ancienne. (!\' oie 
(le  M.  de  Saniarem.) 

(2)  Deicripiion  deTEgypte,  XI;  édit.  iu-8°,  p.  200 
il  suiv. 

(ô)  On  fait  remonler  riiivcniinn  du  lliermomètre 
i  l'an  ICO;',  01  celle  ou  baroinélre  à  l'an  1()43.  année 
le  la  pieinière  expérience  de  Toricelli.  (Noie  de 
W.  de  iianlarem.) 


GEOGRAPHIQUE.  «17C 

descriptions  qui  nous  rovrlent  en  niêttic  'icnips  ce 
qu'il  aurait  été  capable  de  laire  s'il  eut  snya!;5  dans 
noire  siècle.  Il  observa  les  pliénonieues  ilcs  marées 
ei  ceux  des  venis,  ci  de  ces  tou-noicnienls  qui  ou- 
lèveni  le  s:'lile  ;  il  oli~crva  lc<  variations  iIm  compas 
CI  les  cliangniienls  subits  do  tcmpér'liire  onire  Tor 
Cl  Suez,  cliaiigciuenis  qu'il  aurait  clé  plus  à  même 
d'ob-ervcr  s'il  avait  écrit  cinquauic-liuit  ans  plus 
lard  (T)).  Ailleuis,  on  le  voit  inierroiier  les  Arabes 
à  Sue/,  sur  les  débris  de  ranliquité  qui  |ionvaictil  s'y 
trouver.  Il  examina  cl  di-ciit;i  la  question  de  savoir 
par  nù  Sésos'ris,  ci  après  lui  Plolemée,  avaient  pu 
pratiquer  les  canaux  pniir  établir  la  coniuiuiiicaioii 
du  Ml  avec  la  mer  Rouge.  Il  discuta  cgalenicni  la 
question  de  savoir  par  quels  niotils  le  g<d(e  Arabi- 
que lui  appelé  -ver  liouge.  A  tel  ellti.  il  discute 
les  opinions  des  anciens,  et  produit  ses  propres  ob- 
servaiions,  ronnnençani  par  dire;  Depuis  mun  arri- 
vée à  Socvtora  jusqu'à  Suez,  jumnis  je  n'ni  mnnqué  ni 
jour  ni  nuii  d'observer  les  eaux  de  celle  mer.el  j'ni  eni- 
pliiyé  luus  mes  elJnrls  pour  coniiailre  lu  lé-ifé.  Lnliii 
on  doil  voir  par  ce  rapport  que  J..in  de  Castro,  plus 
de  deux  siècles  avani  les  célèbres  voyageurs  moder- 
nes Nicbiibr,  Sali,  lîruceet  d'a'iitres,  traita  de  tontes 
les  questions  graves  dont  s'occupèreni  les  savants  do 
l'anliqu  té,  ainsi  que  ceux  des  leinps  uiuderncs,  sur 
ce  fameux  gollc  si  ju-ieuienl  célèbre  dans  ^hi^toiro 
du  Loniniercc  dos  anciens,  et  auquel  se  raiiaclienl 
tant  de  souvenirs,  el  les  noms  de  Sésoslris,  des  Pha- 
raons, de  S  ilomoii  et  de  la  renie  de  Saha,  de  Psain- 
inéticiis,  de  Ni'cos,  de  Dariin,  d'Alexardre  el  de 
Plolemée,  ipii  presque  tous  sont  rappelés  dans  ''ou- 
vrage .lu  naxigalcir  portugais. 

t  Pour  juger  impariialeinenl  de  l'étendue  des  con- 
naissances de  ce  grand  lioniine,  il  ne  faut  pas  le 
juger  par  l'état  de  la  science  de  nos  jours,  mais 
nous  iranspoiicr  par  la  pensée  à  son  siècle,  exami- 
ner i'éiat  oii  se  Irouvail  alors  la  science  qui  venait 
à  peine  de  renaître,  cl  comparer  l'œuvre  de  Castro 
avec  les  écrits  des  autres  marins  de  son  leinps.  On 
doit  réilécb.r  sur  les  difficuliés  de  celle  navigation 
de  l'enlrée  insqu'au  fond  du  golfe,  ipii  ne  pouvait  se 
faire  du  temps  de  saint  Jo,ôme  qu'eu  plus  de  mx 
mois  (i)  ,  navigation  dont  un  célèbre  géogra(die 
aial  e,  qui  vécut  iilusiours  siècles  après  >ainl  Jé- 
rôme, nous  diVeinl  encore  les  dangers  avec  de  si 
vives  couleurs  ("i};  on  doit  réni'chir,  dis- je,  que 
noire  amour  fil  noii-sculeuienl  celle  navigiiion  eu 

(i)  F:Hx  cu'sus  rsl  si,  post  sex  menses  supradiela- 
iirbii  Mlalli  pnrium  leneanl,  a  quo  se  ineipit  iiperire 
oci'auus.  S.  Jérôme,  cité  par  Aiiicillion,  dan-  sou 
Traité  du  eomii'eree  des  Egypliens.  17' li,  iu-S,  p.  "S. 
— le  lé  iioignage  de  C'I  a  ilenr  est  d'Hiit  anl  plus  pré- 
cieux (pi'll  véeîi.  i\  Altxandiie  où  il  dut  éirean  fait 
de  ces  particularités.  {Sole  de  M.  de  Saniarem.) 

Ç.)  r.drisi,  trad  ICI  iiii  de  M.  A.  Jaiib  ri  ;  I,  15S.— 
Les  difliculics  iiu'nH're  la  navigaiiou  de  ce  golfe  ont 
éié  :-ignilées  aussi  dans  des  ouvrages  po>iérienrs 
à  rilinér  ire  do  Caslro,  e'esi-à-d;re  da  S  ceux  de 
Do.lwel,  ll'nlsoii,  llnel,  limce,  Robertson,  N  ebnhr, 
l'.ennei.  W.  Vinteiil  el  d'autres.  (i\oie  de  il.  de 
Saiitaiem.) 


f 


jtT7  BfBLIOGRAPHIE 

moins  de  trois  mois  (t),  iraversaiii  plus  île  mille 
lieues  marines  (-2)  s:iiis  avoir  pcnlu  im  de  ses  vais- 
SPiiix.  Iniil  ru  avanl  franclii  tiftix  l'ois /a  por(e  rfu 
mnllicur  on  des  iiaufnutes  (ri),  mais  encore  qu'il  s'oc- 
cii|ia  lie  rciliger  rr  eivclire  iliiiéraire.  En  ellii,  l'œu- 
vic  di'  C.asiro,  rninnic  l'a  lu-s-liion  oliM'rvé  M.  Ey- 
riès  dans  nn  arin  1.;  i|iio  ce  savanl  lui  a  consacré 
da'ns  la  liiosfa|iliie  nnivorclle,  fs(  v»e  (tescriiuiou 
di'liiilli't.  et  ••XKU  (le  .'.i  «ui  lîoi.ge  et  rt.s  pnr.(j,s  voi- 
tins,  et  est  lu  ("."lii'ic  (/m  ait  eu'  fahe  d'aprh  des  ob- 
scniitwns  tnitihémilitiues. 

I  Au  >ni|iluN,  l'iii'irnpt'or.  sanscrite  qui  se  con- 
serve cm  lire  tluis  le  jird  n  du  cclèlire  cliàtcau  de 
Piiihiiverde  i  (!iniia,  inscripiion  dnni  le  savani 
oiiemali>le  Wilknis  donna  rex(dic.ilinii,  nous  allcslc 
d'nne  paii.  avei'  d'aniTos  moiiiiincnis,  le  /de  de  ce 
^laiid  II'  iiMiii*  pour  la  science,  cl  nous  inonlrc  en- 
core anianl  de  trophées  olitenns  par  lui  dans  l'Inde. 
Ji;  nie  |  einicltiat  d'ajuuler  (|iie,  lorsi|n'il  sera  juge 
impai  tialeiiienl  d'après  nn  examen  rriiiqne  et  gêo- 
gr ipliiiue  de  ses  ouvrages,  ce  ipii  n'a  pas  élé  fait 
jusipi'à  présent ,  Il  oliliendra  dans  la  science  un 
triomphe  aussi  lieau  qn.'  celui  que  la  ville  de  Goà  (i), 
iiuiijnl  la  ville  étirnelle  diS  Eniiles  et  des  Césars, 
décerna  à  ce  grand  capiiaine  après  la  conquête  du 
roy mine  de  Caniliaye.  > 

Ciizal  (Talibc  Manoel  Ayres  de),  Brésilien,  auteur 
de  la  Coiogrniiti   Brasitica,  en  plusieurs  volumes. 

Cellarins  (Llirisloplie),  un  des  plus  savants  et  des 
plus  lab'iieuv  philulngues  du  xvn'  sècle,  naipiit  en 
liiôS  à  Siiia'calile,  ville  de  Frauconie.  Il  mourut  à 
Halle  le  4  juin  KO/.  —  Il  a  composé  le  Purul.èle  de 
la  tféoijrapk'ie  anc  ennt  et  modtiiie,  et  a  rendu  de 
grands  services;)  l.i  science  géographique,  rn  con- 
Inhiiaiil  à  dissiper  l'oliscurité  cl  la  confusion  dans 
les  .oelles  elle  se  trouvait. 

Clidwir  (F.léa/.Dr),  né  en  1720  à  Djoiilfa,  faubourg 
d'Ispahan,  d'une  famille  armcnieniie.  —  Nous  avons 
de  lui  un  l'réeis  rjcngrnpliique  de  l'Arménie  actuelle, 
ei  une  grande  cane  de  rAniiéiiie  ei  des  pays  voi- 
sins. 

Chniidhr  (Richard),  né  en  1738,  mort  en  1810; 
savant  voyinenret  antiquaire  anglais.  Auteur  de 
l'in/(j(/f.«  en  Grèce  ei  en  Asie  Mineure. 

Charleiuix  (l'icrre-Françnis-Xavier  de),  jéinite,  né 
à  Saiiit-l^iurniiii  en  IC82.  Il  a  publié  :  T  Histoire  cl 
descripiiiiii  du  Jupon  ;  2"  Histoire  de  l'île  Espagnole 
ou  de  Saint-Domingue;  5"  Histoire  de  la  Nouvelle- 
France;  i"  llisinire  dn  Puragiiinj.  Il  est  aussi  l'au- 
tetir  d'une  carie  de  la  riv,ére  de  Sainie  Croix,  au 
Canada. 

(1)  Castro  commençi  sa  navig:;iion  liii  golfe  le  28 
janvier  l.îti.  ci  bi  leriiiiiia  le  2!j  avril.  (Note  de 
M.  de  Saniareni.) 

(2)  Le  iiavigaienr  poriiigii-;  ayant  parcdiiru  le 
goHedans  laiiii:  Sa  lonyiieiir,  lit  iiou-seiilemenl  1000 
lic'iies  niarim's  (rapprochez.  Malte  Hriin,  VIII,  24>,  et 
Le  l'ère,  Mém.  sur  le  ennui  des  deux  mers,  p.  l'jit), 
niai>  il  le  iriivri<a  cncoie  m  dillérriiies  directions 
dans  sa  lari;eor.  {Note  de  M.  de  SimUirem.) 

(3)  Uab-el-.Mandi;b  si^niQe  Porte  du  malheur  ou  det 


GEOGRAPHIQUE.  Hli 

Chaser{i.-C.),  aiileiii  d'une  Description  de  la  colo- 
nie anglaise  du  cap  de  nonne-Espérnnce. 

Uiuunwnt  (le  ebevalirr  de) ,  capitaine  devais- 
seau,  ainliassadcwr  de  Krance  à  Siaiii  en  1685,  est 
de  plus  coiiiiii  ciiniine  l'auteur  d'une  lie'atioii  de  son 
voyage,  lOolO,  Pans.  —  Cetie  relation,  traduite  en 
hollandais  et  m  allemand,  est  exac  c  et  intéressante, 
et  se  fait  remarquer  pir  un  récii  simide,  m  ulesieel 
de  bon  goût,  qu'on  regrette  de  ne  pas  rencontrer 
plus  souvent  chez  les  voyageurs. 

Cliiives  (Jérôme  de),  né  à  Séville  au  xvi«  siècle,  a 
enrichi  de  notes  iionibreiises  le  Traité  de  la  sphère, 
de  Sacrnboscn;  il  a  tracé  deux  cartes  géographi- 
ques, l'une  du  territoire  espagnol,  l'autre  de  l'Amé- 
rique. 

Chazilles  (.lean-Maithieii  de),  né  .à  Lyon  en  1G57; 
cartographe,  auteur  de  plii>ieuis  cartes  géographi 
ques  et  naiiiii|tie5.  lloil  en  1710. 

Chenu  (Jean),  a\ocal,  né  à  Bourges  en  l'S9,  et 
mort  en  IG27  ;  auteur,  1"  de  VHisloria  archi.piscO' 
porunt  et  epi.,cop^runi  Galliœ  chronologica,  in-i", 
ICil,  ouvia-e  exact,  mais  efl'aié  par  le  Gallia  Cliri- 
s/iaim;  2°  de  la  Chronologia  historien  pairiarch.,  ar- 
chiepiscop.  Dituricens.  et  Aquilan.  primatuuni,  Pa- 
ris, li;2!,  iii-i». 

tA;a  (  \braliat)i-ben-R.),  nn  Chnja,  rabbin  espa- 
gnol, né  en  1070;  astronome  et  géographe,  aiiieur 
de  l'ouvrage  Splicera  mundi  de^cribens  figuram  terrœ, 
dispositiijnemijue  orbiuni  cœleitium  et  motus  slel- 
lariim. 

C/ii»so?e  (\ntoine),  né  à  Logaro  près  Rnveredo 
en  1(17',  moi  i  en  1755,  a  laissé  une  Géogruph  e  an- 
cienne  et  mnderne,  3  vol.  —  Cet  auteur  avait  fait  ses 
études  à  Salzbmirg. 

Cieyiou  (liobert),  évéque  de  Clogher,  a  publié  une 
Introduction  à  l'histoire  des  Juifs,  avec  trois  cartes 
desiinées  à  marquer  les  campements  dis  ciifanis 
d'Israël,  in  i",  1752.  —  L'ouvrage  a  été  traduit  (Le 
raiigbiis. 

Cùb'^eu  (William),  né  en  17C3  dans  le  comté  de 
Surrey  (Angleterre);  auteur  de  divers  ouviages  et 
mémoires  utiles  à  la  gé  'graphie  ecclésiastique. 

Colin  de  Bar  (Alevis-Cflles-llenii),  né  à  Pondi- 
cliéry  en  170S,  mort  à  Paris  en  1820. —  Son  ou- 
vrage, intitulé  :  De  l'HindiJUSlnn  considéré  relatiee- 
nicul  à  ses  antiquités,  à  sa  géoyrapliie,  à  la  religion  de 
ses  h  bitnnls,  etc.,  etc.,  avec  une  carte,  2  vol.  iii-8°, 
Paris,  l.SH,  est  encore  bon  à  coiisulier  sur  l'Iliii- 
doustan. 

Colomb  (Don  Barthélémy),  frère  de  Christophe 
Colomb,  cartogr.phe,  voyagea  avec  son  frère,  auquel 

naufrages,  ou  plutôt  de  l'nfflict'on,  selon  I»  Iraduc- 
lioii  de  notre  savanl  confrère  M.  Beiiiaud.  (iVoie  de 
jV.  de  Siinlarem.) 

(4)  La  Ville  de  Go.i  loi  décréta  le  triomphe,  qui 
eui  lieu  le  i>>  avril  1547.  Voyez  les  longs  détails 
dans  .Aiidrada,  liv.  m,  p.  25i  et  suivantes,  tiaslro 
niaicbail  couronné  de  lauriers  et  suivi  des  étendards 
du  royaume  de  Cambeya  traînés  p'r  leire,  le  jusar- 
cani  cl  les  aiilies  capitaines  capiifs,  et  000  p  isoii- 
Diurs  enchaînés.  {Note  de  M.  de  Sunlurem.) 


1179  BIBLIOGRAPHIE 

il  apprit  la  cosmographie.  Il  mourut  à  Paint-Domin- 
giie  en  iSl-i.  —  I!  était  lout  dévoué  à  son  frèie, 
pour  lequel  il  montra  toujours  un  profonil  aiLa- 
chement. 

Comrijrns  (Victor  nelpiierli  ilrl,  vicaire  général  rie 
Benuvais,  né  le  M  seplemlire  t7"3  à  S;iini-liippolyle 
(Gard),  et  mort  à  P.iris  en  ISi'S,  a  [nihlié  une  nou- 
velle édition  de  la  Cét>(iraplie  de  Lacroix,  en  9.  vnl. 
in-8",  avec  cartes.  Celle  ôiiilion  n'est  pas  eslimiie. 
—  !  eslenc'ite  anlenr  d'"ii  Gé"gr!iplie-Maiiiiel,  t^Ol, 
un  vol.  in-8",  el  de  plusie'jrs  auire<  oiivriiLe-'. 

Conrad,  licnédiciin,  mort  en  iSil  ,  auteur  du 
Clirviiicnii  Schireime ,  ou  Clironique  de  l'abbaye  de 
Si'liencrn  en  Bavicte. 

Coiiriiifi  (llerMi:m),  né  à  Nnrden  en  Osd'rise  en 
1600,  innrl  en  UiSI  ,  anlenr  d'un  onvrago  sur  les 
peu|iles  allemands  :  De  Germaiiicorum  corpinum  /»a- 
biiiis  aiiliijui  ac  iiovi  cousis,  el  de  pinsirurs  autres 
savants  ouvrages  où  la  gc.igrapliie  peut  uillenicnt 
puiser. 

C'rtlnra  (le  P.  Jtiles-César),  né  à  Alexandrie  de 
la  Paille  en  17(i4,  uiort  en  l7Si;  de  la  rarmlle  des 
coinles  di'  Cataniainhano.  Il  entra  dans  l'urdie  des 
Jésuites,  el  se  livia  ii  lu  lO'H)  oMiioii  de  ro'i»ri'»e 
suivant  :  Colleiji'i  Gcrmaiiici  et  Ibiminrki  Imtoria , 
libris  qiaivor  compreltenxa  ;  Rniiie,  177  ',  ii:-fii!. 

Coroiielli  (M  irr-Vinceiit),  lié  ;'\  Venise,  ili;  '"nuire  des 
Mineurs  cniivcnuiels;  j;éo!;raph('-(ariO!;r:ii'l)e,  au'ciir 
rie  plus  de40(l  (ailesfiéoai.apliiiine-,  des  ilfMX  pruids 
gl'  bes  qu'on  voit  à  l:i  IMi|intlièi|iie  royale,  d'uiietéo- 
yrepliie  ilc  l'ile  de  liiiods,  iruiir  Oetrriplion  géoyra- 
phiqne  de  ta  Mvrée  el  des  îles  adjacentes,  d'un  gnnd 
Dictionnaire  historique  el  géogripliique  dinit  il  n'a 
parn  que  7  vid.,  ouvrage  du  lesie  confus  et  leu 
csail. — (^O'onelii  vint  à  Paris,  amené  par  le  rardi- 
nal  d'K.stré  s.  Il  inonrnt  dans  sa  pairie  en  1718. — 
Coronelli  é  ait  deventi  général   de  ^on  inlre. 

Corréa  de  Son  (S;ilvadoi  ),  tié  à  Cadix,  amiral  por- 
lunais  el  gonvi'rni'ur  du  Brésil  ;  aiitenr  d'une  Carie 
générale  du  lires.il,  r<irt  bien  exécuiée  et  bojine  à 
consulter  même  aujourd'bul. — Mort  à  Lisbonue  eu 
1680. 

Cosmas  d'.Xlexandrie,  m"ine  qui  écrivait  au  vi* 
Bici'le  en  Égyi  te,  av;iit  beaucoup  voyagé.  Il  com- 
pnsa  nue  Topo.jrapliie  chrétienne  dans  laquelle  il 
déveioppa  les  idées  de  sin  temps.  Due  copie  de 
son  oiivriige,  qui  date  du  ix«  siècle,  s'est  coirservée 
au  Valican.  La  tene  y  est  repré-entée  tous  la  forme 
d'un  par.iliélograin:iic,  eni  èren.etit  enlniiré  par  l'O- 
céan, a\anl  au  milieu  la  Médiierianée  et  sur  les 
bords  l:i  nier  Caspienne. — La  Topographie  chréiienne 
est  ifiï-érée  en  purtie  dans  la  colleciii.n  de  Tliéve- 
1101,  et  e.n  entier  dans  le  second  volume  de  !a  Col- 
leclio  nova  Patrum  rie  Montl'aucon. 

Commemin-Defh'itjes  (le  baron  Louis  de),  né  à 
Monlargis,  ctdéiapiléà  Béziors  cji  j6j2.— Louis  XIH 
le  chargea  d'une  mi.>.siofi  dans  le  Levant,  .n  1021  ; 
il  s'agissait  d'iolervenir  en  faveur  des  Cord;liers  de 
Jérusalem.  Il  eut  encore  pliisieurs  autres  iuissioiis 


CE0GR.\P1H(}UE.  ItSO 

eu  Danemark. — il  a  laissé  un  Voyage  dans  le  Levant 
fail  par  ordre  du  roi,  1  vol.  iii-i",  Paris,  1G.53,  e!  uu 
Voyage  en  Danemark,  166i,  iu-1'2. — Le  Voyage  au 
Levant  est  clair  et  e.vac  t  ;  les  renscigiiemenls  sont 
précis,  et  Cliàteaubrian  I  regarde  letie  relaiioa 
comme  la  meilleure  de  toutes  celles  (|u'onl  publiées 
les  voyageurs  q::L  ont  visué  les    lieu:  saints. 

Cox  (le  cap  la'ue  îlirain)  ,  voyageur  anglais.  Il  a 
vi  île  les  cooirées  liinrio-cliinoises,  el  a  pcposé  le 
premier  de  les  désigner  S'us  cetle  déuouiioalion, 
c mine  clnni  pré  érable  à  celle  de  province^  au  delà 
(In  Gange.  I>ans  son  (uvrage,  il  s'e-i  appliqué  à  ca- 
raciériser  la  liilérature  des  11  ndo  Ciiinois,  à  définir 
leur  en  le,  à  peiudne  les  l'iu-u'cs  de  leurs  gimverne- 
nieiits,  et  les  moeurs  des  principales  naiinns  de  ces 
contrées,  savoir  :  les  Siamois,  les  Birmans  et  les 
Cocliii-cliinois.  Leur  lillér»|iwe  sacrée  e>-l  éirite  en 
pâli;  leur  culte  est  le  bonddliisme;  leur  mode  de 
gouvernement  est  le  despoii>-me  dans  mute  sa  pure- 
lé.  Les  Iliiido-Cbinois  n'oni  acquis  d'habi'eié  dans 
anciui  a:l  el  aucune  industrie;  les  Birmans  n'ont  do 
commerce  ([u'avec  les  Chinois  et  les  ét;ibl:ssemenls 
anglais;  les  Siamois  sont  en  relation  avec  les  Chi- 
nois ei  lcsCoc;l.incliiiioi.s,  les  possessions  européen- 
nes el  Je<  Eiais  iiidéiendaiits  de  l'archipel  ,\:alai;les 
Cncliitii  liinois  (Ommencnt  ."wec  Siam,  la  Chine  et 
les  «lalilissemenls  anglais  de  la  presqu'iie  de  Ma- 
l;)kk:i. — L'cva.lilnde  des  ilélails  dans  Ic-quels  entre 
Tautetir,  et  le  niériie  de  ses  observations  .sont  con- 
lirmés  par  les  renseignements  recueillis  par  les  rais- 
siunoaires  caiholiques  à  Siiim,  dans  l'caipire  d'Aii- 
nau!  el  dans  relui  des  Biiniaiis. 

Crw.fhrd  (JmIiii)  et  Slaniford  Balfles  (Thomas), 
savants  anghiis.  Hs  OUI  pulliié,  eu  1822  el  1823,  une 
Dcci  ipiioo  géographiiiue,  historique  el  coniiiertiala 
dr  l'iie  de  Java  el  des  ainres  iies  <le  l'archipel  In- 
dien. Cet  ■nivrâi;e,  qui  décrit  uce  Me  vaste  ei  impor- 
tante, est  bien  connu  p'uir  l'exactitude  de  ses  ren- 
seigneinenls.  Ou  doit  surlout  le  consulter  ()<ia'.d  il 
s'agil  de  Java  ou  des  iies  adjacentes.  Il  a  paru  dans 
le  fiirmai  in-4°,  avec  caries  el  gravures.  SI.  Marchai 
l'a  irrduit  en  iraiiça'^,  à  Bmxelles  en  1824;  mais  sa 
liadoclion  offre  «Jeux  graves  inconvénieiils  :  d'.dtoiti, 
il  s'esl  permis  de  retraiiclier  le  pa^s;^ge  qui  coocer* 
nail  ia  mauvaise  adiuiuis; ration  de  Java  parles  Hol- 
landais; ensuite,  il  a  supprimé  un  grand  nombre 
d'iib.-ervalious  des  auteurs,  el  les  a  remplacées  par 
des  rcnseiguements  qu'il  a  puisés  à  des  sources  moins 
sûres. 

Crosne  (A.-Fr.),  professeur  à  Giessen  (Allema- 
gne) ;  auteur  d'un  Exposé  iiéographiqut  et  liisioriqM 
des  divers  Etals  de  la  Codtédcrulion  ijermanique ;  4  vol. 
iii-S":  Leipzig,  1320-1328. 


Dalrymple  (Alexandre),  géographe  et  hydrogra- 
phe, explorateur  des  côtes  de  l'Ilindousian,  né  à 
Edimbourg  en  1737,  mort  en  lïOS,  a  réJgé  une 
Collection  de  voyages  dans  f  Océan  pacifique  du  Sud, 


ilSl  BIBLIOGRAPHIE 

2  vol.in-i".  — Ce!  outrage  a  élé  traduit  en  fran- 
çais. 

Dnnd'mi  (Jérôme) ,  né  à  Césène  en  1634,  entra 
iJniis  la  compagnie  de  Jésus  et  mniiriii  à  Forli  en 
165i.  Il  fut  envoyé  an  Munt-Lihan  par  le  pnpe  pi'ur 
recueillir  des  nolinns  certaines  snr  les  praii(|iies  reli- 
gieuses des  Maronites,  les  ramener  à  l'Eglise  callmli'ine 
ei  ponréiiiilier  l'esprit  1 1  les  mœurs  des  Dru-es,  leurs 
eniiciiiis.  Le  P.  Dandini  n'était  pa-'  à  la  l:anieur  d'une 
niis>i(iii  aussi  dclieaie.  Aussi  n'eui-elle  pas  lout  le 
siicci''*  (pi'on  en  :tlenilait.  A  son  retonrà  Kome,  l'au- 
teur publia  son  Vo\age,  ipii  renIVrme  cependant  îles 
déiiiiis  curieux  sur  l'iuiérieur  du  Monl-Liban  et  sur  la 
liluriiie  des  Mironiles. 

biinidl  (MM.',  de  Londres  ont  pulilié,  en  18.17, 
Efius  le  litre  de  llliistrnlioiis  of  Indin.  un  ouvrii;e 
pilloresijue  corrienuirt  îles  milliers  de  ilessirrs  icpré- 
«enlanldes  nrorceauxd'arcliiteclure,  des  moiiumenls 
aniiques,  etc.,  etc.,  in-i",  avec  un  texte  français  et 
anglais.  Ce  livre  est  bon  à  consulier  porrr  la  géogra- 
phie lelig'euse  de  l'Ilindoustun.  Une  ré>iderrre  lie 
dix  ans  en  Urient  a  permis  aux  auteurs  d'exécuter 
ce  travail  en  cminaiss.iiice  de  c:iiise. 

Dapper  (Olivier),  niédtcin  liollarnlais,  joignit  à  la 
praiifp^e  de  son  an,  l'éiirde  de  l'Iiistiire  et  surtout 
de  la  géograpliie.  Il  rrr  ririiieri  UiOt).  —  Un  a  de  Irri  : 
i"  DescrpliiiH  historique  de  la  vilt:'  d'  msterdam  ; 
2"  lli,loire  d'Ilérutlole  ri  Vie  d'il onièie;  ô"  Desaip- 
tion  des  î.'es  ri'.l/it;;H.' ;  i*  Descripiion  des  pni/s  d'A- 
friqiii',  de  l'Eyijfile,  de  la  Barb  trie,  de  lu  Libye,  etc.; 
5"  Descripiion  de  l'empire  de  Tn.si/i/;  ou  Cliiiie;  (j^Lc 
Nouveau  Monde  iiico(ini(,ou  Description  de  l'Auiérique 
et  de  In  terre  ansintle;  7"  Descripiion  de  la  Perse 
et  de  la  Ccorfie  ;  8"  Asie,  ou  U.Siriptiim  de  l'em 
pire  du  (irand-ilorjol  el  d'une  grande  partie  de  l'Inde; 
b"  Descripiion  de  l'Asie,  contenant  ta  Syrie  el  la  l'a- 
tesiine;  lU"  Descripiion  de  l'Asie,  contenant  les  p<njs 
de  la  ilésopoiaime  ,  ISabylonie,  Assyrie,  Anutolie  ; 
il"  Description  de  la  Morée  et  des  îles  de  la  mer 
Adrialiqne;  li»  Description  des  iles  de  l'Arikipel,  de  la 
mer  Méditerranée. 

D'Artezet  delà  Suuvcçièie,  né  à  Str.isbourg  en  1707, 
mon  en  l'81,  a  laissé  ur.e  Notice  sur  l\ibbaye  de 
SabU.oceJux,  des  lieclterclies  relatives  à  saini  Maxi- 
me, patron  de  Cliinoii;  à  saint  t'Iorerrl,  solilaire  du 
Morrl-Glonneen  Airjo.i,  et  d'aunes  Mémnires  ielali!s 
àii.veis  points  de  la  géographie  ancienne  el  du  rrroyen 
âg''. 

Davis  (Sariruel),  Anglais,  parcourut  en  1829  et 
1850  le  Uuolan,  ou  B<:ut.irr,  grande  province  de  l'A- 
sie ceitrale  (prr  louclre  au  T.bet,  el  qiri  ir'élail  pres- 
que pas  conrrue  dts  Européens.  Car  le  Bootan,  envi- 
ronné de  tons  côtés  par  des  nrontagrres,  est  presrpie 
!a  Siiisae  de  l'Asie.  Samuel  Davis  iriilisa  son  voyage 
au  prulii  (le  la  Géographie,  en  publiant  urre  Descrip- 
tion géograpliiipie  du  pays  curieux  i|u'rl  avait  visiié. 
Nous  croyons,  du  reste,  que  c'est  la  preirrièi'equi  ait 
é'.é  coiii(iosée  par  un  Européen. 

Denis  (Louis),  géographe  et  cartograpite,  mort  en 


GEOGRAPHIQUE.  118? 

1795;  auteur   de    plusieurs   cartes   et   d'un  poulUé 
historique  et  lopograL-liique  du  diocèse  rie  Paris. 

Dersctittu  (F.),  écrivain  russe,  s'est  fait  eonnaîtie 
par  un  ouvrage  irrtiurlé  :  La  Finlande  et  les  Finlan- 
dais, Leipz  g,  18i5,  in-8».  —  Ce  livre  donne  sur  la 
Finlande  des  notions  tout  à  fait  nouvelles  el  des  dé- 
tails parliruiiers. 

Desfonlaines  (le  professeur),  membre  de  l'acadé- 
nrie  di'S  sciences  entreprit  err  17^5  un  voyage  iTcx- 
plor:itioiis  -rient  fi'rtns  d  rrsI'Af'inire  .tHpreiil'ioor.le, 
dans  les  régences  de  inniset  d'Alger.  Le  savant  vnya 
gour  eirrchit  siiigirlioreiireni  la  sciein-e  p:ir  ses  i  b 
serv:itrons  et  les  drt  ils  qu'il  a  r<  rmillis.  Il  vr>ita 
toutes  les  vjller:  qrri  anjurrd'lini  spparrienrrent  à  la 
prarice,  lePes  lire  Boue,  la  Calie,  Tleinceri,  .Mas. 
cara,  Oran,  Alger  et  Constiiniine.  Il  exécnii  ciii(| 
voyag 'S,  et  se  procirra  des  notions  précien  es  anx- 
(iiiellesles  évérremenls  ont  durrné  depuis  un  grand  in- 
térêt. 

DéMeri  (llippoljne),  jésuite,  né  à  Pisioîe  en  ICSi, 
mort  à  Rome  en  l'iSj,  fui  envoyé  dans  rilindtirrslan 
eir  17112,  el  lut  chargé  d'une  rrri>sion  au  Tihet.  —  Il 
trailuLsil  en  latin  le  hanyior  on  Salwrin,  livre  sacré 
des  Tihfliins,  ailribiié  à  Z'ink;ib:i,  saint  per^^lnn.".ge 
de  ce  peuple  Ses  Le;ires  lout  coirnailre  un  peu  'e 
pays  lout  liuuveair  alors  ponr  l'Europe,  ci  beaucoup 
plus  \à  ri'ligi  >rr  de  ces  contré  s,  le  hontl>iiii>nie. 

Délié,  jésuite  français,  ué  en  161)8,  fui  envoyé 
dans  l'An  cri'iue  espagni'le  en  17Ufi,  cl  noniiné  eii- 
sihiie  visi  eur  i!e  tonies  les  mi-sions  du  Marugnon.sur 
une  élcirdue  de  plus  de  4(00  kilomètres.  Après  do 
constantes  et  lahor isiises  élinles,  il  parviiil  à  tradrrire 
le  caléchisnie  en  dix-huit  langues  des  d  ver*' s  peu- 
plades qui  élaieirt  sous  sa  juridiction.  —  Il  a  laissé 
des  renseignements  neufs  et  crrricnx  sur  les  l ri- 
bus  sa  ivaKCS  des  di;uv  rivrs  du  M  rugiioii  o;r  Ama- 
zon-. —  On  les  trouve  dans  le  tonre  X.VIlI  des  Let- 
tres édifiantes,  éililinn  origin.ile. 

Deutich  (Jean-BoJolphc-K!)iiii:inuel)  ,  peintre  et 
graveur  suisse  au  xvi'^  siècle ,  auienr  de  iilnsieurs 
Cartes,  el  notaniment  de  la  carte  de  la  ('al«stine, 
piur  la  (osoiiigraphie  de  Sénasl'en  Muns'er-,  impri- 
mée eu  aliciiiand  el  en  latin  à  L'aie  en  i;.5l>,  in-fo- 
lio. 

Z/Vnries  (Marliri-Gerriizon),  navigateur  lio'lanJais, 
coiitriliua,  dans  lexvu*  sièile,  air  progrès  de  la  géo- 
graphie. Il  publia  plusieurs  <  uvrages  relaiils  à  ses 
voyages. 

Diriî  (Emmanirel),  né  i»  Casiello-lSraiico,  diocèse 
lie  Gnarda  en  Poriirgal,  entra  dans  la  c.iinip:ignie  de 
Jésus  el  se  reniiii  en  Cliirre  eir  iU  il.  11  y  nri mut  en 
1039,  il  8^  ans,  laissaiil  un  Traité  eur  la  splièie. 

Diui  (Fiaiiçoif),  religieux  dominicain,  né  près  de 
Toro  en  CaMille,  passa  en  l(i5'i  huk  Pidlippires  el 
de  :à  en  Chine.  Il  mourut  en  I0i6.  -- Diaz  a  coin- 
puséun  Dictionnaire  chinois-espagnol,  coulenant  sept 
mille  ecnl  soiximte  carailcres- 

Diax  (Pierre),  jésuite  cspa^jiml,  né  à  Lupia,  diocèse 
de  Tolède,  en  1546,  mon  à  Ueitico  eu  i603,  a  écrit 


HP5 

plusieurs  Lettres  sur  les  missions  de  la  compagnie  de 
Jt'sHS,  en  A(iié!ic|ne,  dans  Ic-i  années  1590  et  1391. 
Dbtis  (le  c.i|iii:iiiic),  a  f.iit  en  182",  dans  l'arch  pel 
(le  M:iiigi  ■,  311  sein  de  l'O  can  Paeili(|iie  vers  les  iles 
Snii  Iwifli,  des  exiiinrnijiiM'i  (jiii  mu  :ui;eiié  la  décoa- 
vcrie  de  iiluseiir?  peiiles  île> ,  IcMrs  ii»e  l'ile  de 
Mlll^a,  d'O  Kiiliialc,  de  .Millier",  de  Waleuin  Alioii, 
de  Monli,  dt?  lUnciiouga  et  de  Riinalara.  Tontes  ces 
îles  élijeiil  li:(l)iléi",  €l  la  popiilaiinii  est  aujourd'hui 
chrétienne  niitkudiste. 

hicqventitre  (l'alibé  Jacques-François),  professeur 
d'iiisiolre  naturelle  et  de  |diy>ii|vie  an  Havre,  né  en 
M'to,  mort  en  1789,  a  la  ssé  une  /(/«■  générale  de 
t'a^lrnvnmie,  et  plusieurs  Cartes. 

Dicueil,  géogiaplie  dn  ix«  siècle.  Si  pa'rie  éta^t 
l'irlaiiile,  alors  coi, nui:  sous  le  nom  de  Sco/in.  Il  é;ail 
religieux,  et  ponvail  élre  âgé  de  511  à  6j  ans.  —  Il 
est  l'auteur  du  livre  dx  Mensnra  0)/>i> /erio',  ilmit 
.M.  Wakkenaer  a  donné  une  é  'iiii.ii  iii-8°  eu  I8;7, 
61  .M.  I.etronne  une  autre  en  18li  ,  avec  nn  coin- 
ineiitaire  sur  l'ciat  des  connaissances  géograpliiiiaes 
au  iv<^  siéele. 

Dii'ffenbacli  (M.  Ernesi),  a  réiligé  nn  ouvrage  sur 
la  géograidiie  et  la  géidoiiie  de  la  iNouvelleZélunde, 
Londris,  \8',â,  i  vol.  iu-8»,  avec  des  planches.  — 
Nous  ne  cioyons  |i.'S  (]iie  cet  ouvrage  ail  été  trad.jit 
en  français,  et  il  niériie  cepen  lant  île  l'être  par  les 
détails  (|n',l  contient  et  qui  doivent  cire  pris  en  con- 
sidérai ii;n;  car  l'auteur  se  iiiontre  oh^ervaleur  judi- 
cieux et  atieniif. 

Oiellielm  (Jean-!Icrtnan),  géogra;  lie  anlif|iiaire  al- 
leinai.d,  exerçait  la  piofession  de  perruquier  à 
Fraiicoit  siir-le  Mein,  où  il  ninurnl  en  17iU.  A  force 
d'ohservations  et  d'éindes,  il  piihlia  :  1"  VAnliqunire 
du  Rhin,  i  vol.  in-S»,  Franrfini,  1759;  2"  iMi/Zi- 
quuire  du  Secker,  du  Mein.  de  la  L  Im  et  de  la  Mo- 
telle,  I  vol.  lu-b";  5°  un  Dicti  nnnire  général  des 
rivières  et  d.s  firmes  de  l'Allemagne ,  1  Vil.  in-h,"  ; 
i"  \'Aniiqunire  de  t'EWe,  etc.,  17-48,  in-8°,  Fiaiie- 
furt  ;  5°  la  Description  des  villes  ,  cliùlenux ,  bowys, 
villages  et  couvents  de  la  Vétéruvie,  Francfori,  1784, 
in  8*,  avec  caries. 

Diereville,  voyageur  français,  né  à  Ponl-I.évèqiie, 
en  Normandie,  se  rendit  en  .\cailie  en  iC'JO.  —  Il 
puhlia  une  Relation  du  vogage  à  l'Acnd-e,  ou  JVoii- 
Vi  Ile-France,  etc.,  Unnen,  iii-li',  Cetiedesiriplinn  de 
r.Acadie  est  exacte  ,  même  encore  anjonnJ'Iiui,  sons 
le  rapport  géograpliiiiue.  Kl,  (pin  que  l'on  ail  hean- 
coiip  écrit  sur  ce  pays  depuis  un  demi-siécle ,  nous 
préférons  à  tous  c<.s  lUvrages  la  relation  de  Diere- 
ville. 

Dillon  (N.),  capitaine  da  vaisseau  anglais,  a  entre- 
pris un  Voyage,  en  1827  et  ibâS,  aux  îles  de  la  mer 
du  Stid.  Ce  voyage  est  suiloiit  célèbre  comme  avant 
eu  pour  résultat  la  découverte  des  débris  des  vais- 
seaux de  Lapeyrouse. 

Dobner  (f.élase),  né  à  Prague  en  1749,  nmrt  en 
1790,  anteordes  Monuments  liistoriguet  de  Buliéme; 
d'una   DistertalioH  sur  l'origine  de  la    nalion  bobé* 


BIBLIOGRAPHIE  GEOGRAPHIQUE. 


1184 


mienne,  de  Notes  savantes  sur  l'introduction  du  cUris- 
lianisme  parmi  les  populations  slaves. 

DubritJiolfer  (Mailiii),  jé^niie  ,  mort  en  1791,  a 
écrii  en  latin  une  Histoire  des  Abipores,  natinii  gaer- 
riéie  dn  Paiagnay  ,  awe  cartes.—  La  géoerapliiedii 
Paraguay, de  lluénos-Ayi  ts,  l'e  laTirre  îles  .Missions, 
du  Tncuinan  et  du  Cliaco,  y  est  liaiiée  en  détail. 
Donis  iN'ieola-),  hénélietin  dn  xv'  siècle,  prései.la 
au  pape  Paul  II,  en  n7l,  son  éilitioi.  .le  la  Géogia- 
pliie  (le  l'ioléiiiée,  a\ec  une  préface  ilédiee  à  ce  pon- 
tife, el  d'  s  cares  qui  com,  renaienl  le  figuré  du  ter- 
rain elles  noms  des  lieux;  ce  qui  était  dé,à  une 
amélioraiion  pour  le  temps. 

Dubois  (Ahrahaui).  voyageur  français,  est  anieiir 
des  oinrag-s  intitulés;  1°  VogQ:es  (ails  aux  iles 
Dauphincs  ou  M  ad  gascar  el  Roui  bon;  2"  Géographie 
iialurelle  .  hiflo.iijiie  et  politique ,  par  une  méthode 
nnuvel.e  et  a  sée  ,  avec  plusieurs  Caries.  On  ignoio 
r.,niiée  de  sa  mort. 

Dncrits  (de  Sixtl.  M.  Diicros  est  auieur  d'une  Gt'o- 
graphie  ccmpniée  d'api  es  la  mélhode  ai.alyiique  de 
l'ahhé  Gaiiliiei-,  Paris,  1>S45,  2  vol.  in- 12.  —  C'est 
un  oiiviage  élémentaire  ipii  n'est  pas  sans  mérite. 

Dulialde  ,  iiii-sionnaire  j.'SiMle  en  Chine,  a  com- 
posé une  Description  de  cet  empire.  Cet  ouvrage  lait 
bien  coniiaitre  Ce  singulier  pays.  On  peut  léaninoins 
reprocher  à  l'auteur  de  l'exagération  sur  les  forces 
et  !.i  p  piilaiinn  de  l'empire.  ain>l  (|ue  sur  la  civili- 
sai on  cliiii  ise,  qui  n'est  ■:\\iuiie  barbarie  en  toilette. 
DupuinTriel  (Jean  Looi?),  naquit  .à  Paris  le  2G 
nov.  1722.  11  entra  dans  le  corps  des  ingénieurs 
géo;;r.iphes ,  oii  il  ne  laidi  pas  à  se  dtslioguer  :  il 
concouriil  à  rexéciilion  di;  l'Atlas  minéralogiiiue. 
Diipain-Triel  mil  an  jour  pUisii-urs  caries  ei  divers 
ouviase-,  (le  géogr.ipliie  doni  le  mérlie  fut  apprécé 
par  les  hommes  de  science.  Ses  principaux  éc  its 
sont  :  1"  Cane  générale  l'u  cours  des  fleuves  ,  des  ri- 
vières el  des  principaux  ruisseaux  de  France;  2°  la 
France  connue  sous  les  plus  miles  rarports,  ou  iVoii- 
veiiu  Dirtionn'iire  de  In  France,  Paris,  1783,  iu-8*; 
5"  Reclier elles  géographiques  sur  les  difjéren  es  hau- 
teurs des  plaines  de  la  France.  —  Il  vivail  encore  en 
180i.  mais  on  ne  connait  pas  répo(|ue  cci'.aine  de 
sa  mort. 

Diipnet  (.Anioi  e),  né  à  raiinic-le-'-Daiiies  au  wi* 
siècle,  innri  à  Paiis  en  1581,  calviniste,  aniear  d'un 
onviage  intitu'é  :  l'iants,  pourtraits  et  descriptions  de 
p'useurs  vil'es  et  furieresses  tant  de  FEurope,  .Iti'e  et 
Afrique  que  des  Indes  el  tenes  neuves,  iu-fo'. 

Dnpiissis  (Micliel-Tonssaiiii-Cliréiicn),  né  .à  Paris, 
en  1689,  mort  en  17o7.  Iiénédirlin  de  SaintMaur. 
—  iNoiis  avons  (h' lui  une  Desciipiion  géogmph  que  et 
historique  de  la  Hanle-^orinundie  ;  une  Description 
de  la  V- lie  d' Orléans.  —  Il  est  l'un  des  antenisde  la 
Gallin  Chrisliana. 

Diiport  (Gilles),  né  à  Arles,  en  1625.  mort  en 
16  0,  prèlre  de  l'Oratoire,  a  laissé  une  Histoire  de 
l'Eglise  d'Arles,  de  ses  ivéques  el  de  ses  monasières, 

iu-ja. 


I 


H  85  BIBLIOGRAPHIE 

Durand  (Frarçois-Jacque-^),  niqn'U  en  1727  à  Se- 
ninl(',  pics  li'Aleiiç m.  Il  est  anliiir  île  riniviagi'  ci- 
après  :  Slatisiique  éUmeiita're  ,  «>ii  E  sai  sur  l'éinl 
gioriiaplii ,ue.  phi,si(iHe  el  iiolilique  de  lu  Suisse,  Lau- 
sanne, 17:  ."i,  4  vol    iii-(i. 

Durand  (Jcanliapiiito-Lconanl),  né  à  Limoges, 
el  iioil  en  Espagne,  «n  1S12,  lii  un  voyage  an  Séné- 
gal ilar.s  les  anné.'S  1785  ei  178  1.  La  idalion  en  p:i- 
nil  à  Taris,  en  1807,  in-i°,  ou  2  vol.  iii-8",  avec  un 
Allas  :  ouvrage  as^tz  Tailile  ,  surlont  anjininriiiii. 
Ce.  einlanl  il  cunllenl  le  texie  aralie  des  traités  que 
j'anltur  avail  élé  anloiisé  à  coiicliire  par  le  gouver- 
nenienl  français  avec  les  luis  maures. 

Durkh  (Forlunal),  s>avanl  barnahile,  né  'a  Turnau 
en  Dulièineen  1750,  morl  en  1802.  —  Il  esl  l'anleur 
d'un  ouvrage  inlilnlé  :  BiUiolheca  slurica  anliquis- 
siiiii  diulecli  conimunis  el  ecclesiasiicce  Slavoiuin  gen- 
lis,  in-8°,  fori  niile  à  la  gc  igrapliie  des  Eglises  slaves, 
ei  d'une  érudition  peu  commune. 

/Juiiiial  (iNicolas  Lulon),  né  à  Cnmmercy  en  1725, 
mort  en  17ï)5.  —  iNous  avons  de  lui  nue  Descripiiun 
delà  Lorraine  et  du  llanois,  ouvrage  de  2-t  années 
de  reclierclies  ,  exécuté  avec  guûl  et  exaciilude  en 
4  Vol.  in-4°,  devenu  rare.  Il  esl  aus>i  l'anleur  d'une 
laide  alplial'éiique  des  villes,  bumgs,  villages  el  lia- 
meaiix  de  la  Lorraine  et  du  Uarrois,  111-8". 

Dursieler  (Gérard),  né  eu  Suisse  (canton  de  itu- 
ricli),  e:i  1-78,  uioit  en  17(^6  ,  mluislre  piolesLint, 
aulenr  de  Vllisloire  dipLimalique  des  abbayes,  cou- 
vents et  ordres  ri'liijieux  de  lit  vili' et  du  cunlundc  Zu- 
rich, ji  squ'ii  la  liéj'i>rii:e  :  ouvrage  bon  a  consuller 
pour  la  géogr.ipliie  ecclé^iasiiipic  de  la  Suis  e- 

Dulemps  (Jean  -  François- Hiigiie)  ,  docieur  de 
Sorlinnne,  né  eu  1745  à  lieugney,  ilans  la  Franclie- 
Conilé,  inorl  à  P. iris  eu  ISIl,  auleur  du  Clertjé  de 
France,  ou  Tableau  lIislori(|ue  el  chronologiiiue  des 
archevêques,  évêqnes,  ;>blié'ei  abbessesdu  loyanme; 
Paris,  1774  el  1775,  111-8"".  Il  n'a  paru  (|Ue  4  vol., 
qui  comprennent  1 1  arclievêcliés  cl  leur»  suffiaganis. 

Dutertre  (Jcaii-Baplisle),  dominicain  ,  né  à  Colai-, 
en  lUlO,  mort  en  1687,  niissioiinaire  aux  AnlilNs, 
auleur  d'une  Histoire  générale  des  Antilles  habitées  par 
les  Français ,  avec  tnrlcs,  eic,  i  vol.  in-4°,  Paiis, 
1667  el  1671.  C'est  le  premier  ouvrage  écril  par  un 
Français  sur  les  Aniilles.  Les  géographes  cl  les  na- 
turalistes l'ont  souvent  mis  à  coniribulion,  parte 
qu'il  est  exact  el  véridique. 

Diivat  (Pierre),  né  à  Abbeville  en  1618,  morl  en 
1G$5,  gco^niplie  ei  cartograplie.  —  Il  a  composé  des 
Tablet  géograpliiques  de  tous  (et  pntjs  du  monde, 
in- 12,  1051  ;  une  Description  de  t'éiéché  d'Aire  en 
Gascogne,  iii-12;  des  Mémoires  géographiques,  in-12, 
etenlin  ime  Gicgr.iphie.  universelle,  etc.,  etc. 

Duverdier   (Gilberl-S.u  ifier),   mort   en    16S6,   à 

l'iiâpiial  de  !a   Salpéirière,  auleur  d'une   Description 

géograpliique  de  la  France,  in-8*,  1639. 

E 

Ebel  (Jcan-Godefroi),  na  luii  à  ZiiHicliau  en  Prusse, 

le  6  «ctobre  1768.  Il  s«  rendit,  à  p«ln«  âgé  de  16  ans, 


GEOGKAPHIOUE.  1186 

à  ^ullivl'r^ité  île  Frnncforl-snr-rOdrr,  lù  il  éltuPa  la 
médecii  e  el  l'Iiisloire  natnr>!le.  Il  est  l'anleur  d'un 
oiiviage  connu  en  France  sous  le  li  re  de  Guide  du 
V'ijngeur  en  Suisse.  De  170;>  à  1802,  il  commença  la 
pnlduM  ion  il'nn  onvrasc  intéressant,  resté  inachevé, 
fons  le  litre  de  Tableau  des  montiiqnrs  de  la  Suisse. 
Il  fil  aussi  un  ouvrage  sous  ce  litre  :  Idîes  sur  l'or- 
gnnsi'tion  du  gtohe  terres  re  et  sur  les  changements  vio' 
lents  qii^u  subis  sa  nt'fnce.  Sou  dernier  ouvrage  est  le 
Yotj'iqe  pitloreyque  p  r  les  noiivelli-s  roules  du  canton 
des  Gr.soHS.  Il  monrul  le  8  oi  tobre  1830. 

Eberi  (Adam),  né  <n  1080,  à  Fiaticrirl-stir-l'Oder, 
moit  en  1735,  parc  mul  rAllemagne.  In  Hollande, 
l'Angletern-,  la  Fianoo,  l'Espiiine  et  l'Ialic.  —  Il  a 
écr  t  la  relalion  de  res  voyages. 

E'hnrd  (Laurent),  né  eu  1671  dans  le  comié  de 
SnDolk,  à  liarsliani,  morl  en  1750,  ministre  anglican  ; 
aiil'ur  d'une  Histi'iie  générale  ecclésiastique  depuis  la 
iiniisnncc  du  Christ  jusqu'à  l'établissement  du  christia- 
nisme sous  Constantin,  in-'(dio  :  ouvrage  li"n  à  cnn- 
sidiiT  pour  la  géographie  ecclésiastique  des  premiers 
sié  les,  mai^  avec  prudei  ce. 

Eckard  (Jean-G  orpe  d') ,  né  à  Piiingen ,  dans  le 
Drnnswick,  en  l'i74,  morl  en  1750;  auteur  de  plu- 
sieuis  saVMTils  ouvrages,  tfliles  à  consulter  pour  la 
gé  graphie  de  l'A  leniagne,  et  entre  anlres  de  : 
Cnmmentarii  de  rébus  Frnnciœ  oiieritulis  et  ej.iscopatus 
]Vire''U' gens  s,  '72D,  2  vol.  in-lolio. 

Ecker  (Jeao-Al  xandic),  ii  éilecri,  r  c  a  Tfinilï  en 
Tollé. io> ,  en  1766.  11  esl  aniem  d'iini>  Desc  ption  el 
usage  d'une  no' velle  carte  du  monde  en  2  liémisphè- 
res  ;  Vienuo,  17.4.  ju-8". 

Eddg  (.I.-î'.),  géograi  he  américain,  né  à  New- 
Y'itk  eu  1734,  mort  en  1817;  ai  i  iir  de  pinsi  nrs 
Cartes  esiiiuécs  et  de  divers  .Mémoires  sur  des  ques- 
tions géograpliii|ues. 

Ednier  ou  Eadmer,  savant  bénédictin  anglais,  dis- 
ciple d.;  saint  Anselme,  aiclievêque  de  Cimlori  éry, 
mort  en  1137;  aiiiv^or  de  plusieuis  ouvrages,  cmima 
Historia  nnvonwi,  V  es  de  sa. ni  Ansi  hue,  de  sa  ni 
DuMstan,  de  -■iaioi  WiTrid,  etc.,  ouvrages  utiles  à  la 
géographie  ec<  lé>ia>tii|ne  du  moyen  .âge. 

Ê(//ist  (AI)  n  Abdallah-Mohammed-hen-Moham- 
medal-),  né  à  Cciiia  en  495  «le  TiiéJre  (10  9  après 
,1.  C),  Aralie  mn-nlmao,  géographe  et  cartographe, 
véciti  .à  la  cour  de  Rogi-r,  roi  de  Siiile.  H  exérii  a 
pour  Cl-  prince  nu  Glale  !•  rreslre  d'argent,  du  poids 
de  800  marcs.  —  Il  com|  osa  mie  Géograihie  .>^ur  la- 
quele  les  géograi  lies  ont  vécu  plusieurs  siè<les.  Smi 
.sysième  géographii|ue  était  en  généra'  celui  i1e  Sira- 
bon,  mo.iidé  par  les  déetuivcrles  faites  par  le*  Arabes 
dans  leuis  exi. éditions  militaires  et  commerciales. 

Egede  (Jean),  mivSionnaire  danois  au  Groë'  land, 
né  eu  1686,  mort  en  1738  d;ius  l'ie  de  FaUter. — 
Sa  De>aiptio:i  géographque  du  Groenland,  in-i", 
Copenhague,  17i9,  esl  un  ouvrage  rurieus  par  les 
détails  n  précieux  par  leur  exactitude. 

Egede  (Paul),  lils  do  Je 
naire  couiine  lui  et  évêque  luthérien  du  Gri 


né  en  1708 .  inissi, 


1187  BIBLIOGRAPHIE 

mort  en  ce  pnys  en  47S9.  Il  est  aiueiir  d'un  ouvrage 
intiliilé  :  nelaiious  du  Croènlunrt,  iii-12,  Copenliagiie, 
1789.  — On  lioiive  li.iiis  cet  ouvrage  des  pailiciil.iri- 
lés  (  iirieiisps  sur  celle  contrée  et  sur  sa  conversion 
au  clnisiianisine. 

Eiiys  (Joaii-Ignacc),  csptiein,  connu  sons  le  nom 
du  l'ère  Ignare  île  Itlieinfeld,  né  en  relie  ville  en 
1CI8,  niissiiinnairo  en  Oiieni,  inorl  à  LaufTe  bonig 
en  I7U'2:  anlenr  d'ine  Descrii)'inn  de  lonies  les  mis~ 
iioiis  apoituliques  de  l'ordre  des  Cofidcins,  Constance, 
iM-4*. 

Ehhiyen  (Georges  d'),  né  en  S'nnbe  nu  coninien- 
cenient  du  xv"  s.c-  le,  a  écrit  une  llelaiiun  des  roijaijes 
qu'il  avaii  faiis  en  Enn  p^.en  AIriqne  et  en  Asie. — 
Ce'le  liolaiion  n'a  élé  impriioée  (|ne  loi)  ans  après 
sa  mort,  à  Aug-bourg,  et  nn  Ta  fort  abrégée;  car 
elle  ne  coniienl  qire  4  fi'uilles  d'iinprossion.  Il  y  a 
des  porlrails  destinés  avec  un  grand  soin. 

Eltremnalm  (\r.id),  savant  suédiis  du  xvm*  siè- 
cle. —  Son  Voyiigc  diim  le  A'ord/iiid  oriental,  f;iil  en 
1741,  1  vol.  in-8°  avec  carlt-,  Slockliolin,  est  estimé 
parce  qu'il  fait  parlaitenicnt  connaiiie  la  Lapiinie. 

Eiclihof  (Cypiien),  vivait  au  comniencenient  du 
xvni^  Sicile.  —  Il  a  composé  plusieurs  Iiinéiaires 
géographiques  avec  cartes,  par  exemple,  cidiii  de 
rilaiie,  de  l'Allemagne,  de  l'Espagne,  etc.  Les  éi'ri- 
vains  postérieurs  lui  oui  beaucoup  emprunté  sans  le 
ciicr.  Ces  Itinéraires  sont  généralement  exacts  et 
assez  l'iMnilcis. 

Eiclihorn  (.It-an-Godefroj),  né  le  IG  octobre  1752, 
h  DuTrea/Jinmern  ,  dans  la  priucipauié  de  Uolieii- 
lolie  OEIiringen  ,  priifesscur  à  l'universilé  d'Iona  et 
de  Giiltingiie,  savant  orientaliste  alb-mand.  Ce  labo- 
rieux pnifosenr  a  publié  un  irès-grand  nombre  d'()u- 
vrages  qui  ont  faii  sensailon  eu  Allemagne.  Nous  ne 
citerons  ici  que  i'Ilhio'.re  du  commerce  des  Indes 
orientales  cvant  Mohammed  ,  in«S° ,  Cotba,  1773,  et 
les  Monuments  les  plus  anciens  de  l'histoire  des 
Ariibes,  in  8*.  Ce  savant  est  mort  en  IS27. 

Ekeber<i  (Gustave),  né  en  Suède,  et  mort  en  1784, 
capiiaiiie  suédois;  aiilciir  d'un  Voyage  aux  Grandes- 
Indes  lUui  les  années  17  0  el  1771,Sli'c!vlnilm,  1773. 
EngcUmdh  (Cuaries-Aug  iste),  cciiva'U  allemand, 
né  le  i  février  1708  à  D.oi-de,  ei  mort  le  28  janvier 
1854.  Il  est  anicnr  de  divi-rs  ouvrages,  entie  autres  : 
Tableaux  tirés  de  IVt.sloire  d'Allemagne,  a  l'usage  de 
la  jeunesse;  Histoire  des  pays  qui  composent  l'éUctoral 
el  les  duchés  de  Saxe;  Voyages  pittoraques  en  Saxe; 
'Voyage  géOitraphicu-sl  antique  en  Italie;  Feuille  heb- 
domadaire géographique,  etc. 

Entrecasteuux  (  Jose|di-Aiitoine-nnmo  d'  ) ,  marin 
célèbre  ,  né  à  Aix  en  1710  ,  mort  en  1793  ;  auieur 
d'un  Voyagea  la  recherche  de  la  Peyrouse,  Paris,  2 
vol.  in-4°,  avec  un  Atla^,— Celle  exié  liiio»  est  très- 
ninir!|uable  par  les  nombreuses  découvertes  qui 
l'ont  signalée. 

Erhman.  M.  Erbnian,  naturaliste  et  voyageur,  est 
!c  fils  lin  savant  ICrhnian  de  Beilln.  1!  visita,  en  1828, 
1 81')  - 1  1 850  ,  les  vastes  solitudes  de  l'Asie  et  de 


GEOGRAJ-HIQUE.  1188 

l'Amérique  septentrionale.  Les  lettres  qu'il  écri- 
vit |iendant  son  voyage  sont  rempliiS  de  notions 
nouvelles  sur  la  Sibérie  el  la  fronlière  chinoise. 

£.'isf/i(Jean-Samnel),  néon  l7oG.àCloginen  >ilésie, 
devint  professeur  de  péogra;  hie  et  d'bistoire  mo- 
dori  c  à  l'iiniversité  d'iéni.  Il  esi  mort  en  IS2^,  à 
02  ans.  Ses  nombreux  onvragcs  sont  ccrils  en  alle- 
niaîid.  Il  e^t  aiileur  d'un  Képcitoiri'  dc>s  recnetls  pé- 
riodi(|ues  conceriiant  ta  goograpbie  el  les  scii'nces 
qui  s'y  r.ipiiorlcnt.  Ce  répertoire  forme  5  vol.  in-S", 
qui  ont  paru  en  1790  et  1792. 

Expilly  { l'ablié  J.-Jos.),  né  à  Saint-Rem!  en  Pro- 
vence en  l71;»,inori  en  17Li3  ;  auieur  d'une  Cusmo- 
gr  phie,  d'un  Dictionnaire  géog-aphiqiie  et  historique 
des  Gaules  et  de  la  France  ;  du  Manuel  du  Géo- 
graphe ;  de  la  Topographie  de  Cunivers. 

Eyrii's  (J.-B.  Uen),  né  à  Maiseille  en  1767,  sav,nnt 
géogiapbo,  Iradiicleur  de  beam  oii|)  d'ouvrages  étran- 
gers relaiifs  à  la  géngiMphiB,  et  de  Méiniiies  con- 
ceinanl  divers  poinis  i;éi)giapliii|nts.  —  Il  a  Cftntribué 
plus  que  personne,  pendant  sa  longue  c  irrière  (  cair 
il  est  mort  dernièiemcnt  octogénaire),  aux  progrés 
des  sciences  géograpbiqucs. 


Faher  (Félix),  dominicain  el  voyaîcur,  né  a  Zurich 
en  1441.  Il  fit  nn  ouvrage  sons  ce  litre  :  lielation 
du  voyage  à  la  terre  sainte  et  à  Jérnsulem,  et  du  retour. 
—  Ce  voyage  est  nn  des  plus  anciens  qui  aient  éié  im- 
primés, et  certainenienl  nn  ib  s  meilleurs. 

Fuhri  (Felix-Scbmi(l),  domiii'jain  à  Ulm,  a  écrit 
en  laiin  les  voyages  qu'il  (il  dans  la  l'alestine,  la 
Syrie  et  l'l''gvptc. 

Fiiesi  (.Ican-Conrad),  né  .'i  Zurich  en  1727,  mou- 
rnt  curé  à  Flam  h, village  |ués  de  Scliallonse  en  ITUt). 
Ecrivain  laborieux,  il  a  publié  nn  grand  nombre  d'ou- 
vrage- donl  les  principaux  sont  :  1°  Dcsmptivn  géogra- 
phique et  statistique  de  la  Suisse  ;  2°  Mémoires  sur  divers 
sujets  de  l'histoire  aiirieune  el  moderne. 

FalcLensiein  (.lean-Ilcnri  de,,  iKiquit  en  1082'  cl 
mourut  à  Srbwab.icli  le  5  février  1700.  Ses  prnci- 
Diux  ouvr.igessont:  1"  Oclicht  topo-gcoqraphica:  Sori- 
bcrgcmes;  2°  Anliquilates  et  n'.cmo>abilia  Marchiœ 
Drandcnbwgi'œ. 

Farnhum  (Thomas),  voyageur  anglais,  anicur  d'un 
Voyage danshs  Montagnes  Rocheuses  tt  dans  l'Orcijon, 
Londres,  1815,  2  vol.  in-8*.  —  Cet  ouvrage  ifonnc 
des  détails  ii'.éressanls  sur  ci'lic  partie  Je  rAméfique 
septentrion. lie,  si, vaste  ot  si  pou  .-oiiiuie  en  Km  ope. 

Felice  (Kortinié-liaribélcmy  Je),  né  à  l'onie  en 
17i5,  mon  en  1789,  îuteiir  d'un  Diclionuaire  ijcogra- 
phique  de  'a  Suisse,  2  vol.  iii-8'. 

Ferlet  (iidme),  eu  ISOÎ.anleer  d'Observations  gco- 
grajjAiiyiies,  eic,  sur  les  ouvrages  de  Tacite,  2  vol. 
in-8",  avec  rar'XîS  géograi  liiq.ies. 

Perrière  (Al.  de  ,  auti:ur  0'ur.e  Analyse  de  la  Sta- 
tistique générale  de  la  France,  2  vol.  in-8*,  ISOj  et 
1804,  ouvrage  publié  avec  l'autorisation  du  niinisire 
de  riQléi'ieur. 


11S9  BIBLIOGRAPdlC 

Fliiiriers  (Malthieii),  né  à  Doningioii  dan-^  le  Lin- 
ciilii-"  liii'P,  mort  en  18I-i,  iiavigaieur  el  gcngraplic 
anglais,  miieui-  d'un  Voyage  à  la  Nouvelle- Hollande 
cl  il'un  Ail  s. 

Folijcr  (Y. -F.),  a  composé  iin  Guide  pour  l'instriic- 
lioH  dnns  lu  géiyraphie  el  rellinographie,  giand  111-8* 
avec  If'  is  lablcaiix,  Hanovre,  IxSU.  In  calalo^no 
Irés-l»iin  lail  cl  des  l;ililfaux  géiié.ilojîiiiiies  Ijoiliient 
Pusago  de  cet  ouvrage,  doiil  l'aiikur  esl  digne  d'é- 
loge. 

Forbcs,  voyagent-  anglais,  né  en  17'8,  a  pnblié  des 
Yciijnges  en  Asie,  en  Aj  igiie  et  en  Amérique,  avec  des 
Oliservaiions  sur  le  eaiaciére  des  Hindous,  au  poinl  de 
vue  du  chrislianisine. 

t'orrest  (le  caiiiiaine),  navigaieur  ang'ais,  fit,  en 
1774  et  en  1773,  aux  Molmpies  et  à  la  iNonvelle- 
Gninée,  nn  voyage  nn'il  publia  à  smi  reiour  en  An- 
clelerrc.  Qnoiiiiie  lus  oavi^aienis  ponngais  el  espa- 
gnols ei.s^Cnl  aboulé  pliisieins  (ois  à  la  Nouvelic- 
Cnince,  on  avail  encore  très-peu  de  rcnseignenienls 
sur  cette  grainic  ile. 

Fumer  (Georges),  voyageur  et  géngrapbe  anglais, 
mon  dans  i'Ilindouslan  en  l7'J-2,  auteur  d'un  \o\jnge 
dans  l'Hindoiiilan,  dans  le  Kaboul,  ou  Afghimitlan,  et 
dans  les  provinces  voisines  de  la  mer  (  aspienne.  Il  a 
laissé  aussi  un  Mémoire  suila  mythologie  et  les  mœurs 
des  m  idous. 

Fots!cr  (Jean-Reinli('UI'),  ne  en  1729  dans  la  Prusse 
polonaise,  niorl  en  1778,  .luienr  du  Voijage  autour 
du  monde  avec  le  capitaine  Cooli. 

Fosbroke,  auieur  anglais,  a  écrit  un  ouvtage  cu- 
rieux sur  les  nioua-ièri!s  d'An^ileterre. 

Fra  Mauro,  cnniposa,  de  lia"  à  1459,  sa  fameuse 
Mappemonde, ouvrage  prod'gitux  pour  le  temps;  elle 
e^t  peinie  sur  parcbemin,  elle  a  en  liauicur  un  mètre 
75  cenlinièires,  en  largeur  un  mètre  9S  cenlimétres; 
elle  s'e>t  conservée  avec  tout  l'èclai  di^  ses  peintures, 
on  en  possède  plusieurs  copies.  Ce  savant  avait, 
comme  tous  Us  grands  géographes,  cet  insiini t  d'in- 
luilion  qui  fiit  voir  au  travers  dus  ren^c  gneiiients 
la  vérité  plus  exacte  uicine  que  le  voyageur  ne  l'a 
rendue. 

Freminville  {\e  chevalier  de),  capitaine  de  frégate, 
a  rédigé  un  Abrégé  historique  el  chronologique  des 
principaux  voyages  de  découvertes  par  mer,  depuis  l'an 
2O1IO  avant  .1.  -C.  jusq'i'au  cnmmenrement  du  xix« 
siècle,  in-8",  P.iris,  18.9,  imprimerie  royale.  Ce  tra- 
vail rsl  fail  aveu  habileté  et  préci-ion. 

Freyànel  (l.ouis-Claude-De'=:iu^e-.  de),  néàMonté- 
limar  en  1779,  a  fait,  de  1817  à  1820,  sur  la  corvette 
rt/roHie, nn  voyage  de  déionveries  aux  icrres  austra- 
les. Ce  voyage  a  été  imprimé  par  ordre  du  gouverne- 
ment. M.  de  Freycinet  s'était  surtout  apidiipié  .à  re- 
cueillir des  notions  sur  les  tribus  sauvages  de>  terres 
australes,  pour  les  comparer  à  d'aiilres  familles  du 
genre  humain,  et  venir  ainsi  en  aide  à  la  science  an- 
thropologique, à  l'bisi.iire  Baturclle  de  l'homme. 

Frézier  (Au)édéo-Frauç  tis),  ingénieur,  né  à  Cliam- 
béry  en  1682,  mon  en  France  en  nT.î,  — Nous  avons 


GEOGRAPHIQUE. 


1190 


de  lui  une  Relation  du  voyage  de  la  mer  du  Sud  aux 
côtes  du  Chili  et  du  l'érun,  lait  pendant  IcS  années 
1712,  1713  et  I7H;  Paris,  171G,  iii-4'',  avec  «ânes 
el  lig.  Il  avail  clé  chargé  par  I.,  uis  XIV  d'aller  vi- 
siter l'Amérique  espagnole,  et  cette  Uelaiion  isi  le 
résultat  de  son  vnynge.  —  C'est  lui  qui  appoiia  du 
Cliili  eu  France  la  grosse  fraise,  Uile  fraise-an  'uas. 

Fries  (Jaci|uesFrtMléric),  né  en  1773  à  Barby,  en 
Prusse,  professeur  en  ISlU  de  |  hilosophie  ibéoréti- 
que  à  l'iMiiversiié  d'iéiia, s'est  lail  remsripicr  par  im 
Manuel  d'anthropologie  en  deux  vol.,  18-0-l8il.  Il  a 
publié  plusieurs  aii.res  ouvrages,  par  excuipléj  un 
Système  complet  de  pltilo^ophie  en  plusirur-.  vol. 

Friiz  (SaniLielj,  jéiuiie,  né  en  Uoliéine  eu  I6i3, 
mort  eu  KiS,  alla  cumme  inissionnaiie  au  Pérou  en 
1683.  Si's  obseï valions  le  m  reiil  en  éiai  de  dresser 
une  carte  du  .Maragnun  (lleuve  des  Amazones),  dont 
La  Cnudauiine  a  <lii  que  c'élail  nn  moiceai  piéeieux 
et  uni(|ue.  Le  P.  Fritz  avail  lai  se  aussi  un  jo  niai, 
qui  esi  re:.ié  dans  les  aieliives  du  collège  des  .léiiiiies 
de  (Juiio.  Il  est  à  regielttr  pour  la  science  geugia- 
plii(pie  que  ce  journal  n  ait  pas  été  pulilié. 

Frœlich  (Daud),  ne  à  KoMoark,  dans  la  haute  Hon- 
grie, a  pnlilié  les  ouvrages  suivants;  Medulla  geogra- 
phiœ  piailicie;  des  antieiis  liabilaiiis  allemands  delà 
llongr  c,  du  coinié  de  Lips  el  de  ta  '1  raiisylvanie, 
Leuisi  hall,  lli'tl,  in-4°,  en  alleuiand. 

Fioes  (  Louis),  jésuite  et  m:ssionuaire  portugais, 
né  à  lieji  en  162S,  mon  en  1.VJ7;  auieur  d'une  //is- 
toria  de  Japon,  eu  irois  parties.  Oaiis  la  première  il 
est  pailè  (In  climat  ei  des  latandes.  Cei  ouvrage  est 
aussi  lec.  iiimaiidable  par  b.  style  ipie  pir  les  nolices 
curieuses  cl  exactes  qu'il  conlicnl.  Il  est  lesté  ma- 
nuscrit, 

Froger  (François),  ingéiiieiir  français,  né  eu  lfi76; 
auteur  il'imo  Relation  d'un  voyage  laii  en  16!)5, 
1()9G  et  l(:97  aux  côtes  d'Afrique,  déiroit  de  Magel- 
lan, l)ré-il,  Ciyeuue  el  aux  Antill -s,  à  Paris,  1098, 
iii-12,  avec  canes.  —  Les  deser  plions  et  les  cartes 
sont  esiimées  même  aujourd'hui. 

Furgauli  (Mcolas),  prolesseui-émcriie  à  l'univer- 
sité de  Paris,  naipiii  eu  I70G  à  Saint-L'rbain,  prés 
Cliâl  nis-sur  Marne,  et  mourut  en  17,  5.  il  lil  ses  étu- 
des àTroyes,  vint  les  perfectionner  à  Paris,  el  fut 
d'abord  régent  de  sixième  an  co'lége  "  azarin.  Il  s'é- 
leva successivement  dans  l'ensi  ignemeut,  où  il  a 
laisé  une  lépuiaiion  de  savoir  el  d'inielligenee.  Il  a 
coii'pisé  [ilusieurs  ouvrages,  et  entre  aulies  un  Dic- 
tionnaire d'antiquités  grecques  el  romaines,  petit  iu-8*, 
ei  un  Diclionnaire  géographique,  historique  et  mytho- 
logique, in-S",  Paris,  1778. 

Fgot  de  la  Marche  (Claude),  abbé  de  Saint  Etienne 
de  Dijon,  né  en  celte  ville  en  l'.ôJ,  mort  eu  1721; 
auteur  de  Vllistoire  de  l'Eglise  de  Saini-Eiienne  de 
Dijun,  avec  les  preuves  et  le  poiiillé  des  bénéfices  dé- 
pendants de  celle  abbayt;;Diirin,  1G95,  in-fol.  Ce  livre 
Cil  bien  écrit,  et  peut  élre  consullé  avec  uiililé  pour 
la  géographie  ecclésiastique. 


191 


Gage  (Tlinnins) ,  né  en  Irlande  à  la  fin  du  xvi^ 
siècle,  iiHirt  à  la  Jainiiiiuceu  16j4.  Kelii^ieux  domi- 
i.icain  d'iibord,  il  pas;:.,  plus  de  "20  ans  dans  l'Amé- 
rique espagnole  ,  qu'il  éui.lia  ;  de   retour  en  Ai.g'e- 


BIBLIOGRAPIUE  GEOGRAPHIQUE.  1192 

5  ce  sujei.  Il  fil  encore  un   autre  ouvrage   sous  ce  ' 
lilre  :  Essai  cliroiwlo.iique  pour  l'Iiisloire  générale  de 
la  Floride.  —  On  a  encore  deG^ircias  :  ViéUcalion  de 
rEiaiigile  dans  le  Nouveau  Monde. 

Caspiiii  (Ailricn-Clnélien),  né  à  Sdili-iisingcn  en 
i'bi.  mort  en  18311,  auteur  il'nn  llvie  mr  t'Entei' 


rre,  Il  ^ilijnia  le  callnilicisme  pour  l'an^îlicanisinc—  gnement  de  la  géographie  el  sur  les  moyens  propret  a 

Il  a  composé  une  De!>aiption  des  Indes  occide.ilales  /«  fucilUer  ;  d'un  M'uncl  cnmplcl  de  géigr:ipliie  nio- 

(l'Amrriiine  e>p:i;;iiolo  du  Contre  it  du  Nord).  dcrnc  ;   d'un  Aloianach   universel  de  téograpliie  Cl 

Gail  (Jeaii-Bapustc),  né  a  l'arls  en  1753,  mort  en  je  stnlislinue. 
182!'.  NiHis  ne   le  citons  pas  ici  comne   liellénisie  ,  c^d  ,•  (Jacques  de),  célèlire  pliysirien  liolandais, 

mais  couime  géographe,  pjur  sa  Céograpk.e  U'IIéro-  „,;  gn  177  J,  prolessenrde  inalinjinaliques  au  co\:é;6 

^Qlg^  de  Délit  ;    auteur    d'une  Géographie  malhématique  , 

Calanus  (Clénieni),   zélé  el  savanl  missionnaire  2  vol.   in-S"  ;  d'une  Céo^rapAie  du  royaume  de  11  ol- 

llié^itin,  naquitii  Sorrento  dans  le  royaume  de  Naples.  lunde,  in-8°. 

—11  lit  un  ouMage  sous  ce  utre  :  Conciliation  de  CE-  Cemelli-Careii  (Jean-François),  voyageur  célèbre, 

alise  aiméiiienne  avec  l'Eglise  romuine  sur  les  lémoi-  est  né  à  Naples,  en  l6ol,  d'une    lamile  qui  lenail 

gniigcs  disl'èies  et  des  dochurs  arméniens.  i)n\i\\iiu\\.  un  rang  di^liiigué.  Il   parcournl  rapidement  l'it-ilie, 


encoïc  inie  grammaire  sous  ce  litre  :  GrumiiuUicœ  et 
logieœ  in!>tiluii.nes  linguœ  lilleralis  armenicœ,  nddito 
vocabitlario  armeiw-iaiinu  dictionum  schulasticurum. 
Gali  (Fra.çms),  naviguieur  espai;n  I  au  xvf=  sic- 


la  France,  1  Angleterre,  la  fielgiiiue.  ta  Ho'Liide, 
l'Allemagne,  ei  servit  comme  volont.iire  en  llonorie, 
en  lCt,7.  Il  vit  ensuite  le  Poriugal  et  ^E^p:lgne,  en 
1C89,  el  publia  la   relalinn  de  ses  .ourse-.  Il    par- 


ole, «xploralenr  de  la  <ôie  i  uesl  de  l'Amécique  espa-  courut  pri;S(|i)e  tomes  les  contrées  du   inonde  et  Ot 

gnoie.  Il  a  laissé  une   Itelatioa  de   ses  re>  bercbes  ,  „„  ouvrage  intitulé  :  Voi/ni/e  autour  du  monde. 
qui  a  été  iradu.te  en  bolamlais,   en  français  el  en  Gentil  (Jean-Uaptisie-Josepb),  né  .à  Itagn-ls,  le  25 

an^l.ii,.  —  Gaii  é-ait  un    navigateur  expérimenté  el  j^jn  1726,  et  mon  au  même  lieu,  le  15  févrer  1799. 

doué  do  talent  de  bien  observer.  — 11  esl  aiueiir  d'un  Abrégé  rie  Géograpiiie  de  l'Inde, 

Gulletti  (l'ierre-Louis),  né  i»  Home  en  17-21,  moit  ^j  ^^^^,„^  llitoire  métallique  de  cette  contrée, 
en  1.90,  Lvè.ue  de  Cyiéne,  auteur  de  Mémoires  le-  Q^,g,.g  (Jean-.Mi«liel),  né  à   B;cb..ffgiùn,  bourg  de 

liitijs  à  la  géographie  topograpiiigue  de  lioine  el  des  y^  régence  prussienne  de  Baireuih,  en   171(1,  de  pa- 

Eliils  de  t'Eglise.  rents  pauvres  el  malheureuv,  s'é  évade  l.i-nième 

Gamba  (U:  chevalier  Jacqnes-François).  voyageur,  p^,.  ^^„  travail  et  sim  intelligence.  Il  a  composé  un 

né  à  Dunkerciue  en  1765.  Il  visita  successivemciil  la  Dictionnaire,  \v.e  Grammaire  de  la  langue  winde  et 

Rus^ie  méridionale,  le»  déseili  de  la  mer  Caspienne  y^g  Mytholoaie  de  cel  ancien  peuple,  écrite  dans  sa 

et  les  provinces  du  Caucase.  Il  lut  consul  de  Frame  langue. 


à  Tillis  sous  la  ies:auiation.  11  a  laissé  un  Voyage 
dans  la  Russie  méridionale  cl  particutiéremenl  dans  Us 
provinces  situées  au  delà  du  Caucase ,  2  vol.  in-8°, 
avec  cartes  géographiques. — Cet  ou\rage  esl  estimé, 
même  après  le  voyage  de  .M.  Hoinniaire  de  Hell  dans 
les  mêmes  contrée,-. 

Cartel  (le  colonel) ,  olficier  au  service  de  la  Rus- 
sie, a  publié  une  Description  des  régions  situées  à 
r occident  de  ta  mer  Caspienne.  Celte  d.  scription  i en- 
ferme des  notions  ir.iéiessaiiies  sur  les  divers  peu- 
ples qui  babilenl  ces  contrées,  si  peu  connues  des 
Européens,  et  «lui   cnnservent  tor.j  uns  leur  pbysio- 


Georgiewitz  (Bartliélemy),  voy-geur  bongrnis,  esl 
auteur  de  l'ouvrage  intitulé  :  Voyage  de  Jéiusalem 
avec  la  description  d.s  cites,  villes,  etc.,  de  t'Elat  de 
t'empireur  des  Turcs. 

Georgisch  (Pierre),  savant  pnblici^le  allemand,  no 
en  I6';S,  mouruiii  Dresde  en  1744.  —  Il  aiuibliéles 
ouvrages  suivants  :  1°  Er-sai  d'une  iniruduclion  à  l'his- 
tnire  et  h  la  géographie  romain' ;  2°  Corvu^  jiiris  gcr- 
maiiici  aniiqui,  quo  continentur  t-:ges  Fruncoriim  Sa- 
lie œ  cl  iVipuarium.  Mamannoram,  Uoiuariorum,  liur- 
guiidioniim,  Frisioritih,  etc. 

Céiiimb  (le  P.  J.  dei    du  cnuveni  ilc  la  Trappe,  a 


nomie    particulière  et  tarattérislique  ,  in.dgié  les      ^ojii  |,i  relation  du  péhrnage  qu'il  fit  en   I.S5I,  a 


guerres  et  les  révidulions  politiques. 

Gare  a  (Gregorio),  de  l'orire  de  Sainl-Dominique, 
cnnipo-a  en  11J-2G,  un  ouvrage  so'is  le  titre:  llisto- 
ria  eccle4iis:ica  y  ecular  de  las  liiiias.  Cette  bist'dre 
ecclésia-liiine  fournil  des  renseignements  à  la  géo- 
graphie religieuse  el  mo:iaslii|ue  de  l'.Vmérique.  Il 
esl  à  regretter  qu'elle  n'ail  pas  été  cocitinuéc. 

Giirciiis  (Giégnire),  religieux  ilominicaiii,  esl  né  pn 
15o4  à  Coziren  .Andalousie.  —  Il  piibli.t  un  ouvrage 
sous  ce   lilre  Origine  des  Indiens  du  nouveau 

monde,  avec  un  discours  sur  les  opimuns  ^e!3li^es 


Jérusalem  et  au  mont  Siiiaî.  Cette  relation  a  pain  a 
Pans,  in  S%  en  1X50  •  cl  à  Tournay,  in-11  en  l.v'w. 
—  On  connaît  le  mérite  et  la  piété  de  ce  religieux, 
qui,  avant  d'entrer  en  religimi.  éiail  général  autri- 
chien et  chauibelUn  de  l'i'inperenr  François  II. 

Gérard  (J.-C),  lit  en  IS2U  une  ex.  ursi.ui  ilans  les 
montagnes  qui  avoisinenl  l-.idak  (A-ie  conirale).  La 
rigueur  du  climat  rendit  cotleexpéditiuu  désasirensc: 
mais  elle  n'en  fut  pas  moins  uidc  po.ir  la  gi-..grapbie 
de  celte  coiilrée.  M.  Gérard  rencoutn,  ii  IjHC  hau- 
teur de  plus  de  oO«H)  mètres,  des  Tariares  avec  leurs 


1193  BIBLIOGRAPHIE 

tentes  noires,  leurs  chevaux  et  leurs  cliiens.  Il  se 
trouva  à  irois  journées  de  marche  de  {'Indus,  mais  il 
n'eut  pas  la  satislaction  de  contempler  ce  flt-uve  so- 
lit:iire  et  mystérieux.  Il  parvint,  dans  cct'e  explo- 
ration, i  réunirnnc  magnlTique  colleciiondc  coquilles 
et  d'éclianiillons  de  rorlies  coqiiilléres  à  des  hau- 
teurs de  4  à  5000  mètres.  En  descendant  dans  les 
vallées,  il  eut  orcasinn  de  visiter  plusieurs  monas- 
tères de  Lamas,  dans  lesquels  il  déclare  avoir  été 
bien  accueilli.  La  relation  de  son  voy.ige  fut  commu- 
niquée, en  I83'J,  à  la  société  asiatique  de  Calcutta. 

Cibrai  (Jpan-U.Tplis;e),  piéire  de  la  doctrine  chré- 
tienne, né  aux  Cabines,  près  de  Cordes,  diocèse  de 
Tarhes,  en  172-2,  mourut  à  Castclnaudary,  en  dé- 
cenibrc  1805.  il  a  publié  plusieurs  ouvrages,  parmi 
lesquels  i  n  peut  citer  :  1°  Une  Géogra\)li\e  moderne, 
dont  il  y  a  eu  7  éditions  ;  2°  une  Géographie  ancienne, 
sacrée  et  profane. 

Ciorgi  (Antoine- Augustin),  religieux  augustin,  na- 
quit en  1711,  à  Sanlo-Mauro,  près  de  HImini.  Après 
avoir  professé  la  théologie  au  giaiid  collège  de  Bo- 
logne, il  mourut  en  17^V,  en  laissant  un  alphabet  ti- 
bétain, conipilaiion  immense  qui  suppose  autant  de 
travail  que  d'érudition. 

Codefroy,  surnommé  de  Viterbe,  où  il  naquit, 
chapelain  et  secrétaire  des  eii;pereurs  Conrad  III, 
Frédéric  I^'  et  llenii  IV.  Il  mourut  abhé  du  nionas- 
lère  de  Colihweich  en  Autriche.  —  Nous  avons  de 
lui  u:ic  Chronique  qui  commence  à  Adam  et  Gnii  à 
1I8(>,  2  vol.  in-rolio.  Il  avait  pour  son  temps  une 
érudition  tiès-vasie.  Cette  chronique  a  pour  titre  : 
Codefridi,  abbulU  Gotwicentis,  Chronicon  Gotwicense, 
1732. 

Goduin  (François),  né  en  1361,  à  llavington,  au 
comté  de  Northampton,  évèque  de  Iléreford,  a  pu- 
blié un  Catalogue  d,'s  évéques  anglais  depuis  l'élablis- 
sement  de  la  religion  chrétienne  en  Angleterre,  etc., 
etc.,  ItOl,  in-i°. 

Goelnitz  (Abraham),  géographe  né  à  Danizig  dans 
le  ivii^  siècle,  a  public  plusieurs  ouvrages  estima- 
bles. Un  coimait  de  lui  les  suivants  :  1°  Ulysses 
Gallico-Be.gicus,  per  Belgium,  Hispaniain,  regnum 
Calliœ,  ducalum  Habaudiis ,  Taurinuyn  usque  PeJc- 
montis  inuropolim.  2°  Compeiidium  geographicum 
iuccineta  melkodo  adornalum.  On  ignore  l'époiiue  de 
sa  mort.  Le  Compendium  parut  à  Amsterdam  en 
i643. 

Goeiz  ou  Coez  (André),  né  à  Nuremberg,  en  1698, 
et  mort  en  178U  ;  auteur  de  plusieurs  ouvrages  et 
de  Vlntroduclio  in  geoyraphiam  aniicjuam  in  x  tabb. 
geogr.,  Nuremberg,  1729. 

Gumara  (  François  Lopez  de  ) ,  né  en  1510  à  Sé- 
ville,  a  composé  une  histoire  de  la  Nouvelle-Espa- 
gne, et  diS  Américains,  dits  improprement  Indiens. 

Gordon  (Alexandre),  antiquaire  et  artiste  écossais 
du  xviu'  siècle.  Il  mourut  en  l'an  17.^0.  — On  a  de 
lui  :  1"  Itinerarium  septentrionale,  ou  Voyage  dans 
plusieurs  parties  des  C'imiés  de  l'Ccosse  et  du  nord 
de  rAnjjleterre;  2*  Supplément  à  l'itinéraire  général. 

DlCTlONNAlHli   DE   GÉOGRAPBil   ECCL.   II. 


GEOGRAPHIQUE.  |194 

Cordon  (Patrice),  géographe  anglais,  auteur  d'une 
Granii.are  géographique,  ou  f/luiôt  d'une  analysa 
exactf  et  cuurie  du  corps  eniiiT  de  la  géogiaphie 
moilonie,  iii-8°,  171S.  L'iilée  e^t  originale,  l'exécu- 
tion, s  ns  è:re  brillante,  est  ingénieuse. 

Gouge  (Thomas),  né  à  Dieppe  en  ICo'J,  mort  à 
Paris  en  1725,  auteur  du  liecucil  d'observations 
physique!:  et  malhémaliques  pour  sirvir  5  la  perfec- 
tion de  l'astronomie  et  de  la  géographie,  envoyées 
de  Siain  par  les  jésuites  missionnaires. 

Courgues  (Doiiiinii|uede),  ne  .i  Monl-iIe-Marsan  au 
xvis  siècle,  mort  à  Tours  en  ld95;  auteur  d'un 
Voyage  dans  la  Floride  et  d'une  description  de  cette 
contrée,  in  4",  ouvrage  assez  rare. 

Gvunié  (l'abl)é  Pierre  Mailii.is  de),  ne  à  Dieppe 
en  I7t2,  mort  en  1770,  est  l'autc-ur  d'une  Descrip- 
tion géographique  des  provinces  rfj  Fiance  ;  d'une 
Desiriiiton  de  l'Espagne  et  du  Portugal;  d'une  In- 
troduclio  t  à  la  gJ'igraphie  ancienne  et  moderne.  Il  a 
composé  également  un  livre  sur  le  choix  des  cait  ■» 
géographiques  ,  et  un  [\ss\i  sur  l'histoire  de  la  g'O- 
yruphie.  Ces  divers  ouvrages  sont  remplis  de  goût, 
et  l'auienr  éiait  aussi  laborieux  que  judicieux.  Ou  a 
prclcndu  que  \' Essai  sur  l'histoire  de  la  géogra- 
phie avait  donné  à  Malte  lirnn  l'idce  de  son 
llis'.oi.e  des  progrès  de  la  géographie.  Si  le  lait 
était  vr.ii  ,  mais  nous  en  douions,  Malte  Brun 
n'aurait  pas  imi'é  le  goût  de  son  inspirateur  ; 
car,  outre  qu'il  manque  souvent  à  la  jusiire  en  ne 
signalant  pas  les  services  rendus  à  la  géographie 
par  les  missionnaires  cailmliques,  son  ouvrage  est 
écrit  d'un  bout  à  l'autre  en  siyle  bourioiiné. 

Gouvéa  (Antoine),  né  eu  157S  à  Réja  en  Portu- 
gal, n)ort  eu  l(i2S;  auteur  d'une  Ilisoi.e  orientale 
de  l'Eglise  catholique,  in-ful.  :  ouvrage  utile  à  la 
géographie  de  l'Eglise  en  Orient. 

Gouiéa  (Anioine  de),  jésuite  portugais,  né  en 
13;  2,  ;i  Casa'e,  diocèse  de  Viineu,  a  laissé  les  ou- 
vrage.-, suivants  :  Asia  e.vtrema  ,  Histoire  de  la  com- 
pagnie de  Jésus  en  Chine  :  livres  bons  à  consulter 
pour  la  géographie  de  l'Eglise  dans  l'Asie  orientale. 

Gozuni,  jé.suite,  missionnaire  en  Chine,  anieurd'un 
Mémoire  en  171)4,  contenant  des  détails  intéres- 
sants sur  l'existence  d'iinecolonie  de  juifs  à  la  Chine. 

Graaf  (  Meol.'vs  de  },  voyageur  hnlland-is  au  xvii« 
siècle;  auteur  d'un  Voyage  aux  îles  de  la  Sonde, 
dans  l'.Uie  méridionale  et  orientale. 

Griindidier  (l'abbé  Philippe-Andrél,  né  à  Stras- 
bonig  en  1752,  chanoine  de  la  cathédrale.  A  24 
ans,  il  publia  les  deux  premiers  vol.  de  l'/Zi  loire 
ecclésiastique  d'Alsace.  Mort  à  l'abhaye  de  Liicelle,  à 
54  ans,  en  1787.  A  l'âge  de  25  ans,  il  était  mem- 
bre de  vingt-une  académies.  Il  a  écrit  Vllisioire 
de  l'éiéché  et  des  évéques  de  Strasbourg  ;  2  vol.  seuls 
ont  paru.  Cet  ouvrage  dénoto  une  véritable  science 
de  1.1  part  de  l'auteur.  Il  a  composé  des  Essais  his- 
torique et  topogruphiqu.es  sur  l'égise  cuhédrale  de 
Strasbourg,  in-8',  livre  rempli  d'érudition. —  L'abbé 
(îrandidier  fut  un  des  priiiciiiauv  lédacleurs  de  la 

38 


nos                                                 BinUOGUAVniE  GEOGRAPHIQUE.                                                 UDO 

Cnniania  sacra.  Il  :i  laisté  à  jusie  tiire  la  lépulaiion  GuérilauU  a  rédigé  la  relation  de  ces  voyages,  ei  y  a 

d'un  des  ccdé-bsiiTies  les  plus  savants  et  les  plus  joint  une  noiice  sur  la   pclUe  île  de  Siiigaporc,  à 

liiborifiiis  ilu  xvme  si(^cle.  rextréniilé  sud  de  la  péninsule  Mabye.  Elle  donne 

Claudine  (le  coinle  Louis-Mar.-Jospph  de),  né  à  son  nnni  au  détroit  sur  lequel   elle  se  trouve.    Les 

Saini-.M.  Ii  eu  1"(>1.  On  a  de  lui  une  Cco^rup/d'e  élé-  Aigla  s  eu  prirent  possession    en   1816;  ma  s  ce  no 


mentaire  pliiis'qiie  avec  un  niclioiiiiniic  iiiiiie  sel  de 
géographie  mmiliiiie. 

Oiatii  (Charles),  naquit  en  Ecosse,  l'an  17 ;6.  !1 
mourut  le  51  octobre  1823.  Il  est  rauleiir  d'un  ou- 
vnige  iutilulé  :  Observations  sur  l'état  social  des  su- 
jets asiatiques  de  la  Grande-Bretagne. 

Grappin  (i'ierre-I'liilippe),  naipiii  le  !"='■  février 
1758.  à  Ainvelle-lez-CoiiQans,  bLiilli:ige  de  Vesoul.  Il 
est  Tauieur  de  deux  volumineux  Mémoires  sur  les 
abbajes  de  l.uxeuil  et  de  Favcriicy.  Il  niourui  le  20 
noveniiire  1855. 

Grossi  (Joseph),  naquit  à  Turin  le  50  novcuibie 
1779.  Il  composa  un  ouvrnge  connu  sous  le  ti  re 
àWperçu  itatislique  de  l'ancien  Piémont,  in-4'.  Il  de- 
vint aveugle  en  1  25  ,  et  mourut  sublteiuent  à  Turin, 
le  22  janvier  1831. 

Gravina  ^D.uniiiique),  né  à  N.iples  vers  1580.  On 
lui  allr.bue  un  ouvrage  ainsi  nommé  :  Vie  de  saint 
Grégoire,  archeicque  et  primat  d'Arménie,  avec  uji  ta- 
bleau di;  létal  de  la  religion  dansée  pays. 

Grog  (Robert),  évoque  anglican  de  Rristol,  naquit 
àLiindffS  er.  1762.  Il  a  publié  des  Lettres  écrites 
pendant  un  voyage  en  Allemagne,  en  Suisse  et  en 
It.i'ie,  avec  des  observations  sur  la  géogia|iIi.e,  la 
liiiératiire  cl  la  religion  de  ces  pay«.  L'auteur  s'y 
montre  fuie  e  à  l'esprit  pas^iouiié  et  haineux  del'an- 
glicnuisiue  pour  la  religion  caiholi<|ue. 

Crcig  (J  ),  .américain,  auteur  d'un  Voyage  dans  tes 
prairies  occidentales  et  dans  le  nord  du  Mexique, 
in-8°,  2  vol.  avec  planches  et  caries;  ciivrage  cu- 
rieux ft  utile  par  .<es  remarques  neuves  et  s. s  ob- 
servatiims  géographiques .  N.'W-Ynrk,  ISli. 

Grigorii  (Jcan-Godefroi),  infatigable  géjgraphe  et 
r()ni|)ilatfur  allemand,  vécut  dans  la  ircniièie  nini- 
lié  du  xviil^  siècle.  Voici  l 'S  litres  de  q^ielipie-uns 
de. ses  on\raîPS  :  1°  Cengrapttia  novissima,  ou  Des- 
ciipiiou  de  a  terre,  des  piys  et  des  vdles,  2"  Vro- 
yrapliia,  ou  description  des  principales  niout'gnes 
en  Furope,  en  Asie,  en  Afrique  et  en  Amériiue. 

Grillet  (i'iibbé  Jean-Loui^),  savant  et  laborieux 
écrivain,  r.é  en  1756,  à  b  Roche  en  Savoie,  m  rt  en 
18l2;auleur  A'Elé.nents  de  géoyiaphie  aitapiés  à  iltis' 
loire  d,' Savoie,  Cl.ambéry,  1788,  iu-8°.  11  a  publié 
ercme  un  liecueil  de  mémoires  et  rie  litres  pour  servir 
à  l'histoire  du  diocèse  de  Genève,  IL  vol.  in-iolio. 

Grozier  (l'abbc),  savant  au  si  modeste  qui-  labo- 
rieux, a  composé  une  Uescriplion  générale  de  la  Chine. 
L'ouvrage  est  louable  assurément.  Nous  icproclie- 
rons  néanmoins  à  l'auteur  di'  s'éirc  uii  peu  l.iissé  sé- 
duire par  tout  le  brillant  clinquaiii  de  la  Chine,  et 
d'avoir  exagéré  sa  population  ainsi  que  sa  prétendue 
civilisation. 

Gu<ri(nu((,  de  Nantes,  a  -fait  plusieurs  voyages  aux 
Philippines  dans  les  années  I82i,  1S25  et   1826.  M. 


fut  qu'en  1819  qu'on  commença  à  y  bàiir  des 
maisiins,  des  baraquts  et  des  forts.  Aujourd'hui  I» 
ville  de  Singapore  compte  près  de  100, lOO  habi- 
tants. 

Guetiard  (Jean-Etienne),  médecin  naturaliste,  et 
l'iMi  des  homines  qui  ont  le  plus  contribué  à  répandre 
en  France  le  goût  de  la  minéralogie,  naquit  à  Etam- 
pes  Ie22  sc|ileiiibre  1715.  Il  est  auteur  dtsnuviages 
inliluiés  ;  1°  Mémeire  sur  la  nature  et  ta  situation 
des  terrains  qui  traversent  la  France  et  l'Angleterre; 
2°  Atlas  et  description  minératogique  de  la  France.  Il 
mourut  à  Paris  le  8  janvier  1786. 

Guido,  était  un  prêtre  de  la  ville  de  Ravenne,  qdi 
vivait  dans  le  ix''  siècle,  et  non  pas  d.ins  le  vii«, 
comme  on  l'a  dit  par  erreur.  Il  a  composé  une  Géo- 
gia[)liie  à  laquelle  il  n'a  pns  mis  son  nom,  et  qr.i  est 
connue  soii>  le  titre  de  :  Géographie  de  l'Anonyme  l'e 
liavenne. 

Gutdenstaedt  (Jean-Antoine),  médecin  ei  géographe 
russe  au  xviiif  siècle,  a  laissé  des  .Mémoires  géo- 
graphiques sur  les  pays  situés  entre  la  mer  Nûreet 
la  mer  Caspienne.  Ces  Mémoires  ne  manquent  pai 
d'intérêt,  et  aujourd'hui  encore  il  convient  de  s'y  re- 
porter; car  la  physionomie  des  contrées  qui  y  sont 
décrites  ti'a  pas  changé.  Les  pcpuralionsdu  C  lucase, 
malgré  l'invasion  et  la  gneriè  pe:manente  de  la  Rus- 
sie, n'ont  rien  perdu  de  leur  caractère  indépendaut, 
original  et  romanesque. 

Cumita,  niisMOnnaire  espagnol,  fut  aiiaclié,  dans 
le  siècle  l'ernier,  aux  missions  des  bords  i!c  TOré- 
niiqnc.  On  sait  que  les  deux  ri  es  de  ce  fleuve  .'ont 
successivement  parcourues  par  b'S  irihns  fort  variées 
des  liiiliens,  qui  ne  peuvent  s'en  élniguer,  et  qui 
meuienl  lorsqu'ils  ne  voient  plus  les  e.mx  jruniJties 
de  leur  fleuve  ehéri.  LeP.  («ini^ila,  inuteii  s'tffoiçant 
d  ins)iirei-  quelques  idées  chrétiennes  à  ces  |i:iuvres 
sauvages,  recueillit  une  fonte  de  lonse  gnemeins  sur 
le  (  ours  du  n  uve,  ^u^  les  pays(|uM  arrose,  sur  leuiS 
piDd.iCtions,sur  la  ferll  léqu'illeur  procure  et  sur  les 
ravages  (|u'il  exerce  lors  du  débo- dément  de  ses  eaux. 
Ces  reclierclies  reudiient  le  missionnaire  plus  véné- 
rable aux  Iniliens,  et  ils  s'attachèrent  d'auiàul  pus  à 
l.À  (|u'.l  paraissait  s'allaeher  davau;age  à  l'O  inoque. 
C'est  ain»i  que  le  P.  Gnnnla  composa  l'histoire  natu- 
relie  et  géngraphiqne  de  ce  fleuve  :  travail  tout  à  fait 
reuiaïquable  et  que  rien  jusqu'à  ce  jour  n'a  icth- 
plaié. 

Cu'.hric  (William),  Ecossais  d'origine,  appartient 
au  sicc'e  dernier.  Il  est  l'auteur  d'ujie  Gé^gaphit 
uniierselle  du  globe,  en  9  vol.  in-S°,  avec  un  allas  in- 
l'.ilii).  La  coinpositiiui  de  cel  ouvrage  l'occupa  une 
partie  de  sa  vie;  elle  por:e  le  cachet  de  l'esprit el 
des  opinions  religieuses  de  l'auteur.  Le  livre  a  obiei.v 


1197  BIBLIOGRACHIE 

un  ceriain  succès  en  Ecosse  et  en  Angleterre;  il  a 
été  traduit  en  allenianiJ  el  en  français. 

H 

nafdinghani  (Richard),  vers  la  fin  du  xiv«  siècle, 
peignit  sur  l'aulel  de  la  caiiiédrale  d'Ilcrefoid  une 
cane  qu'on  su|ipiisû  re  rc^enler  ritiiicr.iire  des 
Israéiiti'S  depuis  Sucnili  jnsprà  .léiiclio. 

Ualketl  (.l(dui),  e-q.,  vojageur  ccossa  s.  L'ouvrage 
puldié  <'ii  S.^'io  par  cet  auleur  est  inliiulé  :  Soles 
hisloiiques  conceinnnt  les  Indiens  de  VAménque  sep- 
lenlriona'.e,  nv(C  des  remarques  sur  les  tcnlatives  fiites 
pour  lis  convertir  el  les  civiliser.  Ce  livri!  n"a  pas  cié 
traduit  en  français,  et  nou.>  le  regieltoiis  ;  car  il  est 
intéicssant  cl  u  ile.  J<  lui  llalkeit  coniinence  par 
riiistiiirc  de  rinlerveiition  française  parmi  les  tiibus 
iiidigénos  ;  il  passe  en^wile  à  c;llu  de  l'Angleierre  , 
et  tel  mine  par  ri;xpii>é  des  etfuri';  eiii|jl'yjs  pour 
CiHiveriir  ces  Iribus  soii  au  calliolicini.;,  soit  au 
prolesl.inlisuie.  Il  est  coiivaiiicu  que  l'usage  des  U- 
(jucnrs  t.  ries  ,  (|ui  1  ur  a  éié  ciiuiniuiiii|.ié  par  les 
tui'opéens ,  a  paralysé  les  cll'urls  des  inissiiuinaires. 
Oa  Ile  pourra,  selon  lui,  civiliser  ces  mailieureux 
Aborigènes  ({u'avuc  le  lenips,  i>  force  de  douceur 
el  d'égard-.  C■e^l  le  système  employé  par  les  mis- 
sioiinairL-s  catliollques,  iiiai-.qui  n'est  guère  pratiqué 
par  les  inissiuiin^iires  prolislaiils. 

Hnll  (  le  capiiaine  ariglais  liasil  ),  a  écrit  une  Re- 
laii  n  do  ses  voyages  exéculés  en  \HH  et  I8Î5,  le 
long  de  la  rô:e  occideniale  de  l'Auiéiique.  Ceiie 
Relation,  qui  enibiasse  plus  euis  conirces  inaiitiiiies, 
snr(out  de  l'Amcrique  inériiiionale  ;  qui  renferme 
beaucoup  de  renseignemeiiis  et  qui  est  ccii^e  avec 
iulérèt ,  a  eu  du  succès  ;  elle  a  été  traduite  en 
français.  —  En  18-7  et  1828,  le  capitaine  fil  des 
voya^^^es  dans  le  nord  de  TAniéiique.  L'ouvrage  pa- 
rut fi  Ediinh'iurg  en  18-29  sous  ce  litre  :  Voyiget 
dans  le  nord  de  rAmériqne  ,  par  le  cai'ilaine  liasil 
Hall,  5  vol.  in  8">.  Il  fui  Ion  mal  accueilli  aux  Etats- 
Unis  ;  et  les  Américains  reproclièreul  à  l'auteur 
de  les  avoir  considérés  avec  le  lorgnon  aristocra- 
tique d'un  genllenian  arglais. 

lluUbeck  (  ll.-I'.  ),  u.issionnaire  de  la  société  Mo- 
rave,  (m  cliaigé  en  1827  d'aller  chez  les  Tam- 
boiikkis,  peuplade  de  la  race  cafre  aux  environs  du 
cap  de  liDOiie  Espérance.  Il  eut,  à  ce  sujet,  occa- 
sion de  recueillir  qnel(|ue5  no'ioiis  curieuses  sur  les 
diverses  tribus  cafres ,  qu'il  pub  la  à  son  retour  en 
Euiope.  il  cri>it  que  le  plus  grand  obstacle  aux  suc- 
cès des  missiiiiis  clicz  les  Cafres  vient  de  la  diffi- 
cullc  d'a|>|irendre  leur  langue,  diflicullé  telle  que  les 
inissinnnaires  sont  obligés  de  prêcher  par  rinleiiné- 
(liaire  d'un  inieriirèle.  La  polygamie  et  la  circonci- 
sion >ont  des  uSiiges  si  invéïciés  que  les  misjion- 
iia.res  ne  peuvent  les  déraciner  ai^énieni. 

Ha  ma  (  labhé  Nicolas),  célèbre  par  la  traduction 
de  l'Alm.ig  ste  de  Ptnlé  née  ,  na.|uit  à  Sedan ,  le  51 
déeeiuhre  17o0.  Il  Ul  iiiipriiner  à  Chai  leviile  des  le- 
çons éléuientaires  de  géugi  apliie,  iii-S"  ;  et  un  abrégé 


GEOGRAPHIQUE.  ;49t 

de  géographie  pour  scrrir  de  préparation  aux  leçon» 
éiéiuentiires.  Il  a  laissé  un  manuscrit  sur  la  cous- 
truciinn  des  caries  géographiques.  Il  mourut  à  Pa- 
ris le  i  juin  18-23. 

Ilamehfeld,  a  publié  en  hollandais,  en  1793,  une 
(Jéograpliie  bibli  jue. 

IlamiUon  (  Francis  ),  voyngeiir  anglais.  Ce  géo- 
graphe s'est  particnlièieuieni  ivre  ii  des  éiii.les  sur 
qiieli|ues  (Oiiirées  peu  cnimiies  de  la  piesiju'i  e  orieii- 
la:ede  rilindonsiiin.  LesdilTérenics  notices  qu'il  a  pu- 
bliées .ire  sujet,  ,1e  1M5  à  «82Ô,  jnii.nenl  l'cxactl- 
ludeei  l'éruditinn  à  l'iniérèt  :  ce  qui  leur  donne  une 
valeur  et  un  mérite  lé.ls.  Il  .1 ,  par  cxeuiiile  ,  éiabll 
que  les  Vangomas  sont  le  iiiêmc  peuple  nue  les  Yuu- 
Shan  dont  la  capitule  est  Zœnmee,  le  Chimay  de  la 
Loiibéie,  el  le  Zueiimee  de  la  cane  d'Asie  par  Ar- 
rowsmilli.  La  limite  occidenMle  d^'  ce  royaiinie  est 
le  cours  de  la  rivière  de  Saliiœ.i  en  M.irlahan.  Sur  la 
cane  d'Arrowsmilh  ,  cette  riv  ère  esi  trop  reeuléa 
vers  l'ouest ,  ce  qni  agrandit  au  de  à  de  ses  limites 
de  drot  et  ,1e  fait  le  pays  des  Yun-Shan.  Selon  Fran- 
cis lliimillou  ,  l'identité  du  Saliiœii  et  du  Loukiang 
ou  Noiikian  est  bien  iféuionlrée,  et  cel  aiiie  ir  pense 
que  d'Ain  illeei  Malle  Uun  se  soin  trompé-  sur  ce» 
deux  rivièies.  Le  )iays  de-  Ynn-Shan  parait  êire 
plus^rand  (pie  l'Ecosse.  Leur  pr  iice  était  autrefois 
Iriluiiaire  ilii  roi  d'Ava.  La  capii;ile,  appelée  ZiBninee 
p.r  les  iMianmas,  se  nnmiiie  2iiiiœ  dans  le  dialecte 
vulgaire  des  Siaiiios;  ce  dialeile  parait  dominer 
dans  le  pays.  l),s  lappnr  s  récents  laits  par  des 
missionnaires  cath.diqiies  qui  ont  ^i^ilé  les  Yango- 
nias,  ei  publiés  dans  les  Ai:naies  de  la  propagation  de 
la  [oi,  c.inliniienl  les  recherches  de  Francis  Hiinil- 
lon.  Il  pl.ice  Zœnmee  à  20*  et  quelques  minutes  da 
latitude  nord,  el  à  iOli"  moins  quelques  minutes  de 
longitude  est  (  méridien  de  Greenwich  ). 

Ilamillon  (  \\.  ),  voyageur  et  savant  orientaliste 
anglais,  fll  un  1  ing  séjour  d^ms  Pllindousian  dont  il 
profila  pour  en  étudier  la  langue,  l'hisioirc  et  la  géo- 
graphie. Il  a  composé  un  Dictionnaire  géographique 
de  l'Inde  orientale,  cl  une  Description  de  C Hindous- 
tan.  Ces  deux  ouvrages  sont  estimés  avec  laisoii  ; 
car  l'anieur  jnini  l'exaciitude  à  l'esprit  d'observa- 
tion. —  Il  a  également  publié  des  recherches  géo- 
graphiques sur  r.\sie  mineure  et  l'Arménie. 

/V/iHim  r  (M.  de) ,  orientali:,ie  célèbre,  membra 
de  l'académie  des  sciences  de  Vienne  ,  a  publié  un 
ouvrage,  tiré  des  auteurs  orientaux  ,  sur  la  i;éogra- 
phiede  lArabie,  in  8",  Vienne,  1841,  et  V  Histoire  de 
l'empire  Ottoman,  Ce  dernier  livre,  traduit  en  plu- 
sieurs langne.s,  renferme  de  nombreuses  recherches 
géographiques  qui  concernent  l.i  Turquie  et  l'histoire 
de  la  géographie  de  l'Orient. 

Hanalwetl  (  Isbrand  \an  ),  théologien  hollandais, 
né  à  Utiechl  en  1743,  mon  en  1812  ;  très-érudit , 
connaissant  plusieur;.  langues  aiRiennes  el  moder- 
nes :  auteur  d'une  Géoijraphte  de  la  Bible ,  6  vol. 
in-8%  Amsierdaiii,  i7lHJ. 

Handius  (  Josse  ),  géugraptie  et  cartographe,  né  k 


1109 


BlBLIOGUAPIllE  GKOGRAPIIIQUE. 


1200 


W'ackénc,  vil'agfi  de  Flaniire,  eii  loGii,  mon  en  1611 
à  Ainslfi-ilflni  ;  auteur  d'un  gran'l  nombre  de  caries 
géograpLiqi'S  et  liy  Ifognipliiiim'.s.  —  Il  a  publié 
en  1  iï  l'Ailas  de  GcrarJ  .Mercaior  ,  augnienlé  et 
corrigé. 

Haicourt  (DoniininHe),  né  à  Lyon,  mon  en  1795, 
Mileur  (lu  livre  intilulé  :  W  Afrique  el  le  peple  afri- 
cain, cunstdérés  sous  loiis  les  rappons  avec  notre  com- 
merce et  noî  colonies,  hi-8",  i'i'J. 

H'nrs  (  le  capiciine  ) ,  fit,  cuninie  amlias«adeiir  du 


llesselii  (Mailiieu-nnberi  de) ,  professeur  »  l'école 
niiliiaire  sréciale,  né  à  Foiiqm'lmnnl  en  Lorraine  eo 
1735;  anienr  d'iui  Dictionnaire  géog'-aphique  loiiversel 
de  lu  France,  G  vol.  in-8°  ;  d'une  Description  détail' 
Ice  de  la  France,  en  71  caries,  avec  le  texte,  in-ful. 

Hirzel.  M.  Hiizel-Esclier  a  exploré,  sous  le  rap- 
P'irl  de  la  géugrapliie  pliysique  et  de  la  géologie, 
diver^e5  parties  des  Alpes  de  la  Suisse  jusqu'alors 
peu  visitées,  ou  même  restées  entièrement  incon- 
nues. Il  a  publié  à  Zurich  ,  en  1829,  le  résiil  at  de 


gouvernement   anglais,  un  scj'uir  d.;   dix  biiit  mois      ses  exploraiions  sous  ce  l\Ue  :  Excursions  dans  di- 


an  pays  do  Sclioa  et  dans  l'Abyss^nie  méridionale, 
de  1841  à  1813.  La  relalinn  de  ce  voy;ige  a  paru  en 
18. ô,  in  il*,  avec  une  cane;  elle  a  éié  tiaduiie  en 
allemand.  C'est  un  ouvrage  très-e>limc  et  l'uti  des 
meilleuis  qu'où  puisse  consulter  sur  le  Schoa  et 
l'Abyssinie. 

Hasenclevcr  (Pierre),  né  en  17IG  dans  le  grand- 
duclié  de  lierg,  morlen  1793;  voyngeurel  gé  igraplie. 
Has^el  (Jeati-Geoiges-lleiiii) ,  célèbre  géograpbe 
allemand,  iiaijuit  le  50  déoemb  e  177 J  à  Wolfeidiùt- 
tel.  Il  lit  nue  Descriinion  (jéutjrupliiqi.e  et  statistique 
des  principiiiités  de  Wolfenliiittcl  et  de  B:ankenbourg. 
il  nuiuiut  le  8  janvier  \8'2j.  (Ju  a  de  lui  nombre 
3'ouvrage?,  ilont  beaucoup  soi.l  cla^sillues. 

Hearne  (Samuel)  ,  voyageur  anglais,  né  en  1745, 
ni'Mteu  I79i,  connu  par  ses  exploiaiions  au  nord 
de  rAincrique  et  par  un  ouvrage,  sous  le  titre  de 
Voyage  du  fort  du  Prince  de  Vallès  dans  la  baie 
dUiudon,  à  l'Océan  septentrional,  entrepris  par  l'or- 
dre de  11  compagnie  de  la  baie  d'Iludsou  dans  les  an- 
nées 1769 ,  1770  ,  1771  et  177-2  ,  etc.,  etc.,  1  vol. 
in-i",  avec  ligures  et  cartes. 

U'ber  (Reg  iiidil) ,  évè  pte  anglican  de  Calcutta,  en 
182o  ,  auteur  d'une  Helmion  géoçiraphiqu,:  relative  à 
Calcult.i,  à  Donibinj,  Muilnis  et  l'ile  de  dylan,  4  vol. 
—  Traduite  pir  .M.  Pi  leur  de  la  Cntiible,  1850. 

llelt  lie  père  Maximilien),  né  en  1720  eu  Hongrie, 
U'.orl  à  Vienne  en  17  2,  jésuite  boiigiui-,  géograptie- 
astninome;  auteur  U'mi  Voyage  en  Laponie  sur  la 
géographie  physique  de  ces  Ci)nlrées. 

lUll  (le  capitaine  de) ,  a  publié  en  1827  une  Des- 
tription  des  cbtei  d'Ecypie,  de  Syrie  et  de  Caranianie. 
Helnursen  (Gr.  d'i,  a  parcouru,  de  1853  à  1836, 
la  steppe  des  Kiiglii>es,  et  a  visité  le  muni  Oural. 
Son  viyage  parut  ensuiie  à  Saint-Pétersbourg  etl 
2  vol.  iii-8"  avec  des  cartes.  Ce  livre  e^t  fort  e\act 
dans  ses  détails,  ainsi  que  dans  les  i  enseignements 
qu'il  Udiilieiil  sur  l'Oural  ,  Irè  -peu  connu  eiicoie. 
^olls  ne  savon>  pas  s'il  existe  une  traduction  fran- 
çai-e  de  cet  ouvrage. 

Ileibiii  (P. -t.),  auteur  d'une  S«a(i«(i(;Me  g^'icrfl/c  et 
particulière  de  la  France  et  de  ses  coluuies,  7  vu),  in-8* 
avec  cartes,  1803. 

Uermelin  (le  baron),  auteiird'une  Description  miné- 

raloqique  et  d'une  Carte  de  la  Laponie,  vivait  en  loi04. 

llerpoit  (Albert),  vnyageiir  suisse,  né  à  Iterne.  On 

a  de  lui  en  alieuiaïul  :  titlalion  succincte  d'un  voyage 

auK  Indes  orientales. 


verses  parties  des  Alpes  de  la  Suisse  qui ,  jusqu'à  pré' 
sent,  avaient  été  peu  visitées. 

Uodgson  (.\.)  ,  voy:igeur  anglais,  a  visité  en  1822 
le  Canada  et  les  Etats-Unis.  De  retour  à  Londres  ,  il 
a  publié  son  voyage  en  2  vol.  in-8*,  qui  renferment 
des  détails  curieux  et  peu  coiiuus  sur  cette  partie  de 
r.\inérique  sepieu'rinnale. 

Hœlhtroem  (Cliarle-^-Pierre) ,  géographe  suédois, 
né  en  1774  à  llniola,  district  de  Wasa,  eu  Finlande. 
Les  si\  Cartes  de  la  Finlande ,  les  Caries  générales 
de  la  Suède  septentrionale  et  méiiJionale  :  en  tout 
22  Caries  de  l'Atlas,  tont  entièrement  de  lui.— C'est 
lui  qui  a  dressé  les  Certes  du  Voyage  pitloresqtie  de 
SkjœUlebrand,  d  ■  la  Descriijt:on  de  la  Scanie  ,  par 
Sjœbdrg;  du  Voyage  <le  lierggien  dans  l'Oriiiit,  de 
la  Description  de  la  Palestine  par  Palmblad,  des  tra- 
vaux gé  logiques  de  II  singer.  Il  mourut  le  15  mars 
183'J.  Il  a  publié  :  1°  Notice  sur  tu  détermination  géo- 
graphique de  la  position  des  lieux  dans  la  Westrobo- 
ibine,  in-4°;  2°  Dis  ours  sur  tes  progrès  de  la  géogra- 
phie suédoise  dans  les  aO  dernières  années  ;  5°  Notice 
sur  la  position  géographique  des  lieux  en  Suède  ;  4* 
Considérations  sur  le  projet  de  détourner  les  eaux  sur- 
abonda.ites  du  lac  lljelmar. 

Hogguer  (M.  le  baron  de),  major,  a  fait  un  Voyage 
en  Laponie  et  dans  le  nord  delà  Suède,  Berlin,  1841, 
in-8°,  avec  un  Atlas  in-i"  de  20  planches.  Cet  ou- 
vrage est  une  espèce  de  journal.  Les  détails,  entre- 
mêlés de  courtes  léllexions,  y  sont  iiiiércssaiits. 

Holl  (Françnis-Xavier) ,  jésuite,  né  à  Scbwandorf, 
dans  le  haut  Palatiiiat,  mort  à  Heidelberg  eu  1784. 
Il  prolessa  pendant  i6  ans  dans  les  i  lus  céièlires 
universités  de  l'Einpiie  les  bcl!es-!etire>  et  le  droit 
ecclésiastique.  —  lia  laissé  Statislicn  Eccle.iœ  Cer- 
manicœ  ,  Heidelberg,  177t>,  in-8°;  ouvrage  plein  de 
recherches  et  d'érudition  ecclésiastique. 

//o/s/e/iiiis  (Luc),  ou  liolsle,  né  à  Hambourg  eu 
lo9G,  (itses  éludes  à  Leyde  en  Hollande.  Il  se  lit  un 
nom  par  son  érudition.  11  visita  la  France,  lit  die, 
la  Sicil;  ei  l'Augleierre.  H  embrassa  le  catholicisme 
en  !6.:5,  et  obliiil  la  place  de  garde  de  la  bibliothè- 
qne  du  Vaiian  par  la  protection  du  cardinal  Birbé- 
iini.  Ce  bavant  réunissait  la  modestie  à  une  seienca 
vaste  et  profonde.  Il  mourut  en  1661.— Il  est  auteur 
d'un  Codex  regularmn  monas  icariim  et  canouicarum, 
An.sboiirg,  1759,  6  vol.  in-fol.  Il  eslégalemeiil  l'au- 
teur dj  savantes  notes  sur  la  Géographie  d'Etienne 


1201  BIBLIOGRAPHIE 

de  Hyzance,  édit'on  de  Bickin';,  lG8i,  Hol'.iiule,  in- 
fol.  Il  a  lait  ;iussi  des  remarques  et  di!s  coireelioiis 
sur  la  Céocjrapliie  ecclésiasiiiiue  du  I'.  Charles  de 
Saiiit-l*aul. 

Ilorn  (Georges),  lié  en  1020,  à  Grciis?en  dans  le 
haut  Palatinal ,  professeur  de  géoi;r:i[iliie  à  llanler- 
wyck,  nidil  à  Lcyde  en  1070;  anieiir  des  livres  in- 
liliilés  :  De  originibus  Americanis,  lii-S",  105-  ;  Gco- 
grapliiit  velus  et  nova.,  onvraîî<^  sav.in!,  mais  co'i fus. 
Ilorncmaiin  (Fiéiléric-Conrail)  ,  né  à  Ilihleslieim 
en  1772,  pasleiir  évung(ili(|iie  à  Hanovre.  Eiiiporié 
pir  son  goût  pour  les  voyages,  il  résolut  d'aller  en 
Àfrii|ue  pour  icnter  des  découvertes.  Après  avoir 
parcouru  le  Fezzaii,  il  partit  avec  la  gr.mde  caravane 
de  lioiiriKiu,  pour  \isiier  c;  pays,  en  1830.  Depuis 
celle  épo(|iie,  on  n'a  plus  eu  de  ses  nouvelles,  et  il 
sera  mort  vielime  de  son  dévoirenient  à  la  science. 
On  a  imlilié  le  Journal  de  ses  voyages  depuis  le  Caire 
jusqu'à  Moiii-zoïik  en  1797  et  17!  8,  iii-'l'',  avec  car- 
tes; en  anglais,  Londres,  1802;  en  allenjand  ,  Wei- 
niar,  in  8",  180-2;  en  français,  Paris,  1803,  avec  des 
uoles  de  M.  Langlès,  in-S",  2  vol.  avec  caries. 

Horsboiirg  (James),  hydrographe  delà  compagnie 
de  l'Inde  orientale  ,  exécuta  l'Atlas  de  l'Hindoiisian  , 
composé  de  177  feuilles,  en  1827  el  années  .-uivanies. 
Cci  Allas  consliiue  uiie  entreprise  géogftphinue  lelle- 
nieni  gigaiilesi|ne  ipi'on  a  peine  à  croire  à  son  exé- 
cution, même  en  ayant  les  caries  sous  les  yeux.  Si 
Von  eiuisidcre  que  la  carie  de  la  France  ,  par  exem- 
ple, a  demandé  un  siècle  de  travaux  et  a  cccupé 
trois  géncratioiis  de  Cassiui ,  on  est  elTrayé  de  pen- 
ser que,  conforinémcnt  à  un  acte  du  parlement,  ou  a 
enirepris  de  rédiger  une  cane  spéciale  de  l'Iliiulou- 
stan.  La  France  a  une  surface  de  134,100  lieues 
gé  graphiques.  Le  territnirc  des  ïndes  ,  soumis  aux 
opéiatiimsgèndésiques,  comprend  au  inoins 2,400,009 
lieues  j.:éograpIiiques  carrées,  et  approche  par  consé- 
quent jis^ez  de  la  su(>crlu;ie  <le  l'Eun  pe  eniièrc. 

Non-seulement  le  lerriti.ire  i  rilannique  dans  l'O- 
rieiil  se  trouve  figuré  sur  celle  carte. s|<éc  aie,  mais 
toute  la  prt-qu'ile  iiido-chiuuise,  jusqu'à  l'extréinité 
de  Singapore,  tout  le  terrain  al|  ique  des  Indes,  les 
chaînes  méridionales  de  la  haute  Asie  ,  l'ilinialaya 
jusqu'à  la  chaîne  iiido-per.-iqiie  d'Iran.  MM.  Mount- 
lord  el  Scott ,  le  coionci  Maekensie,  les  capitaines 
Webh,  Hodgson  et  Herbert,  ont  coopéré  à  la  con- 
feciion  de  cet  Allas  ,  pndigieux  inonuniunt  de  la 
science  géographique  moderne. 

Ihibner  (Jean),  professeur  de  géographie  à  Leip- 
sick,  né  en  1CG8  à  Tyrgaii  dans  la  haute  Lusace , 
in<inrul  en  celle  ville  en  1751.  —  La  mélhode  de  sa 
Géographie  universelle  ,  6  vol.  in-12,  lià!e,  1757,  est 
claire  et  facile.  Il  est  aussi  auleur  d'un  Dictionnaire 
géographique,  1  vol.  in  8". 
1  //îjdsoii  (Henri) ,  navigateur  anglais  ,  fit  de  nom- 
breux voyages.  —  Il  existe  de  lui  un  ouvrage  inti- 
tulé :  Discriptio  ac  delinenlio  geoijriiptiica  deleetionis 
(reli  sive  Iransilus  ad  Oecasum  ,  supra  terras  Anieri- 
canas  in  Cliinam  alqve  Japonem  diicturi,  reeens  inve- 


GEOf.RAPHIQUE.  1202 

stigrili  a  M.  Ilenrico  Hudsono  Anylo,  Amsterdam  , 
1012,  in-i°,  avec  une  Mappemonde  qui  représeme  le 
détroit  ouvert  à  l'ouest.  Il  a  donné  son  nom  à  ce  dé- 
troit el  à  la  haii'  qui  le  porie  encore  aiijourd  liui. 

Hugues  (Jean-François) ,  dil  l'abhé  Duients,  doc- 
teur de  Sorhonne,  né  à  Ueiigiiey  en  FrancheGcunté 
en  1745,  nioil  en  1811  à  Paris,  composa  un  Tableau 
historique  et  clironoUnjique  des  archevêques,  éeéiues, 
abbés  el  abbesses  du  rotj luiiie  ,  4  vid.  in-8°,  Paris, 
17/4-75  :  ouvrage  précieux  par  des  pièces  imporlan- 
IPS  inédit  s,  qui  ne  su  inmveni  pas  dans  le  volu- 
mineux ouvrage  inlilulé  :  Gullia  Chnsiiuna.  Le  livra 
de  l'abhé  Duiems  esi  resté  mallieureusenient  incom- 
plet, et  devenu  si  rare  qu'on  ne  peut  se  le  pmcuier. 

llund  (Vigniée) ,  lié  en  Bavière  en  1514  ,  inoit  en 
1588,  a  rédigé  avec  Christophare  Gewald,  l'iinpor- 
lant  ouvrage  intilnlé  :  Historia  meiropotis  Salisbur- 
gensis,  coniinr^ns  primordia  Clirisliauce  religion  s  per 
Bajoariam  el  loca  quadam  viciua,  cum  calai, go  ar- 
chiepiscoporum  Salisburgensium,  episcoporum  Frisin- 
genÀuDi,  l'.a!is;oiiensiuin,  Palaviensiunt,  brixiensium; 
nec  non  (undationes  nionnsleriorum  et  ecclesinruni  col- 
legiaiarnm,  5  vol.  in-folio,  Ingolsiadi,  1582.  C'est 
riiisloire  de  l'archevéehé  de  Sal/.hourg,  ainsi  que 
des  évèchi-'s  sulfraganis  de  Freising  ,  Ralisbinne, 
Passait,  Brixen  et  des  cent  vinj(l-deux  collégiales  et 
couvents  de  ces  duicèses.  L'auteur  y  a  joint  un  grand 
nombre  de  chartes.  On  croit  que  cet  ouviage  a  donné 
aux  Sainle-Muilhe  Tiilée  du  Galliu  Clirisliana.] 

// Hïijar/a  (Pernardin  de),  capucin,  né  eu  Hongrie, 
passa  en  Afrique  en  qualité  de  missionnaire.  Il  par- 
courut le  royaume  d^^  Loango,  et  pénétra  dans  r.\- 
friqne  cenliale.  H  moui iit  à  Loango  en  100*.  —  II  a 
laissé  r/y is.'onv  de  son  voyage  et  de  ta  mission  ,  avec 
uno  liilalion  des  mœurs  des  habiiaiils. 

Hunier  (William),  chiiiir.^ien  et  orieiitalisie,  né  à 
Montrose  en  Ecosse  vers  176J,  entra  au  service  de 
la  compagnie  des. Indes  dans  le  Bengale  ,  devint  se- 
crétaire de  la  sociéié  asiatique,  et  prolesseur-exami- 
laleur  au  coilége  de  Caleulla.  Mort  eu  1815,  après 
38  ans  de  séjour  dans  l'ilindouslan.  —  Auteur  d'une 
Description  du  Végu  el  de  file  de  Ceylan,  va  anglais, 
Calcu.ta,  1781,  édition  en  français  ,  Paris  ,  1793 , 
10-8°,  avec  des  notes  de  M.  Langlès. 

I 

Ilinernrium  a  Uurdignla  Hierusalem  usriue  et  ab  He- 
raclen  per  Aulonain  et  per  urbeni  Itoniam  ihdiola- 
num  usque.  Itinéraire  de  Bordeaux  à  Jérusalem,  etc. 
— Ce  voyage  en  terre  -ainte,  le  premier  en  date,  fait 
par  un  auteur  inconnu  en  335,  à  travers  l'Iiahe,  i'eiii- 
pire  byzantin,  l'Asie  Mineure  ei  la  Syrie,  se 
tiouve  à  la  bihliolhéipie  loyaiiicii  manusciit.  Ber- 
lli  us  l'a  inséré  dans  le  deuxième  vidinne  de  son 
Thealriim  geographicum  eti  1L18.  Chateaidniand  l'a 
réimprimé  à  la  suite  do  son  Itinéraire.  M.  Walcke- 
naer  a  fait,  à  son  sujet,  une  bonne  note  explicative, 
qui  se  trouve  au  premier  volume  de  \'II,stoire  de> 
Croisades  de  .Michaud,  édition  iii-S",  pag.  525.  Wes- 


4205 


BinUOCRAPllIE  GEOGIIAPHIQUE. 


1204 


selins.',  en  i7ô5,  l'a  cnmpris  dans  sa  C'illt'clion  d'I- 
tinéraires romaiiii,  a\ec  un  conimiiitaire  fort  estimé. 


Jaktti,  était  un  marchand  aralie  qui,  pour  son 
eonmiercp,  paicfmrait  l'Asie  occidentiile  et  l'Asie 
centrale.  Il  mourut  eu  1-23  ',  près  d'Alip,  après 
avoir  corn;  osé  un  Diciioniiaire  géographique  sur  les 
pays  quM  av.iii  visites. 

inrtoux  (Pierre),  jésniie,  mort  fn  1720,  un  des 
ailleurs  de  la  Cnne  génère  le  de  !a  Chine. 

Jnnes  (i.  Jackson),  auteur  il'ui  e  De  rripiion  hislo- 
tori(iue  des  iles  Sandwich,  Uoslon,  1843,  iii-8°. 

Jefrenioff,  voyageur  riissp,  ota  I  fn  1774  serpent 
dans  un  répiuicut  posté  sur  l.i  ligne  d'Oreiiliourg.  Il 
vécut  à  Saiut-I'éiersliou  g,  lii  il  était  m  l'^O'J. — 
On  a  (le  lui,  en  rnsse  :  Vctjage  en  Boukhaiie,  à  Kiia, 
en  Perse  et  dans  l'Inde. 

Joly  (le  P.  J.'scpli-lti'niain),  cnput in,  i  é  .i  Saint- 
Claude,  le  15  mars  17lo,  e^i  i'u:i  des  auteurs  les 
plus  féconds  qu'ait  produits  la  Fran  lie-Cooité  — 
On  a  de  lui,  rnneernant  l:i  géogiapliie,  les  cauragi-s 
int  tiilcs  :  1°  Lelires  snr  dirrrs  sujeu  imporlanis  de  la 
péoqraphie  mrée  ei  de  l'histoire  sr,i}.ie,  P.iris,  1772, 
m-'t",  nouvi'lle  édition,  corriiiée  sons  ce.  vve  :  La 
féograplie  suctée  et  les  ntnnunienix  de  l'Ihto'rre  sainte, 
Piris,  1784,  in-4°;  2°  L'ancienne  çiéoyrai.hie  itniver- 
teUe eoMiparée  à  la  m<  derne,  Paris,  18.il,  2  vol.  in-S» 
avec  lut  AlliS  in-4*. —  Il  mourut  à  Parii  le  22  octo- 
bre 180.^. 

Jnrnandès,  Goth  de  nation,  devint  évêqne  de  Ra- 
vcnne  ve;s  l'an  .')52  île  Jésus-(.lir:st.— Il  existe  nn 
onvr:igc  de  Jornau'lps  smis  le  titre  :  De  origine  mun- 
i?i,il  est  iinpiinié  dans  lo  lliw  ncil  de<  historien-,  la- 
tins, Genève,  ICOO  et  l'52,  in-fnl.,  toni.  il,  et  rians 
la  Coller  lion  de  Frédéic  Sylliurge,  Kranclori,  1.d88, 
in-fid.  Cr'tie  coinpihiiioii  de  jDriia'xIés  n'i  si  isiimée 
que  pour  qiie'ques  déiails  utiles  sur  la  géographie 
de-î  a  :riens  pays  du  Nord. 

Vii'inos  (II!  P.),  auteur  d'une  Histoire  du  Gitale- 
mal'i,  iiitiinloe  :  Compendio  de  la  hiitoria  de  la  cludad 
ie  Gnutemala.  Cet  auteur  vivait  an  coniinencenieut 
de  eo  sièile.  Il  se  plaignait  de  l'inexiictitude  qui  ré- 
gnait dans  les  ouvrages  gé^  grapinques  conceniant 
l'Anérique.  Celte  inexaciiiude,  en  elTel,  est  fort 
gaiule.  Les  prein;ers  ouvrages  puld  es  api  es  la  con- 
qnéie  par  les  Espagnols  snnl  peut-être  ceux  qui  dé- 
crivent le  pluï  iiiièleineut  la  géographie  du  pays. 
Kous  «oudrons  voir,  dans  riutéréi  de  la  science, 
l'ouvrage  du  P.  Jujitos  traduit  en  français 


Kalilert  (A.-J.) ,  a  publié  un  ouvrage  intitulé. 
Soiiveniis  d'Italie  et  de  Home  en  particulier,  lires- 
lau,  1843,  in-8".  Ce  livre  contient  des  remarques  et 
des  faits  n>  ul's. 

Khato/f  (le  général  major  russe),  a  dressé  en  1828 
oiie  c.irte  géucrale  de  la  Valachie,  de  la  Biilgaiie  et 
de  UMouiiiélie.  Cette  carte  laisse  eiiture  à  désirer, 


quoiqu'elle  soit  une  des  mei'lcures  de  l'empire  otto- 
man, de  a  paru  .tu  dépôt  militaire  iopogr  phiqne 
de  Saint-Pétersbourg  ;  elle  comprend  quatre  feuilles, 
les  noms  sont  en  langue  iiisse. 

Kinneir  (John-Macdonald)  ,  .igent  diplomatique 
anglais,  a  publié  des  Mémoires  géographiques  sur 
l'empire  de  l'erse,  2  vol.  in-S",  avec  carte  en  deux 
feuides,  1827.  —  Le  ccdonci  Gaspard  Drouville,  qui 
avait  voyagé  lui  même  eu  Perse,  a  traiuit  ronrrage 
en  français.  Avmt  son  voyage  en  Perse,  Kinneir 
avait  parcouru  rA:.ie-Mineure  et  l'ilindoustan  en 
lol5  et  1814.  Ses  mémoires  sur  la  Perse  en  fout 
Lien  connaîtr';  la  inpogiapliie. 

Klaproih  (Heiiii-JuUs),  né  à  Berlin  en  1783,  et 
mnit  il  y  a  (iui'lqnos  années,  était  un  géogra)he 
orientaliste  disiingoé.  Nous  disons  un  gé  graphe 
orientaliste,  paice  que  l'Asie  avait  été  (.onstammenl 
l'o'.jet  de  ses  études  et -de  ses  travaux,  qui  sont 
iioinbieux.  Un  ne  peut  nier  qu'il  a  beaucoup  coii- 
tiibiié  aux  prngiè-.  de  la  gé  graiiiiie  de  celle  partie 

du  n le.  Il  semblait  s'être  altaclié  de  piéérence  à 

I'Amb  centrale,  septenliionale  cl  orientale.  Il  avait 
une  grande  pèiiétratinn  it'espMt  cl  lo  coup  d'œ  I  vif; 
mais  ."^on  j'igenienl  était  moins  ïûr.  On  lui  a  repro- 
che de  iiéfeiid  e  ses  idées  avec  tiop  de  vivacité,  et 
d'être  presqiK  tonj.uts  agressif.  Quoi  qu'il  en  soit, 
sts  irav'UX  et  ses  rcclierchos  ont  servi  à  la  géogra- 
phie, à  la  linguistique  et  .i  raniliiopulogie  asiatiques. 
KUmm  (C).  savant  alemand,  auteur  d'une  iVis- 
(oire  générale  de  la  civilisation  de  t'humaniié,  2  vol. 
in-b°,  Leipsick,  1S43,  avec  planche»;  ouvrage  utile  4 
consulter  pour  la  géographie  religieii.-e. 

Knauih  (Jcan-i;oniad) ,  historieii  allemand,  né 
en  IU7U,  est  mort  en  173G.  On  a  de  lui  une  Intro- 
(inction  il  la  géographie  e.i  a  ihisluire  du  margraviat  de 
iliinie. 

lias  er  (lîenri),  habva  le  Brésil  pendant  sept  aiis, 
de  18J'J  il  181',),  Il  employa  ce  temps  à  étudier  la 
partie  septentrionale  dans  laquelle  il  se  trouvait.  De 
retour  eu  Europe,  il  icuuil  ses  notes  et  ses  recher- 
ches, et  en  lorm  i  «n  ouvrage  endeu^yvol.  iii-8°, 
avec  caries,  qu'on  peut  étudier  avec  utilité;  car 
c'est  un  livre  rédigé  avec  iiiaturiié  et  con>cience, 
bien  qu'il  y  ait  des  idées  que  nous  n'approuvons  pas 
et  des  piéjngés  dont  l'auteur  aurait  dti  ss  déiaire. 

lûapf  et  Isenbcrg.  Ces  doux  niis.<ionnaires  angli- 
cans ont  fait  un  voyage  eu  Abyssinie  de  1S39  à  1842. 
Ils  en  ont  ensuite  publié  la  Kelaiio.i,  qui  renlérme 
quelques  ob-ervations  neuves  et  quelques  dé. ails  cu- 
lieux.  Ma  heureuseuiciii  elle  e>l  empreinte  de  cet  es- 
prit d',  igreur  et  de  haine  contre  les  missionnaires 
caliMliques,  qui  caractérise  toutes  les  œuvres  des 
anglicans  et  de»  raéthudisies. 

7i'u//"  (le  docteur  Ph.-IL),  a  publié  l'Histoire  des 
voyages  de  découvertes,  u'.pKis  la  fm  du  \\°  siècle 
jusqu'à  ce  jour,  concernant  principalement  les  scLn- 
ces  naturelles  le  commerce  et  riiuliisirie.  L'ouvrage 
est  accoinpiigué  de  carios  et  de  portraits  ;  llayeiite, 
1841. 


13.  â 


BIBUOGRAPniE  GEOGRAPHIQUE. 


mn 


lin'iiier  (r.liarl.^s  GoliloV),  né  en  17oa  en  Saxe, 
mon  à  l.eips'hk  en  <8>5;  aiiieur  d'iin  Voyage  en 
Allemagne ,  en  Danemark  ,  en  Suède ,  en  Nor- 
teirje,  etc.,  eic. 

L 

Leiarbinaifle-Geniil,  voyageur  français  au  xviii» 
sièi-.le,  aiiii'ur  d'un  Vnjarje  auioiif  du  monde,  avec 
une  Uncription  de  la  Chine,  5  vul.  in  12,  1728;  ou- 
vrage in  cresvant  el  [ilusieiirs  fois  léiniprinié. 

Lr.banhe  (Pierre),  né  à  Dax  en  17C0,  estmorl  à 
Paris  en  1^24.  Ayani  beaucoup  voyagé,  il  a  laissé 
des  observaiionii  et  des  notices  géograpliiqiies  en 
assez  grajid  nomlire.  Atlaclic  à  la  marine  marcliaiide, 
il  eut  occasion  de  faire  plusieurs  voyages  sur  la  côie 
ecciilem^le  d'Afri(|iie,  et  ses  remarqiios  sur  ce  pays 
peuvent  être  plus  utiles  pour  l'appréiiaiion  des  di- 
ïeists  I  euplades  de  l.i  tace  Nègie,  que  J>ien  des  vo- 
lumes écrits  sur  le  nièuie  sujet. 

Laltorde.  M.  Léon  de  Lahorde,  fils  du  comte  de 
Laliorde,  fiutcur  de  r/lineraire  en  Espaijne,  a  pu- 
blié une  Biblioyrapltie  dei  pèlerinages ,  croisades  et 
toyages  en  Terre-Sainte;  u|i  savant  V mjage  tn  Ara- 
bie, un  excellent  CommeiHaire  géographique  sur  la 
Bible  (l'Exode  et  les  Nombres).  Ces  diveis  ouvr;  ges, 
pleins  il'uup  bonne  et  solide  science,  sont  justement 
esijniés. 

Laborde  (Le  P.),  missionnaire  français,  vers  le 
Dlilien  du  xvi)«  sièrie,  iravailla  aux  missions  des 
Aniilles  avec  le  P.  Simon,  jésuite.  On  a  de  lui  un 
ouvrage  iiililnlé  :  Relation  de  rorigme,  niœuri, ,  cou- 
tumes, gui-rres  et  voyages  des  Caruilies ,  sauvages  des 
lia  des  Aniilles  de  l'Aiiiérique. 

J.abruiie,  (.1.  de),  mini.-lre  protestant,  mort  à 
Tonrnay  en  171.3,  autour  d'un  Voyage  en  Suisse, 
publié  en  1685. 

Lacaille  (N.-L.  de),  né  à  llumigny  prés  de  Uosoy, 
eu  1715.  luort  en  171)2,  astionomegéograplie;  auteur 
de  divers  ouvrages  relatifs  à  la  géugrapliie  niutlié- 
maiiquc. 

Lncarry  (Gilles),  jésuite,  numismate,  énidii,  né  à 
Castres  en  ItO.'i,  mon  en  1 084;  auieur  de  divers 
ouvrages  d'érudition  et  de  \'Historia  coUniarum  a 
Gallis  in  exieras  naiionesnvssarum,  tum  exierarum  na- 
tiomim  colonice  in  Gallias  deductœ,  in-î°. 

La  Coudamitie  (de),  chargé  d'une  mission  scienii- 
fiqiie  dans  l'Amérique  méridionale,  par  l'acailémie 
.les  sciences  de  Paiis,  au  xvin=  siècle,  publia  une 
Itclatiiiu  de  son  vnyage,  en  même  lenips  que  des 
observations  géograpbiques  siir  le  cours  du  grand 
fleuve  l'Amazone.  Ces  observations,  aussi  exacies 
que  méibodiques  et  savantes,  ont  confirmé  de  point  en 
pi'iiit  celles  faiies  aniérieiireueut  par  les  missionnaires 
e.-pagmds  el  portugiis.  On  a  fait  honneur  à  La- 
comianiine  de  la  communication  de  l'Amazone  avec 
le  lîio-Négro  1  ar  le  Casriquiaii,  comme  s'il  l'avait 
réellement  découverte.  C'est  une  erreur  ;  elle  était 
ctnine  d''piii'i  longtemps  déjà  des  missionnaires 
portugais.  La  Condanniie  n'a  lait  que  la  constater. 


Lacroix  (M.  Frédéric).  Cet  écrivain  fait  de  la 
criliiiue  géographique  dans  VAunuaire  dts  voyages. 
Il  s'rst  montré  un  des  adversaires  (|éi  lai  é?  de  la 
Géographie  de  H  ilbi  ;  mais  il  a  du  nioins  raisonné  ea 
criiique,  en  l'appuyant  sur  des  f.iiis  réels  ;  c:|r  la 
géograpliie  n«  peut  êlie  une  science  d'ln)aginaii»n., 
I>ui  qu'elle  n'est  que  la  consialatlun  de  ce  qui  existe. 
Seulement  il  ne  convient  pas  que  l'acte  de  constata- 
tion soit  fioid,  ennuyeux  coinnic  un  acte  cle  nutaire. 
D'lui  autre  coié ,  il  ne  laui  pas  ,  à  l'exenip^e  de 
M  Ile  Brun,  sonner  perpéiuellemeui  de  la  irumpelUi 
el  faire  de  la  géugiaphie  d.uis  un  siyie  de  rliéiori- 
cien.  (jnant  :i  M.  Frédéiic  Lacroix,  c'est  ui:  géogra- 
phe sérieux  et  instruit. 

Lacruz-Dagay  (N.),  caringraphe  indieu,  qui  vivait 
aux  Philippines  ver^  le  milieu  du  xviii«  siècle,  gra- 
veur de  la  carte  des  lies  Philiptines  du  P.  Munllo 
Velardez, 

Lacruz-Cano-ij-Olmeida  (Antoine  de),  péographe 
cartographe,  né  à  Cadix  en  175'-,  morl  en  1794; 
auteur  d'une  carte  de  rAiiicriiiua  «spa^^mlc. 

Ladoire  (F. -Michel),  vicaire  de  la  Terre-Sa'nlo, 
publia  en  1719  une  Description  de  Jérus  tem  et  la 
jie:aiion  de  son  voyage  en  Palcslioe.  L'auteur  eniro 
d.ins  queli;u.;5  déiails  sur  les  diverses  sectes  héréti- 
ques ou  scli:sinaii<|ues  qu'on  y  renconiic. 

Ladiocat  (i'al>l,é  JcaiiMapiisie),  do<  leur  et  pro- 
fe.-seiir  de  Sorhonne,  naquit  à  Yaucoulunrs,  diocèse 
de  Toul,  le  3  janvier  1709.  11  é;aii  L'  lO^  des  21  en- 
fjiits  de  Claude  Ladvncai.  Il  l'ut  iinmiué  à  la  cure  de 
Diinneiny,  lieu  célèbre  par  la  naissance  de  Jeaniie 
d'Arc.  Il  mourut  le  29  octobre  I7h5.  —  iNous  avons 
de  Un  :  Dictionnaire  géographique  porta: if ,  connu 
dans  le  commerce  de  la  libiairie  smis  le  litre  de 
Dictionnaire  de  Vosyien,  qui  a  eu  les  hunneiir-.  d'une 
inliniié  d'éditions.  Dans  ces  éditions  nuiliipliées  de- 
puis bientôt  un  siècl,',  ou  peut  constater  comme  un 
phéiioii  eue  fuit  peu  honorable  pi  ur  la  librairie,  que 
L's  erreurs  dont  ce  livre  est  plein  n'uni  jamais  dis- 
paru. Il  semble,  au  eoniiairc,  qu'elles  se  plaisent 
à  aiiguienter  en  raison  du  noii.bre  des  édiions. 

Laêi,  d.recieur  de  la  compagnie  dos  In. les  urien- 
tales,  né  à  Anvers,  auteur  d'une  savante  Descript  on 
des  Indes  orientales  eu  18  livres,  eu  latin,  présentée 
au  cardinal  de  Richel.cu. 

Ldfiiau (J.-F.),  jésuite,  missionnaire  an Cana  la, né  à 
Bordeaux  eu  1740,  a  écrit  VHisloirc  des  découvertes  et 
congiiéles  des  Portugais  dans  le  nouveau  monde,  2  voL 
in-+",  en  1753,  el  l'Histoire  des  mœurs  de,  sauvaqet 
awéiicains  comparéi.'s  aux  nwuis  des  premiers  temps, 
^  vol.  in-4',  1723.  Ce  dernier  ojvrage  ne  mamiiie 
pas  d'inlérêl,  et  Ks  rapprochements  de  l'anleur  sont 
iiuelquefois  piquants.  L'auteur  attrait  pu  tirer  de  s. m 
parallèle  des  conclusions  plus  rigoureuses  et  surtuut 
plus  frapiiariles. 

Lagrève  (1.  de),  prêlre,  géographe-cariogr-.phe,  né 
à  Sedan  en  I68J,  mort  en  1737,  a  exécuté  une  cane 
des  environs  de  Paiis  îu  9  feuilles  ui  fol.  —  Ci  t  ou- 
vrage  est  très-rare. 


niBLIOGRAPHlE  GEOGRAPHIQUE. 


1207 

Lalande  (Joseph-Jérôme  rie),  astronome,  physi- 
cien, voyageur  et  géographe,  né  à  Bourg  en  Bie-se 
en  1732,  et  mort  en  1807  ;  auteur  d'un  Voyage  en 
Italie,  1798,  9  vol.  in-12;  ouvrage  e.vact,  mais  ori- 
ginal sous  beaucoup  de  rapports. 

Lamartine  (M.  Alphonse  de),  a  publié  à  Paiis  en 
1855,  in-S",  ses  Souvenirs,  impressions,  pensées  et 
reni.irques  pendant  le  voyage  qu'il  fit  en  Orient,  de 
lS32àl833. 

Lnuiloniiières  (René  de),  voyageur  français  du  xvi« 
siècle,  est  auteur  de  l'ouvrage  intitulé  :  Hifloire  no- 
table de  la  Floride,  conlenunt  les  trois  voyages  faits 
en  icelle  par  des  cupiiaines  et  pilotes  français,  iii-a°, 
1380. — Ce  livre,  dovi-nii  rare,  est  niiie  pour  les 
renscignenieiils  curieux  qu'il  coniient  sur  les  expl.i- 
ral:oiis  géogra|ihiques  qui  suivirent  l'invasion  de 
l'Anicrique  par  les  Européens. 

L  nge.  voyageur,  né  à  Stockholm,  au  xviie  siècle, 
auteur  de  Vnjnges  à  la  Chine  :  relation  estimée. 

Lanç/lès  (Louis-Mailiieu',  né  à  Péronne  en  i76.3, 
est  mort  à  Paris  en  1824.  C'était  un  orientalisle  la- 
borieux ei  érudit,  qui  a  contribué  pour  sa  |art  aux 
progrés  de  la  géographie  de  rA>ie,  et  surtout  de  l'A- 
sie cenlra'e  et  méridionale.  Ses  travaux  depuis  ont 
éiésurpasscs,  il  est  vrai  ;  mais  ceci  ne  saurait  ics  an- 
nuler coiiplélenient. 

Lapie.  M.  le  colonel  Lapie,  géographe  habile  au- 
tant qu'instruit,  a  composé  un  Allas  génén.l.  11 
est  en  outre  l'auteur  d'une  Carte  d'Egypte,  d'une 
Carte  de  l'Asie  en  -i  feuilles,  ainsi  que  des  Cartes 
de  la  Collection  géographique  des  itinéraires  an- 
ciens. 

Lappenberg  (J.-M.).  M.  Lappenherg,  allemand,  a 
publié  :  llamburgisches  i'rkiindenbnch,  ou  le  Livre 
des  archives  de  Hambourg,  Hambourg.  1S42,  avec 
planches  ;  et  Carte  géographique  du  diocèse  de  Ham- 
bourg au  xiii=  siècle,  ouviage  important  pour  la  con- 
naissance do  la  géograp'iie  icclésiasiique  au  moyen 
âge,  des  diocé-es  de  Hambourg,  Lnbeck,  Katze- 
bourgetSchwerin,  et  des  couvents  qui  en  dâpen- 
daieni. 

Laroque  (le  chevalier  Jean  de),  né  à  Marseille  en 
1C6I,  moiirnt  en  17^5.  Il  visiia  le  iMout-Libau,  la 
Syrie  et  l'Arabie.  Ses  voyages,  qu'il  a  publiés,  hrent 
connaitre  à  ses  en  emporains  bien  des  déiaiN  rela- 
tifs à  la  gé. "graphie  et  aux  mœurs  de  ces  diverses 
contrées.  Ils  sont  aujourd'hui  effacés  par  d'autres 
ouvrages  plus  sérieux,  plus  nié  lités  et  plus  savants. 
Cepeudaiii  il  est  de  certaines  particularités  qu'on  ne 
trouve  gi.érc  que  dans  Laroque. 

Laugier  de  Tasftj,  auteur  de  VHistoire  du  royaume 
d'Alger,  Am  terdam,  17io,  in-12:  ouvrage  e=!iiné. 
Lcblond,  (J.-B.),  médecin,  tiaiuraliste,  né  à  Tou- 
longeon  en  17-47,  mort  eu  1815.  —  Ou  a  rie  lui  une 
Description  abrégée  de  la  Guyane  française,  ISI-i, 
in  8°. 

Le  Bœuf  (Jean),  ch.tnoine  et  sous-chanire  de  l'é- 
glise cathédrale  d'Auxerre,yélait  né  en  1687.  C'était 
l'un  des  hommes  les  plus  savants  dans  les  détails  de 


1208 

l'histoire  de  France.  Il  prit  part  à  la  nouvelle  édi- 
tion du  Dictionnaire  géographique  de  la  Marliniére  en 
1740.11  fit  aussi  l'histoire  de  la  ville  et  de  tout  le 
diocèse  de  Paris,  en  15  vol.  in-12.  Il  mourut  le  10 
avril  1760.  — L'abbé  Le  Bœuf  possédai!  une  érudi- 
tion profonde  et  sûre.  Nous  l'avons  souvent  consulté 
etcié,  dans  la  Géogranhie  des  Légendes,  placée  au 
commencement  de  ce  volume. 

Lebroiseur  (l'abbé  P.),  né  à  Evrcux  en  1680;  au- 
teur d'une  Hisloir.;  civile  et  ecclésiastique  du  comté 
(TEvreux,  in-'i*,  eu  1632. 

Lebrun  (Corneille),  publia  en  1700,  in-fnl.,  son 
voyage  au  Levant  et  dans  les  Iles  de  Cliii),d  ■  Rhodes, 
de  Chypre,  en  Egypte ,  en  Syrie  et  en  Palestine; 
voyage  enrichi  de  plus  de  deux  cents  lailles-duuces. 
Lechevalier  (J.-B.),  éiudii,  archéologue,  liiiéraienr 
et  géographe,  né  à  Trelly  en  Normand  e  ei^  1"(52, 
mortenl!i56;  auteur  de  savantes  recherches  sur 
la  géographie  d'Homère  ;  d'un  Voyage  en  Troade, 
iu-S». 

Lcclerq  (Chr.),  missionnaire  en  Amérique,  né  dans 
l'Artois  en  1630,  a  écrit  une  Nouvelle  rflalion  de  In 
Gdspésie  (Amérique  du  Nord),  in-12,  1691,  et  un  ou- 
vrage intitulé:  De  rétablissement  de  la  foi  dans  la  X ou- 
telle- France,  2  vol.  in-12. 

Le  Cointe  (Charles),  savant  oratorlen  né  à  Troyes 
en  1611,  mort  en  1679,  a  composé  Annales  ecclesiat- 
tici  Francorum,  8  vol.  in-fol. 

Ltcomte  (Le  Père  L.)  jésuite,  géographe-astro- 
nome, né  à  Bol  deaux,  mort  en  1721  ;  auteur  de  Sou- 
veaux  mémoires  sur  l'état  présent  de  la  Chine,  3  vol. 
in-i2,  !696. 

Ledru  (.Aiid.  P.),  botaniste,  voyageur,  antiquaire, 
né  àChantenay  (Maine)  en  1761,  mort  en  1831. — 
Il  avait  rédigé  la  Relation  d'un  voyage  aux  Aniillesen 
1796-1798,  .ieux  vol.  in-8°,  1810.  Cet  ouvrage  a 
quelques  parties  faibles  sans  doute;  mais  il  est 
néanmoins  uu  de  ceux  qui  font  le  mieux  con- 
naître les  Antilles,  au  point  de  vue  des  sciences  géo- 
graphiques: ce  qui  est  un  mérite  encore  assez  rare, 
plus  rare  même  qu'on  ne  croit. 

Leem  (Canut),  ecclésiastique  norwégien,  philolo- 
gue, né  en  1697,  mort  en  1774,  s'est  fait  remarquer 
par  nue  Description  des  Lapons  du  Finmark  et  de 
leur  langue,  1767,  in-4",  et  par  un  Dictionnaire  la- 
pon, danois  et  Intin,  2  vol.  in-4  '. 

Leems  (Canule),  missionnaire  suédois,  auteur 
A' Observations  générales  sur  la  Laponie.  Ce  traité, 
publié  d'al  ord  en  danois  ,  ensuite  en  latin  avec  de? 
notes  de  Gunner,  évêipie  de  Dronthelm,  imirinié  à 
Copenhague  eu  1767,  est  un  des  meilleurs  ouvrages 
publiés  sur  cette  conirée. 

Legentildela  Galaisières  (G.-J.-H.-J.-B.),  asirnno- 
me-gé  igriplie.né  àCoui.tneesen  1723,  mon  eu  1792. 
—  Stm  Voyage  dans  i'Hindowtan,  2  vol.  in-4°,  1779, 
renferme  de  précieux  renseignements  sur  la  science 
astronomique  des  brabroes. 

Legobien  (Charles),  jésuite,  procureur  des  inissions 
de  la  Chine,  né  à  Saint-Malo,  mort  en  1708,  a  écrit 


«09  BIBLIOGRAPHIE 

plusieurs  Lettres  sur  les  progrès  de  la  foi  en  Cbine 
et  sur  la  géographie  de  cette  vaste  conirée. 

LeGouz  de  Ccr/a)id (Bénigne),  né  à  Dijon  en  1695, 
mort  en  177i;  auteur  d'un  Essai  sur  l'origine  des 
Bourguignons,  avec  canes;  d'une  Dissertation  sur 
Corigine  de  la  ville  de  Dijon,  elc,  etc. 

Le  Gouz  (François  de  la  Bnullaye) ,  né  à  Biiigé 
en  Anjou  vers  iUlO;  auteur  d'un  Voyage  en  Asie,  en 
Egypte  et  dans  quelques  parties  de  l'Europe.  —  Ce  li- 
vre ist  peu  rcniaïquable  même  pour  l'époque  où  il 
a  Clé  publié. 

Legiaiiri  (Albert),  prédicateur  de  l'ordre  de  Saint- 
Doniini(|ue,  liagiDgniphe,  né  à  Morlaix,  mort  eu 
16-i  1,  a  laissé  une  Vie  des  saints  de  Bretagne,  in-4°, 
16S0.  Il  y  eu  a  eu  one  nouvelle  cJiiiou  en  1857. 

Legnnl  (Krmçois),  voyageur,  né  en  Bresse  en  163S, 
mon  à  Londres  en  1735;  auteur  de  Voyages,  2  vol. 
in-i2;  Londres  1708. 

Lery  (Jean  de),  ministre  protestant,  né  en  1534  à 
la  Margelle  près  Saint-Seine,  alors  diocè.-e  de  Lan- 
gres,  aujourd'hui  de  Dijon  (Côlc-d'Or),  et  mort  en 
161 1  ;  auteur  d'une  llisioire  d'un  voyage  au  Biésil, 
Rouen,  1578,  in-8°,  avec  (Ig.  en  bois.— C'est  encore 
aujourd'hui  une  des  bonnes  Relations  que  nous  ayons 
sur  le  lirésil.  Comme  il  avait  observé  par  lui-n;ênie 
sur  les  lieux,  il  ne  p.irle  que  de  ce  qu'il  a  vu  et  que 
de  ce  qu'il  avait  étudié. 

Lesclienault  de  la  Tour,  voyageur  et  administra- 
teur français.  En  1825  et  I8:i,  chargé  d'une  mission 
dins  la  Guyane  française,  il  se  livra  à  une  étude  par- 
ticulière de  ce  pays  ;  il  recliercha  les  causes  de  l'an- 
cienne prns;  ériié  de  la  Guyane  hollandaise,  et  com- 
para les  renseigiiemenis  qu'il  avait  recueillis  sur  les 
deux  colonies.  Ou  voit  que  le  travail  vient  d'un  ob- 
servateur consciencieux.  Cet  ouvrage,  n'ayant  point 
éié  mis  dans  le  commet  ce,  est  devenu  irés-rare.  Il 
est  cependant  utile  pour  toutes  les  questions  qui 
concernent  la  Guyane,  ci  ntrée  de  r.\iuérique  sur  la- 
quelle on  est  le  moins  d'accord,  les  uns  la  louant  ou- 
tre mesure,  les  autres  exagérant  l'ms;ilubrké  de  ses 
savanes  noyées  et  de  ses  forêts  séculaires,  ei  sem- 
blant regarder  comme  un  problème  insoluble  l'accli- 
matation des  Européens.  L'auteur  dans  son  livre 
examine  la  nature  des  terres,  les  sucreries,  les  plan- 
tations de  cafiers,  de  cacaoyers,  de  cotonniers,  l'ex- 
ploita'iiin  des  bois,  les  ateliers,  les  maladies  et  enfin 
le  régime  des  habituions. 

tesson.  M.  Lesson,  professeur  aux  écoles  de  mé- 
decine de  la  marine,  a  rédigé  le  Jourmil  pittoresque 
du  voyage  autour  du  monde,  exécuté  par  M.  Du- 
perray  (depuis  amiral)  sur  la  corvette  la  Coquille 
pendant  les  années  lt:2-2,  1823,  lS2i  et  1825.— 
M.  Lessnn  est  entré  dans  des  détails  sur  les  Aiau- 
cans  qui  méritent  quelque  atl.niion, surtout  au  point 
de  vue  de  l'anthropologie.  Les  Araucans  habitent  la 
partie  de  l'Amérique  méridionale,  placée  au  .^ud  du 
Vieux-Chili,  entre  les  Andes  et  la  mer. 
Utmtohn,  a  publié  à  Vienne  (Autriche),  en  1819, 


GEOGRAPHIQUE.  43, ^ 

une  Géograpli:e  de  la  Bible  en  hébreu,  in-8'.  —  Cet 
ouvrage  a  été  traduit  en  allemand,  in-8°,  1821. 

Leydard,  voyageur  du  xvrri^  siècle,  né  à  Graton 
fConnecticut,  Elals-Unis),  parconrul  à  pied  une  par- 
tie de  l'Asie  et  l'Europe  entière.  H  suivit  le  capitaine 
Cook  dans  son  voyage  autour  du  monde  en  1776  à 
1780.  H  mourut  au  Caire  eu  1788.  Ses  voyages  ont 
paru  en  ISJ-i,  in-8^ 

Liman  (Louis-Théodore),  architecte  et  voy.igeur 
prussien,  né  à  Berlin  le  18  novembre  17.^8.  Il  inou- 
rut  le  11  décembre  1820.  Ses  ouvrages  sont  :  Voyage 
au  temple  de  J„piter  Ainmon,  dans  le  désert  de  Li- 
bye et  dans  la  Haute- Egypte  ;  2°  Voyage  au  pays 
compris  entre  Alexandrie  et  Parœtonium  au  désert  de 
Libye  à  Sioi:ali,  en  Egypte,  en  Palestine  et  en  Sijrie. 
Lindsay  (Lord),  a  publié,  en  1838-39.  .i  Londres, 
in-8'',  sous  ce  titre  :  Letiers  on  Eyypi,  Edom  and  tlie 
Iloly  Land  :  «la  l'.elation  de  son  voyage  en  Egypte  et 
en  l'alesiine.  1  —Celte  relation  e-t  fort  intéressante; 
à  un  ton  simple  et  élégant  elle  joint  une  supériorité 
de  vues  réunie  à  une  naïveté  sans  recherche,  un 
style  soutenu  et  une  absence  de  prétention  et  de 
personnalité;  ce  qui  est  rare,  comme  l'on  sait,  parmi 
les  voy;igenrs. 

Lilke,  capitaine-lieutenant,  commandait  l'expédi- 
tion que  le  gouvernement  russe  envoya  en  1821 
pour  explorer  la  Nouvelle-Zemble.  L'expédiiinn  ne 
fut  pas  heureuse.  .Mais  le  gouvernement  ne  se  décou- 
ragea point,  et  en  1S23  et  182i,  le  capitaine  Litke 
reçut  l'ordre  de  retourner  examiner  les  côtes  de 
celle  ile  désolée.  — Le  département  impérial  de  l'a- 
mirauté publia  enlS2ietl82o  la  Rel.ition  da  ces 
expéditions  avec  plusieurs  caries  et  vues  de  l'ile  de 
la  Nouvelle-Zemble. 

Laneenstern.  AL  Isidore  Lœweiistern  est  auteur 
d'un  Voyage  aux  Elals-Vnis  et  à  la  Havane,  Paris, 
1842,  in  8». 

Longuerue  (Louis-Dufour,  abbé  de),  l'un  des  plus 
savants  hommes  de  son  temps,  est  né  en  10i2,  et 
mourut  à  Paris  le  22  novembre  1753.  Il  fil  plusieurs 
ouvrages,  dont  un  sons  ce  titre  :  Description  hi^tori- 
<;u.'  et  géographique  de  la  France  ancienne  et  moderne, 
Paris,  1719,  in  folio,  avec  9  canes  ded'AuviUe. 

Lopez  (Edouard),  voyageur,  né  en  Estramadure, 
s'enibarqut  en  avril  1578  pour  le  Congo.  li  est  au- 
teur d'un  ouvrage  qui  parut  sous  ce  titre  :  Relation 
du  royaume  de  Congo  et  des  pays  vo.sins,  avec  nés  dé- 
tails sur  la  géographie,  les  mœurs,  tes  piaules,  les 
animaux,  etc.  — On  ignore  l'époque  de  sa  mort. 

Loyer  (Godefroy),  religieux  dominicain,  est  né  à 
Rennes.  Il  mourut  en  1713,  peu  de  temps  api  e»  avoir 
publié  un  ouvrage  sous  ce  titre:  Relation  du  royaume 
d'Issiny,  Cote-d'Or,  pays  de  Guinée  en  Afiigue,  etc., 
Paris,  17i4,  1  vol.  iii-12.  —  On  trouve  dans  cet  ou- 
vrage des  détails  intétessanls  sur  la  géographie  de 
ce  pays,  et  c'est  la  meilleure  relation  que  nous  eu 
ayons  dans  notre  langue. 

Liibin  (Augustin),  religieux  augustiu,  né  à 
Paris  en  1024,  et  mort  dans  la  même  ville 
en    1693 ,  fut    géographe    du    roi.   On   a  de  lui  : 


|3U 


BinLlOGRAPHIE  GEOGRAPHIQUE. 


1212 


i»  Marlyrologiuin  lomaiiiim  eum  tabulis  geogra- 
phicis  i(  nulii  hKloricii,  l'aiis,  1600,  1  vol.  iii-i"  ; 
5»  Tiibulœ  siicne  geogiapliicce ,  iive  Noiilia  aulliua 
medii  teiiipuris  et  nova  uomiiuim  u'.riusque  ïeslameiiû 
ad  qeogapliiam  ptrlinenùum,  Paris,  1C70,  1  vol. 
iii-t"  ;  'j°  1  ubii'i  géograpliiqncs  pour  la  vie  des  /lom- 
mesUlustres  de  Plutarqueii"  Index  geogrnpliicus,  ihe 
iii  nniiales  t/sseiianos  labulce  et  observuiiunes  georjra- 
plticœ;  a"  Me>cme  géogr  pliique,  oh  te  Guide  curieux 
des  cartes  géoijrapliiqiies,  Paris,  1678,  1  vol.  in-li. 
—  Il  a  encore  ajnnié  des  imles  géograiiliiques  à  une 
édition  ilii  Mai°iyrolo.^>i  romain. 

Luca  (Ignace  de) ,  géographe  allemand  ,  né  h 
Vieniit»  eu  1746,  mon  le  21  avril  1798.  —  Un  a  de 
lui  grand  nombre  d'ouvrngcs  dont  les  principiux 
8"nl  :  1"  Manuel  géographique  des  Eia's  iintrieltiens  ; 
S"  Cuiinaissance  pratigue  des  Etals  de  l'Europe. 

M 

Mac  Culloch,  iaiùor  (J.-M.),  de  Balliniore;  aulMir 
d'im  1  uvrage  de  géographie  liisiorigue  et  anthropolo- 
gique sur  les  liidiens-Améiicaiiis,  in-8°,  1829. 

Macléod  (Jean),  clilrnrgien  el  voyageur  écossais, 
nïquil  en  1782  à  Buiiliill,  comté  de  Dunibarton.  H 
mourut  le  9  novenibic  1820. — On  a  de  lui  en  an- 
glais :  1*  Voyage  en  Afrique,  contenant  des  p  rticu- 
iarités  nouvelles  sur  les  mœurs  et  les  usages  des  habi- 
tants du  Dahomey.  Londres,  1820,  in-12,  avec  (igu- 
yes;  2°  Voyage  de  l'Alceste,  vaisseau  du  roi,  le  long 
de  la  côte  de  lu  Corée,  à  l'île  de  Liéou-Kiéou,  avec  ia 
Ilelaiinn  de  son  naufrage. 

llaclol  (Jeaii-Cliarles),  géographe  ;  auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages,  de  cartes  et  entre  amres  d'une  Idée 
généialede  la  gé^igraphie,  qui  ti'e  t  point  sans  mé  ile, 
et  qui  ceri:iiiiement  ferait  Ijonneiir  à  un  homme, 
rcêine  l'Iiis  coimu  que  Charles  Macloi. 

Mac  Martlnj  (Jean),  d'origine  irlandaise,  né  en 
France,  mort  en  ISô'j. — Il  fut  librair.',  instituteur  et 
membre  de  la  société  de  géographie.  Il  a  hissé  plu- 
sieurs ('0iii|.ilaii'jD5  géographiques,  comme  un  C'/ioi.t 
de  voyages  Amxs  les  quatre  |iar(les  du  monde,  Paris, 
1822,  10  vol.  in-8",  avec  fig  et  caites;  un  Diction- 
naire géographique  universel,  un  gros  vol.  in-S"  ;  un 
Didionnaire  universel  de  géographie  physique,  etc., 
Paris,  1827,  2  gros  vol.  in-8°.  Ces  ouvrages  laissent 
a  désirer. 

Magath.aent  de  Gondavo  (Pierre  de),  historien  por- 
tugais, était  né  à  Braga,  vers  le  milieu  du  xvi'  siè- 
cle. On  a  de  lui,  dans  sa  langue  lualernelle  :  1"  His- 
toire de  la  province  de  Santa-Cruz,  nue  nous  nom- 
mons ordinairement  Brésil,  Lisbonne,  157o,  in-12; 
2°  Voyages,  Relations  et  Mémoires  originnux  pour  ser- 
vir à  l'histoire  de  la  découverte  de  rAméiiqtie. 

Maimbourg  (Louis),  célèbre  jésuite,  est  né  à  Nancy 
en  1620.  Il  a  laissé  un  grand  nombre  d'ouvrages 
dont  on  pourra  trouver  la  liste  exacte  dans  les  Re- 
marques de  Jnly  sur  le  Dictionnaire  de  fiayle.  Il 
publia  un  ouvrage  intitulé  : //isloire  des  Croisades. 
Il  mourut  à  Paris,  le  13  août  1686. — VUistoire  det 


Croisades,  quoique  faible,  peut  être  de  quelque  se- 
cours pour  II  géograpliie  du  mojeo  âge,  irstée  en- 
core si  obscure  malgré  tous  les  Irvaux  mo  k-rnes. 
Ou  s'éloune  que  VBisloire  des  Croisades  d.'  Micbaud 
soit  déftclueuse,  malgré  tous  les  liavaus  de  ses  pré- 
décesseurs. 

Maire,  jésuite,  auteur  d'un  Voyage  cislronomique  et 
géographique  dans  les  États- lloniains,  m -4°,  1770. 
Malcolni  (Sir  Jol.n),  oflicier  général  des  ar- 
mées de  la  Compagnie  des  Indes,  miquil  le  2  ni.ii 
17G9,  dans  la  lerniu  de  Buriiloot,  dans  le  couilé  de 
Penh,  eu  Ecovse.  Il  est  auteur  des  ouvrages  iniiiu- 
lés  ;  Essai  sur  les  ScilJis  ,  flngulière  valion  de  la  pro- 
vince du  Pendjab,  dans  l'Inde. — Mémoire  sur  II:  de 
centrale,  tompienant  le  Malva  el  les  provinces  voi- 
sines, avec  de  nombreux  éclaireissouient-.  i-ur  l'élit 
pissé  el  sur  l'état  actuel  de  ce  pays.  L'ouvrage  est 
terminé  par  une  table  géographique  de  riiide  cen- 
trale, dre-sée  par  M.  \V.  Ilumilion,  auteur  d'un  Dic- 
tionnaire géographique  de  l'Inde  orientale  et  d'iiao 
Description  de  l'IIindoustan.  —  Malcoira  mouiut  i 
Loiulre.^  le  51  mai  1833. 

Middonado  (Laurcnl-Ferrer),  navigateur  el  géo- 
graphe, vivait  vers  la  fin  du  xvi>=  siècle  el  le  toin- 
meiiceinent  du  xv!!*".  Il  a  écrit  un  Traité  de  cosmo- 
graphie, de  géographie  et  de  navigation,  où  il  signale 
les  découvertes  qu'il  a  faites. 

3/a/»ies/»Kri/ (Wiiliani  Soiiîmerseï),  béiiéJictin  an- 
glais, florisstiit  tians  le  xti'  siècle.  Il  lit  profession 
de  la  vie  re!igieu-e  dans  le  moiiaslèie  de  Ma!mes- 
bury.  On  ignore  l'époque  de  sa  moi  t. — On  cite  de 
lui  les  ouvrages  suivants  :  1"  De  historia  noiella 
libri;  i"  De  gcstis  ponlificum  angloruin  libri;  3"  Dé 
amiquitate  ccclesiœ  glastonicnsis,  etc. 

Malte  llrun  (Conrad),  était  né,  en  1775,  dans  la 
péninsule  du  Julland ,  province  conlinentale  du 
royaume  de  Danemark. Celte  origine  étrangère  éton- 
nera ceux  qui  ne  le  connaissent  (|ue  par  S'-S  ouvra- 
ge?. Mslte  D.un  possédait  à  un  rare  degré  le  la  eut 
d'éciire.  Dans  la  première  clplepr  de  la  compusi- 
linn,  il  lui  échappait  encore  qqelqiiefpis  des  idio- 
tismes  germaniques;  niais  ces  fautes  légères  liispa- 
raissaient  à  une  seconde  leciufe  de  l'auteur.  Il  avait 
étudié  par  principes  la  lapgue  françaiseei  la  cnnnais- 
saii  à  fond. — Son  pire  apparicuaii  à  une  des  pre- 
mières familles  du  Juiland.  Né  dai|S  la  religion  de  la 
Confession  d'Augsbourg,  il  voulut  que  son  lils  y  fût 
élevé,  el  même  il  le  destina  de  bonne  heure  à  y  rem- 
plir les  fondions  du  ministère  erclcsiasliqiie.  Conrad 
fut  donc  envoyé  à  Puiiiversiié  de  Copenhague,  pour 
y  pr.  tidre  ses  degrés.  Mais,  rebuié  par  la  ^éclle  esse 
des  études  ihéologiques,  el  emporté  par  son  goût 
pour  les  belles-lettres,  il  publia  que'ques  poésies  et 
rédigea  un  journal  de  ihéàlre.— A  l'époque  dont  nous 
parlons,  la  révolution  française  compt.iil  déjà  quel- 
ques années  de  date,  el  le  D;iuemaik  o'avuit  pas  clé, 
plus  que  les  autres  Etats  de  l'F.umpe,  à  l'abii  de 
sou  influence  politique.  L'n  minisiic  cciairc,  M.  de 
Beriistorf,  crut  le  moment  arrive  de  faire  des  cou- 


1215 


BIBLIOGRAPHIE 


cessions  aux  idées  de  liberié  qui  renneMiaient  dans 
sa  pairie. Ce  sysiéiiie.qiii  ponvaii  piéveiiir  degr.inls 
mallienrs,  coiuliallu  iiOaniiii  ins  par  le  pirli  aristd- 
craiiqiie,  trouva  un  |iuis>aiii  auxiliaire  dans  la  plume 
éiiei{;iquc  el  dans  fiinaginnlion  :irdenlc  du  jeune 
Jlalle  Urun,  qui  écrivit  eu  laveur  de  l'affrancliisse- 
ment  des  paysans  et  de  la  liberié  de  la  presse.  Mal- 
gré Tappi'i  <l"6  le  niinisiére  prêiaiià  ce  fy^léMle  libé- 
ral, malgré  rasbenliincrit  de  la  ri:ilio  ',  le  ;  arli  opposé 
le  fil  menacer  d'une  pnur-iii:e  judiciaire.  .M.ilte  lirv.n 
crut  devoir  en  ptévenir  les  icsuliais,  el  alla  deman- 
der un  asile  à  la  Suéde.  Il  y  fui  accuiMlli,  el  y  publia 
un  recueil  de  poésies,  qui  li:i  valurent  les  suffrages 
de  l'Académie  deStoïkliolu). — En  1797,  Malle  Brun 
obtint  l.i  permission  de  rentrer  dans  sa  pairie.  Des 
tracasseries  nouvelles  le  forcèrent  à  se  dérober  à 
de  nonveauï  dar  gers  :  il  repassa  en  ï'ucde,  de  là  il 
se  rendit  h  Hambourg.  Ce  lut  dans  cette  ville  qu'il 
apprit  la  révouiiion  du  18  brumaire,  qui  semblait 
prnnicUre  à  la  France  un  gouvenicmeul  dont  la  force 
alla  l  être  ap|iuyce  sur  les  libertés  publiques.  Dans 
celle  confiance  il  se  rendit  h  Paris,  mais  il  r.e  larda 
pas  à  s'apercevoir  ([ue  >e>  espérances  avaient  été 
en  grande  partie  trompées,  et  il  osa,  dans  qu  I  ues 
journaux,  en  léninigner  sa  surpiiseet  Sun  niécenien- 
tenieiit.  Il  éiaii  facile  d'imposer  silence  à  un  étran- 
ger, sans  autre  appui  i|ue  son  talent.  Malle  Brun  ne 
larda  point  à  recevoir  i-on  mandat  d'inieidicilnn.  Il 
employa  ce  loisir  forcé  à  se  perlée  iomicr  dans  une 
£Ci<:nce  à  laquelle  il  avait  voue  un  culie  spécial,  el 
du  fond  de  son  cabinet,  il  .se  mil  à  paicuuiir  l'iini- 
veis  en  observateur  ;  il  crut  apercevoir,  dans  la  géo- 
grapliie,  des  rapports  qui  avaient  éi  liappé  aux  in- 
Tesligalions  des  savants.  Ua.s  une  élude  qui  n'avait 
été  jusqu'alors  que  celle  d'une  aride  iiuiiienclalure, 
il  vil  loul  ce  (|ne  pouvaient  y  ajouter  la  ronnaissance 
4es  mœurs,  la  variété  des  climats,  les  divi»ions  natu- 
relles des  lieux,  la  lacilité  di  S  communications,  la 
coufermiié  on  la  dill'éience  des  idioiucs,  rideniité  ou 
la  conlradiction  des  colles;  travail  immense,  (|ui  de- 
viol  en>oite  celui  de  louie  sa  vie.  Dès  1804,  il  avaii 
déjà  commencé,  conj'iintemenl  avec  Meatelle,  la 
Géographie  mathémathiue,  pliyaiiue  el  politique,  en  16 
volumes  in-S°,  lei  minée  seulement  en  18U7.  La  col- 
laboration de  Malte  Brun  ne  fut,  il  est  vr  >i,  que  d'un 
tiers  dans  ce  grand  ouvrage  ;  mais  les  savants  reton- 
nureni  que  ce  n'élaii  pas  d'a|irès  les  règles  de  la  pro- 
ponion  ariilimélique  qu'il  fallait  apprécier  le  mérite 
du  livre.  Menlelle  élaii  un  géographe  iiistiuil;  .Malle 
Briio  était  un  pliilosoplie  géographe  :  il  fil  voir  par 
ce  premier  essai  qu'il  comptait  dès  lors  peu  de  riv;.ux 
dans  les  connaissances  géographiques,  el  surtout  dans 
l'application  à  la  géogiapbie,  ù'une  miiltiiude  de 
sciences  qui  jus  lu'alors  y  avaient  paru  étrangères. 
— Ce  fui  sur  la  ré|iutation  acquise  à  Malle  Brun  par 
cet  ouvrage  que  les  propriétaires  du  Journal  des  Dé- 
bats rioviiéicni  à  s'asse.cier  à  la  rédaction  de  leur 
journal.  .Malle  fil  un  acccpia,  et,  sau!  une  courte  in- 
terruption, depuis  itO'J  jusqu'au  monient  même  de 


GEftGRAPHIOUE.  {^\t 

sn  mon,  pendant  près  de  \ingl-cinq  ans  il  se  livra  à 
un  travail  de  ions  le»  jours  avec  un  zèle  que  ne  ra- 
leuiiirnt  jamais  les  autres  tiavaux  dont  il  s'était  vo- 
loniaircment  chargé.  Plusieurs  de  ses  articles  ont 
paru  revêtus  de  sa  signature;  mais  il  en  est  beaucoup 
d'autres  qui  ont  été  publiés  sius  le  voile  de  l'ano- 
nyme, et  dont  il  y  aurait  de  l'ingralilude  à  ne  point 
lui  rapporter  la  glo  re.  l'resquc  loniours  les  discus- 
sions relatives  à  la  |iolitii|ue  éiranïère  ont  éié  son 
ouvrage.  La  préférence  qu'il  réclamait  à  cet  égard 
lui  était  facilement  accordée.  A  l'avantage  immense 
de  posséder  loiiies  les  langues  de  l'Europe,  Malle 
Brun  réunissait  celui  de  connaître  égalemeni  le  per- 
sonnel des  cabinets,  les  actes  de  la  diplomatie,  les 
rapports  de  famille  el  d'intérêts  enlre  les  dilférenies 
cours  ;  la  cei  liiude  de  sa  irémoiie,  l'ordi  e  qu'il  >avail 
weilre  dans  l'ensemble  des  coImai^sances  précédem- 
nieni  acquises  lui  rendaient  facile  l'analyse  des  faits 
les  plus  compliqués. — Au. milieu  de  ces  occupaiions, 
Malte  Brun  irouvail  le  lemps  nécessaire  pour  élever 
le  nionuinenl  qui  restera  comme  le  litre  le  plus  du- 
rable de  sa  renommée  scientifique  el  littéraire.  Le 
Piéds  de  la  ijéugrapliie  universelle  parut  et  opéra 
d.ins  l'élude  de  celle  science  une  révolution  qui  lais- 
sera api  es  elle  des  traces  ineffaçables. — Avec  son 
Piécis  de  géi  graphie  universelle,  Malte  Urun  faisait 
marcher  de  Iront  la  publication  d'un  ouvrage  pério- 
dique qui  paraissait  tous  les  mois,  pour  la  rédaction 
duquel  il  s'élait  associé  à  M.  Eyriès,  et  qui  .'e  rap- 
portait encore  à  sa  scienee  favorite;  il  est  inliiulé 
Annales  des  Voyiges,  de  la  géographie  et  de  l'histoire. 
C'ejt  u.i  recueil  lidè'e  et  inie  analyse  savante  de  tous 
les  voyages  et  de  toutes  les  découvertes  motternes. 
On  lui  dut  encore  dans  l'iniervalle  un  Tableau  de  la 
Pologne  tincienne  el  moderne,  un  vol.  in-8°. 

Il  est  Impossible  de  ne  pss  rappeler  que  dans  les 
cent  jouis,  Malte  Brun  publia  une  Apologie  de 
Louis  XVIll,  acte  de  courage  qui  prouve  qu'aucun 
danger  n'arrêtail  l'expression  de  son  éb  ignement 
pour  le  despotisme  cl  pour  l'arbiiraiie.  Les  mêmes 
se  iiiinenls  se  reliouveni,  mais  avec  des  déviloppe- 
nienls  p'us  étendus,  dans  son  Traité  de  la  Légilimilé, 
publié  en  i8-î5. — Enfin  Malle  Brun  s'élait  cliargé 
dans  ses  derniers  niois  de  diriger  un  Diclionnaire  de 
géoiraphie  universelle,  en  un  seul  volume,  pour  le- 
quel il  a  rédigé,  avec  loul  le  soin  dont  il  éiait  ca- 
pable, le  Vocabulaire  des  mots  lecbniiiues  néces- 
saires à  rintellij;ei!Ce  de  tous  les  livres  de  géogra- 
phie. 

ilandeville,  voyageur  anglais,  publia  ses  Voyages 
en  1480.— Il  écrivit  en  français,  contrairement  à 
l'u-age  qui  éiait  d'écriieen  latin.  Il  a  recueilli  beau- 
coup de  laibs,  et  avancé  bien  des  erreurs.  La  biblio- 
thèque royale  possède  un  manuscrit  de  ces  Voyages, 
qui  est  illustré. 

Slarangoni  (Jean),  né  eu  1675,  à  Viceiice,  fut  cha- 
noine à  Agnini,  et  prolonolaire  apostolique  II  mou- 
rut à  Uonie  en  1755.— Ou  a  de  lui  un  ouvrage  intitulé  : 
Thésaurus  parochorum,  seu  Viiœ  el  monuntenla  puro- 


12ir 


BIBLIOGRAPHIE 


ehoriim  qui  sanctitale,  mnrltjrio,  pielalc,  etc.,  illustra- 
ruiii  Ecclesinm,  IXomc,  1726-27,2  vol. in- i"  :  (iiivrage 
plein  (le  sa\anies  recherches,  ei  utile  à  la  géogra- 
phie ecc'é''iaNli.]iie. 

ilaicliaiid  (Eiienne),  né  à  l'île  de  la  Grenade  en 
17?)5,  niori  à  l'île  de  France  (aujourd'hui  île  Mau- 
rice) en  1715,  a  enéciité  un  voyage  aiilonr  du  monde 
p'>Mdani  les  années  179.1,  91  ei  92.  Ce  voyage  Tui  pu- 
blié par  Fleurieu  en  i79S  à  Paris,  en  5  vol.  in-4°, 
avec  allas. 

Marcien,  géograiihe  grec,  éiait  de  la  ville  d'Ilé- 
rac  ée.  Il  parait  avoir  vécu  au  iv  siècle. — Il  écrivit 
un  Pi'r  pie  eniicr  du  monde  dont  il  ne  nous  reste  que 
des  frigrnenls.  IMaicien,  publié  d'abord  en  grec  en 
IGlO,  reparutensniie avec  une  traduction  l.iiinedans 
le  tome  1"'  des  Geograp.'tiœ  veleris  Scriplorcs  Grœci 
minores. 

J/nrco-Po/o,  voyageur  vénitien  du  xiiie  siècle,  a 
donné  le  premier  des  ni'tinns  géographiques  sur  les 
diverses  contrées  de  l'Asie  cenlmlc  alors  inconnues 
ou  défigurées  par  l'ignorance  et  les  préjuges.  On 
peut  dire  que  c'est  le  premier  voyageur  qui  ail  réel- 
lenjeni  mis  de  la  géographie  dans  ses  récits. 

Mnredle  (l'-ihlié),  curé  de  Melun,  a  composé  une 
Géographie  lopograpliique  et  historique  de  la  Grèce 
ancienne  et  modrrne. 

Margerei,  né  en  France,  officier  en  Russie  sous  le 
tzar  Dniitri  V,  a  dressé  un  Etat  géographique  et  his- 
torique de  l'empire  de  llussie  et  grand-duché  de  Mos- 
covie,  depuis  l'an  1390  jusqu'à  l'un  ICOO.— M.  Kla- 
prulh  en  a  publié  une  nouvelle  édition. 

3/«rgH<'/ie  (J.),  jésuite,  missionnaire  au  Cmiada, 
né  à  Laini,  mon  en  1073. — Il  fut  chargé  de  recon- 
naitrft  le  cours  du  Mississipi  avec  Jolyet  ,  en  1G72, 
et  ni'iurut  dans  la  tribu  des  Miamis.  On  a  conservé 
la  llelulion  de  son  voyage. 

ilariana  (JeaiO,  jésu  te,  célèbre  historien  espagnol 
du  xvi=  siècle. — ^on  ouvrage  fait  connaître  la  géo- 
graphie des  possessions  es[iagnok'S. 

Muritinolu  (Jean  de),  de  Florence,  franciscain  et 
professeur  à  Bologne,  légat  du  pape  auprès  du  Klian 
des  .Mongols  en  lïtôd;  auteur  d'une  Relation  de  son 
voyage  d,:ns  l'Asie  centrale  et  orientale,  écrite  en 
latin. 

Marin  (Michel-Ange),  religieux  minime,  né  'a  Mar- 
seille, mort  en  1767,  nous  a  l.iissé  le  Hécit  des  mis- 
sions entreprises  dans  l'ile  de  Madagascar  par  les  or- 
dres de  suint  Vincent  de  Paul. 

Marin  de  Tijr,  géographe  du  \^'  siècle  de  l'ère 
cliiéiienne,  Uoinain  d'origine.  Ses  écrits,  cités  par 
Plolémie,  ne  nous  sont  po!nl  parvenus.  Masoudy, 
ii'eur  arabe  du  x'  siècle,  en  parle  comme  les  ayant 
Cûusuliés. 

Marini  (Jean-Philippe),  jésuite,  missionnaire,  né  à 
Gêne- en  1618.  Il  prêcha  l'Evangile  au  Tunquin  pen- 
d.ini  li  ans,  el  fut  nommé  rettturde  Macao. — Il  est 
connu  en  outre  comme  auteur  du  livre  Missioni  di 
Giappone  (missions  du  Japon),  2  vol.  in-12. 

ilf  niia  (Jean),  voyageur  eu  Orient,  est  né  à  Florence, 


GEOGRAPHIQUE.  12IC 

et  mourut  dans  sa  patrie  en  1798.  —  On  a  de  lui  : 
1*  Voyagi:  dans  t'ile  de  Cijprc,  la  Sijrie  et  la  l'alaline, 
2  vol.  iu-12  ;  2°  Voyage  dans  te  l'isan  et  dans  le  flo- 
rentin. 

Mariât  (Doin  Guillaume),  bénédictin,  érudit,  né  à 
Reims  en  l.'59li,  mort  en  lOJ".— Nous  pouvons  citer 
ici  de  lui  :  MetropuUs  lieniensis  Hisloria,  2  vol.  in  P. 

Marmora  (le  chevalier  Albert  de  la),  écrivain 
sarde.  Apres  avoir  visité  la  Sardaigne  de  1819  à 
182.J,  M.  de  la  Marmora  en  publia  une  Description 
en  un  vol.  in-8°  avec  des  planches.  L'île  de  Sardai- 
gne  était  alors  plus  iHcounue  à  l'EHrope  que  l'île  de 
Java.  L'ouvrage  de  M.  delà  Marmora,  contenant  des 
notinns  nouvelles  el  intéressantes,  fermait  un  cadre 
complet.  L'auteur  n'avait  rien  oublié  dans  la  descrip- 
tion du  |)ays.  La  Sardaigne  a  joué  un  rôle  assez  im- 
portant sous  la  domination  romaine  et  dans  le  moyen 
âge.  Comme  les  autres  îles  de  la  .Méditerr.inée,  elle 
a  été  successivement  occupée  par  différents  peuples. 

Marnutha,  historien,  écrivain  .iscélique  du  iv°  siè- 
cle, prélat  syrien,  évê  jue  de  Mariyropolis.  Il  assista 
au  concile  d'Antioche  en  391,  en  11  l  en  assembla  un  à 
Clésiphon,  oi'iil  fit  adopter  la  foi  de  Nice  ■,  jusqu'alors 
professée  partiellement  eu  Orient.  —  .Auteur  des  Acta 
sanclorum  niarlyrum  orienlalium  et  occidentnlium,  sy- 
riaquc-laiin,  publié  par  Assemani,  2vol.  in-fol.,  1748. 
Cet  ouvrage  est  utile  à  consulter  pour  la  géographie 
ecclésiaït  que  de  l'Orient. 

Marperger  (Paul-Jacques) ,  né  à  Nuremberg  en 
1653,  mort  en  1730;  auteur  d'une  Description  com- 
mère aie  de  la  Moscovie  et  de  la  Suède,  iu-4°. 

Miirs'gli  (I,. -Ferdinand,  conile  de),  géographe, 
naturaliste,  né  à  Bologne  en  1658,  mort  en  1730; 
auteur  d'une  llisoire  physique  de  la  mer,  in-fol.  ; 
d'une  Description  géographique,  historique  du  Danube, 
in-ful. 

Martens  (Frédéric),  voyageur  allemand  du  xvit' 
siècle,  a  rédigé  la  Relation  d'un  voynje  au  Spi(zl>erg 
fait  en  "671,  in-4",  1C7.3.  C'est  le  premier  ouvragtt 
publié  sur  ce  pays. 

Marlins  (Cliarles-Frédéric-Philippe),  né  à  Erlan- 
gen,  le  17  avril  1791,  a  rédigé  avec  M.  Spix,  la 
relation  de  son  Voyage  au  Brésil,  3  vol.  in-i",  avec 
allas.  —  Ce  voyage  offre  une  grande  variéié  de  don- 
nées sur  la  géographie  du  Brésil. 

Martyr,  évêipic  d'Arzendjan,  dans  la  Grande  Ar- 
ménie, auteur  de  la  relation  d'un  Voyage  l'ail  en  Eu- 
rope et  d.ins  l'Océan  .Atlantique,  à  la  lin  ilii  xv*  siè- 
cle, traduite  en  français  par  M.  Saint-Martin. 

j)/asi'(Laureni), italien. Ce  savant  séjourna  en  Fgypie 
avec  Jersene  Segalo,  de  lbl75  lf:.25;  lnusdeuv  étaient 
au  service  du  pacha.  Ils  ont  fait  dans  ce  pays  des 
o'oservaiioiis  iuiéressanies,  mit  étudié  le  caïaiièic, 
les  mœurs  et  les  usages  des  habitanis.  L'Egypte  an- 
cienne était,  il  y  a  quelques  années,  plus  connue, 
pour  ainsi  dire,  que  la  moderne  ;  car,  i.  dépeiidam- 
nieiit  du  grand  monument  élevé  à  son  antique  gloire 
par  la  commission  des  savants  français,  les  ouvrages 
de  Dcnon,  de  Beizoni,  de  Cailliaud,  Gau,  Minuloli  , 


^217  BIBLIOGRANIIE 

ei  de  plJsieVirs  voyiigenrs  angbis,  nous  ont  donné 
sur  l'Egypte  ancienne  Ions  les  renseignements  q  le 
rélal  de  la  science  et  les  difficultés  des  invcsliga- 
lioMS  dans  ce  pays  pouvaient  permellre.  La  Descrip- 
tion de  rEgtjple  contient,  il  est  vrai,  sur  l'Kgypte 
moilerne  des  notions  éiendues  concernant  ccriaines 
parties  de  son  économie  iniérieurc  et  de  son  émt 
physique;  mais  aucun  de  ces  ouvrages  ne  faisait 
connaître  complètement  rélal  actuel  de  celle  cnnirée, 
qui  a  si  fort  changé  depuis  l'adminislralion  deMciié- 
inel-Ali.  Laurent  Masi,  <le  retour  en  Iialie,  publia 
avec  Jersene  Segalo  un  ouvr.ige  iniilulé:  Esquisses 
pittoresques,  géographiques,  sliiiistiques,  hydrographi- 
ques cl  cadastrales  sur  t'Egypt,-,  qu'il  dédia  au  roi 
Charles  X.  Depuis,  on  a  publié  sur  riii;ypie  moderne 
beaucoup  de  livre?,  niais  qui  cependant  n'ont  point 
effacé  celui  de  Masi  et  de  Segato.  Il  cnntieni  des  dé- 
tails exacts  et  curieux  sur  le  canal  du  Nd  à  Alexan- 
drie, entreprise  giganiesque  ,  exéculée  de  1810  à 
181'),  et  qui  ciiùia  la  vie  à  15, (OJ  individus,  par  l'i- 
gnoiance  et  l'incurie  des  ii>génit'urs  turks.  Ce  fut  en 
creusant  ce  canal  qu'à  la  profondeur  de  quelques 
pieds  de  la  superficie  du  sol,  on  lionva  diverses  ha- 
bitatiujis  de  l'ancienne  Alexandrie,  farinées  de  pierres 
unies  par  un  ciment  irès-dur,  coui|iOsées  en  nia;eure 
partie  de  chaux  mêlée  avec  de  la  pouzzolane.  On  dé- 
couvrit aussi  nombre  de  bains,  dont  quelques-uns, 
ornés  de  peintures,  piésentaient  un  clai  parfait  de 
conserva  ion,  avec  leurs  pavés  en  niosaiiues  de 
pierres  dures  et  empreintes  des  plus  vives  couleurs. 

Megeren  (W.  von),  Allemand,  auteur  d'un  Ta- 
bleau du  cap  de  Bonne-Espérance,  publié  de  ISiO 
à  1841. 

Meichelbeck  (Charles),  savant  bénédictin,  né  dans 
la  Bavière  en  1G81),  mort  en  173i  ;  auteur  d'une 
Histoire  du  diocèse  de  Freisingen  (Cavière),  et  d'une 
Histoire  de  l'abbaye  de  Beiiedict  Beuren.  Ces  deux 
ouvrages  sont  faits  judlcieuseujent  et  avec  soin. 

Meiners  (Christophe),  naquil  en  1717  à  Warstade 
dans  le  Hanovre.  Il  a  publié  des  liecherches  sur  la 
diLeriiié  des  races  humaines  en  Asie,  dans  les  terres 
Australes,  d'ans  les  îles  du  Grand  Océan,  etc.,  ISl'i, 
2  vol.  —  Au  milieu  de  pensées  justes,  d'^  perçus 
vrais,  cet  anthropologue  avance  beaucoup  d'asser- 
tions fausses  ou  inexactes. 

Meinert  (1:  G.).  M.  Meinert,  savant  allemand,  a 
traduit,  mis  en  ordre  et  commenié  le  Voyage  du  frère 
Jean  de  .Marignola  dans  l'Asie  centrale  et  orientale.    ■ 

Meisler  (Léonard),  laborieux  écrivain  suisse,  né 
en  1741  à  Nefftenibich,  canton  de  Zurich,  fut 
nommé  en  1773  professeur  d'histoire  ei  de  morale  à 
l'école  des  arts  de  Zurich.  —  il  est  auteur  des  ou- 
vrages suivants  :  1°  Mémoires  pour  l'hiJoire  de  la 
langue  et  de  la  littérature  allemandes;  2»  Petits 
voijayes  dans  quelques  cantons  delà  Suisse,  in-S"; 
5"  Dictionnaire  historique,  ijéographique  et  statistique 
de  la  Suisse,  2  vol.  in-8''.  —  Il  mourut  le  19  no-, 
vemhre  1811. 

Mentelle  (Edme),  géographe,  n    *  Paris  le  1 1  oc- 


GEOGRAPHIQUE.  r218 

lobr.'  1730,  fit  ses  éludes  au  collège  de  Ueauvais,  et 
in"urut  le  23  novembre  1813.— Il  est  l'auleur  de  plu- 
sieurs ouvrages  géo^rapliiques  qui  sont  :  1"  Manuel 
géographique  ;  i°  Géographie  abrégée  de  la  Grèce  an- 
cienne ;  o°  Géographie  comparée,  on  Analy^ie  de  la 
géographie  ancienne  et  moderne  ;  i"  Géographie  histo- 
rique, physique,  statistique  et  topographique  de  la 
France,  etc.,  etc.  — Ce  géographe  avait  une  répu- 
talioii  que  certainement  ses  ouvrages  ne  lui  méri- 
taient pas.  Nous  pensons  qu'd  la  dut  pluiôt  à  ses 
élrjiiges  opinions  relijiieuscs,  qu'il  a  semées  dans  .«es 
livres  sans  goùi  comme  sans  discernement.  Son 
élève  et  son  continuateur,  .Malte  Brun,  a  eu  le  mal- 
heur de  partager  ses  idées  et  son  sjsième  d'incrédu- 
lité; mais,  au  moins,  il  s'est  montré  dans  ses  ou- 
vrages plus  réservé  que  lui. 

Michnud.  M.  Miehaud,  poêle,  journaliste  el  histo- 
rien. Nous  ne  le  citons  ici  que  pour  son  Histoire  des 
Croisades,  sa  Correspondance  d'Orient,  et  sa  Biblio- 
graphie des  Croiittdes.  — Ces  divers  ouvrages  sont  fii- 
blenient  utiles  à  la  géographie  du  moj-en  âje  en 
pai  liculier,  et  à  la  géographie  religieuse  en  général, 
atlendu  que  la  partie  géographique  y  a  été  négligée. 

Milbert  (Jacques-Gérard),  peintre  naturalisie,  na- 
quil à  Paris  le  18  novembre  176G.  .A  l'époque  de  la 
desiruction  des  tombeaux  de  S.iinl-Denis,  il  risqua 
sa  vie  pour  sauver  ceux  des  connétables  de  Montmo- 
rency, qui  depuis  par  ses  soins  ont  été  déposés  au 
musée  des  monnnienis.  Il  lit  un  ouvrage  sous  le  litre 
de  \oynge  pittoresque  à  l'Ile  de  France,  au  cap  de 
Bonne-  Espérance  et  à  l'île  de  Ténériffe,  Paris,  2  vol. 
in-8°.  Indépendamment  d'un  Allas  rempli  de  vues  et 
de  pa)sai;es,  cet  ouvrage  contient  des  délails  statis- 
tiques commerciaux,  géologiques  et  physiques  trés- 
étfendiis.  Il  publia  ensuite  {'Itinéraire  pittoresque  du 
fleuve  Hudsi  n  et  des  parties  latérales  de  l'Amérique 
du  Kord,  Paiis,  2  vol.-in-4".  M.lbert  mourut  à  Paris 
le  5  juin  1840. 

Miller.  M.  Miller,  savant  français,  a  écrit  la  Pré- 
face placée  en  léte  de  la  Collection  géographique  des 
iiinéraiies  anciens,  et  de  la  Table  de  tons  les  noms 
géographiques  mentionnés  dans  ladite  collection. — 
Celle  table,  qui  est  un  véritable  ouvrage,  ne  forme 
pas  moins  de  83  pages  in-  i". 

Molina  (Alphonse  de),  missionnaire  espagnol,  né 
en  146  à  Escalona,  petiie  ville  de  la  Nouvelle-Cas- 
liUe,  entra  chez  les  Cordeliers,  ou  Frères-Mineurs. 
11  travailla  cinquante  ans  aux  missions  de  l'Améri- 
que septentrionale  (.Mexique). —  11  mourut  en  1584, 
a  Mexico.  H  a  composé  un  Catéchisme  el  une  Gram- 
maire en  langue  mexicaine,  deveuiis  fort  rares. 

Molina  (Jean-Ignace),  né  à  Taica  au  Chili  en  1740; 
membre  de  la  soc  éié  de  Jésns,  mort  en  182  '.  — Ce 
religieux  a  écrit  une  Histoire  naturelle  du  Ch'U  avec 
des  noies  et  des  caries,  in-S*,  publiée  en  1788.  Cet 
ouvrage  a  été  traduit  en  français  el  en  allemand.  Il  a 
laissé  aossi  un  Essai  sur  l'histoire  du  Chili,  avec  car- 
tes, in-8\  Ce  livre,  publié  à  Bologne,  où  est  mort  le 
P.  Molina,  a  été  traduit  en  espagnol,  en  allemand  et 


1219 


BIBLIUCBAPHIË  GEOGRAPHIQUE. 


1220 


en  nnglais.  Nous  ne  l'avons  pas  mallieureusement 
en  fiMiiçais.  C'est  le  livre  le  plus  exact  sur  le  Ciiill, 
celui  qui  en  fait  le  mieux  coiiiiaitre  la  géograpliie  et 
la  populali'iu  indigène. 

Monni.r  (Dumllilarinn),  liéncdiclin,  morten  1707; 
auleur  d'un  ouvrage  intitulé  :  EdahcissemenU  des 
droits  de  la  cotigiégaiion  de  Sainl-V mines  sur  les  mo- 
nastères qu'elle  possède  en  Fninclie-Comté,  in-i°,  li- 
vre mile  à  la  gécigrapliie  ecclé^iastiipie. 

Monialbani  (lecoinie  Jean-Bapiisie),  voyageur  en 
Orient,  officier  au  service  de  Venisi',  né  à  Bologne 
en  1S9G,  nidrl  en  1646  ;  auleur  d'un  ouvrage  inii- 
lulé  De  moribus  Tuicorum  (Des  mœurs  des  Os- 
manlis), 

Moniauband,  célèbre  flibustier  français,  mort  à 
Bordeaux  en  1700;  auleur  d'une  Itctaiion  d'un 
voyage  en  Guinée,  en  li)98. 

Monie-C.orvino  (J.  de),  frère  mineur,  missionnaire 
en  Tariarie,  né  en  1247,  mort  en  1320  ;  envoyé  en 
Orient  par  Nicolas  IV  en  1288,  parvint  au  Cailiay,  à 
KhanBalikli,  où  il  bùiil  une  église,  et  prèclia  la  foi 
chiétienne  dans  le  Mongol.  Clément  Y  le  nomma  ar- 
chevêque de  Khaii-Dalikli. 

Moorcroft  (Guillaume),  né  dans  le  Lancasbite, 
mort  de  la  (ievre  en  18-25  à  Audkliodie,  ville  siiuée 
à  80  milles  de  BalUli  ;  autour  d'un  Yoijage  l'.iit 
en  1812  au  lac  Mai  assarovar  dans  l'Ounilés,  pro- 
vince du  Pelil-Tliibct  ;  de  Voyages  aux  provinces 
Uimulayeiutes  de  l'Hindoustan  et  du  l'eujàb,  en  Ln- 
dakh,  au  Ciiclieniir,  à  Veicliaier,  à  Klioundoux  et  à 
BuUiara;  Londres,  1811,  iii-S",  avec  cartes.  —  Ces 
rel  itinns  ont  une  videur  inconieslablc  et  une  haute 
auioriié,  par  le  stjour  de  deux  ans  que  fit  le  voya- 
geur dans  les  diverses  parties  du  Tliibei,  et  le  s-  in 
avec  lequel  il  étudia  un  pays  encore  presque  in- 
connu aux  Européens. 

Moiincau  (P.  de),  explora  en  1827  et  1S28  la  cô;e 
nord-ouesi  de  l'Améiique  seplenirionale.  Il  s'allaclia 
particuiièremrnt  à  prendre  des  notes  sur  les  Indigè- 
nes de  celte  cnnirée,  lesquelles  il  publia  à  son  reinnr 
en  Franco.  Il  résulie  de  ces  renseignimenis  que  1rs 
diverses  peu|dades  qui  babitent  celle  partie  de  l'A- 
niériiiue  re<liiutenl  ei  inême  déteseiit  le  irava  I. 
C'est  un  trait  rar3Ciérisiii|iie  qui  leur  est  cnniinnn 
avec  les  peuplades  de  l'Amérique  méridionale  et  du 
MoH'le  niaritiin  ^ 

Murse  (Jedidiali) ,  docteur  en  lliéologie,  né  am 
Etuls-Lnis,  morten  182(i;  auleur  d'une  Géoi/raji/iie 
universelle,  avec  caries,  2  vol.  in-S",  en  anglais; 
Bo-ton,  1812  •  ouvrage  f.iil  avec  soin.  — Il  a  encore 
pnblié  un  Diciionnaire  géographique  américain,  iii-8», 
Bo-ton,  liSlO. 

ilurvilliers  (Nicolas  Massou  de) ,  né  en  1740  à 
Morvilliers  en  Lorraine,  morten  ITS'I  ;  auteur  d'un 
Abrégé  élémenlairc  de  la  géographie  universelle  de  In 
France,  i  vol.  in-1-2  ;  de  C Italie ^  in- 12;  de  l'Espa- 
gne et  du  Portugal,  in- 12. 

Moulinet  des  '[huileries  (l'abbé  Claude  de),  né  à 
Se-:!  en  1CJ7,  d'uue  famille  noble,  morten  1728. 


Erudil,  il  se  livra  à  l'élude  de  l'iiistoire  de  Francs! 
—  Il  est  aulenr  d'une  Histoire  du  diocèse  de  Sfeict 
de  divers  arlicles  relatifs  à  sa  topographie. 

3/oiis/ier  (Anus  du),  né  à  Uonen,  mort  en  16G2  ; 
autour  d'un  Muriyro'ogium  s^nciaïuin  mulieiuni,  in- 
fol.  ;  d'un  ilartyrologiuin  Franciscarum,  in-lol.  11  a 
lais-é  en  iminiiscrit  une  Histuire  ecclrsiasnque  de  la 
Neitttrie.  Ci  s  (nivrnges  sont  do  quelque  ulil.lé  puur 
la  géographie  ecclésiasli(|ue. 

Mugge  (Th.),  voya,,'enr  allemand,  aulenr  d'un 
Voyage  en  Danemark  et  en  Noruége,  2  vid.  in-8'', 
avec  une  bonne  carie;  Hanovre,  1844.  —  Ouvrage 
qui  n'est  pas  sans  valeur. 

Muhlen'iOrdt  (E.),   voyageur    et  savant  allemand, 
.  auteur  d'un  Tableau  fidèle  du  Mexique,  snus  les  rap- 
ports de  la   géographie   et  de   rellincgiapliie,  m  8", 
Hanovre,  1814.  —  Cet  ouvrage  est  exact  ei  fait  b  eu 
connaiire  le  Mexique. 

Muiler  (Gérard-Frédéric),  voyageur,  hi-lorion  et 
géographe,  né  à  lleiford  en  We^iph.die  en  1703, 
mon  à  .Moscou  en  1?S3,  a  publié  une  Description  de 
ta  Sibéiie  ;  Saint-Péleisliourg,  17ôO,  10-4°  ;  les  Voya, 
ges  et  les  Découvertes  faites  par  les  [tusses,  etc.,  etc., 
ainsi  qu'une  Description  du  fleuve  Amur,  etc.,  etc., 
en  russe  et  m  allemand. — Ces  ouvrages  ont  été 
traJnlis  on  français,  2  vol.  ln-12,  1776. 

iiunk  (S.).  M.  Munk,  auleur  d'une  Description 
géograjilngue  de  la  Palestine;  l'arisy  184S,  in-E",  avec 
beaucoup  de  plan.  bes. 

Munster  (Sébastian),  jouit,  an  milieu  du  xvi»  siè- 
cle, d'une  grande  répulalioii.  Sa  Cosmographie,  ou 
Description  du  monde,  (|ui  parut  à  Bâ!e  en  1^44,  fui 
répandue  01  acceptée  partout. 

Mnnter  (Frédéric),  évèque  proiestanl  de  Copen- 
hague, né  à  Gotha  en  1761,  mort  en  17b5;  labnrieui 
et  instruit,  a  rédige  un  Voynge  dans  les  Detix-Siiiles, 
faii  en  I7t5et  1780,  publié  en  danois  et  en  alle- 
inatid. 

N 

Aahuys  (le  colonel),  a  publié  en  1820  dos  Lettres 
s\ir  Iteiikoolen,  Padong,  le  rny.iume  de  Menankihnu, 
Rhiouw,  S  ngapore,  i'orlu-l'iiiang,  1  vid.  grand  in-8*, 
I$red;i.  Ces  Letircs  conlienncnt  une  foule  d'c  bserva- 
tions  iiiléressanles  sur  la  topographie,  le  commerce, 
l'indu-irie,  les  mœurs  et  les  usages  des  pays  décrits. 

Piavarrète  (Fi  rdinand  de),  missionnaire  en  Chine, 
archevêque  de  Saint  Dumingue,  en  1678,  mort  en 
celle  île,  en  lOiiî);  auteur  de  l'ouvraje  Tia'.ados  his- 
torico',  poii'icos,  e'.hicos,  y  rcUgiosos  delà  m^narchia 
de  China,  en  5  vol.  —  Cet  oiiiiage,  à  celle  époque, 
fjisaii  le  mieux  connaître  le  Céleste  Empire. 

Niebuhr  (le  chevalier),  "éograiihe  danois.  Con- 
seiller d'étui  du  toi  de  Danemark,  ce  savant  lit  par- 
lie  d'une  commission  scieuiilique  envoyée  par  le 
g'iiivernemeiii  danois  en  Arabie  ,  dans  le  siècle  der- 
nier. Il  consigna  le  résultat  de  ses  recherches  et  de 
ses  obseï  valions  dan^  nu  ouvrage  iniiinlë  :  Descrip- 
tion de  l'Arutiie,  «u  2  sol.  ui-**.  On  à  bÈdiicnul)  étrit 


lâii 


BIBLIOGRAPHIE  GEOGfiAPIIIOUË. 


1222 


sur  l'Araliie  h  notre  époque  ,  mais  le  livre  de 
Mieliiilir  esi  fucoie  ci'liii  qu'on  doit  consiilier  de  pié- 
féi'riice.  L°au(eiir  ne  parle  que  de  re  qu'il  a  vu  ,  cl  il 
ii'airii'ii:e  qni'  quand  il  eslcert.iin  de  rexaciiiiide  de 
SCS  retispigiienienl-i.  Il  reciilie  beaiicoip  d'erreurs 
relativement  à  des  locaiiilés  des  côies  de  la  mer 
Ronge;  il  se  trouve  toujours  d'accord  avec  la  Bible, 
quand  elle  parle  de  l'Arabie;  et  II  fait  reni:<rquer 
que  ce  pays  n'a  pas  changé,  et  qu'il  est  resié  avec 
sa  population  le  fuôine  comme  du  temps  d'Âbraliam 
et  d'Agar. 

Noël  (André),  né  à  Gy,  en  Franche-Comté,  mort 
en  1808  ;  cartographe,  auteur  de  Cartes  et  de  Plani- 
sphères cclesli-s. 

Norman.  M.  Norman,  de  la  Nouvelle-Orléans,  au- 
teur d'un  Voyage  dam  t'Yucutan,  INt.'W-\'i)rk,  I8i3, 
in-8".  —  Ce  livre  cont  eut  dcà  reisoigiiements  sur 
celle  province  et  sur  les  ruines  remarquables  qu'elle 
po  séde  encore. 

Nowak  (A.-K.-P.),  géologue  allemand,  a  écrit  un 
ouvrage  sur  la  gédgraphie  physique ,  in-8°,  avec 
planches,  Leipsick,  I8i4.  —  Cet  ouvr.ige  contient  en 
géologie  des  idées  très-hardies  que  l'avenir  seul  peut 
coiifinner. 

Nyenbourg  (Jean-Gilles  Egdmond  de),  né  dans  les 
Pays-Bas,  à  la  lin  du  xvti»  siècle;  auteur  de  Voyages 
dans  une  pnii'.e  de  f  [■Europe,  de  t'Asie-iliiiture,  des 
iles  del'Artliipil,detaSyTie,de  la  Pulesline,  etc.,  etc., 

2  vol.  in-4", 

0 

Ocamro  (Don  Gonzilo  d'-),  :irchevêque  de  Lima, 
a  écrit,  en  1623,  le  Cobierno  del  Perù.  Ce  manuscrit 
doit  se  trouver  dans  les  archives  ecclésiastiques  de 
Lima. 

0//i'ier  (Jean),  ancien  serréiairc  à  Palembourg,  a 
publié  ses  Voyages  par  lei  re  ei  par  mer  dans  les  co- 
lonies indiennes  des  Pays-Bas,   en    1827  et  18-8, 

3  \ol.  in-8°,  avec  planchis,  Amsteidain.  —  Le  se- 
coiid  vidume  cunlient  des  délaili  sur  les  missions 
hollandaises  dans  ces  col</nics,  cl  pariiculièreinent 
à  Amboise,  ainsi  que  sur  les  piogrèi  du  christia- 
iii-me. 

Onsetey  (Sir  William),  orientaliste  angl  lis,  né  en 
1771,  e-i  mon  en  lSi2.  Il  ava  t  voyagé,  à  d. verses 
reprises,  dans  l'Asie  mineure,  en  Peis  •  cl  dans  l'Iliu- 
douslan.  —  Il  a  laissé  pluS'eurs  ouvrages,  enire  au- 
tre^  une  Histoire  de  Perse  .:l  une  Géographie  orien- 
tale qui  n'est  (.as  sans  mérite  et  qui  pourrait  rem- 
placer bien  des  o.ivrages  sur  l'Orient.  iNoiis  ne 
cmyons  pas  qu'elle  ail  éié  Iraduiie  eu  français. 

Orbigny  (\I.  Alcidri  d'),  a  passé  sept  années  à  ex- 
plorer le  Brésil,  les  républiques  de  l'Ur.iguay,  de 
Bnénos-Ayres,  du  Chili,  du  Pérou  ,  de  Bolivia  et  la 
PatMgonie.  Ses  (d)servaiions  sur  l'orographie  et  les 
divers  climats  de  l'Amérique  méridionale  méritent 
d'être  recueillies  et  étudiées.  Il  a  contribué  plus  que 
personne  à  dissiper  en  partie  l'ob-scuriié  c|ui  enve- 
loppe les  tribus  indigènes  de  cette  partie  du  inonde, 


et  ses  remarques  à  ce  sujet  reposent  toutes  sur  des 
faits  ou  sur  des  conjectures  simples  et  naturelles. 
La  géographie  de  l'Amérique  méridionale  lui  devra 
certaineihcnl  beaucoup. 

Orloff  ('q  comte  Wladimir-Crégoire),  de  la  puii- 
sanie  lamille  ru?se  de  ce  nom,  mon  en  1826,  a  pu- 
blié des  Memoiies  géographiques  sur  le  royaume  de 
Naples,  avec  des  caries  exécutées  avec  soin.  On  peut 
consulter  avec  fruit  ces  Mémoires  sur  Us  vicissiiudes 
qu'a  subies  la  géographie  de  l'Italie  méiidio  i:ile. 

Vrleims  (Abraham),  mort  en  1598,  est  l'auteur  de 
la  première  collect  on  de  Cartes  du  mon'lc  entier; 
son  Theairum  mundi  fut  loifgtemps  la  mine  exploitée 
par  les  compilateurs. 

Ostervatd  (Samuel-Frédéric),  né  à  Neiifchâlel  en 
Suisse,  en  1713;  auteur  i'an  Cours  de  Géographie 
tiistorique  et  de  sphère. 

Osirowski  (Théodore) ,  i  é  dans  le  palatinat  de 
Liililin,  en  1750,  mort  en  1^502,  à  Léopold,  dans  la 
Gallicie  -autrichienne  ;  auteur  d'une  Histoire  de  l'E- 
glise en  Pologne,  en  5  vol.  in-8°  :  ouvrage  fort  utile 
à  la  géographie  ecclésiasli(|ue  de  ce  payj. 

Othon,  évêque  de  Freisingen,  mort  en  HoS;  au- 
teur d'une  Chronique  en  7  livres.  —  Celle  ChroniiUa 
sert  à  l'élude  de  la  géographie  ecclésiastique  de  l'Al- 
lemagne au  moyen  âge. 

Oi.er  (Jean)  ,  orientaliste,  né  à  Christianstadt 
(Suéde)  en  1707,  mort  à  Paris,  en  1748  ;  auteur  d'un 
Voyage  en  Turquie  et  en  Perse,  2  vol.  in-i2. 

Otih  (Adolphe),  médeiin,  est  né  à  Berne,  en  18J3. 
11  a  publié  sur  l'Algérie  qu'il  a  visitée  des  nbscrva- 
tions  géogr.i;diiques,  qui  ne  sont  pas  sans  méiiteet 
qui  décèlent  un  esprit  observateur. 

Oudcnhoven  (Jacques  von),  niinislre  protestant  au 
xvii«  siècle,  né  à  Bois-lc-Duc;  auteur  de  plusieurs 
Recherches  géigrai  biques  sur  la  llolluide  et  sur 
plusieurs  de  ses  villes,  comme  Ileusdcn-Dordreclit', 
Bois-le  Duc,  Harlem. 

Ovalle  ou  Ovuijl'e  (Al|dionse  d),  jésuite,  mission- 
naire, né  à  San-Yago  (libili),  en  )B;)I,  mo  t  il  Lima, 
en  (631;  auteur  d'une  Histoire  du  Chili  ei  d'w.t 
Histoire  di's  missions  de  la  compagi:ie  de  Jésus,  iii-feli 


Paci^ijiMe  ,  missionnaire  capucin,  né  «Provins, 
mourut  en  1155.  Envoyé  à  la  mission  de  P<  rse  ,  il 
publia,  à  son  retour,  sous  le  til'e  de  Voyage  en 
Perse,  in-8°,  les  renseignements  <|u'il  ;ivait  recueillis 
sur  la  religion,  le  gonveinemeni  et  la  géogr-ipliie  de 
ce  pays.  Envoyé  ensuite  à  la  Guadeloupe,  il  nous  a 
lais-é  une  Description  de  celte  ile,  ainsi  que  de  celle 
de  Saint-Christophe,  qu'on  peut  encore  parcourir 
aujourd'hui. 

Pagan  (  le  comte  Bhiise-François  de  ) ,  ingénieur- 
géographe  franç;iis  ,  né  en  160»,  mort  en  160-),  pu» 
blia  en  1053  une  llelation  historique  et  géographiqiit 
sur  le  cours  de  la  rivière  des  Amafjnes ,  in-b*.  —  Ce 
livre  est  devenu  fort  rare;  il  se  irmive  à  la  biblio- 
Ihéiiue  Mazarine  sous  le  u°  53,545.  Pagan  remonta 


1225  BIBLIOGRAPHIE 

le  cours  de  rAmazoïie,  au  milieu  de  ruigues  et  de 
daiiges  inuliipliés.  Ainsi,  de  la  ville  de  l'ar.i,  point 
de  S"n  dépari,  il  se  reniiit  à  Quilo,  an  Térou,  après 
une  navig.iiioii  de  r2u0  lieues.  Sa  Relation  csi  géné- 
ral, iiieni  exacte  pour  son  temps. 

l'alairet  (Jean),  né  à  Moiitaulian  en  1697  ,  s'oc- 
cupa de  gé'igrapliie  et  de  cartograiiliie.  Il  a  comp.sé 
un  Allas  niétlindique,  une  Introduction  à  la  géogra- 
phie moileine  ;  il  a  réJigé  une  Description  des  pos- 
ses'ions  européennes  dans  l'Amérique  septentrio- 
nale. On  dit  (joe  c'e>l  ce  dernier  ouvrage  qui  a  donné 
l'idée  à  l'abbé  Raynal  de  son  fameux  livre  si  décla- 
matoire, si  emphatique,  si  inexact  et  si  immoral  en 
même  temps,  sut  les  possessions  et  le  commerce  des 
Européens  dans  les  Deux-Indes  ;  car  il  est  impos- 
sible d'avoir  réuni  une  plus  grande  somme  d'erreurs 
et  de  répétitions  en  plusieurs  volumes.  Cet  ouvrage 
est  avec  raison  tombé  dans  le  mépris  et  l'oubli  pu- 
blics. De  pareilles  compilations  font  ressortir  les 
avantages  de  la  véiit:ible  science.  La  Description 
de  PaUiret  a  eu  du  malheur;  mais  aussi  il  estjnsle 
de  dire  qu'elle  ne  ressemble  en  rien  au  livre  de  l'abbé 
Raynal. 

PaUnie  (Jean  ),  voyageur,  né  dans  le  Forez,  vers 
lSo7  ,  autour  de  Notes  géographiques  sur  les  pos- 
«cssii>ns  ottomanes  en  Europe  et  en  Asie. 

PallaJe,  évèque  d'IIéléiiopolis  en  Bithynie,  ami  de 
«aini  Jean  Cbrysiisiome ,  né  en  5G8  ;  auieur  d'une 
Hisioirf  (les  s(liiaires,  livre  utile  à  la  géographie  ec- 
:lésiastique  des  premiers  siècles. 

l'aimer  (  le  c:ipit;iiiie  )  ,  de  la  marine  américaine, 
5t  en  1828  et  1829  un  voyage  scientifique  et  com- 
mercial aux  régions  glacées  du  pôle  anl:irctlque.  Il 
découviit  beaucoup  de  tcries  qui  ne  sont  pas  por- 
tées sur  les  caries,  ou  qui  le  sont  d'ime  manière  fort 
mexacie  ,  des  îles  ,  rochers  ou  récifs.  Il  y  a  des  îles 
jui  sont  habitées,  comme  l'ile  Perstuah  et  celle 
i'Armsirong. 

Puniatéon  (  Henri  ),  né  à  Dâle  en  1522  ,  mort  en 
ISO-'i;  auteur  d'une  Clironoijrapliie  de  l'égl.se;  d'une 
Histoire  des  marlijrs  de  la  Gaule ,  de  la  Germanie,  de 
rilnlie,  et  de  plusieurs  autres  ouvrages. 

PciTilessus,  pro'esseur  à  l'Kcule  de  droit.  .M.  Par- 
dessus a  rédigé  la  Collection  des  lois  maiiiimes. 
Nous  n'en  pirlons  ici  qu'à  cau-e  de  Vlnlrodticlion 
qui  la  précè  le  ,  laquelle  est  elle-mtrne  un  ouviapc 
consciencieux  et  fort  remarquable  sous  le  rapport  de 
la  science  géographique. 

Paulire  (  Charles  ) ,  officier  d'artillerie  ,  aide-de- 
camp  du  général  Klébcr,  a  exécuté  une  Carte  phy- 
sique et  politique  de  la  Syrie,  piiur  servir  à  l'histoire 
des  conquêtes  du  général  Bonaparte  en  Orient.  Ce 
travail  se  fil  au  Caire,  en  l'an  Ylll.  L'auteur  y  joi- 
gnit des  Notes  géographiques  ,  aprèi  avoir  examiné 
attentivement  une  partie  de  la  Syrie  el  de  la  Pales- 
tine. 

Pègiies.  M.  l'abbé  Pègues ,  lazariste  ,  a  fait  une 
r.-'srripiion  géographujue  de  Cite  de  Santoriii ,  Paris  , 
1842. 


GEOGRAPHIQUE.  1221 

Pei/c/fe/ (Jacques),  mort  en  1830,  est  l'auteur  d'une 
Description  géographique  de  la  France ,  avec  des 
Cartes  ,  et  d'un  Dictionnaire  universel  de  la  géographie 
du  commerce  ,  en  5  vol.  in-i".  —  L'idée  de  ce  der- 
nier ouvrage  était  certainement  excellente  ,  mais 
rexéciilion  n'en  est  pas  aussi  bonne.  L'auteur  s'est 
jelédans  trop  de  détails  inutiles  ou  riilîiis,  qui,  sans 
rien  ajouter  à  l'importance  de  son  sujet,  le  surchar- 
gent et  rembroullleni. 

Peralia  (  Pedro  ) ,  publia  en  1723  un  ouvrage  in- 
titulé :  De  Desripcion  de  Lima,  y  del  Perû,  et  His- 
toria  del  origen  delos  Incas  y  de  las  Jndias  (De-crip- 
tion  de  Lima,  du  Pérou,  et  Histoire  de  l'orii^ine  des 
Indiens  et  des  Incas). — Cet  ouviage  mérite  d'être 
lu  ,  el  il  contient  des  renseignements  el  des  déiails 
peu  connus  ,  ignorés  meute  des  écrivains  de  notre 
siècle. 

Percival  (Roheri),  voyageur  el  çéographe  anglais  ; 
auteur  d'une  Desciiption  géographigue  de  l'ile  de 
Cctjlan  ;  d'une  Description  géograp'iigue  excellente  du 
cap  de  Bunne-Espérance,  de  1797  à  ItiOl. 

Perr)n  du  Lac  (  F. -M.  ),  sous-préfet  de  Rambouil- 
let, mon  en  IS2i,  auteur  d'une  Description  gé.'gru- 
phigue  des  deux  Louisianes,  de  tonte  la  vallée  de 
rUhio  et  du  Missouri. 

Persoms  (Ab  aliani),  voyageur  anglais,  avait  écrit 
la  relaiion  de  loutes  ses  courses  ,  (jui  ne  lui  publiée 
par  sa  famille  que  longtemps  après  ;  elle  est  iniiiuléc  : 
Voyages  en  Asie  et  en  Ajrigue. 

Fi'utinger  (  Conrad  ) ,  le  premier  savant  dj  l'Alle- 
magne qui  se  sdit  occupé  de  recueillir  des  antiqui- 
tés ,  naquit  en  I  l'J5,  à  Augsbourg.  —  Il  est  auteur 
de  l'ouvrage  intitulé  ;  Inscriptiones  vetuslœ  romanœ 
et  corum  fragmenta  in  Augusla  Vindelicorum.  Il  est 
aussi  l'auteur  d'une  Carte  de  géographie  très-eatimée 
pour  celle  époque. 

Pey:on,  médecin,  voyageur  el  géographe,  a  visité 
l'Espigne  avec  attention.  Il  a  composé  une  Desciip- 
lion  géographique  de  plusieurs  de  ses  provinces  , 
et  sut  tout  du  royaume  de  .Murcie.  Il  est  à  regretter 
que  l'autrur  se  suit  trop  abandonné  à  ses  impressions 
et  à  ses  préjugés  personnels,  surloul  en  ce  qui  con- 
cerne le  clergé  espagnol ,  que  nous  avons  jugé  en 
France  sans  le  connaître,  ou  sur  des  documents 
inexacts  et  mensnnger». 

Peizl  (  Jean  ),  géographe  et  cariographe  ,  auteur 
d'une  Description  géographique  de  Vienne,  capitule  de 
l'Autriche,  et  de  ses  environs, 

Philip  (  Arthur  ),  anglais,  gouverneur  de  Boiany- 
Bay,  gjographe,  auieur  d'une  Description  géographi- 
gue, avec  cartes,  des  colonies  anglaises  dans  la  Kou- 
velle-tUdlande. 

Piedraniia  (Lucas-Fernandez),  évêque  de  Panama, 
a  composé  une  Histoire  générale  du  noureau  royaume         \ 
de  Grenade  ,  dans  rAméri(|ne   méridionale.  —  Ce         | 
livre  contient  des  parlicularilé^  géographiques  cu- 
rieuses sur  celle  contrée  ,  et  qu'on  chercherail  inu- 
tileincnl  dans  les  ouvrages  modernes. 
Pierquin  (  l'abbé  Jean),  né  à  Cliarleville  ,  mort  en 


^D 


I^i3 


BIBLIOGRAPHIE  GEOGRAPHIQUE. 


122U 


1742  ;  géographe,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  re- 
laiifs  à  la  géoijrapliie  dcacripiive  ei  à  la  t;éogra|iliie 
plivsi  lue. 

Phikcrton  (.loan),  originaire  d'Kcosse,  mourut  à 
Paris  et!  18-i6.  Il  a  rédigé  une  Géiigrapliie  niiidenic 
en  6  vol.  in-8°,  avec  îles  caries,  l/anleiir  clait  rem- 
pli d'énidiiifiii ,  mais  TiKiYragees'  liiuid  et  dilliis.  Il 
a  néaiiiiioiiis  eu  An-ei  île  succès,  et  a  éic  iradiiii  en 
plusieurs  lingues.  C'était  <lu  reste  le  preuiier  ou- 
vrage aussi  étendu  qui  paraissait  sur  la  pcogr^pliie 
moderne.  Il  eu  a  é:é  fut  uti  abrégé  par  l'abhé  Lé- 
cuy,  dernier  général  de  l'urdre  de  Prémoniré,  mort, 
il  y  a  quelipies  années,  grand  vic;iire  du  d  Oi  èse  de 
Paris.  —  Sous  la  première  révolution  et  sous  l'em- 
pire,  rald)é  Léciiy  travaiil.iit ,    pour  vivre,  à  diS 

compilations  de  librairip.  A  une  érudition  très-variée 
il  Joignait  l'haliituile  consuinle  du  travail. 

IHuiuhtr  (Dom  Urbain)  ,  bénédiciin  de  la  congré- 
paiiiin  de  Saini-Miur,  né  en  1667,  à  (iliesnes,  près 
de  Iteai'gé  en  Anjou,  mnii  en  17."  0,  à  SainiBénii-ne 
de  Dijon. — 11  fut  un  îles  piincipnnx  écrivains  de  Y  His- 
toire générale  et  pnriicuiièie  du  duché  de  Bourgogne  ; 
ouvrage  utile  à  la  géograpliie  ectlésiaslique  de  cette 
province  en  particulier  et  de  la  Fiance  en  général. 

Plu.  lie  (l'abbé  Antoine),  naquit  à  Reims  le  15  sep- 
tembre 1688.  11  professa  de  b  'nue  lieiire  daii^  l'uni- 
versiié  de  celte  ville.  Il  inanifesiait  des  dispuitions 
pariiculières  pour  l'étude  des  sciences  et  des  langues 
anciennes.  L'évèque  et  la  ville  de  Laou  lui  confiè- 
rent la  direction  du  collège,  qu'il  posséda  pendant 
ciui)  ans,  mais  à  laquelle  il  renonça  |iar  siiiie  des 
discussions  sur  le  jansénisme,  dont  il  était  soup- 
çonné d'être  partisan.  11  résolut  alors  de  se  livrer 
uniquement  à  la  composition  de  son  grand  ouvrage 
le  Spectacle  de  la  nature,  diînt  le  l'^'  vol.  parut  e» 
173"2,  eut  beaucoup  de  succès,  et  fui  iraduit  en  an- 
glais et  en  espagnol.  Eu  1749,  l'abbé  Pluclie  se  re- 
lira à  la  Varenne-Sainl-Maur ,  où  il  consacra  sou 
temps  à  la  Concorde  de  la  géngrajiltie  des  dilfércnts 
âges,  ouvrage  qui  ne  païut  qu'après  sa  mort  en  un 
fort  vol.  in-l'i  avec  cartes.  Ce  livre,  excellent  par 
l'idée  f.  ndainentale  et  le  plan,  serait  Ircsuiile  pour 
l'instruction  primaire  et  même  secondaire,  s'il  en 
paraissait  une  édition  revue  et  modinée  d'après  les 
ijécouveries  et  les  progrès  faits  dans  les  sciences 
géograpbiques.  L'abbé  Pluclic  mourut  le  19  novem- 
bre 1761. 

Plumier,  religieux  minime,  né  à  Marseille,  mou- 
rût eu  17U4.  Comme  missinnnaire,  il  fit  plusieurs 
voyages,  spécialement  dans  le  Levant.  Il  se  livra  en 
même  temps  à  l'étude  de  la  géographie ,  et  surtout 
de  la  géographie  botanique  pour  laquelle  il  avait  un 
goût  particulier  et  qu'il  étudiait  dans  ses  raiiporls 
avec  la  grandeur  et  la  sagesse  des  œuvres  divines. 
Il  a  rendu  a  cette  science  d'iinponanls  services. 

Polownin   (l'iiéilor),    sivani    ru»se,    auleiir  d'un 
Dictioi  naire  géographique  de  l'empire  de  Russie,  un 
vol.  in-S",  Mosi'  u,  1775. 
Pohjb,;  né  eu  20i  a^ant  l'ère  elirétienne  ,   hisio- 

DlCTlONNAlBB   SB    GÉUGRaPMIE    ECCL.    II. 


rien  grec  :  considéré  comme  géographe,  c'est  l'au- 
teur le  plus  exact  de  l'anliquiié  qu'on  puisse  consul- 
ter pour  les  notions  géo,.;rapliiques. 

P'iu  imstef.  .M.  Pouiimstef,  olllcier  russe,  visiii  en 
1811  la  Dz  ungarie  cl.inoise,  que  l'Europe  ne  con- 
na'ssait  que  de  nom.  A  fOn  retour  en  Russie,  il  pu- 
blia une  Notice  géographique  et  topograpliique  de  la 
Dzounsarie.  Nous  ne  pensons  pas  que  cette  Noiiee 
aitéié  traduiie  en  français.  Nous  n'avons  eu  France 
sur  la  Dzouiigarie  que  les  lares  renseignements  qui 
nous  sont  fournis  par  les  prèlres  que  les  missions 
étrangères  de  Paris  env  lient  dans  l'.isie  centiale. 

Poiocki  (le  Comte  Jean),  Polonais,  mort  en  ISIB, 
a  publié  un  ouvrage  imporiant  en  i  voluim  s  in-l°, 
intitulé  :  liecherches  g'ogruphiques  sur  la  Scy.hir,  la 
Sarmntie  et  les  Slaves.  Ces  Reclierclies  sont  rem- 
plies d'éiuditioij  et  de  scieine.  Il  y  a  cipendanl  des 
indiiciions  qui  sont  un  peu  loreée-,  et  des  points  bur 
les(piet-  ou  peut  discuter  avec  l'auteur. 

Pui'injer  (Sir  Hiiiryl,  Anglais,  qui  s'est  fait  do 
noire  temps  une  célébrité  dans  l'Iliiidiiiislan  et  en 
Cliiiie  par  ses  iiégociaiioiis  ;  il  a  rendu  des  services 
à  la  géograpliie,  en  publi.iut  une  Uesrrip.ion  géo- 
graphique du  liéloutchistan  et  du  Shindly ,  deux 
provinces  asiatiques  dont  nous  coiiiiaissions  tics- 
peu  l'iiiiérieur.  H  serait  à  désirer  que  cette  Descrip- 
tion fùl  iraduite  en  français. 

Poujoulal.  M.  l'onjonlai,  collaborateur  de  M.  Mi- 
cliaiid,  a  travaillé  à  VHistoire  des  Croisndes,  ainsi 
qu'à  liur  Uibliogiapliie.  Il  est  un  des  ailleurs  de  la 
Correspondance  d'Urient.  —  La  géographie  est  la 
pariie  li  plus  faible  de  ces  divers  ouvrages,  bien 
qu'elle  eût  dû  eu  êire  la  pariie  dominanle. 

Prémare  (Joseph-Henri),  jésuite  français,  savant 
oricntalisie  et  sinologue,  a  contribué  par  ses  travaux 
à  faire  connaître  !a  géngraphie  de  la  Cliiue  sur  la- 
quelle on  a  débité  pendant  longtemps  tant  de  niai- 
series. 

Prêtremont  (B.),  religieux  do  la  congrégation  de 
Saint- Vannes,  a  publié  une  Notice  géographique  de 
t'abbaije  et  de  la  ville  de  Favernij.  Le  mniiasière  a 
donné  naiss  ince  à  la  ville,  coiuuie  presque  toutes  les 
maisons  de  l'ordie  de  Saiut-Renoit  ont  occasionné 
la  fondation  de  villages  et  de  villes  importantes. 

Préeosl  d'Exilés  (l'abbé  Antoine-François),  ruteur 
des  17  premiers  vol.  in-i°  de  ['Histoire  générale  des 
voyages;  d'un  vol.  de  la  grande  collection  Callia 
Chrisiiana;  traducteur  de  voyages  en  diverses  par- 
lies  de  l'Asie,  de  l'Afrique  et  de  l'Amérique. 

Progart  (l'abbé  Liévain  Bonavenlure),  mort  à  Ar- 
ras  en  I8;J8,  auteur  d'une  Descripliun  géogr.iphique 
et  religieuse,  avec  carte,  de  plusieurs  contrées  da 
l'Afrique  occidentale  (Guinée). 

Prudhomme  (Louis),  né  à  Lyon  en  1752;  auteur 
d'iiu  CîcfioHiinire  nnivenel  et  géographique  de  la 
France,  5  vol.  in-4''. 

Puissant  (Louis),  né  en  1769  au  Cbàlel -t  (Seine- 
el  Marne),  ingéuieur-géoïrapLe,  auteur  de  plusicuri 


39 


1227  niBLlOGRÂPIllE 

Mémoires  sur  diverses  questions  relalives  à  la  géo- 
grapliie. 

Q 

Quadri  (Antoine),  adminislratenr  iialicn  ,  né  à 
Vicence  en  1777,  d'une  famille  illustre;  auteur  d'un 
Tubleiiu  siatislique  îles  provinces  WH/'/ie/iH  s,  avec  la 
carte  géographique  ilu  royaume  Lombarde- Véuiiieii; 
Venise,  1823. 

Quatrcmère.  M.  Elienne  Quatremère  a  publié  des 
Mémoires  sur  l'Egypte,  Paris,  in-8",  1  vol.,  iSlO,  et 
des  Ubscrvations  sur  la  géographie  de  l'Egypte,  Paris, 
in-S",  1812.  —  On  peut  consulter  avec  fruit  les  Ob- 
servations de  ce  savant  sur  la  géographie  de  l'Egypte, 
Lien  qu'on  ne  soit  pas  toujours  d'accord  avec  lui  sur 
divers  points. 

R 

Rabbc  (Alphonse),  né  en  1786  dans  le  départemenl 
des  lia;ses-Alpcs;  litléraieur  el  journaliste,  mort  en 
1850;  auteur  d'^.: .;  Gcograplnc  de  l'empire  de  Russie, 
Paris,  1828,  2  vol.  in-18,  et  iii-8'. 

Rajjles  (Thomas-Stamford),  ancien  gouverneur  de 
Batavia,  auteur  d'une  Description  géographique  des 
îles  de  la  Sonde. 

Raincjo  (Germain-Benuit-Josepb),  né  à  Mons  (Bel- 
gique),  auteur  d'une  Géographie  élémentaire,  avec 
caries. 

Jlancij  (de),  ancien  inspecteur  général  des  finances 
ei)  Esp.igno,  sous  Charles  lY;  auteur  d'une  Dacrip- 
lion  ijéograpliiqiie  de  la  Navarre. 

Raiimer.  M.  Kaumer  a  publié  à  Leipzig,  en  1855, 
un  ouvrage  intitulé  :  Palœsiina ,  in-S°,  qui  a  eu  une 
seconde  édition  en  1850.  On  fait  cas- de  cet  ouvrage. 

Hatjinond  (  Georges-.Marie) ,  né  à  Cliauihéry  en 
1769;  auteur  d'une  Géographie  élémentaire  moderne 
pour  les  collèges  et  écules  des  Eiats-Sardes. 

Raymond  (Jean-Daplisic),  capitaine  au  corps  royal 
des  ingénieurs,  né  à  thambéry  en  176'>,  cartogra- 
phe, auteur  de  plusieurs  cartes. 

Rechberg  (le  comte  Charles  de),  né  en  Bavière, 
auteur  d'un  Voyage  pittoresque  en  Russie,  in-folio 
avec  planches;  d'une  Collection  de  tableaux  sur  les 
inœuis,  coutumes,  religions  des  peuples  du  monde, 

2  vol.  in-i». 

Régis  (Jean-I'aptiste),  jésuite  français,  mission- 
naire à  lu  Chine  aux  xvii=  et  xviii'  siècles;  habile 
géographe,  un  des  auteurs  de  la  grande  Carie  de  la 
Chiiie  sous  l'empereur  Khang-hi. 

Reinetjgs  (Jacques),  né  en  17-i4  en  Saxe,  mort  en 
1795  en  Uussie;  auteur  d'une  Description  topogruphi- 
que  du  Caucase,  rectifiée  depuis  par  iM.  Klaprolh. 

Reland  (Adrien),  savent  très-versé  dans  la  con- 
naissance des  langues  orientales,  naquit  le  17  juillet 
1676,  auprès  d'Alkmaer,  dans  la  Nord-lloUande.  Il 
mourut  i>  Utrecht  le  o  février  1718.  —  Reland  lit  un 
ouvrage  relatif  à  Ja  géographie ,  sous  ce  litre  : 
Palwstina  ex  monumentis  veteribus  iHusIrata  et  cliartis 
geOi,rapliicis  accuralioribus   udornata,  Ulrecht,  1714, 

3  vul.  iu-4",  avec  onze  cartes.  C'est  un  excellent  re- 


GEOGRAPlllQUE.  1  23 

cueil,  où  l'oii  peut  puiser  tous  les  renseignements 
géographiques  que  les  anciens  avaient  transmis  sur 
la  terre  sainte. 

Renaud  de  Vitbacii,  auteur  d'une  Descripliun  géo- 
graphique du  Languedoc,  avec  caries  géographiques. 
Renaudot  (l'abbé  Euscbe),  orientaliste,  auteur  de 
Notes  géographiques  et  religieuses  foncernant  la 
Chine;  de  ['Histoire  des  patriarches  d'Alexandrie,  ou- 
vrage renfermant  des  noies  précieuses  sur  la  géo- 
graphie religieuse  de  la  Nubie,  d^e  l'Ethiopie  el  de 
r.\rraéiiie. 

Reuilly  (le  baron  Jean  de),  voyageur  el  géographe, 
né  en  1780,  mort  en  1810,  a  laissé  une  Description 
géographique  du  Tliibel,  de  la  Krimée,  etc.,  etc. 

Reynaud  (l'ibbé  Marc-Antoine),  mort  à  Auxerre 
Bn  1796,  auteur  d'une  Histoire  géographique  de  i'u6- 
baye  de  Saint-Potycarpe,  de  l'ordre  de  Sainl-Benoîr. 

Ribeyro  (le  Capitaine  Jean),  voyageur  el  géographe 
portugais;  auteur  d'une  Description  historique  el  géo- 
graphique de  l'île  de  Ccylon ,  oDérte  au  roi  de  Portu- 
gal en  168S. 

Ricard  (le  frère),  dominicain  du  xmi*  siècle,  mius 
a  laissé  une  Description  de  la  Palestine,  qu'il  avait 
visitée  t;indis  que  les  Sarrasins  en  avaient  déjà  pris 
une  forte  partie  sur  les  chrétiens. 

Ricaui  (le  chevalier  sir  Paul),  écrivain  anglais, 
mort  en  1700',  a  écrit  un  Etal  liistcrquc  et  géogra- 
phique de  l'Eglise  grecque  cl  de  l'Eglise  arménienne. 
—  L'auteur,  qui  avait  voyagé  dans  l'Oiieni,  avait  re- 
cueilli ses  documents  siu-  les  lieux  mêmes.  Se*  ren- 
sei;4neu:ents,  relatifs  à  l'Eglite  d'Arménie,  auraient 
pu  être  plus  étendus. 

Riccadonnn,  Plaiichet  el  Estéve,àe  la  compagnie 
de  Jésus,  firent  des  excursions  dans  le  Hauiau  (Ara- 
bie pétrée)  en  1834  et  en  1856. 

Riccioli  (Jean-Baptiste),  Italien,  auteur  d'une  Géo- 
graphie el  d'une  Hydrographie,  in-foi.,  Bologne, 
1601. 

Richard  (Charles-Louis),  dominicain  ,  csi  iié  en 
1711,  à  Bliinville-sur-l'Eau  ,  en  Lorraine.  Il  fut  con- 
damné à  mort  en  1794,  comme  auteur  d'un  écrit  in« 
tilulé  :  Parallèle  des  Juifs  qui  ont  cruci/ié  Jésus-Chritt 
avec  les  Français  qui  oui  tué  leur  roi.  Il  lit  plu-ieurs 
ouvrages,  entre  autres  :  Dictionnaire  universel  el  géo- 
graphique des  science::  ecclésiastiques,  sorte  d'encyclo- 
p^ie  lliéologi(iue  et  historique  un  peu  confuse , 
mais  qui  contient  des  documents  pour  la  géographie 
religieuse. 

Richard  (Jean-Baptiste),  ingénieur-géographe,  a 
publié  plusieurs  ouvrages  concernant  la  géographie 
des  diverses  contrées  de  l'Europe. 

Richard  (l'abbé  Jérôme),  né  à  Dijon,  auteur  d'urn 
Description  historique  el  géographique  de  l'Italie  ; 
ù'une  Histoire  géographique  du  Tong-Khing. 

Ricard  (Paul),  voy.i.geur  et  géographe  anglais,  a 
publié  un  Voyage  au  Japon  eji  LSll  el  1S15,  conte- 
nant la  géographie  des  lies  de  cet  empire. 

Ricdesel  (le  baron  Joseph-llerman  de),  mort  eil 
1785,  voyageur  el  géographe  alleinaud.  —  On  a  de 


m9  BIBLlOGRAMilE 

lui  un  Voyage  en  Sicile  et  dans  le  Levant,  toiiteiiant 
des  notiuiis  géogi'U|iliii]iies  iiupûriantes  sur  ces  von- 
liées. 

Ilifriud  (I.-J.),  né  à  Miiise  lie  eu  178G,  voyageiir- 
géograplie,  :aueiir  d'iiu  Uilileaii  de  l'Egypif,  de  la 
Nuliie,  eio.,  elde  Méiiioirescoiiceriiaiil  divers  poiiils 
géiigrapliiiiiies. 

Itiguel  {l'.ibbé  François  d.'),  mm  i  à  Saini-Dié,  en 
1099,  a  laissé  une  bescripiion  de  l'église  cl  de  l'ab- 
liaye  de  Sainl-Dié,  aiiibi  qu'un  ouvrage  sur  les  cvê- 
ques  et  l'E^lite  de  Tnul. 

Riteij  (James),  capilaiiie  américain.  —  Noui  avons 
de  lui  une  Debciiption  de  Tombouclou,  avec  carie  de 
l'Afrique  ceiilrale. 

iîi/(er  (Karle),  géographe  allemand,  aulcur  d'une 
Céogriipliie  (\a\\s  son  raiport  avec  l.i  nalure  cl  l'Iiis- 
toire  de  riioniiue,  ou  Géographie  générale  et  comparée, 
en  plusieurs  louies. 

Rtiberi  (Fr^iiçois),  géograplie,  morl  en  1811);  au- 
lcur d'une  Description  géigraphigue  de  la  France; 
à'uii6  Géographie  universelle  pour  les  collèges  ;  d'un 
Dictionnaire  géographique ,  d'après  le  Congrès  de 
Vienne,  eic. 

[iobilant  (Espiil-ISenoîi-NicoIasile),  nioiten  180!, 
ingéuieur-gcdgraiilie  sarde,  a  pulilié  un  Essai  géogra- 
phique des  Etas-Sardes  du  continent. 

Robin  (l'abbé  Claude)  ,  né  à  Tonjierie  en  1751), 
voyageur,  géogr:iplie,  a  composé  plusieurs  ouvrages 
relatifs  à  la  gé»grapliie  ecclésiasiique  et  à  la  géogra- 
phie de  l'Auiériijue  se|iieiiirionale. 

Rochon  (l'abbé  Alexis-Marie),  mort  à  Paris  eu 
1817,  viiyaiieur,  géograplie-asiroiionie,  auteur  d'un 
Voyage  à  Madagascar,  en  Afrique,  aux  Indes-Orie»- 
lales,  eic,  avec  cartes  géographiques. 

Ross  (Sir  J(din),  navigateur  anglais,  s'est  rendu 
célèbre  par  ses  voyages  exécutés  de  1825  à  1855, 
Ji  la  reclicrcbe  d'un  passage  au  nord-ouest  de  l'Amé- 
rique, il  a  rédigé  la  Relation  de  ses  deux  voyages,  et 
y  a  juiui  des  cartes  dont  l'esécuiion  est  supérieure  à 
nos  canes  de  France. 

Rossellini.  M.  Rossellini  de  la  Toscane,  entreprit, 
en  1S28  et  1820,  une  expédition  scieniilique  et  lit- 
léraire  eu  Egypte  et  en  Nubie.  La  relation  qui  en  pa- 
rui  à  Pit-e  en  1830  et  IBSl  peut  servir  de  guide  aux 
voyageurs  qui  voudraient  visiier  lesruincs  des  grands 
moiinuients  de  ces  deux  pays.  L'ouvrage  est  orné 
d'une  carie  géographique. 

Roit-ers.  Le  colonel  Uoi tiers  s'est  fait  cimnaître 
par  un  llinéruirede  Ti/Iis  à  Cunstnniinople,  publié  à 
Bruxelles  en  1829,  iu-S",  avecptaucbes  ei  5  cartes. 
—  Au2«  chapil.e  de  ce  livre,  on  lit  une  chronologie 
des  souverains  de  la  Géorgie,  depuis  l'an  809  avant 
Jésus-Christ  iu^qu'il  l'an  1797  de  noire  ère.  L'auteur 
alfiriiie  qu'elle  est  exlrai  e  directement  de  laCbioni- 
que  du  mnnasiére  de  INinorininda,  souvent  citée 
parmi  les  Géorgiens. 

Rudbeck  (Olaûs),  est  ne  à  Ârosen,  en  Suèiie,  eu 
1650,  d'une  famille  noble.  11  fut  nommé  professeur 
d'anaiomie.et.de  botanique  à  Upsal.  U  a  laissé  plu- 


GEOGKAPUIQIIE.  i  i^9 

sieurs  ouvrages  cl  VAllantica  vera  Japheii  poi.cro- 
rum  sedes  ac  palria,  5  vol.  in-fol.  —  Il  prétend  que 
la  SuèJc,  sa  i  atiie,eot  l'Atlantide  de  Platon  ;  qu'ha- 
bile.^ par  les  enfants  de  .Sapliot,  les  Grecs  el  les  Ro- 
mains eu  sonl  sortis.  Ce  livre  ori,:;inal  est  du  reste 
rempli  d'érudition  el  de  science.  L'auteur  cherche  à 
prouver  (|ue  les  [icupies  du  Nord  avaienl  mieux  con- 
servé la  iradiiion  primitive  que  les  Grecs  el  les  Ro- 
mains. 

Ruhs  (Frédéric),  né,  eu  1780,  dans  la  P<uiiéranio 
suédoise,  mort  en  1820,  professeur  d'iii-^tore  à 
l'uuiversiié  de  Greilsvralde  ,  dans  la  Poméiauic;  il 
s'est  occupé  de  la  Géographie  de  la  Fiii/n/id',  Leipzig, 
18l9.  —  Cet  ouvrage  comienl  en  outre  la  topugra- 
phie  du  pays,  et  peut  être  consulté  avec  fruit. 

Ruitiart  (Dom  Thieriy),  né  à  Reims  en  1C57,  morl 
en  17U9,  à  l'abbaye  d'iiautxillers,  diocèse  de  Reims. 
Il  eolra  dans  l'ordre  de  Saiul-lieMOil,  el  en  (ul  un 
des  membres  les  p'iis  laborieux  el  les  plus  éi  udiig. 
Ses  travaux  sont  immenses,  nous  n'avons  à  ciier  ici 
que  ceux  qui  sonl  utiles  à  consulter  pour  la  géogra- 
phie ecclésiastique  ;  Actapriinoruni  mai  lyrum  iiacera 
et  selecta,  ex  libris  cuin  edilis  lum  nianutiriptis  col- 
lecta, eruta  vel  emendata,  notisque  et  obiervalionibut 
illuslrata;  Paris,  1089,10-1".  Hisiria  persecutionis 
vandalicœ  in  duas  partes  dislincta  ,  Paris  ,  1C94, 
in-8". 

Ruppel.  Avant  1814,  on  n'avait  point  de  caites  du 
Nil,  basées  sur  des  observations  directes.  Eu  1817, 
M.  Riippel  exécuta  son  voyage  en  Nubie  el  dans  le 
Kordol'an  où  il  fil  de  nombreuses  observations  astro- 
nomi(iues  qu'il  envoya  en  Europe  depuis  1825  jus- 
qu'en 1823  successivement.  M.  Riippel,  encore  tiès- 
jeune.Uten  lol7  son  piemior  vo)age  en  Egypte, 
son  second  eu  1822.  Celle  même  année  il  visita 
l'Arabie  péirée.  En  1H23,  il  pénétra  en  Nubie.  Ce  no 
fui  qu'en  1827  (juil  revint  en  Europe.  Le  docteur 
Edouard  Riippel  a  par  son  ouvrage  apporté  à  la  géo- 
graphie nue  quantité  de  matériaux  nouveaux. L;  li- 
tre du  livre  e»t  ;  Voyages  en  Nubie,  en  Kordof^in  et 
dans  CArabie  péirée,  particulièrement  sous  te  rapports 
de  la  géographie  el  de  la  statistique,  in-8°,  avec'  4 
cartes,  Francf.irt-sur-le-.Mein,  182!. 

Rusegger.  M.  Riisegger,  voyageur  el  géographe  , 
a  visiié  une  partie  de  l'Europe  ,  de  l'Asie  et  de  l'A- 
Irique.Doué  d'un  esprit  observateur  el  possédant  une 
véritable  science  acquise,  il  a  porté  ces  avantages 
dans  la  composition  de  ses  écrits,  qui  sonl  autant 
d'ouvrages  véritablement  géographiques  el  scieiilifi- 
ques.  Il  y  a  cependant  des  points  sur  lesquels  nous 
ne  sommes  pas  de  son  avis;  mais,  en  général,  c'est 
un  écrivain  sérieux  el  un  géographe  habile. 

iÎMSse/ (.Alexandre),  médecin  et  voyageur,  né  en 
ïcoise,  morl  en  1770  ;  auleur  d'une  Histoire  naturelle 
de  la  ville  dWlep  el  du  pays  voisin,  Londres,  lïtii, 
in4°.  —  Cet  ouvrage  oITre  une  description  détaillée 
d'Alep  et  de  la  contrée  environuante  ,  ainsi  que  dos 
observations  sur  le  climat  el  sur  les  mœui  s  des  lial)i' 
lautgi 


1231 


bIBLIOGRÂPHIE 


Sa/'incC'-).  cai'ilainedc  la  marine  anglaise.  Cetof- 
fif  jer:i  fait,  de  1^21  à  1S24,  im  grand  voyage  scienli- 
fiqned'ii'l  le  li  .Iprinciiial  éiail  l.i  dolt-iniinalion  delà 
finnre  de  la  lerie  par  ^ob^elvali(ll)  de  la  longueur  du 
pendule  i|ui  bat  la  second-  sexagésimale  à  diverses  la- 
titudes. Ces  (d)servaliOi:sontélé  lailes  successivement 
à  Londres  à  Sierra-Léone,  à  Saint-Tlionias,  à  l'As- 
cension, àlSalda,  à  Marenliaiii,  à  la  Triuiié,  à  la 
Jamaïque,  à  New-York,  à  llanimerl'esl  en  iNorwége, 
la  ville  la  plus  septentrionale  dn  glnbc,  au  Spilzlierg 
et  au  Groenland.  Le  résultat  de  tontes  ces  mesures 
donne,  pour  rapl;tii5semenl(!e  la  terre,  une  valeur 
comprise  entre  l;iS8  et  l;-289.  Le  voyage  du  capitaine 
Sabine  a  paru,  en  1823,  à  Londres,  dans  le  forn;at 
in-i°,  avec  des  cartes  ;  il  renferme  des  notices  géo- 
grapbi'iues.  On  y  trouve  une  description  d'une  p.irlie 
des  côtes  orientales  du  Groenland.  —  Les  obscr\a- 
tioiis  tlierinoMLétriqnes  fa  les  par  le  capitaine  i^abine 
sont  nombreuses  et  impoiiaiiles.  Celle  qu'il  a  été 
ainuné  à  faire  sur  le  plus  ou  moins  de  salubrité  des 
lies  Sainl-Tliomas,  du  l'rincc  et  d'Annabona,  mérite 
d'être  .sijînalée  ;  d'autant  plus  q- e  nous  ne  pensons 
pas  ([u'il  existe  de  traduction  française  de  cet  ou- 
vr^.ge. 

La  corvette  The  Pheamnl  fut  destinée  à  transpor- 
ter les  horloges  ei  pendules  aux  différents  points  de 
stations  qui  ava  eut  éié  choisis.  Dans  sa  traversée  de 
SierraLéoise  à  lile  Samt-'llioinas.  elie  fni  favorisée 
par  le  courant  du  goHe  de  Cumée  (pii,  pendant  le 
régne  de-  vents  de  snd-uuest  sur  c-'lle  pariie  de 
r.\frique  rciiden  aie,  sui  avec  une  v.tesse  considé- 
ralile  la  direc!ioii  de  la  côte,  et  contourne  le  cap  des 
Pahnes  pour  se  rei.die  dans  ri'idoncemrnl  du  gullé. 
Vis-à-vis  ce  cap,  le  couianl  va.ie  avec  li  saiso;;,  on 
le  rencontre  q.ieli|uefi>is  a  ISO  milles  au  large;  mais, 
en  gagnant  à  l'est ,  il  prend  une  largeur  de  prés  de 
100  Ikues  et  occupe  tout  l'espace  compiis  entre  la 
terre  et  le  courant  équalurial  qui  suit  une  direction 
tonl-à  fait  opposée,  ei  avec  nn  abaissement  relatif 
de  température  do  10°  à  12"  F.  —  En  quittant  la 
côte  Vers  l'enilioi.cliure  de  la  r.viére  Gab m  pour  se 
rendre  à  fie  de  l'Ascension ,  un  nouveau  courant 
aida  le?  progiè^  de  la  rou:e  ,  ce  lut  celui  df  l'éiiua- 
lenr  formé  par  la  re<ico..tie  du  couant  du  golfe,  et 
des  eaux  qui  remontent  le  long  des  rivages  de 
l'AIVique,  poussées  par  les  vents  ali-és  de  l'Ailantique 
niéruliimal.  Les  eiux  ac>umulées  par  l'opposition 
des  deux  courants  sont  lorcées  de  refluer  vers 
l'ouest  avec  une  rapidité  remarquable,  eniieienue 
sans  ce-se  par  le  coun^il  général  du  nnrd-ouest  qui 
pi  esse  oldi  luement  leur  bord  méridional.  La  limite 
la  pins  ordinaire  du  courant  éi|nalorial  vers  le  nord 
dans  le  inéridieii  de  l'ile  Sainl-Tboinas  est  le  2'=  ou 
le  3  degré  >le  latitude  sud;  mais  il  .s'appruclie  ou 
s'éloigne  de  l'é.iuateur  suivant  la  prédomimuice  des 
dius  causes  qui  le  produisent.  L'approche  périodique 
de  ses  eau.x  froides  peut  rendre  raison  d'une  paiiicu- 


GEOGRAPHTQUË.  123â 

larité  relative  au  climat  de  l'Ile  Salni-Tlionias,  com- 
paré à  celui  delà  cOle  oicid:niale  d'Afrique  CD 
général.  Dans  toute?  les  possessinns  anglaises  , 
depuis  la  Gambie  par  13°  de  lat  lude  nord  jusqu'aux 
compirirs  armés  de  la  Côte-d'Or,  les  mois  de  juin, 
de  juillet  et  d'août  sont  regardés  comme  les  plus 
malsains  ,  et  c'est  le  contraire  ii  Saint-Thomas,  où, 
à  cette  époque,  les  Européens  jouissent  d'une  bril- 
lante santé,  tandis  que  les  nè^ires  souffrent  beaucoup 
du  froid  et  des  rhumalismes.  Or,  le  capitaine  Sabine 
a  observé  que  la  limite  nm  d  du  courant  qui,  h  d'autres 
époques ,  s'éloigne  à  120  ou  ItO  milles  au  sud  de 
Siint-Thomas,  avait  aileint  ses  parages  au  mois  de 
juin,  et  il  est  porté  à  croire  qu'il  s'avance  vers  le  nord 
jusqu'il  l'époque  de  l'éqninoxe,  de  manière  a  enve- 
lopper l'iie  eritière  au  mois  de  juillet.  Il  est  facile  de 
se  rendre  compte  de  l'iiinuence  de  la  température 
plus  friiide  des  eaux  environnantes  sur  l'atmosphère 
de  l'ile,  et  celle  ac'.ion  est  secondée  par  la  direction 
du  vent  qui  souffli;  toujours  du  sud.  Placé  sous 
l'équâtcur,  Saint-Thomas  doit  jouir  naturellement  de 
deux  .saisons  froides  déterminées  par  la  présence 
du  soleil  dans  le  vo  sin  ge  des  soblices  ;  mais  la 
tenipér.iture  abaissée  de  la  mer  qui  l'environne, 
détirmiie  aux  mois  de  juin,  de  juillet  ei  d'anitt, 
ré;iO(jue  du  véritable  hiver.  Les  autorités  portugaises 
ont  reconnu,  et  c'est  une  remarque  positive  ,  que  la 
sanié  des  Européens  rédste  mieux  au  climat  de 
Saint-Thomas  qu'à  celui  de  l'ile  du  Prince  ,  et  que 
ces  deux  îles  le  cèdeni  sons  le  rapport  de  la  salubrité 
à  ceile  d'.Annahnna.  Pour  expliqurr  ces  phénomènes, 
il  peut  snifiro  a'examiner  (ju'Annabona  est  tnnj.  nrs 
eniiiniée  par  le  courant  éqii.  toiial ,  et  ipie  l'île  du 
Pri  ce  est  au  contraire  perpéiui-llemenl  au  milieu 
du  courant  de  Guinée;  tandis  que  Sainl-Tbomas  se 
trouve  dans  une  position  intermédiaire ,  soumise 
allernalivement  aux  deux  influences.  Dans  les  cli- 
mats du  tropipie,  ipnlgiies  degrés  de  vempéralure 
apportent  une  différence  notable  à  la  nianiéie  d  être 
des  indigènes  et  à  la  santé  des  Européens. 

Suctj  (le  bjron  Antoine-lsaae-Silvesire  de),  né  à 
Paris  en  17.jS  et  mon  eu  ISôj,  célèbre  orientalisie. 
—  On  a  de  lui  un  grand  noinbic  de  Mémoires  re.aiifs 
à  la  ijéogrnphie  (rienlale. 

,S'!ii.'i(-.'li;iH/i/t' (Bonavenlure  de),  carme  déchaussé 
d'.\i|nitaine,  publia,  veisia  fin  du  x vu ^ siècle  1'// /s  oire 
ecctésiuilique  tlu  Limousin  en  3  vol.  in-fol.  —  L'au- 
ieur  e>l  diffus  et  manque  de  méilinde,  mais  il  fournil 
cependant  des  renseignements  à  la  géographie  ecc'é- 
siasiique. 

Saint-Hilaire.  M.  Auguste  de  Saini-Hilaire  ciph- 
sacra  six  années  à  i'exph  ration  d'une  grande  partie 
rie  l'empire  du  Drésil.  Son  voyage  ci  mmença  en 
juin  1810,  au  mouunt  de  l'ambassade  de  .M.  le  duc 
de  Luxembourg  à  Rio-Janeiro;  il  est  ricl^e  en  notons 
géiigrapliiqiies  et  slaii-tiqiies.  Par  ses  observaiions 
sur  le-  iiibns  indigènes,  l'auleur  a  lo mi  plusieurs 
documents  à  la  science  anthropologique.  —  La  Re- 
lation de  ce  voyage  a  paru  à  Paris,  eu  1830  et  au- 


li-jô  BIBLIOGRAPHIE 

nées  siiivanlcs,  sons  Irt  litre  de  Voi/ng.?  dam  le^  pro- 
vinces de  Rio  de  Janiro  et  de  M inas- Génies  ,  pir 
M.  Angiisle  (Jt^  Siinl-Hil  lire,  6  vol.  in-S». 

Saiiil-yirolas  (Amirc  de),  religieux  carme,  né  à 
Rimiremont  en  1650,  mort  en  1713  ,  auteur  de 
divers  navaux  relatifs  à  la  géographie ecclésiasiique 
de  l'église  de  France. 

Saillie-Croix  (le  niarqr.is  Félix  Renoiiard  de  )  , 
ajMiil  séjouiné  qm-lqne  hnips  aux  ilt^s  Pliili|>iiiiii'S  , 
a  iédigésurce:ie  p:irlie du  monde  mariliniciino Notice 
gcograiihiqne  qni  n'est  pas  sans  iiilérèr.  L'anleur 
y  fiil  prenve  d'un  esprit  d'nl)servalioii  qui  est  assez 
rare  parmi  les  voyngems.  Ainsi,  il  a  remarqué  parmi 
les  indigènes  des  Philippines  plusieurs  caaclcros 
des  mœurs  hihiiqncs.  M.  de  Sainte-Croix  a  pnhlic 
également  un  ouvrage  sur  l'Ilindonslan.  C'éiait  d'ail- 
leurs un  homme  véritablement  inslruilel  d'un  savoir 
conscienrieux. 

Sahiie-Ilélène  (Placide  de) ,  augustin  déchaussé, 
né  à  Paris  en  1049,  mort  en  17ôi,  géograph''  et  car- 
tograpîie,  auteur  de  plusieurs  cartes,  par  exemple 
de  l'Allemagne  ,  du  cours  du  Danisbe,  de  la  Flandre 
française,  de  la  Savoie,  du  cours  du  Pô,  des  Pays- 
Bas  catholiques,  etc.,  etc. 

Sanadon  (Noël-Etienne),  né  à  Rouen  le  10  février 
467G  ,  entra  de  bonne  iieure  dans  l'ordre  des  Jésui- 
tes, dont  il  deviniuu  des  membres  les  plus  distingués. 
Il  mourut  h  P^iris  le  2-2  octobre  1733.  L:i  pièce  îa- 
line  la  plus  impoiLinie  du  P.  Sanadr.n  (stun  poème 
héroïque,  intitulé  :  iN'iVaHor  moriens.  Il  est  auieur 
d'un  Diclioiinaire  de  ijéogrttphie  latiii-français,  et 
français-laliu  ;  d'un  Essai  sur  la  géographie.  Cet  ou- 
vrage a  été  publié  après  sa  mort. 

Sander  (Antoine),  historien,  naquit  eu  1.5SG  à 
Anvers,  mais  il  olait  originaire  de  Gand,  oii  ses  pa- 
rents avaient  leur  résidence  habituelle.  11  mourut  le 
16  janvier  1C61  ,  à  l'abbaye  d'Affiigliem,  à  l'A^e  de 
77  ans.  —  U  est  Mtiteur  d'un  ouvrage  iutlmlé  :  Flan- 
dria  illustrala  ,  ciim  labulis  geograpliicis  et  iconibus 
urbiuin  ,  ecclesiarum,  cœnobioruin,  arcium,  etc.  (  La 
Flandre  illustrée,  avec  des  tables  géographiques  et 
la  description  des  villes,  des  églises,  des  monastères, 
des  châteaux,  etc.,  etc.)  Cet  ouvrage  est  curieux 
pour  l'époque,  el  bnn  à  consulter  pour  des  moim- 
ir.ents  qui  n'existent  plus  aujourd'hui. 

Sanson  (Nicolas|,esl  né  .à  Abbeville  le  20  décembre 
1600.  On  a  de  Nicolas  Sanson   :  1"  Galliœ  antiqua: 

(1)  François  Falero  et  son  frère  Rni  vinrent  eu 
Espagne  avec  M:igellan.  Rui  Falern  rédigea  diverses 
iiislruciiiMis  ponr  les  n^ivijialiurs  et  un  Ilrgimiento 
fonlcnanl  In.  nicibode  P"ur  ohservor  les  lonuitinles. 
Vfli;.  N:iv.irn  le,  iSolicia  histnrica  sobre  tos  progresos 
que  lia  lenido  en  Espaiia  el  nrle  de  iiavi'gar,  p.  o. 

(Soie  de  il.  n,rlltelot.) 

(2)  Conès  dédia  son  ouvrage  à  l'ein|itreur  ;  il 
COn-<lrinsit  des  iiisirumenls  astronomiques  et  des 
montres  marines,  observa  le  piiénomène  des  marées 
et  les  variations  de  la  bmi^sole  ;  il  émit  le  premier 
l'existence  d'un  pôle  magnétique,  recmmui  les  dé- 
fauts des  caries  planes,  ei  proposa  diverses  méthodes 
pour  les  corriger.  Son  ouvrage  ,  traduit  par  Riciiard 


GEOGRAPHIQUE.  1251 

desciipiio  geograpliica  ,  1627,  in-fol.  en  i  fei:illos  ; 
2°  Gruciœ  aniqra:  descrip'.io  qeograpliira,  16j{)  ,  in- 
fo!.; 5"  l'Empire  romain  en  là  caries,  1^5';  i°  la 
France,  lG4i,  in-fol.,  en  10  crie-  ;  S*"  Geographia 
sacra  ex  Veleri  et  Novo  Teslameiiio  dcsciipia  el  in 
labulis  quatuor  concinnala,  16.'i3,  in  fid. ,  etc.  ,.  etc. 
—  Il  niutirnl  a  Paris  le  7  juillet  1*  67.  —  Ce  eén- 
graplie,  Imbile  du  reste,  a  laissé  dans  ses  ctirles  nu 
fonds  d'il!  perfeciiun  (|ni  lieni  .i  i'inexa  lilule  de  ses 
déterininalion^  asiioiioîniiiues  pour  roeinlne  des 
continents  et  de  la  Jlédiierrané'!  eu  parlicilier. 

SanlaciUa  (Don  Georges).  Juan  y  Saniacilia  na- 
quit en  171-2  à  Oiihuela,  dai'.s  le  royaume  de  Va- 
lence et  mourut  à  Cadix  le  21  juin  1774.  —  Ses 
priuelpaux  ouvrages  sont  :  l"  Voijage  dans  C Amé- 
rique méridionale  ;  2°  Dissertation  historique  et  géo- 
graphique sur  le  méridien  de  démarcation  entre  les 
domaines  d'Espagne  et  de  Portugal. 

Santa-Cruz  (Alonzo  de)  ,  géigr.iphe  et  cnsmo- 
graphe  espagnol.  Nous  citons  un  rapport  de  M. 
Certhelol  à  la  société  île  Géographie  de  Paris,  sur 
une  noiice  d'un  géigraplie  olranfser,  M.  de  Navar- 
retc,  concernant  Alonzo  de  Santa-Cruz. 
;  «  Les  premiers  ouvrages  de  géographie  qui  paru- 
rent au  commencement  du  xvi»  siècle  ,  furent  le 
Suma  Gcografia  de  Martin  Fornandez  Encisn,  qui 
date  de  1319;  le  Traité  de  cosmographie  et  de  pilo- 
tage du  Portugais  François  Falern  (I),  publié  à  Sé- 
ville  en  1330  et  dont  on  ne  trouve  plus  de  copie; 
les  liègles  de  sou  frère  Rni  pour  observer  la  longi- 
tude; VArte  de  Naiegar  de  Pedro  .Mediua,  qu'on  im- 
prima à  Valladolid  eu  1555,  el  le  petit  Abrégé  de  la 
tplicre  et  de  l'art  de  la  navigation  de  Martin  Cof- 
lès  (2)  ,  dont  in  acheva  l'impression  à  Cadix  eu 
liSI.  Ces  divers  ouvrages  fiireul  adoptes  par  la  plu- 
part des  écoles  européeimes  qui  en  mnliipliéreul  les 
traductions  :  les  Anglais  (irent  choix  du  livre  de 
Martin  Corics;  celui  de  Mediua,  au  contraire,  ser- 
vit de  guide  aux  pilotes  français,  et  même  au  com- 
mencen>eni  du  xvii^  sièi  le  ,  les  Italiens  en  réimpri- 
maient une  n'uvelle  édition. 

«  Aux  écrits  des  auteurs  que  je  viens  do  ciier, 
il  faut  ajouter  encore  ceux  du  célèbre  géomètre  pnr- 
tuga  s  Pedro  Nnnès,  dont  M.  de  Santarem  a  pris 
soin  de  vous  signaler  l'importance  dans  son  Leiii 
Mémoire  sur  les  connaissances  scientifiques  de  D.  Jean 
de  Castro  (3),  cet  illustre  navigiieur,  non  moins  re- 

Eden,  fut  imprimé  h  Londres  en  lô'GI  et  obtint  plu- 
sieurs éditions.  Ou  adnpi.i  eelle  de  1590  pour  les 
éco!es  de  iiavigiilion  él.ihlies  en  Angleterre.  Voy. 
Navariele,  mcm.  cité,  p   7. 

[Note  de  HI.  Bn:hrlot.) 
(5)  Voy.>z  Bulletin  de  la  société  de  Céngrarliii'  . 
deuxième  série,  lom.  X.  ii"  .^8  ,  net.,  \i.  ■ilb.  .Nnnos 
fut  le  premier  iislronoiie  oui  tr;uta  de  1 1  loxiidrimiie 
ou  de^  propriété-  d  s  courbes  ;  il  délerniina  la  I  ti- 
luile  par  deux  iiaiiteuis  ilu  soleil  et  jiar  l'aziinul  in- 
termédiaire. Il  lit  ciinnailre  le  jour  de  l'année  dont 
le  crépuscule  esl  le  plus  court,  i'.e  savant  portugais, 
auquel  Ticlio  Rralié  rendit  hommage ,  moiirui  à 
Coimhre  en  1377.  {iSotede  .W.  Beriiielot.) 


1255 


BIBLIOGRAPHIK 


commandable  par  ses  vertus  guerrières  qie  por  sa 
rrnfoiide  érndilion.  Castro  inérile  aussi  de  prendro 
rans  pnrnii  les  géographes  el  les  pliilosopties  les 
p'us  distingués  de  ce  lemps-là  :  il  s'Itisiruijit  à 
réc  le  de  Nimès,  el  sa  carrière  liitérnire  coiuniença 
dans  les  premières  années  du  xvi^  siècle. 

«  Citons  encore  parmi  les  saviints  de  celle  grande 
époque  qu'on  vit  briller  dés  son  aurore  de  toute  la 
gloire  de  Colomb,  le  fameux  pilote  Andrès  de  San- 
Wartin  ,  compagnon  de  voyage  de  Magellan  ,  el  qui 
le  premier  rectifia  les  longitudes  j  ar  l'observation 
pltis  exacte  des  distances  el  du  cours  de  la  lune  (1); 
puis,  don  Fernando  Colomb,  le  digne  fils  de  l'amiral, 
qui  réunit  par  ordre  de  l'empeieiir  Cbailes-Quijit 
«ne  1  ibliotlièque  de  plus  de  20,000  volumes  et 
fonda  h  Séville,  sou<  les  auspices  du  inonarque  , 
une  académie  pour  l'enseignemeni  des  matliéuiaii- 
ques  appliquées  à  la  navigation.  Fernando  Colomb 
avjit  accompagné  l'empereur  dans  son  voyage  en 
Italie  ,  en  Flandre  et  en  Allemagne  ;  il  Iravail'a  à 
la  correction  des  cartes  marines  ,  et  lit  partie  de  la 
iunte  chargée  d'éi  laircir  les  aft.iires  relatives  à  la 
possession  des  Mohiques.  A  sa  mort,  l'école  de 
navigation  de  Séville  se  vit  privée  de  son  plus 
illustre  soutien  (-2).  Nommons  aussi  le  savant  PBr- 
Jugais  Diego  de  Sua  (  J)  ,  Jean  de  R"jaz  ,  auteur 
d'un  commentaire  sur  l'astrolahi»,  publié  à  Paris  en 
i'6'A;  iiian  Kscalaiite  de  Mendoza  ,  surtout,  qui 
réunit  à  une  pr:"ti(iue  consomniée  de  l'art  de  la  na- 
vigation toute  la  iliéorie  de  la  science  (i);  Pedro 
Sarmienio  de  Gamhoa,  cet  infatigable  marin  i;ue  de 
longs  voyages  dans  la  mer  du  Sud  el  sur  l'Océan 
Atlantique  avaient  forme  à  la  pratique  des  observa- 
tions (5)  ;  enfin  ,  Gcroiiimi  Munos,  qui,  après  avoir 
étonné  l'ila'ie  par  son  rare  savoir,  vint  illustrer  les 
univeisités  de  Valence  el  de  Salamanque.  Ces 
étahlisseiTienis  scientifiques  comptaient  alnrs,  parmi 
leurs  prolesseiirs  ,  les  hninmes  les  plus  érudits  ; 
l'astronomio  nautique  formait  une  des  principales 
braiiciies  de  rcnseignemeiii ,  et  les  élèves  étudiaient 
d'après  Copernic,  Api.nus  et  les  restaurateurs  de 
la  science  moderne  (6).  Munos,  un  des  nicnibres  les 
plus  émérites  de  l'université  de  S.ilamanque  ,  eut 
pour  disciple  D.  Diego  de  Alava  ,  qui  publia  le  Per- 


GEOGP.APIIIQUE.  i^sG 

(ecio  Capiian  et  un  traité  d'artillerie  fondé  sur  une 
théorie  nouvelle.  En  loK),  le  pape  Léon  X.  voulant 
réformer  le  calendrier,  avait  demandé  l'avis  dec 
docteurs  de  Salamanque,  et  lorsque  Grégoire  XIII 
réalisa  plus  t  nd  celte  heureuse  réforme,  les  savants 
de  l'université  fureni  consultés  de  nouveau,  el  Pierre 
Chacon,  sur  l'ordre  du  saint-père  ,  se  chargea  du 
travail,  de  concert  avec  le  jésuite  Clavio.  A  peu  près 
à  la  même  époque,  l'astronome  Amlrès  Garcia  de 
Cespedes  corrigeait  les  tables  de  déclinaison  par  des 
observaions  rigoureuses  (7),  tandis  que  Pedro  Es- 
qnivel  dressùi  une  carte  géographique  de  toute  la 
Péninsule,  d'après  la  méthode  trigonométrique  de 
Regiomonlanus.  Le  roi  p.iya  tous  les  frais  de  celle 
grande  entreprise  et  voulut  que  le  plan  original  restât 
exposé  sous  ses  yeux  dans  son  propre  cabinet.  Mal- 
heureusement la  carte  d'Esquivel,  citée  par  les  au- 
teurs contemporains ,  n'est  pas  parvenue  jusqu'à 
nous  :  les  opérations  de  mesure  qui  servirent  d'élé- 
ments à  sa  construction  doivent  nous  rendre  sa  perle 
encore  plus  sensible  (8).  Dans  ce  lenips-là,  les  mo 
narques  espagnols,  jaloux  de  protéger  la  science  à 
laquelle  ils  devaient  l'agrandissement  de  leurs  do- 
maines, avaient  réuni  dans  la  magnifique  ttihliotliè- 
que  de  l'Escurial  les  sphères  cl  les  globes  les  plus 
précieux,  les  cartes  les  plus  accréditées  et  les  ins- 
Iniments  rie  malliéinalique  el  d'astronomie  de  meil- 
leure consiruction.  Philippe  II ,  qui  affeciionnail  les 
sciences  exactes,  ne  négligea  rien  pour  en  répandre 
l'étude  :  tout  ce  que  Aristoie,  EucliJe  et  les  anciens 
avaient  écrit  sur  l'astronomie  el  la  physique  fut  tra- 
duit et  commeiilé.  Ce  monarque  fonda  une  acadé- 
mie de  maihémaiiques  dans  son  palais  et  en  donna 
la  direction  à  Jean-Baptiste  Labana,  qui  y  enseigna 
la  nautique  (9).  Toutes  les  écoles  du  royaume  riva- 
lisèrent d'ardeur  et  de  zèle  :  l'université  d'Alcala  ne 
fut  pas  moins  llorissante  que  celles  de  Salamanque, 
de  Séville,  de  Valence  et  de  Madrid;  le  chanoine 
Juan  Pciez  de  Mnya  y  acquit  un  grand  renom  :  ses 
Elémenls  de  maihémaiiques  furent  admis  parmi  les 
meilleurs  livres  classiques  ;  il  écrivit  en  outre  un 
4r(«  de  J/arear  el  d'autres  ouvrages  inédits  sur  la 
géographie. 
«  .Mais  il  est  aussi  un  autre  cosmographe  qui  doit 


(1)  André  de  Snn-Mariin  fit  usage,  pendant  son 
voyage  avec  Magellan,  de  la  méthode  qui  lui  avait 
été  communiquée  par  le  baclielier  Uni  Falero. 

{Noie  de  M .  Deilhetot.) 

(2)  Voy.  Navarrete,  méin.  cité,  p.  G. 

(Sole  de  M.  Bcrlhelol.) 

(3)  Auteur  de  l'ouvrage  latin  De  navignlione  libri 
Ires,  publié  à  Paris  en  1349.  (.Yole  de  M .  Heitlulol.) 

(4)  Sou  Itinerurio  de  mivegncioii,  dit  M.  Navarrete, 
peut  être  cunsdéré  comme  le  recueil  le  plus  complet 
lies  connaUsances  nautiques  de  eetin  éiinqiie. 

(iVofe  de  il/.  Benheloi.) 
(o)  Il  employa  les  meill  ores  mciliiules  pmr  dé- 
terminer les  lougitudcts  eu  mer,  et  lit  '  ii  grand  nom- 
bre d'obtervations  sur  les  variations  de  1  >  boussole. 
[Note  de  M.  Berihelo!.) 
(6)  L'AsIronoDiicoii  cœsareum  d'Appianus  était  Irès- 
répaiidu   dans  les  universités  du  royauine.  En  1548 


sa  Cosmngrapliie  ,  augmentée  par  Gemma  Frisius  , 
lut  traduite  en  espagnol  par  ordre  de  l'empereur. 
(jVo/e  de  M.  llerilielol.) 

(7)  Cespedes  fut  chargé,  par  le  conseil  des  Indes, 
de  la  vérification  des  caries  marii:es  ;  il  s'appliqua 
à  la  construciion  des  boussoles,  astrolabes,  arhales- 
Irilles  et  autres  instruments  d'astronomie.  Son  He- 
giinienlo  de  naveiiacion  el  son  Hidroqrafia,  ouvrages 
qui  surpassèrent  inut  ce  qu'on  avait  écrit  jusqu'alors, 
ne  luieul  imprimés  qu'en  1606.  Vo;/.  Navarrete  , 
mém.  cité,  p.  Ki.  ('Vote  de  M.  Berllwht.) 

(S)  Esqiiivel.  poin-  procéder  avec  plus  d'exaciiliid^, 
fixa  le  tvpe  de  la  niesure  c.istiilane  el  iiéterniina  la 
valeur  ei  !e  rappnrl  des  mesures  rumaines,  alin  d'ap- 
précier la  vériialile  position  des  anciennes  villes. 
Voyez  Navarrete,  inéni.  cité.  p.  10. 

(Sole  de  il.  Beriheloi.) 

(9)  Voyez  Navarrete,  mém.  cité,  p.  11. 


i:^7  BIBLIOGUAPHIE 

OLiv:por  une  place  ilislinguée  parmi  ceux  duutM.  do 
Nitvane'.e  nous  a  cniiméié  les  mérites  (I);  car,  bien 
mie  ses  travaux  soient  restés  en  manuscrils  ,  ils  ne 
eonlFlliuèrenl  pas  moins  au  développement  des 
vrais  principes  de  la  science.  Ce  philosoplie.qui  de- 
vinça  snn  siècle  par  la  transcendance  de  ses  rc- 
clierches,  fut  Alonzo  de  Sanla-t^iuz  :  il  fil  partie  en 
iBl'ù  de  l'expédition  de  Sébastien  Cabot,  \isiia  la 
c^iic  du  Brésil  ,  et  revint  en  Espagne  eu  1330. 
Nciiinié  cosmographe  de  la  Conlratation  de  Séville  , 
en  IjÔO,  Santa-Cruî  était  prêt  à  s'embarquer  pour 
aller  explorer  le  détroit  de  Magellan  (2),  lorsipie 
l'empereur  Charles  Quinl  le  retint  auprès  de  lui  pour 
assister  à  ses  leçuns  d'aslronomie,  qu'allait  enieudre 
aussi  le  célélre  François  de  Bnrja,  alors  marquis  de 
tombay  (~;).  Co  fut  sans  doute  pour  le  récompenser 
de  son  zèle  que  le  monarque  espagnol  le  nomma 
Contino  de  la  casa  real  (allatlié  à  la  maison  du  roi)  , 
en  lui  assignant  trente  mille  maraveilis  de  rente. 

t  il.  de  Navarreto  cite  une  lettre  que  Santa-Cruz 
écrivit  de  Séville  le  10  novembre  1531,  et  qu'il 
adressa  à  l'empereur.  Cecurieiix  document,  remarqua- 
ble par  le  grand  nombre  de  renscignenienis  qu'il  four- 
iiit  sur  les  travaux  du  cosniograplie,  est  déposé  aux 
archives  de  la  Bibliothèque  royale  de  Madrid,  il  est 
à  ngretier  fpie  l'aiKeur  de  la  noiice.  n'ait  pas  donné 
en  euiier  le  texie  de  celle  lettre,  et  se  soit  conienié 
d'une  simple  analyse.  Santa-Ciuz  annonce  à  son 
ri.yal  prolecteur  que,  malgré  la  .naladie  qui  le  lour- 
inenle,  il  a  adievé  l'histoire  dis  rois  catholiques, 
depuis  l'an  1490  où  l'avait  laissée  le  clironisie  Her- 
nando  de  Pulgar,  jusqu'à  la  mort  du  roi  don  Fer- 
nando. 11  le  prévient  en  même  temps  qu'il  a  fait 
J'IiiRioire  de  son  règne  et  des  priucip  iiix  événements 
qui  avaient  eu  lieu  dans  les  diflérenles  parties  du 
niiinde  depuis  1350  jusqu'en  153!),  avec  une  notice 
de  sa  lignée  et  de  la  réimion  des  maisons  d'Autriche, 
de  Flandre,  d'Aragon  et  de  Castillc  sous  un  mè:ne 
chef,  11  .'ijouttf  qu'il  a  terminé  en  brouillon  un  livre 
d'astronomie  comme  celui  d'Apianus,  avec  la  déinon- 
Siialiiin  des  cercles  spliéri(|ucs;  qu'il  a  traduit  du 
latin  en  langue  vulgaire  (romance  casiellano)  tout  ce 
qu'Aiisloie  avait  écrit  sur  la  philosophie  morale, 
avec  un  glossaire  pour  illustrer  les  passages  les  plus 
nbsc(ns.  Résumant  ensuite  ses  travaux  chorographi- 
ques,  il  éuumère  les  c:iries  qu'il  a  construites,  sa- 
voir :  celles  d'Espagne,  sur  une  très-grande  échelle; 

(1)  Les  renseignements  que  je  viens  de  donner  sur 
les  eosmographes  du  xvi^  siècle  soni  extraiis  de  la 
Notice  historique  sur  /es  proçirès  que  l'art  de  la  navi- 
giiiion  a  faits  en  Espagne,  déjà  citée,  d'après  son  litre 
espagnol,  à  la  note  1  ,  col.  1233.  Ce  beau  mémoire 
de  M.  de  Navarrele,  dont  il  a  été  rendu  compte  d'une 
manière  Irès-succincledans  la  Correspondance  astro- 
nomique de  Zach,  vol.  XI!,  p.  107,  offre  un  grand 
intérèl  par  le  nombre  d'ouvrages  de  cosmogniphie 
qui  y  sont  énumérés  ,  et  surl<iut  par  l'appréciaiiou 
savante  que  l'auteur  a  ku  faire  du  mérite  de  chacun. 
Avaiii  de  présenter  à  la  50cié;é  une  analyse  de  cet 
important  in.vail ,  j'ai  cru  dev  ir  en  extraire  linéi- 
ques indications  qui  appartiennenl  à  l'époque  que 


GEOGRAPIUQIIE.  fSgg 

nne  aulrn  de  France,  plus  exacte,  dii-il,  que  celle 
d'Horontius  ;  celle  de  l'Angleterre,  de  l'Ecosse  et  de 
l'Irlande  ;  puis  deux  autres  encore,  la  première  com- 
prenant l'Allemagne,  la  Flandre,  la  Hongrie  et 
la  Grèce;  la  seconde  l'Iialie,  la  Corse,  la  Sar- 
daigne,  hi  Sicile  cl  l'ile  de  Candie  ;  enfin  la  carte 
générale  de  I  Europe,  et  il  ajoute  qu'il  pourrait  ache- 
ver toutes  celles  du  monde  connu,  si  ses  inhrmilés 
n'y  mettaient  obstacle.  H  termine  sa  lettre  en  g« 
pla  gnant  i:c  l'absence  de  l'empereur,  qui  l'encoura- 
geait et  protégeait  ses  travaux  ;  il  le  su|iplie  de  le 
nommer  Fabricien  des  palais  de  Séville  (Alcazares) 
et  réclame  la  permission  d'y  faire  sa  résidence,  à 
cause  de  la  tranquillité  et  des  avantages  (pi'oiTrait  ce 
séjour  pour  l'élude  et  le  délassement.  On  peut  y 
vivre  à  meilleur  marché,  dit-il,  que  dans  la  cité  où  tout 
est  fort  cher,  conmie  cela  doit  être  dans  les  endroit* 
oii  rarg'nl  circule  en  abondance;  et  pour  engager  le 
nionari)ue  à  acquiescer  à  sa  demande,  il  a  sont  de 
lui  faire  observer  qu'étant  versé  dans  la  géométrie 
et  le  tracé  des  plans,  il  pourra  diriger  les  travaux  et 
veillera  la  conservalioii  des  édifices. 

«  Les  renseignements  que  .M.  de  Navarrete  a  réu- 
nis dans  sa  notice  sur  les  travaux  de  Santa-Cruz,  en 
liOiis  donnant  la  portée  des  connaissances  de  ce 
cosmographe,  nous  l'ont  encore  plus  regrciier  la  perte 
de  la  majeure  partie  des  'documents  ciiés  dans  la 
lettre  a  Charles-Quini,  En  effet,  Santa-Cruz,  un  des 
hommes  les  plus  érudits  de  son  siècle,  dévoué  aux 
études  historiques,  et  cultivant  à  la  fois  les  sciences 
exactes  pour  trouver  leur  application,  rectifia  un 
grand  nombre  de  positions  importantes,  et  perfec- 
lionnna  le  traré  des  cartes  en  tout  ce  qui  était  rela- 
tif à  la  démarcation  des  Etats. 

I  M.  de  iVavarrete  a  réservé  pour  la  fin  de  son 
mémoire  une  ob-ervation  qui  me  semble  venir  ici 
plus  à  propos.  Alejo  de  Vanegas,  d.ins  un  ouvrage 
qui  parut  en  1340  (4),  s'exprime  en  ces  termes  en 
parlant  du  cosiiiographe  espagnol  :  «Alonzo  de  Saiiia- 
Criiz,  de  Séville,  premier  cnsniographe  de  l'empe- 
reur, notre  maitre,  ne  s'en  lient  pas  au  simp'e 
iracé  de  l'Espagne,  mais  il  corrige  aussi  les  ancien- 
nes tables  astronomiques,  et  f;iii  des  cartes  marines 
pour  mesurer  le  ciiemin  sur  les  ruinbs  de  vent,  d'a- 
près les  latitudes  observées.  Outre  les  divers  instru- 
ments qu'il  a  construits  pour  faciliter  les  calculs,  il 
a  tracé  un  globe  ouvert    par   deux  inéiidiens,   afin 

SaniaCriiz  illustra  par  ses  propres  œuvres. 

[Note  de  M.  Dertlielol.) 

(2)  Don  Culierre  de  Vargas,  évêque  de  riaisancc, 
fit  armer  trois  navires  bien  avilaillés  dont  il  confia 
le  commandement  à  Alonzo  de  Camargo  pour  re- 
coiinaiiie  le  détroit  de  Magellan  et  faciliter  la  com- 
niiinicalinn  avec  la  nier  du  Sud.  Celte  expédition 
(larilt  de  Séville  au  mois  d'anùi  l^3'J.  Voyez  lléiare. 
iJéc.  vil,  liv.  I,  chap.  S.      [Note  de  M.  Ilcrilielot.) 

(5)  Uib:ideneira,  Vida  del  P.  Francisco  de  Borja  , 
lib.  I,  ca[).  S. 

(i)  Diferencias  de  llbros  que  Itay  m  el  utiiverso,  ou- 
vrage publié  eu  1540. 


1259 


BIBLIOGRAPHIE 


lie  connaître  le  rapport  entre  la  courbe  ei  le  plan  : 
il  en  a  aii??i  iniagii  é  i  n  aulre  ouvert  par  IVquali-ur, 
les  pôles  sft  trouvant  alors  pi  leés  au  ceiire  ,  puis 
deux  autres  riifote  cnupé?  par  les  <ieiix  pôle':,  ie 
premier  dans  le  sons  du  méiidien  de  Piolémée,  et  le 
second  par  le  mériilien  de  la  ligne  de  répariiiiim 
entre  les  dninaines  dt-s  rois  de  Casl^lle  et  du  Portu- 
gal, éloignés  de  six  cenis  lieues  de  la  côte  d'Es- 
pagne. !l  a  dessiné  a'^s-si  deux  autres  glnlies  :  sur 
J'un,  on  voit  loi  t  riiémisplière  sepiciitri  nal,  et  afin 
de  pnuvdir  nionlrer  l'iié  i  isphère  opposé,  il  l'a  coupé 
en  quatre  iarlie«  par  l'ciinal'iir,  en  forme  de  croix  ; 
Taiilre  iih'he  ditrère  du  premier  en  ce  (|u'il  n'osi  nu- 
•vert  (|ii'en  d<Mix  endrciils  par  riiéiiiispiière  méridio- 
nal. Il  en  a  iracé  de  iilus  deux  aunes  avec  nn  Jes-in 
de  l'aslrolalie.  il  a  représenié  :>us-i  une  figure  de  la 
terre  iiés-élargie  sur  le  même  plan;  idem  encore  une 
autre  foil  ingénieuse  avec  le  ziiiliai|ue  pi  icé  de  ni.a- 
rière  à  indiquer  l'iieuie  il'iin  lieu  quelconque  lors- 
qu'.i  c^l  midi  ainre  part.  Enfin,  Saiila-Criiz  a  cnr- 
rgé  et  I  crfrciionué  'es  cœurs  (I)  ou  segir.enis  splic- 
riqnes  de  Vcrnerius  ei  d'Ornnliiis.  J'ai  rappelé  (nus 
ces  travaux,  ajoute  Vanegas,  afin  île  faire  oli-erver 
que  nous  i.e  devrions  pas  nous  coii!2"ler  d'avnir  im- 
primé eu  Espagne  le  Suma  ijeagrafia,  in:iis  qu'il  fau- 
drait aussi  multiplier  les  copies  des  dessins  or  gi- 
naux  (le  Sanla-C.riiz,  pour  (|ue  la  S(  ionce  ne  pérît 
pas  avee  celui  qui  en  a  reculé  les  linii'es.  >  On  >oil 
parce  passage,  une  je  ir.idiiis  ici  litiéralemenl,  (|u"il 
s'agit  des  differenles  prnjeciions  spliériqne;  qu'on 
commença  à  placer,  au  xvi^  siècle,  en  lèlo  des  ail.is 
de  gé"!;rapliio,  et  dont  l'ingénii-iix  cosuiograp'ie  de 
Cliarles-Qunt  se  servit  le  piemier  pour  ses  déinnn- 
Slri'tinus.  L'ailas  manuscril  de  Guillaume -le-ïestu 
(InSi),  qui  fait  pariie  de  la  biblintliéqee  du  dé|  ôt 
de  la  guerre,  <  ffre  de  beaux  exemples  de  ces  séries 
de  projei  liiins.  En  parcourant  ces  divers  tracés, 
on  p  urrail  croire  que  le  pilote  du  Havre  s'ai:aclia  à 
reproduire  toutes  les  lii;iires  indiquées  par  Vanegns, 
d'après  les  de^sins  de  Santa-Cniï.  Le  cosmograplie 
espagnol  aurait  donc  eu  l'idée  des  projerlions  slé- 
réogmpliiques  avant  Werner  de  Nuremberg  et  Gé- 
rard Mercaior  ;  car  la  première  luappeinonde  que 
Werner,  élève  do  l'aslronoTiie  Siabius,  iraça,  d'après 
le  principe  des  courbes,  se  trouve  dans  un  ouvrage 
du  cemmenc'meni  du  xvi«  siècle. 

«  Un  autre  pass:i(:e  de  Vanegas,  où  il  traite  (cliap. 
29)  des  variations  de  l'ai;.'ni  le  aimantée,  vient  en- 
core accrédiier  i.i  priorité  qu'on  doit  accorder  aux 
inventions  de  Simla-Cruz.  «  Il  est  bien  recnnnu,  dit- 
i',  que  les  caries  marines  sont  en  général  faussement 
construites,  non  pas  par  ignorance,  mais  parce  qu'il 
a  fallu  les  tracer  ainsi  pour  riiUeliigeuc  ■  des  pilotes, 

(!)  Les  Espagntpls  av:deni  donné  !e  nom  de  cœurs 
(corazones)  aux  projections  spliériques  eoni  la  bnse 
éVja  formée  par  iin  arc  de  l'equateiir  compris  e"lre 
deux  méridiens  délerninés,  qui,  se  rapproclianl  à 
mesiiie  que  leurs  angles  se  res-errient  davan- 
tage, croissaiei'l  en  latitude  jusqu'à  leur  réunion  au 
pôle.  (iVoff  de  M.  Beriheloi.) 


GEOGRAPHIQUE.  iUO 

qui  n'auraient  pu  naviguer  sans  se  guider  par  les 
lignes  des  rumbs  de  vents  représentées  sur  le  plan, 
et  ces  rumbs  ne  pouvaient  bien  s'indiquer  (pie  sur 
les  caries  plates.  Ainsi,  lorsque  nous  disons  que  clia- 
que  degré  vaut  dix-sept  lieues  et  demie,  nous  enten- 
dons mesurer  celte  graduation  sur  ré(|ualeiir  ou  sur 
un  de  ses  parallèles,  bien  que  ceux-ci  aillent  en  di- 
minuant corîime  Its  tranches  d'un  melon.  La  mé- 
lliode  proposée  par  Piolémée,  pour  déterminer  la 
progression  décroissante  de  ces  différents  cercles, 
présentait  Irop  de  difficultés  dans  ses  calculs,  et  l'ein- 
perenr  tioire  maître  a  chargé  Santa-Crui  de  cher- 
cher la  solution  du  problème  |iar  une  aulre  voie. 
Ce  cosmngraplie  a  donc  tracé  un  globe  ouvert  p:ir  les 
méridiens  depuis  réquateur  jusqu'aux  pôles,  et  pre- 
nant avec  le  co:npas  la  dislance  entre  chaque  méri- 
dien, il  eu  a  déduit  la  mesine  ou  la  valeur  relative 
de  chaque  degré,  qu'il  a  réduite  ensuite  eu  grandes 
lieues  caslllaiies.  •  Voilà  donc  le  piinripc  et  les 
cléments  de  la  con-truetion  des  cartes  réduites,  dé- 
eouveile  allribuée  à  Meroaior,  et  qu'rui  rapporte  à 
l'ail  îiiio.  Or,  l'ouvr.age  dans  lequel  Vanegas  d.inne 
les  explications  que  l'on  vient  de  lire  ayant  déjà  été 
api)rouvé  pour  riinpres>ion  en  1359  (i),  il  eu  ré- 
sulte que  la  méthode  de  S  niia-Criiz  pré:  éda  de  plus 
de  seize  aumies  celle  de  Mercaior.  Il  et  prol  able 
que  les  premièies  données  d  Enciso  (5)  déterminè- 
rent les  ess.iis  de  Sanla-Cruz  sur  la  ciuisiruclion 
des  cartes  réduites,  dont  la  théorie  matliémat  ipie 
ne  fut  trouvée  que  plus  tard  par  Ed.  Wright  et  le 
docteur  llalley.  Il  ne  pouvait  ignorer  non  plus  les 
recherches  de  son  contemporain  Pedro  Niinez,  qui 
s'était  occupé  de  cette  (|uesiion.  Quoi  qu'il  en  soit, 
l'invention  du  cosmograplie  de  Charles-Qnint  n'at- 
teignit pas  tout  d'aboid  le  degré  de  perfeoiioiine- 
ment  quelle  acquit  par  la  suite.  Santa-Cruz,  qui 
avait  ouvert  le  chemin  h  ses  successeurs  en  jetant 
les  prcmii'rs  fondemenls  de  la  théorie,  ne  détermina 
pas  le  rapport  propoitiotmel  entre  les  degrés  de 
latiiule  et  les  divers  paialléles,  ou  pour  mieux  dire, 
il  igii  Ta  que  cette  proportion  était  celle  du  rayon 
au  cosinus  de  la  latitude,  comme  on  le  reconnut  en- 
suite. 

I  Mais  poursuivons  notre  analyse  pour  mieux  faire 
apprécii  r  encore  le  génie  inventif  du  cosmographe, 
dont  les  travaux  seraient  restés  ignorés  sans  l'ar- 
dent patrioiisuie  qui  n'a  cessé  de  guider  M.  de  Na- 
varrete  dans  ses  laborieuses  investigations.  L'ou- 
vrage de  Santa-Cruz  qui  a  le  plus  contribué  aux 
progrès  de  la  navigation  est  celui  qu'il  écrivit  sur 
les  longitudes,  et  dont  le  manuscrit  existe  à  la  Bi- 
bliothèque royale  de  Madrid  (i).  Le  roi  d'Espagne 
■venait  de  former  une  junte,  présidée  par  le  marquis 

(2)  Voyez  Navarrete,  mém.  orig.  p.  10,   noie  I. 

(5)  Enci^o  avait  remarqué  les  défauts  des  cartes 
plates  sans  toutefois  pouvoir  y  remédier, 

{yote  de  M.  Berihelot.) 

(1)  Librn  de  las  tongiludes  y  manera  que  Imsta  agora 
se  lin  lenido  en  elarle  de  tiavegar,  ecn  sus  demonsira- 
chnes  y  ejemptos;  dirigido  al  muy  alto  y  paderoso  Sr. 


1241  BIKLIOGRAPHIF 

de  Mondeiar,  ei  composée  de  cosmographes,  d'as- 
tronomes el  de  «av.inls  pour  faire  examiner  les  li- 
vres d'Apianiis  el  certains  insirumcnis  de  mêlai  qu'il 
avait  construits  pour  observer  la  longitude.  Sanla-Cruz, 
chargé  d'un  rapport  sur  les  méiliodes  jusq\i'alors  en 
usage,  devait  aussi  exposer  celles  qu'il  avait  prnpo- 
séos  lui-même.  Il  écrivit  à  cette  occasion  son  Tmité 
des  lonçiitudes,  qu'il  dédia  à  Philippe  II.  Sanla-Cruz 
fait  remarquer  dan?  cet  ouvrage  que  Plo^émée,  dont 
il  commente  le  premier  livre  de  géograpliii%  fix.i 
les  degrés  de  latitude  et  de  longitude  d'après  les 
diniensions  des  parallèles  à  partir  de  l'équaleur, 
et  qn'o:i  ne  peut  mesuier  ces  degrés  avec  exactitude, 
con)nic  on  le  pratique  sur  les  caries  plaies,  que  pour 
la  Méditerranée  où  l'on  navigue  par  cinglage  en 
ayant  égard  au  rnmb  de  vent  (larcouru  dans  les 
vingt-quatre  lieuics  el  au  relèvement  de  la  côte; 
mais  il  lait  observer  en  même  temps  que  celle 
estime  n'est  qu'approximative,  et  pour  obvier  à  cet 
inconvéni'Tit ,  il  propose,  comme  second  moyen, 
la  métliiide  dts  anglis  de  position,  et  paraît  igno- 
rer cninplétcmeni  la  loxodromie  des  angles  obli- 
ques, dunt  Pedro  Nunès  avait  pourtant  liéjà  donné 
l'explii  aiion  (1).  Le  Iroisiènie  moyen  qu'il  indique 
(SI  Celui  des  éclipses  de  soleil  ei  de  lune;  lnuiefois, 
vu  le  peu  de  ffé  'iicnce  de  ces  pliénomènes  et  la  dif- 
licul  é  d'eu  bien  déierminer  le  commencement  ei  la 
fin,  il  pense  i|n'iin  ne  pciil  guère  Pinployerce  moyen 
pour  lonnailre  la  vraie  posilion  d'un  lieu,  et  pouvoir 
la  rnppor  er  sur  la  cane,  que  dans  les  i'es  ou  sur 
les  coniineMis.  «  Les  piloics,  dit-il,  et  les  niar  us  en 
gcné<al  inaiiqneiit  de  connaissances  pour  bien  faire 
ces  sortes  d'observations,  el  il  landra'l  admetire  qu'il 
se  trouvai  à  bord  des  navires  des  gens  c apables,  exer- 
cés aux  calenls,  secondés  par  de  bons  insirumcnis, 
et  qn'ils  eussent  acquis  pré;ilablenienl  des  données 
pos-iiives  Sur  le  calcul  des  éclipses  fait  par  de  sa- 
vants astrologues,  afin  de  savoii  exaflenient  le  jnur, 
l'heure  et  le  point  où  elles  doivent  conimeiicer  et 
finir.  Alors  el  seulement  dans  ce  cas,  on  pourrait 
déterminer  avec  assez  de  précision  la  longitude  du 
lieu  <ù  l'on  se  trouverait  par  rapport  à  celui  d'où 
l'on  serait  parii.  »  Le  quairième  moyen  proposé 
par  Santa -Criiz  est  celui  de  la  variation  de  la  bous- 
sole, donl  la  première  observation  est  due  à  Chris- 
tophe Colomb,  lorsqu'il  remarqua  qu'à  partir  du 
méridien  des  îles  du  cap  Vert  el  des  Açores,  la  va- 
riation était  nord-est  vers  l'Orient  et  nord-ouest  vers 
l'Occident,  et  qu'il  eut  l'idée  de  se  servir  de  la  ré- 
giilariié  de  celle  altération,  dans  la  direction  de 
l'aignille,  pour  en  déduire  la  dislance  au  méridien, 
c'est-à-dire  la  longitude.  Sanla-Cruz  nous  apprend 
que  le  premier  qui  chercha  à  déterminer  la  longi- 
tude par  celle  méthode  fut  un  certain  Philippe  Guil- 
len,  apothicaire  de  Séville,  homme  instruit,  fort  in- 

D.  Felipe   II  de   este  nombre,  rey  de  Espnnn,   par 
Alonso  de  Sunta-duz,  su  comografo  mayor.   Inédit. 
Biblioihèque  royale  de  Madrid. 
(I)  Voyez  ia  note  5  de  la  col.  123<;. 


GEOGRAPHIQUE.  I2i2 

génieux  et  grand  joueur  d'échecs.  Cet  apothicaire, 
ayant  éié  informé  des  variations  de  la  bous'ole  ob- 
servées p.ir  les  piloies  qui  faisaient  les  voyages  de 
Séville  à  la  Nouvelle-Espagne,  résolut  de  passer  en 
Portugal  vers  l'an  1523  ,  pensant  retirer  dans  ce 
royaume  une  plus  furie  récompense  pour  son  inven- 
tion. Bien  ncciieilli  en  effet  par  le  roi  D.  Juan  III, 
ce  prince  le  prit  à  son  service.  Guilien  construisit 
un  insirumont  en  forme  de  cercle  gradué,  auquel 
il  adapia  une  petite  aiguille  avec  trois  (ils,  et  l'em- 
ploya pour  observer  le  soleil  à  des  hauteurs  égales 
avant  el  après  midi.  Il  reconnut  que  la  ligne  méri- 
dienne donnait  la  variation  de  l'.iiguille,  el  il  en  dé- 
duisit la  longitude  du  lieu  en  la  ramenant  à  sa 
posilion  régulière.  Cet  inslrument,  qui  devint  d'un 
usage  général,  fut  irès-npprouvé  en  Portugal  par 
les  savants  d'alors,  et  les  pilotes  s'en  servirent  quel- 
que temps  à  bord  des  vaisseaux. 

«  Il  parait  qu'à  peu  près  à  la  même  époque , 
Sania-rruz,  réllécliissanl  sur  le  pliénoméiie  des  va- 
riations de  l'aiguille,  s'imagina  aussi  de  l'employer 
comme  un  moyen  pour  trouver  la  longitude.  Ce  fut 
lorsque  le  licencié  Siiarez  de  Carvajal,  conseiller  des 
Iiidcs,  cl  promu  plus  lard  à  ré\èclic  de  Liigo,  vint 
à  Séville  pour  organiser  une  junte  de  pilotes  et  do 
cosinograpbes  cliarséi  de  dresser  une  cane  modèle 
qui  pût  servir  de  guide  aux  navigateurs.  Les  opi- 
nions émises  par  la  plii|iart  des  pilotes  dèmiintrè- 
rent  que  la  varialion  éi:iil  de  i2°  "0'  nord-nuesl  à 
Sainl-Don'ingiie,  de  27°  57'  50"  à  la  Havane,  et 
de  53°  .15"  sur  la  fô'e  de  la  Nouvelle-ICspagne ,  mais 
ils  ne  pnrriil  s'accorder  sur  la  virialion  des  autres 
points,  et  il  y  enl  à  ce  sujet  de  grands  <!éb  'is  sur 
les  dilférencis  observées  avec  les  instruments  im- 
parfaits dont  on  s'élait  servi  jusqu'alors.  Sanl:i-Criiz 
en  construisit  un,  pareil  à  un  cnnipas  azimu'al,  avec 
lequel,  prenant  le  midi  par  deux  hauteurs  de  soleil, 
il  calculait  la  variation.  Cet  instrument  fut  présenté 
à  l'empereur  avec  une  carie  marine  indiquant  les 
variations  de  la  boussole,  pour  qu'on  en  dressât  de 
semblables  à  l'usage  des  pilotes.  Ainsi  lesobseiva- 
linns  du  cosmographe  de  Séville  devancèrent  de 
plus  de  cent  cinquante  ans  celle  du  docteur  llalley 
auquel  on  attribue  généralement  la  constniciion  de 
la  première  carte  de  variation  pour  l'année  1700. 
«  En  1539,  lorsque  Cbarles-Quiiit  quilla  l'Espa- 
gne pour  se  rendre  en  Flandre  (2),  Santa-Cruz  con- 
tinua ses  recherches  el  construisit  deux  nouveaux 
instruments  pour  déierminer  la  longitude.  Ce  fut 
dans  ces  entrefaites  que  sa  carie  des  variations 
ayant  éié  examinée  par  Fray  Rodrigo  Concuera, 
abbé  de  Sainl-Zoil  en  Carrion,  ce  moine  bénédictin, 
très-versé  dans  les  sciences  maihémaiiques ,  crut 
aussi  pouvoir  appliquer  les  différences  ob»ervées 
dans  les  déviations  de  l'aiguille  à  la  connaissance 

(2)  L'empereur  partit  en  poste  pour  traverser  la 
France  et  se  rendre  en  Flandre  dans  le  mois  de  no- 
vembre 1539.  (Sandoval,  Uitl.  del  imp.  lib.  xxiv, 
S  16.)  (iVote  de  if.  Derttieloi.) 


15i3  BIBLIOGRAPHIE 

des  longitudes.  Fray  Rodrigo,  igiioranl  que  la  solu- 
tion du  prolilèine  avait  été  le  but  principal  de  l'au- 
teur de  la  farle,  conslrui>it  un  in«lruuienl  à  peu 
près  seiiiblalile  à  celui  de  Guillen,  et  le  fil  oflVir  à 
l'emi  ereur  par  Lnpez  de  Vivero,  alcode  de  la  Co- 
rogne,  tpii  p:iitait  alors  pour  la  Flandre.  Gliarlis- 
Quint  ayant  demandé  l'avis  de  Santa-Cruz  sur  celle 
nouvelle  méiliode,  celui-ci  l'inslruisil  de  l'origine 
de  l'inveniion  du  moine,  el  le  prévint  do  n'en  pas 
espérer  plus  de  succès  (|ue  de  celles  de  Guillen.  Ce 
peu  de  conliance  de  Suinta -Cruz  en  un  système 
adopté  d'abord  avee,  l;int  de  chaleur,  dépendait  en 
grande  partie  des  avis  conlradicloiics  qu'il  recevait 
des  pilotes,  et  ce  fut  pour  fixer  ses  opinions  à  cet 
égard  qu'il  écrivit  au  vice-roi  de  la  Nouvclle-Kspagne, 
D.  .Viiii  nio  (le  Mendnza,  afin  qu'il  fil  vérifier  sur 
les  1  eux  la  variation  de  ra!.;;uille.  Mcndoza  lui  ayant 
répondu  que  l'dbserva'.ien  portait,  à  Mi'xico,  la  va- 
riation :>  environ  2-2°  50'  nord-est,  Santa-t'rtiz, 
étonné  de  ce  résultat,  et  désirant  aei|uérir  d'antres 
données,  partit  pour  Lisbonne  en  loiS  pour  pren- 
dre des  informations  auprès  des  pilotes  qui  suivaient 
la  navigation  des  Indes  orientales.  Il  parvint  a  se 
procurer  leur  routier,  et  se  mit  en  relation  avec  le 
célèbre  D.  Juan  de  Gastro,  qui,  durant  plusieurs 
Toyages  dans  l'Inde  avuit  dresse  une  carte  de  ces 
mers,  illustrée  d'une  description  historique  fort  cu- 
rieuse. Ge  n:jvigateur  en  avait  :iussi  construit  une 
autre  de  la  mer  Rouge  qu'il  avail  ex[dorée  jusqu'à 
Suez  (I),  et  les  lui  remit  toutes  les  deux,  avec  ses 
autres  manuscrils,  sous  la  condition  de  ne  les  mon- 
irer  à  personne  pendant  snn  séjour  en  Portugal.  It 
le  p-évint  en  même  temps  qu'il  ne  s'était  servi  de 
l'instrument  de  Guillen  que  pour  observer  la  varia- 
lion  à  terre,  attendu  qu'on  ne  pouvait  l'employer  à 
bord  à  cause  du  mouvement  du  vaisseau,  et  l'in- 
forma eu  outre  des  différences  qu'il  avait  observées 
sur  les  déviations  de  l'aiguille  dans  des  parages 
Irès-éloignés  les  ims  des  antres,  mais  presqoe  tous 
sous  un  même  méridien.  Ges  données,  qui  renver- 
saient tout  le  système  de  Sinl.i-Gruz,  furent  con- 
firmces  par  les  pilotes  porluga  s.  Ces  praticiens, 
mieux  iustruits  par  leur  propre  e.\|iérif;nce,  avaient 
cessé  de  faire  usage  de  l'instrument  de  Guillen. 
Cependant,  niidgré  ces  désappointements,  Santa-Giuz 
n'en  persévéra  pas  moins  dans  sa  croyance  sur  l'u- 
tile applicaiiiai  que  l'on  pouvait  faire  de  sa  niéiliode 
pour  la  navigation  de  Séville  à  la  Nouvelle- Espa- 
gne, surtout  si  les  variations  de  l'aiguille  riaient 
observées  en  divers  ])arages,  sous  les  mêmes  paral- 
lèles, p^r  des  hommes  intelligents  et  avec  des  ins- 
truments bien  construits. 

<  Santa-Gruz  joignait  à  un  esprit  ingénieux  une 
grande  constance  dans  ses  recherches,  et  savait  tiier 
de  ses  moindres  observations  des  conséquences  très- 
importantes.  A  son  retour  du  Rio  de  la  Plali,  il 
avail  remarqué  que  les  boussoles  des  Portug;iis  por- 

(!)  Voyez  r/linerHriMm  mnris  Rubri  de  ce  savant 
cité,  col.'lâôi. 


GEOGUAPHIQUE.  l-24i 

taicnl  les  lames  de  fer  aimanté  sous  la  fleur  de  lis, 
tandis  que  les  pilotes  espagnols  les  plaçaient  j"  5'i' 
513"  ou  1/2  quirt  de  compas  plus  à  l'est,  d'après  la 
variation  observée  alors  à  Séville.  <  Les  opinions 
des  pM:o:ophes  sur  les  causes  qui  produisent  le 
pliénoniène  des  variations,  dit-il  ,  sont  aussi  con- 
tradidoires  que  les  renseignements  des  pilotes  sur 
les  effets  qui  eu  émanent.  11  est  donc  fort  difficile 
de  cliei  cher  à  connaître  la  longiiude  d'un  lieu  avec 
ces  éléments,  et  l'on  devrait  naviguer  avec  plus  de 
circonspection  et  ne  pas  tenir  compte  de  toutes  les 
fausses  corrections  qui  ont  été  faites  sur  les  cartes 
marines  par  dos  ge:  s  qni,  se  /iant  aux  variations 
observées,  ont  porté  5°  plus  .tu  nord  toutes  les  iles 
et  les  terres  fermes  des  Indes.  ; 

I  Santa-Gruz  présente  comme  c  nquième  moyen 
pour  trouver  la  lougitndc,  l'observation  de  la  décli- 
naison du  soleil,  que  Séb.istieu  Cabot  avait  déjà  pro- 
posé eu  .Angleleiro.  Le  sixième  moyen  qu'il  indique 
est  celui  des  montres  marines  pour  la  mesure  du 
temps  vrai  qu'on  avait  commencé  aussi  à  mettre  en 
pratique  eri  employant  tour  à  tour  les  horloges  à 
rouages  d'acier  avec  leurs  cordes  el  leurs  poids  , 
puis  celles  à  cordes  de  guitare  el  de  métal ,  les  am- 
poulelies  à  sable,  celles  qu'on  remplissait  d'eau  ou 
de  mercure,  et  d'autres  instrumenis  analogues,  dont 
le  uionvemenl  se  Ironvait  réglé  pour  vingl-qnalre 
heuri  s  avec  l'aide  du  vent  ou  le  secours  de  mèclics 
allumées.  Mais  les  oscillations  du  vaisseau  et  les 
variations  furent  des  obstacles  invincibles  pour  ar- 
river, p.ir  les  moyens  restreints  d'une  mécanique 
naissante,  à  celte  exactiluile  rigoureuse  que  récla- 
maient des  observations  aussi  délicates  et  qu'il  était 
dû  au  xviii^  siècle  de  pouvoir  atteindre.  Enfin,  le 
fosinographe  de  Cliarles-Qnini  propose,  comme  sep- 
tième moyen  pour  obtenir  la  longitude ,  celui  des 
distances  de  la  lune  aux  étoiles  fixes  ou  aux  pla- 
nètes, méthode  dont  J.  Yerncrius  s'était  servi  avant 
lui.  Il  est  à  remarquer  que  Santa-Gruz  conslruisil , 
pour  ses  observations  ,  un  instrument  analogue  au 
cercle  asi.ronvmique  inventé  par  Apianus,  dent  il  n'a- 
vait pas  eu  conuaissance,  et  qu'il  s'alsiiiil  dele  ren- 
dre public  dés  qu'il  reconiuii  la  priorité  de  cette  in- 
venlion.  Toutel'ois,  il  coniinua  ses  recherches,  et  il 
remarqua  que,  lorsque  la  lune  se  trouvait  d.ins  l'c- 
eliplique,  les  observations  étaient  justes  et  d'autant 
plus  exactes  que  sa  latitude  élait  plus  grande.  Mais 
convaincu  enfin  de  l'insuffisance  de  sa  méiliode,  il 
abandonna  le  cercle  astronomique  pour  d'autres  ins- 
truments plus  compliqués  qu'il  modifia  ensuite  sans 
pouvoir  cependant  arriver  à  la  solution  du  pro- 
blème qu'il  cherchait  avec  lani  de  persévérance  el 
de  zèle. 

€  Telles  furent  les  investigations  de  Sanla-Crnz 
sur  celte  importante  question  :  persuadé  qu'il  na 
pourrait  parvenir  à  la  résoudre  sans  le  secours  de 
bons  instruments  astronomiques  ,  il  mit  tout  en  œii- 

navigaieur  et  le  mémoire  de  M.  oie  Sanl^rem,  déjà 


1215  BIBLIOGRAPHIE 

vrc  pour  y  parvenir,  soit  en  eonslrusanl  Iiii-niéMie 
ceux  (|ui  lui  parurent  devoir  contlnire  an  but  de  ses 
reclicrclies,  scii  en  corrigemt  les  imcieiines  tables 
astronomiques  ,  en  en  calculant  de  nouvelles  pour 
un  méridien  déterminé,  ou  bien  en  reeliiiant  la  posi- 
tion des  étoiles  fixes.  «  Ce  célèbre  cosmograpbo 
était  dans  la  bonne  voie,  dit  M.  de  Navarrete,  mais 
ni  la  mécanique  ni  l'optique  ne  pouvaient ,  à  celle 
époque,  prêter  des  secours  ;issez  puissants  à  l'as- 
tronomie pratique  ;  les  observations  et  les  ihéories 
niarcliaicnt  dans  le  vague  et  manquaient  de  cer- 
titude nécessaire  au  perfectionnement  des  lables 
des  mouvements  célestes.  »  Ajoutons  aussi  qu'il 
fallait  encore  trois  siècles  d'expériences,  qu'il  fallait 
le  concours  de  plusieurs  hommes  de  génie  et 
leurs  constantes  veilles  pour  arriver  à  ce  complé- 
ment de  la  science. 

f  M.  de  Navarrete  lermine  son  inléressanle  notice 
par  des  renseignemenis  précieux  sur  les  travaux 
clinrograpbiques  de  S:inla-Cruz.  En  1,'jGO,  Philippe  II 
cli:irgea  S(in  premier  cosmographe  de  dresser  un 
Isoiario  gênerai  de  toutes  les  iles  découvertes  jus- 
qu'alors, accompagné  de  riMiseignemonts  liisloriques, 
avec  des  inilications  sur  les  distances  et  les  gran- 
deurs relatives  des  dilTérents  pays.  Le  monarque 
désirait  que  ctt  ouvrage  fût  suivi  d'une  description 
complèie  de  toute  la  terre.  Sania-Cruz  entreprit  cet 
immense  liavail  et  eut  la  gloire  de  le  teiininer. 
Son  manuscrit  existe  à  la  bibliothèque  royale  de 
Madrid  sous  le  titre  iVl  oitirio  gênerai  del  munda  ; 
les  archives  des  Imles  ,  de  Sé^ille,  en  possèdent 
quelques  (iremieis  brouillons  avec  l'explictuio  i  dcs 
huit  lables  qui  l'ont  partie  de  l'ouvrage.  Kn  l^(i7, 
Sinta-Cruz  fut  nommé  membre  de  la  commission 
chargée  de  donner  son  avis  sur  la  léclamation 
adressée  au  roi  de  Poiingal,  en  1^2  ),  par  l'em- 
pereur Cllarle^-Quilll,  et  relative  au  dioit  de  posses- 
sion de  l'archipel  des  Pliiliiipines.  Il  s'agissait  de 
savoir  si  les  MoUiquest-l  plusieurs  autres  terres  voi- 
sines deva  eut  être  compi  ises  ou  non  daiis  les  limites 
dii  la  fameuse  ligne  de  répartition  concernant  les 
domaines  adjugés  pir  le  pape  à  la  couronne  de 
Casiille.  Dans  le  rapport  que  Sants-Oruz  rédigea 
sur  cette  affaire,  il  fil  s-enlir  les  préjudices  que  ces 
diflërends  en  matière  de  démurcitions  maritimes 
portaient  à  la  géogra|ih:e  ,  car  il  en  résultait  que  la 
plupart  des  cartes  hydrographiques  étaient  dressées 
d'après  des  indications  arbitraires  et  trûm|ieuses.  Il 
démontra  en  effet  qu'on  diminuait  les  degrés  de  loii- 
gimde  et  qu'on  rétrécissait  les  golfes  sur  un  grand 
nombre  de  cartes;  il  en  appelait,  pour  preuve  de 
son  assertion,  au  routier  de  Jean  de  Lisbonne  (Juan 
de  Lisboa),  célèbre  pilote  portugais ,  qui  avait  été 
dans  l'Inde  avec  Vasco  de  Gama,  c'est-à-dire  a  une 
époque  où  les  prétentions  et  les  rivalités  des  sou- 
verains sur  la  possession  do  cerlaines  lerrcs  n'exis- 
tant pas  encore,  ne  pouvaient  ,  par  conséquent, 
•Toir  motivé  aucune  altération  sur  la  position  géo- 
graphique des  pays  en  litige.  Il  résultait  de  celle  cb- 


GEOGRAPHIQUE.  1246 

servation  impurlante  qu'on  devait  accorder  peu  do 
confiance  aux  cartes  portugaises  dressées  depuis  l'an 
I."3il,  car  Sanla-Cruz  assurait  que,  pendant  sa  ré- 
sidence à  Lisbiiiine  en  134',  Pedro  >unés,  cosmo- 
graphe  du  roi  ,  avait  mandé  aux  bydri  graphes  por- 
tugais de  eomprendie  dans  hs  liin  tes  des  domaines 
de  la  couronne  certains  golfes  (|ui  se  trouvaient  sur 
la  roule  de  l'Inde.  On  répandait  dans  le  royaume  et 
à  l'étranger  un  grand  nombre  de  ces  fausses  cartes  ; 
les  boiiiies,  an  contraire,  c'est-à-dire  celles  dressées 
sur  dos  données  exactes  ,  n'éiaicnl  confiées  qu'aux 
pilotes  qui  devaient  les  déposer,  à  leur  retour  en  Eu- 
rope, à  l'administraiinn  des  Indes  établie  a  Lisbonne. 
Santa-Cruz  ajoutait  qu'il  avait  acheté  dan^  cette  ca- 
pitale plusieurs  caries  de  la  seconde  catégorie,  et 
qu'en  les  comparant  ensuite  en  Espagne  avec  une 
carie  portugaise  que  le  roi  fit  venir  tout  exprès  de 
Séville,  il  trouva  8*  50'  de  soustraction  pour  la  partie 
comprise  depuis  le  lac  Comori  jusqu'à  Malakka,  et 
tout  autant  pour  les  Mnlnques.  Cite  diiîierie  géo- 
graphique, en  influant  sur  la  construction  des  caries 
du  xvt"  et  du  xvii'  siècle,  occasionna  de  graves 
erreurs. 

I  Santa-Cruz  mourut  vers  l'an  1572,  et  tous  ses 
livres  et  ses  papiers  furent  remis  à  L"pez  de  Ve- 
laseo,  qui  lui  succéda  dans  l'emploi  de  cosmographe 
en  chef.  Outre  les  divers  maniiscrils  qu'il  avait  ré- 
digés ,  il  est  fait  mention  ,  dans  l'inventaire  dressé 
après  sa  mort ,  d'un  uoiivea»  traité  des  longitudes 
et  de  l'art  de  la  navigation  ,  différent  do  celui  dont 
M.  <le  Navarrete  a  rendu  compte  dans  sa  notice.  » 

Sclialer  (Williim),  consul  général  d'Amérique  à 
Alger,  publia  à  Boslon,  en  I82<i,  un  mémoire  sur  la 
régence  d'Alger,  où  11  s'efforçait  de  prnuver  les 
glands  avantages  qui  résulteraient  pour  riinnianitâ 
et  pinir  les  intérêis  de  l'Euri'pe  de  la  fondation  da 
colonies  anglaises  dans  ce  pays.  Il  disait  à  l'Angle- 
teire  que  les  Turks  seraient  forcés  de  cesser  leur 
piraterie,  que  les  nomades  indigènes  seraient  civili- 
sés peu  à  peu  ;  que  l'Eurnpe  enfin  tirerait  de  ce  beau 
pays  d'excellentes  productions,  et  qu'elle  rommuni- 
qneraii  par  là  facilement  avec  l'intéiicnr  de  IWfri- 
que.M.  Si  hiler,  eu  observateur  capable,  examinait  la 
régence  d'Alger  sons  le  rapport  géograpliiquo,  social 
et  commercial  :  ses  éludes  sont  profondes,  ses  ap- 
préciations exactes,  et  son  livre  n'a  été  dépassé 
par  aucun  des  nombreux  ouvrages  publiés  depuis  la 
Conquête  de  l'Algérie  par  la  France.  M.  Sclialer  por- 
tait la  population  d'Alger,  en  I82i,  à  50,000  âmes. 

Sctilieben  (A.  de),  a  publié  en  18-28  un  système  de 
géoiraphie  accompagné  de  iVotcs  historiques  et  d'un 
Allas,  5  vol.  in-S°,  Leipzig.  —  L'auteur  a  exclu  de 
son  plan  la  géogiaphie  niathémaiiqne  proprement 
dite;  et,  pour  éviter  l'aridilé  d'une  exposition  pure- 
ment géngrapliique,  l'auteur  rappelle  les  faits  histo- 
riques qui  ont  remlu  cei  tains  lieux  célèbres.  Les 
caries  <|ui  formeni  r.\.ilas  ont  été  dessinées  par  l'au- 
teur lui-même;  la  gravure  en  est  parfaite. 

Scluibert.  M.  G.-H.  von  Schubert»  fait  un  voyage 


BIRLIOGRAPIIIE  GEOGUAPHIQL'E. 


Mil 

en  terre  sainlc  en  lSâG-1857,  qui  a  paru  iu-S",à  Er- 
laiigen  en' 1858-1859.  —  Le  récii  de  ce  iiclerinage 
esi  un  vcriialile  modèle  :  l'aiileiir  esl  rempli  d'une 
foi  vive,  qui  se  renconlre  rarement  parmi  les  voya- 
geurs de  nuire  temps. 

ScTofani  (Xavier),  économiste  et  liisloriiMi  très- 
dislingni^  naquit  à  Molica,  en  Sicile,  vers  1750, 
d'une  fiiinille  patiicienne.  Il  est  mort  en  18-29,  à 
l'âge  (le  80  ans.  Il  visita  l'Arcliippl,  la  Morée,  la 
Kriniée,  l'Asie  lliiienre,  la  Syrie  et  l'Egypte.  —  Il  a 
laisse  un  Vuijnqc  en  Gièce  en  2  vol.,  ouvrage  l^rl  es- 
timé et  qui  ewt  un  grand  succès.  C'était  nn  homme 
instruit,  icfléclii,  impartial  et  d'un  goût  délicat. 

Sellia  (Al)on),  nidin»!  arménien  dn  xiv^  siècle,  au- 
teur d'une  liisioire  rjéograpMque  des  moiiautcres  iVE- 
gypte. 

Sellw-li{3.-].),  missionnaire  anglais,  a  pnb'ic  des 
Souvenirs  sur  iîte  de  Ceijlan,  après  nn  séjour  de 
trente  ans,  Londres,  18i4,  1  vnl.  iu-8°. 

Sli'rleij  (.Antuiiie),  voyageur  anglais,  né  en  l'GS 
et  mort  en  1631;  auteur  d'un  Voijnfie  aux  Antilles, 
d'un  Voynye  en  Pêne,  et  de  renseignements  géngra- 
plii(|ues  iutéiessanis,  mais  peu  connus,  sur  la  navi- 
gation de  la  mer  Caspienne,  sur  la  Russie  orientale 
et  sur  la  Perse. 

Siebold  (de),  naturaliste  lioUandais,  visita  le  Ja- 
pon eu  \^iS;  iria'S  il  fut  arrêté  par  le  gouvernement 
ombragent  de  ce  pays,  et  .snbii  une  dé  eution  de 
15  mois.  EnTin  il  Tut  mis  en  liberté  :i  la  Tin  de  1829, 
et  put  reveinr  en  Europe  avec  une  copie  de  la  Carte 
du  Japon.  C'est  ce  qui  avait  motivé  les  rigueurs  du 
giiuveruemenl  jiponais. 

Siesirzenceu'icz  île  Boliuay  (Stanislas),  arciievêque 
catholique  de  Mohiiew,  mélropidiinin  des  églises  ca- 
tholiques eu  Russie,  né  à  Zahludow,  diocé-ede  Wllna, 
mon  en  ISiG,  à  Samt-Péiershourg  ;  hisioriiu-géi)- 
graplie,  auteur  de  Recherches  liistoriques  sur  l'origine 
des  Snrmales,  des  Slaves,  et  sur  les  époques  de  leur 
eonversien  au  christianisme,  avec  caries  géographi- 
ques in-4"  et  in-S",  4  vol.  —  Cet  ecclés  astique  a 
composé  aus«i  l'Histoire  du  roijaumc  de  la  Ch  rso- 
nèse  Taurique.  avec  cartes,  10-4". 

Simencourt  (Edouard  iic),  gc"graphe,  auteur  d'un 
Allas,  d'une  géngraphii^  élémentaire  avec  cartes,  elc. 

Simpson  (Thomas),  de  18ôû  à  1859,  commandait, 
à  27  ans.  une  des  expéditions  géographiques  que  la 
compagnie  anglaise  de  la  baie  d'Ilndsoii  entreprend 
avec  tint  d'activité  dans  son  dom:iine  commercial. 
La  Relation  de  celle  expédition  parut  à  Londres  en 
1843,  après  la  mort  de  l'auteur,  qui  avait  été  Iné  par 
les  Indiens,  1  vol.  in-8".  L'ouvrage  n'a  pas  été  tra- 
duit en  français,  et  nous  le  regrettons.  Simpson  dé- 
veloppe ses  idées  >ur  l'origine  et  l'éiat  de  civilisa- 
lion  des  popnliiiions  indigènes;  il  croit  (|u'elles  ont 
reçu  beaucoup  d'éléments  de  la  civilsatinn  asiati- 
que, cnire  autres  l'usage  de  brûler  les  morts.  Les 
cartes  qui  accompagnent  l'ouvrage  ne  sont  pas  ce 
qu'd  offre  de  moins  important  pour  la  connaissance 
des  mers  polaires  australes. 


1248 

Slade  (Adcilplie),  officier  de  la  marine  anglaise,  a 
visité,  de  1S42  à  IS^iG,  la  Grèce  et  rem|)irc  Ottoman. 
Il  a  publié  son  Voy.ige,  qui  forme  un  ouvrage  de 
3  vol.  in-8o.  On  l'a  traduit  en  franç;iis.  Au  milieu 
d'aperçus  neufs  el  justes,  ou  retrouve  de  temps  en 
temps  l'esprit  ar-glais. 

Sloane.  M.  J.-F.  Sloane  a  voyagé  dans  les  plaines 
froides  et  couvertes  de  neige  de  l'Amérique  septeti- 
trion::le.  Il  a  publié  en  182  i  la  Ri'latbn  de  ses  voya- 
ges. Celle  relation  offre  une  p^irticnkirité  remarqua- 
ble :  c'est  que  l'auteur,  le  premier,  consiaie  que, 
dans  l'hiver,  el  tout  en  marchant  sur  la  glace,  les 
voyageurs  sont  tourmentés  par  une  soif  brûlaule 
aussi  vive  que  celle  qu'on  éprouve  dans  la  zone  tor- 
ride,  et  que  la  neige,  si  on  a  le  jiiallieur  d'en  man- 
ger, l'augmente  encore. 

Soi>rt'i'if/«  (Manuel),  religieux  espagnol,  auteur  de 
Voyages  nu  Pérou  dans  les  années  1791  à  1794,  el 
d'une  Description  géographique  et  lopogrnphique  de 
cette  va^le  con'rée  avec  caries,  2  vol.  in-S". 

Solauo-Bote  (le  général  D.-J.),  chargé  de  la  déli- 
mitation des  frontières  euire  les  possessions  de  l'Es- 
pagne et  du  Portugal  dans  l'Amérique  méridionale, 
pendant  les  années  1754  à  1765,  fit  des  voyages 
d'exploraii(ui,  écrivit  un  grand  nombre  de  descrip- 
tiirns  inléressaulcs  et  savantes  concernant  cette  partie 
du  monde.  Il  est  regrettihle  que  les  travaux  géogra- 
(diiqucs  de  cet  officier  actif  et  iufatigEble  ne  nous 
soient  pas  plus  connus. 

Sowienburg  (A.),  savant  allemand,  auteur  des 
Théories  et  des  faits  principaux  de  l  liistoire  de  la 
créiition  de  la  terre,  in- 8*,  avec  planches,  Brème, 
1813  :  ouvrage  riche  eu  observations  de  géographie 
physique,  mais  contenant  aussi  des  assertions  hasar- 
dées. 

Sonnernt  (Pierre),  voyageur  et  naturaliste  français, 
né  il  Ljon  en  1745,  mourut  à  Paris  en  1814.  Il  s'est 
surtout  lait  counaitie  par  son  Voyage  aux  Indes- 
Orienlales  et  à  ta  Chine  depuis  1774  jusqu'en  1781, 
2  v(d.  in  4°,  avec  figures  ;  Paris,  17!^2.  Sonnmi  en  a 
donné  une  nouvelle  édition,  augmeniée  eu  4  vol, 
in.8°,  avec  atlas.  —  Sonnerai  a  également  publié  son 
Voyage  à  la  youvelle-Guinée,  etc.,  etc.,  in-i",  avec 
figures  ;  P.iris,  1776. 

Souciei  (Etienne),  membre  de  la  compagnie  de  Jé- 
sus, est  l'auleur  d'un  grand  nombre  d'observations 
géographiques,  astroiumiiques  et  physiques  relatives 
à  niiudoustan  et  il  la  Chine.  11  est  bien  à  regretter 
qu'elles  ne  soient  pas  réunies  en  un  corps  d'ouvrage; 
car  si  elles  ne  surprissent  pas,  elles  égalent  du  moins 
les  meilleurs  ouvrages  en  ce  genre.  Le  P.  Souciet, 
savant  modeste  et  laborieux,  avait  un  mérite  du 
premier  ordre. 

Soulier  (E.),  de  Sauve  (Gard),  géographe,  aiilfttir 
d'un  Atlas  élémentaire  de  géographie  ancienne  et  mo- 
derne ;  d'un  Précis  de  géographie  ancienne  el  n:0' 
derne,  etc.,  etc. 

Spanheim  (Frédéric),  théologien,  n^iquit  à  Genève 
en  16.52,  et  mourut    le  18  mai  170).  Ses  ouvnge^ 


124)  BIBLIOGRAPHIE 

oui  été  recueillis  sous  ce  lilre  :  Opem  quaienns  roin- 
plecltmtur  geographiam  ,  chroiiolugiam  et  historiam 
sacra  m  et  ecclesiaslicain  ;  Leyde,  1701-03,  in-lol.,  5 
vol. 

Speed  (Jean),  naquil  à  Faningion,  conilé  île  Ciies- 
ter,  en  15S2,  d"une  l'uiiille  pauvre.  Il  e>t  l'aiiieur 
d'ouvrages  historiques  et  géo|,'rapliii|ues  rehiiifs  aux 
trois  royaumes  brilaiini(iues,  dans  lesquels  il  nionlre 
une  connaissance  approfondie  de  la  géographie,  de 
l'anliquilé  et  du  mnyon  âge. 

Spelinan  (Sir  Henri),  né  à  Conyhani,  près  de  Ly- 
nie-Uegis,  en  15G2,  devint  un  archéologue  et  un  phi- 
lologue disiingué. —  Il  est  auteur  de  plusieurs  ou- 
vrages, et  éditeur  d'une  collection  des  conciles  d'An- 
gleterre, avec  David  Wilkins,  qui  a  composé  un  ou- 
vrage qu'on  trouve  rarenieni  aujourd'hui  ;  en  xoici 
le  litre  :  Histoire  et  fatalité  des  sacrilèges ,  vérijiés 
par  (les  [ails  et  des  exemples. 

Spolin  (Frédéric-Aiiguste-Guillaume),  né  en  171)2, 
à  Dertniund,  en  We-lplialie,  et  mort  en  182i;  au- 
teur d'une  Disserlaliûti  sur  ta  géographie  d'Homère. 

Spon  (Jacob),  antiquaire,  médecin,  voyageur  et 
géographe,  né  à  Lyon  en  1647,  mort  en  1085.  — 
On  a  de  lui  un  Voyage  en  Grèce,  en  Dulmatie,  en  Ita- 
lie et  dans  le  Levant,  et  des  Observations  géographi- 
ques sur  ces  contrée?,  qui  ne  sont  pas  sans  valeur. 

Stanley  (Thomas),  auteur  d'une  Histoire  de  philo- 
sophie, naquil  i»  Cumberlow,  dans  le  comté  d'Hére- 
ford,  en  Angleterre,  on  ne  sait  pas  en  quelle  année, 
mais,  selon  toute  apparence,  entre  lG-21)  et  1630. 
L'un  de  ceux  qui  ont  écrit  saxie  assure  qu'il  mourut 
au  même  âge  que  Pic  de  la  Mirandole, c'est-à-dire  à 
31  ans,  ce  qui  retanlerajt  sa  naissance  jusqu'en 
IBiTjCiiril  est  mort  en  1678;  mais  le  plus  exact 
de  ses  biographes  dit  qu'il  mourut  à  l'âge  de  60  ans. 
U  est  l'auteur  de  VHistuire  de  la  pltilosopliie  chaldai- 
que,  ouvrage  bon  à  consulter  pour  la  géographie  reli- 
gieuse. 

S»op/iorsl  (Nicolas),  éciivit,  en  1723,  l'histoire  ec- 
clésiastique de  Haniliourg,  ouvrage  riche  en  docu- 
ments, mais  nianqiiani  de  critique  et  de  méthode. 

Stassart  (le  baron  Goswin-Joscph-Augusiin  di-), 
né  à  Malincs,  en  1780,  auteur  de  i  lusiuurs  ouvrages 
et  d'une  Géographie  élémentaire  ancienne  et  moderne, 
2  vol.  iii-S°. 

Staunton  (Georges),  voyageur  et  géngra[ihe  an- 
glais, a  lait  un  voyage  e.i  Chine  et  eu  Tariarie,  en 
17G2,  1793  et  91,  à  la  suite  de  lord  .Macartney,  am- 
bassadeur anglais  à  Pékin. 

Stavorinus  (J.-S.),  chef  d'escadre  hollamlais  de 
4768  à  1778,  voyageur  et  géographe,  auteur  d'O.''- 
servations  géoyraphiques  avec  caries  sur  le  cap  de 
Bonne-Espérance,  Batavia,  Samarang,  Macassar,  Am- 
boine,  Bantam  et  le  Bengale.  —  Ces  observations 
méritent  d'être  étudiées;  elles  annoncent  un  homme 
capable,  et  révèleni  un  hoinnie  de  mer. 

Stedman  (le  capitaine  J.-G.),  voyageur  et  géo- 
graphe anglais,  auteur  d'un  Voyage  à  Surinam  et 
dans  l'intérieur  de  la  Guyane,  avec  des  Noies  et  dos 


GEOGRAPHIQUE.  ii)-;o 

caries  géoLirapliiques,  3  vol.  in-S",  .'itlas  iti-io. 

Stcenlwom.  Le  capitaine  Sli  enhuoni,  de  h  marine 
hollandaise,  explora,  en  1828,  les  côtes  srpteuliio- 
nales  de  la  Noiivelle-Guihée  ;  il  y  découvrit  une  baie 
qu'il  nomma  baie  du  Tiiloii,  du  no.n  du  nav.re  qn'ii 
ciinimandait.  Il  lit  construire  un  fort  qu'il  appela  le 
fort  lias. 

Sicin  (le  docteur  Chrétien-Godefroy-Daniel),  pro- 
fesseur de  géographie  à  lierbn,  a  composé  pour  les 
gymnases  et  les  écoles  une  géographie  cléneinaiie 
qui  compte  une  vinglaive  d'éditions.  L'aut.  ur  n'a  pas 
toujours  puisé  à  de  bons  renseignements.  Son  ou- 
vrage laisse  beaucoup  .i  désirer  siiu5  le  rapport  reli- 
gieux. Il  y  a  émis  des  erreurs  lâcheuses.  —  Le  doc- 
teur Siein  est  mort  en  1830. 

Stevenson  (W.-B.),  voyageur  et  géographe  anglais, 
a  publié  un  Vogage  dans  l'Amérique  du  Sud,  au 
Gliili,  au  Pérou,  en  Colombie  et  dans  CAraicanie,  avec 
des  Observations  et  des  cartes  géographiques ,  3 
vol.  in-8°. 

Stevin  (Simon),  né  à  Bruges,  fut  nommé  professeur 
de  mathématiques  du  prince  Jlaui  ice  de  Nassau.  — 
H  est  l'auteur  de  plusieurs  ouvrages  utiles  et  estimés, 
et  d'un  Traité  des  ports  de  mer  que  Groiius  iradiiisit 
en  latin  sous  ce  lilre  :  De  porluum  invesligandorum 
ratione.  Il  prétend  que  la  langue  Uamande  est  la 
celtique. 

Strubon,  célèbre  géographe  grec.  Il  y  a  plusieurs 
traductions  de  sa  Géographie;  la  plus  estimée  es», 
celle  laite  par  .MM.  de  la  Porte  du  Theil,  Gosselin, 
Coray  et  Letionne,  3  vol.  in-4°. 

Symes  (le  major  Michel),  envoyé  anglais  dans  l'em- 
piie  des  Birmans,  en  17113,  a  éciit  des  Notes  gé(h 
graphiques  sur  cette  contrée,  ainsi  que  sur  file  dt 
Ceglaii  vl  sur  la  côte  onentule  de  l' Afrique,  5  vol.  in-8°, 
et  Allas  in-4°. 


Tachard  (Gui),  jésuiie  de  la  province  de  Guienne, 
mort  en  17(3,  dans  le  Bengale,  dont  il  fui  un  des 
premiers  apôtres.  Il  commença  ses  travaux  apostoli- 
ques par  les  colonies  de  l'Ainérique  méridionale  où 
il  resla  quatre  ans.  Avec  d'autres  jéMiiies,  il  suivit  le 
chevalier  de  Chaumont,  amba?sadeur  de  France  à 
Siam  ,  avec  le  lilre  de  maihémaiicien  de  France.  Il 
fit  deux  fois  le  voyage  de  Siam.  Il  passa  ensuiie  dans 
l'IIiiidoustan,  et  mourut  dans  la  provincede  Bengale. 
—  H  est  l'auteur  des  Deux  Yogages  ci  Siam  des  PP. 
Jésuites,  iii-4",  cartes  et  figures ,  avec  des  observa- 
tions asironoun'ques,  des  remarques  de  physique,  de 
géograpliie  et  d'Iiydrograpbie  ;  Paiis,  1680  et  1689. 
Les  observations  scientifiques  contenues  dans  ces 
deux  ouvrages  sont  généralement  exactes. 

Talbol-Dillon  (le  chevalier  Jean),  né  en  Angleterre, 
morl  en  1800,  a  rédigé  la  r.'lalion  de  son  Voyage 
en  Espagne  sous  le  rapport  de  la  géographie  botani- 
f/iic'  et  physique  de  ce  pays,  un  vol.  in-4*,  avec  des 
planches  qui  sont  exactes  et  bien  gravées. 

Tardieu  (Amhroise),  cartographe  et  géographe,  né 


riit  UIBLIOGRAPHIE 

à  Paris  en  1788  ,  aulcur  de  plusieurs  Allas  de  géo- 
grapliie  ancienne  cl  moderne. 

Tardieii  (Anloine-Françcii»),  carlogr.iplie  et  géo- 
graphe, né  à  Paris  en  1757,  ei  mort  en  18.2;  au- 
teur de  plusieurs  All;is  géograpliiqiies. 

Taschereaii  (Doiu  Jacques),  bénéJiciin  do  la  con- 
grég;uion  de  Saiui-Maur,  el  Taschereau  (Duiii  1  ierre- 
llcnri),  de  la  nicnie  congrégaiion,  ont  coopéré  à  la 
réJaclion  de  riniponant  ouvrage  intitulé  :  Gallia 
Chrisliuna. 

Tcismim  (Abel-Jansseii),  uij  des  plus  grands  navi- 
gateurs du  xvii«  siècle  ,  n'a  peut-être  pas  j  iui  de 
toute  la  célébrité  qu'il  niériiait,  parce  que  les  Hol- 
landais, ses  compatriotes,  ont  négligé  de  faire  con- 
naître les  importanis  services  qu'il  a  rendus  à  la 
géographie.  On  ne  connaît  de  Tasmau  que  ses  voya- 
ges el  sis  découvertes  ,  avec  très-peu  d'écrits  qui  les 
concernent.  Après  les  premiers  navigateurs  portugais 
et  espagnols,  c'esl  bien  cerlainemeni  Tasnian  «lui  a 
rendu  le  plus  de  services  aux  sciences  géographi- 
ques. 

Tavernier  (Jean-Baptiste),  célèbre  voyageur,  né  à 
Paris  en  1605  ,  voyagea  en  Europe  et  en  Asie.  La 
relation  de  ses  Voyages  en  Turquie,  en  Perse  el  aux 
Indes,  a  eu  plusieurs  éditions.  La  meilleuie  est  de 
1679,  iu-8°.  — Taverniur  a  quelquefois  exagéré, 
souvent  même,  surtout  en  ce  qui  concerne  i'enipire 
Ilindoustau-Mongul ,  sur  lequel  il  donne  du  reste 
des  explications  très-amples,  qui  dcviennetil aujour- 
d'hui d'autant  plus  utiles  pour  l'histoire,  que  cetem- 
pire  a  disparu  el  a  été  remplacé  par  l'empire  liin- 
doustan-anglais. —  Tavernier  était  (ils  d'un  marchand 
de  caries  géographiijues.  11  mourut  .i  Moscou  ,  en 
1689. 

Tchiltaiclieff  (Pierre  de),  voyageur  el  savant  russe, 
auteur  d'un  Votjaijc  en  Sibérie  ,  dans  les  gioupes  de 
l'Aliai  russe  et  dis  montagnes  Siyanes,  exécuté  en 
184'2;  d'une  Carte  générale  de  l'Altaï  et  dei  monts 
Sayanes ,  bien  exécutée.  —  Cette  carte  embrasse  nn 
espace  «rcnviron  700  kilomètres  de  î'esl  à  l'ouest,  et 
de  800  kilomètres  du  nord  au  sud,  el  de  près  de 
SCO,OCO  kilomètres  cairés,  c'est-à-dire  presque  aussi 
grand  que  la  France.  Les  points  extrêmes  de  cet 
espace  sont  Semipalatnisk,  Toii^sk  et  Krasnoyarsk. 
Le  beau  lac  de  Téleizk,  long  a  lui  seul  de  70  kilo- 
mètres, c'esi-à-dire  plus  grand  que  le  lac  de  Ge- 
nève, en  occupe  la  partie  ceniiale.  Cet  espace  s'ap- 
puie sur  la  frontière  chinoise  depuis  l'Irlysch  jus- 
qu'au mont  Cliabina-Dabahane ,  dans  la  chaîne 
Sayane,  sur  une  longueur  de  plus  de  (00  kilomètres. 
Il  comprend  toutes  les  soiuces  du  fleuve  Oh,  et  s'é- 
tend entre  les  rives  de  l'Irtysch  (  t  du  V'enisséi,  qui 
l'un  et  l'autre  prennent  leur  source  dans  les  ()osseS- 
sions  chinoises,  pour  te  diriger  vei  s  la  mer  Gaclalc, 
à  travers  les  va>ies  plaines  sibérien  les.  Il  est  arrosé 
en  outre  par  plu^ieurs  rivières,  telles  que  la  Boulili- 
lariiia  ,  l'Aléi,  l'Arynhyte,  laTcboiiy.i,  l'Abakane  ,  le 
Tcbouitiyche,  l'isaia,  le  Tome  ,  qui  par  le  dévelop- 
pement de  leur  cours  et  par  le  volume  de  ieura 


GEOGRAPHIQUE. 


1222 


eaux,  peuvent  être  assimilées  à  de  grands  fleuves. 
—  L'Altui,  plis  dans  .'-on  ensemble,  et  sauf  ipielques 
exceptions  locales  ,  est  assez  peu  piiioresi|ue;  il  a 
l'aspect  monotone  particulier  aux  m  nitagots  de  l'A- 
sie centrale.  On  remaniue  d ms  l'Altaï  or.eotal  le 
développenicnl  à  perte  de  vue  de  ces  lignes  droites 
et  sans  vie  (jui  fatiguent  si  forl  lo  ngaid  du  voya- 
geur. On  rencontre  souvent  dans  l'Abaï  de  grands 
plate.iux  à  sommets  planes  et  déprimés  qui  à  leur 
tour  donnent  naissance  à  l'on  des  phéiiomèiies  les 
plus  caractéristiques  d?  ces  contrées  ;  savoir,  la 
fréquence  de  vastes  nappes  de  niaiais  couvrant  des 
surlaces  cl«vées,  et  rapi^elanl  sur  une  piUS  grande 
échelle  les  fngnis  de  l'Ai  Jeune  el  de  l'Lifel.  —  -M.  de 
TcbilialcbcU  est  un  savant  qui  mérite  d'occuper  une 
pijce  distinguée  dans  le  monde  géographique. 

T  liiez  (Balthazur),  né  à  Lisbonne  en  lo9o,  entra 
dans  la  compagnie  de  Jésus,  et  mourut  en  16Û5.  lia 
composé  sous  ce  titre  :  Uhioria  gencruide  Eih.opia, 
l'Histoire  générale  de  la  haute  Ltliiopie  et  des  éia- 
blissemenis  des  jésuites  dans  ce  royaume.  L'ouvrage 
parut  à  Cojinbre,  en  1660,  in-fol.  Il  est  exact  et 
bienéciit,  mais  il  est  devenu  très-rare. 

Terri/  (Ed.),  voyageur  anglais  ,  né  en  1590,  au- 
teur d'un  Vogaye  aux  Indes-Orieulales,  publié  en 
11)55. 

leieira  (Pierre),  historien  et  voyageur  portugais , 
naquit  vers  l'an  1-^70  ,  nKiis  on  ignore  le  nom  de  la 
ville  où  il  a  pris  naissance,  l'année  et  le  lieu  de  sa 
mort.  Tourmenté  de  la  passion  des  voyages,  il  partit 
de  bonne  heure  pour  l'Asie.  11  est  l'auteur  de  l'ou- 
vrage suivant  :  lielacionet  de  Pedio  Texeira  del  ori- 
(jen,  descendencia  y  succesion  de  los  reges  de  Persia 
y  de  Hoimuz,  y  de  un  visage  lieclio  par  el  nvsmo  au- 
tor  dende  ta  India  oriental,  hnsin  Jialia  par  lierra, 
1610,  petit  in-S°. 

Théi'cnoi  (Jean  de),  voyageur  ,  né  à  Paris  le  6  juin 
1653,  reçut  une  éducation  soignée.  On  a  de  lui  : 
1"  l  oyage  au  Levant,  contenant  diverses  particularités 
de  rArchipel  ,  Cciistaniinople,  de  lu  Terre-Sainte, 
Egypte,  des  déserts  de  l'Arabie ,  de  ta  Mecque,  etc.; 
2"  Voyage  contenant  la  relation  de  CUindoustan  ,  des 
notneaux  Moyols  et  des  aulies  peuples  et  paysde^  In- 
des. Il  mourut  à  Miana  le  i8  novembre  i0ii7. 

Tliévenoi  (Melchisédech  ,  voygeiir,  né  à  Paris 
vers  1620  ,  munira  un  désir  exlrénie  de  vo  ries  pays 
étrangers.  On  a  de  lui  :  liJatiou  det  royamnet  de 
Jolionda,  Tannasery,  /"«./uet  aulressitiiés  d,iiis  1  llin- 
doiistan  et  l'empire  Birman;  2*  Desatp.ion  géogra- 
pliiijue  de  l'empire  de  lu  Chine. 

Ihorn  (\Villiani),  voyageur  anglais,  est  auteur 
d'un  Voyage  dans  l'ilindonstan,  avec  la  discriptioii 
géograph.qiie  de  ce  pnys. — Depoisque  l'Ani-leierre, 
au  xvin'  siècle,  s'tst  établie  dans  i'Inde,  les  An. lais 
ont  considéiablenient  écrit  sur  ciiie  iiniiiuiise  cim- 
tréj  ;  et  cependant  elle  est  loin  d'être  connue  i  om- 
plétement  sous  le  rapport  géograplii  pie.  C  la  tient  à 
ce  que  presque  tous  les  auteurs,  au  lieu  d'eludier  les 
localités  qu'ils  parcourent ,  se  livrent  à  des  disseila- 


12;:5  BIBUOGUAPHIE 

lions  à  perle  de  vue  siir  le  gouveineiiieiit  du  pays 
p;\f  la  coriipagiiie  ;iiiglaise. 

Tliuiibeig  (Cliark'S-Pierre),  célèbre  botaniste  sué- 
dois, élève  de  Linné,  vint  en  France  en  1770.  En 
1771,  il  se  rendit  au  cap  de  Ronne-Espérance,  puis 
an  Japon,  et  ensuite  à  l'ile  de  Oylun.  H  ninnrul  en 
1798.  —  Il  est  auteur  d'un  Voyage  au  Jupon,  2  vol. 
in-S°ei  in-8°,  179G.  Ce  livre  est  estimé  et  niérile 
do  l'èlre. 

Tielfenthaler  (Josepii),  niemlire  de  h  société  de 
Jésus,  a  rédigé  une  Géoijraphie  de  l'Hindouslan,  et 
a  exécuté  lui-même  les  caries  <\m  accomi'agnent 
l'onvr.ige.  C'est  un  des  meilleurs  livres  pnijl.és  sur 
riiide  ,  et,  quoique  depuis  un  demi-siècle  on  ail  con- 
sidérablemenl  écrit  sur  ce  pays ,  l'ouvrage  du  P. 
Tielleniliali;r  conserve  toujours  sa  place. 

Tissoi  (Jean-.Maurice),  né  à  Pontarlier  ,  mort  en 
1630;  auteur  d'une  Carte  du  conilé  de  Bourgogne 
en  4  feuilles,  en  i6l-l,  et  d'une  Description  dei  mo- 
nastères et  abbayes  du  diocèse  de  Uirsançon. 

Topino  (Don  Vincenie),  savant  malliéinalicicn  et 
astronome  esp:'.giiol,  né  en  Andalousie  en  1731  , 
mort  en  liOti  ;  auteur  d'iui  Routier  des  côtes  d'Espa- 
gne sur  tu  Méditerraitnéd ,  el  d'un  liuutier  des  côtes 
d'Lspaiine  sur  l'Océan  atlantique. 

Tornamira  (Doni  Pierre-Anioine),  bénédictin  de  la 
congrégation  du  Mont-Cassin,  né  à  Alc:imo  en  Si- 
cile en  1618.  Curieux  de  manuscrits  et  d'aniiquilés, 
habile  dans  l'art  de  décliiflrer  les  anciennes  inscrip- 
tions, il  s'y  appliqua  avec  tant  d'assiduiié,  qu'il  en 
perdit  la  vue.  Il  mourut  aviujjle  en  16S1.  —  On  a  de 
lui  inie  Histoire  sur  l'orig'me  et  les  progrès  de  f  ordre 
de  Saint-Benoit  en  Sicile. 

Tornii'l  (Augustin),  docteur  en  médecine,  né  à 
Novare  en  lj-i3,  mort  en  1622,  religieux  barnabiic. 
Il  Cbl  auteur  des  Annales  sacri  et  profani,  depuis  le 
commencement  du  monde  jusqu'à  Jésus-Christ,  en 
2  vol.  in-fol.,  Anvers ,  1C2U.  C'est  la  nieil  eure  édi- 
tion. Cet  ouvr:igeest  lait  avec  niéibode  et  clarté,  et 
les  dirficultés  de  géographie  y  sont  éclaircies  en  ce 
qui  concerne  les  livres  saints  et  les  historiens  pro- 
fanes. 

Toscanrili  (Paul  del  Pozzo),  dit  Paul  le  Pliysicien, 
géographe  et  asironome,  né  en  13'J7,  à  Florence. 
Consulté  par  le  clianoine  Ferdinand  Maitinez,  de  la 
part  d'Alphonse  V,  roi  de  Porlugal,  et  par  Clirislo- 
phe  Colomb,  sur  la  réalité  de  nouvelles  terres  el  la 
possibililé  de  les  trouver,  il  répondil  affirmativement. 
Sa  réponse  esi  daiée  du  25  juin  147  i.  Elle  se  trouve 
dans  l'ouvrage  du  jésuite  \imeny,  iniiiulé  ;  Deliec- 
chio  nuovo  gnvmone  Florcntino.  Toscanelli  mourut  à 
Florence  en  1482. 

Tosti  (Don  Louis),  ablié  du  Mont-Cassin,  a  com- 
posé une  Histoire  de  celte  célèbre  abbaye,  en  plu- 
sieurs tomes  qui  ont  paru  à  Naples  eu  ISiô  el  1814. 
Cei  ouvrage,  rédigé  avec  sagacité,  soin  et  exacti- 
tude, est  fort  important.  Il  fait  bien  coiinaiiie  la 
géographie  de  l'abbaye  et  de  tous  les  environs,  ainsi 
que  les  nombreuses  vicissitudes  qu'elle  a  éprouvées. 


GEOGRAPHIQUE.  1234 

Tourncforl  (Joseph  Pitlon  de),  né  :i  Aix  en  Pro- 
vence, en  16a6,  d'nne  famille  noble,  célèbre  hoia- 
niste,  mort  en  17l8;  auteur  d'une  lielation  d'un 
voyage  au  Levant,  fait  par  ordre  du  roi,  inipriniéc  au 
Louvre,  1717,  2  vol.  in-4". 

Tr«i(/  (G.  William),  officier  anglais,  s'est  acquis 
une  réputation  par  une  Esquisse  slaii>tique  du  lia- 
maon,  province  de  l'Jlindoustan,  Calcutta,  182^. — 
Celle  esquisse  est  ce  qui  a  été  ccrii  de  plus  complet 
sur  cette  province. 

Trangolt  de  Cersdorff  (Adolphe),  né  dans  la  haute 
Lusace  en  17'!,  mort  en  1807;  géographe  natura- 
liste, auteur  d'un  Essai  sur  les  montaynes  des  Géants 
(qui  séparent  la  Bohème  de  la  Silésie)  el  de  plu- 
sieurs autres  Mémoires  géograph'tqves. 

Tranyott-Plant  (]fA\\),  né  à  Dresde  en  1758,  mort 
en  1794;  auteur  d'un  Manuel  d'une  géographie  com- 
plète de  la  Polynésii',  ou  la  'i*  p;irlie  du  inonde  ;  Leip- 
zig, 17i/3. 

Trigand  (Charles),  docteur  de  Sorbnnne,  curé  de 
Digoville  en  ba«se  Normandie,  né  en  1691,  mort  en 
1704  ;  auteur  d'une  Histoire  ecclésiastique  de  la  pro- 
vince de  Normandie,  i  vol.  in-4". — L'ouvrage  s'ar- 
rête au  Mv^  siècle,  et  contient  de  profondes  recher- 
ches sur  la  géographie  ecclésiastique  de  la  pro- 
vince, 

Trignult  (Nicolas),  jésuite,  qui  travailla  aux  mis- 
sions de  la  Chine,  est  auteur  d'un  Dictionnaire  chi- 
nois en  3  vol.  impiimés  à  la  Chine. 

Tioost  (P.),  lieutenant  de  la  marine  hollandaise, 
a  fait  nn  voyage  autour  du  monde  dans  les  années 
182-4,25  6126;  et  il  en  publia  la  relation  en  1829 
sous  le  litre  d'Observations  faites  dans  un  voyage  nu- 
tour  du  monde  sur  la  frégate  la  Marie-Reiger-berg  et 
la  corvette  Pollux  ;  Rollerdam,  grand  in-S",  avec  figu- 
res.— L'auteur  a  cherché  par  son  liavail  à  enrichir 
les  sciences  géographique  et  eiliii('graplii(|ue.  Nous 
ne  croyons  pas  que  cet  ouvrage  ait  éié  iiaduil  en 
français. 

U 

mioa  (0.  Antoine  di'),  lut  un  des  hnninies  qui  ho- 
norèient  le  plus  l'Espagne  an  xviii'  siècle  par  ses 
longs  et  miles  services  comme  géographe  et  nav  ga- 
leur.  Il  naquit  à  Sévillele  12  janvier  1716.  Il  publia 
un  ouvrage  sous  ce  titre  :  lielalion  historique  du 
voyage  fait  à  l'Amérique  méridiomûe ,  par  ordre  du 
roi,  pour  mesurer  quelques  degrés  du  méiidien  et 
connaître  la  véritable  figure  et  grandeur  de  la  terre 
avec  diversrs  observations  asironomiqne?,  physiques, 
etc.  U  mourut  dans  l'île  de  Léon  ,  le  3  juillet  17jS. 

Vslter  (Jacques) ,  né  à  Dublin  en  1.580,  étudia  dans 
l'uniieisilé  de  Dublin,  élal.lie  par  Henri  do  L'sher,, 
son  oncle,  archevêque  d'Armagh.  Jacques  I"^'  le 
nomma  à  rarchevèché  d'Armagh.  Il  mourut  en  ICàS, 
en  laissant  pln-ieurs  ouvrages.  Nous  citerons  YAnti- 
quilé  des  églises  britanniques  ,  Londres ,  l(i87.  —  Il 
donne  à  ces  églises  une  antiquiié  qui  n'est  pas  tou- 
jours appujée  pa,'  des  docuiiieuts  historiques  inc.on' 


l5sS  BIBLIOGRAPHIE 

lesiables.  C'éiait  du  reste  un  érudit  ei  un  savani  de 
premier  ordre. 

(Jsuard,  béuédiclin  du  ix«  siècle,  est  auteur  d'un 
Martijrologe  qu'il  dédia  à  Cliarlos  le  Clmiive.  Les 
nieilliiires  édiliciiis  snrii  celle  de  Molanus  à  Loiivaln 
en  lijtiS,  lu  8",  et  celle  du  P.  SuILcr,  jesuiie,  iii-lul., 
Anvers,  171-4,  qui  esi  curieuse  et  faite  avec  soin. 

V 

Vailhiit  (François  le) ,  voyageur  et  géngraplie,  né 
en  1755  à  Paramaribo,  ila'is  la  Guyane  hollandaise, 
mort  en  1824.  Il  visita  plusieurs  foi>  rArriipie  au- 
strale. —  Il  est  l'auteur  de  Yoijarjes  dajis  l'iiiléiieur 
de  l'Afrique  ^ar  le  cap  de  Boime-Espérance ;  Paris, 
1803,  5  vol.  in-4°,  ou  u  vol.  in-8°,  aveciaries. 

Xukieite  (Doni  Dominii|ue-Josepli)  ,  bénédictin  de 
la  congiégaiidu  de  Saint-Jlaur,  né  à  Gailincen  ItiSS, 
mort  en  175ij;  auteur  d'une  Céugrafihie  historique, 
ecclésiiisiiqne  et  civile,  avec  cle^  cirtes,  12  vol.  in-12; 
d'une  Géographie  universelle,  i  vol.  in-I";  d'une 
Histoire  générale  de  la  province  de  Languedoc,  o  vol. 
in-fol. 

Valart  (Jose|ili),  prêtre,  né  en  1098  au  hameau  de 
Sortel  près  d'Ilcsdin,  mort  en  1781  ;  auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages  classiques,  et  d'une  Géographie. 

Vakarcel-Pio  (Don  Anioine) ,  comle  de  Lmniarès, 
antiquaire  et  géographe,  né  à  Alicanie  en  1738,  morl 
en  UOi  ;  auteur  d'une  Description  de  Lucentum,  ville 
ancienne  du  royaume  de  Valence,  en  Espagne,  etc. 

Oviedo  y  Valdez  (Gonz.ilvc-Ferd.  d') ,  voyageur  et 
Listorien  espagnol,  né  à  Madrid  en  1-478,  intendant 
d'ilaïii  (Saint-Domingue)  de  1538  à  1545;  auteur 
d'une  Histoire  générale  et  naturelle  des  Indes-Ucci- 
deiUales,  in-fol. 

Valentia  (le  coniie  Georges) ,  voyageur  et  géogra- 
phe anglais.  —  Nous  avons  de  lui  :  Voyages  dans 
l'Hindouslan,  à  Ceyian,  en  Abyssinie,  en  Egypte,  sur 
les  côtes  de  lu  mer  Houge  pendant  les  années  lc03-06, 
avec  cartes. 

\alenlin  (Louis),  médecin,  né  à  Soulanges (.Marne), 
mort  en  18:10  ;  auteur  d'une  Céoyrapliie  des  Eluls- 
Vnis,  exacte  ei  eiliniéc ,  et  de  plusieurs  .Mémoires 
rel:itifs  à  la  géographie  médicale  de  diverses  contrées 
du  globe. 

Valsequa  (Gabriel  de)  ,  de  Mayorque  (iles  Baléa- 
res),  auteur  (I43'j)  d'une  Carte  geographi(|ue  nauti- 
que qui  a  appaitenu  à  Améric  Vespuce,  puis  au  car- 
dinal d'Espuig  et,  à  noire  époque,  au  coniie  de  Mon- 
ténégro. 

Yan-Couver,  capitaine  anglais,  navigateur  d'un 
mérite  incontestable,  exécuta,  de  17U0  à  1733,  un 
vt.yage  autour  du  monde.  La  grande  île  située  sur  la 
côie  nord-onesl  de  l'Amériipie  reçut  son  nom  ainsi 
que  criui  de  Quadra,  qui  était  le  nom  d'un  amiral 
espai;n'>l  avec  leqnt-l  Van-Couver  explorait  ces  para- 
ges. M.ijs  l'ile  est  [iltis  connue  suus  le  nom  seul  de 
Van-Cnuver. 

Vdiulermnelen  (Plii'ippe),  gengraphrt  ,  anlcur  de 
1  Allas  unicersel  de  la  géographie  physique  de  toutes 


GEOGRAPHIQUE.  iàS'J 

les  parties  au  monde  ;  d'un  Dictionnaire  géographique 
du  Luyemlourg. 

Vfl«rfe)-Vi/)ic/i((Luc-Ji)^cpli),  né  à  Gand,  en  1C9I, 
d'une  ancienne  lamille  de  Klamlre,  mort  en  I77i1  à 
Gand.  Il  \(iyai;ea  en  Fraure,  en  Italie  >  l  en  Allema- 
gne. —  Il  est  auteur  de  Ménmircs  d'un  Voyage  fait 
en  1724  et  1725  dans  ces  trois  pays.  CtS  mémoires 
ïoni  bons  .à  consnlier  pcnir  ci'riains  renseiiiiienienls 
qu'ils  CDiilieniient.  Il  est  aussi  auteur  de  iléihoires 
sur  les  moi.astères  et  les  abbayes  des  Paijs-llns. 

Vunsleb,  religieux  lioininicain,  lit  un  voyage  en 
Egypte  dans  le  \\\i'  siècle.  A^on  relmir  en  France, 
il  publia  la  Relation  de  ce  voyage,  ainsi  qu'une  H.s- 
loire  de  l'Eglise  d'Alexandrie.  Ce?  ileus  ouvi.  gi^s  ne 
sont  p:is  sans  inéiiie,  et  renferineul  des  cléiails  alors 
peu  connus  sur  le  palriaical  d'Alexandrie,  aiurflois 
si  illu-lri',  et  que  le  P.  Vansleit  chcrcliaii  s  ns  le  dé- 
couvrir mdle  pari.  Enfin,  il  le  renciintra  dans  tin 
quariier  obscur  tlii  Yieux-Cairf.  De  son  lenij  s,  l'E- 
glise d'Ali'xaiidi  ie  n'exisi.dt  déjà  plus. 

Varenius  (l'ernard),  ilullaudais  ,  et  habile  mé- 
decin ,  auteur  d'une  Description  du  Jupon  et  du 
royaume  de  Siam,  en  latin,  in-8°,  en  1G73  ;  et  d'une 
Céjgraphie  physique  en  4  vol.  in-12.  —  Cet  ouvrage 
a  été  fort  esiiiné,  et  Newton  y  a  ajouté  des  noies; 
mais  il  renferme  des  idées syslém.itiques, et  d'ailleurs 
il  n'est  plus  en  rappurt  avec  les  progrés  des  sciences 
physiiiues. 

Yaugondy  (Didier  Robert  de),  morl  à  Paris  en 
1786;  auteur  de  plusieurs  Atlas  de  géographie 
ecclésiastique  ;  d'un  Essai  sur  l'histoire  de  la  géogra- 
phie,  etc.  etc. 

Vaugondy  (Gilles-Uobert  de),  né  à  Paris  el  mort 
en  1766,  géographe  st  cartographe  ;  auteur  de  plu- 
sieurs A(/(is  de  géographie,  d'une  Géographie  sacrée  et 
historique,  etc.,  etc. 

Vaysse  de  Villiers  (Regis-Jean-Françuis),  né  à 
Rodez  en  17157  ;  Auleut  ii' nue  Géographie  comp'.èle, 
hisorique  el  pittoresque  de  la  France  et  de  Cltalie, 
(j  vol.  in-8°,  avec  caries. 

Velardez  (le  P.  Mnrillo),  religieux  mathémalicien- 
géographe;  auteur  li'me  Curie  hydrographique  el 
chorographique  des  iles  Philippines,  Manille,  1731. 

Yespitcci  (Amerigo),  dit  Améric  Vespuce,  né  à  Flo- 
rence, en  1 431,  d'une  famille  distinguée,  connaissait 
la  physique,  l'astronomie  el  la  cosmographie.  En 
1497,  il  fil  de  Cadix  son  premier  voyage  sur  les 
traces  de  Colomb.  En  1499,  il  exécuta  un  second 
voyage,  puis  un  troisième  en  liOl,  pour  le  compte 
d'Einnianuel ,  roi  de  Purlugal;  un  quatrième  eu 
1505,  et  un  cinquième  en  1507.— Les  IndesOciden- 
lalcs  (ainsi  s'appelait  la  partie  du  monde  nouvelle- 
iiienl  dérouverle)  prirent  le  nom  d'Amérique  sans 
qn'Améric  Vespuie  l'eût  demandé,  sans  nicme  qu'il 
y  eût  songé;  car  il  était  modeste.  Il  mourut  en  1516, 
au  service  du  Portugal.  Ainsi  la  gloire  de  dminer  son 
nom  aux  terres  nouvellement  découvertes,  gloire  qui 
Ui  paiienail  de  droit  à  Christophe  Colomb,  revint, 
par  ua  concours  de  circonsuiues  fortuites,  à  celui 


Hbl  BIBLIOGRAPHIE 

qui  les  svail  reconnues  en  second. — Toutes  les  géo- 
graphies  élémentaires  destinées  à  l'insiruclion  de  la 
jeunesse  sonl  absurdes  à  l'égard  d'Amcric  Vespuce, 
coniinc  en  beaucoup  d'autres  choses.  Elles  eu  font 
un  aventurier  qui  eut  du  bonheur  et  de  la  gloire, 
sans  trop  savoir  pourquoi. — Améric  Vespuce  était  un 
homme  capable,  d'une  haute  intelligence,  d'un  ca- 
ractère énergique,  opiniâtre  et  patient,  d'une  ins- 
irucliiin  supérieure  pour  son  temps.  11  avait  la  vertu 
Je  la  modestie  et  le  talent  du  silence,  qualités  émi- 
nentes  pour  réussir  auprès  des  grands  et  des  puis- 
sants ;  il  évitait  de  se  prévaloir  de  sa  gloire  et  de  ses 
services;  tandis  que  Christophe  Colomb  récriminait 
publiquement  contre  ses  envieux,  et  rappelait  avec 
une  chaleureuse  indignation  l'ingratitude  du  gouver- 
nement espagnol  à  son  égard  en  présence  de  tout  ce 
qu'il  avait  fait  pour  l'Espagne.  C'est  donc  dans  la 
différence  des  deux  caractères  qu'il  faut  chercher 
l'explication  de  la  différence  de  position  de  ces  deux 
hoiiimes  illustres. — Améric  a  laissé  un  journal  de 
quatre  de  ses  voyages,  imprimé  en  latin,  Paris,  1532, 
et  ensuite  traduit  de  l'italien  en  français,  lolO.  Les 
exemplaires  en  sont  fort  rares. 

Valver  (Francisco-Yicenle  de),  premier  évêque  du 
Pérou,  écrivit  sous  ce  litre  :  flelacion  de  las  ijuerras 
Piiarrosy  Almagros,  une  relation  des  guerres  que 
Pizarre,  ce  lieutenant  entreprenant  et  audacieux  de 
Cortez,  eut  à  soutenir  dans  son  expédition  du  Pérou. 
Celte  Relation  est  restée  manuscrite  aux  archives 
générales  des  Indes  à  Séville.  C'est  un  mallieur  qu'elle 
n'ait  pas  été  publiée  ;  car  elle  renferme  des  notions 
curieuses  sur  les  populations  indigènes  du  Pérou  et 
du  Chili,  lors  de  l'arrivée  des  Espagnols  dans  cette 
partie  de  l'Amérique. 

Vigne.  M.  Vigne  (G. -F.),  voyageur  anglais,  a  pu- 
blié un  Voyage  dans  la  vallée  de  Ka^hmir,  à  Iskardo 
et  Laddak  dans  le  petit  Tbibet  et  dans  les  monts 
Himalaya,  2  vol.  in-8°,  Londres,  1842,  avec  une 
carte  exécutée  par  M.  Court,  aux  frais  de  la  com- 
pagnie des  Indes. — Les  nombreux  renseignements 
que  ce  livre  fournil  aux  sciences  géographiques  le 
rendent  recommandable  et  précieux.  Nous  n'en  con- 
naissons pas  de  traduction  française,  et  c'est  vraiment 
fâcheux. 

Vogel  (Jean-Guillaume),  minéralogiste,  né  le  U 
mars  1C57,  dans  le  duché  de  Cobourg.  Ses  lectures 
lui  inspirèrent  legoijt  des  voyages.  11  mourut  le  17 
juillet  1723,  laissant  les  ouvrages  suivants  :  i"  Jour- 
nal des  voyages  en  Hollande  et  dans  les  Indes-Orien- 
tales; 2"  Les  Indes-Orientales  et  modernes. 

Vséiolejiky  (le  cliev.  N.-S.),  conseiller  d'Etat  de 
Russie,  auteur  d'un  Dictionnaire  géographique  de  l'em- 
pire de  Russie,  2  vol.  in-8",  en  1816  :  ouvrage  esti- 
mable, bien  qu'incomplet  et  défectueux  sous  le  rap- 
port de  la  géographie  physique. 

W 

Wadsiroens  (C.-B.),  voyageur  et  géographe  an- 
glais, auteur  d'Observations  géographiques  sur  la  Gui- 

DlCTlONNAIBB   DE    GÉOGRAPHIE    ECCL.    II. 


GEOGRAPHIQUE.  i^f^ 

née  centrale  et  sur  les  colonies  anglaises  de  la  côte 
occidentale  de  l'Afrique, 

VValckenacr  (Cbarles-Atbanase,  baron  de),  né  a 
Paris,  le  25  décembre  1771,  a  beaucoup  écrit.  Il  est 
tout  à  la  fois  littérateur,  bibliographe  et  anthropolo- 
gue, géographe  et  cartographe.  Nous  n'avons  à  nous 
occuper  ici  que  de  ses  ouvrages  de  géographie  et  de 
cartographie,  qui  sont  nombreux.  11  est  auteur  d'une 
Cosmologie,  ou  Description  générale  de  la  terre,  in  8», 
1815.  C'est  une  géographie  élémentaire,  mais  qui 
contient  des  idées  larges  et  des  aperçus  neufs.  M. de 
Walckcnaer  a  publié  une  Géographie  historique  des 
Gaules  cisalpine  et  transalpine,  jusqu'à  la  chute  de 
l'empire  romain  en  Occident,  in--4°  ;  des  Recherche* 
sur  la  géographie  ancienne  et  sur  celle  du  moyen  ige, 
in  ï",  Paris,  18-25;  un  ouvrage  sur  les  Progrès  des 
connaissances  géographiques  à  l'est  et  au  sud  de  l'Asie, 
et  sur  VOrigine  des  Malais;  un  Tableau  géographique 
et  historique  de  l'Archipel  d'Orient,  de  la  Polynésie  et 
de  l'Australie,  3  vol.  in-S",  Paris,  181'J;  des  Recher- 
ches géographiques  sur  l'intérieur  de  l'Afrique,  111-8", 
avec  carte,  P.iris,  1821  ;  un  Essai  sur  l'histoire  de 
l'espèce  humaine. — Comme  cartographe,  M.  de  Walc- 
kcnaer a  composé  un  Atlas  in-folio  pour  la  G^ogro- 
phie  moderne,  traduite  de  Pinkerton;  un  Allas  pour 
les  Voyages  de  Félix  d'Azara  dans  l'Amérique  méri- 
dionale ;  une  Carte  de  l'Egypte,  une  Car(«  de  l'an- 
cienne Corse,  une  Carte  de  l'intérieur  de  l'Afrique. 

M.  de  Walckenaer  a  beaucoup  contribué  par  ses 
ouvrages  aux  progrès  des  sciences  géosTapliiques, 
et  à  leur  amélioraiioa  au  point  de  vue  véiiiableineut 
scieiitiiique.  C'est  lui  qui  a  proposé  de  donner  le  nom 
général  de  Monde  maritime  à  l'Océanie,  à  tous  les 
groupes  d'îles  désignés  par  les  dénominations  parti- 
culières de  Microiiésie,  de  Polynésie,  d'Australie, 
d'Australasie,  etc.,  etc.  La  proposition  est  bonne,  el 
il  est  à  regretter  qu'elle  n'ait  pas  prévalu  jusqu'à  ce 
jour  dans  le  monde  géographique. 

M.  de  Walckenaer  est  secrétaire  perpétuel  de  l'aca- 
démie des  inscriptions  et  belles-lettres. 

Wallet  (Emmanuel),  de  Saint-Onier,  auteur  d'un 
Alias  historique  et  topographique  de  la  ville  de  Sainl- 
Omeren  1834,  d'une  Description  de  l'abbaye  de  Saint- 
Bertin  et  de  l'ancienne  cathédrale  de  Saint-Omer. 

Walsh  (Thomas),  né  à  Angers  en  1778,  mort  en 
1811,  colonel  au  service  de  l'Angleterre;  auteur  d'un 
ouvrage  sur  l'Egypte,  sur  Gibraltar,  Malle,  Mayorque 
et  Minorque,  in-4'',  avec  caries,  en  anglais. 

Walih  (le  comte  Tliéobald),  né  à  Liège  en  1792. 
— Nous  avons  de  lui  un  Votjage  en  Suisse,  en  Lom- 
hardie  et  en  Piémont,  2  vol.  in-S"  ;  ouvrage  contenant 
des  renseignements  exacts  sur  la  géographie  de  ces 
contrées,  si  .souvent  visitées  et  toujours  mal  dé- 
crites. 

Wiilsh.  Le  révérend  docteur  R.  Walsh,  auteur 
d'un  Voyaje  en  Turquie  et  au  Brésil.  M.  Walsh  était 
chapelain  de  l'ambassade  ang'aise. — L'ouvrage  a  été 
traduit  par  M.\l.  II.  Vilmaiu  et  E.  Rives,  in-S", 
1828. 

40 


l^SO  BIBLIOGRAPHIE 

Wandelaincourt  (l'abbé  Anlome-Huberl),  né  en 
1751  à  Rupl-en-Voivre,  diocèse  de  Verdun,  évêque 
consiiimionnel  de  la  Haule-Marne,  mort  en  1819; 
auteur  de  plusieurs  ouvrages  et  d'une  Géographie 
ilémenlaire,  ainsi  que  d'une  Géographie  du  piemier 
âge. — Cet  ecclésiastique  élait  insiruitet  d'un  mérite 
réel.  Il  est  rfgrettable  qu'il  soit  tombé  dans  les  er- 
reurs du  scbisine  de  1791. 

Wapfaem  (  le  docteur  J.-E.  ),  a  publié  des  Re- 
cherches sur  les  découverles  géographiques  de»  Por- 
tugais sous  Henri  le  iSaviyaieur ,  pour  servir  à  l'iiis- 
loire  du  comaieice  maritime  ei  de  la  géographie  au 
moyen  âge.  L'ouvrage  a  paru  eu  plusieurs  tomes 
in-8°,  àGceuiiigue,  en  1842. 

Wardeii  (  David  Bailie  ),  né  en  1778,  dans  le 
comté  de  Down  en  Irlandi; ,  savant  distingué  ,  a  élé 
consul  génér.il  des  Eiais-Unis  à  Paris  à  la  lin  de 
l'Empire.  On  a  de  lui  une  Descripiion  statistique,  histo- 
rique et  politique  des  Etals-Unis  de  l'Amérique  sep- 
tentrionale, S  \u\.  in-8",  Paris,  1820;  et  un  Mémoire 
tur  les  antiquités  de  fAmériqtfe,  fort  esiimé.  Quant  à 
la  Description ,  c'est  le  meilleur  ouvrage  que  nous 
ayons  sur  l'Union  américaine,  et  qui  fasse  mieux 
conn.iître  celte  vasie  contrée  sous  le  rapport  topo- 
graphique  et  géographique. 

Warner  (UicliarJ),  Angliis,  auteur  de  VBistoire  de 
l'abbaye  de  Glaston  et  de  la  ville  de  Glastonbury,  in-4*, 
Londres,  1826. 

Warren  (  le  comte  Edouard  de),  officier  anglais,  a 
publié  récemment  sur  les  possessions  anglaises  dans 
rilindnustan  un  ouvrage  qui  est  fort  esiiuié  ,  autant 
par  l'exactitude  des  aperçus,  la  sobriété  des  détails, 
que  par  le  mérite  des  observations  géographiques. 
Nous  n'en  connaissons  pas  de  iraduetidii  française. 
L'anieur  a  I  ccupé  un  poste  important  dans  l'armée 
an^In-hindoue. 

Wdstelain  (Charles) ,  jésuite  ,  ué  a  Marmiont ,  vil- 
lage belge,  en  1G95  ,  mon  à  Ldie  eu  1782;  auteur 
d'une  Description  de  la  Gaule  Belgique,  avec  des  car- 
tes ,  in -i*. 

Walt  (  Joacliim),  dit  Vadian,  né  à  Saint-Gall  en 
1484,  mort  eu  1551.  —  Il  professa  les  belles-lettres 
à  Vienne  en  Autriche.  On  a  de  lui  des  Commentaires 
géographiques  sur  Pomponiusilela,  1577,  in-fol. 

Wells  (Edouard),  pliilologne  anglais,  né  en  lCli4  à 
Corshiim  ,  dans  la  province  de  Wilt ,  mort  en  1727  ; 
auteur  d'une  Géographie  historique  de  fAncien  el  du 
ISouveau  Teslameni,  avec  des  cartes,  4  vol.  in-8''. 

Wheaton.  M.  Wheaton  (Henri),  a  composé  l'his- 
luire  des  peuples  du  Nord,  ou  des  Danois  el  des  Nor- 
m:inds.  L'ouvr-ige  a  paru  avec  des  caries ,  inscrip- 
tions et  alphabet  unique.  M.  Guillot  l'a  traduit  de 
l'anglais,  1844. — M.  Wheaton  a  été  ministre  des 
Etats-Unis  près  le  gouvernement  danois.  Son  livre 
est  supérieur  à  celui  de  M.  Depping  ,  intitulé  :  Ex- 
péditions des  Normands.  L'auteur  a  pu  consulter  les 
archives  du  gouvernement  et  les  documents  origi- 
naux; aussi  son  livre  étlaircit-il  la  géographie 
scDlenirlouale  de  l'Ëuru^e  ,  restée  jusqu'alors  Toi  t 


GEOGRAPHIQUE.  1260 

obscure.  —  L'ouvrage  a  paru  à  Philadelphie ,  in-8', 
en  1831,  avec  des  cartes  et  des  inscriptions. 

Wickar.  M.  Wickar  (  Archibald  ),  voyageur  améri- 
cain ,  auteur  d'un  Voyage  aux  Monlagnei  ïlocheuset, 
à  l'Urégon  et  aux  rives  de  COcéan  Pacifique,  pendant 
les  années  1804, 1805  et  1806.  London,  1814  et  1815, 
et  New-York,  1S42,  2  vol.  in-8°.  Ce  voyage  est  la 
première  exploration  qui  ail  eu  lieu  des  Moniagnes 
Rocheuses,  de  l'Orégon  jusqu'à  l'Océan  Pacilique,  à 
travers  les  grandes  prairies  en  suivant  le  cours  du 
fleuve  Columbia. 

Wilkins  (Charles),  patriarche  des  orientalistes  an- 
glais, né  à  Ilertford  en  1759,  alla  dans  l'IIindousian, 
et  s'y  consacra  à  l'étude  du  sanskrit ,  langue  an- 
cienne et  sacrée  des  Brahmes.  Nous  avons  de  lui  une 
grammaire  de  celle  langue,  in-4*,  Londres,  1808,  cl 
plusieurs  Mémoires  sur  diverses  questions  géogra-f 
phiques  de  l'Asie. 

Wilkinson  {Vf.),  ancien  consul  d'Angleterre  à  Bu- 
charest;  auteur  d'un  Tableau  géographique  de  la 
Moldavie  el  de  la  Yalachie. 

Wilkinson.  M.  Wilkinson  a  consacre  douze  ans  à 
l'étude  de  l'Egypte  dans  ses  monumenis  el  sa  confi- 
guration ;  il  a  exécuté  un  travail  lopographique  des 
]iliis  curieux  sur  luule  la  partie  du  pays  qui  s'éienJ 
entre  le  Nil  et  la  mer  Rouge,  depuis  le  Caire  eiSues 
jusqu'à  Thèbes. 

Wiltoie  (Jacques),  né  à  Bar-le-DucIe  1^'  novem- 
bre 1656,  enira  dansla  comp.igiiie  de  Jésus,  et  reçut 
l'ordre  de  se  rendre  en  Chine,  par  la  Turquie,  la 
Perse  et  la  Tariarie.  Il  est  auteur  des  ouvrages  ci- 
après  :  1*  L'Arménie  chiétienne,  ou  Calalcgue  des 
rois  et  pniriarcSics  arméniens  depuis  J.-C.  jusqu'en 
1712;  2*  Voyage  d'un  missionnaire  de  la  compagnie 
de  Jésus,  en  Turquie,  en  Perse,  en  Arménie  el  en  Ara- 
bie, etc. 

Wilson  (Sir  Roberl-Thomas) ,  né  à  Londres  en 
1777,  oflicier  anglais  qui  a  joué  un  rôle  dans  la  po- 
litique Sous  la  Restauration, s'est  de  plus  fait  connaî- 
tre par  une  Histoire  de  Cexpédiiion  des  Anglais  en 
Egypte,  in-8°,  a\ec  caries. 

Wiltheim  (Alexandre),  jésuite,  né  en  1604  dans 
le  Lnxemuourg,  auteur  d'une  Iliuoire  de  l'ubbaue  de 
Munster  (manuscrite)  ;  d'une  Description  du  Luxem- 
bourg sous  les  Romains,  tl  d'uneexcellentc  Carie  géo- 
graphique de  ce  pays. 

Wiltsch  (E.-T.),  a  composé  un  Allas  sucer  (Atlas 
sacré) iilTrant  le  Libleau  de  la  propagatio:i  du  cUrisiia- 
n.sme.  Cet  ouvr.ige  qui  est  accompagné  Je  caries, 
a  paru  à  Gotha  dans  le  formai  in-4°  ;  il  ne  manque 
pas  d'intérêt,  spécialeu:enl  pour  la  géographie  reli  • 
gieuse. 

Wiiileben  (F.-A.  de),  a  dressé  une  Carte  hydro- 
graphique el  orographique  de  l'empire  turc  en  Eu- 
rope et  eii  Asie,  d'après  les  meilleurs  documents. 
Cette  carte  est  en  deux  feuilles  ;  elle  a  paru  en  1829, 
à  Magdebouig. 

Wotf,  a  publié  à  Venise,  en  1520,  in-folio,  un  j 
com^ilaiioa  de  traditions  de  légendes,  de  noilccs 


laCl  ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATftlARCATS ,  ARCHEVECHES.  EVECHES.  etc.  1262 


historiques  el  géo,:;raphii|ues  sims  le  litre  de  ;  Baby- 
lonicum  integnim  (x  sapieittium  scriplis  et  responsU 
compositum  a  Rob.  Aier,  etc.,  etc.  —  Le  géographe 
peut  trouver  dans  cette  compilation  des  ressouices 
et  des  indicaiions  qu'il  ne  rencontrerait  pas  ailleurs. 
Woltmann  (N.  de)  ,  né  a  Oldenbourg  en  1770, 
mort  à  Hambourg  en  1817  ;  auteur  d'une  Hhtoire  des 
Allemands  sous  les  empereurs  de  la  mahon  de  Saxe,  et 
d'une  Histuire  de  la  lUformation  en  Allemagne.  — 
Ces  ouvrages  sont  utiles  à  la  géograpbie  ecclésias- 
tique allemande  ;  cependant  il  ne  (aut  les  con^ulier 
qu'avec  réserve. 

Z 

Zach  (François-Xavier,  baron  de),  célèbre  astro- 


nome et  inatlié.raticien,  né  à  Presbourg  en  1753, 
moi  l  en  1S52;  auteur  d'une  Correspondance  mensuelle 
pour  les  progrès  de  l'astronomie  et  delà  géograpbie. 
Gotlia,  de  1800  à  1X14.  De  vera  lalitudineel  tongiiu- 
dine  geogiaphica;  iVfoirfiic (Erfurt),  17C6, 1  vol.in-4*. 

Zeiler,  a  rédigé  une  Topographie  des  différentes  pro- 
vinces de  t'ancitn  empire  germanique,  ainsi  qu'une 
Descripion  des  Pays-Bas.  Comme  l'empire  germani- 
que n'existe  pins  que  dansrhistoire,celteTopd(;rap/ii« 
est  bonne  à  consulter.  On  regrette  seulement  que 
l'auteur  ait  été  si  laconique  sur  Je  certains  articles 
qui  demandaient  plus  de  dévoloppeuient. 


ETAT  GEOGRAPHIQUE 

PAR  ORDRE  ALPHABETIQUE 

DES  PATRIARCATS,  DES  ARCHEVÊCHÉS,  DESÉVÊCHÉS,  DES  VICARIATS  ET  DES  PRÉFECTURES 
APOSTOLIQUES  DE  L'ÉGLISE  CATHOLIQUE,  AU  XIX'  SIÈCLE. 


Dans  le  premier  volume,  nous  avons  donné  l'état 
géograrliique  des  patriarcats,  des  archevêchés  et  des 
évêcliés  dans  tout  le  inonde  chrétien,  depuis  le  pre- 
Hiier  siècle  jusqu':iu  xviii^  inclusivement.  Notre  tra- 
vail demeurerait  incomplet,  si  nous  n'y  ajoutions  la 
situation  actuelle  de  l'épiscopat  catholique,  qui,  de- 
puis la  fin  du  dernier  siècle,  a  passé  par  de  grandes 
vicissitudes,  en  raison  des  révolutions  politiques  que 
l'Europe  et  l'Amérique  éprouvent  depuis  soixante 
ans. 

Les  Eglises  héréliques  et  scbismaliqnes  ,  à  l'ex- 
ception de  l'Eglise  aiiglic;ine  et  de  l'Eglise  russe  , 
sont  restées  à  peu  près  slationnaires.  L'Eglise  grec- 
que, souuiise  à  la  Turquie  ,  est  dans  nu  aiïaissement 
profond.  L'Eglise  grecipie  indépendante  (  dans  le 
nouveau  royaume  de  Grèce)  ne  se  relève  pas  aussi 
v:te  qu'on  l'espérait  ;  elle  manifeste  d'ailleurs  des 
tendances  russes  qui  ne  pcuvcjjt  que  lui  préparer 
un  nouvel  esclavage  d.ms  l'avenir. 

L'Eglise  russe,  ilepu's  un  siècle,  a  fait  des  progrès 
réels,  glace  à  l'extension  prodigieuse  de  la  Russie 
et  à  la  violenie  de  son  gouvernerneni.  La  partie  de 
rArménic,  enlevée  à  la  Perse  et  à  la  Turquie,  a  été 
obligée  de  reconnaître  la  prédominance  de  l'Eglise 
russe.  Touies  les  piovinces  polonaises  se  iniuvciil 
forcément  datis  la  même  position.  Les  édifices  ca- 
tholiques y  sont  affectés  au  culte  grec.  Les  sémi- 
naires ne  sont  plus  catholiques  que  de  nom.  Le 
premier  traité  de  théologie  qu'on  y  explique  aux 
élèves  est  celui  qui  consacre  la  supiématie  de  l'em- 
pereur en  matière  de  religion.  Les  provinces  pro- 
testantes de  la  Baltique,  telles  que  la  Livoiiie,  la  Fin- 
lande, la  Courlande,  etc.,  etc.,  n'ont  pu  échapper  à 
cet  esprit  immodéré  de  prosélytisme,  malgré  les 
Ira. tés  formels  qui  leur  garantissent  leur  culte  et  la 


liberté  de  conscience.  Là  où  la  force  brutale  est  érigé* 
en  loi  suprême,  le  droit  des  gens  et  les  conven- 
tions particulières  perdent  tonte  leur  autorité.  Enfin, 
dans  ces  dernières  années,  l'Eglise  russe  s'estéteiidue 
jusqu'en  Amérique  où  elle  n'avait  pas  encore  paru. 
Les  vasies  possessions  russes  dans  l'Amérique  du 
Nord  sont  évangélisées  par  le  clergé  grec.  Nous  de- 
vons faire  leniarquer  en  son  honneur  que  c'est  la 
première  fois,  depuis  bien  des  siècles,  que  ce  clergé 
se  livre  à  la  propagation  de  la  foi ,  tiavail  évangélique 
excessivement  rare  dans  son  histoire. 

Quant  à  l'Eglise  anglicane,  elle  a  suivi  méthodi- 
quement la  fortune  de  l'.Angleterre.  Partout  où  celta 
puissance  a  conquis  ou  fondé  des  colonies,  le  gouver- 
nement anglais  s'est  empressé  d'y  établir  des  évê- 
cliés, par  exemple  dins  l'Uindoustm,  dans  l'Austra- 
lie, dans  la  prcsqu  Ile  de  M.ilakka,  au  Canada,  dans 
l'Afrique  occidentale  et  australe,  en  Europe,  à  .Malle 
et  dans  les  lies  Ioniennes.  L'épiscopat  anglican  Cït 
comme  le  comnierce  de  l'Angleterre,  il  se  rencontra 
dans  leb  cii  q  paities  du  u)onde. 

PATRIArtCATS. 

Les  patriarcats,  caihuli>iues  actuels,  ou  unis  ac- 
tuellement à  l'Eglise  caiholique,  sont  les  suivants  : 

Consta.minopl:.  Le  titulaire  étend  .^a  juridiction 
sur  toutes  les  possessions  turques  eu  Europe  et  en 
Asie.  Quant  au  diocèse  de  Cunstantinople  propre- 
ment, il  est  fort  étendu.  Nous  eu  parlerons  à  l'ar- 
ticle de  celte  ville. 

Alexandhie.  Ce  patriarcat  est  purement  nominal. 
Le  titulaire  n'étend  sa  juridiction  que  sur  les  rar«s 
Européens  catholiques  qui  habitent  l'Egypte. 

Amiocbe.  Nous  devons  en  dire  autant  du  patriar' 
cat  latin  d'Antioche. 

Jéuusalkm.  Depuis  deux  ans  ,    par  les  soins  de 


12(55 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE.  12(54 


Pie  IX,  ce  pairiarcal  est  reconnu  par  le  gouvcrne- 
menl  otloman.  Le  liiulaire  h.ibile  Jérusalem  (ce 
qu'il  n'a  va  t  pas  la  faculté  de  faire  auparavant)  ,  et 
il  étend  sa  juridiction  sur  tomes  les  provinces  qui 
formaient  à  peu  près  l'ancien  patriarcat  de  Jéru- 
salem. 

Venise.  Ce  patriarcat,  qui  remonte  à  l'époque  de 
l'indépendance  et  de  la  prospérité  de  la  république 
de  Venise,  n'est  qu'un  titre  lionorilique.  Le  titulaire 
n'exerce  plus  sa  juridiction  que  sur  le  diocèse  même 
de  la  ville. 

Indes  occidentales.  Ce  patriarcat  avait  été  créé 
par  le  saint-siége,  à  la  demande  des  rois  d'Kspagne, 
eu  faveur  de  l'Amérique  espagnole.  Il  comprenait 
donc  les  provinces  depuis  l'Oiégon  ,  qui  dépendait 
alors  du  Nouveau-Mexique  ,  et  la  Californie  jusqu'au 
Chili  inclusivement,  et  depuis  la  Patagonie  jusqu'à 
la  Louisiane  (sauf  le  Brésil  qui  appartenait  à  un  autre 
patriarcal,  conijne  nous  le  dirons  tout  à  l'Iieure), 
ainsi  que  les  Pliilippiiies,  Saint-Domingue  et  Cuba. 
C'était  le  patriarcat  le  plus  considérable  qui  ait  en- 
core existé.  Celle  dignité  se  conférait  le  plus  souvent 
à  l'archevêque  de  Tolède,  ou  au  général  des  domini- 
cains. Queli|uefois  l'arclicvêqne  de  Mexico  en  était 
revêtu.  Aujourd'hui  le  patriarcat  est  bien  diminué  , 
l'Espagne  ne  possédant  plus  rien  sur  le  continent 
américain.  Le  gouvernemeul  espagnol  continue  néan- 
moins de  disposer  de  cette  charge  ;  mais  le  titulaire 
ne  compte  plus  sous  sa  juridiction  que  l'ile  de  Cuba 
et  les  Pliilip|iines. 

Lisbonne.  .\  rimitation  des  rois  d'Espagne,  les  rois 
de  Poiiiigal  <leinandèreiil  et  obtinrent  un  patriarcat 
pour  Lisbonne  el  leurs  possessions  coloniales.  Mais 
comtne  le  Portugal  a  également  perdu  ses  vastes  co- 
lonies eu  Amérique  et  en  Asie  ,  le  patriarcat  n'est 
dIus  que  l'ombre  de  ce  qu'il  était  autrefois. 

Anïioche  des  Grkcs  MELCHiTES.  .-^près  le  patriar- 
cat latin  d'.\nlioclie  proprement  dit ,  on  compte  en- 
core trois  sortes  de  patriarcats  pour  cette  ville.  Les 
Grecs,  qui  ont  conservé  la  liturgie  melcliite,  ont  tou- 
jours eu  un  patrianhe  qui  est  en  coainuinion  avec 
Rome.  C'est  donc  le  saint-siége  qui  coiilèie  celte 
dignité  patriarcale.  Le  titulaire  n'exerce  sa  juridic- 
tion que  sur  les  Grecs  et  quelques  Arméniens  aiia- 
cliésàla  liturgie  inelchile,  qu'ils  attribuent  à  saint 
Mélèce,  I  ati  iirclie  d'.\iitioclie  ,  du  temps  de  saint 
Jérôme,  lor.sque  ce  s-ivani  docteur  l.abilait  le  désert 
situé  entre  celte  ville  et  Damas. 

Antioshe  des  Maronites.  Le  liiulaire  ne  comprend 
dans  sa  juridiction  que  les  maronites  qui  presque 
tons  liabiteni  l'Auli-Liban  et  le  mont  Liban  où  il  ré- 
side hii-niême. 

Antioche  de  Syrie,  ou  des  Svrie.ns.  Ce  patriarche 
est  pour  les  clirétiens  qui  sont  resiés  attachés  au 
rite  syrien  par  esprit  de  naiionaliié  el  qui  o  ,t  conser- 
vé la  liturgie  syrienne.  Ces  deux  derniers  patriar- 
ches sont  pauvres  ;  ils  vivent  des  dons  volontaires  de 
leurs  fidèles  qui  sont  enx-uièmes  généralement 
pauvres. 


Dabylone  pour  la  nation  chaldéenne  en  Mésopota- 
mie. Ce  patriarcat,  qui  n'existait  pas  dans  les  pre- 
miers siècles ,  est  de  création  moderne  :  le  saint- 
siége  l'a  établi  en  faveur  des  chrétiens  de  cette 
contrée  qui ,  tout  en  suivant  la  litui-gie  chaldaïque, 
une  des  plis  anciennes  de  l'Orient  ,  reconnaissent 
l'autorité  de  l'Eglise  catholique.  Le  paliiarcat  de 
Dabylone  remplace  en  quelque  sorte  celui  de  Séleucie, 
dont  il  n'est  plus  question  depuis  longtemps. 

CiLiciE  des  Aiméniens.  Les  clirétiens  arméniens 
en  communion  avec  le  saint-siége  et  qui  sont  répan- 
dus tant  dans  l'Europe  orientale  que  dans  l'Asie  oc- 
cidentale, continuent,  depuis  le  xiii<^  siècle,  de  re- 
coniiaitre  l'autorité  du  patriarche  résidant  en  Cilicie. 
Le  titulaire  actuel  Grégoire  Pierre  VIII  a  été  Dommé 
en  18-44  par  le  pape  Grégoire  XVI. 

ARCHEVÊCHÉS   ET   ÉVÊGHÉS   CATHOUQIIES   EN    1849. 

A 

Acerenza  et  Matera  ,  archevêché  de  la  création 
d'Innocent  II  au  xii<^  siècle,  dans  l'Italie  méridionale 
(royaume  des  Deux-Siciles).  Le  titulaire  réside  i 
Matera. 

-AcERNO,  évêché  de  l'Ialie  méridionale  (royaume 
des  Deux-Siciles),  création  du  xii^  siècle,  suffraganl 
de  la  métropole  de  Salerne,el  admiiiisiratenr  de  ce 
diocèse  pendant  la  vacance  du  siège 

AcERRA,  uni  à  Sainie-Agaihe-desGoilis,  évêché  du 
vi=  siècle  ,  suffragant  de  Naples,  dans  l'Italie  méri- 
dionale (royaume  des  Deux-Siciles). 

AcuoNRY ,  évêché  du  vi^  siècle  ,  auparavant  Lei- 
nhim,  en  Irlande  (empire  britannique),  suffragant 
ie  l'archevêché  de  Tuam. 

AcQi  APENDE.NTE  ,  évêché  dc  la  création  d'Innocent 
X  au  xvii<=  siècle,  dans  les  Etats-Romains.  Ce  siège 
était  auparavant  à  Castro  (Castrum)  et  remontait  au 
ve  siècle.  Mais,  sous  le  pontificat  d'Innocent  X,  les 
habitants  dans  une  émeute  ayant  tué  leur  évèque,  ce 
pape  transféra  l'évêché  à  .Acqnapendeiile  (Acula)  , 
ville  voisine. 

AcQiM,  évêché  du  v'  siècle  dans  le  Piémont  (Etais- 
Sardes  Italie  septentrionale),  autrefois  sulfiaganl  de 
Milan  et  actuellement  de  Turin. 

Adélaïde,  évêché  de  l'Australie  méridionale  (Nou- 
velle-Hollande), érigé  eu  fS42  par  le  pape  Grégoi- 
re XVI. 

.Adria,  évêché  du  v«  siècle,  dans  l'Italie  septen- 
trionale, province  de  la  LoinbardieVénitieiine,  suf- 
fragant de  Milan.  Le  titulaire  de  ce  siège  épiscopal 
réside  à  Rovigo. 

Agadon.  Voyez  Kerry. 

Agathe  (Sainte-)  des  Goths,  évêché  du  x«  siècle, 
sufl'r.igant  de  Béiiévenl ,  dans  l'Italie  méridionale 
(royaume  de  Naples).  Cet  évêché  a  été  réuni  dans 
ces  derniers  temps  à  celui  d'.\cerra 

Agen,  évêclié  du  iv«  siècle  ,  en  France  (dép.  de 
Lot-et-Garonne),  suffragant  de  Bordeaux. 

Agria,  et  Lger,  ou  Erlal,  archevêché  de  la  Basse- 
iîongiio.  Celte  ville  a  d'abord  été  un  évêché  dont  la 


I 


1-265  ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATIUARCATS,  ARCHEVECHES,  EVECHES,  f.tc.  12C0 


créaiion  est  fixée  au  comniciiceiDent  du   xi^  siècle. 

Ajaccio  ,  éveillé  du  vi=  siècle  ,  eu  France  (  île  et 
déparlenient  de  la  Corse),  suffragant  de  l'archevèclié 
d'Aix.L'évêclié  d'Vrcinium,  dont  il  ne  reste  plus  de 
vestiges  acluellen)eiit,  lui  a  été  uni  au  vi"  siècle. 

Aire  ,  évéclié  de  la  lin  du  v«  siècle,  eu  France 
(département  des  Landes),  suffragant  de  l'arclievêclié 
d'Audi. 

Aix,  archevêché  du  iv«  siècle,  avec  le  litre  des  ar- 
chevêchés d'Arles  et  d'Embrun  qui  lui  ont  été  réunis 
par  le  pape  Pie  Vil,  en  France  (dép.  des  Bouches- 
du-Rhônc).  L'archevêché  d'Arles  datait  du  m'  siècle 
et  celui  d'Embrun  du  iv^.  Supprimés  tous  deux  par 
le  concordat  de  1801  et  réiablis  par  celui  de  1817,  ils 
ont  été  délinitivemenl  réunis  à  la  métropole  d'Aix 
par  les   conventions  diplomatiques  de  lSi2. 

Alatri,  évêché  du  m'^  siècle  ,  immédiatement 
soumis  au  saint-siége,  dans  les  Etais-Homains. 

Alba.ou  Alba-Pompeia,  évêché  du  commencement 
du  xi«  siècle,  dans  le  Piémont  (Etats-Sardes),  suffra- 
gant de  l'archevêché  de  Tuii». 

Albano,  évêché  du  commencement  du  xii'  siècle, 
qui  sert  de  titre  à  un  cardinal  ,  dans  les  Etats-Ro- 
lunins. 

Albahaiin,  ou  Albahracin,  évêché  du  xii=  siècle  , 
dans  l'Aragou  (royaume  d'Espagne) ,  suffragant  de 
rarchevêché  de  Saragosse. 

Albe-Roïale  ,  ou  Stl'hlweisseinburg,  évêché  du 
XVII'  siècle,  dans  la  Hongrie. 

Albenca,  évêché  du  iv'  siècle,  dans  le  Piémont 
(Italie  septentrionale,  Etals-Sardes),  suffragant  de 
Gênes. 

Albï,  archevêché  du  xvii*'  siècle  ,  évêché  dès  le 
lii«,  en  France  (dép.  du  Tarn). 

Alexandrie-de-la-paille  ,  évêché  de  la  créaiion 
d'Alexandre  III  au  xii«  siècle,  dans  le  Piémont  (Ita- 
lie septenirionale,  Elats-Sardes),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Veiceil. 

Ales  et  Terralba  ,  ou  Ales  et  Usel  ,  évêché  de 
l'Ile  de  Sardaigne  (royaume  de  ce  nom)  ,  suffragant 
de  l'archevêché  d'Oristano.  Usel  était  un  évêché  du 
m'  siècle.  Au  commencement  du  xvi*  siècle,  celle 
ville  étant  ruinée,  le  pape  Alexandre  VI  transféra  le 
siège  épiscopal  à  Ales. 

Alessio,  ou  Alise  ,  évêché  du  ix«  siècle  ,  dans 
l'Albanie  (empire  otioman),  suffragant  de  Dnrazzo. 

Alger,  évêché  de  la  création  de  Grégoire  XYI  , 
en  1838,  chef-lieu  de  l'Algérie  française  (Afrique 
septenirionale),  suffragant  de  l'archevêché  d'Aix. 

Alghero,  évè'hé  de  la  créaiion  de  Jules  III  au 
commencement  du  xvi"  siècle,  dansl'ile  de  Sardaigne 
(Eiais-Sardes), suffragant  de  Sassari.  Le  pape  Alexan 
dre  VI  avait  transféré  les  évêchés  de  Castro  et  de  Bi- 
sarchio  à  OlIiann.Mais  les  pirates  turks  ayant  détruit 
celle  ville  dans  leurs  fréiiuentes  incursions  ,  le  pape 
Jules  111  érigea  .Alghero  en  évêché  et  y  réunit  le  tiire 
d'Othana. 

Alife,  évêché  du  y"  siècle,  uni  à  celui  de  Cereto- 
ctTelese ,  Italie  méridionale  (royaume  des  Deux- 


Siciles)  ,  sullragant  de  l'archevêché  de  Caserte.  L'é- 
vêque  ré^de  à  l'iédimonle,  ville  voisine  d'Alife,  dont 
la  situ:itii)n  est  Irès-insalubre. 

Alméria,  évêché  du  xu'  siècle  ,  en  Espagne  ,  suf- 
fragant rie  l'archevêché  de  Grenade.  L'évèché  était  , 
dans  les  premiers  siècle.'),  à  Abdera  qui  n'est  plus 
qu'un  village  nommé  Adra. 

Amalei,  archevêché  du  x«  siècle,  Italie  méridio- 
nale (royaume  des  Deux-Siciles).  Avant  celle  époque, 
Amalli  était  un  évêché  dès  le  v  siècle. 

Amélia,  évêché  du  v«  siècle  ,  immédiatement  sou- 
mis au  pape,  Italie  centrale  (Etats-Romains). 

Amiens,  évêché  du  commencement  du  iv*  siècle, 
en  France  (dép.  de  la  Somme),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Reims. 

Ampurias  et  CiviTA,  ouCastel-Aragonese,  évêché 
du  vi'=  siècle  dans  l'île  de  Sardaigne  (Etais-Sardes), 
suffragant  de  l'archevèclié  de  Sassari.  L'évèché  de 
Civitas  Pliausiana,  ou  Terra  Nova,  fut  uni  à  celui 
d'Ampurias  dans  le  \i'  siècle;  et ,  au  xvi*  siècle  , 
celui  d'Ampurias  lut  transféré  à  Casiel-Aragonese  , 
mais  le  titre  fut  cependant  conservé. 

Anagm,  évêché  du  v*  siècle,  immédiatement  sou- 
mis au  pape  ,  dans  l'Italie  centrale  (Etals-Romains). 

Ancône  et  Umana,  unis,  évêché  du  m*  siècle,  im- 
médiatement soumis  au  saint-siége  ,  Italie  centrale 
(Etats-Romains).  L'évèché  d'Umaiia  a  été  uni  à  celui 
d'Ancoue  au  xv«  siècle. 

Anoria,  évêché  du  v  siècle  suivant  quelques  au- 
teurs, et  du  w^  suivant  d'autres,  dans  l'Italie  méri- 
dionale (royaume  des  Deux-Siciles) ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Trani. 

Andros  ,  évêché  du  xiii'  siècle,  dans  l'île  de  ce 
nom,  faisant  partie  du  groupe  des  Cyclades  dans 
la  Méditerranée,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Naxia. 

Angelo-de'-Lombardi  (San-),  évêché  du  xi«  siècle, 
auquel  a  été  réuni  depuis  celui  de  BisacciQ,  dans 
rilalie  méridionale  (royaume  des  Deux-Siciles),  suf- 
fragant de  l'archevêché  de  Conza. 

A.ncelo-in-Vado  (Sà.v-)  et  Urbanea,  évêché  du  v« 
siècle,  qui  a  été  réuni  à  celui  d'il  rbanea  au  xvw  siècle, 
dans  les  Etals-Romains,  suffragant  de  l'archevêché 
d'Uibin. 

Angelopol).  Voyez  Tlascala 

Angers,  évêché  du  iv^  siècle,  en  France  (dép.  de 
Maiiie-el-Loire)  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Tours. 

Anglona-et-Tursi,  évêché  du  \i'  siècle,  uni  à  ce- 
lui de  Tursi  dans  le  xii^,  dans  l'Italie  méridionale 
(royaume  des  Deux-Siciles),  suffragant  d'Acerenza. 

Angola  ,  ou  Saint-I'aul-de-Loanda,  évêché  du 
xvi»  siècle  ,  sur  la  côie  occideniale  d'Afrique  dans 
la  Guinée  inférieure  (colonies  portugaises) ,  suffra- 
gant de  Lisbonne. 

Angoulême,  évêché  du  iv<:  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Cliarcnle),  suffragant  de  Bordeaux. 

Angra,  évêché  du  xvi''  siècle, dans  l'ile  de  Terceira, 


1267 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


une  des  îles  Acores  (colonies  portugaises),  suffragant 
de  Lisbonne. 

Ansect,  évficlié  du  i\»  siècle,  éiaWi  à  Genève , 
transférd,d.'>ns  le  x\i',3  Annecy,  à  cause  du  proles- 
lanlisnie,  dans  la  Savoie  (Elals-Saides)  ,  sulfraganl 
de  rarclievêclié  de  Chanibéry. 

ANTFQri  RA,  du  Oaxaca,  évêclié  du  xvi«  siècle,  au 
Mexique  (Amérique  seiiieulrionale) ,  suffiagant  de 
Mexico. 

Antioqdia  des  Indiens  ,  ou  Santa-Fé  de  Antio- 
QniA,  évêelié  du  xi\'  siècle,  dans  la  Nouvelle-Gre- 
nade (Amérique  méridionale),  suffragant  de  l'arclie- 
vêclié  de  Sania-Fé-de-Bogoia. 

Antivari,  arclievêclié  de  la  création  d'Alexandre 
11  au  XI»  siècle,  auparavant  évêclié  du  viii«  siècle  , 
dans  l'Albanie  (Empire  oilomaii). 

AosTE,  évêché  du  v«  siècle,  dans  la  province  de 
Savoie  (Eiats-Sardes),  suffragant  de  rarchevêché  As 
Chsmbéry. 

Aqcila,  évêcbé  du  xiii«  siècle  ,  soumis  immédia- 
tement au  saini-siége ,  dans  l'Italie  mériilionale 
(royaume  des  Deux-Siciles), 

Aqcin-Pontecorvo-et-Sora,  évêché  du  v«  siècle, 
qui  relève  immédiatement  du  pape,  dans  l'Italie  mé- 
ridionale (royaume  des  Deux-Siciles). 

Arci-Reale,  évêché  de  la  création  de  Grégoire 
XVI  an  xi\^  siècle,  dans  l'Ile  de  Sicile  (royaume  des 
Deux-Sicil«s). 

Ardach,  évêché  du  v»  siècle  ,  en  Irlande  (empire 
britannique),  suffragant  de  l'archevêché  d'Armagh. 

Areqoipa,  évêché  du  xvi«  siècle,  an  Pérou  (Améri- 
que méridionale),  suffragant  de  l'archevêché  de 
Lima. 

Arezzo,  évêclié  du  iv«  siècle,  immédiaiement  sou- 
mis au  pape,  grand-duché  de  Toscane  (  Italie  cen- 
iral'e). 

Ariano,  évêché  du  ix«  siècle,  royaume  des  Deux- 
Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  Bénévenl. 
Armagh,  archevêché  du  v«  siècle,  en  Irlande  (em- 
pire britannique). 

Arp.as,  évêché  du  v«  siècle,  suivant  quelques  au- 
teurs, et  du  xi=,  selon  d'autres,  en  France  (dép.  du 
Pas-de-Calais),  suffragant  de  Cambrai. 

A-coLi,  évêcbé  d»  v  siècle  ,  inimédiatcnient  sou- 
mis au  pape ,  ilans  les  Etats-Romains  (Italie  cen- 
trale). 

Ascou-m-Satruno,  évêché  du  x'  siècle,  uni  à  celui 
de  Ccriijnola,  et  dit  aussi  pour  celte  laison  Ascnn- 
et-Cerignola,  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  mé- 
ridionale), suffragant  de  lîénévent. 

Assise,  évêché  du  vi^  siècle,  immédiaiement  sou- 
mis au  pape  ,  dans  les  Etats-Romains  (Italie  cen- 
trale). 

Asti,  évêcbé  du  iv»  siècle,  dans  le  Piémont,  Etats- 
Sardes  (Italie  septentrionale),  suffragant  de  Turin. 
Asthrga,  cvêclic  du  iv*  siècle  ,  province  de  Léon 
■  en  Espagne  ,  suffiiig:int  lî-.  'arcbevéi  lié  de  Santiago 
de  Compostellc  (Saint-Jacques-de-Compostelle). 
Atbi  et-Penne,  évêché  du  viF  siècle,  uni  à  celui 


1268 

de  Penne  on  Penna  au  xiii"  siècle,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  immédialeineut 
sounii;  au  saiut-siége. 

Accu,  archevêché  du  viii''  siècle,  auparavant  évô- 
cbé  dès  le  iv^,  en  France  (ilép.  du  Gers). 

AixsBomiG  ,  évêché  du  iv«  siècle  d'après  certains 
auteurs ,  et  du  viii«  suivant  d'autres,  dans  le  royau- 
me de  Bavière  (autrefois  la  Souabe  ,  Allemagne  mé- 
ridionale), suffiagant  de  l'arthevécbé  de  Munich. 
Adgustow.  Voyez  Sevna. 

AuTUN,  évêcbé  du  iv  siècle,  en  France  (dép.  de 
Saône-et-Loire),  suffr.gani  de  Lyon. 

AvEino,  évêché  du  xix«  siècle  ,  dans  le  royaume 
de  Portugal,  suffragant  de  Braga. 

AvELLiNO,  évêché  du  vi«  siècle  ,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  suffragant  de 
Salerne. 

AvEBSA,  évêché  du  xi*  siècle,  immédiaiement  sou- 
mis au  saiut-siége,  royaume  de  Naples  (  Italie  mé- 
ridionale). 

Avignon,  archevêché  du  xv«  siècle,  auparavanl 
évêché  du  iii^,  en  France  (dép.  de  Vancluse). 

AviLA,  évêché  du  v*  siècle  province  de  la  Vieille- 
Casiille,  eu  Espagne  ,  suffragant  de  Santiago-de- 
Composlelle. 

AvACOCHO.  Voyez  Goamanga. 

B 

Bauyione,  pour  le  rite  latin,  résidence  à  Bagdad, 
Asie  (empire  ottoman). 

Baciiia,  ou  Bacz.  Voyez  Kolocza. 
Badajoz,  évêcbé  du  v^  siècle,  provmce  de  l'Esira- 
madure,  en    Espagne,  suffiagant  de  Santiago-de- 
Compostelle. 

Bagnorea,  ou  Bagnabea,  évêcbé  du  vi« siècle,  dans 
les  Etats-Romains  (Italie  centrale) ,  immédiaiement 
soumis  au  pape. 

Baie  (La)-de-Tods-les-Saints.  Voyez  San  -  Sal- 
vador. 

Bale,  évêché  du  viii»  siècle,  dans  le  canton  de  ce 
nom  ,  en  Suisse,  suffragant  de  l'archevêché  de  Fri- 
bourg  en  Brisgaw. 

Baltimoi'.k  ,  archevêché  du  xix»  siècle,  d'abord 
évêcbé  de  la  création  du  pape  Pie  VU  ,  aux  Etats- 
Unis  (  Amérique  septentrionale). 

BAMBriîG  ,  archevêché  du  xix«  siècle,  auparavant 
évêcbé  du  XI»,  dans  le  royaume  de  Bavière  (Alle- 
magne méridionale). 

Barbastro,  évêcbé  du  xii'  siècle,  province  d'Ara- 
gon, en  Espagne,  suffragant  de  Saragosse. 

Barcelone,  évêché  du  iv*  siècle,  province  de  Ca- 
talogne ,  en  Espagne,  suffragant  de  Tarragnne. 

Bardstown,  évêché  de  la  création  du  pape  Pie  VII 
au  XIX*  siècle,  dans  le  Kentucky,  aux  Etats-Unis 
(Amérique  septentrionale). 

Bari,  arcbevêché  du  x»  sièeie,  auparavant  évêché 
dès  le  comiKPiicement  du  iv»  ,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale). 

Baïelx,  évêché  du  iv  siècle,  en  France  (  dép.  du 
Calvados),  suffragant  de  l'archevêché  de  Rouen. 


ISCJ  ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATRIARCATS,  ARCHEVECHES,  EVECHES.  etc. 


Î27f) 


Batonne,  évêclié  du  i\'  siècle  ,  en  France  (dép. 
des  Uasses-Pyréiiées),  sulTraganl  d'Aiicli. 

Bf.auvais  ,  é^êclié  du  m*  siècle  ,  en  France  (dép. 
de  l'Oise),  sufTiagant  de  l'arclievêché  de  Reims. 

Béja,  évéclié  du  v*  siècle  dans  le  rnyiiume  de  Por- 
tugal, suffraganl  de  rarclievèclié  d'Evora. 

Belfm-ipe-Pap.a  ,  évèclié  du  xvm<'  siècle,  dans  la 
province  de  Para  ,  empire  du  Drésil  (Amérique  mé- 
ridiotiaic),  suffragantde  rarclievécliédeSan-Salvador 
ou  Rallia. 

Delgrade-et-Sf.mendria,  évêclié  du  xvii'  siècle,  de 
la  création  d'Innocent  X,  uni  à  Semendrin,  dans  la 
Servie  (Europe  orientale)  ,  sulTragant  de  l'arclie- 
vêché  a'Anlivari. 

Bellet,  évêciiédu  v«  siècle,  en  France  (dép.  de 
J'Ain),  sullraganl  de  l'arclievêclié  de  Besançon. 

Bellune-f.t-Feltre,  évèclié  du  ni"  siècle,  uni  à 
celui  de  Feliri  ou  Felire,  dans  la  Lombardie  yéni- 
tiennc  (Italie  septentrionale),  sulTragant  de  Venise. 

Belzi.  Voyez  Chelma. 

Bé.névent,  archevêché  du  x*  siècle,  auparavant 
évèclié  du  iv^,  appartenant  au  pape,  bien  que  silué 
dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  méridio- 
nale). 

Bërgame,  évêché  du  v^  siècle,  dans  la  Lombardie 
vénitienne  (Italie  sepieiilrionale),  suffraganl  de  l'ar- 
clicvèclié  de  Milan. 

Bertinoro-et-Sarsina  ,  évèclié  du  xiv»  siècle  , 
iMii  à  celui  de  Sarsina,  dans  les  Etals-Romains  (Italie 
centrale),  suffragant  de  Ravenne. 

Besançon  ,  archevêché  du  m'  siècle ,  en  France 
(dép.  du  Doubs). 

BiELLA,  évèclié  du  xix'  siècle,  dans  le  Piémont  , 
Etats-Sardes  (Italie  septentrionale  ) ,  sulTragant  de 
l'arclievèché  de  Vercei). 

BlSACCIA-ET-SANTO-ANGELO-DE'-LnMBAnDl,  évèché 

du  XI'  siècle,  uni,  au  xvi»,  par  Léo»  X  ,  à  celui  de 
Saiito-Angelo-de'-Lombardi ,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
cbevêclié  de  Conza. 

BiSARCHio,  évécbé  du  xii*  siècle,  dans  l'île  de  Sar- 
daigne,  Etals-Sardes,  suffr.igant  de  l'archevêché  de 
Sassari. 

BiscEGLiA,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles.  Voi/fs 
Trani. 

Bisigmano-et-San-Marco,  évèché  du  xi=  siècle  , 
uni  à  celui  de  S:\n-Marco  dans  le  royaume  des  Deux- 
Siciles.  Voyez  San-Marco. 

Bitonto-et-Ruvo,  dans  le  royaume  des  Deux- 
Siciles.  Voyez  Ruvo. 

Blois,  évêché  du  xvn«  siècle,  en  France  (dép.  de 
Loir-el-Cher) ,  suffragant  de  l'archevêché  de  Paris. 

BoBBio,  évêché  du  v*  siècle,  dans  le  Piémont  , 
Etats-Sardes  (Italie  septentrionale),  suffragant  de 
rarchevêché  de  Gênes. 

Bojano,  évêché  du  v"  siècle,  dans  le  royaume  oes 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  Bé- 
névent. 

Bologne  ,  archevêché  du  xvi*  siècle,  auparavant 


évèché  du  ii',  dans  les  Etats-Romains  (Italie  cen- 
trale). 

Bordeaux  ,  archevêché  du  m'  siècle  ,  en  France 
(dép.  de  la  Gironde) 

BoRCn-SAN-DoNMNO,  évêché  du  xvi»  siècle,  dans 
le  duché  de  Parme  et  Plaisance  (Italie  centrale). 

Borgo-San-Sepolcro  ,  évèclié  du  xvi*  siècle  , 
grand-duché  diî  Toscane  (Italie  centrale),  suffragant 
de  l'archevêché  de  Florence. 

BosA,  évêché  du  xii*  siècle,  dans  l'Ile  de  f-ardaigne 
(Etals-Sardes),  suffragant  de  l'archevéclié  de  Sas- 
sari. 

CosNiE-ET-SiRMiE,  évêchc  dii  XI*  siècle,  uni  il  ce- 
lui de  Sirmie  ,  province  de  l'EscIavonie  (ivilc  dans 
la  Hiirgrie  ,  siiffragmt  de  rarclievêchc  de  Knioc.-a. 

BnsTON  ,  fcvêchc  du  xix'  siècle,  de  la  création  de 
Pie  VII,  dans  le  Massachusels,  Etats-Unis  (Amérique 
septentrionale). 

BiiuRGES,a'chevecne  du  m*  siècle,  en  France  (dé- 
partement du  Cher). 

BovA,  évèché  du  vii^  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (  Italie  niéiidinnale)  ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Reggio. 

BoviNo,  évèché  du  x'  sièc|p,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Reggio. 

Braga  ,  archevêché  du  iii«  siècle,  prorince  de 
Minho,  royaume  de  Portugal. 

Bragança-et-Mibanda,  évêché  du  xvi"  siècle , 
province  de  Tras-os-Montc;,  royaume  de  Portugal, 
suffragant  de  Braga. 

Brescia,  évêché  du  iv  siècle,  dans  la  Lombardie 
vénitienne  (Italie  septentrionale)  ,  suffragant  de 
Milan. 

Breslaw,  évêché  du  si"  siècle  ,  province  de  la 
Silésie  prussienne,  royaume  de  Prusse,  suffragantde 
l'archevêché  de  Gnesen-et-Posen. 

Bressanone,  ou  Bbixeï»  ,  évêché  du  viii"  siècle  , 
dans  leTyrol  (monarchie  autrichienne)  ,  suffragant 
de  l'archevêché  de  Salzbourg. 

Bresta  ou  Brest-Litovski.  Voypî  Uladimiria. 

Brieuc  (Saint-)  ,  évêché  du  ix«  siècle,  en  France 
(dép.  des  Côtes-du-Nord),  suffragant  de  Tours. 

BRtNDtsi,  ou  Brindes,  rirchcvêclié  du  xi«  sièrie,  au- 
paravant évèché  du  vi',  dans  le  royaume  des  Deux- 
Siciles  (Italie  méridionale). 

Brdges,  évêché  du  mx*  siècle  ,  créaiioii  de  Gré- 
goire XVI,  royaume  de  Belgique,  suffragant  de  l'ar» 
chevêche  de  Malines. 

Brfgnato,  ou  Genovesato,  réuni  h  I.iinisarzane , 
évêché  du  v°  siècle,  dans  le  Piémont,  Etats-Sardes 
(Italie  septentiionale),  suffragant  de  rarihcvèclié  de 
Gènes. 

Brunn,  évêché  moderne  ,  province  de  Moravie  , 
monarchie  autrichienne,  suffragant  de  l'archevêché 
d'OImûlz. 

BuDWEis,  évêché  moderne  ,  royaume  de  Bohème, 
monarchie  autrichienne  ,  suffragant  de  l'archevèchô 
de  Prague. 


1271 


DICTFONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


nn 


BnENOS-AïRES  ,  011  la  Sainte-Trinilé  ,  évéché  du 
xvi'  siècle,  confédéral  ion  du  Rio  de  la  Plaia,  ou  ré- 
publique Argt;niiiie  (Amérique  méridionale). 

Bl'rgos  ,  arclievêclié  du  svi'  siècle  ,  auparavant 
évêclié  du  xi«,  province  de  la  YieHle-Casiille  ,  en 
Espagne. 

c 

Cacebes-Nceva,  évêché  du  xvi«  siècle,  aux  îles 
Philippines,  colonies  espagnoles  ,  dans  l'arcliipel 
Asi.ilii](ie,  Euffragant  de  l'arclievéclié  de  Mauille. 

Cadix,  évêché  du  vr'  siècle,  province  de  l'Anda- 
lousie, en  Espagne,  sulTragant  de  rarchevèché  de 
Séville. 

Cagli-et-Pergoi.a,  évêché  du  iv*  siècle,  dans  les 
Etals-Romains  (halle  méridionale  )  ,  suffraganl  de 
l'archevêché  d'Urbin. 

CAr.LiARi,  archevêché  du  iv»  siècle  ,  dans  l'île  de 
Sardaigne,  Elais-Sardes. 

Cahors  ,  évêché  du  m"  siècle  ,  en  France  (dép. 
du  Lot),  sulTrag.int  de  l'archevêché  d'Alby. 

Calahorra-et-Calzada  ,  évêché  du  vi*  siècle  , 
auquel  celui  de  Calzada  a  été  réuni  dans  le  xvi',  pro- 
vince de  la  Vieille-Caslille,  en  Espagne  ,  suiïragant 
de  l'archevèclié  de  Burgos. 

Califouma,  ou  Californie,  évêché  du  xix'^  siècle, 
création  du  pape  Grégoire  XVI,  dans  la  province  de 
ce  nom,  Etats-Unis  (Amérique  septentrionale). 

Caltagiro.ne,  ou  Calata-Giro.ne  ,  évêché  du  xix« 
siècle,  dans  l'île  de  Sicile,  royaume  des  Deux-Si- 
ciles,  suffraganl  de  Palerme. 

Caltamzetta,  évêché  du  xisi^  siècle,  création  de 
Grégoire  XVI,  d.ins l'île  de  Sicile,  royaume  des  Deux- 
Siciles. 

Calvi-et-Teano,  évêché  du  x«  siècle,  auquel  a  été 
réuni  celui  de  Teano  qui  datait  du  v«,  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale  ),  suffragant  de  Ca- 
poue. 

Calzada.  Voyez  Calahorra. 

Cambrai,  archevêché  du  xvi«  siècle,  auparavant 
évêché  du  iv^,  en  France  (dép.  du  Nord). 

Camerino,  archevêché  moderne,  auparavant  évêché 
^u  v«  siècle  ,  dans  les  Etats-Romains  (Italie  cen- 
trale) . 

Campagna,  ou  CoMPSA.  Voyez  Conza. 

Canada  supérieir  occidental,  ou  les  Trois-Ri- 
viÈRES,  évêché  du  xix^  siècle,  création  du  pape  Gré- 
goire XVI  ,  Nouvelle-Bretagne ,  colonie  anglaise 
(Amérique  septentrionale). 

Canarie,  ou  Palua,  évêché  du  XIV*  siècle,  dans 
l'une  des  îles  Canaries ,  colonies  espagnoles,  suffra- 
ganl de  Séville. 

Capaccio,  évêché  du  x«  siècle,  suffragant  de  Sa- 
leriie,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  mé- 
ridionale). 

Cap  Breton,  évêché  du  xix«  siècle,  création  de 
Grégoire  XVI ,  province  de  la  Nouvelle-Ecosse  dans 
la  N>iuvelle-Bret3gne,  colonies  anglaises  (Amérique 
septentrionale). 

CàPO  b'IsTRiA.  voyez  Trieste. 


Capoue,  archevêché  du  x'  siècle,  auparavant  évê- 
ché du  ne,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie 
méridionale). 

CaRACCAS,  ou  BÉNÉ7.CELA,  OU  LÉON  DE  CaRACCAS  , 

archevêché  de  création  moderne,  dans  l'Etat  de  Ve- 
nezuela (Amérique  méridionale). 

Carcassonne,  évêché  du  iv«  siècle,  en  France  (dé- 
partement de  l'Aude),  suffragant  de  Toulouse. 

Cariati,  évéché  du  ix«  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  Santa- 
Severina. 

Carlo  (San-),  ou  Saint-Charles,  évêché  du  xix» 
siècle,  création  du  pape  Grégoire  XVI,  dans  l'Amé- 
rique méridionale.  * 

Carpi,  évêclié  du  xix*  siècle,  dans  le  duché  de  Mo- 
dène  (Italie  centrale). 

CARinAGÈNE,  évéché  du  w  siècle ,  province  de 
Murcie,  en  Espagne ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Tolède. 

Carthagène-des-Indes,  évêché  du  xvi»  siècle  , 
dans  la  république  de  la  Nouvelle-Grenade  (Améri- 
que méridionale  )  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Santa-Fé-de-Bogota. 

Casale,  évêché  du  xv«  siècle  ,  dans  le  Piémont, 
Etais-Sardcs  (Italie  septentrionale) ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Turin. 

Caschad.  Voyez  Cassovia. 

Caserta,  archevêché  moderne,  auparavant  évêché 
du  XI"  siècle  ,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles 
(Italie  méridionale)  ,  suffragant  de  Capoue. 

Casdel  ,  archevêché  du  xii'  siècle,  auparavant 
évéché  au  x«,  en  Irlande  (empire  britannique). 

Cassano  ,  évêché  du  x«  siècle  ,  immédiatement 
soumis  au  saint-siège  ,  dans  le  royaume  des  Deux- 
Siciles  (Italie  méridionale). 

Cassovia,  ou  Caschad  ,  évéché  de  création  mo- 
derne, dans  la  Haute-Hongrie,  suffragant  de  l'arclie- 
vêché  d'Erlau. 

Castello-Branco,  ou  Castelbarco  ,  évêcbé  du 
xix«  siècle,  royaume  de  Portugal,  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Lisbonne. 

Castellauare  ,  ou  Castel-a.-Mabe-di-Stabia  , 
évêché  du  v"  siècle,  dans  le  royaume  des  Deux- 
Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'archevêché 
de  Sorrento. 

Castellaneta  ,  évêché  du  xi*  siècle,  dans  le 
royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  suf- 
fragant de  l'arclievêché  de  Tarante. 

Castellaragonèse.  Voyez  Ahplrias. 

Catane,  évêché  du  viii^  siècle,  dans  l'île  de  Sicile, 
royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suf- 
fragant de  l'archevêché  de  Montréal. 

Catanzaro,  ou  Cantazaro,  évêché  du  xii<  siècle  , 
de  la  création  du  pape  Calixte  II ,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale)  ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Reggio. 

Cattaro,  évêcbé  du  vi^  siècle  ,  dans  la  Dalma- 
lie  ,  monarchie  autrichienne  ,  suffragant  de  l'arcbe- 
vèché  de  Zara. 


1275  ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATRIAU 

Cava-i.t-Sxuno,  évêché  du  xiv«  siècle  de  la  créa- 
tion du  pape  Bonilace  IX  ,  uni  à  Sarno  ,  évêché  du 
x«  siècle ,  royaume  des  Deux-Siciles  (  llalie  méri- 
dionale), immédiaienienl  soumis  au  saint-siége. 

Cebu.  Vuyet  Nom-db-Jésus. 

Cenboa,  évêché  du  v«  siècle,  dans  la  Lombardie 
vénilienne  (llalie  sepienirioiiale) ,  suiïragant  de  Ve- 
nise. 

Céphalome-et-Zante  ,  évêché  du  xiii'  siècle,  ré- 
publique des  îles  Ioniennes ,  sous  la  proteciion  de 
l'AnglL-terre  ,  dans  la  Médilerranée  ,  suffragani  de 
l'arelrevêché  de  Corfou. 

Ceuvia,  évêché  du  vi«  siècle  ,  dans  les  Etals- Ro- 
mains (llalie  ceniralc)  ,  suffragani  do  l'archevêché 
de  Ravenne. 

Césène,  évêclié  du  iv«  siècle,  dans  les  Etals-Ro- 
mains (llalie  cenlrale),  suffragani  de  Ravenne. 

Ceuta,  évêché  du  iv^  siècle,  rétabli  dans  le  xv=, 
possession  espagnole  dans  l'empire  de  Maroc  (Afii- 
que  septentrionale),  suffragani  de  l'arcli.  de  Séville. 

CiuciiAPO\AS  ,  évêché  du  xix*  siècle  de  la  créa- 
tion de  Grégfiire  XVI  ,  province  de  Jlaynas,  dans  le 
Bas-Pérou  (Amérique  niéridionale). 

Chalons  sur-Marne,  évêché  du  iv^  siècle  ,  en 
France  (dép.  de  la  Marne),  suffragani  de  l'archevêché 
de  Reims. 

CHAMBÉnï  ,  arcbevêclié  du  xix"!  siècle  de  la  créa- 
lion  de  Pie  VII,  province  de  Savoie,  Eiats-Sardes. 

CuARCHAS,  archevêché  dans  l'Amérique  méridio- 
nale.   Voyez    De  la  Plata. 

CuARLESTowN,  évêcbé  du  su»  siècle,  dans  la  Ca- 
roline du  Sud ,  Eials-Unis  (Amérique  septentrio- 
nale). 

Charlotte  s-town,  évêclié  du  xix«  siècle,  dans 
nie  du  Prince-Edouard  ou  île  Saint-Jean,  colonie 
anglaise  de  la  Nouvelle-Iireiagne  (Aniéri(|ue  sep- 
tentrionale). 

Chartres,  évêclié  du  iv«  siècle  ,  en  France  (dép 
d'Eurc-et-Loir),  sulTragant  de  l'archevêché  df 
Paris. 

Chelm;i,  évêché  du  xiv« siècle,  uni  à  celui  de  Beliz 
pour  les  Grecs-l'nis,  dans  l'ancienne  Pologne  (em- 
pire russe).  • 

Chupa-de-los-Lndos,  évêché  du  xvi»  siècle,  dans 
le  Guatemala,  ou  république  fédérale  de  l'Amérique 
cenirale,  suffragani  de  l'archevêché  de  Nueva-Gua- 
témala. 

CuicHAGiA,  évêché  du  xix^  siècle  de  la  création  du 
pape  Grégoire  XVI,  territoire  des  Illinois  ,  Etats- 
Unis  (Amérique  septentrionale). 

Chieti  ,  archevêché  du   xvi"  siècle,  aupararant 
évêché  dès  le  v,  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie 
I        méridionale). 

j  CuioGGiA,  évêcbé  du  x^  siècle,  dans  la  Lombardte 

I       vénitienne  'Italie  septentrionale),  suffragani  de  Ve 
I       nise. 

Cniiisi,  évêché  du  iv,  siècle  uni  ;i  celui  de  Pienza, 
1  immédiatement  soumis  au  saini-siége  , -grand-duché 
J      de  Toscane  (Italie  cenlrale). 


CATS,  ARCHEVECHES,  EVECHES,  etc.  1274 

CnoNAD,  ou  KsANA ,  évêché  du  xi«  siècle  ,  dans 
le  baniiai  de  Temetchwar  (Hongrie) ,  suflragani  de 
l'arclicvêché  de  Kolocxa. 

CnRisTOPHE  (Saint-)  de  la  Havane,  évêché  du  xvi» 
siècle,  dans  l'île  de  Cuba,  l'une  des  grandes  Aniiiles 
(colonie  espagnole)  ,  suffragani  de  l'archevêché  de 
Saniiago-de-Cuba. 

Cbristophe  (Saint-)  de  Lagnna  ,  évêché  du  xv« 
siècle  ,  dans  l'île  de  Ténériffe  ,  une  des  Canaries 
(possession  espagnole). 

Cincinnati  ,  évêché  du  xix'  siècle  de  la  création 
du  pape  Pie  VII,  dans  l'Ohio,  Etats-Unis  (Amérique 
septentrionale). 

CiNGiiLi.  Voyez  Osimo, 

Cinq-Eglises  ,  ou  FûNFKiRcnEN  ,  évêché  du  xi» 
siècle,  dans  la  Basse-Hongrie,  suff'ragani  de  l'arcbe- 
vêché  de  Cran. 

C1RIGNOLA,  évêclié  du  royaume  des  Deux-Siciles  , 
uni  à  celui  d'.Ascoli.  Voyez  Ascoli. 

Citta  diCastello,  évêcbé  du  v«  siècle  ,  dans  les 
Etats-Romains  (llalie  cenlrab:),  immédiatement  sou- 
mis au  pape. 

Citta  della  Pieve,  évêché  du  xvii»  siècle  ,  dans 
les  Etats-Romains  (llalie  cenlrale)  ,  immédiatement 
soumis  au  pape. 

CiLDAD-RoDRiGo,  évêché  du  xii«  siècle,  dans  la 
Vieille-Castille,  en  Espagne,  suffrag.mt  deSanliago- 
dc-Compostelle. 

Civita-Castellana,  évêché  du  v»  siècle,  auquel 
on  a  réuni  celui  d'Orta  et  de  Gallese.dans  les  Etals- 
Romains  (Iialie  cenlrale),  immédiatement  soumis 
au  pape 

Civita-Vecchia.  Voyez  Porto  e  S.  Ritina. 

Claude  (Saint-)  ,  évêché  du  xvme  siècle,  en  France 
(dép.  du  Jura),  suffragani  de  Lyon. 

Clermont-Ferrand  ,  évêché  du  iii^  siècle  ,  en 
France  (déparlement  du  Puy-de-Dôme),  suffragani  de 
Bourges. 

Clogher,  évêché  du  v«  siècle,  en  Irlande  (empire 
britannique),  suffragani  de  rarchevêché   d'Armagh. 

Cloxfert,  évêché  du  vi^  siècle  ,  en  Irlande  (em- 
pire britannique  ) ,  suffragani  de  l'arclievèclié  de 
Tuam. 

Cloyne-et-Ross,  évêché  du  vi«  siècle,  en  Irlande 
(empire  britannique),  suffragani  de  l'archevêché  de 
Cashi'l. 

CoiMEHt ,  évêché  du  vi«  siècle  ,  dans  le  royaume 
de  Portugal,  suffragani  de  Lisbonne. 

CoiRE,  évêché  du  iv'  siècle,  dans  le  canton  des 
Grisons  (Suisse). 

Colle,  évêché  du  xvi"  siècle,  grand-duché  de 
Toscane  (Italie  centrale),  immédiatement  soumis  au 
pape. 

Cologne,  archevêcbé  du  iv  siècle  ,  grand-duché 
du  Bas-Rhin  (monarchie  prussienne). 

CoMACCHio  ,  évêché  du  v^  siècle  ,  dans  les  Etals- 
Romains  (Italie  cenlrale),  suff'ragani  de  l'archevêulié 
de  Ravenne. 

Comatgua,  on  Valladolid-la-Nieva  ,  évêcbé  du 


!£-,§  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


127G 


Xïti'  siècle,  dans  le  Gualémala,  ou  république  féilc- 
tale  lie  rAniérhiiie  centrale  ,  suffragani  de  l'arclie- 
vêché  de  Guatemala. 

CoMPOSTELLE,  ou  SANTIAGO ,  arclievêché  du  xii« 
siècle,  auparavant  évêclic  du  xi°  ,  dans  la  province 
de  Galice,  en  Espagne. 

Conception  (La),  ou  La  Mocha  ,  évèclié  du  xvi" 
siècle,  république  du  Cliili  (Amérique  méridionale), 
suilragant  de  l'arclievêcbé  de  Lima. 

CoNCORDiA,  évêché  du  m"  siècle,  dans  la  Lombar- 
die  vénitienne. 

CoNi ,  évêché  de  création  moderne  ,  dans  le  Pié- 
mont, Etats-S;irdes  (Italie  septentrionale),  suffragant 
de  l'archevêcbé  de  Turin. 

CoNXOR.  Voyez  Down. 

CoNVERSANO,  évêclié  du  T«  siècle,  dans  le  royaume 
des  Deiix-Sicili'S  (Italie  méridionale),  suffragant  de 
l'arclievêclié  de  Bari. 

CoNZA,  arclievéclié  du  xi«  siècle,  auparavant  évê- 
clié  du  X*  siècle  ,  dans  le  royaume  des  Deiix-Siciles 
(Italie  centrale). 

CoRDOi'E,  évêché  du  iv  siècle,  province  de  l'An- 
dalousie, en  Espagne,  suffragant  de  l'arclievêclié  de 
Tolède. 

CoRDOvA,  évêché  du  ww  siècle,  dans  la  province 
de  Tiicuman  ,  confédération  du  Rio-de-la-Plala 
(Amérique  méridionale). 

CoRFOu,  archevêché  du  xiv^  siècle,  dans  lîle  de 
ce  nom,  Tune  des  Ioniennes  sous  la  protection  de 
l'Angleterre,  dans  la  Méiliterranée. 

ConiA,  évêché  du  vi"  siècle,  province  de  l'Estra- 
niadure,  en  Espagne  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Santiago-de-Composielle. 

Cork,  évêché  du  viu"  siècle,  en  Irlande  (empire 
britannique),  suffragant  de  Cashel. 

CoRNETO,  évêché  du  vi^  siècle,  uni  à  Montefias- 
CONE.  Voyez  ce  nom. 

CORNOUAILLES.    VoyeZ  QlIMPER. 

CoRToNE  ,  évêché  du  vi^  siècle  ,  grand-duché  de 
Toscane  (Italie  conirale),  immédiatement  soumis  au 
pape. 

CosFNZA,  archevêché  du  xi»  siècle  ,  auparavant 
évêché  du  m«,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles 
(Italie  méridionale). 

CoTRONE,  ou  Crotona,  évêché  du  vi«  siècle,  dans 
le  royaume  des  Deux-Siciles  (Ualie  méridionale)  , 
suffragant  de  l'archevêché  de  Reggio. 

CouTANCES,  évêché  du  iv  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Manche),  suffragant  de  l'archevêché  de  Rouen. 

Cracovie,  évêché  du  x^  siècle  ,  ancienne  Pologne 
(aujourd'hui  possession  autrichienne). 

Crema,  évêché  du  xvi*  siècle,  de  la  création  de 
Grégoire  XIII,  dans  la  Lorohardie  vénitienne  (Italie 
septentrionale),  suffragant  de  Milan. 

Crémonï,  évêché  du  iv«  siècle  ,  dans  la  Lombardie 
vénitienne   (  Italie   septentrionale  )  ,  suffragant  de 


Pérou  (Amérique  méridionale)  ,  suffragant  de  l'ar- 
cbevêehé  de  Cliarea>. 

CtiBA.  Voyez  Santiaco-de-Ciba 

Ci'F.NÇA,cvêché  du  xii«  siècle,  province  de  jii  Nftti- 
velle-Castillc,  en  Espagne,  suffragani  de  rarchévêché 
de  Tolède. 

CutNÇA,  évêché  de  rréaiion  moderne,  dans  la  ré- 
publiqiic  de  l'Equateur  (Amérique  méridionale). 

CujABA,  ou  CuïABA,  évêcIié  du  xix=  siècle,  pro- 
vince de  Mnito-Grosso,  empire  du  Brésil  (.Amérique 
méridionale). 

Ci'JAViE.  Voyez  Vladislaff. 

Cui.ji,  évêché  du  x"  siècle,  dans  la  Prusse  orien- 
tale (iiKinarcliie  prussienne  )  ,  suffragani  de  l'arche- 
vêché de  Posen. 

Cl'zco,  évêché  du  xvP  siècle,  dans  le  Pérou  (Amé- 
ri(iue  méridionale) ,  suffragani  de  larclievêclié  de 
Lima. 

D 

Derby,  évêché  en  Irlande  (empire  britannique). 

Détroit,  évêché  du  xix'  siècle,  dans  le  Michigao, 
Etats-Unis  (Amérique  septentrionale). 

DiÉ  (Saint-),  évêché  du  xviii«  siècle,  en  France 
(dép.  des  Vosges),  suffragani  de  l'archevêché  de  Be- 
sançon. 

Digne,  évêché  du  V  siècle,  en  France  (dép.  des 
Basse>-Alpes),  suffragani  de  l'archevêché  d'Aix. 

Dijon,  évêché  du  xviii«  siècle,  en  France  (départ, 
de  la  Côle-d'Or)  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Lyon. 

Domingo  (Santo-),  archevêché  du  xvi«  siècle  , 
dans  nie  de  Saint-Domingue  ou  Haïti,  une  des  gran- 
des Antilles, 

Doxvn-et-Connor,  unis,  évêché  du  v«  siècle  ,  en 
Irlande  (empire  britannique),  suffragant  de  l'arche- 
vêché d'Arniagli. 

Dromore,  évêché  du  vi»  siècle,  en  Irlande  (em- 
pire britannique),  suffragant  de  l'arclievêché  d'Ar- 
magb. 

Dublin,  archevêché  du  \w-  siècle  ,  auparavant 
évêché  du  IX',  en  Irlande  (empire  britannique). 

DiiRUQUE  ,  évêché  du  XIX"  siècle  ,  de  lu  création 
de  Grégoire  XVI  ,  dans  le  territoire  des  Wi^koii- 
sins,  Eiats-Unis  (Amérique  sepicntrionale). 

DcRANGO,  évêché  du  xvii«  siècle,  dans  le  Mexique 
(Amérique  seplenirionale),  suffragant  de  l'archevêclié 
de  Mexico. 

DiRAzzo,  archevêché  du  v*  siècle ,  dans  l'Albanie 
(empire  ottoman). 


Milan. 

Croix  (Sainte-)   or.  la  Sierra,  ou  Saxta-Crux- 
t)E-i.A-SiERRA,  évêché  du  xvi^  sièclc  ,  dans  le  Hau'- 


E 

I  EicnsTETT,  évêché  du  viii<>  siècle,  royaume  de  Ba- 
vière (Allemagne  méridionale). 

Elpuin,  évêdé  du  v*  siècle,  en  Irlande  (empire 
britannique),  suffragant  de  l'.irchevèché  de  Tuam 

Elvas,  évêché  du  xvi«  siècle  ,  royaume  de  Por* 
tugal,  suffragani  de  l'archevêché  d'Evora. 

Emily,  ou  Ehelev,  évêché  du  vi'  siècle,  uni  à  ce- 


ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATRIARCATS,  ARCHEVECHES,  EVECHES,  etc.        1278 


1277 

lui  de  Cashel,  dans.ic  xiu«,  en  Irlande  (empire  bri- 

tannii|ue). 

Epéries,  évêclié  pour  les  Grecs-Unis,  dans  la 
Hongrie. 

EnBiPOLi ,  ou  Herbipolen  ,  royaume  de  Bavière 
(Allemagne  méridionale).  Voyez  Wurzbuurg. 

Ebl.vw.  Voyez  Agri\. 

EvoRA  ,  arclievèehé  du  xvi«  siècle,  auparavant 
évéclié  du  m»  ,  dans  le  royaume  de  Portugal,  pro- 
rince de  l'Alenlejo. 

EvBEDX  ,  évêché  du  iii^  siècle  ,  en  France  (dép. 
de  l'Eure),  suffraganl  de  rarclievêclié  de  Rouen. 


Fabbiano-et-Matelica  ,  unis,  évêché  du  v^  siècle, 
dan?  les  Eials-Romains  (Italie  centrale)  imniéiliate- 
ment  soumis  au  saint-siége 

Faenza,  évêché  du  m*  siècle,  dans  les  Eials-Ro- 
niains  (Italie  centrale),  snffragnnl  de  l'arclievèclié  ds 
Ravenne. 

Famago«ta,  ou  Famagouste  ,  évêrhé ,  auparavant 
arclievêché  du  xi"  siècle,  dans  l'ile  de  Chypre  (em- 
pire ottoman). 

Fano,  évêclié  du  v^  siècle,  dans  les  Etats-Romains 
(Il;ilie  centrale),  suffiagant  de  rarchevêché  d'[Iibin. 

Faro,  évêclié  du  xvi'  siècle  ,  transféré  de  Silves 
ou  Sy!va  ,  dans  le  royaume  de  Portugal,  suUraganl 
de  rarchevêché  d'Evora. 

Fé  (Santa)  de  Rogota  ,  ou  SANiA-FEDE-nE-LOS- 
Indos,  archevêclié  du  xvi*  siècle  dans  la  république 
de  la  Nouvelle-Grenade  (Amérique  méridionale). 

Felthe-et-BellCiNE  ,  unis  ,  évêché  du  iii^  siècle, 
dans  la  Lombardie  vénitienne  (Italie  septentrionale). 

Febentino  ,  évêché  du  y"  siècle ,  dans  les  Ëiais- 
Roniains  (Italie  centrale),  immédiatement  soumis 
au  pape. 

Febmo  ,  archevêché  du  xvi=  siècle  ,  auparavant 
évêché  du  v  ,  dans  les  Etats-Romains  (Italie  cen- 
trale). 

Fernambugo,   ou  Pernambdco,  ou  Recife.    Vityeî 

UlIiNOA. 

Fernes  ,  évêché  du  \i«  siècle  ,  en  Irlande  (empire 
britannique),  suCfrngant  de  l'archevêché  de  Dublin. 

Ferrare,  archevêché  du  xviii«  siècle,  création  de 
Clément  XII,  auparavant  évêché  duvii'  siècle,  dans 
les  Eiais-Romains  (Italie  centrale). 

Fiesolë  ,  évêché  du  v^  siècle,  dans  le  grand-du- 
ci)é  (Je  Toscane  (Iialie  centrale) ,  suffraganl  de  l'ar- 
chevêché de  Florence. 

Florence,  archevêché  du  xV  siècle,  auparavant 
évêché  du  ni'  ,  d;ins  le  grand-duché  de  Toscane 
(lalie  centrale). 

Flour  (Saim-),  évêché  du  xiv«  siècle,  en  France 
(dép.  du  Caillai) ,  suffraganl  de  l'archevêché  de 
Bourges. 

F<GvRAS,  cvêclié  pniir  les  Grecs-Unis,  d.ins  la 
dans  la  Transylvanie  (monarchie  autrichienne). 

FoLiGNO,  évêché  du  v«  siècle,  dans  les  Etats-Ro- 


mains (Italie  centrale)  ,  inunédiatement  soumis  au 
papo. 

FoRLi,  évêché  du  vii«  siècle  ,  dans  les  Elals-Rn- 
mains  (Italie  ccniraleK  suffragant  de  l'archevêché  de 
Ravenne. 

FossANO,  évêché  du  xvi«  siècle,  dans  le  Piémont , 
Etals-Sardes  (Italie  septentrionale)  ,  suffraganl  de 
Turin. 

FossoMiîRONE,  évêché  du  iv«  siècle,  dans  les  Etats- 
Romains  (Italie  centrale),  suffracantde  l'archevêché 

d'URBIN. 

Frascati,  évêché  du  vi«  siècle,  dans  les  Etats- 
Romains  (Italie  centrale),  immédiatement  soumis 
au  pape. 

Fréils,  évêché  du  iv^  siècle  ,  en  France  (dép.  du 
Var),  suffragiint  de  l'archevêché  d'Aix. 

Fribourg-en-Rrisgaw,  arelievêclié  du  xix«  siècle, 
dans  le  grand-duché  de  Bade  (  Allemagne  méridio- 
nale). 

Frisingin  ,  ou  Freisingen  ,  archevêché  du  xix« 
siècle,  auparavant  évêché  du  viii«,  dans  le  royaume 
Je  Bavière  (Allemagne  méridionale). 

FuLuE  ,  évêché  du  xviii"  siècle ,  dans  la  Hesse 
éteciorale  (Allemagne  centrale). 

FuNCHAL,  évêché  du  xv  siècle,  dans  l'Ile  de  Ma- 
dère ,  possession  dn  Portugal,  suffraganl  de  l'arche- 
vêclié  de  I/isbonne. 

FONFaiRCHEN.   VotfM  ClNQ-EOLISES. 


Gaete,  évêché  du  ix'  siècle  inimédialenient  sou- 
mis au  saini-siége,  dans  leruyaume  des  Deux-Siciles 
(Italie  méridionale). 

Gall  (Sai.-st-)  ,  évêché  de  la  création  du  pape 
Pic  IX,  dans  le  canton  de  Saint-Gall  (Suisse). 

Gallipoli,  évêché  du  vi^  siècle,  dans  le  rny^iume 
des  Dcux-Siciles  (Italie  méridionale)  ,  suffragant  de 
l'archevêché  d'Otrante. 

Gai,tellv-Nohi,  évêché  du  xii'^  siècle,  dans  l'Ile 
de  Sardaigne,  Etats-Sardes  ,  suffragant  de  l'arche- 
vêclio  de  Cagliari. 

Galwaï,  évêché  du  vi«  siècle,  en  Iibnde  (empire 
britannique),  suffraganl  de  l'archevêché  d'Arinagh. 

Gand,  évêché  du  xvi«  siècle  ,  dans  le  inyaume  de 
Belgique,  suffragant  de  l'archevêché  de  Malines. 

Gap,  évêché  du  v^  siècle,  en  Fnnce  (départ,  des 
Hantes-.Alpes),  suffraganl  de  l'archevêché  d'Aix. 

Gènes,  arche» êché  du  \i]^  siècle,  auparavant  évê- 
ché du  iv"',  dans  l'ancien  duché  de  Gênes,  Etals- 
Sardes  (Italie  septentrionale). 

Genève.  Voyez  Lausanne. 

Gerace,  ou  Geraci  ,  on  Santa-Cvriaca,  évêché 
du  IX»  siècle  ,  dans  le  royaume  des  Deux-Sicilcs 
(Italie  méridionale),  suffragant  de  l'archevêché  de 
Reggio. 

Girgenti  ,  évêché  du  vi*  siècle,  dans  l'île  de  Si- 
cile, royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale), 
suffragant  de  l'archevêché  de  Palerme. 

GiRONE,  évêché  du  v«  siècle  ,  province  de  Cala- 


1279 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTinUE. 


1280 


suffracaiil  de  l'archevêché  »le 


logne,  en  Espagne, 
Tarragoiie. 

G^ESNE,  archevêché  dans  la  Prusse  polonaise. 
Yoyei  PosEN. 

GoA,  archevêché  du  xvi«  siècle,  dans  THindouslaii 
(Asie  méridionale),  colonie  portugaise. 

GoniTz-ET-GRADiscA,  iinis,  archevêché  du  xviii" 
siècle,  province  de  l'Illyrie (monarchie  aulrichienne). 

GoYAZ,  évêché  du  xix«  siècle,  dans  la  province  de 
ce  mmi,  empire  du  Brésil  (Amérique  méridionale). 

Grenaiie,  archevêché  du  xv  siècle,  auparavant 
évêché  du  iv«,  dans  la  province  de  ce  nom,  en  Espagne. 

GtiENOBLE,  évêché  du  iv  siècle  ,  en  France  (dép. 
de  l'Isère I,  suffragani  de  l'archevêché  de  Lyon. 

Gross-Wardein,  ou  Warabin,  évêché  du  xi"  siè- 
cle, dans  la  Hongrie,  suffragani  de  l'archevêché  de 
Kolocza. 

Gross-Wardein,  ou  Waradin  ,  le  même  évêché 
ponr  les  Grecs-Unis. 

Grosseto,  évêché  dans  le  grand-duché  de  Toscane 
(Italie  centrale),  suUraganl  de  l'archevêché  de 
Sienne. 

Grovina-et-Monte-Peloso,  unis  ,  évêché  du  ix« 
siècle,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  mé- 
ridionale) ,  suffragani  de  l'archevêché  d'Acerenza. 
Yoyei  Monte-Peloso. 

GuADALAXARA,  évêclié  du  xvi*^  sièclc,  dans  la  pro- 
vince de  Xalisco,  au  Mexique  (Amérique  septentrio- 
nale), suffragani  de  l'archevêché  de  Mexicu. 

GoADix,  évêché  du  v"  siècle,  province  de  l'Anda- 
lousie, en  Espagne,  suffragani  de  l'archevêché  de 
Séville. 

GUAMAGNA,    OU    Gl'AMANGA  ,    OU    SilNT-JcAN-IiE-lA 

Victoire-de-Glamangi'a,  évêché  du  wiiiî  siècle  ,  uni 
à  celui  d'AvAciCHO,  créé  par  le  pape  Grégoire  XYI, 
dans  la  province  du  même  nom,  au  Pérou  (Anic- 
rique  méridionale) ,  suffragani  de  l'archevêché  de 
Lima. 

GcARDA,  évêché  de  la  province  de  Beira  ,  dans  le 
royaume  de  Portugal,  suffragani  de  l'archevêché  de 
Braga,  ou  Bragues. 

GuASTALLA,  évêché  du  xix=  siècle,  dans  le  duché 
de  Panne  el  Plaisance  (  Italie  centrale)  ,  suffragani 
de  l'archevêché  de  Lucques. 

Gl'ATIMALA  ,  ou  SaINT-JaCQUES  DE  GCATÉMALA  ,  ar- 

chevêché  du  xix<'  siècle,  auparavant  évêché  du  xvi", 
dans  la  république  de  ce  nom,  dite  république  fédé- 
rale de  l'Amérique  centrale. 

GtAYAOuiL ,  évêché  du  xix'  siècle,  de  la  création 
de  Grégoire  XVI ,  dans  la  province  de  ce  nom,  ré- 
publique de  l'Equaleur  (Amérique  méridionale). 

Gi'iiBio,  évêché  du  iv'^  siècle,  immédialemeni  sou- 
mis au  pape,  dans  les  Eiats-Romains  (  lialie  cen- 
trale). 

GcRJS,  évêché  du  xi«  siècle ,  dans  la  province  de 
Carinihie  (monarchie  aulrichienne),  suffragani  de 
l'archevêché  de  Gorilz. 

Gdïana-de-los-I.ndos,  évêché  de  création  moderne, 
dans  l'Amérique  méridionale. 


H 


Halifax,  évêché  du  xix'  siècle,  de  la  création  du 
pape  Grégoire  X\l ,  dans  la  Nouvelle-Ecosse,  colo- 
nie angiaisu  (Amérique  septentrionale). 

Hallicia.  Voyez  Leopolis. 

Hartforii  ,  évêché  du  xix*  siècle,  de  la  création 
de  Grégoire  XVI ,  <lans  le  Conneciicut ,  Etats-Unis 
(Amérique  septentrionale). 

IliLDESHEiM,  évêché  du  IX'  siècle,  dans  le  royaume 
de  Hanovre  (Allemagne  septentrionale). 

Hippolite  (Saint-),  évêché  de  création  moderne, 
dans  la  Basse-Autriche  (monarchie  aulrichienne) , 
suffragani  de  l'archevêché  de  Vienne. 

IlisPAUAN  ,  évêché  pour  le  rite  latin  ,  dans  la  pro- 
vince d'Irac-Adjémi,  royaume  de  Perse  (Asie). 

HOBARTOWN,    ou   HOBART-ToWN ,    évêcllé    du    XIX* 

siècle,  de  la  création  du  pape  Grégoire  XVI,  dans 
l'île  de  Tasmanic,  ou  Terre  de  Yan-Diemcn  (Océa- 
nie,  ou  Monde  maritime). 

HuESCA,  évêché  du  v^  siècle,  provi-nce  d'Aragon  , 
en  Espagne ,  suffragani  de  l'archevêché  de  Sarra- 
gosse. 

I 

Iesi,  évêché  du  v«  siècle,  dans  les  Eials-Roniains 
(lialie  centrale),  iiiiiiiédialement  soumis  au  pape. 

Iglesias,  évêché  du  xvi^  siècle  ,  de  la  création  du 
pape  Alexandre  VI  ,  dans  file  de  Sardaigne,  Eiais- 
Sardes,  suffragani  de  l'archevêché  de  Cagliari. 

lM0LA,évèché  du  iv<^  siècle,  dans  K  s  Elats-Uoniaiiis 
(Italie  centrale) ,  suffr.igant  de  l'archevêché  de  Ka- 
venne. 

IscniA,  évêché  du  vi«  siècle  ,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragani  de  l'ar- 
chevêché de  Naples. 

IsERNiA,  évêché  du  v*  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragani  de  l'ar- 
chevêché de  Capoue. 

IviçA,  ou  Ivice,  évêché  du  v'  siècle,  dans  l'île  de 
ce  nom  (une  des  Baléares  ,  dans  la  Méditerrané  ■) , 
possession  espagnole  ,  suffragani  de  l'archevêclié  de 
Valence. 

Ivrée, évêché  du  iv«  siècle,  dans  le  Piémont,  Etals- 
Sardes  (Italie  septentrionale),  suffragani  de  l'arche- 
vêché de  Turin. 

J 

Jaca,  évêché  du  xi«  siècle,  dans  la  province  d'A- 
ragon, en  Espagne,  suffragani  de  l'archevêché  de 
Sarragosse. 

Jaen,  évêché  du  xiii'  siècle,  dans  l'Andalousie  , 
en  Espagne,  suffragani  de  l'archevêché  de  Tolède. 

Janow,  ou  Podlakie,  éiêché  de  l'ancien  royaume 
de  Pologne  (empire  russe),  suffragani  de  l'archevê- 
clié  de  Varsovie. 

Jean  (Saint-)  de  Maurie.nne,  évêché  du  iii^  siècle, 
dans  la  province  de  Sivoie,  Eiais-Sardes,  suiTragant 
de  l'archevêché  de  Chaiiiliéry. 

K 

Kaliscu,  ou  Uladislavia,  évêché  du  xii'^  siècle» 


iasi  ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATRIARCATS,  ARCHEVECHES,  EVECHES,  etc. 


H'i-1 


dans  l'ancien  royaume  de  Pologne  (empire  russe)  , 
sulTragant  de  rarclievêclié  de  Varsovie. 

Kauiniekc,  ou  Kahenetz  ,  évècbé  de  la  Podoiie  , 
ancienne  province  polonaise  (empire  russe). 

Kerrï-kt-Agbabon  ,  évêcbé  du  vi'  siècle ,  en  .r- 
lande  (empire  briiannique)  ,  sulîraganl  de  l'arche- 
véclié  de  Gashel. 

Kildare-et-Leigblin,  évêclié  du  vi'  siècle,  auquel 
fut  réuni,  dans  le  x\i',  celui  de  Lciglilin,  en  Irlande 
(empire  britannique) ,  sultragant  de  l'arcbevêcbé  de 
Dublin. 

KiLLALA,  évêcbé  du  t'  siècle ,  en  Irlande  (empire 
britannique),  suffragant  de  l'arcbevêcbé  de  Tuam. 

KiLLALOE,  évêcbé  du  vii*^  siècle,  en  Irlande  (em- 
pire britannique) ,  suffragant  de  l'arcbevêcbé  de 
Casbel. 

KiLLFENOftA-ET-KiLMACBN\Gii, évêché  du vi«  sièclc, 
auquel  on  a  réuni  ensuite  celui  de  Kilmacdnagb ,  en 
Irlande  (empire  britannique),  suffragant  de  l'arcbe- 
vêcbé  de  Tuam. 

KaHORE,  évêcbé  du  xv^  siècle,  en  Irlande  (empire 
britannique),  suffragant  de  l'arcbevêcbé  d'Armagb. 

KiiNGâTO.N  ,  évêcbé  du  xisl^  siècle  ,  province  du 
Haut-Canada,  dans  la  Nouvelle-Bretagne,  colonie 
anglaise  (Amérique  septentrionale). 

Km.n.  Voyez  Tinia. 

KoEfiiGSGRATZ,  évècbé  du  xvii'  siècle  ,  dans  la  Bo- 
hême (  monarchie  autiicbienne  ),  suffragant  de  l'ar- 
cbevêcbé de  Prague. 

Kolocza-et-Bacz  ,  ou  KoLOczA  ,  archevêché  du 
xi«  siècle,  dans  la  Hongrie  (Europe  orientale). 

Kreutz  ,  ou  Krisio  ,  ou  Sai.nte-Croix  ,  évêcbé 
pour  les  Grecs-Unis,  province  de  TEsclavonie,  dans 
la  Hongrie  (Europe  orientale). 


Lacedogna,  évêché  du  x»  siècle,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  suffragant  de 
rarchevèclié  de  Coiiza. 

Lamego,  évêclié  du  v^  siècle,  dans  la  province  de 
Beira,  royaume  de  Portugal ,  suffragant  de  l'arclie- 
vêcbé  de  Braga. 

LANCiANO,arcbevècbé  du  xvi«  siècle,  dans  le  royau- 
me des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale). 

Langues  ,  évècbé  du  iv=  siècle  ,  en  France  (dép. 
de  la  Haute-Marne)  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Lyon. 

Larino,  évêcbé  du  x'  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
cliovêché  de  Bénévent. 

Lavant,  évècbé  du  xiii«  siècle,  province  de  Ca- 
rinibie,  dans  l'IUyrie  (monarchie  autrichienne) ,  suf- 
fragant de  l'archevêclié  de  Gorilz. 

Lecce,  évêché  du  m*  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché d'Olrante. 

LsiGHLiN.  Voyez  Kildare. 

Lkimeritz,  évêcbé  du  xvii'  siècle,  dans  la  Bohème 


(monarchie  autrichienne  ) ,  suffragant  de  l'arclievê- 
ché  de  Prague. 

Leiria,  évècbé  du  xvi«  siècle,  province  de  l'Esira- 
madure  dans  le  royaume  de  Portugal ,  suffragant 
de  l'archevêcbé  de  Lisbonne. 

Leobe.n,  évêché  de  création  moderne,  province  de 
Styrie  (monarchie  auiricbienne)  ,  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Gorilz. 

Léon,  évêché  du  iv''  siècle,  immédiatement  sou- 
mis au  pape,  dans  la  province  de  Léon,  en  Espagne. 

Léon,  dans  l'Amériaue  septentrionale.  Voyez  Li- 

NAJIES. 

Leopol,  ou  Lejioerg,  archevêché  du  xiv«  siècle  , 
dans  la  Gallicie  polonaise  (nionarcbie  autrichienne). 
Léopol,  ou  Lemderg  ,  archevêché  du  xiv'  siècle  , 
pour  le  rite  arménien. 

Léopol  ,  ou  Lemderg  ,  Haliez-et-Kamanetz,  réu- 
nis, pour  le  rite  t;rec-iusse,  dans  la  Gallicie  polo- 
naise (monarchie  autrichienne). 

Lérida,  évêcbé  du  vi*  siècle,  dans  la  Catalogne, 
en  Espagne,  siiffr^igant  de  l'archevêché  de  Tarragone. 
Lésina,  évècbé  du  xii=  siècle,  dans  l'ile  de  ce 
nom,  archipel  illyrien  ,  province  de  Dalmatie  (mo- 
narchie autrichienne),  suffragant  de  l'arcbevêclié  de 
Zara. 

Liège,  évêcbé  du  viii«  siècle,  dans  le  royaume  de 
Belgique,  suffr.igant  de  l'arcbevêcbé  de  Malines. 

Lima,  archevêché  du  xvi«  siècle,  au  Pérou  (Amé- 
rique méridionale). 

Limbourg,  évècbé  de  création  moderne,  dans  le 
Juché  de  Nassau  (Allemagne  centrale). 

Limerice,  évêché  du  vu''  siècle,  en  Irlande  (em- 
pire britannique),  suffragant  de  l'archevêché  de 
Casbel. 

Limoges,  évêché  du  m'  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Haute»Vienne)  ,  suffragant  de  l'archevéclié  de 
Bourges. 

Li.NARES,  évêcbé  de  création  moderne,  au  Mexique 
(.\mérique  septentrionale) ,  suffragant  de  l'archevê- 
ché de  Mexico. 

LiNTZ,  évêché  du  xix«  siècle,  dans  la  Haute-Au- 
triche (monarchie  autrichienne) ,  suffragant  de  l'ar- 
chevôché  de  Vienne. 

LiPARi,  évêché  du  V  siècle,  dans  l'île  de  ce  nom, 
dans  la  Méditerranée,  royaume  des  Deux-Siciles 
(Italie  Méridionale) ,  suffragant  de  l'archevéclié  de 
Messine. 

Lismore.  Voyez  Waterford. 
LivoinvE,  évêché  de  création  moderne,  dans   le 
grand-duché  de  Toscane  (Italie  centrale),  suffragant 
de  l'archevêché  de  Pise. 

Lodi,  évêché  du  iv*  siècle,  dans  la  Lombardie  vé- 
nitienne (Italie  septentrionale),  suffragant  de  l'ai  che- 
vêche de  Milan. 

LoRETO.  Voyez  Recanati. 

LoSAN.NE  ,  ou  Lausanne-et-Genève  ,  évêché  du 
VI*  siècle,  auquel  le  pape  Pie  Vil  a  uni  le  titre  lie 
Genève,  en  Suisse,  dans  le  canton  de  Vaud  ,  suilra- 
gani  de  l'archeYèché  de  Frïbourg  euBrisgaw. 


1285  DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


1284 


Louis  (Saint-)  ,  évèclié  du  xix'  siècle  ,  lerriloire 
du  Missouri,  Eiats-Uiiis  (Amérique  seplentiionale). 

LuBAc,  ou  Laïbacii,  ou  Laubar,  évêclié  du  xv^siè- 
cte,  clans  la  Carniole,  province  de  l'Illyrie  (monar- 
chie aulricliienue  )  ,  suffragant  de  l'arclievèché  de 
Goriiz. 

Lwblin,  évêclié  de  création  moderne  ,  dans  la  Po- 
logne (empire  russe),  suffragani  de  rarclievôché  de 
Varsovie. 

Li'CERA,  évéclié  du  IV»  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
clievêché  de  Bévéveni. 

Ldck,  ou  LiCKO,  évêclié  du  xi  i°  siècle,  auquel  est 
uni  celai  de  Zylonieriiz  ,  dans  la  Volliynie  (empire 
russe).  Il  y  a  un  évêque  du  rite  laiiii,  et  un  du  rite 
grec. 

LuçoN,  évêclié  du  xiv°  siècle  ,  en  France  (dép.irl. 
de  la  Vendée) ,  suffragant  de  rarclievêclié  de  Bor- 
deaux. 

LucQUES  ,  archevêché  du  wiii»  siècle,  auparavant 
évêclié  du  m»  siècle,  dans  le  duché  de  ce  nom 
(Italie  centrale). 

LuGo,  évêché  du  v*  siècle  ,  dans  la  province  de 
Galice,  en  Espagne,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Sanliago-de-  Coniposielle. 

Luiz  (San-),  évèclié  du  xvii«  siècle  ,  d:iiis  l'ile  de 
ce  nom,  empire  du  Brésil  (Amérique  méridionale)  , 
suffragant  de  l'arclievèché  de  Sun-Salvador. 

LiNi,  Sarzana-et  BitiGNATO,  évcché  du  v^  siècle, 
auquel  on  a  réuni  plus  tard  ceux  de  Sarzana  et  de 
Brugnato  ,  dans  le  Piémont  (Italie  septentrionale)  , 
iuffrag:inl  de  l'archevêché  de  Gènes. 

LvoN,  archevêché  du  ii"  siècle,  en  France  (dép. 
du  Rhône). 

M 

Macao,  évêohé  du  xvi°  siècle,  colonie  portugaise, 
dans  la  province  de  Kouang-Toung  (empire  chinois), 
Asie  orientale,  suffragant  de  l'archevêché  de  Goa. 

MAC.\R>KA-«T-Spalatro.  Voyez  Spai.atro. 

Macerata-et-Tolentino  ,  évcché  du  mv=  siècle  , 
auquel  fut  uni,  dans  le  xvi^  ,  celui  de  Toleniino  , 
dans  les  Etats  Romains  (Italie  centrale) ,  suffr.igant 
de  l'archevêché  de  Ferme. 

Madagascah,  évêché  du  xix«  siècle,  de  la  création 
du  pape  Pie  IX  actuellement  rcgnani,  dans  l'Ile  de 
Madagascar  (Océan  Indien). 

Majorca,  ou  Majorque,  évêché  du  vi^  siècle,  dans 
l'Ile  de  ce  nom,  une  drs  Baléares  ,  possession  espa- 
gnole dans  la  Méditerranée,  suffragant  de  l'arche- 
vêclié  de  Valence. 

Mauga,  évêché  du  V  siècle,  dans  la  province  de 
Grenade,  en  Espagne,  suffragani  de  l'archevêché  de 
Grenade. 

MALAiiKA,  évêché  du  xvi«  siècle,  dans  la  presqu'île 
de  ce  nnm,  possession  anglaise,  dans  le  sud-est  de 
l'Aïie,  suffragant  de  l'archevêché  de  Goa. 

Mali.ves,  archevêché  du  xvi«  siècle,  royaume  de 
tJeigique. 

Malte,  évêché  du  iii«  siècle,  dans  l'ile  de  ce  nom, 


possession  anglaise,  dans  la  Méditerranée ,  ininié- 
diatemenl  soumis  au  pape. 

Manfuedonia,  archevêché  du  xii»  siècle  ,  dans  le 
royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale). 

Manille,  archevêché  du  xvii^  siècle,  dans  l'île  de 
Luçon,  une  des  Philippines  (colonies  espagnoles). 

Mans  (Le),  évêché  du  iii=  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Sarthe) ,  snllragant  de  l'archevêché  de  Tours. 

Mantoue,  évêclié  du  ix«  siècle,  dans  la  Lnmhardie 
vénitienne  (Italie  septentrionale)  ,  immédiaiement 
soumis  au  pape. 

AUncANA,  ou  Mercana-et-Trebicno  ,  évêché  du 
x<^  siècle,  dans  la  Dalmatie  (monarchie  autrichienne), 
suffragant  de  l'archevêché  de  Zara.  L'évêehé  de 
Marcaiia  a  été  uni  <^  celui  de  Tre.bigno. 

Marco  (San-)  et-Bisig.nano,  ou  Santo-hiarco-et- 
BissiG.NANo,  évêché  du  xi'  siècle  ,  auquel  a  été  uni 
celui  de  Biaignano ,  dans  le  royaume  des  Deux-Si- 
ciles  (Italie  méridionale),  suffr.igant  de  l'archevêché 
de  Cozenza. 

Marianma,  évêché  du  xviii»  siècle  ,  dans  l'empire 
du  Brésil  (Amérique  méridionale), sulTiaganl  de  l'ar- 
chevêché de  Bahia,  autrement  San-Salvador. 

Marseillb,  évêché  du  iii«  siècle,  en  France  (dép. 
des  liouches-du-Khône) ,  suffragant  de  l'aichevêché 
d'Aix. 

Marsico-Nuovo-bt-Potenza,  évêché  du  x«  siècle  , 
auiiuel  fut  réuni  depuis  celui  de  Potenza ,  qui  da- 
tait du  \'  sièele  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles 
(  Italie  méridionale  ),  suffragant  de  l'archevêché  de 
Saleriie. 

Uarta  (Santa-),  évêché  du  xvi»  siècle  ,  dans  la 
répulilique  de  la  Nouvelle-Grenade  (Amérique  mé- 
ridionale) ,  suffragant  de  l'archevêché  de  Sanla-Fé- 
dc-B(igola. 

Marzi,  évêché  du  vii"  siècle  ,  dans  le  royaume  des 
Deux-3iciles  (Italie  méridionale)  ,  imiuédiaiement 
soumis  au  saint-siége. 

Massa-di-Carrara,  évêché  du  xix"  siècle,  dans  le 
duché  de  .Moilène  (  Italie  centrale)  ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Lncques. 

Massa-Maritima  ,  évêclié  du  vi*  siècle  ,  dans  le 
grand-duché  de  Toscane  (lialie  centrale),  suffia>ant 
de  l'archevêché  de  Sienne. 

Matelica,  ou  Matilica,  évêché  du  v^  siècle  ,  uni 
à  celui  de  Fabriaiio,  dans  les  Eiats-Roroains  (Italie 
centrale),  iiuniédiaienienl  soumis  au  pape. 

Mal'rie.nne.  Veijez  Jean  (Saint-)  de  Maerienne. 

Maïence,  évêché  du  xix^  siècle,  auparavant  ar- 
chevêché du  111°,  dans  le  grand-duché  de  Hesse- 
Darmsladt  (Allemagne  centrale). 

Mavnas,  ou  CuACUAPovAS  ,  évêclié  du  xix"  sièi  le  , 
de  la  création  du  pape  Grégoire  XVI,  dans  le  Bas- 
Pérou  (.Amérique  méridionale). 

Ma/zara  ,  évêché  du  xt'  siècle  de  l.i  ciéaiion  du 
pape  Urhain  II ,  dans  l'île  de  Sicile  (royaume  des 
Deux-Siciles),  suffragani  de  l'archevêché  de  Pa- 
lerrae. 

McATU,  évêché  du  xi^  siècle,  en  Irlanili'  (en-pirfl 


l28o 


ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATIUARCATS,  AUCHEVECHES.  EVECHES,  etc. 


britannique) ,  suffiagant  de  l'archevêclié  il'Armagn. 
Me\uz,  évéclié  du  m»  siècle  ,  en  France  (dcparl. 
de  Seine-et-Marne),  suITraganl  de  raichevêché  de 
Paris. 

Mecdoacàx,  éyêclié  du  xvi«  siècle  ,  dans  le  Mexi- 
que (Amérique  septentrionale)  ,  sulTragaat  de  l'ar- 
clievéclic.de  Mexico. 

SlELFi-Ei-RApnLL*,  évéïlié  du  v  siècle,  auquel  on 
a  uni,  dans  le  xvi^,  c«lui  de  Rapolla,  dans  le  royau- 
me des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  immédia- 
tement siiumis  au  pape. 
Melupoor.  Voyez  San-Tqosié. 
Menbe,  évêché  du  v^  siècle  ,  en  France  (départ. 
de  la  Loïére),  suffragani  de  l'arclievèclié  d'Alby. 

AiÉRiDA,  évêché  du  xv!»  siècle  ,  dans  la  pre-qu'lle 
d'Yucaiau,  au  Mexique  (Amérique  septentrionale) , 
sullragani  de  l'arclicvcclié  de  Mexico. 

Messise,  artlievêtlié  du  xiie  siècle,  auparavant 
évêché  du  v«  ,  dans  l'ile  de  Sicile  (royaume  des 
Deux-Siciles). 

Metz,  évêclié  du   iii^  siècle  ,  en  France  (dép.  de 
la  Mo-elle),  sulfraganl  de  rarchevèclié  de  Des.  iiçon. 
Mexico,  archevêché  du  xvie  siècle  ,  au  Mexique 
(Aniériiinc  seplenlrionale). 

Milan,  archevêché  du  il'"  siècle,  dans  la  Lonibar- 
die  vénitienne  (Italie  septentrionale). 

MiiETo,  évêché  du  xi»  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragaut  de  l'ar- 
chevêché  de  Keggio. 

MiLWAxcnÉE,  évêché  du  xu»  siècle,  de  la  création 
du  pape  Grégoire  XVI,  dans  le  terriioire  des  Wis- 
konsins,  Eiais-L'nis  (.\niérique  septentrionale). 

MiNiATO  (Sas-I  ,  évêché  du  xvii*  siècle,  dans  le 
grand-duché  de  Toscane  (Italie  centrale),  suffragant 
de  l'archevêché  de  Florence. 

Minorca,  ou  Mi.voRQCE,  évêché  du  vi«  siècle,  dans 
l'île  de  Minorque,  une  des  Baléares  ,  possession  es- 
pagnole dans  la  Méditerranée,  suffragant  de  rarche- 
vèclié de  Valence. 

Minsk,  ou  Minski,  évêché  du  rite  latin  ,  dans  la 
province  de  Lithuanie  (empire  russe).  C'est  égale- 
meiil  un  évêché  du  rite  grec-russe  uni. 

Miranda,  évêché  du  xvi»  siècle,  dans  le  royaume 
de  Portugal ,  suirrjgani  de  l'archevêché  de  Braga. 

Mobile,  évêché  du  xix«  siècle,  dans  l'Alabaina , 
Etats-Unis  (Amérique  septentrionale) 

Modèle,  évéciié  du  w  siècle,  dans  le  duché  de  ce 
nom  (Italie  cenliale)  ,  suffragant  de  l'archevêché  de. 
Lucques. 

MoDRtisSA.  Voyez  Secxa. 

'MouiLEW,  archevêché  du  xin«  siècle  ,  dans  la  Li- 
thuanie (empire  russe). 

.MoLFETTA,  Giove.nazzo-et-Terlizzi,  évêclié  du  s." 
iiècle,  auquel  ont  éié  unis  ceux  de  Giovenaizo  et 
Terlizzi,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (  Italie 
méridionale),  immédiaiement  sonmis  au  pa|.e. 

MoNi'OEDo,  évêché  du  vi=  siècle,  dans  la  province 
ùe  Galice,  en  Espagne  ,  suffi agant  de  l'archevêché 
de  Santiago-de-Cumposlelle. 


12«6 

MoxDovi,  évêché  du  xiv^  siècle,  dans  le  Piémont 
Ktats-Sardes    (Italie  septentrionale) ,  iuffragant  de 
l'archevêché  de  Turin. 

MoNOPOLi ,  évêehé  du  x'  siècle,  dans  le  royaume 
des  Ueux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  siilfraganl  de 
l'archevêché  de  Bari. 

Mo.nreale,  archevêché  du  xu«  siècle,  dans  l'île  de 
Sicile  (royaume  des  Deux-Siciles). 

MoxTALCiNO,  évL'ché  du  xv«  siècle,  dans  le  grand- 
duché  de  Toscane,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Sienne. 

MoxTALTO,  évêché  du  xvi*  siècle,  dans  les  Etats- 
Romains  (Italie  centrale),  suffragant  de  l'archevêché 
de  Fermo. 

MoNTAUCAN,  évêché  du  xiv  siècle,  en  France  (dép. 
de  Tarn  et-Garonne) ,  suffiagant  de  l'archevêché 
de  Toulouse. 

Moxtefeltro,  ou  Montefeltre,  évêché  du  sii« 
siècle,  dans  les  Etals-Romains  (Italie  centrale),  suf- 
fragant de  l'archevêclié  d'Urbin. 

MoNTEFiASco\E-ET-CoRNETO,évêchédii  XIX' siècle, 
réuni  à  celui  Ck  Coineto,  qui  date  du  iv^  ,  dans  les 
Etats-Romains,  immédiatement  soumis  au  pape. 

Mo.ntepclciano  ,  évêché  du  xvi«  siècle  ,  dans  le 
grand-duché  de  Toscane  (Italie  centrale) ,  immédia- 
tement soumis  au  pape. 

Mo.nte-Peloso-et-Gravina,  évêché  du  xv^  siècle, 
auquel  on  a  réuni  celui  deGravina,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  immédiatement 
soumis  au  pape. 

Montpellier,  évécbé  du  xvi«  siècle  ,  en  France 
(dép.  de  l'Hérault),  suffragant  de  l'archevêché  d'.\- 
vignon. 

Montréal  ,  évêché  du  xix«  siècle,  de  la  création 
du  pape  Grégoire  XVI,  dans  le  Bas-Canada,  à  la 
NoHvelle-Bretigne  ,  possession  anglaise  (Amérique 
seplenlrionale). 

Mol'lins,  évêihé  de  création  moderne,  en  France 
(dép.  de  l'Allier),  suffragant  de  l'archevêché  de  Seys. 

MuNEATz  ,  évêclié  de  création  moderne,  pour  les 
Grecs-Unis,  dans  la  Hongrie  (Europe  orientale). 

MiNSTER  ,  évêché  du  viii«  siècle  ,  dans  la  province 
de  Wi'stphalie  (monarchie  prussienne),  suffiagant  de 
l'archevêché  de  Cologne. 

MiiRCiE.  Voyez  Cartbagèxe. 

McRO,  évêché  du  \i'  siècle ,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Conza. 

N 

Naml'r,  évêché  du  xvp  siècle,  dans  le  royaume  de 
Belgique,  suffragant  de  l'archevêché  de  Malines. 

Nancï-et-Toul,  évêché  du  xviii'  siècle,  auquel 
Pie  VII  a  uni  celui  de  Toul,  qui  daiait  un  n',  en 
Fiance  (dép.  de  la  Meurlhe),  suffiagant  de  l'arche 
vêché  de  Besa;  çon. 

Nan-King,  évêché  de  création  moaerne ,  daiis  I9 
province  de  Kian-sou  ,  empire  chinois  (Asie  orien- 
tale). 

Na.ntes,  évêché  du  iV  siècle ,  en  France  (départ. 


1-2S7 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTiQLE. 


liSd 


de  la  Loire-Inférieure)  ,  suffragant  de  l'arclievêclié 
de  Tours. 

Naples,  arclievêclié  du  x«  siècle,  auparavant  évê- 
clié  du  11^  siècle  ,  dans  le  royaume  des  Deux-Si  iles 
(Iialie  méridionale). 

Nardo  ,  évéclié  du  xv<=  siècle  ,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  immédiatement 
soumis  au  pape. 

Narni,  évêcbé  au  vi*  siècle  ,  dans  les  Etals-Ro- 
mains (Italie  centrale  ) ,  immédiatement  soumis  au 
pape. 

Nashville  ,  évêclié  du  xix*  siècle  ,  de  la  création 
du  pape  Grégoire  XVI ,  dans  le  Tennesée  ,  Etats- 
Unis  (Amérique  septentrionale). 

INatchez,  évèché  du  .\ix«  siècle,  de  la  création  du 
pape  Grégoire  XVI,  dans  le  territoire  du  Mississipi  , 
Etats-Unis  (Amérique  septentrionale). 

.Naxivan,  ou  Nabhcbivan  ,  arclievêclié  pour  les 
Arméniens  caiholiques,  dans  l'Arménie  russe  (Asie 
occidentale). 

Naxos  ,  archevêclié  du  xiii°  siècle  ,  dans  l'ile  de 
ce  nom,  l'une  des  Cyclades,  dans  l'Archipel  (royauiue 
de  Grèce). 

NEtsoHL,  évèclié  de  création  moderne ,  dans  la 
Hongrie  (Europe  orientale). 

Nepi-et-Sctri.  Yotjei  Sutri. 

Nevers,  évèclié  du  lu'^  siècle,  en  France  (départ. 
de  la  Mévre) ,  suirragaiit  de  l'arclievêclié  de  Sens. 

Nicaragua,  ou  Léon  he  Nicaragla,  évèclié  du  xvi^ 
Biècle,  dans  le  Gualéinala  ,  dit  aussi  la  république  fé- 
dérale de  l'Amérique  centrale,  suffragant  de  l'arche- 
vêché de  Guatemala. 

NiCASTRo,  évèché  du  viii«  siècle,  dans  le  royaume 
des  Denx-Siciles  (Italie  méridionale  ) ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Reggio. 

NicoPOLi,  ou  NiKoPùL,  évèché  du  v=  siècle,  dans 
la  Bulgarie,  empire  ottoman  (Europe  orientale). 

NicosiA,  évèché  de  création  moderne  ,  dans  l'île 
de  Sicile  (royaume  des  Deux-Siciles). 

Nicotera-et-Tropea  ,  évèclié  du  vi«  siecie,  au- 
quel a  été  uni  celui  de  Tropea  ,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Reggio. 

Nîmes,  évèclié  du  v"=  siècle,  en  France  (dép.  du 
Gard) ,  suffragant  de  l'archevêché  d'Avignon. 

NiTRiA,  ou  Nedtiu  ,  évèché  du  xi"'  siècle,  dans  la 
Hongrie  (Europe  oiient^ile),  suffragant  de  l'arche- 
vêché de  Gran. 

NizïA,  évèché  de  création  moderne,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Reggio. 

NocKRA,  évèché  du  v^  siècle  ,  dans  les  Etal.s^Ro- 
niains  (Italie  centrale)  ,  imniédialeraent  soumis  au 
pape. 

Nocéra-des-Païens,  évèché  du  x'  siècle,  dans  le 
royaume  des  Deux-Siciles  (Ualie  méridionale),  suf- 
fr;\;.Tnt  de  l'afclievêclié  de  Salerne. 

NoLA,  évèché  du  i\«  siècle,  dans  le  royaume  des 


Deux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  suffragant  ûe  l'ar- 
chevêché de  Naples. 

NoLi.  Voyez  Savone). 

NiiM-tE-jÉsus,  ou  Zéro,  évèché  du  xvii«  siècle,  delà 
création  du  pape  Paul  V,  dans  l'île  de  Zéhu,  colonie 
espagnole,  dans  le  grand  archipel  des  Philippines 
(Malaisie,  ou  archipel  asiatique)  ,  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Manille. 

NoRciA  ,  évèché  du  v«  siècle,  dans  les  Elais-Ro- 
mains  (Italie  centrale)  ,  immédiatement  soumis  au 
pape. 

Noiu.  Voyez  Galtelly. 

NoTo,  évèché  du  xix^  siècle  ,  de  la  création  du 
pape  Grégoire  XVI ,  dans  l'ile  de  Sicile  (royaume 
des  Denx-Siciles  )  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Messine. 

NouvEAC-BBraswicK,  évèché  du  xix_«  siècle,  de  la 
création  du  pape  Grégoire  XVI,  dans  la  Nouvelle- 
Bretagne  ,  possession  anglaise  (Amérique  septen- 
trionale). 

NoivEa,i.E-ORi.ÉANS  (La),  ou  New-Orltîans,  évè- 
ché du  xix°  siècle,  de  la  création  du  pape  Pie  VII , 
dans  la  Louisiane  ,  Etals-Unis  (Amérique  septen- 
trion:ile). 

Nolvelle-Ségûvie  (La),  ou  Nueva-Ségovia,  évèché 
(lu  xvii^  siècle  dans  l'île  de  Liiçon  ,  une  des  Philip- 
pines (Malaisie,  ou  Archipel  asiatique  ) ,  posse-sion 
espagnole,  suffragant  de  l'archevêché  de  Manille. 

NouvELLE-\onK  (La),  ou  New-York  ,  évèché  du 
xix^  siècle,  lie  la  création  du  pape  Pie  VII,  aux  Etats- 
Urws   (Amérique  septentrionale). 

NovAttE,  évèché  du  iv^  siècle,  dans  le  Piémont, 
Elais-Sardes  (Italie  septentrionale  ) ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Verceil. 

Nusco,  évèché  du  xi=  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Salerne. 

o 

Oaxaca.  Yoyei  Anteooïra. 

Ogliastra  ,  évêcbé  dans  l'île  de  Sardaigue  (  mer 
Méditerranée),  Etats-Sardes. 

OLi.NDA-ET-FERNAMioiic,  évêché  du  xvii»  siècle  , 
dans  l'empire  du  Brésil  (Amérique  méridionale), 
suffragant  de  l'archevêché  de  Bahia,  ou  San-Sal- 
vailor. 

Olmi'tz  ,  archevêché  du  xix'  siècle,  auparavant 
évèché  du  xiiî ,  dans  la  Moravie  (  monarchie  autri- 
chienne). 

Oppino,  évèché  du  ix'  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Reggio. 

Ohense,  évêcbé  du  vi«  siècle,  dans  la  province 
de  Galice,  eu  Espagne  ,  suffragant  de  l'archevêché 
de  SaïUiago-de-Compostelle. 

Oria,  ou  Uritana,  évèclié  dn  vi«  siècle  ,  dans  le 
rovaume  îles  Deux-Siciles  (Italie  méridionale)  ,  suf- 
fragant de  rarcbevêclié  de  Tarente. 

Oriulela,  évèché  du  xv«  siècle,  dans  la  province 


1230  ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATRIARCATS,  ARCHEVECHES,  EVECHES,  etc.  «93 


de  Valence  ,  en  Espagne,  sufiragaol  de  rarchevèclié 
de  Valence. 

OmsTANO,  ou  Oristagni,  archevêolié  du  xii'  siècle, 
dans  rtle  de  Sardaigne  (  mer  Méditerranée  ) ,  Eiats- 
Sardps. 

Orléans  ,  évêclié  du  m'  siècle  ,  en  France  (dép. 
du  Loiret),  suffraganl  de  l'archevêclié  de  Paris. 

Orte,  ou  Orta,  évêclié  du  v'  siècle,  uni  avec  ce- 
lui de  Gallèse,  à  Cilta  ,  ou  Civita-Castellana  ,  dans 
les  Etais-Romains.  Veyez  Civita-Castellana. 

Ortona  ,  évêclié  du  iv"^  siècle ,  dans  le  royaume 
des  beux-Siciles  (Italie  méridionale)  ,  sulTragant  de 
rarchevèclié  de  Cliieii. 

OnviETo,  évêclié  du  vi*  siècle,  dans  les  Etals-Ro- 
mains (Italie  centrale) ,  imroédiaiement  soumis  au 
pape. 

OsMO-ET-CiNGOLi,  évêché  du  vi«  siècle  ,  auquel 
011  a  uni  celui  de  Cingoli ,  dans  les  Etals-Romains 
(Italie  cenlrnle),  immédiatement  soumis  au  pape. 

OiMA,  évêclié  du  v'  siècle,  dans  la  Castille-Vieille, 
en  Espagne,  sulTragant  de  l'archevêclié  de  Tolède. 

OsNABiiECK,  évêché  du  viu'  siècle ,  dans  la  West- 
phalie,  royaume  de  Hanovre  (Allemagne  septentrio- 
nale). 

Ossonï,  ou  K'LKKNNY,  évêché  du  xii«  siècle  ,  en 
Irlande  (empire  hritannique)  ;  sulTragant  de  l'arche- 
vêché de  Duldin. 

OsTiA,  ou  Ostie-et-Velletri,  évêché  du  ii*  siè- 
cle, auquel  a  été  uni ,  dans  le  xi°  ,  le  siège  de  Vel- 
letri,  ou  Veliiri,  dans  les  Eiais-Iiomains  (Italie  cen- 
trale), immédiatement  soumis  au  pape. 

Ostbog,  évêclié  pour  les  Grecs-Unis,  dans  la  pro- 
vince de  Voihynie  (empire  russe). 

OsTUNi,  évêché  du  xi«  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffraganl  de  l'ar- 
clievéché  de  Urindes. 

Otrante,  archevêché  du  s.'  siècle,  auparavant  évê- 
ché du  VI»  ,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie 
méridionale). 

OviÉDO  ,  évêché  du  vit*  siècle  ,  dans  la  province 
des  Asiuries,  en  Espagne,  suffraganl  de  l'archevêché 
de  Saniiagu-de-Composlelle. 


Page,  ou  La  Paz  DE  Chuqciaca,  évêché  du  xvi" 
»iècle,  dans  le  Haul-Pérou  (Amérique  méridionale), 
Euffragant  de  l'archevôché  de  la  Plata-de-Ios-Char- 
cas. 

Paderborn,  évêché  du  viii«  siècle,  dans  la  pro- 
vince de  VVeslphalie  (monarchie  prussienne),  suffra- 
ganl de  l'archevêché  de  Cologne. 

Padoue,  évêclié  du  iv«  siècle  ,  dans  la  Lombardie 
véniiienne  (Italie  septentrionale),  suffraganl  de  l'ar- 
chevêché de  Milan. 

Palencia,  évêché  du  v«  siècle,  dans  la  Castille- 
Vieille,  en  Espagne  ,  suffraganl  de  l'archevêché  de 
Durgos. 

Palerme  ,  archevêché  du  m*  siècle  ,  auparavant 
Dictionnaire  de  Géographie  egcl.  II. 


évêcliéduv',d.ins  l'/le  de  Sicile  (mer  Médilcrranéc), 
royaume  des  Deux-Siciles. 

.Palestrina,  évpchédu  m»  siècle,  dans  les  Etats- 
Romains  (Italie  centrtlf)  ,  iiiimédiatcmeni  soumis 
au  pape. 

Pamiers,  évêché  du  xiii»  siècle,  eu  France  (ilép. 
de  l'Ariége) ,  suffraganl  de  l'archevêché  de  Tou- 
louse. 

Pampelune,  évêché  du  v*  siècle,  dans  la  Navarre, 
en  Espagne,  sulTragant  de  l'archevêché  de  Rurgns. 

Pampeli'Ne  (La  Nolvïlle),  ou  Nukva-I'amplona  , 
évê(  hé  du  xix'  siècle  ,  de  la  création  du  pape  Gré- 
goire XVI ,  dans  la  Nouvelle-Grenade  (Amérique 
méridionale). 

Panasia,  ou  PANAHA-i>E-Lf)S-!NDns,  cvêclié  du  xvi= 
siècle,  dans  la  république  de  la  Nouvelle-Greoade 
(Amérique  septentrionale) ,  suffraganl  de  l'archevê- 
ché de  Sania-Fé-de-Cogota. 

Para,  ou  Belem,  évêché  du  xviir  siècle,  dans  la 
province  du  même  nom,  au  Brésil,  ancienne  Guyane 
portugaise  (Aniéiique  septentrionale),  sulTragant  de 
l'arclievèclié  de  Uahia,  ou  San-Salvador. 

Paraguay  (Le)  ,  ou  l'Assovption  du  Paraguay  , 
évêché  du  xvi«  siècle,  dans  le  Paraguay  (Amérique 
méridionale). 

Parenzo-et-Pola,  évêclié  du  iii«  siècle,  auquel  on 
a  uni  ensuite  celui  dePola,  dans  la  province  d'Illyrie 
(monarchie  aulricliieniie),  suffraganl  de  rari;hevêi;lié 
de  Goriiz. 

Paris,  archevêché  du  xvii«  siècle,  auparavant  évê- 
ché du  111»,  en  France  (dép.  de  la  Seine). 

Parme,  évêdié  du  \'  siècle,  dans  le  duché  do 
Parme  et  Plaisance  (Italie  centrale) ,  suffraganl  de 
l'archevêché  de  Lucques. 

Passaw,  évêclié  du  vi»  siècle,  dans  la  Bavière 
(Allemagne  méridionale),  suffraganl  de  l'archevêché 
de  Bamberg 

Patti,  évêché  du  xii«  siècle,  dans  l'île  de  Sicile 
(Médiierr.T née),  royaume  des  Deux-Siciles,  suffraganl 
de  l'archevêché  de  Messine. 

Paul  (Saimt),  évêché  du  xviiie  siècle  ,  dans  la 
province  du  même  nom,  au  Brésil  (  Auiériiiiie  méri- 
dionale), suffraganl  de  l'archevêché  de  Baliia  ,  ou 
San-Salvador. 

Pavie,  évêché  du  iv  siècle,  dans  la  Lombardie 
vénitienne  (Italie  septentrionale),  suffiagant  do  l'ar- 
chevêché de  Milan. 

Péki.ng,  évêché  de  création  moderne  ,  auparavant 
c'était  un  vicariat  apostolique,  dans  la  province  de 
Tchi-li,  ou  Pé-tchi-li,  empire  chinois  (Asie  orien- 
tale). 

Penne-et-Atri,  évêclié  du  v»  siècle  ,  auquel  on  a 
uni,  dans  le  xiii»,  celui  d'Alri,  dans  le  royaume  dei 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale)  ,  immédiatement 
soumis  au  pnpe. 

Pergola.  Voyez  Cacli. 

Pf.RiGiiEux,  évêché  du  iv»  siècle,  en  France  (dép. 
delà  Dordogne),  suffraganl  de  rarchevêché  deBor>> 
deaux. 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


Perpignan,  évêclié  du  xvii'  siècle,  en  France  (ilép. 
des  Pyrénées-Orii-iiiales) ,  sulTraganl  de  l'iiTClievê- 
ché  d'Alby. 

Perouse  ,  évêché  du  v^  siècle,  dans  les  Eiais-llo- 
iii3iris  (Italie  centrale)  ,  immédiatement  soumis  au 
j.iipe. 

Pesaro,  évèché  du  v*  siècle  ,  dans  les  Etals-Ro- 
M'.aius  (Italie  centrale) ,  suiïragant  de  l'archevêché 
d'Urbin. 

Pescu  évêché  de  création  moderne,  dans  le  grand- 
duclié  lie  Toscane  (  Italie  ccnlrule  ) ,  sulTraganl  de 
l'arclievôiTié  de  Pise. 

Pi.TKicoLA,  ou  LtTTLE-RocK  {Pclil-ltociter), é\ècUé 
du  XIX'  siècle ,  de  la  création  du  pape  Giégoire 
XVI,<)ans  l'Arkansas,  Eiais-lJnis(Amériquc  septen- 
trionale). 

PRiLADELrniE,  évèclié  dii  XIX*  siècle,  de  la  créa- 
lion  du  pape  Pie  VII,  dans  la  Pen9ylv;inie ,  F.l.its- 
l.'ids)  (Aniériqni?  seploiiirinnalc). 

PiAZZA,  évêclic  df  rréaiiiin  nnulerne,  dans  l'Ile  de 
Sicili;  (Médiierr.iiiée),  roywjme  des  D«ux-Siciles. 

PiiNiA,  cvéclié  du  w'f  sicile,  daas  lo  grand-duché 
de  To:-<ane  (Italie  centrale), suffraganl  de  l'arclievè- 
ché  de  SIèiie. 

Pir.NinoL,  é>êclié  du  xviii«  siècle,  de  la  créition 
du  pape  llcnoii  XIX  diins  le  Piémonl,  Eiais-Sardes 
(Italie  septenl  ioi;ale),  suffi  agaul  de  l'arthevcclié  de 
Turin. 

PuM'.iF.L,  évêché  de  création  moderne,  dans  la  pro- 
yinre  i\eTrnt-os-Mimte$,  roy.iuine  de  Portugal,  suf- 
Iragant  ite  l'arclievêclié  de  lirag». 

PlN>K-F,T-i0L'R0VlT7  4  .  évCCl  é  du  X"  Sièclo,  .lUqUCl 

est  uni  celui  d'Iouruviiz.i,  pour  le  liifi  grec-russe  , 
dans  la  Liilnianie  (empire  russe). 

PippnNo,  Yoyet  Terracine. 

PisE  ,  archevêché  du  xi= 'siècle,  auparavant  évê- 
ché du  iii",  dans  11»  grand-duché  de  Toscane  (Italie 
reitirale). 

Pistoie-lt-Prato  ,  évêché  du  x«siècli>,  auquel 
usi  uni  telui  de  Pralo,  qui  datait  du  v",  dans  le 
gland-duché  de  Toscane  (Ililie  centrale),  sutTragant 
Je  rarchevêché  de  Fli)rence. 

Pitiglia:<o-ei-Soama.  Voijez  Soana. 

l'iTTsBLKG,  évêché  du  xix«  siècle,  de  la  création 
du  p.ipe  Grégoire  XVI,  dans  la  Pensylvanie,  Eials- 
Lnis  (Amérique  seplenirionale). 

pLAlSA^ct;,  évéclié  du  iv^  siècle,  dans  le  duché  de 
P.irme  et  Plaisaiice  (Italie  centrale),  inimédiatemenl 
souuiis  au  pape. 

Plasencia,  évêché  du  xn*  siècle.,  dans  la  Galîcé  , 
en  Espjgue,  snffraganl  de  l'arclievêché  de  .Saniiago- 
de-CoiiipOS(elle. 

Pi.ATA  (L.\),  ou  CuABCAS,  OU  Chiquizaca  ,  archc- 
vêché  du  xvii'  siècle,  aupar.ivant  évèché  du  xvi*, 
dans  le  llaut-Pérnu  (Amérique  septentrionale). 

Plock,  évêché  du  x'  siècle,  dans  la  province  po- 
lonaise Je  ce  nom  (impire  russe),  sulTraganl  de  rar- 
chevêché de  Varsovie. 


PoDLAcniE,  ou  Ianow,  évêché  dans  la  proTinee  po- 
lonaise de  ce  nom  (cmp  re  russe),  siiffragànide  l'ar-» 
chevêi  hé  de  Varsovie. 

PoGCio  MinTETe,  évêché  du  xix»  siècle,  de  la  créa- 
tion du  pape  Grégoire  KVl,  dans  les  Eiats-Komains 
(Iialie  centrale). 

Poitiers  ,  évèché  du  iv«  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Vienne)  ,  suffragant  de  l'arcltevéché  de  Bor>- 
deaux 

Pola  et-Parenzo,  évê(  hé  du  y  siècle,  uni  à  Pa- 
renzo,  dans  ITUyrie  (monarchie  auiricbienne) ,  suf- 
frag.ini  de  rarchevêché  de  Gorili. 

Pulicastro,  évèché  du  vi»  siècle,  d.ins  le  royauma 
des  Dcux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffrag  ml  de 
l'archevêché  de  Salerup. 

PoLOTSK,  nrchevcché  de  création  moderne,  aupa« 
ravanl  évêché  du  xiii°  siècle,  pour  le  rile  grec-russe 
(enipitë  de  Russie) 

Po.NTr-CoRvi,  évèché  auquel  on  a  uni  ceux  d'A- 
i|iiino  et  Sora ,  qui  dataient  du  v*  siècle, "dans  le 
royaume  des  Denx-Sieiles  (Italie  mciidionale),  suf- 
Iragant  de  l'archevêché  de  Capoue. 

PoNTiiEMOLi,  é^ê^.■lli  du  xi\«  siècle, dans  le  grand- 
duché  d.;  Toscane  (Italie  centrale),  sullragant  de  l'ar* 
clievéché  de  Pcse. 

PoFAVAN,  évèché  du  XVI*  s'ècle,  dans  la  république 
de  la  Nouvelle-Grenade  (Améiiqne  niéridi  nale)  , 
suflr.iganl  de  l'archevêché  de  Sama-Fé-de-Ui  goia. 

PoiiTALÈGRE,  évêché  du  XVI»  siècle,  dans  la  pro- 
vince d'Alcniejo,  rotaume  de  Portugal,  sulTraganl 
de    l'archevèclié  d'Evora. 

Porto,  évèché  du  y"  siècle,  dans  la  province  de 
Minlio,  royaume  de  Portugal,  sulTraganl  de  l'arcIieTé-' 
elle  de  Draga. 

PoRTO-Rico,  nu  San-Joan  de  Puerto-Rico  ,  tvèrhé 
<lu  xvi''  siècle,  dans  file  du  même  nom,  colonie  es' 
pagnole,  l'une  des  Gramles-Aulilles. 

PoRTO-SA\TA-I!l'FliNA-ET-GlVlTA-VECCniA,  évèché 

du  II'  siècle  ,  uni  avec  celui  de  Sania-Kufuiadii  m*, 
il  Civita-Vecchia  ,  dans  les  Etals-Romains  (Italie 
centrale),  immédiatement  soumis  au  pape. 

I'osen-f.t-Gnf.s.\e,  archevêché  uni  à  Gne>ne,  au- 
paravant évèché  du  x^  siècle  ,  dans  le  grand-duché 
de  Posen  (monarchie  prussienne). 

Pote.nza-lt-Marsico,  évêché  du  v*  siècle  ,  uni  ^ 
celui  de  .Marsico,  dans  le  royaume  des  Denx-Siciles 
(llalie  cenlraie),  sullragant  de  l'archevêché  de  Sa- 
lerne. 

PozziHiLi,  ou  Pouzzole,  évêché  du  iii«  sicc.e,  dan« 
le  royaume  des  Denx-Siciles  (Iialie  méridionale)  , 
sulTraganl  de  l'ai  chevêche  de  Naples. 

Prague,  archevêché  du  xiv«  siècle  ,  auparavant 
évèché  du  x',  dans  la  Bohême  (monarchie  aui-i- 
chienne). 

Prato.   Voyez  Pistoie. 

Przemvsl,  évêché  du  xiv*  siècle,  dans  la  Câlina 
(monarchie  anirichicniu)  ,  Enrupe  orientale,  sulTra- 
ganl de  l'archevêché  de  Lemherg. 

PRZtuiu.«âAMOK-ET-SAMBAA,  évéché  pQur  le  rli« 


12. 


ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATRIARCATS.  ARCHEVECHES.  EVEÔHES,  etc.  iS 


grec  russe,  dans  la  Galicie  (monarcliie  autricliienne), 
Europe  orieiilale. 

Piebla-de-los-Ancklos,  Yayes  Tlucala. 

PtLATi,  évêclié  dans  l'Albanie  (binpire  ottoman)  , 
Europe  orientale. 

Ptï  (Le),  évêché  du  vi'  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  llaute-Luire),  sufTragant  de  l'archevêché  de 
Douiges. 

Q 

QoEBrc.  archevêché  du  \\%'  siècle,  auparavant 
évéclië  du  xvii',  au  Canada,  Nouvelle-Brciagne,  pos- 
session aiig'aise  (  Amérique  seplentrionnlc). 

QUMPER,     ou     QUIMPER-COBENTIN,    évélhé     du     ix' 

sé.ltî,  en  France  (ilép.  du  Finistère),  sullraganl  de 
rarclievêché  de  Tours. 

Quito,  ou  SAN-FnANCisco  de  Quito  ,  évêché  du 
xvi' siècle,  dans  la  lépublique  de  l'Equateur  (ancienne 
Audience  de  Quito  sous  les  Espagnols)  (Amérique 
méiidionale). 

R 

Raar,  ou  Javerin,  ou  Gyoeb,  évêché  du  xi«  siècle, 
dans  la  Hongrie  (Europe  orientale)  ,  siiflfragant  de 
l'archeyèché  de  Gran, 

Raguse,  évêché  du  vu»  siècle,  archevêché  au  xi«, 
et  redevenu  évêché  au  xix«,  dans  la  Dalniatie  (mo- 
narchie autrichienne),  siitTraganl  de  l'arcbevêché  de 
Zara. 

RAi>OLLA-ET-MELFi,  évêché  du  XI»  siècle,  uni, dans 
le  xvi^ ,  à  celui  de  Melfi,  dans  le  royaume  des  [»eui- 
Sici les  (Italie  méridionale),  immédiatement  soumis 
au  sainl-siége. 

Ratisbonne,  évêché  du  vi"  siècle,  dans  la  Bavière 
(Allemagne  méridionale). 

Ravenne,  archevêché  du  vi«  siècle  ,  auparavant 
évêché  du  iii%  dans  les  Etats-Romains  (Italie  cen- 
trale). 

RfCANATi-ET-LoBETO,  évêcUé  du  ïiii*  siècle,  uni 
à  celui  de  Loreto  au  xvi»,  dans  les  Etais-Koinains 
(Italie  centrale). 

Reggio,  arcliBvéché  du  xi«  siècle,  auparavant  évê- 
ché du  jii%  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie 
iiériiiionale). 

Becgio  ,  évêché  du  v  siècle,  dans  le  duché  de 
Moilci.e  (Italie  septentrionale),  suffragant  de  l'arche- 
vêclié  de  Lucqiies. 

Reims,  archevêché  du  jii"  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Marno). 

Rennes,  évêché  du  xviii«  siècle  ,  en  France  (dép. 
d"ille-Lt  Vilaine),  suffragant  de  l'archevêché  de  Tours. 

RicuMOND,  évêché  du  xix''  siècle  ,  de  la  créaiion 
du  pape  Pie  VI,  dans  la  Virginie,  Etals-Unis  (Amé- 
rique septentrionale). 

Rieti,  évêché  do  v«  siècle,  dans  les  Etats-Romains 
(Italie  centrale),  immédiatement  soumis  au  pape. 

RlHisi,  évêché  du  iii»  siècle,  dans  les  Elals-Ro- 
siiaiiis  (  Italie  centrale),  suffragant  de  l'archevêché 
de  Raveniie. 

RlO-JA^ElRO.  Votjet  San-Seeastiano. 


Rip.a-Transone,  évêché  du  xvr  »jecle,  dans  les 
Elats-Romiiins  (Italie  centrale),  suiïragjiil  de  r%r« 
chevéclio  de  Fermo. 

RocHi  LLB  (La),  évêché  du  xvii*  siècle  ,  en  France 
(  dép.  de  la  Charente-Inférieure),  suffraganl  de  l'ar- 
clievêclié  de  Bordeaux. 

Rhodes-et-Malte,  archevêché  (lu  XII*  siècle,  uni  b 
celui  de  Malle,  dans  l'ile  de  ce  nom. 

Rouez,  évêché  du  v  siècle  ,  en  France  (Jép.  de 
l'Aveyron),  suffraganl  de  l';irchcvêché  d'Alliy 

RiiSENAw,  cvéché  dans  la  Hongrie  (Europe  orien- 
tale). 

Ross,  évêelié  du  vu'  r.iècle,  uni  à  Cloyne  ,  en  Ir- 
lande (empire  britannique),  suîlragant  de  l'arclievê- 
clié  de  Cashel. 

RossANo,  archevêché  du  xii*  siècle,  auparavant 
évêché  du  xi",  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  ^Iia- 
lie  méridionale). 

RuTHEMnouRG,  évêché  du  xix*  siècle,  dans  le  royau- 
me de  Wurtemberg  (Allemngne  mériilionalc'). 

RoLE.\,  arclievêclié  du  iii«  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Seine-Inférieure). 

RuFiMA  (Santa-).  Voyez  Porto. 

Rlvo-et-Bitonto,  évêché  du  v^  siècle,  à  Bitonto  , 
dans  le  royaiimedesDeiix-Sicilcs(llalieniéridioiiale), 
suffiagant  de  l'archevêché  de  Bari. 


Sabaria,  ou  Steinamangeb,  évêché  dans  In  Hongrie 
(Europe  orientale). 

Sabi.na,  ou  Sabine,  évêché  du  v°  siècle,  dans  les 
Elais-Riimains  (Italie  centrale),  iinmédiaieinent  sou- 
mis au  pape. 

Salahanqle,  évêché  du  vi*  siècle,  dans  la  province 
de  Léon,  en  Espagne  ,  suffragant  de  r.irrlievèché  de 
Saniiago-de-Compostelle. 

Salerne,  archevêché  du  x' siècle,  auparavant  évê- 
ché du  iv^,  dans  le  royaume  des  Deux-Sicilcs  (llalie 
méridionale). 

Salta.  évêché  du  xix°  siècle  ,  dans  la  province  de 
Tueuman,  république  de  Buenos-Ayres  ,  ou  Argen- 
tine (Amérique  méridionale). 

Sali'ces,  évêché  du  xvi»  siècle,  dans  le  Piémont, 
Etats-Sardes  (Italie  septentrionale),  suiïragant  de 
l'arclievêclié  de  Turin. 

Salzboibg,  archevêché  du  viii*  siècle  ,  dans  l'ar- 
cliiduché  d'Autriche  (monarchie  auliichienne). 

Sambob,  évêclié  pour  le  riie  grec.    Voyez  Prze« 

MYSI. 

Samogitie,  ou  Mednicki  ,  évêché  du  xv°  siècle  , 
dans  la  province  du  même  nom  (empire  russe). 

Sandomib,  évêché  du  xix«  siècle  ,  dans  la  province 
polonaise  du  même  nom  (empire  russe),  suiïragant  de 
l'archevêché  de  Varsovie. 

San-Jua.n  de  Clïo,  évêché  du  xix«  siècle,  delà 
créiion  du  pape  Grégoire  XVI,  dans  la  république 
du  Chili  (Amérique  méridionale). 

San-Salvaror,  ou  Bahia,  ou  la  Baie-pe  tods  les» 
Saints,  archevêché  du  xvii"  siècle,  auparavant  évc» 


1205 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


1206 


I  iié  du  xvi',  dans  l'empire  du' Brésil  (Amérique  mé- 
ridionale). 

San-Salvador,  évècliédu  xix«  siècle,  de  la  créa- 
liou  du  piipe  Grégoire  XVI,  dans  le  Guaiémala ,  ou 
républiiiiie  fédérale  de  l'Amérique  centrale  ,  sulTra- 
ganl  de  l'arclievêché  de  Guaiémala. 

San-Sebastiano,  ou  Rio-Janeibo,  évêclié  du  ivii" 
siècle,  dans  l'empire  du  Brésil  (  Amérique  méridio- 
nale), suffragant  de  rarclievèclié  de  Bahia. 

Sa.ntandeb,  évécbé  dans  la  principauté  des  Aslu- 
ries,  eu  Espagne. 

SANTiACO-DO-CAr-VERT,  OU  RiBEiRA  ,  évéclié  du 
xv^  s'ècle,  dans  l'ile  de  ce  nom,  une  des  t'es  du  C.ip- 
■yprl,  possession  portugaise,  suffragant  de  l'arcbe- 
■vêché  de  Lisbonne. 

Santiago  bu  Cniti  ,  archevêché ,  auparavant 
éNêclié  du  xvi«  siècle,  dans  la  république  du  Chili 
(Auiérii)ue  méridionale) 

Saniiago-de-Compostelle,  arclievêché  du  xii»  siè- 
cle ,  aiparavaat  évêcLé  du  xi*,  dans  la  Galice  ,  en 
Espagne. 

Sa.ntiago-de-Cuba,  archevêché,  auparavant  évêché 
du  XM"  siècle,  dans  Pile  de  Cuba,  l'une  des  grandes 
Antilles,  possession  espagnole. 

Sa.n-Thome.ou  Meliapoor(Sai.nt-Thouas),  év.  du 
xyi"  siècle,  possession  porlllg;li^e,  dans  la  présidence 
de  Madras  ,  Hiiidonsian  anglais  (Asie  méridionale). 
Santorin,  évêché  du  xiu«  s  ècle ,  dans  l'île  de 
D'êine  norn,  une  ries  Cyclades,  dans  l'.Arcliipel  grec, 
Eulfiag:int  de  l'aichevêché  de  Naxie,  ou  Naxos. 

Sappa,  ou  Satta,  évétlié  du  xi«  siècle,  dans  l'Al- 
banie (empire  ottoman),  Europe  orientale,  suffra- 
ga;it  de  l'arche\ê  lié  d'Aniivari. 

Saragosse,  arclievêebé  du  xiv*  siècle, auparavant 
évêché  di\  iv«,  d;iiis  l'Aragon,  en  Esp.igne. 

Sarno-et-Cava,  évêchés  réunis  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles.  Voyez  Cava. 

Sarsina-et-Bertinoro  ,  évê  hés  réunis  dans  les 
Elais-U"niains.  Voyez  Hertisobo. 

Sauzana-et-Lim  ,  évéchés  réunis  dans  le  Pié- 
mont, Eials-Sardes).  Voyez  Luni. 

Sassari,   arclievêché   du  xi=    siècle  ,   auparavant 
évêché  du  )v«,  dans  VVe  de  Sardaigne(Etals-Sardes). 
Savom:-et-Noi.i,  évécl'és  réunis  dans  le  Piémont, 
Etals-Sardcs  (Italie  seiiteiitriimale). 

ScHio,  ou  Scio,  évêché  du  xiu'  siècle,  dans  l'île  de 
ce  non»,  mie  den  Cyclades  ,  d  ms  l'Archipel  grec  , 
Buffraganl  de  l'archevêché  de  Naxie. 

Scopu,  ou  UcopiA,  archevêché  du  v»  siècle,  dans 
la  Servie,  empire  ottoman  (Europe  orientale). 

ScuTARi,  évêché  du  vi'  siècle,  dans  l'Albanie  , 
empire  otioman  (Europe  orientale) ,  suffragant  de 
l'archevêclié  d'.\niivari. 

Sf.benico,  évêché  du  ix»  siècle,  dans  la  Dalmatie, 
monarciiie  auiri(  hit^nne  (Europe  orientale)  ,  suffra- 
gant de  l'archevêché  de  Z:>ra. 

Secead,  évêché  du  xiii'siècle.dans'la  Stvrie,  mo- 
narciiie aulrichier.ne  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Salihourg. 


Séez,  évêché  du  iv=  siècle  ,  en  France  (dép.  de 
l'Orne),  suffragant  de  l'archevêché  de  Rouen. 

Segna, ou  Zeug-et-Modrusse,  évêché  du  xn»siècle, 
auquel  on  a  réuni  celui  de  Modrusse  ,  dans  la  Dal- 
matie, monarchie  autrichienne  (Europe  orientale) , 
suffragant  de  l'archevêché  de  Zara. 

Segni,  évêché  du  v  siècle  ,  dans  les  Etats-Ro- 
mains (Italie  centrale) ,  immédiatement  soumis  au 
pape. 

Ségorbe,  évêché  du  v«  siècle,  dans  la  province  de 
Valence,  en  Espagne ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Saragdsse. 

Ségovia-Nie VA, évêché  du  xvii«  siècle,  dans  l'île  de 
Luçon,  une  des  Philippines,  colonie  espagnole,  dans 
l'Archipel  asiatique,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Manille. 

Ségûvie,  évêché  du  v«  siècle ,  dans  la  Vieille- 
Casiille,  en  Espagne,  suffragant  de  l'archevêché  da 
Tolède. 

Seuendria,  Smedheno  ,  ou  Saiht-André,  évêché 
dans  la  Servie,  empire  oitoman  (Europe  orientale). 

Sens,  archevêché  du  iii=  siècle,  en  France  (dép.  de 
l'Yonne). 

Serexa,  ,  évêché  du  xii«  siècle  ,  de  la  création 
de  Grégoire  XVI,  dans  la  république  du  Chili  (Amé- 
rique méridionale). 

Sess4,  évêché  du  v»  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar-  ' 
chevêche  de  Capoue. 

Severixa  (Sa.nta-),  arctievêché  du  x«  siècle,  au- 
paravant évêché  du  vii°,  dans  le  royaume  des  Deux* 
Siciles  (Italie   méiidionale). 

Severino  (San-),  évêché  du  vi"  siècle,  dans  les 
Et  us- Romains  (Italie  centrale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Fermo. 

Sevebo  (San-),  évêché  du  xvi»  siècle ,  dans  le 
royaume  des  Deux-Siciles  (lialie  méridionale),  suf- 
fragant de  l'archevêché  de  Bénévent. 

Sëville,  aichevêché  du  m»  siècle  dans  l'Anda- 
lousie, en  Espagne. 

Seï.na,  ou  Acgcstowo  ,  évêché  dans  la  province 
polonaise  de  ce  dernier  nom,  empire  russe,  suffra- 
gant de  l'archevêché  de  Varsosie. 

Sezze,   dans   les  Etats-Romains.   Voyez  Terra- 

CINE. 

SiE.NXE  ,  archevêché  du  xv«  siècle ,  auparavant 
évêché  du  iv«,  dans  le  grand-duché  de  Toscane 
(Italie  centrale). 

SiGiENZA,  évêché  du  v<  siècle  ,  dans  la  Vieille- 
Castille,  en  Espagne  ,  suffragant  de  l'archevêché  de 
Tolède. 

SixiGACLiA,  évêché  du  iv«  siècle,  dans  Ie<  Etats- 
Rornains  (Italie  centrale),  suffragant  de  l'archevêché 
d'UrhiQ. 

-     SioN  ,  évêché  du  vi'  siècle,  dans  le  canton  du  Va- 
lais (Suisse). 

Sirmilm,ouSibiiich,ouSzerem,ouSirmie-etBossib, 
évêché  depuis  le  xn«  siècle,  auparavant  archevêché, 


1297  ETAT  GEOGRAPHIQUE  DES  PATRIARCATS,  ARCHEVECHES,  EVECHES,  etc.  1298 


dans  la  Hongrie  (Europe  orientale),  sufTragant  de 
rarciieTéclié  de  Kolocza. 

Smvrne,  archevêché  du  ix"  siècle,  auparavant 
évêclié  du  I"',  dans  l'Asie-Mineure  (empire  oito- 
man). 

SoANA-ET-PiTicUANO,  évêché  du  vi<=  siècle,  auquel 
on  a  uni  celui  de  Piiigliano,  dans  le  grand-duché  de 
Toscane  (lialie  centrale) ,  sufTragant  de  l'arclievèché 
de  Sienne. 

Sofia,  archevêché  dans  la  Bulgarie,  empire  otto- 
man (Europe  orientale). 

Sdissdns,  évêclié  du  m"  siècle  ,  en  France  (dép. 
de  l'Aisne),  siillragant  de  rarchevêché  de  Reims. 

StLMO.vA,  évêché  du  ve  siècle  ,  dans  le  royaume 
des  Deuji-Siciles  (Italie  uiéridionale),  immédiatement 
souniis  au  p.ipe. 

SoLSONA,  évêché  du  xvi"  siècle,  dans  la  Catalogne, 
en  Espagne,  suffragant  de  rurcbevccbé  de  Tarra- 
gone. 

SoNOBA,  évêché  du  Mexique  ,  Amérique  septen- 
trionale 

SoiiA,  évêché  du  iv«  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deiix-Siciles  (Italie  centrale),  immédiatement  sou- 
mis au  pape. 

SonRENTO,  archevêché  du  xi'  siècle  ,  auparavant 
évêché  du  vi»,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles 
(Italie  méridionale). 

Spalatro  et-Macarska,  évêcne  auqnel  est  uni  ce- 
lui de  ïlacarska,  auparavant  archevêché  du  vu» 
siècle  dans  la  Dalmatie .  monarchie  autrichienne 
(Europe  orieniale). 

Spuie,  évêché  du  iv»  siècle,  dans  la  Bavière  rhé- 
nane (Allemagne  méridionale). 

Spolète,  archevêché  de  création  moderne ,  aupa- 
ravant évêché  du  v^  siècle,  dans  les  Etats-Romains 
(Italie  cenir.ile). 

Sql'illace,  évêché,  dans  le  royaume  des  Deut-Sici- 
les  (Italie  méridionale) ,  suffragant  de  l'archevêché 
de  Rcgglo. 

Strasbourg,  évêché  du  v«  siècle,  en  France  (dép. 
du  B"as-Rhin),  suffragant  de  l'archevêché  de  Be- 
sançon. 

Striconie,  ou  Gran  ,  archevêché  du  xi«  siècle  , 
dans  la  Hongrie  (Europe  orientale). 

Slpbaslia,  évêché  pour  le  rite  grec-russe-uni  , 
dans  la  Prusse  orientale  (monarchie  prussienne). 

Su.^E,  évêché  de  création  moderne,  dans  le  Pié- 
mont, Etals-Sardes  (Italie  septentrionale)  ,  suffira- 
gant  de  l'archevêché  de  Turin. 

SuTRi.  évêclié  dn  iv«  siéch; ,  dans  les  Etats-Ro- 
mains (Italie  centrale)  ,  inimédialenienl  soumis  au 
pape. 

Sydney,  archevêché  du  xix*  siècle  ,  de  la  création 
du  pai.e  Grégoire  XVI,  dans  la  Niiuvclle-Galles  mé- 
ridiiiale,  cobnie  anglaise  de  l'Ausirasie ,  ou  Nou- 
velle-Hollande. 

SïUACusE,  archevêché  du  xix«  siècle,  auparavant 
évêché  du  m  dans  l'île  de  Sicile,  royaume  des  Deux- 
Siciles. 


Syrus,  évêché  du  xiii'  siècle,  dans  l'Ile  de  ce 
nom,  l'une  des  Cyclades ,  dans  l'Archipel  grec, 
suffragant  de  l'archevêché  de  Naxie 

SzATMAB  évêché,  dans  la  Hongrie,  Europe  orien- 
tale. 

T 

Tancer,  évêché  du  xv»  siècle ,  dans  l'empire  do 
Maroc  (Afrique  septentrionale). 

Tarantaise,  évêché  du  v«  siècle  ,  dans  la  Savoie, 
Etals-Sardes  ,  suffragant  de  l'archevêché  de  Cliaiu- 
béry. 

Tarazi'Na,  évêché  du  v«  siècle,  ilans  l'Aragon,  en 
Espagne,  siiffrngnnl  de  rarchevêché  de  Sarigosse. 

Tardes,  évêché  du  v^  siècle,  en  France  (dép.  des 
HauiesPyiénées), suffragant  de  l'archevêché  d'Auch. 

Tarente  ,  archevêché  du  x-i'  siècle  ,  auparavant 
évêché  du  vi«,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles 
(Italie  méridionale  ). 

Tarnovie,  ou  Tscbernowitz  ,  évêché,  dans  la  Ga- 
licie,  pour  le  rite  grec-uni,  monarchie  autrichienne, 
suffragant  de  l'arclievéclié  de  Lemberg. 

Tahrago.ne,  archevêché  du  iv«  siècle  ,  dans  la  Ca- 
talogne, en  Espagne. 

TiiANO-ET-CALvi,  évêché  du  v«  siècle,  uni  à  celui 
de  Caivi,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie 
méridionale),  suffi  agant  de  l'archevêché  de  Capoiie. 

Telese-et-Alife,  évêché  du  xi"  siècle,  uni  à  celui 
d'Alife,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  mé- 
ridionale), suffragant  de  l'archevêché  de  Bénévcnt. 

TemeïChwar,  ou  Chonad,  ou  Czo.NAD  ,  évêché  du 
II'  siècle,  dans  la  Hongrie  (Europe  orientale),  suf- 
fragant de  l'archevêché  de  Kolocza. 

Tejipio,  évêché  du  x«  siècle,  de  la  création  du 
pape  Grégoire  XVI ,  dans  l'Ile  de  Sardaigne  ,  Etats- 
Sardes. 

Texos,  ou  TiNiA,  évêché  du  xiii«  siècle,  auquelest 
uni  celui  de  Micone,  dans  l'île  du  même  nom,  l'une 
des  Cyclades,  dans  l'Archipel  grec,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Naxie 

Tera.no,  évêché  du  v«  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale)  ,  immédiatement 
soumis  au  pape. 

Terlizzi,  évêché  du  xix«  siècle,  de  la  création  du 
pape  Grégoire  XVI,  dans  le  royaume  des  Deux-Si- 
ciles (Italie  méridionale). 

Tersioli,  évêché  du  xi^  siècle,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale)  ,  suffragant  de 
l'archevêché  de  Dénévcnt. 

Terxi,  évêché  du  v«  siècle ,  dans  les  Etats-Ro- 
mains (Italie  centrale) ,  immédiatement  soumis  au 
pape. 

TtBRACixE,  OU  Piperso-et-Sezze,  ou  ZEzzA,évêché 
du  iii«  siècle,  auquel  est  uni  celui  de  Piperno,  ou 
Priperno,  dans  les  Elais-Roinains  (Italie  centrale), 
immédiatement  soumis  au  pape. 

Terralba.  Voyez  Ales. 

Teruel,  évêché  du  xiv^  siècle,  dans  l'Aragon  ,  en 
Espagne,  suffragant  de  l'arclievêché  de  Saragosse. 

Tinen,  ou  Kni?),  évêché,  dans  la  Croatie,  monar- 


ISOO 


DICTIONNAIRE  DE  GEOGRAPHIE  ECCLESIASTIQUE. 


1309 


cliie  flulricliienne  (Europe  orientale) ,  soffraganl  de 
rarchevèclié  de  Z.ira. 

Tivoli,  évèclié  du  v«  siècle,  dans  les  Etals-Ro- 
Diains  (liaiie  centrale) ,  immédiatement  soumis  au 
pape. 

Tlascala,  ou  Los  Angglos  de  Tlascala  ,  évêché 
du  xvi«  siècle ,  dans  le  Mexique  (Amérique  septen- 
trionale), snffragant  de  rarclievêclié  de  Mexico. 

Tbomas  (Saint-),  évêclié  du  xv"  sié:  le  dans  l'île  de 
ce  nom  (Océan  Allamiqnc),  colonie  portugaise,  suf- 
fragant  de  rarchevèclié  de  Lisbonne. 

Ton,  évéclié  du  v  siècle,  dans  les  Elais-Romains 
(Italie  centrale),  immédiaiemcni  soumis  au  pape. 

Tolède,  arolievèdié  du  iii^  siècle  ,  dans  la  Nou- 
velle-Castille,  en  Espagne. 

ToiENTiNO.  Veijez  Macerata. 

ToRTO.NE,  évêtlié  du  iv^  siècle,  dans  le  Piémont, 
Etais-Sardes  (Italie  septentrionale)  ,  suffragant  de 
rarchevéché  de  Verceil. 

ToBTOsE,  évêché  du  V  siècle,  dans  la  Catalogne, 
en  Espagne  ,  suffragant  de  rarclievêché  de  Tara- 
gone. 

ToscANELLA,  évêché  du  VI'  siècle,  uni  à  Yiterbe  , 
dans  le  xiii',  dans  les  Etats-Romains  (Italie  cen- 
trale). 

TouL,  évêché  du  iv°  siècle,  uni  à  celui  de  Nancy, 
par  le  Concordat  de  1801 ,  en  France  (départ,  de  la 
Meurthe). 

TouLODSE,  archevêché  du  xiv»  siècle,  auparavant 
évêché  du  iii°,  en  France  (département  de  la  Haute- 
Garonne). 

TouiiNAY,  évèclié  du  m'  siècle,  dans  la  Belgique 
suffragant  de  l'archevêché  de  Malines. 

ToiRS,  archevêché  du  iii«  siècle,  en  France  (dép. 
d'Indre-el-Loire). 

Tram,  archevêché  du  x°  siècle,  auparavant  évérhé 
du  II'  ,  dans  le  royaume  des  Deux-Siciles  (Lalie 
méridiimale). 

TnANsvLVANiE,  OU  Weissciiibourg,  évêché,  dans  la 
Transylvanie  (monarchie  autrichienne),  Europe 
orientale. 

Trapani,  évêché  du  six'  siècle  ,  de  la  création  du 
pape  Grégoire  XVI,  dans  l'île  de  Sicile,  reyuume  des 
Deux-Siciles. 

Treija,  Voyez  Camerino. 

Trente,  évêché  du  iv«  siècle,  dans  le  Tyrol  (mo- 
narchie autrichienne), iiiiraédiatementsoumisau  pape. 

Trêves,  évêché  du  iii«  siècle  ,  dans  le  grand- 
duché  du  Bas-Rhin  (monarchie  prussienne),  suffra- 
gant de  l'archevêché  de  Cologne. 

Tri^vise,  évêché  du  iv«  siècle,  dans  la  Lombardie* 
Vénitienne  (Italie  septentrionale). 

Tbibigse.  Voi/eî  .Uabcana. 

Tricarico,  évêché  du  x'  siècle,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de 
l'archevêché  d'Acerenza. 

Trif.ste-et-Capo-d"Istria,  évêché  du  vi'  siècle  , 
auquel  est  uni  celui  de  Capo-d'Istria  ,  dans  l'illyrie  , 
mouarcbie  autrichienne. 


Trivemto,  évêché  du  ix*  siècle,  dans  le  royaume 
des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  immédiate- 
ment soumis  au  pape. 

Troia,  évêché  du  xi«  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale) ,  immédiateineiil 
soumis  au  pape. 

Tropea-et-Nicotera,  évêelié  du  viii'  giéele,  dans 
le  royaume  des  Deux-Siciles  (Italie  méridionale), 
suffragant  de  l'archevêché  de  Reggio. 

TdOïES,  évêché  du  iv«  siècle,  en  France  (dép.  de 
l'Aube),  suffi  agant  de  l'archevêché  de  Sens. 

Trlxillo,  évêihé  du  x\M  siècle,  dans  le  Pérou 
(.\incrique  méridionale),  suffragant  de  l'aichevèché 
de  Lima. 

Tlam,  archevêché  du  xn'  siècle,  niiparavanl  évê- 
ché ciu  v<^,  en  Irlar.de  (empire  britannique). 

Tl'dela,  évêché  de  crcaiion  moderne,  dans  la 
Navarre  ,  en  Espagne,  suffragant  de  l'archevêché  do 
Saragosse. 

Tllle  ,  évêché  du  xiv*  siècle,  en  Franre  (dép.  de 
la   Corièze),  suffragant  de  l'archevêché  de  Bourges. 

TiraiviA,  ou  TCROviE.  VojexPiKSK. 

Tlrri.   Voyez  .Anglo.na. 

TuY,  évêché  du  v  siècle,  dans  la  Galice  ,  en  Es- 
pagne, suffragant  de  l'archevêché  de  Santiago  de- 
Compostelle. 

u 

Udine,  évêché  du  v*  siècle ,  dans  la  Lombardie 
vénitienne  (Italie  septentrionale). 

Uginto,  évêché  du  x'  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deu\-Siciles  (Italie  méridionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché d'Otranlc. 

L'ladimibia-et-Brest  ,  évêché  pour  le  rite  grec- 
russe,  uni  à  celui  de  Brest,  dans  la  Volhynie  (em- 
pire russe); 

IjLADISLAVIA,OnULADISLAW,  OU  ULADISLAFF.évécbÔ 

du  xti°  siècle,  dans  l'ancien  royaume  de  Pologne 
(empire  russe),  suffragant  de  Varsovie. 

Umona.  Voyez  Ancone. 

Crbanea-et-Santo-Angelo  IN  Vada  ,  évêché  du 
XVII'  siècle,  auquel  a  été  réuni  celui  de  Santo-AN- 
gelo,d3nsles  Etats-Romains  (Italie  centrale),  suffra- 
gant  de  l'aiclicvêché  d'Urbin. 

L'rcin,  arclievèché  du  xvi«  siècle,  auparavant  évê- 
ché du  VI',  dans  les  Etats-Uoniains  (Italie  centrale). 

Ubgel,  évêché  du  v'  siècle,  dans  la  Catalogne,  en 
Espagne,  sudragaot  de  l'archevêché  de  Tarragone. 

Urita!(a.  Voyez  Obia 

UzAL.  Voyez  Ales. 

v-w 

Vacsen,  ou  'Waitzes,  évêché  du  xi'  sièele,  dans  la 
Hongrie  (Europe  orientale),  suffragant  de  l'archevê- 
ché de  Gran  ou  Strigonie. 

Valence,  archevêché  du  xv«  siècle,  auparavant 
évêché  du  V,  en  Espagne. 

Valence  ,  évêché  du  iV  siècle,  en  France  (dép. 
de  la  Dromc),  suffragant  de  l'archevêché  d'Avignon. 

ViLENCLELA.    YoyZ  lîÉ.NÉirÉLA. 

Valladolid,  évêché  du  xvi'  siècle,  dans  la  CastiLki» 


ETAT  ALPHABETIQUE  DES  PATRIARCATS,  ARCHEVECHES,  EVECIIES,  etc.         1302 


Vieille  ,  en  Espagne  ,  suflragnm  de  l'arclievèclié  de 
Tolède. 

VALNA-ET-StLMONA,  évêché  dii  V*  sièi  le  ,  niiquel 
est  uni  celui  Je  Sulmi>na,dans  le  royaume  des  Deux- 
Siciles  (lialie  méridionale),  sulfragiiiil  de  rarclievc- 
clié  de  Cdieii. 

Ya.nnes,  évêché  du  vi»  siècle  ,  en  Fiance  (départ, 
du  Moiijili;iii,  siilTr>iganl  de  l\irclievêclié  de  Tours. 

Varsovie,  arclievèclié  du  xu»  siècle,  dans  l'an- 
cien royaume  de  Pologne  (empire  russe). 

Vegi.ia  ,  évêché  du  ix'  siècle  ,  dans  la  Dalniatie 
(ninnarciiic  auiricliieiine),  suiïragani  de  l'archevêché 
de  Zara. 

Vf.lletri.  Voyez  Ostie. 

Yexosa,  évêché  du  vi«  siècle,  d.inslerny:imne  des 
Detix-Siciles  (Italie  méridionale),  suffrag-int  de  l'ar- 
ciievêché  d'Acerciiza. 

Ve.ntimili.e,  évêché  du  vi«  siècle,  dans  le  Piémont, 
Elais-Snrdes  (Italie  septentrionale)  ,  suffraganl  de 
r.nrchevèché  de  Gênes. 

VrnCEiL,  .irclievêché  du  xix'  siècle  ,  auparavant 
évêché  du  m*,  dans  le  Piémont,  Etats-Sardes  (Italie 
septcnirioiiale). 

Verdun,  évêclié  «lu  iv«  siicle,  en  France  (dép.  de 
la  Mcn«e),  snffragant  de  l'archevêché  de  Besançon. 

Vercli,  évêché  du  iv«  siècle ,  dans  les  Etais  Ro- 
mains (Italie  centrale)  ,   iDimédiatenienl  soumis  au 

P  Pe- 

Vérone,  évcclié  du  iv«  siècle  ,  dans  la  Lomb.irdie 
vénitienne  (Italie  seplcnlrioiiale) ,  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Milan. 

Versailles,  évêclié  du  xix»  siècle,  de  la  création 
ou  pape  Pie  VII,  en  France  (dép.  de  Seine-et-Oise), 
siifl'ra;;ant  de  l'archevêché  de  Paris. 

Vesprim,  évêché  du  xi'  siècle  ,  dans  la  Hongrie 
(Eumiie  orientale) ,  sulTiagant  de  l'arclievêché  de 
Grau  ou  Strigonie. 

Vicence,  évêché  du  iv«  siècle,  dans  la  Lombardie 
vénitienne  (Italie  septentrionale),  suffragant  de  l'ar- 
chevêché de  Milan. 

Vicn,  évêché  du  vi«  siècle,  dans  la  Catalogne,  en 
Espagne,  suirragant  de  rarchevêché  de  Tarragone. 

Vienne,  archevêché  du  xviii»  siècle,  auparavant 
évêché  du  v°,  dans  l'archiduché  d'Autr  che  (monar- 
chie aulrichieniTc), 

ViESTi,  évêctié  du  \i'  siècle,  dans  le  royaume  des 
Deux-Siciles  (Italie  méridionale),  sufTiagant  de  l'ar- 
chevêché de  Siponto,  ou  Manfreilonia. 

ViGEVANo,  évêché  du  iv«  siècle,  dans  le  Piémont, 
Elais-Sardes  (Italie,  septentrionale) ,  suffragant  de 
rarclievêclié  de  Verceil. 


ViNCENNES, évêché  du  xix'  siècle,  de  la  création  du 
pape  Grégoire  XVI,  dans  i'Iudiana,  Etats>Unis  (Auié- 
ri(|ne  septentrionale) 

Vi<Eii,  évêché  du  vi^  sièc'e,  dans  le  royaunii'  de 
Portugal,  Siiiffiagant  de  l'aiclievôctié  de  Br.ga. 

VirERBE-ETTo>-CANELLA,  évèché  du  XII'  siè<  le  , 
dans  les  Etats-Romains  (Italie  centrale),  immédiate- 
ment soumis  au  pape. 

Viviers,  évêché  du  v  siècle  ,  en  France  (dé;>.  de 
l'Ardèclie),  suffragant  de  l'archevêché  d'Avignon. 

Voi.TERRA,  évèché  du  ve  siècle,  dans  le  grand- 
duché  de  Toscane  (Italie  centrale),  iuimédijieu.ent 
snun)is  au  pape. 

Warmie  ,  évêché  du  xiii"  siècle  ,  dans  la  Prusse 
orientile  (monarchie  prussienne),  suffraganl  de  l'ar- 
chevêché de  Posen. 

Waterford-et-Lismore,  évêché  du  xi=  siècle  ,  au- 
quel on  a  réuni  celui  de  Lismore,  dai  s  le  XiV  ,  en 
Irl  nde  (empire  britannique),  suffragant  de  l'arche- 
vêché de  Cashel 

Weissemdocro.  Voijex  Transylvanie. 

WiLNA,  évêché  dn  xiv«  siècle,  dans  l'ancienne  pro 
vince  polonaise  de  ce  nom  (empire  ruNse). 

WiTE^rK,  ou  WriESUK.  Voyez  Polosko. 

VViiRTZBOURC,  évêclié  du  viii^  siècle  ,  dans  la 
royaume  de  Bavière  (Allemagne  méridionale)  ,  suf- 
fraganl de  l'archevêché  de  Dambcrg. 

Y 

YUCATAN,  ou  MeRIDA  DE  YlCATAN,  évêcbé  du  XVI* 

siècle,  dans  la  pres(iu'ile  de  ce  nom,  Mex  que  (Amé- 
rique teplentrionale) ,  sullrogaiit  de  l'archevêché  de 
Mexico. 

z 

Zacabria,  évêché  du  xii«  siècle,  dans  la  Croatie  , 
province  de  Hongrie  (Europe  orientale),  suffragant 
de  l'arclievêché  de  Kulocza. 

Zauora  ,  évêché  du  xji*  siècle,  dans  la  Casiille- 
Vieille,  en  F.spagne,  suffraganl  de  l'archevêché  de 
Santiago- de-Composlel  le 

Zante-kt-Cépualonie,  évêché  du  xiii«  .'■iècle  ,  au- 
quel est  réuni  relui  de  Céplialonie  ,  dans  l'île  de  ce 
nom,  une  des  Ioniennes,  possession  aiigiaite  dans  la 
Méditerranée. 

Zara,  archevêché  du  XII»  siècle,  auparavant  évê» 
cbé  du  IV»,  dans  la  Dalmatie  (monarchie  autrichienne), 
Europe  orientale. 

Zips,  on  ScEPUsio,  évêché  dans  la  Hongrie,  Eunpa 
orieniale. 

ZvTOMERiT/,  évêché  dans  la  Yolhynie  (empir« 
russe).  Voyez  Luceakia. 


V)t;4RIATS,  DÉLÉGATIONS  ET  PRÉFECTURES  APOSTOLIQUES  DANS  WS  DIVERSES  PARTIES 
DU  MONDE,  PLACÉS  SOUS  LA  DIRECTION  DE  LA  PROPACATION  DE  LA  FOI. 


AFRIQUE. 

Abyssinie.  Préfecture  apostolique. 

Cap  de-  Bonne-Espérance  (colonie  anglaise).  Vica- 
riat apostolique. 

Egypte  et  Arabie  ,  réunies.  'Vicariat  apostolique 
laliii." 

Egyple.  Vicariat  apostolique  pour  les  indigènes 
(le*  Copies). 

Congo.  Préfecinre  apostolique, 

Guinée  supérieureel  inférieure.  Vicariat  apostolique. 

Ile  Maurice  (ancienne  lie  de  France),  colonie  an- 
glaise). Vicariat  apostolique. 

Ile  Bourbon,  ou  de  la  Itéimion.  Préfecture  apos- 
tolique. 

Ile  de  Madagascar.  Oernièretnent  encore  préfecture 
npos'.nlique,  et  aclnelieineiii  évèclié. 

L'empire  de  Maroc.  Préfecture  apostolique. 

Sénégal  (colonie  française).  Préfecture  aposto- 
lique. 

Tripoli.  Préfecture  apni;iolique. 

Tunis,  Vicariat  apostolique. 

AMÉRtQUE. 

Missions  de  C. Amérique  méridionale.  Préfecinre 
apostolique  des  n)iiicurs  observunliiis. 

Antilles  (colonies  anglaises).  Vicariat  apostoliquf. 

La  baie  d'Hudson.  Deriiièrenient  encore  elle  for- 
mait un  vicariat  apostolique;  c'est  aciuelleineni  un 
évêclié. 

Cayenne  (colonie  française).  Préfecture  aposto- 
lique. 

Gnraçao  'une  des  Iles-sous-le-Yent).  Vicariat  apos- 
tolique. 

Jamaique  (fîle  ne)  et  la  colonie  anglaise  de  Hon- 
duras, dans  la  presqu'île  de  l'Yucataii. Vicariat  apost. 

Guadeloupe  (La)  (colonie  française).  Préfecture 
apostolique. 

Martinique  (La)  (colonie  française).  Préfecture 
apostolique. 

Orégon  (L').  Ce  vaste  territoire  formait  un  vicariat 
apostolique;  il  est  actuellement  divisé  en  plusieurs 
évêcliés. 

Saint'Pierre  de  Miquelon  (colonie  franç;iise).  Pré- 
fecture apostolique. 

Surinam,  dans  la  Guyane.  Vicariat  apostolique. 

Terre-Neuve  (L'île  de).  Elle  formait  un  vicariat 
apostolique;  elle  a  maintenant  deux  évêcliés. 

Tfias  (lerriloire  de  l'Union  améiicaine).  Vicariat 
apostolique  avant  sa  réunion  aux  Etats-Unis. 

ASIE. 

Alep,  dans  l'Asie  ininenre.  Vicariat  apostolique. 

Asie  .Vineure  (dintèse  de  Smyrne  et  contrées  ad- 
jacentes. Vicariat  apostolique. 

Chine  (La)  et  les  pays  qui  lui  sont  soumis.  Cet 
empire  foiine  quatorze  vicariats  et  préfectures  apos- 


toliques, qui  seront  indiqués  lorsqu'on  traitera  de 
chaciMie  de  ses  provinces. 

Siam  (Le  royaume  de),  partie  occidentale.  Vic.iriat 
aposiolique. 

Siiim  (Le  royaume  de),  partie  orientale.  Vicariat 
apustoliqiie. 

Cocliinchine  orientale  (empire  d'An-nam).  Vicariat 
apostolique. 

Cocliinchine  oceiaeniale.  Vicariat  apo>ilolique. 

Tung-King  oriental.  Vicariat  apostolique. 

Tung-King  occ  dental.  Vicariat  apostolique. 

Tung-King  méridional.  Vicariat  apostolique. 

Corée  (Royaume  île).  Vicariat  apo^^iolique. 

JnpMi(Les  îles  du).  Vicariat  ;ipo^iolii|ue. 

L  Hindoustan  anglais.  Il  forme  plusieurs  vicariats 
apostoliques,  tels  que  Bombay,  Calcutta,  Madras  , 
l'île  de  tieyian,  etc.,  etc. 

Pondicliéry  (colonie  françai.se,  dans  lllindoustan). 
Vicariat  apostolique. 

Perse  (Royaume  de).  Vicariat  apostolique. 

EUROPE. 

Anlwli  (Les  principautés  d'),  en  Allemagne.  Vi- 
cariat :iiiostoliiiue. 

Bosnie  (La),  empire  ottoman.  Vicariat  apostolique. 

Constantinople  (La  ville  de).  Vic.iriat  aposio.ique. 

Allemagne  septentrionale.  ViC.irial  apostolique. 

Gibraltar  (dans  la  Méditerranée),  possession  an- 
glaise. Vicariat  apostolique. 

Grèce  (Royaume  de).  Délégation  aposlciqne. 

Angleterre  et  le  Pays  de  Galles.  L'Ai  glelerre  se 
divise  en  liuit  vicariats  apostoliques,  désignés  sous 
le  noin  de  district. 

Saxe  (Le  royaume  de),  en  Allemagne.  Vicariat 
apostolique. 

Moldavie  (La  principauté  do).  Vicariat  aposto'iquc. 

Hollande  (Le  royaiune  de).  On  y  compte  quatre 
vicariats  aposloliijucs  et  une  mission,  savoir  :  Bois- 
le-Duc,  Bréda,  Limbourg  et  le  Luxembourg. 

Ecosse  (L').  Il  y  a  dans  ce  pays  trois  vie.  apost. 

\'alachie{L3i  principauté  de).  Vicariat  apostolique. 

OCÉANir.,    ou    MONUE    MARITIME. 

B'itavia  (dans  l'île  de  Java).    Vicariat  apostolique. 

Mélaiiésie,  Jlj'cronésic  (dans  l'Océan  Pacilique.  Vi- 
cariat apostolique. 

Nouvelle-Hollande,  ou  A«5/rn(i«. Ce  vicariat  apos- 
tolique a  été  récemment  partagé  en  trois  évèubés  , 
Sydney,  archevêché,  Hohartown,  évèclié,et  Adélaïde 
idem. 

Océanie  occidentale  (  la  Nouvelle-Zélande  et  Iles 
adjacentes).  Vicariat  apostolique. 

Océanie  orientale.  Vicariat  apostolique. 

Océanie  centrale.  Vicariat  apostolii|ue. 

Sandwich  (Les  lies).  Ces  îles  forment  à  elles  seules 
un  vicariat  apostolii|ue.  • 


TABLE 

DES  MATIÈRES  CONTENUES  DANS  LE  TOME  DEUXIÈME. 


(Il  y  aura,  à  la  fin  du  tome  111  et  dernier,  une  table 
tièies  contenues  dans  les  troi's  volumes  île  cet  ouvrage 
et  des  localités,  désignés  dans  ce  Dictionnaire.) 

IntrodiiclioD.  Page  l 

Géographie  fies  légenJes.  Col.    9 

Essai  sur  les  liavaus  des  anthropologues  ail 
point  de  vue  de  la  géographie  religi3usc.  '039 

Bibliographie  géo^rjjiiiique ,  rontenaot  de 
courtes»  notices  sur  les  écrivains  et  les  géogra- 
phes que  l'auteur  a  consultés,  ainsi  que  sur  un 


générale  el  détallée  par  ordre  alphabétique  des  mq- 
Cette  table  comprendra  tous  les  noms  des  auteurs 


grand  nombre  de  religieux  et  d'ecclésiastitiues 

qui  oui  traité  de  la  géographie.  IISO 

ICtat,  parorJie  ulphabétiiiue,  des  patriarcats, 
^es  archevêchés  et  des  évêchés  Je  l'Eg  ise  ca- 
tholique eo  It^d,  taisant  suite  à  l'étal  eomeuu 
dans  te  iremier  volume,  depuis  le  i"  juiiqu'au 
x\»,'  siède.  1261 


FIN  DU  TOME  DtliXIÈ.ME. 


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