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ENCYCLOPEDIE
THÉOLOGIQUE ,
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GÉOGRAPHIE SACRÉE ET ECCLÉSIASTIQUE, DE LÉGISLATION RELIGIEUSE, DB
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SCIENCES OCCULTES.
PUBLIÉE
PAR M. L'ABBÉ MIGNE ,
ÉOITEOR DE LA BIBZ.IOTBËQaE UNIVERSELLE DU CLERGÉ,
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DES C0OR9 COntPLETa SUR CIIAQCÉ BRANCHE DE LA SCIENCE ECCLÉSIASTIQUE.
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TOME SECOND.
3 VOL. PRIX : 24 francs.
CHEZ L'ÉDITEDR
AUX ATELIERS CATHOLIQUES DU PEïlT-MONTllOUGE,
DARRI^.RE d'BNFSR DE PARIS,
1849
DICTIONNAIRE
DE
GEOGRAPHIE
SACRÉE ET ECCLÉSIASTIOUE,
CONTENANT :
LE DICTIONNAIRE GÉOGRAPHIQUE DE LA BIBLE, PAR BARBIE DU BOCAGE;
UNE INTRODUCTION A L4 GÉOGRAPHIE CHRÉTIENNE DEPCI9 LA PRÉDICATION DE l'ÉVANGILB;
UN APERÇU DES PROBLÈMES DE LA GÉOGRAPHIE PHYSIQUE; UNE STATISTIQUE DES
PEUPLES ET DES VILLES DE LA GÉOGRAPHIE ANTÉRIEURE A l'aN EOO; UN VOCABCIAIRE DES
NOMS latins; un tableau COMPLET DES PATRIARCATS, DES MÉTROPOLES ET
DES ÉVÊCnÉS DU MONDE CHRÉTIEN, DEPUIS LES PREMIERS SIÈCLES JUSQu'eN 18i9 ; LA
DESCRIPTION DES DIVERSES CONTRÉES, DES MONTAGNES, DES PRINCIPAUX
FLEUVES DU GLOBE, DES VILLES PATRIARCALES, MÉTROPOLITAINES, KPISCOPALES,
DES GRANDES ABBAYES , DES LOCALITÉS REMARQUABLES PAR LES
CONCILES QUI s'y TINRENT, DES MONUMENTS OU DES SOUVENIRS RELIGIEUX,
AINSI QUE DES VILLES CÉLÈBRES DE l'iSLAMISME ET DE l'iDOLA-
TRIE; UN RÉSUMÉ DES MISSIONS CATHOLIQUES, DES DIFFÉRENTES MISSIONS
PROTESTANTES, DE LA GÉOGRAPHIE MUSULMANE ET IDO-
LATRE ; UNE ESP0SIT:0N des travaux et des opinions DES
ANTHROPOLOGISTES MODERNES ; UN ESSAI SUR Là
PHILOSOPHIE DE LA GÉOGRAPHIE ET UNE BIBLIOGRAPHIE
GÉOGRAPHIQUE ;
Auteur (l"une Traduction de) OEuvres choisies de sa'nt Jérôme, d'un Essai sur sa ^le et sur son siècle,
d'une Y edeS. S. Pie IX.
publié ]>a\: 3i)v. l'abbé ?)îii)nf,
ÉDITEUR DE LA BIBLIOTHÈQUE UNIVERSELLE DU CLEBGé,
ou
iirs COUPS coaiPLETS sin cuaqie dranciif. it, i.a science ecci iîsixstique.
TOME SECOND.
3 VOL. PRIX : 24- francs.
CHEZ L'EDITEUR,
AUX ATCLIKUS CATHOLIQUES DU l'ETIT-MONTUOUGE,
CARRIÈHK d'enfer db pahis
Inip:i;iiurie Oe MiGiSh", au rclil-M"nirouge.
INTRODUCTION.
Il résulte de ruxamen comparé de la p;éo-
grnphie des légendes que la peiisïe de Dieu
esl la base de l'harmonie de ce monde, et que
tous les peuples, quelque soit leur état sau-
vage ou civilisé, ont des notions de la Divi-
nité. Ces notions viennent-elles de l'homme?
Non, son inlelligencc ne va pas jusque-là. En
effet, comment l'homme auriiit-il eu assez
d'élévation dans l'esprit, assez de profondeur
dans la pensée pour inventer Dieu, dans le
n)omcnt même où il n'avait pas l'idée de la
plus simple amélioration matérielle, du moin-
dre progrès? La nécessité cl le besoin, ces
deux grands mobiles de l'espèce humaine,
auraient inspiré la spiritualité par excellence
aux nations qui, en même temps, seraient
restées défaillantes au bord de l'abime des
misères humaines 1 Cette contradiction est
impossible; et d'ailleurs tous les faits acquis
à la géographie ruinent un pareil système.
Mais nous avouerons qu'il ressort de la
géographie des légendes que, dans l'ensemble
des caractères qui constituent la Divinité
chez tous les peuples idolâtres du globe, on
retrouve la cruauté et la terreur. 11 semble
qu'il y a indivisibilité entre la nature divine
et ces deux attributs. Or, cette remarque,
basée sur les découvertes modernes et sur
lei faits recueillis depuis le xv siècle, est
identiquement la même que celle l'aile lors
de l'inondation des barbares et dans l'anti-
quitc; c'est-à-direque, hors du christianisme,
Dieu n'est que le symbole du terrible et de
l'épouvantable. Mystère profond lorsqu'on
veut en chercher l'explication 1 problème
intéressant, dont la solution se rattache inti-
0)ement aux destinées de l'humanité 1
La géographie des légendes est une divi-
sion de la géographie générale, comme la
biographie est à l'hisloiie. Par les rappro-
chements curieux qu'elle établit et les indi-
cations précieuses qu'elle procure, elle con-
tribue beaucoup aux progrès de l'histoire
morale des variétés de la raoo humaine.
Les dilTérentes branches des sciences géo-
graphiques composent, quand on les exa-
mine dans toutes les vicissitudes qu'elles su-
bissent, une vaste géographie légendique. Les
Alpes et les Andes ne sont-elles pas les lé-
gendes de la nalure? N'eu forment-elles pas
les pages les plus admirables et les plus subli-
mes avec leurs mj-slères physiques et géolo-
giques, leurs neiges continuelles, leurs vastes
glaciers, leurs avalanches foudroyantes et
leur immense silence? Ne sout-ce pas aussi
des légendes que toutes les hypothèses géo-
logiques successives inventées par la science
moderne, et qui disparaissent comme au-
tant de météores, après avoir jeté un certain
éclat?
Le Spilzberg [Saxum glacial^) avec ses
algues d'une dimension gigantesque (une
,DlCTIOIfNAlRE DE GÉOGBÂPHtE ECCL. II.
espèce a 200 pieds «le long), ses jours de cinq
mois et ses nuits si longues, ses aurores bo-
réales et ses ours polaires, n'app iraîl-il pas
comme un sombre mystère dans la légende
de la nalure? Les pèleiinages du m «yen âge,
qui tiennent une idace si importante d.ins la
léî^ende, n'ont point été stériles pour l'intérêt
public, comme beaucoup de gens se l'ima-
ginent. La géographie légendiquc constate
qu'ils inspiraient l'idée de grand s travaux d'u-
tilité publique. Ainsi, le pèlerinage le plus
célèbre de l'Espagne au moyen âge, celui de
Saint-Jacques de Composlelle, conduisit à
bâtir des ponts, à ouvrir des routes dans les
provinces voisines, pour favoriser le passage
des troupes de pèlerins, et à élever des hôpi-
taux pour les recevoir eu cas de maladies ou
d'accidents.
Les questions de nationalité se représen-
lentàcbaque instant dans la légendedes peu-
ples ; et, chose étonnante! elles n'ont pas plus
frappé les géographes même les plus distin-
gués, les plus eininents, quelles n'ont frap|)é
les historiens des xvii* et xviii'^ siècles. Ces
questions cependant se rattachent directe-
ment à la géographie, elles en sont insépara-
bles. Sous ce point de vue encore, elles ai-
dent celle-ci à éclaircir les points obscurs
de l'histoire politique. Quant à l'histoire ec-
clésiastique, elles jettent également du jour
sur des époques de persécution restées incer-
taines, confuses, et sur lesquelles on n'avait
pas de véritables explications.
Malte Brun elBalbi.qui ne manquaient ni
de talent, ni d'érudition, n'ont point apeiçu la
connexilé directe de la (luestion des natio-
nalités avec la géographie. Et dansl'ouvr.ige,
oii Malte lirun aurait pu en parler le plus,
dans son Histoire des progrès de lu (jéogra~
phie, il n'y a pas même songé.
A cette o^casion, nous rappellerons lin-
fluence désastreuse que les noms de Romain et
de Grec ont exercée sur les gouvernements
étrangers, relativement à la propagation du
christianisme. Les rois wandales ont pers.i-
culé le clergé catholique d'Afrique en haine
de Rome. Les rois de Perse en oui fait au-
tant dans leur empire, en haine des Roujains
d'abord, et des Grecs ensuite. Les Coptes
(les indigènes de l'Egypte), qui délestaient
les Grecs de toute la puissance de leur âme,
ont Gui par appeler les Sarrasins, afin de se
débarrasser des premiers. Les Syriens indi-
gènes plus tard ks imitèrent.
Enfin les Grecs, (|uoique vaincus, ou plu-
tôt parce qu'ils avaient été vaincus, abhor-
raient les Latins. Les populations grecques,
comme nous l'apprend saint Jérôme, (jui ha-
bitait la Sjrie auiv siècle, s'entcnd.iient pour
ne point apprendre et ne point parler le Liiin,
la langue des barbares. Le schisme d'Orient,
si opiuiâtre, n'a pas d'uutre cause raUieulo
IMUODUCTION.
du feu
IV
que celle a nlipalhienalioiiale. Le catholicisme
en a profontlémeiit souffert. Dans les temps
modernes, on a vu des peuples indigènes de
l'Amérique méiidionale admirer In dcvoiia-
ment des robes noires (c'est ainsi qu'il-; dési-
gnaient les missionnaires), mais roMster
éDerfiquenieni à leurs sollicitations et à tou
(es leurs instances, ne voulant pis cmbras^
ser la religion des esprits malfaisanls (nom
donné aus Espagnols par les sauvages des
Antilles cl des côtes orientales de l'Amérique
du Sud), et préférant mourir collectivement,
comme ils sont luorts en effet, plutôt que
d'avoir quelque chose de commun avec leurs
oppresseurs.
Un patriarche d'Alexandrie, Benjamin, d'o-
rigine copte, détermina ses diocésains indi'
gènes, so s l'empereur Héraclius, au milieu
du vir sièc'e, par haine coutte les gouver-
neurs grecs de sa ville patriarcale, à se join-
dre à lui pour appeler en Egypte les kalifs
de Damas. A lépoque des m% iv= et V ^iè-
cles, où les laures ciaienl si florissantes qu'on
y comptait k et 5000 solitaires par cai ton,
dans les solitudes de la Rasi^e et de la H iule
Egy. t:', les indi,;èncs formaient surtout la
majorité de ces associations religieuses ; ils
se reliraient ainsi dans les déserts pir eli;i-
grin de voir leur pays asservi aux rirec.<,qui
les ruinaient et les méprisaient. La morale
cl les dogmes du christianisme, ainsi que la
vie conlen)plative, convenaient à l'étal de
leur âme, aus dispositions do leur esnrii. Les
Coptes n'obtenaient aucun e;uploi,lrs (irecs
occupaient toutes les places, toutes les digni-
tés civi es, religieuses et militaires, et mon-
Iraienl une avidité excessive.
11 n'y a donc jamai-^ eu, en Egypte, fusion
de la population indigène avec l'éléuienl ro-
main cl grec. La race primitive a diminué
progressivement sous l'oppression séculaire
des Arabes et des Turks. La rare grecque
clle-mcnie a fiai pir disparaître. La popula-
tion acluellen'cst plus qu'un mélange informe
des races musulmanes, amené, s par les di-
verses invasions dont ce malheureux pays
a été victime.
L'église Saint-Marc, à .\iexandrie, cl'ut la
patriarcale; mais, en 9lJ0,le pairi:;rch2 Cliris-
iodule alla résider au Grand-Caire, nouvelle
capitale d« ri''gyple, et résidence des émirs.
De la splendeur de l'Eglise d'Alexandrie il ne
reste plus rien ; de ce patriarcat si étendu,
si célèbre, on ne t."ouve plus qu'un pau\rc
moine, oisif, ignorant, dans une maison de
modeste apparence, aupiès de l'église de la
Vierge, au (.Iraïui-Caire, passanl ses jouri-.ées
assis à la manière orientale, sur une peau
de mouton, ne connaissant plus les limites
de son patriarcal, et ne sachant même pas
si, hors do l'Egypte, il y a encore des chré-
tiens.
Après les patriarcats primitifs, venait en
sixième lieu celui deSeleucie,dotU les arche-
vêques prenaient le litre de pa'riarclie de
Séieucie, de Clésiphonte et de H.ibylone; ils
avaient d'abord porté le litre d'archevêques
autocéphales ou indépcDJjnts.
Sjus les rois ma^cs de Perse (adorateurs
Séieucie, au iv siècle, eut beau-
coup de marivrs.au nombre desquels fut
saint Sadoth, son archevêque. Les pauisans
dcNeslorius, poursuivis par le gouverne-
ment grec de Con^lautinople, se reiii^ièrent
dans la ville et le p.iiriarcat de ?é lurie.
Elle fut prise, au vir sice!e , pacles Sarra-
sins (Arabes) qui la nuiumèr^nt Alnioilai/en,
c'est-à-dire la ville par excellence. F.ninée
dans le ix° siècle, au milieu des guerres des
musulmans ertre eux et coutre l'empire
grec, de ses ruines oa ediMa Uagdad. Les
paliiar hes se fixèrent alors à lréiio|.olis,
puis à Bagdad, et enfin dans uii couvert des
environs de 51os<iil , nommé Elkoug. L'.rs
de l'inva ion des Mongols dans cette partie
de l'Asie, aux xirelxnr siècles, les p.iiciar-
c'ies ne?totiens essayèrent de (iropa^'or le
christiaiiisme dans les provinces de l'Asie
centrale, au moyen de leurs diocés.iins qui
s'y répandaient pour commercer. Voilà par
quelle voie le chi islianisine a du pénéircr
d.irii l'Ariiglianistan, la Bukirie, dans les
vallées profondes du Thibet et dans le lihoo-
tan.
L'Is.aiM <sl remarquable par ses légendes
fort nombreuses et encore plus merv<Mlleu-
ses; l'imagination des Arabes en a lait des
histoires plus ex'ra ordinaires les unes que les
aiiires. Ainsi la ville du Prince iBegscbehri),
UrOs priiicipis , est une ville esseiitielleinent
légeudique q i rep.irail dans tous les coules
arabes. Son fondateur .Vlaedilin, dont nous
autres Eu opéens a» uns fai: Sa'adin, a com-
muniqué à sa physionouiie quelque cliose de
poétique.
Quelques unes des villes métropolitaines
de l'Asie Mineure qui figureiu d.nis les Aelis
des apôtres , dans l'Apocaiypse et dans te
mariyruluge des premiers siècles , avaient
leur place assignée dans celle géographie;
c.ir leur histoire, au commencement du
moyen âge, n'esl qu'une légende lamentable.
Ainsi Niree (Isnik), Pergaine (Pergamo),
Philadelphie ;î\all;Uebos cl maiulenani Alas-
chebr), Am istrah (Se>amos), Sardes, Sébasle
(Sauslia, Sivv.is) , Tbessalonique (Saloni.'ii),
etc., La Thista {Trruqitillus liuiius), rivière
légendique île i'Hindou>tan, uflloenl de la
branche orientale du Gange ( la Pu'lda )
noiliméc Tran/jitille, parce que son cours est
calme, une fois qu'vlle est entrée dans le
désert de Reougpoor; la déesse de celle ri-
vière est reg irdée comme une vieille f. mme
dont les habit.ints des environs ont lait une
divinité pro ecirice ^iu pays, et sur laquelle
ils raci>nieiit de fantastiques légendes.
Nous devions insenre Ce>arée de Palestine
{Tturis Siruloitis , vel Cœiurea) , avec sa
splendeur p.issée et sa ruine aelueile ( il en
est beaucoup question dans saint Jérôme ) ;
Amasia, .\ma5ieh , Ancyia, Aucyrc {Ëngu-
rijè), etc., etc.
Cracovia {Urbs Corrodwiensis), Cracovie,
ville du cunimencementdu moyen âge, ci qui
réunit à elle seule tous les souvenirs de la
nationalité polonaise, ainsi que ses litres
catlioliques, ne pouvait être oubliée.
(Ta^a ycnsJlesKosaqueSjlvirguis-Kaïssa^»
FNTl^ODUCTION.
yi
el Kalmonks, -peuples nomades donl la lé- ot los stoppes^ qiTO I'o<! unes sont noyées par
gei>densiatique f;iil la nalion 1.! plus ;M)ciciine les (iluics, et (]uc les autres en sont absolu-
dii iiioiulc; logeiidi^ (]ui, pan;.! eux, csl ri'pu- nifiil priv;'es ; 'jn'on épioiivo Mans les pre
tée sacrée. Les Kosa(iues, suivant qucltiucs
auteurs, sont d'origine slave.
Les Kirguis possèdenl une coUecMon de
contes remplis de prodiges, d'enciiautcments
et de incuilres, et ilonl les liéios, setnlila-
bles aux chevaliers des su' el xiii" siècles,
vont courir le monde pour chercher des
avonlures. Ils hahilent le nord du Turkes-
tan, l'ancien pays de Kharisme ou de Chua-
rem.
Les Kirgnis possèdent des remèdes médi-
caux, tels (jiie celui (Oinposé d'une dccr)ctii)n
de racines d'églanlier, de miel cl de beurre ,
pour les maladies de poitrine. Ce lemède
n'aurait peut-être pas en Europe l'eflicicilé
qu'il a dans l'Asie cenlrale, parce (juc le
miel c' le heurre dilTèrenl un pe:i, et que
l'églaniier n'a p.is la même venu que celui
du Turkestan. Kn eiïel, des piaules, di'S
fleurs, des a. bustes qui possèdent leiies ou
telles vertus dans une contrée, souvent ne
les conservent pas dans une autre 1), en
raison de la nature du sol et des conitilions
climatériqucs.
Les Kalmouks peuplent l'Asie centrale et
orientale. Tributaires ou de la Russie ou de
la Chine , ils prati(]uent le lamisme , qui est
le culte de la J)aule Asie. Ils ont an symbole
mythologique très-compliqué et très- fabu-
leux, mais qui, au fond, rappelle l'iiiÉniorta-
lilé de l'âme, le châtiment du vice el la
récompense de la vertu.
Vén étiola (le Venezuela), avec ses traditions
sur l'or, son lac Parime dont la vase inépui-
sable était de l'or, et le pays aux sources de
rOrcnoque, dont le sol se formait d'or natif,
est une légende raraclérisliqno dans la géo-
graphie de l'Amérique, quand ou la met
en regard des Indiens el de li'ur serment
solennel de laire la source d.' l^-ur père ,
de leur ami (l'Orénoque) , aux Esprils mal-
fainanls (aux Espagnols).
Le dicton « c'est iiu el dorado, » vient de
cette légende du Venezuela. Les ll:nos,
dont les habilanis s'appi-llent LIaneros, ne
sont pas des steppes parci.les à celles de
l'Asie central.^
Les unes et les autres comportent des ca-
ractères dilîérentiels . gioique toutes deux
se distinguent par l'absence de pierres et de
cailloux. L'Orénoque, tleuve essentiellement
poétique el mystérieux , avec son cours
sinueux à cause des groupes de monlagnes
de la Parime, avec sa population nombreuse
d'allig.àtors cl son volume gigantesque d'eau,
ajoute un vif intérêt à la légende vénézue-
lieime ; car il reçoit toute la masse de pluies
de 22,.38G lieues carrées. Et 1 on sait avec
mières une chaîeur et une humidité extré"
mes. el d.:ns les secondes une sédieresse et
un froid iiisnpporiables ; des tremblements
de ttrre dans les llaiios , des ouragans , des
tempêtes violentes dans les steppes, où le sa-
ble, en éié, el la neige, en hiver, sont em-
portés par grandes masses dans des lourbil-
ïons effroyables.
Les anciennes maisons féodales el prin-
cières de l'Allcm-igne devaient se trouver
nus'ii dans celle (iyogr-iphie, puisque leoi'
origine est presijue toute k'geiidi(iue, «lu'i'Mes
appartiennent au moyen âge, et que cette
ancienne organisation si variée de l'Alle-
ma'iiie disparaît progressivement pour se
réUigier lians l'histoire.
L'i(!o!âlrie, pratiquée dans le nord de l'ftu-
rope [lar les races finnoise, slave, scanli..
navp, etc., avait un caraclère di> baihario
nivslcrieuse qu'elle tirait sans doule de l'in-
clcmence du climat ; il a fallu, pour la com-
battre el eu déiacher los populations, des
travaux longs, opiniâtres; et l'on ne saurait
aujourd'hui se faire d'idée du dévouement el
des fatigues des missionnaires chrétiens
d'alors , si on ne connaît l'histoire d'après
les écrits mêmes du temps,
Vxd^.iuin Jnsnlœ, iles des Hrnards , ou
Aie iules, Aleolienncs. L^s indigènes, clécom-
me hiver, habitent sous terre dans des trous
qu'ils creusent et qui form'^nt des caves non
voûtées : ce sont comme nos carrières, ex-
cepté qu'il y a moins à descendre. Col usage
a été plus répiindu qu'on ne croit aujour-
d'hui : on l'a trouve dans le nord de l'Asie
et de l'Amérique, où il se conserve ; dans une
partie de l'Afrique orientale ( l'ancienne
Ei!iiopie),dans les îles l'.anaries, où les (juan-
ches habitaient des civerncs creusées dans
les rochers ; enlîn, en France même, on ren-
contre dans de certaines localités des habita-
tions creusées d;ins des montagnes.
L'ar'irle iîegioLnurcntiuna, l'îledeMadagaS'
car, rentre dans la géographie des légendes,
pane que seule elle a échappé à l'Islatn,
quoique cernée de tous les côtés par des
pays islamiles; parce que l'invasion de l'ilo
par les Movas de la race malaie est environ-
née ào circonstances mystérieuses qui prélent
à la légende.
5i(&»n«a', les Finnois, dans l'empire russe,
lant en Europe qu'en Asie, ou plutôt les
peuples Otiraliens , parce qu'ils paraissent
sortis des environs des monis Our ils , ont
joué un grand rôle dar.s les émigrations do
l'antiquité et du moyen âge, mais dont ils
n'ont consfrvè aucun souvenir. Les Hon-
quelle a;;oadance el quelle force la pluie grois ou Madgyars sortent d'une division de
tombe sous les tropiques. la famille finnoise (lai', comprenant les
11 y a ceci de particulier entre les tlanos Finnois Ougours, tels que les Vogouls, les
(■; A.nsi le c:\fe rérnlle d.ins rilo de S'imairn est
fiirl ni.'iliiicic. Il.ins l'i'.liii de \ ciiéziiola (Ainériipie
jr'ériilioiiali;), la canne à sucre olTre (ilii-iieuis v;iriélés
parmi lesquelles il en est d'excclleiiles. (juant aux
céréiles, le Idé produit moins qu'en France ; les épis
smil tiè-lailili'niPiil g.onis, niuis la paille est al)e!i-
dante. {?lolc de i'aiileur.)
VI!
INTRODUCTION.
VIII
OsliiiKs, etc.). Ceci résulte de la comparaison
lies lanuues.
Celle qiialrième division du moins ne dis-
paraîtra pas de l'histoire sans éclat et sans
sliiiro.
Siiinalra devait fifiurer dans la géograpliie
L'infanticide y exisie, comme il se re-
trouve dans quelques iles de la Polynésie et
de i'Océnnic.
Dans la Guyane , les hommes ne font
rien que chasser ou pécher, tandis (]ue les
femmes, chargées du soin des enfants, culli-
ocs légendes scuiemenl à cause de son mer- vent la terre, cherchent lis racines pour
vcilleux .-irbre cm|;oisonncur (le suhn-upa),
sur lequel les premiers voyagi'urs ont l'ail
tant de récits fantastiques. Sumatra abonde
en varicics de singes. — Des lettres et des
savants veulent, comme l'on s;iit, ranger
cirluiiies variétés parmi les races humaines.
Mais pourquoi n'a-l-on rencontré et ne ren-
conire-t-on nulle part des hommes mar-
chant à quatre pattes, et des singes mar-
chant naturelle ment comme l'homme? Poor-
quui les voit-on toujours se servir do leurs
pieds et de leurs mains pour sauter, uiar-
clier et courir?
L'île de Sumatra ou la terre dePalcmhang
possède des indigènes noirs à l'intérieur avec
l'idolâtrie, et sur les côtes la race malaie
avec l'iblam. Est-elliî venue à titre d'inva-
sion ou de colonie? C'est ce qu'il est assez
difricile d'affirmer. Pcul-êlre les Malais sont-
ils venus, comme les Européens, envahis-
seurs et Cl lonisateurs en même temps. Cette
île a conservé les traditions primitives des
sociétés naissantes, surtout en ce qui con-
m nger, préparent les aliments et la hoisson
enivrante, la culture étant absolument anti-
pathique aux hommes. La demonolàlrie,
ou le culte du dialilo,' exisie aussi dans la
(îuyane comme chez les tribus de la haute
Asie il). La race noire s'y dislingnp, comme
en Afriiiue, par son penchant pour la sor-
cellerie.
Terra Senogalla, le Sénégal, ou la Séné-
ga'i.hie. Les Maures marchands professent
l'islam. Les Nègres l'onl sans doute reçu
d'eux ; ils sont en partie livrés au fciichisme
le plus grossier. Par la diversité des peuples
qui l'habitent, le Sénégal peul donner une
idée de la variété des nations dont est rem-
plie l'Afrique, et des légendes qu'elles se
transmettent par la tradition, légendes parmi
lesquelles il y en a de fort curieuses et de
fort intéressantes.
Les Européens confondent sous l'appella-
tion génér lie de Foitlahs, Fellalah, Fellahs,
Foulons, Felluns, etc., etc., différents peu-
ples de l'Afrique occidentale. Dans la Séné-
cerne les procédés agricoles. Ainsi on y gambie, cet e confusion, qui conduit à îles
foule aux pieds les épis du riz pour en fake
sortir le grain. Or ce procédé est de la plus
haute antiquité.
Les Suanes d'origine grnsienne (caucasi-
que)se lapprochentdu moyen agedel'Ecasse.
Les Toungouse^ , d'origine mandschouc,
peuplade sil-érienne, rappellent les hordes
d'Attila et celles du moyen à'^e.
Terra aquosit, la Guyane , possède une
langue pauvre et en enfance. L'origine de
ses nombreuses peuplades est obscure et in-
certaine; elles diflérent toutes entre illes
par la figure, la physionomie, la taille et le
langa<!e.
La tradition légendique des Caribes rap-
pelle d'un manière défigurée le uiysière de
la rédemption. L'Elre supicme fil descendre
erreurs sur la personnalité des races, n'ixiste
point parn;i les aborigènes. Ils savent par-
failemenl distinguer chaque variété et sous-
variété ; car, en effet, elles se distinguent les
unes des aulres par des caractères plus ou
moins différentiels dans la couleur, les traits
et la forme du visage, dans la chevelure,
dans le langage, dai'.s ie costume et dans les
mœurs.
Il est évident, et c'est un point acquis à la
géographie légendique, sans qu'elle puisse
peut-être l'expliquer suffisamment, qu'une
ou plusieurs raies étrangèies ont pénétré
et sont resti.es dans l'.Vtrique centrale de-
puis la côle de l'ouest jusqu'à la côte de
i'esi, soit à titre de race conquérante, soit
en qualité de race inimigraole. Ce fait rcs-
son fils du ciel pour tuer un serpent liorri- son directement des variétés et des sous-
ble ; l'ayant vaincu, il se forma dans les en-
trailles de l'animai deux vrrs, qui produisi-
rent chacun un C.arihe avec sa femme. Il est
bon de savoir que les vers jouent un grand
rôle dans l'alimentation des Canbes; cette
légende est donc tout à fait locale.
Les Salivas, autre peuplade guyanaise,
croient que la terre a produit des hommes
et des femmes comme elle a produit des
plantes, des arbustes et des arbres. Celle lé-
gende n'a rien que de très-simple pour des
sauvages, puisque nos lettrés modernes et
quelques-uns de nos anthropologues ont
én)is la même opinion , et la soutiennent ou
la font soutenir scientifiquement.
êtes qui se rencontrent parmi les popu-
lations africaines.
Lis Portugais sont les premiers Européens
qui ont p-Mu sur les côtes de la Sénégamhie,
et qui y ont occupé quelques possessions. Il
ne lesti; plus rien de leur oceupalinn que
des souvenirs historiqu' s assez failles que
1 on découvre dans quelques dénominations
de cours d'eau et de certaines l'calitcs.
Ainsi le Sénou-Colé, rivière qui se jette dans
la Falcmé, avait reçu d'eux le nom de l>io-
del Oiiro, ou rivière d'or, parte que les na-
turels en liraient de la pou Ire d'or par le
procédé du lavage, opération qu'ils exécutent
encore aujourd'liui. ()uanl à l'enseigi'.ement
(I) La personnalité du démon, on d'nii mimvais et les savants aient donné nije explication ptausilde
csprii, ennemi de riioinme, domine, duiis le« c nq de ce graml fail.qiii |iorie avec lui un caractère luys-
pariies du monde ei sous 'les diverses latiiuiles. térieu.v el lernble, ni même qu'ils aient paru Iq
Nous n'avons pas vu jusqu'à présent que les lettrés comprendre, {y oie de l'auieur.)
IX
INTRODUCTION.
religieux, il n'en est re'slé aucune trace, ce
qui, au premier abord, peut paraître éloii-
nanl pour tin peuple aussi zélé, aussi propa-
gandiste que se rnonîiaient les Fortu2;ais
aux XIV et XV' siècles, puisqu'ils ne len-
taient aucune expédition navale sans être
accompagnés de plusieurs religieux de divers
or. lies. Celte absence du clirislianisine dans
celle contrée à la fin du mojen âge, s'expli-
que par deux raisons : !a première, c'est
que l'occupalion des côtes rie la Sénégi'inbie
par les Portugais n'a été que transitoire et
accidentelle dans leur histoire maritime; la
seconde, c'est que l'elat social des peuplades
de celte contrée est tout à fiiit défavorable à
la propagation du chrislianismc.
Les Mandingues, véritable population de
race nègre, ont peu d iilces religieuses; ils
ont même délaissé l'islam, qu'ils avaient
d'abord reçu drs Maures, probablement. Ils
roanifeslcni de l'éloignemeiil pour la culture
des terres, un peu sans doute par la paresse
particulière à toute la race nègre, et au^si
par l'idée qu'ils ont que ce genre d'occupa-
ïion est au-dessous d'eux ; idée quu nous
avons déjà signalée comme étant propre à
presque toutes les variétés des popuLilions
sauvages, ou qui ne sont encore qu'à l'en-
fance des sociétés. Chez les Mandingues , ce
sunt les fouîmes qui culiivent la terre, et qui
exploitent l:s mines d'or dont leur pays
abonde: elles font en un ir.ot les gros tra-
vaux. L'occupation habituelle lies homuies
est la chasse.
Les musulmans de celle partie de l'Afrique
et du grand désert , qui sont des Maures, ne
vivent que par le pillage; ils rappellent les
Bédouins de l'Asie occidentale. Leurs ex-
cursions, regardées comme un fléau pire
que les invasions de sauterelles, sont la ter-
reur des peuplades nègres, qui, bien que
plus nombreuses et par conséquent en étal de
^ési^ter, s'enl'uieiil lâchement, frappées d'un
indicible et inexplicable eflrui. Cette pusil-
lanimiié qu'on n'aperçoit que trop dans la
grande famille nègre , doit avoir contrilué
primiiivement et coniinue de conlrihuer à
son état de barliarie. L'esclavage, qui se per-
pélne dans l'intéiieur, parait être l'elat
iiurnial de telle malheureuse race noire, et
semble faire partie de la constitution géolo-
gique de la terre aliicainf. Pas uu seul coin
de cette vaste contrée n'en est ou n'en a été
exempt; au nord, à l'ouest, au sud, à l'est et
dans le centre, partout l'honiine est saisi par
cet épouvantable Iléau. Aus xiv cl xv siè-
cles, I s Portugais l'y ont rencontré dans la
splendeur de sa puissance et l'ont exploité à
leur tour; de notre temps, il déploie omore
une vigoureuse activité. H y a la un phéno-
mène bien remarquable et qui appelle l'al-
tcnliun îles penseurs et des moralistes.
A'((crtnrii(s, vcl Fluvius AmnzoniilnsAc Uio
de Chahuaris, ou l'Amazone. Les Chunrhos,
habitant les plaines arrosées par le Béni (1),
ou Paro, aftluenl de l'Amazone, ne vont pas
en comptant an delà du chiffre (roin. Pour
qu.ilre et ultérieurement, c'est le mot beau-
coup. Celle impei feclion est presque com-
mune à loules les tribus sauvages de l'Amé-
rique de rOcéanie, de l'Afrique et du noid-
esl de l'Asie.
Les nombreuses tribus des contrées par-
courues par l'Amazone ont disparu pour la
plupart ou sont retirées dans les forets im-
pénétrables de l'intérieur.
Aux î es Aléoules, la sorcellerie et la ma-
gie sont toutes paissantes et coinposrnt ea
quelque sorte la totalité des idées religieu-
ses des habitants. Cela no vent pas dire qu'ils
n'ont pas de religion, comme les géogra-
phes l'ont publié; mais cela signifie seule-
ment que le sentiment religieux a passé tout
entier dans la sorcellerie, qui occupe, du
reste, une large place dans l'hisloire inlel-
lecluelle et morale des sociétés liumaines .
soil barbares, soit civilisées.
L'us'ge des Aleutiens de se peindre le vi-
sage de toutes sortes de C'juleurs, et de por-
ter de petits os passés dans les narines et à
travers la lèvre inférieure, se relrouvc dans
des îles de i'Dcéanie, de la Folyné ie, de
l'Australie, et chez des tribus de quelques
cantons de la Guyane, de la Nouvelle-tire-
na:le,du lîrésil, comme ;armi les Aborigènes
qui ont disparu des Antilles, de la Louisiane
et de la Floride. Les premiers habitants de
ces îles ont dû appartenir soit à des tribus
du nord de l'Amérique, soit à des peuplades
océaniques.
Parmi les trions des bords de l'Amazone,
les mi.ssionnaires ont constaté l'usage de se
percer les narines pour y introduire de pe-
tits os de poissons oa d'animjux lues à la
chasse : usage conservé aux iles Alculieniies,
et dont nous venons de parler. QaaiU à l'ex-
tension du lobe de l'exlréniilé inférieure des
oreilles, chez les .\banes, on a remarqué cette
singulière coutume dans quelques îles de
rOcéanie. Les premiers K>.p,ignols, débar-
qués sur la côie du golfe de Honduras,
avaient aussi vu les femmes d^' ce pays, avec
celle extension forcée des oreilles, et ils
avaient en conséquence surnommé la côte
Costa de Oreja, la Côte des Oreilles.
Nous avons fait une remarque qui n'est
pas sans valeur, c'est que les langues des
tribus des deux Amériiiues et de l'Océ.inie
manquaient, lors de l'invasion des Euro-
péens, de mots propres qui répondaient
exaclenent à ceux de vertu, justice, li-
berté, etc.
Il y a parité d'idées religieuses entre les
Koliouges qui habit"ul l'cxtré :iilé de l'Amé-
rique russe cl les Xavati, les Sam.rïèàes no-
mades de la Russie asiatique. Ces derniers
adniellenl un principal Dieu qui régit le ciel
et la terre, qui ne saurait cire représenté (lar
aucune image, et dont les ternies leur nian-
queni pour exprimer sa grandeurel sa toute-
puissance. 11 y a une ijuanlilé de dieux sous
(1) Le Déni est aussi appelé rivière du Serpent ,'a cause de la qiianiiié de ces reptiles qu'on vov.nit sur
fà rives. (lYofe de lauUur.) »- i . wr
XI
lui. — N'y aurait-il pas ici im reste delà ré-
vélalion primilivc sur Dieu?
Les Sanioïèdes ne savent pas traire leurs
rennes |)Oiir se prociirei' ilii lait d.)!il ils
ipiioreiu riis;it;o. Cette circonsl;incc nous
porte à croire qu'ils ne sont point uiio nr.li'iii
iniliiîèno lie l'Asie, mais qu'ils sont venus ilc
l'Amérique sepleiih irnale. lin oITol. l'is.ige
du lait est p.irli(.ulier ;i Ions les peuples asia-
tiques CMi'isés, noniadis Oii harhares, et ou
ne l'a rencontré nulle part eu Auierique,
lors (le sa ilécouverc.
Zelnnda novi, la Noiivellc-Zeeland. — La
cliariiéfiu cln isliaiiisme est inconnue à la
Nouvelle-Zeeland . louiinc elle l'est à tous
les peuples de l'Océanie. Ainsi les enf:ints
que les mères ne veulent pas nourrir ne
trouvent aucune femine qui s'en chaige. Ce
délaissement de l'enfanee n'est pai seiilei;ient
particulier aux tribus du tiioiiiîe mariiinie,
il l'e^l aussi aux peuples birbaris et aux
Says de la civilisation idolâtre, tils que l'Hin-
oiistan et la Chine.
La proue des pirogues (à la Nouvelle-Zee-
land], ornée d'une fi;;ure i umaine horrible,
qui lire la langue avec de violentes conlor-
sions, ne rnppelc-l elle point les pirojues
et les étendards chinois, également ornés de
figures diaboliques ? Comme les Maoïis. les
Cliiuois font des grimaces et des contorsions
effroyables; coiicn)e les Maoris, ils poussent
des cris confus, inarticulés, des espèces de
hurlements, au inoiuenl d'eu veuir aux
mains.
Les Maoris se servenl de frondes pour
laneer des pierres brûlantes sur les caba.ies
de leurs ennemis, lesque le» éiant construi-
tes avec des matériaux inflammaides preu-
henl feu facilement : ce qui oecasinnne l'in-
cendie de villages en'iers. — Getie manière
d'incendier les habitations a é'é signalée par
les premiers voy.igeurs Irançais, anglais et
INTRODllCnON. XII
Inauln sncra, l'Ile sacrée, on Tonga-Ta-
bou, es! une des |egpn1"S de 1 O.'éanic. Les
liait lants font jusqu'à 2)0 lieues sur l'Océan,
montés dans leurs pirogues. Les femmes se
coiiverii-senl plus liiilicilemeni q le les liom-
uies : c'est le ciiilraire de l'Kuropo. Pour-
quoi? parce que les l'e;nines n'y sont que des
esclaves. Or, les conversions sont presque
impiissililos, du moins cxcessiiemeni rares,
dans les pays idolâtres et musnini mis. La
pprs'iunalité de ta femme n'y e\islo pas;
c'est une chose, un meuble, une proi)riéié
quelconque, cl non un être humain, pensant
et voulant. Sous l'empiie roma'n, tant en
Euro| e qu'en Asie, les femmes a cepiajent
tes premières le chrislianisme, niiilgréle pa-
ganisme, p.irce qu'elles av.iient conservé
leur iadivldualité, qu'elles comptaient diiis
la société comme citoyennes , (lu'elles jouis-
saieni de h fieullé et de !a lilier'é d être.
La légende réiiandue dans r..rrliipel de
Tonga a beaucoup de rapport avec 1 his-
toire de Caïii cl d Âbel , et de Cham, Gis do
Noé.
La géographie des légendes, pour être com-
plète, devait comprendre l'.intliropologio ou
la sci''uee naturelle de l'Iiomme. Sans le
christianisme, l'hom ne chez tons les peu-
ples est la légende la phi> obscure, la plus
iiiexjdi. able cl la plus lamentable de toutes
à Kl fois.
La science n'a pas encore dit son dernier
mut sur r.inthiopophagie, ou [ilulôl elle ne
l'a p is examinée dans ses rapports avec l'in-
telligence et le moral de la race huma ne.
L'homme, se mangeanl lui-même, est arrivé
au dernier degré de la dégradaion.
La polygamie et la circoncision sont, chez
les TombDukkis, tribu de la variété call're,
des usages tellement invétérés, qu'ils résis-
tent à tou^e innovation. La connaissance île
leur langue, d'ailleurs, a présente jus.fu'à
tiollar.da.s,i1e la lin du xvi' siede, et du cnm- présent à lojs les missionnaires chrétiens des
mencemenl du xvir chez les sauvages d
Louisiane, de la Floride el de presque toute
la contrée qui forme aujourd'hui l'Cnion-
nn'éi icaine.
L'usage de suspendre en l'air les cadavres
attachés à des aibres existe dans li Nou-
velle-Zeeland et parn.i les tribus nomades
de l'Asie septentrionale
eiffiiu lés iiisuimon ables : de ti>us les ilia-
lecics sauvages, c'est le plus barbare. Après
do liès-longs efforts et de pénililes études,
un mis>ioiinairc catholique du Cap de lionnc-
Ls|'C ancc éiaii parvenu à le (onnailre un
peu, mais il ne pul jamais le parier, tanl n
prononciation est i-ii dehors des formes
gra:iinKit. cales el de l'organisation gutturale
Les Maoïis pronouicnt de longs discours, des Kuropcens.
espèces d'oraisous funèbres, sur la tombe Cimnie plusieurs peuplades de r.-Vmériqae
des morts. et de l'Océanie , les Tombonkkis font un
Les .Maoris tuent les esclives à la mort de grand i ruil en parlant. Ils imitent le bruit el
leur maîire, usage pratiuué aussi eu Afrique le mouveinenl des ch.eiis quand ils lapent,
par plusieurs triiius de la race nuire. en avançau', retirant rapidement li lauguc
Les femmes .Maories se Inenl auprès du et la claqu.int fortement coulée leur palas;
cercueil de leurs maris, comme :es femmes de sorte q.ic leur parler semble se composer
liindiices se briîlent po'ir aller rejoindre les de bruit et non de sons.
leurs, ou se font descendre dans les caveaux On remare.uerala diversité desopinions et
qui renferment leurs cadavres. On a bea,!- des vari. liions des anthropologues, 1° sur les
coup discuté sur ces barbares usages, sans Arabes, 2" sur L'S .Nègres, 3° s jc l'origine des
remarquer qu'ils révèlent une comiiiunaulé populations .■aié.-icjiii.s. Chaque voyageur
d'origine pour des peuples sépâiés par des exprime son opinion j-ariiculère, ch.iqui!
distances coiisidcraliles, qui n'eiilretienMei.t au tirop 1o!;iip de même. La vén ahle exili-
onseiiiiile aucunes relations, qui n'on' ;ui, caiicn 'le l'urigine des tribus américaines est
par conséquent. S' communiquer leurs cou- encore à venir.
tûmes respectives. Noud signalons une Irè.s-fortc contradic-
XI 11
INTIIODUCTION.
iiV
liaii cnire le doclour Uoulin et le docleur
l'i iteli.ird sur les Z.inihos, métis des colonies
cspignolus, nés du Nô;;re el df rAtnéric.iiii
iiidii^ùnf. L'un leur donne les theveux pl.i s,
l'autre les cliev<ux cropus. Funr exj)liiiucr
telie errrur, il faut supposer nue le pre.iiicr
a esaniiiié le lait dans l<i Nouvelle Tirenado,
et (|ue le second l'a vu dans une auire paniti
de l'Amérique, où il est possible (jiie le mé-
tis, résultai du croisemeul, ail les cheveux
crépus.
La- remarque de Renouard de Suinle-Croix
sur les parias de l'Hindouslan, que l'état
d'.ibjecliou et de servitude où ils vivent pai"
liéredité inlluesur le physique el le moral,
rentre dans ce que nous avons dit, que la
déj^énécation inicllccluelie et morale amène
nécessairement la dégenération physique, et
Dnil luémc par alléger les caractères 200I0-
giqucs.
La race noire d'Afrique est dans sa |iure-
té originelle, tandis que la race notre du
(jrand-Océ.in a dû suhir des cr isemeuts,
ou en est peut-être le résultat avec la race
jaune : suivant MM. Quoi el Gaimard, les
noirs ucé.'inieiis l'arnieeit une race à part.
O'ianl à nous, nous pensons que c'eal une
simple variété des Nègres o'Afiique.
JJcs caracières hygiéni:)ues, uuilormej, se
rencontrent tl sobservcnt à des distances
iiniueijses d'ap:ès raniliiopologie. l.'haiit-
Uil , sur un sol bas el iiiarectigeux , est
déléliTc .et pernicieux, sous quelque, la-
titude que ce soil et quelle que soil la vi-
gueur de la population. Ainsi, sur les bords
du Ni! Idunc, lis SclieloucLs sont déligtiics
parla lèpie, à cause au ïol bas et marée, i-
peux qu'ils liabilent. Dans l'iK' de Vanikoio
(t)eeaniej, la population noire, qui se lient
sur le bord de la mer, dans un terrain plat
el noyé, e»l dévorée par la uicme mala-
die, elc.
La race noire d'Afrique a conservé l'usage
de la poterie, et la l'abricalion en est active.
Celle indu.sirie, existant parmi la race noire
du Grand-Oceân, esl tout à fait étrangère à
Il race ]aune. Lu eiVel, on ne l'a vue dans
aucune des iles habitues par elle. On sait
que la fabrication de la poterie riMniiUle à. la
plus haute antiquité. N'y auraii-il pas ici un
in lice de la eomuiunauié li'origine enire la
race noire africaine et celle de lOcéauie?
1) après l'observation de Gall, que la con-
figuration extérieure du crâne dépend de la
tonne du cerveau, on ne saurait considérer
ces dilTéreuies dans une snlisiance mo.le cl
SUitepiilile de ()rendie toutes bs lornies,
coiiiuie un car idcre zoologiiuc pr ipre à iu-
diq.ieruue diversité de rjcc. Ainsi donc l'ar-
gument tiré des formes crâniennes n'aurait
plus de valeur contre l'unilc ou la pluralité
•le l'espè e humaine. Ou voit par la com-
bien riiistuire naturelle de l'homme est peu
avancée, el reste «ncore obscure el mysté-
rieuse.
Les modifiealions de forme éprouvées par
le Cl due el oar les chambres sensuriales,
comparées à celles de la race caucasique,
variant du .Mongol au Chinois, du Chnioig
au Malais, el du Malais au Nègre. Maii cei
variations ne sont pas prononcées à le point
qu'elles déiiaiu eut l"S caraelère> les plu*
si;;nilicatils de les; èce, de manière a auto-
riser l'établissement d,; plusieurs familles
dan.s l'histoire naturelle de l'homme. Ainsi
l'os coronal, dans toutes les race» cl leurs
variéié», forme le caractère aiitiiropolo; que
le pliis coMslanl el le moins variable dans
ses résultais. — M. Bourgery, professeur d'a-
natomie, croit que c'est l'bommc qui possède
la masse la plus forte du cerveau. Desmou-
liiis, zoolomis e célèbie, accorde à plusieurs
variétés de singes (les saïmins, les sajous et
les ouistitis) un cerveau plus volumineux
que celui de l'homme. C'est sans doute par
suite de celle observation qu'il admet onzt
familWs dans la race humaine. M, Jacquinut
se trouve, dans son sy>lème sur l'uuiié pri-
mitive et Iccale des variétés américalaes^
seul contre les autres voyageurs el anthro-
pologues. 11 rejette absolument la niigra-^
tion Scandinave relrouvec oar M. Jean
Keynaud.
M. d'Orbi^'oy a conslalé que les plus pe-
li s hommes S' trouvent sur (es plateaux des
Andes : ce qu'il alfribiJe à la raréfaction de
l'a.r. En Europe, au contraire, les boiomes
lie liau;e laille se rcnconlicnl sur les inon-
ta.gnes. Ainsi les montagnes de la Suisse
reurerinenl une race vij^oureuse d'Iiouimes
athlétiques. 11 est \rai que la Suisse a moins
d tiévaiion que les ,\ndes. Celle remar(|ue
s'accorde avec l'fibservalion que la latitude
et l'elévaiion ilu lieu d'habitation nesoiil pas
sans iniluence sur la couleur de la peau, sur
l'organisaiion physique de l'homme
Les dilVérences remarquées parmi les po-
pul. liions de l'Amérique el de lOcéanie, dif-
iérences qui ne sont pas seulement des nuan-
ces dans la co.oratiini de la peau, dans la
disposition des cheveux, dans la forme du
nez , des lèvres el des or. iles, mais qui con-
cernent l'ensemb e du crâne, iie la lace, du
cou cl de la stature, ne viennent point da
l'organisaiion primitive el radicale de
l'hiMiime; elics résultent du mélange multi-
plié de races diverses, de condiiious ciiiia-
lériqu' s dilYérenles, du genre de nourriture,
du mode d'Iiabilatiuii, ainsi que d'habitu-
des hygiéniques, civiles et religieuses.
L'Iiisloire naturelle de riiouiiue esl en elle-
mciiie une science réelle, sérieuse, qui,
niii'UX étudiée et bien connue, donner, 1, dans
l'avenir, l'explication catégoriq le de l'i.ni-
lé d,.' l'espèce lium.iinc. Mais, en attendant,
elle est iivrëe a la contradicliuu el à la cuu-
fusion.
Après la bibliographie géographique vient
la notice alphabe.ique des evêchés et
des archevêchés existant à notre époque,
mais seulement dans l'Eglise calholi(|ue.
Cette notice esl nécessaire à tout le clergé
ainsi i)u'à ceux qui tiennent à connaître suu
organisation hiérarchique actuelle (1).
(1) Quant à la France ci clcsiasiique en particulier, du vu» au »• siècle , elle fut ravagée par tes Sarra-
XV
Les cvéclié' d'Italie J.itcnt en parlio dcsir,
m*. IV, v et VI' siè<lrs. Il en a été créé beau-
coup, ;iinsi qufi fraiclie\6clics, dans les x%
xr et XII'' siècles.
Les évecliés de France sont presque tous
<Ves iu% iv et \' sictles, el quelques-uns du
Les plus anciens pour ainsi dire n'exis-
teîil plus, le's que les évêrliés d'Atixerre, de
Châlons-sur-Saône , (le Màcoii , de Saint-
Paiil-'I'r!)is-Châlr.(ux. d'Orauge, de Toulon,
d'Api, d'Arles, de Sisleron, de Uiez , lîni-
britm. Die, Vii-nne, Vaisun, Toul, Senlis,
Laini. Tous é'aicnl des 111% iv° et v siècles.
Les cvcclics (le la I3r( tagne, tant ceux qui
ont clé conservés que ceux qui sont sujipii-
més, ne rriiionicnl (lu'au ix" siècle, ce qui
priuve les diificfihés que le christianisme
a reiiconirées nour i'y établir.
siiis d"al)ord, el par les Normands ensuite. Les pre-
mier^ (loiriiisiroiit le* éilKIces religi.iix cl surlnit
les éxl ses lié cillciiiies (l:ins le suit, le sud-esi ei le
FUit-oiii si ; les secnnds, dans In iioiil , l'onesl ei le
ciMiirr. CtMc pieniièrc desti uolioii ocrii|ie un eS| aie
de lri> s siècles. — La seconde deslrnclinii se irnnve
nu XVI* sièili', à répiiqne de la ntorme. tlle lui
moins Ions; ;e, mais |ilns rapnli- el aussi violiiile. — •
Ls iroisièiiie desiniciion est à répiKjue de la lévo-
luiion fiaiiçiiise. [Mole de rameur.)
(I) Irts l'()llanilai-, en se séparant île PEspa'^ne ,
et Cil ad'.'piani le calviniîiiie, ont supprimé Tarclie-
INTHODUCTION. X.VI
Les évêrliés de l'Eglise d'Espagne et de
Portugal dnient en parlie du iir cl en partie
du VI* sièile (1).
Les évéchés et les archevêchés de l'Eglise
d'Allemagne ont été créés dans les viii , ix*
el xvi" siècles.
Les évéchés de l'Illyric occidentale re-
montent presque tous aux ix', xir et xiU*
siècles.
Les évéchés de l'Angleterre datent en par-
tie des vii% is' et xii' siècles. — Il en est de
même de ceux de l'Ecosse. — Quant à ceux
de l'Irlande, ils ont été érigés plus générale-
ment dans les v% vr et xir siècles. Les évé-
chés de Pologne remontent aux x% xii',
xar et xiv* siècles. Les évéchés de Dane-
raarck dataient des x% xr et xir siècles ; et
ceux de la Suède, des x* el xiir siècles.
vcclié d'riiecli!, les cvêeliés de Daventer, ou De-
venlcr, de Gnmin.snc, de Leiivarde i , de Harlem ,
de Middell)oiirg cl de t!ois-!e-Diic.Ce finit y a de par-
licnlier à celle csllse épiscopale de-; Pays-lias, c'est
qu'elle venaii d'èlre ciééc , de soile que sa mon a
suivi imméiliaii iiienl«sa naissance.
La paix (le Weslplialie, dU le Irailc de Mnnsier ,
-T snpjirimé hs évèctics de Minden, de Lnbeck, de
liaizlKinr.i.', de Swerin , les arclievèctiés de I5rê ne
el de .M;igdi;tiourg ; les évècliés de llaveisberg. Bran*
deboing , Mcr;liuurg , Naiimboiirg, Meisseii, lial-
bcrsiadi, Ferden, eic. (Noie de l'auteur.)^'
'•«âSSt»^
DICTIONNAIRE
DE GÉOGRAPHIE
SACRÉE ET ECCLÉSIASTIQUE.
AVIS.
Nou$ avons donné, à la fin du premier volume de cet ouvrage, un vocabulaire français-
latin particulier à la géographie des légendes au moyen âge. Ce vocabulaire faisant, pour
ainsi dire, partie intégrante de cette géographie, nous aurions désiré le faire suivre immédia-
tement du travail que nous offrons maintenant à nos lecteurs; mais l'étendue des matières si
variées et si importantes contenues dans le premier volume ne nous a pas permis de joindre
ensemble ces deux vocabulaires, gui, sous le rapport des noms de lieux dont ils se composent,
sont en queli/ue sorte la répétition l'un de l'autre, mais qui diffèrent essentiellement, en ce que
le premier n'offre que la nomenclature sèche et aride de ces mêmes noms, tandis que le Diction-
naire lalin-français que nous publions ici, présente l'historique de la plupart des villes,
bourgs, abbayes, châteaux, etc., dont la fondation rernonte à l'époque merveilleuse du moyen
âge.
GÉOGRAPHIE DES LEGENDES
AU MOYEN AGE,
DISPOSÉE PAR ORDRE ALPHABÉTIQUE.
Il est une sorte de latiDité , ou de style dans les vies de saints, soit dans les chartes
latin si l'on veut, qui a été en usage dans les et les autres actes concernant les églises et
siècles du moyen âse et qui ne se trouve les abbayes. Nous avons pensé qu'il serait
point dans les dictionnaires. Il y a surtout, utile de faire entrer dans notre Dictionnaire
et en grand nombre, des noms de lieux in- celte Géographie pour ainsi dire spéciale,
connus à la géographie ancienne, dont l'ori- toutefois en la corrigeant et en y ajoutant,
giiie lui est postérieure. Ces noms cmbar- Aussi, en nous l'appropriant, nous en avons
rassent assez souvent dans la lecture des fait comme un ouvrage neuf et plus complet,
légendes, des chroniques et des ch.rrtes du Cette Géographie légendairepeui passer pour
moyen âge. Un eci lési.istique laborieux du un supplément au Vocabulaire des noms de
siècle rtoriiier (l'abbé Jouannaux), frappé de la géosçraphie latine contenu dans notre pre-
cette difdruité, avait voulu y remédier. Il mier volume, mais qui n'est consacré qu'aux
îivail réuni, sous le titre de Géographie des noms latins de la géographie ancienne et de
Légendes , tous les noms latins de lieux en celle des premiers siècles,
usage parmi les écrivains du moyen âge, soit
AbaUo, AvMluii, villa du diocèse de Sens, dépar- de l'ancien diocèse de Laon dans la Thiéracbe, est
leiiiciil de ryomie. aujourd'hui comprise dans le diocèse de Soissons;
Abantonium ou Albamemuni, Aiibenlon, petite v.lle elle fornie un chef-lieu de canton d<; i'.irroudissemect
DlCriOVNAIliE DE GÉOGUATHIE ECCL. II. 1
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
de Vervins, département de l'Aisne. Situie près le
aéparlemeni des Ardeniies, à cô(é de la source de
l'Oise, sur le Thnn, un peu au-dess»u> du confluent
de celle rivière avec l'Anbe, auire petite rivière qui
se jeiie daiu l'Oise à 4 kil. de Vervins, la ville a reçu
son nom de sa posiiioii : Aube-en-Thon. Elle avait
appartenu aux seigneurs de Runjigny ; elle p;.ssa vers
la lin du xin» siècle aux ducs de Lorraine, par le
mariage d'Elisabeili, descendante de Hugues hsqui
avait épousé le duc Thibaut. Elle se trouva ninsi
faire partie du duché de Guise. Aubenton est fort
ancien, n paraît avoir éîé considérable. Pris plu-
sieurs fois, pillé, brûlé, surtout par le comte de Nas-
sau en iSH, il n'a pu se relever depuis. Les babî-
tanis, au nombre de 1,500, se livrent à la filature
du colon et du lin. La disiance de Vervins est de 22
kil., et celle de Paris de 188.
Abbatia sancti Aclieoti prope Ambianum , Sainl-
Acbeul ou Saint-Acheuil-lez-Amiens, ancienne ab-
baye, niainitnant peiit village qui forme pour ainsi
dire un faubourg d'Amiens, connu aiiirelois sons le
nom d'Abdelène. Un dictionnaire géographique publié
à Paris en 17Cj (4 vol. in-12) donne à Suini-Aclieul
le second nom deFrieute, sansy joindre d'explication.
L'abbaye de Saint-Acheul était possédée par des
chanoines réguliers de la congrégation de S:iinie-
Geneviève. C'était dans les premiers siècles l'église
eathédrale, avant qu'elle eût été transférée dans .a
Ville par saint Salve, évêque, dans le vu» siècle.
L'évèque Thierry y établit une communauté de clercs
l'a» H4i>, à la prière du chapitre de la cathédrale,
qui dotiitn à eette église des biens assez considéra-
bles. L'abbaye existait encore au moment de la ré-
volution.
Saint Firmin, apôlre de la contrée, ayant eu la
tête tranchée dans la prison, le sénateur Faustin eut
la permission d'enlever le corps, qu'il Ut enierter ho-
norablement dans son hériiagg, nommé alors Abda-
lène, et dans la suite Saint-Acheul.
En 1279, le corps de saint Firmin fut transporté à
.Amiens, après avoir été mis dans une châsse en pré-
sence du légat du pape, des rois de France et d'An-
gleterre, et de plusieurs autres personnages émineuis
en dignités.
Eo i633, on dénoiivrit dans l'église de Saint-
Acbe>.l ceue épitaphe singulière, que l'on croit,
d'après Ducange, être du v« ou du vi^ siècle : Le mois
fait ce qui se fait dans U mois; que si Leudelinus est
mort, si Vatdonila est morte, jr.mier et juillet lésant >
fait uiourir. Ou attribuait aux mois une grande in-
fluence.
Les bâtiments de l'abbaye de Sainl-Acheul ..-ont
point été détruils pendant la révolution. Les Jésuites
y r.vaient formé, sous la restauration, un vaste éta-
blissement où près de deux mille jeunes gens faisaieni
leurs éludes.
Abbatis Cella, Appenzei, aiitrelois Terre de l'Abbé
deSi-Gal. et depuis St-Gal. abbaye et ville princi-
pale du canion d'Appen/.el, Suisse.
12
AbbavilUi, ou Abbalk Villa, AbbeviMe, ville impor-
tante du diocèse d'Amiens, sous-préfecture du dépt.
delà Somme. Située sur cette rivière, dans une
vallée agréable et fertile, elle doit son origine à une
métairie que possédaient sur les bords de la Somme
les abbés de Saint-Riquier , riche abbaye de Béné-
dictins. Autour de celle métairie, il s'aggloméra peu
à peu une population suflisanie pour former un bourg
qu'on nomma Abaci Yoeilla.
La ville était bornée, d'abord, par la porte Com-
tesse : des titres de 1240 prouvent que celte porte
était entourée d'eau et de murailles ; IfS comtes de
Ponlhieu y avaient un jardin qu'on iioinmaii le pro-
menoir du Comte. Ensuite, dès 1100 , elle eut pour
bornes la rivière qui eoule au pont de Talenee, puis
le détroit de la rue Saint-Gilles: en ce même lieu
était une porte, dont on a reirou\é une arcade sous
terre.
La Somme la sépare en deux parties, qui sont en-
core arrosées par trois autres petites rivières, le
Cardon, le Sollins, et la Corneille ou Tanière. Les
maisons, généraleiueni b.tsses, sont conslrtiiies, les
unes en bois, les autres en briques; on en voit quel-
ques-unes en pierre de taille. Quelques rues sont
spacieuses, aucune n'est régulière. Celles qui entou-
rent le marché et uni avoisiuent Sainl-Vnifrand, sont
les seules qu'on ait pavées de grès ; les autres le
sont en cailloux pninius
On comptait quatorze églises avant la révolution ,
parmi lesquelles celles de Saint-Georges et de Saint-
Gilles ie faisaient remarquer ; aujourd'hui la plus
considérable est Saint-Viilfrand , où l'on conserve
les reliques du saint. Cette église, à cause de son
portail, décoré de statues colossales , et de ses trois
tours , dont deux sont du bon gothi'|ue, doit être
classée dans la catégorie des monuments histori-
ques. Elle a été fondée par Guillaume de Talvas ,
comte de Ponlhieu, et Jean Sun fils, en Itii.
La bibliothèque, fondée avant 1680, se forma des
dons que lui lirent, en 16S5, 1716, 172G et 17'28,
quelques ecclésiastiques et avocats. A la suppression
des communautés religieuses, elle s'est enrichie des
livres qui composaient les bibliothèques de ces cou-
vents. Le nombre des volumes est d'environ 17,000,
écrits pour la plupart en hébreu, en grec, en latin ,
en espagnol et en ilalieu. Elle est placée dans une
galerie hMsant partie des bâtiments du ci-devant col-
lège, où s'est trouvée plus lard l'école secondaire
conjinu:iaie.
Hariulte, cité par Valois, nous apprend que le roi
Hugues, ayant besoin de ce lieu pour arrêter les
courtes des barbares, s'en empara, y bàiii un châ-
teau, et y établit Hugues Capel, son gendre. C'est
l'origine des comtes de Ponthieu. Celte fortilication
fut élevée en 980. Vers ce temps Abbevilie devini,
au liiii de Monireuil, la résidence ordinaire des sou-
verains du pays. Elle fut d«»ns celte contrée un se-
cond boulevard Heu pluiôi contre la puissance des
13
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
U
comtes de Flandre, ennemis de la maison régnante ,
que contre les ravages des Normands, qu'on ne
voyait plus reparaître. Abbeville ;icqiiil peu à peu de
l'iiiiporiance. Guy I", comte de Pontliieu, y fonda
l'abb.iye de Saint-Pierre ; la fille de ce comie de
Ponihieu, mariée 5 un comte d'Alençon, qui la trai-
tait avec dureté, s'échappa un jour, marchant la nuit
à pied, se cachant le jour dans les blés, et se réfugia
à Abbeville, où elle fit bâtir la porte qu'on nomma
Comtesse. Jean, comte de Ponthieu , confirma par
écrit aux habitants d'Abbeville le droit de com-
mune, que Guillaume de ïalvas leur avait déjà ac-
cordé verbalement en H30. L'affranchissement des
serfs de cette ville date de la même i poque. C'est ,
dit la charte d'institution, à cause des injure* et fâ-
cheries que tes habilants recevaienl fort courent des
puissants de la terre, que Guillaume leur vendit ce
droit. Jean 11 le reconnut du consenlemeni de Sun
épouse, de nssensu uxoriœ meœ. Ce comte fut aussi le
fondaieur de l'Ilôiel-Dieu d'Abbeville. La commune
d'Abbeville faisait, à cette époque, bailre la monnaie
en son nom.
A l'époque où la France entière s'éliraoln pour les
croisades , Abbeville fui le rendei-vous d'Eude de
Bourgogne; de Philippe, comte de Flandre ; Henri ,
ciimie de Champagne ; Thibault, comte de Blois ;
Sancerte et d'autres s'y réunirent.
Après que les croisades eurent décimé la noblesse
et amorti les effets de la féodalité, chaque commune
commença à avoir ses bannières. A Abbeville, on
nommait mayeurs ceuv qui poi t:iienl ces sortes d'é-
lendards, il y en avait soixiuitequatre à la léte des
bourgeois. Pendant le xiv» siècle , celte ville eut
beaucoup à souffrir de l'invasion des Ansilais. Les
habitants parvinrent à s'en délivrer en 1569. Un de
leurs Concitoyens, nommé f5ingois, entraîné par l'en-
nemi et enfermé au château de Douvres , préféra
d'être précipité d'une fenêtre de re château dans la
mer, plutôt qu.; de trahir son prince et sa pairie.
Charles V récompensa I-; zèle des liibitanis en ac-
cordant la noblesse aux mayeurs et à leurs descen-
dants. Une sorte d'indusirie niinulaciurière com-
mença dès lors à donner quelque importance à cette
cité; on y fabriquait des dra|is qui alimeniaieni les
fjires de la Picar.lie et de la Champagne. Cliarles VI,
après son mariage avec Isabeau de B;ivière, alla à
Abbeville. Celte ville fut choisie par le roi, dit Frois-
said, pour être puissante et bien aisée de toutes cho-
tes. Le roi y fut logé dans l'abbaye de Saint-Pierre.
Il se plaisait fort en ce séjour, pour y avoir es envi-
rons plu\ieur$ lieux d'ébattemenl et de plaisir en tant
qu'aucun lieu qui soit en France, it y ayant aussi dam
lu ville un très brau enclos environné de la Somm-e, et
là dedans ce dos se tenait le roi très volontiers, et le
plus souvent y soupait, disant à son frère le duc d'Or-
léans et à son conseil : que cette ville d Abbeville lui
faisait grand bien. El les mes de cette belle ville
n'étaient point pavées , et ses maisons étaient cou-
vertes de chsume. Abbeville passa sous la domini-
tion anglaise, qui respecta ses privilèges. Charles
VII, a|>rès avoir chassé les Anglais, fut afOigé par la
révolte de son fils. Il écrivit à la ville d'Abbeville
pour la prier de ne point aider ce fils rebelle dans
sa révolte. Ce prince délaissa au duc de Bourgogne
et à ses hoirs toutes les places sur la Somme. Le
dauphin, devenu roi sous le nom de Louis XI, alla,
en iitjô, à Abbeville pour racheter ces possessions,
moyennant la somme de 400,000 écus d'or, stipulée
au traité d'Arras. Jusqu'au règne de Louis XIV, on
n'avait fabrii|ué dans cette ville qi:e des draps gros-
siers. Colbert y appela de Courlray Josse Van-Ro-
bais, en 1665, pour y établir des manufactures de
draps fins à l'imitation de la Hollande et de l'Angle-
terre. Aujourd'hui Abbeville a perdu un peu de son
importance manufacturière.
Cette ville, avant la révolution, comptait un clergé
nombreux, plusieurs maisons religieuses de l'un et
l'autre sese, et deux hôpiiaux, l'Hôtel-Dieu et l'Iid-
(jital de Saint-Joseph, qu'elle a conservés. L'ordre
de Saint Benoit de la congrégation de Cliîny y pos-
sédait un prieuré conventuel sous lu titre de Sainl-
Pierre et Siiinl-Paul, foiidéen llUOpârGui II, comte
de Ponihiriii. L'ordre de CIteaux y avait deux abbayes
de filles, dont l'une devait sa fondation à Enguerrand
de Fontaine, en 11t)0. Le couvent des Fr.inciscains
datait de 12-29, les Chartreux de 1500, les Minime»
de 1499, les Carmes de 1640, et les Dominicains de
16G1. Les bâtiments de ces diverses communautés
religieuses ont été la plupart démolis, sont devenus
en partie des propriétés particulières, ou ont été af-
fectés à des services publies.
.Abbeville est à 29 kil. ouest dé la mer, à 50 ouest-
nord-ouest d'Amiens, et 170 nord-ouest de Paris.
Elle possède une bibliothèque de 15,000 vol. envi-
ron, et une population de 20,000 habilants; elle est
la pairie de Nicolas et de Guillaume Samson, du Jé-
suite Briet et de Duval, géographes; de Bâillon et da
Belleval, naturalistes; de Be^uvarlet-Charpentier, cé-
lèbre organiste ; de Hecquet , médecin de Port-
Royal; de Baibay, professeur de philosophie ; du
poêle Miîlevoie.el du cardinal Jeau Alegrin. Un
grand nombre de graveurs y sont nés : les plus con-
nus sont Beaiivarlet, les deux Daiizel, Daullé, Hec-
quet, Hubert, Mellan et Poilly.
Abbellinum, Avelin, Avellino, ville épiscopale an
royaume de Naples.
Abbir ou Aftèirwm, Abbir ou Abar, vilie de l'an-
cienne province Proconsulaire d'Afrique.
Abbirensis, se, d'Abbir.
Abend.nia, Abhington, petite ville sur la Tamise,
au comté de Barck-Shire en Angleterre, li y a deux
villes de ce nom aux Etals-Unis.
Abendoniensis , se, d'Alibinglon.
Ablegium, et Ablegia, Ableiges, village de l'ancien
diocèse de Rouen, actuellement de celui de ïcisail-
les, canton de Marines, arrond. de Pon|
et-Oise. Ableiges est situé dans une '
petite rivière de Viosne , qui fait lourj
*5
niCTIONNAint: I>E géographie ECCLEStASTIOUE.
lins. Sa pop. csl d'eiivlrnii 200 liali.. en y compreuaiil
la fenoc, aiiricii licf de lîdiiarl. Les piineipalns pto-
iluciioiis Je son icrrnir corisisiciii en grains; une
paitic se (ompose de bois el de prairies. Il y avjit
lin r.liàleau ren)arqiiab!e par ses consiriioiions et ses
tlcpcndaiiccs, qui apparlenail sons Louis XV an chan-
celier MaMpeou. On l'a dé:ruit compléiemenl à la
rcvoluiion, il n'en resie plus que le parc.
Ableigcs est. ;i 3 kil. de M;irines, ei 38 de Paris
par PontoUe. Bureau de [osie de celle dernière
ïille.
Aboga, Abu, ville niariiiine de la Finlande, Ous-
Biy. C'est le siège d'un cvèqiie Inibéiien.
Abriiica;, arum, clAbriiicaUts, Avrancbes, ancienne
ville épiscopale en Normandie , aujourd'hui du dio-
cèse de Coulanoes, départenient de la Manche.
Abrincalensis et Abriiiceiisis, se, d'Avranches. Con-
eiie d'Avranclies en Hli.
Abula, Avila, ville épiscopale de la Vieille-Cnsliile
en Espagne.
Abulensis, se. d'.\vila.
Acamas, Sl-Epipliane, dans l'ile de Chypre.
Acaunum, V. Ayaiiiium.
Acclea, Aclée, dans l'ancienne Grèce.
Accleensis et Acclensis, se, d'Aclèe.
Accumbitetisis, se, de Combes, de Sl-Einilion.
Accumbitinn, Combes, à présent St-Etiiilion, au
diocèse de Bordeaux, départ, de la Gironde.
Aceni, orum, les peuples d'Achein, royaume mu-
sulman de l'ile de Sumaira, une des îles de la Sonds.
Acer, St-Mariin, en Italie.
Acliaia, l'Achaïc, à présent la Livadie, royaume de
Grèce.
Acheriiim , Adiéres, paroisse du diocèse de Ver-
sailles, départ, de Seine-etOise, située entre la fo.êt
de Saini-Germain el la rive gauche de la Seine. Sa
pop. est d'environ 400 liab., elle l'ait un commerce
ds bestiaux. Le leiroirsc compose surloui de lerres
labourables. Achères est à 7 kil. N.-E. de Saiui-
Gerniainen-Laye, 23 au N.-O. dePuris, et l de Poissy,
où est le bureau de poste.
I Achères , dans le diocèse de Meaux, départ, de
Scine-el- .Marne, avait éléautrefois érigé en marquisat.
S? population, en y rèunissanl ce le du hameau de
Mun, qui en dépend, .s'élève à environ 700 hab. Ce
village, situé dans l'arrondissement de Font.iinebleau,
canlon de la Chapelle, T.isait pariie du Câlinais, dans
le diocèse de Sens. Son terriioire , qui touche à la
forêt de Fontainebleau, est divisé en bois , vignes et
lerres laboiir;:bles. A l'extrémité du village, on re-
marque les restes d'nn chàieau ei un parc qui ont
appartenu àmadame la princessedeTalincnd. Achères
est à i kil. au N. de la Chapelle et à 12 au S.-O. de
16
sur la rivière d'Oise, près de Mouy, en descendanS
la côle de Vendeuil. Sa pop. est de 760 Inb., et il
est à 4 kil. de la Fère, où se trouve le bureau de
poste.
Achillanum, Achillan, lieu à présent iirconnu, de
la Grèce.
Acis, ou Acium Mulcensis , Acy-en-Mulcien , pa-
roisse du diocèse de Be^mvais , canion de Belz ,
arronil. de Sentis, départ, de l'Oise. Pop. 700 hab.
Ce bourg est à 6 kil. S. de Ceii ; il est siiué dans
me vallée, sur le ruisseau de Gergonne, qui fait
tourner un moulin. On y tient deux foires par an,
l'une le 1" jeudi de mai, et la seconde le l'^'' jeudi
d'octobre. Le marché a lieu sous une halle, le jeudi
de chaque semaine. Le territoire consiste en terres
labourables el en bois.
Tous les ans, le 12 juillet, une fonle nombreuse
vient en pèlerinage à une chapelle pUcée sous l'in-
vocation de saint Prix. On ne connaît pas bien l'ori-
gine de cette cérémonie, qin d'ailleurs remonte à une
époque reculée. La terre d'Acy était une ancienne
seigneurie. Le château et le parc sont placés à l'ex-
Irémilé de la commune.
Aaiia, Acride, cap en Bilhynie.
Adalberti (S.-), Ecclesia, l'église de St-Adalbert,
à présent de Sl-Barthélcmy, dans l'île du Tibre, à
Rome.
Adana, orum, Adane, ville de la Cilicie.
Adaneiisis, se. d'Adane. Concile d' Adane en 1320.
Adani villa, Adainvi le, paroisse de l'aircien dio-
cèse de Chartres, actuellement dans celui de Ver-
.sailles, canion de lloudan, arrondissement de Man-
tes, Seine-et-Oise. Avec les hameaux des Hautes et
Basses-Jaunières, et les maisons isolées dites les
Sergeniières, le Mesie, Freville, la Noue, le Coudray
el le Kreuil, Adainville forme une commune d'envi-
ron 400 habiianis. Son terroir est en labour, prai-
ries, bois, bruyères el ronces. Il est à 8 kil. de Hou-
dan, el à 50 de Paris, par Monlfori-l'Amaury et la
grande roule de Brest; on peut s'y rendre également
par Hambourllet et la rouie de N.inlcs. (Poste aux
lettres de Houdan.)
Lis anciens seigneurs de ce village levaient, abu-
sivement el avec vroleiice, des coniribuiions sur les
habiianis des villages voisins; et jusipi'à l'abbé Su-
ger, les abbés de Saint-Denis, de qui dépendaionices
villages, avaient v^,inemerii tenié d'airéier le cours
de leurs déprédations : l'abbé Suger y mil fin
Adriai.opolis, Andiinople, Néocèsarée, ville de la
province du Pool. Adriaiiople, petite ville de la
Paphlagoiiie.
Adrumeiinus , a, um , d'Adrumelte. Concile d'A-
drumelic en 394.
Auiumeium, Adrumelte, à présent Hamamelta, ville
Fontainebleau. Sa distance de Paris isi de 08 kil.
au S. par Fontainebleau et la grande rouie de Lyon, de l'ancienne provmee de Byzacène, en Afrique.
J'osiÊ^x leities à Fontainebleau. .j^,.,,^^ ,„,,.j, ^ Airoux, rivière en liourgogne, dio
Z' " '\ Acher^f^village du diocèse de Soissons, ariond. cèse de Dijon, département de la Côte-d'Or.
/ /àe L;tt>ii,''otinr, delà Fère, luisait autrefois partie de la .\duta, St-Gohard, aux Alpes.
Picardie et de l'ancien diocèse de Laon. 11 esi siuié .Erliinadœ Imvlic. v. E'-.hinadu.
17
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
Il
.£duenm, se, d'Aulun.du diocèse d'Aulun.
jEdui, orum, les liabilanls d'Aulun, ceux d"Au-
tun. 1 Aulun. V. le 111» volume. | Le pays d'Aulun,
l'Aulunois.
jCgea, Egée, en Cilicie.
yEgeum more, l'Arciiipel. La mer de Grèce.
^gidii villa in valle Flaviana, le Val de Flavire, à
préseni Si-Gilles, peiile ville el ancienne alibaye du
Languedoc, aujourd'hui du diocèse de Niines, dépl.
du Gard.
j^gyptius , u , «m , d'Egypte , de l'Egypte. 1
Egyptien.
jEgypius, l'Egypte, contrée, autrefois puissant
royaume, en Alrique.
^initia, l'Emilie, province ancienne de l'empire
romain, à iné^eni, partie de la Lombardie dans la
llautc-lialie.
vEnhamemis, se, d'Enlian. Concile d'Enhan, envi-
ron en 168u.
y£n/ianium, Enlian, lieu peu connu de l'Angleterre.
yEsi-rnia, Iserniu ou Sergue, ville épiscopale au.
pied de l'Apennin, au royaume de Naples.
jEthiopia , l'Ethiopie, grande contrée, autrefois
royiiunie, en Afrique, comprenait la Nubie, le Dar-
four, le Kordul'an, l'Aliyssinie, etc., etc.
Afer, fia, (rum, AIricain, d'Afrique, qui est d'A-
frique, qui concerne l'Afrique.
Affregiacum ou Fargicus, Forgium, AulTargis, Far-
gis, village de l'ancien diocèse de Chartres, aujour-
d'hui de Versailles, canton de Itambouillel, départ,
de Seine-et-Oise, forme une paroisse de 600 liabi-
lants, en y comprenant les haujeaux de Villeqimy,
Saint-Beni>it, les ilogues, plusieurs fermes et quan-
tité de maisons isolées sous diverses dénuminaiions.
Les principales productions de son terruir sont en
grains et en bols. L'ancienne abliaye de Vaux-de-
Cernay se distinguai! des maisons isolées par ses
conslruciions et ses dépendances. Le nionasière était
sur la paroisse de Cernay-la-Ville. Aulfargis est
situé dans une vallée à 7 kll. de Rambouillel, où
est le bu>eau de poste; à 53 kil. de Paris par la route
de Chartres.
A/frelicum, Afiretiacum , Auffreville, village de
l'ancien diocèse de Cliarires, maintenant du diocèse
de Versailles, canl. et arrund. de Manies, qui forme
avec le hameau de Brasseuil une paroisse de 550 ha-
bitants. Le ruisseau de Vaucouleur y Tut tourner six
moulins à farine et un à t n. Le terroir est en labour,
vignes et en buis. AulTreville esta 4 kil. de Mantes,
où est le bureau de poste, 44 de Paris.
Africn, l'Afrique, la plus méridionale des cinq
parties du monde.
Africain Oppidum, St-Efrique, ou Sle-Frique, au-
jourd'hui Si-Alfrique, ville du diocèse de Rodez,
département de l'Aveyron.
Africaniis, a, um. v. Afer. Neuf conciles d'Afri-
que, en 401, 402, 407, 408,409,551,592,065.
Agatha et Agatha Masùlientium, Agde, ancienne
ville épiscopale dans le Languedoc, aujourd'hui du
diocèse de Montpellier, département de l'Ilétault.
Agailiensis, se, d'Agde. Deux conciles d'Agde en
506 et 760.
Agntliopolis. V. Agatha,
Agiuhyrium, St-Marc de Trinacrie, en Sicile.
Agaunensis, se, d'Agaune, de St-Mauriceen Valais.
Deux conciles de St-Maurice, en 515, 8i)8. \ De Sl-
Maunce sur le Riiône.
Agamum, Aganne ou Acaun, à présent Si-Mau-
rice en Valais, abbaye el ville sur la rive gauche du
Rhône, au diocèse de Sion ou Sit'.ein en Suisse.
— St-Maurice sur le Rhône, au diocè^e de Lyon.
U y a plu^ieul s villes de ce nom, dans les diocèses de
Sl-Jean de Maurienne (Etais sardes); de Lyon,
d'Autun, de Belley, de Séez, etc., etc.
Agedincum, Senoimm, Agendicum el Agendiniim.
V. Sens, tome III'.
Agennum. V. Aginnum.
Agesina. V. Angouléme, lome lll«.
Agetinates, les peuples de l'Angoumois.
Aginnensis, se, d'Agen , Agenois. Agiiinenset,
ium. Les habitants de la ville d'Agen, chef-lieu de
préfecture du départ, de Lot-et-Garonne.
Aginno el Aginiium, Agen, ville épiscopale.
Agnitum, Agnetuin, Agnitiuin, Agnels, village du
diocèse de Beauvais, canton et arrond. de Clerinont,
Oise. Il compte une population de 13 à 1600 habi-
tants, en y comprenant les hameaux du Fay, du Bas-
Clerinont, de Sous-les-Noyers, de la Croix-Picard,
Bethencouriel.Boulincourt, Gicourt, la Rue de l'Em-
pire, Broquier, la Chaussée-de-Ramecourt, Roiiqu:;-
rolles, ella ferme de Saint-Remy-l'Ahbaye. L'église
est d'une belle architectuie gothique. Saint Léger
est son premier patron; saint Christophe son patron
secondaire.
11 y a, dans une niche de cette église, appuyée
contre un des gros piliers du (hœur, une Vierge
auprès de laquelle on vient de tous les environs eu
pèlerinage. Chacun des pèlerins dépose devant elle
ou suspend à ses côiés des fleurs, des couronnes et de
simples rubans. Le vitrage du fond de l'église est
orné d'anciens verres de couleur.
Le château d'Agneis a un bois bien entretenu qui
forme une promenade très-agréable.
Le terroir est en terres de labour, en prairies, en
vignes et en bois. Les sources d'eau vive y sont
abondantes el muliipliées. On y rencontre des car-
rières de pierre dure, di;s fours à chaux et des tuile-
ries. On en extrait de la tourbe. La buisson connunne
dans le pays est le cidre; mais sa qualité est infé-.
rieure à celle du cidre de la Normandie.
La petite rivière de Brèche passe au hameau de
Ronqui rolles , et fall tourner quatre moulins à fa-
rine et deux à foulons.
Aguets est ^itué à 5 kll. de Clermont, et à 57 d*
Paris (Poste aux lettres de Clermont).
Agragas, aniis el Agrigenlum, Gergenl ou Gw-
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
4't
geuii (l'ancienne Agrigenle), ville épiscopale dans
rtle de Sicile.
Agrippina Colonia. V. Cologne, t. III.
Agrippinensii, se, de Cologne. Concile de Cologne,
011 446. V. Colonia.
Agurium, St-Philippe ou Sl-Phélippe d'Agyrone,
en Sicile.
Airiacensi$, se, d'Airy. Concile d'Airy, en 4020.
Airiaeum, Airy, au diocèse de Sens, déparlement
i]f l'Yonne.
Aimer Mont, Allier-Mont, au pays de Caux en
Normandie.
Aladum, Aladen ou Killala, ville épiscopale de
l'Irlande.
Alamatini, orum, el Alamatmia, l'Allemagne an-
cienne, les anciens Allemands. | La Souabe.
Alamamiicus, a, um, de l'ancienne Allemagne,
des anciens Allemands. | De la ïouabe.
Alatii, ornm, les Alaiiis, peuples de l'ancienne
Scylhie d'Europe.
Alba, l'Elbe, rivière d'Allemagne.
— AJTiiTmiii, Albe ou Alve de Tormes, ville
de l'ancien royaume de Léon, en Espagne.
— Augusta, Viviers, ville épiscopale et princi-
pale du Vivarais, en Languedoc, dépariemenl de
l'Ardèche.
— Grœca, V. BeUjrada,
— Marna, Aumale, ville du diocèse de Rouen,
en Normandie.
— Pompeia, Albe, Etals sardes.
— RegalU, Albe Royale ou Siul-Veissembourg ,
ville de Hongrie.
— Tt^iia, Aubeterre, ancien monastère de filles
en Auvergne.
Alba Curia, Abbecourt, village du dincése de Ver-
sailles, à 14 kilomètres de celte, ville. Ce village
s'éiail formé dans le diocèse de Chartres, auprès
d'une abbiiye de l'ordre de Prémontré que Guascon
de Poissy, beau frère de Bouchard de Montmorency,
avait fondée en liSO, et datis laquelle il avait placé
desreligieuxde l'abbaye <leMarcberoHx au diocèse de
Rouen. Saint Thomas de Cantorbéry, alors réfugié en
France, en consacra en 1191 l'église, qu'il dédi» à la
sainte Vierge. Celle abbaye donnait à l'abbé un re-
Tenu de 6,000 fr. ; elle relevait de celle de iMarclie-
rous. L'église a été démolie, mais la maison abba-
tiale et d'autres bâtiments qui en dépendaient sub-
sistent encore et offrent un bel aspect. Près de la
■ première porte, on voit une fontaine d'e.iu minérale
qui parait avoir eu de la réputation, mais qui ne
l'a pas conservée, malgré le grand nombre de cures
que l'on prétend qu'elle a faites dans le leinps. Elle
fut découverte en 17!J8 par Ferragus, médecin de
t'abbaye de Poissy, qui en lit l'analyse avec Gouitanl,
médecin du roi. En 1713, Loui^ XIV, à la sollicita-
lion de Fagon, Sun (iremier médecin, y fli cnnsirnire
une salle, au milieu de laquelle était situé le b:is-in
de la fontaine, construit en pierre de taille. Les eaux
• é^Abbecourt, comme presque toutes celles de la même
!20
espèce, étaient plus efficaces prises sur leslienx que
transportées au loin.
L'abbaye d'.Abbecourt et ses dépendances forment
aujourd'hui uu domaine particulier, situé dans le dé-
parlement de Seine-et-Oise, à 24 kil. 0. de Paris, à
10 kil. 0. de Poissy, où est le bureau de poste. Il fait
partie de la commune d'Orgeval, et on y arrive par
la petite route de Manies, qui passe à Sainl-Germain-
en-Laye.
I Abbecourt , petite commune du canton de
Cbauny, arrond. de Laon, départ, de l'Aisne, dio-
cèse de Soissons, où l'on remarque d'assez nom-
breuses plantations de pommiers. Les terres qui en
dépendent produisent du foin en abondance et de la
meilleure qualité. Population, 554 habitants. Bureau
de poste à Cbauny, dont Abbecourt n'est éloigné que
de 4 kil.
I Abbecourt, village du canton de Noailles, du
diocèse et de l'arrondissement de Beauvais (Oise),
offre, avec les hameaux de Roye el de Maliancoiirt,
qui en ilépendenl, une population d'.*» pi'U près 350
hab lanis. Il a 117 maisons, el paie 37C0 fr. |our sa
contribution annuelle. Une grande partie de son ler-
ritoire est en terres labourables, et le surplus en
bois. U appartenait autrefois à la province de l'Ile-
de-France; il esta 9 kil. S.-E. de Beauvais, à 4 kil.
de Noailles, où est le bureau de poste, el à 56 kil.
de Paris.
Albàis, Albaïde, province de Navarre.
Albamarla, Albamaria, Aumale, petite ville du dio-
cèse de Rouen , chef-lieu de canton de l'.irron-
dissement de Neufihâiel; elle avait le lilre da
duché, qui s'est conservé dans la maison d'Or-
léans. — Le territoire du duché d'Auniale, avec
celui du comté d'Eu, détaché du pays de Caux et
séparé de Vimeii par la Rresie, s'appelait auirefids la
Tallois, ou Tallou, ou Tellau, et quelquefois Talo-
gia. Une charte du roi Pépin, donnée à Verberic et
datée de la deuxième année de sou règne, quelques
capitulaires el plusieurs monuments de rantic|uiié
en foui mention. Arques et Dieppe en dépemiaienl.
On ne saurait fiser l'époque à laquelle ces noms ont
cessé d'être employés. — Celle ville, mal bâiie, et
jadis entourée de murailles el de fossés, est située
sur le penchani d'une colline bornée par une prairie
qu'airose la Bresie, entourée de roloaux couronnés
de bois, à 24 kil. de Neufcb&tel et de Bfmgy, 36
d'Abbaville, 40 d'Amiens, 64 de Rouen, 108 de Pa-
ris. — Ayant obtenu par arrêt du conseil la permis-
sion d'employer ses deniers patrimoniaux au p;ivé
de ses rues, la ville en (il commencer les travaux en
1760. — Ses sources d'eaux minérales froides, aci-
diilt's ei ferriigineuses, qu'un moine bénédictin dti-
couvrit en 1755, jouissent d'une grande réputation
et s'emploient avec succès ()aii$ les maladies cbrii-
niipies, particulièrement pour celles de l'estomac,
potir la gravclle, les obstrucions, les pâles couleurs.
Il jaunisse el pour certaines espèces d'hydropisie. —
L'industrie d'Âumale consiste en fabriques de grosse;
- GEOGRAPHIE DES LEG
jraperi.s, de tergcs autrefois tiès-osiiiiiées, de sia-
inuises, de toiles, de blonde ; en Tilatiires hydrauli-
ques de laine; en faïences, tanneries, teintureries,
fonderie de cloches et moulins à foulon ; et son com-
merce, en serges, draps, cuirs, grain» et cidre. -^ Il
•^ a environ SO ans, Âuniale avait une inaiiufaciure
de fr es qui servaient au peupli^ de la conirce ; on y
comptait plus de 600 métiers : elle avait été longtemps
la seule de celte espèce dans le royaume. — Il s'y
tient deux marchés par semaine ei quatre foire-; par
an. — Popul. d'Aum.'.le, ~2000 habitants, et du cant.,
7lto2. — La foret ou le bois d'Aimiale, qui a eiiv.
12 kil. de circuit, est près de la ville du côte île la
Picardie. — Les mis d'Angleleire, à cause de leurs
anciennes prétentions sur la Normandie, ont donné
le titre d'Albemarle à plusieurs grands personnages
de leur cour. Un d'eux, Robert des Forts, eu fui dé-
pouillé en il96, avec sa mère, par Philippe II dit
Auguste, qui en investit Rainaud de Ponihieu, comte
de Dammanin. Après l'extinction de la famille de
Robert des Forls, le roi Richanl II donna le litre de
duc d'Albemarle à Edouard d'York, prince du sang
d'Angleterre. Le général Monck tint ce lilre de Char-
les 11. Les héritiers ou descendants de Roinaud de
Ponthieu continuèrent de posséder le comléd'Vu-
male jusqu'à François, (Ils de Claude, duc de Giiise,
el d'Antoinette de Bourbon, en faveur de qui Henri
il éiigea Auniale en duché-pairlc l'an 1547. Ce du-
ché passa, au commencement du xvii^ siècle, dans
la famille des princes de Savoie, par le mariage
d'Anne de Lorraine avec Henri de Savoie, el revint à
la France par l'acquisilioii qu'en lit, vers 169o, le
duc du Maine, ûls légitimé de Louis XIV. Un trouve
dans quelques auteurs l'anecdote suivante : Quand
Rich.ird 1^% en 119'2, prit possession d'Aumale, ce
fut à la suite d'une affaire où ses arbalétriers lui don-
uèrent tout l'avantage. Les soldais de Philippe II di-
saient alors, à propos de ce$ armes perfides : Avec
elles, un fuliron à couvert pourrait tuer le plus vaillanl
de tout kf guerriers. Notu ne voulons devoir la licioire
qu'à nos lances el à nos épées. — Àuroale n'a pas de
monuments antiques; mais deux colonnes érigées
aux extrémités du pont de cette ville rappellent
^'événemeiit qui faillit coûter la vie à l'un de nos
rois. ( A l'une des extrémités de ce pont, noiiimé
pont de Henri IV, était ancieunemeni une des portes
de la ville, près de laquelle Henri, venant de recon-
naître l'armée du duc de Parme, fut atteint d'un
coup d'arquebuse. Potirsulvi par les ligueurs, ce
prince, sqr le point de tomber eu leur pouvoir, ne
dut son salut qu'à l'héroïsme d'une femme nommée
Jeanne Lederc, qui, se précipitant au milieu du dan-
ger, haissa le pont-levis assez à temps pour arrêter
l'eimewi. i — Cette ville avait un hôpital pour les
oiftUdes, une maison pour les orphelins, un collège
et des écoles gratuites: deux couvents, un de Péni-
tents .et un ile Jacobins ou Dominicains; deux pa-
.■•oisses, l'iioe, qui existe encore, sous le vocable de
Saint -Pierre, l'autre sous celui de Sainte-Marguerite :
tMlES AU MOYEN AGE.
2i
cette dernière était hors la ville, ; résd^ l'abbaye de
St-Martin d'Auchy. Cette abbaye se trouvait renfer-
mée autrefois dans la ville. Après la malheureuse
journée de Créci, qui obligea toutes les villes de la
ISormandie à élever des murailles pour leur défense,
ce monastère ne se trouva plus compris dans 1^
nouvelle enceinte , dont il fut éh'igné d'environ
200 pas. L'abbaye de St-Martin d'Auchy éiail uans
son origine une collégiale de six chanoines, fondée,
sous le nom de St-Manin, par le comte Guerinfrpi,
vers l'an JUOO. Une soixantaine d'années après s;
fondation, elle p.ssa aux moines de St-Lucien dg
Bcauvais, el ne fut érigée en abbaye qu'en lllo ou
1120. En 1393, elle était tellement ruinée, qu'à peine
y pouvait-on célébrer l'office divin; en l-4i7, ce
n'était plus qu'un monceau de pierres. L'abbé Pierre
Roussel employa les aumônes des fidè'es à la relever
enlilS. En 1G20 elle n'existait déjà piiis.Oii attribua
sa ruine à la négligence de quelques abbés; mais il
parait constant, d'après un procès-verbal dressé sur
les lieux par le conseiller et le substitut du procn-
rcur général, que dos londements mal assis eu furent
seuls la cause. L'abbé de Cbaulieu, nommé à cette
abbaye en 1689, forma le projet de la séculariser, et
envoya à Rome, sans succès, le brevet que Louis XIV
lui avait délivré à ce sujet le 2 juin 1G9I. N'ayant
pas mieux réussi dans ses tentatives, Pierre de l'E-
pine, son successeur, prit des arrangements avec
l'abbé deFourcamoni pour intioduire dans l'abbaye
les religieux de l'ordre de Cîteaiix. Ceux-ci refusé-
reiil, et Pierre de l'Epine traita avec les supérieurs
majeurs de li congrégaion de Sl-.Maur. Le concordat
l'ut passé le 13 déc. 1705; le roi le ratifia par lettres
patentes du même mois, et les Bénédictins Réformés
prirent possession du monastère l'année suivante,
après l'avoir fait reconstruire, ils se sont toujours
vantés de posséder les plus anciennes cloches da
toute la Normandie. Ils en avaient deux qui furent
fondues eii 1379, et dont l'pne portait que Blancba
de Ponihieu, comtesse d'Harcourt et d'Aumale, avait
eu l'hoimeur de la lever. C'est dans un caveau da
cette abbaye qu'avaient été enterrés treize ou qua-
torze seigneurs de Guise et de Nemours. — Ces reli-
gieux Bénédictin^ étaient ctirés primitifs de la ville,
et avaient conservé chez eux le droit de cure pour la
faubourg où ils restaient. Les bâtiments de l'abbaya
n'existent presque plus. Le chàieau faisait partie da
l'apanage de la maison d'Orléans. Un des Qls )]e
Louis-Philippe porte le lilre de duc d'Aumale.
Albana, Atbanopotis et Alhanum, Âlbane ou Alba-
nie, ville et province sur le bord de la mer Cas-
pienne. Il ne faut pas conlondr'' l'Albanie d'aujour-
d'hui, qui remplace l'ancienrie lllyiie, avec cette Al-
banie qui faisait partie de l'Arinénie dans l'Asie, à
l'ouesi de la mer Caspienne.
Albaiientis, se, d'Albane, d'Albano.
Albanum, Albano, ville épiscopale, près de Rome.
Albanus, Alba ou Alben, ville épiscopalç ^«| EMS
Sardes.
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
27
disseinent de Bressuire , dépariemenl des Deux-
Sèvres; on y ciimpie environ l.tiOO liabiianls. La
dislance de Bressuire esl 20 kil. à l'ouesl-nord-
ouesi.
Albiiium oii/l//ii?ii!(m,Saliil-AuLin-Jouxle-BBullcng,
paroisse ilu diocèse de Rouen, canloii d'Elbeuf, dépar-
lenient de la Seine-lnlërieure. Population, 1,4J0 ba-
biianls.
I S-iini-Aubin-des-Cliàteaux, paroisse dn diocèse
de Nantes, canton et arrondissement de Clàlean-
biiant, iléparlen eut de la Loire-I férienie; ainsi
surnommé paice qu'il y avait autrefois pluieiirs cbà-
lc<<ux. La po|inlalii)n monie pres(|ue à2,000liabitanls.
8aint-Aubin-le-Cloux, paroisse du diocèse i!e Poi-
tiers, canton de Secondigny, arrondissenienitle Par-
llienay, département des Deux-Sèvres. Population,
1,250 babitants.
I Saini-Auliin-du-Cormier, paroisse du diocèse de
Reinies, chef-lieu de canton de l'arrondissement de
Fougères, h 18 kil. duest sud de celle ville, dépar-
lement d'Ille-el-Vilaine. Les liabi^anis, au nombre de
l,8l)J, se livrent à la l'abricaiion des toiles, de la
boissellerie et de la s;iboterie.'^ En I4!<8, le vicomte
de la Treniouille y gagna une bataille contre les Bre-
tons.
j Saint-Aubin-des-Coudrais, paroisse du diocèse
du M;ihs, canton de la Fei lé- Bernard, arrondisse-
ment de .Mamers, départeniem do la Sartbe. Popu-
lation, l,<o() babitants.
I Saini-Aubm-il'Eerosville, paroisse du diocèse
d'Evreux , caiaon de Nenbouig, arrondissenii nt
de Louviers, dépariemeiit de l'Eure. Population 1000
babitants.
I Sainl-Aubin-Epiir'y , p.iroisse du diocèse de
Rouen, à 8 kil. de celte ville, canton de Bous. Ses
babitants, au nombre de 600, ^ont occupés dans les
(ahriqucs d'indiennes.
1 S.iinl-Aubin-Fussc-Louvain , paroisse du dio-
cèse du Mans, canton de Gorron, arrondissement dç
Mayenne, déparieuienl de la Mayenne, population
IHOO babitants.
! S;iint-Aubin-3ur-Gûillun , paroisse du diocèse
d'Evreux, canton de Gaillon, arrondisseii^ent de Lou-
viers, département de i'Eure. Population 1,100 lia-
bitajils.
I Saint-Aubin-de-Locquenoy, paroisse du diocèse
du Mans, canton de Fresnay-le-Vicomte, arrondisse-
uient, et à 13 kil. de Mamers. La population , qui
monte à 1,260 babilanls , exploite des carrières de
marbre.
( 8aim-Aubin-de-Liiigné , paroisse du diocèse
d'Angers, canton d.; Cbaloniies, arrondissement d'An-
gers, déparlenienî de Maine-et-Loire. La population,
dont !e cbilTre e.-t de 1,5.J0, se livre à la culture de
la vigne, «jui produit de bons vins blancs pour I'oê-
diuiaire,
I Saint-Aubin-du-Pavi'il, village du diocèse d'An-
g«FS, arrondissement de Segfé , département de
Maine- elr Loire. Les liabiisHis, au nombre de 1,000
28
environ, sont occupés dans les ardoisières. Ce vil-
lage n'est regardé que comme un bameau, parce
qu'il fali partie de la commune ei ville de Segré-
I Sainl-Aubiii-de-Si;illon , paroisse du diocèse
d'Evreux, canton de Tliiberville, arrondissement de
Bernay, département de l'Eure. Population 1,500
babilanls, liviés aux travaux de l'industrie.
1 Sainl-Aubiii-dc-Terre-Gate, paroisse du diocèse
deCoutances, canion de Saint-James, arrondissement
d'Avranelies, département de la Mancbe. Population
1,871 habitants.
I Saint-Aubin-de-Thennoy , paroisse du diocèse
d'Evreux, canton de Broglie, arioiidissenient et à 13
kil. sud-ouest de Bernay, dcpanement de l'Eure. La
population, dont le chiffre esl de 1,100, se livre aux
travaux de l'industrie.
Albitesca, de la l'amitle des Âlbizzescjii, de Siennt.,
en Toscane.
Album Uonastcrium, Albmynster , au comté de
Nonliuniherland en Ang'elerre.
Alcan:ara, Alcantara. petite ville de l'Eslrama-
dure, en Espagne.
Alciacum , Auxy-lc-Château , petite ville du dio-
cèse d'.'.rras, chel-lieu de cantoiî , arrondissement
de Saint-Pid, département du Pas de-Calais. Elle est
divisée en deux paities par la rivière d'Auibie ; la
partie qui est à la droite de celle rivière prend le
nom d'Auxy-le-Cliàte:iu ; elle avait le titre de mar-
quisat, et dépendait du gouvernement général d'Ar-
tois, diocèse de Boulogne, intendance de Lille, con-
seil d'Artois, gouvernement d'Arras, bailliage et
rec. d'Hesdin ; l'autre parue , appelée Auxy et Ma-
quiers , et qui esl sur la rive gauche de l'Antbie,
et au midi de la première, était dans l'Amiennois au
commencement de la basse Picardie, diocèse et in-
tendance d'Amiens, parlement de Paris, élection
d'Abbeville , bailli.Tge de Crécy et siège d'un bureau
des fermes de la direction d'.Ainiens. Par la nouvelle
organisation delà France en départements, ces deux
parties, réunies en une seule, forment, comme nous
l'avons dit, un canton du département du Pas-de-
Calais. 11 y avait dans cetie ville un couvent de Bri-
gittines , ordre de Saint-François, et un hôpital
pour les malades, dans lequel il y avait 8 lits pour
les liumraes et i pour les femmes, et une école, où
l'on enseignait graïuilement les pauvre» fdles. L'bô-
pital existe encore. On y compte plusieurs tanneries.
H y a quatre francs marchés oii foires d'un jour ,
pendant l'antiée, qui ont lieu le H lévrier, le mardi
après le dimanche de Quasimodo , le 10 août et le
29 octobre : on y \end des bestiaux de toute espèce,
des objets de mercerie et de coniellerie, ries é odes,
du lil, du lin el du chanvre. La population d'Auxy
est d'environ 2680 habiianis. Celle ville esl à 24 kil.
S.-O. de Saint-Pol , à 20 kil. N.-O. de Doullens. Sa
distance de Paris esl de I6>) kil.
Les environs d'Auxy-le-Chàteau sont marécageux,
cl possèdent des tourbières ijui fournissent au chauf-
fage des babitants des campagnes. La tourbe esl uii«
S9
GEOGRAPHIE BES LtCGENDF.â AL MOV^N AGE. 30
espèce de lerre noire qui se forme dans les marais
par un d«iii(in successif et continu de feuilles et
d'herbages ; on la trouve à une profomlenr d'un mè-
tre environ. On l'enlève avec une bèilie pointue
formée de manière que chaque tourbe prend en
uiéme temps les dimensions qu'elle doit avoir. Les
tourbes ont la forme d'une brique , elles répandent ,
çn biùlant, une odeur désagiéable.
AUiacum, Aucliy-les-Molnes ou Sl-Silvin , bourg
et ancienne abbaye de Bénédictins, diocèse d'Ârras,
départ, du Pas-de-Cai»is.
Aida Snncia, ou Adellm Villa , Sainte-Anlde , pa-
roisse du diocèse de Meaux , canton de la Ferié-
Eous-Jouarre , Stine-el-Marne. Les proiluciions du
terroir sont de peu de valeur. On y voit deux petits
moulins sur un ruisseau. Population 500 habitants
environ , en y comprenant les hameaux de Cha-
moust , où il y a une maison de campagne ; Motie-
bart, Cauniont, l'ancien Hef de la Bnrdeiie, et plu-
sieurs autres habitations écartées. Sjinte-Aulde est à
6 kil. vers le N.O. de la Ferlé, et à M à l'Ë. de Pa-
ris par la route d'Allemagne. Posteaux lettres delà
Ferté-sous-Jouarre.
AUemburgum, Oldiiubourg oii Uudembourg, en
Flandre, lielgique.
Alemuim. y. Alemaniii.
Alenco ou Atmicomensii , AteiUi»-, Aleuçon, ville et
litre de duché, eis Munnandie, diocèse de i>éez,
départ, de l'Unie.
Alens's (Alexander-) Alexandre de Halès, lemaitre
ou le docteur de «aint Bonaventure : Halès, village
du comté de Glocesier, eu Angleterre.
Aies, etis- V. Aleihum,
Alesia, Allie, autrefois ville, à présent village de
la Bourgogne connu sou;> le nom de Sainte- llcine,
bâti .i quelque distance du plateau où sont les rui-
nes d'Alise. Le village de Sle-lieine a été un lieu de
pèUrinage célèbre à cause d'une fontiiiiie dont l'eau
est salutaire pour la vue. L'église en est assez remar-
quable. Diocèse de Dijon, déiiart. de la Cûte-d'Ur.
Alesium, Alez oii Alais, ancienne ville épiscopale
dans les Cévennes.
Al£tensis ou Aleitiemii , se, d'Aleth.
AtethHn et Aletum, Aletb; ville ruinée, jadis
épiscopale, en basse Bretagne. | St-Malo, ancienne
ville épiscopale de l'ile, à présent de même nom,
autrefois appelée l'ile d'Aaron, en basse Bretagne- |
St-Servans, près de la ville de St-Malo. | Aleth ,
ancienne ville épiscopale en L.»nguedoc,
Aleilimcus. V. Vicus.
AUxandria, Alexandrie, viile plriarcatç de la
basse Egypte.
— Siaielliorum, Alexandrie de la Paille, ville
épiscopale entre le Pô el le Tanaro, au iMilanais, ac-
tuellement dans les Etats sardes.
AUtandrinui, a, »w, d'Alexandrie. Dix conciles
d'Alexandrie d'Egypte, en 250, 508, 31 j, 3x4,339,
562, 563, 399, 450, 655.
4l*»ia, \,Ale»a.
Alexiemii Paiius, Alexieiise Terriiorium, l'Âuxois,
«anion Je Bourgogne, dont Séaiur est la priucipale
ville. (Didcè.^e de Dijon,)
Alga. Y. Aii^.
Algeriu et Algerianum regnuin, la régence d'Alger
en Afrique, ou l'Algérie française:
Algériens, Attieriacum , Auger-Saint-Vincent, do
l'ancien diocèse du Senlis, aujourd'hui de celui de
Beauvais , canton de Crépy, arrondissement de Seu-
ils, dé|>artcnienl de l'Oise. La maison du Parc, qui
fait partie de cette commune, était, avant la révolu-
tion , une abbaye du religieuses de l'ordre de Ciieaux
nommée al irs le Parc-aux-Dames. L'église et une
partie des bâtiments (|U. la composaient ont cié dé-
molis, il n'eu reste iicinelleme.it que l'abbati.ile, une
ferme et un moulin. Dans l'enclos se trouve une
grande pièce d'e:iu, à la suite de l.iquejlç est le mou-
lin. Cette pèce d'eau est alimeniée par plusieurs
sources. On y ;i fiii de belles plantations. Le te.-roirde
ce village est tM< labour, une petite partie en bois.
Auger-Saiiil-Viivcenl compte «ne po|iula(ion de 5U0
habitants, en y lomprenant l'ancienne succursale de
Saiiit-Mard , autrefnis annexe de la pamisse de
Fresnoy-le-Luat, le hameau de \illeneuve et cl-Iuï
de Chaamont. Ce village est à 6 kil. ver.s l'O. de
Creiiy , sa disl.mce de Paris est de ô2 kil. au N.-E.
par Nanteuil-le-llaudouin et la grande roule de Sois-
sons. Poste aux littres de Crépy.
Algerium, Alger , ville capitale de la régence de
même nom, en Afrique, actuellement à la France,
qui en a fait la ronqnéte en 1850.
Atg.a, Auge on Auges, petite rivière de Champa-
gne qui prend sa source à un kil. de Sézanne, dans
le diocèse de Chàlons. Elle traverse Séîanne, et,
après un cours de 20 kil., elle va se peidrc dans la
rivière d'Aube ent^e Anglure et Plancy.
.4/gia, la vallée d'Ange, petit p^iys qui dépendait
auirefuis de la prov. de Normandie, dans le diocèse
de Lisienx, avec le titre de vicomte. Il est situé des
deux côtés de la Touques, au-dessous de Lisieux,
eiitre la Dive et le Lieuvin et la mer, ^ la vue du
Havre-de.Gràce, cl comprend les villes de llonllour
et de Pont-l'Evèque, les anciens niaripiisais de Ceu-
vron, bai04inie de Roncheville sur la Touques; les
prieurés clau>t'aux des Clianoines Réguliers de St-
Augusiin, sous le titre de Ste-Barhe en Aujje, et ce-
lui des Bénédictins de Beaniuunt ; des petits ports,
un grand nomlne de bourgs et village». Celte vallée
forme aujoiird'liui la partie occidentale des arruiid.
de Pont-rEvcqueet de Lisienx, départ, du Calvados,
diocèse de Bayeux. Arrosée par la Touques dans
loule sa longueur, elle est irés-fertile en graiiis,
liii, fruits, pommes à cidre, et surtout en excellent»
pâturages, dans lesquels on élève (iu.iuiilé de bes-
tiaux, et notamment les vaches el le^ beau»; chevaux
de race normande. Elle a des fermes qni rapportent
de 8 à la mille francs de revenu. La foréi de Tou-
ques fournit des bois pour bâtir *rt pour brûler, et
■ver« l'embouchure de la riuèr« ^le £e mm, 4ui$ la
31
DICTIONNAIRK DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 52
mer, il y a des salines qui donnent de très-bon sel.
Le savant ablté de Longuerue, dans sa Descripiion de
la France, observe que le pays d'Auge était autrefois
une grande lorêi appelée Sa/( wsA/jte, laquelledepuis
ce temps-là a éié en p:iriie délrichée et essartée. Elle a
donné le nom à une bourgade nommée SauU d'Auge
ou So! d'Auge. Elle s'étendait jusqu'à la ville de Séez.
Piganiol prétend, après Huet, évêque d'Avranclies,
que ce pays a tiré son nom des prairies; car an, aw,
awe et ou en allemand, signifient un fré. Los habi-
tants de la vallée d'Auge nourrissent beaucoup de
vaches, don! le lait e-t employé en bonne partie à
ces excellents fromages qu'on appelle angetots de
livarot, et en beurie.
Algiœ Saltus , la forêt d'Auge en Normandie ,
diocèse de Bayeux.
Algiensis, se, d'Hyesme, d'Auge.
Aliiigavia, Langey, bourg pi es de Tours.
Atisium. V. Alestum.
Altiiigiana Arx, le Fort des Alinges , près de Tho-
non, ville de la contrée de Cliablais, en Savoie.
AUocium et Atlogium, Alluye, bourg au pays Char-
iruin.
Allontium, St-Pbiladelpbe, dans l'tle de Sicile.
Almaiiiscœ, arum, Almanesclies, ancieime abbaye
de filles, au diocèse de Séez, en Normandie.
Alna, Aine, en Angleterre.
Atnea, Alneium, Auncau , paroisse du diocèse de
Chartres, chel-lieu de canton, dép;irtement d'Eure-
ci-Loir , située sur la petite rivière d'Aunay, qui se
joint à la Vuise. C'était une ancienne baronnie et
cliàtellenie. Il n'y a qu'une paroisse, dont l'église,
sous l'invocation de saint Reini, est hors l'enceinte.
Sous celle église on trouve la fontaine Saint-M.mr,
célèbre dans toute la contrée, et dont les gens de la
campagne croient les eaux bonnes potjr guérir les para-
lytiques , les goutteux et les épilepiiques. Il s'y fait
un pèlerinage qui attire une alfluence considériible
de monde, et qui n'a été intiriompu que pendant les
deux années de la terreur. Ce pèlerinage commence
le 23 juin de chaque année , et se commue tons les
vei;dredi-. et dimanches, jusqu'à l'ouverture de la
moi>soii. Outre l'église paroissiale , il y en a une
autre dans le bourg qui dépendait ci devant du
prieuré de Saiiii-Nicidas , et de plus un Hitel-Dieu.
Il existait encore dans la commune d'Auneau une
communauté de filles des écoles chrétienne et de cha-
rité, dites les filles de Saint-Remi. Le château d'Au-
neau, jadis forteresse, entouré de fossés, est détruit
er. partie. On conserve dans les souierrains de ce
chàieau des moulins à bras qui servirent, du temps
de la ligue, àl'approvisiOMneinent des troupes i|ui y
logèrent. Il a soutenu un siège sous le règne de
Henri III. Les reitres y furent surpris et dclaits , au
nombre d'environ 2,000, en 1587, par les troupes
sobs le commandement du duc de Guise. Il ne reste
plus de ce château qu'une simple habitation. On re-
marque il l'entrée une grosse tour de la plus solide
congiruciion, qui domine tous les alentours. Le parc,
d'une très-grande étendue , renferme beaucoup de
bois. Parmi les seigneurs d'Auneau , on distingue :
i° un Jean Bureau de la Rivière , premier chambel-
lan de Charles V, et qui mourut en 1400 : c'est lui,
dit-on, (|ui fil bâtir le château et la tour; 2" Henri de
Joyeuse , comte de Bouchage, duc de Joyeuse, ma-
réchal de France , né en 1567, et mon en 1008. Ce
fut lui qin se fit capucin , sous le nom du Père Ange,
après le décès de Cailieririe de la Valleiie, sa femme.
Apièi la profession du duc de Joyeuse, la terre
d'Auneau passa à François d'Escouhleau de Sourdis,
en 1597 ; ensuite à Charles d'P'sconbleaii, son fils ,
en 1012 Celui-ci la transmit à Paul d'Escoubleau ,
son fils, qui décéda en 1690. Elle était possédée en
1710 par le duc de Noailles, en 1711 par de t^haba-
nois , en 1719 par Doublet de Persan, en 1"22 par
Hallage père. Le fils de ce dernier en a joui jusqu'au
moment de la révolution. 11 se tient à Anneau un
marché tous les vendredis, coiisislanl principalement
en grains, et deux fores par année; la première le
27 septembre , la seconde le 2 novembre : cette der-
nière dure deux j^lur^. On y vend des chevaux, des
vaches, des porcs, et surtout des montons. La popu-
latiiin de ce bourg, qui s'élevait à peine à 1,100 ha-
bitants en 1771, est aujourd'hui d'environ 1,800, eu
y comprenant les hameaux de Boisgasson, Eqiiil-
mont, Cossouville et des Rochers. Son terroir est eu
labour, en vignes , en bois et eu prairies. Il y a des
fabriques de bas, bonnets ei tricots. La petite rivière
d'Aunay fait tourner un moulin. Auiieau est àSkil.
vers le S.-O. d'Ablis, à 8 de Gallardon , où est le
bureau de poste aux lettres , et à 20 à l'E. de Char-
tres. Sa distance de Pans est de 64 kil. au S.-O. par
Duurdan, et une chaussée joignant l'ancienne routa
de Chartres. On peut suivre également le chemin
d'Ablis et l'ancienne rouie de Chartres.
Aliiensis, se, d'Aine. Concile d'Aine en 709.
Alncolum , Alneolium , Aiinetinm, Auneuil, bourg
du diocè-e et arrondissement de B^ auvais , départe-
ment de Seine-ei-Oise; c'est un chef-lieu de dnton.
On y voit un ancien château, jadis forteresse. Une
tour remarquable |iar s.i con-truction et son éléva-
tion a été détruite. Les souri es dans ces lieux sont
tellement abondantes, que celle près de l'église lait
tourner un moidin à une disiance de 150 toises; une
autre, au h.imeau de Frianconrt , fait aussi îournef
trois moulins, l'un à 50 loises au-dessous , et les
deux autres au hameau de Sinaucourt. Sa populatioa
est de 1 ,300 habitants , en y con)prenant les ha-
meaux de la Neuville-sous-Auneuil , Friancourt,
Sinaucourt, Grumesnil, Tierfontaine, plusieurs fer-
mes et habitations écartées. Le terroir de cette com-
mune est en labour, en prairies, en pâturages et eo
bois. Son sol est une argile viol.icée , assez proiluc
live dans la vallée, et moins dans les positions éle-
vées. On y fabrique des blondes. Auneuil est la pa-
trie de Charles Lebrim, premier peintre du roi, né
à Paris en 1618 et mort eu 1690. Ce bourg est à
8 kil. au S.-O. de Beauvais; sa distance de Paris est
35
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AG*. 54
de 64 kil. vers le N., par différents cliemiiis joignant
la nouvelle roule de Beauvais à Ponloise, qni passe
à iMOi'u , et de Mérii par Chambly et la grande route
de Beauvais. Fost^ aux lettres de Beauvais.
Alnisium, le pays d'Aunls, coiitiée de la Saintonge
dont La Rochelle était la capitali". Ce pays est comi-
pris niainlen:ini dans le déparlfiiieiit de la Cliarente-
liirérieure, diocèse de La Rochelle.
Atnum, Annoy, petite contrée de l'Ile-de-France,
qui était située partie dans le diocèse de Paris et par-
lie dans celui de Meaux. On n'en connaît pas bien
les limites. Elle s'étendait vers Livry , Bois-le-Vi-
cnmte , et Claye. 11 n'en est par é que dans certains
litres; on n'y voyait aucune localité un peu inipor-
tanie. Ce p;iys est compris maintenant dans le dio-
cèse de Meaux et dans le déparle i eut de Seine-et-
Marne.
Alpecium, Alpicus et Alpici Purtus, le Port-au-
Pec, et, par corruption le Pec. Village près de St-
Germain en Laye, au diocèse de Versaiile«. Le che-
min de l'er de Paris à St-Gerniain en a f;iit un fau-
bourg de cette ville.
Alpes, ium, les Alpe*, chaîne de montagnes qui
sépare l'Italie de la Fr:iiice. Les Romains distin-
guaient Alpes Coiiiœ, hs Alpes Cottiennes à cause de
Coitius, qui, sous Aiigu-lc, s'était fait un Etat in-
dépendant composé de douze cantons : A/pes Grai(E
ou Penniiiœ, du dieu Penn, honoré sur ces monta-
gnes; et enlin Alpes Maritimœ, Alpes maritimes.
Les premières contenaient le mont Genèvre; les
secondes, le grand et le petit St-lîernard.
Alpinus, a, «m, des Alpes, qui concerne les Alpes.
Alpina Juga (V. Alpes), ancienne province alle-
mande réunie à la France sous Louis XIV, formant
deux départements : le Haut et le Bas-Rhin, et un
seul diocèse, celui de Sinisbourg.
Alsontiœ cl Atsuntiœ, anwi, Ausonce, au diocéGa
de Reims, dans le département des Ardennes.
AUavilla, Atlainville, village de l'ancien diocèse de
Paiis, actuellement de celui de Versailles, canton
d'Eco, en, arrondissement de Pontoise, département
de Seine-ct-Oise. Population, environ 340 habitants,
à 3 kil. nord-esl d'Ecouen, et à 22Wil. nord de Paiis
par Moisselles et la grande route du Beiaivais. Poste
aux lettres d'Ecouen. — Ce village était encore muré
à la Gn du xvii^ siècle. Les environs S( ni fertiles en
grains et p.îiurages, et tiès-bien cultivés. Les Céles-
lins le possédaient dès le xivi^ siècb-; ils avaient suc-
cédé aux seigneurs. L'église et une partie du village
sunl bâties sur une petite éminence.
AUeia, Aiithie, rivière qui traverse une partie des
diocèses d'Arras et d'Amiens et se jette dans l'O-
céan.
AUifolium. V. Jonii.
Aliimoniensis, se, de Haut-Mont. V. Àltut Mons.
Aliimomium. V. AUus Mons.
Attinensh, se, d'Aliino. Concile d'Altino en 802.
A(Jini'm, Altino ou Allini, ville autrefois épisco-
palc, sous l'aiicienue roéiropole A(iiiilée en lialie.
Altissiodorensis et Aliissiodornm. V. Autissiedoren-
sis, etc.
AtimUare, Hanlvilliers ou Hautvillers, ancienne
abbaye de Bénédictins, au diocèse de Reims, en
commende , qui rapportait 30,000 fr. Il ne reste
plus de l'abbaye que quelques bâtiments insignifiants
devenus propriétés particulières. L'église .sert de
paroisse; elle n'est point remarquable comme ar-
chitecture, mais elle a conservé les boiseries sculp-
tées du chœur, qui sont d'un travail flni.
Altivitlarensis, se, de Hautvilliers.
Atiog'lum, Aïoilum ou Altolium, Auteuil-lez-Paris,
beau village du départ, de la Seine, arrond. de St-
Denis, (ani. de Neuilly-sur-Seine, et dioc. de Paris.
La seigneurie de ce village était anciennement pos-
sédée par l'abbaye du Bec, qui l'échangea vers l'an
1109 avec l'abbaye Ste-Geneviève de Paris, pour des
fiefs et antres revenus que celte dernière abbaye
avait à Vernon et dans un autre endroit appelé en
laiiii Gamilliacum ou Carmitliacum. L'acte d'échange
fut confirmé par Louis le Gros, roi de France, et par
Henri l^', roi d'Angleterre^ alors duc de Normandie.
A cette époque, les vignes d'Auteuil avaient une
certaine réputation, car « les chanoines de Ste-Ge-
neviève vendaient à des évêqiies le vin qui en pro-
venait. > Des chanoines de N.-D. de Paris, qui pos-
sédaient aussi des vignes dans ce lieu, en gratifiaient
leur église, afin que du revenu il fût fait, le jour de
leur anniversaire, après leur mon, un repas à qua-
tre services, ad siaiionem quatuor ferculorum. L'église
d'Auleiiil, sous l'invocation de la sainte Vierge, ne
date guère que du commencement du xvu^ siècle.
Tous les ans, le jour de l'Assomption, il s'y faisait
un grand concours de jienple, qui venait de Paris et
des environs. Le portail, dit l'abbé Lebeuf, [araîi
être un ouvrage du xii« siècle, aussi bien que la tour
du clocher, qui est terminée en pyramide octogone
de pierre. On trouve dans le chœur d' l'église d'Au-
teuil le tombeau d'Ant.-Nic. Nicolai, premier prési-
dejilde la chambre des comptes de Paris •"<""' à
Auieuil en 17-51. Dans le cimeiière, on voit une py-
ramide posée sur une base de marbre noir surmon-
tée d'un globe et d'une croix. Ce monument fut élevé
à la mémoire de d'Aguesseau, chancelier de France,
et de son épouse, Anne Lefebvre d'Ormesson. Le roi
voulut fournir les maibres pour le monument de ce
grand homme. On remarque d:ms ce même cime-
tière un tombeau sculpté par M. Debay. C'est un
monument éievé par un de nos premiers m:inufac-
luriers, M. Ternaux, à sa femme, décédée en 1817.
Dans la chapelle, à côié du chœur, est attachée sur
le mur une plaque d'airain sur laquelle on lit l'épi-
taphe latine du docteur de la faculté de médei ine de
Paris, Gendron, épitaphe qui est du célèbre Lebeau,
qui fut secrétaire perpétnel de l'Académie royale des
inscriptions et belles-letires. Ce médecin passa ses
dernières années à Aiiieuil ; ses conseils et ses bieii-
fuiis ne manquèrent jamais aux malades et aux mal-
heureux, li cessa iie>ivre le Sseptciubre ilb\).
5S DICTIONNAIRK DE GEOGKAPHiE ECCLESIASTIQUE.
Plusieurs écrivains supposent qu'Aiiienil doit Sim race français fil à son Tivoli
nom à sa p isilion, soit qu'on le fasse dériver du nom
atiare (aulel), on du celtique an (prairie). Dsni> les
anciens liires, on le v^di appelé Atiolltum; mais le
nom de ce vili.iRe, iirdéiiendammeni du site, qui est
pittoresque ei peuplé de jolies maisons de campagne
et de beaux jardin-^, qui ont remplacé ses vignobles,
doit lonle sa célébriiéaux écrivains dn premier ordre
qui venaient, loin du tumulte do la ciiur et de la
ville, y cnmrnspr l»s elicfs-d'opuvreqiii font la gloire
de noire littéiatnre. lîoileau avait une retraite dans
ce séjour champêtre. Le lésislaienr dn Parnasse fran-
çais nous a laissé lui-même le tableau de son Ti-
voli :
C'est lin petit 'illage, ou plutôt un hameau,
Bâii sur le penchant d'un long ranq de eoUines,
D'où l'œil $'é{iare au loi» dans les plaines voisines ;
La Seine au pied d s monts que son flot vient laver.
Voit du sein de ses eaux vingt îles s'élever;
Le vi loge ait-dessus (orme un amphithéâtre ;
Vhabitant ne connaît ni la chaux ni le plâtre;
Et dans le roc qui cède ci se coupe a sèment.
Chacun sait de sa main rreiis'r vn logement.
La maison du seigneur, seule nn\peu plus ornée.
Se présente au dehors de murs environnée ;
Le soleil en naissant la regarde d'abord.
Et le mont la défend des outrages du nord.
C'est là, en effet, que Boilem faisait son séjoUr ordi-
naire pendant !a belle saison, dans une maison très-
agréable qn'on voit enci're aujourd'hui dans la se-
conde rue .i ?auf lie après l'égli'^e, sur la route de
Saint Clond ; c'e^t là qu'il réunissait les premiers lit-
térateurs de S"n temps, c'est là que, pour ne pas per-
dre le goût ei l'haliiiude de la satire, au milieu des
plus brnyanis festin*, on plaçait sur la table les nua-
torze mille quatre cents vcrsiu malheureux Chapelain,
et qu'on forç'it d'en lire quelques paçes celui qui avait
le malheur de fair ^ la plus légère faute de français.
— L'une des récréations favorites de Boilean à An-
lenil était de jouer aux quilles. « Il excellait à ce
jeu, dit Louis Racine, et je l'ai vu souvent abattre
les neuf quilles d'un seul coup. • — « || faut avouer,
disait Despréauv, q.re j"ai deux g'ands talents aufsi
utiles l'un que l'autre: l'un de bien jouer aux quilles,
et Taulre de bien faire des vers. . Un des chai;riiis
de la vieilless ' de l'auteur du Lutrin fut la perte de
sa maison d'Auienil. Il la vendit à Le Verrier, qui
lui dit en l'acciuéraMt : « Vous y serez toujours chez
vous ; j'exige que vous y conserviez tme chambre,
et que vous veniez souvent l'habiter. > Quelque.; jour.s
après, Boileau y retourne en effet, se prumèie dans
le jardin, et, n'y voyant plus un berceau qu'il affec-
tionnait : I Qu'est devenu mon berceau? s'écrie-t-il
en s'adressant à Antoine, ce jardinier qu'il a chanté
dans une de ses éplircs. — Je l'ai abattu par l'ordre
de ,M. Le Verrier, répond Antoine. — Je ne suis
plus le maître ici, reprit Boileau avec chagrin, qu'y
viens-je faire? » et il remonta en voilure pour re-
tourner à Paris. Ce fut le dernier voyage que l'Ho-
56
Il mourut quelque
temps après (l'une bydropisie de poitrine, le 13 tiiars
1711, âgé de 75 ans. Les eaux minérales d'une des
fontaines qui sont dans ce village avaient une vertu
reconnue pour la guérison des douleurs rhnmalis-
iiiales, comme on le voit par un livre publié en 1628
par Pierre Habert, médecin. La population de la
commune d'Anteuil est d'environ 1400 habitants^y
compris ses dépendances, qui sont le hameau du
Point-du-Jour, les maisons de campagne isolées de
Billancourt et l'île de Sèvres. Son terroir consiste en
terres arables, en vignes et en jardins. Pierre d'Au-
leuil. fameux p.ir ses connaissances sous Philippe-
Auguste, et depuis abbé de Saint-Denis, était né dans
ce village. Riimfort, l'inventeur des soupes économi-
ques, y est mort. Auteuil est à -4 kil. de Neuilly, et
C de Paris.
I Auteuil, village de l'ancien diocèse de Chartres,
actuellement de celui de Versailles, arrond. de Ram-
bouillet , canton de Moiiiforl-l'Amaury, dépt. de
Seine-ei-Oise. C'est un ancien comté. Sa pop. est
de 5 à 600 hab. Les productions dn terroir de cette
commune sont partie en grains, partie en vignes; les
vins blancs qui en proviennent sont assez estimé». Il
y a beaucoup d'arbres à frnit. Auteuil est à 7 kil. at>
N. de Montforl : sa disl. de Paris est de 38 kil à
l'O. , par les Bordes-Pont-Cliartrain et la grande
roule de Brest. Pnsieaux leit.de Montfort-l'Aniaury.
I Auteuil, village du départ, de l'Oise, cant.
d'Auneuil , dioc. de Beauvais. Cette terre avait éié
érigée en comté, il y a plus de 200 ans, par les
MM. ronibanld-d'Auteuil, qui firent piauler en ormes
la grande place du village ; elle appartient aujour-
d'hui à M. le comte d'Auteuil, l'un de leurs descen-
dants. Le château qu'il habile est unes des dépen-
dances de la commune de Berneuil. La popul. de ce
village est d'env. iOO hab., en y comprenant les ha>
meanx de Sl-Queniin, du Val-de-l'Ean, partie de ce-
lui de Malassise, et les maisons isolées dites la Forêt,
qui en dépendent. Les principales productinn.s du
terroir d'Auteuil sont eu grains et partie eu bois.
Ce village est à 4 kil. entre l'E. et le S.-E. d'Au-
neuil, l't 10 an S;, de Peauvais; sa disl. de Paris est
de 58 kil. vers le N,, par la route de Beauvais à
Pontoise. qui passe à Méru , et de .Méni par Cham-
bly et la grande route de Beauvais. Posle aux lett.
de Beauvais.
I Auieuil-lez-Plessis, village de l'ancien dincèse
de Soissons, aujourd'hui de celui de Beauvais, caninn
de Beiz, arrond. 4e Senlis, dépt. de l'Oise. Prés le
moulin dit le Moulin d'Auteuil est uie fontaine d'eau
minérale. La population de ce village est de plus de
ûOO habitan'.s avec le Plessis, qui y est adjacent, et
le hameau de Bellemoni, plus éloigné. Son terroir
consiste en terres arables, en prairies et en bois.
Cette paroisse est à 5 kil. de la Ferié-Milon. 8 kil.
de Betz : sa distance de Paris est de < 0 kil. vers le
nord-est, par la grande route de Soissons Poste atiz
lettres de la Ferté-Mllon
37
GÉOGRAPHIE DKS LEGENDES AU MOYEN AGE. "g
I Aulbeuil, et Aiiieuil, village du diocèse de
Beauvais, caiilun de Ressens, arrond. deCoinpiègne,
dépt. de l'Oise. Popul. 320 liabiianis. D;iiis celle pa-
roisse OB a cherché à perfeciionner les laines et à
nalufâliser les moulons de race espagnole.
AUricus, Atitry ou Chiiry, près d'Auscrre. On
comple en France plusieurs localités du nom d'Au-
try.
AllumviUare. V. Allivillare.
Altui Mojis, Haui-Monl, ancienne abbaye près de
Haubeuge, dans le Hainaut.
AlUis Yicus , et Auvillaeum , Autillers , paroisse
du diocèse de Beauvais, canton de Mony, arrondis-
sement de Clernioiit, dcparteinent de l'Uise. Elle est
située à rexlréniiié d'une plaine; son cliâieau est
ë'une conslrueiion partie ancienne, partie moderne.
La façade du nord esi flanquée de deux tourelles et
celle du midi de deux pavillons. Le parc est enclos
de murs. La popnlaiion de celle commune est d'en-
viron lUO habllanls, y compris le hameau de Lierval.
S. n terroir est en labour; unepelilc partie se irouve
en vignes et eu bois. Auvillers esl à 5 kil. vers le
S.-O. de Clermont et 7 kil. au N.-E. de Mony; sa
distance de Paiis esl de 54 kil. au N., p:irla grande
roule d"Amiens. Posie aux leiires de Clermont.
Alumna, Alunne, en Anjou, uu Allone. Il y a six
k)ur^s de ce nom en Fraiice : l'un dans le diocèse
de Beauvais, l'aulre dans celui du Mans, Où l'oit
aperçoit des ruines qui frappent l'aitention; un troi-
sième dans le diocèse d'Angers, un qiiaiiièine dans
le diocèse de Poitiers, un cinquième dans le diocèse
d'Aulun, et le sixième dans le diocèse de Chartres.
Alvernia, Alvernum, Auvernaux , paroisse de l'an-
cien diocèse de Sens , maintenant de celui de Ver-
sailles, canton et arrondissement de Corbeil, dépar-
temerK de Seine-ei-Oise. Le château de Portes en
fait partie. L'ordre de Malle y possédait autrefois une
eommaiiderie dont la cure d'Anvernaux dépendait.
S» population est d'environ 200 habitants. Ses pro-
duciions principales sont en grains , partie en boiS.
Auvernaux esl à 10 kil. au S. de Corbeil; sa dis-
lance de Pari» est de 38 kil. au S., par la grande
roule de Fontainebleau. Poste aux lelires de Pon-
Ihierry, dont il esl distant de 4 kil.
A/D«r«ia; Jion>, le mont Alverne, partie de l'A-
pennin, en Italie.
Alvenum, Alversium, Anvers et Bntry, ou .\uvers-
sur-Oise, grand village de l'ancien diocèsede Ronen,
maintenant de celui de Versailles, canton ei arron-
dissement de Ponioise , département de Seine-et-
Oise, situé sur la pente d'une colline qui borde la
rivière d'Oise. L'une de ses rues a plus de 4 kil. de
l ngueur, parce que les maisons sont détachées les
unes des autres. Les deux chàleaux, dont l'un est
nommé le Petii-Chàieau , n'ont de remarquable que
la beauté de leur position. Le sol de leurs dépen-
dances est très-fertile et en plein rapport. Celte terra
fut du domaine de la reine Adélaïde, femme du roi
Luuis le Gros. Au cuinmencenieiil dii xii<^ siècle,
l'octave de Saint-Denis élail distingué dans l'église
de Nnire-Dame-des-Champs par un grand luminaire.
Ce fut pour son entretien que ce prince assigna an
prieuré une renie de 20 sols à prendre sur la lerre'
d'Auvers, appartenant à son épouse. — La p^pula»
lion de ce village esl de l,80d habilanls enviioii, en
y comprenant les hameanx de Buiry, du Val-Hermey
et le Moulin du Roi. Les principales productions du
terroir de celle commune sont en grains et en chan-
vre : une partie est en prairies. On y irouve des
carrières de pierres de lai lie, moellons et grès. Au-
vers,sur la rive droite de l'Oise , que l'on passe sur
iifi bac h Méry , est à 6 kil. au N.-E. de Ponioise, et
à 27 de Paris , par une chaussée qui passe à Saint-
LeuT:iverny et aboutit à la route de Rouen près
Saint-Denis. Poste aux lettres de Ponioise.
I Auvers-SainlGeorges, vill.ige du département
de Seine-et-Oise, arrondisiement d'Eianipe<, canton
de la Ferlé-Alais, ci-devanl diocèse de Sens et ac-
tnellsmenl diocèsede Versailles. Avant la révolution,
ce village renfermait deux paroisses, Notre-Dame et
Saint-Georges, dont la première subsiste encore. La
cure de l'une élail à l.i noniiiiaiion de l'archevêque
de Sens; le prévôi d'Auvers nommait à l'aune. Le
beau château de Grave le et le parc, de 160 arpenis,
clos de murs et bordé d'un côté par la rivière de
Juines, appartenaient à M. le comte Perregaux, ban-
quier. Les jardins ei les eaux, qui y forment un su-
perbe canal, sont admirables. Le château de Gille-
voisin, avec le parc qui en dépend , avait appartenu
à Amyot , précepleiir de Henri III, et passa au prési-
dent Brisson, qui fut pendu pendant la ligue. La po-
pulation de ce village est d'environ 1,000 habilanls
en y comprenant les hameaux de Janville , Gille-
voisin, Chagrenon, partie de celui de Meiiil-Racoiu,
plusieurs fermes et maisons isolées. Tout le terroir
de celle commune esl en terres labourables et en
bois. Dans les sablons, on trouve quelques glands
de mer attachés sur des fragments de coquilles. La
plaine entre Anvers ei Villeneuve est toute remplie
de fragments de belles cames. Auvers-Saini-Georges
esl sur la rivière de Juines . qui y fait tourner plu->
sieurs moulins, à 2 kil. à l'E. d'Elreehy et 40 kil
de Paris au S., par la grande route d'Orléans. Posie
aux lettres d'Elreehy.
Amatphis, Anialplii ou MalG. Concile de Malfi en
10S9.
Amanabttrijum, Omembourg et depuis Amelbourg,
ancienne abbaye en Allemagne, sur les confins de la
HessK ei de la I hunnge.
Amanensis, se, d'Amelbourg.
Amarini oppidum. St-Damarin.
Amasea ou Amasia, Amasée, ville de la provincâ
du Pont, en Asie.
Amastris, Fameslro, autrefois Amastride en Pa-
phlagonie.
Amaihui, uniis, Limisso, autrefois Amathonte ,
ville épiscopale de l'île de Chypre. Cet évêclié, qui
dai'/ du V» siècle, a été réuni au xiv« siècle à celui
39
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
40
(le Lemisse-la-Neuve, ville bàiie du leinps du bas-
empire grec. Aiiiailionie esi complètement ruinée, et
Lemisse-la-Neuve n'est plus qu'un pauvre \illage.
àon porl est cependant bon.
Amaïuna insula. Ile prés de celle de Sardaigne. On
l'appelait autrefois .\niaiune.
Ambncia, Amboise, ville delà Touraine.
Ambosiiicus vicus. Âmbazac ou Enibazfiis, ancien
pricuié piés de Graniniont, dans la haute Maiclie.
Ambazac est chef-lieu de canton du département de
la liante Vienne, au diocèse de Limoges.
Ambianensis, ie, d'Amiens.
Ambiant, orum et Ambianum, Amiens, ville épis-
copale en Picardie, déparlemenl de la Somme.
Ambtava, Aniblef, riviéie en Ardennes.
Ainbresbuna, Anibiesbury, ville capitale de la
Willonie ou Wiili-Shiie, en Angleterre.
Ambresburieiiiis ou Ambresbyriensis , se, d'Ambres-
bury Concile d'Ambresbury en 977.
Ambroiiiacum , Ambournay, ancienne abbaye de
Bénédictins dont le revenu en commende était de
i4,0li0 fr. ; située dans le Bugey, elle dépendait du
diocèse de Lyon, .\nibouriiay doit son origine à ral>
baye, c'est aujourd'hui une petite ville du diocèse de
Belley, déparlement de l'Ain.
Ambtosn Fantim, St-Ambroix-sur-Arnon, ancienne
abbaye de l'ordre de St-Augustin, en commende,
dont le revenu était de ô,oOU Ir. Elle se trouvait aux
portes de la ville de Bourges ; elle a donné lieu à un
village de même nom.
Ambrosiiis vicus. V. Ambreêburia.
Amelia, Amélie, ville épiscopale au duché de Spo-
letle, Etats romains.
Ameliacum Bilurigum, Ambly, au diocèse de
Bourges.
— Bri(ieniiuin, Amilly, en Brie. Il y a plusieurs
localités de ce nom en France, un village au diocèse
deChanres, et un autre au diocèse d'Orléms.
America, l'Amérique.
Amildu, Emet, en Mésopotamie.
Âmiteriiinus, a, um, d'Amiierne, de Sl-Viclorin.
Amiiernum, Aniiierne, ancieiine ville épisci>pale
ruirée; c'est à présent le bourg de St-\iiiorino dans
l'Abruïze ultérieure, au royaume de Naples.
Amnis Alba ou Albeia, l'Aubeliii, petite rivière en
Brie.
— Muera, Le Morin, nom d'un ruisseau de la
Brie.
Amorium, Amore, ville ruinée de la seconde l'hry-
gie Salutaire, dans l'exarchit d'A^ie; c'était un évé-
ché de la (ueimère Phrygie, (|ui devint niétrupole de
la seconde dans le vi« siècle. C'est aujourd'hui le
^ 'Urg d'A(noria dans l'AnaloIie.
Amphimulia , St-Mcolas en Candie , où île de
Crète.
Anagnia, Anagni ou Anagiia, ville épiscopale de
l'ancien Latium, à présent de la Campagne de
Rome.
Aiiuijratœ, arum, et Anagrale, es, AQegray,aiieieii
monastère dans les Vosges.
Atuipins, An. pie, près du Bcfspliore de Thrace.
Anaunia, le Val d'Anagna, dans les Alpes, au dio-
cèse de Trente. Martyres Anaunienses, les Martyrs
d'.\iiagna.
Anazarbum, Anazarbe, autrefois ville mélropole, à
présent bourg appelé Acserai en Caramanie. Ana-
zarbe avait d'abord été un évèché de la première
Cilicie ; elle fut érigée en métropole de la seconde Ci-
licie au vi^ siècle.
Aneonœ littus, mer d'Ancone , partie du golfe de
Venise.
Ancora, Ancre, ou Albert, petite ville du diocèse
d'Amiens, chef-lieu de canton du déparlement de la
Somme. Elle lire son premier nom de la rivière
d'Ancre, plus connue sous le nom deMiranmoni, sur
laquelle elle est située. Le marquisat d'Ancre fut
acheté en 1610, moyennant la somme de 350,(.00
livres, par Concini, maréchal d'Ancre. Lors de sa
condamnation, cette ville, dont il était seigneur,
ch;inyea son premier nom en celui d'Albeil, qu'elle
porte aujourd'hui. La popuLit on, qui est presque
toute industrielle, s'élève à '2,8liU habitants; elle
s'occupe de la (ilainre du coton, commerce en grains
et en bestiaux. On trouve dans son voisinage des pé-
trifications curieuses. Elle est à iS kll. nord au levant
d'Amiens, et à 140 nord de Paris. 11 y a un bureau
de poste.
Ancyra, Ancyre , ville autrefois métropole et capi-
tale de la Galatie, à présent Angouri dans l'Analo-
Iie. Le rite grec et arménien y ont chacun un ar-
cbevêque.
Ancyranus , a, um, d'Ancyre. Deux conciles d'An-
cyre en 515, 558.
Andaginum et Atidainum. St-Hubert dans les .ar-
dennes. C'était une abbaye de Bénédictins connue
d'abord sous le nom de St-Vannes, où l'un menait
les hydropliobes pour les guérir de leur rage. Les
religieux défrichèrent toute cette partie des Arden-
nes et donnèrent ainsi lieu à la ville qui se forma
sous le nom de St-Hubert. Ce n'était auparavant qu'un
vaste désert nommé Andaïn à cause de ses sources
d'eau vive. L'abl);iye est délruile, et la ville est com-
prise dans le royaume de Belgique.
Andana, Anden ou Andeiine, ancienne abbaye de
filles sur la Meuse, entre Namiir et Huy, fondée p ir
Begge, lille de Pépin de Landen en 086, et ruinée
par les Noinuiids. Uebàile ensuite, elle fut brûlée
en 1159. Andenne est aujourd'hui une petite ville de
la Belgique.
Andani Villa, And;iinville, au pays de Viuieu, dio-
cèse d'Amiens, département de la Somme.
Andao, Sa nt-André, près de Villeneuve d'Avignon.
On compte "23 localités de ce nom en France.
Andegavensis, se, d'Angers, | d'Anjou, de l'An-
jou. Cinq conciles d'Angers, en 133, 1269 , 1279,
lâîG, 1365.
Aiui'gaveusium solum, y . AnJegavia.
11
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
Andegavi, orum et Andegavuni, Angers, ville épis-
cupale et capitale de l'Anjou.
Andegavia, l'Anjou, province et ancien duclié en
France.
Andeiaensis, le, d'Andelot. V. Andelaits. Concile
d'Andeloien 587.
Andelagum, Andeteium et Andeliacum, Andelis et
mieux Andely, ville avec une abbaye au diocèse de
Rouen. L'abbaye n'existe plus et la ville appai tient
aciuellemenl au diocèse d'Evreux. Voyez au mot
Andileyum.
Andeluha, Andelaw, en Alsace ; M y avait des cba-
noinesses. Ce village est du diocèse de Strasbourg.
Andelaus, Andelot, au diocèse de Langres en
Chaiopngne.
Andeliacum et Andiliacum, Ândllly. Il y a trois
villages de ce nona en France.
Andella, o\\ Andell'ms fluvius, Andelle (la rivière
d'Andelle). Cette rivière prend sa source àSerqueux,
à 4 kll. nord-ouest de Forges, passe au Pont-Saini-
Pierre, et se jeiie dans la Seine, au port de Pitres,
vis-à-vis Poses ; elle est flottable depuis Forges jus-
qu'à son emboucbure; les transports consistent en
boi< pour Rouen et Paris. Près de son embouchure,
elle fait mouvoir la célèbre usine de Romilly, où on
lamine et façonne le cuivre. Cette rivière, qui prend
sa source dans le diocèse de Rouen, a sou embou-
chure dans celui d'Evreux. Son cours est de 60 kil.
Andematum Lingonum et Andematim. Voy. Lan-
gres, t. lU.
Ande.na. V. Andana.
Andensis, se, d'Auden. V. Andana.
Andertacuni, Anderlcch ou Anderlac, village près
de Bruxelles, Belgique.
Andes, ium. V. Andegavi,
Andesagino, Anssene ou Ansene, sur la rivière de
Bresse an Ponihieu, diocèse d'Amiens.
Andicavensis et Aiidicavum. V. Andegavensis, etc.
Andiiegum, Andeleins, les Andelys (le grand et
le petit), ville du diocèse actuel d'Evreux, autrefois
du diocè-,e de Rouen, qui forme un des arrondisse-
ments du dépaitement de l'Eure. Ces deux localités,
que l'un confond ordinairement ensemble, en les nom-
mant simplement les Andelys, ne sont séparées l'une
de l'autre que par une chaussée d'un kil.
Le grand Andely est désigné, dans les anciens au-
teurs, sous \e nom A' Andiiegum, Andeliacum, Andetia,
Rupes Andeti. Le nom A' Andiiegum parait avoir en sa
faveur le mérite d'une plus grande ancienneté, les
autres n'ayant éié employés que dans des temps pos-
térieurs.
Les érudiis se sont beaucoup fatigués à trouver
l'éiymologie de ce nom. Les uns ont voulu que la
première syllabe and appartînt à la langue teutuniqne;
d'autres, considérant que la seconde syllabe Icy, qui
signifie pierre, était d'origine celtique, ont prétendu
que la première ne pouvait pas être attribuée à une
ajire langue, et ils en ont conclu que Andteg dési-
gnait un lieu couvert, obscur et rocailleux, ce qui
Dictionnaire de Géographie eccl. II
42
pouvait tout aussi bien alors convenir à l'endroit ot
l'on a bâti les Andelys qu'à une infinité d'autres.
Les bases sur lesquelles on a voulu fonder la hauts
antiquité des Andelys ne paraissent donc pas très^
soldes.
On lit dans la Vie de sainte Clotilde, écrite long-
temps après sa mort, que celle reine fonda une ab-
baye de filles sur les bords de la Seine, dans un lieu
nommé les Andeleins. C'est la première fois qu'il ail
été fait, d'une manière positive, mention des Ande-
lys. .\u reste, que l'abbaye ait été fomlée par sainte
Cl'jiilde elle-même, ou qu'elle lui ail éié simplement
dédiée dans des temps plus rapprochés de nuus, au
moins est-il certain qu'il se forma peu à peu une pe-
tite bourgade autour du monastère, et que dans les
premières années du xii« siècle, il y avait un château-
fort, où le roi Louis VU se réfugia lorsqu'en 1119 il
fui battu à Brenneville par les troupes de Henri, roi
d'Angleterre. Ce château avait été pris sur les An-
glais, l'année précédente, par le chevalier Engerrand
de Chaumont.
Les rois d'Angleterre successeurs de Giiillaume le
Conquérant, duc de Normandie, étaient alors maiires
de celte province, et, quoique pour celle possession
ils fussent vassaux des rois de France, mais vassaux
trop puissants, ils firent souvent la guerre à leurs su-
zerains. Les Andelys se trouvaient sur les limites des
deux Etalsj, et ils eurent souvent à souffrir de ces
hostilités presque continuelles.
Par un traité de paix conclu en 1160, Andely avait
été cédé au roi d'Angleterre ; mais la guerre s'élant
rallumée en 1167 , les années anglaise et française
livrèrent aux flammes une grande partie des fermes,
villages et bourgs situés entre Mantes , Pacy-sur-
Eure, Gisors, Vernon, etc. Le roi de France eut pour
sa part le triste honneur de brûler Andely , bourg
très-fort, et qui appartenait alors aux évêques de
Rouen.
Vers la fin du xii« siècle, les rois de France et
d'Angleterre, et l'archevêque de Rouen, se disputè-
rent vivement la possession d'Andely. En 1196, Phi'
lippe-Auguste en devint le maître ; mais son rival de
gloire ei de puissance, le roi Richard surnommé
Cœur-de-Lion, s'empara prèsid'Andely d'une île au
milieu de la Seine, où il fit construire une forte-
resse. Après la mort de Richard, Jean, son succes-
seur, conclut avec Philippe- Auguste un traité par
lequel il se réserva la possession d'Andely; mais
ayant été accusé du meurtre de son neveu, Arthus
de Bretagne, il fut cité, comme vassal de la cou-
ronne, à la cour de France. Le duché de Norman-
die fut confisqué et envahi. Andely et sa forteresse
soutinrent en 1204 un siège de cinq mois et la fa-
mine les força de capituler.
Depuis cette époque, Andely a cessé de figurer
dans l'histoire d'une manière remarquable. On voit
seulement qu'Antoine de Bourbon , roi de Navarre,
y mourut, en 1522, des suiies d'une blessure qu'il
avait reçue au siège de Rouen.
tm DICTIONNAIRE DR GEOGRAPllIE ECCLESIASTIQUE. U
Sous la première race lie nos rois, l'abbaye d'An- était auirefois foriiflé, mais dont les forlificationg
dely avait autant de célébrité que celles de Chelles sont ruinées. Les deux vilh-s réunies offrent une po-
elde Faremoutiers ; ranis elle est détruite depuis
plusieurs siècles.
Sur les mines de cet ancien monastère s'est éle-
vée une collégiale séculière, qui, par son ancienneté
elle nombre des ecclésiastiques qui y éiaiedt atla-
cliés, pouvait être considérée comme l'une des plus
importantes du diocèse de Koiien.
En 1 "245, on fit quelques lèglemenis nouveaux,
desquels il résulta que le chapitre de la collégiale lut
composé d'un doyen, de si\ chanoines, de quatre vi-
caires, d'un seciéi;iire, d'un diacre, etc. Indépen-
damment de la collégiale, il y avait au urand Andely
une autre église sons le titre de Sainte-Madeleine, et
une av petit Andely sous l'invdcation de Saint-Sau-
veur. Le service paroissial était fait par les quatre
vicaires.
Outre les églises dont il vient d'être quesiion, on
voyait ancieiineinent aux Andclys un prieuré de
Saint-.lean, un couvent de Capucins, un d'LrsMlInes,
une léproserie et une chamelle dite de Sainte-Clo-
tilde, dont le premier titre était de Saint-Nicolas, et
qui fut dotée en 1"203.
L'église collégiale est bien bâtie. Le portail exté-
rieur, où l'on voit au midi l'ordre gothique , et au
nord l'ordre ionique, paraît antérieur au reste de
l'édifice. La chapelle de la Vierge est décorée d'un
tableau de Lesueur, représentant Jésus retrouvé au
temple, qui provient des Chartreux de Gaillon, ainsi
qu'une sépulture de Jésus-Chiist (ormant un groupe
de figures sculptées.
Près de la collégiale se trouve la chapelle deSainie-
Cloiilde, qui est devenue propriété pariicuiière;
mais on a conservé avec soin la statue de la sainic et
la clef pendante de la voûte, richement sculptée en
cul-de-lampe.
Une fontaine située aux Andelys, et qui porte anssi
le nom de Sainte-Cloiilde, jouit d'une grande célé-
brité dans le pays. Le 2 juin de chaque année, le
doyen de la collégiale, accompagné de tout son cler-
gé, se rendait en procession à celte fontaine, et y
répandait une certaine quantité de vin, aussitôt les
pèlerins qui é'aient accourus à cette dévotion se je-
taient nus dans cette fontaine, les hommes d'un
côté, les femmes de l'antre, séparés par une mu-
raille, et espéraient obtenir par ce moyen la guéri-
son de leurs maladies. On croit que l'usase de ré-
pandre du vin dans la fontaine se rattache au sou-
venir du miracle attribué à sainte Clotilde, qui avait
changé l'eau de celte fontaine en vin.
On a établi dans l'ancien couvent des Ursulines
une salle de comédie et une prison. C'est là aussi que
se lient le tribunal de première insiaiice.
Le grand Aridely est situé à un quart de lieue de la
Seine, sur un ruisseau nommé le Gambon, jpii n'a
qu'une lieue de cours, et qui faii louriicr pinsieuis
moulins. Au-dessous de l'embouchure du Gambon,
et sur les bords de la Seine, est le petit Andely. qui ,
pulation de 5 à 6000 habitants.
Le duc de Penihièvre, granil amiral de France, qui
fit le plus bel emploi d'une grande fortune en la con-
sacrant à des œuvres de bienfaisance très-mullipliécs,
fonda aux Andelys un hospice qui lui coula plus de
400,000 fr., indépendamment des fonds qu'il donna
pour en augmenter les revenus.
Thomas Corneille termina sa vie dans un âge très-
avancé, aux Andelys, où il a son tombeau dans ré<
glise collégiale.
Parmi les personnages célèbres ou remarquables
qui ont pris naissance aux Andelys, on peut ciler
Adrien Turnèbe, directeur de l'imprimerie royale el
professeur de langue grecque à Paris, dans le xvi" siè
cle; Nicolas le Poussin, l'un des plus grands peintres
que la France ait produits; Louis-Urbain Alben,
marquis de fourni, d'abord intendant de Limoges et
ensuiii^ de Bordeaux, où il illustra son administra-
tion par beaucoup de travaux et d'établissements
utiles; enfin, Nicolas Blanchard, si connu parla
grand nomiire d'ascensions aérosiatiques qu'il a fai-
tes seul ou auxquelli s il a pris part.
Le commerce des Andelys consiste en besiiaiix el
en produits de ses manufactures. Un y prépare des
cuirs de diverses qualités; il y a des fabriques de
draps, de siamoises, de toiles imprimées, de bonne-
terie, etc., etc.
Les Andelys sont à 3-2 kil. au sud de Rouen et à
88 au nord-ouest de Paris.
I Andely (la forêt d'). Elle s'étend, sur la riva
droite de la Seine, depuis celte ville jusqu'à Vernon,
et contient '2,690 arpents. Celte forêt était dans la
dépendance de la maîtrise des eaux et forêts d'.An-
dely.
I Andely (le château Gaillard d'). Ce château, bâti
sur une éminence, près du petit Andely, joue un rôle
important dans les guerres enire la France el l'An-
gleterre. Lorsque les Anglais éiaicnl inaiiresdela
Normandie et de plusieurs autres provinces, Philippe-
Auguste s'en empara, après une résistance des plus
opiniâtres. En 1418, le château Gaillard tomba entre
les mains des Anglais à la suite d'un siège qui dura
près d'un an el demi. Cette lorteresse se soumit à
Charles M en liâU; mais l'année suivante, les An-
glais s'en emparèrent de nouveau après l'avoir assié-
gée pendant six mois. Enfin, lorsqu'en 1449 le.s An-
glais furent contrainis d'abandonner la France, le
château Gaillard, assiégé par le roi en personne
capitula sans faire de résistance.
Marguerite de Bourgogne, femme de Louis X d'i
le Huiii), accufée d'adultère, fut enfermée dans ceue
furieiesse en 1315, et étranglée par l'ordre du roi,
son mari. Peu d'années après, en 1322, la même
forteresse servit de prison à Jeanne de Bourgogne,
femme de Charles le Bel, accusée du iiiéine crime
que Mai guérite. Celle princesse y resla jusqu'à ce
que, son mariage ayant élé'annulé parle pape, elle
45 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
iB
eât la permission de se retirer à i'ubbaye de Mau-
kulsson, où elle prit le voile.
Aujoiird'liui le cliàleaii Gaillard est si compléte-
niem dctrnit, qu'à peine reste-t-il quelques ruines
pour marquer la place qu'il occupait.
Andiliaaim, Andilly, paioisse de l'ancien diocèse
de Paris, aujourd'lKii de celui de Versailles, cunton
de .Mofiiniorency, arrondissement de Ponioise, de'-
parienient de Seine-et-Oise. Sa situation sur un
coteau, à l'exposition du midi, d'où l'oeM embrasse
la riche et lertile vallée de Montmorency, en fait un
séjour très-agréable; :russi y voit-on plusieurs mai-
sons de campagne qui jonibSentdes plusbcnux points
de \ue. Derrière Andilly, sur la hauteur, la forêt de
Montn.orency offre aussi de cliarmanies promenades.
La première syllabe du nom de ce village, qui lui
est commune avec plusieurs autres lieux en France,
paraîi être d'origine celtique , mais on n'en connaît
pas bien la signiBratinn. Le premier tiire «m il soit
fait mention d'Andilly est de U2.5. Cependant, en
1470, ce lien ne contenait encore qu'un ij-ès-petit
nombre d'habitants. L'ancienne église avait éié dé-
diée à saint Médard, en 1547; mais l'éjilise actuelle
est d'une consiruciion plus récente, ayant été rebâtie
aux Irais de M. du Lier, seigneur de lendroii, qiii y
a sa sépiiltuie. Le chœur est vaste et accompagné de
deux belles chapelles.
Le chùteaii d'Andilly, qui a été démoli, apparte-
nait, au xviio siècle, à Arnaud d'Andilly, neveu du
célèbre Arnaud di; Port-ltoyal. Arnaud d'Andilly a
composé plusieurs ouvragts.et son Jils, M. de Pum-
ponne , fut ministre des affaites étrangères sous
Louis XIV. Le chàieau de la Chasse, surnommé aussi
Bel-Air, à cause de sa situation élevée, est une dé-
pendance du vil'age. C'était un rendt-z-vous de chasse
pour le prince de Coudé, à qui appartenait la forêt.
Andilly et Margency ne formaient autrefois qu'une
seule paroisse, dont ce dernier village a été démem-
bré vers la fin du xvii" siècle et érigé en paroisse
particulière. La majeure pariie du territoire d'An-
dilly est culùvée en vignes. On y recueille aussi
beaucoup de fruits; ses pèches avaient autrefois une
grande réi ulaiion. Ce village est à 3 kil. nord-ouest
de Montmorency, où est le bureau de poste, et à 20
kil. nord de Paris.
Andoverpum. V. Aniuerpia.
Andresiacum , Andresis, ou Andresy, village de
l'ancien diocèse de Paris, actuellement de celui
de Versailles, arrond. de cette ville et canton de
Poissy ; il est situé sur la rive droite de la Seine, où
se trouvent plusieurs îles. Sa distance de Poissy est
de 6 kil. an N., et de Paris, 2G au >'.-0. par Poissy
et la grande roule qui passe à Sjint-Germain-en-
Laye.
Son nom latin Andresiacum vient, selon M. Lan-
celoi, de l'Académie des inscriptions et belles-lettres,
de'celui A'Anderetianmii, qui était un lieu situé au-
près du c inDueni de l'Oise et de la Seine, et où les
Bwiiains entmenaienl une flotte pour contenir les
peuples de ces contrées. Cette étymologie, peut-être
hasardée, dnnnerait au village d'Andresy une grande
antiquité.
Sans remonter à une époque aussi reculée, on
trouve Andresy parmi les noms des biens donnés par
Inchahus, évêi|ue de l'aris, en 829, aux chanoines de
son église. Cette donation fut ensuite confirmée par
Charles le Cha-ive, en 960 par Lothaire, et en 1190
par Philippe-Auguste.
L'église d'Ândresis, dont la construction parait
remonter an xiii' siècle, est très-jolie. On y voit des
galeries fort élégantes, et son clocher, placé au por-
tail de l'église, est un des plus distingués des envi-
rons de Paris, par la har:liesse de son architecture.
On voit encore à Andresis des restes de portes et
de ruines de tours qui annoncent toute l'importanca
qu'avait autrefois ce lieu. H fut Tun des villages
choisis pour tenip d«s conférences au sujet de la
conversion de Henri IV, en 15'J2.
Andresis est un grand village d'une sente rue d'en-
viron 3 kil. de longueur; sa positinn au confluent de
l'Oise et de la Seine, lui dmine un aspect romanti-
que, i|ui l'a fait choisir pour y bàiir plusieurs maisons
de campagne trè.-î-agréables. On remarque celle dite
Le Fays, construite sur les ruines d'un ancien fief,
et qui a une belle ferme dans sa dépendance ; une
autre, appelée ta Fin de rUisi-, et située dans le trian-
gle formé par l'Oise et par la Seine, a, sur la pre-
mière rivière, un bac pour la iravaf^er. On distin-
guait encore une maison, près de la rive droite de la
Seine, dont les jardins s'étendaient jusque sur une
des Iles de cette rivière ; elle a appartenu à une
princesse de France.
Andresis était autrefois baronie, avec une maison
seigneuriale, dont le chapitre Notre-Dame de Paris
fut propriétaire. Il y avait aussi un château qui a été
démoli; et, à la place, on a bâti une jolie maison
de plaisance. Le parc, qui s'étend le long de la Seine,
en fait le principal agrément.
Les lies i|ue lorme la Seine vis-à-vis Andresisser-
ventde pacages; les habitants n'ont pas encore es^
sayé d'en tirer un autre parti.
La principale richesse du territoire d'Andresis est
en vignobles. Leur vin était autrefois réputé l'un
des meilleurs des environs de Paris; mais bien qu'il
n'ait plus une aussi grande vogue, il a conservé une
partie de sa réputation.
La population d'Andresis est de liOO habitants.
La poste aux lettres est à Poissy.
Anemundi Castrum. V. St-Cbaroond.
Anetum, Aneiut , Anet, dénomination commune à
plusieurs localités. Il y a une petite ville de ce nom
au diiicèse de Chartres, laquelle est chef-lieu de can-
ton de l'arrond. de Dreux, avec une population de
1,800 habitants. Anet est situé au confluent des ri-
vières d'Eure et d'Avre, dans une vallée agréable et
fertile. C'était une ancienne cliâiellenie, que Charles
de Lorraine, grand veneur de France, et petit-fils de
la fameuse Diane de Poitiers, fit ériger en princi-
Al
DICtlOiSNÀlRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 4S
paulé. Ma-s les lelires pstenies délivrées à ce sujet
au mois de février 1583, n'éiaiil point revêiues de
toutes les formalités requises, on ne put obtenir leur
euiérinemenl.
Sur un bras de la rivière d'Eure, à l'exiréniilé du
|jarc, Chiirles de Lorraine avait fait cousiruire un
• ou veut de Cordelieis, qui subsistait encore en
1780. Depuis celte époque, Téglise a été détruite.
Diane de Poitiers avait fondé à Anet un bospice,
que IVn a conservé.
On Voit aujourd'hui, près de l'ancien couvent des
Cordeliers, un moulin à lan d'une belle ci instruction , et,
dans le parc, un autre moulin destiné au même usage.
Les productions du terroir cousisteut en grains, vins
et prairies. La forêt contient environ 13,000 arpents;
elle est percée d'un iré.-'->,'raad nombre de roules.
Le bourg d'.\nei, longtemps célèbre par le magni-
fique château de Diane de Poitiers bùii en 15.52, d'a-
près les ordres de Henri II, par Philibert Delorme,
se trouve à 12 kil. de Dreux, et à 64 de Paris.
Le château était situé près du bourg, au milieu
d'une agréable vallée qu'arrose la rivière d'Eure. Au
midi, la vallée est bornée par un coieau couvert de
vignes ; une (ôte plus escarpée s'élève au nord. Celle
configuraiion du terrain ccniribuait à rendre le parc
d'Anel plus fertile et plus solitaire. La vallée d'Anel,
riche en bois et en prairies, se prolonge, à droite et
à gauche, .lussi lois que l'œil peut s'étendre ; l'en-
Bemble de celte vue produit l'effet le plus pittores-
que et la perspective la plus agréable.
La première origine du ch.iteau est fort ancienne.
Une charte de lltiO fait mention d'un Simon dWnet,
seigneur de ce bourg ; et dans les premières années
du XIX' siècle, on voyait encore des vestiges de l'an-
cienne demeure de ce Simon.
Phdibert Delorme exécuta un monument grand
dans son ensemble, précieux dans ses délaiis, riant
par sa position, et pittoresque par la variété des
mouvements qu'il sut donner à son archilecture.
Ce châleau était entouré d'un fossé large et pro-
fond, un pont en pierre conduisait à la porle princi-
pale, décorée de plusieurs colonnes d'ordre ionique.
La principale cour était régulièrement décorée, dans
ses quatre faces, par des colonnades d'ordre dorique ;
et la façade principale, composée de trois ordres
d'archiietlure l'un au-dessus de i'aulre, d'un style
pur, d'un beau dessin, et ornée de sculptures par i
Jean Goujon, servait d'entrée dans l'iniérieur du
cliàieau. Celte belle façade, de plus de soixante pieds
de haut, a éié iransoorlée au muséj des Petils-Au-
gustins. ^
La chapelle se trouvait dans la partie orientale du i
château. Sa forme était circulaire, et elle avait 57 ,'
pieds de dianièlre. Douze colonnes d'ordre toscan
suuienaieiii le plafond, et les murs étaient décorés
de belles sculptures dorées. Les vitraux, peints en
camayeux gris, remarquables par la beauté du des-
sin et de l'exécuiion, soi. t conservés BU musée des i
Petits-Augnslins, où ils ont élé réparés avec beau-
coup de soin.
Celte propriété, après plusieurs vicissitudes, ap-
partint à Louis XV, qui en ht présent au vertueux
duc de Penihièvre. A la révolution, le château fut
démoli; il n'est resté que la porle d'entrée et la clia'
pelle. I II y a un bourg du nom d'Aiiet, d.ms le dio-
cèsede Meaux, arrond. de celte ville près de la .Marne,
qui compte plus de 1000 habitants. L'ordre de Ctuny
y possédait un prieuré, au momeni de la révolu-
tion de 1789. I Le canton de Berne (Suisse) compte
une petite ville de ce nom ; elle a 2,400 habitants.
Les environs sont remplis d'antiquités romaines.
Angar et Angaricnsis. Sangar en Bilhynie.
Anyeli (S.) Opvidum, bourg de St-.\nge, près de
Fermo, dans la Marche d'Ancône, en Italie.
— Angelorum Slons, Angelberg, au canton d'Un-
dervald, en Suisse.
. Angeriacum, St-Jean-d'Angely, ville deSaiutooge»
diocèse de la Rochelle.
Augiliacum, ou Angeritiacum, Angervilliers, pa-
roisse de l'ancien diocèse de Chartres, inainlenant
dans celui de Versailles, du canton nord de Dourdan,
arrondissement de Rambouillet, Seine-et-Oise. Ce
village, dont la population est d'environ 300 habi-
tants, n'a de remarquable qu'une jolie maison de
campagne. 11 y avait autrefois un beau château, dont
la duchesse de Beuvron éiait propriétaire ; mais il a
élé démoli depuis quelques années. Le lerruir de
cette commune se compose de terres labourables,
vignes et bois; on y trouve beaucoup de châtai-
gniers.
C'esl à Angervilliers que mourut, au mois d'août
1804, à l'âge de li ans, Boisgelin de Cucé, ancien
archevêque d'Aix, ex- membre de l'assemblée consli-
tuanle, nommé, après le concordat de 1801, arche-
vêque de Tours, cardinal et sénateur. M. de Boisge-
lin avait traduit les Héroïdes d'Ovide et les psaume»
de David en vers français. On a aussi de lui quel-
ques ouvrages de théologie politique.
Angervilliers est à 8 kil. au nord de Dourdan, oi»
esi le bureau de poste, et à 30 kil. entre le sud et
le sud-ouest de Paris.
Angli, orum, les Anglais [ l'Angleterre. Angto-
rum proi'incia.
Anglia, l'Angleterre, la plus grande des Iles-Bri-
tanniques.
Anglicanus. a, uni, de l'Angleterre. | Anglican.
Anglicani epiacopi; les évêques d'Angleterre. Neuf
conciles ajipelés d'Angleterre, en 576, 90i, âl'9,
1072, 1073, 1093, 1095, HG7, 1341.
Anglicus, a, «m, qui concerne l'Angleterre.
Anglus, a, um. Anglais, d'Angleterre
Angiiri. V. Ancyra.
Aniana, Agnane ou St-Sauveur d'Aniane ou Saint-
Benoit d'Aiiiane, peiiie ville du diocèse de Montpel-
lier, au i>ied des montagnes, auprès de l'Hérault.
S"int-l5euoil, célèbre réformaleur des monastères
sous Louis le Doboiiiiaire, s'était retiré dans lasoli-
49
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
iude d'Anianc, d'où le nom lui est reslé; il y fonda
4ine abbaye de Bénédiciins qui devint célèbre. Eu
'dernier lieu, l'abbaye, tombée en comniende, rap-
portait J2,000fr. L'église, remarquable sous le rap-
port arcbitectural romme toutes les églises bénédic-
tines, sert de paroisse.
Aiiianensis, se, d'Anianc.
Aniciacum. V. Atixecinm.
Ankiensis, se , du Piiy en Velay. Concile du Puy
en 1130.
Anicium, le Puy en Vclay, ville épiscopale dans les
Cévennes, déparlement de la Haute-Loire.
Anisola et Aninsula, Anille, à présent St-C'alès ou
St-Calais, qui avait une ancienne abbaye de Béné-
dictins, laquelle rapportait à l'abbé commendataire
i,500 fr. Celte ville est du diocèse du Mans et du
déparieinent de la Sarihe.
Anisolensis, se, d'Aiiille, de St-Calès.
Annecium, Annecy, ville épiscopale en Savoie.
Ansa, Anse, peiiie ville du diocèse de Lyon.
Ansaniis, a, um, d'Anse. Quatre conciles d'Anse,
en 1025, 1070, 1100, 1112.
Ansio. St-Jouin.
Ansuiscum, Ansouis, en Provence.
Aniaiidros, Antandro, à présent St-Démétrius dans
l'Anaiolie.Ce n'est plus qu'un village.
Anlimonasterium, Ermontier, ancienne abbaye en
Limousin.
Aniiniaeum, Aniigny, en Poitou, diocèse de Poi-
tiers.
AiiiinoiKc, Anlinoïies, habitants d'Antinoé, ville
de la haute Egypte, niéiropole de la première Tbé-
baide, dans le pairiarrat d'Alexandrie. On voit ses
ruines, de marbre, dans le Saïd , sur les bords du
Nil.
Antinopolis et Antinoiis, Antinoé ou Antinnple.
Atttiochens's , se, d'Anlioche. Antiochenses, ium,
les habitants d'Anlioche. Concilium Antiochense, con-
cile d'Antioche en Carie, vers 368. Voyez Anlio-
ehenus.
AiUiochenus, a, um, d'Antioche, qui est d'Aii-
tiocJie. Quatorze conciles d'Antioche de Syrie, en
252. 265, 270, 340, 3il, 343, 356, 357, 300,363,
378, «3, m, llôiJ.
Aniiochia, Aniioche, ville épiscopale, puis patriar-
cale, aulrefii- capitale de la Syrie et de tout l'Orient.
I Ville de la Carie. | Ville principale de la Pisi-
die. I Autre ville de l'Asie Mineure. | Petite ville
de la basse Thébaide. | Nom commun à Plusieurs
lieux.
— Migdoniœ. V. Nisibe.
Aiiiipolis, Antibos, ville de Provence, diocèse de
Fréjus.
4ii/is!torfurum,Auxerre. Le nom latin de celte ville
a éprouvé de nombreuses vicissitudes. C'est Aniis-
sioilurum, AUissiodorum, d'après Baudrand ; Aulosi-
rforiim, d'après Ammien-Marcellin; Autussiodurum ,
dans lu Table de Peutiiiger ; Aiiiisiodoitim, Autesio-
dorum dans l'Itinéraire d'Aiiionin ; civilas Auiisio-
dorensium dans les anciennes notices des provinces
et des villes de France. La chronique de Prosper
dit Aulisiodorum, et civilas Aulissiodorum se lit dans
la chronique de Robert d'Auxerre. Ce dernier nom
à.'Autissiodorum est fréquent dans les écrils d'une
loule d'auteurs mentionnés par Adrien de Valois,
Notil. Gatl. , pag. t9. L'Auxerrois et sa capitale
Auxerre, dit le savant abbé de Longuerue (Descrip.
delà France, part, i, pag. 290), ont pris leur nom
à'Autiss'odorus, dont on a en vain cherché l'élyino-
logie; car ce mot est lire ou corrompu de la langue
celtique, qui nous est inconnue. Auiissiodonis n'était
pas chef d'un peuple , et ne se trouve dans aucun
auleur grec ou latin plus ancien ([u'Ammien-Marcel-
lin, qui fait mention d'Aitiesodorus ; car c'est ainsi
que cet historien nomme celle ville , que les empe-
reurs romains érigèrent en cité , en la séparant d'un
peuple qui ne peut avoir été autre que celui de Sens,
sa métropole. — Après la chute de l'empire romain
occidenial. Au xerre tomba au pouvoir desFranks,
sans que jamais celte ville ait été soumise aux rois
bourguignons. Clovis en fut maître, et elle échut en
partage à son lils Clodoniir. Contran , fils de Clo-
taire I", fut aussi maître d'Auxerre, et il eut aussi
le royaume de Bourgogne ; c'est pour cela que quel-
ques auteurs anciens mettent Auxerre dans ce royau-
me. — Les comtes qui ont giinverné celle ville n'en
ont jamais été seigneurs propriétaires, non-seulement
sous les Mérovingiens, mais sous les Carlovingiens.
Ce fut sous ceux-ci que le comté d'.Auxerre, qui avait
alorsauiaritd'élendueqnelediocèse, fut donné par les
roisà l'évêqueel à l'église caihéJralede Saijit-tiien-
ne. Les évêques donnèrent en fief plusieurs grandes
seigneuries, comme Gien et Donzy, à divers laïques,
et Auxerre, à la charge que ses seigneurs seraient
tenus de faire foi et bomniage à ces prélats. Ce fut à
ce litre que Landry, comie de Nevers, fut c.rnitc-
propiiéiaire d'Auxerre, sous le règne de Robert, et
sous rép.scopat de Hugues de Challon,au commence-
ment du xi' siècle. Carreau, dans sa Uescription de
Bourgogne, p. 351, édit. de 1734, dit que le premier
comte d'Auxerre dont on ait connaissance fut Pénius,
et ensuite Mi.mmos, son fils, dans le vi« siècle : Er-
menolde l'était en 708. Jean IV de Cliâlons vendit le
comté d'Auxerre, en 1570, auroideFrance Charles V,
qui le réunit à la couronne; mais en 1435, il fut cédé
avec ceux de Màcon et de Bar-sur-Seine, par le roi
Charles Vil , an duc de Bourgogne Philippe le Bon ,
pour les tenir en pairie, de même que le duché, .i la
charge du ressort de ces comtés au parlement de
Paris. On voit que l'origine d'Auxerre doit remonler
à une époque reculée ; elle était déjà célèbre lors de
la conquête de la Gaule par les Romains, sous le nom
à" Aulissiodorum. On y a trouvé dans les fouilles
beaucoup d'antiquités , entre autres plusieurs coins
de médailles, ce qui fenit présumer qu'elle avait an-
ciennement un hôtel des monnaies. Elle a été ravagée
par les Huns, les Sarrasins, les Normands, les An-
Clais elles calvinistes. Elle fui la résidence des comtes
Kl
DICTIONNAI-RE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 52
de l'Aiixerrois avant d'êlre réunie avec ce comié au
duché de Bourgogne , et d' puis à la couronne de
France. — Avant la révoluiion, Auxerre avait huit
paroisses, quatre abb;iyes, p'usieurs couvents d'Iioni-
ines et de filles, une commandeiie de Malte, une
cathédrale, une collégiale et deux hôpitaux , un sé-
minaire dirigé par des prêtre* de la Mission, diis La-
larlsies , et un collège où les Jésuiies enseignaient
jusqu'à la théologie exclusivemeni. La cathédrale est
remarquable par lu grandeur et 1 elévaiion de tA nef,
et par ses vitraux si curieux , si naïfs et si intéres-
sants ; l'église Saint-Pierre, par une belle tour et un
mélange singulier d"arcliiiec(ure gothique et mo-
derne. Le palais épistopal n'a rien de beau, quoique
trcs-vanié par les géograplics. Dans l'abbaye de St-
Germain, d'utie arcliiiecture romane, on comptait
jusqu'à 60 corps saints ei une qnaniiié prodigieuse
de reliques. Ce furent les papes Nicolas 1=', Jean VUI
et Jeanl.K qui enrichirent celte égli-e de ces reliques,
qui étaient dans des grottes que Conrad , frère de
l'impératrice Judith, ei al>bé commeudataire de Saint-
Germain , avait lait bàùr en 8-0. Séguier, évé ;ue
d' Auxerre, lit ouvrir tous les tombeaux en 1636, et
dressa un pnitès-verbal de l'état oii il avait trouvé
les corps sainis. On conduisait d'aboid les curieux au
tombeau de saint lléribalde, prince de la maison de
Bavière , qui , sous Cliarleuiagne , Li>ui» le Dé-
bonnaire et Charles le Chauve , eut beaucoup de
part au gouvernement de l'Etat. Héribalde fut moine,
puis abbé de ce monastère , etilin évêque d'Auxerre
et arcbicliapelain , c'est-à-dire grand aumônier
de France. On voyait ensuite le lombeau de saint
Fraterne, évéqiie d'Ausent-, qui lut martyrisé le 29
septembre 481 , celui de saint Abbiui , frère de saint
Héribalde, rel.gleux de ce monastère et sucresseur
de son frère dans l'évéclié de cette ville. Le même
évéque, Séguier, rapnorie qu'il trouva le corps de te
saint revêtu d'uu ciliée, d'un habit religieux et de ses
habits pontilicaux ; que son habit était fat de la
même manière que celui des religieux d'aujourd'hui,
mais que sa couleur était d'un noir naturel et non
pas de teinture. On trouva d,.ns celui de saint Cen-
sure, évéque, le corps de ce saint avec une cliàsse
remplie de reliques. Le pilier qui était près de l'autel
de saint Beneîi portail celle inscription : Polvan-
DRlON, c'est-à-dire cimetière des sainis. Ce pilier ,
profond de lOpieds, était fait comme celui qui est près
de Saint-Pierre de Rome. L'évéque Séguier y trouva
30 corps saints, avec les instrumentsdeleur pénitence
et de leur martyre. A la fenêtre de Saint-Benoît
étaient les religieuses trouvées avec le corps de saint
Censure. Dans la chapelle de Sle-.Maxirae reposaient
les corps de sainte Maxime, dame italienne, qui vint
en France, à la suite du corps de saint Germain ,
lorsqu'on le transporta à Auxerre de Ravetnie, où il
mourut; de saint Optât, évéque d'Auxerre et de deux
autres sainis. L'église de celte alib lye renfermait les
sépultures de plusieurs saints évêques, religieux et
autres. Le corps de saint Geruiain avaii été mis dans
une châsse d'or, enrichie de pierreries du plus grand
prix ; mais elle fut enlevée par les réformés , et les
reliques dispersées , en sorte qu'il ne reste plus dans
ce loiiibeau que de la cendre du corps de ce saint et
quelques petits ossements. Il existait encore dans
cette église les corps et les reliques de plusieurs au-
tres saints. L'abbaye de Si-Germain d'Auxerre était
de l'ordre de St-Benoît et de la congrégation de St-
Maur. Elle fut fondée, en iii, par saint Germain ,
dans sa maison paternelle. Il dédia cette église sous
le nom de Saint Maurice, et y mit pour la desservir
le saint prêtre Saturne et des religieux. C'est là qu'il
fui enterré en 448, ei l'église ayant été rebâtie avec
plus de ma;?niûcence par sainte Clotilde, environ
l'an SOO, elle prit le nom de S::iiit-Germain,son fon-
dateur, qu'elle conserva. Cette abbaye valait 8,000
liv. de revenu à l'abbé, et 0,000 liv. aux religieux.
— Celle de Sainl-Marian d'Auxe re éiait de l'ordre
des Préinonirés. Elle avait été fondée par saint Ger-
main, évéque d'Auxerre, sous l'invocation de Saint-
Côine et de Saiut-Damien. Sainl-Marian , qui s'y
s.nciilia. fut cause qu'on lui donna son nom. Elle
fut ruinée par les ISoruiands en 90^; les Prémontrés
s'y établirent vers l'an 1159; les proiesianls la dé-
truisirent 1 II 1365, ei la comuiunauté fut transférée
dans réï;lise de Notre Dame-de-la-Deliors. L'abbaye
de Saint-Julien d'.Auxerre était de (illes et de l'ordre
de Saint-Bi'uuît. Elle avait été fondée, en 620, par
saint Pallade, évéque d'Auxerre, sous le litre de
Sailli-Julien, dans le faubourg Saint-Martin , qui en
dépendait, tant pour le spirituel que pour le tempo-
rel. Celle des Iles à Auxerre éiait de l'ordre de Cî-
teaux ; elle avait environ 5,000 liv. de revenu, tant
pour l'abbesse que pour les religieuses. — La ca-
thédrale, dédiée à saint Etienne, n'a rien de remar-
quable que leehœnr. Le chapiiie était composé d'un
doyen qui était la première dignité, et élu par le cha.
pitre ; il piirtait, dans les cérémonies et aux grandes
fêtes, la soutane et le rochet ; il avait succédé au pré-
vôt , dont la dignité avait été supprimée. Les
autres dignités étaient les deux archidiacres, le chan-
tre, qui était élu par le chapitre, le trésorier et le pé-
nitencier; il y avait dans ce chapitre 52 canonicais,
dont le revenu de chacun n'allait pas à cent écus. Les
comtes de Chàlelux jouissaient du privilège d'êlre
clianoines-nés d'Auxerre, et avaient droit d'assister
au chœur botiés et l'oiseau sur le poing, et d'exiger
rélribuiion pour leur présence. Cette concession avait
éié faiie à Claude de Beauvoir, seigneur de Châtelux,
le 16 août 1423, en re^ annaissance de ce qu'il avait
remis au chapitre de Sainl-Eiienne d'Auxerre la
ville de Cravanl, qu'i7 ni'rti( défendue contre ceruins
volurs et robeurs, l'an 1423. Noire-Dame de la Cité
était nue éi;lise collégiale dans l'enceinte de ce qui
faisait l'aiicienne ville d'Auxerre. Ce chapitre était
composé d'un chantre, d'un trésorier et de dix-huit
chan dues. — L'évêché d'Auxerre reconnaissait saint
Peregrin pour ' on premier évéque. Il avait été en-
voyé en 261 par le pape Sixte 11, et martyrisé sous
GEOGIIAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
54
AuréUen en 263. L'évêclié d'Aiixerre, exenipl de
régale, fui érigé dans le iii"= siècle, il élail le pre-
mier suffragaiit de rarcUevêclié de Sens , el jouis-
sait de plus de 30,000 liv. de revenu. Cet évêque
entrait aux .isseniblces des élats de la province
cl prenait la qualité de comie d'Auxerre. Le comte
d'Auxerre ou celui qui le représentait, les Laruns
Donzy, de Saint-Vr;iin ei d(!T(>ucy, relevant de l'é-
Téciié, devaient liommat^e à Pévè iue. Ils perlaient
le dais au jour de son entrée solennelle, et le prélat
même dans un fauteuil, depuis l'église de Saint-Ger-
main jusqu'à la cathédrale; ce qui ne fut plus ob-
servé aux entrées des quatre derniers évoques. — La
ville d'Auxerre est dans une situation agréable, en-
tourée de riches coieaux couverts de vignes, qui
produisent d'excellents vins, dont les plus renommés
iunt ceux de la Cliaineiie el de Migraine. Elle est
bâtie sur le penchant d'une colline qui s'abaisse sen-
siblement jusqu'à la rive gauche de l'Yonne. On y
trouve plusieurs beaux quartiers et de belles mai-
sons de construction mndernc, suiloul sur le quai
qui borde l'Yonne; cette rivière, animée par une
navigation active, forme en face d'A'^xerre une petite
tle ombragée d'arbres et occupée par des inmilins
qui en rendent l'.ispeci délicieux. Dans le quartier le
plus élevé se trouve une belle fontaine publique,
donl les eaux proviennent de sources situées sur les
coteaux voisins, et sont amenées d'un quart de lieue
par des conduits souleirains. C'est dans cette ville
que fut imaginé, en 1040, le serpent, insirumeni de
musique d'église. Sa popul. est de 12,000 bab. L'ar-
rondissement d'Auxerre renferme 151 communes et
iOT,200 bab. Il est divisé en 12 cantons : Auxerre
(2cani. ), Chablis, Coulangela-Vineuse, Coulange-
siir- Yonne, Coiirson, Ligny-le-Cliàtt;l, Saiul-Floren-
lin, .S^ini-Sauveur en Puisayi», Seignelay, Toucy et
Yernianton. Auxerre a des fabriques de boimeierie,
chapellerie, tonnellerie, de grosses draperies, de
couvertures de laine, de cordes à violon, de futail-
les, de faïence, ainsi que des filatures de coton ; on
y remarque aussi des brasseries et des t^mneries. Elle
fait le commerce de bois et charbon, de l'ocre ex-
ploité à Pouirain, du vin de son territoire, qui est
très-estime; d'épicerie, chanvre, cuir, fer, acier,
cercles, feuillettes, etc. Plus de cent mille cordes de
bois flotté passent par an devant cette ville pourl'ap-
pruvisionnemeni delà capitale. Six foires se tiennent
par an dans cette ville, où il y a un dépôt royal d'é-
talons. Auxerre est h 78 kil. S.-S.-O. de Troye>, 1 i*
N.-O. de Dijon, 118 N. de Nevers, 58 S. de Sens,
166 S. -E. de Paris. Auxerre est la patrie de saint
Germain, de l'abbé Jean Lebeuf, historien, voyageur
et anti()uaire, né en 1687, mort à Paris en 1760; de
Germain Urice ou Brixius, auteur de poésies latines,
mon eu 1ù2S; de Guillaume Daubenton, Jésuite,
orateur el biographe, né en 1648, mort en 1723 ; de
Jeau-Bapiisie Duval, littérateur et antiquaire, ir.ort
en 1031. Auxerre eslle chef-lieu de pr;'le< tiiredu dé-
partement de l'Yonne; elle a un iribun M de ure-
iiiière instance divisé en deux chambres du ressort iîe
la cour royale de Paris. Son évêcbé, si ancie:i, si
illustre, snp))rinié par le concordat de 1801, avait éié
rétabli par celui de 1817; mais ce dernier concordai
n'ayant pas reçu son exécution par des conventions
postérieures arrêtées entre le saint-siége el le gon-
verneinenl franç;iis, le siège épiscopal d'Auxerr<i est
resté déliniiivemenl supprimé, et la ville comprise
dans le diocèse de Sens.
Antoltium ou A//o/io/uHj, Antouillet, viliag« dans
l'ancien diocèse de Charlres, actuellement dans celui
de Versailles, rautun d^; Montforl-l'Amaui y, arron-
dissement de Kamiiouillei, départemenl de Seine-et-
Oise. Le château est remarquable par sin site agréa-
ble, ses points de vue, ses jardins el ses fontaines,
dont les eaux remplissenl en tout temps les lossés qui
enioiiieni cette belle propriété. La popubiiion de ce
village est de 260 babiiaiils environ, y compris plu-
sieurs maisons isolées qui en fout partie. Les princi-
pales produciioiis du terroir sont en grains, une partie
est en vignes. Aniou.llet est à 7 kil. au nord de
Monlfori ; sa distance de Paris est de 31» kil. à l'ouest
par les liordes-Pont-Cbarirain et la grande roule de
Brest. Poste aux lettres de Munifort-l'Amaury.
An(oHa, et Atona, l'Autone, affluent de l'Oise. C'est
une petite rivière qui prend sa source près de Vil-
lers-Colierets, au diocèse de Soissons ; elle passe k
Lieu-Uesiauré, Pouldron, Je Fresnois, bélhancourt,
Saint-.Murlin et Sainlines. Elle se jette dans l'Oise,
près de Verberies , après un cours de 55 kil. envi-
ron. Celle rivière est llollable depuis b-s environs de
Villers-Cottereis jusqu'à sou embouchure, sur une
étendue de 25,100 mètres.
Anioiiius Saiicius in Cumpis, abbaye royale de
Sainl-.\iitoiiie. Elle se trouvait à Paris dans la rue
du faub.iurg S;iinl-Anloine. Son origine est asseï
obscure, comme celle de presque tous les établisse-
ments anciens. Elle fut fondée vers la fin du xil»
siècle; el voici à quelle occasion, d'après le récit des
légendaires de l'époque. Saint Antoine, sous la forme
d'un ermite portant à son bras un panier rempli de
pierres, apparut à des Itgais envoyés par le pape.
Le saint, en jetant ses pierres, traça une ligne autour
d'une certaine éiendiie de terrain sur lequel il de-
manda qu'on bàiit une église, el disparut. Il existait
déjà dans cet endioit une petite chapelle qu'un nom-
mé Robert de Mauvoisin avait dédi. e à sai.it Pierre,
suivant quelques historiens, et à saini Antoine, selon
d'autres.
Foulques, curé de Neuilly-en-Brie, zélé prédica-
teur, qui possédait le talent propre à émouvcir la
mullilude, avait converti plusieurs femmes de mœurs
déréglées qui paraissaient dispuser à mener une
meilleure vie. Les libéralités de quelques personnes
pieuse» le mirent en élat de faire construire, | rès de '
celte chapelle Saint-Pierre ou Saint-Antoine, nn_bà-
timetii. oit il réunit ces filles repenties. 1\
les commencements de l'abbaye Sainl-^
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
|ps uns placenl'eii l'année 1181 ou liS2, d'autres eu
H93, d'autres enlin eu 11G8.
II y a lieu de croire que Foulques n'avait voulu
que ménager un asile à ces femmes nouvellement
converties, pour les empêcher de retomber dans le
libertinage; mais après sa raort, qui arriva peu de
temps après, Eudes de Sully, évêque de Paris, leur
conseilla d'embrasser la vie monastique. Ces pauvres
filles, qui auraient sans doute été fort embarrassées
de leurs personnes en rentrant dans le moude, sui-
virent ce conseil, et c'est véritablement de celte épo-
que que date la fondation de l'abbaye.
Eudes de Sully, s'attachant à son œuvre, plaça ces
nouvelles religieuses sous la direction de l'abbé de
Cîteaux, dont il leur fit embrasser la règle; il les
affraiicbit de la dépendance de l'ordinaire, et leur
accorda toutes les prérogatives dont jouissaient les
maisons de cet ordre.
En l'an 1210, le pape Innocent III plaça ce nou-
veau monastère sous sa protection. A peu près à la
même époque, Louis VIII lui fit une donation de 280
arpents de terre situés entre Paris et Vinceiines.
C'est apparemment à cette donation qu'il faut rap-
porler l'oiigine des droits seigneuriaux dont jouissait
l'abbaye. L'abbesse était dame du faubourg Saint-
Antoine. Ce faubourg, la grande rue qui le traverse,
et même la rue Saint-Antoine, dans Paris, ont pris
leur nom de cette abbaye.
Ces religieuses se contentèrent d'abord de la cha-
pelle qui exisiail près du couvent, et qui fut ensuite
enfermée dans leur enclos. M«is on bâtit plus lard
une église qni fut dédiée, le 2 juin 1223, à la sainie
Vierge et à saint Antoine, par Guillaume, évéïuede
Paris, assisté de plusieurs autres évêques. Le roi et
la reine furent présents à cette cérémonie.
Quelques bistoriens font honneur à Louis IX de
la fondotion de celle église, qui existait enrore au
commencement de la i évolution ; mais il est plus vrai-
semblable qu'elle fut construite aux frais du seigneur
de Saini-Mandé, qui y dépensa des sommes considé-
rables, et donna 30 arpents de terre au couvent.
En 12i8, Louis IX donna à cetie abbaye, qui va-
lait 23,000 livres de rente, un amortissement pour
tous les biens qu'elle possédait, et, en 1258, il lui
iiccorda une exemption de péages.
L'église, monument gothique fort estimé, se faisait
remarquer par son chevet, d'une grande délicatesse
de construction; par le double rang de ses vitraux.
La nef était accompagnée de deux bas-côiés, au-des-
sus desquels s'élevaient de petites arcades vitrées, et
des galeries où se plaçaient les pensionnaires pen-
dant l'office. La chaire du prédicateur, mobile et d'un
beau Irav il, était un ouvrage en fer, tout à jour, orné
de feuillages en tôle irès-bien exécutés.
On voyait dans cette église les tombeaux, en mar-
I re noir, de Jeanne et de Bonne de France, filles de
Charles V, mortes toutes deux en 1560. Leurs sta-
^- lues,, en marbre blane, et leurs tombeaux ont été
^^j'\inién en 1793. Au milieu du chœur éiait la tombe de
madame de Bourbon, avant-dernière abbesse, morte
en 1760. Le sanctuaire avait été réparé en 1770, sous
la direction de M. Lenoir-le-Iiomain, et à la même
époque, cet architecte fut chargé d'agrandir et d'em-
bellir les bâtiments du monastère, qui étaient vastes
et d'une belle ordonnance.
Le corps de Charles V, mort le 16 octobre 1380,
fui déposé dans l'église de l'abbaye Saini. Antoine, et
y demeura jusqu'au i novenibre suivant. Le corps
de Jeanne, troisième femme et veuve de Cliarles la
Bel, y fut également déposé après sa mort.
L'enclos de l'abbaye, qui contenait quatre à cinq
arpents, était entouré de hautes murailles et d'un
fossé. A l'angle que forme cet enelos avec la rue de
Reuilly, on remarquait une croix que Louis XI fit
élever, dit-on, pour perpétuer le souvenir de la per-
fidie des chefs de la ligue du bien public, qui, après
avoir conclu un traité avec lui, s'étaient révoltés de
nouveau.
Au commencement du xiv* siècle, 54 ou è'6 leni-
pliers furent brûlés derrière l'enclos de l'abbaye
Sainl-Antoine, par ordre de Philippe le Bel, avec
des rafiiuemenls de cruauté qui font frémir. Depuis
la révolution de 80, les bâtiments de l'abbaye ser-
vent d'hôpital pour les eofanis.
Antrensis, se, d'Aindre, de St-Uerblond.
— Insuta. V. Anlruni.
Aniricum et Antriginum , Andrelte ou ÂindreKe,
près de St-Herblond en Bretagne.
Antrum, l'Antre et depuis Aindreou St-Herblond,
ile et abbaye de la Loire, à présent absorbée dans
les eaux près de Nantes en Bretagne.
Antiterpia et Anluerpin, Anvers, ancienne ville
épiscopale de la Belgique, diocèse de Maiines.
Anxiacum, Ancy-le-Duc, bourg du département de
Saône-et-Loire, au diocèse d'Autun.
Apamiœ, arum, Pamiers ou Pâmiez, ville épisco-
pale au comté de Foix en Languedoc, département
de l'Aiiége.
Apamiensis, se, de Pamiers.
Aphroditias, St-Théodore en Cllicie.
Appamiœ, arum, Apamée, à présent Haraa, ville
de Syrie sur l'Oronte. | Ville de Phrygie sur le
Méandre. | Ville ancienne de Bithynie. La première
de ces villes éiait métropole de la seconde Syrie.
Lors des croisades, elle eut un archevêque latin.
C'est aujourd'hui un bourg du patriarcat d'Anlioche,
habité par des chrétiens et des Turcs. La seconde
est un bourg nommé Aparois, et la troisième , vers
la mer de Marmara, n'est plus qu'un monceau de
ruines.
Appamiensis, se, d'Appamée.
Appia , la voie Appienne.
Aprui'tum, Abruzze, contrée du royaume de Naples
en Italie.
Apta ou Apla Julia, Apt, ancienne ville épiscopale
en Provence, au diocèse d'Avignon, dépaneinenl de
Vaucluse. Il s'y lint un' concile sous le pape Ur>
bain V.
67
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
58
Apulia, la Puullie; contrée du royaume de Naplcs,
en Italie. Ce pays est pariiculièrenient remarquable,
parce qu'où n'y trouve ni sources, ni ruisseaux, en
sorte que l'on n'y boit que de l'eau de citerne. La
rosée remplace l'eau pour les grains et les vignes.
Quant aux plantes des jardins, on les humecte avec
de l'eau sauniâtre des puits. La côte maritime qui
s'étend de Manfredonia à Barletia n'est composée
que Je sables et ne produit que des buissons. C'est
sur cette côte que se fait en avril et mai la pêche du
c.ilemar. Dans les premiers siècles, la Fouille (Apu-
lia) dépendait de la métropole de Rome, depuis elle
a reulermé les archevêcliés de Nazareth, de Trani,
de Bari, d'Acerenza, et vingt-quatre évêchés.
Aquapendeiis, Aquapendente, petite ville d'Italie
dans les Etats romains ; on y transféra l'évêché de
Castro en 1650.
iqua Sparsa, Aigue-Perse, dans la Limagne d'Au-
vergne, diocèse de Clermont-Ferrand.
Aquœ Auguitœ. V. Tarbellœ. \ Rayonne, ville
épiscopale du département des Basses-Pyrénées.
— t'onvenarwHi, Aques, dans l'ancien diocère de
Comminges.
— Durœ, Rades, grand duché de ce nom, attire
tous les ans beaucoup de monde par la réputation
de ses eaux thermales et le pittoresque de ses ea-
virons.
— Durœ Gradaiœ, les eaux de Grado, à présent
St-Cassien ou Sl-Cantien, bourg de l'ancienne Aqui-
lée en Italie.
— Grani. V. Aiuisgranum.
— Neri. V. Neris.
— Salviœ. Le monastère de St-Athanase ou des
Trois-Fontaines, près de Rome.
— S?.Tii(B, Aix, ville métropole en Provence.
— Stalyellœ, Acqui, ville épiscopale au Monl-
Ferral.
— Tauri ou Aquœ Taurinœ, les eaux duT;iureau,
lieu de l'ancien Latium, assez près de Rome.
— Tarbellœ; — Tarbellicœ; — Tarbetlorum ;
Acqs LU Dax, ancienne ville épiscopale en Gascogne.
— Tibilitinœ, les eaux de Tibile, vers Hippone
en Afrique.
Aquensis, se, d'Aix. V. Aquœ Sexiiœ. Deux conciles
d'Aix, en 1585, 1612.
Aquita, Aquila, ville épiscopale de l'Abruzze, au
royaume de Naples. On y transféra en 1257 l'évêché
de Furconium, ville ruinée qui en est voisine. Aquila,
outre la cathédrale, compte vingt-quatre églises pa-
roissiales et plusieurs couvents. | L'Aigle, ville du
diocèse de Séez, département de l'Orne, près d'une
forêt fur la petite rivière de Rille, commerçante et'
industrielle. C'est un chef-lieu de canton.
Aquileia, Aquilée. Ville autrefois patriarcale, à
présent presque ruinée, au Frioul en Italie. Elle était
la métropole des provinces du vicariat italique con
nues dans les notices sous le nom de Vénitienne et
d'Isirie, dans le Frioul, et de la dépendance de l'Em-
Dereur. On l'appelait la seconde Rome, à cause de
son commerce, de ses richesses et de sa grandeur :
ses évêijues s'attribuèrent le titre de patriarche dès
le vi« siècle. Atiila, roi des Huns, la saccagea en
452. Henri, duc de Bavière, la prit en 948. Les pa-
pes, méconlents des patriarches, transférèrent le pa-
triarcat à Grado, bourg de la province, aujourd'hui
Saint-Cassien ; mais celte mesure n'eut pas de suites.
Les patiiarches résidaient habituellement à Udine,
ville de la république de Venise, aujourd'hui du
royaume Lombarde-Vénitien. Aquilée n'est plus qu'un
pauvre bourg qui n'a pas dix-huit cents habitants, et
l'évêché est supprimé.
Aquiteiensis, se, d'Aquilée. Six conciles d'Aquilée,
en 581, 55.5,698,78l, 1566, 1596.
Aquilina et Aquilisma. \. Angoulême, t. III.
Aquilina tylva, la forêt d'Yveline, au diocèse de
Chartres.
Aquinas, aiis, d'Aquin, qui est de la ville d'Aquino
ou d'Aquin. V. Aquinum,
Aquineum. V. Buda.
Aquiniacus viens et Aquiniacum, Aquigny, bourg du
diocèse d'Evreux, à quatre kilomètres sud de Lou-
viers.
Aquiiio, Eguillon ou Aiguillon,'petite ville du dio-
cèse d'Agen, département de Lot-et-Garonne. Elle
avait le titre de ducLé-pairie.
Aquinum, Aquino ou Aquin, ville épiscopale et
comté de l'Abruzze, au royaume de Naples. Cette
ville de la Campanie et du Vicariat romain a éié rui-
née par l'empereur Conrad. L'évêque réside à Ponte-
Corvo, petite ville du diocèse. Aquino formait un
comté qui appartenait à la maison de ce nom. C'est
la patrie du poète Juvéiial,de l'empereur Pescennius-
Niger et de saint Thomas d'Aquin. L'évêché date de
la lin du iv^ siècle.
Aquiria, Eivijers, ancienne abbaye dans le Bra-
bant, Belgique.
Aquiscinctium, Anschaint ou Âncbin, ancienne ab-
baye de Bénédictins, en Flandre, dans une île de la
Scarpe, diocèse de Cambrai, département du Nord.
L'église, longue de 288 mètres, était un admirable
monument de style gothique. Moniluc la pilla à la
fin du xvi« siècle, en fit fondre les cloches et les re-
liquaires. Elle fut pillée de nouveau et ruinée à la
révolution française.
Aquisgranensis, se, d'Aix-la-Chapelle. Douze con-
ciles d'Aix-la-Chapelle, en 789, 797, 799, 802, 809,
816, 828, 836, 842, 860, 862, 1022.
Aquisgranum, Aix-la-Chapelle, ville du duché de
Julliers, en Allemagne, aujourd'hui du grand-duché
du Bas-Rhin, à la Prusse.
Aquistriœ, arum, Guitres ou Cuistres, ancienne
abbaye de Bénédictins dans la .Guyenne; c'est au-
jourd'hui un village chef-lieu de canton au diocèse
de Bordeaux, département de la Gironde.
Aquilani, orum, les peuples de l'ancienne Aqui-
taine.
Aquilania, l'Aquitaine, l'une des quatre principa-
les divisions de l'ancienne Gaule. L'Aquitaine coni-
59
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
60
preiiail autrefois toutes les provinces renfermées en-
tre l'Océiin, la Loire, les Ccvennes, la nier de Lan-
guedoc ei les Pyrénées. | La Guienne, province de
France, partie de l'ancienne Aquitaine.
AquiUdiicus el Aquilanns, a, iim, de l'Aquitaine,
qui est de l'Aquitaine. | De la Guienne, qui est de la
Guienne.
Arabia, l'Arabie, vaste contrée d'Asie, voisine de
l'Afiique, louclianl à la mer Rouge, berceau de
l'islam.
Arabicus, a, um, d'Arabie. V. Arabs.
Arabissum, Arabissa, ville épiscopale en Arménie.
Cet évcclié date du iv» siècle; il était de la sec nde
province d'Arménie sous la métropole de Malaiia.
Arabs, Arabis, Arabe, qui est d'Arabie.
Arœ Lucus et Ara Luci, Arluc, ancienne abbaye
en Provence.
Aragonia. V. Arragonia.
Arar, la Saône, rivière de France. Saint Jérôme
en parle dans sa correspondance, ainsi queduRliône.
La Saône est un des principaux aifluents de ce fleuve;
elle prend sa source dans les Vos^jesauprèsde Daniey,
arrose en partie les diocèses de Rosançon, de Dijon,
d'Âuiun, de iielley ei de Lyon, qui sont formés par
les dépai lemenis de la Haute-Saône, de la Côie d'Or,
de Saône-ei-Loire, de l'Ain et du Rhône. Elle se
jette dans ce fleuve au-dessous de Lyon, après avoir
promené ses belles eaux avec calme el majesié; ses
bords, parsemés de villages sont en général fort
piilnresques. Elle commence à être navigable à Port-
sur-Saône; elle reçoit dans son cours la Vingeanne,
rOgnon, la Béze, l'Oucbe, le Doubs et la Rossouse.
Araiiifl. V. Cessarion.
Arausia, Araunica et Arausio, Orange, ville épisco-
pale de la premièie Viennoise, de l'exarcliai des Gau-
les, en Provence, et actuellenienl du diocèse d'Avi-
gnon, dép.irlement de Vaucluse. L'évêché daiaii de
581, sons la méiropole d'Arles. Celait une ville tome
romaine avec des monumenis romains magniliques;
il lui reste eu pariie un arc de iriomplie. élevé à
l'occasion de la victoire remportée parM.irius sur les
Cimbres. An moyen âge, elle forma une principauté;
el la maison d'Oiange prit rang parmi les familles
princières de l'Europe. En 1551, la principauié pas-
sa aux princes de Nassau, lamille allemande, con-
nue dans les Pays-Bas espagnols, et qui avait adopté
le calvinisme. Le fameux prince d'Orange, qui dé-
trôna Jacques 11, s-oii beau-pére, et régna en sa place
en Angleterre, sous le nom de Guillaume III, possé-
<Iaii celle principauté. Louis XIV s'en empara; à la
paix d'Uiiecbl, il en obtint la cession du roi de
Prusse, qui se portail héritier de Guillaume lll ; et
depuis ce temps, la principauté d'Oiange est resiée à
la France.
Arausicaiius , a, um, d'Orange. Deux conciles
d'Orani;een441,529.
Arausientis Civitas. V. Arausia.
Arbo. V. Abbatis Cdla.
Arbcna, Arbon, ancienne ville de Suisse, chef-lieu
d'un district du canlon de Turgovie, sur le bord
sud-oiiest du lac de Constance. Arbon avait un châ-
teau bili par les Romains.
Arborica. V. Abrincœ.
Arboiium, Arbois, ville du diocèse de Saint-Claude,
département du Jura. Il y avait un prieuré, l'église
paroissiale n'est pas sans intérêt sous le rapport de
l'arcliiieclure gothique. Arbois est au milieu d'un
vignoble qui produit des vins blancs renommés. Les
vins rouges sont moins connus, el cependant ils ont
plus de délicatesse.
Arcœ, iirum, Arques, petite ville du diocèse de
Rouen, déparlement de la Seine-InTérieure.
Areea, Arce, ancien ermitage qui a donné naissance
à un village de ce nom dans le diocèse de Sens.
Arceiœ ad Albam et Arciaca, Ai civSur-Aube ou Arcv,
petite ville de Champagne, diocèse de Troyes
Arcella, l'Acelle ou l'Arcelle, ancienne abbaye de
filles pies de Brignoles en Provence.
Arais iH BraUl, ArchaiuLray, petite ville de Sain-
toiige.
Ardeatina Via. V. Via.
Ardremari. V. Arremarense.
Ardtietta ou Ardueunu, les Ardennes, forêt, partie
dans le Lnxeuibuurg, partie en France; elle a donné
son nom à un de nos départements, celui des Arden-
nes, qui forme la p;iriie principale du diocèse de
Reims. Cette forêt s'étend sur la Meuse, et assez loin
de l'ouest à l'est; elle passe entre Charlemont au
nord, el Rocroy au sud. On y a fait beaucoup de dé-
friclienienis depuis trente ans.
Arebrigum, le Pré-Saiul-Didier, dans la Val-d'Ole.
Aretas, Arelale el Arelatum, Arles, ville de la pro-
vince Viennoise, dans l'exarcliai des Gaules, sur le
Rhône. Elle n'avait point la dignité de métropole
civile dans les notices romaines. Mais, comme au iv«
siècle on y établit une justice supérieure pour ce
qu'on noaimait les sept provinces, c'est-à-dire pour
les Gaules narbonnaise et viennoise, elle préiendail
aux droits de mtiropole ecclésiailiqne : ce qui lui lut
accordé dans le cimeile de Turin, où on lui assigna
une partie des suffragants qui avaient été sous Vienne.
Les évêques allèrent plus loin ensuite, en aQ'ectaut
la priiuaiie sur les sept provinces dont nous venons
de parler. Dans les vf el vili^ siècles, les papes ac-
cordèrent aux évêques d'Arles le litre de vicaire
apostolique : leur province lut nommée la seconde
Viennoise. Arles présentait une ville esseuiieilement
romaine. L'empereur Constantin l'aimait ; il y résida
et cunlribua à son embellissement. Malgré les monu-
ments qui lui restent de cette époque, Arles n'est
plus qu'une ville solitaire et fiévreuse. Les marais
dont le Rhône l'a environnée à son changement de
lit, occasionnent des fièvres épidémiques en altérant
la salubrité de l'air. Arles faisait un commerce con-
sidérable sous l'empire romain, el ses habitants se
montraient conslrueieurs et naviga;eurs renommés.
En 1645, un homme de talent, l'ingénieur hollandais
Van Enz entreprit de dessécher les marais qui envi-
61
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
68
roitnent celte malheureuse ville. Pour h sauver, il y
aurait à continuer celte grande entreprise. Les mo-
uunienLs religieux d'Arles uiit disparu en partie, ou
oui été dénaturés. L'église Saiut-Tropliiaie (l'ancienne
cailiédrale) a subi diverses restaurations qui loi ont
enlevé son caractère original d'aicliilecture. L'ar-
Klievéclié d'Arles, supprimé par le concordat de
1801, n'a pas été réiabfi par les conveniions posié>
rieures conclues avec le saint-siége. La ville fait
actuellement partie du diocèse d'Aix, département
des Bouclies-du-Rliône. Les archevêques d'Aix pren-
nent le titre d'arcLevéques d'Arles aux termes de la
bulle de Pie VIL
Arelaiemii, te, d'Arles. Douze conciles d'Arles en
514, 353, 45-2, 455,471, c24, 554, 815, 1210, 1234,
1260, 1207.
Aretaunensis Sylva, la forêt d'Arelaune, à présent
incojinue, autrefois près des Lords de la Seine, au-
dessous de Pont-Audemer en Normandie.
Aremorka et Armorica, la basse Bretagne, la par-
tie de la Bretagne surnommée Armoriqiie. | L'an-
cienne Aquitaine. V. Aquitania.
Aremorici et Armoricores, la Bretagne, province de
France. | Les liretons, les peuples de Bretagne. | La
partie de Bretagne aux environs de Sainl-iLilo, la
basse Bretagne. | L'Armagnac. | Lespeuplesdu bas
Languedoc. La petite Bretagne, AriHorica et Letavia,
connue autrefois sous le nom d'.Arinorique, prit son
tioni des Bretons, (qui fuient obligés d'abandonner
l'Ile de la Grande-Bretagne vers le milieu du v*
Eiècle, à l'invasion des Anglo-Saxons. La Bretagne,
avant la conquête que César en fit, se gouveinait en
forme de république aristocraiique, qu'on nommait
les cités Arnioriques, c'est-à-dire maritimes. L'an
382, .Maixence s'éiant fait proclamer empereur en
Angleterre, peirnit à Conon, un de ses lieutenants,
de se déclarer roi de la Grande-Bretagne. Ce royaume
subsista pendant (|uelqiies siècles.
Aremoiicus, a, uni, de Bretagne. Concile de Bre-
tagne en '070.
Aienœ, arum, Arenas, ancien monastère près
d'.\v la en Espagne.
Areolw,ariiiii, Saint-Laurent des Eolsen Sologne,
au Jifpcèse d'Orléans.
Areilmsa, Aréthuse, ville épiscopale en Syrie. An-
lîienne ville épiscopale de la seconde Syrie, dans le
patriarcal d'Aniioche. On croit la retrouver aujour-
d'hui dans le village nommé Fornacusa en Sourie
(Syrie).
Areiiuin et Aneiium., Arezzo, ville épiscopale en
Toscane. Celte ville eut beaucoup à souilii, des Gotbs
et des Lombaids; elle fut également saccagée au
moyeu âge, dans la guerre des Guelfes et des Gibe-
lins; elle est la patrie du Bénédit lin Gui, qui, en
1204, inventa la gamme du plain-cbanl; de Pétrarque
et du peintre Vasari. Quelques auteurs prétendent
que Ponce-Pilaie y est né
Argeniacum, Argeuiac, en Limousin, diocèse de
Tulle.
Argeutanum, Saint-Marc, ville é|.iseopale, eu Ca-
labre.
Argeiuina, Argeniino et Argentinensis. V. Aryento-
ralum.
Argeiiliolce, arum, Argensoles, ancienne abbaye de
filles de l'ordre de Ciieaux, dans l'ancien diocèse de
boissons. Argensoles est aujourd'hui du département
de la Marne, diocèse de Cliàlons.
Argenio, Argenton,en Poitou, diocèse de Poitiers.
Argenlogilum el Argentoilum, Argenieuil, pi es de
Paris, diocèse de Versailles : il y avait un prieuré.
Argentomugensis, se, d'Aigenton du Berry.
Aryentomaijum el Argentomagus, Argenlon, ville du
Berry, diocèse de Bourges.
Argentomum, Argentan, ville du diocèse de Séez
en Normandie.
Argeuioraiensis, se, de Strasbourg.
Argeiiioraium , Strasbourg , ville épiscopale de
l'Alsace, sur le Rhin.
Argoenna, Argonne, en Champagne.
Aiyi</i«m, Argoiine, dans le Ponthieu en Picardie.
Aria, Aire, ville de l'Artois, diocèse d'Arras.
Arianum, Ârian, comté de la Principauté Ulté-
rieure, au royaume de Naples. | Ariano, petite ville
épiscopale et principale du comté d'Arian. L'é^èché
est antérieur au xi° siècle; il était sous la métropole
de Béiiéveni.
Artafi«»»i, Arianze, ville du territoire de Nazianze
en Cappadnce, patrie de saint Grégoire.
Aridii GumaïUia, Aronaise, ancienne abbaye de
l'ordre de Saint-Augustin, qui était située enlie Ba-
paume et Péronne, au diocèse d'Arms.
Ariminemis, $e, de Rimini. Concile de Bimini en
55'J.
Ariminium et Aiiminum, ville épiscopale de la Ro-
magne eu iialie, faisait autrefois parlie du Picenum,
dans le Vicariat romain. L'évêché est antérieur au
111° siècle, snus la métropole de Ravenne. Rimini
était une ville opulente el considérable ; mais il ne
lui reste que le souvenir de son ancienne splen-
deur ; et son port, autrefois très-bun, est presque
comblé.
Arlsilum, Arisite ou Arsat, ville de la Contrée
qu'on noinmait la Vicairie d'Arsal dans le Rouergue.
Le roi Thierry, voyant Rodez au pouvoir des Guihs,
y fit établir un évêché pour le pays qui restait sous
sa dépendance, l'an 625. Cet évéclié fut supprimé
un siècle après. 11 y a déjà longtemps que la ville
d'Arsal est ruinée.
Arma, onim, Saint-Jacques de Popayan, ville de
l'Amérique méridionale sur la rivière de Molino, dans
J'aïuienne province appelée la Caslille-d'Or, aujour-
d'hui parlie de la république de la Nouvelle-Gre-
nade. Popayan, Popaianuni, a été érigé en évêché en
1547, sous rarchevèché de Santa-Fé-de-Bogoia. Celle
ville a bien perdu de sou importance, sa population
esl réduite à 7000 habitants; elle est lechol-lieu du
département nouiuié Cauca, qui comple 150,000 ba-
biiants.
es
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
64
Armacha, Armagh, ville niélropole de la province
d'UUonie, en Irlande.
Armachanus, a, itni, et Armachiensis, te, d'Ar-
magli. -Concile d'Arroagh en 1158.
Armenia, l'Arménie, vasle conirée d'Asie entre la
province du Pont, la mer Caspienne et la Perse.
Arméniens et Armenus, a, «m, d'Arménie. Concile
d'Arménie en 455.
Armilata, Sl-Zoîle d'Armilale, ancienne abbaye au
diocèse de Cordoue en Espagne.
Armorica et Armoricores. V. Aremorica.
Aniulli, FanumiiiAquitinaSylva, Sil-Arnouken Ivc-
line, bourg et ancien prieuré au diocèse de Versailles.
Aroasia. V. Arida Gamaniia.
Arona, Arone, ville, abbaye et château au Mila-
nais, royaume Lombardo-Vénitien. L'abbaye n'existe
plus. Arona, pairie de saint Charles Borroniée, est
au sud-ouest du lac Majeur.
Arraijonia, l'Aragon, province et ancien royaume
en Espagne.
Arragon'tcus, a, uni, d'Aragon, de l'Aragon.
Arremnrense monaiterium et Arr^iiiari, le monas-
tère de Corbon , à présent Montiéramay, mieux que
Monliramé, à quatre lieues de Troyes en Champa-
gne. C'était une abbaye de Bénédictins.
Artttbrum et Artebrum, Ste-Marie de Fineterre,
en Galice.
Ariemisinm, Ste-Agathe ou Agathopolis, Ste-Aga-
ibe des Goths, petite ville du royaume de Naples,
érigée en évêché, l'an 970, sous la métropole de Béiié-
vent. Depuis, cet évèché a été réuni à celui d'Acerra.
Arlesia, l'Artois, ancienne province de France, si-
tuée entre la Picardie, le Hainaut et la Flandre ;
elle avait le titre de comté et le dernier prince qui
le porta fut Charles X. Le comté d'Ariois appartint
longtemps à la maison de Bourgogne. A la mort du
dernier duc, Charles le Téméraire, Mari-, sa fille,
porta l'Artois avec les Pays-Bas à la maison d'Au-
triche. Louis XIV s'en empara; et la réunion du
comté à la France fut confirmée par le traité de Ni-
mègue en 1678. Le comté possédait deux évèchés,
Arras et St-Omer; aujourd'hui il n'a plus que le
premier, et il (orme le dépariemeni du Pas-de-Calais.
Artona, Artone, petite ville de la basse Auvergne,
sur la Morges, diocèse de Clermonl.
Artda, Arias, ancienne abbaye dans le Roussiilon.
1 Le Loir, rivière de France. | L'Aar, rivière de
Suisse.
Aruleinis, se, d'Arias.
Arvernemis, se, d'Auvergne. V. Arvernus. Trois con-
ciles d'Auvergne en 535, 549, 587.
Arverni, ortim et Arvernum. V. Clarumoniium,
Afferma, l'iVuvergne, province de France. | Ville
ancieime de la province de même nom, en France ;
Clermont a pris sa place. L'.\uvergne, occupée au-
jourd'hui par les départements du Pny-de-Dôme et
du Cantal, était bornée au nord par le Bourbonnais
et le Beny, à l'ouest par le Forez, au sud par les
Cévennes et le Languedoc, à l'ouest par le Limousin,
le Quercy et la Marche. Les habitants, les Arverni,
furent célèbres du temps de César. La province eut
ensuite ses comtes particuliers, jusqu'en 1210, épo-
que de sa première réunion à la Couronne. Elle en
fut distraite en 1560 par le roi Jean en faveur d'un
de ses fils, Jean de Berry; mais, en 15-27, sa réu-
nion fut définitive. L'Auvergne se divisait en haute
et basse : la haute vers le sud , et la bnsse vers le
nord : c'est la Limagne. Ce sont les habitants delà
haute .\uvprgne qui émigrent annuellement pour
d'autres provinces, surtout pour Par, s, où ils exer-
cent divers métiers. L'Auvergne avait deux évèchés,
Cleimoiil-Ferrand et St-Flour, elle les a conservés
dans la nouvelle circonscription diocésaine de la
France. Celle province est remarquable dans la géo-
graphie ecclésiastique par les martyrs, les évcqucs
illustres qu'elle a produits; par les grandes abbayes
qu'elle possédait. Elle figure au premier rang dans
la géographie monumentale pour ses églises roma-
nes et le pittoresque de ses églises du moyen âge.
Arvernus, a, «m, d'Auvergne, qui est d'Auvergne.
I Auvergnat.
Ascalingium. V. Hildesia.
Asciilum, Ascon. Il existe deux villes de ce nom,
l'une (Ascnlum Picenum), dans les Etals romains.
L'évêché est antérieur au vi« siècle. C'est la patrie
du pape Nicolas IV. La seconde (Ascnlum Sairia-
num), Ascoli-di-Serriano , petite ville de la Capila-
nal?', au royaume de Ni-ples, fut bâtie en 1410, sur
les ruines de l'ancienne Asculum ; elle avait le titre
de duché. L'évêché d'Ordeonium, ville ruinée des en-
virons, y fut irans:éré souslaméiropcle deBénévent.
Aschaffemburgensis, se, d'Aschaffembourg. Concile
d'Aschaffeinb iiirg, en 1292.
Aschtiffemburgum ou Asciburgum, AschalTembourg,
ou Aschebourg, ville de la Franconie,en Allemagne.
Aschenum, Aschen, château en Bavière.
Asia, l'Asie, l'une des trois principales divisions
de l'ancien niinde.
Asiaticus, a, um, d'Asie, de l'Asie.
Asinaria, Asnières-sur-Oise, paroisse de l'ancien
diocèse de Beauvais , actuellement de celui de Ver-
sailles, canton de Luzarcbes , arrondissement de
Ponioise, département de Seine-et-Oi^e, à 52 kil.
de Paris, en passant par la roule de Viarmes joignant,
auprès de Moi>elle, la grande route de Beauvais.
Celait une lerre royale, où Louis IX et ses succes-
seurs résidèrent fort souvent. On remarque à l'ex-
irémiié orientale de ce village, situé près la rive
gauche de l'Oise, un châlean à mi-côte nommé Toute-
ville. Les points de vue, qui s'étendent fort loin, sont
admirables. Les jardins et le parc offrent des pro-
menades charmantes, à l'agrément desquelles ajoute
leur contiguïté à la forêt de Gamelle ou Carenelle.
Deux autres maisons de campagne , dont le site est
très-agréable, l'une dite le Château de la reine Blan-
che, et l'autre nommée la Caumerie ou la Canraezie,
en font également partie. Le hameau de Baillou, en«
louré de bois, à 5 kil. d'Asnières, se fait remarquer
par un château d'une consiruclion simple , entouré
6S GEOGRAPHIE DES LEGENDES Al MOYEN AGE.
G8
«Je fossés remplis d'eau vive , qui y arrive par un
superbe canal de 1(50 mètres de long sur 1i de
large. Il existe encore dans le même hameau une
maison de campagne, c'étnil autrefois un prieuré sé-
culier. La population d'Asniéres-sur-Oise peut s'éle-
ver de 8 à 90U lial)ilanis, avec le hameau de Baillou.
L'ancienne abbaye de Royauniont fait également
partie de celle commune. — La majorité des hab.
fabrique des cordes à puiis. Le terroir de la com-
mune est eu terres labourables, en vignes et en bois.
Les fruits y sont abondants et excellents. Le village
est à 5 kil. de Luzarches et 31 au N. de Paris (poste
aux lettres de Luzarches).
Asinaria, Anières ou Asniéres. Il est vraisembla-
ble que ce nom lui a été donné, dans le temps, parce
qu'on y nourrissait beaucoup d'ànes. Ce village est
sit; é sur la rive gauche de la Seine, départ, de la
Stine, arrondiss. de Saint-Denis, et diocèse de Paris.
Anicroa est fort ancien ; il en est fait mention dans
u<ie bulle de 1158, et déjà on lui donnait le titre de
cure, ce qui suppose une existence fort antérieure.
La circonscription de cette paroisse était beaucoup
plus étendue qu'elle ne l'est aujourd'hui; mais le vil-
lage de Genevilliers en a été détaché depuis plusieurs
siècles.
Les abbés de Saint-Denis étaient seigneurs d'A-
nières. En 1248, ses habitants furent affranchis
comme tous ceux des villages voisins.
M. Voyer d'Argenson y fil construire une belle
maison en 1151. Le parc contient 50 arpents; il offre
de très-belles promenades et des points de vue fort
agréables. Comme on travaillait à aplanir le terrain
pour les embellissemenis que M. d'Argenson niédi-
taii, on trouva, à la profondeur de deux ou trois
pieds, dans le gravier d'alluvion, des squelettes hu-
mains sans tombeaux, et placés confusément en tous
sens. Beaucoup d'entre eux avaient à leur côté une
bouteille de terre. Sur une agrafe de cuivre jaune
placée près d'un de ces squelettes, on lisait quelques
mots latins en caractères romains du iv'siècle.
La situation d'Anières est une des plus belles des
bords de la Seine, et il y a toujours eu dans ce vil-
lage de jolies maisons de campagne.
La population est de 500 haliitaiits environ. La
dislance de Paris de G kil. Il y a une station du
chemin de 1er de Saint-Germain.
Asiniacum, Asenay, au diocèse de Luçon.
Asiiiidia, Kssen, ancienne abbaye de fllles en Al-
lemagne.
Assis'iias, ati$, qui est d'Assise.
Assisium, Assise, ville épiscopale de l'Ombrie, eu
Italie. L'évêcbé date du v« siècle. Celte ville est la
patrie de saint François , qui en a reçu le surnom
d'Assise. C'est le fondateur, comme on sait, des or-
dres religieux mendiants. L'église qui lui est dédiée
dans sa ville natale est d'une grande richesse et re-
marquable par son architecture bizarre; elle a trois
nefs l'une sur l'autre. i.
Assur ou A«i(rHs, Assur, ville de la province
Proconsulaire en Afrique, évêcbé des premiers siè-
cles.
Asla Pompeia, Asti, grande ville peu peuplée, des
Alpes collieniies et du Vicariat ilalique, sur leTa-
naro; épiscopale dès l'an 550, sous la métropole de
Milan. Elle est comprise aujourd'hui dans les El:ils
sardes.
Asiaracum, fslarac, contrée de l'Armagnac dont
Mirande était la ville principale. Ce pays est main-
tenant dans le diocèse d'Auch, département du Gers.
Astaris. V. Aitures.
Aslenidum, vel Salanacum, Stenay ,
Aslensis, se, d'Ast. V. Asta.
Aslures, ium, Asiures, à présent Stokerean, pe-
tite ville de la basse Autriche, sur le Danube, au-
trefois l'Illyrie.
Asiuria, les Asluries, province et ancien royaimte
d'Espagne.
Anurica Augusta et Asturum Eimontanorum, As-
torga, ville épiscopale de l'ancien royaume de Léon,
en Espagne. Celait un évêché an vi<^ siècle sous la
métropole de Braga et aujourd'hui sous celle de
St-Jacques de Composielle.
Asiuricensis, se, d'Asiorga. Concile d'Astorga en
446.
As(ygis, Ecija, ville épiscopale du vi^ siècle, dans
l'Andalousie, sous la raéiropolede Séville.
Asiygitanus, a, uni, d'Ecija.
Astyres. V. Aslures.
Aianum et Aianus, Atane, à présent St-Irier ou
St-Yriex, ancienne abbaye, puis chapitre de Cha-
noines, en Limousin, diocèse de Limoges.
Ateiœ, arum, Athies, bourg du diocèse d'Amit:i5
sur l'Amignon, petite rivière du département de la
Somme.
Aiella, San-Arpino, au royaume de Naples dans
la Terre de Labour, à un mille d'Aversa, où le pape
Léon IX transféra l'évêcbé, vers l'an 1050. San-
Arjiino n'est plus qu'un village.
Atluinacum , Aisnay , .incieiine abbaye près de
Lyon. Martyres Alhanacenses, les martyrs de Lyon
ou d'Aisnay.
Athanum. V. Atanum.
Atliegia, Athis, ou Atis , paroisse de l'ancien dio-
cèse de Paris, actuellement de celui de Versailles,
canton de Longjumeau, arrondissement de Corbeil ,
département deSeiiie-ei-Oise, à 6 kil.de Longjuraeau,
et à 20 au sud de Paris, par une chaussée joignant
la grande route de Fontainebleau. Population 120
habitants, poste aux lettres de Fromenteau. Le nom
latin Aihegia ne fournit point d'éiymologie satisfai-
sante. Quelques-uns prétendent que de Aihegia, qui
veut dire cabane, on pourrait avoir fait par corrup-
tion Atis. Uuoi qu'il en soit, ce village, agréablement
situe sur une des hauteurs qui bordent la rive gau-
che de la Seine, et près du confluent de la petite ri-
vière d'Orge, était connu dès le ix<= siècle, car on lit
dans les mémoires de ce temps qu'Egbert, abbé de
Saint-Pierre et de Saint-Paul, craignant que les Nor-
67
DICTIONNAIRK DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
C8
niauds, qui venaient de débarquer à Cliarlevanne,
ne vn.sseiit jusqu'à Paris el ne le missent au pillage,
lit lrans[K)rler à Athis les reliques de Siiinle Gene-
viève, que pusséilaii :ilors son église; elles y restè-
rent cachées pendant quelque temps. — Sur la fin
du règne do Charles Vl, la seigneurie d'Atliis ap|»ar-
lenaii au chevalier de Montenay. Le roi d'Angleterre,
qui prenait alors le litre de roi de France, confisqua
cette seigneurie ea liiS, et la donna à Guillaume; de
Felleiernps, qui, trahissant à la fois et son roi et sa
pairie , avait favorisé l'occupation de Paris par les
gens du duc de Bourgogne, allié de l'usuipiieiir. —
Il est probable qu'il existait autrefois une maison
royale à Aihis, car on a des preuves que quelques-
uns de nos rois y ont séjourné. — Lonis IX y était au
mois de mars liôO. Philippe le Bel adressa de ce
même lieu, le 12 juin 1505, un mandement on or-
donnance au prévôt de Paris. — Le château d'Alhis
B appartenu, sous Louis IX, à Hugues d'Alhis, grand
panetier de France. — Pierre Viole, président au
parlement de P;iris, posséilait celle terre en 16i0.
L'un de ses Ois fit bâtir, près la maison paternelle,
un ermitage, dans lequel il se retira et y adopta le
genre de vie suivi par les Pères de la Mort. Ceue
espèce d'ermite portait une robe noire et une léle de
Uiurt pendue à S(m cou, et consacra ses revenus et
son temps à répandre des bienfaits sur les indigenls
de son canton. — Le château doii toute sa magnifi-
cence à la nature. La Seine et la petite rivière d'Orge
se réunissent pour l'embellir. L'architecture en est
Eioiftle, ei on y arrive par une avenue d'un quart
de lieue. Il a appartenu quelque lemps à l'ancien
garde des sceaux de Serre. — Le château de Cliai-
ges est dans les dépendances d'Alhis. A ce château
est joint un parc superbe; on y voit une machine
construite par le célèbre Laurent, dont l'extrême
simplicité fait le priii'ipal mérite; elle n'est compo-
sée que de quatre roues, et elle éiève continuelle-
ment les eaux d'une lontaine à plus de 60 pieds, pour
aliuienier le réservoir el les bassins qui se trouvent
dans les jardins et dans le parc. Ce château a ap-
partenu jadis au maréchal de Roquelaure, et depuis
à uiadenioiseile de Charullais. Les proJuciions du
terroir de cette commuue sont partie en grains, par-
ti* en vignes. Les vins passent pour les meilleurs des
environs de Paris.
Alhenœ, arum, Alhêiies, Sélines chez les Osman-
Irs, aDCienne métropole iJe la première Achaïe dans
l'axa' chat de Macédiiine, aujourd'hui capitale du
nouveau royaume de Grèce.
Ailieuiensis , se, d'.Mliènes , qui es'. d'.\lhènes ,
Athénien. Athenienses, les Athéniens, les habitants
d'Athènes.
Airebas, atis, qui est d'Arras.
Airebaknm, se, n'Ai ras, qui concerne Arras. |
De l'Artois. Concile d'A ras en li05.
Alre'oates, tum, et Aircbaiiim, Arras, ville épisco-
pale et c;ipiiale de l'Ariois. 1 L'Artois. V. Artesia.
Oui.ié.end que celle ville a eu un évêuue dés le v*
siècle. L'évéché fut ensuite uni à celui de Cambrai.
Urbain 11 le rétablit en l'an 10:'3. Arras est suffia-
gant de Camlirai. Celte vi le (lOssédaii la magnifi-
que abbaye de Si-Wast, dont l'église se reconstrui-
sait lorsque la révolution éclata.
Altichium et Auicliia, Attichy, villaie de Tancien
diocèse de Soissons, maintenant de Beauvais, chef-
lieu de canton, arrondissement de Cnmpiégne, dépar-
tement de l'Oise. Population, 908 habitants, à -20 kil.
est de Compiègne, 20 kil. onest de Soissons et 92 de
Paris. Il est situé sur le penchant d'une montagne qui
s'abaisse sensible-nenl jusqu'à la rive droite de
l'Aisne; il y a un château on l'on trouve une source
d'eau minérale. Les terres de ce canton sont d'un
bon rapport; on y fait le commerce des grains.
Ai/i/iacMi», Attily ou Atiilly. C'est un village ruiné
qu'on a réuni à la paroisse de Ferroles, diocèse de
Meaux, Seine-et-Marne. L'abbé Lebeuf p-étend que
son nom latin Atlitiacum lui est venu d'un Romain
nommé Atiilius, à qui il a appartenu ou qui y a bâti
le premier. Lorsque l'abbé Lebeuf y passa en 1 739,
on n'y compiail plus que 12 feux. Le châie?u d'Ailily,
doul il reste encore quelques vestigi^s, avait été bâti
vers le xv° siècle par les seigneurs du lieu. Il était
de forme ronde et défendu par quelques tours.
Atiiiiincensis, se, d'Altigny. Six conciles ë'Atligny,
en 767, 8-.2, 859, 854, S70, 87i.
Aliiniacum , Aitigny, bourg de Champagne sur
l'Aisne, diocèse de Reims, département des Ar-
dennes. Cette petite vilie occupe une place dans
l'histoire ecclésiastique «t dans l'histoire de France
sous la première et la seconde race. Il y a un vil-
lage de ce nom prés de Mirecourt, dans le diocèse
de Si-Dié.
Atura, Altiira et A/uriis.Aire, ville épiscopale de
la Gascogne. Awrws fluvivs, l'Adour, rivière de Gas-
cogne. Aire élaii un évèehé de la lin du v« siècle,
dans la Novemiiopulanie, sous la métropole d'Ausch,
dont il est encore suffragant aujourd'hui. Cette ville
est bâtie proche du Mas-d'Aire, autrefois cite consi-
dérable où Alaric, roi des Goths, avait établi son
séjour.
Auca, Oye ou Oyen, petite île et ancien monastère
de la Guienne.
Aucum. y . Auya.
Andomarensh, se, de Sl-Omer. Concile de St-
Omer en 1090.
Audomari Fanum et Audomaropolis , St-Omer,
ville éjjiscopale au pays des anciens Morins, à pré-
sent en Al tnis. L'évéché fut c-éé lorsque la ville
fais:*ii partie des Pays-Bas espagnols, en l'an 1355;
elle poriaii anciennement le nom de Silien , qu'elle
changea pour celui d'un saint ermite i|ui vivait et
mourut dans les environs. On y voyait l'abbaye de
St-lierlin, splendide monument de l'architeclure go-
thique ; l'égli e était surtout d'une hardiesse et d'un,
travail admirables. Ce beau ninnumeni ii'exisie plu8>
un en a, dit-on, fait une halle. St-Omer actuelle-
39 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
70
meut fait partie du dinccse d'Ârras et du départ.
du Pas-de-Calais.
Auilomaropoiiianus, a, um, de Ponteau-de-mer ou
Pdi't-Aiidcmer, an diocèse d'Evreux. Concile de Ponl-
Aiidenier en 1279.
Auga, Eu, ville et ancien comté, diocèse de Rouen,
Seine-Inférieure.
Augia, OU', abbaye de filles, en Souabe.
— Dives , Rei< kiiaw , autre abbaye aussi en
Souahe, prés de Constance. C'était une ahbaye de
Bénédictins fondée dans une petite tie <lu lac de
Zell, qui communique à celui de Constance. L'ab-
baye de Reichenau ou Reicknaw était importante
par le nomiire et l'étendue de ses propriéiés. L'em-
pereur Gliarles le Gros , dépossédé de l'empire ,
n'ayant autour de lui que l'ingratitude, la misère et
l'abandon, y fut recueilli par le prieur, non comme
un prince, mais comme un mendiant ; il y mourut
bientôt et y fut inhumé en 888. On vnyait son tom-
beau dans l'église abbatiale encore avant la rérolu-
lion française. Cette église était un inonnment go-
lliique digne d'attention. Il ne reste plus rien, ni de
l'église ni de l'abbaye. Sa perte est considérable,
mais les lettres ont surtout perdu à la dispersion de
la bibliotbèque, qui contenait les m:iniiscrits les plus
précieux. Que sont-ils devenus? Ils jelter.iient au-
jourd'bui une grande clarté sur les faits si obscurs
pourncMis des viii«, ix«, x« et xi« siècles. Eu 1340,
l'abbaye fut incorporée au diocèse de Consiance ;
elle avait été attaquée ei pillée p:ir les calvinistes.
On ne saurait trop répéter conibieu le protestantisuie
a nui aux arts et aux lettres; c'est l'iconoclasme le
plus siupide et le plus barbare qui ligure dans l'Iiis-
loire du genre humain. Il y a deux villages du nom
de Reichenau, l'un en Bohême, dans le cercle de
Konigingrstz, et l'autre dans le canton des Grisons,
remarquable par un pont de bois d'une architecture
prodigieuse.
Augia Major, Mleszraw, autre abbaye du même
pays, près de Bréjenis, au côté oriental du lac de
Consiance.
Augum.\ . Auga.
Augnsia, Augsi, dans la basse Picardie.
— Aiisltirica. V. Aalurica.
— Auscionim. V. Anscii.
— Urachanmi. V. Bragn, t. II!.
Emerila, ou Emeritapax, Badajox, ville épis-
copaledc l'ancien royaume de Casiillu, en Esp.-.gne.
— Prœloria, Aost ou Aonsl, ville épiscopale en
Piémont. Aosic possède plusieurs monuments des
K'unains; c'est la patrie de saint Anselme qui,
tomme théologien, comme penseur, est un des per-
suimj^es émiuents du moyen âge. Aoste a le litre
de duché, qui est porté par un prince de la maison
de Savoie. C'est du reste, comme tnules les villes'
des Alpis, une localité pauvre et peu peuplée.
— /iauracoruiii, Augst, village près de Bàle en
Suisse, ancienne ville des Rauraqucs ou .Nuniacins.
Plaucus conduisit une colouiu romaine suu:- Au-
guste. Ses ruines sont près du Rhin, 7 à Skilom. de
Bàle, snr la rivière d'Ergctz. Augst était encore épis<
copale au v« siècle; l'évêché fui transféré à Bâie i
cette époque même.
Aiigusla Tiberu; — Tibenna, Ralisbonne, ville épis-
copale en Bavière.
— Suenionum. V. Soissons, t. III.
— Taurinorum, Turin , ville métropole et capi-
tale du Piémonl.
— Trevirum. V. Treviri.
— Tricastinorum. V. Urbs Trecensis, page 895.
— Veromanduorum ou Yiromandunruin, Ver-
mand, ancienne ville principale du Vermandois,
ruinée par les Huns, en 450. Au viii« siècle on fonda
un monastère snr ses ruines ; ce qui retint un peu
la population et donna lieu à un village de 1000 ha-
bitants, qui est un chef-lieu de canton du diocèse de
Soissons, départ, de l'iVisne. — St-Queutin, à pré-
sent capitale de la même contrée, inème diocèse,
même département.
— Vindelicoriim, Augsbourg, ville épiscopale en
Souabe, Bavière.
Auguiialia, Hagusiald, ville du Norihuwberland,
en Angleterre.
Auguitanus, a, umet Augutteiisis, se, d'Augsbourg.
I D'Aost. Trois ConCiles d'Augsbourg, en ~ti'2,, 9'oi,
1548.
Augusii'ii Sancd vicus, Saint-Augustin, paroisse
composée de piusieurs hameaux et autres habitations
isolées, formant une commune du départ, de Scine-^
ei-Marne, arrond. etcant. de Coulommiers, et dioc.
de Meanx. Les principaux de ces hameaux sont Bar-
gny, le Mesnil-sur-Bargny, Brie, Champ-Roger, et
paniedes Bordes : l'église est isolée sur une én^inence
avec un vieux château. Il se fait dans ce lieu un pèleri-
nage sous l'invocation de sainte Aubierge. On y re-
marque une chapelle antique et une fontaine très-
abondanie. La population de celle commune monte
de 13 à 1400 habiianis; son terroir est en terres dd
labour, en prairies et en vignes; une partie se trouve
en bois. Le ruisseau du Meldenson, formé des eaux
qui sourdeni de plusieurs étangs dms le dépari . de
la Marne, passe dans cette coiiitnune. L'église do
St-Auguslin est à 13i0 méires vers l'O. de Coulom-
miers, et distante de 54 kil. à l'E. de Paris, par la
route de Coulommiers. Poste aux lettres de cette v.ille.
I Saint-Augustin de Térouanne, abbaye régu-
lière (le Prémoniré-, dans l'ancien comté n'Ariois,
près la ville d- Térouanne, faisant partie de l'ancien
dioièsede St-Omer. Elle avait éié fondée, en 1151,
par Jlilon II, évêque de Térouanne, mort en 1169. Il
y avait placé des religieux du monastère de Selin-
court. Peu de temps après, Philippe, fils de Thierri,
comte de Flandre, y ayant mis le feu, son père nu-
mbna à celle abbaye dix livres de rente, monnaie da
Flandre, pour répar.iti(m du toit que soi, fils y avait
causé. Elle était une des plus considérables de l'or-
dre; Bon abbé assistait aux étals d'Artois. Celle alv
71
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
7a
baye ayait environ 20,000 liv. de revenu. Il ne reste
plus rien des bâtiments priniiiifs.
Aiiytistoboiia. V. Troyes, t. 111.
Auguslodunum , Autun, ville épiscopale en Bour-
gogne, département deSaône-et-Loire.
Augiisionemetum. V. Clermout, t. III.
Aitgusioriium. V. Poitiers.
Aulona, nom commun à plusieurs lieux. Valons,
tfvêché de l'exarcliat de Macédoine, daiani du V siè-
cle. Celle ville, située sur la côie dans la haute Alba-
nie, a un pnrt sur le golfe appelé Rodima', dans la
mer Adriaiique. Les Vénitiens la prirent en IG90 el
PaLandomièrent ensuite après en avoir ruiné les for-
tiûcations.
Aunetia, Alneiia, Âunay, Aunnay, ou Aulnay-leî-
Cbàienay, joli hameau situé dans la banlieue de Pa-
ris, entre les villages Plessis-Piquet et Cliâtenay,
dont il dépend, dans l'arrondissement de Sceaux, à
10 kil. sud-ouest de Paris. Ce hameau est placé dans
un site champêtre, au pied d'un coteau couvert de
bois, qui s'étend jusqu'aux bois de Meudon el de
Verrières, et offre, de ses hauteurs, les plus riches
points de vue. Aunay se compose de quelques mai-
sons de campagne et d'un petit nombre d'habitations
ordinaires; n)ais, s'il faut en croire la tradition, ce
hameau formait autrefois un village assez considé-
rable, et les guerres dont les environs de Paris ont
été le théâtre sous Louis XI et sous la ligue, auraient
réduit ce village à son état actuel.— Au sommet du
coteau qui domine et protège les habitations d"Au-
uay, on voit le Moulin Fidèle : ce moulin tient à une
propriété assez considérable. Plus bas, se trouve la
Yatlée-aiix~Loups : c'est un vallon étroit, complète-
ment entouré de bois, et célèbre par un èdilice sin-
gulier que M. de Cbâteaubriaml a fait revêtir des
formes gothiques, avec des créneaux, des meur-
trières, des fenêtres cintrées en ogive, et jusqu'à
l'antique poterne des vieux castels. Le parc, îrès-
beau, a été dessiné par l'auteur du Génie du Chri-
tlianisme, qui, dit-on, a essayé d'y reproduire quel-
ques perspectives de la Palestine. On assure que les
Martyrs ont été composés à la Vallée-aux-Loups.
Malheureusement cette maison de campagne, long-
temps l'objet d'une sorte de pèlerinage, a cessé d'ap-
partenir à son fondateur, dont elle a gardé le nom.
M. de Chateaubriand la vendit à un receveur géné-
ral; elle passa ensuite au vicomte Matthieu de Mont-
morency.—Les autres maisons de camp;tgne remar-
quables d'Auiiay sont celle de M. le marquis de Châ-
teau-Giron, où l'on trouve de très-belles eaux; celle
de M. le baron Acioque de Saint-André, et celle qui
fut possédée autrefois par M. le comte Lenoir de la
Roche. M»^ Lenoir de la Roche avait élevé, dans la
partie supérieure de son parc, un calvaire, un tom-
beau et divers accessoires religieux; de cette fonda-
lion, qu'elle avait consacrée aux Français morts pour
la pairie, il ne reste plus que la croix.— En iiU,
l:ibbayc de Saillie-Geneviève à Aunav exerçait un
droit de justice. iNicolas Gaillard, aumOaier de celte
abbaye, obtint, en 1022, d'y faire rebâtir une cha-
pelle, ruinée depuis longtemps. L'existence 'eceite
chapelle, l'exercice du droit de jusiife par les reli-
gieux de Sainte-Geneviève et le lieu coiHiu eniore
sous le nom de la Fosse-aux- Prêtres, sont peut-être
les seuls sujets de supposer que ce hameau ait été
anciennement un grand village. Une partie des eaux
du château de Sceaux venait des hauteurs d'Aunay
et du Plessis-Piquet.
I Aunay (fief d'). Ce lief, que la reine Blanche
avait achelé, en 1237 et 1238, de Hugues Tire), clie-
valicr, seigneur de Pois, s'étendait depuis le pont de
Pontoise, tout le long de la rivière, jusque vers
Epluches, Montarsis-Pierre-Laye et rAumône-Saiut-
Oucn. Ce fut sur ce fief que l'abbaye de Maubuisson
fut bâtie.
I Aunay, village du déparlement de Seine-el-Oise,
arrondissement et diocèse de Versailles, canton de
Meulan, autrefois du diocèse de Chartres, annexe de
la paroisse d'Epone. Sa population est d'environ -400
habitants, en y comprenant le hameau du Val-ii'Au-
nay et plusieurs maisons isolées. Le terroir de cette
commune est en labour, vignes et prairies; on y re-
cueille beaucoup de fruits. Aunay est situé dans une
vallée, sur la peiile rivière de Maudre, à 2 kil. de
Maule, où est le bureau de poste, et à 10 kil. vers
le sud-ouest de Meulan , sa distance de Paris est de
38 kil. à l'ouest par Maule et la route qui passe à Ro-
quencourt.
I Aunay-sous-.Auueau , village du déparlemenl
d'Eure-et-Loir, arrondissement et diocèse de Char-
tres. Son terroir est en labour, en prairies, en vignes
et en bois ; on y recueille beaucoup de fruits. Une
petite rivière, à laquelle le village donne son nom,
y fait tourner un moulin à farine. La population de
cette commune est d'environ 1,000 habitants, en y
comprenant celle des hameaux de Bretonvillicrs,
Helu, et des fermes de Cheneville et Malassis : une
maison nommée Grammont se 'Ustingue des autres
par sa construction. Aunay -sous-Auneau est à 5 kil.
au sud d'Auneau ; sa distance de Paris est de G4 kil.
vers le sud-ouest, par Dourdan et une chaussée joi-
gnant l'ancienne route de Chartres. On peut suivre
également le cîiemin par .Vblis. Poste aux lettres de
Gallardon, dont il est disiant de 1 1 kil.
Atinetum, Auneiitim el Aliieium, Aulnoy, prieuré
fondé près de Vincennes par les comtes palatins de
Brie el de Champagne; dès l'an 1168, il dépendait
du prieuré de Vincennes. 11 avait été ensuite uni au
monastère de Grammont. Le dernier religieux qui en
avait été pounu l'avait résigné à l'abbaye de Saint-
Denis en France. Le roi, par lettres patentes du mois
de janvier 1601 , confirma la réunion de ce prieuré
au couvent des Minimes de Vincennes, ci'nformémenl
à la bulle du pape Clément Vlll. Ces lettres patentes
furent enregistrées en la chambre des cumptes le
10 février 1605, et au parlement le 15 janvier pié-
cèdent.
i Aulnoy, village du départemettt de Seiae->el
75
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
li
Marne , arrondissement et canton de Coulommieis,
diocèse de Meaux. Il est assis sur «ne colline, dans
une situation agréable; ou y voit un cliàiean de
forme antique, flanqué de quaire tours , entouré de
fossés et jouissant d'une vue très-éienduo. Sur le haut
de celle colline est une source qui alimente une fon-
taine publique reslaniée par les soins du liaron Gau-
tier de Charnacé , alors m lire du lieu. Le cliàleau
du Ru est au bas de la colline. Ce château , auquel
le Ru-de-Uognon a fait donner le nom de Ru , est
entouré de fossés remplis d"e;i»x vives; le parc est
clos de murs et traversé par ce ru, qui, à peu de
distance, fait tourner un moulin à farine. — On
compte dans Aulnoy environ Ô60 hab., en y eom-
prejiant les hameaux de Villers, la Roche, Lefour-
chaud, 1 : Fayel , le Bas-Menil, la ferme du Haul-
Meiiil, et autres mai-ons isolées sous diverses déno-
minations. Au hameau de Villers eU une asse?, jolie
maison de campagne avec un petit parc; on remarque
à la Roche une soun c qui ne laril jamais, même
dans les plus grandes sécheresses ; elle donne sans
iiiterrupt on la qu^niilé d'eau suflisanie pour faiie
tourner le moidin, qui en est peu éloigne. Les prin-
cipales productions d'Auliioy sont eu grains, cl par-
lie en bois, vignes et prairies, ("es dernières, arrosées
par ie ru de Rognon, sont plantées de grands arbres
qui forment de belles promenîides. Ce vilhige esi à
3 kil. au N. de Coulonimiers , où est le bureau de
poste, et à 5C kil. de Paris.
Auraica cl Aurnsio. V. Arausio.
Aiiraicensis ou AureiensU, se, d'Âuray. V. Aureia-
tum.
Aurea, Vutlis, Orval nu Val-d'Or, monastère, prés
de Constance, en Suisse. | Airvaux, abbaye au dio-
cèse lie La Rochelle. C'était une abbayi; de Bénédic-
tins qui avait une église du viii'^ siècle, remarquable
par sa voûte et par sa longueur, comme toutes les
églises bénédictines en général. C'est aujomd'hui une
petite ville chef-lieu de canton du déparlement des
Deux-Sèvres, diocèse de Poitiers, qui a Leauconp
souffert dans les guerres de la Vendée, sous la révo-
lution.
Aurciacum et Auraicum, .\uray, ville du diocèse de
Vannes, département du Mofbihim avec un petit port
de mer sur le golfe du Morbihan, chef-lieu de can-
ton. Il y a une église dédiée à Noire-Dame d'Auray,
qui est un pèlerinage célèbre dans toute la Bretagne,
surtout depuis la révolution française. A celle épo-
que, les Bretons se dévouaient à Notre-Dame d'Au-
ray et se mettaient sous sa protection avant de pnr-
lir pour la guerre.
Aurélia et Auretiœ, arum. "V. Aureiiani
Aurelincentis, se, d'Orillac.
Auretiaaim, Orillac ou Aurillac, ville et abbaye
dans la haute Auvergne, diocèse de St-Fiour, chef-
lieu du département du Canial. Aurillac a vu naître
le pape SilveMrcU, connu sous !e nom de Gerberl,
au|uel on a élevé une siaïuc, et le cardinal de .\o..il-
Diciio.NN\ii;>i DK GÉOGKiruiE eccl. 11.
les ; elle a une population de plus de 12,000 habi-
tants.
Aurelianensis, se, d'Orléans, qui est du territoire
d'Orléans, qui appartient à Orléans. Sept conciles
d'Orléans, en 511, 533, 538, 541, 549, 645, 1017.
Aureiiani, orum et Aurelianum, Orléans, ville épis-
cnpale et principale de l'Orléanais, département du
Loiret.
Aurelianum, Lintz, ville très-forte de la haute Au-
triche sur le Danube, à 160 kilomètres de 'Vienne.
Aiireli mus, a, «ni; de la ville d'Orléans, qui est
d'Orléans.
Aurcus Lucus elAurilacum. V. Arœ Lucus.
Auriliaci'nsis et Auritiacum. V. Aurelincensii , etc.
Auriniacnm, Origny, abbaye dans la Thiérache,
ancien diocèse de Laon.
Awio et Aurionenae monasterium, Evron, abbaye
au Maine, petite ville du déparlement de la .Mayenne
au diocèse du Mans, à 23 kilomèires de Laval, au
nord-e-i. il y avait une abbaye de Bénédictins.
Aiisrensis, se, d'Aiich, du territoire d'Auch, de la
province d'Auch. Deux conciles d'Aucli, en 1068,
!279.
Auscii, ornm, Auch, ville métropole en Gascogne,
déparlement d'j Gers.
Auscitunus, a, um, de la ville d'Auch. Deux con-
ciles d'Auch, en 1300, 1338.
Ausonensis, se, de l'Ausonie, Ausonien. Concila
d'Ausonie en lOSS.
Ausonia, l'Ausonie, ancienne contrée d'Italie vers
le pays des Sabins.
Aiisterbanium , Ostrevant ou Ostrebanl, contrée
entre l'Anois, le llainaut et la Fbndre.
Aiisirasiii, l'Ausirasie, tout le p;iys depuis la Lor-
raine jusqu'au Rhin et à l'Escapt. J royaume d'Aus-
trasle.
Austrasii, orum, les peuples d'Awstrasie
ylustregisi/i (S.), Ecclesia de Castro, Sl-Oulrille-
du-Château, en Berry.
Auiilria, l'Autriche, province d'Allemagne, empira
d'Autriche.
Autevernum ou Ateernum, .Auteverne, village dans
l'ancien diocèse de Rouen, et maintenant dans celui
d'Evreux ; c;inion de Gisors, arrond. des Amlehs,
départ, de l'Eure. Popul. environ 300 habilants. Les
principales productions de cette commune sont eu
grains. On y remarque une ferme, autrefois forlc-
resse bâtie par les Anglais dans la guerre de Gu I-
laume le Conquérant ; elle servit à défendre la ligne
de la rive droite de l'Epte. Le château de Boisdé-
iieniets, appartenant au marquis de ce nom, est une
dépendance de ce village ; le parc, de la contenance
de 175 arpents, divisé en deux parties, bnrJe h
grande route de Paris à Rouen ; il est enclns de si:-
perfaes murs bâtis en colonnes de briques et cailloux;
ces murs forment une enceinte de près d'une lieue
et demie, qui renferme de très-beaux bois de liaule-
futiie et laillis; un conduit en pierres de tailles que
le marquis de BoisdéiicniclB père, lientenant-géné-
3
75
DlCTrONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
76
rai, à fait construire, amène au cliâleau de belles
eaux vives provenant d'une source située sur la côie
du village, Auteverne est à 3 kil. vers l'O. de St-
Clairetà 12 au S.-O. de Gisors; sa disl. de Paris
est do 67 Itil. au N.-O., par la grande roule de Rouen.
Poste aux leit. de Le Tilliers-en-Vexin, dont il n'est
distant que d'un kil. environ.
Authura. V. Autura,
Aiithurum, Auihou, paroisse de l'ancien diocèse de
Chartres, aujourd'hui de celui de Versailles, canton
de Dourdan, arrondissenienl de Rambouillet, dépar-
tement de Seine-et-Oise. Ce village, dont le cliàleau
a été démoli en 1813, estpiès de la cliau-sée qui
conduit d'Angerville à Dourdan. La maison de cam-
pagne et la ferme d'Héiouville en sont une dépen-
dance. La population d'Autliou est d'environ 700 ha
bitants, en y comprenant le hameau du Plessis-Sninl-
Benoît, qui en fait pariie. Son terroir est en labour,
tine partie en bois. Ce village est à 8 kil. vers le sud
de Dourdan, à 16 k 1. à l'ouest d'Etampes, et 62 de
Paris, entre le sud ei le sud-ouest, par Dourdan ,
poste aux lettres de celte ville.
I Aulhou, peliie ville du diocèse de Chartres ,
chef-lieu de canton , arrondissemeni de Nogcni-le-
Rolron , déparlement d'Eure-el-Loir. Population
1,300 habitants environ. Il y a des fabriques de ser-
ges, droguets et étamiiies. Si distance de Paris est
de 120 kil., de Nogent-le-Rotrou 16 kil. Aulhou a
quatre foires par nn, il y a un bureau de poste.
Autissiodonim et Auirica urbs, Auxerre, ville épis-
copale en Bourgogne.
Autrechium ou Autrecina, Autrèches, village du
diocèse de Beauvais, canton d'Attichy, arrond. de
Compiègne, départ, de l'Oise. Popul. environ 800
habitants, à i kil. de Vic-sur-Aisne, où est le bureau
de poste.
Aulrica urbs. V. Aulissiodorum.
Aulricum. V. Caniotum.
Aulricus Mons. V. Mons. | V. Atricus.
Autura Fluvius, l'Eure, rivière de France qui prend
sa source vers les confins du diocèse de Séez, dé-
partement de l'Orne, dans la forêt de Logny, entre
Nully ei Lalande, et se jette dans la Seine un peu
au-dessus de Pont-de-l' Arche; elle porte bateau de-
puis Maintenun. Elle donne son nom au département
de l'Elire et à celui d'Eure-et-Loir.
Auxie)i$is et Auxilnnus. V. Auseientis. etc.
Auxuenna, Sainie-Meiiehoiild.
Aiixuma et Aiixitinum, Axumo, Cassumo, Xumale,
Auxuine, Chnxume, tous noms d'une même ville,
autrefois capitale de l'Ethiopie, 5 pré-ent ville ruinée
au royaume de Tigre, dans l'Abyssinie.
Auio, Sl-Saphorin, en Daiiphiné, ou Sl-Sympho-
J-ien d'Ozou, bourg au diocèse de Grenoble, chef-lieu
de canton an pied d une colline.
Avalo, Avalonensis. V. Aballo.
Celle ville, dont on trouve aussi le nom écrit de
celte manière, Avallo, Avallon ou Avalon, suivant
quelques géographes, déjendail de l'évêché d'Aulun
avant le concordat de 1801. C'était la huitième ville
qui députait aux états de Bourgogne, et qui nom-
mait aussi à tour de rôle le premier alcade. Si-
tuée sur la petite rivière du Cousin, cette ville est
très-ancienne, car il en est fait meniion dans riliné-
raire d'Antonin et dans la Table de Peutinger. Au
x" siècle, elle éiail fortifiée, d'après les chronique?
du temps. Avallon n'avait qu'une seule paroisse,
l'église de Saint-Pierre. L'église de Saint-Julien, bâ-
tie au milieu de la ville, n'était qu'une annexe. Elle
a été démolie dans le cours delà révolution. L'église
paroissiale de Sainl-Marlin avait donné son nom au
faubourg où elle est située. L'égli-e collégiale, sous
l'invocation de Saint-Lazare, fut fondée en l'ainiée 846
par Gérard de Roussillon, comte de Nevers : son
chapitre se composait de douze chanoines et d'un
chapelain. Les canonicats valaient 1,200 livres. Le
portail de celle église, par ses colonnes torses d'un
genre bizarre et d'une extrême délicatesse, offre, si
nous pouvons parler ainsi, une excentricité de l'ar-
chileclure gothique. Les diflicultés et les mille dé-
tails de l'exécution font le plus grand honneur à la
patience et au génie de l'artiste. Mallieureusenient,
la vill ' d'Avallon ne s'est p' int montrée bonne et fi
dèle gardienne de ce prccieux travail. Les Pères de
la Doctrine Chrétienne, institués en lOGi, occupaient
le collège où ils ont laissé une réputation universi-
taire. Les Minimes y avaient éiahli un couvent de
leur ordre en 1607, les Capucins en 1653, les Ursu-
lines en 1629, et les Visilan<line«, ou les filles de la
Visiiaiion de Sainte-Marie en 1C46. Les Ursulines
avaient un peni^lonnaiel apprenaient à lireet à écrire
aux jeunes filles des indigents. — La ville, dans
une plaine fertile en grains, est à 4 kl. des vignobles
qui produisent les vins renommés de son territoire,
à peu de distance de la rivière de la Cure, et sur le
bord septentrional du Cousin, qu'elle domine par un
escarpement pitioresque; d'autres escarpements plus
pittoresques encore se motitreni sur la rive opposée.
Les sinuosités de la rivière et de l'étroit vallon
qu'elle arrose, les sombres masses de granit qui s'é-
lèvent de p:irt et d'autre, enfin le ion sauvage et bo-
cager qui règne dans toute la perspective, égayée
vers une extrémité par la jolie maison des Panais,
rappellent quelques paysages des cantons de Berne
et de Fribourg. On croit voir un coin de la Suisse au
milieu de la France. Celle ville est régulièrement
bàiie; ses rues sont larges, propres et bien percées;
elle possède plusieurs jolies promenades, dont celle
appelée le Peiit-Cotirs offre aux yeux les sites les
plus agréables. Les hauteurs voisines de la rivièrff
du Cousin sont garnies de pointes de rochers qui
percent au milieu des bosquets et à travers la ver-
dure ; des jardins en terrasses paraissent suspendus
sur le pe:ichaiit des collines. An delà de là vallée
fort éiroiie où coule le Cousin, s'étend une grande
plaine assez bien culiivée et terminée par d'immenses
forets qui ferment l'horizon. En 1823, on fil des
fouilles dans un villag ■ près d'Ava'lon qui fournirent
\
77
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 78
deux slalues de pierre à peu assassinée par les enfanis du premier lii de saim
les objets suivants : 1"
près dans leur entier ; Tune parait représenter un
sacrilicaleur, l'autre un chasseur nu : la tète de la
première a été retrouvée; on espérait découvrir
celle de la seconde ; 2° plusieurs fragments en pierre,
dont trois têtes, et de beaux fragments en marbre,
particulièrement la tète assez bien conservée d'une
statue de Minerve ou de Rome-Déesse; 3° quelques
débris d'une inscription insuffisants pour la rendre
intclligilile ; 4* et 130 médailles environ, la plupart
de réplique de Constantin ; quelques-unes cependant
des Anliinins, dont deux en argent sont assez, bien
conservées. Le Cousin fait tonrner sept à huit mou
lins à farine, des moulins à foulon et à tan, et un
moulin à scie. Une papeterie ancienne est établie
sur celle rivière, quiestfurt poissonneuse. On fabri-
que à Avallon de gros draps et drogueis, merrain et
feuillette». Il y a plusieurs tanneries. Son commerce
consiste en grains , vin , bois de toutes sortes pour
l'approvisionnement de Paris ; en laines communes,
chevaux et bestiaux. La pop. est de 70u0 âmes. —
Avallon forme un arrund. du départ, de l'Yonne; il
renferme "0 commîmes et 45,980 hab.et se divise en
cinq cantons ; Avallon, Guillon, l'Isle-sur-le-Serein,
Quarre-les-Tombes et Vézelay. — Relais de poste
aux chevaux ; bureau de poste siiué sur la route de
Paris à Lyon, par Autun. Avallon est la patrie de La-
lare- .4ndré Bocquilloi, avocai, ensuite prêtre, auteur
de plusieurs volumes d'homélies et d'un traité sur la
liiurgie, né en 1648, mort en 17-28 ; de Jacques Boi-
leau, député à la convention nationale, décapité en
octobre 1795, âgé de 41 ans; de Pierre Bourbolle,
député à la convention nationale, né à Vauli, près
Avallon, décapite en juin 1795; et de C"Usiu d'Aval-
Ion, auteur d'un très-grand nombre d'ouvrages de
littérature.
Avallon est actuellement un archidiaconédu diocèse
de Sens. On y voit une bibliothèque de 15,000 vol.
et un liOpiial, fondation d'un président au parlement
de Dijon (Odeberl), remarquable par son architecture
cl par son étendue. Cette ville est à 50 kil. sud-est
d'Auxerre, et 21 G sud-est de Paris.
Avnlocium. V. Allocium.
Avarictim et Ararkum BiiHrkum. V. Bourges, t. IIL
Avedonenses , ium , le pays d'Aunis. V. Alnisium.
Aveuacim, Avenay, petite ville du diocèse de
Reims canton d'Aï, départ, de la Marne, sur un
ruisseau, à 4 kil. de la rive droite de la Marne. La
population est de ISd» habitants environ. Il se fit
à Avenay un oomnierce d'exfel'enis vins de Cham-
pagne, rougfs et blancs. — Il y av;iit près d'Avenay
une rélèbre ahliaye de filles, de l'ordre de Saint-
Benoit, sjinée diins une vallée connue sous le nom
d'Aure. Cette maison jouissait au moins de 2.5,000
li». de rente ; la communauté était ordin lirement
composée de 40 religieuses. Elle avait été fondée par
sainte Berthe, femme de saint Goniberi, maire du
palais. Celte sainte fondatrice en fut la première ah-
besse : elle mourut d'une mort violente, car elle fut
Gombert, son époux, en haine de ce que leur pèrç
avait employé la meilleure partie de ses biens ii fon-
der des monastères et à donner à sainte Berihe de
quoi fonder rieheineul celui d'Avenay. C'était l'ab-
besse d'Avenay qui nommait aux six canonicats dont
était composé le chapitre de l'ésîlise collég. établie
dans la ville d'Avenay. Cette abbaye était une dec
plus belles maisons religieuses du royaume, et son
encloi un des plus vastes et des mieux disposés.
Avenay est à 6 kil. de la ville d'Epernay, et à 116
de Paris.
Avendum et Avendumm. V. Remiremont, 1. 111.
Avenio, Avignon, ville métropole et principale du
comtat de Venaissin, dans les enclaves de la Pro-
vence, dépendant di.i saint-siége. Elle était comprise
dans la province Viennoise de l'exarchat des Gaules.
Cédée au pape en 1548, par Jeanne, comtesse de
Provence, reine de Naples, Sixte IV l'érigea en ar-
chevêché en 1575, et permit à ses chanoines de por-
ter le rouge comme les cardinaux. Les papes y ont
séjourné depuis 1507 jusqu'en 1570; ce qui a en
quelque sorte amené le grand schisme d'Occident.
Le premier pape qui s'y établit était un français,
Bertrand de Gut, archevêque de Cordeaux, qui prit la
nom de Clément V; et le dernier qui en sortit pour
retourner à Rome fut Grégoire XI. Le palais des
papes, bàli par Jean XXII, monument étonnant de
l'architecture du xiv siècle et qui aurait dû être
respecté et conservé, a perdu tout son caiacière
d'originalité, ayant été affecté au casernement delà
cavalerie. Le célèbre pont jeté sur le Rhône, dont
la coiistruciion primitive, attribuée à saint Bénezet,
était devenue proverbiale même dans les-cliansons
du peuple, a disparu avec ses lOaiches. Avignon,
chef-lieu du département de Vaucluse, est resté ar-
chevêché, avec Mimes, Valence, Viviers et Montpel-
lier pour suffragants.
Aveniotiemis, se, d'Avignon, qui est d'Avignon.
Sept conciles d'Avignon, en 1209, 1210, 1270, 1279,
1282, 1520, 1357.
Avennacum, Avenay, bourg au diocèse de Reims
déparienient de la Marne, qui avait une riche abbaya
de Bénédictins de fondation royale. Il y a deux vil-
lages de ce nom en France, l'un au diocèse de Be-
sançon et l'autre au diocèse de Bayeux.
Aventicensis, se, d'.\venches.
Avtntkum, Avenclies, ville autrefnis célèbre, co-
lonie romaine sous Vespasien, près du lac Morat,
elle faisait partie de la Maxime Séijuanaise, dans
l'exarchat des Gaules. Elle l'ut d'abord i uinée par
les ('■ermains sous l'empereur Gallien.puis par Attila.
Rebâtie par les Bourguignons, elle lut de nouveau
ruinée .à la iiii du vi« siècle, et son évêché transféré
à Lausanne, en .591.
Averbodium, Everbeur, ancienne abbaye au dio-
cèse d; Malincs, en Belgique.
Aierwim, Avernes , village de . ancien diocèse de
Rouen et acinellement de celui de Versailles, canlor
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
79
de Marines, arrond. de Ponloise, départ, de Seine-
el-Oi?e. L:i lerre d'Avernes , ancien marquisat , est
possédée par une branciie de la maison de Montmo-
rency. Le parc, tenant au château, est d'une éten-
due de 40 arp. Dans ce village est une maison de
campagne où deux sœurs dites de Saint-Lazare sont
établies pour l'assistance des malades et l'éducation
des jeunes filles. La pop. d'Avernes est d'environ 400
hab., y compris le hameau de Feul.nrde, où se trouve
une tuilerie. Les principales productions de son ler-
.'oir sont en grains ; une partie est en bois. On y
trouve une carrière de pierres de taille el moellons,
et deux sources d'eau vive , l'une très-abondante ,
nommée la Doye, el l.'auire la Poreuse , forment en-
semble un ruisseau, nommé l'Aubette , qui fait tour-
ner deux moulins de cette commune, et plusieurs
antres jusqu'à Meulan, où ce ruisseau se jette dans
la Seine. Le village d'Avernes est à 10 kil. vers le
S.-O. de Marines ; sa distance de Paris est de ii kil.
su N.-O., par la grande route de Rouen. Poste aux
lettres de Meulan.
Avesiiœ ou Aveiinœ, Avesnes, petite ville forte du
diocèse de Cambrai , chef-lieu d'arrondissement
du département du Nord. Elle est située dans une
contrée fertile, sur l'Helpe majeure, à 1-2 kil. de son
embouchure dans la Sambre. Elle est généralement
Iiien bâtie el lorliliée d'après le système du célèbre
Vauban. La ville d'Avesnes existait dès le xi' siècle.
Elle avait donné son nom à des seigneurs qui étaient
comtes de Hainault , de Hollande et de Zélande.
Louis XI la prit et tit passer tous les habitants au fil
de l'épée, à l'exception des notables, au nombre de
17. En l.jo9, les Espagnols s'en rendirent maîtres ;
elle fut enfin cédée à la France par le traité des
Pyrénées, en 1659. Il y avait à Avesnes un bailliage
royal, un bailliage des bois et prévôté pour la terre
et prairie d'Avesnes, une église collégiale, un cou-
vent de Récollets, un couvent de Récollellines ou
RécoUetles, un hôpital, une maréchaussée, un bureau
de cinq grosses fermes, etc. Le bailliage royal avait
été établi par édii du roi en 1661 ; il était composé
d'un lieutenant général, d'un procureur el d'im avo-
cat du roi. Le ressort de ce bailliage comprenait la
ville et la terre d'Avesnes; il connaissait par appel
des sentences rendues aux tribunaux particuliers de
Philippeville et de Mariembourg. — Le chapitre de
l'église collégiale de la ville avait été fondé le 10
avril 1554, i)ar Louise d'Albret, veuve de (Charles de
Crouy, princesse de Cbiniay et dame d'Avesnes. Il
était composé d'un prévôt, d'ufi doyen, d'un curé et
de douze chanoines, qui étaient tous à la nominaiioii
du roi , à la réserve du prévôt, qui était élu jar le
chapitre. Chaque canonicat valait environ 43J livres
de revenu; les digiiiiaires avaient quelque chose de
plus. — L'église est un bâtiment plus solide qu'élé-
gant. Elle est surmontée d'une lour de 500 iiieds de
haateur qui renferme un beau carillon. On voyait
dans le chœur le mausolée de la fondatrice, qui était
de marbre noir, avec des figures et ornemenis de
marbre blanc. Louise d'Albret était représentée à ge-
noux devant le saint sacrement ; sa statue était d'un
très-beau marbre. Il y avait dans cette église une an-
cienne confrérie, sous le nom de Saini-Jean-Baptiste,
composée d'un roi, d'un maître, d'un connétable et
de plusieurs confrères. Celte confrérie avait été éri-
gée en compagnie de chevaliers de l'arquebuse par
lettres patentes du roi, en décembre 1715. Ces che-
valiers tiraient tous les ans, ta veille de saint Jean-
Baptiste, à l'oiseau avec des fusils ; il y avait un prix
pour celui qui était roi. Les bourgeois jouissaient de
quelques privilèges assez considérables, qui leur
avaieni été accordés en différents temps, entre autres
du droit de chasse et de pèche , de la liberté de
prendre du bois de charpente et de chauffage dans
la forél de .Morinal, etc. Ces mêmes privilèges leur
avaient été conservés eu passant sous la domination
française, et confirmés, en 1717, par le duc d'Or-
léans, alors régent du royaume. — Les Russes s'em-
parèieut d'Ave^ies en 1814, et les Prussiens le 21
juillet 181-'), après deux jours de siège, et par suite
de l'explosion d'une poudrière qui détruisit presque
toute la ville. Elle a éié rebâtie en moins d'un an.
Le climat du pays d'Avesnes est froid, el son terroir
rude et ingrat. Les terres labourables n'y produisent
gutre autre chose que de l'orge, de l'avoine, des pois
et de la vesce. Le froment y vient difficilement ; d'un
autre côté, les fruits, comme pommes, poires, prunes,
cerises, y croissent en abondance; il s'y fait aussi
de grandes récoltes de houblon. Il y a des fabriques
de bonneterie, de laine, de genièvre et de savon vert,
de nombreuses brasseries ; des raffineries de sel, des
tanneries et des briqueteries. Aux environs sont des
mines de fer, forges, hauts-fourneaux, clouteries el
verreries. Le commerce d'Avesnes consiste en grains,
fruits , houblon, bestiaux, fromage dit de Maiotles,
quincaillerie, fil de fer, clous, tôles, cuir, ardoises,
charbon de lerre, bois de charpente, cendre, fossi-
les, elc. Celle ville est à 96 kil. S.-E. de Lilie, 58 E.
de Cambrai, 56 S. de Mons, 200 N.-E. de Paris. Sa
pop. est de 5,150 hab.; son arrond. renferme 167
communes et 41, .'587 hab. ; il est divisé en 10 cant. :
Avesnes (2 cant.) , Davai , Iterlaimont, Laiidrecies ,
Maubeuge, le Quesnoy (2 cant.),. SoIre-le-Chiteau et
Trelon.
Avieium. V. Le Puy en Vélay, t. Il(.
Aviensis, se, d'Abie.
Avmum, Avisia, Avize, ou Avise, doyenné du dio-
cèse de Châlons sur-Marne, chef-lieu de canton, dé-
partement de la Marne, à 24 kil. de Châlons. On y
récolte d'excellents vins inousseu.v, dont les habiiaiils
font un grand commerce. C'est dans ce bourg que se
trouve le bureau de l'entreprise Nichols et compa-
gnie pour la vinification. Il s'y lient deux foires pat
an. Population 1,500 habitants environ. Bureau de
poste d'Epernay.
,4i'i;i Sancli Vicus , Saini-Avil ou les Guépière.= ,
paroisse-du diocèse de Chartres, qui a reçu son pre-
mier nom de saint \\a, soliiaiie el apôtre dan> 1»
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
BI
pays. Elle est du canton de Brou, arrondissement de
Châteaudun , dé|wrtenient d'Eure-et-Loir. Il existe
dans cette cununune, sur le bord du chemin d'Illiers
à Bonneval, vis-à-vis le moulin de Quincainpois, sur
la rive gauche du Loir, un monument celtique irès-
remarrjuablc. Ce monument, qui paraît avoir été an-
ciennement destiné aux sacriGces iiuinains , est
composé de irois grosses pierres brutes , dont les
principales ont jusqu'à 9 et 10 pieds de longueur;
elles sont élevées sur d'au(res moins volumineuses,
et disposées de manière à ce que les victimes pussent
facilement être placées, soit pour être brûlées dans
des mannequins où on les enfermait avec des ani-
maux vivants , ou pour être précipitées sur des pi-
ques plantées au bas de la plus élevée de ces pierres.
— La populaiion de Saint-Avit est de 730 habitants
environ. Bureau de poste d'Uliers, dont il est à la
dislance d'une lieue.
Avium, Âbie, dans l'Âbruzze ultérieure, en Italie.
Axiacum, Aissé, en Limousin.
Axima, St-Jaquème, en Tarentaise, Savoie.
Axona, l'Aisne, rivière de France qui prend sa
source au village de Soulleirs, près Bar-le-Duc, dio-
cèse de Verdun, reçoit le Veaux à Retbel, passe à
Chàteau-Porcien, où elle commence à éire naviga-
ble; passe à Neufchàlel, s'approche de Jailly, tra-
verse ensuite Soissons et va se jeter dans l'Uise, uo
peu au-dessous de Compiègne.
B
Babœ Mont, Babemberga, et Bamberga, o'après l'ab
bédé Commanville:Bamberg, ville delà Franconie,
qui a occupé une place dans la géographie ecclé-
siastique du moyen âge; elle dépendait de la métro-
pole de Mayence. L'évêché y fut érigé par Benoît VIII,
nioyennani nne certaine redevance envers le saint-
siège ; mais l'empereur Henri l'en fit décharger peu
après, en donnant au pape le duché de Bénévent.
Le pape Clément II fit cet évêché exempt. Le do-
maine de l'évêque comprenait plusieurs villes; il
était prince de l'Empire, et avait les mêmes ofliciers
que l'empereur. Voir au mol Bamberg pour les chan-
gemenis occasionnés dans la position de celle ville
par les révolulions modernes.
Bacaudarum Cattrum Vetut, le Vieux Chàleau des
Bagaudes, à présent St-Maur-les-Fossés , à 8 kilom.
de Paris.
Le territoire de St-Maur-les-Fossés, appelé ainsi à
cause des fossés qu'on y avait creusés pour en faire
une île, en y faisant passer un bras de la Manie, est
situé sur l'isibme de la péninsule qui forme le cours
de celte rivière. Tous nos anciens historiens assu-
rent qu'au milieu de ces fossés il y a eu un château
qu'on appelait Castrum Bagaudarum, Château des Ba-
gaudes. Un moine du w siècle, qui vivait au monas-
tère des Fossés, prétend avoir vu les restes des mu-
railles de ce château , et il affirme que ces ouvrages
furent élevés par Jules César, et que ceux auxquels
il en confia la garde s'appelaient Bagaudes, d'où est
venu Caj/riim Bagaudarum. L'abbé Leboeuf prétend
au contraire que le< Bagaudes ne commencèrent à
paraître que 500 ans plus tard, sous Dioclélien et
Maximien ; c'étaient des Gaulois insurgés contre le
gouvernement romain, auxquels s'associaient des
soldats révoltés qui menaient la vie de brigands.
Quoi qu'il en soit, il y avait dans la presqu'île des
Fossés un temple au dieu Sylvain et un collège de
prêtres consacrés au culte de celle divinité païenne,
ainsi que le prouve une inscripiion découverte en
4725. Un diplôme de Clovis II , roi des Francs , et
daté de l'an 058, donne à Blidégisile, pour y fonder
un monastère, une forteresse, casie/Zionum , appeée
des Kossés, qu'en langue vulgaire on nomme Cai-
trum Bagaudarum, Château des Bagaudes. Si l'exis-
tence de ce diplôme, qui porte, du reste, comme
tant d'autres , d'incontestables signes de fausseté, ne
prouve pas irréiragablement l'existence du château
des Bagaudes, il atteste du moins que celte appella-
tion est fondée sur une tradition fort ancienne. Ca
monastère devint une abbaye de Bénédictins, qui fut
sécularisée en 1553 et occupée par des chanoines
qu'on réunit plus tard au chapitre de Saint-Louis-du-
Louvre à Paris. L'abb.iye portail le nom de Sl-Maur,
paice que les reliques de ce saint, premier discipla
de s:iiiit Benoit, y avaient été déposées lors des in-
vasions des Normands. II n'en reste plus de traces.
Sl-Maur est devenu une peiiie ville de fabriques, et
le canal qui la traverse la rend très-industrielle.
Badœ, arum, Bada ou Vaga , suivant l'abbé de
Commanville, et Vada seidemeni, d'après le P. Cliar-
les de St-Paul , ancienne ville épiscopale de la Nu-
midie , dont il ne reste aucun vesiige
Bagmum, ou Bagacum, Ray ay, petite ville du dio-
cèse de Cambrai, arrondissement d'Avesnes, chef-
lieu de canton, département du Nord, à 24 kil. nord-
nord-ouest d'.^vesnes, et 20 sud-sud-ouest de .Mons,
est d'une haute antiquité. Elle était lecbef-lieu des
Nerviens, peuple considérable de la seconde Belgique.
Les Romains y avaient conduit les eaux de plusieurs
fontaines qui se trouventdans le village de Floresies,
à environ 20 kil. au midi vers le levant de Bavay.
Ces eaux devaient è;re portées sur un aqueduc à
travers la livière de Sambre. Bavay doit avoir été
un lieu de très-grande importance, puisque toutes
les grandes roules ou chaussées romaines y aboutis-
saient. Une de ces chaussées conduit à Maésiricht
et à Cologne par Tongres: une autre, à Reims; une
troisième, à Soissons ; nne quairièuie, à Amiens,
qui est continuée de là jusqu'à Montreuil ; une cin-
quième, à Mardick, en passant par Valenciermfs et
Tournay; une sixième, à Ulrecht; une septième, à
GaniJ. On y trouve en plusieurs endroits des cail-
loux et des pierres à fusil, qui doivent y avoir été
apportés de bien loin. Ces chaussées furent faites du
S5
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
84
temps d'Augusle par Agrippa, lanl pour occuper les
Mgioiis romaines que pour faciliier la marche des ar-
mées et la coniluiie des vivres. Il paraît qu'elles
étaient tirées à la ligne autant que possible, et assez
élevées au-dessus du terrain. Bruneliaut, reine d'Aus-
dans un endroit soliiaiie; elle est sous le litre de
Saint-André apoire. Les fondements en sont sans
doute anciens; mais elle a été si souvent réparée et
replâtrée, qu'on n'y connaît plus aucun vestige des
siècles reculés. Elle eut pour curé Jehan B nneau,
trasie les fit réparer presque toutes environ GOO ans grelfier de la chambre ecclésiastique, aumônier d'E-
après leur première cunsiruciion, et c'est pour cela
qu'on leur donne presque partout le imm de clians-
sées de Brunehaut. On voit encore à Bav.iy les tra-
ces d'un cirque et les restes d'un aqueduc, et on y
a trouvé beaucoup de médailles et d'autres antiqui-
tés. Une colonne à sept pans, élevée dans la place
publique, indique les anciennes chaussées qui abou-
tissaient à la ville. Bavay est située dans une contrée
très-fertile. On y fabrique des instruments aratoires
et de ferronnerie, platines de fer, pelles, poêles à
frire, clous, chaînes, bonneterie, fil et poterie de
tienne de Poncher, évè|uede Paris, et plus tard at-
taché à la personne du roi Cliarles Vil. Bunneau fut
assassiné le 13 juillet 1304, et inhumé dans l'église
de Baubigny.
Baldomeris Oppidum, St-Galmier ou Sl-Garmier,
dans le Forez, diocèse de Lyon, département de la
Loire. Cette petite ville tient son nom d'un ouvrier
serrurier de Lyon, qui se retira dans la solitude et
mourut en odeur de sainteté.
Baldomoiuium ou Beldomoiitiiim, Beaudemont, vil-
lage de l'ancien diocèse de Rouen, maintenant de
qualité. Il s'y trouve cinq tanneries et des fonderies de celui d'Evreux, arrond. des Anilelys, départ, de
fer et de cuivre. Son commerce consiste en grains, ■" ■
eaux-de-vie et bestiaux. Il y avait à Bavay un col-
lège occupé par les piètres de l'Oratoire, un couvent
de Récollets et une maison de religieuses pénitentes.
La population est de 2,000 habiianls environ.
Baivaria , la Bavière , province et duché en Alle-
magne au moyen âge, depuis électoral, et maintenant
royaume. V. Bavière.
Bajocœ , arum, Bayeux , ville épiscopale en Nor-
mandie, départ, du Calvados.
l'Eure, près de la rivière de l'Epie, a 12 kil. vers le
N.-E. de Vernon, où est le bereau de poste, et 66
kil. de Paris vers le N.-O. Cette terre est une an-
cienne baronnie. On y voit, sur une hauteur, les
restes considérables de foriifications et d'une car-
rière dont les pierres ont servi à la conslruciion de
l'abbaye du Trésor. La popul. de ce village est
d'onv. 130 liab., en y comprenant le hameau de Vil»
leacuve et les maisons isolées du petit Beaudemont,
Le terroir de cette conmiune est en labour, en bois,
Bajocassinum , le Dessin, contrée de Normandie en vignes et en prairies.
dont Bayeux est la ville princi;iale.
Bajocensis, se, de Bayeux. Concile de Bayeux, en
1300. Bajocense terriiorium. V. Bajocassinum,
Balancium. V. B. Balineacum.
Balbiniacum , Baubigny, petit village fort ancien
du diocèse de Paris, arrondissement de Saint-Denis,
à 7 kil. de Paris. La population est de 370 habilanis
environ. Les principales productions du terroir sont
en céréales. Bureau de poste de Pantin. Vers l'an
700, la dame Erraineihrude, dont il est souvent ques-
tion dans l'Hisioire de Paris, à cette époque, légua à
son cher fils la moitié de ce qu'elle possédait à Bau-
bigny et à Laiini, c'est-à-dire la moitié des habits,
des ustensiles de labourage et des bœufs. Simili
modo de Balbiniaco lam vesiis quam œrameii vel uten-
silia et de bovebus ex omniamedielatem sibi,dutcissime
fili, babe.re prœcipio (sic). Il y avait un château assez
joli dans ce village; il fut détruit eniièrement lors
desora^es révolutionnaires, et il n'en reste absolument
rien ; mais le pare existe toujours, et c'est au milieu
que jaillissent les trois sources du ru de Montl'orl,
que grossissent, avant de quitter le terroir de Bau-
bigny, deux autres sources. Il y eut deux fiels dans
la terre de Baubigny : l'un relevait de l'abbaye de
Saint- Denis, l'autre du seigneur de Livry. Le plus
ancien des seigneurs connus de Baubigny était un
gentilhomme conimcnsal de l'abbé Suger. Ce fut un
nerdrier de Baubigny qui, en 1362, tua le niaréclial
Saint-André à la bataille de Dreux. — L'église pa-
roissiale est au bout du village, du côté oriental,
Baléares insulœ, les Baléares , îles de la mer d'Es-
pagne dans la Méiliierrauée, qui ont joué un rôle
assez important au moyen âge et dans l'histoire ma-
ritime de cette époque. Dès le xiii<^ siècle, elles dé-
pendaient du royaume d'Aragim. Elles forment un
archipel vis-à-vis les côtes de Valence. Les Grecs les
appelaient tantôt Gymnésies, parce que leurs habi-
lanis étaient nus; tantôt Baléares, à cause de l'a-
dresse de ces mêuies liabiianls à manier la fronde.
Elles s'étendent du sud-ouest au nord-est, et sont au
nombre de cinq : Ivice, Formentara, Majorque, Ca-
brera et Minorque. Voir chacun de ces mots.
Balesium, Saint-Marc, dans la province d'Olrante
en Italie.
— Lupiœ, Saint-Corland, même province.
Balgeniiacensis, se, de Deaugency. Conciles d«
Beaugency en 1101 et en 1151,
Balgentiacum , Beaugency, ou Baugenci, petite
ville et arrondissement du département du Loiret,
sur la rive droiie de la Loire, à 2! kil. d'Orléans.
Elle avait le titre de comté. Elle appartenait et ap-
partient encore au diocèse d'Orléans.
Son origine est antérieure à l'invasion des Gaules
par Jules César; elle était déjà célèbre vers l'an
1100. Ce fut là que le cardinal Richard, légat, as-
sembla, en 1104, un concile pour donner l'absolu-
tion à Philippe l■'^ roi de France, qui vivait avec
n;rlrade de Monlfort, femme de Foulques le Recliii),
comte d'Anjou, après avoir répudié Berihe, bafeiimiet
GEOGRAPlllR DES LEGENDES AU MOYEN ÂGE.
B6
Raoul II, dernier seigiiem- de Beaugency, la vendit à
Philippe le Bel en 1291. Philippe de Valois la donna
à son fils Philippe l"', duc d'Orléans, en 1544. Elle
appartint ensuite pendant longtemps aux princes de
celle maison. Outre le concile de Beaugency dont
nous avons parlé, il y fut assemblé un autre concile,
en 1152, an sujet du mariage de Louis VU dit le
Jeune avec Éléonore de Guienne. Le concile, ayant
trouvé qu'ils étaient parents du 3« an i^ degré,
cassa et annula le mariage. Quelques écrivains pré-
tendent que le coraié de Beaugency avait pour sei-
gneur un nommé Simon, dès le temps du roi Chil-
péric, c'est-à-dire env. l'an 580. Il restait encore une
tour d'un château qu'on assure av(]ir été bâti par les
Gaulois, et qui a>ait été détruit par le temps et les
sièges que celle peliie ville avait soufferis, car le
voisinage d'Orléans l'avait exposée à autant de sièges
que cette dernière ville en avait essuyés. On voit à
Beaugency un châloau et deux hospices, où l'on re-
çoit les pauvres non-malades, les enfants et les vieil-
lards de la ville, au nombre de cent. Il y avait an-
ciennement un chapitre de chanoines réguliers de
l'ordre de Saint-Augustin, fondé par le seigneur de
Beaugency vers lltJO, sousle titre d'abbaye et sous
l'invocation de Notre-Dame. Il n'y avait plus, à l'é-
poque de la révolution, qu'un certain nombre de re-
ligieux, qui vivaient sous la réforme de Sainte-Gene-
viève de Paris. Le litre de l'abbaye était en com-
mende, aussi bien que la mense abbatiale, qui était
de 6000 liv. Le domaine de Beaugency appartenait à
la couronne. Cette ville est assez bien bâtie, dans un
teniioire fertile en vin, sur la croupe et le penchant
d'un coteau au pied duquel coule la Loire, que l'on y
passe sur un ancien pont de pierres, de 22 arches. A
5 kil. de la ville, sur la rive gauche de la Loire,
est une source d'eaux minérales. On y fait le com-
merce de vin et eau-de-vie, de blé et serges drapées.
La qualité des vins esl supérieure à la plus grande
partie de ceux d'Orléans. Il y a des tanneries pour la
fabrication des cuirs et peaux, des fabriques d'é-
toffes de laines et de chapeaux, un moulin à tan et
10 moulins à farine, pour la consommation de celle
ville et des communes environnantes. On trouve à
Beaugency des carrières de pierre calcaire, dont on
a construit les fondations de la cathédrale d'Orléans
et celles des ponts d'Orléans et de Tours. La popul.
de Beaugency est de 4,700 hab. env.
Batineacum, Balagny-sur-Aunetle, village du dio-
cèse de Beauvais, mais de celui de Senlis avant le
concordat de 1801 ; arrondissement et canton de
celle ville. Ce village, sitné sur l'Aunetie, petit ruis-
seau qui y fait tourner un moulin, est h i kil. N.-O.
de Senlis, et 44 kil. entre le N. et le N.-E. de Pari-;,
par Senlis et la roule de Flandre. Popul. env. 110
hab. Poste aux leil. de Senlis. Le terroir est en la-
bour ei en prairies. | Balagny-sur-Tlierain, village,
départ, de l'Oise, arrond. de Senlis, canl. de Neuilly-
en-Tliel, ci-dev. prov. de l'Ile-de-France etdioc. de
19 kil. de Senlis, à 21 kil. de Beauvais, et à 26 kil.
au N. de Paris, par Beaumont et la grande roule de
Beauvais. Popul. env. 500 hab., avec le hameau de
Perette. Post. aux leit. de Creil-sur-Oise. — Le vil-
lage de Balagny est situé sur le ïherain, rivière qui
y fait tourner un moulin à deux roues et arrose de
belles prairies. Il y a un beau chàlenu élevé dans le
milieu du village, près de l'église. La construction
est fort ancienne. Dans le parc, au milieu d'une
belle futaie, est une chapelle de la plus haute anti-
quité, où on honore sainte Maure et sainte Brigitte,
qui y ont été martyrisées. Le terroir de celle com-
mune esl en terres labourables, prairies et bois.
Balisa, Baise, en Condomois. Il y a une rivière Je
ce nom qui prend sa source dans les Hautes-Pyré-
tiées, forme deux branches qui se réunissent dans le
département du Gers. Celte rivière commence i êtrfl
navigable à Nérac, elle se jette dans la Garonne vis-
à-vis Aiguillon, département de Lot-et-Garonne.
BnUanum, Balleiitvm, Billancourt, Ballancourt on
Baleneourl, ancien diocèse de Sens , aujourd'hui de
celui de Versailles, arrond. et canton de Corbcil, à
12 kil. de celte ville, et 7>1 au S. de Paris, par une
route qui, aprés'avoir traversé Fonienay, se continue
par Mennecy et Lisses, et va joindre celle de Fon-
tainebleau. Popul. env. 700 hab., y compris le ha-
meau du Saussay et les maisons isolées dites la
Chapelle-Paleau. Poste aux letl. de la Ferlé-Alais. —
La terre du Saussay, propriété de la famille Cau-
daux depuis plus de 500 ans, est devenue plus con»
sidérable par la réunion faite, au moment de la ré-
volution, de la comnianderie de Malte, qui portait le
même nom. Le château, orné d'un parc très-agréable,
est entouré de fossés pleins d'eau vive. — Le terroir
de celle éommune esl en terres labourables, vignes
et prairies. — Balancourl formait autrefois un fief
que Louis XIV réunit aux terres du duc de Villeroi
en 1656.
Baltenvitlum, BalleviUium, Ballainvilliers, Ballen-
villicrs, autrefois Berlinvillier, Bellenviller, Bulan-
viller, Ballenviller, village du départ, de Seine-et-
Oise, arrond. de Corbeil, canl. de Longjumeau, ci»
dev. du dioc. de Paris, maintenant de celui de Ver»
sailles, à 2 kil. au S. de Longjumeau, peu éloigné de
la roule d'Orléans ; sa dist. de Paris est de 20 kil.
au S. parcelle roule. Popul. 450 hab., en y com-
prenant le château de Plessis-Sl-Père, ainsi que
partie des hameaux delà Grange-aux-Cercles et Vil-
lebouzin. Ce dernier hameau renferme un autre
château dans la partie de Longpdnl. — Ce village
tirait son nom d'un nomn)é Bellenus, qui y avait des
propriétés. Ce n'était qu'un simple hameau dans
le XII* siècle, relevant de Longjumeau, dont il fut
détaché en 1265, et érigé en paroisse par Renaud de
Corbeil, archevêque do Paris. ■— Le château de Ba-
lainvilliers appartenait, lors de la révolution, à Ber-
nard de Balainvilliers, maître des requêtes ; il a été
vendu et revendu depuis; il est aujourd'hui réduit à
Beauvais, à 12 kil. au N, de rieuilly-en-Thel, à un simple pavillon. La terre de Balainvilliers était
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
88
une ancienne baronnie. L'église, sous le litre de Si-
Jacques, n'a rien d'ancien qu'un vilrage. On y voyait
les restes de la tombe d'une dame représentée vêtue
d'une robe fourrée. — Poste aux lettres de Long-
jumeau.
BalU'um ou Balleolum, Bailleul-le-Soc ou Bailleu,
paroisse du diocèse de Beauvais, canton et arrond.
(io Clerniont-Oise, départ, de l'Oise, à li kil. vers
l'E. de Clerniont, et 66 de Paris vers le N. La popu-
lation est de iïOO habitants, y compris le liameau
d'Airaines et les fermes de Si Julien, Ëreuse et
Eloge-le-Bois. Ce bameau d'Airaines formait au
moyen âge une propriété seigneuriale. Les princi-
pales productions du terroir sont en grains et en
bois. Poste aux lettres de Pont-Sie-Maxence.
I Bailleul-sur-Tliéiain, paroiïse du diocèse et
arrond. de Beauvais, canton de Néville, départ, de
l'Oise. La population est d'environ 800 habitants
avec le hameau du Petit-Froidmnul, l'a ferme de Ca-
gneux et celle de la Vieille-Abbuye. Cette dernière
ferme est ainsi dénommée, parce que ses bâtiments,
au moyen âge, étaient ceux d'une ancienne abbaye.
Biiilleul esi situé sur la rivière du Thérain, qui y
fait tourner deux moulins. Le terroir de la commune
est en partie en labour et en prairies, et partie en
Lois; on y voil un cliàieau. La distance de Beauvais
est de 12 kil. au S.-E., et de Paris 58 au N. Le bu-
reau de poste est à Noailles.
Balliacum, Bazinville ou Bazainville, village de
l'ancien diocèse de Chartres, actuellement de celui
de Versailles, arrond. de Mantes, canton de Houdan,
départ, de Seine-el-Oise, à 5 kil. de Houdan, eu est
le bureau de poste ; à 48 de Paris. Il y avait un
prieuré qui n'est plus qu'une simple habitation. La
population est de 600 habitants CJiviron, y compris
les hameaux du Breuil , Gignunville, la Valléedes-
Goths, Bon-Avis, la ferme du Franc-Moreau et le
moulin du Giboulelsur un ruisseau. Les productions
du terroir de cette commune sont partie en grains,
et partie en bois et en bruyères.
Batlium, BaiUy, ancien fief situé sur la paroisse
de Champs, au diocèse de Paris et actuellement du
diocèse de Meaux, départ, de Seine-et-Marne. Il se
trouve nommé dans les registres de rarchevéché de
l'année 1628, à l'occasion de Charles le Roy, sei-
gneur de la Poterie et de Bailly, qui eut alors la
faculté de faire célébrer la messe in oratorio doimissuœ
infra limites parochiœ de Campis. Ce fief remontait à
une époque fort ancienne.
I Bailly, village de l'ancien diocèse de Chartres,
aujourd'hui de celui de Versailles, canton de Marly-
le-Roi, départ, de Seine-et-Oise. Il y a un château
et plusieurs maisons de campagne. Sa popul. est
d'env. 5-o0 hab., y compris deux fermes et deux
moulins à eau sous diverses dénominations. Le ter-
roir de celte commune est eu terres labourables,
une partie est en bois. Il y a une filature de coton.
Co village est, joignant la forêt deMarly, sur la roule
tte Maule à Paris, à 2 kil. au S. de Marly, 18 à l'O.
de Paris par cette roule, et à i de Versailles, où est
le bur. de poste.
I Bailly, village du diocèse de Beauvais, départ,
de l'Oise, arrond. de Compiègne, cant. de Ribecouri,
près l'Oise, à 8 kil. de Noyon et 58 de Beauvais. Po-
pul. 400 hab. env. Bur. de poste de Noyon.
I Bailly-Carrois, village de l'ancien diocèse de
Sens, actuellement de celui de Meaux, départ, de
Seine-ei-Marne, arrond. de Melun, canl. de Mor-
niant. Il forme unecommune de plus de 200 hab. avec
Taiicienne paroi^se de Carrois, les hameaux des
Loges, de Courmignousl, du Périchoy, de la Picar-
die, et plusieurs fermes isolées. On trouve un châ-
teau près de Carrois. Les principales productions de
son terroir sont en grains. Ce village joint la grande
roule de Paris à Troyes, à l'embranchement de celle
de Nangis à Rosiy, à 3 kil. vers le N. de Nangis.
Sa distance de Paris est de 56 kil. au S.-E., par la
roule de Troyes. Poste aux leil. de Nangis.
I Bailly-Romainvilliers, village du diocèse ei de
l'arrond. de Meaux, canton de Créey, départ, de
Seine-et-Marne. Le château avec son parc fui habité
par le célèbre marin de Tourville. La popul. de ce
village est de 550 hab. env., en y comprenant le
hameau de Romainvilliers et les maisons isolées
dites le Poncelel. Son terroir esl en terres laboura-
bles, en prairies et en bois. Bailly est a 8 kil. de
Lagny et de Crécy, et 31 à l'E. de Paris, par Jossi-
gny, Ferrières et une route qui passe à Croissy.
Poste aux lett. de Lagny.
Balma, Baume-les-Nonnes ou les-Dames, monas-
tère en Franche-Comté , aujourd'hui Baumc-les-
Daroes, diocèse de Besançon, sous-préfecture du dé-
part, du Doubs. Il ne reste plus rien de l'abbaye, qui
éiait riche et noble.
— Jureiisium , Sl-Romain-des-Roches, près de
St-Claude aussi en Franche-Comté. C'était un mo-
nastère de Bénédictins, fondé par saint Romain, so-
litaire du mont Jura. Il s'y forma par la suite un vil-
lage, qui n'a conservé de l'abbaye que l'église, défi-
gurée par une restauration moderne; il y a une
crypte intéressante, mais qui est aussi dénaturée.
On la dit la grotte de St-Rouiain. Ce village du dio-
cèse de Si-Claude cet dans une situation fort pitto-
resque.
Balncaris Porta, la Porte-des-Bains, a Auxerre.
Balneolensis, de Bagneux.
Balneolelum, ou Bagnolia et Banelelum, Bagnoiet,
village de la banlieue de Paris, arrond. de Si-Denis,
eani. de Pantin à 5 kil. de Paris, entre Monireuil et
Romaiuvitle. En 1256, on l'appelait Baigniaux, et
auparavant Baillolei. Ses productions agricoles sont
en fruits et en grains ; on y fabrique du carton et des
bougies, et l'on y trouve des carrières à plaire et
moellons de bonne qualité. Popul. plus de 1600 ha-
bitants : le retensemeni de 1802 ne portail ce nom-
bre qu'à 035, et relui de 1801 à 1043; on trouve dans
plusieurs géographes, qu'au milieu du siècle dernier
la popul. ne s'élevait qu'à 547 hab. Poste aux lettres
89
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 90
(le la banlieue. — Un grand nombre de maisons de
campagne embellissent ce village, où les ducs d'Or-
léans possédaient autrefois un cbàteau que le régent
avait orné de quelques-unes de ses peintures ; le
parc avait 500 arpents. Ce dernier prince, après
l'avoir acheté du fermier général Lejuge, l'agrandit
et le meubla magninquemetit; son successeur vendit
le ricbe mobilier, et ensuite les bâtiments et les
terres. — La reine habeau de Bavière avait acheté,
en 1412, pour le prix de 4000 liv., de Pierre des
Essarls, garde de la prévôté de Paris, un hôtel que
cet ofQcier possédait à Bagnolet, avec 72 arpents de
terre. — La fille d'un marchand de chevaux, appe-
lée la Petite Reine, sous Charles VI, avait une terre
dans ce village. — Le savant cardinal Duperron se
retira à Bagnolet après la mort de Henri IV, dans
une m^'-îo-ri uù ii avait déjà passé ses premières an-
nées ; il y mourut en 1618, au moment où ii faisait
imprimer sa réponse au roi d'Angleterre. Ce fut à
Bagnolet que, pour la première fois, un célèbre jar-
dinier, Jacques Girardot, mit en usage les jardins
divisés par murs de refend, dont l'uiiliié, pour obte-
nir des pèches d'une beauté et d'une qualité par-
faites, fait la richesse des habitants de ce village et
de celui de Monireuil-sur-Bwis. Après avoir dé-
pensé sa fortune au service, et obtenu la croix de
Si-Louis, Girardot revint à Bagnolet cultiver son
jardin chéri. En 1755, on découvrit dans le territoire
de ce village une terre jaune nommée kanlin, sem-
bksble à celle qui compose la porcelaine de la Cliine;
mais on a négligé celle découverte, qui cùi pu offrir
de grands avantages au pays. — L'église, consiiuiie
au xvi^ siècle, n'a rien de remarquable; la tour des
cloches n'a été élevée qu'au xvui^ siècle. Le cardinal
Trivulce, légat en France sous le règne de Henri II,
accorda des indulgences à ceux qui visiteraient celle
église le 1«' sept, et le jour anniversaire de la dédi-
cace. Elle était sous le vocable de St-Leu-St-Gilles,
et pourtant dans les anciennes provisions de la cure,
elle est souvent désignée sous le nom de Si-Loup. Il
parait qu'une chapelle a précédé celle église, puisque
l'abbé Lebeuf a reconnu qu'un curé du nom de Re-
gnault existait à Bagnolet en 1577. — L'abbaye de
Sl-Maiir-les-Fossés avait été un fief de Bagnolet.
Baliieclum , Bagneux, que quelques auteurs ont
écrit Baigneux, qu'on trouve cilé sous le nom de
Baniolum, Baimiotœ, Balneulum, dans des chartes
des ix^, X' et xi= siècles, et qu'on nomma, au
XIV* siècle, Bagneux-Si-Herbland. C'est un village
de la banlieue de Paris, arroml. et cant. de .Sceaux,
autrefois prov. de l'Ile-de-France, dioc. et élect. de
Paris, et une des seigneuries du chapitre de N.-D.
de Paris, qui nommait à sa cure; à 5 kil. au N. de
Sceaux et à 6 kil. au S. de Paris, par la barrière
d'Enfer et Monirouge; bur. de pnsie du la banlieue.
pierre à plâtre. — Le P. Daniel pense que Bagneux
existait au vi'^ siècle, et que c'est là que fut battue
une pièce de monnaie du roi Cariberi, sur laquelle on
lit Bannaciaco. L'abbé Lebeuf prétend au contraire
que la preuve la plus reculée qu'on ait de l'antiquité
de ce village est une charte du règne de Charles le
Cbauve (840 à 877), dans laquelle on lit, parmi les
terres de l'église de Paris, Baniolum. — Ce village,
situé sur une hauteur, possède de jcilies maisons de
campagne qui en rendent le séjour et la vue fort
agréables. — Du temps de Piganiol, en 1719, la pro-
priété du lient. -général Zurbeck était la plus remar-
quable; la iiiaisoQ était régulière et le jardin avait
été ordonné sur un dessin de Lenôtre. Il y avait sur
la hauteur un bois où se formait une étoile, et dans
le milieu un cadran montrant l'heure dans douze
faces différentes. Henri IV logea dans celte maison
pendant scm court séjour à Bagneux. — L'église de
ce village a saint Herbland pour patron, et remonte
au x« siècle. Le vaisseau de cet édifice est voùié et
assez beau , la nef est décorée de petites galeries
dans le genre de celles de N.-D. de Paris. Sur le cou-
ronnement des bas-côiés s'élèvent des arcs-boutants
qui soutiennent la construction supérieure de la prin-
cipale nef. Le portail paraît beaucoup plus ancien
que le corps de l'église; on y voyait, dans un bas-
reliel, le Père Eternel accompagné de quatre anges
portant des chandeliers. Sur les restes de l'ancien
clocher, (|ui esta côté de l'égiise, on en a élevé un
nouveau. Celte église possédait quelques-unes des
reliques de son patron. Assez étendu et solidement
construit, le presbytère fut restante par Franc, de
Chahanede Rhodes, alors curé. — Les Chartreux de
Paris mettaient au nombre de leurs bienfaiteurs
une dame Aveline, de Bagneux. — Au retour de
deux expéditions dans le pays de Caux, et après avoir
passé la Seine à Meulan, Henri IV s'arrêta à Bagneux
le 51 oct. 156^, et iitcantonner son armée dans les
environs.
Le 18 octnbre, jour de la fête de saint Herbland,
le châielet de Paris s'y transportait solennellement
et y dînait. — On a vu que le chapitre de N.-D. de
Paris avait la seigneurie de Bagneux; cependant
l'abbé Lebeuf dit que Henri 1'^'' lui donna la dîme de
blé ei de vin, et Louis le Gros la voirie ; que Louis
VII abolit dlfférenis droits exercés sur ses habitants;
que Pliilippe-Augusle y exerçait l'autorité souve-
raine, et que, dans le procès-verbal de la coutume
de Paris, de 1380, les abbayes de Ste-Geneviève et
de Si-Vicior prenaient chacune le titre de seigneur
en partie de Bagneux. C'est que les donations suc-
cessives faites au chapitre de N.-D. de Paris, quoi-
que considérables et nombreuses, ne comprenaient
pas la totalité des propriétés de ce village; que des
donations partielles avaient eu lieu en laveur des
Son territoire, qui se compose de 498 hect., est deux abbayes, et que les rois avaient acquis ou con-
partie en vignes et partie en terres labouiables. Le serve certains droits. Félibien et Sauvai affirment
Viu qu'on y recueille est assez estimé. Il renferme qu'en 12CG, les habitants achetèrent leur liberté du
«les carrières de pierre de liais et de roche et une de chapitre de N.-D., au prix d'une somme de 1500 liv.
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Dl
— Autrefois il coulait des eaux de ce lieu jusqu'à
Montrouge ; mais les seigneurs de ce dernier vilkigc
ayant négligé d'eulrelenir les canaux, elles se sont
perdues depuis le coninienccment du xvin^ siècle.
I,a popul. de ce village était, en 17'26, de 450
h;ib.; en 1805, de 592 ; elle s'élève aiijonrd'liui à plus
de 800. Il y a plusieurs villages en France du nom
de Bagncux : un au diocèse d'Angers, près de Sau-
niur; un dans le diocèse de Soissons, à 7 kil. de
celte ville ; un autre dans le diocèse de Moulins, il y
a encore Bagneux-ia-Fosse sur la petiie rivière de
Sarce, au diocèse de Troyes; il y a enfin Bagueux-
les-Jnifs, au diocèse de Dijon, Côte-d'Or. C'est le
dernier endroit que les Jiiils (piiticrcnt lors de ieur
expulsion eu 1451. | B.igiiolo, petite ville de la
Principauté-Ultérieure au royaume de Naples.
Baliieoreginm et Balneum Rcyis, Bagnaréc ou Ba-
gnarca, ville é|iiscop.ile des Etats romains, sur le
Chioua dans le Patrimoine de St-Pierre. L'évêclié
est aniérieur au vi« siècle.
Baltea, Balteola ou Ager Urbis, la Banlieue. C'était
autrefois un hameau assez considérable de la com-
mune d'Arcucil ; on n'y voit plus aujourd'hui qu'une
auberge, appelée encore la Banlieue, et qui est située
dans un carrefour, sur le grand chemin qui conduit
au Bourg-la-Heine, et à la distance de 5 kil. de Paris.
— C'était jadis une des plus anciennes léproseries du
diocèse et en même tetups une des pins riches, i Le
roi, dit l'abbé Lebeuf, était tenu d'y lournir aux
brandons dix livres, duos modios yrani, un millier de
harengs, quatuor v'ujvUi mod. liyiwrum, unum fianum
debuiello, et niium lardum.t L'évéqiie permettait
aussi aux malades de quêter dans Paris, avec publi-
cation d'indulgences à ceux qui leur feraient du
bien. On appelait autrefois léproserie ce que nous
entendons aujourd'hui par hôpital. Les maladies
singulières que les croisés avaient i apportées de
rOrieni, et qui toutes avaient plus ou moins de rap-
port avec la lèpre, avaient fait donner ce nom à ces
sortes de fondations : elles étaient toutes consacrées
sous le nom de Si-Lazare ; on s'empressait de leur
faire des dotations, p.^rce que tout le monde pouvait
cire atieinl de la lèpre, et que, dans ce cas, pauvres
et liches étaient obligés d'aller à la léproserie. —
Celte léproserie fui choisie en 1360, sous le règne
du roi Jean, pour les séances d'une assemblée na-
tionale, convoquée pour conférer sur les moyens de
faire la paix avec l'Angleterre. Cette assemblée, de
1355, ne put remplir qu'une partie de son mandat ;
elle ouvrit ses délibérations en 1360; iDais elle n'eut
aucun résultat.
Bamberga. Voy. Babœ.
Bambergensis, se, de Baniberg. Voy. Babœ. Concile
Je Bamberg en 1011,
Banchorna, Bangor, ville épiscopale, dans la prin-
cipauté de Galles, en Angleterre. C'est un évèché
anglican-suffragant de Canlorbéiy. Quelques érudils
pensent que l'évéché de l'ile de Wiglit y fut trans-
féré vers l'an 550.
!I2
Banolium, Baiinetum, Bannost, diocèse de Meaux,
arrond. de Provins, canton de Nangis, départ, de
Seine-et-Marne, à 30 kil. vers le N.-E. de Nangis,
60 «le Paris enire l'E. et le S.-E., par Rozay et la
route qui passe à Tournnn. Popul. 400 hab., en y
comprenant les hameaux des Essarts, du Pressou,
de r>ubent3rd, des Coquilliers, duCourtil-Descliamps,
et autres, l'ancien fief du Buat et plusieurs fermes
écartées. Il y avait autrefois dans ce village un hos-
pice, où on ne recevait point les pauvres, mais qui
leur distribuait des secours a domicile. Les princi-
pales produ 'lions sont en grains. On trouve à Ban-
nost une tuilerie et un four à chaux.
Banza, San-Salvador ou Si-Sauveur, au roy.iume
de Congo, dans l'Afrique occidentale; ou Banza-
Congo, belle ville, pour une ville africaine, résidence
du roi de Congo, dans la Guinée inférieure ; elle est
située sur une montagne c-carpée, dans une position
pittoresque : ce qui fait que l'air y est, salubre. Les
missionnaires portugais y ont une maison où ils pré-
parent au ministère ecclésiastique des prêtres indi-
gènes ; cette ville avec la province forme une pré-
fecture apostolique. Les Portugais, lors de leur
puissance maritime au xv^ siècle et avant leur dé-
couverte du cap de Bonne-Espérance, y avaient crée
un établissement coiisidérable, qu'ils possèdent tou-
jours, mais qui du reste est bien déchu comme toutes
leurs antres colonies. Le gouvernement envoie à
Banza-Congo les criminels ordinaires et les condam-
nés pour délits politiques. C'est en un raol un lieu
de déportation.
Bapalma, Bapaume, petite ville du diocèse et ar-
rondissement d'Arras, clief-lieu de canton, départ,
du Pas-de-Calais, autrefois ancienne province d'Ar-
tois ; .M56 kil. de Paris, 20 d'Arras, 24 de Cambrai,
et 44 d'Amiens ; située daii« un pays fort sec ; le ruis-
seau qui en est le plus voisin est celui de Miraumont,
distant de près de 12 kil. Une seule fontaine fournit
de l'eau à tons les habitants; on la ccmstruisit vis-à-
vis l'hôtel de ville en 1721, époque à laquelle l'ingé-
nieur de la place, après de longues recherches et de
grands travaux, découviii une source à 2 kil. d'Ar-
ras et la conduisildans Bapauine. Jusqu'alors les ha-
bitants avaient fait usage d'une très-mauvaise eau.
Elle fut ornéu', en 1723, d'une statue de Louis XV,
en pierre blanche. On y fabriquait, ainsi que dans
les communes rurales environnantes, une grande
quantité de linons el batistes : la filainre au fin oc-
cupait aussi licauconp de monde. Celle branche d'in-
dustrie, à peu près anéanlie pendant la révoluiion,
sous le consulat el l'empire, à cause des guerres ma-
ritimes, a été depuis remplacée par la fabrication de
diveises élolfes de coton. Il y a quelques raffineries
de sel, des savonneries et des tanneries. Celte ville,
près de la source de la Sensée, est régulièrement
bâtie; les rues en sont belles, propres et bien pavées.
Ses fortifications, commencées par le chevalier De-
ville, avaient éié augmentées et terminées par le ma ■
léclial Je Vâiilïan. — L'origine de Bapauine u'est pai
S>5
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN ÂGE. M
n'a rien de remarquable. — On y voit encore le don-
jon d'une vieille forteresse. La popuUition est de 4000
haliiiaiils environ. Bapaunie compluit, avant la révo-
lution de 178'J, trois couvents, un de Récullels, un
de religieuses hospitalières sous le litre de Saint-
Pierre, et un de religieuses hospitalières cloîtrées
sous le nom de Sainie-Anne; un collège dirigé par
des préties séculiers. 11 n'existe plus que comme
institution communale.
Buta, St-André-lez-Brindes.
Barbasiium, Balbastre ou Balbastro, ville de l'an ■
cien royaume d'Aragon en Esjiagne, ou plutôt Bar-
bistro, au coniluent du Véro el de la Cinca. L'évê-
ché, sutfragant de Saragosse, y a été transféré de
Rota au commencement du xn° siècle, la même an*
née qu'elle fut délivrée des Maures. Cette ville
CDmpie environ OOOU liabilanls.
Barbelli, ou Barbellœ Aobaiia, abbaye de Barbeau,
de l'ordre deCîleaux, dans l'ancien dioièsedeSens,
à 8 kl. de Melun, sur la rive droite de la Seine. La
position de cette abijaye était Irès-agréable ; on y ar-
rivait par une grille flanquée de deux logements de
concierge; dans le fond on apercevait l'église, et sur
les cùlés les bàiimenis des moines. Elle avait éld
fondée par Louis Yli dit le Jeune, qui la dota par ur(
diplôme de 1147, dans la 11'' année de son règne.
Quelque temps avant, deux frères, Guillaume et Ra«
dulplie, el tiois de leurs compagnons, Hermès, Re-
nard et Gaulliier, errjjiles d'un lieu nommé St-Aciro
(S. Assirius), qu'ils avaient construit auprès de Me-
lun, le cédèrent à l'abbaye de Prully, pour y bàlii
une autre abbaye du même ordre ; c'est ce qui donna
l'occasion de consiruire l'abbaye de Barbeau. Dix
ans aprè», les religieux, ayant abandonné ce lieu
malsain, vinrent s'établir sur un port de la Seine,
dans le voisinage de Samoi, dans un lieu appelé Bar-
beau {Barbellus), que Louis VU leur céda par un
autre diplôme de 111)6. Philippe-Auguste confirma
celle donation en 1190. Le véritable nom de cette
abbaye est Sacer Portus, Sequanœ Porlus, parca
qu'il y avait un port mile à la navigation. Elle a été
aussi nommée Barbellus, el c'est le nom qui lui est
res'.é. Le peuple des environs dit qu'elle a été bâtie du
prix d'une pierre précieuse que l'on trouva dans un
barbeau qui lut péché dans la Seine. Celte tradition,
quoique universellement répandue sur les lieux, no
mérite aucune confiance;, mais il très-croyable que
le nom n'a pour origine que la supposition de l'his-
toire du barbeau. Eu effet, les armes de Barbem
sont deux barbeaux d'or et trois fleurs de lis sur un
champ de gueules. — Vincent de Beauvais appelle
celle abbaye Bar-Beel, et M. de Valois en conclut
que bar, dans le langage de ce temps-là, signifiait
port, et beel, sacré. Barbeau valait 60,000 liv. de
renie à celui qui en était pourvu par le roi. Les bâ-
timents, qui étaient dégradés, venaient d'être re-
construits de la manière la plus sompuieuse avant la
brillante; d'abord simple château, le chef d'une bande
de voleurs, Bérenger, s'en empara en 1090, le for-
i tifia et en fil le centre de ses exploits. Après leur ex-
' pulsion, obtenue avec peine, B;ipaume prit de l'ac-
croissement. On croit encore que le nom de ville ne
lui fut donné qu'en 1555, par Eudes, duc de Bour-
gogne, malgré la chariede Philippe-Auguste de 1191,
qui l'indique sous ce titre, en autorisant les bour-
geois k renouveler tous les 14 mois le niayeur, les
éclievins et les jurés. Ce lut à Bapaunie, eu 1179,
que Philippe-Auguste épousa Isabelle, fille de Bau-
douin, comte de Hainaut, et nièce de Philippe d'Al-
sace, comte de Flandre. Il parait que cette ville de-
vint promptement ime place de guerre, puis.|u'elle
soutint deux sièges, en 1411 et en 1414, lors des
guerres civiles des Armagnacs et des Bourguigno.is.
Après l'assassinat du duc d'Orléans, Jean sans Peur
s'enfuit dans ses Etats. Arrivé à Bapaunie aune heure
de l'après midi, il voulut, pour perpétuer le souve-
nir de sou heureuse fuiie, que l'on sonnât à l'avenir
l'angélus à pareille heure. En 1477, Charles le ïé-
iiiéiaire, dernier duc de Bourgogne, étant mon,
Louis XI s'avança dans l'Arlois, s'empara de Ba-
paunie et y fit mettre le feu. Elle se releva de ses
ruines. Charles-Quinl eu augmenta les fortifications,
afin de l'opposer à Péronne. Sa garnison inquiétant
sans cesse les frontières de la Picardie, François h'
résolut de détruire cette ville, et envoya le comte de
St-Pol, Fleuranges et le maréchal de Chabannes,
pour en faire le siège. Prise, brûlée et privée de ses
fortifications, elle renlra sous l'obcissaiicede Charles-
Qnlnl, par suite du tiailé de Cambrai, en 1529.
Qu^ind le connétable Anne de Montmorency tenta de
s'en emparer, en 1553, la ville avait réparé ses der-
niers désa>tres et se défendit avec succès. Pendant la
guerre qui s'était allumée, en 1655, entre Louis XIII
et Philippe IV, le maréchal de la .Meilleraie assiégea
Bapanme en 1641. — Bapaome a été cédé à la
France, par l'art. 4 du traité des Pyrénées, en l(i59.
— Par décret du 17 novembre 1804, celte ville a
cessé d'être considérée comme place de guerre. Un
auire décret, du 14 mars 18(5, a accordé à la com-
mune le mur d'enceinte, deux demi-lunes, etc. Ce
mur d'enceinte a été conservé pour assurer la per-
ception des droits d'octroi. Le dépaitemenl de la
guerre s'y est réservé une caserne et deux pavillons.
— Le canton de IJapaume est généraiement élevé,
plat, sec et découvert; il comprend tl villages; ses
babiiants sont sujets à une cachexie scorbutique, qui,
chez un grand nombre, jeunes encore, produit la
perte des dents; le nombre de ses carrières à pierre
à bâtir et à pierre à chaux est de 5; ses produits sont
en blê, seigle, escourgeon, avoine, fourrages de
toute espèce el oeillettes; il n'a point d'élèves en
chevaux; ses Irnupeaux de bêles à laine sont amé-
lioiés par le mélange des moulons d'Espagne. —
Bapaunie a un hospice civil fondé, au mois d'août
1784, par une dame Augusiine Demory, et qui peut suppression des ordres monasiiques. Ces nouvelles
ÇOnlçiiif environ 70 lits. ~ Son église paroissiale constructions n'étaient pas encore i^chevées. Depujij
95 DICTIONNAIRE DE GEOGR
!a roiidalion de celle abbaye, on coraplait 60 abbés,
dont le dernier éiaii i\. de Rastignac, iioininé en
1746. S'ius Liiureiu II et ses quatre successeurs,
l'abbaye, vers le milieu du xv« siècle, fut rédiiile à
un état méconnai>s;ible par leur négligence et par
suite des guerres civiles. Tous les moines furent dis-
persés et n'> revinrent que 40 ans après. La maison
fut pillée, ses bois eiivabis par les nobles des envi-
rons. L'ég ise de Barbeau était en croix latine, et
bàiieavec assez de bardiesse ; elle n'avait plus de
poriail, qui éiaii probablement siiué du côié qui re-
garde la Seine, où Ion en voyait encore les traces.
On y entrait par une petite porte qui donnait sur le
cbiiire. Le luaitre-autel, d'une grande hauteur et en-
tièrement en pierre, mais sculpté avec un soin a 1-
mirable, avait quelque chose de hardi et de solennel.
L.i richesse, ou, si l'on veut, le luxe des ornements,
était prodigieux ; il y avait une multitude de petites
ligures qui u'avaieni pus plus de 5 à 4 pouces de
IkuiI, et étaient terminées avec un art infini. On est
étonné du temps et de la patience qu'il a fallu em-
ployer pour achever cet ouvr.ge singulier. Dans
celte multitude d'orueuents, il n'y en avait pas deux
qui se ressemb assent ; le sacré était mêlé au profane
d'une manière b.zarre : on y voyait des saints et des
amours nus, avec ions les aitribuis qui les caracté-
risent, des saiyres et des lêies de morts. Les médail-
lons éiaient sur un fond bleu, qui leur donnait l'air
de camées antiques. Cet ouvrage paraissait être du
temps de François 1". Après le maiire-auiel, ce
qu'on y remarquait de plus singulier était une an-
cienne boiserie formant six sialles, qui rest;iient en-
core de celles qui avaieirt éié remplacées pjr une
boiserie moderne. Celte boiserie, chef-d'œuvre de
sculpture pour la patience et le fini de l'exécution,
était surchargée d'ornements, dont aucun ne se ré-
pé;ait ni ne se resseniblaii. On lisait sur un panneau
SodnJ. Etait-ce le nom d'un sculpleur'? 11 y avait,
dans l'église de Barbeau, plusieurs tombes anciennes;
mais ces tombes ont été détruites. On n'en voyait
plus que deux qui étaient rem.trqtiables : 1" le tom-
beau de Louis Vil, tombeau njagoilique éle\é par la
reine Adèle, son épouse ; oriié d'or ei de pierreries
avec un art nouveau ; il élait placé au milieu du rond-
point, devant le grand aulel. On y lisait deux épila-
phes, l'une en vers latins et l'auiro en prose latine.
Ce tombeau ayant été menacé, ainsi que l'éslise, de
la destruction qui avait déjà anéanti plusieurs mo-
numents de notre histoire, l'assemblée nationale dé-
créta, sur la demande du départ, de Seine-et-Marne,
qu'il serait transponé à Fontainebleau. Le second
tombeau remarquable était celui de .Martin Fréminel,
Parisien, peintre de Henri lY. Le buste de ce peintre
élan plaie dans un encadremeat d'architecture. La
niche s'élevaii au milieu du fro'iton, et élait sur-
montée d'un globe et accompagnée de deux enfaulii
pleurant sur une léie de mort.
L'église de celle abi aye a été malheureusement
démolie; mais les bàtinienls piésenieiit encore une
APHIE ECCLESIASTIQUE. S6
vaste habiiaiion précédée de deux cours. Ils ont éié
vendus comme biens nationaux et ont successivement
appartenu à divers propriétaires. Ils forment au-
jourd'hui une maison de campagne agréable par ses jar-
dins entourés de terrasses, et qui sont piaules d'arbres.
Cette propriété est du diocèse de .Meaux, départ,
de Seine-et-Marne.
Barberiaciim, Barbery, ancienne abbaye du dio-
cèse de Bayeux en Normandie. — Village de l'ex-
diocèse de Seiilis, aujourd'hui celui de Beauvais, de
l'arrondissement et du canton de la première de ces
villes. Barbery, situé dans une plaine, n'a qu'une
population de tGO habitants, y compris la ferme de
Saint-Nicolas et le moulin Thieriy, sur le ruissean
d'Aunetle. Les principales productions de son ter-
roir sont en céréales. Poste aux lettres de Sentis,
dont il est à 5 kil. Sa distance de Beauvais est de
42 kil., ei celle de Paris de 4.5.
Barbezilus, Barbezieui, petite ville du diocèse
d'.\ngouléme, département de la Charente, sur la route
de Bordeaux. Elle possède une source d'eau miné-
rale dont on n'a pas encore su tirer parti. C'est un
chef-lieu de sous-prclecture dont l'arrondissement
est riche en céréales et qui produit d'assez bon vin
dans de certains cantons : sa population est à peine
de 3000 habitants.
Barceium, Bezero, en Lombardie.
Barchino, Barcino, Barcinona, et, suivant d'autres
géographes, Barceloita, Barciso : Barcelone, ville de
la Tarragonaise, dans l'exarchat des Espagnes, dans
les premiers siècles ; au moyen âge, capitale de la
principauié de Catalogne, réunie ensuite avec cet<a
province au royaume d'.Aragon. L'évêché date du
IV' siècle ou du commencement du v*; il dépendait
et dépend encore de la métropole de Tarragone.
Apiès la chute de l'empire romain, Barcelone eut
des comtes particuliers ; pendant quelque temps elle
conserva son indépendance, se gouverna elle-même,
parvint aune haute prospérité commerciale. Sous les
Romains, sous ses comtes comme sous les rois d'A-
ragon, celle ville demeura toujouis la cité la plus
importante et la plus riche de la péninsule. Ses ha-
bitants occupent une des premières places dans
l'histoire maritime en qualité d'infatigables pêcheurs
et d'intrépides navigateurs. Par leurs courses et
leurs voyages sur mer, ils ont contribué aux progn" s
de la géogiapliie de cette époque. La collection de
leurs luis maritimes était ce qu'il y avait de mieux
en ce genre, et on peut y puiser des renseignements
précieux.
Barcelone est située sur la Méditerranée, au bord
d'un bassin formé par un prolongement des Pyré-
nées, daiis un site favorable au commerce étranger ;
elle est divisée en deux parties inégales par un cours
orné de quatre rangs d'arbres. Ses fortifications im-
posantes ont eié détruites en grande partie dans les
dernières guerres civiles qui ont signalé la minorité
de la reine Isabelle 11. La vieille ville avait des rues
étroites et tortueuses comme toui»^ les cités du
97
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
98
moyen Ige. La nouvelle ville est mieux biiie, et Ton
y remarque de beaux édifice?, comme la cathédrale,
luuiiumeiit semi-gothique; l'église Sairite-M;irie-de-
la-Mer, le palais des rois d'Aragnn, les bâtimenls de
la douane et l'hôtel de la Bourse. L'inquisition y avait
un tribunal, mais le palais est en partie démoli. De-
puis la suppression des ordres religieux, les magni-
fiques couvents de la Merci, des Dominicains et de
San-Francisco, devenus propriétés nationales, ont
subi des démolitions partielles et des changements
qui les rendent méconnaissables. La citadelle était
une des plus vastes de l'Europe. La ville compte
de nombreux établissements de charité, parmi les-
quels on cite l'hospice et l'hôpital général; une
école de chirurgie, quatre bibliothèques publiques,
l.uit collèges; une école de peinture, d'architecture
et de navigation ; une maison )iOur les sourds et
mueis antérieure à celle de Paris, une académie des
sciences et des arts, un jardin de botanique et di-
verses insiiiuiions scientiflqiies. On y remarque
quelques antiquités romaines, les ruines d'un amphi
théâtre, une lnule d'inscriptions, etc., etc.
Barcelone, au moyen âge, a compté 180,000 habi-
tants au moins; elle eu a à peine aujourd'hui 140,000.
Le peuple (la corporation des marins surtout) e>t
fort attaché à la religion. La population, du reste, a
toujours montré un grand esprit d'indépendance
jusque dans ces derniers temps. Lors de la
guerre de la succession et du démembrement de la
monarchie espagnole, la ville se déclara pour l'ar-
chiduc Charles conire le duc d'Anjou depuis Philippe
V, et ne voulut reconnaître ce dernier qu'après un
siège long et meurtrier. Son commerce, qui était im-
mense, est compléiement tombé. Deux causes ont
amené sa ruine, la séparation des colonies de l'Amé-
rique espagnole d'avec la mère patrie, et la contre-
bande des marchandises anglaises organisée en Es-
pagne sur une vaste échelle. Le port, un des plus
beaux de l'Europe, a cinquante mille six cents mt'tres
de longueur et quarante-sept mille à son ouverture;
mais il a une barre, et n'est pas assez à l'abri des
vents de l'est. Les environs de Barcelone offrent des
sites très-pittoresques, de jolis jardins, de nom-
breuses et agréables maisons de campagne. On y
voit aussi plusieurs couvents d'hommes et de femmes,
qui appartenaient à différents ordres religieux; ils
sont aujourd'hui délabrés ou occupés par des fabri-
ques; à ô6 kil. nord-ouest de Barcelone, à la droite
du Llobregat, se trouvait le célèbre monastère de
Bénédictins de Moniserrat sur la montagne de ce
nom. Voir ce mot. Barcelone est à 480 kil. de .Ma-
drid : lat. nord 41" -21' 24' ; long, ouest, 0° 0' 41".
Barcinonensis, se , de Barcelone. Quatre conciles
de Barcelone, en 540, 599, 916, 1064.
Barea, Barcia, Barium et Barum, Bar ou Bari (terre
l'c), province d'Italie, au royaume de Naples. Elle a
144 kil. de long sur 44 de large, et 1100 kil. carrés.
Bornée au nord par la mer Adriatique , à l'est et au
Bud-est par la Terre d'Otrjnie, à l'ouest par la Capi-
lanaie, elle s'étend entre 40* 50' à 41*19' de lat.
nord, et entre 13° 54' à 15" 13' de long. est. La
branche orientale de l'Apennin méridional traverse
le sud; le sol, assez fertile et bien cultivé, manque
d'eaux courantes ; l'Ofanlo, la seule rivière, ne bai-
gne que la lisière occidentale. Elle contient trois
lacs, ceux de Batiaglia , du Jacomi et de Sassaiiu,
produit fruit-, huile, réglisse, lin, grains, tabac, co-
ton, vins exquis, savo;r : le muscat de Trani, le za-
garèse de Bitoiito et le vin blanc de Terlizzi. Les
moutons donnent une laine très- fine. La clialeur en
été y est excessive. On y élève des buffles, chevaux,
ânes, chèvres et porcs. Les côies sont trés-poiss n-
neuses.et ont beaucoup de salines. Le commerce, qui
se fait surtout avec Venise, Trie-le et la Dalmaiie,
comprend les céréales, les vins, des amandes, de
l'huile, du coton , du sel et du nitre eu abondance.
Cette province se divise en trois districts, Bari, Bar-
Itlta et Altamura. Population : 500,000 habiianis.—
Bari, chef- lieu, renferme 20,000 habitants. Ancienne
ville de l'Apulie et du Vicariat romain, elle donna
Sun notn à la province , lorsque les ilénominations
romaines se perdirent au commencement du moyen
âge. Son évéclié date des premières années du iv*
siècle. Le pape Jean XI accorda le pallium à ses évo-
ques vers l'an 9-JO, et c'est depuis ce temps-là qu'on
leur voit le titre d'archevêques. Située sur une lan-
gue de terre, au bord de la mer Adriatique, place de
guerre avec un petit port, mais sijr et commode,
celte ville possède des filatures de coton, des fabri-
ques de toiles, de tissus de coton, de savon, et des
verreries. On y remarque la cathédrale dans le style
byzantin, les bâtimenls du grand séminaire et ceux
du collège ; elle a deux hôpitaux, un mont de-piété
et plusieurs couvents d'hommes et de femmes de di-
vers ordres religieux. Sa dislance de Naples est de
240 kil., à l'est de celle ville. | Bari, village de l'ile
de Sardaigne, auprès du cap Cagliari, a un petit port
de mer avec 1,500 habitants. L'air y est malsain. |
Bar, ville de la Russie d'Europe dans la province de
Podolie, à 76 kil. de Mohilew, sur la rive gauche de
la Rof, est défendue par une citadelle bâtie sur une
montagne. Elle appartenait à la Pologne avant les
démembrements de ce royaume. La confédération
de 1768, pour sauvegarder l'indépendance dece mal-
heureux pays, lui a procuré dans l'histoire contem-
poraine une célébrité mémorable ; mais les efforts des
confédérés de Bar demeurèrent sans résultat. | Bar,
village du diocèse de Tulle, à 8 kil. nord de cette
ville, sur la Corrèze. 1,.550 habiianis. | Bar, bourg
du diocèse de Fréjus, chef-lieu de canton de i'ar-
rondissemejil de Grasse, à 8 kil. nord-est de celle
ville. 1,200 habitants. | Bar-le-Duc, ou Bar-sur-
Ornain, ancienne capitale du duché de Bar. Celle
ville suivit la fortune du duché de Lorraine et en
partagea toutes les vicissitudes. Comprise dans le
diocèsede Verdun, elle est le chef-lieu de préfecture
ihi département de la Meuse. Située au pied d'una
iiioiitagne, elle se divise en haute et basse ville;
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
iOO
celle dernière est arrosée par l'Oinain. Deux églises,
Saini-Pierre et Sainte-Maxime, mériienl l'aiteiition.
Les rues sont irès-escarpéos, mais les promenades
sont fort agréables, et les environs offrent un pay-
sage gracieux ei pitioresque. Il y a un collège, une
société d'agriculture et des arts, ainsi qu'une hijjlio-
tbèque. Le commerce consiste en vins délicats et en
confitures d'une renommée presque européenne. Les
filatures hydrauliques de toiles, de colon el d'; laine,
la quii.caillerie, la corroirie el la cliamoiseiie y
sont eu pleine activité. Populiition ; Ui,00f) lialii-
tants. Distance, ouest de Nancy, 88 kil.; est de Pa-
ris, 252 kil.
Barensis, se, de Bari. Concile de Bari en 1097.
Bareush ducaiiis, le duché de Bar, le Barrois. Ce
pays appartenait aux ducs de Lorraine ; il était com-
pris en partie dans le diocèse de Verdun el en partie
dans celui de Toul. Lorsque le duc François de Lor-
raine fut appelé, au xvni'^ siècle, à remplacer dans
le grand-duclié de Toscane le dernier des Médicis,
le roi Stanislas, dépossédé rie son royaume de Polo-
gne, prit pos e>sion des duchés de B ir et de Lor-
raine, à la condition qu'après sa mort ils seraient
réunis à la France : ce qui eut lieu. Le duché de Bar
forme la plus grande partie du départ, de la Meuse,
et il est tout eniier du diocèse de Verdun.
Baricium, Barcy, village du diocèse et arrond. de
Meaux, canton de Lizy-sur-Ourcq, département de
Seine-ei-Marne. Sa population est de 3Su habitants
environ, y compris une partie du hameau de Pringy
et la ferme de St-Gobirt, où il y a une chapelle.
Celle chapelle, élevée jadis en l'honneur de ce saini,
était un lieu de pèlerinage dans la contrée. Le ter-
roir de Barcy ne i-roduit que des céréaler;. Sa dis-
lance de Lizy est de 10 kil. à l'O., de Paris au N.-O.
40 kil.
Bariiim adAlbulam , Bar-sur-Aube, ville ancienne
sur la route de Paris à Bellort. Avant 1780, elle faisait
partie du diocèse de Langres; elle est maintenant
de celui de Troyes. Elle était alors un des grands
entrepôis du commerce de la province à lai|uelle
elle appartenait. Bar-sur-Aube avait un chapitre
composé d'un doyen el de six chanoines; c'est la pa-
trie de sainte Germaine, qui souffrit le martyre par
ord-e d'Atlila.
Bar-sur-Aube, bàlie au pied d'une montagne, sur
la rive droite de l'Aube, qui, au bas des moulins,
forme un canal naturel de 200 mètres, jiuiit d'une
vue animée par l'immense forêt de Cl::irv:iux , par
les circuits de l'Auhe à travers de vastes prairies,
par le grand nombre de villaties situés sur les bords
de celte rivière, et par les coiemix qui l'entourent,
couveris de vignes à mi-cotes et cnuronnos par dos
bois, il y a des marchés considérables pour (es
grains, qui, transportés à Gray, sont embarqués sur
la Saune à la destination de Lyon el du midi. L'ar-
rondissemenl de Bar renferme 92 communes et
40,000 habitants ; il se partage en 4 cantons : Bar,
Brienne, Soulaines el Vandeuvre. il y avait sur la
montagne qui est proche de la ville un cluiteau ruiné
par les Vandales, un prieuré de Ste-Germaine, où re-
posait le corps de celte sainte, et à son somuiel un
endroit fort escarpé nommé le Châ'.elet. c 11 est vrai-
semblable, dit Robert de Hesseln, que ces ruines
sont celles d'une ancienne ville nommée Florence,
parce qu'elles sont trop considérables pour n'èire
que les débris d'un ancien château ; c'e>t ce qu'an-
nonce encore le double fossé à demi comblé qui rè-
gne autour de ces vestiges, par le terrain immense
qu'il renfermait. I Toutes ces ruines existent encore.
L'opinion de Robert de Hesseln présente beaucoup
de vraisemblance. Quelques historiens prétendent
que les habitants de Florence, échappés à la fureur
d'Attila, allèrent s'établir à Bar après le' passage de
ce barbare. Auprès du Châlelet on voyait, au milieu
du xviii' siècle, un tombeau ancien où, selon la tra-
dition, un préfet des Romains avait été inhumé. .—
Plusieurs auteurs assurent que Bar-sur-Aube fut
fondé par le roi Bardus, qu'ils disent avoir été le
cinquième des rois gaulois. Prise et saccagée par
Attila, cette ville reçut plus lard de grands accrois-
sements ; au moins est-on porté à le croire par sa
division eu cinq principaux quartiers destinés à re-
cevoir séparément les Allemands, les Hollandais, les
Lorrains, les habitants de la principauté d'Orange
et les Juifs. Aujourd'hui elle est petite, mal bâtie el
mal percée, et les tours qui la défendaient au dehori
et celles qui garnissaient ses deux portes et ses deux
luagasins ont disparu. Sous les rois de la seconde
race, Bar avait des comtes particuliers. On voit en
effet qu'en 1308 des comtes de Bar posséd.iienl plu-
sieurs hôtels à Paris, un qui touchait aux murs du
couvent des Célestins, un autre rueClopin, près du
collégedeBeeourt dilBoncourl; un troisième siluésur
lequaiSt-Cernard,aucoinde la rue des Bernardins. Le
roi Pbi'ippe le Long ayant vendu ce comié, les ha-
bitauis se rachcièient , afin de conserver le titre de
ville royale. Elle fut alors réunie à la couronne, avec
celte coiidiiion que les rois de Fiance ne pourraient
plus la vendre ni l'aliéner. — Le premier combat
important qui se soit livré en 1814 après le passage
du Rhin, est celui de Bar-sur-Aube. Le maréchal
duc de Trévise (Mortier), forcé à Langres el à Chau
mont, et débordé sur ses flancs, s'était replié à Bar,
en battant dans sa marche deux bataillons wuriem-
bourgeois.
Bar-sur-Aube a une inspection forestière, une po-
pulation de 3,000 habitaiiis. Distance de Troyes,
esi, iS kil. ; de Paris, e-t-sud^st, 204 kil.
Bariumad Sei/î(flnam, Bar-sur-Seine, petite ville,
propre et bien percée, avec de jolies promenades,
sur le bord de la Seine, que l'on traver>e sur un
pnnt en pierres de lailie. Sa situaiFbn au centre d'un
riche vignoble, sur la rive gauche de la Seine, à
l'extrémité d'une vallée resserrée entre deux co-
teaux, sur l'un desquels s'élève une chapelle entou-
rée d'un antique bocage, est toul à fait pitioresque.
Comprise autrefois dans lo diocèse de Langres, elle
m
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
102
est aujonrd'liui de celui de Troycs. Elle n'a qu'une
église paroissiale, sous l'invocaiion de Sainl-Eiicnnc :
son curé n'élait que le vicaire perpétuel de Saint-
Maiiielï de Langres, dont les chanoines éiaient curés
primiiifs. Bar-sur-Seine avait un ciuvontdes Pères
de la Rédemption des captifs ou de la Tritiilé, dû aux
comtes de Champagne; un couvent d'Ursulines, liàii
en 1631 ; un liôlel-Dieu fondé par la charité des ha-
bitants au commencement du xviii' siècle, et un pe-
tit collège. La tradition veut qu'on ait trouvé une
image miraculeuse de la Vieige dans un vieux chêne
du bois appelé la Garenne-des-Comtes, situé sur une
montagne qui couvre au couchant la ville de Bar.
Ce qu'il y a de certain , c'est que le peuple s'y por-
tait en foule, et que vers IG H on y bàiil une chapelle
des offrandes des peler ns. liar-sur-Seine fut prise et
brillée par cerlains robeiirs lorr;iins en 1557. Frois-
sard dit qu'ils détruisirent tiOO bons hôtels. Le roi
Jean, touché de ce malheur, lui accord:i une foire
franche avec ses droits pour aider à la réparer. Cette
ville a eu ses seigneurs particuliers avant l'an 1000,
et dès le temps de Hugues Capei,.Milon éiail comte de
Bar-sur-Seine. Les descendants de Milon jouirent de
ce comté pendant plus de200 ans. Thibaui P'', rni de
Navarre et comte de Champagne, acheta les droits
des héritiers Milon, et lit hommage de Bar-sur-Seiiie
à Robert de Turole, évèque de Langres, en 1239,
Sous ce prince. Bar fut gouverné par un majeur et
douze échevins. Jeanne, petitetiHe de Thibaut l»'',
apporta le comté de Bar à Philippe le Bel. Divers
traités laissèrent cette ville à la maison de Valois.
Le roi Jean la réunit à la couronne en I5C1 ; mais
en 1435, Charles Vil la donna à Philippe le Bon, duc
de Bourgogne, et à ses descendants, ne se réservant
que l'hommage et le ressort. Anrès la mort de Char-
les fils de Philippe, Louis XI, malgré le traité d'Ar-
ras, confirmé par celui de Péronne en liG8, fit ren-
trer Bar dans le domaine de la couronne. Henri IV
donna ou engagea cette ville à Henri de Bourbon,
duc de .Montpensiei . Sa fille Marie, femme Je Gaston,
duc d'Orléans, la posséda, aussi bien que sa fille
Anne-Marie-Louise d'Orléans, duchesse de Mont-
pi>nsier, qui fil son héritier universel Philippe, duc
d'Orléans. — C'est la patrie de Nicolas Vignier , mé-
decin et historien, auteur de la Bibliothèque liisio-
riafe, mort en 1590. Bar-sur-Seiiie forme un arrond.
du dépait. de l'Aube, qui contient 86 communes et
50,000 habitants. Il est à remarquer que sa popula-
tion est supérieure à celle de l'arrond. de Bar-stu'-
.\ube, bien qu'il compte moins de communes. Il est
divisé en cinq cantons. Bar , Chaource, Essoyes,
Mussy et les Riceys. Bar-sur-Seine a une inspection
forestière; sa population est de 4000 habiiarits, sa
distance de Troyes S.-S.-E. de 29 kil., et de Paris
S.-E. de 200 kil.
Baroiium ou Baronium, B:iron, village de l'ancien
diocèse de Sentis, actuellement de celui de Beanvais,
canton de Nantcnil-le-Haudouin, départ, de l'Oise.
Il est traversé par la petite rivière de Nonetie, cl est
à 6 kil. N.-O. de Nanieuil et 46 N.-E. de Paris. Bu-
reau de poste de Nanieuil. La population e>l de 700
à 750 hab., y compris la ferme dite de St-Germain
et l'ancien fief de Beaulieu. Ce fief, à 2 kil. du vil-
lage, se fait remarquer par sa situation sur une émi-
nence, où l'on jouit de la plus belle vue. La maison
d'hibitation, ii laquelle tient une ferme, est fort
agréable. L'ancien chiUeau, à mi-côte, est environné
de belles plantulions. Une helle avenue conduit au
bois d'Ermenonville, qui n'eu est pas éloigné. Le
terroir de cette commune est en terres labourables
cl en bois.
Basilica, Bazoches, village de l'ancien diocèse de
Ch-irtres actuellement de celui de Versailles, ar-
rond. de Rambouillet, canton de Montlori-rAmaury,
départ. deSeiue-et-Oise, à 3 kil. deMonlfort où est
le bureau de poste, et 34 de Paris. Il compte 550
habitants avec les hameaux de Houjarroy, Pinson-
nière, et une maison isolée dite le Cheval-Mort; les
principales productions de son terroir sont en grains;
une partie est en prairies, en vignes et en bois.
I Baznches, village du diocèse et arrond. de
Soissons, canton d.: Braisne, sur la Yesle, départ, de
l'Aisne, à 21 kil. E.-S.-E. de Soissons, 28 0. do
Reims. Sa population esl de 5'JO habitants. C'est dans
ce vilKage que, sous l'empire de Dioclétien, était le
palais du préfet des Gaules, dont il tire son nom,
Basilica. Le bureau de poste est à Fismes, à 20
kil. de là.
1 Bazoches-lez-Bray, diocèse de Meaux, arrond.
de Provins, cantim de Biay-sur-Seine, départ, de
Seine-et-Marne, à 18 kil. de Provins, et 57 de Me-
lun. Sa population est de 630 habitants. Bureau de
Doste de Bray-sur-Seine.
Basoltts Fons ou Fonticuli Abbalia, Basse-Fontaine,
abbaye d'hommes en couimende, de l'ordre des Pré-
monirés, dans le Vallage, en Champagne, sur la
rive droite de l'Aube, à 10 kil. vers le septentrion
de Vandeuvre, et à peu près de 2ttkil. sur le même
point de Bar-sur-Aiihe ; dioc. de Troyes. Elle était
située sur le penchant des bois de Brienne, proche
d'une belle fontaine, qui à peu de distmce se jette
dans la rivière d'Aube. Elle avait éié fondée, en 1143,
par Gauthier, comte <!e Brienne, qui fit ajouter à
l'église, dédiée à Nore-Dame, une chapelle pou*
lui, sous le titre de SieCathenne; la charte de fon*
dation e-t du 22 janvier 1143. Le pape Eugène ap-
prouva cette donation en 1158, et Erard, fils da
Gauthier, l'augmenta en 1183. On voyait dans l'église
de celte abliaye une dent de saint Laurent, un os
du bras lie saint Biais;, un du bras de saint Eloi,
le doigt de saint Jean-Baptiste, avec lequel il montra
notre Sauveur, en disant : Voilà l'Agneau de Dieu,
voilà celui qui ôle le péché du monde. Jean Léguisé,
76e évèque de Troyes, par sa lettre pastorale de
l'année 1428, déclara que le doigt index de sr.liii
Jean-Baptiste était lonsorvé dans l'église de Basse-
Fontaine ; qu'il accordait, à certains jours, des in-
dulgences, cl confirma celles que Pierre d'.^rciesi
iU5
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 104
médecin de Neufchàtei, nommé Honfroi, avec cette
inscripiion :
jon prédécesseur, avait publiées. Gilles de Luxem-
bourg, évoque de Cliâlons, par sa lellre pastorale de
l'année 1S04, écrite dans les mêmes senlinienls,
ordonna aux curés et paroisses de son diocèse de
vénérer celte relique. Kn IICC, Henri premier du
nom, comte de Champagne, affranchit les maisons et
tous les biens de cette abbaye. Le 9 mai 1602, le
pape Clément VllI donna le droit à l'abbé de porter
la mitre et les ornements pontificaux. Cette abbaye
rapportait 2,000 liv. de rente. Elle est devenue pro-
priété particulière.
Belli-Becci Abbatia, abbaye de Beaubec, au diocèse
de Rouen. C'était une abbaye d'hommes de l'ordre
de Citeaux et de l'affiliation deClairvaux. Elle avait
pris son nom d'un village voisin appelé Beaubec-Ia-
Ville, et était située dans la forêt de Brai, à i kil.
ou env. de Forges, vers le N., et auprès de deux pe-
tits ruisseaux, l'un nommé le Robec, l'autre le Bat-
teur, lesquels avaient formé autrefois en ce lieu une
douzaine d'étangs, aujourd'hui presque entièrement
desséchés. Beaubec reconnaissait pour son fondateur
Hugues de Gournai, second du nom, qui y était en-
terré. Cette abbaye, sons l'invocution de St-Laurent,
fut mise dès son origine sous la dépendance de l'ab-
baye de Savigny. C'était même la première file de
cet illustre chef d'ordre, qui en comptait jusqu'à
cinquante, dont la Trappe est la dernière, et elle était
détenue elle-même mère de celle de Lannoi, au dioc.
de Beauvais. En 1 148, tout l'ordre de Savigny s'étant
soumis à l'ordre de Citeaux, Beaubec se trouva in-
corporé à celui-ci ; et, comme l'abbé de Savigiiy
avait les honneurs de cinquième père de l'ordre, ces
honneurs étaient dévolus alors à l'abbé de Beaubec,
parce qu'il était régulier et que l'autre ne l'était pas.
Le monastère de Beaubec fut détruit par un incendie
en 1383, et ne put être réparé que vers l'an 14S0;
mais dans la suite il fallut penser à le rebâtir tout à
neuf. L'abbé Guillaume Martel, qui tenait l'abbaye
en commende, fit faire le manoir abbatial vers l'an
1580. Guillaume aimait les beaux-arts, surtout la
peinture. Le clocher n'avait éié rebâti qu'en ItiCS, le
portail de l'église en 17Ô0; enfin Charles-François
du Pauzet-du-.Mas, qui en fut abbé, avait cominué
sans relâche à relever le cloître, le dortoir et tous
les autres lieux réguliers. Il y avait , en 1233, à la
porte du monastère, une aumônerie , à laquelle on
donnait le nom d'hospice. Diverses donations de ce
lenips-là furent faites selon la teneur des titres in
nsus porlœ et paupeium Betli Becci. Près des ruines
de cette aumônerie, il y avait une chapelle dite de
Sie-Ursu!e, desservie par un religieux de l'abbaye,
et qui servait de paroisse à plusieurs habitations
voisines. Thomas, évêque de Bayeux , ayant donné
sa bibliothèque à cette maison, y avait choisi sa sé-
pulture en 1238. Il fut inhumé dans le sanctuaire,
du côté de l'Evangile, et l'on y voyait sa statue en
pierre, élevée sur quatre petits piliers. Sous le cloî-
tre, prés de l'ancien chap ire, était la tombe d'un
Hic est Honfredus, qui quondam nnbile fœdui
Xobis monslravit, quos miillum semper amavit.
De Castro natiis, docior fuit m medicina.
Deus huic tua dona propina.
On avait perdu dans l'abbaye le sens de ces deux
mots, nobile fœdus. Serait-ce Onfroy qui aurait in-
diqué aux religieux le corps de saint llélier, martyr
de l'île de Jersey, dont ils croyaient être en posses-
sion, et dont ils faisaient la fêle le It) juillet? L'ab-
baye de Beaubec jouissait de 18,000 llv. de ronte.
Belloburgo, ou Belloburgum , Beaubourg, village
de l'ancien dii.cèse de Paris, aujourd'hui de celui de
Meaux , arrondissement de cette ville , canton de
Lagny , déparlement de Seine-et-Marne. D'après
l'abbé Lebeuf , l'origine de son nom viendrait d'une
belle forteresse qu'il y aurait eu en ce lieu, et qui
aurait été détruite par la suite des temps. C'est .m
moins dès le comiuencemenl du xiii"^ siècle qu'il
existait un village, une paroisse et un seigneur, sous
le nom latin de Belloburgo. llyi un châieau tntuuré
de fossés pleins d'e.Tu. Le terroir est en labour. L'é-
glise paroissiale, du titre de Sainte-Marie-Madeleine,
est (rés-peiiie et ressemble à une chapelle; il fut
permis, en 1606, d'y ex^ioser des reliques que le car-
dinal Ginetti avait données, au mois de novembre de
l'année précédente, à Luc de Clototnonl. La cure était
à la nomination de l'abbesse de Malnoue. Les reli-
gieuses de celle abbaye avaient autrefois toute la dinie
sur le territoire de Beaubourg, eu payant un gros au
curé; mais, par transaction du ÔIJ juillet 1.528, elles
abandonnèrent la dîme au curé en place de son gros,
et sous diverses autres conditions. Les seigneurs de
Beaubourg commencèrent, dès le xiu^ siècle, parmi
lesquels l'un des derniers fut le inarqu's de Brùlart,
auquel appartenaient toutes les maisons et les lerres
des paysans de ce village. La population s'élève à 100
et quelques habitants. Beaubourg est à 20 kil. de
Meaux, et à 31 de Melun. Bureau de poste de Lagnv.
Bellociislellum, Beauregard , bourg du diocèse de
Clerniont-Ferrand , arrondissement et à 20 kil. est
de ceiie ville, département du Puy-de-Dôme. C'est
sur cette paroisse que se trouvait le château des
évèques de Clerniont, lequel d'ailleurs existe encore.
Les habitants, au nombre de lotiO, ont conservé sou-
venir du célèbre et charitable Massillon.
I Beauregard, village du diocèse, arrondissement
et canton de Versailles, départencnt de Seine-el-
Oise. Popnl., y comprise celle de Hoqueiicourt, 132
habitants. A i kil. nord de Versailles.
1 Beauregard, village du diocèse de Versailles ,
arrond. de cette ville, canton de Poissy, commune
d'Orgeval, à 6 kil. sud-ouest de Poissy, à 14 de Ver-
tailles. Popul., y con)prise celle d'Orgeval, 1400 hab.
Bureau de poste.
Bellomoiiiii Kogerii Sylva, Beaunionl-le-Roger (fo-
rêt de), diocèse d'Evreux, dans l'ancien comté d'Ou-
clio, airoiulissement de Beiiiay, h 8 kil. de cette
103 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
106
ville, et 1 de Beaumoui. Elle borJe la rivière de
Rille, et n'est plus aussi considérable qu'elle l'était
en 1789, à cause des défriclienieiils nombreux qu'on
y a exécutés depuis GO ans. Elle appai tenait à celle
cpo<|ue à la maison de Bouillon.
Bellomoniium Rotjeiii, Beaumont-le-Roger, petite
ville du diccèsed'Evreux, arrondissement de Bernay,
dépaiieiiient de l'Eure, à 14 kil. de Bernay, et 28
oucst-nord-ouest d'Evieux. Pop. 2,G00 habitanis.
Son nom lui vient de ce qu'elle a été bàiie ou au
moins augmentée par Roger, l'un de ses comtes.
Son église paroissiale portail le litre de Saint-Nico-
las. Il y avait un prieuré de Bénédictins qui dépen-
dait de l'abbaye du Dec; ce prieuré élaii simple et
valait environ 8,000 liv. de renie. On voyait dans
l'église de ce piieuré de irés-anciennes reliques.
Beaumonl-le-Roger n'était autrefois qu'une seigneu-
rie ou baronie, tenue par de simples genlilsliommcs.
Louis IX. acquit cette terre, en 1253, de Raoul de
Meu<!aii : elle fut réunie au domaine de la couronne
pendant environ cent ans. En 1533, le roi Jean,
ayaul fait la pai.v avec Charles d'Evreux, roi de Na-
varre, donna celte terre en partage à Louis, frère
de Charles. Revenue à la couronne, elle en lut dé-
membrée en faveur de la maison de Bouillon, dans
laquelle elle se trouva sous le titre de couué. Beau-
moiit-le-lioger est sur la rive droite de la Rille, près
de la belle lorét de son nom. On trouve dans ses
environs des carrières de pierre de taille et des
sources d'eaux minérales. Il y a des fabriques de
draps, façon de Louviers, de molletons et de toiles
de lin ; des blaucliisseries de toiles , une verrerie à
vitres et à bouteilles. Son commerce consiste en
bois, lil de lin et draperies.
Bellomoniium, ou Bellus Mons, Beauraont. Il y a
plusieurs localités de ce nom dans divers diocèses de
France. — Beaumont, bourg du diocèse de Meaux,
arrond. de Fontainebleau, dép. de Seine-et-Marne,
à 30 kil. de Fontainebleau et 40 de Melun. La po-
pulation est d'environ 1,250 habitants. — Il y a un
bourg de ce nom dans le diocèse de Périgueux ; un
dans celui de Clermonl, ou l'on voyait une abbaye
de Bénédictins ; un au diocèse de Coulanccs, lequel
est chef-lieu de canton du département de la Man-
che; un au diocèse de Grenoble ; enfin, un au dio-
cèse d'Âutun.
I Beaumont-en-Ârgonne, bourg dans les Arden-
nes, diocèse de Reims.
I Beaumont-eu-Auge, près de Pont-rEvêque,
diocèse de Bayeux.
I Beaumont-le-Chétif, à 16 kil. sud-est de Nogent-
Ic Uoirou, diocèse de Chartres.
1 Beaumont-de-Lomagne, petite ville sur la Gi-
mone, à 20 kil. de Casiel-Sarrazin, diocèse de Mon-
lauban, département de Tarn-et- Garonne.
I Beaumont-pied-de-Bœuf , département de la
Mayenne , diocèse du Mans.
I Reanraonl-sur-Vesle , bourg du diocèse de
Reiras, département de la Marne.
Dictionnaire de Géographie eccl. H.
I Ueaumont-sur-Viiigeanne , diocèse de Dijon ,
déparieiiient de la Cole-d'Or.
I Beauniont-les-Nonains, paraisse de l'ancien dio-
cèse de Rouen, aciuellement de celui de Beauvais,
arrondissement de celle ville, canton d'Auneuil, dé-
paiiemeni de l'Oise, à 5 ki!. d'Auneuil, 10 de Chau-
mont où est le bureau de po.-ie, 11 de Beauvais et
S8 de Paris. Population 530 hab., en y comprenant
les hameaux de Jouy-la-Grange, Chantoiseau et l'an-
cienne abbaye des Norains. — Les principales pro-
ductions de son terroir sont en yrains; une petite
partie csi en bois. — 11 y a eu autrelois en ce lieu
des reliijieuses de l'ordre des Préniontrés, ce qui lui
a fait donner le surnom dos yonains. Leur abbaye,
fondée par l'abbé L'irie, fut détruite en 1185, et a
fait pl.icc .à une ferme aujourd'hui en plein rapport.
Quelques hi^toriens de la Normandie croient que
l'ancienne chapelle de St-Jean, au hameau Je Jouy-
la-Grange, pourrait bien être un resie de cette abbaye;
mais leur opinion ne paraît pus fondée.
I Beaumont, bourg de 1,800 bab. au diocè.-c de
Viviers, arrond. de l'Argeniières, à 1-2 kil. ouest de
celte ville, départ, de l'Ar Jéche.
I Reaunioni, paroisse du diocèse d'Avignon, ar-
rondissement d'Apt, à 32 kil. est-sud-est de cette
ville. La terre seigneuriale de ce bourg apparienail,
avant la révolution de 1789, à la famille Riquelti,
originaire de Florence. Le château de ce nom existe
encore à 4 kil. de Beaumont. Le célèbre Mirabeau ,
qui joua un si grand rôle à l'assemblée constituante
et au commencement de la révolution de 1789, était
le nisniné du marquis Riquelti de Mirabeau, dit l'Ami
des hommes, personnage connu au xviii" siècle par
plusieurs écrits sur l'économie politique , et aussi
original que son fils était exiraordinaire. La popul.
de Beauraont est de l,IOii hab.
I Reaumoni , bourg du diocèse de Poitiers , prés
de la rivière du Clain, arrond. de Chàtelleraull, à 12
kil. sud-ouest de cette ville, départ, de la Vienne.
Popul. 1,200 hab.
I Beaumont-en-Vérou, bourg du diocèse deTours,
arrond. de Chinon, à 6 kil. de cette ville, départ.
d'Indre-et-Loire. Popul. 1,500 hab.
I Beaumonl-la-Ronce, petite ville du diocèse de
Tours, à 20 kil. nord de celte ville. Elle a clé ainsi
nommée à cause de sa situation au milieu de la furet
de Reaumoni. On y voit une manufacture de fer-
blanc qui occupe un certain nombre d'ouvriers. Pop.
1,800 hab. Départ. d'Indre et-Loire.
1 Beaumont-les-Forges ou la Ferrière, paroisse du
diocèse de Nevers , arrond. de Cosne, à 56 kil. sud-
sud-esl de celte ville, sur la rive droite de la Nièvre.
Ce village doit son surnom aux forges qu'on y ex-
ploite ; il possède une manufacture d'ancres pour
les vaisseaux, et compte 800 babiianls , sans y com-
prendre la population floiianie de ses usines.
1 Dcaumoiii-.Monteus, petite ville du diocèse de
Val'>ncc, arrond, et ii 10 kil. nord-est de cette viile,
4
*07 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE,
sur la rive droile de l'Isère. Dépai t. de la Drôme. Meaux, commune de Poniaii
Popul. l,65iMiab.
I Beaumont, petite ville du diocèse de Namur ,
Belgique, entre les deux rivières de la S.imbre et de
la Meuse. Ses environs sont riclies en minerais. On
y fabrique beaucoup d'ustensiles en fonte. La popul.
est de 2,600 iiab.
I Beauroont-le-Vicomte, petite ville du diocèse du
Mans, arroiid. de Mamers, clief-lieu de canton du
dép.nrt. de la Sarthe, à 20 kil. sud-ouest de Mamers,
28 kil. du Mans et 180 de Paris. Elle a été bâtie par
ies anciens vicomtes du .Maus, qui ét:)ient les lieu-
tenants des comtes, et c'est d'eux que cette ville a
pris le surnom de Reaumont-le-Vic-mte.EIle fut prise
plusieurs fois par Guillaume le Conquérant, duc de
^'ormandio et roi d'Angleterre, et suivit le sort de la
province du Maine , qui changea trois ou quatre fois
rie>nKiitres en moins de 30 ans. On n'y voit plus au-
jourd'hui aucune de ses ancieiines fortific.iiions. Cette
ville a donné sr^n nom à deux grandes familles, qui
ont duré plus de 300 ans. La première commença
par Hubert de Beaumont, vicomte du Mans, qui vi-
vait au commencement du x« siècle et finit à Richard
de Beaumont, irnisiènie du nom, qui laissa sa suc-
cession à Agnès, sa sœur, mariée à Louis de Brienne,
roi de Jérusalem, duquel mariage sont issus les sei-
gneurs de la maison de Beaumont, qui se fondit dans
celle de Chaniillard. Marie de Cbamillard porta cette
ville en dot, 1371, à Pierre, comte d'Aleneon, d'où
elle passa dans la maison de Bnurbon, par le mariage
de François d'Alençon, fille aînée de Uené, duc d'A-
lençon, ei de Marguerite de Lorraine , avec Charles
de Bouibon, comte de Vendôme. Elle fut érigée en
duché-pairie , en 15-13, et c'est le preniier titre que
le roi Henri iV porta du vivant de son père, après la
mort de son frère aîné, qui en avait été revêtu. Elle
a passé ensuite dans la maison de Tessé. Beaumont-
le-Yicomle est dans une situation .igréable, sur la
rive dniile de la Sarthe. On y lem.irque une belle
proiiienaile, située sur un inomicule, d'où l'on jouit
d'une charmante perspective. On y voit les ruines de
l'ancien château, qui sert maintenant de prison. 11 y
a des fabriques d'éiamines , droguels, serges, pru-
nelles , toiles ; son commerce consiste eu grains et
volaille.
Beceum, Bennecourt, paroisse de l'ancien diocèse
de Rouen, actuellenieni de celui de Versailles, ar-
rondissement de Manies, canton de Bonnières, dépt.
de Stine-ei-Oise, à 7 kil. de la Roche-Guyon, 62 de
Paris entre l'O. et le N.-E., bureau de poste de Bon-
iiièies.La principale culture du terroir est en vignes,
dont le vin n'est guère meilleur que le cidre que l'on
fiit dans les environs. La population est environ de
1000 habitants, en y comprenant les hameaux de
Glotou et Tripleval. Bennecourt, sur la rive droite
de la Seine, n'est séparé de Bonnières que par cette
rivière et quelques îles garnies .de saules et en
prairies.
Becherium, Berchères , paroisse du diocèse de
103
canton de Tonrnau,
arrond. de Mclun, dépt. de Seine-et-Marne, à 22 kil.
de Paris. Bureau de poste de Tournan. Ce lieu est
conim depuis le règne de Louis le Gros. Son église
n'était qu'une petite chapelle du titre de St-Pierre-ès-
Liens, qui a été rebâtie vers 1737, et dans laquelle
il n'y avait rien à remarquer. Celle qui existait au
xii" siècle avait été donnée aux moines de Gournay,
par l'évêque de Paris, peu de temps après qu'ils
eurent une petite dîuie sur son territoire. Celle pa-
roisse est entre Comheauxet Roissy, dans une plaine
à gauche du grand cbeinin de Champigny. Son ter-
ritoire anciennement n'était composé que d'env. 100
arpents, bordé par celui des paroisses de Combeaux,
Pontault et lîoussy, et alors il n'y avait que 5 feux.
Aussi, dans les rôles de l'élection de Paris, celte pa-
roisse était-elle jninle sous un même ariicle avec
celle de Pontault. La seigneurie de Berchères appar-
tenait à la maison d'Armaillé.
I BercIières-siir-Vesgres, paroisse du diocèse de
Chili très, arrond. de Dreux, canton d'Anel, dépt,
d'Eure-et-Loir, d;ins une vallée à 8 kil. vers l'E.
d'Anel, 7 vers le N.-E. de Houdan, où e>l le bureau
de poste, et 59 de Paris. Cette terre est une ancienne
seigneurie; elle a été possédée par le marquis de
Culbert. Le château de Herse, dans une situation
agréable, à côté du vilhige, est d'une construction
moderne. Le parc, Iraver-é par la petite rivièi e de
Vesgres, contient 100 arpents et renferme de belles
plantations d'arbres et d'arbustes étrangers. Ce parc
est contigu à un bois bien percé qui fait partie de
celle propriété. La popul. de ce vilhige e-t de 150
hab. env. Son terroir est eu labour, en vignes et en
bois; une petite partie est en prairie. La rivière de
Vesgres fait tourner un moulin à farine.
Belarium, ou Belariï Casiellnm, Bel-Air (( hàteaude).
Avant l'enceinte actuelle de Paris, il y avait aiixviii*
siècle, dans le hameau de .Monceaux, qui alors se
trouvait hors Paris, un château nommé Bel-Air. Il
dépendait de ce château une petite chapelle sous l'in-
vocaiion de saint Etienne, qui servait de succursale
à l'église de Clichy.
I Bel-Air, villagedeSeine-et-Oise,!diocèsede Ver-
sailles, arrond. et c.int. d'Etampes, commune de
Mauchanips, sur la route de Paris, vis à-vis l'avenue
du château de Chamaraude, a 4 kil. N. d'Eiréchy,
10 N. d'Eiampes. Popul., compris celle de Mau-
champs, 200 hab. env. Bureau de poste d'Etréchy.
I Bel-Air, village du diocèse de Paris, arrond. do
Si-Denis, cant. et commune de Nanterre, à 1 kil. de
Nanterre, 10 S-O. de Si-Denis, 9 N.-O. de Pans.
Popul., 2000 bah. Bureau de poste de Nanterre.
I Bel-Air, village du diocèse et de l'arrond. ils
Meaux, cant. de Lagny, commune de F-rricre, à 3
kil. S. de Lagny, 22 S.-O. de Meaux. Pojul., com-
pris celle de Perrière, 450 hab. Bureau de poste
de Lagny.
I Bel-Air, village du diocèse de Meaux, dépt. de
Seine-et-Marne, arrond. de Coulommiers, cant. de
109
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU RJOYEN AGE. HO
Rosoy, commune de VilIeneuve-le-Uni, à 0 kil. de
Lngiiy. Popul., compris cplle de Villcneiive-le Pioi
el dépendances. 600 liai). Bureau de pnsle de L^gny.
) liel-Air, vilhige du dioièse de Yersailles, dépt,
de Seine-et-Oise, arroiid. d'Etampes, canton N. et
coniuiune de Dourdan, à 5 kil. N. de Dourdan, el 28
S. de Versailles. Popul., 3,600 liab. Bureau de posie
de Dourdan.
I Bel-Air, village du diocèse de Versailles, dépt.
de Seine-ei Oise, arroud. de Pontoise, cnnloi de
Montmorency, commune d'Andilly, à 5 kil. de .Mnnt-
morency et 13 S. de Pontoise. Popul., cnniiiris
celle d'Andilly, 370 liab. env. Bureau de poste de
Montmorency.
Bel-Air, village du diocèse de Versailles, dépt. de
Seine-el Oise, arrond. de Versallle-, canl. de P:ilai-
seau, commune d'Orsay, à 5 kil. S.-O. dePalaiseau,
el à 11 S.-E. de Versailh-s. Popul., compris celle
d'Orsay, 970 liab. env. Bureau de posie de Palaiseaii.
Bellu-Ecclesia, ou Basilica, Belle-Eglise, paroisse
du diocèse de Beauvais, arrond. de Senlis, cariion de
Neuiliy-en-Thelle, départ, de l'Oise à 40 kil. nord de
Paris. Popul. 400 hab. , y compris les hameaux de
Goni!icourt, Londrimont, Monlagny-Pmuvaireç , et
lecliâleau de Saint-Just, qui apparieniità l'ordre de
Malte. Le terroir de ce village est en terres arables,
en prairies et en bois. Le ruisseau dit le Hti de iléiu
fait tourner deux moulins.
Bellavilla super Sabiitum, Bi-lleville , paroisse du
diocèse et de la lianlieue de Paris, canton de Pantin,
arrond. de Saint-Denis, sur un coteau à l'est-nord-
est de Paris. Cette] paroisse éiait, dans l'ancien ré-
gime, une annexe de l'église de St-."'e;ri de Paris, —
Ce village portail ancienneitieni le nom de Snvegium,
Savia , Savie. On le trouve ensuite nommé Péirou-
vitle ei Poiironville. L'abijé Lcbeuf a composé une
longue dissertation sur le nom primitif de cette mon-
tagne. Jaillot le combat en quelcjnes points ; il pense
que Sfli'ie el Poiironville, aujourd'hui Bellevillc ,
étaient deux lieux contigus, mais différcnis l'un d;
l'autre. « Suivant une sentence arbitrale de 1229, dit
cet auteur, conservée dans les .irchives de Si-Merry,
on voit que ce chapitre avait |j moitié d'un pressoir
i Sarie, proche la maison de St-Martin, in tenilûrio
de Bel o C iiupo. Ce même endroit est nommé de Pul-
chro Campo , dans les titres de Saint-Martin-des-
Champs.... Le nom de l'oi7roiii'i//e se lit dans le rôle
de taxe de 1313 et dans plusieurs titres. L'abbé Le-
bêuf en a inféré qu'il venait de quelque seigneur ap-
pelé Boilron ou Poilron; mais, outre qu'il n'en duiine
aucune preuve, il me parait plus vraisemblable que
ce nom est une faute de copiste ou une altération de
C.liii de Pétriniitte, Pelrevitla, qui lui aura été donné
à cause de sa dépendance de St-Merry, dont l'église
était priuiordialement une chapelle sous l'invocation
de Si-Pierre ; et dans le rôle de 1515 que je viens
de citer, Poitronville est indiqué comme étant et
r.i^aM partie de la paroisse de Si-Merry. A c<- nom
a succédé celui de BeUeville-sur-Sablon, Bellavilla
super Sribtilum, et c'est sous celle dernière dénomi-
nation que ce lieu est désigné dans tous les actes des
deux derniers siècles, i — Les rois de la première
race avaient, dans ce lieu, une maison, el l'on trouva
des pièces de monnaie q'ii y avaient éié frappées ,
avec l'inscription ; Savi. Il reste encore des vestiges
de celte ancienne maison dans une ferme située sur
le haut de la montagne, et qui a retenu le nom de
ferme de Savie. — Dans une description des environs
de Paris, faite sous Charles VI, on lit : Poitronville ,
dit Bellcville. Dans l'exposé d'une grJice obtenue du
même ninnarque, il est parlé de gens qui éinienl
allés se battre el joueràPoilronville, assez près de Paris,
en une certaine taverne séante audit lieu cl ville. La si-
tuation de ce vil'age, sur une éminence, d'oii l'œil
découvre tout Paris, lui a sans doute l'ait donner son
nouveau nom. 11 y a sur la montaine de Bellcville
des sources assez abondantes qui fnurnissent des
eaux pour l'usage de la capitale. L'aqueduc qui sert
à les conduire est un des plus anciens de Paris. Il
en est fait meiMion dès l'an I24i. — Ce lieu était
autrefois séparé de Paris par des champs; il touche
maintenant aux barrières par une continuité de mai'
sons bâties des deux côtés de la route. On lit dans
d'anciennes descriptions que ce village avait 17
seigneurs, et en outre plusieurs couvents. Les cou-
vents sont détruits , les seigneurs ont disparu ; et
maintenant on arrive à Belleville sans s'apercevoir
qu'on est hors de Paris.
La partie la plus ancienne de Belleville avoisine
l'église, qui n'a été bâtie qu'au xvii« sièclf, sous l'in-
vocation de saint Jean-I!apti>te, patron du village ;
elle a déjà été réparée plusi'iurs fois et agrandie. En
18H, on s'e-l battu à Belleville avec acharnement
contre les troupes alliées. La population a beaucoup
augmenté : on y compte plus de 10,000 habitants,
sans comprendre la population flottante.
Belica, le Belay, village du diocèse de Yersailles,
départ, de Seine el-Oise, arrond. de Pontoise, canton
de Marines, à 8 kil. est de Magny où est le bureau
de poste. Cette paroisse dépendait, avant 1789, du
diocèse de Rouen. Il y avait une commanderie dé-
pendante ''e celle de Louviers, qui rapportait 7,000
livres de renie, dans laquelle somme Belay se trou-
vait compris pour environ 6 lO livres. Les principales
productions de son terroir sont en céréales. On y
voit quelques bois. Popul. 250 hab.
Bellebatium, Bellebal ou Belesbat, village du dio-
cèse de Versailles, arrond. de cette ville, canton de
Marly, commune de la Celle-St-Clond,à5kil. nord de
Versailles, 6 kil. ouest de St-Cloud. Bureau de poste
de Versailles. Popul. , comprise celle de la Celle ,
360 habitants. Louis XI donna le château de Belle-
bat, en récompense de ses services, à son barbier,
le fameux Olivier Ledain , qui périt si misérable-
ment ensuite. Le châieau n'exisle plus.
Bellismum, Belesine ou Bellesme , petite ville du
diocèse i!e Séez, arrond. de Mnrtagne , cliçf-lieu de
canton du départ, de l'Orne, à 32 Lil. d'Alençon, 13
m DICTIONNAIRK DE GEOGR
de Morlagne, M de Nogent-lc-Roirou.ei i-ii de Paris.
Celte ville ciiisisie en une seule rue, doni la roule
parcoiii t louCo la Iniigueiir , à l'exceplion d'un court
intervalle où elle la quille un instant , à cause des
difficultés de ce trajet , pour longer exiéiieurement
une promenade en forme de boulevard, qui est, avec
sa position aérée , le seul agrément de celle ville ,
peuplée d'environ ô.OuOâuies. Elle prétend avoir élé
jadis la capitale du Perche , et l'une des plus fi>ries
places de l'Europe , ce dont on ne se douterait guère
aujourd'hui. Elle a soutenu divers sièges, dont le plus
fameux est celui de l'an 1228, où le roi Louis IX s'en
empara, après quinze jours d'attaques réitérées. Les
Anglais s'en emparèrent aussi, en 1424, après une
vigoureuse résistance. On y a trouvé des antiquités
qui prouvent qu'il y avait dans la forêt voisine un
temple dédié à Vénus et un autre aux dieux infer-
naux. Celte ville avait un cliâteau qni n'existe plus
depuis longtemps. Elle a été l'apiinage de Louis XVIII,
avant 1789, alors qu'il portait le litre de Monsieur.
Le territoire de Uelesme, agréablement varié desur-
f^ice et dj culture , produit le froment qui rend 7 à 8
pour 1, et la graine de lièlle. L'exploilation des bois
environnants dont on fabrique du merrain pour les
vignobles voisins, faille principal commerce de cette
ville, qui y joint celui des chevaux et des bestiaux.
11 y a des fabriques de toiles creloimes, linge de ta-
ble ei tissus de colon. Il s'y trouve une pajieterie. Le
29 novembre on y lient une foire considérable. Malgré
son antiquité, celle ville n'a rien cociservé des siècles
passéj.
I Bc'lhmi silva, forêt de Belosme. Celte forêt ,
dans 'e diocèse de Séez, départ, de l'Orne, tranchant
brusquement avec les vast«s labours dont elle est en-
tourée, ressemble à un long rempart de verdure,
dont l'effet imposant s'accroît encore à mesure qu'on
approche. C'est, sans contredit, une des plus belles
forêts de France pour la hauteur des arbres, sans en
être une des plus grandes, puis(|u'elle n'a guère que
5,000 hectares. Elle s'étend sur une longueur de 8
kil. : Ou la parcourt dans sa largeur , de i kil. Il y a
dans celle forêt quelques sources d'eaux minérales
esiimées, mais que l'on n'a pas su meure en réputa-
tion ; ce qui, par conséquent , aiiire peu d'étrangers.
On y trouve auïsi des mines de fer.
Bellopialiim, Beaupré, village du diocèse de Beau-
vais, départ, de l'Oise, sur le petit Thérain, à 20 kil.
de Beauvais. Il y avait une abbaye d'hommes en com-
niende de l'ordre de Cîteaux, qi:i fut fondée eu 1133,
par.Mauassés de Miliy, et qui rapportait à l'abbé !),( 00
livres de rente. Il ne reste plus rien des bâtiments
de celle abbaye , devenue propriété particulière dé-
lais !7S0.
Belloranum, Ëeaurain ou Beaiirains , village de
l'ancien diocèse de Noyon, aciuellement de celui de
Beauvais, arrond. de Compiègne, canton de Noyon, à
5 kil, de celte ville où est le bureau de poste, à 60 de
Beauvais , départ, de l'Oise. Popul. 230 liab. L'abbé
Lebeuf parle d'au Beaurain qui esl prubableineut ce-
.\P1IIE lCCLESI.ASTIQUë. H2
lui-ci; il dit l'avoir trouvé dans un titre de 1218, sous
le nom de Bellepenne; il ajoute qu'il appartenait aux
seigneurs de Chevrense, et qu'un deux, Guy deClie-
vreuse, le céda à l'abbaye de Saint-Denis en 1226.
Bellorosum ou Bella Rosa, Beaurose ou Beauroy.
C'était une ferme située près de Corbeil, ((ui appar-
tenait à l'abbay ' de Saint-Victor de Paris, d'après un.
procès-verbal de la coutume de Paris de l'an 1580,
Elle existe toujours.
I Beaurose, village du diocèse de Meaux, arrond,
de Slelun, canton de Brie-sur-Hières , commune de
Férolles, à 6 kil. de Brie où esl le bureau de poste,
et à 21 de Melun. Pop., compris celle de Férolles,
300 hab. Dép. de Seine-et-Marne.
Belloseriacitiii, Beausserré, petit village de l'ancien'
diocèse de Rouen , actuellement de celui de Beau-
vais, arrond. et canion de Clermonl-Oise, départ, de
l'Oise, à Ci kil. nord-ouest de Paris. Il esl dans une
vallée sur la rivière d'Epie. On y voil un vieux clià-
lean. La popul. esl de 120 hab. avec le hameau de
Moriaumoiit qui en dépend.
Belloium , Bellul , paroisse du diocèse de Meaux ,.
arrond. de Coulonimiers , canton de Rebais, sur la,
rivière du Peiit-Morin , ii 20 kil. de Rosoy et 54 de
Melun. Bureau de poste de Rebais. Pop. 900 hab.
Bellovacum ou Civitas Bellovacormn, Beauvais, ville-
épiscopale, capitale du Beauvaisis ou Beanvoisis ,
contrée de l'ancienne province de Picardie, à 36 kil.
sud-ouest d'Amiens, à 88 est de Rouen, et 68 nord-
ouest de Paris. Lai. nord 49° 26' 7°. Long, ouest 0"
15' lo*. — Pop. 16,000 liab. environ. Chef-lieu de
préfecture du départ, de l'Oise.
L'ancien palais épiscopal est d'antique construc-
tion ; les dehors annoncent une sorte de forteresse;
car il esl flanqué de deux grosses tours, et entouré
de hautes et fortes murailles. Ces tours furent élevées
par l'ordre de Simoi) de Clermont, dit de Nelle, évê-
que de Beauvais. Louis de Villers fit rebâtir ce palais
au 13' siècle. Depuis 1790, il a servi d'hôtel de pré-
lecture. L'hôlel de ville, construit en 1754, sur les
dessins de l'archiiecte Bayen, est un monument ré-
gulier, imposant, qui orne la place principale de la
ville. On y re.i arque «ne très-bonne horloge, com-
posée par le célèbre Lepauie; elle y fut placée en
ISIO. La iilace de l'Iiôlel de ville, où se tiennent les
marchés, est grande, bordée de maisons à pignons
et mal alignées. Une statue équestre de Louis XIV la
décorait; on la leiiversa en 1792. — Beauvais a 2
hospices ; l'Iiotel-Dieu , dit de Sl-Jean, et le Bureau
des pau\res. Le 1'' remonte au xi« siècle; il éiait
autrefois desseivi par des chanoines réguliers de
l'ordre de St-Augustin , ayant une rente de 12,000
liv., et rcît aujourd'hui encore par des hospitalières
de Cette congrégation, dites soeurs deSl-Josepli. Il y a
80 lits : 55, placés à pari, sont destinés aux militaires.
On n'en comptait que 48 avant la révolution. C'est là
que se font les expériences de chirurgie. Le Bureau
des pauvres fut établi en IG53 ; il esl garni de plus de
350 lits. Cet établissement a eu pour fondateurs les
115
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
111
lévéques Augustin Potier el Chonrt cIr Biigenvnl. Les
jevemis de ces ilenx liospices s'élèvenl à 90,000 f.
Beauvais a aussi un bureau de liienfais;Ance,tenu par
les Mères de la cliarlié, el un dépol provisoire de
mendicité. — Le Tliérain , rivière qui baigne les
remparts de celte ville et circule dans son iniérieur,
est irès-favorable à l'exploitation de plusieurs fabri-
ques et nianulacinres. Celle rivière et l'AvcIon, qui
s'y réunit, font tourner plusieurs moulins à farine ,
deux à tan, un à liuile el un autre à frise, pour les
étoffes. Le dernier de ces moulins est remarquable
par une addition à son mécanisme, au moyen de la-
quelle il réunit l'avantage de piler en même temps le
ciment pour la maçonnerie. La manufacture de la-
piss ries à l'instar des Gubelins , les teintures ex-
ceplét'S , a été établie par Colberi, en 16u4. Il y a
aussi une nianufaciure de lapis; elle livalise avec
celles d'Aubussoii. On y travaille en point de Hongrie
et en point d'une nouvelle invention , qui joint à la
solidité une ressemblance parfaite aux lapis velouiés
ies plus recliercliés. Les autres manufactures et fa-
liriqiies consistent en draps de différentes espèces :
revéclies, sommières, tricots, espagnolettes, ratines,
molleions, vestipolines et flanelles; en toiles peintes,
«n blanchisseries et en tannerie^. Les draps qui se
fabriquent dans Beauvais et ses environs y reçoivent
lOMS les apprêis; on y dinne aussi le dernier apprêt
aux belles tuiles de balles , appelées mi-llollande.
Des manufactures de loiles peintes, des (ilalures el
des blancliisseiies importantes se trouvent aussi
dans les vdiages de St-Just-des-Marais et de N.-D.-
du-TIril et au hameau de Voisin-Lieu, qui touchent
le faubourg Sl-Quentin, les remparts et le faubourg
St-Jacques. Chaque semaine il se lient i\ Beauvais
deux marchés considérables en grains , denrées et
marchandises de tout genre, el, depuis ISS.j, le pre-
mier samedi de chaque mois, un franc-marché, équi-
valant à une loire, où l'on vend une grande quaniiié
de besliaux de louies les espèces. Les princip;iles
produciions des environs, qui tenrernieiii aussi beau-
coup d'arbres à cidre, sont en grains el en légumes.
Les fromages de Beauv^iis jouissaient d'une oeilaine
renommée, et ses vins se buvaient à la table de Phi-
lippe-Auguste. Les couteaux de celte ville étaient
rort estimés sous les premiers rois de la troisième
race. Dans l'ancien couvent des Ursulines sont placés
la bibliothèque publique, composée d'environ 1-2,000
volumes, cl un grand collège, créé en 1803, où les
jeunes gens suivent un cours d'étude complet. Le sé-
minaire estéiabli dans la partie des bâtiments encore
existants du couvent des Dominicains. Cette ville
avait autrefois un collège renommé; il a cessé d'exis-
ter en 1799. — Les remparts ont éié changés en
belles promenades qui entourent la ville, fermée par
des canaux d'eau vive qu'alinienient le Thérain et
l'Avelon, rivières sur lesquelles elle s'est en quelque
sorte élevée. Elle est située dans un riche vallon, en-
vironné de collines riantes et boisées. Elle aurait été
assez forte sans les montagnes qui la domine» i de
toutes parts, principalement du côté des poricb de
Paris, de l'Hôpital et de Bresie, où les furtificaiions
avaient été travaillées aver le plus de soin, alin d'as-
surer autant que posMble la défense de la place.Tcm-
les ses rues sont belles et droites; celle de l'Ecu et
de St-Sauvcur font les plus grandes. Pie-que loules
les maisons sont mal alignées et bàiies en bois et en
mortier de sable, de chaux et d'argile, à la manière
de nos plus anciennes villes ; mais on est frappé de
la multitude d'ornements et de sculptures en bois qui
décorent l'intérieur de ses habitations. La ville a huit
faubourgs, et cinq portes nommées de Drcsle , de
Paris, de St-Jcan, de l'Hôpital, de Limaçon. Trois
routes royales la iraversenl : celle de Paris à Calais ,
celle de Rouen à Snissons, celle d'Evrenx à Breteuil.
— Sl-Pierrc est l'église cathédrale , d'où relevaient
quatre autres petites paroisses, St-Barthélemy, St-
iNicolas, Si-Michel et Notre-Dame, qu'on appelait à
cause de cela le-; quatre filles de St-Pierre.Lc chœur
de cette cathédrale , qui fut commencé en 1591 , est
admirable, tant par sa hauteur (50 mètres) et sa lar-
gueur (12 mèlres), que pour le dégagement de son
travail, la belle ordonnance de sa voûte et ses dehors.
11 y a dix piliers de chaque côté dans sa longueur,
avec des ch;ipellos à l'eniour. Le pavé du sanctuaire,
qui est irés-vaste, est tout de marbre. Il manque à
cetl'i église une nef , des tours et un clocher d'appa-
rence. Hervé , quarantième évèque de Bemvais, en
jeia les fondements en 991. En 1225, un incendie
consuma les voûtes et le comble. On y dit l'office ,
pour la première fois, en 1271. En 1284, les grandes
voûtes du chœur et quelques piliers s'écroulèrent.
Cette éiilise ne consista, pendant SOO ans, que dans
le chœur. Li croisée aciuelle n'a été entreprise qu'en
1.500. Le clocher, bâti en pierres, très-élevé, et d'une
structure merveilleuse, s'écroula en 1573. Ce monu-
ment renferme d'anciennes tapisseries irès-curieuses
de la fabrique d'Arras, la statue en marbre et le mau-
solée du cardinal de Janson, dus au ciseau de Nicolas
Coustou, et un grand nombre de reliques, entre au-
tres celles de saint Lucien, de saint Pierre et de sainte
Angadresme. — Près de St-Pierre sont les restes
d'une ancienne église romane , dite Notre-Damc-de-
la-Basse-CEuvre. Sa construction est du iv» siècle;
elle servit de catliédrale-jusqu'en 1272, elle est main-
tenant occupée par un marchand de bois. On voit
encore, sur son pignon occidental, une figure nu es-
pèce de marmouset. Beauvais avait 6 collégiales et
13 paroisses, dont il ne reste plus que Si-Pierre et
St-Etienne. Celte dernière église possède des vitraux
bien conservés et d'une exécution parfaite. On comp-
tait dans la ville 3 abbayes, i monastères d'hommes
et 3 de femmes ; les Cordeliers, les Dominicains, les
Minimes, les Cordelières, dites Filles de St-François,
les Ursulines et les Chanoinesses de l'Hôtel-Dieu,
les Capucines, les abbayes de St-Lucien, de St-Quen-
lin et de St-Symphorien étaient hors de son enceinte.
L'abbaye de St-Lucien appartenait aux bénédictins
de la congrégation de Sl-Maur, qui conservaient dans
us
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
116
leur église le corps de saint Lucien. Les bàtlnienis
des Minimes ont été convenis, en 1792, eu salle de
spectacle; outre cette salle de speciacle, il y a un
pressoir pour le cidre et un clianiier do bois. Les
bâtiments des Cordeiiers ont élé iransforuiés en ca-
serne de cavalerie. — L'évêché de Beauvais a eu
saint LiK-ien pour premier évêque, vers le milieu du
iii< siècle. L'évêque avait la seigneurie de la ville ,
avec les titres de comte de Beau\ais, pair de France,
et de vidarae de Gerberoy. Ce lut en celte qualité
que l'évêque de Be mvais, suivant l'atiribuiioii de sa
pairie, porta, en 1179, le manteau royal au sarre de
Philippe-Auguste. Le conilé de Beauvais avait élé ,
avec la permission du roi Robert, uni à l'évéclié, en
996, par Roger , lils du coniie de Blois, et évêque de
Beauvais. On voit, [larkacapitulairesdeCharleniagiie,
que, sous le règne de ce prince, il y avait un comie
de Beauvais autre que révêijue. Dans la suite , les
comtes se rendirent hérédiiaires. Les évêques leur
succédèrent dans celle dignité. Le comlé était devenu,
par la voie d'un échange, la propriété de l'église de
Beauvais. Auparavant, les biens de la mense épisco-
pale et ceux de la mense capitulaire étaient confon-
dus; depuis, ils furent divisés. La glèbe, ou le do-
maine du comté, fut pariagée entre l'évêque et le
chapitre, i Le litre de conue, dit M. Tremblay (ISo-
lice sur Bcauiais) , et la pairie qui y était inhérenle,
resièreni à létèque; le premier qui posséda ces ti-
tres fui Roger, qui vivait du temps du roi Robert;
il les transmit à ses successeurs, i Anciennement ,
assurent quelques histoiieos, les évêques de Beau-
vais, comme ceux de Laon, avaient le droit, lors du
sacre du roi, de demander au peuple si le prince
qu'oji allait sacrer lui était :igréable. Lors de l'entrée
de réception de l'évêque dans Beauvais, le maire de
la ville était obligé de lui en présenter les clefs. Au
xiii" siècle et au XIV', cet évêque avait le droit de
battre monnaie, qiiiavail cours dans tout son diocèse;
elle était composée de deux tiers d'argent pur et un
tiers d'airain. «Dans le xiv« siècle, l'évêque de Beau-
vais fut autorisé par le parlement à (aire prendre et
arrêter en passant le poisson dont il avait besoin pour
sa maison. On en iranspoiiaii , à celte époque , des
côtes de l'Océan à Paris; mais il paraît qu'aniéiieu-
remenl Paris n'eu recevait point ainsi ; car les évê-
ques de Beauvais étaient en possession de faire une
espèce de cadeau à nos rois, en leur envoyant, de
temps en temps, un cheval chargé de celle denrée.»
Parmi les 90 liudaires de cet évèché, qu'il y eut jus-
qu'à l'époque de la révoluiion, on doit ciier Henri de
France, his de Louis le Gros et frère de Louis Vil,
qui possédait le siège en 1148 ; Philippe de Dreux ,
pelii-hls de Louis le Gros, évêque en H 75; Simon de
Clermoni, qui fut régent du royaume sous trois rois;
Jean de Doruians, cardinal et chancelier de France ;
Odol de Coligni, cardinal de Chàlillon, ei Charles de
Bourboi.ce roi de la Ligue sous le nom de Charles X.
Cet évèché valait 55,000 liv. de revenu , et compre-
nait 598 cures. — La jusiice-appartenaii à l'ovêaue ;
elle était exercée par un bailli, qui avait sous lui trois
lieutenants, un procureur et un avocat fiscal, un subs-
titut et un grelfier. Cet évêque avait encore une ju-
riJielion pour les eaux et foiéls de son évèché. Les
appels de ces deux justices éiaieni portés au parle-
ment de Paris. — Le climat de celle ville est sain
et tempéré. On y trouve un assez grand nombre de
vieillards : on ciie inênie , comme une pieuve de
longévité dans ce pays, qu'enlre 200,000 pèlerins qui
se rendirent à Rome lors du premier jubilé, il y avait
2 vieillards de Beauv.às âgés de 107 ans.
On ignore le nom que porta Beauvais avant la cou-
quêie de César. A pi es la conquête , César la fit ap
peler Cœsaromaijus, nom qu'elle quitta ensuite pour
prendre celui de ikttovacum , du peuple qui l'babi-
laii. On nommait Belyium la province dont elle était
la capitale. Civilas Bellovitcurum esi le nom que Beau-
vais portail du temps de Constantin. Un capitulaire
de Charlemagne la nomme Belvacus ; llincniar l'ap-
pelle Beltjiiagus, Ainioiii, Belvagus, et le plus grand
nombre des auteurs Beitovaci, Bellovacum , etc. Des
pièces de monnaies frappées à Beauvais même, vers
l'an 900 , sous Charles le S mple, portaient pour
légende : Belgcvacus ciiiias. Les anciens historiens
ont considéré celte nation des Bellovaci ou Belloaci
comme étant nombreuse et puissante. Dans la ligue
belgedel'an CuGdeRome (oSans avant Jésus-Chrisi),
les Bellovaci oiïrirent 00,000 hommes ; mais ce qui
peut faire supposer que quelques-uns de leurs voi-
sius furent compris dans ce nombre, c'est que, dans
la gueire de l'année 701 de Rome, ils ne mirent
sur pied que 10,0U0 hommes. On remarque que celle
république , quoique située dans le Belgiuui , ciaii
l'alliée des Eduens, placés dans la Celiiijue. Ilirlius,
dans son sup|ilément !»ux commentaires de César ,
dit que les Bellovaci éiaii le peuple le plus belliqueux
de la Gaule, et en eiïet il se ht craindre plusieurs
fois au conquérant. — Quelques auteurs assurent
que Beauvais fut bàiie par Bellovèse, neveu du roi
Ambigat , vers l'an 104 de Rome, b'aulres en attri-
buent la fondation k un chef gaulois nommé Belgius.
— Des vestiges considérables trouvés , en 10-35 , au
mont Caperon, à 200 mètres de la ville, vers le nord-
est, attestent qu'il existait un temple sur cette hau-
teur. On soupçonne qu'il était dédié à Bacchus. Les
autions murs de la ville furent faits des débris de ce
vasie édihce, dont la façade était, dit-on, égale en
longueur à celle du Louvre. On a trouvé sur ces rui-
nes des frises, des cilonnes, des chapiieaux, des or-
nemeiits du meilleur siyle, qui prouvent d'une ma-
nière irrécusable le long séjour des légions romaines
dans ces conlrées. En fouillanl, en mars lO'JG, à
quatre mètres de profondeur , pour éiablir le cloiire
des Ur-uliiies, on découvrit beauioup de décombres
de bàiiuieiils anciens, qui prouvèient que la ville s'é-
lendaii jusque dans les prairies. A ces décombres se
trouvaient joinis des creuseis de Savignies et des
tuyaux à couler les métaux. La disposiiion de cer-
tains fourneaux lit croire qu'un hôiel des monnaies
avait occupé celte place. Quand on jeta les fonde-
«7
ineiUj de
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
115
hôlel (le ville, en 1753, on trouva des
vestiges (l'un iiiuiiumeiii élevé en Tiionneur de l'em-
liereiii- Adrien, ei beaucoup de médailles. « Beauvais,
dit M. Trenib ay, comme plusieurs autres villes au-
cieunes, oHj e cinq ou six reconstructions. On trouve,
à trois mètres de profondeur , des rues anciennes et
des pavés du temps des Gaulois. Des enceintes de
vieux palais, situés dans le voisinage de la préfec-
ture, sQnt à coup sûr un iravail du premier temps
de la conquête des Romains. L'enipreinie de leurs
instruments et le giènetis c|u'ils traçaient s'y voient
enciire. Sur ces ruines sont d';vutres monuments de
la première race de nos rois. Le beffroi de la cathé-
drale reposait sur un massif romain. L'ancienne
église de la Dasse-Œuvre (Notre-Dame) était
remarquable par ses arcades à plein cintre , par
une succession d'assises de pierres et de grandes
briques , par une espèce à'opus reticulatum, par des
statues mangées par le temps. Des médailles et des
médaillons de Posthume, irouvésdans les fondements
des murailles avec cette inscription : Hesiituiori Galtiee,
attestent que Beauvais fut possédé par les Romains. —
On lui a donné, dans le moyen âge, le nom de Villa-
Pontium , à cause du grand nombre de ses pojits , et
le surnom de Pucelle, parce qu'elle n'a jamais été
prise, ce qui n'est pas exact. Chilpéric s'en rendit
m ilre en 471. En 8Ï0, Oschéri brûla Beauvais; mais
cette ville fut aussitôt rebâtie que détruite. En 881 ,
883, 9i5 et 92a, elle devint la proie des Normands.
Elle servit d'asilç, en 88G, aux habiianis de Ponioise,
que Sigefroy cliassail dt; leur pays. Louis le Gros
l'asiégea en IIDO , et la prit. Froissard dit que la
Juciinerle de lieauvais, qui, en 1338, était conduite
par un capitaine Jacques , de cette ville , aurait pu
coniposer un corps de 100,000 hommes. Lorsque les
Anglais leiiicrent de l'assiéger, en 1443 , ils furent
repousses par Jean de Ligidères. Le duc de Bour-
gogne, Charles le Téméraire , dont la valeur était
soutenue par une ariuée de 80,000 hommes , ne fut
pas plus heureux en 147-2. Après 23 jours d'ellorts ,
il se vil forcé de lever le siège. On ailiihue le succès
de celte allaire à Jeanne Laisnè, dite Fourquet, sur--
nommée Jianne Hachette , dont l'hôiel de ville con-
serve le portrait. Les habitants voulaient se rendre;
in:'is Jeanne réunit les femmes de la ville, ht passer
dans leur ànie le couruge qui l'animait, et les con-
duisit sur les remp irts ; la garnison et les divers
combattants sont entraînés par cet exemple : la vic-
toire devient le prix du patriotisme. Jeanne tua de sa
propre niain un soldat ennemi qui s'avançait poui
planter un drapeau sur le rempart. Ce drapeau est
un truphée qui décore l'hôtel de ville. Luuis XI, par
lelt. pat. du <J août 1472, lécompensa les femmes de
Beauvais pai plusieurs privilèges; il voulut que tous
les ans, le 10 juillet, jour de saiuie Angadresuie, pa-
tronne de la ville, le drapeau congnis par Jeanne lût
porté processionnelleineiit i ar toutes les rui s, cl que
les femmes eussent ce jour-là le pas sur les hommes.;
Celte feie , supprimée eu 1794 , fut létablie par Na-'
poléon, en 180G. — Pendant les guerres de la Ligue,
Beauvais refusa de se déclarer pour Henri 111, et sou
successeur fut obligé d'entrer en arrangement avec
les habitants. N'étant plus fortifiée, elle fut occupée
sans difficulté par les troupes étrangères, en 1814 et
1815. — 11 y a eu cinq conciles à Beauvais : en 845,
cù Hincmar fut élu archevêque de Reims, en pré-
sence de Charles le Chauve; en 1054, 1114, 1123 et
1124; et trois synodes, tenus le premier en 1161 ,
dans lequel on y discuta quel pape , d'Alexandre 111
ou de Victor IV, serait reconnu en France; et les
autres, en 13i4et Iâ57, par Odel de Châtillon, car-
dinal et évèque de Beauvais. — l'iusieurs monarques
ont visité Beauvais, Le roi de Portugal y vint en 1 i77;
Henri II, en looo, et le czar Pierre, en 1717. — Di-
vers incendies ont beaucoup nui à l'agrandissement
de cette ville ; les plus considérables ont été ceux
des années 886, 1018 et 1180. — Les aulorilés de
Beauvais unt été, sous les Gaulois, un sénat dirigeant,
puis un maire pris parmi les pairs de la ville, ensuite
deséchevins. — Depuis un temps immémorial, cette
ville avait la singulière prérogative d'offrir un mouton
au roi le premier jour de l'an. — On y célébraii, au
xii* siècle, la fête ridicule de l'àne, et au xvii« siècle,
on était dans l'usage de jeierdes éioupes enflammées
dans la nef et des oublies de différentes couleurs
dans le chœur, pour imiter les langues de feu qui
descendirent sur les apôires. Lss laubourgs de Beau-
vais continuent de célébrer le repus des obsèques.
Aprèi avoir rendu les derniers devoirs à celui qui
n'est plus, on se réunit chez lui , et, au milieu d'une
collation frugale servie par les parents du défunt, on
rappelle les vertus et les bonnes qualiiés de celui
qu'on regrette. — P.nui les personnages remarqua-
bles à qui Beauvais a donné le jour, on cite Currœus,
chef des Bellovaci, mort l'an 702 de Rome : il coiu-
batiit César, et préféra mourir à la honte de se ren-
dre ; sainte Angadresme , fille de Robert, chancelier
du roi Robert , mort en 698; Hugues , gouverneur
du roi Robert, tué en 1025, par ordre de la reine
Constance; le savant dominicain Vincent de Beau-
vais, précepteur des enfants de ssjni Li uis, et auteur
du Spéculum mundi {Miroir du inonde), ouvrage d'une
érudition immense, d'une haute inielligence et d'une
pensée profonde ; Jean de Villiers de l'isle-Adam ,
maréchal de France, tué en 1437 ; Gauiier Casse!,
notaire du concile de Bâie; Philippe de Crèvecœur,
maréchal de France, m. en 1494 ; Philip; e de Vil-
liers de l'Isle-Adain, grand maître de l'ordre de St'
Jean de Jérusalem, m. en 1534; Jaan Leconie , H-
tendant des finances sous Henri H, Fiançnis H et
Charles IX, m. vers 1580; Nicolas Godin , maire de
Beauvais, lieutenant du duc de Mayence; Jean Loisel,
médecin de Louis XII et de François 1"; Nicolas
Trislani, .ivoeat célèbre ; Jean Mazille, méJec in de
Charles IX; Antoine Luisel, historien; Clément Vail-
lant, avocat; Léonard Driut, avocat ; Raoul Adrien,
avocat ; Charles de Feuquièrcs , avocat ; Jean-Marie
Ricard, avocat; Brocard, chirurgien célèbre; Jean-
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
119
Foy-Vaillant, aniiquaire ; Denis Simon , liisiorie i ;
le P. Mcsenguy, célèlire écrivain jansénisle ; Jean-
Baptiste Valloi , pharmacien ; Pierre-Joseph Coniel ,
chirurgien; Loiiis-François-René Portiez, membre de
plusieurs assemblées législatives et légiste, m. en
1810. On cite encore, au nombre de ses littérateurs,
Falcain ou Foulcoie, poète du xi* siècle ; Raimbert,
chanoine, (]ui a écrit en vers, l'an 1094 , le martyre
de saint Quentin ; Arnoul ou Arntilphe , évéque de
Rochesior; Guibert de Nogent; Elie Pdiei, poète ;
Guillaume de Si-Amour, chanoine; Guillaume Du-
rand ou Durant! , évêque de Mende ; Philippe de
Vitry , Jean Régnier, Jean et Claude Binet, Pierre
Aubert, Pierre Louvet, avocat; Nicolas Tavernier,
Charles Boileau, l'abbé Dubos , l'abbé Langlet Du-
fresnoy , Pierre Restant , Pierre Ramus , Claude et
liéné Binet ; Godefroi Hermant, Louis Patin. — Jean
Racine avait fait ses études au collège de Beauvais.
Par la constittiiion civile du clergé en 1791, l'évo-
que de Beauvais prenait le titre d'évêque de rOi>e.
L'évêché de Beauvais fut du nombre des sièges épis-
copaiix supprimés parle concordai de 1801, et réuni
au diocèse d'Amiens. Le concordat de 1817 le réta-
blit, et il fut maintenu par les conventions posté-
rieures passées entre le saint-siége et le gouverne-
ment français, sous la restauration. Le dioièse actuel
comprend toute la circonscription du département
de l'Oise; il renferme deux villes épiscopales an-
ciennes et illustres par leurs premiers évêques. Sen-
tis ciNoyon.
I Beauvais, village du diocèse de Versailles, dé-
partement de Seine-ei-Oise, arrondissement et can-
ton de Corbeil, commune de Nainville, à 12 kil. sud
de Corbeil. Population , compris celle de Nainville,
140 habitants. Bureau de poste de Corbeil.
I Beauvais, village du diocèse de Versailles, dép.
de Seine-ei-Oise, arrond. d'Etampes, cant. de Dour-
dan, commune de Roinville , à 10 kil. est-nord de
Dourdan, à 28 de Versailles. Pop., compris celle de
Roinville, ilOO hab. Bur. de poste de Dourdan.
1 Beauvais , village du diocèse de Versailles ,
départ, de Seine-et-Oise , arrond. d'Etampes, cant.
de Milly, commune deValpuiseaux,à 1 1 kil. ouest de
Miliy, 11 kil. sud-est d'Etampes. Pop., compris celle
de Vaipuiseaux, Ô80 hab. Bureau de poste de Milly.
I Beauvais, village du diocèse et arrond. de Ver-
sailles, Canton de Chevreuse, commune de StReiny-
rilonoré, à 7 kil. sud-est de Montrorl-l'Amaury , 11
kil. nord-ouesl de Chevreuse, 21 kil. ouest p. sud de
Versailles. Pop., compris celle de St-Remy-l'Hono-
ré, 500 hab. Bureau de poste de Monifori-l'Amaury.
I Beauvais, village du diocèse de Versailles, ar-
rond. d'Etampes, cant. sud de Dourdan, commune
d'Orphin, à 9 kil. de Rambouiliei, 2j kil. d'Etampes.
Pop., coinpris celle d'Orphin, 400 hab. Bureau de
poste de Rambouillet.
Betlovacense muiiicipium, BeauvaisisouBeauvoisis,
petit pays qui dépendait autrefois de la ci-devant
province de Picardie, et dont Beauvais était la ca-
12(J
pilale. Cette contrée était comprise dans le gouver-
nement général de l'Ile de Fr;iMce.Ses limites étaient
au nord, la Picardie proprement dite; au couchant ,
le Vexin normand, dont il était séparé par la rivière
d'Epte; au midi, le Vexin français, et au levant le
comté de Senlis. Le sil est mêlé de [iliines et de
collines, par conséquent assez inégal ; l'air est sain.
On y recueille beaucoup de ble , mais peu de vin.
Les pàtuniges y sont excellents , surtout pour le
menu bétail. La volaillo, le gibier et le poisson y
abondent. Beauvais , Clermoni et Buuiflers en sont
les [rincipales villes. — Le Beauvoisis était divisé en
deux élections, celle de Beauvais et celle de Cler-
niont. La première dépendait de la généralité de
Paris; l'uutre faisait partie de la généralité de Sois-
sons. Outre les paroisses ou communautés de ces
deux élections, il y en avait encore plusieurs qui lai-
saient partie de l'élection de Montdidier, appartenant
à la généralité d'Amiens. Il n'y avait pour toutes ju-
ridictions, dans cette contrée, que les deux élections
ci-dessus mentionnées, deux bailliages, l'un à Beau-
vais et l'autre à Clermoni, et la juridiction de l'évé-
que de lieiuvais pour les eaux et forêts de son évé-
ché. — Aujourd'liui cei:e petite contrée est du dio-
cèse de Beauvais, et forme la majeure partie de sou
arrondisseinent. — Ainsi que le> provinces qui l'e i-
vironnent, elle fut conquise par Clodion lors de l'ir-
ruption des Francs dans la Gaule. A répo(|ue où les
Bretons secouèrent le joug des Romains, et à ctlle
où Clovis en triompha et se rendit maître de tout le
pays que ses prédécesseurs n'avaient pu conquérir ,
on ne voit pas que les habitants de Beauvoisis aient
joué un rôle remarquable. Des SiS, ils soullrirent de
l'invasion des Normands, et contribuèrent au tribut
de 70110 liv. d'argent que ceux-ci levèrent sur les
peuples de la Belgique. Ce pays fut encore désolé
plusieurs fois depuis par les ravages de ces barbares. Il
ne fut guère moins lourmeaté par les guerres entre
les Français et les Anglais ; la plus désastreuse lut
celle de 1546 , entre Edouard III et Philippe de Va-
lois. Le Beauvaisis fut ruiné par les pillages et par
les guerres. La révolte des paysans , connue sous le
nom de Jacquerie , cccasionnéc par la sihialio.i ex-
trême à laquelle les habiianisde la campagne étaient
réduits, éclata dans le Beauvaisis en Iôo8, et de là
se répandit dans toute la France.
Bellovallis, Beauvoir, village du diocèse de Meaux,
canton de Mormant, arrond. de Meluii , départ, de
Seine et-Marne, à 6 kil. de Mormant, 43 de Paris.
Cette paroisse était comprise dans l'ancien diocè-o
de Sens. Le château, entouré de fossés, remplis
d'eau, précédé de plusieurs cours et d'une belle ave-
nue qui aboutit à l'ancien chemin des Romains, est
dans une position très-agréable. Le parc, d'environ
60 arpens, est très-bien planté et fermé de murs à
hauteur d'appui , ce qui lui ménage de tous côtés
des points de vue variés. La popul. de ce village est
d'environ 550 hab. Les principales productions du
terroir sont en grains ; une partie est en bois.
121
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
122
Beltoiannœ nbbatia, abbaye de Nolre-Damc de l!cl-
losanne on Cellozaiine, au diocèse de Rouen, à 6 kil.
nord-ouesi de Gonmay. Elle éiaii (ille de l'IIe-
Dieu. Elle fui fondée en 1198, pour des religieux de
l'ordre de Prémonlré, par Hugues III, seigneur de
Goui nay , sur un petit ruisseau dont il paraîiqu'elle prit
le nom. Elle était située autrefois entre deux éiangs,
l'un dit l'éiang de Mont-Louvet , de 500 arpents ,
l'auire dit l'étang de Brai ou Bellosanne, de 900 ar-
pents, lesquels sont maintenant desséchés et con-
vertis en pâturages ou en labour. Ce monastère est
remarquable dans l'histoire par trois de ses abbés ,
qui l'ont tenu successivement en commeiide, et qui
se sont distingués dans la république des lettres :
François Valable, Jacques Amyot et Pierre Ronsard.
Il rapportait environ 5,(100 liv. Ce n'était plus , en
1680, qu'une misérable maison prêle à être enseve-
lie sous ses ruines, où deux religieux subsisiaient à
peine avec l.j ou 1600 liv. de rente, qui faisaienl tout
le revenu de la mense conventuelle; mais le P. Henri
Bliivette, qui en avait été nommé prieur vers ce temps-
là, et qui rélait encore vers llôi, avait fait tout re-
bâtir à neuf, sans compter les réparations des fermes
et de l'église , qu'il avait magnifnitiemeiit ornée et
enrichie de linge, d'argenterie et d'ornements. On y
Vit de snn temps jusqu'à douze religieux faire le ser-
vice divin. Celte abbaye , comme les autres monas-
tères, a subi les chances de la révoluiion. Elle avait
donné lieu, comme presque toutes les aricicnnes
communautés religieuses , à un village qui s'est peu
à pi'U f'Traé autour de son enceinte. Il est du canton
de Gournay , arrond. de Neufchàiel , départ, de la
Seine-Inférieure, diocèse de Rouen; il a ICO ha-
bitants.
Bellus Cumpus , Belleville , petite ville du diocèse
de Lyon, arrond. de Villefranche, à iO kil. nord de cstie
ville, chef-lieu de canton du départ, du Rhône, près
la rive droite de la Saône. On y fabrique des cotons
brochés, des mousselines, des toiles diverses. La
pop. est de 2,400 hab.
Be/dis Fons, Belle-Fontaine, paroisse du diocèse
de Versailles, arrond. de cette ville, canton de Poissy,
commune de iMaurecourt, départ, de Seine-et-Oisc ,
5 8 kil. nord de Poissy, à iiO de Versailles. Popiil.,
compris celle de Maurecourt, 5(J0 hab. Ce village
est situé au-dessous de celui des Fosses, sur le ruis-
seau formé i)ar les sources de Montmeillan et Siir-
villiers, et qui sont plus sensibles sur les limites de
Marly-la-Ville. Le plus ancien titre qui en fasse men-
tion appelle ce lieu Bella Fontana : il est de l'an
1171. Dans le siècle suivant, on a voulu s'exprimer
en meilleur latin, et dire Bellus Fons, ce qui n'a pu
faire changer l'expression vulgaire. Ce village est si-
tué dans un agréable vallon, quoiqu'un peu resserré.
C'esi un pays à terres labourables et prairies, et qui
a lire sou nom d'une fontaine qui sort de la mon-
tagne sur le bord du ruisseau. La cure était érigée
dès le xiii' siècle. 11 ne restait dans l'église parois-
Biale que deux épilapbes; l'une, sur la tombe de
Ch^irlcs Ménar^ , conseiller au parlement de Paris ,
était ainsi conçue :
Qui ntm duhiis et nutanlibtts sub Henrico lll rébus
in pde maniiisset , et restaurata deinum Bcnrici Marjni
victricibus armis Caltia penntibus reddiliis, prisca et
vere Galtica virtule regium uomen semper coiiit. Dé-
muni Ludovico XIII rege wnjoribus in siibselliis se-
deiis decessit nonis decembris 1019.
L'autre tombe est celle de Marie-Elisabelli de
Braque, dame du lieu, morte le 3! mai 17-20, âgée do
19 ans. — Le bâiimcnt de celle église est du immb e
de ces anciens édifices qui ont souvent été réparés.
Cette église fut dédiée, le 24 juillet 1524, à saint Ni-
colas , regardé comme patron du lieu. La terre de
Belle-Fontaine est une ancienne seigneurie ; il y a
un château.
Bellus locus ou Belli tocus, Beaulieu , nom com-
mun à plusieurs localités en France et à d'anciennes
abbayes. — Beaulieu est une petite ville du diocèse
de Tours, départ. d'Indre-et-Loire, sur l'Indre,
dont le terroir produit céréales, vins, bois et fruits. H
y a im bourg du même nom dans le diocèse de Luçoii,
arrond. des Sables d'Olonne; un antre au diocèse de
Tulle, sur la Dordogne, qui possédait une abbaye de
l'ordre de Saint-Benoît ; un autre, au diocèse de
Beauvais, à 28 kil. nord-est de Compiègne, qui avait
également une abhaye de Bénédictins.
■ I Beaulieu (prieuré de), monastère de chanoines
réguliers de l'ordre de St-Auguslin, fondé en 1200,
sous l'invocation de la sainle Vierge , dans l'éiendue
de la l'aroisse de Bois-l'Evèqne, à 8 kil. de Rnuen ,
vers l'orient, par Jean de Préaux, pour le repos des
âmes d'Osbert et de Malhilde, ses père et mère. Le
pieux fondateur dota cette maison de plusieurs re-
venus considérables. Pendant les troubles du calvi-
nisme , les religieux de Beaulieu se dispersèrent les
uns d ins les bois voisins du monastère, les autres où
ils purent, d'où résulta la ruine presque totale de la
iv>aison. Les commendalaires vinrent ensuite, et lais-
sèrent tomber l'église et les lieux réguliers. En 1700,
tout y était dans un état si déplorable , que M. da
Moutholon , président du parlement de Rouen, se
transporia sur les lieux avec le procureur général
pour travailler ensemble aux moyens d'y remédier.
Il fut ordonné que le titulaire ne loucherait aucun
denier de ses revenus jusqu'à ce que toutes tes répa-
rations , réédificutions , ornements et livres d'église
fussent rétablis. Ce règlement fut confirmé , à la re-
quête des religieux, par sept arrêts consécutils, lani
du parlement de Rouen que du conseil d'Etat et du
conseil de régence : malgré cela , le litulaire reçnt
ses revenus et ne paya rien. Enfin, par un nouvel
arrêt du parlement, du 19 juillet 1718, un économe
fut chargé de la receite et des opéraiions. Depuis
cetie époque on y travailla, et l'on eut beaucoup de
peine à finir. Le fondateur avaii éié enterré dans le
chapitre, sous une tombe de pierre bleue, sur laquelle
éta.t gravée une épée. Le roi nommait le prieur;
celui-ci jouissait de 10,000 liv. de rente ou environ
123
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIi: ECCLESIASTIQUE.
ni
Lesbàliments de ce prieuré sont devenus une maison
centrale de déicniion ; mais il ne reste plus rien des
anciennes construciions.
I Beaulieu, ancienne seigneurie, dont le cliàleau
était éloigné de i kil. de Chartres et autant Je Ver-
le-Graiid, et d'un kil. seulement du village de Ma-
nilles, départ. d'Eure-et-Loir. Ce fief relevait inimé-
dlaienient du roi ; il y avait haute, moyenne et basse
justice. Ce lieu s'appehiil autrefois Biscorne ou Bi-
rhi corne. On rapporte dans le pays que Henri IV,
en ayant demandé le nom et l'ayant appris, dit que
l'on devait plutôt l'appeler Beaulieu. Ou trouve qu'ef-
reciive.nieiit, dès la lin du règne de ce [iriiice, le nom
ét'jit (liangé. Ce lieu est réellement beau, par la si-
tuation et par la disposition qu'on y a donnée. Le
château est bâti sur une élévation , au-dessus d'une
grande plaine ; on traversait trois grandes cours pour
y arriver; il y avait, dans la dernière, à droite en en-
trant, une tiès-belle galerie ouverte, qui était ornée
de bustes de princes, d'empereurs et de philosophes.
Le parc contenait SO arpents et était parfaitement dis-
tribué. Leparlerre était orné de quelques statues. Le
seul défaut de ce cbàleau était d'être sans caves. On
croyait cependant qu'il y en avait une sous cet édi-
fice, mais que les anciens seigneurs, qui étaient pro-
lestants, y enterraient leurs morts. Celle tradition fut
la cause qu'on ne voulut point en chercher l'entrée.
En 1(J87, après la révocation de l'édil de N:ii;tes, le
roi y envoya une compagnie de dragons, pour y em-
pêcher l'exercice de la religion prétendue réformée,
que professaient encore les seigneurs. Ils en liront
depuis abjuration, et ont njêine fait construire unie
chapelle dans leur cliàleau, où l'on disait ordinaire-
ment la messe.
BellusMoiis ad Isaram, Beaumont-sur-Oise, petite
ville, autrefois comié-pairio du diocèse de Beauvais,
aujiiuid'bui du diocèse de Versailles , arrond. de
Pontuisc, départ, de Seine-et-Oise, sur la rivegauche
de l'Oise, à 50 kil. de Paris, iO de Pontoise, ôii de
Versailles, il y a un bureau de poste. En i'ili, la
popidaiion ne s'élevait qu'à 1,600 hab. ; elle est au-
jourd'hui de près de 5,000.
Cette ville est dans une belle situation et bâtie sur
la croupe d'une montagne, dont le pied est baigné
par la rivière d'Oise, que l'on traverse sur un beau
pont. 11 y avait sur la hauteur un cliàteaufort qui
commandait à la ville et qui est détruit. Cette terre
a appartenu à Charles, duc d'Orléans ; pendant la
dét' nlinn de ce prince dans les prisons d'Angleterre,
les Bourguignons s'en emparèrent, la livrèrent au
pillage , déuiolirent le cliàleau , et jetèrent la plus
grande partie des habitants dans la rivière, en 1 il7:
Les ducs de Vendôme l'ont depuis tenue en titre
dm al. On compte plusieurs rois de France et plu-
sieurs peisoiiii;iges élevés en dignité au nombre de
îes .eigiieur, particuliers. Par le partage de la suc-
cession de Koberl d'Artois, second du nom, le célè-
bre comté de Reaiimont a été donné à siui peiii-lils
Rubert d' .Artois III, en laveur duquel Philippe de
Valois l'érigea en pairie , au moins de janvier 1329.
Le procès de ce comte de Beaumoni, par un funeste
encliaîneinent de circonstances, a produit la gue:ra
la plus sanglante et la plus désastreuse dont il soii
fait mention dans l'histoire. Comme hériiier de snii
aieul, par représentation de Philippe, son père, Ri-
berl disputait le comté d'Aitois à Mahault, sa lania
paternelle, femme d'Othelin, comte de Bourgogne.
Ses piélenlions furent successivement proscriies par
Philippe le Bel, Sun seigneur suzerain, et par arrêt
du parlement, qui , entre autres dispositions, ordon-
nait que < ledit Roliert aimât ladite comtesse comma
sa cbiere lante , et la comtesse ledit Robert comms
son bon nepveu. i Robert n'exécuta jamais ce der-
nier chef de condamnation; il essaya même de se faire
relever des autres, à l'aide de titres falsifiés par la
Divion, sorcière fameuse de l'époque ; mais sa four-
berie fut découverte. Les prétendus titres furent, en
sa présence, cancellés et dépiécés; il fut banni de
France, on confisqua ses biens , et la Divion fut con-
damnée au feu. Cette suite d'événements désbunu-
rants le rendit furieux ; il alla cacher sa honte en
Angleterre, où il souffla entre les deux naiions le feu
d'une guerre terrible et longue, qui porta le fer et la
flamme dans loutes les parties de la France, en 1534,
Beaumont avait un prieuré, un couvent de Minimes
et une église collégiale, dont les canonicats valaient
400 liv. ; ils étaient à la nomination du prince de
Conti, comme seigneur engagiste. Le chapitre avait
été fondé en 1180. Cette petite ville possédait un
Hôtel-Dieu, fondé depuis trés-longiemps. Au milieu
de la place est une fontaine abondante qui fournit
l'eau à la presque lotalilé des habitants. — H s'y lail
un commerce de blé, de farine , de passementerie ,
de salpètrerie, de chevaux, bestiaux et de verrerie.
M y avait autrefois une manufacture de savon et une
autre de couvertures de molleton sur colon, et l'on y
fabriquait beaucoup de dentelles. On y trouve main-
tenant une fabrique de tissus à l'usage des troupes.
Cinq foires s'y tiennent annuellement : la première,
le jeudi après le 15 janvier ; la deuxième, le jtuli
de la mi-cai êine ; la troisième, le jeudi avant l'Ascen-
sion ; la quairième , le jeudi après la Saint-Pierre,
et la cinquième, le jeudi après la Saint-André. Il y a
trois marchés par semaine, les mardi, jeudi et sa-
medi ; celui du jeudi consiste principalement eu
grains, qui sont les principales productions des alen-
tours de cetie ville. — Les habitants donnent, par
tradition, le nom de camp de César à un champ qui
en est éloigne d'un kil., et dans lequel. cependant oa
ne trouve aucun vestige d'antiquité.
Bclltts licdilus o\l Belli lîiparii Casirum, l'eanic-
paire, village du diocèse de Beauvais, arrond. de
Senlis, canton de Pont-Ste-Maxence, à i kil. ouest de
cette ville, etL6 nord de Paris. Popul., iôOliab. avec
les hameaux de la Croix-Rouge et d'IIeumoiil, Le
premier tire son nom d'une croix plantée dans un
1 en où un a>sassinat avait été commis. H se forma
dans la suite un hameau auiirès de cette croix. BeaU'
125
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
19«
repaire élait une lerre seigneuriale. On y voit encore
Je cliâteau, flanqué de tours, avec un parc qui suit la
rivière d'Oise.
I Beaiirepaire, village du diocèse de Versailles ,
commune de Roinville, canton de Dourdan, arrond.
d'Ëianipes, dépari. de Seine-ei-Oise, à 2 kil. sud-esl
de Dourdan, à 2S sud-ouesl de Versailles. Popul.,
compris celle de Roinville, 601) hab. Bureau de
poste Je Dourdan.
I Beaurepaire, village du diocèse de Versailles ,
arrond. de celte ville, canton de Meulan, commune
de Maule, départ, de Seine et-Oise, à 10 kil. sud-
ouesi de Meulan , 2-2 de Versailles. Pop. , compris
celle de Maule , 1200 liab. Bureau de poste de
Maule.
I Beaurepaire, petite ville du diocèse de Grenoble,
chel'-lieude canton du départ, de l'Isère, arrond. de
Vienne, à 28 kil. sud-sud-est de cette ville. Popul.
2,0U0 hab.
I Beaurepaire, bourg du diocèse d'.Aulun, clief-
licu de canton de l'arrond. de Loubans, à 20 kil. esl-
nord-est de cette ville , départ, de Saône-et-Loire.
Pop. 1,0U0 hab.
Behia oa Belsa , Beauce ou Beansse. Fortunat,
qui vivait sur la fln du vi'-' siècle, en fait mention
dans la vie de saint Germain, évéque de Paris. C'é-
tait un pays qui commençait dans la partie méridio-
nale du ci-devant gouvernement général de l'Ile-de-
France, à -40 kil. au midi de Paris, et s'étendait au
couchant de l'Orléanais, d'un côté jusqu'à la Luire,
et de l'autre jusqu'au canal de Briare; de sorte qu'il
formait toute la paitie du couchant de ce gouverne-
ment, depuis Orléans, sa capitale, en s'éiendant
aussi un peu dans le gouvernement général de l'Ile-
de-France, vers son midi, où il embrassait une par-
tie du Hurepoixet du Mantois. Ce pays [louvail avoir
lOU kil. dans sa plus grande longueur et 72 dans sa
plus grande largeur. La ville de Chartres en était la
capitale. Il forme maintenant la majeure partie des
diocèses de Chartres et de Blois, et des départements
d'Eure-et-Loir et de Loir-et-Cher. En général, la
Beauce est un pays trés-tertile, et peut-être n'existe-
t-il nulle part de meilleur fonds de terre. Les grains
y sont de première qualité, ce qui a lait don>ier ù la
contrée le litre de yrenier de la France, titre dont
elle est toujours digne, bien que le sol se détériore
chaque année et devienne de moins en moins pro-
ductif. Ainsi on peut dire qu'en général la Beauce
est cultivée en blé ; ce n'est pas qui; toutes les terres
y soient également propres à celle culture; mais
kil., tandis qu'on eill pu trouver sans inconvénient,
sur les communes environnantes, plus d'un canton
dont la plantation eu forêts eût prévenu la disette
dont celle ville se plaint depuis longtemps. Toute-
fois on recueille dans la Beauce des fruits, des légu-
mes en abondatice et <le bonne (|ualité. On y trouve
encore queUpies pâturages qui nonrrisseiil une très-
grande quantité de moutons et de bèies à cornes, et,
autour de la ville de Chartres, mais dans un rayon
fort inégal, des vignobles qui rompent un peu la mo-
notonie des plaines à blé. Le vin que produisent ces
vignobles est médiocre , et il ne peut supporter le
transport; en sorte que les habitants le boivent sur
les lieux. Comme il n'y a que peu de fontaines et de
rivières dans l ' pays, les habitants sont obligés de
se servir de citernes et de mares profomies pour y
conserver l'eau de pluie; ils ont néanmoins quelques
puits qui siint extrêmement profonds, attendu l'élé-
vation du pays, mais dont l'eau n'est pas d'une bonne
qualité. La Beauce est arrosée par quelipies livières,
l'Eure, l'Epemon, la Yègres, la Biaise et l'Avre. La
géologie ne trouve pas dans la Beauce l'uccasion de
s'enrichir de découvertes variées : ici tout < st uni-
forme; aussi un écrivain a-t-il dit : i Ce pays est à
désespérer un naturaliste , par la disette de ces mo-
numents où l'on veut lire la généalogie de la teire.
P.iint de traces de volcans.ui de grandes révolutions
marquées par des etfets subsistants. > On divisait an-
ciennement celte province en pays Cliarlraiu, Danois
et Vendumois. Les principales villes éiaieni Chartres,
Nogent, Maintenon, Bonneval, Cliàteaudun et Ven-
dôme. La Beauce faisait un commerce considérable
de moutons et de bétes à c irnes.
Uemontium, Besraont , petite paroisse de l'ancien
diocèse de Senlis, actuellement de Beauvais, canton
de Crépy, arrond. de Senlis, départ, de lOise, à 7
kil. de Ciépy, où est le bureau de po^te, et à (J5 kil.
de Paris. Ce village est fort ancien, d'après quelques
auteurs; son origine remonterait au v« ou vi^ siècle.
Rien du reste ne semble confirmer celle haute anli-
quiié. La pop. n'est que de 110 habitanls. Le terroir
consiste en terres arables et en étangs.
Bereciacum, lîercy, paroisse du diocèse et de la
banlieue de Paris, canton de Charcjitou, arnnul. de
Sceaux. Ce vaste terrain, qui s'étend depuis les bar-
rières de Paris jusqu'au territoire de Conllans , élail
jadis occupé par des maisons de campagoCj des ba-
biiaiions particulières et par deux maisons qualifiées
de châteaux, et leurs parcs : l'une, appelée le Peiii-
Beicy , située en deçà ou à l'ouest de la rue dita
comme, de tous les produits agricoles, le blé offrait Crange-aux-Merciers, dont on parlera plus bas;
aux propriétaires plus d'avantages, ils ont ense-
mencé leurs champs en blé; et les autres cultures
ont été négligées : par exemple, le bois y manque tant
pour bàiir que pour brûler ; la faveur qu'ont obtenue
les céréales l'a considérablement fait diminuer, sur-
tout aux environs de Chartres, où l'on est obligé de
le tirer des forêts de Chàteauiieuf . de Seuonches et
de Cbamproiid, éloignées de la ville de 20. 2i et 28
tre, siluée au delà de cette rue , subsiste eu son en-
tier et est nommée le GrMil-DerajA'esi une maison
de plaisance, cbarmanle par sa posiiiou , et surtout
par la beauté de ses environs. Elle est siiuée à la
droite de la Seine, à 4 kil. au-dessus de Paris. Ella
a longtemps appartenu à la famille de Malon. D'Olier,
marquis de Noinlel, l'a posséile./ et l'a fait lecons-
truire. eu forme de château, par Louis Lavau, archi-
127 DICTIONNAIRE DE GEOGH
leclo (lu roi. La Guespière en distribua l'intérieur
dans un goût pUis moderne. Le p.irc fut planiù sur
les dessins de Le Notre ; il a près de 90 > arpents de
surface et était orné de plusieurs slatues. L'inté-
rieur, riclienieiit décoré, offrait quatre tabloux qui
représentaient plusieurs circonslancesderambassade
de M. lie Noiniel à Constantinople, peintes sur les
lieux par Carrey, élève de Le Bnin. L'un était la cé-
rémonie du feu sacré dans l'église du St-Sépulcre ,
à Jérusalem ; l'autre représentait l'entrée de Charles-
François d'Olier, marquis de Nointel, dans la ville
sainte , le même qui, en 1670, fut nommé nmb^ssa-
deuràConstantinople;le troisième, l'audience que lui
donna le graiul-visir ; le quatrième, la vue de la ville
de Jérusalem. Le vestibule du château était décoré de
pilastres ioniques modernes , entre lesquels étaient
des trophées de sculpture. Au commencement du
règne de Louis XV, ce château appartenait à M. Pa-
ris, frère de Paris de Montmarlel, si fameux par ses
richesses. Ce propriétaire fit construire , à une ex-
Iréniilé de la terrasse , sur le bord de la Seine , un
gros pavillon, nommé encore Pàié-Paris, et la ma-
gnifique terrasse qui règne le long de la rivière. Celle
belle propriété était, avant la révolulionde 89, rentrée
dans les mains de ses premiers possesseurs. M. Charles
de Jlalon de Bercy, dernier héritier du nom, en était
encore propriétaire en 1S09, année de sa mort.
M.M. de Bercy, qui n'y faisaient point leur résidence,
louaient ordinairement leur château de Bercy. M. de
Calonne en ciii , de cette manièie, la jouissance en
1783, et y habita pendant les quatre années de son
ministère ; il y fit de grands changenionts dans la
distribution des jardins. C'était là, dans le silence de
la retraite, qu'il préparait ces discours mi les résul-
tats de son administralicm étaient tracés avec une
clarté si séduisante. Ce ministre cachait l'état des
choses, mais il ne les changeait pas; on peut dire
que c'est dans son cabinet que se décida la révolu-
lion de 1789. M. Arthur fils , fabricant de papiers
peints, et membre de la commune, loua également
ce. château en 1711-2. 11 y avait établi sa l'.ibrique, et
fut décapité quelque temps après , comme partisan
de Robespierre. Depuis l;i mort du dernier proprié-
taire , la famille Nicobiï en a fait l'acquisition. Le
chemin de fer de Paris à Lyon traverse le parc dans
toute son éiendue ainsi qu'une partie de Bercy, en
sortant de l'embarcadère, situé dans le faubourg St-
Antiiine. Le château du Pctn-Bercy, situé en deçà et
il l'ouest de la rue de la Grange-aiix-Merciers , est
aussi sur le bord de la Seine, et plus près de Paris
que le Grand. Son parc était d'environ 40 arpents,
clos de murs; mais il a subi la métamorphose qu'ont
.éprouvée les maisons de campagne, les jardins, etc.,
qui sont situés entre la me de la Grange-aux-.Mer-
ciers et la barrière de Paris. Voici la cau^e de cette
métamorphose. Dès qu'une contribution fut exigée
aux entrées de cette ville, il se forma, au-delà de ses
barrières, des réunions d'habitations, des guinguettes,
où les boissons, franches du droit d'entrée , et à un
APHIE ECCLESIASTIQUE.
as
prix moindre qu'à Paris, attiraient les Parisiens. De
plus, une grande partie des vins et autres liquides
imposables qui arrivent à Paris, s'y rendant pnr la
partie supérieure de la Seine, passe nécessairement
devant Bercy. Le commerce sentit bientôt la néces-
sité d'un entrepôt où les vins et eaux-de-vie pussent
être déposés avant d'être passibles des dr: ils d'en-
trée. Ce ne fut pas l'unique motif de la prélérence
que les marchands et entreposit lires donnèrent à
l'entrepôt de Bercy sur le grand entrepôt situé dans
Paris. Ils étaient plus libres dans ce premier lieu, et
pouvaient, avec moins de gène , opérer leurs mani-
pulations. Bientôt toute la partie de Bercy qui s'é-
tend depuis la barrière de la Râpée jusqu'à la rue de
la Grange-aux-Merciers, fut achetée, louée et cou-
verte de magasins, ponr la plupart construits à la
bâte. Les parcs, les jardins, les avenues plantées
d'arbres disparurent presque entièrement , et furent
remplacés par des celliers, des magasins et des mai-
sons nécessaires aux besoins des commerçants. Le
château du Petit-Bercy eut le même sort ; il fut
acheté par une compagnie qui loue les emplacements
aux marrbands. Tous ces bâtiments , élevés sur le
bords de la Seine , furmèrent un quai nouveau très-
long et fort beau. — Bercy, connu du temps de Louis
le Gros, ei au commencement du xiv« siècle, est assis
sur un territoire l'eriile en grains, fruits et légumes;
c'était un port considérable sur la Seine. Il n'y avait
cependant aucune chapelle ; et l'on ne voit pas qu'on
se soit jamais occupé d'en bâtir une. Aujourd'hui
Bercy a une église construite, il y a quelques années,
mais dans le style insignifiant qui prévaut, depuis
un demi-siècle, chez les architectes, et qui n'est point
en rapport avec les exigences de la religion cail)0-
lique.
Bercy, dont la popubition est, au moins, de 5 à
6,000 âmes (car l'administration varie sur le chiffre),
a beaucoup d'importance par le commerce qui s'y
fait et les éiahlissemenls industriels qui y existent,
(.'est là (|ne les vins, eanx-de-vie, vinaigres et huiles,
qui servent en partie à rapprovisionnemeni de Paris,
sont apportés de la haute et basse Bourgogne, ilu
Maçonnais, de la Ciiampagne, de l'Orléanais , de la
Tnnraine, de l'Anjou et du Languedoc , par les ca-
naux qui aboutissent aux deux rivières de la Seine et
de la Marne, dont le confinent se trouve à très-peu
de distance. Les magasins ou entrepôts les plus con-
sidérables sont à Bercy et à la Râpée. Il existe , en
outre , au port de la Râpée , un entrepôt de tontes
sortes de bois de charpente, charronnage, planches,
voliges, etc., des chantiers de bois à brûler, des en-
trepôts (le pierres à plâtre , de briques , tuiles, ar-
doises , etc. Ce village a plusieurs dépendances, que
l'on a désignées par des dénominations particnlières.
Les principales, dont on a déjà fait mention, sonj
h Grand et ie Pelit-Bercy, la Raj^ée, si renommée
pour les excell. ntes mateloties que l'on y apprête ;
la Grnnde-Vallée-de-Féeamp et le Ponceau.
Berevilla, Berville, paroisse de l'ancien diocèse de
120 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
i'A)
Itoiien, aujourd'hui de celui de Versailles, caiilon de
îlarines, arrond. de Ponioise, départ, de Seine-el-
Oise, à 8 kil. nord-est de Marines, et 44 de Paris au
nord-ouest. I.e terroir est presque loul en terres la-
Loiirables. 11 y a, auprès de ce village, du minerai
fort mélaiigé. Suivant la tradition locale, on y a ex-
ploitL- autrefois une mine de cuivre. Dans les envi-
rons , on trouve un sable verdàtre qui donne du
cuivre, mais en petite quantité. Berville est situé
dans une vallée sur la petite rivière de Sausseron. La
pop. est de 550 liab.
Bergea ou Berga, Sancti Yimci, Bergues-Saint-
Wiimox, ancienne ville forte du diocèse de Cambrai,
clief-lieu de canton de l'arrond. de Dunkerque, dép.
du Nord , à 1-2 kil. sud-sud-est de Dunkerque à 24
de St-Omer, et a 12 de Paris. Cette ville, au pied d'une
colline, sur la rivière de Colnie , possède un petit
port, un collège communal , une bibliothèque et le
tribunal de première instance de l'arrond. Elle est
l'entrepôt de lu fabrication de dentelles et des grains
des environs : ses marchés et foires sont très- fré-
quentés. Au moyen âge cette ville faisait partie des
possessions des ducs de Bourgogne. A la mort de
Charles le Téméraire, dernier duc, elle subit le sort
de ces mêmes possessions et fut enclavée dans les
Pays-Bas espagnols jusqu'au traité des Pyrénées, qui
l'en détacha pour la réunir à la France. Le maréchal
de Vauban la fortifia. Sous la dominatiim espagnole,
ses églises s'enrichirent des magniflques tableaux
dont nous allons parler.
Bergues comptait en 1789 deux églises paroissiales,
celle de St-Marlin et celle de St-Pierre , un collège
des Jésuites, et une abbaye considérable de l'ordre
de Si-Benoît, sous le titre de St-\Viimox , située sur
un monticule dans une position agréable et sa-
lubre.
L'église de St-.Martin, qui a été conservée , a sur
son maître-autel l'Adoration des mages , tableau
peini par Rubens, où les têtes sont fort belles, et du
plus beau choix; l'elfet en est piquant ei vigoureux.
Les autres tableaux de citte église ont été tianspor-
tt-s dans cuUe de Si-Eloi à Dunkerque.
L'église de St-Pierre possède une Adoration des
rois par J. de Reyn , placée à la droite du mailre-au-
tel. Ce sujet, d'une belle couleur et bien peint , est
composé cependant avec confusion et dessiné médio-
crement; les ligures sont courtes, surtout un des
mages sur le premier plan. A la gauche du niaitre-
autel, on voit Jésus-Christ mort descendu de la croix;
la Vierge est sans action. C'est un des derniers ou-
vrages de Gaspard Graver, et un de ses tableaux,
faibles. j-
L'abbaye de St-Winnox avait été fondée en l'Iion- '
neur de ce saint , patron et l'un des apôtres de la
contrée. Les légendaires ne sont pas d'accord à son.
sujet: les uns en font un évéque, les autres un martyr,
quelques-uns un solitaire. L'église de l'abbaye, main-
tenant paroisse, mérite l'atieotiun comme monunieoc.
s:ècli' par les soi IIS de l'abbé Maui'us de Sain, n'offraient
aiicnn caractère particulier. Quant à l'église, elle a
été édifiée d'après le plan propre à toutes les églises
de l'ordre de St-Benoil ; la nef longue , le chœur
étroit, le sanctuaire élevé, et un demi-jour d'une
mélancolie religieuse dans tout l'édilice. En entrant
dans cette église, on aperçoit à droite un tableau qui
représente saint Grégoire se lnvant les mains, peint
par Louis de Deyster. Ce sujet est bien composé : la
magie de la couleur et l'effet y sont remarquables.
En face se trouve le martyre de sainte Placide, bon
tableau de Béekmans. A la gauche, en entrant, est
une sainte Agnès, tableau peint par Langhenjan :
tout y paraît fait de rien, la toile est à peine cou-
verte, la couleur est un peu faible; mais, malgré
cette imperfection , le tableau est très-bon. Dans
l'intérieur de l'église, on remarque le martyre de
plusieurs saints de l'ordre de St-Benoît, peint par
Jean de Reyn ; le dessin y est correct , la couleur
Lelle et d'un bon effet. En montant aux deux côtés
du chœur, à la droite et à la gauche , on voit saint
Benoit, sainte Scholastique et sainte Agathe ; ce der-
nier tableau a été un peu repeint : ils sont tous trois
de Jean de Reyn , et ont une grande valeur artis-
tique.
Contre le chœur , à la droite et à la gauche, on
aperçoit, encadrés dans un lambris, quatorze petits
tableaux ; les deux premiers offrent Notre-Seigiieur
et la sainte Vierge , peints par Victor Jf.nssens ; les
douze autres sont de la même grandeur et repré-
sentent les apôtres. Sur le devant est la figure seule,
environ de 53 centimètres de haut dans chaque ta-
bleau, et dans le fond se voit le martyre de l'apôtre :
tous sont de la plus belle couleur argentine, corrects
de dessin , d'une touche facile et très-spirituelle ; les
têtes, très-variées, respirent un grand caractère. Ce
sont des tableaux précieux, peints sur cuivre par
Robert van Hoeck. L'église jusqu'à présent les a
conservés soigneusement.
Les deux figures, saint Pierre et saint Paul, placées
au-dessus de l'entrée du chœur, sont bieii faites, par
le sculpteur Octavo ; les trois autels sont du même
artiste , ei l'architecture a été exécutée sur ses des-
sins. Le maitre-aulel, très-vaste , avec des pilastres
cannelés d'ordre corinthien , se trouve en désaccord
avec le style de l'édilice. Les deux tableaux qui or-
nent SCS côtés sont de Béekmans; celui de droite re-
présente la guérisoii des malades , et l'autre saint
Benoît qui prêche : ils sont d'une bonne couleur et
bien composés.
Quatorze grands tableaux, encadrés dans un lam-
bris de bois de chêne, décoraient le réfectoire de
l'abbaye. Ces tableaux sont actuellement dans l'église
de St-Jean- Baptiste, à Dunkerque. Le premier re-
présente le saciince d'Abraham , le second Notre-
Seigneur crucihé, la Madeleine en pleurs est au ha*
de la croix ; le troisième est le serpent d'airain ; Itf
archéologique. Les bâtiments, reconstruits au xviii--- quatrième saint Winnox qui distribue du p.ain aur
151
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
152
pauvres. Ces lableniix, d'une excellenle compnsiiinn,
ont éiL' peiiils par Maliliie» Elias.
[.e cinquième sujet représente les disciples d'Em-
maûs , par Béekmans : reffet en est frappant et la
couleur bonne. Le sixième rappelle l'enlrevne de
saint Benoit avec Totila, roi des Goths, par Maitliieu
Elias. Le septième, de Béekmans, est un Ecce Iwmo
adoré par des anges, que l'artiste a dessinés avec (i-
nesse et auxquels il a donné des têtes admirables.
Le liuitième est également de cet artiste. Le quator-
zième et dernier représente la Madeleine aux pieds
de Jésus-Christ chez le Pharisien. Les têles sont fort
belles. Ce tableau , d'un effet saisissant , est le plus
remarquable des quatorze ; il a été peint par Oilo-
venius.
Bergiies a quelques rues larges, et un hôtel de
ville qui pourrait figurer dans une cité plus considé-
rable. La pop. est d'environ C,Oi!0 liab.
Bernacis, Berny. Cette localilé paraît destinée à
obienir, a\ix diverses époques de l'hisiolre, une cer-
taine célébrité. Ce n'est cependant qu'un hameau du
diocèse de Paris, commune de Fresnes , canton de
Viliejuif , arrond. de Sceaux, formé, tur la route
d'Orléans, par la réunion de quelques maisons de
campagne. Il étuit cité pour ses fruits, ses légumes
el SCS fleurs. Ce qui lui avait fait sa célébrité autre-
fois, c'était le superbe château qu'il possédait. Le
comte de Clermoni, prince du sang, abbé de S lint-
Gerniain-des-Prés, l'habita pendant trente-six ans.
A l'époque de la révolution de 1789, le chàieau fui
démoli.
Berny a été choisi de notre temps par les amateurs
pour les courses de chevaux, dites au clocher : ce
qui amène, chaque fois, une foule considérable. H est
à 2 kil. d'Antony, où est le bureau de poste, à ."> kil.
de Sceaux, 5 de Viliejuif, et 12 de Paris. Ln popu-
lation, compris celle de Fresnes , est de 700 Lab.
environ.
Bernactim, Bernay, petite ville de l'ancien diocèse
de Lisicux , aujourd'hui archidiaconé du diocèse
d'Evreux, chef-lieu d'arrondissement du départ, de
l'Eure, à 42 kil. d'Evreux , 60 de Rouen , et 144 de
Paris. Située sur la rive gauche de la Charentonne ,
celte ville possède un tribunal de première instance,
un tribunal de commerce, une chambre consultative,
des manufaciures et un collège commimal. Elle avait
autre!ois le titre de comté. Son arrondissement ren-
ferme 144 communes, et 92,000 liabitanis; il est di-
visé en 6 cantons, qui son! : Beauinénil, Beaumonl-
IcRnger, Bernay, Brionne, Broglie et Thiberville.
On voit à Bernay des fabriques de draps, frocs, lla-
nelles, toiles , rubans de fil , chandelles, bougies;
des blanchisseries de toiles; des teintureries, tan-
nerie-i, forges, verreries, papeteries. — Le com-
merce consiste en grains, cidre, chevaux, bestiaux ,
cuirs, draps, fers, papiers, laines, fil, lin, bougies et
chandelles. — 11 y a, le 15 mars, une foire renommée
pour Ics chevaux; elle dure quatre jours , et attire
40 à 10,000 personnes de 80 kil. aux environs. —
La ville de Bernay possède une église du plus benu
gothique, qu'on nomme Sie-Croix ; elleav:iii nuire-
fois un petit collège et plusieurs maisons religiu:i«os,
entre autres une sbhaye comniendaiaire de [séiié-
dictins, fondée, en 1015 ou 1018, par Judiihde Bri:-
tagne, épouse de Richard II, duc de Normandie, qui
y fut enterrée; son abbé jnuissait d'wiviron 10,000
liv. de rente. Ces Bénédictins éiaienl curés primitifs
de Bernay. — L'hôpital général et l'hospice fondé
par Louis IX, que des religieuses urbanistes desser-
vaient à l'époque de la révolution, existent encore.
— C'est la patrie du créateur des vers alexandrins,
Alexandre de Paris, qui vivait du temps de Pliilippe-
Auguste ; de Jean-Michel Duroy, député à la Conven-
tion nationale, ami de Robespierre, décapité à Paris
le 17 juin 1795.
I Bernay, paroisse du diocèse de Meaux, arrond.
de Coulonimiers , canton de Rosoy, où est le bnreau
de poste, et à 1 kil. de celte ville , département de
Seine-et-M:irne. La population ist d'environ 500 ha-
bitants, en y comprenant le hameau de Ségreis, où il
y avait un prieuré avant la révolution de 1789, et ce-
lui de Ponlpierie, qui en font partie. Il existe à Bernay
un château avec un parc, sur la rivière d'Yéres. Le
terroir de cette commune est en terres labourables,
en vignes et en bois.
Ce village , situé sur la rivière d'Yères, qui y fait
tourner deux moulins, est à 44 kil. de Paris.
Bernolium, Barneau ou Berneau, dioc. de Meaux ,
arrond. de Melun, canton de Brie-sur-IIiéres, com-
mune de Servon, départ, de Seine-et-Marne. La po-
pulation est de 800 habitants, en y coniprcnaul celle
de Sognolles. Ce village, qui n'était alors qu'un ha-
meau, est connu dès le xin« siècle par les titres de
Notre-Dame d(! Paris et de l'abbaye de Livry. En
1244, Mathilde de Cramoël donna à cette abbaye
20 arpents de terre situés à Berneau, le long du che-
min qui allait du Brûlez au Marchais-Profond. Ber-
neau est à 10 kil. de Brio-sur-Hières, où est le bur.
de poste.
Berona Riparia, la Beuveronne ou Breuronne, pe-
tite rivière qui traverse une partie du diocèse de
Meaux. Elle prend sa source à Saint-Vie, dans ce
diocèse, arrose Grerré , Goville, Clayc, et se jette
dans la Marne au-dessous d'Anei, où elle fait tourner
deux inoulins. Elle figure dans un titre de 1237.
Berilieldi Curiis, lîerthecouri, village du diocèse et
arrond. de Beauvais, canton de Noailles, départ, de
l'Ois', à 12 kil. au sud-est de Beauvais, 56 nord de
Paris, 4 nord-est de Noailles où est le b'ireau de
poste. La population est d'environ 450 habitants avec
les hameaux de Parisis-Fontaine et Longueil. Il y a
un chàloau à Bi'rthecourt, et un à Parisis-Fonlaine.
Le terroir de cette commune est en terres arables ,
en prairies et en bois. Le ruisseao du Sillet fait tour-
ner deux moulins.
Berihemonlium , Berihemont ou BetheQiont , pa-
rois-e de l'ancien diocèse de Paris, aciuellenieni de
celui de Versailles, canton de Montmorency, arrond.
1Ô5
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AL MOYEN AGE,
134
de Ponloise, départ, de Seineet-Oise, à 10 kil. nord
de Moiiimorenry, où esi le liurean de poste, et à 22
d ' Paris. Ce villnge est situé sur la pente douce qui se
pré>enie au bout de la forêt de Montmorency, du
cêié de l'occident, presque en face du bourg de
Villiers-Adain , qui n'en est qu'à ^ kil. Le pays est
assez couvert d'arbres et d'arbrisseaux ; ce n'est pas
un vignoble comme la plupart des paroisses voisines.
Le terroir n'est composé que de terres labourables
et de prés. Les femmes y travaillent à la dentelle
comme dans plusieurs autres villages de ce canton.
L'église porte le titre de Noire-Dame. On y célèbre
sa nativité comme la fête du patron. Le bâtiment est
petit et tout neuf, et l'on n'y trouve aucnn vest'ge
d'antiquité. Il a le défaut d'un grand nombre d'autres,
de n'avoir qu'une aile. II est accompagné de ce côté-
là d'une tour en forme de clocher, également nou-
velle. — Le dernier seigneur de la terre de Béthc-
mont était le comte de Montmorency. On vnit un
beau cliâteau près de l'église. Un litre de 1610 at-
teste qu'il y avait, à cette époque, une seigneurie ap-
pelée ilontglant et depuis Montaugtan. Ce dernier
nom avait été substitué à celui de Béibemont. Le ter-
ritoire était jadis très-boisé ; c'était sans doute l'ori-
gine de ce I ouveau nom. La popul. de ce village est
d'environ 250 bab.
Beriini Va/(is, lierlinval , paroisse du diocèse de
Versailles, commune de Chaumontel, canton de Lu-
zarches, arrond. de Pontoise, départ, de Seine-el-
Oise, à 12 kil. nord-est de Pontoise , à 2 kil. nord
de Luzarcbes, où est le bureau de poste. C'était une
ancienne seigneurie. En 1238, un nommé Jean Violet
donna à l'abbaye d'Hérivaux un setier de froment
à prendre sur le moulin de Bertini ValUs. On voit
dans un carlulaire de l'abbaye de Si-Denis qu'en
1283 Gilles de Conipiègne, prévôt de Paris, vendit à
ce monastère la Croix-Crisié en Bertinval. 11 est fait
mention des seigneurs de Bertinval dans les registres
d(; l'archevêché. La popul., compris celle de Chau-
montel, est d'environ 400 hab.
Destnni Curlis, Bessancourt ou Bessaucourt , pa-
roisse de l'ancien diocèse de Paris , actuellement de
celui de Versailles, canton de Montmorency, arrond.
de Ponloise, à 10 kil. nord-est de .Montmorency, et
22 au nord de Paris. Le nom de ce village a subi
dilTéieiiles variations. L'abbé Chastelain, à la fin de
son Marlyrologe universel, a écrit Psaiicourl. Le
prieur de Condans, dans un litre, l'appelle Dercliatt-
court. Dans le pouillé rédigé avant le règne de Louis
IX, cette église a été nommée Weict'HfOMrf ; mais il
est certain ([ue le nom de Bessancourt existait en
l'an 1189, qui est le temps de son érection en pa-
roisse par .Maurice de Sully, évêque de Paris. — Ce
vilage est situé h l'extréiDité de la furêl occidentale
de Mnnlmorency, à l'entrée de la plaine qui s'étend
viTi Pierre-Laye. Son territoire s'étend jusqu'assez
pi es de Frépillon. Du côté de l'orient est la ferme
de Montubois, qui appartenait au collège des Jésuites,
laquelle esl de la paroisse de Taverny. L'église est
une des plus grandes et des mieux bâties de ces can-
tons. Elle a deux ailes et une croisée , mais cepen-
dant satis qu'on puisse faire le tour de l'autel et sans
galeries. Le chœur est un ouvrage du xiif sièile ;
la nef n'est que de 2 à 500 ans; le bras méridional
de la croisée est aussi du xiii« siècle ; l'autre n'est
que du xv« ou xvi« siècle. A l'entrée de cette église,
à main gauche, s'élève unebelle tour. Les inscriptions
qui s'y remarquent dénotent assez le temps de sa
construction. Sous l'un des piliers qui la supportent
est une sentence en langue grecque, écrite en carac-
tères latins, sur une bande soutenue par deux anges,
et au commencement on lit : MU Y^ XXVII. On
voit aussi au porlail, sous les pieds d'une image de
la sainte Vierge , en lettres grecques capitale-; et
dentelées, le reste d'nne sentence qui exprimait ce
que nous rendons en latin par ces mois: 0 mater Dei,
viemento met. Celle église est dédiée sons l'invocation
de saint Gervais et de saint Protais. On y montrait,
avant la révolution de 17S9, une châsse de bois qui
contenait des ossements de quelques-unes des com-
pagnes de sainte Ursule, lesquels avaionlé'.é donnés
par une abbesse de Maubuisson. Les vitrages i!u
sanctuaire sont des verres très-épais , chargés de
quelques couches de peinture grise. Ces sortes de
vitrages, en forme de grisailles, étaient fort eu usaga
aux xii° et xiir siècles. On y voit un prêtre, repré-
senté à gennux, lequel a fait présent de ce vitrage, et
son nom au-dessous en capitales goiliiqnes , westre
Robert de Bercencori... , chanoine de Paris. An-iles-
sous est un panneau ajouté, qui représente une ab-
besse de Maubuisson à genoux, dont les armes sont
d'azur pani de sable à la face d'argent, chargées de
trois merleties de sable. Ce Kobert de Bercencourt
était olficial de Paris eu 1270 , et mourut doyen da
Bayeux. La cure de Bessancourt était un démembre-
ment de celle de Taverny , dont elle n'est qu'à 2 kil.
La popul. de ce village est de 860 hab. On y voit un
château et quelques maisons de campagne. La culture
de son terroir consiste principalement en vignes. Les
fruits y sonl abondants. On y exploite plusieurs car-
rières à plâtre.
Bestum, Bétliisy , bourg de l'ancien diocèse de
Soissons, acluellemenl de celui de Beauvais, canton
de Crépy, arrond. de Senlis, départ, de l'Oise , à 0
kil. de Verberie, où est le bureau de poste, à 8 de
Crépy, 48 de Beauvais et 60 de Paris. Ce bourg ,
avant la révolution de 1789, se divisait en deux
paroisses , Bétliisy-St-Martin et Bélhisy-St-Pierre ,
qui forment encore aujourd'hui deux communes dis-
tinctes.
Le nom latin Bestum signiGe un lieu de pâturages.
La pnpul. de Béthisy-St-Martin est de •'liSO hab. , y
compris le hameau du Pessis-Châtelain, la feroje de
Ste-Luce et celle de Puisière. Les habitants sont en
partie vanniers et tisserands. Le terroir produit sur-
tout des céréales. Ce village esl traversé par l'Au-
tomne, petite rivière qui y fait tourner deux moulins,
l'un à farine, l'autre à huile. — Bélhisy-Sl-Martia
DlCTiONiNAlRE [lE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
i:
était situé sur la chaussée de BiuneliiiuU ou Dninean,
ce qui est un sujet de croire , dii Cailier (llisl. du
duel), (le Valois), nue ce lieu a été fondé par les pre-
niiei-s culiivatcurs venus dans la G:uile; si;n église
avait le titre de paroisse dès l'an lOCO : les plus an-
ciens doyens de chrétienié avaient été curés de cette
église. I liéiliisy-St-Pierre, village continu au pré-
cédent, dont la popui. est d'environ 1000 liab., pour
)a plupart occupés à la culture du chanvre. La ferme
du Haioij, ancien fief, à l'entrée de la forêt de Com-
piégne, en fait partie. — Les productions de son
terroir sont en grains; une partie est en prairies
et en bois; il y a plusieurs moulins à grains et à
huile. — Béthisy-St-Pierre, ou la Cliambreiie, a com-
mencé par une ferme du fisc , Prœdium , accom-
pagnée d'un clos de vignes. Celle ferme resta au
pouvoir des rois jusqu'au règne de Charles le Simple,
qui, l'an 90", la donna au monastère de Mornienval.
C'est au centre de ce vdiage que se retrouve le clià-
leau de la Douye. — Le bourg de Béthisy avait un
château que P. Germain et le P. Mabillon croient
avoir été fondé sous le roi Robert. < Ce prince, dit
Carlier, ayant perdu son lils aine Hugues, couronné
à Conipiègne en 1017, lit sairer à Reims , vers l'an
1020, son second ûls Henri !«'', malgré l'opposiiion
de la reine Constance, son épouse, qui le portait à
préférer Robert, son fils cadet, sur l'esprit duquel
elle comptait apparemment exercer le même empire
que sur celui du roi son mari. Malgré le couronne-
ment du prince Henri, elle poursuivit son de^sein de
pré éier Robert, son cadet; et, alin de soutenir sa dé-
marche, elle lit fortifier quelques châteaux , et en
bàiir d'auties sur des lieux naiurellemenl fortifiés.
On met le château de Bétliisy au nombre de ces der-
iMCis. 1 U fui construit sur un tertre ayant 200 pieds
d'élévation ; et Robert et Constance y établirent le
siège de la juridiction, qui était précédemment à Ver-
berie. Lecliàtelain de Bétliisy, Richard, acheva, sous
le règne de Henri l^r, les parties du château que la
reine Constance avait laissées imparfaites. Louis le
Gros aimait le séjour de Béthisy ; il donna à ses habi-
tants une entière liberté, ce qui fit peupler te bourg
d'un grand nombre de familles qui gémissaient sous
roppressiun des seigneurs voisins. Louis Ml y célé-
bra sou mariage avec Eléonore de Guienne, en 1 157.
Philippe-Auguste fit au-si de Iréquents voyages à ce
cbâleau, qui soulTi il beaucoup des guerres sousChar-
lesVl el CharlesMI. Catherine de Médicis lejit répa-
rer; mais il fut définiiivement démoli sous Louis XIV.
Vellmna, Betliunia, Bélhune, archiprètré du dio-
cèse d'Arias, chef-lieu de sous-préfecture du départ,
du Pas-de-Calais avec un tribunal de première ins-
tance , une sous-inspection foreslière , un collège
comniunal. C'est une place de guerre de deuxième
classe, à 28 Kil. d'Arras, o-l de Lille et de Douai ,
cl 188 de Paris. L'airondisseinent de béthune ren-
feinift llî communes et 140,001) habitants; il est
d.vLè en 8 cantons : Bélhune , Camlriii , Cai viii-
Epinay. lloudain, Lens, Lillers, Norem et la Venue.
Béthune est bâti sur un roc , dans un lieu plat et
élevé, et près des bords de la petite rivière de Biette,
Bieire ou fireite. On y entre par quatre portes. Les
rues sont mal pavées et les maisons mal consiru.tes;-
son territoire n'a ni bois , ni marais ; il se compose
de terres labourables et de prairies en\iroiinées d6;
village^ d'un aspect agréable. — Des fabriuues de
toiles et de draps, des brasseries , des distilleries de
genièvre , des tanneries , des moulins à huile et à
grains, des raffineries de sel et des savonneries, for-
ment son industrie. Son commerce est borné aux
grains, vins, eaux-de-vie, huiles, graines grasses ,
frumages estimés, toiles <:i poteries. — Cette ville
avait autrefois, 1° un chapitre de la collégiale de Sl-
Barlliélomy; 2" sept couvents, savoir : les Capucins,
les Récollels, les Pères de l'Oratoire, les Annoiicia-
des, les Bénédictines , les Concepiionistes et les re-
ligieusei du tiers ordre de Saint-François; 5° deux
paroisses, Sle-Croix et St-Waast; i" l'hôpilal de
St-Jcan pour les pauvres malades de la ville et des
environs , dans lequel il y avait 20 lils; 5» l'hôpital
de St-Jor , pour 7 vieilles femmes veuves; 6" une
école de charité pour l'instruction des jeunes lilles ;
7° un collège , diiigé en preiuier lieu par les .Jésui-
tes, puis conlié aux soins des Pères de l'Oratoire par
leit. pat. du roi du mois de juin 1777. — La seule
église paroissiale conservée est remarquable par la
solidité et la hauteur de sa tour, par la délicatesse
ella hardiesse des colonnes qui soutiennent les voûtes
et qui donnent à la nef un caractère de gprûce el de
légèreté rare en architecture. — On retrouve i» Bé-
lhune des boves ou cavts profondes. — Le nom de
Bélhune, en latin Betliuna ou Bethunia , se trouve
écrit de diverses manières dan.s les anciens litres et
cartes : Bei-Thuucn, Béthuen, Béiliun,Bélhon. Selon
quelques savants, cette ville doit son origine à un
hameau qui, étant entouré de haies , reçut le .toai
de Bei-1 liuneii ou Be-Huyiien, mol leitlon qui signifie
encloa fermé de haies. Au ix'' siècle, elle était défen-
due par un château contre les incursions des Nor-
mands; en 1250 elle fut environnée de fossés, do
murailles et de bastions, .jusqu'en 1248 elle eut des
seigneurs particuliers , qui étaient les avoués de Si-
Waast ; mais, à cette époque, elle passa aux comtes
de Flandre par le mariage de Mahaut, fille unique
de Robert VU, avec Guy de Dauipierre. Le premier
de ces seigneurs fut Robert H^, qui fonda, vers l'an
999, l'église collégiale de Si -Barthélémy. Elle soutint
son premier siège , en 1347, contre 100,000 Fla-
mands, qui se retirèrent après trois semaines d'inu-
tiles efforts. Cette ville était rentrée depuis longlem; s
sous la domination des Pays-Bas lors de la guerre de
1045. Le 26 août de celle même année , le duc d'iir-
léans, ayant sous lui les maréchaux de Gassiuti et
de Ranizau, en forma le siège el ia foi ça de capiiu er
le 50. Elle fut cédée à Louis XIV par le traité des
Py.éiiées, en IG'IO. En 1710, Fa;;el, général iidlhin-
duis, el Sihullembourg, général allemand , couverts
par les années du duc de Malboroughet du piincu
157 GEOGHAPHie DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
£ugè>ie, lurent cliargés d'enlever Béiliuiie à Dupuis-
Vaubiin, qui la défenJaii. Le manque de vivres et de
munitions de guerre obligea le brave neveu du ma-
récb^l Vaubaii à capituler le 2S août, après 35 jours
de tranchée, au niument où les assiégeants se dispo-
saient à passer le fo.-sé et à livrer l'assaut. Réduite à
1,500 soldats en état de porter les armes et à 700
m.ilades ou blessés, la garnison sortit, le 51 août ,
avec les lionneurs de la guerre, et l'ut conduite à Sl-
Onier. — Bétliune fut rendue à la France par le
traité conclu il Utrecbt, le 11 avril 1715, entre
Louis XIV et la Hollande. Cette vilb; est la patrie
de Jean Buridan, un des philosophes les plus re-
nommés du xiv= siècle, qui professa avec grande
réputation dans l'univeisiié de Paris, dont il l'ut, as-
sure-i-on, le directeur en 1520. La popul. de Béiliune
est de 7,601) hab. Un voit dans les environs le clià-
le.iu d'Aiinezin, vériiahle monument dans l'histoire
de l'architecture.
Beizum , lieiz, paroisse de l'ancien diocèse de
•Mcaux, maintenant de celui de Deauvais, arrond.de
Senlis, chef-lieu de canton, départ, de l'Oise, à 10
kil. de Crépy où est le bureau de poste , à 28 de
Senlis, et 54 nord-est de Paiis. Ce village est situé
dans une vallée. Dien moins étendu qu'Eimenonville
et Moi teluniaiiie, il ne leur cédât en rien pour le
goùi avec lequel on avait su tirer parti d'un site qui
se prêtait à toutes sortes d'embellissements. On y
admirait, avat la révolution de 1789, le château,
mieux entretenu qu'il ne l'est aujourd'hui. L'élégance
de sa construction en pierres de taille, sa distiibu-
lion et ses alentours garnis de g.izoiis avec des eaux
vives et de belles plantations, y réunissaient à un
beau siie tout ce que l'opulence et les arts avaient pu
y créer. La cour princip.ile est lermée de basses-
cours à différents usages; les potagers et les vergers
sont conligus ; le parc, de l'iO arpents, est distribué
en prairies vastes et fertiles, en bois-ioillis et en fu-
taie. Une rivière fait différentes chutes, qui se ter-
minent par une cataracte à travers des rochers. On
y remarque en outre un ermitage et une ruine re-
présentant les restes d'un vieux château flanqué
d'une tour fort élevée , dans laquelle se trouvent
divers appaitements, et se termine par une plate-
forme d'où l'on découvre tmis les alentours du châ-
teau. On y voit aussi un monument dont la vue pé-
nètre de respect, à raison des idées religieuses qu'il
doit inspirer. Dans un grand espace, au milieu d'un
bois planté d'arbrts verts de la plus belle venue ,
sont les tombeaux des chevaliers Thibault, Roger et
autres, propriétaires de cette terre. Ces tombeaux,
de la plus belle exécution, ont été imuilés en 1795.
Celle habitation appartenait à la princesse de Mo-
naco. Le jésuite Ccrutti, député à l'assemblée légis-
lative , a chanté les jardins de Betz e^i un iioénie
qui parut en 1792 : on y remarque quelques belles
tirades. — La popul. de Betz est d'environ iOO hab.
La ferme du Bois-Milon et un moulin à l'écart, sur
un ruisseau, en font partie. Les princiiialcs pr«.duc-
DlCllO.N.NAUU, DE GÉOGIIAPHIE liCCL. II.
13S
lions de son terroir sont en grains, une partie est
en bois.
Bezuntium ou Vesunmtm, Basons, Bezons ou Ve-
zons, paroisse de l'ancien diocèse de Paris, maintc-
nanl de celui de Versailles , canion d'Argenteuil ,
départ, de Seine-et-Oise , à 2 kil. sud-ouest d'Ar-
genteuil , 10 de Paris. Ce vilhige remonte à la plus
haute antiquité. L'abbé Lebeuf met Be,ons au nom-
bre des lieux où l'on a battu monnaie, .i la suite de
nos rois de la première race , puisqu'en effet il se
trouve des pièces de ce te.nps-lii, sur lesquelles M.
Lel'lanc , bon connaisseur ( Traité des Muiinaies, p.
67), assure qu'on lit VtzoNNO vico. On ne peut guère
trouver de nom français qui ait plus de ressemblance
avec le bain Yesunnum, que celui de Besons. L'église
de ce village est petite, et l'on n'y voit rien qui puisse
en dénoter l'antiquité. Elle reconnaît saint Aiartin
pour son premier patron et saint Fiacre pour le se-
cond. La dédicace en fut faite durant l'éié de l'année
1507, par un évêque, autre que celui de Paris , et
qui n'tst point nommé dans la permission qui fut ac-
cordée aux habitants. La nomination de la cure ap-
partenait à révéi|ue de Paris. Ce village, malgré son
antiquité, n'était pas peuplé. 11 n'y avait encore que
12 maisons en 1470. En 1381, les habitants de Be-
zons plaidèrent à fin d'être déchargés du guet pour
le château de Saint-Germain. Eu 1404 , Charles IV
les exempta du droit de prises, en vertu duquel les
chevauchée» et preneurs royaux enlevaient des mai-
sons des habitants les meubles elles denréi'S qui s'y
lrouvaieni,sans les payer, pour le service de la cnur,
exaction à laquelle Paris et plusieurs autres villes da
France étaient assujetties. Les babitaiits lurent dé-
livrés de ces exactions, à condition qu'ils amène
raient chaque année à Paris 4 charrettes de feurre on
de paille. On neconnaîi point deseigneursplus anciens
de la terre de Bezons que les sieurs Chanlerel, qui
l'ont transmise dans la famille des Bazin. Un des pre-
miers seigneurs, mort en 1733, âgé de 85 ans, était
Jacques Bazin, maréchal de France , dont le bisaïeul
avait épousé Marie Chanlerel, dame de Bezons. Celle
terre a été depuis possédée par Louis-Gabriel Bazin,
gouverneur de la ville et citadelle de Cambray ,
qu'on appelait le comte de Bezons. — Les religieux
de St-Martin-des-Ch:mips euieni du bien sur cette
paroisse dès le xii'= siècle. Suivant les lettres de
Burchard de Montmorenci, données environ l'an 1285,
on apprend que Froger, chambrier du roi, et Alix,
son épouse, avaient laissé au prieuré de Si-Martin
de Paris la dime dont ils joui-saientà Bezons, apud
Cezuns; c'est ainsi qu'il est écrit dans le litre. En
1191), Hugues Foucault, abbé de St-Denis, fit acqui-
sitii'n du port de ce lieu, que lui vendit Hugues de
Meulan, prévôt de Paris ; et, en l'an 1301, ce cou-
vent fut maintenu, par une semence arbitrale, dans
le droit de justice en ce port. En 1214, la même
abbaye acheta d'Adam Heugot , chevalier , une île
qui lui appartenait , située devant le port de Betuns
!' i;iie ud duos arpcitnoi ; laiiuellc ile .\dam déclara
J39
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
140
tenir en fief de Ricliard de Banielu, de même que
Ricliard la tenait de Maiihieu de Montraorenci. Ou-
tre ces biens, situés à Bezons , appartenant au mo-
nastère de Si-Denis, cette abbaye avait, au xiii« siè-
cle, quelquesdÎHiesen deux cantons de cette paroisse,
savoir , Prunay et Parrosel , etc. — Les Filles-Dieu
de Paris possédaient anciennement une ferme à Bé-
ions ; mais dan> les temps des guerres de la religion,
elles l'aliénèrent , suivant la permission qui leur fut
accordée le 9 juin 1378. La foire de Bezons s'ouvre
tous les ans, le dimanche après la St-Fiacre , patron
du lieu. Cette foire dure trois jours; mais le con-
cours di s amateurs a beaucoup diminué. — Le ma-
réclial de Bezons y avait fait bâtir un thàieau , qui
subsiste encore. Le parc , aboutissant au pont, est
fermé par une superbe grille. On y voit encore quel-
ques jiilies maisons de campagne , dont l'une, entre
autres, offre une pariiculariié assez singulière. On
a bâti, dans le parc qui eu dépend , un moulin à
vent, dont le mécanisme sert à élever et distribuer
des eaux jaiU.ssantes pour le service iniéiienr de la
oiaison et celui du jardin. Bezons , situé sur la rive
droite de la Seine, avait un poni en charpente, sur
piles en pierres ; il fui construit en 1800 : sa lon-
gueur ét^ii de 18j mètres sur 11 de large. Le iH
juin 181.5 , les troupes françaises le brùl rem pnur
défendre à l'ennemi l'approche de la capitale. Il a
été rétabli depuis. Le sol du territoire de ce vill.ige
est composé de sable et de cailloux roulés. Ce genre
de composition l'a rendu propre à la culture de la
vigne et des asperges, qui est en effet la principale
occupation de ses habitants. Sa popul. est de 1,100
babiianls.
Birfis, Saint-Jean-du-Val-de-Noto, en Sicile. Le
val de Note occupe la partie la plus méridionale de
la Sicile. Il a au nord le val de Mona, et au nord-
oue>t le val de Mazara ; ailleurs la mer. Cette contrée
était la plus célèbre dans l'hisiuire ancienne , et au-
jourd'hui c'est la plus pauvre. La ville actuelle de
Noio est à quelque distance de l'ancienne, qui fut dé-
truite par le tremblement de terre de 1693. Saint-
Jeande-Noio a été érigé en évêché, en 18i-i, par le
pape Grégoire XVL
Birca, vel Bircœ Templutn, Birca , ville mariiime
de Suède, située non loin du temple idolâtre d'Upsala
des barbares Suévones. Son port était très-fréquenlé
pour l'époque (tx'' et x« siècle), son commerce fort
étendu. Ses habitants entretenaient des relations
avec les provinces du nord de la Germanie, aujour-
d'hui le Mecklembourg, la Poméranie , la vieille
Prusse, avec la Livonie, le Danemark, l'Ecosse, etc.
Cette ville était pour la Baltique ce que dans le midi
de l'Europe Amalfi était, à la même époque , pour
la Méditerranée. Depuis le xii' siècle Amain n'est
plus i]u'une bour);ade qui ne vit que de la splendeur
de ses souvenirs. Quant à Birca, moins heureuse ,
elle n'a pas même laissé de ruines afin de nous rap-
peler sa brillante fortune. L'histoire maritime et reli-
gieuse du in«yen âge s'est seule chargée de nous
transmettre son nom. Saint Anschaire , l'apôtre
du nord de l'Allemagne, entendant parler à Brème
et à Hambourg d'une ville idolâtre, riche et florissante,
résolut de s'y rendre pour y prêcher l'Evangile. Il y
fit quelques conversions. 11 y revint plus tard pour
visiter ces nouveaux chrétiens et les confirmer dans
la loi. A partir de ce moment il n'est plus question
de Birca, et nous ne retrouvons son nom dans la
seconde partie du xi*^ siècle, en 1072 , que pour ap-
prendre qu'elle était déjà déserte et ruinée.
Bissani ecclesia, église et monastère de Bissan en
Abyssinie. Ce couvent était situé dans l'ancienne
province de Bahar-Negons , au milieu d'une so-
litude profonde et d'un aspect grandiose, sur une
montagne de la chaîne des monts Zegghi. Il avait
une grande célébrité dans toute l'Abyssinie ; des
milliers de pèlerins y -venaient invoquer la pro-
tection de la sainte Vierge qui avait apparu sur la
montagne, dit une légende abyssinienne , à un pieux
aaachorèie, lequel vivait dans une cellule, réparé du
reste des hommes. La sainte Vierge avait annoncé
au bon ermite que l'Abyssinie serait ravagée et rui-
née , si les fidèles et l'Eglise du pays ne montraient
pas plus de foi. Cette prédiction s'est accomplie ; et
le soin de sa réalisation a été confié aux Gallas. De-
puis plusieurs siècles ces peuples ont constamment
désulé l'Abyssinie par des guerres d'exieimination.
L'église de Bissan avait trois nefs et était fortgrande.
Il n'eu reste plus aujourd'hui que des runes.
Bituyigum, vel Biiuriges, le Berri , ancienne pro-
vince de France , qui était comprise tout entière
dans le diocèse de Bourges , comme aujourd'hui en-
core. Elle forme les départements du Cher, de l'In-
dre et une partie de celui de la Creuse. Les RuinaiDS
la gardèrent jusqu'en -173, époque à laquelle elle
tomba au pouvoir des Visigotlis. Les Francs la gou-
vernèrent, comme les Romains , par des comtes qui
rendirent ensuite leur dignité héréditaire. Aux com-
tes succédèrent les vicomtes, en 917 : un de ces vi-
comtes, Eudes Arpin, vendit cette province à Phi-
lippe l'=^ en 1100. Unie à la couronne, elle en fut
démembrée en 1560, par le roi Jean, eu faveur de
son troisième fils, Jean de France, qui prit le titre
de duc de Berri ; ce prince étant mort sans posté-
rité, elle revint à la couronne, pour en être de nou-
veau séparée en 1406. Charles Vlla donna alors à son
fils Jean, puis, après la mort de Jean, à Charles, son
autre fils, qui fut Charle> VII. Ce monarque en fit
l'apanage, en 1155, de Charles de France, son fils,
qui la céda pour la Normandie à son frère Louis XI,
en 141^5. Louis M la donna à François , son troi-
sième fils de la reine Charlotte de Savoie, puis à sa
fille , Jeanne de France ; Jeanne mourut religieuse,
et le Berri retourna une deuxième foisàla couronne.
François l''"' en accorda la jouissance à la princesse
Maigueriie, en 1317, et Henri 11 à Maigueriie de
France , sa sœur. Henri III donna le Berri ou duc
d'Alençon, son frère, pour supplément d'apanage.
Henri IV en laissa l'usufruit à Louise de Lorraine i
iil
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
U%
veuve de Henri III. Il fu» enfin donné en apanage à
Loiiis-Aususte de France, né à Versailles le 17 iio-
veriilire 1735. — On divisait celte province en Haui-
Berri , dont s'est formé le départ, do Cher, et en
Bas-Berri, compris ;'DJourd'liui dans le dépt. de
l'Indre. — Il n'y aTalt qu'un évêclié ; mais on y
complaît 34 églises ou colléjîiales , 9 arcliidiaconés ,
20 archiprêtrés, îiOO paroisses ei 55 abbayes. — Tout
le Derri ressorlissait au parlement de l'ari^;. Il était
régi par une coutume particulière, appelée /■; cou-
tume de Berri. Il y avait un grand bnilli , dont l'of-
fice était presque toujours réuni à celui de gouver-
neur, et 6 biiilliages particuliers. Des éiats spéciaux,
dressés pendant le règne de Louis XV, font connaî-
tre que cette province a fourni annuellement, pour
les guerres de celle époque , jusqu'à 2,2'29,577 liv.
— Le Berri .ivaii 1 gouverneur, I lii'iiten.mtgénéral
et 2 lientenanls de roi , i niarécliaussée gén. ei 1
prov. — L'air y est lempéré. Le terroir produit du
froment, dn seigle, du vin, du clianvre , et quaniiié
de f. uits excellents ; les pâturages y sont bons. On
y trouve des carrières de pierres et une niined'ucre.
On a négligé depuis longtemps de iravai ler à celles
de fer et d'argent qui y existaient. — Cette province
avait l-ii kil. de longueur , sur 120 de largeur. Ses
principales vi les é'.aient Bourges, capitale du Haut-
Berri ; Issoudun, capitale du lias-Berri ; Vierzon, La
Châtre , Le Blanc et Châteaiiroux ; ses principales
liviéres, la Creuse, l'Indre, l'Arnon, le Cher, l'Eure
et la Loire.
Il y a quarante ans , les communications du Berri
avec Paris et les principales villes des autres pro-
vinces étaient peu nombreuses et difficiles; depuis
on a ouvert de belles roules et livré au commerce le
canal du Berri. Le chemin de fer du centre avec ses
embranchements communique une nouvelle vie à
celte province , en lui permeitant de tirer un plus
grand parti de ses richesses agricoles, et du produit
de ses belles forges; car les fers du Berri sont
fort estimés. Le pays est riche en forêls. Les Berri-
chons \ivent en général du produit de leurs terres ;
ils ont de la simplicité dans leurs mœurs, on s'aime,
on se soutient dans les familles; l'étranger, accueilli
d'abord avec défiance, est reçu ensuite comme un
compatriote. Ce qui manque aux Berrichons du côié
de l'esprit est compensé par beaucoup de sens et
de jugement. Ils sont Irés-attachés à leur sol ; voilà
pourquoi dans les guerres de la révolution nul d'en-
tre eux ne s'est élevé jusqu'au grade de lieutenant-
général.
Le Berri , malgré sa situation centrale , attire peu
ratteiition. parce iiu'il n'olTre ;iucune de ces beautés
saillantes qui font la renommée d'un pays , bien que
les aspects variés et les contrastes ne lui maurpient
point. Les bords de la Loire, qui â l'est forme sa
limite, sont embellis par les coteaux élevés du San-
cerrois , qu'une chaîne presque continue rattache
d'un côté aux montagnes de l'Auvergne , et qui d'un
autre, suivant le bassin du fleuve, vont finir aux en-
virons de Nantes ; presque partout ailleurs de lon-
gues plaines, rareiirenl interre.mpues par (|ueli|ues
collines, tantôt déiouvertes à perte de vue, tantôt
divisées par des haies vives; certains cantons d'une
grande fertilité, un sol en général favorable à la cul-
ture; au couchant les sables de la Sologne, et çà et
là de vasles forêls et beaucoup de petites rivières
qui animent la scène : voilà la province du Berri
On y compie un grand nonibre de riches proprié-
taires qui font valoir leurs domaines par des baux à
cheptel ; comme ils les accordent pour peu d'années,
les fermiers ou les métayers négligent des améliora-
tions dont ils ne pourraient profiter. Ils pratiquent
encore le système des jachères ; ayant ainsi deux an-
nées de mauvaises céréales et une année de repos ,
la leire s'épuise par le retour uniforme des mêmes
semences, et l'aniréj de repos ne lui restiiue point la
fertilité que lui conserverait une variation bien en-
tendue de produits. Il est vrai que des idées plus
sages ont commencé à pénétrer dans les campagnes
du Berri : les prairies artificielles sont en faveur, il
en est de même de la ponmie de terre.
Le commerce du département du Cher consiste
principalement dans l'exporl^ition de ses produits
agricoles. Les vins de Sancerre vont à Paris, où ils
sont vendus pour des vins blancs de Chablis. On
estime aussi la race des chevaux du Berri pour leur
force et leur taille. Les bêles à laine sont pour le pays
utre source féconde de richesse, les manufactures de
touie la France achètent annuellement les toisons
des nrouioiis du Berri. Les gras pâturages qui envi-
ronneirt Si-Amand envoient de nombreux troupeaux
de moutons et de bœufs aux marchés qui approvi-
sionirent Paris. Des suuvenirs historiques se ratta-
chent à quelques-uns des princes qui ont porté la
titre de duc de Berri.
Au xiv« siècle, le troisième Dis du roi Jean , qui
avait ce titre, fut nommé par son neveu, Charl'S VI,
gouverneur du Languedoc, une des plus considéra-
bles et des plus riches provinces de France. Ce
prince, d'un esprit étroit et cupide, fit peser pen-
dant son long gouvernement une telle oppression
sur celte fertile contrée, que les habitants des cam-
pagnes allaient manger l'herbe dans les champs , et
que plusieurs monastères restèrent par la famine
sans habitants. Un religieux domiiricain, indigné de
l'épouvantable conditite du gouverneur , forma le
projet de se rendre à Paris pour dépeindre au mal-
heureux Charles VI, dont il ignorait l'état mental, la
situation de la province, et demander le rappel du
duc de Berri. Aduiis devant le roi, le courageux
moine traça un tableau saisissant des misères du
Languedoc et déroula en termes éloquents et éner-
giques la longue série des crimes du gouverneur.
Profonilériierrt ému , Charles VI promit de rendre
justice à sa fidèle province du Languedoc. Le domi-
nicain quii'a Paris pour retourner à son couvent où
il ne reparut jamais. Des historiens du temps actu-
Uô
DICTIONNAIRE OE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
îi
sent le duc de Berri de l'avoir fait luer par des
hommes apo^iés sur son ciiemin.
L'iiiforiuné Louis XVI , avaui d'èlre dauphin, avait
porté le litre de duc de Berri. Le dernier duc de ce
nom, second fils de Charles X, fut assassiné, le 13
février 18:20, par Louvel. Il lui avait été annoncé en
Ecosse, pendant réniigraiion, par une vieille femme,
qu'il mourrait de mort violente. Le jeune prince
s'était rais à rire sur cette prédiction.
I Berri (can:il du) , ou du Cher , ou canal du
Centre, commence près des mines de Contnieniry ,
dans le dépt. de l'Allier, à 12 kil. sud-est de Mont-
luçon, suit la rive gauche du Cher jusqu'au village
d'Ainay-le-Viel ; là il passe sur la rive droite de cette
rivière, et la longe jusqu'à St-Amaud; se dirige à
l'est, suit la rive droite de la Maroiamle, baigne Cha-
renton, et atteint le bassin l'e partage du Ilimbé ; là
il se divise ensuite en deux branches, dont l'une va
au nord-est et l'autre au nord-ouest, longe l'.Auron
jusqu'à Bourges, où cette rivière, par sa réunion
avec l'Yévretle, forme l'Èvre. Il suit ensuite l'Èvre
jusqu'à son cnnfl. avec le Cher, un peu au-dessous
de Vierzon ; là il côtoie la rive gauche du Cher jus-
qu'à Saint-Aignan, dans le dé;. t. de Loir-et-Cher, où
celte rivière est navigable; il a 280 kil. de cours ;
il rejoint au bec d'Allier le canal latéral de Digoin
à Briare.
Biveria, vet Bevria, Bièvres , paroisse de l'ancien
diocèse de Paris, aujourd'hui de celui de Versaires,
arrond. de celte ville, canton de Pal.iiseau, à 14 kil.
de Paris , dans une vallée, sur la petite rivière du
même nom.
On prétend que ce village doit son nom aux louires,
qu'on appelait jadis bièvres, dont la peau servait à
faire des fourrures. Bièvres , quoique très-petil ,
comprend dans sa dépendance les hameaux des
Roches , de Vauboyan , les liefs de Montedain , les
maisons de campagne de Bel-Air , de l'Abbaye-au-
Bois, du Val-Pfofond, «d'autres habitations isolées,
connues sous diverses dénominations. Le bas du
territoire est un peu marécageux et rempli de ver-
dure. Le terrain des coteaux esi jaune, tirant sur le
vouge, ce qui indique qu'il y a des mines de fer
dans le voisin:ige ; aussi y voit-on une fontaine mi-
nérale dans un parc du lieu, et >oûiée. L'eau cepen-
dant en est insipide, Irès-limpide , el laisse un peu
de muriaie de soude après l'évaporaiion. H y a des
vignes dans les endroits moins fioids; le reste esl en
175S : il étaii seigneur de cette paroisse: son fils ,
qui lui succéda , fut le premier possesseur du châ-
teau. Qui ne connaii le marquis de Diévres, renommé
par ses nombreux calembours. Celle terre avait été
érigée en marquisat par Louis XV. — L'ne commu-
nauté de Bièvres, aussi célèbre qu'ancienne, est celle
diie de V.il-Profond ei ensuite celle de Val-de-Gràce:
elle éiaii de l'ordre île Ciieaux, et daie au moins de
l'an 11(10. Elle souffrit beducoup sous les guerres de
Louis XI. Elle fut presque entièrement ruinée par les
huguenois, en loi.i. Les religieuses se réliigièrenl à
Saint-Paul de Beauvais. C'est sous François l^'' que
celte communauté fut ap|ielée Val-de-Giàce. Enfin,
en 1636, on permit aux religieuses de vendre les
bâtiments qui existaient encore, el d'aller s'établir
ailleurs. Bièvres a produit un nommé flossignol ,
cordonnier, qui, sans élude ni lecture, apprit, par sa
seule pratique, à connaître el à guérir les maladies.
Il s'établit à Paris, et leva même une apoihicairerie
dans l'enclos du Temple. Ce village a donné n.<issjnca
à plusieurs personnes qui se sont illustrées. Mou-
radja d'Olison, Suédois d'origine, et savant distingué,
auleur de VHisloire de l'empire oUonian , qui était
venu s'établir en France, mourut à Bièvres, en 1806.
— Divers établissements indu-lriels sont remarqua-
bles dans cette commune , entre autres une manu-
facture d'indiennes, dont les produits, travaillés à
l'instar de ceux de Juuy, sont estimés et ont obtenu
une mention honorable à l'une des expositions de
l'industrie française. Il se tient dans ce village deux
foires par an : la U'-', le il juin ( c'est aussi le jour
de la lête patronale) ; la 2«, le 1^' décembre.
Biveris, vel Bueris, la Bièvre, dite vulgairement
des Gobelins , prend sa source entre Bouvins et
Guyancourt, diocèse et canton de Versailles, et à 5
kil. sud-ouest de celte ville. Son cours est d'envi-
ron 3:2 kil.; elle passe à Jouy, à Bièvres dont elle a
pris le nom, à Gentilly ; elle entre dans Paris à ira-
vers le boulevard des Gobelins; puis elle traverse
les faubourgs Saint-.Marcel et Saint-Victor; ensuite
ses eaux , déléiiorées par de nombreux éiablisse-
raenis de blanchisseuses, de tanneurs, de brasseurs
et de leiniuriers , sont versée,-, dans la Seine sur le
quai de rilopitjl. Sa direction actuelle est celle
qu'elle avait dans les lemps les plus anciens ; mais
elle ne l'avait pas toujours conservée. Aux xii^ et xin«
siècles, elle entrait dans la Seine par la rue d<!s
Giands-Degrés , en (ace du jardin de l'archevêclit;.
pleines et labourages. L'église de cette paroisse , Celte rivière a queh|iiefols produit des déborde-
tiirée de Saint- Martin , est fort petite et n'a point
d'aile> ; cette petitesse prouve quelquefois l'anliqiiiié
d'une église, surtout lorsque le chœur est couronné
par une tour ou par un cloch.r de pierre ; mais ici,
il est à côté de régli>e, et il esl bâti de g>ès : ce qui
ne peut fixer nullement le lemps de la bàii>se. Il n'y
avait de lombes ou épiiaphes , en cette égli-e, que
celle de Gsorges Maréchal , premier chirurgien du
roi, et de son épouse, qui furent inhumés au chœur,
chacun soh« unj tombe noire. Maréchal décéda en
ments funestes aux faubourgs qu'elle traverse En
li79 elle y causa de grands dégâts. Un autre débor-
dement se manifesta en l'an li.79. Voici ce qu'en
dit l'Etoile : « La nuit du mercredi 1" avril 1579,1a
rivière de Sl-Marceau, au moyen des pluies des jours
précédents, crut à la hauteur de 14 à 15 pieds, ab:it-
til plusieurs moulins , murailles el maisons, noya
plusieurs personnes surprises en leurs maisons cl
leurs lits, ravagea grande qu.i-nlilé de bétail, et fit nn
mal infini. Le peuple de Par.s, le lenileiiiain ei jours
us
suivants , courut voir
frayeur. L'eau fut si liauie, qu'elle se répanJit d.ms
l'église et jusqu'au prand autel des Cordeliers de St-
M.irceau, rava.s;eant par ferme de torrent en grande
furie, laquelle néanmoins ne dura que trente heurts
ou un peu |il«s. i Cette inondation fut maninée le
déluge de St-Marcel. — Un fait digne de reii. arque ,
c'est que cette rivière s'élève à Biévre à H6 pieds
au-dessus du nive:m de Notre-Dame. Pour embellir
Ver.-ailles, on proposa à Louis XIV d'y f^ire passer
la rivière de Bièvre, mais la proposition ne fut point
agréée. — L'eau de la Bièvre, prise avant son entrée
à Paris, a donné par l'analyse le résidu suivant :
gram. cenlig.
Sulfate calcaire 5 758
Carbonate calcaire 2 047
Sels déli luescents 1 638
Sel marin 0 1C9
Eau • 2 212
Poids total du résidu 9 821
D'où il résulte que les eaux de cette rivière sont
les plus impures, les moins propres a dissouilre le
savon, et les moins promptes à cuire les légumes.
Bonogilum supra Matronam, Bonneuil-sur-.Marne,
paroisse du diocèse de Paris, canton de Cli;irenton ,
arrond. de Scemx, Seine, à 6 kil. sud-est de Clia-
rcnton, et à 12 de P.uis. Bonneuil est situé sur une
pente douce, qui regarde le levant elle midi. Le dessus
de la tôte cl quelques coteaux , le long de la Marne,
sont plantés en vigiies. La plus grande pai tie des
terres est en labourage ; on y trouve aussi des prai-
ries. Bonneuil était, dès (jlii, une résidence nyale.
Sauvai dit qu'on l'appelait en latin Bonayellus vitia ,
Bonogilus villa pnblica, et tantôt Bonoilus el Boiii-
ijulus villa. Lebeuf le nomme Bonoilnm ou Bonogi-
lum. Cloiaire 11 y tint, en (jI7, une assemblée de
grands seigneurs bourguignons. L'empereur Loihaire
y logea en 842, et y donna une charte en faveur de
l'abbaye de Saini-Maur-des-Fosfé<. L'abbé Lebeuf
rapporte i|ue saint Merri, venant d'Aotnn à Paris ,
s'arrêta à Bonneuil, in vi.lu Bonoilo, et qu'ayant ap-
pris que le juge y retenait en prison deux voleurs, il
l'alla trouver, et obtint de lui leur délivrance. L'é-
glise, sous l'invocition de saint Martin, a été si bien
restaurée, qu'elle paraît neuve; elle date cependant
du xiji*^ siècle ; quoique petite, et n'ayant aucune
ap|iarence, les détails en sont très-soignés. Dans une
chapelle l.tiéralr, à drnite, se tmuv.iii un caveau où
étaient 17 cercueils de plomb, qui lurent enlevés et
fondus, comme tant d'autres, en i793. Il n'existe à
Bonneuil-sur-.Marne aucun établissement industriel
important; les maisons de plaisance y sont en assez
grand nombre.
Bonoiium, Boiioqihim, Bonneuil, paroisse de l'an-
cien diocèse de Soissons, m.iintenant de celui de
Beauvais, arrond. de Senlis, canton de Crépy, Oise,
à 10 kil. nord-est de Crépy , où est le bureau de
poste, à 66 kil. nord-est de Paris. Ce village est situé
dans une vallée profonde, près de la forit de Villers-
fiEOGRAPniE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. uç
désastre avec grande Cotterets. La population est de 700 habitants, avec
les hameaux d'Auberval, des Buttes, du Voisin et la
ferme de la Groupe-au-Mont. L'abbaye de Lieu-
Reslauré, de l'ordre de Prémontré, qui était à 3 kil.
de ce village vers fe sud, s été démolie; et il n'en
reste plus rien. Le terroir est en labour , une partis
est en bois. La petite riiière d'Autonne fait tourner
deux moulins , dont un qui appartenait h l'abbaye
est à Lieu-Uestauré.
1 Bonnenil-en-France, de l'ancien diocèse de
Paris, actuellement de celui de Versailles, canton de
Gonesse, arrond. de Pontoise , Seine-(;t-Oise , à 14
kil. nord-est de P.iris. Ce village est siiué sur la pe-
tite rivière de Crou , qui fuit tourner deux moulins.
L'abbaye de Saint-Denis avait le droit de pêche
dans cette rivière ; elle possédait à Bonneuil un ma-
noir qui loi servait à retirer et à mettre à couvert
ses fdets. On lit dans Tacie de partage, de 852 :
Unus iiiansusinBunogito adfratruin relia componenda.
Le terroir est en terres labourables et praiiies ar-
tincielies. La culture du colza, ainsi que des légu-
mes, y est très-avantageuse. C'est le seul endroit
des environs de Paiis où l'on s'occupe de la culture
du colza. On en tire de la tourbe d'assez bonne qua-
lité. — Bonneuil se disait en latin Bonoiium ou Bo-
nogilum, et paraît devoir celte dénumuiation à l'ex-
cellence de ses terres. Dans le livre des miracles de
saint Denis, il est parlé de la guéiison d'une femme,
qui est dite : Fisci Bonogili habilalrix. La cure ap-
I artenait au chapitre de Notre-Dame de Paris. Le
cliàteau de ce vdiage était autrefois seigneurial; il
avait passé dans la maison de Harlay , et a été pos-
sédé par la présiden e Crèvecœur , sœur du conseil-
ler d'étal de Harlay, mort intendant de la généralité
de Paris. La popul. de Conneuil est d'environ 450
habitants.
Bona-Tabula, Bonnctable, Bonnesiable, petite ville
du diocèse du Mans, cliellieu de canton de l'arrond.
de .Maniers, à 20 kil. de celle ville, à 24 ilu .Mans, et
à 190 de Paris. Long. 1 ■'. 5, lat. 5. 1!. Popul, h,GM
hab. Cette ville e-l située rur le ruisseau de la Dive,
près d'une belle loiêl qui a 12 kil. de tour, et i.ù
l'on voit une pierre druidique. — L'éiymologie du
nom de cette ville est assez singulière; elle se nom-
mait Malestable, a raison des mauvaises hôtflleiios
qu'y iiouvaieiil les voyageurs. Les anciens seigneurs
l'ayant .Tgrandie , peu, lée, embellie et onlonrée de
murailles, crurent devoir lui donner un nom tout
opposé pour détruire la lâcheuse impression du pre-
mier. Aujouid'hui la réhabilitation est coinpléie et
le nouveau nom mérité. Le territoire dt Bonnét.ible
est sablonneux d'un côté, argileux de l'autre, et tiès-
feriile dans les deux parties. Son prodnii moyen e;t
de 10 h 12 l'our 1 en froment, et de 14 à 15 en
seigle, semence ordinaire des terres fablonneuses.
Les fruits, les grains, les fourrages y aliondenl éga-
lement. Celle ville fait un grand commerce de tous •
ces produits. Ses foires, au nombre de huit, tonlre- '
nommées pour les bestiaux , notamment pour les
i47
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
US
porcs, et ses marchés pour le gibier, ainsi que pour
les fruits. Il s'y esl établi, depuis quelques années ,
une nianul'aciiire de siamoises, calicots et niouclioirs
lie colon , pour remplacer celles d'étainines , qui
nourrissaient , avant la révolution , une partie des
habitants. — La ville est composée de deux rues
principales et parallèles, dunt l'une sert de passage
à la grande roule ; l'aulre, qu'on laisse à droite, est
plus large et plus belle. Le reste de la ville ne con-
siste qu'en petites rues de communication. Elle a de
grandes et asseï belles halles, et un (bateau gntlii-
que flanqué, sur le devant, de quatre tours rondes,
de deux sur le derrière, avec créneaux et mâchi-
coulis. Ce château, bàii dans le xv= siècle, apparte-
nait au duc Maiiliieu de Montmorency par son ma-
riage avec Mlle llortense de Luynes. C'est un des
plus lourds monunitMits de la féodalité, et, en même
temps, un des mieux conservés. Sa hauteur n'est
pas en proportion avec son étendue en siirfacL^ ; il
n'a qu'un étage. Le fondateur l'a placé dans la partie
la plus basse de la ville, comme pour le rendre en-
core plus écrai'é. Du milieu du bâtiment s'élève un
belvéder qui présente l'apparence d'un petit clocher.
— On conservait, dans les arcliives de ce château,
une lettre autographe de Hejiri IV à son cousin le
prince de Conii; elle était datée du 18 mai lo93.
C'était une circubijreqn'jl adressait à tous les priiices,
seigneurs, prélats et notables du royaume , pour les
prévenir de la convocation qu'il avait faite à Meaux
des évèques et docteurs, h l'effet de recevoir d'eux
les instructions propres à déternjinei' sa conversion.
Boua-Vallii, Bonni^val, petite ville du diocèse de
Chartres , chef-lieu de canton , arrond. de Ch.à-
leaudun, dépl. d'Eure-et-Loir, à 12 kil. de Chàteau-
dun, à 32 de Chartres, et à IIG de Paiis. Population
2,000 hab. Celle ville, siiuée sur une belle et fertile
vallée, à laquelle elle doit s :n nom . sur la rive gau-
che dn Loir, qui s'y divise en plusieurs branches ,
était autrefois close de murs, de fossés et llanqnée de
tours. C'était une place importante par sa situation
et ses fortifications. En 1135, Louis le Gros, nourris-
sant un [irolond ressentiment contre le comte de
Chartres, assiégea Bonneval , appartenant à ce sei-
gneur, lit raser la ville , cl ordonna de conserver
l'abbaye. Henri V , roi d'Angleterre, la fit aus?i
presque entièrement détruire, lorsqu'il assiégeait
Oiléans. Les rois, successeurs de Charles Vil, la fi-
rent rebâtir. Avant la révolution, on comptait, à
Bonneval, trois paroi-ses : Notre-Dame, Sl-S.inveiir
et St-Michel ; un hôpital , quatre chapelles reniées
et une célèbre ahlaye de Bénédictins, duigrégaion
de St-.Maur, snus le nom de St-Florentiti; elle fut
fondée en 842, par Charles le Chauve (il'antres di-
sent en 818, par Louis le Débonnaire) , et p.ir Foul-
ques, l'un de ses chevaliers, seigneur de Bonneval.
La veille et le jour de la foire de St-Gilles, établie
.1 Bonneval, le \'^ septembre, vers l'an 1260, les
habiiaiits étaient tenus do se rendre, en armes, dans
la grande cour du monastère de celte abbaye , à
cause dn ciroit de justice qu'avaient les religieux. Là,
les officiers de la maison faisaient le dénombrement
on l'appel des citoyens; après quoi, on partait en
ordre, les officiers du monastère à la léte. On par-
courait les rues de la ville et le champ de la foire,
sur les 6 ou 7 heures du soir, en faisant des re-
cherches pour le maintien du b n ordre et de la sû-
reté des marchands et des marchandises. Les habi-
tants, faisant le>dites revue et recherche, ou com-
posant la chevauchée, étaient lenus, en nuire, lorsque
les officiers passaient devant leurs maisons, de tenir
du feu et de l'eau devant leurs portes , ignem et
aquam aille domos eiponebanl. Renommée , au xiip
siècle, pour ses fabriques de serges , Bonneval est
aujonrd'iiui la moitié, tout au plus, de ce qu'elle a
été. Alors elle était murée comme une ville fron-
tière : elle avait au norJ-ouest une porte , dile lu
Porle-Btauche, un fossé et un pont, non loin de ceux
qui existent aujourd'hui de ce coté. Avant la révo-
lution, elle relevait inimédiatenient de la couronne ,
et elle avait été donnée en apanage à plusieurs ducs
d'Orléans. Son titre était prévoie et vkomié roijalc.
Son corps-de-ville se composait d'un maire, de deux
écbevins et d'un procureur dn roi. Elle avait pour
armes les 5 fleurs de lis de France, mr un champ de
gueule; pour support, un lion, tenant une pique
droite derrière le cliamp. Elle possédait une justice
royale, dont on appelait le juge prévôt. D.ins les
temps de troubles, les rois, négligeant de nommer
des prévôts, les habitants s'adressèrent aux moines
de l'abbaye royale ; ceux-ci leur donnèrent un pré-
posé pour terminer leurs différends, ei ce préposé
linil par devenir bailli, il y etit une justice seigneu-
riale, qui rivalisa avec la justice royale. On voit, >ur
le chemin de Brou, les restes d'une route pavée et
foi l large , qui allait est cl ouest, comme d'Orléans
à Nogcnt-le-Uotrou. Une autre , pavée aussi , allait
de Bonneval à Chartres; mais elle sortait par la
Porte-Blanclie , et s'étendait vers AUuyes. — Il y a
trois vastes souterrains pratiqués dans les hau-
teurs environnantes : 2 qui servent de caves au vin,
et un j<^ en ruines, dans un petit bois, vers la fron-
tière du Perche, et qu'en prétend avuir appartenu à
un couvent de femmes, détruit par les guêtres civiles.
On a parlé d'un 4«, à l'entrée de la roule de Chà-
teandun, lequel étaii sons une ancienne église parois-
siale, qui a été brillée par la foudre ; on n'a fouillé
que les piemières marches do ce souterrain; ensuite
on l'a comblé, sans aller plus loin. Au reste , on
prétetid que ces souleirains ont servi de refuge aux
Iialdtai4s dans les temps dos guerres. Aujourd'lnii
Bonneval n'a qu'une rue, celle qui la traverse. Elle
n'offre, d'ailleurs, rien de bien remarquable , que
son ancien collège de Bénédieiins, converti eu une
ferme-modèle. C'est un fort beau bâiinicnt : on ive
le vuit bien que de l'enclos qui en dépend. Cet enclos
rcnleime un coteau couvert de bois, qui offre un joli
rideau et de charmantes promenades. L'église pa-
roissiale esl surmontée d'une flèche irés-hauie ;
149
GÉOGRAPHIE DKS LEGENDES AU MOYEN AGE.
10
tome la diarpente, tant de l'église que du clocher ,
est en châtaignier, comme celle des vieilles maisons
de la ville. On trouve aux environs de Bonneval un
grand nombre de pierres druidiques. 11 y a dans cette
ville une manufacture de lapis de pieds ; des fabri-
ques de (lanelles tricotées, d'étoffes de laine, cou-
veriures, calicots, toiles.
Boni-Homwet , les Bons-Hommes , paroisse du
diocèse de Versailles , canton d'Ecoiien , arrond. de
Pontoise, dépt. de Seiiie-et-Oise, à 9 kil. d'Kcoiien ,
12 de Ponloise, et 21 de Paris. Population, compris
celle de Maffliers, 600 habitants environ. Ce village
doit son origine et son nom à un couvent , dit des
Bons-Hommes, du tiers ordre de Saint-François ,
qui existait encore au moment de la révolution de
1789.
Boitonia supra Se^iifluom, Boulogne-sur-Seine, vil-
lage considérable du diocèse de Paris , arrond. de
Saint-Denis , Seine, à 7 kil. de Paris , à l'ouest. Il
n'est séparé de Sainl-Cloud que pnr la Seine , que
l'on traverse sur un pont qui n'élait encore qu'en
bois , lorsqu'en 1536 Henri II le fil construire en
pierres, esceplé les deux arches du milieu, qui res-
tèrent en bois jusqu'en ISIO , où il lut eniièrement
restauré et rebâti en pierres. Boulogne , sons nos
rois des première et deuxième rtces, s'appelait .1/e-
ims-liz-Si-Cloud. Mais quelques habitants de Paris ,
revenant de faire un pèlerinage à Noire-D.inie de
Boulogne-sur-Mer, voulurent , on mémoire de leur
voyage et de leur dévotion, changer le nom de leur
)iays en celui de Boulogne-sur- Seine ou Boulogne-
ta-Peiite, et firent bâtir, en 1520, auprès du village
des Menus, une église qu'ils appelèrent Noire-Dame
de Boutogiie-sur-Seine ; église construite sur le mo-
dèle de celle de Noue-Dame de Boulogne-sur-Mer.
Je.inne de Repenti , abbesse de Montmartre, en sa
qualiic de dame du lieu , leur accorda des lettres
d'amortissement en 1320; le pape Jean XXII favo-
risa celle église de ))eaucoHp d'indulgences en 152),
et Foulques de Chanac , évêque de Paris , l'érigea
eu paroisse, en 1545. Cet édifice est très-propre et
Làii avec la délicatesse ordinaire du gothique du xi\ ^
siècle, mais sans ailes eten simple forme de chapelle.
Ce fut dans celle église qu'un fameux coi délier, le
frère de Richard, revenu depuis peu de Jérusalem ,
prêchait avec une éloquence extraordinaire ; tous
les Parisiens couraient en foule dans ce village pour
l'entendre et se convertir. Il fit un jour un si beau
sermon comre le luxe, que ceux qui l'entendirent ,
animés d'un pieux entliousiasme , s'e.i'parèrent , à
leur retour à Paris, de tous les objets de plaisir et
de luxe, et les brûlèrent courageusement au milieu
des rues. On vil dans celte ville plus de cent de ces
leux expiatoires, dans lesquels, dit le journal de
Charles VII , à l'an 1429 , les hommes brûlaient
tables et tabliers, des cartes, billes et billards, nurelis
et tcu'es choses pouvant êlre jugées répréhensibles.
Les femmes, le même jour ei le lendemiin, com-
mencèrent par jeter au feu tous les atours de leurs
têtes, comme bourreaux, truffaux, pièces de cuir ou de
baleine, gu'elles metiaieni en leurs chapperons pour
êlre plus roides.... Les demoiselles laissèrent leurs
cornes et leurs gueues, et grand foison de leurs pompes.
On ajoute que dix sermons de ce frère Richard fi-
rent plus d'effet sur le peuple que ceux de tous les
sermonneurs qui depuis cent ans avaient prêché à
Paris. Ce cordelier commençait ses sermon» à 5
heures du matin, et ne les finissait qu'à 11 heures.
C'était à Boulogne qu'était la fameuse abbaye d»
Longchamp. La majeure partie des habitants de cff
village , dont le nombre s'élève à 4,000 environ, y
compris toutes ses dépendanees, s'occupe du blan-
chissage du linge. On y fait un commerce de char-
cuterie fort estimé, même à Paris. De nombreuses
maisons de campagne se trouver.! sur le territoire
de Boulogne.
Braéndiifl, le Brabani, les Flandres, la Belgique.etc.
Ce pays occupe une birge place dans l'histoire reli-
gieuse, politique, industrielle et militaire du moyen
âge, qu'il doit sans doute autant à sa position topo-
graphique qu'à l'esprit et au caractère de sa popu-
lati n. Cette vaste cunirée , connue sous le nom de
Pays-Bas , qui forme aujourd'hui les royaumes de
Belgique et de Hollande, et qui comprend le Bra-
bani, les Flandres, le Limbourg, l'évêché de Liège,
le Luxembourg, le Hainaut , le comté de Namur, la
Gueidre et Ks aulres provinces de la Hollande, se
trouvait répariie , sous le rapport ecclésiastique,
entre les évêchés de Thérouenne ou Térouane, de
Cambray, de Tonrnay, de Tongres , de Trêves et de
Cologne. La ville de Tongres ay.ini succombé sous
le poids des hordes barbares qui l'envahissaient au
IV" siècle , comme saint Jérôme nous l'apprend,
l'évêché fui transféré, au v« siècle , à M^ësiricht ,
et au vil", à Liège.
La féodalité se montra puissante en ce pays : on
y vit les comtes de Flandres, de Namur, les ducs
de Brabaiit, de Gueldres , etc. Il y eut souvenl des
insurrections terribles de la part de la population.
Les municipalités y prirent naissance de bonne
heure. Les villes de Gand, de Cassel , d'Anvers , de
Cuuriray, de Bruges, étaient des cités considérables,
riches et puissantes. A la suite de mariages, de guerres,
de négociations, ces provinces finirent toutes par ap-
partenir successivement aux ducs de Bourgogne de
la seconde maison de ce nom , et c'est ce qui la
rendit si redoutable à ses voisins ; car le duché de
Bourgogne proprement dit avec la Francbe-Comlé
n'aurait pu mettre ces princes au rang des souveiains
du premier ordre. Marie de Bourgogne, fille du der-
nier duc, Charles le Téméraire, porta tous les Pays-
Bas à la maison d'Autriche, par son mari.ige avec
l'archiduc Maximilien. Charles-Quint , qui réunit
l'empire à la monarchie espagnole, hahita fréquem-
ment les Pays-Bas qu'il aimait. Sous son règne , les
richesses et la puissance que Gand avait acquises
aux xiii', xiv" et xv" siècles par son industrie li-
nière et son commerce des toiles, commençaient déjà
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
151
à baisser; mais Anvers atteignit une prospérité
inouïe jusqu'alors, et les vaisseaux de ses armateurs
sillonnaient toutes les mers du globe,
î Au xvii' siècle , l'empereur Charles-Quint , après
avoir ruiné It ville de Térouane, demanda au pape
le démembrement de ce vaste diocèse. A l'occasion
de cette deman.le , le souverain pontife organisa la
hiérarchie ecclésiastique du pays. Uirecht et Malines
devinrent métropoles, l'une pour les provinces hol-
landaises, l'autre pour les provinces belges. Utrechl
eut pour suffragranls les évêchés, érigés en mênie
temps, de Devenler, Groningue, Lewardon, Har-
lem , Middelbourjç ; Malines, les évêchés, également
de la même création, de Rurenionde, Bois-le-Duc ,
Anvers, Rruges, Gand et Ypre». L'évêque de Liège,
prince souverain , restait suffragant de Cologne.
Tournay , ancien évèclié du m" siècle , et Namur ,
nouvellement érigé , demeuraient sous la métropole
de Canibray.
Celle organisation était à peine décrétée que le
protestantisme et l'insurrection des Pays- Bas vinrent
en déranger l'économie. Les provinces hollandaises,
sous le nom de Provinces-Unies , se séparèrent de
l'Espagne, et, embrassant le calvinisme, suppri-
mèrent la récente orgatiisation ecclésiastique. Nous
ferons remarquer ici en pissant que le cailiolicisme
eut à souffrir , en celte circonstance , de la hnine
vouée au gouvernement espagnol par la population
des Pays-Bas. S'il avait éié possible de séparer la
religion et ses ministres de la nationalité espagnole,
en repoussant l'une on aurait conservé les autres.
Malheureusement le corps épiscopal , récemment
établi , se composait en partie d'Espagmds, ou de
créatures du gouvernement espagnol. Les provinces
belges néanmoins n'eurent pas le même succès que
leurs sœurs, et l'E-pagne les maintint sous son au-
torité. Lors du démenibrement de la monarchie
espagnole, après la mort de Charles II, elles passè-
rent à l'Auiriche qui les garda jusqu'à l'époque de la
révolution, en 1792 , où elles furent réunies à la
France. Quant aux Provinces-Unies , après avoir
été pendant deux siècles une puissance du premier
ordre en Europe; après avoir contribué à la déca-
dence de l'Espagne, avoir amené la ruine complète
de la puissance portugaise dans l'Hindoustan , elles
i'effaçaieni. On aurait dit que ce grand effort, que
cette lutte de deux siècles avait absorbé leurs facultés
et leur énergie. La France en fit une république Ba-
lave, Napoléon un royaume de Hullande pour un de
ses frères; puis, loutàcoiqi, il l'associa à la fortune
de l'empire français qui touchait alors, comn)e celui
de Charlemagne, à la mer du nord.
Le concordat de 1801 avait été exécutoire en
Belgique, et l'organisation du xvr siècle, dont nous
venons de parler , y avait été supprimée par le pape
Pie VII. Le congrès de Vienne, qui en 1815 s'attri-
buait la mission de disposer des nationalités euro-
péennes, eut la malheureuse pensée, dans ses idées de
déliance et de ressentiment contre la France , de
1S2
donner la Belgique à la Hollande, sous le litre do.
royaume des Pays-Bas et sous l'autorité protestante
des princes d'Orange. Ce nouveau pouvoir commit
des fautes énormes. Les Belges catholiques furent
sacrifiésen tout etpartout aux calvini=tts hollandais;
le clergé poursuivi, traqué comme une bête fauve ,
les diocèses vacants, les études de théologie catho-
lique soumisfS à l'autorité protestante, les rapports
avec la cour de Rome punis conmie les vols avec
effraction : voilà le tableau de la domination des
Nassau de 181 i à 1830. Le despotisme inintelligent
et brutal finit toujours par se perdie. En 1801, le
royaume, formé par le congrès de Vienne , disparut
sous la main de la Pr(jvidence. La Hollande consti-
tue depuis un état à part sous le sceptre des Nassau,
et la Belgique un état neutre, qui se gouvene lui-
même. A l'article de ces deux pays, nous dirons
quelle est actuellement leur organisation ecclé.^ias-
tique.
Les Pays-Bas possédaient des richesses artistiques
incioyables tant des maîtres de l'écide de Flandre
que des artistes allemands et hollandais. L'Italie et
l'Espagne seules pouvaient l'emporter sur la quan-
tité de tableaux que l'on rencontrait dans |hs églises
de la Flandre et du Brabaiit; elles y étaient décorées
avec grandeur et magnificence. Un seul artiste ,
Gaspard de Crayer, a laissé (dus décent tableaux
d'autels, qui attestent tout à la fois scii prodigieux
talent et sa grande facilité.
Les églises sont généralement grandes , soit go-
thiques, soit d'une architecture moderne; beaucoup
sont soutenues par des colonnes qui font un bel eO'et;
on y trouve aussi quelquefois des ornements de mau-
vais goût , faits par des artistes médiocres : c'est
dommage ! L'usage d'employer des colonnes pour la
décoration des portails des églises les rend majes-
tueux : nous ferons remarquer que rescolonnes sont
presque engagées au tiers; mais les corniches ou
entaldeinents sont en ressaut sur toutes les saillies ,
et c'est une faute , parce que ces petits corps multi-
pliés donnent de la sécheresse et de la cunfusion.
Nos deux révolutions, la première surtout, ont opéré
de grands changements , non-seulement dans l'ordre
de classification des tableaux des églises de la Flan-
dre , mais aussi dans la possession de ces t-ibleaux.
Les uns ont éié vendus, les autres sont pas-és des
couvents dans les églises ; quelques-uns ont été mis
dans les musées formés depuis peu dans les grandes
villes. Pendant la première révolution , nous avions
orné le Louvre des riches détiouilles des églises du
Brabant ; mais l'invasion nous a fait perdre ce que la
conquête nous avait procuré. Tous ces tableaux
pourtant ne sont pas rentrés en Flandre, et un assez
grand nombre, après avoir appartenu à de riches
particuliers, sont passés à l'étranger. Ce partage ta-
cite entre les nations européennes des richesses de
la Flandre a bien diminué sa brill.inte répiiaiion
sous le rapport des arts. Malgié ^es efl'orts nombreux
et ses dépenses exce-sives pour recouvrer ce qui lui
It
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
151
ap:iarienait, ce n'est plus celle lerre classique où
l'amiieur :\llait faire un pèlerinage chaque année.
Les beaux lableaux soni rares dans les églises et
presiiue perdus parmi une foule de mauvaises rom-
posiiions; encore croiraii-on, à la manière dont ils
sonl exposés pour la pluparl, que ce nVslqu'à regret
qu'on laisse les curieux jouir de leur vue.
La plupart des petites villes du Brabant,vers le
milieu du xviii° siècle, étaient riebes. Les t;ibleaux
qu'elles possédaient venaient de donations f.iiies
soit par des âmes pieuses, soit par les peintres eux-
njêmes. Dans les nombreux couvents qui couvraient
ce lerrituire, se trouvaient de riches cénobites, dont
la piéié dotait niagniliquement leur reiraiie. Presque
tous les couvents de celte époque ont clé détruits ;
quelques-uns, en petit nombre, ont été convertis en
églises ; d'autres sont remplacés par des rues ; à la
place des autres enlin sont roaintenant des bôtels ,
des cabarets et des lieux de débauche.
Parmi les lableaux qu'a créés l'école fi i mande ,
l'on esi surpris de voir les mêmes sujets répétés si
souvent et toujours différemment. La Flandre pos-
sède très-peu de lableaux des écoles italienne et
française. Les artisles ont, il est vrai , une grande
ressource dans la vue des chcfs-d'œuvie de leurs
peintres ; cependant, comme ils ne peuvent varier
facilement leurs études, on conçoit qu'il résulte de
là une homogénéité dans leurs peintures.
Ce pays ne fournil point des béantes pittoresques,
on n'y trouve ni montagnes élevées jusqu'aux nues,
ni torrents ou chutes d'eau, Iléaux lerribbs pour
ceux qui habitent les environs. Ici c'est un terrain
uni, agréablement coupé par des canaux utiles pour
le commerce et pour les voyageurs ; les villes , les
bourgs et les villages sontsi près les uns des auires,
que celte contrée ne paraît être qu'iuie seule et
même ville; les routes y sont belles, bien plantées ,
et ce sont comme autant de promenades publi(iues.
Les habitants soni doux , ;iffables et simples d;ins
leurs mœurs. Plusieurs villes conservent encore des
privilèges particuliers qui sentent la réiuiblique. La
campagne , naiurellement fertile , n'y est jamais oi-
sive; l'industrie des cnliivateurs fait que le terrain
le plus ijigr;it, travaillé par leurs mains , rapporte
comme le medieur sol ; aussi sont-ils réputés libou-
reurs iiabiles et intelligents : on peut en juger par
la promptitude .vec laquelle ils ré| arent les mal-
heurs de la guerre auxiiuels ce pays est si souvent
exposé. La paix faite , l'année d'après rien ne parait
avoir souffert, leur aciiviié et leur industrie répa-
rent lout.
Les canaux et les digues prouvent que la nécessité
rend ingénieux et infatigable : ces canaux sont d'une
grande comiBodité pour le transport des denrées et
pour le cuinraerce ; ils communiquenl par les gran-
des rivières à la mer ; les digues reiiemient les eaux
au niveau nécessaire , sans causer d'inondations aux
terres qui en »oni proches, quoique souvent au-des-
sous de ces mêmes eaux ; toutes ces terres et les
prairies sont arrosées par de petits canaux qui abou-
tissent aux grands ; ils portent les eaux et b s re-
nouvellent au besoin par le moyen de vannes placées
suivant la nécessité : aussi louies les campagnes
ressemblent-elles à un jardin riant.
Les villes , les bourgs et même les villages sont
bien bâiis ; les rues y sont larges et généralement
bien alignées; les maisons, assez régulières, sont
grandes; une propreté partout en usage y cause un
plaisir agréable ; les ruisseatix vont répandre les
eaux dans les canaux, de façon que les rues sont tou-
jours lavées et dégagées de toutes immondices : mais
un spectacle amusant et varié, c'est de voir les vais-
seaux traverser les villes et les campagnes où les
canaux passent, ce qui rappelle l'idée du commerce
qui s'y faisait autrefois. C'est pour cet objet le pays
le mieux situé de l'Europe, au Nord et à l'ouest,
borné par la mer du nord, et en partie par la Hol-
lande, à l'est par l'Allemagne, et par la France au
S. G. et au sud. Le pays est très-fertile en lin, chan-
vre, garance et toutes autres denrées propres aux
manufactures. Il est doté d'un réseau compliqué de
chemins de fer qui relient toutes les villes entre
elles, et rattachenl les grands centres de population
les unes aux autres.
Le Brabanl se fartage en Brabant du nord et du
midi. — Le premier esl borné au nord par les pro-
vinces de Gueidre, d'Utrechi et de Hollande, à l'est
par celle de Limbourg et le dépi. dn lias Rhin , au
sud par celles d'Anvers et de Limbourg, et à l'ouest
par celles de Zclande et de Hollande; il est situé
entre 5l° 22" et 5i° 38' de lai. nord, et entre 1° 45'
ei 3- 27' de long, est ; il a 120 kil. de long sur GO de
large, et 836 en carré. On y jouit d'un climat humide,
mais sain , à l'exception de l'ouest. On y trouve
beaucoup de bruyères, landes, marais; celui de
Pcel a 12i)ki!. de surface. Les rivières sont la Meuse,
la Dommel, la Merck elles deux Aa; il y a de nom-
breux canaux, dont le plus considérable esl celui de
Breda. On récolte dans les parties cultivées seigle,
sarrasin, orge, froment, lin, chanvre, houblon. Il y
a des forêts de pins ; la lerre à foulon et la lourbe
abondent; le béiail, la volaille, les abeilles, le gibier
sont communs, ainsi (|ue le poisson dans les rivières;
le eomuierce s'exerce sur les draps, toiles, rulians ,
indienne, bière, coutellerie. La population compte
54U,0li0 habitants, catholiques en grande partie.
Celte provime esl restée presque entière à la Hol-
lande; tandis que celle qui suit est belge.
1 Brabant méridional , province bornée au nord
par celle d'Anvers, à l'est par celles de Limbourg
et de Liège, au sud par celles de Naraiir et du Hai-
naui, et à l'ouest par la Flandre orientale ; elle
s'étend entre 50° 52' et 51° 4' de lai. nord, et entre
1° 39' et 2* 48' de Ion,', est; elle a 92 kil. de long,
sur 32 de large ; et 736 en carré. Les principales ri-
vières sont la Dendre, la Senne et la Dyle. Les ca-
naux de Lottvain et de Bruxelles favorisent le cnm-_^
merce. Le terrain, montueux vers le sud, s'al
.V
70
15S
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
\m
vers le nord. Le sol, irès-fécond, quoique sablonneux
et entremêlé d'une grande quantité de coquillages
décomposés, produit céréales, graines olé:igineuses,
lin, grains, chanvre «t houblon. Il y a de vastes fo-
rêts bien tenues, p;irmi lesquelles on remarque elle
de Soi"nes. On y trouve des mines de fer. Le béiail
abonde ; !e commerce roinpnnd belles toiles de co-
ton , dentelles , draps , faïence , savon , enu firtc,
pap'ei', sucre, sel, eau-de-vie et excellente bière. La
popiil. est de 500,0(10 hab. environ, presque tous
catholiques. Celle province est en partie du diocèse
de M.ilines.
En perdant leur indusirie linière et le commerce
de leurs belles toiles , les Flandres ont perdu leur
fortune, et même leur pain. Comme la population y
est nombreuse, elle est loml'ée dans une misère
profonde. Avant linvention d'Arkwiight, en 17fi9,
les fileuses flamandes é;aient renommées pour leur
habileté; el cependant, m.algré leur activilé, la plus
habile d'entre elles ne produisait que la moitié de la
besogne d'une broche de nos usines ; et un homme
aujourd'hui sulfit à 160 liroclies au moins. L'intro-
duction des machines a coniinué la révolution opérée
dans la lilalure du lin. Aussi les populations fla-
mandes qui n'ont su, ou n'ont pu la remplacer par
une autre indusirie, sont envahies par le paupé-
risme : 900,000 indigenls meurent de faim sur cette
terre foulée autrefois par leurs ancêtres , si indus-
trieux , si riches et si puissants.
Les Flandres ont un sol uni, bas el entrecoupé
de canaux, un climat très humide, et des eaux ma-
récageuses et malsaines. Les légumes et fruits sont
Irès-bons ; les habitants boivent beaucoup de peiit
lait. La tempéraiure moyenne est d'environ 5» au-des-
sous de celle de Paris. Elle est exlrêmement variable;
les vents changent quelquefois à plusieurs reprises
dans le courant de la journée. On ne compte guère
plus de 10 jours sereins dans l'année. Le froid est de
longue durée, mais il n'a pas beaucoup d'inlensiié ;
cependant il surpasse celui de Paris. Pendant les
pluies abondantes, amenées par la longue durée des
venis d'ouest et du sud, l'organisation animale se re-
lâche; les étrangers surliuil s'en ressentent, comme
on le voit par la luiiiie jaunâtre de leur peau, preuve
des sécrétions biliaires qui s'opèrent en eux. Cet
état est promptement changé, lorsque les vents souf-
flent du nord et du nord-est. D'épais brouillards
remplissent fréquemment l'aimosplière ; ils s'avan-
cent raiement dans l'inlérieur du pays , au delà de
l'Artois. La quantité de pluie est v.n peu plus con-
sidérable qu'à Paris. L'espèce humaine, les animaux,
les végétaux, tout est fort et vigoureux dans ce pays,
glace à la fertilité du sol, à une nourriture abon-
dante, et même à l'humidité du climat qui favoiise
le développement des formes. Les habiianls boivent
copieusement del'eau-de-vie de grain; on prétend que
l'humidité du climat en détruit les mauvais effets ,
et la rend même salutaire. Sur la côte, les hiiLiianls
se portent mieux que dans l'intérieur. Les ouvriers
qui viennent faire les foires en Flandre souffrent des
fièvres plus que les indigènes. Mais les catarrhes
et les rhumatismes régnent au printemps el en au-
tomne; C'i été on est souvent affecté de la diarrhée ,
qui tourne vers la dyssenterie. Dans les vdies, les
ophlhalmieschroniquessontcommunes. Ces provinces
avaient une foule de légendes simples, n;iWes, pieu-
ses, qui se transmettaient dans les familles de géné-
ration en génératinn. On les retrouve encore dans
les campagnes, malgré le cliaiigemenl des habitudes,
des mœurs et des idées.
Brndeiu , ou Braiacum, Brie-sur-llières , ou Brie-
Conile-Riibert, peiiie ville de l'ancien diocèse de
Paris , maintenant de celui de Meaux, chef-lieu de
canton de l'arrond. de Melun , dé.iart. de Seine-et-
Marne, à 16 kil. nord de Melun, à 24 esi de Paris.
Popul. 5,200 hab. Il s'y tient trois foires par an , en
juillet, oct( bre et novembre , et deux marchés par
semaine, le lundi et le vendredi. Celui du lundi ,
tonjours considérable en grains , est un marché ré-
gulaieur pour les mercuriales. Il y avait dans cette
ville un couvent de Minimes en 1647 , el un de Hlles
dites rfe /a Croix en 1640. L'Hôiel-Dieu, fondé en
1208 par Robert , fds de France , comte de Brie ,
subsiste encore; sa chapelle était sous le titre de
St-Eloy. L'église paroissiale, sous le litre de Saint-
Etienne, premier martyr, est d'une belle struciure ,
et a été bat e par les Anglais, au \n\' siècle, et depuis
augmeniée par la reine Jeanne d'Evrenx. On Irouve
dans cette ville une grosse lour, qu'on nommait tour
de Saint-Jean , laquelle faisait partie d'un château
tombé en ruines. Ce château , qui était eniouré de
fossés remplis d'eau provenant de sources , qui fut
assiégé et batiu en brèche en 1649, avait une cha-
pehe dédiée à saint Denis : c'est de lui que relevait
en plein fief une grande partie de la seigneurie de
Lezigny. — Il y avait aussi à Brie-Comte-Robert
plusieurs autres chapelles : l'une , sous le nom de
Si-Lazare, exislait depuis le commencement du xii'
siècle , et tomba [ilns tanl en la possession des Jé-
suites ; elle appartenait, lors de son érection, à une
maladrerie dont il est encore fait meniion en 1564.
L'autre chapelle avait éié fondée, en 1.589, par Va-
lentinc de Milan , dame de Brie-Comie-Robert. —
On voit dans Forlunat (Vie de saint Germain de
Paris ) que Brie-Comte-Robert , alors village , éiait
appelé Bradeia au m" siècle , et que saint Germain
guérit , dans la sacristie de l'église paroissiale, une
fille paralytique de tout le corps, en la couvrant
d'eau béniie. — On ne retrouve plus ce village , de-
venu bouig , que dans quelques litres du xii° siècle,
sous le nom de Braiœ et quelquefois de Braitim et de
Braiacum. 11 est constant qu'on disait Braie en lan-
gage vulgaire; l'usage en a fait retrancher depuis la
leiire a; et comme le nom de Biie était commun à
plusieurs lieux , on l'a surnommé du nom du sei-
gneur que ce lieu eut â la fin du xii^ siècle. Avant
la révoluiian, il y avait dans l'église Sl-Eiienne une
épitaphe, de l'année 1625 , où la ville était nonimée
157 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
158
Braye-Comle-Robert. Ce qu'il y a de remarquable
dans l'hisloire de celle ville, c'est qu'on ne trouve
pas de vestige d'une si'conde église , et qu'on est
certain qu'au .tiv siècle et jusqu'au xvii" il y eut 2
curés. — Les premiers seigneurs de Brie-Comte-Ro-
bert n'ont pas éié princes de la maison de Dreux ,
puisqu'on trouve en celle qualité un Thomas de Braia
mentionné dans une charte de l'an 1157. C'est pro-
bablement avec ce Thomas de Bmia que Louis Vil
traita de la terre de Braye pour son frère Koberl ,
comle de Dreux, prince qui fit donner le nnin de
Biaye-Comle-Robert à celte ville, oîi Agnès de
Braine, veuve de ce Roberi, comte de Dreux, faisait
sa résidence. L'abbé Lebeuf a rapporté , d'après Du-
chesne et autres, le fait suivant , dont l'exaciilude
serait diflitile à garaniir : « Comme elle (Agnès)
avaii attiré dans ce lieu (Insieurs juifs comnierçauls,
il arriva que, sur la fin du carême (de 1191), ils lui
firent des présents si considérable-, qu'ils obtinrent
d'elle qu'elle leur livril un chréùen à qui ils avaient
imposé les crimes de \ol et d'homicide. Les juifs ,
animés de leur ancienne haine contre le christia-
nisme, après l'avoir dépouillé, lui ayani attaché les
mains derrière le dos et lui ayant mis sur la tête une
couronne d'épines, le conifui;irent par loiii le bourg,
en l'accablant de coups de fouet, ei après cela ils le
[lendireni. Le roi Philiipe-Augusio, ayant appiis cela
àSl-Germ;iin en-L:iye, en partit sans dire où il allait,
vint prumptemeiii â Braye, fil neiire des ganles aux
portes du lieu, se saisit des juifs et en fil briilei' plus
de KO. Guillaume le Breton, dans ta Vie poéiqueilii
mèmepiincc, dit que ce pauvre misérable était un
homme à qui ils avaient préié de l'arcent, et i|ui
n'était pas eu état de le leur rendre; qu'ils l'alta-
chéient véritableuient à une croix avec des clous ,
et lui percèrent le côié avec une lance, et que le
nombre des juifs qui périrent par le feu fut de 99. Ou
conçoit, par ce (rail historique, que Brie-Comte-
Robert était devenu un lieu considérable , puisqu'il
é ait fermé de murs; les historiens cependant n'o-
saient le qualifier à'urbs ni A'opphlum , mais seule-
n'.enl de castrum et de villa. > Selon la chronique
d'Albeiic, ce faii s'est passé à Braye-sur-Seine , que
l'on nommait autsi Braiœ. — Le chapitre de Noire-
Dame de Paris y levait des dimes. — Après la mort
de Charles VI, sa veuve reçut , en 1424, de Henri ,
roi d'Angleterre, qui se qualifiait de roi de France,
pour en jouir momentanément, le châieau et la chà-
lellenie de Brie-Comle-Robert ; mais en 1130, le
ch.àteau fut pris d'assaut par les Anglais. C'est dans
ce château que se maria Philippe de Valois, en 134!),
cl que Jeanne d'Evreus mourut , en 1570. Le baron
de Bezenval y lut emprisonné en 1789. En 1131 ,
se linrenl dans cette ville les conférences de paix en-
tre Charles Vil et le roi d'Angleterre. François I"
la réunit à son domaine en 1S15. Celle terre eut de-
puis un grand nombre de seigneurs engagisles. —
M-îolas de Braye naquit dans celte ville : c'est lui
qui écrivit , au xiii* s'iécle, la vie de Louis VUl en
vers hexamètres.
Braiorum catlrum , Brou , petite ville du diocèse
de Chartres , chef-lieu de canton de l'arrond. de
Châteaudun , départ. d'Eure-cl-Loir, sur la rivière
rOzanne, à 16 kil. de Châteaudun, et à 32 sud-onest
de Chartres. Il y avait anciennement une abbaye ,
qui fut réduite à un petit prieuré. Le premier abbé
avait éié saint Lubin, depuis évèijue de Chartres ,
qui vivait vers l'axi 535. On y voyait un cbàieau ,
appelé le château du Gouei. Cette ville doit son
agrandisseraeiit à Florimont Voverlet , secrétaire
d'Etat sous Henri II. Celait une seigneurie qui ap-
partenait à la maison de Montmorency. Il y a aux
environs de Brou des marnières qui sont d'une
grand(t profondeur, et dont on lire beaucoup de
marne propre à engraisser les terres. On y trouve
aussi des tanneries, des fabriques de serge blanche à
deux éiainis, des étamines et des filasses, des forges
et londeiies.
Braium, Brai, petit pays de l'ancienne province de
Normandie. Il est maintenant du diocèse de Rouen ,
du départ, de la Seine-Inférieure, arrond. de Neuf-
châtel. Il s'appelait en latin Braium ; ce mot est in-
terprété/u(«hi, c'est-à-dire lange ; aussi esi-il très-
fangeux dans les temps de piuie. C'était une des
quatre petites contrées qui coinpnsaienl le diocèse
de Rouen. Elle était située entre le pays de Caux ,
le Vexiu Normand , le Vexin Français , le diocèse
d'Amiens , et contenait les villes de Neufchùlel et
de Gournay , les bourgs de Gadie- Fontaine, Forges
cl la Ferlé , les siigneuries de Vanles , d'Alges ,
d'Elbeuf en Diay, Dampierre et autres; les abbayes
des Bernardins , de Beanbec et des Préuiontrés de
Bellozane, et le prieuré des Bernardines de S'-Au-
gusiin. Ce pays, qui avait environ 32 kil. de long
sur 2G de large, est généralement niontneux, boisé
et coupé par des allées. La rivière d'Eple , qui le
traverse , y prend sa source aussi bien que celles
d'Andelle et du Thérain, et plusieurs ruisseaux qui
forment divers étangs , ce qui rend le terroir très-
abondant en gras pâturages , qui nourri-sent de
nouibrcux besliaiii. Les campagnes y sont couvertes
de pommiers et de poiriers qui donnent du cidre
très-estimé. Le beurre que l'on y fait est excellent ,
et l'on en transporte une grande quant ilé à Rouen
et à Paris. Il produit aussi beaucoup de grains.
Gournay et Neufchàtel en étaient les principales
villes. La forêt de Lions le borne du côté de la ri-
vièie d'Andelle , et l'évêché do Beauvais comprenait
dans sa juridiction spiiitu' lie la partie de ce pays
qui s'étend depuis le ci-devant Beauvoisis jusqu'à
l'Ep'.e , où l'on ifouvait le comté d'Ons-en-Bray et
l'abbaye des Bénédictins de St-Germer.
Brannadmn, ou Bimwlium, Brnnoi , paroisse de
l'ancien diocèse de Paris, actuellement de celui de
Versailles, canton de Boissy Saint-Léger, arrond. de
Corbeil, dépl. de Seine-el-Oise, dans une vallée, sur
la petite rivière d'Hyères , à G kil. deBoissy-Saini-
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
169
Lëger, et22 au sud- est de Paris. La popul. est d'en-
viron 1200 liab., y compris le hameau des Bausse-
rons. Les proiluciioiis principales de son terroir sont
en grains; une panie est en prairies et en bois. Il
y a des fabriques de salpêtre, ei plusieurs carrières
de pierres à chaux. L'anilquité de ce vill.ige est
consiaiéi* par les monuments de l'abbaye de Saint-
Denis, où il en est fait mention dès le vii« siècle. Le
livre des Gesies du roi Dagoberl , composé par un
moine de ce monastère, après avoir parlé du tesia-
ment de ce prince, dont on place la mort à l'an 658,
dit qu'il n'oublia pas son patron particulier, saint
Denis, et qu'il lui légua villam iiomiiii> Brannariiim ,
et dans ce testament , cette terre est désignée située
dans la Brie , villam Brannale in Breyio. On l'a con-
fondue avec Braine, mnis il est prouvé que c'est le
Brunoy que Suger , abbé de Saint-Denis, donna au
prieuré d'Rssonne. Le bftliment de l'église de ce
lieu est de différentes époques : le choRiir est du
XIII* siècle, comme le désignent quelques piliers; il est
voûté et finit en d'Uii-cercle. La nef n'est ni aussi
ancienne, ni aussi solide. A la tour , qui finit en pi-
gnon , était une inscription qui c'ininiençait par ces
mot : L'an mil V. C. XXXIX, le XII mo. de Jung
fut passé la première p'erre par noble dame Frnn-
i;ohe de Roiiij, veuve de défunt messire sieur de Lautini/
en son vivant. A l'un des piliers du bas de cette tour,
par le dehors, se voyait un écusson penché, ;ivec huit
coquilles, et la barre du petit ccu était en bosse ; et à
l'autre pilier delà lourétaitunauireécudrnil. L'église
est sous le litre de saint Médari1,évêque de Noyon. La
cure était à la pleine collation de l'ordinaire, et le
ctiré était gros décimatcur. Avant la révolution , on
voyait dans celte église un mausolée rn marbre ,
d'une grande composition , m-is qui n'a pas été
achevé; il fut commnré pour perpétuer le souvenir
du financier Paris Monimariel , qui avait acheté la
terre de Brunoy. Il parnft constant que les rois de
France ont eu des maisons à Bruoov, ou, pour mieux
dire, des rendez-vous de chasse. Deux édits de Phi-
lippe de Valnis, de 1546, sont datés de -et endroit :
le premier, du 2'1 mai, est un rèsb'ment pour les
eaux et foret-; le second, du 29 juin , défend de
prendre les chevaux et harnais des marchands qui
amènent du poisson à Paris : cet édil s'appliquait
aux seigneurs de sa cour , qui , pour leurs menus
plaisirs, s'amusaient à détrousser les passants sur
les grandes routes , et même dans les rues de la ca-
pitale. Ce lieu y est nommé Rrunaij. Le vieux châ-
teau , plus ancien même que Corbeil, d'une forme
peu régulière, et dont il restait encore des vestiges ,
fut, an xviii» siècle, remplacé par un biitiment mo-
derne construit avec une niagn'ficence rovale, par un
des hommes les plus opulents de l'époque. C'était
Paris de iMontmartel , qui, devenu propriétaire de la
terre de Rrunoy, érigée eu marquisat par Louis XV,
profita de la nature du sol pour l'embellir. Le pre-
mier financier de la France en devint alors le dernier
noble. Après la mort de Paris de Monlmartel, le
160
marquis de Brunoy employa son immense héritage
à l'embellissemeni du château de Brunoy «t de ses ',
siipeibes jardins. L'église devint l'objet printipal de
ses dépenses; il ne négligea rien pour en décorer
l'intérieur : les ornements des ministres du culte, les
vases sacrés , les objets offerts à la vénération pu-
blique furent achetés à grands frais , et réunirent ce
que la richesse et l'art peuvent offrir de plus beau
et de plus précieux. Il avait une passion pour les cé-
rémonies religieuses, et surtout pour les belles pro-
cessions. Il lit fabriquer pour ces processions un
dais en fer , chef-d'œuvre du serrurier Girard ,
qui coûta, dit-on, 50,000 liv., et un soleil de la
plus grande richesse. On y voyait le diamant de
Paris de Monlmartel ; il passa depuis au doigt d'un
prince. Le marquis de Brunoy av.iit formé , dit-on ,
le projet d'un [lèlerinage aux saints lieux , les frais
de ce voynge eussent liâié sa ruine à laquelle il ne
put échapper plus lard. Sa famille voulut le faire
interdire pour ses dépenses , en prétendant le faire
passer pour fou; ce qui donna lieu à un procès au
parlement. Le marquis fit cette réponse , qui n'était
rien moins que folle, au juge qui lui faisait subir
un interrogatoire : « Si j'avais donné mon argent à
une courtisane, on ne l'eût pas trouvé mauvais ; je
l'ai appliqué .^ la décoration du culte catholique dans
unroyaumecatiolique, et l'on m'en a fait un crime.»
Néanmoins il fut interdit. Les détails de son procès
sont infiniment curieux, et le cararlère du marquis
de Brunoy est un vrai pliénomène moral. Il survécut
peu de temps à son interdiction. Le magnifique châ-
teau de Brunoy fut acheté et habité ensuite par le
comte de Provence , qui avait le titre de Monsieur,
depuis Louis XVllI . Le parc étnit assurénieni un des
chefs-d'œuvre du genre , et la rivière d'Ilyères à la-
quelle on avait creusé exprès un nouveau lit , con-
tribuait , en paraissant se multiplier, à l'embellisse-
ment des jardins et du parc. Celle somptueuse
demeure , construile par un financier, habitée par
un prince , ne pouvait échapper aux colères de la
révolution. Tout y a été boulever>é , vendu ; et c'est
à peine si l'on aperçoit aujourd'hui des traces du
château et des jardins.
Brnielli moiiaslerium, monastère de Brateau , ('ans
la forêt de ce nom , située dans le diocèse de Ver-
sailles. Il y avait dans le xi" siècle, sur le territoire
de Si-Vrain ou Verain, anciennement Escorchy ou
Escorcy , une forêt dite Brateau. Dans celle forêt
restait une petite église abandonnée , dans laquelle
on trouva alors des reliques des saints Serge et
B;iche. martyrs. Odon , chevalier de ces cantons, la
donna à Terson , abbé de Saini-Maur-des-Fossés ,
afin que, dans cette abbaye, on priât Dieu pour
Eve, sa femme, et pour ses fils , Manger, Tebaud ,
Boucbaril,Bainard, et sa fille Rencie. Il ajouta beau-
coup d'autres dons, entre autres quatre arpents de
prés, et son bien , situé à Andresel , dans la Brie ,
savoir : un espace de lerre et de bois pour bàiir
une nouvelle église et un monastère. Ce qui est re-
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
161
marquabip. dans celte douaiion, faiie en lOGO, c'est
que lt> chevalier dit (|u'il donne ces biens à la sainte
Vierge, saint Pii'rre et saint Paul, aux martyrs saint
Serge et saint Baclie, et aux confesseurs saint Maur
et saint Vrain. Au commencement du xiir siècle ,
il y avait un grand conc<inrs de peuple h ce monas-
tère, et on y Taisait des otfrandcs.
Brecicn, vel Brecicum Castrum, Bray, petite ville
de l'ancien diocè«e d^ Sens , aujourd'hui de celui de
Meaux, chef-lieu de canton de l'arrond. de Provins,
dé|iarl. de Seine-et-Marne, à 18kil. de Provins, 62
de Meliin et 79 de Paris. Dray est dans une situation
agréable sur la rive droite de la Seine, qu'on y passe
sur un pont en pierres. Il s'y l'ail un commerce con-
sidérable de blé, de fourrageseide poisson. Thibaut,
conite de Champagne , céda celte ville au roi Louis
IX, et le roi Charles VI la vendit au roi de Navarre
en liOl. Depuis ce temps elle fut achetée par le
comte de Dunois, et un mari.ige la fit passer de celte
maison dans celle des Nemours. Ce fut du dernier
duc de Nemours que le président de Mesmes l'avait
achetée en 16i8. Cène ville avait un bailliage qui
renfermait 57 justices, et relevait dûment du parle-
ment. Il y avait une maiirise parlicidière des eaux
et forêts, et un chapitre qui nommait à la cure de
la ville. Sa popul. est de 2,000 hab.
I Bray, village de l'ancien diocèse de Senlis ,
maintenant de celui de Beauvais , caiilon de Pont-
Sain te-.Maxence , départ, de TUise, à 8 kil. nord-est
de Senlis, où est le bureau de poste , et 48 au nord
de Paris. Avant la révolutiojp, les Chanoines régu-
liers de l'ordre de Saint-Augusiin y possédaient un
prieuré. La popul. de cette commune est d'environ
180 hab. Les productions de son terroir sont en
grains, une petite partie est en prairies. Le ruisseau
d'Aubetle y a souice.
I Bray-sous-Baudemont, paroisse de l'aucien dio-
cèse de Rouen, maintenant de celui de Versailles, ar-
rondissement de .Mantes , a 8 kil. de Alagny où est le
bureau de posle. La maison nommée le Pont était
nu ancien fief. Une autre maison servait de retraite
aux religieuses bénédictines de \illarceau, qui com-
posaient le prieuré de ce nom. Le village de Bray
est sur la rivière d'Epte. Le château du Lu est situé
Sur la même rivière et eu fait pai tie , ainsi que le
miiulin du Pont sur le ruisseau de l'Aubetle. La po-
pulaii.m de ce village est d'environ loO habitants.
Son terroir e-t en labour, prairies et bois.
Brela , Bresie (la) , petite rivière du dépt. de
l'Oise , qui prend sa source au-dessus de Blargies, à
i kil. nord de Formerie, arrond. de Be.mvais; elle
passe à Aumale, Senarraont, Blangis, Gamache, Eu,
el se jelle dans la Manche au TréporI, après un cours
d'environ 60 kil. Dans presque toute son étendue
elle forme la limite enlre les dépt. de la Seine In-
lérieure et de la Somme. La Bresie commence à être
navigable, au moyen des marées, un peu au-dessus
d'Eu jusqu'à son euiboucluirc, sur une clendue d'en-
162
viron 5000 mètre*. Elle traverse une partie des
diorèses de Beauvnis, il'Amicns et de Rouen.
Breliacum Castrum, Bresie, paroisse du diocèse de
Beauvais , dépt. de l'Oise, camon de Nivillé , à 12
kd. à l'est de Beauvais, et à 62 de Paris. Pop. 1650
habitants. Le terroir est en labour et en prairies ,
quelques parties sont en bois. Il y existe 2 luileries,
des briquetteries et des tourbières : une partie des
habitants est occupée à en extraire la tourbe. Tous
les jardins sont poiagers et en plein rapp rt. Ce
village est traversé par la roule de Beauvais à Cler-
mont.— Bresie est, dans une charte du roi Bobert,
de 1016, appelé vitta episcopi, parce que l'évêque de
Beauvais éiait seigneur de ce lieu; il y avait une
maison de campagne que cunservèrent ses succes-
seurs. En 1210 ou 1212, Philippe de Dreux , plus
connu par ses laiis d'armes que par les fonctions de
son épiscopat, fit bâiir à Bresie un château ou une
forteresse < proche et contigu des confins et limites
de la comtesse de Clermont en Beauvais , qui esloit
parente du comte de Boulogne; par le moyen de la-
quelle; ledit évesqne pouvoit doresnivant endomma-
ger le pays de cesie dame ; elle en lit sa plainte à
Renault de Dammariin, comte de Boulogne, lequel
tout aussitôt vint ruiner la forteresse. L'évesque ne
faillit d'user de revanche; car , sachant que liaoul ,
comte de Clermont, avait fait basiir de nouveau, en
l'an 1186, le bourg et cbasteau de Neuville, en la
foresi de Hez, il y fut avec forces, et rasa le cbas-
teau à fleur de terre, ce qui fut cause que la guerre
s'émeut enlre les deux seigneurs , l'un desquels , à
sçivoir l'évesque, esloit favorisé du pape et du roi
de France (Philippe-Auguste) ; l'antre, de l'empe-
reur Oilion et du roi d'Angleterre. Or, la guerre
que nnstre dit évesque avoil contre le comte de
Boulogie s'échauffa tellement , qu'elle fut cause de
la bataille de Bouvines , le 25= jour de juillet 1214 ,
où l'évêque de Beauvais y conduisit ses troupes avec
l'évêque de Laon, son frère. > L'auteur des Anti-
quités du Beauvaisis, Louvel , qui s'exprime ainsi ,
se trouve eu contradiction avec un auteur célèbre ,
qui pense qu'il est plus vraisemblable que les di-
verses puissances ne se réunirent contre Philippe-
Auguste que parce qu'il devenait trop puissant , et
que chacun , sans y songer et comme par instinct,
cherchait déjà ce fameux système d'équilibre sur le-
quel roula depuis la poliiique européenne. Quoi qu'il
en soit, l'évêque de Beauvais combatiit de sa per-
sonne, se jeta dans la mêlée , et renversa le c -mie
de Salisbeiy d'un coup de sa crosse. — Al'épnque
de la ligue, Nicolas Fumée, évêqiie de Beauvais (l'un
de ceux qui plus tard furent envoyés à Henri IV,
pour engager ce roi à rentrer dans le sein de l'E-
glise), refusa d'entrer dans ce parti. Forcé de sortir
de Beauvais et de se reiirer à Bresie, les ligueurs
vinrent l'y attaquer. Voici en quels termes l'auteur
de l'Histoire de la ville et du château de Gerberoy
(sect. II, chap. vin, liv. ix, p. 249) raconte cette at-
taque : 4 La sortie de notre cvèque de Beauvais el
163
BICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCF.ESIASTIQUE.
\M
sa retraite à Bresle animèrent tellement ceux du
puni de la ligue, qu'ils commencèretil à penser aux
moyens de l'aller surprendre et s'emparer de sa
personne. Un jeudi soir (29 nnv. 1589), ayant mis
une partie de leurs gens en embuscade assez proche
du |K)nl du château , et d'autres s'élant cachés dans
une allée qui répond à l'autre porte du même châ-
teau, les premiers s'aperçnrenl .ju'on venait d'abais-
ser le petit pont : aussitôt les voilà qui sortent
comme des lious d'une caverne, et se saisissent de
ce pont et de la petite porte , tandis que leurs com-
pagnons accourent au signal donné. Ainsi assemblés,
ils entrent avec lurie, sous la conduite du sieur
Desraasures, et s'emparent du palais de leur évêque,
frappant et maltraitant ceux qu'ils renconireul. Ils
pillèrent , non-seulcraent toute la vaisselle d'argent
du prélat et ses tapisseries, mnis aussi lous les au-
tres meubles et ceux qui appartenaient aux habitants
de Dresie, que ce Desmasures fit conduire, en la ville
de Beauvais, par plus de cent, tant chariois que
cliarrettes. Non cornent d'avoir encore pris la mitre
de l'évéque, il voulut, en dérision, comrefaire l'é-
véque, nonobstant les remontrances à lui faites. Un
gentilhomme de la troupe eut aussi la hardiesse de
meilre ses mains sacrilèges sur son propre pasteur,
et de lui arracher même les marques de sou carac-
tère, je veux dire son anneau pasioral; mais il n'eut
pas sitôt commis cet attentat , qu'il entendit une pa-
role terrible de la bouche de son évêque : que dans
l'an il irait comparaître infailliblement devant Dieu
pour y rendre compte d'un tel crime; ce qui arriva en
effei, selon que l'avait prédit ce prélat outragé, qui,
regreilaiit de voir A\aA vilipender sa dignité sacrée,
fit plusieurs moniioires audit Desmasures et à ses
complices, ei ensuite fulmina son excommunication,
dont peu après ils ressentirent les effets, ledit l'es-
masures ayant été tué et malheureusement massa-
cré. » Ce vénérable prélat fut détenu cinq jours dans
son château, et ensuite conduit , chargé de fers, à
Noyon, où on le contraiiinit à payer iiUO écus | onr
êire mis en libeité. Le château de Bresle fut bieniôt
aprèi démantelé. Dans les derniers temps, la terre
do Bresle avait le titre de châtellenie; et quoique
les fortification» du château fussent entièrement dé-
molies , le priiici|ial bâtiment fut toujours la maison
de campagne des éièques de Beauva.s. Le parc con-
tenait environ 100 arpents; sa disiribulion et les
embellissements en avaient fait un des séjours les
jilus ai;réables des environs. Les bâtiments qui res-
tent cuiore ^o!ll oc< upés par une bi igade de geudar-
nierie. — Pi es de Bresle, au sud-ouest, et entre ce
village et l'ancienne abbaye ile Froidinont, est un
lieu nommé Cump de César, nom que l'on donnait à
tous les camps romains. Celui-ci est d'une forme
ovale et placé sur une éuiineiice lort escarpée ,
nommée ellesuème Moni-César. Ce camp, de 500
mètres de longueur , était foriitié par un retranche-
ment, dont les ruines rappellent le genre de la
casiraméiaiiou romaine.
Brena nntiqua, Brienne-la-Ville, ou Brienne-la-
Vieille, très-ancienne paroisse du diocèse de Troyes,
arrond. de Bar-snr-Aube, canton de Brieunf-le-
Chàteau, dépari. de l'Aube. Elle est à 20 kil. nord-
ouest de Bar-.-ur-Aulie. Popul. 700 hab. Ce village
est situé sur la rive droite de l'Aube , avec un port
sur cette rivière, où l'on construit des bateaux.
Brenœ Casirum, Brienne-le-Château, peiite ville
du diocèse de Troyos, chef-lieu de canton de l'arrood.
de Bar-sur-Awbe, départ, de l'Aube, à 56 kil. nord-
est de Troyes, et 191 de Paris. Ce lieu s'appelle en
latin Brena, et Flotloard en fait mention au milieu
du xii° siècle, dans sa Chronique, où il nous apprend
que la forteresse, munitio Brena, avait été bâtie et
fortifiée par deux frères, Gotbert en Angilbert, qu'il
appelle des brigands (lairones). Le roi Louis d'Ou-
tremer l'attaqua , la prit et la ruina en 951. Elle fut
rebâtie et donnée à des seigneurs qui la tenaient en
fief des comtes de Champagne. Erard , seigneur de
Brienne, portait le titre de comte dès l'an 1104. Ses
descendants mâles furent reconnus pairs du comté
de Champagne; l'ini d'eux fut roi de Jérusalem et
empereur de Constaniinople. L'ancienne forteresse
de Brienne a depuis longtemps disparu. Celte ville
est dans une belle situation, à peu de distance de la
rive droite de l'Aube ; elle est remarquable par un
superbe château de construction moderne, et qui est
un des plus beaux monuments du département de
l'Aube. Il a fallu vaincre la nature, couper des buttes
de terre, et Ils joindre par un pont qui a plus de 16
mètres (40 p. 5 p.) d'élévation, pour former le pla-
teau sur lequel cet édifice est assis. Il domine une
plaine immense, et qui ne présente pas de bornes à
la vue; il renferme une bibliothèque précieuse et un
cabinet d'histoire naturelle , qui contient des mor-
ceaux rares. La beauté des j^irdins répond à l'élé-
gance des bâiinients. Il n'est peut-être pas en France
un château dont la position soit aussi avantageuse ,
qu'on aperçoive de plus loin, d'autant de lieux, et au-
quel aboutissent en si grand nombre des roules par-
faitement alignées. Cette superbe habitation est due
à la munificence de Loménie de Brienne, qui fut
ministre de la guerre. Son amour pour les arts , les
bienfaits dont lui et son frèreavaient enrichi ces con-
trées , n'empêchèreni pas qu'il ne fût traduit au tri-
bunal révolutionnaire, où les réclamations des com-
munes environn.intes ne firent qu'accélérer sa perte.
Brieane est devenu célèbre par l'école militaire qui
y était établie , et où Napoléon fit ses premières
études. En 177G, le gouvernement lit choix du col-
lège des Minimes de Brienne pour y établir cette
école destinée à recevoir 100 élèves du roi et 100
pensionnaires. En 1788, le gouvernement désigna
de nouveau la maison de Brienne pour y élever les
cadets gentilshommes destinés an génie. Ce nombre
devait être de 40 , avec un pareil nombre de pen-
sionnaires adjoints. Celle maison s'est soutenue
jusqu'en 1790; à cette époque il n'y avait plus que
î9 élèves du roi et 16 pensionnaires. Les dépenses
les GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYtN AGE.
166
•nnuelles excédaient les receltes de 19,000 Tr. Les
commissaires du conseil général du dépariemenl .
cbarjiés d'examiner la siiualion de cel éublissemeut,
observèrent que la vente des matériaux et de la place
ne produirait pas 40,000 fr. Malgré leurs observa-
tions, b vente eu fut ordonnée, et tous les bàiiineiiis
démolis ; de sorte qu'il n'en reste plus rien. De tous
les établissements d'instruction qui existaient dans
le département de l'Aube, le plus florissant, quoique le
plus moderne, était sans contredit l'école militaire de
Brieone. Ynici les difféieiits objets d'instruction qui
y étaient suivis : 1" un cours complet d'humanités,
divisé en classes, selon l'ancien mode d'enseigne--
ment ; 2° un cours d'histoire et de géographie pa-
rallèle et coïncidant un premier; 5° un cours de
dessin, et 4° enlin celui de nialliémaliques qui n'était
jamais discontinué. Cette ville a été le théâtre d'iiD
fameux combat entre les Français et tes armées al-
liées, lo i9 janvier 1814. Elle est percée de plu-
sieurs avenues; on y fabrique de la bonneterie. Il y
:i dos Ulatures de coton, des faieni erles. Il s'y fa-
brique aussi des toiles de chanvre et des lilsde toute
espèce, qui se vendent partie sur les lieux, partie à
Troyes. Le principal commerce est en blé, légumes
secs, chanvre et laine.
Brennacum, Braine, Braisnes, diocèse de Soissons,
arrondissement de cette ville, chel-lieu de canton
du départ, de l'Aisne, à 14 kil. est de Soissons, à 24
de Laon, et à 96 de Paris. Il s'est tenu, eu S8l, un
concile dans cette petite ville; elle est située dans
une belle plaine sur la rivière de la Vesle. Chef d'un
comté connu il y a près de 700 ans, et qui él;iit une
annexe du duché de Valois, elle avait néanmoins
son comte propriétaire, dont les prédécesseurs avaient
été vassaux et pairs des coujles de Champagne, les-
quels avaient tenu cependant les liefs de Braine et
de Roucy de l'église de Reims , dont les comtes de
Braine étaient arrière-vassaux. Il y aviiit dans celte
ville une abbaye considérable , de l'ordre des Pré-
montrés , du nom de St-Yved (livodius) , évêque de
Rouen, dont le corps y avait été transporté. Celte
abbaye avait été londée, en 1150, par André de
Bcaudemont. Elle était en commande, et valait en-
viron 7,000 liv. au titulaire. Il s'y trouvait encore
un prieuré de l'ordre de Ouny, dépendant de la Cha-
ri:é-sur-Loire, et une seule paroisse sous l'invoca-
tion de saint Nicolas. — De Laubriére , évêque de
Soissons, y avait fait, en 17ô5, une translation des
reliques de saint Victor, autre évêque de Rouen. La
démolition de l'église de Si-Yved avait été ordonnée
il y a quelques années. Cette église, fondée par Ro-
bert I'', ûls de Louis le Gros, est un monument que
les gens de l'art regi^rdent comme un des chefs-d'œu-
vre du xiii« siècle, et que son fondateur avait choisi
pour le lieu de sa sépulture et de ses descendants.
Il y repose avec dix autres membres de sa famille.
Ces cendres ont été respectées pendant la révolution.
C'est au curé , doyen de Braine, l'abbé Beaucamp ,
que Ton doit la conservation de ce monument reli-
gieux. On trouve des sources d'eau minérales au bas
de cette c<!n)niune; une entre autres se rencontre à
une porte de ce lieu , dite la porte de Cliâiillon. La
qualité des eaux de celle source approclie de celte
des eaux de Passy , près Paris. Plusieurs iiersonnes
les ont prises avec succès ; elles purgeât douce-
ment. Aux environs, et non loin d'un vieux cbàieau
ruiné, appelé la Folie, on voit des rochers tout en-
tiers de pierres nuniisraales et de tubes vermiculai»
res; il y a aussi des pyrites, des marcassites sur
terre et d^ns la terre, ainsi que de la ceranuite ou
pierre de tonnerre, de différentes forme et grosseur,
de la pierre Ironientaire , des concrétions, des fluors
et des cristallisations. 11 se fait à Braine uq com-
merce de bestiaux ; il y a un dépôt d'étalons , et une
foire considérable le 14 septembre. Sa popul. est de
l,.SOli hab. environ.
Brevannum vel Bretanum , Brevanne , Brevane
ou Bevrane, hameau de la commune de Liuieil,
diocèse de Versailles, canton el bureau de poste de
Boissy-Saint-Léger, arrond. de Corbeii , départ, de
Seine-et-Oise , à IG kil. do Paris. Il y existe un châ-
teau et beaucoup de maisons de campagne environ-
nées de bois. Le château lui, en 178ù, recoistruit
sur un plan très-vasle, par le Pilenz, conseiller au
pjrleineni. On évalue les dépenses de constrnclion
et d'einbellissenieni à un million. 11 avait appiirtenti
au duc de Chaulnes , gouverneur de Bretagne. Ce
châtL-au se lait re.narquer par l'élégance el la soli-
dité de son architecture, la beauté de ses avenues et
de ses développenienis, l'étendue et la magnilicence
de ses dépendances. Il est environné de vasies fossés,
dont les eaux proviennent de sources abondantes
qui répandent encore le luxe de leurs eaux dans les
jardins, et sont recueillies dans des bassins dont la
grandeur égale la variété. L'orangerie, par le choix,
le Liombre et la beauté des arbres, ajoute aussi à
l'agrément du château. Le parc, les bosquets et les
plantations de tout genre, ont été exécutés sur les
dessins de I.cnôtre ; quelques allées , par leur éten-
due, offrent un a.-pecl aussi milite qu'imposant , à
cause des voûtes qu'elles forment. — Il y avait à
Brevanne une chapelle du litre de Sainte-Marie-Ma-
deliine , où l'on célébrait la messe les dimanches et
fêtes, excepté les grandes solennités. Mme de Sévigoé
venait souvent dans ce hameau; elle s'y plaisait stu-
gulièrement, el y passait une partie de l'éié che^
Mme de Cuulangis, dont la maison existe encore.
C'est de cet endroit qu'elle écrivait à sa fille, le 11
novembre 1G88 : « Mme de Coulanges est encore
plus aimable ici qu'à Paris; c'est une vraie femme
de campagne ; je ne sais où elle a pris ce goût ; il
parait naïuiel en elle, i
Bnacœ, Brière> (les). Ce hameau, qui fait partie de
la commune de Bagnolet, est situé à son nord et aji
levant de Ménilmonlant. Ce lieu fut adjugé à L'abbaje
de Saint-Denis par arrêt du parlement du 28 noveitt-
bre 1532. Il se trouve mentionné depuis dans les re-
gistres du trésor des Charles, comme appartenant.
167
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
an moins en partie, au roi par confiscaiion. Oji y
voil à l'an 1584, an mois de mars, des leti-res de
Charles VI , datées de Paris, où ce prince dit qu'il
avait donné à son cliamliellan Guillaume de La Tré-
moille, les maisons de Bruyèi es-lez-Paris, et une
Dialson appelée La Folie Nicolas Cuepié , assise près
desdit'S maisons, avec les dépendances, lesquelles
choses Turent jadis à Jean Desmares, avocat du i'i>i
au parlement de Paris, parce que ledit Je/ian fut lors
exécuté pour ses démérites. Charles VI, vu les bons
offices de son amé escuyer et varlet tranclinnl, Pierre
de la Trémoille, chambellan de sondii oncle, lui donna
ces mêmes maisons qu'il avait reprises de Guillaume.
Au temps où l'abbé Lebeuf écrivait, le ma;^ni(lque
château des Brières venait d'éire vendu par le prince
Léoo, de la maison de Kolian, qui le possédait, à un
nommé Corbec, couvreur de Paris, moyennant 85,000
liv. Le nouvel acquéreur le fit dénmlir. il en reste
encore l'oringerie et un pavillon couronné d'un clo-
cher, dit Noire-Dame-de-Pitié: Les pénitents de Bel-
leville y disaient autrefois la messe. Corbec détruisit
aussi le parc et les jardins.
Bricii Sancti Villa, Saini-Brice. Plusieurs localités
en France ont pris le nom de saint Brice, évêque de
Tours après saint Mai tin. Il y a un bourg de ce nom
dans le diocèse de Hennés, chef-lieu do c;inton de
l'arrondissement de Fouiséres, à 1-2 kil. nord-ouest
de celte ville, départ. d'Ille-et-Vilaine. La popul.
est de 1400 liabiiants.
Il y en a un antre qui faisait partie de l'ancien dio-
cèse de Paris, et qui est aujourd'hui de celui de Ver-
sailles, canton d'Ecoueu, arrond. de Ponioise, dépt.
de Seine-et-Oise, à 5 kil. d'Ecouen , où esi le bu-
reau de poste , à 8 de Saint-Denis et à 14 de Paris.
La popul. est de 1500 bab. Le terroir est en terres
labourables et en vignes; on y récolte beaucoup de
fruits. On ne trouve rien de particulier sur ce vilbige
avant le régne de Louis le Gros, au conimencenienl
du xji« siècle. L'abbé Lebeuf croit qu'il a pu étie ori-
ginairement une dépendance de Groslay, qui est fort
ancien, et que l'érection de sa paroisse est de l'an-
née HOO. L'église, augmentée de deu.K ailes au midi, a
clé dédiée en 1525. L'ancienne, qui subsistait, au
xii« siècle, fut alors donnée à l'abbaye de Saint-Victor
par Etienne de Seniis, évêque de Paris. Dès le xiii=
siècle, il y eut à Sainl-Brice une Maison-Dieu, nom
qu'on donnait à cette époque auï maladreries ou hô-
pitaux. En 1257 , Bouebard de Monimorency lui
légua 10 livres par son testament. Le Pouillé de
Paris de l'an 10^8, dit que celle maladierie était de
fondation royale. Il existait sur le terriioire de ce
village au xv« siècle une chapelle du litre de Saint-
Nicolas , qui avait élé rempLicée par une croix vers
le milieu du xviii' siècle. Les seigneurs de Montmo-
rency l'étaient aussi de Sainl-Brice; cette st-igneurie
passa aux princes deCondé, qui la conservèieni. Les
fiefs Godin, Heugot et Laniotte, situés à Sainl-Brice,
ont été possédés, aux xvi« et xvii« siècles, par la fa-
mille de Braque; ce qui a causé l'erreur de quebpics
écrivains, qui ont avancé que les Braque avaient été
seigneurs de ce lieu, dont l'air esi très-pur, et où, de
tous les environs de Paris, on trouve le plus d'oclo-
génaires. — Excepté une manufacture de chandelles,
diies économiques, cette commune ne renferme pas
d'éiablissemenis industriels; maison y fabrii|ue avec
succès beaucoup de dentelles de so e, qui servent
principilement aux ornements sacerdotaux.
I Brice (Si-), ancienne paroisse, qui ne consistait
qu'en une ferme et un couvent de triuita res, nommé
Ca'.llouet, du lieu où ils avaient été fondés par don
Jacques Doublet, moine de Saint-Denis, à la fin du
xvi" siècle. Celle maison, qui était pauvre, et ne
pouvait nourrir pins de deux ou trois religieux, fut
réunie, en 16' 5, à la cure de Sl-Brice, à laquelle les
religieux continuèrent de pré<enier. Celte paroisse
est mainienanl une des dépendances de Chaumonl,
diocèse de Beauvais , dépl. de l'Oise, dont elle n'est
distante que de 4 kil.
I Brice (Si-), village du diocèse de Meaux, dépt.
de Seine-et-Marne, arrond. el canton de Provins ,
à 2 kil. de celte ville où est le bureau de poste, et à4l
de Melun. Pop. 520 hab. Il y a plusieurs maisons de
campagne et un assez beau château.
Briegia, la Briche, hameau considérable du diocèse
de Paris, dépait. de la Seine, qui dépend en partie
de la commune de Sainl-Denis et en partie de celle
d'Epinay-leï-St-Denis , plus souvent désignée sous
le nom d'Epinay-sur-Seine. — Il y a un de ces an-
ciens hôiels de campagne qu'on a depuis qualifiés de
châteaux. En 15{;5 , Guillaume Tois , bour^^eois de
Paris, légua à l'abbaye de Sainl-Denis cet hôtel de la
Briche, appelé le jardin lioniface , avec moulin,
vignes, pressoir, vivier, terres et prés. Ce même
hôtel , dit situé sur le chemin de Ponioise, fui con-
fisqué vers l'an 1455 par le roi d'Angleterre, se disant
roi de France, ei donné à Pierre de Fontenay , qui
lui était aiiaché. Les Anglais furent battus, en 1450,
par les troupes françaises, entre St-Denis el Epinay,
ce qui doit être arrivé aux environs de la Briche.
Quelques auteurs marquent celle bataille cnire la
Briche et Saint-Léj;er, village aujourd'hui déiruil, et
qui était au n idi de Siain. Cette victoire ouvrit les
portes de Paris à Charles VII, qui n'avait pas vu sa
capitile depuis 1418. Au xvi' sièele, ce château ap-
partint à Gabrielle d'Eslroes , qui y fil planter un
parc et consiruire une ch.ipelle qu'on y voil encore.
Au commencement du xvii' siècle, il fut possédé
par Guillaume Lormier, conseiller en la cour des
aides , puis par sa veuve. Un sieur Bouret en jouis-
sait en 1099 , en 1700 un nommé la Live, et sous
Napoléon .M. de Sonimariva. Il y avait, avant la lé-
volulion, à l'entrée du château, sur le bord du graud
chemin, un petit bâtiment solide et déjà ancien, ac-
compagné de deux tourelles, entre lesquelles étaient
des aimoiries , et d'un ponl-levis. — Ce hameau, si-
tué sur le bord de ta Seine, a un port pour les vins
de Bordeaux , eaux-de-vie, huiles et autres mar-
chandises , qui arrivent par cette rivière, ce qui le
1C9
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
170
rend très-fréquénié. L'embouchure du canal Saint-
Denis est à la Bricbe ; il est traversé, dans la partie
qui est sur la commune de Saint-Denis, par la nuie
de Rouen. Sa distance de St-Denis, où est le bureau
de poste, est de 1 kil., et celle de Paris de 12 kil. au
nord-ouest.
Briegium, Brys-sous-Forges , ou Briis, Bries , ou
Bris, paroisse de l'ancien diocèse de Paris, mainte-
nant de celui d« Versailles , canton de Liniours, ar-
rondissement de Rambouillei , départ, de Seine-et-
Oise, à i kil. au sud-est de Limours, où est le bu-
reau de poste , et à 50 kil. au sud-ouest de Paris.
Sa popul. est d'environ 700 bab. , y compris les ha-
meaux de Launaj-Marécbaux, Chantecoq, le Cou-
dray, le cliàieau ou maison de campagne de Bligny ,
une autre maison de campagne et ferme nommée
Frileuse, et trois moulins , sous diverses dénomiiia-
lions. Ce village, tel qu'on le voit aujourd'hui , parait
évidemment avoir été fermé de murs , et avoir eu
quatre portes. Il ne reste de l'ancien château qu'un
donjon et une tour formant un demi-cercle. Sa si-
tuation est sur une petite éminence, au bas de la-
quelle passe un ruisseau qui vient de Limours. Il y a
une Irès-forie présomption de croire que c'est à Briis
que la fameuse Anne de Boulen, femme de Henri
Vlll, roi d'Angleterre, fut élevée jusqu'à l'âge de 15
ans. L'église paroissiale est sous le litre de Saint-
Denis. C'était anciennement l'abbé de Saint-Magloire
qui présentait à la cure ; mais depuis la réunion de
l'abbaye à l'arcbevêché, l'ordinaire y nomma de plein
droit. Il y a eu autrefois des calvinistes à Briis , et
celte église était leur temple. La nef est un grand
vaisseau , nu , lambrissé en demi-cercle. I.'édiflce
parait assez récent; on le dit rebâti depuis les guerres
de religion. L'abbaye de Saint-Magloire avait fait
construire une autre église, appelée de Sainie-Croix,
qui n'existe plus. Un moine de celte abbaye, Geof-
froy de Netz, mît en vers , en 1319 , l'histoire de la
translation du corps de saint Magloire, dans une
châsse d'argent, faite le 9 juillet 1318; il s'exprime
ainsi sur les ofûciaux :
Ceux officiaux furent lors ,
Ces autres furent prieus hors :
De Sainte-Croix de Bris, Jehan
De la Queue prieus cet an
Estait ; et Jehan de Moncy
De Versailles prieus aussy.
En 1534 , Guillaume Dumoulin était seigneur de ce
lieu, et y vivait avec sa mère. Il exposa à l'évéque
de Paris que cette dame , nommée Marie, était âgée
de 80 ans , et ne pouvait se passer de viande le ca-
rême. L'évéque lui permit de lui en faire manger ,
pourvu que ce fût en secret, mais non les vendredis.
— Briis a eu pour curé , en 1618 , un homme qui
acquit plus lard quelque célébrité : c'est André
Saussaye, morlévèque de Tuul, en 1675, âgé de plus
de 80 ans. 11 a laissé un grand nombre d'ouvrages ,
mais qui ne sont pas estimés. — La seule maison
de ce village qui , par sa construction , se distingue
Dictionnaire de GâoaRAraiB eccl. H.
des autres, s'appelle le Pavillon. Le terroir est en
terres labourables , vig;ies et bois.
Brigia. L:i Brie, province avecancien titre de comté ,
quiavaii 120kil.de longueur et88dans sa plusgrande
largeur. Elle éiait divisée entre les diocèses de Paris,
de MeauXjde Soissons,de Troyesel de Sens, et com-
prise d;ins la Cliampagiie et dans le gouvernement
de l'Ile de France. Aujourd'hui elle est répanie en-
tre les diocèses de Meaux.de Soissons, de Versailles
et de Chàlons-sur-Marne. Elle forme le département
de Seine-et-Marne, et une petite pariie des départe-
nicnis de Seine-ei-Oise, de l'Aisne et de la Marne.
Celle province présentait une espèce de carré entre
la Seine et la Marne, au deli de laquelle elle s'éten-
dait cependant encore de quelques lieues jusqu'aux
confins de la Champagne, entre le septentrion et le
couchant. Elle était ainsi nommée d'une forêt qu'Ai-
moin appelle Brigensis satius. Jonas, dans les Vies
de saint Colombanet de saint Euslaise, abbés, nomme
Brigensis sattus ad ftuiiolum Beshacein et sallttspagus'
que Bilegius. Bède donne à ce canion le nom de Erige,
ei le testament de Dagohert celui de Brigeium. Les
modernes l'appellent Brin. — La Brie était ancien-
nement beaucoup plus petite qu'à l'époque de la divi-
sion départemenlale, puisqu'on en distinguait les ter-
ritoires de Meaux tt de Provins. Cependant l'abbé
Lebeuf fait mention d'une charte du roi Thierri, de
l'an C90, et d'aulres pièces fort anciennes, qui mon-
trent que Briegium ei Teniloriurn Meliticum étaient
synonymes. — On divi-ait celte province en Brie
champenoise, ([ui faisait partie de la Champagne, et
en Brie française, qui faisait partie du gouvernement
général de l'Ile de France. — La Brie champenoise
était bornée, au septentrion, par le Valois et le Sois
sonnais; au couchant, par l'Ile de France; au midi^
par le Gâtinais français, et au levant, par la Champa-
gne proprement dite et le Rémois. Elle avait 88 kil.
de long sur 56 de large. L'air y est bon et le terri-
toire feriilc en blés et en vins. H y a aussi des bois et
d'excellents pâturages ; ses fromages sont très-esli-
més. La capitale était Meaux. On la divisait en
haute et basse Brie et en Brie pouilleuse, autrement
dite galleuse et gallevesse. Celle dernière était au
nord, et avait pour capitale Château-Thierry. Elle
renfermait une partie du Tardenois dont le reste élait
confondu avec le Soissonnais. La haute Brie renfer-
mait le territoire de Meaux et une partie du Mulcien,
dont le reste se trouvait confondu avec l'Ile de
France et le Valois : Meaux élait sa capitale. La
basse Brie était la partie du midi, et avait Provins
pour capitale. La Marne, la Seine, le grand et le pe-
tit Morin, la Voulzie, la Brevone, la Terouane et l'Ur-
tin étaient les rivières de la Brie champenoise, et
ses villes dans la haute Brie, Meaux, Couloraniiers,
Crécy ,Jouy ;dans la Brie pouilleuse, Châleau-Thierry,
Crouy, Montmirel, la Fère-en-Tardenois, la Ferlé-
sous-Jouarre, Nogent rArtault ; et dans la basse Brio,
Provins, Sezanne, Montereau-Fault- Yonne, Joui-le*
Chàiel , la Ferté-Gauclier, Bray -sur-Seine, Ville-
6
^^l DICTIONNAIKE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 172
Boxe-Ia-Grande, Donnemarie, Aiiglure. — La Brie Biiinnnia Minor, vcl Armorica, l'Armorique, la Pc-
fraiiçaise incorporée au gouvernement général de tiie Bretagne, pour la dis;ingiier de la Gr:inde (ZJrifaii-
l'Ile de France , était bornée au septentrion, par
nie de France; au midi, par la Seine, qui la sépa-
rait du Gàtinais; au levant, par la Brie champenoise,
ei au couclianl, encore par la Seine, qui la séparait
du Hiirepoix. Ses villes principales étaient Brie-
Conite-Bobert sa capitale, Coibeil, ViUeroi, Lagny,
nia Major), ancienne province de France , fameuse
dans les annales du moyen âge et dans riiistoire
contemporaine.
D'après im état, une notice {noiitia) de l'empire
romain concernant la division de la Gaule, la provin-
ce dite la troisième Lyonnaise commençait aux en-
Crecy, Rosoy, MontereaH,Hericy, D;immartin, Ville- virons de Tours, ets'étendait, dit MalteBrun, sur toute
neuve-Saint-Georges; rUières était sa seule rivière.
La Brie était divisée en six élections, Meaux, Cou-
lommiers, Rosoy, Melun, Provins, Château-Thierry :
les environs de Lagny appartenaient à l'éleciinn de
Paris. — Cette province était le pays des Meldi,
peuples de la 4^ Lyonnaise. Soumise vers le x^ siècle,
elle l'ut gouvernée par des comtes qui descendaient
d'Eudes, tué par Gathalou. Pierre de Dreux la porta
dans la maison de Bretagne, en 1550, d'où elle passa
dans celle d'Artois, 41 ans après, par le nariage de
Blanche, ûlle do Jean H, duc de Brelagne , avec
Philippe, comte dWrtois. Charles VI la donna à son
frère Louis, duc d'Orléans, ei Louis XII, à son avè-
nement, la réunit à la couronne.
Brionna. Brionne, ville de l'ancien diocèse de
Rouen, aujouid'hui de celui d'Evreux, chef-lieu de
canton de l'arroudissemeiit de Bernay, département
de l'Eure, à 1 i kil. nord-est de Bernay, Memde Rouen,
et 52 niird-esl d'Evreux. Elle est située sur la Rille,
au pied d'une côte, dans une vallée agréable. Il se
tint en celte ville, en 1050, un célèbre concile pro-
vincial, où l'on condamna l'hérésie de Bérenger. Il
y avait à Brionne une ancienne léproserie, dont il ne
restait, au conunencement du xvi« siècle, qu'une i lia-
pelle en titre, sous le nom de Saini-Michel. Cette
terre était possédée par la maison de Lorraine, de la
br^inche étiiblie en France. La paroisse de celte ville
portait le titre de Saint-Martin. Il y avait un monas-
tère lie liénédictines. une haute justice, une foire à
la Saint-Denis, et un grand marché aux grains tous
les jeudis. La mesure de Brionne était une des gran-
des de Normandie. L'église de Saint-Denis, située de
l'autre coté du pont, était succursale de celle de
SaintMariin. Au-dessus de celte église, on voit un
ruisseau qui tnmbe de la côte, et qui fait tourner un
moulin, avant de se perdre dans la Rille. II y a aussi
deux moulins à huile. Ce pays est feriile en grains,
dont les habitants font un grand commerce. Il y a de
belles prairies. 11 s'y fabrique des draps. On y trouve
des filatures de laine et de coton, des tanneries,
des mégisseries. La population est de 2600 hab.
(1) Mêla, m, 2.
(2) Mabillon, Analecla, pag. 263. Wesseling, Iti-
nér. 586.
(3) Tnb. Peuting.; Notit. Ga/(. Il serait possible
que Piolémée eût commis une erreur en indiquant
Suiis deux noms ililTérenis le même peuple : Slrahon
appelle aussi Samniles un peuple quelyiAvhit ei Gos-
selin regardent connue les Samniles ou Namnetes, en
corrigeant le tevte qui pariiît avoir été alléré par
une faille de copiste. Les manuscrits de Sirabon (|ue
Piolémée a consultés por'taieni peut-être les deux
la péninsule de Brelagne, péninsule presque entière-
ment effacée dans la géographie systématique de Stra-
bon, mais que Mêla décrit le premier d'une manière
conforme à la vérité (1). Voici les peuples de celte pro-
vince : les Turones occupaient la Tonraine avec Cœ-
sarodunum, qui, dans le moyen âge, prit le nom du
peuple et qui est anjnurd'hui Tours ; les Andecavi ou
Andes possédaient Juliomagus ou Angers ; les Ceno-
mani habitaient le Maine avec Vindinum, aujourd'hui
le M ins; les Diablinlœ, autrement Oiablinles ou Dia-
blindi, avaient pour chef-lieu Nœodanum, nui existe
encore sons le nom Jubleins, à l'est de Mayenne (2).
Dans la péninsule nous trouvons les Redones, que
Piolémée transporte au milieu des Gaules, mais dont
la capitale, Cvndaie, est dccidément Rennes. Au sud
de ceux-'îi étaient les Namnele», nommés Samniles
par Plnlémée, qui place très-loin de là, et au nord
des Cenomani, une autre nation desNamnelesavecla
ville de Condmcnum ; il esl donc incertain si ce nom
convient à Nantes, indiquée d'une manière plus cer-
taine sous ceux de Civilas ou Poilus Nainiietum (3). Le
géographe d'Alexandrie place encore à l'embouchure
de la Vilaine un port nommé Porliis Brivates, qui ap-
partint dans la suiie aux Visigolhs (4), et qui parcon-
sé(|uent ne saurait être reculé plus au nord : c'est au
jourd'hui la petite ville maritime du Croisic. Les Ve-
neli régnaient sur les côtes du Morbihan et sur les
îles Vénétiques, l'un des sièges du culte druidique;
la ville d'^ Vannes, connue sous le nom de Dariori-
gum, reçut plus tard celui de Yeneiœ (5) ; les grands
mais iiiformes navires de cette nation se rendaie it
aux îles Britanniques (o). Les Osismii occupaient
l'extréniilé de la péninsule avec le port Gcsocribati',
depuis Brest, et le promontoire Gotefim, qu'on prend
généralement pour le cap M.ilic. Leur capitale por-
tait le nom de Yorganium. L'île Serin ou des Saints
était le siège d'un oracle avec neuf prêtresses qui
passaient pour avoir te pouvoir de guérir les mala-
dies incurables, li'exctter et d'apais> r les tempêtes et
de se transformer en tonte sorte d'animaux (7). La
côte septentrionale de la Brelagne appartenait, se-
noms ci-dessus, et il aura éloigné deux peuples qui
n'eu font qu'un. Quoi qu'il en soii.d'Anille, M'Utelh;
et Gosselin s'accordent pour donner à Nantes le no:ii
de Condivicnum.
(4) Fredegar. Bisl. Franc. 13.
(■;) Not. imper. IJiirioriiium est le nom que lui
ddiiiie Piolémée : m lis dans la table théodosienne
elle est désignée sous celui de Dartoriium.
(()) C;cs. m, 8 ; Strab. iv.
(7) Strab. IV, 503. Dion. Perieg. 571; Plin. IT,
19; Mêla, m, C.
173 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
17i
Ion Ptolémée, aux Bidnkasses, qui sont peut-êirc les
mêmes que les Bidukcsii. Au sud de ces peuples, Cé-
6ar nomme les Curiosoliies ; leur chef-lieu était Corsi-
lium, dont on croit avoir découvert les restes à Cor-
seul, prés de Dinan.
Toutes les ciintrées voisines de la mer étaient sur-
nommées, en langue celte, Arémoriques, c'est-à-dire
njaritimes (1). Ceiie appellation, que Pline confond
avec l'Aquiiaine (i), resta en particulier aux côtes
qui s'étendent de l'embouchure de la Loire vers celle
de la Seine; on les nonimait tantôt Armoiique et
tantôt Armoricanus Traclus (3j. Vers le coiiiinence-
ment du v« siècle elies s'affrancliirrnt entièrement
de l'autorité des Runiains (i). Le duciréde Bielagne
fut un rette de l'Armorique indépendante ; mais le
dialecte celtique, qui s'y est conservé, ne paraît mal-
lieureusement présenter qu'un mélange confus du
celte propieinent dit, -de l'iiliome belgique,, parlé par
les Bretons insulaires q\ii s'y réfugièrent, et de la
iaiigue latine déjà répandue dans toutes les Gau-
les (5).
La (loininatioii romaine apporta un commencement
de civilisation aijx Celles de l'Annorique ; et ils en
avaient besoin, car ils étaient les plus grossiers de
tous los barbares, suivant Diodore de Sicile. Leurs
druides, dit Malte Brun dans son Histoire de la géo-
graphie (G;, étaient les i rcti es d'une "religion aussi
sanguinaire que celle d'0.iin,mais dont la morale et
la mythologie, obscurément connues par quelques
faibles indices, ne paraissent pas avoir offert l'en-
semble poétique de la doctrine des Scandinaves. Les
étrangers étaient immolés sans distinction sur les au-
tels des divinités celtiques (7) ; on sacrifiait aussi à
ces divinités tous les criminels en les enfermant
dans une grande image entourée de feu (8). C'était
dans les entrailles fumantes des victimes himiai-
nes que le druide cherchait l'augure des sui ces de la
guerre. Le seul trait intéressant qui nous soit par-
venu de la religion druidique, c'est l'opinion qui, en
admettant l'immortalité des âmes, leur assi^'Uiiit pour
demeure, non pas le sombre royaume de Plutun,
mais l'immensité des airs et les images errants (11).
Les Celtes lircnt redouter leurs armes même aux
Roniains. Nus jusqu'à la ceinture, un immense glaive
de cuivre à la main, ils se précipitaient au combat
avec une fureur extrême, mais sans art, sans ordre;
le moindre désastre changeait leur audace en lâcheté.
Au commence. l'eut îles batailles ils étaient plus que
des hommes; à la fm ils étaient souvent moins que
des femmes (!■'). Ils luonlraieut, de l'aveu de leur
vainqueur même, une singulière aptitude pour appren-
dre l'art de la guerre (li),et leurs forteresses n'étaient
pas à dédaigner.
Leur vêtement ordinaire était un manteau court,
nommé sagiim, une jaquette, ou palla, et des panta-
lons appelés braccœ. Les couleurs éclatantes et bigar-
rées flattaient leur vanité. Lue chaîne d'or ou de
métal doré leur pendait au cou ; l'or brillait encore
sur leur armure et sur les harnais de leurs chevaux.
Dans la partie de la Gaule libre, avant l'invas'ou de
César, on portait les cheveux flottants sur les épau-
les; d'où les Romains priietit occasion d'ûppoler
cette partie Gallia comata. Gaule chevelue, tandis
que leur conquête ou la province narbonnaisc était
appelée 6'a'//a i>raccaia, Gaule en pantalons; et le
nord de l'Italie, occupé en partie par des peuples cel-
tiques devenus presque Romains, était surnommé
Gallia togata, Gaule en toges.
Nous n'entrerons point dans la discussion encore
peu avancée de ces deux questions : la langue latine
remplaça-i-elle dans toute la Gaule la langue celti-
que? et à quelle époque? Il nous paraît que les Gau-
lois, admis de bonne heure aux droits de la cité ro-
maine, et déjà dans le premier siècle livrés à l'étude
de la langue latine (12), durent oublier leur ancien
idiome ; ce ne fut qu'à ce prix qu'ils puient acheter
la gloire de passer pour très-éloquents en latin (13).
L'emploi des caractères grecs, qu'on a voulu attri-
buer aux anciens Celtes, ne suppose point l'usage
habituel de la langue grecque, qu'un auteur judicieux
leur refuse posiiiveineni(14); mais il est probable que
les runes celtiques, si les druides en avaient, ressem-
blaient, comme toutes les runes, à l'aiicleo alpiiabet
grec.
Les Celles, comme les autres peuples du Nord, ai-
maient la course à cheval, lu chasse et la natation ; ils
(1) Caes. VII, 75.
(2) Plin. IV, 17.
(ô) Du mot breton armorik, composé de la prépo-
sili >n l'r (sur) et du substantif morik, diminutif de
mor (iner).
(i) Zozim. VI, 5.
(5) Tous les savants ne partagent pas cette opinion.
11 y en a qui prétendent que le bas breton parlé dans
les campagnes des diocèses de Vannes, de Quimper
et de Saini-Brieuc, est la langue celtique, le langage
le plus ancien de l'Europe; et qu'en le comparant
avec les autres langues et même avec l'hébreu, on
est étonné de sa supériorité et de son extiême préci-
sion. Cette assertion est-elle bien fondée? Il est cer-
tain , cniume le dit ii i Malle Biun, que le mébtnge
des populations dans P.Arniorique a dti nécess lire-
menl oicasio.ner une altération dans le laiigige.
Que le celte prédomine dans le bas bretju, c'est pos-
sible, et noiii le croyons, tuais qu'il soit resté dans
son état normal primitif, c'est inadmissible, parce
que c'est impossible. (Note de t'autcui .)
(6) Caes. vi, 15.
(7) Diod. IV, 19.
(8) Caes. I. c.
(0) Vobis auetoribus umbrse
Non Incitas Eiebi sedes Ditisque profundi
Paliida régna pctuut. [Lucan.)
(10) « Gallorum prima praelia plus quam virorum,
postrema minus quam feminarum. i Tit. Liv.
(11) Caes. VI, 23.
(12) Gallia causidicos docuit facgnda Britannos,.
(Juten.)
(15) S. Hieron. proœm. Episl. II ad Galalas. Ep. ad
Paul, conir. Vigilant. , etc. ; Symmach. vm, epitl.
68, IX, episi. 85.
(li) Dio Cass. XI, 0. Comp. Caes. i, 29; vi, 13,14,
copié par Strab. iv, 273.
\'fi
blCTIOiNNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
mangeaienl assis. Après le diner, ils se livraient des
combais simulés, qui souvent prenaient un caracière
sérieux. Les funérailles avaient de la pompe; on je-
tait sur le bûcher tout ce qui avait été cher au dé-
funt; quelquefois les amis et les époux s'y précipi-
taient pour suivre dans l'autre monde ceux dont ils
pleuraient la perte (1). Il est impossible de distinguer
dans les relations des anciens ce qui appartient ii la
Gaule encore indépendante d'avec ce qui doit s'ap-
plti|uer à la (Jaule devenue romaine. Il est encore
diflicile de concilier entre eux les divers portrails
qu'on a tracés du caracière des Gimlois. Les histo-
riens grecs et romains reprochent aux anciens Gau-
lois leur férocité, leur mauvaise foi , leur avidité de
pillage, leur ivrognerie et beaucoup d'autres vices
crapuleux (2). Mais ce portrait appartient au siècle
OQ les crânes des ennemis tués leur servaient de va-
ses pour boire. Plus tard, il parait qu'on les accusait
principalement d'une inconstance qui paralysait
même leur bravoure, et d'une jactance qui s'exhalait
par un tdrrent de vaines paroles (3). Un auteur pré-
tend même renfermer leur caractère en trois mots
qui signifient littéralement frivole, (aihle et arro-
goni (4) ; mais Julien l'Apostat, qui avait gouverné
les Gaulois, rend justice à leur conduite loyale, mo-
dérée et pleine d'une noble fierië.
Avant rétablissement des Francs dans les Gaules,
voici quelle était l'organisation ecclésiastique de
l'Armorique, d'après une notice de la fin du iv^ siè-
cle insérée dans le premier volume de ce Diction-
naire, page 1095. La troisième Lyonnaise, sous la
métropole de Tours, comprenait les évêchés du Mans
(civiias Cenomannorum), Rennes {livitas Redonum),
Angers (civiias Andicavorum), Nanles (civitas Nam-
netum,velCondivicnum),Corseuil (Corsilium), Quim-
per (civiias Coriosapilum), Vannes (civitas Vene-
lum), Vorganium (civitas Ossismorum), Naeodanum
(civiias Diablintum).
Après l'invasion des Francs, celle organisaiion
éprouva des changements. Le culte druidique avait
laissé des souvenirs et conservé des adhérents à Tex-
Irémiiéde la péninsule el sur les côtes. Des prêtres
bretons, réfugiés dans l'Armorique par suite de l'in-
vasiun delà Grande-Bretagne par les Anglo-Saxons,
s'efforcèrent de répandre la foi évangélique parmi
ces populations armoricaines, encore soumises au
joug druidique. Les troubles occasionnés par les An-
glo-Saxons se continuant, beaucoup de familles bre-
tonnes arrivèreni dans l'Armorique pour se sous-
traire à la domination saxonne. A partir de cette
époque, y' siècle, on s'habitua à nommer l'Armori-
que Pelite-Breiagne pour la distinguer de l'autre.
Après les missions dont nous venons de parler, l'or-
ganisation ecclésiastique subit plusieurs modilica-
tions. Saint Fol de Léon, un de ces courageux mis-
176
sionnaires, donna son nom à la ville des 0.<sis-
miens (civiias Ossismoium). Les villes épiscopales
étaient Sainl-Pol de Léon, Quimpcr-Coreniin, Van-
nes, Nanie;, Rennes, Sainl-Brieuc, Lexobiom, siège
transféré à Tréguier au ix" siècle, Alethum, Aleih,
ville ruinée an xii" siècle, dont le siège a été irans-
féré à Saint-Malo, et Dol. Celte dernière ville prélen-
dit à la siiprénvuie, et réclama les droits de la mé-
tropole de la province contre Tours; elle les exerça
effeclivemenl jusqu'au xi« siècle, époque à laquelle:
Tours parvint à reprendre ses anciennes prérogati-
ves. La Bretagne forma un duché dont l'exislence
au moyen âge fut irès-orageuse et continuellement
agitée par des guerres sanglantes. François 11, der-
nier duc, n'eut qu'une fille pour héritier, la prin-
cesse Anne , qui épousa Charles VIII et ensuile-
Louis XII ; ce qui amena la réunion du duché de Bre-
tagne à la couronne en 1532. La province conserva
ses privilèges et ses éiais généraux, comme le Lan-
guedoc et la Bourgogne. Les ducs de Bretagne avaient
fixé le plus souvent leur séjour à Nantes; mais les
états se tinrent à Rennes, ce qui (il de celte ville la
capitale de la province. Malgré sa réunion à la cou-
ronne, la Bretagne, isolée du reste du royaume par
sa configuration topographique, demeura en dehors
de l'influence des autres provinces. Elle sauvegarda
soigneusement sa langue, ses traditions, ses légendes,,
ses habitudes et ses mœurs. Aussi la révolution de'
89 la irouva-i-elle fort peu disposée à entrer dans le
système des innovations modernes. On distinguait
alors la haute et la basse Bretagne : Tune contenait
les diocèses de Reunes, Nantes, Saint-Malo, Dol, et
Saint-Brieue ; l'autre ceux de Vannes , Quimper,
Saint-Pol de Léon et Tréguier. Il se déclara par-
tout un mouvement prononcé contre la nouvelle or-
ganisation décrétée par l'assemblée consliluanie. Les
vieilles légendes du pays apparurent fraîches, rian-
tes à l'imagination bretonne ; et les habitants, dans
leur enihoubiasme, en recréèrent de nouvelles rem-
plies de dévouement, revêtues d'un coloris pur et
éclatanl. La Bretagne a inscrit son nom on caractè-
res inelîaçables dans les annales de la première ré-
publique française. Le concordat de 1801 supprima
les sièges épiscopaux de Tréguier, Sainl-Pol de
Léon, Dol eiSaini-Malo. Leur suppression aété main-
tenue par les conventions restrictives du concordat
de 1817. La Bretagne compte maintenant les évê-
chés de Rennes, dont la juridiction s'étend sur le dé-
parlemeni d'Ile-et-Vilaine, Vannes sur le département
du Morbihan, Quimper sur le Finistère, Nantes sur
la Loire-Inférieure, Sainl-Brieuc surlesCôies-du Nord.
Ensemble, cinq diocèses et cinq déparlements.
Le climat de la Bretagne est humide el froid. Il y
règne, particulièrement sur les côtes, presque toujours
des brouillards. Elle renferme une vaste étendue de
(1) Diodorus, v, 29, 50 ; Mêla, m; Cœs., Strab.,
Allien., etc.
(2) Diodor. v, 28;Polyb. ii, 19 ; C«s., Liv.
(ô) Vaniloquum Celloe genus el mutabile mentis.
(Sil. liai. VIII. C*s., Flor., etc.)
(J)Tà zojyov, xcà to ^eiÀov, xm to Bpaav. Dio
Cass. Lxxvii,' 3.
i
Vn GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE
landes; il en est qui poiirraionl êiie uiiliséus, et
■d'autres dont le sol est tout à fait mauvais. Elle pro-
duit néanmoins des cérénles presque | artout, et spé-
cialement du seigle, de l'orge, de l'avoine et du sa-
•rasin, qui sert à la nourriture liabiiuelle des habi-
tants des campagnes. On y fait du cidre, le beurre y
•est exeellenl. Les bois ne sont plus aussi étendus, on
a opéré beaucoup de défri< lienients. La population
■des côtes se livre à la pêclie ; elle est pauvre.
Les Bretons sont l:iborieiix, dévoués, fort attachés
à leurs usages, à la religion et à leur pays. La Breta-
gne a produit beaucoup d'hommes célèbres sous le
rapport religieux.
Brilannia Major , la Grande-Bretagne , qui offre
l'association la plus nombreuse, l'ensemble le plus
*Msplet do toutes les légendes. Les oppositions de
loute sorte, les contrastes de toute naiure s'y ren-
contrent. L'Ecosse et l'Angleterre forment l'île eu-
ropéenne .ippelée Giande-Bretagne. L'Ecosse a une
physionomie moins tranchée, moins .iccideniée, plus
pâle, mais aussi plus intéressante, plus pittoresque
que celle de l'Angleterre ; c'est un tableau particu-
lier dans un grand cadre. Ces deux parties d'une
même contrée se distinguent par des caractères dif-
férentiels très-prononcés. L'Ecosse a quelque chose
tde chevaleresque , de poétique que ne possède pas
l'Angleterre, éminemment positive. Chacun des deux
pays est original dans ses idées, dans ses systèmes,
dans ses habitudes et dans ses mœurs; mais l'origi-
nalité la plus grande appartient à l'Angleterre.
L'Angleterre a des légendes sur les invasions suc-
cessives dont elle a été victime. Eiivahiedanslev«siè-
cleparles Pietés, peuple sorti de l'Ecosse, elle appelle
à son secours les Angles et les Saxons, liabilant la
Germanie septentrionale, qui prohtent de leur vic-
toire pour dominer et même expulser la nation
qu'ils vieiment de secourir. Le ; Bretons se retirent
en partie dans le pays de Galles, et en partie sur le
continent dans l'Armorique qui, à partir de cette épo-
que, prend le nom de Petite-Bretagne. Les vain-
queurs établissent sept petits royaumes connus dans
l'histoire sous le nom d'Heplarcliie. Arrivent ensuite
en 801, pendant une période de deux cents ans, les
invasions successives des Scandinaves, et surtout
des Danois, qui, après avoir ravagé la Grande-Breta-
gne, fioisejit p,Tr s'emparer de l'Angleterre en 1017.
Mais, en 1066, survient la grande invasion normande
conduite par le dnc de Normandie, Guillaume le Bà-
laul, dit le Conquérant, ligure légendique, s'il en
lui, et historique en même temps.
L'Angleterre présente la légende d'une extrême
soun)ission religieuse et d'une extrême opposition.
Un de ses premiers rois, dans son zèle irréfléchi, la
icnd tributaire du saint-siége, ei s'engage pour ses
sujets à payer le denier de saint Pierre. A plusicnrs
siècles delà, unautredeses rois, un Tudor(HenriVIIl),
se soulève contre l'autorité spirituelle légitime du
saint-siége pour la conférer au pouvoir royal, sépare
178
son royaume de l'Eglise catholique, et constitue, an
milieu des persécutions et dans le sang, uin; Eglise
particulière dite anglicane.
Même légende en politique. A côté d'une extrême
délérence pour ses rois, l'Angleterre manifeste l'es-
prit le plus extrême d'insurrection. Les guerres ci-
viles s'y perpétuent avec un acharnement incroyable.
Les rois sont chassés, meurent en exil, en prison,
ou sous la hache du bourreau.
L'Angleterre a encore une légende d'un caracière
particulier. Fièi e d'elle-même, attachée à son sol , à
son ciel nébuleux, elle ne peut cependant les con-
templer longtemps. Tourmemée par une expansion
excessive, elle dissémine ses enfants dans toutes les
parties du monde. Au moyen âge , elle a pris part
à toutes les croisades; elle a fait, pendant plusieurs
siècles, des invasions réitéiées en France, dont elle
a fini par posséder la plus forte partie. Depuis son
expulsion du sol français, elle s'est précij liée sur les
diverses contrées du globe. Car l'on ne navigue sur
aucune mer sans y aperrevoir le pavillon britanni-
que, et l'on ne foule aucune terre sans y rencontrer
des voyageurs, des industriels, des prédicants et de»
soldats anglais.
A celte légende succède celle d'une richesse pro-
digieuse et d'une misère incroyable. Quelques fa-
milles y vivent dans ime opulence presque fabuleuse,
tandis que des millions d'individus sont emporiés
par la (aim comme les arbres des forêts tombent
sous les coups redoublés de la liache du bûcheron.
Enlin, l'Angleterre apparaît encore avec une autre
légende , c'est un esprit de propagation religieuse
indéfinie, et de propagation industrielle et commer-
ciale illimitée. Dès le v= siècle , les prêtres bretons
ont été missionnaires; ils ontévangélisé l'Armorique,
fondé successivement de nombreuses associations
religieuses, des monastères dans l'Auslrasie et dans
l'Helvétie, parcouru la Frise, l'Allemagne du nord
et du centre pour y annoncer le nom de Jésus-Christ.
Depuis l'établissement de l'Eglise anglicane, les mi-
nùstres anglais de toutes les secies s'efforcent à
l'envi de répandre leurs doctrines dans les cinq
pariies du monde. La Bible , traduite dans toutes
les langues connues, pénètre parmi les populations
diverses du globe. Mais en même temps marche la
propagation du commerce et de l'industrie britan-
niques dont tout le monde s'occupe, les missionnaires
comme les voyageurs, les savants comme les navi-
gateurs, les soldats comme les marins. Personne n'y
demeure étranger ; cetie expansion britannique est
pour tous une affaire nationale.
Les Grecs, dit Malle Brun , connaissaient de nom
les îles d'Albion ou Brelaniké, et d'Ienie; mais ils les
connaissaient si mal que Sirabon, en déclarant qu'el-
les ne valaient pas la peine d'éire conquises , donne
à la plus grande \a figure dnn triangle , dont le plus
long coté devait regarder la Gaule , et place l'autre
directement au nord de la première. Les îles Cami-
DICTIONNAIRE DE C.EOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE,
179
fériées on les Sorlingnes cia ent, dans le système de
ces ancien*, peu éluigiiées de l'Espagne (I).
DeiiN espédiiioiis de César (ireiit connaître une
extréiniiéde la Giaiule-Bremgne. Les noms des trois
promontoires d'Orcas au nord, de Canlium à l'est, et
de Belerium à l'occident, devinrent dès lors célè-
hres (2). César place n;éiiie VHibemia ou l'Irlande
exacteoienl vis-à-vis de la côte occidentale d'Alhion,
et l'esiinie nne fois moins grande (5). iMalte Brun,
dans son ■ isioire det procjrès de ta géographie.)
Poraponius Mêla, qui vivait à répoi|Mo môme delà
conquête de la Grande-Bretagne par !es armées de
180
pénétra de nouveau vers les extrémités de l'ile, el
répara, euiie les golles de Clyde et de Fortli, la mu-
raille établie par un lieuleiianl d'Aniomn (11). Mais
Caiacalla abandonna les conquêtes de son père, et
relira ses troupes derrière le rempart d'Adrien.
Les sauvages iiidompiables qui anêiérent dans
les montagnes de l'Ecosse le vol des aigles romaines,
étaient désignés par les autres Bretons sous le nom
celii.|ue de Cn/<?do«(>»s, et reçurent depuis, dans la
langue des Romains, la dénomination de Picii (;-2), à
cause des figures peinies dont leurs corps gigantes-
ques étaient couveris. Mais leur cbevelure blonde
l'empereur C;au ie, crut que celte île faisait face d'un indiquait une origine german que ou sianilinave(15).
côté à la Gei manie, de l'autre à l'Espagne. Les Us succombèrent plus lanl sous la puissance des
guerriers de Rome refusèrent d'abord de se laisser
conduire dans ce nouveuu monde (4). Les noms des
Iles Orcades et ceux des OEmodes ne releiitissaient
que de loin. Trente ans après la conquête, Pline
n'osa pas ir.icer une description des îles Briianni-
rjnes ; cependant il connaît déjà les îles Hœhudes , et
en désigne quelques-unes par des noms particuliers;
il indique les dimensions exagérées de la Grande-
Breiagne el de l'Irlande , d'api es Agrippa, qui, pro-
bablement , aura mal iradiiii le- mesures grecques de
Pyilié;is(3). Sous l'empereur Domitien, la valeur et
la prudence d'Agricola soimiireni les nations britan-
niques jusqu'au pied du moiit Grampius (6), aujour-
d'bui Grampian ; et la flotte romaine . sans faire
pr.ciséM)cnt le tour de toute l'île (7), en doubla les
extrémités septentrionales , et reconnut qu'elle ne
tenait point au continent. Mais le biographe et le
gendre même d'Agricola placent VHibemia à moitié
cbemin entre l'Espagne et la Grande-Bretagne (8).
Ce ne fut que dans le a» siècle que de m inbrenx
itinéraires et des journaux de navigateurs fournireni
à Ptolémée les matériaux d'une description mathé-
matique de la Grande-Bretagne ; encore cette des-
cription offrit-elle de graves erreurs. Mais la géo-
graphie l.istorique de cette île avait été presque
achevée dans le i«f siècle; ses progrès suivirent les
progrès des armées de Rome.
La Bretagne romaine, reculée, par les victoires
d'Agricola, jusqu'à l'isthme qui sépare les deux golfes
nommés ^stuaria de Glota el de Bodotria (9), ou
golfes de Clyde et du Forth, fut resserrée dans des
bornes plus éiroaes par la muraille de l'empereur
Adrien , dont les ruines, connues sous le nom de
Pieu watt, s'étendeut depuis le golfe de Solway jus-
qu'à l'embouchure de la Tyne( 10). L'empereur Sévère
(1) Diod. v, IS, -22; Appian. Iber. i.
(2) Cces. B. Calt. v, 12.
(5) P. Mêla, m, 6.
(4) Dio Cass. lx, 19,
f5) Plin. IV, Itj.
{>;) Tac. Agric. 29.
(7) < Classis Truiiilensem porlum lenuit , unde
proxinio lalere Rritaniiiae lecloonmi redierat. » Tac.
(5) ^ac. Agric. 24.
, , ('J) Ce golie est appelé ^$tuaria Boderia pa. Pto-
lémée. J. II.
Scoti, peuple celtique venu Je l'Irlande.
Parmi les petites nations qui occupaient l'Ecosse
"Méridionale, on distingue les Slœulœ et les NovanKe.
Us étaient probablement Celtes , comme la plus
grande paiiie des habitants de l'ile. Le po,le ti'Alaia
Cusira, c'est-à-dire ie camp volant, répondrai!, selon
l'opinion reçue, à Ediuibourg (Uj; mais Ptolémée le
place beaucoup plus au nord.
La puissante nation des Briganics (15) occupait le
nord de l'Angleterre jus.ju'aux boids de l'iluniber ,
nommé Abus. Le nom celtique de ce peuple, au-
jourd'hui avili, avait sans diuite alors une significa-
tion plus noble, comme Inlro en eut en latin. Parmi
leurs villes nombreuses brillait Eboracum , l'York
moderne, alors une colonie romaine, ornée de tem-
ples et de bains publics, séjour favori de plusieuis
ei«4)ereurs , et l'un des remparts de l'empire. Les
Parisii , petite naiion vers l'embouchure de l'Abus,
n'est renwrquable que par son nom gaulois. Diva ,
aujourd'hui Chester, sur la rivière de Dee, et Lin'
dum, le Lincoln moderne, probablement une colonie
romaine (Ki), étaient les capitales, l'une des CornO'
vii, l'autre des Coritani.
Trois nations belliqueuses occupaient ce qui forme
aujourd'hui la principauté de Galles. Les Ordovicei
habitaient au nord; ils furent presque tous massa-
crés par les troupes d'Agricola (17). Dan^ leur voi-
sinage élaii l'île de îlona , aujourd'hui Anglescy ,
consacrée au culie homicide des druides, et défen-
due, avec toute l'exaltation du fanatisme, parles
Bretons , qu'enflammait la présence des prêtresses ,
marchant à leur lêie dans un appareil semblable à
celui des furies (18). Les Demetœ demeuraient sur la
côte occidentale. La nation plus puissante des SiVines
s'étendait jusqu'aux bords de la Severne; quelque-
(10) MA. Spartian. Uadrian. 11.
(HJEutrop. viii , 19. Se.xt. Aurel. Victor, 36.
Conip. Capit. Aur. Pius, o.
(12) Amm. Marc, xxvii , 8; Claud. de \n consul.
Hoi'.J.A.
(15) Tac. Agric.
(1 i) Camden el d'Anville, C%. ane. 1,109.
(lô) Tac. Agric, 17.
(16) RedaetCeog. Kav.
(17) TiC. Agric. 18.
(18) lUeiD, Annal, xiv, 50.
181
GEOGRAPHIE DtS LEGENDES AU MOYEN AGE.
iS2
lois iiïiînie les Romains semblent comprendre les
Demetœ sous le même nom (1). Les Silures résislé-
renl longtemps aux armes romaines, ne se laissant
ni effiayer par la cruauté , ni séduire par la clé-
mence (2). Leur leinl basané et leurs ebeveux bou-
clés indiquaient , selon Tacite , une origine ibé-
rienne (3).
A l'est des Silures, demeuraient les Dobuni, dans
le pays desquels était Clevtim , vraisemblablement
Glocesler. LesCa(!/e»cA/«Hide Plolémée s'appelaient,
d'après les inscripiions antiques , Cainvetlauni (4).
Leur territoire atteignait le golfe de Wash, nommé
Meiaris jE$tuarium, Leurs voisins à l'est étaient les
puiisanls Iceni (o), nommés Siineni par Ptolémée,
et dont la capitale portait en commun avec plusieurs
autres le nom celtique de Venta, oa lieu d'assemblée.
Los iceni occupaient le Noi follt et le SulTolk actuels.
Plus au sud, dans l'Essex moderne, les Trinobuntes,
nation nombreuse, avaient pour capitale Cumalodu-
num , aujourd'liui Colcliester, et non pas .Ma!don ,
comme plusieurs écrivains anglais l'ont cru (U). La
ville deiondinium est attribuée parlesunsaiix Trino-
bantes, par les autres aux Camii , babitants du Kent
actuel, selon qu'on la place au nord ou au sud de la
Tamise. (Malle liruii,daiis son Histoire des progrès de
la géographie).
Des tribus comprises sous le nom de Belgœ , et
probablement venues île la Gaule belgique , occu-
paient la plus grande partie de celte péninsule mé-
ridionale que forment la Tamise ei la Severno, Ta-
tiiesis et Sabrina. La capitale ou VetUa de ces Belges
est le Wiii-Cbestcr actuel, le surnom laiin de Cas-
irum, ou en an;;Io-saxon Ceasire, étant reilé à beau-
coup de villes anciennes. Les eaux de Bath étaient
déjà renommées sous le nom A'Aquœ Solis. L'ex-
trémité occidentale, le Cornouailles moderne , occu-
(ée par les jDainiiOHii ou Dumnonii, était peu fré-
quentée des Romains ; les célèbres mines délain
qui y avaient attiré les Phéniciens sont à peine in-
diquées par les auteurs latins (7) : circonsiance d'au-
tant plus surprenante, que ces mêmes écrivains
donnent à la Grande-Bretagne des mines de fer, d'or
ei d'argent (8), et qu'un d'eux assure que les rivières
y roulent des pierres-gemmes (9) ; Tacite nous ap-
prend même qu'on y pêcliait des perles d'une qua-
lité inférieure (10).
Les autres iraits physiques attribués à celle
grande île s'y retrouvent encore. La température ,
(i) Plin. IV, 16.
(2) Tac. Annal, xti, 52.
(3) Idem, Agric. \\.
(4) Horsley, Brii. Hom. Cumberland, n. '27-
(5) Tac. Annal, xii, 30; xiv, 51.
(K) Mamierl, 11, P. ii, p. 175.
J7) Plin. xxxiv, 16 César {de B. Gall. v, 12) cite
l'éiain parmi les raéiaux exploités dans la Grande-
Bretasne ; il ajome même que les mines se trouvent
vers le centre du pays. Nascilur ibi ptumbum album
in mediierraneis regionilms. J. H.
(8) Tac. Agric. 12. Eumen. Panegyr. ly, 11.
(6) Mêla, IH, 6.
plus douce que celle de la Gaule septentrionale (11);
les brouillards épais, les pluies abondaiites (12), la
chaleur modérée de l'été, qui faisaient mûrir les
fruits avec lenteur, et qui ne pcrmeitaienl point la
culture de l'olivier ni de la vigne (15) ; la verdure
brillante des pâturages , où erraient d'innombrables
troupeaux; l'absence des bêles IL'roces et des reptiles
venimeux (14);ioulse retrace encore aux yeux d'un
observateur moderne. La Bretagne barbare ou
l'Ecosse était inculte ; mais la Bretagne romaine,
qni, du temps de Tacite , ne produisait pas assez de
blé pour SCS babitants , devint , dans les ii" et m'
siècles, le grenier des Gaules et des armées romaines
staiionnées sur le Rhin (15).
L'Hibernia ou VJerue des Grecs (IG), qui avait
longtemps passé pour inhabitable, à cause du froid,
lut un peu mieux connue par les rajiporls des Bre-
tons; on sut qu'elle jouissait d'un ciel aussi doux
que la Grande-Bretagne (17), que le sol fertile y of-
frait au bétail de gras pâturages (18), et que de nom-
breux ports y prêtaient au commerce un accès plus
facile que celui des côles d'Albion. Les babitanls
n'étaient pas plus intraitables (|ue les Bretons , et
Agricola pensait qu'une seule légion aurait suffi
pour y maintenir la domination romaine (l'J). La
jalousie de Domitien arrêta ce général au milieu du
cours de ses victoires, et l'Irlande retomba dans son
ancienne obscurité. Cependant Ptolémée a dû avoir
sous les yeux des itinéraires maritimes très-éteiidus.
Les noms de quelques peuples , comme par exemple
les Brigantes , qu'on retrouve en Angleterre , et les
Menapii, (|ui existaient aussi dans la Belgique, sem-
blent prouver que l'Irlande a reçu des colonies et de
Celles propreaient dits cl de Belges. Les écrivains
irlandais assurent que leurs iradiiions nationales
parlent des colons belges sous le nom de Fir-
Bolg (20). La nation la plus répandue était celle des
Jverni, dont le nom a été appliqué par les Romains
à toute l'île ; cette nation pai ait avoir été déjà connus
des Phéniciens.
Les nations celtiques de la Bretagne différaient
peu des Gaulois à l'égard de leur manière de vivre.
Leurs armes élaieni les mêmes; le grand sabre cel-
tique à la main, ils combattaient sans cuirasse el
sans casque. Leurs cabanes avaient la même forme
conique que celles des Gaulois. Mais les nations
germaniques ou Scandinaves de la Calédoiiie parais-
sent leur avoir appris l'usage de chariois de ba-
(10) Tac. I. c.
(il) Cais. Y, 12.
(1^2)Strab. iv,îOO;Mela,etc.
(15) Tac. .4yric. 12.
(14) Eumen. Paneg. vi, ','-.
(15) Tac. Ann. xiv, 58 ; Zozim. ut, 5; Am. Marc,
xviii, 2; Euiiap,, eic.
(16) Plclémée l'appelle Ivernia , Pomponius Mêla
Interna, el Diodore de Sicile Irit. J. H.
(17) Tac. Agric. 24.
(18) Mêla, m, 6.
(l\)) Tac. 1. c.
(-20) O'Flaheriy, Ogygia, 14.
185
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIK ECCLESIASTIQUE. iU
laille, inconnus aux Celles du conlinent. Les Bretons
s'enduisaient seulement le visage d'une couleur
bleue, tandis que les Calédoniens se gravaient sur
tout le corps les images bigarrées de toutes soites
d'animaux (1). La communauté des femmes dans la
même fnmille, suite d'une vie patriarcale, ne se main-
tint à la longue i|ue cliez les Calédoniens. Les Bre-
tons, soumis à de petits princes , bâtissaient des
villages et se livraient à l'agriculture, ainsi qu'à
l'enlretien des bestiaux. Ils ne mangeaient ni lièvres,
ni poules, ni oies ; ces animaux ne servaient qu'à
leur amusement. Leurs longs cheveux flottaient sur
leurs é|iaules ; des moustaclies couvraient leurs
joues ; ils poriaient des vêtements de peaux d'ani-
maux. Leurs druides arrosaient de sang humain les
autels des divinités celtiques; de nombreux disciples
du conlinent venaient admirer la sainteté et la sa-
gesse de ces prêtres d'une religion sanguinaire. Le
Calédonien, presque sans vêtement , chargeait ses
bras et ses reins de lourds anneaux de fer ; dédai-
gnant l'agriculture, il vivait du produit de sa chasse;
l'écorce des arbres ou quelques racines sauvages lui
tenaient lieu de pain; il ne tirait aucun parti des
poissons qui fourmillaient sur ses côtes.
La Grande-Bretagne , ile de l'océan Atlantique ,
nommée Great Briiain , est la plus grande des îles de
l'Europe. On la connaît sous le nom d'Angleterre :
souvent aussi on entend par Grande-Bretagne toutes
les possessions britanniques; mais elle t:e comprend
réellement que IWngleierre avec la principauté de
Galles et l'Ecosse. Un grand nombre de petites îles
dépendent de la Grande-Bretagne. Les principales
sont celles de Wiglit au sml, les Sorlingues, Angle-
sey et Man, près de la côte occidentale; ensuiie l'ar-
chipel des Hébrides ; enfin, à la pointe septentrio-
nale, les Orcades , ei plus au hrge les Shetland. On
donne le nom d'îles Britanniques à toutes ces îles ,
y compris l'Irlande. La Grande-Bretagne est située
entre 19° S7' et S8° 45' de latitude nord, et entre U"
55' et 8° 34' de longitude ouest ; elle a plus de 800
kil.de long du nord-nord-ouesl au sud-sud-esl,et 500
kil. dans sa plus grande largeur. Sa forme représente
un triangle allongé. Ainsi les côtes ofTrent trois ex-
positions générales : à l'est , au sud et à l'ouest; la
mer du Nord baigne les côtes orientales; le Pas-
de-Calais et la Manche celles du Sud ; les côles occi-
dentales forment, avec l'Irlande , le canal Saint-
Georges, la mer d'Irlarjde et le canal du Nord. On
Irouve à l'est et au sud les côt 's de la Grande-Bre-
lagne sinueuses et légèrement inclinées; à l'ouest,
au conitaire , dentelées et escarpées. On a présumé
que la Grande-Bretagne a fait partie du continent :
le peu de largeur du Pas-de-Calais, la ressemblance
frappante entre les collines crayeuses des côles des
(Jeux pays, la direction de la chaîne de partage d'eau
lie cette île, loriilient celte hypothèse. Cette chaîne
(I) La coutume du tatouage s'est retrouvée chez
eus les peuples barbares de l'Amérique, des îles du
forme trois versants, dont les expositions sont les
mêmes que celles des côles.
Trois chaînes de montagnes, les Grampians, les
Cheviot et les Moorlands orientaux forment, ainsi
que plusieurs grandes arêtes , les bassins principaux
du versant oriental. On voit généralement les bassins
du versant occidental bien moins étendus que les
premiers. Seulement, entre les golfes de Clyde et de
Soiway.une prolongation des Cheviot, nommée quel-
quefois Kirkcudbright , encaisse le bassin de la mer
d'Irlande, et indii|ue la liaison des montagnes de la
Giande-Breiagne avec celles de l'Irlande. Les bassins
du versant méridional sont encore moins sensibles
que ceux de l'Orienl. Les montagnes de la Grande-
Bretagne n'offrent pas de chaînes suivies , mais des
pics isolés Irès-éloignés les uns des autres. Celles
qui forment les véritables massifs de l'île se dirigent
presque transversalement, ou s'élèvent près de celte
ligne, à laquelle elles se lient.
Telles sont le Ben-Wyvis, dont le pic de 660 toises
est un des plus élevés de ce pays ; les Grampians,
qui hérissent toute la presqu'île entre les golfes de
Murray et de Tay , et présentent successivement sur
leur ligne de faîte le Ben-VoUich, de 304 toises; le
Cairnloul,de 645 toises; le Ben-Macduie, de 657
toises ; d'autres le portent à 720 loises. Leurs ra-
meaux offrent aussi des points élevés, tels que le
Ben-Lawers , de 608 toises, selon d'autres de 669 ;
le Cairngorm , de 612 toises ; le Ben-Nevis, le plus
haut sommet de la Grande-Bretagne , de 730 toises
au-dessus de la mer. Les Grampians ont cela de re-
marquable , qu'ils se ramifîenl jusque dans les Hé-
brides. La chaîne des Cheviot est très-élevée; le
Cheviot-hill a 460 toises ; les Moorlands orientaux
courent à l'orient l'espace de 48 kil. en encaissant
rOuse , et au sud pendant 24 kil. ; ils s'élèvent de
215 à 250 toises , et présentent sur la côte des pics
de 60 toises. Les monis de Galles, entre le canal de
Bristol et la mer d'Irlande, bordent le canal de Saint-
Georges, et, quoiqu'ils soient très-inférieurs à la
hauteur des Alpes, les Anglais les ont appelés Pe-
lile-Suisse. Ils se rattachent à la chaîne du partage
d'eau par les Breidden-Hills. Parmi les plus hauts
pics on distingue le Snowdon , de 557 loises , le
Cader-Idris, de 542 toises.
La Grande-Bretagne possède de superbes routes
qui la traversent eu tous sens , et dont la longueur
actuelle est de plus do 35,200 kil. Celle de ses ca-
naux s'étend à près de 4000 Kil. On en compte 21
qui coupent la grande chaîne du partage des eaux,
tantôt par des galeries souterraines , dont la plus
longue, celle du canal d'Huddersfield, taillée dans le
roc, a 4828 mètres, tantôt au moyen de réservoirs
d'eau établis au sommet des montagnes et alimentés
par des machines à vapeur d'une force prodigieuse,
qui élèvent les eaux au-dessus du bief de partage ;
monde maritime, de l'Afrique et de l'Asie; elle pa
rail être inhérente à l'éial sauvage.
{Note de l'autevr.)
185
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
18G
c'est ainsi qu'on a réuni les trois versants de l'Ile, et
que les quatre plus grands ports de commerce de
l'Angleterre , Londres, [Hull , Liverpool et Bristol,
communiquent entre eux et avec les villes de l'in-
térieur avec la plus grande facilité et beaucoup d'é-
conomie. Les particuliers ont entrepris et fait exé-
cuter tous ces travaux dans la partie méridionale de
l'ile. Le gouvernement, en faveur de l'Ecosse, s'est
chargé dans le nord des travaux hydrauliques. De-
puis 1768 Edimbourg et Glascow correspondent par
le grand canal de Foi lli et de Ciyde ; et depuis 1822
on a ouvert le canal Calédonien, à travers queiques-
uns des principaux lacs qui couvrent le nord de
l'Ecosse. Les navires, autrefois forcés de doubler
les Orcades, y trouvent une route plus directe et plus
sûre. Outre de nombreux bateaux à vapeur, de ma-
gnifiques paquebots transatlantiques entretiennent
et favorisent les communications de la Grande-Ure-
lagne avec les différentes parties du globe. Un vaste
réseau de chemins de fer couvre son sol , rapproche
les distances et met presque toutes les localités aux
portes de Londres. Londres n'est pas le cenire uni-
que du commerce : be.iucoup de villes y participent,
parmi lesquelles se distinguent Hull, Leith, Glascow,
Liverpool, bristol, Muncbester, Birmingham, etc.
Le? revenus de la Grande-Bretagne se composent
de l'accise ou taxe des denrées, des droits de doua-
nes, de timbre, de l'impôt territorial , de la poste ,
de Vincome-lax, ou taxe sur le revenu individuel ,
établie il y a quelques années par le minisire sir
Robert Peel. La dette anglaise dépasse le chiffre de
2S milliards de francs.
La grande charte fut instituée par Henri I" en
1100, pour restreindre l'autorité royale ; on y (it de
nombreux changements. Jean Sans-Terre fut obligé
de l'accepter. Henri III la continua avec de nou-
reaux changements, établit les communes en 1265,
et les fit entrer au parlement. La grande charte sanc-
tionnée par Edouard I" est la base de la monar-
chie constitutionnelle des Royaumes-Unis. Le roi,
la chambre des pairs et celle des communes compo-
sent le corps législatif; le roi a le pouvoir exécutif,
. fait la paix, la guerre et les traités en son nom.
Le parlement impérial de la Grande-Bretagne et
d'Irlande estcomposé des lords spirituels et des lords
temporels, qui siègent dans la chambre haute, et des
communes qui siègent dans la basse. Les lords spi-
rituels sont les archevêques et les évêques. Les lords
temporels sont tous les paiis des trois royaumes.
Quelques-uns de ces pairs siègent au parlement
par droit de naissance, d'autres par création nou-
velle, et les autres par élection : ceux-ci sont les
seize qui représentent le corps de la noblesse écos-
saise. Les communes sont les représentants de la
nation, qui ne siègent point dans la chambre des
1 lords. Depuis quelques années la législation électo-
1 raie a éprouvé des améliorations considérables. Les
catholiques, qui étaieni exclus du parlement, y sont ad-
mis. Le souverain prend le litre de roi du Royaume-
Uni de la Grande Bretagne et d'Irlande. Le roi con-
voque et dissout le parlement quand il le juge k pro-
pos, mais il ne peut interrompre la session pendant
plus de trois ans.
La royauté est héréditaire, et les femmes n'en
sont pas exclues.
Lamarine anglaise, la plus puissante ei la première
del'Europe, est divisée en trois escadres : la Rouge,
la Blanche et la Bleue, qui sont ainsi nommées de la
couleur de leur pavillon. Chacune a son amiral ; mais
celui de l'escadre rouge a le commandement princi-
pal, et porte le titre de vice-amiral de la Grande-Bre-
tagne. Le commandement suprême des forces nava-
les réside, après le roi, dans les lords commissaires
deramirauié.
L'Angleterre (England), la partie la plus méridio-
nale et la plus considérable de U Grande-Bretagne,
est siinè entre i9*55 et 55* SO de latitude nord, et
entre 0' 35 et 8'' de longitude ouest. Elle a une
forme presque triangulaire, et est bornée au nord
par l'Ecosse, au sud par la Manche, qui la sépare de
la France; à l'est par la mer du Nord, et à l'ouest
par la mer d'Irlande, qui la sépare de l'Irlande. On
estime sa surface à 26,000 kil. carrés , dont 8640
en culture, et environ 11,200 en pâturages; on
porte sa plus grande largeur à 4001) kil., à partir de
Margateau Land's End (fin de la terre).
Rien n'égale la beauté des aspecis qu'offrent les
parties cultivées de l'Angleterre : la verdure qui y
règne, le mélange des terres à blé avec les prairies,
des clos avec les plantations, et des châteaux avec de
jolis villages, des fermes d'une tenue et d'une pro-
preté admirables, avec les villes bien bâties, for-
ment un spectacle toujours nouveau que l'étranger
contemple avec le plus sensible plaisir. Nous ne
parlerons pas ici des superbes parcs et des ma-
gnifiques jardins anglais, où l'art cherche à imiter
les beautés de la nature. L'Angleterre en général of-
fre un pays légèrement montueux, parsemé de bou-
quets de bois et revêtu de riclies pâturages et champs
fertiles ; tantôt c'est une suite de riantes collines et
de belles vallées qui forment des paysages délicieux :
on voit d'un côté s'ouvrir à perte de vue de vastes
plaines baignées par de nombreux ruisseaux et cou-
vertes d'une foule de troupeaux. Une partie de la
côte orientale ressemble à la Hollande, étant comme
elle marécageuse et entrecoupée de canaux. Vers
l'embouchure de la Tamise le terrain s'exhausse ; on y
voit des côtes escarpées et des rivages sablonneux.
La côte méridionale, plus haute que l'orientale,
présente des dunes stériles et des rochers vers son
extrémité. Les monts Cheviot, qui séparent l'Angle-
terre de l'Ecosse, courent du nord-est au sud-ou' si
dans toute la longueur de l'Angleterre; depuis le
comté de Cornouailles jusqu'à celui de Cumbcrland
règne une rangée de montagnes qu'on peut regarder
comme une chaîne suivie le long de la région occi-
dentale de ce royaume. On y trouve les plus hauts
sommets, dcvnt quelques-uns s'élèvent à 550 toises
au-dessus de la mer. On voit aussi deux rangs de col-
18?
DICTIONNAIRE DE GEOGRArillE ECCLESIASTIQUE.
ISS
liiies traverser ce pays, dont l'un court du comté de
Dorset dans celui de Kent, tandis que Faune forme
des ondulations tn s'élendant de l'île Portiand aux
Wolds, dans l'est Riding del'ÎOiksliire; la ligne que
forme ce dernier cliainon passe par les parties occi-
dentales des coniiés de Wills, d'Oxford, et traverse
ceux de Norilmmberland, de Leiccster et de Noilin-
gljani , au nord de Scarborougli.
Parmi les plus hauts sommeis des montagnes de
l'Angleierre on distingue le VVharueside , de 6'25
toises; riiigleborougli, de 565 loises , dansTYoïk-
shbe; le Ci-ôss-fell, dansle CuiuLerlaDdi de 54iJ t«-
ses , el le Skiddau , de 500 toises, dans le même
comté. Le Snowdon, dans le pays de Galles, de o57
toises, et le Cader-ldris, dans le même pays. On re-
marque aussi le Pic du comté de Derliy , plus par
ses curiosités que par son élévation.
L'Angleterre possède un grand nombre de ri-
vières qui, en facilitant les communications inté-
rieures, favorisent puissamment l'industrie el le
commerce, et donnent à la physionomie du pays
une beauté et un charme iBexprimahles. On compte
50 rivières que l'art et la nature ont rendues naviga-
bles, dont la plus re;iiarquable est la célèbre Tamise,
l'orgueil et la richesse de l'Angleierre : cette belle
rivière, couverte «ans cesse de floues nombreuses,
offre aux yeux du spectateur des forêts impénétra-
bles de mais; laSevern,la Medway, laTrent, l'Ouse,
la Tyne, le Wear, la Mersey, la Dee, l'Avon , l'E-
den et la Derweni sont les autres principales rivières.
Pour les lier on a conçu et exéc !lé un vaste plan de
navigation , afin d'ouvrir par des canaux de faciles
débouchés dans l'intérieur, el transporter des points
les plus éloignés, à la mer, les productinns des fa-
briques, et réciproquement de la nier dans l'intérieur
les denrées des colonies. Ils rendent aussi les com-
munications promptes avec la métropole, centre de
tout le conmierce de la Grande-Bretagne. Le duc de
Bridge-Water et Crindley furent les premiers qui exé-
cutèrent les plus grands travaux. On remarque le ca-
nal de Lancasire, de 100 kil. de long; celui deLeeds,
deliO kil.;celui du Grand-Tronc : celui delaOrande-
Jonftion, qui unit les nombreux embranchements du
centre du royaume avec la capitale, se réunit à telui
de Grand Union. La ligne de navigation intérieure
entre Londres et Liverpool est de 580 kil. Elle offre
AS embranchements, qui ont entre eux un dévelop-
pement de 1520 kil.
Parmi les lacs d'Angleterre, peu nombreux et peu
considérables, les principaux s ^nt ceux des comtés
de Cumberland, de Westmoreland et de Lancastre,
tels que le Winandermere, le Bassenwaiihe, le Co-
nistone, le Hawes et le Derwent. Ils contribuent à
embellir les paysages, en offrant des tableaux agréa-
bles et sublimes de la nature. On y voit peu de ma-
rais et d'étangs. Ce pays renferme beaucoup de sour-
ces d'eaux minérales dont les habitants font un grand
usage. Parmi les plus célèbres on distingue celles de
Baih, Bristol, Chelienham, Epsom,llarrowgaie,Ma
llilock, Scarborough, Tunbridge. On eu trouve dans
tous les comtés.
Le sol varié de l'Angleterre offre diverses espèces
de terres, dont les principales consistent en argile,
glaise loam ou terre forte el compacte, qui approche
de nos terres de Brie et de la Beauce ; sable, chaux,
gravier et tourbe. On distingue deux espèces de ter-
rains argileux, la brune foncée, profonde et fertile ;
la pâle, peu féconde, el d'une moindre profondeui.
Celte dernière domine particulièrement dans ce
pays. Il y a plusieurs sortes de loams : le fort loam,
formé en géuéral d'argile^ le loaui, moins iscace ; le
loam calcaire et le sablonneux. On ne trouve point
de sable pur et de chaux dans ce pays ; il a deux es-
pèces de terres graveleuses, le gravier jaune, peu fer-
tile, el le brun, plus fécond. On rencontre la tourbe
et les terrains marécageux dans les districts du nord
de l'Angleterre, et quelquefois au sud. Les habitants
ont considérablement amélioré leur sol par les pro-
grès qu'ils ont faits dans l'agriculture. La plupart des
seigneurs et gros propriétaires résident l'été daus
leurs terres, exploitent souvent des fermes d'une
grande étendue, et encouragent les améliorations ru-
rales. Cependant on compte sur la surface du terri-
toire de 52 à 36,000 acres, près d'un tiers d'incultes,
dont 5000 pourraient être livrées à l'agriculture.
La situation de l'Angleterre, baignée de trois côtés
par la mer, l'expose à de grandes variations de tempé-
rature occasionnées par l'opposition continuelle des
vapeurs humides de l'océan Atlantique avec les venls
secs du continent européen. Cependant elle jouii d'un
climat très-doux; les venls de mer tempèrenl les ri-
gueurs de l'hiver el les chaleurs de l'été. En revan-
che l'air est très-humide, épais, souvent sombre et
chargé de brouillards, ce qui, joint à l'inconstance
de l'atmosphère, le rend malsain pour les étrangers
et pour les constitutions délicates des habitants :
quoique très-favorable aux prairies et à cette ver-
dure presque perpétuelle qu'il entretient, il cause des
fièvres, des rhumes, des catarrhes qui tournent en ma-
ladies mortelles, appelées consomptions ou phihisies,
qui forcent beaucoup d'habitants de toutes les classes
d'aller chercher dans les pays étrangers, et surtout
dans le midi de la France, le rétablissement de leur
santé. Les côtes occidentales sont souvent inondées
de pluies, el les vents d'ouest et sud-ouest y souf-
flent avec une très-grande violence. On ne remarque
dans ce royaume que deux saisons, l'hiver, de huit
mois, et l'été. Mars offre le plus d'inconstance. Des
venls impétueux et des ouragans versent à la l'ois
la grêle, la neige et la pluie. Il y gèle peu. En mai le
pays est souvent couvert de givre au lieu de la pre-
mière verdure. On éprouve quelquefois dans les pre-
miers jours dejuin le même froid qu'eu décembre, et
d'autres fois le thermomètre s'élève aussi haut qu'eu
Italie Très-souvent les récoltes sont détruites paf
les vents d'est qui dominent eu mai. .Anùi même a
ses vicissitudes de chaud et de froi.l. En septenibra
et octobre on jouit des deux plu.<» agréables luuis de
180 GÉOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
IV.niiée. Le climat influe beaucoup sur le carac- gcm beaucoup de vi.iiu!
(ère des hahilanls.
L'Angleterre recueille une grande quantité de
gr.iiiis de toute espèce; mais le blé ne ^ufût pas à la
cinisomination. Dans toute la partie orienialij du
SDUthampton, au comté d'ïork, on cultive générale-
ment le froment. Au nord on en voit moins. On pré-
fère semer l'avoine et l'orge qui abonde en ce pays,
dans les comtés deSutfolk, de Cambridge, de Sou-
Ihampton, où elle sert à la fabrication de la drècbe
pour la bière. On récolte le sarrasin dans le Norfolk.
La pomme de terre sert ég:dement à la nourriture
de l'homme et des bestiaux. Elle entre pour moitié
dans le pain anglais, qui est très-lourd. L'buniidité
du climat rend très-commune la maladie connue
sous le nom de rouille des végétaux. Indépeudam-
jncnl des grains, le sol fournil beaucoup de plantes
potagères , surtout navets, lurneps, légumes, et
toute espèce de fourrages et praiiies artilicielles ,
singulièrement favorisées par la douceur de l'biver.
Le houblon prospère beaucoup dun^ les comiéi de
Kent, Surry, Essex et Hanips; il croîi à 7 ou 8 pieds
de liaui, et sert à la fabrication de la bière. Le lin
ne fournit pas assez pour la consommation ; on lire
la graine de 11 Hollnnde, de Kiga et de l'Amérifiue.
C'.lle du pays sert à faire de l'huile. Le chanvre ne
réussit pas eu Angleterre.
On élève beaucoup de voliillej, des oies, des ca-
nards. La perdrix, la caille et les autres oiseaux de
l'Europe tempérée y sont communs. Peu de pays
sont aussi bien pourvus de poissons de mer et de ri-
vière.
On trouve les mines de houille dans le nord et le
sud-ouest. Elles fournissent l'unique chauffage eu
usage dans le pays, et servent aussi à exploiter, par
le moyen des machines à vapeur, les nombreuses
mines de fer répandues partout et dans leurs envi-
rons. Les comtés de Devon, Somerset, (lumberland
et vie Derby abondent en mines de plomb. Anglesey,
les comtés de CornouaiUes, d'York et de Siafford
possèdent de riches mines de enivre. Celles d'étiin
de CornouaiUes sont inépuisables; le Devon en four-
nit aussi. Les montagnes renferment cobalt, ciila-
mine, linc, arsenic, antimoine, bismuth, manganèse.
On en tire aussi l'ocre, la terre à foulon, l'argile à
potier, le kaolin pour la porcelaine, du marbre, des
pierresde taille, des pierres à rusil.(n y fait les célè-
bres crayons anglais avec le graphite (mine de plomb);
on le tire de Borrowdale, dans le comté de Cumber-
land ; c'est le meilleur. Les comtés de Chester et
de Norfolk recèlent des mines de sel gemme. Il y a
aussi des sources salées. Les mines sont pour l'An-
gleterre un objet bien moins important par leur pro-
duit, quoique très-considérable, que par l'aliment
qu'elles fournissent à l'industrie nationale.
r.es Anglais sont grands, forts, agiles, bien faits,
et d'une belle carnation. Ils ont le leinl blanc . les
chevo-ux blonds ou roux, plutôt que châtains et noirs.
La ■ uisine est aussi simple que le costume. Ils man-
490
surtout du bœuf rôti,
ronst beef, et de pommes de lerre. Ils habitent des
maisons commodes et jolies, où brille la plus grande
propreté. Les personnes des classes distinguées de la
société boivent beaucoup moins qu'autrefois après
le repas. Les gens de la basse classe remplissent
continuellement '\es nonibreuses tavernes où ils
s'enivrent de porter (forte bière); ils boivent aussi
beaucoup de liqueurs fortes , rhum , genièvre, pour
chasser leur mélancolie et dissiper l'engourdissement
occasionné par un air lourd, humide. Ces insulaires
excellent dans les arts mécaniques, et sont les meil-
leurs marins de l'Europe. Leurs divertissements
sont les spectacles, redoutes, mascarades, concerts,
dan-e, jeux de carte , société de table, chasse, pê-
che, courses de chevaux, combats de coqs.
« Leur caracière , dit Baert dan^ son Tableau de
la Grande-Ëretarjne, est sombre , brusque, réfléchi ;
l'éducâiion publique, presque entièrement la même
pour le> l'Cisonnes de tous b-s rangs au-dessus de la
classe inférieure du peuple, enirelienl dans le pre-
mier .'ige l'uniformilé qie modifie par la sniie une
constitution mélangée de monarchie , d'aristocratie
et de démocratie. Une grande diversité de religions
et de sectes, et un genre de vie retirée et solitaire;
l'orgueil et la fierté, qui tiennent à l'esprit delibiTté
et d'égalité, bases de la constitution, portent toutes
les classes de la société à un esprit d'imiiaiion qui ,
dans ce pays, est infiuimeut plussensibleqn'aillenrs,
qui s'aperçoit dans toutes les actions de la vie , et
qui donne In'uà une granile consommation, l'une des
causes les plus puissantes de la prospérité nationale.
11 est difficile de distinguer parmi les hommes :!u-
ctine classe de la société à l'habit; tout le nionde
est vêtu de la même manière. L'habillement de»
femmes riches , beaucoup moins simple, et d'une
grande propreté, n'en est pas moins généralement
imité les jours de fête par toutes les personnes au-
dessus du commun, et même par celles des classes
inférieures. Les mendiantes ont de longues robes ,
les servantes, les paysannes ne sortent jamais sans
un chapeau de soie noire ou verte. L'habitant des
campagnes n'est pas dans son genre plus mal vêtu
que celui des villes; seulement son babil, d'une
étoffe plus grossière, est moins bien fait. On iiionle
beaucoup à cheval , et tout le monde veut avoir des
chevaux. Le luxe des équipages est extrêmement
répandu. A l'exception dequi'lquesgrands seigneurs,
ou est logé et meublé d'une manière uniforme et
assez simple.
I Ce qui rompt le plus l'uniformité dans la ma-
nière d'exister, c'est le grand nombre de domesti-
ques, de chevaux et d'équipages que les grands sei-
gneurs ou les hommes opulents ont seuls le moyen
d'entretenir. Peu de peuples mènent une vie plus
monotone que les Anglais , et plus propre à nourrir
le caractère particulier qu'ils ont reçu de la nature.
Le« femmes, occupées de leur ménage et de leurs
enfants, vivent beaucoup daus leur intérieur. Ras-
j9i DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 192
Stmblent-elles quelque société, il y règne un ton de rougisse moins d'en oflrir et d'en recevoir. L'argent
réserve de roideur , une sorte d'étiquette fort en- y donne beaucoup d'influence et d'iniiioriancc : il
nuveuse. D.ins la vie sociale comme dans la vie do- ouvre l'entrée du parlement, et conduit même à la
iniestique , la taciturnité isole tous les individus. Par pairie. La pauvreté y est méprisée en raison de l'es-
un contraste reniarqu.able , nulle part l'enfance n'est lime qu'on a pour les richesses ; c'est ce qui faisait
plus beureuse, nulle part elle n'éprouve moins de
contrainte; on a soin de ne pas trop b.âter son édu-
cation morale. Vers donze ans on envoie les gar-
çons dans un collège ou dans un pensionnat, où ils
jouissent de beaucoup de liberté, se livrent à des
exercices violents, comme le sont tous leurs jeux,
montent à cheval le plus souvent qu'ils penvc nt, vi-
vent toujours entre eux, et prennent des mœurs,
des manières uniformes et un air rustre et gauche.
En sortant de l'université, les plus riches voyagent
avec les gouverneurs qui ont soigné leur éducation.
Malgré les vices de celte éducation, il existe en An
dire à un ministre étranger : < Partout ailleurs la
pauvreté est un vice; ici c'est un crime. > La crainte
de paraître pauvre et méprisable engage souvent à
faire une dépense au-dessus de ses moyens, cl con-
duit à des dérangements de fortune. Malgré sa brus-
querie, l'Anglais n'est pas cruel; rarement on le voit
battre les animaux. Il s'oppose à ce qu'une personne
en maltraite une autre en sa présence. L'orgueil na-
tional est la qualité dominante de son caractère. Les
Anglais se croient la première nation du monde, la
seule libre, spirituelle , puissante, généreuse et ca
pable de faire de grandes choses, ils ne trouvent
gleierre une grande masse de lumières. La classe bien que ce qui est chez eux. Ils méprisent même
moyenne ne laisse pas de lire beaucoup; chacun
dans son état s'eiïorcc d'acquérir de celle manière
l'instruction qui peut lui donner de la supériorité
sur ses rivaux. Grâce aux écoles paroissiales, à
celles du dimanche et à celles qui ont été établies
d'après l'enseignement professionnel , le nombre
des personnes qui savent lire augmente tous les
jours.
I On attache assez communément l'idée de sen-
timenls tendres au caractère des Anglais; cepen-
dant il n'y a pent-êlre pas de |iays où l'égoïsme soit
plus général. Le sentiment y est tout dans les ro-
mans ou dans la lèie des femmes. Tous les jours on
s'y sépare avec la plus grande indifférence des per-
sonnes les plus chères. On ne peut s'empêcher de
reconnaître de la cupidité dans le caractère de» An-
glais : on la retrouve partout , même dans leurs
plaisirs, dans la manie des paris , qui se mêle à tout,
et qui est portée à un >\oint dont il est difficile de se
faire une idée : c'est l'orgueil, et une sorte de sus-
ceptibilité dont il est le principe, qui multiplient
dan= la classe supérieure les combats au pistolet ,
et dans la classe inférieure les combats à coups de
poings, ou pugilat, box. Ces derniers sont d'autant
plus communs qu'ils ont pour molif soit la répara-
tion d'une injure, soit un défi ou un pari. Ils rappel-
lent, et par leur cruauté sanguinaire, el par le cou-
rageux sang-froid des combattants, et par l'impassi-
bilité des spectateurs , les combats atroces des gla-
diateurs de l'ancienne Rome.
I L'esprit spéculatif, froid elmélhodique qui rend
les Anglais taciturnes et égoïstes, et leur lait tout
rapporier à leur intérêt personnel, tient à la nature
de leurs richesses, aux nombreux capitaux disponi-
bles qu'ils ont dans leurs poriefeuilles, à leurs opé-
raùons commerciales, et à leur manière de vivre
seuls ou entre hommes, qui les met à même de
s'oeciiper continuellement de leurs affaires, sans en
être distraits par les plaisirs et la mollesse que donne
la société des femmes. Il n'est pas de pays au monde
où l'on connaisse mieux le prix de l'argent, où l'on
les Ecossais, et encore plus les Irlandais.
« Celle prétention à la supériorité, qu'ils ne clier-
chent même pas à déguiser chez l'étranger, en exci-
tant leur courage et leur industrie, n'a pas peu con-
tribué peut-être aux succès et à la prospérité de
leur pays. C'est sans doute la raison qui a empêché
les écrivains moralistes et les philosophes de l'An-
gleterre d'en combattre le ridicule , et qui porte les
orateurs du parlement , les auteurs dramaiiques et
les journalistes, a nourrir , au contraire, ces senti-
ments hautains. >
C'est ce qui a produit chez les Anglais l'esprit pu-
blic qui les distingue. Ils sont braves, intrépides,
généreux, très-francs, et, malgré leur froideur,
obligeants. Ils ont l'esprit élevé et subtil, et le juge-
ment excellent. Leur commerce est sûr; ils n'ac-
cordent ni ne retirent facilement leur ailacheinent
et leur confiance. Enfin il est peu de nations qui
monireiii un intérêt plus général et plus vif pour
toui. ce qui est grand.
Les Anglais ont porté it leur perfection toutes les
espèces de manufactures. Ils sont parvenus à sim-
plifier le mécanisme de leurs travaux, de telle sorte
qu'ils vendent à l'étranger meilleur marché que les
fabricanis des autres pays. Les manufactures d'é-
toffes de laine les plus considérables sont d'une
grande beauté et d'un produit immense. Elles con-
sistent en draps de tous les genres , couvertures,
droguels, crêpes , lapis communs. Les comtés de
Wilis et de Somerset fournissent les draps fins dont
les plus beaux sont du comlé de Bedford et les
gros draps dans le Wesimoreland ; celui de Gloces-
ler teint le mieux en noir; le cotulé d'York fabrique '
les draps légers, diverses étoffes de laine, couver-
tures ; on estime à dix-huit millions de quintaui h
qiiauiiié de laine employée dans les manufaeiures.''
La filature et la fabrique des colonnades ont alieintli
le plus haut point de perfection. Les prodints sontli
des velours de toutes façons, des toiles, mousselines,'
batistes, tulles, étoffes de fantaisie. On connaît la!
bonne qualité du fer, de l'acier, du cuivre anglais,'
193
fcÉOGRAPHlE DES LEGENDES AU MOVEN AGE.
10»
qui trouvent de giaiids débouchés ; de nombreux
ateliers se livrent à la fabrication de la coutellerie,
du plaqué, de la quincaillerie et des armes de tout
genre. On fait à Bradiey, Birmingham, Seheffield
et dans d'autres villes, depuis des ancres et des ca-
nons jusqu'à des épingles. On estime à 20 millions
sterling (500 millioBS de France) leur produit an-
nuel. Les Anglais commencent à approclier de Lyon
pour la soierie, dont les principaux .ateliers sont à
Spiialfields, dans Londres et le comté de Derby; on
fait les rubans à Covenlry ; les bas, les gants, les
voiles et les dentelles à ISoilingliam; les toiles de
lin et rubans de fil à Manchester et environs, qui
sont aussi le centre de la fabrique de colonnade,
comme Rouen l'est de la France; la toile à voile à
Warrington ; les bas de coton dans les comtés de
Derby, Leicester, et surtout dans celui de Noltin-
gbani. Les tanneries sont très-nombreuses dans ce
pays ; le cuir offre une solidité jointe à un air de
propreté qui le fait [rechercher des étrangers, sur»
loui les liges de bottes et les cuirs de semelles. Le
comté de Worcester fabrique une grande quantité
de souliers; on estime beaucoup la sellerie anglaise.
On fait en Angleterre de beaux papiers pour im-
pression. La poterie est d'une grande importance
par la consommation prodigieuse qui s'en fait à
l'intérieur et chez l'étranger. Les verreries sont fort
répandues dans le nord, aux environs de Newcaslle,
Sunderland , Liverpool , Stourbridge, Bristol et à
Londres même. On vante les cristaux pour la beauté,
la blancheur et pour leur poli inimitable. On fabri-
que de superbes instruments d'opti<|ue. L'horlogerie
a fait aussi de grands progrès. La bière anglaise est
supérieure à celle des autres pays de l'Europe ; il s'en
consomme annuellement pour plus de 4,000,000
livres sterling (100,0i)Ô,00û de francs). Les Anglais
estiment leur aie à l'égal du vin ; il y a encore le
porter el le double porter qui sont irés-prisés : on dis-
tille des liqueurs spiritueuses de grains, de pommes
de terre, de betteraves.
En conséquence de la prodigieuse extension des
manufactures anglaises, leur produit a outrepassé
de beaucoup les besoins de l'intérieur, et on a cher-
ché à en exporter l'excédant dans l'étranger ; ce su-
perflu a été si considérable, qu'il a servi d'aliment à
un commerce immense avec tous les pays du globe;
c'est pourquoi l'Angleterre exporte de l'étranger les
matières premières propres à ses fabriques, pour re-
vendre au dehors manufacturées celles qui ne sont
■pas de débit chez elle. Elle tire du nord de l'Europe,
principalement du Danemark, de la Russie, de la
Suède, de la Pologne, de la Prusse, fer, soude, bois
de construction, cire, miel, grosse toile, poix, po-
tasse, goudron, suif, blé; elle donne en retour quin-
caillerie, colonnade, lainage, plomb, élaln, charbon,
poterie, verrerie, sucre raffiné, café, tabac, dro-
gues, étoffes teintes : elle importe d'Allemagne blé
•ire, miel, toiles, chiffons, peaui, bois de consiruc
lion, vins ; de la Hollande, genièvre, fromage beur-
re, chiffons, cire, miel, graines de trèfle, garance,
luzerne, blé, lard ; de la France, vins, eau-de-vie,
dentelles, b:iiiste, linon, soie, modes ; de l'Espagne,
du Portugal et de l'Italie, barille, soufre, huile, co-
chenille, fruits, laine, liège, bois de teinture, vins ,
eau-de-vie, soie , drogues, gomme : elle fournit en
échange à ces pays, colonnades, lainages, quincail-
lerie, poterie de terre, soieries, raotjires, denrées des
deux Indes, et généralement le produit de ses plus
belles manufactures. Ses imporlaiions de la Turquie
consislenl en lapis, drogues pour teindre; elle doiiHO
en retour cnton, quincaillerie, étoffes de laine, mon-
tres el productions des deux Indes.
L'Angleterre tire de l'Amérique septenlriona'e fa-
rine, provisions, mâts, bois de construction, coton,
laine, tabac, riz, goudron, poix, cendre propre au
savon, indigo, fourrures; elle donne en retour lai-
nages, cotonnade, quincaillerie, poterie, livres, toile,
plomb, souliers, chapeaux; elle exporte du Brésil ,
coton, laine, peaux , cochenille, bois de campéche ,
indigo; des Indes occidentales, sucre, rhum, café,
poivre, gingembre, indigo, drogues, coton ; des Indes
orientales, de la Chine et de la Perse, thé , épiées,
soie brute, mousseline, nankin, sucre, indigo , gi-
rolls, opium, vif-argent, drogues, gomme, riz, sal-
pêtre; elle fournit en retour à tous ces pays les plus
beaux produits de ses fabriques.
Les Anglais ont élabli des colonies dans les cinq
parties du monde, en Europe, en Asie, en Afri(iue,
en Amérique et dans h Nouvelle-Hollande et iles
voisines. Ils ont, en Europe, Gibraltar, l'ile de
Malte et les îles Ioniennes. Ils possèdent, en Asie ,
tout l'Hindoustan , la presqu'île de Malakka et l'ile
de Ceyian dans l'océan Indien.
En Afrique , plusieurs établissements sur la côte
de Guinée, le cap de Bonne-Espérance, l'ile de Sainte-
Hélène, dans l'océan Atlantique , leur sont soumis.
Leur empire, dans l'Amérique septenti ionale, com-
prend la Nouvelle-Bretagne, le Canada et la Nou-
•velle-Ecosse ; l'ile de Terre-Neuve, l'Ile de Saint-
Jean , l'ile Royale, les Bermudes et les Lucayes ,
dans l'océan Ailanii(iue ; les îles de la Jamaïque, des
"Vierges, de l'Anguille, de Saint-Chrisloplie, de Nevis
ou Nièves, d'Aniigoa , de Montserral, de la Domini-
que, de Saiiii-Vincent, de la Barbade, de la Grenade,
de la Trinité , de Sainte-Lucie et Tabago, dans le
golfe du Mexique. Les Anglais possèdent encore
dans l'Amérique méridionale plusieurs établissements
sur la côte des Osquitos et la Guyane dite an-
glaise.
La langue anglaise est composée de presque toutes
celles de l'Europe. Il y a en Angleterre deux uni-
versités, celles d'Oxford et de Cambridge. La pre-
mière compte vingt collèges et six halls (sallor) ,
celle de Cambridge dix-sept collèges. Tous ces éta-
blissements sont bien dotés. La société royale de
Londres jouit d'une grande célébrité.
La Grande-Bretagne a produit et possédé des
liomnies illustres dans tous les genres. Le nombre
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
195 .
de ses navigateurs et de ses voyageurs, qui ont con-
tribué aux progrès des sciences géographiques ,
est innombrable. Saint Eihelbert, saint Eilieired ,
saint Edmond ei sainl Edouard figurent parmi ses
rois. L'infortunée Marie Stuart, reine d'Ecosse, res-
tera dans l'histoire la taclie sanglanie du règne
d'Elisabeth, comme Fisher, précepteur d'Henri VUI,
mourant sur l'éibafaud à 80 ans , à cause Je sa
résistance au schisme de ce tr'rrible Tudor, demeu-
rera un (i|iprobre éternel pour sa mémoire. Saint
Dunstan, saint Augustin, le vénérable Ëède, saint
Thnnias de Caniorbéry, eic, sont célèbres dans les
annales de l'Eglise taiholiqne d'Angleterre. Les éci i-
vains, tant catholiques que protestants, qui nul éciit
sur l'histoire ei l'aniiquiié de la Grande-Bretn^ee,
depuis Bède jusqu'à l'historien Lingard , sont très-
nombreux. Sous le règne d'Elisabelh parut le poêle
tragique Sliakspeare, que les Anglais ont nommé
ctiiiin. Ilobbes vivait sous le même règne.
Jacques l'"' encouragea la culinre des sciences et
des lettres : il donna la place de chancelier au cé-
lèbre Dacon ; il protégea Cambden et d'autres habi-
les antiquaires.
Charles I*'' eut du goût pour les arts, paniculiè-
renieni pour la peinture, la fculf tuie et l'architec-
ture : il protégea Rubens , Van-Dyck , et d'autres
artistes célèbres. Le duc de Biickingham, son favori,
dépensa plus de dix millions en tableaux et en autres
objets rares. Le comte d'ArnnJel acquit beaucoup
de monuments antiques, dont les plus précieux sont
des marbres qu'il fii transporter de la Grèce, et qui
marquent les principales épogues de l'histoire
d'Athènes.
Pendant les guerres civiles et l'ioterrègne qui les
suivit, les sciences, les lettres et les arts n'eurent
guère d'encouragement : néanmoins Usser, Walton
et d'autres savants furent respectés et même favo-
risés de Cromwell.
Le règne de Charles II fut marqué par les grands
progrès que firent les sciences, les lettres et les arts,
et par l'institution de la société royale. Ce règne
présente à la poslérilé les noms de Bayle. Sidney ,
Halley, Sydenham, Ilarwey, Temple, Tillot-on ,
Barrow, Cowley et Dryden. Le Paradis perdu de
Milton parut à cette époque. L'éloquence de la
cIiai.''C acquit plus de gotii et de majesté. Wren in-
troduisit dans l'architeciure une régularité inconnue
avant lui. Le règne de Gullinime III dut sa sjlnire à
Newton, à Locke et à Burnet. Addison, Pope, Swift,
Stcele et une foule d'autres écrivains en prose tt en
vers parurejit sous la reine Anne. Sous le règne de
Georges I*' et de ses successeurs, les sciences , les
lettres et les arts ont été portés par les Anglais à
une grande perfection : on en peut dire autant de
Tagriculture et de la mécanique. Il faut pourtant
convenir que l'éloquence de la chaire cl celle du
barreau n'ont jamai> été cultivées eu Angleterre avec
un succès brillant. Mais par conipensaii' n elle a ses
peintres, ses graveurs, ses architectes, ses siatuai-
196
res. C'est à Christophe Wren qu'on doit Saint-Paid.
Parmi les peintres on cite Hogarili poiir l'originalité
de sa touche, Reynolds pour rii.sioirc et les px)r-
Iraiis, Gainsborough et Wllson pour le paysage. La
gravure doit beaucoup à Slrange , Woollet et Wntl-
lidgc. Lord Byron, .Moore, Walier Scott, o;.t jeté un
grand éclat sur la littérature contemporaine de la
Grande-Bretagne. Le dernier surtout l'a popularisé;
dans toute l'Europe, cl il a plus fait connaître l'Ecosse
par ses ouvrages que tous les auteurs qui jusqu'alors
avaient écrit sur ce pays.
Les Bretons, premiers habitants de l'Angleterre,
obéirent aux Romains depuis le commenceineut de
l'ère chrétienne jusqu'au milieu du v« siècle, et fuient
alors cha'-sés de leur pays par les Angles et les Sa-
xon-, qu'ils av:.ierit appelés d'Allemagne à leur se-
cours contre lesPicles, peuple sauvage de l'Ecosse :
une partie se retira dans le pays de Galles, et l'auire
pariie dans une province de la Gaule, qui prit de là
le nom de Bretagne.
Les Angles ei les Saxons fondèrent dans leur con-
quête sept luyauiues particuliers, qui subsistèrent
jusqu'en 80i : c'est ce qu'on appelle VHeplarcliie.
En 801 ces royauiues furent réunis sous un seul roi,
nommé Egberi, qui descendait des Angles, et qui or-
donna que tout le pays porterait dans la suite le nom
à'Anglelerre.
Les Danois, après avoir ravagé l'Angleterre pen-
dant plus de iOQ ans, s'en emparèrent sous le roi
Canut en 1Ûi7 ; mais leur règne ne fut pas long, et
ils furent bientôt chassés par les Normands. En 1042
Edouard le Confesseur, de la race d'Egbert, remonta
sur le trône avec le secours de Guillaume le Bâtard,
duc de Normandie, auprès duquel il s'était retiré ; et,
n'ayant pas d'enfants quand il mourut, il choisit ce
prince pour son successeur. En 10t>6 Guillaume, sur-
nommé depuis le Conquérant, descendit en Angle-
terre avec une puissante armée, attaqua les Anglais
à Hastiiigs, et, par une seule bataille, se rendit maî-
tre de la couronne. Ce sont encore des princes issus
de son sang par les fdies, qui régnent dans ce pays.
Après la mort des deux fils de Guillaume, qui lui
succédèrent, savoir : Guillaume le Roux et Henri l''^
la couronne passa par Alix, sa fille, dans la maison
des comtes de Blois, et peu après dans la maison
des comtes d'Anjou, par Mahaut, fille d'Henri !«'.
Henri 11, fils de Mahaut, et premier roi delà maison
d'Anjou, unit à l'-Angleierre l'Anjou, le Maine et la
Touraine,qulJte;iaitdeS'jn père; el ensuite la Guien-
ne, la Saintonge et le Poitou, qu'il acquit par son
mariage avec Eléonore, fille du dernier duc d'Aqui-
taine. Ce fut aussi sous son règne que l'Irlande fui
soumise à l'Angleterre.
Les descendants d'Henri II ayant formé les deux
branehesdeLancastre el d'Yoïk, il s'éleva entre elles,
en 1461, de grandes disputes au sujet de la couronne,
L'Angleterre se partagea en deux factions, qui prv
renl les noms de Rose-rouge et de Rose-blanche 'jet
1
lf)7
pendant 25 ans elle fut livrée à îles giieires civiles
Irès-criielles. Enfin les divisions cessèrent en 148.';,
par le mariage d'Henri VII, de la maison de Lan-
casire, avec Elisabeth, liériiièie de la maison d'York.
Henri Vllf, né de ce mariage, se sépara de l'E-
glise romaine à cause de son divorce qu'il ne put
ubienir du pape. Edouard, son Hls, introduisit en
Angleterre la religion réformée. Marie, sa fille ainée,
qui succéda à Edouaid, rétablit la religion eatlmli-
que; et Elisabeth, sa seconde ûl!e, qui succéda à
Marie, mit la religion réformée sur le pied où elle
est aujourd'hui.
Aprèi Elis.ibelli, qui mourut fdie en 1603, Jacques
Stuari, roi d'Ecosse, sixième du nom, devint roi
d'Angleterre par les droits de sa mère, qu'Elisabeth
avait fait décapiier ; il réunit par là les trois royau-
tnes, et prit le litre de roi de la Grande-Bretagne et
d'Irlande. Charles, son (ils, qui lui succéda, fut déca-
pité en 16-49, après avoir élé défait par Cromwel.
Celui-ci gouverna ensuite pendant dix ans sous le ti-
tre modeste de proiecleur, mais avec l'autoriié d'un
monarque absolu. A sa mort les Anglais rappelèrent
le (Ils de Charles !«■■, qui s'éwit réfugié en France,
et qu'on nomma Charles II. Son frère Jacques 11 lui
succéda; mais il fut chassé en 1688, après trois ans
de règne, peur son atlachement à la religion catho-
lique; et la couronne fut donnée à Guillaume, prince
d'Orange, qui avait épousé Marie, sa (ille ainée. Anne,
seconde fille de Jacques II, succéda à Marie sa sœur;
mais étant morte sans enlanis, la couronne passa, en
1714, dans la maison du duc de Brunswick, électeur
de Hanovre. Celle branchede la maison de Brunswick
desceid de Guillaume, second fils d'Ernest, duc de
ZfWe, mort en 1546. Elle porta le nom de Bruns-
wi(k-Lunebourg, ou Hanovre. Ernest- Auguste, petit-
fils du fondateur de cette ligne, fut élevé en 1692 au
rang d'électeur. Il épousa Sophie, fille de Frédéric V,
électeur palatin, et d'une fille de Jacques h', roi de
la Grande-Bretagne. C'est à ce mariage que la maison
de Hanovre doit la couronne d'Angleterre. George-
Louis, qui en était issu, succéda, le 31 octobre 1714,
sous le nom de George I", à la reine Anne, fille de
Jacqiesll, par acte du parlement, comme le plus
proche (lérilier du roi détrôné, Jacques II, dans l'or-
dre delà succession protestante, les héritiers catho-
liques étant à jamais exclus par le même acte. On
voit que la parenté de l'électeur George était fort
éloignée et même fort indirecte. La maison de Savoie
se trouvait éire l'héritière la plus proche dans l'or-
dre de succession catholique. Le nouveau roi George
transmit à ses descendants la monarchie britannique
et son électoral de Hanovre. En 1815, par suite des
acies <!u congrès de Vienne, l'éleciorai fut érigé en
royaume. Depuis l'avènement de la reine Victoria au
Il ôiic d'Angleterre, le royaume de Hanovre est séparé
de l'empire brilannique, les femmes étant exclues
delà couronne.
La Grande-Bretagne était chrétienne depuis le ii«
siècle, quand, au v», les Bretons appelèrent à leur
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU .MOYEN AGE.
secours contre les Pietés
1S8
les Angles et les Saxons
encore païens. Il y avait trois métropoles, Civiias
Legionum, Caerléon, dans le pays de Galles, Ebora^
cum, York, pour lont le nord du pays, et Londbium,
Londres, pour l'est et le sud. L'Heptarchie mit la
Bretagne en confusion, le christianisme s'y affaiblit,
et l'idolâirie reparut dans beaucoup de cantons, mal-
gré la conversion des Angles et des Saxons, qui
avaient fini par embrasser la religion des vaincus.
Lors de la mission du moine Augustin, le pape
saint Grégoire le Grand érigea Doroveriium vel
Cantvaria, Canlorbéry, en métropole, malgré les ré-
clamaiions du niéiropolitain d'York. De là vient la
suprématie que la première de ces villes s'est tou-
jours aitrihuée et qu'elle a conservée même sous le
protestantisme. Caerléon cessa d'cire métropole; ce
n'est plus aujourd'hui qu'une petite ville à demi rui-
née. Londres perdit également son titre, et resta un
simple évèché.
■ L'autre partie de la Grande-Bretagne, l'Ecosse,
demeura païenne plus lard que l'Angleterre. Elle
eut deux métropoles, Saint-André et Glascow. Ces
deux contrées, l'Angleterre et l'Ecosse, organisèreiU
beaucoup d'abbayes que l'on dota magniliquement,
trop magnifiquement même pour leur sécurité et la
stabilité de leur avenir. Caries belles propriétés at-
tachées à c< s établissements exciièrent, pendant loul
le moyen âge, l'envie et la convoitise des seigneurs
de la féodalité. Les bénédiciins, parmi les ordres
religieux, étaient les plus nombreux et les plus
riches. L'état de choses se mainiinl cependant, au
milieu des guerres civiles, jusqu'au schisme d'Hen-
ri VIII. L'épiscopat l'accepia assez facilement; il y eu!
plus de résistance de la part des monastères des
deux sexes, mais les persécutions de lout genre el
la raoït la comprimèrent. L'organisation ecclésias-
tique ne changea que très-peu. On conserva les dcus
métropoles de Cantorbéry el d'York avec leurs sulfra-
gants, en déclarant le chef de l'Eiai chef spirituel
en même temps de la religion. Les catholiques fu-
rent continuellement tracassés, inquiélés ei soumis
par le parlement à une législation airoce, qui reçut
son application jusqu'.nu commencement de ce siècle.
Elle tomba peu à peu en désuétude; ei en 1829, la
pu'ssance de l'opinion publique força le gouverne-
ment anglais à rendre aux catholiques leurs droit'; po-
litiques. Ils ont fait, pendant ces derniers temps, des
progrès considérables dans toute la Grande-Bre-
lagne.
L'Ecosse ne garda pas, comme l'Angleterre, l'épis-
copat : elle adopta Ip calvinisme pur, c'est-à-dire le
presbytérianisme sans évêchés, ni archevêchés. Il s'y
est fractionné en diverses sectes encr>re pins qu'en
Angleterre. H est salarié par l'Etat, tandis que
l'Eglise anglicane possède de riches el nombreuses
propriétés, prélève la ilime et perçoit un casuel assez
compliqué. C'est le clergé le plus opulent du moiidd
religieux aciuel, el son revenu surpasse celui de
tous les clerués réunis de l'Europe. L'archevéclié da
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
i99
Cantorbéry rapporte plus de 800,000 francs à son
titulaire. L'épiscopat-inglican fait partie de la cham-
bre des lords; on y voit ce que l'on appelle le banc
des évêques.
La liste des dissenler's ( c'est ainsi qu'on nomme
ceux qui sont en dehors de l'Eglise anglicane) est
lelleraeni longue qu'il nous est impossible de la rap-
porter ici. Les sectes les plus répandues sont les
presbytériens, les luthériens, les quakers, les métho-
distes et les anabaptistes ; les juifs sont en petit
nombre.
A l'article Empire r,RiTA:«NiQUE, nous donnerons
l'éial de l'organisation attuelle du catholicisme en
Angleterre et dans loutes ses possessions. Les trois
parties principales de la Grande-Bretagne, l'Angle-
terre (Engtand), le pays de Galles {Walcs), et
l'Ecosse (Sc-o(/aHd), se divisent en conilés, désignés,
pour la plupart, d'après leurs chefs-lieux.
Voici le tableau de ces comités avec leur popu-
bition en iS51 :
SCl)
CO.MTES.
POPILVTIO.N
en 1831.
CHEFS-LIEUX.
ANGLETERRE.
Comlés inarilimes de l'est.
Nonbnmberland. -223,000 Newcasile.
Durham. 253,700 Durham.
York. 1,571,461 York.
Lmcoln. .Ï17,400 Lincoln.
Norfolk. 390,000 Norwich.
Suffolk. 296,300 Ipswich.
Essex. 517,500 Chelmsford.
Comtés maritimes du nord.
Kent. 478,400 Cantorbéry et
Maidsione.
272,300
514,700
Chicester.
Winchester.
Sussex.
Southamplon ou Hamp
sliire.
Dorset. 159,400 Dorchester.
Devon, 494,403 Exeter.
Çornouailles ou Corn- 301,000 Launcesion.
wall.
Comtés maritimes de l'ouest.
Somerset. 412,500 Bristol-
Gloucesier. 58C,7t)0
Monmoutli. 98,200
Chesler ou Cheshire. 334,514
Lanrastre ou Lancashire. 1,333,800
Wesimoreland. 55,000
Cumberland.
Derby.
Notiingliam.
Leicesler.
Rutland.
Siafford.
Salop (lu Slirop.
Hereford.
Worcesier.
Warvick-
NorilMiiipton.
Huntingdon.
Cambridge.
Bedford.
Herlford.
Miildlesex.
i;uc'.,ingliain ou Bucks.
Oxford.
171,700
Comtés intérieurs.
236,900
Gloucester.
Monniouih.
Cbester.
Lancastre.
Appleby.
Carlisle.
223,400
197,000
19,490
410,400
222,800
110,300
210,400
537,600
179,507
53,100
143,200
95,400
145,300
1 ,358,200
146,400
Derby.
Noitingham.
Leicesler.
Okebau].
Siafford.
Slirewsbury.
Hereford.
Worcester.
Warwick.
Northampton.
Huntingdon.
Cambridge.
Bedford.
Hertford.
Londres.
Buikingliam.
Bcrks.
Wilts.
Surrey.
COMTÉS.
Total.
POPULATION
en 1831.
145,200
240,100
483,700
CBEFS-LIEDX.
Reading.
Salisbury.
Guildford.
13,086,673
PRINCIPAUTÉ DE GALLES.
Galles septentrionale.
Flint. 60,100 Flint.
Denbigh. 82,800 Denbigh.
Carnarvoii. 66,500 Carnarvon.
Anglesey. 48,300 Beaumaris.
Merioneih. 54,500 Dolgelly.
Monlgomery. 65,700 .Monlgomery
Galles méridionale.
21,700 Presleign.
47,800 Brecon.
64,700 Cardigan.
80,900 Pembroke.
109,800 Carmarthen.
126,200 Cardiff.
Radnor.
Breckuock.
Cardigan.
Pembroke.
Carmarthen.
Glamorgan.
Total.
803,000
ECOSSE.
Division septentrionale.
llesOrcades etSbeiland.
Caitliness.
Sutherland.
Ross et Cromarty.
58,259
31,.')29
25,518
74,858
Inverness.
94,779
division centrale.
Nairn.
9,534
Murray ou Elgin.
54,231
Banff.
48,604
Aberdeen.
177,855
Kincardine.
31,429
Angus ou For/ar.
139,604
Penh.
142,822
Aigyle.
101,423
Bute.
14,154
Dumbarton.
75,770
Slirling.
72,621
Clackmannan.
14,729
KInross.
9,072
Fife.
128,981
Division
méridionale.
Linlilbgow.
23,291
Edimbourg.
219,545
Uaddington.
56,145
Berwick.
54,084
Roxburgh.
43,6()3
Selkirk.
0,833
Pcebles.
10,578
Lanark.
516,790
Renfrew.
155,445
Ayr.
146,107
Dumfries.
35,211
Kirkcudbrighi.
40,590
Wigton.
36,258
Total.
Kirkwall.
Wick.
Dornoch.
Taint et Cro-
many.
Inverness.
Nairn.
Elgin.
Banff.
Aberdeen.
Bervie.
Forfar.
Penh.
Inverary.
Rothsay.
Dumbarton.
Slirling.
Clackmannan.
Kinross.
Cupar.
Linlilbgow.
Ediubol'rg.
Haddington.
Greenlaw.
Jcdburgh.
Selkirk.
Peebles.
Lanaïk.
Renfrew.
Ayr.
Dumfries.
Kirkcudbrighi.
Wiglon.
152,100 Oxford.
2,366,930
Le chiffre de la populaiion de la Grande-Bieiagne
était donc, en 1851, de 16,236,685 habitants. 11 est
en 1848 de 19,575,855.
Le mouvement progressif de la population de
la Grande-Bretagne a été, en 17 ans, de 3,119,150
habitants.
Au moment de la décadence de l'empire romain
cl (les invasions des peuples du Nord , on avait
constaté ei l'on a constaté depuis que les popula-
ioi
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. SÔ?
lions septentrionales s'accroissent dans une propor-
tion supérieure àcellesduMiiii. Nousn'avnns vu nulle
part une explicaiinn satisraisnnte de ce rii( que le
célèbre orienialisie M. de llamnier a constaté comme
nous. Ceci s'.ipplii|ue aux populations niéiidionales
de la r;ice blanche; car la rate noire, quoique tnut
entière sous les tropiques, se multiplie, comme l'a
remarqué le savant anihropologiste M. Serres, avec
une facilité extraordinaire; mais l'accroissement est
en qiieli|iie sorte anniliilé par les fléaux de tout
ge.re qui pèsent sur celte malheureuse race.
Briliniacum, Bretigny, paroisse de l'ancien dio-
cèse de Paris, maintenant de celui de Versailles,
canton d'Arpajon.arrond.deCorbeil, dépt.de Seine-
et-Oise, à 26 Lil. de Paris, poste aux lettres de Li-
nas. La population est d'einiroii 1100 habitants, y
compris plusieurs hameaux et habitations isolées.
Les principales productions sont en grains. Dans
plusieurs titres, Bretigny est appelé Briliniacum. Ce
village parait avoir été anciennement fermé de mu-
railles; au moins en voyait-on des vestiges dans le
milieu du siècle dernier. Il y avait deux piliers d'une
porte ronde dont le cintre est tombé depuis peu, et
quelques ruines de tours rondes qui défendaient
cette porte. Tout cela pouvait avoir été bâti dans le
temps des guerres delà religion, entre lo6tet loO-i.
Ce lieu est situé sur la rivière d'Orge, et bàii dans
une espèce de fond, arrosé de plusieurs ruisseaux et
ronlaines. Il y avait auliefois un élang assez grand
dont le lit est maintenant changé en pré, nommé
pour celte raison le pré de l'Etang. Avaut la révolu-
tion, Bretigny avait deux paroisses. L'église de St-
Pierre, qui est la paroisse actuelle, est à 3 ou 4
cents pas du village, sur le haut d'une butte. Le
cbœur tst d'une strucluiedu mii<^ siècle. La nef et
l'un des bas-côtés, depuis le clocher, ont été ajou-
tés, au xv« siècle, par le sieur Blossel, seigneur du
Plessis-Paté, dont les amies se trouvaient à la clef
de la voûte. On y voyait dans le sanctuaire, sur une
tombe, ces mots écrits en caractères gothiques du
XIII* siècle: M ons Nicolas de Freime, jadis chetatier,
qui trespassa On remarquait la tombe d'unedame
Anne de St-Berlhevin, qui a eu quelque célébrité.
La tradition du lieu porte que cette dame éiaii fort
pieuse, qu'elle pansait elle-même les malades, et
faisait beaucoup de bien aux pauvres ; elle fut mar-
raine d'une des cloches de cette paroisse. Elle mou-
rut sans enfants l'an 1&87 : son corps fut mis dans
110 cercueil de plomb et placé dans un caveau cons-
truit dans le chœur. Bien que le nom de la dame de
Berthevin eût toujours été en grande vénération, on
ne se souvenait plus dans quel endroit de l'église
elle avait été inhumée, lorsqu'on retrouva par ha-
sard le lieu de sa sépulture plus d'un siècle après.
Des ouvriers, travaillant dans l'église, découvrirent
deux cercueils de plomb, celui de celte dame et celui
de son mari. En soulevant ces cercueils, on fut
étonné d'en trouver un h en plus pesant que l'iiu-
Ire ; c'était celui de la dame IVrlhevin. La curiosité
DlCTiq.NMtRE DE GÉOGRAPHIK ECCL. II.
porta les assistants à les ouvrir pour voir d'où pou-
vait venir une différence si considérable dans leur
pesanteur. Du d'eux alla prendre cher lui un grand
ciMiteau de cuisine, avec lequel il de^souda les deux
cercueils. Ils ne trouvèrent, dans celui du mari,
qu'un peu de cendres. « Dans celui de la dame Ber-
thevin, dit Lebeiif, qui rapporte ce fait, ils trouvè-
rent son corps sain et eniier sans aucune corrup-
tion ; sa chair él.iit fraicheet vermeille comme si elle
eût été vivante; on tira un de ses bras qui était fle-
xible; on un mut, elle ne paraissait que comme en-
dormie; le ruban qui liait ses cheveux avait encore
conservé sa couleur, et n'était point gàlé : son lin-
ceul était un peu roux, mais du reste il était pro)>re
et eniier. Oa remarqua seulement que la défunte
avait le bout du nez un peu noir, comme s'il eùi été
meurtri, ce qu'on attribua à quelques coups que l'on
avait peut-être donnés à son cercueil en voulant l'ou-
vrir. > Le cercueil resta exposé pendant trois jours,
après lesquels on le remit dans son <aveau. Ou avait
fait poser, au-dessus de ce caveau, une pierre car-
rée, sur laquelle était gravée cette inscription :
c Cy gysl Anne de Berthevin, dame vertueuse de ce
lieu, dér.édée l'an 13S7, et trouvée entière ei sans
corruption, le 50 avril 1706... i Par la suite, M. da
■Vintimille, archevêque de Paris, la (il enlever. — La
seconde paroisse de Bretigny, qui est maintenant
supprimée et détruite, était bâtie au-dessous de la
butte sur laquelle est cousiruiic l'église de Si-Pierre.
Elle ét^it sous l'invocation de saint Philberl, et pa-
raissaitavoirétéconstruite sous leiègnc deLouisIX.
Le bâlinient, de forme nblongue, accompagné d'une
aile vers le midi, à côté du chœur, et les lolonnades,
élaienl dans le goijt du xiii» siècle. On conservait
dans celle église une portion des reliques d' saint
Pliilberl. — Les vignesqiie l'on cultivait à Bretigny au
xiii= et au xme siècle ne produisaient qu'un vin fort
peu estimé.
I Bretigny , village du diocèse de Chartres,
arrond. et camion de cette ville, dépt. d'Eure-et-
Loir, à 8 kil. sud-esl de Chartres. Ce village était
déjà du même diocèse, et de la paroisse de Sours,
avant la révolution. — Il est célèbre par un traité
de paix conclu entre la France et l'Angleterre, le 8
mai 136j, en venu duquel le roi Jean, fait prison-
nier à la bataille de Poitiers par les Anglais, oblin»
la liberté après quatre ans de captivité. Ce traité fut
signé dans un petit cliâieau qui sert aujourd'hui de
grange. L'armée anglaise était campée dans la plaine
située entre ce hameau , le village de Sours et celui
de Nogent-le-Phaye; elle y essuya un orage terrible,
accompagné de grêle d'une telle grosseur, qu'elle
tuait hommes et chevaux. On prétend que le monar.
que anglais, considérant cet événement comme une
punition du ciel, fit vœu, en tournant ses regards
vers l'église de Chartres, qu'il apercevait de son
quartier, d'accepter enfin la paix qu'il avait jusqu'à,
lors refusée. A la puis île Bretigny, toutes les terres
de celle plaine furent, eu mémoire de cet événe •
DlCTIOiNNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
203
ment, affranchies de la dime qu'elles payaienl alors.
Elles oui coniinué de jouir de celte exemption jus-
qu'au moment de la suppression totale des dîmes,
au commencement de la révolution. Plusieurs liis-
toriens et géographes, n'ayant point trouvé, ^ur les
cartes qu'ils ont consultées, un Breiigny près Char-
tres, se sont persuadé que le traité dont il s'agit
avait été fait entre Paris et Montlhéry, ce qui est
faux. Le Dretigny où la paix fut signée est celui-ci ;
il fait partie de la cora. de Sours-
Britogilum, ou Briiolium, Kretenil, petite ville du
diocèse de Beauvais, chef-lieu de canton de l'urrond,
de Clermont-Oise, dépt. de l'Oise, à 28 kil. nord-
nord-est de Beauvais, -2S sud-est d'Amiens, et 88
de Paris. Elle est située sur la rivière de la Noyé,
qui y prend sa source. A \ kil. de Breteuil est uu
terrain que depuis longtemps les habitants des vil-
lages voisins ont nommé et nomment encore Brnn-
sttspans. On y a découvert un grand noralire d'anti-
quiiés, des médailles gauloises et romaines, des res-
tes de murailles it des souterrains de construction
antique. Mabillon dit que ces restes étaient ceux du
Bratuspanlium, mentionné dans les Commentaires de
César; d'Anviile n'est pas éloigné de partager cette
opinion, et M. Bonami, qui a composé un mémoire
sur cette position gauloise, déclare qu'il est tenté de
l'adopter. En 1574, lorsque Henri de Bourbon, 1"
prince de Condé, passa à Breteuil, dont il était sei-
gneur, un curé du lieu lui présenta un mémoire sur
celle ville, et n'oublia point de parler de Bratuspan-
tium, qui, outre le nom de Bransuspans, portait
aussi celui de Fosst-anx-Etpfits. i Pour ce que,
dit ce curé, plusieurs ont vu et voyent encore ptii-
tieitrs apparitions en cette place. > Il ajoute que des
carriers, en y démolissant les murs de fondement
d'un ancien édilice, découvrirent une construciion
souterraine, qui présentait une salle longue de 80
pieds, et large de 30 ; à une extrémité s"élev.iit un
gradin en façon d'autel, aux angles duquel étaient
des canaux ou rigoles ; qu'à l'aulre extrémité il se
trouvait plusieurs marches ou degrés. Le curé et les
autres personnes qui l'accompagnèrent dans la vi-
site de cette construction souterraine, jugèrent qu'elle
était un temple païen. Il dit qu'au-dessus de cette
construction existait autrefois, à fleur de terre, un
autre temple qui avait été abattu. Le prince de
Condé, ayant besoin de pierres, fil démolir ce sou-
terrain : dans l'épaisseur d'une grande muraille, les
maçons découvrirent un vase rempli de médailles
impériales. 11 résulte de toutes ces découveries qu'il
existait dans cet endroit une forteresse bâtie du
temps des Romains. On croit, dans le pays, que les
débris de celle vaste enceinte servirentpriniitivement
à la construction de Breteuil, qui était nommé Bre-
tolium, Britogilum, etc. Le château de Breteuil, qu'il
ne faut pas confondre avec celui de Breteuil en Nor-
mandie, avait, BU commencement du xi^ siècle, pour
Seigneur le comte Gilduin, qui, ayant acheté, en l'an
1029, d'Avesgand, évêque du Mans, le corps de saint
Constantin, le déposa dans le monastère de Sainte-
Marie, monastère ruiné par les guerres continuelles
de cette époque. Il le réiablil, lui donna plusieurs
terres, et le soumit à la direction de Richard, abbé
de \'erdun. Ebrard, qui avait succédé aux comtes
de Breleuil, se relira aussi dans un monastère. Le
culte qui était rendu à Breleuil à saint Constantin
y attiraitun grand concours d'habitants , qui furent
édifiés par plusieurs miracles. — C'est un abbé de
Breteuil qui fit bàlir, en l'an 1226, l'église parois-
siale de celte petite ville. — La seigneurie, après
avoir été possédée penilant environ un siècle par
les descendants de Gilduin, dont les noms figurent
dans l'histoire, notamment à l'époque des croisades,
passa en diverses mains. Elle fut livrée, en 1353, au
roi de Navarre. — En 1355, les Anglais assiégèrent
la ville, et furent contraints de se retirer. Dans le
siècle suivant, elle se rendit au comie d'Etampes, et
fut reprise peu de temps après par Lahire, qui, en
vertu d'une convention avec le duc de Bourgogne,
fil démolir le château et les murs dont elle était en-
tourée. Possédée dans la suite par la maison de
Alontmorency, cette seigneurie appartenait, au temps
de Henri IV, au prince de Condé. Henri, 2< du nom,
la vendit au duc de Sully. Breleuil est en général
mal bàii, et l'on n'y remarque d'autre édifice que
l'ancieime abbaye des Bénédictins, qui rapportait
20,001) liv. de rente. — Le château n'existe plus.
Il y a dans cette ville une fabrique où l'on fait du
sagati, de la serge de Rome et de Minorque. On y
compte plus de 300 ouvriers occupés à faire des
souliers pour l'usage des troupes et des hôpiiauji de
Paris. Il y a des fabriques de toiles, serges, bas de
laine et autres lainages; taillanderies, papeteries,
faïenceries, tanneries et corroieries. 11 y a aussi de
belles pépinières. Le principal commerce se fait en
blé, cidre et bestiaux.
I Breteuil, petite ville du diocèse d'Evreux, chef-
lieu de canton du dépt. de l'Eure, â 24 kil. d'Evreux,
et 104 de Paris. Popul. 2300 habitants. Elle était
plus peuplée aux xvii^el xviii» siècles. Elle est siluée
sur la rive droite de l'Iton, dans une contrée abon-
dante en mines de fer. 11 y a des manufactures à
fondre la mine de fer, forges et hauts fourneaux,
fonderie de canons de tous calibres, fabriques de
fer, clous, chaudrons, marmites, projectiles de toute
espèce, tuileries et briqueteries. On y trouve des
sources d'eaux minérales froides. — Henri H, duc de
Normandie et roi d'Angleterre, la donna à Robert de
Montfori. Amicie, sœur de Robert, la vendit au roi
Pliilippe-Augusie en 1210. Elle devint ensuite le
partage de Charles, roi de Navarre, qui l'échangea
avec Charles VI, en 1410, contre d'autres terres. Er-
fin, après avoir été démembrée de la couronne, clic
fut cédée, en 1631, à la maison de Bouillon en même
temps qu'Evreux. Celle petite ville est de toutes
parts entourée de bois. On y remarque les restes du
château qu'y fil bâtir Guillaume le Conquérant, en
1059.
20S
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
206
Brivodurum , Bribodoimn et Brivedurus Carno-
ttttn, Briare, pelilc ville de l'ancien diocèse d'Auxerre,
aciuellemeiU de celui d'Orléans, chef-lieu de canton
de l'arroiidissenient de Gien, département du Loiret,
à 10 kil. de Gien, à 67 d'Orléans ctlôUde Paris, sur
la rive droite de la Loire, à la jonction du canal do
Briare avec ce fleuve. Popul. 2500 habitants, presque
tous ruariiiiers. La parlie de celte ville qui est sur le
bord du canal offre une suite de maisons bien bâ-
ties, le long desquelles règne un joli quai ombragé
dedeux rangs d'arbres, lequel forme un port commude
et un abri pour les bateaux pendant la mauvaise saison
ou le chômage du canal. L'autre partie ne consiste que
dans une seule traverséepar la grande rouiedeParisà
Lyon. — On y irouve une carrière de pierres de taille.
— Il s'y (ait un commerce de vins, de bois et de char-
bon. — On y traverse le canal sur un pont. — Son
territoire est aride, graveleux, sablonneux ei presque
Blérile. — Cette commune a un syndic des marins ;
elle est dans le syndicat de l'inscription mari lime du
quartier d'Orléans, ■'*« arr. communal. — Près de la
ville, dans un endroit appelé la Rocke-Ponl-Sl-Thi-
bauli, on irouve des poudingues qui forment des ro-
chers considérables el d'une excessive durelé.
I Briare (canal de), établi dans les dép. du Loiret
et de l'Yonne, pour la communication des rivières de
h Seine et de la Loire ; il prend son nora de la petite
ville de Briare située à l'endroit oîi il communique à
la Loire. On en commença les travaux sous Henri IV;
el c'est le premier ouvrage considérable de cette
nature qu'on ait entrepris dans le royaume. Il s'agis-
sait d'attirer vers P.iris le commerce de la mer par
Nantes, et celui de toutes ces belles provinces quî
sont situées snr la Loire, et même de faire une com-
munication de toutes les autres provinces du royaume
arrosées par des rivières qui se rendent dans ce fleuve.
Celte grande entreprise, commencée par le duc de
Sully, fut interrompue après la retraite de ce mi-
nistre. Jacques Guyon et Guillaume Bouteroue, entre-
preneurs du canal, ayant offert de l'achevef à leurs
frriis, le minisire cardinal de Richelieu les y lit auto-
riser par des lettres patentes données par Louis Xllf,
au mois de septembre 1G58; il leur céda le fonds du
canal, leur fit présent des matériaux existants, et ré-
gla lesdroits qu'ils pourraient lever sur les marchandi-
ses qui y seraient embarquées: il coûta 6,500,000 fr.,
el fut ache-vé le 20 mars 4641. Ce canal entre dans
h Loire à Briare, remonte vers le nord par Ouiouer,
rôioyant le ruisseau de Tresée, continue par Rogni,
Châiillon, Montargis, et finit dans le Loing à Cepoy.
Le produit des droits qui se levaient sur ce canal
éiaii autrefois très-considérable; il perdit beaucoup
lors de l'établiEseraent du canal d'Orléans, et ne donna
plus aux intéressés qu'une somme annuelle de
100,000 liv.; ce produit s'est élevé depuis à 320,000
francs. Ce canal se compose de 41 bassins formant
24 corps d'écluses alimentés par 16 éianjs, dont les
plus considérables sont ceux de Mmiticrs , de la
Grai;dc-Rue et de la Tuilerie. Sa longueur est de
50,301 mètres -43 centimètres.
Brocaria, Bruyères-le-Châtel et Bruyères-la-Ville/
ancieimemeni du diocèse de Paris, maintenant de celui
de Versailles, canton et bureau de poste d'Arpajon,arr.
de Corbeil, dép. de Seine-ei-Oise, à 5 kil. d'Arpajon,-
à 54 sud de Paris.— Il n'est guère de lieu plus an-
cien que Bruyères, après les lieux du diocèse de Pa-
ris qui nous sont connus par le moyen de l'histoire
de la vie de Grégoire de Tours ou de l'histoire de la
vie de saint Germain. Il était connu dès l'an Ii70 de
Jésus-Christ, par la fondation qu'une dame riche,
nommée Chroiilde, y fit d'un monastère de filles,
avec le consentement d'Agilbert, évèque de Paris.
Suivant les intentions de la fondatrice, Mommole, sa
nièce, en fut la 1" abbesso. La charte porte que ce
monastère était situé in loco nunciipanie Brocaria
sitnm in paijo slampense pope de fluvlo UrbiaAe nom
de Bruyères est reconnaissable dans Brocaria; sa si-
tuation proche de la petite rivière d'Orge lui coiivieni
parfaitement. La fondatrice marque qu'il était sous
le titre de la sainte Vierge et de quelques autres
saints dont on y conservait des reliques. Bruyères
est situé, non immédiatement sur la rivièi'e d'Orge,
mais dans le voisinage. La petite rivière la plus pro.
che, et sur les bords de laquelle sont les terres de ce
village, s'appelle Maude ou Reniaude; d'autres écri-
vent Marde ou Remarde. Celle d'Orge, qui lui est
presque parallèle, n'en est éloignée que d'un demi-
quart de lieue. 11 y avait h Bruyères une double cure ;
mais par la suite on les réunit à une seule. L'églisa
du château était sous l'invocation de la Madeleiiie;
elle avait été paroisse jusqu'aux guerres civiles do
1649, que la nef fut profanée, en sorte qu'elle servit
de cuisine au château. Il n'en restait que le chœur,
édifice du xiii" siècle ou environ, qui était devenu la
chapelle du château. L'autre église était St-Didier;
elle servait d'unique lieu pour les assemblées de cha-
que paroisse , qui était desservie alternativement
par les deux curés pour l'office, les sacrements et les
enterrements. Une troisième église de Bruyères était
la chapelle de Si-Thomas, qui existait au moins dés
l'an 1186, que le pape Urbain 111 en confirma la
jouissance aux moines de St-Florenl. A l'extrémité
de ce village, vers Arpsjon, est un château fort, flan-
qué de tours et entouré de fossés secs, dont l'origine
remonte jusqu'au vii'siècle.Eu face de l'entrée de ce
château est une belle maison, ancien fief dit des
Moines blancs. Sa situation lui procui'e une vue pit-
toresque et très-agréable. La pop. de Bruyères est
d'environ 700 habitants, avec les hameaux de Ver-
ville, Arpenty, la maison de campagne d'Arny ei au-
tres habitations isolées, la ferme de la Forêt, le mou-
lin Brûlé et celui de Trémerolles. Il y a beaucoup de
bois, des vignes dans les côtes qui peuvent leur con-
venir; le reste est en labourage et en prairies.
Brolium, Brou, autrement Villeneuve-aux-Anes,
et ensuite Villeneuve-aux-Aulnes. Il y a beaucoup
d'apparence que le nom de Brou vient dé Brolitim,
207
DICTIONNAIRE DE GTOCftAPHIE ECCLESIASTIQUE.
20λ
lequel a formé aiiçsi relui de Breuil, que l'on em-
ployait aulrefois pour evprinier un pelii bois. Ce
\ill3ge, du diocèse el arrondis-enieiil de Meaux, dé-
partement de Seine-et-Marne, can. et b. de p. de
La!;nv, ci-dev. prov. de Pile de Fr., diocèse de
Paris, fut nommé Villeneiive-aux-Anes, pnree que
les Trinilaires, '|ui y possédaient im couvent nommé
■Villonenve, faisaient, dans le xin'= siècle, un com-
merce cnnsiciéraljle d'àms, et s'en servaient pour
Jeur monture. Une maison de garde, dans l'empla-
cement du cliàlenu de F oiêl, qui a éié démoli, ap-
partenait à Paul de Brou, ainsi que les bois d'alen-
lour. L'église de Brou, sous le litie de saint lîaiuléle,
niaryr, étai', en 1738, un petit bàiimeni situé sur
la li>iére don bois, et toute seule, avec son cime-
tière par derrière. Le pi^uple ne s'assemblait dans
celte église que quatre fois l'an ; le chœur app;irte-
nail à l'abhaye de Cbelles. la moitié de la nel à un
M. de Pomponne, Tantre moilié au seigneur du lieu,
F eydeau de Brou ; le reste de l'année, la cba|ielle des
Trinilaires, à Villeneuve-aux-Aiies, servait de pa-
roisse, quoi(|ue f^rt vieille. Deiiuis, l'église fut re-
bâtie au bout méridional de l'étang du lieu, sur la
route de Montfermeil, par l'intendant de Paris, Fey-
dean, dont les armes étaient sur la porte qui regarde
le nord-est. Ce -eigneur avait lait faire aussi une route
à gaui he du grand cliemin, entre Brou et Cbelles,
et clever une grande bôtelerie à l'angle que l'ormenl
la grande route el l'allée de Montfermeil. La pop.
de ce village est d'inviion 160 bab. Les principales
productions du ternir sont en grains. Brou est à
6 kil. ouest de Lagny, et 20 de Paris.
Bruyœ, Drugc , ancienne, bille et grande ville de
la Flandre occidentale (Belgique), avec un évècbé
sulTragant de Malines, érigé au xvie siècle. D'une
prospérité florissante aux xii« et xiii* siècles, en
IS'IO elle faisait le coinmerce du monde alors
connu. On y voit encore plusieurs maisons consu-
laires des nations dilléi entes qui y étaient établies
lots de sa splendeur. Sa population est de plus
de iO.OOO habitants; sa distance d'Ostende est
de 22 kil., de la nic<r 16, de Gund à l'ouest-nord-
ouost 48, el de P-iri^ 300. Elle a d'anc ennes mu-
railles avec des remparts dont on a fait des prome-
nades; el e possède un vieux diâieau, des rues lar-
ges, el des maisons liès-grandes; elle est située sur
le canal de Cand à Ostende. On remarque la balle,
la monnaie, l'hôtel ne ville, la bourse, le palais de
justice; l'église de Notre-Dame, les tombeaux de
Charles le Téméraire ei de sa fille M.irie de Bour-
gogne, les canaux, les places publi'|ues : la tour au
bout du grand marché est l'une des plus belles de
l'Europe : on y monte par 153 marches; on la dé-
couvre en pleine mer en sortant de la Tamise.
Bruges possède encore une bibliothèiiue, un jardin
botanique, un athénée, cinq hôpitaux, un musée,
nu cabinet de physique, d'histoire naturelle, une
académie de dessin, sculpture el architecture, une
école de navigation et un chantier de construction.
Son commerce est bien tombé; il comprend le pro-
duit des fabr. de toiles blanches, hasin, étoffes de
laine, dentelles, chapeaux, savon, faïence, tabac,
teintureries en bleu, raflineries de sucre et de sel,
amidoniieries; on arme pour la pêche, et surtout
pour celle du hareng, des bâtiments de 300 ton-
neaux ; ils peuvent remonter depuis Ostende ju-qu'à
cette ville. Le bassin contient pins de 100 navires.
Le canal de Bruges à Ostende, qui la traverse, large-
el profond, permet le passage aux plusgios vais-
seaux; on construit dans cette ville des navires et de'
gros bateaux. Ce fut à Bruges qne Philippe le Bon-
institua, en liSO, l'ordre rie la Toison d'or. Les'
guerres de Flandre ont nui beaucoup à son corn
nierce; elle fut bombardée en 1704 pac les Hollan-
dais, prise en 1745, 17li2 et 1794 par les Français;
en 1798 ils chassèrent les Anglais de ce port; divers-
incendies l'endommagèreni en 1184, 1215 et 1280.
Patrie de Gomar, chef d'une secte religieuse, de
Charles Ferdinand, poète et musicien quoique aveu-
gle de naissance, de Simon Steven et de Grégoire rfe-
Saint-Vincent, célèbres maibémaliciens; de Louis
Beicken, inventeur de la taille des diamants, et la
pallie adoplive de J. Van-Eyck, dit J. de Bruges,
inventeur de la peinture à l'huile el de celle sur
verre au commencement du xv^ siècle.
Bruges compte sept églises paroissiales, y com-
pris la cathédrale. H y avait un collège de Jésuites
qui n'existe plus, ainsi que les abbayes des Dunes,
des religieuses de Saint-Trude et des religieuses-
nommées Spreniaille; les couvents des Dominii ains,.
des Augusiins, des Cirmes-Chaussés, des Capucins,,
des Carmes-Déchaussés, des Bécollets, des Frères
de la Ciiarité, des Béguines , des ri ligeuses de
Sainte-Claire, des sœurs Noires et des religieuses,
nommées Colleites. Les hôpitaux que la ville a con-
servés sont l'hôpital Saint-Jean, l'hôpital Ter-Poor-
terie, celui de Saint-Jnliei), de la Madeleine el de
Saint-Nicolas. La cathédi aie, d'architecture gothique,,
sous le titre de saint Uonas, évêque et confesseur,
est grande et claire. Sa chaire, d'une forme ordi-
naire, est d'une belle exécution, (ietie église pos--
sède plusieurs tableaux iiès-remarquables. On voit
sur l'autel d'une chapelle l'Adoration des bergers
par Oltovenius, tableau d'un bel effet el d'une bonne
exécution. Dans la chapelle de la communion, le
tableau d'autel représente saint Charles Borromée,
donnant la communion aux malades de la peste, par
Gilles Bakeiéel; il est composé avec sentiment et
nolilesse, de la plus belle coideur et du plus beau
pinceau : c'est un morceau précieux. On renferme
presque toujours dans une armoire de la sacristie
deux tableaux peints par Rubens, saint Pierre et
saint Paul ; on les place au nombre de ses meilleurs'
ouvrages, les caractères des têtes sont sublimes.
Huit grands tableaux, peints par Jean van Orley,
sont placés au-dessus des stalles du chœur. Ces-
tableaux, bien composés, représentent l'Adoralion
des bergers , Notre-Seigneur parmi les docieurs, les.
1,
209
GÉOGRAPHIE DKS LEGENDES AU MOYEN AGE. 210
Noces de Cana, la Pèche miriiciileiise, la Madeleine
chez le PIrarisien, l'entrée de Noire-Seigneur dans
Jérusalem, Jcsus-Chrisi port;int sa croix, et la Ré-
^uireclion. Ces huit tableaux ont été exéculés en-
suiie .VBruxclles, sous les yeux de l'ariisie, en lapis-
sericj Irès-hien faites. On les i xpose à Saiiit-Donas
<dep<iiE Pâques jusqu'à la Toussaint.
L'église de Saint -Sauveur, d'un style gnihique
parfait, est une des plus belles de Bruges, et en même
temps une des plus pauvres. Elb' était autn-fois ma-
gnifiquenient ornée de tableaux précieux ; il ne lui
en reste pas un seul. L'église Notre-Dame a été plus
heureuse. Dans sa chapelle des tisserands en laine,
on viiii saint Tryon à genoux, un mouton près de
lui; dans le haut, sont des anges. Ce tableau d'autel,
par Herregnuts le vieux, est bien peint et bien des-
sin*. Dans la chapelle des tourneurs, on conserve
un tableau curieux peint par J. Heniioelinck. Ce
■«ont des sujets différants de la passion de N"ire-
Seigneur; les figures ont environ six pouces de hau-
teur; on ne peut rien voir de plus Uni, et la couleur
«est pleine de chaleur et de finesse.
Dans la chapelle de la corainuiiioii on voyait sur
l'autel, dans une grande caisse vitrée de tous les
côtés, une Vierge avec son (ils, beau groupe de mar-
bre, fait par le sculpteur célèbre Michel Ange o Buo-
naroiti; la Vierge est assise de face; son enfant
'debout est posé entre ses genoux; tout y est grand
■comme nature; les chairs y sont tiaitées avec sou-
plesse et fermeté, les tèies avec la plus grande
finesse et des ex|iressiiins divines; les pieds et les
mains sont d'un dessin lin et correct; les draperies,
<lans la manière aiilii|ne, sont pliées au gré de la
nature, sans en cacher les fnrnies ; tnu' y est annoncé
«ans sécheresse : il semble que le I asard a tout in-
diqué ; l'exécution savante, quoique d'un beau fini,
parait avoir peu coûté à l'arilïte; c'est le plus bel
«avrage en sculpture de touie la Flandre; c'est un
Uésor que le hasard a procuré. Ce groupe fut fait
pour la ville de Gênes; mais le navire qui en était
chargé, en sortant de Civitia-Vecchia, fut pris par
un corsaire hollandais , qui conduisit sa prise à
Amsterdam ; lors de la vente des effets , personne
ne connaissant le mériie de ce groupe, il resta à si
bas prix, qu'un négociant de Bruges en fit l'acquisi-
tion, et à son retour l'offrit à celte église, dont il
était marguillier. L(ird Walpole voulut l'acheter au
prix de 50,000 florins du Brabant; mais le conseil
de fabrique relusa, ce ijui lui fait honneur.
Les églises de Saint-Jacques, de Saiiiie-Anne, de
Saint-Gilles et de Saint-Walburge, possèdent encore
quelques-unes des rii liesses artistiques qu'elles
avaient autrefois. L'hôpital de Saint-.lean conserve
un taldeau de J. Heinmelinck qui attire tous les
étrangers; on le regarde comme le diamant de Bru-
ges. Il représente l'Adoration des Rois.
Le musée de Bruges est fort curieux, il s'est enri-
chi au détriment des églises de la ville et du dio-
cèse. 11 contient nombre de tableaux gothiques, car
Bruges est leur patrie. On y dislingue surtout trois
tableaux de Van-Eyck; le principal représeuie la
Vierge temnt l'enfant Jésus; le volet de gauche,
sant Donaiacnus; celui de droite, saint Geo ges.
On y admire au'Si le portrait de J. Eyck, dit Jean de
Bruges, peint par lui iném» en 1420. Ce tableau, bien
conservé, est d'un fini précieux.
liruxellœ, Bruxelles, ou Brussel, ville considéra-
ble du Biabant. méridional, capitale de la Belgique.
Saint Gery, évùque de Cambrai et d'Arras, au vit^
siècle, est son fondateur. Les chroniques du temps
conlienDent à ce sujet une légende bien tou-
chante et très- intéressante. Comme elle est assez
longue, nous ne pouvons la rapporter sans sortir
de notre cadre. Bruxelles devint le séjour habituel
des ducs de Brabanl. Les ducs de Bourgogne y sé-
journèrent peu; mais le siège du gouvernement y fut
établi sous la d(uninalion espagnole et autrichienne,
à laquelle elle doit une grande partie de ses embel-
lissements. De 1793 à tSli, elle resta un simple
cliel-lieu de préfecture d'abord de la république, en-
suite de l'empire français. A cette époque, le gouver-
nement hollandais, qui en prit possession , en lit la
seconde capitale du royaume des Pays-Bas. Cet état
de choses dura jusqu'en 1S31. La ville s'étant alors
insurgée, se débarrassa du pouvoir que lui avait im-
posé le congrès de Vienne. Déclarée un Etal neutre,
la Belgique reçut pour roi un prince de la maison de
SaxcCobourg.
La popul. de Bruxelles est de 150,000 hab. env.
Sa disiance d'Anver-^ est de ii kil. au sud, d'Amster-
dam 200 kil. sud, et de Paris, 270 nord-nord-esl.
Lat. nord 50° oS'. L' ng. est 2" 2'. La ville es' située
sur la Seine ei sur un canal qui communiiiue avec
l'Escaut par le Rupel; bâtie sur un terrain inégal ,
elle a des rues très-escarpées, surtout dans la partie
basse, de magnifiques boulevards, 8 sections, 8 pla-
ces publiques, 290 rues. 27 ponts, 23 à 30 fontaines
et 13,100 maisons. On y remarque de belles
maisons, le superbe quartier du Parc avec des rues
bien alignées et des bâtiments élégants; la place
royale, où se trouve l'église deSaint-Jacques de Cau-
denberg, dont on admire le portail ; le pal.iis des
Etats généraux, en face du Parc ; l'hôtel de ville avec
sa tour gothique, élégante, élevée de Cl toises; le
temple de la L"i, la nouvelle salle de spectacle, lo
palais royal, l'entrepôt, le mont de piété créé en
1619, l'église Saiiite-Gudule, qui renferme plusieurs
tombeaux, celle du Sablon, celle de Notre-Dame,
dans laquelle on admire de beaux mausolées, la
chaire et de bons tableaux, SaintJean-B.ipliste au
Béguinage, Saint-Nicolas, contenant des tableaux
précieux, ainsi (pie l'église des Aiigusins, d'une
belle façade ; la grande place des Sablons avec une
superbe fontaine, la place Saiol-Michel, environnée
de bàiiiiienis cléganis et uniformes, le marclié aux
grains, les fontaines remarquables de Mannekepisse,
de Steen-l'orie, celle de la grande rue Neuve, et le
Parc enrichi de magnifiques statues ; c'est une d«s
m DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
31-2
plus agréables promenades de l'Europe sous lous les
rapports. On irouve encore beaucoup d'architecture
gothique dans les édifices de Bruxelles. On y voit de
nombreux établissements de bienfaisance bien tenus,
un hôtel des monnaies, une académie des sciences
et belles-lettres, deux sociétés royales de littérature,
une de bolanique connue sous le nom de société de
Flore, un athénée, une académie de peinture,
sculpture et architecture, un musée, une riche biblio-
thèque de l!25,000 volumes, un cabinet de physique.
Des bains publics, des quais fort beaux bordent les
bassins recevant les bateaux qui naviguent sur le
canal; l'Allée Verte, qui iorme une promenade le
long du canal, mérite d'être parcourue. L'industrie
de celte ville embrasse les manufactures et les fabri-
ques de toiles, siamoises, ouvrages de mode, den-
telles renommées ; les points à l'aiguille, les ouvrages,
robes et voiles en dentelles, galons d'or et d'argent,
voilures remarquables, tapisseries, chapeaux, tabac,
faïence, porcelaine, savon noir, papier, librairie,
fonderies en caractères, imprimerie, rafUneries de
sucre et de sel, brasseries en vogue. Le commerce
y est très-considérable avec les pays éirangers ; c'est
pour te royaume un entrepôt des objets de goût et
de luxe; les chevaux lins et de prix y sont irès-
recherchés. Patrie des deux Cbarapaigne, peintres,
de Bochius, le Virgile belge, de l'abbé de Feller, apo-
logiste de la religion, historien et géographe; André
Ves;il, médecin de Charles-Quinl, Van-Eielmont, chi-
miste, etc. Cette ville fut incendiée en 13'26 et l-i05.
La pesto la ravagea en 1489 ei 1578. Les Français
la bombardèrent en 1695. Mariborough la prit en
1700; les Français s'en emiarèrent en 1746, 1792
et 1794, et la rendirent en 1814. J.-B. Rousseau y
mourut, ainsi que d'autres illustres proscrits de
France. Les environs sont charmants et bien cultivés.
L'église paroissiale de Saint-Jacques possède plu-
sieurs tableaux, et entre autres du Rubens. Au mi-
lieu dii chœur, il y a un mausolée en marbre blanc
ei noir élevé en l'honneur de l'archiduc François,
fils de l'empereur Maxiniilien. Comme la ville dans
les guerres modernes a été bombardée ei prise plu-
sieurs fois, il a fallu rebâtir plusieurs églises qui
avaient souffert. On les a construites dans le
goût et les idées de l'architecture contemporaine :
ce qui signifie qu'elles n'offrent rien à l'art monu-
mental. L'église Saint-Nicolas est dans ce cas. Le
bombardement de 1714 lui occasionna un incendie
qui détruisit un beau tableau de Rubens, représen-
tant Job sur le fumier. L'église des Dominicains a
perdu plusieurs de ses tableaux, cependant il lui en
est resté quelques-uns ; mais elle a eu de l'église des
Jésuites de Louvain une chaire qui représente Adam
et Eve chassés du paradis terrestre, et qui est un
véritable chef-d'œuvre de sculpture. L'église Sainle-
Gudule, vaste et belle, est élevée sur une hauteur,
en sorte que du parvis on voit par-dessus une por-
tion de la ville, et l'on découvre la campagne au
loin. U y a des vitraux qui appellent l'attention, ainsi
que plusieurs mausolées en marbre. Celui de l'ar-
chiduc Ernest, mort en 1595, n'est pas sans mé-
rite. Au milieu du chœur, on voit le tombeau de
Jean, duc de Brabanl, inhumé en l'an 1318.
Le musée, établi sur l'emplacement occupé jadis
par l'ancien palais des ducs de Brabanl, est fort ri-
che. Les administrateurs se sont principalement
adonnés à la recherche des maîtres gothiques qui
ont existé avant les frères Van-Eyck et de leur
temps. Les amateurs peuvent trouver là les noms
et la suite chronologique de ces anciens peintres ;
mais le temps et l'ignorance de certains individus
ont laissé dans cette biographie intéressante de
l'enfance de l'art une lacune qu'il n'est plus guère
possible de remplir. Néanmoins les deux salles con-
sacrées au gothique sont très-curieuses : la variété
des tableaux de différentes époques permet d'y sui-
vre pas à pas les progrès de l'art.
Six tableaux de l'école allemande : le Sacrifice
d'Abrah.ini, l'.Adoration des mages, Noé et sa famille
devant l'arche, la Rencontre d'Esaii et de Jacob, la
Création d'Eve, viennent de maîtres inconnus.
Ces tableaux sont durs et n'ont pas le mérite du
fini de ceux des frères Van-Eyck. Les poses néan-
moins et les figures sont très-remarquables. La
composition du tableau de la Création d'Eve est trèi-
originale : Adam est étendu tout de son long, cou-
ché sur le côté gauche; Dieu profite de son sommeil
pour tirer Eve de son côté droit. Le Créateur la
tient par le corps à la hauteur des seins; Eve, à peu
près dans la position du soldat au port d'armes, a
dans la figure une expression d'étonnement pleine
de naïveté. L'artiste a fait sentir les deuxpieds, qui
sont encore plongés jusqu'aux chevilles dans le coté
droit d'Adam.
Une Vierge dans une gloire. La tète est charmante
et d'un bon sentiment.
Une Annonciation, im des plus antiques tableaux
du musée. Il paraît que les peintures à fresque de
l'église Saint-Géry, représentant les 15 mystères
de la Passion,. ressemblaient beaucoup à celle-ci.
Les figures sont très-gracieuses.
Buciactim, Bussy, divisé en Bussy-Sainl-Martin et
en Bussy-Sainl-Georges. Bussy était autrefois un
lieu ïi considérable, que, sous Charles le Chauve, on
en avait fait le chef-lieu d'une vicairie temporelle,
laquelle s'étendait jusqu'à la Marne, aux environs
du lieu appelé Douves, qui était alors un hameau,
dit en latin Dubium, comme paraissait le prouver un
moulin qui en conservait le nom, vers le rivage gau-
che de la Marne. L'étendue du territoire de Bussy
ayant formé une grande paroisse, on fut obligé de la
partager en deux ; peul-êire (ut-ce le partage de la
seigneurie dans la même famille qui occasionna
celte division. Ces doux paroisses sont à peu près à;
égale dislance de Paris, à 24 kil. ou environ. On|,
ignore quand elles ont commencé à avoir différents!;
seigneurs; car, quoiqu'elles existassent toutes
deux au xiii« siècle, on ne irouve point d'actes dec«J
213 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
temps-là qui les désignent par les surnoms de Bu- liiissy-Saint-Georges, à 2*
21;
tiaco S. Martini, ni de Buciaco S. Ceorgii. Ils sont
toujours simplement dits seigneurs de Bucceio, on
bien de Buciaco. Il est difficile de décider lequel des
deux Bussy (ou Bucy) a formé l'autre, c'eslà-dire,
duquel des deux l'autre a été distrait. Il semble
qu'on peut se déterminer pour Bussy-Saint-Georges,
et assurer que c'était en ce lieu qu'il y aurait eu une
église, par la raison que cette église avait eu besoin
la première d'être rebâtie, comme elle le fut en effet
il y a environ 200 ans.
I Bussy-Saint-Georges, village du diocèse et ar-
rond. de Meaux, dép. de Seine-et-Marne, can. et b.
de p. de Lagny, ci-dev. prov. de l'Ile de Fr. et dioc.
de Paris. La situation de ce lieu est sur la même
butte où se trouve Bussy-Saint-Martin , mais elle est
plus vers le midi. Le coteau va aussi un peu en tuur-
nant de ce même côté; il est garni de beaucoup de
bocages, avec quelques vignes. La prairie esi arro-
sée d'un petit ruisseau, qui vient de Ferriéres et du
Génitoire; le reste est en labourages. La cure était
à la pleine collation de l'évêque de Paris. C'était le
seigneur du lieu qui était gros décimaieur. Paulin
Prondre, audiencier de France, joignit les terres des
deux Bussy à celle de Guermande. La pop. de celte
commune est d'env. 600 bab., en y comprenant la
ferme du Génitoire, ci-dev. cbâleau, et deux autres
fermes, l'une nommée Violaine, et l'autre La Jon-
chère. Bussy-Saint-Georges est à i kil. de Lagny,
et 24 de Paris, à l'est.
I Eussy-Saiiit-Mjrtin,village du diocèse et arrond.
deMeau.v, département de Seine-et-Marne, canton
de Lagny, ci-devant province de l'Ile de France et
diocèse de Paris. Il est bâti sur la croupe d'une
montagni', où il y a quelques vignes, r,uelques bos-
quets, avec des terres. Le ruisseau qui vient de
Bussy-Saint-Georges passe au bas, du côté du cou-
cbant, entre ce Bussy et le bameau et château de
Rentilly. L'église paroissiale de Saint-Martin com-
mença peut-être par n'être que succursale de Bussy-
Saint-Georges, lorsque toute la terre de Bussy ap-
partenait à un même père de famille, lequel aurait
cboisi saint Martin pour patron de cette seconde
église de sa terre, afin d'avoir pour protecteurs deux
célèbres chevaliers : car on sait que dans l'antiquité
on n'a point représenté saint Martin autrement qu'à
cheval, à peu près comme saint Georges. Le chœur
de celte église est du \ui' ou xiv" siècle, avec quel-
ques formes de galeries. La cure était à la pleine
collation de l'évêque. La popul. de ce village est
d'environ 200 habitants, en y com|irenanl le hameau
et le châieaii de Rentilly. Dans les dépendances de
ce châieau se trouve la ferme dite de Saint-Germain-
des-Noyers, seul resle d'un village de ce nom, au-
trefois considérable, et qui avait encore à l'époque
de la révolution une paroisse ; elle fut supprimée.
Les productions du terroir dii celle commune sont
en grains et en bois. Bussy-Saint-Martin est près de
kil. est de Paiis, et
3 kil. au sud de Lagny.
Buciacum, velFanumAntonii, Boussy,ou Boucy-St-
Antoine, paroisse de l'anclea diocèse de Paris, main-
tenant de celui de Yersaille», dépt. de Seine-et-Oise,
arrond. de Corbeil, canton de Boissy-Sl-Légcr, à 6
kil. de cette ville et 22 de Paris. Ce village est situé
sur la rive droite de l'Hyéres, à l'endroit où cette ri-
vière fait d'agréables circuits, à 1 kil. de Maudre
et autant de Périgny, villages situés du même côté,
et qui forment avec lui une espèce de triangle. C'est
un pays de blé, de vin, avec quelques pâturages.
Les vignes y font un aspect fort riant sur les côtes.
Il y a un pont de beaucoup d'arches sur la rivière
d'Hyères. Comme ce village n'est qu'à mi-côte, il tire
des eaux de la plaine d'en haut. On y voit une assez
belle maison de campagne, dont le parc contient de
belles sources d'eau vive, qui forment une petite ri-
vière et un beau canal ; elles sont aussi distribuées
dans les potagers et dans ta principale habitation. Il
n'y a rien dans le corps de l'église paroissiale qui dé-
signe une antiquité de plusieurs siècles, sinon des
vitrages du sanctuaire, qui sont d'un blanc chargé,
tel qu'on en faisait quelquefois il y a 500 ans. La tuur
est récente. Saint Pierre était patron de celle église.
Saint Euirope, premier évêque de Saintes, y était re-
présenté au grand autel, et de plus dans une cha-
pelle où le peintre l'avait dépeint revêtu de la même
manière que s'il eût vécu de nos jours. L'abbé de
Chaumes étaitnominaieurdelacurede cette paroisse.
Les religieux de St-Antoine de Paris étaient sei-
gneurs de celte terre, et en avaient toutes les an-
nexes, dépendances, droits, cens, revenus ei émolur
roents qu'ils avaient acquis, le 5 août 1413, de l'abbé
et des religieux de Chaumes eu Brie. La maison sei-
gneuriale était située sur une éminence. On compta
à peu près 5o0 habitants dans ce village.
Bucioim, la terre de Bution, située près de Mar-
coussis, aujourd'hui du diocèse de Versailles, dépt.
de Seine-et-Oisc. Lorsque saint Vandrillevint, en 661,
trouver Clotaire III, pendant qu'il était dans son
château de Palaiseau, situé dans le territoire de
Châtres, et qu'il obtint de lui la confirmation du ter-
rain sur lequel il avait f«ndé son monastère, au delà
de PiOueii, un des seigneurs de ce canton, nommé
Hartbain, fils d'Erambert, déclara à ce saint abbé
qu'il voulait quitter le siècle et se rendre religieux,
et lui fit la donation d'une terre nommée Bution,
prœdium aliquod notninê Butionem, dans lequel il
bâtii une église et un monastère, où il mit des moi-
nes. Dom Mabillon a cru que le lieu où était ce mo-
nastère pouvait être Boissy, qui est au bas de la
montagne de St-Von, à cause de quelque légère res-
semblance du nom; et il a été suivi parBaillet. Mais
lors([ue ce savanl écrivain fit imprimer la vie de saint
Vandrille, il n'avait pas encore connaissance d'un
litre de l'an 845, qu'il a donné depuis au public. Le
roi Charles le Chauve, énonçant dans un diplôme les
biens de l'abbaye de St-Vandrillç, avec (b pays oh
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
815
ih sont situés, mel, in Parisio, Biic'wiiamcuin vineola
iii Morcccincio, Yallodiiujam el Tuoliiliigamvillas ciim
-^pfiencti'.iota eoriim Laom. En cet endroit, dnm Ma-
billoii recorinaii Marcoiiasis dans Mnrcocinctum ; il
aurait pu ajouier que Buciona ne devait pas être éloi-
gné, et qu'il était conligu. En elTei, on trouve dans
les litres des xii* et xiii^ siècles, des vestiges de
r.incien domaine dont l'abbaye de St-Vandiil!e a
joui, entre Linas et le village de Marcou?sis, avant
que les guerres eussent obligé cette abbaye d'en ac-
commoder les seigneurs de Linas et ceux de Mont-
Ihéry, lesquels depuis céilérentou vendirent des ] or-
lions à divers particuliers. Il y reste même une indi-
cation du lieu dit Bulion ou Buciona. Il est nommé
Buison dans le cartulaire de Lnngpont, h l'occasion
d'une raine de froment qu'on y assigna pour le monas-
tère, an xii" siècle.
Bucolum, BouconviUiers, ou Bouconviller,ou Bo-
convillier, paroisse de l'ancien diucése de Rouen,
aujourd'hui de celui de Beauvais, canton de Cliau-
monl, dépl. de l'Oise, à 9 kll. de Cliaumoiii, où est
le bureau de poste, 28 de Beauvais, et 47 de Paris.
Popul. 260 liab. Le terroir est en labour ; on y voit
un peu de bois et de prés. Avant la révolution , la
lerrede BouconviUiers formait une chàlellenie, avec
Iiauie, moyenne et basse justice. En 414), Hugues
d'Amiens, archevêque de Rouen, elen 1 182, Rotrou,
son successeur, confirmèrent à l'abbaye du Bec la
possession de l'église de ce village; selon les pouillés,
ce monasière présentait à la cure. Il y avait une cha-
pelle dédiée à la sainte \ierge ou Notre-Dame des
Neiges, qui était en tilre, dès 1517, à la présentation
du seigneur, lequel y présenta encore en 1672. On
y trouvait aussi iinciennement un hôpital du nom de
Si-Antoine, dans lequel on avait élevé une chapelle.;
le seigneur y présenta eu 1472 : cet hôpital existait
enl519.
Bucum, Bue, paroisse de l'ancien diocèse de Pa-
ris, actuellemeni de celui de Versailles, canlon, ar-
rond. et bureau de poste de celle ville, à 16 kil. de
Paris. L'abbé Lebeuf avoue qu'il est difficile de dé-
couvrir l'éiyniologie de ce nom. Quoi qu'il en soit, il
se trouve écrit dés le commencement du xni" siècle
Bucum ou Buscum, qui signifie Buis. Ce qui ferait
croire qu'anciennement on voyait beaucoup de ces
arbres sur son territoire; on n'en voit plus aujour-
d'hui, quoiqu'il soit presque entièrement couvert de
bois. Saint Jean-Bapiisie était le patron de l'église,
et c'était à la fête de la Décollation que se faisait la
plus grande solennité. 11 n'y a rien de bien ancien
dans l'édifice, quoique la cure eût été érigée au moins
dès le xui* siècle. Le chœur, voùié et terminé eu
rond, ne démontre que 2 à 300 ans d'antiquité. On
voyait dans le chœur la tombe d'un chevalier armé,
qui paraissait n'êlre que de l'âge de l'église. Sa
213
pelait Jeanne Rat. L'habit court de cet officier était
parsemé de rais. Bue eu placé sur la petite rivière
de Bièvres, à peu de disimce de sa source, qui est au
hameau de Bouviers, dépendance de la commune.
On .-idmire dans ce village le superbe aqueduc que
Louis XIV y Oi construire, pour c ndiiire à Versail-
les les eaux des étangs de Saclé, du Troii-Saléet de
Sl-Hubert proche Rambouillet, Cet aqueduc, bâti
en 1086, consiste en une épaisse muraille de 244
toises de longueur, 16 pieds . d'épaisseur el 66 de
hauteur; les 19 arcades dont il est percé oui 55 pieds
Ij-i de hauteur sur 29 pieds 3 pouces de largeur. Cet
édifice s'élève, ainsi que le chemin qui conduit de
Versailles il Villers-le-Baclé, sur un lerre-plain de 45
toises de large à sa base, et i6 de hauteur, lequel
est percé d'une arcade sous laquelle passe la petite
rivière de Bièvres. L'aqueduc de Bue, dénué de toute
espèce d'ornement, produit cependant l'effet le plus
pittoresque et le plus imposant par la belle masse de
son ensemble, et sa situation élevée en travers d'une
vallée profonde et bien boisée. Le fond de ce vallon
forme une belle prairie, arrosée par une multitude
de sources, et coupée par des bosquets dunl les
grands arbres, masquant le lerre-plain de l'aqueduc,
ne laissent rien paraître que l'édifice au(|uel on pour-
rail naturellemen! supposer deux rangs d'arcades.
Louis XIV, pour l'édifier, fit abattre la superbe mai-
son de l'Etoile, qu'il avait achetée du ducdela Feuil-
lade avec le parc et ses dépendances, formant en loul
78 arpents de terre, La population de Bue est de 580
habitants.
Bue (haut). C'est un hameau de la commune de
Bue.
Buhacum, vel Bohacum, Bohain, petite ville de
l'ancien diocèse de Noyon, à présent de celui de
Soissons, chetlieii de canlon de l'arrond. de Saint-
Quentin, dépt. de l'Aisne, à 18 kil. nord-est de
Saint-Quentin, et à 44 de Laon. Popul. 3000 habi-
tants environ. Elle était lesiéged un bailliage, d'une
grurie royale et d'un corps de ville. Elle est située
sur un canal de dessécliemenl. Ce canal n'est qu'un
fossé ouvert pour conduire à l'Escaut les eaux plu-
viales qui tombent des côtés de l'élroil bassin, en-
tre Bohain el Le Catelet, et pour empêcher le dé-
chirement du vallon que ces eaux parcourent. Sa
longueur est d'environ 22,000 mètres. On voit en-
core, à Bohain, les vestiges d'un vieux château, dont
le gouverneur, en 1325, saisi d'une terreur panique,
envoya demander aux ennemis, qui alors inondaient
la Picardie, la permission d'évacuer cette place fron-
tière, où personne ne l'inquiétait encore. Comme
elle pouvait être secourue, ils y laissèrent une forte
garnison; mais la Trémoille, ramassant les troupes
de toutes les places qui n'avaient plus rien à crain-
dre, se mit à la queue de l'ennemi, investit Bohain,
femme était représentée à sa droite, tenant nn long et fit cette nouvelle garnison prisonnière. Celte ville
chapelet. Au sanctuaire était une partie de tombe, faisait partiedu domaine de la couronne, el avait été
sur laquelle on reconnaissait qu'elle était d'un écuyer donnée à litre d'engagemenl, par Henri IV, au ma-
qui mourut au mois d'octobre, et que sa femme s'ap- réchal de Balagny en 1594 ; elle fut ensuite poss^-
S17 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
218
dée au même litre par le man]iiis de Nesle. Louis XIV
érigea en coniié, en 1703, le domaine de Boliuin. Il
y a plusieurs fabriques de gazes, linons, balisies et
mousseliiies. II s'y trouve aussi une fabrique d'Iior-
loges d'Allemagne, accompagnées d'orgues, musi-
que, eic. ; el une manufacture considérable de cliàles
et lissiis façon caclieniire. On y fait aussi le com-
merce de bestiaux. Il s'y tient un marclié franc le
15 de cliaque mois, (^'est la résidence d'un sous-ins-
pecieur de foréis. Bobain est environné de bois qui
en rendent le séjour agréable.
Bukara Civiias, liegio, la ville de Boukhara, et la
Grande-Boiikiiaiie. — Celte contrée est la terre clas-
sique des légendes dans l'Asie lenlrale. La ville de
Boukhara a été célèbre dans tout l'Orient du i\^
au xi" siècle Sous les Sanianides qui en avaient fait
le siège de leur gouvernement et de leur puissance.
L'imagimlion féconde de Orientaux s'est plu à ra-
conter des choses merveilleuses de l'importance, du
commerce et de la splendeur de cette cité. Qui n'a-
vait pas vu alors Boukhara n'avait rien vu. Il fallait
contemp'er la variété et la richesse de ses magasins,
fréqu(M)ter ses écoles, entendre ses savants, admi-
rer SIS teinple<, et mourir ensuite. Ce proverlie, qui
depuis s'est apj liqué à d'autres villes et ii d'autres
contr'cs, caractérise bien l'exagération orientale.
Mais cette prospérité ne s'est point soutenue; el,
comme les aunes pays, la Boukhariea eu ses revers;
son histoire compte des pages sanglantes. Les Uzbeks
renvabireiitau xi= ficelé ; au xiii». leMongol Tscliin-
ichis-Khan y parut avec la rapidité de l'ouragan qui
désole les steppes de la mer Caspienne; au xiv",
Timur-Kban en chassa les Mongols ; sa postérité, il
est vrai, ne put s'y mainienir. Des descendants de
Tschinzchis-Kban la dépossédèrent à la fin du xv^
siècle et au commencement du xvi«. Depuis, laBou-
kbarie a encore éprouvé plusieurs révolutions.
H parait que les Guèbres (adorateurs du feu) s'y
étaient en partie réfugiés, lorsque les Arabes con-
quiientla Perse et lui imposèrent l'islam.
Les chrétiens nestoriens (les partisans de l'héré-
tique Nestorius), inquiétés dans l'empire grec, avaient
cherché une reiraiie, partie en Perse, partie dans les
provinres voisines de la mer Caspienne. Pouréchap-
per à l'invasion arabe, ceux de Perse se reiirèrent
dans les différentes provinces de la Grande-Bou-
kharie, où ils retrouvèrent plusieurs de leurs coreli-
gionnaires qui se livraient au commerce. Sans doute
les preuves manquent à l'appui de ces faits; mais il
ne faut pas oublier qu'il est des faits géographiques
et historiques qui ont une évidence, une certitude
morale, quoiqu'on ne puisse la confirmer par des
témoignages authentiques.
Il y a encore en Boukharie quelques Guèbres et
beaucoup de juifs. Quant aux chrétiens, on n'en ren-
(1) Voyez Histoire généalogique des Talars, tora.
lU, ch. U.
_ (2) La Petite-Boukharie faisait anciennement par-
tie 4e la Grande; depuis 1758, elle appartient à la
oonire pos du tout. Les nestoriens ont dû ou em-
brasser l'islamisme, ou abandonner le pays, surtout
depuis la succession non interrompue peiidani trois
siècle de vainqueurs musulmans, plus ombrageux ,
plus faroui hes et plus cruels les uns que les autres.
Encore aujourd'hui il est difficile de pénétrer en
Boukharie. Les voyageurs anglais qui, depuis quel-
ques années, ont voulu la parcourir, onl payé leur
entreprise par une dure captivité et par le sacrifice
de leur vie. Les seules relations tolérées sont avec
la Russie, les provinces tributaires de la Chine, la
Turquie et la Perse.
La Grande-Boukharie s'élend entre les 37 et 41"
de lai. N., et entre les 58 et 70' de long. E. ; elle
comprend tout le pays auquel les Arabes ont duniié
le nom de Mavaralnagre (Maveranneguer), et que les
Grecs et les Romains appelaient Transoxinna, c'est-
à-dire situé au delà de l'Oxus ou Djigoun, aujour-
d'hui Ama. La Sogdiane el la Bactriane des anciens
éiaieiil également comprises en partie dans la Bou-
kharie. Après la conquête de ces contrées par les
Mongols, vers l'an 12i0 de l'ère chrétienne, elles
échurent en partage à Djagalaî, deuxième fils de
Tschinzchis-Khan, el reçurent en son honneur le
nom de terre de Djayataï ; lorsque les Mongols en eu-
rent été chassé> par Timur-Klian, ce pays fut appelé
Taxera, et enfin Boukharie, dénomination qui, selon
Aboulhazi, dérive du mot mongol Boukhare, lequel
équivaut à celui de savant, tous ceux qui désirent
acquérir quelques connaissances dans les sciences et
dans les ans étant obligés défaire le voyage de Bou-
kharie (1).
On ne saurait assigner tes limites de l'ancienne
Boukharie : aujourd'hui elle esi bornée au nord par
le désert des Kirguis-Kaissabk, à l'est par la longue
chaîne de montagnes, limitrophe de celles de la Pe-
tite-Boukharie (2j, au sud par le fleuve Amou, et à
l'ouest enfin par un vaste désert de sable, qui de
même que l'Auiou la sépare de la Perse et du pays
de Khiva.
La nature fait naître dans cette contrée tout ce
qui peut être nécessaire aux besoins de ses habi-
tants; ses montagnes abondent en métaux précieux ;
ses plaines sont riches en céréales et fruits de toute
espèce; ses prairies en gras pâturages; ses ri-
vières en poissons; et de nombreux canaux contri-
buent encore à sa feriiliié.
Quoique la Boukharie soit célèbre dans les anna-
les de l'Orient, tant par la culture des sciences que
par son abondance et le luxe qui y régnait, et que
plusieurs auteurs européens mod'rnes l'aient consi-
dérée comme le refuge de neuf tribus d'Israël el celle
de toutes les couirées asiatiques eu la religion chré-
tienne ail été la plus florissante, il n'en est pas moins
vrai que les notions véritablement historiques sur ce
Chine. Des renseignements fori curieux sur ce pays
sont contenus dans le Voyage de Timkovsky en Chine,
tom. Il, p. 76 et l'29.
SI9 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
220
phys ne remontent pas au delà du xvi« siècle, c'esi-
à-direde l'époque où elle fut conquise par les Uz-
beks qui erraient dans Daclukiptchak, ou le déiert
des Kirguis. Avam celte conquête, elle avait été
habitée par les Djagatai, les Kazvines et les Ai-
maks, tribus turques, nomades comme les L'ïbeks.
La Boukliarie est entourée de chaînes de mon-
tagnes; au nord-est on trouve le Kara-Taou (mon-
tagne noire), et à Tooest FAkt-Taou (montagne
blanche). La première est une branche des hautes
montagnes du Tibet, et la dernière vient des monts
Balkans, prolongation du Caucase. Plusieurs autres
montagnes, séparées des principales brandies, pé-
nètrent dans l'intérieur même de la Boukliarie ; tel-
les sont : le A'(ir)iaft, entre Baganz et Kermin.au haut
duquel coulent plusieurs ruisseaux d'eau de source,
qui arrosent un terrain bien cultivé ; le Guryaii, en-
tre Kermin et Nour-At ; le Hazzem-Xoiir, où l'on
voit le tombeau d'un certain Nour, honoré comme
un saint par les Boukhares; le Kara-Tesse, près de
rOronie du côté de Samarkand , et sur le sommet
duquel se trouve un fort. Tous ces monts sont si-
tués à l'est et au sud-est de Bonkbara ; à l'ouest de
Dijuk se prolonge une longue chaîne de montagnes,
et au nord-ouest s'étendent les nionisA'ioMjuis, VAs-
soumane, le Rizmaiie, le Nerdrane, et le mont Uur-
mtlène, pi es de la ville de Djarza.
Il faut :iussi parler des sables Kizil Koumes (sables
rouges), qui commenceni au désert des Kirguis-Kaïs-
satsk, et occupent un vaste espace entre les rivières
de Zer-Efichan et le Syr à ^oue^t de Boukhara,
presque jusqu'à la chaîne Kara-Taou.
On ne connaît en Boukharie qu'un seul lac de
grandeur assez remarquable : c'est le A'ai«.A'o!i/, ou
lac noir, qui se trouve près de la ville du même
(I) Ma!te Brun, dans son Histoire de la géogra-
phie, combat celle opinion, el croit que l'Oxus et le
glgon n'ont jamais débouché dans la mer Caspienne:
nous rapporterons S'ui opinion à l'article de cette
mer. La question du reste est très-grave , sous le
rapport de la géographie el de l'histoire de l'Asie
centrale eioccidentale. Nous craignons bien que cette
question reste longtemps obscure et même insolu-
ble.C'esllà le cas de répéter ces paroles célèbres....
et mundum tradidit dispuialioiii eorum.
Quoi qu'il en soit, voici ce que pense et dit M. Huot
sur la question de l'Oxuâ el du Sigon ou laxartes :
« La question est de la plus haute importance :
elle intéresse à la fois la géo-'raphie historique el la
géogr^'pliie physique. Tout en respectant l'opinion
de Malle Brun, nous devons rappeler quelques ob-
servations assez récentes qui espliquenl et confir-
ment ce que l«s anciens ont dit de rembouchure de
l'Oxus et de l'Iasartes dans la mer Caspienne.
« btrabon, Eratoslhène et quelques autres, en par-
lant de cette mer, semblent comprendre dans sou
étendue celle du lac d'Aral. Pallas, à l'inspection des
lieux, prétendit même qu'à une époque irés-recnlée
elle dut être léunie à ce lac et à la mer d'Azof. Rien
ne répugne à croire que les fleuves qui s'y jriaient
n'y portant pas une quantité d'eau égale à celle qui
s'évaporait de sa surface, celle-ci dut graduellonient
diminuer. La diminution du lac d'Aral continue
même encore d'une manière bien sensible , d'après
les observations les plus récentes; plusieurs autres
nom. Il était anciennement réuni au fleuve Syr, et
ses eaux étaient tellement abondantes, qu'elles
inondaient tous les environs ; mais dans la suite des
temps il en a été séparé, et c'est aujourd'hui le
Zer-Efschan qui comiuunique avec ce lac.
Les principaux fleuves de la Boukharie sont : 1*
Amou-Déria (anciennement l'Oxus ou Djigoun). Il
prend sa source dans le district de Serfjuéi-Sougnan,
à un jour de marche du mont Kiani-Lal (mine de
rubis), et reçoit les eaux de six rivières ; le Bedak-
Kan, le Derviz, \ùHingvab, la Valia, le Karalegan et
le Hisian, toutes formées en grande partie par la
fonte des neiges. Ce fleuve se jette dans la mer
d'Aral en deux bras connus sous le grand et pelit
Amou-Déria. Sa largeur en Boukharie est à peu près
d'une verste ou d'un parsnng du pays. Son cours est
paisible, ses bords sablonneux, mais bien boisés.
2° Le Syr-Daria (rivière rouge, anciennement le
laxartes, Sigon), vient des monts appelés Belour-Taou,
et après avoir reçu les eaux d'un grand nombre de
rivières, il se jelle dans la mer d'.Aral, en trois bras,
qui forment trois rivières particulières : le Syr, le
Kouvan et la Yana. Le cours de ce fleuve est rapide ;
sa largeur et sa profondeur sont les mêmes que celles
de l'Oural. — M. Iluot, continuateur de la Géogra-
phie de Malte Brun , suppose, d'après d'anciens géo-
graphes, que les deux fleuves dont on vient de parler
se jet^iient autrefois dans la mer Caspienne, el que
leur cours actuel est du à des travaux extraordinaires
ou à un tremblement de terre qui, en rehaussant
le sol à leur embouchure, auraient créé la mer
d'Aral elle-même, dont les anciens n'avaient aucune
idée. Cette mer ne se serait-elle pas plutôt formée
des eaux trop élevées d'une partie de la mer Cas-
pienne (I)?
lacs éprouvent aussi des changemenls analogues : il
en est de même de quelques rivières. M. Mouraviev
(Voyage en Turcomanie el à Khiva, en 18l!i et 1820)
a reconnu les anciens bords de la mer Caspienne
entre les côtes de cette mer et la pointe méridionale
du lac d'Aral. Il a même suiti l'ancien lit de l'Amou-
Deria ou de l'Oxus jusqu'à la mer Caspienne : à quel-
que distance de celle-ci, il se partageait en deux
bras, l'un au nord el l'autre au sud du petit mont
Balkan. Ce lit, entièrement desséché aujourd'hui, a
650 pieds de largeur et 97 de profondeur. Les Khi-
vieos, ajoute M. Mouraviev, ont conservé des tradi-
tions d'après lesquelles un violent tremblement de
terre aurait, il y a cinq cents ans, ébranlé la surface
du pays el obligé l'Amou-Deria de prendre son cours
au nord, où il se serait creusé un nouveau lit , par
lequel il se jette maintenant dans le lac d'Aral. Les
Khiviens assurent de plus que lorsque le (leuve oc-
cupait son ancien lit, leurs habitations s'élevaient
sur ses bords ; ce qui est prouvé par des restes de
canaux el par des ruines de divers édifices.
< Ces traditions, répandues chez les Khiviens, sont
d'autant plus importantes qu'elles s'accordent par-
faitement avec les preuves physiques de l'ancien
cours de l'Oxus dans la mer Caspienne. Mais ces peu-
ples, à peine civilisés , ont -ils des moyens sûrs de
conserver le souvenir exact d'une date ? Il est per-
mis d'en douter. Ce qui prouve d'ailleurs qu'il y a
plus de cinq cents ans que l'Amou-Deria ne se jette
plus dans la mer Caspienne, c'est que le géographe
22t
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
3° Le Zer-Efichàn (rivière d'Or, anciennement
Polyiianiis), sort d'une chaîne de nionlagnes siiuée
à l'esi de Samarkand, ei passe près de ce) le ville
et de Oegboude, Mïankai*, Kaii-Kourgane, Kaiardji,
rénéguenda, terrain et Zia-Voudine, puis iraverje
les districts de Vaganls, Guizdovane, Vardantze ei
Souliani-Abad : il forme la rivière ieVafkandc, qui
se perd dans des canaux creusés pour arroser les
cantons de Ramiiène, Zendémi et Vafkande. Là, il
reçoit le nom de Douubé (double rivière), de Schroud
et de Boudi-isiin-Bokara ; car il se partage en deux
bras, dont l'un arrose les environs de Boukhara, et
l'autre va se perdre dans le lac Kara-Koul.
Les possessions du kban des Boukhares sont for-
mées des pays ci-après désignés :
Boulihara, capitale. Cette viile est située dans une
vaste plaine, sur un canal appelé Zekh-Kan, qui
communique avec le Schroud, l'un des bras du Zer-
Efian. Elle est entourée de murailles avec douze
portes surmontées de chaque côté d'une tour ronde.
Les murs sont tous de terre et d'argile, à l'excep-
tion des portes et des tours, qui sont bâties en bri-
ques. Boukhara est une grande ville, et M. Sleyen-
dorf (1) en fait une description vraiment pittoresque.
Elle renferme un grand nombre de mosquées toutes
construites en briques. On en compte jusqu'à 560.
Chacune a son iman ou moulla, et un sopbi ou moné-
zamo, c'est-à-dire un crieur pour appeler le peuple à
la prière. Il s'y trouve également 75 écoles (mé-
dressi) bâties en pierre, une entre autres qui fut
construite aux frais de l'impératrice Catherine II,
par les soins d'Ir Nazar Maiioutof, ambassadeur du
khan des Boukhares à Pélersbourg en 177'J. Le nom-
bre des moullas ou prêtres s'élève à 2000, et celui
des élèves étudiants à ib&O,
Les tues de Boukhara sont étroites, sales et mal
pavées. Les maisons sont d'argile. D'après le rap-
port d'un voyageur russe, la ville entière est divisée
en 400 djiousséres ou quartiers, contenant 50 mai-
sons, renfermant chacune trois familles. Si l'un
compte quatre individus des deux sexes dans chaque
famille, la population de Boukliara sera de 240 raille
habitants, et si l'on ajoute à ce nombre les moullas
et le« étudiants, plus laOO hommes dispersés dans
les caravanes, et 1200 juifs, elle s'élèvera à 249,250
âmes. Mais ce chififre parait exagéré; il e-t à craindre
que le voyageur ne se soit trompé sur le nombre des
quartiers de la vilie, et n'ait fait confusion ; ce qui
est d'autant plus lacile à un étranger , que dans les
villes musulmanes il n'existe aucune sorte d'édilité,
et aucun moyen de se procurer des renseignements
sur la population. De pareilles recherches seraient
du reste regardées comme un crime. D'un autre
côté, les Annales des voyages mettent la population
au-dessous de cent mille âmes. Ce chiO're semble
numériquement trop faible. D'après les lettres de
arabe Ehn-Hitoukal , qui écrivait vers le milieu du
x« siècle, plate l'emboucliure de ce fleuve dans le
lac de Kliarisni, le même que celui d'Aral. •
(Note de l'uuleur.)
voyageurs anglais qui ont pu traverser la Boukharie
en qualité de marchands russe-, et passer par Bou-
khara, celte ville compterait de 150 à 100,000 hab.
Ce calcul est sans doute le plus vraisemblable.
Le palais du khan est, en raison de son antiquité,
un des monuments les plus remarquables de la Bou-
kharie. Il est bâti sur une petite hauieur dans un
endroit connu sous le nom de Piignastan, c'est-à-dire
sablonneux, et entouré d'une haute muraille. Il n'a
qu'une seule porte flanquée de tours de 15 sagènes
d'élévation. On prétend qu'il fut construit il y a dix
siècles par ordre du khan Kizil-arzlan (lion rouge).
Vis-à-vis le palais se trouvent la seule place publique
et les deux seuls marchés qui existent dans la ville.
Cette place renferme aussi deux médressis et deux
mosquées, dont celle appelée Mcnedi-Kélan, ccst-à-
dire la grnnde mosquée, construite sous le même
khan, passe pour la plus ancienne de toute la Bou-
kharie. Kizil-Atzlankhan a également fait bâtir, dit-
on, une tour en pierre, haute de 50 sagènes, qui porte
le nom de Menar ou Mirgarab ; cVst le plus bel édi-
fice de la ville.
Villes environnantes. 1" Peïkend, située sur un des
bras de la rivière de Zer-Efman à 5 1;2 paysangui da
Boukhara et à un de l'aucieone ville du même nom.
Elle forme à elle seule un district tout entier. A l'épo-
que des vents du nord, ses habitants souffrent beau*
coup de iagraiide quautitéde sable qui reraplitl'air. —
i° Abguiri-KlidirAbar avecS/i^gri-/s(am louchent presy
qu'à Boukhara. La plus grande partie de leur terri-
toire ap|iariient au trésor du khan (Yeliiiaka). Le sol
abonde eu coton. — 5* Ramiiène est riche en plantes
potagères. — 4° Zendani renferme des terrains affer-
més à des particuliers pour une très-faible contribu-
tion. Ces sortes de terrains se nomment Cuiradji. —
5° Yafgand et Piimêssa forment undisirictàeiresdeux.
Le sol en est fertile, et produit en abondance une
plante nommée rouïenne, donnant une couleur pon-
ceau, qui rapporte au khan un revenu annuel de 1600
roubles. — 6" V'ardoH/siet Soultan-Abad constituent
un district presque entièrement formé de Guiradji.La
dernière abonde en pâturages. — 7° Quiidouvan est
moins une ville à pari que le surnom d'une autre
ville. — 8° Karakonl, située sur le lac du même nom.
— 9° Vagantii est affermé par le khan à des particu-
liers : les prairies sont riches en graminées.
Dépendances de floukhara: 1° Schinbi, Khàiv-Dji-
oumelKalii , qui s'étendent depuis le pont Minsler-
Kassim, bâti sur le Zer-Effsclian, jusqu'à la ville
à'AderkJiai-Bou-khara. a° Schindala, Houdi-Boukliara
etBoudi-ScfteA/ir, situées au nord de Boukhara, depuis
Kiouschi-Méiir jusqu'à SoM/e'fcian. A. Roudi-Scheklir
se trouve un endroit nommé Gourboune, qui passe
pour la pépinière des arbres fruitiers répandus
dans toute la Boukharie. 5» Djéroubi-Roudi-Scitekhr,
au sud de Boukhara.
(1) M. Meyendorf est un savant russe , aussi dis-
tingué par la vaiiélc et 1 "étendue de ses connais-
sances que par l'esprit d'observation qu'il a porté
dans ses différents voyages. {Note de tanieur.)
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Dépendances de Miano-Kalaï : 1° Kerminé, arrosée
(par quatre rivières appelées j'/igiii et DjouiKanim.
■On ne voit aucune liabilalion dans les environs des
deu\ premières, que les Karakalpaks et autres tri-
bus taiares ont choisies pour y mener leur vie no-
made. Là aussi se trouve la forteresse de Yani-Kour-
gaii, appartenant au 2'op(c/ii-Baf/ii (chef de l'artil-
lerie). 2'^ Zia-Biden, cantonnement peuplé par les
Uzbeks, et renfermant les forteresses de Kaii-Kour-
^<iii, Kalardji, Penscliinbé et Oitrgoule, habitées par
les véritables Boukhaies ou Taiijikis, qui parlent le
persan {)). Les autres liabitanis de la Boukharie
tirent leurs noms du lieu où ils sont établis, et ceux
des iHoniagnes s'appellent Sakhransi.
Lieux situés à l'est de Bnukliara : 1° Karschi ou
Nakhschcb, giande ville fortifiée, sur la Karia, l'une
des branches de la rivière Sarsabs. lille est habitée
par des Uzbeks et des Taiijikis. Elle renlernie dans
son district : Jl/dmenf(i, Kassan et Khodja-Mourn-
\^ek. 2" Gouzar, ville assez grande et forie. 5° Schii-
Abad. i" Tchizakzi. 5° Miiène. 6* Oiirmitèiie et Ojarze.
A l'ouest de lioukhara : 1* Uiirli, ville forliliée,
ayant son propre chef; elle a dans sa dépendance :
Qtiidjikanel, composée de plusieurs villages qui
fournissent le sel aux sept disinets de la Boukharie;
Itdji, Ibrl dépe'idiuit li'Oitrti-Garudje. Le comman-
dant d'Ourli reçoit pour ses revenus tout le produit
des ijuaire bacs qui traversent l'Ama ou l'Aiiiou, et
dont le montant s'élève à la somme de 24,000 rouble?-.
Lieux situés sur la rive gauche de l'Ama : 1» Kars-
chi, forteresse habitée en grande pirtie par les
Tourkinenlsis nomailes, dont un nombre assez con-
sidérable s'est éiabli sur la rive droite de l'Ama
dans les villages de Bescliir, Mekn, Boiirdélik, Koitt-
nim, Pervend et Assekiz. Les Tourknienlsis payent
80,000 roubles par an au khan de Boukliarie, pour
avoir le droit de boire des eaus de l'.'ma; mais les
nomades ai-pelés Taiares sont exempts de ce tribut.
2° Tclmrlcdjoui, grande ville entourée de murailles,
liabilée par les mêmes peuples. Les environs de cette
ville sont bien cultivés, couvens de jardins et de
Vergers. On ne se sert dans le pays que de cbameaux
et de mulets que l'on attelle à des carrioles.
3" Marva , avec deux commandants et mille hom-
mes de garnison, dont la moitié est remplacée tous
les trois mois par des troupes envoyées de Roukhara.
L'un des conimaiidauls est Uzbek et l'auir.' Kal-
mouik. Ils reçoivent tous les trois mois 1000 ducats
de Boukharie, a titre d'émoluments. :V(7ri'« ou Mena,
anrienne ville persane à 100 verstes deTcharlcbdjouii,
purtait autrefois le iiomdeSehagui-Djagan. Sur toute
la route on ne trouve que deux puits, et les sablés
ne cessent qu'aux approches de Merva, autour de la-
quelle on découvre une multitude de jardins magni-
liques arrosés par des canaux qui tirent leur eau de
la rivière Biandi-Soultan. Cette ville est entourée
«une muraille d'argile ou plutôt de briques non cui-
(l) Les Tadjikis se disent anciens habitants du
pays ; leur prétention semble fondée. Ils auront été
324
les, hautes de quatre sagènes et épaisses de quatre.
Elle a six verstes de tour, et trois pories. Dans le
kremliii appelé Arissé, il existe le palais d'un khan
nommé Bairam-Ali. Les habiianis se font remarquer
par leur améniié, leur hospitalité et surtout par leur
justice ; ils sont grands et forts. C'est à Merva que
se rendent les marchands indiens, persans, bnukha-
res et khiviens. Cette ville était autrefois considéra-
ble ; mais les révolutions nombreuses qu'elle a su-
bies ont réduit sa population à 6000 habitants. Le
khan schakb Mourat s'en empara eu 1786; elle ap-
partenait alors à la Perse.
La population de la Boukharie est principalement
composée d'L'zbeks, de Tourknientsietde Boukhares
indigènes ou Tadjikis. Ces derniers sont les plus an-
ciens liabitanis, et se sont établis dans le pays sous
le scliali de Perse Djamscliid. Encore les Tadjikis ne
Sont-ils que les Boukhares qui demeurent dans les
villes; ceux des déserts portent le nom d'//o(i ou
Turks-Numades. Les Uzbeks tirent leur origine d'un
certain Khozref-Iilian, qui errait avec son (lis Ou»-
bek-Iikan, dans les déserts de la grande horde kir-
guisse, entre la Sibérie et la Chine. Ils s'emparèrent
de toutes les tribus Uzbeks, fixées depuisTschinzchis-
Khan dans les steppes de la borde Beschti-Kiptchak;
mais sous Bayan-liouti-Khan, chef îles Boukhares,
et père de Timur-Kliau, de?cendant de Tschiuzchis-
Khan, une partie des Uzbeks s'établit volnnt:iiremeut
en Boukhaiie; l'autie y fut amenée par Tuurke-Béga-
dir, un des officiers de Bayan-Kouli-Khau, et tous
abjurèrent lidolàtiie pour embiasoer le mahomé-
tisme. Maintenant les Uzbeks habitent à l'est de la
Biiukharie; ils passent l'été sous leurs tentes, et
l'hiver dans leurs villes et villages : ils se divisent eu
92 tribus dont les plus considérables sont : les iia-
mand-Bavourdusky , les Kara-Mangatsky (d'où est
originaire le kliau de Boukharie actuel), les Tokli-
Mangaliky et les Ak-Mangatsky. On prétend qu'en
prenant un individu dans chaque famille, on pour-
rait former une ariiée de cent mille Uzbeks.
On trouve en outre, dans les provinces dépen-
dantes de la Boukharie, cinq mille familles arabes
(blanches), environ mille Afghans au service du khan,
et jusqu'à 40,000 esclaves persans. Depuis long-
temps déjà les juifs sont établis dans le pays; indé-
pendaniH'eiit des femmes et des enfants, on ea
compte oOO a Boukhara, 50 à Samarkand et 20 à
Hissara. Ils sont divisés en quatre classes, dont la
1" paye 9 roubles 60 kopeks de capitalion, par tri-
mestre; la 2* i roubles 80 kopeks ; la ô= 2 roubles
40 kopeks. Ils sont exempts de toute autre contribu-
tion, si ce n'est des droits de douanes pour le trans-
port des marchanilises.
Au nombre des habitants de la Boukharie, Il faitt
également comprendre 1000 Tatifs transfuges des
frontières russes : il y en avait près de 2û00, mais
la moitié, profilant de l'amnistie accordée par le ma-
dépossédés par les Mongols, et ensuite par les Mu^
sulmans.
iio
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE,
22(î
nifeste de 1813, s'est eiiipressée de revenir dans sa
p.ilrie. Le total delà population de la B'inkliarie est
approximaiivenient de 5 à (i millions d'Iiabitaiits;
car, comme nous l'avons dll, il n'y a aucun moyen
de contrôle.
On trouve dans lîoukliara environ 200 Indiens de
Sakarpour et de Sind, ainsi que oO Seiks de Moul-
tan et des provinces du l'endjabsk, qui y sont venus
pour exercer le commerce. Un des caravansérails et
des marchés couverts est constamment occupé par
des marchands de l'un ou l'autre de ces deu\ peu-
ples, qui se distinguent entre eux, en ce que les pre-
miers se peignent le milieu des sourcils, se rasent
la lêie, ne conservant qu'une mèche de cheveux de
chaque côié des tempes; tandis que les autres ne se
coupent aucunement ni les cheveux ni les ongle,-;.
D'après l'aveu même de< Boukhares, leur com-
merce avec les Russes est très-avantagenx et bien
plus important que celui qu'ils exercent dans toute
autre contrée-, car c'est de la Russie seulement
qu'ils reçoivent une quantité assez tonsidéabie d'or
et d'argent en échange de leurs n)arch:uulises, au>si
bien que la cochenille elle bleu, objets indispensa-
bles pour teindre leurs tissus. Les Russes leur four-
nissent également de l'édredon, du cuivre en feuil-
les et en plaques de l'épaisseur d'un doigt, du fer de
différente grosseur en barres et en feuilles, de l'a-
cier et du fer de fonte. Indépendamment du coton,
les Boukh ires importent en Russie des objets ira-
Taillés de toute espèce, des cliàles cachemires , des
peaux d'agneaux, de la rhubarbe et des fruits. Aussi
bien que les juifs, ils vont à Kasehgar et antres villes
boukhares, où ils échangent leurs pe.iux d'agneau
contre des étoffes de soie et de colon, de la poi ce-
laine de la Chine, du ihé et de la rhubarbe.
C'est de Sarsabsk que les Boukhares tirent pres-
que tout le Cdton qu'ils iiiiporleut en Russie. 11 se
vend en Boukharie 14 roubles, ei une fois hors des
frontières il coûte jusqu'à iO le poud. C'est dans la
même ville que les luarchands juifs et boukhares
échangent en grande partie le coton et le riz contre
des chaussuresde femmes et des châles indigènes du
prix de 7 à 8 roubles. Le meilleur vient de Samar-
kand , et celui d'une qualité inférieure de Sarsjbsk.
Ces deux dernières sortes coûtent 70 roubles le poud
et 110 rendues en Russie. Le coton de Miankalsk,
que les Boukhares importent prélérablement dans
les provinces, de même que l'espèce inférieure de
Samarkand y s'achèteni sur la place 43 à 55 roubles,
et se payent environ 80 roubles une fois importés.
Les basses qualités que l'on nomme isandar et •.nez-
divin coûtent sur les lieux de 40 à 43 roubles et en
Ru-sie de GO à 70 roubles.
On récolte en Boukharie une quantité assez con-
sidérable de soie ; aussi, dans un grand nombre de
villes et villages, les habitants s'occupent-ils de l'é-
ducation des vers qui la produisent. La masse en-
tière de la Suie s'élève à 470 pouds (1). Car 50,000
batmanes de soie écrue rendent 000,000 liv. de soie
pure, et lorsiprelle est lavée dans de l'eau, il n'en
reste que la Ib' partie (?) ou 18,780 livres, équivalant
à 1870 batmanes ou 469 pouds et demi.
Toutes les productions de la Boukharie se vendent
par l'aimanes du poids de 8 poiids, mais le batmane
de soie lie vaut que 10 liv. Le plus bas prix de la
soie éf-rue est de 13 roubles, assignation de banque,
pour les 8 baimanes ou 20 liv. ; et le plus haut est
de 16 roub. par batmane. Le batmane de soie tra-
vaillée se veni de 12 à 13 ducats de Boukharie, on
192 à 208 roubles, assignation de banque.
Le nombre des bestiaux en également assez con-
sidérable eu Roukliarie; car indépendainnient de
quantité de cbainciiux, chevaux et bœufs, on trouve
beaucoup de moutons, surtout chez les llzbeksel les
Tourknientsi. Les Boukhares en font une branche
de commerce assez avantageuse. Les Uzbek» sont de
tous les bubitants de la Boukharie ceux qui possè-
dent le plus de chev.iux.
Poids et mesures de Boukharie : le halmane, qui
contient 8 pouds; demi -bat marte ou nnmràe, 4 pouds;,
le delsar, 2 pouds; le pendsar, 1 poud ; le dérendtar^
demi-poud ; le namsar, 10 liv.; le scliarrak, 3 liv.;,
lenamizé, une liv. un quart; le namnamlzé, demi-
liv.; le pendmiskalfZO zolotiiiks. — Les marchandises
boukhares se vendent en Boukharie à l'archine du
pays(bez),i|ui équivaut à une demi-sagéne; celles qui
vieimentde la Russie se mesurent à l'archine russe.
Trois espèces de monnaies ont cours en Boukha-
rie : les ducats boukhares d'or ou iillé (13 roub., as-
sign. de banque) ; la lenka d'argent (environ 40 ko-
peks, 8 sous de France) et de poulo de cuivre (2ko-
peks). La monnaie d'or est frappée sur les ducats de
Hollande, ou l'or que l'on relire des sables de l'Âma,
du Zer-Efsclian et du Badakschan. Quant à celle
d'argent, elle provient des éciis et surtout des ijainba
chinois.
Un jouit dans cette contrée d'un climat générale-
ment très-doux et salubre. La vicissitude des saisons
y 1 st constante. On éprouve dans l'été une chaleur
d'autant plus forie qu'il ne pleut pas; en automne les
pluies sont assez fréquentes; l'hiver, peu rigoureux,
dure trois mois; la neipe tombe rarement ; des vents
violents soufflent surtout en hiver et en été, et élè-
vent dans l'air un sable très-fin qui dérobe tout à lai
vue, et donne à l'atmosphère une teinte grisâtre. Les^
oasis de la Boukharie offrent l'aspect le plus enchan-
teur : un sol fertile, très-bien cultivé, couvert dies
maisons, jardins et champs arrosés par une inlinilé
de canaux d'irrigation. Les arbres procurent un om-
brage agréable, et les vergers masquent les village^.
Le sorgho est la principale nourriiure des Boukha-
res, ainsi que le raisin sans pepiii et les fruits. On
récolte beaucoup de coton, grand objet de commerce,
rii, orge, froment, panic, pois, fèves, melons etfruils
(1) Le poud vaut 40 livres de Russie. La livre russe n'a que 15 onces.
227
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
2i8
exquis, pistacires, vin exeelleni, bonne eaii-de-vie
qu'on y fabrique. Le bélall y abonde, ainsi que les
moutons à grosse queue. Les agneaux de celle race
élanl très-recheroliés en Cliine el en Turquie, on les
expédie en grande quantité dans ces contrées, ainsi
qu'en Russie. Les cbevaux troukbniènes', nommés
arganaks, sont assez estimés ; il y a trois espèces de
chameaux, Voir, le nar et le louk, beaucoup d'ànes
et mulets ; les tarentules, scorpions, lézards et sau-
terelles fourmillent dans les steppes. Le bois manque
généralement; on trouve de belles forêts près de
Pandjikaiid; la culture des vers à soie exige de gran-
des plantations de mûriers, dont l'écorce sert à la
fabrication du célèbre papier de Boukhara. Le pavot,
le carthame, la garance, le chanvre, le lin, le tabac,
le sésame, donnent de riches produits. Le sol le plus
fertile de ce pays est le Miankal, situé le long des
rives du Zerafkhan, entre Samarkand et Boukhara.
On y professe la religion mahométane sunnite (1).
Les principaux fonctionnaires publics qui entourent
le khan sont au nombre de six. Le kazy-kîilam est
chef de rét;il ecclésiastique. On estime à 500,000
hommes le nombre des troupes coiisislanl en bonne
cavalerie légère, outre l'artillerie et les fantassins.
Le khan, maître absolu, commande quelquefois en
personne.
Chaque Boukhare est commerçant,'et s'eierce aux
arts mécaniques et aux métiers ; ils tissent des toiles
de coton et de soie, occupation des femmes, destinées
uniquement aux travaux domestiques et à l'éducation
de leurs enfantj. Ce peuple se distingue par li beauté
el la régulariié de ses traits. L'amour des richesses
est leur passion dominante; leur habillement con-
siste eu une chemise sur laquelle ils mettent un cha-
lal ou robe; leurs pantalons, tres-larges, sont faits
d'une cotonnade légère, et leurs bas et bottes de ma-
roquin. Les femmes, assez belles, portent des robes
en toile de colon, tissus de soie, demi-soie, drap,
se fardent et teignent leurs ongles ; plusieurs même
portent au nez des anneaux en or ou en argent. Les
hommes jouent aux échecs et aux osselets. Beaucoup
aiment les boissons furtes, que les juifs vendent mal-
gré la défense du Koran.
Les Uzbeks, peuplade turque qui s'empara de la
Boukharie dans le xi« siècle, forment la majeure par-
lie de la nation ; viennent ensuite les Turcomans, les
Tadjikis, les Boukhares, les Afghans, les Juifs et les
Bohémiens.
Les Boukhares parcoorent toute l'Asie pour leur
commerce, et ont formé de nombreuses colonies en
Russie, en Chine et dans les Etats limitrophes.
Bulacum, ou Bulogium, Buloyer, paroisse du dio-
cèse de Versailles, canton de Chevreuse, où est le
bureau de poste, commune de Saint-Lamberi-les-Bois,
dépt. de Selne-et-Oise, à 4 kil. nord de Chevreuse,
à 8 de Versailles. C'était un ancien ,flef qui relevait
de Villepreux ; il en est fait mention dans un litre
(I) Le sunnisme est une branche de l'islamisme.
Au tond, il y a peu de différence entre les divisions
de l'an 12U. On cacha dans le château les reliques
de saint Quentin, célèl>re martyr de Picardie, lors
des guerres oci'asionnées par le protestantisme. Elles
y restèrent jusqu'en l(i20. A celte époque, le cliapi-
trede Iwille de S:iint-Quentin les ramena avec solen-
nité dans son église collégiale. Mais par reconnais-
sance il laissa une mâchoire, à laquelle était re^tée
une dent, à la dame du château de Buloyer, qui la lé-
gua, en mourant, en 1653, h sa fdie, religieuse de
Port-Royal, où celle relique se conservait avec beau-
coup de dévotion.
La population de Buloyer avec celle de Saint-Lam-
bert-les-Bois esi de 500 habitants.
Btilacurtis, Boulancourt, paroisse de l'ancien dio-
cèse de Troyes, aujourd'hui de celui de Meaux, can-
ton de la Chapelle, près de la rivière de Juisne, arr.
de Fontainebleau, Seine-ei-M.irnc, à 10 ki!. de Ne-
mours et 52 de Melun. Popul. 275 habitants. Il y
avali une abbaye commendaiaire d'hommes de l'or-
dre de Clieaux, dans la Champagne proprement diie,
diocèse et élection de Troyes, parlement de Paris,
intendance de Chàlons. Cette abbaye avait été fon-
dée, en H'iO, pour des chanoines réguliers, qui la
cédèrent à l'ordre de Cîteaux en HS2; elle rappor-
tait 5000 francs à son abbé, qui payait liO florins
à la cour de Rome, lorsqu'il en obtenait ses provi-
sions. Entre plusieurs tombeaux dont l'églse de celle
abbaye était ornée, celui d'Elion AmoncourI, abbé de
ce monastère, attirait l'alieniion des connaisseurs.
Bulbacum, Bolbec, ville du diocèse de Rouen, chef-
lieu de canton de l'arrond. du Havre, dépt. de la
Seine-Inférieure, à 42 kil. de Rouen, 24 du Havre
el 174 de Paris. Sa population en 1802 n'était que
de 4500; elle passe aujourd'hui 10,000. Agréablement
située sur le penchant d'un coteau baigné par la pe-
tite rivière de Bolbec, dans une vallée étroite, à la
jonciion de quatre vallons; environnée de collines
boisées, elle est bien bàiic, partie en briques et par-
lie en pierres de taille, dans un territoire fertile en
grains, en chanvre, et en bons pâturages. On y re-
marque des labriques de cuirs, d'étoffes de laine,
toiles de lin et de coton, siamoises, indiennes, mou-
choirs, dentelles, velours de coton, couiils, filatures
de coton, tanneries ei corroieries, teinturerie.-. Le
commerce porte sur les grains, chanvre, cuirs, laine,
.soude, coutellerie, chevaux et bestiaux élevés dans
l'arr. Bolbec a un entrepôt de toiles dites cretonnes,
fabriquées dans les environs. Son église paroissiale
est dédiée à saint Michel. 11 a été établi une église
consistoriale dans cette ville; elle comprend les ar-
rondissements du Havre et d'Yvetot, et 94 com-
munes. — Elle était autrefois dépendance du comté
d'Eu, du diocèse, du parlement et de rintendance do
Rouen ; de l'élection de Caudebecet siège d'une ser-
genlerie el d'une mairie. Elle avait un prieuré à la
nomination de l'abbé de L'ernay. — Le 11 juillet 1763.
le feu prit dans la maison d'un boucher, et se coin.
de l'islam; toutes acceptenl le Koran. Les variations
ne portent que sur certaines inierprétaiions.
229
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 2S0
muniqua à la ville. De se? 900 maisons, 8G4 furent
réduiies en cendres; il n'en resla pas 10 intactes.
li ne resta rien non plus de l'église, qni était assez
belle, et 3009 personnes se trouvèrent ruinées et
dans la plus affreuse misère. Pour aider les iiabiianls
à réparer leurs pertes, le parlement de Rouen rendit
un arrêt pour ordonner une f|ucie générale dans cha-
que maison de la ville el des faubourgs de Rouen,
et nomma les commissaires chargés de celte quête.
Le même arrêt enjoignit aux juges royaux du liail-
liagedeCaen d'en prescrire de pareilles dans les villes
et bourgs de leur ressort. Ou fil ces quêtes, annon-
cées à l'avance au prône, et le roi exempt i tes habi-
tants du payement des impositions pendant cinq ans.
Avant cet incendie, le second que cette ville ait souf-
fert dans l'espace d'un siècle, Bolbec était ceinte de
murailles, el l'on y entrait par trois portes. — La
grande route de Paris au Havre passe à Bolbec.
Bullœtim, Bulles, paroisse du diocèse de Beauvais,
canton, arrond. el bureau deposle de Clermont-Oise,
dépl. de l'Oise, à 1*2 kil. de Clermont, et 68 de Pa-
ris. Si Ton en croit Adrien de Valois, il est mention
de Bulles sous le nom de Ëvbulla, dès l'an 1073. Un
Manassès de Bulles accompagna Louis VII .à la croi-
sade; dans une lettre à Suger, le roi témoigne loi;le
l'estime qu'il en faisait; il mourut en 1148, au com-
bat de Laodicée. — La seigneurie de Bulles appar-
tenait aux comtes deDammartin. Pendant longtemps
le commerce des toiles de demi-Hollande, qui se fa-
briquaient à Bulles, lui donna une grande importance.
On cultivait dans les environs une grande quantité
de lins, préférables à ceuxdeloFlandre; les Flamands
et les Hollandais s'en procuraient à grands frais,
pour donner à leurs toiles la finesse qui fait leur ré-
putation. Le gou\ernemeni français, jaloux de proté-
ger ces établissements, avait exempté ses habitanis
des corvées et diminué leurs impositions. Leurs en-
fants ne tiraient point à la milice; il accordait h ceux
qui se livraient à la culture du lin des privilèges qui
firent un moment la fortune de ces contrées. Si quel-
qu'un négligeait une année la culture de ses terres,
il était permis à tout habitant de la commune de
Bulles, ou de ses environs, de semer du lin dans ses
champs, en lui payant, par forme de loyer, 3 livres
par mine. Tous ces détails sont attestés par un rè-
glement de l'intendant de Soissons, fait en 17;.5. Les
toiles de Bulles se répandirent en France, et surtout
en Espagne. Leur principal entrepôt était Beauvais.
En 1751 el 1753, les linières de Bulles furent à peu
près .abandonnées. Il parait que des inondations dé-
truisirent les digues qui les protégeaient. Dans les
Beaux jours de la manufacture des linières, on y fa-
briquait jusqu'à 5000 pièces de toiles par an. Bulles
était le siège d'une prévôté royale. Sa popul. est d'en-
viron 1100 habitanis, y compris les hameaux de l'Or-
ttil, Monceaux, les maisonsisolées de Forderai:w, La
Chap.'lk et le moulin de Ste-Fonlaine. Il s'y lient
tous les ans une foire le vendredi saint, et un marché
'e vendredi de chaque semaine. Le terroir de cette
commune est en labour et prairies; une partie est on
bois. Bulles est dans une vallée, sur la petite rivière
de Bresche, qui fait tourner deux moulins, l'un .à fa-
rine el l'autre ï huile.
Btinienilacuin, Blaac-Ménil, petite paroisse de l'an-
cien diocèse de Paris, maintenant de celui de Ver-
sailles, canton deGonesse, arrond. de Pontoise, dép.
de Seine-et-Oise, à 12 kil. nord-est de Paris, popul.
12Ô habitants, y compris les maisons isolées dites le
Goudray. — Blanc-Ménil était autrefois dépendant
de Dugny; mais, en 1553, le roi Jean y lit bâtir une
chapelle dédiée à Notre-Dame, et il s'y établit une
notable confrérie. Charles VI permit, en 1407, aux
changeurs et orfèvres de Paris, de continuer la con-
frérie, Cl d'avoir une cloche pour crier celle confré-
rie dans les rues de Paris. Les Parisiens venaient dans
cette église en procession; elle devint paroisse en
1453. Les orfèvres se rassemblaient au son d'une
cloche d'argent qni leur appartenait, et qu'on leur
vola plusieurs fois, notamment en 158S, où trois ha-
bitants de ce village, qu'on avait soupçonnés d'avoir
fait le vol, furent pendus. — Guillaume de Lamoi-
gnon, président à mortier au parlement de Paris, fui
seigneur de Blanc-Ménil. Il y possédait un château
fort solidement bâti, el flanqué de quatre pavillons.
Ce château a été démoli pendant la révolution.
— Le territoire de Blanc-Ménil est très-peu étendu;
il est cultivé en grains et en prairies.
Bunidellum, vel Bundellum, Bondoufle Ou Bondou-
(les, paroisse de l'ancien diocèse de Paris, à présent
de celui de Versailles, canton et arrond. de Corbeil,
dépl. de Seine-el-Oise, à 10 kil. ouest de Corbeil, où
est le bureau de poste. Popul. 2C0 habitanis envi-
ron. — Ce village existait au moins dès le xi' siècle,
puisque dès lors il était paroisse. L'église a un chœur
voûté et qui ne paraît bâti que depuis 3 ou 400 ans.
A la clef de cette vollte est un écu chargé de trois
claies ou herses. Au côté droit de la même voûte est
un autre écu chargé d'une croix ancrée, et au côté
gauche il y en a un autre chargé de trois losanges.
A côté du chœur, vers la partie septentrionale, est une
tour de grès, un peu écrasée, dont le bas paraît être
du xi\» siècle, aussi bien que la porte qui est du même
côié. Saint Fiacre, solitaire du diocèse de Meaux, est
honoré comme le patron du lieu, mais ce n'est que
depuis une époque assez rapprochée, car il est évi-
dent, par les titres, que c'est saint Denis, premier
évéque de Paris, qui est le véritable el ancien pa-
tron.
Bunisiaca , Bonisiaea , vel Bonisies, Bondy, ou
Boudy, ou Bondies, paroisse du diocèse de Paris,
canton de Pantin, Seine, à 10 kil. de Paris, h 32 de
Meaux. Popul. 120[) habitanis environ. Ce \illage
est dans une situation agréable, au milieu d'une
plaine fertile, près de la forêt qui porte son nom, à
l'entrée de laquelle elle était située il y a environ
60 ans, a peu de distance du canal de l'Ourcq. Il
est traversé par la grande mute de Paris en Alle-
magne, et environné d'un grand nombre de joliei
231
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQLE.
maisons de campagne; à son exiréniiié occidentale
sont un assez beau cliâleau et un parc. — Les prin-
cijiaies prodnclions du terroir soiil en grains. — La
preuve la plus ancienne qu'on puisse trouver de
l'existence de Bondi, est le testament d'une datiie
Hernienlrude, de l'an 700 environ, pir lequel elle
donne h l'église de ce lieu, qu'elle noninie Bonisia-
censis, 1* des bœufs avec la cliaime et lout i'atlir.iil
(lu laliourage; 2" une terre appelée en latin Vulon-
num, avec ses dépendances ; 3° une pièce de vigne
située in Monte Buxaia. Par le même acte, elle
donne encore une paire d'habits aux frères d'une
coramunaiiié de moines, établie alors a Bondi, dont
les différents noms, à cette époque, étaient Boimies,
Bomies, Bonisiaca. 11 ne portait plus celui-ci au
xi*^ siècle, puisque Henri !«', dans une charte de
1060, l'appelle Buiigeiœ. La bulle d'Uibain II, qui
confirme la donation faite par Henri 1" de ses biens
à St-iMarlin-des-Cliamps, de l'année 1007, dit villa
quœ dtcitur Bonzeia. Au siècle suivant, on variait
sur la manière d'écrire ce nom : un diplôme ds
Louis VU, de 1157, met Bungeias, et plus bas il
confirme aux religieux susdits viginti solidos i)i pe-
dag'o BoMCEuniu de eleemosyna Alberti militis, co-
gnati Willelnn de Garlande. Cet endroit prouve que
Bondi était sur la grande route comme aujourd'hui,
puisque voilà un péage qui s'y était établi. Selon
l'abbé Lebeuf, Livri, Clicby et Vaujours étaient des
dépendances de Bondi. L'église, sous le vocable de
saint Pierre, a éié dédiée, eu 155Ô, par Gui, évêque
de Mégare. Avant la révolution, celle église renfer-
mait une tombe, que l'on croyait être du xvi« siècle,
et sur l;iquelle on lisait cette inscription : Cy gist
noble homme M . Clément Loyson, en son vivant die-
valier, teigneur de Bondis en partie, capitaine pour te
roy de ta ville de M ontmédy , au pays de Luxembourg,
et Honorine de Beauvoir, sa femnif, laquelle décéda...
Bondi avait des seigneurs, parmi lesquels on trouve,
en 1238, un Simon de Boiidies, écuyer; et, au xvii'
siècle, un marchand de vins nommé Triboulet, qui
y fit bâtir un château et le donna à son (ils, tréso-
rier de France. Une léproserie existait dans ce vil-
lage au XIII' siècle, et passait déjà pour ancienne à
cette époque reculée; sa chapelle était sous le litre
de Ste-Marie-Madeleine, et a été depuis longtemps
renfermée dans l'église paroissiale. C'est à Bondi que
l'on avait préparé les premiers relais pour la fuite
du roi, en 1791. Voici ce qu'on lit dans l'alibé Le-
beuf au sujet de la Forêt de Bondi, t Les écrivains
ont pu désigner celte forêt sous le nom de Bondies,
par la n.'cessiié de la distinguer des forêts de .Mont-
morency, de Rouvray ou Boulogne, de Senlis, eic...
Quelques-uns ont cru que l'ancien nom de cene fnrél
était Lauconia Sylva, et assurent, en conséquence,
que c'est le lieu où le roi d'Auslrasie, Childéric II du
nom, fut tué vers l'an 075; mais si celte furet avait
été appelée Lauconia, il serait difficile que quelque
canton n'eiil pas conservé ce nom. Comme il n'y en
a aucun, j'avais conjecturé que cette forêt Lauronia
était entre Paris et Rouen, vers Loconville : je
pense à présent que c'était plutôt celle de la Brie,
où est le village de Logne. Ce qu'il y a de siir, c'est
que quelques-uns de nos monuments donnent le nom
de forêt de Bondies à une forêt où le roi Charles VI
allait quelquefois chass. r; que la même forêt four-
nissait du bois à Paris en 1417, et que l'on proposa
en 1j18, au même prince, de permettre de vendre
de son bois de Bond es plus largement qu'on ne tai-
sait pour celle fourniture. De plus, qu'en 1S87 ce
fut dans la même forêt que le roi l'enii 111 donna
aux religieuses de Saini-Aiitoine-des-Cliamps 4 ar-
pents de bois pour leur chauffage durant neuf ans.
H est encore certain que l'évéïieuienl du chien qui
servit à découvrir le meurtrier de sou maître, et
que l'on dit s'être battu publique i,ent contre ce
meurtrier, passe pour êire arrivé dans la forêt de
Bondies. On croit que ce fut au xin' siècle. Si ce
fait n'est pas le môme qu'.AIbéric. dans sa Chronique,
regardait déjà de sou temps comme une ancienne
fable, il faut le voir à l'an 770. La même forêt da
Bondies est encore remarquaUe en ce que c'est celle
où la basoche du palais se transporte tous les ans
au mois de mai, et par l'organe de son procureur
général prononce une harangue sous un orme ap-
pelé 1 our celle raison l'orme aux harangues, avant
que de requérir les officiers des eaux et forêts de
faire marquer deux arbres, dont l'un doit être posé
le dernier samedi du même mois dans la cour du
palais, au son des cymbales, trumpeires et hautbois.
Le jour de la position de cet arbre a été depuis remis
au mois de juillet. > Celte forêt était autref< is telle-
ment redoutée, qu'elle est passée en proverbe pour
signifier un lieu de brigandage. Percée d'une mul-
tiiude de rouies, traversée par le canal de iOurcq
et la grande route d'Allemagne, elle offre aujour-
d'hui de belles promenades. Elle renferme le châ-
teau de Raincy. Sa longueur du N.-.N.-O. au S.-S.-O.
est de 2o00 toises, et sa largeur de l'E. à l'O.,
1800. Un auteur a ainsi décrit les événements mili-
taires de 1814, dont Bondi a été le théâtre : < Le
corps du général prussien Yorck (I) en vint aux
mains dans la forêt de Bondi avec les corps qui se
repliaient sur Paris. Le combat fut long et meur-
trier ; les Français, appuyés sur la forêt, y anêiè-
rent longtemps les efforts de l'ennemi; mais leur
de.-tin, dans celte guerre, étant d'être en toute cir-
constance accablés par le nombre, ils furent obligés
de céder, et laissèrent le général prussien maître d«
Bondi. Le lendemain 28, le général russe Rayefski
vint occuper le village, et le quitta le 29 pour se
rendre en toute bâte sous les murs de Paris, où de-
vait enfin se terminer cette grande querelle qui
avait fait prendre les armes à plus d'un million de
combattants. Le 30 mars suivant, l'empereur de
(Il C'est ce Prussien qui déserta les drapeaux français en 1812, et donna le premier l'exemple de
la félonie et de la trahison étrangère
' I
II,
235 GEOGRAPIIIK DKS LEGENDIÎS AU MOYEN AGE.
254.
Russie ei le roi de Prusse, qui iiiarch.iieni à la suile
de leur année, porièrent à Bondi leur quartier gé-
néral. C'est dans ce viilago que ces deux ninnarques
reçiirerit en leur présence le caiiilaii'e-ingénieur
Peyre, aliiiché à l'élai-inajor général de Paris, et
envoyé par le gnuverneur Hullin, pour coniialire les
motifs qui avaient lait refuser les parlementaire».
Alexandre lui lit parcourir tdUte la lisiie des armées
alliées, alin de le meure à même de bien apprécier
les forces imposantes qui ail .ieni atlaqucr Paris, et
le renvoya eu lui disant que la capitale de la France
n'avait i|u'un moyen de salut, c'était de se rendre.
Immédiatement après la signature de la capilnlation
de Paris, l'empereur de lin-sie et le roi de Prusse,
qui s'étaient poriés à Bolleville pour recevoir les
proposiiionsdes Parisiens, retniinèrent ii Bondi, (iù
était toujours leur quartier-général. Le lendemain,
31 mars, ils quillcrent Bondi pour faite, à la lèle de
leurs troupes, leur entrée lrioinpl;aie dans Pari»! Le
10 avril, même année, de^ détacliemenis des sis pre-
mières légions de la garde nationale de Paris se
rendirent à Bondi, pour y recevoir Monsieur (depuis
Charles X), frère du roi Louis XVIll, qui devait y
passer pour se rendre à Paris. >
Bunnm, Buniiim, Bnliy, paroisse de l'ancien dio-
cèse de Rouen, maintenant de celui de Versailles,
canton et bureau de poste de Magny, arrond. de
Manies, départ, de Seiue-ei-Ûise, à 8kil. de Magny,
à 64 de Paris, au nord-ouest.
Le chiitcau, bâti avec beaucuup de soin par le fa-
meux Duplessis-.Mi'rnay, seigneur de Duplessis-Mar-
ly, calvitiisle outré, surtiommé le pape des huguenots,
gouverneur de Sauniur, habile politique et Ibéolo-
gien, él il oraé, dans >cs frises, d'armes et d'une
quatitiié de cliilTres etdedevises en l'honneur d'Hen-
ri IV. Pendant le règne de la terreur, tous ces or-
nemeiils furent biisés ou effacés. Buhy était le lieu
de naissance de Mornay. Lors de l'alijuralion d'Hen-
ri IV, il se relira de la cour, ce qui fit beaucoup de
peine au roi, dont il était l'ami. Il était né en ISiO,
il mourut en 1623, dans sa baronnie de la Forèi-sur-
Seure en Poitou. Mornay passe pour le plus vertueux
et le pins grand homme que le calvinisme ait pro-
duit. Il avaji composé, contre les catholiques et la
nie-se, un livre intitulé le Mystère de l'Iniquité, et
l'avait grossi d'un grand nombre de passages tirés de
l'Ecrilureei des Pères. Jacipies Davy-Duperron, é»ê-
qued'Evreux, qui fut dans la suite le cardinal Du-
perron, s'ob igea, devant Henri IV, de Ir.iuver 500
faussetés dans le livre d« Mornay, et proposa d'en
■venir à la preuve. Le roi y consentit, et nomma des
juges qui avouèrent que l'évèque était resté victo-
rieux dans la lutte. Henri IV dit h Sully : i Eh bien !
que vous en semble de votie pape? — Il mesunilde,
répondit le ministre, qu'il est plus pape que vous ne
pensez, car ne voyez-vous pas i|u'il donne un cha-
peau rouge à M. d'Evrcux ? > Le roi écrivit au duc
d'Epeinon : < Le diocèse d'Evreux a vaincu celui
de Saumur. > Un ministre proteslatit, rendant coniiC'.
DlCTIONtAIRi: VK GliOGRAPHlE ECCL. II,
à un capitaine de sa secte du triste succès de
cette dispute, lui disait avec douleur : < L'évêqne
d'Evreux a déjà emporté plusieurs passages sut Du-
plessis! — Qu'importe ' répiuid le capitaine, pourvu
que celui de Saumur lui demeure. > Il fai»ait allu-
sion au gouvernenu-nl de Saiiniur qu'avait Duplessis-
Mornay, et qui donnait aux liugu. nols un passage
important sur la Loire. — La pop. de Buhy est
d'env. 500 hab., avec le hameau du Buchet. Les
proiloctions du terroir sont en grains; une partie est
en prairies et bois.
Burgellum, le Botirget, paroisse du diocèse de
Paris, arrond. de Saint-Denis, départ, de la Seine,
à lu kil. nord-est de Paris.
Il n'était autrefois qu'un liameau de la paroisse de
Diigny; il est devenu, depuis la révolution, une com-
mune séparée. Son nom latin, Burgellum, est le di-
miniiiilde /'Hr^Miii, qui, eti basse latinité, signilie
bourg et village. Quelques titres du xiv« siècle nom-
ment ce lieu Bourgcel; mais un ameNr du même
temps l'écrit Bonrget, comme on fait aujouid'hui :
c'est Guill.ume de Muchan, poêle picard, qui avait
souvent traversé ce village. Sur la lin de son poème
intitulé Confort d'Amy, parlant d'un lieu d'Allemagne
nomtné l.lumorl, où l'impératrice se relirait, il s'ex-
prime ainsi :
Cesl une villette en l'Empire,
Qui n'est gueres don Bourget pire.
Les habitants du BoiirjpW, selon ce qui est rap-
porté dans le dernier volume des ordonnances du roi
Cbarles V, furent déclarés exempts des prises pour
Tutilité de la cour, attendu qu'ils avaient été endom-
magés et pillés par les ennemis, à cause de leur si-
tuation sur le grand chemin royal. On lit aussi dans
le journal du roi Cbarles Vil, qu'en 1430, le 28 août,
les Armagnacs, avertis par des amis qu'ils avaient
dans Paris, que les Parisiens ava.ent beaucoup de
blés nouvellement recueillis au Bourget, mirent le
feu aux charrettes qui en étaient chargées. —
Au xiv siècle , il y avait dans ce vdiage
une léproserie exemple de l'ordinaire , comme
étant sur la terre de Saint-Denis. — il y a une
poste aux lettres et un relais de la poste aux
chevaux, et plusieurs auherges pour les voyageurs.
Le Bourget est traversé par la roule de Paris en
Flandre, et il n'a qu'une seule rue assez grande ; sa
population est d'environ 800 habitants. — Creilé de
Palluel, auteur d'excellents ouvrages sur l'économie
rurale, esi né au Bourget. Le "20 juin 1SI.Ï, Napoléon,
en revenant à Paris après la bataille du Mont-Saint
Jean, s'anêta dans ce vill ige et y dina; il n'en pat lit
qu'à 8 lieures du soir pour rentrer dans la capitale.
Burgundia, la Bourgogne, ancienne et célèbre nro-
viiice de France , de 2-20 kil. dt! long sur 1 iO de
large, bninée à l'est par la Franche-Coniié, à l'ouest
par le lîourboimais et le Nivernais, au sud par le
Lyonnais et la Bresse, au nord par la Champagne;
clic est fertile en gr dns, en fruits, et surtout en
\i:is excellents, comme ceux de Cliamberiin, du
8
835
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Nuiis, de Beaune, de Pomard, de Volnay, etc. Elle
prit son nom des Bourguignons qui l'envahirent.
On ne saurait décider de quel point de la Germa-
nie partirent les Bmgundi, Burgundiones, ou Bour-
guignons, qui aiiainièrent l'empire ronuin vers
l'an 275. Ils formèrent, dit Malte Brun dans sop His-
toire de la géographie, une tribu gothique ou vanda-
lique, qui, des bords de la basse Vistule, fit des
courses, d'un côté vers la Transylvanie, de l'aiiire
vers le centre de l'Allemagne. L'assertion sinijuliére
d'Ammien Marcellin, qui les appelle descendants des
Romains, peut s'expliquer par leur alliance avec ces
derniers contre les Alamatini, lors de leur séjour
dans la Francunie. Une opinion exagérée, inventée
dans le xvi' siècle, et répétée par les Celiomanes
modernes, les fait sortir des Gaules à une époque
inconnue; mais cetie chimère, dénuée de tout té-
moignage historique, ne mérite d'èire citée que pour
montrer jusqu'où la vanité nationale peut conduire
les faiseurs de sysicmes. Il reste eenain que les
Burgundiones partirent des bords du Mein pour pas-
ser le Rhin en iO?, et qu'ils s'établirent en Gaule
vers l'an 436 ; ils professaient l'arianisnie, comme
les Wandales.
Le premier royaume de Bourgogne renfermait dans
ses limites la Bourgogne moderne, laFranclie-Comté,
la Suisse, le Valai-,laSavnie,leLyonnais ; il s'éiendit
même pour quelque temps jusqu'en Provence. Il ne
dura que de 414 à 556, époque à laquelle les Francs
s'en rendirent les maîtres. Aux u*^ et x<^ siècles, il se
forma un second royaume sous le nom de Bourgo-
gogne Transjnrane, c'est-à-dire au delà du Jura. Il
comprenait la Provence, le Dauphiné, la Savoie et
une partie de la Suisse; Aries en était la capitale.
Tout ce qui nous reste de la langue des Bourgui-
gnons est gothique; même l'habit rouge sans man-
ches, nommé armitausa, et qui a fait donner à une
tribu bourguignonne le nom (l'Ai-mi/a«sim, concourt
à prouver que ces peuples parlaient un idiome go-
thique. Rien dans leurs usages n'indique une origine
différonte. Nouvellement sortis des forêts du Nord,
ils conserv.iient un extérieur grossier; leur taille
était gigantesque ; ils aimaient l'oisiveté, le chant et
la musique; le beurre rance leur servait de pom-
made; el Théodoric, lOsirogoih, envoya au roi des
Bourguignons une horloge, comme un objet propre
à leur fnire sentir les bienfaits de la civilisation.
La Bourgogne inférieure, c'est-à-dire ce qu'on ap-
pelle le duché, fut donnée par Cliarlemagne à Hu-
gues, sou fils naturel, surnommé le Grand et l'Abbé.
Charles le Chauve confirma cette donation à Robert,
qui avait épousé la ûlle unique de cet Hugues. Sa
postérité en jouit jusqu'au règne du roi Robert,
que Robert, son troisième fils, s'en étant emparé, s'y
maintint si bien, qu'Henri, son frère aine, étant
parvenu à la couronne, lut obligé de lui céder le du-
ché de B.iurgogne par acconrmodemenl. t:e fut ce
Robert qui fit la première branche des ducs de Bour-
gogne descendus de la maison de France par Hu-
gues Capet, laquelle dura jusqu'en Î56I, que le duc
Philippe, dit de Rouvre, duc de Bourgogne, mourut
à i'àge de quinze ans sans laisser d'enfants de Mar-
guérite de Flandre , sa femme. Ce duché ayant été
réuni à la couronne, le roi Jean le donna à Philippe
le Hardi, son quatrième fils, avec la clause de re-
tour faute d'hoirs mâles. Celte clause eut son eOet
après la mort de Charles IV, dit le Téméraire, der-
nier duc de cette seconde branche, dont la fille uni-
que, appelée Marie, épousa l'empereur Maximilieo,
premier de ce nom.
Le duché de Bourgogne était la première pairie
du royaume, et la couronne de ses ducs était enri-
chie des ornements de la couronne royale, parce
qu'ils avaient succédé aux anciens rois de Bourgo-
gne. Le décret du concile de Constance du 26
mai 1435 mit les ducs de Bourgogne au-dessus de
tous les aulres, ordonnant qu'ils auraient rang et
séance après les rois immédiatement dans les assembtéei
de la chréiienié.Ce décret fut rendu à la sollicilaiion
de Jean Germain, premièrement évéque de Nevers,
puis de Châlons, et ambassadeur du duc de Bourgo-
gne à ce concile. Sous les princes de la seconde
branche, la Bourgogne parvint à une haute puis-
sance et à une grande prospérité.
Sainte Clotilde, qui épousa Klowig (Clovis), était
fille d'un roi de Bourgogne de la première époiiue.
Le duclié de Bourgogne, après sa réunion à la
France opérée par Louis XI, se trouvait réparti en-
tre les évêcliés de Langres, de Chàlons, de M;icon,
d'Autun et d'Auxerre. L'évêché de Langres faisait
partie de la Champagne; mais il était si étendu,
qu'il compienait Dijon et allait bien au delà de cette
ville. La Bourgogne conteirait vingt-huit abbayes de
l'ordre de Saint-Benoit, savoir ; Jix-neuf d'hommes,
et neuf de filles; dix-neuf de l'ordre de Citeaux,
savoir : douze d'hommes, et sept de filles; six de
l'ordre de Saint-Augustin pour les hommes, et une
seule abbaye de l'ordre de Prtmontré, ou Pré-
mnntrez.
Parmi les abbayes de Saint-Benoit, on distinguait
celles de Vézelay, de Tournus, de Cluny, et de Saint-
Bénigne de Dijon. Parmi celles de Citeaux, on re-
marquait les abbayes de Sepifons, de Cîieaux et de
\\ Ferlé. L'abbaye de l'ordre de Piémontré, Saiul-
Marian d'Auxerre, fondéeen 425 par saint Germain,
évêque de celte ville, sous rinvoca:ion des saints
Cosnie et Damieiv, prit ensuite le nom de saintMarian,
qui s'y retira. Ruii ée par les Normands en 903, eVe
fut en 1159 abandon lée à Tordre de Prémontré. Dé-
truite en 1565 par les calvinistes, les religieux furent
transférés dans l'église de Notre-D.ime-de-Ia-Dehors.
La Bourgogne avait, comme la Bretagne et le Lan-
guedoc, ses états généraux composés du clergé, de
la noblesse el du tiers état. Les évoques d'Autnn, de
Cbâ! ins, d'Auxerre et de Mâcon y assistaietiten ca-
mail et en rochei. Le premier se prétendait prési-
deni-ié des états. Les abbés des principales abbayei
y avaient droit de présence, et à leur tête on voyaîl
l'ahbé de Cileaux. —La Bourgogne forme, dans la
nouvelle division puliiique de la France, une paitie du
dépi. de rVonne, et presque la totalité do veux de
la Côie-d'Or, de S.iône-et-Loiro et de l'Ain. Car la
Bresse et le Bugey, qui consiituent la plus forte par-
tie de ce dernier dépt., se irouvaieut circnnscriis
dans le gouvernement du duché de Bourgogne.
Quant à l'organisation ecclésiastique, les diocèses
de Sens, de Dijon, d'.\utun ei de Beiley, compren-
nent toute l'étendue de la province avec ses annexes
la Bresse et le Bugey.Les ancie:is évécliés d'Auxerre,
de Cliâions et de Mâcon, supprimés par le concor-
dai de 180!, n'ont pas été rétablis par les conveu-
tioug du saint-siége avec le gonverneuieni français,
conventions resiiielives du concordai de 1817.
Dijon était la capitale du duché de Bourgogne. Au
commeneemeni du xvui" siècle, on y insiilua un
évétlié.
Les éiats de Bourgogne avaient, en 1775, entre-
pris un canal destiné à établir une communication
entre i'Yonne et la Saône, et à former ainsi une nou-
velle jonction des ileux mers, passant pai le centre
de la France, commnniquani au Uhin par le canal
du Doubs, ou de la Franche-Comté, appelé d'abord
canal de Monsienr, ei fai.-ant partie de la ligne de
navigation la plus favorable aux relations commercia-
les de la France. Il a s(.n enib. dans l'Yiiiine, un peu
au-dessus de la Hoclie ; de là il suit la droite de l'Ar-
mançon, passe par Biinon, Saint-Florentin, Tminerre,
Ancy-le-Franc, Aisy,Bu(ron; prend ensuite la droite
de la Brenne, passe par Monibard, irav. la Brenne,
suit la rive g., liav. Pouillenay, quitte la vallée de
la Brenne pour repasser dans celle de l'.\rmançon,
afrose Marigny, Samt-Tbibaull, rentre dans la vallée
de Pouilly, point de partjge;de l'<uiillyii va àVan-
denesse, à Crugey, arrive au vallon de l'Ouche au-
dessus de Veuvey, passe à Venvey, Gissey, Ponl-
de-Pany, Plombières, Dijon, Longvic, et descend par
la plaine jusqu'à li Saône; passe par Bieienière, Ai-
serey.Brasey, etSaint-Jean-de-Losne, dépt. delaCôte-
d'Or, où il a son emb. dans la Saône. La longueur
totale du développement est de 241 kil. 469 mètres,
ou tO lieues lj3 environ.
Burgunnar'ia, Bourgonnières ou Bourgonnerie, ha-
meau dépendant de Lirses, paroisse du diocèse de
Versailles, airoiid.del.orbeil, dépt. de Seine-et-Oi.-e,
appelé en latin, par un historien, Biirguntiaria, par
la raison, dit il, que les Bourguignons y nni f.iit leur
demeure : eo quod ibi BhV(jui:diones hubiiaverunl.
Celle leire, que Durchard av.ut dimnée à Badoii, son
jirévôt, revint à l'abbiye iie Saint-.Manr par la dona-
tion qu'Alrun, lils de Uail.m, lui en lit l'an 1028, et
qui fut cnnGruice par le roi Uolieit, à Clielles, l'an
1U29. Il parait qu'en Irançais on a di!l l'appeler la
Bourgonnière ou la Bourgonnerie.
Burium, Burum, Bures, paroisse de l'ancien dio-
cèse de Paris, actuellemeni de celui de Versailles,
canton de Palaise.iu, dépt. de Seine-ei-Oise, à ii kil.
sud-ouest de Paris, et 6 de Pataiseau.
GÉOGRAPHIE DES LEGENDES AU MO'ÏEN AGE. 23à
Ce village est dans une vallée sur la petite rivière
d'Yvette, qui fait tourner deux moulins. Le terroir
consiste en terres ar;ibles, bois et prairies.
Ce lieu, dit l'abbé Lebeuf, lire peut-être sa déno-
mination de ce qu'il était bâti près d'une place voi-
sine d'une forêt, dans laquelle on faisait des ainai
de branchages d'arbres, que nous appelons bourrées,
et qu'un écrivait autrefois burées, où la lettre u se
prononçait ou. En effet, la montagne qui couvrait et
village, du côté du midi, était en furet, car il n'y a
plus que lus coteaux exposés au septentrion qui sont
garnis de bois. On sait que dans les vieux litres de
certains pays, buret signiûail des feux de bourrées,
tels qu'on les faisait le 1^'' dimanche de carême, dans
les villages, d'où le dimanche était appelé le diman-
che des burres. L'église de ce lieu était sous l'invo-
cation de saint Mail lieu, apôtre et évangéliste, et cela
de temps immémorial. U subsiste des actes, du iv«
siècle, où elle est dite eccleùa Sancii Maiihcci de Bu-
ris. Celle église, dans sa cunslruciiou el pour son
architecture, n'avait rien de remarquable. Dans la
côté droit du tliœur, entre les deux premiers piliers
était un mausolée, sur lequel étaient représentés à ge-
noux, en pierre, el de la hauteur naturelle, Antoine
de Chaulnes, seigneur de Bures, et Françoise Ar-
naull, sa femme, a sa gauche; et au bas, dans les
deux côtés, se lisaient deux inscriptions, que Ton
prétend avoir été composées par le cardinal Duper-
ron. On voyait donc sur un marbre noir, au-dessous
de la femme, les ligues suivantes :
Coiisorte vilœ, imo viia iptmmet mea
Francisca sitiuArnalla Avarico Bilurigum
Oriuiula quœ Parisiis ulùma [ato comessi anno
œlatis 37 primi mensis 1585.
Au-dessous du mari :
Dec Maxdmo.
Anlonio de Chaulnes œrurii bel'ici absltneniissimo et
ccnsori œijuissimo, plurimarum aliariim digniliilum
traclulione clarissimo, viio civiguc optimo, ijui lalem
potius esse quatiiditi aut videri semper tcnacisiitne stu-
duit,uxore castissima,V II iiigenuis liberis, amicorum
mutliludine, et le bent parla felicissimo, ip$i tiberi prop-
1er orbitalem iiifelici^simi PP. obiil XX oclobris ISilô,
prateriens amws LV.
En face de ces deux personnes était attachée, au pi-
lier du chiur, une plaque de cuivre contenant 1 6 vers
français, composés par Jean Arnault, frère de la dé-
funte, ainsi i|u'il est marqué an bas. Cet Antoine de
Chaulnes était natif d'Auxerre. L'épiiaphe de sesaii-
cclress'y li-ait sur !e vitrage d'une chapelle de la pi-
rihsse de Saint- Eusèbe. — La cure de Bures élail à la
collation de l'arcluvê.iue de Paris, de même qu'une
chapellenie (|ui étaii dans la même église. La des-
serte de celle-ci se faisait dans l'église deSaint-Eus-
lache, à Paris, mais le bien du bénéfice était situé h
Bures. Ce qu'il y a de plus mémorable sur les sei-
gneurs de Bures est en même temps ce qu'il y a de
plus ancien louchant ce village. Godefroy ou Geo
froy de Bure, du diocèse de Paris (ainsi que le dési
«59
DiCTIONNAIIiK (lE C.KOGUAPIIIE ECCLESIASTIQUE. i!40
gne un Iiistorien du lenips), homme irés-eiitoiidu ;ui
niéiier île la guerre, fui d'un grand secours à Baii-
iloiiin II' du nom, roi du Jérusalem. Lui 1 1 son frère,
Guillaiiine de Bure, allèrent amour de la viMc de
Damas, l'an 1 120, avec nii nombre de soldais, el ;iy:uit
attuqné les Ariibes gardanl leurs lroupe;iux , le jour
de Piques, ils tuèrent 200 Sarrasins, el ne perdirent
que 70 clirélious. Ce Godefioy de Bure fut tué dans
?elte reiicoiUre. Guillaume de Bure, frère de Gode-
f roy, se rendit également illustre à la terre sainte.
Il y fut vioe-roi de Jérusalem, ou administrateur du
royaume, l'an H2i, pemlant une partie du tiiups que
le lOi Baudouin resta dans les prisons des infidèles.
La suite des seigneurs de Bures des siècles posté-
rieurs csi perdwe. Antoine de Cliaulnes, dont on a
rapporté ré|>ilaplie, devint seigneur de Bures après
le milieu du 10'? siècle; el ses descendants, du mê-
me nom jouirent de celle te; re jusqu'environ l'an
1750. L;i population de ce village esi d'environ io)
liab., avec les hameaux des Grand et i'eiit-Mcnil,
Moiijai, anciens lief-, la GHi/ojmen'e , et plusieurs
haliiiaiions isolées, sous diverses dénominations. Le
château seigneurial, situé dans le viUon , du côté
de Gif, n'est plus aujourd'hui qu'une ferme.
Bnromim, Bouron, ou Bouvron.II n'était point en-
core venu d'ermites ou religieux Camaldules jusipie
vers l'an 1630. En veiiu de lettres piteiiies de
Louis Xlll, données au mois de février 1031, ils s'é-
taient établis en quelques lieux du royaume, du con-
Sùnlenunt des évêques. Voulant avoir une maison
dans le voisinage de Paris, ils obiinreiii, vers l'an
1040, du duc d'Angoulèiiie, un lieu sur une montagne
déserte de l'arcliidiaconé de Brie, appelé Mont-Lti,
éloigné de 5 à 6 lieues de la capitale. Au bout d'un
an, ils sollicitèrent leur translation dans un lieu
plus commode. Le duc d'Angonlème leur fit cons-
iiuire, en un lieu dit Bouron ou Bouvrou, sur la pa-
roisse d'Hyerres, en tirant vers Grosbois, des bâti-
ment propres .îles loger, ellil enclore avec leur loge-
II eni iiarp nts de bois taillis. I^'arclievèque de Pa-
ris leur permit de se transférer en celte nouvelle so-
litude, par lettres du 18 mars 1642. Le contrat de
fondation de la maison de Bouro», el de son acqui-
siii n faite par le comte d'Alelz, lils du duc d'An-
gonlème, pour conOrinaiion de ce que son père
avait arrêté, fut fait et passé le l'i mai 1631 par-
devant d' nx notaires du Chàielet de Paris. Depuis ce
temps les Camaidnies avaient été lo^és en ce der-
nier lien, (rù l'usage i'vait été introduit de les appeler
les Camaldiiles de Grosb Os, quoiqu'ils fussent sur
le tenitoire de la paroisse d'Hyerres.
Busacum, le Bus, paroisse de l'ancien diocèse de
Rouen, actuellement de celui <rEvreux, arrond. des
Andelys, dépt. de l'Eure, à 10 kil. de Ycrnon où esl
le bureau de poste, oi à 18 de Paris. Une abbaye de
religieuses de l'ordre de Citeaux, diie du Trésor,
existait dans cette commune avant la révolution ; elle
R été détruite, et les bàliments restants composent
une ferme dont dépend un grand enclos, dans lequel
se trouvent une belle pièce d'eau et un moulin à
farine. La pop. de cette coni. est d'env. 580 liab.,
en y comprenant le hameau de Saint-Remi. Son
terroir esl en labour, bois el prairies.
Buscum abbaiiœ Sanctœ Mariœ, abbaye de Bois-
aux-Dumes. félail une maison de Bénédictines qui
reconnaissaient la sainte Vierge pour leur patronne,
et qui en célébraient la principale fêle à l'Annon-
ciation. On ignore eu quel temps cette abbaye fut
fondée ei par qui ; il est certain qu'elle existait nu
commencement du xr.e siècle, sous le nom de Foo-
tel. Quoique le couvent ne changeât point de place,
oi\ trouve que, durant le cours de ce siècle, onconi-
mença à en iliversilier le nom ; qu'en H71,Thibaud,
abbé de Sainl-Maur, ayant accordé à ces religieuses le
revenu de la prébende annuelle de chaque religieux
décédé à Sainl-Manr, lesap|ielle£<;c/esi(F B. Mariœ de
ISemore el Sanciimoniales ipsius loci. Ce même abbé
les appelle Sanciimoniales B. Mariœ de Bosco dans
l'acte de la même année, par lequel il leur cède, par
charité, tout ce que son ahb.iye possède dans la fo-
rêt de Mainferme, moyennant 2J solspari-is de re-
devance. L'expression de Nemore est aussi simple-
ment employée daos le dm qu'une daiue Odeline fit,
en ll8i, à ces religieuses, de ce qu'elle possédait à
Chatou. En un mol, le nom général de Bois, d'où
l'on a fait le Bois-aux-Dnmes, commença alors à
s'introduire. Celui de .Maliioiie ne commença à être
employé, pour désigniT l'abbiye de Foitel ou l'ab-
baye de Bois-aux- Dames, qu'environ le temps où ces
religieuses lirent l'acquisiilon de la moitié de la
lerie et seigneurie de Malnoue, en 1520 et 1526.
Buscum Sancii Pe(ri, Bois-Saint-Père, ou Saint-
Pierre. — A 2 kil. du village de Bouffémont, près de
Montmorency, était l'église du Bois-Saini-Pierre, située
dans un fond très-solitaire et entourée de bois. Celle
église, réduite à une chapelle avec le logis du fer-
mier, représentait les restes d'une communauté que
l'abbaye de Saint-Victor de Paris avait eue autrefois
en ce lieu. Celte chapelle avait éé rebâtie depuis
plus de cent ans, el n'avait parconséqueni rieu d'an-
cien; elle était un peu sur le coteau, pour éviter
rinconimodité des eaux qui séjournaient dans le bas
une fraude partie de l'année. A l'autel, était repré-
sentée la sainte Vierge, première patronne, avec
sainte Radegonde el la Véronique; aux vitraux,
étaient peints saint t'ierre avec les armes de Mont-
morency, el saint Victor, martyr. Le peuple appe-
lait cette chapelle plus communément du nom de
Sainle-Kadegonde,el y allait en pèlerinage ponrinvo-
quer cette sainte reine. Auprès de la ferme du prieur,
on v yail une fontaine, suivant l'ordinaire des lieux
de dévotion où il y a concours; mais comme c'était
le duc de .Montmorency qui l'avait fait faire, on la
tenait fermée. Du château de la Chasse, qui était
voisin, il ne subsiste guère plus que les masures
d'une tour ronde découverte. Ce prieuré avait été
réduit, depuis longtemps, à un seul chanoine régu-
lier de Saint-Victor, lequel, h cause du danger qu'il
m
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
m
courail (Tans la solitude du vallon où élûit la chapelle,
faisait sa demeure à Saint-Pris.
Biixiacum, vel BuxciumeiBttssiacum, Bolssy-sous-
Siiinl-Yon, paroisse de rancleii diocèse de Paris,
actuellement de celui de Versailles, canton nord de
bourdan, arrond. de RambouiUft , Seine-et-Oise, à
14 kil. de Dotirdan, et à 35 au sud de Riris. On croit
que son nom laiin vieni dis bois qui IVntournieni. Ce
village e>t au-dessous de lanioiit:igne de Saint-Yon,
qui le garanlil un peu des venis du sud-nuesl. Celte
tées. Ce village renferme plusieuis belles n;aisons
de campagne. On y trouve des carrières de pierre de
grès; on en tire une grande (juanliié pour l'entretien
des routes de cette contrée. La majeure partie des
liabitants sont occupés à rexploitailon de ces car-
rières.
Buxtim, vel Busci fons, vcl ecclesia, licissy-Sainl-
Léger, paroisse de l'ancien diocè^e de Pari-, à pré-
sent de celui de Versailles, clief-lieu de canton rie
l'arrond. de Corbell, dépt. de Si;ine-ei-Oise, à 16
montagne est ainsi appelée, parce que saint Ynn s'y kil. de Corlieil, 28 est de Ver-ailles, el Ki sud-est
était retiré dans un oratoire. Le terroir consiste en
terres arables; on y voit cependant ((uelques vignes.
Ce village est pavé, à la fiveurdes grès (pii se trou-
vent sur la montagne voisine, sur laquelle pisse le
gr.ind cliemin. L'église ne par:iît pas fort ancienne,
mais il y a apparence qu'avant cet édifice il y avait
un oraioire, une cliapelle ou une église, du titre de
Saint-Thomas de Cantorbéry, ce bâiimrnt ayant été
abattu vers l'an loOO. Il n'y a rien d'ancien que l'é-
ptiaphe d'un nommé /"fa/uê/, qui avait fondé deux
pintes d'huile pour celte église. Cette inscription fait
voir qu'alors Boissy était une cure, érigée au moins
depuis cent ans. La cure d'Erflies ou Efihj lut reunie
à celle de Boissy en ITiTS, 1478 el 14S8. Les trois
autels de celte église sont creux, en tonne d'urne ou
deiombeau. Sons le grand autel étiit cette sentence
des psaumes: Deus noster^refiigium et virtus, a\ec une
croix et une crosse, relaiives àce passage. Sous l'au-
tel de la chapelle, tournée au septentrion, laquelle
esttitréedeSaint-Jac.|ues le Majeur,étaieni des bour-
dons croisés. On lisait sur h; mur l'acte de la fonda-
lion, en 1755, pir J. Pi^iieti, secrétaire de légation
du grand-dnc de Toscane à la tour de Fiance. Il l'a-
vait dotée de 300 liv.de renie. L'autre autel , du
côté du midi, avait été construit aux dépens du même
abbé Peneii, en l'honneur de la sainte Vierge , qui
y était représentée. Les charges attachées aux 300
liv. de rente étaient trois messes hantes par an, el
une me^se basse par chaque semaine; plus, une dis-
tribution de 24 chemises el 1^ camisoles ii 56 pau-
vres, el de 50 liv. au maître d'école. Les bancs des
margiiilliers représentaient un palmier el un cèdre
en relief, sur pierre blanche, avec ce verset des psau-
mes : Jtislus VI palma florebh ; sicitt cednis Libani
mulliplicabitur. A l'entrée de l'église, à maingiuche,
étaient les fijiils, travaillés en marbre, et la fignre
d'un dé^erl, où saint Jean-Bapiisle faisait sa prédi-
de Paris. Ce vill.ige doit son surnom au patron de
sa paroisse. Les archéologues font dériver le mol
Boissy de buxus, buis, ou boscus, qui, dans le voca-
bulare de la latiniié du moyen âge, signifiait bois.
Suivant la légende sacrée, ce n'était, au vi« siècle,
qu'nn hameau, que saint Germain, évêque de Paris,
rendit fameux par ses miracles. En 6.5O, Clovis II
donna ce territoire aux moines de Saint-Maur, dont
saint Babnlein, mort en 660, lut le premier abbé. On
voyait encore, il y a peu d'années, au bas d'une
maison en face de l'église, la fontaine de Saint-Ba-
bolein; elle a éié combléedepuis. Celle église, d'ail-
leurs peu remarquable, est sous l'invocation de
saint Léger, évêque d'Aulim. Un iliàtfan, bàii sur
une éminence, et appelé te Piple, est remarquable
par sa belle construction et son agréable position.
La vue y embrasse une partie du cours de la Marne
et de la Seine jusqii'.à Paris, que l'on y découvre à
rextrémiiéd'une vaste plaine. Les jardins, parterres,
bois et bosquets, qui forment un parc de 140 arpents,
y sonlde mute lieaiilé. Ce ch.ileau n'était, au xiv*
siècle, qu'un manoir appartenanl aux moines de
Siiiiit-Maur, qui en (édèrenl la jouissance à Jean de
Chevry; il fut bàli en Mi-J par Canlorbes. il a appar-
tenu depuis au mai éclial de Saxe, qui s'y plaisait
beaucoup. On lit dans une lettre du !•■' août 1750,
écrite par ce maréch:il ii Favicr, son ami : Je réL'icnt
dans te momnnt du Piple, oii je suis ta vtuparC du
lamp. La grntije n'ait pas encore aciievai. Le niaré-
clial de France refusa, dit-on, d'être de l'Académie
française, parce qu'il ne savait lias l'orthographe :
d'autres grands seigneurs n'ont pas été si -criipuleux;
du moins ce grand cpiiaine avait il |.ubi:é un ou-
vrage estimé, qui lui a survécu. — La magnifique
terre de Grosbois se trouve comprise dans la com.
de Boissy-Saint-Léger. Plu!.ieurs maisons dans ce
village sont assez remarquables. Le terriloire n'est
cation, le tout en pierres blanches, sculptées fort composé que de terres labourables; la pop. est de
proprement en 1758. La pop. de Boissy est d'environ 1000 habitants environ.
1000 hab., en y comprenant plusieurs maisons écar-
Catensis Vitla, Chetlis, paroisse et abbaye de l'an-
cien diocèse de Paris, actuellement de celui de
Meaux, cani. de Lagny, arrond. de Meaiix, Seine-et-
Marne, à 8 kil. de Lagny, el 18 de Paris, à l'est. Le
mot latin de Clielles, Cala, ou Kata, vient du radi^
cal cal ou chat, mot qui, dans le xiV siècle, signiliaij
aballis d'arbres ou défrichement des forêts. Ainsi nos
rois, qui, dans les premiers temps de la monarchie,
avaient coutume de bâtir leurs maisons royales ou
châteaux auprès de» forêts, dans lesquelles il» 8t
ia
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Ui
plaisaient à chasser, en avaient une à Clielles. D a-
près toiKes les apparences, il est probable qu'elle fut
commencée sons Clovis. On l'appelait alors Villa
Regilis; mais dès le mv« siècle, on ne la nommait
plus que Villa Cala ou Villa Calensi.^. Le roi Chilpé-
ric y résidait fréquemment , et en l'an 584 il y Int
assassiné. Un maire du palais de Cliilpéiic, appelé
Landri, était favorisé de la reine Frédégonde. Un
malin, le roi entra dans la chambre de la reine ; elle
était courbée et se lavait la léie; il la frappa par der-
rière avec sa canne (eam in nalibus suis de fuste per-
ciissii). La reine, croyant que ce coup partait de la
main de son favori, dit: Pourquoi me frappes-tu
ttimi, Landri? bientôt levant la lèie, elle vot le
roi son époux. A celle vue, Frédégonde est siisie
d'effroi, ei Cbilpéric, irrité, part brusquement pour
la cbasse. Après son départ, Fréilé.onde fait appe-
ler Landri, lui racon'e l'événement; tous deux réso-
lurent, plutôt que de S' nffrir la torture et la mort,
de faire Hier le roi Cbilpéric. Celui-ci, arrivant à
Clielles an commencenieni de la nuit, en descendant
de cheval, fui, par les satellites de Frédégonde,
frappé de plusieurs coups de couteau, et expira sur-
le-champ. La reine, ayant fait courir le bruit que cet
assassinat avait été dirigé par le roi Childebert, assista
effrontément aux funérailles du défu it, qu'elle fit
célébrer à Paris. Cependant les tré-ors qui; Ch';lpé-
ric nvait entassés à Chelles furent enlevés par les
trésoriers de ce roi et transportés à Meaux ; ils les
remirent au roi ("h Ideberl, son i even et son enne-
mi.— Clotaire II faisait aussi, pendant la belle sai-
son, sa résidence hahiiuelle dans cette maison de
Chelles. Le roi Robert y tint plusieurs assemblées
d'évèques. Une leilre de Gerbert annoncr une de ces
assemblées aux chanoines de Saint-Martin de Tours,
et ils sont inviiés à s'y trouver. Elle eut lieu à la fin
du X' siècle. Ce prince y tint un auire concile, au
mois de mai de l'an I0D8, où il fut accordé un di-
plôme à l'abbaye de Saint-Denis. Il esi encore fait
mention des audiences que le roi Robert ou son
épouse Constance y ddunait, dans un rhytbme sati-
rique des mœurs de son règn''. Enfin une charte de
l'an 1029, en faveur de Saint-Maur-des-Fossés, eçt
datée de Chelles. Mais depuis celle époque il
n'existe aucuns renseignements qui aitestent que nos
rois aient fait leur séjour à Chelles. Ils laissèrent
tomber en ruines leur ancien palais, qui était siiué
derrière l'abbaye, de sorte qu'il ne reste que des
vestiges de la basilique de Saint-Martin. — La reine
ChroiheehiUle, vulgairement nom née Chloibilde,
épouse du roi des Francs Chlodovech ouClovis, avait
fondé à Chelles un pelit monastère de Mlles bénédic-
tines, avec une chapelle sous le titre de Saint-Geor-
ges. Dans la suite, Balhechilde »» Bathilde, épouse
de Clovis II, fit presque entièrement reconstruire ce
monastère et bàiirune nouvelle église. Elle en déclia
le milit'u à sainte Croix , le côiéd oit à saint Geor-
ges, patron de la première église, et le côté gauche
bcsse, une religieuse appelée Bertilla ou Bertilana.
L'église avait éié consicrée en l'an ïïBS. En 664,
l'évêque de Paris, Sigoben andus, se rendit à Chelles.
Il mécontenta p.ir son orgueil, dii-on, les francs ou
gardes de la reine; il s'éleva une vive dispute, et
l'éièque fut lue par ces franc-. Celte reine ayant
pris le voile dans ce monastère, comme une simple
relgieuse, elle y mourui en 1680, et fut inhumée
dans l'église qu elle avait fait bàiir. A côté de ce
monastère de filles, s'établii un couvent de moines,
comme il paraît par la vie de sainte Bathilde. Le
ran:,' de la fondatrice attira dansceiie abbaye plu-
sieurs personnes illustres. Sonichilde, l'une des
femmes de Charles Martel, mourut dans le monas-
tère de Chelles; Gisle ou Giselle, sœur de l'em-
pereur Cbarlemagiie, en devint alibesse, et y finit
ses jours, en 810, après avoir donné de grands bien»
à celte communaoté. L'empereur, qui chérissait cens
sœur, venait souvent lui rendre vi>iie; et ayant
appris la maladie dont elle mourut, il quitta en loute
bâte le pape Léon III, qui était à Soissons, pour se
transporter à Chelies, et recevoir les derniers sou-
pirs de Giselle. En 818, pendant que Hégilwich,
mère de l'inipératiice Judith, était abbesse de Chel-
les, l'empereur Li-nis le Débonnaire, passant en ce
liïii, assista à la translation du corps de sainte Ba-
iliechilde, dans l'église de Sainie-Marie; il donna eu
même temps à cette abbaye le village de Coulons,
au diocèse de Meaux. ilermenirude, épouse du roi
Charles le Chauve, fut abbesse de Chelles tn 8ri3,
et après elle Baihilde, fille du même monarque.
Charles le Sinip'e ôta à celle-ci cette abbaye, pour
la donner h Ilaganon, son conseiller. On voit (|nelle
illustration des personnes si hautement qualifiées
faisaient rejaillir sur ce munaslère; ou plutôt, chré-
tiennement parlant, quelle ^anilé mondaine domi-
nait ce couvent, qui jouissait d'environ 60,000 livres
de revenu. PreSi|ue toutes les abbesses , pendant
longtemps, lurent veuves, filles ou sœurs d'empe-
reurs et de rois. Elles portèrent leurs richesses et
leurs habitudes dominatrices dans un lieu oii doi-
vent dormir les passions : opulentes, elles eurent
des procès; jeune-, elles se livrèrent au désordre.
Des chroniques du temps rapporieni qu'en !'an fc77
le roi Louis le Bègue enleva une religieuse de ce
couvent, et en fit sa femme ou sa concubine. Les
séjours fréquents que faisaient les rois de France,
avec leur suiie, dans le palais contigu au couvent,
et dont il a éié déjà parlé ; les plaids, les synodes
ou conciles tenus à la fin de la seconde race, ou au
comnienceniei)t de la troisième, attirèrent dans ce
lieu un concouis de personnes inconipatib'e avec la
vie religieuse. Il fut souvent nécessaire de réformer
les mœurs de ce coiiveni,et d'y faire cesser les dés-
ordres : telle était l'iniention d'Eiienne , évéque de
Paris, lorsqu'en i 153 il se rendit à Chelles, accom
pagné de Thomas, abbé de Saint-Victor, et de quel-
ques anires ecclésiastiques, .^près avoir rempli l'objet
à saint Etienne. Elle nomma, ep l'an 656, pour >*>- de leur voyage, l'évêque et son escorte retournaieot
II,
2i5
GEOGKAPIIIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE,
ïiC
à Paris; à peu de disUnce de Clielles, ils sont accueil-
lis pnr les hommes du château deGournay, neveux de
Thibaud Nodier, archidiacre de la cathédrale. Ar-
més d'épées, ils fondent sur la troupe ecclésiastique,
el assassinent Thomns.abbé de Saint-Victor, i Nous
marchions eo portant la paix, dit l'évéque Etienne,
dans une de ses Lettres, et nous étions sans armes,
puisque c'était nn jour de dimanche; ils se jettent
sur nous, leurs épées nues à la main ; et, sans res-
pecter Dieu, le jour saint, ni moi, ni les personnes
vénérables qui m'accompagnaient , ils percent de
coups mortels cet innocent (Thomas, abbé de Saint-
Viclor), m'ordonnent de m'éloigner promptement, si
je veux éviter la mort. Nous nnus jetons à travers les
épées, nous lirons des mains de ses bourreaux le
corps de ce malheureux à demi mort et cruelle-
ment déchiré, etc.. > On fut convamcu que Thi-
baud avait engagé ses neveux à commettre cet assas-
itinat. L'évéque s'en plaignit à plusieurs prélats, au
pape Innocent H , aux pères du concile a?seniblé= à
Jouarre, puis il se retira à Clairv.iux. — Lorsque
Charles V, pendant qu'il émit régent de France,
vint, en 1358, nvec ses troupes à Cbelles, il coucha
dans l'abbaye, et ses soldats logèrent d.ms le village.
C'était à son retour du Valois, et il se mettait en
campagne pour s'opposer aux entreprises de Charles
le Mauvais , roi de Navarre. — Les événements qui
désolèient la France pendant l.'s xiv« et xv siècles
atteignirent le bourg et l'abbaye de Cbelles. Dans
celte même année 15.".8, un parti d'Anglais les prit,
les pilla e'i les ravagea. Les religieuses furent con-
traintes de se retirer à Paris, avec Alix de l'acy,
leur ahbesse; bientôt il leur fut permis de retour-
ner à Chelles'; elles furent encore deux fois con-
traintes de se réfugier dans la capitale. Ces dépla-
cements devinrent funestes à h régularité monasti-
que; des désordres se manifestèrent parnii ces vier-
ges du Seigneur. Vers l'an 1569, l'abbesse Ji'anne de
Laforesi, pour se soustraire à des hostilités nou-
velles, fut forcée de se réfugier à Paris, avec ce qui
lui restait de religieuses. Cette abbesse fit ensuite
raser la forêt de Chelles, repaire de prostitution et
de brigandages. De nouveaux malheurs vinrent
assiéger cette abbaye ; au commencement du xv» siè-
cle, le feu du ciel consuma une gr.inde partie du
couvent. Les contributions exigées par les gens de
guerre achevèrent de le ruiner. De 80 religieuses, il
n'en resta que 15, obligées par la faim d'abandonner
le monastère , de parcouiir les campagnes et de de-
mander l'aumône. Le 11 avril 1429, 5U0 .Anglais
survinrent à Chelles, et i illèrent le bourg et l'ab-
baye. Pendant qu'ils étaient occupés au pillage, une
ni.mbrense troupe d'Armagnacs fondit sur eux, les
entoura, les prit ou les tua tous, s'empara du pil-
lage qu'ils avaient fait à Chelles, rançonna les vi-
vants et s'enrichit de la dépouille des morts. Il paraît
que cette abbaye fut de tous les temps très-déréglée.
Pierre de Beaumont, évêqiie de Paris, tenta d'y éta-
blir la réfi)rme, mais il renonça à re projet. Son suc-
cesseur Jean Simon, autorisé par un arrêt du par-
lement, de 1499, opéra la réforme désirée, en in-
troduisant dans le couvent de Cbelles des religieuses
de l'ordre de Fontevrault , du prieuré de Fontaine,
près de Meaux. Depuis cette reforme, les abliesse»
de Cbelles devinrent triennale» jusqu'en 1559, épo-
que où recommencèrent les abbesses titulaires à la
nomination du roi. Sous la première abbesse titu-
laire, Renée de Bourbon, le couvent de Chelles fut
presque entièrement renversé par un orage affreux.
Des sommes considérables furent employées aux ré-
parations; mais bientôt le tonnerre, tombant sur
cette maison religieuse, causa de grands dégâts. En
1561, la crainte des hugi;enots obligea l'abbesse 5 se
retirer à Paris, avec ses 46 re'igieuse^, chez S"n
frère Charles, cardinal de Bonrhon, ahhé du Siint-
Germaiji des Prés. Des filles de duchesses, des prin-.
cesses furent, dans la suite, abbesses de Chelles ; on
y vit niême une fille de roi, mais (ille bâtarde de
Henri IV et de Charlotte des Essarts ; elle était nom-
mée Marie-llenrietle de Bourbon. M" "^ de Sévigné
r.ipporle, dans ses Lettres, qu'une sœur de 51™" de
Foniauges ayant été nommée abbesse de Cbelles la
cérémonie du sncre fut irès-pompense. Marie-Adé«
laïde d'Orléans, fille du régent, y prit l'habit de reli-
gieuse, le 50 mars 1717, par les mains du cardinal
de Noailles, archevêque de Paris. — L'entrée du
monastère de Chelles était ornée d'un beau portail
moderne, cliargé des armes de Marie-Adélaïde d'Or-
léans fdle du régent, et abbesse de Chelles. I.'églisa
de cette abbaye paraissait avoir clé construite dans
le xiii^ siècle; l'intérieur était richement décoré par
la lihéralité de plusieurs abbesses; la nef servuit de
chœur aux religieuses, comme dans touies les gran-
des abbayes ; le maîire-autel était orné de plusieurs
figures sculptées, qui représentaient l'Assomption de
la Vierge; au-dessous on voyait un grand taberna-
cle d'argent massif; le sanctuaire était fermé par une
belle balustrade de marbre noir. La grille du chœur
des religieuses était, dans son temps, regardée
comme nn chef-d'œuvre de ce genre: mais anjour-
d'hui les chefs-d'œuvre se sont multipliés. Cette
grille était l'ouvrage de Pierre Denis, qui avait fait
aussi les be.iux morceaux de serrurerie qu'on admi-
rait à Saint-Denis ; elle était due ;i la générosiié da
M°'" l'abbesse, princesse d'Orléans. Au-dessus de cette
grille étaient placées cinq châsses, dont deux eu ar-
gent : ces deux dernières renfermaient, l'une les reli-
ques de sainte Bathilde, l'autre celles de sainte Ber-
tille, preniière abbesse de Cbelles. Dans le chœur des
religieuses, au-dessus des portes latérales, étaient
représentées, ji genoux, les figures des abbesses Made-
leine de la Porte, Marie de Lorraine et Marie de
r.durbou; on voyait aussi dans le chœur six grands
tableaux représentant les principales actions de la
vi.> de sainte Bathilde; au côté gauche du maitre-
anlel était la chape'Iede Saint-Eloi ,dans laquelle s'é-
levait, a plus de deux pieds de hauteur, un tombeau
flue l'on disait être celui deCloiaire III, (ils de saiuic
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
2 '.7
Hailiilde ; on prélcndaii que le corps de ce roi rep"-
s;iit dans un caveau i)ui él lil au-d<;ssous. La forme
lie ce Inmbeauéiaiipliis élioite àlalêlequ'aux pieds;
il était couvert d'une pierre oldongiie aussi lar^e en
liant qu'en bas; sur celle pieire ciaii coucliée la fi-
gure, en ronde bosse, de Cioiaire III : un lion était
à ses pieds ; de la main droite, il tenait un scfplre,
61 la gauche était placée sur l'agrafede son manteau.
Sur lei bords de celle pierre, on avait gravé des ca-
ractères goiliiques capitau.\ qui semblaient être du
sill* siècle. Diim Martenne les a lus de celle ma-
nière : llic lacet Llotnriits, BncliitUis regiiiœ fitius.
L'abbé Lebeuf prétendait qu'au lieu de Bacliildis,
tin devait lire Isalihildis; ce qu'il y a de ceilain, c'est
que les mois hic lacet et regiuœ filius se lisaient très-
bien. Le mot Bachildis éu'il un peu etlacé ; celui de
Cloihcirius n'exisiaii plus ; il devait se tr^iiverii l'angle
de la perrcqui avait été rompu, et auquel on avait
sulistiiiié du plaire. On pouvait croire que la partie
de ce (onibi'au, dont la forme éiait plus large à la
tèle qu'aux pie^ls, avait appartenu au temps de Cio-
iaire III ; maison pouvait assurer que la pierre qui
le couvrait, ainsi quela figure et l'inscription, étaient
du xiii^ sèele, époque de la reconsir.uclion de cette
église. Auprès de ce tombeau se trouvait une ins-
cription en caractères modernes, autrefois en goilii-
ques, où ^e trouvaient plusieurs iiiexaclitudes :
Ci-dessous, en celte voûte, gît te corps de Clo-
taire, Irenièmc roi de France, neuvième roi chré-
tien ellroi>ième de ce wm, fits du roi Clovis II
et de Sle Bailiihle, laquelle fonda cette éijliseeii
652, en Chonneur de Noire-Dume, cl y mit des
vierges religieuses pour Dieu servir, etc.
Le trésor de l'abbaye de Chelles egalsii presque
en valeur celui de Si-Denis. On y voyait le calice
de saint Eloi, dont la toiiie était d'or enrichi d'é-
mail, ei qui avait près d un demi-pied de profondeur ;
on y voyait aussi les bustes d'argent de saint Genesi
et de saint Eloi, tous les deux aumôniers et confes-
seurs de sainte Hailnlde; on y conservait aussi du
bois de la vraie croix , etc. — Les églises et le cou-
vent de Clielles, (léiniiis p:ir le iem[is, par les guer-
res, par le feu du ciel et par la révolution, en 1790,
n'offreul aujourd'hui que de faibles vestiges de leur
ancien état; mais ces vesiii;es peuvent encore inié-
resser. L'éj-dise du couvent, dédiée à saint Georges
et à sainte Cioix, était vulgairement nommée église
de Ste-Bauteiir, du nom iieliuihilde, ou pluiôi Batel-
c/ii(i«.— L'église paroissiale des liabilanis, dédiée à
saint AiMié, est située à l'exirémiié du bourg, sur la
roule de Lagny , elle est située sur une peiiie énii-
nence. La simp icilé des chapiteaux des piliers du
chœur désigne qu'elle a éié bâtie sur la fin du xii"
siècle, au commencement du règne de Philippe-Au-
gnsie. Cei édiliee n'est revêtu d'aucun ornenii m de
sciiltaure, et il n'y a rien de remarquable. La popu-
lation de te bourg est de 12 à 13 0 hab. Les prin-
cipales produciioiis de son terroir sont en grains ;
248
"ne partie est en vignes et en prairies. Un moulin
se trouve sur la Manie. L'espèce de cap que forme
la butte de Chelles est entièremeiu composé d^;
gypse, recouvert seiilemenl d'un mètre de marne
verte : cette marne esi surmontée d'une couche peu
épaisse de sable et de meulière d'eau douce. On re-
coiinaii dans cette bulle trois masses de gypse ; la
première a 8 à 0 mètres d'épaisseur : elle est sépa-
rée de 1.1 deuxième par 7 mètres de marne hlanehe ;
!a seconde a 3 ou 4 mètres de puissance. On y re-
marque quelques assises minces , mais dures , qui
fournissent des dalles employées dans les construc-
tions. Les parties de cette S' conde masse donnent
un plaire de mauvaise qualité ; la troisième masse
est repré-eniée par une petite couche , séparée de la
précédente , qui n'a que i ou 5 décimètres d'épais-
seur. Les piaules que les botanistes recueillent à
Chelles et dans ses environs sont : 1° la véronique
cliêneite ; 2' le panais pied de poule ; 3» 1 ■ mélique
penché; 4° la globulaiie commune; 5*la srorpioiine
des champs; 6° la gravelle vivace ; T la chélidoine
à feuilles de chêne ; 8" le géranium à feuilles de ciguë.
Peu de communes en France, sous le régime féodal,
éprouvèrent autant de concussions et de vexations
que celle de Chelles. Ses habitants préiendaient avoir
obtenu , au xv*^ siècle , une charte de commune; ils
avaient déjil nonmié un maire et des jurés , el fait
graver un sceau ; mais l'abbesse, Adeline de Pacy,
s'y opposa. Un célèbre architecte du xiii* siècle ,
nommé Jean de Chelles, du nom de sa patrie , est
connu à Paris pour y avoir construit le côté méri-
dional de la croisée de l'église de Notre-Dame de
celle ville, ou au moins le portail de ce côté-là.
Caliitus lel Calvus Mons, Chaumoiit, petite ville
très-ancienne de l'ancien diocèse de Uouen, mainte-
nant de celui de licauviis, chel-lieu de canton de
l'arrond. de celte ville, dépi. de l'Oise, à 54 kil.
nord de Mantes, à SG de Uouen, 24 sud-ouest de
Reaavais, ei 60 nord-ouest de Paris. Sa siiuatioii,
sur la pente d'une nionlap'iie, est des plus agréables.
La petite rivière de 1 roesiie la traverse el y fait tour-
ner plusieurs moulins .^ farine. Sa population, (jui
s'élevait à peine à 600 âmes vers le milieu du der-
nier siècle, esi niainienant de plus de 2700 ; celle du
canton entier est de 52,500. Chamnont a pris son
nom de la montagne au pied de laquelle il est situé;
sur celle montagne était anciennement une forteresse
qni servait de boulevard à la France, à l'époque où
la Normandie était entre les mains des Ân.:;lais : on
n'en voyait plus que des ruines au xviii* siècle.
Guillaume le Lirelon fait mention de celte place à
l'anoée 1188. Des litres du xi' siècle lui donneiil le
nom de Calidus Mons. Lainariinière, dans son Dic-
tionniire, préiend, sans en rapporter de preuves,
que celle dénomination esl erronée et que sou vrai
nom hiiii esiCw/niis iJons, parce que, dit cet auteur,
Chaumont n'est point une montagne chaude, mais
c/i((ure el dépourvue de bois. CJue!<pies-uns croient
que ce nom lui vient aussi d'un Koheri, sunioiiimû
249
GËOGRAPHIK DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
2S0
te Chauve, petil-fils d'Ainaury de Ponloise. Phi-
lippe !•=' accorda à Cliaiimonl le droit de commune ;
celle ville s'étendait moins vers le bis de la côie à
celle époque qu'aujourd'hui. Sa première origine re-
moiueaumninsau xi» siècle, et même alors elle avait
déjà de l'impiTlance, puisqu'elle parlait le tilre de
comlé. Elle eut beaucoup à souffrir des incursions
des Normands, des guerres féodales et decelles des rois
de France et d'Angleterre. Brûlée par îes Normands,
elle le fut encore, en 1167, par le roi d'Angleterre. La
nouvelle ville élemlil ses faubourgs dans la vallée,
sur le bord de la rivière. — Sous François 1<", en
Kiô, Chaumoiii reçut un bailliage roy.il. Magny, qui
n'était alors qu'une juslice seigneuriale, lut compris
dans son ressort; mais il eu fut distrait eu 1505. En
1S76, on réunit de nouveau cesdeux villes pour ne
faire plus qu'un seul b:iilliage; mais elles formèrent
toujours deux sièges distincts, (|ui avaient cliacun un
lieutenanl de bailli;ige : ces deux villes n'eurent de
même qu'une seule élection. — Au xi' siècle, dans la
partie basse de la ville, était une ancienne église dé^
diée à saint Pierre, avec le tilre de prieuré : il y avait
encore deux autres églises, l'une sous le liire de No-
ire-Oanie, l'antre sihk celui de Saint-Jean-Bapiisie ;
celte dernière, siiuèe presque au soinniclde la mon-
tagne, dominait la ville el les environs. A cjuelque
dislance de la ville, on voyaii une chapelle appelée
Caillnuel. ^olre- Dame, Saint-Jean elCaillouet,élaient
autant de dépendances de l'abbaye de Sl-Pierre. On
ignore absolument l'origine de cène abbaye : on voit
seulement qu'en lO'jl, Piiilippe H' la donna à l'ar-
chevêque de Kiluen ; Louis le Jeune la transféra à
l'alib.iye de Sainl-benis, en 114.T, l'église éiait alors
desservie par des chanoines. L'abbaye de Si-Denis
convertit celledeSainl-Pierreen prieuré, y envoya 12
relii;ieiix ei lit rebâtir l'église. — Indépendamment
du prieuré de Saiul-Pierre, il y avait encore à Chau-
monl deux paroisses ; un couvent de Récollets ; un de
Trinitaires à Caillouel, et l'église Sain -Jean, qui est
devenie la seule paroisse depuis la nouvelle distri-
bution du territoire f'-ançais. — Sur la première pa-
roisse, du litre deSaini-M3riin,se trouvait un prieuré
fondé en 1181K Dan^ l'élendiie de celle del'Aillerie,
à l'exirémiiéet hors les limites de la vilie, on voyait
un antre prieuré fondé vers le milieu duxi' siècle;
le prieur était pairon de l'église p iroissiale. On y
voyait iiussi un bôpiial de Saint-Antoine, i|ui, auxiii*
siècle, élait desservi par des frères et un chapelain.
Un accord de l'iOi porie que le chapelain fera ser-
ment de fidélité au prieur, comme patron de la pa-
roisse, et au piéire qui la desservira; que ce prêire
visitera les malades, les confessera el inhumera dans
ré^li«e des moines, qui, de leur côté, s'engageaient,
lors des funérailles, à faire sonner leurs cloches sans
réiributinn. Cet bôpiial fui plus lard desservi parles
sœurs du tiers ordre de Saint-François; enfin, il y avait
sur la même paroisse une léproserie, nommée hô-
pital de Saini-Lazare: cette léproserie fui supprimée
erilUyV.el réunie i l'Hôiel-Dieu de Gisors. — Les Ré-
colleis s'éinblirent, en 1G3G , d'abord dans la cha-
pelle du châieau deChanmont, et, l'aiHiée suivante,
dans le couvent qu'on venait de leur bàiir. — Jacques
Doublet, moine de Sa ini-Deiiis et prieur de Saini-Pierre
de Chaunionl, fonda les Triniiaires à Caillouel, en
159!) ; ils démolirent l'ancienue chapelle, et en élevè-
rent une antre sur le même emplacenit ni, S"us le
tilre de ^olre-lJame de Bonne-Espérance. — Il paraît
qu'anciennement la ville de (jhiun.oiil eui pour sei-
gneur>jusiicierslesabbésde Saint-Pierre. On ne peut
lixer l'époque où ellecnmmença à eu avoir de laïques ;
mais au xvii« siècle, le duc de Longueville en élait
seigneur. Cependant le domaine de celle seigneurie
ne fui jamais aliéné ni démemliré de la couronne ,
mais seulement engngé très anciennement. — Cette
ville renferme des fabriques de dr^tps, ilenlelles,
éventails. On y trouve des fours à chaux. — Son com-
merce est eu grains, bois, foui rages, draperies, etc.
Il s'y lent deux fnires par année : la première le 12
mai, el la seconde le 6 décembre; celte dernière est
consiiléiable pour la vente des chevaux et autres
besiiaux. Le marché a lieu le jeudi de chaque se-
maine. — Les principales productions des environs
de Chaunionl sont en grains ; une partie de son ter-
roir est en prairies et bois.
Le cliàieaii de Beitichères. à 2 kil. ouest de Chau-
nionl, est placé dans une belle «iuialion sur la ri-
vière de Troe^ne. On ne connaît pas l'éiioque de sa
fondation; m;iis sa conslrnciion bizarre, la tour an-
ti iue formant l'un de ses angles, et le donjon qui oc-
cupe le centre de cet édilice, déinontrenl assez que
son oiigine remonte à une époque irès-recu'èe. On
sait qu'il a :ipparlei.u longtemps aiixcomies de Cliau^
mont, ensuite aux ducs de Lon::ueville, puis aux
princes de Conti. On voit près de ce cliiiieau une cha-
pelle dite de St-liiUrope, où se fait tous les ans, au
30 avril, un pèlerinage qui atlire un grand concours
de monde.
I Chaunionl , ville du diocèse de Langres, chef-
lieu de préfecture du déparlemenl de la Haute-
Marne, avec un tribunal de première instance res-
so^li^sant à la conr royale de Dijon, el un c<dlége
communal. L'arrondissement renferme 198 com-
munes el 17,295 habiianis. 11 est divisé en dix can-
tons, Andelot, Arc-en-Barrois, Bourmnnl, Chateau-
villaiii, Chaumonl , Jnzenneconrt , Nogeni-le-Roi,
Saini-Blin el Vignory. Cliaumoni esl à 84 kil. sud-
est deTroyes,28 nord-nord-oiiesi de Langres, et 196
est- sud-est de Paris. Celte ville se présente dans
une situation agréable, sur le penchant d'une colline
assez olesée, au pied de laquelle coule la Suize, à
1 kil. du coniluent de cette rivière avec la Marne
Llle est généralement bien bâiie; les rues sont lar-
ges, propres et bien percées; quelques-unes cepen-
dant sont tiès-escarpéeset de difficile, accès. La par-
tie la plus élevée de celte ville esi entourée de jolies
promen. des; celle qui esl bàlie en ampbahéàlre,
sur le pencliant de la colline, se présenie sous un as-
pect agréable el pittoresque. Ciiaumout offre peu de
*M
DICTIONNAIRE DE GEOGRAI'IHE ECCLESiASTIQLE.
monuments dignes de curiosité : on n'y remarque
que l'église qu'occupaient les carmélites et celle
du collège, dont le portail serait plus digne d'iitien-
tion, t>'il était moins surchargé d'ornemenis. L'hô-
tel de ville, d'arcbiteclure modurne, sa disiitigne par
l'élégance de sa conslmciion. — Celte ville n'était
anciennement qu'une faible bourgade, défendue par
un château, qui, après avoir eu ses seigneurs parti-
culiers, passa aux comies de Champagne. Ceux-ci
en firent une maison de plaisance; ils rendaient fui
et hommage pour celle seigneurie aux évêques de
I.angres. Ce domaine fut depuis réuni à la couronne,
comme toute la Champagne. Louis XII lit entourer
Chaumontde murailles; François l*' et Henri II y
ajouièreni plusieurs bastions et un large fossé; mais
de toutes ces fortifications il ne reste plus que quel-
ques ruines. En 1811 il s'y est conclu un traité entre
les alliés, pour lenverser Napnléon. — Il y avait
dans cette ville un collège de jésuites, doni l'église,
d'une belle architecture, fut bâtie en IC30; un cou-
vent de carmélites, avec une église magnifique, dont
le plafond était orné de peintures et l'hôtel conslmil
en marbre jaspé. Le chapitre, dédié à saint Jean,
était composé d'un doyen et de quatre chanoines.
L'église collégiale était la seule paroi>se de la ville.
A une lieue de Chaumont, près la rive gauche de la
Marne, se trouvait un monastère du Val-des-Eco ■
fiers. Tous les sept ans , le jour de la Saint-Jean,
on y laisail un pèlerinage, qu'on appelait la Diable-
rie de Chaumont. Ce nom venait de ce qu'un grand
nombre d'habiianis , revêtus d'habits à la ma-
nière dont on peint les diables, couraient dans la
compagne à 3 licies à la ronde, exigeant de tous
ceux qui se rendaient à la fêle une pièce d'argent,
pour aider à en faire les frais. Cette contribution,
d'abord volontaire, devint en»uiie forcée, et fut le-
vée quelquefois avec violence. Le jour de la fêle
étant arrivé, on représentai sur plusieurs théâtres,
bien ornés, toutes les actions de la vie de saint Jein;
et pendant que les acteurs jouaient leurs rôles, le
clergé de la ville, en procession, passait devant tous
ces théâtres, et retournait ensuite ^i l'église, où les
visiteurs gagnaient des indtilgences plénièret. On
voyait dans toutes les églises des confesseurs qui
écoutaient les pèlerins à la confession. On y accou-
rait même, par cnrios-iié, de ùO à 40 lieues. Cette
fête durait neuf jours. Comme il s'y commetiait beau-
coup de désordres, on la supprima vers l'an 1700.
— La population de Chaumont s'élève à 8000 hab.
environ; elle est très-industriruse. On trouve dans
celle ville des fabriques de bas de laine drapés, à
l'aiguille, de gants de peau, de serges, de drognets et
draps communs. Les gants sont très-recherchés, à
cause de l'apprêt et de la beauté des couleurs. Il y a
aussi des filatures de colon et de laine, des tanne-
ries, corroieries, mégisseries ; des blanchisseries de
cire et des fonderies de chandelles ei de . bougies,
dont on fait des envois considérahles à l'élranger,
dans les déparlements euvironHants, et même à Pa-
ssa
lis. Son territoire nourrit beaucoup do moulons; il
reofei me deux mines considérables et plusieurs for-
ges. — Sun principal cominirce est eu fers, eaux-
de-vie, et différents produits de son indnsir e. Son
territoire produit peu de grains el beaucoup de vins.
— Celle ville a vu naître, en 1G98, Edme Boiichar-
don, célèbre sculpteur. Il fut envoyé à Rome aux
frais de l'Etat, et remporta le prix à l'académie en
1722. Paris compte les ouvrages de cet artiste au
nombre de ses plus précieux ornements. — Jacques
Caulbier, anlii|uaire, mort en 1658. — Pierre la
Moine, qui naquit en lû02, et mrmrul jésuite, à Pa-
ris, le 2-i août I67"2. Il est principalement connu
par ses poésies fraiiç.iises, recueillies, en 1671, en
1 vol. iii-fol. — Michel Monleclaire, musicien et
compositeur, mort en 17ô7.
Calidus vel Calvus Sloiiiieiilus, Chauroonlel, pa-
roisse de l'ancien diocèse de Paris, maintenant de
celui de Versailles, canton de Lnzarches, arrond. de
Ponloise, Seine-et-Oise, à 58 kil. de Versailb-s, H
lie Gonesse, 1 kil. nord de Luzarches, et 27 nord de
Paris. Sa situation au bas d'une côte et sur le ruis-
se.iu de Luze, qui y fait tourner un moulin, est des
plus avantageuses. On voit sur ce ruisseau un pont
sur lequel passent les voitures qui vont à Chantilly.
— La pop. de Chaumoniel est de 380 h;ib. env. —
Ce que l'on peut produire de plus ancien louchant
ce village, est qu'on le voit dénommé parmi les
biens de l'ahhaye de Montmartre, dans une bulle
d'Eugène III, de l'an 1147, en ces termes : Cnpellam
vnam in Calvo Monliciilo, cum (eudo Pagani France-
bise. Les auteurs des pouillés de Paris, des xvi«, xvii«
et xviii^ siècles, ont appelé ce lieu, en latin, Calidus
Mons, el en français, Chaumont. Quelques titres du
XIII' siècle le nomment aussi Calidus Mons. Dans la
carte des environs de Paris, donnée par l'académie
des sciences, il est écrit Chamonial. — L'église de
Chaumontel est fort petite : on y aperçoit encore
dans le chœur, du côté méridional, un pilier dont la
construction annonce le xiii* siècle. Elle fut dédiée
sous le titre de la Sainte-Vierge, le H octobre 1528,
par François Poncher, évêque de Paris. — Au côié
gauche du chœur, on lisait cette inscription en petit
gothique, sur une tombe au-dessus de laqurlleélaient
représentés deux écuyers : Cy-gist Oudari de Ber-
ckeires estuyer qui trespassa l'an de grâce m. ccc.
Lxix, le xxviii* jour d'avril, l'riez Dieu pour l'ame
de lui. Ci-gisI Jean de Bercheirrs, fils dudil Oudart
qui ires^passa l'an M. cccc el douze , le vendredi après
In Toussaiitl. Priez Dieu ponr l'ame de /i/i. Ces écuyers
av.iienl sur leur chaperon ou haubert quatre oisea-ix
figurés, deux de chaque côté. — On voyait au même
lieu celte autre épiiapbe : Cy-gist Bonaventure de la
Chaussée sieur du Boucheau qui décédi le 7 mars 1613.
— Dans la chapelle de Saint-Claude, au côiéseplcn-
irional du chipur, se lisait sur une antre tombe l'in-
scription suivante : Cy-gissent maisire Jehan Tronçon
en son vivant sei;ineur deChaumonti'l eiClaude de Fi-
chefiain su femme. — La nomination à la cure de
2!,3
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 8S4
celle paroisse appartenaii au cliapiire de Liizarclies,
d'après un irailé de 1233, passé emre ce chapitre et
les liahiiants de Chaumonlel, lorsque ceux-ci de-
mandèrent l'éreclion en paroisse de leur église, qui
ët:iitsur le territoire de celle de Luzarelies. Ce ira'ié
portail que la nouvelle église payerait au curé de
LuzarcheslO liv. par an, en quatre p.iyemenis de 10
liv., qui devaient se faire à Noël, à Pâques, à la
Penieeôte et à la Toussaint, et que le nouveau curé
et ses successeurs se rendraient processionnelle-
ment, avec les paroissiens à l'église de Luzarclies,
] our y assister à la proces-ion du dimanche des Ra-
meiiix et à celle du jour de l'Ascension. — Ce vil
lage, comme ou l'a vu, apparlemiit anciennement à
l'abhaye de Monimarire. L'abbes=e Elisabeth céda,
vers 1180, le lief et la ch;i|iel!e à Constance, com-
icîse de Toulouse, qui avait donné au couvent de
Monimartre la somme de 100 I. et 20 sols de rente an-
nuelle, pour la fondation de l'anniversaire de Guil-
laume, son fils. Les autres anciens seigneurs de Chau-
niontel sont mentionnés dans quelques cartulaires.
On voit, dans celui de Saint-Nicolas île Senlis, à l'an
1256, un Gerardus df Chaumonlel miles; dans celui de
l'abbaye du Val, est nommé Nicolas de Cliauinontel,
chevalier, vers l'an 1297. Ou lit aussi, dans le Gallia
Christiana, à l'article de l'abbaye d'Hérivaux, que
Pierre, MiltideCalido J/uiKi;, availdonné,avantl258,
à celte abbaye, une redevance en blé qu'il avait dai;s
le moulin de Glunie. Au commencement du xvi' siè-
cle, celle seigneurie appartenait à la famille de Sou-
cbay.ely resta jusque vers l.'iSl. Pierre Mercier, pro-
cureur, était seigneur de celle terre au temps de la
rédaction de la coutunv de Paris en 1580 ; puis Je in
Tronçon, dont on a rapporté l'épitaphe ; après lui,
Jean l'Ecuyer, décédé en 1680 : etenlin, après quel-
ques autres, le prince de Condé la posséda dans le
dernier siècle. Le château est entouré de fossés rem-
plis d'eau vive. — Le terroir de celte cominnne est
en terres labourables ; une partie est en bois.
Calniaca vel Caroli l'aima, la Chaussée , paroisse
de l'ancien diocèse de Paris, à présent hameau de
celui de Versailles, commune de Bougival, canton de
Marly-le-Koi, arrondissement de Versailles, Seine-
et-Oise. Il doit son origiiie à une pêcherie que lit
construire dans la Seine Charles Mariel, et qui en
817 fut donnée par Louis le Déhonnaireau monastère
de Saint-Gerniain-des-Prés. Il s'appelait alors Caroli
Vanna, Charlovanne. Connu dés le iï'= siècle sous le
nom de Chnrlevanne, ce hameau était fort considé-
rable. Il est situé sur le bord de la rivière, et on
trouve dans l'hisioire que ce fut dau"; ce lieu (|ue les
Normands, qui avaient remonté la Seine, opérèrent
un dél)ar(|ueMieni en 846. Le roi Charles le Chauve
accourut pour les combattre et les repousser. A. son
approche, les Normands se retirèrent en effet et
repassèieni de l'iiutre côté de la Seine, à l'endroit
OÙ se trouve maintenant Chatou.
Le continuateur i!e Nangis nous apprend qu'en
^&4'$ |c$ Anglais s'emparèrent à leur tour de Cbarle-
vanne. il ajoute que, fidèles au système de dévasta-
tion qu'.ls avaient adopté en France, ils le pillèrent
et le bridèrent. Nos rois avaient de grands vignobles à
Cliarlevaene; le vin en était fort estimé, et ils le fai-
saient conduire à Poissy. Il y avait à Charlevanne une
maladrerle où quinze paroisses avaient le droit de
placer leurs malades; ce qui fiit supposer qu'elle
était une des plus riehes du royaume; dans la suite
des temps, elle fut iraiisforoiée en conimnn.<ulé reli-
gieuse, dont la chapelle existait encore à la fin du
xvi^ siècle sous l'invocation de sainte Mi.dèleine,
elle a é'é détruite depuis. On ignore pour quel motif
et à quelle époque ce liameau a perdu son nom de
Charlevanne p'ur prenire celui de la Chaussée, sou^
lequel il est maintenant connu. Peut-être est-ce de-
puis qu'il a été brûlé par les Anglais.
Calniacum, Cliauny, petite ville de l'ancien diocèse
de Noyon, à présent de celui de Soissons, chef-lieu
de can'.on de l'arrondissemeni de Laoïi, Aisne, à 24
kiloniéires nord de Sois<ons, 15 est de Noyon, 26 de
Lao I, et lot de Paris. — La seigneurie directe de la
vi!le dépendait, avant la révolution, du m:irquisal de
Guiscard, ei en faisait partie. Celle ville avait le
litre de chàieau royal. Elle est siiuée dans une belle
plaine, à l'embranehenient du canal de St-Quentiii ,
sur la live droite de l'Oise, qui commence à y être
navigable, et qui forme en cet endroit une île,
dans lai|uelle se trouve compiise la moitié de la
ville. 0 ::ire deux paroisses, api elées Noire-Dame et
Saint-l'ierre, on y comptait plusieurs maisons reli-
gieuses, Minimes, Cordelières, Filles de la Croix, et
un collège. Il y avait un llôiel-Dieu ei un hôpitul
pour 24 orphelins. C'était le biége d'un bailliage
ri>yal qui ressoriissail au pailemenide Paris, et au
présidial de Laon, dans le cas de l'édil. On y suivait
une coutume particulière, qui dépendait de ce'le du
Vermandois ; les maires et échevin-. commandants
dans la place en l'absence du gniiverneur, étaient
juges au civil et au criminel, dans l'étendue des
ville, faubourgs et banlieue; les appellations de
leurs jugements ressortissaient au bailliage. Il y
avait encore une juridiction loyale de la police,
une maîtrise des eaux et forêts et une subdéicgalion.
Chauny, dont la population est de 4600 h.ibitants,
eu commerçant au moyen du pont de pierre sur
l'Ois •. Cei endroit e>t le dépôt des glaces de Sl-Go-
bain, qu'on embarque sur l'Oise lour Paris : il y a
une machine hydraulique pour les polir. Celle ville
a une grande réputation pour le blanehis.-age des
li.iles demi-Hollande. Le commerce de Chauny con-
siste en grains, bois, cidre, huile, bonneterie en
laine, chevaux, etc.; il y a des f;i briques de toiles,
treillis, chaussons de laine tricotés, filatures de colon,
t:inneries. Il se tient dans celte ville une foire consi-
dérable le 29 août, et nn marché franc le 1«' mardi
de chaque mois. Le fau;eux vacher de celle ville,
appelé Toul-le-Mvnde, vivait sous Henri IV; souveni
ce prince s'aniu>ait de ses ingénuités. Il en avail
fjil ciinnaissance d'une manière assez plaisante.
255
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
256
Henri IVsepronienail avec Sully, lorsqu'ils reiiconlré-
reiil, pourh première fois, ce berger, porlanl à sa mai»
une paire de souliers neufs qu'il venait d'acheter.
< Mon ami, lui dit le roi, combien te coûtent ces sou-
liers?— Devinez, dit le paysan. — Cinq sous. —
Vous en avez menti d'un carolus! — Comnient,
malheureux! lu ne sais donc pas que lu parles au
roi? s'écria Sully. — Le diable vous emporte si j'en
savais quelque fhosi> ! > répondit le berger sans se
déconcorler. — Cliauny est la patiie : 1° de Bona-
veniure Racine, né en 17U8, mort à Paris en 1755.
Il est auteur d'un Abrégé de l'Iiisioire ecclésiastique,
13 vol. in-12, ouvrage éctil dans les idées les
pins prononcées du jansénisme. 2° De Vreviii, cé-
lèbre avocat de Paris, et inaiire des re luêtcs de la
reine Marguerite. 5° De Charles Vitasse, docteur
et professeur de Sorbmine, né en 1660, nurt en
1716. On a de lui des Leires sur ta Pàqiie et un
Examen de l'édition des Conciles, du P. Hardoi]in,etc.
Campania, la Ch inipagne , ancienne province de
Fraiii e. — La Champ.igne était habiiée du temps des
Romains par les Rémois , par les Trécasses ou Tri-
cassiniens, par les Meldes, les Lingons et les Sé-
nonais, et faisait partie des Gaules celti(pie etbel-
gique. On ne peut pas assurer précisémeni quel fut
le gouvernemeiit de cetie province sous bs premiers
Franks ; niai>. il y a beaucmip d';ipparence qu'elle eut
des seigneurs partiuuliers. Dans le partage du royau-
me que lirent les enfants de Clovis , la Champagne
fil partie de celui d'Austrasie , dont .Meiz é ait la
capitale. Grégnire de Tours , Flodnard el quelques
autres hisloiiens rennininenl ([u'elle fiil gouvernée
p.ir six ducs, avant que de l'élre par les connes. Il
fait nieniion de Loup, qui en é;ail duc l'an 370, el
i!ui par sa fidélité coiiiribua beaucoup à mainienir
Childebert dans la po-session de ses Eia s, malgré
les efforlsd'Ursion et de Uei/.froy. Qiiiuliio ou Win-
Irio lui succéda , et la reine Brm.eliaut le lit mourir
ïu 597. Jean , fils de Lnup, fut le iro siéme duc de
f^liani|pagne , selon Flodnard. Il vivait l'an 600 , et
P.iMiiulphe, son frère, était arclievèi|U^" de Remis.
Wiinarl lut le quatrième sous le règne de Childeric,
roi d'Au=irasie et flU de tlnvis II. Il mourut vers l'an
680. Dreux, fils aîné de Pépin d'Ilerisial, maire tlu
palais, lui succéda vers l'an 696 , ei mourut l'an
708. Grimoald, frère de Dreux, fut, selon quelques-
uns, le sixième el dernier duc de Champagne. Il mou-
rut l'an 714. A ces ducs succédèrent les comtes pa-
latins héré.litaires cl pairs de France. Les premiers
sont connus sous les noms de coniies de Trnyes, de
Meaiii, de Chartres, de Blois et de Tours. Ils étaient
si puissants qu'ils souienaient des guerres contre
les empereurs , les rois de France et de Bourgogne.
Quelques historiens prétendent que le premier de
ces comtes fut Herbert II* du nom, coniic de Ver-
mandois; mais l'opinion la plus reçue ne fait com-
mencer les comtes qu'à Robert , fils d'Herbert et
d'Hildebrande, qui eut en partage les biens rie son
père, qui étaient situés en Champagne el on Brie, II
s'empara en l'an 958 de la ville de Troyes , et en
chassa l'évéque. 11 épousa Alix de Bourgogne, dont
il eut trois enfants : Herbert , qui mourut avant
son père , Archambaud , qui fut archevêque de
Sens, et Adélaïde, qui épousa Lambert, comte de
Chàlons-sur-Saône. Robert mourut l'an 958 ; Her-
bert , son frère , lui succéda. Il se qualifiait
comie de Troyes et de Meaux , el épousa Ogive
d'Angleterre, fille d'Edouard le Vieux, roi d'An-
gleterre, et veuve du roi Charles le Simple. Il y
a des liisioriens qui disent qu'il en eut un fils ap; elé
Etienne qui lui succéda ; et d'autres assurent qu'il
mourut sans enf.nits l'an 995. Tliibaud I"', sur-
nommé le Vieil et le Tricheur , paice qu'il vécut
longtemps el qu'il élail fort rusé, lui succéda du chef
diLaidegarde, fille d'Herbert de Vermandois et sœur
des deux précédents comtes de Champagne. Ce
Thibault éiait fils , selon quelques-uns, de Gerloiid ,
prince normand ; mais d'autres assurent que sa nais-
sance était liés médiocre. On ni- saii point en quel
temps il mourut; mais il laissa deux fils qui fuient
successivement cumies de Troyes, de .Meaux, etc.
Etienne, premier du nom, éiait l'ainé, et étaut mort
sans enfants, Eudes ou Eon, son frère, lui succéda.
Oui re les litres et les seigneuries de son (ère et de son
frère, il fut encore seigneur de Sancerre par l'échange
qu'il fil d'une partie du comté de Beauv.iis avec
l'évêiiue Rogei. On le surnoiMna le Champenois ,
parce qu'il s'empara d'une partie de la Champ;. gne
et de la Brie. Robert, roi de France , prétendit réu-
nir ce- comtés à la couronne par droit de réversion ;
Mais Eudes se conserva dans la possession de ces
comtés. Henii, premier du nom, ayant succédé à
Robert, voulut faire valoir les inênies prétentions,
et fit la guerre à Eudes, qui fut défait dans Irois ba-
tailles. A peine ce dernier lui-il un peu remis de ces
pertes, qu'il iléclara !a guerre à l'empereur Conrad ,
sous prélexle de quelques prétentions qu'il avait sur
la Bourgogne. L'empeieur le défii, et lui pardonna ;
mais comme Eudes était né remuant, il entra à
main année en Lorraine , où il fut tué par Gosselin
oa Goss> Ion, dans une bataille donnée près de Bar
l'an 1037. Il n'avait point en d'enfants de Maliaud ,
fille de Richard, duc de Normandie , sa première
femme; mais il eut trois fils d'Herraengarde d'Au-
vergne, sa seconde (emiiie, el soeur de Constance ,
femme du roi Robert. Ces fils furml Etienne el Thi-
bault , qui lui succédèrent l'un après l'autre, et
Hugues ou Hues, qui fut archevêque de Bourges.
Etienne refusa de faire hommage au roi Henri, parce
que ce prince n'avait point secouru son père dans
la guerre qu'il avait soutenue contre l'empereur ;
mais il y fut contraint par lorce. Il laissa mi fils
nommé Eudes , à qui son oncle Thibault enleva la
succession de son père. Thibault, second du nom,
succéda à son frère Etienne. Il portait auparavant
le nom de Thibault, iroisième du nom, comte de Blois,
de Chartres et de Tours. Il fut le premier qui prit
le litre de comie de Champagne, que ses successeurs
257
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
2.8
oui depuis retenu. H se mil .lussi sous la protectiuii
de l'empereur Henri , et prit la qualité de palatin.
Du Gange, dans ses notes sur Joinville, pi étend que
ce fut a cause que le comte de Champagne exeiçaii
sa juridiction sur les officiers du paLiis ilu loi, au
lieu que les autres comtes rendaient la justice dans
les villes. Il refusa, de nicmc que son frère Etienne,
de faire hommage an roi ; mais ou sut bien l'y (d)li-
ger. Il épousa en premières noces (iertrude, (il le
d'fluben, surnommé Eieille-chien, ciimtc du Mans ;
mais il la répudia pour épouser Alix de Crespy et de
Bar-sur-Aube. Il eui de ceile dernière quatiefils,
Henri , surnomme ttienne , comte de Chartres , <\a
Blois et de Meaux; Eon ou Eudes, comte de Troyes;
Hues ou Hugues, (|ui su( céda à son Irère Eon au
comté de Troyes ; et l'hilippe, évêque de Cliàlons.
Quelques historiens disent qu'il lai>sa tous ses Klals
à' Henri, son fi's aine , qui mourut au deuxième
voyage qu'il fit 5 la terre sainte , dans une baiaille
qui -e donna près de Rama dans la Palestine. D'au-
tres veulent qu'Eudes lui succéda au comté de
Troyes, mais ils conviennent tousqu'Endesélantmort
sans pnsiéiité , Huon ou Hugues lui succéda, et
épousa Constance, fille du roi Philippe l^', de la-
quelle n'ay int poin" eu d'enlanls, il fut séparé sous
prétexte de parenié. Il ép usa en secondes noces
une princesse de Lombard e, dont i fui si mécon-
tent qu'il la qiiilia, quoiqu'elle fût euceinle, pour
aller à .lérusalem, où il se fii chevalier du Temple ,
et mourut en 11 -2t). Par son testament il déshérita
le prit. ce Eudou d«mt sa femme était accouchée, et
fit son héritier Thibault, trnisiènie du nom, fils
d'Henri , surnommé Etienne, et petit-fiU de Thibault
II, comte de Tniyes et de Meaux. Thibault, troisième
du nom, surnommé le Grand, fait une grande figure
dans riiistoire de France. Il épousa Mahaut, filK; de
Baudouin, comte de Flandre, ou, selon d'antres, fille
d'Engelbert, troisième duc de Cariiitbie. Il mourut
à Lagny-sur-Marne en 1151, et laissa onze enfants :
1" Henri l", qui fut son successeur ; 2» Thibault ,
comie de Blois et grand sénéchal de France ; 5°
Etienne , seigneur et comte de Saneerre ; 4° Guil-
laume, surnoninié aux blanches-mains , archevêque
de Sens, et depuis cardinal et archevê |iie rie Ueims;
5" Hugues, abbé de Citeaux ; 6° Agnès, femme de
Renaud de Mousson ; 7" Marie, femme d'Eudes, duc
de Bourgogne ; 8» tlisabeili, femme de Boger de
Sicile, duc de la Fouille;!/ Mahaut, femme de
Geoffroy Hotroii, comte du Perche; 10° Marguerite,
religieuse à Fontaine, de l'ordre de Fouievrault ;
11* Alix , troisième lenime du roi Louis le Jeune et
mère de Philipie-Auguste.
Henri, surnommé le Riche et le Libéral , succéda
il sou père Thibault le Graml au comté de Cham-
pagne en 1152. Il épousu Marie, fil'e du roi Louis le
.leiinc et d'Aliénor de Guienne, et on eut Henri II ,
f,'ii succéda à Thibault, comte de Chartres, de Blois,
t!o Saneerre , et vicomte de Chàteaudun ; 2° Scolas-
liiue, f'inme de Guillaume, comte de Vienne et de
Màcon ; ô° Marie, femme de Baudouin, empereur de
Constaniinople. Henri 1"' mourut en H.S0ouH8l,
et fut inhumé dans le chœur de l'église colléj;iale de
S.iiht Etienne de Troyes, ([u'il avait fondée. Henri II,
dit le Jeune, juigiiit à la qualité de comte de Cham-
pagne ceile de roi de Jérusalem du chef d'Isabeau, sa
seconde femme, fille d'Amaury, premier du nom,
roi de Jérusalem , et veuve de Conrad , marquis de
Moniferrat. Il eut trois filles de ce mariage : Marie,
morte jeune; Alix , femme de Hugues I*''', roi de
Chypre; ei Piiilipole, femme d'Hérard de Biienne.
Henri 11 n'avait point eu d'cnfanis d'Hermarièle de
Namur, sa preraicie femme. Ce prince mourut à Aire
l'ail ll'J", éiant tombé d'une fenêtre dont l'appui
céda sous lui, et la comtesse de Champagne, sa mère,
mourut de douleur en apprenant cette niiuvelle. Thi-
baiili, quatrième du nom , succéda à Henri II, son
frère. Quelques historiens prétendent que le coiiue
Henri l'avait institué son héritier ; mais d'autres as-
surent qu'il usurpa ce com:é pendant l'absenie de
son frère ; et d'autres, qu'il en traita par lettres avec
son frère. Il fut marié avec Blanche , fille de dom
Sanche , surnommé le Sage, roi de Navarre, dont il
eut une fille qui mourut fort jeune , et un lils pos-
thume niiminé Thibault. Thibault IVmnurutau mois
de mai de l'année 1207, âgé de 26 ans. Thibault 'V ,
surnommé le Posthune, ou le Faiseur de chansons,
fut comte de Champagne après la mort de son
père, et rci de Navarre après celle de dom Sanche
le Fort, son oncle maternel, qui mourut sans en-
fants. Il fut déclaré possesseur légitime de la
Champagne par un arrêt du mois de juillet de
l'an 1221. Ce prince se trouva d'abord png;igé dans
la révolte qui se fit au commencement de la minorité
de saint Louis; mais il quitta ce parti, et découvrit
à la reine le dessein des révoltés, et surtout celui
qu'ils avaient formé d'enlever le roi saint Louis à
Monilhéry, qui serait tombé entre leurs mains sans
les avis du comte de Champagne et le secours de
trois mille gentilshommes qu'il amena avec lui ; eu
haine de quoi le duc de Bretagne, chef de celle ligue,
assiégea Troyes, (|ui fut secourue par le roi saint
Louis, et les factieux furentobligés de lever le siège.
Thibault V fut marié trois fuis : la première avec
Gcririide, fille d'Albert, comte de Metz et d'Augs-
bourg. veuve de Thibault, due de Loi raine, de la-
quelle il fut 'éparé à cause de leur parenté; la se-
conde avec Agnès de IJeaujeu, fille de Gnichard, et
de Ce mariage naquit une fille appelée Blanche ;et
la troisième fois avec Marguerite de Bourbon , fille
d'Archambaiid VIII, de laquelle il eut trois garçons
e! trois filles. Il mourut à Troyes en 125^. Ses en-
fants du troisième lit furent : 1° Thibault, qui lui suc-
céda ; 2" Henri, surnommé le Gros, comte de Ros-
nay; 3" Pierre ou Perron, qui mourut en bas âge;
4° Aliénor, morte jeune; 5° Marguerite , mariée à
Henri, fils de Matthieu de Lorraine ; 6» Béalrix, se-
coude femme de Hues IV, duc de Bourgogne. Quai::
à Blanche, qu'il avait eue de sa seconde femme, elle
DICTIONNAIRE DE GEOÔfeAPHIE ECCLESIASTIQUE.
iS9
épousa Jean, du le Roux, duc de Normandie. Thi-
bault VI, ciiniie de Chaiiipagne et II» du nom, roi
de Navaire, épousa Isabelle de France, fille de saint
Louis. Elle le suivit dans ses voyages de la terre
sain(e. 11 mourut en Sicile en 1270. Henri III, sur-
nommé le Gros, lui succéda. H épousa Blanclie, illle
de Kobert, premier comte d'Artois, et nièce de saint
Louis. Il n'en eut qu'une fille nommée Jeanne, qui
l'ut mariée en iiii, à l'ègede treize ans, au roi Phi-
lippe le Bel, auquel elle fil donation de tous ses
Etats, ei mourut en i3(l-t. Henri III, son père, était
mort à Pampelune, capitale de son royaume de Na-
varre , dis l'an iHi. Louis X, fils de Philippe le
Bel, ei de Jeanne, reine de Navarre et comtesse de
Champagne, n'ayant laissé qu'une fille, nommée
Jeanne de Fiance, sous la tutelle d'Eudes IV, duc
de Bourgogne, lerni Philippe V, frère du roi LouisX,
se mit en possessioii de la Navarre et du comté de
Champagne, comme ayant été unis à la couronne de
France. Jeanne de France prétendait au conlraiie
que ce comté lui appartenait, parce qu'étant venu
au roi Louis X par Jeanne de Chanipagne, sa mère,
ce comté était transmissible à tous héritiers, tant
mâles que femelles. Il fut néanmoins jugé par arrêt
du conseil du roi que ce comté étant demeuré uni
à la couronne pendant plus de trente années, il n'en
pouvait plus être démemhié, ni séparé. Pliilippe V
et Eudes, duc de Bourgngne, Cii qualité de tuteur de
Jeanne de France, firent un traité à Laon le 27
mars de l'an 1517, par lequel il fut convenu que si
le roi iiéfédait sans enfants mâles, le comté deCham-
pagne appartiendrait à Jeanne de France sa nièce,
comme son propre héritage, et que si Jeanne décé-
dait sans hoirs, ce comté serait réuni à la couronne.
Jeanne de France fut mariée à Phili|)ue, comte d'E-
vreuï, pelit-Uls de Philippe le Hardi; et Philippe
d'Evreiix céda et quilia à Philippe de Vahiis tous les
droits qui pouvaient lui appartenir aux comtés de
Champagne et de Brie, soit par la succession du roi
Louis X, soit par le traité du 27 mars de l'an 1517.
Cette cession de Philippe d'Evrenx est du U mars
de l'an 1335. Le roi Philippe de Valois lui donna en
échange le comté de la Marche et trente-huit mille
livres de rente sur le trésor, qui furent ensuite com-
muées pour les vicomtes de Beaumoiit-le-Roger,
Breieuii, Coni-hes, Oihei, Pont-Autlemer et le Co-
leutin. Enfin le roi Jean léunit de nouveau par let-
tres paieiiles les comié> de Champagne et de Brie à
la couroime, satis qu'à l'avenir ils en puissent être
dénieinbré> pour quelque cause que ce soit.
Les historiens ne s'accordent point sur la durée du
gouvernement des comtes de Champagne, ni sur
leur iio:nhre. Les uns les l'ont durer 31 o ans, et Ks
autres 331 Les uns ne reronn. issent que treize ou
quatorze Ciimles, et les autres eu coni|iicnt quinze,
sans y comprendre la comtesse Jeanne, femme de
Philippe le Bel. Cette différence vient sans doute de
ce qu'ils ont confondu les deux brandies de celle
maison, dont l'une possédait les comlés de Troycs,
200
de Meaux, et le reste de la Champagne; et l'autre
les comtés de Clois, Tours, Chartres etc.
Les cuinies de Champagne étaient pairs de Fran-
ce, et portaient au Sacre d* nos rois la bannièie de
France. Il n'en faut pas davantage pour prouver
qu'ils ont toujours relevé de nos rois; et quand
Joinville dit dans son histoire. Qu'ayant été mandé
avec les barons de France par saint Louis pour venir
prêter le serment de fidélité à ses enfants, il refusa de
le faire, parce qu'il n'était pas né son sujet ; cela ne
prouve autre chose, comme l'a foit bien remarqué
Jl. du Cange, si ce n'est que les vassaux ne doivent
le serment de ûdélilé qu'aux seigneurs dont ils relè-
vent immédiatement, et non pas aux seigneurs du
fief dominant.
Les comtes de Champagne avaient droit de faire
tenir leurs états par sept comtes qui se qualifiaient
pairs de Chanipagne. Ces comtes étaient ceux de Joi-
gny, de Rethil, de Braiiie, de Roucy, de Brieime, de
Grandpréelde Bar-sur Seine. Les comtes de Cham-
pagne jouissaient de la ville et comte de ChauraonI,
de la ville et comté de Sainte-Ménehould, de la ville
et comté d'Eperuay, des villes de 'Vitry, Bar-sur-
Aube et Vertus; ei des chàiellenies de Vassy, An-
deloi, Coissy, Nogent-le-Roi et Bar- sur-Seine. Les
villes de Reims, de Langres et de Chàlons n'ont ja-
m::is éié du ressort ni de la mouvance du comté de
Ch mpagne. Le domaiiie utile et la juridiction en
ont toujours appartenu aux archevêques et évêques
qui, eu qualité de pairs ecclésiastiques, ont même
toujours précédé au sacre de nos rois les comtes de
Champagne.
La Champagne a pris son nom de ses vastes plai-
nes ou campagnes. Elle est bornée au nord par la
Belgique, au levant par la Lorraine, au midi par la
Bourgogne, et au couchant par Ule de France.
Cette province, une des plus considérables de la
France, a plus de 184 kii. d'élendue de l'occident
au .-ud-est, depuis Lagny en Brie jusqu'à Bourbonne
en Bassigny, et environ 216 kil. du midi au sep:eu-
trion, depuis Ravières dans le Sénonais jusqu'à Ho-
croy dans le Uhéielois. Le cœur du pays est occupé
par de vastes pl.ùnes ; mais les exlrém:tés sont cou-
vertes de bois, et remplies de montagnes et de col-
lines qui produisent abondamment tout ce qui est
nécessaire à la vie.
Les principales rivières de celle province .-ont la
Me se, qui prend sa sourie prés du village de Meuse
et de Montigny-le-Roi. Son cours est de cent vingt
lieues, ou environ. Elle commence à porier bateau à
Sanl Thibndt, passe d.ms les évêchés de Nancy et
de Veidun, par la Champagne , le Luxembourg et le
comté de Namur. Ensuiie, après avoirarrosél'évêcbé
de Liège, une pirtie de la Belgique et de la llol-
lanile, et avoir reçu le Wahal au-dessous de l'ile de
B 'mmel, elle prend le nom de Meruve, et se perd
dans rOeéan entre la Brille et Gravesende.
La Seine, qui prend sa source près d'Evergereaux,
hameau situé à 250 mètres environ du vallon appel*
361
GEÔGRAPHiÈ DÈS LËGËNt>ES AU MOYEN AGE.
2C2
Douix-(le-S 'ine. Le village de Sl-Germain-la-Feuil-
lée en esl ilisiani de prés d'un kil. Il ne Tant pas
confonilie l'ancienne abbaye du bourg de Saint-Seine
avec iiH nionumeiil religieux élevé aulrefois à saint
Seine, emiile, dans lu vallon ci-dessus désigné, ei où
ce saint s'était d'iibord retiré — Les décombres de
ce petit édiûce servent aujourd'hui d'abri à la source
contre l'action directe de l'aiiuosplière.
La Marne prend sa source dans le Bnssigny, au
pied d'une montagne, et à cinq cents pas d'une mé-
tairie nommée la Marmotte. Elle a son cours par les
diocèses de Langres, de Châluns, de Soissons, de Meaux
et de Paris; elle commence à être navigable, à Viiry,
et se jette dans la Seine au pont de Gbarenton, au-
dessus de Paris.
L'Aube prend sa source aux conTins de la Bour-
gogne et de la Champagne, au village d'Aubei ive ;
puis.coulant vers le septentrion, elle passe à la Ferté,
à B»r, à Arci<, etc., ei se jette dans la Seine à Con-
Raiis. On a fort travaillé à la rendre navigable; mais
ces dépenses ont été iuuiiles.
L'Aisne prend sa source au-dessus de Sainte-.Mé-
iiehould, aux confins dt \a Cliaaipagne et de la Lor-
raine. Elle parcourt les diocèses det^hâlons, de Reims
ei de Sdissons , et se jette dans l'Oise, à 't kil. au-
desSus de Coinpiêgne. Elle ne porte bateau qu'à Clià-
teau-Porcien ; mais on avait formé le dessein de la
rendre navigable un peu au-dessus de Sainte-.Méne-
honld. Ce dessein s'éiendait même plus loin; car le
ministre Louvois avait fait dresser des plans pour
joindre la Meuse à l'Aisne p:ir le moyen d'un canal.
11 y a à Bourbonnedeseaux minérales très-célèbres.
Elles sont chaudes, et d'nne saveur un peu salée. Au
village d'Attencourt, à deux lieues de Yassy, il y a
une fontaine minérale dont les eaux sont ferrugi-
neuses. — Le climat du pays qui formait c tie pro-
vince est tempéré; ses habitants sont doux, civils,
laborieux et pleins de courage. On trouve, au centre,
ces vastes plaines si renommées, et dans quelques
endroits des limites qui la séparaient des antres pro-
vinces, de belles forêts et des montagnes. Son ter-
roir, en général sec et stérile, produit du seigle, de
l'avoine, du sarrasin et quelque peu de froment ; les
vins qu'on y recueille sont trèsesiimés : ces vins et
ces grains composaient son principal commerce, qui
s'étendait aussi à une grande quantité de fer, de lai-
nes, de verreries, de poterie de terre, de pains d'é-
pices ei de miel jaune.
Il y av.iit dans l'étendue du gouvernement de
Champagne deux archevêchés, Reims et Sens, et
quatre évêeliés, Langres, Chàlons, Trnyes et Meaux.
L'archevêque de Ueijns était le premier duc et pair
de France, légat né du saint-siége apostolique, et
primat des Gnules belgiques. Il avait le droit de sa-
crer les rois, et ses suffragants étaient les évêi|ues
de Soi>sons, de Laon, d'Amiens, de Senlis et de Bou-
logne. Autrefois le^; évêques de Cambrai, de Tournsy
el de Térouanne l'étaient aussi ; mais ils en furent
soustraits lors de l'érection de Cambrai en archevêché
en 1559 et loCO.
Louis d'Ontre-.Mer fil l'archevêque de Reims chan-
celier héréditaire de France; mais Hugues Cap«l
ôta celle dignité à ses successeurs en haine d'Ar-
nould, archevêque de Reims, qui avait ouvert les por-
tes de cette ville à Charles de Lorraine, son tompé-
titeur. On dit que ces archevêques n'avaient aulrefois
que le tiire de comtes, et que ce fut Philippe-Au-
guste qui lors de son sacre leur donna celui de ducs,
enfaveurde son oncle Guillaume de Champagne, dit
aux blanches mains, cardinal et archevêque de Reims.
Le diocèse de Reims se composait de quatre cent
soixante et dix-sept paroisses, de trois cent soixante
et cinq annexes, de sept chapitres, de vingt-quatre
abbayes, de huit hôpitaux et de plusieurs couventsde
religieux et de religieuses. Le chapitre de la cathé-
drale était le premier de ce diocèse, Outre ce cha-
pitre, il y avait trois collégiales dans Reims ; celle de
Saiiit-Symphorien, celle de Saint-Timothée el celle
de Sainte-Balzamine, ou Sainte-Nourrice, à cause
que cette sainte a éié nourrice de saint Rémi. Les
canonicats de cette dernière étaient à la collation du
cliapilre de l'église niéiropolilaiiie.
Les abbayes d'hommes de l'ordre de Saint-Benoit
étaient : l'alibaye de Saini-Remi de Reims, dont Tur-
pin, archevêiiue de celle ville , fut le premier abbé
vers l'an 770 ; celle de Saint-Nicaise de Reims; celle
de S:iint-Thierry, à deux lieues de Reims, fondée par
saint Thierry, vers l'an 5.50 ou 530. Elle était unie
à l'archevêché de Reims depuis l'an 1696, et rap-
portait à l'abbé douze mille livres de revenu; celle
de StBaie,.à i|natre lieues de Reims, avait été fondée
et bâtie par saint Bàle, l'an 576, sous l'arcnevêque
Gilles. Celle d'Hauivillers avait été fondée par saint
Nivard, archevêque de Reims, et fort augmentée
par les comtes de Champagne. Celle de Mouson
était occupée par des religieux bénédictins de la
congrégation de Sdnl-Vannes.
Les abbayes de l'ordre de Citeaux étaient : l'abbaye
d'Igny (ondée en l'an 1126 par Renaud, archevêque de
Reims, qui y établit des religieux qu'il tira de Clair-
vaux ; celle de Signy fut bâtie l'an 1134, pir saint
Bernard, des libéralités des comtes de Cliamp^igne;
celle de Laval-Roi, Vallis Regiœ, avait été fondée
l'an 1149 par Jean, comte de Roucy ; celle de Bonne-
Fontaine fut londée en 1152 par les seigneurs de Rn-
migny; celle d'Elan fut f(>ndée par Wiier, tomiede
Rliétel, environ l'an 1154, el par Hugues, aussieointo
de Rhétel, q,ni en augmentf la fondation en 1220.
Les abbayes de l'ordre de Sainl-Angustin étaient :
l'abbaye de Saint-Denis de Reims, fondée par Iliiit-
mar, archevêque de Reims, qui vivait l'an 8ii0 ; celtn
de Landèves était anciennement |irieiiié dépendant
du Val-des-Ecoliers; mais il fut érigé en abbaye au
commencement du siècle dernier, et uni en 1633 à
la congrégation de Sainte-Geneviève de Paris; ocrto
d'Epernay fut fondée par Tliibauli, premier du nc;n
comte (le Champagne.
DICTlOMNAmt; DE GliOGRAPHlE ECCLESIASTIQUE.
2t;5
Les abliayes de l'ordre de Prcronlré éi.iieni :
r.ibliaye de Cliaiiniont, simée près de Rhélel; celle
de Belv.ll, fondée par Adalheron, cvêi|ue de Verdun,
l'an H5">; celle du V;d-Dii'u; celle de Sepi-Foniaines,
dans la Thiérai lie, fui foiidéeen 11-29 par Hélie, sei-
gneur de Mézières, et Ode sa femme.
Les ahbayes de filles de l'ordre de Sainl-Benoit
étaient : l'^ibliaye de Saint-Pierre de Reims, fondée
par sainte Cloiilde : et celle d'Avenav, fim lée par
Benhe, femme de saint Gombert, maire du palais.
Il n'y avait qu'une seule abliaye de filles de l'ordre
de Saint-Augustin, celle de Sainl-Eiicnne de Reims.
Ces religieuses éiaieni auparavant à Soissons, et
n'étaient venues s'établir à Reims qu'en lCi7, par
l'échange de leur m ison de Soissons avec le prieuré
du Viil-des-Ecnliers, qui était à Reims.
Il y avait dans la vil'e de Reims un grand et beau
séminaire, commencé par Charles de Lorraine, car-
dinal et archevêque rie Reims, en ISoi, et rebâti
magnifiquement en 1678 pir les soins de Maurice
Le Tfllier. archevêque de cette ville. La chartreuse
du Mont-Dieu, auprès de Sedan, jouissaii de trente
mille livres de rente, et était une des plus magnifi-
ques de l'ordre.
L'archevêché de Sens reconnaît saint Savinien
pour son premier prélat. La tradition dit que ce saint
évèque fut envoyé dans les Gaules par saint Pierre;
mais cela ne s'accorde point avec Sulpire Sévère et
Grégoire de Tours, qui ne nietteni la naissance de
l'Eglise des Gaules que sur la fin du ii^ siècle. Il y
a beaucoup d'apparence que les actes du martyre
de saint Savinien ont élé altérés, et qu'au lieu de
dire que ce saint avait été envoyé par le saint-père,
les copistes ont mis par $nint Pierre. Ansegise, ar-
chevêque de Sens, donna un grand éclat à son siège.
Charles le Chauve obtint du pape Jean VIII, en fa-
veur d'Ansegise, la priinitie des Gaules et de Ger-
manie, l'an 876. Les évèqiies de France assemblés à
Pontyon désapprouvèrent cette élévaion de l'é-
glise de Sens. Cependant les archevêques de Sens
ont joui de celte prérogative pendani deux cents ans.
L'an 1079, le pape Grégoire VU confirma à l'arche-
vêque de Lyon la primatie sur les quatre provinces
lyonnaises, qui sont Lyon, Rouen, Tours et Sens.
Les archevêques de Sens ont plusieurs fois essayé de
revenir contre cette concession , mais Charles de
Bourbon, cardinal et archevêque de Lyon, ayant
porté la déci-ion de ce procès au parl'-ment de l'a-
ris, l'aicliexêiiue de Sens, qui était de la maison de
Meluu, s'y laissa condamner par déf.uit m 1121, et
depuis ce jugement la piimatie des Gaules est de-
meurée à l'archevêque de Lyon, ei celui de Sens n'a
conservé que le litre de primai des Gnules tl de Ger-
manie. Il avait autrefois pour snlTragants les évê-
ques de Paris, de Chartres, de Meaux, d'Orléans,
d'Auxerre et de Nevers; mais depuis l'éreciioii de
l'évéché de Paris en archevêché, en l'an U>ii, il n'est
resté à l'archcvc |U(i de Sens pour suffraganis que
les évêques de Troycs, ilo Moulins cl de .N'cvers.
264
L'archevêclié de Sens valait environ cinquante mille
livres de revenu, et son diocèse s'étendait au delà
du gouvernement de Champagne. Il comprenait sepl
cent soixante el cinq paroisses , seiZ'- cha|iitres ,
vingt-neuf abbayes, et soixante couvents, coinmu-
naniés ou collèges.
L'église métropolitaine de Sens a eu quelques
privilèges. Louise de Savoie, duchesse d'Angoulême
et régente on France pendant l'absence de Fran-
çois 1<^', son fils, lui accorda dfs lettres de conces-
sion, daiées du li octobre 1515, par lesquelles elle
lui donne pouvoir de faire faire par ses olficierg les
inventaires de ceux du chapitre tt habitués de cette
église qui décéderont dans le cloître, sans que les
ofliciers du roi s'en puissent entremettre. Ces lettres
furent confirmées par d'autres de François I" du 17
février de l'an 1516. Cette église avait aussi des
lettres de protection et de sauvegarde, semblables à
celles du chapitre de Notre-Dame de P.iris.avec droit
de Commitiimus aux requêtes du palais. Ces Iniires
sont datées du mois de novembre de l'an 1548.
Les abbayes d'hommes de l'ordre de Saint-Benoit
éiaient : l'abbaye de Saint-Remi-lez-Sens, fondée
l'an 5-27, et unie à perpétuité à la cure de Ver-
sailles ; celle de Saint Pierre-le-Vif-icz-Sens, fondée
l'an 507 ; celle de Sainte-Colombe, fondée par Clo-
laiie II, roi de France, l'an 620; celle de Morigiiy,
près d'Etampes, fondée en 1106; celle de Saint Père,
ou de Saint-Pierre de Melun, fondée en 546; celle
de Chaumes; celle de Ferrières en G.àtinais, fondée
par Clovis I", roi de France. Elle était autrefois
appelée Bethléem.
Voici les abbayes d'hommes de l'ordre de Cl-
teaiix : l'abbaye de Barbeaux, fondée en 1145; celle
deCercanceau, fondée en 1181 ; celle de Nolie-Dame
deJony; «elle de Preuilly, fondée en H 16; celle des
Echalis, de la filiation de Clairvaux, fondée en 1151;
celle de Vauluisant, fondée en 1127; celle de Fon-
taine-Jean.
Les abbayes d'hommes de l'ordre de Saint-Âu-
gusiin étaient : l'abbaye de Saint-Jean-lez-Sens, de
la congrégation 'de Sainte-Geneviève, fondée pour
des filles par Héradius, archevêque de Sens, qui vi-
vait dans le vi^ siècle. Los chanoines réguliers de
Saint-.\ugustin y furent établis l'an llll; celle du
Jiril, fondée en 119-i; celle de Saint-Séveriii de
Ch:'iteau-L indon, fondée dans le vi' siècle par Chil-
debert, fils de Clovis !<■■■, roi de France; celle de
Saint Jacques de Provins, fondée en 1124; celle de
Saini-Ensèbe.
Il n'y avait dans ce diocèse que doux abbayes
d'hommes de l'ordre de Prémontré : celle de Saint-
Paul-lez-Sens, fondée vers l'an 12-20; celle de Diloi,
fondée vers l'an 1235.
Les abbayes de filles de l'ordre de Saint-Benoit
n'étaient qu'au nombre de deux d.ins ce diocèse :
celle de Notre-Dame de la Pomeraye, qui fut trans-
férée dans un faubourg de Sons, en 1651; celle de
\illc-Chasson.
ses
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
2«C
Les abbayes de (illes de l'ordre de Ciiemix ciaienl :
l'abbaye du Lis, près de Meliin, fondée en 1218; celle
de la Ji'yi>, prés de Nemours, fondée en 11 SI ; celle
du Mont-Nolie-Danie de Provins, fondée en I ^25. Celle
de Villers-aux-Nonains clail de fondalîon royale.
On voyail diin-^ la ville de Sens, et dans plusieurs
aiilres villes de ce diocèse, nii grand nombre de mai-
sons religieuses de l'un et de l'autre sexe.
L'évêulié de Langres avait le titre de duclié-paii le,
était suffragaiit du Lyon, el son revenu était d'en-
viron vingl-ileiix mille livres. Ce diocèse s'étendait
plus iipin que le gouvt rnement de Champagne.
■ Outre le cliipitre de l'Eglise cailiédrale, ily enavait
plusieurs autres dans le diocèse de Langres : celui
de Saint-Jean dans la ville de Cliaumunt, celui de
Cliàiean-Viilain, celui de Bar-snr-Au!)e, celui de Mus-
sy-l'Evêque , celui de Gtancey, fondé en 1361 par
desseivneiirs de niénie nom.
Les abbayes d'Iionimes de l'oidrede Saint-Benoît
étaient : l'abbaye de Saint-Bénigne de Dijon , fondée
en 52) ; celle de BèiC, fondée en (iSO ; cdie de Mo-
lesnie, fondée par saint Koheri en 1075; celle du
Montier-Saint-Jean ; celle de Saint-Micbel do Ton-
nerre; celle de Poutières; celle de Saint-Seine et
celle de Saini-Mariin de Molome, près de Tonnerre.
Les abbayeso'bommesdel'ordredeCitt'aux éiaienl :
l'abbaye de Clainaux, à onze lieues de Langrts, et
à deux de celle de Bar-sur-.Aube, fondée par Hu-
gues, comte de Troyes, l'an I lia, et enrichie de-
puis par Thibault, comie de Champagne, et par les
comtes de l'Iandie, snriont parle comte dit Phi-
lippe, (M par Matliilde >a funinie. Elle était de la li-
liftiion de Citeaux. C^lle de Morimout , une des
qnalre filles deCileanx, fut fondée en 111 i par 01-
déric d'Aigremoiit, seigneur de Choiseul. L'abbé était
père et supérieur immédiat de cinq ordies de che-
valeiie, en Espagne ei en Portugal. Celle d'Auberive,
fondée en 11)^6, par un évciiue de Langres; celle de
Beaulieu, l'ondée en llfi6; celle de la Cresie, de la
fdiation de celle de Morinnmi. On la croit de la lon-
daiion des comtes de Champagne, du temps de saint
Bernard. Elle a été depuis fort augmentée par les
seigneurs de Choiseul et de Kesnel. Celle de Lon-
guay ; celle de Vaux-la-Dnuce, fondée par Maiiassès,
doyen de l'Eglise de Langres, et par le chapitre de
la même Eglise; celle de Tulley en Franche-Comté,
près d'Autray, fondée en 1150; celle de Mores en
Champagne, fondée en 1135; celle de Quincy, fondée
l'an 1155. Celle de la Cliarité-lez-Lé>ines, d ins le
doyenné de Tonnerre, était autrelois occupée par des
iilles.
Les abbayes d'hommes de l'ordre de Sainl-Angus-
lin étaient en petit nombre : l'abbaye de Saint-
Etienne de Dijon, sécularisée en 1611 ; celle deChâ-
lillon. Celle du \al-des-Ecoliers près de Chaumont
n'était autrefois qu'un prieuré, qui fut érigé en ab-
baye l'an l.-i59. C'a été un chef d'ordre jusqu'en
1636,que les chanoines réguliers de l'ordre de Sainte-
Cenoviève en prirent possession.
Dktioknaire di Géogkapbie eccl. II.
Il n'y avait dans ce diocèse qu'une seule abbayu
de Prémoniré, celle de Sepl-Foiiiaines, à 16 kil. lU;
Chaumont. Saint Bernard en fait mention dans sa
lettre 255.
Les abbayes de Iilles de l'ordre de Saint-Benoît
étaiejit : l'abbaye de Ponlangis, qui se prétemlait
immédiaiemenl sujetie au saint-siége. Les religieu-
ses devaientètre (illes de quai, lé. et faisaient les trois
vœux; cependant elles n'étaient point cloîirées, et
vivaient séparément chacune dans sa petite maison,
dans l'eneeinte de celte abbaye. Celle de Kouge-
mont; celle de Pr.àlon ; celle de Pnis-d'Orbe.
Lesabliayesdehlles de l'ordre de Cîteanx étaient:
l'abbaye dn Tard à Dijon ; relie de Beaufay; celle de
Colonges; celle de Bémont, fondée par Godefroy,
évêque de Langres, en l'an 1148.
11 y avait dans ce même diocèse un grand nom-
bre de prieurés; mais il n'y avait que celui de Va-
rennes, à 16 kil. lie Langres, qui fût considérable, et
celui dn Valdes-Choux, près de Ciiàiillon en Bour-
gogne, chef d'ordre, el fondé sur la fin du xii« siè-
cle par Viard,<iui profes-ait la règle de saint Benoll.
L'évèché de Chàlons avait dans son étendue trois
cent quatre paroisses cl quaire-vingt-ireize annexes,
partagées en neuf doyennés, sous quatre arcliiiiaco-
nés. Il avait le titre de comté-pairie, et son revenu
était d'environ vingt mdle livres. L'église cail.éJiale
est dédiée à saint Etienne, premier mariyr.
Voici les abb lyes d'lioinme> de l'ordre de Saint-
Benoit qui étaient dans ce diocèse : l'aldiayfî de
Saint-Pierre au Mont de Clialons , de la congiégalion
de Saint-Vannes. On ne sait pas le temps de sa fon-
dation. La tradiiion du pays veut que saini Méinie,
premier évèque de Chàlons, aii déd'é un leioplo des
païens , qui était en cet endroit, à saint Pierre. Ou
y mit ensuite des chanoines ; et Roger !«' , évèque
de Chàlons , mit en leur place des religieux de Saint-
Benoit, et leur donna des biens considéraldes. La
congrégation de Saint-Vannes y mit la réforme eu
165.t. Celle de Saint-Marlin de llniron, à 4 kil.de
de Viiry-le-Français, a été bâtie en 1078, par Ro-
ger, Hl« du nom, évèque de Cliàlons, qui y mil îles
prêtres séculiers pour instruire les haliiianis de l\
campagne. Godefroy, au^si évèque de Chàlons, y mit
depuis un abbé et des religieux de Saint-l'enoîi.
Celle de Saint-Uibain, à 4 kil. de Joinville , aus-i
de la congrégation de Saint-Vannes, et fondée par
Archambauli, trente-troisième évèque de Chàlons,
vers le milieu du ix« siècle, sous le titre de la
Sainte-Triniié, qui fut changé depuis en celui de
Saint-Uibain. Charles le Chauve fit de grands biens
à celle abbaye, elen était reconnu pour fondateur.
Celle de Monlier-eii-Der, à 16 kil. de Saint-D zlcr,
aussi de la congrégation de Saint- Vannes, el la plus
considérable de la province par sa seigneurie sur
vingt et une paroisses, par le nombre des cures et
autres béiiélices ; celle de Moireniont ; celle de Saini-
Sauveur-des-Vcrlus.
Les abbayes d'Iiomnies de l'ordre de Cileau*
DrCTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
267
étaient: l'abbaye de Kaute-Foniaiiie; celle de Trois-
Fomaiiies, fondée en I2"20 par Hugues , conile de
Champagne ; celle de Moniier, en Argonne ; relie de
Cheniinon; celle de laCliarmoye. Le P. doni Paul
Pezroii , un des pins savants hommes et des pins
pieux religieux «lu dernier siècle, a été un des titu-
laires de cette abbaye.
Les abbayes d'hommes de l'ordre de Saini-Aii-
gusiin étaient au nombre de qu are : l'abbiiye de
Toussaint, en l'île de Chàlons, fondée en 106-2,
par Koger, II« du imm, évéque de Chàlons ; celle de
Saini-Mémie-lez-Chàlons , de ia congrégation de
Saillie-Geneviève ; celle de Nolre-Dame-des-Vei lus ;
celle de Noire-Dame-ae-Ch.iiris.
Dans tout ce diocè e il n'y avait qu'une seule ab-
baye de Préinontré, qui i-l lit celle de Monccl. Qniint
aux ahhayes de (illes, ell.s étaient tunirs de l'ordre
de Cîleaux ou de Saint-Bernard ; les v.iici : Saint-
Jacques , proi he Vilry en Peruii;. , fondée par Thi-
bault le Grand, comte de Champagne ; celle de iNo-
Ire-Dame-Iez-Sainl-Dizier ; telle de iNoire-Oame
d'Andecy, selon quel(|ues-uns , de Tordre de Samt-
Benoîi; et sel n d'^. litres, de céluide Saint-Bernard.
Elle avait été fondée en llyl, par Simon de Broyés,
seigneur de Bayes.
L'évèché de Troyes reconnaît saint Amatnr, qui
vivait vers l'an ZH). pour son premier prélat; l'église
cathédrale < st dédiée à saint Pierre.
Le ciiapiiie de Tégli>e collégiale de Saint-Etienne
était dans ia ville de Tmyes. C ite église servait au-
trefiiis de sainte chapelle au palais des coinle-; de
Champagne. Il y avait encore un troisième chapitre
dans la ville de Troyes, celui de Saint-Urbain, fondé
par le pape Urbain iV, et bâii au même endriil où
ce pape était né.
Les abbayes d'hommes de Tordre de Saint-Benoit
étaient : l'abbaye de Monlier-la-Selle, de la congré-
gation de Saint-Vannes; celle de Montier-Bamey, de
la niême Ccngrégaiinn ; celle de iNesle.
268
obligèrent Abailard d'aoandonncr cette retraite, qu'il
abandonna à Héloïse. Le pape Innocent 11 con-
firma cette donation en l'année HjI, et Héloïse, s'y
étant établie avec ses religieuses, en fut ia première
abbesse. C'est en mémoire de ce qu'elle était savante
dans la langue grecque que les religieuses de cette
abbaye avoient coutume de faire l'office en grec, le
jour de la Pentecôte.
Il n'y avait dans ce dincèse qu'une seule abbaye
de filles de l'tirdre de Citeaux : celle de Noire-Dame-
des-Prés.
L'évèché de Meaux reconnaît saint Saniin pour
son premier prélat. Saint Faron , de la race des an-
ciens lîourgnignoiis, a fait honneur à ce siège par sa
naissance, et l'a enrichi par le don qu'il fil des bel-
les lerrs qu'il possédait. 11 fut fiitévè(i'ie i!e Meaux
après la mort de Gundebaud , veis Tan 1.2". Jacques-
Bénigne Bnssuet , évèque de Meaux , a été une des
plus grandes lumières de l'Eglise, el un des plus
zélés (léfeiisenrs de la foi catholique.
Le diocèse de Meaux est divisé en deux parties par
la rivière de Marne. La partie seplenliionale s'ap-
pelle Tarrhidiaconé de Fiance; ei celle qui est au
midi, l'arch diaconé de Brie. Chacun de ces aiilii-
diaconés a trois d.iyennés ruraux : celui de France,
les doyennés de Danimrtin, d'Assi el de Gandelu.
Les trois doyennés de Tarchidiaroné de Er e sont
Cre-sy,Coulominieis, et les Fertés.On comptait dans
ce diocèse deux cent vmgl-sept paroisses, sept cha-
pitres ei neuf abbayes. Cet évéchééiait au-relois suf-
fragmt de Sens , et l'est de Paris depuis l'an 16ii.
Voici les abbayes d'hommes de l'ordre de Saint-
BenoU .lans le diocèse de Meaux : l'^.bbaye de
Saint-Farnn, fondée en 627 par saint Faron, évèque
de Meaux, qui la Ut bitir dans sa propre maison sous
l'invocation .le la mainte Croix -.c'est là que repo-
saient les reliques de ce saint, qui ont donné son
nom à cette abbaye; celle de Rebais, fondée dans le
viif siècle par Dadon, chancelier du roi Dagoberl,
Les abbayes d'hommes de l'ordre de Citeaux qui quitta la cour et le siècle pour se donner à Dieu
étaient : l'abbaye de la Rivoiix ; celle de la Pitié-
lez-Kamcru. Celle de Bonlancourt dé|iendail de
Clairvaux; celle de Selliéres était de la fiiiaiion de
Poniigny.
Les abbayes d'hommes de l'ordre de Saint-Augus-
tin étaient : Tabhaye de Saint-Loup de Troves ;
celle de Saiot-Marlin ; celle de Chantemerle ; celle
de Beaulieu; celle de Basse-Fontaine ; celle de la
Cliapelle-aiix- Planches.
Il n'y avait que trois abbaves de (illes de l'ordre
de Saint Benoit dans ce diocèse : l'abbaye royale de
^ot^e-Oame de Troyes ; celle de No re-i> me de Sé-
zanne. Cel'e du Paraclel , proche de No;,'eni-siir-
Seine , ne fut d'abord qu'un peu'i oratoire bâti sons
l'invocation de la Sainle-Trinité par le fameux A-
hailard. Il fut ensuite agrandi par b's écoliers de c-t
habile maître, .pii lui donna le nom d.' Paraclel, pour
conserver le souvenir des consolations ([n'il avait
reçues dans ce désert. Saint Bernard et saint Norbert
Il fit bâlir cette abbaye dans ses terres, sur le bord
d'un torrent appelé Hesbae, d'où est venu le nom da
Monasteihim Itesbaci'use ; car Rsfcnc en langue cel-
îique signifie lorrenl, el il y en avail un, qui r.'m-
plissaii les 'ossés de l'abbaye .le Rehais. Il n'y avait
dans ce dioiè-e qu'une seule abbayt; d'hmnines Je
l'ordre de Saint- Augustin, celle de Notre-Dame de
Chàge.dan-la ville de Meaux. Klle fut fondée en 1155.
L'iirdre de Pré II Miiré n'avait aussi q l'une seule
abbaye dans ce dionè-e, celle de Cliainbre-Foniaiiie.
Voici les ah layes des (illes de Tordre de Saint-
Benoit : l'abbaye île Jnuarre, fomlée dans le vii^ siè-
cle par Dailon, frère aine du fundaleur de l'abbaye
de Rebais :c"é;aitnne grande et inagnifl.pie maison;
celle de Faremouiier. delà grande règle de saint Be-
110 ii, fondé- par sainte Faie, sœur de sain: Faron.
Celle de Notre-Dame de Meaux, de Tordre de Saint-
Augusiin. Elle avait été fonilée auprès de Fîmes,
dans le diocèse de Reims, el fui transférée da-is la
S:69
GEOGRAPHIE DKS LEGENDES Al] MOYEN AGE.
210
ville de Meaiix en l<i37, à la reconmiandaiion du
duc de la Vletivllle, suriiiiend»iii des linances, dunl
la sœur était abbesse de celle uiai-on. Celle du Ponl-
aux-D;inies él;iil de l'ordre de CIle:iux.
Il y avait encoreilaiis ce diocèse un grand nombre de
)irieuré$, diint l.i idupart étaient Ircs-considérables;
celui de Cerfndd était chef <i>' l'ordre de la Sainte-
Trinité el Rédemption des captifs. Il et 'it conven-
tuel, électif, triennal, et possédé par les réformés
de cet ordre. C'éiait le lieu où se tenaient les clia|.i-
ires généraux, et oîi se faisait l'élection du général.
Cette maison et cet ordre avalent été éliblis par
saintJeandeMatbai't Félixde Valois l'an 1198, que le
pape limoceiiilllen permit rétablissement.
On divisait celle province en hante et basse Cbaiii-
pagne.Elle comprenailbnitpeiilspays ; laCbam;agnc
propre, le Rémois, le Retlieluis, le Pertois, le Val-
lage, le Bassiguy, la Brie Champenoise ei le Séno-
nais. Troyes en était la cnp. Elle forme les qn.itre
déparlemenis de la llaute-M:irne au S.K., de l'Aube
au S.-O., de la Marne au N., des Ardennesau N.B.,
et partie deieux de l'Vonnc, de l'Aisne, de Seine-et
Marne et de la Meuse.
Du 20 août au ib octobre 1792 celle contrée fut
le théâirè de la guerre entre les Français et les co-i-
lisés, qu'un chassa de tuii>es parts sous les ordres
du gé'iér:d D mouriez; et en 1814 et ISIS les al-
liés l'envaliireiit, et y furent souvent mis en dérou-
te. La Champagne tire son nom des vastes plaines
crayeuses qui rèitnent des contins de la Brie aux
fpomièri's de la Lorraine.
Par le concordat de 1801 l'archevêché de Reims
cl celui de Sens éiaienl supprimés, ainsi que les évé-
chés de Langres et de ChàUms. Le coiuordat de
1817 a rétabli le< deux archevêchés et les deux évé-
cbés. Il n'y a que les di<icèses dont la circonscrip-
tion Soit changée.
Campaniacum, Chanipigny, paroisse du diocèse de
P.iris, canton de Clinrenton, arriuid. de Sceaux Seine,
à li kil. et de Paris. Ce village est situé près de la
rive gauche de la Marne, nu y comple 1500 habitants,
en y comprenant une foule de fermes ei maisons de
campagne envir(mn:inles. Il fais:iil autrefois* ainsi
que la cumnmnr de ce nom. partie du diocèse de Pa-
ris, dans la provjnre de l'Ile de Friime. Le litre le
plusanciiuiquimeiiliomiecevilla^ecsl de UI60 :ilye-l
noiniiié CnmpeiiHiiiiim; quelques années plus tard ou
le trouve appelé CniH(;aHJ«c«m. L'eglis • esi du xiii" siè-
cle el porte le nom lie St-Saiurnin. Ce villaîe avnlt
un château, e^pèie de li>rteresse, que l'ablté i;hàie-
lain compare, dans se Voi/af/rs, au petit Cbàtelel.
Il lut brillé, le S avril Ul9, sons le lègne de Ch .ries
VI, par les Armagnacs, qui él:iieut du parti du dau-
phin, depuis Chai les VIL Ils y Inùlèreiit lémines, en-
fants, hommes, besli:nix et grains, qui y étaient en-
fermés, et inassaciéreiit. en vrais diables déchaînés,
comme les noinmi' le journal du règne de Charles VI,
tous ceux (|ui -ovtaieni du fort pour ccliajiper aux
Rammes. Ce rhAteau, rebftii d.-'puis, servit de reiraiie
au baron de Pontis, lieutenant général des armées de
Philippe de France, duc d'Anjou, roi d'Espagne. Ce
sei;;neur, célèbre par la pri>e de Carthagène, l'avait
acheté à vie et y mourut en 1707. — Les guerres du
xv« siècle engagèrent les habitants à se clore de
murs. Dans le siècle suivant, François !•' leur en
diinni la permission par lelires patentes di; 1543.
Les mêmes lettres établirent un marché à Champigny.
Charles IX, en 15 3, accorda deux foires à ce vil-
lage, mais i' Hi cela eut peu de succès. On trouve,
auprès de Champigny, sur les bords de la Marne, 'les
praiiies fertiles et charmantes, au milieu desquelles
socl pratiquées des promenades irès-agréab!es. On y
Voit aussi un grand nombre de maisons de campa-
gne remarquables, entie autres le vasie et beau do-
maine de Tremblay, dont le château a été détruit, et
le château de Cueilly, dont les jardins el le parc >ont
d'une grande étendue. — Les principales productions
tlii terroir de celle commune sont en grains, une
partie est en vignes et en prairies. On y cultive
beaucoup de pois. Le vin île Champigny avait aiiire-
fois de la ri'pulaiion. Il s'y trouve des carrières de
pierres lie diverses espèces, des (ours à chaux et une
asseï grande quantité de beaux cailloux agaihisés.
Campus Belliis, Cli nnpeaux, paroi^se de l'ancien
diocèse de Paris, à présent de celui de Meaux,cnton
deMormaiii,aiTOiiil.de Meliin, Seiiie-el M iriie, à7kil.
liid-niiest de Mormant, 13 nord-est de Meluii et I8de
Paris. — Ce heu ï.ain ienne petite ville, renfermait une
co légialeilonl l'étahlissemenl avait été fail sur la fin
du XI" siècle el vers l'an 1100; dès ll.:4, celle col-
légiale avait été du nombre de celles dont Etienne,
évêque de Paris, avaii accordé les annuels à l'abliaye
Si-Viclor; ce qui fut confirmé l'année suivante par
Louis le Gros. Le- chanoines furent fivés à douze,
ayant à leur lête un prévôt. Leur nombre fut aug-
menté par II suite, et s'accrul encore d'un chantre.
Le prévôt rendait la justice en surplis el en aumusse.
La sti uclure de celte collégiale était du xii* siècle, et
:ainl Mari n de Tours en était le patron. Elle était
bàiie comme en fonnede crnix avec des ailes, et ûnis-
sailencarréducôléde l'orient, ce qui n'empèciiait point
qu'on ne loiimàl par deirière l'autel. L'architecte
ne l'avait loint ornée de ^'aleries, et ne l'avait point
rendue exactement droite. On avait figuré en bois,
dans le cliœur, les anciennes voûtes gothiques. Au
côté sepien rional du portail était une lour un peu
basse, du même temps que l'église. Le jngement der-
nier était représenté à ce portail, selon l'u-sage des
\i' el XII» S'ècles. Les clianoines avaient liiaucniip
eiebel i cette église depuis 1680. Le grand auiel fut
refait à l'imilalinn de i elui de Notre-Dame d- Paris.
Au' une des tombes d s chanoines que l'on voyait
dans la nef n'avait encore les pieds étendus vers l'o-
rient, suivant l'usage primitif de ions les chré iens.
On lisait l'é.itaphe suivante, sur une de ces tombes,
du XIII' siècle, en capitales gothiques :
Foiijucii Lumen, pielalis gemma; rolumeu
Jusiihœ, cinere jacet hic, Deus haie miêerere.
271
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 272
Siephanus hic lenis fuit et miserntor cgenis,
Virlus verii I)ei noxia lollat et. Amen.
Devant la sacrislie élîiil une aiilie lombc du xiv'
siècle, de l^iqnelle on a exiroii lépilaplie qni suil :
Hic jacct domiinis Pctnt.-i Ennaoïii qnondam
caiwnicns et cantor liiijus Ecclrsiœ. qui fur.diwit
;inam capelli:mam ob remedium aiiimœ siiœ in
honore bealœ Farce virginis in hoc loco, et obiit
niiiio Mccc. XXX nono,iiut.rla diemensis novenib.is.
Parmi les reliques que l'on conservait dans celle
église, les plus anciennes étaient celles d'un saiiilDiini-
no!eon Donie,évêque,ei de saint Iléracli(.',évèque de
Sens. Il existait, dans la collégiale de Chainpeaux,
un niémorial qui rapportait qu'en 1207, Hervé, évéque
de Troyes, conslala, par un certidcal, que les che-
veux que l'on y possédait sons le nom de Noire-Sei-
gneur Jésus-Clirisl.enéudent véritablenienUniais on
n'avait jamais pu trouver le cerlificat ni la relicjue.
A un kil. au sud de ce bourg csl siiué le cliâieau
d'.4!iHcii/, 1 àii il y a environ GO ans *l"i '^'' égale-
ment parlic de la commune. Il est n remarquer que
dans sa con.-lruciion, en mansarde, il n'est miré
d'auiresliois que (eux employés aux combles, portes
cl croisées ; les gros murs ei escaliers sont bâtis en
g. es, el les appirienienls cintrés en fer. Le célèbre
avocat GeibicT a possédé la terre de Champeanx,
qu'il a embellie ei d.ins laqiiel'e il a laiL desdépeiises
considérables. Les polagers el les jardins anglais
Ront très-lien disiribués. Le paie est emonré deninrs
(;i de fossés; il reniernio des prairies, des vignes et
des bois. Une source, sortant d'une grulle, alimente
plusieurs pièces d'eau. Une belle avenue d'arbres,
devant le tbàteau, aboniii à un bois de SO arpenls.
Lien percés. On y disJiugue encore plusieurs mai-
fons de campagne. La pnp. de celle commune est
de plus de 5l0 babiiaiits.y compiis plusieurs fermes
et autres habiiaiions écartées. Le lerroii- ( si en lerres
labourables el en bois; on y ironve d.>s carrièies de
piene nieulièie et une loni;iine dite Vananne, où
l'eau est si abondante, i|u"à 3;t pieds de sa source elle
l'ait tourner un moulin, et ensuite (|uaire antres dans
l'esp.ice (l'une demi-lii ne : deux de ces moidins sont
sur la commune de Blandy. Il se lianl à Champeanx,
le vendredi de chaque semaine, un marché qui n'est
pas cunsidéiable. Ce bourg élail j;idis fermé; on y
entrait partr'ûs pones garnies de ponis-levis. Il av..it
«ne léproserie, en 13'j2, destinée anx habitants du
b ^Hr|?,àceux de Fiiuja, d ■ Si-Merry,d'.\ndie<el el de
Quiers. Champeanx est la piilrie de Giilllannie de
Ch.impeanx, instituteur de la congrégation de Sainl-
Victoi . L'éiilise paroissiale est sous l'invocation de la
sainte Vierge.
Campus, Champs, paroisse de l'ancien diocèse de
Paris, actnellen eut de celui de Me;iux, canton de
Lagny, aiTond. de M(^aux, à 8 kil de Lagny, 20 ouest
de Paris, sur de» collines qni bordent la riv ■ gauche
de la Marne, dans une position assez pittoresque.
Populat. 400 habilants environ. — Champs a dû son
origine à une église bâtie par saint Maur et saint
Fursy, d ins un endroit appe'é alors Campus (champ),
par opposition aux forêts qui l'environi'aienl. Celle
église, détruite depuis, a été rebâtie en 1"'38 : elle
est petite, muis assez jolie, et dans une agréable lO-
siiion. — Il y a eu sur le leri iloirc de cette commune
une lépriscri ■, qui existait en 1339. — A l'extrémité
de ce village est un beau châte.iu élevé sur le> plans
drf Chainblin pour Paul Poisson, dit Bourvalet ou
Uourvalais, himnie de linance:', dont la naissance et
la fortune ont étonné le dernier siècle : Poisson, fi!s
d'un piysaii des environs de Rennes, puis laquais à
Paris, sergent dans son village, homme d'affaires de
l'inleiidant des finances Pontchaitrain, gagna des
sommes immenses dans les fournitures pour la guerre
de la succession; accusé devant la chambre de ji>s-
tice, sous le régent, 4,40J,00tJ liv. apii èrent son
compte, et le rendirent boiiiièle homme. Thévenin
lui disant nn jour : Souviens-toi que tu as été mon
valet. Cela est vrai, répondit Poisson; mais si tu
avaisétéleniien, tu léserais encore. — Le château de
Ciiamps esi d'une forme irés-tégulière : sa faça le,
ornée d'un péristyle, est accompagnée de deux t. r-
rasses décorées de vases el de slalu;s d'enfanls;
dans les apparieinenis, on reuiarquait le tilafond du
salon, les camaïeux des dessus de por e el les figures
chinoises qui décorent la salle de compagnie; un
vaste parterre à l'anglaise, composé de deux bassins sé-
parés parmi long lapis de verdure, est lermiiié par un
groupe de sculpture; un des bassins a un jet qui s'é-
lève à 70 pieds. Aux deux côtés de la pai tie inférieure
du parterre sont deux niagnifiqnes bosquets ; les
plantations à gauche et à droitedu chàie;iu sont laites
avec beaucoup de goiit. On y trouve plusieurs salles
de verdure irès-agréables. A l'extrémité d'une allée,
à droite du cl.âtean, on voit sous un portique en
treillage la stalne d'une jeune fiHe, dont la têie est
celle d'un singe. Piesquc tous les jardins de Champs
ont été dessinés par l'archit -de Delille; mais le soc
les a sillonnés. La seigieurie de Champs-sur-Marne
éiait, an commenceimnldu xv« siècle, sous le règne
de Charles VI, dans la famille d'Orgemom, origimire
de Lagny : elle passa à Claude de Montmorency,
maître d'hôtel ordinaire de François l" ; (luIs à la
famille du Four, dite de Si-Jorry. Après quelques
autres mutations peu connues, Bourvalais l'acquit, et
en jouissaii enco<e au rommenceiuenl du dern er
siècle. Les révolutions financières de 1720 occasion-
nées par le système de Law, qni déplacèrent tant de
loriimes, firent tomber cette terre aux mains de Ma-
rianne (le Bouibon, léijitiiiiée de France, veuve du
prince deCimti; elle duc de la Vallière la possédait
en 1758. — Le terroir de Champs est en lerres la-
bourables, vignes, prairies el bois. Le bas des collines
où ce village est siiué est arrosé par un peiii ruisseau
appelé Gràee, du nom de la forêt dite Bois-de-Crâce.
Caniiliacum, Chantilly, paroisse de l'ancien diocèse
de Seidis, aujourd'hui de celui de Beauvais, canton
de Creil, arrond. de Serdis, dépl. de Seineel-Oise,
à 7 kil. au sud de Creil, à 56 de Paris. — Ce lieu.
273
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
274
suivant Olivier de Serres, lire son nom de la grande
fliianlilé de tilleuls qu'on cultive dans ses environs,
et dont la deuxième ccorce s'emploie à fairedes cor-
des à puits et des câbles. Chantilly était célèbre par
son (liàieau, connu depuis longtemps d:ins les Fastes
de la féodalité. Dés b; commenceineiit du xii« siècle,
Guy , comte de Senlis , en était seignfiir; ce fut lui
que Louis le Gros éleva à la dignité de grand bou-
tillier de France, titre que sa postérité avait con-
stamment conservé. Guillaume, bmilillier de Senlis,
troisième du nom, et l'un des descetidants de Guy,
embellit le séjour de Chantilly, et, en !3ù5, y fit bâiir
une chapelle qui fut sa sépulture. La race des houiil-
liersde Senlis, qui se disaient issus de celle île Charle-
niagne, s'éteignit vers le comnif-ncementdu xv^siède.
Pierre d'Or^emnm , chancelier de France, sous
Charles VI, posséda Chantilly, que son petit-fils
donna, en 1484, à son neveu Guillaume de Montmo-
rency. Les successeursdeGuillaume .mbellirent con-
sidérablement ce château, et le possédèrent jusqu'à
la n)ort tragique du dernier connétable. Louis Xll[
avait donné, en 16j3, le duché de Montmorency,
dont Chantilly faisait partie, à la princesse de Condé,
sœur de Henri de Monlinoren:y; mais il s'était ré-
servé en mètne temps la seigneurie et le château de
Chantilly, dunt il se fit un lieu de plaisance. La reine,
mère de Louis XIV, en accorda ensuitelajouissance,
pendant son règne, au prince de Condé. Mais quel-
que temps après, le jeune roi rentra en possessio.i
de ces biens, et ce ne fut qu'en 1661 qu'il remit
Chantilly, en toute propriété, an même prince de
Coudé. Ce prince y avait un château magnifique qui
dominait sur de vastes domaines. On découvrait de
ce château mille points de vue adroitement ména-
gés les un'; plus ravissants que les autres. C'éiait un
séjour enchanté où l'art et la nature s'étaient épuisés
pour offrir aux yeux tout ce que la main des fées
grava dans l'imagination des poètes, et qu'on ne
crny^iit pnurtanl jamais possible de réaliser par le tra-
vail et rindusliie humaine. Les p:'ëies les plus dis-
tingués ont toujours consacré (|uel<iues chants à la
description de cette magnifique ré -ideiice d'un prince.
Dans une ode iiiiiliilée Cunliliacum, le poëie Boulard
a pailé de Clianiilly ; le P. Uapiii ne l'a point oublié
dans son poëine latin sur les Jardins; et Delille a dit :
flans ta pompe élégante admirei Cliantilli .
De héros en héros, d\ige en âge embelli.
Eh bien! une paitie des beautés de Chantilly et
des lieuv enchanteurs que renfermaient les jardins
avant la révolution n'existe plus. La main du vanda-
lisme a tout détruit. Le grand château et ses dépen-
dances ont été vendus à d'avides spéculateurs, con-
nus sous le nom do Bande noire, qui se sont empres-
isësde le démolir et de s'enridiir de tous les objets
rares et précieux qu'il renfermait. Eu démolissant la
chapelle de et! (bateau, on trouva le corps de l'ami-
ral Ci'ligiiy, l'une des plus illustres victimes du mas-
sacre de la baint-Barthcleuiy: il avait été détaché
Mcrèlement des fourches de Mbntlaucbn, et enterré
dans cet endroit. Comme rien ne doit être perdu dans
le souvenir des hommes, voici la description de ce
superbe séj<'ur. Le milieu de la forêt, qui rontieut
environ 5^75 hectares (7iiO i arpent-), offrait une
étoile de douze allées de quatre kil. (près d'une lieue
de lon;:ueur) et de l'2 mètres (G loi-es de largeur).
C'était le remlez-vous de ch:isse, nommé la TuHe,
place célèbre par les fêtes que le grand Condé y
donna .à Louis XIV et à toute sa mur. L'avenue, ap-
pelée Houle du Vo^mélable, conduisait au giand châ-
teau, en face duquel était utie terrasse magnifique,
décorée par une statue équestre eu cuivre plané, re-
présentant le connétable de Montmorency, avec sou
armure à l'antique, l'épée nue à la main, et son cas-
que à terre soutenant un des pieds de son cheval.
C'est de ce connétable que Henri IV disait : « Avec
mon connétable qui ne sait pas lire, et mon chance-
lier Sillery qui ne sait pas le I: tin, il n'est rien que
je n'entreprenne avec succès. » D'Aubigné, dans son
Baron de Fenestre, assure que Monlmoren y savait
écrire, et non pas lire, car il écriva.t son nom.
Brantôme assure qu'il ne signait qu'avec une marque,
et que son ignorance était telle, qu'il ne connaissait
ni argent, ni monnaie. — A droite était un château
construit à l'italienne pour le duc d'Eughien, sur les
dessins de l'architecte Le [{oy. Ce bâtiment se com-
posait d'un rez-de-chaussée et d'un seul étage que
couronnaient un entablement et tine balustrade. Le
grand chàtfau était entouré, ainsi que le nouveau,
de beaux fossés remplis d'eau vive, oit l'on ti ouvrit
en abondance des carpes apprivoisées qui venriient
manger à la main. Pline parle de semblables carpes
qui se trotivaient dans les maisons de plaisance de
César. Cet antique château rappelait à l'imagination
la demeure de nos anciens preux et des merveUles
^u'ou en raconte. Il était flanqué de tours qui com-
muniquaient l'une à l'autre par une galerie exléricnie,
fort étroite, et qui faisait le tour du château. La cour
vaste et irré^ulière était ornée de bâtiments ornés
de sculptures et de colonnes singulières. Trois ar-
cades, décorées de colonnes coiinibiennes et d'un
front bri^é, menaient au grand escalier ; ce côté de
la cour était de Mansari. Au milieu de cet escalier,
paraissait une belle statue pédestre du grand Coudé.
Elle était entourée des attributs de sa gloire. Au bas
de cette figure, sculptée par Coizevox, on lisait les
\ers suivants dit poète Sanleuil :
Quemmodo pallebani , fagitivis fluclibus, amnes,
Terribilem betlo, nunc, docta per otia, princcps,
Paris amans, lœtos dut in hortis ludere foules.
Nous ignorons quel prix on donn i à Sanieuil pour
ces vers; mais on rapporte que le fi'sdii grand Condé
promit mille ée.us à celui qui composerait la meil-
leure inscription pour la statue de son père, et qu'un
Gascon fit le quatrain suivant :
Pour célébrer lant de vertus.
Tant de liiiuls faits et lant de gloire.
Mille écus! morbleu! mille écus!
Ce n'est pas un sot par victoir»
DICTiONNAlHE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
276
La salle des gardes, à droite, éiait ornée de tableaux
de ciiasse, pa mi lesi)iipis on en distinguait irois
peints ( ar Gudri. L'iii)parienieiit du roi était suivi
d'une pièce ronde, praiii|iié'^ dans une des tours , en-
suite ét:iil un salon, en forine de galerie, oii l'on
voyait deux bufifels nu cal(in''lsen portiiiue, dont les
milieux étaieut surmontés de dôiiie<:. Au fond de
ce!ti' galerie, étaient les bustes en marbr ■ du grand
Condé et (le Heni IV. Le salon conduisait à l'anli-
(liaiiilire, puis à la cbanihre à coiichei de !a reine,
ijni était décorée de -culiitnres. Un corridor i' enait
à la ti ibune de la cliapelle. Sur l'autel était une Ré-
surrection de Noiie-Seigneur, parCoypel. Dans le ca-
Linei du It ictrac, éc aire par plusieurs fenêtres, on
voya l diiïorents lalileaux, présenlaiil des vue^ de
Chanlilly, par Coilez, peintre flamand. L'apparl-e-
ment de madenioiselle de Bmrbon se faisait renia-
quer par es richesses et son heureuse disiribution.
Les connaisseurs admiraient les souterrains ([ui ré-
gnaient autour du château, au re/.-de-chaussée des
fossés ; leur voùle était regardée comme un' clief-
d'œuvre de l'art. Le petit cbàleau construit vers le
.\vi' siècle, moins vaste cl plus simple à l'extér eur
que le vieux château, est le seul qui existe aujour-
d'hui. An temps où Cliantil'y apparlenaii à la mai-
son de M nimoren y, cet édilice était destiné à la
capitainerie. Il est élevé dans les fossés du grand
château, auquel il communiquait par des ponts en
forme de corridors, ei présente un corps de bàii-
nient ayant deux javillons en avant-corps sur la
cour ; ces pavillons sont décorés d'une oidonnance
corinthienne en pilastres, d'un bon style et d'une
exécution soignée. Dans tome l'étendue du bàli
nient, l'entablement est interrompu p;ir les croisées
en ir.aiis.irde de l'étage qui règne au-dessus du rez-
de chaussée. La galerie des bâta I es était décorée de
douze tableaux ; einls par Le Comie, sur les dessins
de Van di r-Meulen, et tons représentaient les faits
d'armes qui illuslrèrenl le grand Coudé dans les an-
nées comprise-; ealr' 1643 et IG7i. Au biuit de celte
galerie était un riche caliiuei de physique et d'his-
iiiire naturelle, commencé par le duc de Bourbon,
jiendanl son mi'iislère, et augmenté, en 1786, de la
collection du célèbre Valmont de Boinare. La ler-
}as.>e du connétable, placée entre le hâlinient d'Eii-
ghien et les fossés du vieux château, était dérotée
de la Slitue équestre d'.\nne de Montmorency. Celle
liguie, :issez bonne pour le temps lù e'Ie fut faite,
était composée de bmies de coivie lrès-rap|iro-
cliées; i> cette épuqtie on ignorait en Fia 'Ce l'art de
jeier en fonte de gr.indes ligures. — Outre les «leiix
châteaux dont on vient de parler, il en était un troi-
sième, appelé Buiiiiam, desl né aux logements des
seigneurs; il formait un carré avec l'oraiigerio. —
Les écuries de Chantilly, baltes sur les dessins de
Jean Aiibert, fuient comn.encées en 1719 et finies eu
1735; elles présentent une façade de 96 toises et de-
mie de iiéveleppement sur 9 toi es 2 pieds de larg. ;
les deux extrémités sont arrêtées par -2 gros pavil-
lons de 10 toises 5 pieds en carré, et de 42 pieds et
demi en hauteur, depuis le rez-de-chaussée jusqu'à
l'entablement; ils sont percés chacun de 3 arcades
sur chacune de leurs lares. Au milieu de la façade
est un pav lion formant avant-corps, orné de pilas-
tres ioniques, et ipii ollre la principale porte des écu-
rie< ; sous l'archivol'e de cette porte sont sculptés
en demi-bosse trois chevaux qui présenleiil dilTéren-
tes attitudes. Sur ce pavillon, couronné couime tout
l'é lifice d'une balustiade, s'élève un dôme octogone
qui olfre pour amortissement la Renommée montée
sur un cheval ailé : ce groupe, fait en plomb, a une
proportion de 12 pieds. Les deu\ p rties de cette fa-
çade, qui sont entre les trois pavillons, sont peicées
de 20 arcades, de 1- p eds de largeur chacune sur
£.0 de hauteur, et ornées d'assises en bossages. L'in-
léàeur des éciiiies a, dans œuvre, 93 toises de long
sur 56 (ieds de large ; la hauteur, prise du sol à la
clé de la voûte, est de 40 pieds, proportion énorme
qui, en donnant un air de majesté à ce logement
pour de> chevaux, miit beaucoup à la commodité.
La vaste étendue de l'intérieur, la hauteur île la
voiite, la grandeur des lènêtres rendraient cet é.lifice
inliabitahie, même pour les animtiux, si en hiver on
n'avait aoin d'y entretenir du leii. Au milieu de cette
1 ligueur est le dôm • (|ui a, dans œuvre, 63 pieds de
ijiamètre et <S2 pieds de hauteur. La voûte, qui est à 8
paiis, est éclairée p ir 4 grandes croisées ovales. Le tout
e>t orné de guirlandes et de trophées de chasse, tels
que des lêtes de cerfs et de sangliers. Au-dessous de
ce dôme, et en face delà p.iucipale porte d'entrée,
c-t un renfoncement formaii! une grande arcade en
cul-de-four, sous laquelle on trouve une magnifique
foula. ne eu casi ade, dont l'eau est reçue dans une
CiveUe, où sont deux civevaux de grandeur natu-
relle : l'un semble boire, et est accompagné d'un eu-
l.t II (jui embiucbe une conque manne; l'autre boit
(la :s nue coquille que tient un autre enfant. En haut,
i^niii deux génies tenant un cartel, dans lequel est
i'iusc;iptiuu suivante :
Louis- Henri de Bourbon, seplième prince de
Condé, a fait construire celte écurie et les bâti-
nienls qui en dépendent, commencés en 1719, et
finis en 1 735.
Ces écuries peuvent contenir 240 chevaux. Les arcs
deiibleaux, placés entre les fenêtres, présentent à
la naissarce de la voûte des tèies de cerfs entourées
de cartels et de guirlandes de feiiille< de chêne en
peinture. Les deux extrémités de cette écurie sont
leriiiinées par nu cnl-ile-fonr. Dans un renfoiice-
meiit qui est au-dessous de la corniche, sont peints
des suets de vénerie : d'un côté est une chasse aux
Innps, et de l'autre côté une chasse aux s.mgliers.
I,'él:ige supérieur, eu mansardes, est divisé en 24
apparleuients. Le manéi:e découvert était un édilice
circulaire de 20 toises de oiamêtre, bàli dans le
genre de l'écurie à laquelle il lena t, et qui présen-
tait des portiques à jour décorés d'une ordonnance
de colonnes ioniques répétoe par des pilastres. Les
chenils , construits pour les diverses espèces de
chiens, n'éia'enl pas ilislrihués moins gramlement
que l'ëiurie. Ils étaient déioi es de fou laines, de sculp-
tures et de peiniiiies. La l)i)ulan;erie, les remises,
le logement de la vénerie, forni lieiit, avec It- priri-
lipal édilice, dont ils réiiélaient la décoration txié-
rieure, nn vaste et magtiifique ejisomble i|ui, par le
caractère de son architecture ri >a iiosiiion avanta-
geuse sur une imniense pelouse, pouvait excuser
l'erreur où icimbaieni quelquelois les étrangers eu le
prenant pour le palais uiéine.
La porte par la<(uelle on entrait dans le bourg de
Chantilly, était le coniinencement d'un pavillon sy-
métrique à celui de l'écurie; la rue qui vient ensuite
était bordée d'un corps-de-logis de plus de 1U.0 toi-
ses de longueur, d visé en maisons unilorinéjiient
construites derrière chacune des luelles était uii jar-
din qui (humait sur la pelouse de Chantilly. L'égHse
paroissiale est d'une construction moderne ; l'inté-
rieur est orné de pilastres, et sur l'autel on voit une
Adoration des Bergers peitiie par Houasse.
Les réservoirs placés sur la pelouse, à l'extré-
mité du bourg, iirésentent deux vastes pièces d'eau
qui ont près de ii 0 toises de long chacune, sur env.
50 lie lar;,e. Ils l'ourtii-setit une partie des eaux de
Cliauiilly. Pluieurs allées plantées d'aibres entou-
rent ces deux pièces d'eau, et roriiietit, de cet en-
dro t, une promenade agréable. De la terrasse du
château, on descendait, par un très-bel escalier,
dans les jardins, chef-d'œ ivre de Le Nôtre. Cet in-
génieux artiste avait su tirer le parti le plus heureux
des avantages que lui avait fournis la n^iiure. La ri-
vière de Nonette y répandait la richesse de ses
eaux ; elle formait la fontaine de la Gerije, et produi-
sait, à droite, une superbe pièce d'eau qid syinélii-
saitavec les fossés du châle au (ju'elle avait remplis.
De là on apercevait un bras du grand canal, et sur les
côtés le parterre enrichi de dix bassins enchanieuis;
ceux du milieu formaient miroir. C'était uii superbe
tableau, dont toutes les richesses semblaient s'enca-
drer au moyen d'une grande portion du cercle, per-
cée, en son milieu, par une belle et large allée qui
menait à la forêt de Halatte. L'orangerie était à gau-
che : on admirait son architecture; le parterre avait
.T bassins remplis par des jets qui jouaient conti-
nuellemenl. Le bassin du milieu était orné d'ime co-
lonne antique de porphyre, dont la base fournissait
une na| pe d'eau : cette colonne support lit un octaè-
dre sur les plans duquel élaienl placés huit cadrans,
iiiiliquani les heures pour différentes villes delà
terre, ouvrage savant et curieux dû aux talents du
bibli.ithéeaire lie Sainte-Geneviève, Vialon. — Dans
la salle où étaient conservées les arinure> des dilïé-
rcntsieinps et des différents peuples, on voyait l'é-
pée du grand Comié, avec des ver- que le poète Sa:;-
leuil avait composés; l'épée d'Henri IV, et le fauteuil
dans lequel fut tué en 1645, le comte de Fuentes,
COUiiuâiidatit les Espagn.iJs, à la bataille de Hucroy,
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 278
gagnée par le grand Coudé. Parmi plusietiis armurei
anciennes et singulières, on en truu\ail un grand
nombre à l'usage des femmes guerrières; on y re-
marquait, surtout, celle de la Pucelle d'Orléans. —
I e grand canal a 5 kil. ; à la tête est une chute ireaii
circulaire dnnt l'étemliie est de ^'i pieds par le haut,
et s'élargit par le bas jusqu'à 30. L'eau tomhe dans
une vasie p èce d'eau à i ans. Ces eaux étaient jadis
animées par les scènes var ées qu'offraient des
bandes de carpes énormes de ddîérenies couleurs.
Des cygnes sauvage- s'abaissèrent un jour sur
une pièce d'eau à Clianlilly; on les prit, on leur
coi.pa les ailes. Il en restait encore deux , l'un
mâle e l'autre femelle, lorsqu'un cbanoine de
Senlis, en se promenant, leur entendit rendre des
sons nnjlodieux. .M. deMongez, de Sainte-Gehevève,
instruit de ce phénomène, discuta, dans un mé-
moire, le sentiment des anciens sur le ch:int des
cygnes ; il le lut en ['8T, à l'académie des silences,
et, par extraordinaire, à lelle des inscriptions. Le
prince de Coudé invita à Chantilly il< s acailémiciens
et -M. de Mo gez. Un cygne doinesii |ue fut sacrifié à
la fureur des cygnes sauvag s. D'après les anciens ,
ces oiseaux ne chantent que pour annoncer leur vic-
t'ire; ce qu'on avait prévu arriva: le malheureux
cygne dome^tique fut mis à mort par les deux cy-
gnes étrangers , qui ne m 'tiquèrent pas ensuite de
chanter harmonieusement leur victoire. Suivant l'au-
teur de la Dcsciiption d(?s eaux de Clianlilly, le mâle
chantait les tons mi fa, et la fetnelle mi le. — Le
grand canal esl maintenant l'unique beauté du parc
de Clianlilly. La nature seule Iim est resiée ; presque
tout ce qu'il devait à l'art a disparu. Fn 178i> , le
prince de Condé, se promenant avec son archilecle,
I\l. Le Uoy, dans une vaste et simple piairie, arro-ce
par la rivièie de Ni netie, il propo-a ses idées à l'ar-
tiste, et, en moins de 3 mois, paiurenl te jardin an-
glais et le hameau. La vaiiéié régnait dans le jardin
anglais ; et l'art s'y cach dt si bien , sous les traits
de la nalurc , qu'on le preiiaji pour elle-mêine. Le
himeau offiait un tableau formé de tout ce que les
batiilatinns des liutubles villageois ont à l'extérieur
de pins champêtre , de plus riant et de plus simple.
Sept bâiimetits détachés, disposés sans ordre et cou-
verts de chaume, formaient ce hamenu. Au milieu
était une place étendue , irrégulière, et tapissée d'uti
vert gazon, que coupaient des sentiers servant de
communication d'une maison à une autre. Sur nu des
côtés de la place éiait l'orme antique do' t les bran-
ches semblaient offrir leur ombre Iiospîtalière aux
habitants de ces demeiir s agrestes. Un puits , plu-
sieurs jardins potagers fermes par des palissades,
caractérisaient encore ce sujet rustique. Les grands.
Misés sur toutes les jouissances . et n'en trouvant
plus ipie dans les contrastes, aiment à transporter
léclat de la richesse. Quoiqu'il soit rare d'ailleurs
que ce genre de déc ■r.ition , admis dans un parc,
pioiluise tout l'elïel qu'on s'en est proposé, cepen-
dant , sons ce rapport , le hameau de Chantilly,
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
STQ
tra'.lé en gr«nd par Uii arcliiiccie, était une lien-
leuso imitation de ces h^ibiialioiis dont la réaliié
dépKn'i smivent à ceux nui s'en font donner di'S co-
r.io?. Le malheureux poéie Théophile Viaud.àcause
d'uiie ode sur la ihaison de Silvie, a donné le nom
de t'éiang de Silvie à celui qu'on trouve au hameau,
ainsi qu'à la foiiiaine , à la maison et au parc qui
sont attenants. Lm maison de Yétang de Sitvie est un
petit bâiiineni d'un seul étage, à rez-de-cliaus ée ,
avec un pM-iene entouré de fleurs et d'un grand ber-
ceau circu'aire , à l'entrée duquel était le buste, en
marbre, de Silvie. La ménagerie élail placée à l'ex-
liéniilé 4(ppiisée du parc, de l'autre côé du grand
canal. La première de ses cours était ornée de 5 pa-
villons ; sur la gauclie élnii le bassin des castors.
Dans celte cour él^it une grande pièce plantée d'ar-
bres avec un bassin , qui faisait plusieurs nappes jus-
qu'en bas ; on y voyait la fable du-pol de terre et du
pot de fer. D-'s anini.iux étrangers et rares étaient
renlerinés d.Tns différents pavillons. On y voyait des
aig'e>, un duc, un tigre, une hiène, des chèvres de
Guinée, etc. , etc. Chacune des cours avait une fou-
laine rocaillée, avec des animaux peints de couleur
naturelle, qui exprimaient une fable de La Fontai-
ne. Sur la droi e était un grand bassin dont le mi-
lieu était orné d'une colonne de granit, posée sur
iiu piédeïtal. — La faisanderie était ornée d'un buf-
fet d'eau rocaille avec un bassin ; au bas, une jolie
cascade. — La laiterie était formée par un long bas-
sin de marlire ; il en sortait un bouillon d'un pied
de circonférence, fourni par une source, qui faisait
jouer 8 bouillons dans un bassin renfoncé et en-
touré de très-beau marbre. Au milieu de ce bassin
s'élevait un jet de-ij pieds. En face était une grotte
renfoncée; le salon de la laiterie était loiid, pavé de
marbre en compartiments, et construit en une fort
belle pierre blanclie sur un buffet de bièche. Autour
étaient rangé-i des vases de faïence , aux armes du
prince, hn 1*)7I, Louis XIV vint .i Chantilly visiter
le grand Condé : des féies extraordinaires y furent
doiiné-s ; madame de Sévigné nous en a conservé la
description dans une de ses lettres. « Le roi, dit-
elle, doit aller à Chaniiily le 25 de ce mois (avril );
il y sera un jour entier : jamais il ne s'est fait tant
de dépenses au triomphe des empereurs qu'il y en
aura là ; rien ne coûte : on reçoit toutes les belles
imaglnaiions sans regarder à l'aigent; on croit que
monseigneur le prince n'en sera pas quitte pour
40.000 écus. Il faut quatre repas : il y aura 25 ta-
bles servies à 5 services, sans compter une infiiiiié
d'autres qui surviendront. Nimrrir tout, c'est nour-
rir la France et la loger ; tout est meublé : de petits
endroits qui ne serv.iieiit qu'à mettre des arrosoirs,
deviennent des chambrer de courti-ans; il y aura
pour 1000 écus de jonquilles : ju^ez à proportion, j
SSO
Louis XIV, enchanté de tant d'éclat , ou jaloux peut-
être qu'un autre que lui put étaler un luxe qui , celle
fois au moins, n'ét.iit que la folie d'un seul, mais
non pas la ruine des peuples , pria le prince de lui
céder Chantilly, et le laissa le maître d'en fixer le
prix. € 11 est à Votre Majesté pour le prix qu'el'e
déterminera elle-inènie, dit Coudé; je ne lui de-
mande qu'une grâce : c'est de m'en faire le concier-
ge. — Je vous entends, mon cousin , répliqua le roi :
Chantilly ne sera jamais à moi. > Dans ses dernières
années, Coiidé, retiré à Chantilly, se livra entière-
ment à la dévotion , et l'envie de convertir les cal-
vinistes s'empara de lui : il les attirait à cet effet
dans son palais en leur promettant des récompen-
ses. L'ardeur du génie qui le possédait, le portait
vers des objets tout à fait divers ; il rechercha la so-
ciété des beaux esprits de sou temps : Corneille ,
Bossuet, Sanieuil, Racine, Boileau , Bourdaloue ,
se rendaient souvent à Chantilly. Dans ces réunions
littéraires, Condé parlait convenablement, lorsqu'il
soulenaii une bonne cause: mais, naturellement
dur et emporté , son sang et ses yeux s'entlani-
niLient lorsiiu'il en soutenait une mauvaise, et qu'il
était contredit. Boileau fut un jour tellement elfrayé
par une de ses brusques interruptions, qu'il dit tout
bas à son voisin : Dorénavant , je serai toujours de
l'avis de M. le prince quand il aura tort. — Condé
mourut en l68o. — Son fils se fit aussi remarquer
par quelques actions d'éclat et par beaucoup d'esprit ;
mais il était sujet à des vapeurs d'un caractère
singulier, rendant ses accès , il se croyait trans-
formé en chien de chasse, et sa maladie s'annonçait
par des aboiements réitérés (1). Celui-ci lit exécuter
à Chantilly ce qu'on nommait le parc de Sylvie ,
l'église, les bâtiments et embellissements de celte
demeure. < Chantilly , dit le duc de Saint-Simon ,
était les délices de ce prince ; il s'y prninenait tou-
jours suivi de plusieurs secrétaires avec leur écritoire
et du papier, qui écrivaient à mesure ce qui lui
passait par ^e^pril pour le racenmmoder et ensuite
l'euibellir ; il y dépensa des sommes prodigieuses, i
Louis- Henri de Bourbon en lit construire les écuries.
0.1 parle encore dans le pays des fêtes magnifiques
qui furent, par ce prince, données au roi Louis XV.
Au dernier prince de Condé étaient dus le château
d'Enghien , le hameau, le cabinet d'histoire naturelle
ei le riche médailler. — Cresque tous les princes de
l'Europe vinrent admirer Chantilly, lorsqu'il éta^t
dans tout son éclat : le roi de Danemark , le roi de
Suède , le prince Henri de Prusse et le grand-duc
de Russie, depuis Paul \". Ce dernier fut tellement
émerveillé des beautés de Chantilly, qu'en ayant ein-
porié un plan , il le fit exécuter à quelque distance
de Saint-Péiersbourg. Paul I"', s'entreienani avec
le prince de Condé des affaires politiques de la
(I) Nous avons constamment remarqué que les pouvoir en citer qui aient été à la hauteur du nom
enfants ries per.sonnages réièbres à quelque litre que qu'on leur avait transmis. N'est-ce pas comme une
ce soit étaient, soit incapables, si'it niais ou mania- sorte de loi morale dans l'ordre providentiel T
ques, soit vicieux et dépravés. Il est rare, très-rare de ( Xote de l'auteur, )
in
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
28'i
France , et t&cbant d'adoucir les regrets qu'il éprou-
vait d'avoir brusquement quitté sa patrie, lui dit:
I Alliiis , ne vous désolez pas ; je ferai tout pour
remplir vos vœux : dans une heure, croyez-en ma
parole, m'US partons pourClianiilly. > Effectivement,
après un dîner que donnait l'empereur, il conduisit
le pr nre au nouveau Clianii:ly. Qu'on juge de lasur-
pri-e du prince français, i|ui retrouva une parfaite
image de sa maison ! — Chanlilly n'offre plus main-
tenant que des ruines : ces magniliques Làiiments,
ces décorations magiques , ces jardins superbes, ces
chefs-d'œuvre de peintuie, de sculpture, ojit disparu
dans la tourmente révolutionnaire ; les principaux
ouvrages de l'art , susceptibles d'être transportés ,
furent envoyés à Paris. Les armes anciennes el mo-
dernes , dont la riche el précieuse collection était
un des premiers oi nements de Cbanlilly , furent enle-
vées à la même époque , et transférées dans la ca-
pitale. Ce château , au temps de la terreur, fut con-
verti en prison. Feu le prince de Condé , à son re-
tour en France , fut remis en possession de ce qui
se trouva non vendu. — La population du village de
Chanlilly est d'environ 2,fi0u hab. ; il renferme un
hospice dans lequel sont admis les vieillards, les en-
fants et les malades. On le doit à la bienfaisance de
la maison di^ Condé", qui l'a fondé. Il est desservi par
neuf sœurs de la charité. L'industrie et le commerce
de Chanlilly consistent en une manufacture de por-
celaine , établie il y a près d'un siècle, à l'instar de
celle de bèvres, sous la protection de la niais(m île
Condé ; une lilaiure de coton , lissage, blanchisserie
el impression de toile, sont établies depuis 1807
d.ins l'ancien parc. L'habitation est très-agréable, et
par le site el par les prairies environnantes , entre-
coupées de canaux toujours remplis d'eau vive : elle
fait partie de la commune de Saint-Maximin. Une
manulaclure de c^irdes pour les filatures de coton,
laine, etc., est également établie à Chantilly. Il s'y
fabrique aus^i des dentelles et des blondes estimées
dans le commerce, doni il y a plusieurs dépôts à Pa-
ris. On y trouve im moulin à laminer le cuivre. 11 y
a marché tontes les semaines, les mercredi, ven-
dredi et ilimancbe.
Canlui Lupi, Cbanteloup , paroisse du diocèse de
Versailles, canton d'Arpajon, arrond. de Co^beil,
dépt. de Seine et-Oise, à un kil. d'Arpajon, 18 de
Corbi^il, et 7,0 de Paris. Population, compris celle
d'Arp.ijon, 3,000 habiiant'^ Il n'est fait mention
de ce lieu qu'à li lin du xiii= siècle. Philippe IV, dit
le Bel, y avait une maison de campagne que le roi
Philippe le Long conserva après lui. Il y avait aussi,
au ihènie lemps, une nialadrerie, dont la chapelle
et lit sous le litre de saint Euirope , premier évéque
de Saintes et martyr, et donl la fondation a été at-
tribuée à Phihppe IV et à Jeanne de Navarre, sa
femme. Par ses lettres du 20 décembre I3J6, datées
de Vincennes, Philippe le Long donna h lerre el le
manoir de Chanietoup ah reine Jeanne de Bourgogne,
outre son douaire. Quelques ordonnances de Phi-'
lippe de Valois et de Jean sont datées de cette mai-
son, que le roi Edouard, sou (ils aine, le prince de
Galles et le duc de Lancasire, nccnpèieni pendant
les fêtes de Pà(|ues de l'année 1360. Cette habilaiion
était passée à la comtesse de Flandre sans ipi'oii
sache de que'le manéie. Charles V l'acquit de celle
comtesse en lôGo; ton frère Je;in, duc de lîern, la
posséda ; mais n'en obtenant (|u'un faible revenu, il
en fit la remise à son neveu le roi Charles VI. Au
mois de mai 1401, ce dernier prince, pour r(''c<)m-
penser les bons services de Jean, seigneur de Mon-
laigtJ et de Marcoussis, vidanie de Laonnais, lui en
donna la gjrde et conciergerie ainsi que Jean de
Chaiitc-Prime, niaîliv des comptes, les tenait aupa
ravanl ; puis, par d'autres tiires des luémes mois et
an, il lui ht présent de ce château en l'iiiii^saiit à sa
seigneurie de Marcoussis. Après la disgrâce dft ce
seigneur, ce château fut abandonné, et lomb i en ruine.
Louis XI le donna à son chambellan, Louis de Gra-
ville , sieur de Monlaigu, avec le parc, les cens el
rentes et la présentation à la nialadrerie ou :iumône
de St-Euirope , sans en rien retenir que la fui et
hommage, ressort etsouveraineté, à la charge que le
sire de.Montaigu et ses successeurs seraient tenus de
nourrir pour le roi une lémère., et de la lui amener,
ou à ses successeurs, avec les /cvio/is, lorsqu'il en
serait requis : les lettres qui contiennent ce don sont
datées de Moniil-lès-Tours, au mois d'avril 1472.
Cette terre était revenue à la couionne avant l'an-
née 1518. Nicolas de Neuville, chevalier, soigneur de
Villeioi, ?ecrétaire des finances, posséd.iii aux Tui-
leries de Par.sune maison où Louise de Sivoie, ma-
lade au palais des Tourneiles, avaitélé transportée,
et y avait recouvré la santé : on jugea que ce succès
était dû à l'air sain respiré dans ce lieu. Fiançois \"
demanda cette maison à Villeroi, en échange de la
terre el liàlet de CItrinUloup, échange qui eut lieu le
12 février 1518. Quoique ce bien ne fut plus à la
couronne, Charles IX y fit quelque résidence au niois
de novembre 1568. Je.m de Neuville mourut dans ce
château en 1597, el fut inhumé dans la chapelle de
Saint-Entrope. Cosme Savary, raari|uis de Muule-
vrier, en était seigneur en 1()58, peu de temps pro-
balileinent avant Henri Chabot, duc de Rolian, qui
y nionnil le 27 léviier 1655. Le marquis de Brèves
avait celte seigneurie en 1(163. Elle passa au sieur
Amelon, i;ui en jouissait en 1C93; puis .nu conseiller
au parlement llallei, et enfin aux liériiiers de ce
conseiller. Jusqu'au règne de Louis XII on ignore
par qui la maladrer e fui administrée. On sait que ce
prince, par ses lettres du 14 avril 1504, en confia le
soin aux sœurs grises hospilalières du tiers ordre,
donl le nombre devait être limité par l'évêque de
Paris. Le 2 juin île la même année 1504, l'évêque de
Paris nomma un administiateor. Oueli|ues-uns assu-
rent que cet hôpital avait été rétabli par l'amiral de
Gravllle, qui y introduisit les religieuses sœurettes
pour le service des malades, et qu'il fui accru el
aiigmcniépar leslibéraliié> de Nicolas de Neuville.
DICTIONNAIRE DE GEOGRAWlIE ECCLESIASTIQUE.
2S-
rjiii leur donna 200 liv. de renie pour sn|iplénicnt de
fondation. Il par.n't que les religieuses de celte mai-
son étaient en grande réputat.nn du temps lieHithe-
lieu, puisque rarrlievèniie de Sens en deuuinda plu-
sieurs pour Si-Nicolas de Melun,elen obtint trois
en 1658. Depuis, Si-Kiilrnpe eut des roligieiises
annonciadi's. Dms ses Voyages iiianuscriis de 16 0,
l'alibé Cliaiel.iin dit quVm les appela des dix vtni:s,
et qu'on leur donna au>si le nom é''Anceltes. A l'épo-
que de la révolution, les religieuses pnssé'laient une
partie de la lerre deCliaiileloiip,qiie l'on vantait pour
la beauté de ses jardins. Ces jardins, qui ont été i liaii-
gés, le (liàteaii, eui a été leeonstruil, et e paie, qui
coniient 130 arpents, et r' iiferine de trés-lieaiix bois,
ont appartenu au chevalier Koettiei de Moiitaleau.
I Chanielonp, paiciisse du diocè>ede Meaux, can-
ton de Brie-Comle-Koliert, arrond. de Meliin, dépl.
de Seine-el-llarne, couinione de Moi^sy, à 12 kil.
de Melun et 32 de Paris. Population, compris celle
de Moissy, 650 habitants. — De la Barre qualifie ce
\illage de ferme, cl la dit être de la justice de Cor-
beil. Le bien qu'y eul l'abbaye d'Ilières lui venait
d'Eiisiache de Corlieil, qui donna, vers 1158, ce
qu'elle y possédait, pour les dépenses de l'inlirmerie.
Jl est fait mention de Pierre de Cliantelonp, clieva-
iier, et Krineng:irde, sa femme, comme vendant à
Maurice de Sully, évéque de Paris, lur monlii. de
Corbeii ; puis de Hugues de Cliantelonp, vers l'an
1210. Ce lieu parait être du nombre de ceux qui
sont beaucoup diminués de ce qu'ils étaient. Du temps
de Louis IX, révêi|ue de P;iris y avait des serfs que
l'évêque Uaniilphe de Homblonièies affranchit.
I Chanteloup, paroisse de l'ancien diocèse de
Pans, niainieiiant de celui de .Meaux, canton deLa-
çny, arrond, de Meaux, à 3 kil. de Lagny, ei 29 de
Paris. Pop., S'ihab. :el en'a point vaiié depuis 1726,
ptiisqu'on l'élevail alors à 90 iinlividus. Ce village
est siliié sur Tin monticule environné de bocages.
Son terroir est en grains et en bois : on y irniive un
moulin sur un ruisseau. La cli.'pelle, du liire de
Si-Sauveur, a été bâtie il y a environ iSO ans. L'abbé
de Lagny préseniait à la cure, qui fut un moment,
(Ml liOO, unie à celle de St-Thibautdes-Vignes; il
éiait seigneur du lieu et gros décimateur. En 130i,
il y existait une chapelle de St-Jacques et Sl-Chris-
lophe, possédée par iin écolier. — On trouve dans du
Gange, au moi Pulaiium, que les rois de France ont
habité ce Cliantelonp; c'est une erreur : ce savant
a conlondu cet endroit avec le château situé auprès
d'Arpajoii. On ne trouve rien sur celui i]ui lait l'cb-
jct de cet article avant l'année l"iOO, époque à la-
quelle il en est lait meniion dans le pnuillé de Paris.
Vers ce temps, il y a eu des chevaliers qui en ont
pris leur déiiominaiioii. L'abbé Leiieuldit : « Le car-
tulaire de l'abbaye de Ste-Geneviéve lait mention de
Chantehiup à l'an 1257, au mois dociohre, coinme
étaiil coiitiguà Jossigiiy, terre de celle conimnnaulé.
Lmeliiie, fille de Péiromlie la baionne, habit. mie de
Chameluup, reconnut celte anuée-làqu'elle éiailiert)«
284
autrement femme de corps, de l'abbaye île Ste-Ge-
neviève; et il fut ajouté, dans l'acte de sa reconnais-
sance, que s'il arrivait que bs hommes de Cliante-
lonp et de J'issigny demaiidis>eiit leur ttianumission,
elle pourrait y être cem; rise. On y lii : Il mines de
Cniitulvpi et de Jnussigiiiacv. Fani-il conclure de là
q e l'abbaye 'le Ste-Geneviève possédait alors un
trrain habité Sur la patois e de Chanteloup? C'est
ce que je laisse à décider. »
Capalla Sancfi Diimysii, La CliapelleSaint-Denis,
p:irois-e du diocèse de Paris, caiiîmi et iirronil. de
St-Denis , Seine. — Ce village, qui semble n'être
qu'une extension (lu faub. Saini-Oenis, s'affpelaii au-
trefois la Chapelli-Sainte-Cenevièie, parce qu'on as-
sure qu'il y avait là un '. ospice où (file pieuse fille,
née à Nanteire, s'arrêtait avec les vierges ses com-
pagnes, en allant à Saini-Oenis visiter les'toirbéâux
des martyrs. C'est sur le territoire de la Chapelle
qii ■ se lenait la fameuse foire, connue autrefois sous
le nom de 'foir« du Laiidi ou Lendit. Brûlé en 1358
par les Anglais él Charles de Mavarre, puis en lil8
par les Armagnacs, ce village fut rétabli el s'acciut
coiisidérablemenl. Il suuirrit beaucoup des guerres
de religion au xvi« siècle. En 1427, u .e ronipagni'
de gueux, (|ii'on ne voulut pas laisser entrer à Pari-,
vint s'établir à la Chapelle. Ces gueux se disaient de
la basse Egypte, origine ipie senhlaieiil indiquer
leur teint basané, leurs cheveux frisés et les anneaux
qu'ils portaient aux oreilles : ils prétendaient avoir
été convertis au christianisme, el avoir reçu do pape
l'ordre de voyager par pénitence durant 7 ans, sans
roucber sur d»^ lits. Ils avaient, suivant eux, nn roi
et une re «e (|ui étaient morts en chemin ; leurs chefs
prenaient le titre de dues et de comtes, et allaient
seuls à cheval. Leur principale occupation était de
dire la Ixmne aventure. Les femmes de ces gueux,
plus hideuses encm^ que lems ma'is, attiraient, par
leurs divinatiO':s, un grand nombre de cnrienx à la
Chapelle ; elles excellaient à faire ronnaîlre les infi-
délités conjugales. Heotôt on murmura contre eux ;
on les accusa de vols et de commerce avec le diable.
L'évêque de Paris alla les voir avec un prédicateur
appelé le Ptlii Jacobin. Ce moine leur (il un beau
scruion-, el l'évêque les excommunia, ('e sont ces
mêmes gueux, connus vulgairement sous le nom de
Bohémiens, que quelques savants ont cru être une
coloniede parias. 200 ans plus tard, cinq ou six prêtres,
adiniraleiiis de saint Jérôme, établirent un pèlerinage
de déviitioii à l'église de la Chapelle. L'archevénue
de Paris leur permit, en 1657, d'y exposer un os du
corps de ce saint, que l'alibesse du Pré-le7.-D.'Uai ,
ordre de Cîieaux, fit tirer de la table d'autel du
chœur de cette abbaye, suivant ce que rapporte
l'aldié Lebeuf. Celle exposUior attifa un cimcours
considérable an village do la Clia|)elle, et lui acquit
une sor e de céléhrilé, mais qui cessa enlièrenient
avec le pèlerinage, ver- le milieu du dein er siècle. —
Ce village est li p.ilrie du célèbie épiciiiieii Cdude-
Emmanuel Luillier, surnoiiimé tliupetle, si cocnu
GËUGKAPHIE DES LEGENDES AL MOYEN AGE,
par le Voyage de Chapelle et de Bacliaumont. Ce poële
original, fils iiaiurel d'un ni.iitie des loinpies, éiait
l'ami ei quelciiiefois le conseil de Raf ine, Molière,
La Foiiiaine el Boili-an. L'Iii l rien Mézeriiy avait
une maison à la Cliai elle : il y monrul en 168'), âgé
de 75 ans. —Le 50 mars ISU, l:i Chapelle fiii le
dernier pillage einponé de vive force par les géné-
raux pi'nsii ns Kleisi et Yori k. Le 5 mai de la
mèmeaiii ée, Louis XV'li, parti de Sl-Oiien à 1i 11.
du malin pour l.iiie sou entrée solennelle dans la
capitale, arriva à midi et demi à la CliaiieJle, et y
fut fiçn par le tiergé de celle paroisse, précédé de
la croix el de la liantiière. — Le terroir de cette
commune ne produit que des grains. Sa pop. est de
près de 4i> 0 liab. H s'y tient ous les niaidis unniar-
ché, qui consiste principsieine ii en vaches laitier.'?.
Le coiiuiierce en vins et e;iux-de-vie, qui s'y luisait
avant les nouveaux règlements sur cet e partie, n'est
plus si considérable. Eo rêva iche, l'iuilnstrie y a (ail
des pi^grès marqué-. Il y a entre autres un éiablis-
semeiil iin| or.aiit d'imprimerie sur soie, laines, châ-
les de mcriiios, eachemires el au res étoffes, des
fabriques de chandelles, une ralfinerie de sucre, etc.
Presque toutes les maisons de la Chapelle soiil oc-
cupées par des guingurttes, des hôtelleries et des
bureaux de r.iulage. H y a peu de niaisoiii de cam-
pagne.
Capeltti, la Chapelle Tliiboust, ou Gauiliier, pa-
roisse de l'atrcie» diocèse de Paris, maintenant de
celui de Meaux, canton du Cliàudel, arrond. de.Melun,
Seine-el-Manie, à 8 kil. n(U'd-est du Cliàlelet, lli de
Melun, 54 de Pans au sud-est. — La Chapelle (lan-
ihier éiaii une paroisse dés le règm; de Louis le
Gros, et s'appelait anciennement la Chapelle Ceinmj,
ou simplemefit la Chapelle : elle piîl, au xjii' siècle,
le nomde Gauthier rie Viliebénn, chamliellan des rois
Louib le Jeui e et Philippe-.Voguste ; ce tJauth.er en
éiait se gtieur, et y fou ia un chapitre. Parmi ce iX
qui possédèrent depuis cetie terre, on doit remar-
quer J an Jouvenel ou Juvénal des Ursiiis, président
ail parlement à la (in du xiv* siècle, el père du chan-
celier de France et de l'aieliexêque de lleiu)s de ce
nom. Sous un de ses snecessenis, la Chapelle- Gau-
thier l'utérigée en comté par lettres paternes du '27
avril lGi4. Lu 1U50, lois de la gueire des princes,
le bourg lut entouré de murs et de loi lilicaiions dont
ii existe encore îles restes. Lechàieau, entouré de
lusses, et qui avait un parc de -iO arpents, fut cum-
iiiencé pr Gabriel Thilioust de Beiry, à la iiii du
\vw sièele. Louis Tliiboust de Beny, sou fils, l'a-
1 lieva. C'est l'un de ces deux possesseurs qui obtint
des lettres patentes pour l'aire porter son nom à ce
lien. — L'église est sous le titre de St-Martin, el n'est
qu'une longue chapelle dont la striicuie rappelle le
xiii<' siétle. A l'autel esl un tableau ûe VAduralion
des Mages, donné en ItiîB par Nicolas Vigmer, coii-
ueiller d'ttat, qai y est représenté avec sa lémme,
AnnedeHecelleb.Sie-Gatherine c=l la léie du second
palion de cette éijlibc; c'était, avant la révuluiioii, ie
^86
litre canonial du curé, qu'on appelait te Chanoine de
Sie-Catherine. — Le Dictionnaire universel de la
France, de 1726, compte la Charelle-Gauthier
parmi les petites villes. Sa pp., qui n'a pas beau-
coup varié depuis 1740, est aujourd'hui île 800 hali.
eov., y compris le hameau de Crii'idvillieis et plu-
sieurs fermes et maison, isolées. A 'Mandvilliers est
un châteaudont VI"" deDurfort,néeGoyoo,èiaii pro-
priétaire. Ses dépendances ioignetii la furêi. de Vil-
leferm"y. — Il se tienl à la Ch ipelle-Gauthier une
foire, I ■ lundi après la St -Martin, dans une halle,
proche de laquelle est u le belle l'onlaiiie d'eau vive.
— Le terroir de celte coinmiine esi en lerres laliou
râbles, vignes el prairies. M passe à la Clia[ielli' un
ruisseau nommé le m d'Aiirjuier et n:iii d'Aitqueletiil,
comme quel |iie^-uns l'ont écrit.
Carnula fîegia, le pays Charlrain. Ce petit pays
é:ait du gouveinemenl général de l'Orlémais, et
presque tout entier de la général té d'Orléans, fai-
sant la partie du nord de la bcauce. Il est borné au
septentrion par le Mantois et le llurepoix ; au le-
vant [ar le Ijatinais et l'Orléniai!. ; au midi par I Or-
léanai- prrqiremeut dit el par le Uonois: au couchant
par le Perolie-Gouei et le Thimerais. C'éiail le prin-
cipal des trois petits pays que reiifermaii la lieaiice.
Cette luiiliée n'a pies'iue pas de bois; mais elle est
de toutes celles de la France, la ]>liis abondanie en
blé; à 1' xception du peu de vignobles plantés sur les
coteaux qui bordent la va lée de l'Liire, el du peu de
(iraiii.s qui tapis-eiit cette vallée, elle offre une
plaine vaste el nu lone. Le pays Chartrr.in a envi-
ron m kil. dans sa plus grande longiieui' du levait
au coucliant, et environ 52 kil. dans ^a plus grande
largeur du septentrion au luidi. Il est arrosé par
l'Kure, la Voire et l'Uzaue, et fait partie aujour-
d'i.ui du dé,iartenient d'Eure-et-Loir. — Ce pays
fut habité par les Carnutes, peuple delà Ga le cel-
tique. Ils furcui, suivant l'iie-Live, du nombre de
ce> peuples gaulois qui, sous le règne de Tarquin
l'Ancien, envoyèrent une partie de leur population
dans des contrées étrangères, franchirent les Alpes
el s'étaliliieut en Italie. Les Romains n'eurent
pas plutôt achevé la conquéle de la Gaule, qu'ils
la divi^èrent eu provinces, dans chacune des-
quelles ils élablirent un gouverneur, ayant sous
lui plusieurs lieuienants , qui eux-mêmes avaient
autorité sur les préléls résidant dans chaque
ville principale. Un de ces préfets demeurait à Char-
tres, où il exerçait l'aulorilé adminisliat v.'. Les
provinces éprouvèrent divers changeinenis sous les
empen ui s : la division la plus connue est celle qui
eut lieu du temps de Valens ; elle comprenait 17
provinces. La ville de Charires et son territoire se
aouvaienl, dans cette distribution, dépendre de la
4^ Lyonnaise, d<ml Sens était la capitale. Le pays
Charlrain, dmil les haliilanls avaieni opiiosé le plus
de résistance aux entreprises de Jules-César, fut uu
des premiers déinemlires. Orléans, le Cenabw d s
anciens, où les Carnuies ou Chai trains tenaient leurs
a«7
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
foires et marchés, à cause de sa situation sur la
Loire, ne larda pis 5 être érigé en cité par l'empe-
reur Aurélien, d'où il prit le nom à'Aureliana n'ii-
tas, doiTl un a f:iil Orléans. — Le pays ( liartrain est
célèbre dans l'iiistulre de nos origines par le goii-
verneincni de> diul.ie* el le système religieux des
Gniids, qui semblent y avoir été établis dès les
lfni|>s les plifi r culés. Il nous resie diUérenls mouii-
iiiinis de leur antique evisteiice; le p:iys Cliartraiu
suriout en offn; un as-ez grand iiotiibre, que le
lemps, les guerres et le zèle des premiers évêqu^s
n'oiii pti aiiéaniir. Quelque iidnrmcs qu'ils soient,
ils n'en rappellent pas moins des souvenirs qui ont
quelque cbose de frappant, parce qu'ils nous repor-
tent, pour ainsi dire, aux pi etnières époques de la
société l'Uina'ne. Suivant les écrivain'! les plus ins-
truits sur celte matière, le seid, ou tout au moins le
principal colléjje, c'est-à-dire le lieu central des drui-
des, était dans le pays Cliartraiu; on en vuii encore
les vestiges entre Cliaitres et Dreux, à l'endroit nom-
mé ta Garenne de Poistillieri. à gauche du chemin
de Chartres à Dreux. On y remarque en effet, sur un
point assez éievé, l'emplacement d'un ancien édifi-
ce, nommé dans le pays le Vieux Châieau. Il éiaii
d'une forme carrée (la cour au niilien) et eiivinmiié
de fossés larges et profonds; à côté et hors l'cn-
ceiiile des fossés, étaient d'antres bàliinenls acces-
soies, avec un Lois d'une certaine étendue, lequel a
été détruit depuis une vingtaine d'années : le tout
est maintenant labouré. On en a tiré depuis peu une
grande quantité de pieries et autres maloriaux, dont
la majeure partie a éié employée à la réparaiion de
la route de Chartres à Dreux, nommée le chemin de
César, et qui passe le long de cet emplacement.
L'on voit dans la commune de Lèves, à -i kil. de
Charires, un reste de forêt, dans laquelle se faisaient
communément les cérémonies religieuses. Il y a une
éniinence entourée de fossés de forme circulaire, à
l'endroit ancicnneiiieiit appelé la Montagne ries
Lieues, d'où est venu par corruption le nuii de Lè-
ves. A i>eu de distance de là, vers la rivière, se
trouve une caniére vaste et profonde creu^ée dans
la partie de la montagne qui regaide le levant. C'est
dans ce souterrain, et be ucoupd'antret, semblables,
que les druides se retiraient rendant la tenue des as-
semblées nationales; l'on présume qu'ils y réunis-
saient aussi leurs disciples pour les initier dans
les pratiques secrètes de leur religion : au moins
c'est l'opinion assez fondée de quelques auteurs. Sé-
bastien Rouillard, cité par M. thevard dans son
Histoire de Chartres, dit que les diuiiles Charirains
avaient un inont appelé la Monlngne des Lieues, à la-
quelle se terminait le diamètre des terres snjetes à
leur gouvernement, et dont elle formait comme le
centre. Au reste, les principaux clu'fs des «liuides
faisaient leur résidence en été dans l'.Aiitunois, el
riiiv. r au pays Chartrain, où était le sénsi, le siège
souverain de leur domination. Le pays des Carnulns
ou des Charirains, outre les traices nombreuses de
;8i
ce culte antique dont son sol est surcharge, a con>
serve dans ses mœurs quelque chose qui en rappelle
le souvenir. Ainsi, un usage subsiste encore de se
souhaiter réciproquement , au renouvell ment de
l'année, un bon ijuilan, et les enfants parcourent les
rues criant et annonçant ce guilaii, en allusion et
comme souvenir d'une cérémonie religieuse dite la
cueille du gui nouveau, et pratiquée par le grand prê-
tre des druides à chaque renouvellement de l'année
gau cise. Le mot Curn, (\\.\ entrait dans la composi-
tion du nom de ces peuples et de celui de leur ville
capitale, Carnulum, a conservé sa même signillea-
tion, tirée de la forme des habiiationi; il exprime
encore aujourd'hui un angle ou encoignure, le earn
d'un mur : de là le verbe écarner et son participe
écorné, Iniser ou rompre un angle. Les habitants de
celte contrée sont rangés el économes ; de là est
peut-être veiiU ce reproche d'égoïsine exprimé par le
proverbe populaire Chartrain vilain.
Carnulum, vel Caniotum,vel Autricum, tel Anlri-
cum, Chartres, ville épiscopale, chef-lieu du dépar-
lement d'Rure-et-Loir, ancien dm hé-pairie , à 56
kil. d'Orléans, i» 8.i sud-ouest de Paris. L'évêché
date de la lin du 111"= siècle on du commencement
du n"; il était suiy'ragant de la métropole de Sens.
Il en fut détaché pour devenir un des suiïragai.ls
de la métropole de Paris, lorsqi;e le siège épisco-
pal de cette ville fut érigé en archevêché. Le diocèse
de Ch irtres éiait prin itivemeni nn des diocèses les
plus vastes des Gaules. D'un côté il touchait au dio-
cèse de Paris, et de l'autre à celui de Tours. On le
démembra à la (in du xvii« siècle pour fermer le
diocèse (le Bluis. Après ce démembrement, il conte-
nait eiicoie plus de SOO paroisses. Parle concordai
de 1 8iH , l'évêché de Charires dispaïul pour faire
place à celui de Versailles ; mais le concordai de
18171e rétablii, et les conventions postérieuri-s con-
clues avec le saint siège le maintinrent défiirtive-
menl. La circonscription actuelle du diocèse com-
prend tout le département d'Eure-et-Loir. Le dio-
cèse de Versailles a une forte partie de ses ancien-
nes paroisses ; et comme beaucoup de diocèses de
France, 11 a maintenant des paroisses d'anciens
voisins, de Paris, d'Orléans, de Sens, de Séez et
d'Evrenx.
Outre le chapitre de la cathédrale, il existait dans
celte ville, avant la révolution, une collégiale, deux
séminaires et neuf paroisses, dont deux dans les
faubourgs, une abbaye d'hommes de l'ordre de Sainl-
lienoit, une de chanoines réguliers de l'ordre de
Sainl-Auguslin, un couvent de Cordeliers, un de
Dominicains, un de Minimes et un de capucins. Les
communautés leligieiises éiaient celles de l'abbaye
de Notre-Dame-de-Lfau, ordre de Cilcaux. des Car-
mélites, (les Visitaiidines, des Daiues de la Provi-
dence et de l'Union chrétienne. Il existait aussi un
bailliage royal, piésidial, un grenier à sel, une ju-
ridiction consulaire et une subdélégation de l'inien-
daiice d'Orléans. Celle ville est le siège d'une cour
1,
CEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
290
d'assises, d'un (rilninal de première iiislance, d'un
tribunal de coninieice du ressort de la cour d'appel
de Piiris, de deux justices de (laix, et la résidence
d'une lieuit'nance et de deux brigades ilc gendar-
merie; elle possède une société d'agriculture, un
collège coinuiunal, uji liureiiuelun relais de poste. II
s'y l'jit un commerce coiisiiléraljle de blés et farine.-, de
ci;lrs, laines, bestiaux, uiuiitoiis.Sesniarcbés sunt les
plusconsidciables eties plus forlsdela France; ils ap-
provisionnent en grande (lariie Paris. Sa pop. est de
17,000 bab. L'arr. de Cbarires renferme 1G6 coni.
et ï.S,75b bab.; il est divisée en »c:in. : Aunean,
Cliartre- (deux canlor.s), Courville, llliers, J.mville,
Naititenon et Vuvcs. \< setieiu àCbartresquatre lolrcs
par année: la première le limai, qui dure 10
jours; la seconde le iS août, 1 jour; la iroi-ièine le
8 sepienibie, )i jours; et la quatrième le 50 novem-
bre, 1 jour. Une autre luire, quia pour ptincipal ob-
jii les laines, a lieu le samedi après la S.iini-
Jean. Toutes ces foires, exi epié celle du 8 septem-
bre et Cl Ile aux laines, abondent eu bestiaux de toute
espèce. Li'.i marchés sont les ni;irdi, jeudi et siinie-
di de cha(|iie semaine, et consisient prini ipalemenl
en grains; celui du samedi est le plus considéra-
ble. — Sans s'arrêter aux asserticins de quelques
historiens qui prétendent faire remonter l'orgine
âeCb:irlres, le» uns ii Gumer, suriioininé Gallus, lits
de Japliet, lequel éiaU (ils de Noé, d'antres aux
druides, (|ni y érigéivni, selon eus , longtemps avant
la naissance de Jésus-Christ, un autel à la Vierge
qui devait enf.inter, virgini paritiirœ, ou peut regar-
der coinme certain que Chariies ne fut d'abord com-
posé que de simples grottes , de cavernes, di; souter-
rains creusés et pratiqués sans art dans le fla^ic u'iine
nmiitagiic, nu sommet de laquelle était un bocage
consacié aux cérémonies du culte religieux. Ce fu-
rent ces antres, ces cavernes, dont la plupart sub-
sistent encore d ms les quiriiers bàiis au liant et
sur le pencb:iut de la colline, entre le nord et le
midi, qui servirent de retiaiie, d'asile aux premers
babitants, et qui, selon toute apparence, ont donné
le nom h cette ancienne capitale du pays Cliarirain.
— Tmiicfois, le sentiineni des historiens et des géo-
gra(dn'S sur l'éiyniolngie de Chartres varie beaucoup
et préS' nte de nombreuses contradictions. Les uns
s< utiennenl que cette vdie a été appelée Autricum ou
Audri.um, du nom de sa rivière, Aulura, Amiura,
qui signilie EtJRt ; les aunes Carunlum, du mot grec
Caryon, qui v ut dire Noix. Ceux-ci prétendent qu'il
dé'ive du mot quncits, cbénc , dont on aurait formé
quernuies , et, par corruption , Carnuies ; ceux-là
voudraient nous persuader que Chartres tire son
origine du mot carus, nom que les Gauhiis, selon
Smiih, donnaient aux autels, amas ou (;uartiers de
pierres, sur les(|uels k-s druides s:icri!iaient a la di-
\iiiité. M. ChevarJ adopte, cniiime la plus probable
et la plus acciédiiée, la version qui fiiit dériver le
nom de Chartres de l'hébreu carnoih ou chaniotli ,
tignifiani cave , antre, caverne, il cause d'un annû
nombre d'excavations, de souterrains, qui, de tout
temps, on) existé dans cette ville, il fait venir de là
le nom d'ytiitncum, et non pas Autricum , comme
plusieurs l'ont écrit, et ensuite celui de Carnuium,
en français Chartres. La raison qui lait adopter à
M. Chevard An.ricum au lieu de /lufrifui» , qui se
trouve dans tons les auteurs, et pi iiicip dément dans
d'Anville, i;e sendde pas suni>ante pour balancer
une telle autoriié. Quoi qu'il eu soit de ces contra-
dictions étymologiques, Chartres n'était, à l'époiiue
où Céî'ar r.nt dans la (îaule , qu'une c'ié de peu
d'apparenie, composée de baraques en bois, qu'on
ceignit d'une inuralle composée d'un assemblage
de pieux , de poutres garnies en terre cl en cail-
loux. Ce ne fut que dans les iv" et v« siècles, du-
rani les incursions et les ravages des Fiaiiks ei des
Vaudiili-s , qu'on y construisit des remparts en
pierre, flanqués d'un grand nombre de tours. Char-
tres eut de bonne heure des évêques; mais l'exis-
tence lies premiers est incertaine et peu co nue.
L'évèque qui parait a. oir établi solidement le culte
chrétien dans ce diocèse est nommé Solenmis : il
vivait en l'an iOd. A celte époque , la ville (!«
Ci'arires n'.iLCupaii qu'un assez peiii terrain à l'ex-
trémité d'une plaine du côté de l'orient; elle élail
composée de 10 rues étroites et tortueuses; sa fi-
gure était un paraliélogrMinnic borné au nord pir la
rue de Miii et, laquelle tendait du bourg de ce nom an
chemin d'Urléans par le grand pont ou pout ilii
Château ; à l'orient, par la rue Éviére, qui pai lail dt
la rue Calée, de l.i rue Serpente, et se dirigeaii
vers tioiineval, llliers et Coiirville; au midi, par \i
rue du Bopul-Couroiiné; et i» l'occident, par la ru«
du Cheval-Blanc. — La première église lut brûlée er
815 par les Normands; i;elle qu'. n volt aujouid'hn:
s'éleva sur ses ruines. Dans les environs de la vile,
il y avait quatre bourgs assez considéiabies ; le
bourg de Muret, qui comprenait toutes les maisons
qui avolsineut la porte Drouaisf; le bourg du Châ-
teau qu'on nominait simplemenl l't' bouig, situé aux
environs du grand pont, on pont de la port" Goii-
lauine; le bout g de Saint-Sire, qui s'appelait simple-
ment haut buurg; enlin le bourg Châielet, où est d
présent la porte de ce nom. Les diirérentes égli^e£
bàiies autour de ces villages achevèrent de former
un tout, et Chartres passa ilés lors pour une ville
considérable : c'est ainsi du moins qu'en iiit p rlé
les chroniqueurs. C'est hors de la ville que saint
Aiiiiiaii lit bâtir, dit-on, l'église des apôiies saint
Pierre et saint Paul, où il fut inhumé, et qui a de-
puis porté son nom. Cette église fut plus lard celle
des comtes de Chartres. — Cette ville passa de la
puissance romaine sous la puissance imméiliaie des
rois franks. En vertu des pariage» (|ui suivirent !a
mort de Clovis, elle fut compiise d.<ns le royaume
de Paris. Thierry H, roi d'Orléans, l'assiégea vers
l'an 6'00 et la força de se rendre; en 85-i elle lut
pillée, bnVée et détrui;e par les Normands, llastin;;,
à la tête d'a'itrcs Normands, s'en unipaia de nou
DICTIONNAIRE DE GEOGIUPHIE EC< LKSIASTIQOE.
m.
vesii : il prit le litre de comte de Chartres, et ne
quitta la ville qu'i;» S'rl, niuyeniiniil un tribut nii>
nuel i|iii lie fut pnhit payé; mais les Norniauds ir-
rllés revinreiii, riissie:;èreiit de nouveau, !a prirent
en peu de jours, abattirent les murs, et rorcèri>iit
les Cliariraiiis el leur évéque à leur payer le tribut
convenu. En 9il, parui à la tête de nouvelles hordes
danoises le fameux Rulbin. Chartres opposa de la
rcsisunce, et échappa saine et sauve à ses altaqu s.
— Vers !an 9:1, sous le régne de L"His IV, Char-
tres avait pour comte Thibauli le Tricheur. Les des-
cendaiils de ce Thibault firent trouvent des guerres à
leurs voi.sins, et même aux rois de France. Ces évé-
neiiieiit> n'oiil qu'une bien faible iniporiimee histo-
rique : ils n'avaienl d'autre résultat que d'amî'ner
pour la plupart du temps des mariages. — En 1077,
Geofïroy fui élu évé(|iie de Chartres; son successeur
fut \ve!? de Chartres qui s'illustra par ses discu>sions
avec Philippe h', lorsque le roi eut répudié Berihe
sa femme, pour épouser Hertiade de Monlforl, au
mépris de son union avec Foulques, coniie d'Anjou :
révéqise Yves s'éleva le premier contre ce scandale.
A la nio t d'\>es cnnniieucércni les longs démêlés
entre le clergé ei lis comiesde Chartres. Parmi les
successeurs de cet évêque, on coni| te GuilLuiiiie de
Champagne, dit uii.r blunches iiuiins, be^u-frère de
Louis le Jeune, cousin germain df llenii II, roi d'An-
gleterre, ei oncle de f'hilippe Au.;iisti', et le fameux
évéi|ue aiiglaii; Jean de Salisbury, élu eu 1177.
Les (.Ointes de Ch.irlres lireni pluMeuis voyages en
leirr sainie. De re iioinl relut Pierre de France, (ils
de Louis IX, comte de Blois, d'Alei çon et du Perche,
qui acconipiigna son père en Alrique, et uiiurut à
Salerne en 1-282. Plus tard le comié de Cbarties fut
îicUetô par Philippe le Bel, qui le donna à Charles de
Valois, son frère; el vers l'.m 1293, celui-ii, vou-
lanl accompagner le ri)i, alurs en guerre avec l'An-
gleierre, ui;nl di s liabilanls de Clianres une somme
de 12,; Uu livres, prix d'une ( harie de franchise qu'il
leur vendit. Par celte charte il le; exempta du paye-
nidit des tailles, subsides et auires droits à l'avenir,
leur pcruiii d'avo r un hôiel cunimun pour y ienir
en co'ps leurs assrmblées, ei leur en fil délivrer, en
niar^ 1297, les lettres p lentes, qui lureni conlirmées
plus lard pT Charles VIU. —Après la mort de
(.halles de Valois, le comié de Chartres passa, en
132."), à Pliilipp ■ de Valois, son liK, qui, étant monlé
sur le irÔMu i'aunée siiivame, l'iiico pora à son
royaiiiiii'. Ui'S lors le comté resta nui à la couronne,
ju5.|u'à ce qu'il fut donné, un siècle et demi |iliis
lai.i, à llené de Fiance. Philippe de Valois est le
iieriiie' qui ail habité le cbàieau des comtes de
Cliariies, — Au temps delà sanglante querelle des
liuiirgni.;nons el des Armagnacs, Chartres, d'aboi d
pris par les Bourguignons, ouvrii ensuite ses portus
au\ Orléanais; mais en lil7, le duc de iJoiirgogiu-,
p'.'iisani que la ville deviendrait le point ceiiiral où
les princes mécontents réuniraient tous leurs eHoris,
prit le parti de l'assiéger pendant que la trop fa-
meuse Isabelle de Bavir>ri> se faisait déclarer régente
el ioédilail le faial irailé en vertu dui|uel la France
devait être livrée à l'étranger, ei que le dauphin,
Chai les VIII, relégué au del.a de la Loire, défendait
à pi-ine un reste d'aiiioriié. Chartres passa bientôt
sous la doniinaiion anglaise; en vain le dauphin niit
le siège sous ses mms, en vain le comie de Foix
renouvela la même irniaiive, la ville le^ta au pou-
voir de l'éiranger jusqu'en 14",2, époque oii le bà-
lard d'Orléans, comte de Dunois, forma le projet de
la surprendre, et la surprit en effet, secondé par
deux habiianis qui avaient éié laiis prisonnieis, et
par un dominicain. Le jour de Pâques fut choisi pour
l'exécution du projei. Le dumiiiicain, prédicateur en
renom, promit de irèciier ce jour-là pour aliirer la
foule vers le pi.inl opposé où devait avoir lieu l'at-
taque. Les deux habiians qui dirigeaient l'entie-
pri-e se présenièrent dès la pointe du jour à la porte
de lilois ; ils accompagnaient plusieurs charrettes
chargées de vins, C! ndiiiies par des soldais dont les
armes éiaieni cichéi;s sous leurs casaques. Tandis
qu'ils amusent les gardes par des propos indinér''nls
et par le préent de quelques aloses, les charrcliers
déguisés fondent sur eux l'èpèe à la main, massa-
crent les poi tiers, et se saisissent de la porte et des
barrières. Dans le même temps, cent viugl hommes,
coudons par d'Illiers, qui s'éiaienl avancés sous le
rempari, péiiélreiU dans la ville; un second corps de
trois cents combattants les suit eu criant: la paix!
la paix! viic le roi! Le bâtard d'Orléans, Lahire et
les autres chefs arrivent avec le reste des troupes;
l'évéque, qui essaie de défendre la place, meurt percé
de coups : la ville est prise et livrée au pillage. Les
ciioyens riches éviièrent la mortVn payant de lorles
rançons. Le lendemain on exécuta tout ce qu'on put
irouver d'Anglais, de Bourguignons ou de leurs par-
tisans. C'est ainsi que la ville passi sous l'obéis-
sance du roi. En i528, le comté de Chartres fut
donné en dot à Keiiée de France, fille de Louis XII,
mariée au duc de Ferrare : le roi érigea à ceiie oc-
casion le comte en duché, par lettres des mois de
juin et juillet; mais comme, d'ai'rès la loi fondaitieii-
lale de France, les terres du domaine de la cou-
ronne ne pouvaient être données en apanage aux en-
tants mâles, le duché fut tenu lar un simple ciigag'-
meiii ; ainsi Cliar.ies lut séparé de la cour.mnc pour
la seigiieuiii! stuleuient, mais le roi reiint la souve-
raineié. Tel l'ont possédé tous ses duc^ jusqu'à la
révoluiion. Louis-Pbilippe-Joseih d'Oiléms l'était
encoie à celle époque. — Pendant les troubles de la
ligne CI apiès la juuniée des barricades, Henri III
se réfugia à Charités en 168». Cette vi'le, pendant
ce temps, iieviutle théâtre de plusieurs négociations.
Le due de Guise lit prier le roi de revenir à Paris,
ei employa la reine-mèif pour l'y déterminer. Les
plus ardents ligueurs, conduits par cette princesse, se
rendirent à Charlres, et protesièreul de leur ttès-
hitmble obéissance ; le parlement s'y rendit aussi.
Henri IV fut sacré à Chartres après s'en être rendu
503
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
294
niaiire par les armes. — En 1651 les Elis de la
province s':isenil)lèrent, ei coite réunion donna
lieu à des troubles ei voies de fait. Ces troubles,
d.iiis lesquels lii noblesse fui en butte à la fureur du
peuple, est à peu |irès le dernier événement digne
d'être remarqué jusqu'à l'époque de la révolu-
lion. — En 17!<2, des altroupemenis eurent lieu
dan< difféienls cantons pour la taxe des grains; une
nombreuse troupe de mécontents s'avança méuie jus-
qu'aux portes de la ville, mais la contenance ferme
des am.riiés civiles et militaires, ei de M. Clievard,
alors maire, arrêta les ré ult.its de l'elTervescence
populaire et mainiint le calme dans la ville. Chartres
eut moins à soufTiir que beaucoup d'autres ville^i de la
France des résulims du sysième de la terreur. Toute-
fois, au moment où la consiilution de l'an m venitit
d'être proclamée, ime émeute éclata dans celte ville.
Un représentant du peuple, Leleilier, ne pouvant
empêclier le trouble, se donn.i volonlairenient la
mort. — Chartres avait été pourvu de murs à l'époque
où il éUiit nécessaire de défendre l:i ville. Les l'orli-
ficaiions qu'on v^it encore aujourd'hui, du moins en
partie, datent des xi' el xii« siècles; elles sont con-
struites avec un • lelle sidi lité, que, inêii<e longiemis
après riiiveiilion de Tariillerie, el es passaiiiii pour
fortes, puisque la ville lui vaineniçnla>sié!,'éeeii 1591
p.ir Henri IV. Ces forlilications consisiaienl en une
enceime de murailles fort élevées, appuyée sur un
lerre-pl.iin de plusieurs toises i!e largeur, ei flancpiée
de griisses lonrs rondes, le tout bâti en Idoiaille, à
l'exception des ouvages des puries qui sont en
pierres de l-ille. Ces portes sont au nombre de se|it,
savoir : les porte> Dronaise, de Saint-Jean, (.hàielel,
des Epars, Saint-Michel, Moraid il Guillaume. La
dernière a luelque chose d'inipogaiit par son apparen-
ce guerrière. Elle est gardée par deux grosses tours
unies par une courtine et couronnée d'une galerie
saillante à créneaux et mâchicoulis; elle est voûtée
en ogive. On remarque encore sous la votiie la
coulisse de la herse et l'ouverture qui donnait pas-
sage à l'assomnioir; on voit au-si celle par où pas-
saient les flèches ilu poni-levis. Celle tr sie enLeme
de murailles est entourée elle-même d'une belle en-
ceinte de promenades. L'intérieur de Chartres est
divisé en haute et basse ville. Dans la première sont
les pr iicip.iles auberges, la puste aux lettres, la
P'Ste aux chevaux , le palais épiscopal , ei la ca-
lliédrale au fameux clocher; c'esi le plus remar-
quable des éddices de la ville. — La première
caihédrale avait été incendiée pir les Normands
l'ail S.S'!, et réparée une première fois. Au x«
siècle I lie devint encore la proie des flammes ; enfin
en lOiO, im liois ème incendie, occasionné par le feu
du ciel. selon l'opininn commune, détruisit la cathé-
drale el ravagea la ville. Chartres avail alors poui
évêque Fulbert, qui s'empressa de chercher les
moyens de réarer ce désastre. On a dit que tout
l'édifice fut achevé dans l'espace de huit années-
mais ce fait n'est pas exact, pui. ,„. Fulbert mouriii
en 1028, pendant les travaux, que l'on voit ses suc-
cesseurs les faire continuer, et que l'entrée de la nef,
le grand portail el le clocher ne furent achevés
qu'en 1145. Ce clocher, qu'on désigna sons le nom de
vieux clocher, (ni le seul élevé à une certaine hauteur ;
l'autre, arrêté dans son élévation, conserva la forme
d'une tour cairée. En 1506 le tonnerre élanl tombé
sur une charpente établie pour la conlinualion de ce
Second clocher, le chapitre se détermina à le taire
achever, en pierre, et .lean Texiei , (tii de Beance,
éleva cette pyrami<le admirée des connaisseurs. Le
maître entrepreneur gngnait sept ou huit sous par jour,
ses compagnons cinq sous. Cette basilique, dont la
construction s'est prolongée pendant près de cent
trente ans, fuidédiée à la sainte Vierge en ocl. 125d.
La flèche du iiicux clocher seii de lemlani à l'autre
au-dessus du portail. Elle est lourde et sans orne-
iiienis, quoique estimée dans le pays à cause de son
curieux revêtement de pierres de taille sculptées en
écailles de poi~soii. Celle llèche prudiiii à la vue un
effet singulier de perspective : elle semble toujours
pencher vers le speciateur de quelque côlé qu'il sa
place ; c'esl que la pyramide esi c "upée à {ans égaux,
et que chaque pan vu de face e>l st peu incliné,
qu'il semble loucher vei licaleinent. L'anli e clocher
est lancé avec hardiesse, cl cnri^ h , vers le milieu
de ^a bailleur, d'une prodigieuse (|nantiié de s^ctilp-
tiires en filigrane, qui ne font pas un tiès-bel effet,
n'étant point continuées ni en haut ni en bas; la
maçonnerie bnae (|ui leur succède iinmédialenient
nul à riiarmoiiie nécessaiie entre toutes les |iarli s
(l'un II éme tout ; elles fmit cependant le principal
titre de ce clocher à la supériorité qu'on lui accorde
sur tous ceux de la France. Un ouragan furieux, ar-
ritéle 12 octobre 1690, ébranla la pointe de la llèche;
elle ne fut pas renversée, parce que les barres de
fer qui lient toutes les pierres entre elles la soinin-
leiil; mais elle fut curbée dans retendue de douze
pieds au-dessous de la croix. Une des principales
causes de cet acideiU fut la pesanteur d'un soleil
de enivre doré, de deux pieds et demi de diamètre,
qui était au-dessus de la croix ; on le Mipprinia eu
1691. La hatitecir du clocher vieux est de deux cent
quaraiiie-ileu< pi'ds, ct lie du clocher neuf ite trois
cent soixanli!-dix-iiuil. Leur largeur, prise à la base,
est de cinquante pieds; l'intervalle qui les sépare
est de même éiendiie; ainsi la façade entière est de
cent cinquante pieds. Le fruntispice sur lequel s'élè-
vent lesdeux flèihi's esli en é par le bas d'un portail qui
présente trois p'-rliiiies. Ces trois grandes por:es
sont préiédées u'un perron de cmq marches, el pra-
tiquées sous des voussures ogives chargées de figures
el d'ornements; les figures sont pour la plupart des
statues conservées de l'ancienne é.lise, et offrent en
effet tous les caractères qui distinguent les statues
du temps de la première race, c'est-à-dire qu'elles
sont allongées démesurément, que leur visage est
aplati, que leurs bras sont très-courts, les draperies
chargées d'une multitude de plis brisés sans an et
DlCTIOKNAlRt; DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
295
sans but marqué, et leurs lêles entourées du limbe
au cercle lumineux. Au-dessus de ces portiques sont
trois grandes fenêtres en verre peint, plus liant une
superbe rose, et HU-dessus de la rose une galerie qui
fait communiquer d'un clocher à l'autre. Là sont
placées dans des niihes quinze grandes siiiues. Elles
sont d'un assez mauvais style, même pour le moyen
àg •. D;ins le graud pignon qui surnumie la façade,
cl qui e^t lui-même siirraonié d'une image prétendue
ilo saint Avertn, premier évéque do Cliarire.s, est re-
présenié le triomphe de la sainie Vierge. Les deux
poj les latérales consistent en trois arcades enrichies
d'un grand nombre de statues ; elles soni bâties hors
d'oeuvre en (orme d'appentis. Les deux porches laté-
raux piraissent avoir élé b.îlis à la riême époque,
c'est-à-dire vers le milieu du xiii« siècle. La couver-
ture du giand comble, autour duquel <'n peut circuler
par le moyen d'une galerie en pierre, est tout en
plomb. La charpente, remaniuahle par sa constru-
ciioii, et vulg.iirement nomuiée la Furil, s:ins doute
pour exprimer l'immense quaniiiê de buis qui la
compose, a de hauteur, depuis la voûte jusqu'au faî-
tage, i|U.irauie-qualre pieds. Le rond-point est cou-
ronné par nu ange en plomb doré, de grandeur natu-
relle, qui tourne sur un pivot de manière à servir de
girouette. On a lait l'observation que la charpenie
étai' en bois de chàiaignier, ce qui en éloigne toute
espèce d'insectes. Une chose qui déjiare celle église
est la bigairnre que produisent les parties nouvelle-
iiient réparées sur le ri-sledela maçonnerie : c'est à
peu piés le nrêmetlfei que dis pièces de drap neuf
sur lin vieil habit. Parmi les morceaux de sculpture
dont sont coiiriinnés ou par^enlés les murs, on y voit
la figure bizarre d'un âne qui joue de la vielle, désignée
dans le pays sous le nom de l'Aire (/ui vielle. Dans l'in-
térieur deux choses frappent à la fols, c'est l'harmonie
des proportions et la grande obscnrilé qui y règne ;on
n'y peut lire que par les temps les plus clairs. Ceiteob-
scurrié excessive qui fatig.ie la vue sans ajouter à tania-
jeMé du lieu, résulte de la nature sf^mbre et opaque
des viiraux, plus surcliargés de couleurs que riciies de
parures. Le chœur est au-sl adnirable, plu.s admi-
rable peut-être qrie le clooher inéine. Il eu eniouré
(!;ins son (loiirlour ex éneiirde qiiaranle-lrnis niches
leniples degrorrpes qui représentent el nrelleirl pour
ainsi dire en action l'hisioire d-; l'Aucien et du Nou-
veau TiiSlament : ce qui en res'.e de . oinplet prouve
que ces morceaux avaient été en général fort bien
exécutés. Au-dessirs, sont des cunronnements et
autres ornements gothiques irès-déicatemcrrt rra-
TMJIlès en liligrane, et au-dessous, des arahesques
modernes qui, exécuiées à la manière antique, sont
encore plus délirâtes et plus admirée . La face iii-
lerne du méine choeur est ornée de t.ibleaux en
lias-reliet et eu marbre blanc de Carrare, par le sculp-
teur Bndan. ils représentent diver-es sièiies de la
vie de Jésus-Christ, et un vo'u fait dans Cv.'ite église
par Louis XIII. Les deux plus beaux sont la présenia-
tion au (emple, et la descente de croix qui est en face.
Le dessus du maître-autel, en beau marbre blanc de
Carrare, représente rAsrOinpiioii de la sainte Vierge.
On la voit s'élever sur des nuages de marbre avec
une légèreté vraiment aérienne. Pendant le régime
delà t.-rreur, les vandales, qui détruisaient les monu-
ments des aris au nom de la liberté et de l'égalité,
voulurent abattre cette statue. Au moment où ils
allaient mettre à exécutinn leur afficux dessei <, un
patriole éclairé proposa d'affubler d'un bonnet rouge
la sialuedela Vieri;e, et de la iranslormi-r eu déesse
de la liberté ; ce qui fut exécuté sur-ie-ciiamp. Tous
les habitants de Chartres ont conservé le souvenir de
la méiamorpho.^e. Le chœur est entouré d'un double
rang de bas-côiés soutenus par Î2 piliers; la nef ne
l'est que d'un simple rang : elle n'a lien d'iuiposaul,
comparée surtout à (elle de nos plus beaux lemides
gothiques. Les vitraux, ainsi qu'on l'a déjà drt. ré-
p:indent plus d'nbscurlré que de majesté : ils sont
toutefiisreuiari|uables par leurpjrfaiteconservation,
et ceux qui ciunposent les œils-de-bœul plaies au-
dessus des portes ne sont pas sans iiiérite. Au milieu
de la nef, le pavé se dessine eu une longue spirale
qui, à force de revenir sur elle-même, fait parcourir,
dit-on, ur.e lierre aux ampleurs qui s'amusent à la
suivre jusqu'au bout, ce qui l'ail iipiifler cette partie
du pavé la lieue. On ne montre plus l'église sou-
terraine, qui occupe t iUt le dessous de l'église supé-
rieure; l'enlréeen aéiéfemièe. Celle égl>e souier-
raiiie se compose de deux longues nets pratiquées
sous chacun des bas-côiés de l'église liaaie. Elle con-
tinait treize chapi-lles, dont une, celle de la sainte
Vierge, était tiès-Iréqneniée; les fidèles vinrent
pendant Lngtemps y faire des dévotions et déposer
des f.r voio. Près de cet aniel est un ancien puits,
nommé dans le pays le Puiiades Siiinis-Forts, parte
que, dit Itouilliard, du temps de I empereur Claude ,
grand persécuteur des cliiéliens, le gouverneur de
Chartres, après en avoir fait passer plusieurs au fil
de l'épée, ordonna de jeter leurs corps dans ce pu ts.
Tout l'édifice a de longueur dans œuvre trois cent
quaiie-vingl-seize pieds sur cent un pieds de largeur
d'un mur à l'aiiire, et cent six pieds de hauteur snus
la tb f de la voùle. La largeur de la nef, depuis la
porte principale jusqu'au milieu du premier pilier du
chœur, est de deuv cent vingt-quatre pieds d'un
piler à lauire. Les b.s-coiés oni chacun vingt pieds
de largeur sur quarante-huit d: hauteur; ces bas-
côtés sont doubles autour du chœur. La croisée a
de longueur, d'une porte à l'antre, ceirl quatre-vingt-
quinze pieds sur trente-six pieds de largeur ; elle
est ac( ompagnée de deux bas-côiés. Ces mesures
sont prises dans la description de C.rlbert, historio-
graphe de tontes les ciithédrales de Erance. — Voici
uii rapport loit intéressant el trè<-cnrieux sur la
caihédrate de Cbarires. adressé en I85« au minisire
de l'insiructionpuliliipii', parim de nos archéologues
les plus éruiiits et les plus capables, M. Didron.qui
a rendu de si grands services à 'la géographie mon«-
mentale chrétienne.
Sô7
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
2Pft
€ Il y a deux cathédrales à décrire : l'église sou-
terraine, crypie immense, el l'église supérieure, qui
remorque à son arrière-irain une (jrnnde chapelle du
nom de Saint-Piat; il y a quatre mille figures en
picrie ei cinq mille en verre à nommer el interpréter.
i Je me suis attaqué à 1« sculpture de préférence,
parce qu'à Chartres aile est à la peinture ce que le
titre d'im chapitre est au chapitre même : la sculp-
ture est le sommaire ou l'argument des vitraux. Ainsi,
la peinture comme la Siulpture parlent de saint Eusta-
cbe, de Thomas Becket, de saint Kemi; mais la se-
conde ne raconte que le fait principal de leur vie :
le martyre desaint Eustache, l'assassinat de Becket,
le baptême de Clovis; tandis que la première peint
U vie entière, de la naissance à la mort. J-ai donc
cru utile de faire connaître le texte avant d'étaler le
commentaire; j'ai voulu ouvrir tout simplement une
perspHCiive sur les belles et nombreuses légendes
qui font de Notre-Dame de Chartres le musée le plus
complet de la mythologie clirétienne, avant de péné-
trer dans les détails de cette poésie ravissante et à
peiiprè-. inconnue. D'ailleurs, comme la sculpture est
à l'extérieur de la cathédrale el la peinture à l'inté-
rieur, je n'étais pas fâché de commencer par ce qui
frappe d'abord les yeux; urdinaiiemenl on aime à
étud.er un monument dans l'ordre où on le voit. En-
fin la sculpture est encore de l'architecture en quel-
que sorte, et puisque je ne pouvais donner cette der-
nière, je devais au moins me prendre à ce qui y res-
Eenible davantage.
< Ici encore i! a fallu me restreindre ; car la sculp-
ture se divise en deux parties distinctes: en statuaire
et ornementation. L'ornementation est le cadre du
tableau où la statuaire pose ses figures; el ce cadre,
dans l'art chrétien sunoni, n'a pas moins d'impor-
tance que le tableau lui-même. J'ai donc réservé
pour l'année prochaine toute l'ornementation sculp-
turale et les questions qu'elle soulèvera. Ces ques-
tions seront nombreuse^, car c'est sur l'iirnemenia-
tion que de tout temps se sont exercés les mysti-
ques et les allégoriseurs; et c'est avec l'ornementa-
tion que j'essaierai d'esquisser la flore et la ïoologie
gothiques à l'aide d'un naturaliste intelligent qui
aura étudié les plantes par les feuilles plutôt que par
les Denis, et les animaux par leur structure plutôt
tératologique. que normale.
€ A elle seule la statuaire me fournissait ample
matière pour mon travail de celte année ; car, après
quatre ans d'études sur la cathéilrale de Chartres, à
diverses reprises, je viens encore de pisserdeuxmois
dans cette ville, uniquement à prendre des notes sur
la statuaire de sa Notre-Dame. Il suffira de vous dire.
Monsieur le ministre, que cette statuaiie se com-
pose de dix-huit cent quatorze ligures hautes de huit
pieds à huit pouces. Je ne décrirai que les statues
du dehors, parce qu'elles font un ensemble complet
à elles seules ; les siaines île l'intérieur, ie la clô-
ture du chœur princ.palemenl. formeront, a- ec l'or-
neiiieiiiaiion de toute l'église, un autre ensemble qui
DlCTIONN^iRK DK GÉOGRAPHIE ECCL. II.
ne donnera pas moins de deux mille figures. Par-
donnez-moi la comparaison : je donne VJtiade cette
année , je ferai VOdijssée l'année prociia ne.
I C'est qu'en edeices dix-huit cent quatorze figures
s'ordonnent d'une façon merveil euse ; elles formenl
un poème dont chaque statue équivaut à un vers, à
une strophe, à une tirade ; un poëine dont la com-
préhension est plus vaste que celle de l'Iliade ou de
l'Eii^irfe.que celle même de la Divine Comédie; puis-
qu'elle embrasse l'histoire religieuse de rnnivers de-
puis sa naissance jusqu'à sa mort, et que la Divine
Comédie n'est qu'un petit épisode, l'épisode final de
l'épopée sculptée à Chartres.
< Permettez-moi de m'arréter un instant ici, et
de déclarer par des faits combien est injuste l'accu-
sation de fantaisie, de liliertiiiage esthétique portée
contre l'art gothique. Aucun art, pas même le grec,
n'est plus discipliné que notre art naiional, cet art
qui a mis en pratique la loi des unités bien plus des-
poiiquement qoe les autres arts venus avant et après
lui ; car l'unité, dans la pbstique chrétienne, est mo-
rale et matérielle tout à la fois.
« Ainsi, à Chartres, ce poème en quatre chants,
ou, pour mieux dire, ce cycle épique en quatre bran-
ches, s'ouvre par la création du momie à laquelle
sont consacréi trente-six tableaux el soixante-quin-
ze statues, depuis le moment où Dieu sort de son
repos pour créer le ciel el la terre, jusqu'à celui où
Adam el Eve , coupables de désobéissance, sont
chassés du Paradis terrestre et achèvent leur vie
dans les larmes el le travail. Sur le tronc épique,
c'est la première branche qui porto la cosuiogooie
biblique, la genèse des êtres bruts, des êtres organi-
sés, des êtres vivants, des êtres raisonnables, et
aboutit au plus terrible dénouement, à la malédiction
de l'homme par Dieu.
f Mais cet homme qui a péché dans Adam et qui,
dans lui, estconilamné aux douleurs du corps et ^ la
mort de l'ànie, peut se racheter par le trav:iil. En
les chassant du paradis , Dieu eut pitié de nos pre-
miers parents, et leur donna des habits de peau en
leur apprenant la manière d'eu user De là le sculp-
teur chréiien prit occasion d'apprendre aux Beauce-
rons la manière de travailler des bias et de la tète;
el, à droite de la chute d'Adam , sculpta sous leurs
yeux et pour leur perpétuelle instruction, un calen-
drier de pierre avec tous les travaux de la campa-
gne, un catéchisme industriel avec les travaux de
la ville, el pour les occupations intellectuelle-. , un
manuel des arts libéraux personnifiés dans un philo-
sophe, un géomètre, un magicien, etc. ; le tout en
cent trois figures. Tel est le second chani qui fait
passer sous les yeux la représentation historique et
allégorique à la fois de l'indusirie agricole et manu-
facturière, du Commerce et de l'art.
I II ne sulfit pas que l'honime travaille, il faut en-
core qu'il fasse un bon usage de sa force musculaire
fet de sa capacité iniellecluelle; il faui qu'il einpluie
COuYeuableiuenl les facultés que Dieu lui a réparties,
10
DICTlONNAinE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE,
599
les richesse» qu'il a acquises par son travail. Il ne
suffit pas de iii«rc!ier, il Hiul marcher droit : il ne
suffit pas d'ngir , il faut agir bien, il faut èlre ver-
tueux. Dès lors, la religion a dû clouer aux prirches
de Noirc-D.ime de Chartres cent quarante-huit sta-
tues représtnian! loutês les vertus qu'il faut embras-
ser, tous les vices qu'il faut terrasser. Comme Thom-
nie vit pour Dieu, pour la société, pour la famille et
lui-méjne,les quatre ordres de venus ihér>h>g;iles,
politiques, doniestiqufes 1 1 intimes y sont représen-
tis dans les différents cordons des voussures. C'est
le troisième chant.
« Maintenant que l'homnle est créé, qu'il sait tra-
vailler et se conduire, que d'une niairi il prend le tra-
vail pour appui et de l'autre la vertu polir guide, il
peut aller sans crainte de gauchir, il peut vivre et
faire son histoire ; il arrivera au but à point nommé.
Il va done reprendre sa carrière de la création au ju-
gement dernier, comme le soleil sa course d'orient en
occident. Le resio de la statuaire sera dont destiné Ji
représenter l'hisioire du momie depuis Adam et Eve
que nous avons laissés bêchant et filant hors du pa-
radis, jusqu'à la fin des siècles. En effet, le sculpteur
inspiré à deviné, le^ Prôplièies et V Apocalypse en
main, ce qui adviendrait de l'huniaiiilé bien après
que lui, pauvre homme, n'existerait plus. II ne fallait
pas moins que les quatorze cent quatre-vingt-liuit sta-
tuts qui nous restent encore pour figurer celte his-
toire qui comprend tant de siècles et tant d'hommes.
C'est le quatrième et dernier chant. r
€ Celle statuaire est donc bien, dans toute l'am-
pleur du mot, l'image ou le miroir de l'univers, com-
me on disait au moyen ige : l'image de la nature
brute et organisée dans le premier chant, dans le
second de la science, de U morale dans le troisième,
dans le quatrième de l'homme, et dans le tout enfia
du monde entier. Telle est la charpente intellectuelle
du poème, son plan, son uniié morale; en voici main-
tenant l'unité matérielle, la disposition physique.
« L'histoire religieuse, pour un chrétien, se com-
pose de deux périodes tranchées ; de celle qui pré-
cède Jésiis-CIrist, et qui est occupée par le peuple
hébreu, le peuple de Dieu; de celle qui suit Jésus-
Christ et que remplissent les nations chrétiennes.
Il y a la Bible et l'Evangile. Comme dans la société,
les Juifs ne se mêlaient pas aux chrétiens; comme
au xm* siècle, l'.Ancien Testament, figuré par des ta-
bles à sommet arrondi, était différent du Nouveau
Testament, livre carré à sommet plat, de même Notre-
Dame de Chartres a séparé matériellement l'histoire
du peuple juif de l'histoire du peuple chrétien, en
interposant toute la largeur de l'église, et plus en-
core, toute la longueur de la croisée. Au porche du
nord, elle a placé les personnages de l'Ancien Testa-
ment, depuis la création du monde jusqu'à la mort
de la Vierge; et au porche du midi, ceux du Nou-
veau, depuis le moment où Jésus-Christ dit .i ses
jpôlres qui l'entourent : Allez, enseignez et baptisez
let nations! jusques et ycompris le jugement dernier.
Sur des vitraux du xni» siècle, sur des sculptures
du xiv», on voit Jésus-Chrisl trônant sur les nuages,
le dos contre un arc-en-ciel, ayant .i sa g.iuche les
tables de Moïse sur l'anhe d'alliance, et à sa droite,
siirunaulel.le livre de ses apôtres. De tout temps, en
effet, la Bible a tenu la gauche et l'Évangile la droite.
Cela devait être, car les chrétiens regardent la Bible
comme le piélestnl de l'Evangile. La Bible est le
portrait dont l'Evangile est le futur modèle : l'Evan-
gile est la réalité dont l'Ancien Testament n'est que
la métaphore et l'écho prophétique. Or, de tout temps,
môme encore aujourd'hui, dans les usages civils
comme dans les cérémonies religieuses, la gauche
est subordonnée à la droite; on cède la droite à ceux
qu'on vent honorer.
« Voilà dans quel ordre sont disposées ces dis-huit
cent quatorze statues. Il n'y en a que deux dont je ne
puis encore justifier suffisamment laplace ; mais toutes
les autres, sans exception, sont à leur rang aussi bien
qu'un soldat dans une armée. Je parle de dix-huit
cent quatorze statues, je devrais dire quatre mille ;
car celles de l'ornementaiion sont distribuées comme
celles du tableau : ce sont des allégories, des méta-
phores sculptées qui redonnent Sous un sens voilé et
figuré les faits que les personnages viennent de nous
offrir sous le sens réel et historique. C'est un second
poëme qui côtoie, ou, pour mieux dire, qui double le
premier. J'ai dit quatre mille statues, j'aurais dé
dire neuf mille figures, en ajouiant les cinq mille
des vitraux ; car, je l'ai annoncé, les vitraux ne sont
que le commentaire ou la répétition de la statuaire.
« Cet ordre, comme je le disais à l'ouverture du
cours que vous m'avez autorisé à professer à la Bi-
bliothèque royale, est le plus beau, le plus un qu'on
ail jamais imaginé; c'est celui d'après lequel est tra-
cée et exécutée la vaste encyclopédie de Vincent de
Beauvais, dont le cadre est aussi supérieur à celui du
chancelier Bacon, de d'Alembert , de Diderot, même
à celui du grand physicien .Ampère qui a surpassé ses
devanciers, que la cathédrale de Chartres est supé-
rieure à une pauvre église de village. Cependant
cette encyclopédie admirable est restée il peu près
inconnue jusqu'à présent, malgré un très-remarqua-
ble travail de M. Daunou, inséré dans le tome XVIII
de l'Histoire titléraire de la France. L'illustration dç
pierre que lui a faite Notre-Dame de Chartres est peut-
être destinée à la mettre en lumière.
f Ce sont donc ces dix-huit cent quatorze statues
que j'ai entrepris de décrire celte année. Le travail
vous sera soumis. Monsieur le ministre, et sera pré-
senté au comité des arts et monuments vers le prin-
temps; car toutes les noies sont prises et la rédac-
tion commencée. Toutes les statues seront décri ■>
une à une, dans le plus grand détail ; je n'en laisse-
rai pas passer une seule sans que je n'épuise, che-
min faisant, toutes les questions archéologique»,
esthétiques, historiques, morales, auxquelles elte
pourra donner lieu. Je ferai comme un boianiste qoi
parcourt une prairie et qui s'arrête à chaque pâ*
501
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
50»
pour cueillir une lleur, l'anatomiser, la nommer, la
classer et résoudre tous les problèmes qu'elle peut
soulever.
( Dans ce rapport, je ne puis tous énumérer leS
résultats, nombreux certainement, auxquels don-
nera lieu ce travail sur la statuaire de Chartres.
Cependant je ne saurais m'enipêcher de vous en si-
gnaler un loiii au moins. Ce résiiliat soulèvera des
rumeurs archéologiques, sans aucun doute; mais
déjà je l'avais laissé pressentir dans mon cours, et
la suite du travail sur Chartres le confirmera pleine-
ment, j'espère. C'est que, dans les cathédrales de
France, il n'existe pas aux portails une statue qu'on
puisse réellement appeler historique dans le sens
rigoureux, et surtout civil et national du mot; c'est
que, pour prendre un exemple saisissant, dans ces
galeries de rois qu'on voyait à Notre-Dame de Pa-
ris avant la révolution, et qu'on voit encore à Reims,
Amiens et Chartres, ne s'alignent pas des rois de
France, mais des rois juifs. Il n'y a là ni Pharamond,
ni Philippe -Auguste, ni saint Louis; mais bien Dn-
yid, Salumon et Josaphai. J'en suis fâché pour
Moiitfaucen et ses Monuments de la monarchie fran-
çaise, j'en suis contrarié pour les statues gothiques
du musée de Versailles; mais Clota ire, Clovis, Louis
le Débonnaire, Charlemagne, Blanche de Castille
00 la reine Pédauque, ou Berllie-aux-Graïuls-Pieds,
des portails de Corbeil, Saint-Germain-des-Prés,
Saint-Maurice d'Angers, Noire-Dame de Chartres,
Notre-Dame d'Ainiens, doivent quitter les noms
qu'ils ont volés sous le compér.ige des bénédictins et
redevenir, comme auparavant : Michel, la femme de
David; Bethsabée, la mère de Salomon; ta reine de
Saba ; les rois Osias, Manassé, Roboara, Jéchonias.
Jl y a des exceptions à ce que j'avance, mais en irês-
peiit nombre, et fournies seulement par certaines
statues qu'on voit à Reims, dans la cathédrale, mo-
nument tout royal et qui devait différer des autres.
En général, sur les cathédrales, les statues sont re-
ligieuses, figurant des personnages de l'Aneian et
du Nouveau Testament, comme du reste" le bon sens
l'indique a priori, et non des statues civiles et de no-
tre histoire nationale. Donc, il faut le dire sans
peur, les bénédictins et Sauvai se sont trompés en
déclarant que des rois de France peuplaient la gale-
rie royale de Notre-Dame de Paris ; donc, il est heu-
reux, pour nous autres antiquaires surtout, que Na-
P'ieon n'ait pas exécuté son intention de placer tous
nos rois francs et français en sentinelles dans celte
galerie.
< Plus mon assertion est hardie, plus j'aurai à
cœur de la démontrer par des preuves de toute na-
ture, par des f.iils, par des textes, par des inscrip-
I tions gravées ou peintes sur ces rois et autour d'eux,
j par les attributs caractéristiques, par des vitraux à
légendes, par des analogies diverses. Le travail sur
1 la cathédrale de Chartres ne laissera aucun doute,
fespère. En tout cas, j'affirme d'avance, par ce que
! fai des inscriptions qu'on n'a pas vues ou des faits
qu'on a ignorés, que le prétendu Fulbert, évêquc de
Chartres, qui se dresse au portail du snd, les pieds
sur une église que des flammes entourent, n'est au-
tre que le pape saint Clément posé sur une égU-6
environnée d'eau. La miire de ce Fulbert est une
tiare ; la statue est nimbée, et Fulbertn'esi pas saint;
enfin les flammes sont des flots. J'affirme que la sta-
tue du même portail, dite d'Eudes comte de Char-
tres, est de saint Georges, chevalier cuppadi'cien ;
car elle est nimbée : car son martyre est repi ésenlé
sur la console où elle posé les pieds ; car, sur un
vitrail de la grande nef, le même chevalier, é(|uip(5
comme cette statue et martyrisé comme elle, porte
écrit en lettres du xiii* siècle : S. Giorqius. Il en es<
ainsi de toutes les autres statues, surtout de celles
du préiendu Pierre Mauclerc et d'Alix sa femme. Il
est malheureux que l'archéologie arrive après 1793
seulement à démontrer que les rois de Notre-Dame
de Paris n'étaient pas des rois libenicides de France,
mais des rois inolTensifs du peuple juif. Les révolu-
tionnaires ne les auraient peut-élre pas renversés de
leur galerio, ni pulvérisés sur les pavés, s'ils avaient
su à quels personnages ils s'en prenaient. La mau-
vaise archéologie nous a fait beaucoup de mal ; pour
ce f;iii, les antiquaires contemporains doivent en
vouloir aux bénédictins.
« Un autre fait auquel on devait peu s'attendre,
c'est que parmi les Vertus politiques sculptées sur le
portail du nord, il en est plusieurs qu'on s'étonne
d'y voir. Ces Vertus, personnifiées dans des reines
fières de tournure, vertes d'âges, porient un bou-
clier sur lequel s'enlève en relief un attribut qui les
caractérise. Ainsi, la Concorde montre quatre co-
lombes qui vivent en paix et en amour; la Vitesse,
trois flèches qui sifflent en abîme. Eh bien ! parmi
ces Venus, brille la Liberté. Le mot y est : Liber-
tas. Deviné d'abord par M. Lassus, épelé ensuite par
lui, avec le secours d'une longue échelle, ce mot a
été lu parfaitement par moi, au moyen d'une excel-
lente lunette; il vient enfin d'être dessiné à la cham-
bre claire par M. Paul Durand, estampé avec la
terre glaise et moulé en plâtre. Celte Liberté est une
forte femme, âgée de vingt-cinq à trente ans, se cam-
brant avec fierté à quarante pieds au-dessus du sol,
creusant la hanche gauche pour arrondir et faire
saillir la droite. Vêtue d'une longue robe et d'un
manteau retenu sur les épaules au moyen d'une cor-
delette, cette mâle Vertu tenait de la main droite,
la main puissante, ou une pique ou un glaive qui est
cassé, et de la gauche un écusson dont le champ
porte deux couronnes royales. C'est donc bien la Li-
berté politique, la Liberté communale peut-être, la
Liberté octroyée par les rois aux bourgeois de Char-
tres. Par la place d'honneur qu'elle occupe, celle
Liberté triomphante est la seconde en rang; fille de
la Vertu par excellence et qui est personnifiée dans
une femme qui se dresse sur un rosier parsemé de
roses épanouies et en boutons, elle est à son tour la
mère des douze autres Vertus qui marchent après
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
303
elle, comme de petiis c-nfanis derrière une aïeule.
I Cetled- scriptioM de la statuaire formera un demi-
Vdlunie in-4'; le second demi-volume renfermera,
aven ■Ofile rornementa ion seniptée, la statuaire in-
lérie re, et ne ^era prêl que l'année prochaine. Il
raef.iiiilra qnaire années, en outre, pour terminer
t «t mon travail de description : deux pour la pein-
ture sur verre et la peinture à fresque, Acus. pour
l'auliit fiure delà crypl'" et de la oalliédrale supé-
rieure. Le vo'ume d'arcliitoclnre sera clos par des
fa ts relatifs à la condition sociale, pQli'.ique et do-
mestique des artistes chréliens , et par des consi lé-
raiions sur les signes gravés din^ la pierre par les
appareilleurs et les lâcherons. J'avais déciuvert ces
signes dans l'Auvergne et la Provence , je les ai re-
trouvés an Palais de Ju-tice de Paris, et je viens de
les conslaier au clocher vieux de Chartres. Ces con-
sidérations, appuyées du nom de liogenis, qu'on lit
en c.iracières du xii' siècle an ponail occidental de
Chartres; de Kofrm, que l'ai trouvé en caractères
du XIII* au porche du nord ; de Jelmn de Beance,
qu'on voit en lettres du xvi' siècle au clocher neuf ;
appuyées de la per-ounifieation de l'archi tecture peinte
sur verre sous la forme d'une fomme, dans la cha-
pelle Saint-Piat , etïcniplée au porche du nord sous
la figure d'un homme, jourront aidfr à la solnlion
des prohlémes nombreux et obscurs qu'on peut poser
sur cette matière. Puis viendron en aide les iiislru-
ments des architectes, des tailleurs de pierre et des
appareilleurs qii'"n voit au porche du nord et sur les
Titrux de r.ib-ide; pnis la figure des architectes,
des tailleurs de pierre et des sculpteurs qui sont
peints snr trois verrières du rond-point ; puis les des-
sins palimpsestes du xiii' s ècle découverts il y a
trois mois dans un nécrologe de Reims, et les textes
épars dans les agiographes, les Bollandistes prini ipa-
lenient, sur les artistes chrétiens. Ce que je viens
de dire n'a trait qu'à mon travail ; mais je n'étais pas
seul à Chartres : M, Amaury-Duval, chargé des figu-
res, M. Lassus, chargé des dessins d'ornementation
et d'architecture,. se sont, comme je l'ai fait, acharnés
pendant deux mois à la cathédrale. M. Amaury-Du-
val a dessiné vingt et-une statues et statuettes à l'é-
norme échelle de seize centimètres pour mètre ; et à
celle de douz'% les cinquante-sept qui remplissent le
tympan et la vonssnre delà porte centrale du porlail
royal. Déjà, l'année dernière, .M. Amaury-Duval avait
dessiné treize statues; en sorte qu'on a déjà la scmime
de quatre-vingt-onze ligures et figurines prêtes pour
la luhogripliie.ei qui seront exposées au prochain sa-
lon. Pour arriver à ce lësuliat, il a fallu braver bien
des fois le vent qui, toute l'année et toute la jimruée,
grO'dfl au poriail royal, qui fouette assez souvent
la plnie et souffle toujours le froid.
€ Quant à M. Lassus, avec le secours de iMM. Cer-
*eau et Suréda, ses aides, il pourra exposer au salon
procliiin tout le grand portail occidental flanqué des
porches latéraux. C'est un dessin de huit pieds de
haut sur quatre de large. Chaque ligne, d'une cxac-
liiude rigoureuse et mathématique, a été fournie par
deux cent deux minutes cotées et vérifiée^ à plusieurs
reprises, et qu'il a élé souvent dangcriui d'aller
chercher à r;iide d'une corde à nœu Is ; car il a fallu
escalader plusieurs Jois le portail pour rapporter une
cote incertaine ou un profil oublié. Je dois, Moiisiour
le ministre, appeler votre iniéiêt sur les aides de M,
Lassus. La ville de Chartres peut témoigner que ces
deux jeunes gens ont réellement montré pour la
science, sur la cathédrale d' Chartres, le courage que
déploient (les soldats sur un champ de bataille. Dix
plans des clochers pris à diverses hauteurs, tous les
détails d'ornementaiion et de moulures à seize cen-
tiinèiies pour mètre, exposés avec la façade, témoi-
gneront de la rguenr apportée dans le travail. Outre
ce grand dessin de la façade occilentale, M. Lassus
exp 'Sera deux fac-s'mile de vitraux, dont l'un, re-
mar(|ué an sahm de 183(5, sera réexposé en gravure
réduite et coloriée. Il représente dans le plus grand
déiail les curieuses aventures de l'Enfant prodigue.
Sur l'autre, qui se calqne en ce moment, est peint»
la légende de saint Ensiache, une des plus belles
qu'ait inventée l'imagination des chréliens de l'O-
rient.
t Le spécimen de la monographie archéologique
de Chartres se composera de quatre-vingt-onze figu-
res desxii», xiii', xiv« et XVI" siècles; de deux gran-
des verrières du xm« ; de plusieurs plans, de diver-
ses feuilles de profils et d'ornementaiion, et d'im im-
mense dessin d'architecture qui, à lui seul, donnera
des échantillons considérables de tous les styles du
XII* au XVI' siècle. En effet, la façade presque en-
tière et le vieux clocher sont du xii" ; le clocher neuf
app H tient au xvt«, gothique, tandis qu'au xvi', en
style de la renaissance, a élé construit un charmant
bàiiment oùe-t logée l'horloge; les porches et le
haut delà façade occidentale datent du xiif; au xiv<=,
on a élevé la sacrisiie dont on verra tout uu côié.»
Les paroisses de Chartres étaient autrefois au
nombre de sept : Saint-André, Saint-Aignan , Saint-
Martiiwlt-Viandier, Saiiite-Foy, Saint-Michel, Saint-
Saturnin et Saint-llilaire. Parmi les monastères ,
il faut placer en première ligne l'ahbaye de Saint-
Père, de l'ordre de saint-Benoît, laquelle fut, dit-on,
bâtie pour la première fois vers l'an 8*5, et détruite
bieiiôt après par le» Normands :Gnla reconstruisit plu-
sieurs fois depuis ; l'abbaye de Saint-Jean en Vallée,
fondée en 1099, par Yves, évêque de Chartres; celle
de Saini-(. héron, bâtie en 65S,eldotéep.rClotairellL
La plupart de ces monuments n'existent plus. L'é-
'g ise Saint-André, dont une arche, jeiée d'un côté
de la rivière à l'autre, supportait le chœur, est cou-
verlie en magasin, et tombe en ruines : la partie
construite sur l'arche a même été détruite entière-
ment; l'arcade seule a été conservée. L'église Saint.
Aignan et celle de l'abhaye Saint-Père sont conser-
vées. Celte dernière a éié dédiée dernièrement sous
le tiirede Saint-Pierre. nàtieenH70, par Ilildiiard,
-eligieuv de l'ordre de Saint-Benoît, elle se compose
50."> GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE
d'une nef el de deux bas-côlés sans croisée ; elle esl
d'une arcliiiectiire gciihique peu ornée; les viiraui
sont beaux, ei paraissent dater du xui' ou du xi\"
siècle. La chapelle du fond esl décorée des fi.^ures
en émail des douze apôtres. Ces émaux viennent du
cliâteau d'Anei ; les liguies sont de grandeur demi-
naturelle et d'un bon dessin. Tout dans cette ville
parle des temps anciens ; les rues sont étr^ iies,
liuUenienl alignées, et en général mal pavées; la
plupart de celles qui suivent la penie de la colline
ont la forme d'escaliers ; les maisons, presque toutes
en bois et en lerre, sont d'une mauvaise construc-
tion : un grand nombre ont encore des pories en
ogive, où l'on retrouve sculptés des monuments go-
tliiques. La partie inférieure de la ville basse est
traversée par les deux bras de l'Eure, dont l'un coule
en dedans, l'autre en dehors des remparts : elle n'est
pas plus moniueuse que la ville hauie, mais elle est
plus mal percée et plus mal bâtie. Un y trouve ce-
pendant une je ie place, celle Sa nt-Pierre, bordée
de deux allées d'arbres e( aliénant à l'église de ce nom,
laquelle est elle-même aliénante au couvent de bé-
nédirlins dont elle dépendait, etq'ii e-t aujourd'hui
converti en caserne. Dans la ville h.iule sont les
deux places du marché aux gr;iiiis ei du rnaiclié aux
herbes. La pieuiière, carrée et médiocrement grande,
est le cenir.- des gieniers de la Beauce ; la seconde,
celle du marché aux herbes, présente un carré long,
et n'était remarquable qui- par le niausolée, en forme
d'ohéliS'iue, élevé à la inémnlre du uicnéral Marceau,
natif de celle vile, qui, sold t à IB iurs, général à
25, el mort à 27 à Alienkirken, le trniiiènie jour
conipléineritaiie de l'an iv, bit un des héros de la
nouvelle France. .\ s:i uior t, sa dépouille mortelle,
respectée par les enmmis, lut rendue à ses (amara-
des avec toutes les m:.rques de la plus grande ad-
niiratinn. Urre autre place, la plus belle de toutes,
celle des Barricades, est hors des murs, entre la
porte des Epars et les principales promenades. C'est
là qu'abiiutissent les (rois avenires de Paris, deMin-
tes et de Bordeaux. La fontaine minérale, varrtée
par quelques auteurs conrme souveninc contre les
maladies chroniques, est peu connue des habitants,
ainsi que des médecins, et n'est pas plus fréquentée
pal' les uns qir'ordoirnée p.;r les aulres. L i biblio-
thèque, fort grande et fort belle, mais peu suivie,
er.t coiniiQsée de 50,000 volumes. — Les pâtés de
Chanres sont trop connus dans les annales de la
g.isiri'iiomie pour pouvoir éire passés sous silence ;
ils srint exportés prirR-ipalement à Paris, où l'on en
fait de la même iiualité el au même prix qu'à Char-
tres. Une opinion proverbiale et populaire vent i|u'il
y ail beaucoup de bossus dans celle ville; on n'en
trouve cepend. ml pas là plus qu'ailleurs. — Chartres a
vu nattre beaucoup d'hommes célèbres et quelques
grands hommes : Foulques ou Foucher de Chartres,
im
se (il jésuite en 154i, dés les premiers temps de
l'existence de la compagnie, et devint sécréta re de
saint Ignace; Philippe Despories, poète du ivi"
siècle; Mathririn Régnier, son neveu, le premier de
nos satiriques; Etienne d'Aligre, garde des sceaux;
Pierre Nicole, l'une des gloires de Port-U'yal; An-
dré Kélibien, de l'Acadéaiie des Inscriptions, et ses
deux fils, Jean-François ,-i Michel, lederrrier auieur,
avec dora Lobineau , d'une Histoire de Paris, en 5
vol. iii-fol. ; Jean-Baptiste Thiers, anienr d'un tr.iité
des superstitions et d'un grand nombre de disser-
tations historiques, mort en 1703; D.illinval, auteur
comique ; Dussaulx, traducteur de Juvénal; Brissot
de Warville, député à l'assemblée législative et à la
convention; Péiion, maire de Paris; Marceau, dont
il a déjà été question; CoUiu d'Hirleville ; cnfia
Ghauveau-Lagarde, avocat, défenseur de la reine
Maiie-Antoinetie, et Chevard, auteur d'une ex-
cellente Histoire de sa ville natale.
Castaneium vet Castenidum, Chaienay-lès-Bagneux,
paroisse du diocèse de Paris , canton de Sceaux,
dép. de la Seine, située sur la pente d'un coteau qui
regarde l'orient, à 1 kil. sud-ouest de Sceaux el 10
kil. sud-ouest de Paris. La populalioii est d'environ
850 habitants, y compris les hameaux d'Aunay. du
Malabry, du Peiit-Charabnrd el les maisons isolées
dites le Pctii-Chàienay, le Val-du-Loup et le Pavil-
lon de Malabry. Ce village doit son surnom de tè»-
Bagneux à Bagneux,qui était la paroisse la plus con-
sidérbleella (ilusvoisinedans un t' mpsoù Sceirui,
le Bourg-la-Reine et le Plessis-Picquet, qui l'en sé-
parent aujo.iid'hui, nexistaie it pas ; au resie, co
surnom ne lui lut donné que pour le distinguer des
autres villages appelés aussi Chàleninj , et nnii parce
qu'il anrail éié une dépendarrce de Bagrreux ; car,
quoique celui-ci date de Ion haiil,Chàii;nay panit en-
core plus ancien. Le livre d'Irminon, abbé de Saint-
Gerniain-des-Piés, soiisCbarleinagne, parle de Cha-
teiiay, C'ns(«n!(ium, comme voisin de Verrières. Dans
une charte du ix' siècle, Chàtenay esl compris avec
Bagneux sous le nom de Castaneium, parmi les biens
confirmés au chapitre de Paris par Charles le Sim-
ple : la même conOrmaiion est portée dans une au-
tre charte de Loihaire et Louis, de l'année 980 ou
environ, où on Irt Casianentm cum ecdesia. Quant à
l'éiymologie du nom de Châienay, elle vient évidem-
ment des châtaigniers qui croissaient sur son lerrî-
toire, très-propre à la production decesarbres.à cause
du sable dont il esl composé en grande partie.— L'é-
glise de ce lieu, dédiée à Saini-Germain-l'Auxer-
rois, a été rebâtie dans le dernier siècle, et la porte
en a éié élargie et refaite entièreiuent en 1807 : ce-
lerrdanl plusieurs de ses pallies a:innncent une cons-
truction f'irt ancienne. L'abbé Lebeuf remarque qire
les pilastres et chapiteaux qu'on voit dans le chœur
annoncent, par leur style, une construclb.n du xiil»
qui suivit la première croisade el fut chapelain de siècle- il fait remonter au siècle précédent ceux qui
Baudouin I", roi de Jérusalem; Amaury de Char- sont sous la tour qui sert de clocher. Cette tour,
très, hérétique du xiii« siècle; André De»lieux, qui élégamment iraraiUée, avait, selon le luéme f,uiear.
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
307
SOO ans d'antiquité ; mais elle ne peut être aussi an-
cienne que le préieud cet historien, qui n'a pas re-
marqué, sous la clef de la voûte de la chapelle laté-
rale, dédiée à sainte Geneviève, celte date mcccciix,
et surtout les colonnes de l'église, qui appariiennent
à la même époque. On voyait dans le saiictiinire de
cette église, du cûié du nord, une plaque de marbre
noir, qui a depuis été enlevée et a fait partie du ca-
binet de M.Giffard : elle rappi;laii qu'en 1715, l'ahbé de
Malezieii y fut sacréévéque de Lavaur. Cet abbé était
fils de l'illuaire INicolas de Malezieu, chancelier de
Domhes, chef des conseils du duc du Maine, l'un des
quarante de l'Académie française et honoraire de
l'Académie des sciences. Poète, orateur , philoso-
phe, astronome, géomètre, il excellait encore dans
lous les talents de l'esprit qui peuvent faire briller
dans la sociéié. La duchesse du Maine se l'ai tacha
particulièrement, et pour l'avoir plus près de s-a rési-
dence de Sceaux, elle lui donna une jolie maison à
Cliàtenay, qu'elle augmenta d'un bel appartement et
d'une galerie. Le duc du Maine ajouia à ce présent
la seigneurie qu'il avait à Cbàienviy. Le savant Male-
zieu y avait fait construire une espèce d'observatoire,
d'où il Cl plusieurs découvertes astronomiques con-
signées dans les mémoires de l'Académie des scien-
ces. Les journaux du temps contiennent les détails
d'une fêle brilbnie que donna cet académicien dans
sa maison deChàienay,le 5de ce même moisd'aoùl,
à l'occasion de la célébration que Ùl l'abbé de Maie-
rien, son (ils, de sa première messe, dans l'église de
ce lieu, en présence du duc et de la duchesse du
Maine, et d'une partie de ce qu'il y avait de plus dis-
tingué à la cour. Ce savant fui inhumé dans la nef
de cette église en l'J27. — L'égli«e de Chàtenay ren-
fermait plusieurs tombes des xiii« et xiv« siècles.
Vers 1740, en fouillant dans le choeur, on trouva 10
ou 12 tombeaux en pKître, dans chacun desquels il
y avait un pot de terre giise à petites bandes rou-
ges, rempli de cendres et de charbon : il y avait de
plus dans quelques-uns une petite fiole. On trouva
de semblables pots dans d'autres cercueils décou-
verts dans le cimetière de la paroisse, éloigné du
village d'environ un kil. L'usage de ces vases, desti-
nés à l'eau bénite, à l'encens, au charbon, indique le
xii« ou le xiii' siècle, d'après ce qu'on lit dans Be-
lelh. Celle église appartenait dès le x* siècle, au cha-
pitre de Paris, qui plus lard, et principalement de-
puis le xu* jusqu'au xv« siècle, acquit par diverses
donations et legs pb:sieurs droits temporels sur
Cliâienay. Les chroniques du temps iious appren-
nent que les habitants de ce lieu ne cessèrent d'ê-
tre serfs du chapitre de Paris qu'en l'i66, moyennant
la somme de liOO livres. — Ce village offre le ta-
bleau d'une population laborieuse ; les productions
du territoire se bornent à des grains eu petite quan-
tité, quelques vignes et des arbres fruitiers. — Beau-
coup de jolies maisons de campagne sont situées dans
celte commune : on peut citer celles qui ont appar-
tenu à l'ancien évèque de CazaI, M. de YiUaret, au
308
comte Lenoir de La Roche, au marquis de Château-
Giron ; ces deui dernières à Aunay; au vicomte de
Chateaubriand, au Val-dii-Loup , et enfin à Mme la
comtesse de Boignes, dans laquelle Voltaire est
né le 20 février 1694.
Castaneium in Francia, Cliaienay-en-France, pa-
roisse de l'ancien diocèse de Paris , maintenant de
celui de Versailles , canton d'Ecouen , arrond. de
Fonloise, Seine-et-Oise , située sur une hauteur à
7 kil. nord-est d'Ecouen, à 53 de Versailles , à 24
nord de Paris. La population n'est que de 125 ha-
bitants environ. — Les auteurs du Dici. univ. de
France y comptaient, au milieu du dernier siècle,
ISO hab. — Ce village a été surnommé de France ,
pour le distinguer du précédent ; au reste, beaucoup
de villages ont reçu ce nom de Chàienay : il vient
sans doule, comme l'indique le mot latin castane-
tum , des châtaigniers qui étaient plantés en grand
nombre dans leurs environs. Châteiiay-en-France
n'est connu ijue par son église. Dès l'an 1097, il en
est fait mention dans l'acte de donation qu'en fit
Guillaume , évèque de Paris , au prieuré de Saiiit-
Mariin-des-Champs ; cet acte porte ces mots : Attare
villœ quœ dicitur Caslaneium. Une bulle d'Urbain II
la nomme Ecclesia de Castenio : diverses autres
bulles désignent ce village par la dénomination de
villam Castaneum et lillnm de CasUmeo. L'église est
petite: dédiée sous l'invocation de saint Martin, elle
le fut de nouveau , sous le même titre, en 1578 ; le
chœur en a été renouvelé , l'an 1045, aux dépens de
Jean-Bapliste-Amador de Richelieu, abbé de Marmou-
tiers et prieur de Saint-Mariin-des-Champs , et, en
cette qualité, seigneur de la paroisse. Dans le der-
nier siècle, le reste de l'église fut réparé autmt que
pouvait l'être un si ancien monument, et on a ajouté
une aile du côté du midi. Le terroir est en terres la-
bourables, avec quelques vergers et arbrisseaux.
Cuslellio sub Banniola , Chàtillon-sous-Bagneux ,
paroisse du diocèse de Paris, canton et arrond. de
Sceaux , à 3 kil. nord de cette petite ville, à 6 sud-
ouest de Paris. La population est de 1400 habitants
au moins, y compris le hameau dit le Petit-Châtit-
lon. — Ce village , situé dans le carré que forment
les villages de Vanves, Bagneux, Clamart et Fonte-
nay -aux- Roses , est bâti sur une éminence, dans
une de; plus belles situations des environs de Paris.
De là , en effet , on découvre tous les édifices de la
capitale, le cours de la Seine, le Calvaire, Yincen-
nes et les hauteurs de Montmartre. L'aspect de la
campagne environnante offre un tableau d'un autre
intérêt : on n'aperçoit que des plantations de ceri-
siers , de rosiers , de groseillers : des noyers nom-
breux s'élèvent au-dessus de ces jolis arbustes , et
de grandes plates-bandes de fraisiers parfument les
jardins. — Chàiillon n'était originairement qu'una
terre dépendante de Bagneux. Philippe !«■■, par une
charte de l'an 1061, la donna à l'abbaye de Saint-Ger-
main-des Prés en échange de son ancienne terre de
Combs-Ia- Ville, dont il ne pouvait plus la faire jouir,
309
l'ayint lui-même rendue à Eudes, fils de Manassés,
conue de Moiu-Didier, aux aricéires duquel elle avait
appartenu. Toul le canton enviionnaiil Bagneus
était alors appelé Banniola ou Banniolœ , parce que
c'étaient les limites de l'étendue aujourd'hui appelée
banlieue; mais depuis qu'on eut bâti un petit château
dans la portion appartenant ;i l'abbaye de Saint-Ger-
main , ce quartier-là prit le nom de CliAtillon. Le pre-
mirr titre où ce lieu est désigné sous ce nom , est
une sentence arbitrale insérée dans le cartulaire de
Notre-Dame-des-Champs, fol. 28. Il y est dit que
Boucbard , maire de Bagneux, reconnaît tenir de
Robert, prieur de ce monastère, un demi-arpent de
vigne , inler Casiellioneni et Clemaràum. — La peti-
tesse de l'église de (Jhâiillon , rebâtie sous Charles
'Vil, fait voir que ce village était peu de chose dans
son origine. Elle ne peut avoir été érigée en paroisse
que dans le xiv' siècle au plus tôt, puisque le pouillé
du xiii<' n'en parle point. Le chœur paraît être de
l'an 1400 environ: le reste est plus nouveau ; la
leur, en particulier, qui est bâtie sur le côté du
frontispice, ne peut guère dater que de 1600. Elle
est d'une grosseur considérable , d'une élévation
proportionnée à celle de l'église , et ornée de volutes
qui la feraient approcher de l'ordre ionique. (Jette
église réparée en partie en 1610, le fui en entier
en 17il. Elle est sous l'invocation de saini Philippe
et saint Jacques, sans doute par déférence pour
quelque donateur du nom d ; Philippe ou de Jac-
ques , qui avait fourni de quui la rebâtir ; car elle
n'était auparavant qu'une chapelle sous le titre de
Saint-Eutrope, et la permission accordée, en 1541,
au curé et habitants de faire dédier leur église, porte
la condition de célébrer cette dédicace le jour de
Saint-Eutrope. La nomination à la cure de celte
paroisse appartenait à l'archevêque de Paris, sui-
vant les pouillés de 162tj et 1648 ; cependant une
copie du pouillé de Paris, écrite au xvi' siècle,
parlant de la collation de la cure de Châtillon, porte
ces mots : capitulum parisiense vet episcopus. La to-
talité des dîmes de cette cure, dont le territoire
avait été pris en partie sur celui de Clamart , ne
s'étendait que sur 800 arpents. Aucune des sépul-
tures de cette église n'est remarquable par ses or-
nements et on n'y lit aucune épitaphe ; mais on dis-
lingue celle de la famille Tardieu , dont il sera parlé
dans la suite de cet article. La principale seigneurie
de Châtillon appartenait à l'abbaye deSaint-Germain-
des-l'rés , par la donation de Philippe \", Ce mo-
nastère acquit eusuite, de Jean de Montaigny, pour
une somme de 14.5 liv. parisis, la voierie de ce lieu
et tous les droits que ce seigneur y avait en vin ,
avoine et argent ; cette cession fut confirmée par
des lettres de Philippe-Auguste, de l'an 1-202. Ou
trouve un Germain Braque , seigneur de Châtillon ,
dès 1U5. Richard Tardieu, seigneur du Ménil, ac-
quit, vers 1000, les droits de l'abbaye de Saint-Ger-
main, et , après sa mort, arrivée à Paris le 20 oc-
tobre Itîe , son corps lut transféré à Châtillon , et
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. tl^
inhumé le 5 novembre de la même année dans un
caveau construit sous la chapelle de la \'ierge, pour
servir à toute sa famille. Le 27 août 10I3S, ce caveau
reçut les corps de Jacques Tardieu , lieutenant-cri-
minel au Chiielet de Paris, deuxième seigneur de
Châtillon depuis l'aliénation , et de Marie Ferrier,
son épouse, assassinés dans leur maison à Paris ,
quai des Orfèvres , par les deux frères Toucliet , le
jour de saint Barthélémy, 24 du rnème mois d'août
1665. Ce sont ces deux époux , dont l'avarice éga-
lait les grandes richesses , que Boilcau a dépeints
dans sa 10' satire :
Comme ce magistrat , de hideuse mémoire ,
Dont je veux bien ici te crayonner l'histoire , etc.
Cette famille a donné son nom au beis taillis <itué
au haut de la montagne que l'on rencontre à droite
en allant à Meudon , et que l'on appelle encore Bois
Tardieu. Colbert acheta celte seigneurie à ces mê-
mes Tardieu , et le duc du Maine la posséda après
lui. La terre de Châtillon avait eu , comme plusieuri
autres , un seigneur du voisinage pour protecteur.
Jean d'issy, écuyer au xiii» siècle , en possédait les
droits, qui consistaient en une redevance eu grains:
ce droit s'appelait l«»sam«»«!(m. —Aucommeiicement
d'octobre 1417, Jean, duc de Bourgogne, partant
pour le siège de Montihéry , vint camper sur le»
hauteurs de Châtillon , et se reposa conire un arbre
où il fit suspendre son étendard de guerre. Les An-
glais y avaient campé au siècle précédent, lors de
leur invasion en 15S8. En 1815 les Anglais , qui
avaient passé la Seine à Sèvres, occupèrent les
hauteurs du village et se répandirent dans les envi-
rons. Châtillon eut alors le sort commun à tons les
villages occupés par l'ennemi : il fut pillé entière-
ment. — Le fameux diacre François Paris, dont les
jansénistes ont fait un saint, et quia laissé plu-
sieurs ouvrages de piété dans les idéei du jansé-
nisme, était de Châtillon. Né dans le xvii" siècle, il
mourut le 17 octobre 1718. Ce fut sur sa tombe ,
dans le cimetière Saint-Médard, qu'eurent lieu les
scènes s-i ridicules des convulsions qui troublèrent la
première partie du xviii= siècle, et dans lesquelles
le parlement de Paris intervint d'une manière peu
honorable. — Le terroir de cette commune est 6n
terres labourables et vignes, les légumes qu'on y
recueille sont très-esiimés. On y trouve beaucoup
de carrières de pierre de liais et moellons, deux
de pierre à plâtre et deux fours à chaux. L'une
de ces carrières est remarquable par une galerie
souterraine et rampante Jusqu'à la profondeur de
85 pieds. Cette galerie est d'une pente si douce,
qu'une voilure attelée de trois chevaux peut y
descendre et en tirer la pierre qu'elle fournit. —
On voit auprès de ce village tes restes d'une an-
cienne tour, qui paraît avoir fait partie des fortifi >
cations bâties jadis dans ce lieu , et qui lui firent
donner son nom de Châtillon. Cette tour s'appelle
vulgairement la tour d* Crouy.
511
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
512
Ca^leUio vel Cnstriim ad Brigensem sallum, Clià-
tres-en-Brie, paroise de i'iincieti diocèse de Paris,
maiiileii»iit de celui de Meaux, canion de Tournan,
arrond. de Meluii, Seine-il Marrie, située dans une
plaine à 4 kil. sud-esi de Tournan où esl le bureau
de pdsie, à 34 ouesi de Paris. La popul. esl de ô60
Labiianls environ. Des litres du ïii« siècle, les pre-
miers dans lesquels il soit parlé de ce lien , le nom-
ment indiféreinmenl Casirum ou Casira. De Valois
prétend que ce nom, commun à plusieurs autres
lieux. Tient de ce que les Romains y avaient eu au-
trefois des caïupeiiienis. Il n'y a rien de remarquable
dans l'église, que l'antiquité du chœir, où l'on voit
des piliers très-massifs duniinés pur des cliapiieaiix
i feuillages grossiers, teU qu'on les coiisiruisaii sur
la fin du xii' siècle et au coaiinencement du suivant.
On y reconnaît saint Antonin, martyr de Painier» ou
d'Apamée, pour patron, sans en savoir la raison et
sans en conserver de reliques, l^et Antonin ne pour-
rait être que le disiiple de saint Denis, qui portail ce
non) , et qui serait décédé en ce lien ; mais la faus-
(eté reconnue des actes de saint Sainlin, autre dis-
ciple de saint Denis, et préti'ndu cvêqne de Meaux,
fait assez présumer qu'il en esl de même de ce qu'on
attribue à Aniimin, quoique cette fausseté, se'on
l'abbé Lebeuf, ne doive pas s'étendre sur l'existence
des personnes dont les noms étant romains, ne sont,
dit-il, nullement réeusables. O/i bonore aussi dans
l'église de Châtres saint Félix , dont l'image le re-
présente vètn en prêire, il y avait autrefois un grand
concours de peuple pour réclamer son intercession,
et cependant sa fête n'y est point célébrée. La nomi-
nation à la cure de celte paroisse a|iparieiiait, dès le
xui* siècle, au prieur de la Celle, ordre de Saini-Be-
noli, au diocèse de Meaux, dont le titre était atiaclië
au séminaire des Missions Etrangères, à Paris. Le
prieuré de Saint-Mariin-des-Cbamps a eu à Chaires
une dîme conlimiée par Thibaut, évêque de Paii^,
veri l'an IISO ; mais dès longienips avani la révolu-
lion, il n'y avait de gros déciinaieur que l'abbé d'Iler-
niùres. — La seigneurie de Châtres a très-aneienne-
ment appartenu aux sires de Gourlande. En 1580 ,
un Médéric de Donon, contrôleur des bâtiments du
roi, comparut comme seigneur de ce lieu, pour la
rédaction de la coutume de Paris. Des lelt.-pat., en-
registrées le 6 juillet 1677, portent érection de celte
terre en chàtellenie, en faveur de Henri Binet, maiire
des comptes, procureur général de la reine. Le mar-
quis de Ségur, ayant épousé la fille unique de Rinet,
devint seigneur de Châtres. En 1700, un Beringhen
était coseigneur avec ce marquis, et depuis, cette
terre était restée aux Beringhen , comme attachée à
celle d'Armainvilliers. —La tradition du lieu était
que les rois de France y avaient eu une maison de
plaisance au xiv« siècle; que Charles V y était venu
quelquefois , et y avait signé des lettres; mais on ne
eonnalt aucune de ces lettres où soii le nom de Châ-
tres-en-Brie.
Catullio ad Sequanam, Châlillon-sur-Seine, ville
de l'ancien diocèse de Langres, aujourd'hui de celui
de Dijon, chef-lieu d'ariond. du dépi. de la Côie-d'Or,
à 80 kil. nord-nord-ouest de Dijon, et à 240 esi-sud-
est de Paris. Cette ville faisait partie du duché de
Bourgogne. Saint liernard y a été élevé. Elle est cé-
lèbre dans l'histoire contemporaine par le congrès
qui s'y tint en 1814, sous le nom de Conférences de
Châtillon, entre Napoléon et les puissances coalisées.
Châtillon e»l aujourd'hui une ville de commerce et
d'industrie : ses environs sont riches en mines de
fer. Le papier, les laines, les fers, les vins, les grains
et les bois sont pour elle autant d'objeiid'exporiation.
Les exirémités de cette ville sont fort élevées, et
le milieu dans un fond, ce qui forme une espèce
d'amphiihéàire. Quoiqu'elle n'ait qu'une enceinte, elle
est néanmoins partagée par la rivière de Seine en
deux espèces de villes, dont l'une est appelée Chau-
mont, et l'autre le bourg. Le circuit de celle ville
est d'environ trois mille cinq cents pas.
A l'extrémité du quartier de Chaumont, on voit
une espèce de maison seigneuriale, qu'on croit avoir
été bâiie par le chancelier KoUin. De l'autre côté et
à la porte sont les ruines d'nn ancien château, qui
était la demeure ordinaire des premiers ducs de
Bourgogne.
Il n'y avait qu'une seule église paroissiale dans
Châiillon, et deux succursales. La paroissiale était
dédiée a saint Vorle, si connu par ses miracles, et
si fameux dans l'hisioire de Contran , roi de Bour-
gogne. Les deux autres étaient dédiées à saint Jean
et à saint Nicolas. On comptait dans celle ville un
couvent de Cordeliers, un de Feuillant», un de Capu-
cins, un de Bénèdiciines, un d'Ursulincs, et un de
Carmélites. L'Iiôpiial de Saint-Germain a été fondé
pour loger les pauvres passants, qui pouvaient s'y
reposer pendant deux jours, et celui de Saint-Pierre
pour les pauvres. Sa population est de près de 6,U00
habitants.
Casiellio supra Lonium, vel lupra Legnium, Chà-
lillon-sur-Loing, peiite ville de l'ancien diocèse de
Sens, actuellement de celui d'Orléans, chef-lieu de
canion, arrond. de Moniargis (Loiret), située dans
une vallée agréable sur la rive gauche du Loing en-
tre Briare et .Moniargis, à "28 kit. de l'une et de l'autre
de ces deux villes, à bS d'Orléans, et loi sud-sud-
eslde Paris. Long.20°50, lat 74* 49. Sa population, qui
n'était que de 16U0 h. au milieu du siècle dernier, est
actuellement de plus de 2,400 : celle du canton en-
tier s'élève à 10,000 hab.— 11 y avaii dans cette ville
un couvent de filles du Saint-Sacrement et une collé-
giale sous le titre de Saint-Pierre, fondée, en i-209,
par un archevêque de Sens, et dont le chapitre était
composé de 10 chanoines, non compris le doyen, un
chantre et un trésorier. Les archevêques de Sens en
conféraient touies les prébendes. Aux xii' et xiii*
siècles, les anciens seigneurs qui étaient de la mai-
son de Meluii, embellirent cette église, et y dépo-
sèrent [ilusieurs reliques précieuses; au itv« siècle,
ceu&delafafflilledeBragnequileur succédèrent, aug-
513 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
nien(èrent encore ces trésors. ChAiillon passa entuitu jusqu'au 18 août 1786, époque
par héritage daos la maison deColigny. Eu 1359, celte
ville hi pri>e, pillée et brûlée par un capitaine
liuguenol nommé Perrin Canoble. En 156i, elle
éprouva encore un dévisire plus complet de la part
des religionnaires. Les reliques de l'éi^lise collégiale
furent profanées et plusieurs cbanoioes massacrés.
Châtlllon demeura au pouvoir des calvinistes, pour
lesquels l'iimiral de Coligny el le cardinal sim frère
s'étaient déclarés, jusqu'en 1369, qu'il fut repris par
les catholiques. Pemlant cette guerre civile, Chà-
tillon devint tour à tour la proie des deux partis.
Les malheurs de celte ville cessèrent lorsque le pe-
tit-fi's de l'amiral abandonna la cause que bon
grand-père et ses grands-oncles avaient soutenue
avec tant d'ardeur. Il obtint, en 1648, l'érection de
UbàtiUon en duclié-pairie. Son fils unique ayant été
lue pendant les troubles de la minorité de Louis XIV,
ta veuve, sœurdu maréchaldeMontu orency-Ln.\em-
bourg, eut Cbàtillon pour ses reprises; elle le liissa
par siin t'Stameiil à Paul-Sigisniond de Montmo-
rency, 5« (ils de François Henri, duc de Pniey-Lu-
xemliouig, en faveur duquel Louis XIV, en 1696,
en fil un duché simple béréditaire, sous le nom de
Chàiillon-Boiileviile, que portèrent les po.-sesseurs d«
Celle seigneurie. — On remarque auprès de celle ville
le cliàii au situé à mi-côie, rendu célèbre par le nom
de Cobgny qui l'a possédé. Du temps de la Fronde,
la pr:nces>8 douairière de Condé, forcée de quiiler
Par t nù die s'était introduite l'uiiivement, se relira
dans ce château, près de la duchesse de Cbâtillon,
et y miiurut le 2 décembre 1650. On voit aussi un
pool sur le canal. — Chaiillon renferme plusieurs
faliiiques de bonneierie et de chapeaux; il y a en
oiilre des tanneries et des labriques d<^ draps, dont
le conimeice est peu considérable. — Celle vilie a vu
naître François de Coligny, né en 1321, mort i
Sain es en 1509, d'une lièvre conligieuse , selon les
uns, el lie poison , selon d'antres ; il sijinala sa va-
leur d.ms II s guerres civiles. — Gaspard deColigny,
2* du nom : ses exploits le firent nommer colonel
d'inf:<nierie el amiral de FraiM.e. Il soutint avec in-
trépidité le parti calviniste. Un prcijet horribleayant
éclaié, M.iurevert, qui s'éiaa chargé d'assassiner
Coligny, lui tira un coup d'arquebuse d'une maison
du Chili e Saint-Germain-l'Âuxerrois, et le blessa
dangereusement. La veille de la fatale journée de
la Saiii;-Baithélemy, en 1572, le duc de Guise mar-
cha bien escorté à la maison de Coligny : une troupe
d'assassins y entra, ayant Besme à leur tèle. On con-
naît l'allueuiion que leur adressa l'amiral. Besme,
après l'avoir percé de coups, le jeta par la fenêtre
de sa cour, où le duc de Guise l'attendait. Son cada-
Tre fui exposé à la fureur du peuple, et enfin pendu
p.ir les pieds à Monlfaucoii ; il n'en fut détaché que
plusieurs jours après, el ses restes, recueillis par
ses serviteurs, après avoir été renfermés dans une
caisse de plomb, furent secrélemenl déposés dans
|«s caves ducbiteau de CliJiillon. Ils y demeurèrent
SU
à laquelle M. da
Montesqniou les obtint du duc de Luxembourg, sei<
gneur de ChÂlillon, et les fil transporter à Manper-
luis, où il les déposa dans une chapelle sépulcrale
construite exprès. Coligny était né en 1316, — Gas-
pard de Coligny, 5« du nom, maréchal de France et
guerrier intrépide, gagna la bataille d'Avein avec le
maréchal de Brézé. Il naquit en 158i et mourut en
1646.
I Chàiitloii-sur-Loire, petite ville du diocèse
d'Orléans, du dép. du Loiret, arr. de Gien, cli.-l. de
can., ci-dev. dans le haut Berry, dioc. d'Auxerre ;
elle est située sur la rive gauche de la Loire, a 5 kil.
de Briare, 12 sud-sud-est de Gien, 161 sud de Paris.
Sa pop. est de 2500 hab. env. Cette ville n'a rien
de remarquable.
Catiellio supra Mnironam , Chitillon-sur-Marne,
bourg de l'ancien diocèse de Soissons, actuellement
de celui de Reims, chef-lien de canlon de l'arrond.
de celle ville, situé sur une éminence dans une po-
sition fort pittoresque, prés de la rive droite de la
M.irne, à 10 kil. est de Dorinans, à 2i suduiiest de
Reims, à 14 ouest-nord-oue-t d'Epernay, à 136 nord-
esl de P. iris. PopuI ition , 1400 habitants environ.
Cete^ ctile vil e dontla seigneurie appartenait, avant
la révolution, à la maison de Bouillon, avait été cé-
dée, en 1542, à Frédéric Maurice de la Tour, duc de
B'iuillon, en échange de sa principauté de Sedan.
C'était une très-ancienne châtellenie, dont t'illustre
maison de Chàtilton tirait son nom et sou origine.
Ces seigneurs l'ont possédée jusqu'au temps de Phi-
lippe le Bel, qui acquit cette terre de Gjiiclier de
Chàtillon, connétable de l'rance. Les seigneurs châ-
telains de Chiiillon étaient vassaux de~ comtes de
Clianipa, ne. qui tenaient ce fief, ainsi que celui d'E-
pernay, de l'église de Reims. — Il y avait à Ciiàtil-
lon un petit prieuré de l'ordre de Saint-Augustin,
qui n'accordait pour tout rituel que 800 liv. C'esl la
patrie du pape Urbain II, qui fut en contestation avec
l'antipape Gui6er(, «t qui tint, à Clermont en Au-
vergne, le premier concile assemblé pour la con-
quête de la terre sainte, et qui donna lieu à la pre-
niiète crois^ide. Ce pontife mourut à Rome le 9juillet
1099.
Cattetlum Alveredissi, Alverdissen, château des
comles de Scbaumbùrg-Lippe, el bourg situé sur
l'Exter, petit affluent de la rive gauche du Weser,
à 20 kil. nord-est de la ville de Detmold, en West-
phalie. PopuI., 800 habitants.
Philippe, troisième fils de Simon VI, fonda la li-
gne des comtes de Schaumbourg-Lippe. Il eut pour
sa part Alverdissen, Lipperode et Uhlenburg. Eli-
sabeth, sa soeur, était mariée à George-Herraann,
C. de Schaumbourg ou de Holslein-Schaumbourg,
branche ainée de la maison de Holstein, qui s'étei-
gnit en 1459, el dont l'héritière, lledwige, avait
épousé Didier le Foriuné, C. d'Oldenbourg, et lui
avait donné Chri-iian l«^ qui fut roi de Danemark.
C'esl ainsi que les comtés de SIcswick et de Holsiein
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
310
passèrent aux rois de Danemark. Quani à la bran-
che aînée de la maison, elle possédait les comiés de
iSchaumbourg el de Pinneberg (qu'on appelait aussi
comté de llolstein) jusqu'en 1640 que mourut, .igé
de vingt-qualre ans, Ollon VI, f. de GeorgeHer-
niann et de celle Elisabeib, comtesse de la Lippe,
dont nous venons de parler. Olton VI, n'ayant pas
été marié, sa mère Elisabeib, qui vivait encore, se
porta comme son liériiière ab inteslai. Elle ne put ce-
pendant recueillir qu'une partie de la succession.
Christian IV, roi de Danemark, s'empara du comté
de Pinneberg, cl le partagea avec Frédéric 111, D. de
Holstein-Goitorp. Ces deux souverains obtinrent
aussi le désistement d'Elisabeth, moyennant 115,000
rixdalers qu'ils lui payèrent. Quanl au comté de
Schaumbourg, la maison de Brunswick el le land-
grave de Ilesse-Cassel en occupèrent des parties.
Philippe, comte de la Lippe, que sa sœur LIisabeih
ayait institué son héritier, épousa une fille du land-
grave, et eonidut un arrangement en vertu duquel
la moitié environ du comté de Sdiaumbourg ( dont
Riniein est la capitale) fut adjugée au landgrave;
l'autre moitié, renfermant Buckebourg et Stadtha-
gen, fut conférée au comte Philippe à titre de fief
hessois.
Les deux fils du C. Philippe fondèrent deux li-
gnes, dites de Buckebourg et d'Alverdissen. La pre-
mière s'éteignit en 1777 par la mort du comte Guil-
laume, feld-niaréclial au service de Portugal, et la
ligne d'.\lverdissen succéda dans le comté de Schaum-
bourg. Le comte de Lippe-Scliaumbourg accéda en
avril 1807 à la confédération du Rhin , il prit à cette
occasion le litre de prince. 11 est membre de la con-
fédéraiion germanii]ue, où il se nomme Pr. de
Scbaumbourg-Lippe; il p:iriicipe à la seizième voix
avant Lippe-Deimold; dans l'assemblée générale, il
siège également avant cette branche : il occupe la
trente-troisième place.
Les possessions du prince de Schaumhourg-Lippe
ont une surface de 9 m. c. g. (25 I. c.) et une popu-
lation de 25,700 âmes ; ou estime les revenus à
440,000 francs. Le prince est de la religion réfor-
mée, et réside à Buckebourg, petite ville de 3,800
habitants.
Castellum Barienii, vet Barienelii, Bartenslein, pe-
tite ville d'Allemagne, dans le royaume de Wur-
temberg, située sur une montagne, près de la rive
droiie de l'Ette, à 12 kil. nord-ouest de Gerabronn,
avec une population de 1200 hab. environ. II y n un
beau châieau, qui sert de résidence aux princes de
Hohenluhe-Bartenstein.
Castellum Isenburgi, Isenbourg.
Le château d'isenbourg, ou plus correctement
"ïsenbourg, dont on voit encore les ruines entre Co-
blentz et Audernacli, est le berceau de la l'amille de
ce nom, dont la filiation remonte juscju'au onzième
siècle. Ce château est siiué dans le comté d'isen-
bourg proprement dit, ou d'isenbourg inférieur, que
la maison ne possède plus. Ce comté , ainsi que ce-
lui de Wied, appartenait à la ligne aînée de la mai-
son qui s'esi éteinte en 1664 : à celte époque la mai-
son de Runkel, qui lui était alliée par mariage, hé-
rita du comté de AVied, ot l'électeur de Trêves,
comme seigneur direct, réunit le fief d'isenbourg.
La ligne cadette encore existante possède des ter-
res situées sur le Mein et la Kinzig, qu'on nomme le
comté supérieur d'isenbourg, quoique ce soit pro-
prement le comté de Bùdingen et une partie du
comté de Mûnrenberg; car celte ligne descend de
Louis, cadet d'Ise/ibourg dans le quatorzième siècle,
qui épousa l'hèriiière de Biidingen, et d'un de ses
descendants, Thierry, qui épousa l'héritière du dis-
trict de Dreyeichen, ancien domaine des comies de
Mùnzenberg. Cette maison s'est partagée en 1653 en
deux lignes, qu'on dislingue par les i;oms d'OCfen-
bach-Birsiein et Biidingen. Chacune s'est subdivisée
en plusieurs branches, mais nous ne parlons ici que
des branches principales ; la première porte le titre
de prince dont elle a été décorée en 1744.
Le prince d'isenbourg a été un des fondateurs do
la confédération rhénane, par l.iquelle il obtint la
souveraineté sur les autres branches de sa maison.
Celle principauté formait alors une surface de 15 m.
c. g., ayant 47,500 habitants, et rapportant 000,000
fr. à toutes les branches de la maison. Elle lut sé-
questrée en 1815 par les puissances coalisées contre
la France; néanmoins le prince obtint en 1815 la
resiiiution de sa part; mais non-seulemeni il perdU
la souveraineté sur les autres branches de sa mai-
son, il fut encore obligé de reconnaître celle du
grand duc de liesse. Il possède un peu plus de la
moitié du comté, avec Uffeubacli , jolie petite ville
sur le Mein. Il est de la religion réformée.
Castellum Laurenbitrgi, château de Laurenbiirg.
Ce château, situé dans ce qu'on appelle, depuis
1643 , le comté de Holzapfel, est le berceau de la
maison de Nassau. Otlon de Laureubourg, frèie du
roi Conrad 1*'', qui vivait dans le x° siècle, est regar-
dé, sinon avec certitude, au moins avec une grande
probabilité, comme la souche de la maison. Parmi
ses descendants on cite Walrave I'', qui, à sa mort
en 1020, laissa deux fils, dont l'aîné, Walrave II,
continua la ligne de Laurenbourg, laquellese nomma,
depuis 1181, d'après le château alors construit, de
Nassau ; le second, Olton, épousa l'héritière de Guel-
dre, et fut la souche des comies de Nassau-Gueldre
éteints en 1525. La filiaiion de cette maison, en tant
qu'elle est diploiuatiiiueraent prouvée, ne remonte
qu'aux deux frères Robert l*' et Ainould I"', nommés
comtes de Laurenbourg dans un diplôme de 112 i.
Leurs fils, Walram 1^'' et Robert II, accompagnè-
rent Frédéric I"' dans sa croisade, et furent envoyés
en 1189 à Constauiinople pour tr.ùicr avec l'empe-
reur Isaac II l'Ange. Robert II étant mort en Pales-
tine, Walram I«' recueillit toute la succession.
Ses petits-fils Walram et Olton partagèrent en
1255 les lerres de leur jère, Henri II le Riche. L'ainé
eut la partie méridionale, le cadet la partie seplenlrio-
517
nale de ses possessions
Walrani ei d'OUon, se sont perpéluées jusqu'à nos
jours. La cadette rè^'ne sur les Pays-Bas; ici nous ne
nous occupons que de la ligne de Walrarn.
Adolphe, fils de Walrani, fut élevé au irone d'Alle-
magne en 1292. Ne irouvant pas, comme son prédé-
cesseur Kodolplie de Habsbourg, des fiels d'empire
vacants dont il pût disposer en faveur de sa famille,
il acheta les margraviats de Misnie et deLusace;
niais celte acquisition l'enveloppa dans des querelles
qui lui toûtèrent le trône et la vie. Ses descendants
firent par mariage d'autres acquisitions moins impor-
tantes, telles que les seigneuries de Mehrenberg et
Bleiberg, celle de Lahr, les comtés de Saarbriiiket
Saarwerden. L'un d'eux fut créé en 1306 par Char-
les IV, prince d'empire; mais il ne lit pas usage de
ce litre. La maison s'était divisée en plusieurs
Lranches, qui s'éteignirent successivement, à
l'exception de la dernière, dont le chef, Louis II,
réunit en 1605 toutes leurs possessions. Ses fils fon-
dèient de nouvelles brancbes, savoir : Siarbriick,
Idsiein et Weilbourg. La branche d'idslein s'éieignil
la première en 1721 , Georges-Auguste, père de
douze enfants, n'ayant pas laissé d'héritier féodal.
La branche de Saarbrûck se subdivisa en 1755 dans
les branches de Saarbriick-Usingen et Saarbriick-
Saarbrûck. La dernière finit eu 1 71)7 , la première
en 1816. La branche de Weilbourg réunit alors
de nouTcau tomes les terres de la ligne de Walrani.
Les comtes de Nassau de cette ligne avaient pris
en 1C88 cl 1737 la qualité de prince, la concession d«
Charles IV ayant été renouvelée en leur faveur;
mais ils ne purent obtenir qu'en 1803 voix et séance
au collège des princes à la diète. Ils avaient perdu
p»r les guerres de la révolution une grande partie d«
leurs possessions, toute la succession de Saarbriiek
qui leur était échue en 1797, et plusieurs bailliages
Bilués sur la rive gauche du Rhin. Ils en obtinrent
une riche indemnité par le recès de 18113. Ils furent
parmi les fondateurs de la confédération du Rliin,
qui agrandit encore leur territoire et donna au chef
de la maison le titre de duc. Par des échanges faits
en 1815 avec la Prusse, les ducs et prince acquirent
une partie des possess ons de la ligne otionienne
de leur maison, et le comté inférieur de Kaizeneln-
bogcn. L'acte du congrès de Vienne reconnut en
outre leurs droits éventuels sur le grand-duché de
Luxembourg à l'extinciion de la ligne ottonienne.
Ils entrèrent dans la confédération germanique où
ils partagent avec Brunswick la treizième place;
dans l'assemblée générale ils ont deux voix et la
quatorzième place.
Le duché de Nassau, tel qu'il est réuni maintenant
en un seul corps d'étal, a une surface d'environ
102 m. c. g. {283 I. c.) avec une popul. de 3.50,769
âmes. La force niiliiaire esi de 3000 hommes.
Les finances de ce pays sont en bon état; les re-
Ycnus du duché sont de 2,600,000 fr. dont la moitié
provient des domaine», qui suffisent pour l'entretien
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. S18
Les deux lignes, dites de du duc et de sa cour. Celui-ci est de la religion refor-
mée et réside à Weilbourg et Diberich, petites villes
dont la première csl située sur la Lahn, l'autre sur le
Rhin, avec un magnifique château.
Casiellum Leani , vel Lyani, Leyen, château situé
«ur la Moselle, qui a donné son nom à la famille de
Leyen, qui anciennement portait aussi les noms de
Gonlroff et de Petra. Jean de la Leyen et Charles-
Gaspard, son petit-neveu, furent électeurs de Trêves;
le premier en 1570, l'autre en 1648. Son neveu, ap-
pelé aussi Charles-Gaspard, fut élevé à la dignité de
comte. En 1705, l'empereur lui conféra le comté de
Hohengeroldseck dans la Forêt-Noire, qui venait de
vaquer. Philippe, C. de la Leyen, neveu de l'élecieur-
archicliancelier d'empire, fut un des signataires de
l'acte de la confédération du Rhin, et prit le titre
de prince. Comme il n'avait pas été suffisam-
ment indemnisé, par le recès de 1803, des pertes
que la cession de la rive gauche du Rhin avait fait
essuyer à sa famille, le gouvernement français, vou-
lant le dédommager, imposa, par la convention du
28 févr. 1810, au roi de Bavière, l'obligation de lui
payer une somme de deux millions à charge de l'em-
ployer en acquisition de domaines en France. Les
cvénemenis de 1813 dépouillèrent c* prince de sa
souveraineté ; son comté de Hohengeroldseck devint
grand-flef de l'Autriche qui en 1819 en céda la suze-
raineté au grand-duc de Bade, et ses terres sur la rive
gauche du Rhin, auparavant soumises à la France,
furent, en 1816, soumises à la Bavière. La famille est
catholique.
Castelltun Ligeri, Château-du-Loir, ville du diocèse
du Mans, chef-lieu de canton de l'arrond. de Saint-
Calais, à 36 kil. nord-nord-ouest de Tours, 36 sud
du Mans, iO sud-ouest de Saint-Calais, et 192 sud-
ouest de Paris. Popul. 3600 habitants environ.
Celte ville est dans une situation charmante, au
confluent du Loir et de l'Ive. Elle est bâtie sur un
coteau qui domine la délicieuse vallée du Loir. Cette
vallée, une des plus belles et des plus riches de la
France, produit en abondance louies sortes de
grains, de fruits, de légumes, et surtout de fourrages
que fournissent les magnifiques prairies arrosées par
le Loir ; elle est bordée de coteaux plantés de vergers
et tapissés de vignes qui donnent des vins blancs
estimés : ces coieaux, qui longent le cours du Loir,
se composent, comme ceux des environs de Tours,
d'un roc tendre, où sont creusées un grand nombre
d'habitations sur deux étages, dont l'un presqu'au
niveau de la vallée, l'autre placé immédiatement au-
dessus, forment une espèce de terrasse qui domine
les environs, et offrent une situation des plus pitto-
resques. A l'exception du quartier neuf, la ville est
généralement mal bâtie, les rues sont étroites, mal
percées, montueuses et mal pavées. Les édifices les
plus remarquables sont : l'hôpital, les églises des
deux paroisses.
• Chàteau-du-Loir avait , autrefois les juridiclions
ordinaires, siège roval, élection, grenier à sel,
319
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
3S0
maîtrise des eaux et forêts, et maréchaussée. C'est
aujourd'hui la résiileiice d'un sous-iiisnecteur des
forêts, et le chel-lieu d'un collège communal. 11 y a
uuiiuieauet un relais de poste. — Cette ville est
fameuse dans l'histoire par un siège de sept ans
qu'elle soutint au XI' siècle contre Herbert, comte
du Mans, surnommé Eveille-cliien, q\i\ ni\\. prisonnier
Gervais, ëvéque du Mans, seigneur de Chàieau-du-
Lnir, pour le torcer à lui livrer cette place. Elle fut
prise en 1089 par Philippe-Aiignste. Dans la suite,
Richard, roi d'Angleterre, l'assigna comme douaire
à sa leninie, princesse de Casiille. Un incendie dé-
truisit, en 1798, un quart de la ville, ei, deux ans
après, une partie de son territoire fui dévasté par
une inondation. — Ce lieu a donné naissance à
Guillaume Desroches, sénéchal héréditaire d'Anjou,
de Touraine et du Maine ; à Robert le Maçon, cli m-
celier de France, et à McolasCoiffeteau, écrivain cité
pour modèle dans les remarques de Vaugelas„
Louis Xlll le nonmia successivement à trois évè-
chcs. Son Histoire romaine eut beaucoup de réputa-
tiun. — Chàteau-du-Loir a des manufactures de
toiles à voiles des filatures de coton et des tanne-
ries. Son commerce est er. grains, bois, fruits, chan-
vre, lin, gibier, volailles, bestiaux el »ins blancs. Il
est favorisé par la navigation du Loir, dont les eaux
sont abnildantes datis tontes les suisons.
Casiellum Paliiuv, Château de Palm. Il apparte-
nait, au moyen âge, à la maison de ce nom. Celte
famille est originaire de la bui>se. Les ruines du
château se voient encore dans le canton de Snleure.
On trouve les barons de Palm dans plusieurs di-
plômes du treizième siècle. Ils s'atiaibèrent à la
maison d« Habsbourg ; et l'empereur Rodolphe, pour
récompenser leur fidélité, leur permit de placer
dans leurs armoiries le lion roui:e de llabiibrurg.
Les barons de Palm furent dépouillés de leurs biens
en Suisse dans les troubles qui eurent lieu à la
niori de l'empereur Albert !«''. Ils embrassèrent
ensuite laréformaiion et s'établirent en Souabe. Une
des ligues de la maison qui porte encore le titre de
baron, est restée luthérienne ; l'autre, qui est l'ainée,
est retournée à la religion catholique. Jean-David,
baron de P.dm,se distingua au siège de Vienne. Par
son courage il parvint àmettreen sûreté la couronne
royale d'Hongrie qu'il sauva de Presbourg à travers
les armées ottomanes. Sun fils, Charles-Joseph, mort
en 1770, fut créé comte, et le fils de celui-ci en 1785
prince d'empire. Les princes de Palm possèdent,
outre de grandes terres en Bohême et Moravie, la
seigneurie de llohen-GundeUingen en Souabe.
Castellum Reginaldi, Château-Renault ou Regnaull,
petite ville très-ancienne du diocèse de Tours, chef-
lieu de canton de l'arrond. de cette ville, départ.
d'Iiidre-ei-Loire , dans une situation pittoresque au
pied et sur le penchant d'une colline, à 26 kil. nord-
est de Tours, et 176 de Paris. La rivière de Branle
ou Brenne h divise eu deus parties ; la ville haute
el la ville basse ; elle ne consiste guère qu'en une
assez belle place, qu'on traverse dans la ville haute,
et une fort vilaine rue, qu'on parcourt d;ms la ville
basse. L'ensemble présente moins l'apparence d'une
ville i|ue celle d'un grand village. Sa population
s'élève à 2500 habitants , y compris une partie seu-
lement de la ville basse, dont le reste dépend d'une
autre commune; celle du canton entier est de lu, 800
habitants. — Celte ville a pris le nom de Chiieau-
Renaull, Castellum Rainaldi ou Reginaldi , d'un cbà-
leau que Geoffroi de Chàteau-Gontier , filleul de
Geoffroi-.Martel, comte d'Anjou, fit bàiir à la fin du
XI' siècle, auquel il donna le nom de Regnault, qu'a-
vait porté son père et que porta son (ils atné. Elle
s'appelait, avant l'an IU48, Caramtnl, Caramenlum ,
ou Ville-Murand. Cette terre passa aux comtes de
Rloi», desquels Louis , duc d'Orliaiis, l'acquit en
1591; ensuite à la maison de Lungneville , puis à
celle de Gundi , et enfin à celle de Rousselel, en fa-
veur de laquelle elle fut érigée en maniuisal. Outre
l'église |iaruissiaie, qui dépendait autrefois de Saint-
Julien de Tours , il y avait i.n couvent de Curdeliers
et un de Capucins. Prés de Chàieau-Renault il exis-
tait, depuis lungteinps, un ermitage qui fut éii^é en
abbay, de l'ordre de CIteaux, l'an 1127, par un
des lïère^ Renault et quelques autres gentilshommei
des environs. En 1210, Isabel e de blois, comtesse
de Chartres , donna à celte abbaye un tuil'ier de ha-
rengs et deux cruches d'Iiuile tous les ans, à l'octave
de Pâques, à la charge de fa.re un service funèbre
pour elle et son mari. — Cbàteau-Renauli a, dans
son voisinage, une forêt très-abondante en gibier :
elle est à 3 kil. nord-est envirtin de cette ville ; sa
longueur est de 5,846 mètres (5,000 toises), et sa
largeur de 2, '117 mètres (1,50 toises). L'indu>trie
de cetie ville cousisie principalement dans se> fabri-
ques de draps comiuuiis, de bonneterie et de lapis de
pied; il y a aussi de nombreuses tanneries, des mou-
lins à tan, à t'oubm el à trèfle ; son commerce est en
buis, grains et cuirs. Elle a un bureau de poste.
Ca«(e./iim Wa/denburyi, Wabicnbourg, ville d'Alle-
magne, dans le royaume de Wurtemberg, sur une
montagne couverte de bois, à 8 kil. est d'OEhringen,
avec une population de 1500 habitants. Le château
appariieni aux princes de Ilohenlohe-Waldenbourg-
Scliillingsfiirst.
La maison de Hohenlohe est, non une des plus
puissantes, mais une des plus illustres d'Allemagne.
Elle descend J'Eberard, D. de Fiaiiconie, frèie de
Conrad l«r, roi d'Allemagne. Dans le partage du du-
ché de Francoiile, Craion, souche des coinics de
Hohenlohe, eut le district situé sur b- Tauber, le Jaxt
et le Kocher. En 1744, l'empereur Charles VII offrit
à cette maison la dignité de prince d'empire ; tette
faveur ne fui acceptée que parla ligne calette;
mais en 1764, Fr.ini,ois 1"'' déclara et reconnut les
comtes de Hohenlohe princes par leur naissance, et
éleva leur pays au rang d'une principauté d'empire.
Ils n'obtinrent cependant voix et séance à la diète
qu'en 1805 : on leur alloua alors trois voix au second
iii
GÉOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOTEN AGE-
sn
collège. Ils perdirent leur souveraineté par l'acie de
la conféilération du Rbin i)ui les plaçai sons celle du
roi de Wurtemberg, à l'exception d'une petite partie
de leur territoire qu'obtint la Bavière. Ce pays, fer-
tile et renommé pour les besii.iiix qu'il fournit (I), a
une surface de 22 m. c. g. (61 1. c.) et une popula-
tion de près de Ci, 000 babiiants.
Les princes de Hobenlolie se divisent en deux li-
gnes, dont l'une dite de Neuensiein, est liitliérioniie,
et l'autre, dite de Waldenbourg, caibolique. Le doyen
de toute la maison exerce une espèce de police sur
tons les membres de la famille : aiicim prince de
Hohenlobene peut faire dans S'in pays une disposition
impnrianie sans l'agrément de tous les agnats qui cor-
resfiondeni pour cela avec te doyen.
La ligne de Nenenstein se divise en trois braiicbes.
dites de Langenbourg-Langenbnnrg, Langenbnnrg-
Œhringen, et Langenbourg-Kirchberg. La ligne de
Wiildenbourg se divise en brancbes de B;\rit'nstein
et de Scbillingsfùrsi ; la branche de Bartenstein se
subdivise de nouveau.
La brancbe de Langenbourg-Langenbourg réside à
Langenbourg, ville et château situés sur une énii-
neiice au-dessus de la Jaxt.
La branche de Langenbourg-OEhringen portait
anciennement le nom d'Ingeiliiigen; elle a pris celui
d'OEhringen après rextiiiciion de la bnnche de ce
nom, en 1805. Elle réside à Œhringen, petite ville
sur rOhrn.
La branche de Langenbourg- hiircliberg habite
Kirchberg, petite ville sur la Jaxt avec un château
placé sur une éiiiinence.
■ Le prince Charles, frère de Louis-Aloys, prince
de Hobenlohe-Bartenstein, avait reçu à litre d'apa-
nage, la partie du bailliage d'Ubcrbronn en Alsace,
que la maison de Waldenbourg posséd^iit par ma-
riage. Ayant perdu cet apanage par la révolution
française, il en reçut une imleuiniiéen Allemagne, sa-
voir un district de l'évèché de Wiiizbouig, ayant
8500 habitants. Ce pays étant alors immédiat, le
prince devint le fondateur d'une nouvelle branche
régnante, et réside à llatenbergsletten.
Casionum, vel Catonum, vel Castonium, Chatou,
paroisse de l'ancien diocèse de Paris, actuellement
de celui de VersHilles, arrond. de cette ville , canton
de Saint-Germain-en-Laye, agréablement situé sur
la rive droite de la Seine, à 5 kil. de Saint-Germain,
9 de Versailles, et 12 ouest de Paris. Le chemin de
fer de Paris à Saint-Germain y a une station. La
popul. est d'environ l'200 habitants. L'abbé Lebeuf
remarque qu'en 1470, on ne comptait à Chatou que
30 hab. Le même auteur dit que, de son temps, en
1755, il y avait plus de cent feux, ce qui formait
environ 700 hab. — Leiymologie du nom de ce
village est absolument incertaine. On ne peut même
assigner son vrai nom latin. Quelques savants ont
voulu que Cbatuu fût le Captumcum où ont résidé
quelques-uns des rois de France, et d'où ils ont
daté plusieurs chartes. L'abbé Lebeuf réfme ce
sentiment. Lamartimèie, dans l'extrait de r.irlicle
Paris, de son dict. géog., lui donne k' nom de Calo-
nncum ; mais rien ne paraît confirmer l'exactitude
de celte déMomin;ili n. Les plus anciens tilies de
ce village, qui sont du xiii' siècle, le distinguent par
le mot Chato ; le pouillc étrit vers 1450 melChalou,
sans latiniser. Les catalogues des cures, donnés,
soit par Diilneuil, soit par d'autres, disent cura de
C/m(i/iif. Lebeuf dit avoir vu des provisons, datées
du 11 janvier 1475, où on lisait cura B. Mariœ de
Catlione. — L'église est sous le titre de la Sainte-
Vierge. Le chœur et \e'i chapelles de côté annoncent
une coiislruciiiin du xin' siècle. L;i tour du clocher
paraît êiieplus ancienne, et remonter au moins à la
fin du xti«. On lisait sur le côté septeniiional du
chœur, une insciiptinn lie l'an 1623, portant que
Thiim is le Pileur, seigneur ( hàtelain de Chatou et
du fief de Mallenoiie, et Anne Portail, sa femme, ont
fait beaucoup (le rép;iraiions et enibellissemeiits à
celle église en 1622. Dans la nef était une antre ins-
cription de l'an 1085, qui rappelait un legs fait % la
même église, par Gaspard de Marcy, recteur des
académies royales de peinture et de sculpture, pour
l'enlreiien d'une lampe et les frais de réraratiou à la
nef. — La seigneurie de Ch.ilou était partagée entre
des seigneurs séculiers, l'abl^iye de S lini-Denis, et
plus anciennement celle do Mallenoiie ; celle-ci te-
nait ses droits de l'acquisition qu'elle lit, dès 1182,
d'une terre et seigienrie qu'y avait une dame Ode-
line, veuve d'un cet tain Parmen ; ces droits furent
cédés moyeimant la somme de "5 liv. L'abbaye de
Saint-Denis eut, au moyen d'un échange fuit en 1249,
les possessions considérables dont le prieuré de Jar-
dies, dépendant de l'abbaye de Thiron, jouissait à
Chatou. Ces possessions payaient déjà h l'abbé de
Suint-Denis, avant l'échange, une redevance de cens,
d'orge et de volailles. Un arrêt de février 1295, rendu
entre les religieux de ce monastère et Guillaume
Escuancnl, chevalier, seigneur de Chatou, fixe l'é-
tendui' de la justice et des possessions de ces reli'-
gienx à Chatou, et attribue le resle des terres et la
voirie au chevalier. Ce même Escnancol peut être
considéré comme le plus ancien seigneur séculier
de ce lieu, connu par des titres certains. Après lui,
on \«'A Gilles Malet, eu 1379, Colart de Mailly, en
1423 et 1429, puis la famille Le Pileur, qui acheta
les droits de 1 abbaye de Mallenoûe, et les joignit aux
siens. Thomas Le Pileur, dont il a été déjà parlé
dans la description de l'église, vivait encore en 1622.
Il avait les titres de secrétaire du roi et d'andiencier
en la chancellerie. — Il n'y a pas très-longtemps
qu'il existe un pont à Chatou. En 1560, on passai't
la Seine à cet endroit dans un bac, ainsi que le
prouve la donation que le roi fit alors du produit da
ce bac aux religieuses de Mallenoûe. Le premier titre
(1) Les meilleurs bœufs qu'on mange à Paris \iennent de ce petit pays.
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
585
certain de l'existence du pont esi renregistremeni au
pai'Ieineni, le liaoùi 1726, des lettres par lesquelles
on apprend que le premier président Portail avait
cédé au rui en 17i5 le ponl de Cliaiou, droit et
maîtrise de te poiit, moyennant une rente noble et
féodale de 6, ")00 livres; mais rien n'indique si le
président Portail avait lui-même fait construire U
ponl, ni à quelle époque cette construction avait eu
lieu.
Castrum Babctwsi vel Banosia, UabenhMsen. Il y
a deux petites Villes de ce nom en Allemagne : l'une
en Bavière sur le Giinz, avec deux châteaux et une
population calliolique de 20U0 habitants; l'autre dans
le grand-duché de Hesse-Darmsladi, sur le Gerns-
prinz, avec 1500 habitants luthériens, à 28 kil. cst-
nord-est de Darmstadt. Celle ville commerce en
grains el en lin. La première forme une principauté
qui appartient aux princes de la maison Fugger-Ba-
benhausen. Jean Fugger, tisserand du village de Gre-
Len, s'établit en 1570 à Augsbourg, et y fonda une
riche maison de commerce. Son petit-fils Jacques
fui anobli par l'empereur Maximilien. En 1530 Char-
les-Quini-éleva les descendants de Jacques Fugger
au rang de comtes. Les Fugger continuèrent à ac-
quérir de grandes richesses et à acheter des terres et
des seigneuries. Ils ne se distinguèrent pas moins par
leur forlttneque par le noble usage qu'ils en (ireiit
en protégeant les lettres et les arts, en encourageant
toute espèce d'industrie, en formant des établisse-
ments utiles et de bienfaisance. D'autres se sont il-
lustrés aux champs de la gloire; les Fugger ont été
les bienfaiteurs de leurs concitoyens.
La famille est partagée en deux lignes dites de
Raymond et d'Antoine; chacune se subdivise en plu-
sieurs branches. La plus jeune de toutes, qu'on ap-
pelle la branche de Jacob Fugger, fut élevée en 1805
au rang de princes d'empire, et les seigneuries de Ba-
benhaiisen, BodS et Kelterhausen furent réuniesen
une principauté sous le nom de Babenhausen. Cette
principauté perdit son immédiateté en 1806 par la
confédération du Rhin, et fut soumise à la Bavière,
dont elle forme un des grands fiefs.
Le prince de Babenhausen est catholique, et ré-
side à Babenhausen. Sa principauté a 7 milles carr.
géog. (19 lp2 lieues carr.) de surface et 11,000
habitants. Les possessions réunies de toute la maison
de Fugger ont 16 milles carrés {U I. carr.) de sur-
face et 34,000 habitants.
Casirum Blandiaci, Blandy, paroisse de l'ancien
diocèse de Sens, maintenant de celui de Meaux, can-
ton du Chàlelet, arrond. de Melun, dépl. de Seine-
et-Marne, à 6 kil. nord du Chàlelet, à 10 vers l'est
de Melun, et à 50 est de Paris. Popul. 1,000 habi-
tants, avec les hameaux des Vallées, des Brandins,
deux fermes isolées, deux moulins à eau et une tui-
lerie. Il existe encore les restes d'un ancien château
fort, con^islant en cinq tours inégales, avec des
murs de clôture qui ont neuf à dix pieds d'épaisseur,
3-24
et des fossés de 60 pieds de largeur. L'antiquité de
ce château se perd dans la nuit des temps. Il tomba
en la possession de Chai les VII, à l'époque où ce
prince conquérait son royaume, après avoir soutenu
un siège. La lerre de Blandy est passée successive-
meni à Guillaume de Melun ; à Jean, vicomte de Me-
lun, comte de Tancarville ; ensuite dan» la famille
des princes de Coudé et de Carignan. Elle a aussi
été possédée par Jacqueline de Ruban, marquise de
Rothelin.raèrede François d'Orléani, dernière femme
de Louis (le Bourbon, premier prince de Condé, qui
y mourut et fut enterré dans un caveau, sous la
lampe de la chapelle. Le cercueil de plomb qui le
renfermait a été enlevé lors de la révolution. — Les
seigneurs de Blandy, successeurs de la marquise de
Rothelin, sont : Charles de Bourbon-Condé, comte
de Soissnns, qui y inourut également le 1*^ novem-
bre Ifilâ ; Marie d'Orléans, veuve de Henri de Sa-
voie, princesse souveraine de Neufchâtel, duchesse
de Nemours, eic; Louis Henri, légitimé de Bourbon,
prince de Neufchâtel. Cette terre fat érigée en duché-
pairie en faveur du maréchal de Villars, qui fil dé-
couvrir les tours et démolir le principal corps du
château. Le duc de Villars, fils du maréchal, l'ayant
vendu au duc de Praslin, ministre et secrétaire d'Etat,
en 1704, la famille de M. le duc de Cboiseul-Pra.-lin
en est propriétaire. Sur les ruines du principal corps
de bâtiment on a construit des granges. La plus
grosse des tours renfermait une part'C des princi-
paux appartements et la salle dite des gardes, avec
la cuisine, qui subsistent encore et servent aujour-
d'h\ii de logement au fermier ; au pied de cette grosse
tour se trouve Teutrée d'un souterrain, dit la cave
Banois, qui, a une issue à 6 kil. dans le coteau du
côié de Melun. — L'église de Blandy, suivant la ira-
dition du pays, a servi de temple aux protestants;
elle est grande, et était l'une des plus belles des en-
virons à celte époque. L'église de Saint-Martin, ac-
tuellement supprimée, était celle des catholiques. —
On rencontre en ce lieu plusieurs maisons de cam-
pagne et des sources d'eau vive, avec un beau lavoir.
Un hospice très-ancien y est desservi par deux soeurs
de la Charité; l'uned'elles s'occupe du traitement des
malades à domicile, et l'autre de l'éducation des jeu-
nes filles. — Les 21 et 22 septembre de chaque an-
née, la foire la plus considérable du département,
tant en bestiaux qu'en toute espèce de marchandises,
se tient à Blandy ; une antre moins importan-
te a lieu le 24 février. Avant la révolution, il y
avait un marché franc le jeudi de chaque
semaine , supprimé pendant la révolution par la
difficulté de le faire cadrer avec le calendrier répu-
blicain sans nuire aux marchés des environ*. — Lp3
productions du terroir de ce bourg sont v.Triéos :
les principales sont eu grains; une petite partie es!
en vignes et en bois.
Casirum Bltisense, Blois, évêclié, snffJ-agant de Paf-
ris, chef-lieu du département de Loir-et-Cher, à 56
kil. d'Orléans, 104 du Mans, 60 de Tours, i04 do
523
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
326
Paris. Long. 1° 0' 18". Lat. 5V 0.7' J'J". Le diocèse
comprend l'élendue du dëpanemenl de Loir-el-
Clioi-. Supprimé par le concordat de 1801 et réuni à
celui d'Orléans, il fut rélnbli par celui de 1817.
Cet évèclié est, du reste, de création moderne ; il a
été formé, à la fin du xvii' siècle, d'un démembre-
ment de celui de Chartres.
Bloiscstle siège d'un tribunal de première instance,
d'un tribunal et d'une chambre de commerce. La popul.
est de 17,000 hahitanis. — L'arr. de Blois renferme
1-40 corn, ei 112,000 bab. H est divisé en 10 cantons :
Blois (2canl.), Bracieux, Contres, Merbault, .Uache-
Hoir, Mer, Monlrichard, 0»ouer-ie-Marclié cl Saint.
Aignan. — Blois avait autrefois titre de comté ; elle
était la capitale du Blaisois, au gouvernem. génér.
de l'Orléanais, et servait de siège à un évèché suf-
fragant de Pari», à une chambre des comptes, à un
bailliage, à une élect., à une lieuien. de maréchaus-
sée, avec un gren. à sel, une niaitr. particulière des
eaux et forèls, un bur. de commerce pour la vente
des eaux-de-vie et des vins du pays, et nnecapilain.
des chasses, déclarée royale en 1070. — Celte ville,
agréablement située, dans une des plus riches con-
trées du royaume, est bille en amphilhéâlre, sur le
penchant d'un coteau élevé, dont la base es i bai-
gnée par la Loire. Elle est divisée en haute et basse
ville. La partie supérieure, qui forme la ville pro-
prement dite, est généralement mal construite :
ses rues sont étroites, mal percées, et pour la plu-
part inaccessibles aux voitures, propres cependant,
et ornées de quelques jolies fontaines. La ville basse,
placée dans \ine situation charmante, sur la rive
droite de la Loire, oBVe une suite de maisons bien
bâties le lonf d'an quai superbe et d'une grande
étendue, sur lequel on a établi la grande route ; ce
quai va s'unir à la belle levée de Tours. In très-
beau pont, porté sur 11 arches en pierres de taille,
traverse la Loire, et joint la ville à un des princi-
paux faubourgs, celui de Vienne. L'ancien pont, qui
existait avant 1078, ayant été eraperté par les glaces
en 1716, on posa la première pierre du pont actuel
en 1717. La longueur de ce pont est de 155 toises,
sur 7 de largeur. Il a coûté 1,800,000 f. Sa solidité
est telle, quil soutint, sans le moindre ébranlement,
l'effort incalculable d'une masse de glaçons qui s'é-
levaient jusqu'à son sommet, lors de l'hiver de 1788;
et dans des temps encore plus rapprochés, une de
ses arches, coupée à l'approche des Vendéens, par
ordre d'un représentant du peuple, délégué de la
convehiion nationale, est restée 12 ans dans cet
éiat, sans p*viér d'atteinte sensible aux auires ar-
ches. La réparation complète et si longtemps désirée
de ce bel ouvrage, commencée en 1804, a été
terminée dans le cours de 1803. A celte occasion,
on a fait graver une inscripiion nouvelle sur la pla-
que de marbre autrefois placée sur la colotme du
pont, pyramide légère d'une haut, de 100 pieds.
Cette plaque en avait été ôtée pendant la révolution.
L'Inscription nouvelle est ainsi conçue :
Ce poni, commencé en 1717, achevé en 4724, (ui le
premier ouvrage public du règne de Louis XV. Det
ordres imprudents firent commencer sa démolition
au mois de novembre 179.). // a été rétabli par le»
soins de M. Corbigny, préfet de Loir-et-Cher, l'an
1804, le premier du règne de Napoléon.
Blois, qui s'est singulièrement embellie sous le rè-
gne de Napoléon, a une bibliothèque publique, ren-
fermant env. 18,000 vol. ; un ancien château, ser-
vant aujourd'hui de caserne et de magasin militaire;
une église, bâtie sur les dessins de Mansard, et que
les Jésuites occupaient au moment de leur suppres-
sion; un hôtel de préfect., ancien palais épiscopal,
qui est le plus beau des édifices modernes de celte
ville, avec des jardins en terrasses, qui dominent la
Loire ; un hôpital, vaste et commode, pourvu d'un
jardin botanique ; un aqueduc fournissant de l'eau à
une partie des habitants, et que l'on croit être un
ouvrage des Romains : cet aqueduc , fait en forme
de grotte, et que l'on nomme l'Aron, est coupé dans
le rocher avec un tel art, que plusieurs personnes
peuvent presque partout y marcher de front; il a éié
nettoyé, pavé el voûté presque entièrement pendant
les années 1804 et 1805; el quand il sera nécessaire
de le nettoyer de nouveau, il suffira d'y conduire les
eaux de l'étang de Pigelay. A l'extrémité N.-O. de
Blois, on trouve une belle promenade, formée par
une longue avenue de grands arbres, dont les bran-
ches, en se réunissant, offrent un beau couvert de
2 kil. de long et qui aboutit à une vasie forêt d'une
étendue de 1300 arpents. L'industrie consisle en fa-
briques de ganis de peau estimés, en vinaigreries,
faïenceries, tanneries el corroieries, et le commerce,
en vins, eaux-de-vie, excellent vinaigre, draps, pa-
piers, cuirs, faïence, bois à Liûler, merrain, etc.
Blois est le centre du commerce des eaux-de-via
dites d'Orléans. C'est à Blois qu'on a trouvé, en 1652,
l'art de peindre lur émail. — Celte ville a éié appe-
lée par les historiens, et notamment par Grégoire de
Tours, Aigulphe, Aimoin, etc., Castruni Blesense,
Blisiiim Casirum, Ble$um Castrum, Pagus Bteseiisis
in Celtica, Blesœ et Blesia. Plusieurs écrivains attri-
buent à un trait historique l'origine du mot Blesœ.
On lit dans Bernier (Hisloire de Blois), < qu'un jniina
guerrier, revenant de la guerre avec Bossnn, sei-
gneur de Chartres, lui demanda un endroit où il pùl
s'établir, lui et sa petite armée de 1000 hommes;
qu'à force de discours Haiteurs et séduisants, blandi»
blœsisqiie sermonibus, il en obtint un emplacement
sur les bords de la Loire ; mais qu'au lieu d'y for-
mer un simp'e village, il y construisit une ville for-
tifiée : ce que Bosson ayant remarqué, il lui en fit
le reproche, ajoutant qu'il ne lui aurait pr> ni ac-
cordé sa demande, s'il avait bien retenu ces paroles,
que son père lui avait souvent répétées :
Sermones blandos blœsosque vilnre memcitto,
Simplicitas viri fama est, [raus, ftcla loquendi.
Cependant Ivonardus (c'est le nom du jeune guer»
rier), ayant prêté foi et hommage à Bosson, en ob»
IVJ
OICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
:M
tint légalement la concession de la ville foriifiée,
qui fut (le cei événement appelé Blesis, et le pays
Pagur, Blesemis. J'ignore à quille époque on lui a
donné le nom de Blessnc, qu'elle port» avant celui
de Dlois. «C'estaulantà cause des agrérnenis de son
séjour, et parce que plusieurs rois l'Iiabitèienl et y
(Ireni élever leurs enfants, qu'on l'avait siirnoinniée
la ville dei rois. Quelques auteurs ont dit, initis sans
preuve, que (tes soldats de Jules -César la b;)tirent
pend:int qu'ils éiaicnt en quartier d'hiver dins les
environs. Papire Masson n'est pas mieux fondé à
sonienir qu'elle est le Corbillo de Strabon. Grégoire
de Tours est le premier qui en ait parlé. On voit
dans les capitulaires de Cliarles le Chuuve, que du
temps de ce prince elle était déjà considérable, ce
qui détruit l'opinion de ceux qui ont prétendu qu'elle
avait été bâtie, peod^mt le règne de Charles le Sim-
ple, par Gello, fiére du duc de iNorniaodie liollo.
Sous les rois de la seconde race, on y haitaii une
espèce de monnaie d'arg 'ht, différente de ct'lle de
Gui de Chàtillun, premier du nom, comte de Btois,
en ce que celle-ci avait pour légende, d'un côté:
Castro Blesit, et de l'autre : Blesianis Castro ; tandis
que la première avait, d'un côié : Btesiaitis castra,
et de l'antre . Miaerico'dia Dei. — Le cliàleau était
l'orneinenl de cette ville, qu'il joignait par un clie-
min taillé dans le roc. Les seignours de la maison de
Champagne ei ceux de la tnaison deChàtillon avaient
fait bàlir le corps qui était vers l'occident, et dont
il ne restait plus qu'une grosse tour. Quelqu'un des
•eigneurs de Ciiâtillon et plusieurs princes de la mai-
son d'Orléans cliangèienl ensuite ce corps de bâti-
ment, soit en le détruisant, soit en rauguienianl.
Louis XII fil bittir la face de l'orient, qui regarde la
place dite du Château, et augmenter celle du midi ;
la face du nord est due à François i". C'est dans un
des appartements de ce bâtiment du nord que fut tué
le duc de Guise. Joignant ce bâtiment, du côté du
couchant, est une tour dite lourde Château- Recjnaud,
parce qu'on peut y apercevoir la terre de ce nom,
quoiqn'elle en soitél 'ignée de 7 I. On «■mprisonna le
cardinal de Guise et l'yichevêque de Lyon dans cette
tour, à la porte de laquelle le cardinal lut luéàcoups
de pertuisane. A l'extrémité de ce bâtiment, du côié
dulevant,ilyen a un petit, divisé en partie ancienne
et partie moderne : l'ancienne s'appelle la Salle des
£(fl(«, parce que les Etats s'y sont assemblés en 1576 et
en 1588; la moderne fut construite par ordre de Hen-
ri 111, qui, sur la fin de son règne, y fit commencer
un appartement. Gaston, duc d'Orléans, fit démolir
un bàiii eut i|ui était à l'occident, en 1635, et char-
gea François Man'iard d'en élever un autre sur ses
ruines. On y travailla pendant trois ans; on y em-
ploya 550,0t)0 Ir., et cependant l'ouvrage resta im-
parfait. L'avanl-cour de ce chàtean, dojil le p'irtail
était décoré d'une statue de Louis XII, où l'on bâtit
l'église collégiale de Saint-Sanveur, est une des
pliis grailles qu'il y ait en Fr iiice : on y fit le tour-
nois pour l'arrivée du prince de Casiille, pro-
mis à Claude de France, et celui du mariage du
marquis de Moni ferrai avec la sœur du dnc d'A-
lençon. — Ce châieau avait de très-beaux jaidinsi
séparés en haut et en bas par une galerirt en
charpenic nommée aux Cerf$ , que Henri IV fit
construire en piprie en 1600. Dans le jardin
haut, il y a nu (luits d'une largeur et d'une profon-
deur exlraorilinaires, que Louis XII fit faire pour
fournir .le l'eau au jardin bas. — Depuis 1631, on
voyait une image de la Vierge sur chacune des i ottes
de la ville, qui, désolée par la peste, en fut soudai-
nement délivrée après avoir fait un vœu à la mère
du Christ. On avait anciennement placé sur les portos
de Costes, de Guichard et du Pont, celle inscription:
Cornes Stephanus, et Adela coi»iiis<ia, suique hœredes
perdonnverunt hominibus istius patriœ Butngium (sovie
de corvée), in perpsiuum, eo pncto ut ipsins casieltum
muro cluuderent; quod si quis viotaverit, anathema sit.
Diithaii ijuoque et Abiron maledictionem habeat. Elle
était sculptée depuis 500 ans et presque effacée,
lorsque Henri III la fit renouveler et graver sur la
porto de Costes. — Blois avait plusieurs chapitres,
plusieurs paroisses et plusieurs maisons religieuses
des deux sexes. La paroisse de Saini-Solenne était
la plus grande; presque entièrement détruite par
un orage au mois de juin 1678, elle fut rebà ii- par
Louis XIV, et l'on y établit le siège de l'évèché et
le chapitre cathédral. Les Jésuites s'installèrent
dans un lieu appelé la Bretonnière, en 1624, succé-
dant à des régents, sécidiers, qui enseignaient dans
un collège que Henri III avait fondé en 1581 ; leur
église ne fut achevée qu'en 1671. On croit que le
plus ancien des bâtiments est celui des prisons. La
tour qui en fait partie tut achetée, en 12.^6, pat
Louis de Châlillon, comte de Blnis, pour une somme
de ÔOO florins. L'hôtel de ville est un assez giand
corps de logis acheté 500 écus, en 14S7, par un
éciiyer du duc d'Orléans, Jean de Saveuse, qui en fit
présent à la ville. Le palais de justice a été bâii par
les comtes de Blois, ducs d'Orléans, et par Louis XII,
Henri II et Henri III. En bas étaient les hal es, et en
haut la grande salle et les chambres du présidial, de
i'électiim, des eaux et forêts et des comi'tes. — L'é-
vèché fut érigé par le pape Innocent XII, en 1697,
en faveur de David-Nicolas Berlier. On composa ce
dioc, qui valait à son prélat au moins 36,000 fr. de
rente, de tout ce qu'il fut possible de distraire de
celui de Chartres. On y cnmplait 5 ahbave*. 60
prieurés, 3 églises collégiales, près de 200 paroisses
et 104 annexes. — Le chapitre de Saint-Sauveur
jouissait d'un singulier privilège, nommé la Comté,
parce qu'il lui avait été accordé par Thibaud V,
comte de Blois, lequel se dépouilla de toute son au-
torité, ainsi que de la perception de tous ses droits
sur la ville de Blois, pour en revèl'.r ce chapitre
pendant trois jours, à commencer le soir du jo t de
l'Ascension jusqu'au soir du dimaixhe suivant. Pour
prendre possession de ce privilège, le^t banoi .es, en
robes de palais, sortaient de la calh.arale aprèi
329 géographie: des LEGENDES AU »IO\KN AGE.
330
cnmplies, au son de la grosse cloclie, el marcbant
deux à deux; ils allaient au palais, où ils nonimaient
UQ juge qui, pendant les trois j')urs de concession,
rendait la justice en leur nom, mais pour les cas
survenus pendant cet intervalle. Ils exerçaient la
police, nieitaient le taux aux denrées, el percevaient
aussi tous les droits d'entrée et de péages, mais non
pas les autres droits royaux. — Blois renfermait des
chanoines réguliers de Saint-L;izare, desCordeiiers,
des Capucins, des Jacobins, des Minimes, des Car-
mélites, des Filles de li Visitation, dites Véroni-
ques; un séminaire dirigé par les Eiidisles, un Hôtel -
Dieu el un hôpital général où les pauvres éiaient
enfermés. — Le collège de cette ville doit sa première
forro:ition, ou plutôt son réialiliï>sement, à l'école
secondaire qui s"éi;ib!it en 1803, par la réunion qui
en fut faite au pensionnat de la ville. — On suivait
à Blois, dans l'aduiininration de la justice, une
coutume pariiciiliére, rélornién en li}23. La chambre
des comptes était fort ancienne, el avait commencé
sous les comtes de Blois de la maison de Champagne,
qui Vautorisèreiit de la connoissaitce et reddition des
complet de tous leurs domaines, comme firent ensuite
les comtes des maisons de Cliàtillon et d'Orléans.
Louis XII, parvenu à la couronne, la confirma en
1498, pour connaître des domaines de Blois, Asl el
"Coussy, et autres ierr»s de ses nquets el conquets qui
n'étaient point de la couronne. Ses successeurs ont
confirmé celle chambre, à l'in-tar des autres cours
du royaume. — Les premiers comtes de Blois étaient
de la famille de Hugues Capet. Thieberl ou Théode-
berl, 4« aïeul de ce roi, eut Imis fils, dont le second,
Guillaume, eul le litre de comte de Blois; il fut tué
vers l'an 834. Les descendants de Guillaume possé-
dèrent ce comté jusque vers la fin du x« siècle, épo-
que à laquelle il passa aux comtes de Champagne. A
la fin du xiii* siècle, il appartenait aux comtes de
Châlillon. Un de ces comtes, Guy H, le vendit, en
1391, à Louis de France, duc d'Orléans, grand-père
de Louis Xll, qui le réunit à la couronne. — Le châ-
teau de Blois a laissé de trop grands souvenirs pour
ne pas être l'objet d'une attention spéciale. — Après
sa séparation d'avec Louis le Jeune, en 1151, Eléo-
nor de Guienne s'y relira un moment. Louis XII y
naquit en 1461, y signa divers traités, el y fut dan-
gereusement malade en 1505. Valentine de Milan y
mourut le 5 déceml.re 1308, el Anne de Bretagne,
seconde femme de Louis XII, le 9 janvier 1.513 ou
1514. Claude de Franc?, première femme de Fran-
çois !«■■, y mourut le 26 juillet 1.524, âgée de 24 ans.
Elle était estimée, disent les Annales d'Aquitaine, ta
fleur el perle dis dames de son siècle, comme étant un
vrai miroir de pudiciié, sainteté, piété et innocence ; la
plus charitable et courtoise de son temps ; aimée de
chacun, et elle aimant ses sujets, el s'e/forçant de bien
(aire à tous, et n'ayant souci que de servir Dieu et de
complaire au roi, son époux. Catherine de Médicis y
mourut le 5 janvier 1589. IsabeJu de Bavière el le
duc d'Orléans y furent exilés. Charles, duc d'Alcn-
DlCTlOJiMAtRE DE GÉOGBAPHIE ECCI.. H.
çon, el Henri IV y ont célébré leurs mariages. Les
états s'y tinrent en 1570, 1588 el 1614. Alais l'événe-
ment le plus important qui s'y soit passé est l'assas-
sinat des Guise, les 20 el 21 décembre 1583, p.T ■
ordre de Henri III.— Les hommes nés à Blois, et
dont l'histoire conserve les noms, sont : Cuill.iunie
de Blois, cardirjal, régput du royaume sous Louis
VII et Philippe II; Louis Bourgeois, médecin de
François I*' el de Henri II ; Jenn Du Temps, dit
Temporarius, avocat et médecin; Denis Dupont, ou
Pontanus, avocat; Jean Dampiorre, poète; Jean de
Morvillers, garde des sceaux; Gilles Descliamps,
médecin, puis prêtre; Jacob Bunel, peintre; Jo.m
Mosnier, peintre; Jurieu, ministre calvinistf ; Jean
Morin, haac Papin, Jérôme Vignier, Jean Bernier,
J.-N. Cbareriton, jésuite ; Fariau de Saint-Ange, et
Thomas Mahy de Favras, pendu le 19 février 1790.
I Blaisois, le pays de Blois, pftit pays qui dépen-
dait autrefois du gouvernement général de l'Orléa-
nais, et qui était entièrement du ressoi t du parle-
ment de Paris; Blois en était la capitale. Il a\ait
environ 80 kil. de longueur du couchant au levant,
sur 56 (le largeur. Il forme aujourd'hui la majeure
partie du département de Loir-et-Cher. Son terri-
toire, entrecoupé de coieaux, de plaines et de pâtu-
mges, produit abondamment des grains de louie
espèce, d'excellents fruits et des vins de bonne qua-
lité. Blois, Chambord, Mer, Romoranlin el Saini-
Dié, en étaient les principales villes; ses rivières
étaient la Loire, le Beuvron, la Saudre, le Cos?on,
la Bonneheure, la C^se, l'Audizon, le Raire. Une
grande partie de la Sologne se confondait avec le
Blaisois au midi. Il y a plusieurs belles forêts, dont
les plus considérables sont celles de Chambord, de
Boulogne, de Blois, de BruaJan et de Russy. Le
Blaisois abonde en gibier ; c'est sans doute ce qui
avait déterminé la cour à y passer la belle saison.
Caslrum tiiberis, Bicêlre, hospice et m;iison de
force, à 2 kiloni. au sud de Paris, canton de Ville-
juif, arrondissement de Sceaux, paroisse de Gentilly.
Quelques auteurs croient que ce mot vient de c«s-
trum Biberis , cliàteau de Bièvre. La rivière de
Bièvre coule en effet au pied de la colline de Bicêlre.
Ayant le dessein d'établir les Chartreux auprès de la
capitale, Louis IX leur donna un terrain qu'il avait
acheté des enfants d'un nommé Pierre Le Queux ,
lei|uel terrain était au lieu où est Birêtre, ou dans
les environs. Jean, évêque de Winchester, ville de
l'Angleterre , acheta une partie de ce terrain au
commencement du règne de Philippe IV, dit le Bel;
il y fil construire ou augmenter une maison des inée
à lui servir de demeure. En 12' 4, Philippe prononça
la confiscation de celte maison , de plus.eurs autres,
des terres, rentes et vignes que le prélat possédait à
Arcueil et à Viiry, et en fit don à Hugues de Bouille
son chambellan, par lettres datées de Crèvecœur.
Celte maison ou château , que le peuple nomma
Winchesire, el par corruption, Bichestre, puis Bicêlre,
nom sous lequel on le trouve dans les comptes de la
11
S31
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
prévôté de Paris, de l'année 1523, el qui fut appelée
maison de Saini-Jean-Baptistc , après sa réunion à
l'bôpital général, éiait si peu de défense que, sous le
règne du roi Jean, Robert Canolle, chef d'un parti
anglais, s'y logea, faisant semblant de vouloir donner
bataille. Quelques années aprè-, en 1400, le duc de
Berri, Jean de France, frère de Charles V, acquit ce
lieu, qui n'oB'rait que des ruines, d'Aniédée, couile
de Savoie, et y fit bâtir un château; ni;iis comme ce
territoire dépendait de la seigneurie de Geniilly,
l'évéque de Paris, en sa qualité de seigneur, s'opposa
à ce que le duc y fit des fossés et des ponis-levis,
disant que ce terrain était roturier el dans ta juridiction
ipiscopale. L'intérieur de ce château uvail beaucoup
4e magniûceoce. Un bisiorien contemporain , Le
Laboureur, met à portée d'en juger. .Après avoir dit
que la faction bourguignonne , dirigée par Legois ,
Thiberi et Saint-Yon, bouchers, assiégea, en 1411,
cechàteau, il ajoute que les factieux s'en emparèrent,
brûlèrent, pillèrent, détruisirent de fond en comble
ce bel édilice, dont il ne resta d'eniier que deux
petites chambres enrichies d'un parfaitement bel
ouvrage à la moiaique. < Les gens d'honneur furent
d'autant [lus offensés de cette insolence, que la perte
en fut irréparable, surtout celle des peintures exquises
de la grande salle-... On y voyait les portraits origi-
naux de Clément VII et des cardinaux de son collège,
les tableaux des rois et princes de France , ceux
des empereurs d'Orient et d'Occident. » L'.mnée
précédente, les ducs d'Orléans et de Berri s'y étaient
renfermés avec 3 ou 4U00 gentilshommes et 60Û0
chevaux , pour s'opposer à la marche des Bourgui-
gnons sur P.iris ; mais lu duc de Bourjjogne s'étant
présentéavec des forces supérieures, il s'ensuivit un
traité dit de Winchester, que l'on appela la trahison
de Winchester, parce que, ainsi qu'on l'a vu, ce
traité ne dura qu'un moment. On trouve dans le re-
cueil des Ordonnances des rois de France (t. IV et
IX), que Charles VI donna des lettres d.iiées de ce
lieu, en 1581 et 1409. Au mois de juin 1416 , le duc
de Berri le donna , dans l'éiat où l'avaient laissé les
bouchers, alliés du duc de Bourgogne , au chapitre
de Notre-Dame , avec quelques dépendances , eu
échange d'une promesse de quelques obits el de
deux priicessious. Cette donaiion fut conlirmée par
Charles VII en 1441, et par Louis XI en 1464, à
condition que le roi en pourrait faire reprise quand
il lui plairait. Le chapitre n'y Ut faire aucune répa-
ration. 45 ans plus tard, ce qui restait des bâtiments
était devenu un repaire de voleurs; on le prit en
1519. En 1632, Louis XIII, ou plutôt Richelieu, le fit
entièrement raser jusqu'aux fondements , e' le fit
rebâtir pour y recevoir les soldats invalides. Il y
eut à cette occasion, en 16Ô5, un édit portant éia-
bJissemeut d'une communauté en forme d'ordre de
chevalerie, du titre de Saint-Louis, pour l'enireiieu
de ces soldats , avec règlement d'une levée pour la
construction de l'édifice. Il était déjà assez avancé
eD*65l, pour que Jean-François de Gondi, arche-
532
vêijue de Paris, permit, le 24 août, d'y célébrer
l'oflice. Une chapelle y fut élevée sous l'invocation
de saint Jean-Baptiste ; elle a été remplacée, vers
1670, par une église sous le même nom. Saint Vin-
cent de Paul obtint de la reine Anne d'Autriche, eu
lti4S, une partie de Bicétre pour servir d'asile aux
enfants trouvés. Ces enfants y restèrent peu de
temps , l'air vif qu'on y respire étant nuisible à leur
sauté. Ayant le projet de faire bâtir un liôiel pour
les soldais invalides (les travaux commencèrent en
1G72), Louis XIV réunit Bicétre à l'hôpital général,
et l'on y plaça, dès 1656, les mendiants de la ville
et des faubourgs de Paris. Quand la mendicité qui
désolait la capitale à cette époque eut cessé de s'ac-
croître , Bicétre fut destiné à recevoir des pauvres
veufs et garçons valides et invalides.
Dans la croyance populaire, toute cette partie mé<
ridionale du dehors de Paris, depuis ei compris l'em^
placement de l'antique cimetière des Romains jus-
qu'à Dieêtre, était le théâtre des revenants, des
loups-gcToux, du sabbat. C'était dans les carrières
des environs de Geniilly, du plateau de Mont-Souris,
que des fourbes, qui trouvaient des gens assez cré-
dules pour les payer, leur faisaient voir le diable.
Lorsque cette maison fut transformée en hôpital,
le mol Bicétre devint synonyme de malheur. Mo-
lière a dit :
Il va nous faire encor quelque nouveau Bicétre.
Le puits de Bicétre, un des plus curieux qu'on ait
vus, fut construit sur les deïsin,^ du célèbre architecte
de Boffrand, par Vrac du Buisson , entrepreneur de
bâtiments, en 1735, 1734 et 1755. Il ne reste plus
rien des anciens bâtiments élevés sous Louis XIII.
On les a remplacés par de nouvelles constructions.
.M. Fnurnier de la Condamine, nioriévêque de Mont-
pellier il y a quelques années, avait été enfermé à Bicé-
tr.'. Voicidequelle manière cldansquellescircoiisian-
ces.. Arrêté e;i 1801, par ordredu préfet depoliceDu-
bois, il fut enfermé à Bicètie, tondu et conliné dans
un cabanon pai;ini les fous les plus maniaques. Ses
amis ayant découvert le lieu de sa détention, et too,-
mençant à solliciter pour lui, le préfet de police ie
fit, au bout de dix jours, transférer à la citadelle de
Turin. Le cardinal Fesch obtint son élargissement
en 1804, et l'emmena à Lyon, où l'abbé Fournier
commença ses prédications. Peu de temps après,
son protecleur le fit nommer chapelain de l'empe-
leur Napoléon — ; en 1806, il fut nommé évéque de
.Montpellier... Il paraît que le délit de l'abbé Four-
nier était d'avoir, dans un de ses sermons, fait luie
allusion à la mort de Louis XVI. M. de Beausseï dit
à ce sujet dans ses Mémoires : t J'ai souvent en-
tendu Napoléon regretter de s'être trop laissé aller
aux impressions de la police el d'avoir maltraité un
prélat aussi recommandable. >
Casiriim, vel Ecclesia Sancii Clodoaldi, vel Novien-
tum, Saini-Cloud, paroisse de l'aucien diocèse de
Paris, actuellement de celui de Versailles, arrondis-
sement de celte ville, canton de Sèvres, Seine-et'
I,
533
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE-
534
Oise, sur la pente rapide d'une colline qui domine la
rive gauclie de la Seine, à 8 kil. vers le nord-esl de
Versailles, et 8 ouest de Paris. Popiil. 2,800 liabit.inls
environ. On y va par les cliemins de fer de Versail-
les. C'était autrefois le siège d'une chàtcllenie et la
seigneurie du lieu, dont les droits utiles apparte-
naient aux archevêques de Paris, et qui avait été
érigée en leur faveur en duché-pairie. — Dès les
premiers temps de la monarchie, il existait, au lien
od est aujourd'hui Saint-Cloud, une hourgade peu
considérable, p3ut-être à cause de ses abords extrê-
mement difficiles. On la nommait Negent, en latin
Novigentum ou Nevientum, et pour la distinguer
d'une autre de même nom, située sur la Marne, on
appelait celle-ci iVogent-sur-Seine; les rois mérovin-
giens avaient un p.(lais dans l'un et l'autre de ces
deux endroils Le nom actuel de ce lieu vient de
QMoàeimlie ou Clodoald, et par corruption Cloud,
nom du plus jeune des trois flis de Clodomir, roi
d'Orlé-:>us. On connaît assez quel atroce assassinat
les deux rois franks, Childebert et Chlothaehaire,
que l'on nomme Clotaire, frères de Clodomir, com-
mirent sur les personnes de leurs neveux, encore
enfants. Chlodovalde fut soustrait au poignard de
ses oncles, et pour le mettre à l'abri de leur fureur,
par les marques d'une entière renonciation à la
royauté, on lui fil couper les cheveux et embrasser
l'état ecclésiasiique. En 551, il se retira .sur le ter-
ritoire de Nogent, selon quelques-uns, au lieu qu'on
nomme Celle-lez-Saint-Cloail ; selon d'autres . à
Nogeni même. Après sa mort, les miracles opérée sur
son tombeau, l'ayant fait placer au rang des saints,
ee village reçut dès li>rs le nom de Saint-Cloud; la
dévotion attira des pèlerins dans ce lieu et contri-
baa àaugmenier le nombre de s^ s habitants. — Saint-
Cloud, comme tous les autres lieux de France qui
ne prirent de l'accroissemont que dans le moyen
ftge, ne fournit à l'histoire, dans ses commence-
ments, ijue des détails relatifs aux établissements
religieux qui s'y trouvaient. Selon la commune opi-
nion, un moiiasièrc y avait été fondé par Clodoalde
lui-même, avec une chapelle sous le titre de Saint-
Martin. Les courses des Normands ayant porté la
terreur aux environs de Paris, les religieux de ce
monastère se virent obligés de mettre en sûreté le
corps de leur saint fondateur dans la cathédrale de
P. ris, où on les voit se rendre processioniiellemeut
en 890 ou 89i, reprendre la châsse de ce saint et la
reporter dans leur église, « accompagnés, disent les
Annales de Paris, de presque tous les habitants de ce
bourg, qui les suivaient en chantant les louanges de
leur saint, et en témoignant la joie qu'ils ressen-
taient de se trouver en possession d'une aussi pré-
cieuse relique. > La nécessité où celle circonstance
mit les chanoines de Noiie-Dame d'entretenir des
relations avec le clergé qui desservait l'église de
Saint-Clond, occasionna dans ce dernier lieu l'éta-
blissement d'une société qui observait la vie caiio-
niaM ?t gui forma par la suite une véritable collé-
giale. On voit, selon l'abbé Lebeuf, dans un acte au-
thentique de l'an 811, que Saint-Cloud était dès
lors mis au nombre des lieux où il y avait ce qu'on
appel.iil Congregatio Fratrutn. Il y avait un abbé à
leur tête, et celle communauté eut la forme d'une
abbaye séculière ; cependant on ne trouve de vesti-
ges apparents de cette église collégiale que depuis
la (In du xji« siècle, époque à laquelle on peut rap-
porter la construction de l'église que l'on voyait en-
coie à la lin du siècle derniei;, et où saint Martin
n'était presque plus connu comme ancien patron que
par le clergé. — En 1209, il s'éleva une grave con-
testation entre le chapitre de Saint-Cloud et Pévêque
de Paris, sur la possession de la chapelle de Saint-
Jean-Baptiste, voisine de l'église collégiale. La dif-
ficulté naissait de ce que cette chapelle ayant seule
des fonts baptismaux servait réellement d'église
paroissiale, et comme elle était renfermée dans l'en-
ceinte du château ou palais de l'évêque de Paris,
seigneur du lieu, il fallut décider si elle appartenait
au chapitre ou à l'évêque. Des arbitres furent nom-
més, des témoins entendus et la question décidée
en faveur du chapitre. Les arbitres se fondèrent
principalement sur ce qu'un des déposants déclara
qu'il avait vu l'évêque Maurice de Sully tenant ses
plaids dans cette chapelle, et disant aux bourgeois
du lieu : « Celte chapelle est à vous, Messieurs, et je
la fais couvrir pendant que ce serait à vous à le
faire. ) Au reste, cette chapelle de Saint-Jean n'exi-
stait plus en 1656. L'ancienne église de Saint-Cloud
reçut des augmentations successives à mesure que le
nombre de ses habitants devenait plus considérable.
En 1428, le chapitre de cette église, qui avait suc-
cédé au monastère, fit faire aux reliques de Saint-
Cloud une châsse en cuivre doré, enrichie de pierre-
ries et de deux figures d'argent en relief. Cette
même année, les chanoines furent obligés, à cause
des guerres civiles qui désolaient la France, d'aban-
donner leur église et de fuir à Paris, avec leurs reli-
ques et la châsse de Saint-Cloud, qui fut mise en
dépôt dans l'église de Sainl-Symphorien de la Cité,
où elle demeura jusqu'en 1443, époque où fut f;iite
vine nouvelle procession pour sa translation dans le
lieu de Saint-Cloud. On conservait dans l'église de
ce lieu plusieurs reliques précieuses. Lorsque le
corps de saint Cloud (ut tiré du tombeau , on en-
châssa séparément l'os de l'un de ses bras pour
l'exposer au public : ce reliquaire fut dérobé peu de
temps après ; mais enfin on le restitua à Pierre
d'Orgemont, évêque de Paris, qui enchâssa lui-même
la relique dans un nouveau reliquaire le 17 mars
1395 : en reconnaissance de quoi, le chapitre réso-
lut de chanter pour ce prélat et pour sa (amille une
messe haute à perpétuité. (1 y avait aussi un os du
doigt de ce saint, enchâssé dans une boîte de cristal
soutenue d'un pied de vermeil doré et garni d'émail :
on portail cet os en procession le premier mer-
credi de chaque mois, et on faisait ce jour-là la bëné-
diclion de l'eau pour les malades, dans laquelle on
535 DICTIONNAIUE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 536
plongeai) le doigi du saint. Le irésor de celle église de Paris nommaii aux prébendes; il y en avait 13
renfermait encore une dent de saint Jean-Baplisie,
enchâssée entre l perles et i rubis dans un morceau
de cristal de roche, de forme ovale et soutenu par
une figure du même saint. On peut aussi ( oinpier
parmi les reliques mémorables de Téglise de Sainl-
Cloud, le corps de saint Probas et plusieurs parties
de celui de saint Mamniés, patron de la cathédrale
de Langres : celles-ci étaient dans un reliquaire de
cuivre doré, fait en forme de ciboire; mais les plus
précieuses et les plus vénérées étaient deux morceaux
de bois de la vraie cri ix, dont l'authenticité est ainsi
établie par l'abbé Lebeuf, dans sa Dissertation ecclé-
siastique et civile de Paris: «Anselme, natif de Paris,
étant parti pour la conquête de la terre sainte, fut
fait, après la prise de Jérusalem, préchantre dans
l'église du Saint-Sépulcre, et trouva dans le trésor
d'icelle le bois de la vraie croix, sur laquelle Jésus-
Christ avait opéré la rédemption du genre humain.
En ayant écrit à l'église de Paris, à son évêque et
aux chanoines, il offrit de leur en f lire pré-ent, ce
qui ayant été accepté avec beaucoup de reconnais-
sance, ils lui écrivirent et députèrent pour le rece-
voir; mais craignant de perdre un trésor aussi pré-
cieux, qu'il voulait procurer à sa pntrie, il se déter-
mina à faire lui-même le voyage pour le porter dans
l'église de Paris. Il partit donc à cet effet chargé du
précieux fardeau; mais étant mort en chemin, son fils
Foulques, qui l'avait accompagné dans le voyage, eut la
gloire d'arriver jusqu'à Fonieiiay-sous-Louvre, en Pa-
ris s, où il déposa la relique, et avertit l'évêqiie et
chapitre de Paris de son arrivée. > A cette nouvelle,
ceux-ci parlent aus-itôt remplis de joie et transpor-
tent d'abord à Sainl-Cloud ce bois sacré qui leur était
envoyé du ciel : Il y reposa trois jours, et le diman-
che l^' août 1109, ou le transféra à Paris ; mais en
reconnais'iance des soins donnés à un aussi précieux
dépôt, l'église de Saint-Cloud en obtint deux petits
fragments qui furent renfermés dans une grande
croix de cuivre doré, toute couverte de pierreries,
donnée par un doyen du chapitre, nommé Gilles : elle
était exposée à la vénération des fidèles le l^' août,
ainsi que le vendredi saint, les jours delà fête de la
Sainte-Croix et lejour deSaini-Cloud.Tous ces objets
donnèrent au village qui les possédait une grande
célébrité, et contribuèrent le plus à ses aceroisse-
nienis rapides. — Le chapitre de Saint-Cloud avait,
dès le commencement du xiii' siècle, un doyen et
un tlievecier : ses béoélices étaient considérables ;
mais les chanoines furent obligés en différents temps
de vendre même à vil prix les biens qui en dépen-
daient , et Cfux-ci se trouvèrent par la suite eniière-
ment perdus. Ce chapitre, dont l'église était à la fois
collégiale et paroissiale, se composait avant la révo-
lution d'un doyen électif, d'un chantre, de 9 chanoi-
nes, dont l'un était régulier de Saini-Vicior, d'un che-
vecier, d'un maître el de 6 enfants de chœur. Les S
chapelainsqu'il y avait eu ci-devant furent réunis à
la niense vers la findu'iècle dernier. L'archevêque
dans le xv siècle, suivant le poiiillé de ce temps-là,
où le chevecier est nommé après tous les bénéficiers.
Le nombre des chanoines avait été diminué en
1590. Le chevecier est connu depuis le xii«' siècle
presque à l'éjjal du doyen. La cure du bourg de Saint-
Cloud n'est point inejitionnée dans le pouillé parisien
du xiii« sièc'e; il en est parlé dans celui du xv«
conmie appartenant : u chapitre : elle a du être très-
grande originairement, Marne et Garcbes en étant
des démen\brements. — On voyait dan*; une crypie
pralii|uée sous l'église de Saint-Cloud un tombeau dô
pierre, long de 7 pieds, cù avaient et» renfermées
les reliques de ce saint. Sur une table de marbre
noir blouâire qui le couvrait, on lisait rinscriplion
suivante :
Arttibus hune tumulum Clodoaldus consecratalmii,
EJitus ex regum stemmate perspicuo.
Qui, vetilus rcgni scepirum retinere caduci,
Basilicam studuit hanc fabricare D>'o ;
Ecclesiœque, dédit, matrici^ jure tenendam,
Vrbis ponti/ici, quœque foret Parisi.
On voyait également dans celle église un monu-
raent élevé à la méni'iirede Henri III, roi de Francp,
par Charles Benoise, secrétaire du cabinet de ce
prince. Il était placé dans une chapelle du lire de
Saint-Michel, au côté dioit du chœur : ce monument
consistait en une colonne torse, en marbre campan
Isabelle, d'ordre composite, ornée de feuilles de
lierre, de palmes et déchiffres entrelacés, représen-
tant dans leur milieu un H. Elle étail haute de 9 pieds,
et avait été exécutée, dans un seul bloc, par Barthé-
lémy prieur : au sommet était un vase qui contenait
le cœur du prince. M. Leiioir, directeur du musée
des Augustins, où ce morceau a été exposé de nos
jours, avait remplacé ce vase par un génie en mar-
bre blanc, aussi de la main de Prieur, et l'avait
ajusté à ce monument. — On lisait dans la même
chapelle, écrits en lettres d'or, les vers suivants
composés par le poète Passerai :
Adsta,niator, et dole regum vicem.
Cor régis isto condiium eit sub tiarmore,
Qai jura dédit Gallis, Sarmatis, jura dédit.
Tectus cucullo hune sustulit sicarius.
Abi, viator, et dole regum vicem.
Au-dessous, sur une table de marbre noir, était
une inscription en vers français qui se trouvaient
gravés une seconde fois sur une table de bronze
placée à côté. Voici une partie de cette inscription :
Si tu n'as point le cœur de marbre composé.
Tu rendras celiui-ci de tes pleurs arrosé,
(Passant dévotieux) et maudiras ta rage
Dont l'enfer anima le barbare courage
Du meurtrier insensé, qui plongea sans effroi
Son parricide bras dans le sang de son roi ;
Quand ces vers t'apprendront que dans du plomb
[ enclose,!
La cendre deton cteur sout ce tombeau repese.elc.
337
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
3; 8
Celle épitaplie se tcrminaii ainsi :
Si tous les morls se trouvaient inhumés
Dans les lieux qu'en vivant ils ont le plus aimés.
Le cœur que cette tombe en son giron enserre.
Reposerait au ciel et non pas sur la terre.
L'église de Saini-Cloud renfermail en oiiire les
entrailles de HenrieUe-Aiiiie Siiiarl el celles de Phi-
lippe de France, duc d'Uiléans, son mari. On con-
naît par un factuin imprimé en 1653, qa'il y a eu à
Saint Cloud une chapelle de Saint-Laurent et une
de Sainl-Médard, qui furent depuis réunies au cha-
pitre. La chapelle de Saint-Laurent éiaii au bout du
pont vfTS Boulogne. Celle de Sainl-Médard, qui exis-
tait de» le xv° siècle, subsistait encore' à lu lin du
dernier dans la rue du Houdé. — Saini-Cloud avait
anciennement une léproserie dont l'existence est
connue depuis H89. Un acte de l'année 1274 ap-
prend que les chaniiiiies étaient tenus d'aller en pro-
cession le jour des Ranteaux jusqu'à la chapelle de
cette léproserie, el que là se Taisait une prédication
à laquelle le chapitre devait pourvoir. — L'ancien
Hôtel-Dieu de Saint-Cloud, situé au bout du pont du
côié du bourg, avait une chapelle dédiée sous le ti-
tre de Saint-Eusiache. LelO septembre liii'i, lecha-
pitre de P.iris coulera cette chapelle in domo Dei S.
Cil doaUti, sede vacante. Le duc d'Orléans, trèrj de
Louis XIV, fonda dans le xvii« siècle, à Siiint-Cioud,
un liôjiilalde laCliarité. Des leilres patentes de con-
firmation, datées du !0 mai lfi9-2, accurdèrent di-
vers privilèges à cet éiiblissement desservi par des
sœurs gr.ses. La chapelle de cel hôpital a été cons-
truite, en 178S, par .Mique, architecte de mérite,
d'ap es les ordres de Marie-Anloineiie. — On voyait
encore dans ce bourg un couvent d'Urbulines, siiné
près du chàleau : elles y avaient été établies en verlu
de lettres pa.enies enreg. le 7 janvier 1661. — En-
fin Saint-Cloud avait une communauté de la mission
éiahlie par le même duc d Orléans, pour la chapelle
de son château, en iHéS : le contrat, qui est daté du
5 août, fut agréé le 14 par l'archevêque de Paris, qui
en régla les dispositions avec le chapitre les 12 juil-
let et 26 décembre de la même année. — L'an-
cienne église de Siint-Cluud n'exisle plus : elle tom-
bait en ruine à la lin du siècle dernier et fui démo-
lie par les ordres de Marie-Aùioinelle, qui en faisait
élever une nouvelle lorsqu'arriva la révolution :
alors les travaux cessèrent, el l'ollice divin fut conti-
nué d'abord dans l'église de l'ancien couvent des Ur-
suliiies qui tombait elle-même de vélu^lé, el ensuite
dans la chapelle de l'hôpital. Comme cette dernière
était trop petite pour le nombre de» habitants, les
travaux suspendus depuis MarieAntoinetH lurent
repris il y a quelques années; tnais ils n'ont point
été achevés, quoique la nouvelle église ait éié con-
sacrée en 1820.— L'église de Sainl-Clonl, telle
OUI temps appartenu aux évêques et archevêques de
Paris. Sauvai a remarqué que ces évêques ont long-
temps joui de la faculté d'exiger des habitants de
Saint-Cloud un droit de taille au jour de saint André;
ce qui est conforme à l'usage où étaient les seigneurs
au xiit« siècle d'imposer un pareil droit à leurs vas-
saux en les affranchissant : tellepouvaii être l'origine
de l'impôt établi à Saini-Cloud. Les habitants de ce
lieu y furent condamnés expressément sons Charles
VI par une sentence de son bailli, confirmée au
mois d'aoùl 1581 par arrêt du parlement. Le droit
de chasse, qui apparemment avait été contesté à l'é-
vêque, lui fut confirmé en 1290 : il fut reconnu dans
le parlement qu'il était en possession de chasser dans
son bois de Saint-Cloud, aux lapins, lièvres, renards,
tessons et tous autres animaux au pied fermé. Louis
XIV, par des lettres paienles du 7 avril 1674, érigea
la terre de Saint-Cloud en duché-pairie en faveur de
Harlay, archevêque de Paris. Ce prince dit dans ces
lettres que, « comme il est nécessaire d'attacher le
tilrededuché-p;iirieàquelqu'unedes terresdépendan-
tes de l'archevêché, il a estimé qu'aucune ne le mérite
davantage que celle qui, ayant été donnée par saint
Cloud, lilsduroiClodorairel petit-fils du grandClovis,
en porte encore présentement le nom, el qui est le
plus ancien monument de la libéralité des rois de
France envers celle église. » D'après ces termes, il
faudrait croire que les droits des évêques de Paris
sur la terre de SainlChiud remontent à la donation
faite par Chlodovalde. Ou a observé que de tous les
évè'iuesde Paris qui ont puse retirer par délassement
dans leur maison de Sainl-Cloud, ur. seul y est dé-
cé'lé, savoir : Guillaume de Seignelay, mort le 23
novembre 1223. — Le village de Sainl-Cloud, dis-
tingué par la célébrité de ses dévotions el le séjour
des hauts ou riches personnages que la beauté de sa
situation engageait à y éiahlir des résidences, devint,
commeon l'a dit, ciinsidérable en peu de temps;
aussi voit-on qu'en 1218 il y avait là un pont sur la
Seine, supportant de? moulins. Châtelain, dans sa
Table des lieux, en faii remonter l'existence avant
le \\' siècle, et prétend, sans en avoir de fondement
assuré, qu'on l'appelail Pons \ibius el Saint-Cloud,
Nuviyenlum ad poniem Vibium ; mais l'abbé Lebeuf
remarque avec raison qu'il est vraisemblable que
Châlelaiii a pris pour le pont de Sainl-Cloud \e Pont
L'rbiensis de Grégoire de Tours. Le même critique
ajoute (pièce que lui-même en trouve de plus ancien,
est qu'il y avait un pont en cel endroit en 8il ; au
reste, le pont de Saint-Cloud était si vieux en 1307,
que le roi avait permis aux habitants de lever un
droit pour son rétablissement. L'amodiation de ce
droit pour deux ans l'aile à Jean de Provins montait à
560 liv. M.ilgré l'importance que ce lieu commen-
çait à prendre, il resta presqu'ij;noré dans l'histoire
qu'elle est aujourd'hui, ne se compose que de la par- jusqu'à l'année 1358, où il fut ré luit en cendres par
lie de la nef qui finit à la croisée. La façade man- les .Anglais et par Charles le Mauv.iis, roi de Na-
que au-si et l'on entre par le côlé opposé. — La sei- vnrie, qui s'étaient ligués contre la France. La ré-
gneurie temporelle de la terre de Saint-Cloud a de sistance de ses habitants à se déclarer contre le ré-
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
339
gent, qui fut depuis Cliarles V, dit le Sage, attira sur
eux la vengeance des ennemis qui en passèrent un
grand nombre au (il de l'épée. Le besoin de défen-
dre et de conserver un poste aussi important avait
fait construire sur le pont une forteresse, qui fut
souvent prise et reprise par les Armagnacs et les
Bourguignons, deux faclions qui divisaient la France
aux xiv« et XV' siècles. Le 13 octobre Ull, Cdllinet
de Pesex, capitaine de celte forli^esse, la livra aux
Armagnacs, qui y tuèrent tous ceux qui s'y éiaient
réfugiés, et s'emparèrent des vivres et des ricliesses
qu'on y avait renfermés. Au mois de novembre de
la même année, le duc de Bourgogne partit de Paris,
pendant la nuit, à la tête de 1.^00 hommes, et ar-
riva 3 la pointe du jour devant le pont de Saint-
Cloud. Il attaqua avec vigneur le pont et le bourg,
qui, malgré la défense opini.itre des Armagnacs,
leur furent enlevés : 600 de ces derniers qui s'y
trouvèrent furent tués. Collinet de Pesex, r«douiant
la peine due à sa trahison, espéra s:inver sa vie en
se cachant : on le découvrit dans le clocher de l'é-
glise de SaintCloud, déguisé en ecclésiasiique. Con-
duit aussitôt à Paris, ce capiiaiiie fut décapité aux
Halles, le 12 novembre suivant, avec l'habit de prê-
tre dont il s'était revêtu. Ses meu'.bres écartelés de-
meurèrent exposés en divers quartiers de la ville.
Le même duc de Bourgogne, voyant une partie des
Armagnacs réfugiée dans la lour , environnée de fos-
sés, (|ui existait sur le pont de Saint Cloi.d, fit met-
tre le feu au pont-levis et plus de 500 hommes fu-
rent noyés. Ce duc alla ensuite à Saint- Denis, où il
continua ses dévastations. — Le pont, qui élait alors
construit partie en bois et paitie en pierre, fut as-
sez endommagé pour nécessiier, à plusieurs repri-
ses, des réparations considérables En 1550, il fut
reconstruit en entier aux frais du roi Henri II. —
Saint-Cloud, pendant les guerres de religion, devint
tour à lour la proie des deux partis, comme il l'avait
été dans le siècle précédent des Armagnacs et des
Bourguignons. Cobgny et le prince de Condé, pour
mieux assurer leurs attaques contre Paris, assiégè-
rent Saint-Cloud , le prirent et y mirent une forte
garnison, afin d'arrêter sur la Seine les provisions
destinées pour la eapilale. Ce poste fut bientôt re-
pris par les caiholiqucs sur les proieslants. Une
ordonnance de Charles IX, de 1568, porte que le
pont sera rétabli et garni d'un pont-levis : plus lard
on voit les habitants de Saint-Cloud obtenir de Henri
III la permission de faire clore leur bourg de murs
et de fossés. — On sait que ce prince, réduit par les
Guise à fuir de Paris le 13 mai 1588, les fit assas-
siner dans son château de Blois les 23 et 24 décem-
bre suivant. Cette action ayant mis le comble au nié-
conientement presque général, il se vit réduit à im-
plorer l'assistance de son ennemi. Le 30 avril loS9,
il fit sa réconciliâiion avec le roi de Navarre, depuis
Henri IV, et les armées des deux rois réunies mar-
chèrent sur Paris vers la fin de juillet dé la même
année. Le roi de Navarre se logea à Meudon, et Hen-
340
ri III à Saint-Cloud, dans la maison de GoDdi, si-
tuée sur la hauteur. Des fenêtres de cette maison
Henri III pouvait apercevoir Paris : c'est de là que,
considérant cette capitale, il s'écria avec celte féro-
ciiésourde qui suit toujours la faiblesse : 0 chef trop
gros du royaume,bienlàt lu ne seras plus, et les passants de-
manderont oiiiuas été. Il méilitait réellement la ruine
de celte capitale où il comptait eiilrer au bout de
quel(|ues jours : mais il devait en être autrement.
Le lundi, dernier jour de juillet, un jeune jacobin,
nommé Jacques Clémeni, excilé parson prieur Edme
Bourgoin ei par la duchesse de Montpensier, sœur
des Guise, partit de Paris prjur aller à Saint-Cloud
assassiner le roi. En chemin, il rencontra le procu-
reur-général La Guesle. Il aborda cet officier et lui
dit qu'il était chargé de porter des lettres écrites au
roi parle premier présiilent de llarlay, et de commu-
niquer a S. M. des choses de la dernière importance
pour les intérêts d* sa couronne et de ses serviteurs
qui étaient dans Paris. La Guesle conduisit le moine
dans son logis à Saint-Cloud, et pensant que ce
pouvait être un espion envoyé par les ligueurs, lui
fil de nombreuses questions auxquelles Clément
répondit avec assurance. Le lendemain, entre 6 et 7
heures du matin, La Guesle introduisit te jacobin
dans les appartements du roi. Plusieurs circonstan-
ces semblèrent devoir empêcher le tête à tête solli-
cité par Clément, lors même que le roi parut y
consentir. L:\ Guesle pou-sa le soupçon jusqu'à dire :
Sire, il n'est pas beioin que ce moine s'approche de
V. M. Mais cette représeniation fui inutile, le roi
ayant f.iil écarter un penses officiers, tendit l'oreille
au jacobin qui, prononçant quelques phrases, lira
de sa m;inche un couieau et le plongea dans le ven-
tre d'Henri 111. Ah ! malheureux, que l'avais-je [ait
pour m'assassiner ainsi f s'écria ce prince en se
levant de sa chaise : puis retirant le couteau de sa
blessure, il en frappa au front le jacobin qui resiait
immobile et ferme devant lui. Le roi mourut de sa
b'essure qui d'abord n'avait paspiru mnriellc. Jac-
ques Clément fut tiré à quatre chev;iux et ses mem-
hres exposés dans la place qui est devant l'église du
bourg. Aussiiôl que les Parisiens apprirent la nour
velle de cet événement atroce, ils manilcsièrenl leur
joie de mille manières, les unspardes feux , d'autres
en ponant le deuil en vert. — Le bourg de Saint-
Cloud eut encore à souffrir dans les guerres entre
Henri IV et la ligue, et surtout dans les guerres de
la fronde où il fut le théâtre de plusieurs actions
meurtrières. — Dès celle époque , l'histoire de
Saint-Cloud se lie en grande part'e à celle di) châ-
teau royal, qui lui d"nna le degré ^l'importance
dont il a joui et jouit encore. Ce château demeura
dans la maison d'Orléans jusqu'en 1782, où Marie-
Anioinelte en fit l'acquisition. Le dernier séjour qu'y
fit celle reine est de 1790.— Mais ce qui assurera en-
core la célébrité de Saint-Cloud, c'est la fameuse
joui né' dii 18 brumaire an viii. — En 18U, au
moment où la puissance deNnpolé(ui, commencée .si
541
heureiisemcnl à Saini-Cloud, vcn;tit enfin île se
briser avec fracas sons les mur* de Paris, le 50
mars, Saint-Cloud fut occupé dans la matinée du 51
par l'avanl-garde du général russe, comie de Lan-
geron. Elle était forte de 6,000 hommes. Mais lidéles,
cette fois, à la capilnlalion qu'ils avaient signé?, les
troupes ennemies respectèrent le bourg et le cliàieau,
et aucun habitant n'eut à se plaindre de leur pilhige
ou de leurs vexations. Il n'en (ut pas de même en
d8lo; les malheureux habitants du bourg éprouvè-
rent de la part des Prussiens tout ce que les Russes
leur avaient épargné l'année précédente. Le 2 juillet,
les Prussiens, qui avaient passé la Seine au Pecq, vil-
lage situé au bas de Saint-Germain-en-Laye.se portè-
rent en foule sur Saint-Cloud it s'en emparèrent,
après que les Français, en se retirant, eurent fait
sauter une des arches du pont. Aussiiôt commencè-
rent et le pillage et les vexations de tout genre.
— Le jour suivant, 3 juillet, tandis que les soldats
prussiens répandaient la désolation dans le bourg,
lespléiiipotentiares des deux parties belligérantes s'y
assemblaient pour conclure cette conventionmilitaire
qui ouvrit pour la seconde fois les pf)ries de Paris
aux armées coalisées. Cette convention, violée depuis
presque sans opposition, fut signée à Salni-Cloud, à
deux heures après midi, pour le gouvernement pro-
visoire au nom du peuple français, par le comte de
Bondi, le baron Bignon et le comte général Guille-
minot ; pour l'Angleterre, parle colonel Hervey, <t
pour la Prusse par le baron Mnffling. — On a vu ce
qu'est actuellement l'égli e de Saint-Clnud ft ce
que l'ancienne renfermait de curienx. — Le cimetière
contient plusieurs monuments tumulaires remarqua-
bles. — Quant au pont, son bivtoire se trouve mêlée
à celle du village. Il suffira d'ajouter ici qu'en 1810
il fut réparé en entier.— On racontait jndis aux voya-
geurs une anecdote merveilleuse sur la consiruction
de ce pont. L'architecte qui s'en était cliargé , dés-
espérant, disait-on, de venir à bout de son entreprise,
le diable lui apparut et lui offrit d'achever le poni à
condition que le premier objet qui y passerait devien-
drait sa propriété. L'architecte accepta l'offre et s'a-
visa d'y faire passer un chat dont le diable fut forcé
(le »e contenter. — La belle position de Saint-Cloud
y fil bâtir dès son origine de belles maisons de cam-
pagne. En remontant dans la lecture de nos annales,
on trouve que Charles, (ils du roi Philippe-le Bel,
avilit une maison à Saint Cloud, et c'est là que Ca-
therine, impératrice de Constaniinople, fit longtemps
son séjOur. Jean, duc i!e Berry et d'Auvergne, avait
aussi dans ce même lieu un hôtel de campagne. Il en
lit don, en 1405, à Guillaume, seigneur de Lode. En
Ui)7, on appelait encore ce lieu le dos de Berri, et
c'étiiit devant ce clos qu'avait été construit, avant
IÔ76, un moulin à papier, qui fut alors changé en
moulin à grain. — Vers l'an 142S, il y avait à Saint-
Cloud un vieil hôtel de Bourbon. Sons Charles VII,
les sieurs de Chauvigny avaient i» Saint-Clond un hô-
tel aevant l'église. Henri il avait aussi une maison à
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 3i2
Saint-Cloud. Il la fit rebâtir et augmenter en 15SG.
— Mais de toutes les maisons dece bourg, !a (dus célèbre
en celle qui en 1572 appartenait à Jérôme de Gondi.
La colline sur laquelle est bâti Saint-Clnud , a sa
pente tellement abrupte et rnpidc que, dans la plu-
part des mes, on a été obligé de piaiiquer des esca-
liers pour pouvoir y marcher avec quelque facilité.
Les maisons en généra! y sont laides et mal bâties,
comme dans tous les lieux qui ont quelque anti-
quité. Cependant, un peu hors ilu bourg et sur la
gauche en suivant le cours de la Seine , on voit plu-
sieurs maisons de campagne remarquables parleur
construction , leurs belles dépendances et leur posi-
tion qui présente le point de vue brillant du bois de
Boulogne et de la vallée qui s'éiend le long de la
rivière jusqu'à Neuilfy. — Le terroir de cette com-
mune , composé tout entier de collines élevées,
n'est , pour ainsi dire, cultivé qu'en vignes. On n'y
voit que rarement quelques pièces de terre consa-
crées à la culture des grains. D'ailleurs ce territoire
fort peu étendu est presque en totalité occupé par le
parc du château. Ce bourg produit une espèce de
pierre qui est estimée. — Les principaux d'entre les
hommes célèbres nés à Saint Cloud sont : Pierre de
Saint-Cloud, qui vivait au xiii« sièc'e, et composa
en vers français le Testament dWlexandre le Grand,
— Guillaume de Siint-Cloud, vivant au xiv» siècle ,
assez bon astronome pour ce temps-là. Deux manus-
crits de lui sont conservés à la bibliothèque du roi.
— Tbiliaud Labhé, maître des enfants de rhœnr de
la collégiale de Saint-Cloud , qui recueillit plusieurs
Vies des Saints. — Claude Bouchard, chanoine et
curé , auteur, en 1647, d'une Vie de saint Cloud. —
Nicolas Feuillet, prêtre et chanoine, mort en 1695.
— Nicolas Gasiineau , auteur de plusieurs ouvrages
de controverse, mort à Saint-Cloud en 169C. — Jac-
ques Terrier, auteur de plusieurs écrits sur Saint-
Cloud , sa patrie, mort dans ce bourg en 1708. —
Maisonnenve, auteur de la Bibliothèque de campagne,
ouvrage en 24 volumes, publié en 1777. — Philippe-
Joseph d'Orléans, premier prince du sang, né le 15 avril
1747, dépuié à l'assemblée constituante et membre
de la convention nationale. Il prit le nom di'Egalité
pour se populariser, vota la mort de Louis XVI son
parent, et fut décapité le C novembre 1793.
I Cloud ((bateau de Saint-). Les auteurs ne sont
point d'arcord dans la désignation des lieux et bâti-
ments sur l'emplacement desquels le château a éié
bâti. Les uns veulent qu'il ait remplacé la maison
appelée anciennement Gondi , que Jérôme deGondi
avait fait élever en 1572, et que possédèrent après
lui quatre évêqiies de Paris de la même famille. Ils
rapportent que le 8 octobre 1638, Louis XIV Tacheta
pour en faire cadeau au duc d'Orléans, son frère uni-
que ; selon d'antres écrivains, le château de Saint-
Cloud appartenant au duc d'Orléans, et les jardins,
sont un terrain qui était auparavant occupé par trois
maisons pariiculières , dont Monsieur, frère de
Louis XIV , fit l'acquisition. Une dernière version
)iû DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
344
dit que ce cliàleaii et son parc reiifermcnl à la fois
ces quatre propriétés, savoir : 1° la maison apparte-
nant à la famille de Gondi, he.iu logis, avec nn jar-
din d'une très grande étendue, embelli, suivant le
continuateur de du Breul,de belles grottes et de fon-
taines, dont les eaux faisaient jouer quelques instru-
ments, et de plusieurs statues de marbre et de
pierre. C'est dans celle maison qu'en 157-2 fut conçu
et arrêté le nias.-acre de la Saim-Barihélerny ;
c'est aussi dans ta même maison que fut commis ,
sur la personne d'Henri 111, l'assiissinai dont on
a lu les dérails plus baut; 2» l'hôtel d'Aulnal qui était
situé au bout du village de Sainl-Cloud, ei que Cathe-
rine de Médicis acheta de Jean Rouville. Elle le donna
l'année suivante à Jérôme de Gondi , son écuyer.
En 1618, il passa au sieur Sancerre, argeiilier du
roi; en 1625, Jean-François de Gondi, frère du car-
dinal et évêque de Paris, acheta ce même hôiel :
ses héritiers le revendirent en I6"5 au sieur Her-
v;Hd iniendmt des finances de France, qui le ven-
dit le 25 octobre 16.N8, à Monsieur, frère de
Louis XIV, moyennant 241,000 livres, quoiqu'il
n'eût coulé, en 1577, à Catherine de Médicis que
4,157 livres avec 15 arpents de terre comigus, au
lieu que lors de la vente f.iite à Monsieur, il en con-
tenait 24. Cet hôiel est aciuellement le centre et le
noyau du château de Saini-Cloiid. Comme cet hôiel
avait été possédé par François de Gondi, premier
archevêque de Paris, les auteurs ont pu, à cause de
cela, attribuer par erreur l'origine du château à la
maison dont il vient d'être parlé, ei qui appartenait
aux Gondi; 0° une maison possédée par le célèbre
Fouquet, surintendant des finanres; 4° et enfin,
une autre maison appartenant à un nommé Moneroi.
Les du Tillet, grclliers du parlement, avaient à côté
de cette dernière une maison qui a donné son nom
à une allée du parc appelée rnlléc duTillei. Sur les
ruines de ces dinférents édifices s'éleva le château
de Sainl-Cloud. L'acquisition en fut faite par
Louis XIV pour son frère d'une manière singulière,
si l'on s'en rapporte à l'anecdole qui a été recueillie
à ce sujet. < Le cardinal Mazarin ayant eu envie d'a-
cheter une maison de plaisance p ur Monsieur, jeta
les yeux sur celle d'un gros partisan, située à
Saint-Cloud, qui était d'une étendue immense et
d'une grande beauié; aussi revenait-elle à près d'un
million à son possesseur, i Le cardinal s'y rendit
comme simple visiteur, et conversant avec le pro-
priétaire. I Cela doit vous coilter, lui dit -il,
1,200,000 livres pour le moins? i Le pailisan, qui
craignait qu'on ne blàmàt la source de parei les
richesses, se garda de convenir d'une valeur si con-
sidérable, et se défendait d'y avoir employé cette
somme. > Je parierais au moins pour 200,000 écusî
dit le cardinal. > Le financier s'en défendit encore ;
enfin, il convint que cela lui mutait 300,000 livres.
Le lendemain, il reçut celte somme et une lettre de
Mazarin, qui lui faisait savoir que le roi désirait
avoir cette maison pour Monsieur. Le messager était
lin notaire qui apportait en même temps un contrat
de vente tout dressé que le partisan fut obligé de
signer. > Ainsi, dit l'auteur du Dict. d'Anccd., par
la fineste du cardinal , le roi eut pour U.0,000 écus
ce qui coûtait près de 1,O!jO,O0O liv. au financier
qui fit, sans y penser, la restitution d'une partie de
ce qu'il av;.it volé à Sa Majesté. — Quelle que soit
d'ailleurs la manière dont cette acquisiiicm fut faite,
la construction du nouvel édifice ayant été confiée au
fameux Lep.mtre, arcliiiecie particulier du duc d'Or-
léans, à Girard et à Jules Hardoiiin Mansaii, archi-
tectes du roi, ces artistes habiles réussirent à former
un tout régulier des différents bâtiments déjà cons-
truits. Le dessin du parc et des jardins fut confié à
Le Nôtre, et ce coteau sec et aride devint bientôt
sous ses mains un lieu enchanté. C'est là plus que
partout ailleurs peut-être que ce grand homme a
montré toute la puissance de son génie. H vengea
surtout la France des railleries des Italiens, en
créant ce chef-d'œuvre des cascades, modèle de l'art
en ce genre, et qui surpassa en be:itité, en force et
en élégance les cascades les plus vantées de l'Italie.
— On a dit que cette superbe résidence appartint à
la maison d'Orléans jusqu'en 17S2. Les ducs de ce
nom y firent successivement des embellissements
numbreux, et y avaient rassemblé une magnifique
galerie de tableaux. Lorsqu'à l'époque qui vient d'ê-
tre indiquée, Marie-Antoinette en fil l'acquisition,
celte reine changea la dispositi m de plusieurs par-
ties de son château de Saint-Cloud, et l'aiigmenla de
nouveaux bâtiments. — Bonaparte, devenu empe-
reur, sous le nom de Napoléon, eut toujours une
prédilection marquée (lonr le château de Saint Cloiid,
qui avait été le théâtre de sa première élévation;
il fut même un temps où il y résidait plus souvent
qu'à Paris, et le cabinet français s'appelaii .Tlors le
cabinet de Saini-Cloud, comme avant il s'était appelé
lecabinetdi' V(>rsai7/i>s,etCimimedepuis il s'est nommé
le cabinet des Tuileries. Des travaux immenses furent
entrepris cl achevés par Napoléon, pour lendre le
château de Saint-Cloud digne de recevoir la cour
la plus fastueuse et sans doute la plus brillante de
l'Europe. Le château de Saint Clond est situé à
gauche du pont en entrant dans le bourg, et sur
le penchant méridional de la colline sur laquelle
le bourg est assis. Dans celle position il est dominé
par la colline de trois côtés, et n'a par conséquent
de vue qu'à l'est ; mais de ce côté-là les regards se
promènent sans obstacle dans un espace immense
au-dessiis de Paris et des campagnes voisines. La
chapelle a 15 met. 60 centim. (48 pieds) de long, sur
8 mètres 45 centim. (26 pieds) de large, et peut
contenir 150 personnes. Son .•iicliilecture esi d'ordre
ionique, à pilastres, supportés par un soubassement
d'ordre doiiqiie, dont la panie qui fail face à l'atilel
est en saillie, et foinie une tribune soutenue par
deux colonnes. Entre les pilastres se Ironvoni des
arades : celles du liaul sont décorées de balcons en
saillie avec balusires, et percées de 8 poiies-croi-
3iri
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOTEN AGE.
346
sées qui donnent à droiie sur le parc et à gauche sur
la galerie. Dans la tribune, l'arcade du milieu est
percée d'une porte donnant dans le salon de Diane.
Les archivoltes des arcades du haut sont ornées de
groupes d'anges sculptés par Deschamps. Au-dessus
du dernier ordre d'arcbiteciure, le plafond en vous-
sure est peint en grisaille par Sauvage; il représente
un ciel encadré de 12 compariimenis distribués au-
dessus di-s pilastres. — Le pire du château de Saint-
Cloud, qui d'abord n'était point destiné à être con-
tinuellement ouvert aux curieux, devint une prome-
nade irès-fréquentée dès le temps du régeni , et les
princes de la maison d'Orléans en avaient constani-
nient laissé la jouissance entière au public. Ce parc
et le bois qui en dépend, ont environ 18 kil. ( 4 1.)
d'étendue. Marie-Antoinette, sans déroger complè-
tement à un usage depuis si longtemps établi, ré-
serva cependant à ses plaisirs particuliers touie la
partie qui entoure le chàleau, et la fit enclore de pa-
lissades. Napoléon conserva cette disposition, et fli
même répurer et mettre à neuf ces pali>sades. Cette
enceinte réservée et eniourée en entier par le rcsie
du parc prit Je nom de petit parc ou parc particu-
lier, et le reste fut appelé le grand parc. Celte divi-
sion nécessite un double examen. Le petit parc com-
mence aux appariements mêmes du château, et s'é-
tend à gauche jusqu'au sommet de la colline : mais
à droite il n'occupe guère au-dessous du château
qu'une espèce de vallée, où sont réunis tous les en-
jolivements possibles : on y voit des jardin^ ei des
parterres ornés de bosquets, de gazons, de bassins,
etc., et surtout de nombreuses statues, dont quel-
ques-une^ soni des chefs-d'œuvre. Le grand parc s'é-
tend depuis h Seine, dont il n'est séparé que par la
roule de Sèvres à Saini-Cloud, jusque ei par delà le
sommet de la colline. On y entre par deui belles
grilles en fer, dont l'une construite en 1810 donne
sur la place, et l'autre sur la grande avenue du châ-
teau. A la suite de la première de ces grilles est l'al-
lée doub'e, appelée la grande avenue ; elle aboutit à
une espèce d'esplanade, que l'on nomme \'Etoile.
C'est dans celte partie (|ue se tient la foire. La par-
lie du pare qui conimrnce en cet endroit, et s'étend
jusqu'à Sèvres, est coupé»; de grandes et belles allées
plantées eu ormes, d'une grosseur et d'une élévation
monstrueuses. Ce qu'offre ce parc de plus remar-
quable, c'est la cascade et ses jets d'eau ; la plus
grande partie des eaux qui ser\ent à leur entretien,
vieni des étangs de la Marche, et se rend dan; le
bassin de la Grande Gerbe, qui fournil tous les bas-
sins et réservoirs du parc. C'est du château de Saint-
Cloud i|ue partit, en 1830, le roi Charles \, pour
quitter la France qu'il ne devait plus revoir. C'est
et-Oise, à 7 kil. de Versailles, 10 de Palaiseau, et
24 de Paris. On s'y rend par les chemins tle fer de
Versailles. Sa pop., considérableiuent diminuée de-
puis les gueires de religion, n'était que de 200 bab.
env. au milieu du dernier siècle. Le dénombrement
du royaume, fait en 1745, ne la porte même qu'à
1.50 bab., en révaluant sur 45 feux. Elle est aujour-
d'hui de COO hab., en y comprenant plusieurs mai-
sons écartées et l'ancieime paroisse de la Trinité.
Cbâieaufort était anciennement un de ces gros
bourgs (lui se formaient autour des forteresses bàiies
par les seigneurs féodaux, pour s'en faire un asile
contre l'antorilé royale, l'invasion de leurs voisins
ou la rébellion «le leurs propies vassaux. Le coteau
sur lequel était élevé le château qui a donné son
nom au village .ictuel, offrait une position admirable
pour ces sortes de constructions. Il dominait presque
perpendiculairement sur une gorge ou vallée dans
laiiiielle coule le petit ruisseau de Poit-Hoyal, qui
se jette dans rivetie, auprès de Gif. Les bords de ce
coteau sont escarpés, cl l'accès en est liès-d Ilicile.
La confiance qu'eurent les gens de la campagne dans
la protection du seigneur de ce lieu, lit qu'ils vinrent
s'y réfugier, et que le bourg qui s'y forma ressembla
à une petite ville, ils y étaient défendus des incur-
sions des ennemis, non-seulement par le château,
mais aussi par une clôture de murs et de fossés, el
trois grosses leurs placées eu différents endroits du
boorg. L'une de ces tours a été depuis eniiérement
détruite; les deux antres existent encore piesque
entières, qnoiqu'à plusieurs reprise- on ail lait jouer
la mine pour les abattre. Ces deux énormes masses,
qui semblent indesiruclibles, sont un témoignage
permanent de l'esclavage où le peuple était alors
réduit, et qui permettait de n'épargner ni les bras
ni les matériaux. Ce lieu devint si considérable,
qu'il fut choisi vers le xi» ou xit' siècle, pour le
chef-lieu d'une contrée tout entière du diocèse de
Paris. C'était le plus étendu des 6 doyennés ruraux
de ce diocèse : il commençait à l'extréinité de la ban-
lieue, au midi de Paris, sur le grand chemin d'Or-
léans, et comprenait tout l'espace vers la droite, le
long du rivage de la Stine, jusqu'à Mauchamp inclu-
siveinenl, à 8 ou 12 kil. en deçà d'Ëtanipes, el au
delà de St-Germain-en-Laye. Châleauforl était aussi
le siège d'une cliàtelienie el d'une prévoie. Il y avait
une léproserie (|ui, dès le xiii° siècle, était une des
plus fré'pientées et des mieux dotées du diocèse de
Paris. La popul. très-nombreuse de ce lieu y avait
nécessité l'établissement de deux paroisses : l'une,
sous l'invoc tion de la sainte Triniié, était des-
tinée pour le bourg proprement dit, et l'antre, pour
les nianant» établis hors des murs et du côié de la
également de Saini-Cloud qu'est parti , en 1848, le campagne, était sous le litre de St-Chrisiophe. Cette
roi Lonis-Plidippe avec sa famille pour sortir de
France.
Catirum Forte, Cbâieaufort, paroisse de l'ancien
diocèse de Paris, actuellement de celui de Versailles,
arroiid. de celle ville, canton de Palaiseau, Seine-
église du bourg et le bourg lui-même sont mainte-
nant détruits. On en voit les ruines éparses autour
de celles du château qui dominait sur elles. On re-
marque encore quelques vestiges de rues et de
places et nue espèce de coniiguiié dans les maisons.
347 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
UH
Une rue du village, qui porte le nom de ta Monnn'c,
semble indiquer que j:idis on baiiait monnaie à Clià-
(eauforl, qui, d'après mut ce qu'il en reste, devait
être considérable. La seconde égliso, qui était jadis
la plus pelile et la plus pauvre, subsiste aujouid'liui
ei suMit à la popul. actuelle du village. Dans un car-
lulaire de Cliâieaufirl, on lit que celle église, étant
construite en bois, comme l'étaient autrefois la plu-
part des étilises de France, le roi Philippe, en l'an
10t)8, permit à un chevalier, nommé Aimerie, de la
faire reconstruire en pierre. Elle est située sur la
pente de la montagne, à mi-côle, et si éloignée des
babitations, que celles-ci ne p.iraissent pas lui ap-
partenir. Cette é;lisc était jadis un prieuré de l'ordre
de Saint-Benoît. Ce prieuré fut fondé vers le milieu
du XI» siècle. Les plus anciens seigneurs de Clià-
teautort que l'on connaisse vivaient dinis le xi* siè-
cle. Ou trouve dans les anciennes chroniques, à la
date de l'année 1112, que l'un des seigneurs de ce
lieu, Hugues de Montlbéry, nommé aussi de Crécy,
grand sénéchal de France, fit enfermer au château
et étrangla de ses propies mains Milon de Montlbéry,
son seigneur et son cousin, fil? de cr Milon le Grand,
si célèbre dans l'histoire de ce temps-là. Hugues,
après avoir commis ce crime, qui le rendait maître
des biens de son cousin, fit de vains efforts pour
n'en point paraître l'auteur; et, se voyant poursuivi
par l'animadversinn générale, il prit ie parti de se
renfermer dans un cloître en 1118. Ce méchant
homme, même avant son crime, portait un nom fort
extraordinaire : comme il était tiés-niaigre et pres-
que entièrement décharné, on l'appelait Hugues le
Cadavre. — Quebiues années après, Louis le Gros,
qui avait pleuré sur la mort de Milon, un des hommes
les pins honorés à sa cour, confisqua la terre de Chà-
teaufort sur Hugues. Louis XI la donna en échange
d'autres terres à Louis de Brabant, en 1480. En
1529, François l" en fit présent à Jean de la Barre,
prévôt de Paris. Elle passa depuis dans la maison de
Guise, en 1616; puis enfin dans celle de Charles
d'Escoubleau, marquis de Sourdis, à qui la jouis-
sance en fut attribuée par un arrêt du 9 février 1663,
à la charge que la justice y serait rendue par des
officiers pourvus par le roi , sur la nomination de ce
seigneur, conformément à un arrêt du 27 juin 1630.
— Ce lieu a donné nais^ince à plusieurs hommes
illustres, entre autres 5 Jean de Chàieaufort , abbé
de Livry, en 128); à Guillaume de Châleanfort ,
recteur de l'iniiversité de Paris, en 1449, et eneuite
docteur de la maison de Navarre. Il était grand maî-
tre du même collège en 1439, et fit de graves re-
niontranres au roi Charles VII sur les abus introduits
dans les collèges. Eusèbe lîeiiaudot, littérateur et
orientaliste distingué du siècle de Louis XIV, a été
prieur de Châteaufort. — Parmi les maisons éparses
«jui composent maintenant ce village, on distingue le
château d'Ors, que Lebeuf nomme d'Orfe,etqui
porte , sur quelques anciennes cartes, le nom d'Orsé
ou Orcé. On remarque aussi la maison dite la Ge-
MM/e , appartenant au chevalier de Giitourt, celle
dite le Gavois et la maison de la Peniiclic. — Le
territoire de celte commune n'a point de vignes ,
quoique ses coteaux soient très-propres à leur cul-
ture. On n'y voit que des terres labourables , des
prairies et des bois. Il y a deux moulins que fait
tourner la petite rivière qui arrose ses prairies. —
Il se lient à Châteaufort une fcdre chaque année ,
irès-frèqutntèe i our la vente de la filasse et des
porcs gras. Elle a lieu, comme anciennement, le 28
octobre, et dure un jour. Il y avait autrefois un mar-
clié tous les huit jours. Ce lieu , peu propre à être le
centre d'aucun commerce, ne doit celui qui s'y fait
encore qu'à un reste de son ancienne influence.
CoitrumNanloms, Chàieau-Landon, paroisse de l'an-
cii"n diocèse de Sens, maintenant de celui de Meauit,
chef-lieu de canton de l'arrond. de Fnnlainebleau,
Seine-et-Marne, sur une colline au bas de laquelle
passe le ruisseau de Suzain on Fnsin,àl2 kil.de Ne-
mours , 40 sud de Melun, 76 sud-ouest de Paris.
Il y a un bureau de poste. Ce bourg, qui est fort
ancien, était autrefois considéré comme ville. Sa po-
pulation ne s'élevait, an milieu du siècle dernier ,
qu'à 1500 hab.; elle est aujourd'hui de plus de 2000.
Son nom latin est Castrum Nnnlonis ; l'histoire des
consuls d'Anjou , de? le ii' siècle, lui donne celui de
Casirum Latidonis; quelques auteurs l'appellent Cat-
JrumLflnrfoHi'iise; d'antres, Casirum Nandonis; d'au-
tres, Castrum Landonum. On pourrait aussi, avec le
plus grand nombre des commentateurs ou historens,
dire qne Château-Landon s'est appelé ViUaunodu-
ywm, en adinetiani son identité avec Villaunodunum
dont parle César au liv. vu de ses Commentaires,
mais celte opinion est contestée. — Chàleau-Laudon
ciait autrefois le siège d'une prévôté ressortissant au
bailliage de Nemnurs. Outre deux églises, dont l'une
paroissiale, sous l'invocaiion de saint Tugal, et l'au-
tre dédiée à N.-D., il y avait une abbaye de Tor-
dre de St-Augusiin,congrég. de Sie-Getieviève, dont
l'église était dédiée à saint Severin, qui choisit ce
lien pour sa retraite sous le règne de Clovis, et y
mourut. Cette abbuye, fondée dans le \i' siècle par
Childebert, fils de Clovis , était en commende et va-
lait 2,0 .0 liv. à son prélat , qui payait 600 flor. à la
cour de Rome pour ses bulles. II y avait aussi un hô-
pital.— Si Villaunodunum, dont parle César dans
ses Commentaires, est le même que Château-Lan-
don, comme l'ont pensé presque tons les auteurs, on
doit noter que ce conquérant en fit le siège et l'em-
porta en trois jours, lors de la guerre queVercingen-
torix soutint contre lui. En 878, sous le règne de
Louis le Bègue, se passa, au même lieu, le duel d'In-
gi'lger, comte d'Anjou, contre Contran, l'un des
plus redoul.-ibles guerriers de son temps. Ce dernier
accusait de meurtre sa propre parente, veuve d'In-
gelger , comte deGàtinais,que l'on avait trouvé mort
dans son lit auprès de sa femme. Ingelger, filleul de
la comtesse, vint offrir son secours à sa marraine, et
la justifia, en restant vainqueur de Contran , à qui il
Si.)
fttalavie. Il recul d'elle en récompense la seigneu-
rie de Cliàleau-Landon.avec ses dépendances et lous
les fiefs qui en relevaient. Hugues du Puisel, vicomte
de Chartres, après nvoir résisté à Louis-le-Gros
pendant trois ans, fut pris et envoyé à Cliàteaii-Lan .
doD , où il resta prisonnier. — Le territoire de ce
liourg est très-abondant en grains et ei vins, et ses
environs sont remplis de lioisetile prairies agréables.
Il s'y trouve plusieurs fabriques de blanc d'Espagne.
On y exploite de riches carrières de pierres dures
qui se polissent comme le mirbre, et que l'on trans-
porte par le canal de Loing : l'arc de triomphe de
l'Etoile à Paris est bail en pierres de (^hâteau-Lan-
don.
Casirum Povcianum, Châieau-Porcien , petite ville
du diocèse de Reims, chel-lieu de canton de l'arrondis-
sement deRhétel, Ardennes, àlOkil. ouest de Rhéii.l,
38 de Mézières, et 184 de Paris. Long. 21° 38, lai.
40° 5S.Popul.2600 habiiants. Celle du canloii esi de
9145. Cette ville est située sur la rive droite de
l'Aisne, qui forme en cet endroit une île dans la-
quelle est une partie de la ville, dominée par un
châlcau bâti sur un rocher. — Cette ville n'éiait
autrefois qu'une simple seigneurie mouvante du con:-
lé de Sainle-.Ménehould. Elle passa dans la naisOM
des comtes de Champagne par un éclinige fait, in
1265 , entre Thibault, roi de Navarre, comte de
Champagne , et Raoul de Chàleau-Porcien. .leanne,
reine de Navarre, l'apporta depuis au roi Philippe
le Bel, comme dépendance de son comté de Cliaiii-
pagne. Ce prince en fit échange, en 1303, avec Gau-
thier de Chùtillon, cnnuélahle de France, et l'érigé i
pour lui en comté. Chàleau-Porcien demeura à la
maiscio de Chàiillon jusqu'à l'année 13li5, époque à
laquelle il fut vendu à Louis de France, duc d'Or-
léans, par Jean de Cliàtillon. Charles, duc d'Orléans
fils de Louis, ayant éié prjs à la bataille d'Azincourt,
te revendit à Antoine de Crouy, sieur de Renty,
pour payer sa rançon, en 1439. Le 4 juin 15GI,
Charles VU érigea Château-Porcien en principauté, en
faveur d'un Charles de Çrouy, comte de Seniguen,
et y unit plusieurs terres. Celte principauté passa
de cette maison à celle de GunzagueenieOS, et le duc
de Mazarin l'acquit en 1608. Le château ei son do-
maine appartenaient en dernier lieu à la branche
cadette de Richelieu. — Chàteau-Porcien a soutenu
quatre sièges à des époques liès-rapprocliées. I..cs
Espagnols 1% conquirent en 1630 : elle fut reprise la
même année par les Français, puis une seconde fois
par les Espagnols, en 1652, et enfin les Français la
repijrent en 16o5. — Celte ville a des fabriques de
serges, casimirs, étamines; des tanneries, des fila-
tures de coton, des moulins à huile. Son principal
commerce est en ardoises; elle exporte aussi des
draps, produit de ses fabriques, des laines, du fer,
etc. : ce Gftmmecci! est favorisé par les e un de
l'Aisne, qui conxmçnce à être navigable à Chàieau-
l'orcjen.
Cisirum Begnaldi , Château-Renard, ou Regnard,
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 350
petite ville di- l'ancien diocèse de Sens, maintenant
de celui d'Orléans, chef-lieu de canton dn l'arrond.
de Moiilargis, Loirei, sur la rive droite de l'Ouanne,
à 1.5 kil. esl-suil-esi de Moniargis, 6i d'Orléans, et
124 de Paris. Popul. 2.i00 habitants. Celle du can-
ton est de 9860. — Cette ville, ancien domaine de la
couronne, qui avait été engagé, lut détruite dans le
xii*^ siècle par Louis le Gros. Elle a|iparleiiait alors
aux seigneurs de Courtenay, et passa dans la mai-
son de Sully, par le mariage de Péronnelle, sœur
cadette d'Isabeau de Courtenay. Au milieu du xvi«
siècle, l'amiral de Coligny l'acheta des L;t Tiéinoil-
le, héritiers de la maison de Sully : après la mort de
l'amiral, elle entra dans la maison de Nassau-Oran-
ge. Comme elle était devenue un des remparts des
calvinistes, pendant les guerres de religion, Louis
XIII fit démolir, en 1627, son châirau et ses forti-
fications. — Cliàteau-Renard était le siège d'une
cliâtellenie, qui ressortissait au présidial de Mon-
iargis : c'est aujourd'hui le siège d'une justice de
paix. — Il y a, dans celte ville, plu-ieurs fabriques
de drap propre à rhabilleiuent d' s troupes. Il s'y fait
un commerce de grosses loiles, que l'un tire des
environ^ de Moniargis, de Cône et deSaint-Fargeau.
Autrefois , les Allemands venaient acheter des
safraiis du côté de Bois-Commun : ce commerce,
quoique diminué, est encore assez considérable.
CasdMmT/ieodemerense.ChâteauBeuf-en-Thimerais,
petite ville du diocèse de Chartres, chef-lieu de
canton de l'arrond. de Dreux, Enre-ei-Loir, près de
la forêi qui porieson nom, à 18 kil. de Dreux, 21 de
Chartres, 84 sud-ouest de Paris. Popul. 1800 habi-
tants. La ville et le pays de Thimcrais étaient régis
par une coutume particulière rédigée en 1552. On
y voyait deux églises : l'une paroissiale, dédiée à la
Vierge et située dans la ville ; l'autre, située dans le
faubourg appelé Thiraerl, consacrée à saint Pie ro.
Dans ce faubourg était un prieuré en commende de
l'ordre de Suint-Benoît, dépendant de l'abbaye de
Saint-Florenlin deBonneval. Chàieauneuf est aujuiir-
d'hiii le siège d'une justice de paix, la résidence
d'un snus-inspecleur des forêts el d'un .syndic des
marins; elle est dans lesyndical de l'inscription ma-
ritime du q. d'Orléans, 4"'« arr. maritime. Il y a un
bureau de poste, un relais de poste aux chevaux et
une brigade de gendarmerie. Celte ville se forma
auxi' siècle par le rassemblement des habitants des
environs auprès d'un château construit à celte épo-
que par un seigneur nommé Guazoïi, et qui fut
assiégé en 1060 par Henri 1", roi de France. Ce lieu
était nommé Casirum Tlieodemerense ; de Tlieodt'ine-
rensis on fille r/i(mer(,qui devint le nom du château,
et le pays qui l'environnait fut nommé Tliimeiais.
En 1 115 on trouve que Hugues, fils de Geivaise,
possédait le château neuf en Tlw,iierai. Celle maison
des Hugues et Gei vais du Cliàlel se rendit célèbre
dans lesxii^ cl xiir siècles : elle se fondii ensuite
dans celles de Dreux et de Pont-Audptççfr ^^ T^i-
351
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
388
merais passa depuis dans les mains des seigneurs du
grand Perche, et y resta jusqu'à Charles IV, dernier
duc d'Aleiiçon. Chateuiineuf fut, en 1314., érigé en
barnnnie-pairie, en faveur de Charles de Valois. Il
échut en dernier lieu à la maison de Bourbon. Pris
en dû89 par le duc de Mayenne, il ne larda pas à
re'omber au pouvoir de relie maison. Il fut en effet,
l'année suivante, pris et pillé par le comte de Sois-
sons. Ses maisons, assez bienbàiies, sonl construiles
et couvertes en briques. C'est la pairie du juriscon-
sulte et poète Lorens, mort en 1655. — Le terri-
toire de Châteauneuf, (|uoique l'eau y joii rare, se
fait remarquer par sa fertililé : le Iroment y rend 8
pour 1. Il se lient dans la ville un marché de grains
tous les mercredis. — La forêi qui entoure la ville,
et dans laqnell8 on a percé de belles allées qui ser-
vent de promenade aux bahilanls, faisait jadis par-
lie de l'apanage de Motisieur, depuis Louis XVIII ;
elle appartient aujourd'hui au domaine de TElat.
PlusieiTS maisons de plaisance remarquables em-
bellissent les environs de la ville.
CastrumT heodorki, Cliàieaii-Thierry, ville du dio-
cèse de Boissons, chef-lieu d'airnndissemenl du dé-
partement de l'Aisne, .ivec sous-préfftcture, tribunal de
première instance et collège communal, sur la Marne,
à 52 kil. sud-ouest de Laon, l! ouest d'Epernay, 48
nor.l-est deMeaux et 9:2 de Paris. L'arrondissement
renferme 127 communes et 56,423 habiianls. Il
compte 5 cantons. La popul. de la ville est de 5,000
h:ibii:.n's environ. — Celte ville, qui avait le titre
de du( hé-pairie, était la capitale de la Brie-Pouil-
leuse, ou du Pays de Gallcvèse, avec un gouvern. de
place, dans le gouvernement gén. de la Champagne ;
c'était l« clief-lieu d'une élection, le sit ge d'un pré-
sidial, d'un bailliage, d'un grenier à sel ei d'une
maîtrise des eaux ei forêts. Elle s'élève en amphi-
théâtre sur le bord de la Marne et a un très-beau
port. Une promenaile agréable, que l'on a plantée
le long de la rivière, répand de la gaîté sur le tableau
qu'elle offre aux voyageurs, et le mouvement de ses
bateaux, qui pissent le long de ses rives pour l'ap-
provisionnement de Paris, porte, pour ainsi dire,
l'air de vie des villescommerçantes. Château-Thierry
a un vieux chàieau en ruine, situé sur le sommet de
la montagne qui la domine ; il est beaucoup au-
dessus des pins hautes maisons de la ville.
Elle a deux faubourgs considérables : l'un vers le
couchant et l'autie à son midi ; ce dernier est sé-
paré de la ville par une ancienne porte et par un
pont de pierre jeié sur la Marne. Il y a un autie
pont de pierre d'une seule arche, construit, en 1759,
sur un canal que l'on a creusé pour servir de dé-
plusieurs monastères et chapelles ; une abbaye de
chanoinesses de Saini-Auguslin, appelée la Barre,
fondée par Jeanne de Champagne, reine de France
et de Navarre; un couvent de Minimes, un de Ca-
pucins et un de la congrégation. Château-Thierry a
deux sources d'eaux minérales ferrugineuses ; elles
coulent dans deux maisons voisines l'une de l'autre :
celle qui a le plus de réputation, et qui attire beau-
coup de malades pendant la belle saison, est celle de
la Fleur de lis. 11 y a dans le territoire de la ville
beaucoup de carrières de meules à moulin et à plâtre.
Le pays renferme beaucoup de vignes; on récolte une
certaine quaiuitéde foin lelong de la Marne; mais le plus
grand commerce consiste en vins. On y Toit quel-
ques fabriques de toile, des hiatures de coton, des
tanneries ei des corroierjes. Voici ce que les hi-io-
riens rapportent sur l'origine de (Ihàteau-Thierry.
Chilpéric II, roi de France, étant mort en 720,
Charles Mariel, maire du palais, chercha à réunir
en sa personne le litre de roi à l'autorité qu'il avait
déjà. Le moiuent ne lui paraissant pas favorable, il
se détermina à dotiner la couronne et le titre de roi
à Thierry IV, enfant de 8 à 9 ans. L'ambitieux Char-
les, voulant retenir dans une espèce de prison vo-
lontaire le fantôme de roi qu'il avait couronné, ima-
gina de lui faire construire un château dans la posi-
tion la plus riante et la moins éloignée d'une métai-
rie ou petit château que lui-n.èine possédait aux
Chesnemix, ei où il résidait assez souvent. Il choisit,
à cet effet, le bel emplacement qu'occupe Chàieaii-
Thierry, et où il fit élever un château de peu d'éten-
due, qu'il fit revêùr de fortifications pour en faire
un séjour à l'abri de toute attaque. L'ai hèvement de
celle construction remonte à l'an 730 environ. Le
château reçut le nom du jeune prince pour qui il
fut bâti. Il parait qu'alors il n'existait aucune a| pa-
rence de ville autour de Château-Thierry, et que ce
lieu même éiait d'une faible étendue. Ce châieau
resta à la couronne, et paraît avoir servi de maison
royale jusqu'à ce qu'Herbert 1<", l'.omte de Verman-
dois, te le fit donner par le faible Louis le Bègue,
vers 877. Les comtes de Vermandoisle conservèrent
jusqu'en 945, époque à laquelle il devint propriétédeUi-
cliard, comte de Troj es. Quant à la ville, ou doit penser
que, de même qu'un grand nombred'auires villes, elle
commença à se former sous les murs du château par
le rassemblement des paysans, qui, pour fuir
les brigandages des seigneurs, venaient se mettre
sous la proieciion des plus puissants d'entre eux,
protection qu'ils leur faisaient souvent payer cher.
On connaît un chevalier soissonnais appelé Hugues de
Château-Thierry, qui percevait les revenus de cinq
charge à la Marne et mettre la campagne plus à autels ou églises qu'il avait envahis. Hugues restitua •
l'abri des inondations, de manière que ce faubour" a
deux pouls. L'autre faubourg est aussi séparé de la
ville par une porte, dans laquelle étaient pratiquées
des prisons. L'hôtel de ville est au bas du château.
Cette ville avait autrefois deux paroisses : l'une dé-
diée à saint Martin, l'autre à Notre-Dame. H y avait
ces cinq églises, à la sollicitation de l'évèque de
Soishons, qui fit, à ce sujet, dresser un acte, dans
lequel, après une vive sortie contre ceux qui usur-
pent le bien des églises, il impose au chevalier une
pénitence en expiation de sa conduite passée. Cet Hu-
gues était un officier aux ordres des comiesdeCham-
555
GEOGRAPHIE DLS LEGENDES AU MOYEN AGE.
5Si
pagne, préposé i» la garde de leur vicomte de Châ-
teau-Thierry. L'évêque de Soissons, qui connaissait
sa ynleiir, l'avait chargé de i'avouerie de plusieurs
bénéfices; mais le chevalier, au lieu de h protec-
tion qu'on attendait de lui, avait use de ruse et de
viiilence pour s'en attribuer les revenus. Ceci se pas-
sait dans la seconde moitié du xi<' siècle. Eti 1251,
Château-Thierry obtint une charte commune du
comte de Champagne. Pbil'ppe le Bel confirma plus
tard les franchises et lili»riés de celte ville, et substi-
tua quatre échevins électifs aux douze jurés. — Blan-
che d'Artois, fille de Robert de France, reine de Na-
varre et comtesse de Cliauipague, devint régente du
comté de Château -Thierry par la mort de son époux,
Henri I*'', survenue en Hli. Elle épousa bientôt
après Edmond d'Angleterre, comte de Lancastre.
C'est dans le cours de sa régence que celte princesse
améliora le sort des églises et couvents qui exi-
Bl;iieiii à ce te époque. Elle fonda un collège qui a
été fiéquenté jusqu'à la révolution, et connu ïous le
nom d'Ancien Collège; elle y attacha des préroga-
tives, dorrt le but était de procurer de l'arnusement
aux élèves à certaines époques de l'année. On lui
attribue l'institution de U basnche, à qui elle aceonla
divers privilèges. — Henri II, roi de France, séjonrita
plusieurs fois mu château de Châleau-Thierry ; le duc
d'Alençon, fière de Charles IX et de Henri III, y
mourut d'urre maladie de langueur. Sa iiic.n étant
prnchairre, la reiiie-rnére fit démeubler le château, et
transporter par eau lesmeirble>à l'ari-;. Il en résulta
que cel infortuné prince monrnl abandonné de» siens
et d'une grande paille de ses domestiques. L(iuisX.III
y vint en 1653 avec Anne d'Autriche, fille de Phi-
lippe III, roi d'Espa';!ne, ei le eaidinal de Richelieu.
Ce ministre faisait plus habiluillenienl sa résidence
au château de Coudé en Brie; mais lors(|u'il venait
à la cour, à Château-Thieiry, il babilaii la maison
qui se trouvait à gauche de la première porte d'entrée
de la première cour du château. C'était de là qu'il
faisait observer ceux qui se présenlaienl pour faire
leirr coirr au roi. Par échange du duché de Bouillon,
sous Louis XIV, le château apparlinl à la famille de
ce nom. — Château-Thierry, comme place de guerre,
cul plusieurs assauts à soutenir. En 935, il fui as-
siégé pa.' Raoul et Hugues, duc de France. Ils em-
portèrent la ville par escalade, et la forteresse capi-
tula. Sous François I""', l'armée de Charles-Quint
attaqua, en I5i4, Château-Thierry, où étaient en-
feniiées des provi-ions en abondance, et parvint à
s'en emparer. De là l'ennemi (il des courses jusqu'à
Mciux, et jeta l'épouvante dans Paris. Cet événe-
ment contribua beaucoup à la conclusion de la paix.
On a supposé qne l'empereur n'avait tenté ce coup
de main qu'à l'instigation de la duchesse d'Elainpes,
maîtresse du roi, qu'il avait secrètement mise dans
ses intérêts. Chàteaa-Thierry est l'un des endroits
d; la France où les fureurs de la ligue se firent
sentir avec le plus de violence. Le duc de Mayenne
b'cii empaia, cl rien n'est coniparaMe aux horreurs
que les Espagnols exercèrent quand ils pillèrent cette
ville malheureuse. L'auteur de celte ligue firnesie, le
trop fanreux Henri (le Guise, assassiné à dois, acquit
près de Château-Thierry le surnom de Ba/a^ri». Il le
dirl à une balle qui l'atteignit à la joue. — La ville de
Château-Thierry avait autrefois une compagnie d'ar-
quebusiers : l'exemption de l'impôt pendant l'année
pour celui qui avait abattu l'oiseau, était l'unique
privilège de cetn compagnie, dont les devoirs se boi--
naienl à prendre les armes dans les cérémonies publi-
ques. Il existait en outre deux autres compagràes,
l'une du jeu d'arc, l'autre de fusiliers. Il y avait
aussi dans cette ville des usages dont qiieliiires-
iiris sont conservés. Parmi les coutumes les plus bi-
zarres qne le cours du temps a fait disparaître,
l'hommage i|ne les écnliers de Château-Thierry ren-
daient à l'abbé de Valsecret mente une mi^ntion par-
ticulière. Cel hommage était (irécédé de jeux dont
oir allrihue l'in-titution à Blanche d'.Artois, reine de
Navarre. L'irn de ces jeux était connu sons la dérro-
minatioii de la neude on de l'engueule : il avait lieu
le hindi gras. Un bâion, suspendu à l'extrèinitè d'une
allée qui abonlissail à la porte du j irdin de l'ancien
collège de Châleau-Thierry, supportait une espèce
de couronne, que cliariue écolier devai chenher à
abaiire. Celui qui y parven.iit recevait les applau-
dissemenis de ses cauiaïades, et étaii déclaré roi
de la neude. Le nrardi gras était signalé par un autre
jeu. Tous les écoliers, pourvus d'un coq, se ren-
daient à la salle d'éiude ; là, deux d'entre eux,-or-
lant de la foule, lâchaient chacun leur cii(| : le com-
bat s'engageait de suite eirtre les deux champinrrs.
Celui qui succombait dans la lune était aussitôt
remplacé par un nouveau combattant , et ainsi de
suite, jusqu'à ce que tous eussent figuré dans l'arène.
Le litre de roi et les honneurs du triorrr|^>he étaient
décernés à l'écolier dont le valeureux coq était resté
maître du champ de bataille. Le jeudi suivant, les
mêmes acteurs, formant une escorte au mi de neude,
se rendaient à cheval et militairement à Valsecret ;
leur chapeau était surmonté d'un brin de houx
dont on avait doré les feuilles , et qu'on riommait
houx pagnon. Arrivés à l'abbaye, un écolier haran-
guait l'abbé, qui, après la réponse d'usage, faisait
servir un dîner au roi et à sa iroiipe. S'il arrivaii que
le roi n'eût pas effectué le voyaae de Vals.Ciet.il
était tenu , le lendemain, d'aller au ehàleau, ainsi
que tout son cortège, pour y renouveler l'honmiage
que l'on avait rendu jadis à la reine Blanche. Il y
portail une poule , qu'on attachait à la porte de la
cour donnarrl sur l'église : ell ■ devait être mise à
mort par celte jeunesse. Le roi portait le premict
coup. Tout f»it croire que ces jeux sont dus au
comte de Lancastre , second époux de la reine
Blanche. On sait que le combat des coqs est encore
aujourd hui très en vogue en Angleterre. La reine
r.laiiche s'étant beaucoup occupée d'institutions en
f.jcnr de la jeunesse, a laisse des souvenirs qui se^
DICTIONNAIRE DE GEOGRàl'HlË ECCLESIASTIQUE.
sont perpétues d'âge en âge. C'est ainsi qu'à ceriai-
nes féies les enfanis ciiantaient ce refrain :
Quand le roi (ul couronné
A la Saint-Jean d'été ,
Vite en France
La reine Blanche!
Châleau-Tliierry renferme deux hospices , celui des
malades et celui de la Charité. L'un , l'Hôtel-Dieu ,
dédié à saint Jean de Dieu, fut fondé par Jeanne ,
reine de France et de Navarre, comiesse de Cham-
pagne, épouse de Philippe le Bel, ou du moins en
vertu des clauses qu'elle inséra dans son testament,
en date du 25 mars 1504. Cet hôpital reçut de gran-
des dotations sur la fin du xvii< siècle. L'autre ,
l'hospice de la Charité, qui remonte à l'année 1G54,
est du à la duchesse de Bouillon, veuve de Frédéric
de Latour-d'Auvergne. Elle confia à des frères de la
Charité l'adminisiraiion des biens et le soin des
malades. Avant la révoluiion, on recevait à la Cha-
rité les aliénés et les personnes renlerniées par lettres
de cachet. Depuis, cet hospice sert aux aliénés
payant pension, aux vieillards infirmes et nécessi-
teux , et aux enfants trouvés. L'éiablissemeni, très-
heureusement situé, est desservi par trois dames ,
chargées, l'une du soin des malades et des enfanis
trouvés; la seconde, de celui des vieillards; et la
troisième, des orphelins, de leur éducation et de leur
entretien. Les détails de l'administration sont confiés
à un économe. Une partie du bâtiment a été dm-
vertie en prison. — Château-Thierry est une des
villes du département de l'Aisne qui ont eu le plus à
soufTrir des événements de la guerre , lors de l'in-
vasion de li:.14. C'est à Cliàteau-Thiejry qne naquit ,
le 8 juillet 1621, ce Jean de Lafuntaine, qui, selon
l'expression de R:tcine, était assez béie pour ne pas
sentir sa supériorité sur Esope et sur Phèdre. La
munificence du gouvernement a fait ériger à ce grand
pnëte une statue dans sa ville natale. Ce monument
a été exécuté , en marbre blanc, par M. Lethiers ,
ancien pensionnaire à Rome.
Castrum Witipesbergii, château de Wulpesberg, ou
de Habsbourg , dans le canton d'Argovie (Suisse) ,
berceau de la maison d'Autriche, maiutenani do-
maine canional Quelques murs dégradés et couverts
de mousse sont tout ce qui en reste. On détourne
les yeux de ces ruines , pour admirer la contrée (|ui
se déploie au pied de la montagne, avec une ricliesse
et une variété admirables. Le fond du tableau qu'on
a en vue se termine , dans le lointain , par une
chaîne de glaciers dont les cimes colossales domi-
nent toutes les montagnes que l'on remarque au sud.
Dans la direciion du nord , et au pied de la mon-
tagne de Hal)sb(mrg, appelée vulgairement Wulpes-
berg ou Wulpisberg , on trouve, sur la grande roiite
d'Aarau à Bn ugg , à 3 kil. de celle ville oi à 11 de
la première, les bains de Schintnach. dont les eaux
thermales sont des plus renommées de la Suisse.
Cataro Major, le Grand-Cliaronne, paroisse du
556
diocèse de Paris, canton de Pantin , arrond. de
Saint-Denis, Seine. Ce village est voisin de la der-
nière barrière du faubourg Saint-Antoine, et com-
prend une partie du parc de Bagnolet et de Ménil-
Hontant. Le Mont -Louis, ou cimetière du Père-
Lachaise, est sur le territoire de cette commune,
Parmi les titres parvenus jusqu'à nous, le plus an-
cien qui fasse mention de Charonue est du roi
Robert, lequel, confirinant les donations que Hugues-
Capei, Sein père, avait faites au monastère de Saint-
Magloire de Paris, et celles qui venaient de lui»
même, marque in potestate qttoque Cataronii man*us
unus arabilis terrœ cum vinearum fecunditale. 11 est
évident, par une charte postérieure, que ce que cella
abbaye eut de plus considérable, lui avait été donné
par le roi Robert même. C'est Louis le Jeune qui
l'assure dans son diplôme de l'an 1139. On y lit ces
mots : In villa quœ dicilur Karrona quam dédit Ro-
bertus ri'x cum vineis, terris, torcularibui, liberis ejus-
dem kospitibus a telonio, et quoi in pocincM ejusdem
villœ nullus torcular possii construere. — L'église de
Cbaronne est une des plus anciennes de la banlieue
de Paris; elle parait avoir commencé par un ora-
toire que les Parisiens firent bâtir en mémoire de
quelque miracle opéré en leur présence par saint
Germain, évèque d'Auxerre. Cette église, dédiée de
temps immémorial sous l'invocation de ce saint, fut
accordée, et la donation confirmée par écrit, l'an
1140, aux re'igieux bénédictins du prieuré de Saint-
Nicolas, proche Senlis (dit autrement Sainl-Nicolas-
d'Acy) , par Etienne de Senlis , évèque de Paris.
L'église est bâtie sur la pente du coteau où est situé
le village. Elle lut agrandie sous le règne de
Charles VI ou Cliarles VII. L'inclinaison de ses
piliers inspire l'effroi. On y lisait anciennement deux
épiiaphes. Sur une tombe placée dans l'aile méri-
dionale était gravé en gothique minuscule ;
Ci-qist damoiselle Claude de Vigneron, en son vi-
vant veuve de feu noble homme Robert de Ber-
ruier.
Elle y était représentée vêtue comme une reli-
gieuse. Son épitaphe, attachée au mur, disait qu'elle
mourut en 1535. Elle avait laissé à l'église de Cha-
ronue une certaine somme pour des services. Dans
le chœur se trouvait l'épitaphe latine de Denis Bour-
gouueau, chanoine de St-llonoré et curé de Cba-
ronne pendant 30 ans, décédé en 1626 : l'auteur
avait affecté d'y (aire graver plusieurs mots en ca-
ractères grecs. Dans le cimetière, derrière l'église,
se voyait «ne lombe j-ur h sépulture de Marie Fra-
mery, femme de Hriissel, auditeur des comptes, au-
teur du traité de V Usage des fiefs. Son décès éiait
marqué à l'an 1756. Il y avait quelques singularités
dans répit iphe gravée sur celte tombe.— Une chro-
nique rimée du xiiP siècle nous apprend que , sous
le règne de Louis IX, il y eut à Cbaronne une sor-
cière ou devine, dont les oracles étaient renommés
dans ce village, et même à Paris. Voici ce qu'il en
dit
557
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
558
Va- ml deux cent et vingt et dix
Fut Dammartin en flambe mi$.
Et içachiez que cet an meisne
Fil a Charonne la Devinne.
— Il y avait, au xiv» siècle, une garenne : les mal-
heureux cultivateurs souffraient beaucoup de ce voi-
sinage des plaisirs du roi. Chartes le Bel en fit don
aux bonnes gens de Chnronne, qui, de leur côlé, firent
don à ce bon roi d'une soiiiroe d'argent, qui fut payée
par chacun d'eux. C'était en mémoire de ce bienfait
qu'on céléLirait chaque année un service pour le roi
Charles. — En lôo8, à l'époque de l'entrevue de
Charles, régent de France sous le roi Jean, et du
roi de Navarre, prés de l'abbaye de St-Anio ne, l'ar-
mée de ce roi, composée de 800 hommes au plus,
était rangée en bataille entre Charonne et Montreuil,
sur une petite montagne, d'où elle n'usa descendre.
On sait, par la date d'un édit du 15 mars 1541, que
Franc >i$ 1" est veau à Charonne. Cet edit, qui
concernait les monnaies de Bayoune, fut donné en ce
lieu. Lors des troubles de la Fronde, Louis \1V ét.iit
à Charonne pendant le eombat donné au faubourg
St-Aiitoine, enire l'année royale conuuxndt'e par Tu-
renne, et celle du prince de Condé. On sait que
Mlle d<-' Montpensier, voyant le prince poursuivi vi-
vement, Ht liier les canons de la Bastille sur les
troupes du roi (1). Il y a eu dans le village de Cha-
ronne différents établisseraenis de communauiés
de filles. Vers l'an 1640, les Filles de la Croix s'y
établirent, ainsi qu'à Brie-Coniie-Kobert. Elles ne
purent s'y soutenir. A la place de cet insliiut, il s'en
forma deux autres. Marguerite de Lorraine, femme
de Gaston, duc d'Orléms, y établit, en lb45, des
religieuses sous le nom de Filles de Notre-Dame-de-
lu-Paix. Le roi permit, en IG6I, la création d'un
marché dont les revenus furent alleciés à l'entretien
de ce couvent, qui obiint dans la suite d'autres do-
nations. Une communauté établie à Foiitenay-sous-
Bagnenx vers l'an 1630, sous le nom de Filles de la
i'tovidence, fut transférée à Charonne. Cette même
maison de la Providence donna naissance aux Filles
de l'Vnion-Clirétienne, ^vi, en lti61 . y lormèient
leur établissement. Charonne a de tout temps cul-
tivé la vigne; son vignoble était connu dès 11)7. Les
vins, quoique médiocres, y sont encore aujourd'hui
la branche principale du revenu des liabiiants. Un
compte plus de 500 arpents consacrés à ce genre de
culture : situés sur des collines, ils renlerment plu-
sieurs sources, qui, réunies dans un vallon, y for-
ment un étang assez considérable. On y cultive aussi
avec avantage les arbres fruitiers; les pêchers y sont
presque aussi beaux que ceux de Montreuil. On y
trouve deux carrières de pierres à plaire. La popu-
lation de ce village est d'environ 1400 habitants.
Dans la journée du 30 mars 18 li, Charonne fut
attaqué par la division russe du prince Gorschakoff;
les Français s'y défendirent vigoureusement, et l'ij-
(1) Mademoiselle de Montpensier désirait beau-
Mup se marier à une tèie couronnée. Maïai-jn dit
rcnt sur le point de repoussser l'ennemi, quand
deux autres divisions de Russes étant survenues et
s'étant emparées du cimetière du P. la Chaise, ils
furent obligés de céder au nombre et d'abandonner
le village. Le lendemain, 51 mars, jour de la capitu-
lation de Paris, une partie des grenadiers russes
campa à Charonne. En 1815, l'inlanterie de la garde
impériale était, le 50 juin, campée sur la route
de Vincennes au Petit Charonne, qui est un ha-
meau de cette counnune. — Ce village est un lieu
fréquemment visité par les botanistes; Tournel'orty
venait souvent herboriser. Les plantes qu'on y tiou-
ve facilement sont la véronique officinale , le vulpin
agreste, l'agroslic filiforme, l'aspérule des cliamps,
la sagiiie couchée, la rue fétide, ta guimauve velue,
le polygala amer.
Cativilla, Chaville, paroisse de l'ancien diocèse de
Paris, actuellement de celui de Versailles, canton de
Sèvres, Seine-et-Oise, à 5 kil. sud-ouest de Sèvres,
et 1 1 sud-ouest de Paris. Ce village est nommé, dans
les litres du xiii* siècle, premiers monuments qui en
fassent mention, Cativilla et Ctiavilla, d'où l'ùbbé Le-
beuf inlère, un peu légèrement sans doute, que ce
nom est une corruption de Chadi Villa ou Inchadi
l illa, parce qu'au ix' siècle il y avait, à Paris, un
é\êque nommé Inchadiis, qu'il regarde, s;ins aucun
fondement, comme ayant donné son nom à Chaville.
Quoi qu'il en soit, ce village fut érigé de bonne
heure en cure, à la pleine collation de l'arclievêque;
les revenus en étaient très-modiques. Son église, du
liire de Notre-Dame, quoique rebâtie il y a environ
1")0 ans, est resiée orieniée comme l'ancienne, c'est-
à-dire régulièrement. Elle est petite, mais propre
et en simple forme de chapelle. On y voyait au fron-
tispice les armes des sieurs Le Tellier. On lit que
dès l'an 1654, Michel Le Tellier, seciétaire ordinaire
des commandements du roi, en avait fiit rebâtir le
chœur avec des augmentations. — Chaville était au-
trefois célèbre par le superbe château qu'y avait fait
bâiir Louvois, ministre de la guerre sous Louis XIV.
Son père, Michel Le Tellier, secrétaire ordinaire du
roi, possédait la terre de Chaville en 1634. Il voulut
y faire enclore ei planter un parc immense; pour
cet effet, il obtint d'abord du loi, en llioS, la per-
mission de iraiisférer le grand chemin de Paris eu
Normandie, et qui passait au travers de Chaville, un
peu au-dessous de l'endroit où il voulait former son
parc. Dix-sept ans après, en 1675, on lui accorda le
droit d'enclore de murs 800 arpents do bois, prés et
teries, à côté de son parc de Chaville. Ce l'ut linéi-
que temps après que son fils, Louvois, lit hàiir dans
le bas, sur l'antique manoir de ses pères, le cliâie m
magnifique qui fit longtemps l'ornemeul de Cltaville.
Mais, eu 1C06, Louis XIV acquit, par echao^^e l.iit
avec la veuve de Louvois, la terre de Cliaville et de
quelques autres, dont il flt don au Dauphin. Le châ-
teau de Chaville, qui se montrait pompeqsemeut à
en entendant le canon : Ce canon-la vient de tuer son
mari.
559
orCTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
560
gauche, en arrivant de Paris à Versailles, n'était pas
Ciilièrenienl acluivé; il ne fut jamais lialiilé. Ce
cliàieati et le parc, devenus propriété nationale,
furent vendus au sieur Gouly, qui, vers l'an 1800,
fit démolir le cbàteau. Un vaste enclos, coniigu au
parc de Cliaville, dépend d'un haras. On ne voit plus
de remarquable dans ce village, qu'une maison de
campagne construite sur le bord de la route. Elle
rappelle en petit ce qu'était le chàleau en grand. Les
habitants de Cliaville, qui sont au nombre de 800
environ, n'ont d'auire travail que celui que leur
procurent les fours à plâtre.
Cliamborium , vel Camborimn , Chanibord , Cliam-
bort , ou Chanibor, château dans le diocèse de Blois,
dé^lt. de Loir-et-Cher, à 16 kil. de Blois , à l'est et
dans un fond , où coule la petite rivière de Cosson.
C'étuil autrefois une maison royale et un gouverne-
ment particulier du gouvernement de l'Orléanais. Le
gouverneur de Chanibord avait le titre de bailli. Ce
château .«ervail , dés l'an 1170 ou 1171, de maison
de plaisance et de rendez-vous de chasse aux coniies
de Blois. François I", en revenant d'Espagne, lit dé-
molir cet ancien château et construire celui que l'on
y voii à présent. Il s'élève au milieu d'un parc de 2S
kil.de tour et fermé de murailles, dont une très-grande
pariie est encore en bon étal. Ce fut le célèbre Pri-
inaiice qui donna les dessins de ce château, lequel fut
commencé en 1523. 1800 ouvriers y travaillèrent,
dit-on, pendant plus de 12 ans. Il fut continué sous
les successeurs de François I", cl eniièreineni achevé
siMis le régne de Louis XIV. Quand on considère
l'énorme étendue des bâtiments qui le composent ,
on n'est point étonné de la longue durée du travail.
On prétend qu'il y a plus de 400 chambres à feu dans
tout l'édihce, et dans les casernes , pariiculière-
ment.dequoi loger 1200 chevaux avec tous les
greniers et logements nécessaires au-dessus. Ce chà-
leau est surtout remarquable par le mélange d'ar-
chitecture moresque qu'on y distingue dans toute la
partie supérieure, et de celle plus pure et plus ré-
gulière qui s'introduisit en France, lors de la re-
naissance des arts. Quatre gros pavillons forment le
gures fort bien travaillées. Les antichambres, cham-*
bres, salles, garde-robes , cabinets et g;deries sont
d'une belle architecture. Les cheu.inées, les phifnnds,
les voûtes, les poriesdu château sont partout couvens
d'F couronnés et de salamandres , qui rappellent la
mémoire de son fondateur, François H'. Les jardins
répondaient au bâtiment. Celui que l'on appelle de
la Reine avait cinq arpents d'étendue , et au bout,
vers la forêt de Blois, on trouvait une allée large de
6 toises , et longue de plus de 2 kil. ; elle avait qua-
tre rangs d'ormes, plantés à 6 pieds l'un de l'autre ,
et tirés à la ligne, au nombre de plus de 600'.i. —
Ce lut au chàleau de Chambord que se fit , en 1551,
le iraiié entre Henri II et les princes allemands. Fran-
çois I", Henri II, Charles IX, Henri III, Louis XIV
et le régent (le duc d'Oiléans) y vinrent souvent
chasser, et l'on niunire encore dans ce cl àte.iu la
salle où furent représentés pour la première fois,
devant Louis XIV , en 10)69 et 1670 , le Bourgeois
gentilhomme et Pourceaugiiac. Louis XV voulant re-
connaître d'une manière digne de lui les services
éclatants du maréchal de Saxe, lui en fil présent en
17i8, pour en jouir pendant sa vie. Le vainqueur de
Foiitcnoy y vécut avec tout l'éclat qu'attiraient sur
lui sa naissance, sa réputation et sa for une. Il fit
bâtir des casernes pour son régiment de hiilans, jeta
des chevaui sauvages dans les bois, retint et éleva
les eaux du Cosson, pour pouvoir naviguer avec de
grosses barques sur cette rivière: tout se réunissait
pour faire de Chambord un lieu de délices , lorsque
le maréchal de Saxe mourut en 1750. Ce château
n'avait pas, depuis cette époque jusqu'aujourd'hui ,
recouvré son ancienne splendeur; à la vérité, la fa-
mille Polignac, qui l'ublint de Louis XVI, eu 1777,
y eut un haras lonsîdérable, et y fit construire des
appartements à la moderne. Mais tout fut indigne-
ment dévasté après l'émigraiioii i.u dern i r posses-
seur, et les détériorations occasionnées par le temps
et l'insouciance s'étaient augumentées d'une manière
affligeante. Cependant ce beau parc , le plus vaste
qui existe, avait été donné, avec toutes ses fermes,
à la légion d honneur, et le chàleau u- vn. servir de
corps du bâtiment. C'est à Chambord que l'on vil le chef-lieu à la li« cohorte de cette lésion. Déjà elle
premier modèle des escaliers à double vis; celui du
gr"S pavillon du milieu peut encore être cité pour
sa régularité. Il est fait en coquille, percé à jour, et
est composé de deux montées , l'une dans l'auire ,
pratiquées de telle sorte , qu'un gi a- d nombre de
personnes peuvent monter et descendre en même
temps sans s'entrevoir, l'un des côtés étmt dérobé
de l'autre avec beaucoup d'art. Chaque montée a 274
degrés, du haut desquels on voit jusqu'au bout de
l'escalier par le trou du noyau. Ce chàleau est en-
fermé par un large fossé et par des murailles de
pierres de taille , avec quatre hautes tours rondes.
Une grande cour tourne presque tout auioiir de ce
royal édifice. Sa beauté se fait remarquer de ceux qui
le voient de loin , à cause de plusieurs tourelles 'lui
sont Us cheminées enjolivées de plusieurs peine.- ii
avait fait faire les réparations les plus urgente.-, cm er
et redresser le Cosson dans toute la paitie de ^on
cours , qui traverse le parc , et toutes les (disposi-
tions éiaieui piises pour y établir une seconde mai-
son (l'odiicutiun pour les filles des membres de la
légion dhonne.ir, lorsque Napoléon (it ^.cqlu^lliou
de ce château ei de ses dépendances, un des plus
beaux monuments du xvi* siècle, et l'érigea eu priu-
lipaulé sous le tilre de VVagrani, en fiveur du maié-
chal Berthier, prince de Neiilcliàiel. Ce prince avait
riiiieiition lie liire répirer et mettre dans un état
convenable la retraite du vainqueur de Fontenoy;
mais les événements de 18i.i et 1815 ayant changé
la face des choses, le c'iàteau et ses dépendances ne
subirent aucune amélioration. Ce beau domaine fui
rois eu vemc en ISiO, et raclieié, pour cire (offert
361
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
ôm
par la France au duc de Bordeaux , au moyen d'une
souscri|ilion publiijue.
Chamboriacum, Chambourcy, paroisse de l'ancien
diocèse de Chartres, actuellement de celui de Ver-
sailles, canton de Saint-Germain-en-Lnye, Seine-et-
Oise , à 2 kil. da Poissy, 4 ouest de Sjint-Germain,
et 20 de Paris. Sa population est de 800 hab. envi-
ron, avec le baraeau joignant, dit La Brelonniére ,
celui de Monlnigu, qui en est séparé, et d'autres
maisons écartées. Ce village est peu éloigné de la fo-
rôt de Saint-Germain. L';incienne abbaye de Joyen-
val , simple prieuré d'Iiommes de l'ordre de Pré-
monlré, lors de sa suppression, faisait partie de
cette commune. Il ne reste plus que quelques bâti-
ments du monastère et une ferme. Le domaine de
Retz , dit le Désert , contigu à la forêt de Marly, est
une des habitations écartées du village ; il renl'er-
me, dans une enceinte de 80 arpents, une lotir tron-
quée, d'une solidité à toute épreuve, dont la distri-
bution très-singulière a été faite , vers 1780, par M.
Déntonville. Ou y voit un pavillon chinois, diverses
fabriques et de belles eaux. Le terroir est en terres la-
bourables , vignes et prairies ariiCcielles. On y trouve
beaucoup de fruits, de châtaignes et de noisettes.
Charentonis Pons, Cbarenton, bourg du diocèse de
Paris, divisé en deux communes, Tune nommée Cha-
renton-le-Pont, et l'autre Charen ton-Sain t-Maurice ;
chef-lieu de canton de l'arrond. de Sceaux, à 6 kil.
de celle sous-préfecture, et 6 au sud de Paris.
Chnreition-te-Poiit. Sa population est d'environ
2500 habitants, y compris les Carrières et Conflans,
où est l'église paroissiale. On n'a point de certitude
absolue que dès le temps de César il y ait eu un pont
à l'endroit qu'on appelle Charenton. On peut lout au
plus le présumer par la facilité qu'eurent les troupes
romaines, lorsqu'au retour de leur vaine tentative sur
Luièce, du côté de la rivière de Bièvre, elles vinrent
repasser la Seine à Melun, afin de se rapprocher de
Luiècepar la rive droite. On pense généralement que
la Marne était dans cet endroit, comme ailleurs, rem-
plie d'iles grandes et petites, qui avaient facilité la
construciion d'un pont de bois. Du moins il est con-
stant, s'il en faut croire la Vie de saint Merry, qu'il
existait au vii« siècle un pont sous le nom de pont de
Charenton (Pons Charentonis), et que ce pont était
facile à rompre et à démonter, ce qui indiquerait un
pnnt de bois. Les Annales de Saint-Bertin prouvent
que ce pont est un des plus anciennement bàlis pour
faciliter par terre les arrivages à Paris. H a toujours
été regardé comme la clef de la capitale de ce côté.
Dès l'yn 86j, on trouve que les Normands s'en em-
parèrent et le rompirent. Charles le Chauve, informé
de cet événement, et sachant d'ailleurs que les ha-
bitants, ruinés et dispersés, ne pouvaient pas le re-
construire, ordonna qu'il fût rétabli pnr les ouvriers
des provinces éloignées chargés de construire des
.forteresses snr la Seine. Hincmar nous apprend qu'il
y avait dès lors beaucoup d'habitants proche le pont
I de Charenton. Il est vrai qu'il ne détermine pas le
Dictionnaire de Géographie eccl. II.
côté du rivage; mais il y a toute apparence que c'é-
tait du côté de Paris en tout sens, parce que les
habitants se fixent plus ordinairement du côté par
où passent les voyageurs. C'est pour celte raison
qu'on a appelé bourg de Charenton ou bourg du pont
de Charenton, et enfin Charenton-le-Pont, toutes les
maisons qui sont depuis le bout du pont jusqu'au
haut de la montagne. — L'évêque de Paris était le
plus ancien seigneur de Charenton; il jouissait d'un
droit de péage sur le pont de ce lieu en 1486. Ce
pnnt était fortifié par une grosse tour qui en défen-
dait l'entrée. 11 est fameux dans l'histoire des guerres
civiles, pour avoir été souvent le théilrede sanglants
combats. En juinM358, le dauphin Charles, régent
du royaume, pendant l'absence de son père, le roi
Jean, prisonnier en Angleterre, se présenta au pont,
à la tète de son armée, pour s'en rendre mailre; il
voulait de là se diriger sur Paris, qu'occupaient les
Anglais et leur allié, Charles le Mauvais, roi de Na-
varre. Les Anglais qui s'élaient emparés de Cha^
renton sous Charles Vil, en furent chassés, le 1 1 jan-
vier 1436, par la troupe du capitaine de Corbeil,
nommé Ferrière. En 1465, l'armée de la ligue, dite
du bien public, commandée par le comte de Cliaro-
lais, depuis duc de Bourgogne, l'attaqua et s'y porta
pour proléger ses opérations contre Louis XI. Phi-
lippe de Comines dit à ce sujet ; i La rivière de Seine
esloit entre nous et eux; et commencèrent ceux du
roi une tranchée à l'endroit de Charenton où il, ti-
rent un boulevert de bois et de terre, jusques au
bout de notre est : et pâssoit ledit fossé par devant
Conflans, la rivière entre deux, comme dit est, et là
assortirent grand nombre d'artillerie, qui d'entrée
chassa tous les gens du duc de Calabre hors du vil-
lage de Charenton : et fallut qu'à grand haste ils vins-
sent loger avec nous : et y eut des gens et des chevaux
tuez. El logea le duc Jean en un petit corps d'hostel,
lout droit au-devant de celui de monseigneur de Cha-
rolois à l'opposite de la rivière. Cette artillerie com-
mença premièrement à tuer de nostre ost, et espou-
Yenta fort la compagnie : car elle tua des gens d'en-
trée : et tira deux coups par la chambre ou le sei-
gneur de Charolois esloit logé comme il disnoit : et
vint tuer un trompette, en apportant un plat de
viande sur le degré. » Les calvinistes prirent le pont
de Charenton eu 1567. Le 23 avril 1590, Henri \S
l'enleva aux soldats de la Ligue, qui s'y défendirent
avec acharnement. Il était encore alors protégé par
une grosse tour, et l'historien Mézerai rapporte que
dix enfants de Paris y résistèrent, pendant trois jours,
à toutes les forces de l'armée royale. Henri IV fut
si irrité de cette défense désespérée, que, devenu
maître de la tour, il la (il raser, et fit pendre les dix
audacieux qui lui avaient tenu lête. Pendant les guer-
res de la minorité de fjOuis XIV, les frondeurs y re-
poussèrent le prince de Condé et y firent une perte
de quatre-vingts officiers. Ils avaient à leur tête le
marquis de Chanleu. De part et d'autre on fit des
prodiges de valeur. Un des officiers de la Fronde, lo
12
SE>5
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLKSlASTIQUE.
marquis de Cugnac, petii-lils du rnaréclial de la Force,
se sauva, diseiii lesinémdires du temps, par une bonne
fortune i|ui (igiirerait mieux dans un roman que dans
une hisiiiiie. Un quartier de glace détaché de la ri-
vière, et sur lequel il sauta du haut du pont de Cha-
rentuiioùil cuniliattail, le transporta heureusement à
Paris. Le (iriiice'deCoiulé parvint cependanl à s'empa-
rer de nnuveau du pont dans la même année. — Prisel
repris pendant plusieurs siècles, le pont de Cliarenton
availété rebâti plusieurs fois. Il ieful encore efll7i4,
tel qu'il est aujourd'hui. Il est assis sur dix arches,
laut grandes que petites, et C(instruii en pierre, à
l'exception de quatre arcades du milieu qui sont eu
bois. On y a fait quelques rcparaiions en 1812. Au
mois de lévrier 1814, quand déjà l'ennemi inondait
les plaines de la Champagne, ei menaçait d'être bien-
tôt aux portes de la capitale, on furtilia les appro-
ches de ce pont, et on établit aux deux extrémités
des palissades, à l'instar de celles que l'on construi-
sait aux barrière:. île Paris. Au moment où les armées
alliées, malgré les brillantes journées de Cliamp-
Auberi, Monlmirail et Montereau, si glorieuses pour
les armées françaises, se débordaient comme un tor-
rent autour de Pai is, la défense du pont de Chareniua
lut conliée aux élèves de l'école vétérinaire d'Alfurl,
qui avaient sollicité et obtenu du gouvernement
l'hunneur de se battre pour la patrie. Mais c'était en
vain que ces jeunes Français s'étaient flattés de con-
server le pi'Ste qui leur avait été confié. Le 50 mars,
accablés par le nombre de ceux qui les at;aquaieni, ils
furent obligés de céder à la lorce. Cliarenton lut pris,
et l'enuemi se répandit sur la rive droiie de la Seine.
Le lendemain, les troupes wuriembergeoises et le
corps autrichien du comte de Giiilay y éiablirent leur
bivouac, et campèrent à Charenlon. — On jouit sur
le pont de Cliarenton d'une vue délicieuse et variée.
Des îles ornées de peupliers, conununiquant entre
elles par des ponts suspendus, de nombreuses mai-
sons de campagne, dans le lointain un horizon ver-
doyant, le bouillonnement des eaux de la Seine el
de la Marne qui se joignent tout près de là, en for-
ment un des sites les plus pittoresques des environs
de Paris. Des Ursins, eu sou histoire de Charles VI,
parlant de Chareuton, dit qu'en 1405, te loimene y
abattu liuit cheminées, rencontra un compagnon auquel
il ôla le chaperon el la manche de sa robe, el passa
iuut lui mal faire; et pai un trou entra en la maison
(lu ûaufw, el en une chambre rencontra un jeune hom-
m>, lequel il lua, lui consumant tes chairs et les os el
(oui. On lit dans l'hisioire du même roi, écrite par
Lcfèvre, qu'en l'an 1418, le duc de Bretagne vint à
Chareuton pour faire la paix entic le darpliin et le
duc de Bourgogne, à cause que la peste était à Paris,
maïs que ce fut en vain, les deux princes n'ayant pu
s'accorder. Selon un autre monument du lenipj,
Henri V, roi d'Angleterre, allant à Troyes en 14-20,
pour son mariage avec Catherine de France, s'arrèia
en passant à Cliarenton, où la ville de Paris lui fit
pré»enl de quatre charretées de moult bon vin, — II
r,G4
a existé certainement une léproserie au pont de Cha-
rentoii, et il parait qu'il y a eu aussi un hôpital. l)na
ordonnance de police du l''' mars ItiSO, sur ce qui
avait été remontré au proiureur du roi qne, les dé-
fenses de vendre de la viande pendant le carême ne
s'éiendant pas jusqu'au bourg de Cliarenton, les li-
bertins et débauchés y allaient manger de la viande,
fit irès-expresies défenses à tous bouchers, rôtisseurs,
pâtissiers, cuisiniers, hôteliers, cabaretiers et tous
autres, de quelque qualité et sous quelque prétexte
que ce fût, de préparer, vendre et débiter aucunes
chairs, volaille, gibier, à Charenlon, à peine de 300
livres d'ameude, de punition corporelle et de con-
fiscation des viandes et des loyers d'une année des
maisons où elles seraient vendues el consommées.
— Danton, Robespierre, Puche et quelques autres
tinrent, dans le mois de mai 1795, des conciliabules
secrets à Cliarenton, et y arrêtèrent le plan d'ultaque
contre la majorité de la cinventiou. — Pierre Leguay
de Prémuiival, mailiématicien célèbre et homme de
lettres, membre de l'académie des sciences de Berlin,
et mort dans cette ville en 1767, était né à Cliarenton
en 17IC. L'église paroissiale de Charenlon est dans
le village de Coiiflans, qui fait partie de la commune,
aussi bien que celui des Carrières. Dans le territoire
joignant le bourg deCliarenton,ils'étaitfoi nié un cou-
veiiideCarmesdéchaussés, qui éiaieut indifféremment
appelés Carmes de Charenlon ou Carmes de Con/lans.
Chitrenlon-Sainl-Maurice. Cette commune, qui lait
partie de Chareniou-le-Poni, était appelée aussi au-
trefois le P(/î/-C/mrcn(on.Ce village est situé, comme
Charen ton-le- Pont, au bout du pont, et n'est séparé du
bourg que par une petite ruelle appelée la Ruelle Le-
guiller; mais il s'éieiid beaucoup plus que le pre-
mier dans les terres, puisque le village de Saint-
Mandé, qui était autrefois une annexe de la paroisse
de Charenlon-Sainl-Maurice, commence, pour ainsi
dire, aux dernières maisons de cette commune. L'é-
glise est située presque à l'extrémité du village, du
côté de Saint-Maur-des-Fossés, et on n'en approche
que par des chemins détournés el solitaires. Elle
est petite, et, quoique rebâlie à neuf depuis peu de
temps, elle n'est point solide. Les habitants, au
nombre de plus de I'200, vont maintenant à la messe
à Conflaiis, qui a dans son sein l'église paroissiale
de Charenton-le-Ponl. —Ce village est situé dans
une position forl agréable. Il est bien bàii el ren-
ferme plusieurs maisons de caiitpagoe irès-jnlies.
Gabrielle d'E^lrées avait, à Cliarenton-Sainl-Mau-
nce, une liabiiation que lui fil bâtir Henri IV. C'est
la première maison que l'on rencontre sur la gau-
che, en arrivant de Paris à Cliarenl(ui; elle esl cons-
truite en briques ; on l'appelle le Château.
Mais ce qui rend surtout ce vill.ige célèbre
dans l'histoire, c'est le temple qu'y ont eu long-
temps les protestants. Henri IV, qui venait de quit-
ter leur religion, permit aux religionnaires de Pari»,
par lettres patelles du l«f août 1606, de le cons-
truire et de s'y assembler pour les actes el cérémo*
3C5
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
366
nies de leur croynnce. Ils étaient auparavant obligés
d'ailler ju>qu'à Abl m. Ils acheièrenl aussitôt, sous
le nom du sieur de Maiipenn, intendant des finan-
ces, la maison de Gniilaunie l'Aubespine, sieur de
Chisicauneut', conseiller d Etat, pour la somme de
7000 liv., s'y éiablirenl, ei résolurent d'y bàiir nn
temple. Cet établissement ne se fil pas toutefois sans
opposition. Jean Lebossu, secrétaire du roi, haut
justicier de Cbarcnion, alla, dès le 2 août, au bu-
reau de riiôtel-de-ville, trouver le prévôt des mar-
chands et les échevins, pour les engager à s'oppo-
ser à une entreprise qui ne pouvait avoir lieu sans
l'agrément du haut justicier du lieu, conformément
à tous lesédits précédents. Il présenta aussi requête
au roi, mais le luut en vain. Il obtint seulement acte
de son opposition. Nonobstant ces tentatives d'ein-
péchemenl, les rdigionnaires tinrent le prêche dans
leur nouvelle habilaii</n, le dimanche 27 août, pour
la premièie fois. On remarqua qu'il y avait à peu
prés 5000 personnes à cette solennité. Les catholi-
ques commencèrent à s'agiter beaucoup, et il y au-
rait vraisemblablement eu quelque rixe, si on n'eiil
pris la précaution d'envoyer des archers pour conte-
nir la populact. — I Pendant le mois d'octobre
1606, dit Pierre l'Estoile, djtis son journal, les ru-
meurs populaires, insolences, injures et oukrages
aboutissantes à sédition, furent grandes à Paris con-
tre Ceux qui alloient et venoient aux proches de
Charentc^n, si qu'il ne se passoit dimanche ni fête
qu'il n'y eùi quelque nouveau remuement et folie,
pourquoi doimer ordre (du commandement même de
Sa Majesté) fut advisé de dresser à la porte Sainl-
Anl'iine une potence pour y attacher le premier,
l;int d'une religion que d'autre, qui seroit si osé
de troubler le repos public. » Mais l'oratoire que les
protestanis avaient fitit bàlir à ceito époque ne dura
p^s longtemps : les catholiques le brûlèrent, dans une
émeuie, en 1621. Sauvai rend compte de cet événe-
ment de la manière suivante: «La nouvelle ayant
été sue à Paris, de la mon du duc de Mayenne, tué
au siège de Montauban le 20 septembre, qui était un
dimanche, qucli|ues vagabonds et autres gens de la
lie du peuple aiiaquèrent les huguenots au retour de
CharentOG , quoique escortés , de crainte d'émeuie,
tant du duc de MontbazMii, gouverneur de Paris, et
de ses gardes que des deux lieutenants civils et cri-
minels, du chevalier du guet, et des prévôts de l'île
et de robe courte. Il y en eut de tués de pan ei d'au-
Ire; quelques catholiques même qui se promenoient
aux environs furent volés sous prè:exte de leur f.iire
montrer le chapelet. Quatre cent» séditieux mirent
le feu à Charenion. t Ce tumulte, commencé hors de
l'aris, continua dans son enceinte pendant plusieurs
JDurs, et il fallut pendre quelques-uns des séditieux
pour mettre un frein à la fougue des autres. Deux
ans après le temple fut réiaidi. Jacques Desbrosses,
le plus fameux architecte du siècle et le même qui
bàiit l'aqueduc d'Arcueil, donna les dessins de ce
iiuuveau temple. Voici ua extrait de sa description.
« Le plan était carré-long percé de 3 portes ; savoir,
une à chaque bout, et au milieu d'une des grandes
faces. Il était éclairé par 81 croisées, en trois étages,
l'une dessous l'autre, élevées de 27 pieds , jusqu'à
l'entablement. Il avait de lonj^ueur 104 pieds dans
œuvre, et 70 pieds de large aussi dans œuvre. Il y
avait une grande nef, au plafond de laquelle étaient
les tables du Vieux et du Nouveau Testament, écri-
tes en lettres d'or, sur un fond bleu... ; au pourtour
de la nef étaient 20 colonnes d'ordre dorique da
21 pieds de haut, et qui formaient 3 étages de gale-
ries. I Ce temple, dont, comme on le voit, l'ctendua
était immetise, pouvait, disent les historiens, conte-
nir de 15 à 16,000 personnes; ce qui prouve com-
bien était grand le nombre des protestants qui se
trouvaient alors à Paris. C'est dans ce temple que
les religionnaires tinrent leurs synodes nationaux de
1625, 1()3I et 1644. Ils avaient auprès une bibliothè-
que, une imprimerie particulière et des boutiques de
libraires, principalement pour les livres dogmati-
ques. Plusieurs ministres de Charenion se rendirent
fameux par leurs talents, et entre autres le célèbre
Claude, antagoniste d'Arnaud et de Bossuet, qui fut
ministre depuis 1660 jusqu'à la révocation de l'édit
de Nantes. Sirr la fin du mois d'août 168S, quelques
catholiques essayèrent, pendant la nuit, de mettre
le feu à ce temple. Sur les plaintes que les protes-
tants portèrent au parlement, il y eut ordre d'infor-
mer ; mais à cette époque, Louis XIV ayant révoqué
l'édit de Nantes, on commença d'abattre le temple,
le soir même du 22 octobre. Au bout de 5 jours, il
ne resta plus aucune trace de ce vaste édilice : des
soldats furent les exécuteurs de cette destrur lion.
Les matériaux du temple furent abandonnés à l'hô-
pital général de Paris. Le cardinal de Noailles lit
venir du Val-d'Osne des religieuses bénédictines qui
s'établirent sur l'emplacement de ce temple et s'y
firent bâtir une petite église ; elle fut dédiée, par
le cardinal, à l'adoration perpétuelle du Saint-Sa-
crement. — En 1641, un Sébastien Leblanc fonda,
à Charenton-Saint-Maurice , une maison tenue par
les frères de la Charité, et destinée à recevoir les
malades, particulièrement ceux qui se trouvaient
attaqués de folie. A l'époque de la révolution, cette
maison fut réunie à la direction générale des hôpi-
taux de Paris; mais sa destination resta la même.
Le gouvernement s'est montré favorable à cet éta-
blissement. L'hôpilnl de Charenton a été considéra-
blement augmenté et doté convenablement. L'on
n'admet à Charenton que des fous dont on espère la
guérison; les autres, ceux qui ne sont pas suscepti-
bles de retour à la raison, sont renvoyés à Bicêire.
— Cet hospice est situé sur la rive droite de la
Marne, dans la pente de la montagne, contre laquelle
le bâtiment est, pour ainsi dire, appuyé. Derrière la
maison et plus haut que son toit, d.ins la montagne
même, sont le jardin, le verger et le pire, qui ap-
partiennent à l'hospice; on y cueille lies fruits exquis;
la raison en est fort simple : la pente allant de l'est
i67
DICTfONNAiRE DE GEOGRAPHIE ECCLÉSIASTIQUE.
m
à l'ouesi, le terrain est exposé loiue la journée aux
rayons du soleil. Ce qui, ilans cel hospice, fixe l'at-
teniion des coiiiitiisseurs.et que l'on regarde comme
un morceau de maçonnerie de la plus grande har-
diesse, ce sont les caves creusées à cent pieds au-
de-sous du sol du jardin. Elles sont composées de
quatre nefs chacune, de 64 loises de long, sur 14
pieds de large ei 12 de hauteur; elles sont éol tirées
par 4 lanternes, en forme de puits, dont la disposi-
tion rend cet endroit irès-sain. Ces caves ont été
construites, en 1761, aux dépen? des religieux; elles
peuvent contenir 1500 niuids de vin. Il y a aussi un
puits, dont une mécanique, à l'aide de deux ou trois
chevaux, lire les eaux profondes, et les porte au ni-
veau de la maison, d'où elles reviennent par des
tuyaux dans les :ippartemtnts où l'on veut s'en ser-
vir. Cel hospice ne recevait, avant la révolution, que
des pensionnair^'S débiles, dont les f.imilles ou les
amis ai quiitaieiit lis dépenses: qutilquelois les let-
tres de f-acliet y firent séquestrer ceux dont les pa
rents cherchaient à se débarrasser. On faitàCharen
lon-Saiiit-Mauiice un assez grand commerce devin.
Chenalcum, vet Cheniacum , le Clienay , paroisse
de l'ancien diocèse de Paris, actuellement de celui
de Ver>ailles , canton et arrondissement de cette
ville, Seine-ei-Oise, à 16 kil. ouest de Paris. — Ce
village était un lieu très-peu considérable, el qui a
dû n'être d'abord, s'il faut en croire l'abbé Lebeuf,
qu'un simple écart de la paroisse deCelle-hz-Saitil-
C!oud; il fut longtemps depuis une dépendance de
celle de Roquencouit, avec laquelle il formait, au
connnencement du siècle dernier, une pop. de 580
hab. ; aiijuurd'lmi le Clienay est une cominune sépa-
rée dont la pop. s'élève à 3S0 habitants environ. —
Le nom de Clienay a é:é donné à ce lieu à cause du
grand nombre de chênes q>ii y croissaient ; quant à
son origine, on ne peut rien assigner d'absolument
certain. La plus ancienne marque de l'existence de
ce village est la donation que les moines de Sainl-
Gi;rmain-des-Prés sévirent obligés d'en faire, après
l'invasion des Normands, en 846, a des seigneurs
assez puissants pour les protéger contre ces pirates.
Celte terre appartenait, au xi'= siècle, à la maison
des comtes de Montfort, fameux dans l'histoire de
celle époque. Amaury, l'un d'eux, en rendit hom-
mage à Pierre, abbé de Sainl-Germain, environ l'an
1073, en présence du roi Philippe 1"'. — L'église du
Clienay, sous l'invocation de saint Germain, n'a rien
de remarquable ; elle a été entièrement rebâtie,
d.ins le xvii» siècle, par le conseiller d'Etat de Uer-
nières, sur les ruines de l'ancienne, du même nom ,
tombée alors dans un entier délabrement. Celle-ci
datait de la fin du xu» siècle, el fut bâtie sur un
tcrrjin donné par Foulques, abbé de Saini-Germain.
Plus anciennement, les habitants du Clienay se ras-
semblaient dans une chapelle du titre de Saint-Sul-
pice, appartenant aux chanoines de Saint-Benoît de
Paris, qui la desservaient. Lorsque la première égli-
se de Saint-Germain-du-Chenay fui bâtie, ces cha-
noines, qui tenaient à la desserte des fiabiiants de ce
lieu, et ne voulaient pas s'en départir, furent indem-
nisés par la présenttUion à la cure du Chenay, qui
resta depuis au chapitre de Sainl-Benoit. Celte cha-
pelle de Saint-Sulpice, nommée, dans la suite, de
Saint-AiUoiiie-du-Biiisson,se:T\h{ine seconde fois aux
habitants du Chenay, dans l'iniervallc de la ruine et
du rétablissement de l'église de Saint-Germain. Le
curé et les habitants du Chenay reçurent en 1S85,
la faculté d'y établir une confrérie de Saint-Sébastien
el de Saint-Roch, confrérie qui devait les préserver
ou les guérir de la peste. — En 1651, Pierre Lepelle-
lier, auditeur des comptes, établit une école et paya
un prêtre pour y instruire les enfants. — C'est dans
ce village que se retirèrent une partie des solitaires
du Port-Royal, après la destruction de leur maison.
— Louis XIV acheta, en 1683, la terre seigneuriale
du Chenay des Bénédictins de Saint-Germain, par
contrat du 20 avril, et l'ajouta à son parc de Versail-
les. En 1721, le roi fit acquisition d'une portion du
territoire du Chenay, voisine de Trianon, et de 80
perches de terre, qui furent comprises dans sa pé-
pinière. — Plusieurs maisons de campagne, ainsi que
les hameaux de Pelil-Chesnay et de Saint-Antoine,
font partie de cette commune : ce dernier hameau
est coniigu aux barrières de la ville de Versailles.
— Le terroir du Clienay est en terres labourables,
prairies et bois.
Clieneveriœ, velCanaberis, Cheneviéres-eii-Fraiice,
paroisse de l'ancien diocèse de Paris, aujourd'hui de
celui de Versailles, canton de Luzarches, arrondis-
sèment de Pontoise, Seine-et-Oise , à 12 kil. sud-est
de Luzarches, el 37 de Versailles, popul. 250 habi-
tants. Le mot Chenevières vient évidemment des
plantations de chanvre qui abondaient en co lieu.
Le plus ancien pouillé nomme cet endroit Clieneve-
riœ; Du Breol, dans son catalogue des cures, appelle
celle-ci en latin de Canaberis, et en français Cliana-
bre. — L'église paroissiale est, dit-on, sons l'invocation
de saint Leu elde saint Gilles, dont on y célèbre la
fête comme patronale, le premier septembre. Elle
est dite eeclesia SS. Egidii el Lupi dans un acte du
2 août 1533. Le bâtiment de l'église actuelle est
presque entièrement neuf, principalement le portail.
Le chœur, qui est plus exhaussé que le reste, est
très-délicatement voûté et fort clair: lise termine
en demi-cercle, et l'extérieur est couvert d'ardoi-
ses. Sa structure est de deux siècles environ. Il y
avait à coti de celte église une haute tour carrée
qui menaçait ruine en 1718. A peine eut-on présenté
requête au cardinal de Noailles pour la réparer,
qu'elle s'écroula. Le cardinal permit, le 15 mars
1719, d'employer 1800 livres pour la rebâtir. Il
paraît cependant que c'est un seigneur du lieu nom-
mé Nouveau, qui a fait construire celle que l'on
voit aujourd'liui. Aux vofiies de la nef est une pierre
sur laquelle sont des armoiries écartelées de Breta-
gne. Celle cure est une de celles dont les évèqiie.
n'avaient cédé la nomination à aucun corps. Lej
5C9 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
seigneurs de ce lieu commencent ii èire connus de- Ici est figuré un lion couché,
puis i207. On peut voir les noms de plusieurs d'en-
tre eux dans Pabbé Lebeiif : aucun n'offre d'inlérêl
historique. Le dernier, dans le siècle passé, était
conseiller au parlement. — On fabrique dans ce vil-
S79
Ai/ »ii/i( vel œtas oberuiit vel sœcula quippe
Qui laïui obscurus non secus ac laleo.
Obiil die 27 Augitsti
Anno Domiiii mdlii.
lace des dentelles noires et blanches. Son terroir est — En I0G8, un curé de Cheneviéres, nommé Gervais
loul en terres labourables.
Cheneverio', vel Canaveria supra Matronam, Chene-
■vières-sur-Marne, paroisse de l'ancien diocèse de
Paris, à présent do celui de Versailles, canton de
Boissy-Salnl-Léger,arrondissemenideCorbeil, Seine-
ei-Olse, à 5 kll. au nord de Boissy-Saint-Léger, à
Il de Pjris sud-est. Popul. !<50 habitants. — Les
étvmologistes prétendent que le nom latin de ce villa-
ge, Canaveria, vient de celui de cannabis, qui signifie
chanvre, et ils en donnent pour raison que le terri-
toire de cetle commune produisait en abondance
celte planlc textile : ce n'est là qu'une conjecture,
mais elle est extrêmement probable. Seulement, au
lien de conclure que le nom est venu du genre de
plantation, dont on n'est pas absolument certain, on
aiH-alt dû , ce semble , dire qu'il y avait eu sans
doute une culture abondante de chanvre dans ce
lieu, parce qu'il en portait encore le nom. Au xiii"'
siècle, en langage vulgaire, on prononçait Cha-
nevières. — Le premier titre où il soit fait men-
tion de ce village n'est que du xii" siècle. Ce
sont les archives de Sainte-Geneviève de Paris ,
qui portent qu'avant l'année llGô celte abbaye
y possédait des terres , des vignes et des ren-
tes: Apud Canaverias, lerras, vineas et capilatia. On
voit que dès lors ce territoire était en grande partie
planté de vignes, et le reste labouré comme il l'est
encore aujourd'hui. — L'aspect de l'église de ce
lieu montre que ceux qui l'ont bâtie avaient eu l'in-
tention de faire un beau vaisseau gothique ; mais ce
premier plan, trop vaste, fut abandonné, et la nef
seule fut achevée. Elle est ornée de galeries soute-
nues par de petites colonnes travaillées fort délicate-
ment, et qui se continuent jusqu'au-dessus de la
grande porte. Le fond des deux ailes latérales se
termine en angle, ce qui est assez rare parmi les
églises de ce diocèse. Le chœur, moins élevé que la
nef, n'a que des galerie? basses et gâtées par de
tri'p fréquentes réparations. Cetle église est sous le
litre de Saint-Pierre. Elle fut donnée au xiii« siècle
à l'abbaye de Mont-Etif, qui prit depuis le nom d'I-
verneau, du lieu où elle fut transférée en 1218 : le
prieur-curé était gros décimaieur. On lit dans cette
épllse une épitaphe assez singulière, inscrite sur le
tombeau d'un seigneur du lieu, qui probablement
s'appelait Lion. Voici cette épitaphe :
Fuit sine unguibu$ Léo
Qui nuncjacet
Altum seputttis impotem
pmascaue.
Lepoullelier , plus connu sous le nom û'Arislote île
la Hue, fut pi ivé de son bénélice comme eniaclië da
simonie et d'hérésie. Claude Dossier, chanoine régu-
lier et curé de Cheneviéres, obtint, en 16 3, un
arrêt du jarlement contre le seigneur et les liabliants
du lieu : cet arrêt lui adjugeait la dime du vin à
l'anche du pressoir, et dans les caves eu celliers da
ceux qui ne porteraient pas an pre>soir. — Plusieurs
communautés, telles que celles de Sainte-Geneviève
et de Saint-Maur, avaient des fiels sur le territoire
de Cheneviéres. Les abbés de S;iint-Maur y possé-
daient des serfs , qu'ils affranchirent en 1230. —
L'ablé Lebeuf note comme le plus ancien seigneur
laïque lieffé en ce lieu, Jean de Plaisance, qui, en
1271 , y tenait de Philippe de Brunoy un lief mou-
vant de l'évèqnc de Paris. On trouve beaucoup de
seigneurs de Cheneviéres depuis la fin du xiv^ siècle.
Depuis cette époque jusqu'en 1668, celte lerre et
seigneurie fut possédée par deux familles, celle des
Cordelier et de Masparault : elle l'était au milieu du
siècle dernier par un président en la cour des aides,
nommé de Ricard. — Les habitants de Cheneviéres,
comme reux de tous les autres endroits des environs
de Paris, furent anciennement soumis à l'odieuse
exaction nommée droit de prise, attentat manifeste à
la propriété. Les officiers du roi, de la reine, des
princes, etc., appelés chevaucheurs, fourriert, pre'
neurs , pillaient les maisons des habitants des cam-
pagnes, enlevaient la volaille, les bestiaux , les lits,
le linge, les tables (1). Ce brigandage féodal forçait
les habitants à renoncer à leur pays et à leur famille,
qu'ils abandonnaient souvent. Ceux de Clienevières,
enhardis par les exemptions accordées à quelques
communes voisines, se plaignirent au roi Charles VI,
qui, par une ordonnance de septembre 1496 , les
exempta du droit de prise, à condition qu'ils fourni-
raient au roi, à Paris, ou à 8 kil. aux environs, huit
charretées de seigle par année. — On trouve auprès
de ce village plusieurs maisons de campagne qui
se font remarquer autant par leur construction que
par les beaux points de vue qu'elles offrent. — Il y
avait autrefois, dans les dépendances de ce village,
un château qu'on appelait le Plessis-Sainl-Aiitoine;
il est maintenant loialement détruit. Près de Chene-
viéres est l'ancien château d'Ormesson, bâti du temps
d'Henri IV. Ce château, qui est aujourd'hui en ruines,
a, dit-on, appartenu à Gabrielle d'Eslrées. — Lo
terroir de cette commune est très-abondant en vins :
tous les coteaux en sont couverts de vignes ; les
plaines sont cultivées en grains. Un moulin , qui se
(1) Celle coutume est encore en pleine vigueur dans tout le Caucase, dans la Perse et dans d'aulrei
contrées de l'Asie. (l^oie de l auteur.)
371
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
trouTC sur ce territoire porte aussi le nom de
Chenevihes.
Chenisium , Cheno$ium , Chennise , paroisse du
diocèsu de Meaux , canioii de Nangis , arrond. de
Provins, Seine-et-Marne , prè> de la forêt de Jouy, à
10 kllom. de Provins , 33 de MeUin , 6(i de Paris.
Popul. 950 habitants environ. — La paroisse de
Ghenoise avait sur son leriiioire l'ahbaye de Jouy,
située au milieu de la forêt du même nom. Cette
abbiiye avait été fondée, en 1124, par Thibault le
Grand, comte de Champagne. Il y avait près de ce
village un superbe cliâieau remarquable par ses
belles avenues et un parc (rès-vuste. On voyait éga-
lement à Clienoise un couvent des pères de l;i Merci.
M. Lenoir, dans son Musée des monuments français,
n' i'ii, fait ladescriptinn d'une siatueen marbre blanc
représentant Philippe de Castille, armé de pied en
c:ip, agenouillé sur un socle carré : ce savant artiste
dit que ce morceau lui a été cédé pur M. Uosty,
scul|iieur à Melun , qui lui-même l'avait acquis à
Ghenoise, où il avait été placé dans le couvent des
religieux de la Merci. Cette statue, au bas de la-
quelle est une épilaphe portant la date de 1657, est
remarquable par deux circonstances qui se ratta-
chent aux mœurs et aux usages du temps. La prc-
niière est un fourreau sans lame, sculpté sur le côie'
de lïi statue, ce qui indique, suivant Sainl-Foix, que
les chevaliers étaient moils en servaye oh prison;
mais M. Lenoir pense que dans cet exemple le ser-
vage ne doit se prendre que de l'engagement de ne
point porter les armes co:iire le souverain qui accor-
dait la Iibeité à ses p^i^orlniers , ce qui, dans des
temps plus modernes, s'e«t remplacé par l'us.ige des
prisonniers sur parole. Le second insigne que l'on
reii. arque est la longue mcclie de cheveux placée sur
l'épaule dioile de ce guirner : elle indique sans
doute que celle figure représente un membre de
celte branche puissauie de la maison d'IIeiiriiiuès,
qui fut suinommée de Casillle, pour la distinguer
de la secouile, qui pjit le nom d'Aragon. On sait
d'ailleurs que chez les Golhs, ainsi que chez les
Gaulois et les Franks, la longueur de la chevelure
était la marque de la naissance ou du pouvoir.
Clieunvilla, Caiitenvilla. Cheptainville, paroisse de
l'ancien diocèse de Paris, actuellenieni de celui de
Versailles, canton d'.Arpajon, arrond. de Corbeil,
Scinc-el-Oise, à 4. kil. d'Arpajon, et 34 au sud de
Paris. L'cgli^e est snus le titre de Saint-Martin. Le
chœur eu paraji assez ancien, elconiine du \ii° ou dti
XIII» siècle; il est accoinpagnéile deux ailes et voijtc.
Le corps de Notre-Siigtieur y était conservé à une
suspense sur le grand autel, cumme dans les grandes
églises. La popttlalion de ce village est d'environ
COO hab. — Les irincipales productions des alen-
tours de cette commune sont eu grains; les légumes
y sont fort estimés, particulièrement les haricots et
les lentilles.
Clacium, vel Closium , Claye, paroisse du diocèse
d« Meaux, cheMieu de canton de l'arrondissement, h
16 kil. ouest de cette ville, et 26 nord-est de Paris.
PopuLilion, 1500 habitants environ. Le iiameaii da
Voisins en fait partie. — Il y a un bureau de poste
aux lettres et un relai de (loste aux chevaux. — Au
Mi« siècle, il existait à Claye un prieuré desservi par
di'ux religieux, etdoiitla fondation, bien antérieure
à cette époque, était due sans doute à la maison de
Chàlillon, qui possédait ce lii'u à litre de seigneurie.
En li25, ce prieuré fut ioni|iosé de trois religieux ,
à l'occasion de l'érei lion d'une chapelle dans le châ-
teau seigneurial ; Gui de (Jbàtillon, fils de Gaucher
et comte de Saint-Paul, qui l'avait fondée , l'ayant
fait desservir par un religieux qui fut attaché au
prieuré. Cette chapelle , avec les biens qu'il y an-
nexa, fut par lui concédée à perfiétuiié à l'abbaye
Notre-Dame-de-Chage (le Mi'aux. Dans celte dona-
tion, Claye est appelé Clois. L'égl.se paroissiale était
sous le titre de Saint-Etienne : la cure en resia à la
nomination de l'abbaye de Chage jusqu'à la destruc-
lion de cette abbaye. Ce lut, en 1730 , le titre d'un
doyenné rural. — Ce village ne (igure point dans
l'bistdire avant les guerres religieuses du xvf- siè-
cle. A cette époque, lecliiteau, comme tant d'autres
forteresses du même genre , fut tour à tour pris et
repris par les deux partis. En 15!!l , cette petite
place, délendiie pur une ganison de 70 habitants, se
rendit à Lannue, commandani pour le roi. Le comte
de Ghailly, à la tête d'un parti de ligueurs, prit le
village quelques mois après , le ût piller et brtiler
par ses soldats, et le letidemain des ouvriers furent
envoyés de Meaux pour raser le château. L'édit de
pacilication en fit depuis un des chefs-lieux du culte
protestant; mais en 1036, le parlement délendil aux J
religionnaires tout exercice de leur religion jusqu'à J
ce qu'un seigneur haut justicier y fit sa résidence
habituel e, ce qui arriva peu après. Daniel Tyssait ,
seigneur des trois quarts du village, s'y étant fixé,
le calvinisme fut de nouveau exercé , et le ministre
Billot commença ses prédications : on rouvrit eu
même temps une école; mais le parlement, sous
le prétexte de quebiues contraventions , porta un
nouvel arrêt pir lequel il supprimait le prêihe et
fermait l'école. Malgré cet arrêt , le calvinisme n'en
fut pas moins suivi à Claye. Ce lieu était le rendez-
vous des religionnaires des environs , qui tinrent
plusieurs assemblées au château. C'est dans une de
ces assemblées qu'ils décidèrent, vers 1660, que les
calviiis'.es pouvaient enterrer leurs morts de jour,
et ne devaient pas tapisser leurs portes lo.s des cé-
rémonies de U Fèle-D eu. Le parlement condamna
ces décisions. Mais ces deux points et quelques au-
tres fournissant le sujet de perpétuelles discussions
dans ce dioièse, le roi nomma, en 1668, deux com-
missaires, l'un catholiqu» et l'autre calviniste, alin
de résoudre déliniiivemont toutes ces difficultés. Par
suite de leurs conférences, le prêche de Claye fui
déliniiivement supprimé, cl le culte public du cal-
vinisme cessa d'y avoir lieu. — Le château de Claye
a eu pour dernier prooriétaire le marquis de Poli-
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
57 1
giiar, grand écuyer de la reine, qui le visitait quel-
quefois. Le marquis avait déjà commencé à fiire
construire un nouveau ch6teau où le luxe et la dé-
pense devaient être prodigués; mais la famille Po-
lignac ayant quitté la France à répoi]iie de la révo-
lution, les travaux ont été suspendus et le terrain
vendu. — Le canal de l'Ourcq passe à IVxtrémiié
orientale du village, à l'iMidroit où se trouvaient les
basses-cours du château, aujourd'hui démoli. — La
rivière de Ceuvronne coupe Claye dans un sens op-
posé à celui de la grande route sur laquelle ce vil-
lage est situé. — Il existe au hameau de Voisins
«ne manufacture de toiles peintes et blanchisserie.
— Le territoire est fertile en grains, comme le sont
tous les autres de ce canton. Il renferme plusieurs
carrières en exploitation, des fours à chaux et à
plâtre ; la rivière de Beuvronne fait tourner plu-
sieurs moulins dont deux viennent d'être supprimés
par la dérivation du canal. — C'est à Claye que fu-
rent amenés les premiers prisonniers russes et prus-
siens qui furent faits dans la campagne de Paris de
1814.
Clamarlum, Clamardum , Clamart-sous-Meudon,
paroisse du diocèse de Paris, canton et arrond. de
Sceaux, Seine, à 8 kil. sud de Paris, population
1260 habitants environ. Les maisons isolées, dites
le Petit-Bicêlre, dans l'embranchenieni de plusieurs
routes, en font partie : une de ces maisons est la
résivience d'une hrig^ule de gendarmerie. — Les
chartes du prieuré de Saint-Martin-des-Champs. de
la fin du xi" siècle, et plusieurs titres du mi°, nom-
ment ce lieu Clamardum nu Clemnrtium en latin, ce
qui répond aux noms français Clamard ou Clamari.
L'abbé Lebeuf a cru voir l'étymologie du mot Cla-
mart dans un acte de l'an 690 environ. On trouve,
dit-il, à cette date, dans les diplômes des rois de
France, ini traité d'échange entre deux abbés, sa-
voir : Landebert, abbé de SaiiU-Germain-l'Auxer-
~ rois, et Magnoald, abbé proche Beaumoiit-sur-Uise,
et cet acte est dit passé à Claumar. Cet auteur établit
de là la conjecture qu'un Romain nommé Marcus, ou
un Frank appelé Médard, et par syncope Mard, aura
eu en ce lieu un clos qu'on a d'abord écrit clous,
puis clau, d'où vient Claumar, et comme souvent la
diphthongue au a été changée en a, on a fait enfin le
mot Clamart. — L'église paroissiale est sous l'invo-
cation de Saint-Pierre et Saint Paul. Le bâtiment
qui subsiste aujourd'hui n'a guère que 500 ans d'an-
tiquité et ne contient rien de remarquable; il est ac-
compagné d'une tour qui a de l'apparence. L'an-
cienne église était éloignée du village. On commença
à en bâtir une nouvelle, dans le village même, au
commencement du xvf siècle. François Poncher,
évêque de Paris, s'y transporta et en fit la dédicace
le 18 mai IS'iS. En 1715, on fil des réparations au
chœur, qui déjà menaçait ruine, ce qu'on attribua
au défaut d» solidité du terrain. Les moines de Sainl-
Martin-des-Cliamps, qui possédaient déjà quelque
bien asseï considérable sur ie territoire de Clamart,
obtinrent, en 1098, de Guillaume, évêqne de Paris,
Vautet de cette église. Pour comprendre cette ex-
pression, il faut savoir que, pendant le moyen âge,
les églises étaient comme autant de domaines, dont
plusieurs seigneurs ecclésiastiques et laïques rece-
vaient leur part : l'un avait les sépultures, l'aiiireles
bénédictions, nn troisième l'autel, etc. On vendait,
on échangeait, on usurpait souvent ces produits de
l'église. Les revenus entiers de celle de Clamart fu-
rent ahandounés succes'ivementaux mêmes moines,
par les différents seigneurs laïques du lieu : ils eu-
rent même celui qu'on nommait reporlacjium, mot
de la basse latinité. Le reportage était une coutume
selon laquelle les laboureurs d'une paroisse ayant
cultivé des terres situées sur une autre, le gros dé-
cimaieur de la première percevait la dîme des ré-
coltes provenues du fait de ses paroissiens. En 12i5,
Evrard de Grez, qui était gros décima'eur de Cla-
mart, remit en cette qualité le droit de reportage à
l'abbé de Saint-Germain, à qui appartenait la grosse
dlme de Meudon. Cette remise fut réciproque, et
l'on ne reporta plus de l'un chez l'autre. La présen-
tation à la cure appartenait aussi au prieur de Saint-
Martin- des-Champs. — Quant aux seigneurs laïques
de Clamart, il en est peu dont les noms méritent
d'être conservés. On trouve parmi eux un nommé
Adam, grand queux (cuisinier) de Louis IX, qui avait,
au xiit» siècle, une maison dans ce lieu. — En 1657,
Scrvien acheta la seigneurie de Clamart : elle passa
depuis, avec ses différents fiefs, à Louis XIV, et fut
comprise dans le parc que ce prince créait à Meudon.
— En 18».';, le territoire de Clamart fut le théâtre
d'un combat plus animé qu'important, entre le corps
d'armée du général Vandamme et les Anglais, postés
sur les hauteurs de Meudon et Sèvres. La fusillade
fut très-vive; on battit les ennemis, et une parité de
leurs troupes resta prisonnière des Français. — L'é-
tendue de cette commune a été considérablement
diminuée par la réunion dont il vient d'être parlé,
d'une partie de son territoire au parc de Meudon;
aussi est-elle resserrée de ce côté-là. Les terres qui
s'étendent entre Bièvres, Villacoublay et Vanves sont
très-fertiles en grains et eu légumes. Les coteaux
produisent du vin qui était très-esiimé autrefois;
en y trouve aussi une belle pépinière. — La situa-
tion de Clamart, dans une plaine converte de bo-
cages, est des plus agréables; on y voit plusieurs
maisons de campagne. Aucune cependant n'est con-
sidérable, et ce sont moins des maisons de cam-
pagne remarquables par l'art ou l'agrément, que de
simples pied-à-terre.
Chmiciacum, Clamery, ville de l'ancien diocèse
d'Âuxerre, actuellement de celui de Nevers, chef-
lieu d'arrond. du dépt. de la Nièvre, siège de la
sous-préfecture, d'un tribunal de première instance
et de commerce, à 68 kil. nord-nord est de Nevers,
10 sud d'Auxerre, et 188 sud-est de Paiis. f'opul.
7000 habitants. — Cette ville est agréablement si-
tuée, au pied et sur le penchant d'ime colline, au
B7S
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
conûuenl du Beuvron el de l'Yonne, avec un porl sur
cette rivière, qui commence à être (loiialile en cet
endroit. Une route allant d'Anxerre à Troyes tra-
verse Claraecy. L'arrondissement dont celle ville est
le clief-lieu se compose de 97 communes, dont la
population totale s'élève à 65,575 habitants. Il est
divisé en six cantons : Brinon-lez Allemands, qui
renferme 9691 habitants; Clamecy, 1-2,671; Cor-
bigny, 10,834; Lormes , 11,424; Taniiay, 9529;
Varzy, 11,206. — Clamecy, nommé en Litin Climi-
ciacum, Clemiciacum el Clamiciacwn, est connu :iu
moins depuis le xi« siècle, .comme le prouvent des
lettres de Philippe I«^ datées de 1078. Le nom de
Bethléem, que perle aujourd'hui un de ses faubourgs,
a de quoi piquer lu curiosité des voyageurs : il vient
de rétablissement d'un évêché dit de Betidéem, dans
le faubourg situé de l'autre côté de li rivière de
l'Yonne, et qu'on appelait Panihenor. Voici ce qui
avait donné lieu à cet établissement. Guillaume,
quatrième comte de Nevers, transporté du zèle que
saint Bernard avait inspiré pour les croisades à lous
les seigneurs de ce temps, passa dans la terre sainte
avec son fils. Celui-ci, après la mort de son père, ne
pouvant, à cause de l.i défaite des croisés, exécuter
l'ordre qu'il lui avait donné, de le faire enterrer à
Bethléem, revint en France, en 1223, avec Raynaud,
évêque latin de cette ville, emportant avec lui les
restes précieux de l'aiileur de ses jours, qu'il fit in-
humer à la manière des grands seigneurs de ce
temps-là. Tout ce qu'il put faire en faveur de l'é-
vêque fugitif, ce fut de lui donner quelques terres et
une maison que l'on appela la Slaison-Dieu de Belli-
léem : ces possessions formèrent un évêelié, dépen-
dant lui-même d'un autre; cependant la chapelle de
l'hôpital fut érigée en évèclié titulaire : elle formait
ainsi seule le territoire indépendant de l'évêqiie de
Bethléem. Cet évêché iii pariibus, dont le revenu ne
s'élevait pas au-dessus de 1000 liv., était à la nomi-
tnation des ducs de Nevers, avec l'agrément du roi :
il a subsisté jusqu'à la révolution. — Il y avait à
Clamecy un couvent de RéeoUets, connu sous le
nom d'Hôtel-Dieu, et un collège : ce dernier établis-
semeni, où l'on enseignait les humanités, la philo-
sophie, les mathématiques et le dessin, recevait
aussi des élèves destinés aux écoles de l'artillerie et
du génie. La plus forte dépense pour un humaniste
ne montait qu'à 350 liv. par an ; celle d'un philo-
sophe à 400, et celle d'un élève du génie et de l'ar-
tillerie à 500. Les vêtements seuls et les frais de
maladie se payaient en sus. Ces détails peuvent servir
à comparer les dépenses anciennes pour l'éducation
avec celles de l'époque actuelle. — Cette ville est
comme le centre du commerce de bois à brûler,
formant la plus grande partie de l'approvisionnement
de Paris. C'est le rendei-vous des marchands qui
viennent y recevoir les comptes de leurs agents qui
y sont établis. Ceux de Paris et le gouvernement y
ont chacun les leurs pour surveiller les opérations
du cnmmerce et activer les exploitations, l'écoule-
ment des bois sur les ruisseaux jusqu'à l'Yonne, et
les mises en état sur le port de Claraecy, pour être
mis en trains et conduits à Paris. Ce port, baigné
par les rivières d'Yonne et de Beuvron, reçoit lous
les bois des environs et des endroits les mieux boisés
du dépt. de la Nièvre. — On trouve à Clamecy une
faïencerie, des fabriques de draps, dont le mérite
vient de la qualité supérieure de la laine de cet en-
droit; il y a aussi pour l'apprêt des étoffes une tein-
turerie et des moulins à foulon : cette ville possède
encore des fabriques de cuirs et de gants, un moulin
à papier el une filature de coton. — Le commerce
qui s'y fait en bois et charbon, expédiés pour la ca-
pitale, est considérable. — On ne peut guère citer
d'hommes remarquables nés à Clamecy, que Roger
de Piles, savant écrivain et employé dans plusieurs
négociations, mort à Paris, en 1709, et Marchangy,
ancien magistrat et homme de lettres, auteur de la
Gaule poétique, mort en 1826.
Clari Sancti Caslrum, Saint-Clair-sur-Epte , pa-
roisse de l'ancien diocèse de Rouen , actuellement
de celui de Versailles, canton de Magny, arrond.
de Mantes , dépt. de Seine-et-Oise , à 10 kil. de Ma-
gny, 22 de Manies , et 66 nord-ouest de Paris. Po-
pul. 800 habitants environ. — Ce \illage est situé,
dans une jolie vallée, sur un bras delà rivière d'Epie,
à l'endroit où cette rivière reçoit le ruisseau du
Cudron. On y remarque les restes d'un vieux châ-
teau seigneurial, fameux autrefois par divers sièges
qu'il a soutenus contre les Normands et les Anglais.
Au xii^ siècle, l'abbaye de Saint-Denis avait à Saint-
Clair un prieuré considérable. Près de ce prieuré
était un coteau , nommé à cette époque Fuscelmont
ou Ficelmont. Sur ce même coteau , le duc de Nor-
mandie, Henri II, qui fut plus tard roi d'Angleterre,
(it bàlir une forteresse, qui prit le nom de Chàteau-
sur-Epte. En 1153, Louis le Jeune fit don de ce châ-
teau , nouvellement construit, à l'abbaye Saint-De-
nis. Cette donation, rapprochée de la dénomination
de Castrum Novitm Sancti Dionysii , donnée à une
église située sur ce territoire, et dont l'évêque de
Rouen confirma la possession à la même abbaye ,
fait penser que cette église n'était autre que le châ-
teau lui-même ou sa chapelle. En 1212 Robert de
Chaumont contesta aux religieux le patronage de
Saint-Clair ; mais il se désista de ses prétentions ,
et le monastère continua de nommer à la cure de
Saint-Clair, de même qu'à celle de l'église dont il
vient d'être parlé sous le nom de Châieau-Nenf-Saint-
Denis. Lorsque Louis XIV réunit à la maison des
Dames de Saint-Cyr le prieuré de Chevreuse, qui
depuis longtemps était en commende et sans reli-
gieux , ce prince donna en dédommagement à l'ab-
baye de Bourgui'il le prieuré de Saint-Clair-sur-Epte,
qui cessa alors d'appartenir à l'abbaye de Saint-De-
nis. Ce dernier monastère continuait cependant à
présenter à la cure, ei le seigneur du lieu à celle de
l'église de Château-Neuf-Saint-Denis. — Saint-Clair-
sur-Epte est surtout faïueux dans l'histoire par le
577
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOTEN AGE.
378
iraiié que Ciiarles IV, dit le Simple, roi de France,
y coiicluiavec Rollon, chef des Normands, qui avait
clé, plus que lous les autres, la lerrenr des Français.
Le brigandage que ces Normands exerçaient, déso-
lait tellement le royaume , et leurs forces étaient
devenues lellement redoutables, qu'on fui obligé de
capituler avec eux. Charles offrit à Rollon de lui
abandonner li partie des côtes de France qu'il avait
si souvent ravagée, et qui prit depuis le nom de Nor-
mandie, de lui céder en outre toute la Bretagne, et de
lui donner sa (illc Giselle en mariage , à condition
qu'il lui rendrait hommage pour les territoires qui
lui étaient cédés, et qu'il se ferait chrétien ave'
louie son armée. Les clauses arrêtées , Rollon se
rendit à Saint-Clair pour y prêter serment de fidé-
lité au roi. Ce lier Danois ne put se déterminer à
remplir les formalités humiliantes pratiquées à celte
époque pour la prestation de foi et hommage; et
lorsqu'on lui parla de tomber à genoux et de baiser
le pied du prince , il jura qu'il ne fléchirait jamais
devant personne. Un des siens fut cependant chargé
d'accomplir ce devoir à sa place. Ce délégué , peu
disposé lui-même à une entière génuflexion , sou-
leva le pied du roi , et le fit tomber à la renverse.
Cette action ne passa que pour une maladresse de
barbare, parce que le besoin extrême de conclure
b paix dominait Charles, qui ne se sentjit pas le
plus fort. Rollon se montra plus docile à tout ce
qu'exigea Francon , archevêque de Rouen , qui l'in-
struisit , et le baptisa avec tous ses Normands. Ce
chef porta l'habit blanc pendant sept jours , suivant
la coutume des nouveaux baptisés, et chaque jour il
fit présent d'une terre à une des sept églises que
l'archevêque lui avait nommées à cet effet. Rollon
prit au baptême le nom de Robert , et devint la
souche des fameux ducs de Normandie, qui se firent
bientôt couronner rois d'Angleterre. — Saiiit-Clair-
lur-Epte fut aussi le lieu désigné pour la conférence
du roi de France , Louis IV, dit d'Outre-Mer, et de
Richard, duc de Normandie en 9S1 : on y termina ,
par un traité de paix, les querelles du roi , de Hu-
gues, duc de France, et du duc Richard, tt on
confirma la liberté de Louis , qui avait été fait pri-
sionnier peu de temps avant cet accord. — A l'en-
trée du bourg, du côté de Gisors, se trouve, dans
la prairie, un joli ermitage , qu'a habité et où a été
martyrisé saint Clair en 881. On y voyait autrefois
une statue de ce saint, à genoux, soulevant sa tête.
La fontaine de cet ermitage a une grande réputa-
tion pour la guérison des maux d'yeux. C'est une
croyance très-commune que celle qui attribue une
pareille vertu à l'invocation des saints et saintes qui
portent des noms analogues , comme ; Clair, Claire,
onLuce, à cause de sa ressemblance avec le mot
latin lux, lumière. Chaque année, le 17 juillet, jour
de la fête de saint Clair , il arrive à cet ermitage
une foule de pèlerins venant souvent de très-loin.
j La révolution avait mis obstacle à ces actes de dé-
' TOlion ; mais le duc de Caylus, à qui cet ermitage
appartenait, l'ayant fait relever à ses frais, et res-
taurer d'une manière pittoresque, la ferveur s'est ra-
nimée, et on y voit arriver autant de pèlerins qu'a-
vant la révolution ; le pèlerinage dure 15 jours. — Le
hameau du lleloc est remarquable p.ir un château
situé sur une hauteur d'où l'on a une vue charmante,
et qui s'étend assez loin. L'habitation principale a été
créée par le duc de Caylus. Le château est petit,
mais très-agréablement bâti. Les jardins sont très-
bien dessinés, et remplis d'arbres et arbustes étran-
gers. Un bois attenant et très-bien percé sert de
parc; les allées, se terminant toutes par une belle
pelouse, conduisent à des points de vue très-variés,
que l'on découvre de toutes les parties du plateau
élevé sur lequel ce bois est situé. — Le terroir de
cette commune est en labour, prairies et bois. On
y trouve un four à chaux et un moulin que fait tour-
ner la rivière d'Epte.
Ctaromontium supra Brechiam, Clermont-Oise, ou
Clermont-sur-l;i-Brèclie, petite ville du diocèse de
Beauvais, chef-lieu d'arrond. du départ, de l'Oise,
siège d'une sous-préfecture et d'un tribunal de pre-
mière instance, à 24 kil. est de Beauvais, 20 nord-
ouest de Senlis, et 56 nord de Paris. Popul. 3350
habitants. H y a un collège communal, un hospice,
une maison centrale de détention, une maison d'arrêt,
de correction et de police municipale, un bureau de
poste aux lettres. L'arrondissement comprend 178
communes, et se divise en 8 cantons : Breteuil, 12,504 ;
Clermo.il, 12,708; Crèvecœur, 11 ,638 Froissy,9027;
Liancourt, 9610; Maignelay , 10,103; Mouy, 6686 ;
Saint-Just-en-Cliaussée, 13,348. — Celte ville, capi-
tale du comté du même nom, appartenait à la ci-de-
vant province de l'Ile de France, au diocèse de Beau-
vais, à la généralité de Soissons; elle avait un gou-
vernement particulier du gouvernement militaire de
l'Ile de France, un bailliage, auquel la prévôté fut réu-
nie; une maréchaussée, un corps de ville, une police,
un grenier à sel, une maîtrise particulière des eaux et
forèis, dont le ressort comprenait tout ce qui d&.
pendait des bailliages de Clermoni, de Montdidier, de
Beauvais et de Chaumont en Vexin, et une subdélé-
gation. — Clermont était anciennement fortifié; mais
ses remparts sont maintenant chargés de bâtisses
modernes et de plantations diverses, et il n'en reste
plus que de faibles vestiges. Celle ville, agréablemen t
située près de la petite rivière de la Brèche, est bâtie
sur la pente d'une montagne, et dominée par le châ-
teau dont la construction extraordinaire s'élève sur
la partie la plus haute delà montagne. 11 est rare, en
France, de trouver une vue plus étendue (|ue celle
qu'on peut se procurer du sommet de ce château, au
pied duquel est la belle promenade dite le Chàielier :
forêts, bosquets, vallons, prairies, coteaux arides,
montagnes boisées, villes, bourgs et châteaux enrichis-
sent cette superbe perspective. Quelques auteurs
croient qu« ce château a été bâti par Jules César, bien
que les commenlairesne fassent pas même mention du
lieu où se trouve Clermont. Les antiquaires du pays
570
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
380
nf croient pas que celte forieresse puisse êire aiiri-
buée à cet empereur, et parce qu'il ne vint pas à
Clerraont, si louiefnis Clermonl existait alors, ce qui
est très-donlen:s, et parce que la construction a été
faite avec de petites pierres et avec du ciment qui
ne leur semble pas être l'ancien ciment des Romains.
On pense généralement, et avec une apparence do
nison, que c'était originairement une forteresse con-
strnite sous le règne de Charles le Chnuve, on peut-
être rebâtie du temps de ce prince, pour arrêter les
incursions des Normands. Plus tard on y clalilit une
cliapelleque des chapelains desservirent. Elle devint
dans la suite un chapiire, qui existait déjà vers le
milieu du xi^ siècle. L'église, sons l'invocation de
Saint-Arnoult, était fort ancienne, et l'on n'en connaît
pas l'origine. On y conservait précieusement un os
du bras dn saint patron. Pour reconnaître si cette
relique appartenait réellement à saint Arnouli, on la
soumit à l'épreuve du feu, et comme elle en sortit
intacte, on la déposa dans l'église on elle fut honorée
d'un culte particulier, jusque-là qu'une dame Gniberl
lui lit hommage de ses diamants. Quelque temps
après, une guérison miraculeuse, opérée en faveur
d'une personne de la même famille, donna lieu à un
témoignage singulier de reconnaissance : ce fut la
fon'lation annuelle d'un repas splendidK oii figuraient
les membres du chapitre de Saint-Arnoult. Louvet,
dans son histoire de Beauvais, tout en rappelant que
d ms les xiv« et xv» siècles, les archives du rhapitre
furent détruites p.ir divers incendies, cite néanmoins
comme authentique le titre d'une concession faite aux
channines, en 1114, par Renaud, comte de Clermont,
qui octroya « une foire le jour et fêle de saint Jean
et les deux jours subséquents, et avec les profils et
droits du lonlicH, forage, rouage et travers, et avec
privilège que quiconque viendrait en icelle faire trafic
)î« pourrait, ponr quelque cause que ce fût, être arrêté,
ni convenu, sinon pour homicide; que la connaissance
du marcogni, et des délits qui arriveraient durant la-
dite foire, en dedans la lieue, appartiendraient audit
chapitre, ne retenant, ledit comte de Clermont, autre
chose en icelle que la tierce partie des amendes. »
Ce chapitre avait le titre royal, et se composait de
12 prébendes canoniales et de 7 chapellenies à la
nomination du chapitre. Quant aux 12 canonicats, ils
étaient, dans les derniers temps, dix à la nomination
du prince de Condé, et les deux autres à celle des
abbayes de Froidmonl et de Saint-Queniin-lez-Beau-
vais. Apre* la révolution, le château passa à différents
propriétaires jusqu'en 1808, époque où il fut question
de créer une nouvelle prison à Clermont. Celui qui
le possédait alors, l'offrit au gouvernement, à condi-
tion qu'il serait le concierge de la prison. En 1812,
on voulut changer la destination de cet établissement,
et en fermer un dépôt de mendicité; les prisonniers
furent évacués, le nouveau mobilier apporté : ce
projet n'eut pas de suite. En 1820, on en fit une
maison de déienti'n pour hommes, femmes et en-
f.nnis. Depuis une ordonnance royale du mois de
juillet ou du mois d'août 1826, cette maison ne
renferme plus que des femmes Les détenues sont
occupées, dans des ateliers de travail, à des ouvra-
ges d'aiguille de tous les genres, à des métiers de ca-
licot,à filer du lin au rouet; les vieilles ctlosinfirmes
épluchent le coton et font des bobines de fil ; 25 ou
50 font lies cartonnages de toute espèce. Elles confec-
tionnent elles-mêmes les vêtements qui les couvrent.
Leur habillement estde couleur gris brun et uniforme.
— Outre le chapiire dont il a été lait mention, il y avait
à Clermont un couvent d'Ursulines, que le cnllége et
différents particuliers occupent aujourd'hui , et une
communauté de Mathurins, de l'ordre des Trinitai-
res, dont l'église était sous le patronage de saint
André: la sous-préfeclure s'y est installée. Avant de
venir s'établir où est maintenant le collège, les llr-
sulines avaient leur couvent dans la rue du Château.
Les bâtiments de ce couvent appartiennent aduelle-
nieni à divers particuliers; mais une partie, devenue
propriété communale pendant la révolution, a été
renUie à quatre des anciennes Ursulines Elles tien-
nent une maison d'éducation pour les demoiselles, et
sont connues sous le nom de religieuses de ta Provi-
dence^e la Sainte-Enfance de Jésut. L'église parois-
siale, dédiée sous l'invocaiinn de saint Samson, est
assez jolie ; elle a un buffet d'orgues et deux châsses :
l'une contient l'os d'un des bras de saint Samson,
et l'autre une partie d'os de bras de saint Roch. Celle
dernière relique était chez les Mathurins. L'é-
glise Saint-Samson est de construction ancienne,
excepté la flèche et le clocher, qui, incendiés le 4
août 1785, ont été rebâtis depuis 23 à 50 ans. Les
auteurs qui ont placé à Clermont une chapelle
de Saint-Gengoux se sont trompés; celle chapelle
est à l'iémérangles. — L'hospice, qui n'a jamais
porté le nom d'Hôtel-Dien, que lui ont donné des
historiens , est dirigé par les soins des dames
de Saint-Thomas-Villeneuve, dontle couventest à Pa-
ris, rue de Sèvres, n* 27 . On y admet hommes, fenmies,
orphelins , les enfants pauvres et les militaires.
Le nombre des malades est constamment de 20 à 25.
Les enfants y sont instruits, les jeimes personnes par
une religieuse, et les garçons par un instituteur spé-
cial. Il y a aussi une salle ponr les infirmes. Cet hô-
pital pourrait contenir 85 lits; il est parfaitement
tenu, et l'on y a fait des améliorations. La popula-
tion y est constamment de Oit à 70 personnes. Il y a
une chapelle sous l'invocation de sainte Madeleine.
— Le tribunal de première instance et la justice de
paix sont établis dans le haut du bâtiment dt; l'an-
cien grenier à sel; le bas sert de dépôis pour les
grains destinés à être vendus sur les marchés. — Il
y avait dans la forêt de Hez, dite, dans le pays, de
La Neuville, parce qu'elle est couiiguè au village de
ce nom, un couvent de cordeliers nommé de la Gar-
de, où l'on renfermait les ecclésiastiques en correc-
tion et où l'on recevait des aliénés. — Le nom de
Clermonl, en latin Claromoutium, commun à plu-
sieurs bourgs et villes de France, et qui signiClA
5R!
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MO\EN AGE.
582
mon* illustre, ne psratt pas avoir une origine ccr-
tnine. On piélend que celle ville a éié beaucoup plus
consiilénible qu'elle ne l'est aujourd'hui, bien que
ceux qui onl écrit son liisloire ne présenient rien de
positif ov:iiit le ix« 'iécle. Ses premiers seigneurs,
comme tant d'autres, usurpèrent, lors de l'élévation
de Hugues Capel, et h son exemple, un titre et une
sonvcrainelé qui ne leur apparlenajo»! pas; ils se fi-
reni comtes, el le ( hàleau, bàii pour défendre la con-
trée contre le? ennemis de la France, devint le re-
paire où ils cherchaient un asile pi-ndant les guer-
res qu'ils livraient aux seigneurs voisins, ou après
fivoir exercé leurs brigandages contre les habitants
des campagnes. Le premier de ces comtes dont l'his-
loire ait g.trdé le nom, est Renaud !«<', qui vivait en
1087. Un de ses descendants, Raoul !«'', eut plusieurs
démêlés avec le chapitre de Beauvais pour certains
droits territoriaux que le chapitre défendit par le
moyen de l'excommunication, arme toute-puissante
au xif siècle. Ces démêlés étant terminés, il se croi-
sa el fit partie de l'expédition de Philippe-Auguste.
Ce comte fut tué au siège de Saint-.Iean-d'Acre , en
1191, sans laisser de postérité mâle. Catherine, sa
fille ainée, épousa Louis, comte de Blois, et en eut
Thibaud,d !t le Jeune, dernier (omie de celle famille,
mort «ans enfants en 1218. Philiiipe-Augu<îie ayant
■lors acheté des héritiers coll.iiéraux de Thibaud
leurs droits au comté de CIcrmont, en investit dans
Il même année son flls Philippe. Ce prince, mort
en 1254, laissa deux filles, dont l'aînée, Jeanne, mou-
rut en 1250, n'ayant point eu d'hérilier de son époux
Gaucher ou Gauthier de Châiillon, qui alla finir ses
fours en Egypte à la Miitc de Louis IX. Le roi vou-
lut alors, en qualiiéde plus proche héritierde Jeanne,
prendre possession du comté de Clermnni et lo réu-
n'ir à la couronne. En vain ses frères, les comtes
de Poitiers et d'Anjou, tentèrent-ils de s'y opposer,
prétendant que cet apanage d'un prince royal de-
vait être partagé entre eiix; un parlement décida,
après 7 années de contestations, en faveur du mo-
narque qui, en 12G9, apaiiagea du comté de CIcr-
mont son 6^ fils, Robert de France, ii?e de la mai-
gon de Biurbon. Robert épousa, en 127-2, Béairix,
fille de Jean de Bourgogne, seigneur de Charolais et
d'Agnès de Bourbon. Ce nom , devenu celui d'une
des grandes maisons régnantes de l'Europe, était
le liire d'une petiie cliàtellenie que Hugues IV, duc
de Bourgogne et aiieul de Béairix , avait démembrée
du comté lie Chàlons et donnée par testament .î sa
petite-file. En 1-285, Robert devint, par la mort de
sa belle-mère Agnès, possesseur delà sircrie de Bour-
èon-l'ArcItambaud. Plus adroit ou pins heureux que
les seigneurs de Courienay, qui perdirent le rang de
princes du sang en changeant leurs armes, le nou-
veau sire de Bourbon conserva celles de France dans
son écusson : celte circonstance niainiinidans sa
maison un titre qui plus lard conduisit ses descen-
dants au trône. Ce prince avait pour bailli, dans son
comté de Clermont, le célèbre Beaumanoir , auteur
des Coustumes du Beauvahis, travail que Loysel np-
pela le premier, le plus grand et le plus liardy oeuvre
qui aijt été compns' sur les couitumes de France. Ce
comté resta dans la maison de Bourbon jusqu'au
temps du connétable de ce nom, dont les biens furent
confisqués el réunis à la couronne. Il y avait eu an-
térieurement une cession faite par Louis l»"', duc de
Bourbon, à Charles le Bel; mais elle était restée sans
effet, puisque Philippe de Valois, successeur de Char-
les, l'avait rendu au duc et à la maison de Bour-
bon : enfin il fut engagé plus tard à la maison de
Condé. — Clermont ne ligure dans l'histoire d'une
manière remaniuable que depuis le xiv^ siècle.
Après le fameux soulèvement de paysans si connu
sous le nom de /flci/werie, et qui prit naissance dans le
Beauvaisis, en 153!), cette ville tomba par surprise
aux mains du capt:d de Buch, qui y leva des contri-
butions extraordinaires. Les Anglais, devenus maî-
tres d'une grande partie de la France, pillèrent Cler-
mont en 15 j9, et le brûlèrent. Relevé de ses ruines,
il soutint un nouveau siège en 1415, et le faubourg
Saint-André fut entièrement consumé par le feu. En
1430, Jean de Brosse, maréchal de Boussac, assié-
gea et prit le château à la tête d'ime armée avec la-
quelle il venait de délivrer Compiègne. Celle ville,
reprise par les Anglais, fut de nouveau rendue à la
France par le brave La llire; mais ayant éié pres-
qu'aussilôt fait prisonnier à Beauvais pendant qu'il
jouait à la paume, ce guerrier se vit oblig i de re-
mettre celte place aux ennemis pour sa rançon. Elle
revint à la France après l'expulslou des Anglais. Au
xvi» siècle elle passa de nouveau sous une domina-
lion étrangère. En 1569, Charles IX, ayant besoin
d'argent pour combattre les protestants, aliéna cette
ville en f iveur du duc de Brunswick pour une som-
me de 360,000 livres. La duchesse de Brunswick la
revendit, 30 ans après, à Charles, duc de Lorraine.
Elle revint de nouveau à la couronne : Henri IV
la prit sur la Ligue en 1589, et au mois de juil-
let 1615 le prince de Condé, mécontent de la cour,
s'y jeta avec quelques troupes et parvint à s'y forti-
fier, ce qui épouvanta beaucoup les habitams de Pa-
ris. On a vu que la seigneurie de Clermnni fut en-
gagée à la maison de ce prince. — Ou trouve dans
celte ville et dans ses environs de nombreuses fahri-
ques de toiles dites bulles ou mi-Hollande, de calicots
et d'indiennes; des filatures de coton, trois brasseries,
des lanneries, une raffinerie de salpêire et une blan-
chisserie de t"iles, connue sous le nom de blunc de
Clermont. Ils'y lient trois foires par année ; la l"'*, le
mardi après la Chandeleur; la 2', le 10 aoùi; la ô',
le .'JO uov. Le samedi de chaque semaine il y a un
marché pour les grains; mais le plus fort , nommé
Marché-Franc, se lient le dernier samedi de chaque
mois. Depuis 1748, qu'on a établi six moulins dans
celle ville, son principal commerce est en grains;
celui qu'on y fait de chevaux, de bestiaux, de pro-
duits de ses manufactures et de fruits rouges, c'est-à-
dire de guignes et cerises, n'est guère moins consi-
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
E33
dérable. — Les environs sont aussi remarquables par
la ferliiiié du sol, qui produil du chanvre et une
grande quanlilé de pommes à cidre, que parles
agréments et la beauté du séjour. Parmi les châteaux
et maisons de campagne, on distingue les belles ré-
sidences situées près d"Agneiz, de Breuille-Yert et
de Fitz-James. — Ce que l'on remarque à Clermont,
c'est qu'il n'y a ni musée, ni société savante, ni bi-
bliothèque. — Clermont est la patrie de Charles le
Bel, de Jacques Grevin, poêle français et latin, mé-
decin et conseiller de Marguerite de France, auteur
de plusieurs pièces de théâtre, mort en 1570, âgé de
33 ans; de Cassini, célèbre ingénieur géographe,
auteur de la grande carte topographique de France
qui porte son nom, et de Charpentier, auteur du Pa-
rallèle entre Ar'ulote et Platon. — Les naturalistes
étudient avec iniéréi les différentes couches du ter-
rain qui avoisine Clermont, et qui parait n'être on
quelques endroits qu'un vaste amas de coquilles,
telles que buccins, limaçons, planorbis, etc., renfer-
mées dans une terre calcaire et marneuse.
C/arus fo»s , Claire-Fontaine, paroisse de l'an-
cien diocèse de Chartres , maintenant de celui de
Versailles, canton-sud de Dourdan , arrond. de
Rambouillet, dépl. de Seine-et-Oise , à H kil. de
Dourdan, à 27 de Versailles, 8 de Rambouillet, et 42
wid-ouest de Paris. — Ce village doit son origine à
une abb:iye du xii« siècle. La population est d'env.
500hab.,en y comprenant les hameaux du Cabinet,
de la Ménag'rie, des Druyères, de la Verrerie, de
la Coudrriye , des Fourmillons , et plusieurs maisons
isolées, sous diverses dénominations. — Ce lieu est
remarquable à cause de l'abbaye du même nom qui
y existait avant la révolution. Cette abbaye fut fon-
dée par Simon , comte de Montfort, vers l'an 1100,
sous l'invocation de la sainte Vierge : elle tirait son
nom , ainsi que le village , d'une fontaine qui cou-
lait près de son enceinte. Son revenu montait à 5000
liv. Des moines Augusiins déchaussés desservaient
ix la fois cette abbaye et la paroisse du lieu , qui
était sous le titre de Saint-Nicolas. Cette paroisse
n'avait pas une église particulière ; mais le service
s'en faisait dans la nef de celle de l'abbaye , qui y
était consacrée spécialement, le reste de l'église
étant , comme il vient d'être dit , sous le litre de la
sainte Vierge, et appartenant à l'abbaye. — Ce mo-
nastère n'existe plus ; le local et les bâtiments sont
occupés par un hospice de bienfaisance et une ma-
nufacture de dentelles. — Le terroir de Claire-Fon-
taine est sablonneux et produit peu de grains; il y
a beaucoup de bois, et on y trouve quelques étangs.
CUppiacum, Clichy-cn-l'Auiiois ou Launoy, pa-
roisse de l'ancien diocèse de Paris, actuellement de
celui de Versailles, canton de Gonesse, arrondisse-
ment de Pontoise, département de Seine-et Oise, à
11 kil. de Gonesse, et 14 est de Paris. — Ce village
fut ainsi surnommé à cause de sa situation dans le
pays d'Aunois, et pour le distinguer de Clichy situé
sur la Seine, il roccident de Paris, et communément
384
appelé Clichy-la -Garenne. Tous deux étaient égale-
ment terres royales au vii« siècle, sous le régne de
Dagobert, et s'appelaient en latin CUppiacum. Celui-
ci est le premier des deux Clichy que nos rois aient
donné à l'abbaye de St- Denis. L'auteur des Gestes
de Dagobert, qui rapporte cette donation faite en 655
ou 63b, l'appelle Clippicum Superius; ce que dom
Félibien traduit par le H aut-Clichy . En effet sa situa-
tion est sur une montagne ou coteau, au lieu que
Clichy-sur-Seine est dans une plaine. Il y a apparence
que ce n'est que depuis que le monastère de St-De-
nis eut été gratifié pnr Charles Martel de Clichy-sur-
Seine, que l'abbaye se délit de Clichy-en-l'Aunois.
L'église est un bâtiment assez nouveau; il est
sans ailes et n'a que la forme d'une grande chapelle.
On y conservait, sur un autel qui était dans la partie
septentrionale, une petite châsse de bois doré où l'on
voyait dans une fiole oblongue un fragment d'os pé-
roné , que l'étiquette disait avoir été donné à cette
église en Î62i par l'abbesse de Montmartre, et être de
l'un des compagnons de saint Denis. Au côté méridional
du grand autel était une tombe carrée qui fut visible-
ment déplacée, puisque celle qui y était représentée
avait la tête vers l'orient. C'était une femme cou-
verte d'un capuchon dont la | ointe relevait tout à fait,
et qui avait un béguin sous le menton; on lisait au-
tour, en petites capitales gothiques : Ci/ gisi Jehanne
de Saint Lorens femme de .... de Saint Lorens Borgois
de Paris, qui fut mère du frère Adam de Saint Loren^
frère de l'ordre de Le reste était caché par la
marche-pied. Cette tombe paraissait éire du temps
du règne de Philippe le Bel ou environ. Adam de
Saint-Laurens était sans doute un religieux chevalier
de l'ordre du Temple, lesquels chevaliers étaient sei-
gneurs de Clichy dés lafin du xii* siècle ou au commen-
cement duxiu''. Cette iiaroisse est d'une petite éten-
due; elle n'est éloignée du village de Livry que
d'un kil. Entre ces deux villages sont des vignes en
quantité, qui regardent en partie le couchant, et le
territoire s'appelle la Hauie-Forêt. Proche de Clichy
était une pelouse de 60 arpents, où les bestiaux
pai^sai'nt l'été; le reste du temps on les retirait
dans les I ois. Le prince de Dombes avait à Clichy
une maison pour la chasse. Le château situé à mi-
cote avait appartenu à Gabrielle d'Estrées. Il a été
reconstruit à neuf sur les dessins de l'architecte
Brongniart. Le parc, d'environ 40 arpents clos de
murs, est tenant à un autre parc qui joint la forêt de
Bondy. Dans ce premier parc est une grande pièce
d'eau alimentée par diverses sources, dont une, nom-
mée la Chapellc-des-Anges, à l'entrée de la forêt,
est connue depuis le xi" siècle. Cette source ou fon-
taine avait, dit-on, la vertu de guérir de !a fièvre.
Cette commune possède peu de maisons de campa-
gne : aussi cette partie des environs de Pari^ est-elle
recherchée de préférence par les nombreux amateurs
des plaisirs de lâchasse, auxquels leurs occupations
journalières dans la capitale ne permettent pas de
s'éloigner davantage. Les productions de Clichy sont
.JJ
58S
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
586
lie peu de valeur. Ce village est près la grande
roule de Paris en Allemagne, et iraversé par une
chaussée qui communique de celle roule à celle de
Coiilommiers parChelles.
Clippiacum, Clicliy-la- Garenne, ou Clicliy-sur-
Seiiie, paroisse du diocèse de Paris, canlon de
Neuilly-sur-Seine, anondissement de Saini-Denis,
Seine, à 3 kil. nord-est de Neuilly. Population, 2300
liabilants environ. Le nom latin de ClicLy est Clip-
piacum, formé de la racine clip, dans lequel on croit
rcconnaiire la signiQcation de clapier, lieu où l'on
élève des lapins; explication qui semble en effet
foriifier le surnom de la Garenne donné à Clicliy. —
Ce village remonte à une Irès-liauie antiquité; son
terriioire paraît avoir primiiiveraent compris tout
le pays où depuis s'élevèrent Saint-Ouen, le
Houle et Villiers-la-Garenne. Il faul rapporter à
celle étendue de pays ce qu'on trouve duns les an-
ciennes chroniques touchant ce lieu, où les rois de
France eurent un palais dès les commencements de
la monarchie. La première occasion que nos anciens
historiens aient eue de faire mention de Clichy re-
monte à l'année i2 du règne de Clolairc II, qui re-
vient à l'an 023 de Jésus-Chrisl. Frédégaire écrit
qu'alors Clotaire éiait à Clichy, non procul Parisiii,
et que Dagobert l'y élant vinu irouver de son ordre
avec les leudes du royaume, s'y maria avecGoma-
irude, sœur de la reine Sichikie; que le troisième
jour après les noces, le père cl le lils enlrèrent en
de grandes contestations sur le partage des E'ats,
et en remirent la décision à douze Fraiiks, !a plupart
évêques. Ce fut dans ce même lieu que, quatre ans
plus tard, Dagobert répudia Gumairude, et qu'il
épousa ensuite Nantechilde, suivante de sa première
sent un palais, ou si ce l'ut la conslruction du palais
qui donna orijjiiie à la paroisse. Mais à juger de son
anclenueié par le saint qui est patron de l'église de
temps immémorial, saint Médard, elle a dû éire
consacrée sous son invocation avant l'an 545 de Jé-
sus-Christ, qui est le temps de sa mort. Si cepen-
dant celle église a été d'abord sous le tiire du Sau-
veur, comme on le pense en ce lieu, on peut en faire
remonier l'aniiquité plus haui. L'église qui subsistait
!i Clichy avant celle qu'on y voit aujourd'hui,
avait été dédiée par l'évéque de Paris le dimanche
premier jour d'octobre 1 525, sous le litre de Saint-
Médard, et le prélat en avait lixé l'anniversaire à
pareil jour, c'est-à-dire au premier dimanche d'octo-
bre ; mais il fallait que dès lors elle fût très-ancienne.
Le curé qui prit possesion du bénéfice en 1612,
trouva le moyen de la faire bâtir à neuf, et même
il fut permis, le 3 mars 1628, d'aliéner des fonds
de la fabrique pour refaire le clocher. C'était le mo-
deste et courageux Vincent de Paul, fondateur des
sœurs de la Charité, des prêtres de la mission dits
Lazaristes, et bienfaiteur des enfants trouvés. La nou-
velle église lut achevée la semaine sainte de l'an
16^0, et elle porte, comme l'ancienne, le titre de
St-Médard. Charles Moreau, premier valet de garde-
robe du roi, ayant oblenu de Jacques de Nucheze, abbé
de Saint-Etienne de Dijon, un morceau du chef de
ce saint évêque de Noyon, tiré de la châsse conser-
vée eu la mèmeéglisede Dijon, l'archevêque de Paris
permit, le 17 aoûi 1600, vu les atleslaiions, de l'ex-
poser dans l'église de Clichy. Dans ce même siècle,
celle église eut deux curés célèbres : un nommé
Bourgoin, qui devint général des Pères de l'Oratoire,
fit dont on a des prônes estimés, et l'illustre saint
femme. Ce prince affectionna leilemeni Clichy, qu'il Vincent de Paul, dont envient de parler. Peu de
engagea la plupart des hommes de sa cour à y bâtir
des maisons. Les curieux ont encore dans leurs cabi-
nets des pièces do monnaie frappées dans ce village,
sous le règne de Dagobert; le cabinet des médailles
de la bibliothèque du Roi en possède quelques-unes.
seigneurs de Clichy ont laissé un nom digne d'êlre
cilé dans l'histoire. Cette terre fut longtemps dans la
famille des Beaumont; au xvii* siècle elle apparte-
nait à un Maeé de la Bazinière; en 1671, Edouard-Fran-
çois Colberi, marquis de Maulcvrier, ei Nicolas de
Le 26 mai 627, Cioiaire convoqua, dans son palais, Baiiiru, marquis de Vaubrun, lieutenant général des
aChcliy, un concile mixte composé d'évêques et de armées du roi, la possédaient en commun. A une
laïques, afin de régler les affaires de son royaume.
Le l«r niai 6"0, un autre concile s'assembla dans ce
lieu. Agile y fut établi abbé de Rebais, monastère
récemment fondé par saint Eloi. Le 22 juin 653,
Clichy fut encore le lieu d'assemblée d'un concile où
assistèrent 24 évèques, et où l'on confirma les privi-
lèges de l'abbaye de Saint-Denis. Ces assemblées
sont une preuve que Clichy, ou plutôt son palais,
époque plus rapprochée, elle eut pour seigneur le
grand prieur Charles de Vendôme. Enfin, elle ap-
partenait eu 1755 au fermier général Grimod de la
Ri'ynière, de gastronomique mémoire, et qui a laissé
un fils digne de marcher sur ses traces. A peu près
vers le même temps, Crozat de Tugny, premier pré-
sident au parlement, avait une très-belle maison de
plaisance à Clichy. L'abbé Lebenf,en parlant de cette
t| jouissait, sous la première race, d'une grande impor- maison, rapporte que ce président fit creuser un
lance qu'il perdit depuis que les moines de Saint-
Denis en furent devenus les seigneurs. Clovis II et
Thierry III, successeurs de Dagobert, firent aussi
leur séjour à Clichy. En 17.il Charles Martel gratifia
l'abbaye de Saint-Denis de ce domaine, et Clichy fut
l'une des teri es que les religieux destinèrent à leur
fournir de la volaille enire Pâques et Noël. On ignore si
pulls dans sa propriété. Quand on fut, ajoute-t-il,
arrivé à 98 pieds plus bas que le niveau de la Seine, il
en sortit tout à coup im jet d'eau qui montait i pieds plus
haut que la rivière, et qui fournissait tous les jours
216 muids d'eau. C'est à Clichy qu'en 1795, 1796 ot
1797 se rassemblaient les membres de la société
connue sous le nom de Club ou Société de Clichy. Elle
Clichy était une paroisse avant que nos rois y eus- passait pour cire dévouée à Lotns XVIII, et plusieurs
587
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
m
fois les salles des conseils retentirent des dénoncia-
tions que les républicains ne cessaient défaire contre
celte société. Ils l'accusaient de travailler à la contre-
révolution et au rétablissement de la monarchie.
Au mois il'anùt 1797, les différents corps composant
l'armée d'Italie envoyèrent au directoire exécutif
des adresses virulentes dirigées contre cette société,
suspectée de royalisme. Le parti clichien, qui s'ang-
mentaii tons les jours, fut écrasé par la révolution
du 18 fructidor an v (4 septembre 17i»7). — Le 50
mars 1814, le corps russe du général Langeron prit
position à Çlicliy, pour de là pouvoir se porter contre
Montmartre, déjà cerné de l'autre côté par les corps
prussiens des généraux KleLsl et Yorck ; mais le gé-
néral Langeron fut repoussé avec une grande perte
d'hommes, et pour le moment il fut obligé de renon-
cer à son entreprise. Le 19 octobre de la même
année, les ducs d'Angnulême et de Berry donnèrent
à la capitale le spectacle d'une petite guerre qui eut
lieu dans la plaine qui, commençant à Clichy, s'étend
entre ce village et le bois de Boulogne. Les troupes,
qui étaient au nombre de 35,000 hommes, manœu-
Trèrent depuis le matin jusqu'au soir, à la très-gran-
de satisfaction des Parisiens, «|ui aiment beaucoup
les spectacles de tout genre.
Cotumbus, Colombes, paroisse du diocèse de Pa-
ris, canton de Nanterre, arrondissement de Saint-
Apec un sentimenl commun
Que famé esloil en paradis.
Ainsi toii-it.
On lisait aussi une inscription : i Faisant cnnnaitic,
dit l'abbé Lebeuf, rétablissement d'une école gra-
tuite de 50 pauvres garçons de Colombes , que le
curé choisira, et qui sera conduite par un |irêlie.
Cette fondation est faite par Léonard Polie, bour-
geois de Paiis, commissaire des pauv/es du grand
bureau en 1678 , moyennant la somme de !ioUÙ liv.
Je n'y ai point aperçu, continue le même aul«ur,
d'inscription concernant la londaiion d'un hôpital
pour les passants et les p:iuvres du lieu, par .Made-
leine, Geneviève, Pétronille et .Marie Chai les, filles
d'Alexandre Charles, marchand à Paris. Le curé,
qui était alors .Marin Prévôt, aumônier prédicateur
du roi, goûta si fort ce projet, qu'il offrit de payer
de son côté 1-50 liv. annuellement. Le contrat est
de 166.5, 50 mai. 11 fut arrêté que les hospitalières
de ce lieu pratiqueraient la règle de saint Augustin,
et que Louise Galleran, ancienne religieuse, se join-
drait à elles. » — L'église de Colombes est une de
celles où s'était établi l'usage de faire chaque année,
le premier jour de mai, une procession à travers les
vignes, et d'y porter le saint sacrement pour les
préserver des vers. Plus lard les exorcisines paru-
rent plus convenables. — Ce village était autrefois
Denis, à deux kil. d'Argenteuil, 5 nord-est de N.m- entouré de murs. Ses habitants furent, en ISiS,
terre, et 8 nord-ouest de Paris. L't-tymologie de son
nom latin Colombus, n'est pas facile à trouver, car
l'attribuer aux colombes ou pigeons qui pouvaient
»'y rencontrer autrefois, serait abuser singulière-
ment de la science des origines. Selon l'abbé Le-
beuf, son éiyniologie pourrait se tirer de ce que
peut-êire il y aurait eu en ce lieu des amas de bois
équarri, ou espèce de solives qu'on appelait colom-
bes, et cela dans les temps que ces cantons étaient
compris dans l'affranchissement que (ire l les abbés
de Saint-Denis; et, en 1667, le roi leur accorda ré-
tablissement d'un marché par semaine et de deux
foires par an. — La communauté de Sainl-Cyr suc-
céda dans la seigneurie de ce lieu à l'abbaye de
Saint-Denis.— Le château, appelé aulrefois le grand
châieau pour le distinguer d'un second, qu'on nom-
mail le petii château, existait encore à l'époque de la
révolution; mais en 1793 il fut rasé, et les maié-
couverts de bois. — Les plus anciens titres qui font ''^ut furent vendus pour payer à la ration les frais
mention de ce village ne remontent pas au delà de l'acquisition. Henriette Marie de France, troisième
du xni« siècle. A celte époque Colombes apparie- ''"e de Henri IV, douairière d'Angleterre, faisait sa
nail à l'abbaye de Saint-Denis : son église, ou du demeure ordinaire dans ce grand château; elle y
moins la tour qui est vers le nord du bâtiment, mourut subitement le 10 septembre 1669, âgée de
semble même remonter au xii^ siècle; ce qui sup- <>0 ans. Le petit château, qui avait une apparence
pose que déjà ce lieu était un village assez considé- P'"' modeste, ne fut point vendu, ni par consé|uen[
rable pour le temps. L'église est sous le titre do démoli. 11 a appartenu à un particulier qui en a fait
Saml-Pierre et Saint-Paul. On n'y voyait point d'in- «ne charmante propriété, en disiribuanl en jardin
scription plus ancienne que celle-ci, qui éUil gravée
sur un marbre noir :
Cy gitl de Fresne vénérable
Preare vicaire de ce lieu ,
Qui n'a rien eu plus agréable
Que iervir le prochain ei Dieu.
Dont l'effort de la maladie
Dont ce bourg estait empesté ,
A constamment livré sa vie ,
Pour exercer la charité.
Ce fut en m. dc. xxxi
Que son corps en terre fut mit.
paysagiste une immense prairie renfermée dans son
parc. Madame la princesse de la Moscowa ( la maré-
chale Ney) en lit l'acquisition, et y a demeuré quel-
que temps. Parmi le grand nombre de maisons de
campagne qui embellissent ce village, il faut distin-
guer celle qui a longtemps appartenu au baron Co.-
visarl, premier médecin de Napoléon, et connue
sous le nom de la Garenne ; une autre appelée ilou-
tin joli, bâtie sur le bord de la Seine : elle faisait
également partie du territoire de celle commune. H
n'en reste absolument rien. Aujourd'hui Colombes
est l'une des communes les plus considéraMes du
djé£artement de la Seine. Le sol est d'une «'audû
389
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 390
fertililé dans loate l'étendue de son lerriioire, ren-
leniié dans le second coude que forme celle rivière
en séloignanl de Paris : aussi y croîl-il abondain-
nieni lout ce que la naiure donne aux environs de
Paris. Prairies, vignes, grains, légumes y sonl lour
à lour pour les liaWianis, dont le nombre peut s'éle-
ver à 2S00, des sources de richesses peu ordinai-
res. Trois places publiques dans ce village sont
plantées d'arbres. Parmi les établissements indus-
triels qui se trouvent en assez grand nnmbre à Co-
lombes, on distingue la fabrique de colie-furte, et
une autre où l'on fabrique difforentes espèces de
vinaigre. Un beau moulin, ([ue l'on voit à l'evlrémité
orientale du village, et mm éloigné de l'église, porte
égulcmonl le nom de Colombes.
Combellum, CombauU ou Cumbeaux, paroisse de
l'ancien diocèse de Paris, aciuelleinent de celui de
Meaux, canton de Tournans, arron. de Melun, Seine-
et-Marne, à 12 kil. nord-ouest dii Tournans. On n'a
point de monuments sur parchemin, où il soit parlé
de Cnmbeaux sous le nom latin Cumbelli, plus anciens
que le xii* siècle, c'est-à-dire que le règne de Louis
VII ; mais il en est parvenu jusqu'à nous de Irappés
en or du temps de la première race de nos rois, sur
lesquels on lit ces mots : Combeltis fit. Ccmbeaux
était donc un lieu où ces princes avaient alors une
maison de campagne, avec d'autant plus de raison,
qu'allant souvent à la i basse, i's eniraient immédia-
lemenl au sortir de cette maison dans la forêt de Lau'
conia, dont le nom s'est conservé dans celui de Lo-
gnes, laquelle était sans doute plus vaste qu'elle n'est
sieurs branches sous les noms de Croy, Chimay,
Ar^cllOtt, Kœux, Havre, etc. En 1486 l'empereur
Maximilien l<^', par considération pour l'origine de
cette maison, et pour les services qu'elle avait rendus
à l'empereur et à l'Empire, lui conféra la dignité de
prince d'Empire pour tontes ses branches. En 1803
le D. de Croy obtint, à titre d'indemnité pour ses
pertes dans les Pays-B:is, la seigneurie de Diilmen eu
Westphalie; mais l'acte de la confédération du Rhin
le priva de la souveraineté. Il fut placé sous celle da
prince d'Àremberg ; aujourd'hui il se trouve, ainsi
que celui-ci, sous la souveraineté prussienne. La sei-
gneurie de Diilmen a prés de lt),000 habitants.
La maison de Croy, qui est catholique, se divisa
aujourd'hui en deux lignes, surnommées de Diil-
raen et d'Havre. La première réside à Diilmen.
Cmnbis, Combs-la-Ville, paroisse de l'ancien dio-
cèse de Paris, à présent de celui de Meaux, canton
de Brie-Comte-Robert, arrond. de Melun, Seine-et-
Miirne, à i kil. sud-ouest de Brie, et 26 da Paris.'
Pop. env. 51)0 hab. Le mot de combs vient d'un mol
latin ciuisignilie profondeur entre deux coteaux : il
a été donné à quelques autres lieux. Celui-ci est an>
cien : il en est question dans le testament de Dago-
bert. Ce prince y déclare qu'il donne à la basilique
de Saint-Vincent de Paris un village appelé Cumbis,
situé au pays de Paris, qui avait été possédé par
L'rse, fille d'Aldéric. Le livre des revenus de la même
église, rédigé par l'abbé Inninon, dit que le monas-
tère y avait une mense seigneuriale avec des dépen-
dances de 3 lieues de circuit, deux moulins qui pro-
aujourd'hui. Le nom de Combelli suppose même que duisaient annonœ modios cenium vifiinii, deux églises
c'était un lieu où primitivement il y avait un bois, qui
par b suite fut abattu; car faire un abatis de forêt,
selon l'auteur des Gêna Francorum, se disait en la-
tin facereCombros. Du diminutif de Combri, Combelli,
i été formé le mot Combenux. L'église de ce lieu
était une espèce de chapelle terminée en demi-cercle,
sous le titre de Sainl-Cosme et de Saiut-Damien. La
cure était à la collation de l'archevêque de Paris. Un
trouve des seigneurs de Comheauxdés le xii' siècle;
mais il n'y en a pas pour en faire une suite jusqu'à
nos jours. La population de ce village est de liO liab.
environ, y compris plusieurs fermes et maisons iso-
lées sous diverses dénominations. Le maréchal duc
de Dantzick était propriétaire du château et du parc.
Les principales productions du terroir sont en grains;
Une partie est en buis.
Croviciacum, Crouy, village du diocèse d'Amiens,
k 16 kil. de cette ville, dépt. de la Somme, fut érigé
en duché simple par Henri IV, en 1398, en faveur
de Charles de Crouy, duc d'Arschotl. La mai-
son de Crouy, ou de Croy, est du sang des an-
ciens rois de Hongrie. Marc, petit-hls de Bcla il
l'Aveugle, roi de Hongrie de 1131 jusqu'à llil, s'é-
tablit en France et y épousa Catherine, héritière de
Croy, dont il prit le nom. Jean de Croy, un de ses
descendants, périt à la bataille d'Azincourt, en 1415.
Le» descendants de celui-ci se partagèrent eu plu-
bien bâties et bien munies d'ornements, un hospice
des affranchis, des serfs et environ 76 meiz, ou
maiis, ou maisons. A l'époque où les Normands rava-
gèri;nt la France, les moines de Saini-Genuain vin-
rent déposer à Combs le corps de ce saint : cela se
passait en 846. On rapporta ces précieuses reliques
à Paris après que les Normands se furent retirés;
mais onze ans après, une nouvelle irruption de ces
barbares obligea de les réfugier encore use fois à
Combs. Aimoin rapporte quelques miracles qui y
furent opérés. — L'église est sous le titre de saint
Vincent. Celle qui existe n'est pas la chapelle primi-
tivement construite ; elle n'offre rien de remarqua-
ble. Dans le côté méridional du chœur était la tombe
d'un prêtre, sur laquelle était gravé en lettres go-
thiques capitales du xui' siècle : Ici gi$t Jehan Pa-
rou, curé de Comislaville. Priez Dieu por l'ame de ly.
Tous les pouillés s'accordent à dire que la nomina-
tion à la cure de Combis Villa dépendait de l'abbé
de Saint-Victor. La possession de la seigneurie, qui
appartenait aux religieux deSaint-Germain-JcsPrés,
passa, au x» siècle, à la maison de France, lingues
Capetet Robert en furent maîtres; Philippe-Auguste
la donna en 1216 à Pierre de Nemours, évêque de
Paris, en échange du lief duMonceau-Saint-Genais;
dans la suite elle revint à l'abbaye de Saint-Gern'iain^
Divers chevaliers en possédèrent quelques porlio/
70
S91
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
592
— A peu de dislance de ce village était une lerre
royale avec un eliàieau , où plusieurs princesses fi-
rent leur séjour; on l'appelait Yaux-ln-Comtesse ou
Yaux-la-Reine : ou n'a que des conjectures à douner
sur la couiiesse et la reine qui ont louriii leurs qua-
lifications au nom de ce lieu. Au xiv« siècle, celle
lerre appartenait à la branche royale d'Orléans. La
fameuse Isabeau de Bavière l'acquit du duc, en
échange d'un liôlel ii Paris. Celte princesse y fil di-
vers embellissemenis. Par son teslameut, en l4ôl,
elle légua celle terre au chapitre de Noire-Dame de
Paris; mais cette donation fut révoquée par Charles
Vil. Celle lerre passa successivement en différentes
mains, jusqu'à ce qu'étant tombée en ruines, on l'a-
bandonna tout à fait. Vaux-la-Reine n'est plus au-
jourd'hui qu'un hameau. — Le village de Combs-la
Ville est situé irès-agréablenient sur la pente d'une col-
line qui borde la peliie rivière d'Yerres. La principale
culluredu terroir est en vignes, une partie esten bois.
Cwriû Yia , Ciurbevoie , paroisse du diocèse de
Paris, canton de Nanierre, arrond. de Saint-Denis,
Seine, à i kil. est de Nanierre, et 3 nord-ouest de
Paris. Ce lieu, avant la révolution, n'éiait qu'un ha-
meau ou annexe de la paroisse de Colombes ; son
ancienneté renionle au xiii" siècle. Il en est fait
mention dans deux titres de l'an 1209, sous le nom de
Curva Viu, parce que le chemin en effet était tor-
tueux en cet endroit. Peu à peu l'accroissement du
lieu et la grande dislance qui le séparait de Colom-
bes y nécessitèrent la consirui'tion d'une chapelle,
sous le litre de Saini-Pierre et Saint-Paul. Elle ne
présentait rien d'antique, et ne parait avoir guère
que deux cenls ans. Le chœur éiait un carré élevé
de quatre degrés, comme s'il y avait eu un caveau
par-dessous. Cette chapelle, converiie en église pa-
roissiale, fui reconstruiie presque en entier en 1789,
sur les dessins et sous la direction de M. Lemasson,
ingénieur des ponts et chaussées et architecie. 11
exisiail un peu au dtlà de cette chapelle un couvent,
ait des Péniients , fondé en 1058 par Jean-Baptiste
Forne, ancien prévôt des marchands, adminisirateur
de l'hôtel des Monnaies, Olivier Maillard, marchand
à Paris, et Sainie-Jourdain, sa femme. Ce couvent
est maintenant détruit. — La terre de Courbevoie ,
comme celle de Colombes, relevait en partie des
moines de Saint-Denis, en partie des seigneurs laï-
ques. Les habiianis furent affranchis en même temps
que ceux de Colombes, c'est-à-dire en 1-248. Bàii
sur une hauteur assez forte, ce village jouit d'un air
pur et d'une vue fort éiendue. Au bas de la côte on
remarque un château assez bien bàii, et la superbe
caserne construite sous le règne de Louis XV, et
que les gardes-suisses ont longtemps occupée. Si
celle caserne, divisée en trois corps de logis, esi la
plus considérable des environs de Paris, elle est
aussi, quint à sa disposition et à sa décoration, le
type de louics celles qui furent bâties vers le milieu
du siècle dernier, pour loger l'infanterie de la mai-
son du roi. Cette caserne a depuis servi aux diffé-
rentes troupes de la république, puis aux soldats de
la garde de Napoléon. — En avril 1814, après \e,
événements mémorables qui venaient de changer le
sort de la France, le gouvernement provisoire, crée
pendant les premiers jours de l'occupation de la ca-
pitale par les armées coalisées, fil établir dans les
casernes de Courbevoie un hôpital militaire destiné
aux soldats blessés des puissances alliées. Ils y re-
çurent, de la générosité française, des soins si len-
dres et si multipliés, que les chefs des armées coa-
lisées crurent devoir en faire leurs remercîments
officiels aux autorités locales par la voie des jour-
naux. Entre un grand nombre de maisons de plai-
sance de Courbevoie , on en remarque une d'une dé-
coration gracieuse, bâtie en 1797 par l'archiiccie
Bien-Aimé, pour des négociants; la frise en est ri-
chement ornée. Du côié du jardin, deux grands per-
rons conduisent aux pavillons en ailes, qui sont
décorés chacun d'un péristyle d'ordre dorique cou-
ronné d'un fronton. Il y a dans ce village une nia-
imfactnre de rubans de fantaisie- — Une pension
de jeunes demoiselles y esl dirigée par les dames re-
ligieuses du couvent des Filles de la Croix, qui dans
l'ancien régime existait à Ruel. La population de
Courbevoie est d'environ 1600 hab. , y compris
les hameaux diis le Bas-Courbevoie , les Trots-Mai-
sons et Becon. Le terroir est en terres labourables
et en vignes. Ce village est situé sur l'une des col-
lines qui bordent la rive gauche de la Seine, proche
de Neuilly, où est le bureau de poste.
Cyzicus, Cyzi(|ue. — Sur la rive orientale de la
Proponlide , à l'entrée de l'Hellesponl , s'avance la
presqu'île de Kaputaghi ; au point de jonction avec
le continent, là où posent aujourd'hui les ruines
d'AidinJschik, s'élevait aussi la ville de Cyzique,
colonie de Milésiens, fameuse dans l'histoire de Perse
et de Rome , de l'ancienne Grèce et de l'empire de
Byzance. Ses édifices, ses établissements, son port,
ses arsenaux la rendaient l'égale de Rhodes, de
Marseille et de Carthage. Fondée 70 ans après Rome,
elle redevint, sous les Byzantins, la capitale de la
province de l'Hellespont, qui comprenail la Mysie et
la Troade. Célèbre par son commerce et sa splen-
deur, par la beauté de ses temples de Cybèle , de
Proserpine et de Jupiter, par ses gymnases, par ses
théâtres, ses poris , sos arsenaux et par ses fortifi-
cations, elle l'est encore par ses ruines, sur les-
quelles Suleiman , fils du sultan Lrkhan, au milieu
d'une lie ces belles nuits dont l'Orient a le privilège,
forma la résolution d'ét.iblir les Ottomans en Europe,
et se promit à lui-même de ne prendre aucun repos
que ce projet ne fût exécuté.
Il ne reste plus de celle ville qu'une petite église
dédiée à saint Pierre, avec un couvent de Caloyers.
L'évêque grec réside à Ariaqiii.
Erigée en métropole au iv« siècle, Cyzique comp-
tait snus sa juridiction l'aichevêché de Piiconisn, les
évèclios de Paradiso, de Lampsaqiie, d'.Vbydo. de
Tlierma;, de Mclitopolis , d Occa, de Paemanium , de
595 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 594
Bora, de Dardanus, d'ilium, de Troas, de Pionia, de 572 un concile en faveur des demi-ariens, des ma-
Scepsis, d'Âchira et de Daphnusium. Il s'y tint en cédoniens et des eunoméens.
D
/)e(mo/(ium, Delmold , petite ville de l'Allemagne
septentrionale. C'est le chef-lieu de la principauté de
Lippe-Delmold, et la résidence des princes de ce
nom. Cette ville, située sur la Werra (i), compte 3000
habitants.
La maison de la Lippe est une de celles qui pré-
tendent descendre du fumeux Wiitekind, chef des
Saxons du temps de Charleniagne; mais sa généalo-
gie ne remonte diplomatiquement qu'à llermann \^'
de la Lippe, nommé dans une charte de l\W. Ber-
nard II, seigneur de la Lippe, parut avec une suite
nombreuse à la diète de Mayence de H8i, où Fré-
déric I»"' lui assigna une des premières places parmi
les grands de l'Iimpire. Ses descendants acquirent
dans le xiv' siècle le comté de Schwaleiiberg , et
dons le xv* celui de Slernberg; mais fiers de leur
ancienne noblesse et de leur indépendance (leurs
terres étant entièrement alludiales), ils ne prirent le
titre de comtes que dans le xvi«.
Simon VI, C. de la Lippe, mort en 1644 , laissa
trois lils, Simon Vil, Oiion et Philippe, qui fondè-
rent les trois lignes de Deimold, Bracke et Schaum-
bourg. Celle de Bracke s'est éteinte en 1709; les
deux autres subsistent encore.
Hermann-Adol(ihc et Josse-Hermann, fils de Si-
mon Vil, ont partagé la ligne de Lippe-Detmold en
deux branches, la branche principale de Deimold, et
une branche paragée. Toute la ligne est de la religion
réformée.
La branche régnante de Detmold obtint en 1720 le
titre de prince d'Empire, dont cependant elle ne fait
usage que depuis 1789.
Le prince de la Lippe accéda en avril 1807 à l'acte
de la confédération llhénane. Il est membre de l'union
germanique, et participe à la seizième voix curiale
avant Wuldeck. Dans l'assemblée générale, il occupe
la trente-quatrième place, qui est la dernière avant
les villes libres.
La principauté de Lippe-Delmold est située en
Westphalie; elle se compose des comtés de Lippe et
de Slernberg, el d'une partie de celui de Schwalen-
berg. Elle a une surface île 20 6/10 m. c. g. (57 I. c.)
et une population de76,o00 âmes. On estime à près
d'un million de francs les revenus du prince.
Oomi;m3/ario,Dame-Marie-les-Lis, paroisse de l'an-
cien diocèse de Sens, aujourd'hui de celnide Meaux,
canton et arrondissement de Meaux, Seine-et-Marne,
(I) Werrn, rivière d'.^llemagne, Hesse élertorale,
prend sa source dans la forêt de Thnringenwald , à
12 kil. d'Eisfeld, est navigable depuis Wanl'rieil,
dans un espace <lc 502 kil., reçoit la Sonir.i , le
Schinalkalde, le Fambach, le WeiVdebath, la Druse,
la Felda , l'Ulster, le Subi , le Horsel , le llasel , la
Hc'.ba, la Barte, la Suha, le Heipf, le Katz, la
Scliwarza , la Sclileuse, la Bieber, la Nessa et lo
Dictionnaire Dt Gf.ographie eccl. 11.
à 3 kil. sud-ouest de Melun, el 42 de Paris. Popul.
650 habitants environ, y compris les hameaux de
Farcij, du Lis, des Voies, des Vives-Eaux et Bet-
Umbre. Ce village, sur la rive gauche de la Seine,
est dans une belle situation. Farcy est un hameau
près duquel est l'ancienne abbaye du Lis, de reli-
gieuses de l'ordre de Citeaux, fondée par la reine
Blanche en 1240. Elle a été détruite en partie; les
bâtiments restants forment aujourd'hui une maison
de campagne. On y voit encore les ruines de l'église,
et à peu de distance une autre maison de campagne.
Plus loin est le château de Bel-Ombre : il a appai^
tenu à la reine, fondatrice de l'abbaye du Lis. A
Voves se trouvent deux maisons de campagne, dont
l'une est nommée les Vives-Eaux. Le site de ces
maisons et du château de Bel-Ombre est fort agréa-
ble. Les sources d'eau vive y sont très-abondantes.
Le terroir est en vignes et en prairies artificielles.
Doneschina, Donaneschingen, petite ville d'Alle-
magne, située au pied de la Foiêt-Noire, à l'endroit
où le Uannbe prend sa source. Elle est la résidence '
des princes de Furstenberg.
La maison de Furstenberg a la même origine que
les anciennes maisons des comtes de Fribourg et
d'Urach. Elle descend très-probablement d'Egon ,
de la race des Agilulfingiens, qui, en 640, fut maire
du palais de Dagobert l"', roi de France. Les ruines
du cliàleau dont elle prit le nom depuis le milieu
du xtii» siècle, se voient encore près la petite ville
de Furslenberg dans la Forèt-Noire. —En 1599 la
maison se partagea en deux lignes, dites de Biom-
berg ou de la vallée de Kinziog, et de Heiligenberg.
La dernière fut élevée en 1664 au rang de princes
d'Empire, et obtint en 1667 séance à la diète en
cette qualité. Elle s'éteignit en 1776; ses biens el
sa dignité passèrent alors à la ligne atnée. Celle-ci
s'éiait partagée en deux branches, en 1614, à la
mort de Christophe II, dont les deux fils, Wraiislaw
et FiéiléricRodolphe, firent des mariages avanta-
geux. VVratislaw épousa l'héritière de Helfenstein,
et acquit par ce mariage à sa maison les seigneuries
de Mœskirch et de Giindellingen; ses descendants
s'éteignirent en 1744. Frédéric-Rodolphe, second
fils de Christophe II, épousa l'héritière du landgra-
viai de Stûhlingen. La branche, dont il fut le fonda-
teur, prit le nom de ce pays : elle est la seule exis-
tante encore. Cependant la branche de Stûhlingen
'Weissbach ; elle se réunit près de Miinden à la Fulda
pciur former le Weser. Le long de celle rivière s'é-
tend le mont de même nom, qui se joint à la forêt de
Thuringe el aux monts Weser et Fulde , et dont le
sommet le plxxi élevé s'appelle Meissner. La Werra
avait, du temps de l'empire français , donné son nom
à un iléparieiiieni du royaume de Westphalie.
{Noif de raulenr.)
13
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
595
se subdivisa de nouveau en deux lignes, la ligne des
princes et celle des landgraves de Fiirstenberg. Celle
dernière esl une brandie apanagée, et possède la
seigneurie de Weiira dans la basse Autriche. La
ligne des princes se subdivisa encore en deux bran-
ches, donl l'uinée eut les possessions immédiates
en Souâbe, ou ce qu'on appelle ordinairement la
priiicipiinié de Kursienberg, et l'autre, ou la cadt>tie,
la seigneurie de Pùrgiitz en Bohême. La l.ranclie
régnante en Souabe s'étanl éleinie en 1>'04, la ligne
de Bohême prit possession de la principauté de Fur-
stenberg en Sonabe , en conservant toutefois la
seigneurie de Pùrgiitz. Elle perdit son immédialeié
par l'ai'te de la conlédéralion rliénane, qui plaça ses
possessions sous la souveraineté de ses voisins et
co-Etais, le roi de Wurtemberg, le grand-duc de
Bade, et le prince de Huhenzollern-Sigmaringen.
La principauté de Furstenberg est un pays de 30
milles carrés g. ( lOiS lieues c), ayant une popu-
lation de 85,000 ànies : elle rapportait à ses princes
plus d'un million de francs avant la perte de la sou-
veraineté. On ne connaît ni les revenus actuels du
pays, ni ceux quf le pnnco tire de se» possessions
considérables en Boiième. Il est catholique.
Dunum Castelluin, tel Dtinii CaHium, Chàteaudun,
ville de l'ancien diocèse de Blois, maintenant de
celui de Chartres, chef-lieu d'arrondissemcni du
dépt. d'Euri'-et-Loir, avec sous-préfcctnre, tribunal
de première instance et collège communal, à iS kil.
sud de Chartres, 18 ouest-no; d-ouest d'Oiléans, et
152sud-ouest lie Paris. L'arrond. renferme 9! com-
munes et 54, 610 habitants ; il est divisé en cinq
cantons : Bonneval, Brou, Chàteaudun, Cloyes et
Urgères.
Chàteaudun, en latin Coftellum Dunum, Ca^sirum
Dunenie ou Caslmtn Uunii, a pris son nom du lieu
où il est situé, OuiiiHrt signifiant une montagne. Quel-
ques-uns l'ont appelé Rupes Ctara ou Urbs Clara, à
cause qu'on la découvrait de loin. Cette ville est
très -ancienne. Aimoin en parle dans la Vie du roi
Sigeberi, et Grégoire, de Tours, dans celle de Chil-
péric. On y remarque un château accompagné d'une
grosse tour, que les gens du pays disent avoir été
bàiie par Tliibaud le Vieux, comte de Blois. Ce chà-
teaugoiliique, situé sur un rocher qui domine In ville,
et construit au x'- siècle, appartenait aux comtes de
Dunois. C'est un des plus beaux édilicesqui existent
eu ce genre; il offre beaticoup de curiosités. Il y
avait à Chàteaudun une collégiale célèbre, nommée
la Sainte-Chapelle, où étaient enterrés plusieurs
princes de la maison de Longneville. Son chapitre
était ccuiposéd'un prévôt, d'un trésorier et de huit
chanoines. Une antre collégiale, dédiée à saint An-
dré, avait aussi un chapitre, com|iosé d'un doyen,
d'un piévôi, d'un trésorier et de iinitchanolnes. Cette
ville renlèrui it une abbaye d'hommes de l'ordre de
Saint-Aiigustin, que l'un croyait fondée par l'empe-
reur Charieuiagne, et qui valait 3000 liv. de rente.
Le pape lunocciii II, eu 113i, lui avait accordé de
3»6
grands privilèges. Il y avait deux paroisses dans la
ville, Saint- Pierre et Saini-Lnbin; et quatre dans
les faubourgs : Sainl-Valérien , Saint-Aignan, Saint-
Médard et Saint-Jean, un couvent de Cordeliers, un
des filles de la Congrégation de Notre-Dame et un
de Récolleis; un Hôtel-Dieu et un hôpital dédié à
saint Nicolas. Dans le trésor de cet hôpital, on con-
servait des litres de l'an HOO, qui prouvent qu'on
battait autrefois monnaie à Chàteaudun, puisqu'il y
esl fait mention de solidi Dunenses. On voit encore
de ces monnaies dans lescabineis des curieux, les-
quelles ont pour légende ces deux mots : Duiiis
Castili. Les habitants de Chàteaudun ont une grande
vivacité d'esprit et saisissent facilement une affaire,
ce qui a donné lieuà ce proverbe ; Il est de Chàieau-
dun, il entend à dem mot. Le Loir, qui passe au pied
de celle ville, se divise eu deux branches, qui (or-
inent une Ile appelée Chamars, nom abrégé et cor-
rompu de celui de Champ-rie-Mars, parce qu'ancieii-
neiiient les habitants s'y rassciuhlaient pour tirer
l'oiseau à l'arbalète, pour s'ébattre à la lutte, pour se
livrer aux autres exercices du corps et se former au
métier des armes. L'incendie, qui s'était manifestij
le -2:2 juin 1723 dans la ville de Cliâteaudun, avait
réduit celte cité à la plus affreuse misère : 1300
maisons et 3 églises étaient devenues la proie des
flammes. Rebâtie h la suiiede ce désastre sur un
plan régulier,, elle esl actuellement une des plus
jolies villes de France : les rues en sont larges et
tirées au cordeau, et les niaisoiis d'une construction
agréable et uniforme ; la place publique est grande
et belle; l'hôtel de ville elles bâtiments du collège
communal sont remarquables. Elle est dans une
situation délicieuse, sur un coteau demi-circulaire,
au pied duquel coule le Loir. Eu y arrivant du c. té
de Chartres, on ne peut voir sans plaisir le joli bas-
sin où !e Loir promène ses eaux tranquilles au mi-
lieu d'un riant vallon tapissé de prairies, d jardins,
de vignrs et de vergers, qui offretil un aspect enchan-
teur. I, es revers des coteaux, qui lormeni l'encais-
sement de ceil:> beile vallée, sont plantés de vigne.:
et cultivés jusqu'à leurs sommets. La ville a une
jolie promenade en terrasse, siiuèe àpeu de distante
de la grande place, d'où l'on jouit d'une vue agréable
sur le Loir et snr les rcichers qui bordent celte ri-
vière, au milieu desquels sont creusées plusieurs
grottes qui servent d'habitations. La population de
cette ville esl de 6,0li0 hab.; elle possède une biblio-
thèque de 6,0i 0 volume^ et une sociéié d'agriculture.
Son commerce consiste en grains, farines, cuirs,
laines, bois et hestiiux.Ou y fabrique des couver-
tures de laine, des serges et éiamines; il y a de»
tanneries considérables. Cbàteandun est la patrie,
rde Lambert Discors, qui, sous le lègnedeLouis VU,
mit, avec A'exandre Pàiis, l'histoire d'Alexandre le
r.rand en vers de 12 à 15 syllabes, appelés pour
celle raison Alexandrins ; i° d'.\ugustin Cosle, poêle
latin, qui ût imprimer, en 1634 , une description du
Dunois en vers latins; elle est intilulce Nifmpka
317
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
r'vnria, seu pairiœ Dunensis descriptio ; â" de Jean Dreux, sa lanie, épouse de Louis
Touiain, liabile orfèvre, invenieurde la peinture en 1576 ou 1578, le coralé de Drens n
éuiiiil ; i° de Raoul Rouirais, avocat au grand con-
seil, né vers l'an 155€ : jurisconsulte, pi.ëie et his-
torien, ayant de grandes connaissances sur l'histoire
de France, >i publia, en 162'i, un petit ouvrage in-
titulé : Vrbis genlisque Carnutum historia ex veterum
' HrecenliorKmnionumentis, et d'antres ouvrages; 5»
de Jean-Réné Gulllou , curé des Essarts-le-Roi,
mort en 1776, qui prononça en 1766 l'oraison funè-
bre du dauphin, et , en 176S, celle de la reine de
France.
La ville de Châieaudun lut évéché du v«auvi°
siècle. Saint Solenne, évêque de Chartres, trouvant
son diocèse trop étendu, consentit à sou dénienibre-
menl pour former le nouveau diocèse qui , cent ans
après, lut supprimé el réuni à celui de Chartres. On
reprit do nouveau ce projet à la fin du xvii<^ siècle,
et aulicude Chàteaudun on choisit Rlois pour y fixer
le siège de l'évéché.
Durcassinum Castrum, Dreux, ville du diocèse de
Chartres, chef-lieu d'arrondissement du dé; ariement
d'Eure-et-Loir, avec une sous-préfecture, un tribu-
nal de première instance et de commerce, nn collège
communal, à 3S kil. nord-ouest de Chartres, el 84
de Paris. Long. 19 1., latitude 18, -U.
Agréablement situé au pied d'une coUino, Dreux
est entoure en partie par la Biaise, qui s'y divise en
plusieurs bras, et se jette :un |ieu plus loin dans
l'Eure. C'est une des plus anciennes villes de Franci-.
Son origine est fort incertaine : quelques auteurs la
font remonter jusqu'à un certain Druis ou Drus, des-
cendant de Noé, qui le premier, dit-on, établit dans
la Gaule des (irêiriiS appelés druides, du nom de
lour fondateur. Selon eux, ce Druï» aurait jeté les
fondements de cette ville. Le rapport qui existe entre
ces noms a pu donner lieu à cetie version, à laqne'le
le voisinage des druides, qui se réunissaient en effet
dans les environs de Dreux, a pu communiquer d'a-
bord quelque vraisemblance ; mais la véritable éiy-
mologie du nom de Dreux est Durocassis ou biir-
fastis. d'un peuple appelé Diirociisses ou Durcassis,
dont cette ville était la capitale. D.ins les caiitulaires
de Charles le Chauve, au ix^ siècle, ce pays r>si en-
c ifo nommé Pngus Onrcassinus, et nièmp à la fin du
\i\^ siècle, Robert, abbé du MotJt-Saint-Michel, dé-
s !îiie Dreux sous le nom de Durcasiinum Coitrum.
(Cependant déjà depuis longtemps le mot Durcassis
avait éprouvé des variations; on en avait fait enfin
Drocis qui fut encore changé en Dreux. — L'hisioire
de cette ville est importante. Dès l'année lo51, il
existait un comté de Dreux, et l'on y battait moimaie
avant cette époque. Ce comlé lit longtemps pariie
du domaine des anciens rois; mais en 1157, Louis
ie Gros le donna en apanage à son (ils Robert, dont
la postérité mâle le conserva jusqu'en 1345, époque
■i laquelle Pierre le laissa par sa mort à Jeanne, sa
lille Mnii|ue. Celle-ci étant morte l'année suivante,
seu!» avoir été mariée, le comié pas^a à Jeinne'de
39«
de Thouars. En
retourna à la cou-
ronne par la cession qu'en fil celte maison au roi
Charles V; mais en 1581 Charles VI le céda à sou
lour à Marguerite de Bourbon, lemme d'Arnaud
Amanjeu, sire d'Albret, dans la maison duquel il
resta jusqu'en l'iSl. C'est à cette époque que sa pos-
session ayant fait naître de vives contestations entre
les familles d'Albret et deNevers, un arrêt du parle-
ment le réunit de nouveau à la couronno, el mil
ainsi les parties d'accord. La reine Catherine de
Médicis obtint ce comlé, en 1559, à titre de douaire,
el en jouit pendant dix ans. Elle le rendit en ]569,
et il fut alors érigé, par Henri III, en duché-pairie,
et donné en apanage à Fr:inçois, duc d'Alençon, son
frère, qui le garda jusqu'à sa mort arrivée en 158-".
Il passa depuis dans la maison de Nemours. Dreux
et ses environs uni été le théâtre d'événements im-
portants. Déjà, en 1188, quelques années après la
donation du comté à Robert, par Louis le Gros, les
Anglais s'étaient emparés de Dreux el l'avaient in-
cendié. Cette ville a donné son nom à la haiaille
sanglante que les catholiques et les calvinistes se
livrèrent, en l5(i!2, près de ses murs, dans la plaine
q\ii s'étend sur le- bords de l'Eure et de la RIaise,
et que perdirent ces derniers, commandée [lar le
prince de Condé et l'amiral Coligny; le prince de
Condé y fut fait prisonnier, ainsi qite le cinnétable
di- Montmorency, qui commandait l'infanterie des
catholiques, et qui tomba dés le commencement de
l'action au pouvoir des calvinistes. En 1593, Henri IV
la prit d'assaui après un siège de 18 jours, remar-
quable par l'opiniâtre résistance des assiégés. La
misère avait fait péiir une partie de ses habiianlf,
repoussés également et par la garnison qui défendait
le chàlean, et par les assaillants. Henri IV eut piiié
de leur détresse, et leur donna à chacim un écu avec
la liberté de se retirir où ils vomiraient. Les murailles
détruites en partie ne furent pas relevées, et la ville
periMt dés lors de snn importance politique; elle y
gagna toutefois sous le rapport du commerce et de
l'industrie. La facilité de ses communicaiiuns avec
Paris, Rouen, le Mans el la Rretagne lui est en effet
très-favorable. On fabriquait à Dreux des draps pour
l'Iiabillenient des troupes, et en temps de paix on
iiansporiai., par l'Eure, à Rouen, et de là en Ançle-
lerre, une partie de ses blés et de ses vins. Plus tard,
sous le ministère de Colbert, on y avait érigé eu
manulàcturct royale une fabrique de doublure de iri-
coi, de >erge sur étaim, serge trémière, 3es pinchi-
nas , d'estamath, etc. Aujourd'hui cetie ville renferme
plusieurs fabriques de serges drapées, de toiles, de
couvertures île laines, de moqurttes à lapis, de bon-
neteries et de chapeaux, ainsi que que'ques tanneries
où l'on façonne des cuirs qui se vendent à la foire
de Guibray. Dreux possède encore quatre moulins à
blé, deux à tan, un à papier, deux à lotilon, et deux
filatures de coton; il s'y liet.t trois foires par an, la
oremiére le lundi de a Pentecôte, la deuxième le
DICTIONNAIRK DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Sftd
!•' septembre, celle-ci dure trois jours, et la troi-
sième le 9 octobre : la vente des bestiaux lait le
principal coiiiinerce de cette dernière. — Dreux est
assez mal bâii ; ses rues, comme celles de toutes nos
anciennes villes, sont élroiles et tortueuses; on y
voit plusieurs maisons lort vieilles, dans le style go-
tliii|nc. Avant la révolution, cette ville avait une
collégiale fondée p.ir les comtes de Dreux; les béiié-
lices étaient à la nomination de l'engagiste des do-
m:iines de la ville; de plus, deux paroisses, celle de
Saint-Pierre et celle de Saint-Jean, dans le fau-
bourg; deux couvents, l'un de capucins, l'autre des
lilles du Saini-Sacrement; une maison d'orphelines,
un collège et un bôpiial. Cet hôpital subsiste encore
aujourd'hui; mais des deux paroisses il ne reste que
celle de Saint-Pierre. Celte église offre deux genres
d'architeciure apparlen;int à des époques différentes;
les colonnes écrasées de la partie basse, ses voûtes
et ses arcades en ogive, sont du \iii« siècle; mais le
clocher et le haut de l'édifice ont été refaits dans le
xvis. C'est aussi do cette dernière époque que date
riiolel de ville, bâtiment carré et élevé, du plus
m:iuvais goût ; dans ses greniers se trouve une cloche
fondue sous le règne de Charles IX, cl ornée, vers
le milieu de sa hauteur, d'une espèce de frise lircu-
laire représentant la procession des Flambards, qui
se faisait annuellement à Dreux , aux fêtes de Noël,
et dont l'origine est inconnue. Chaque habitant se
rendiit à l'hôtel de ville, armé d'une espèce de mas-
sue allumée par un bout comme un flambeau. Les
ruines du château des anciens comtes de Dreux mé-
ritent seules l'attention des voyageurs. La principale
enceinte de cette antique forteresse, située au som-
met de la colline qui domine la ville, eu un rempari,
de figure oblnnguc, flanqué de douze tours et appuyé
de contreforts à moitié détruits. Au midi, le portail
a cela de particulier qu'il n'a aucune défense; il pré-
sente un édifice carré avec une partie cintrée; et
dans la voûte on remarque l'ouverture destinée au
passage de rassommoir, grosse poutre ferrée avec
laquelle on écrasait les assaillants lorsqu'ils avaient
forcé le pont-levis et la herse des anciennes forte-
resses. Du côté du nord on voit les restes d'une tour
énorme, sur lesquels on a établi un télégraphe. Cette
tour, jadis entièrement revêtue de pierres de taille,
était si élevée qu'elle s'apercevait de Chartres. De la
chapelle, située dans la première cour, il ne reste
aujonrd'liiii que le massif de la base du cloclier, et
l'arcade du portail dont les ornements en feuillages
et les moulures en zig-zag sont de bon goût. La se-
conde enceinte est presque entièrement ruinée; on y
distingue pourtant à l'est une tour qui paraît avoir
40J
éié le donjon dans lequel la garnison se retirait à la
dernière extiémiié. Celte forteresse a été construite
à la fin du x' siècle; mais elle a été restaurée à di-
verses épo(|ues, comme le prouvent les barbacanes
et les meurtrières pratiquées pour placer l'artillerie.
— L'.incienne élection de Dreux renfermait 72 pa-
roisses, y compris une ville et deux bourgs seule-
ment. Aujourdbui l'arrondissement de Dreux, divisé
en sept cantons, Anet, Brezolles, Châteauneiir,
Dreux, La Ferté-Vidame, Nogent-le Roi et SenoH-
clies, renferme 138 communes et 68,650 habitants,
dont 7000 à peu près forment la population du chef-
lieu. A i kil. N. p. E. de la ville commence la forêt
qui porte son nom ; elle a 9731 met. (5000 toises) de
long, sur 7013 met. (3600 toises) de large; elle est
percée d'un grand nombre d'allées; un inspecteur,
phicé à Dreux, est chargé de la surveiller et corres-
pond avec le conservateur qui réside à Paris. Cette
forêt est une de celles où les druides tenaient leurs
assemblées, et souvent elle leur servit de refuge
contre la poursuite de leurs ennemis, notamment
dans le temps de l'invasion des Romains. — Dreux
est la patrie d'Antoine Godeau, évêque de Grasse et
de Vence, historien , orateur et moraliste, mort en
167-2; de Clément Metereau, architecte du xvii» siè-
cle, constructeur de la digue de la Rochelle, de
Jean de Rotiou, poêle dramatique, né en 1609 et
mort le 1 6 juin 1 650. Une maladie épidémique rava-
geait Dreux ; Rotrou, lieutenant particulier du bail-
liage, pressé par ses amis de se dérober à la conta-
gion en s'éloignant de la ville, répondit que si con-
science ne le lui permettait pas, et qu'étant le seul
qui pût maintenir le bon ordre dansées malheureuses
circonstances, il serait coupable d'abandonner ses
concitoyens. Il périt victime de son généreux dé-
vouement, et fut inhumé dans l'église Saint-Pierre,
où l'on voit son tombeau. Dreux a vu naître encore
André François DanicanPhilidor, compositeur agréa-
ble, plus connu comme joueur d'échecs, mort en
179.5. — On remarquait avant la révolution, dans
l'église collégiale, le lombeau et la figure de RobefI
V, comte de Dreux, avec cette inscription : Seigneur
Robert, comte de Dreux, qui trépassa l'an hcccxxix,
et l'on conservait dans le trésor de la même église,
une Bible manuscrite, en caractères à peu près ro-
mains, qu'un croit du viii« siècle. Dans ces demiers
lemps, la durhesse douairière d'Orléans a fait cons-
truire une ch:ipelle sur les débris de l'église collé-
giale, lieu de la sépulture des princes et princesses
des branches de Toulouse et du Maine, laquelle cha-
pelle était destinée à tous les membres de la famille
d'Orléans.
E
Ecclesia Cercancellis, Cercanceaux, abbaye eom-
mendataire d'hommes de l'ordre de Citeaux ; elle
était située à 8 kil. au-de^sous de Nemours , au dio-
cèse de Sens, sur la rive ilroiie du Loing, dans une
solitude assez pittoresque. Cette abbaye, qui n'existe
plus, avait été fondée, en 1181, par Henri Clément,
siro d'Argcnlon et niaiéclial de France, et dotée, un
1190, p.ir le roi Philip|ie-Angiist.-. Lo fondateur, di|
401 GÉOGRAPHIE DKS LEGENDES AL MOYEN AGE.
402
une chronique, avait voulu par là se rendre favo-
rables la sainte Vierge et Notre^eigneur Jésus-Christ
à son lit de morl.
Ce lieu fait actuellement partie du diocèse de
Meaux, déparlement de Seine-et-Marne.
Ecclesia Cevriaca , Chevry ou Cbevry-Cossigny ,
paroisse de l'ancien diocèse de Paris , actuellement
de celui de Meaux, canton de Brie-Conite-Robert ,
arrond. de Melun , Seine-et-Marne, à 26 kil. sud-
est de Paris. Cossigny est une ancienne paroisse
réunie à cette commune. On présume que Cbevry
lire son nom a Caprii, de ce qu'il y aurait eu en cet
endroit plus de chèvres qu'ailleurs. Au levant de ce
village est un étang dont les eaux forment l'un des
deux ruisseaux qui constituent, proche l'abbuye d'Hi-
verneau, ce qu'on appelle la peiiie rivière de Rouil-
lon. L'église est un grand vaisseau carré, oblong,
sans ailes, simplement lambrissé, supporté, du côté
du septentrion, par une grosse tour qui s'aperçoit
de loin , dans le bas de laquelle , en dedans , il y a
des piliers du xii* siècle. Le reste du bâtiment de
l'église ne démontre rien de fort ancien , et les plus
vieilles tombes qu'on y voit ne sont que du xvi° siè-
cle. La sainte Vierge en est la patronne , et la fête
est l'Assomption. On lisait sur la grosse cloche de
cette église : Je fm faite pour Chevry. Noble homme
Antoine de Villeblanche, seigneur de Chevry, l'an mil
cinq cent trente-quatre. L'église de ce lieu avait été
donnée au prieuré de Saint-Martin-des-Cbamps, de
Paris, avant l'an 1147. Elle est comprise dans la
bulle d'Eugène III de celte année , en ces termes :
Ecclesiam et decimam de Chevry. — Le château de
Passy, rétabli à neuf depuis peu de lemps, et les
maisons de campagne de Beauverger et de la Mar-
saudière, font également partie de Chevry. La popu-
lation de celte commune est d'environ 480 habitants.
Son terroir est en terres labourables , prairies et
boit.
Eccletia Chalendreia , Chalendray, Chalendroy ou
Chalendré, hameau de l'ancien diocèse de Paris,
actuellement de celui de Versailles , commune de
iVonlgeron , canton de Boissy-Saini-Léger, srrond-
de Corbeil, Seine-et-Oise, à 6 kil. de Boissy , et 9 kil.
de Corbeil. Population, y compris celle de Montgeron,
900 hab. environ. Ce hameau , silué sur une mon-
tagne, avait éié donné à l'abbaye de Sainl-Antoine-
lez-Paris, vers l'an 1285, par Jean Acquiert et Per-
rette, veuve de Pierre de Montgeron; le roi Philippe
le Bel amortit cette donation en 1287 , et les
religieuses furent maintenues dans l'exercice de la
justice de ce lieu , par les officiers de la reine Clé-
mence , tenant leurs grands jours à Corbeil , l'an
15-25. Thibaud , évêque de Paris , nomme ce lieu
Kalendrei. La bulle d'Eugène III, de l'an 1U7, l'ap-
pelle Ca/enrfr^, et le Nécrologe d'Hierres, Chalen-
dreium. Selon l'abbé Lebeuf, on ne peut guère avoir
tiré ce nom d'un autre mot que de celui de Kalendœ.
Seraii.ce, ajoute-t-il, qu'il s'y serait tenu , autrefois ,
quelques assemblées, aux calendes de mars ou de
mai ? Le domaine des rois, de la première rare ,
situé à Brunoy, n'en était éloigné que d'un kil.
Dtniel Regoault, procureur au Châtelei, voyant l'in-
convénient qui résultait de ce que les habitants de
ce lieu ne pouvant tous quitter leurs maisons , à
cause du voisinage de la forêt de Sénart , plusieurs
perdaient la messe, les dimanches et fêles, obtint ,
le 10 juin 1641, d'y bâtir une chapelle et d'y fonder
une messe qui s'y dirait ces jours-là , excepté le jour
de Pâques et autres solennités.
Eccletia Chalidis , abbaye de Chalis ou Ch.ialis ,
dans l'ancien diocèse de Senlis , maintenant dans
celui de Beauvais, de la paroisse et à 3 kil. de Fon-
taine-lez-Corps-Nus , canion de Nanteuil-le-Hau-
douin , arrond. de Senlis, Oise ; dans une vallée à 8
kil. sud-esi de Senlis, et 40 nord-est de Paris. C'éuiit
une abbaye de l'ordre de Ctteaux. L'église était bien
bâtie, comme toutes celles de cet ordre. Dans le
chœur, on voyait deux grands tableaux d'environ 30
pieds de longueur : l'un représentait la foudre qui
tombe sur le temple du roi Salonion; il était de Res-
tout; le sujet du second était une présentation au
temple, par Restout flis. Dans le sanctuaire se trou-
vaient deux tableaux de Berlin : à droite était saint
Jean prêchant dans le désert ; à gauche, la Chana-
néenoe. Le maiire-aulel était d'un marbre très-
précieux ; les six chandeliers qui le décoraient ,
étaient formés de six branches qui partaient du la-
bernacle, lequel était surmonté par une croix de
vermeil de filigrane, ornée de pierres précieuses.
Dans une chapelle des bas-côtés, à droite, on voyait
un tableau de Revel , représentant la moit da
saint Guillaume , archevêque de Bourges et abbé
de celle maison. L'ancien dortoir était d'un irès-
beau gothique. — Cette église et une partie des
bâtiments du monastère ont éié démolis ; l'élég.-intc
et le luxe de ceux qui faisaient partie du cloître les
ont fait conserver. On en a fait un des plus beaux
châteaux de cette contrée. D'autres bâtiments acces-
soires el le rétablissement d'une chapelle ajoutent à
l'agrément de celle habilalion. On remarque, à l'en-
trée de la première cour, un superbe moulin à deux
roues, ainsi que les belles et nombreuses plantations
exécutées, dans l'étendue de ce domaine, couvert,
en grande partie, de cananx, d'éiangs et de bois.
Ecclesia Chatliacœ,ChaMy, abbaye commendaiaire
d'hommes de l'ordre de Cîleaux , de la filiation de
Pnniigny, dans le Valois, ancien diocèse de Senlis ;
aujourd'hui dans le diocèse de Beauvais, départ, da
l'Oise. Elle était située , à 8 kil. de Senlis , sur un
ruisseau qui arrosait des bois épais et fort étendus.
Guillaume de Senlis, seigneur de Chantilly, avait
offert cet emplacement , en 1136 , au roi Louis la
Gros, qui désirait fonder une abbaye de l'ordre de
Cîleiiux en l'honneur de la sainte Vierge. Cette mai-
son était fort riche et rapportait 36,000 liv. à l'abbé
commendaiaire. En 1740, les bâtiments menaçant
ruine, l'abbé les fil reconstruire sur les dessins de
Slodtz. Ce monastère subit, en 1790, le sort des éia<
403
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
4M
blisseraeiiis ecclé^iasliques ; il lui supprimé el de-
*inl une propriéié pariiculière.
Eccleiia Cleriaca, Cléry, on Notre-Dame-de-Cléry,
petite \ille du diocèse d'Orléans, chef-lieu de canton
de son arrondissemetit, Loiret, à 15 kil. d'Orléans.
Située sur la rive gauche de la Loire, vis-à-vis Meung,
qui esl sur la rive droite , ello existait en 830, sous
le régne de Childeberl ; l'église rollégiale de Notre-
Dame fut fondée en 1502 par {"hilippe de Melun, ma-
réchal de France. Le bruit sëlant répandu qu'il
s'opérait de grands mir.icles d.ins celle église , les
pèlerins y accoururent de toutes parts, et y firent
des offrandes considérables ; mais, en U28, le comle
de Salisbury, général de l'armée anglaise, s'empara
de loutes les richesses qu'il y irouva. Louis XI la fit
rebâtir, et y fil plusieurs pèlerinages; il voulut être
enterré dans cette église de préférence à celle de
Saini-Denis. Son corps y fui porté après sa mort ,
arrivée en 1485. On lui fit élever un beau mansnlée
qui fut détruit, enlo62, par les huguenots. Louis XIII
le fit rebâtir. Le chapitre de la collégiale élaii com-
posé d'un doyen et de dix chanoines. Le doyen était
nommé par l'évèque d'Orléans. Quant aux chanoines,
le duc d'Orléans, qui éiait aux droits du roi, en nom-
mait cii.q ; le seigneur de Sal-lez-Cléry en nommait
.[uatre; et le dixième, qui émit aussi curé de Saint-
André , à quelque distance de Cléry , était nommé
par l'abbé de Saint-.Meuiin , comme collaieur de la-
dite cure. La pi.pulatiou de Cléry , léunie à celle de
Saint-André, esl de 2600 hab. environ.
Ecclesia Co/om«ri(r,Coulommiers, ville du diocèse
do Meaux, chef-lieu d'arrond. du départ, de Seine-
«a-M!inie,avec un.' sou--préfectHreei im trib. de pre-
mière instance, dans une contrée fertile, sur la rive
droite du Grand-Morin , à 20 kil. sud-est de Meaux,
U nord-est de Melun, et 56 est de Paris. La popu-
Lilion esl de lôVO habitants; celle de l'arrondisse-
ment, qui comprend quatre-vingts communes, est
de 55,182 habitants ; il est divisé en quatre cantons :
Coulommiers, contenant 16,285 habitants ; la Ferlé-
Gaucher, I3,18ô; Rebais, 12,36l>, el Rnsoy, I5,."5i.
Il existait très-anciennement à Coulommiers une
église dédiée à s.nint Denis et desservie par des cha-
pelains qui y avaient été établis el doiés par les
comtes de Champagne. Ces comtes si puissants pos-
sédaient aussi la Rrie à litre de comté et venaient
souvent habiter Coulommiers, où ils avaient un ma-
noir , ce qui procura à ce bourg un accroissement
rapide. L'un d'eux, Thibault III. lit é;ever à la fin
du xie siècle une secomle église du liire de Sainte-
Foi , h l'extrémité orientale de la ville et dans un
quartier qu'on appelait alors le iloncel : il y plaça des
religieux et leur attribua les revenus des chapelains
de l'ancienne église, en sorte que celle-ci cessa d'être
collégiale et devint la cure de Coulommiers. L'église
Sainte-Foi, ayant été donnée par son fondateur à
l'abbaye de Conques, devinl un simple prieuré du
diocèse de Rodez, dnni dépend«il celte abbaye. Ce
prieuré rev'Ut d'importants privilèges; il avait la ju-
ridiction seigneuriale dans toute l'étendue de la ?ille :
plusieurs éghses, entre autres la paroisse même de
Coulommiers, en dépendaient. Il fut sécularisé vers
le milieu du xvi» siècle par le pape Paul III. Eu
1251, la commune de Coulommiers fui allranclnc
el constituée i ar Thibault VI, comte de Champagne ;
mais elle le fut à prix d'argent, comme c'était alors
l'usage général ; encore le seigneur comte apporia-
t-il des reslriciions aux droits qu'il ociroifait aux
bourgeois. Par exemple, il ne leur abandonna l'exer-
cice de la justice -ur les étrangers qui viendraient
s'établir à Coulnniuiiers, que lorsque l'objet du litige
ne passerait pas 20 suus , se réservant les cas plus
profitables. < Je reliens, dil-il, le meurtre , le rapt,
les larrons ; je reliens les champions vaincus, des-
quels j'aurai l'amende, etc. i Au reste, il leur jurait
une entière protection ; El es( à savoir que, se aucun
de la commune de Cotlomiers esloit arreslei ou pris en
aucun lieu par ma délie, gie (je) suis tenu à délivrer
lut) et ses choses dou mien :el s'il estoii pris ou arres-
tei por outre chose, (lie U sui tenu à aider à délivrer ù
buene foij. — A peu près à la même époque, un sei-
gneur nommé Jean de Pairas fonda à Coulommiers
lin Hôtel-Dieu , auquel fut réunie la maladrerie de
Chailly dans le xvii<' siècle. On a fait aujourd'hui un
seul éiablissemeni de cet Uùiel-bieu et d'un hôpital
de la Charité, formé aussi dans cette ville , qui n'a
plus ainsi qu'un hospice. Il y avait en outre avai l
la révolution un couvent de chanoinesses de l'ordre
de Saiui-Aiiguslin , une commanderie de Malle, de
la langue et du giand prieuré de France , qui valait
15,U5o liv., et un couvent de capucins, dont les bâ-
timents avaient été commencés en 1717 et achevés
en 172j. Ils occnpaienl le terrain ou avait existé un
superbe château que Caiheiine de Gonzagnes, veuTO
d'Henri d'Orléans , duc de Longueville , avait fait
cunstriiire, au commencement du xvii" siècle, dans
une ile fonoce en cet endroit par la rivière du Morin,
et que le duc de Chevreuse ût abattre en 1636.
L'église de ce monastère existe encore et se fait re-
marquer par une architecture très-élégante. L'his-
toire de Coulommiers est bornée à celle des éiablis-
gemenls dont il vient d'éire parlé, el pour la com-
pléter , il suffit d'ajouler que celte ville souffrit
beaucoup des guerres civiles qui livrèrent le royaume
aux Anglais dans le .\v<: siècle : elle fut pillée el le
prieuré livré aux flammes; mais le monastère se re-
leva bientôt avec le produit des quêtes qui furent
faites dans lout le royaume. — Le territoire de Cou-
lommiers esl fertile en blé et en vin, dont on expédie
une grande quantité pour r«pprovisionnemeni de
Paris ; il s'y fait aussi un commerce considérable de
fromages, lépuiés les meilleurs de la Brie, démê-
lons fort estimés, de laine, cuir, etc. On y trouve
plusieurs tanneries importantes et des moulins à tan.
Il y a deux foires annuelles , lel"^ mai et le 9 oci. :
lelle-ci est la plus considérable. Le marché se lient
K' mercredi de chaque semaine. Celui du premier
40S GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
•<06
mercredi de chaque mois, qu'on appelle marché
franc, esl presque une foire.
Ecctesia Cornwleli, Cormeilles-en-Parisis, paroisse
de l'ancien diocèse de Paris, acluelleraent de celui
de Versailles, canion d'Argenteuil, arrondissement
de Versailles, Seine-el-Oise, à 6 kil. nord-ouest d'Ar-
genteuil et 16 nord-ouest de Paris.
De Valois croit que le nom de Cormeilles vient
de l'espèce d'arbre appelé sorbus, qu'on nomme des
cormes, ou des corbes en quelques lieux. Ce que l'on
trouve de plus ancien qui s'accorde avec celle éiymo-
logie, est une charte de Childebert III, de l'an 697
ou environ, par laquelle ce roi donne au monastère
d'Argenteuil, dont Leudesinde était abbesse, la forèi
royale appelée Cormotetu$, sur la rivière de Seine,
au pays Parisis. Il semble que ce mot Cormotettts
signille là un peiit bois où le cormier était l'arbre
dominant. En 862, l'empereur Charles le Chauve
conliima les droits que les moines de Saint-Denis
possédaient sur plusieurs villages ou fermes, droits
que leur abbé Louis leur avait accordés pour leurs
nécessités. Parmi ces lieux se trouvent deux Cor-
meilles (Cormilias); l'un dans le territoire parisien
et l'autre dans le Vexiti français. Au ix« siècle l'abbé
de Saint-Denis était seigneur de Cormeilles, avan-
tage qu'il partageait, à ce que l'on pense, avec le
prieur d'Argenteuil. Saint-Martin est le patron de
Cormeilles; l'église, qui avait déjà le titre de cure
au xni* siècle, a un chœur qui se termine en carré ;
l'édifice éiaii entouré de furtiUcations, puisque sous
le roi Je.in, lorsque le régent, son fils, Charles V,
fit, en 1359, détruire les lieux voisins de Paris qui
pouvaient servir de retraite à l'ennemi, il comprend
la lour de Céglhe parocliiale de Cormeilles. — Les
habitants de ce bourg eurent du temps de Louis IX
un procès avec ceux de Paris. Les Cormeillais étaient
dans l'usage de conduire ei de vendre leurs vins en
Normandie : les Parisiens prétendirent qn'éiant une
marchandise, le vin devait être accompagné par un
marchand de Paris. L'alTaire fut portée au parlement,
qui décida, en faveur des habitants de Cormeilles,
que le vin n'était point marchandise. L'arrêt éta-
blissait ainsi une distinction entre les produits
agricoles et les produits manufacturés. — La du-
chesse de Brissac, Louise d'Ougnies, eut une mai-
son de campagne dans ce Bourg. Gui-Patin, fameux
médecin, eut aussi dans ce lieu une maison dont il
parle souvent dans ses lettres. Il vante beaucoup
l'air qu'on respire à Cormeilles , et la perspective
dont on y jouit : les allées de son jardin s'étendaient,
dit-il, jusque sur la montagne, d'où il portail sa vue
à 50 lieues à la ronde; peut-être voulaii-il dire à
5 lieues, et c'était bien assez. En effet Cormeilles,
placé au centre d'un pays montagneux, jouit d'un
air très-pur, et offre un séjour très-agréable. Aussi
y voit-on plusieurs maisons de campagne. Ce bourg
est bâti sur une éminence, au sortir de la partie
vignoble d'Argenteuil qui l'avoisine. Aussi le terrain
est-il presque entièrement cultivé en vignes qui pro-
duisent d'assez bon vin. On y trouve également beau-
coup d'arbres fruitiers, dont les fruits nourris par
un sol sec et pierreux ont une saveur très-délicate,
et sont fort recherchés. L'élévation des collines de
ce bourg y a fait bàiir plusieurs moulins à vent : un
d'eux est fameux pour avoir longtemps servi à Gas-
sini, lorsqu'il travaillait à sa grande carte topogra-
phique de France. La populatiiui de Cormeilles est
de 13 à 1400 habiiaïus. Ou y trouve plusieurs car-
rières à plâtre et une fabrique de tuiles, briques et
carreaux. Le vallon est leiupli de fragments de cal-
caire et de silex à coquilles d'eau iluuce. Les bota-
nistes y reeueillenl assez abondammeni le velar à
feuilles d'éperviére (erysimiim himacifolium).
Ecctesia Sancli Snliiniini, i\-l Capriosa, Caprosa,
Chevrense, petite ville de l'ancien diocèse de Paris,
acluellenient de celui de Versailles , chef- lieu de
canton de l'arrondisseuieni de Rambouillet, Seine-
et-Oise, à 12 kll. sud-ouest de Versailles, 18 est
de Ka.iibouillet, et 28 sud-unest de Paris.
Sun nom latin Capiosa ou Capriosa vient, selon
les étymologistes, de la grande quantité de che-
vreuils ou chèvres sauvages que renfermaient autre-
fois les forêts qui couvraient son territoire. Quoique
peu importante, celte ville, nommée dans les char-
tes Caiiriosa, joue cependant un rôle dans notre his-
toire. Les plus anciens titres qui en fassent mention,
sont de 975. C'était alors une petite abbaye sons le
nom de Saini-Saturnin. Ou ignore quels en furent
les lundateurs. Chevrense était autrefois un des châ-
teaux les plus forts et les plus renommés des envi-
rons de la capitale. Les noms de ses seigneurs se
rencontrent souvent dans nos annales. Le plus an-
cien seigneur connu esiMilondo Clievreuse, qui vivait
sous le roi Robert, et qui eut à soutenir plu>ieurs
guerres contre Louis le Gros et le comte de Mont-
forl-l'Amaury. Les actes de l'abbaye de Saint-Denis
nous apprennent même que ce Milon, voulant se
fortifier et construire des machines de guerre, se
permit de couper, à cet effet, des arlires dans une
forêt qui appartenait aux moines. — Les seigneurs
de Chevreuse étaient du nombre des quatre qui
portaient sur leurs épaules le nouvel évêque de
Paris. La population est de 2400 habitants environ.
Il n'y a plus que des ruines de l'ancien château.
Ecctesia Sancli Tlieobaldi, Thann, ville du dépt.
du Haut- Rhin, diocèse de Strasbourg, irès-impor-
taiite par son industrie manufaclurière. C'est un
chel-lieu de canton de l'arrond. de Béfort, à 28 kil.
nord-nord-esi de celte ville. Bâtie sur la rive droite
de la Thurr, i{ui la sépare du faubourg de Kaitem-
bich, cette ville est située dans une position pitio-
resque, au pied du chat. d'Engelberg, à l'entrée de
la belle vallée de Saint-Amarin. Les environs, très-ri-
ches et fertiles, offrent des coteaux couverts de vigne*
qui produisent du très-bon vin ; le plus estimé est
celui de Rungen, i]ue l'on récolte sur la montagne do
ce nom : il esl très-spiritueux et attaque les nerfs
avec violence. On remarque l'églists Saint-Tliéubald,
^07 DICTIONNAlRi: DE GEOGRAPHlK ECCLESIASTIQUE. 408
liàtic en U"0, dont la tour élevée de oO loises passe iiiaisoii dans toutes les entreprises héroïques : aussi
roiir être un chef-d'œuvre d'architecture gothique.
Thnnn possède des manufactures de toiles peintes,
fabriques de bonneterie, toiles de coton, siamoises,
mouchoirs, amidon, produits chimiques, machines à
(ilcr, des filatures de coion ; loiges et martinets ;
commerce en articles de ses manufactures. Cetie
ville a appartenu à ia maison d'Autriche, et fut prise
par les Suédois en 1632 ; le duc de Lorraine y fut
battu par le duc de Weimar en 1658. — Population,
81500 hab.
Thann faisait partie du diocèse de Bàle, avant le
concordai de 1801 ; elle compte beaucoup de protes-
tants. Les comtes de Wakibourg étaient comtes de
Thann au commencement du moyen âge. Gérard ou
Guebbard, comte de Thann, doit avoir bâti, au v«
siècle, le château de 'Waldbouig en Souabe. Oji pré-
tend qu'Ega, maire du palais de Neustrie sous Dago-
bert !"■ au commencement du vii^ siècle, fut un de
ses descendants. Ce qui est certain, c'est qn'Archam-
bauid, (ils d'Ega, et son successeur dans la mairie de
Neustrie, est nommé dans les diplômes Arcliambauld
de Waldbourg, cousin de Dagobertparson père et sa
mère. Cet Archambauld réunit les trois mairies de
Neustrie , de Bourgogne et d'Auslrasie. Dans une
charte de 653 il est qualifié de prœfeclus urbis regiœ ;
il prend le titre de comte de P.iris dans un diplôme
de 066, par lequel il donna à la ville de Paris sa mai-
son, qui depuis est devenue l'Hôtel-Dieu, sa cha-
pelle, qui a été l'église de St-Christophe, et sa terre
de Corheil. De sa première femme il eut un (ils
nommé Leudesille, qui fut maire de Neustrie et père
d'Etichon, duc d'Alsace, la souche des maisons de
Habsbourg, de Bade et de Lorraine. Babo, (ils
d'Arehambauld, de son second mari.ige, habitait le
château de Waldbourg, et fut comte de Thann et de
Winterstetlen vers 680. On le regarde comme la
souche commu-ne des maisons d'Altiiann et de Wald-
bourg.
Les comtes de Waldbourg portent aussi le nom
de Truchsess, qui désigne proprement une dignité
dont ils ont été revêtus. C'est celle desênéchat ou de
dapifer, à laquelle éiaienl attachées la qualité de
magistrat ou juge de tout ce qui tenait à la cour, et
la prérogative de poser, dans les iours de grand gala,
le premier plat sur la table du souverain. Les comtes
de Waldbourg ont conslammcni été en possession
d'exercer cette charge auprès des ducs de Soiiabe et
des empereurs de cette maison. Chailes-Quint les
autorisa en 152.Ï à se nommer grands-mailrcs liéiédi-
iiiircs de rempile, et en 1528 l'électeur palatin, en sa
qualité d'archi-grand-maitre {ErUrucUsess}, leur
donna l'expectative de cette charge, dont une autre
famille était revêtue. Ils entièreni en fonction
vers la fin du xvi« siècle, et depuis ce temps le tiirc
de leur charge leur a tenu lieu de nom, de manière
qu'ils sont aussi bien connus sous celui de Truchsess
que sous leur nom de Famille.
Il est naturel de trouver des seigneurs de cette
lit-on leur nom parmi les neuf chevaliers allemands
qui, dans le ix' siècle, voulurent délivrer la Cata-
logne du joug des Arabes dont elle était menacée.
Un Truchsess se fixa dans cette province, et y bâtit
le chàieau de la Roca Ui S. Jaimes, ainsi que la
ville de Baga, qui, dans ses armes, porte une pomme
de pin, armes des maisons d'Allhann (dont le nom
signifie vieux pin) et de Waldbourg, et de la ville
d'Augsbourg : il paraît même, à en juger par quel-
ques anciennes médailles, que les Romains repré-
sentaient la Vindélicie ou la Souabe sous l'emblème
d'une pomme de pin. Les Truchsess établis en Es-
pagne portaient le nom de Pinos Dapifer de Mon-
caUu, et étaient revêtus de la charge de sénéchal du
royaume d'Aragon. Ils paraissent s'être éteints dans
la seconde moitié du xviii* siècle.
Jean, comte de Waldbourg, fils du comte Eberard
et d'Agnès, duchesse de Teck, mort en 1419, avait eu
quaue femmes; savoir : 1* Elisabeth, C. de Habs-
bourg-Liuffenbourg ; 2° Catherine, C. de Cilli, cou-
sine-germaine de l'impératrice, femme de Sigismoiid;
3" Madeleine, C. de Montfort; i° Ursule d'Abens-
berg et de Traun. Il est la tige de tous les Waldbourg
ou Reichs-Erb-Truchsesse (grands maîtres hérédi-
taires de l'Empire). Ses fils Jacques et George fon-
dèrent deux lignes ; celle de Jacques se subdivisa
sous ses petits-fils Guillaume et Frédéric. La branche
de Guillaume, qui a possédé Scheer et Trauchbourg,
s'est éteinte; Frédéric entra au service du grand maî-
tre de l'ordre Teuionique, et se fixa en Prusse, oit
ses descendants, qui ont embrassé la réformation,
cvistenl encore sous le nom de Truchsess de Wald-
bourg, sans avoir jamais participé aux possessions
immédiates de leur maison en Souabe; car, lorsque la
branche de Guillaume s'éteignit, ses terres passèrent
à la ligne fondée par George. Cette branche produi-
sit dans le xvi' siècle deux prélats célèbres : Ernest-
Otton, prince-évêque d'Augsbourg, prince-abbé d'El-
vangen, et cardinal, qui fonda en 1545 l'ordre
équestre de Saint-Jean en Souabe, et procura à tous
les Waldbourg, hommes et femmes, le droit de ciié à
Rome; l'autre est ce fameux Guebhard, électeur-ar-
chevêque de Cologne qui, ayant apostasie pour épou-
ser Agnès de Mansfeld, devint l'auteur des troubles
qui préludèrent à la guerre de trente ans. (Voy.
Hist. abrégée des traités de paix, par Koch et Schœll,
vol. I, p. 50.)
La ligne de George se divisa en deux branches en
1589, à la mort de Jacques, descendant de George
an cinquième degré. Henri, son fils aîné, fonda la
branche de Wolfegg; Frobenius, le cadet, celle de
Zeil. Cette ligne géorgienne a fourni quelques hom-
mes remarquables : tel fut ce George Hl Truchsess
qui, commandant en 1525 les troupes du cercle de
Souabe, mit fin à la révolte des paysans qui mena-
çait l'Empire d'un bouleversement ; tel lut Maximi-
lien Wilibald, qui en 1633 et 1646 défendit vaillara-
mcnt Constance et Lindau contre l'armée suédoise.
409
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
4)0
La branche de Zeil a eu des homioes d'Etat distin-
gués ; deux comtes de cette branche, Jean-Jacques,
du rameau de Zeil-Zeil, et Sébastien-Wunibald de
Zeil-Wurzach, mort en 1700, ont été présidents du
conseil aulique impérial ; le premier a rempli en
1741 la charge de président du vicariat. Ces prési-
dences sont regardées comme une grande illustra-
tion.
La ligne catholique de George possédait, jusqu'à
]a dissolution de l'Empire germatiique, la charge de
grand mailre, dont le doyen de la ligne faisait les
fonctions. Les chefs de toutes les branches furent
élevés en 1805 au rang de princes, et toutes les pos-
sessions de la maison furent érigées en une seule
principauté d'Empire. Cette principauté a une sur-
lace de 13 l;^ m. c. g. (37 l;-2 1. c.) et 25,000 habi-
tants, et rapporte 600,000 fr. L'acte de la confédéra-
tion du Rhin la plaça sous la souveraineté de la Ba-
vière et du Wurtemberg. La ligne cadette, qui est
catholique, se divise en plusieurs branches. La ligne
aînée, fixée en Prusse, est protestante. Voici à
quelle occasion. Le coniie Frédéric était comman-
deur de l'ordre Teutonique; il suivit en Prusse le
gra«id maître Frédéric de .Saxe, et fut un des cheva-
liers qui, à l'exemple d'Albert de Brandebourg, leur
clief, renoncèrent à la religion catholique et se ma-
rièrent. Frédéric épousa Anne de Falkenhain , et
fonda la branche aciuelle qui est établie en Prusse
et porte le surnom de Capustigall. Elle a formé de
grandes alliances et fourni des hommes distingués ;
mais elle n'a jamais participé aux biens immédiats
de la m:iison. Elle a conservé le titre de comie.
Ecclesia supra Matronam, Chezy-sur-Marne, ou
Chezy-l'Abbaye. C'est un gros bourg du diocèse de
Soissons, chef-lieu de cmioii de l'arrond. de Châ-
teau-Thierry, Aisne. Situé sur la Marne, il doit son
origine à une abbaye ccmniendaiaire de l'ordre de
Prémonlré, fondée en 1136 par Anseln:eei Guillaume
de Cayeux. Elle passa plus lard .i l'ordre de Ciieaux.
Peu d'années avant la révolution de 89, elle ne
comptait que quatre religieux. A celte époque, les
propriétés furent vendues comme biens nationaux
et les bâtiments démolis. L'église abbatiale, monu-
ment d'architecture gothique, se faisait remarquer
par la beauté et l'élévaiion de sa nef, ce qui était
assez rare dans la géographie monumentale de Tor-
dre de Citeaux : car, dans l'architecture monastique,
on sait que ce sont les églises de l'ordre de Saini-
Benoit qui l'emportaient généralement par la lon-
gueur de la nef et l'élévation de la voûte. La popu-
lation de Chezy est de 15U0 habitants environ. Ce
bourg est à 6 kil.de Château -Thierry, et Si de
Laon. Le terroir est en vignes, prés, terres labou-
rables et bois.
£/6oi>im»,Elbeuf, ou Elbœuf, ville de l'ancien
diocèse d'Evreux, aujourd'hui de celui de Rouen
«bef-lieu de canton de larrond. de cette ville'
Selae-lnférieure, sur la rive gauche delà Seine à
16 kil. sud de Rouen, et 104 de Paris. Long. 18, 20,
et latit. 49, 20.
Elbeuf ne fut d'abord qu'un marquisat, qui passade
la maison d'Harcourl dans celle de Rieux , et de
celle-ci dans celle de Lorraine, en 1554, parle ma-
riage de Louise de Rieux avec René de Lorraine,
septième fils de Claude de Lorraine, duc de Guise, et
d'Antoinette de Bourbon. De ce mariage naquit
Charles de Lorraine, en faveur de qui Henri 111 , en
1581 , érigea Elbeuf en duché-pairie. Cette maison
conserva ce nouveau duché jusqu'au moment où elle
s'éteignit entièrement dans la personne d'Emma-
nuel-iMaurice de Lorraine, en 1763. C'est à sa propre
industrie qu'Elbeuf doit principalement l'éclat dont il
brille. Ses manufactures de draps ont coDStamment
joui d'une répuiaiion méritée. Presque tous les au-
teurs s'accordent à ne faire remonter leur établisse-
ment qu'au ministère de Colbert. Cette opinion a
été combattue; et, d'après les preuves données par
des personnes qni ont fait à ce sujet des recherches
consciencieuses, l'origine des manufactures d'Elbeuf
serait beaucoup plus ancienne , sans qu'on puisse
cependant la préciser. 11 paraîtrait que, dès l'année
1208, on cultivait dans les environs de celte ville, la
guesde dont on se sert dans les teintures; mais, ce
qui est plus posiiif, c'est que, dans le xvi« siècle,
Elbeuf comptait 80 (al.ricanls. On en pourrait con-
clure que ceux qui ne font remonter ces manufactures
qu'au ministère deColljert ont confondu l'époque de
leur origine avec celle de leurs règlements, qui sont
de 1607. Quoi qu'il en soit, la prospérité d'Elbeul
s'accrut rapidement; ei dans le courant du dernier
siècle, comme aujourd'hui , on y comptait 300 mé-
tiers qui donnaient par an dix mille pièces de draps
5|4, façons de Hollande et d'Angleterre, et qui pro-
duisaient plus de 2 millions de liv. Ces manufactures
faisaient alors subsister, tant dans Elbeuf que dans
les environs, 8 à 9,000 personnes. Pendant les orages
de notre révolution, cette prospérité ne put se main-
tenir; mais lorsque l'Etat , ébranlé par tant de se-
cousses, se fui raffermi sur ses bases, Elbeuf reprit
peu à peu l'éclat et le rang que son industrie lui
avait auirefois mérités. Ses manufactures ont même
fait des progrès remarquables. Les draps d'Elbeuf
sont sans doute d'une qualité inférieure à ceux de
Louviers et de Sedan; mais le bon marché leur
procure un débit considérable. Ils fournissent prin-
cipalement à la consommation des fortunes moyen-
nes, et cette consommation est une des plus impor-
tantes. Les draps de première qualité tiennent le
milieu entre les draps de Lnuviers; et l'amélinra-
tion de ceux de seconde qualité est 'ous les jours
plus sensible. Indépendamment de ses draps, Elbeuf
possède des fabriques de tapisseries de laine, dites
de Bergame, et de point de Hongrie , qui occupent
un grand nombre d'ouvriers. On y voit aussi des
ateliers de teinture , deux tanneries et quelques
moulins que fait aller un ruisseau qui descend d'un
coteau voisin de la ville, et qui va se Jeter dans la
m
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
412
Seine. Le progrès industriel d'Elbeuf a influé sur sa
populaiion. qui s'accroît tous les jours. Celle ville,
qui ne comptait, dans le milieu du siècle dernier,
que de iOOO à 4.500 àuies, en coniple aujourd'hui
plus lie 12,000 seulement dans ses murs. Sa position
sur la Seine lui esl iiès-favorable pour le iransporl
des prodiiiis de son industrie et de ses grains ; et sa
proxiniité de Rouen en faciliie beaucoup le débit, il
se lient cependant à Eibeufdes l'oires et des mnrcliés
Irès-avantageux pour son coninierce. Cette ville a
aussi une chambre consultative de manufactures ,
arts et n)éliers. Elle avait deux paroisses et un cou-
vent d'Uisuliiies, fondé en 1648 p r les religieuses
du même ordre de la ville de Gisors , à la place
même où les Bénédictins du Val-de-Grâce de Rouen
avaient fixé leur preniier établissement. La paroisse
Saint-Jean ét;iii du dn cèse d'Evreux, lundis que la
paroisse Saint-Etienne et le couvent f:iisaient partie
du diocèse de Hnuen. La première de ces deux
église» est assez bien construite. En 1491, il y avait
à Ëlbeuf une chapelle ou léproserie de Saint-Jacqnes;
et plus tard on voit dans celle ville deux hôpitaux
qui furent réunis en 1728. On a trouvé dans ses en-
viron^ des indices de houille ; mais il ne paraît pas
qu'on se dispose à exploiier celle branche d'indus-
trie; pt'ul-éire aussi n'y trouverait-on pas d'avan-
tages. On a découvert égalemeni, dans la presqu'île
que forme la Seine depuis Elbeuf jusqu'à la Bouille,
un marbre onyx qui ressemble à la pierre de Flo-
rence, et que l'on peut polir, ainsi que d'excellentes
argiles ferrugineuses.
Escuina, Eiouen, paroisse de l'ancien diocèse de
Paris, maintenant de celui de Versailles, chef-lieu
de canton de l'arrondissement de Ponloise, Seine-
el-Oise, à 24 kil. ouest de Pontuise, 56 nord-est de
Versailles, et à 18 nord de Paris.
L'ancienneté de ce bourg est incontestable; mais
il serait difficile de dire quelque chose de positif sur
son origine ; et jusqu'à sa confiscation sons le règne
de Louis XIII, l'Iiisioire d'Ecouen rentre entière-
ment dans celle de la maison de Montmorency, qui
possédait celle seigneurie dès le xi'' ou xii»' siècle.
On en a la preuve dans la cession que Biirchard de
Monimoreiicy fit de l'église et de sa diine au prieuré
de Saint-Mai lin-iles-Champs, celle cession fut con-
firmée eu 1119 par une bulle de Caliste ÎI, certifiée,
en 1124, par Etienne, évèque de Paris. La cbarie de
Tliib;iui, un des successeurs d'Etienne, dciaille par-
faitement celte cession. Celle charte de 1150 dit:
Ecclnia de Escuem cuiii lola décima el ntrio et tortel-
tis Nativkaiis Doniiiii et capctla de Ezemilla; et un
peu plus bas : Terliam parlem allaris de Escuem.
Plus lard, Mallhieu de Monlmorency voulut s'oppo-
ser à ce ipie les religieux de Sainl- Martin -des-
Chanips levassent celle diine dans le territoire d'E-
couen ; mais il lut condamné en 1265, et reconnut
lui-même en justice qu'il avait lorl. Dans le courant
du xv' siècle, à la place de la vieille forteresse, dont
la fondation reniontaii aux lenips les plus reculés de
la monarchie, les Monlmorency firent construire un
château que le connétable Anne de Montmorency fit
considérablement embellir sous le règne de Fran-
çois [", cl ce fut alors l'archiiecle Bullani qui se
chargea des travaux nécessaires : le château d'E-
couen est un de ses plus beaux ouvrages. Il domine
le bourg au couchant, et offre un aspect imposant el
romantique ; il offre un carré parlait de tiente-deui
toises de côté, flanqué de quatre pavillons et entouré
d'un fossé sec. Voici la description qu'en donne
Alexis Donnei. i La façnde, du côlé de Paris, pré-
sente un avant-corps décoré des ordres dorique el
ionique, avec un atiiqiie, surmonté d'un canipanille.
On entrait sons une galerie éclairée par un portiijue
formé d'un petit ordre ionique. Cette galerie était
ornée de bustes de marbre placés dans des niches,
el de plusieurs morceaux de sculpture parfaitement
exécutés; elle conduisait à la chapelle qui est con-
struite à gauche dans un des pavillons. L'éiat dans
lequel les princes de Condé laissaient depuis long-
temps le chàieau d'Ecouen avait entrainé la ruine
d'une partie des bâtiments et parliculièrement de la
galerie, dont la beauté aurait dii commander tous les
soins; mais, au contraire, on aima mieux l'abatire
que de dépenser une modique somme de 10,000
francs pour la réparer. Enfin, en 1807, cet édifice
fut destiné à une instiluiion des orphelines de la
Légion d'honneur; et l'archiiecle, M. Peyre, chargé
de sa restauraiion, rétablit cette galerie : mais il en
fil un corps do bâliinenl divisé suivant les besoins
du service auquel il était destiné. La porte d'entrée
fut changée et décorée de deux colonnes d'ordre do-
rique ; une cour, à peu près carrée, de 24 toises de
longueur sur 22 de largeur, est formée par les qua-
tre corps de bâtiments qui réunissent les pavillons
des angles ; la porte du fond, modèle de grâce et d'é-
iégance, est composée d'une arcade et de deux co-
lonnes doriques, élevées sur leurs piédestaux el cou-
ronnées par un entablement ; les tympans de l'un
sont enrichis de deux renommées sculptées en bas-
relief par Jean Goujon ; les bases des colonnes sont
alliques, et les chapiteaux ornés d'oves; les métopes
de l'entablement sont enrichis de trophées d'une
e\éculiGn très-soignée. Les deux corps de bàiimenls
latéraux offrent deux avant-corps qui, bien que pré-
sentant quelque ressemblance, ne sont cependant pas
symétriques; celui de gauche est le plus remarqua-
ble : son ordonnance se compose de quatre colonnes
corinthiennes cannelées, élevées sur un stylobaie, et
couronnées par un eniableinent dont la frise est aussi
enrichie de trophées d'armes; l'entrecolonnement
du milieu, plus large que ceux de côlé, est ouvert
par deux arcs surmontés de deux grandes croisées;
les enirecolonnes de côlé sont ornées de niches et de
cartouches d'un dessin gracieux. L'autre avant-corps
se compose des deux ordres dorique et ionique l'un
sur l'autre. > Il y a près de 500 ans que le chœur et
une aile de l'église d'Ecouen furent rebâtis à neuf.
On voyait au vilrage de l'église les dates 1Ô54 el
413
GEOGRAPHili DES LE(
li45, aussi bien (|ue le moi âirXavoî, qui éuit fami-
lier aux Montmorency de ces lemps-là, pour mon-
trer qu'ils ne s'étaient jamais écartés de leurs devoirs;
leurs armes se voyaient également aux voûtes. L'é-
glise d'Lcuuen avait été placée sous l'invocation de
Saint Acbeul, dont elle conserve les reliques; en
1737, file a été agrandie, mais le mauvais goût a
j présidé à cette nouvelle construction. L'époque à la-
<)uelle Ecouen a commencé à jeter quelque éclat est
dune celle où Anne de Montmorency en était posses-
seur; et quoique l'ignorance de ce connétable éga-
lât sa bravoure, il avait cbercbé à s'entourer, dans
cette demeure, qu'il habitait rarement, il est vrai,
d'objets d'art du plus grand prix. On y remarquait
entie autres deux statues de Michel-Aïuje (1), et un
tableau du Rosio, représentant le Clirist mort, et
qui e:>t actuellement au Musée. Lurs de sa disgrâce
.sous François I", en 15i0, le connétable se retira
à Ecouen, et ûl graver sur la porte principale du
château te commencement d'une ode d'Horace :
Mquam mémento rebut in arduis
Servare mentem
Le pavé de la cour était autrefois fort estimé, et re-
présentait une espèce de labyrinthe qu'on y avait
formé de pierres de diverses couleurs, et qui n'exis-
tait plus dès !e conimenccment du dernier sièelu;
celui de la grande galerie était en faïence, et l'on
peut encore admirer aujourd'hui celui de la chapelle,
qui a échappé en grande partie au vandalisme de la
révolution. Ce pavé, qui nous représente des sujets
tirés de l'Ecriture sainte, se fait remarquer par sun
exécution et l'heureux choix dc^ ligures. On remar-
quait aussi, dans sa petite galerie, les viiiaux, dont
les peintures en caniaieu, exécutées d'api es les des-
sins de Raphaël, représentaient l'histoire de Psyché.
Ces vitraux, peints en IS-t.ï, excitaient l'admiration
générale avant qu'un vitrier d'Ecouen, en employant
du grés en poudre pour les nettoyer, ne fût parvenu
à en enlever toutes les demi-teinies, de manière à
laisser en beaucoup d'endroits le verre à nu. Entre
autres curiosités (|ue renfermait le château, se trou-
vait une table faite du tronc d'un cep de vigne, et de
trois pieds de diamètre ; on y lisait, en caractère
d'ivoire : Dieu est mon grand tervice. — Ce château
fut souvent honoré de la présence des rois de France.
François l'""' y donna une dédar.ition datée du 4
juillet 1527, et Henri 11 rendit, en 1318, quelques
édils également datés d'Ecouen. Ce fut dans ce
même château, et par le même prince, que fui donné
le fameux édit de juin 1539, qui prononçait la peine
de mon contre les luthériens. —En 16j2, Henri de
Montmorency ayant été décapité , Ecouen fut con-
(isqué, donné l'année suivanie à la duchesse d'An-
goulème, et linit par passer dans la maison de Condé,
qui conserva celte propriété jusqu'au moment de la
révolution. Ainsi fut perdue par les Montmorency
une propriété à laquelle ils avaient donné beaucoup
(1) Ces deux statues furent données par Henri de
cardinal de Richelieu, son persécuteur.
ENOES AU MOYEN AGE. 414
d'éclat. Celle terre était l'une de celles, dit Lebeuf,
sur lesquelles cette illustre maison assigna le plus
de revenus pour les monastères et pour les pau-
vres. En 1203, Matthieu de Montmorency donna à
l'abbaye du Val un mnid de froment à lever chaque
année sur la grange d'Ecouen ; el en 1213 il accorda
également à d'autres religieux cinq muids de grains
à prendre au même endroit; enlin, par son testa-
ment, il voulut qu'on prit encore chaque année cinq
muids de blé dans la même grange, pour en faire
du pain qui serait distribué aux pauvres pendant le
carême. Il fit encore d'autres dispositions qui toutes
portaient l'empreinte de son humanité el de sa bien-
faisance; elles furent religieusement reconnues par
ses descendants. — A la rcvoluiion, Ecouen devint
propriété natioiiale; mais ceitc propriété ne fui
point aliénée. Il parait cependant que le cll.^leau
avait été adjugé à quelques spéculateurs qui se dis-
posaient à procéder à sa démolition, lorsqu'on re-
présenta au ministre que la \aleur des plombs seuls
dépassait le prix de l'adjudicatiijn. La vente alors ne
fut point confirmée. Le cliàtoau souffrit des excès
révolutionnaires; on parvint cependant à arracher
aux mains dévastatrices de celte époque une partie
des objets d'art qu'il renfermait. Ces rentes précieux
comprenaient les vitraux dont on a parlé plus haut,
et qui, par ordre du gouvernement, furent plus tard .
déposés au Muséum des monuments français, nou-
vellement établi à Paris, dans le cloître des Peliis-
Auguslins, sous la direction de M. Lenoir, ainsi que
quatre grands vitraux de la chapelle. Le Primatice
avait fourni les dessins des deux premiers qui repré-
sentaient l'un la Nativité, et l'autre la Circoncision
de Jésus-Christ. On voyait dans les deux autres le
connétable de Montmorency au milieu de ses en-
fants à genoux, et de grandeur naturelle, avec leurs
patrons placés derrière eux, mais la tète du conné-
table n'existait plus ; de plus , un groupe, aussi de
grandeur naturelle, représentant l'éducation de la
sainte Vierge, exécuté en albâtre de Lagny, par Bul-
land ; deux sujets de bataille dessinés et exécutés
sur faïence par Bernard de Palissi, et un grand autel
en pierre de liais. Cet autel est orné de quatre co-
lonnes de marbre noir, de huit bas-reliefs, de chiffres
et d'entrelacs; le bas-relief du retable représente le
sacrifice d'Abraham ; ceux qui décorent l'autel re-
présentent les quatre évangélistes, la Foi, la lleli-
gion et la Force : cet ouvrage est de Bullaud aussi
bien que le groupe de la sainte Vierge. — Le village
d'Ecouen, dont le territoire est fertile en grains , en
vignes et fruits, est siiué au bas du cliàteau ; il n'a ja-
mais été fort reniarquable par lui-même ; et jusqu'à
la construction de l'église dont on a parlé plus haut,
construction qui eut lieu dans le xvi* siècle, Ecouen
dépendait , au spirituel, de la paroisse d'Exanville ,
petit village distant d'un kil., qui aujourd'hui n'est
plus qu'une succursale d'Ecouen. Le seul événement
Montmorency, lors de sa mort , arrivée en 163S, au
415
DICTIONNAIKE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 4lfi
•y soit passé avant la lévoliilion est chaque grande élève devait prendre soin d'nne plus
important qu
l'assemblée que des convulsionnaires y tinrent eu
1743, dans la maison de Marie Durier , qui fut ar-
rêtée et renfermée à la Bastille. Dans la description
de la France, citée par Lebeuf, le village d'Ecouen
réuni avec Neuf- Moulins ne se présente qu'avec
230 feus. Mais un jour Napoléon devait donner à
Ecouen l'importance dont il avait été privé jusque-
là; sous son règne la population de ce bourg s'est
élevée à 1600 liabiianis. On y voit quelques maisons
de campagne fort julies , une l'abrique de dentelle
de soie el une filature de colon. C"est surtout à une
institution qu'Ecouen doit le rang qu'il a occupé de-
puis le conimeiicemeiit de ce siècle. Après la cam-
pagne d'Austerlilz, Napoléon rendit un décret par
lequel trois cents jeunes filles, dont les pères , on-
cles ou frères, membres de la Légion d'honneur,
n'auraient point ;issez de fortune pour leur faire
donner une éducation convenable, seraient élevées
aux frais de l'Eiat. Le château d'Ecouen fut destiné
à cet établissement, dont madame Campan, ancienne
femme de chambre de la reine Marie-Antdinetie ,
eut la direction. D'après les règlements de la maison,
jeune, et lui servir pour ainsi dire de mère ; il fallait
qu'elles fussent âgées de moins de quinze nns pour
être admises dans cet établissement, qu'elles ne
quittaient que pour rentrer dans le sein de leur fa-
mille. Parmi les plus âgées on en choisissait une
chaque semaine pour montrer la maison aux dames
étrangères qui venaient la visiter. Chaque élève fai-
sait ses robes, ses chapeaux, etc. ; les éludes étaient
partagées par sections, el tous les trimestres des
inspections avaient lieu , et des prix étaient distri-
bués. En 18H, Louis XVIU, en rentrant en France,
s'arrêta à Ecouen ; et au mois de juillet de la même
année il réunit , par une ordonnance , la maison
d'éducation d'Ecouen à celle de Saint-Denis; il vou-
lut aussi que cet établissement fût desservi par la
congrégation religieuse connue sous la dénomination
de Congrégation de la Mère de Dieu.
Le château d'Ecouen fut ensuite rendu à la mai-
son de Condé. Il appartenait en dernier lieu au duc
d'.\umale comme légataire universel du dernier duc
de Bourbon.
Faïutm Compendiense, Compiègne, ville de l'an-
ciân diocèse de Soissons, actuellement de celui de
Beauvais, chef-lieu d'arrondissement du dép. de
l'Oise, à .^6 kil. à l'est de Beauvais, 40 à l'ouest de
Soissons, 32 nord-est de Sentis, et 76 nord est de
Paris. Population, 8875 habitants.
Celte ville était le siège d'un bailliage royal, de la
justice seigneuriale de l'abbaye de Saint -Corneille,
d'une juridiction consulaire el d'un grenier à sel ;
d'une élection, d'une subdélégalion de l'iniendance
de Paris , de deux maîtrises particulières des
eaux et forêts, l'une de Compiègne , l'autre de Lai-
gue ; d'une capitainerie des chasses et d'une juridic-
tion dite de l'exemption de Pierrefont. C'est aujour-
d'hui le siège d'une sous-prél'eciure, d'un tribunal
de première instance el d'un iribunil de commerce,
d'une justice de paix et la résidence d'un lieutenant
et d'une brigade de gendarmerie. Auirelois le com-
merce de Compiègne éiaii très- considérable : il y
avait des manufactures en tons genres. La popula-
tion a beaucoup diminué. Des quatre grandes foires
qui, avant 1792, se tenaient les trois premiers jours
de chaque trinusire, il n'y en a plus qu'une les
quinze de chaque mois pour la vente des chevaux et
be-tiau\. Le marché est le samedi de chaque se-
maine; on y vend des grains de toute espèce, des
chanvres et d'autres denrées. Sur les bords de l'Oise
sont un port pour l'arrivée et le départ des marchan-
dises voiturées par eau, et un chantier pour la cons-
truction des bateaux destinés à naviguer sur l'Oise,
l'Aisneel la Seine. On y trouve une manufacture de cor-
derie pour leurs agrès et pour les bâtiments de mer.
H y a en outre des fabriques de tuiles, briques, car-
reaux et poteries de 'terre. La biblii>ihoiiue contient
2600 vol. qui ne sont pas en ordre. Cette ville est si-
tuée dans une agréable position, au-dessous du cou-
fluent de deux rivières navigables, l'Oise et l'Aisne.
On a attribué la fondation de Compiègne à Jules Cé-
sar, mais sans aucune espèce de preuves. La vieil-
le tour, de construction romaine, dont les ruines sub-
sistent encore près de la rivière, ne pourrait pas
donner de fondements solides à cette conjecture ; ce-
pendant la quantité de médailles recueillies sur le
mont Ganelon, à peu de distance de Compiègne, les
fragments d'arnuires et de vases que les curieux s'y
proeurent encore, la tradition, qu'on doit admettre
quand elle est appuyée de vraisemblance, ne per-
mettent pas de douter que les Romains n'aient fré-
quenté ces lieux. Ce qui est plus certain, c'est que
Compiègne fut une maison de chasse ou un de ces
nombreux palais du Valois, où les rois des deux pre-
mières races faisaient de fréquents voyages. Les an-
ciennes chartes le désignent sous le titre de Palatium.
On prétend qu'il fut appelé Compendium parce qu'il
renfermait des provisions pour la subsistance et l'é-
quipement des légions romaines. Une autre version
prétend que Convenium est le nom latin qui convient
à Compiègne, parce que les deux rivières de l'Aisne
et de l'Oise s'y réunissent. Grégoire de Tours se sert
du mot Compendium ; Eginard l'appelle Compendium
Palaiium; Glaber Rndolphus, Regium Compendium ;
Heldalgns, Palatium Compendii. Charles le Chauve
donna à Compiègne e nom de A nr/upo/is; il y éta-
blit une abbaye dédiée à Notre-Dame et des chanoi-
nei pour la servir; il leur donna les corps de saint
Cyprien et de saint C'irneille, martyrs des premiers
temps de l'Eglise. Ce même prince fit bâtir hors de
la ville un château auquel il donna pour dépendance
*I7 GEOGRAPHIE BES LEGENDES AU MOYEN AGE
tout ce qui seiendait depuis la porte de Pierrefoiit,
qui n'exisie plus depuis 1784, jusque près du con-
fluent de l'Aisne et de l'Oise. Il Ht bâiir ensuite un
autre cLiteau sur les bords de l'Oise, dont les jar-
dins étaient situés dans une petite !le. Ce dernier
château subsista jusqu'au temps de Louis I\, époque
où ce monarque fonda dans l'Ile un Hôtel-Dieu et
donna !e château aux religieux de l'ordre de Saint-
Dominique. Le feu ayant consumé l'église bâtie
par Charles le Chauve , Charles le Simple , en
l'an 917, ordonna la réédilication de cette église
et du inonasière, sous l'invocation des saints Cor-
neille et Cyprien. L'Ile dont il est ici question est
depuis longtemps réunie au sol qui sert d'assise à la
ville. Cette île devait se trouver au lieu qui forme
maintenant le centre de Coinpiègne. — Comprègne ,
sous la seconde race, était la ville de France la plus
illustrée, surtout depuis que l'empereur Charles le
Chauve y eut fondé l'église de Saint-Corneille et de
Saint-Cyprien, et qu'il y eut fait construire un palais.
II s'y tint plusieurs conciles et plusieurs assemblées
politiques. Les conciles eurent lieu en 756, 853,
1085, 1270, 1301, 1503 et 1329. Childebfrt, roi de
paris, scella à (^ompiègne, en présence de la reine
Ultrogoibe et des grands de son royaume, les lettres
des dons faits à Sainl-Marcou. Chilpéric et Frédé-
gnnde y allaient quelquefois pour se distraire. Clo-
laire U' et Tliéodebert y firent la paix ; le premier
y mourut en proléraut ces paroles : Ouais, ce Dieu
du ciel est donc bien puissant, de faire monrir ainsi
tes grands rois ? Après la mort de Dagobert, Clovis II,
Nantchilde sa mère, et Sigebert, roi d'Austrasie, y
partagèrent entre eux les trésors de leur père. En
737, Tassillon, duc de Bavière, fil hommage à Pépin
et à ses enfants et leur prêta serment de fidélité sur
les reliques de saint Denis, de saint Germain et de
saint Martin. En 833, dans une diète tenue au châ-
teau, la déchéance de Louis le Débonnaire fut con-
sonuuée. En 877, Louis le Bègue y fut couronné ; ce
roi y mourut et y fut enterré. En 884, Carloman y
ras^eulbla les seigneurs et les princes de la France
pour délibérer sur le parti qu'il y avait à prendre
afin d'cmpèclier les ravages des Normands. En 888,
le comteEudes, qui s'était signalédeux ansaup:iravant
à b défense de Paris, assembla une diète à Compiè-
gi>e, uù Gauthier, archevêque de Sens, lui mit la
couronne sur la tête. Louis V, dit le Fainéant, der-
nier rui de In seconde race, y fut couronné et y reçut
la sépulture. Sous la 3« race, les rois négligèrent
nu peu le séjour deCompicgne, et l'abbaye de Saint-
Corneille vit bientôt se fermer la source des riches-
ses que les rois de la seconde race lui avaient pro-
disuées. En 1017, Robert fit couronner à Compiègne
Hugues, son fils aine, qui mourut là et y l'ut enterré
f.: I02G. En 1135, la ville parvint à se faire ériger
(u commune; ses efforts pour l'obtenir avaient jus-
«iie-li été inlruciucux. Innocent II y résida presque
l'Uile tciii|rs qu'il passa en France. Vers l'an 1200,
uiic partie de la ville de COM)piègue rc'ev.iit du sci-
418
gneur de Pierrefont ; ce seigneur y percevait des
cens, des rentes et y avait un hôtel seigneurial au-
près de la porte qu'on nomme encore porte de
Pierrefont. En 1208, le roi Philippe-Auguste aban-
donna à la commune de Compiègne tout ce que le
prévôt de Pierrefont recevait ordinairement dans
cette commune, excepté le péage, la justice et la
maison qui fui à Agathe de Pierrefont, lesquelles
choses le mi se réserva et à ses successeurs pour être
gérées et administrées par son prévôt de Pierrefont.
En 1209, le jour de la Pentecôte, Philippe-Auguste
fit chevalier Louis, son fils et son successeur, avec
tant de solennité, qu'on croit que jamais auparavant
il ne s'était vu une si grande magnificence, soit à
l'égard des présents, soit à l'égard des festins et de
la bonne chère. En 1257, Louis IX rassembla à Com-
piègne une cour brillante, il arma chevalier Robert,
l'aîné de ses frères, et lui donna en apanage le comté
d'Artois. Plus de cent jeunes hommes des premières
maisons de France furent faits chevaliers en même
temps que le frère du roi. Les fêtes de la cour atti-
rèrent plus de deux mille chevaliers, avec un nom-
bre proportionné d'écuyers et de servants d'armes.
C'est la première occasion où la noblesse faisait con-
naissance avec son nouveau roi. Philippe IV ayant
résolu, en 1297, de faire la guerre à Gui, comte de
Flandre, choisit Compiègne pour y donner rendez-
vous à son armée. Chaque seigneur voulut briller
aux yeux de son jeune monarque dans la première
c:impagne où il marchait en personne. Chacun fit ef-
fort pour surpasser ses émules par le nombre de ses
soldats et l'éclat de ses armures. — Au temps des
Armagn-ics et des Bourguignons le dauphin Charles
parvint à se sauver de Paris, livré au trouble et à
l'anarchie, et se rendit à Coinpiègne où toute la no-
blesse des environs vint le trouver. Toute celle qui
habitait Paris abandonna cette ville aussitôt qu'elle
eut appris son départ, et se rendit auprès de lui. Ce
prince convoqua dans la ville où il se trouvait l'as-
semblée des états généraux. La sanglante rivalité des
factions ne semblait quelquefois s'apaiser que pour
recommencer avec plus de furie. Lorsque le roi se
fut réconcilié avec le duc d'Orléans, le duc de Bour-
gogne se relira en Flandre ; mais ayant trouvé le
moyen de nouer une intrigue avec le duc de Giiienne,
prisonnier au Louvre, il augmenta son armée de
quelques renforts et envoya de 'gros détachements
auxquels les villes de Noyon, de Soissons et de Com-
piègne ouvrirent leurs portes. Il y mit des garnisons
très-fortes. Ces garnisons restèrent en possession de
leurs postes depuis la fin du mois de décembre 1415
jusqu'à Pâques de l'année suivante 1414. Pendant
tout ce temps le pays fut infesté de partis Bourgui-
gnons qui sortaient continuellement de ces trois vil-
les. Leurs incursions continuèrent pendant les mois
de janvier, février et mars, et furent accompagnées
de toute espèce d'excès, auxquels les Armagnacs ré-
pondaient par des excès plus grands encore: le sorj,
des pajsans était affreux. Cependant, après y\^w.
4)9
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
4?0
les Armagnacs enlraînèroni le roi Charles VI devant
Compiègiie pour en faire le siège, ei en chasser les
Bourguignons. Ce ^iége commença le 51 mars HH ;
dans le mois d'avril suivant celle ville fui prise par
coropo^iiioo. Le roi Charles VI garda cette place
jusqu'en 1417, et son lils aîné, le duc de Cuienue, y
mourut le 3 avril de celte même année. — Les An-
glais s'ciant réunis aux Bourguignons, après avoir
loul ravagé dans le V^ilois, se présenlèrent devant
Compiègne. Comme la garnison de celle ville était
faible, elle u'osa soutenir un siège ; les bourgeois
ouvrirent leurs portes et reçurent les troupes des
Bourguignons qui s'établirent dans la ville, d'où ils
envoyaient des détachements de troupes légère» dans
l'intérieur du Valois. Quelques partis des leurs pous-
sèrent même la hardiesse au poinl de s'avancer jus-
qu'aux porles du château de Pierrefont, défendu p.ir
N. Bosquiauit, le premier capilaine de son temps,
iiosquiaux résolut de punir par un coup demain celte
témérité. Voici comment Carlier, auteur de l'histoire
du Valois, rapporte cet événement d'après Monslre-
let : < Informé que la garnison de Compiègne laissait
souvent la ville sans défense afin d'aller faire du bu-
tin, il choisit cinq ct;nts hommes d'armes ei alla se
poster à leur télé dans une embuscade. Des émissai-
res envoyée à la découverte rapportèrent qu'une par-
tie de la garuison éiuit sortie pour fourrager, mais
que tontes les portes étaient exactemeni fermées.
Dosquiaux attendit l'occasion. L'n charretier parut,
(yù conduisait ime voilure de bois dans la ville ;
la sentinelle avait ordre de te laisser enlrer. Bos-
quianxlui ht changer ses habits, qui furent donnés à
im aflidé : celui-ci prit la conduite de la charrette , i|ui
fut suivie par sept autres soldats déguisés en paysans.
Le nouveau conducteur avait ordre de tuer le limo-
nier lorsqu'il se trouverait sur le pont-levis, du côté
de la hfrse, alin qu'à la faveur de rembarras Bos-
guiaux et ^a troupe eussent le temps de le joindre.
Les ordres du capilaine furent ponctuellement exé-
cutée. Le limonier blessé à mort inniba, la vo'ii^re
versa, les huit soldais déguisés égnrgcrenl la senti-
nelle el donnèrent à leur chef le signal convenu. Us
firent plus : ne jugeant pas néces^aire d'alti^ndre de
renfort, ils entrèrent s.uis olstacle. Le concierge du
gouverneur qui éiaii alors absent de la ville, aperçut
le premier les ennemis ; il connaissait particulière-
ment l'un des huit soldats pour un zélé royaliste.
Celui-ci se jeta sur le concierge el le ina d'un coup
de hache. Bos(|uiaux avait déji) joint les huit soldats
lorsque les officiers de la garnison furent avertis da
danger : ils se sauvèrent dans la mur de Saint-Cor-
neille et lireni d'abord quebjue-; dispositions pour se
dèfi'odre; mais apprenant qu'ils avaient affaire à
Bosquiaux en personiie, ils se rendirent à discrétion.
Bosquiaux divisa son détachement en plusieurs corps
qu'il en voyad..ns les différents quariiers de la vil le pour
faire l.i reclierche de tous ceux qui tenaient le parti
du duc de Bourgogne. On pilla les maisons, on saisit
leurs biens, it on les emmena pri.onniers an château
de Pierrefont. i Le sieur de Gamache eut le gouver-
nement de Compiègne. — Par tes intrigues d'I«abeau
de Bavière el des Anglais, Compiègne, comme tout
le nord de la France, se iroHva au pouvoir de tes
derniers. Mais, lorsque la fortune se déclara en fa-
veur de Charles VII, on Tint lui annoncer à Crépy
que la ville n'altondaii plus que l'occasion de chasser
la garnison anglaise et de rentrer sons son obéissance.
Le roi s'avança donc vers la place ; la garnison, qui
ignorait l'intelligence des bourgeois avec les troupes
royales, se disposait à soutenir un siég*», lorsque les
bourgeois irouvèrenl le. moyen d'ouvrir une de leurs
porles. Les soldats mirent bas les armes el se rendi-
rent prisonniers. Charles VU fit dans Compiègne une
entrée solennelle, au milieu des acclamations el de
l'expression de la joie publique. Cette rcddiiion fut
le signal d'une révolution générale dans tout le pays :
toutes les places des fro lières de la Picardie, le
long de l'Oise, ouvrirent leurs porles. Cependant la
fortune fut un instani balancée ; et après l'affaire de
Pont-l'Evéque, où la perle fut à peu près égale des
deux cotés, la Pucelle d'Orléans jugea à propos de se
retirer dans Compiègne, fiarce qu'elle voyait les for-
ces des ennemis s'accroître, el celles du roi diminuer.
Foton de Xainlrailles prit à Crépy quelque renfort et
l'alla joindre, parce qu'on avait lieu de craindre que
les ennemis n'enireprissenl le siège de la ville. Poion
fil faire plusieurs ouvrages avancés du côté de la
rivière d Oise el du pont : quanta l'intérieur de la
place, il disposa louies choses en cas d'attaque. Les
Anglais et les Bourguignons, ignorant l'arrivée de
Xainirailles, se rassemblèrent dans le dessen de mar-
cher contre la ville eide la surprendre. Ilss'avancenlet
sont étonnés d'apercevoir des foriilicalions nou-
velles, et suilout un boulevard revêtu de gazon qui
défendait l'enlrée du pont. Ils n'osent passer outre;
ils s'arrêtent el font deux divisions de leurs troupes;
ils placent l'une à Margny et l'autre à Venelle en
aiiendant quelques secours. Ils reçurent enlin un ren-
birl de mille archers aux ordres du comte de Hun-
lingion. La premièie aiiaque des généraux se porta
sur l'ouvrage qui défendait l'entrée du poni. Ils vin-
rent à bout de ruiner cet ouvrage ; cependant ils ne
jugèrent pas à propos de passer outre. Ils jetèrent
un auire pont sur la rivière, vis-à-vis de Venelle. Le
siège fut changé en blocus. Les Anglais, a la faveur
du pool, envoyaient souvent des partis qui faisaient
des courses jusqu'aux porles de Pierrefont. Pendant
ce temps, on vint annoncer au comte que Xainlrailles,
pro.fitant de son absence, éiait sorii de Compiègne
avec un déiachèraeni, qu'il était sur le point d'y faire
entrer un renfort, des vivres el des muniiions de
guerre ; que le maréchal de Boussac et le comte de
Vendôme avaient joint Xainlrailles, et qu'ils mar-
chaient de concerl au recours de la place. La Pu-
celle, informée dans la ville de la jonction des trois
généraux cl de l'arrivée dts secours, crut qu'une
sortie faiie à propos préparerait les opér.iiions qui
devaient suivre l'arrivée du renfort. Elle choisit donc
421
r.EOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
in
six cents hommes et <it sa sortie le 2't mai. Elle tua
de sa main un bon nombre d'Anglais, et cburgea les
autres avec beaucoup de vigueur. Elle se replia en-
suite et arriva en bon ordre à la porte par où elle de-
vait rentrer; et, afin de faire déCler tous ses soldats
devant elle, elle resta la dernière, de peur que quel-
qu'un des combattants ne tombât au pouvoir des en-
nemis lorsque les portes auraient été fermées. Mais
Guillaume de Flavi, gouverneur de la ville, voyant
ies Anglais approcher, fit précipitamment, par inat-
tention ou à dessein, tomber la herse de la porte.
Jeanne d'Arc, arrêtée par la herse, s'écria : Je suis
trahie! Un gentilhomme picard, de l'ancienne bande
du duc de Beifori, se saisit de sa personne et l'em-
mena prisonnière àMargny. Ce genlilbomme la mit
d'ubord comme à l'encan ; et pour peu que le gou-
verneur de Compiègne lui eût offert une rançon mé-
diocre, il la lui aurait livrée sur-le-champ. 11 la con-
duisit enfin et la livra à Jean de Luxembourg, qui ia
vendit ensuite aux Anglais moyennant une somme
de dix mille livres comptant et de cinq cents livres
de pension. Cependant à l'approche de Xaintrailles,
les Anglais levèrent le siège et se retirèrent à Pont-
l'Evéque. Ainsi Jeanne d'Arc fui abandonnée par
ceux qu'elle avait si puissamment servis ; l'ingrati-
tude et i'envie la laissèrent périr sur un bûcher.
L'horreur de son supplice couvrit d'un opprobre
éieniel les soldats de l'Angleterre. — Marie de Mé-
dicis, occupée de disputer la puissance à Richelieu,
partit de Compiègne, où Louis XIII l'avait laissée
sous la garde du maréchal d'Estrées, et alla deman-
der un asile à l'étranger; ce fut h journée des dupes.
On se rappelle le fameux camp de Coudun que
Louis XIV destinait en 1898 à l'instruction de ses
enfants. < Louis, dit Duclos, ne pouvait pas ignorer
combien il avait fallu négocier pour conclure la paix
et gagner le duc de Savoie, que l'orgueil de Loiivois
avait si fort aliéné. Il devait savoir que tous les res-
sentiments ne s'éteignent pas à la paix. Au lieu
d'en profiter pour soulager les peuples et réparer les
malheurs de la guerre, on donna à Compiègiie le
spectacle d'un camp de Darius; et cette image de la
guerre exigea les mêmes dépenses que la réalité. »
— «Compiègne, dit Cambry, n'offre rien d'important
à la curiosité du voyageur; les rues en sont mal di-
rigées, mal bâties ; celte ville ne prend un caractère
de grandeur que d.iiis les environs du château, où des
hommes qui suivaient la cour, où des particuliers
qui spéculaient sur la location de leurs maisons, pen-
dant les voyages du roi, avaient élevé quelques beaux
édifices, i — ■ Les environs de Compiègne sont dé-
couverts; les montagnes en soni éloignées, les bois
et les collines chargés de vignes, les villages et les
rivières qui entrecoupent celte belle plaine, y for-
ment des paysages charmants: une partie de la ville
est bàiie sur une éminence, le reste occupe la pente
de cette hauteur; les promenades y sont agréables et
OUI de très-belles vues. — Bien que l'origine de
Compiègne remonte à la puissance des Romains dans
la (iaule Leigique, elle ne présente cependant une
existence certaine qu'à dater de la fin du règne de
Clovis. Peu considérable alors, elle s'accrut sons
Charles le Chauve et ses successeurs, parce qu'elle
devint l'objet de fréquents voyages de ces princes. On
voit encore des restes d'enceintes ; elle était fortifiée de
murailles, de demi-lunes ei de bastions. On y comptait
sept portes : c'est près de celle du Vieux Pont que fut
prise Jeanne d'Arc. Cette porte existait il y a peu de
temps; elle est maintenant démolie. Longtemps au-
dessus de cette porte on lui l'inscription suivante :
Ci fuct Jehanne d'Ark près de cestui passage
Par le nombre accablée et vendue à fAnglois
Qui brûla, te félon, elle tant brave et sage.
Tous ceux là d'Albion n'ont jaict le bien jamais.
Une vieille lour du mur de défense existe encore :
elle tombe en ruines. Quelques auteurs prétendent
que Jeanne l'avait habitée. L'Oise qui baigne Com-
piègne, une demi-lieue après avoir reçu l'Aisne dani
ses eaux, est traversée par un beau pont de trois ar-
ches elliptiques, bâti de 1730 à 1735. L'arche du
milieu a douze toises d'ouverture et les autres onze;
le pont a en total 3i0 pieds de long et 56 de large
entre les parapets, sur l'un desquels un obélisque
était placé au milieu de la longueur du pont : cet obé-
lisque, haut de 30 pieds, surmonté d'une boule de
cuivre doré, a été détruit en 1823. Un second pont de
trois arches et de 200 pieds de long sur 50 de large,
destiné à l'écoulement des eaux débordées, est à
.!)0 toises du premier. On le nomme Pont de Dé-
ctiarye ; il conduit à une chaussée d'une lieue de
longueur, haute de id pieds, large de 45, et dont le
talus, du côié de la rivière, est revêtu en pierres de
taille : c'est un des plus beaux ouvrages de ce genre.
■ — Compiègne renfermait autrefois une succursale
et trois paroisses : la paroisse Saint-Jacques et la
succursale Saim-Antoiue ont seules éië conservées
et suffisent à la population, considérablement dimi-
nuée. L'église Saint-Jacques offre une lour fort éle-
vée qui p:'raît dater de la renaissance de l'art; ella
est surmontée par une lanterne décorée d'un ordre
prec. Celle tour devait faire symétrie à une .'lUtre,
ainsi que l'indique l'arrachement du poriail, dont la
cnnstruciion n'a pas été continuée : bien qu'il existe
»ne chapelle au chàieau, Charles X allait souvent
entendre la messe dans celte église. — L'église Sajnf-
Antoine, d'une belle architecture gothique, es* ae-
conipagnée de deux luurs hexagones d'une agréable
proportion. L'intérieur est simple, mais réunit les
mêmes avantages que l'extérieur. Celle église est la
succursale de Saint-Jacques. — L'Iiôiel de ville est
un bàiimenl gothique fort ancien, comme on en peut
juger par ses tourelles et quelques sculptures nui
décorent sa façade. — Louis 11, Loui^ V, Hugues
le Grand, ei Jean, dauphin du Viennois, ont été
inbuniés dans l'église de Saint-Corneille. Le corps
d'Henri III y lui déposé jusqu'à la mort d'Henri IV.
Celte église a possédé le premier orgue qui ait paru
en France. Constantin t^opronynie l'avait cnvovc
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
4S3
avec d'autres présents à Pépin le Bref, qui le donna à
l'église de Sainl-Cornellle. Les historiens qui parlent
de cet orgue assurent qu'une femme l'eniendant lou-
clier pour la première fois, tomba daus une extase dont
elle inonrul. C'est l'abbé Suger, premier ministre du
roi Louis le Jeune, qui mil des moines bénédictins
dans l'abbaye de Saint-Corneille, à la place des cha-
noines, et qui changea la collégiale en raonasière.
Dans le x» siècle l'abbaye de Sainl-Corneille fut for-
cée de choisir des avoués ou défenseurs; elle se mit
d'abord kous Li sauvegarde des comtes de Champagne,
et ensuite sous celle des seigneurs de Roucy. Elle in-
féoda à huit particuliers différents quelques biens et des
maisons, à condition qu'ils lui rendraient certains ser-
vices : c'est ce qu'on appelait les huit fieffés de Sainl-
Corneille. A certains jours de cérémonie, ils étaient
obligés de paraître à l'abbaye avec des dalmatiques ou
liabiis bigarrés, qu'on pouvait regarder comme sa li-
vrée. On croit que le premier abbé de Sainl-Corneille
l'ut Hincmar, depuis :irclievêque de Sens. Sous Louis
le Jeune, l'abbé de celte abbaye fut Odon, que Ton
croit avoir été de la maison de Montmorency. Ses suc-
cesseurs furent pendant longtemps tirés de l'abbaye
de Saint-Denis; ensuite on les choisit entre les reli-
gieux de l'abbaye même. Il y en eut de la raaisoH
d'Eslrées et de celle de Châtillon-sur-Marne. Au
XVI* siècle, les religieux perdirent le droit d'élire
leu'S abbés; ils eurent d'abord des cardinaux pour
commendataires. En 1656, Simon Legras, évêque de
Soissons, qui avait eu l'honneur de sacrer Louis XIV
en l'absence de l'archevêque de Keims, et qui avait
été pourvu de cette abbaye, étant mort, la reine
Awie d'Autriche fil éteindre le tiire abbatial, et réu-
nit la mense à l'abbaye royale du Val-de-Grâce à
Paris. Le couvent ainsi que l'église Saint-Corneille
et Saint-Cyprien ont éié démolis dans les premières
années de la révolution : sur leur emplacement on a
percé iMie rue et élevé un magasin militaire de four-
rages. — Le couvent des Jacobins était fort ancien.
l'i y avait aussi des cordeliers, des capucins et des
minimes. Les jésuites y étaient établis dès l'an 1556
et y tenaient un collège. Leur couvent a conservé la
même destination ; il sert de collège. Leur église,
nommée Bonne-Nouvelle, vient d'êire réparée : c'est
la chapelle du collège. Le couvent des Carmélites
n'avait élé fondé qu'au xvii' siècle. L'église Saint-
Germain, élevée dans le faubourg de ce nom, avait
élé reconslruiie en 1597, dn produit des indulgences
accordées par le pape : négligée depuis la révolution,
on l'a réparée en 1827. — Il ne reste plus de vesti-
ges du cliâieau bàii par Charles le Chauve, et donné
par Louis IX, aux mnines de Saint-Dominique. Ce
prince ordonna que sur un autre emplacement on
élevât un nouveau palais dont il subsiste bien peu de
chose ; il ne resic plus des premières consiruciions
que la chapelle et la grande salle. Louis XI y .ijouia
l'appartemenl qui joint la grande salle des Suisses ;
d'auire.. princes vinrent ensuite qui achevèrent cet
ouvivge, enire autres, François l", qui fii élever la
principale porte et ses tourelles, détruites en 1695;
Le connétable de Montmorency ordonna la construc-
tion d'un appartement près de la porte à laquelle on
avait donné le nom de sa dignité. Plus tard ,
Louis XIV ût embellir les jardins, les réunit an châ-
teau, en faisant abattre le rempart qui les en sépa-
rait, et rétablit toute la partie du bâtimeni qui fait
face à la forêt. Le grand escalier, le jeu de paume
sont dus à ce prince; mais c'est particulièrement
sous Louis XV que les immenses travaux de Gabriel
lefilseï de Jacques Ange donnèrent au palais de Com-
piègne cet ensemble qu'on ne devait pas aiiendre du
défaut d'unité de son plan et de la diversité des épo-
ques auxquelles furent bâties ses différentes parties.
Gabiiel, d'un goût sévère, savait allier dans ses
compositions la grandeur et la magnificence à de
belles disposiiions, avantages qui font .souvent ou-
blier l'absence du style et de sévérité dans ses or-
donnances et le mauvais choix de ses ornements. En
lerinin.int la façade du côté de la foréi, entreprise
sous Louis XIV, il l'éiendit des deux corps de bâti-
ments latéraux, et construisit sur l'emplacement de
plusieurs maisons qu'on abultit, les deux ailes et la
colonnade qui en forment la cour d'bonneur. Il Ta
preuve d'un rare talent dans le raccordement de ces
constructions disparates, raccordement exécuté sur
ses dessins par Leleu, qui a rendu tous les apparte-
ments de plain-pied, quoiqu'ils soient au premier sur
la cour et au rez-de-chaussée sur le jardin. Le pro-
jet de Gabriel comportait, au-devant du palais, une
place vaste et régulière, enlourée d'un portique de
même caractère que le soubassement du palais, Cf
qui auriiit établi la commtinication entre l'édifice
royal ei ceux destinés à l'habitation des ministres.
Cette partie du projet, qui etlt complété d'une ma-
nière vraiment grande le palais de Compiègne, na
fut jamais entreprise. Sous le régne de Lous XIV,
on ajouta peu aux bâtiments, mais on les meubla. —
Pendant la révolution, on établit à Com|iiègne une
école des arts et métiers, formée de celle de Lian-
court. Toutes les distributions intérieures du palais
disparurent ; les somptueux appartements qui avaient
jusque-là échappé au vandalisme, turent transfor-
més en ateliers de serrurerie ou de menuiserie : eu
peu de temps ce château se trouva dans un état dé-
plorable. Rendu en 1S06 à sa destination primitive,
sa restauration fut confiée à M. lierthanlt. — La fa-
çade du côté (le la ville présente deux pavillons en
avant-corps, décores d'une ordonnance de pilastres
ioniques, élevés sur un snubassemeni, de ce côté,
régnant dans tnuies les parties de ce château, et
couronné par un fronton triangulaire. Ces pavillons
son! réunis par une double colonnade dorique, dont
l'enlablemeni est surmonté d'une balustrade. Au mi-
lieu de cette colonnade, une porte couronnée d'un
fronton circulaire donne entrée dans la cour d'hon-
neur, comprise e.;ire les ailes qui terniineiii les pa-
villoMS ; au fond de cette cour s'nicvc le principal
corps de bàtinieni. Du avant-corps, compose de
425
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
42<i
quatre coioniies ioniques, décore la façade ouverie,
ainsi f|ue les auires parties d»^ ce eôié ilu chàieau, de
deux étages de croisées : une balustrade règne sur
tome l'éiendue de cette oidonnance, qui manque de
sévérité ; l'entablement complet dans les avant-corps
est an hiieeturé dans le reste de la façade; néan-
moins l'ensemble de ce vaste édiflce présente un as-
pect magnifique, grandiose, et ^iurtuut une unité par-
faite, avantages qui répondent fort bien à sa noble
destination; et l'on ne peut méconnaître, dans cette
grande composition, la main du génie qui, combi-
nant la dispositiun du plan pour les cOfets produits
par les élévations, oblint ces heureux résultais. Cette
cour a 54 toises de profondeur sur "25 1;2 de lar-
geur. — Au fond de cette cour est un immense et
Bientôt il désira d'habiter Uome ; il lui fut permis
de s'y rendre. — Le 27 mars 1810, à 9 heures du
soir, arriva dans le château de Conipiègne Marie-
Louise, archiduchesse d'Autriche, venue en France
pour épouser Napoléon. Ce fut là que les deux fu-
turs époux se virent pour la première fois. — L'hô-
tel de la sous-préfecture provient partie des proprié-
lés particulières, et partie de l'ancienne église des
Minimes. — L'hôtel du tribunal de commerce, bàii
sous Louis XIII, a coûté 10,000 fr. environ. L'hô-
pital a 40 lits. Les prisons sont à côté de l'hôtel de
ville. Les casernes, qui se composent de plubieurs
bâtiments peu élevés, mais étendus, servent à la ca-
valerie. Celte ville, comme sous Louis XIV, a vu,
sous la Restauration et sous le roi Louis-Philippe
supeibe vestibule, décoré d'une colonnade dorique de la maison d'Orléans, des camps militaires noui-
d'une belle exécution, et recevant les retombées des breux et trés-brillants, connus sous le nom de camps
ans surbaissés qui forment la voûte. Ce vestibule de Compiègne.
ouvre accès au grand escalier qui est à double
rampe. Au premier étage, la salle qui répète le ves-
tibule, et qui est décorée de pilastres doriques et de
trophées, conduit d'un côté à une chapelle fort pe-
tite et à la grande galerie, et de l'auire côié à la salle
des gardes, par laquelle on entre dans les apparte-
ments du roi. — Les appartements du château, par
le séjour de l'Ecole des arts et métiers, devinrent,
après la translation de cette même école à Châlons,
l'objet de réparations considérables. M. Berthault,
chafjjé de la direction de cette entreprise, non-seu-
lement rétablit cette habitation royale dans son an-
cienne somptuosité, mais encore y ajouta un lustre
qu'elle n'avait jamais eu. — De la terrasse on des-
cend par une pente douce et par plusieurs esca-
liers au jardin qui s'étend dans la plaine. Ce vaste
jardin, clos de murs et de fossés, communique avec
les avenues de la forêt par des ponts tournants ; on
y remarque un berceau d'une longueur considéra-
ble : cette cage de fer ne mérite pas les éloges qu'on
lui donne. — Une machine â vapeur, consiruiie
en 1810 par M. Berthault, lournit les eaux de l'Oise
au palais. Ce n'était qu'une construction provisoire,
en attendant qu'on put mettre à exécution le projet
conçu par le même architecte, et agréé en 1810,
d'amener â Compiègne, par des conduits souterrains,
les eaux des étangs de Pierrefont. Ces travaux, qui
devaient coûter 1,000,000, auraient fourni aux jar-
dins du palais des jets de 100 pieds de hauteur et
d'abondantes eaux à douze fontaines de la ville. —
Ce fut dans le château de Compiègne que Napoléon,
au mois de mai 18o8, relégua Charles IV, roi d'Es-
pagne, son épouse, leur favori Godoy et leur suite.
Après quehiues mois de séjour dans ce château, le
roi détrôné écrivit à Napoléon, se loua du lieu de sa
résidence, de ses alentours et des officiers qui le
servaient ; mais il lui lit observer que son grand
âge et ses inhrmiiés ne lui permettaient pas de pas-
ser l'hiver dans un climat auquel il u'éiail pas ac-
coutumé;-» pria l'empereur des Français de le faire
iransférer à .Marseille : Napoléon l'y ht coud arc.
Dictionnaire de Géographie eccl. II.
Les sœurs de la doctrine chrétienne sont chargées
de l'éducation des jeunes filles.
Sont nés à Compiègne : Pierre d'Ailly, chancelier
de l'universiié de Paris, confesseur et aumônier de
Charles VI, qui le nomma évêque, ensuite cardinal
et légat du pape, auteur d'un traité de la Réforme
de l'Eglise, né en 1350, mort à Avignon en 1419.
Jean Fillion de Venetie, légendaire du xiv^ siècle.
Il fut carme de la place Maubert à Paris, et composa
un poëuie de 40,000 vers, intilulé : Homan des trois
Maries. Ce poème a été imprimé eu 1473. Les deux
frères Grcban, Arnoul et Simon, au xv^ siècle. Le
premier fut chanoine du Mans, le second docteur en
théologie et secrétaire du roi Charles Vil. Ils com-
posèrent ensemble, vers lioO, Le Mystère des Actes
des Apôtres à personnages, dont il y a deux éditions,
et plusieurs autres pièces pour le théâtre. — Doni
Pierre Coustant, religieux bénédictin de la congré-
gation de Saini-Maur, né en 1651. M est connu dans
le monde littéraire par de bons et solides ouvrages.
— Jacjues de Billy, matliématicien, mort jésuite à
Dijon en 1079; il a donné divers ouvrages de mathé-
matiques et d'asironomie. — Marc-Antoine ller^an,
professeur fameux du collège Duplessis et du collège
royal de France, (ôndaieur du collège de Compiègne,
bienfaiteur des pauvres. Mort dans sa ville natale
en 1724, âgé de 72 ans.
I Compiègne (forêt de), départ, de l'Oise, arrond.
et canton de Compiègne, près de la porte de cette
ville. Cette forèl s'étend jusqu'à Estrèes-Saint-Denis
et Attichy; elle a d'étendue de l'est à l'ouest, I9,072m.
(9,800 toises), el du nord au sud 14,598 (9,800 toi-
ses) ; elle contient environ 29,000 arpents. On l'ap-
pelait autrefois la forêt de Cuise, en latin silva Coiia,
ou Costa, ou Ciiisia; car ce nom varie beaucoup dans
les auteurs et dans les chartes. Elle dépendait du
château de Cuise, où était le siège de la juridiciion,
qui s'étendait sur toute la forèl, dont il ne reste
aujourd'hui qu'une partie. On connaît le goût décidé
des premiers rois franks pour la chasse : ils en pré-
féraient l'exercice à toute autre espèce de divertis-e-
14
i27
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
meni. Parmi les forêis du royaume, celle de Cuise
leur parui toujours la plus comnio.îe et la plus .igréa-
ble à parcourir. Ces rois exécutaient leurs parties de
chasse avec une pompe et un appareil extraordinaires.
Ils étalaient aux yeux du peuple tout l'éclat du pou-
voir, el portaient leur niagniQcence dans le fond
des forêts. Ils célébraient ces chasses avec le céré-
monial qui accompagnait les tournois sous les suc-
ce seurs de Hugues Capet. Deux s:>isons de l'année
étaient surtout consacrées aux chasses d'appareil .• le
printemps el l'.mlomne. Les rois passaient presque
toujours ces deu\ saisons dans leurs paliis de la fo-
ret de Cuise : à Veri erie, au Cipesni', à Choisy-en-
Laigne, à Quierzi el à Venelle, doni le nom désigne
une maison de citasse. Alcuin donne une description
de ces chasses s^énérales. L'auteur rcpréstnle le
souverain, cnviroimé d'une cour brillante, composée
de l'élite des seigneurs Irançiis, des comtes, des
chefs delà manisirature, si l'on veut appliquer oei;e
expression aux jii^es de celle époque; la reine et les
dames, ses suivantes, assistaient à ces parties de
plaisir, moulées sur des clcvaux richement capara-
çonnés, qu'elles maniaient avec une grande adresse.
Ces chasses solei.nelles comniençaienl et finissaient
avec le jour. Les rois liraient un double avantage de
ces chasses générales; car, indépendamment du plai-
sir qu'ds y trouvaient, ils en avaient aussi du profit.
Après qu'on avait distribué aux officiers de chasse
el aux seigneurs de lour uite des présents en gibier,
le reste se vendait au profil du prince. — Les pâtu-
rages de la forêt s'affermaient, ou bien les officiers
du roi y plaçaient des troupeaux qu'on engraissait
ou qu'on vendait au profit du prince. Dans la foret
de Cuise il se trouvait un giand nombre d'étangs et
de viviers, dont le produit surpassait beaucoup celui
de la chasse et des pâturages; on en vendait le
poisson pour le compte du prince. Près. pie tous ces
étangs sont aujourd'hui comblés. — La [orêi de Cuise,
ou plutôt de Compiègne, puisqu'elle porte aujour-
d'hui ce nom, n'avait, avant le régne de François 1",
d'autre route percée en ligne droite que la chaussée
Brunehaut. Cetie chaussée était une partie de la voie
militaire des Romains, commencée par Agrippa sous
le régne d'Auguste, et terminée au temps de Cara-
calla, connue en langue romance sous l'ancien nom
de chemin des ly Estrées. Ce n'est que dans le xiii*
siècle qu'elle a pris son nom actuel des rêveries d'un
certain poêle, nommé Renclery, qui en attribua la
construction aux enchantements de certain roi de
Hainau'., nommé Brnnehaui el contemporain de Sa-
lomon. Celte voie fut décorée de colonnes milliaires
par Caracalla, ainsi ;|ue le prouve l'insci iption d'une
de ces colonnes trouvées à Vic-sur-Aisne en 1712.
La structure de la chaussée de Brunehaut n'est point
uniforme : tantôt ce n'est qu'un ainas de pierrailles
recouvert de sable, tantôt un massif de maçonnerie
en moellon hourdé de mortier de chaux. Ici il est
tombé, la il ne déborde pas sur la surface du terrain,
3t ressemble aux fondements d'un grand édifice.
-428
François \" fit percer la forêt de Compiègne de huit
grandes routes; Louis XIV y ajouta Tjl petites laies,
et enfin Louis XV y Ut ouvrir 229 roules, ce qui
étend à 275 lieues le chemin qu'on peut parcourir
dans celte forêt. Les immenses bois de Compiègne,
tels qu'ils sont maintenant, ne sont eux-mêmes qu'un
déltris de la vaste forêt de Cuise.
Fanum Corbolii, Corbeil, ville de l'ancien diocèse
de Paris, archidiaconé de Josas pour la ville, et ar-
chidiaconé de Brie pour les faubourgs, actuellement
du diocèse de Versailles, chef-lieu d'arrond. du dépt.
de Seine-et-Oise, avec sous-préfecture et tribunal de
première instance, à ô6kil. sud-est de Versailles, et
28 sud de Paris. De cette dernière ville on s'y rend
par le chemin de fer d'Orlénns. Des bateaux à vapeur
font également le service sur la Seine. — L'étymolo-
gie de son nom a beaucoup exercé les écrivains du
xvije siècle. Il ne faut pas cependant attendre de leurs
recherches des choses plus merveilleuses que ce qui
a été dit sur l'origine granmi:Uicale de villes bien
plus considérables. Sa ressemiilance avec Coriilo,
ville gauloise sur la Loire, et avec Coriinus et Cor-
bido, anciens Romains, a fait imaginer aux uns qu'il
pouvait bien dériver de quelqu'une de ces sources.
Le vol des coibeaux qui [urcnt aborder dans ces
parages a donné lieu de croire à d'autres que son
origine devait se tirer du génitif latin et pluriel de
ces oiseaux, a volaiu corvorum, d'où corvolium, puis
corbolium ou corboilum. Quelqui'S-uiis se sont con-
tentés de dire que la seule inspection de son ancien
plan suffisait pour y reconnaître la forme d'une for-
beille, et que c'est là tout simplement l'étymologie
de sa dénomination. Sans s'attacher à réfuter ces di-
verses étyrnologies, voici ce qui parait constant sur
la véritable origine de ce lieu. Au commencement du
ix« siéde, Corbeil n'existait pas, ou n'était que le
nom d'un territoire ou de la réunion de quelques ca-
banes de pêcheurs nu de bateliers. En l'an 863, Char-
les le Chauveconfirma un échange fait entre les moines
deSainirGermaind'AuxerreetlecomteConrad ; parmi
les biens échangés est un mansouferraesitué aux Cor-
beilles, iii Coibeliis.Ces mots, quoiqu'ils s'appliquent à
la localité de Corbeil, n'indiquentcependantniviile, ni
bourg, ni château. Dans la même année les incur-
sions des Normands obligèrent ceux qui possédaient
les reliques de saint Exnpère et de saint Loup de
les transporter dans le voisinage de Corbeil et de les
mettre en sûreté, non dans ce lieu, qui n'avait point
de forteresse, mais dans un château appelé Paluau,
proche la jonction des rivières d'Elampes el de Jui-
nes, à 2 ou 3 lieues du bourg d'Essonne. Ces reliques
conservées coitribuèrent dans la suite à l'illuslration
de Corbeil, qui reçut en moins d'un siècle une cr .-
sistance qu'il n'avait jamais eue. Sa situation sur la
route que suivaient les Normands dévastateurs y fit
établir un château, et même un comte pour le dé-
feiidi e. Ce comte, nommé Haymon, fonda près du châ-
teau l'église collégiale de saint Eiupére, premier évo-
que de Bayeux, depuis nommé saini Spire. Le niarly-
m
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
■430
rologe ile Paris, écril vers le milieu du xiii' siècle, dit
de cet évèque, au 2 aoûn : Ckjus corpus persecuiione
Daiiorum a Redonis civilate fugatum. Ce même Hay-
niiin Ht aussi élever une auire cullégiale du nom de
Sainl-Guenaul.abbé en Bretagne, et mourut à Rome,
où il élail allé faire un pèlerinage. Le second comte
de Corbeil que l'on connaisse est Bourcliard, qui fut
célèbre par sa dévuiion et par ses dons aux églises
et aux nioiiasières. 11 avait été élevé à la cour de
Hugues Capei. Ce prince lui fil épouser Elisabeth,
veuve d'Ilaymon, et lui donna les comtés de Corbeil,
de Melun et de Paris à gouverner. Ce coniie mourut
vers l'an 1012, et Odon, moine de l'abbaye de Saini-
Pierre-dcs-Fossés, en reconnaissance des grands
biens qu'il avait donnés à son ccuvenl, écrivit son
éloge en prose et en vers environ iO à 50 ans après
son décès. 11 y déiaille ses exploits militaires contre
Eudes, comte de Cb.uires, qui avait voulu lui ravir
la ville de Melun, et contre Rainard, comte deScns,
qui pers-éciilait le clergé de sa ville. Rourchard lui
toujours très-considéré par lu roi Roberi. Sur la (in
de ses jours il prii l'Iiabit religieux à Saint-Piene-
des-Fossés, et il y faisait quelquefois les fonctions
d'acolyic. Une charte de ce comte, donnée en faveur
de celle abbaye, finit ainsi : Actum puhlici in curia
nosira Corboïti nn»o incarnalionis Dominicce m. vi, ce
qui démontrerait que les comtes de Corbeil y avaient
dès lors un palais. Déjà le cliâteau ef la colléidale
de Saint-Spire donnaient de l'importance à ce 1 eu;
déjà l'on y distinguait deux parties, le vieux et le
nouveau Corbeil, lorsqu'on 1019 le bourg et le châ-
teau furent détruits par les flammes. On ignore la
cause de ce désastre. 11 paraît que l'église collégiale
de Saint-Spire fut épargnée ou proniptement répa-
rée; mais ses chanoines ne purent échapper à la
méchanceté d'un iJe ses abbés, nommé Jean ; il exer-
çait sur eux une tyrannie excessive, n'avait ni cha-
rité ni crainte de Dieu, établissait des coutumes in-
justes et envahissait les droits des chanoines. On voit
dans une charte que le roi Henri l"' protégea les
chanoines opprimés contre la tyrannie léodale de
leur abbé. Passant sous silence la conduite des abbés
de Saint-Spire, reprenons la suite des comtes de
Coibeil. Le troisième comte s'appelait Manger. On
prétend qu'il était ûls de Richard 1'^'', duc de Nor-
mandie et de Gonor. Guillaume Manger, hls du pré-
cédent, et quatrième comte de Coibeil, se fil, sur la
fin de ses jours, moine dans l'abbaye de Saint-Pierre-
des Fossés, et y mourut au commencement du règne
de Philippe 1", vers l'an 1060. Le cinquième comle
de Corbeil se nommait Rainaud. il parait à la suite
de la cour du roi Philippe I^r dans l'acte de la dédi-
cace de l'église Saiut-Martin-des-Champs, qui eut
lieu en 1067; il y est ainsi désigné : liaimldus couies
CurbuUensis. Le sixième comte de Corbeil fui Bour-
cliard Il du nom. Il fit la guerre au roi Philippe 1",
et eul la folle prétention de le détrôner. Suger, abbé
de Saint-Denis, qualifie ce comle de superbUsime
comte, € homme séditieux, bouffi d'un orgueil ridi-
cule. Ce comte audacieux osoit aspirer au trône. Un
jour qu'il prit les armes contre le roi, il refusa de
recevoir ton épée de la main de celui qui la lui pré-
st-ntoit, et s'adressani à son épouse, il lui dit : ISoble
comtesse , donnez avec joie cette magnifique épée au
noble comle qui ta reçoit de vous comme comte, et qtti
vous la rendra en ce même jour comme roi. » Le témé-
raire comte avait mal calculé : il fui tué. Eudes ou
Odon, fils du précédent et septième comle de Cor-
beil, pilla en 1 Ml le monastère de Sainte Jlarie, nou-
vellement consiruii et situé prés de ceiie ville. Com-
me le monastère appartenait à l'abbaye de Saint-
Denis, ce comte fui excommunié; il se fit absoudre
bientôt après, en restituant ce qu'il y avail enlevé
et en renonçant aux coutumes qu'il ava l établies.
L'abbé Suger, dans sa vie de Louis le Gros, dit que
ce comle de Corbeil n'était pas im homme, mais une
brute : Hominem non hominem, quia non rationaleni
sed pecoralem. Il mourut en lUC. Philippe, fils na-
turel de Berlrade, comtesse d'Anjou, el du roi Phi-
lippe l"'^, comle de Menlan, fut créé comte de Cor-
beil; mais il en fut dépouillé dans la suite par son
frère le r :i Louis le Gros. Ce dernier, pour se mettre
en garde contre les nobles, ses ennemis. Ut fortifier
plusieurs lieux des environs de Paris, et mil Corbeil
sous sa puissance. Celte ville rentra alors dans le
domaine du roi, cessa d'être chef-lieu d'un comté et
devint le siège d'une cbâlelleiiie et d'une prévôté. —
Au mois de novembre 1119, le pape Calixle II, ac-
compagné du roi Louis le Gros et de la reine Adé-
laïde, vint séjourner à Corbeil. Louis IX et Philippe
le Hardi, dans la suite, oui logé quelquefois dans
cette ville, ce qui fait présumer qu'elle était assez
importante. Vers l'an 1120, Abeilard , forcé par les
intrigues et les persécutions de ses ennemi» de fuit
Melun, se retira, avec tes nombreux écoliers, à Cor-
beil et y établit son écide; mais peu de temps après
son établissement dans celte ville, fatigué par son
application à l'étude et par les très-fréquenis assauts
i|u'il soutenait dans les disputes littéraires ou théo-
logiques, il tomba malade et se rendit dans son pays
natal. — Malgré les guerres continuelles de cette
époque, Corbeil s'accrut de quelques chapelles, d'é-
glises paroissiales, de monastères. La collégiale que
le comte Hayuion fit bâtir au k' siècle sous le litre
des douze apôlres et des saints Exunère et Loup,
évêques, dont les corps y lurent placés, n'est pas la
même que l'on voit aujourd'hui ; elle fut brûlée vers
l'an 1140 : on mit à la reconstruire l'espace de plus
d'un siècle, et en 1457 seulement la dédicace en
fut faite par Jean Légnisé, évèque de Troyes. L'édi-
lice qui subsiste de nos jours porte des marques de
dilïérenls siècles el il n'a rien que d'assez simple ;
on le trouve un peu écrasé selon la mode du temps.
Les reliques sont ce qu'il y a de plus remarquable
dans cette église. Comme la châsse de saint Spire
avait été endommagée dans le temps des guerres,
on travailla à la réparer. « Elle éluit, dit l'abbé
Châtelain, de veiiuell à la gothique, grande el ma-
451 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
gnifique. » Smis François i'', il régnait de grands
désordres parmi les ciiannines de celle cr!liégi:ile.
Un arrêi du parleiiient poria la réforme parmi eux.
Saini-Giiénaiit, antre église collégiale, était siiuée
dans reiici'inle du cliâlean; on ignore son origine,
mais on a la ceriiiude (in'elle existait en 1123. —
Saint-Jean, appe é anssi S lint-Jean-de-l'Ennitnge,
ou l>' l'i'tii-Sainl-Jeaii, iionr le distinguer de Saint-
Jean-en-l'lle, élait un prieuré londé a» xi'^ siècle par
N'ar.ierus ou Naniier, vicomte de Corbeil ; on y ré-
véra i li'S reliques de saint Quirin, compagnon de
sa iil Ni( aise, martyr du Vexin , et de sainte Pience.
432
loges anciens, dans lesquels au 5 aoilt on lit: Cor-
boilo sancti Yonii ninriyris; le livre des proses de l'é-
glise, où dans celle de saint Yon se trouvent ces li-
gnes : Ipsius ob marlyrium lœtare, plebs Casirensis.
Quod taiiii sanctuarium servas, gaude, Corbolium, et
d'antres semblables monnments. La consiruction de
celte église remontait au commencement du xiii»
siècle; elle élait d'ujie struciure fort massive, avec
une aile de chaque côté et des paieries, le tout bâti
à l'époque où le gothique commençait à se montrer
par les arcades en poinie. La tour était plus délica-
tement travaillés dans les parties extérieures et éie-
Le prieur de ce lien jouissait autrefois d'un droit vées; au portail se voyaient de chaque côté trois
fort singulier : le cuté de Sainl-Pori, nu diocèse de
Sens, devait lui fournir, le jour de saint Jean-Bap-
lisie, trois cliapeaux de roses vermeilles et trois
paires de gants rouges, et était tenu de les apporter
au prieur pendant son dîner, sous peine di; 5 sous
d'amende : celte redevance élait élahlie à cause d'une
terre située à Saini-Pori, nommée la Terre des Cha-
peaux.— L'église Notre-Dafue, dont on ignore le
fondateur, a paru à quelques-uns la pins ancienne
des églises de Corbeil, à cause des ligures qui or-
naient son portail. CependaiU on ne trouve aucune
preuve de son existence avant le milieu du règne de
Philippe l". Le premier acte qui en fait mention
csi de 1093. Comme à Saint-Spire, cette église était
desservie par un chapitre composé de douze cha-
noines et présidé par un abbé. Ce chapitre croyait
posi-éder dans son église le corps de saint Yon ; l'é-
glise du village de Saint-Yon croyait posséder le
nième corps. Foulques de Chanac, évê pie de Paris,
faisant la visiie de sou diocèse, avait appris que l'on
montrait dans l'église du village de Saint-Yon une
chasse où l'on prétendait conserver le corps de ce
saiui niariyr, et que l'on avait les mêmes préten-
tions à C' rhell dans l'église de Notre-Dame. Pour
s'assurer de la vér té, il se transporta à Sainl-Yon
le mercredi des Rogations 1543, et ayant ouvert la
châsse qui, suivant l'opinion générale, conlenait le
corps entier du saint, il n'y trouva qu'une partie des
reliques qu'on disait apparieiiir à saint Yon el quel-
ques ossements de plusieurs saints et saintes. Le
vendredi suivant, l'évéqu' , étant venu à Coibeil ,
fit descendre de dessus le grand auiel de Notre-
Dame une châsse très-grande et très-ancienne, cou-
verte de plaques de cuivre, où d'un côié éiait figuré
saint Yon avec le bourreau qui lui coupait la lêie;
«u bas ou lisait ces mois ;
Beali Yonii marlyris.
Ayant ouvert une peiite porte qui s'y trouvait, il en
lira une grande (p^aniité d'ossements entiers, d'antres
en fragments, et un crâne entier qui ne paraissait
pas si ancien que les autres ossements, parmi les-
quels parut une cédule en lettres très-anciennes,
portant ces mois :
Hic requiescunC ossa bealoruin mariyruiit Yonii et
Cancii.
Les chanoines lui produisirent plusieurs mnriyio-
slatues longues et étroites, dont celle du milieu re-
présentait une reine. Il y a environ vingt ans, on
vendit celte église avec la condiiion expresse de la
démolir. Les acquéreurs ont employé les matériaux
à la construction de deux maisons, et sur une partie
de son emplacement ont fait percer une rue qui des-
cend sur le bord de l'eau. — L'église Saint-Nicolas,
paroissiale de Corbeil et succuisale d'Essone au
XVI» siècle, ayant é*i abattue parce qu'elle nuisait
à la défense de la ville pendant la guerre de la Ligue,
les habitants obtinrent, en lUfll, que l'église Notre-
Dame, où ils n'avaient qu'un autd, leur servirait de
paroisse, les chanoines réunis préalablemeni à ceux
de Saint-Spire; et Tristan Canu, curé de Corbeil,
fut mis en possession de dite église quelque temps
après. Un des plus illustres curés qu'ait eu cette
église depuis cet événement, a été Joseph Adine,
dont on lisait l'épitaidie sur un marbre blanc, proche
le jubé, en entrant au chœur; elle était ainsi conçue:
Hic requiescit
Deo, pro.ximo, non sibi nalus ,
Josephus Adine, Aulissiodorensis ,
Hujusce urbis Corbolii dignissimus pastor,
Quem ad aras Onuiipolenlis
Incessu gravi, angetico vultu ,
Umnium in se oculos habenlem
Vidimus.
Quem in siibUmi leges docenlein divinas ,
Jusiorum virtntes injlamnuiniem ,
Pœnilenûum animas erigentem,
Peccanlium corda profligantem
Audivimus.
Quem in secrcio lerum aniniarum medieum
Yerbo, lacrymis, exempta
Vidimus, audivimus, habuimus.
In quibus omnibus immoranlem
Corbolium videbal, mors rapuil, cœlum voluit.
jElerniim pielalia sure monumentum
Greyi reliquit sua.
Solemni'i sancli Joseph omni celebrandu (evo ;
Oret pio grcge in caiis ,
Quem in lerris palcrno fovehnt nffeclu ;
Eique requiem qua jam fruitur oblineat œiernam.
Obiil die décima ocluva aprilis
Anno Domini 1C84, mtalis .sii(bS2.
L'é^^lise Sainl-Jeanenl'lle doit ce surnom à O
«5 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MO\EN AGE.
iôi
siiuation dans une île formée par deux bras de la
Juine, qui s'ccarient avanide se jeier dans la Seine;
elle éiait desservie par douze prêtres prot'e>sant la
règle de saini Augustin, selon l'ordre des chevaliers
de Saint-Jean de Jérusalem. Une princesse danoise ,
épouse du roi Pliilippe-Augusle, Isburge ou Isem-
burge , fui la fondatrice de celle coniniunaulé, à la-
quelle elle assigna pour sa nourriture 50 mnids de
grain à prendre sur le minage des grains qui se
vcnd.iient au marché de Corlieil. Celte princesse
malheureuse, entrée dans la couche nuptiale, fut ré-
pudiée et reléguée à Etampt-s, où elle expia, pen-
dant de longues années, dans l'exil et les prisons, et
par la privation des choses les plus nécessaires à la
vie, le crime d'avoir déplu à son royal époux. Cor-
beil et ses dépendances furent donnés à celte prin-
cesse à litre de douaire ; elle s'y retira après la mort
du roi , et y fond.i cette église et cette communauté,
qui devint coinmunderie et le sié°e du grand tré-
sorier de l'ordre de Malte. Le tombeau de la fonda-
trice, placé d'abnrd dans le cliœur de l'église, fut
transporté au f: nd de la croisée méridionale. On y
voyait sur une table de cuivre , la figure de celle
princesse, ( rnée des attributs de la royauté, et on y
lisait cette inscription :
Hicjacet hburgis regnm generosa propayo ;
Regia quod régis [uit nxor signât imago.
Flore iiilcns uiorum vixil, paire rege Danorum
Iiiclyta Francorum reyis iidepla torttm.
Nobilis liujus eral, quod ii orbis sanguine claro
Iiivenies raro, mens pia, casla cnro.
\nnus millenus aderal deciesque viceuus ,
Ter duo lerque dccem, cum subit ipsa necern.
Felicis duc: vilœ subduclu caducœ...
Hugo de riagiliaco me fecit.
Celle épilaphe, en mauvais latin, n'apprend rien, si
ce n'est rju'lsemliurge inouriii en 1-2Û6 , le 14 jan-
vier, jour de la fête de saint Félix. Le monument a
élé recueilli par M. Lenoir, qui l'avait fait placer au
musée des monuments, ne des Pclits-Augustins.
Dans le sanctuaire était la tribune où se plaçait cette
reine lorsqu'elle assistait à l'oKice. On y montrait
un petit chariot de fer monté sur quatre roues ,
qu'on traînait dans l'église, pour la réchauiïer en
hiver. Au midi était un vaste bâtiment nommé le
Palais de la Heine, où se voyait la chambre d'Isem-
burge et même son lit en écarlaie. Les lecteurs qui
voudront avoir une idée du goût des orateurs
de ce temps , en aurnnt une bien juste , quand
ils sauront que l'évcque de Tourn;iy disait de
celle reine : i Elle égala Sara en prudence, Rébecca
en sngessc, Rachel en grâce , Anne en dévotion, Hé-
lène en beauté et Polixène en majesté. » — Ce lut
dans le palais d'Isembuige que le grand niaîlre de
Malte, Villiers de l'Ile-Adam, lint un chapitre de son
ordre. L'église, la commanderie , le palais , tout a
disparu ou changé de face pendant la révolution ;
une poudrerie les a remplacés. Le tombeau de l'é-
pouse de Philipoe-Augusie n'a pas été conservé; il
parait que le métal dont il était couvert a tenté la
cupidité et causé sa destrucii>n. — Lacbipelle royale
ne subsiste plus depuis longtemps ; ce fut Louis IX
qui rav;iii faii rebâtir entre la lourde l'angle septen-
trional, dite la tour de Corbulo, et la maison du
prieuré de SaintGuenaut. Au bout de la salle de
celle maison , il fit bâtir en 1238 une chapelle à deus
étages. La chapelle de dessous était en l'honneur de
saint Jean-Baptiste ; celle de dessus en l'Iionueur de
la sainte Vierge, avec un autel de saint François à
droite, et un de saint Pierre, martvr, à gauche; et
pour y célébrer l'office diviu, il y fonda trois cha-
noines réguliers , du con>entement de l'abbé de
Saini-Victor , et les joignit aux quatre auires fondés
à Saint'Guénaui par le comte Haymon , oi donnant
que l'un des trois célébrerait cha(|ue jour dans la
chapelle basse, et les <leux autres dans celle de dessus.
Tous ces liuux ont changé Je face il y a plusieurs
siècles, et il ne paraît plus qu'il y ait eu de chapelle.
— La maison religieuse des Hécollets était au fau-
bourg septentrional de Corbeil. Elle s'est translormée
en liabitaiiou pariiculière. Ce fut en 16'7 que les of-
ficiers de celle ville présentèi-ent requête à l'arche-
vêque de P;iris pour leur permettre de recevoir ces
religieux. Cette permission leur fut accordée le 10
mai de la même année. Leur église ne fut aclievée
qu'en 1G80, et consacrée qu'en 1751 par le P. Louis
Lebel, é\éque de Bethléem , qui était de leur ordre.
Elle était sous l'invocatiiin de sainte Gejieviève. Ce
cotiveni fut supprimé en !790. — Les sœurs de la
congiégaiion de Notre-Dinie , de l'institut de D.
Pierre Fourrier de Matti! court, furent appelées à
Corbeil en lL'4-2, pour l'édcicaiion gratuite des lilles
de la ville. La cérémonie de leur prise de pos^e-sion
se fit en 1643, le jour de saint Laurent. Indépen-
damment de cette congrégation , il en existait une
autre sous le nom de filles de la congrégation de
Saiiit-Vincent de Paul , pour le service de l'ilôlel-
D;eu de Corbeil. On croit cet Hôtel-Dieu si ancien
que la reine Adèle de Champagne, veuve de Louis VII,
n'en fut que la restauratrice et la bienfaitrice. Jac-
ques Bourgdin est aussi du nombre de ses bien-
faiteurs. C'est encore à ce particulier que Corbeil
doit l'établissement d'un collège pour l'éducation de
la jeunesse. Le contrat d ; l.i fondation de cette mai-
son esl de 1657. Avant la révolution , les revenus
de l'Ilôtel-Dieu n'étaient pus considérables. Il y avait
quatorze lits , moitié pour hommes, moitié pour
femmes. La léproserie de Corbeil étuit du litre de
Saint-Lazare ; on croil qu'elle fut établie par Eudes
de Sully, évêiue de Paris en 1201, pour les femmes,
tant du voisinaie de celte ville que pour celles du
voisinage de Meliin. Le prieur de Nolre-Dame-des-
Chainps disputa, en 1257, à cette maison, le droit ilu
forage du vin le jour de la foiie SaintMichel; mais
le parlement l'adjugea à la léproserie. La même mai-
son avait aussi le droit d'envoyer prendre chaque
jour dans le bois des templiers , appelé Rogeltas ,
une clnrreiée de bois à un cheval ; ce qui fut aussi
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
confirmé par le parlemeni en 1260. En 1552, cUe
avait à prendre sur le revenu du roi , à Corbeil , la
somme de 60 liv. En 1546, il y eut procès au par-
lement relnlivement à celui à qui il appartenait de
conférer cette léproserie. Il parait que ce droit fut
attribué .ui roi, car on trouve que lorsque Louis
d'AIbi ic cessa d'en jouir, elle fut conférée à Jacques
d'Alliiac p.ir lettres de Louis XII, le ô novembre 1513.
Il eut pour successeur Philippe Chesneau le 8 sep-
tembre 1516. On y voyait encore des lépreux en 15i8,
suivant un arrêt du parlement, qui ordonne d"y en
enfermer un ; mais en 1631, celte maison était deve-
nue un ermitage. Comme elle venait d'être réparée,
l'archevêque de Paris y établit quelques ermites. On
ne lui donna plus h; nom de nialadrerie de Saint-
Lazare de Corbeil ; on l'appela le Mont-Saint-Michel.
— Plusieurs reines eurent leur douaire assigné sur
Corbeil et habitèrent cette ville. La première fut
Adèle de Champagne , épouse de Louis Vil ; elle
y résida quelquefois depuis la mort de ce prince ; la
seconde fut Isemburge, épouse de Philippe-.Auguste.
Elle s'éiait retiréeàCorbeil après la mort du roi, arri-
vée en 1223; la troisième fut Blanche de Castille,
qui resta veuve de Louis VIII dès Tan 1226, et vécut
jusqu'en i2'.0:elley était m 1248, lorsque Louis IX,
avant de partir pour la terre sainte la même an-
née, l'éiablit régente du royaume par lettres datées
de l'IIôpiiaUlez-Corheil, c'est-à-dire Saini-Jean-en-
rUe. La quatrième fut Marguerite de Provence, veu-
ve de FjO'iis IX; la cinquième fut Clémence de Hon-
grit", veuve de Louis le lluiin, depuis l'an 1316.
Quoiqu'il ne reste presque point de vestiges de l'an-
cienne h:ib talion de nos rois à Corbeil, comme à
Saint-Germain-en-Laye, il n'en a pas moins eu
pendant [ilusieurs siècles l'avantage qu'ont partagé
depuis Foniainebleau , Compiègne et Versailles.
Liiuis le Gros prit possession du cliàteaudes c. miles
de Corbeil api es en avoir soumis et cliâlié le dernier
propriél:iire. Louis Vil y résidait eu 1143, et saint
Bernard vint l'y trouver et lui parler de l'incendie
de Vilry en Champagne. L'année précédente , il y
avait conliriné une donation faite aux religieux de
Saint-Manr-les-Fossés. Louis IX, non content de
faire ses dévotions tantôt à Saint-Jean-en-l"lle, où il
logea en 1244 et 1248, tantôt à Sainl-Jean-del'Her-
mitage dans Corbeil, plus souvent à Saini-Guénaut,
qui était à sa porte, fit bâtir en 1258 une chapelle à
deux étages, dont on a déjà fait mention. Selon
Joinvillo, la cour était alors composée de plus de
300 chevaliers. Vers 12<>2, Jacques I", roi d'Aragnii,
vint régler quelques diflérends avec le roi, et le ma-
riagede sa lille avec Philippe le Hardi. Philippe le
Bel tenait sa cour à Corbeil en 1290 ; ce même roi y
était encore en 1303. Philippe le Long faisait sa ré-
sidence la plus ordinaire à Corbeil; il s'y maria en
janvier 130oavec Jeanne, fille d'Olhon IV, comte de
Bourgogne. .\ii mois d'avril 132J, Charles le liel si-
gna à Corbeil une alliance avec Robert, roi d'Ecosse.
Louis XI et Louis XII séjournèrent aussi au même
.i36
château ; le premier n'y passa que deux jours après
la bataille de Montlhéryjen 146."); le second y venait
assez souvent, et c'est la que le recteur de l'univer-
sité de Paris et ses suppôts vinrent le trouver pour
recouvrer ses bonnes giàces. — Plusieurs sièges cl
combats ont désolé Corbeil. En 1357, cette ville lut
prise el pillée par un chef de guerre, appelé le Uè-
gne de Villaines, et ensuite, en 13' S, par les Anglais
et les Navarrais. En 1303, des gens d'armes fran-
çais, après avoir pris le château des Murs, voisin
de Corbeil, se jetèrent sur Corbeil cl s'y livrèrent à
des excès tels qu'auraient pu en commettre des sol-
dats ennemis. En I5G!), Robert Kanole, capitaine
anglais, se porta vers Corbeil, dont il brûla les fau-
bourgs. Sous Charles VI celle ville ne fut pas plus
heureuse. En 1415, le duc de Bourgogne forma le
projet de s'en emparer, afin d'affamer Paris; mais
un corps de troupes du parti du dauphin ou des Ar-
magnacs, commandé par Barbasan, le prévint, oc-
cupa cette ville et y mil une forte garnison. Le duc
de Bourgogne vint l'assiéger, l'atiaqua pendant un
mois sans succès el fut obligé de lever le siège. Il y
lit et causa de grandes pertes. Corbeil devint alors
un lieu de réunion, d'asile et de conférence. Le châ-
teau de celte ville, au boni du pont sur la rive gau-
che de rOisi% était vaste el bien fortifié pour le temps.
Dans sa grosse lour, fannuse par son élévation,
Charles VII fit enfermer en 1487 le fameux Georges
d'Amboise, qui n'était encoie qu'évêque de Montau-
ban. Il obtint la permission d'être transféré de la
prison de celte tour dans une des chambres du châ-
teau. Ce château devait à l'évêque de Paris un cierge
du prix de vingt sous, redevance que le roi Philippe-
Auguste reconnut en 12:12; il reconimt aussi en
même temps le droit qu'avait celévèque de se faire
porter, lors de son installation, sur les épaules de
deux chevaliers du château de Corbeil. La seigneu-
rie de cette ville fut engagée, vendue et échangée
par plusieurs rois. Louis XII la vendit le 8 juin 1513
à l'amiral Louis de Graville. François I^"' la céda,
en 1530, à Antoine Dubois, évêque de Béziers, en
éLliange d'autres terres que ce prélat lui donna pour
le rachat de sa personne. Henri II donna, eu 1550,
à François de Kervenenoy la chàteilenie de Corbeil,
rachetable de 23,000 livres. Elle fut engagée en 15 >2
à Guy Larbalesle, vicomte de Melun, seigneur de la
Borde, président en la chambre des comptes ; en 1580
la demoiselle de la Borde jouissait par engagement
du domaine de Corbeil; mais quelques années après,
celle si.ignenrie passa à Nicolas de Neuville, seigneur
de Villeroi, el resia dans sa famille au même titre
d'engagement. — Le prutestantisme s'introduisit à
Corbeil. Le prévôl de cette ville, nommé Berger,
fut un des premiers qui manifesta son penchant
pour cette religion. Lel7noveinbre 1562, les princes
de la maison de Bourbon s'étant déclarés les prolecteurs
desproteslanis, depuis longtemps persécutés, leprincs
de Coudé vint mettre le siège devant Corbeil ; mais
comme cette ville se défendit vigoureusement, les
457 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. ■{-<?
protestants levèrent le siège le 21 novembre. Ce fui église paraît être du xiii« siècle; il n'y a qu'une aile
dans ces iroiibles que les moulins à papier qui étaient collaiérale : l'œuvre et le maître-autel ont été ré-
sur la rivière de la Juine furent détruits. — Les ha- cenimenl construits et décorés. Un tableau du patron
bitants de Corbeil, forcés ou séduits, embrassèrent fait le tond et l'ornement de la contre-table. Saint-
le parti de la Ligue. Le 10 avril 1590, Henri lY se Léonard n'ost au faubourg de son nom que ce qu'est
porta avec son armée devant cette ville, qui, à dix Nutre-Dame dans la ville, une succursale. Saint-
heures du matin, lui ouvrit ses portes. Les ligueurs
sentirent bientôt la nécessité de posséder cette place ;
le 22 septembre suivant, ils se présentèrent aux
portes de Corbeil a^-ec une armée commandée par
le duc de Parme. Celui-ci croyait s'en rendre maître
dans Tespace de cini) à six jouis; mais ce ne fut que
vingt-quatrejours après le commencement tlu siège,
le 10 octobresuivani, qu'il parvint aie soumettre; pour
cela il donna un assaut général et sacrifia un grand
nombre de soldiils. La résistance des habitants de
Corbeil eut pour eux les suiies les plus funesies. Le
duc de Parme livra la ville au pillage, ei ses soldats
passèrent tout au fil de l'épée, sans distinction de
rang, de sexe et d'âge. Riganli, chargé de défendre
Corbeil, fut lue sur la place. Le 10 novembre de la
môme année, de Givry, gouverneur de la Brie, sti-
mulé par une lettre d'Henri IV, partit de Melun, et
dans l'espace d'une heure reprit cette ville par esca-
lade. rorai|uo. Espagnol, que le duc de Parme y
avait laissé, y fut tué. — Corbeil est aujourd'hui,
comme il était au xiiî siècle, divisé en deux parti^-s
par le cours de la Seine. La partie située sur la rive
droite, anciennement nommée Vieux-Corbeil , la
moindre en étendue, est considérée comme un fau-
bourg. Sur une colline qui doiiiine la ville était l'an-
cienne église paroissiale Saint-Germain, dont l'é-
glise Saint-Jacques était succursale. Ces deux égli-
ses avaient nécessairement des rapports entre elles.
S;iint-Germaiu était la plus élevée, et sa vue exté-
rieure annonçait l'anti(iuiié. L'intciieur n'en était pas
moins imposant. L'édifice paraissait être du xiii»
siècle. Le chœur était orné de galeries qu'on pDuv.iit
prc>umer être du xii"' siècle. Elle était entièrement
voftiée, accompagnée d'une aile de chaque côté,
nviis il n'y avait pas de rond-point, et elle finissait
en carré. Le devant de l'église était décoré d'un beau
vostibule ou porche voiité, soutenu de colonnes dé-
licaies. Le côté septentrional de l'église était sou-
tenu par la tour du clocher surmontée d'une haute
floche d'ardoise. La sépuliure la plus remarquable de
celle église était celle d'un chevalier représenté en
homme de guerre avec un lion à ses pieds; il avait le
visage et les mains de marbre inci usté dans la tom-
be ; son liouclier, tlépourvu d'armoiries, paraissait
désigner le xiii« siècle. 11 n'y avait aucune iiiscrip-
ilon sur celle tombe. L'église Saint-Jacques était
originairement une chapelle de tem|diers bâtie au
.\ii: siècle sous le règne de Louis IX; sa construc-
linn ressemblait assez à celle des anciens réfectoires
voûtés des grandes abbayes, et elle n'était soutenue
dans le milieu que par [mis colonnes très-délicates.
L'église qui a succédé à celle Saint-Germain est
Saint-Léonard, située au bas de la colline. Celte
Pierre du Perray, dont il dépend, est la principale
paroisse. Le prince des apôtres n'est pas le seul qui
ait été honoré sur la montagne où elle est située.
La sainte Vierge y avait une chapelle, et saint Me-
laine, évoque de Rennes, une église, l'une et l'au-
tre sur le territoire du grand ei petit Mory, et dépen-
dantes de l'abbaye d' Saint-Maur-les-Fossés. Il n'en
reste plus que des vestiges, et tout a été réuni au
Perray aprè-; les guerres (|ni av^iient tout déirnit.
L'église est un édifice presque carré et le chœur est
voûté. La structure des piliers annonce le xiii« ou le
xiv« siècle. Le lundi de Pâques, les paroissiens de
Saint-Léonard numient en procession au Perray, en
signe d'hommage et dépendance. — Au bas de la
colline, ofi se trouve l'église Saint-Léonard, un beau
poni en pierre qui remplace d'autres ponts plus an-
ciens, en pierre ou en bois, sert à communiquer de
cette partie de Corbeil à la partie située sur la rive
gauche île la Seine. Cette seconde partie, spéciale-
ment nommée la ville ou le nouveau Corbeil, est plus
étendue et plus populeuse que l'autre. Au bout du
pont, ducolé de la ville, se trouvait l'ancien château.
Dans cette partie e~t encore l'église Saint-Exupère,
ou vulgairement Sain;-Spire, aujourd'hui paroisse
de Corbeil. La dévotion y attire tous les ans, au
mois de mai, un concours considérable de peuple
pour honorer les reliques de ce martyr et implorer
son secours contre certaines maladies; c'est aussi
dans celte partie qu'étaient l'église et la maison de
Saiirt-Jeaii-en-l'Ile, dont ila été déjà fait meulion, trans-
formées depuis en poudrière, etque se trouvait l'église
Sain t-Guenaut, où l'on avait placé les prisons et la biblio-
thèque, composée de (iOOO vol. Cette bibliothèque a été
transporté'! gwai f/e ('Jns(ri(c(ion, dans la maison de
l'ancien (ollége. Co que Corbeil offre de plus remar-
quable sont les magasins à grains, construits sous le
ministère de l'ibbé Terray. Les moulins à douze
tournants dans deux cages, mus par la rivière d'Es-
sonne, à sa chute dans la Seine, appartenaient à
l'Hôtel-Dieu de Paris, et dataient de 1G65. On les a
remplacés par deu\ moulins à l'an glaise, qui ont per-
mis de ( onserver les douze meules, et de les em-
ployer au moyen de deux roues seulement. La halle
au blé de cette ville esl, sous le rapport de l'ai cliitec-
tnre, digne d'aiiontion, et c'esi, indépendamment de
toute comparaison, uu irès-bel édifice; elle fut bâtie,
en 178!», par M. Viel, architecte des hôpitaux et
hospices de la ville de Paris. Sa forme est un rectan-
gle de 1-52 pieds de long sur U do large, terminé
par deux pavillons. Elle est ouverte dans son pcur-
lour p.ar trente arcades, et sa largeur est paitagée au
rez-de-chaussée et dans toute sa longueur, en deux
nefs, pur une file de piliers. Un escalier circulaire, '
459 DlGTIONNAmE DE GKOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE,
[■lacé au milieu, conduit aux deux élagos supérieurs
Celle h;dle, qui ne sert pns à l'usnge nuquel el.'c a
été desiinéc, rsi située sur le bord de l;i Seine, au
milieu d'une place vague et Icinglemps négligée. On
l'a depuis quelque temps ornée de planiaiions qui
ajouierontà l'cflel piquant de cet intéressant monu-
nieni. — Il se fait à Corbeil un commerce considéra-
Lie de grains et surtout de farines ; un vaste 1 âti-
nient, nommé le Mayaûn, reçoit les farines destinées
à l'approvisionnement de Paris. 11 y a des fabriques
de toiles peintes, sangles, colle forte. Filatures de
colon, tanneries considérables, moulins à tan, pa-
peterie, fonderie et balterie de cuivre. — Il se lient
chaque année à Corbeil, le 5' dimanclie. après Pâ-
ques, une foirr. Le marché est le mardi et le vendredi
de chai(ue semaine. Sous Louis XV on y comptait
1905 liabilanis; aujourd'hui leur nombre s'élève à
OoOH. Parmi les savants, les doctes et les liitérateurs
que Corbeil a vu naître ou qui ont habité celle ville,
on dislingue : 1° Jean de la Barre, prévôt de Corbeil
pendant 17 ans, à qui on est redevable d'une histoire
intitulée : La Antiquités de la ville, comté cl cliâtel-
lenie de Corbeil, in-4°, 1647; 2* Jean François Beau-
pied, docteur en théologie, abbé de S;iint-Spire en
1732 ; il a écrit les Vies et miracles de saint Spire et
de saint Leu, évoques de Bayeu.r, in- 12; 3* Jean Bo-
quet, chanoine du chapitre Notre-Dame de Corbeil ,
qui a publié les Vies de saint Exiipère et de saint
Loup, in-12, 10-27 ; 4° Gilles de Corbeil, médecin de
Philippe-Auguste, vivait au xii<^ siècle; il écrivit un
ouvrage en 6000 vers latins, sur la vertu et le mérite
des médicaments : on a encore de lui un poème latin
de f/ri/iarum JMdiciis, in-S", imprimé à Lyon; 5° Michel
Godeau, professeur d'éloquence au collège des Gras-
sins de Paris, traducteur de Boileaii en vers latins,
mort à Corbeil en 173G; 0° Pierre de Corbeil, pro-
fesseur en théologie à Paris, vécut sous Philippe-
Auguste ; il fut successivement évêque de Canibr^ii,
puis archevêque de Sens. On lui attribue un Com-
mentaire sur saint Paulel des ScrmoHs, avec d'autres
opuscules. L'abbé Lebeuf dit qu'on conserve à la
l)ibliotlièquedu roi un manuscrit de cet archevêque,
intilulé -.Pétri deCorbellio Satyra-adversuseosqui xixo-
res ducunt ; 7° Jean-Bapiisie Reculet, mort princi]ial
du collège de Corbeil, a composé plusieurs pièces de
poésie latine et française; 8" Dansse de Villoison, né
à Corbeil, mort à Paris le ilG avril 1805, âgé de 50
ans, fut à la fois célèbre helléniste et savant voya-
geur. A 22 ans, il publia un lexique inédit d'Homère,
avec un commentaire en 2 vol., et plusieurs auires
ouvrages, fruits de ses voyages et de ses recherches
dans les bibliothèques étrangères, membre de l'insti-
tut, professeur de littérature grecque au collège de
France. La ville de Corbeil est sur la Seine qui la
traverse. La rivière d'Essonne s'y réunit.
Fanum Ctirmiliacœ, Corbie, peiiie ville du diocèse
d'Amiens, chef-lieu de canton de l'arrond. de cette
ville, Somme; dans une silualion agréable, près du
cor.fluent des rivières de Somme et d'Ancre, à lokil.
•MO
est d'Amiens, à 52 de Péronne, et 131 de Pari;. Po-
pul. 3000 hab. Long. 20, 10, 28 ; lat. 49' 54, 52. On y
trouve des fdniaincs minéi aies ei ferrugineuses qui
produisent, croyait-on et croit-on encore , des ef-
fets admirables dans les malndies chroniques prove-
nant de l'épaississement des liqueurs, et d'obstruc-
tions des viscères et du bas-ventre. Elle a une place
puldique assez belle. On y voit des fabriques de
velours de colon, de tricots de laine, d'ouvrages au
tour; fdalures de laine; moidins à tan; exploitation
de tourbe. — Celle ville, déjà connue auvii^ siècle
sous le nom de Coibeia, était dans le Sanlerre, petit
pays de l'Amiennais (Picardie). Très-penplce el très-
bien fortifiée autrefois, elle était encore riche et (lo-
rissanle vers la (in du siècle dernier. Les Espagnols
la prirent en 16jG; Louis XIII la reprit au mois de
novembre d; la même année, aidé par l'industrie, la
bravoure et l'inlrépidité de huit ou neuf habitants
du pays, auxquels pour récompense il accorda les
privilèges de noblesse. Jugeant que les fortifications
étaient devenues inutiles, Louis XIV les fit raser en
1(173. Cesfortificalionséiaieni un ouvrage que les Es-
pagnols a valent fait élever alors qu'ils possédaient l'Ar-
tois. C'est à partir de cette époque qu'elle s'est peu
à peu dépeuplée. — L'hôtel de ville avait l'adminis-
tration de la police ; et ses officiers, nommés ancien-
nement par le seigneur abbé, commencèrent à l'être
pour la première fois par les habitants le 1 1 décem-
bre 1759. lly avait encore à Corbie, outre la prévôté
royale de Foulloi et un grenier à sel, cinq paroisses,
un couvent de Bénédiciins, un hôpital et un coUcge.
— La ville de Corbie était célèbre par son abb.iye de
Bénédiciins. Pendant sa régence, Balhilde, reine de
France, honorée comme sainte depuis le ix» siècle,
fit bâtir celle abbaye en 6.')7, et donna la conduite île
la nouvelle communauté à sainiThéodefroi, religieux
de Liixeuil. Il est mention de ce monastère dans deux
chartes : l'une, du roi Clolaire III, dit que l'on y doit
garder une règle sainte ; l'autre, de Berthefroid, évê-
que d'Amiens, de l'an 662, vent que l'on y vive sous
la règle des saints Pères, pariiculièremeni sous celle
de saint Benoit ou de saint Colomban. La leine Ba-
lhilde et son fils Clotaire donnèrent Corbie à celte
maison, et lui accordèrent de grands privilèges, que
des bulles de Benoît III et de Nicolas I«f con-
firmèreni au ix» siècle. Vers ce même temps l'é-
cole de ce monastère était déjà devenue célèbre. Ces
religieux acquirent une telle réputation qu'on les
appela en Westphalie, où ils fondèrent une tiovvclle
Corbie. A l'époque de la suppression des ordres mo-
nastiques, l'abbé du couvent principal était comte,
seigneur spirituel et temporel de Corbie, jouissait
de 70,000 liv. de rente, et se trouvait presque tou-
jours rovèiu du cardinalat, ou appartenait à une des
plus grandes familles de France. Un bailli, un lieu-
tenant, un procureur fiscal et un substitut exerçaient
la justice de cet abbé. Parmi les hommes célèbres
qui ont habité cette abbaye, on cite Didier, roi de
Lombarilie, détrôné par Charlemagne, et les moines
M GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
m
Paschsse, surnommés Ratbert et Rairam. — On con-
servai!, dans celle abbaye le corps de saint Vicioric.
Lorsque, dans les premiers siècles de la nionarcliie,
les monastères étaient obligés à des redevances pour
le roi, Albert, abbé de Corbie, écrivit à Cbarles le
Chauve en 847 : i J'ai résolu de ne pas envoyer pour
les fêtes prochaines à V. M. un présent d'or ou d'ar-
gent, mais un livre sur l'Eucliarisiie , qui, bien que
petit par le volume, est grand par le sujet qu'il traite.
Je l'ai composé il y a longtemps pour mon cher dis-
ciple, l'abbé Placide de Varin. « — Saint Ansgar,
apôtre du Nord, fut moine à Corbie au ix« siècle,
puis à Corweyen Westpbalie ; ensuite archevêque de
Hambourg et de Brème. Missionn^iire dans le Hols-
lein, le Daneniaik et la Suède, londaieur de plu-
sieurs hôpitaux et monastères, Ansgar fut canonisé
par le papo Nicolas It^r dit le Grand. Nous n'avons
de lui que quelques lettres : ses autres ouvrages ne
sont pas venus jusqu'à nous. Ce grand homme a de
tout temps fixé l'atieniion des historiens. Pendant
le moyen âge on s'en est occupé, et jusque dans
ces dernières années, les travaux de Néander, de
Reuterdahl, de Oalilman et de Kraft, ont prouvé
l'imporlance attachée à sa mémoire, même dans le
sein du protestantisme. Un protestant d'une érudi-
tion profonde et consciencieuse, M. G. II. Klippell,de
Brème, a publié récemment une nouvelle biographie
du célèbre et infatigable archevêque de Hambourg
et de Drême.
Fnmim Sagulœ , Sayn, petite ville de la Prusse
rhénane, qui doit son origine à une ancienne ab-
baye de Bénédictins. Située au pied d'une montagne,
elle est à 8 kil. nord de Coblentz. Ses environs sont
riches en minerais de fer; elle possède des hauts
fourneaux. Le pays était couvert de bois lors de la
fondation de l'abbaye. Dans le moyen âge, retie lo-
calité eut le litre de comté. Ce comté, siiuédans le
Wesierwald, était gouverné par des comtes particu-
liers issus de la maisnn de Sponbeim, Godefroy, comte
de Sayn, ayant épousé l'héritière du comté de Ilom-
bourg-sur-la-Mark , laissa en 129i à son fils aîné
Jean le comté de Sayn, et à Engelbert, le cadet, ceux
de Ilombourg et de Yallendar. Saleutin,peiit-lils d'En-
gelberl, épousa l'iiéritière du comtede Witgenstein: il
est la souche des comtes et princes de Witgenstein
d'aujourd'hui, qui, à cause de cette origine, se nomment
Sayn et Witgenstein, sans qu'ils pos-èdent le comté
de Sayn. Il est vrai qu'en IC06, à l'extinction de la
ligne de Sayn, fondée par Jean, un descendant de
Salentin réunit les comtés de Sayn et de Witgens-
tein ; mais il disposa de ses Etais de manière que
George, son fils aîné, eut Berlebourg; Guillaume, le
second, Sayn; et Louis, le iroisièine, Witgens-
tein. Ces trois frères fondèrent les lignes encore
existantes de Sayn-Witgenstein Berlebourg, Sayn-
Witgenstein-Sayn , et Sayn-Witgenstein-Wilgen-
siein ; mais la seconde de ces lignes perdit le comté
de Sayn dès l'année 1652. Ernest, fils aîné de Guil-
laume, d'un premier lit, n'ayant I lissé que deux
filles, celles-ci se partagèrent le comté de Sayn, à
l'exclusion d'un anire (ils qu'Ernest avait laissé d'une
seconde femme. Il s'éleva à ce sujet un procès qui ne
fut décidé que par le recès de la dépiitation de l'Em-
pire de ISOô. La maison de Witgenstein resta dé-
pouillée du comié de Sayn ; mais les malsons de
Bade cl de Nassau, auxquelles te comté avait passé
en dernier lieu, lui payèrent un capital de300,000n.,
et on lui assigna de plus une rente perpétuelle de
12,000 florins.
La ligne de Berlebourg se divise en trois bran-
ches, dont l'aînée a, depuis 1792, obtenu la dignité
de prince ; les deux autres, qu'on nomme branches
de Carlsbouig et de Ludwigsbourg, n'ont jamais pos-
sédé de terres immédiates, et portent le titre de
comtes ; mais la dignité de prince a été accordée en
ISOià la ligne de Wiigenstein. L'une et l'autre ont
perdu la souveraineté par l'acie de la confédération
Rhénane : elles sont aujourd'hui soumises à la
Prusse. Les comtés de Witgenstein et de Ilombourg
ontensemlde une surface de !3 li-j m. c. et 16,100
habitants. Toutes les brandies de la maison sont
protestantes, les unes luthériennes, les autres ré-
formées.
Feliccs Iiistilœ, les îles Fortunées, ou les îles Ca-
naries, sont au nombre de sept. Leur voisinage du
cap Bojador (Canarie), sur la côte d'Afrique , dont
elles ne sont éloignées que de 80 à 520 kil., leur a
fait donner le dernier nom qu'elles portent. Hasscl
estime leur surface à 1360 kil. carres, et la popula-
tion h 181,600 hab. Ce chiffre n'est pas exact. On
compte aux Canaries plus de 220,000 habitants. Les
autres îles, qui n'offrent que des rochers, sontGra-
ciosa, Rocca, Allegranza, Sainte-Claire, Inferno, Lo-
bes.
Les Canaries sont situées dans l'océan .\tlantique,
au sud de celle de Mailère, et à l'ouest de l'Afrique,
elles s'étendent entre 27° 39' et 29° 21)* de lat. nord,
et depuis Rocca, prés Laniarote, jusqu'à Deessa,
extrémité occidentale de l'île de Fer; elles gisent
enire 1S° W et 20° 40' de longitude ouest. Ces îles,
vues de loin, semblent élevées el couvertes de mon-
tagnes, dont le pic de Ténériffe passe pour un des
plus hauts sommets du globe, et se découvre en mer
a 50 lieues. Toutes les côtes sont élevées et héris
sées de rochers de basalte, qui offrent des espèces
de retranchements. On voit les montagnes de l'inté-
rieur groupées les unes au-dessus des autres, offrant
des pointes aiguës de rochers et des formes gigan-
tesques. Dans la saison des pluies, il se forme des
torrents inipraticables dans les ravins profonds. Dans
les cantons cultivés, on est obligé de bâtir des murs
pour empêcher la terre d'être enlevée par les forts
courants d'eau.
Les C:maries, placées sur la limite de la zone tor-
ride, ressentent pendant l'été l'aciion de cette cha-
leur intense qui dévore la côie opposée de l'Afrique ;
de hautes montagnes, l'humidiié du sol, entretenue
par les brises rafraîchissantes de l'Océan, les pré-
DlCTIONiNAlRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE:
servent de cette influence pernicieuse; encore il n'y
a que les côtes septentrionales et occidentales qui
jouissent de cette faveur. Les rivages opposés éprou-
vent ce terrible fléau apporté par les vents du sud et
du sud-est, qui, après avoir soulevé les sables brû-
lants de l'Afrique, sont à peine rafraîchis par leur
court passage sur la raer. Lorsque ces vents souf-
flent quelques jours , ils causent les plus grands
mallieurs : la végétation languit; souvent nionie des
essaims de sauterelles ravagent tout, et nieitetit le
comble à ce désastre. K;\guère ces îles éprouvèrent
une famine générale qui força les habitanis à se ré-
fugier dans l'ile de Ténérilfe, incapable d'alimenter
un tel surcroît de population.
Le sol des Canaries dépend tout à fait du degré
d'humidité qui règne dans chaque district. En géné-
ral, l'aridité prévaut toujours. M. de Humboldt en at-
tribue la cause autant au tarissement des et\i\ des-
séchées par la chaleur du soleil, qu'aux rochers (lo-
reux qui pompent les enux avant qu'elles ne se for-
ment en sources. Les flancs des rochers inclinés vers
l'ouest et le nord étalent toute la force de la végéta-
lion et les plantes des zones torride, tempérée, et
même de la glaciale. On y voit des forêts de lauriers,
pins et arbustes. La grande Canarie et Ténériffesont
les iles les plus fertiles et les plus verdoyantes, et
celles de Lanzarote, Fuerie- Ventura à l'est, les plus
sèches et sablonneuses. "" y trouve des plaines
semblables à celles du connnent opposé de l'Afrique.
C'est de ces iles que nous sont venus les petits oi-
seaux nommés serins de Canarie.
Jean de Betliencourl , gentilhomme normand,
chambellan de Charles VI, découvrit le premier les
iles Canaries, l'an 1402; il en conquit cinq avec le
secours de Henri 111, roi de Castille, qui lui en con-
firma la souveraineté avec le titre de roi, sous la
condition d'hommage envers la couronne de Cas-
tille.
Les liabitanis de ces îles sont tous Européens,
surtout Espagnols ; ils prétendent descendre des
Guanches. M. deHumboldl vante leurs bonnes mœurs,
leur sobriété, leur religion. Us se distinguent surtout
parleur industrie et leur esprit entreprenant, qui
les porte à émigrer; ils ont coopéré à tous les éta-
blissements espagnols formés sur le nouveau conti-
nent, depuis le Nouveau-Mexique jusqu'au Chili , et
ont pénétré jusqu'aux iles Philippines et aux Ma-
riannes. Dans les Indes orientales, dans toutes ces
colonies, on a vu l'industrie agricole des Canariens.
Ils aiment à revoir leur patrie. La littérature espa-
gnole leur doit de granJs progrès : on cite les noms
honorables de Clavijo , Vieyia, Yrinrte. Les trois
principaux ports, sont : la Luz, dans la grande Ca-
narie; Santa-Cruz, dans l'ile de Ténérifle ; et Palma,
dans l'île du même nom. Le premier et le dernier
sont beaucoup déchus, et tout le commerce du nou-
Ui
veau monde se fait par Ténériffe. On plaçait autre-
fois le premier méridien à l'île de Fer.
Ces îles, en général montueuses, jouissent d'un
climat doux et salubre, et produisent de précieuses
récoltes. La plus importante est celle du vin, dont
la bonté le fait rechercher de presque toute l'Euro-
pe. L'usnée y est aussi très-esiimée. On y trouve du
maïs, des caroubes, des légumes, des oranges, des
limons, des fruits délicats, des ignames, des dattes ,
des cannes à sucre, du coton, du miel, de la cire et
beaucoup de plantes médicales et odoriférantes. Les
pâturages sont excellents pour toute espèce de trou-
peaux. Dans les montagnes, on trouve beaucoup de
gibier, et les innombrables sources et ruisseaux qui
traversent le sol de quelques-unes de ces îles invi-
tent aux plantations de mûriers et au profit que pro-
cure la soie. Les mers environnantes abondent en
poissons ettcoqiiillages; la pèche et la salaison for-
ment une branche précieuse de commerce et de sub-
sistance pour les habitants, qui pourraient leur don-
ner encore plus d'extension : car on remarque que
ces habitants ont un goût p:irticnlier pour la mari-
ne ; et quoiqu'ils n'acquièrent aucune connaissance
de l'art nautique que par la pratique, ils n'en bra-
vent pas moins avec courage la fureur des flots. La
population est répartie dans cin(| villes, neuf bourgs
et ",65 villlages, hameaux ou fermes. Ovitre la cathé-
drale, on compte dans les sept îles 78 paroisses, 41
couvents de moines, 15 de religieuses, 288 ermita-
ges, 154 chapelles, Si cures bénéficiaires , et 44
amovibles. Le revenu territorial des Canaries
est de -2,690,044 pijstres : les revenus ecclésiasti-
ques montaient à 1,000,000 de piastres avant la ré-
volution d'Espagne ; car les Canaries lui appartien-
nent, et même sont assez mal administrées. Le gou-
vernement espagnol ne sait point tirer parti de leurs
ressources et de leurs richesses naturelles.
La plus orientale et la première de ces îles qu'on
rencontre en venant d'Espagne, est Lanzarote, ayant
beaucoup de ports, mais manquant d'eau. Elle a au
nord cinq îlots montueux, arides et déserts, où l'on
ne trouve que de l'usnée et des oiseaux nommés
Canaries, dont les plus estimés se tirent d'Alegran-
za. — L'ile de Fuerte- Ventura, étroite et très-éten-
due du nord-est au sud-ouest, est peu peuplée; la
moitié en est presque entièrement déserte. Le blé
et l'orge sont ses principales productions (1). —
Cran Canaria (grande Canarie) a 528 kilomètres car-
rés de superficie, et renferme plus de 58,000 habi-
tants. Son climat est agréable et salubre, son sol
fertile, et ses eaux excellentes. Elle jouit des mêmes
productions que toutes les autres : on y recueille aussi
de riiuile, et le produit de ses salines s'emploie dans
les salaisons de la pêche. L'évêque et la cour royale
résident à Palmas, la capitale, ville agréable et for-
tifiée, sur la côte orientale. L'évêché date du coin-
(U On a encouragé i» Lanzarote et à Fucrte-Venlura la culture de la soude et du kali ; elle forme aujour-
d'hui un article de commerce très-important.
445
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
^46
niencement du xv« siècle, de l'époque de la décou-
verte de ces tles. Il avait été placé à Lanzarole, la
première lie reconnue. M:ùs Ferdinand, roi de Cas-
lille, s'en élanl emparé en 1480, demanda an pape
Innocent Vlll de transférer le siège épiscopal à Ciu-
dad de las Palmas, oii il est encore aiijonrd'hui.
L'évéque de celte ville est sufTragantde Séville. —
Plus de 78,000 individus hahiient les 612 kil. carrés
qui composent la superficie de Ténériffe, la plus riche,
la plus fertile et la plis curamerçanle en vins ; sa
capiialeesi San-Crisioval de la Laguna, avec un évè-
chésuffrag;\ntde Séville ; mais lagniivcrneur des îles,
la cour suprême, les cliofs de radmiiiistralion des
finances, les consuls éirangcrs et les principaux com-
merçants, résident à Siinta-Cruz de Saniiagode Té-
nériffe, sur la côte orieniale, et qui est h place et
le port principal de l'ile. Sur la partie occidentale
est le bourg d'Orolava, qui domine l'Océan, et avec
lequel il communique par son port. Ce bourg est
presque entièrement environné d'une des valléi-s les
plus riches et les plus agréables du monde, où l'on
a établi un jardin botanique pour naturaliser les plan-
tes d'Amérique, et de là les transplanter dans les
parties de l'Espagne où le climat peut leur être fa-
vorable. Au sud-sud-ouest d'Orotava est le fjmeux
pic de Teyde , cent fois visité et décrit par les
voyageurs : il est couvert de neige, et laisse conti-
nuellement échapper, par diverses ouvertures à son
sommet, des vapeurs brûlantes, comme il en son de
tous les volcans en activité. — Gomera, de la sei-
gneurie des comtes du même nom, est une ile om-
bragée, fertile, d'une température agréable, abon-
dante en eau, et dont les productions en soie s^nl
les plus considérables de toutes les Canaries. — Pal-
ma, quoique produisant d'autres denrées, manque de
blé : les babilants pauvres y subsistent de la racine
d'une espèce de fougère, réduite en poudre et mêlée
de farine de seigle. Elle estmontueuse et abondante
en eau ; les cimes de ses montagnes sont couvertes
de neige, et ses bois fournissent de beaux arbres
pour les constructions maritimes : on y trouve
aussi des arbres odoriférants. — L'île d'Ilierro, la
plus orientale de toutes, n'a point de ports, mais est
naturellement défendue par les rochers escarpés qui
bordent ses côtes. Elle n'a d'eau que dans quelques
(I) L'histoire des langes de Jésus et de l'eaii dans
liiquelle on lavait son corps tient une grande pbice
dans les Evangiles apocryphes qui paraissent être
le recueil de tomes les traditions pieuses des pre-
miers fiècles du chrisiianisme. L'Evangile de l'en-
fance du S:iuveur surtout, dans l'ancienne version
arabe traduite, comme l'a pensé Henri Sike, d'un
vieux texte syriaipje composé sans doute par des
chrétiens de la secte de Nestorius, Evangileque plu-
Bieurs savants ont à lort confondu avec celui qui s'é-
tait répandu dans l'Orient sous le nom de saint Pier-
re, contient une foule de miracles opérés par la
venu (les langes bénits p;ir l'alloue liement du corps
du Sauveur. La sainte viorge Mario en donna un
aux mages en retour des présents i]n'llb étaient ve-
nus apporter i Jésus. En faisant leur prière devant
le feu, selon la coutume de leur religion , ils jettent
puits et citernes ; elle est petite et pauvre, et appar-
tient aussi au comte de Gomera.
Les Caniries, jadis connues des anciens, furent
découvertes de nouveau au commencement du xv«
siècle, quoique plusieurs auteurs pensent que d.ms
le moyen âge on conserva quelque connaissance de
leur position géographique. Les conquérants espa-
gnols donnèient le nom de Guanclies aux anciens
habitants du pays, qui ne connaissaient pas même
l'usage dn 1er. Les habitinls primitifs des iles
Canaries (les Gnanartèmes) vivaient en trogtodyles ,
comme leurs voisins les Guanches, c'esi-à-diie dans
des habitations souterraines, dans des grottes qu'ils
se creusaient, disposées en séries les unes au-dessus
des autres. Les monuments, appelés casas de los anii-
guos, qu'on voit encore sur la côte occdi-ntale de la
grande Canaric, n'ont point été construiis par les ha-
bitants primitifs, mais bien par les premiers conqué-
rants. — A Galdor, la grande église a été bâtie avec
les matériaux du palais des anciens Guanartèmes.
Fûiis ilaiiœ, Fontaine de Marie, ou Ain-Mariam,
sous une grotte du moni .Moria, à deux cents pas de
la fontaine de Siloé, où elle va se jeter par un con-
duitsouterrain. — Une tradition populaire lait penser
que, durant son séjour à Jérusalem , la sainte Vierge
y allait souvent puiser de l'eau. Les niahométans
ont encore cette fontaine en grande vénération, et
vont même y faire leurs ablutions avec respect. ( Voir
le P. lioger, Daciipiion de la terre saiHie,liv. i.) Elle
est à l'ouest dans la vallée de Josaphat; on y pénè-
tre par une voûte semblable à l'entrée d'une cave.
Après avoir descendu les vingt-cinq degrés qui con-
duisent à la source, on voit l'eau jaillir pure et lim-
p de de la roche. (Saint Jérôme, EpUres; Doubdan,
Voijaije de la terre saiiUe; Adriciiomius, Dcscripl.
terrœ saiictœ, etc.)
Il y a encore plusieurs autres lieux en Palestine
et en Egypte auxquels la tradition a donné le nom
de Fontaine de Marie, ou Fontaine de la Vierge.
Les plus connues sont celle qu'on voit à un demi-
mille du couvent latin de Nazareth à l'orient, et cel-
le d'iiéliupoIis,à quelques centaines de pa? de l'obé-
lisque. On croyait que la sainte Vierge y avait lavé
les langes de l'Ënfanl-Dieu (I), et que depuis ce
temps l'eau qu'on y puisait avait opéré une foule de
le lange dans les flammes; mais quand elles sont
éteintes, ils l'en retirent aussi intact que si elles ne
l'avaient jamais touché. (Evang. inl'ant. Serval., cap.
^ et 8.1 Un prêtre égyptien avait un ûls âgé de trois
ans. Cet enfant, que le démon tourmentait, étant
entré dans l'hospice où s'étaient réfugiés Joseph et
Marie avec l'Enfant-Dieu, pendant que Marie étendait
sur des pieux les langes qu'elle venait de laver, il en
prit un, et se le mil sur la lète; aussiiôt les démons
lui sortent de la bouche et s'envolent sous la forme
de corbeaux et de serpents. En même temps, par le
commandement du Sauveur, l'enfani fut guéri et
chaula les louanges de Dieu (th. 10 et 11.) Unefera-
nie démoniaque qui avait élé guérie p ir la compas-
sion de fa sainte Vierge, ayant lavé U: corps de Jé-
sus dans de l'eau parfumée qu'elle conserva ïoigneu-
semenl , s'en servit pour guérir une jeune^ ""
O^N
ai
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPillE ECCLESIASTIQUE.
448
miracles. Dès les premiers lenips du christianisme,
les cliréiieiis bâiireiit en ce lieu une église; et plus
tard les musulmans, maîtres de l'Egypte, y élevèrent
une mosquée en l'honneur de la mère de Jésus.
Ainsi le souvenir de l'Iuiinble vierge tie Nazareth
unissait dans une prière commsine les membres
souffrants des deux religions rivales. Aujourd'hui en-
core quelques pieux musulmans se viennent joindre
aux coptes et aux grecs qui se rendent de temps à
autre à la fontaine. La chapelle chrétienne et la
ujosquée de l'islam ont disparu de ces lieux, comme
avait disparu le temple du Soleil qu'elles avaient
remplacé. En 1831, l'aniiqiie On, où Puiiphar était
poniife, n'offrit plus aux recherches de l'historien des
croisades (Conesp. d'Or. ,leit.. cxli) qu'une machine
hydraulique mise en mouvement par quatre bœufs,
pour élever l'euu de la i-ainle lunliiine au niveau du
terrain, et un sycomore qu'on lui montra comme
l'arbre sous lequel s'était reposée la sainte famille
durant le voyage en Egypte.
FoHs Skcaïus, Fontaine desséchée, ou Ain-Kharin,
village de Judée, à une lieue du désert de Saint-
Jean, du côté de l'est, et a deux lieues de Jérusa-
lem. Son n(im, en arabe, lieu sec, briUé par le soleil,
lui vient de la fontaine de Nephtoa, qui en est voi-
linc.
Ce lieu ne sert que comme abri pour les chameaux
et les bestiaux des arabes des pays voisins. Les reli-
gieux de Bethléem et de Jérusalem y vont quel<|ue-
lois célébrer la messe. A quelques pas de là on voit
les ruines d'une église et d'un monastère, qui, selon
la tradition, étaient bâtis à l'endroit de la maison de
Zach.irie et d'Elisabeth. On y montre la grotte oii
l'dn croit que la sainte Vierge Marie prononça le
Uaymjicai, ce qui amène en ce lieu une multiiude
de pèlerins. A 375 pas de ces ruines on rencontre le
couvent de Saint-Jean, dont l'église, dii-in, est assez
belle. Près de là on trouve les débris d'une autre
ville de la tribu de Juda, auiour de laquelle sont de
beaux jardins, et un champ qui ne produit rien
qu'une grande abondance de rosiers rouges, dont les
couverte de lèpre (ch. 17). Cette jeune fille, ayant
suivi la sainte famille dans Icurpéregriiialion à Ira-
vers l'Egypte , arrive dans une vMIe où elle ironve
la femme du roi qui fondait en larmes. Après plu-
sieurs années passées dans une stérilité qui avait
fait son malheur, elle avait eu enlin un (ils, mais il
était lépreux. La jeune fille la console, et lui pnunel
de l'eau dans laquelle aura été lavé le corps de l'en-
fant Jésus. La princesse alors reçoit les saints étran-
gers avec les plus grands égards, et le Icndoniaîn
apportant de l'eau de senteur pour y laver le divin
enfant, elle en arrosa son lils, ipii à l'instant même
fut guéri de sa lèpre (ch. 18). Au chapitre 2! se
trouve l'histoire du sycomore Matarea. Uiiand les
divins voyageurs rentrèrent à lîétliléem, iis y trou-
vèrent tous l"'S entants sujets à un;: épidémio ter-
rible qui s'attaquait surtout aux yeux, et lalsait .'■i
cruellement souffrir ceux qui en étaient atteints, que
la plupart d'entre eux en mouraient. iMane en gué-
rit deux (cliap. 27et28).Dans lamènii; ville elle gué-
rit de même une femme lépreuse en la baignant dans
l'eau miraculeuse (chap. 5|). Celte femme fait la joie
fleurs sont portées à Jérusalem par les gens du
pays. (Voy. Maundrell, Voyages, pag. 155.)
Fontes Sepiem, les Sepi-Fontaines, ou Noire-Dame-
de-Saini-Lieu. Il y avait dat)S cet endroit du Bour-
bonnais une solitudi^ profonde où vivaient cachés
quelques pieux solitaires, et où s'éleva ensuite la
célèbre abbaye de Sept-Fonts , à 24 kil. de Moulins
et à quatre kilomètres de la Loire, à l'orient. Elle
éiait de l'ordre de Ciieaux, et de la filiation de Clair-
vaux ; elle avait été bàlie par un duc de Bourbon,
l'an 35 de la fondation de cet ordre, sous l'invoca-
tion de la sainte Vierge. — On l'avait nommée Sept-
Fonts, ou les Sept-Fontaines, à cause de pluMeurs
sources d'eau vive qui se perdaient dans les envi-
rons, et qu'on amena au monastère dans le xvii"
siècle , au moyen de travaux d'art remarquables
alors. L'abbé Eusiaclie de Beaufort y introduisit une
réforme austère en 1603; cette réforme consistait
dans la résidence continuelle au monastère, dius le
travail des mains, le silence perpétuel, l'absiinencu
de viande, de poisson et d'œufs, l'hospitaliié, la pri-
vation de tout divertissement et de toute récréation.
— L'abbaye possédait de grands biens, et la réforme
introduite par l'abbé de Ueaulort indique assez la
naïuie des désordres reprocliéi aux religieux, au
commencement du xvu« siùcle.
On a remarqué qu'en général les établissements
monastiques de l'ordre de Citeaux et ceux de la (i-
liatinn de Clairvaux étaient rapidement tombés dans
le relâchement. Il serait bon d'en rechercher la
cause, pour servir à la philosophie de l'histoire des
ordres religieux.
L'abbaye de Sept-Fon'.s, qui ne manqua pas de
célébrité dans le inoyen âge, a produit plusieurs
hommes illustres. Elle subit le sort de lous les éta-
blissements ecclési^istiqnes en 17S!; : vendue comme
bien nalional, après avoir passé par diverses mains,
elle a cté en dernier lieu accpiise par Us trappistes,
qui s'y livrent aux travaux d'agriculture avec la su-
périorité qui les distingue dans cette paitie. Ils ont
fait bâtir une chapelle sur les ruines de la belle et
d'un prince qui venait d'épouser la fille d'un prince
voisin, mais qui l'avait répudiée en apercevant entre
ses yt'ux une tache de lèpre. Elle conseille aux fem-
mes (pii entouraient la jeune mariée d'aller Ir uver
à Bethléem celle qui l'avait guérie elle-même ; et
Marie exauce leurs prières en puriliant sa lèpre; (eli.
5i). Le même remède opéra encore la guérison d'une
fille pussédée d'un démon qui lui apparaissait tou-
jours sous la forme d'un dragon prêt à la dévorer.
l^a mère de Jésus lui avait donné en outre une
bandelette qui avait appartenu à son divin eulaiii,
pour luiserviràellrayer le malin esprit(ch. 55pt-3i).
Nous passons tous les autres miracles opéré- pjr
cette eau divine : cetie nomenclature de guéiiS'inî
qui ne diffèrent que par la forme nous entraîner. àt
trop loin. Nous avons seulcineut réuni ceux qui tiu-
client le plus à notre sujet, pour montrer à quelles
illusions pieuses s'abandonnaient les premiers fidè-
les, et combien de fois des traditions légendiques ont
fini cependant par acquérir une certaine apparence
de réalité, qui entraînait bientôt la conviction.
(ÎSoie de l'auteur.)
449
Vaste église, dédiée à la sainte Vierge, et que les
premiers acquéreurs avaient démolie.
Fribiiiga, Frihourg, capitale du canton de ce nom
en Suisse. Avant les événements politiques qui,
CM I8i7 et 1848, ont amené h luine des cantons ca-
ilioliques delà Suisse, celte ville avait deux chapi-
tres de chanoines, un téminaiie, le collège des Jé-
suites, quatre couvents de religieux et cinq do reli-
gieuses, une fondation de sœurs grises et une mai-
son d'orphelins. — Eribourg dépendait autrefois du
diocèse de Lausanne dans le canton de Vaud. Lors
du protestantisme, celte ville, l'ayant adopté, chassa
son évèque, qui se retira dans le canton de Frihourg.
Depuis cette époque, les évèques de Lausanne hahi-
lérenl cette dernière ville. Maintenant l'évèque prend
le titre dévêque de Fril.ourg, de Lausanne cl de
Genève ; son diocèse est formé des trois cantons de
Frihourg, Vaud et Genève. C'est le premier qui pos-
sède le plus de catholiques : on en compte environ
72,0UJ sur une population de 79,000 habitants. Le
second canton est presque euliéremeut protestant;
il n'y a que 1-2,000 catholiques environ, qui habitent
surtout le district d'Echallens et Lausanne. La po-
pulation du canton est de i;.9,000 âmes. Celui de
Genève, sur 57,000 habitants, fournit au diocèse
20,000 caihul.ques.
Frihourg, dont la population est de 9 à 10,0C0
âmes, est non-seulement une ville singulière par sa
position et sa construction, mais aussi par la diver-
sité du langage des habiiants. Elle est située sur la
Sarine, qui la panage en deux parties inégales. La
basse ville, qui est la plus petite, est réunie à la
haute ou grande ville par trois ponts : la première
se forme de plusieurs petits quartiers bâtis le long
des deux rives de la Sarine; l'autre partie, c'est-à-
dire la haute ville, est assise sur un massif de grés,
dont les Uancs nus s'élèvent à pic au-dessus de la
rivière, et présentent, sur plusieurs points, un as-
pect vériiablement effrayant. L'enceinie de la ville
est très-grande et eutoniée d'un mur llanqué de
tours; mais comme le sol y est fort inégal et, dans
certains endroits, même irés-montueiix, il y a des
rncs qui ne sont pralicaliles qu'au moyen d'escaliers,
tandis que d'autres nécessitent de longs détours
pour y arriver avec des voitures. H en résulte que
la ville présente, dans certains quartiers, des en-
tassements très-singuliers; par exemple, la rue de la
Grande-Foniaine, bâtie sur la saillie verticale d'un
rocher élevé, sert de toiture aux maisons de la pe-
lile rue du Courî-Clieniin, qui sont excavées dans le
roc, et la porte de la \ille, dite porie de Bourguil-
lon, tue depuis la basse ville, semble être un chà-
leau suspendu dans les airs, parce que l'ail ne dé-
couvre pas l'abime sur lequel elle est construite. La
ville renferme plusieurs beaux édilices, et peui ligu-
rer, quant au nombre des maisons, parmi les gran-
des villes de la Suisse. L'isolement de quelques rues,
les jardins et même les vergersqui se trouvent dans
sou enceinle, lui donneni, de tous les côtés, un as-
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
450
pect extraordinaire. Une aulie particularité, non
moins remarquable, est celle du langage. Dans la
basse ville on ne parle qu'allemand, tandis que les
habitants de la haute ville ne parlent que le fran-
çais. Quelques rues intermédiaires, on l'on se sert
indisiinctemenl des deux idiomes, établissent la ligne
de démarcation entre les habitants des deux lan-
gues. — La cathédrale ou église de Saint-Nicolas,
très-beau morceau d'architecture du xiii^ siècle, fut
commencée en 1283; la tour ne fut achevée qu'en
U52; celle-ci, qui a 565 pieds de hauteur, est la
plus haute tour de la Suisse, comme la sonnerie en
est la pins belle. Le collège des Jésuites, situé dans
la plus haute partie de la vdie, contient le gymnase
et les habiiations des professeurs. On voyait dans
l'église plusieurs beaux tableaux d'autel. L'hôtel de
ville a été bâti sur la place où se trouvait jadis le
château du duc de Zœhringen. — Le Palaiinat, hors
de la porte de Morat, est une jolie promenade, d'où
l'on découvre des points de vue cliarmanis; mais,
pour en jouir dans toute leur étendue, il faut mon-
ter sur les tours de la catliédrale et de l'église des
Jésuites, ou sur la hauteur de la porte de Bourguil-
lon. Le grand tilleul qui se trouve sur une place à
peu prés au centre de la ville, rappelle un fait d'ar-
mes très-intéressant pour les Suisses. Cet arbre fut
planté le 2-2 juin 1470, jour de la bataille de Morat,
en mémoire de la vicioire remportée par les confé-
dérés sur les Bourguignons, sous Cliarles le Témé-
raire. Dans la suite, c'est à l'ombre de ce même arbre
que s'assemblait, tous les samedis soir, une e.^pèce
de justice, connue S'ius le nnin de tribunal du tilleul
(Umlen-Gerklil). Ce tribunal prononçait sur les diffé-
rends qui s'élevaient entre les campagnards venus
au marché du jour. — Le vallon étroit de Gotleron,
tout près de la ville, est remarquable par un aque-
duc pratiqué dans le roc; il a prés de 1000 pieds de
longueur, et fournit l'eau à une forge et à plusieurs
moulins. Les Etangs sont des réservoirs qui se trou-
vent hors de la porte, dite des Etangs, et prés du
collège des Jésuites ; les eaux qui s'en écoulent ser-
vent à entretenir la propreté dans les rues, et sont
d'un grand secours dans les incendies ; mais la pres-
sion continuelle de ces masses d'eau situées dans le
haut de la ville, cause une infiltration qui détériore
les maisons de certains quartiers bas, et les rend
humides ei malsaines. — L'ermitage de la Madeleine,
à -4 kil. de Frihourg, est un endroit fort curieux et
qui mérite d'être visité. — Une excavation de
4J0 pieds, pratiquée dans une roche au bord de la
Sarine, contient : une église surmontée d'une tour
haute de 80 pieds, une cuisine, une cave, et quel-
ques chauihres et vestibules. C'est un nommé Jean
Diipié, de Gruyères, qui entreprit cet ouvrage de
patience ; il y travailla, aidé d'un seul compagnon,
depuis 1070 jusqu'en 1680; voulant, en 1708, faire
passer la rivière à quelques étrangers qui vinrent le
visiter, il s'y noya. — A 12 kil. de Frihourg, près
de la jolie petite ville de Moral, se trouvait la cha-
4SI
DICTIONNAIRE DÉ GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. ioS
rat, on jouil d'une vue superbe, qui embrasse les
l.ics de Moral, de Neuchàiel et de Bienne, avec tous
leurs alentours, ei qui s'éiend, dans le lointain, jus-
qu'aux Alpes. Le même point de vue se présente
aussi près du grand tilleul, sur la hauteur de Vil-
lars.
pelle connue sous le nom d'Ossuaire, où étaient
entassés les os>enienis des Bourguignons tués à la
bataille de Morat ; il a été détruit par les Français
en 1798 , un tilleul qu'on y a planté dès lors indi-
que son ancien emplacement. — Sur le petit mont
de Vuilly, en allemand Misteltach, vis-à-vis de Mo-
6'aiirfa!'»»!, Gand, la plu? grande cité de la Belgi-
que, chef-lieu de la Flandre orientale, a» conlliient
de l'Escaut et de la Lys. Rien n'a manqué à la célé-
brité de cette ville. Après avoir eu la célébrité du
commerce, de l'industrie, des r;che^ses, de l'indé-
pendance et des arts, elle 3 maintenant la célébrité
du paupérisme. Les annales des Pays-Bas, au
moyen âge, sont remplies des troubles suscités par
l'humeur flère et inquiète des Gantois. La ville
comptait alors plus de 200,000 habitanis, enrichis
par (le nombreuses fabriquer de loiles et de dentelles,
et par un commerce considérable avec le littoral de
la Baliique, l'Angleterre, la Normandie, la Bretagne,
l'Espagne et le Portugal. L'iiidusirie liniére, éiait
su» lout la source de ses richesses et la cause de son
indépendance. Les habitants se livraient à la culture
lin lin, le p'éparaieni, et confeclionnaieiu avec son
(il de niagnilli|ues loi'es et d'admirables dentelles
qu'ils vendaient ensuite à toute l'Europe. — Lors de
la découverte de l'Amérique, la foilune de Gand
aiteigrut son plus haut degré de splendeur; mais la
décadence ne larda i as à frapper à ses portes. Le
tnton, importiition auiéricaine, vint en Europe faire
concurrence à l'industrie linièie. Les fabricants gan-
tois, saisissant l'à-piopos, se livrèrent h la fabrica-
tinn des lissn.'t de coton. La ruine de la population
ouvrière se trouva ainsi reiarùée pendant piéi de
deux siècles. Mais comme elle restait attachée à la
routine en conservant les anciens procédés de fabri-
cation, elle ne put résister aux révolutions qui sur-
vinrent dans le filage cl le listage du colon el du lin.
L'industrie colonnière se substitua peu à peu à celle
du lin ; el la concurrence de l'Angleterre, favorisée
par les révolutions politiques, écrasa tontes les an-
ciennes industries. — Gand, avec sa dépopulation
actuelle, ne semble plus, dans son immense étendue,
qu'une solitude parcourue par des f.mtômes; car
presque tous ses habitants sont réduits à la mendi-
cité. Les canaux qui la traversent dans tous les
sens, qui communiquent à l'Escaut, à la Lys, la
Lieve et la Moere, ne paraissent plus subsister que
comme des témoins oisifs de son ancienne prospé-
rité.
Gand a vu naître Charles -Quint, et ce prince
aimaii à y résider malgré les révoltes répétées des
(I) On a formé à Gand un musée de tableaux pro-
venant des abbayes et de> couvents supprimés. Ce
musée possède à [.eu près 150 tableaux, dont voici
les principaux auteurs : G. de Crayer, Van Cleef,
l'>apbaél,Coxcie, Jordaens, Ruben^. — D.ins la salle at-
lenauieàcelledecemusée soniréunis les lableauxqui
Gantois sous son règne. La population n'est plus
que de 85,000 âmes, le tiers de celle du moyen .âge.
Gand est à 40 kil. de Bruxelles, autant d'Anvers,
à 32 kil. de Bruges, el 500 kil. de Paris. Des em-
brancliements de chemins de ter la nieiteiit en com-
munication avec les principales villes de la Belgi-
que. Elle a été érigée en évêché en 13à9 sous la
métropole de Malines : son diocèse comprend toute
la Flandre orientale.
Gand était fort riche en monuments ecclésiastiques
qui possédaient un grand nombre de tableaux de
l'école flamande. Elle a pu conserver une partie des
UNS et des autres, malgré les vicissitudes politiques
qu'elle a subies depu s soixante ans. — La cathé-
drale est placée sous l'invocation de saint Bavon (1).
La tour, comme toutes Ks tours des Pays-Bas, s'é-
lève à une grande h;(Uteur. Oéi admire dans cette
église plusieurs tableaux et plusieurs sculptures
remarquables. En entrant, à la ilroite. an-ilessusde la
lable des pauvres, on voit Noire-Seigneur présenté
au peuple, ou Ecce Homo, figure à demi-corps,
peint par A. Janssens : c'est un bon taldeaii {i), vi-
goureux de couleur, d'effet, et d'une belle expres-
sion. Du même côté, dans la chapelle des fonts bap-
tismaux, te tableau d'autel représente les évangélistes
écrivant sur l'eucharistie, que des anges soutiennent
dans une gloire, peint par Bernard : ce sujet est
assez bien composé, les têtes ont de la finesse,
siirtiiut les enf.inis. Dans la chapelle suivante est
un assez bon tableau peint par Guerard Honthorst ;
il représente saint Sébastien. A l'autel de marbre,
dans la croisée, à la droite, on voit un tableau peint
par G. de Crayer; il représente la Décollation de
saint Jean : c'est im bon tableau, bien composé, les
airs des têtes sont agréables. En montant, à la droite,
à côté du chœur, le tableau d'auiel de la première
chapelle fait voir Noire -Seigneur parmi les doc-
leurs, avec des volets aussi peints par François Por-
biis le père : ce tableau, d'une bonne couleur, esl
bien dessiné; derrière les voleis on voit le prévôt
Vigilius van Ayia, aussi bien peint; vis-à-vis esl sa
sépulture. — A l'autel de la chapelle suivante on voit
le martyre de sainte Barbe : c'est un beau tableau
peint par G. de Crayer; dans la chapelle qui suit,
le tableau d'autel représente Job sur le fumier, peint
ont remporté des prix. (iSoie de l'auteur.)
(2) Ce tableau a été remplacé par un autre de
M. Van llans Laere ; c'est un saint Sébastien. M. Van
Ilans Laere e-t un des premiers peintres de Gand; il
y a acquis une réputation just.'menl méritée.
(iVo/e dcl'auleur.j
453
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
454
aussi par p. de Crayer : cVsl un beau tableau, la têie
surloul est très-expressive. Dans cette même chapelle,
sont placés deux mausolées en marbre des deux
premiers évèiiues de Gand ; on les voit couchés sur
des tombeaux de marbre noir : l'un est Cornille Jan-
eenius ; l'autre Guillaume Lendeme; l'exécution, en
sculpture, n'est pas d'un grand mérite. Dans la
deuxième chapelle après celle-ci est le tableau (1)
où les vieillards adorent l'Agneau; composition cu-
rieuse, peinte par les frères Van-Eyck ; ce tableau
est le premier qui a été peint à l'huile; c'est soii
plus grand mérite; il y a d'ailleurs des tètes expres-
sives et d'une belle couleur. En face de l'autel on voit
le mausolée (2) de de Sraet, mort évêque de Gand;
un autre mausolée de Ferdinand de Brunswick-
Lunebourg, chanoine, grand chantre et grand aumô-
nier (le ce chapitre, aussi de marbre, mais égale-
ment médiocre pour la sculpture. Dans la chapelle
de l'évèque , à l'autel , est une Descente de la
croix (5), peinte par G. Honthorst; ce tableau est
d'une grande manière : la couleur est très-bonne,
l'autel est de beau niiirbre et d'assez bonne architec-
ture. Dans la chapelle derrière le chœur, le tableau
d'autel représente Charles V, empereur, abdiquant sa
couronne en faveur de Philippe son fils; on y reconnaît
toute la cour de ce temps : ce tableau est composé
avec tout l'art qu'exige un sujet aussi diflicilc; ; l'effet
en est vigoureux et bien ropandu sur la chaîne des
différents groupes liés avec une intelligence surpre-
nante ; le dessin en est correct, les tètes en sont
belles, surtout les femmes ; la couleur y est au plus
haut degré de force et de vérité, la tnuche en est
large et savante : c'est un des ouvrages les plus dis-
tingués de Rubens ; nous en avons une estampe gra-
vée par M. Pilsen. Ce beau tableau faisait autrefois
l'ornenienl du maître-autel; il fut maladroitement
déplacé pour les ouvrages de sculpture de Henri \er-
bruggen, qui existent. — L'autel (4), :ivec lîes volets,
représente la Résurrection du Lazare, peinte par Otto-
venius; il y a des tètes comme du Dominicain, d'un
beau fini ; sur te volet, à la droite, est peint l'évèque
Daman, qui adonné cet autel ; et sur le volet de la
gauche on voit Jésus-Christ qui remet les clefs à
saint Pierre. Le mausolée de l'évèque Daman est placé
dans celle chapelle; la sculpture en est très-médio-
cre. — A côté de la sacristie, à l'auiel de marbre, on
voit le martyre de saint Lievin, peini par G. Segliers;
Il composition en est sage et simple, le dessin cor-
rect, d'une bonne couleur ei très-bien pour l'effet. A
l'autel de marbre de la chapelle suivante le tableauest
faible. Le mausidéeducomted'Assevelt, aussi de mar-
bre, est médiocre. — Dans la dernière chapelle, à côté
du chœur.on voit à l'an tel saint Pierre délivré des fers,
peint par Jean van Cleef; c'est un tableau des premiers
temps dece peintre. :A l'autel de marbre, dans lacroix,
à !a gauche, on voit une Descente de croix (5), peinte
par T. Rombouls; il est d'un dessin ferme et cor-
rect, quelques tètes en sont belles. — En descendant
vers le portail, dans une chapelle, le tableau d'autel,
peint par A. Janssens, est un Christ mort descendu de
la croix ; il est d'une grande et belle manière, correct
et ferme de dessin : c'est un bon taoleau. — Dans la
chapelle de la Communion sont deux tableaux peints
par Le Plat; ils représentent la bonne et la mau-
vaise communion ; celui où l'on donne la communion
est bien composé : les (igures jolies intéressent, elles
sont habillées suivant le costume du temps où vivait
l'artiste. Le maître-autel, de marbre blanc et noir (C),
est grand et bien composé jusqu'au couronnement,
qui n'est pas beau; les colonnes, d'expression corin-
thienne, sont belles; les ornements en architecture
sontaussi bien exécutés parlesculpteurP.Verbruggeo,
d'Anvers. L'évèque VanderNoot(7) posa la première
pierre en 1705, et il fut béni en 1719. Aux deux côtés
•le cetautelsont placés quatre mausolées en marbre;
celui de l'évèque Triest, qui est ici représenté (8),
esl fait par le sculpteur Jérôme du Quesnoy ; c'est le
plus bel ouvrage de sculpture qui soit dans ce pays,
il est composé d'une manière grande, exécuté avec
correciion et finesse. Celui de l'évèque d'Allemont (9)
est du sculpteur Jean Delcouri. Celui de l'évèque
Maès,par lescnlpieur Pauli (lil), et celui de l'évèque
(1) On a restauré ce tableau, ce qui est fâcheux.
Il fut placé au musée français, et rendu en 1815; il
avait éié, selon l'usagii de eeiie époque, garni de vo-
lets, peints par les frères Van-Eyck. Ces volets fu-
rent vendus en 1810, etpassèrenl en 1SÎ8 en la pos-
session d'un Anglais. Maintenant ils ornent le cabinet
du roi de Prusse, (i\ote de Vaiiitur.)
(2) Ce mausolée fut fait en 1755 p:ir Berger de
Bruxelles. (Noie de l'auteur.)
(3) Ce tableau est maintenant placé dans la
douzième chapelle. (Noie de t'auieiir.)
(4) Ce tableau est placé dans la quinzième chapelle.
On le lient caché, excepté les jours des grandes fê-
tes, ainsi qu'un grand tableau de Rubens, composi-
lion capitale de ce maître; il esl dans la quatorzième
chapelle. 11 rei'résente saint Bavon au moment où
il entre d;ins le couvent de S;iint-Aiuand : c'est le
haut du tableau ; au bas on voit ce saini distribuant
M-> biens aux pauvres. Nou> l'avons eu pendant quel-
que temps au musée; il a été ensuite au musée de
Bruxelles. Le roi des Pays-Bas l'a faii rendre à la
ville de Gand en 1817. (Note de l'auteur.)
(5) Cette Descente de croix est placée maintenant
dans une chapelle à droite en enlrant.
(Note de l^auteur.)
(G) La sculpture du maître-autel représente saint
Bavon. (Noie de l'auteur.)
(7) Son tombeau est placé entre la treizième et la
quatorzième chapelle; c'était le douzième évêque de
Gand. Celui de son cousin Antonius Vander iNoo!
est entre la douzième et la treizième chapelle.
(Noie de l'auteur.)
(8) Septième évêque de Gand. La Vierge est à sa
gauthe avec cette inscription : Recordas, ftU', à sa
droite, Jésus-Christ, avec celle-ci : Mitericur 'i« tua,
(Noie de l'auteur.)
(9) Neuvième évêque deOand. Il est L genoux devant
la Vierge ; derrière lui un squeletie en cuivre tenant
cette inscription : Stalutum ru hominibus semel mort.
(Noie de l'auteur.)
(10) Représenté en habits pontificaux et couché
sur sa tombe. (JVoie de l'aiit w:)
ls$
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
456
Vaoden Bussche (1) est du sculpteur Gery HeyJel-
bergh, ces mausolées sont magniiiques de marbre
blanc et noir, mais bien iiiféiieurs en mérite à celui
de l'évêque Triesl. Le tableau derrière le uiaiire-
autel représente la Cène : il est peint par Yan Cleef.
Lts petits tableaux au-dessus des stjUes, dans ce
cliœur (-2), sont peints par F. Porb.is ; il y a un peu
de sécheresse, mais toujours beaucoup de mérite.
La chaire, placée dans la nef, est du sculpteur Del-
vaux, de Nivelle; l'idée en est noble, les figuies et
les bas-reliefs sont de marbre, le reste est de bois
de chêne ; les deux figures contre la rampe sont
trop petites et d'un faible mérite, d'ailleurs peu liées
avec le reste ; la léte de la Vérité a de la finesse et
du sentiment ; les draperies sont maniérées, et le
beau fini de tout cet ouvrage est froid, sans beau-
coup de fermeté. C'est toujours une chose à voir.
Cette égli^e, autrefois dédiée à saint Jean-Bap-
tiste (3), est grande, d'un beau gothique et de
belles proporiions ; il y a une église sous terre qui
comprend l'étendue du chœur et des chapelles à
côté (4).
Dans l'église paroissiale de Saint-Nicolas, la sei-
zième chapelle, sous le nom de Gemblours, près du
jubé, a pour tableau d'autel une Vierge de douleur
dans unegloireet des anges, peint par J. van Cleef:
c'est iMi sujet bien composé, correct de dessin et
d'une belle couleur, les tètes en sont très-ex uressives
et d'un beau choix. — Le tableau de la chapelle du
nom de Jésus est peint par l'abbé Van Houle, il est
médiocre. Contre le pilier, vis-à-\is , est placé un
petit tableau ou épitaphe d'Olivier Minjan et d'Amel-
berge Ilangen, sa femme, qui ont eu ensemble tren-
te et un enfants, vingt et un garçons et dix fil-
les ; ce qu'il y a de plus singulier , c'est que tous
ces enlaiiis sont luorts dans l'espace d'un mois, en
1526.
On raconte dans le pays que l'euipereur Charles V,
fai.«ant sou entiée dans cette >ille en qualité de
comte de Flandre, Olivier Minjan, à la lèie de ces
vingt et un fils, habillés en un même und'orme, quoi-
que niêlés aveo les autres citoyens, fut remarqué par
l'empereur, tant par la ressemblance de leurs physio-
nomies que par leur habillement. Ce monaïque, s'é-
lant informé exactement de l'éiat de ceite famille,
fut surpris de vuir qu'un simple artisan, sans autre
secours que son industrie et son assiduité, eût pu
élever et donner une éducation hoimèie ix tant d'en-
fants; il fit venir ce père estimable, et api es l'avoir
encouragé et loué, il lui assigna une pension suffi-
(1) Huitième évèque de Gand. Il est à genous sur
son tombeau, en face de Jésus-Christ qui ressuscite.
(-Vo(e de l'aiileur.)
(2) On voit dans le chœur iinatre grands et ma-
gnifiques candélabres parfaiiemeni ciselés. Ils pro-
viennent de la chapelle île Charles l".IIsontéié
achetés par levéque Aiit. Trinte. Le chœur est en
outre décoré de onze tableaux, grisailles faites par un
peintre de l'académie, il v a eMvir.n soixante ans.
A gaiulieoo voit appiiyc derrière le chœur le por-
trait de Nan Ecrsel, sixième évéquo de Gand, i77îj.
santé pour lemeitre plus à son aise; ce fut peu de
temps après qu'Olivier eut la douleur de voir mou-
rir tous ses enfants.
Dans la dix-septième chapelle on voit saint Amnnd
qui donne le baptême au dauphin de France, peint
parj. van Cleef: ce bon tibleau est d'une couleur
fable, le costume y est aussi pen exact. — Dans la
dix-huiiiènie chapelle des charpentiers le tableau
d'auiel, qui représente la Circoncision, est peint par
J. van Cleef : c'est un très-bon tableau. Le> Œu-
vres de miséricorile, tableau peint par N. Roose, est
placé contre le pilier, en face de cette chapelle; la
composition en est ingénieuse.
Le maîtie-autel, de marbre et de bonne architec-
ture, est lait par le sculpteur J. van Beveren, de
Bruxelles : le tableau qui représente le Sacre de
saint Nicolas est certainement le chef-d'œuvre de
N. Roose : c'est une belle composition, d'une grande
manière, pleine de force et d'expression, d'une bel.n
couleur et d'un effet piquant.
Dans l'église paroissiale de Saint-Michel (o), la
première chapelle, à la gauche, en entrant par le
grand portail, e^t celle où l'on distribue les aumô-
nes : l'aniel de inarbre a pour tableau la Pentecôte,
peint par G. deCrayer; on y reconnaît toujours le
grand maître; trop de confusion empêche de distin-
guer les plans ; les figures sont aussi trop grandes ;
en général il manque d'efftt. — Dans la deuxième
chapelle on voit le martyre de saint Jean, peint par
Van der Mandel : ce tableau est plein de feu et de
génie. — Dans la chapelle de sainte Catherine l'au-
tel est de beau marbre, ei le tableau, peint par G.
de Crayer, représente sainte Catherine enlevée au
ciel par des anties ; elle triomphe de tout ce qui peut
Ualter sur la terre, ce qui est désigné par le groupe
d'en bas, composé de reines, de princes, de sa-
vants, eic. C'est une excel'ente composition, bien
dessinée, d'une couleur légère et argentine; les tètes
sont belles, avec noblesse et caractère; le pinceau
est facile et ferme. — La première chapelle autour
du chœur a pour tableau d'autel Notre-Seigneur
avec ses disciples qui appelle à lui Zachée monté
sur un arbre, peint par Bernard : il est correct de
dessin, assez bien drapé et d'une bonne couleur.
— X l'autel de la chapelle suivante on voit la Vierge
sur le croissant; les personnes de la sainte Trinilé
sont placées dans le ciel accompagnées de beaucoup
d'anges; d'un côté, dans le bas du tableau, sont Za-
charie et sainte Elisabeth ; del'autie, Adam et Eve,
peint par Langbenjau : c'est un beau tableau pour
C'est une belle mosaïque. (Sole de l'auteur.)
(5) Les fonts bapiisinaux de celte église sont cé-
lèbres : Charles-Quint y reçut le baptême.
[Sute de l'auteur.)
(4) C'est dans cette crypte que sont déposés les
restes des évoques. (Note de Couleur.)
(o) Cette église possède quelques lableaux moder-
nes. Dans la première chapelle, àdroiie, on voit une
.'uiic qui, siiu> l'image d'un adolesi-eoi, est délivrée
des n.iiiiincs du purgatoire. C'est une coiiiposiiian de
M, deCouwcr. (Note dérouleur.)
457
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
4ib
la couleur ; le faire en est l'acile. Le tableau d'autel
suivaut est peint par Langlienjnn; il représente saint
Hubert à genoux à la vue id'un crucinx, placé sur la
tête d'un cerf qu'il rencontre à la chasse . c'est un
très-beau tableau, qui a un peu Jioirci. A l'autel de
marbre on voit saint Cliarles Borromée et saint Sé-
bastien, etc.; c'est un bon tableau, composé avec feu
et correciioii, par Van der Mandel. — Le tableau
d'autel de la chapelle de la communion est un em-
blème; l'Ancien Testament y est représenté par
Moïse et Âaron, et le Nouveau par saint Jean, saint
Sébastien etiepape : tableau peint par Langlienjan :
ce sujet est composé d'une grande manière, la cou-
leur y est argentine, et tout paraît être fait avec une
facilité étonnante. — A l'autel de marbre de la cha-
pelle qui suit est un tableau peint par Jean-Baptiste
Champagne; il y a représenté saint Grégoire qui
approuve le plan d'une église qu'il l'ait consiruiie.
— Le tableau de l'autel de marbre, dans la chapelle
de.saini Yves, représente ce saint peint par Langlien-
jan ; la ligure est bien dessinée et drapée d'une belle
et grande manière, dans le goût de Rubens. — Le
tableau de l'autel de la sainte croix représente Jésus-
Christ crucifié ; d'un côté est la Vierge, de l'autre
saint Jean et la Madeleine aux pieds du Christ ; on
voit aussi des bourreaux et des cavaliers achevai;
un d'entre eux présente, au bout d'une lance, une
éponge à notre Sauveur mourant ; dans le haut du
tableau sont des anges qui pleurent; peint par Van
Dyck, ce sujet est de la plus belle façon de faire,
correct de dessin, avec desexpressions vives etvraies.
On a malheureusement remarqué que la poitrine
avait été repeinte autrefois, et que dans cette partie
la couleur était lourde; le fond, en bas, est aussi
repeint et trop noir, le reste a aussi noirci (I). Ce
qui achève de répandre un sombre sur le tout en-
semble, c'est le défaut de goût de ceux qui ont fait
peindre cet autel en blanc; le tableau y fait tache;
on en connaît une belle estampe gravée |iar IJolswert.
— Le Martyre de saint Adrien, tableau d'autel peint
par Théodore van Tliiilden, est composé avec feu et
génie, d'une manière large, avec des lêies très-bel-
les, dans la manière de Rubens; la couleur en est
un peu faible. — La dernière chapelle a pour ta-
bleau d'auiel des anges qui délivrent des martyrs
des mains des bourreaux, peint par J. van Cleef :
c'est un sujet bien coniposé, bien dessiné et bien
drapé, mais faiblement colorié. — Les fonts baptis-
I maux, de marbre, sont de l'invention et de l'exécu-
I tion de P. Verbruggen, sculpteur d'Anvers; les en-
I fanis sont bien faits. — La chaire est faite par le
i sculpteur Heydelberg, de Gand ; il y a du mérite
I (1) Ce tableau a été restauré, mais le mal qui
I était fait n'a pu être réparé ; on voit toujours qu'il a
beaucoup soufTerl. {Noie de rûuteur.)
(2) A l'amel de la première chapelle, à droite, on
I voit un jiili tableau de De Loose Dézèle ; c'est saint
1 CorneiUe. Il y a uniableau de J. van Cleef, repré-
sriii.ini le Jiigemcut dernier. Deux tableaux, qiù
fuii un assez bel effet, sont placés à l'entrée d.i
DicTio.NNAir.i; de Géographie eccl. 11.
dans l'exécution. — Le maîlre-aulel de marbre, com-
posé en grand, de bonne architecture, est d'une
belle exécution ; l'ange au milieu, qui fulmine con-
tre les rebelles, est sans correction et sans goûi ; tout
ce qui est ligure y est assez médiocre. Cet auiel l'ut
fini en 1719.
Dans l'église paroissiale de Saint-Jacques, en en-
trant par le grand portail, dans la chapelle (2) des
administrateurs des pauvres, à la droite, le tableiu
d'autel représente la Descente du Saini-Esprit sur
les apôtres, peint par Van Mol. Le paysage, dans
celle chapelle, est peint par Verspilt ; il ressemble
un peu à de la détrempe, mais il est largement fait;
les petites figures, très-jolies, représentent la Mul-
tiplication des pains, peintes par J. van Cleef. — Le
liihlftiu li'autel de la chapelle des tonneliers, peint par
N. Roose, représente les vendangeurs; composition
ingénieuse et bien coloriée, mais d'un dessin mé-
diocre ; les têtes sont d'une nature basse et pauvre.
— A l'autel de la sainte croix on voit Notre-Sei-
gneur crucihé entre les deux larrons ; sur les deux
volets sont peints la Naissance et la Résurrection de
Notre-Seigneur, par M. Coxcie;ces tableaux ne sont
pas sans mérite, mais le Calvaire, autrefois carré,
a été ajusté d'une fiirnie presque ronde, et ensuite
lavé et presque usé. En face de l'autel le Serpent
d'airain et l'Invention de la cioix sont deux bons
tableaux peints par J. van Cleef. L'autel de marbre
suivant a pour tableau sainte Barbe portée sur un
nuage, le calice et l'hostie à la main ; au bas est un
J)lessé couché qui invoque cette sainte pour obtenir
saguérison; tableau trop égal: c'est un des premiers
ouvrages de J. van Cleef. — A l'autel de marbre de
la chapelle de la Vierge on voit la mère de D.eti
portée au ciel par des anges; peint par J. van Cleef:
c'est un beau tableau en tout. — Dans la chapelle
suivante, l'enfant Jésus, sur un globe, est porté au
ciel environné d'anges, saint Pierre et saint Pau!
sont dans le bas du tableau ; peint par J. van CIci f :
c'est un sujet très-agréable, de la plus belle couleur,
les têtes d'enfants sont très-jolies. — Dans un beau
tableau de G. de Crayer, placé à l'autel de la Tri-
nité, on voit ce saint mystère représenté dans le
ciel ; la Vierge, portée sur un nuage, intercède pour
la guérison d'une femme blessée couchée au bas du
tableau : ce sujet est composé et dessiné d'une
grande manière, d'une belle couleur, et les tètes
ont des expressions charmantes. Vis-à-vis, dans la
même chapelle, le tableau qui représente le Uat hat
des esclaves, et dans le haut Notre-Seigneur, en-
touré d'une gloire et des anges, est un bon tableau
du même G. de Crayer, mais inférieur à l'auir e
chœur. Us représentent saint Pierre et saint PanI, et
sont peints par M. Van llutfel. On admire au bas de
la chaire la statue en marbre de saint Jacques, par
Ch.van Poucke. A droite, contre le dernier pilier
de la nef, le collège de médecine de GanJ a fait
élever un mausolée en mémoire du chirurgien Pal
fva. {Note de l'auteur.)
15
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
459
placé à l'aulel. — Le niaiire-aulel, grand el de beau
marbre, a pour tableau le Marlyre de sainl Jacques,
pein» par Langbenjun : c'est un lableau bien com-
posé el bien peint; mais les ligures, sur le premier
plan, sont trop grandes pour le saint ei pour les
bourreaux.
Dans l'église paroissiale de Saint -Sauveur, dit
Heyiig-Kerst (1), en eiUranl, à la droite, près de la
sa< ristie, est une Descente de la croix, lableau peint
par Bernard, d'une assez bonne couleur, mais les
télés sont médiocres. — Au pourto'irdu chœur el de
la nef, sur les cintres des ogives, sont placés douze
grands tableaux ; les figures sont plus fortes que na-
ture : le premier rep:ésenie le Baptême de Noire-
Scigneur ; le deuxième, Jésus-Christ dans le désert ;
dans le troisième, les a|>ôires dans une barijue. »\ec
Jésus-Christ endoriui. le réveillent loui effrayes de
la tempête; !e quairiemc, la Résurrection du Lazare;
le cini|uièiuu, la Guérison de l'aveugle-né ; le sixième,
les Vendeuis chassés du leniple; le septième, la
Transli^uiation ; le buitièuie, le Démon chassé du
corps d'un possédé; le neuvième, la Samaritaine ;
le dixiètue, la Guérisou des malades ; le onzième, la
Pêche miraculeuse; et le douzième, JésuS'ClMist
faisant son entrée dans Jérusalem : peints par N.
Roose. Ces tableaux, avec bien du mérite, ont le
défaut de n'être pas d'un dessin assez correct ; les
ligures sont courtes et lourdes, et la couleur esi sou-
vent fausse el iiiviale.
Dans î'église de Saint-Martin, paroisse sur Aker-
gero, en entrant, à la droite, l'autel ^e marbre de
la chiipelle, dans la croix, est décuré d'un beau la-
bleau, peint parJ.yan Cleef. II y a représenté la
Cène, sujei bien composé, avec des têtes très-belles,
et d'une couleur et d'un effet piquants. Derrière le
chœur le tableau de l'autel de la Vierge représente
l'Adoration des Bergers , peini par T. vao Loou; la
composition en est agréable, mais la couleur est
lourde, surtout les ombres, qui sont noires. — Dans
la première chapelle, en entrant, k la gauche, sont
une Vierge de douleur et des anges, peints par G.
de Crayer. Rien n'approche autant des ouvrages de
Van Dyck que ce bon tableau. — Au maiire-auiel est
une Uésurreciion, lableau peint par G. de Crayer;
l« Cbrisi tsl bien eu l'air, assez re>semblaal au
même sujet qui se trouvait chez les AIrxieiis dans la
même ville, et égal en mérite. Il y a ici des soldats
différents au bas du tableau, la correciion du dessia
y est avec linessc, la plus belle couleur avec légè-
(1) Cetfe église possède un magnifique lableau de
M. van Han^ Laere, une D.sce le de croix. Ce ta-
bleau y fut placé en ISôt). Il excita alors une admi-
ration au-deasus de toute expression. La Vierge qui
suuiient son Fils a les yeui levés au ciel. I! y a d.ms
cette Bjjure de la Vierge une expression liieu belle
el qu'il était difficile de rendre ;iinsi. Ce sont ces
deux douleurs qu'il faut confondre : la mère qui
pleure la luort de son fils, la femme sainte qui re-
mercie Dieu de sa souffrance, expression de douleur
résignée. La Madeleine, dont les yeux épuisés ne
peuvent plus pleurer, regarde avec uns consierua-
460
reté et transparence. L'expression également belle
fait regarder ce tableaucommeundies meilleurs de ce
iQailre; il a la fraicbeurcomme s'il venait d'ëlce peint.
Dans l'église de Notre-Dame (2), paroisse sur
Saini-Pierre, les paysages, à l'entour de l'église,
au-dessous des croisées, sont d'assez boas tableaux:
le preiuier el les deux derniers à la g mehe surtout
sont peints par P. liais. Le tableau d'aulel de la
chapelle, à la droite, est de V.m Huile; il représente
la Vierge couronnée dans le ciel par les personnes
de la sainte Trinité : ce tableau n'est pas sans mé-
rite. — A l'autel de marbre, dans la chapelle de la
Vierge, on voit une .\ssomptioo, tableau bien com-
posé, où les têtes sont d'une grande beauté, d'un
effet doux, mais cependant faible de couleur : peint
par G. de Crayer. Les paysages, placés dans la
même chapelle, sont peints par P. Unis. 11 y a du
mérite. — A l'aulel de la chapelle, à la gauche, on y
voit la Vierge portée sur un croissant; ati bas, à la
droite, sont Adam et Eve, Adam lui présente la
pomme avec cette douleur qui marque le repentir;
el à la gauche sont Zacharie, sainte Anne et des an-
ges : c'est un iré^-beau lableau, dessiné avec correc-
tion el finesse; la couleur en est belle et transpa-
rente. Peint par J. van Cleef. — La Circoncision,
tableau peint par van Huile, placé au mailre-autel;
il est bien composé, le fond surtout est d'une belle
arcbiiecture: mais plusieurs tètes sont niévliocres, et
les ombres noires donnent au tout ensemble un Ion
tsisie.
Dans l'église de I ancienne abbaye de Suint-Pierre,
de l'ordre de Saint-Benoit, en entrant, près du ptjf-
tail, à la droite, on trouve un bon tableau peint par
J. Jordaeiis; il représente la Femme adnlière, sujet
tiès-bien composé, d'une bonne couleur; la tête de
Notie-Seigneur n'est ni belle ni noble, mais celle
d'un des accusaieuis est pleine de force et de canc-
tère. Du même côté le Couronnement d'épines, peint
par Abraham Janssens, sujet éclairé au flambeau,
correct de dessin et d'une couleur vigoureuse. A la
gauche du portait est un autre tableau peint par
J. Jordaens; c'est le pendant du premier; il repré-
sente Noire-Seigneur qui ordonne aux ennemis de
s'embrasser avant d'offrir sur les autels, tableau
d'une belle cuuleur et d'un effet piquant; la lêie du
grand prêtre est très-belle, les autres sont niédiocres.
A côté, Noire-Seigneur à la croix : le Christ est dessiné
avec bien de la linesse ; il est bien peint et d'un
bon effet, par J. van Cleef. Du même côté, dans la
tion morne le corps de Jésus-Christ. Cest une d«»
belles compositions dues au pinceau de AL vao.
Hans Laere.
On a placé à Saint- Savon un tableau du même au-
teur; il représente Jésus-Christ parmi les docteurs.
H ne le cède en rien au raérile du précédent.
(A'o/e de rameur.)
(-2) Lorsqu'on supprima l'abbaye on transforma
ce temple en musée. C'est à celte iransformatiun
qu'il doit sans doute sa conservation; il fut rendu
à l'evarcica du cuit» catholique en 18i)M.
{N«l« de l'mitt*ur.)
m
GEOGRAPHIE DtS LEGENDES AU MOVEiN AGE.
46i
croix, on voit r»nge qui ordonne à Tobie de relirer
le fiel du poisson qu'il vient de prendre, et qui doit
servir pour rendre la vue à son père aveugle : ta-
bleau peint par G. de Crayer. Les tèies sont très-
belles, et le paysage est également bien fait et de
bonne couleur. — A l'autel de marbre, derrière le
chœur, on voit un des ofOciers de Tolila présenté à
saint Benoit, peint par G. de Crayer. Ce tableau est
d'une grande beauté pour le dessin ei la belle cou-
leur argenline; les tètes sont admirables. Quel dom-
mage que l'effet en soii perdu! Une fausse et mau-
vaise couleur, qui couvre le ciel et le reste du fond,
placée par une main hardie et ignorante, l'ait perdre
une grande partie du plaisir que ce tableau donnait
à ceux qui le voyaient. — La chapelle de la Vierge,
en marbre, et l'autel, ont pour tableau la Vierge et
reniant Jésus qui distribuent des chapelets à des
religieux et religieuses de l'ordre de Saint-Benoti.
Peint p:ir don Antonio, ou Antoine van den Heu-
velle. L'autel de marbre à côté, aussi magnifique,
n'est orné que d'un tableau médiocre. — Les huit ta-
pisseries qui entourent le dehors du chœur sont des
sujets pris dans le Nouveau Testament, et quoique
fabriquées en 1500, elles paraissent neuves; pour
les conserver ainsi on les enferme avec des volets,
Eur lesquels sont peintes avec beaucoup d'art les
plus belles fleurs, par Morel. Les copies de ces ta-
pisseries se voient placées à l'autre côic du chœur;
ce ne sont que des t.ibleaux médiocres qui ressem-
blent à de la détrempe. — Les quatre ligures de
marbre placées contre les piliers au poirrtour de
l'autel représentent les Vertus; elles sont du sculp-
teur Gilles d'Anvers. Le même n fait toutes les figu-
res en p erre qui sont placées auiour de l'église et
dans la nef : elles sont belles. — L'entrée du chœur
est fermée d'un ordre ionique, avec des colonnes,
iiiiit de beau marbre; l'enlablement est médiocre et
même ndcule. L'entrée des deux bas-côtés est aussi
fermée par des colonnes et du même ordre, aussi de
marbre; les colonnes sont plus petites : c'est une
faute de règle et de gdùi; tout.y est sur le même
plan et dans le même lieu. Le cliœur et la nef sont
ilécorcs de pilastres corinthiens; au milieu de la nef
est une coupole richement décorée; dans les appen-
tis sont représentés les quatre évangélisies en sculp-
ture, d'un bon goût et d'une belle exécution (I).
C'est en général un édifice moderne, assez bien or-
donné et décoré avec richesse.
Dans l'église des Jacobins ou Dominicains (2), le ta-
bleau d'autel, dans la première chapelle, à la droite,
représente Nuire-Seigneur et sainte Caliierine, peint
par Don Antonio; il est agréablement composé, et
les draperies sont bieu ajustées. — Dans la quali ième
chapelle, vis-à-vis de l'autel, est uu tableau qui re-
(1) Ces quatre évangélistes sont les ouvrages des
sculpteurs J. Broecksent, de Sutieii, et Verscliaffett.
{Note de l'auteur.)
(i) Ce couvent fut supprimé en 179ù; à sa place
on a éubli des magasins; le réfectoire sert de salle
présente saint Thomas d'Aquin, saint Pierre et saint
Paul, peint par N. Roose. Le tableau d'autel, peint
par le même Roose, représente saint Dominii|ue qui
adore le saint sacrement de l'eucharistie. Ce tableau
est médiocre; celui qui est placé à l'autel delà
sixième chapelle fait voir la Madeleine que des anges
portent au ciel : beau tableau peint par l. van Cleefi.
— Le Repos en Egypte est réputé le chef-d'œuvre
de Jean van Cleef. Ce sujet est bien composé, bien
dessiné; les tètes sont toutes belles; il est bien dans
la manière de Piètre de Carlone.— Le tableau de la
septième ibapelle fait voir Notre-Seigneur, à qui
des anges présentent les instruments de sa passion;
la Vierge auprès semble le» considérer avec douleur*
sujet peint par Van den lleuvele. Il y a des parties
bien faites.
En entrant dans la première chapelle, à la gauche,
le Martyre de sainte Barbe est un beau tableau, bien
composé et bien peint par J. van Cleef. A côté de
l'autel est placée la Résurrection, tableau peint par
G. de Crayer. Ce n'est qu'une seule ligure plus
grande que nature, mais bien dessinée et bien peinte,
et d'un faire savant. Ce tableau était aulrefois à
l'autel de la chapelle où est enterré G. de Crayer.
On a préféré un mauvais tableau qui tient sa place;
c'est un défaut ,'.e goût. — Dans la troisième chapelle
est un saint évè(|ue en prière pour le sosilagenient
des malades; tableau peint par Maès. il est d'une
belle manière, approchant de celle des Carraehes. —
La quatrième chapelle a pour tableau l'enfant Jé-
sus au milieu d'une cour céleste, pemt par Primo
Gentil ; tout y est agréable, et la couleur la plut
aimable. A côté, au-dessuus de la croisée, on voit
saint Joseph tenant l'enfant Jésus, qui examine,
ainsi que la Vierge, les instiuments de sa passion,
présentés par des anges. C'e^t encore un beau ta-
bleau peint par J. van Cleef. Dans la cinquième cha-
pelle, vis-à-vis de l'autel, est placé le Martyre de saint
Biaise (3) : c'est le dernier ouvrage de G. de Crayer;
il est grave par M. Pilsen. Ce beau tableau occupait
aussi la place sur l'autel, mais il a été, comme U
Résurrection, préféré pour celui qui s'y voit aujour-
d'hui et qui est médiocre.
Dans l'église des RéeoUets, en entrant, à la droite,
le tableau d'autel (4) représente saint François qui
reçoit les stigmates, peint par Rubens; derrière la
saint est un religieux qui parait surpris et effrayé à
la vue de la lumière céleste; le fond est un paysage.
L'expression des ligures est belle, l'eO'et en est bon.
C'est un beau tableau. — L'autel, en entrant, à la
gauche, a pour tableau la Madeleine expirante et
soutenue par des anges, peint par Rubens; beau
tableau, bien couiposé et d'une belle couleur; les
têtes sont très-jolies et bien dessinées. — Le tableau
de vente. {Note de l'auteur.)
(3) Ce tableau est maintenant à l'académit: 4%
Garni . (Note de l'auteur.)
(4) Egalement placé à l'académie de G.and.
lNoi« de tautiur.)
*6û
DICTlOiNiNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
461
■i du inaîiie-aulel esi iine composilion piltoresque pleine
i' de feu : «n voit Jésiis-Clirist, la foudre à la main,
prêt à accabler le monde pécheur; la Vierge à ses
pieds, en lui monlranl son sein, implore sa miséri-
corde et veut llécliir sou courroux ; saint Frauçnis
est également en prière pour obtenir de Dieu le
pardiin des péclieurs : peint par Rubens. La figure
du Christ est expressive, la lêie surlou). est belle;
la lèie de saint François est aussi d'un beau carac-
tère; la couleur e>t viuoureuse et transparente,
rell'et en est fort et piquant, soutenu par des om-
bres larges qui font dispuraîire quelques inégalités
dans les Inniières.
Dans l'église des Aiiguslins (1), le tableau placé à
l'autel, à la droite, à côté du chœur, reprcsenie plu-
sieurs saints et saintes : beau sujet, composé avec
agrément; des tètes belles et bien peintes , par
G. de Crayer. Un autre tableau peint par G. de
Crayer décore l'autel, ici à la gauche; il représente
saint Nioidas de Tolentia qui disiribue des petits
pains bénits aux mahides, composition excellente
de ce maître; correction de dessin, couleur, elfei, et
des lèies très-belles, font le mérite de ce tableau.
Huit tableaux, placés autour de celle église et
peinK |i;ir N. Koose, représenlent la l'rufanation des
hosties sacrées. Tous ces bons tableaux, ainsi que
plusieurs be.iux paysages de van Ldeu, que l'on voit
ici, ont éié mal nettoyés et plus mal repeints par un
médiocre artiste : c'est grand dommage!
A l'hôtel de ville (-2), dans le fond de la salle de la
Cavalcaile, près de la fenêtre, le premier lahleau re-
présente l'eniperenr Charles V, âgé de sept .i huit
ans, place debout sons un d;>is, la couronne impé-
riale sur la tète, et le sceptre dans la main ; il reçoit
rhouimagc des membres du Cunseil et des députés
des Etais : peint par G. de Crayer; tableau faible.
Le deu.\ièuie, Charles V à cheval, accompagné de
l'archiduc son lils; il semble lui ciuifier la conduite
d'une armée, en lui remettant le bâton de comman-
dant : bon t.ibleau peint par G. de Crayer. Au troi-
sième, on voit la Renommée qui plane dans les airs :
d'une main, elle tient une cour.inue de laurier; de
l'auire, une branche pour désigner la Victoire; sur
ia têie de l'empereur un aigle, dans son vol, tient
dans ses grilfes une branche et une couronne de
laurier ; derrière le monarque est un Enseigne suivi
d'un iSégre. La Renommée est une figure médiocre;
le reste est bien peijil, par G. de Crayer. Le qua-
irièuie représente le Couronnement de Charles V :
le pape Clément Vil lui place la couronne iu)périale
sur la lêle, assisté de cardinaux, d'évèqnes et des
princes de la cour : bon tableau peint par G. de
Crayer. Dans le cinquième, Charles V, assis sur son
irône, remet à son (ils une lettre que ce prince baise
(1) On nomme cette église succursale des Augus-
tinsoude Saint-Etienne. Lachapellede Saint-Eiienne
est maintenant érigée en succursale de Saint-Sau-
veur. Une partie des bâtiments supprimés en 1706
«ert à une filature de colon ; l'autre est occupée ac-
luellemenl par l'académie royale de dessin. Cette
avec respect, en présence des princes et des évê-
ques : beau tableau peint par G. de Crayer. Le sixième
représente la bataille de Pavie; François 1", pris
les armes i> la main, se rend prisoimier à Charles V
et à trois autres princes qui l'environnent. Le peintre
a su exprimer toute la majesté dans cet illustre pri-
sonnier, et tout le respect dans le vainqueur inéoie.
Trois lemmes occupent le plan le plus éloigné : celle
du milieu représente la ville de Pavie; elle e^l dans
la plus vive douleur, les yeux en larmes élevés au
ciel ; cet événement la met dans le plus grand acca-
blement, tandis que les deux autres femmes, irés-
enjnuées, cherchent à la distraire; mais elle ne pa-
r;i!t pas les écouter. On lit au bas : Sic Carolus cap-
tivo reije subegit. Les trois femmes sont d'une nature
trop lourde et sans (inesse de dessin ; le re-.te du
lable:iu est beau et bien pensé : peint par G. de
Crayer. Le septième fait voir Charle V assis sur le
trône; il reçoit les hommages des princes vaincus;
on y distingue surtout Jean, comte de Saxe, tenant
sur l'épaule ime lance rompue; celte figure colos-
sale, exactement ropréseniée d'après nature, est
d'une grandeur monstrueuse et même désagiéable.
On lit au bas : Potentissimo tolitis Europœ princ pi,
Pcriiviani et Americaiii orbis in America monarchie,
in As a et Africa dominatori hi'roi incomparabiti Ca-
rolo Qiiinto Caudesi. Ce tableau est bien peint et
d'une irèsbelle manière, par G. de Crayer. Le hui-
tième cnlin représente la Conquête de rAfriipie par
Charles V; ce monariue, armé de sa cuirasse, s'é-
lance du navire sur le rivage ; il saisit p;ir le bras
une femme africaine qui veut fuir; sa figure et son
jiabillement désignent bien celle contrée du monde,
de même que le linn et des serpents ; dans le fond on
aperçoit un port et la ville. On lit au bas : E navi
descciidens, te leiieo, Africa, dixil. C'est aussi un
tableau bien composé et bien point par G. de Crayer.
Toutes les salles de l'hôtel de ville sont grandes,
surtout celle de la Cavalcade, qui était bien faite
pour contenir un peuple considérable, et pour y
donner des fêtes d'éclat; tout l'extérieur est un mé-
lange biz.irre d'architecture gothique, qui n'inspire
d'auire idée de grandeur que par son étendue.
Les ruesde Gand sont larges ; les ponts, qui sont en
grand nombre sur les canaux, donnent beaucoup d'a-
giémeni et de commodité dans une ville qui pourrait
contenir deux fois plus de monde. Les places pu-
bliipies y sont aussi très-grandes et assez bien
décorées par des hôtels ou d'autres édifices publics.
Gangra, Kanghri, ancienne résidence des rois
paphlagoniens, capitale de la Paphiagonie depuis le
ly" siècle, située entre deux petites rivières qui se
jettent dans l'Halys. — Cette ville fut déclarée au v<^
siècle métropole de ia Paphiagonie. Sa juridiction
église a conservé ses tableaux. (Noie de routeur.)
(2) On voit dans cet hôtel de ville un tableau de
van Brée, lepréseniant le prince d'Orange intercé-
dant, en 1577, auprès des factieux, en faveur des
catholiques opprimés. (Note de l'auteur.)
465
GKOGRAPHIK DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
4G0
s'étendait surles archevêchés d'Amastris, de Pompéio-
polis,surlesévêchésdeJunopolis,deSora,deOadybra.
Elle occupait le quinzième rang parmi les métropoles,
et son métropolitain était rangé parmi les hijper-
tîmes ou trés-honorables. Il s'y tint, sous le poiiiificat
de saint Sylvestre un concile en 32o, composé de
quinze évéques, au sujet des opinions d'Eustailie
d'Arménie, qui piofcssaii la vie des ascètes, et pir
un zèle peu éclairé repoussait le mariage comme
étant une cliose mauvaise. Les Pères du concile
conilamnèrent cette opinion en vingt canons, qui
ont été recueillis dans les codes de l'Eglise grecque
et latine. — Il se tint dans cette ville un autre conci'e
en 573. — Gangra n'est plus qu'un village habité
par des Grecs. — Quelques auteurs prétendent que
l'ancienne Gangra est au contraire Totia (l'ancienne
Théodosia Gangrorum), qui est un bourg également
haliilé par des Grecs, dans la province d'Amasie.
Celte prétention ne nous paraît pas fi)ndée. Au reste,
nous avons suivi ici l'opinion du célèbre orientaliste
de Hanimer, dans son Histoire de l'empire olloman.
GermanicopoUs, vel CUindiopolis, suivant i^uelques
auteurs, Kastemuni, renferme plii>ieurs mosquées
remarquables. — Sa population est aujourd'liui de
13,000 habitants. — Cette ville, située dans une val-
lée profonde, au milieu de laquelle se dresse un
roclier escarpé couronné d'un ancien cliâieau, ren-
ferme le tombeau d'un saint musulman, et a donné
naissance à plusieurs poêles,, ainsi qu'à la fameuse
Seincb. Kastemuni est l'ancienne Germanicopnlis
ou Claudiopolis dans la Paplilagnnie, évéclié au
v^ siècle. — Métropole de la province d'Ilonoriade
jusqu'au .\i!i« siècle, elle avait sous sa juridiction les
cvècbés A'Heraclea Ponii, de Prusias, de Teium, de
Flavianopolis et d'Iladrianopobs. — La rivière du
même nom, afduent du Kizil-Innack, fleuve qui se
jette dans la mer Noire, passe auprès de celte ville. —
Germaniiopolis, ou Claudiopolis ayant été ruinée
paries barbares dans la seconde partie du w siècle
et an commencement du xir', le siège métropolitain
fut ensuite irinsféré à Hernclfa-Ponti. Les auteurs
sont partaeés sur le nom de Kastemuni : les uns en
font l'antienne Germanicnpolis , d'autres, l'ancienne
Claudiopolis. P:irmi ces derniers sont le P. Charles
de Saint-Paul el l'abbé de Commanville. Il y a eu
une autre ville ép^scupaledu nom deGernianicopoli> ;'
clic faisait partie de la piovince d'Isaurie dans le
patriarcat d'Anlinche, sous la métropole de Seleucia
Oipera (Sc'escliie). Elle n'est pins qu'un pauvri' petit
village. Il y a eu anssi d.ms la même province d'Isau-
rie et sous la même métropole, une ville épiscopale
du nom de Cbmdiopolis qui n'existe plus. Ces deu.v
évécliés dataient du iv« siècle.
Grani Aquœ, vel Capella Aquarum, vel Aquisgranum,
Aix-la-Cliapclle {allem. Aachen), cbef-lieu du gonver-
nementde ce nom, dans le grand-duché du Bas-Rhin,
en Pru-se , cl siège d'un tribunal d'appel ; aulrefuis
ville libre et impériale d'Allemagne, dans le cercle
de Wesiphalie. enclavée dans le duché de Juliers ,
près des limites du duché de Linihourg et sous \x
protection de l'électeur palatin.
Son nom lui vient du mot aquœ, eaux, et da
Serenus Granus , qu'on regarde comme son fonda-
teur (124 après J.-C). On ignore l'époque de sa
fondation, mais on y trouve des ruisies antiques qui
font supposer que sous Jules-César et Drusus , les
Romains y ont séjourné quelque temps. Brûlée par
Attila et ses Huns en 451, elle fut tirée de son
obscurité par les maires du palais d'Austrasie. Ce-
pendarrt elle doit son plus grand lustre à Charlemri-
gne, qui, charmé de sa siiiiaiion, la fit rebàiir pour
en faire sa résidence. Il y mourut en 814 et fut en-
terré dans la cathédrale qu'il avait fondée en 796 et
qui fut terminée en 804. En 1533, on y ajouta le
chœur, au milieu duquel est placé le tonibeau de
Cbarlemagne. Une couronne colossale d'argent et de
cuivre doré donnée par l'empereur Frédéric !«■■ est
suspendue au-desus de ce tombeau. Snus le dôme
de l'église on voit le siège de marbre blanc qui ser-
vit au couronrieruent de cinquante-sept empereurs,
quand, selon la constitution de Charles IV, dite la
Bulle d'or, ce couronnement se faisait encore à Aix-
la-Chapelle. Aujourd'hui les insignes impériaux sont
à Vienne, où ils furent transporté? en 1793.
Cliarlemagne avait établi dans la cathédrale irne
communauié de clercs qui y vivaient en commun
sous un abbé on prévôt. Les Normands ayant détruit
cette église en Sj2, l'empereur Othori III et Nuiger,
évêque de Liège, la lireut reconstruire à la lin dit
x« siècle ; mais, au lieu de clercs réguliers, ils y é'a-
blirent un chapitre de vingt-huit chanoines. Avant
la révolution française, ce chapitre, dont l'empereur
d'Allemagne était chanoine, se composait de vingt-
qiiaiie chanoines capilulaires ei de huit dnmici-
liaiies. La ville d'Aix-la-Chapelle possède un grand
nombre de belles églises : celle des Franciscains
renferme des tableaux précieux. — Aix-la-Chapella
a six sources chaudes minérales sulfureuses el une
froide. Son industrie a perdu de son ancienne im-
portance. — La ville renferme plusieurs mouumenls
remarquables : la statue de bronze de Charlem.igno
sur la grarrde place, et l'hôtel de ville , qui est iru
reste précieux de l'an du x« et du xiv» siècle.
Le distiicl d'Aix-la-Ch:ipelle , divisé eu onze
cercles, contient environ 538,000 habitants, dont
524,500 catholiques, 9700 protestants, el 1900 juifs
et memnoiriles. — En 789, il y fut publié un capiiu-
laire composé de 82 articles, auxquels on en ajouta
dans la suite 16 pour les moines et 21 pour diverse*
affaires ecclésiastiques et civiles. Les prélats s'y as-
semblèrent en concile en 799 : Alcuin y disputa
contre Félix d'Urgel, qu'il convainquit d'hérésie. Il
y en eut etreore nu autre assemblé par Charlemagna
i son retour d'Italie en 802. D.ins celui de 809 les
prélats s'éiant assemblés par ordre dir même empereur,
on traita de la procession du Saint-Esprit, et l'on
députa deux évêques, Bernier de Wurms el Jessé
d'.4miens avec Adélard, abbé de Certiie, pour aller
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE EGCLESIASTIQUE.
46:
irourer le pape. Sous Louis le Débonnaire en 816, il
s'y linl an antre concile , oii Ainalarius , diacre de
Meiz, fit une règle pour les clianoines et une pour
les relitîieMses. Il y en eut d'aurcs encore ; eu 817,
é-MiS un appaiiemeni du pa ais impi^rial, pour la
léfonne des mœurs ei le réglenieni des religieux; en
819, pour donner auilieuce. à ceux qui avaient reçu
Tordre de Iravailler à la réforme des monastères; en
85<3, contre les nsnrpaleurs des biens de l'I- glise. A
la suite de ce couci'e, Peiiiii , roi d'A(|nilaii:e, resti-
tua les biens ecclésiasiiqi es dont lui ou les siens
s'éiiiient emparés. — En 860et iiii, l'archevêiiue de
Cologne et celi;i de Trêves s'a-seniblèreni à Aix-la-
Chapelle pour prononcer entre Lothaire et Tli^eiberge,
nn divorce que le pape Nicolas I'""' ne voulut pnint
ratifier. Il envoya des légats que les prélats du cou-
cile réussirent à nielire dan-, leur parti; mais Nico-
las l" les excommunia, et Lothaire fut contraint de
reprendre sa femme, et de répudier en 86o Valrade,
nièce de Tliietgaud , archevêque de Trêves, et sœur
de f elui de Cologne, qu'il avait épousée dans l'Inter-
valle, et dont il avait eu un fils, connu dans l'his-
toire sous le nom d'Hugues le Uàiard. En 917, les
piélals s'assemblèrent à Aix-la-Chapelle poui le
couronnement de l'empereur Oïlion, qui fut sacré et
.couronné par Ilildebert , archevêque de Mayence.
Enfin en 1022 il s'y tint un synode d'é\éques pour
terminer un différend '|ni s'était élevé entre Péligrin
de Cologne et Durand de Liège.
Le riche trésor de reliques conservées dans la
cathédrale de celle ville s'expose tous les sept ans à
la dévotion des fidèles. Celte exposition attire un
concours de personnes qu'on évalue à plus deSO.OOO.
A cette époque , touies les maisons d'Aix-la-Cha-
pelle sont envahies. La populaiion sédentaire est
d'environ 40,000 liabiianls. Elle était beaucoup plus
con.-idérable du temps de Charlemagne. — Pendant
tout le moyen âge, elle demeura ville libre impé-
riale, jouissant de privilèges particuliers, ot consi-
dérée comme le siège du Saint-Empire romain. Les
empereurs y furent couronnés jusqu'en 1538. époque
à l.nquelle la cérémonie du couronnement se fit en-
suite à Francfort-su r-le-Meio.
Aix-la-Chapelle est célèbre dans l'histoire des né-
gociations diplomatiques et des traités de paix de
l'Europe moderne. Le 2 mai i668, on y signa le
traité de paix entre Louis XIV et l'Espagne; et le 18
octobre 17.i8, celui qui termina la guerre de la suc-
cession d'Autriche, et qui confirma la léunion défi-
nitive il la France de la Lorraine et du duché de Bar.
En 1818, il y eut congrès des puissances, signataires
des traités de 1815, pour mettre fin à l'occupation
de la France par les troupes étiangères.
Aix-la-Chapelle faisait partie de l'empire français
de 18! 0 à 1814, et était le clief-lieu du département
de la Hnêr. Le concordat de ISOl y avait établi un
évêclié qui subsista jusqu'en 1815. La ville dépend
maintenant du diocèse de Cologne.
Çriiidtlvallh, vallée du GrJDdeiwaid, daof l'Ober-
468
lan, canton de Berne, Suisse. Les liabitanu sont
protestants. — L'église, le presbytère et l'auberge
sont les seuls bâtiments qui se trouvent sur tjne émi-
nence, dont la hase est biignée par le torrent de la
Lutschei.en ; toutes les autres habitations sont di«-
persées dîtns la vallée, qui conipie une population de
deux mille âmes environ, et (|ui s'éiend du nord-est
au snd-onest sur une longueur de 16 kil., tandis que
si largeur n'est guère que de 2 k=l. Mesurée snr l'é-
niineii'e près de l'église, son élévation au-dessus de
la Méditerranée est de ôluO pieds. Partout entourée
de glaciers formidables , tels que le Faidhorn , le
Welierliorn, l'Eiger, le Schreckliorn , le Viescher-
horn ei la Scheideck, cette vallée doit elle-même sa
réputaiion à deux glaciers qui portent son nom. Ce-
lui, appelé le grand glacier du Giindelwald, se trouve
entre le Wetterlinrn cl le Metietiberg; le petit est
siiné entre cette dernière montagne et l'Eiger, et ils
sont séparés l'un de l'autre par les rochers du
Sebreckhorn. Ces deux glaciers sont d'un accès fa-
cile, et ne sont distants de l'auberge que d'une lieue.
Là, où le pied glisse aujourd'hui sur des champs de
glace, un voyaii, dans le onzième siècle, de gras pâ-
turages qui s'étendaient jusqu'au Valais. La vallée
du Grindel«ald présente partout une multitude d'as-
pects et de points de vue qui surprennent le voya-
geur et le remplissent d'admiration. — Un chemin
qui ne | résente aucun danger conduit, par-dessus la
Scheideck (sa plus hau'e ciu.e, l'Eselsrucken, dos
d'âne, est à 604-^ pieds au-dessns de la Méditerr.mée),
dans sept heures et un quart, à Meyringen, dans la
vallée lie Hasie. Cette Iraversée, qui présente diffé-
rentes scènes et plusieurs points de vue très-remar-
quables, mérite d'être décrite avec quelques détails.
Sur l'Eselsruiken , on contemple avec surprise la
masse ée.orme du Welierliorn, duquel on s'approche
de b:en prés en traversant la Ro^salp. Du haut de la
montagne jusqu'au pied du chalet de la Scliwarz-
walilalp. Il y a 6 kil., et de là jusqu'au Roseidauibad
(bains de la Rosenlaui), 4 kil. Près d'un pont qui se
trouve dans cet endroit, on voit le glacier de la Ito-
senlani dans toute sa magnificence. D'ici ou compte
6 kil. jusqu'à une saillie de roclier nommée Z^Yirgi
ouTwirgi, d'où l'on découvre la vailée basse du llasle,
et enfin on arrive, en trois quarts d'heure et en p:is-
sant près de la ehute du Reichenbach, à .Meyringen.
— La vallée de llasle, qui se dirige du sud-est au
nord-oue^I, a une longueur de 40 kil., et sedivise eu
haute et basse vallée. La première occupe un esp»ce
de 28 kil. depuis le Grimsel jusqu'à Meyringen, et la
seconde a 12 kil. d'étendue depuis ce village jusqu'à
Brienz. Toute la vallée, qui est arrosée d'un bout à
l'autre par l'.^ar , se trouve renfermée entre une
chaîne de rochers escarpés, qui ne s'ouvre qu'en ap-
prochant du lac de Brienz. Elle est habitée par un
peuple qui se d siingue avantageusement des auires
habitants des Alpes, tant par son idiome que par ses
belles formes corporelles et d'autres particularités.
A en croit* les liadiiions et c|uelques vieilles cliau-
40^
GEOGRAPHIE DES LF.CENOES AU MOYEN AGE.
470
ion» populaires , même d'après un registre qui se
conserve sur les tieuT, ce peiipte est d'origine Scan-
dinave. Fuyant nne famine n"i désninil b Suède dans
le V" siècle, ses ancêtres, réunis sons la cnndnite tJ'nn
nommé Hatig, natf de Hasie (ville suéiloise), après
avoir erré longtemps dans différtMiis p^'ys, arrivèrent
enfin dans cette cimirée , et s'y fixérem. — D'nne
ciniiience qui se trouve derrière l'église de Moyrin-
gen, on plane sur pre-que toute la vallée, qui offre
des lahleauN magnifi(ines et Viiriés. Les sept cascades
du Rpiclieiilwch v'y rencontrent, et la clinle supé-
rieure n'e'-t éloignée dn \\ lage que d'un kil. ; sa co-
lonne d'eau, qui se préc'pite d'une h:iutenr verticale
de trois cents pied-, en a (Tes de trente de largeur,
et le bruii qu'elle fait est véritablement effrayant;
mais le coup d'œil qu'elle présente, lorsqu'elle est
éclairée par Ir soleil levant, est d'une beauté snblime,
snrtiiiit en été, et notamment vers l'époque dn sol-
stice. Le point de vue le plus favorable pour con-
templer le Reichenbacli, est sur le pont de l'Aar, du
côté de Mcyiingen; de celte place on découvre un
iris resplindlssaiil des couleurs les plus brillante--.
La cinite inférieure est moins bauie, mais égabnient
très-belle; c'est dans la soiiée qu'on la vnit dans sa
plus grande splendeur. Le Falclieriibach, qui se pré-
cipite d'nne bautenr de deux cen-s pieds, un peu
au-dessous dn village de Meyringen, et l'Alpbacb,
qui se vnit dans la chaîne de montagnes Jk l'est, sont
deux cascades qui méritent également d'être remar-
quées.
Gusari, les Ogliuses, nommés Ghuses ou Uses
dans les liivlnriens bysmiiins, occupaient le Turkes-
tan 1 1 la contrée située entre l'Iuxartes et l'Oxus ; ils
étaient mêlés fréqnciiinient aux guerres des Cliosroès
de Perse et de< klialifes d'.\rabie. Ces Ogliuses s'é-
tabliren;, sous le nom de Tnrkmans, sur les rives
orientale et occiileniale de la mer Caspienne. Ils
firent des invnsions dans la Syrie, car saint Jérôme
se plaint beaucoup de leurs ravages dans plusieurs
de ses le' très. Depni';, dans le xii* s'ècle, ils lirent
une invasion dans le Khurassan, on ils mirent tout i
feu et à sang. Il faut compter dans les races turques
non-senlemeni c s Ouhuses, mais aussi les Kumms,
les Peisclienègnes, les h'ziges et les Jasses. Toutes
ces tribus étaient iilolàtres. Il convient d'y joindre
aussi les Vigurs, répandus de Korakiirum à Tnrf;in,
qni reçurent le nom d'L'sbegs, à cause d'U~h y-
Khan, dominaienr de ces pays, l^eiir langue e^i b;
turc le plus ancien et le plus pur. La langue ghé-
sienne ou tnrcomane est aujourd'hui la langue des
Turcs.
Hadrin, .\dria, ancienne ville de l'Italie, bàiie sur
les ruines de l'Hadria des Romains, qui était un port
de mei- sur le golfe Adriatique, et dont elle est éloi-
gnée aujourd'hui de 20 kil. par les immenses attcr-
rissemcnts formés aux bouches du Pô, lesquels sont
dus à des causes intéricuies, indépendantes des in-
fluences maritimes. Erigée en évècbésousla métro-
pole de Kavenne au v« siècle, elle testa jusqu'au x»
siècle la résidence de l'évéque, qui se retira à lio-
vigo ; et depuis ce temps ses successeurs ont conti-
nué d'habiter cette ville. — Son commerce était très-
florissant et fort considérable au commencement de
l'ère chrétienne, puisqu'elle donna son nom à la mer
Adriatique. Il consiste aujourd'hui en grains, che-
vaux, bétail, en cuirs et poteries. Cette ville est de
la province de Venise, à 18 kil. est de Ko\igo, sur le
canal Rianco. Comme elle est située au milieu d'un
pays marécageux, le climat y est très-insalubre.
Uamacosiot, tel Fama Augusii, Famagouste, an-
cienne ville épiscojiale de l'ile de Chypre, autrefois
Arsinoé, ilii nom de la sœur de PtoléméePhiladelpbe,
qui en jeta les fondements. Le nom de Famagouste
vient originairement d'Amocusta, qui signifie bâtie
dans le sable, par rapport à la terre déliée et sa-
blonneuse qui l'environne.
Cette ville est située sur la côte orientale de l'île ;
on e 1 approche de très-prés avant que de l'aperce-
voir, encore ne découvre-t-on que la pointe des
édifices, les terres environnantes lorraant une pente
extrêmement allongée, donlle sommet est pour ainsi
dire de niveau avec les parties les plus élevées de la
ville. Elle a deux milles de circonférence : elle est
assise sur nii rocher; les murs sont épais, larges et
aplanis par le liatit; à l'entour circule un fossé pro-
fond, que l'on a creusé au ciseau : ils sont en outre
flanqués de douze énornies loui.s, dont les murailles,
épaisses de quatre pas, embrassent un cercle de cinq
pas de diamètre. Da:is l'intérieur Je la ville est un
phare, trois bastic ns, un boulevatd avec deux rangs
de batterie et une citadelle. — Cette ville loriiliée
en 4195, par Gui de Lu.-ignan, s'accrut encore en-
tre les mains des Génois qui la gouvernèrent près
d'un siècle, de Jacques le Bâtard, et enfin des Véni-
tiens. — Elle a deux portes à ponts-levis, l'une vers
la terre, et l'autre du côté de la nier; celle-ci con-
duit au port, dont l'entrée, exirêiiiement élioite, est
ferince chaque nuit par une chaîne c|Ut: l'un altaclie
à un des boulevards du purl. L'accès n'en est permis
qu'aux bâtiments vides, non que l'emrée en soit peu
profonde, mais parce que le port est en grande par-
tie comblé; il est défendu au levanl par une suite de
rochers qui empèclieni la mer d'y entrer avec impé-
tuosité : de là vient qu'il offre aux vaisseaux un
abri sûr et tranquille ; aussi est-ce dans ce port que
les capitaines font radouber et caréner leurs bâti-
ments. — C'est à Famagouste que le> Lusignans se
faisaient sacrer rois de Jérusalem. Cett • coutume ne
cessa qu'à la prise de l'Ile par les Génois. Ceux-ci
s'emparèient de Famagouste dans le xiv siècle, au
temps du roi Pierre; le roi Jacques, son successeur,
*71
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
lit leur accorda librement avec six milles du territoire
de I:) ville, qu'ils gouvernèrent selon leurs lois. Au
xv° siècle, Jacques le Bâtard en fit la conquête,
npiès trois ans de siège, et un des articles de la ca-
piiuliii on était la promesse d"y maintenir les lois de
Gènes. Lile tomba, en 1490, entre les mains des Véni-
tiens. Fainagouste eut alors à sa tête un noble véni-
tien, qui en était en quelque sorte le ministre plé-
nipotentiaire. Le 18 septembre de l'année 1570,
Musîaplia, général du sultan Sélim, conduisit ses
troupes devant Famagouste, et vint camper au rou-
cbant, dans le village de Poinme-d'Adam. Le siège
s'ouvrit le 23, et le !*■■ octobre on commença à la
battre en brèche. Au mois d'avril 1571, il se rap-
procha des murs, et alla camper dans les jardins
voisins de Famagouste. Le gouverneur était le brave
Marc-Antoine Bragadin : de vaillants geniilsliommes
défend^iient avec lui celte place imporianle, qui est
vraimentlacIefduroyaume.il y avait alors dans
FainngouMe 8000 âmes, et iOOOenèlat de porter
les armes. Celte vaillante élite soutint six terribles
assauts, et fit face à lontos les forces de l'empire
ottoman : le nombre l'emporta, et le 1"^' août 1571,
la ville se rendit à des conditions honorables que
Mustapha viola , an mépris des droits les plus sacrés. —
Le 17 août, Bragadin, après mille outrages et ava-
nies qui mirentdans le plus grand jour Tliéroïsme de
cet intrépide commandant, fut écorché tout vif, sa
peau remplie de paille, son corps déchiré et ses mem-
bres épars dans divers postes de fortifications; celle
peau fut ensuite mise dans une caisse avec les lètos
d'Eslor Bâillon, de Louis .Marlinongo, du brave Cas-
lellano et de Quirini; toules ces lètes furent portées
à Constaiitinople et présentées au grand seigneur.
Anioine Bragadin fiére du commandant, Marc Er-
molaiis et Anioine ses fils, racheièrenl la peau de ce
liériis, et la firent inliunier à Venise en 1S96, dans
l'église de Saint-Paul et Saint-Jean. Il n'est point
d'éiianger ni de voyageur qui n'aille contempler
avec une admiration mêlée de trislesse la tombe de
ce grand homme. — L'armée ottomane était de
200,000 hommes; il n'y avait que9i,000 Turcs, le
reste était un ramas d'aventuriers de Syrie, de Kara-
n)anie et de l'Anatolie. On peut jusjer de l'iiitrépidiié
des assiégés par le nombre des Turcs morts devant
la place : la garnison était à peine de 400 ) hommes,
et il y périt plus de 75,000 Turcs. C'est .sans douie à
cela qu'il faut attribuer toutes les barbaries dont se
souilla Mustapha.
Vers l'an 1370 sainte Brigitie, allant à Jérusalem,
passa par Chypre, où régnait alors la reine Eléonore,
lille du duc de Milan et vi'uve de Pierre de Lusi^'nan,
qui fui assassiné par ses frères. La sainte essaya d'ar-
réier les débordements de cetli; ileel fit pari aux ha-
bitants d'une révélation sur la ruine prochaine du
royaume, s'ils ne rentraient dans la bonne voie. A
la prière de la reine Eléonore, celte sainte resta jus-
qu'au ciinroiinemeni de son fils Pierre, qui fut pro-
clamé rni de Chypre à Nicosie, et roi de Jérusalem
dans Famagouste. Brigitte, après la visite des saints
lieux, retourna dans cette dernière ville, annonça sa
ruine et celle du royaume : l'événement a jusiiflé
sa prédiction.
Famagouste n'a rien perdu à l'extérieur de son an-
tique construction : ses fossés sont entièrement des-
séchés ; les murailles en bon état, à l'exception de
quelques tours endommagées par le canon ennemi,
etquel'on n'a point réparées. Il n'en est pas de même
de l'intérieur de la ville : on n'y marche plus que sur
des ruines et des décombres. Le nombre des églises
démolies est immense ; on assure qu'une aussi petite
enceinte en avait renfermé jusqu'à deux cents ; elles
étaient extrêmement élevées, mais étroites. — On
distingue la cathédrale latine de Saint- Nicolas, an-
jourd'hui la principale mosquée, et dont la construc-
tion ressemble en tout point à celle de Sainte-Sophie
de Nicosie. Il y a plusieurs pierres sépulcrales; c'est
là , enire auires, que furent inhumés Jacques le Bâ-
tard el le roi Jacques sou fils. Vis-à-vis de l'église,
sur la place, sont trois arcades soutenues par diver-
ses colonnes de granit oriental, et portant les armes
de la république de Venise : le reste du mur est cou-
vert d'armes de familles vénitiennes et génoises, qui
ont eu le commamlement de la ville. Derrière ces
arcades sont les ruines de l'ancien palais des gou-
verneurs de Famagouste. Ou a fait une mosquée de
la superbe cathédrale de Sainte-Croix ; l'église de
Saint-Paul était également un des plus beaux édifi-
ces de celte ville; elle tombe aujourd'hui en ruine.
Un certain Simon Nostran, négociant, l'avait fait bâ-
tir avec le produit d'un seul voyage de Syrie ; ce fut
au xiv« siècle, sous le régne de Pierre, dans les
beaux jours du commerce de l'ile. Le roi Pierre vint
en 1568 à Florence, où la république le reçut avec
tous les honneurs dus à un aussi bon monarque :
Jean Sostegni en était alors gonfalonier. Il est à re-
marquer que les Grecs seuls ont une église à Fama-
gouste, et qu'on ne voulut jamais permettre aux
Latins d'.ivoir aucun temple, ni aucune maison qui
leur appartînt en propre. C'est dans celle ville qu'é-
tait le corps de saint Epiphane, évêquede Salamine,
docteur et Père de l'Eglise. On ne sait ce qu'il est
devenu depuis. — La citadelle n'est point endomma-
gée ; on y met les malfaiteurs de l'île et de l'empire
olioman : elle est particulièrement destinée aux pri-
sonniers d'Etal. Le fossé qui l'environne n'a plus
d'eau et se remplit tous les jours. Dans l'intérieur
de la ville, du côté de l'orient, sont les ruines de l'é-
difice où se construisaient les galères. On voit au
nord, près des murs, la fonderie, très-bien conser-
vée. Sur la place, à côié du palais du gouverneur,
est l'arsenal : il renferme toutes sortes d'armes et
d'armures du temps des princes chrétiens, et d'autres
plus anciennes encore. On en a muré les portes et
les fenêlres : la mémoire de ces armes est en quel-
que sorte ensevelie; c'est pour empêcher que le
peuple, en cas de soulèvement, ne trouve là de quoi
attaquer et se défendre. Les murs offrent de grosses
i
473
pièces d'artillerie, mais démoaiées et en très-mau-
vais étal.
• Celle ville compte à peine aujourd'hui 200 habi-
tants. Les anciennes maisons sont coutinuellement
en vente ; on ne les achète que pour les démolir,
en enlever le bois et principalement les ponis et les
planches. Il est rigoureusement défendu d'emporter
les autres matériaux, et quelque part que l'on se
tourne, on ne Vdit que des monceiuii de pierres. II
n'y a point de commerce dans Famagousle, mais un
grand nombre de bàiimenls viennent se radouber
dans Sun port. Aui environs de la ville, sur les bords
de la mer, vers le midi, se trouvent des jardins qui
renferment beaucoup de citronniers, d'oran!,'ers et
d'autres fruits de cette espèce. L'arbre nommé Caicia
est une sorte d'abricotier. La pellicule de son fruit est
rouge e\ blanche; sa cliair a beaucoup de jus, elle
est plus délicate que substantielle. Il commence en
mai et ne dure guère plus d'un mois; on l'estime
beaucoup : il est tout à la fois agréable et salutaire.
La campagne, semée de coton et couverte de nnl-
riers, est très-fertile. — Aux environs du village de
Varrochie, à côic d'une ancienne église de Sainte-
Marie, sont les aqueducs de Famagouste, si mal ré-
parés, qu'ils manquent le plus souvent d'eau. En
tournant au nord, et passant devant la ville, on
trouve beaucoup de maisuns détruites et de jardins
ahaiid(uiiiés. — L'air de ces environs n'est pas le
meilleur de l'Ile : cette maligne influence a pour cause
lachaleurque les sables rendent excessive, et les
eaux putrides et stagnantes du lac de Constance, qui,
en été, n'est plus qu'une mare infecte et malfaisante.
Ce lac est formé depuis que le fleuve ou torrent Pe-
diciis n'a plus, comme on lobserve dans les ancien-
nes cartes géographiques, son embouchure ordinnire
entre Famagouste et Salamine. Après la ruine de
cette dernière ville, Famagousle la remplaça comme
capitale, et l'archevêiiue grec y transporta son siège
dans l'église de Saint-Georges, vers le ix» siècle. Il
fut transféré à Nicosie au xiii=. Après la prise de l'ile
par les croisés, Famagousle devint le siège d'iinai-
chevéque latin, vers la lin du \\i' siècle. L'église
Saint-Nicolas était la cathédrale. Le pape Innocent III
transféra ensuite l'archevêché à Nicosie.
Hankobera, Ankober, capitale du royaume de Choa,
dans l'Abyssinie. — Les tourneurs en corne y sont
d'une habilité extrême. On y fait des aiguilles, des ci-
seaux, des rasoirs et des platines de fusils. La poterie
est extrêmement variée. Cette vilh", arrosée par les
sources de Chaffa et de Denn, contient environ 5000
habitants; elle est bâtie sur le penchant d'une colline
que domine le palais du roi, remarquable par sa
vaste dimension : plusieurs églises magnifiquement
(imbrjgées apparaissenisnr les éminences. Ankober
j.uit d'un admirable point de vue : du côté de l'est,
i>urune phiinearide et blanchâtre, se dessine lecours
de l'Ilaouacli, qui va s'ensevelir sous les sables; au
sud, se déploient de belles forêts de sabines. — Les
habitants jurent par Dieu, au lieu de jurer par Marie,
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOIEN AGE.
47i
comme les Abyssiniens ; ils ont une grande vénéra-
lion pour saint Michel. — II est probable que ce
pays a été une mission du patriarcat d'Alexandrie,
aux époques de sa foi et de son indépendance.
Uarcona, Arcona.— Cette ville était située sur la
côte de l'ile de Rûghen, qui forme la pointe la plus
septentrionale de l'Allemagne. Elle est la dernière
localité où les Slaves idolâtres aient résisté avec une
sorte de désespoir aux Allemands devenus chrétiens.
Beaucoup d'entre eux préférèrent mourir plutôt que
de renoncer aux idoles, parce qu'ils y rattachaient
des idées de nalionaliîé, et qu'ils ne voulaient pas
d'aill-urs embrasser la même religion que les Alle-
mands, avec lesquels ils étaient en guerre. — Ar-
cona est aujourd'hui totalement ruinée, et l'on a
même peine à reconnaître ses ruines.
//astsa, Aussa , ou Haoussa, ville de l'Abyssinie,
est située dans une plaine fertile, non loin des mon-
tagnes Djohel-Mari. Le christianisme des habit;inis,
conmie celui de toute l'Abyssinie, est défiguré par
des pratiques qui lui sont étrangères. Cette ville a
été importante dans le moyen âge; mais les guerres
et les révolutions lui ont enlevé de^son importance.
La population se livre à l'agriculture, élève des bes-
tiaux et'fait le commerce avec Tadjoura.
Havacus, l'Awache, ou le Ilaouach, qui sépare le
pays d'Adiil, ou Adel, du royaume de Choa eu Abys-
siiiie. Cette rivière sort du lac Zaouaja, au sud des
munis Barokot, se dirige dans la direction de l'esl-
nord-est ; coule dans une contrée à 733 mètres au-
dessiis-du niveau de la mer, et après un cours si-
nueux de 200 lieues environ, ou 800 kilomètres, elle
se perd en formant comme un lac dans les sables du
désert de Houssa, au pays d'Adel. Il fait dans ce dé-
sert une chaleur dévorante, et les environs de la ri-
vière, sujets à des fièvres pernicieuses, sont parcou-
rus par les tribus de l'Adel barbares et féroces. —
Les eaux de l'Awache sont peuplées de crocodiles
et d'hippopotames, et ses rives fréquentées par des
autruches, des girafes, des buffles, des éléphants,
des tigres, des lions et d'énormes serpents. — Dans
la saison des pluies, cette rivière devient un tor-
rent impétueux, et elle n'est guéable qu'à l'époque
de la sécheresse.
Helenopolis , Jailakabad, ou Jalowa, ville garnie
de palais et d'hôpitaux par l'impératrice Hélène , en
mémoire de son père qui de son vivant y avait tenu
une auberge ; nommée Hélénnpolis par l'empereur
Constantin. Ce fut dans celte ville, située sur la
côte méridionale du golfe de Mcumédie , que se
réfugia l'armée des premiers croisés conduite par
Pierre l'Ermite et Gautier-sans-Avoir, après avoir
éié défaits entièrement auprès de Nicée. — Hélène-
polis, qui n'esi plus qu'une bourgade, a maintenant
une certaine renocnmée à cause de ses eaux therma-
les. — Elle avait été érgée en évêché au iv' siècle
sous la métropole de Nicomedia, dans la première
province de Bilhynie.
DICnONNAlRE OE GEOGlRkPHie ECCLESIASTIQUE.
475
Héiiopotit, vel Iliupotit, Héliopolis, ville épisco-
paic de la première provinee de Galaiie dans Texar-
fliHl do l'ont, sons la niéiropole d'Aiioyrî» f Engnn-
rijcV L'évêclié dalaii du vi' sièi te ; il ii'exisu- pttiS.
La \ili«! elle-niêitie a élé viclinie des giit'nes el des
ravages exercés par les Miisiilinaiis dans la pre-
mière partie ilu moyen Age. Qnelniies ailleurs pen-
sent iiiie ses niiiies sont an village de Biili, habité
par des Grecs, qno l'on rem outre à ipialre jmiriiéfS
de rli min d'Isiii (i (raiiMenne Nicinéilif). En Tur-
quie, un ne cnnipie iioinl \fs (lislaiices par lieue,
mais par le clieiiim que l'on fait dans un jour. De là
l'expression : Ce village est à deux journées, cette
ville est à six journées.
Te/i -( K , lléliopnlis , la ville du SoleiL, siinée
Ci: 1 {;ypio , est winnnée en liélren On, et Orior,
suivant Jns-èplie. llle est fort au-ienm;, et la Genèse
en parle (ch. xu, v. të). Le Plinraon, dit l'historien
sacré , lui donna pour femme Asenelli , fille de Piiti-
pliiir, préire d'Iléiiopolis. L'était l;> que s'élevait un
niagni(ii|He leniple dédié au Soleif. t elle ville fui
ce ébre dans l'histoire îles Juifs par le temple qu'O-
niasy liHiàtiravcc l'agrénii-ni ili loi Pioléinée Phi-
loméior el de Cléopàlre sa femme. Ce temple , qui
cependant ne ressemlilail point à celui que Zoroba-
bel avail relevé à Jérusalem sur les ruines du temple
de Salomnn, était néanimoins fort en honneur parmi
les Juifs. Il servait ati culte du vrai Dieu , selon les
riies prescrits par Moïse. Les iradiiions juives assu-
rent même qu'on pouvait s'y rendre en surèié de
conscience pour la léuuion pascale: bien différent
en cela du lemple de Garizim, en Samarie, que les
deux tribus de Juda el de Denjaniin restées fnlèles
à Riiloani , lors du grand schisme ( av. J. C. 975 ),
regardèrent loujnnrs comme impur el aliominalile.
Voici, d'après Joséphc, l'Iiisioire de cet édilioe, une
des merveilles du monde, selon les Juifs, i Onias,
(ils de Simon, nu des ihefs d>; prèlies du lemple de
Jéru'-alem, fuyant Antioihus, roi de Syrie, qui fai-
sait la guerre aux Juifs, vint à Alexa,.dric. A cane
de la haine qu'il portait à Aiitiociius, Pioléniée l'ac-
cufillit avec bienveillance , el Onias promit de lui
donner loule la nalinn juive pour alliée s'.l voulait
lui ai corder C' qu'il allait dire. Le loi (romil aus-
sitôt de le faire, pourvu que lela fût en son pouvoir.
Alors Onias lui demanda la permission d'élever Un
tentple en qui Ique partie de l'Egypte , | our y ado-
fer Dieu selon les usages de sa paiiie, ajoutant que
par là il rendrait plus odieux aux Juifs Aniiocbus
qui avail dévasié le lemple de Jén^aleui , et qu'il
s'attirerait l'amour des Juifs , dont un grand nom-
bre viendrait se réfugier auprès de lui , poussés
par leur zèle religieux. Ptolémée se rendit à ces
raisons, et lui donna un pays éloijjné de 180 stades
de Momphis, qu'on appelle le nome d'Iléiiopolis.
Là Onias éleva d'abord une forlerrs-e, puis un tem-
ple qui , sans êire semblable à celui de .lérusalem ,
avait comme lui une tour de 60 coudées de haut,
l)fttie de pierres énormes, 11 y éleva un autel bem-
476
blable à celui du lemple de Jérusalem, et se plut à y
rassembler les mêmes nrnenienls, à l'exception toute-
fois du chandelier à sept liraitclies. Il n'en lit point un
pareil, mais il le remplaça |>nr une lampe de broute
duré (lui liriHait d'un (irand celai , el il la suspendit
•T une chaîne d'or. Ëisuiie tout l'e-pace occtuié par
le temple fui entouré d'un mur de briques avec des
pertes de pierre. Le roi lui accorda en outre assr i
de terres et un revenu suffisant pour que les piè-
tres pussiiit fuiirnir sans peine à toutes les dépenses
du culte. » (Joseph., De Bel. Jud., Iib. vu , cap. 57.)
Ce temple fut nommé Onion, du nom de la xilL', et
subsista jusqu'au temps de la guerre des Juifs, sous
Vespisien. A cette époque,» Lupus, gouverneur d'A-
lexandrie, ayant reçu des lettres de l'empereur,
vinl au temple, et après en avoir enlevé qnelqies
oriiiments, le fit fermer. Lupus élmt inorl quelque
temps après, Paulin, son successeur, n'y laissa rien
de ses anciennes richesses. Il employa les plus vio-
lentes menaces pour se faire tout donner par les
prêtres ; puis il interdit l'accès du temple à tous
ceux qui voulaient y aller par dévotion ; il en lit
fermer exactement les |iortes , el empêcha si bien
que qui que ce fùi s'en approchât , que bientôt tout
vestige du culte divin en disparut Ciitiè ement. Il
s'était écoulé depuis la fondation de ce lemjile jus-
qu'à l'époque où il fut fermé, trois cent trente-trois
ans.i { Joseph., loc. cit. )
Au lenifis de Jésus-Christ, ce temple était encore
dans toute sa splendeur. Beaucoup de causes con-
irihiiaient à en lelever l'éclat. La richesse des Juifs
d'Egypte, qui éiaieni arrivés en foule en celte con-
trée à la suite d'Alexandre, le temple d'Ouias où l'on
pouvait exercer eu paix le culte du Dieu trois fois
saint, l'iin|ior(:iMrpque les philosophes juifs, à la lête
desquels brillait l'Indu le Plaionitien, avaient ac-
quise dans l'école célèhre d'Alexandrie, l'appui que
pouvait toujours espérer un enfani de Jacob en se
présentant chez ses frères, en quelque pays que ce
fût, tous ces motifs contribuaient sans doute à atti-
rer dans ce pays de Miizraïm, d'où leurs pères au-
li^efois avaient rapporté de si profi^nds souvenirs,
tous ceux d'entre les Juifs que des malheurs person-
nels, des persécutions politiques ou le besoin d'é-
tendre leurs relations commerciales poussaient hors
de leur piys natal. Aussi quand saint Joseph, sons
l'inspiration d'une vision céleste, résolut de fuir en
Egypte, il ne se trouva point là dans un pays barbare
et inconnu: Il dut y rencontrer plusieurs membres
épars de la giaiide famille d'lsraél;et qui sait si la divine
enfance de Jésus ne loui ba point le coeur de quelque
eulé de Sion, que l'impiété de Pompée, les exactions
des proconsuls de Syrie ou la tyrannie des derniers
rois de .ludée avaient chassésdu pays de leurs aïeux ?
qui saii même si leur àiue, pleine de l'espoir d'un
Messie, n'a pas vu rayonner dans les yeux du |diviu
fugitif quelque lueur de la gloire céleste ? Qu'il nous
soit permis d'emprunter ici quelipies li;;nes à la Cor-
respunàanee d'Orieni sur l'histoire et sur l'état actuel
477
GEOGKAPIllE DES LEGENDES AIJ MOYEN AGE.
Ht
d« celle ville. — < Héliopulis, dit M. Michaiid, fut ,
l'près Tliëbes et Meiiipliis, la cité la plus illustre de
l'Ëgyple. La gloire de Mempliis était dans la iiiagni-
iiceiic.i de ses pahiis et de ses temples, d;ms ses pyra-
mides et dans ses liy|)ngées ; celle d'lléliopi)li$ dans
l'école de ses préir.'S, qui, les yeux lixés vers le ciel,
cliereliaient la divinité, étudiaient la pliilosophieet la
murale dans le cours des astres et dans la marclie
des Saisons. C'est dans lléliopolis que se conservait
le dépôt sacre des sciencps égyptiennes ; c'est là que
Maton, Eudoxe, Thaïes de -Milet et d'autres sages ve-
naient prendre des leçons qu'ils transmettaient à la
Grèce, à Pltalie, à l'Asie Mineure. Le soleil, que
l'Egypte regardait à la fois comme le père du jour
et le père des intelligences, av»it dans lléliopidis un
temple dont ranti(|uilé nous a laissé une description;
on y arrivait par des avenues couvertes de spliinx ,
de siaïues eideculounes; plusieurs obélisques char-
gés d'inscriptions, de superbes portiques ornaient
les cours qui précédaient l'enceinle sacrée. On re-
marquait au dduie du sanciuaire un miroir im-
mense qui réfléchissait les Ilots de la lumière du
ciel, et ce miroir était disposé de telle uianiéie que
le dieu Soleil, depuis son lever jusqu'à son coucher,
se trouvait partout et toujours .présent dans son
temple.
t Lorsque Sirabon visita Héliopolis, il vit ses mo-
numents à moitié ruinés, et la ciié se relevant à pei-
ne de ce qu'elle avait souffert à l'invasion de Cam-
byse ; mais elle conservait encore son école des pré-
Ires: on montrait encore aux étrangers l'ob^erva-
loire d'Eudoxe vers le Nil, la aiaisi>n que Platon
avait habitée pendant onze ans. Depuis le passage de
Sirabon, l'histoire semble avoir oublié jusqu'au
nom d'Héliopolis ; nous savons seulen:ent que, dans
les premiers sii^cles de l'Eglise, des enniies et des
anachorètes vinrent chercher là une retraite ignorée
parmi les débris des anciens temples; il ne reste
plus maintenant qu'un obélisque <{ui est encore de-
bout dans une campagne déserte ; autour du vieux
monument, tout est silencieux et mort ; et lorsque le
voyageur lui demande comment ont été détruits les édi-
liccs dont il décurait les avenuss, il garde le silence;
quand OD luidemandecommentlavilleduSoleila passé
sur cette terre, sans y laisser de traces, semblable à un
liôle qui ne s'arrête qu'un jour, le témoin solitaire
des vieux temps ne répond rien ; la charrue se
promène dans cette enceinte couverte aulrefuis des
merveilles de l'archuecture; à la place même ou
s'élevait le temple du dieu du jour, à la place oit
s'assemblaient les sages et les docteurs pour obser-
ver !a marche du temps et l'ordre de l'univers, il ne
s'agit plus maintenant que de savoir si un Fellah y
sènieia du duurah, du trélle on du froment ; ei pour
qu'il ne reste rien de la vieille Héliopolis, les nou-
veaux possesseurs de ce lieu où fut trouvée l'année
solaire ne comptent plus les mois et les saisons que
par les révolutlous de la lune.
I Que sont Uevetius les autres obélisqueii tluot
riiisiiiire nous a parlé? Deux ont été transportés à
Itome au temps des empereurs, un antre à Cnnstan-
tinuple, et nous l'avons vu dans l.i place de riiippo-
drorae. Les deux obélisques d'Alexandrie, qu'on ap-
pelle les aiguilles de Cléopùtic. et sur les.|uels M.
de Chauipollion a In les noms de .Méi is et de SésDS-
liis ou Rainsès, sont venus aussi d'Iléliopolis.On sa-
perçoil, en voyant l'ohélisipie qui e>i resté seul, M'"'
plusieurs tentatives om éié faites |iour le renvers r;
mais il n'en demeure pis moins ass s sur sa lla^e
comme au temps des Pharaons. Plusieurs voyii^^eurs
ont remarqué que, du côté de l'es:, la surface latérale
du momuneni avait snhi quelque altération : ceit'!
altération peut s'expliquer, ce mesetiible, d'une ma-
nière assez naturelle : les pierres se couvrent chaque
nuit d'ime rosée abondmle, et comme lecôié oiien-
lal de l'obélisque se trouve exposé aux premiers
rayons du jour, l'action du soleil, en s'exerçant sur
la pierre encore iiuini>le, peut à la longue eu altérer
la surface. Cette explication mu parait d'autant plus
vraiiCmblable, que les obéli-ques d'Alexamlil', >|ue
celui de Cunslantinople, ont élé de même endom. na-
ges, et qu'ils ne l'ont élé que du côté qui reg.rrdo
rOiicnl.
< En approchant de robélis(|ue, nous avons pu
distinguer sur les divers côtés de la pierre, rd)is,
le scarabée, le serpent, le lotus, le palmier, la char-*
rue, etc. Jusqu'ici un avait pensé (|ue le langage in-
connu de ces signes pourrait révéler un jour quel-
jues-uns des mystères de la vieille Egy|iie : ceta
opinion, qui fui longtemps accié.iitce parmi les .-.a..
vanis, est abandonnée depuis les découvertes dd
M. Cliampollion ; nous savons mainlenuni que les
inscriiilions d'un idiélisque i.e raïqiellent jamais ipie
la date di tiinnient, le non) du roi qui l'a fait éle-
ver, el celui de la divinité a laquelle il é ait consa-
cré; riusciipiion gravée Mir l'ohélisiiue d'iléliopidis
annonce qu'il lut élevé par Uurtusen, phaiaon de la
vingt-troisième dyi.astie. Osoriasen régnait vers l'an
800 avant l'ère chrétienne, c'esi-à-dire pi es de 400
ans avant la con(|uôle d'Alexandre, el près de 500
ansav.int le voyage d'ilérodole en Egypte.
( lléliopolis, comme Sais, Memphis et d' .mires
g-andes cilés, avait des enceintes réservées aux mo-
numents religieux ; nous avons fait le tour de l'en-
ceinle oii se liouvaieiit le temple du Soleil et l'école
des prêtres. Du côié du nord el du côté de l'est, il
existe des restes d'une chaussée, qu'on prend d'abord
pour des amas de décombres. Dans tous les lieux
cù fut bâtie une ville ancienne, il est rare de ne pas
trouver des traces d'une nécrop'dis; lorsque les
grands rnonninenls ont disparu, il reste encore des
loinbeaux ; lonterois nous h'avo'ns rien trouvé sur
l'emplacement el dans les environs d'Iléllopalis qui
pût ressembler à d'anciennes sépnlluies, ce qui nous
prouve (|ue la ville du Soleil, comme Mempliis, fai-
sait porter ses 'mort- dans la plaine des Pyramides.
I M. Jomard, qui a décrit remplàcemenl d'Ilélio-
uu.is, a parcouiu toutes lés 'cainp»gWfeâ v'oisines; i|
470
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
480
a irouvé des ruines en plusieurs endroits, surtout
dans le bourg d'Héliu)nd, situé vers le Nil ; ce bourg
renferme plusieurs restes de la ville antique; le
nom d'Hélioud est lui-même un reste ou un souve-
nir d'Héliopolis. C'est ainsi que, dans la Troade,
l'anliquilé vit successivement ranciemie Ilion , la
nouvelle Ilion, puis la Troie d'Alexandre; la seconde
fut bâtie avec les ruines de la première, la troi-
sième avec les débris des deux antres.- La même
chose a pu arriver à plusieurs villes d'Egypte, et le
bourg d'Hélioud fut sans doute une nouvelle Hélio-
polis, qui aura été construite par les Grecs plus près
du fleuve.
I Des traditions sacrées et profanes , des souve-
nirs de plusieurs époques et de diverses croyances,
se raiiaclient à \â ville et au territoire d'Héliopolis;
celte ville est souvent mentionnée dans la Bible , qui
l'appelle On, mol qui signiliaii ville du Soleil dans la
langue des vieux Egyptiens. Piilipliar, dont le pa-
triarclie Joseph fut l'intendant, habitait Hé inpolis,
et son nom même de Putipliar annonce qu'il était
un des grands prêtres du dieu Soleil. Comme Hélio-
polis était près du pays de Gessen, habité par les
Hébreux, elle leur était bien plus connue que Mem-
phis et Tlièbes. On croit nêine que les Juifs lurent
employés à construire , ou tout au moins à réparer
quelques édifices de la cité égyptienne. Ce fut là
sans doute que Moïse, qui est appelé dansl'Ecrilure
Vélève de l'Egyple, vint apprendre les hautes sciences
qu'enseignait l'école des prêtres Quand les
Hébreux furent les maîtres de Chanaan, leurs pensées
se tournèrent encore quelquelois vers Hélio|iolis,
et dans les mauvais jours d'Israël ceux qui avalent
à redouter la persécution vinrent y chercher un
asile. Les traditions .-iaintes nous apprennent que la
famille de Jésus-Christ vint à Héliopolis, lorsiiu'elie
fuyait les poursuites d'ilérode , et ces traditions,
fort répandues au moyen âge, attirèrent dans ce lieu
u« grand nombre de pèlerins; on nous a inontié,
à quelques centaines de pas de l'obélisque , une
fontaine qui fut l'objet de la vénération des cliré-
liens , et qu'on nomma longtemps la Fonlaine de
Marie. >
On trouve eiM;»re au viem CaLre la grotte de la
Vierge , église desservie par les Coptes , et près de
Tahaneh la Grotte de Marie, où les Coptes croient
que la Vierge s'est reposée.
Nous ajoutons ici en faveur de ceux de n05 lecteurs
qui ne sont pas versés dans l'étude des langues
orientales, quelques mots sur les noms d'Héliopolis
et de Puiiphar. C'est dans le texte hébreu, dans le
texte des Septante , etc., mais non dans la Vulgate,
que la Bible appelle On la ville d'Héliopolis, que dans
Jéréinie (XLiii, 15) elle désigne sous le nom expli-
catif de maison ou ville du Soleil. C'est là, comme on
lésait, le sens du grec 'alioMTzoht , et du nom
arabe d'un village voisin des ruines de la vieille cité
que les gens du pays appellent En-Shemefli, Fontaine
du SoUil. Les livres copies donnent toujours à la
ville d'Héliopolis son ancien nom , on , mot ancien
qu'on peut explifjuer avec assez de vraisemblance
par les mots plus modernes oiiein , oein, ouôini, lu-
mière, et par extension, soleil. — Quant au nom de
Puiiphar, que les Septante et Josèphe appellent
VsTKfprs , Jab'ousky a cru (Opusc. t. I, p. 2(lS)
que te nom venait de piôi, père, et de pliarro {Dint.
satd , pour pliouro), roi ; et qu'ainsi Putipliar avait
reçu ce litre bonorifiiiue dans quelque grande cir-
constance , à peu près sans doute comme Cicéron
avait reçu de ses concitoyens le surnom de Père de
la patrie. Cependant l'illtislreé^yptologue, M. Cham-
pollioii, croitqu'il faut faire dériver ce nom de pe-
tap-reh, propre au soleil, qui appartient au soleil.
Héliopolis , comprise dans la seconde province
d'Augusiamnique , devint , au v» siècle, une ville
épiscopale sous la métropole de Léoniopolis, dans la
patriarcat d'.^lexainlrie. Le temple du Soleil et les
auires temples ne lurent fermés délinitivement qu'à
la fin de ce siècle et au commencement du vi^. Ces
monuments se conscr\èrent jusqu'à l'invasion arabe-
mais alors ils furent eu partie déiruits. Durant les
croisades, les Eurn|éens établirent, suivant quelques
auteurs, un évèclié latin à Héliopolis qui n'était déjà
plus qu'un monceau de ruines. Ceci nous paraît une
erreur. Quoi qu'il en soit , cette ville a dispuru
comme louies les vieilles cités égypiiennes; et il
n'en reste plus qu'un pauvre village situé à côté
d'un piiiis , à .5 kil. du Caire, que l'abbé de Com-
manville appelait de son temps Matarea , et que du
nôtre M.M. Jomard et Poujoulat nomment Hélioud.
Heliopolis, Libanesia, Baaibeck, ville épiscopa'e si-
tuée entre le Liban et l'Aiiti-LIlian, dans la Cœlésy-
rie, euire Abila et Laodicée. Elle devint évèché au
v« siècle sous la métropole de Damas, archevêché au
xii", dans le patriarcat d'Aniioche. Située dans la
vallée de Beka, prés des sources de l'Assi, à 48 kil.
de Damas, la nouvelle ville est comprise dans le pa-
chaliek de Saiut-Jean-d'Acre, dont elle est cepen-
dant éloignée de 160 kil. Elevée au milieu de ruiiies
gigantesques, elle est petite, mal bâtie et défendue
par des mui ailles en briques. — Nous trouvons dans
Jean d'Aniioche quelques mots sur l'origine des tem-
ples de Baaibeck. Il parait que leur antiquité ne re-
monte pas au delà du temps d'Antonin le Pieux. Des
médailles nous inoutreni Héliopolis de Syiie comme
une colonie romaine : elle aurait même été donnée
connue récompense aux soldats de la 5' légion. Ou
découvre dans le petit leuiple des inscriptions la-
tines avec le nom de Caracalla. Théodose convertit
en église chrétienne le fameux temple du Soleil. —
Abou-Obéidah, général du khalife Omar, s'empara, à
la lin du vil» siècle, de Baaibeck, qui déjà tombait en
décadence; il fortilia le temple du Soleil, et en fit le
Kala (château foii). La ville, sous la domination
arabe, reprit une certaine prospérité. Elle avait une
population considérable, et le pays était bien cultivé,
lors de l'invasion de TimurKhan (Tamerlan) en 1400.
A partir de cette époque, la ruine de Baaibeck fui
481
GEOGRAPHIK DES LEGENDES AU MOYEN AGE. «î
commencée, ei chaque siècle venait y coniril>uer,
lorsque le ireniblemenl de lerre de 1759 en coni-
pléia la desiruciion. Aujourd'hui il n'exisie plus que
des débris au milieu desquels on aperçoit quelques
colonnes isolées dans une contrée solitaire et in-
culte. Un préire grec catholique y porte le litre de»
véque de Baalbeck, et il offre quelquefois sa propre
mai.soij aux étrangers qui pass^eiit dans ce pays. La
(lopiilation n'est que de l'20U habitants.
Hierapolis, aujourd'hui Asiouni-Kara-Hissar. Cette
\ille, située sur le Méandre dans l'Asie Mineure,
tut un évèthé dès les premiers siècles de l'ère
fhréiieune. Au v« siècle, elle devint la métro-
pole de la seconde province de Phrygie Capaiienne
avec huit évèchés sous sa juridiction, qui étaient:
Metcllopolis, Aiitunda ou Aitudi, Mosyna, Dionysio-
polis, Annstasiopolis, Cbana, Phoba, Zana. Ces villes
épi&copalcs sont presque inconnues , et l'histoire
s'est bornée à transcrire leur nom. Hierapolis parait
avoir succombé (hms les premières guerres qui ont
signalé l'invasion des Arabes dans l'Asie Mineure.
Au milieu de ses ruines s'est élevée, également sur
les bords du Méandre, au sud-est de Koutabieh, la
Tille d'Asioum-Kara-Hissar, célèbre far la culture
du pavot et par l'opium qu'elle en tire, qui se répand
d;iBS toutes les provinces ottomanes. Elle est le
rendez-vous des caravanes de Consiantinople et de
Smyrne, qui de là se ilirigent vers l'intérieur de l'A-
sie. La population, composée de Turcs, de Grecs et
d'Arméniens, est de 60,000 habitants.
Il s'est tenu deux conciles à Hierapolis , l'un en
173, et l'autre en 441.
On compte plusieurs villes épiscopales de ce nom.
La première, située dans la première province de
fbrygie Salutaire, dépendait de la métropole de
Syntiada. L'évècbé, qui datait du ix« siècle, subsiste
encore aujourd'hui , fort tristement , il est vrai,
comme tous les évéchés de l'Eglise grecque. La se-
conde se trouvait dans la province d'isaurie, sous la
métropole de Seleucia Aspera, au patriarcat d'An-
liocbe. L'évècbé, établi au commencement du v siè-
cle, n'exisie plus. La ville elle-même, d'ailleurs,
n'est plus qu'un hameau habile par quelques pauvres
familles arabes. La troisième se voyait, d'après les
notices des comiles, dans la seconde province Ara-
bique sous la métropole de Boslra, au patriarcat de
iérusalem. On ne connaît pas même ses ruines. La
quatrième, enfin, qui possédait un évéchédèsle iv«
siècle, était comprise dans la province Euphratése
dont elle devint la métropole au v" siècle. Sa juri-
diction s'étendait sur seize sièges , tant évèchés
qu'archevêchés. Elle figurait au premier rang des
métropoles ^,u patriarcal d'Antioche. H en reste au-
jourd'hui un village du nom de Membise, situé sur
I la route d'Halep, vers l'Euphraie. La métropole a
disparu.
llospiiiuin Sancii Bernordi, hospice de Sa inl-Ber-
nard sur le mont de ce nom, dans le canton du Valais
(Suisse). Le Grand-Saint-Bernard sépare la vjllée
d'Eniremont de celle d'Aosia, et, dis les temps les
plus recules, un chemin se dirigeait par-dessus celle
montagne, et facilitait la conmiunication du Valais
avec le Piémont; celui qui e\isle aujourd'hui est gé-
néralement assez étroit et n'est guère praticable que
pour les piétons et quelques bêtes de somme habi-
tuées à le parcourir. L'hospice, qui se trouve à
7548 pieds au-dessus du niveau de la Méditerranée,
est l'habilaiion la plus élevée de toute la Suisse; il
est desservi par huit chanoines réguliers de l'ordre
de Saint-Augusiin. Tout voyageur qui arrive dans
cet hospice y est logé et nourri, et ceux qui sont
malades y sont traités jusqu'à leur entière guérison,
sans qu'il leur soit demandé une rétribution lise: on
n'exige absolument rien du pauvre, et on ne reçoit
du riche que ce qu'il veut bien donner. Dans les
temps de tourmenieetdans les saisons dangereuses,
les valets du monastère, connus sous le nom de ma-
roniiiers, accompagnés de chiens particulièrement
dressés, et ordinairement surveillés par deux cha-
noines, parcourent les deux revers de la montagne
ei vont à la rencontre des voyageurs égarés et des
malheureux en danger de périr. On esiinne de huit
à neuf mille le nombre des voyageurs qui pas^ent
annuellement la montagne et qui s'arrêtent pins ou
moins longtemps dans cet hospice. H est déjà arrivé
plus d'une fois que près de cinq cents étrangers s'y
sont réunis en même temps. Ce monastère possède
un Cabinet de monnaies et d'antiquités romaines qui
ont été trouNéessur la place même où il est bâti et où
existait jadis la redoute d'Ustiottim, et sur le plan
de Jupiter, où se trouvait un temple romain. L'an-
cienne voie romaine, qui se dirigeait par-dessus le
Saint-Bernard, est détruite depuis bien des siècles;
des avalanches et des blocs de glace l'ont culbutée
dans les abiines.Ou voit dans la chapelle du monas-
tère plusieurs bons tableaux et le mausolée de De-
saix, général français tué à la bataille de Marengo.
Cet établissement religieux si utile, et qui depuis
des siècles rendait tant de services à l'humanilé,
nexiste plus. Après la victoire de la diète fédérale
sur les cantons catholiques, le gouvernement du
Valai^< l'a supprimé en 1848 et s'est emparé de ses
biens.
Hospitium Simplonis, hospice du Simplon. Il a
éprouvé le même sort que celui du Grand-Saint-Ber-
nard. Le gouvernement du Valais a sans doute pensé
que les voyageurs se conduiraient bien eux-nié nés
au milieu des neiges et des avalanches, et qu'ils
n'auraient nullement besoin du secours des religieux,
qui devenaient alors une superfluiié. L'hospice se
trouvait moins élevé que celui du Saint-Bernard. 11
n'élait desservi que par deux chanoines de l'ordre do
Saint-Augustin et par quatre domestiques.
Pour construire la route du Simplon de Brieg à
Domo-d'Ossola, il a fallu vaiucre des diflicultés
inouïes. Commencée en 1801 par ordre de Napo-
léon, elle a été terminée en 1803. Elle continence
à (jenèv,; et se dirige le long des lives du lac de ce
m
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
■.8*
nom jusqu'à Saint-Giiii^oulpli, où elle entre sur le
lerriioire du Valais, qu'elle irvei se dans une lon-
liuenrrie 17i kil. pour lequillerau-tiessousdeGondo.
Dix relais Je pusie, qui soni établis à S*Hit-Gin-
goulpti, Viouaz, Saini-Maurice, Manigny, Hiddes,
Sierre, Tourtuian, Viége, Brieg et Siinplon, et une
diligence, qui fait trois fois par semaine le voyage
de Saini-Maurice au village de Siniploa (454S pieds)
et retour, conlribuont beaucoup à l;i constante fré-
quentation de celte route; elle est, au surplus, la
seule , condui>ani de la Suisse eu Italie, qui soit
praticable puur les granules voilures de roulage. La
largeur de la rnule est de 25 pieds, i-t sa penie, aux
endroits les plus rapides, ne dépasse pas deux pieds
et demi pai loise. Dés son entrée d.ins le caniou du
Valais, elle longe le Hliône jusqu'à Clys, village peu
éloigné du joli bouig de lirieg, mais là elle le quitte
pour se diriger vers les baules Alpes du sud ; se re-
pliant souvent sur elle-même, elle iraveise, de Glys
à Domo-d'Ussola, une é eudue de quatorze lieues, et,
dans cet espace, vingl-dous ponts, dont plusieurs
sont jetés avec une grande hardiesse par-dessus dos
ravins et des abîmes effrayants, au fond desquels on
entend souveul rouler des torrents fongueux; dans
d'autres endroits la route est l:iillée duns le roc vif
ei passe sous des voùles ou galènes qui ont quel-
quclois plusieurs centaines de pieds de longueur;
parmi celles-ci on remarque principalement celle de
Fris^iiHone, appelée (^u/crti deGondo, qui esilonguede
625 pieds. Neufaulres de ces galeries ne sont qu'ados-
sées aux parois escar).ées de rocliers nus, mais elles
sont construites de manière a garantir le voyageur
des avaluHcbes et autres accidents; on rencontre
d'aillwirs tout le long de la ruuie dt.s refuges bÉii»
ei près pour leur silreié, ainsi que des auberges et des
maisons servant d' abitations aux employés chargés
de l'entretenir, dans lesi|«elles tout étranger trouve
à se rafraîchir, luiuiédialemenl »u-dt>là du sixième
refuge, on voit une pierre niilliaire qui indique la
plus grande haut, ur de la route, 6174 pieds au-des-
sus de bi Méditerranée; de là il y a encore une
der.ii-lieue jusqu'au noin-el Hospice, e» de celui-ci
15 kil. jusqu'à une chapelle qui se trouve au-delà
de Riiden, où elle quitte le canton. Sur toute l'éten-
due de celte route les scènes lea plus imposantes
varient avec des, sites ch:iinpètres, quoique souvent
sauvages, et le voyageur aperçoit tantôt des monts
gigantesques couronnés d'une neige éblouissante, et
tantôt des abîmes affreux qu'il traverse pour allein-
dre un hameau pitloresiiue qui se trouve eaché der-
rière un rocher abrupte qu'il conlourne; ses sensa-
tions se partagent entre l'extase que lui font éprou-
ver les sublimes iKtrreurs de la nature et l'admira-
tion pour le génie qui sait vaincre les plus grands
obstacles.
Houma, anciennement Amisut, aujourd'hui Ssams-
zun, port sur la côie méridionale de la mer Noire,
où relâchent les bateaux à vapeur qui vont chaque
semaine de Gonstantinople à Trébizonde. Le golfe
du même nom n'exisie plus; et les côtes en général
s'élèvent d'un degré plus au nord que les caries de
d'Anville ne l'indiquent. Ssamszun, à 200 kil. nord-
ouest de Siwas, exporte les cuivres de Tokat, les
soies, les toiles d'Amasiéh, et même les colons d'A-
dana qui vont en Krimée. — Cette ville fut peuplée
d'abord par les Milé.>iens, lorsqu'ils possédaient la
Cappadoce, ensuite par des colonies athéniennes.
Plus tard, gouvernée par des rois, embellie par plu-
sieurs d'entre eux, suilout par Eupator et Mithri-
date; enlevée à Phnruace par Lucidius, après un
siège opiniâtre; déclarée libre par Jules César; de
nouveau soumise à de^ rois par Antoine; maltraitée
par le tyran Slrabo; rendue à la liberté par l'empe-
reur Auguste, après la victoire d'Actium, elle fut
érigée en capitale de toutes les villes du Pont ; puis
elle figura parmi les principales villes de l'empire
Bysantin. A l'époque des croisades, elle tomba au
pouvoir des Vénitiens, qui, après l'avoir fortifiée, eu
firent le siège principal de leur coiimierce dans la
mer Noire. Passant enfin des mains de Bajesid le
Perclus dans celles de Bajesid-lldirim , elle perdit
son commerce et sa population. Elle ne compte plus
maintenant que deux mille âmes, et n'est plus en-
tourée que de murs à demi-ruinés. Les marins turcs
estiment surtout sa poix, son goudron, ses cordes et
ses câbles. A l'orient de Ssamszun s'étend It plaine
de Pbanaraea arrosée par l'Iris, aujourd'hui le Tsche-
harschenbessiiji. Amisus était un évéché au v° siècls
sous la métropole d'Amasia, dans l'exarchat de l'ont.
— L'évêclié grec n'existe plus. La population ac-
tuelle se compose de Turcs, de Grecs, de plusieurs
marchands arméniens et de quelques familles catho-
liques. Les Turcs y ont cinq mosquées.
Ihyrn, ve( Pimûlis, vel Pimotissa, Osmandtchik.
t'ette ville occupe une situation pittoresque sur le
Iviz llrmak (l'Halys), dans une plaine fertile en vin
il en blé, près du grand pont jeté sur le fleuve et
supporté par dix-neuf arches, l'un des plus beaux
de l'empire ottoman, construit par le sultan Ba-
jesid II. — On voit dans la ville le mausolée d'un
saint musulman, qui ne parlait point et se bornait,
cinq fois par jour, aux heures de la prière, à faire
entendre uu bruit semblable au bêlement d'un mou-
U>o.
Ibyra avait un évéché créé au v* siècle sous la
métropole d'Amasia, dans la province d'Uénélopont ;
il n'existe plus. Il y a très-peu de Grecs parmi ses
habitants. Celte ville, sous le nom d'Osmandsehik,
Ogure avec éclat dans l'histoire légendique de l'Islam.
Iconium , Icône , actuellement Koniéb, ou Ko-
miah. Cette ville, métropole de la Lycaonia dés le
48S
GEOGRAPHIE DEC LEGENDES AtJ MOYEN AGE.
486
IV" siècle, était une des premières et des plus riches
cités de l'Asie Mineure. Klle .ivail sous sa jurMic-
lion vingt et un sièges, tant évècliés qn'arcl:evêchés.
Dans le moyen âge, contrairement à ce qui arriva à
tant d'autres gr.-.ndes villes de l'A-ie Mineure, Tim-
poriance d'Icnniiim s'augmenta. Lorsque l'Islam pri-
miiir s'alTaiblit, et qnc l'empire des Khalifes suc-
cnnih'j sous les attaques des peuples de l'Asie cen-
trale, K'onlum devint le siège d'un empire musulman
qui s'étendit drs chuiiies de l'Anti-Taurus à la mer
de Cilicie et de Pam|ihylie sur tunies les provinces
connues dans Thisioire de cette époque, sons le nom
de Karamaiiie. Pendant près de deus sièiles, les
sultans d'Iconiuni ont occupé une large place d;ins
l'histoire de l'Asie occidentale; et la ville a cojiservé
plusieurs monuments de leur puissance et de leur
gloire, qui s'ajoutent aux curieux vestiges qu'elle
contient encore de sa grandeur romaine et lysantine.
Elle fut entourée de murailles i^ar Alae(ld;n-Kei-
Kobad, khalife seldsclmk. Après la mine de l'em-
pire Seldschuk, elle devint l.i résidence des princes
de Earainunie qui, tantôt eu guerre avec les Osman-
lis, tantôt avec les rtrs ue Perse, queliinetois avec
les empereurs de Constaniinople, luilèrenl pendant
près de deux siècles avec une fortune pluj ou moins
heureuse, mais toujours avec courage, et succom-
bèrent enfla sous la puissance redoutable de Hubam-
inède II.
Koniéh est, au sud-est, proche de montagnes au
milieu desquelles on rencontre de grands lacs comme
en buisse. A 48 kil. de la plaine où h ville est si-
tuée, il s'élève une inuniagne isolée dont on ra-
conte beaucoup de mer\eilles et que personne n'ose
visiter. Les Turcs prétendent qu'il y a mille et une
églises ruinées renipiies de trésors, mais qui s'écrou-
letil de snite sur les gens as?ez audacieux pour y
entrer. Les Arméniens et Its Grecs, de leur côté,
disent que les pierres de <.es monastères se promè-
nent la nuit en procession et répandent partout la
terreur. Eu 1827, un Français, M. Léon de Laborde,
Visitant l'Asie Mineure, voulut s'assurer par lui-
même de ces merveilles. Il pénétra dans la mon-
tagne, mais il n'y trouva que des ruines qui servaient
de retraite à des brigands.
Koniéh a 30,000 habitants ; mais par son étendue,
celte ville en coniiendrail quatre fois autant. Des
Lisloriens lui en attribuent 200,000, du temps des
sultans au xii» siècle. La population en fut transpor-
tée à Coustaminople par Mohammède II, après la
prise de la ville et la défaite totale des princes de
Karamanie. Kuniéli est le chef-lieu du pachalik de
la province de Karamanie. C'est devant ses murs
que deux fois Ibrahim -Pacha, général et fils de Mé-
hémet-Ali, vice-roi d'Egypte, défit l'armée ottomane ;
et, sans Pinterventlon de l'Europe, il est probable
que la race mélangée qui domine en Egypte aurait
remplacé la race turque dans la possession de l'em-
pire.
loniéh «st toujours le litre d'un archevêque grec
non uni, mais qui n'a plus de sulTraganls, toutes les
anciennes villes épiscopales de la province étant rui-
nées. Il s'est tenu, en 230, un concile à Icnnium.
Cette ville est un lieu de pèlerinage très-IVéquenlé
par la popiilaiioii musulmane à cause du tombeau de
Mewiana-Dschelaleddin , fondateur des Derwischs
Mewiewi, l'un des ordres les plus considérés, même
aujourd'hui, de l'empire ottoman.
Imperium Se/durc/ium, empire des Seldschuks. Cet
empire musulman s'étendait de lu mer Caspienne à
la Méditerranée, et du pays des Klia/ars à la pointe
de l'Yémen. La Perse est remplie des ruines de vil es
florissantes à l'époque de ces Khalifes, x'', xi» elxii'
siècles de notre ère. — L'eiiipire seldschuk or entai
s'éteignit dans la seconde moitié du xii' siècle; tan-
dis que dans l'Asie Mineure l'empire occidental s'é-
levaii en luttant éiiergiquemeiit tuntre les croisés et
contre les chrétiens de la Palestine.
Aux trois anciens enipi^-es d'Assyrie, des Mèdes et
des Perses, ont succédé, dans le nuyen âge et les
temps modernes ceux des Arabes, des Mongols et
des Turcs, comparables aux premiers en grandeur
et en puissance, et placés sur un tlitàire historique
plus assuré.
/'isu/a A/nœ, Aiifnau, ou Uffnau, petite île du lac
de Zurich en Suisse. Elle se trouve dans la plus
grande kiigeur du lac, regardant les glaciers des
cantons de Giaris et de Schwytz, à 22 kil. de la
ville de Zurich. Cette petite portion de terre est d'un
aspect extrêmement piitores.ine; elle appartient à
l'abbaye d'Ëiiisiedelii, et renferme, outre l'habitii-
tion rustique d'un fermier, une église, qui exisiait
déjà en 975, une petite chapelle et un pavillon. C'est
dans cette île que reposent les cendres du héros et
poète allemand, Ulrich de Huiten; chassé de sa terre
natale, il vint passer les quinze derniers j^.urs de sa
vie sur cette terre isolée ; il y mourut le 30 août
lââ5, et fut enterré dans la chapelle. Une pierre sé-
pulcrale, dont l'inscription est presque oblitérée,
désigne le lieu où son corps repose.
Insula Munkolœ,Mtinkho\m, petite île de la mer du
Nord dans le golfe de Dronlheim. Ce n'est qii'un
rocher isidé et stérile, situé dans le port même de la
ville de Drontlieim. Canut le Grand y avait fondé
un moiia>tère on Î028. La situation de ce couvent
était tout à la fois pittoresque et horrible. D'anord
l'étendue superficielle du roeher n'excède pas celle
d'un p.iit village. Il est ensuite battu par les vagues,
surtout dans les tempêtes qui sont si terribles dans
la mer du ^ord. C'était un lieu de désolation et non
une solitude, puisque les religisux voyaient tout le
mouvement du port, les barques et les navires qui y
entraient et en sortaient. Le couvent tombait en
ruines lors de l'introduction du luthéranisme en Nor-
wége.
Isthmut Peloponnesi, Isthme du Péloponèse, qui
l'unit au continent de la Grèce septentrionale, et qui
de son étendue a pris le nom d'Hexamilon. Celte lan-
iXl
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
gue de terre, seul point de communication du con-
tinent avec la presqu'île, a été depuis les temps his-
toriques du Pélopoiiése l'objet principal de t'aileniion
de ceux qui voulaient le conquérir ou le défendre.
Déinélrius Poliorcèles, Jules César, Caligiilael Néron
essayèrent de la percer; la lenlaiive fut reconnue im-
praticable, et depuis elle ne fut plus renouvelée. Les
Grecs élevèrent les premiers une muraille contre
Xcrxès sur toute la largeur de Tistlmie ; Justinien
rétablit cet ouvrage, qui était ruiné. Coiistimiin,
frère de l'empereur Jean Paléologue, pour délendre
la Morée (car, à cette époque, le Péloponè>e portait
ce nom qu'il a conservé jusqu'à ce momeni) conlre
le sultan Murad II, éleva sur touie la largeur de l'is-
tlinie une muraille, en remplacement de l'ancienne,
haute de près de trois mèires, large de six mèires,
protégée par six bastions et un fossé profojjd. La
Morée néanmoins fut envahie et dévastée par les
troupes de Murad II. — Elle est aujourd'hui l'une des
trois grandes régions qui forment le royaume de
Grèce. On lui attribue une superficie d'environ 7.^00
railles (ilâl.) carrés, ei une circoiiférencedetiÛO milles.
Ouii e les gulles de Lépante et de Kethries, elle en a
cinq principaux, savoir : Pairasso, Corone, Kolokiiia,
Arcadie et Napoli di Remania. Ce dernier golfe
présente un bon pori à l'est, et Navarin un autre port,
également bon, à l'ouest. Tous deux ont une entrée
commode et des eaux profunJes. Pour les bâtiments
de commerce, Paialidi dans le golfe de Curon, An-
ciro, Schila dans une petite île de ce nom, Napoli
di Malvasia, Yoslizza, Lampridia et autres ports,
uiïrcnt de bonnes retraites. On compte dix forts,
savoir : le château de Murée, à droite en entrant
dans le golfe de Lépante, celui de Chiarenza, appelé
Casiel-Tornese, les châteaux vieux et nouveau de
Navarin, la citadelle de Corlnihe, celles de Modon,
Coron, Napoli di Malvasia et de Napoli di Kumania.
La population de la Morée, qui anciennement s'éle-
vait à 8 millions, et qui, du temps des Romains,
était encore de 6 millions, est réduite à •400,000;
avant l'insurrection de la Grèce, on trouvait dans
ce nombre 50,000 Mahométaus, 20,OUO Juifs et
étrangers, compris sous le nom de Francs. Parmi
les Musulmans il y avait des descendants de ces Tar-
tares ou Scythes qui envahirent l'empire d'Orient;
le reste était un mélange d'Arabes, de Persans, d'A-
fricains, d'Esclavons et d'autres nations adonnées à
l'islamisme. Le sol fertile de la Morée était capable
de nourrir cette grande population, qui autrefois
rei'iplissait la péninsule. Le territoire de Sycioiie, de
l'Elide, d'une grande partie de la Messénie, de h
Lnconie, de l'Achaïe, proiiuit beaucoup de grains,
d'Iiiiile et de fruits de toute espèce. L'Argolide, la
Messénie et l'Arcudie pourraient tirer, comme dans
r.intiqullé, un bon parti de leurs troupeaux, si les
habitants en amélioraient les races. L'huile seule
pourrait faire la richesse du pays. L'olivier y est
indigène; on le voit pousser spontanément dans
toutes les catopagucs, au point de former des Lois
de 2 à 5 milles d'étendue. Corinthe est renommé
pour ses raisins; cependant cette ville ne donne
qu'un vin médiocre ; le meilleur vin de la Morée est
celui des environs de Misiira. Le milrier prospère
dans la péninsule; cependant la culture de la soie
a laissé jusqu'à présent beaucoup à désirer. Cet
objet pourrait devenir important pour le commerce
du pays. L'agriculture, en général, est très-impar-
faite, les Moréotes ne se sont pas beaucoup éloignés,
sous ce rapport, des usages et coutumes des anciens
Grecs. On pourrait lirer de la presqu'île beaucoup de
colons, du riz, du tabac. Le coton (In de la Morée
surpasse, dit-on, les cotons de Salonique et de Smyr-
ne. Le despot «me des Turcs ne permettait pas au
commerce de prospérer. Il faut espérer qu'à l'avenir
la Morée pourra fournir beaucoup d'articles au cotM-
merce du Levant.
Sous les Turcs, la Morée était divisée en quatre
districts : la Romanie-Saccaiiie, qui comprenait les
anciens territoires de Corinthe, Sycione et Argos, le
Bras de Maina ou la Tsakunie, comprenant l'Arcadie
et la Laconie d'autrefois , le Behédère ou l'Elide et
la Messénie; enfin, Clarenza on l'antique Achaie.
Dans le premier district on trouve la ville de Co-
rinthe ou Corto, maintenant bourg misérable do-
miné par une citadelle d'où l'on a une vue magnifi-
que sur la mer, des deux côtés de l'isthme; Sy-
cione où se célébraient autrefois les jeux néméens ;
le bourg d'Argos, dans lequel on ne reconnaît plus
la résidence d'Agamemnon ; Mycène, où régnait Mé-
nélas, et l'ancienne Nauplie, maintenant Napoli di
Romania, qui jouit des avantages d'un beau purt et
d'un territoire extrêmement fertile. — Le district de
Tiaconie est un pays à pâturages; les mœurs y sont
encore irés-agrestes, et même un peu sauvages, sur-
timl dans les montagnes. Leontari, Misitra, Napoli
di Malvasia et la ville de Tripolizza en sont les prin-
cipales villes. La dernière est regardée comme la
capitale de la Morée. Le Maina ou territoire des
Maïnuttes, peut mettre sur pied 12,000 hommes bel-
liqueux qui combattent sous leui s capitaines, dont
ils sont en quelque sorte les vassaux.— Dans le troi-
sième district, celui du Belvédère, sont situées les
trois places de Navarin, Modiin et Coron; Belvédère,
anciennement Elis, et Castel-Tornèse qui a remplacé
la ville ancienne de Cyllène. Olympie n'est plus qu'un
mauvais village sans aucune trace d'antiquité.— En-
fin, dans le quatrième district, celui de Claienia,
qui tire son nom du chef-lieu, ville entièrement dé-
chue, on trouve encore Patrasso, sur le golfe de Lé-
pante. Cette ville fait quelque commerce en soie,
miel, cire, cuir et fromage. Ou réccdte aux environs
beaucoup de raisins de Corinthe. Une route conduit
le long des côtes, depuis Patrasso jusqu'à Voslizxa :
il y a une journée de distance entre les deux ports. .
La Morée, sous l'empire romain et sous l'empire
grec, formait les 5«, 4«, 5» et 6« provinces d'Achée,
et l'exarchat du Péloponése. Lors de l'empire Latin
à Constaniinople, les croisés s'emparèrent de celle
189
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
490
province; mais les Grecs la leur reprireiu plus lard.
Ce fui là que la résislance s'organisa la dernière,
après la prise de Consianlinople par Moliammède II.
Les Véiiiliens, dans leurs guerres conlinuelles conire
les OsMianlis, possédéreni pendani plusieurs siècles
les principales villes et les porls de nur de la Mo-
rée. Ils y éiablireni même des évêcliés de l'Eglise la-
tine, mais qui n'y re>ièrenl que jusqu'en 1713, épo-
que de la perle définilive de la Morée pour Venise.
Le Péloponèse compiait et compte encore quatre
mélropolesde l'Eglise grecque, Corinlhus (Corinllie),
Patrce Veteres (Palras), Jl/o/iemliasia (Napoli ou Nau-
pli de Malvoisie) el Lacedmmon vet Sparia (Misiira).
Ces quatre méiropoles avaient sous leur juridiction
vingt-un sièges tant arclievêcliés qu'évêcliés. Le
clergé grec , avec une ignorance séculaire , a con-
servé contre l'Eglise caiholique tous les préjugés
qu'il avait, lors du concile de Florence et de la prise
de Consianlinople. Actuellement que la Grèce est
délivrée du joug Olloman, il préfère les Russes aux
Latins.
Karpati, Carpaihes, Tarlri, Crapaksou Karpatlies,
Karpalschen-Gebirge. Les monts Carpaihes , situés
entre les 15 el 24° de latitude Dord, s'élèvent au nord
de la ville de Presbourg, ils s'étendent au nord-est
entre les plaines de la Marcli el du Waag , se dé-
tournent à l'est près de Jablunka , séparent ainsi la
vallée où coule la Vistule , de celle qu'arrosent les
eaux de la Tlieiss ; cette cliaine court ensuite au
sud-est, entre le comiiat de Zemplin el le cercle de
Sanok , et gagne enfin les frontières de la Bukowine,
GÙelleperd à la fois ses irrégularités et son élévation.
Elle a environ 800 kil. de longitude; la partie la
plus élevée de cette masse se trouve dans le comiiat
de Zips, et sépare la Hongrie de la Pologne. Elle
offre une suite et un assemblage de hauts sommets,
dont quelques-uns sont couvei ts de neige toute l'an-
née. Ces sommets régnent pendant un espace de 80
kil., et dominent d'une manière très-marquée le
reste de la chaîne. Les Carpaihes occupent tout le
sud de la Gallicie , qu'ils séparent de la Hongrie.
En suivant la direction de ces montagnes , on voit
qu'elles tracent une ligne de démarcation enire la
Hongrie et la basse Autriche, tandis qu'elles sépa-
rent ensuite la première de ces provinces de la Mo-
ravie, et plus loin de la Silésie et de la Gallicie ; dans
toute cette étendue elles offrent une branche qui
s'étend toujours jusqu'à ce qu'enfin elle se termine
d'une manière brusi|ue, en formant au pied du Da-
nube la montagne assez élevée de Kalilenberg. —
La partie de la chaîne Carpathienne , une fois par-
venue aux frontières de la Transylvanie , entoure
celte principauté en envoyant entre elle et la Hon-
grie un rameau latéral qui se dirige du nord au sud,
et la sépare ensuite de la Moldavie, de la Valachie
et du Bannat de Temesvar.
Lorsque ensuite elle a atteint Orsova , situé au-
dessous de Meiradia, elle se porte de la 'Valachie en
Moldavie. Elle se lie en Servieà la grande chaîne du
Balkan.
IIADTEDR DES SOUUETS.
Sommets. Toises.
Le Babia-Gora. 856
Le Rrywan , sur la frontière de la Gallicie. 1,220
Le Pic de Lomnitz. 1,586
Le mont Czerna-Gora, près des sources de
la Theisset duPruth. 800
DiClIORNAIRE Dl GÉOGRAPHIE ECCt. IL
Toute l'énorme masse de la cime des Carpaihes
n'est composée que de rocs de granit. Les grottes
les plus célèbres sont celles de Mazarna et Dupna,
dans le comitai de Thurolz; de Demenyfalva , dans
celui lie Liptau; de Holgocz, dans celui de Zips, et
d'Aglelek, dans celui de Gomor. De Presbourg à
Bude on trouve les mines considérables exploitées
de Scliemniiz, Kremniiz, NeusohI, Schmolnitz, etc.,
et quelques sources d'eaux thermales ; on en lire
plomb, fer, argent, cuivre. Ces montagnes , qui ne
donnent naissance qu'à quelques rivières du nombre
desquelles se trouvent le Waag et le Poprad, sont
pleines de lacs. Indépendamment des mines , elles
renferment rubis, topazes, agates, carnéoles, grenat.
C'est encore dans ces lieux élevés que se trouve le
fameux baume de Hongrie, qui n'esl qu'une huile
tirée d'un arbre résineux, le liubaume, qui croit sur
les montagnes.
Les monts Carpathes ont servi de retraite, dans
les différentes guerres du moyen âge, aux popula-
tions voisines, surtout aux habitants de la Hongrie,
qui s'y réfugiaient avec leurs bestiaux et leurs effets
les plus précieux pour échapper aux dévastations el
à la barbarie des Osmanlis. On y remarquait à celte
époque plusieurs ermitages isolés, occupés par de
pauvres solitaires qui cherchaient la paix au milieu
de ces montagnes. On en rencontre encore aujour-
d'hui quelques vestiges.
Kibotum, Kemlik. Cette ville est l'ancienne Kios
des Grecs, la Kibotos des croisés. Située au fond du
golfe de Moudania, c'était un |iort de mer célèbre
dans les traditions fabuleuses, dans l'histoire posi-
tive des Grecs , dan.'; le moyen âge au commence-
ment des croisades, ainsi que dansles derniers temps
de l'empire de Byzance et dés les premiers dévelop-
pements de la puissance ottomane. Elle n'a plus rien
de cette célébrité historique, qu'elle a échangée
contre l'obscurité particul^re à presque toutes les
villes possédées par les Osmanlis.
Kolosca Gens , Nation des Koliougis , Koliouges ,
ou Kolosclies en général. — Les Koliouges ou Kolos-
ches et leurs différentes tribus habitent la côte nord-
ouesi d'Amérique depuis le 40" jusqu'au 60° de la-
titude. S'il faui ajouter foi aux Russes et aux Aléoo-
tes qui ont visité ces contrées , les habitants de la
16
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
491
baie de la Trinité ressenibleraient plulôl aux Koliou-
ges qu'aux liuliens possesseurs du cap Mcndozino, cl
on peut iiième avec vraiseiubliince les ranger parmi
les K'ijiouges, en raison de l'analogie qui existe en-
tre leurs usages , leur manière de vivre cl celle de
ces peuplades. — Les Indiens de la Nouvelle-Albion
ne se coinpreuneni pas à 10 milles de dislance. Il
esl donc fnrt possible qu'un peuple disséminé sur
un e-pace de 20 degrés ail , par son incorporation
avec les linbitanls de rinlérieur de l'Amérique , in-
troduit de grands cbangeiuenls dans son langage et
dans ses mœurs : tels sont les Koliougis du délroit
de Beering, ou ceu.\ de Yakouial et du détroit de
la Trinité. — On ne connaît les Koliouiies que depuis
l'année 1785 ; mais les premiers voyageurs , privés
d'interprètes, n'ont pas eu les moyens de se procu-
rer à leur égard les rense gnemeiits nécessaires.
Après la prise d'Yakouiat en 17fii, et Celle de Siikhi
en 1T!)4, M. Barannf recueillit bien toutes les indi-
cations ellincigiapliiques nécessaires pour éclairer
les savants sur le compte de ce peuple; mais ces in-
dications ont disparu avec lui.
Les Koliouges sont de taille inoyciinc: an premier
coup d'œil ils paraissent braves, actifs et spirituels ;
ils ont les cheveux noirs , durs et droits, les lèvres
tant soit peu épaisses, le visage rond, le corps cui-
vré; une figure n'esi réputée agréable cliez eux que
lorsqu'elle est tatouée ; de plus ils se jeiient sur les
épaules un morceau carré de toile ou de drap, et se
poudrent la tête ave< du duvet d'aigle. Les femmes
se percent la lèvie inférieure (I), à laquelle elles sus-
pendent un petit morceau de bois ovale. Plus la lè-
vre est grosse, et plus la femme est généralement
I onsiderée comme belle. Les plus aisés d'entre les
Koliouges s'enveloppent dans de grandes couvertures
blanches, faites avec la laine des moutons sauvages
du pays (2). Ce peuple est brave , mais cruel envers
ses prisonniers, surtout lorsqu'ils sont Européens: il
ne fait plus que rarement aujourd'hui usage de la pi-
que et des flèches, car depuis vingt-cinq ans à petj
près il se serl et même avec succès des armes à feu
et des poignards. Il a jus iu'à de petits canons, qu'il
se procure , ainsi que la poudre , sur les vaisseaux
des Ktats-Unis, auxquels il donne en échange des
loutres de mer et des casiors. Les pirogues des Ko-
liouges sont faites d'un seul tronc d'arbre, et d'un
bois très-léger, appelé Tchagn ; quelques-unes d'en-
tre elles peuvent contenir jusqu'à cinquante indigè-
nes; elles on environ -IS pieds de long, et quoique
fort courtes, elles vont avec une grande rapidité. —
La ciselure el le dessin sont, à ce qu'il parait, fort
en honneur chez ce peuple ; tous les masiiucs ,
(1) Cher les Koliouges, il n'y a que les femmes
qui se percent les lèvres ; dans le Brésil , au con-
traire , il n'y 3 que les hommes.
(2) On y \oii deux espèces de moutons : les nns
ont la laiue blanclre et des cornes semblables à cel-
les de nos boucs : leur eliair n'est pas bonne ; la
toison des autres est épai>se , dnuce , el leur serl ii
confectionner leurs vêtements de laine-
jouets, vases, coffres, etc., y sont parfaitement peints
et ciselés. Les Koliouges sont passionnés pour les
jeux et les divertissements ; ils chantent et dansent
continuellement. Cependant, dès leur plus tendre
enfance, ils accoutument leur corps aux souffrances
et aux douleurs de toute espèce : on a vu souvent de
petits gaiçons s'entrouvrir le bras depuis l'épaule
jusqu'au pnijiiet avec le tranchant d un coquillage, le
tout en sautant de joie et fiers de l'idée de s'être il-
lustrés comme leurs aïeux. Aucun peuple ne sup-
porte le froid comme le Koliouge. Dans la saiion la
plus rigoureuse , il marche entièrement nu ; il se
baigne dans la mer à la température de plus de 15
degrés au-dessous de glace. Il arrive quelquefois
que, après èire resté ainsi fort longtemps dans
l'eau , il appelle par fanfaronnade , tous les assis-
tants, les infite à le louetter, et lorsqu'il a bien sou-
tenu celle épreuve volontaire , il a , comme un hé-
ros , le droit de choisir la femme, qu'il désire le
plus. — < Les Koliouges , dit Liziancki , ne prati-
quent aucunes cérémonies extérieures de culte. Ils
croient que daos le ciel ou dans l'autre monde , il
existe un être qui a tout créé, et qui, lorsqu'il est en
courroux contre les hommes, leur envoie différentes
maladies pour les punir. Selon eux , le diable est
très-méchant, et occasionne mille maux sur la terre
par le ministère des Scbamans.i D'après MM. Kh\o-
slofel Davouidof, qui ont fait deux voyages dans
ces contrées < les Kinaîisi n'ont aucune idée de la
Divinité ; ils oi.t peur des diables , et croient que
c'est un corbeaa qui a créé le ciel, la terre, l'homme,
tout ce qui est visible, et que c'est lui qui envoie les
diverses maladies qui les affligent ; cependant non-
seulement ils n'honorent point cet oiseau , mais en-
core ils le chassent et souvent même le tuent. >
Voici maintenant quelques détails plus récent-,
donnés à M. Khebnikof par le vieux Toéiic ou le
Taïone-Saïguina-Klia, Kntléan, frère aine du Taïone
de Sitklii (.3), et par plusieurs autres Taîones (i).
( Kiikh'Ouguin-Si, premier h.^bltant de la terre, avait
une sœur avec laquelle il agissait fort mal, car il
faisait périr tous les enfants qu'elle lui tlonna.t afin
de ne pas multiplier la race des hommes. Cependant
il y avait encore dans le monde d'autres habitants,
sur lesquels il exerçait un pouvoir souverain. Pour
les punir de leurs crimes, il leur envoya un déluge,
mais tous ne moururent point, el plusieurs se sau-
vèrent sur les plus hautes montagnes, dans des bar-
q«e> el sur des radeaux , que l'on voit encore au-
jourd'hui sur le sommet de ces mêmes monlagnes.
La sœur de Kilkh-Ouguin-Si, fatiguée des mauvais
traitements de son fiérc, prit la résolution de s'ei:-
{5) Il esi de taille movenne, a le visage agréal.le,
de la barbe et des moustaches. Il passe pour le plus
habile tireur , et garde toujours pi^s de lui «ne
vingtaine de fusils. Kotliane est brave et «pi-
rituel.
(i) La puissance de ces taîones ou princes est
.is';ez limitée.
493
GEOGRAPHIE DtS LEGENDliS AU MOYEN AGE.
49i
fuir ; elle arriva sur le bord de la mer, et là elle se
coiiblruisit une cabane d'écoices d'arbres. Un jour
que le temps était serein, el!e se proiuenait sur la
côlti, lorsqu'elle afieiçul des lialeims qui se jouaient
dans la iiiev; ne sacbaiil puinl quels étaient ces ani-
maux, elle se in t à leur crier d'approcber de sa de-
meure et de venir lui d'iuner à uiauger. Les baleines
se plongèrent, bleu entendu, dans la mer, sans lien
répondre ; mais, le soir du même jour elle vit arri-
ver dans sa cabane un bel homme qui lui deii anda
pourquoi elle était seule, et comment elle souffrait
de la faim. Après qu'elle lui eut donné les nioiils de
sa situation présente, l'inconnu envoya un esclave
dans une pirogue, lui chercher un petit caillou rond,
qu'il lit cuire sur le feu, et qu'il donna ensuite à
manger à la sœur de Kiikli-Ouguin-Si ; après le re-
pas, il lui dit qu'elle accoucherait d'un fils que per-
sonne ne ferait périr, et lui-même il disparut. En
effet, bientôt après elle se sentit enceinte et elle ac-
coucha d'un fils, auquel elle donna le nom d'Elikh,
ei qui, par la suite et après des aventures labnleuses
dont le récit serait trop puéiil, lit connaissance avec
le dieu Corbeau, qui lui donna le droit de devenir le
chef de la race des Kotiouges. Chaque tribu a son
surnoiu, conuiie la tribu des Chiens, du Coi beau,
de l'Aigle; il y eu a une qui s'appelle la tribu Guer-
rière. »
Les Koliouges croient aux mauvais génies , et
cumme ces démons habitent dans l'eau, ils attri-
buent la plupart de leurs maladies à l'usage de la
chair de poisson : ils les supplient, par renireiiii'<e
des Schamans, d'éloigner d'eux toutes sortes de
maux physiques ; uiais ils ne leur rendent aucun
culte extérieur.
Les Koliouges sont généralement forts, bien con-
stitués et ne connaissent point parmi eux les mala-
dies locales : les seules qui les affligent et qui pro-
viennent de leur manière de vivre sont des ophlhal-
niies, des maux de tète et d'estomac. Les unes sont
causées par la lumée dont leurs habitations sont
continuellement templies; les autres prennent leur
source dans la nature de leurs aliments. Les hèvres
chaudes y paraissent quelquefois et entraînent pres-
que toujours la mort, faute de moyens pour les gué-
rir. Saiguinakha assure que, vers l'année 1770, la
petite vérole fil de grands ravages; ce fléau leur
avait été envoyé par le dieu Corbeau. — Los Koliou-
ges n'ont jamais su ce que c'était que de manger la
chair humaine; mais ils prétendent qu'au nord,
dans les moniagnes, ii existe un peuple nommé Kon-
nakcs, qui devient antiiropophage dans les temps de
famine. Ce peuple, disent-ils, vient quelquefois pour
commercer avec les Tchilkliates. II diffère des Ko-
liouges par ses habitudes et par son langage. Au-
trefois il ne se servait que de l'ace , des flèches et
des piques en pierre ; aujourd'hui il connaît l'uso'ge
des armes à feu. Le Taïone-Saiguiiiakh ajoute qu'ils
cooiitiuiiiquent par les montagnes avec les habitants
de Midnovsk et de Tchoergaisk , et qu'ils y avaient
été vus par les Kolosches T<:hilkhates.— Les prêtres
des lîoliouges , indigènes de l'Amérique russe sep-
tentrionale, s'appellent schamans. — Les Koliouges
brûlent leurs morts, et érigent sur le lieu du bû-
cher même des monuments à ceux qu'ils ont aimés
et estin;és; ils croient l'àme immoitclle, mais ils
n'admettent point les récompenses et les puniiions
dans un autre monde. Si les Kalgni, ou esclaves
d'un Taïone, ne se tuent point lorsque leur niaitre
meurt , leurs âmes sont condamnées à rester éter-
nellement e.NClaves de l'àme du Taïone. — Les ha-
rengs jouent un grand rôle dans la mythologie et
dans l'histoire des Koliouges.
Ces peuplades sont belliqueuses et féi«ces ; elles
font aux iiiisses une guerre opiniâire. Ou les trouve
dans le Nouveau-Norfolk, dont la partie orientale
appartient à h Nouvelle-Bretagne. Des missionnai-
res russes de l'Eglise grecque ont fondé plusieurs
établissements parmi ces sauvages; mais ils n'ob-
tienueut aucun résultat satisfaisant.
Kossovœ Oppidum, Kossova. C'est une petite ville
de la Roumélie (Turquie d'Europe), dans une plaine
fermée par des moniagnes, et traversée par la isiini-
za. Celte plaine est douloureuseatenl célèbre dans
l'histoire du moyen âge par les deux batailles que
les chréiieiis y ont perdues contre les Osnianlis.
Dans la première le s«lt*n Murad l"' fut tué par un
noble Ser\ien, Miloscli Kobilovitsch ; dans la se-
conde le fameux Hongrois Hunyady fut complète-
ment battu par le sultan Murad U.
Lacus Solilariorum, le tac de Lowertz dans le
csiitoii de Si.hwylz (Suisse). De quatre kil. de long
sur deux de large, ce lac est très-poissonneux ; il
s'écoule par un ruisseau appelé la Severn dans la
riiièrc de la Muotta. Du milieu de ce lac s'élèvent
deux petites îles qui étaient autrefois habitées par
des ermites. Sur la plus grande de ces îles un voit
encore les ruines du château de Schwanau, qui fut
détruit par les Suisses l'an 1508.
Lacus Sitpeiior, le lac Supérieur, le plus vaste et
te plus reculé des grands lacs tributaires du Saint-
Laurent, est aussi le plus sauvage : séparé des au-
tres par les rapides de la rivière de Saiule-Marie,
c'est le seul qui ne soit pas encore devenu le domai-
ne de la navigation à la vapeur. On y navigue tou-
jours, comme dans les siècles précédents, dans des
canots d'écorce, fiéles et légères embarcations que
les Sauvages, dont les bords de ceite mer d'eau douce
sont encore peuplés, construisent et manœuvrent
avec beaucoup d'adresse. — Le lac Supérieur est
bordé, surtout vers le nord, par des plateaux ojidu-
lés de granit qui sent coupés à pic le long de ses
195
DICTIONNAIRE DE GEOGRAl>HIE ECCLESIASTIQUE.
49<y
Dords sur des hauteurs de 300 mètres, et qui con-
servent leur veriiculité au-dessus de ses eaux jus-
qu'à une très-grande profondeur. Le plus souvent
il n'existe aucune lierge sur laquelle on puisse ubor-
^er. — Il existe parmi les indigènes de la contrée
une tradition qui porte que ce lac est habité par
do mauvais génies. Aussi en out-ils une grande
Irayeur.
Larandœ Civitas, Laranda, qu'il ne faut pas con-
fondre avec la ville actuelle de Karaman, était une
ancienne ville de la Lycaunie ; elle lut érigée en évê-
clié au iv' siècle, sons la métropole d'Iconium. Ce
ne sont plus aujourd'hui que des ruines, à peu de
distance de Kiiraman, lesquelles n'ont encore élé
visitées par aucun voyageur européen. La ruine to-
tale de celte ville a été effectuée lorsque toute sa po-
pulttion fut transportée ii Constantinople par Mo-
liammède 11.
Lautanium, vel Lausoiia Helveiionim, Lausanne,
chef lieu du canton de Vaud (Suisse). — La ville de
Lausanne, qui se trouve à vingt minutes du lac de
Genève et à -450 pieds au-dessus de son niveau, oc-
cupe trois monticules et les vallons intermédiaires.
Celle inégalité du terrain est cause que l'intérieur de
la ville est déplaisant ; mais sa position dominante
sur un beau lac, ei suriout l'affabilité de ses habi-
tants, en font un séjour extrêmement agréable et
irès-recherché par les étranglas.
Le temple protestant, autrefois église de Noire-
Dame, superbe morceau d'architecture gothique du
moyen âge, renferme un grand nombre de tombeaux
d'hommes célèbres, parmi lesquels on dislingue ce-
lui du duc Amédée de S.ivoie, qni fut pape sous
le nom de Félix V. Celle église doit avoir été com-
iiioncée vers l'an 1000 par l'évêque Henri ; mais elle
ne fut consacrée qu'en 1-275 , par le pape Gré-
goire X. L'église de StFrançois servit aux dernières
séances du concile de Bâle transféré à Laii!,aiiuc en
Mi'). L'église de Saint-Laurent a été b.itie au com-
mencement du xvni^ siècle. L'église caiholi(iue a élé
construite récemment. L'bôlel de ville était autre-
fois le palais épiscopal.
' La population de Lausanne est de 16 à 17,000
liabiianij, près jue tous calvinistes. On y compte 12
à ISiiO catholiques environ. Au moyen âge, celte
ville dépendait du canton de Berne. Ce n'est que
dans les temps modernes que ce canton a été dé-
niemliré pour former celui de Vaud. — A i'i kil. de
Lausanne e>l situé Avenches, Avcnticitm, ville épis-
copale, aux vetvi' siècles, de la province Maxime
séqnanaie, dans l'exarchat des Gaules. Celle ville fut
dévastée dans les guerres de cette époque. On trans-
féra son évéché à Lausanne en 590. Au xvi« siècle
celle dernière ville suivit l'exemple de Berne, en
adoptant le calvinisme. En 1536, l'évêque avec son
chapitre se retira à Fribourg (voyez Friburga), et
le catholicisme fut interdit à Lausanne aussi rigou-
reusement qu'à Berne et à Genève. Il n'y a rep.iru
que sous l'empire liançais. L'évêque de Lausanne
était sutfragant de Besançon ; il l'est maintenant de
Fribourg en Brisgaw (grand-duché de Bade).
Lebreium, Albert, Labrit ou Lebrel, dans l'ancienne
Gascogne, qui donna son nom au domaine dont
Nérac était la capitale, est à 19 kil. nord de Mont-
de-Marsan, dans le dépt. des Landes, diocèse d'Aire.
Il était autrefois dans le diocèse de Bazas, dont il
est éloigné de 24 kil. La seigneurie d'Albret, qui
s'étendait encore dans le diocèse de Dax, dans les
Landes, le Condomois et le Bazadois, était d'abord
une vicomte qui fut érigée en pairie le 29 avril
1550, en faveur de Henri, roi de Navarre, grand-
père maternel de Henri IV, roi de France; et en du-
ché-pairie , en faveur d'Antoine de Bourbon, en
1556. Celle érection fut confirmée en faveur du duc
de Bouillon en 1631. La population est de 1300 ha-
bitants. C'est un chef-lieu de canton de l'arroiid. de
Monl-de-Marsan, sur la rivière de Leslrigon.
Lichteniuni, vel Lkhelenia, Lichlensiein, petite
principauté allemande. Elle n'a que 2 ly2 m. c. g.
(7 lieues c.) avec 6000 hahitaiits; elle appartient à la
maison de Lichlensiein. Son origine est fort ancien-
ne, et remonte à un Ditmar, qui le premier s'est
nommé seigneur de Lichlensiein vers 1206. On la
croii descendu de la maison d'Esté. Hartmann IV,
comte de Licht: nslein, mort en 1385, laissa doux
fils, Charles et Gondjcre, qui fondèrent deux lignes.
Les deux frèresfurenl créés princes en 1618 et 1623.
Charles obtint en même temps de l'empereur Rodol-
phe H les principatiiésdeTroppau et de Jœgerndorff,
en Silésie. Jean-Adam-André, son petit-fils, acheta,
en 1099, des comles de Hohenembs, la seigneurie
immédiaio de Schellenberg, et en 1708 celle de Va-
dulz. 11 fut le dernier de sa ligne. A sa mort, qui
eut lieu en 1712, ses possessions médialeset immé-
diaies passèrent à Antoine Florian, peiit-fils de Gon-
dacre. En 1719, l'empereur Charles VI éleva les sei-
gneuries de Scliellenberg et Vadutz, réunies, au
rang de principauté, et leur donna le nom de Lich-
lensiein. Dès 1713, Antoine Florian obtint pour sa
persoime voix et séance à la diète; en 1725, cette
prérogative fnt aussi accordée h son fils et éiendue
à sa descendance. Celle-ci s'éteignit en 17^8, et les
biens de la maison passèrent au célèbre prince Jo-
seph Wenceslas, neveu d'Antoine Florian, ei regar-
dé comme le créateur de l'artillerie autrichienne. Ce-
lui-ci éiaut mort en 1772 sans enfants, les flis de
son frère Emmanuel Ini succédèrent. Parmi ceux-ci,
il y en eut deux qui formèrent lignée : François et
Charles Borromée. La ligne aînée, descendue de
Fiançois, possède la principauté de Lichlensiein et
la plus grande partie des terres en Autriche et eu
Silésie. La cadelie est pourvue d'un second majorai.
— Le prince Jean de Lichlensiein, qui avait conclu
la paix de Presbourg, fut compris, sans sa pariici-
paiiiin, et même à son insu, dans la confédération
Rhénane. 11 est membre de la confédération germa-
nique, et a part à la 16<' voix de la diète; dans l'as-
semblée générale il occupe la 28'' place, et jouit d'iino
m
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
irs
voix virile. De tous les princes de l'union, il esl ce-
lui qui possède l'Eiai le pins petit; mais il a , sous
ia souveraineté de l'Autriche et de la Prusse, les
principautés de Troppau et Jxgerndorff, qui ont
147,000 habitants, et beaucoup de terres en A;ilriche
cl en Moravie, ayant en tout une étendue de 104
m. c. g. {290 I. c.) avec 5-24,000 liabiiants. On esti-
me ses revenus au delà de 3 millions de francs ; ceux
de la seconde branche à G ou 700,000 fr, La famille
esl catholique et habile Vienne.
Le château de Lichtensteiii est situé sur un rocher
■au pied duquel se trouve le bourg de Vaduz, chef-
lieu de la principauté dans le royaume de Wurlcm-
l)erg, à (J8 kil. sud-sud-est de Constance. Popul. 800
tiabitanls.
Linaçiara Insula, ile de Lingga. Cette île appartient
aux Malais indépendants. L'empire des Malais ido-
Kitres a dû jouer et a joué <'n effet, nu moyen âge,
tin grand rôle dans le sud-est de l'Asie et dans le
monde maritime. Il figure avec un éclat tout mysté-
rieux dans l'histoire des légendes de cette partie du
globe. Le premier adversaire contre lequel il a
opiniâtrement hilié, c'est l'Islam, qui a fini par pré-
■valoir et par s'incorporer la puissance malaie , en
fondant un empire n)U5ulnian, lequel a sucressive-
went succombé à son tour sous les invasions des
Portugais , des Espagnols , des Hollandais et des
Anglais. L'ile Lingg;i a conservé jusqu'à présent son
indépendance, et les Malais qui l'habilent sont restés
purs de tout mélange; elle n'en est pour cela que
plus curieuse. Un jeune Hollanilais, aussi distmgué
par l'étendue de ses connaissances que par son zèle
infatigable pour l'extension des sciences géographi-
ques, C. Van Angeibeck, avait profité de son séjour
dans la ville de Kwala-Daï, capitale de l'île et rési-
dence du chef des Malais indépendants, pour recueil-
lir des notions précieuses sur l'ile, sur ses babitants,
leurs usages et idées religieuses. C'est à lui que nous
empruntons une partie des détails qu'on va lire.
Lingga, qui depuis la décadence de Djobnr est la
principale po-session des Malais indépendants, est
située sous l'équateur entre Sumatra et Bornéo, au
sud-est du détroit de Malakka et au nord-ouest de
celui de Banka. Les principaux lieux habiles , outre
Kwala-Daï qui est sur la côte du sud, à l'ouest du
cpp Tanjong Kian?, au bord d'une rivière, sont, sur
)a côie du nord, Marodong, et sur celle de l'ouest,
Kwala-Dadong. Le temps est fort variable dans celle
île : il ne se passe presque pas un jour sans pluie, ce
qui tempère la cbaleur au point de rendre même les
nuits froides. Le climat esl sec et il y règne fori peu
de maladies , si ce n'est quelques maladies de la
peau que des personnes altribueni à l'usage presque
unique des végétaux crus et des poissons frais ou
séchés. — 11 y a deux moussons (en malai moussim) :
la moassim Timor est celle de l'est , et la mowssim
Barat celle de l'ouest. La première commence vers
le mois d'avril et se termine à la fin de septembre;
la seconde règne pendant les autres mois de l'année.
L'ile (le Lingga esl montriêlise et très-boisée. Lnc
chaîne d;' montagnes assez hantes la traverse par le
milieu de l'ouest à l'est , se détournant ensuiie un
peu vers le sud. L'auteur, n'ayant pu la visiter,
ignore s'il s'y trouve des volcans. Une montagne
de la pariie méridionale offre un aspect extraordi-
naire par ses deux sommets en pointes pyramidales;
les insulaires l.i croient habitée par des esprits, et
pensent que ce-; êtres malfaisants non-seoicment
puniraient de mort les téméraires qui viendraient les
troubler dans leur demeure, mais étendraient leur
vengeance sur l'île entière. — Parmi les arbres dont
les forêts sont peuplées, il y en a de propres aux
consiriietions navales et autres, et quelques-uns qui,
par la finesse de leur bois et leur odeur agréable,
servent aux indigènes pour faire des meubles de
luxe. On cite particulièrement le kamnuning (cfca/cas
paniculala); le tjendana ou bois de sanilal , et la
garou (lignwn aloes). — La côte du sud est généra-
lenieni basse et marécageuse : elle se couvre d'eau
par l'effet de la marée, et est toute remplie d'arbris-
seaux touffus , de la racine desquels sortent des
épines dures et pointues. On a exploité ancienne-
ment des gîtes d'étain dans cette île; mais, comme
on a trouvé des mines plus riches dans celle de Sing-
keb, qui en est voisine et qui en dépend, l'exploila-
lion de ce métal en a beaucoup diminué à Lingga.
S'il y a de l'or, comme quelques-uns le prétendent,
ce doit être en irès-petite quantité, car les haliiiants
y font à peine attention.
La rivière principale coule d'abord sur un fond de
sable, et alors l'eau en est limpide et bonne à b'dre;
mais pi es de son embouchure, qui est dans le sud de
rî!c, son eau cesse d'être potable. Ou peut reu onter
cette rivière en bateau l'espace de 12 à 16 kil.; les
bords en sont peu élevés, et ils offrent des points de
vue fort agréables par les maisons qu'on aperçoit
enire les arbres ou qui sont bâties sur pilotis dins la
rivière même. L'embou'hure eu est défendue par
un ancien fort rectangulaire ayant 20 à 24 pièces de
canon et situé fort avantageusement. Une denii-lieue
plus haut sur la rivière, on trouve sur la rive gau-
cbe un assez grand faubourg ou kampoiig habité par
les Chinois. Il esl situé sur un terrain bas et maré-
cageux, ce qui a obligé de bâiir les maisons sur pi-
lotis et d'établir des ponts de bois pour les commu-
nications. Ces habilaiions sont construites avec des
perches faites du palmier niébong (carxjoia urens),
sur lesquelles sont clouées des nattes de kadjang. On
emploie pour la couverture ce qu'on nomme Atap ,
c'est-à-dire des feuilles de difi'érents palmiers atta-
chées tout près l'une de l'autre sur des laites minces.
Les bambous, qui croissent si abondamment sur les
îles de Java et deCelèbes, où ils sont irès-employés
dans les constructions, ne se trouvent pas sur celle-
ci, ou du moins ils y sont assez rares pour qu'on
n'en puisse pas faire usage. — En sortant de co
kampong on entre dans la ville Malaie. Les maisons
en sont bâties la plupart de la manière qu'on vioQt
«99
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE,
de décrire , sur pilotis et plus oii moins élevées au-
dessus de la terre ou de l'eau. Les portes en soni
très-éiroiies. On y monte par des escaliers ou
éclielles qu'on retire la nuit : ceiie dernière clrcoii-
siance fait qu'une liabilalion s'appelle en nialai roumn
tangga. Le.> maisons des riclies sont plancliéiées; mais
dans les autres il n'y a que des laties de palmier qui
laissent entre elles des iniervalles par où les imnioi-
diccs tomlient sous la maison , là où les habitants
logent leurs volailles. Les haliitaiions, quoique peu
distantes les unes des autres , sont entourées d'ar-
bres fruitiers et d'arbustes qui permettent à peine
de s'en approcher.
Le Dalnm (c'est ainsi qu'on nomme le palais du
sultan) est sur la rive gauche de la rivière , à d''ux
lieues de la mer. On y arrive par un chemin d'une
demi-lieue de long, d'autant plus remarquable qu'on
ne connaît guère dans le reste de l'ile que des sen-
tiers. A droiie de la demeure du prince est une es-
planade où le peuple se réunit pour les affaires pu-
bliques et pour les jeux. C'est ce qu'on appelle ici
du nom persan de Meîdan, et à Java Aloun Alnun. Le
palais est entouré d'une haute pali-sade. Après avoir
passé une porte assez bien décorée, on trouve la
salle d'audience {Balei) dont le toit est supporté par
des piliers de bois, mais qui d'ailleurs est ouverte
de tous les côtés. L'intérieur forme trois divisions,
chacune plus élevée et plus étroite que la précédente.
C'est dans la troisième que se place le sultan en-
touré des grands dit royaume. Les personnes d'un
rang mitoyen occupent la seconde division. La (dus
voisine de l'entrée est pour le gros de la nation.
C'est dans celte salle, et en public , que se traitent
toutes les affaires de l'Etat, que le sultan reçoit les
demandes cl les réclamations de ses sujets, qu'il
adniel les envoyés et les étrangers, et que se don-
nent les fêtes. Ces audiences publiques, dans un
pays où d'ailleurs l'opinion met une distance ini-
Tnense entre le souverain et le peuple, sont une in-
stitution bienfaisante et digne d'éloges. L'intérieur
du palais n'offre rien de bien remarquable. A droite
de l'entrée est une mosquée en pierres de taille, avec
un bassin servant aux ablutions religieuses, ei près
de là sont les tombeaux des membres de la maison
royale. Les logements du prince, de sa mère, etc.,
sont spacieux , mais bâtis entièrement en bois
et porté» sur des pilotis qui les élèvent de trois ou
quatre pieds au-dessus du sol,
La nature a tout fait pour embellir file de Lingga;
mais elle n'est guère secondée par les habitants. Les
plus beaux arbres forestiers couvrent les montagnes
et les vallées , et une niidtiiude d'arbres fruitiers
enloureni les habitations. Les indigènes n'apportent
aucun soin à l'agriculture; ils ne possèdent point de
chevaux, et le peu de buffles qu'ils ont ne leur ser-
vent point aux travaux des champs, mais seulement
poinr fournir leurs tables de viind-; , les jours de
fêles. Les Chinois , au contraire , tirent fort bien
psrii de leurs jardins potagers. Ils recueillent aussi
600
beaucoup d- poivre et de la substance gotnmeuso
nommée gambier, provenant des feuilles d'un certain
arbrisseau , substance que l'on mâche avec les
feuilles de«ierieponr tempérer l'àcrelé de ces der-
nières. — Ou ne cultive pas le riz à Lingga, quoique
l'on se soit assuré qu'il y réus^iriit bien. Les insu-
laires répugnent à celle culture inaccouinmée, et
pour laquelle ils auraient besoin du secours des ani-
maux de trait, qui leur manquent en ièremeiit, lis se
conleiiteui en général du sagou, que leur lie leur
donne en abondance , et ceux qui sont en état de se
procurer du riz de Java ou d'ailleurs en font venir,
regardant cet aliment comme plus sapide que le sa-
gou et plus sain à la longue, Li- sel est rare et cher,
la disposition des côtes n'ayant pas permis d'y éta-
blir dos s:ilines. Le pauvre peuple se contente de
faire tremper dans l'eau de mer des branche-; du
palmier niepali ei de racler un sel noirâtre et amer
qui s'y dépose. Les parages de Lingga sont très-
poissonueux , et les poissons y sont excellents. La
pêche est une des principales occupations des habi-
tants, ei elle contribue essenticllercenl à leur sub-
sistance. On peut la diviser en grande pêche et en
petite pêclie. La première est celle des poissons pour
la consommation journalière; l'autre a pour objel les
productions marines destinées pour U Chine , telles
que les agar agar, le kolong, le kaniak, le Iripang.
Ces productions se trouvent sur les bancs de corail,
dans le voisinage des rochers; le iriiang y est adhé-
rent, cl on est obligé de l'en détachera la main en
plongeant. On emploie, pour la petite pèche , des
bateaux nommés sampans , portant une seule voile,
et deux, trois ou quelquefois quatre hommes. La
grande pêche se fait au large; les pêcheurs sortent
pendant Sa nuit et rentrent le jour suivant à la faveur
de la brise de mer. Le poisson se prend à la ligne ,
et pour l'attirer on agite forteuienl l'eau au moyen
de quelques enveloppes de noix de cocos attachées
à un bâton; on en prend aussi avec des engins dis-
posés près de la plage. — Malheureusement, une
partie des sujets du sultan de Lingga exerce un autre
genre d'industrie bien moins innocente; il s'agit de
la piraterie. Elle est exercée surtout par les habitants
de plusieurs petites iles voisines, nommées Sckanah,
Baro, Penagar et Tamacug, qui reconnaissent pour
leur chef immédiat le Orang-Kaya , lequel réside
dans l'île de Madar, voisine de Kvala-Daï, et son
frère qui porte le titre de Panghoulou hamka radja.
C'est en vain que le Koran défend toute espèce de
piraterie; les insulaires, qui se montrent si exacts à
observer les pratiques de la religion niahnméiane,
n'ont aucun égard à cette défense. Les infortunés
qui tombent entre les mains de ces pirates sont pour
le moins réduits en esclavage. La plus faible résis-
tance esl punie de mort. Les seuls bâtiments que la
loi protège sont ceux qui ont pu atteindre les parages
les plus voisins de la capitale, notamment l'île de
Kalambak. Les. bâtiments de ces pirates portent le
nom de vendjaiaks. Us établissent, principalement
gOl GEOGIUPIIIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
ma
leurs croisières sur les cèles de Java. Ils sortent
avec la moussoii de l'ouest , ei rentrent vers la Tin
de celle de l'esi.
La popiilaiion de l'Ile de Lingga peut être évaluée
h 9 ou 10 mille individus (I ), dont les deux tiers, y
eompris i à 5 cents Chinois, h:\biient la capiiale et
ses alentours, et dont 5 ou i mille sont dispersés
dans le resie de l'île.
Les Malais de tontes tes classes sont d'une poli-
tesse remarquable. Us la poussen', jusqu'à èlre loii-
jonrs en apparence de l'avis de celui qui leur parle,
ce qui rend irès-difficile de savnir ce qu'ils pensent
réellement, et confirme l'opinion qu'on a de leur
dissimulaiion et de leur fausscié. Ils se formalisent
du moindre manque d'égards, ei c'en serait un très-
grand dans leur opinion, une offense enfin à laver
diins le sang, que de les regarder lixemeni, fùi-ce
même en passant. En général la pais règne dans les
ménages; les femmes sont fort atlacliées à leur de-
voir, et le^ enfants, quelque âge qu'ils aient alleint ,
ne manquent jamais au respect et à l'obéissance en-
vers leurs péro et mère.
Ces insulaires sont généralement bien faits, mais
de taille moyenne. Les iraiis du visage sont agréables
cIkz les deux rexes ; parmi les femmes il y a de ti és-
jolic» figuies. Les b'iiiines coupent leurs cheveux
court; plusieurs tnême se rasent la lêic, comme tout
pieux Miu.Hilman doit le faire. Ils portent , en guise
(le turban, un i:ip!ce.-»u d'étoile ['lié d'une manière
qui leur est particuliiire. Les bumnies ont pour tout
vêlement une culotte large nommée setouar, qui ne
dépasse pas les genoux, une ceinture de .•■oie qui lait
plusieurs tours et s'iipielle satofc, endn le/adjou, qui
est une veste courte à manclies larges, ouverte par
devant. Les gens riches y ajoutent une camisole de
C'itonuade blanche à boutons d'or. Les iéuinies pur-
tciil les cheveux de toute leur longueur. Elles sr>nt
velues d'un badjou do cotonnade, plus ou moins fine
suivant leur fortune. Les personnes riches des deux
sexes ajoutent un vêlement nommé sarong, qui pa-
rait, il'.iprès ce qu'en ilii l'auteur, èlre une espèce de
tunique. — Il n'y a guère de fêtes populaires à Lingga
que celles que les grands, et particulièrement le su!»
tan, donnent dans certaines circonstances. C'est
alors que le» Chinois ouTreni leur iliéâtre ou voiang,
et que l'on voit danser des i{on(/()i»igs j^ivanai^. Le
prince a aussi parmi les femmes de sou harem quel-
( I ) La population doit être plus considérable ; et nous
pensons que M. .\ngi'lbeck la porte à un chiffre tr.ip
minime. Nous répéleron* ici ce que nous avons déjà
(lit ailleurs, c'est qu'il n'existe aucun moyen de con-
irôle pour l'évaliMtion des populalions niusulmanei.
On n'y trouve aucun acte, aucun registre qni puis>e
guider dans ces recherches diflicilcs. Les h:ibiiudes,
les idées, la religion et la défiance onîbMg<use des
gouvernenienis ne permeUeut pas de s'y livrer ; ce
serait imcas de mon, si l'on était surpris. Eu géné-
ral, les nations musulmanes ne comprennent pas
futiliié d'unB pareille constatation. Comme elles ont
tous les Européens en suspicion , elles supposent de
suite qu'un voyageur qui s'occupe d'un semblable
travail est un émissaire des Anglais qu'elles redou-
ques bayadères de l'île de Bail, mais elles ne se mon-
trent p.is en public. Les Instrnmenis de musique dont
les .Malais font le plus de cas sont la flùle, nommée
bangsie, et le rabab, espèce de violon à deux corde;.
Leurs airs soni plaintifs el monotones, mais ils ne
sont pas dépourvus de mélodie. P.irmi les jeux d'e-
xercice de ce peuple, l'auieur ciie le sepak ra.ja, qui,
d'après la description qu'il eu donne, doit éiro lo
ballon. L'industrie des habiianis de Lingga se borne
à construire de ion bonnes embarcations , à fondre
des canons, des boulets el des balles; à f;iire d'a>sez
mauvaise poudre ; à fabriquer des poignards et des
lames de sabre (klevangs) comparables par la beauté
à ceux (le Palembang, el à monter ces arnus avec de
beau bois veiné ou avec des os de poisson. — Les
femmes savent faire, en soie écme de la Chine, des
éiolfes que l'on préfère, pour la qualité et h solidité,
à celles de Palembang, et qui sont fort recherchées
dans le commerce ; elles ont aussi du talent pour la
broderie. Les autres marchandises qui s'exportent
de Lingga sont, outre le gamliier, du poivre, de l'é-
tain, des ouvrages en bois précieux, de la mâture,
des rottings, etc. Il est fort rare qu'un navire euro-
péen se risque à aborder dans celte île. Il y vient
annuellement une ou deux jonques chinoises (van-
kangs), qui apportent du thé noir, de la porcelaine,
des teintures, de la soie éerue, du papier et plusieurs
autres articles qui se débitent principalement parmi
les colons chinois. Il arrive de Siam quelques autres
jonques chargées, entre autres produetions, de riz
et de sel. Les Bougis, qui sont, dil-on, les habitants
de l'Archipel îles Indes les plus versés dans le com-
merce et les plus entieprenants, imporlent de l'o-
pium, de la cire et des vètemenls de prix. Enfin ce
sonl les Chinois de Java el quelqu?s bahilants de
Maduré qni approvisionnent surtout cette ile de riz,
d'huile, de sucre, de tabac, de toiles et d'nsiensiles
de fer fabriqués dans leur pays. — Les Malais font
aussi quelque commerce sur leurs propres bâiimenls,
à Jjva, à Poulo-Pinang, à la presqu'île de Malakka,
à la côie de l'e^t de Sumatra et sur les côtes du sud
et de l'ouest de Bornéo.
Nous nous bornerons à ces détails, dont l'intérêt
tient surtout à ce que Lingga est à peu prés le seul
point aujourd'hui où les Malais aient conservé
une existence indépendante, depuis que Djolior et
Paliang sonl passés sous la suprématie anglaise par
tent, ou des Hollandais qu'elles détestent. La pirate-
rie, la principale occuiiallon des habiianis, existe chez
les Malais de temps immémorial. Antérieure à l'isla-
misme, elle lui a survécu, malgré sa condamiiallon
formelle par le Koraii. Le; Malai'i sont né; pirates,
et pirates ils sont re-tés. Leur aversion pour TM^ri-
cnllure semble aotimeniée par leur penchant pour
la pirnluric ; el il y a cela de rein.Trqnable dans l'his-
loiie de la race nialaie, qu'elle diminue, en raison
de l'impossibilité dans laquelle elle se trouve de s'a-
bandonner à son penchant favori. Observant du resle
assez exaciement tontes les pratiques du culte niiisui
mail, elle se montre intraitable sur ce seul point.
{Noie de l'nuUur.)
S05 DICTIONNAIRE DE GEOGR
!a traité du 17 mars 1824, et que l'ile tie Brinlan est
gouvernée p:ir un prince, Dougi d'origine, qui a le
litre de Uadja Monda.
Parmi les particularités que l'auteur r:ipporle au
sujet des lois de Lingga, nous croyons devoir noter
ce qui suit. Le vol est puni, pour la première fois,
par la perle d'une main, la récidive emporte celle
de l'autre main. Le meurtre est censé devoir être
puni de mort, in.cis le coupable peut se racheter en
payant aux parents de sa victime une somme d'ar-
gent proportionnée au rang de celle-ci. Ce qu'il y a
de plus singulier, c'est que la justice ne prend au-
cune connaissance des meurtres commis dans le ba-
zar chinois. Il est reçu que c'e-t un lieu où tous les
excès sont tolérés. Aussi ceux qui sont en étal de
le faire ne vont-ils dans ce lieu de réunion que
bien accompagnés. Mais il n'y a pas de grâce pour
quiconque se permettrait de porter des vêtements
APHIE ECCLESIASTIQUE. Si
de couleur jaune sans une permission spéciale du
sultan, comme aussi de se faire donner ou d'accor-
der à d'autres, dans la conversation, quelqu'une des
expressions dont il ne doit être fait usage qu'à l'é-
gard du souverain.
Les missionnaires catholiques n'ont pas encore
paru dans celte île; et il est probable qu'ils n'y se-
raient pas reçus, ou que la mort suivrait immédia-
tement leur préilicaiion. Quelques missionnaires bi-
blistes anglais avaient eu l'idée d'y répandre des bi-
bles; mais Ils ont bien vite compris qu'il y avait
pour eux trop de danger. Quant aux Holland;iis, on
n'ignore pas que de tous les peuples de l'Europe,
s.iuf quelques rares exci'ptioiis individuelles, c'est
celui qui a rendu le moins de services à la civilisa-
tion chrétienne. 11 la ferait plutôt reculer, si cela
était en son pouvoir.
M
Ualus Porltts, vcl Crociacum, Croissy-sur-Seine,
paroisse de l'ancien diocèse de Paris, actuellement
de celui de Versailles, arrondissement de cette ville,
canton de Saint-Germain-en-Laye, Seine-et-Oise, à
4 kil. à l'est de Saint-Germain et 12 à l'ouest de Pa-
ris. Les étymologistes se sont beaucoup exercés sur
l'origine de son nom latin Crociacum. Les uns ont
prétendu qu'il venait du safran crocus, qu'ils suppo-
sent avoir été cultivé jadis sur son territoire, et les
autres veulent qu'un nommé Crocus, auquel aurait
appartenu ce village, lui ait donné son nom. Il est
difficile aujourd'hui de décider lesquels de ces sa-
vants peuvent avoir raison. On trouve aussi Croissy
appelé Malus Portus dans nos anciennes chroniques,
parce qu'ainsi qu'à la Malmaison, c'est dans ces pa-
rages que les Normands avaient au ix" siècle débar-
qué pour ravager le pays. — En 121 1, l'église de ce
village fut donnée par l'évêque de Paris au prieur
de Saint-Léonard de Noblal, en Limousin. L'église
était sous l'invocation de saint Martin ; mais bientôt
elle passa sous celle de saint Léonard, parce que les
religieux ses compatriotes apportèrent du Limousin
des reliques de ce saint. Du temps de Philippe le
Hardi, ces reliques attiraient à Croissy un grand
concours de pèlerins. On en voit encore la preuve
dans le grand nombre de tableaux votifs qui sont at-
tachés aux murailles de l'église. Ces pèlerinages
étaient si fréquents et avaient donné à saint Léonard
«ne telle réputation, que le village en prit le nom,
et on ne l'appelait plus que Saint-Léonard ; mais de-
puis, ce nom s'est perdu, et celui de Croissy a pré-
valu. Celle église est très-ancienne; dans le dernier
siècle la voûte menaçait ruine; on a imaginé de la
soutenir par de nombreuses et énormes barres de
fer qu'on y voit encore. Le tableau du maître-autel,
qui représente Jésus crucifié, est de Simon Vouel.
Dès le xiii^ siècle, l'église de Croissy était compiée
au nombre des cures de l'évèché de Paris. Cent ans
après, dit l'abbé Lebeuf, on la regardait encore
comme une cure régulière, mais on ignorait de quel
ordre elle était. Un religieux de l'ordre de Cîieaux
en fut pourvu par l'évêque de Paris en l.ïS-i. Le
prieur le plus célèbre de tous ceux qui ont possédé
ce prieuré et ré^i la cure, est l'abbé de Vertot, qui
sut allier à la pratique des devoirs de son état l'é-
tude des belles-lettres et de l'histoire. C'est à Croissy
qu'il écrivit l'histoire de la conjuration de Bragance,
publiée depuis sous le titre de Révolutions de Portu-
gal. La seigneurie de ce lieu appartint anciennement
aux seigneurs de Marly ; mais au xiv* siècle, elle
avait passé dans la famille des Hennequin. — La po-
pi?laiion de ce village est d'environ 500 habitants,
y compris le hameau des Gabillons. Croissy est dans
une très-belle situation , sur la rive droite de la
Seine et à l'opposite de la Malmaison et de l'ancien
Cbarlevanne. La rivière à cet endroit forme une
grande île dite Vile de la Loge. On voit à Croissy un
très-beau château avec de vastes dépendances. Outre
ce château, on remarque encore dans ce village de
charmantes maisons.
tîare Hyrcanum, vel Caspium, la mer Caspienne.
C'est le plus grand lac de l'Asie et de tout le globe.
Elle confine au nord avec le gouvernement d'Astra-
khan, à l'est avec la Khivie et la Bukharie, au sud
avec la Perse, et à l'ouest avec une partie du gou-
vernement d'Astrakhan, les chaînes du Caucase, le
Daghestan, le Scliirvan et le Ghilan, en Perse. Son
étendue, de 16,800 lieues c, lui a fait donner le nom
de mer. Les Grecs l'appelaient mer d'Hijrcanie, les
Slaves Klivalinskoénwri, à cause d'un peuple slave
nommé Khvalisse, qui habitait sur les bouches du
Volga; actuellement ce peuple la nomme mer d'As-
trakhan, les Tartares Ac-Dinguiss, c'esl-à-dire me'
Blanche, et les Persans Gourien ou Coulssoum. Avan
Pierre le Grand on ne connaissait pas bien positive-
ment la situation ni l'étendue de celte mer, et encore
moins la figure de ses côtes; ce souverain en fil
faire une carte exacte, d'après différents voyages en-
!>05
GEOGUAPIUE DES LEGENDES AC MOYEN AGE. 506
trepris par ses ordres à cet elfer. On coiimii alors
posUivemeiit que celle mer ii'élait pas ronde comme
on se l'iniasinait ancienncmeni, mais plnlôi longue;
qu'elle s'clendaii du nord au sud depuis le 47° 20'
jusqu'au 36* it>' de lai. nord, par conséqiienl à plus
de 250 lieues en coniplanl depuis renibnuchure de
i'Oural jusqu'aux cûles du Maznndéran. Les cotes
occideniales s'étendent jusqu'au 4i", ei les orien-
tales au 53« de long. est. Sa plus grande largeur est
de 11 "i lieues, et sa moindre, vis-a-vis de la pres-
qu'île d'Archéronsk, de iO lieues. Le savant acadé-
micien Pallas cherche à prouver, dans la trois ème
partie de ses Voyages, que celle mer s'étendait à
12.N lieues plus au nord, vers les embouchures du
Volga et de l'Oural; qu'à l'est elle se réunissait à
l'Aral, et à l'ouest au Pahis-Méotide ou mer d'Azof,
à l'endroit nù coule aciuellement le Manitch. M. Gul-
densiad ajnuie que, vers l'embouchure de la Kouma
et du Terky, elle devait couvrir une élendue de
2d lieues de pays; mnis qu'ensuite la quantité d'eau
qu'y apporlaient les fleuves ne sullisant pas pour
couvrir une élendue de pays aussi considérable, en
raison de la quantité qui s'en perdait par l'évapora-
tion, les eaux s'élaient retirées dans leurs limiles
actuelles, qui paraissent être la mesure des eaux ap-
pnrlce? par les fleuves et celle absorbée par les va-
peurs (1). Actuellement celte mer, de tous côtés
entourée par la terre ferme, ne communique avec
aucune autre, malgré l'opinion nullement fondée de
quelques naiuralistes, qui lui supposent des commu-
nications souterraines avec la mer Noire. Sa plus
grande profondeur est de 70 à 80 toises, et elle est
presque partout très-basse auprès de ses bords, au
point même que les b.'itimenis d'une certaine gran-
deur sont obligés de mouiller à une distance considé-
rable des côtes, excepté pourtant à Bakou et à quel-
ques autres endroits. Elle n'a pas de flux ni de re-
flux comme l'Océan. Sa navigation est d^ingereuse, à
cause des rochers dont ses bords sont couverts, cl
des venis d'est et d'ouest qui y sourfleiit presque con-
tinuellement, et qui, à cause du peu de largeur de
celte mer, deviennent excessivement dangereux, par
l'impossibilité où l'on est de louvoyer. Son fond, de
gravier et de vase, renferme cependant quelques
rochers couverts d'eau et assez dangereux. Son eau,
très-salée loin des côtes, est plus amère que celle
des autres mers, à cause de la quantité de naphle
qui coule de sps bords et sur ses îles. — La mer Cas-
pienne peut être considérée comme une source iné-
puisable de richesses pour la Russie, par l'énorme
quantité de poissons de toute espèce qui s'y pèchent,
et qui sonl préférés par leur qualité à ceux des au-
tres mers qui baignent cet empire : il s'en exporta
annuellement, ainsi que du caviar, de la colle de
poissiin, etc., pour plusieurs millions de roubles. On
y rencontre beaucoup de veaux marins, et les côles
sont couvertes en tout temps d'oiseaux aquatiques
de difl'érentes espèces, et de variétés encore peu
connues en Europe. Les joncs qui couvrent ses bords
vers le Térek et Kisliar, donnent asile à quantité de
sangliers, et on rencontre sur les côtes du Mazan-
deran une espèce de tortue fort grande, car elle a
souvent plus d'une archine de long sur une demie
de large. — Les fleuves qui s'y jettetit sont lè Volga,
la Kouma, le Térek, l'Aksaï, l'Agrakhan, le Saniour,
le Nizabat, le Kour {Cijrus), l'Astarah, le Svidoura,
le Poussa, l'Asirabad, l'Oural, l'Emba, le Tedzen et
le Kisilonzeiii, sans compter une qiiantiié de petits
fleuves. On remarque en général que Ions ces fleu-
ves, charriant beaucoup de sable, en comblent leurs
embouchures, qui deviennent chaque année moins
profondes et plus difficiles à remonter aux bateaux,
au point même que le bélouga a cessé d'entrer
dans l'Emba, comme il faisait autrefois pour frayer.
L'embouchure de plusieurs fleuves se couvre en
même temps de roseaux qui y croissent en si grande
(1) La quatrième classe des lacs oÇre des phéno-
mènes beaucoup plus difficiles à expliquer. Il s'a-
git des lacs qui reçoivent des rivières, sonvent même
de grands fleuves, sans avoir aucun écoulement visi-
ble. Le plus célèbre est la mer Caspienne; l'Asie en
cnnlienl encore beaucoup d'antres. Le Niger, s'il
n'atteint pas la mer, s'écoule plutôt dans nn lac sem-
blable que dans un marais. L'Amérique méridionale
coniient le lac Tilicaca, qui est sans écoulement,
quoiqu'il en reçoive un auire assez considérable. Eu
nn mot, ces lacs semblent appartenir à l'inlérieur
des grands continents; ils s'y trouvent placés sur des
plaines élevées, mais qui n'ont aucune pente sen-
fiîjle vers les mers, ce qui ne permet pas à ces amas
d'eau de se fraypr nn cliemin pour s'écouler.
Ces lacs reci'vant toujours de l'eau et n'en ayant
a:icnn débouché, pourquoi ne débnrdenl-ils pas? On
peut répondre, quant à ceux qui sonl situés sous un
rlim;it chaud, que l'évaporalinn, comme llalley l'ob-
serve, suffit pour les débarrasser de leur trop-plein.
Reste à savoir si les calculs de ce célèbre Anglais
peuvent avec justesse s'appliquer à des climats .aussi
froids que, par exemple, celui de la mer Caspienne.
Observons d'abord qu'on a exagéré la quantité d'eau
i versée dans ce bassin par lesHeuves; il n'y a d'au-
tres grandes rivières que le Volga, le laik ou l'Ou-
ral et le Konr qui s'y jettent; le reste n'est composé
que de petits ruisseaux. Ajoutons que toute la côte
orientale verse à peine un ruisseau dans celte fa-
meuse mer. Remarquons encore (car rien n'est à
négliger dans la géographie physique) que le Volga,
peu profond, semble s'imbiber dans les terres qui en
bordent le cours; c'est la cause de l'humidité et de
la fertilité qui distinguent ces terrains des landes voi-
sines. Enfin, si l'on s'obstinait à supposer une espèce
de disproporlion entre l'étendue de la mer Caspienne
et son évaporation d'un côté et le volume d'eau qu'elle
reçoit de l'autre (ce que nous sommes loin d'accor-
der), on pourrait encore admettre jusqu'à un certain
point l'imbibition de ses eaux dans les montagnes
calcaires qui h bordent vers le midi et vers le sud-
est. On sait combien les terrains de cette nature sont
poreux et spongieux. Tous le» rapports s'accordent
à nous décrire les montagnes au sud de la mer Cas-
pienne encore plus pénétrées d'humidité et plus ri-
ches en sources que celles de la Mingrélie même, ce
qui prouve ou l'imbihition, ou, ce que nous aimerons
mieux, une très-forte évaporation. L'insalubrité de
l'air, près de ces lacs, est encore une circonstance
qui milite en faveur de l'opinion de Halley.
{Note de Malte Brun.)
K07
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 508
qiKiniiio.riii'ils la masquent enlièreinenl et en empé-
cliem l'oiiiréo, nomménienl dans TEmba, l'Oural et
dans plusieurs bras du Volga. Les bords de cette
mer, qui appaiiiennent à la Russie, s'étendent de-
puis Astarali, en tirant vers le nord par la côte oc-
cidentale, jusqu'à Gotirief, et de là descendant vers
le sud par la côte orientale, jusqu'au golfe Alexan-
dro^koy ou d'Alexandre. Jenkinson, Anglais, fut le
premier à qui nous devons les premières notions de
celte mer ; son but était d'ouvrir des relations avec la
Tartarie. En 1722 l'empereur Pierre l" fit voile
d'Astrakhan avec une flotte de 250 galères et de 55
bâtimenis de transport, portant 55,000 soldais pour
une expédhion contre la Perse ; beaucoup de vais-
seaux périrent, et plus d'un tiers de l'armée fit nau-
frage.
La collection des légendes faites sur la mer Cas-
pienne, dans l'antiquité et au moyen âge, formerait
plus d'un fort volume, dont la lecture serait des plus
curieuses et des plus intéressantes. Mais si elle oc-
cupe une place considérable dans l'histoire légen-
dique du monde, elle en tient une non moins consi-
dérable dans celle du commerce. Elle ctiit la route
des comnmnieaiions du commerce entr.^ l'.Asie et
l'Europe dans l'antiquité et au moyen âge: et l'Asie
orientale avait d'anciennes relations avec l'Occident
par la mer Caspienne. Ces vieilles relations ont cessé
peu à peu, à l'époque de l'envahissement de l'Asie
occidentale par les barbares musulmans.
ilariiamim vel Aturum, Aire, ancienne petite ville
épiscopale de la Noveuipopulanie dans l'exarchat des
Gaules, sur l'Adour, aujourd'hui canton du départe-
ment des Landes. C'est un ancien évéché, dont la
fondation remonte au v" siècle : il est suffragant
d'Auch. Aire s'appelait encore Vico Juliiim ou Viens
Juin, Aturiiim, Alarensiuin ou Atyreiisium Chitas.
Celte ville eut quelque impor tance sous les lois wi-
sigolhs qui s'y bâtirent un palais, et pariicnlièrement
sous Alaric. Ravagi'e par les Sarrasins et les Nor-
mands, et plus tard par les guerres de religion, Aire
n'a plus aujourd'hui que i.OOO bah., et son évéché
fait sa plus grande importance. — Cet évêclié a pour
circonscri|ition celle du dép:irtement des Landes.
L'arrondissement de Mont-de-Marsan renferme 12
cures et 85 succursales ; celui de Saint-Sever, 8
cures et 83 suce. ; celui de Dax , 8 cures et 76
suce. Il y a en outre 39 vicariats, chapelles vicaria-
les ou annexes rétribués par le gouvernement.
Les congrégations religieuses sont : les l'rsulines
à Saint-Sever, à Aire et à Tarlas ; la réunion au Sa-
cré-Cœur à Dax ; Noire- Dame de Loreite à Mont-de-
de la petite rivière Deir-Meszih (cloiire du Messie),
qui, avec un autre cours d'eau, le Uinarbuschi, ar-
rose la magnifique promenade d'Uspusi. Celle ville
est fameuse par la grande bataille livrée entre Jus-
tinien et Chosroès-Nuschirwan, par la naissance du
premier cid arabe, le héros Sid-Abaital, et par la ré-
sidence de la dynastie des Danischamends au moyen
âge. — Celle ville était dès le v« siècle, la métropole
de la seconde Arménie ; sa juridiction s'étendait sur
les cvèchés d'Arca, Cucusus, Arabissus, Ariarath.'t ,
Comanaet Zelona. Il s'y tint eu 351 un concile sur les
travaux duquel on n'a rien de précis. — C'est au-
jourd'hui une petite ville qui a conservé un peu de
commerce.
Meridionatis Africa, Afrique méridionale ou aus-
trale, vaste contrée bornée au nord-est par le Mo-
nomolnpa, au sud-ouest par l'océan Allaniique, au
sud-esi par l'océan Indien, au sud par le cap de
Bonne-Espérance. Elle comprend la Cafrérie propre,
au sud-est; les pays des Boushouanas, des tlollen-
lots, des Boschismens au cenire, des Namaquois à
l'ouest, et des Barrolous au nord; elle a près de
3200 kil. de long, sur 1600 de large. On y voit une
multitude de peuples divers. Le sol est fertile et bien
arrosé. On y trouve des montagnes élevées et cou-
vertes d'épaisses forêts, relraiie des lièvres, tigres,
léopards, rhinocéros, autruches et gazelles. Les val-
lées produisent en abondance toute espèce de vé-
gétaux. — La Cafrérie propre est ainsi nommée à
cause di'S Cafres qui l'habitent ; elle forme la pariin
sud-est de la Cafrérie, et est bornée à l'est par l'o-
céan indien, à l'ouest par le cap de Bonne-Espéran-
ce, au nord-est pir le Monomntapa. Elle se trouve
comprise entre 23° 20' et 33" 50' laiiuule sud, et
entre 2r20' ei ôl^SO'de longitude est. Sa longueur
est de 1000 kil. du nord au sud, sur -iOO kil.de
large environ de l'est à l'ouest. Les rivières les plus
importantes sont le Mafumo, le Lorenzo-Marquez, la
Nabagana, la Key, celle du Grand-Poisson limiianl
la colonie du Cap; elles descendent d'une chaîne de
montagnes, situées à l'ouest. On y trouve de magni-
fiques vallées, d'excellents pâturages, des forcis im-
menses, beaucoup de maïs, millet, melons d'eau
douce, aloès, palmiers, citronniers, cotonniers, can-
nes à sucre. Il n'y a que deux saisons, l'hiver et l'été.
Le sable d'or et le fer y abondent. Parmi les ani-
maux on remarque le lion, i'éléiihant, l'hippopotame,
le léopard, le chacal, l'ours, l'amilope, les bœufs, le
singe, beaucoup d'oiseaux, autruches, paons, des
serpents et des crocodiles. La mer fournil aussi co-
rail 01 auibre. Diverses iribus habitent la Cafrérie
Marsan ; la Doctrine chrétienne à Roquefort. Il y a propre ; savoir : les Abbatounas cl les Madoiianas
encore quelques autres établissements de reirgieuses
à Villeneuve, à Mugron et Montant, à Grenade, à
Poyanne et à Cauna.
Aire est de l'arrond. de Saint-Sever et à 21 kil.
de celte ville.
Mcliiene, .Malallali, ancienne métropole de l'Ar-
niénie Mineure, non loin de l'Euphrale, sur les bords
dans l'intérieur, près des Boushouanas. Sur lu côie
les llambounas; plus loin dans les terres les Tam-
boukis, et au sud les Cafres ou Koussas : ces peu-
ples ne reconnaissent que ce dernier nom.
Les Cafres ont une haute stature, une taille bien
proportionnée, et des traits assez agréables. Leur
couleur est d'un noir peu foncé, leurs dents blan-
509
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN ACE. KIO
elles comme de l'^oire, cl leurs yeux sont irts-
graiids. Chez les deux sexes riiabiliemeiit diffère
peu : il consisie eu peaux de bœufs, qui soiil aussi
moelleuses que du drap. Les hommes porleiil des
queues de différenls auiinaux, liées à l'euiour de
leurs cuisses, el ils ont de grand» anneaux d'ivoire
autour des bras. Us se pareiil .lussi de poils de lion,
aliaclicnt des plumes à leur lête, et iioneni d'au-
Ires ornemeiils qui ne sont pas moins bizarres. Us
aiiueiit beaucoup les cliiens, cl quand ils veulent se
procurer un de ces animaux, iUdoiineni sans peine
2 jeunes bœufs en étliange. Us s'exercent à la chas-
te, à la lutte el à la danse : ils sont adroits à ma-
nier la lance, et, en temps de guerre, ils se servent
de boucliers faits de peaux d'animaux. Les hommes
conduisent aux pâturages de grands troupeaux de
boeufs et de moulons à giosse queue. Les femmes
lonl chargées des iravaux de l'agriculture : elles
Uilliveul du blé, des haricots, du ch;inTre, du tabac
Kt des mehins d'eau. Elles fonl aussi des panitrs el
ies nattes sur lesquelles on couche. — Les maisons
tes Cafres sont toiisiruiles avec des pieux , el en-
duites en dehors el en dedans d'un mélange de terre
M de fienle de vache. L'entrée en est si basse, que,
pour pénéinr dans l'intérieur, il faul se traîner
lur les mains et sur les genoux : le foyer est placé
dans le milieu.
LesCafres sont païens. Us obéissent à un roi dont
le pouvoir est irés-limilé. Us n'enterrent pas ks
morts ; mais ils liéposeiil les cadavres dans un fossé
qui est omnnun à plusieurs familles : les bêles féro-
ces viennent s'en rejiyiue; et, par ce moyen, l'air
est préservé des vapeurs nuisibles qu'occasiinineral
la putiéfacliou. Les honneurs de la sépulture ne
sonl donnés qu'au souverain : on couvre son corps
d'un las de pierres arrangées en forme de dôme.
Le pays des Cal'res ne conlient aucune ville re-
marquable, il fait pai lie du vicariat apostolique du
Cap de Donne-Espérance.
Les Calres sonl de tous les noirs les plus opinià-
Ires el les plus courageux. Depuis plusieurs années,
ils font utie guerre acharnée à la colonie anglaise
du Cap, el se rapprochent successivement de ses li-
mites. Les missionn.ùres anglicans ont voulu péué-
Irer parmi eux, mais ils n'ont rien fait.
iletropolis Cottientium , vel Coiyœum , Kutaieh,
Vi)!e de la Phrygie Salutaire, dansl'exarclial d'Asie,
évêcliédans le it« siècle, archevêché honoraire dans
le vi« siècle, el métropole delà troisième Phrygie Sa-
lutaire dans le «x«.— La vUie de Kutaieh se trouve,
au nord-esi de Smyrne, à rextrémilé d'une vaste
plaine et au pied de la chaîne de montagnes stériles
qui ipin'îneni le pays plat ; c'est la résidence du pa-
cna, gouverneur de la province d'Anadoli;on y
Toii, comme dans tous les endroits un peu consi-
dérables . les trois populations turque, grecque cl
arménienne, logées dans des quartiers différents.
L"s mahomélans doiiiinent par le nombre les deux
autres cultes réunis ; parmi les Grecs , il n'y a pas
un seul catholique ; et .'|iianl aux Armée'ieiis, sur
ciu(| cents familles, deux cenis environ professent
la foi catholique; les autres, partisans de l'iiércsie,
ne laissent échapper aucune occasion d'inqniéler el
d'insulter ceux qui appartiennent à l'Eglise latine.
Ceux-ci, avec quelques secours du dehors, sonl par-
venus, malgré l'opposition réunie des hérétiques , à
bàlir une église et nn preshyiére. Ces constructions
sonl presque toutes en bois. Trois prêires, envoyés
par l'archevêque arménien catholique de Consianii-
noide, desservent celle mission , sous la direction
de l'un d'eux , qui a le liire et les pouvoirs da
grand vicaire.
Les Turcs de Kutaieh sonl plus fanatiques que
ceux dos autres locililés de l'Asie : ils vont jusqu'à
insulter les chrétiens dans les rues, sans distincuon
de nation et de rite.
En sort int de Kutaieh pour suivre la route d'En-
gnrije, on parcourt de vastes mais incultes plaines ;
on gravii des montagnes hlanches et arides comme
les dunes de sable qui sont au bord de l'Océan. 11
s'extrait de ces montagnes deux produclious cu-
rieuses : la première e-t une pierre blanche, molle,
que l'on taille el polit aisément avec le couteau;
c'est un article de commerce entre la Turquie et
l'Allemagne. Ces pierres sont envoyées de Constan-
tinople en Saxe, oîi on en fait de grosses pipes à
l'usage des i^lleinands. L'autre production est une
pierre tendre et facile à pulvériser, qui, réduite en
poussiéie , produit sur le linge , dans la lessive , le
même effet que le savon, et à meilleur marché; on
l'cuiploie h cet usage dans toul le pays el même ix
Coiisiaiilinople. L'eau qui coule de ces montagnes
et qui forme des torrents dans les vallées est bleuâ-
tre comme l'eau de savon , il serait impossible de la
boire.
A iO kil. sud-ouest de Kutaieh, point culminant
de celte partie de l'Asie, M. Léon de Laborde par-
vint, dans son voyage, fait en .Asie Mineure en 1827
et 18i8, à une ville romaine restée inconnue jus-
qu'alors, el que les iiinéraires anciens n'indiquent
même pas. Ses principaux édifices consistent en un
grand théâtre, un stade, plusieurs portiques bien
conseivés,et,sur une légère élévation, un temple io-
ni'iue de la plus éléganie architecture : les colonnes
sont d'un seul bloc de marbre de 30 pieds de hau-
teur ; elles sont cannelées, et soutiennent un enta-
blement irès-orné et du meilleur goiil. Par les frag-
iiienls d'une inscription qui appartenaient au fron-
ton, on apprend que ce temple, consacré à Apollon,
fut réparé du temps de l'empereur Adrien. Ce lieu
se nomme en turc Chapder, et est arrosé par uu
cours d'eau que l'on passe sur un pont romain de
cinq arches, aussi bien conservé que la voûte ro-
maine, à laquelle il aboutit.
Colyœum, comme métropole, ne comprenait que
trois évêchés : Spora, Konis el Gaio-Come. La po-
pulation actuelle est de 5t),000 habitants.
Uonasierium Altcùi, vel AU£^um, Meth, ahbaye de
I
Sil
DICTIONî^ÀIRK DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
812
Tordre des Bénédictins et ancienne ville dans le
Languedoc ; anjourd'luii du départ, de l'Aude, du
diocèse de Carcassonne, à 24 kil. ouest de celte
ville et 40 sud-est de Limcux, canton de celte
ville. C'était dans l'origine une abbaye de Bénédic-
tins, que le pape Jean XXII érigea en évcclié en 1318.
Le chapitre demeura régulier jusqu'en lool qu'il fut
sécularisé. Il consistait en 12 chanoines dont 4
avaient des dignités, et en outre de 16 bénéficiers.
Les protestants ayant ruiné l'église et la ville d'A-
leth en 1575, le chapitre a converti l'ancien réfec-
toire du monastère en église caihéilrale. L'évéché a
été supprimé par le concordat de 1801, et la ville
d'.Meth n'a quelque importance que par les eaux
thermales du Tnbéron, connues des Romains.
Le dincèsî d'Alelh était borné au nord par l'nffi-
cialité de Limoux, à l'est par le Rou-sillon el*le dio-
cèse de Narbonne, au sud par les Pyrénées et l'Es-
pagne, à l'ouest par le diocèse de Mirepoix et le pays
de.Foix. Avant d'être un évêché, l'abbaye apparte-
nait au diocèse de Narbonne. Depuis, le pays dépen-
dit du Roussillon, du comté de Foix et du gouver-
nement de Languedoc. Il contenait une partie du
comté de Rasez, les pays de Fenouillèdes et de
Saiilt.U renfermait 34,000 habitants. — La ville est
située sur l'Aude. La population n'est plus ((ne de
2000 .îmes.
Monasmimn Amerbachi, Amerbach, ou Amorbach,
ville de Bavière, à 50 kil. sud d'Aschaiïenburg.
Popul. 4600 habitants. C'était autrefois une riche et
magnifique abbaye de Bénédictins qui avait été en-
richie par des électeurs de Bavière, par des empe-
reurs et des impératrices d'Allemagne, et dont les
bâtiments servent aujourd'hui de résiJen'e aux
princes de la branche luthérienne de la maison de
Linange, ou Leincingen. Il y a dans cette maison
deux branches luthériennes et deux branches ca-
tholiques.
Le comté de Linange était situé sur la rive gauche
du Rhin, dans le Palatinat; les petites villes de
Grunstadt et de Durckheira , qui appartiennent
aujourd'hui à la Bavière, en sont les chefs-lieux.
Il faut distinguer trois maisons de Linange. L'an-
cienne et véritable maison de ce nom, dont un des
ancêtres, nommé Eniic, a vécu en 111';), s'éteignit,
en 1220, avec Frédéric I'"'', mort sans enfants. Sa
sœur Luccard avait épousé Simon, comte de Saar-
bruck, dont le second fils, Frédéric, comte de Harden-
bourg, prit, en 1220, le titre de comte de Linange.
Ce Frédéric II ei-t la souche de la seconde maison de
Linange ou de Linange-Haidenbourg. Elle acquit par
mariage le comté de Dabo (en allemand Dachsbourg),
dans les Vosges, et se divisa en deux lignes, celle de
Linange et celle de Dabo. La première, qui avait
obtenu le titre de landgrave, équivalant à celui de
prince, s'éteignit, en 1463, avec le prince Ilesson. La
ligne de Dabo réclama alors la succession, mais elle
en fut exclue par Reinard, comte de Westerbourg,
qui avait épousé Marguerite, sœur de Hesson, et que
l'électeur Palatin mit en possession de la partie du
comté de Linange, qui avait appartenu ,à la ligne
éteinte, et où se trouvait Grunstadt. Dès lors Rei-
nard prit le titre de Linange-Westerbourg : il est la
souche de la troisième maisonde Linange. — EmiclX,
comte dcLinange-Hardenbourg-Dabo, laissa, en 1541,
deux fils qui fondèrent deux lignes : Jean-Philippe
l'aîné , celle de Hardenbourg, et Emic X celle de
Heidesheim ou Falkenbourg. Charles-Frédéric-Gnil-
laume, comte de Linange-Dabo-Hardenbourg (ou de
la ligne aînée), fut élevé, en 1779, pour lui et ses des-
cendants, au rang de prince d'Empire; dans le di-
plôme, l'empereur se référa à ce que ce rang avait
déj.à été conféré à la maison dans la personne du
landgrave Hesson. Dépouillé, par la paix de Luné-
ville, de tontes ses possessions, le prince obtint, par
le recés de l'empire, de 1803, une riche indemnité,
composée de parcelles de l'éleciorat de Mayence, de
l'évêclié de Wurzbourg et du Palatinat, sous le titre
de principauté de Linange (ou de Linange-Amorbach-
Miltenberg'l, ayant une surface de 24 m. c. g. (66
lieues c.) et 85,600 habitants, et rapportant un mil-
lion de francs. On lui accorda en même temps une
voix virile à la diète; mais ce prince, tant favorisé
en 1803, fut une des victimes de la confédération du
Rhin, qui le dépouilla de sa souveraineté. Aujour-
d'hui, il se .trouve pour un septième de ses posses-
sions sous la souveraineté du roi de Bavière, et,
pour le reste, sous celle du grand -duc de Bade. II
sera entièrement soumis à la Bavière lorsque l'art. 2
secret du traité de Munich, du !4 avril 1816, aura
été exécuté. C'est ce prince qui réside dans la petite
ville d'Aniorbach. — La seconde branche de la mai-
son de Linange-Hardenbourg-Dabo fui fondée par
Emic X, second fils d'Emic IX. Les fils d'Eniic XII
devinrent les souches de trois branches, dont les
deux premières se sont éteintes, de manière qu'il
n'existe que la troisième dite de Guntersblum, d'un
village avec château, situé sur le Rhin, où elle rési-
dait anciennement. La souche de cette ligne fui Jean-
Louis dit l'Aîné, troisième fils d'Emic XII. Ce Jean-
Louis eut pour successeur son fils d'un second ma-
riage, dont les descendants s'éteignirent en 1774.
La ligne aînée de Linange prit alors possession des
terres de Guntersblum, mais il s'éleva contre elle
des prétendants. C'étaient deux frères descendus
d'un premier fils, que Jean-Louis avait eu d'une
comtesse de Falkenslein, et qu'on nomme Jean-
Louis le Jeune. Il était regardé comme illégitime,
son père n'ayant jamais fait bénir son mariage avec
la comtesse de Falkenstein. Cette illégitimité était
coniestée, parce que la bénédiciion nuptiale n'i'st
nullement essentielle pour le mariage des protes-
tants, à moins que le souverain ne l'ait décl.iiéc
telle. En effet, après une longue procédure, le con-
seil auliqnede l'empereur reconnut, le 19 août 1784,
les deux prétendants comme descendants légitimes
de Jean-Louis l'Aîné, en leur abandonnant de jirou-
ver leur droit à la succession. Cette aiïaire fut ap
5i:
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 511
rangée le 17 janvier 1785 par une iransaclion par
laquelle ces seigneurs obtinrent la nioilié des pos-
sessions de Jean-Louis l'Aine, savoir les bailliages
de Gunlersbium et de lleidesheim. Ces deux bail-
litiges aj'anl été cédés à la Fr.ince, le reccs de 1803
accorda aux deux frères, ouire des renies sur l'oc-
iroi du Rliin, les bailli iges niayençais de Billiglieim
cl NeiJenau, ayant ensemble 1 ô/l m. c. g. avec
5800 babiiants.
Billiglieim est ua bourg de la Bavière Rhénane, à
8 kil. sud-sud-ouest de Landau, sur le Klingbacli.
On y remarque deux églises, il y a des fabriques de
bas, d'armes; des briqueteries et des tourbières aux
environs. Pypul. 1500 habitants. Les princes de cette
branche sont catholiques; depuis le congrès de
\ienne, ils se trouvent sous la souveraineté de la
Bavière.
La maison de Linange-Westerbourg, qui prit en
14G5 le nom de Linangc, est la brandie ctdeiie de
celle des seigneurs de Ruukel, dont l'aînée porte le
nom de prince de Wied. Elle possède les comtés de
Wesierbourg et de Schadeck, qui sont sous la souve-
raineté du duc de Nassau : la partie du comté de Li-
nange, qu'elle possédait jusqu'aux guerres de la révo-
lution, comprend Gruiistadt, ancienne résidence.
Comme elle fut perdue par la paix de Lunéville, le
recés de 18(i5 donna à celte maison les abbayes
d'Ubeiisiaiit et d'Engelihal, qui sont aujourd'hui sous
la souveraineté du grand-duc de liesse, et des renies
perpéiuelles sur l'octnii de la navigation du Rbin.
Elle vendit en ISOo Engeltlial au comte de Solins-
'Wildentels. Toutes ses possessions ont une surface
de 3 1/2 m. c. g. avec une population de 55'JO ba-
biiants.
Celte maison, qui est luthérienne, est partagée en
deux lignes qu'on appelle, d';iprès leur fondateur,
ligne de Christophe et ligne de George.
iîonasierium Aquarum , l'abbaye de Piéffers, de
l'ordre de Saint-Benoit, en Suisse, dans le canton de
Saint-Gall. Ce couvent, fondé en 720, a donné lieu
à un village qui porie le même nom , où l'on lemai-
que un établissemeni thermal. — Rien n'est plus pit-
toresque et grandiose (jue la nature dans celle loca-
lité. La Tamina , torrent fougueux, qui ravage celte
contrée lors de la fonte des neiges, s'est frayé un
passage dans une gorge formée par de hautes mon-
tagnes. La position des bains est véritablement ef-
frayante : ils sont assis sur une espèce de tertre qui
se trouve dans un ravin profond, partout entouré
de hauts rochers et traversé par la Tamina, qui y
roule ses eaux en mugissant. Ce n'est qu'au cœur
de l'élé que le soleil pénètre dans ce lieu de déso-
'ation , encore ne s'y raontre-t-il que depuis onze
;cures du matin jusqu'à trois heures de l'après-midi ;
pais, malgré toutes ces horreurs , el bien qu'on ne
irouve pas même dans ces bains toutes les ressour-
ees de récréation qu'on rencontre dans d'autres éla-
blissemenls de ce genre, ils sont constamment fré-
tlucntés par une multitude d'ctr;ingers, qui viennent
y faire usage des eaux, dont l'elîet salutaire est re-
connu depuis nombre de siècles. La source, qui se
trouve à environ 700 pas des bains, ne coule que
pendant l'été et tarit déjà en automne.
Moiiasierium Beroiiis, Bero-Munster, à 16 kil. de
Lucerne, est situé dans une contrée pittoresque et
fertile. Ce bourg , un des plus jolis de la Suisse, est
régulièrement bàii et percé de mes droites el larges.
L'église et quelques beaux bâtiments qui se trouvent
sur une petite éininence sont d'un ellèt pittoresque ,
et l'ensemble se présente sous la forme d'un amphi-
ihéàire dont l'aspect est des plus gracieux. Un cer-
tain comte, Bero de Lenzbourg , y fonda, dans le
IX' siècle, un chapitre collégial , qui se compose de
nos jours d'un prévôt, de dix-neuf chanoines et de
quatorze cliapelains. L'église qu'ils desservent a été
réparée et nouvellement décorée en 1776; on y voit
le tombeau de son fondalcur Bero et des stalles or-
nées de sculptures en bois d'un très-beau travail.
Mais ce qui rend Beru-Muiisier particulièrement re-
marquable, c'est la première imprimerie qu'il y a eu
en Suisse, et qui y a été établie, dans la dernière
moitié du XV* siècle, par le chanoine Elie de Lau(-
fen. On trouve encore , par-ci par-là, quelques ou-
vrages sortis de ses presses, qu'on envi- âge comme
curiosités typogiapliiques. Ulrich Gering, qui apprit
cet art à Bero-Munsier , a été le premier qui l'ait
fait connaître en France , étant allé l'exercer à
Paris.
iîonasierium Engelberti, abbaye d'Engelberg, de
l'ordre de Saint-Benoît. Elle est situéedans la vallée
du même nom, dans le canton d'Underwald (Suisse).
Jusqu'à l'année 179S, les habitants de cette vallé«
étaient sujets de l'abbé , mais depuis ceite époque
ils sont devenus libres , et jouissent du même droit
de sunveraineié que les autres habiiants du canton.
La vallée d'Engelberg, élevée de 3180 pieds au-des-
sus de la Méditerranée, et de 18G0 au-dessus du lac
des quatre cantons, est arrosée par l'Aa, el sa lon-
gueur est de S kil. sur une largeur de 1 à !2 klK
Eniourée de tous les côtés par des montagnes gi-
gantesques, dont les cimes dépassent la région des
neiges perpétuelles , cette vallée n'a qu'une seule
issue, ou plutôt elle n'est accessible que par un dé-
filé qui se présente du côté du nord-ouest. L'Aa,
resserrée entre le Weili et le Selistock , coule par
ce délilé dans la vallée d'Underwald. Quoique la
végétation soit vigoureuse dans la vallée d'Engel-
berg, elle se borne néanmoins aux graminées des
pâturages cl aux plantes alpines , car il n'y croit ni
denrées céréales, ni arbres fruitiers. Une mullitude
de ruisseaux y découlent constamment dés glaciers
voisins , et les avalanches y soni très-fréquentes et
même dangereuses. L'abbaye se compose de plusieurs
bâtiments d'un beau style; elle fut fondée, à la fin
du onzième siècle, par Conrad de Seltenburen, et.j
plus lard, richement dotée par plusieurs nobles ej
chevaliers. Parmi les abbés, d'une époque récente,
on doit honorablement citer Léger Salzmann, de Lu-
515
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Ïi6
cerne; noo-seulement le nionasière, niais aussi les
liabitants de la vallée lui iloivenl beaucoup de bonnes
et d'nliles institutions. C'est lui qui a organisé le
collège de l'abbaye el l'école du village d'Engelberg.
La bililjoihèque du monastère renferme plus de
10,000 volumes cl plusieurs manuscrits très-inlé-
ressaiils; parmi les premiers se trouvent près de 200
volumes d'originaux typographiques, sortis des pre-
mières presses connues. Près de cette abbiiye on
rencontre une belle vacherie, proche de laquelle
l'Erlenbach jaillit de vingt sources, el à la distance
de 5 kil., on voit la superbe cascade du Taischb.ich,
qui se présente sous un aspect sublime , surtout le
malin. — Le village d'Engelberg, dont les habita-
tions sont, pour la plupart , dispersées, compte en-
viron liOO allies, elon y trouve une bonne auberge.
C'esl aux confins de la vallée d'Engelberg que s'é-
lève brusquement le rocher gigantesque du Tiilis,
dont la croupe est couverte d'une croûte de glace de
175 pieds d'épaisseur. Cette monlogne a éié gravie,
pour la première lois, en i'iii, et dès lors sa cime,
la NoUen, a été atteinte deux fois, par des cheiiiins
différents. L'horiion qu'on découvre de là est im-
mense; on assure que la vue porte jusque sur la
tour de la cathédrale de Strasbourg.
Monasieiitim Lapasis , abbaye de Lapasis, de l'or-
dre des Humiliés , diie vulgairement la Bclapais, ou
le Beaupois, dans l'île de Chypre. Ci; nom convient
très-bien à sa situation naturelle. Elle est bâtie sur
le penchant d'un coteau dont la perspective ne laisse
rien à désirer. On voit au-dessous d'autres petites
collines couvertes de bosquets et d'arbrisseaux, et
la plaine qui s'étend jusqu'à la mer ajoute encore
aux agréiiieiits de sa position. Elle a la même >ue
au coucliant et au levaai. On y découvre en outre la
mer et la lôie de la Karamanie. — Celle abbaye fut
bâiie par Vgou lil des Lusignans; il lui accorda di-
vers privilèges. Le supérieur avait entre antres l'a-
vantage de porter, lorsqu'il montait à cheval, l'épée
et les éperons dorés à la manière des chevaliers du
royaume. Elle fut mise en commande sous le tègne
du roi Jacques. A la prise de la citadelle de Cérines,
cette abbaye fut détruite, et on voit encore aujour-
d'hui les restes decetteimmense construction. Parmi
ces débris est un très-beau cloître environné de dix-
huit colonnes avec leurs chapiteaux de l'ordre co-
rinthien. A main gauche, en entrant , se trouve une
porte sur laquelle sont sculptées les armes de la fa-
mille des Lusignans; elle conduit à un réfectoire
long de 90 pieds et large de ■'Jà : sept colonnes en
soutiennent la voûte, et au nord sont six grandes
croisées dont la vue est des pins agréables. La pe-
tite chaire où les religieux faisaient la lecture est
très -bien conservée; on y monte par un escalier
commode creusé dans l'épaisseur du mur. Au sortir
du réfectoire , vis-à-vis de la porte , sous la même
arcade du cloître, sont deux grandes urnes sépulcra-
les de marbre blanc, ouvrage des anciens Romains.
Celle d'en bas, lisse el polie, recevait l'eau qui loin-
liaii de l'urne supérieure; c'éfait sans doute la fon-
taine du réfectoire. Celte urne, du marbre le plus
blanc, est toute d'une pièce, quoiqu'elle :iit près de
0 pieds de longueur et 2 coudées de prolondciir.
Elle est environnée d'une guirlande de fleurs el de
fruits, qui prend son origine eniie les cornes d'une
tête de bœuf; quatre lêies de mouton lui servent
d'anse, et le devant porte sur li;s mains d'un petit
enfant en bas-relief; dans le> vides que forme la
guirlande en serpentant sur les parois , est la léie
d'un lion représeniée en face. 11 y en a six ; les plus
grands carrés en renferment deux, et les moindres
une seule. Sous le réfectoire est un souterrain long
de 66 pieds, et large de 32; deux piliers sont pla-
cés au centre de la voûte el soutiennent l'édifice.
Cette espèce de grotte , située sur le penchant de la
colline, est au nord, et au levant une grande porta
que les terres éboulées de la montagne menacent da
combler et de remplir.
Ce monastère a jusqu'à présent triomphé des ef-
forts réunis des hommes et du temps pour en con-
sommer la destruction. Le souterrain surtout , dont
la coiislruclion est à la vérité plus moderne , s'esi
très-bien conservé. Ces ruines offrent maintenant un
abri aux bergers et aux troupeaux surpris par l'ora-
ge.— L'église est encore dans son entier. A l'entrée,
sous un vestibule souienii |iar qu.itre colonnes, sont
deux arches de marbre, avec les armes de la fannille
des Lusignans ; l'arche la plus proche de la porte
du temple renfermait les cendres de Ugon III , à qui
un grand nombre d'actions illustres méiilèrcnt le
nom de grand , et c'est à ce titre que saint Thomas
d'Aquin lui dédia son livre de Reghnhie principum.
Plusieurs peintures ont échappé à la rigueur des
saisons. Cette église était à l'usage des Grecs, Quatre
énormes colonnes de pierre , faites de plusieurs
pièces, en soutiennent la voûte et la partagent en
trois nefs. Elle a 60 pieds de longueur sur i6 de
largeur.
A peu de dislance de ce monastère est le village
de Kasapbane , où sont les meilleures enux de l'île
de Chypre.
Le monastère de Lapasis est à l'est de l'ancienne
ville de Cérines , non loin du cap de Saint-André.
Monasleritim Sencti Chrysoslomi , raonastèrc do
Saint-Chrysostome dans l'île de Chypre, de l'ordre
de Saint-Basile. Ce couvent est situé auprès du vil-
lage de Vuna, ou de Saint-Romain , dont les habi-
tants sont presque tous maronites. Pour y arriver,
il faut, en se dirigeant à l'orient, suivre les monta-
gnes du nord par des sentiers escarpés el difficiles.
L'origine de ce monastère remonte aux premiers
empereurs chrétiens. Quant à l'église qui est plus
moderne, elle est petite, pavée de marbre, et peinte
à la manière des Grecs. Sous le portique est une
pierre sépulcrale ; les tnoines y eniretienncnl une
lampe coniirueilement allumée ; c'est la tombe de
la fondatrice. A côté d'elle sont deux servantes favo-
rites avec lesquelles elle voulut partager le même
617
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
:as
tombeau , en reconnaissance des soins qu'elles lui
avaient rendus, i>iincipalenienl dans ses derniers
moments. Aucrès de celle église est une antique ilia-
polle qui sert aujourd'liui de relraiie aux animaux.
Si ce monasière n'a point la magnificence ordi-
naire à ces sortes d'édifices, il a du moins tous les
agiémenis de la commodité : situé sur le pencliant
de ces moniagnes, il y jouit de toute la plaine de
Nicosie, et de ses environs remplis de liameaux et
de villages. — Il y a communémnenl dix à douze re-
ligieux, que les Grecs nomment kaloyers : ils sont
sous rol)éiss;\nce imniédiaie d'un supéiieur. Ces re-
ligieux sont un mélange des ordres de Saint-Dasile,
de Sainl-Elie et de Saint-Marcel. Ils loni vœu de
pauireté, de clusielé et d'obéissiince. Ils ne man-
gent pas de viande , et mènent une vie très-austère.
— A peu de distance de Saint-Clirysosiome sont les
ruines du cliàlcau de BulTavent, siiué sur le sommet
des montagnes du nord , et qui fut detruil par les
Vénitiens. Le côlé de la moniagne oii il s'élève est
éldigiié de Saint-Clirysoslome d'environ 10 milles.
On arrive aux ruines par une pente assez douce.
L'ii;! citadelle aussi forte, aussi giande, où l'on
coiiipie plus de cent apuaitements , bitie sur ces
nioiils iuaccessibles , parait un prodige de l'art : on
ne sait comment on a pu y conduire l'eau néces-
saire à la construction de ce merveilleux édifice.
Ou y voit , il est vrai , plusieurs citernes ; elles ont
sans doute élé creusées aupai avant pour y recevoir
les eaux des pluies, dont on aura fait usage : qu:ind,
d'un autre côté , on songe à la rareté des pluies
dans ces climats, ces puits deiaient être d'un bien
faible secours. Quoi qu'il en soit , ce fon fut bâti
par la même dame qui fil élever l'église Sa lU-Cliry-
Bosiume ; elle y cherchait un asile contre la persé-
cution des Templiers. Ces chevaliers gouvernèrent
cette lie l'espace d'une ai née : leur tyrannie arma
les naturels du pays , et l'ordre fut obligé de la re-
mettre à Richard, roi d'Angleterre, qui la lui avait
vendue cent mille ducats d'or que ce monarque lui
rendit.
Du faîte du cliMeau, on voit tonte l'étendue de
l'île et la mer qui l'environne ; la vue est cependant
bornée d'un côté par le mont Olympe, et c'est de ce
mont que l'on embr:isse d'un coup d'ceil , iion-seule-
ment toutes les parties du royaume , mais encore
les rnonlagnes de la Karanianie et celles de Syrie.
Munaiierinm Sancii Urbiini, abbnye de Saint-Ur-
bain, de l'ordre de Gileiiix, située à 10 kil. dt; Lu-
cerne ; elle est comprise dans le canton de ce nom,
et est remarquable p.ir la belle arcliitcciure de ses
vastes édifices. L'église , surmontée de deux tours
très-hautes , Chî maijnifiqnement décorée dans son
iniérieui ; elle renferme quelques bons tableaux et
des s^culpiures en bois très-remarquables. Celte ab-
baye possède une bibliothèque intéressante. Les re-
ligieux de Saint-Urbaiu se sont di>iingués dans tous
les temps par l'urbanité avec laquelle ils accueillent
les étrangers.
Après la défaite des cantons catholiques, ou du
Sitiiderbuiid , à la lin de 1S47, l'abbaye a été cou-
daninée à payer à la diète fédérale, une somme cm-
siilérable.
Mons Adexlris , les Adrels-de-Montanroux , pa-
roisse à 19 kil. est-nord-esi de Grenoble (Isère), qui
avait le litre de baronnie. Le plus tristement célèbre
de ses anciens seigneurs fut François de Geaumont,
gouverneur du Daupbiné , dit baron des Adrets,
protestant, qui (it la guerre contre les catlioliques
avec une cruauté inouïe. Il avait inspiré dans le
Forez une terreur si grande, que pendant une année
entière, la messe ne se dit qu'en secrot et par des
piètres déguisés. 11 éiait né en 1513, et mourut le
2 février 15S6. 11 avait pris pour devise ce vers d'Ho-
race : Impavidum (erienl ruince. C'était bien la plus
sanglante dérisiondecettebelle pensée. Carie baron
des Adrets joignait à sa férocité naturelle une bru-
talité froide et impassible qu'il prenait pour une
qualité de caractère. La pupulatioii, qui est de 1000
âmes, se livre à l'exploiiaiion d'une mine de bouille.
Les Adrets sont du diocèse de Grenoble.
Slons Fracius, le Mont-Pilate dans le canton de
Lucerne, en Suisse. Celle niasse colossale est la
montagne la plus élevée qui se irouve dans le canton
de Lucerne ; sa hauteur est de 5700 pieds au-dessus
du niveau du lac, et de 7080 au-dessus de la Médi-
terranée. De vieux documents attestent qu'autrefois
le Monl-Pilate était souvent .nppelé Fracknmnd ,
Fraci-Monl, ou Motis Fracius, à cause des Uajics
déchirés ei des escarpements abruptes qu'il présente
sur ses côtés de l'est el du nord. Pendant le beau
temps, la cime de cette montagne est ordinairement
enveloppée d'un petit nuage, ce qui lui a valu le nom
de PitatusoxiMons Pilealus; quand elle esi dépourvue
de celle espèce de chapeau, on s'attend à avoir de la
pluie. Le Pilate est couronné de sepl pics qu'on
nomme Esel, Oberliaupt, Band, Tomlisborn, Gems-
matili, WidderfelJ et Knappsiein. Ces pics, quoique
peu éloignés des pâturages alpestres de la Briindlcn-
Alp, des Tomlis, Malt, Treyen, llaslelen et Oberalp,
sont d'un accès difficile. Six chemins conduisent de
Lucerne sur le Moni-Pilale; le plus facile à suivre
passe par Alpnacli cl se dirige sur le Tomlisborn. La
distance est lie cinq lieues, savoir : à Eigenihal (par
Krienz el Herrgotiswald) deux lieues et demie; d ici
au chalet do Gantersey, sur la Bruudlen-Alp, une
lieue et un quart; et de là une à deux lieues jusque
sur les pics de l'Esel, du Gcmsmaitli du 'Widder-
fe!d et du Knappslein. Les points de vue que l'on
découvre sur ces sommités sont magnifiques. La
Brundlen-.Alp est le pâturage le plus élevé, qui se
trouve sur le Munt-Pilaie. Plus haut la végéi.aion
ceSîC el le voyageur n'aperçoil plus que des rochers
nus. Une fondrière ou mare, longue de 134 pieds et
large de 78, que l'on voit sur la Brundlen-Alp a
passé, pendant une longue suite de siècles, pour
n'.ivoir pas de fond. Dans ceilivns ehangeineiils de
temps, il se forme au-dessus de celle fondrière des
DICTIONNAIRE DE GliOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
SI»
petits brouillards ; s'ils s'élèvenl au-dessus du pic de
la inoiiiagne, ils se dissipenl; mais s'ds s'aliaclienl à
la paroi du rocher, Ils se coiidenscnî et rorineiU un
gri'S nuage qui va fondre sur la ville et les environs
de Luceiiie avec une violence et des coups de ton-
nerre effrayants. Ce météore a donné lieu à des fa-
bles, dont la tradition est arrivée jusqu'à nos jours.
Le peuple croyait que le préfet romain Ponce Piiate
sous lequel N.S. Jésus-Clirisi fut crucifié, tourmenté
par des remords de conscience, était venu se jeter
dans le petit lac de la montagne de son nom ; que là,
toutes les fois que quehju'un était assez téméraire
pour s'en approcher, son esprit furieux sortait de ces
ondes impures et n'y rentrait qu'après avoir châtié
toute la contrée par une tempête terrible. Cette Ira-
diiion avait acquis une telle croyance dans les temps
reculés, que dans le xiv^ siècle, le gouvernement de
Lucerne fit défense expresse aux étrangers de s'ap-
proclier de ce lac. Ce ne lut que dans l'année 1585,
que M. Muller, alors doyen et curé de la ville de Lu-
cerne, parvint à désabuser le peuple et à le guérir de
la frayeur qu'il avait de la fondrière infernale ; Ac-
compagné d'une partie du peuple, il se rend sur les
lieu« et conjure l'esprit de l'infortuné préfet et les
furies qui le tourmentent ; mais c'est en vain qu'il les
évoque, qu'il les attaque par des railleries et nième
par des insultes; rien ne sort de cette retraite fan-
geuse. Enfin, pour détruire le préjugé que ce lac
maudit était sans fuiid, il le fait traverser dans les
endroits guéables par plusieurs personnes de sa suite.
Dans les environs de la lîrundieiialp, on remarque
deux autres curiosités : ce sont les grottes de Domi-
nikloch (Trou de Dominique) et du Mondlocli (Trou
de lu Lune). L'entrée de la première est à une hau-
teur de 800 pieds au-dessus du pâturage et se trouve
à peu près au milieu d'un rocher saillant d'une cou-
leur noirâtre difficile à nuancer avec le pinceau. Elle
n'a été explorée qu'en 18U, par Ignace Matt, chas-
seur de chamois, qui, au moyen d'une corde, des-
cendit le long de la paroi perpendiculaire du rocher
jusqu'à la profondeur de 506 pieds, où il atteignit la
grotte. Il la reconnut alors et trouva qu'elle avait
90 pieds de hauteur, 28 de largeur et liO de pro-
fondeur. A son entrée se trouvent deux blocs de
roche calcaire qui se présentent, dans le lointain,
comme une masse réunie et sons la forme d'un co-
losse à figure humaine. Pendant plusieurs siècles on
a cru que c'était un ouvrage de quelques soldats ro-
mains qui s'étaient réiugiés dans cette caverne; mais
le peuple .s'imagine que c'est la statue de saint Do-
minique, et c'est par celle raison que la grotte porte
son nom. L'approche du .Mondioch, quoique très-
pénible, est cependant moins périlleuse. On ramasse
dans celui-ci beaucoup de lait de lune, et il s'en
élance avec impétuosité un ruisseau dont l'eau est
tellement froide, que même dans les plus grandes
chaleurs de l'été, le thermomètre y descend à 8 de-
gies au-di:ssous du point de congélation. Le mur-
mure de ce ruisseau produit dans l'iulérieur de la
J)îO
caverne un siffiement singulier, que les bergers du
Pilaie ajipelleiit b; carillon de la montagne (Beig-
Klingelii). Enfin on entend encore sur la Brur.dle-
nalp, un écho merveilleux, mais il n'appartient
qu'aux bergers qui ont des voix fortes et sonores de
le faire retentir dans les pics du Gemsmatili, du
Widder et du Tomlishorn.
Mons Riuelti, le Rutli, ou Grutli, dans le canton
de Lucerne, près du lac des Quatre-Cantons, en
Suisse. Ce lien, célèbre dans les annales suisses, est
un petit coteau verdoyant, passablement élevé et
planté de beaux arbres fruitiers; près d'une maiso.i
qui s'y trouve jaillissent trois sources d'eau vive
que le peuple révère comme sacrées, parce qu'il cruit
qu'elles désignent la place où, le 17 novembre 1Ô07,
les premiers conjurés suisses, Werner StauOTacher,
de Schwytz , Arnold An der Halden, de Melchthal,
canton d'Unterwald, et Waliher Furst, d'Attingliau-
sen, canton d'Uri, firent etitre eux le serment de dé-
livrer leur patrie des tyrans qui l'opprimaient. Le
25 juin 1515, ce serment fut renouvelé au même en-
droit par les trois cantons primitifs , après qu'ils eu-
rent conquis et affermi leur liberté, et enfin il fut
répété de nouveau, en 1715, par trois cent soixante
députés des cantons d'Uri, de Scliwytz et d'Unter-
wald. Iminédiaiemeni au-dessus du Giutli se trouve
le village de Seelisberg, où l'on jonit d'une vue ma-
gnifique; sur la rive opposée on apeiçoil, au pied
du Fronalp^tock, le hameau de Sisigen, bilué à
l'entrée d'un petit vallon. Non loin delà s'élève aussi
la montagne sourcilleuse d'Axenbergouàcbsenberg;
sa hauteur, au-dessus du niveau du lac, est de 5Ô40
pieds, et ses flancs nus, appelés Buckisgrat et Ha-
ckinesser, s'y enfoncent presque perpendiculaire-
ment à une profondeur de plus de 600 pieds. Sur le
rivage, près de cet endroit qui est très-dangereux
pour la navigation en temps d'orages, s'avance le
roc appelé Tells-Platten ou Tells-Sprung; c'est sur
ce plateau que Guillaume Tell s'élança lorsque, con-
duit prisonnier par le bailli Gessier, il fut dégagé de
ses fers pour prendre la manœuvre du bateau qui
était en danger de périr; en faisant ce saut hardi il
repoussa au large l'enibarcation et échappa ainsi à
son tyran. Trente et un ans après sa mon, ses con-
citoyens bâtirent à celte place une chapelle en son
honneur, et depuis ce temps on appelle cet endroit
la chapelle de Tell (Tetls-Kapelle). La façade de ce
petit édifice, qui regarde le lac, est ouverte, et son
intérieur est décoré de plusieurs tableaux retraçant
les principaux traits de la vie de cet homme illustre.
Le coup d'œil sur le rivage opposé est extrêmement
pittoresque ; on y aperçoit la vallée d'isen (Isen-
ï/i(i/), les montagnes du Rotstock, des Surenen, du
Seelisberg, le village de Bauen el, dans le fond du
tableau, le glacier de Geschenen. La distance du
Grntlià la chapelle de Tell estdeSkil.
Mans Sanciœ Crucis, la montagne de Sainte-Croix.
Elle est située à 18 milles de Sarnic, dans l'île de
Chypre. Quoique liétachéc du nionl Olympe, elle n'eu
521
GEOGliAl-HIt; DES LEGENDES AU iMOVLN AGE.
rj22
fait pas moins panie. Celle montagne voisine indi-
que aux marins la rade de Larnic. Il y a cela de
bon qi'c les brouillards les pins épais ne la déro-
bent jamais enliéremenl à la vue, liien différente de
rt)lympe et di's munis cirennvoisins, i|ui ne sont
visibles qne lorsque l'almosplicre est absolument
pure et dégagée. Snr son sommet est l'église bàiie
par sainle Héiéne, a son reiour de Jériisalem. Le
monasiére, en p:irlie ruiné, donne néanmoins encore
une idée de son étendue et de sa solidité. Celle
église avait un morceau de la vraie croix.
Mons Sancii Gregorii, le mont Saint-Grégoire, ou
l'Araral. Le mont Ararat, dans l'Arménie russe, à
60 kil. sud-ouest d'Erivan, e^t situé au milieu d'une
vasie plaine, et entourée de collines couvertes de
ruines. Cette nionlagne est isolée, et semble tout à
fait détachée de la longue cbaine qui traverse l'Ar-
ménie. Elle a un double sommet, d"ntle plus orien-
tal et le moins élevé se nomme Peiit-Ararat. L'au-
tre cime, plus élevée, est toujours couverte de neige
et enveloppée de nuages. L'Ararat se divi-eeii deux
régions; la première a un gazon court el glissant,
ou un sable mouvant et profond. An-dessus s'élè-
vent des rochers. Les bergers occupent la première
région : les habitants delà deuxième sont des ours,
tigres, léopards et coibeaux. Rien de plus beau
que ses former et de plus extraordinaire que sa
hauteur gigantesque : un des grands traits de celle
montagne est lin aliime immense qui la coupe vers
le milieu de sa hauteur, et laisse voir Er.vau. Il en
sort souvent de laruiiiëe; il s'en détache quelquefois
des rochers de pieire noirâtre et fort dure, qui font
en roulant un bruit affreux. D'après la tradition con-
servée dans l'Asie Mineure, c'est sur cette monta-
gne qne s'arrêta l'arihc de Nué : aussi est-elle en
vénération chez les Arméniens.
L'.Ararat n'offre de tous coté'^, depuis la ligne des
neiges jusqu'à une distance de SO werstes, ou en-
viron 12 lieues de France, absolument rien que des
laves, même s inb autres productions volcanii]ues.
11 a cela de particulier qu'il se trouve à la même
distance de 3-iO kil. de la mei- Noire et de la mer
Caspienne. — Sa hauteur au-dessus du niveau de
l'Océan est de 2700 toises ; la hauteur de la ligne
des neiges permanentes est d'environ 2O0O 1., ce qui
est extraordinaire pour une latitude de 39" 45' :
celle circonslance lient sans doute à ce que l'Ararat
est une montagne tout à fait isoiee, dont le climat
n'est pas refroidi par d'autres montagnes voisines
qui dépassent cette ligne.
M. l'arrot lils, professeur à l'académie de Dorpal,
fil une ascension en iSi9 su mont Ararat, et planta
au point le plus élevé une croix haute de S pieds
au-dessus de la glace.
Le couvent de Saint-Grégoire est siiué sur le pen-
chant inférieur de l'Ararat. C'esl une solituiie d'un
as|iccteffr yml et imposant tout i» la fois. 11 est à
q-ialie wersles du village d'Argurc, nom qui signifie
j'.inalioH de lit vi.,ne en langue arménienne, et d'.H
DicnoN.NAinK de tiÉnoiRArHiE eccl. U.
rappeler que c'est là que Noé a planté les premiers
ceps.
Monics Infandi, vallée de Chamouny en Savoie
(Etats Sardes). Ce fut d^ms cette vallée, élevée de
20-40 pieds au dessus du lac de Genève, qu'un cer-
tain comle de Genève fonda, en 1099, un prieuré
des bénédictins, à l'eniour duquel se forma le village
de Chamonny, qui finit par donner son nom à la
vallée. Plus tard, elle tomba dans un oubli si absolu,
qu'on la croyait inaccessible et uniquement habitée
par des esprits malfaisants. C'est de là que vient le
nom de montagnes maudiies, que l'on donne à ces
monts gigantesques qui semblent en défendre l'ac-
cès. Ce ne fut qu'en 1741, que les deux Anglais,
Pokoke et Windbam, armés de pied en cap el ac-
compagnés d'une nombreuse escorte, se hasardè-
rent de nouveau dans cette contrée isolée. Depuis
ce temps elle est devenue, pour ainsi dire, un liet»
de pèlerinage, cnnstammeni fréquenté par une mul-
titude de voyageurs, qui vieiment admirer les scè-
nes merveilleuses et imposantes qu'elle récèle. Effec-
livemeni il est peu d'endroits où ellesse trouvent en
aussi grand nombre , dans un espace si peu consi-
dérable, car toute la vallée n'a que 20 kil. de lon-
gueur sur vingt à trente minutes de largeur. Elle
est arrosée par l'Arve, mais vu n position très-éle-
vée, elle n'est pas susceptible de eu lure. On n'y
trouve que des pàtuiages et des plantes alpines ;
c'est du suc de celles-ci que les abeilles tirent ca
beau miel blanc et aromatique si généralement e-;-
linié. Mais ce qui rend cette vallée principalement
célèbre, sont les monts sourcilleux, les glaciers gi-
gantesques el toutes les scènes variées et m.ajes-'
tueuses qui s'y renconirenl de tous les côiés. Painit
celles-ci on doit nommer, avant tout, le Mont-Blanc.
Celte masse énorme, la plus haute de l'Europe, est
élevée de 14,7SI3 pieds au-dessus delà Médileiranée.
Depuis l'année 1761 on a tenté plusieurs fois de.
gravir jusqu'au sommet de ce glacier éternel, mais
cène fut qu'en 178(j que M. le docteur Paccard e\
Jacques Balmot de Chamouny parvinrent à y mon-
ter. L'année suivante JL de Saussure, et, une année
plus tard, .M. Bourrit y arrivèrent également, el
dès lors ils furent suivis par plusieurs autres per-
sonnes. Il n'est, dans tous les cas, pas absolument
nécessaire de faire l'ascension du Mont-Blanc, pour
jouir de l'aspect majestueux de cette pyramide co-
lossale et des scènes imposantes qui l'enioureni. Le
mont Brevent, situé presqu'en face, esl d'un accès
plus facile, et peut être gravi dans linq heures. Sa
hauteur esl de 7856 pieds au-dessus de la Méditerra-
née, Cl l'on découvre de là, non-seulement le Mont-
Blanc dans toute sa splendeur, mais aussi tous le-,
glaciers et toutes les cimes des montagnes de 1j
vallée. On le voit encore très-avaniageusemenl du
Géant, son plus proche voisin , et, après lui, le plus
élevé des glaciers (13,044 pieds au-dessus de U'
Méd.), el du iMonl Anvert (3224 pieds) qui touche le
(ieiiil ; mais le point de vue le plus intéressant se
17
DIcnONNAlRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE
irottve sur le col de Balnif, dont la cime, iiiesurée
irès de la cri ix de 1er (iiii y esl plaiiiée, est i!e 70S0
pieds au-dessus de la iMédiierr;tnée. Le cavulier et
le piéloii peuvent l'aileindre dans cinq leures de-
puis Cliainouny, et, au lieu do rétiograder dans
cet endroit, un autre cliemiii les conduira , dans
deux heures, à Trient, dans le Valais. Le col de
Balme ferme h vallée de Chamonny, au nord-est,
et fournit l'eau à l'Arve, dont il renferme la souice.
Parmi les L'iaciers de la chaîne du Moni-Blanc on
remarque, entre autres, le Bossons, dont l'aspect
est surtout sublime le matin ; sa pente inclinée s'é-
tend jusqu'à une denii-lieue de Moncouard, endroit
situé à l'ouest de Cliamouny, à la distance d'une
lieue. Le glacier des Bnis, qui se distingue par une
multiiude de pyramides et la supeibe voûte de
glace qui se trouve sur son bord et de laquelle jail-
lit, avec une impétuosité bruyante, le lorre i de
l'Aveiron ; enfin celte masse l'orniiilable, cornue
sous le nom de .Mer de glace, dont les bords entou-
rés d'énormes quartiers de granit, et la surface |iai-
seinée de blois de glaces, de t ute granileur ei de
formes diverses, présentent au spectateur éionné le
coup d'œil le plus surprenant. La partie la plus éle-
vée de cette surface glacée se nomme le Talèfre.
C'est le point de vue le plus favorable pour contem •
pler cette multitude de gUciers en forme d'obélis-
ques et de flèches de clochers, dont toute l'étendue
est comme hérissée ; au milieu on voit le rocher d'i
Court'l, qui se pare des plus belles fleurs des Alpes,
au mois d'août. Le VIoniBianc, le Géant, ainsi que
les sommets d'autres montagnes environnantes se
présentent ici également sous un fort bel aspect. On
arrive par le mont Aiivert à ht mer de glace, et par
celle-ci au .Mont-Blanc et au Géant.
Montes Pelori, les monts Pélores, oans l'ile de Si-
cile. Les monastères de la Sicile s'étaient livrés, au
moyen âge et dans les temps modernes, à l'exploita-
lion des mines que renferment les monts Pélores.
Ces montagnes forment une des bianclies des Apen-
nins. Elles se composent de granité, de gneis?, dé
micaschiste et de schiste lalqueux. Les granités
appartiennent à des variétés distinctes ; les uns à
grains fins, à feldspath blanc et à mica noir, sont
associés au gneiss ci an micascliite ; tandis (|ue les
autres, qui ont la siruciuie poi phyroïde, ne suni ja-
mais en relation avec ces niches schisienscs. Leur
composition est en outre essentiellement dilférente
des premiers : le fi Idspalh, presque toujours rosé, esl
en cristaux nets et assez volumineux; le mica en est
verdàlre. Ce granité, [dus altérable que la première
vaiiété, fournit du côté de Monle-Leone une variété
de kaolin, employée comme terre réfraciaire à l'u-
sine de la Mongiana ; mais la Sicile, si vantée par
les anc'ens poètes, pour la fertilité de son sol et la
richesse de ses gîtes minéraux, li'a cependant que
des gisements mét:iHifères assei faibles (au rapport
de M. Juncker, ingénieur en chef au corns royal des
uiiues, et do M. Adrien Paillette, inv;énieur civil).
SU
Ces mines ont occasionné au xviti« siècle des dé-
penses considérables et n'ont donné que des pro-
duits très-faibles, comme il appert par le-s archives
des établissements monastiques intéressés dans les
entreprises de ces mines.
Le groirpe de ces gisements, situé au nord de la
Sicile, s'étend de-uis Messine jusqu'aux environs
de Franca-Villa. Les mines qui le composent, dis-
posées parallèlement à la chaîne des monis Pélores,
existent sur les deux pentes de ces montagnes; elles
sont surtout nombreuses sur le versant qui regarde
la Calabre. Elles forment des petits filons peu éten-
dus et sais sui e, courant dans toutes les directions,
disséminés quelquefois dans le granité. Les raine-
rais que produisent les mines de la Sicile sont de la
galène argentifère, des bournonites, du mispickel et
quelquelois du cuivre gris; liîs minerais de plomb
sont de beaucoup les plus abondants : souvent ils
sont antimonifères.
iloriuœ Aqxiœ, Aigues-Mories, diocèse de Nîmes,
chef-lieu de canton, arrond. d'Uzès (Gard). Popul.
5000 habitants. On y voyait autrefois une abbaye
de Bénédictins, détruite par les Sarrasins en 77S
et rcliàiie en 788 par Ciiarleniagne. Elle s'étendait
autrefois dans les diocèses de Nîmes et de Mont-
pellier.
La mer n'a jamais baigné les murs d'Aigues-
Mortes, comme on l'a dit souvent. Cette ville était
jointe à la n;er par un canal long d'une lieue envi-
ron et qu'on nommait le Grand-Louis, et dont on voit
encore des iraces. La rade où ce canal aboutissait
était très-vaste. De la rade on arrivait sous les murs
mêmes de la ville eu remontant le Grand-Louis et le
Canal-Vieil, pour entier ensuite dans la Granle-
Roubine, et de là, par une ouverture que les sables
aujourd'hui ont à moitié cmiblée, dans l'étang pio-
lond qui entourait les murailles. C'est là que par
deux fuis saint Louis s'embarqua pour son voyage
d'outre-iner. Philippe le Hardi, son lils, sa vani la
recommandation du roi si n père, fortifia cette ville,
dont le commerce fut très-florissant durant un siècle
environ. Mais vers le milieu du xiv' on laissa les
canaux s'ensabler, et depuis elle ne put jamais re-
venir à son ancienne splendeur. A la paix de 1576
les calvinistes obtinrent Aigiies-Moites avec Beau-
caire pour places de siireté. Avant la révolution de
1793 Aigues-Mortes était exempte de tout autre im-
pôt que celui de capitatioo qu'elle payait au roi, son
seigneur direct. Elle devait à saint Louis ce privi-
lège, qn'avaieiit confirmé lous les successeurs de ce
pieux monarque.
L'abhaye de Bénédictins de Psalmodi, située à une
demi-lieue au nord d'Aigu/s-Mories, et plus ancien-
nement dans une île située au milieu d'un éiaiig qui
communiquait avec la mer, fui sécularisée en 1537,
et son chapitre fut uni à la cathédrale d'Alais en
1694.
Aigues-Mortes est à 3^ kil. de Nîmes. Dans les
environs, il y a une exploitation considérable des
Hî^ GEOGRAPHIE DES LEGENDES AL MOYEN AGE
s:\lines de Pcccais. Le |iorl se livre à la pèflie, 'à
rexpnriatioii des seU ei ilcs vins, cl à l'iinponalion
de grains, de denrées coloniales ei de l)ois.
Munimeiila Bosphori, Bosphore (cliàleau du), bàli
par Moliainméde II, à l'endroil (lù le Bosphore se res-
serraiii davaiiuiije |ie laisse, entre les c:ips opposés,
que le faible espace de 5 stades, non loin dn lien où
Androclès de Sanios jeta le pont fameux ponr le
pas.vagc de l'aniiée persane sniis Darius. Là s'élève
un prumonloire qui, dans l'aniiquité, portait le nmn
d'Hermaion, à cause d'un temple d'Hertnès : c'est de
ce point que, assfs sur un trône taillé dans le roc, Darius
contempla son armée franchissant la barrière qui se
.';26
parait l'Asie de l'Europe, etie fait y avait éiégravé en
leiires assyriennes. La pointe du cap, battue sans
cesse par les flots de la merNoire, se précipitant avec
fureur dans le déiroii, s'appelait Rhoodes, ou Pbo-
noide,'., à cause de la rapidité du courant, du gonfle-
ment et du mugissement des vagues. Outre les ma-
léri lux amenés d'Asie, on employa encore les ruines
c'es éd fices et des églises du Bosphore, paiticulière-
nieni les colonnes de la magnifique église de Par-
ch !nge Michel, sur le golfe de Sosthène. Le sultan
Moliaininéde appela ce cliàleau Boghaskesen (coupe-
gorge). Le gouvernement ottoman en fit une prison
d'Etat.
N
Nafeldi Ecctesia, Nafels, on Nsefels, dans le canton
de Claris (Suisse), diocèse de Saint-G^ill. — Ce joli
bourg est le chef-lieu de la partie catholique du can-
ton, et compte environ 1300 haldlanls, qui s'occu-
pent essentiellement de l'entretii'n du bétail. Il est
situé dans une contrée un peu élevée, mais très-
fertile et bien cultivée, à 5 kil. de Glaris. Au-dessus
du bourg, le liauiibacli fornv une bille cascade,
mais cause aussi parlois de grands lavages par ses
délior'lemenis. Sur la hauteur de Nafels, où se trou-
vait autrefois le eliàteaii des gouverneurs autrichiens,
on aperçoit nu couvent de capucins, nonnné llaneii-
bourg, qui a été bàli en l(i75. C'est sur les chain|is de
Rauii que se livra, le 9 avril 1388, ce combat mémo-
rable, connu s»us le nom de b;Uaille de Nalels, où les
Glarnois, soiileiuis seulement de treiste hommes de
Sih\vyiz,mireni en déroute une armée aulricliieniie
d'une force sextuple à celle des Sui-ses. Onze pierres
posées sur ces champs désigneiil les aitaques réité-
rées de l'ennemi, qui enfin abandonna le champ de
bataille avec une perte de 183 cav diers et d<' '2r>0D
fantassins. L'anniversaire de celte vicloite signalée,
qui contribua beaucoup à raffiriiiisse.nent ue l.i li
berié helvétique, se célèbre le l*^' avril de cha(|uc
année, chez les catholiques par une pri cession au
champ de bataille, et chez les protestants par un
service ilivm dans leurs temples. On y lit tonjiuis
la relation du combat, qui fait nietition particulière
des actions liéroï jnes de ce jour de bataille, et per-
pétue ainsi la mémoire des valeureux ancél e^ des
Glarnoi>. A la place où fut jadis érigée une clia|. elle
en commémoraiion de 1 1 victoire, on voit aujouid'hiii
la belle église du lieu. Un sentier conduit de ^afels,
dans quatre à cinq heuies, au vallon de Wiggis ; il
passe par les pâturages inférieurs et supérieuis du
See-Alp ( Nieder-ei-Ober-See Alpen ). Une autre
route, praticable pour des voitures et conslruiie sur
un mole, se dirige à travers les inaiais de la Linih,
à Wesen. Au delà de laLinth, et vis-à vis de Nalels,
se trouve le joli bourg de Mollis, qui compte environ
■iflOO hab. Sa position, dans une contrée couverte de
belles prairies, de beaux veigers , de superbes -.n-
iifib fruitiers et de quelques vignobles , est des
plus agréables. Le bourg même est embelli par
de jolis bâtiments et de charmantes promenades. II
s'y trouve, outre une manufacture de draps, plu-
sieurs manufactures de toiles peinte, et quelques
labriques de schabziegcr. Ncimmoins l'occuption
pr ncipale des habilanis est d'élever du bétiil. Sur
IcNeuenknmm, au-dessus de Mollis, cl sur le chemin
qui va par Briitenwald à Kerenzen, on déc'iiivre de
beaux [loinis de vue. Le cimetière de Mollis ren-
ferme les ossements de ciiiquante-einq hommes de
Glaiis et de Sehwytz, tués à la bitaille de Nilels.
En 17 ;9, les Russes ont tenté, à plusieurs reprises,
d'emporter le pont de Mollis.
IServioiiitn Cameracum, Cambrai ou Cambray, ville
forte et importante, siège d"uo aichevô' lié, ehef-lieu
d'arroud. du départ, du Nord, avec sons-préfecture,
tribunal de première instance et de commerce, con-
seil lie prud'hommes, collège communal, à ' C kil.
sud de Lille, 36 e^t-sud d'Arras, et 18) nord-est de
Paris. Le diocèse renferme tout le dép.irtement du
Nord; il est par (onséquent très-vaste. Il était déjà
très-vaste autrefois. 11 avait pour siiffraganls, avant
la révolution française de 1789, les évêques d'Arras,
de Toumay. de Siiint-Omcr et de Namur. Sai,it-
Oiiier n'existe plus, Tiurnay et Namur sont suffra-
ganls de .Malines, en Belgique. L'évêehé date de l'an
590. Il l'ut érigé en archevêché en li)59; il était au-
piravant snffragant de Reims. L'arclievéi|ue prenait
les lili es de duc de Cambrai et de prime de rKmpire.
Son arronilissemeni renferme il7 communes, et
133,821 habitants; il est divisé en sept cantons :
Cambr.d (2 cantons), Carnières, le Cateau, Blary,
Marcoing et S.ilesme. Ci-devant chef-lieu d'un gou-
vernement particulier et capitale du Carabrésis, par-
le i eut de Douai, intendance de Lille, siège d'une
subdélég.iiion et d'une recette, cette ville lut bâtie,
selon de Ligne, par un ancien doc des Cimbrcs et
Danois, nommé Cambio ou Cambre, qui lui donna
des murailles, avec son nom. Quelques-uns veulent
que ce nom lui ait été donné à catise de la multitu-
de de ses chambres (en gaulois, cambres) et places
souterraines (leusées tant dans la ville qu'aux en-
virons, où les premiers habitants mettaient leur»
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE, 528
527
meilleurs effets eii tûreié. Plusieurs liisioriens rap-
(lorlenl que Servus Iloslilius, roi des Romains, fonda
Cambrai peu de temps après Marseille, et qu'il y bàlit
lin cliàleju, qui fut noiiiiué de sou nom. Serve, que
le peuple, par corruption, appela depuis Selle. Celle
assertion est fausse , car il n'y a aucun roi rom;iin
de ce nom ; d'ailleurs Marseille ne fut point fondée
par lis Romains. Quoi qu'il en soit de ces opinions
el de beaucoup d'autres que nous ne relaterons point
ici sur la fondation de Cambrai, il est certain que
celle ville, ayant été réduite sous la domination ro-
maine, devint une des principales colonies de leurs
soldats. Jules César et Sirvius la rendirent sembla-
ble aux premières villes d'Iinlie, par le> privilèges
qu'ils lui accordèrent. Les proconsuls, qui y (irenl
depuis leur résidence, y lirent plu>ieurs einbellisse-
nienis; ils y bàiirenl, selon Gelic, une capiiale
dans le voisinage du cbàleau de Selles; ils y élevè-
rent un amphithéâtre, des bains et drs aqueducs.
Plusieurs auteurs rapportent que Jules Cé-ar, après
la destruction de la ville de Bavai, fil Cambrai la ca-
pitale de tout le Hainaut, cl qu'il y tint la diète des
Gaules. Les jours de prospéiiié de celte ville furent
suivis de grandes calamités. Les Saxons et les Suè-
vcs l'asiiégèrent et la prirent sur les Romains, qui,
survenant avec de plus grandes forces, la reprirent.
Elle fut depuis saccagée parle tyran Maxime, l'an 570,
et il en fut chassé par les Vandiles et leî Alains. Les
Gotlis, en il-i, s'en rendirent les maîtres, après qu'ils
eurent pillé toute la Belgique, et la (ire it la capitale
du pays. Les Romains la reprirent encore sur ceux-
ci. Les Français, sous le règne de Clodion, l'enlevè-
rent aux Romains : 50,000 hommes périrent de pan
et d'autre. Cambrai eut bieniot un roi, mais idolâtre,
appelé Regnacalre, issu de la famille royale de France.
Clovis, premier roi chrétien, après avoir rempoité
une victoire complète, le lit mourir, vers l'an 500,
usurpa son royaume, el la ville de Cambrai adopta
l'Evangile sous l'apostolat de saint Vaasi, auteur de
la conversion de Clovis. Charles le Chauve, roi de
France, l'eut en partage, avec tout le Cambrésis, en
843. Ensuite les comtes de P'kuidié, les empereurs el
les rois de France se la sont disputée et l'ont possédée
tour à tour ; ils ont Uni par en faire jouir les évèques,
sous le titre de comtes, depuis 1007 jus lu'cn 1543,
que l'empereur Charles-Quint s'en rendit m.iître. Il
fit biiiir une citadelle, pour empêcher les Français
de pénétrer dans celle place; mais d'autres souve-
rains rendirent cette préc^uition inutile. Les confé-
dérés du parti d'Orange y entrèrent en 1576. Le
prince de Parme l'assiégea en 1581 ; mais, au mo-
ment de la prendre par famine, le duc d'Alençon vint
la secourir, el y lit son entrée solennelle le 18 août
de la même année. Les Espagnols ratla(|uèrent en
1595 avec 72 pièces de canon, et forcèrent cette
ville à se rendre, le 9 octobre «le la même année.
Enfin, après avoir élé prise et reprise, les Espagnols
la gardèrent jusqu'en 1677, que Louis XIV, en per-
Bonne , s'en rendit maitic par capitulation, le 5
avril : la citadelle lui fut livrée le 17 du même mois.
Depuis cette époque, Cambrai n'a cessé d'appartenir
à la France; et malgié tous les désastres qu'elle a
éprouvés , elle est encore digne de l'ambition des
conqiiéianis. Cauibrai est situé dans une contrée
fertile en Un et abondante en pâturages, près de la
source et sur la live droite de l'Eseaul , dont une
des branches traverse la ville : ses rues sont mal
percées; elle renferme de trè'i-beaux édifices. La
place d'armes, au bout de laquelle on voit lliôiel de
ville, est remarquilde pnr son étendue ; loiite la
garnison peut s'y ranger en bataille. L'espl.made est
une des plus vastes el des plus belles de l'ancienne
Fl:indre ; la place est une espèce de c.irré long,
dont les murs sunt flanqués de tours rondes à l'an-
tique , fortifiées de plusieurs demi-lunes , de deux
ouvrages à corne, l'un sur l'autre, Ces fortifications
sont, les premières, du chevalier do Ville, ei ies
modernes, du maréchal Vauban. La ci adelle est
lune des meilleures de la France. Le diocèse de
Cambrai fiit uni à celui d'Arras jusqu'au xi« siècle.
H resia suffragant de celui de Reims jusqu'en 1559,
que Cambrai fut érigé en métropole , à laquelle fu-
rent soumis les diocèses d'Arras, de Saint-Omer, de
Tournay et de Namur. D'après une naice du temps
de l'empereur Honorius, Cambrai avait déjà été iné-
troiiole, et avait eu pour suffraganis Tournay, Sen-
lis, Beauvais, Amiens, Térouanne et Boulogne. Par
des circonstances restées inexpliquées , Boulogne
perdit son évèché, et Cambrai son titre de métropole.
Le diocèse de Cambrai s'étendait, avant 1789, non-
seulement sur tout le Cambrésis, mais encore dans
une partie du Brabant, dans presque tout le Hai-
naut, dans la pré\ôté et le comté de Valenciennes,
dans une priitie du Tournesis el dans la châtellenie
de Lille ; de sorte que ce diocèse était composé
d'environ SOO paroisses. Le roi avait la nondnatinn
à l'archevêché. Le prélat, qui jouissait d'un revenu
déplus de 130,000 liv. , était seigneur utile de la
ville et de tout le comté du Cambrésis; mais la sou-
veraineté était réservée au roi, et l'appel des causes
jugées à Cambrai et en Cambrésis se relevait au
parlemenl de Douai, el non en aucun autre tribunal
de France. La cathédrale dédiée à Notre-Dame est
le plus beau bàiimenl de cette ville ; cependant les
dehors ont plus d'apparence que l'intérieur, qui est
assez obscur. A chaque pilier de la nef de ceite
église, ou voyait un apôtre de marbre blanc. Sous
la grande porte, en dedans, éiait une petite paroisse
appelée Sainl-Gigoufle oti Saint-Gengoufle. Le clo-
cher est un chef-d'œuvre de l'art, soit pour la hauteur
de la flèche, soit pour la singularité de sa structure.
Il est tout bàii en pierre de taille blanche, sans
cliarpenie et sans ferrure, percé à jour de tous côtés,
et enrichi de quantités de figures en relief. H est
élevé de plus de 600 degrés, à monter depuis la
cour du palais jusqu'au pied de la flèche, qui parait
presque encore aussi liauie que tout le reste ; et ou
prétend que six hommes pourraient .ti'éiuenl se re-
«9
GEOGRAPHIE DES LEGENDES Ali MOYEN AGE.
8S0
muer dans la pomme <|ni seil do. piédestal à la croix.
Il a f:illii, (lii-on, vingt ans pour achever ce cloclier.
On adniiie iiriiicipaieninnl l'horloge, qui est une
pièce unique, qu'on assure avoir été faite par un
berger. La légende rapporte que, pour récompense, en
lui crev.T les yeux, pirce qu'il avait entrepris d'en faire
d'autres plus furieuses encore, en Fr:ince et ailleurs.
Les Flamands venaient autrefois par irnnpes en pè-
lerinage à une des chapelles de la cathédrale, appe-
lée Ntiire-Dame-de-Gràce, à cause d'une copie d'un
tableau de la sainte Vierge, dont l'original, à ce que
l'un prétend, peint par saint Luc, est à Rume. Le
chapitre de la cathédrale était composé de 45 cha-
noines, de 8 grands vicaires et de 30 chapelains; sa
bibliothèque était en possession de plusieurs manu-
scrits fort anciens. 11 y avait deux autres chapitres :
celui de Saint-Géry, coniposé de quarante canonicais,
d'un prévôt et de deux autres dignités ; le deuxième
chapitre était celui de Sainte-Croix, composé d'un
trésorier , de douze chanoines , de deux grands
vicaires de chœur, de six autres petits vicaires et de
huit chapelains, obligés à résidence. Cambrai avait
dix paroisses et qnaire abbayes : le Saini-Sépulcre,
abbaye d'hommes de l'ordre de Saint-Benoît, fondée
vers l'an lOGi, par saint Lielbert, évèque de Cam-
brai : le bâtiment de cette abbaye était d'une belle
architecture ; elle avait 13,000 liv. de revenu ; Saini-
Auberi, abbaye de chanoines régulieis de l'ordre de
Saint-Augustin, fondée en 1U66, ayant 50,000 liv.
de rente ; celle de Saint-Jean, fondée d'abord pour
des Bénédiciins, a la place desquels on mil, en 1120,
des chanoines réguliers, et, en 1141, des chanoines
de Sainl-Angusiin : elle avait 2000 liv. de revenu ;
et enliii l'abbaye de Premy, pour des chanoines de
Saint-Augubiin. Il y a deux hôpitaux , l'un civil et
l'autre miliiaire, qui étaient, avant la révolution,
de-servis par des religieux de l'ordre de Saint-
Augustin. — Les juridictions de Cambrai étaient le
bailliage de la Feiiillée, le magistral, l'olficialité, le
bailliage du Cambrésis, le baillage du chapitre de
l'église nréiropoliiaine, le bailliage et prévôté du cha-
pitre de Saint-Géry, celui du chapitre de Saint-Au-
berlet !■ bailliage et prévôté du Saint-Sépulcre. Le
bailliage de la Feuil!ée, qui était le seul domaine du
roi, et qui consistait dans quelques maisons dans la
vile de Cambrai, était composé d'un baillt-semonceur,
des hnnimcs de fiels et d'un greffier. Il ne connais-
sait que des matières féodales, et les appels étaient
pnrtés an parlement de Douai. Le magistrat était
cnmposé d'un prévôt, qui faisait la fonction de semon-
ceur dans les alTaires criminelles et de police, de
qiiaiorze écbevins, de deux collecteurs, de deux con-
seillers-pensionnaires, de deux greffiers et d'un rece-
veur; il connaissait, en première insiance, de toutes
les actions civiles, réelles et personnelles enire les
bourgeois et haliiiants de la ville et banlieue, ainsi
que de la police, des affaires criminelles, des cas
royaux et privilégiés. L'appel des jugements, tant en
matière civile que criminelle, était pnrté au parle-
ment de Douai. Il connaissait aussi des appellations
des jugements rendus en première insiance par le»
prévôtés de Sainte-Croix et du Saint-Sépulcre, et par
les mayeurs et échevins des 89 villes ou hameaux
qui conipo-aient le Cambrésis, ainsi que de quelques
villages de la chàtellenie de Bouchain. L'official de
l'archevêque de Cambrai avaitdeux sories de juri-
dictions : l'une ecclésiastii|ue, qui était égale à celle
qu'exerçaient les officiaux des autres diocèses; l'au-
tre civile, qui lui était particulière. Il pouvait con-
naiire, comme juge civil, de toutes les affaires en
matière personnelle dans la ville de Cambrai, pays
Cambrésis et en la ville de Cateau-Caml>résis, ou
le» habitants avaient le choix de se pourvoir en ac-
tion personnelle, ou par-devant le magistrat, ou par-
devant l'official. Le bailliage de Cambiésis, autre-
ment nommé la cour du galais, parce qu'il siégeait
dans la cour du palais archiépiscopal, était composé
d'un grand bailli-semonceur, des hommes de fiefs,
qui devaient êire au inuins au nombre de quatre, d'un
procureur d'office et d'un greffier; sa juridiction
étai personnelle et féodale, et elle s'éiendait dans
toutes les terres, les villages et métairies qui appar-
tenaient à Tarchevêque. Le bailliage du chapitre de
l'église métropolitaine de Cambrai était composé d'un
bailli-semonceur, de quatre hommes de fiefs ou
îrancs-semans, d'un procureur d'office et d'un gref-
fier. 11 avait haute, moyenne et basse justice dans
l'église, les cb itres, les maisons des chanoines, et
dans les maisons, terres et métairies qui apparte-
naient il ce chapitre, ou qui en relevaient. L'appel
des jugements qui y étaient rendus, tant en matière
civile que criminelle, allait immédiatement au parle-
ment de Douai. — Cambrai avait un gouverneur, un
lieutenant de roi, un major, un aide-major et un ca-
pitaine des portes. La citadelle avait son gouverneur
particulier et son état-major. .Aujourd'hui, Cambrai
est une place de guerre de troisième classe de la
seizième division militaire; c'est la résidence d'un
sous-directeur des fortifications et d'un capitaine du
génie. Popul., 16,700 hab. Celte ville contient un
grand nombre de fabriques de toiles fines, batistes ,
linons, percales, dentelles, fil retors, savon noir ,
amidiin, fécule de pommes de terre, filatures de co-
ton et de fil, raffineries de sel et de sucre, belles
blanchisseries de toiles, nombreuses brasserie?, hui-
leries, tanneries. Il y avait autrefois des teinturiers
en écarlate, dont l'ouvrage était fort estimé. Cam-
brai a été la ville de l'Europe la plus renommée pour
la fabrication de ses toiles fines: mais, depuis l'éta-
blissement des manufactures de toiles à Valenciennes,
à Saint-Quentin et ailleurs, celle de Cambrai a beau-
coup perdu de son lustre à cet égard. 11 s'y fait un
commerce assez considérable de graines grasses ,
vins, eaux-de-vic, épiceries, houblon, lin, beurre,
laines, fer, chevaux et bestiaux. On y trouve un en-
trepôt de houille. — Cambrai est la patrie d'Ame
Boiinliin, habile analoiniste, né en 1638, mort dans
cette même ville en ITOti. Il fit paraître, en 1678*
531 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 55}
ses Tables iu(ronomiiiues , ..vee sa Deicription anaio- lassan (Perse). Elle resia l.i capilale pendant long-
niique du corps hiimniii. —l>eKo\aniiFre»r, auteur temps de IViii|iire des m!t:in>; Seldscliuks, fut dé-
d'iin Paralt'le de l'archiieclure ancienne et de. ta mo-
dfrne, — Oe lialtazar Marsi, sculpteur, né en 1020,
niorl en 1674. Il était frère de Gaspard Mars! , aussi
sciilpieur, mort en 1G79, âgéde 56 ans. Us Iravail-
lèreni ensemb e au Bassin de La'.one, à Versailles,
où celle déesse et ses enlanls sont représentés en
marbre. — Oe Engiicrrand de Monstrelei, dont on a
la Chronique, ou Uisloiredes choses mémorables ar-
rivées de son temps, depuis liOO jusqn'ui liG7 (suite
de l'roissard). — Frai.çois de Salignac de Laniniie
Féne'on mourut archevêque deC^nnbrai eu 1715. On
a de ce vertueux évêque plusieurs ouviages, entre
autres le Télémaque, Traité de l'existence de Dieu ,
Abrégé de la vie des anciens philosophes, eic. En 1823,
le sculpteur David ieri»in:i la siaiiie de Fénelon, qui
devait siinnonler le sarcophage éle\é à cet illustre
préliii dans l'église cathédrale de Cambrai. L'iuauj;u-
raiion de ce m -numeni eut lieu le 7 jinv. Î82fi, jour
anuiversaire de la mort de cet archevêque. Celte
ville a aussi donné le jour au ijénéral Duniouricz,
vainqueur à Jemniapes, conquéiant de la Uelgi-
-que. ; an général Mortier, duc de Trévise, dont
1.1 carrière niilliaire, quoique brillante, fut lenrie par
la conduite quM linllorsdela déchéance de Napoléon.
Le siège archiépiscopal de Cambrai avaii éié ré-
duit par le concord;it de 1801 eu évèihé suffra-
pani (le Paris, t.epend ml par le comordat de 1S17,
Pie Vil lui avait rendu sou litre de métropole en lui
donnani pour suffrag.ini les doux évé- hésd Arras et
«le Botrlogne ; mais des dilficiiliés étant survenues à
l'evécuiion de celle bulle, le p:ipe par sa bulle du 31
octobre 1822 suspemlii l'érection de l'égiise de Cam-
brai en nrétropole. Ce ne fut qit'en 18-11, à la mon
de M. Delnias, que le p:ipe Giégolfe XVI, sur la de-
mande du roi Loiris-Philippe, revint sur cette érei-
lion, et par sa bulle dir l^ ociobrc, reçire et puhliée
en France par ordonnance du mi, rendit à cette
antique Eglise un titre qu'avait illustré l'un des [dus
grands prélats français. (Voy. le couis de Droil-
f.aiion par M. l'^ibbé André, au mot C.vmdr.m.)
Nicop lis, Diwrigi, à deitx jours de marche à l'est
de Siwas, enfermée du côié de l'orient [iar la inon-
lague Tschiischektaghi (raniieir Sti dissus) et du
côté de l'occident par la montagne d'Ilasan (l'.Arili-
Taurus), se trouve à l'extréinité d une vallée foriuée
de rochers siériles : c'est l'ancienne Mcopolis, c'est-
à-dire vdle de la victoire, bâtie par Pompée à l'en-
droit où il vainquit la preitiière fois Milhridate. Celle
ville était épiscopale dès le iv siètli' ; elle dépeir-
dait de la métropole de Sébaste, dans la première
province d'Arménie. — Saint Grégoire d'Arinérrie,
qui fut reclus à Pluviers err France, ensuite évèquc
dans le x' siècle, avait élé élevé dans ceiii; ville.
Il y a eu ilrisieurs Nicopolis dans l'empire ronr.ii»;
iBl tontes ont élé épiscopales.
SSischaburum, vel Docta Civitas, la Ville Savante,
Rischabur ou Nisch .pour, dans la province de Khc-
vaslée au 12« siècle par les Oghuses qui iuceirdiérent
les mosquées, démolirent les maisons, tuèrent les
habitants et surtout les savants dont la ville élaii
alors remplie. De sa graode population elle n'a con-
servé que 12,000 habitants qui donnent au nrilieu
de; ruines; s^n territoire néanmoins est le mieux
cultivé et le plus peuplé de la province. Il y a dans I
ses eirviroirs des mines de irrrqiroises fort célèbres.
Ao^(rn Domina Eremitortim, Notre-Dame -des-
Ernriies, ou l'ahbiye iri'jn>ieileln d:ins le canton de
Sch\v\lz (Suisse). Ce monastère, de l'ordre de Saint-
Beiroît, a doimé, occasioir au bourg de ce nonr de se
former; ils se trouvent l'un et l'autre dans la vallée
de la Sihl, à urre élcvatioir de tODi) urètres ari-dessus
de la Méditerranée, et à hiÙ au-dessus du lac des
quatre cantons. L'abbaye, situer; hors du hourg sur
une lielile érrrirrence.esl un lieude pèlerirrage des plus
fréi|uerrtés rie l'Eiirop ". Des itrillier s de catholiques de
tous les pays en deçà des Alpes s'y rerrdeirl torts les
ans pour lévérer uneinragerrriracrrieuse île la Vierge,
qu'elle prrssèile. L'cgiise et les bât nierrls qui l'eii-
tmirent sont du miuveau style iialieir, mais la fnn-
daiiorr du monastère est très-ancienire; elle est drre
an zèle pierrx du corme EbeiharJ de llnheuzolern,
anquel l'eurpereur Olhon concéda, dans l'année 946,
nire va le étendue de terrain ([iri éiait alors toute
couverte de forèis. Pcir à peu l'abbaye s'e^iriihil
d'une ijjultiluile de donations qui Irii fnrent succes-
sivenrent laites, et déjà on 127 l l'abbé d'Einsudeln
fut élevé au rang des priices d'Errrpire. l'eu s'en est
fallu ceperrdarri que cette conrmunaulé ne se soil
(!is-oute plus tard. A l'époqite des prédications du
réformateur Zwingle les moines ahaiidorrnèrent leur
fortvorrt, et dès l'an 1.320 jirs.|u'err l.';26 il éiail pres-
que désert; ce ire frrtque dans cette dernière amrée
qu'il réussit de nouveau, a trri nomirié Blaarer, alors
alibé d'Einsiedeln, d'en réunir quelques-uns et de
les soumcltre aux règles nronastiiues. En 1798, à
l'inirée des Frarrçais eir Suisse, ceiie abbaye fui de
irouveau menacée d'une entière dissolutiotr ; aban-
donnée par l'ablié et les moines, elle frrt conrpléle-
nienl pillée deux fois, ainsi qire le bourg, ei l.a cha-
pelle sacrée a élé détrrrite de lond e i comble. Les
Béirédiciins émigrés reviirreni en 1802, en rappor-
tant l'image miraculeuse, qu'rls avaient sauvée. Les
Trésors de l'église, la Bibliothèqtie et le cabinet de
minérniix el d'instruments de phijsique nrérilenl d'ê-
tre vus. Uire iirstilution bien méritoire de celle ab-
baye est sort Ecole gratuite, dairs laquelle on ensei-
gne, outre la langue latine, plusieurs autres scien-
ces. Un pensiiinnat, qui esi joint à celte école, pro-
cure aux éirairgers la facilité de venir y suivre les
éludes. Près d'Eiirsiedeln el au pied de l'Etzel, di-
roeuiail, au xvi' siècle, le médecin du couveirl
Guillaume Ilohenheirrr, dont le Iris est connu dans
les anirales de la nrédecine sous le nom de Theo-
vhrauui Puracelsus Uonduistus ab lluhenheim.
533
GEOGRÂPIIIF. DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
53i
Notre-Dame-des-Ermites n'a pns écliapjié, à la lin
de 1847, au désastre des canions caiholiqiies :
elle a été Trappée d'une énorme contribution de
giiene.
JSosira Domina sivea, Notre-Dame-des-Neiges, ou
le MnniRigi, dans le canton do Schwylz (Suisse).
La base de celte montagne isolée a une circonfé-
renfe d'environ 40 kil. Le lac des quatre canions la
biiigne à l'ouest et au sud, ei les lacs de Zug et de
Loweiz au nord el au nord-est. L'espace qui se
trouve entre ces deux derniers lacs, depuis Ober-
Arl jusqu'à Lowerz, est couvert par les débris du
Gnipeii-piiz, qui s'esl détacbé du Rulïiberg, ainsi
qu'il en a été fait mention plus baut. Cet élioule-
nie il a suivi une direction du nord-ouest au sud-est,
et l'éiioiilis qui en est provenu, embarrasse un ter-
rain de plus d'une lieue Je l.irgeur; il alieini encore,
sur le dernier |ioint, le pied du Rigi. Le côté nord-
ouest de cette ni<intai;ne s'aplanit insensiblement
vers Kussnaciii et Imniensée, et le côiësud-esi vers
la vallée qui est située entre Brunnen et Scliwytz.
Le muni Rigi se trouve presque eniiéremeni placé
sur li; territoire du canioii de Scbwytz; une petite
piriie Seulement appartient à ccbii de Lucerne. La
liijne de ilémarcuion prend depuis le promomoire
de l'Obere-Nasen el pas^e par-dessus le Vilznauer-
Si'ick jusqu'au Dosen; de là elle suit, dans la direc-
liiin (lu nord-ouest, la cièii-, et descend par-dessus
11' Seeboden jusqu'au village d ■ Greppen. Il n'est
p >ini de montagne dans loule la Suisse qui soit visi-
lée par un aussi grand nombre de voyageurs étran-
gers el du pays, que le mnni Rigi; il n'en est point
non pins, oîi l'on rencontre des points de vue plus
ningriifiques et plus variés, el sur aucune autre on
ne trouve les commodiiés de la vie comme sur celle-
ci. Depuis 1816 on a établi une Irés-honne auberge
sar le Rigi-Culnl, qui est la plus haute cime de la
montagne. Une autre est à une demi-lieue plus bas,
sur le Rigi-Staffel, où se réimissent touies lesrouies
qui conduisent sur le monl Rigi, et quatre autres
auberges se rencontrent enc»re à une demi-lieue
plus bas, prés de l'hospice des Capucins ou prés de
la chapelle de Nolre-Daniedes-Neiges, d'où un clie-
min, qui suit en ligne droite la crèlede la irionlagne,
conduit aux bains Iroids, Prés de ces bains il y a une
chapelle dédiée à l'archange Michel, el, un peu au-
dessus de celle-ci, on trouve une septième auberge.
11 e-l impossible de décrire les perspectives impo-
santes el pittoresques qie l'on découvre du Rigi ;
elles sont trop agréablement diversifiées et généra-
lement trop sublimes pour qu'on puisse les dépein-
dre. Le point de vue le plus étendu et le pins magni-
ru|ue se iTésente ce|iendanl sur le R gi-Culm, dont
la hauteur est, d'après Pfyffer, de 4-j36 pieds au-
dessus du lac de Lucerne, el de .5(J7C au-dessus de
la Médiierranée. On découvre de ce sommet quatorze
cantons suisses, un pareil nombre de lacs el la plus
grande partie des glaciers qui couronuenl les hautes
Alpes de la Suisse. Pour jouir pleinement de ce
spectacle majestueux, on ne doit pas négliger de
profiter du malin ou du soir. Personne ne regretter»
non plus de se trouver, par un temps serein, avant
le lever du soleil, sur le Rigi-Culm. L'air éiantalors
plus raréfié que pendant la journée, la vue porle
plus loin, el ou distingue mieux les objets. Le mont
Rigi a encore quelques autres cimes que le Culm ;
celles qui se présenieni au sud de celui-ci sonl : Le
First, le Scbild, le Dosen el le Fiiznauerstock ; au
sud-esl on voii la Schnee-Alp et la llochfluh ; et à
l'est, le Ilorrick et le Schwendi. Des sentiers prati-
cables conduisent sur toutes ces sommités, qui of-
frent autant de vues magnifiques que variées. Le
Rigi n'est pas assez haui pour atteindre la région des
neiges el des glaces perpétuelles. La végétation y
est, au contraire, vigoureuse. Ce n'est que sur son
flanc septentrional qu'une paroi de rochers nus et
très-escarpés descend de la cime jusqu'à la base,
vers le lac de Zug. Partout ailleurs il est revêtn
d'une belle verdure, de diverses piaules alpines et
de belles forêts. Sa partie supérieure est couverte de
beaux pâturages, sur lesquels on rencontre 150 cha-
lets, plus de 3000 vaches et une mullilude de chè-
vres et de moutons, qui y paissent tout l'éié ; la ré-
gion moyenne est hoisée, el la base est revêtue de
superbes prairies ei de cliami>s enltivés, qui offrent
de riches moissons et des fruits succulenis aux ha-
b lanls des onze bourgs et villages qui l'eniourent.
I.a chapelle de Notre iKimedes-Neiges (Kapelle un-
serer liehen Frau zuu! Schiiee) se trouve près de
l'hospice des Capucins, qui la desservent, et qui,
par cette raison, sonl obligés de demeurer sur la
monUigne pendant lout l'hiver. Tous les dimanches
bs vachers et les bergers qui se trouvent sur le
Rigi, viennent y entendre la messe, et le 22 juil-
let,"jour de sainte Madeleine, on y célèbre la dé-
dicace, gui se termine par l'exercice de la lutte.
Toutes les années, au jour de la nativité de la
Vier.e, on aecorde, dans celle chapelle, des indul-
gences plénières, ce qui y attire un prodigieux con-
cours de peuple. Au-dessus de l'Iio-pice se trouve
un monument, qui a été érigé par M. le conseiller
Reinliard en l'honneur du duc de Gotha, Ernest 11,
el vis-à-vis de celui-ci on rencontre une grotte do
stalactites, connue sous le nom de Bruderbalm. Plus
liaui que l'hospice on voit, entre le Rigi-Siifl'el et
le Rigi - Culm, le Kessisbodenloch. La chap lie Je
l'archange Michel près du Kalten-Bad (bains froids)
est desservie par un chapelain, que les pâtres de
la mnniagne ont le droit d'élire eux-mêmes. Chaque
anné", le 18 août, jour de saint Laurent, ceux-ci y
célèbenl la fête de leur patron et terminent la so-
lennité par l'exercice gymnastique de la lutte. A m
croire une vieille tradition, l'origine de celte cha-
pelle remonte à l'époque du règne de l'empereur
Aiberl, et doit sa fondation à tro s sœurs, qui se ré-
fugièrent dans cette solitude pour échapper aux
poiirsuiies amoureu-es des baillis autrichiens, et
qui y resiéreiii cachées jusqu'à la fin de leurs jours.
S38
DICTIONNAIRE OE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
S3€
C'est aussi d'elles que ia source du Kallenbad, ainsi
qu'une auberge du voisinage, ont pris le nom de
Sclnvesleriiborn, qui veut dire fontaine des Sœurs.
Celte source jaillit d'un rocher, et ses eaux sont ré-
putées Irès-salulaires. Les gens de la campagne ont
l'habitude d'en laire usage en se coucliant tout ha-
billés dans une baignoire, posée sous la source, et
;iprès en être sortis, ils laissent sécher les vêle-
ments sur leurs corps : de là le nom de Kalten-Bad
(bains froids). Près de cet endroit on rencontre, sur
iii\e saillie de la montagne, le Kanzeli (petite chaire),
d'où l'on jouit d'une vue magnifique.
Noon Caledonia , Nnuvelle-Calédonie , contrée de
l'Amérique septentrionale, à l'ouest des monts Ro-
cheux, a environ 7-20 kil. de long du nord au sud,
et .%û de l'est h l'ouest. Ce pays montagneux abonde
en lacs, dont les plus grands sont ceux de Sluart et
de Nalteotain ; les principales rivières sont le Fraser
et le Naiteoiain. Le thermomètre y descend quel-
qut'fris jusqn'.'t .'^S" au-dessous de zéro; mais on y
jouit d'une température plus douce que sous le môme
parallèle à l'est de-^ moniagnes; l'été n'est jamais
très-chaud ; les naturels, qui se donnent le nom de
Ta-Cutlies, ont reçu des blancs celui de Carriers ; ou
en évalue le nombre à 5000.
1 Nouvelle - tîalédonie, grinde île dans la partie
la plus occidentale du grand Océan au>tr.il, fut dé-
couverte eu 1771 par Couk, au sud-ouest des Nou-
velles-Hébrides , elle gîl entre 19* 57' et 2-2° 50' de
latitude sud, et entre 161* 17' et 163* 53' de longi-
tude est; de la pointe nord-ouest les chaînes de
rochers se projettent jusqu'à -200 kil. en mer, et la
côte du sud-ouest est encore plus dangereuse et plus
inaccessible que celle du nord-est longée par Cook.
Celte île qui, compris les récifs, s'étend du nord-
ouest au sud-est l'espace de 520 kil. environ, sur
60 de large, n'oiïre qu'un seul havre, nommé Port
Balade, sur la cèle nord-est, par 20° 16' il" de lati-
tude sud, et 162" 5' 17" de longitude est. Le pays est
frappé d'une stérilité complète. D'Entrecasteaux en
a complété !a découvene eu relevant toute la côte
du sud, qui offre une chaîne effrayante de récifs. Aux
environs sont plusieurs petites îles également ceintes
de récifs et liées entre elles par des bines. Des val-
lées profondes coupent le pays trèsmont^igneux. La
plus h:iuie montagne a 2400 mètres de haut ; beau-
coup de petits ruisseaux l'arrosent; il y a des par-
ties bien boisées; des volailles d'ime grosse espèce
et d'un plumage brillant sont les seuU animaux do-
mestiques. La mer abonde en coi|uillagesei poisson.
Les insulaires, grands, bien faits et actifs, sont
cruels et anthropophages; ils ont le-; lèvres ép lisses,
le nez plat, le< traits et la figure de nègres; ils vont
presque nus, et se tatouent le corps ; la lèpre le« at-
taque souvent. Leurs pirogues sont moins élégantes
que celles des autres insulaires du sud. — Les mis-
sionnaires catholiques n'ont pu jusqu'à présent prê-
cher utilement la foi à ces sauvages.
o
Octodurum, ville des Alpes Cottiennes et de l'exar-
chat des Gaules, était épiscopiile auvi» siècle. L'évè-
chéfui ensuite transféré à Siou (Seilumim), probable-
ment à cause des troubles et des guerres qui déso-
laient le loyaiime de Bourgogne; car Sedunum était
une ville très-forte, tandis qu'Uctodurum manquait
de forlillcations. 11 re-io de celle cité romaine Marli-
gny-la-Ville et Mariigny-le-Bourg, tous deux situés
«ur la rive droite de la Dranse qui se jetie dans le
Rhône, à la distance de quelques minutes de la ville.
On y ri'iuarque l'église de Sainte-Marie, où l'on
trouve beaucoup d'inscriptions romaines; le pres-
bytère et le prieuré de Saint-Bernard, qui fotirnit
liiiil chanoines à l'hospice du Saint-Bernard et <leux
autres à celui du Simplon. La grande vallée se déve-
loppe ici dans sa plus grande largeur, et le climat y
est exlrémement chaud. Les vignes réussissent supé-
rieurement sur les coteaux environnants, où crois-
eent les vins renommés de Coquinpin ei de la Mar-
que ; on recueille aussi, dans cette contrée, du miel
excellent, qui est très-estiiné. Au château de Batia,
situé sur un rocher vis-à-vis la ville, on découvre
une vue ravissante. Martigny et ses environs méri-
dionaux ont été le théâtre d'une catastrophe épou-
vantable, qui a eu lieu le 16 juin 1818. La Dranse,
arrêtée dans son cours par l'éboulement d'ime par-
li>î du glacier de Chédroz, forma dans la vallée de
Kaghes un iac d'un quart de lieue de longueur sur
■400 pieds de largeur et 200 de profondeur ; tout d'un
coup ce lac rompit ses digues, et les eaux, en sortant
avec une grande impétuosité, se précipitcrent en
masse vers le Rhône et inondèrent la grande vaPée
où elles causèrent un affreux r.ivage. Une quarantaine
de persoimes périrent dans les flots, qui emportèrent,
outre une multitude de besiiaux, la forêt de Livnu-
naire , 161 chalets, près de 100 grauiies, ô.^ mai-
sons, plusieurs ponts et moulins, ainsi que d'autres
bâtiments. Le sol qui est resté couvert de limon, de
marne, de gravier, etc., a été rendu stérile, et dans
certains endroits la végétation est détruite pour tou-
jours.
Oppidum Sancti Carilesi, Saint Calais-sur-Anille,
petiie ville du diocèse ou Mans, chef-lieu de sous-
prélècture du département de la Sarthe, avec une
sous-préfecture, un tribunal de première instance et
un collège communal, à 52 kil. de Vendôme, ii est-
sud-est du Mans et 17y snd-oiiesi de Paris. Popula-
tion 4200 habitants. On n'en comptait que 2300 en
1771. L'arrondissemeni de Sainl-Calais r.'nferme 60
communes et environ 70,000 habitants. Il est divisé
en 6 cantons : Bouloire, La Charire, Chàleau-du
Loir, Saim-dalais, Grand-Lucé et Yibraye. — Saint-
Calais possède des faliriques de serge, étamines,
toiles, lanneiies, verreiies et papeteries. — Sou
couimerce consiste en blé, graine de Irèllc, vins,
bois, bestiaux, volailles, coton et cotonnades.—
53- GÉOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 558
l.:t Tiile esi «ittié* près de la roule de Paris à Nantes, peuple, bien qu'on nii ensuite lianspoilé en Egypte
"dans un bassin peu rerliie, entouré de landes et de le corps du saint solitaire.
f.irêls sur la petite rivière de rAiiille. Oti y remarque
deiiK jolies promenades, dont l'une, en furnie de quai,
borde un ruisseau qui ressemble en cet endroit à
une petite rivière, au moyen des écluses de moulins
destinées à en retenir les eaux. Un y remarque en-
core une grande et belle place neuve et l'église
paroissiale, qui est de construciion goibique. Cette
église est digne de l'attention des curieux, par les
sculptures de son poriail et l'architecture de son
clocher pyramidal, en pierres de taille, comme
ceux que les Anglais nous ont laissés en diverses
part es de la France. Sur le sommet de la plus pro-
che des collines qui dominent Saint-Calais est une
ruine insignifiante de vieille fortification. — Cette
ville a vu naître le bénédictin Gerberon, mort en
1711, connu par différenls ouvrages de théologie et
par son zè'e pour le janséni5me. — Saini-Calais, que
quelques auteurs écrivent Saint-Calès, était une des
baronnies de France, dans le Maine, au diocèse du
Mans, parlement de Paris, iniendance de Tours,
élection de Cliàteau-du-Loir, siège d'une (hâtellenie
royale ressortissant au bai. liage de Vendôme, et
l'un grenier à sel. Ce lieu a longtemps été nommé
jiille et Anitolaa cause de sa situation sur l'Anille.
i son origine, ou à peu prés, il a|>parienait à un sei-
gieur païen qui, s'élanl converti au chrislianiswe,
diina une partie deses biensàsaint Tburibe, évè |ue
diMans, pour y bàiir un monastère. SainiCarilel, qui
vivii ,Tu . temps de Childeberi, le réialilit vers l'an
5tE et lui donna son nom, que le peuple a corrompu
en tlui de Saini-Calais. C'était encore, à l'époque de
la rvolution, une abbaye considérable de l'ordre de
SaimBenoit et de la congrésaiion de S.iint-M;)iir,
valan 10,000 liv. à son abbé et 9(l00 à ses reli-
gieux,il y avait aussi un monastère de Cénëdiclines
et un luipitre dédié sous le tilro de Saint-Pierre et
Oratorium Alethi, Aleih, ancienne forteresse et ville
romaine en Bretagne à qn.nlre kil.de Sainl-Malo. Elle
commença vers le milieu du xii= siècle à se dépeu-
pler, quand l'évèqne d'Alelh, Jean de Ciiàlillun, lixa
sa résidence à Saiut-Malo. Il n'en resie plus aujour-
d'hui que des ru. nés. L'évécbé datait du v" siècle,
sous la métropole de Tours. La légende porte que
sai^t Malo y vivait dans la retraite et la prière,
avant d'avoir été appelé à Tépiseopai.
Oratorium Chronœ, Crosne, paroisse de l'ancien
diocèse de Paris, acinellement de celui de Versail-
les, canton de Boissy-Saint-Léger, arrond. de Cor-
beil, Seine-el-Oise, à 5 kil. de Boissy-Saini-Léger,
au sud-ouest, et 18 de Paris au sud-esl. Les eiymo-
logisies prétendent que son nom latin Chrona et
Crosna provient du vieux mot français gionna, qui
veut dire un marais, sur ce que la rivière, qui ali-
mente aujourd'hui des prairies dans tetle commune,
pouvait bien autrefois y former des marécages. Ce
lieu apparlenail primitivement à la paroisse de Vil-
nenve-Saini-Georges, qui n'en est éloignée que d'une
demi-lieue. Il en fut détaché au xiii" siècle et érigé
en paroisse particulière. Une chapelle existait alors
à Crosne, ei elle était dans la dépendance de l'ab-
baye Saint-Germain. Cette chapelle fut probablement
remplacée au xiii« siècle par l'église actuelle qui est
déïliée à Notre-Dame. En entrant dans ceiie église,
on voit à droite, sur un pilier, celte inscription ni
lettre gothiques :
Bonnes gens plaise vous sçavoir que l'église Pioire-
Dame de Crosne (ut dédiée te premier dimanche de
juillet mil v. c. et ix. par révérend père en Dieu frère
Jehan ^'irvet, tvesque de tiagarence, prieur de
Sain(e-Calherine-du-Vau-des-Ecoliers.
Ensuite mention d'indulgences accordées. Cette in-
scription est suivie de l'épitaplie de Mathurin Cha-
Saint-Piil , consistant en six chanoines à la colla- renton, prêtre natif de Bossay, au diocèse de Tours,
qui (ut vicaire céans xix ans, et trépa>:sa le 7 janvier
1512. Les habitants de ce lieu, à l'exemple de plu-
sieurs autres paroisses où la sainte Vierge est pa-
tronne, ont choisi un second patron, qui est saint
Euirope, évèqiie de Saintes et martyr, en grande ré-
tion derévéque du Mans, et en i|u:ure chapelains.
Plusieur historiens piéienJeul (|ue c'est cette collé-
giale qu a été fondée par saint Thurib', second
èvèque d Mans, et non l'abbaye du même nom. Les
seigneursle ce lieu pot talent aussi le nom <le Saint-
Calais. Ddîelie famille était Hugues de Saint-Calais, puiation pour la guérison des maux de tète et sur-
tout des estropiés. —En U28, Thomas de Maulénn,
abbé de Saiut-Germain-des-Prés, à Paris, exempta
les habitants de Crosne, de Villeneuve et de V.>len-
lon, des droits de taille et de (or mariage, m yen-
nant une somme d'argent une fois payée. Ce for
mariage consistait à empêcher les mariages d'un lia-
liUant de la seigneurie avec un sujet de la seigneurie
voisine. En 158.5, Philippe de Savoisy, chambellan
du rii Charles V, dit le Sage, ht l'acquisition de la
terre de Crosne. Ce monarque, voulant récompen-
ser son chambellan de ses longs et loyaux services,
loi (il don d'une somme de 31)00 liv. et lui abandonna
le droit de haute justice dans sa nouvelle seigneurie.
Cette terre fut ensuite successivement possédée par
37"= évêiie du Mans; elle s'éteignit .à l;i fin du xi«
siècle. En 789, cette baronnie était réunie au duché
le Vendôie. Sa juridiction s'étendait sur 13 pa-
roi-.ses.
Op}iium ancti Hitarionis, chàleau de Sainl-Hila-
rion dans';iije Chypre. On l'appelle aussi cliàieau
du dieu d'A»|ir. || est situé au nord de Nicosie ; il
fut enveloppé mk la destruction générale de tous les
cliàteanx de Te jqr les Vénitiens. H servit de re-
iralc à saint Hirioi, qui y mourut en 571, à l'âge
de 80 ans; de là ent t^'il eu porte le nom. La pre-
mière sépulture dgainv fui un jardin ; on y a depuis
élevé une église ^ j) se fait uo grand concours de
53«
DICTIONNAIRE DR GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
le fameux OlivU r le Daim, ou le Diable, valei de
cliamlire de Louis XI, par plusieurs membres de la
famille Brûlait de Coulis, le maréchal d'Karcourl, le
duc de l!raiicas,eir. LoiiisXllIviiità Crosne en 1610,
cl y liigea clnz Drùlarl, qui y possédait un cliàieau
(orl CDUsidérable, puisqu'un roi de France daignait y
descendre. Ce cbàieau fui détruit lors de la révolu-
lion. Les jardins, qui présentaient la plus grande
vif été de fliurs qu'on pût voir, furent aussitôt mis
en valeur. M. Delurl, dans son Vuyaye nux environs
(le Paris, r.icoute (|ue le cbàleau de Crosne avait
été diiuné, quelques années av.ml sa déniolilion,
comme récompense iiaiionale, au député Sieyès ;
mais M. Crosne, lieutenant de police, qui en était
alors propriétaire, prouva que ce n'éi;iit point une
prcqiriélé n.itionale, rentra dans ce domaine, et la
ménagerie de Versailles fut dosnée à Sieyès. Le vil-
lage de Crosne est célèlire dans l'iiistoire liiiéraire
pour avoir d"nné la naiss.ince au légi^l.iteur du Par-
nasse français, le poêle Boileau Despréaiix. Il y na-
quit le l^r novembre 165 , d.uis la maison de cam-
pagne que sou père y possédait. — Crnsne, dont la
potiulaiion est de l à ^lOO liab., est situé dans un petit
vallon, au bas d'une côie plantée en vignes, sur la
rive droite de la petite rivière d'IIières et à une fai-
ble distance de la Seine. Son terroir est en terres
labourables et en prairies abondantes. On y remar-
que beaucoup de maisons de campagne.
Oraiorium Coiidiciaci , Coucy-leCbàieau, petito
ville de l'ancien diocèse de Laon, maintenant de
celui de Soissous, cbef-lieu de canion de l'arrond.
de Laon, Aisne. Celle viile, située au pied et sur
le pencbani d'une colline, près d'une belle forêt du
même nom, est à l"2kil. nnrd-ouesl de Soissons, el
21 ouesi-sud-ouestde Laon. Long. 20° 58", lit. i9° 50'.
Il y a un bureau de poste. Coucy, en latin Condicia-
cum, Conciacuni, Castrum, est une vil!e fort ancien-
ne : elle esi divisée eu deux parties qui ne se lou-
clieni point, qui sont même à quelque dist.ince l'une
de l'autre et qui ne f.nt cepeiidan: qu'un même
corps de ville. La partie la plus considérable, qu'on
appelle Coiicy-le-Chàiel, ou ta Ville Haute, est située
sur II partie élevée d'une colline, au p ed de laquelle
on voit la ville bisse, nonimée Coucy-la-Yil!e. La
ville haute, ou Cuuctj-!e-Cliàieau, située au midi de
la ville basse, qui o'esi guère qu'un village, est en-
tourée de hautes murailles, llanquées d'une grande
quantité de tours. De celle espèce de forteresse éle-
vée, la vue [liane sur une riclie v.iUée, ir.iversée par
la petite rivière appilée Ailetie, qui va se perdre
dans l'Oise à 1-2 kil. de là, au-dessou- de Cbaiiny.
La ville est percée de trois p irt.'S: la iremiére appe-
lée la Porte de Laon ; la seconde au sud nommée
Porte d'Eirelles, et anciennement Forte Soisnonne ,
et l.i troisième à l'ouest, aiipelée Porte de Guime-
rou. Ces portes sont défendues par des tours , ei la
dernière, qui est commandée par la montagne, en a
doux très-fories; elle est en outre garantie par un
lossé très profond que l'on traverse sur un ponl de niorl d'Ad'.-, Enguirraud épuusa i^'^^^i cviBie»ged«
SiO
pierre. Celte ville a deux places ; sur l'une, dite
Place Haute, est l'hôtel de ville ; sur la place basse
se tient le marché. — L'église de Coucy, dédiée
sous le litre de saint Janvier, n'était qu'une annexe
de la paroisse de Nogent-soiis-Coury ; ily a un Hôtel-
Dieu considérable fondé p:ir le duc d'Orléans, frère
de Louis XIY. (^eiie niiiison était desservie par les
soeurs dévoies. — Le château est bàii a l'exirémiié
occidentale de la ville. L'ensemble de cet édince
féodal foruiait un carré irrégulier dont chaque angle
présentait une tour. L'entrée, en ruines dès le com-
mencement du siècle deriiii r, était protégée par deux
tours. On voit encore les nsles de cet ancien château,
ei.au milieu de c es ruines se lient encore debout une
grosse et volumineuse luur, qui offre un des plus
solides et des plus é onuan's monuments de la féoda-
lité. Elle a 260 pieds de hauteur et 500 de circonfé-
rence. Ses murs, île 10 mètres { 52 pieds env.) d'é-
paisseur, ont résisté à la puissante secousse d'un
tremblement de t 'rre qui, en 1092, fendit la tour
du haut eu bas. On voit aussi les veslige^ de l'en-
ceinte (ju'ou nommait la chemise de la Tour, et dont
les murs avaienl !8 p;cd> d'épaisseur. Elle iiil dé-
Iruili' par la mine l'ii :(>32. Le duc d'Orléans, depuis
le roi Louis-Philippe, possesseur de ce« ruines,
ainsi que du sol du château et de ses nombreuses
fortifications, a fait déblayer les abords de la grosse
tour, ce qui en fac liie la visite aux curieux. Oi
peut lire une plus longue description du château ib
Coucy tel (;ii'd ex siait au x\« siècle , dans la rel-
tion quenousa laissée de son voyage dans ces lies,
à cette ép que , un littéiateur piémontais noiriié
Astezan. — Concy-le-Cliàieau appartenait à l'arne-
vêque de Reims du temps des Cailovingieus; lais
sur la fin du x» siè^ le, l.s arclievéi|ULS la laissfeni
aux moines de Saini-Uenii, qui la donnèrent e fiel
h plusieurs chevaliers. Cette ville commence .'figu-
rer dans l'histoire dès le commeneeraent de ) troi-
sième race. Elle fut du nombre de celles ont U
rei'ie Con-lance, veuve de Robert, voulut n vain
conserver la possession en 1051. Parmi le divers
possesseurs du châieiu de Coucy, on disiinue Thi-
baut, comte de Blois, surnommé le Trichei' : il eut
longtemps celle seigneurie que sa postérii ne con-
serva pas longtemps. Vers le milieu diia< siècle
celte lerre pjssa aux mains des sires de ioucy , et
resta dans la famille, connue sous ce tii; pendant
plus de deux siècles, c'est-à-dire depuis i régne de
llenii I'"'' jns.iu'à celui de Philippe le Bi. Ces sit<!S
de Coucy se soni illustrés dans nos ann.es par l;urs
r.ipines, leurs violences et des crimes e .'p-ile es-
pèce. Le premier de ces seigneurs doi *" ail con-
naissance est Dreux de Coucy, seign^' de Boves,
vivant en lOôo. Son fils, Enguerraid", surnommé
de la Fère, eut de sa première feiimi Ade de Roucy,
un fils nommé Thomas, dont lacoiuile licencieuse
de la mère lui fit suspecter Ij léfimité, ce qui fit
n;iîlre entre eux une Inine ir-écofdiable. Après la
841
GEUGRAMllE DES LEGENDES AU MUYEN AGE.
Ui
N'imur, dont le mari exislaa encore, niuis r^isaii lu
t'ierre fl.ins la lèvre saiiilc. Sa Idngiie :ilt»ence dé-
teiiiiina S) bille à |iasser saii^ scrupule dans lis liras
ii'un nouvel épuiix qui, iie se conlenlatit pas de ra-
vir la feinnie du (oniie, s'empara aussi du cliàieau
•le Tour-L'ii-Porcieii qu'elle avait apporté eu dot. Le
comte élant enfin de reiour, il s'ensuivit une guerre,
dans laquelle les deux ennemis déployèrent une
airocité sans exejiiple, jiis(|u'à mutiler ci m:>ssacrer
les prisonniers. — llioinas, snrnoinnié de Marne ou
de Marie, fui un des plus lianlis et des plus ^aida-
cieux Seigneurs de Concy ; mais avant que la mort
d'Enguerriind lui eût ac(|nis ce liire, les excès de
Tliomas avaient éié pimssés si loin que m:ilgré la
cuulume , pour ainsi dire, établie alors parmi les
Seigneurs de soutenir par le crime les plus injusies
prétentions, les clievalicrs du pays se liguèrent plu-
sieurs fois r.ouiro lui. Le roi Louis e Gros se vil
forcé de lui f.iire la gueiie, liien qu'ils eussen porté
les armes ensemble conire L^guerrand ; mais Louis
ne pouvait refuser de sanctionner par la force des
décrets d'un concile tenu à Beauvais, qui déclaraient
Tbonias scélérat, infâme, ennemi de la fi i ti dégradé
de l'oidre de clievaliMie. Apiès la mort de si n père,
Tl:i)Hia<, devenu siie de Coucy et d'.\ miens, essay.i
de résisle ■ au roi de France. L ails , dont les tr^ upes
bloqiiau'nl d( puis deux ans !a ciliidell : d'Aniii'ns,
l'emporta enfin d'assaut, la (il dém >lir et re^tiiua le
comté d'Amiens à la maison do Vermandois. Le sire
lie Coucy n'épargna en celte occasion aucune dénion •-
traiion de soumission et de reprutir; mais dès qu'il
fut délivvé, il reprii lu cours de ses habitudes ei vou-
lut ressaisir lecomlé d'Amiens par la voie des ar-
mes. En I l'2.S, le roi de France inarclia de nouveau
contre lui pour venger le meurtre de Hi-nri, comte
d • Cbaumunl en Vexiii, et frère do Raaul le Vaillaui,
comte de Vermaudois ; enlin un dernier forfait du
s.redef^oucy amena une dernière '.engeance, ou
peut-ê re servit de prétexte à une expédiiion que
d'anciens resseniiniL'jits faisaient désirci- à Louis le
Gros d'enireiu endre pour mettre fin à tons ses dé i ê-
lés avec Thomas. Le roi s'y prépara couime s'd se
liit agi des iuléreis liu royaume, et voici quel éiaii
le sujet de celle guerre. De^ marcliands, en !lûO, si;
rendant à différentes foires, avaient élé obligés, sui-
vant l'usage, d'acheter le droit de passer sur les ter-
res de Coucy : le sire, après leur avoir accordé un
sauf-conduit, les fit arréier, dépouiller et jeier dans
un cachot; en outre, il exigeait sur le chemiu royal
{conductus rey's) des péages déjà perçus par le roi.
Thomas, assiégé dans son château de Cou<y, se vit
environné des troupes royalrg ; un souierrain qui
comniuniquiii de r niérieur de la forteresse dans la
campagne lui ofTrit le moyen d'opérer une sortie, et
de venir foi.dre avec ses chevaliers sur les derrières
des asségeaiit- ; mais daiis celte aiu-Kpie Ihonias,
noversédesoncbevùl parle même Raoul, comte de
Vennandois, dont il »vaii tué le frère, fui assailli de
coups l'épée et cnuduil iresque ni iirani i;evaiit le
roi, qui l' fit transportera Laon. Il y mourut sans
recevoir les sacrements de l'Eglise et sans jamais
vouloir donner l'ordre de f.dre sortir de prison les
marchands qu'd avait pillés. — Le roi ne retint point
le château de Coucy, (|ui passa à Eugiierrand II, fils
de Thomas. Ce seigneur répara, autant qu'il le put,
les méfaits d;; sou pèie et accompagna Lonisie Jeune
à la terre sainte. — Raoul 1", dit de Marie, (ils aine
du précédent, devint sire de Coucy en 1148 et se
croisa avec Pliilippe-Auguste. — Le fameux châte-
lain de Coucy, si connu par la légende de Gai)rielle
de Ver.L'y, dame de Fayel, était neveu de Raoul l",
dont il vient d'être parlé. Son oncle le design:^ ainsi
dans lin acte de 11.^7: Radulphui clericus nepos
meus : il avait en elTel étudié pour devenir prêtre ; il
qu tta depuis l'état ecclésia$tl|ue et fut nommé châ-
telain de Coucy. Un sait que ce châtelain, blessé
mortellement au siège d'Acre en ll'JI, chargea son
écuyer d'extraire son cœur, de le saler et de le por-
ter dans un petit colfre, avec une lettre à Gabrielle.
Le seigneur de Fayel, déjà prévenu swis doute, sa
trouva sur le passage de l'écuyer près d'entrer au
c'iàlean, lui enleva la leltre et le cITre, et ordonna
à sou cui?inier d'apprèler ce cœur, qu'il offrit ensuite
à mangera Gabrielle. Celle viande est-eild bonne? lui
dil-il; (/«Vicieuse, répondit l'infortunée. Je te crois bien,
.'ijoiiia Fayel en lui remettant la lettre, c'est le cœui
du chàieluin de Coucy. Gabrieile, après cet affreux
repas, déclara qu'elle n'en ferait pas d'autre et se
laissa inouiir île faim. — Enguerrand III s'occupa
beaiicinip de l'embellissMiient de ces domaines; il
agrandit la ville, la fortifia et y fonda d'utiles éta-
blisseiiienls. C'est lui (gui ht construire cette tour si
remarquable dont il a été parlé; il fut l'auteur de la
réforme de la coutume du comté de Vermandois, ré-
forme à laque! e on donna le litre de Couiume de
Coucy. En 1'2û0, Louis IX, tenant sa cour à Meaux ,
fit un réglemeni pour les juifs ; Fnguerrand le ratifia,
ainsi (jue les autres pairs, dans la forme alors en
usage ; Ego Engeriin de Cociuco eadeni votui, consulm
eijuiaii. Voici sa devise telle que plusieurs monu-
ments l'ont cinservée; elle est curieuse :
Je ne suis roi , ne prince, ne duc, ne comte ausii :
Jo suis te sire de Coucy.
La cour de ces sires, ainsi que celles de tous les
hauts barons, était composée à l'instar de la cour du
rui. Ils avaient, dit Duchesne dans son Iliiloire de la
maison de Coucij, un sénéchal, un chambellan et un
houteiller. Ce sire s'arma laiilôt contre l'Eglise qui
l'excommunia, tantôt contre les AI igeois auxq els
il lit, pour la seconde fois, la guerre avec Louis VIII
en i'îiS. Apiès la mort dece roi, il offrit son secours
à la reine Blanche, se ligua depuis contre elle, et
enfin fit sa soumissiun à Louis IX, auquel il resta fi-
dèle. Quebiues ant>urs, et Mézeray après eux, ont
prétendu ')ue les lignés avaient élu roi le sire de
( oiicy. Celle «ipiniou pai-aîi peu fondée. Un accident
inallieureuK mit fin à ses jours en 1243. Passant à
"ué une j et te rivière qui traversait Ses terres, il fut
S43
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
SU
renversé de son cheval, el sonépée, sortie du four-
reau par celte cliutc, s'enfonça dans sa poitrine. —
Raoul II, son fils, mourut en 1250, et à ce dernier
succéda Enguerrand IV, autre (ils d'Enguerrand 111.
lin irait de la vie de ce nouveau sire de Couey le
uioiilre bien dign« de ses ancêtres el fail ressortir la
confusion des pouvoirs, les abus el les désordres qui
régn. lient au Xlll« siècle. Kn 1256, trois jeunes Fia-
nt inils de familles nobles, élevés à riibb:iye de Saint-
Nicolas-aux-Hcis (1), ayant poursuivi des lapins qu'ils
chassaient jusque dans les bois d'Enguerrand, cet
homme cruel les fit arrétiT et pendie sur-le-cliarnp.
Le roi, informé de celle exécution, fil anéier el em-
prisonner le s re dans ta lour du Louvre, malgré ses
réclamatiotis pour être jugé par les p.nirs de Fiance
en sa qualilé de baron. Il fut promé, par le registre
delacourduroi.quelaterredeCou' yn'étjitpoiiuii'tiue
àcelitre.Cependaiitanjourfixépiiiiilejugemciii, En-
guerrand .tyanl appelé auprès de lui tons les barons
qui composaient si famille, le plus grand non.bre
de ceux qui forniaienl l'assemblée se rangea de son
côié; signe lé ruy demoura aussi comme tout teiis,
fors que un poi de preudommes qui estaient de son
conseil. Le roi, irrité, voulait que la peine du talion
fût infligée au sire de Coucy, el déclara aux barons
(]iie si Dieu lui savait autant de gré de le condam-
ner à ce supplice que de l'absoudre, il serait pemlu ;
il menaça même les barons de son parti ; mais enfin,
pressé par les instances unanimes de tous ces grands
qui avaient de pareils crimes à se reprocher, il fut
forcé de paraître céder à la pitié, et Enguerrand fut
condamné à une amende de dix niiile livres de de-
mers ou 12,000 livres parisis ( jI 0,000 ), el celle
' soniuie fut employée à enrichir des églises el des
mnnasiéres. Celte punition n'empêcha pas !e sire de
Coucy de faire assassiner deux individus apparte-
itatil au monastère de Saint-Nicolas-des-Bois, et qui
avaient témoigné contre lui dans la précédente af-
faire. Craignant cependant que celle-ci ne devînt fâ-
cheuse pour lui, il l'assoupit en cédant à l'abbaye,
en 1261, une portion de buis aliénant aux terres des
religieux. A ce baron de Coucy succéda, en 1511,
Enguerrand V, son neveu, qu'on appela chef de la
seconde branche des sires de Coucy. Celui-ci mou-
rut en 1321. Guillaume, son lils aîné, muurul vers
155.5, el Lnguerrand VI, qui lui succéda, en 1347.
Enguerrand Vil, fils imique de ce deruier, fol le der-
nier des sires de Coucy; il épousa la fille du roi
d'Angleterre Edouard III, el reçut de Charles V le
bâton de maréchal de France. Après avoir fait la
gnerie dans presque toutes les contrées de l'Kurope,
il mourut à Barse en Biihynie, où il avait été conduit
pri.vonnier par les Turcs après la fameus • bataille
de Nieopolis. Il laissa deux filles, Isabelle et Marie.
Celte dernière prit possession de la liche baronnie
de Coucy, dont Isabelle réclama en vain le panade,
et en 1400, contrainte par les menaces qui lui élaienl
faites, elle vendit à Louis l""',duc d'Orléans, pour la
somme de 400,000 livres tnuies les terres de la si-
rerie de Coucy, c'est-à-dire 11 seigneuries principa-
les et plus de 150 bourgs ou villages qui en dépen-
daient. Marie ne toucha qu'une partie du piix de
cette vente et mourut bientôt après d'une mon qui
ne parut pas naturelle. Son fils Robert, ([u'elle avait
eu de Henri de Bar, voulant se mettre en possession
de la succession de son aïeul, fut traversé par Isa-
belle, sa tante, qui renouvela le procès qu'elle avait
intenté à sa sœur et au duc d'Orléans; enfin un ar-
rêt du 11 août 1408 adjugea à Isabelle une pan dans
ces biens; mais celle dame étant mnrle en 14H, el
Marguerite, sa fille unique, six mois après elle, la
porlion de la succession d'Enguerrand Vil, que le
duc d'Orléans n'avait point achetée, revint tout en-
tière à Robert de Bar ; elle passa ensuite dans la mai-
sou de Luxembourg, puis dans celle de Bonrho!), et
fut réunie au domaine de la couronne par Henri IV.
L'autre partie, celle que Marie de Coucy avait ven-
due au duc d'Orléans, faisait dès lors partie du do-
maine depuis que Louis II, duc d'Orléans, avait suc-
cédé, sous le nom de Louis XII, au roi Charles VIII.
Ainsi toutes les terres de la pairie de Coucy revinrent
à la couronne et n'eu furent plus démembrées. Celle
pairie a seulement fait partie quelquefois des apanages
des princes. C'est sous ce titre (|u'cllea autrefois appar-
tenu à Claude de France, fille de Louis XH, ensuite à
François de Valois, lils de Charles, bâtard de Char-
les IX; enfin, à Philippe de France, duc d'Orléans,
frère du roi Louis XIV, dont les descendants en sont
demeurés possesseurs jusqu'à la révolution. — Coucy
fut assiégé et piis en M H par le duc de Bourgogne
et rendu deux ans après au duc d'Orléans; mais en
1419, la forteresse avant été livrée aux Bourguignons
par la trahison de deux valels qui assassii.èrent le
gouverneur, Pierre Xainirailles, Lahire ne put tenir
dans la ville el lut forcé de l'évacuer, ce qu'il fit
après avoir passé au fil de l'épée 60 prisonniers.
L'année suivante, le duc de Bourgogne ayant été lui-
même assassiné, Coucy lut enlevée à cette domina-
lion, sous laquelle elle retomba en 1423. Charles Vil
et Charles Y. Il la possédèrent et la pci dirent plu-
sieurs fois, el enfin la firent renirer en leur pouvoir.
— \ l'époque de la Fronde, Coucy fut assiégée par leî
troupes royales, à cause du lefus du Ciunmand.int
Hébert de reineilre le château el la ville au maré-
chal d'Eslrées, d'après les ordres du cardinal Maza-
rin, à qui ce conimandanl était devenu suspect. Les
assiégeants, malgré la brèche que leurs canons avaient
faite aux murailles de la ville, furent arrêtés pendant
cinq J urs sans y pouvoir pénétrer, et le château fui
délivré par un corps de troupes lorraines qui força
.(1) Il ne reste plus que des ruines de cette abbaye, école et ses études. Elle a donné lieu au village de
Fondée au milieu des liois épais qui envinmnaient Saini-Nicolas-aux-B>is, qui esta 6 kil. de Mmiicor-
âlors Montcornei dans un rayon de 10 à 1.5 kil., cette nei-sur-Serre, ancien diocèse de Laun, acluellemeut
maison élait célèbre aux xiii» ei xiv^ siècles par son celui de Soissons, [Note de routeur.)
S45
GKOGKAI'IIIE DES LliGENDKS AU MOYEN AGE.
546
les Iroupe royales à lever le sicge. Cependant le
cliâteaii (le Goucy fut remis au roi sur la lin de cette
même année iC>bi. Mazarin y envoya aiissiiôt nn in-
génienr pour fajre sauter ce boulevard trop redouta-
ble pour !a puissance royale. Ce que la ininu épargna
ne résista poini au tremblement de terre qui eut lieu
en 169-2 comme pour lavoriser les de-seins du minis-
tre. Le manoir des sires de Coucy ne fut plus qu'un
monceau de ruines, et la grosse tour, qui resta seule
debout, fut fendue du Ijaiit en bas, comme on l'a dit
plus liaut. — Les habitants de Coucy jou ssaient de
quel(|ues privilèges qui leur avaient été concédés
par les rois. Ils étaient exemptés du droit de gros
pour le vin qu'ils vendaient cliaque semaine d:ins
1 iiitervallfi de la douzième heure du jeudi jusqu'à la
même heure du samedi suivant. Ils préseut lient au
choix du duc d'Orléans les candidats à la charge d'é-
cheviiis, el s'assemblaient pour cela cli<iqiie année à
l'Iiôlel-de-ville le lendemain de Pâques. — Il se lient
à (>oucy deux foires aux jours de Saint-Nicolas d'été
et d'hiver; elles ne durent qu'un jour chacune : il y
a aussi un marché assez considérable tous les ven-
dredis sur la place ba-se. — Les environs de la ville
produisent des légumes excellents et des vins appré-
ciés dans la contrée. — C'est la patrie de Vincent
Thnillier. bénédictin, auteur satirique, né en 1685,
mort en liôO. On a de lui l'Histoire de f'olybe, tra-
duite (lu grec en français, avec un Commentaire sur
l'art iiiiliinire, par le chevalier de Folard, etc.
Oralori.,m Cunjluenliœ, Conllans, paroi-se du dio-
cèse de Paris, faisant partiede la coninuine de Clia-
rtnton-le-Pont, chef-lieu du canton de ce nom, ar-
rondissement de Sceaux, département de la Seine.
Ce village, à 5 kil. sud-esl de Paris, doit son n(mi au
cunfluent des deux rivières de Seine et de Marne,
qui sont à peu de distance.
Ce hameau éiait anciennement une paroisse, dont
Charentoii lui-même n'était qu'une dépendance. .Mais
l'allluence des passagers et voyageurs, qu'attirait la
commodité du pont de Charenton, ayant fait bâtir
beaucoup de maisons à la suite de ce pont, la dépen-
dance devint plus considérable que le chef-lieu; et
quand, dans le cours de la révcluiiou, l'on s'occupa
de la création des communes, Charenton emporta la
préférence, et Conflans resta un hameau tel qu'il de-
vait l'iUre. La seule chose qui démontre encore au-
jourd'hui l'ancienne supériorité de Conllms, c'est
que l'église paroissiale de la commune est à Con-
flaiis, et non à Charenton. Celte singularité n'en est
pas une : car les deux endroits sont si rapprochés
l'un de l'autre, qu'ils ne semblent faire qu'un seul et
même village. Le lia(ne:<u des Carrières, qui se trouve
cure les deux, les réunit d'une manière presque
in-ensible. — Nos premiers rois de la troisième race
avaient une maison ou hôtel de campagne à Conllans.
Kn 1516 Philippe le Long donna à sa belle mère
Maihilde, comtesse d'Artois, une partie de la ga-
lonné dépendante de sa terre royale de Condans, el
qui s'étendait depuis le pont de Cbarenlon jusqu'à
Bercy, et depuis la Seine jusqu'au chemin de Pa-
ris à Saint-Maur. Le testament de ce prince est
daté de Conflans-les-Carrières, le 2ii «oui 1321. En
1539 Philippe de Valois data une ordonnance, de sa
maison royale de Conflans-les-Parcs. Jeanne II, relue
de Navarre, mourut à Conllans en 1348. Eu 1481
Louis XI donna à Bastard de Valère-Capelle «n mai-
son de Conflans, près Paris, pour en jouir tant qu'il
lui plairait, et eu percevoir les revenus. Cependant,
ou Louis XI révoqua sa donation, ou Bastard vint à
mourir quelque temps après ; car deux ans plus tard,
le 3 juillet 1485, il donna cette même maison à Sixte
d'Allemagne, son chirurgien. Le2C mai 1554, Henri II
céda à Claude Dodieu, évêque de tiennes et maitre des
requêtes, et à ses hoirs et ayants c;iuse, toute la terre,
les rentes, justice, seigneurie et droits qui lui appar-
tenaient en la paroisse de Con[lans-les-Cliarenton, et
les pêcheries qu'il avait en la rivière de Seine dans les
mêmes lieux. En UôO les comtes de Flandre avaient
aussi à Conflans un hôtel, dit le Séjour. Il tenait à
celui que les ducs de Bourgogne avaient également
dans ce village, qu'on appelait le Séjour de Bourgogne,
Manoir ou Maison de Bourgogne. Cet hôtel fut aug-
menté en 1420 par l'acquisition des granges et jar-
dins situés aux Carrières de Charenton. Les derniers
ducs réunirent ce- deux maisons de plaisance, les
embellirent de jardins, vignes, jets d'eau et galeiies.
Maximilien, archiduc d'Autriche, ayant épousé la
fille du duc de Liourgogne, en devint le propriétaire,
m is il la perdit probablement après, puisque, par la
même donation de Louis XI citée plus haut, on voit
que ce prince donnait également à Sixte, son chi-
rurgien, les maisons de Flandre et de Bourgogne ;
enlin en 1548 Henii 11 confia à Robert Danet, prési-
dent de la chambre des comptes, la commission de
vendre au plus offrant les séjours, manoirs et maisons
de Bourgogne, Artois, Flandre et Brabant, qui avaient
appartenu aux ducs de Bourgogne et de Brabant,
comtes de Flandre et d'Artois, qui étaient avenus à la
couronne. — L'église de Saint-Pierre de Conflans, de la
paroisse de laquelle est le bourg du pont de Charen-
ton, est un bâtiment Uu xvi° siècle : il est tout voûté,
et a un collatéral de chaque côté, mais sans abside ou
sans fond, en forme de rond-point. Cette église est,
dans le puuillé parisien du xiii* siècle, au rang de celles
dunt la noniinatii;n appartenait au prieur de Saint-
Martin, et tous les pouillés imprimés y sont conformes.
Dans le chœur de cette église est un monument de
maibre, orné de dorures, où reposent les cendres de
Guy de Duras, duc de Quintin, que l'un appelait le
maréchal de Loiges. — Dans le xvii' siècle, il s'était
formé sur le territoire de la paroisse de Conflans deux
Communautés, l'une d'hommes et l'autre de filles :
celle d'hommes était censée comprise dans le territoire
joignant le bourg de Charenton ; c'étaient les car-
mes déchaussés, qui pour cela étaient appelés com-
muoément les carmes de Charenton. Leur couvent
éiait situé à l'extrémité du village des Carrières. Il
avait été fondé en 1615 par Charles B.iilly, présiden
DK.TIONNURK DK GliOCBAPIIIK ECCLESÎASTIQl'E.
?;:«
iH la cliamire ilos coinpiei, el par Chréliemic on
i:iiri8:inc l>oi Icrc, son épniise. La denatioii i!e ces
ri)H(laleurs, aussi bien .nia la ■ n- ftiinalinii de l'élo-
lilisseiiieiil de i-cs leligieuv, ne riir.ni OHri'gi«trées
au parieiixMil (\ne. ie 6 iu»j 1657. Le noviciat y éiail
déjà élalili ilt'|nii< le i «où; IC!7. L'église du mo-
iia»tére étiii asser, lielle ei bien syuiéiiisé'. Le sanc-
liinire éiaii «ëfKiré do la i ef pnr une Italuslmdtî defer
bien lrav:vil'-éi>. Le mniln- autel, ci en séiiéni li ut
(e qui foni'ait h- sancrnaiie, éi;ii entretenu avec !a
filus grande propreié. A (oé l'u uiaître-d'aulel se
Irouvaii une cbapeJle dan< laqdelle était le mausolée
dps fondateurs. On voyait sur mie base ornée de mar-
bre, et garnie d'une inscripii'in, une plue-forme à
la liauieur de 6à 7 pieds, sur laquelle s'élevaient les
filiales de Cliarle» Baitly et de (:i;ristine Lee ère,
jon épouse : ils étaient à genoux l'un cl l'autre sur
un prie-Dieu. Le lom éiaii don irès-benu marbre
blanc, et d'une très-bniuie eséeuiion. Les jardins de
celle maison étaient grands et v:i>tes, mais Irès-irré-
giilicrs, parce qu'ils asiiienl été pr.niiiués sur unter-
lain qui avait jadis été funillc d:nis ii^uie sa profo!-
deur pour en tirer de li [iene; ce-l ce qui a fait
liiMiner le nom de Carrières à toute cette partie qui
régne d'pnis Conflans et Cliarentou sur la rive de la
Seiiit". Les cirmes avai^-cit, indcpeiKlanmienl de ce
ijui fnnnail leur couvent, qitelques iMai.-ons ';ui leur
appartenaient; une des plus considérables, (|uoique
tiés-sin)|de, é<;iil celle qu'oicupa pendant très-long-
temps d'ArgtHiges |icre, lieuteiant civil. Ceite mai-
fon j««issMl d'une vue admirable, el avait cela de
commun avec toutes celles qui li-irdeni la rivière de
ce céié-là. — L'autre communauté était celle des
lîéuédictines de l> Conception de Saint-Joseph. — Il y
eut aiitrefi'is à Conflans un cli.ileau el des -eignetirs,
dojit il serait fisti.lirux et peu instructif de faire la
i.oinenclainie. Il suffira de dire que François de
Ilailay, arclievéi|iie de Paiis, désir.int acquérir une
maison de campagne :'ux environs de sa métropole,
achi'ia en !67-2 celle que le dite de Kiclielieii avait à
(^ioiiflans, ainsi qu'one î'e sur la rivière, qui en dé-
petidail. Il y lit «onstmire un nou\eau château pour
lui et ses successe;rs à l'arelievèché de Paris, el y
mourut 1« 6 août 4695. Le cliâieau deCoiiflitis, de-
venu la maison de camp^tgne des successeurs de l'ar-
chevêque de Harlay, se rattache auit événeiiienis de
l'épiscopat el aux longues qm-relles que (it n;iître la
bnUe Vnigenilus entre tous ses partisans et ses ad-
versaires. La siinatioii de ce château est sur la
pente d'un coteau, d'où l'on a une vue charmante
(jui s'étend sur la rivière et sur une vaste plaine.
i'aiclnvê i|tie de Paris à l'épeque de la révolution ;
mais il a été vendu depuis. La belle position de Con-
flans, sa proximité de la capitale, et surtout l'agré-
ment de son paysage, qui s'él' nd 'e long de la Sein'-,
y ont singnliéretnent encouragé la construction des
maisons de campagne ; aussi le hameau en est pre--
qu'enlièrement composé. Laurent Mareilly, homme
de lettres, naquit à Conflans le 51 juillet 1751. Il fui
juge au tribunal civil du dép. de la Seine, et est au-
teur de plusieurs ouvrages qui traitent de la littéra-
ture et de l:i jurisprudence.
Oraioriiim Confluenùœ Sanciœ Honoriœ vet Bono-
rhiœ, Conflans-Saime-Honorine, paroisse de l'ancien
diocèse de Paris, actuellement de celui de Versailles,
arrond. de celte ville, canton de Poissy, Seine-el-
Oise, à 6 kil. de Poit'Sy, sur la rive droite de la Seine,
et à 22 kil. de Paris. Le nom de Confions a été donné
à Ce village, parce qu'il est situé à l'endroit où l'Oise
se jette dans la Seine. Son surnom de Sainte-Hono-
rine lui vient d'une chupelle qu'y bâtit an xi' siècle
s:ilot Anselme, abbé du Bec, et depuis archevêque
de Cantorbéry, dans laquelle furent déposées les reli-
ques de la sainte de ce nom, qui fut martyrisée près
de ce village, à Graville. Celle chapelle fut rempla-
cée par une église plus spacieuse, à laquelle fut at-
tachée une communauté de moines que l'on fit venir
de r^ibbaye du Bec. La communauté prospéra, et le
pèlerinage aux reliques de sainte Honorine rendit
bientôt le pays célèbre: ce qui donna lieu it un vil-
lage. Les moines n'ayant nulle connaissance des
actions de sainte Honorine, et voulant cependant
lire, suivant l'usage, sa vie le jour de sa fête, lui ap-
pliquèrent la légende de sainie Dorothée. L'abbé
Chastelain dans son Martyrologe , en fait l'aveu :
« On lut, dit-il, pendant quelque temps à Conflans,
pour h çon du jour de cette sainte, une partie de la
vie de sainte Doroihée, eu changeant setderneni son
nin en celui d'Honorine, » mais en laissant subsister
les iinn;5 de Cés:irée et de Cappadoce, qu'on croyait
rflus doute syn mymes avec r.rivil'e ei avec Neustrie,
nom géographique que portait du temps de la sainte
la partie occidentale de la Gaule. — Nos anciens his-
toriens se sont plu à rapporter plusieurs légendes sur
ce village : ils racontent que, du temps de ClovisI*',
un roi arraMn venu d'.^llemagne s'était établi à
Conflans. Ce roi barbare, qu'ils appellent Condale ou
Confiac , était idolâtre , et adorait spécialement le
dieu Mercure. Il eut quelques démêlés avec son coa-
sin Clovis, et l'appela en duel ; celui-ci accepta le défi.
Ils combattirent longtemps vaillamment; elle roi
Coi.fl.ic allait peut-être remporter la victoire, quand
Le Nôtre en avait planté les siiperl)es jardins. Le Clovis, oppos:int son bonclier couvert de fleurs de lis
Sueur avait décor > do peintures un petit pavillon qui à celui de son adversaire, où étaient représentés des
s'avanee sur la Seine, en forme de bastion. Il offrait croissants, sentit renaître toute sa vigueur et terrassa
dans son intérieur une grotte charmante. Au milieu 1 idolâtre Sarrasin. Clovis, tout fier de sa victoire, fit
était un bassin rond de marbre blanc, dont les eaux bàtiràConnansunetourpourenperpétuerlamémoire.
étaient portées par une machine hydrauliijue. Les Malgré la naive simplicité de cette légende Raoul
eaux communiquaient an château par «n pont de de Prelles, conseiller de Charles V, la raconte dans
bois de plusieurs arches. Il appartenait encore à la préface de sa rrnrfiic/ion d€ M Ci<^f/e Dieu, de saint
559 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 550
Augustin; Nicole Gille la répète île la meilleme foi du sur le luiut de la mohlMgne, un peu plus vers le cou-
nionrie;eîunnioineprémontréderabbayedeJoyenval cliant. - A rextrémlté occideniale de Conflans s'é-
l'a choisiepouren faire le sujet duii poëme latin qu'il lève, dans une irès-belle situation, un cliâieau dont le
publia au commencement du xv^ siècle. — Dans le parc, dos de murs, coniient environ 70 arpents. In-
moyen âge, Conflans renfermait un prieuré, dont le dépendammcnl de ce château, on voit dans ce vil-
prieur, par un ancien privilège, était seigneur du lage un grand nombre de maisons de plaisance très -
lieu la durée de 48 heures seulement dans l'année, agréables. La population de Conllans est d'environ
c'est-à-dire à compter de la veille de l'Ascension à
midi jusqu':iu lendemain de cette fête à midi. Dans
l'espace de ces 48 heures, la chasse de sainte Hono-
rine était exposée, et le jour de l'Ascension on fai-
sait une procession solennelle dans la paroisse en
l'honneur de cette sainte. Un usage bizarre imposait
à chaque cabaretier de ce lieu, dès que la chasse
avait été remise à sa place ordinaire, l'obligation de
porter au prieuré une pinte de vin, que l'on nom-
mait la pinte aux Ribaux ; ceux qui y manquaient
étaient, après le servite funèbre ce ébrë le lendemain
de celle lête, condamnés à une amende. La proces-
sion a toujours lieu. — Charles le Chauve donna le
village de ConQans aux évêijues de Pans, à condition
qu'ils enlreliendraienl des paysans toujours prêts à
annoncer l'appariiiun des Normands, toujours dispo-
sés à remoiiier ia Seine pour ravager les pajs avoi-
sinanis. — Sur le flanc de la nioniagne où était bàii
le pi ieuré de Condans, on voit encore les ruines de
deux forteresses. La pus considérable, de forme car-
rée, élail nommée le Y ieux-Chùleau ou la Baronnie;
l'autre le Château-Neuf, ou simplement la Tour. Les
seigneurs de ces cbàieaux furent d'abord, sous les
archevêques de P.iris, les comtes de Beaumoni-sur-
Oise, qui taisaient hommage à l'évèqne firo castro et
easteltania de Confluenle. Le seigneur de Confluent se
trouvait du nombre de ceux qui, à cause de leur fief,
devaient porter l'évêque sur leurs épaules le jour de
son intronisation. Celte seigneurie passa ensuiie dans
la maison de Montmorency. Dans la suite les alliances
et les aliénations firent considérablement multiplier
les seigneurs sur la terre de Conflans : c'est pourquoi
on voit deux châteaux et deux familles différentes.
Par exemple, un Charles d'Albrel, au commencement
du xv' siècle, posséda i du chef de sa femme /e Clià-
leau-Ncuf; et dans le même siècle, la maison d'An-
ghire te Vieux-Chàieau ou (o Baronnie. La maison
de la Trimoil'e réunit l'un et l'antre en io31 ; mais
on voit en ICoO le Vieux Château dans la maison de
Charles de La Grange ; et le Châieau-Nenf dans celle
de THIièies, dont une fille le porta par mariage au
ci'mie de Tavannes. — En 17f>l l'église de Cnnllans
menaçant ruine par son ancienneté, fui détruite en
vertu d'un arrêt du conseil, et l'on en rebâtit une
autre \m peu à côté, vers le septentrion, et plus pe-
tite, qui fut bénite en 175-2, au mois d'avril, par
Ch.irles de Sailly, aumônier de madame la daupliine,
chantre et chanoine de la Sainte-Chapelle du Palais,
à Paris, en \eriu de la commission de l'archevêque
de Paris. Cette église est du titre de saint Maclou,
•évèqued'Aleih,en Basse-Bretagne, aujourd'hui Saint-
Mi.!o. fclle est située, comme l'éiait celle du prieuré,
240'( habitants, y compris le hameau de Chenevières,
dont le château a été démoli. Les productions de
son terroir consistent en vignes ; les valions produi-
sent des grains et des légumes ; on y recueille beau-
coup de fruits ; les bords de la Seine présentent
quelques piairies. Plusieurs carrièies de pierres d
t:iille et moellons y sont d'un produit considérable,
par la facilité que la proximité de la Seine donne
pour l'exportatinn. On passe à Conflans la Seine
dans un bac. Ce passage avait donné naissance à im
dri it qui existait dès le xiii^ siède, qu'on appelait
le Travers, et dont jouissaient les seigneurs du vil-
lage. Ce droit consislaii en une rétribution fixée que
devait payer tout objet, quel qu'il fûl, qui traversait
la Seine. Les seigneurs affermaient ordinairement la
perception de ce péage, et il faisait une partie du
revenu de leur terre.
Oraiorium Coryleli, le liant et bas Coudray, pa-
roisse de l'ancien diocèse de Paris, maintenant de
celi:i de Versailles, canion et airond. de Corbeil,
Seine-ei-Oise, à 3" kil. de Versailles, 5 de Cor
beil, cl 'â sud de Paris. Le nom de ce village en
latin Corylciiim signifie un lieu p'anté de coudriers.
C- lie espèce d'arbres y abondait sans doute autre-
fois; car son état actuel ne justifierait pas celle ély-
niologie. Coudray est situé sur un coteau versant au
nord du rivage gauche de la Seine. Son territoire s'é-
lenil jusqu'au hameau du Plessis-Chèuet, traversé par
la grande route de Paris à Fontainebleau, et dont une
partie se trouve dans ses dépendances. S;i population,
qui n'a guère varié depuis un siècle, s'élève à 520
hab. — L'église du Coudray est titrée de la Sainte-
\irrge. L'édifice actuel n'est que de H.i82, époque à
laquelle un rebâtit la viei le église, qui menaçait
ruine. On a conservé les anciennes lombes qui y
étaient placées. Sur l'une d'elles nn lit ces mots gra-
vés en gothique capital : Ci gist Gui de Codroi. Priez
pour s'ame; c'est-à-dire pour son âme, suivant l'or-
thographe dei II ^ et iv<^ siècles, où l'on disait m
ume, et par abréviation s'ame. L'archevêque de Paris
nommait à la cure du Coudray, dont l'église n'est
devenue paroissiale que sur la fin du xiv« siècle. Le
curé en élail gros-décimateur. — Les anciens sei-
gneurs de ce lieu sont peu connus, et ceux qui ont
possédé celte terre récemment niéritent peu de l'ê-
tre. Elle appartenait vers le milieu du dernier siè-
cle à la famille Houille. Le bas Coudray et le Plessis-
C'bênel sont embellis par plusieurs maisons de cam-
pagne. — Le terroir de cette commune est en ttries
labourables, vignes et bois.
Oraiorium Croviaci , Crouysnr-Ourcq , paroisse
du diocèse de Me ux, canton de Lizy-sur-Ourtq ,
DICTIONNAlRli DE GEOGRAPHIE ECCLESIASIiyCE.
SS2
Seine-el-Manie, arroiid. de Meaux, à 2-2 kil. nord-
est de celle ville, à S non! de Lizy e! 02 de Paris.
Sa popiilalioM est d'environ 1(100 liab., y compris
les hameaux de Fiissy , la Cliaussée-de-Crouy et
Froide-Fontaine, où l'on \oit les vesi ges d'un vieux
cl)âle.:u. Celle coniinnne comprenait en outre le do-
maine de Gen'res-le-Uiic, qni renfermait nn vaste
cliâieau ayant le litre de ducliépairie : il apparte-
nait au duc de Gesvr'S. Il reste encore une habita-
lion parmi d'autres hàliinpnts qui lais.iient partie
de ce superhe édifice. La beauié du sile el la dislri~
hulion des eau.v s'y font toujours rcmaniuer. On
trouvait encore à Crony une maison dOrainriens,
appelée llaioy. Celte ville est environnée de bois,
dans uu joli vallon, arrosé par la rivière d'Ourcq.
On y vait sur la plice une assez belle halle. Les
objets principaux de commerce y consistent en
grains, chanvres, besliauï, volailles, beurre, œufs
el Ironiage. Il s'y lient trois foires par année : la
première le mardi de la mi-carême, la seconde le 1 1
juin, el la troisième le 21 septembre ; celle dernière
esi la plus considérable. Le marché est le mardi de
cbaqne semaine. Ses alentours se font remarqu-^r à
cause de plusieurs maisons de campagne, et parlicu-
lièreinent de celle siiuée à côié d'une gr.nde et belle
place, dite le Champ de-Foire ou Champ- Pieiert.
Celle maison mérite de fixer l'ailention des voya-
geurs, par les diverses planiaiions que le proprié-
taire y a faii faire. Dans un autre endroit, à peu de
dislance, ou a élabli nue fontaine dite la Fonlaine-
de-Bellevue, pour la commodité des habitants du
pays. — A l'extrémité occidentale de Crouy esi la
maison de Notie-Dame-du-Chesne, du tiers ordre de
Saint-François, avec un bois ponant le n éme nom.
Dans le moyen âge, et le jour de Notre-Dame de
septembre, c'était le but d'un pèlerinage. L'ancien
château de Crony n'est qu'une ferme, avec une lour
antique qui sert de prison. L'n très-beau moulin à
deux roues est consiruit sur la rivière d'Ourcq: bois el moulin de Fontaines. Elle ea voûtée et ac-
luue de ces roues est sur la commune de Vau- compagnée d'un grand bassin revèu de pierres de
ren»roy. taille, et en ourée de murs à hauteur d';ippui. Le
Oratorium Curiis Ceroiiis, Couberon, paroisse de cliteur de l'église est un bâtiment du xiii' siècle,
l'aiii ien diocèse de Paris, aujourd'hui de celui de bâti eu forme de grande ch.ipelle terminée en rond-
gneiirie temporelle de Couberou fui donnée par Phi-
lippe le Hardi à Pierre de Charobly, eu récompense
des services i endos à Louis IX, cl ce d<Mi avait été
confirmé p;ir Pliilippe le Bel; néan.noins en 13-2(t,
par arrêt du parlement , rendu le 24 février en pré-
sence de Pliilippe le Long , ces deux terres furent
resiituées au roi. Couberon, encore ou aliéné ou en-
gagé, revint de nnnvenii .nu rni par lirait d au-
baine; il fui donne, le 8 m:irs 1468, à Jean Prévost,
contrôleur-général des finances. — Les productions
du lerroir de celle commune, dont une portion du
hanieau île Moctanljan f.iii partie, sont peu impor-
tantes. Il y a beaucoup d'arlires à fruits. On remar-
que à Couberon un château qui pai ait avoir quclqiiC
ancienneté.
Oratorium Curtis Brigensis, le haut el tis Couljerl,
paroisse de l'ancien diocèse de Paris, comprise ac-
tuellement dans celui de Meaux, canton de Urie-
Comle-Roberi, arrondisseneot de ML'Iiin , Seine-et-
Marne, à G kil. de Bne, où est le bureau de poste,
ei 50 au sud-est de Pans. La population, qui en l"i5
était de 350 liabilinis, est aujourd'hui de- 775. Ce
village est situé dans un lieu que l'on dit s'élre
nommé autrefois le Plessis-Conrbard ; car ancienne-
ment ce inême lieu était partagé en trois p?nies: celle
qu'on vient de nommer était la p emiére ; c'est ce
que l'on nomme le Bas-Couberl ; la seconde, Cuur-
bard-la-Ville, est le Ilaut-Couberi actuel , cù on voit
l'église; enlin la troisième se nommait Courbard-la-
Boulaye ; t'est la rue m'i passe à présent le grand
chemin qui ci n<luisail anlrefuis entre la fontaine
Sainte-Geneviève el la lernicde la Fontaine : ce qui
av.ùl fait donner à une pièce voisine le nom de
Pièce-des-llù elleiies, qu'elle porte encore iiujuur-
d'hui. — L'église est sous le litre de Sainte-ljeii.:-
vic\e. fy.\ r>nlainc du nom de celle sainte est au
n>idi de Cuuberl, cuire les deux chemins qui vont
de ce village à Sognolies , un peu au-dcssiis du petit
Versailles, canton de Gonesse, arrond. de Ponioise,
Seine etOise, à 12 kil. de Gonesse, et 16 est de
Paris. Ce village, situé dans un fond entouré de
bois, sur l'un des versants de la colline gy|iseuse
qui se termine à Rosuy, a une popui lion de 400
habit, envinin. Le nom de Couberon. en latin Cunio
Beronis, est écrit dans quelques lilres Courtberon el
Corbreoii. Il parait avoir été composé du mot laiin
Curtis , terme générique revenant à celui de Villa
Terra, et du nom de quelque seigneur du lieu, —
L'église esl sous le titre de Saini-l.hristophe; mais
comme la fête de ce saint arrive le 25 juillet avec
celle de saint Jacques, le peuple a confondu les deux
patrons, el le concours pour la fèle du village a lieu
le premier j ur de mai. La cure de cette paroisse
était à la pleine collation de l'archevêque. — La ^ci-
puint, el sans galeries. Il reste au vitrage du san ;-
luaire , du coté sepienlrional , qudqies panneaux
rouges de fi|;uie ronde, du même siècle, représen-
tant !a Fuite de ^olre•Seigneur en Egypte et l'Ado-
ration des loages ; ce qui délermine à penser que l'on
y avaii représcnié la Vie de la sainte Vierge , el
qu'elle élail priinilivemenl la palroime de l'égli-c.
La nef n'est qu'en plàtie, cl plus nciivelle; il y a
une chapelle de chaiiue < ôié du sanciuairc. — Oua:it
à la seigneniie de Couberl. on iroiive qu'elle a ap-
partenu au maréchal de Vilry, de la famille de rilùjii-
lal, dont plusieurs membres Inicnt inhumés dans
l'église de ce village. L'historien de Cnrheil , dans
son catilogue des anciennos dépendances de celte
ville, s'exprimait aius- veis l'an I6~i0 : < La Rpide,
le Ménil et Couberl appariieunent au seigneur lua-
GEOGRAPHIE DES LEGENDIiS AU MOYEN AGE.
A
rcchal de Vilry, gui se relire devers le bailli de
Brie-Comte-Uobert. » L'auteur du supplénieiil de du
Breul, qui écrivait vers l'an IG39, donne à ce vil-
loge le nom de Gobert. Il parle fort avanlageuse-
nieiil du château , qu'il dit élre environné de bois,
entouré de fossés pleins d'eau, et communiquant par
de belles allées de haute futaie à un grand parc. Le
m:iiéclial de Vilry lit peindre la chapelle de ce châ-
teau par le fameux peintre Mignard. La seigneurie
de ce lieu appartint depuis au duc de Schoniberg ,
allemand, ancien maréchal de France. Elle fut en-
suite possédée par Samuel Bernard , pour qui cette
terre fut érigée en cunité , sous le nom de comté de
Couberi, par lettres patentes de 1725, qui unissaient
en même temps à cette seigneurie celles de Foyolles,
TanearviUe et quatorze fiefs , leurs justices et dé-
pendances , pour n'en plus former qu'une seule. —
Le beau château que Samuel Bernard a fait bâtir, et
qui existe encore , renferme une orangerie niagiiifi-
quc, tant par le bâtiment que par la beauté des oran-
gers. Le parc, clos de murs , a environ 600 arpents
d'étendue : il se fait remarquer par de grandes allées
couvertes, des bosquets , de bellts pièces d'eau , des
bois et un grand nombre de beaux arbres. Ce parc
est très-bien percé pour la chasse, et rempli de gibier
ainsi qu'une grande masse de bois qui l'entoure et
qui fait partie de la terre de Coubert; ces bois tou-
chent à ceux de la Grange et de la Léchelle. —
L'avenue du chàieau est contiguë à la grande route
de Troyes. — Les productions du terroir de celle
commune sont en grains et bois.
Oralorium SancliB Crucis , la Croix-Saint-Ouen ,
paroisse de l'ancien diocèse de Senlis, actuellement
de celui de Beauvais, canton etarrond.deCompiégne,
Oise, à 57kil.de Beauvais, 7 de Compiègne, et 64 nord-
est de Paris. Popul. 980 hab., en y comprenant le
hameau de Mercière-aux-Dois et celui du Bac-de-la-
Croix, où est un bac sur l'Oise, et où l'on trouve une
fabrique de vitriol et d'alun. Ce village, enclavé dans
la forêt de Compiègne et bordé par l'Oise, est tra-
versé en partie par la grande route de Paris à Com-
piègne, il y a i:n relais de poste. Les productions du
terroir sont en céréales, en prairies et en bois.
— U.y avait anciennement à la Croix-Saint-Ouen
une abbaye de moines, à laquelle est due la nais-
sance de ce village. Celle abbaye fut fondée à l'oc-
casion d'une vision; en voici les détails tirés de
l'Uisloire du Va/ois, par Carlier : < En un beau jour
de printemps, vers l'heure de midi, pendant que le
soleil dardait ses rayonsavec force, leroiDagobertl""'
faisait dans la forêt de Cuise une de ces parties
de chasse solennelles, où l'usage demandait que le
souverain fûi accompagné des principaux seigneurs
de la nation et des grands officiers de sa couronne.
Le prince avait à ses côtés Saint-Ouen, son réfé-
rendaire et son favori, lorsqu'il aperçut loutà coup
dans l'air une croix lumineuse, dout la blancheur éga-
lait l'éclat de la neige. Etonné de cette apparition,
il en demanda l'explication h son chancelier... Saint
Dictionnaire de Géographik eccl. II,
Ouen, après avoir réfléchi sur cette merveille, répon-
dit au roi que ce météore marquait que Dieu voulait
qu'on rendit en ce lieu-là un culie particulier à Tiiis-
trument de noire rédemption; et 11 conseilla an roi
de faire élever à l'endroit même de l'apparition une
église sous le liire de la Sainte-Croix. Dagobert
ordonna qu'il serait fondé à l'endroit même inie ba-
silique de Sainte-Croix, à laquelle il assigna d'a-
vance des revenus en bois, en prés et en fonds de
terres lal)ourable,s situés sur les deux rives de l'Oi-
se Il chargea saint Ouen du soin do, faire bâtir l'é-
gliseeld'y placeriine communauléd'ecclésiastiques. »
L'emplacement futdefriché, l'église elles bâtimejits
furent élevés sans relard, et aussitôt des religieux de
Saint-Jlédard de Soissons mis en possession de tous
les biens attribués à cette fondation. Les etivirons
de cette abbaye se peuplèrent et le village se forma.
Après la mort de saint Ouen les religieux le prirent
pour second patron, et le peuple dès lors donna à
l'abbaye et au village le nom de la Croix-Saint-
Ouen. Carlier dit (1764) : t 11 y a encore aujour-
d'hui iin pèlerinage de Saint-Ouen au village de la
Croix. On y invoque ce saint contre la surdité
La formule de réclamer l'intercession du saint est
singulière : on lait descendre dans un caveau les
personnes aiiaquées de surdilé; on leur passe la tèie
dans une niche de pierre, et c'est là qu'on leur fait
implorer l'assistance du saint. > Le roi Philippe le
Bel et la reine Jeanne séjournèrent quelques jours
dans cette abbaye au mois de novembre 1301, ce qui
prouve qu'après sept siècles d'exisience lesbâtimenls
du monastère étaient encore debout; le temps les
avait respectés, la main des Anglais les détruisit
presque entièrement en 1358. — • Le village de la
Croix-Saini-Ouen possède une manufacture de na-
cre assez considérable pour occuper une partie de
la classe indigente du pays.
Oratoritim Sancii Cyri , Saint-Cyr, paroisse de
l'ancien diocèse de Chartres, actuellement de celui
de Versailles, canton et arrond, de cette ville, Seine-
et-Oise, à 20 kil. à l'ouest de Paris, et à 4 à l'ouest
de Versailles. — Dans les premiers temps de l'intro-
duction du christianisme en France, une très-belle
femme nommée Julithe attira les regards d'un chef
païen, qui mit tout en usage pour la séduire et pour
lui faire abjurer la religion chrétienne; la dame ré-
sista à toutes ses lenlatives et elle fut décapitée. Son
fils, âgé seulement de trois ans, avait reçu d'elle les
premières notions de sa religion, et résista cons-
tamment aux soliiciiations qui lui furent faites pour
le déterminer à changer de croyance. Le juge qui
l'interrogeait, furieux de ne pouvoir vaincre la réso-
lution de cet enfant, le précipita du haut d'un ro-
cher où il avait établi son tribunal. Cet enfant de
Irois ans se nommait Cyrus. Quelques chrétiens,
insiruits du fait, se rassemblèrent et fondèrent une
colonie sous les auspices du petit martyr, qu'ils adop-
tèrent pour patron, et dont le nom lut donné au vil-
lage qu'ils élevèrent; c'est ce que rapporte lalégondo
18
5S5
DICTIONNAIKE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
536
de Saint-Cyr (1). Pendant longtemps ce village ne
fut composé que de quelques maisons de paysans, au
milieu desquelles on distinguait le château du sei-
gneur, remplacé aujourd'hui par une chétive auber-
ge sous l'enseigne de l'Ecu de France ; il y eut aussi
uncouveni de femmes fondé ' très-anciennement;
iniiis SaintCyr acquit une grande importance snus
l.iiuis XIV, lors de rétablissement de cette coniinu-
iiauté fameuse sous le nom de monjslère Sl-Louis ,
tlunl madame de Maintenon se déclara la proleclrice
et l'instiiulrice. Comme très-souvent les petites causes
amènent de grands effet-, voici ce qui donna lieu,
pour ainsi dire, à la fondation de ce couvent : mada-
me de Maintenon étant à Montchevreuil y fit la ( on-
naissance d'une religieuse ursuline nommée madame
de Brinon, que la ruine de son couvent avait obligée
d'aller vivre chez sa mère, qu'elle perdit quelque
le^pps après. Elle se retira dans le couvent de Saini-
Leii, à 2 lieues de Pontoise, où elle demeura deux ou
trois ans, et oii i lie se lia d'amitié avec une reli-
gieuse nommée madame de Saint-Pierre de Rouen,
et sortie de son couvent pour la même raison que
inadiiinede Brinon; elles furent encore obligées de
sortir du couvent de St-Leu pour le même motif, et
louèrent une maison à Anvers, où elles prirent des
petites filles en pension pour subsister. Elles
quittèrent Anvers pour venir s'établir à .Mont-
morency dans respéraiice d'y être mieux et
s'occupèrent aussi à élever des pensionnaires. Ma-
dame de Briuon, qui avait toujours élé en commerce
de leitres avec madame de Maintenon, l'alla voir à
Saint-Germain, où la cour ét:iit. Celte dernière la
loua beaucoup sur l'utilité de Sun entreprise, l'ex-
horta à continuer et lui promit SI protection. Elle
commença par lui confier des petites filles, et paya
des pensions plus fortes qu'elle n'aurait payées ail-
leurs. N'ayant qu'à se louer des deux religieuses, et
surtout de madame de Brinon, pour les soins qu'elle
donnait à l'éducaiiua de ses pensionnaires, elle
leur proposa de venir à Ruel : ces religieuses ac-
ce|ilèreni la proposition et se rendirenten 1682 à
Ruel, où elles trouvèrent une maison spacieuse,
commode et meublée, avec une cliapelle et un cha-
pelain, et toutes les autres choses nécessaiies pour
le spirituel el le teniponl, aux dépens de m:idame
de Maintenon. Tout étant ainsi préparé, cette der-
nière éiablii dans cette maisiin des pensionnaires
diiiil le nombre monta jusqu'à 60, nourries et enire-
tenues à ses frais ; ne les trouvant pas encore assex
à sa portée, elle songea à les rapprocher de Versail-
les. Le roi lui offrit le chàieau de Noisy qu'elle ac-
cepl:i. Le lendemain delà pnrificaiion de l'an 1684,
oncommeni^aà déménager Ruel pour venir à Noisy.
Dès ([ue la communauté y fut logée, madame de
jMaiiitenon s'y rendit tuus les jours, el fut si conienle
de la bonne éducation de ses pensionnaires, qu'elle
(1) Cette louchante légende se retrouve également
dans les diocèses d'Auiun ei de Nevers dans les mê-
mes «ernies. N'aiirail-elle pas été copiée par leschro-
déterniina le roi à en augmenter le nombre. Il con-
vint donc avec elle d'y admettre déjeunes filles no-
bles , auxquelles il payerait peiision. On vint aussi-
tôt de tout côté présenter des demoiselles à madame
de Mainienon, el le nombre de cent fut bientôt rem-
pli. Elle partagea dès lors les demoiselles en quatre
chambres ou classes, qui furent distinguées entre
elles par des rubans de couleurs différentes, cl elle
leur donna un habit uniforme. Ces demoiselles s'oc-
cupaient dans les classes aux exercices qu'on apprend
ordinairement aux jeunes personnes. Sur les instan-
ces de madame de Maintenon, appuyées par le P. La
Chaise, son confesseur, Louis XIV forma le dessein
de (onder une imiison plus nombreuse que celle de
Noisy : 250 demoiselles devaient y être i^ratuitemeiit
reçues, élevées, nouriies et entretenues de toutes
choses jusqu'à 20 ans aux dépens de la fondation,
et sans qu'il en coûtât rien aux parents. Ou devait
les prendre depuis 7 ans jusqu'à 12, et aucune n'y
pouvait rester après 20 accomplis. En y euirant
elles devaient faire preuve de quatre degrés de no-
blesse du côié paternel. Pour remplir cet objet,
le roi S(; i roposa d'y attacher des revenus considé-
rables, dont un des principaux serait la mense abb-i-
tiale de Saint-Denis, alors vacante par la mort du
cardinal de Retz. Le nombre des dames institutrices,
des sœurs converses, des servantes devait être por-
té à 80; en conséquence de celte résolution, le roi
chargea Louvois et tlarduuin .Mansart de choisir
pour cet éiablisseinenl un lieu commode aux envi-
rons de 'Versailles. Le village de Saint-Cyr eul l'a-
vantage du choix : Mansart fit tous les plans de la
^liaison destinée à recevoir l'établissement. On tra-
vailla avec lanl d'activité à cette cousiruction que,
commencée le 1" mai 168o, elle fut terminée le 1"
mai suivant, et en état de recevoir les jeunes pen-
sionnaires. 2500 ouvriers furent constamment occu-
pés à cette bâtisse importante. Madame de Biinon,
p;ir ordre de madame de Maintenon, fil des consii-
luiions pour cet établissement, qu'elle prit en pailic
de la règle des ursulines et en pariie de ce qu'elle
savait des inlenlioiis du roi et de relies de madame
de Maintenon, qui ne voulaient point faire des reli-
gieuses, mais seulement une communauté de filles
pieuses, capables d'élever dans la ci aime de Dieu el
dans les bienséances de la vie le nombre de demoi-
selles prescrit par la fondation, à quoi elles s'engage-
raient par des vœux simples de pauvreié, de chas-
li té el d'obéissance. Le roi voulut que ces dames
eussent nn habit parliculierqui fût grave et modeste,
mais qui n'eût rien de monacal; qu'elles ne s'appe-
lassent ni ma mère, ni ma sœur, mais madame avec h:
nom de famille; qu'elles eussent chacune une crc t
d'or pendante sur l'estomac, parsemée de fleurs de
lis gravées, ainsi qu'un Christ d'un côté et un sain!
L' uis de l'aulie; que les sœurs converses eussent
niqui'urs du iemps?Qnoi qu'il en soil,le nom de Sainl-
Cyr est porté par un grand nontbre de localités eo
France. (Noie de l'uuliur.)
5S7 GEUGKAPUli!: DES LhIGE
des croix d'urgent gravées de la même iiiviiiére. Ma-
dame de Maiiiieiioii s'occupa eiisuile à faire faire un
habit lel qu'elle l'avait imaginé. — La maison de
Saint- Cyr se divisait en 1;2 cuips de bâtiments prin-
cipaux qui formaient cinq cours, savoir : 1° la cour
Longue, "2° la cour de Fliglise, 5° la cour Royale,
i° la cour des Cuisines, et 5" la cour Verte. Cette
distribution est la même aujourd'hui : les noms seuls
ont élé changés. Le tout forme, avec les jardins et
autres dépendances, un polygoiie de i40,U00 mètrei
de surface. La cour Longue, parallèle aux trois sui-
vanl&s qu'elle éga le en longueur : elle longe la fa-
çadeprincipaleducôlédu$ud;lacoui' de/ f^/ise donne
entréedansia chapelle, oùl'on lemarque plusieurs ta-
bleaux estimés, enire autres la Guérhon du Lépreux,
par JouNenet; la cour nommée d'abord Hoyale, puis de
ta Reine, n'était pas habitée et ne pervaii qu'à éclairer
les appartements et à fournir un passage de la cour de
l'Eglise dans celle i/esCuisiiies. Celle dernière, qui por-
te le nom de cour de Monsieur, «st dessinée sur le même
plan et dans les mêmes dimensions que les deux pré-
cédentes; la dernière enhn, la cour Verte, se trouve
formée par le prolongement des deux corps de bâti-
ments d'est et d'ouest de la cour hoyale, et séparée
de celle-ci par le corps de bâtiment du noid. — Les
jardins de Sainl-Cyr appellent aussi ratienlioii ; ou
y remaïquait jadis seize bassins avec jets d'eau.
La partie du jardin comprise entre le pavillon et le
corps de logis principal était un bois planté de syco-
mores et de frênes. Mais à la pat lie des bùtiincnls
qui formaient la cour Verte se ratiaclienl sanonl les
plus intéressants souvenirs. C'est là qu'en présence
de Louis XIV et de m :dame de Mainleiion et devant
toute la cour, fut représentée en 1G8;I, par les jeu-
nes pensionnaires, celle tragédie lï'Esiher par Raci-
ne, où, sous les noms de Vasihi ei d'Esilier, le poëie
faisait allusion à madame de Monlespan et à mada-
me de Mainienon, qui la remplaça. Aihalie y fut
représentée en IC'Ji. Ces deux chefs-d'œuvre obtin-
rent un succès complet, ^éanmoins on s'aperçut que
le goût de la représentation, et, on peut le dire, le
goût des bonnes choses, détournait les demoiselles
de Sainl-Cyr de leurs pieuses occupations; on sup-
prima ce genre de récréation. Ce lut dans ce même
corps de bâtiment, dans une chambre dont l'entrée
est à côté de celle de la chapelle, que Pierre
le Grand alla visiter madame de Mainleuun -
i^JES AL MOYEN AGE. r ,ï8
elle était au lit, âgée de 83 ans; Pierre est in-
iroduit dans cette chambre; il tire précipitamment
les rideaux qui cachiient cette dame, jette un regard
empressé sur elle, les referme brusquement,
en faisant un signe de mépris, mêlé de douleur. Un
assure que madame de Maintenon fut vivement péné-
trée de la conduite du prince, et que même cette cir-
constance précipita le terme de sa vie. C'est là que
mourut la fondatrice de rétablissement, le 15 avril
17 19. Ses restes furent placés dans le chœur de l'église
deSainl-Cyr.où l'on grava en latin et en fiaiigai> une
très-longue épitaphe. — Le 15 mars 17!.;3, il s'ou-
vrit dans le sein de la Convention une discusMon très-
vite au sujet de la suppression projetée de la mai-
son de Saint-Cyr. Sur les conclusions de .Mallarmé,
qui peignit cette maison comme étant l'école du roya*
lisnie et de l'aristocratie, le projet de décret fui adop-
té et promulgué de suite. Par sa teneur, la maison
de Saint-Cyr, supprimée, devait être évacuée dans
le mois. Les religieuses instiluirices devaient rece-
voir une pension de retraite, confoiiuémenl à la .oi
du 17 août n\:-2, et étaient autorisées à dispose'- de
tous les ellèts qu'elUs prouveraient leur appai tenir.
Les élèves devaient en outre recevoir chacune it>
sous par lieue jusqu'à la mujiicipaliié où elles au-
raient déclaré vouloir se retirer. Des pensions de
retraite étaient assuiée? à tons les emplojés de la
maison, etc. Saini-Cyr fut alnis changé en hôpital
nii itaire, et garda celte destination pendant toiile ia
diiiée du ijouvernement révolutionnaire. Une école
'l'éiiale uiililaiie ayant été fondée par une Li en
ua: du 11 floréal an X (l"' mai lb02), et placée
d'aboid à Foiiiàinelileau, Napoléon la transféra à
Saint-Cyr, et lui dotma le litre d'école impériale de
Sainl-Cyr : elle éliit consaciée à l'édutalion uiililaire
des jeunes gens qui se de^linaient à i.rvir dans l'in-
fanterie. D'après les réglem>'nts de cette nouvelle
institution, le cours des études devait durer deux
ans, et ces deux années étaient comptées aux élèves
comme services militaires. Au sortir des écoles ils
entraient dans les régiments d'infanterie, avec le
grade de sous-lieutenant. L'Eglise de Saint-Cyr était
desservie par des Pères de la Mission. Il y avait
dans ce village une abbaye de religieuses de l'ordre
de Saini-Benoil, qui a élé démolie. La pop il. de
Saint-Cyr est de 1800 hab. env. Les productions de
son terroir sont en grains et en bois.
Pagus Abttdirensis, Abadira, ou Abaradèra, ville
épiscopale d'Afrique, dans la Byzacène. Victor d'Uli-
qne en fait mention. La notice des évêques d'AI'rique
en parle aussi, s'il faut en croire le P. Charles de
Saint-Paul et Bochart. Mais Holstenius, dans ses
notes sur Charles de Saint-Paul, lit episcopus Aba-
dirensit au lieu d'Abaradiranus, si le nom original est
"ny lay, comme le dit Bochart (De Pliœnic. colon.,
1. 1, cb. 24). La racine sémitique de ce nom esti:iy,
passer. Du reste, on est dans une ignorance absolue
sur la position exacte et les ruines de celte ville.
Pagus Abarensis, Abara, ville épiscopale d'Afri-
que, assez voisine de Carthage. Son évêché est an-
térieur à l'an 48-2. « On trouve, selon Bocliarl (De
Pliœnic. colon., I. i, cap. 24), dans la uoiicssur l'A-
frique, un certain Félix d'Abara, qui fut envoyé en
exil avec d'autres évêques, la sixième année du roi
iluuéric. I Huilerie monta sur le trône de son père
<i)J
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
en 476; il coiUinua la persécution que les Vandales
avaient systéraaiiqueraeni organisée contre le clergé
catholique. 11 n'est rien resté de celle ville.
Pagus Abbaliscettanus, vel Cella Abbalis, canton
d'Appen/.ell, l'un des cantons de la confédération
suisse, composé des deux républiques indépendan-
tes d'Appenzell-Rliodes-Exlérieures et Appenzell-
Rliodes-Intérieures. — Enclavé dans le canton de
Sainl-Gall, entre iV 12' et il' 32' de latitude
nord; 6° 52' et 7* 16' de longitude est. — Superfi-
cie évaluée à 8 mil. allni. géogr. ou 440 kim. carr.
Pop. 60, 876 1). — Pays élevé et montagneux, sur-
tout au sud sillonné par des rameaux avancés des
contreforts des Alpes. Point culminant, le Sanlis,
2557 m., moindre altitude du sol, !20 m. — Situé
dans le bassin du Rhin, arrosé par la Silter, rivière
peu considérable et non navigable, qui se jette dans
la Thur, et par des torrents affluents de la Silter ou
du Rhin. Climat assez rigoureux. Sol riche en beaux
pâturages et en vastes forêts de pins et de sapins.
Récolte de pommes de terre , de céréales, mais en
petite quantité, et seulement au nord de la Silter ;
récolte de poires et pommes pour cidre, de cerises
pour kirscbwasser; quelques vignes. Culture du lin
et du chanvre autrefois importante. — La richesse
du canton est dans les Rhodes-Intérieures l'élève du
bétail exclusivement ; dans les Rhodes-Extérieures,
l'élève et surtout l'industrie de fabrication. Elève de
gros bétail (23,000 têtes), de moutons et chèvres en
grand nombre, de chevaux. — Les seuls minérau.t
exploités sont les pierres pour construction, les pier-
res à aiguiser et la tourbe. — L'industrie presque ex-
clusive du canton est son importante fabrication de
mousselines brodées (occupant plus Je 10,000 per-
sonnes ), de gazes, de percales, de tulles et autres
tissus de coton. Fabrication autrefois considérable
et renommée de toiles de lin, aujourd'hui presque
nulle. Filatures de coton ; blanchisseries; teinture-
ries; imprimeries sur toiles ; fabriques de produits
chimiques. — Le commerce consiste dans l'expor-
tation des mousselines et autres tissus de coton, et
des produits de l'élève, bestiaux, peaux, fromage et
beurre. Les articles importés pour la consommation
sont les grains, les fruits, les vins et eaux-de-vie, le
tabac, le sel, le coton, les denrées coloniales, les
teintures, les cuirs, les savons et les ;irticles manu-
facturés divers. — Le canton d'Appenzell occupe le
13« rang dans la confédération suisse, dans laquelle
il a élé reçu en 1513. Son contingent fédéral est de
',172 hommes, et en argent de 9220 francs de Suisse,
ou 15,830 fr. Les deux Etals dont il se compose,
Appenzell-Aiisser-Rlioden et Appenzell-Inner-Rho-
den, se séparèrent à la suite du prolestanlisiue en
1307. Us ont en commun une voix à la diète, hiais
ils la perdent lorsque les instructions données à leurs
députés sont en opposition : ces instructions sont
délibérées dans un comité de délégués des deux
Etats.
Appenzell-.\usser-Rhoden (Réj^mbliqne) , Ir. Ap-
560
penzell-liliodes-Extcrieurcs, Rhodes-Exlériéures-d'Ap-
peuzell, l'un des deux Etats dans lesquels se divise
le canton suisse d'Appenzell; capitales Trogen et Hé-
risau. — Il comprend la plus grande partie du canton,
dont il occupe le nord el le nord-ouest. La Silter
qui le traverse du sud-est au nord-ouest forme les
deux divisions à la fois géûgraphi(|ues et politiques'
dites Vor-der-Sitter (en avant de la Silter) et Ilin-
ter-der-Sitier (derrière la Silter), à la droite et à la
gauche de la rivière. — Superfi( ie évaluée à 5 mil.
géogr. allm. ou 275 klm. carr.— Pop. 46,080 hab.,
dont C91 catholiques. — L'industrie des mousselines
brodéi'S et des autres tissus de coton fait la richesse
de cel Etat.— D'après la conslilulion de 1834, l'Etat
est une république démocraiique ; sa religion est la
religion évangélique réformée; le pouvoir souverain
est exercé par le peuple dans ses assemblées ou par
ses délégués; tout citoyen est soumis à l'impôt, et à
l'âge de 18 ans au service militaire. La laiidsgemeinde,
ou assemblée du peupfe, présidée par le landani-
mann et composée de lous les citoyens âgés de 18
ans qui ont reçu la conmiunion, s'assemble une fois
par an, alternativement à Trogen et à Hundwyl.Elle
vote les lois, exerce les hautes attributions du pou-
voir exécutif, nomme pour un an aux dix grandes
charges de l'Etal, celles de landammann ou prési-
dent de la république, de landamnjann-lieutcnantou
landstatlhalter, de trésorier ou landseclietmeister, de
capitaine o\i landshaupliuann, et de porte-bannière
ou landsfahnricli. Chacune de ces charges a dens ti-
tulaires, l'un pour le Vor-der«Silier, l'autre pour
l'Hinier-der-Sitter. Un seul landammann exerce les
fondions de sa charge et porte le litre de landam-
mann-dirigeant, qui appartient alternativement au
landammann du Vor-der-Sitter, et à celui de l'Ilin-
terder-Silter. La seconde autorité de l'Etat est le
double conseil, ou zweifaclte-landraih (appelé aupara-
vant Neu-ei-Alt-Iiailie), présidé par le landammann
et composé des neuf autres hauts fonctionnaires, des
deux hauptmann de chaque rhode, el de membres
nommés par les assemblées paroissiales; il nomme
à presque tous les emplois publics et est chargé du
plus grand nombre des atiribuiions du pouvoir exé-
cuiil. La troisième autorité est le grand conseil ou
grosse-raili, présidé par le landammann et comiiosé
des hauts fonctionnaires ci des hauplmann-dirigeant
de chaque rhode; il s'assemble allernativement à
Trogen et à Hérisau, est chargé du maintien et de
rexécniion des lois, et nomme les députés à la diéie.
Le grand conseil est aussi la haule cour civile et
criminelle de l'Etat. Dans les procès entre particu-
liers, l'usage des avocats y est interdit. Cliacuii dos
deux districts a son petit conseil ou klcine-raik, com-
posé de treize membres élus par les assemblées pa-
roissiales, et dont le président est nommé parmi eux
par le double conseil. Ses membres ne doivent ap-
partenir ni au double conseil ni au grand conseil, ni
aux conseils communaux; il remplit les fonctions de
tribunal de seconde instance et s'assemble tous les
S61
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
Îi69.
mois, allernalivemenl à Trogen et Heiden, pour le
Vorder-Silter, et à Hérisau, lliindwjl cl llriiascli
pour l'Hinter-der-Sitler. L'Etat est divisé en vingt
rbodes ou conimiiiies politiques et paroissiales
(rhodc , ijemeinde). Tous les habitants d'une rliode
forment l'assemblée conimiinale ou paroissiale dite
kirchhore, qui se réunit tous les ans pour nommer
Jes fonctionnaires communaux ; elle nomme aussi et
destitue ses pasteurs. L'adminislralior. communale,
composée des deux premiers magistrats ou haupl-
manu, dont l'un seulement en charge ou dirigeant,
et d'un conseil (gemeinderatli), est en même temps
iribunal de première iusiance. Un tribunal pariicu-
Jier, le ehegerkla ou Iribunal des causes mairimo-
Jiiales, est composé de neuf membres, dont six laï-
ques et trois ecclésiastiques nommés par le double
conseil. En matières purement religieuses, la déci-
sion appartient au synode, formé des membres du
ehegerklu et des pasteurs de toutes les communes ;
dans ses assemblées annuelles à Trogen ou à Héri-
sau, il élit son doyen, le preniier ecclésiastique de
l'Etat. — Les établissements d'instruction publique,
sous la direction ou la surveillance du gouverna-
meni, sont nombreux et bien entretenus. — Les re-
venus publics consistent dans l'intérêt des capitaux
de l'Etat, le produit des fermages, des contributions
directes, des dr<jits de péages , des amendes et du
monopole du sel. l/ttat n'a pas de dettes. — Con-
lingent fédéral : à l'armée, 772 lioninies ; en ar-
gent, 77£0 fr. de Suisse, ou 11,580 fr. Appenzell-
Àusser-Rlioden envoie un député et a une voix à la
diète, en commun avec Appenzell-Inner-Rboden.
Appenzell-liiner-Rliodon (République), k.Appenzell-
Rliodes-Jntérieures , Rhodes-Intéiieures-d'Appenzett ,
l'undesdeux Eiatsqui forment lecantonsuisse d'Ap-
penzell; capitale Appenzell.— Situé au sud-est d'Ap-
penzell-Ausser Rhuden.— Superlicie évaluée à 5 mil.
géogr. allm.ou 165 kim. carr.— Popul. U,700 liab. Le
sol élevé, montagneux et impropre ii la culture des
céréales, est riche en beaux pâturages; et les pro-
duits de l'élève du bétail constituent à peu près la
seule richesse des habitants. — D'après la constitu-
tion de 1829, Appenzell-Inner-Rboden est une répu-
blique démocratique; la religion catholique est ex-
clusivement la religion de l'Etat ; le peuple exerce lo
pouvoir souverain dans ses assemblées ou par ses
délégués; tout citoyen est soumis à l'impôt, et à
l'âge de 18 ans, au service niiliiaire. L'assemblée du
peuple ou landsgemeinde présidée par le landam-
ni:win et conipoice de tous les citoyens âgés de 18
ans, se tient ordinairement une fois par an et à Ap-
penzell ; elle vote les lo s, confirme les traités et les
instructions du député à la diète; elle nomme pour
un an les deux landammann, le landammann-liente-
nant ( landstatllicdler ) et les hauts fonctionnaires
de l'Etat. L'un des landammann seulement est
en charge; il porte le titre de landammann-dirigeant.
C'est le président de la république auquel appar-
tiennent certaines prérogatives et attributions du
pouvoir exécutif. Les grandes autorités sont, apies
la landsgemeinde, le grind conseil et le peiit con-
seil. — La république est divisée en sept communes
politiques ou rhodes, dont l'administration se com-
pose d'un preniier magistrat ou liauplmaiin-dirigeanl,
d'un second haupimann, d'un petit et d'un grand con-
seil ; l'administiation communale est en même temps
tribunal de première instance. — Le territoire, di-
visé en cinq paroisses, fait partie du diocèse de l'é-
vêché de Bàle, dont le délégué est un commissaire
épiscopal résidant à Appenzell. — L'Etat ne possède
que des écoles primaires. — Le produit de capitaux
et de domaines assez considérables, celui du mono-
pole du sel, et au besoin les contributions directes
constituent les revenus publics évalués à environ
20,000 florins ou 45,000 fr. — Appenzell-Inner-
Rboden envoie un député à la dièie et y a une voix
en comnmn avec Appenzell-Ausser-Rhoden. Son
contingent à l'armée fédérale est de 200 hommes et
il la caisse fédérale de 1500 fr. de Suisse, ou 2230
fr. — Les sept rhodes ou communes sont celles
deSchwendi, Rùthi, Lehii, Schiatt, Gotnen, Tiinken-
bach Stechlenegg et Hirschberg-Oheregg.
I Appenzell, bourg de Suisse, canton d'Appen-
zell, capitale de la république d'Appeiizell-Inner-
Rlioden, ù 12 kil. sud-ouest de Trogen, et à 12kil.
sud-est de Hérisau , à 205 kil. esl-esi-nord de Berne,
95 kil. est de Zurich, 150 kil. nord-est de Lucerne,
sur la rive gauche de laSittsr, au milieu d'une riche
et populeuse vallée. Latitude nord 47° 27' 43" ; lon-
gitude est 7" 4'. Altitude 774 ni. Popul. 1450 hab.
catholiques ; 200 maisons. — Lieu d'assemblée de la
landsgemeinde; siège d'un commissaire de l'évêque
de Râle. Arsenal et archives de l'Etat. — Industrie
agricole; blanchisseries de toiles. Commerce en
tuiles, colons, salpêtre, pierres à aiguiser et bois.
— Ancienne église de Saint-Maurice bâtie en 1061.
— Dans les environs, ruines de l'ancien château-
fort de Claux, bâti au x» siècle par les abbés de
SaiiU-Gall; à 4 kil., sur la Siller, les sources miné-
rales de Weissbad, l'un des bains les plus fréquentes
de la Suisse.
A quelque dislance de Weissbad, on rencontre un
chélif pont de bois qui, à une hauteur de 230 pieds,
traverse un abîme affreux. Ce pont conduit au Wild-
kirchlein, qui est formé par deux cavernes ; l'une
renferme une chapelle et l'autre sert de demeure à
un ermite. Au moyen âge, Appenzell se nommait
Cella Abbaûs, parce que la ville et le canton dépen-
daient de l'abbé de Saint-Gall, qui était un grand
seigneur féodal et prince du Saint-Empire. Au com-
mencement du xv« siècle, les Appenzellois s'insur-
gèrent contre l'abbé de Saint-Gall, et défirent ses
troupes.
Il y a un couvent de Capucins dans le canton
d'Appenzell.
Pagus Atesiœ, vet Aleslum, .\lais, de l'ancienne pro-
vince du Languedoc. C'était autrefois le siège d'un
évêché qui renfermait 97 paroisses formant 15.574
56S
WCTIONNAIRE DE GKOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
feux. H avait été démembré, en 1601, de celui de
Nîmes, cnmpretnit le pays des Cévennes tout entier,
et s'éieiid.iit de plus dans les diocèses de Mende, de
Viviers, d'Uzès et de Montpellier. Alai?, situé au
pied des Cévennes. dans un vallon n^réable, sur le
Gardon, contieni 14,60) hab. — Les jésuites n'y
ont point eu d't'abiissemeni, comme l'a dit La Mar-
linière, mais ou y comptait en 1750 irnis maisons
religieuses d'Iiomnies et autant de femmes. L'une de
celles-ci éiait NotreDame-des-Font?, de Tordre de
Cileaux.
Celle ville est actuellement du diocèse de Nîmes,
son évècbé, qui élail suffraganl de Narbonne, ayaiit
été supprimé par le concordai de ISOl. Comprise
dans le dépl. du Gnrd, elle est le chef-lieu d'un des
arrondissements les pins impnrianis par ses riches
mines de himillt', pouvant donner plus d'un million
de quintaux métriques rie houille; par ses hauis-
fourneaux et ses belles forges. Il s'y fait un grand
commerce de soies grèges et de soies filées. — On
compte dans l'arrond. une population industrielle
considérable. Alais est à 36 kil. nord-oitesi de Nî-
mes. Les proiest:ints y étant assez nombreux, on y
voit une église consistoriale calviniste.
Pagus Arebiirgii, Atemberg, village de la Prusse
Rhénane, avec 300 babiianis; c'est là que se trouve
le chitleau des princes d'Areniberg. La maison d'A-
remberg, branche de celle de Ligne, était une des
douze ou treize anciennes maisons de princes d'Alle-
magne (rang que quelques pnblicisies lui ont à tort
contesté, puisque, élevée le 5 mars 1.j7C a la dignité
de prince, elle avait voix et séance à la diète de
1582, après laquelle seulement commence la série
des no\ive3ux princes). Le 9 juin 1644, la princi-
pauté d'Aremberg fut élevée au rang de duché. Privée
par la paix de Lnnéville de ses possessions imnaé-
diales, la maison obtint ime indemnité en West-
phalie ; savoir : Meppen et Recklinghausen. Elle fut,
dès l'origiîie, une des parties contractantes de la
confédération Rhénane; mais en 1810 Bonaparte la
dépouilla de sa souveraineté. Le duc d'Aremberg est
aujourd'hui soumis, comme grand feudaiaire, à la
Prusse et au royaume de Hanovre. Ses possessions
en Allemagne ont 45 milles carrés géographiques
(125 lieues carrées) de surface, et 53,400 habitants.
La maison d'Aremberg est de la religion catholique.
Elle réside en été au château de Clemenswerth près
Meppen, petite ville sur l'Ems, dans le Hanovre.
Pagns Calesii, vel Calcli, Calais, ville forte et cé-
lèbre de France, sur la partie la plus étroite de la
Manche, nommée Pas-de-Calais, qui a donné son nom
au département; chef-lieu de canton, arrondissement,
et à 34 kil. nord-norJ-est de BouIogne-sur-Mer, avec
une bonne citadelle et lui port fortifié; elle possède
de vastes remparts, de jolies maisons et de belles
nies, une place d'armes, grande et bordée de bâti •
menis propres; on remarque encore la dernière des
po'ti'i d'entrée ronslruile en 1655, de magnifiques
hôtels, parmi lesquels on admire, comme le plus
fini
bean de la ville, l'hôtel Dessin, ofi se trouve une
salle de spei-taclc, d>'S bains publics et la poste aux
chevaux ; l'église paroissiale, bâtie par les Anglais,
l'hôtel de ville, le beffroi, la longue jeiée qui règne
sur la dioite du port, d'où l'on voit Douvres. Celte
ville a nn collège, une société d'agriciilturo, im en-
trepôt de sel et de genièvre de Hollande, des bonne-
teries, des tabriques de tulles façon anglaise ; elle
commiTce en pèche de morne, hareng, ma;iiereau,
denrées coloniales en transit, et savons verts li-
quides. On voit prés de Calais la place où descendit
le ballon de Klancliard à son passage aérien. Cette
ville fit assiégée par les Anglais en 1347. Les habi-
tants, commandés par ,lean de Vienne, se défendi-
rent courageusemeni une année entière, et ne se
rendirent que faute de vivres. Edouard III, ne vou-
lant plus leur accorder de capitulation, se laissa enfin
toucher par la généiosilé de six principaux bour-
geois, ayant à leur tête le vénérable Eustache de
Saini-Pierre, qui vinrent en chemise et la corde an
cou, lui demander la mort pour sauver leurs conci-
toyens. Il accorda la vie aux habitants; mais ils fu-
rent dépouillés et chassés : toutes les villes du
royaume les reçurent généreusement et à l'envi.
Cetie ville ne fut reprise que 200 ans après, en 1558,
par le duc de Guise. Le trajet de Calais à Douvres
est de 28 kil., et il faut ordinairement trois à quatre
heures pour l'effectuer par les bateaux à vapeur qui
partent tous les jours. Il y avait sur le port une co-
lonne en mémoire du débarquement de Louis XVIII
en 1814. Patrie du littérateur de Laplace et du
P. Duterlre, historien. Dist. 260 kil. nord-ouest de
Paris, 40 sud-onesi de Dunkerqiie. Latitude nord
50» 57' 52" ; longitude ouest, 0° 28' 59". — 14,000
hab.
Calais est du diocèse d'Arras ; elle était autrefois
de celui de Boulogne, elle n'avait qu'une paroisse,
qu'elle a conservée, et quatre couvents qui n'existent
plus.
Le chemin de fer du Nord a un embranchemect
pour Calais, de sorte que maintenant la distance en-
tre Paris et Londres se parcourt en quelques heures.
Pagus Regina, Bourg-la-Reine, ou Bourg-Egalité,
paroisse du diocèse de Paris, canton et arrondisse-
ment de Sceaux, Seine, à 1 kil. nord-est de Sceaux,
et 8 au sud de Paris, par la grande route d'Orléans.
On y va aussi par le chemin de fer de Paris à
Sceaux , très-remarquable par les circonvolutions
de son tracé dans le vallon de Fontenay-aux-Roses.
La population de Bourg-la-Reine est de l.'iOO habi-
tants environ. Le nom de Bourg-Egalité lui a été
donné lors de la première révolution. Ce qui peut
donner quelque importance à cet endroit , c'est la
discussion qui s'est élevée parmi les historiens pour
savoir d'où il avait pu prendre le nom de Bourg-la-
Reine. Les sentiments ont été très-partages. Les
rapports les plus extraordinaires , les aventures les
plus romanesques, ont été mis en avant poiirélayer
l'opinion des partis , sans que la victoire soit de
563 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE
meiirce à .lucun. Les uns niellent en jeu la reine
Blanche, mère de Louis IX; d'autres font balire en
duel deux princes , dont l'un avait enlevé la prin-
cesse de Frise, nommée Colombe, et disent que ce
combat eut lieu près d'un village appelé Criquet, qui
est aujourd'hui Bourg-la-Reine, et sur lequel le
vainqueur s'établit avec l'objet de son amour et le
prix de sa vaillance ; un troisième avance que Chil-
péric et Frédégonde ayant promis leur fille Riguntlie
à Reccarède , second fils de Leuvigilde , rui des
Kfirt
Visigolhs , celle princesse, dont la voiture cassa à
Briquet, prit le parti d'y rester, et donna le nom de
Bourg-la-Reine à cet endroit. Enfin , on attribue
l'honneur d'avoir donné le nom de Bourg-la-Reine à
la reine Adélaïde , femme de Louis le Gros. Le sa-
vant abbé Lebeuf pense que c'est à l'occasion du
mariage de quelque reine que ce lieu a pris le nom
qu'il porle. Il est connu, ajon(e-l-il, que l'abbaye de
Sainte-Geneviève a eu, tant à Sceaux qu'à Bagneux,
un lieu dii le fief Saiiiie-Clotitde , el que c'est peut-
êlre de là que lui vient le nom de Bourg-la-Reine.
Quoi qu'il en soit, ce bourg , si'ué dans un vallon ,
est traicrsé par la grande route de Paris à Orléans,
ce qui le rend irès-passager. La rivière de Bièvre
passe à côté ; son territoire est très-petit ; il ne
contient pas plus de 200 arpents. — Thomas Mau-
léon, abbé de Sainie-Geneviève à Paris , étant de-
venu seigneur de Bourg-la-Reine , en 124'7, en af-
franchit les habitants. A côté de ce bourg , il y avait
une maladrerie ou léproserie, qui, détruite en 156i,
fut donnée par Cbarles IX à l'Hôtel-Dieu de Paris.
L'église est presqu'à l'entrée du bourg , du côté de
Paris. On lit dans le Gatlia CItrisliana que ce fut en
1IS2 qu'il fut permis aux religieuses de iMontniarire
(le la bàlir. Ce qui reste néanmoins de cette église
aiicicdne ne parait être que du xiii* siècle, même
par les dehors. On doit reconnaître , par les restes
des galeries qu'on aperçoit en dedans, aussi-bien
que par les bas-côtés , qu'elle avait éié bâtie avec
lioin. Elle avait encore deux arcades de plus sur le
devant , mais 1rs guerres civiles en occasionnèrent
la démolition. Ce fut sans doute depuis que relie
église eul été bàiie, vers l'an 1200, qu'on l'érigea eo
paioisse pour le peuple, que les commodiiés du
grand cliemiii avaient engagé de s'y établir. On lisait
sur la porle de l'église celle inscription ;
// faut adorer Dieu
En esprit et en vérité.
Sainl Gilles est le patron de celle paroisse. Les plus
anciens registres ne font mention que de lui. Cepen-
dant il y avait deux statues liès-anciennes de saint
Leu et de saint Gilles , qui ont été ôtées il y a près
d'un siècle, et auxquelles on a substitué deux ta-
bleaux de ces saints. On a toujours célébré la fêle
de sainl Gilles le i" septembre, et celle de saint
Leu le dimanche dans l'octave. Le curé était à la
nomination du chapitre de Noire-Dame. — Sauvai
nomme un Ànseau du Bourg-la-Reine, qu'il dit avoir
été propriétaire d'une cwrtille à Paris. Ce per-
sonnage pouvait être parent d'un Guillaume Anseau,
aussi dit du Bourg-la-Reine, qui vivait en laiïO. Les
liisioiiens de la vie de Louis IX, entré autres Join-
ville, le représentent comme un h^mme d'un grand
courage. Il était sergent d'armes du roi, et fut té-
moin de la ] rise de Louis IX à la Massonre, la même
année I25li. H défendit son prince si valeureuse-
ment, qu'avec une grande hache il tua un grand
nombre de S.^rrasins, et ne voulut jamais se rendre
à eux, jusqu'à ce qu'un renégat anglais lui criât en
français qu'il se rendit et qu'il aurait la vie sauve.
— On voit au Bourg-la-Reine une miison de cam-
pagne qui a été bâtie par Henri IV ; le parc qui
l'accompagne est assez étendu. Ce fut dans celte
même maison qu'eut lieu une entrevue entre Louis
XIV et rinfaiite d'Espagne. Il devait s'en faire une
autre avec Louis XV; mais la duchesse du Maine
fit prier l'infante de descendre chez elle, au château
de Sceaux, el le roi ne manqua pas de s'y rendre au
mois de mars 1722. Une calastroiilie de nos temps
de trouble signale encore ce village à la célébrité ,
c'est la miirl tragique de Condorcet, qui fut arrêté,
conduit au Bnurgla-Reine, pour être ensuite trans-
féré à Paris. .M:iis, pendant la nuit, il prit une dose de
poison qu'il portait toujours sur lui, dans une bague ;
el le lendemiiin matin, 28 ranrs 1704 , on le trouva
mort dans sa prison. Quelques historiens prétendent
qu'il s'empoisonna avec une pilule philosophale ,
qu'il portait toujours avec lui, dans un petit œuf
d'ivoire qui n'avait l'air que d'une hrelo'iue de mon-
tre, et dont la recette est attribuée au fameux mé-
decin Barihez. — Le marché , appelé vulgairement
de Sceaux , se tient au Rourg-la Reine, et :on à
Sceaux. C'est à ce marché et à celui de Poissy, que
viennent s'approvisionner les bouchers de la capi-
tale. 11 a lieu le lundi de chaque >eniaine, ce qui at-
tire au Bourg-la-Reine une grande afOuence de
monde ce jour-là. Le territoire de ce bourg produit
des vins et des grains. La gesse des marais (laitjnit
palustris) y croit assez abondamment.
Paphus, Paphos, ancienne et moderne, ou Baffos,
suivant quelques géographes. L'ancienne Paphos est
siiuce sur la côte méridionale; elle renfermait le
temple célèbre de Vénus, renversé, ainsi que toute
la ville, par un tremblement de terre qui en fit dis-
paraître jusqu'au moindre vestige. Le voisinage d'un
lac, où séjourne même en été une eau stagnante et
corrompue, rend l'air un peu malsain.
Sur la côte occidentale se trouve la nonvelle Pa-
phos. Cette ville avait un port : les bâtiments que le
commerce appelle sur ces parages y vont encore
aujourd'hui jeter l'ancre, ce qui n'arrive cependant
qu'en été, car ce port ouvert à tous les vents est
très-dangereux. Quantité de rochers en hérissent le
fond.
De tous les édifices des chrétiens , il ne reste
plus que l'église de Saint-George , desservie par les
Grecs. .
Les productions de cette partie de l'île, toutes
567 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 568
(l'une excellente qualité, sont l'orge, les graines et l'Orhan'en donne que 120,411.— La plage mariiJnie
)a soie. présente l'aspect de.s sunderbans ou marécages de
Reclierclier l'origine de l'ancienne et nouvelle l'Inde : ce sont d'épais lialliers, des rivières siriueu-
P;iplios , c'est vouloir porter la lumière dans la nuit ses, infestées d'alligators, et un climat malsain. Au
la plus obscur». — C'est dans celte ville que saint nord de Kanka, les halliers diminuent, mais une vase
Paul convertit par son éloquence Sergius qui en
éliiit proconsul romain. Il y conféra le diaconat à
Tlie, son disciple et son collègue, et celui-ci souffrit
bieniôt .nprès le martyre. — L'évèclié de Paplios
prétend remonier au iii« siècle. Il devint arclievèclié
au xvi'=. Les croisés érigèrent Paplios en évêclié
du rite latin en H56. L'évêque était suffiagant de
l'archevêché latin de Mcosie. Après la perle déû-
nitive de l'Ile, l'épiscopat latin fut supprimé.
Paradisus , Eden , petite ville de 4000 habitants ;
séjour de délices dont le nom (pv , paradis) semble
indiquer que les premiers habitants de ce lieu en-
chanté y avaient éié attirés par la beauté tout ex-
ceptionnelle de sa situation. Eden possède six églises
dont deux remontent au moyen âge : plusieurs croix
qu'on renconlre çà et là sur son territoire datent du
temps des croisades. Eden est à sept heures de
marche de Tripo'li. (Correspond. d'Orient, lettre cl.)
Paradisus Indiœ, le Katlacli , ou l'Orixa , con-
trée de l'Hindoustan anglais, dans la présidence
de Madras , célèbre dans la légendaire de l'ido-
lâtrie hindoue. — Les livres sanskrits représentent
le pays d'Orixa comme un paradis terrestre; il
faut beaucoup rabattre de cette idée. L'Orixa, tel
qu'il est circonscrit maintenant, renferme encore
beaucoup de pagodes, et noncrit une foule debrahmes
oisifs, mais ce n'en est pas moins un pays générale-
ment peu fertile, et habité par une race d'hommes qui
se trouve au dernier rang des tlindous, sous le rap-
port des facultés morales et intellectuelles. Le pays
est plat depuis la mer jusqu'au pied des collines,
qui sont entrecoupées de vallées fertiles. Il est à re-
marquer qu'on ne trouve point de roches depuis les
bancs d'argile ferrugineuse des frontières occiden-
tales jusqu'à l'Océan, à l'exception de quelques con-
crétions calcaires sphériques qui sont disséminées
çà et là. La nature et la politique ont divisé l'Orixa
eu trois parties, savoir, 1° la contrée marécageuse
et boisée, qui s'étend le long de la mer contre la
Pagode Noire et le Subanrekha, et dont la largeur
Tarie de 5 à 20 milles; 2' le pays ouvert, qui sépare
ces marécages d'avec les collines, et dont la lar-
geur est tantôt de 5 à 15, tantôt de -40 ou 50 mil-
les; 5° le haut pays ou les montagnes. La première
el la troisième division sont désignées par les in-
digènes sous les noms de Raïwaras ou Zemindaras
de l'est et de l'ouest : c'est là qu'habitaient les an-
ciens chefs féodaux, les Khandaits, Zemindars et Po-
ligars d'Orixa. La deuxième.division, appelée Mogul-
Lundi ou Khaliseh, est celle de laquelle les souve-
rains indigènes et les conquérants mogols tiraieiil la
principale partie de leurs revenus; acluellement
encore , elle paye aux Anglais une somme de
1,2M,570 sicca-rupies, tandis que tout le reste de
épaisse et un sable mobile y rendent la marche du
voyageur très-dangereuse. Toute la surface du pays est
couverte d'une licrbe grossière, semblable au ro-
seau; on voit aussi le jhao ou Tamarix indica, entre-
mêlé de hinlal ou palmiers nains (Pliœnix paludosa).
Sur les sables du sud, surtout vers la Pagode Noire,
les tiges d'un Convotvulus rampant s'étendent comme
une sotie de filet; une plante succulente, de la classe
Tetrandria, forme des groupes épais; des touffes de
VAsclepias giganten el une plante épineuse et raide,
appelée Goroukanta , couronnent les sommets des
bulles de sable. A Knjang, Hérispour et ailleurs, le
bambou épineux oppose une barrière impénétrable
au voyageur. Des léopards, des tigres, des buifles
ont leur repaire dans ces marais ; les alligators des
rivières sont de l'espèce la plus dangereuse. Les
indigènes mêmes ne sont pas à l'abri de l'influence
des miasmes; outre les fièvres, ils ont encore l'élé-
phaiiiiasis et une espèce dedyssenterie appelée le sut.
C'est pourtant dans celte conlrée sauvage el iidiospi-
lalière qu'on trouve le plus beau sel de l'Inde. On
fait entrer l'eau de mer dans dcs réservoirs où elle
filtre à travers les roseaux, et où on la fait bouillir
dans des pots de terre. Cet article produit à la
compagnie des Indes un revenu d'environ 18 laks de
rupies. Le rii du pays se consomme sur les lieux ,
cependant le rajah de Kanka en exporte une quan-
tité considérable pour Calcutta el Katiach. Depuis
octobre jusqu'en février, on fait sur !a côle des pê-
ches imporlantes; les indigènes y ont compté jus-
qu'à soixante et une espèces mangeables de pois-
sons : les Anglais les ont habitués aussi à manger
des tortues, des builres et des crabes. — De ces ma-
récages on arrive à la deuxième division du pays,
le Mogulbundi, partagé en 150 pergunnahs, et com-
prenant 2561 propriétés particulières. Le sol en est
maigre et peu fertile, surtout vers les collines, et il
y a de vastes plaines incultes, où il ne croît que des
joncs. Cependant, à force de culture, on tire du Mo-
gulbundi une Irès-grande quantité de gros riz fort-
nourrissant, que l'on récolle depuis la mi-novembre
jusqu'à la mi-janvier. Après le riz, le principal objet
de culture est le palma clirisli, dont l'huile sert par-
tout dans l'économie domestique. Dans les pergun-
nahs du nord on cultive aussi la canne à sucre el le
tabac, les parties centrales et méridionales font d'a-
bondantes récoltes de millet et de légumes farineux ;
le kelaca odoriférant (Pandamis odorniissimus) em-
baume les campagnes. On en fait des haies, ainsi
que de quelques eupliorbia et mimosa : son fruit
ressemble à l'ananas, mais il n'est pas mangeable;
on fait une boisson enivrante à l'aide de la fleur très-
odoriférante de la plante mâle. Au sud des Kans-
bans, le Mogulbundi est ombragé de bouquets de
5G9
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 570
i-.iangotiers, de lialliers de bambou el de magninqucs
bananiers. On ne voit guère de cocoliers qu'auprès
de quelques villages de Brahnies-Sasan qui sont les
meilleurs cultivateurs d'Orixa. Dans quelques can-
tons croissent la palme à vin {Borassus flabelliformh)
el le Khajour {Phœnix silvesiris). D'antres produc-
tions de rinde.'le jain, l'orange, la guave, le Bel
(Œgle marmetos), le lialhbel {t'croiiia elephantum) el
le Kharani {Galedupri arboiea), ne sont pas rares.
Les jardins bien cultivés sont ornés de jasmins, sam-
backs, bauhinias, hibiscus, roses de Cliine, michelia
ehampaca, etc.; le plantain, ['Htjperanthera morioiga,
le nauclea orieiitalis entourent la cabane du pauvre.
Le bétail, les moulons et cbèvres du Mogulbundi
sont d'une race chéiivc ; sur la frontière de l'est on
entreiienl de belles femelles de buffles, pour le lait
seulement. Il y a peu de gibier. Le troisième district
est celui des collines qui bornent le Mogulbundi à
l'ouest, depuis le lac Chiika jusqu'au Subanrekba;
quelques ramifications se prolongent dans la plaine,
comme à Derpeii, Alemgir, Kburdab, Limbai, etc.;
et sous une latitude d'environ 21° 20' nord les col-
lines prennent une direction orientale, et tournent
enfin au nnrd, pour envelopper le district de Belas-
sour. Nulle part le baul pays ne s'éloigne delà mer de
plus de tiO a 70 milles. A Belassour une ramification
de roclies s'avance jusqu'à 16 ou 18 milles de la
baie; les anciens navigateurs les appellent monts
>elligrin {Nilgiri); et entre Ganjara et le lac, une
chaine peu élevée paraît se perdre dans la mer.
Tout le haut pays, dont la largeur est d'une centaine
de milles, est partagé entre seize zemindars khetri
ou kbandait, qui ont été reconnus par le gouverne-
ment anglais en qualité de rajahs tributaires. Au
pied des collines s'étend une suite de douze autres
khandaitis, tenus par douze propriétaires ou chefs
semblables. Les Mogols désignaient tes propriétés
sous le nom de killahs ou châteaux forts des monta-
gnes d'après les résidences ordinaires des chefs. Los
grands propriétaires des montagnes ont plusieurs
vassaux appelés khandaits, dulbehras, naiks ou
bhounias.
Les collines enlrela rivière de Brahmaniet Ganjam
présentent une formation de granité rouge avec deî
grenats imparfaitement développés, et des veines de
siéatite ; leur hauteur varie de 300 à 1200 pieds,
quelques cimes en ont 2000; les pics forment toute
sorte d'angles; quelques cônes sont enticremenl iso-
lés ; la végétation revêt toutes ces collines depuis la
base jusqu'à la cime. A leur pied se prolongent dans
la plaine des lits d'argile ferrugineuse , remarquable
par la quantité de ses pores et cavités, par ses bou-
les déminerai de fer, el par ses fragments de quartz.
En quelques endroits celle argile s'amalgame avec
le granité, et forme une brèche grossière. Dans le
pays de Kliourda on voit quelques collines de grès
blanc el bigarré dispersées entre les collines graniti-
ques. Ces montagnes offrent en général beaucoup de
particularités minérales, el mériteraient d'être exa-
minées plus en détail par d'habiles géologues. Des
veines de trapp verdàtre qui approche du basa|le et
du hornblende, traversent le granité; on trouve aussi
le laïc et le mica feuilleté, et du schiste chloriie,
passant à l'état de serpentine. Les indigènes appel-
lent karma , ou utile, les roches faciles à tailler et à
sculpter, et akarnia le granité et d'autres roches trop
dures pour leurs outils., La siéatite se présente en
poudre d'une blancheur extrêmement pure. Le cal-
caire, dans ces collines, se trouve ordinairement en
nids enveloppés de marne durcie d'une teinte jau-
nâtre. — La partie inculte l'emporte dans le haut
pays sur les terres cultivées qui, au reste, produisent
beaucoup de riz et d'autres grains : on cultive aussi
un peu d'indigo et d'opium. Les forêts donnent de
beau bois de construction; dans le district de Mo-
herbenj , il y a de grandes forêts de sal; sur les
bords du Teinadi on trouve des bois de teak. Des
mangotiers isolés ou en bouquets se montrent en
plusieurs endroits , où ils croissent sans culture.
Plusieurs propriétés fournissent outre les mangos,
de bonnes oranges. Les jungles voisins du Mogul-
bundi abondent en drogues et plantes médicales, ou
réputées telles par les indigènes, comme le Termi-
nalia cliebula, le Strychnos nux vomica, le Cassia fis-
lula, le Plujtlanlhus emblica, le Spondias mangifera,
saiis parler des arbres communs de l'Inde , le tama-
rin, le bambou , le sycomore ; parmi les buissons il
y a beaucoup de végétaux épineux qui se groupent
communément autour du rotin ou jonc. Dans la sai-
son chaude , les fleurs brillantes du Capparis trifo-
liata, l'écarlate du Bulea frondosa, el le Gloriosa sk-
perba qui croit sans aucune culture, embellissent les
jungles nalurellemenl dépourvus de charme ; dans la
saison froide une plante parasite, le Lorantlius bico-
lor, y répand des teintes écarlates et jaunes; el le
Combreium decandrum enveloppe les bois de festons
blanchàtreii ; des lis aquatiques de toute couleur , el
le vrai Lotus prospèrent dans les étangs et marais.
Quelques bois de teinture , tels que le Sapan el le
Morinda cilrifolia , viennent sur les collines ; sur les
feuillesde l'Asin (Peniapiera tomentosa) on recuite des
cocons de vers à soie sauvages. — Les tigres, léo-
pards , panthères , hyènes, ours, buffles, sangliers,
antilopes, balias ou chiens sauvages , gltorangas,
gatjais ou boeufs sauvages, ont leur repaire dans les
forêis des montagnes. Les éléphants infestaient au-
trefois les jungles el planlatiims du Moherbenj ; mais
on les a empoisonnés en partie ; à Kburda on voit
voltiger des troupes considérables de Dlianesa ou
Buceros indiens qui se nourrissent de \f noix vomique
du strychnos , et se font remarquer par une espèce
de corne ou protubérance de 7 pouces de haut sur
leur bec. — Dans la saison pluvieuse les torrents et
rivières du Kaitach deviennent des fleuves; pendant
les sécheresses ils n'ont pas d'eau ; sur la côte ils se
partagent dans un grand nombre de canaux , en par-
tie très-sinueux. Le Mahanadi , ou Méhénédy, prin-
cipal fleuve du Kaitacli, passe à Soumboulpour et k
B71 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
572
So'ipniir , se divise en deus canaux dont le princi-
pal prend le nom de Cajori ; plus bas il se divise
curore , en formant le Chitiertola ei une quantité
d(i ppiits cantinx , ei il se jelle dans la mer, un peu
au siid de Souispoulli, après un cours de pins de
500 milles. Il dépose un gios sable entremêlé do
fragments de (piarlz ei de mica , qui détruisent la
fertilité des terres. Pendant la s.iisnn pluvieuse , il a
un mille de l.irge àSoumbouIpour, et 2 milles vis-à-
vis de Kattiich ; on peut alors le remonter en ba'e;iu
jusqu'à Ryepour, c'est-à-dire à 300 milles au-dessus
de son confluent. Quelques ramifications du C.ijori
6'uuissenl et se ielieni dans ie lac Chilka. Deux au-
tres rivières, le Br.ihmani et le Byterini , après s'être
fréquemment partagées, s'unissent au Bérupa, bran-
cbe du Malianadi, et rejoignent ce fleuve après avoir
formé un rieln auprès du cap Palniyras, appelé l'ile
Kanka. On peut citer d'autres rivières telles que le
Solandi, le Kansb.ins, le Bourabal.ing et le Suban-
rekha; toutes déposent beaucoup dé sable et de vase.
Entre le lac Chiika et la rivière Brahmani , les ri-
vières débordent au point d'inonder tout le baspiys.
De gr'inds travaux ont été entrepris pour le garantir
de ce fléau par le moyen de digues en terre. Le
lac Cliiiko n'et^t séparé de la mer que par une lan-
gue de terre qui n'a guère plus de 300 yards de lar-
geur : il se décharge dans la mer, et n'a pas plus
de 4 à 6 pieds de profondeur; tant les rivières
Daja , Bbergabi et autres y apportent de sable et
de vase ; sa surf.ice irrégu ière a environ 3o milles
de long sur 18 de large. La compagnie des Indes
tire de ce lac beaucoup de sel par le moyen de l'é-
vnporation sobiire. Les pêches y sont aussi d'un bon
rapport. Depuis Banpour jusqu'à Rlianiba, les bords
de ce lac présentent des sites pittoresques. Au u'Td
de Palour, son b:issin est hérissé d'ilôts d'une forme
étrange. Ce sont des blocs d'un granité porpbyrique,
parsemés de gros cristaux de feldspaib que le mar-
teau ne pourrait entamer. Ces blocs entasés confu-
sément resseii bleni tantôt à des ruines de maisons,
tantôt à de vieux forts flanqués de bastions. Quel-
ques arbustes et plantes viennent dans le peu de
terre végétale qui recouvre ces amas de roches , et
un grand nombre d'oiseaux aquatiques y font leur
séjour habituel.
Il n'y a guère que trois places de l'Orixa propre-
ment dit, savoir Kaliaeb qui compte 100,000 habi-
tants, Belassour et Jagannath , qui méritent le nom
de ville ; car Jaipour , quoique lieu trè?-renommé
chez les Hindous à cause de sa saimeté et de son
antiquité, n'est pourtant qu'un gros village: les
chefs-lieux des pergunnahs, Badrak, Soro , Kendra-
pari, Asser.ijsar, Hariharpore et Pipley sont peu con-
sidérables , et tous les autres lieux , si l'on en ex-
cepte les villages des Brahmes-Sasan, ne sont que
des hameaux. Dans la contrée montagneuse de
Kajwara il n'y a pas un seul village notable. Kattach,
eu sanskrit résidence royale, est situé sur une pointe
de terre entre les deux branches du Malianadi. Une
forteresse carrée, de construction hindoue à laquelle
les gouvernements musulmans ou mahraltes ont
.ajouté un bastion rond avec une grande porte eu
cerceau, s'élève auprès delà ville : on appelle ce fort
Barabati. Les Mahométans ont érigé à Kattach deux
monuments as?ez reninrquables , une petite et jolie
mosquée qui date du règne d'Aurengzeb, et un édi-
fice appelé Kadam-Rasout, où sont déposées des re-
li(luos du grand prophète apportées de la Mecque :
cet édifice est situé au milieu d'(m beau jardin. Les
souhadars niogols etmahrattes ont toujours résidé au
palais Lnl-Bagh sur la rive du C.ijori. Il y a aussi le
quartier du commerce divisé en bazars qui portent
les noms des nations qui les occupaient autrefois,
telles que Turcomans, Orisains , Telingas, etc.
Une belle et large rue, nommée Chandrichouk, tra-
verse une partie de la ville. Parmi les pagodes dis-
séminées dans l'intérieur et au dehors, celle qui est
dédiée à Siia-Rani est la plus remarquable pour la
grandeur et la construction.
C'est à lU.T milles de Kattach, sur les bords maré-
cageux du Booree-Bellaun, et dans une plaine d'un
aspect monotone , qu'est situé Belassour à 180 kil.
de Calcutta, au sud-ouest , qui ne renferme pas plus
de 10 mille âmes; c'est pourtant le principd pr.rt du
pays , que fréquentent les navires des Maldives, les
bateaux à sel de la compagnie des Indes, et une es-
pèce de chaloupes bâties à Contai et llidgelly.qui
viennent en grand nombre , dans la saison froide,
charger d{i riz pour Calcutta. Autrefois les Anglais,
les français, les Danois et les Hollandais avaient
des factoreries à Belassour. — Les obélisques et co-
lonnes mortuaires du cimetière prouvent que les
Anglais y avaient un établissement considérable; les
fabriques de mousseline y prospéraient, et peut-être
Belassour était aussi l'entrepôt des drogueset plantes
de teinture provenant des montagnes.
La troisième ville , Poury-Jagannath , ci ntenant
5741 maisons, doit sa grandeur et son importance
à sa pagode; c'est une terre sacrée, exemple d'im-
pôts ; seulement les tenanciers ont des charges ri-
tuelles dans la pagode ou aux environs. Presque
toute la rue principale se compose d'établissements
religieux , appelés mai'lis avec des vérandas soute-
nues par des piliers ; celte suite d'édifices euiremélés
de plantations à l'extrémité de laquelle s'élève ma-
jestueusement la pagode, présente un aspect impo-
sant : nialbeureusement la saleté naLiséabonde de
cette rue et un essaim de mendiants désenchantent
le spectateur. Les superbes jardins et bosquets qui
avoisinent la ville du côté du continent produisent
les plus beaux fruits de l'Inde. Le magnifique Qdto-
plnjltum inophyllum, appelé par le docteur Ainsliela
laurier d'Alexandre , ainsi que le noyer casliew, y
croissent en abondance. D'antiques réservoirs d'eau
et édifices religieux d'une construction curieuse mé-
ritent les regards. Dans les mois chauds, de mars k
juillet, Jangannath jouit probablement du climat le
plus salubre et le plus agréable de l'Inde. Pendant
S73
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE
cet>e «aison, la mousson du siid-ouesi envoie conii-
nmllement des brises de mer rafraîehissanifs. Un
voyage à Jaganiialh a élé quelquefois anssi saliilaire
pour l'Européen maladif, qu'un voyage sur nier.
Il règne dans lé pays d'Orixapeu d'industrie et de
commerce. On febrique de grosses étoffes pour l'ha-
billement des liabitants. Autrefois on débitait beau-
coup de calicois, sous le nom de sannabs : on en fa-
brique peu actuellement. A Pipley-Niour on fait une
bonne sorte de coutil. Toute la valeur des exporta-
tions et importations soumises aux impôts se monte
à 2'J7,28S rupies. Les petites places côtières expé-
dient une quantité de riz pour Calcutta, où l'on en-
voie aussi beaucoup de bestiaux et de porcs. Le pois-
Bon du lac Chilka est l'olrjei d'un con)merce inté-
rieur : on tire du Bengale la soie , le tabac et tous
les articles de luxe.
On retrouve dans l'Orixa la division des Hindous
eti quatre castes. Quant h la première ou celle des
Brahmes, elle subsiste de ses fonctions sacerdotales,
ou reçoit des aumônes. Cependant beaucoup de
Brahmes dans TOrixa se sont adonnés à l'agricidliire
et au jardinage : ce sont les meilleurs fermiers de la
compagnie des Indes, et ils méritent l'estime des
Européens. On les appelle Brahmes Masians, par op-
position aux Brahmes Vedas , qui ne font que prier
et mendier. La caste des véritables Kétris paraît
éteinte, du moins ceux qui prétendent en faire par-
tie passent pour n'être que des soudras ; huit famil-
les réclament l'honneur d'appartenir à la caste mili-
taire et royale. La caste Vaysia ou Byse n'est re-
présentée que par deux espèces de marchands ou
banyans, savoir : les droguistes et les changeurs de
monnaies; tout le reste est soudras, et appartient à
la quatrième et dernière caste. Quoique celle-ci ait
aussi ses distinctions chez les Hindous, il s'y est
opéré beaucoup de mélanges dans le pays d'Orixa,
tant par des mariages des diverses subdivisions entre
elles, que par ceux des Soudras avec les Byses.
Voici d'abord les classes mixtes provenues du
mélange des tribus primitives :
En langue d'Orixa.
Mali
Lohar
Sankari
Tantt
Kumhar
Kantari
Barhai
Chitrkar
Kewat
Bed
Uainfi
Bawari
En sanskrit.
Professions.
malacara
jardinier.
karmakara
forgeron.
tanc'harara
ouvrier en co-
quilles.
tanlravaya
tisserand.
cumbhaeara
potier.
caiisacara
ouvrier en
brome.
sutracara
charpentier.
ch'Hracara
peintre.
caiveria
pêcheur.
vaidya
médecin.
carana
écrivain ou se-
créiaire.
berbera ou ber-
laboureur.
ber
5r4
Cliandal chnndala hommes qui
s'acquittent
des plus bas-
ses fonc-
tions.
Ces derniers passent pour être issus de pères
Soudras et de mères Brahmes, et sont les plus mé-
prisés comme d:ins toute l'Inde. On range le pallia-
riya ou tailleur de pierres et le kattrya ou scieur sur
la ligne du charpeniicr et du forçeron.
Ces classes en se mêlant en ont produit d'autres
que voici :
Teli tailica marchand
d'huiles,
pêcheur,
tanneur,
marchand de
vin.
blanchisseur,
chasseur,
astrologue,
confiseur et
débitant de
toddy.
nattier.
drapier et tis-
serand.'
batteur de co-
ton,
garde village,
faiseur de
chaux,
faiseur de
jonc,
tailleur,
hommes qui
s'acquittent
des plus vi-
les fonc-
tions.
Les Dom , Pan et Hari, qui vivent dans l'étal le
plus abject , fournissent les ménétriers de village.
Le Uiipecara ou faiseur d'idoles, appartient aussi à
la série qui vient d'être spécifiée, mais on ignore
quelle place il y occupe. — Les tribus sauvages des
montagnes, appelées parles Orixiens Koules, Kund
etSoiir, et en sanskrit Puliuda, c'est-à-dire barbares,
sont à peine comptés au nombre des Hindous, dont
ils diffèrent en effet par le langage, les traits du
visage, les mœurs et la religion. M. Stirling, savant
voyageur anglais, est porté à les considérer comme
la race indigène, qui s'est retirée dans les montagnes
lors de l'invasion des Brahmes. Les Koules sont une
race noire, athlétique , belliqueuse, armée d'arcs et
de haches de guerre; ils mangent toute sorte de
viande, surtout celle de porc, et aiment passionné-
ment les liqueurs fermeniées. Les Kunds habitent
le Killah-Raiipour, et paraissent s'étendre au revers
des collines de Ganjam et Vizagapatam jusqu'au
Tiiir
tivara
Chatnar
charmacara
Sundi
sundikri
Dhohi
rajakn
M agora
vyadhi
Naik
jyolishi
Shnvala
madliuka
Dom
dombha
Patra
patucara
Tula bhania
tula bhedara
Kandra
danda pasika
Chunari
Pandra ou pan
Shipuli
Bnidia teli,chiriamar,
bindhani , hari
575
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
5ii;
Godaveri ; enfin les Soiirs habilenl les jungles depuis
Banpour jusqu'à Kailacli, ainsi que les bois au pied
(les collines. Tout paisibles que sont ces sauvages, ils
loni si peu de cas de la vie humaine, qu'ils comniel-
iL'Mt un meurtre pour la moindre récompense ; ils
si'.nt peiiis de taille, noirs , et portent toujours une
liache, iustrument qui leur sert à couper du bois;
il y en a qui mènent une vie nomade, et mangent la
grains du bambou et les racines des bois. — Les
laboureurs des plaines de l'Orixa sont la p:iriie la
plus estimable de la population du pays. Au reste,
les Ouriahs ou Orixiens passent pour les Béotiens de
l'Inde, ayant l'esprit louid et slupide, et étant igno-
rants, superstitieux et débauchés; cependant on les re-
présenle en même temps comuie rusés et dissimulés.
Les Ouriahs parlent un dialecte passablement pur
du sanskrit, qui ressemlile bien plus au bengali qu'au
telinga;lj plupart des litres des indigènes sont du sans-
krit tout pur; c'est aussi de cette langue que dérivent
les trois quarts des noms et des racines des verbes;
l'alphabel diffère peu du caractère nageri; du côté
du Bengale, on parle l'ouriali avec assez, de pureié,
et l'auleur a entendu dire que dans le pergunnah de
Mysadal , on transcrit dans ce dialecte tous les
comptes du trésor sur des feuilles de palmier. A
l'ouest du district de Midnapore, l'ouriah se confond
avec le bengali; dans le Naraingerli, le dialecte est
irès-impur, et hMidnapoi* même il de\ient tout à fait
du bengali. Dans l'Etat de Souhpour les langues gond
et ouriah se mêlent; au sud, vers G:injan , on ob-
serve les premières traces du telinga ; le peuple s'y
nomme Oucliafts et Wodiahs, au lieu de Ouiialis; le
dialecte ouriah prédomine néanmoins h Baur.wah, à
io milles et au sud de Ganjam, le long de la côie et
jusqu'au grand état de Kimedy, dans les collines,
au-delà desquelles le lelinga prend le dessus; à
Cicacole, c'es'. le dialecte dominant, et dans les con-
liées ouvertes du Vizagapatani ou ne parle absolu-
ment que lelinga; cependant aux montagnes de
l'exiérieur, depuis Gumser jusqu'à Palcondab, Basiar
et Jayapour , la masse des hidjiiauls fait usage du
dialecte des Ouriahs. Outre un poème épique, appelé
Kanji Kaviri Pollii , qui célèbre la con(iuéte de
Conjeveram, M. Stirling ne connaît pas de composi-
tion originale dans cette langue; mais on a traduit
en ouriah les livres sacrés les plus estimés des Hin-
dous ; chaque pagode uu peu importante a sa légende,
et les almauachs sont également en langue du pays.
On ne saurait déterminer au juste la population du
pays d'Orixa. Dans le Mogulbund, il parait y avoir,
d'après les calculs de l'auleur, un peu moins de
130,1:00 habitants sur environ 9000 milles carrés, ce
qui donnerait à la partie la mieux cultivée 135 âmes
par mille carré, tandis qu'au Bengale on en compte
205 sur la même superlicie. — Toute la partie mon-
l;igneuse et boisée de l'Orixa parait avoir été parta-
gée anciennement entre les chefs militaires, précisé-
ment comme sous le régime de la féodalité en Eu-
rope. Ces chefs avaient les droits de seigneurs dans
leurs fiefs, et n'étaient tenus qu'au service militai n;;
leurs vassaux, en cas de guerre, se préseniaient tout
armés , et quelques-uns avaient des arrière-vassaux
sous leurs ordres. Ces chefs féodaui , comme les
seigneurs des Marches en Europe , protégeaient le
pays contre les incursions et pillages des barbares
des montagnes; la partie des plaines consiiiuait en
grande partie le domaine de la couronne. Il y eut
souvent des guerres entre le rajah et les chefs mon-
tagnards, surtout pendant le règne des .Mahrattes et
des Mogols. En 1803 le Kaitach fui conquis par les
Anglais, et le rajah relégué avec une pension à Ja-
gannath.
■ Ce pays possède des monuments anciens assez re-
marquables. Au-dessus des halliers de Khurda, au»
près de Balvianla, à 16 milles de Kaitach, s'élève une
tour massive, parmi les ruines de pagodes jadis con-
sacrées à Mahadeo. On voit d'aulres restes de pa-
godes sur l'emplacement de l'ancienne ville de Bho-
baneser : iO à 50 tours en granité rougeàtre, et ayant
la forme de bocaux, y sont encore debout ; leur hau-
teur varie de 50 à 180 pieds, l'extérieur est décoré
de sculptures. La plus haute de ces tours domine la
grande pagode, qui occupe une aire carrée, dont un
des côtés a (iOO pieds de long. Celte pagode, qui fut
achevée, dit-on, au vii« siècle de notre ère, passe pour
le monument d'archiieciure le plus curieux de tout la
pays, elle est depuis longtemps déserte; mais les pè-
lerins du Bengale, en se rendant à Jagannatb, visitent
ordinairement la pagode de Ling-Raj à Bhobaneser.
A 5 railles de là, auprès du villrge de Jagmara, il y a
des collines de grès avec un grand nombre d'exca-
vations, dont quelques-unes ont des formes singuliè-
res ; la roche la plus élevée porte une pagode mo-
derne, consacrée à Parasnaih. Non loin de là, on
rencontre le jio«i- ou palais du rajali Lalat-lndia-
Kesari, dont les chambres sont excavées dans le roc;
elles sont maintenant occupées par des byragis el
d'aulres religieux mendiants. — La fameuse pagod«
de Jagannalh, achevée au xii' siècle, ressemble à
celle de Bhobaneser. Cette pagode s'élève sur una
ti-rrasse, à laquelle on monte par un grand escalier :
deux lions de grandeur colossale sont placés à l'en-
trée ; par le principal temple, on arrive au sanctuaire
ou à la tour haute de 180 pieds ; la plupart des divi-
nités hindoues ont leurs pagodes auprès de celle-ci.
Hamillou a décrit les fêtes religieuses^de cette pagode.
On sait qu'à la fête d'Asnan, on fait subir des ablu-
tions à l'idole de Jagannatb, et qu'à la grande /èie de
Rath-Jalra on transporte l'idole sur un char de 40
pieds de haut, et tr.iiné par le peuple à un lieu siiud
à uu quart de lieue de la pagode. Autrefois des pèle-
rins fanatiques se jetaient sous les roues de l'énorme
machine pendant l;i procession , et se faisaient écra-
ser par dévotion. Cette espèce de suicide ou d'iuinio-
laiioii volnntaire est maintenant très-rare, i') à 80
mille pèlerins , et même davantage, assistent aux
trois fêtes annuelles de ce lieu, sacré pour les Hin-
dous. — Il y a dans le voisinage , sur le bord de la
l
fef7
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
:78
mer, uo endroit où les veuves se brûlent avec le ca-
davre de leurs maris, dans des fosses remplies de
bois; 20 à 50 femmes se soumeiieiit tous les ans
dans le Kaitach à celte mort cruelle.
C'est à i8 milles de Jagaiinath, auprès du vieux
village de Kanarak, qu'on trouve la pagode noire
dont la tour est tombée en ruines. Les murs de cette
pagode ont 60 pieds de haut, et 20 pieds d'épaisseur;
en dehors ils sont richement ornés de sculptures,
l'extérieur a la forme d'une pyramide. Le temple a
une double enceinte, dont l'une est plus élevée que
l'autre; au lieu de ciment, on a fait usage dans tout
l'édilice de crampons de 1er; les portes sont décorées
de superbes sculptures , exécutées sur des dalles de
chlorite polie. — A Jajipour, sur les bords du Byia-
rini, les rajahs avaient autrefois une résidence; on
y voit encore beaucoup de restes de pagodes , de
colonnes et de sculptures. — L'Orixa doit à ses
princes indigènes plusieurs grands ponts, que le
peuple appelle improprement ponis mogols, oumah-
raties. Le pont d'Atbareb à Puri, bâti en pierres fer-
rugineuses, a 290 pieds de long et se compose dï 18
arches. Les anciens palais des rajahs, à Katiach,
Choudwar, Jajipour et Bliobaneser, ne sont que des
constructions lourdes et massives.
Provincia Alsaciœ, Alsace, ancienne province de
France, qui changea souvent de maîtres et de limites.
L'évéque de Strasbourg posséda vers 15G0 le land-
graviat de la basse Alsace ou Nordgau. Au traité de
Westplialie, en 1048, l'Alsace fut cédée à la France,
moins l'évêché de Strasbourg. Cependant Louis XIV
en 1673 prit possession de cet évêclié, et eu ICSl de
la ville -m'ème de Strasbourg, qui lui fut enfin cédée
par le Iraiié de Riswick. Néanmoins plusieurs prin-
ces allemands conservèrent de grandes possessions
en Alsace. « Ce sont là, dit M. Pb. Le Bas (Dici. en-
cycl. de l'Iiisl. de France), ces princes possessionnés
qui réclamèrent si vivement au moment de la révo-
lution française contre les décrets de l'Assemblée na-
tionale qui abolissaient tous les droits féodaux. Ce
fut sous le prétexte d'obtenir pour eux des in>
dennriiés que l'Autriche et l'Empire prirent les
armes, i
L'Alsace, avant la révolution, était partagée entre
quatre diocèses. Celui de Besançon y possédait 24
paroisses, avec le chapitre de Béforl; celui de Bàle
237, celui de Strasbourg 317, outre les paroisses si-
tuées au-delà du Rhin; et celui de Spire 115. L';ir-
chevèque de Besançon, l'évoque de Bàle et celui de
Spire avaient chacun leur officiai résidant dans la
province, pour rendre la justice en matière spiri-
tuelle. Ils devaient être originaires de la province.
L'oflicial rie Besançon résidait à Béfort, celui de
Bàle à Alikirch et celui de Spire à VVcissembourg.
— Dans la partie de l'Alsace qui dépendait du dio-
cèse de Besançon, on comptait une collégiale, celle
de Béfort, un couvent de capucins et un de reli-
gieux du tiers ordre de Saini-Fr^inçois (Picpus). —
Bans le territoire qui appartenait au diocèse de Bàle,
il y avait deux collégi;iles, six abbayes d'hommes,
trois de femmes, un collège à Ensisheim, occupé au-
trefois par les jésuites, deux maisons de l'ordie de
Saint-Antoine; deux de Dominicains, trois de Kécol-
lets, un de Cordeliers, cinq de Capucins, cinq de
Dominicains, un de (illes du tiers ordre de Sainl-
Fr.inçois; une commanderie de Malle, et deux de
l'ordre Teutonique. — Dans le diocèse de Str.isbourg,
outre le chapitre de la collégiale, il y avait douze
collégiales en comptant celle do Lautterbach dans
la haute Alsace, cinq abbayes d'hommes et trois de
filles; deux commanderies de Malte, une de Tordre
du Saint-Esprit de Rome, deux de l'ordre Teuto-
nique, cinq ou six petites commanderies ou mala-
dreries, quatre collèges de jésuites, une maison de
Charireux, une de religieux de Saint-Antoine, une
de chanoines réguliers de la réforme de Maltain-
court, onze couvents de Capucins, cinq de Corde-
liers, deux de Uécollets, quatre de Dominicains, un
d'Auguitins, un de Dominicains, un de filles péni-
tentes de l'ordre de Saint-Augustin, un de Visilan-
dines, un de filles de l'AnTionciation, et un de Cla-
risses. — Dans le diocèse de Spire, on comptait
trois collégiales, y compris la prévôté de Weisseni-
hourg, trois abbayes d'hommes, nne commanderie
de l'ordre Teutonique, qui élût celle de Weissem-
bourg.
Le nom d'Alsace, en allemand Elsass, vient du
nom EU (auj. ///), rivière de ce pays, qui piend sa
source à une lieue sud de Ferreite, près de la Suisse,
et se jette dans le Rhin, au-dessous de Sirasbourg.
En latin, cette province s'est appelée Elisaiia, EU-
sata, EUiaza, Asatia; et Frédégaire, au vn« siècle,
appelle les habitants de cette province Allesaiis et
Allesaliones.
Sous la domination romaine, l'Alsace, habitée au-
Irelois par les Tribocci, fut partagée en deux grandes
provinces ; celle du nord éiait comprise dans la
Germaniu Prima, et ce le du midi dans la Grande
Séquanaise, Maxitna Sequanorum. Elle forme au-
jourd'hui les deux départements du Haut-Rhin et du
Bas-Pihin, réunis tous deux sons la direction spiri-
tuelle de l'évéque de Sirasbourg. — Dans le dépar-
lement du H.iut-Rhin, le chiffre de la population
protestante passe 40,000. L'.\lsaie est la province
de France qui compte le plus de juifs ; c'est aussi
celle où l'usure pèse davantage sur la propriété fon-
cière.
La ville de Mulhouse est depuis 1800 le centre
industriel de l'Alsace. Elle s'est dévelo|>()ée, dans
un espace de quarante ans, avec une rapidité pio-
digieuse. Sur un rayon do 20 kil., la population des
villages s'est triplée. Les manufactures de Mullionso
étendent leurs ramifications non-seulement sur loiil
le Haut-Rhin, mais encore sur les dépariemenls li-
mitrophes. Elles occupent plus de 80,000 ouvriers,
et le moniant de leurs produits s'élève annuellement
à plus de 7S millions de frincs. Suivant un aperçu
donné par M. .Math. .Moeg, on a imprimé depuis 174C
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
579
nsqu'en 1822, 172 millions de mètres d'indiennes,
•ans !es dix premières années, il a élé fourni an-
luellement 5't,00vi pièces de 20 mètres; dans les der-
lières années, 159,U00 pièces de 25 métrés.
Proviiicia Calabiice , Calabre , province d'Italie ,
royaume de Naples , qui en occupe rexlrémiié
méridionale , et forme une presqu'île dont la lon-
gueur est de 240 kil., sur 40 à 80 de large, et de
5,200,000 mètres carrés. Celle péninsule , entou-
rée par la Méditerranée , esl traversée dans toute
son étendue par de liantes montagnes, suite de la
ch:iîne des Apennins. Leur sommet est ceint en
partie par le vaste et riche plateau de la Sila; on
y éprouve une température très - rigoureuse : la
neige y séjourne depuis la un de novembre jus-
qu'en avril. La croupe de ces Montagnes , d'où
s'échappent une foule do sources et de ruisseaux ,
offre un aspect sombre et imposant. Elles sont cou-
ronnées d'une ceinture d'épaisses fcirèis, où l'on
trouve beaucoup de bourgs et de villages; il n'existe
dans ce pays aucun fleuve navigable ; le Laino , le
Craii , le Neio , l'Amato et l'Angitola ne sont jamais
à sec. Les principaux golfes sont ceux de Squillacc,
de Gioji) et de Sainte-Eupliémie. Les caps les plus
remarquables sont: le Nau, le Rizzuto, le Sparii-
veiito, dcU'Arnii , le Vaticano. Le climat varie sui-
vant les gradations du teiraiii , et favorise toutes les
produciioiis. Dans les plaines abritées contre le nord,
on trouve la canne i» sucre, l'aloès et le palmier, tan-
dis que. le pin et le bouleau couvrent le sonmiet des
montagnes. Il règne pendant quatre mois une cha-
leur excessive ; le sirveo , vent brûlant , qui se fait
sentir sur les côtes, exerce la plus maligne influence.
On y recueille grains de toute espèce, vins exeellens,
huile d'olive en abondance, et on y élève beaucoup
de vers à soie qui forment , ainsi que la culture du
coton , un grand produit ; la réglisse et la manne se
trouv'jnt dans les forêts ; d'immenses troupeaux de
bêles à cornes séjournent dans Its pâturages abon-
dants de la Sila el des plaines ; les fromages qu'on
y l'ait sont exquis. Le» chevaux , très-beaux et bien
entretenus, forment encore une grande branche d'in-
dustrie, ainsi qne les mulets , d'une force et d'une
adresse rares. On voit dans les plaines marécageu-
ses un grand nombre de buffles ; le gibier abonde
en Calabre : irs côtes y sont très-poissonneuses. La
pèclic de l'espadon et du thon est très-lucrative ; on
y fait un bon conim. en grains, vin, soie, coton,
réglisse, manne, oranges, citrons, châtaignes, fruiis
secs, et surtout en huile, principale richesse com-
merciale. Le règne minéral offre or, argent, plomb,
ftr, marbre, albâtre, cristal de roche, soufre, sei.
— Le Calahrois de moyenne stature, bien propor-
tionné et très-musculeux , se distingue par un teint
basané, les traits de sa physionomie très-prononcés,
des yeux pleins de feu et d'expression. Il est tou-
jours armé, prêt à se battre et a se livrer au bri-
gandage. Les femmes, avec peu d'attraits, sont
(léponrvues de grâces ; mariées fnri =-»ii!ies . elles sf
580
flétrissent bientôt; leur fécondité est extraordinaire.
On divise cette province en deux parties : Cala-
bre ciiérieure au nord, el Calabre ultérieure au sud ;
cette dernière se subdivise en deux pariies, savoir :
Calabre ultérieure i'« et ii" ; la première .tu sud, et
la seconde au nord : Cfsenza est le siège des auto-
rités.Les principales villes dans la Calabre citcrieuie
sont Cosenza , Umbriatico , Bisignano , Cassano ,
Scalea, Cariati et Kussano. Dans la Calabre ultérieure
on remarque Catanzaro, Reggio, Crotone, S<«-Sevo-
rina , S'''-Eufemia, Gerace, Squillace el Nicastro.
Popul. de la Calabre ciiérieure . . . ô4(),000
— des Calabres ultérieures 1" et 11^. 451,000
Total. . . . 780,000
Cette province comprend quatre archevêchés ,
Cosenza , IJossano, Reggio et S'^-Severina , et huit
évêchés : Umbriatico, Risignano, Cassano , Cariati,
Catanzaro, Gerace , Squillace et Nicastro.
Provincia Caiitpa7iiœ, vel Campus Roiikc, Campagne
de Rome , province d'Italie , Etat de l'Eglise , est
bornée au nord par les provinces de Rieiia et de
Vilerbe, à l'ouest et au sud par la Méditerranée,
au sud-est par la Terre-de-Labour, au nord-est par
les Abruzzes. Celte lerre, autrefois si belle, n'offre
plus qu'un sol aride et brûlant , des landes et des
eaux stagnantes. Des fièvres cruelles y exercent
leurs ravages. C'est à Roiiciglione , au pied des
montagnes de Viierbe , qne commence cette plaine
célèbre qui entoure la ville de Rome. Ce vaste bas-
sin n'est borné que par la mer et par une enceinie
de inoutaîjnes dont les hauteurs le renferment conune
un ampliithéâtre ; des montagnes de Circé jusqu'à
ceux de l'ancienne Elr urie, sur les bords de la mer,
ce n'est qu'une plage nue et dé>erte. Cependant les
eaux , surtout celles du Tibre, y sont très-saines.
Le domaine de Campo-Morlo est le plus malsain.
On compte dans cette province huit places niari-
times , douze fleuves , quatre lacs , dix-huit villes
et beaucoup de bourgs. Les Lombards , les Sarra-
sins et les Huns coniribuèront à dévaster ce pays
renommé du lemps des Romains. Lorsqu'il fut in-
corporé à la Crancc, en 1810, il formait la m.ijeure
; i .irtie du (Jéiiariement de Rome.
Plusieurs papes ont fait des efforis pour rappeler
a salubiilé et la fertilité dans celle province, mais
.■n vain. Il y a une partie, surtout, où l'on n'aperçoit
que des pâtres mélancoliques avec leurs troupeaux.
Pruvincia Carainaiiiœ. La Karamauie, grande con-
trée de l'Asie .Mineure, fit partie de l'empire des
Selsdschuks d'iconium. Après la ruine de cet em-
pire, elle devint une principauté iraporiante, el les
princes de Karamanie combattiient, au moyen â£;e,
pendant un siècle et demi, la puissance oltomane
avec plus de courage que de bonheur jusqu'à leur
entièie défaite. Ces princes étaient d'origine ar-
ménienne par Nur-Ssofl, leur ascendant ; son fils
Karaman s'empara de Konieh ou Koniah, capilala
des Seldscliulis. Sa dynastie s'éteiKQil ap>ès cent
581
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOVKiN AGE. 582
soixanle-six ans d'existence, et dix guerres succes-
sives. La Karamanie coniprenail les anciennes pro-
vinces de Lycaonie el d'isaurie, une partie de la
Cilicie et de la Pamphylie. — Celte province fut in-
corporée aux possessions ottoniaDes par Bajesid-
lldirini en 1592.
Ptolemais, Sainl-Jean-d'Acre, la Ptoléniaïs des
Komains. Elle était comptée au nombre des an-
ciennes villes de la Phénicie , avec les noms d'Ace,
d'Accon, d'Acca et d'Acre. Celui de Saint-Jean pa-
raît lui être venu des clievaliers hospitaliers de cet
ordre, qui s'y réfugièrent après la ruine de Jérusa-
lem. Quelques auteurs ont prétendu qu'elle dev.iil
plutôt celte dénomination à une belle église dédiée
à saint Jean, qui l'ut construite dans ses faubourgs,
du côté de l'orient. L'historien Josèphe, dans son
livre XI, chapitre 10, de la Guerre des Juifs, nous dé-
crit l'exposition de cette ville. « Elle est sur la Médi-
terranée, dans une grande plaine, bornée au midi
par le mont Carmel, au levant par les montagnes da
la Galilée, el au nord par une autre montagne qu'on
apjelle Eclielle-de-Tyr. Selon les apparences, elle
appartient à lu tribu d'Aser; mais rien ne dénote
qu'elle ait januiis été au pouvoir des Israélites, i
Le même liisiorien que nous venons de citer ajoute
qu'elle fut possédée par le roi Démétrius, (ils de Se-
leucus. La trahison la fit ensuite tomber dans les
i\iainsd'Antiochus Epiphane. Assiégée quelque temps
'ai'rès par Alexandre, roi de Judée, elle (ut prise el
cédée à Pioléniée. Elle acquit le nom de Ptoleniaide
sous les rois d'Egypte qui la gouvernèrent, el nous
v: yons dans les Actes des apôtres qu'elle s'appelait
ainsi chez les Grecs et chez les Romains. Notre na-
vigation étant achevée, nous débarquâmes de Tijr à
Piolémàide. Les Perses, qui la possédèrent quelque
lei; ps, en firent une barrière contre les attaques des
Egyptiens de Phénicie, conime nous le dit Slraboii :
< Ptoiémaïde, ville importante, qui se nommait Ace
auparavant, offre à la Perse un refuge assuré dans
les guéries d'Egypte. » Différentes médailles nous
apprennent que Ptoléiuaïdc fut aussi une colonie ro-
maine. Les Sarrasins s'en rendirei.t maîtres, et l'ap-
pelèrent Acea, d'on de ses premiers l'.oms. Après l'a-
voir retenue jusqu'en liOi, ils furent chassés par les
ihréiieus. Ceux-ci se la virent enlever à leur tour
en 1187, par Saladin, Soudan d'Egypte; mais un
siège de trois années la leur rendit de nouveau en
1191. A dater de cette é|ioi|ue, elle fut, l'espace d'un
siècle, possédée cl gouvernée à la fois p.ir dix-neuf
souverains, qui sont : Henri, roi de Jérusalem ; le
roi de Naples et de Sicile ; le prince d'Antioche; le
comte de JafTa ; le comte de Tripoli ; le prince de
Galilée; le légat du pape; le prince de Tarenle; le
roi d'.Arménie ; le duc d'.Athènes ; les généraux des ar-
mées de Florence et de Pise, d'Angleterre et du Gè-
nes; enfin les grands-maîtres des ordres tie Saint-Jean
de Jérnsaleni, des Templiers, des chevaliers Teulo-
niques ei de Saint-Lazare. Chacun d'eux y possédait
une autorité absolue et indépendante dans leurs dif-
fi'reiits quartiers. Cette diversité de gouvernemeuis
occasionna, par de longues divisions, la chule irré-
parable de cette ville, en 1201. Une lois retombée
enire les mains des infiilèles, elle fut saccagée et dé»
mnle pour ne plus se relever de ses ruines. Nous li-
sons dans les Machabées que le peuple de celle ville
égorgea, par la trahison de Triphon, Jonathas, frère
de Judas Macliabée, avec vingt mille hommes.
Vespasien et Tilus y séjournèrent quelque temps
pour se préparer à faire le siège de Jérusalem. Dans
le xii^ siècle il s'y tint un conseil général, où l'on
mit en délibération le siège de Damas. Guillaume de
Tyr, en son Histoire de la guerre sainte, a conservé
les noms des personnages fameux qui s'y iroiivè-
reiii ; ce furent Conrad, empereur des Romains,
Louis VII, roi de France, Baudouin, roi de Jérusa-
lem, et plusieurs autres prinees, comtes, ducs, évé-
qiies, archevêques et légats, au nombre desquels
était le cardinal Guidon Bellagi de Florence. Acre fut
aussi visitée par les apôtres, et particulièrement
par saint Paul, qui y prêcha le cbrisiianisine. Un y
coniple, parmi les saints martyrs, Paul et Julienne
sa sœur, qui rougirent la terre de leur sang sous le
règne de Valérien.
Saint-Jean-d'Acre resta longtemps après sa ruina
dans un état de malheur et d'inhabitalion. La Poita
elle-même s'embarrassa peu de remettre cette villa
en meilleur ordre. Faccardin, prince des Druses,
dont les nrnies conquirent toute la Syrie dans la
xvii* siècle, essaya d'y construire quelques édifices
et de la rendre plus habitable. Mais on regniie qu'il
en ait en quelque sorte détruit le port, en le com-
blant avec les ruines des anciennes maisons. Sun but
était d'empêcher l'apiiroche delu ville aux galères du
Grand-Seigneur, et de leur enlever par ce moyeu un
asile qui pouvait devenir préjudiciable à la grandeur
renaissante de celte cité. Il est facile de voir, parles
vestiges de ce port, devenu fort (truit, qu'il avait é.é
très-commode et garanti d'ailleurs du souffle de l'oc-
cident par une épaisse muraille en tornie de môle
dont il reste quelques débris. On ne peut y enirer
qu"avec des baieanx ou de Irès-petils navires. Après
la chute de Faccardin, Acre reluniba sous la puis-
sance ottomane.
H ne reste de celte ancienne \ille que des débris
assez informer de munnmcnis qu'y avaient cons-
truits les chrétiens. On trouve da i» la pariie occi-
deniale quelques ruines d'une église consacrée à
Saint-Andié. Trois grandis fenêtres, que le temps
n'a pas encore détrniies, donnent une haute idée
de cet édifice. Le palais de l'évêque était contigu à
celte église, et le gouverneur a lait élever une m.-.i-
soii sur ses fondemenis. Pour en combler queinuei
parties souterraines, il ordonna d'y jetir un grand
nombre de siatues et de bustes de marbre qui repjé-
senlaienl des saints : comme on les trouva enfouis
dans les aleoloars, il est probable qu'ils app:irle-
naienl à l'église de Saint-André. A peu de distance
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
58 i
de là on voit les restes du porl des galères et de
l'arsenal.
H y avait dans ce même lieu un bâtiment considé-
rable, presque entièrement renversé aujourd'hui :
c'éiait l'hospice des chevaliers du Temple, qu'on ap-
pelait le Chàieau-de-Fer, p:irce qu'il avait été en-
duit d'écume de cette matière, dans la partie qui re-
garde la mer. Ce côté de muraille subsiste en son
entier, avec un débris de la galerie qui conduisait
d'un quartier à l'autre. Le palais du grand maître de
l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem, avec toute l'é-
tendue de l'hospice, sert d'habitation au chef d'Acre,
à sa famille et à une partie de sa cavalerie. Cet édi-
fice doit sa conservation presque entière à l'épais-
seur étonnante de ses murs. Il est particulièrement
remarquable par deux tours Irés-élevées et par ses
souterrains qui renfermaient des moulins à main,
dont on fait encore quelque usage. Le gouverneur a
formé dans l'une de ces tours une salle immense,
au milieu de laquelle est une grande fontaine ornée
de marbres de toute espèce. La chapelle du grand
maître, sous l'invocation de la sainte Vierge, subsis-
tait en assez bon étal en 1660; mais on l'a démolie
en partie l'année d'après, pour en faire le palais
d'un fils du gouverneur. Dans la pariie méridionale
de cette place, et à côté de la porte de Nazareth,
s'élèvent les débris de l'église et du raonasiére de
Saint-Clair. C'est dans cet asile mémorable que des
vierges vertueuses se mutilèrent le visage alin de se
soustraire, dans le sac de la ville, à la brutalité des
barbares, qui, ne voyant en elles que des objets
d'Iiorreur, en lirent un afl'reux massacre.
On trouve la description de plusieurs églises, mo-
nastères et hospices de Ptolémais dans le code di-
plomatique de l'ordre religieux et militaire de Saint-
Jean, et encore dans le testament d'un certain Sa-
liba , bourgeois de cette ville, fait en 1264, par le-
quel il abandonnait la totalité de ses biens meubles
et immeubles à la maison de l'hospice, en en réser-
vant toutefois des legs pieux à chaque église, mo-
nastère et communauté de cetle ville.
Le petit nombre de temples religieux, subsistants
aujourd'hui dans Acre, est d'une époque moderne.
H y a deux églises latines, dont l'une, très-petite,
sert de parois e, dédiée à saiut-Jean-Baptiste, et pla-
cée dans le district des nations européennes. Elle
est desservie par les Pères de la terre sainte, qui oc-
cupent à côié un hospice fort commode et ouvert en
tout temps aux religieux et voyageurs. Près de ce
quartier d'Europe, au nord de la ville, est une cha-
pelle remarquable dont la sainte Vierge est la pa-
tronne, où se rassemblent toutes les femmes qui sui-
vent le rit laiin. Les Grecs-unis y possèdent une fort
belle église, élevée eu partie sur l'ancien temple de
Saint-André, dont elle a conservé le nom. L'église
des Maronites a été construite d'après leur dessin,
depuis ses fondements. Parmi différentes espèces de
m r I). es iprils ont recueillis li^■^ ni nes de la viilepour
la déci,rer, on remarque deux grosses colonnes de
porphyre qui' servent de soutien à l'arc du maitre-
autel.
L'église des Grecs schismatiques est la plus grande
qu'il y ait dans Acre, et l'on a fait usage également
d'anciens matériaux pour la bâtir. Les Hébreux y
ont aussi une petite synagogue, qu'il ne leur est pas
permis d'agrandir , le gouverneur exigeant d'eux
qu'ils se contentent d'un terrain de maison dont il
leur accorde la propriété.
On trouve dans cette ville trois mosquées appar-
tenant aux Arabes mahométans, de la religion do*
minanle. Deux ont été construites par le gouver-
neur, et l'autre, qui fut élevée dans le xiii"-' siècle,
eut pour fondateur Séraf, (ils de Malec-Mcssor, sou-
dan d'Egypte. En face de cette dernière mosquée
est une place assez étendue, de la construction du
mèmç Séraf, qu'habitent , en quartiers séparés, les
difféicntes nations d'Euro|ie. Les revenus qu'on en
perçoit sont destinés à entretenir ce temple niaho-
mélan.
Les rues d'Acre sont toutes si étroites, que lors-
qu'il y passe un cliameau, même dans les plus lar-
ges, il serait impossible à un autre animal de passer
de front avec lui. On n'emploie à la construction des
maisuns que des pierres carrées, e: point de briques.
Les toits, bien difTérents des nôtres, sont faits en
plates-formes ou terrasses sur lesquelles on se pro-
mène, et rappellent les pavés dont parle Vitruve.
Dans la construction d'un édifice, lorsque le dernier
plancher est couvert de poutres plus ou moins for-
tes, l'on cloue dessus des planches de cyprès, ser-
rées fortement l'une à l'autre : cette couverture sup-
porte à son tour plusieurs solives, placées en travers,
où l'on étend du foin, de la paille hachée avec de la
chaux mêlée de petites pierres, et le tout ensemble
s'aplanit par le moyen d'un maillet; on jette sur
cetle première couche du charbon pilé, une seconde
de chaux et de sable, et enfin, l'on met un Iroisième
lit de plâtre, de chaux, de cendre et de charbon pilé,
qu'on élend avec un cylindre, et auquel on donne le
lustre et le poli avec un battoir. Voilà la manière
ordinaire de faire ces terrasses. Si le pavé se lézarde
par la force des chaleurs, on en remplit les fentes
de chaux, de cendre et d'huile, et il résiste aux plus
longues pluies, jusqu'à devenir impénétrable à l'eau.
Les n;aisuns faites en coupole sont enduites ou re-
crépies de cailloux piles avec de la chaux, qu'on em-
ploie avec le plus grand s lin pour y donner le lusire.
On se sert également de cliaux dans le crépi inié-
rieur du bàiiment, et quand elle est vive un éiend
dessus ou de l'éloupe ou de la bourre ; précaution
qui devient nécessaire pour soutenir la seconde cou-
che faite de plâtre.
Il y a dans la ville deux bazars ou marches tou-
jours abondamment fournis : l'un renferme toutes
sortes de comestililes, et l'on trouve dans l'aune
un assurlimeiit d'habits et d'étoffes d'usage.
A la distance d'un mille (!e fi cité neuve, o i ir- iive
les tléljiis lie la tour Maudiie, qui forme une esj-.éco
585
GEOGKAPHIE DES LEGENDli^S AL MOYEN AGE.
d'angle vers le nord de la mer. On y avait faii mon-
ter un moulin à vent. C'est de ce côté-là qne les in-
fidèles entrèrent lorsqu'ils prirent Acre sur les
chrétiens. — L'éloignement de la ville nouvellement
construite aux aniiennes murailles n'est pas de plus
d'un mille; mais il faut pins d'une heure pour par-
courir celte enceinte de terrain. La première Acre
él;iit enfermée d'une triple roriificaiion, séparée par
deux fossés, dont l'un au dehors et l'.aiire au dedans
recevaient les eaux de la mer. Comme ils étaient
creusés dans le me, il s'en est conservé quelques par-
ties. De distance à autre, les murs étaient flanqués
de gros^es tours. L'air n'est pas sain dans cette ville,
et chaque année il y règne des maladies nombreu-
ses, au temps des chaleurs. Il faut en attribuer la
cause au peu de largeur des rues et à quelques ma-
rais qui avoisinent la ville. La meilleure précaution
que puissent prendre les Européens pour se garantir
de la malignité de cet air, c'est de s'astreindre à une
nourriture modérée, et de fuir surtout l'humidité de
la nuit, comme aussi de ne pas se lever avant que le
Boleil n'ait dissipé ou fondu l'amas de nuages et de
vapeurs qui chargent raimosphère chaque matin.
Le scheick Daher, émir de la Galilée, au xviii"
siècle, s'empara de la ville par surprise, releva se*
murs, déblaya son port, et lui rendit une partie do
son ancienne importance. Ce fut sous Djez/.ar-Paclia,
succeseur de Dalier, (|ue Bonaparte vint metkrc le
siège devant celle place, le vingt mars 1799, et le
leva le vingt mai suivant, en l'accablant de ses feux,
et la laissant presque réduite en cendres. Après le
départ de Bonaparte, hjezzar-Pacha la rebâtit.
Elle fut prise en 183-2 par Ilirahini-Paclia pi'ur le
compte de Méhéniet-Ali, auquel elle fui enlevée en
1840 avec la Syrie. On n'a reconstruit que ses lorhfi-
caiions. Sa population, qui était de 20,000 habitants,
n'est plus que de 8000. L'évêché de Piolémaïs, sous
la iriétropoledeTyr, datedu iv= siècle, il exi-le tou-
jours, (luniqn'il n'y ait presque point de Grecs pwmi
les habitants. — Il y eut du temps des croisades
un évêque latin qui dépendait de l'archevêque latin
de Tyr.
Sainl-Jean-d'Acre esta 110 kil. de Jérusalem, au
nord-nord-ouesi. Latitude nord, ô'2° 54' 55"; longi-
tude est, 35° 45' 50". Le commerce consiste en coton
et riz récoltés dans ses environs.
R
Badotium, Reuil, paroisse du diocèse de Meaux ,
arrond. de cette ville , canton de la Ferté-sous-
Jouarre, départ, de Seine-et-Marne. — On raconte
di^erselnellt l'origine de l'abbaye de bénédictins qui
fut le principe du village de Reuil. Selon quelques-
uns, ce fnl un nommé Radon, frère des fondateurs
des abbayes de Jouarre et de Rebais, et (ilsd'Authaire,
seigneurd'Ussy-sur-Marne, qui l'institua. Mais d'autres
ont contesté l'existence du troisième fils d'Auihaire,
et ont avancé que l'érection de ce monastère devait
être attribuée à Adon , son premier lils; qu'une
confusion de noms était seule la cause de la méprise.
Néanmoins <in ne peut disconvenir que le mot
Radolium (Reuil) n'ait une grande analogie avec
Celui de Radon , et que l'existence de cet individu,
prouvée par des actes authentiques , n'est disputée
que par des hypothèses plus ou moins vagues (1). 11
y eut aussi un Radon qui fut maire du palais en
Austrasie sous Clotaire 11, et un autre qui fut léfé-
rendaire ou chancelier sous Clovis II. Mais il est
moins vraisemblable que l'un ou l'aulre eûi fondé
ce couvent. Enlin , on pense encore que Radolium
vient du mol teutonique rand , dont on a fait rade
dans notre langue pour signiGer un rivage. Quoi qu'il
en soit, le monastère de Reuil existait dès le vu*
siècle; il fui mis sous la dépendance du prieuré de
la Chârité-sur-Loire , au commencement du xii'^.
Depuis cette époque, ainsi que le dit Duplessis (2),
les évêqiies de Meaux devinrent les princi|>aux bien-
faiteurs de celle maison. En 1160, Renault, évêque
de Meaux , lui conlirma la possession du village de
Reuil et de toutes ses dépendances de l'église Saint.
(I) Ex labul. mvnasl. Radoticiis.
Dlc^lo^^AlRE db Gkooraphie tccL. 11.
Etienne-de-Condé, à laquelle appartenait toute la villa
delà Ferlé; la chapelle de Saint-Marlin dans la
même paroisse; neuf arpents de pré entre Condé et
le pont de Condéet; les églises de Chamigny, de
Bussy ou Boissy-le-Chatel , et de Dhuisy, celle du
Sainl-Clirisioplie dans la ville épiscopale, etc., etc.
La même année, le chapitre delà cathédrale lui
abandonna tout le bien qu'il possédait à Chailly. Vers
l'an 1160, Aide de la Ferté-au-Coulfe, du consenie-
ment de Simon, vicomte de Meaux, son époux, de
ses fils , Gilon et Hugon, et de sa fiile Mathilde ,
donna au prieur et aux moines de Reuil tout ce
qu'elle pouvait acquérir ou acheter dans les icres
de Dhuisy, de Camberzils, de Coulombs et de Ven-
derest , mais sans détruire les forêts. A peu près à
la même époque, Simon et Ade, lui laissèrent, pour le
repos de l'âme de leur filsCilon, le prieuré de
Dhuisy à la condition qu'il sera desservi par trois
religieux de HeuM. — Eu 1170, Simon d'Oisy, vi-
comte de Meaux, Ade, son épouse, et Hugues, leur
fils, abandonnèrent à ce couvent cinq muids de fro-
ment à prendre dans leur minage de Meaux. En
1245, Mathieu d'Oisy, seigneur de Montmirel, lui
donna, à litre d'aumônes, le droit de pêche q^i'il
avait sur la Marne. — En 12o0, Pierre de Cuisy,
évêque de Meaux, fit la dédicace de l'église du prieuré
de Reuil.
Ce monastère, supprimé à l'époque de la révolu-
tion, est aujouid'hui un agréable château dont le
parc est vivifié par des eaux magniliques.
Le village de Reuil est situé sur la rive gauche de
la .Marne, ayant cette rivière à l'ouest; à 2 kil. nord
(2) Histoire de l'Uglise de ffemix.
ii
S87
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
888
de la Ferlé-sous-Jouarre , à 6t kil. itord-esi de
Meliin, et à 20 kil. à l'est de Meaux. L'église parois-
siale est une coiisiniciiun qui date en partie du xiii*
siècle. — Plusieurs écarts existent sur le territoire
de cette toniuiuue, gui est en partie couvert de bois :
ce sont, en allant de l'est :iu sud-est : 1° à une denii-
lieue et au soniniet du cut< au qui borde la Marne, le
hameau du Tillet, anciennement Tiidoj, où se irou-
vaii une chapelle fondée, en 1217, par Fnulques de
Juuarre, chevalier, Ic^juel donna pour cet objet un
niuid de IVonient à prendre dans .-^a grange de Tiuloi;
deux auties niuids à prendre à Mdnt-Haumer ; trois
arpenis de vignes, trois arpents de terie, trois ar-
pents de pié, trois arpents de forêt, et quarante sous
sur le cens de < ourcelles; cette chapelle est aujour-
d'hui une iir.inge. Au-dessus e^l le hameau des
Charbonnières, et eiuore |)lus au sud celui des Poii-
plains. Entre Reuil et la Ferie'-sous-Jonarre, ou
rencontre la plaine de Tarlerel , renommée pour les
meules di; moulins qui -ortenl de ses carrières. —
Au sud de Ueuil et à l'est de la Fené-sons-Jouarre,
entre la Marne et le Peiii-Morin, se voyait le prieuré
dit de Fontaine-Cerise, dépendant du monastère de
Rtuil. On igiuir.iil l'épnque piécise de la londaliou
de ce couvent (|iii existait de» le xii<î siède , et qui
subsista pour liois religieux jiisi|u'à l'époque de la
révolutiiin. On prétend aus>i que ce ne fut d'abord
qu'une simple chapelle dont la munifieence de nos
ancèire* lu un prieuré c(uive"luel; quelques ruines
seulemeat témoignent aujourd'hui de son existence.
La population de Reuil est de â(iU habitants en-
viron.
Ralnkum, Raudiiizl, ville située eu Allemagne sur
la rive gauche de l'Elbe, était le chef-lieu de la sei-
gneurie d ■ ce nom. Populalioii,28j0 habilmls. On y
remarque un magnifique château qui appartient aux
princes de la maison de Lobkowiiz. Cette maison, qui
s'appelait primitivement Lobez, lait remonter sa gé-
néalogie jusqu'en 8!>1. Elle prit le nom de Lobkowite
d'un chàiean qui fut bâti sur l'Elbe ai>rès la destruc-
tion de celui de Lobez. Jean, baron de Heydeck, gé-
néral de Jean-Frédéric, dernier électeur île Saxe de
la brandie ernestine, ayant été mis an ban de l'Em-
pire, et la seigneurie de Neustadl dans le haut Pa-
laiinal qui lui appartenait, ayant été confisquée, l'em-
pereur Maximdien II la coofén à Ladislas de Lob-
knwilz. Ferd tiaiid 11 créa en i6H Zdenco-^dalbert
de Lobkowitz, fils de Ladislas II, prliiee d'Empire,
et en 1641. la Seigneurie 'e Menstadt lut élevée au
rang de comte primier. Wenceslas-Ensèbe, fils d'A-
dalberi, aeliet I en 164i> le duché de Sagan, et ob-
tint e;i 1654 séance à la diète de l'Empire au col-
lège des princes, l'ar les petits-fils de celui-ci, la
maison se partagea en deux branches. La famille
ayant vendu en 1786 Sagan au duc de Cuurlande,
le majorât de Kaudnitz en Bolième fut élevé au rang
(1) Hisioiie île l'Eqlise de Meaux. — C'est sans
donie par erreur de date qu'un des auteuis d'un ou-
vrage moderne sur le département, dressé, dit-on,
de duché. Le comté de Sternstein ayant perdu son
immédiateté par la confédération du Ubin, le prince
de Lobkowiiz le vendit en 1807 au roi de Bavière.
La fatnille est catholique. — La branche atnée pos-
sède, outre le duché de Raudnitz, plusieurs terres
en .\uiriche et en Bohème, ayant ensemble 58 m.
c. g. (105 I. c.)avec 80,000 habitants, et rapportant
prés de 900,000 fr.
Rancia Uoraia , le Mesnil-Amelot, paroisse du
diocèse de Meaux, canton de Dainmariiu, arrond. de
la première de ces villes, dép.ut. de Seine et-Marue.
— Mesnit signifiait anciennement une habitation
rurale à laquelle on joignait ordinairement le nom
du propriétaire, pour la désigner plus spécialement :
ainsi le village dont il s'agit dans let article a porté
successivenienl les noms de Mesnil-Madam-Rance,
Mesnil-Couturjer, Mesnil-Desvieux , Mesnil-Amelot.
— Ce village est situé au milieu d'une grande plaine,
tur le bord de la route de Paris à Bruxelles, a 8 kil.
sud-ouest de Dammariin, à 20 kil. ouesl-nord-ouest
de Meaux, et à 58 kil. nord de Melun.
On ignore positivement l'origine du Mesnil : die
remonte à une assez haute antiquité. Cette commune
dut probablement son existence primitive à quel-
ques métairies. Ce qu'il y a de certain, c'est qu'avant
l'an 12U5 une dame, nommée liance ou Rancie (l),
qui en était piopriéiaire, est mentionnée dans lui
acte de l'iloiel-Dicu de Dammartin comme la mère
d'un des bienfaiteurs de cet établissement. Le Mesnil
devint dans la suite une dépendance du marquisat de
Mauregard. Le seigneur avait droit de haute, moyeme
et basse justice, et il existait encore sur la commune
d'autre fiels , mais sans aucun droit de justice :
c'étaient ceux de Freniont , de Mariavel , de Saint-
André, de Guivry et des Sablonières. — On comptait
aussi douze fermes dans cette ciiminune; leur nom-
bre se réduit tous les jours, soit par le système actuel
des grands établissements de culture, qui fait qu'ua
même fermier fait valoir les terres de plusieurs
fermes, soit par le morcellement de quelques-unes
d'entre elles. — L'église est fort remari(uable. Sa
voûte est soutenue par des piliers d'une grande déli-
catesse, et l'on tourne autour du sanctuaire. On y
voit un jeu d'orgues. Le clocher est élevé et s'aper-
çoit de très-loin ; on en a recouvert le dôme et refait
tonte la pariie supérieure en 1780. .\vani la révolu-
tion, il renlerniait dix cloches. Le maitre-autel offre
des beautés comini' morceau de sculpture; il date de
la fin du xviii^ siècle. — On voit à l'etliémité du
vHldge une belle place demi-circulaire, sur laquelle
s'élève une halle qui servait naguère au commerce
des vins, dont il y avait un marché dans cène com-
mune, le premier mardi de chaque mois. Cette halle
peut contenir plus de mille pièces de vin; elle est
divisée par réserves Toàtées ; mais le marché a cessé.
sur des documents authentiques, fait vivre celle dame
en 1549, et lui fait, à celte éjioque, donner à l'église
l'aigle qui lui sert de lutrin.
989
tJBOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
890
— A une portée de fusil au nord du Mesn 1, et sur le
bord de la même route de Bruxelles, est le Iianieaii
de Nolre-Dame-de-la-Miséricnrde de Guivry, La Ira-
ditdii rapp'vfie rju'il y avait dans ce lieu un couvent
de Templiei s , ce que d'ailleurs aucun acte ni aucun
nionunienl ne prouvent.
La population du Mesnil-Ameloi est de 800 Imes;
son territoire est en terres de ialjour. On y trouve
un relais de poste.
Kaiisiacitni, l'.oissy, paroisse du diocèse de Meaux,
canton de Touriians, nrrond. de Melun , départ, de
Seine-et-Marne. — Le village de Uoissy est situé à 2
kil. sur la gauche de la rouie de Paris à Sezanne, à
8 kil. i!ord-ou(.'St de Melun, dans une plaine maréca-
geuse et froide qui produit peu de grain, mais où
l'on trouve beaucoup de prairies et qii est bordée par
la forêt d'Aï niainvilliers. — Le nom de Koissy vient-il
lie (c qu'il troi>-saii auv alentours des nijrie; sau-
vages, eu latiiuiiscus, ou de ce iiu'un Romain nommé
lioscius y avait son di micile? nous ne ildciderons
point cette qnesiion. Quoi qu'il en soit, ce village
existait rertaincmeni dès l'an llOt, puisqu'à celle
cpoipie Guy le Rouge, de la maison de Montlliéry,
et .Adélaïde , sa lenmie, en fondant le prieuré de
Gouriiay, ajoutèrent au don qu'ils firent à ce prieuré
(le l'église de Roissy, le tiers du Village. Anseau de
Garbmle , séi>cclial de Louis le Gros,i|ui était
seigneur des deux autres tiers, les lui donna dans
l'année 1122. — Dans la foièt, à l'est de Rois-y, se
trouvent les vestiges d'un ancien bAiinient dit le
rrieuré-du-f'.i.rinier. Il consisiait encore en 1738 en
une vieille tour en ruines qui était dans une ence me
de fossés pleins d'eau, sur lesquels était établi un
petit pont d'une arclie seulement. On y voyait à celle
é|oqne les murs ruinés de bàliinents auxquels on ne
pouvait rien reconnaitre. Ce qi i en siilisislait fil
conjcciurer à l'abbé Lcbeiif que ces ruines résul-
taieni de constructions du ix« ou x* siècle. « Cetie
tour, dit-il, est carrée et bàiie de moellons; elle avait
deux ou trois étages veinés. La voùl" de l'étage d'en
bas siilisisie encore, soutenue par (piatre iliapiteaiix
ou corbeaux de pierres de tailie. L'eitrée est au
levanl ; du loté du midi et du septentrion e»t une
arcade abs lument ronde en forme de fenêtre Il
n'y a pas de marque qu'il y ail pu y avoir d'aultl ni
en bas ni en baiil ; et rien ne prouve non plus qu'elle
ai» été une tour à mettre des cloclies. » Lelieuf
pense donc que cet édilice, qui n'a jamais dû servir
au culte, était la ruine d'une maison de campagne de
Cbaries le Chauve, et il appuie son opinion sur ee
que l'an biteetuie de ce vieux bâtiment est effective-
ment de ce Siècle; qu'il exis'e un diplôme du 9 oc-
tobre 845 lionne in villa liausiaco , et que dans ce
lieu se tenaient des plaids en 831; que l'on ne peut
pas croire que par fiumiaco on ait voulu désigner un
autie lieu, puisque Rouey, en Champagne, qui pour-
rait aussi porter ce nom, n'a élu connu qu'en Ît48 ,
que l'église paroissiale de Roissy était sous l'itivoca-
tion de Saint Germain, évèqtie d'Auneire , et q;ie
Cbaries le Chauve avait la plus grande dévotion dans
ce saint ; enfin qu'il est probable que la maison de
plaisance que les rois de la première race avaient à
Conibault ayant été négligée depuis qu'on a\ait écarté
la forêt de ce lieu, ce prince en fit construire une
nouvelle à Roissy, et que c'est là que furent battues
les monnaies de la seconde race, sur lesquelles on lit
fiausiaco. Mais on voit que tout ceci ne sort point du
domaine des conjectures. — On a cru que ce lieu ,
bien fortifié pour l'époque, devait receler quelque
trésor, et peut-être n'est-ce point sans fondement
que de pareilles traditions se sont répandues dans
nos campagnes. Il est si naturel de penser que dans
un pays qui fut souvent ensanglanté, dévasté par les
guerres civiles , ceux qui possédaient de l'argent
aient lâclié de le mettre à l'abri de la rapacité de
l'enneini.... mais on .f vainemerrt chen lié. — On
ajoute que deux ou trois siècles après )\ue les rois
eurent abandonné celle maison de plaisance, des er-
mites s'en emparèrent el y élevèrent un oratoire que
l'on nomma Nolre-Dame-du-Cormier, peiit-é(re à
cause qu'il se trouvait un de ces arbres diuis le voi-
sinage. — Le (iremier titre qui fait mention de cette
maison est de 11 y."» Néanmoins elle ne fut jamais
qu'un simple prieuré, une maison pauvre, puisque,
vers Tan 1-2-20 , Isabelle . femme O'uii Maibieu du
Buisson, dans la donation qu'elle lui lit d'un seller
(le blé par an, la qualiOe pauper domus du Cormier.
Il est probable qu'elle lut abandonnée dés le siècle
de saint Louis.... uiais il est ronstani aussi que,
bien que le litre de prieur cxist.il encore dans le xv«
siècle, el que celui (|iii en ciaii pourvu iiiucb.ît le bé-
nélice, le p.ieuré n'existait idus. — Le rui.'.seau de
Marbras, qui du parc de Croissy va se jeler dans la
Mar p au-dessous de Creleil, fa l tourner un moulin
à Roissy; les rues de ce village et les chemins envi-
ronnants sont pavés dj; tcoriei de fer qui atlcsienj
qu'il s'y trouvait des mines de ce minéral et des
forges consid(irables.
La population de Roissy est de 460 babitanls.
liavens' urgnm, Ravensboiirg, ville du royaume de
Wur'einberg, dans une vallée de l'Algau, sur 1 1 rive
gauche de la Sehusz, à 76 kil. sud-sud-onesl d'Ufra.
Population,. 40(H) habitants eu partie luthériens. Cette
ville I ossède des forges, poteries, teintureries, mé-
tiers à draps et à toiles; elle exporte des cuirs ap-
prêtés, des ouvrages faits au tour, et lécolle du vin,
mais qui ne se transporte pas hors de la province.
Elle ajipartient à la maison de DiefrJchlein. — La
tradition dérive celte maison d'un Didii r (Oielrich),
comte deZeitschacli, qui doit avoir bâti dans le ix*
sièele le chàleau de Dietriùhsiein. La souche plus
uestaine de la maison est Reinpert, qui esi mort en
1004. Pancrace, un de ses descendants, obtint en
1505 de l'empereur Maxiinilien !"■ la charge héré-
ditaire de grand éclianson du d .clié de Carimhie.
François el Sigisinoud, ses lils, fondèrent les deux
lignes de la maison qu'on appelleWeicbsetelsedl-Ra-
Dcnsiein el Hollcnbourg-Finkeissiein . Cliaoone M
591 DlCTIONNAlkE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
subdivisa en [plusieurs branches. La seconde bran- duits du sol; tes entrepôts
che de la seconde lig«e descendant d'Adam, fils
puiné de Pancrace, aci|uit en 1575 la seigneurie de
Nicoisbourg en Moravie, et lut élevée en 1031 à la
dign.ié de p;ince d'Empire. En 1654 elle obtint
séance à la diète au collège des princes; et lorsqu'en
11)8-4 elle eut aciiuis la lorteresse de Tra-p, celle-ci
fui déclarée principauié immédiate. Le recès de la
députalioadelSOÔadjugea ce petit pays aux Grisons,
et ddinia au prince de Dieiriclislein on indemnité la
seigneurie de Neu-Havensbourg en Souabe, qui, par
suite des événeuienis de 1806, devint grand bel du
royaume de Wurtemberg. — Les Dietricbstem pos-
sèdent héréditairement les charges de gond-veneur
892
sont Dessau et Berii-
bourg. — Le territoire d'Ânhalt, partagé entre les
branches de la famille de ses anciens souverains,
forme une Union politique (Gesammtung) composée
des trois duchés d'Anbalt-Bernbourg.Anbalt Dessau
et Anhalt-K(etben. Chaque duché forme un état iodé
pendant et indivisible, inaU dont les souverains se
succèdent les uns aux autres. Le gouvernement est
une monarchie pure, limitée seulement en matière
u'im]i<5lS par l'avis des ElMfi (Anhaltsche Laiidscha(l),
composés des délégués des trois duchés. Quelques
instiiuiions admiiiistraiives sont communes aux trois
Etats : le conseil politique de l'Union {(.esamnilralh),
les Aicliives(Gesammtarc/i!ie), la Cour suprême d'ap-
de Styrie et grand èchanson de Cai intliie, qu'e.\erce pel à Zerbst, qui est en outre cour d'appel pour les
le doyen de la maison. Ils sont catholiques.
Recium, Rey, l' Arsatia des rois parihes, etl'ancienne
lihagès de la Bible, où se passa l'histoire si intéressante
et si louchante de Tobie, était au xi« siècle la rési-
dence des sultans seldscbuks, et une ville importante
lie l'Asie par sa grandeur, sa population et ses mo-
numents. Aujourd'hui ce n'est plus qu'un village du
nom deChabr-ab-Doiilazini, avec 5à 400 ramilles, dans
l'Iiak-Adjemi, province de Perse. On y voii d'im-
menses ruines et trois tours énormes qui sont en-
core debout. Il y a aussi une belle mosquée, et le
tombeau du saint niabométau qui a donné sou nom
H ce village.
lUyio Ascania, vel Anlmliina, le duché d'Anhalt.
C'est une ancienne principauté de l'empire d'Alle-
magne, composée de plusieurs parties isolées et en-
clavées dans les provinces prussiennes de Brande-
bourg et de Saxe,eientre cette dernière et le Bruns-
wick; entre ol» oV et 52° 7' de bit. nord; 8° Ô4' et
1 0° 10' de longitude est.— 2282 kil.carr. Pop. 150,000
hab. dont ÔOUO juifs et 500 catholiques. — Pays gé-
néralement plat et peu élevé; point culminant 010
ni., dans les contreforts du Harz.Cuiirsd'euu: l'Elbe,
la Saaie, la Mulde, la Wipper et la Bode. Sol sa-
blonneux sur la rive droite de l'Elbe, partout ailleurs
irès-lertile. Sources principales de richesses, la cul-
ture et l'élève. Récoltes surabondantes de céréales,
froment, orge, avoine et blé noir, de lin, de fourra-
ges, de fruits, de houblon et de tabac ; un peu de
garances; forêts occupant 44,0110 hectares ouïe
ciiiqu;ènie du sol. Elève considérable de gros bé-
tail, moutons et chevaux de races améliorées. Ex-
ploilalion, dans le Har/;, de fer, argent, cuivre,
houille, vitriol, soulre; sources minérales d'Alexis-
bad et autres. Hors du Hari,exploiialion de gypse et
de bel ocre. Industrie manul'actor.ére peu impor-
tante, et dont les branches principales sont la fa-
brication de ia bière et de l'eau-de-vie de grains et
le trav il des minéraux exploités : loiideries de fer,
forges pour taillanderie, lerronnerie et armes. Par-
mi les antres produits fabriqués : les lainages, les
toiles, les poteries, les cuirs, le papier et le tabac. Le
pays est compris dans l'association prussienne des
douanes, et fait un commerce considérable en pro-
di ux principautés de Sobwarzbourg, la représenta-
tion diplomatique à la diète et prés des cours de
Vienne et de Berlin. Les ailmiiiistraiions des Qnan-
ces et des troupes sont entièrement distinctes. La
jnui-sance de certains domaines et privilèges, le
dmit de convoquer les Etats et de diriger Its instiiu-
tions commune'' aux trois duchés, constituent le sé-
niorat de l.i maison 6' AnU:i\l (Anliallsche S, nioral).
Il passe toujours au plus âgé des ducs régnanis, avec
le titre d'ainé et directeur de la maison et des Etats
d'Anhalt (Ober-Ùireclor, Senior des llausii, et der
Lanilschafi). La régence administraiivede Bernliourg
est en même t' mps chancellerie du sénioral. Les du-
chés d'Anhalt ont chacun une voix à la diète d:iiis
les assemblées en plénum ; dans les assemblées ordi-
naires, ils n'ont qu'une voix, collectivement avec les
deux principautés de Schwarzbourg et le grand-du-
ché d'Oldenbourg. Leur contingent à l'armée fédé-
rale fait partie de la divisioii d'infanterie de réserve.
— La population d'Anhalt appartient à la religion
protestante ; au culte évaiigé!ii]ue-uni dans les du-
chés de Dessau et de Bernbonra; ; au culte léformé
dans le duché de Kœthen. Les écoles y sont nom-
breuses ; les villes de Dessau, Kœthen et Beriibourg
ont des écoles normales d'instituieiirs primaires ; les
iiiênies villes, avec Zerbst ei Ballensiedt, ont des
écoles classiques, dont la plus importante est le
gymnase de Dessau. Dans cetie ville se trouve aussi
une école isiaélile pour le haut enseignement etl'en-
seigiicmeni commercial.
I Anliall-Cernburg {llenoglhum) , franc, duclié
d'Anball-Beriibourg, Etal de la confédération germa-
nique : capitale Bernbourg, résidence du souverain
Ballenstedt. — Coinposé de quatre territoires isolés et
bornés ou enclaves par la Prusse, le Brunswick et
les autres duchés d'Anhalt : le territoire du Hartz ou
du haut duché {Ob r-Henogihum), le plus considé-
rable ; les territoires de Bernliourg et deMùblingeii
sur la Saale, et celui de Koswig sur l'Elbe, formant
ensemble ce qu'on appelle le bas duché [Uiiler-
HerzogtUum).— \i,\9 niill. géogr. allem. ou 780 kil.
carr.Pop. 50,0J0 hab. — L'adminisiraiion centrale est
le Collège de Régence ( Landes-Regierung's-Kolle-
gium), qui est en mime temps le tribunal d'appel du
593 GEOGRAPHIK DES LEC.V.
duché, et a son siège à Bernboiirg. — Revenus esii-
roés à 1,030,000 fr.; délie, à 1,360,000 fr.— Coniiti-
gent à l'armée fédérale, 570 liornmes. — Division ad-
ministrative et judiciaire : neuf Amubezirks, dont
cinq dans le haut duché, ceux de B;ilknst<'dt, lloym,
Gerarnde , Harzgerode et Giiniersberge ; et quatre
da' s le has duché, ceux de Bi-rnbiHirg, Plc.tzkau ,
Miililing<-n et Koswig.— Le duché renferme sept vil-
les, un bourg et 54 villages.
I Anlialt De'sau (Ihrzogtlium), fr. duché d'An-
lialt-Dessau, Etat de la confédéralion germanique ;
capitale l)e=sau. — Territoire composé de quatre por-
tions isolées et enclavées dans la Presse elles autres
duchés d'Auhali. I.a portion la plus étendue esi celle
de Dessau, sur la MulJe, les trois autres sont celles
de Zerbst, de Sondersleben et de Gross-AMebeii.—
15,52 mill. géogr. alleni., ou 842 kil. carr. Pop.
60,94") h;ib. — L'admiuislialion centrale est le mi-
nistère (Ministerinm) composé des chefs des hautes
administrations.— Revenus évalués à 1,200,000 fr. ,
non compris ceux des domaines parliculiers du duc.
Dette. environ 2, 000,000f. Contingent à l'armée fédé-
rale, î)29liom.. Formant un bataillon de ligne. — Divi-
sion administrative et judiciaire en sept Amisbe-
zirks : de Dessau, Oranienbaum, Qualendorf.Grobzig,
Soni!ersleben,Gross-Alslehen et Zerbst. —Le duché de
Dessau renferme huit villes , deux bourgs et 116
villages,
I Anhall-Kœihen (Henogtlmm), (r. duché d'An-
halt-Kœth. n. Etat de la confédération germanique ;
capitale Kœihen. — Territoire c mpo^é de quatre
poli, ns isn'éps dont la principale est celle de Kœ-
ihen, sur la rive gauche de l'Elbe; les triis antres
sont celle de Warmsdorf . sur la Wipper. celle de
Ro.-lau , *ur la rive droite de l'Elbe , et celle de
Dornburg. — 12,07 mill. géogr. .illem., ou C(jj kil.
carr. Pop. 40,000 liab. — L'adminisirati.m ceolrale
est le collège dirigeant (Landes-Direktions-Kotle-
gium). — Revenus évalués à 1,200,000 fr.; dette, à
8,000,000 fr., occasionnée enpariie par l'acquisilinn
faite, en 1828, du teriitoire li'Ascania-Nova (55,000
liect.l, dati» le gouvernement russe de Tauride, dé-
claré propriété inaliénable de la m.iisou d'Anhalt.
Contingent à l'armée fédérale, 325 hum. — Division
aduiiiiislrative ei judiciiire en six Amlsbeziiks : de
Kœthen, l'.einsilorf, Nienburg , Wulfen, Warmsdorf
et Ko>lau. — Le duché renleroie quatre villes , un
houig et 'j5 villages.
La maison d'Anhalt, ou Ascanieiine, est une des
plus aiicieimes maisons souveraines d'Allemagne.
Esikon, comte de Ballensiaedi, vivait au commence-
ment du xi« siècle. Son peiU-fils, Ution le Riche,
épousa Eilica, fille de Magnus, dernier duc de Saxe,
de la f.iuiille des liillungs. Leur lils Albert, sur-
nommé rOuis, obtint le inaigraviat du Nord ou de
Soltwedel , ensuite appelé margraviat de Brande-
bourg; il est la sonche des quatre lignes de la mai-
son Ascamenne qui ont régné, et dont une seule
eiisle encore. Albert transmit le margraviat à son
NDES AU MOYEN AGE. W*
(ils atné Otinn, dont les descendants s'éleignireni en
1320. Bernard, son troisième (ils , lui succéda dans
le comté de Ballenstsedt, et fut nommé en 1180 d' c
de Saxe. Henri, (ils aine de Peinard, préféra Ift
comté de Ballenstsedt au duché de Saxe , qu'il laissa
à son cadet, et prit le titre de prince d'Anhall; ce
cadet, Albert, est la souche d'une suite de ducs et
électeurs de Saxe qui s'éteignirent en 1422, et des
ducs de Saxe-Lauenboiirg, dont le dernier mnuriil
en 1G89. De Henri, premier prince d'Anhall, des-
cendent tous les ducs et princes d'Anhalt. En 1603
cette maison se divisi en cinq branches, nommées
de Dessau , de lîernhourg, de Plœizkan, de Zcrbsi
et de Kœihen. La dernière s'éteignit eu 1665; la
branche de Plœlïkau prit alors le nom de Kœihen. La
branche de Zerbsi cess;i en 17'J3, et ses possessions
furent partagées entre les trois lignes qui subsistent
encore. — La maison d'Anhalt jouissait, à la diète
de l'Empire, d'une seule voix que porlail le doyen
des princes régnants de la famille ; elle était entrée
en 1807 dans la confédération Rhénane. A la diète
de la confédération germanique , elle participe, avec
Holstein-Oldenbourg et Schwnrzbourg, à la quin-
zième voix ; dans l'assemblée générale , elle a trois
voix particulières , les vingt-deuxième, vingi-troi-
siéme et vingt-qnairième. — La maison d'Anhalt
n'a jamais renoncé à ses prélenti ons à l'électoral do
Saxe et au duché de Lauenbnurg, comme do>cei)dant
de Bernard, premier acquértur; loiiiefois l'élecinrai,
en tant qu'elle peut y avoir droit, se borne au cercle
et à la ville de Witlemherg , qui appartiennent au-
jourd'hui à la Prusse.
Regio, vel Ager Ciileteniis, le pays de Caux, qui
forme aujourd'hui une grande partie du diocèse de
Rouen et du départ, de la Seine-Inférieure; il com-
prend l'arrondissement du Havre, l,i presque tota-
lité des arrondissements de Dieppe et d'Yveloi, ci
une partie de celui de Neufcliàlel. C'étaii ancienne-
ment un des quatre pays qui composaient le vaste
diocèse de Rouen. Son nom latin est pris des peuples
appelés Caleles, qui l'ont habile, d'où est venu, par
corruption, le nom de Caux. Le pays de Caux, de
forme triangulaire, avait environ 64 kil. de long sur
autant de large, et s'étendait depuis la banlieue l'c
Rouen jusqu'à la mer, dans laquelle il s'avance, et
fi rme un proiTiontoiire en pointe, appelé Chef-de-
Caux. Ses limites étaient : la Seine, l'Océan et la Pi-
cardie, le pays de Bray et le Vexiii ni^mand; Dieppe
en éiait la capitale. Cette contrée a fail sucressiv(!-
menl partie de la Gaule Belgique, delà Celtique, de
la Lyonnaise seconde, enfin de la Neiislrie et de la
Normandie. — Onze rivièrO'i assez petites, el éloi-
gnées les unes des autres, arrot-ent le pays de Caux,
mais ne l'empêchent pas, dans les sécheresses, de
ressentir la disetle des bonnes eaux. Deux de ces
rivières prennent leur cours du nord au midi, et se
jelient dans la Seine ; toutes les antres coulent dii
sud au nord, ou du sud-est au nr)rd-ouest, et se dé-
chargent dans l'Océan. Les plus cohsidéraMes sont ■
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESïASTIQOE
Scie ou Sie, l'Arques et ainsi que celui de Cambre-
595
la Paluel, la Janoe,
l'Eanne. —Le lerriioire du pays de Cauii esl Fe-
nommé pour sa fertiliié, et surtout pour sa lieile
culture. On y réc ille une grande quantité de céréa-
les de lonie espèce, beaucoup de lin et du clianvre
de 1res belle quililé. On é'èvc dans l'arrondissement
de Dieppe les cbevaiix de selle connus sous le non)
de bideis d'allure, et qui sont irès-recbercbé^. Les
pâturages y sont excellents. Aussi les ve:iux gras,
dits de rivière, et les moulons de piésalé, ont-ils,
dans la capitale, une réputation méritée. Les \olail-
les, el surtout les poules noniniées gélinoies de Caux,
sont très- esl. tuées pour la délicatesse de leur cliair.
Le giliier y esl abondant et !e poisson exquis. On y
recueille une grande quantité d'oxcelletits fruits,
dont la culture est («Uement du goiit des liabilants,
que les bourgs, les fermes et les vilhiges soûl en-
tourés de lommiers el de poiriers; li <aiu aan,;
même est plantée d'arbres nliijnés, (|ni n'empéclieiit
pas qu'on n'y fasse d'abundames récoltes, tant le sol
en esl fertile. Le principal couimcrce du pays con-
siste en toiles brunes, toiles de ménage, toiles à voi-
les et pmpres aux emliallag' s; en cuirs, en papiers,
en cartes à jouer, eu dauias de fil rayé; en volaille,
en marée, etc. Il y a plusieurs verreries. — Les
productions minérales sont des cailloux cristallisés,
des fleurs, des sialaginiies, des géodes, et toutes
snrles de fossiles. — Les Cancboise; sont connues
pour la beauié de leur teint, la richesse el l'élé-
gance de leur parure. Leur coiffure esl siiigulièie,
par sa forme et son élévation, mais souvent ircs-ii-
cbe, à cause des broderies et dentelles dont elle e^t
ornée. Un bonnet de Cauchoise a quelq lelois coûté
lOOécHS, et servi de dot à celle qui (e portait. —
Ce pays est très-peuplé; l'on y coiDptait environ
600 paraisses, y compris les villes et les bourgs. Il
y avait beaucoup de noblesse et de terres litiées. La
coutume de Caux était peut-êiie, de toutes, la plus
favorable aux aînés ; ils la tenaient des anciens
Normands et Saxons, chez qui l'abus de celte légis-
lation domaniale était si fort, que l'oti attribue en
partie les incursions des Normands à l'obligation où
se trouvèrent la plupart d'entre eux de cliercber de
nouvelle ^ terres.
Regio Cumeracensis , le Cambresis, compris dans
le diocèse de Cambrai, et qui lait aujourd'hui partie
(lu départ, du Nord, était une province de h Fian.-
die-Française, qui n'avait que 10 1. de long sur 7 de
large, mais elle était très-peuplée; ses habitants
passaient pour vifs et laborieux. C'éiaii proprement
l'étendue de la chàlcllenie de Cambrai dotil elle por-
lail le nom. Ce petit pays, tombé sous la domina-
ton des Français dès le commencement de la mo-
I arcbie, avait, sous Clovis, son roi particulier, ap-
pelé Regnacaire, que le premier fil mourir. Il ;iva t
depuis fait partie du royaume d'Anslrasie, el, au
commencement du x^ siècle, on lui reconnaissait ses
«omles particuliers, vassaux des rois de Lorraine,
dont le dernier étant mort, le comté dei la ville,
soi;
furent donnés à l'évê-
que en 104.7. Le prélat en remit la garde à des elià-
telains, et celle chàielleiiie fui possétiée par des
connes de Flandre, des dauphins de France, el en-
suite engagée aux ducs de Bcurgogiie. Le roi n'a-
vait d'iiulre domaine dans le Cautbresis que celui
du bailljaL;e de la FeuiUée, qui ne rapportait pas
100 écus de revenu; il ne relirait du Cambresis et
de Cambrai que 3(l,00i/ liv. d'aides par au. Les Etals
foHi. Hissaient, outre cela, la plus-value des fourra-
ges, dont le roi ne payait que 7 sols 6 deniers la
ration. Li s droits sur l'eau-de-vie qui se consom-
iiiaii dans le plat pays, et les iuipôls qui se levaie:il
dans la ville sur le vin, la bière et le bois, ren-
daient tou> ensemble 58,000 liv. par an. Ce pays,
loiis-'lemp- séparé de la Fiance, el souiviis à des sei-
gneurs parliniliers, lui cédé à Louis XIV, en 1678,
pir le traité de Niniégue. Les lerres de Cambresis
simt un peu sèches, mais bonnes el lèrliles. On y
cullive louies sortes de jrains, et des lins dont le lil
esl si lin, qu'il a donné naissance il la uianxfaelure
des toiles de batiste ou de Cambrai. Les pâturages y
sont excellents, surtout pour les chevaux el les
moutons, d'^ntla laine esl d'une TiHesse singulière et
foil rechertbée. Le commerce de ce pays consiste
en grelins, en moutons el en laines, qn'o» débite
dans les p.iys voisins, et en toiles Unes qu'on tait
passer en Allemagne, eu Hollande, en France, en
Esp gne, et ménie aux Indes.
Hegio CIvtrisma, Chiiaresm ou Kharism (le pays
de), était une bmde éireile de tenarn entre l'Oxus
à l'orient ei la uicr Cas| ieime il l'occident; bornée
au sud par le Kh'Hâssau, au nord par le pays des
Tiiikmans. La population mciaugée avait tfes moeurs
pariieulièies ; sa langue difféiait du Turc et du pnr
f'oisan. Les villes ptincipales en étaient Kiirltendsc'i
ou Dscliordsclian», siii' la rive' occidentale de l'Oxus,
et Kal, su: ta riveorierrtale. Les schalis de Chuarcsm
résidaient à Kurfcendscl» ; ils ont j'Uié un grand
rôle dans l'iiisteiie politique de l'Asie au moyen âge,
sous l'empire des klialiles seWscliuks. Le dernier
scliali do Clmaresm. Pschelaleddin-Wnkberni, suc-
combi Sun- la puissance du rernble D-elieugts-Klian,
qui dés<ila loflt le pays. Le Chuaiesm esl classé p:ir
la géograplire moderiie dans le khanai rie Khiva.
Higio Ecclesiarnm Tiiiim, vet .4ri)ieHi(i, le pays des
Trois Eij ise*, OM l'Arméi(iv, grande cimlrée etlino-
grapbique d ■ l'Asie oceidi'iilale, dont le centre et la
partie principale esl le vaste plateau situé entre la
Caspienne i-l la mer Noire aiï Su t du Kour, et coni-
prenaiil la partie supérretrre rftr bassin du Tigre et de
l'Eiiphiate. —Ce plateau, d'une altitude moyenne de
te i») à 20O.> mèlres, sup|iorte dé iiombrcnses chai-
iii's- de montagnes, dont les points culminants, TATa-
r.ii ei idusreurs autrci inas-ils, s'élèvent nu-dessus du
niveau dos neiges nerpéiire'les. Il renferme les sour-
ces cl une grande partie <iu C'iirs de l'Eiiphrate, du
Tigre, A» Kour el de l'Araxe, et les bassins r)rmés
(Vs l;.rs (VOurmiah et de Van. Ses fertiles vallées
BîW
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOTEN AGE.
¥98
produisent en abondance et suivani leur élévation
des céréales, do tabac, du coton, du vin et des fruits
excellents. Les minéraux qu'on y exploite sont le
Ter, le cuivre et le sel gemme. — Celle contrée, qui,
pendant pins de 1900 ans et jusqu'au xiv» siècle de
notre ère, a figuré, mais avec des limites variées
aux diverses époques, parmi les Etals de l'Asie, est
encore habitée en partie par les Arméniens, descen-
dants du peuple auquel elle apparienail ; le reste des
fcabiianlssfcnmposede Turcs, Persans, Ru-ses, Tur-
kom:)ns, Koiirdes. L'ancien idiome arménien, im-
p(iri:iiit autrefois par une riche litlér.iture dont pres-
que tous les monuments ont péri dans les dév^isia-
tions auxquelles a élé exposé le pays, n'esi plus de-
puis loiiglimps que la langue liilérnire de la nation.
L'ariîiénien moderne isi dérivé de cel an' ien idiome,
mais il en diffère et |>ar ses foi mes gramniaiicales
et par ?a nomenclature aliérée par le mélange d'un
grand nombre de mois éirangers : persans, turcs,
etc. Los invasions ennemies et l'oppression du pays
ont depuis longtemps forcé un grand nombre de ses
liabiianls à l'abandonner. Les Arméniens émigrés
forment aujourd'hui, comme les Juifs, des comiuu-
naulés plus ou moins nombreuses répandues dans
tout l'eiiiiire Oitonian, la Perse, l'Inde, la Russie,
la Hongrie ei d'autres pailles d' l'Europe, dans l'A-
fri(|u«ei jusque dans l'Aiiiérique. Partout ils se font
remarqner par leur industrie et s'adonnent presque
exclusivement au commerce. Leur nombre total a
été évalué a 2,000,0(0, dont les deux tiers habitent
laTurqtiie; dans Consiantinople el les villagesenvi-
ronnanis, leur nombre, dit-on, ne s'élève pas à
meins de 200,000 L'Arménie est aujourd'hui par-
tagée entre la Russie, la Turquie el la Perse. Ses
villes principales sont Erivan, ErzeToum, Nakhit-
schevan, Akhaitzikh, Van, Bldlis, Djoulamerk, Kars
et Diarbékir.
Le territoire de TArménie est assez difficile à dé-
terminer d'une manière ceriaiue : il sulfii de dire
qu'en y ajoutant toutes les provinces qui composè-
rent son domaine au temps de sa prospérité, elle
égale à peu près l'étendue actuelle de la France.
Les cent bras de l'immense cbaine du Taurus la
cotipeni dans toutes les directions; çà et là s'élèvent
des pics gigantesques perpéiuellement couverts de
glaciers et <le neige, alimentant de grands cours
d'eau, qu'on croil être les quatre sources des fleuves
qui arrosaient le jardin du premier homme. Si pen-
dant les jours de l'innocence ce lieu était le paradis
de la terre, il faut avouer qu'après la chute dont
elles forent le théâtre, tes mêmes contrées ont élé
maudites et réprouvées ; car nul pays n'est plus ai-
tristant et plus ingrat pour ceux qui riiabiient. L'hi-
ver règne toute l'année sur le plan supérieur des
montagnes, et les frimas ne cèdent dans la vallée
qu'aux feux d'un soleil bient()t dévorant et intolérable.
Quelques plateaux, comme ceux d'Erziugam, d'Ak-
char.où «e trouvait l'ancienne Nicopolis, d'Erzeroiim,
d'Anietde Van, se distinguent par nne heureu.'ifi l'eni.-
lilé, eisontcommelesgreniersdercseï vedela popula-
lion; le resledu sol semble moins fait pour l'homuie que
pour ses magnifiques troupeaux. Le peuple arménien
a pu jouir anciennement d'une opulence temporaire ,
comme on le voit à l'époque du roi Tigrane, dont
les innombrables soldats, tout resplondissants d'or
et de pierreries, allèrent se faire battre par la poi-
gnée de Rimiains que comniandaii Lucullus. Mais ce
peuple avait des voisins tioji puissants et à la fois
irop avides j our con-erver longtemps sa prospérité :
pris el repris par les grandes monarchies priuiii ves
de l'Orient, il fut ensuite su' cessivement foulé aux
pieds des Macédoniens, des Romains, des Perses,
des Grecs de Byzancc, des Arabes, des Persans, des
Mong(ds, des Géorgiens, des Turcs Seidjoukides,
OrloRides, Osmaniis eldes Kurdes. Aussi le terrain
est-il géiéralement nu el dé^e^t comme celui de oos
places publiques ; ei dans ceriaiue s provinces, telles
que le Va~bo'!ragan, il faut marcher plusieurs jour-
nées de suite avant de trouver le loit d'un chétif
réduit pour abriter s^ tête. Partout la renconlre
d'un arbrisseau est un phénomène exceptionnel sur
le passage des voyageurs, péniblemenl affectés par
la solitude de ces vallées, doni le labyrinthe fugiiil
et sans fin n'offre que de loin en loin des saules
penchés sur leurs fontaines, et de longues herbes
inutiles que dessèchent le soleil et les vents. Les
rares h.ibitants, échappés à des massacres séculai-
res, cragnant encore, pour ainsi dire, de paraître à
la face du jour, se réfugient sous terre, oii ils se
creusent des trous qui ne peuvent même être assi-
milés a nos éiables. Les Turcs qui les entourent,
non contents de les dnniiner superbement, les abreu-
vent d'avanies humiliantes, et eu exiraient les der-
niers paras qui ne sont pas entrés au trésor du pacha
ou dans k) bourse du collecteur d'iuipôis. Ces misè-
res expliquent la cause des lointaines émigrations
de ee peup e, dispersé depuis le fond de l'In le jus-
qu'au centre de la Pologne. Il déserte ses foyers et
renonce à sa nature première de peuple agricole et
pasteur, pour devenir la population marchande des
bazars de l'Orient. Il a ce irait de re^semblal:ce avec
le peuple juif, dont les misères lui sont en partie
communes. Pourquoi celle conformité de fortune ?
se serait-il aussi rendu coupable de quelque prévari-
cation qui exigeât une expiation sévère?
L'élude historique des peuples chrétiens de l'Asie
nous conduit à conclure que l'origine el la cause ef-
ficiente de leurs calamités sociales est leur défection
du centre de l'Eglise universelle : les preuves en
sont écrites en caractères sanglants à chaque page
de leurs annales. Eu effet, dès que l'hérésie de Nes-
lorius, assoupie après sa mort el réveillée ensuite par
Barsumas el les autres disciples de l'école d'Edesse,
se fut répandue dans 1 1 Syrie, la Chaldée, la Méso-
potamie ei la Perse , l'unité des communions chré-
tiennes éiaiil rompue, la puissance des peuples païens
de ces contrées profila de ces divisions pour réparer
les perles qu'elle avait essuyées sous le règne des
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESUSTIQUS. «M
Dés ce moment l'épée des Sas- parmi les Arménien! la paix et i'orthodoiie. Cet éiat
«iipereurs romain
sanides devint aussi reJniiiable a la cliréi lente, que
l'était auirefois pour Rome l'arc des Parilirs sous
les premiers Arsacule^. Les persécmions, SHSciiécs
au sixième siècle en Perse contre les orllindoxes,
étaient provoquées par les Nesioriens, qui, pour se
concilier les bonnes grâces des Sapor et des Chos-
roés, leur faisaient entendre que le moyen de résis-
ter aux souverains de Conslaminople et d'affailiiir
l'empire grec serait de détruire les populations Mlho-
liques qui senibl.iieiit en ê're les alliées. Que ga-
gnaiem-ils à ciMle trahison ? Ils appesanliss lient sur
le'ir lête le joug des infidèles, ei ils creusaicnl V»-
Idine de malheurs où ils snnt encore plongés. El plus
tard, ce même empire, quel avaiiiage relira-t-il de
sa rupture avec les Latins ? Il perdit les seuls alliés
qui pouvaient proléger ses Etats contre les envahis-
sements de l'Islamisme. La nation grecque le com-
prit promptement, et elle manifesta à pluf^ieurs re-
pri.ses la velléité d'une réunion. .Mais toujours il se
rencoiiirait qm^lques sophistes renouvelant les objec-
tions iiisoutenab'es de PholiusetdeMiihelCéruI lire :
le Patriarche, presque réduit au siège de Consianti-
nople, cerné par les infi lèles, écrivait avec le titre
l'.istuenx d'Evêque œcuménique, au pape, qui se con-
tentait de répondre en signant : c Le Serviteur des
serviteurs de Dieu. > Les moines illuminés du mont
Atlios prétendaient que la lumière émanée d'eux-
mêmes étiiii incréée comme celle du Thabor : et,
pendant ce temps, les Turcs s'avançaient dans la Cap-
padoce et la Bithynio ; ils franchissaient le Bosphore,
et acculaient ces orgueilleux dans leur capitale, qui
aédail bientôt aux assauts des janissaires de Moham-
mède H. — Mais c'est surtout à la nation armé-
nienne que s'applique avec justesse cette observation.
LepatiiarcheNeisèsd'Aclietarag convoquait, l'an 520
de notre ère, un synode à Toviti, où il osait impruu-
ver les décisions du concile générai de Chalcédoine.
La division se mil aussitôt dans les esprits et les
consciences : les uns préléraienl la doctrine définie
par les Pères de l'Eglise univeiselle et sanctionnée
par son chef, auxi iterpréiai.ons faillibles d'un mé-
trop'oliiaiii assisté de quelques vnriabedt (docteurs).
Les i.ovateurs, au lieu de discuter avec calme et de
s'éclairer sur des matières aussi importantes, recou-
rurent aux moyens employés par tous les dissidents :
ils mêlèrent à la question religieuse les intérêts po-
litiques du temps, et en appelèrent aux passions hu-
maines. Ainsi, comme les Nestoriens, ils persuadè-
rent au monarque persan qu'il éuit intéressé à briser
les li.'iis qu'une foi identique avait établis entre l'Ar-
ménie et l'Europe. Le roi de Perse lrou\ ail une
prnpo-ilion semblable trop avantageuse pour y fer-
mer l'oreille : assister les Arméniens schismatiques,
c'était les asservir. Première cause de longues guer-
res, dont les infortunes auraient dû c )rriger ces en-
fants rebelles. — Cent donze aimées se passèrent.
L'empereur Héraclius, qui revenait de la Perse vic-
lorieux et rappoilanl avec lui la vraie croix, rétablit
normal dura im siècle, au terme duquel Jean Us-
niensis renouvela par ses écrits subtils la dispute
presque oubliée. Le schisme recommença. En même
temps aux frontières apparaissaient les Arabes, qui
venaient, nouveaux Philistins, infliger aux prévari-
cateurs ta punition qu'ils avaient méritée. Les Grecs,
dont ils venaient d'abandonner la communion, leur
refusèrent tout secours. Ils furent, durant plusieurs
siècles, flagellés jusqu'au sang par ces ennemis nou-
veaux, auxquels se réunirent les hordes talares des
Mongols et des Turcs. La dernière dynastie armé-
nienne des Rhoupéniens, forcée par suite de ces
événements de se retirer en Karamanie (l'ancienne
Cilicie), se trouvant en contact avec les Cioisés, qui
venaient délivrer leurs frères d'Orient , forma le
royaume latin d'Arménie, qui résista aux Osmanlis
jusque dans le milieu du xiv° siècle. On le désigna
par le nom de royaume de la Pelite-.\riuénie, en
opposition au royaume de la Grande-Arménie, qui
exista dans les vi«, vu et viii« sièc'es. Alors le parti
orthodoxe, qui se conservait toujours secrélemeni,
leva la tête, et le remords se réveilla dans la con-
science du roi Léon. En recevant la couronne de la
main du cardinal Conrad, archevêque de Mayence,
il abjura l'erreur ei reçut son pardon du papeCéles-
tin 111. Plusieurs des patriarches de Sis envoyérenC
à Rome l'acte de leur soumission ; de ce nombre fut
l'illustre Nersès Claïensis, que ses vertus ont fait
ranger parmi les saints. Un autre Nersès, non moins
distingué, et qnl porta le nom de Lainpron, sa patrie,
tenta une réunion générale dans le synode de Rom-
Cla, où il prononça une harangue conservée comme
un des cliefj-d'œuvre de la littérature ecclésiasiique
des Arméniens. Mais la mon inopinée de l'empereur
Manuel rompit toutes les négociations : de nouveau
les Talares et le sultan d'Egypte firent des incursions
dans le pays. Au concile de Lyon, de> propositions
sincères de paix furent présentées par quelques pré-
lats; mais elles ne furent pas ratifiées par le reste
du clergé. Alors les Sarrasins reparurent : d ms la
Cilicie seulement, ils massacrèrent trente mille hnm-
mes, et en conduisirent dix mille en esclavage. Le
dernier des Léon alla mourir en exil à Paris. Les
infidèles se partagèrent leur proie : d'un côté, les
Turcs prirent la majeure partie du territoire et lais-
sèrent aux Persans les provinces orientales; tan lis
que les chefs kurdes, retranchés dans leurs monta-
gnes inaccessibles, mirent à cuntribuiion les cantons
du midi. Il y a environ dix ans, un quatrième com-
pétiteur plus redoutable venait aussi du fond du
Nord revendiquer sa part, et l'empire russe s'adju-
geait les terres comprises entre les cours de l'Arpa-
Soui et de l'Araxe. Là se trouve, an pied du mont
Ararat, désigné par la tradilion comme le point où
s'arrêta l'arche du déluge, le monastère d'Echemia-
zin, appelé par les Turcs le couvent des Trois Egli-
tes. C'est le premier centre spirituel de l'Eglise ar-
ménienne, et le lieu où saint Grégoire l'Illuminaieurt
«01
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN ACE.
602
apôtre de la nation, b&iii la basilique patriarcale.
Les successeurs de saint Grégoire y (ixèrenl leur
sicge, e(, tant qu'ils n'en étaient pas chassés ou at-
tires ailleurs par les nécessités poliiiqiies, ils ne ces-
sai>'nt d'y résider. Depuis le schisme l:i majorité des
Arméniens e^'t demeurée soumise à leur autorité,
bien que deux ombres de patriarcats subsistent de-
puis sept siècles à Sis, en Cilicie,ei à Aghibarnar Le
trône incrusté d'ivoire sur lequel leviciire génénl
(i'Arniénii! siège dans les cérénidiiies solennelles
vient de Rome. Les religieux du monastère sont en
fort petit nombre, com|):irativemeiit à nos couvents
d'Europe. Une dizaine à peu prés sont décorés du
titre d'archevêque ou d'évèqiie, sans dioct^se; on
compte autant de vartabeds ou dncieurs, dont la di-
gnité se subdivise en plusieurs degrés, selon l'éten-
due de leur savoir. Queh|ues-uns sont réellement
versés dans la connaissance de la langue et de l'bis-
toire de leur nation.
Du reste, Echemiazin a perdu son importance et
sa grandeur passées; il ne lui reste que l'autorité de
son nom, et encore chaque jour s'alTaiblii-'ille. Son
iiicorporaiion à la Russie n'a servi que lus intérêts
de l'empereur, qui voulait attirer dans ses Etats uou-
vellement conquis la population arménienne des pro-
vinces turques et pi-rsanes. Outre les concessions de
terres et la promesse de certains droits et privilèges
politiques, on faisait valoir aux yeux des Arméniens
l'avantage d'une réunion plus étroite à leur cher
spirituel. Par ce moyen, le gouvernement russe est
parvenu à enlever à la Perse quarante mille émigrés,
et soixante-dix mille à la Turquie. MjIs celte émi-
gration, fort nuisible aux in'érêts des deux Etals mii-
suluiaiis, a réveillé particulièrement l'aitenlioii sur
cette classe de sujets ; et l'on ne s'est plus snucié de
les voir franchir la frontière russe, soit pour accom-
plir des pèlerinages, soit pour aller chercher le mei-
ron ou l'huile sacrée que le Patriarche a seul le droit
de bénir. Ainsi la source principale de la richesse et
des revenus du monasière est tarie : bien plus, le
gouvernement turc défend à l'archevêque arménien-
scbismatique de Constantinnple de communiquer li-
brement avec celui d'Echemiaiin, ordre qui l'obli-
gera bientôt de s'arroger les mêmes droits. Cette
néeessité est douce au cœur d'un métropolitain qui
a , comme tous les prélats hétérodoxes orientaux, la
tentation de la suprématie. D'un antre côté, l'empe-
reur de Russie, concentrant dans sa personne le
double pouvoir temporel et religieux, ne doit laisser
au chef de l'Eglise arménienne qu'une prééminence
fictive et subordonnée à ses propres volontés. Il est
fort probable que le plan adopté depuis quelque
temps de fondre dans une sorte d'unité tontes les
sectes de l'empire, s'appliquera aux Arméniens comme
au reste des sujets. Déjà une administration sécu-
lière est organisée suivant ce but par le gouverne-
raeni dans le monastère, afin d'en diriger et surveil-
ler l'aciion ; déjà l'élection patriarcale a été complè-
tement modifiée. Il est vrai que la dignité n'est plus
mise à l'enchère, comme sous le régime des Persans
et des Turcs, qui spéculaient, à la honte du nom chré-
tien, sur l'ambition des candidats. L'investiture n'é-
tait conférée qu'à des prix énormes, et cet abus avait
démesurément accru la simonie du clergé, vice dé-
plorable qui consomma parmi les Arméniens, comme
ch. z les Grecs, la mi-ère de la nation ; parce que le
Patriarche, pour s'acquitter de sa dette, rançonnait
les évêqnes, les évé(iues rançonnaient les docteurs,
ceuv-ti les simples desservants, et ces derniers le
peuple, sur qui tout mal retombe à la lin. Sous ce
rap .on, il y a donc une amélioration réelle, mais
voyons jusqu'à quel point. A la mon du Pariarche,
les quinze prélats relevant de son siège et répartis
dans la Perse, la Russie et les autres contrées de
l'Europe, sont convoqués à un synode, ainsi que les
grimis de la nation appelés Icliekans, et les députés
descirporatiofis. Au premier tour de scrutin, on
choisit riuatre candidats; an second, deux seulement,
et le sort décide emre eux. Le dernier élu succède
alors à la chaire vacante de saint Grégoire, si toute-
fois la sanction impériale lui est octroyée. Donc l'in-
dépendance spirituelle d'Echemiazin a cessé; et cette
Eglise, qui toujours refusa la paternelle et libre pro-
tection du chef des Eglises, a lini par courber for-
cétneni li téie sous un cbel militaire. — Des catholi-
ques arméniens se simt réfugiés, à l'époque de la
dernière guêtre, dans la province russo-arménienne.
Leur position est critique. Ils ont abandonné le sol
de la Turqoie, espérant trouver daris les Etals d'une
pui-sance clirélienne un soulagement à leurs maux.
Mais leur espérance a été déçue, et voici qu'ils sont
réduits à regretter le joug musulman. En effet, si le
gonvernemenl tolcr.' encore les prêtres qui ont ac-
compagné les émigrés, ii ne permet pas tju'ils com-
muniquent avec leurs supérieurs spirituels restés sur
le territoire ottoman, et il interdit soigneusement
l'entrée de son territoire à lotit nouveau prêtre. De
la sorte, on espère que les liens religieux se relâ-
cheront et que les Arméniens orthodoxes perdront
insensiblement l'attachement qui les retient à leur
communion. Puis, comme la mort décime chaque an-
née quelques prêtres et que l'ituligence ne leur per-
met pas d'avoir une école, il ne se forme aucun jeune
lévile pour les remplacer. Donc, au bout de deux gé-
nérations tout au plus, ces catholi(|ues seront rede-
venus scliismatiques arméniens, à moins qu'ils n'em-
brassent la religion de l'Etat, ou que la divine Pro-
vidence n'intervienne pour les sauver. — De leur
côté, les scliismatiques, [ilus riches, plus nombreux,
occupant des fonctions publiques, ont la lâcheté de
persécuter ces frères malheureux. Ils ont bâti à
grands Irais, ainsi que les Oecs réfugiés, une église
dans la nouvelle ville d'Alexandropole, l'ancienne
Gumrn, et ils insultent orgueilleusement à la détresse
des fidèles qui ne peuvent célébrer les divins mys-
tères que dans des réduits obscurs et humides. Il
faudrait assister à la sainte messe dans un de ces
lieux qo'oii appelle églises, et être témoin de la \^\éià
603
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE EflCLF.SIASTIQUE.
604
8imple ei fervente des homme , (1rs femmes ci des
peiils enfants; les eniendre cli nter la liianiedoiii le
ion plaintif, el le« paroles, der rorhormia (Segneur,
ayez pitié de nuis), répétées en ninsse el avec mesure,
semlilent être le refrain d'un hymne de drmieur !
Outre Tiflis, Lori eî surinut Akhnt'siké, où il y a
plus de qiia;re mille caihnliqiies, on trouve d'antres
villages eiptièremenl cailiolinTies, tels qoe Kara-
Eklissé, TeiKJ-Dnnlak, Keftarhk, Palnlhi, Kazandji,
un antre bonrg du imin de Kara-Kkiissé, Arlm-Tepé
el Clianazir. Ils -onl dispersés dans la plaine qui
s'cie d an pied sepienllimal du mont A'a-fin'iiz, et
qui formait dans l'ancienne Arménie nne pnrii n du
plaiean de ("liirag. Quatre on cinq préires seni ment
sont clt.krafég de l'administration spir tiielle de tons
ces lieijx, séparés par d'.isse/. grandes dislances.
S»M» m>e prompte assistance, cette poprdation ca-
Ih'iliqne disparaîtra, comme celte d'Erivan et de
Nakcltivan , vilfes sitnées à 00 et HO kit. de là ,
ei que les icissions des Jésuites el des Dominicains
avui'i>t an retois gagnées 5 l'tglise.
Dans la Perse, le nombre des Arméniens a été
considéralilenient réduit par la dernière émigtaiion ;
il ne s'élève guère dans tout le myaiime (|ii'à vingt-
cJnq mille. Ils ont pour rUefs spi' ilnels il. ux évè(|ni's
schismaliques résidant à IN ki'liivan el à Djiilfn, pe-
tile ville qui forme comme on diS laubi uigs d'Ispi-
lian. Poi.r pi'rndre d'nn seul trait leur état religieux,
nous emplorPTons les propres paroles d'un varlahed
qni les connaissait bien : c En feise, les Arméniens
ressemblent aux Persans, et les Persans aux Armé-
lueiis; » mol qrfi exprimo avec esprit et nmliffé-
rence religieose (te ceux-ci, et li tendance tolérante
de cenit-là. Il est ceiiain que les Arméniens sont plus
Iteirreiix el plus considérés en Perse qu'en Turquie ;
ils peiiveni remplir de hautes charges, et comman-
der même des proîimes.
L'Arménie méiidinnale a un siège patriarcal, dis-
tinct de celui d'Ecliemiazin. Il s'appelle Aglitliamar,
dn nom de l'île où réside le prélat. Vnjci quelle en
puissance usurpée en se prévalant de la possession
de la relique de saint Grégoire, furtivement enlovée
il'Echeniiazin : car, entre les croyances absurdes po-
pularisée? par le scliisnie, il faut conipliT celle qui
fait de la seule présence d'une relique dans un cer-
tain livn, le signe de sa suprématie patriarcale. Le
bras droit de saint Grignire, transféré de Sis à
Echemiazin, lui avait déjà rendu, suivant lopininn
commune, te ilruit de prèéminenct^que ce siése avait
perdu momentanément, et dmit il (ut privé de nou-
veau Irirsqiie D vid réussit àli' dèrnher. Aïlitli mar
conserva peu di' temps ce précieux dépôt, parce :|ue
le patriarche d'Eoheniiazin employa tons les moyens
imaginables pour le recouvrer. Le roi de Perse, Ab-
bas, connaissait bien ce faible d.-s Arméiriens, puis-
qu'il eut soin île porter la iiême relique à DJulfa,
pour retenir dans cet endroit la colonie de raiMifs
qu'il y avait amenée. Quand Aghihmiar fut dépos-
sédé de celte relique, ses prélats lirent valoir, comité
droit an patriarcat, un autre trésor : < C'était l'autel
où célébrait saint Grésnire, c'était sa ceinture de
ctiir, c'ét ient le voi e e' les sandales {hoghntnp) de
saillie Rypsiniée.i Ainsi le léninignent les historiens
Jean Caiholicos et Vai tan. Telles sont les raisrms
qu'allégueni, pour légitimer leurs préteniions, ces
pairi ifcbes qui osent' parodier la puissance pontifi-
cjfe.
Pour arriver à Agbtbnmar, il faut traverser le ter-
ritoire des Kurdes, voyage toujours dangereux, à
cause de leurs dèprédati .ns. Le centre de la pro-
vince se trouve entre le lac de Van et Djezirèb. On
n'y parle pas le turc, et l'on peut dire que c'est un
pays indépendant, puisqu'il y a un !icy qui ne paye
aucun tîibiit d anciui employé turc. Les Kurdes sont
trcs-tnielliijeiiis et trè>-iniliisiriLMix : ils fabriquent
tout ee qui leur est nécessaire, ot ne lirent presque
r'ren des provinces environnantes. .Avec ces disposi-
tions ils ne Sont ccpeinlani pas riches; cela lient
sans doute à la passion du vol, qui est développée
chez eux à un très-h;iui degré. A chaque instant un
est l'origine: elle ne remonte pas au temps d'Uéra- bêy en dépouille un antre moins fort el ruine tous
ctius, comme quehiuesuns de ses partisans le veu-
lent faire croire, mais bien au comniencenient du
xri» siècle. L'an II 13 de notre ère, un descendant
de rillustre famille Pablavouui, Grégoire III, sur-
nommé Ugafaser, ou l'Ami des Xlurtyrs, parce qu'il
ai'aii recompo-é le martyrologe arinéiiien, l'.ioiiia sur
la chaire de saint Grég lire, qu'il honora peuilant
cinquante-trois ans par son savoir et ses vertus.
C'était l'époque de la domination des croisés dans la
Syrie et la Palesline, oi l'autorité du smiver.iin pon-
tife avait repris de l'ascendant sur les coniniiininns
orientales. Grégoire envoya donc à la cour romaine
l'icie de sa soumission, par l'entremise d'une am-
bassade que décrii l'auteur tatin Otio de Freisingen.
Ce fui saui dou/e cet acte é^Liiaut d'orthodoxie qui
détermina le moine scliisniatiqiie David à raU'ier au-
tour de lui les sectaires obsLifiés, en se déclarant
Çalholico», ou patriarche d'AËhtliamat'. Il foiilUa »-i
ses villages. — Sur ta route de Djezirèb à Di.irbékir, les
vilhiges sont très-rares, et leur emplaremeni parait
avoir été délerininé par !e pins grand nombre de
cavernes nalnrilles qu'on a trouvées dans le sol.
Ces villages sont assez riches, car fur les points où
la terre peut être cultivée, elle est Irès-prodoctive ;
mais en général le manque d'eau se ftiit sentir, et
dans les grands intervalles sans culture qui séparent
les lieux hab tés, des citernes suffisent à peine au
besoin des voyageurs et des caravanes. La populi-
liou qu'on rencontre est presque eiifièrement com-
posée de chrétiens portant le cosiume arabe, et pir-
lant l'arabe de Syrie. La ville d'Argana, par laquelle
ou passe, est bâtie en gradins sur le A me d'un
immense rocher; elle possède des mines de cuivre
noir de mauvaise qualité. A 12 fcil. d'Aghthamar, à
l'extrémité orienfa'e du lac de Van, on aperçoit le
Château kurde de Paklewu. Ce château, dont le nm
ce:
GEOGRAPHIE 1>KS LEGENDKS AU MOYKN AGE.
606
iiiuiqiif une origine ariuciiionne, resseiiibie à nos an-
ciens manoirs féndnis : ilesl (1:in'iuéile qiiaire tours
penées de menrliicres; il esl bâli sur une tolline
rnide el élevée, au pied 'le laque!!' niugil un lorrenl.
l'èsia fin de sepien)l)rc, l'hiver con.mence dans ces
c nirérs, la neige blantliii le cercle des montagnes
qui envirnnneni !e lac, el une bise glaciale siiullle
lialiituellem 'nt. — On Iruuvn.à i kil.du lac de Van,
les ruines du couvent de INareg, (jui renferme le
t'inilieau du plus pruloud d> cieur, du plus parlait
écrivain el du saint le plus ieiidreii<eni fiieiix de l'E-
glise arménienne, sai it Grégoire Nnrégalsi, (|ui vi-
vai' » la lin du x° sièL-le. Ce tombeau aiiire un gr:ind
cnncours de pèlerins. Les Kurdes ont :icbevé de riii-
niT le mona-tére, et ils ont dénaturé l'élégant p ir-
t i|ue de l'église.
La Hier de Van, comme disent les Arméniens, e^t
un grand lac bleu et salé, qu'on appelle aussi mer
d'Aslilliam;tr, dn nom de li petite île ou du roc sur
le'iuel le monastère de ce nom est bà.i. Ce rnclier
n'.i que 900 toises de circuit. On n'y reirouve plus
les constructions royabs ;:itribuées à K:'kig, pre-
mier roi de la dynastie de-; Ardzéroinis, desipielles
'I bornas Ardzérouni, liisioiien is'su de la même mai-
son, a fait une description pompeuse ( ! ). — On ne dé-
couvre autour de soi (j^i'iin écneil aride ; pas un
pouce de terre vçgétali', e' parloiil li détresse et la
désolation. La prélendne di^iie de Kakig, (jne l'au-
teur ci-dessus mentionné compare an trav.iil gigan-
tesque attribué à Sémiiainis, ()ui se trouve près de
V.'in, au pied du mont Varak, aurait totalement dis-
paru sous les (lots cnvabis^ants du lac, et, s'il IV.ut
croire les babitanis de l'i'e, l'œil peut encore, dans
les jours de calme, en distinguer au fond de la mer
les derniers vestiges. Il ne reste que l'église, on
mieux la chapelle, dont l'arcbitectnre Tort médioire
n'a d'antre orig nalit(' que de grotesques et informes
bns-reliofs 'Culptés à l'exiérieur et rejirésentant l'bis-
toire abrégée de l'Ancien el du Nouveau Testantenl.
L'baliilalion du palriarebe est bâtie a\ec de la l>rre
déirempée dans l'eau mêlée de i aille, comme lou'.es
les maisons du pays. Celte manière de ronslriiire du
reste n'est pas particulière a l'Arménie ; elle eïisle
également dans certaines provini e% de France. Les
fenêtres, fermées par un sintj^e treillis, sont ouver-
tes à tous les venis, ou n'ont, en guise de vitres, que
des feuilles builées d'anciens maniscrils.
Le patriarche d'Aghthamar est, avec son clergé,
d'une ignorance cl d'une nullité affli.eantes. Pour
eux le monde se borne à l'ile d'Agliihainar el aux
villages arméniens répandus dans le Kurdistan
cl qui tombent sous leur juridiclion. Ils savent à
peine de la langue liiiérale ce qui est nécessaire pour
rimelligence de la liturgie. La bibliothèque du mo-
nastère consiste en une centaine de manuscrits pou-
dreux et entassés sans ordre dans un des coins de la
sacristie. La plupart de ces livres, incomplets el dé-
chirés, étaient des psautiers, des copies de l'Evan-
gile, quelques traités <les Pères el des sermons.
Qu'est devenu le dépôt littéraire recueilli par les
patriaichfs précédents, et qni, préseivé par ta po-
sition avantageuse de l'ile, doit avoir échappé au
vandalisme d'Alp-ArsIan et de Timour ? L'ignorance,
la misère, l'épée des Kurdes, le joug des Turcs el le
mépris dos autres communions arméniennes pèsent
à la fois sur ces obstinés, dont le chef se complaît
crgueillensenienl dans sa solilu le, où il s'enta nd sa-
luer p.ir quelques bouches, du nom de Catliol.cos ou
patriarche universel.
Feu M. Saint-Martin, connu par ses doctes tra-
vaux sur l'Iiisloiri- et bi géographie du peuple armé-
nien, s' esl trompé lorsqu'il avance iine l'Eglise d'Agh-
thamar suii le rite et la doctrine des Grecs. La li-
turgie et le Symbole sont exactement les mêmes que
dans l'K-lise d'Lcbeiniozin, el louie la scission vient
de rétablissement d'un p;itriaica( indépendant du pre-
mier. Les deux communiotiS sont sépirées de la vé-
ritable Eglise, parce qu'elles icjetiont le conc le de
Chalcédoine.Ce n'e-l pas qu'elles sontenne t la doc-
trine complèie d'Eiitycbés.pirisqiron l'analhématise
comme complieed'Apollinaire.enceiin'il nie que Nc-
tie-Seigneiir Jésus-Cbfisl soil homme comme nous.
Mais, après avoir admis que le S luveur est Dieu et
hemmi' parfait, qu'il a souffert. selon la chair et non
selon la divinité, ils nir veulent cependant pas con-
e'iiie qu'il y ait deux natures en sa personne. Ils
parlasent l'i rieur des Syriens jacob'.les, des f.optes
et de tous les Monophysiles. L'unité de nature les
conduit à dire qu'il n'y a en Notre-Seigneur Jèsus-
Cbrisl qu'une schIb opération et qn'nne seule vo-
lonté. — C'est un fail bien digne d'attcnlicm que l'er-
reur, api es avoir placé une Eg ise hors rfn sein de
l'Eglise nniquc-y tifit aussitôt en elle toutes les sour-
ces de la foi el du la charité : c'e^t-à-dire, première-
ment, que la doctrine, au lieu d'être dévebtp-
pée par les lumières d'un enseignemcnl légitime,
resie incite el1;oni me frappée de slénlité théologie
que ; ei> second lieu, que le fnyer 'l'activité qui va
toujours se dilatant dans le catholicisme, et se reprt»-
duisanl chaque jour sous les mille inventions de Fes-
ppit évaiigéli'iue de sacrifice, est pont ainsi diTW
glacé par celle première négation, en sorte lyte son
•feu divin se retire des insiiluiiotw même où d'ordi-
naire il se maiiilèste. Le culte arméi^en-scbi-mali'-
que nous servira d'exemple. Le saint sacrifice de ht
messe, do.t i'Eglise catholique esl sainieinent pra-
digue, comme du miracle le plus grand d« la bont-4
céle^le^ et cninine du moyen le pins exrelleil po«fi"
la sanciilication de l'hoinme, esi rendu rare comme
une exccpiion, et sa célébration devient pins diffi-
c.le. O'abord il faut relranclier les jours de jeûne
si nombreux dans le rite arménien ; e suite A n'ar-
rive guère que l'on célèbre deux messes en un jour
dans la même é^W&a, et jamais elles ne peuvent èlre
diiessur le même autel. L'e8.pïil .tes sacremenls est
encore faussé dans leur apfdicaiion : ainsi le bapr
(1) Géographie de CaHciewu Aritiém; Vwiibe, iS22, — A'oMi'W/«>lri«Mie, page 152; Venise, 1805, ;^^<r
e/ ^
&fl
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
têire n'est administré à l'enfani que le huitième
jour après sa naissance; s'il menri dans l'intervalle,
certains vartaliecU, pour se justifier, aiment mieux
nier impliciietnenl le péché originel que d'avouer le
dérani de leur liturgie. La conliniiation est donnée
à l'enanl après le haplênie, et le simple prêtre s'ar-
rngi' le (ionvoir de la ennférer. L'Kucliari^tie est ad-
niMiisrée sous le^ deux espèces aux fidèles, qui se
p^é^ent.•lll dehnut à la sainte lahle. Le prêtre ne
consacre i|u'une seule hosiii;, et il la divise en aiiiani
de parties qu'il y a de communiants. De la sorie, le
lrcs-s:iinl saorenienl n'est pas toujours présent dans
lésçlise; l'I il fair ajouter que, soit par isprit de ri-
g<irisme, S"il par iiulilïéience, les communions sont
exirêmemeiil rares, non-seulement parmi les simples
fidèles, mais même parmi les évêques ei les varia-
heds. qui célèhrent à peine une fois l'an. Qui pour-
r.iiten outre concevoir l'excès inouï d'orgueil de
ce-; derniers? un docteur croirait déroger ii sa di-
gnité s'il recevait le Fils de l'Eternel des m^iins d'un
prêtre inférieur, ou s'il s'agenouillait à ses pieds pour
être absi'us. L'exlréme-onction , administrée par les
uns dans l'étal de santé ainsi que pendant la mala-
die , est entiérenieni supprimée par les autros ,
comme pouvant favoriser le relâchement , parce
qu'ille oCTre, disent-ils, au mourant un dernier
moyen de salut: éirange inlerprétaiion de la pré-
voyance miséricordieuse de l'Eglise, qui nous pour-
suit de ses grâces jusque dans les bras de la morl!
Le saciement de l'ordre est le mieux conservé
dans son intégrité primitive; et comme celte Eglise
a reçu ses cérémonies de saint Grégoire le Grand,
son rile ressemble presque eniièiement a celui
de l'tglise romaine. Toutefois, une différence essen-
tielle distingue le sacerdoce arménien, c'est la fa-
culté donnée ou même le devoir imposé au simple
prêtre de co.ilracter mariage. Tous les deid,rs, qui
forment la classe des desservants, correspondante
chez nous à celle des vicaires et des curé>, ont leur
eretsguin : tel est le nom que porte l'épouse du prê-
tre.
Les communions chrétiennes de l'Orient sont
schismaiiques et même hérétiques; mais la pratique
des devoirs qui coiiSiitiient pour le prêtre la partie
active du ministère, quelque altérée qu'elle soit, sub-
Eisle toujours. On doit même dire qne la cause de
celle aliération est le mariage, qui contraint le pau-
vre derder à travailler des mains pour faire subsis-
ter sa fimille. En effet, apiès avoir récité les mati-
nes au lever de l'aube, il va meure la main à la
charrue ou paître son bétail, lorsqu'il n'est pas oc-
cupé d'autres soins domeslii|ues, jusqu'à l'heure de
vêpres, qu'il chante au coucher du soleil, et qui com-
posent la seconde partie obligatoire de son bréviaire.
Il manque donc du temps et des moyens d'étudier ;
comment ensuite pourrait-il instruire ses ouailles?
Aussi semble-l-il s'être résigné à la nécessité hu-
miliante da son ignorance, en abandonnant la lec-
ture et l'instruction aux docteurs et aux vartabeds.
008
lesquels vivent dans le célibat , ain«i que tous
les autres supérieurs ecclésiastiques. Les derdeis ne
sont que leurs premiers valets, les haillons qui les
couvrent lus distinguent seuls des autres paysans;
ils s'empressent de rendre aux voyageurs les ollices
les plus serviles, pour avoir le droit, au départ, de
tendre la main et de réclamer leur bakchichf. Le
mariage est soumis à des empêchements plus sévè-
res que parioul ailleurs ; et cependant, lorsque les
réclamations ^oni appuyées près du patriarche par
quelque largesse, dn trouve les moyens de faire lé-
gitimer mê ne le divorce.
Les Armé iens soni appelés les grands jeûneurs
de rOiient, et ils méritent justement ce nom, puis-
que durant le-^ deux tiers de l'année ils observent une
abstinence rigoureuse qui leur iulerdil l'usage de la
viande, du poisson, de l'huile et dn vin. Cet cspiil
de mortification, véritablement louable en soi , dé-
génère néanmoins eu un pharisaïqiie orgueil, qui les
porte à accuser de relâchement l'Eglise romaine. Il
est aisé de reconnaître que l'intention de saint Gré-
goire rilliMiiinaieur, en institnnm ces jeûnes, était
de sanctifier pir la religion des privaiions rendues
nécessaires par la nature. Le pain, le lait et la chair
des brebis, tels sont les seuls aliments possibles
dans le pays; loul le reste est du luxe. Le dernier
paysan de la France ne pourrait supporter le régime
des gastronomes arméniens. Les fruits et la vigne ne
mûrissent (|u'en quatre ou cinq lieux privilégiés ; le
poi^sou, dont la pèche esl la plus abondante dans le
lac de Van, ne peut être pris que deux mois de l'an-
née ; et il se borne à deux espèces. L'abstinence de
la viande est >i peu une privation, que la majorité du
peuple n'en mange pas les jours où elle est permise.
L;i consiiiution saine et robuste de la race prouve ,
du reste, que cet alinreirt rr'est pas pnrrr elle uo be-
soin. La vie sédentaire des feiriines, coniinnellerrrent
renfermées ou assises, l'indolence des hommes, qui
ne portent pas au travail l'aciiviié érrergirpre de nos
ouvriers , expliqiierrt encore cette possibilité des
longues abstijiences. Quant à l'iiuile, elle esl si rare
dans le pays, (|ue l'on n'en trouve môme pas darrs la
ville d'Erzingam, l'urre des Cilés les plus considéra-
bles de l'Arrrréiiie; et d'ailleurs le patriarche ei les
évêques sont obligés d'employer l'huile de sé-ame ,
et même le beurre , porrr les orrclions de la liturgie.
— Le perrple arméirien esi profondéruenl rel.yierrx ;
et sa foi, (|uand elle s'attache à la vérité, est iné-
branlable crr présence de la persécution , conrrrre crr
ont fouriri lanl de preuves éclatantes les c iiho^iques
de Consiautinople et d'Angora. Il ne parl-ge pas les
préjugés et la partie hainerrse de ^es clieis spirituels;
il n'a besoin que d'être éclairé potrr abjirrer l'erreur.
Torrs les missionrraires qiri sonl verr is l'irrs'rrrire ont
vir leirrs peiires arrrplement récornperrsées. Oaris le
xiv<' siècle, urr frère doirrinicairr, Barthélémy de Bo-
I' gne, envoyé par le pape Jean XXII, s'établit à deux
journées de Tarir is , dans la petite ville de .Maraga.
Le lirnit de sa sainteté attirait à sa cellule tous les
;;
609
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
610
vartabeds d'alentour. L'un d'eux , Jean de Kerirai ,
neveu du priuce Giég"iie de ce nom, le vi^iia aussi,
et engagea avec lui une controverse sur la question
de la suprématie poniincale. Eclairé de la grâce et
guiJé par son sens droit, il se convertit à la foi ca-
tholique, et résolut noblement de iravail'er le reste
de ses jours à la pro|,ager dans sa nation. Parmi
les docteurs que la lecture île ses écrits avait portés
à Imiter sou esemi'le , il en clinisit douze , et fonda
l'association des Frères unis, qui durant trois siècles
ont éié les défenseurs et les apôtres de l'ortliodoxie
dans l'Arménie, la Géorgie, la Tartarie et la Crimée.
En ibSU ils avaient encore une maison àNakcliivan,
el la midtiiude des catlioliques qui remplissait le
pays était le fruit de leur zèle. Dieu bénit aussi les
travaux des Jésuites (|ui leur succédèrent à cette
époque; mais ceux-ci ayant été contraints par les
circons|;inces d'abandonner celte mission, la plupart
des brebis se sont dispersées ou ont péri, et le ber-
cail est resté désert. —L'Eglise catholique d'Armé-
nie n'est pourtant p 'int restée dans l'abanJon.
Rome, Veniiieet Vienne ont des élabli-seinenis des-
tinés à loriner l'élite du clergé arménien orthodoxe.
Un aiclicvèque de celte nation réside à Constanti-
nople. Un autre préiat, qui porte le titre de patriar-
che de Cilicie, habile au mont Liban; il a sous sa
juridiction des é»éques et des préires qui dirigent ,
dans l'Aiménie proprement dite, de nombreuses
chrétientés. A Djulla s'est établie une mission armé-
nienne, chargée d'évangéiiser ceux de sa natinn qui
habitent la Perse. EtTiflis, capitale de la Géorgie ,
voisine des conirées nouvellement conquises par les
Russes, a des missionnaires capucins que l'œuvre
de la Propagation de la foi a déjà secnuius.
I Arménie (Province d'), subdivision administra-
tive de Russie , dans le gouvernement de Tra scau-
casie ; sur la frontière de la Perse el de la Turquie;
chef-.ieu Erivan. — Elle comprend les dernières
Conquêtes assurées à la Russie par les traités de
Tourkinantseliai et U'Andrinople, la partie russe du
pacbalik d'AkhaU/.ikh et la piovince d'Arménie pro-
prement dite, située entre l'Arase et la chaîne de moD-
tagnes qui sépare le bassin de cette rivière de celui
du Kour. Superlicift évaluée à 23,000 kil. carrés.
Popul. 160,000 habitants.
Regio Lamentiana, l'ile de Saint-Laurent, ou Ma-
dagascar. Ces-t un vicariat apostolique, et le vi-
caire est ordinaiivment un prêtre du séminaire du
Sainl-E>piii, à Paris. La foi catholique fut portée à
Sladagaîcar au coinmencenient du xviif siècle avec
les éiabllsseinents Irançais dont elle pariagea les
diverses vicissitudes. Dans le cours de ce siècle et
dans le suivant, il s'éleva diverses réactions contre
les missiunnaiies. Il y a une trentaine d'années les
proleolanis ont songé à répandre leurs bibles parmi
le, populations de l'île. En 18-20, Radama, roi des
llovas, envoya un certain nombre de jeunes gens.
les intruduiie dans l'île. Il autorisa des missionnai-
res anglicans à former un collège dans sa capitale.
Après sa mort, arrivée en 182!), il y cul une réac-
tion contre les Européens et surtout contre le chris-
tianisme, qui fut proscrit par son successeur. Cette
mission, qui a été auirel'uis llorissante, n'est plus
que l'ombre d'elle-même. Les missionnaires calholi-
ques cependant n'ont pas cessé d'évangéiiser quel-
ques tribus. Comme tous les peuples saiivtges, les
M ilgaches, depuis irois siècles, se fniit entre eux une
guerre continuelle. C'est une cause de dépopulation,
et en même temps un très-grand obstacle à la pro-
pagation de la loi. Les indigènes délaissent la cul-
ture, pour laquelle ils éprouvent l'aver-iun iiui ca-
ractérise toutes les races sauvages. Uuoiqu'i s ai nt
un commencement d'organisation de sociéié, ils sont
très-arriérés sous le rapport de la famille, puisque
les frères épousent leurs sœurs et quelquefois les
fils leurs mères. Les Malgaches sont idolâtres, et ils
mêlent à leurs superstitions quelques pratiques em-
pruntées au judaïsme et au niaboiuélisme. Par une
circonstance historique assez curieuse, mais restée
obscure jusqu'à ce jour, l'Islam, qui a envahi toutes
les Contrées environnantes, n'a point pénétré dans
cette île. — Avant b s Portugais, qui visitèrent Ma-
dagascar de 1503 a to06, et lui donnèient le nom de
Saint-Laurent, cette île n'était connue en Europe
que par les lécits de Murco-Polo; cependait les Per-
ses et les Arab s y comin.;rçai nt depuis des siècles:
plusieurs savants géoiiraplies ont ménie penbéqu'elle
étjit la Cerné <ie Pline et la Ménulhias de i'iolémée.
Les Français la nommèrent ile Dauphiiie ; ma. s son
véritable nom est MudécasiC, quoiqu'elle soit géné-
ralement connue sous celui de Midagascar. Située à
l'entrée de l'Océan Indien, sur la route de la mer
Rouge, du golle Peioiquj, du Bengale et des lies de
la tonde, son gisement est à peu près nord- nord-est
el Sud-sud-ouest ; ses limites en laiiiude les 12"^ et
26^ degrés : son étendue est de liuO kil. enviruii de
longueur, sur une largeur de 4-40 kil., ce qui lui
donne plus de 3200 kil. de circuit et une supei licie
de près de 120,10'J kil. Ain.-i une partie de ceiie ile
est sous la zone loiiide, l'autre sous li zone tempé-
rée, el c'est dans un espace de près de qnatorz - de-
grés que les Européens qui ont teuié d'y lim er
des établissements avaient à choisir des terres pro-
pres à la culture. On peut évaluer à plus li'iin mil-
lion d'arpents celles qui sont d'une qualité supérieure
et d'un rapport assuré. — Des tleuves, de gr-imies
rivières et un grand noiitbie de riiisse.oix qui pien-
iienl leur source au pied d'une longue chaîne de
montagnes qui scp.ire la côte de l'est de celle de
l'ouest, arrosent toutes les parties de Madagascar, si
justement célèbre par la fertilité de son sol et pai la
variété de ses productions. Les deux plus hautes
montagnes de l'iniérieiir, Vigagora dans le nord, et
Botislinène dans le sud, ont une élévation de quinze
les uns en Angleterre, les autres à l'ile de France, * à dix-huit cents toises au-dessus du niveau de la
afin qu'ils y apprissent di\efs ail? mccnnitjues, pour mer : elles renfertneot, ainsi que la plupart des au-
DICTIONNAIKË DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Cil
1res monlagiifts, telles iiiic celles de Bey-Foiir, m'"
Boni moins élevées, des fossiles et des ininérJuv
précieux.
Il existe à Madag 'SC.ir six racfs d'honimes qni dif-
fèrent par les iraiis, quoiqu'ils aiont à peu près le
nênie langage. La premier o de ces races hab te la
côte de l'est; elle est composée des Bessiin-Saras,
des Aiita-Varats, des Bey-T;iri-\'iiienes, des Ania-
Tschiriies, (les Anta-Rayt-s, etc. Ces peuiiles sont
grands, bien faits; leur couleur est le miirron ]^us
ou moins foncé; la pinpail ont des traits européens,
et leurs yeux une expression de douceur et de bon-
té: leurs cheveux sont crépu'*, mais longs et fins. Si
l'on s'en rapporie à la Iraditioo, on doit considérer
ces peuples comme les vérit-ibles indigènes, ou du
moins comme les plus aiÉcieiis babiiants de l'île. —
0(1
Avant les conquêtes de Dianampouine et de fia-
dania, son fll'i, on pouvait considérer Madagascar
comme divisé en trois royaumes : Emirne, les Saca-
laves etBombétoc, car chacun de ces Et^ls avait un
roi; le dernier, soumis par Radama en 18i4, a éié
réltni à Emirne ; le second a conservé jusqu'à pré-
sent son indépendance et est devenu l'allié de a
reine des Hovas, en •vertu d'un traité conclu par Ra-
dama en 1825 avec le roi Ramilra, dont il épousa la
liUe Rasalime. — Les deux royaumes qui subsistent
en ce moment à .Madagascar sont divisés en pro-
vinces, subdivisées ellis-mêmes en une infinité de
jietils districts, conimandés par des chefs électifs,
choisis dans quelques familles considérées. Tous ces
petits chefs, avant Rad.inia, étaient continuellement
en guerre entre eux dans le but de faiie des prison-
Les Ilovis, qui sont établis à peu pi es au centre de nieis qu'ds écliangaieni contre les maTeliaiidises des
Pile, ont, a:ii-i gue les Anla-Ancayôs, leurs voisins,
ia couleur, les tr;iils et les liiibiindes di's Mal is.
Leurs cheveux, d'un noir luisant, sont dro ts, longs
et gros comme eeux des Indiens. — Les peuples du
Nord et ceux de l'Ouest, depuis la baie de Vouhé-
mare jus(iu'.î Antscinuéft et Malfiily, ont les cheveux
laineux, le nez épaté ei les lèvres grosses comme
lestalres; leur teint est d'un noir plus ou moins
lonré. — Les Anl:i-\nt>cian:ics cl les Siiealaves du
Sud onl quelque chose ilu Cafre et du llova, avec
lesquels ils se sunl mêles; leur teinl est d'un noir
plus on moins foncé. Les Ania-Aniscianacs el les
Saealavps du Sud sont les peuples les plus guerriers
de l'ile. Ils se >ervenl, pour parer les coujis de sa-
^Qves d'un bou<li''r rond en bois d'un pied de dia-
tnètrc; il est couvert d'une peau de bœuf. Toutes
les familles puissantes d'Ëinirne, la famille régnante
elle-même, assurent qu'elles sont originaires de
Mena-Bey, capitale des Sicalavis du Sud. — Les
ATia-ïmiinres, les Zaffi' Eroméuiens el les Z^fTé-
Ibrahini ont une origine commime : ce sont drs
Arabes établis à Madagascar depuis plusieurs siè-
cles ; ils Oui le teinl cuivré, les cheveux crépus, les
yeux vifs, et s'épileiit le haut de la tête, l'.es peuples
onl des livres écrits en caraelères ar.ibes, cl qui,
disent-i's, onl été apportés de la Mckke par leurs
ancêtres; ils savent 1<mis lire ei écrire, et l'on voit
chez eux un grand nombre d'écoles [lubliqties où
leurs enfanls apprennent à écrire le malga< lie avec
des caraetères ar;ibes sur des tableaux de planches
polies. C'étaient les Anta-Ynionis ipii foitruis-aient
des sécietairis à Dianampouine et à Radania, et qui
serviienl d'instituteurs aux Hovas avant qu'ils eus-
sent adopté les caraelères français.
On trouve à Madagascar une -ixième race d'hom-
mes coniuie sous le nom d'Aiitalotclies. Ils sont éta-
blis dans diverses parties de l'île, mais c'est dans le
Nord et dans l'Ouest qu'ils sont en plus grand iiim-
bre : ce sont des Arabes mahornétans une le com-
merce a attirés à Madagascar, et qui se soui mêlés
avec les Malgaches des conlrées où ils se sont
fixés.
Françiiis et des Arabes ; quehpicfois plusiein* de ces
(letiis chefs s'unissaient contre les suzerains de
leiws provinces, qui n'exerçaient d'ailleurs sur eux
aucune autorité réelle. Atijourd'lini toutes ces peu-
plades et leurs chefs sont soumis à une seule volon-
té, celle de la reine ib^s llov;i», avec rasseutiment de
laquelle oji pourrait parcourir les contrées le- plus
reculées et les plus sauvnges avec autant de sécu-
rité que l'Europe; car elle a eu soin d'établir par-
tout des magistrats civils ou militaires qni la re
pré-entei.l. Les Sacalaves du Sud étant, depuis Ifl
con(|uèle de Boinl>éi«c, le seul peuple de Madagas-
car qui, comme bs Hovas. obéisse à -un i^eul ctief,
b' couimeice européen piurraii trouver dans leur
pavs ia même sécurité qu'à Eiuirnc s'il faisuit ses
transact ons avec leur roi.
Dans l'Est, près des cotes où l'on trouve des jwrts
S[iacieux el >ùrs, tels que Teinlingue, qui contien-
drait plus de quarante vaisseaux de guerre à l'abri
de tous les vents et des ouiagans qui causent tant
de ravages à Mautice et à Bourbon, on voit, sur les
premières montagnes que l'on rencontre en s'avan-
çant dans l'inlériiur, des champs de riz, de cannes à
sucre, de patates suerées, d'ignames, de msinioe, de
maïs, de chanvre, de lin et de tabac dont la culture
n'exige que peu de sains; c'est là aussi que l'un
iiJiuve ces beaux bois de construction, tels que le
fDtiraba, le meilleur des Indes après le teck, et que
chacun a la faculté d'abattre et d'employer à son
usage. Les limons, les citroits, les oranges, les maix
giies, les bananes de plusieurs espèces, n'étant {>as
plus éloignés de la mer, od'ient aux équipages les
rafraîchi.sse4iients les plus variés. Dans le iSord, la
bie la plus saine et la plus commode est celle de
Diego Suarès, qui a été explorée en 1833 par la cor-
vette la Nièvre. Sa position est si avantageuse, que
les rivières qni se jeiieni dans ses poris assurent au
commerce des commuiiicatiiins faciles, taul avec
Bumbétoe et Antcianic qu'avec le pays des Sacala-
ves. Dans l'Ouest, le port de Mazang:iye, habite par
une (olonie d'Arabes el de Maureî^, a une belle ri-
vière navigable jusnu'à 'Jombéloc, capitale de l'aa
615
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
614
cien royaume de ce nom : son lerriioire est riclie en
troupeaux de bœufs (Jonipiés el sauvages; il a pour
limiies le pays d'Antcianao, an ceiiire duquel se
trouve un lac (|iil a plu^ de 100 kil. île circuil.
En quili.inl Boinbéioc, on rencculre le royaume
pulssani des Sacalaves : là ce sont des savanes ini-
nienses qui nourris'^eni de nonilircux troupeaux de
bœufs donipiés et sauvages, des niouinns à grosse
queue de l'espèce de ceux du Sénégal, des chèvres,
des milliers lU' tortues de terre qui sont d'au(aiil plus
abondantes que les Sacalaves ne mangent pas leur
clfair. Ou trouve aux eniboucliuies des rivières de
celte fertile contrée beaucoup de tortues de mer et
de cirrct-. <pii pioduiseut l'écaillé, et souvent sur le
rivage denoruies morceaux d'ambre gr:s. L'écuille
vaut à Maiiiiee et à Bourbon de '0 à GO francs la li-
vre; la ch ir de la lortuc se vend dans ces colonies
au poid-;, comme celle du bœuf et du ntouton. Les
Orientaux estiment l'ambre gris autant que l'or.
Cette côte a plusieurs baies vasies et sûres; celle
de Miiuroundava est la plus impnrtaule, i|iioii|H'ellc
soit la moins fréquentée par les Européens; elle n'e>t
qu'à trois journées de marcbe de Mena-Bey, capitale
desSicalaves du Sud, située sur la rive gauche du
fleuve d'du elle tire son nom. C'est sur les bords <le
ce fleuve ei à une peiiie distance d ■ la ville de Mena-
Bey, ou grande eau rouge, rpi'il existe une mii-e
d'or que l'on doii supposer abmulante, si l'on juge
de sa féconiliié par le minerai qui s'en délaclu: dans
la saison des pluies, et que les Saiala\es donnent
aux Arabes en échange de poudre et de toiles de
Suraie.
A cinquante lieues environ des côtes sont les vas-
tes forêts (l'Aui aye, formant pour ainsi dire une mu-
raille d'arbres touff.is qui sépare les p uplades de la
côte et les habitants d'Ambanivoule, ou des monta-
gnes de bambou, des plaines fertiles des lîesoiisons,
voisines des montagnes d'Ancove ou Em rue, au
centre desquelles e>t la ville de Tananarive, siégedu
gcuvcrnemenl de la reine Kanavale et île la puis-
sante bova. La dislance de Tamaiaveà celle capitale
est d'environ 2S0 kil.; mais en parlant d'VvoniIrou,
qui n'esl pas à plus de 1-2 kil. de ce porl, on peut en
faire prèsdeltiOen pirogue sur des rivières et sur
des lacs: ces lacs sont, le Nossi-Bey, le Uassoua-Bey
et le Rassi.ua-Massaye ; le ^econd est presque ans i
^rand que le lac d'Antciauac. — C'est dans les forêts
d'Aucaye que l'on tr' uve non-seulement, comme
près des (ôles, des bois magnilljues propres aux
ronstruclioi.s navales, m lis des bois p.écieax, lels
que l'éliéue, l'aloès et lesandal, el un ^'rand nmnbre
d'arbres qui pourraient êlie employés à l'ébéiiisterie.
Le fruit, l'éeorce et la sève de la plupart de ces ar-
bres, ainsi lu'niie inriniié d'arbusies et de plantes
qui Cl Dissent dans le pays, servent de teintures aux
Malgaches pour donner aux tissus de ralia, de coiufl
et de soie qu'ils fabriquent, ces couleurs vives et
brillantes que les Européens admirent. Le quinquina
gris, jaune et rouge, aussi beau que celui de Loxa,
n'esi pas plus rare dans ces forêts qu'un grand nom-
bre d'autres écorces précieuses, parmi lesquelles on
peut com(iter le sassafras, que le- Malgaches em-
ploient comme dépuratif. Quoiqu'il n'y ait pas de
mûriers à Madagascar, ou voit suspendus aux bran-
ches de ceriains arbres, dont les feuilles servent de
nuuriiiure aux vers à soie, des cocons d'une grosseur
extraordinaire; ils sont produits par des vers de
trois espèces différentes, et sont assez multipliés
pour mériter que le commerce s'en occupe. Les
Malgaches ne savent pas dévider la soie, mais ils la
filent comme de la bourre, et en font des lapis qui
servent à les couvir.
Des pirogues d'un seul arbre creu-é, qui coniieii-
nenl deux ou Irois cetits personnes, pourront donner
une idée de la grandeur prodigieuse de certains ar-
bres el de la puissance de la végétation à Madagascar :
ce sont ces arbres monslriteux qui servent d'asiles à
de nom! reux essaims d'abeilles qui font du miel
roui-'e, blanc et veri, et de la cire en abondance,
dont les Malgaches ne tirent aucun parti. On y trouve
du soccin, de la gomme gutle el de la gomme co-
pal qui renferme souvent des insectes curieux;ils
consci vent dans ce prisme leurs couleurs éclatantes
et toute la fraîcheur de la vie.
Les Malgaches tirent de plusieurs productions vé-
gétale-, tels que le raveiie-sara, qui rémiit au par-
fum du giroffe celui de la cannelle et de la muscade,
des lini'es, donliiuel(|ues-uues, qui sont aromatiques,
pourraieiii êlre ulibs à la médecine, d'autres à l'é-
conomie domestique. — Il est utile de remarquer ici
(|ue les arbres de Madagascar sont couverts d'oi ■
seaux rares, curieux et utiles, et le commerce pour-
rait tirer parti d'une espèce pariiculiére de maii
dont la chair est aussi bonne que telle du lièvre et
la fourrure aussi riche que celle de la martre el de
riiermine. Le gibier aquaiique est si abondant sut
les lacs et les rivières de celle ile, et il e-t si facile à
prendre, que, s'il était C"nservé par les pro'édés
nouveaux de Ouinton et de Colliii de Nantes, il
pourrait être utilisé pour le raviiaillement des bâti-
ments qui vont dans l'Inde, el qui ne consomroenC
aujourd'hui que fort peu de salaisons. Les porcs
pourraient offrir au commerce des ressources plus
grandes encore. Quoiqu'il n'y en ait pas dans toutes
les iiarties de l'île, un piéjiigé ne permeiianl pas a
tous les Malgaches d'en élever, ils sont cependant eu
si grand nombre à Emirue et à la côte oi ientale , et
coùieiit si peu, que l'exploitation de leur chair et d<5
leur graisse ne pourrait manquer d'être lucrative. A
Tananarive le porc le plus gras ne coiiieque 'i fr-
Ou pourrait tirer aussi quelque parti dans le com-
merce des jambons et des soies de sangliers, ces
animaux étant très-nombreux dans toutes les parties
de Madagascar.
L'indigotier et le colunnier des meilleures esjiéces
sont indigènes à Madagascar; le calier, le girofle, y
ont parfaitement réussi, et le poivrier y vient anssi
bien qu'à Sumatra. La vigne ne se trouve pas ailleurs
I)1CTI0^NA1UE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
615
que sur le terriioire d'Eniirne, d'uii il esl probable
(jii'i'lle esi originaire; le raisin qu'elle produit de-
vrait être bon si les Hovas le laissaient mûrir, et on
en récolterait assez pour faire du vin qni vaudrait
peiii-ètre celui du capdeBoniie-Espérance.— Les mi-
néraux sont aussi ricbes à Madagascar que les végé-
taux y sont variés : on voit en plusieurs endroits de
l'île, mais particulièrement sur les moniagnes de
Bey-Foiir, de beau cristal dont l'éclat produit au so-
le 1 un elTet merveilleux. Plusieurs moniagnes de Ma-
dagascar renferment dans leur sein d'excellent fer,
de l'étaiii vl de l'or, dont les mines vaudraient la
peine d'èire exploitées. On voit dans la vallée d'Am-
Luutp, près du fort Dauphin, à Bout-Zanaar, sur la
route de Tan^iave à Einirne, et en d'autres lieux, des
sources d'eaux thermales ferrugineuses ; et dans un
pays à qui la nature semble avoir tout accordé, on
finirait peut-être par découvrir la bouille, qui serait
d'une utilité immense aux bàiiiiients à vapeur qui
vont dans l'Inde (I).
Cei endant la populalion de Madagascar est loin
d'être en rapfiort avec son étendue et la richesse de
&es pmduits; cetie abondai. ce e:tt peut-être la cause
de l'apaihie de quelques peuplades fixées dans les
conirées les plus lavori^ée5. Plusieurs causes nous
ont paru supposera l'accroissement de la population
de cette île; la principale était la iraiie des esclaves;
aujourd'hui qu'elle a cessé, nous n'avons plus à in-
diquer que les épreuves du languin et du caïman, et
l'usage barbare, con-ervé eucore par plusieurs peu-
plades de Madagascar, de laisser mourir les enfanis
Dés à des jours malheureux ou à des heures répuiées
sitiislres. Quoi qu'il eu soii, les côtes sont beaucoup
moins peuplées que l'iniérieur. La population du
royaume d'Eniirne (2) ne s'élève pas pjr elle-même
à plus de 1JO,000 ànies ; mais, en y comprenant tous
les peuples qui lui sont soumis, elle peut êire de
1,500,000 âmes. Les Sacalaves et les peuplades en-
core indépendanies forment tout au plus 2,OO0,O; 0
d'âmes; ainsi, depuis t'aboliiioii de la traite des es-
claves, on peut évaluer la populalion de l'ile entière
à 3,500,000 individus.
L'ile de Madagascar éiaut sous le vent de Maurice
et de lîourbon, dont elle n'est éloigné que de 560kil.,
sa position géographique assure aux navigateurs de
Ces colonies des traversées heureuses et faciles qui
durent rarement plus de quatre à cinq jours quand
ils abordent à la côte orientale, et di.x à douze jours
quand Ils en reviennent, à moins qu'ayaut été attirés
(1) Voir Rochon, Voyage aux Indes-Orientales,
pag. S.
(2) C'est à tort que plusieurs caries présentent
Emiriie comme une ville; t'est le nom d'un myaume,
d'un Elat puissant, dont la capitale est Tananarive.
Le royaume d'Emii ne prend son nom d'une grande
rivière (|iii le ir.ner»e, et se jet:e dans le Mangourou
qui pa>»e dans le pays des Anlatchimes et près de la
ville d'Auboudéhar, sa capitale, située dans l'inié-
rieur, à me jnurnée de niarciie, dans le sud-ouesl
de MauDiirou. Le gouverueiiienl de Maurice avant
Toulu s'assurer s'il êiait possible de faire un port a
616
dans l'ouest, ils n'aient à lulier, pour gagner Mau-
rice ou Bourbon, contre les venis contraires et les
courants violents qu'ils sont presque toujours sûrs
de rencontrer au cap d'Ambre ou au cap S.iinte-Ma-
rie, quand ils ont à doubler ces caps en quittant la
côte occidentale.
Tous les avantages maritimes et commerciaux que
nous venons de signaler aiiirérent , dès l'an 1642,
l'alteniion de la France, et pendant prés de deuisiè"
clés les Français lurent seuls en possession de ci>m'-
niercer sur la côte orientale de Madagascar. Ils y
fondèrent successi»ement divers établissements qui,
depuis 1667 jusqu'en 1671 , dépendirent du fort
Dauphin, chef-lieu des possessions orientales de la
compagnie des Indes, et résidence d'un gouverneur
général et d'un conseil souverai i. Depuis 178b, après
l'abandon momentané de ces établissements néces-
sité par des circonstances locales, la France n'eut plus
à Madagascar que quelques postes de traite néces-
saires pour assurer l'approvisionnement de l'ile da
France et de [iourbon en riz, bœufs et salai-
sons. (3). Les plus considérables de ces postes, qui
étaient pendant les guerres de lempire à Foulpulule
et à Tamatave, où un agent commerçai et quelques
soldats les protégeaient, tombèrent en 1811 au pou-
voir des Anglais; mais le traité de Paris, du 30 mai
1814, ayant rendu à la France tous ses drnits sur
Madagascar,elle se décida, ayant perdu l'ile de France,
à rentrer dans ses anciennes pos»es.>ions, p'sses-
sions qu'elle a cessé d'occuper, à l'exception de la
petite ile de Sainie-Marie, où elle conserve encore
un poste militaire.
On sait que, dans les temps anciens, les exactions
de quelques agents de la compagnie et les moyens
de rigueur qu'ils employaient contre les Malgaches,
contribuèrent à la ruine de nos établissemeuis. Mais
la principale cause de nos désastres l'ut la division
des peuplades de l'ile et l'état de guerre permanent
dans lequel elles vivaient entre elles. On compren-
dra facilemeiil que cet état de choses ne pouvait of-
frir aucuue garantie au commerce ; car si les Fran-
çais faisaient un jour un iraité avec le chef d'une
peuplade, fe iraité avait si peu de valeur, que sou-
vent, dès le lendemain, une petite puissance voisine
de celle avec laquelle on venait de contracter
envahissait le lerriioire de celle-ci, et substituait
son autorité à la sienne. D'un autre côié, il était im-
possible de coniiaitre les ressources du pays et ses
besoins, puisqu'on n'aurait pas pu, sans s'exp serau
.Manourou, y envoya, en 1821, un incé ieiir accom-
pagné de son agent, M. Hastey. Ces me^sieur^ éiarent
protégés dans leur expluratlo.i par un : division de
troupes hovas, commandée par le prince Italaialah,
car on avait fait conipr--iidre à Kadama que, si les
travaux proje es à Manourou étaient reconnus pra-
ticables. Il aurait un jour, parla rivière d'tniiine, le
Mangourou et la rivière de Manourou, un débouché
pour les produits de son pays.
(3) Précis sur tes élablissenients (rançuii formét à
Madagascar, imprimé par ordre rie ramiral Duperré,
ministre de la marine, p. 2.
Cii
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
818
pillage, voyager dans l'intérieur et parcourir des
peuplades qui, étant toutes en gueire mire elles,
D'auriii«>nt pas manqué de punir nos agents des nia-
lions qu'ils auraient eues avec leurs ei^tiemis, et de
riiospitaliié qu'ils leur auraient accordée. Les (lèvres
eiidé iiiqurs qui alTaiblissaieiit nos garnisons se joi-
gnirent à ces fan>es pour nous élnigner de Sladag 's-
car; car la Fratice avait inallieurt useniful cluiisi
pour londer ses Ptalilissenients la partie la plus mal-
saine de l'ile, uii les marais soni presqui> part<iui au-
des'i'usdu nivciiu de la mer. Il eût éié cependant
fac le d"y fonder des cl biissenietiis dur.ibles, si un
s'é ait un i>eu plus occupé de répandre parmi li-s
iiiiligénes les connaissance^ qui leur sont nécessai-
res pour prép.irer el pieire en valeur les diverses
sub-ilances que pruduit leur pays. L'insalubrité d'une
partie de l'ile ne devait pas éire ui obstacle à sa co-
lonisation, si l'on a\ ail pu compter sur l'assistance
des populations; car avec leur concmirs il eut été
possible d'obtenir pour Sun assamissemeiit les mêmes
résii>iuts que les Hollandais oui nbtei<us à Jiva, où
ils sont parvenus à faire une colonie saine et flmis-
sauie, quoique cette ile soit bejucoiip moins grande
et moins férule que Madagascar et qu'elle lût d'a-
bord p'uo malsaine.
Le peuple liova, conquérant et dominateur aujnur-
d'Iiiii de la plus grande partie de Madagascar, doit
probablement son origine à l'une de ces ass' dations
malaises qui émigréreni dans les temps reculés et fu-
rent s'établir dans la p'upan des îles de l'Océanie.
Les traits, la langue, la couleur, les cheveux et les
habitudes des Hovas viennent à l'appui de cette opi-
nion, coiilirmée d'ailleurs par la tradition des autres
Magaches, qui n'ont aucune ressemblance avec eux.
Le peuple hova vécut jusqu'au ronimencement de ce
siècle dans le mépris que lui valaient de la part des
peuplades indigènes son caracière particulier et sa
qualité d'étranger. Cependant dès IKOS il commença
à sortir d'une manière sensible de cet état de mi-
sère ei d'alijeciion. Ce fm à Danampouine, père de
Radatna, qu'il dut sa pieniière oganisaiion sociale
el ses succès à la guerre, qui le rendirent bientôt
redoutable ii ses voisins.
Quoique celle peuplade ne fut pas nombreuse el
que son territoire n'eût pas une grande étendue ,
elle avait sur les Malgaches encore sauvages l'ascen-
dant que donne toujours à un grand nombre de for-
ces individiiplles une seule volonlé qui les dirige :
cet étal résultait d'un coinniencement de civilisation
qu'elle avait sans doute apporté de sa patrie primi-
tive. Les Hovas connaissaient les métanv et leur
usage; ils exploitaient des mines et cultivaient le
sol fertile qui les nourrissait avant qu'ils eussent
communiqué avec aucun Européen. Leurs mœurs
étaient bien différenies aussi de celles des Malga-
ches qu'ils commençaient à siibju^'ier. Ceu\-ci, jeu
occupés de l'avenir pourvu qu'ils eussent des fruits,
du riï et de l'eau, élaie.t sans ambition et sans
•mour-propre ; tandis que les Hovas. envieux de
DlCTIOMNAll^Ii; DE GÉOGRAPHIE ECCl. II.
tous les objets étrangers qui llattaieiit leur vae,
étaient capaliles d'un travail assidu pour se les pro-
curer : des pensées de domination el de fortune ve-
naient déjà troubler leur sommeil, et quelques an-
néi'S plus lard ils étaient devenus admirateurs en-
thousiastes de ni'S usages, de nos vêlements et des
produits de noire indus rie et de nos arts.
Had.ima, qui clierctiaii a attirer dans son nouvel
empiie d.s élranirer capables, réiissii à se procurer
quelques ouvrieis de .Maurice. Ce piiic", l't la i lu-
pai t des grands qui l't niouruieoi, avaient déj:» d.ins
leurs maisons une partie des coinmodi ésdonilesgens
aisés ne se passent pas en Kuiope, ei ils i liercliaieuc
à se pnicurer à tout prix les superfluiiés et Itj ob-
jets de luxe recherchés par les babi.auis de nos ci-
tés.
Cependant l'empire malgache que Uianamponine
avait fondé prit un accroissEiue ^t rapide sous Ra-
dama : ce prince parcourait l'ile pe -d mt six mois de
l'année à la têie de ses légions vii lorieuses qu'un
Soldat mulà're avait instruites el disciplinées; il
établit bientôt dans ses quatre parties pr ncipales
des garnisons et des gouverneurs généiaux, chargés
de inainteiiir en son absence les populations qu'il
avait soumises. Ces sortes de proeoinuls interve-
naient toujours eu son nom dans les affaiies civiles
et administiatives du pays, quand elles étaient d'un
ordre élevé. Les résidences de ces gouverneurs, en-
core les mêmes aujourd'hui, sont : faniative, Foul-
poiiite, le fort Dauphin et Ma/aiigaye.
Radama passait dans sa capitale le reste de l'an-
née, et l'employait ntilement : c'était pendant la
saison des orages et des inondations qu'il préparait
des conquêtes nouvelles, et qu'il s'occupait sans re-
lâche de la législation et de l'instruction de son
peuple. Un code militaire, qu'il rédigea pour ses
armées, devait sufiire .à un piysoù lout le monde
était soldai et soumis à la volonlé d'un seul homme.
Hadama établit à la même époque, sous la direction
d'un sf.rgent français, son instituteur, des écoles
publiques, où les vieillards, comme les enfants,
étaient admis gratuitement, et il ordonna que hes
caractères français, qu'il trouvait plus simples et
plus commodes que ceux des Arabes, seraient em-
ployés pour écrire le malgache : ils sont encore en
usage aujourd'hui. Des hommes d,- cinquante et
soixante ans, de vieux guerriers et de- courtisans,
voyant la néeessité d'étudier pour plaire au prince
et pour conserver leurs emplois, apprirent eo peu de
temps à lire et àéciire, ei en ijoelqnes nnnées celle
éducation i remière, regardée à Kmirne connue in-
dispensable, se propagea de caste en caste jusqu'à
celle des Ciron las, qui est la derniè'^e et la moins
considérée, liieutôi il fut possible de faire le dénom-
brement de la nation huva et des peuples qu'elle
avait conquis. Kadaraa organisa des ailininistrations,
et ht constater sur des registres les naissances el les
décès ; l'impôt fut réparti et perçu avec plus d'ordre
qu'auparavant par des employés spéciaux, et bientôt
20
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
619
une ligne de douanes (ui établie sur les côtes et pro-
tégée par les troupes du roi.
Radania étant mort en 18i8, non pas empoisonné
par une de ses fenimrs , ainsi que l'ont prétendu
quelques personnes mal informées, le pouvoir éclmt
à Ranavale , sa sœur consanguine et sa Vudy-Bey
ou priiicip:ile lenime. Le nouveau gouvernenieiii
conserva ce que le feu roi avait pris , mais il ne
chercha pas à fuire de nouvelles conquêtes. Sa do-
mination s'étendait déjà sur l'ile entière , moins une
partie de l'ouest et quelques peuplades guerrières
du sud établies entre le fort Dauphin et Manahar.
La reine reconnut et approuva le traité d'alliance
et de commerce fait par son époux avec les S;ica-
laves du sud , et malgré la défiance que son peuple
et son gouvernement avaient conçue < outre les An-
glais, malgré des préventions dont la date était an-
cienne , elle senipiessa de ratilier les traités laits
avec eux par son prédécesseur pour l'abolition de la
traite des esclaves, quuiiju'ils ne fussent pas à l'a-
vaniage de son pays.
Lorsque la France voulut rentrer, en 1829, dans
ses possessions de Madagascar , occupées depuis
longtemps par les troupes d'Emirne, l'ancien ordre
de choses était totalement changé : elle trouva ces
misérables peuplades qu'elle avait vues jadis disper-
sées et pres(|ue nomades, réunies en corps de nation,
et des armées régulières disposées ,i lui ré.-.ist(;r.
La population malgache est conipo>ee, comme
oous l'avons dit, de deux nation» dillérentes : l'une ,
qui est d'origioe étrangère, s'est rendue maitrcsse
de la plus grande partie de l'île : c'est le peuple liova,
chez qui la civilisation fait cliaipie jour des progrès
nouveaux.. Ce peuple dominateur est le seul à .Mada-
gascar qui connaisse l'usage île l'argent monnayé ,
qu'il emploie pour les ventes et les achats ; n'..yant
pas de billon, il coupe la piaslred'hspagne en so xanie
parties qui le remplacent. On ne seia pas étoiuié de
l'abondance du numéraire à Eniirne , si l'on remar-
que que depuis des siècles presque tous les esclaves
tirés de Madagascar par les colonies de .Maurice et de
Bourbon ont été v. iidus pa.- les Hovas, qui s'étaient
faits les courtiers de ce trafic, ei payés moitié en ar-
gent, moitié en m:irchandises. L'autre partie de la
population malgache est composée d'indigènes pres-
que sauvages, pour lesquels la civilisation n'a pas
encore paru jusqu'à présent avoir beaucoup d'al-
iraits. C'est avec ceux-ci que se fait un commerce
d'échange très-avantageux. On peut comprendre
parmi les (leuplades indigènes plusieurs colonies de
Juifs et d'Arabes établies depuis les temps leculés
en diverses localités ; ces étrangers , avant oublié la
plupart des usages de leurs ancêtres, sont tombés
dans un étal d'abrutissement pres(|ue égal à celui
des peuples avec lesquels ils se sont mêlés. Les Ca-
fres venus de l'intér,eur de l'Afrique, et établis dans
l'ouest de iMadagascar , peuvent être placés dans la
même catégorie.
Voici comment le commerce d'échange se fait à
620
Madagascar. Aussitôt qu'on s'établit s<ir un point ,
{■n fait venir chez le chef du lieu où l'on s'est fixé
des honnnes libres et aisés du pays qu'on appelle
commandeurs ; on en prend vingt , trente, quarante,
suivant la quantité de marchandises que l'on veut
écouler ; on remet à chacun de ces coiomandeurs ,
en présence du chef, les marchandises que l'on sait
convenables pour acheter deux ou trois cents bœufs,
chez telle peuplade dont on connaît le goût et les
ressources. Lorsque chacun a reçu son lot, qu'on ap-
pelle antouc, le chef fait tuer un bœuf, et tous les
commandeurs , plongeant successivement leurs sa-
gayes :lans ses flancs, jurent d'administrer avec éco-
nomie tt fidélité les intérêts ({u'oii leur a confiés ;
ils s'obligent à laisser pour garantie de leur gestion
leurs familles et leuis troupeaux, qui doivent rester
sous la main du chef jusqu'à leur retour : ils met-
tent ensuite le diine sur ce même chef. Le dime est
une imprécation d'une liaiiie portée à Madagascar ,
et il est très-rare qu'un ne suit pas sur d'un homme
qui a prêté ce serment terrible, conçu à peu près eu
ces ternies : i Que le chef un tel meure ; que sou
corps soit la pâture des caïmans et des oiseaux de
pro.e; que sa postérité, inauiiuani d'eau et de riz ,
soit dévorée par les chiens des forêts , si je fais le
moindre tort au blanc qui m'a confié ses marchan-
dises pour être échangées contre les pioductions de
notre p..ys. >
Ce serment prèle, chacun des comm .ndeurs s'ad-
joint trois ou quatre hoinines de peine que l'un ap-
pelle marmites. On donne par mois à cliacun de ces
marin, tes .iU grains de cidl ers, qui ne revienneat
pas ensemlile à plus d'un Iranc. Lorsque toutes les
marchandises sont divisées en petits lots et embal-
lées iians des feuilles de vakoua pour les préserver
de l'humidité qui pourrait les altérer pendant le
voyage, on les dirige vers les divers lieux de leur
expédition. — Le salaire qu il est d'usage d'allouer
à chacun de ces commandeurs consiste en tO grains
de colliers par mois, plus 10 grains pour leur dé-
pense, ce qui forme une musbC dont la valeur eu
fabiique est de '2 francs tout au plus. — Nous n'a-
vons jamais piis à Madagascar plus d'un homme par
oO bœufs pour conduire un troupeau dans les sen-
tiers les plus dilltciles , et nous ne perdions jamais
plus de quatre à cinq de ces animaux sur cent ,
dans un voyage de ■'S2U à 4U0 kil. ; deux ou troii
étaient enle\ es la nuit pai les caïmans; les autres
mouraient de fatigue, et leur chair boucanée servait
à nourrir les hommes de l'expédition. — H est rare
que de telles expéditions durent pins de deux mois,
à moins (|n'uii couimandeur ne >oit arrêté par quel-
que chel cupide ou retenu par un saluil ou procès ;
ce qu'il est facile d'éviter en gagnant par des pié<
senis de peu de valeur l'amitié des chefs puissants ,
ceux qui sont à redouter dépendant presque toujours
de ceux-là.
Les Malgaches donnent à l'une des parties princi-
pales de la ha e D égo Suarès le nom de DomouiIi-
eu
GEOGRAI'UIE DES LEGENDES AU MOVEN AGE.
6M
vota, qui signifie baie des t'raiifais. Vata est en
effet le nom par lei)iiel ils désigiienl le-; Fi'aiiç;iis ,
en disliiigiianl , quand il y a leu , les Vasa fnuUUi
ou Français hlaucs, qui sont les colons des iles de
Fiance et de Bourbon , des Vasd-iiiinty ou Français
noirs , qui sont les gens de couleur de ces mêmes
iles ; quant aux Fr:inçais d'Eurpe , ils les appel-
lent Vuia amni laiiy beij, ou Français de la grande
terre. Pour les Anglais , ils les iiomment EnguiUsch.
Les lialiiianis de la baie de Dlégo-Suaiès , ainsi
que tous les Malgaches du Nord , depuis la rivière
Soninlia-Ranoii dans la baie de Possondava jusqu'à
celle d"Ankal;iva, sont connus snus le nom d'Anian-
cares. Leurs traiis el leurs habitudes sont prcsipie
les mêmes que ceux des Malgaches de l'ouest , mais
ils sont encore plus sauvages qu'eux depuis le port
Lonquet '}4is>|u'au cap d'Ambre; ils sont plus nnirs
quelesJlessimtsaras et les âniiivanvtz ; leurs lèvres
sont plus larges , leur nez plus épaté, et |ires(|ue
tous ont des clieveux laineux , ce qui donne lien de
penser qu'ils se sont mêlés avec les Cafres , d'.iil-
leurs plusieurs mots du langage de ces pi n|des eu
usage à la b lie de Diégo-Suarés prouvent qu'ils ont
eu des rapiwrts lréi|Hents et suivis avec les Afri-
cains. — Les Aniancares sont plus laciturnes et
niiiins tracassiers que les autres M.ilgaches; on doit
convenir aussi (|u'ils sont moins inielligenls et moins
adroits. Ils reconnaissaient autrefois la suprématie
d'un chef, que les llov:is ont vaincu et soumis. Au
reste , l'espèce d'honiniage qu'ils rendaient à ce
chef ne les obligeait à riin , pas ntèuie à lui payer
irihnt; les habitants de chacun de leurs villages
obéissent à un vieillard qu'ils clioisisseiit eux-mê-
mes. Celte sorte de patriarche, assisté d'un conseil
composé des plus anciens, décide de toutes les affai-
res de la petite société.
On ne trouve pas à la b.iie de Diégo-Suarès, elen
général dans tout le nord , de grandes associations
d'hommes, comme diins certaines contrées de l'ile.
Li», ou ne voit que de uiiséiables villages composés
de vingt ou irente cases, petites et peu solides. Ces
peuples n'ont aucune idée de l;i culture, qui cependiint
devrait mieux réussir chez eux qu'ailleurs s'ils vou-
laient s'y livrer, car ils ont de bonnes tei res végétales
qui n'allendenl que les travaux de l'homine pour
devenir productives, et qui sont d'autant plus pré-
cieuses, que ce pays étant moins marécageux que la
partie de l'ile fréi|uentée par les Européens, on n'y
aurait pas à craindre les inondations qui fout sou-
vent du lort aux plantations de la cote de l'est et du
sud.
Les Aniancares, trouvant dans leurs rivières et
sur leurs côtes qui sont très-poissonneuses , une
nourriture abondante, ciiliivent très-peu de riz, des
igiiaïues qu'ils nomment caiibarres, et des citrouilles
qui font avec du bœuf bouilli la base de leur nour-
i ture. Ces peuples ne voyagent pas hors des limites
(1) A Madagascar, l'hiveruige coniuieiice avec la
mousson du nord-est, au cominenccmenl du mois de
de leur province, et cependant ils sont peu atiachéB
au sol où ils sont nés. La construction de leurs cases
exige si peu de temps et de soins , qu'ils le^ aban-
donnent souvent pour aller s'établir et en bâtir de
nouvelles dans des liewx qui sont plus à leur conve-
nance. — Leurs usages sont les mêmes que ceux des
autres Malgaches, à quelques dlHérences près; mais
ils sont en général plus malpropres et plus mal
vêtus. Leur habillement consiste en nattes grossières
qu'ils tressent eux-mêmes ; ils fabriquent aussi
quelques toiles de rafia, qu'ils teignent en rouge,
bleu et vert. Ces couleurs sont de la plus grande
beauté; mais ils travaillent si lentement, que peu de
personnes peuvent s'en procurer.
L'arrack est une boisson très-précieuse à Mada-
gascar, et dont aucun commerçant ne pourrait se
passer. Maliieiireusenienl les indigènes ont tant de
goût pour ce spiritueux , qu'ils donneraient tout ce
qn'ils possèdent, el se vendraient eux-uièmes pour
s'en procurer. On leur vend la bouteille d'arrack
1 fr. 25 c, en quelques endroits 2 fr. 25 c.,et même
jusqu'à 1 piastre d'Espagne, représentée en produits
du pays.
Les bœufs forment la branche de commerce la
plus sûre, la plus étendue et la plus lucrative. Lu
bœuf ne coûte pas à Madagascar plus d'une masse de
colliers, qui vaut en Europe 2 francs Les meilleures
parties rie la chair de ces bœufs, salées et mises en
barils, sont envoyées à Manrice et à Bouibon, où le
quart ou baril de salaison se vend toujours de 12 h
U piastres (60 ou 70 fr). Le nonibre en est im-
iiieiise. La première contribution de guerre que leva
Railama à Bomhéloc , lorsqn'il en fit la conquête en
1^24, fut de 30,000 bœufs, et en quatre mois cette
coiitriboiion fut payée. Un ancien chef du pays de
Sakaléon, Vouhare,qui n'était pas un grand potentat,
avait un troupeau déplus de 12,000 bœufs; les
Malgaches, dans leur langage figuré, disaient que
quand ses bœufs marchaient, le s ileit étai! obscurci
parla poussière qu'ils soulevaient. Ou fait à Mada-
gascar deux réc'dtes de riz tous les ans; la plus
considérable a lieu pendant l'hivernage (1).
Les Malgaches soni en général intelligents, adroits
et iiidii-trieux. Ceux qui habitent les côtes construi-
sent (le grandes pirogues en planches , ass^z fortes
pour ré-isier aux vagues de l'Océ.m ; ils s'en servent
pour la pèche du baleineau, qu'ils harponnent avec
beaucoup de courage et d'adresse ; ils savent aussi
falirii|uer des toiles de diver-es sortes; mais leurs
métiers sont si imparfaits , qu'il leur faut plusieurs
mois pour en (aire une pièce. Les plus belles de ces
loiles, ou du moins les plus curieuses, sont connues
dans le commerce de l'Inde sous le nom de pagnes :
c'est un tissu d'écorce de raîia; les autres sont <le
colon ou de soie.
Cependant, chez les llovas , l'industrie est beau-
coup plus avancée que dans les autres parties de
décembre, el finit au «omiiieiiceineiit dt
sud-est, à la lin de mars.
celle du
625
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
rile et que sur les côtes uièmes : nn trouve à Eniirne
des cliarpeniieis , des forgerous , des armurieis et
des orfèvres. Pendant que la traite des esclaves était
permise, c'était ce peuple qui fournissait aux habi-
lanis de Maurice et de Bourbon leurs meilleurs ou-
vriers. Quant aux Malgaches de la côie , l'usage est
de les payer en marchandises et de les louer au
mois; et quoiqu'il ne soit pas rare qu'ils continuent
à servir les Européens pendant plusieuis années, ils
tiennent à se réserver la faculté de les quitter à la
fin de chaque lune. On les paye en toile de colon
bleue ou blanche ou en verroterie de Venise; mais
il est beaucoup plus avantageux de leur duniier de
ces colliers , puisque les 4 piastres qui leur sont
dues par mois pour leur karam ou loyer sont repré-
sentées par 40 grains, qui ne reviendraient pas à
I fr., et qu'il faut quatre ou huit brasses de toile pour
représenter la même valeur (1).
Les Mdgaches ne cultivent pas le blé, quoiqu'il
réussisse fort bien dans leurile. La canne à sucre, le
cafier, le giroflier cl le poiviier ont bien réussi à
Madagascar , où on en trouve quelques plantations.
Regnum Acenorum, royaume d'Acheen, ou Acheni.
II est situé à l'extrémité nord-ouest de Si.matra ,
une des îles de la Sonde. Des divers Etats indépen-
dants de cette grande îli», il est celui qui a joué le
rôle le plus célèbre dans les relations des Européens
avec Sumatra. Les voyageurs des xn" et xvii^ siè-
cles ont écrit sur le royaume d'Achcm des légendes
vraiment merveilleuses. C'était, suivant eux, la con-
trée de la chevalerie malaise musulmane.
La population est mahométane et de race ma-
laise. On y voit très-peu de chrétiens. Les sociétés
bibliques y ont fait peu de progrès.
Cet Etat s'étend sur la côte orientale depuis le cap
Acbem jusqu'au cap Diamant ; sur la côte occiden-
tale jusqu'à Barus ; au sud-est il est borné par la
pays des Battas. Une chaîne de montagnes , qui
commence au cap Achem et court an sud-est, tra-
verse ce pays, et s'unit aux monts Samponan. Les
points les pins élevés sont le mont Eléphant, les caps
Babnan, Félix, Labon. Les principales rivières sont
la Sinkel, l'Anna Labon et l'Achem. Ce royaume se
divise en 193 districts, dont plusieurs réunis furinent
un gouvernement ; il a un sol léger et fertile, qui
abonde en riz, ognons, racines et fruits du tropique.
On y voit fourmiller le bétùl, les éléplunts, dex-
' cellents chevaux. Les élép-hants sauvages exercent
de grands ravage» dans les plantations de riz et
dans les champs. On y obtient de bel or. Les habi-
tants, grands , robustes et braves , ont un teint plus
basané que les autres insulaires ; ils sont aussi plus
fins, plus intelligents, plus industrieux ; mais on les
accuse d'avoir un caractère bas et traîtie. Bons ma-
(1) La brasse est une mesure malgache : c'est un
morceau de bois dont la longueur varie selon les
conventions que l'on fait avec le chef du pays où l'on
s'établit pour commercer; cependant il "est rare
G24
tins, ils emploient un grand nombre de vaisseaux à
la pèche et au commerce. Un capitaine doit se gar-
der de faire connaître aux pirates, avec (jui ce peuple
se ligue, que son vaisseau est sur la côte. Les liabi-
tanis fabriquent une espèce d'étilfe de coton Oleue et
blanche que portent les pins riches classes ; les au-
tres se revêteni de lari^es étoffes de madris écrues.
On Ks regarde comme assez bons mécaniciens, con-
naissant la poulie, la vis, le cabestan et les moyens
d'oiiposer une fmce snllisanle pour vaincre les
grands obstacles. Ils fondent de petits TumIs longs,
d'un calibre étroit, nommés rayilakka. Dans les con-
trées orientale* ils font de bons filigrant-s <'n or e! nrg.
Ils parlent le malais. Leurs pr:ncipali's expnrlai'ons
consistent en or, joaillerie, soufre, que l'on lire de
l'île de Pnlo-Way, camphre, poivre; ils importent
opium, étoffes de soie du Bengale, coutellerie, pou-
dre à canon, armes, verre et autres objets de moin-
dre coiiséi|nence.
Ce royaume fait un commerce considérable avec
les Européens et les nations de l'O ieul ; mais tout
paye un droit an roi, qui exerce un mnno) oie sur la
veirt'" en gros de tout l'opimu, en afferme la vente
en déiail dans tout le royaume; outre le dioit, il
faut encore lui faire des présents. Les habiants, en
général mabomét^ms, ont nn grand nombre di' mos-
quées, mais petites pnur la plupart. Leur gonviTne-
ment est monarchique, despotique ei bérédiraire ;
cependant le fils pnîtré rèitire de préférence à l'aîné,
si on le juge plus capable, ce qui occasionne de fré-
quentes guerres. Les lois pénales sont d'une ri-
gueur extrême, et ne frappent que les pauvres, les
riches ayant dans leur fortune assez de moyens
pour s'y soustraire. — Le roi garde ordinairement au-
tour de sa personne 100 cipayes de la côte de Co-
romandel ; les sujets l'appellent {iiafi-Aifo, ou maître
dans le gouvernement des affaires d'Etat: il donne
ses ordres à une femme qui siège à ses pieds, et les
communique à un officier, qui les proclame tout
haut. Un des derniers rois ayant envoyé son (ils
aîné faire une offrande au tombeau de Mahomet, à
Médine et a la Mikke, le vaisseau relâcha à l'Ile de
France, où le prince acquit quelque connaissame de
la langue française et des arts, qui devinrent utiles à
ses sujets futurs. Les Portugais connurent le royaume
d'Ai hem en 1509. Depuis ce temps il paraît qu'on a
admis les lemmes au gouvernement. L'Etat a subi de
grandes révolutions ; et en ISGî le souverain fut
oliligé de s'enfuir. Les Anglais visitèent Achem en
1602 ; ils y font maintenant le coirmerce tranquille-
ment. Les principales villes sont Achem , Pedir ,
Souinu et Sinkel.
Achem, capitale du même royaume, près de l'extré-
mité nord-ouest de Sumatra, sur la rivière du même
nom, est située à une lieue de la mer, dans une
qu'elle soit de plus d'une aune et quart. Ur e
biasse de toile bleue équivaut à une piastre à Mada-
gascar; il faut deux brasses de toile blancbe pour
représenter la même valeur.
«23
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
62«
lai'ge vallée formée par un ampliiihéâire de hauts
rangs de collines ; elle est irrégulièrement bâtie, et
contient 8U00 maisons sur pilotis, pour les garantir
des inondations soudaines qui couvrent tout le pays.
La communication, dans ces temps, se fait par des
canots. On di^tin.uue la principale rue, un peu élevée
ei tablée ; mais les autres sont plates et sales après
l> pluie. Le luilais royal, grossièrement bâti et ceint
d'une forte muraille et d'un fossé, est hors la ville ,
et y communiiiu' par une route et un canal de la ri-
vière Acheni. Cette ville a des fonderies de canons.
Elle l'ait un bon commerce en productiims du pays
ciléus ci-dessus ; i Ile prend eu retour étoffes de co-
lon, opium, fer et aulies denrées. Il n'y a que les
peiils va s eaux qui puissent aborder à la vile, parce
qu'il n'y a que 8 pieds d'eau dans les plus hauies
marées. Tomes les ;iffaires se font en argent, qui
consiste en une | etile innnuaie d'or de la grandeur
d'une pièce de dix sous, et en d'anires monnaies de
diiïércnis métaux. Il y a aussi une monnaie natio-
nale en plomb, pour le service du bazar. Mais le
commerce épiouve quelque obstacle de la part du
roi, qui est le priiicipal m.Trcliand de son lùat. En
outre, à l'arrivée des (argaisous, on prélève pour
droit 1-2 p. 0|0. Les environs de celte ville sont
peuplés et couveiis de villages florissants et bien
cu'tivés : les provisions de tout genre y abondent.
Lat. nord 5', long, est 9')° 40.
Reliannn, Reuss ou Reiitz, principauté d'Allema-
gne. Ce pays est li.>rné au nord par une partie du
grand duché de Saxe-Weimar, à l'est car le royaume
de S:'\e, ^iu sud par la Bavière, à l'ouest par celte
dernièie et les enclaves de Schwarzbonrg-Rudolsladt
et de la Pr »se; elle a6U kil. de long sur 24 de large,
et 5 i kil. carré-, y cnnipris le distiict de Géra, qui
en dépenl, et dnni elle e-t séparée par une partie du
grand-duché de Saxe-Weimar. Les princes de Reuss
ont en outre un petit territoire enclavé entre le du-
ché di- Saxe-Weimar et celui d'Altenbonrg. Le sol
est montagneux, et plus piO|ire aux pâturages qu'au
labourage : il recèle des mines de cuivre, d'argent,
de fer, d'alun, de vitriol. Son industritî consiste en
manufactures d'éioffes, de toile, cuirs, coton, quin-
caillerie. Les prin( es de Reuss, d'iipp maison irès-
ancienne, se divisent et deux branches : ReuvS-Greiz
ou brandie ainée, et R. uss-Lobenstein ou branche
cadette. Les revenus de cetie principauté montent à
480,000 florins. Elle lournit 745 hommes à la confé-
dération. Elle a une voix à la diète lédéiaiive con-
jointement avec Hohenzollerii, Lichtenstein, Lippe
et Waldeik, et dmix pour elle seule à la diète gé-
nérale. Popul. 95,000 hab., la plupart luthériens.
I Renss-Greiz (branche ainée), principauté dAl-
lemagiM-, est bornée au nord-ouest et au nord par
une partie du duché de Saxe-Weimar, à l'est et au
sud par la Saxe, à l'ouesi par la branche cadeite ou
Re.'ss-Lobensieiii ; elle a 28 kil. de long sur 20 de
I Reuss-Lobenstein-Ebersdorf (branche cadette),
principauté d'Allemagne, est bornée au nord par un»
enclave de la Prusse et une partie du duché de Saxe-
Weimar, à l'est par la branche aînée de Reuss et la
Saxe, au sud et à l'ouest par la Bavière, au nord-
ouest par une enclave de Schwarzbourg-Rudolsiadt.
Le district de Hera en dépend. Celte branche se sub-
divise en deux rameaux : Reuss-Schleiz et Reuss-
Lobensiein-Ebersdorf. La première a 108 kil. carrés
et 28,000 liab. ; la deuxième 128 kil. carrés et
27,000 hab. On y trouve des montagnes qui renfer-
ment des mines d'argent, de cuivre, de plomb, de
colbalt et d'alun.
Les princes Reuss dérivent leur origine d'Eckberi,
coDiie d'Os'eroda au Harz, qui vécut dans la seconde
moitié du x^ siècle, et épousa l'héritière des comtés
deSchwarzenberg(dansrErzgebirge) et deGleissberg
ou Glilzlierg en Hesse. Son fils ilenri fut nommé,
vers 1084, par l'empereur Henri l\, un des avoyers
impériaux dansce qu'on appelait la terre des avoyers
(las Voigttand. Le pays ainsi nommé comprenait
(outre les districts qui forment aujourd'hui la prin-
cipauté de Reuss) le cercle de Voigtiand du royaume
de Saxe, celui de Neustadt, qui a été partagé de nos
jours entre la Prusse et le grand-duc de Saxe-Wei-
mar, le bailliage de Ronnebourg, qui est au duc de
Saxe-Goiha, et enfin la partie de la principauté de
Bayreuih, où se trouve llof. Les avoyers qui gouver--
naient cette province étaient une espèce de magisirat»
détendants de l'électeur palatin, comme chef de toute
justice eu Etupire, et archiavoyer (Erzrojyj). D'après
l'esprit de la constitution germanique, la place d'a-
voyer, comme toutes les fonctions tenant au gouver-
nement, était une véritable charge qu'on conférait
à litre de fief, et à laquelle était attaché un lerriiulie
où le titulaire exerçait plus ou moins de droits. L'é-
poque où le comte de Glitzberg fut nommé avoyer
l'ut précisément celle de la révolution, par laiiuelle
tous les feudataires qui ne tenaient pas encore leurs
bénéfices à titre héréditaire trouvèrent moyen de
les transmettre à leur postérité. — Henri III, dit le
Riche, son petit-fils, établit un de ses fils avoyer à
Waida, l'autre à Plaueii, le troisième à Greit/,, le
quatrième à Géra. Ils formèreul autant de lignes
régnantes qui s'éteignirent successivement, excepté
celle de Plauen. Henri l'Aîné, avoyer à Plauen, fut
nommé, en 1-426, par l'empereur Sigismond, bour-
grave de Misnie et prince d'Empire. Ce bourgraviat
est différent du margraviat de Misnie. Les maigr.i-
ves avaient été, dans l'origine, des commandants
militaires, les bourgraves des juges. Les fiels atta-
chés au bourgraviat de Misnie consistaient dans la
bailliage de Frauenstein, situé dans l'Erzgebirge, le
comté de llartensiein, et la seigneurie de Wildeid'els.
La ligue de Plauen se divisa en deux branches :
celle des bourgraves de Misnie et celle des seigneuri
de Plauen. La première vendit le bourgraviat à
large, et 76 kil. carrés. Elle fournil des grains et maison de Saxe, et dilapida tellement son patrimoine,
des bestiaux, ,|„-i son extinction, en 1572, elle ne transmit à I»
631
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE
branche cadelle que la partie deVoigllanil qui lui élait
échue, vingt-deux ans auparavant, par l'extinciioii
de la ligne de Géra. — La liranche cadelle de la ligne
de Pl;Hjen est la maison do Reiiss, encore existante.
Son fondiieur, Henri le Jiune, avnyer à Plauen, sei-
gneurdeKorineb(iurg.,arrière-peiil-filsde Henri le Ri-
che, fut SU! noniniéHnzzoouIieiiss (Russe), paiceque,
s'étant croisé du temps de Frédéric II, il tomha au pou-
voir des infidèles, par lesquels il fut vendu comme
esclave à un négocimi russe qui le transporta dans sa
patrie, oii il passa plusieurs années Cëtaii l'usage
d'aliirs de donner une épitliéte distincte à chaque
individu, et cet usage était plus nécessaire encore
dans une famille dont tous les individus mâles (lOr-
taient le nom de Henri. Cette branche se subdivisa
de nouveau en I53S en trois lignes, dont il ne sub-
siste 1 lus que deux, qu'on distingue par les dériomi-
nalioris d'ainée et de cadette. La ligne aînée a oblei u
en 1778 le renouvellement de la dignité pririclère que
Sigisniond avait accordée en U26 à toute la mdsnn.
Elle possède les seigneuries de Greiiz et de Burgk.
La ligne cadette se subdivisa dans les maisons de
Schleitz, de Lobenstein et de Géra; la dernière s'est
éteinte eu 18!I2. — Tontes ces brandies, y compris
les chefs des branches apanagées, obtinrent en 18ûG
le rang de princes d'Empire : tomes entrèrent en 1807
dans la conféJéraiion Rhénane. Elles font également
partie de la confédération germanique, et partie iperit,
avec Hohenznllern, Lichtensiein, Lippe et Wal leek,
au sixième sulirage à la diète. A l'assemblée générale,
chacune des deux lignes prin^ ipales a une voix, sa-
voir les trente-imième et trenie-denxiéme. — Tous
les princes de celle maison portent le nom de Henri.
On prétend que ce fut Iberthe, princesse de Carintliie
et épouse du troisième avoyer de Pl.uien, qui intro-
duisit cet usage en l'honneur de l'empereur Henri VI,
son pireni. On distinguait anciennement lous ces
Henri par des surnoms, lels que ceux d'Aine, deCa
det, de Long, de Riche, de Roux, de Gris, etc. Plus
lard on choisit pour cela des chiffres, et l'on rnnvini
en 1668 que chaque ligneaurait une série particnlière,
mais que dans chacune les chiffres passeraient d'une
branche à l'antre à mesure qu'il y naîiraii un prince.
Enfin, en 1700, on convint de n'aller que jusqu'.i
100, après quoi on recommencera. Les revenus de
toutes les branches passent un millioii de francs. Les
princes sont luthériens, ainsi que leurs sujets.
028
situé dans la partie la plus haute et la plus reculée
de la vallée de Tavatscli, et d'un petit lac qui se
trouve près du Saint-Goibard ; il traverse ensuite
cette vallée et se réunit, piès de Disentis, au Hhin
du milieu; celui-ci prnvient d'un petit lac qui se
trouve sur le Luckmanier, dans le fond de la vallée
de Made!s. Après la jonction de ces deux branches,
les eaux du Rhin se grossissent encore, près d'I-
lanz, par celbs du (Jlener, rivière qui découle des
glaciers de la vallée de Saini-Pierre ; et enfin à
Reicheuau par le Rhin postérieur. Douze torrents,
qui se précipilenl d'un glacer énorme silné au fond
de la vallée de Rheinvald, forment celte branche du
Rhin qui force son passage avec grand fr .cas au
tiavers de l'elîrayanie Via mnla, où elle fait une
belle chule ; el'e reçoit ensuite, près de Tusi-, la
Noila noire, et non loin de eel'e-ci, l'.Albiila. Depuis
Reiclienau le Rhin commence à être navigable pour
des radeaux. A Coire il s'augmente encore de* eaux
de la Plessoiir, et près de .Mallans, de celles de la
L.mdquart ; ensuite il quitte le canton prés de Lu-
cieiistig. Il arrose du niêineiôtè, Siein, Schaffouse,
où, près delà, à Laiifen, il forme une superbe cala-
rarte. Celle chule est sans contredit la plus grande
curiosité du canton de Schaffouse et même de tout»
la Suisse. C'est à i kil. de Schaffouse, entre le petit
château de Worlh e' celui de Laufen, que le Rhin,
déjà brisé par des rochers qui gênent son cours, se
précipite, d;ins tonte sa largeur, d'une hauteur de 70
à 8U pieds. Le fracas qu'il fait en forçant ^on passage
entre et par-dessus d'énormes quartiers de roches
et sa chute même causent un bruit qu'on entend à
nue lieue, comme le bourdonnement du tonnerre
dans le lointain. Le plus beau point de vue pour ad-
mirer celle scène imposante est sur une petite gale-
rie de bois appelée la Fischez ; elle se trouve au bas
de la chule, tout près de la principale et de la plus
haute colonne d'eau. Vouloir décrire l'ensemble de
ce speciacle majestueux senit peine perdue ; le ta-
bleau le plus déiaillé et le plus énergique qu'on
piinrrait en tracer rcsieraii toujours nu-ilessou^ de
la réalité. Un senlier assez roide conduit de cette
galerie au château de Laufen , qui est assis au-des-
sus de la chute ; dans un pavillon ailenaul à ce cl à-
teau on est au niveau du fleuve et en ligne pirallèle
de la paroi de roche par-dessus laquelle il se préei-
pile. Il y a encore un troisième point de vue duquel
Rlienus, le Rhin, un des plus beaux fleuves de fn peut contempler la cataracte du Rhin, ce spcc-
l'Europe, et certainement le plus fameux dans l'his-
toire des légendes européennes, prend sa source
dans la partie la plus centrale et la plus élevée de la
Suisse, dans le canton des Grisons. Les annales du
moyen âge sont rrniilies des FégendC' conip.isées
sur les croix, les chapelles, les abbayes et les châ-
teaux qui dé -oraieui les montagnes dont il baigne le
pied. Il se forme de trois branches principales, qui ont
toutes leurs sources sur les plus hauts glaciers des fron-
tièresdu canton des Grisons. Le Rhin aniérieursorldu
glacier Baduz, qui fait partie du Crispait, et qui est
tacle unique en Europe ; il se présente au petit
châlean de Wnrih, qu'on atteint en se faisant traver-
ser sur la rive droite du fleuve. D; là on voit la
chuie dans toute sa largeur el dans tout son ensem-
ble ; l'aspect en est pariiinlièrement beau le matin
et le soir 1 irsque les raynns du soleil s'y réfléchis-
sent un peu obliquement. Dans le petit château de
Worlh, on voit aussi la chute dn Rhin d ms un ;
chambre obscure qui y est très-in,;énieuscment pra:
liquée ; ce tableau mouvant mérite d'être vu. — Le
Rhin passe ensuite à Dàle, Rheineck, Constance,
629
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOIEN AGE.
630
Stekborn, Diessenhofen , Kaisertulil , Laufenbourg ,
Rliinfelden; il se grossii, à droite, de la Lan-juarl, de
rill, de la Riesen ; à gauche, de la Tliur, la Toss, la
Glail, l'Aar, l'Ergellz el la Birse, sur le lerriloire
de la Suisse, dans une étendue de cours de 5i0 kil.
Rien n'allère l'admirable limpidité de ses eaux ; les
ruisseaux bourbeux qui s'y jettent au-dessous de
B&le ne peuvent la troubler. De Bâie, il coule au
nord, reçoit, à droite de l'Allemagne, le Neckar et
le Main ; de la France, à gauche, la Moselle ; tourne
au nord-ouest, eii're dans les Pays-Bas, et se divise
en <lenx bras, dont le méridional porte le nom de
Wahal, et devient un bras de mer, en baignant Dor-
drechf, Rotterdam et Willemsiad.
Ce Walial parcourt 72 kil. dans ses détour?, s'u-
nit à Woudricheni à la Meuse, rivière bien moins
consi'lérable; et cependant on considère la Meuse
comme le cours d'eau principal , en sorte que ce
qu'on appelle, au-dessous de Woudiicbem, la Meuse
et les boiicbes de la Mense, devrait s'appeler le Rliin
et les bouches du Rhin. Il dirige un de ses bras
vers le nord-ouest , jusqu'à Huissen , au-dessus
d'Arnheira, el de là, sons le nom d'Yssel, une par-
tie de ses eaux coule vers le nord, et va se jeter dans
le Zuyderzée, après un cours de 96 kil., pendant les-
quels il reçoit plusieurs rivières, telles que l'Oude-
Yssel, le Berkel et le Bolks-Beck. L'autre branche
Bc dirige vers l'ouest jusqu'à Wykby-Dursiède; delà
elle projette un bras vers Liirechl, où il se divise en
deux ; l'un, sous le nom de Kromme, va se jeier dans
le Zuyderzée à Amsterdam. Il est à remarquer qu'à
peu piés entre cette ville et Utrechi une auire bran-
che prend la direction de Muiden, où elle se jette
aussi dans le Zuyderzée ; le bras qui, sous le nom
de Rhin, se dirige depuis Utrechi jusqu'à Ley le, à -4
kil. de laquelle il se jeiie dans la mer du Nord, a CO
kil. de long. A Wjkby-Durrtéde un bras considéra-
ble va se jeter dans celui auquel on donne le nom de
Meuse ; mais à Nieuporl ce bras prend le n tu de
Li ck ; enfin, à l'endroit où il reçoit celui de 'Wahal,
c'esi-fc-dire où il se divise pour la première fois, sa
largeur, devenue plus considérable, s'augmente en-
core des eaux que lui fournit la Meuse, en sorte qu'à
8 kil. au-dessous de leur réunion il se divise en deux
bras principaux qui se subdivi?ent encore en formant
plusieurs lies, telles que celles de Ysselnionde, de
Rosenbourg, de Worn, d'Over-Flakkée, et enfin les
nombreuses petites îles du Bies-Bodch et de Dor-
drechl, qui furent formées en 1421 par une épou-
vantable iuomiation du fleuve, i|ui engluutil 72 villes
ei vdiages, el 100,000 hab. Celte partie des Pays-
Bas qu'arrose le Rhin a été souvent ravagée par les
e.iu> douces el marines. Outre l'événeuieni sinistre
que nous venons de rappeler, on sait que vers l'an
i-^ la mer ravagea tellement les côtes de la Hollande,
(;ue c'est depuis celle époque que le fleuve n'a plus
I lissé d'autre trace importante de son embouchure
dans la mer du Nord, que le bras qui porte aujour-
d'hui le nom de Meuse. Toutefois nous appuierons
toujours sur la nécessité de considérer en géogra-
phie pbysiqne les bouches de la Meuse comme étant
réellemenl celles du Rhin, car il serait bien inexact
de regarder comme son embouchure le médiocre
couisd'eau qui se jette dans la mer au-dessous da
Leyde ; ou, en considérant le Wahal comme une por-
tion du Rhin, d'admettre que ce fleuve, qui a plus
de 1200 kil. de cours, va se jeter dans une rivière
comme la Mi'use. En elîet, en examinant les choses sous
ce point de vue, la Meuse deviendrait un fleuve, el le
Rhin une grande rivière, dont le plus faible des bras
s'unirait seul à la mer du Nord. Depuis sa source
jnsqn'à M;iyence, on nomme ce fleuve Haut-Rhin, et
depuis cette ville jusqu'à la Hollande, Bas-Rhin.
Le cours total du Rhin, déplus de 1200 kil., ne
répond pas à la grandeur de son volume. Ses eaux,
comme celles du Danube, sont limpides et d'un beau
vert. Son cours, rapide dans la Suisse, jusqu'à BâIe,
où il offre des paysages pittoresques, s'enibarrasso
jusqu'à Stnisbourg, el même à Cermersbeini, d'une
multitude d'îles ; mais à Mayence il reprend sa pre-
mière beauté. De là jusqu'à Cologne il baigne les
plus belles contrées de l'Allemagne. Des châteaux
antiques el modernes, des villes et des villages pit-
tore~quement situés sur ses deux rives, embellissent
el varient les belles vues qu'il offre de tout côté.
Un voit les collines couvertes de vignes jusqu'à leurs
sommets, qui fournissent ces fameux vins dils du
Rhin, tandis (jue les tour; elles loris, débris de la féo-
dalité, restent suspendus sur les ondes. Au-dessous
de Cologne ce fleuve perd bea»coi:p de sa l.'rgeur.
Ses rives de\iennenl plates , sablonneuses, el n'of-
frent presque pins de beaux points de vue.
Le Rhin, relativement à la navi^^atinn, offre un
avantage immense pour les pays qu'il arrose; il est
navig;ible depuis Coire ju-qu'à la mer du Nord. Il
reçoit un grand nombre de rivières navigables que
nous avons citées ci-dessu-, qui, comme antanl de
canaux onveris pour le joindre, ouvrent un passage
dans les pays divers qu'il arrose à droite el à gau-
che. On transporte auv Pays-Bas, sur ce fleuve, les
les bois de conslrnciion de la Souabe et les denrées
coloniales de la côte dans l'intérieur de l'Allemagne
el de la Suisse. Les bateaux à vapeur ofl'rent aux
voyageurs et au commerce de grands moyens de
communication. La navigaiion est Muelqnefois difû
cile, mais rarement dangereuse. A Cologne il arrive
des navires de ll'O à 150 tonneaux i[ui font usage
de voiles, et rareme l de chevaux ; ou a entrepris en
Bavière de réunir le Rhin au Danube par un canal.
En France on travaille à un canal de Strasbourg à
Il Marne, qui communiquerait par celte livièreavec
Paris. Le Rhin a donné son nom aux provinces et
aux départements suivants.
I Le Rhin, cercle d'Allemagne, P.avière, sur la rive
gauche du fleuve du même nom, es' borné au nord
pari- grand-duché deHesse, à l'estparceluJdeBade,
àl'ouesi parles Etats prussiens, par ceux d'Oldenbourg
el de llombourg, et au sud parla France; il forme un
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
631
lerriloirecompacleqniapprochedela forme d'un car-
Té. lia U;0 kil.de long, surlOSkil. de large, el 1500
kil. c; la Lauier et la Queith l'arrosent : étant coupé
par plusieurs rameaux des Vosges, son sol esi inégal,
agresie ei varié: on voit la vigne prospérer sur les
cuteaux les mieux siiués, tandis que les sommets
rocheux des collines sont couronnés deruines de vieux
châteaux. Les vallées abondent en blé, orge, avoine et
fruits. La France a cédé, par les traités de 1815, ce
territoire à l'Auiriche, qui l'a échangé avec la Ba-
vière. On divise ce cercle en quatre disiricis, savoir:
Fraiikentbal, Landau, Kaiserhlauierii et denx-F'onis.
On y compte 28 villes, 16 bourgs et 563 villages et
hameaux. Popul. 470,000 habitants.
I Rhin, province d'Allemagne, grand-duché de
liesse , bornée au nord par le duché de Nassau ,
à l'est par la principauté de Starkenbourg, au sud
par le cercle bavarois du Rhin, à l'ouest par le land-
graviai de Ilonibiurg el la province prussienne du
B..s-Rliiii. Il a 48 kil. de long sur 40 kil. de large ,
el 560 kil. c. Les Vosges qui le traversent , et princi-
palement le mont Tonnerre, qui en est une rati ifl-
c»lion, rendent sa surface nionlueiise et roman-
liqne. Le Rhin forme un vaste demi-cercle le long
de sa frontière nrlen'ale et sepicnlrlonale. Les val-
lées et les plaines , d'une gr;inile fertiliié, produi-
sent blé, lin, l:iliac, vin. Les collines, en certaines
parties, ti cèlenl des mines de fer et de s^l. Les
priniipales mannfaclures consistent en toiles, coton
et cuirs. On s'y livre à la navisialion et au transit
de-i marcha dises sur le Rhin, qui offrent un grand
bénélice. Cei!e province comprend onze caninns ,
et renferme 10 villes , seize bourgs et 161 vilhiges.
Popul. 286,00j Lab.
I Rhin (Bas-), grande province d'Allemagne,
Etais 1 ruasiens , comprend en grande partii- le ter-
ritoire de- anciens dépirtemenis lrançai^ de la Roèr,
de Rliin-ei-Miiselie . de la Sarre , a nsi qu'une |):<rlie
de celui de l'Oiir.he. Elle e-i bornée à l'ouest et au
nord par Irs Pays-Bas, à l'est par les régences de
Dùsseldorf et de Cologne, et par le duché de Nas-
sau, le grand-duché de Hesse, le landgraviai de
Heise-Hombourg , la principauté de Birkeiifell et la
province bavfirnise du Rhin ; au sud par la France.
Elle a environ 220 kil. de long sur 100 kil. de large,
et 2856 kil. c. ; elle se divise e» trois rég. , savoir :
Aix la Chapelle, CoMeniz et Trêves. Le sol ofl're
diverses chaînes de montagnes volcaniques. Les
plus importantes sont celle d'Eifel, le vlcan de
Goldberg , d'où l'on jouit d'un horizon fon étendu,
burné par une r.mgée de sommités coniques : à cha-
que pas que l'on fait dans celle contrée, on aperçoit
de vastes cratères ou de hautes montagnes qui pa-
raissent avoir vomi des laves à des époques diffé-
rentes. L'Eifel semble avoir beaucoup de ressem-
blance avec les montagnes du Puy-de-Dôme. Les
montagnes ei collines qlii hérissent le sol nuisent
à sa fertiliié. On y cultive pommes de terre, blé en
petite quantité. La vigne prospère sur les rives du
652
Rhin , de l'Ahr, et surtout de la Moselle ; les autres
productions consistent en houblon, tabac, lin. Les
montagnes recèlent des minéraux. Les manufactures
se trouvent cunnnées dans les districts d'Aix-la Cha-
pelle et de NenwiL'd. Popul. 1,215,':48 bab. cathol.
I Rhin (Bas-) , déiiariement de la France, est
bnriié au nord par le département de la Moselle et
par le cercle bavarois du Rhin , à l'est par le Rhm
qui le sépare de l'Allem:ignc, au sud parle départe-
ment du Haut-Rhin, à l'ouest par ceux des Vosges ,
de la Menrthe et de la Moselle : il a 108 kil. de long
sur 64 kil. de large, et 520 kil. c. Il lire son nom
du Rhin, qui baigne sa partie orient;de et le sépare
de l'Allemagne. L'Ill, la .Muder, la Zorn, le canal de
la Bruche el le canal de Monsieur ou du Rhône au
Rhin , l'arrosent aussi.
Ce département, divisé en quatre arrondissements,
trentre-qiiatre cantons, 540 commune-', se compose
de la Basse-AUaee, d'une partie de la Lorraine et
d'anciens territipires de l'Allemagne. Il lire son uoiu
de sa posiiion physique relativimeut au cours du
Rhin, qui s'abais;e seiisib'ement du sud au nord.
Il dépend de la cincpiième division militaire, esi du
ressort de la cour royale de Colmar, forme le dio-
cèse de Strasbourg. Il y a deux églises con-isto-
riales réformé-'s, Tune à Strasbourg , l'aiiire à Bis-
chweiler ; une des sept synagogues ctuisisturiales
est à Strasbourg.
Peu de léparteiiients égalent celui du Bas-Rhin
en richesses lerrlioriales et industrielles. C'est,
après celui du Nord , le plus avancé pour la cul-
ture : on y cidlive en libomlance toutes sortes de
proiluciions , et spéciulenieni garance, tabac, se-
mences potagères. On y récolte beaucoup de vins ;
les blancs sont les plus estimés. On cite ceux de
Molsheini , WoKlieiin , Mutzik , Sherweiler, Heili-
gensiein. On y comi'le 14,390 liec;ares de vignos
qui duiinenl, année cnnimiine, 4il,0t0 hectolitres
de vin , dont 200, OoO se consomment dans le pays.
155,'rit7 heciares sont planté- en foréi. L'industrie
luaiiuraciurière fouinit aimes de toute espèci- ,
grosse quincaillerie , scies , bijouterie d'acier, toi-
les métalliques , orfèvrerie , instruments reiioniinés
de chirurgie, physique ; mar(i.|uin , amidon , savon ,
papier, verres, nankin, draps, toiles peintes, toi-
les à voiles, siamoises, lainages, graisse d'asphaU
te, bitun'e et goudron minéral à Lamperstloch, Loh-
sann. Ce dépariemeni offre au-si des pailli-ttes d'or
dans le Rhin, houille, plâtre, m:inganèse; de nom-
breuses mines de fer, deux de cuivre, l'une à la
Petite-Pii rre, et l'autre à Ville, où l'on trouve au-si
des mines d'antimoine et quelques filons d':irgenl ;
il est l'entrepôt du commerce de France , d'Italie,
d'Allemagne et de Suisse
Par le traité de Paris, du 20 novembre 1815,
tout le territoire sur la rive g.iiiche de la Lauter,
faisant ci-devani partie de ce département, fut cédé
à l'Allemagne, à l'exception de VVeissemliourg, avec
un rayon de 1000 toises sur la rive gauche du Rhin.
653
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
«S4
i Rhin (Bas-) ou Élecloral , ancien cercle d'Al-
lemagne, comprenait les archevêcliés de Mayence,
Trêves ei Cologne , el la partie du Palatinat qui
était à l'élecieur Palatin. Il est maintenant partagé
entre les Etats de Bade, de Bavière, de Hesse-
Darmstadt , de Nassau , de Prusse et de Hanovre.
I Rhin (Haut-) , département de la France , est
borné au nord , par celui du Ba!s-Rliia , à l'est par
l'Alleningne et la Suisse, au sud par la Suisse et le
département du Doulis, à l'oufsl par ceux de la
Haiite-Saôiie et des Vosges; il a 112 kil. de long
sur 68 kil. de large , et 772 kil. c. Il lire son nom
du Kbin , qui le baigne à l'est ; l'Ill , les canaux de
Neuf-Brisach el du Rhin l'arrosent aussi.
Ce département , divisé en trois arrondissements,
vingt-neuf cantons , 490 communes , est tiré de la
Hauie-Alsace , du Sundgau , et de l'ancienne répu-
blique de Mulliausen ou Muliiouse. Il dépend de la
cinquième divis on militaire, est du ressort de la
cour royale de Colmar, et fait pariie du diocèse de
Strasbourg. Il y a une églisB consistoriale réformée
à Mnibausen , et une synagogue à Wlnlzenlieim.
La partie mériilionale et occidentale «le ce dépar-
tement est prrsque eniièrement couverte de hautes
montagnes qui se raiiaclient au nioni Jura, pren-
nent leur direction vers le nord , foiment la
chaîne des Vosges , el servent de limiies à la partie
du Rhin qui appai lient à la France. Les nioniagnes
s'abasseiil sensiblement du côté de l'Allemagne, et
présentent des coieaux tapissés de visines qui s'é-
tendent jusi|u'au bord du ferlile bassin que longe
le cours du Rhin : ce bassin , traversé par l'Ill , qui
le d vise en deux parties presque égales dans le
sens de la longueur, oQ're , entre les monlagnes et
cette rivière, des terrains fertiles et b.en cultivés,
qui fournissent en abondance des griinsde touie
espèce, des vins de diverses qualités , et d'exccU
lenis pâturages. La partie située entre l'Ill et le
Rhin est couverte de vastes forêts dans la [ires-
que totalité de son étendue , parmi lesquelles nous
citerons celle de la Hart , dont la contenance est de
15,572 hectares.
II abonde en froment , seigle, maïs et sarrasin ,
chanvre, iiavetie, colza, garance, légumes, beau-
I Rliin (Haut-) , ancien cercle d'Allemagne, com-
prenait les évèchés de Bàle , Strasbourg , Spire et
Worms; plusieurs Etats des cadets de la maison Pa-
latine, les landgraviats de Hesse et plusi>'urs villes
impériales et comtés. Les Français s'emparèrent de la
moitié de ce cercle contigu, el la gardèrent de 1794
à 1814. Ce cercle se trouve maintenant partagé en-
tre la Bavière, la Hesse Electorale, Hesse-Darmsladt
et autres Etals.
Rlietnncum, Rheinau, ou Rhinau, petite ville de
Su'sse dans le canton de Zur ch, située sur le Rhin
entre Schaffonse et Eglisau, qui do t son origine à
uneahb:iye de Bénédiciins, fondée en 778 par Welf.
Cet endroit formait alors une solitude sombre et pro-
fonde. Les moines défrichèrent les environs et se
livrèrent ensuite à la culture. Plus lard ils copièrent
des manuscrits et ouvrirent une éi'olt> qui eut une
certaine renommée. L'abliaye a produit des éruilits
el des savants qui ont laissé des ouvrages estimés.
Elle a pu jusqu'à présent survivre à toutes les vicis-
situdes que les établissements monastiques ont
éprouvées eu Suisse comme ailleurs, bâtie dans une
petite île, entre deux péninsules formées par les si-
nuosités du lihin, elle se trouve dans une situation
pitioresque et fort agréahle. Elle possède une biblio-
llièque riche en manuscrits précieux et en collec-
tions d'Iiistoire naturelle. On remarque à rexiiémiié
de l'île une chapelle assez curieuse, qui est construite
en forme de grotie et toute remplie de coquillages.
— La population de Rheinau est cailndique, quoique
le canton de Zurich soit presque entièrement pro-
testant. L'abbaye et la ville sont a une distance de
16 kil. nord-nord-ouesi de Winierthur, autre petite
ville du même canton, mais dont les habitants sui-
vent le culte calviniste. Winienhur, située sur le
ruisseau Enlach, d^ms une vallée fertile el riante,
exploite plusieurs branches d'industrie el fait un
commerce assez c onsidérable, parce iprclle est traver-
sé-: par la grande route de Constance elde Saini-Gall.
Hhodanus, le Rhône. Ce fleuve rappelle le souve-
nir de saint Jérôme et de saint Hilaire de Poitiers.
Le premier, dans ses lettres, compare l'éloquence
de l'illustre évé(|ue de Poitiers au Rhône qm roula
ses eaux avec impétuosité. Ce lli-uve est liistrmenl
coup de fruits, el nombie de merises. Il possède de célèbre dans les légendes des contrées qu'il parcourt,
belles pépinières, surtout celle de Bollviller. 15,000
hectares de vignes donnent , année commune ,
400,000 hectolitres de vin , dont les habitants con-
somment 223,000 ; le surplus est livré au coinnter-
ce. 141,717 hectares sont plantés en forêts. Le Haut-
Rliia renferme de nombreuses usines à fer, cuivre,
laiton à Mederbriick ; outils el pièces d'horlogerie et
autres objets à Beaucourt ; de vastes manufactures,
en fdatures et tissus de laine , de coton , en impres-
sion de toiles ; des fabriques considérables de kirs-
chenwasser, eau de gentiane, eau-de-vie ; des car-
rièies de très-belles pierres de taille, plâtre, mar-
bre, granits variés, porphyre des Vosges, cristal de
roche : il fait un commerce consid. avec l'étranger.
à cause des ravages qu'il occasionne. Au moyen âge
on n'osait lui imposer des punis. Un simple pâtre,
sans insuuction et sans argent, saint Béiiézel, en-
treprit néanmoins d'en construire nu à .\viguon
dans l'inlérêt des populations rurales des deux rives.
Ayant confiance en Dieu, il réussit dans son œuvie
colossale, surtout pour l'époque. On en voit encore
aujourd'hui une partie. On avait bâti une petite cha-
pelle au milieu. Le pont d'Avignon el son pieux
constructeur étaient devenus populaires dans tout
le midi de la Fiance, et parmi le peuple on chantait
des chansons légendiques composées à celte occasion.
< Le Rhône prend sa source au mont de la Four-
che, près du Saint-Gotbard en Suisse, traverse la
cgs
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Valais, le lac de Genève, entre en France un peu
au-dessous de celle ville, court au sud, renumie
ensuite au »ord, se dirige à l'ouest, et coule ensuite
constamment au sud jusqu'à son enibnuclnire. II ira-
verse Seyssel; non loin de là, an Sanlt, le Rhône
franchit un banc de rochers nommé Saut-du-Rliône,
et qui, sur 1000 mètres de longueur, forme deux
cascades d'un mètre de hauteur cliacnne. Le Rhône
s'est tracé à travers ces rochers des sillons qui pré-
sentent didérentes passes plus ou moins favorables
à la navignion. Gel endroit est en général difficile à
franchir. Ce fleuve baigne du mênie côié Lyo i, Gi«
vors, Tour.ion, Saint-Peray, la Voiilte, Viviers, le
bourg Saini-Andéol, le Pont-Saint-Esprit, Itoque-
nianre, Viileneuve-lez-.Avignon, Aramon, R.MUcaire;
il arrose à gauche Quirieu, Vienne, Saini-V:illier,
Tain, Valence, .Monlélimarl, Caderousse, Avignon,
Tara?^con, Arles; un peu au-dessus de celle ville, à
Fourqiies, le Rhône se divise en deux bras, dont le
princifial se jetie dans la Mëiliterranée à la Tnur-
Saint-Louis; le second bras, nppelé le Petil-lllume,
se dirige si)r la droite, forme l'ile de la Camargue,
et déboHchc dans la mo' dans le golfe du Lion ou de
Lyon, près les îb'Sde Sainle-Marie. Ce fleuve reçoit
à droite l'Ain, la Saône à Lyon, lArdéelie, la Cèz'",
le Gardon: à gauche l'Isère, la Drôme et la Durance.
Il borne d'un côté les départements de l'Ain, de
l'Isère, du Rhône, de l'Ardéclie. de la Drôme, de
Vaucliise et du Gard, ei arrose celui des Rouches-
ilu-Kliône. Le Rhône cummence à être floliahle à
Arlod, et navigable au Parc, un peu au-dessns de
Seyssel, déparlement de l'Ain; le fl.ntagese fait avec
difficulté, à cause des rochers au milieu desquels
coule le Rhône. Ce fleuve se perdait en hiver au
pont de Lucey, à Belleijarde, sous un rocher qui in-
terceptait la navigation. On a cuupé le rocher; il a
fait place » un canal dans lequel on floue maiiitenant
une grande qiianiiié de bois de construct on. Dans
l'été, lorsque le Rhône est grossi par la fonte des
neiges des Hautes-Alpes, ses eaux recouvrent tous les
rochers. Le Rhône roule ses eaux avec une grande
rapidité depuis Lyon jusqu'à Avignon; sa vitesse
décroît à mesure qu'd approche de Beaucaire et
d'Arles, et devient à peu près nulle sur un grand es-
pace avant d'arriver à la mer. On a construit de cha-
que côté du Rhône des chaussées destinées à conte-
nir ce fleuve, et à l'empêcher de porter le ravage
dans les plaines qui l'environnent. Les bouches de
ce fleuve sont très-nombreuses, et les îles qui les sé-
parent produisent des barres qui rendent le passage
difficile: la principale île est celle deCamargue. — La
Camargue, primitivement créée par les dépôts du
Rhône, s'accroît toujours par la même cause. t;'est
un vaste bassin triangulaire, garanti des iiiiindaliDiis
du fleuve par de fortes digues, et seulement séparé
de la mer par des monticules de sables mobiles. Sa
surface se compose de 74,2l!0 hectares, dont li,600
en état de culture, 51,300 en pâturages iiaiurels,
terres vagoes, etc., 10,400 en marais, et 19,900 en
636
éiangs et lias-fonds salés. Des 12,600 heelares en
état de culture, 1600 sont occupés par des vignes,
des luzernes, des orges ei autres prodiiiis; 5i00 par
des blés; et lesauires 5500 demeurent clia(]ue an-
née eu jachère, pour êire ensemencés l'année sui-
vante, d'après le système d'assolement suivi dans
le pays.
Le maxiniuni de l'élévaiion des eaux de la mer sur
la côte de l'île est de i pieds et demi seulement, car
les marées sont irès-peu sensibles dans la .Méditer-
ranée, surtout dans les temps calmes; l'élévation est
un peu plus marquée en automne ei au mumeni des
syzygies. Touiebiis, ma'gté ce peu d'élévation des
eaux de la mer, comme le delta du Rhône est pres-
que entièrement pl;>t, la partie insubmersible du sol
n'est guèie que de 20 mille heelares; la partie sub-
mersible durant l'iiiver est de ûi,(i0 > hectares; et la
partie presque tuujours eniièremeni submergée, en
automne, eu hiver et au priuleiup^, est de 19,900
lieci. La hauteur moyenne des fonds insubmersibles
est de 2 met. 7(» cenl. — Sur la côle, les .-aux de la
nier contiennent environ le 4 pour 0/0 de leur poids
de sels de diverses natures. La bauieur moyenne des
dunes qui séparent la nur des étangs de la Cimar-
gue est d'un mètre au-dessus de l'éiiuge ou de 15
pouces au-dessous des plus fortes élévations de cet
élément, dont les inondations arrivent en décembre
et passent p ir-dessiis touie la pla;;e, pour retourner
à la mer des que le veni cesse, par des canaux na-
turels, v»li,'airemeut appelés graux, qu'elles se sont
frayés sur plusieurs points de son littoral. C'esl au
m ent ilii retour des eai\ à la nier qu'on fait dans
ces grauv la pèche du turbot, dans laquelle deslinni-
mes armés d'une soiie de trident se mettent dans la
mer jusqu'à la ce nliire, et. en piétinant le sol, sen-
tent le turbol, à moitié enterré dans le sable, s'agi-
ter sons leurs pieds nus, qui le disiingiienl des aU'
très poissons, aux cbuis dont son dos est couvert. Le
poisson des étangs y périt en éié par l'excessive sa-
lure (le l'eau marine, qui d'ailleurs s'évapore et sou-
vent même se crisiallise eniièremeni. — Sans ses di-
gues, la Camargue serait submergée par le Rhône
plusieurs fois durant le cmits du printemps, au niQ..
ment surtout de la fonte des neiges, el pendant l'au-
tomne lors des pluies équinoxiales. Au mois d'août,
le Rln ne est à son plus bas niveau, l^.TS'i au-dessus
de celui de la mer. — Le grand bras du fleuve ou gr.ind
Rhône, mesuré au pont d'Arles, a H'» mètres de lar-
geur, et "20 mètres de profondeur; sa viiesse n'est
jitnais moindre de l'",45 par seconde. Le petit
Rhône, mesuré au pont de Fourqiies, a 114 mètres
delirgeur, sur 2 mètres de profondeur, et sa vitesse
est moindre que celle du grand Rhône. Sur quelques
poinis, près de la mer, le grand Rhône a jusqu'à
800 mètres de largeur, et ses eaux sont limoneuses.
On évalue à iiW mètres cubes l'eau ipie les deiu
branches ensemble porteul à la mer. Celle eau se
cnnserve longtemps sans se corrompre, lors même
qu'elle est exposée à toute l'action du soleil dan^
fiS7
GEOGBAPHIE DES LEGEtiDES AU MOYEN ASB.
63S
des mares seivaiil d'abreuvoirs, ou elle csl comi-
nuellement irépignée et salie parle béi'.il. Contenue
dans des jarres à l'ombre, elle ne se lorronipi ja-
mais, ei c'est la plus s.iine à boire, quand elle e>l
ben elarifiée : sans elle la Camargue snaii inliabi-
table. Autiefois les navires de toute la cote qui par-
laient pour les voyages de long couis venaient aux
enilioucluircsdu Rbône, en faire leur provision.
Malgré la positiiui méiidionale de la Camargue,
l'été n'y est pas excessivement chaud; l'aideur du
soleil y est nrdinair^nient lempérée par lèvent de
mer, doni l'iiorizontaliié de l'ile permet le libre et
plein nuiuvemenl sur elle; et l'air qui louche la mer
étant miiins ddaté diins le jour que celui qui louclie
la icrre, il en résulte que l'équilibre de l'aimcis])hcre
est rompu, ce qui aniène, le malin, vers 'J heures,
une brise qui souflle jusqu'à ce que, le soleil cessant
d'échauffer la terre, ce vent de mer cesse également
avec la cause qui le pmduil. Un peu ;ivant le cré-
puscule, l'é luilibre est rompu de nouveau par une
CJUse inverse : l'ai; des moniagies, plus refroidi
pendant la nuit, a plus de ressort et soul'Qe à son
tour. Aussi la chaleur et seisiblemeiil nioiiéiée, et
le ihermcinètre ne s'élève ordinairement en été qu'à
23 deçré-. Pas de pluies dans cette s:iisi)n, excepté
quelques pluies d'orage; mais les riisé''s sont abon-
dantes et |iarnissenl snriirc pour htnn' cicr les piau-
les. En auionine les pluies viennent par la iramon-
tane, ou le vent des Alp«\s. D'oclobre à janvier, les
alternatives de pluies, de mistral et de vents dénier
ne laissent que peu d'.niervalles de beau lemps ;
souveiil, nu coniraire, les mois de j mvier et de fé-
vrier sont très-beaux, les amandiers se couvrent de
fleurs, ei si le ii isir.il ne revenait en mars dessécher
lamturedans l'i^c de la C:imargne, on n'y connaî-
trait pfls d'hiver. — Le climal de l'ile esi irès-malsain,
à cause des eaux corrompues et des miasmes des
marais, qui dans l'été produisent de fréquciiles épi-
zoolies chez les animaux, et des fièvres puiiides c' ei
les hommes; maladies i|ui désesiièrcnt et ruinant
souvent les propriétaires de la Camargue, où la mor-
lalilé, terme mo)en, est souvent d'un 8*, lorsque
l'ans le reste de la France elle n'est que d'un 40«
de la population par annéo. .Aussi, la population de
nie, qui n'est que de 2523 imdvi lus, et n'a que le
malheureux bourg de Sainie-.Marie, est sms cesse
a'imcniée par les villes d'.\rles, de Saiui-Gilles et de
Fourques. Au xiii* siècle, il faui que la Camaigueail
été plus lenile et plus saine qu'a'ijnuril'liui, puis-
qu'elle ivait d s villes el des villages en f;r;ind nom-
bre. Jules César la trouva couver e d'arbres de
haine futaie et y fil couper le bois nécessaire à la
cinslrnctiou (le 12 galères; mais à piésent ou n'y
trouve plus (|ue quelques ornicnux près des mais'ins
de cam;^•\gne. et dos lagunes siériles, ou des étangs
sur lesi|uels, lorsqu'ils sotii desséchés, a lieu le plié-
«>««éfte du mirage, comme en Egypte.
; te cours entier du Rhône , depuis sa source (à
' Sfii* p. au-des'us de la mer) au glacier du Rhône,
jusqu'à son embouchure dans la Méditerranée, est
de 2,'j9:',57t) p. ou 2u8 I. cl demie, el sa pente est
de 3130 p., ou par esliiiiaiion moyenne, de 1 p. sur
487 p. un quarl de distance. —On remonte le Rhône
à la Voile di'piiis la mer jusqu'à Beaiicaire; mais
au dessus de <etlevdle, il n'est plus possible de
vaincre la rapiililé du courant (pie par le secours du
ballage. La facilité que les barques de mer trouvent
à remoiiler jusiju'à lieaucaire, a [ail choisir cette ville
pour èlre l'cnirepôi général du commerce de France
avec l'Espagne, les cfiies d'Afri(|ue et d'Asie , ainsi
qu'iivec li^ut le Lev <nl el l'Italie. Néanmoins l'incer-
liiude de cette navigation et les difficuliés qu'offre
la r euionle du liliôiie depuis Arles jusigu'a Lyon font
que la plupart des ex|>édilinns de Marseille pour
l'ol de la France onl lieu par la voie du nvulage :
en ellél, sur environ ,^oO,IjUO quin aux méiriques de
Di^irchaiidises qut sortent aunuelleinent de Marseille
à la desiiiiation de Beaucaire, d'Avignon ou de Lyon,
i' n'en lemonie par le Rhône que 200,001) quintaux en-
viron, tandis que le surplus vient par terre. Les bâ-
limenls de mer qui vont de Marseille à Arles font ce
trajet en trois nu cinq joHrs, et reniouient en quel-
ques heures d'Arles à Beaucaire; mais ils sout sujets
à de grands retards si le vent est contraire. — La
renionie du Rlnine depu s Beaucaire jusqu'à Lyon,
sur une longueur de 263,000 mètres, pré>enle des
difficultés (le toute naluie, résultant de la vitesse du
fleuve, de l'action quehpielois très-violente des vents
du nord el du sud, de la variation dans la haiitenr
des eaux, et de la nécessité de ciianger souvent de
rive pour le hallage. La longueur de la partie navi-
gable de ce fleuve esl de 5OS,00Ù mètres, celle de la
partie flotlalde se borne à 10,000. Au l'arc, où sa
teniiine la naviiialion ascendante, il se (tiit un dépôl
considérable de sels qui viennent du Languedoc; ou
remonte un peu de vins el beaucoup de charbons de
Icrie provenant des houillères de Rive-deGier. On
ctmsiruit à Seyssel et à Culles un grand nombre de
bateaux destinés pour la navigation du Rhône et de
la Saône. Où y embarque pour Lyon des bois de
construction, de la p erre de taille blanche, de l'as-
plialie. Ou charge aussi sur le Rhône des charbons
de bois, des fagots, des fruits, et pariiculièremenl
des pommes du Bugey. Les épiceries, les vins, les
huiles de la Provence et du Languedoc remontenl le
Rhône, ainsi que les papiers d'Annoiiay. Des bateaux
à vapeur se succèdent presque sans interruption de-
puis Lyon jusqu'à Arles ; ces mêmes bateaux conmiu-
liiquenl avec la Méditerranée par le canal d'Arles au
port de Bouc. La traver-ée de Lyon à Arles se fail
avec une rapidité si grande, que, dans cette distiince
d'environ 73 lieues, ces bateaux ne tonique 13 heures
pour la pnrcdurir : ils prennent les passagers et louls'S
sortes de marchandises, et remontent aussi le, fleuve.
Rhodanusiii, vel Lvgdimum, vet Leopolis, vel Léon-
lopolis, Lyon, métropole de la première Lyonnaise,
dans l'exarchat des Gaules. Elle date de l'an 179 de
l'ère chrétienne. Ses archevêques onl forlé le tiir«
€59
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
640
de patriarche au vi« siècle. En 1079, le pape Gré-
goire MI, qui avait été chanoine de celle métropole,
leur accorda le titre de primat des quatre provinces
Lyonnaises. Les métropolitains de Tours el de Sens
récl:inièrent foriemenl contre celle dénomination,
qui, au res;e, él.iit plus honorifique que réelle. —
Les archevêques de Lyon, au moye' âge, possédè-
ren' pendant un certain temps la j-ouveraineté de la
ville. Les chanoines de la caihéilrale prenaient le ti-
lilre de C'iinle, el devaient fiire i renve, avant d'être
a'Iiiis dans le cli;ipitie, d'une Irès-a' rienne no-
bles^^e. — Oaiis le siècle dernier, le jansénisme se
répandit parmi le cleigé du diocèse, el l'archevêque
Monlazel s'en déclara le pr.ilecieur. Après le
concordat di- 1801, le cardinal Fesch, oncle mater-
nel de Napoléim, fui promu à rarchevècl.é de Lyon,
doiil il co iserva le litre jusqu'il -a mort, malgré l'exil
auquel la reilauiaiioii le condacmia comme im ni-
bre de la famille Bimaparle. Avaii? 17S i, le diucèse
de Lyon était considérahle ; il l'est encore aujour-
d'hui, pui.-qu'd comprend dars sa circonsciiption
les dé artemenis du R ône et de la Loire, hirmés
des anciennes provinces du Lyonnais, du P.eaiijolais
et du Forez. Lanhevêque avait pour sulfr gants les
évèques de Langiez, de Dijon, d'Aulnn, det.hàlons-
sur Saône et de .Mâcon. Les deux derniers, suppii-
iné- par le ciiiicuril .1 de u 01, avaient été rétit)lis
pir celui de 1817 ; mais comme il n'a reçu qu'une
exécution partiel e, les deux sièges en questimi smit
restés déliiâtiveinent supprimés. Les siilliagants :ic-
tuels sont les évéques de Samt-Olaude, de Grenolde,
d'Auiuii, de Dijon el de Langre,-.
Il s'est tenu à Lyon huit conciles, savoir : en 19.j,
en 517, en 5i)7, en )83, en IOj', en !o80, en 1243
el en 1274. La ville de Lyon a moniré, à diverses
époques, un vif attachement à la religion catholique.
On raconte de sa population beaucoup d'actes de
courage, de dévouement el de fui, en 1795, di et
95, et surtout lors du siège et de la prise de la
ville par les iroupes do la Conventiiii nationale.
C'est Lyon qui a eu, en l!i 17, l'idée de l'association
pour la propagation de la loi, et qui l'a réalisée.
C'est d.ins cette ville que se trouve le siège de l'eta-
blis-emenl.
L'origine de Lyon se perd dans la nu't des siècles,
el il parait pre>que impossible de déterminer l'épo-
que précise de sa fondation. Lors de la conquête
des Gaules par César, c'était déjà une place de quel-
que Iropurtanee et le principal marché des Sègnsieiis,
bâtie un peu au-dessus du cunQueni de la Saône
et du Rhône. Tout porte à croire que cette vil e a
été tàtie dans la situation où elle existe aujourd'hui,
par le consul Lucius Munalius Plancus, qui la peu-
pla de citoyens romains que les Allobroges avaient
chassés de Vienne. Voici comment l'historien des
Gaulois (A. Thierry) explique son origine : i De
graves dissensions domestiques s'étaient élevées
dans l'enceinte des murs de Vienne, durant les guer-
res de César et de Pompée; une partie des habitants
avait chassé l'autre ; réfugiés sur les bords du Ulitf* [
ne, prés de son confluent avec la Saône, les bannis '
viennois y vécurent longtemps campés dans des ca-
banes ou sous des tentes. L'année qui suivit la mort
du dictateur, le sénat romain forma le projet de les
coloniser et de leur bâtir une ileineure; il chargea
de ce soin le gouverneur de la province, F'Iancus,
dont il redoutait et voulait occuper l'i'sprit tuibu-
lent. A l'endroit où la Saône se jelle dans le Rhône,
sur le pen< hani d'une colline qui la borde â l'occi-
dent, était situé un village ségusi'n, nommé Lug-
dunum : Plancus s'en empara, le reconstruisit et en
fil une ville nù il établit les exilés. Plus tard, Augus-
te, charmé de la beauté du si:e, y attira une colonie
militaire, i On la nouiiiinit encore LeupoUs (ville de
Lyon) et Leontopolis. Elle porta aussi le surnom de
Nouvelle-Ail. eues. Au lem(>s de saint Iréiiée, cette
ville se noiumait Rhodan>isia.
Admiraiilement placé pour la navigation, Lugdu-
niim s'enrlciiit et aci|uit en peu de temps une assez
grande iraport:iiice commeiciale. Auguste en fit la
nictrop' le de la Gaule ('ellii|ue, qui dès 1 irs chan-
gea de nom el prit celui de Gaule Lyiuinaise. I' vint
lui-nienie dans cette ville, acc.iiiipagiié de Tibère,
d'une garde nouibreuse el d'une Cour brillante (l'an
738 de Home), et fut reçu dans un pa'ais construit
sur le pi nchant de la colline de Foiirvières, qui prit
le nom de palais impérial. L'eni|ieieur séjourna
tiois ans d us celte ville, où il organisa une cour et
une e^pêce de sénat semblable à celui de Rome. Il y
él:ililit un collège des soixanie, qui renda t la ju^lice
avi'C dépendance innnèdiaie du sénat romain, un
athénée où des orateurs s'exerçaient à des disputes
éloquentes, un collège paiticulier pour les citoyens
romains, un surveillant des collèges d'anisaos, un
maille de navigation el des ports, etc., etc. t'nfiii, il
embellit celte ciié de tant de monuments, il y ré-
pandit tant de biC' faits, que Soixante nations gau-
loises, pour témoigner leur reconnaissance, firent
construire en son honneur, au coiiflueni du Rhône
et de la Saône, un tem;>le (|ui était un des monu-
menis Us plus célèbres de l'antiquité. Agrippa, gen-
dre d'Augusie, coniriliua aussi beaucoup h la pros-
périié de Liigdunum; il en fil le point de déport des
quatre grandes voies mili aires qui traver^aient les
Gaules, dont l'une allait aux Pyrénées par les Cé-
veiincs, l'Aiiveriine el l'.^quiiaine; la seconde, vers
le connuent du Klim et de la Meuse; la troisième, à
l'Océan par la Bourgogne ; et la quatrième, à la Mé-
diterranée par .Marseille et Narbonnc : on voit en-
core des restes considérables de ces voirs romaines
aux environs de Lyon. Tihéie, pour éterniser la
mémoire d'Auguste, qui l'avait choisi pour héritier,
insiiiua les Augustaux (prêtres du culte d'Augusie),
et fut honoré lui-même d'une statue éque^lre par
les trois provinces de la Gaule Lugdunaise. Caligula
habita le palais impérial de Lyon. Durant son séjour
dans cette ville, ii commença par soumettre les par-
ticuliers à des taxes, sous le nom spécieux de pré»
6ii
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOVEN AGE. 644
Benis, el ne craignit pus ensuiiede coniianiner à mort
les |)|iis opiilenl- trenuv eux poi;r s'emparer de
leurs richesses. Ce lyran, d'nn caraclère b zarre,
ainiall les choses ridicules : il iiisiilua |)rès de l'au-
lel d'Augusie de nouvelles coiileie ces grecques et
latines, et prit pl:"isirà loiiruieiiler cette foule d'ora-
teurs qui venaient à Lyon pour disputer le prix d'é-
loquence, en imposant pour punition aux vaincus
de fournir à leurs dépens des prix aux vainqueurs,
61 eu les contraignant d'ell'acer leurs propres ouvra-
ges avec la langue ; en cas de relus, ils étaient Itat-
lus d' verges el même précipiiés dans le Kliône. Ce
(yraii quitta Lyuii pour retourner à Home où il fut
assassine.
L'empereur Claude orna la ville de Lyon de magni-
fiques aqueducs el d'aulres monuments. Il obtint
du sénat (l'an 48 de l'ère cbrélienne) qu'elle serait
mise au rang de ciié romaine, et prononça à ce
sii^(!l un discours qui s'est conservé sur deux
tables de bronz- , où les Lyinnai- le firent
graver pour perpétuer leur recnniiai sance. L'é-
tat llorissiiit de cette cité ne fut pas de longue
durée : le plus terrilne incendie dont la mé. noire
des liomiiies ait consi rvé le souvenir, et d(mi Sé-
i,è|ue a peint vivement les affreox elTils, anéantit
dans une seule laiit cette majinifiq e rite. Néron la
fit biemôi len.'ire de ses cendres. T'.ijan, Adren
et Anlinin cum ouruienl aussi au lélahlisscnient de
sa pr spérité, en y faisant construire «le somptueux
édifice» et lui accorlaui plusieurs privilèges; mais,
suivant M. tliochard, ce qui contribua le plus à lui
donner de l'éclat, ce fut rétablissement des loires qui
se tinrent chaque année dans son enceinte, et qui y
attirèrent des diverses contrées de l'Europe et de
l'Asie une affluence prodigieuse d'étrangers. Le
commerce ne pouvait se fixer sur un sol plus pros-
père; aussi il s'y déveinppa avec une rapidité éton-
nante , et y jeta de si profondes racines, que les
siècles et les révolutions n'ont pu l'anéintir. Lors-
qu'après la mort de l'eriinax , Albn et Septinie
Sévère se tlisputèient l'euipire, la fortune ayant se-
condé le premier dans les Gaules, Lyon se déclara
en sa faveur, et, après sa défaiie aux plaines de
Trévoux, eut le courage île lui ouvrir ses portes.
Sévère entra dans celte ville en vainqueur irrité et
la livra à la fureur de ses soldats, qui n'en firent
qu'un monceau de cendres et de ruines, et passèrent
les habitants au tii de l'épée : dix-neuf nille hom-
mes, sans compter les femmes et les enfants, péri-
rent dans cet horrible massacre (l'an 197). A peu
près vers cette époque, saint Pothin y propagea le
christianisme et y périt avec cinquante-huit de ses
disciples. Saint Iréiiée, qui lui succéda, succomba
avec dix-neuf mille chrétiens dans nue secon e per-
sécution qui eut lieu en "2l)'2. Sous les empereurs,
Lyon fut encore prise d'assaut et pillée par les peu-
ples du N<rd , qui se disposaient à y mettre le fe*,
lorsqu'ils furent surpris et exterminés par Julien.
Vers le milieu du v» siècle, Attila saccagea cette
ville et fit disparaître tout ce qni restait de monu-
nieiits r mans. En 4r>8, S ilonius Apollinaire livra
Lyon à Tliéodorie, roi des Visigollis. En 47tj, Gun-
ilerir s'en empara ei en fil la capitale du royaume de
Bourgogne, qui subsista près d'un siècle. Vers la fin
du vif siècle, Lyon passa sous la domination des rois
de Fiance. Une armée de Sa: rasins venus d'Espagne
s'en empara dans le viif siècle, renversa les églises
et les murailles, détruisit une partie des maisons, et
passa au fit de l'épée un grand non^bre d'Iialiitants.
La protection et les bienfiils de Charlemagne ren-
dirent à Lyon une pariie de sa prospérilé ; il lit rele-
ver ses ruines et établit une belle bibliothèque dans
le monastère de l'ile liarbe. Lors du partage de
l'empire eniie les enfants de Loihaire, Lyon devint
la capitale du royaume de Provence, situé enire les
Alpes, le Uliône el la mer, qui ér but au piince
Charles. En 87ii, cette ville passa de la dumiiiai<on
des enfants de Charlemagiie sous celle de Boson, à
qui la royainé fut déférée par vingt trois prélats :
Aurélien, aichevêque de Lyon, eut jjrande part à
celte éicclion. Après la mort de Bodidphe, roi de
Bourtiogiie , Bun liard , son frère, arclicvê|ue de
Lyiui, retint pour lui celle vi^le et une partie du
Lyonnais, comme étant l'hérila.je de Si mère Ma-
tliilile. De cette époque date la souveraineté des ar-
chevêques de Lyon , qui leur fut confirmée par une
bulle de l'empereur Uarherons^e, en d.itc du 18 no-
vembre 1157. Un siècle après, les e\..clions exercées
par les officiers de l'archevêque f ircèrenl les habi-
tants de courir aux armes; ils se forn.èrcnl en com-
pagnies, ninnmèrent les plus notables pour veiller à
la sûreté de tous, organisèrent le gouvernement mu-
nicipal , et s'emparèrent des tours et du pont du
Bliône : cette première révolte se termina par una
transaction. Trente-quatre ans après, la giierie se
ralluma : les habitanis furent excommun es par l'ar-
chevêque. Louis IX fut piis pour arbitre: il profita
de «es déniées pour rentrer en possessimi de la jus-
tice tem 'orelle. Philippe le Bel, en faisant rentrer
la ville de Lyon sous l'autoriié des rois de Fnnce,
mit fin pour toujours h celle lutte. Sous leur gou-
vern ment, l'industrie et le commerce se dévelop-
pèrent avec une aetivité extraordinaire ; par suite des
guerres civiles d'Italie, des lamlUes opulentes, fuyant
la persécution qni désolait ce pays, lui apportèrent
des capitaux et les arts. Les Pazzi, forcés de céder
la fortune aux Médicis , s'y retirèrent de Floience
avec un grand nombre de maisons de leur parti, el
les Génois y jetèrent , au temps de François 1", les
fondements de ces manufactures de soie qui depuis
sont parvenues à un si haut degré de célébrité. Lyon
jouissait alors d'une entière liberté , était exempt
d'impôis et offrait ainsi au commerce toutes les ga-
ranties dé irables. Les foires dont Charles Vil graiifia
cette ville en 1420, mais qui ne furent organisées
définitivement que sous Louis XI, en 1463, innuè-
rent aussi d'une manière sensible sur les progrès de
son commerce; les privilège." concéttés aux mar-
«a
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
6i4
cliands qui .es fréquenlaieiU firent affluer une foule
«l'élrangers industrieux sur les rives du Rliônc ; la
fortune qu'ils y aciiuirenl les y naturalisa. La déca-
dence de ces foires roraniença avec le xviii* siècle ;
cependant elles n'ont cessé qu'à la révolutiou de
178!), et leur supppi'ssion n'a uiéme apporté aucun
changement noiahle dans les opëraiions coinintîr-
ciales de Lyon, parte que les manufactures des soie-
ries avaient pris dès lors une telle extension ,
qu'elles n'avaient plus besoin de leur appui pour se
soutenir et pour prospérer.
Eu 1560, les calvinistes s'eniparèrenl de Lyon par
surprise, mais ils n'eurent pas le temps de s'y éta-
blir, et furent chasses des points qu'ils étalent par-
venus » oceuper par l'abbé de Savigne. Di'ux ans
après, c^s religionnaires surprirent cette ville par un
coup de main hardi et ne la rendirent qu'en li6J au
maréthiil de Vienville. Après la luort de Henri IH ,
quelques religieux poussèrent Lyon dans le parti de
la Ligue; mais après l'attentai de Jean Châtel, cetie
ville reconnut Henri IV, qui la visita en 15S)j. — La
prospérité de Lyon fut portée à un haut degré sous
le règne de l^ouis XIV. Cette ciié, jusqu'alors peu
remarquable sous le rapport architectural, s'embellit
de nouveaux quais et d'un grand nombre de beaux
éililices. La ré^•olution de 178!' lui porta un coup fu-
neste; assiégée eu 17'j5 par une année de soixante
mille hommes aux onlres de Duliois-Crancé, elle se
défendii pendant deux mois avec le cour.ige le plus
liéroi|ue; obligée enfin de capituler, après avoir
souffert tontes les horreurs .le la famine et d'un
terrib'e bombardeineiil, elle fut en pi oie à loiiies les
SoulTran 'es d'une ville prise d'assaut; ses principaux
édifices et plus de deux cents maisons furent renver-
sés ou démolis, et son nom changé en celui de Ville-
Affranchie. Toutefois, t.inl de désastres disparurent
sous le consulat et snus l'empire , et Lyon devint
plus llorissatile que jamais; sa prospériié fut l'objet
constant de la sollicitude de Napoléon pendant tout
son règne, romnie l'aitesleiit les règienienis d'.dnii-
uistratinn publique qu'il rendit concernant la fabri-
que lyonnaise, eiilre autres le rétablis eraenl de
la magisiralure des prud'hommes. — En 1831 et
en 1854, Lyon a été le ihéàire de luttes sanglantes,
que l'histoire a inscrites en lettres de sang dans nos
annales.
Lyon est dans une belle siiuation, au confluent du
Rhône et de la Saône , entre lesquels la plus grande
partie de celle ville se t'ouve resserrée : au nord,
elle est dominée par les montagnes de Fourvières et
de Saint-Sébastien, (|iii s'élèvent en amphithéâtre
sur le bord de la Saône. Le Mte en est infiniment
riche et pittoresque; les deux fleuves qui le bai-
gnent, les coteaux couvons de verdures et de mai-
sons qui le bornent, les aspects variés que présen-
tent les deux rives de la Saône , la perspective des
Alpes groupées à l'orient, concourent à en faire une
des villes les plus intéressantes du monde. De la
montagne de Fourvières, on embrasse d'un seul
coup d'oeil l'ensemble de cette ville et tous ses grands
monuments ; l'aspect que présentent ses rues , ses
pouls, ses places, ses quais, ses édifices , son active
population, préseule un des plus beaux panoramas
de l'Europe. Bùlie en partie sur plusieurs collins et
en partie sur un lerraiu uni, cette ville offre peu de
régularité; l'intérieur, composé de rues éiroiles et
tortueuses, bordées de m.iisons Irès-élevées , nuit à
la beauté de son ensemble: mais elle est dédomma-
gée de l'aspeii peu agréable de quelques qu:irtiers
par la ma?nificenfe de plusieurs autres. Trois rangs
de quais, entrecoupés de dix-sepi ponts, et presque
tous de construciion moderne, ainsi que les glacis ,
embrassent tout ■ la pailie située sur les ileux ri-
vières, et lorment une superbe enceinte que l'on ne
peut se lasser d'admirer. Sur les bords du Rhône,
Une ligne immense de maisons et de beaux édifices
publics, depuis le faubourg Sainl-t^lair jusqu'à la
porte Perrache, donne aux points de vue un carac-
lére particulier de grandiose qui tient à la naiure des
sites de Lyon; des iioiioirs d'une lieue d'ctenduo,
garnis d'un double rang d'arbres, et d'où la vue s'é-
tend sur une belle plaine, bardent le cours majes-
tueux du fleuve. Sur les quais de la Saône, la colline
de Fiuirvières, lescote.iux de Saint-Just etdeSainle-
Foy offrent des tableaux ra|)pr(ichés; les regards s'y
promènent sur des scènes nionv;inies (|ui se mulli-
plieiiiei varient à chaque iustani , st une prodi-
geuse <|u;iuiiié de barcpies ei de bateaux de formes
différeules, qui présentent le tableau animé de la
navigation au pied d'une colline pittoresque. Sur la
Saône, celle navigation est tranquille cimiuie le
cours de la rivière; mais sur le Rhône , les bateaux
qui descendent le fleuve fuient avec la rapidité du
trait. De tîntes paris on voit des miuilins, des fou-
lons, des frises et de grands éiablissemenis hydrau-
liques, dont le mouvement et le bruit annoncent les
travaux d'une ville de fabrique de premier ordre.
Lyon est entouré de |.lu--ieiirs faubourgs : les plus
remaiqu;ibles sont Fourvières au sud-ouest ; la pres-
qu'île Perrache au sud; Serin et Vaize au nord-
ouest; la Guilloiièie à l'est, et la Croix-Housse au
nord; ces deux derniers ont acquis le droit de ciié,
et forment deux comuiunes distinctes de Lyon. —
Fourvières est siiué sur le Forum vetiis, où existait
l'ancienne ville romaine. Le haut de la montagne est
occupé par un grand nombre de billes habiiations ,
d'où l'on jouit d'une vue magnifique sur la ville en-
tière et sur les deux fleuves; le bas el la partie
moyenne soûl habités par la classe du peuple la plus
pauvre : les rues y sont noires, m ilpropre*, insalu-
bres, et beaucoup sont en escaliers. — Le quartier
de Perrache occupe un immense terrain conquis sur
le Rhône, qui a éié forcé de se creuser un autre lit
il y a près de soixante ans; il doit son nom à M. Per-
rache, qui conçut l'idée, en 177(), de reculer d'une
"tenii-lieue la jonciion du Rhône cl de la Saône, pour
allougei- la ville , qu'on ne pouvait agrandir d'aucun
;'Ulre côté, à cause des montagnes qui l'entourent et
645
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
m
des fleuves qui la bardent. La presqu'île Perrache ,
par sa position auconnueiil de la Saône et du Uliôiie,
sera uii jour un nouveau Lyon , beau(Oup plus beau
gue l'ancienne ville : les rue- qu'on y a tracées sont
Irés-larges et abouiissenl presque toutes à l'une et à
l'autre rivière. A l'exlréinité de l'ile, et non loin du
pont de la Mulalière, on a conslruit un pont en
cliarpente destiné au passage du chemin de fer de
Saint-Etienue. — Le faubourg de Serin , d'une pe-
tite étendue, est dans une situation agréable, sur la
rive droiie de la Saône, dont les rives, terminées
par des coteaux peuplés de lielles maisons de cam-
pagne, oUrent une charmante promenade. Au centre
se trouve le grand entrepôt des vins de la ville de
Lyon. — Le laubourg de Vaize commence à la place
des Deux-Amanis, au-dessus du rocher de Pieire-
Sciae. La rue principale conduit à ime p;ace circu-
laire à laquelle aboulibseni les routes de Bourgogne
et du Buurlionnais. Le centre de cette pbice éLiit
autrelois orné d'une pyramide dédiée à Louis XVI.
— Le faubourg de la Gujllotitre est situé sur la rive
gauche du lUiône, vis-à vi< du pont de son nom.
Uiiuiqu'il porte encoie e nom de lauliourg, il n'en
forme pas moins une ville dislinciede Lyon, dont la
pU|<uUiion esi de 26,UU0 haliiiaots. 11 ue possède que
fort |>eu lie fabriques el de manufactures, rt n'ei^ten
partie composé que d'auberges et de caltarets , oit
descendent les nuiubieux r^uliers de la Provence et
du Langucdue. — La Cruix-itousse est aussi une
Tille dont la population s'élève à 16,260 habiianis
bile est siiuée sur le plateau de la inorita.^ne qui se
trouve entre le Kliône et la Saône , et presque >-i\-
tièiement composée de jardina et de peutes guin-
guettes tres-fréqucntés le.-, jour» de féie par la popu-
lation laboiieuie delà ville de Lyon. Lie ce côté s'é-
tendaient autrefois des loi tilicatlons, aujourd'hui ré-
tablies , deslinées à déleiidre la ville.
Le besoin de pourvoir les habitants do Lugdunum
des eaux salubres indispensables à une grande popu-
lation, détermina le gouveruemeiilde Rjnie, ou plu-
tôt les magistrats qu'il avait établis dans cède
ciié , là laire lecherclier les sources qui avoisinaient
la ville, pour les conduire sur les poinis où elles
élaieiil nécessaires. Les Romains construisirent suc-
cessivement plusieurs aqueducs. Les eaux du Mont-
d'Ur, les plus lappiochécs de Lyon , furent d'abord
recu'iliies par deux br.mches d'aqueducs, dont l'une
partait de Poleymieux, et s'étendait jusqu'à Saint-
Didier, en traversant les collines qui ont leur pen-
chant vers la Saône. L'autre branche, parlant de
Limonest, allait jusqu'il Salni-Didier; là, se réunis-
sant à la première, elle ne lonnail plus qu'un seul
aqueduc qui pas-ail à Eully , au Ma^su et à Salnt-
Irénée. Cet aq educ formait une ligne courbe qui
embrassait plusieurs vallées dans sa concavité, sans
perdra pour cela son niveau, parce que toutes les
l>elite8 collines qui le supiorlaient se succédaient im-
médialemenl. Il parait, d'^.près les traditions, qu'il
fut conslruit par les soldais du camp de César, et
qu'il ne servit qu'aux premiers habiiants de Liigdn-
nuni. L'accroissement rapide de Lyon rendit bientôt
Ces eaux insuffisantes. La partie de la colline de
Fourvières où l'on construisit les plus riches mai-
sons lie plaisance, et le palais des empereurs, ayant
une élévation de soixante pieds au-dessus du lieu
d'où partaient les eaux du Mont-d'Or, il fallut recueil
lir celles des sources plus éloignées. Le Mont-Pila,
éloigné de 32 kil. et séparé de Lyon par plusieurs
vallons d'une grande profondeur, élait le seul lieu
d'oii l'on pût tirer une quantité d'eau snlfisante.
L'exécution d'une entreprise .mssi gigantesque n'ef-
fraya pas les Romains ; (ouïes les enux des environs
du Mont-Pila lurent réunies en un seul aqueduc, qui
commençait au midi de Saint-Chamond. On y re-
(ueillit au.-si la totalité de celles de la rivière de
Giers , ainsi que toutes les eaux du ruisseau du Ja-
non el duFiireiis. Une fois réunies, les eaux de ces
rivières coulaient emprisonnées dans leurs canaux ,
parmi les campagnes qui portent aujourd'hui les
noms de Saiiil-Chaiiiond , Celiieu, Chagnon, Saint-
Genis de Terre-Noire, Sainl-Martin-la-Plaine, Saint-
Manrice-^ur Oargoire, Mornant, Saint-Lanrent-d'A-
gny , Soncieu , Chaponnst, lieaunan , Sainte-Foy,
Saint-liénée cl Fourvièies. L'aqueduc se terminait
en ce lieu par un réservoir tiès-Uirge, très-prolond ,
solidement voùié, fi encore de nos j urs parfaite-
ment conserve. 11 existe sur la colline, dans l'ancien
clos des Minimes ; sa longueur est de 45 pieds de
long sur ïi de large ; son élévation est de 21 pieds ;
son intérieur est divisé par arcades, soutenues par
de (orls piliers. Le tout est revêtu d'un ciment qui
s'est maintenu assez intact, ainsi que les ouvertures
supérieures par où les eaux se piécipiiaieni. Tout
prés de là, il y avait un autre réservoir plus long
et supporté par un grand nombre de voûtes, dans
ladireciion du nord au midi ; l'eau y descendait par
un puits d'un pied et demi carré.
La construction des aqueducs depuis les sources
des montagnes jusqu'aux réservoirs de la cité était
fou variée, à cause des nombreux obstacles que les
ingénieurs avaient rencontrés sur le passage des
canaux. Ceux-ci furent, ou pratiqués dans l'intérieur
des collines, avec des puits supérieurs qui servaient
de ventouses, ou bâtis à la surface même du soi,
ou supportés par des arcades. Dans le premier cas
on entourait le canal d'un massif de maçonnerie ;
ensuite on l'enduisait intérieurement d'un ciment
Composé de briques pulvérisées, dont la solidité
égalait celle du granit. Des évasi-ments en forme de
chambre élaenl pratiqués à des distances plus ou
moins éloignées pour contenir les eaux surabondan-
tes. Quand le canal était à Heur de terre, on creusait
un fossé de 5 pied- de largeur ; on lui ilonnait 10
• pieds au moins de profondeur ; on pliçait au fond
un massif de pur ciment de 18 pouces. Sur ce llla^-
sif, on élevait les deux murs de côté, en leur don-
nant un pied et demi d'épaisseur. Ces di nx niurg
étaient ensuite surmontes d'uie voùie à plein cm
647
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
648
ire, d'un pieil Ae flèche et d'un pied d'épaisseur.
Lorsque, par l'effet dts pentes du terrain, le canal
se trouvait hors du sol, on rélevait sur un mur de
maçonnerie if 6 pieds d'épaisseur. Mais pour une
liauieur plus considérahle, on construisait des arcs
et des piles; ei leur hauteur dépendiàt de l'élévation
où l'on était forcé de placer le canal. La soliililé de
cei ouvrage, la perfection du travail, la longueur et
la difli'ulié de l'enireprise étonnent tous ceux qui
l'examinent. Rien n'est plus proirequeles vestiges
qui eu restent à nous donner une idée juste de la
magnificence que mettaient les Romains dans
la coii>truction de leurs édifices public». L'étendue
de celui-ci, à cause de ses circuits, était de plus de
54 kil., à Compter de sa nai-.sance, près de Saint-
Charnond, jusqu'à Lynn. La construction de cet ou-
viage est digne également de remarque : le corps de
la inayonnerie est un petit moellon de roche, depuis 5
jusqu'à (i pouces d'éiiaiîSeur, toujours posé en bain
de nior'.ier, qui ne laissait aucun vide dans ses joinis-
mouions, et furmail partout un corps inaltérable.
Dans II s parties qui tint une certaine élévation hors
de lerre, lie gramles briiues, dont on f.iisait régner
un cours de di'ux assises de quatre en quatre piedsde
hauteur, liaient les parements avec les massifsdu mur,
et interrompaient le maillage en réseau. Les restes
les plus considérables de cet iiniuensc travail
sont ceux du grand aqueduc qui conduisait les
eaux du Monl-Pila sur la colline de Fourviéres :
on en voit des débris hors des portes de Saint-
Irénée, à côté du télégraphe, à Sainle-Foy, dans le
vallon de fîeaunan , à Ch.ipoiiost , à Biignais,à
Mornant, à Saini-Mauriee, à Saint-Genis de Terre-
^oire , et à la petite Varizelle. — Au-dessous de
l'esplanade qui domine le Jardin des plantes , on re-
marque l'emplacement d'une nanmiicbie, dont M.
Àriaud a reconnu la dimension, aiu>i que les canaux-
aqueducs pour la conduite et la décharge des eaux.
L'ainplii'béàtre, dont l;i forme e'iipiique est encore
dessinée sur le terrain , avait une circonféience
d'environ 800 pieds, en y compienant les gradins
et les portiques. Le bassin avait -lii pieds ue large
sur 280 de Imig. On apeiçoii encore la place des
gradins, qui s'etend^iient sur un einplacemeni de 2-2
pieds de laigeur.
Lyon renlerme encore plusieurs autres restes
d'antiquité. — La cathédrale i1e celle ville doit .-on ori-
gine à un bapiitére londé par saint Arége au com-
Diencenient du vii^ siècle, el dédié à s<inl Je n-
Baptisic. Ce baptistère n'était piiinitivemenl que
l'atcessnire de l'église Sainl-Etienne, bâiie par saint
Patient dans le v« Siècle ; dans la suite il devint l'é-
glise p'incipale, et vers le x' siècle l'église méiiopo-
lii.'ine el primatiale des Gaules. L'église Siinl-Jean
fut ruinée et rétablie plusieurs fois. Sous Charleina-
gne, l'archevêque Leyderade la flt réparer. Tiois
liècles api es, on entreprit de la rebâtir telle qu'un
h voit aujourd'hui. On y employa plusieurs blocs de
marbre et de pierre de rlioiii, tirés des ruines du
forum construit par Trajaii sur la monfn?ne de
Fonrvières. Le cloître Saint-Jean fut environné d'é-
paisses murailles el de tours comme une citadelle.
— Le sanctuaire el la croisé»' sont fort anciens; mai»
la grande nef parait postérieure au siècle de saint
Louis. Le portail n'a été achevé quesnus le règne de
Louis XI; il présente, au-dessus des deux marches
qu'il faut monter pour y arriver, trois portiques de
forme semblable el de hauteur différi'nie ; celui du
milieu esl surmonté d'une vaste rose circulaire.
Quatre tours carrées, richement sculptées, fl:inquent
cette basilique : trois sont désertes el entièrement
vides ; la quatrième sert de clocher. Deux galeries 'a
balustrades en pierre, et taillées à jour, régnent
dans toute la largeur de la façide ; les ornements y
sont peu prodigués ; le fronton triangulaire qui la
termine en haut offre seul des détails un peu com-
pliqués. — L'intérieur de l'église esl d'une grande
simplicité; mais la longueur des nefs, l'élévation des
votttes, la multiplicité des ci'iounei, la riihesse des
sculptures, la beauté des vitraux, qui ne laissent pé-
nétrer qu'un jo'ir sombre et mystérieux, donnent à
cet édilice un grand c ractère de majesté. La grande
nef a 79 mètres de longueur dans œuvie, sur 11
mètres 30 centimètres de largeur entre les piliers.
Le maitre-autel s'élève presqu'au centre de l'em-
branchement de la croisée ; il n'est remarquable que
par deux croix, qui rappellent que ce fut au c 'ucila
oecuménique de Lyon, tenu dans cette basilique en
1274, que s'opéra la réunion momentanée de l'é-
glise greci|ue à l'église latine. Autour des petites
nefs règne une suite de chapelles, fondées à di-
verses époques par les archevêqutset par les cha-
noines de cette église : la plus remarquable est celle
fondée dans le xv« siècle par le cardinal de Bour-
bon ; c'est un des ouvrages gothiques les plus remar-
quables en ce genre, par la richesse, la variété et la
délicatesse de ses ornements. — Dans le bras gauche
de la cioisée, on remarque une fameuse horloge,
chef-d'œuvre de mécanique pour son temps, qui
offre un système complet d'astronomie en mouve-
ment. Elle esl consiruite en forme de tour terminée
par un dôme, et chargée des ornements de mauvais
goût du xvii« et du xvni^ siècle. Depuis plusieurs
années le mécanisme de cette horloge est dérangé ,
et sa réparation exigerait, dit-on, des dépenses con-
sidérables.
L'église Saint-Paul, située rue de la Poterie, der-
rière le quai de Flandre, fut fondée vers l'an 519
par saintSacerdos,archevêqupdeLy<in; elle fulminée
par les Sarrasins, el restaurée sous Charleiiiagne
par l'archevêque Leyderade. On reconnaît le goût de
cette époque dans la pai lie supérieure de l'èd fica
éclairée par un dôme octogone. Hugues !"■ y lit
aussi faire quelques réparations en 1200. — On vnit
dans le cloître un bas-relief en marbre, exécuté, à
ce que l'on croit, dans le ix^ siècle ; il représente le
comte Richard à genoux, demandant miséricorde
_ par ces paroles, gravées en caractères carlotin-
6-19
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
6»0
giens: Chrisie, rei miserere met, medicina reorttm. Le
Sauveur est au-dessus, (enant un livre de la luaia
gauche el bénissant delà droite le prince.
L'église Saint-Pierre remonie aux premiers lemps
du clirisiianisme. Dans le ix= siècle, elle fut recon-
struite par les sciins de l'arclievoque Leyderade : la
porte d'enirée, qui n'a rien de remarquable, est tout
ce qui reste de cette époque. Le sanctuaire consiste
dans im ordre de pilastres ioniques, couronné d'un
entablement, au-dessus duquel sont placés deux an-
ges aux extrémités. Derrière l'autel, formé de mar-
bres précieux, est une vaste tribune qui servant au-
trefois de cliœur aux religieuses. Le retable, sur le-
quel on a représenté l'enterrement de Marie, est un
assez beau morceau de sculpture, ainsi que celui de
la chapelle de la Vierge.
L'église d'AInai fut construite sous le règne de
Constantin, sur l'emplacement du temple célèbre
élevé à Auguste par soixante nations gauloises. Au
commencement du V siècle, des solitaires s'y réuni-
rent ei y fondèrent nu monastère qui fut ruiné par
les Huns. Salone, évêque de Gènes, le lit rétablir ;
mais il fut encore ruiné par les Vandales qui dé-
vastèrent la Biiurgogne, el ensuite par les Lombards.
En iiii, la reine Brunehaut fit bâtir à Ainai une
nouvelle abbaye, qui, peu de temps après, fut brûlée
par les Sanasins. En 859, l'abbé Aurélian la fit ré-
tablir, et Aniblard rééilifia l'antique église bâtie par
Salone. Aujourt'hui, Ainai forme une des paroisses
de Lyon. — Cette église présente dans sa consiruc-
tion le caractère de l'arcliiteclure qui s'introduisit en
France, du lemps de Charlemagne. Le dôme, la
voiite du chœur, le cloclier pyramidal, sont des ou-
trages moins anciens que le reste de l'édifice. Au-
dessus du portail, on remarque un bas-relief antique
en marbre, représentant trois déesses ; celle du mi-
lieu porte une corne d'abondance et deux pommes ;
les deux autres tiennent chacune une pomme ;
au-dessus on lit ces mots :
MAT. AVG. PIE. EGN. MED.
Suivant l'opinion la plus vraisemblable, ce monu-
ment représente les déesses-mères qui veillaient au
Balui des provinces, des princes cl des particuliers. —
La chapelle qui est à gauche du chœur est décorée
d'ornements de la plus grande délicatesse ; on en
fait remonter la fondation au temps de saint An-
selme. Les quatre colonnes en granil qui soutiennent
le dôme sont de beaux restes du temple d'Auguste ;
leur diamètre est de 5 pieds i pouces, et leur hau-
teur individuelle de 12 pieds 11 pouces, de sorte
que dans leur premier emploi chacune avait 25
pieds 10 pouces sans les bases -et les chapiteaux :
chacune de ces colonnes supportait dans le prin-
cipe une statue de la Victoire.
L'église de Fourvières, dont on fait dériver le
nom de Forum vetui, occupe remplacement du Fo-
rum ou marché, construit par Tiajan à l'imitation de
celui que l'on voyait à Rome. Au milieu du xii= siè-
île, l'urchevèque de Canlorbéry ayant cherché un
Dictionnaire de Géographie «ccl. II.
asile à Lyon contre les persécutions dont il était
l'objet, la vénéraiinn des Lyoïmais pour les vertus de
ce prélat, qui, dans la suite, l'ut placé au rang des
martyrs, porta le doyen du chapitre de Saint-.lRan à
lui élever une chapelle. L'an 1102, l'église niéiropo-
lilaliie de Lyon fonda un chapitre et une église pa-
roissiale à Fourvières, sous l'invocation delà Vierge.
Cette église fut ruinée en 1502, rétablie peu de
temps après , et beaucoup agrandie en 1740. — La
chaielle de Fourvière- est bâtie sur le point le plus
élevé de la colline de son nom. Tous les samedis, et
aux principales fêtes de l'année, elle est le rendez-
vous d'une aflluence considérable de pèlerins ; quel-
ques-uns aitirés par la dévotion, le plus grand nom-
bre par la beauté de si situation : l'intérieur est ta-
pissé ù'ex-voio. A côté de l'église se trouve une ter-
rasse délicieuse qui domine les deux fleuves , d'oîi
l'on découvre toute la ville de Lyon, les plaines fer-
tiles et les charmants paysages qui l'environnent,
bornés à l'horizon par l'immense chaîne des Alpes.
L'église Saiiit-Nizier. Le premier oratoire con-
sacré à la Vierge dans les Gaules, pjr saint Pothin,
fut élevé à l'endroit où existe aujourd'hui l'église
Saint-Nizier; ce n'était dar.s le priuciie qu'une
crypte, sur laquelle on bâlit dans le iv= siècle une
église sous l'invocaiion de saint Pierre et de saint
Paul, qui, au vi^ siècle, reçut le nom de Saint-Ni-
zier , en mémoire de cei archevêque qui y avait été
inhumé. Celte église fut détruite par les Sarrasins
et réédifiée sous le régne de Charlemagne par les
soins de l'archevêque Leyderade ; mais elle perdit
alors le titre d'église cathédrale et le siège épiscopal,
qu'elle avait possédés pendant longtemps. Les sec-
taires de l'ierre de Vaux la brillèrent en 1253. Cin-
quante-deux ans après, elle fut érigée en collégiale.
— La construction du bâtiment aujourd'hui existant
date du commencement du xiv"= siècle. Un négo-
ciant, nommé Renouard , entreprit de refaire l'an-
cienne crypte , où l'on déposa dans la suite , en
1528, le corps de saint Ennemi. nd. Le clocher ne
fui commencé qu'en U65. C'est une belle pyramide,
supérieure en élévation à tous les autres édifices de
la ville. Le portail a été élevé sur les dessins de
Philibert Delorme ; quatre colonnes doriques canne-
lées, supportant un enlablement dentlLulaire que
couionne une coupole sphérique, fiirjieiii l'entrée
principale ; malheureusement , le frontispice n'a pas
été achevé. L'avani-corps méridional est postérieur
de plusieurs années au reste de l'ouvrage. — L'in-
lérieur de l'église est remarquable par l'élévation et
la hardiesse des voûtes, par la forme des piliers qui
les soutiennent, par retendue de l'édifice , par la
clarté qui y règne , et surtout par un certain carac-
tère de sévérité imprimé à tout l'ouvrage. A gauche
du chœur est la chapelle de la Vierge, décorée d'une
statue de la mère du Christ ; c'est un chel'-J'œuvre
du célèbre Coysevox, qui l'avait faite pour orner
la uiaison qu'il habitait à l'angle de la rue liùt~
d'Argent , d'où elle a éié transférée à Saint-Nizier-
21
651
DIGTIONNAIKE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
(;::2
A la suite de celle cliapeile, on ea remarque une
autre décorée d'après les dessins de l'arcliilecte Gay ;
on voii sur l'aniel un beau lableau de Revoil, reprc-
senlant Jésus mourant sur la croix. A droite du
niaiire-auti'l, et vis-à-vis de ia chapelle de la Vierge,
on remarque une autre cliapeile nouvellement dé-
corée , dont l'autel est surmonié d'une statue en
marbre blanc, due au ciseau de (^binard, représen-
tant saint Potliin. — L'église Sainl-Ni/.ier, une des
plus é;eiidues de Lyon, a été malheureusement res-
taurée dans le goût moderne ; le maître- autel est re-
marquable par de belles statues en marbre blanc ,
représentant les apôtres, exécutées par M. Legendre-
Hérald.
L'église Saint-ltonaventure , qui a son entrée sur
la place du Méridien , doit son origine à un couvent
de fianciscains ou de cordcliers, londé en 1-2-20, et
que saint Ijonaventure rendit célèbre. Jacques Grolée
en jeta les fondr-nients au commencement de 1325 ,
et Simon de Pavie, médecin de Louis X[, la fil aclie-
-.er vers la (in du xv« siècle ; l'un et l'autre y eurent
leur tombeau. — Les Lyonnais ayant choisi saint
Bonavenlure pour leur patron spécial , l'église fut
consacrée sous rinvocaiion de ce saint en 1-48-i.
Dans la suite, elle devint une des plus somptueuses
de Lyon par la richesse des ornements iniérieurs.
l'ierre de Bourbon , régent du royaume en l'absence
de Charles Vlll, l'enrichit de ses libéralités. Mais
les excès des calvinistes, en loG2, et les dévastations
de i~d5 , l'ont entièrement dépouillée de ce qu'il
y avait de remarquable. — L'église Saint-Bonaven-
lure.esi vaste et très-spacieuse ; mais elle n'est pas
élevée à proportion de sa longueur. L'architecture ,
quoique dans le style gothique, est d'une simplicité
remarquable. La nef est accompagnée de bas-côtés
où l'on voit un grand nombre de chapelles fondées
par dillérciits corps de métiers , qui y avaient établi
leurs confréries. — Saint Bonavenlure , ce Père de
l'Eglise si célèbre par ses profondes connaissances ,
mourut à Lyon, en 1271, pendant la tenue du se-
cond concile œcuménique; il fut inliuiné dan< le
monastère qui avait pris son nom et dont il portait
l'habit. La magnificence de ses obsèques surpassa
celle des rois et des empereurs , et fui digne du
deuil général que causa sa mort. Le pape avec toute
sa cour, les C(irdin;iux, les évoques et tous les pré-
lats du concile y assisièreni. On ht mention de sa
rairl dans les actes de celte assemblée , comme
d'un événement mémorable pour tuus les peuples et
pour la postérité. — C'est dans le cloitre des Cor-
dcliers, transformé aujourd'hui en une petite place
et en plusieurs habitations particulières, que Hen-
ri IV découvrit au maréchal de Biron qu'il était
instruit de ses projets de trahison. Ce dernier re-
connut ses loris. Henri lui pardonna, sous la condi-
tion qu'il romprait de suite ses liaisons avec l'Espa-
gne. On sait que Biron oublia ses promesses, fut arrêté
à quelque temps de là, livréaux ir,bunauxetexécuié.
L'église Saint-Polycarpe a été bâtie en 17G0 , sur
les dessins de Loyer (lar les Pères de l'Oratoire.
Elle est décorée de colonnes d'ordre corinthien, fort
petite, mais très-jolie. Le in.iilre-autel est orné d'un
beau tableau de la Nativité, peint par Blanchel , de
chaque côté duquel s'élèvent deux belles colonnes
de marbre de Savoie. L'arcliiiectiire de la façade est
riche de détails, et produirait un bel effet , si elle
était dégagée de vieilles maisons qui la masquent
en partie. — Dans cette église repose le corps du
célèbre abbé Bozier , savant agronome , tué à l'épo-
que du siège de Lyon, par une bombe partie des
Brolteaux, q li l'écrasa dans son lit, la nuit du 28 au
$9 septembre 1795.
Le monastère des Cbarlrcux fut fondé en 1585 ,
par Henri 111 , qui lui donna le nom du Lys-Sainl-
Esprii, sur l'emplacement de la vieille citadelle de
Lyon. L'église , commei^cée en IJOO, a été agrandie
et réparée dans le siècle dernier ; elle est surinon-
lée d'un dôme d'une grande beauté, construit en
partie d'après les dessins de Servandoni. Le chœur
mérite une aiteiition particulière, par sa grandeur ,
ses belles proportions, et la manière dont il est
éclaire. L'autel, toinposé des marbres les plus rares,
est surmonté d'un baldaquin d'une forme imposante
et majestueuse. Les deux tableaux qu'on voit sous ce
dôuie sont les derniers et les mcill urs ouvrages de
la Tremollière. Les statues de saint Jean-Baptiste
et de saint Bruno, remarquables par leur correction,
sont de Sarrazin , ainsi que deux bas-reliefs , dont
l'un représente de petits anges jouant ensemble , el
l'autre un saint Jean-Baptiste couché. — La position
de l'église des Chartreux est superbe : le dôme est
aperçu de toutes paris. Si la façade de cet édihce était
achevée, il serait un des plus remarquables de Lyon.
L'église du Collège date de IblT ; c'est l'ouvrage
du frère Martel Ange, à qui l'on doit l'église du i\o-
viciaides Jésuites de Paris. — Cei édifice, dont |j
porte d'entrée est surmontée d'un observatoire , est
d'un style lourd et manque d'ensemble dans ses par-
ties ; mais tous les ornements iniérieurs sont riches
et d'assez bon goût. Le chœur est décoré de grands
pilastres ioniques, et la nef formée d'arcades fort
élevées. L'autel, le sanctuaire el les chapelles son'
revêtus de marbres de loute espèce ; les niches
placées enlre les pilastres sont copiées d'apiès les
plus belles de Home; les iribnnes qui règnenl au-
tour de l'église font un très-bel effet; la chaire,
construite en inarbrt;s choisis, est reniai quable pat
les marbres cl les bronzes dont elle est ornée. La
voûte est peinte à fresque.
L'église de Sainl-licnée est située à rcxlrémilé
du faubourg de son nom , presque au somniel de 'a
niomagne où lut bâti l'ancien Lyon , qu'..n alîrei.s
incendie anéantit sous le règne de iSéiun. Elle oc-
cupe l'emplacement de raucienne église des Ma-
chabées, l'un des premiers lu nunients du christia-
nisme dans les Gaules , élevé sur les tombeaux de
sain! Epiloy et de saint Alexandre, martyrisés lors
lie la persécution que les chrétiens de Lyon cprou»
«3
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
GfH
fèrent sous Marc-Aurèle. Selon la coutunii; de ce
temps , les fidèles construisirent une cbapelle sou-
terraine, qu'ils consacrèrent à Dieu sous le nom de
Saint-Jean ; dans la suite , elle fut dédiée à saint
Irénée. Lorsque le culte catholique fut devenu do-
minant, on éleva sur cette crypte une église ina-
gnilique , que les calvinistes ruinèrent en partie en
liiOa. L'église actuelle est peu spacieuse et n'a rien
de bien remarquable ; les nombreuses réparations
qu'on y a faites en ont fait disparaître la plupart des
restes d'antiquités qui s'y trouvaient en assez grand
nombre, et d'intrépides badigeouneurs , sous les or-
dres d'une fabrique ignorante, ont effacé plusieurs
inscriptions qui attestaient la piété des premiers
chrétiens. Le portail de la cour qui précède l'église
est le premier ouvrage du célèbre Souflloi, à son
retour d'Italie. — L'église Saint-lrénée est divisée
en deux parties, situées l'une au-dessus de l'autre.
Le pavé de l'église haute présente quelques restes
d'une mosaïque, dont la grossièreté annonce un ou-
vrage du IX* ou du x« siècle ; on y aperçoit quel-
ques vestiges des signes du zodiaque, des emblèmes
des vertus théologales , et des fragments d'une ins-
cription en vers latins, destinée à perpétuer la mé-
moire des dix-neuf mille chrétiens massairés avec
saint Irénée sousSeplime-Sévère. L'église inférieure
renferme une crypte d'un aspect sombre, dont la
voûte offre encore des vestiges d'une ancienne fres-
que : au milieu est un puits où, selon la tradition ,
on recueillit les ossements des martyrs. Cette crypte
parait être de la plus haute antiquité et a été plu-
sieurs fois restaurée. — Derrière l'église , sur une
esplanade d'où la vue domine tous les environs , on
remarque une représentation du Calvaire, élevé par
quelques habitants de Lyon en ISlo. Dans le fond
d'une cour terminée en rond-point , sont placées
trois croix de fonte, supportant les statues du Christ
et des deux larrons : au pied du Sauveur , on voit
cir>q figures , représentant Marie-Madeleine , saint
Jean-Baptisie , Marie-Salomé, et deux anges en
adoraiioii ; toutes ces figures sont en marbre blanc.
Autour de la cour, douze peliis autels nniformes ,
ornés chacun d'un tableau d'albâtre en relief, repré-
sentent les différents iiaiis de la Passion. Le des-
sous de ce Calvaire est occupé par une chapelle sou-
terraine, dans laqiielle on voit le Christ an tombeau.
L'église «le la Charité est régnlièie et d'une noble
simplicité ; elle consiste en de simples montants éle-
vés entre de doubles arcades qui séparent la
nef des ailes. Les arcades supérieures forment
de grandes tribune^ où les pauvres viennent assister
aux oflices. Dans la chapelle de la Vierge , à
droite du gr.ind autel, on remarque l'épitaphe du
CJidinal Alphonse de Uichelieu, et près de l'entrée
principale le buste du bai on de Saint-Trivier. Le
clocher qui joint l'église a été exécuté d'après les
dessins du cavalier Bernin ; il est de forme octogone
et déc. ré de pilastres des ordres dorique et ionique.
L'Eglise de Saint-François de Sales, construite en
1G88, n'était dans le principe qu'une chapelle com-
mune entre la maison des Filles pénitentes et celle
des Recluses. Elle est petite et n'offre rien de régu-
lier ni de remarquable.
L'église paroissiale et collégiale de Saint-Just
était dans son origine un oratoire dé'Jié aux Macha-
bées, où l'on déposa le C"rps de saint Just, mnri eu
Egypte. Vers la fin du v^ siècle, saint Patient rem-
plaça cet oratoire par une superbe basilique qui fut
dédiée sous l'invocation de saint Just. Atlenani à
celle église , on construisit dans la suite un vaste
cloître dont tous les dehors ressemblaient à une
forteresse ; son enceinte était environnée de murail-
les épaisses de quatre pieds et hautes de six toises,
flanquées de grosses tours carrées, placées à 15 pas
de distance les unes des autres. Les bâtiments de ce
monastère formaient une espèce de petite ville, séparée
des antres quartiers de Lyon. Dans le temps des
troubles civils qui armèrent les habitants de cette
ville contre le chapitre de Saint-Jean, il se retira à
Saint-Ju>t et soutint un siège contre les bourgeois ,
qui avaient réuni une armée de plus de vingt mille
hommes. Ce monastère était assez vaste pour y re-
cevoir les souverains; c'est là que logea Louis VIII,
lorsqu'il vint à Lyon ; Innocent IV y séjourna sept
années, à la suite du concile général tenu à Lyon ;
Clément V y fut couronné en présence des rois de
France , d'Angleterre et d'Aragon , qu'il avait invités
à cette solennité. — Le nnuiastère et l'église de
Saint-Just furent démolis de fond en comble par les
prolestLints en 1562. Cent ans après, le chapitre en-
treprit la construction de l'église qui existe aujour-
d'hui, que l'on plaça dans l'enceinte de la ville ,
beaucoup au-dessous de sa situation ancienne. Cette
église fut commencée en 1661 et achevée en 1747.
Le portail est composé de quatre grands pilastres
ioniques couplés et cannelés, élevés sur des piédes-
taux qui supportent un entablement couronné d'un
fronton. Les faces des ailes qui accompagnent cet
avant-corps sont décorées d'un entablement d'ordre
dorique à iriglyphes, soutenu de pilastres. La pnrte
du milieu est ornée de montants d'un profil régulier,
et de consoles qui servaient. à supporter autrefois
les armes du chapitre; au-dessus est un grand vitrail
de forme ovale. Toute celle façade est élevée sur
un perron de sept marches, d'un contour figuré, qui
contribue à lui donner une grande apparence. On
remarque à l'entrée du chœur un groupe de marbre
représentant l'incrédulité de saint Thomas, et au-
dessus du portail les statues de saint Just et de saint
Irénée, beaux morceaux de sculpture que l'on doit au
ciseau de M. Legendre- Herald.
L'église Saint-Louis, sur le quai des Augustins , a
été l'ondée en 1759 par les Augustins ; elle est re-
marquable p:ir sa noble et élégante constmclion. La
façade est élevée sur un perron de treize marches ,
qui lui donne beaucoup de majesté.
L'église de l'Hôiel-Dieu, située sur une petite
place, est petite, miis solt-Jeiuent ooustruite en
6S5
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUË-
656
pierres de taille. La façade, d'un genre darcliiiec-
lure assez noble, est lerminée par un fronton qii'ac-
conipagnent deux clochers qui produisent un bon
effet. Les décorations en sont faites nvec goût. La
chaire est un joli ouvrage qui décorait avant la révo-
lution l'église des Cannes décliaussés ; la rainpe de
cette chaire, le tambour, les stalles et les boiseries
du ciiœur sont des chefs-d'œuvre de menuiserie et
de serrurerie. Le chœur est décoré de beaux ta*
bieaux.
X.a construction du palais de rarchevèclié est due
au cardinal de Bourbon , (jui le fil bàtir dans le xv"
siècle, sur les ruines d'un autre palais qui renion-
lait , dit-on , à Charleraagne : plus tard , le cardinal
de Tencin le fit restaurer sur les dessins deSoufftot ;
la terrasse a été construite au commencement du
siècle dernier. Ce p:.lais prend son entrée par la rue
à laquelle il a donné son nom , où il se lie au bàli-
iueiit neul de la Manécan'.erie , affecté aujouid'hui
au menl-de-piété. Deux portails uniformes, cons-
truits aux deux angles nord-est et uord-ouest d'une
vaste cour carrée , conduisent , l'un d ms les appar-
tements, et l'autre à l'église cathédrale. b"n général,
la façade n'offre rien qui puisse donner l'idée que l'on
se forme d'un palais ; mais l'intérieur est vaste et
beau. Les appaitements y sont bien distribués, et
Ton y remarque quelques pièies fort belles, où l'on
a malheureusement prodigué les ornements de
mauvais goût du siècle de Louis XV. La salle en
entrant est d'une étendue considérable ; c'est par
elle que l'on parvient aux différentes chambres (|ui
ont leur vue snit sur le quai , soit sur la place à
l'issue du pont. La salle à manger, d'une construc-
tion singulière , est éclairée par un dôme en forme
de lanterne. La salle de réception est ornée de plu-
sieurs portraits de prélats distingués, parmi lesquels
on distingue ceux de Bossuet et du cardinal de
Bissy. Le salon à la suite est remarquable par ses
dimensions et par sa régularité; il communique à
une terrasse découverte qui termine le bâtiment du
côté du nord. De cet endroit on jouit d'une vue dé-
licieuse sur le cours de la Saône, qui décrit une
couibe dont deux ponts bornent les extrémités; le
grand nombre de barques de toute forme et de toute
grandeur (jui montent et descendent celle rivière ,
la multitude de piétons , de chevaux et de voilures
qui circuleiu sur les ponts et sur les quais, forment
une suite de tableaux variés et pleins de mouve-
jnent, qu'eiuhellissent encore les gracieux paysages
des environs.
Depuis 1818, la préfcclure du département est
installée dans les bâtiments de l'ancien couvent des
Jacobins, qui ont été apnropriés à celle destination.
L'édiûce se compose d'un corps de logis central ,
qu'accompagnent deux ailes parallèles reunies par
une grille en fer, séparées par une cour entourée
de portiques. Le premier étage compose les appar-
tements ei les salles d'apparai ; l'aile gauche est oc-
cupée par les archives. Un jardin bien planté s'étend
derrière les bàtimenis.
L'Iiôtel de ville de Lyon est le plus bel édifice en
ce genre qui existe en France : il fut commencé en
1046, et entièrement achevé en 1055, sur les des-
sins de Simon Maupin, alors voyer et architecte de
la ville. Cet édilice forme un carré isolé , composé
d'une façade de 40 mèires de large, qui règne sur la
place des Terreaux, et de deux ailes en retour de
70 loises de longueur , qui donnent sur deux des
plus belles rues de Lyon , et se terminent à la
place de la Comédie : ces deux ailes forment deux
cours, dont l.i |iremière est beaucoup plus grande
et plus élevée que la seconde , et qui se commu-
niquent au moyen de deux terrasses découvertes ,
soutenues sur des arcades : l'une de ces cours est
pavée en dalles. La façade principale, qui donne
sur la place des Terreaux , n'appartient à aucun or-
dre d'archiieclure ; elle offre néanmoins une belle
apparence , et se termine par une balustrade sur la-
quelle s'élèvent deux grandes statues d'Hercule et
de Minerve. Les deux parties latérales sont Oan-
quées de deux pavillons carrés, surmontés de fron-
tons et terminés en dôme. Derrière la façade est la
tuur de l'horloge , haute de 150 pieds et couronnée
par une coupole ; l'Iiorioge placée dans cette lour
répond à ipialre cadrans ; celui qui regarde la place
des Terreaux est accompagné des doux ligures du
Rhône et de la Saône. Le second portail, donnant
sur la place de la Comédie, est flanqué de deux pa-
villons carrés , et peu inférieur au preniier. — La
porte d'entrée de la façade principale s'annonce par
un vaste perron de douze marches , qui lui donne
un aspect majestueux ; elle est pratiquée dans un
enfoncement circulaire formant une espèce de por-
tique , dont la voûte est soutenue par deux colonnes
ioniques de marbre rouge. Les fenêtres du rcz-de-
cliaussée sont percées par des arcades feintes. Les
fenêtres du premier étage sont surmontées de fron-
tons qui supportent des lions. L'attique a encore un
rang de fenêtres moins grandes que les autres et
ornées de lestons ; au milieu, on remarque un bas-
relief représentant Henri IV achevai. — L'intérieur
de l'hôtel de ville n'est pas moins digne d'attention
que l'extérieur. A l'entrée par la porte principale,
est un beau vestibule en arc surbaissé d'une grande
hardiesse ; les deux extrémités s'ont occupées par
deux groupes en bronze de grandeur colossale, qui
ornaient autrefois le piédestal de la statue équestre
sûr la place Bellecour; celui placé à gauche repré-
sente le Rhône appuyé sur un lion rug'ssant et sur
sa rame; l'autre représente la Saône appuyée aussi
sur un lion , mais dans une attitude paisible. Der-
rière ces groupes , ouvrage des frères Cousiou, se
trouvaient autrefois plusieurs inscriptions, dont la
plus remarquable était la iiarangue de l'empereur
Claude; elle est placée aujourd'hui dans le palais des
Arts. Du vestibule parlent aeux escafiers ; ceîui
gauche du portique, qui sépare le vestibule de la
6»-'
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 658
grande cour, est de forme ovale, à irait sans noyau,
€t suspendu en spirale d'une manière ingénieuse et
très-hardie. A droite est l'escalier principal, large
<le 8 pieds, porté en demi-berceau sans appui hors
«les murs , et terminé par une galerie en foriiie de
balcon. Le plafond est orné de peintures dans les-
quelles Blanchet a représenié avec beaucoup d'art
l'embrasement de Lyon décrit psr Sénéque. Cet es-
calier conduit à une très-belle salle de 82 pieds de
longueur sur 58 de largeur , dont les peintures sont
devenues la proie des flomnîes qui consumèrent celte
partie de l'hôtel de ville en 4G74. Le tableau princi-
pal, chef-d'œuvre de Blanchet, représentait le tem-
ple circulaire dédié à Auguste par les Gaulois. (Cette
salle, qu'un second incendie avait beaucoup endom-
magée en 1803, est entièrement réiablie et décorée
à neuf.) La salle du tribunal de commerce et la
chambre du consulat sont aussi ornées de plafonds
peints par Blanchel. La salle des archives, coniignè
à celle dernière , réunit à la plus grande solidité
tout ce qui est nécessaire pour conserver le dépôt
important qu'on y a placé. Le rez-de-chaussée de
l'aile gauche est occupé par les bureaux des con-
iribiitions , de la police , elc. ; celui de l'aile droite
par les bureaux de la mairie et les salles d'assem-
blées du conseil municipal. Le premier étage ren-
ferme les appartements d'apparat , qui sont décorés
avec beaucoup de goût.
Le grand collège, situé sur le quai du Khône, est
un des monuments les plus imponanls de Lyon ; il
est traversé par la rue Ménétrier, recouverte en par-
lie d'une arcade. Les bâtiments occupent l'emplace-'
ment de l'ancien collège! de la Trinité , fondé en
151!'. La cour, qui est d'une grande étendue, est en-
tourée de bâliments de tous côtés; les classes occu-
pent le rez-de-chaussée. Les dortoirs , les salles
d'éludé, la cnisine, la lingerie, l'infirmerie, le loge-
ment du proviseur , de l'économe, du censeur, des
professeurs , sont d'une distribution commode et fa-
cile.
La bibliothèque publique est placée dans la partie
des bâtiments du collège qui se trouve sur le quai
de Uetz. L'entrée ne répond point à la beauté du
vaisseau : on y arrive par un petit escalier tortueux,
aboutissant à une porte de peu d'apparence, qui sert
d'entrée à une salle immense dont la longueur est
de 50 mèires, la largeur de 1 1 , et la hauteur de plus
de 13. Le pavé est de marbre, etrinlérieur orné de
quaire globes, de sphères, de planisphères, de tables
précieuses , et de divers busies et bas-reliefs. Six
rangs d'in-folio régnent à l'eniour et sont placés
dans cinquante-trois armoires grillées, renfermant
quatorze mille quatre cents volumes; au-dessus
régne une g;dcrie à balustrade, oii dix antres rangs
offrent les iii-i°ei les in-8°, au nombre de cinquante
mille. Une grille sépare celte vaste salle d'une aile
collatérale, dite bibliothèque Adamaly , léguée à
l'académie par l'honorable citoyen de ce nom. Une
porte à glaces conduit de cette salle à celle des es-
tampes , où sont réunis les gravures et les volumes
adanticpies. Derrière cette pièce est le cabinet d'an-
tiquilés. A côté de la grande salle , il s'en trouve
deux autres : la première reçoit les lecteurs en hi-
ver ; la seconde renferme une collcclion considéra-
ble de ce qui a été imprimé sous le titre d'oeuvres ,
et toutes celles dont les auteurs sont Lyonnais. Au-
dessus de ces pièces, on parvient à la talle des ma-
nuscrits et des éditions antérieures au commence-
ment du xvi» sièc'e, et à un vaste dépôt où sont
rassemblés presque autant de livres qu'il s'en trouve
dans la grande salle.
La bibliothèque de Lyon a été formée des dons
faits par les rois de France ou par divers particuliers;
des livres provenant des monastères supprimés, et
des fonds annuels mis par la ville à la disposition du
bibliothécaire. André Gérard, grand-prévôt de l'é-
glise de Bourg, légua, en 1557, sa belle librairie au
collège ; Camille de Neuville, archevêque de Lyon ,
lui donna aussi la sienne en 16'JO ; Louis XIII et
Louis XIV l'enriehireiit des magnifiques éditions du
Louvre ; Mazenod , Penacliou , Aubert , Bros-
sette , etc., l'augraentèreni aussi d'un grand nombre
de volumes ; enfin, la suppression des corps monas-
tiques lui a procuré une infinité de livres rares et
précieux. — Indépendamment d'une mulliiude de
livres imprimés dans toutes les langues , la biblio-
thèque contient une collection considérable de gra-
vures, des manuscrits chaldéens, syriaques, hébreux,
arméniens, grecs, arabes, persans, tartarcs, indiens,
chinois, elc. ; quelques-uns sont écrits sur vélin,
deux sur des feuilles de palmier ; plusieurs autres
sont remarquables par le luxe des miniatures et des
ornements qui y sont répandus. Parmi les ouvrages
imprimés , on dislingue une histoire générale de la
Chine en vingt volumes, imprimée à Pékin, eii
beaux caractères chinois; un Tiie-Live en deux vo-
lumes in-folio sur beau vélin , Ven se, liTO; l'His-
toire naturelle de Pline, sur vélin, deux volumes
in-lolio, Venise, Nicolas Jeanson, 1-472 ; un Cicéroa
en quatre tomes , Milan , Minutianus, 1 190-98 ; les
œuvres de Luther en sept volumes in-folio, dont le
dernier contient sa fameuse conférence avec le
diable ; un Herbier sur vélin, avec figures, qu'on dit
avoir plus de six cents ans d'antiquiré , etc. — Une
vaste terrasse, de soixante-dix pas de longueur, joint
la grande salle de la bibliothèque , et offre une pro-
menade agréable d'où l'on jouit d'un point de vue
magnifique : un quai superbe , couvert d'arbr s et
bordé des plus belles maisons de la ville, longe le
Rhône, dont les eaux rapides coulent dans un large
canal traversé par trois ponts; au delà s'étend une
plaine immense, qui se prolonge, à l'est, jusqu'aux
Alpes, tandis qu'au nord elle est bornée par les co-
teaux de la Bresse , et au sud par le mont Pila et
les montagnes du Oauphiné.
Le palais des Arts était, avantla révolution de 1789,
une abbaye de religieuses fondée dans les premiers
temps du christianisme. Au commencement du vi«
6S9
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
660
siècle, Godegiselle, et la reine Teudelinde, son épouse,
rélablirenl ce momgière, qui fui délruil par les Sar-
rasins, reconstruii sousCharleniagne, el rebàii plus
magnidquement dans le xvii» siècle , sur les dessins
de M. de la Volsinière. — Ce vasie bâtiment, qui a
plus l'air du palais d'un prince que d'un monastère,
est composé de (luatre grands corps de logis qui for-
ment une cour dont on a fait un parterre, orné dans
le centre d'une statue d'Apollon placée sur un autel
antique. La façade principale, qui donne sur la place
des Terreaux , est embellie de deux ordres d'ar-
chitecture en pilastres, lé dorique et le corinthien ;
un troisième ordre en attique s'élève au milieu el
accompagne un belvéder à l'italienne , qui domine
sur tout le bâtiment, et qui cohtribue beaucoup, de
même qOè la balustrade qui surmonte l'entablement,
à donner une grande apparence à toute cette façade ;
mais la fégulariié malhenreusemeni ne s'y trouve
pas, et les ordres sont absolument hors de propor-
tion. Il manque beaucoup de choses pour terminer
cet ouvrage ; toutes les sculptures sont encore à
tailler , et i! devait y avoir un fronton à chaque ex-
trémité. L'intérieur répond à l'apparence du dehors.
La C'iur est entourée d'un portique solidement voûté,
et dont le dessns forme une terrasse découverte ,
bordée d'une balustrade de fer. Au centre de celle
cour, ombragée de deux côtés par des arbres , un
autel antique porte l'inscription d'un vœu de Junius
Sylvanus Mélanion , receveur augustal : on a élevé,
au-dessus de cet autpl, une statue en marbre blanc.
— M. Artaud a mis un soin infatigable à rassembler
autour des portiques plusieurs morceaux d'antiquités,
dont la découverte est le fruit de ses nombreuses
recherches. Les regards s'arrêtent sur un grand
iionibre d'inscriptions propres à piquer la curiosité.
On y remarque un autel taurobolique élevé par les
Lyonoais3AntoninlePieux;un autre taurobole, objet
d'un vœu de deux dames lyonnaises pour le succès
des armes de Sepiime- Sévère, contre Albin son com-
pétiteur à l'empire; un sarcophage à deux corps en
irarbre grec, orné sur les parties latérales de trophées
Composés de haches d'armes et de boucliers; une
inscription tumulaire en caractères grecs; une co-
lonne niilliaire qui rappelle le nom de l'empereur
Maxime ; des autels érigés en l'honneur des mères
augustes, de tous les dieux, de Sylvain, etc.; un cippe
élevé aux mânes d'Oppius Placidus , le premier des
àruspices qui faisait partie du collège des prêtres
d'Auguste ; une inscription honoraire à Sextus Li-
gurius, et une autre à Tibérius Anlistius; un grand
nombre de pierres tumulaires; des inscriptions en
l'honneur des sevirs augustaux du temple d'Auguste;
des fragments de statues et de sculptures; des mas-
ques antiques; des amphores , des urnes cinérai-
res, etc. Tous ces monuments précieux de l'histoire
de Lyon attirent la curiosité des artistes et des sa-
vants.— Dans le palais des Ans sont établis : le mu-
sée des tableaux ; le cabinet des médailles ; le mu-
sée lapidaire ; la galerie des plâtres antiques; le dé-
pôt des pièces mécaniques pour la fabrication des
étoffes de soie ; la biblioihèque du conservatoire ; l'é-
cole gratuite de dessin, et différents cours. — On par-
vient à la grande salle du musée par un très-vaste es-
calier, où l'on voit une belle inscription en lettres d'or,
qui est un des monuments historiques du progrès des
manufactures de soie à Lyon. Celte salle est un fort
beau vaisseau pavé en carreaux de marbre, et
di\isé en trois parties par des arcs élevés à plein
cintre; le plafond, orné de rosaces , de différents
compartiments et de peintures d'un bel effet , est
absolument plat et sans aucun point d'appui sur des
pilastres ou des colonnes, ce qui est ctKitraire à
toules les règles du goût. C'est dans la grande salle
du palais que se trouvent tous les tableaux qui com-
posent le musée. A l'entrée sont des tableaux de
fleurs de Van Huysum , Van Broussel , Vander Ka-
bel, Berjon, Bony et autres artistes distingués. A la
suite sont les tableaux d'histoire de plusieurs grands
maîtres des écoles italienne, vénitienne, napolitaine,
hollandaise et flamande , parmi lesquels nous cite-
rons : le grand tableau de l'Adoration des Mages ,
par Rubens ; les sept Sacrements, par le Poussin ;
l'Assomption de la Vierge, par le Guide; la Prédica-
tion de saint Jean et le Baptême de Jésus-Christ, par
l'Albane ; Moïse sauvé des eaux, par Paul Yéronèse;
l'Ascension du Christ , par Pérugin ; un portrait de
chanoine, par A. Carrache; l'Adoration des bergers
et l'Invention des reliques, par Philippe de Cham-
pagne; la Circoncision, par Guerchin ; saint Luc
peignant la Vierge , par Giordano ; plusieurs ta-
bleaux du Tintoret; les Vendeurs chassés du temple,
par Jouvenet ; l'Adoration des anges , par Stella ; le
Christ à la colonne, par Palme; saint François d'As-
sise , par l'Espagnolet. — Au fond de la galerie de
tableaux se trouve le cabinet des antiques et des mé-
dailles, dans lequel un a transporté, depuis la for-
mation du musée, tous les magnifiques souvenirs des
Romains qui étaient épars chez différents particu-
liers, ainsi que ceux qui ont été découverts dans dif-
férentes fouilles. On y voii la fameuse Table de
bronze, découverte en 1529 sur la colline de Saint-
Sébastien, et qui contient en partie la harangue que
prononça l'empereur Claude devant le sénat de
Rome, pour faire accorder à la ville de Lyon le titre
de colonie ; un fragment d'une cuisse de cheval en
bronze doré; un bas-relief en marbre représentant
un sacrifice ; ce morceau fort remar.iuahle décorait
autrefois la porte de l'église de l'ancien château de
Beaujeu. C'est lors de la démolition de cette église
qu'il a été transféré au musée ; une partie du tableau
d'une mosaïque en relief, représentant l'Espérance;
une statue de Vénus en marbre ; des tableaux en
émail; un modèle en relief du temple d'Isis, à Pom-
péia ; des ouvrages en ivoire ; plusieurs monuments
du moyen âge , tels que le vase de la Mère folle, des
armes , des émaux , un plai et une aiguière de
fiîence, un calendrier servien , des flèches, des cas-
se-tèie, des haches en pierre , etc. — On voit aussi,
161
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
662
dans [iiairc armoires d'un beau travail , une grande
quanlilc de ligurines grecques, égyptiennes, romai-
nes; elles sont d'une rare pcrfeclion. On y trouve
ëgalëment des lampes de diverses formes , des vases
de verre antiques , des insirunrtenls f ivils , refigieui
et militaires, etc., et ime colleclinn de médailles en
brooze et en argent. On remarque encore au musée
une momie enfermée dans une caisse cliargée d'Iiié-
roglyphes.
L'Ecole vétérinaire de Lyon est la première de ce
genre qui ait été établie en France. Sa fondation est
due an célèbre Uourgelat , qui obtint, en 176),
l'autorisation d'ouvrir à Lyon une école dans laquelle
on enseignerait In connaissance et le traitement di'S
maladies des bœufs, cbevaux, mulets, etc. Celte
école rendit, dès sa naissance, de si grands services
dans les campagnes, en arrêtant les progrès des
épizooiies , qu'elle mérita le titre d'école royale
■vétérinaire. D'abord établie au faubourg de la Guil-
loiiére, dans une maison de l'Hôtel-Dieu, elle a
été transférée en Tan V à l'Observance , où elle
occupe iJn local vaste et bien disposé. Le buste du
fondateur de cet important établissement en est i;n
des plus beaux orm^ments. Le jardin est pittoresque
et bien entretenu; an fond est nne jolie colline
couverte d'arbres de toute espèce , d'où jaillissent
des sources d'eau vive. Le jardin de botanique, la
pbarmacie et le cabinet d'histoire naturelle niéri
tent de fixer l'attention.
Le jardin des plantes, situé au rentre de la ville,
où il forme une promenade on ne peut plus agréable,
a été fondé par M. Gilibert, célèbre médecin de
Lyon, qnî y professa longtemps la botanirpie. On
y entre par im perron qui donne sur la place
Sathnnay : 5 gauche est l'orangerie; sur le devant
est tiHf parterre, à l'entrée duquel «st placé le busie
en marbre blanc du célèbre abbé Rozier : le piédes-
tal, cotironné d'une guirlande, porte l'inscription
Suivante :
kV COIUMELLE FRANÇAIS,
LVON, SA PATRIE.
La posiiion en amphithéâtre de ce jardin , et ses
divers détours et allées, peuvent donner une idée
des sites de Lyon, qui varient à chaque instant par
l'effet du mouvement des terrains. Dans la partie
supérieure , se trouve une esplanade ombragée
d'arbres de différentes espèces. De cet endroit, la
vue domine sur une partie de la ville; on distingue
les principaux édifrces et les ponts sur la Saône et
Te Rhône; au levant , les, regards s'étendent sur la
colline de Fourvières, et, dans le lointain, sur les
Alpes et les campagnes du Dauphiné. Au-dessous de
l'esplanade, est l'emplacement d'un vaste amphi-
théâtre de forme circulaire, qui, du temps des
Romains , servait de naumachie. — La situation du
jardin sur une colline qui présente diverses exposi-
tions, permet d'y cultiver toutes les espèces de
plantes connues. Comme il est abrité des vents du
nord , on y jouit ordinairement en hiver d'une tem-
pérature très-douce : les fleurs y naissent lorsque
partout ailleurs la nature est encore inanimée; en
été, la chaleur y égale quelquefois celle des côtes de
la Méditerranée.
La loge du Change, qui fait le principal ornement
de la place du Change, a été construite en 1710, sur
les dessins du célèbre Soufflot, et par les soins de
négociants italiens; c'était, dans l'origine, le lieu où
les commerçants s'assemblaient pour leurs affaires
de commerce et pour leurs règlements de compte.
Elle a été restaurée il y a quelques années, et sert
aujourd'hui de temple aux protestants. Lors de sa
restauration , on a laissé subsister une inscription
gravée sur une table de marbre noir, qui se trouve
au centre de la façade; c'est la devise que les
Gryphe, fameux imprimeurs de Lyon, plaçaient au
frontispice de leurs livres :
Virtute duce , comité Fortuna.
La Condition des soies est un bâtiment isolé des
autres maisons, afin de prévenir tout accident, ei
les appartements dont il se compose ont été voûtés;
I est destiné à enlever aux soies l'humidité superDue
qu'elles peuvent contracter d;ins les moulins, dans
la roule ou par quelque sulre cause. Lorsqu'un bal-
lot de soie est acheté par le fabricant, il passe à la
londiiion publique, où il est pesé, placé dans des
armoires grillées, et exposé pendant vingt-quatre
bcures à une chaleur de dix-huit à vingt-deux de-
grés. Quand toute l'humidiié est enlevée, on le pèse
de nouveau, et le déchet qu'il a subi est constaté
par un certificat auiheniique de l'établissement.
La halle aux Grains a été élevée en ISI.'Ï sur
'emplacement qu'occupaient, avant la révolution de
17S9, la magnifique chapelle des Confalons et celle
de Noire-Dame de Bon-Rencontre; c'est une con-
struction lourde, vaste sans être commode; le rez-
dR-ehaussée, affecté à la vente dés graines, est in-
commode et mal éclairé; au-dessus est un vaste
magasin servant d'entrepôt pour les grains. Cette
halle est be.iiicoup trop petite pour nne grande
ville; mais sa situation centrale et près d'un grand
fl'uve, la facilité des abords, y amèneront toujours
un grand nombre de vendeurs et d'acheteurs.
Le Mont-de-Piété ne date que de l'année 1811.
U fut d'abord établi dans le cloître des Jacobins;
maintenant il est placé dans le bâtiment de la Mané-
canterie, édifice d'une très-belle apparence, cons-
truit en 17(J8 pour loger le clergé de la cathédrale
de Lyon, sur les dessins de l'architecte Decrénice.
Tous les étages sont voûtés.
L'flôtel-Dieu, ou Hôpital général, est une fonda-
tion de Childebert et de la reine Ulirogothe, son
épouse. L'adminisiraiion en fut d'abord confiée à
des personnes laïques sous la direction de l'arche-
vêque , et cette forme dura plus de six siècles. Ella
passa ensuite successivement à des religieux de
différents ordres; enfin, en l'année USG, les conseil-
lers échevins de la ville s'en chargèrent, et gouver-
nèrent cet hôpital immédiatement et par eux-œême»
665
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
664
josqn'en 1585, qu'ils remirent ce soin à douze citoyens,
dont le nombre fiit porté dans la suite à quatorze.
L'entrée principale de lllôpital a été refaite en
l'année 1708. Ferdinand Delainonce, qui en a donné
le des^in , a su faire valoir l'irrégularité de la situa-
lion, et en a fait un morceau d'architecture très-joli.
La porte extérieure est ouverte en arcade, accom-
pagnée de deux colonnes doriques qui portent sur
de^ socles , et soutiennent un entablement régnant.
Un grand attique à pilastres s'élève au-dessus du
premier ordre et renferme une table d'inscription ,
où est gravé le nom de cette maison. Ce portail est
encliàssé dans deux portions de cercle qui se joignent
aux bâtiments des côtés, et qui servent à cacher
toute l'irrégularité de cette situation ; il donne entrée
dans un vestibule octogone qui dégage dans l'ancien
cloître par où l'on va aux appartements. Ce vestibule
est voijté en croupe et décoré d'ornements qui ser-
vent à raccorder, d'une manière fort ingénieuse, les
anciennes voûtes avec les nouvelles. Au centre de
la cour, on voit une superbe croix en fer, entourée
de saules pleureurs, érigée par les administrateurs
et bienfaiteurs de l'hospice, ainsi que par la sœur
Olard, en 1813. — L'intérieur de l'Hôpital consiste
principalement dans la grande inûrmerie , sur le
dessin de celle de Milan. Elle est disposée en .''orme
de croix grecque, ayant "60 pieds de longueur, dans
chaipie partie de laquelle il y a trois rangées de lits
pour les malades. Ces vastes salles sonivulgaiiement
appelées les quatre rangs ou des fiévreux , et ont 32
piids de largeur et 25 de hauteur. Deux de ces rangs
sont destinés pour leshon.mes, et les autres pour
les f. nimes. Au milieu de reuiplaecment où aboutis-
sent ces quatre rangs , s'élève un dôme de 5tj pieds
de diamètre , sous lequel est un auiel isolé qui peut
être vu des rangs les plus éloignés, mais qui manque
absolument de proportion : les prières , qu'on y lit
deux fois par jour, peuvent être ent''ndues de tous
les apparii-menis, et le prêtre peut être vu de tous
les malades. Eu général , tons les lits sont de fer et
au nombre d'environ 1800, compris ceux des mem-
bres de la communauté qui sont attachés au service
des pialades, et qui se montent à 260 : tant que le
nombie des malades le permet, on les couche seuls
dans chaque lit. De la grande salle on passe au
dôme principal , sous lequel se trouve un grand et
bel autel I ien décoré. La salle qui forme la conti-
nuation du dôme est destinée aux blessés; elle a vue
sur le quai du Rhône. On a eu soin d'ouvrir dans
le dôme jilusieurs grandes fenêtres, et, pour prévenir
les accidents, on a placé un grillage assez serré
jusqu'à la hauteur d'environ sept pieds. — Ce su-
perbe étalilissement est de la plus grande beauté.
Le service s'y fait avec autant de générosité que de
soins. Cent cinquante sœurs servent les malades, et
préparent les remèdes qui sont ordonnés. La phar-
macie est remarquable par sa grandeur et par l'ordre
qui y est établi ; elle fournit aux besoins du public
et aux pauvres malades des paroisses, qui y trouvent
les remèdes gratis. Une seconde est spécialement
destinée à l'usage de la maison. La belle façade qui
domine sur le quai du Rhône fut construite, vers le
milieu du siècle dernier, par l'architecte SoufDot.
C'est un magnifique bâtiment, qui n'annonce nulle-
ment l'asile de la pauvreté souffrante.
La maison de Charité est une grande preuve de la
charité des Lyonnais. En l'anuée I5ÔI , une siérilité
affreuse ayant occasionné la famine , le peuple des
environs du Rliône et de la Saône fut réduit à une
si grande misère , que ne sachant que faire des
bouches inutiles, on les mit, dit-on , dans des ba-
teaux où on les abandonna au courant de l'eau ;
plusieurs de ces bateaux arrivèrent à Lyon. Ce spec-
tacle loucha vivement le cœur des Lyonnais; tous
ces malheureux, au nombre de douze mille, furent
reçus charitablement et secourus , nonobstant la
disette dont la ville souffrait aussi beaucoup. D'abord
ils furent partagés dans les maisons, chacun en prit
chez soi, ensuite l'on pourvut en commun à leur
nourriture : on la leur distribuait, ainsi qu'aux pau-
vres de la ville, en différents endroits. Huit notables
bourgeois furent chargés de ce soin et de recevoir
les aumônes qui se fai^aient pour cola : cette bonne
œuvre fut continuée depuis le 19 mai jusqu'au 1'
juillet, et alors le temps de la moisson ayant rap-
pelé tous ces pauvres à la campagne , il se trouva
encore entre les mains du trésorier de celte associa-
tion une somme de 396 liv. 2 s. 7 den. de reste des
aumônes. Il fut résolu dans une assemblée des prin-
cipaux bourgeois de la ville de les employer à la
nourriture des pauvres de la cité, et de continuer à
l'avenir de leur fournir les mêmes secours. L'on
établit h cet effet une espèce de bureau dans le cou-
vent des Cordeliers de Saint-Bonaventure. En 1613,
on fit encore plus; car, sans discontinuer cette dis-
tribution , on bâtit une maison pour renfermer les
pauvres mendiants. Ils furent d'abord logés dans la
maison de Saint-Laurent, hors de la porte de Saint-
George, sur le chemin des Etroits; mais ce bâlimeni
n'étant pas suffisant, on acheta un grand espace de
terrain qui faisait partie de l'ancienne place de Belle-
Cour, et à l'aide des libéralités de M. Marquemont ,
archevêque de Lyon, îles chanoines de la cathédrale,
de M. d'Halincourt, gouverneur, et de plusieurs
riches citoyens, l'éslise et l'hôpital furent mis à peu
près dans l'étal lù ils sont aujourd'hui. Dans la cour,
en face de la porte d'entrée, il y a des tables noires
sur lesquelles on a gravé les noms des personnes
qui, en mourant, ont institué pour leurs héritiers les
pauvres de cette maison. — Les bâtiments de cet
hospice sont très-vastes. Neuf cours, dont une plus
grande au milieu, séparent les différentes parties et
contribuent à augmenter la clarté, quoique l'on ait
tâché d'y ménager toutes les commodiiés dont on
avait besoin. Les proportions de cet édifice ne sont
avantageuses ni dans le détail , ni dans le tout en-
semble. La façade s'étend jusqu'à la caserne de cava-
lerie, vulgairement connue sous le nom de youvellt-
665 GEOGKAPHIF, DES LEGENDES AU MOYEN AGE
Douane, et n'est remarquable que par sa noble sim-
plicité. L'entrée principale a été rostriurée en 1S27.
D.ins la p;iriie supérieure da portail , on remarque
un I as-relief exécuté par U. Legendre-Hérald : six
fifîures, h peu près de grandeur naturelle, composent
cet ouvrage, dont le sujet est la Charité elle-même.
Jusqu'à présent, la plupart des peintres et des sta-
tuaires qui avaient essayé de représenti'r cette venu,
s'étaient allacliés à la montrer assise, allaitant plu-
sieurs petits enfants placés sur ses genoux. M. Le-
gendre-Hérald a cru pouvoir sortir de la routine. La
Charité est deliout, le sein gauche découvert; elle
étend la main gauche vers l'enfant d'une jeune et
pauvre femme qui lui demande l'aumône, et de la
main droite elle donne du pain à un malheureux
vieillard , également accompagné d'un petit enfant,
que l'artiste a représenté la tête et les yeux baissés ;
un autre petit enfant est assis aux pieds de la Charité,
et a la tête et les regards tournés vers elle.
L*hospice de l'Antiquaille a sa principale entrée
par la place de ce nom, et occupe l'emplacement de
l'ancien palais des préfets du prétoire ou gouverneurs
de> Gaules. Plusieurs empereurs romains l'ont habité;
Cl.aude et Caligula y sont nés , et c'est aussi dans ce
palais qu'Antonia accoucha de Germanicus. — L'An-
tiquaille n'était qu'un lieu couvert de ruines, et en-
vironné de vignes, lorsque Pierre Sala, d'une des
familles de Lyon les plus distinguées dans la ma-
gistra'ure, fit élever à la place, l'an 1500, une belle
maison somptueusement bàiie, dans laquelle il réunit
les monuments de l'antiquité que ce quartier ofTrait
en abondance. Ce fut la destination donnée à cette
maison qui la fit appeler du nom de l'Antiquaille,
dénomination que l'on ne trouve mille part avant
cette époque , mais qui lui fut dès lors consacrée.
La propriété en passa ensuite à Sympliorien Ruatier,
à Jeanne Buatier, et ensuite aux religieuses de la
Visitation. L'église, bâtie en 1639, fut consacrée à
Notre-Dame et aux martyrs lyonnais : au-dessous est
un cachot qu'on assure avoir servi de prison à saint
Pothin.— On trouve dans la première cour de la mai-
son l'entrée de longues voûtes souterraines qui tra-
versent, à une assez grande profondeur, une partie de
la montagne. Cet ouvrage, conduit par l'architecte
Billion, date du milieu du siècle dernier, et n'avait
été exécuté qu'avec des travuux immenses, dans le
but de procurer l'eau nécessaire aux besoins du mn-
nastére. — Dans l'enclos, sous le chemin qui va de
la place des Minimes à Fourvières, il existe un sou-
terrain de 100 pieds de long, 1-2 de large et 15 de
haut; il est enduit, jusqu'à la naissance de la voûte,
d'un ciment rnuge cxtrêmemiiit dur et poli, et un
mur très-épais coupe en deux parties inégales ce
long bnyau.
Les casernes à Lyon sont de très-beaux corps de
bâtiments qui méritent d'être vus. Cel'e du quai de
Serin, construite en 17-28, était autrefois des greniers
d'abondance, devenus inutiles depuis qu'on a favorisé
Ea libre circulation des grains; on en a formé des
666
casernes pour la cavalerie et l'infanterie. — Celle
située à la suite du bâtiment de la Charité était au-
trefois riiôiel des Fermes, construit, quelque temps
avant la révolution, sur les dessins de l'arcbilecte
Diipoux. L'édiilce est très-étendu et sert de quartier
pour la cavalerie et l'infanterie. — Le couvent des
Colinettes, sur !s coteau de Saint-Clair, sert de loge-
ment à l'infanterie ; la cour est grande et propre aux
manœuvres; la vue, qui .s'étend très au loin et qui
domine les Brotteaux, est magnifique. — Le monas-
tère de Sainie-Marie-des-Chaîiies, prés du quai de
Serin, est un entrepôt pour les fourrages, où l'on
avait commencé de belles casernes pour la cavalerie,
mais les travaux ont été suspendus. — Le couvent
des religieuses du Bon-Pasteur, situé rue Neyret, et
l'ancien couvent des Carmes-Décbaux. servent aussi
de casernes. — La ca=erne de gendarmerie est un
bel édifice récemment construit sur l'ancien ompla-
cemenl du Manège , à l'angle des rues Sala et Saint-
François de Sales.
On compte à Lyon 250 rues, dont plusieurs son!
fon longues, quelques-unes larges et assez régulières.
Cependant il en est peu de véritablement dignes de
la seconde ville d'un grand Etat. Dans les qu.irtiers
nouveaux, les rues sont régulières et se coupent h
angle droit; mais elles manquent de beaux édifices.
En général, Lyon, surtout dans la partie basse, est
percé de coinmunications étroites, escarpées , tor-
tueuses et bordées de maisons si élevées qu'elles
permettent rarement au soleil de pénétrer jusqu'au
pavé. Ces rues , presque toujours humides et fan-
geuses, sont d'ailleur'i mal pavées de cailloux roulés
et manquent de trottoirs. Des allées obscures, ser-
vant de passage d'une riie'à l'autre, des cours étroi'.es
et sombres, une population surabondante, et surtout
des habitudes de malpropreté assez générales, se-
raient des causes d'insalubrité funeste, si la nature
ne faisait, pour les détruire, plus que les habilaiils
eux-mêmes. — La rue Mercière est une des plus
longues, des plus fréquentées et des plus marchandes
de Lyon; mais elle est aussi l'une des plus étroites,
des plus tortueuses et des plus malpropres. La rue
de la Juiverie était autrefois une des plus belles de la
ville, et elle est encore aujourd'hui une des plus
larges : c'est dans celle rue que Charles Vill et
Louis XII donnèrent des fêtes et des tournois durant
leurs séjours à Lyon.
Les bords du Bhône et de la Saône sont bordés
de larges quais et de cours spacieux, pour la plupart
bien ombragés. La disposition et la forme particu-
lière de chacun de ces quais est assortie à la nature
des lieux où ils sont placés. Les quais du Rhône
forment une longue ligne droite et paraissent beau-
coup plus grands que ceux de la Saône , dont les si-
nuosités cachent l'étendue. Les différents genres
d'architecture qui distinguent les maisons de l'un "et
l'autre quai ne sont pas moins en opposition que lesi
sites : sur les rives de la Saône, le bâtiment des An-
tiquailles, la bibliothèque de Saint-Jean, les prisons,
667
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
l'église de Fourrières, le dôme des Cliartreux, don-
nenl aux divers points de vue un aspect majestueux,
un csracière monumental; sur les bords du Rliôiie,
r.irchiieclure moderne a déployé, dans les édiliccs
publics et les maisons particulières, toute la richesse
convenable à chacun de ces genres de consiruclion.
Le contraste que présente le tableau des deux quais
se retrouve encore dans la température qui régne sur
les hords des deux rivières : sur les quais de la
Saône, on éprouve dans le printemps ime chaleur
douce et agréable, qui devient brillante en été; tan-
dis que sur les bords du Rhône faimosphère, glacée
en hiver, est constamment rafraîchie en été par des
courants d'air (jui rendent la promenade délicieuse.
— Le quai Saint-Clair, qui s'étend sur la rive droite
du Rhône, est remarquable par l'élégance des édifices
qu'on y a construits, par la promenaie aaréahie qu'il
offre, et par la vue enchanteresse dont on y jouit :
c'est dans ce quartier qu'habitent la plupart des riches
négoi iants. A la suite du qiiai Saint-Clair est celui
de Ri-tz, bordé de maisons magnifiques, et de belles
plantations qui se prolongent jusqu'à l;t place du
Concert. Ce quai communique à celui île Bon-Ren-
contre, qui se joint au quai de l'ilôpital, lequel se
lie par le quai d'Angoulême à la belle avenue de
Perraclie. — Sur la rive gauche de la Saône , les
quais d'Occident, de Saint-Antoine, des Célestins,
oITrent une voie extrêmement large, bordée de maisons
généraleiiieiil bien bâties, d'où l'on a en perspective
de cliainiants points de vue. Ces quais se prolongent
depuis le pont du Change jusqu'à celui de Serin , et
offrent des ports eommoiles pour la navigation. — Le
nombre des ports de débarquement est de dix-huit,
dont (juatre sur le Rhône et quatorze sur la Saône.
Lyon possède plus de 50 places publiques, dont
quelques-unes seulement sont vastes, a^sez régu-
lières et ornées de beaux éililices ; les autres sont
petites et n'offrent aucune régul.irité.Les principales
sont : la place Rellecour, une des plus b'iles et des
plus vastes de l'Europe. Elle a la forme d'un paral-
lélogramme t lès-allongé , de 510 mètres de long sur
200 mètres de large d'un côté, et 225 mètres de
l'autre; irrégularité qu'on a fait disparaître par
une plantation de tilleuls qui occupe toute la face
méridionale et dérobe la vue des maisons de ce côté.
Le nom de Bellecoiir lui vient, dit-on , de celui de
Itetla Curia , que ce lieu portait depuis le second
siècle de l'ère chrétienne. Elle fut ensuite nommée
place Lonis-le-Grand ; sous le consulat, elle riçut le
nom de place Bonaparte, qu'elle changea pour celui
de Napoléon. Cette place offre une promenade d'au-
tant plus agréable qu'elle est presque au centre de
la ville. Aux deux extrémités sont deux corps de
bâtiments symétriques , présentant une façade de
Il ois étages, dont un avant-corps, décoré de huit pi-
lastres , occupe le centre. — La place des Terreaux
est la plus remarquable après la plaie Bcllecoiir ;
son nom , qui signifie fossé dans le langage du peu-
ple de Lyon , rappelle la première destination de ce
ces
lien. Cette place est petiie, mais régulière ; huit rues
y aboutissent. L'hôtel de ville et le palais des Arts
en occupent deux côtés ; les deux autres façades sont
formées de différentes maisons particulières. Le cen-
tre, circonscrit par des banquettes, était autrefois
décoré d'une pyramide qui a été détruite en 1660.
C'est sur celte place que furent exécutés de Thon et
Cinq-.Mars. — La place du Méridien offre un des
points de vue intérieurs de Lyon les plus intéres-
sants : au milieu s'élève une colonne cannelée de
plus de 60 pieds de hauteur, surmontée d'une sta-
tue colossale représentant Uranie, qui indique le mé-
ridien. — La place des Célestins conduit à la belle
rue Saint-Dominique par un passage formé de ma-
gasins. Elle est régulière, ornée de plusieurs cafés
remarquables et de belles maisons nouvellement
construites. — La place du Change doit son nom à
l'établissement de la banque de Lyon sous Fran-
çois I". 1 Ile est assez régulière, et ornée d'un joli
édifice qui sert de temple aux protestants. — La place
Sathonay doit son nom à la reconnaissance des ha-
biianis pour M. de Sathonay, maire de Lyon , dont
l'administration fut marquée par un grand nombre
de travaux importanis. Celte jolie place sert d'entrée
au jjrdin des plantes; elle est environnée de beaux
édifices , bien pavée, et renferme dans son enceinte
un vaste marché. — La place de la Chariié est belle
par sa p.isilion entre un des plus beaux quais du
Rhône et la place Bellecour : au nord, plusieurs hô-
tels réunis forment i:n corps d'.ircliiiecture régulier;
vis-à-vis est l'église de la Charité , surmontée d'un
joli clocher de forme octogone. — La petite place
de l'Homme de la roche doit son nom à une statue
en bois , représentant un guerrier avec une cuirasse
et une halleb irdfi , eî tenant une bourse à la main.
Si l'on interroge un homme du peuple sur ce qu'on
a vuulu représenter par celte statue, il répondra :
« C'e-t le bon Allemand qui marie les filles de Vaize
et de lîourgueuf ; il leur montre sa bourse pleine
d'argent pour les doter. » Voici l'origine de cette
Ira.lilion populaire : Jean Cléberg, de Nuremberg ,
après avoir exercé le commerce en Suisse, se mil à la
tète d'une compagnie franche, entra en Italie avec
François h^, qu'il suivit ensuite dans sa captivité en
Espagne. Après le retour de ce souver^iin, Cléberg
se fixa à Lyon, où il devint l'un des négocianis les
plus distingués, et acquit le droit de bourgeoisie. En
reconnaissance de ce témoignage de considération ,
cet homme généreux répandait ses bienfaits sur la
classe ouvrière; chaque' année il employait une
somme considérable à la dotation des pauvres filles
de son quartier. Après sa mort, le peuple des fau-
bourg de Vaize et de Bourgneuf lui éleva une statue
en bois, et chaque fois que ce fragile monument s'est
détruit, il l'a renouvelé à ses frais. Cet usage, que
l;i reconnaissance a consacré, n'est point tombé en
désuétude : en 1820, une nouvelle sialiie du bon (Clé-
berg, après avoir été promenée dans toute la ville
au son des instruments, a été placée sur le roc, d'où
669 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
670
elle domine la route de Paris, avec les mêmes céré-
monies qu'en 1716. —Près de l'Homme de la roche
était le fort de Picrre-Scise, l'un des monuments les
plus curieux du moyen âge. Le grand roclier de granit
sur lequel il avait été élevé s'avançait dans la Saône
de manière à ne laisser aucun passage ; Agrippa le
fit couper pour établir l'une des quatre grandes voies
romaines qu'il ouvrit dans les Gaules ei dont Lyon
était le centre. — Quelques historiens attribuent la
construction du châieau fort de Pierre-Scise aux ro s
de Bourgogne ; mais ii parait plus vraisemblable qu'il
fut l'ouvrage des premiers archevêques de Lyon ,
qui, après l'avoir habité longtemps, l'abandonnèrent
pour aller résider au palais S'int-Jean. Cetie forte-
resse fut ensuite transformée en prison d'Eiai,
Lmiis XII y fit emprisonner Louis Sforce , duc de
Milan, ainsi que son frère le cardinal Ascagne ; sous
Charles IX, le farouche baron des Adret*, qui s'em-
para de Lyon , chassa le clergé et pilla les églises ,
fut ensuite enfermé dans ce château ; le duc de Ne-
mours, de Tliou, Cinq-Mars y ont été également dé-
tenus. Au commencement de la révolution, le peuple
de Lyon s'empara de celte prison d'Etat et en com-
mença la démolition , qui a été continuée depuis : le
roc qui la portait a lui-même disparu ; abattu par la
mine, il a été transformé en maisons.
Le Rhône , devant Lyon, a une largeur d'environ
200 mètres; il est traversé par trois pouls : le pont
Morand, le pont Lafayette et le pont de la Guillo-
lière. La largeur de la Saône et d'environ 150 mè-
tres ; on la passe à Lyon sur neuf ponts : le pont de
Serin, le pont de la Gare, le pont Saint-Vincent, le
pont de 1:1 Fouillée , le pont du Change, le pont Vo-
lant, le pont de Tilsilt, le pont d'Ainay et le poni de
la Mulaiière. — Le pont Morand , construit en 1774
par l'habile architecte dont il porie le nom , est en
bois et communique de la rue PHils-GailIol à la pro-
menade des Broiteaux : il a 630 pieds de long sur
42 de large; sa charpenle effraye par son étonnante
légèreté et n'en supporte pas moins le poids des plus
lourdes voitures; les piétons y passent librement
sur de larges trottoirs en briques. Chaque pile, for-
mée d'une seule traversée de poteaux, espacés les
uns des autres , n'oppose à la rapidité du Rhône
qu'une épaisseur de 9 à 10 pouces. Quatre pavillons
Bymélrifioes, en forme de socles et en maçonnerie ,
servent d'ornements aux deux exirémités. Toutes
les pièces de ce pont sont dispo-ées de manière à ce
qu'on en peut substituer d'autres sans déranger celles
qui les touchent. Sa résistance au dégel de 1789 pa-
rut si étotinante à raison de sa fragilité, qu'après la
débicle on plaça au milieu, sur un poteau, une cou-
ronne de laurier avec cette inscription :
Impavidum ferlent riiinœ.
Une crue subite du Rhône, qui eut lieu le 22 oc-
tobre 1825, entraîna des radeaux qui brisèrent et
enlevèrent trois arches. Quelques mois après , il a
été réparé avec beaucoup de soin, et orné d'une ba-
lustrade en fer , qui ajoute encore à sa légèreté. La
vue dont jouit le spectateur placé au milieu du pont
Morand est on ne peut plus agréable : d'un côté,
on découvre le quai Saint-Clair et le cours d'Her-
bouville, couronné par une belle colline ; de l'autre,
les beaux quais du nhône, que terminent majestueu-
sement le bâtiment et le dôme de l'Hôpital. — Le
pont Lafayette communique de la place du Concert
à une nouvelle avenue tracée aux Broiloanx. Les
piles sont en belles pierres, ei le reste en 1er ; quatre
beaux pavillons s'élèvent aux deux exirémiiés. La
construction de ce pont a éié achevée en 1S29. —
On attribue la construction du pont de la Guilloiière
au pape Innocent IV , qui habiia pendant sept ans
le cloître de Saint-Jean ; mais il parait plus certain
que ce pont fut construit en grande partie des libé-
ralités des citoyens de Lyon. Sa longueur est de
103 mètres. Au lieu de le bàiir dans louie son éten-
due sur une ligne droite, une partie a éié construite
en retraite ; ce qni forme un angle à peu prés vers
son milieu , ei lui donne la force de résister à l'im-
péluosiié du fleuve. Dans l'origine , il se composait
de vingt arches, que l'on a réd\iites à dix-sept en
supprimant une pile entre deux arches. Celte entre-
prise harilie fut suivie d'une autre qui ne l'était pas
moins : comme ce pont était si étroit qu'à peine il
sufûsail pour le passage d'une charrette , on l'a
élargi de moitié par l'adosscment d'un pont nou-
veau, qu'on a lié à l'ancien avec des barres de 1er.
Sa construction est solide, mais il n'a ni élégance
ni régularité. Le pont de laGuilloiière S'Tt de com-
munication avec le midi de la France, la Savoie et
l'Italie. C'est au pied d'une de ses arches que des
pêcheurs trouvèrent, par hasard, le fameux bouclier
où est représentée la continence de Scipion. —
La conslruclion du pont du Change remonte au
milieu du xi« siècle ; il se compose de huit arches et
a 193 mèires entre les culées. Quelques inscriptions
antiques, que l'on voit sur les piles, indiquent qua
les matériaux qui ont servi à l'établir proviennent
en majeure partie des débris du célèbre temp'o
d'Anionin. Il existait anciennement une tour au mi-
lieu de ce pont. Dans le xiii'^ siècle, lors des démê-
lés eirtre le clergé et les habitants, ceux-ci s'en ren-
dirent maîtres, et interceptèrent de celle position
toute communication de la rive gauche à la rive
droite de la Saône. Plus lard, la tour fut démolie et
remplacée par une jolie niche, ornée d'une statue de
la Vierge, à laquelle on a substitué un bâtiment
destiné à servir de corps de garde.
Lyon possède plusieurs fontaines publiques, mais
leur nombre est loin d'être en rapport avec les be-
soins d'une cité aussi populeuse ; celles qui existent
sont d'ailleurs peu dignes d'attention sous le rapport
monumental. Les plus remarquables sont la petite
fontaine Saint-lrénée, celles de la place des CorJe-
liers, de la place-Grollier, et une jolie au pied du
chemin Neuf. Lyon a trois rangs de quais, dont
deux sur la Saône et un sur le Rhône. Ces quais ont
chacun un nom différent ; ils sont entrecoupés de
611 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
672
diJt-sept beaux poris, et offrent pour la plupart des
promenades agré:ibles. On remarque encore dans
l'inlérieur de la ville les promenades de Bellecour ,
de la place des Coesiins, le jardin de bohmrque, etc.,
dont nous avons déjà eu occasion de parler ; et à
l'exiérieur, la promenade des Broiteaux , l'avenue
Perraclie, les Elroil<, la I épiiiière, l'île Barbe ,
etc., etc. — La Pépinière occupe depuis 1817 l'enclos
de l'ancien monastère de l'Observance : de toutes
les siiuaiions des alentours de Lyon, il n'en était
point de plus convenable, sous le rapport du climat
et de l'exposiiion. Occupant le penebanl d'une col-
line, les sinuosilés du terrain, l'enfoncement des
vallons, y favorisent la maturiié de toutes les espè-
ces de fruits ; le versant <les coteaux et des prairies
est arrosé par des ruisseaux qui aident à la végéta-
tion. Des différentes bauieurs que renferme son
enceinte, on jouit d'une niultilude de points de vue
pittoresques ; plusieurs allées agricoles , bordées
d'arbres et d'arbustes à fruits des meilleures quali-
tés, et de belles allées de botanique, offrent sur
tous les points une continuité de promenades fort
agréibles. Indépendamment des essais de toutes les
cultures concernant la botanique, on fait à la Pépi-
nière des essais de piaules céréales, ainsi que des
plantes fourragères et tinctoriales. Tout est gratuit
dans l'adniinisiraiion de cet établissement : ses
produits sont employés à fournir des arbres forestiers
pour l'embellissement des routes, à introduire de
nouvelles essences dans les forêts, à cnlliver toutes
les espèces d'arbres à fruits, et 'à favoriser l'agri-
culture.— A i kil. au-dessus de Lyon, au milieu de
la S;iône, se montre une île de 1200 pas environ de
longueur sur 300 dans sa plus grande largeur, que
la nature et l'art se sont plu à embellir. Cette île,
environnée de collines en ampbitbéàlre, paraît pla-
cée au fond d'un vallon embelli par des eaux paisi-
bles comme celles d'un lac ; c'est l'île Barbe, l'orne-
ment d'im des plus beaux sites des environs de Lyon.
— Suivant les plus anciens auteurs, l'île Barbe et les
environs furent d'abord des lieux consacres à la re-
traite des druides. Sous Sepiime-Sévère, quelques-
uns des cliréliensécbappés aux massacres qui eurent
lieu à l'occasinn des fêtes décennales, 'clierclièrent
un asile dans cette île. De ce nombre furent Etienne
et Péregrin, dont la douceur et l'esprit de charité at-
tirèrent bientôt prés d'eux des prosélytes. A peine
l'îie fut-elle ha.iitée qu'on y fonda une abbaye, que
Dagoliert et son fils comblèrent de leurs dons. Ce
monastère, qui s'accroissait ciiaque jour, fut ravagé
par les Sarrasins. Le savant Leyderade le fit re-
construire et y .ajouta plusieurs édifiées nouveaux,
riiarlemagne voulut le connaître, et enelianlé d'une
liabiiatinn placée dans une situation aussi agréable,
il forma le projet de venir dans celte île se reposer
des fitignes du irône. Dans celte inienlion, il fit
rassembler nue belle bibliothèque, qui fut pillée et
brûlée par les calvinistes en ISCS. Plusieurs rois de
France ont aussi visité cet antique monastère , dont
une partie des vastes bâtiments s'élèvent au-dessug
de belles masses de ver. lire, et offrent un aspect
pittoresque. — L'île Barbe est, à deux époques de
l'année, à Pâques et à la Pentecôie, un but de pro-
menade vers lequel se dirige une partie de la popu-
lation de la ville de Lyon et des campagnes envi-
ronnantes.
Lyon a donné naissance à un grand nonilira
d'hommes célèbres, dont les principaux sont: les
empereurs Marc-Aurèle, Caracalla et Claude; Germa
nicus, dont l'empire romain pleura la mort préma-
turée ; Sidoine Apollinaire, écrivain du v siècle;
saint Anibroisele Grand ; Philibert de Lorme, Per-
rache, Rondelet, architectes ; les frères Coustoii,
Coysevox, Chinard, Lemoi, sculpteurs ; les peintres
Siella, Vivien, Hevoil et Richard; les graveurs Au-
deau , Drevet, Gryphe ; les naturalistes Kozier,
Bernard et Adrien de Jussieu , la Touretle , Morel ;
Bourgelat, fondateur des écoles vétérinaires de Lyon
et d'Alfort; le* historiens Paradis, Coloni i , Méné-
trier ; l'hydrographe Fleurieu ; le célèbre écono-
miste J.-B. Say ; les mécaniciens Jambon, Thonié,
Jacquard ; le maréchal Snchet ; le major Martin ,
fondateur de l'école de la Mariinière ; l'oraleur
Bergasse.
L'industrie de Lyon est immense. Les étoffes de
soie, renommées par la solidité de la leinliire et le
bon goùl des dessins, en forment la base principale.
Lyou est la première des villes de France qui ait pos-
sédé des fabriques de soie ; elles datent du règne de
Louis XI, et durent leur élablissemenl à des Floren-
tins et des Lucquois qu'avaient repousses de leur
pays les querelles sanglantes des Guelfes et des Gi-
belins : ou a des lettres patentes, données à Orléans
le 23 noTembre 4i06, portant que, pour empêcher
la sortie annuelle du royaume de quatre à cinq cent
mille écus pour achat d'élolTes de soie, il sera établi
à Lyon des métiers à faire des éiolTes de ce genre ;
quatre ans après, Louis XI appela à Tours des fa-
bricants de l'étranger. L'établissement des grandes
manufictures de soieries qui ont placé Lyon à la
tête des villes industrielles, et rendu le globe tribu-
taire (les produits variés de ses innombrables mé-
tiers, date de Ih'S. A celle époque, Etienne Tiirquet
et Barthélémy Nariz, manufacturiers de Gènes, na-
turalisés Lyonnais, proposèrent au consulat de Lyon
de faire venir des ouvriers pour piablir des métiers
en celle ville et confectionner des draps de soie et
des tissus d'or et d'argent, dont on faisait alnis un
grand usage. Cette proposition trouva d'abord quel-
ques opposants dans le conseil, qui loulefnis arrèia à
une grande majorité de présenter au conseil privé
du roi la requête de Turqnet, tendant à obtenir uu
sauf-conduit à l'égard des manœuvres qui viendraient
de Gênes ou d'autres pays étrangers, leur naturali-
saiion et leur exemption des tailles, impots, etc. Le
2 décembre 1556 arrivèrent ;» Lyon les lettres pa-
tentes de François 1", portant auiorisalion d'élever
dans la cité lyonnaise les métieis des raanufaciiires
GtOGRAFHlE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
G74
de draps d'or, d'aigeiiiei de soie, ot la concession
des privilèges demandés. Turquet exposa ensuite au
conseil que , pour donner à la fabrication des éioiïes
l'exlension nécessaire, il avait besoin de quelques
avances pour faire confectionner un moulin à filer et
tordre la soie, et pour faire établir des chaudières
propres à fabriquer les couleurs qu'on était obligé
de faire venir de Gênes ou do Flandre. Celle de-
mande fut prise en considération, et l'on arrêta i de
prêter à Turquet, entre mars et Noël, cinq cents
écus-soleil, dont il s'obligera à les rendre dans cinq
ans que finira la première compagnie ; et encore,
pour le mieux graiifier et l'encourager à soutenir
son œuvre, on le tiendra exempt de ce qu'il pourra
devoir à cause de ses marcliaiidises de Flandre, i
Aussitôt après trois métiers furent mis en activité ;
des cliaudi'cres de teinture fureulélevées; Turquet fit
venir des ouvriers de Gènes, d'Avignon, de Tours,
et d'autres villes de fabriques , et commença la
grande manufacture qui fit la prospérité et qui sera
pendant longtemps l'orgueil de la ville de Lyon. — Le
nombre des ateliers, pour le travail de la soie dans tou-
tes ses branches, s'élève à Lyon au delà de quinze mille.
Plus de 80,000 personnes prennent part directement
ou indirectement à celte industrie. — La chapellerie ,
la librairie, l'imprimerie, l'orfèvrerie, la fabrication
des liqueurs, sont les brandies secondaires de l'in-
dustrie et du commerce de Lyon. Les principaux
établissements consistent en manufaciures importan-
tes d'étoffes de soie de toute espèce ; d'étoffes mé-
langées d'or et d'argent; châles bourre de soie el
duvet de cachemire, rubans, tulles, crêpes, chapel-
lerie, toiles peintes, tissus de colon, broderie, pas-
sementerie, dorures, boimeteric de soie et filoselle,
dentelles d'or et d'argent, papiers peints, colle-forte,
cordes harmoniques, brosses et pinceaux, cardes ,
chandelles, cartons fins cl pour apprêts, plomb la-
miné. Fabriques considérables de liqueurs estimées,
d'acides minéraux et autres produits chimiques.
Teintureries en rouge d'Andrinople ; teintureries en
soie ; fonderies de métaux et de caractères d'impri-
merie ; ateliers de tirage d'orel d'argent ; verreries,
faïenceries, moulins à plâtre, tanneries et corroie-
ries estimées ; nombreuses el belles brasseries.
— Construction de bateaux.
Lyon est le chef-lieu du département du Rhône , le
siège d'une cour d'appel qui comprend dans son res-
sort les départements de l'Ain, de la Loire el du
Rhône. Il y a un tribunal de première instance et de
commerce, une chambre et une bourbe de com-
merce ; une académie uuiversiiaire, une académie
des sciences, belles-lettres et arts, nce école spé-
ciale des beaux-ans, une institution des sourds-
muets; une école d'économie rurale véiérinaire;
une école d'arts et métiers, dite institution de la
Mariiniére; une faculté de théologie, et enfin une
société d'agriculture et d'hisloire naturelle. On
y trouve |.lusieurs communautés religieuses des
deux sexes qui se livrent à réJucation de la jeu-
nesse. — Lyon est l'entrepôt du commerce pour la
midi de la France, parce que le Rhône, la Saône et
la Loire offrent de grandes facilités pour le transport
des marchandises. Ainsi, il a l'entrepôt de la soie,
du sel, des farines, des céréales de toute espèce,
des marrons et des vins du Rhône. — La population
de Lyon est de près de 200,000 habitants, en y com-
prenant les faubourgs de la Guillolière, de la Croix-
Rousse et de Vaize. Cette ville est à HO kil. de
Grenoble, à 98 de Charnbéry, à 348 de Marseille, et
à m de Paris.
Riijaldus Sanctus, vel ilonsolium, Monsol, paroisse
du diocèse de Lyon, départ, du Rhône, chef-lieu de
canton de l'arrond. el à 32 kil. de Viliefranche, avec
une population de 1600 hab., ré|)artis dans douze
petits hameaux. La fabrication de toiles communes
en fil est leur industrie habituelle , quand les tra-
vaux des champs ne les occupent pas. Monsol est
situé dans une vallée, à l'une des sources de la
Grosne. Le climat y est très-froid , et le terrain ptu
feiUle ; néanmoins les noyers et les châtaigniers y
prospèrent. La montagne de Saint-Rigaud se trouve
dans celle commune ; c'est une des plus hantes de la
contrée, car elle a 1012 mètres au-dessus du niveau
de la mer. Son nom lui \ienl d'un ancien couvent de
religieux de Cluny , qui avait été bâti sur son som»
met dès les commencements de cet ordre , et donl il
ne reste, depuis fort longtemps déjà, aucune trace.
On n'y trouve plus qu'une fontaine qui avait été, à
l'époque du monastère , l'objet d'un pèlerinage cé-
lèbre pour les femmes stériles. Celle fontaine est en-
core visitée de temps en temps.
Rottaciuiii, Saini-Georges-de-Rognains, petite ville
du diocèse de Lyon, à 8 kil. de Vll'cfranche, 4 de
Belleville, sur la grande route de Bourgogne qui la
traverse. La populaiion s'élève à 2875 habitants. La
Yauvonne arrose cette commune el en inonde sou-
vent les prairies. On y voit une chapelle qui remonte
à une haute antiquité , el qui est dédiée à Notre-
Dame-dés-fOaux. C'est nn pèlerinage qui , dans les
temps de séiheresse , attire beaucoup do monde. Le
8 avril 18U , eut lien près de Sainl-Georges le com-
bat entre les troupes françaises, commandées par
le maréchal Angereau , duc de C;isiiglione, et les
Auirichiens, sous h eonlniie du prince de Ilesse-
Hoinbonrg. Les Français perdirent 500 hommes.
Les hahitanls de Sainl-Georges s'occupent de la
fabrication de toiles de colon, qui constitue la prin-
cipale industrie de la locilité.
liupes Eremitarum, vel Agennum, Agen, sur la rive
droite de la Garonne, et chef-lieu du déparlement
de Lot-et-Garonne, est une des pins ancii-nnes villes
des Gaules. Sous les Romains elle s'appelait Açiin-
num, et c'était la capitale des Nitiohi iges. Au-dessui
de la ville s'élève un rocher où plusieurs ermites
s'éDieni creusé de pieuses retraites. Agen est le
siège d'un é\êché, qui était entouré autrefois p'<r
ceux deSarlal, de Périgueux, de Lecioure, de Con-
dom de Cahors, de Monianban et de Bazas. Le Con-
675
DICTIONNAIRE DE GEOGKAPHIE ECCLESIASTIQUE.
076
doniois en avait ancieiinemeiufait pariie. Il comprend
îniourd'liiii le dépariemeni de Lot-el-Garoiine. Il
late de l'an 3o0, dépendait et dépend encore de la
jKélropole de Bordeaux. Au moyen âge, Agen suivit
la fortune de la province de Guyenne, dont elle fai-
sait pariie. Lors du protestantisme celte ville fut
prise en 1561 et en 1591 par les nouveaux religion-
naires, qui dévastèrent ses couvents et ses églises,
comme ils faisaient partout ailleurs. La population
est de 16,000 âmes. La basilique de Saint-Caprais est
remarquable à plus d'un litre. Agen est une ville ri-
cUe et commerçante du midi de la France. Sa situa-
lion sur la Garonne en a fait naturellement l'entrepôt
du commerce entre Toulouse et Bordeaux. Elle ré-
colte du blé, du vin et des prunes estimées, dites pru-
nes d'Agen. Ses babitanis se livrent à la préparation
du cuir ei des peaux, à la fabrication de toiles à
voiles, d'indiennes, et de fromages qui reçoivent le
nom de fromages d'Auvergne ; ils conmiercerjt sur
les vins, les eau\-de-vie et les farines. Agen est à
714 kil. sud-sud-ouest de Paris, sur la rive droite de
la Garonne, à 10-4 sud-est de Cordeaux, S6 nord
d'Auch. Lat. nord H" 12' 22"; lon^il. ouest 1" iô'
S
Sabaudia, la Savoie. Celte province est bornée au
nord par le canton ei le lar, de Genève, au nurd-ejt
par le Valais, au sud et au sud-esi par le Piémont,
au sud-ouest et à l'ouest par la France; elle a 140
kil. de long sur 90 de large et 1668 kil . carrés. Elle
a subi les vicissitudes politiques de la maison de Sa-
voie, à laquelle elle a donné son nom. An nioy.en
âge elle formait unducbé ; et avant de porter le lilre
de roi, les princes de Savoie avaient le litre de ducs.
La Savoie est un pays riclie en légendes, c'esi peut-
être celui de l'Europe qui en a le plus. Il y en a une
entre autres fort intéressante sur le ducbé de Savoie,
et qui finit par prédire que quand la maison de Sa-
voie le perdra, elle cessera de figurer parmi les puis-
sances européennes. Beaucoup d'eriiiiles et de pieux
solitaires se retiruieni, lors des premiers siècles du
moyen âge, dans ses solitudes sauvages. Des disci-
ples de saint Culumbaii et de saint Gall venaient s'y
ensevelir dans la prière et la méditation. La Savoie
avait d'antiques abbayes. L'abbaye d'Haulecombe,
par exemple, qui a été restaurée il y a quelques
années, sert de sépulture aux princes de la mai-
son de Savoie. Avant 1789, la province comptait un
archevécbé, celui de Mousiier en Tare niaise , les
évécbès d'Aosle ou Aousie, de Saint-Jean de Mau-
rienne, d'Annecy (ancien diocèse de Genève). Aosle
était suffragant de Tareniaise; Saint-Jean de 5Iau-
rienne et Annecy, si connu par saint François de
Sales, son évèque, étaient suffraganls de Vienne en
Dauphiné. Aujourd'hui l'archevêché de Tareniaise
n'exisle plus, son litre a été transiéi'é à Clianibéry,
capitale de la Savoie, qui a pour sulfraganls les évê-
chés d'Aoste, de Saint-Jean de Maurienneet de Ta-
reniaise, qui a conservé un siège épiscopal, à cause
de son antiquité. La Savoie forme la piemicre des
dix divisions qui se panageiit les Eiats-Sardes, créés
en 1813 par le congrès de Vienne. Elle a fait partie
de la République et de l'Empire frança s depuis 1793
jusqu'en 1814, sous le nom de dépariemeni du Monl-
Blauc. Le peuple est sobre, laborieux ei all.iché à la
religion. La Savoie compte 507,000 habitants. C'est
le pjys le plus curieux ei le plus romantique de
l'Europe. Quelques géographes modernes préten-
dent qu'il n'appariieut pas à l'Italie, parce qu'on y
parle fiançais, et que 1«S moiur» et usages de celte
nation y sont en vigueur; comme si on voulait ravir
à la Suisse les cauiuns français de Vaud et de Ge-
nève. Pour bien connaître ce pays pittoresque, dit
M. Berlulotti, il faut pénétrer dans les vallons solitai-
res de la Tareniaise, visiter les cités industrieuses
et cultivées du Genevois, n)onter aux glaciers, des-
siner les cascades, se reposer à l'umbre des épais
châtaigniers qui embellissent les rives du lac Léman,
descendre sur les bords riants du Rhône, entrer
dans la demeure du citoyen d'Annecy, boire du lait
avec les bergers de la hauie vallée du Giffre, con-
verser avec les mineurs de Pcscei, suivre les gui-
des de Chamouiiy, recevoir l'hospitalité dans les
campagnes de la Sciautagua, s'arréler quelques jours
d'éié aux bains d'Aix, de la Perrière, de Saini-Ger-
vais, d'Evian, et parcourir ces sites si pittoresques
et si variés. Ensuite on pourra se former une idée
précise de la Savoie, pays où la nature a rassemblé
toutes les merveilles des Alpes, où le terrible s'unit
au tranquille, le sublime au riaiit; pays où le naïu-
rL'l de l'habitant se montre toujours le même, parce
que le Savoyard, soit dans l'aisance, soil dans la
pauvreté, que son esprit soil cultivé ou grossier, est
t;onstainint'iit en toui lieu bmi, aHable et honuèie.
Ce peuple, réuni depuis plusieuis siècles sous la
même liouiiuaiion, forme pour ainsi dire une seule
famille qui a mis en commun ses forces respectives
dans soH commun intérêt. Le voyageur, qui de
rilalie traverse les Alpes, en s'enfonçanl dans la
grande vallée de la Mjurienne, sera surj.ris de se
trouver duis des cavités aussi profondes, entourées
de tous cotés de ruchers gigantesque», qui ne per-
meiteiit à l'œil de n'apercevoir qu'une [letite partie
du ciel; il aduiireia l'ouvrage merveilleux de la uju-
vcUe mute du S(i/«io, qui, sans celle du Smiplon,
serait dans le monde Vincompaiable, ainsi que les
grands traits de la nature sublime dans sa sau\age
horreur, les plaines fertiles qu'arrose l'Isère , les
belles collines ei les vallons cliaruianis de Cham-
béry cl la grotte fameuse des Echelles.
Les Alpes Coiiiennes, les Grec<iues et lesPennines
séparent la Savoie du Dauphiné , du Piémont et du
Valais; mais cette province renferme les plus hautes
cimes de ces dilTércntes chaînes, ou pour mieux dire,
les pies les plus élevés elles glaciers les plus ccLbreJ
677
GËOCRAPIllE DES LEGENDES AU MOYES) AGE.
C78
de l'Europe eniière. La vallée sillonnée par l'Arve ,
dans le liaui Fam igny, celle du GilTre qui lui esl pa-
r.illèle, soMi riches en prodiges naturels ; mais celle
dernière a toujours été négligée des géographes. Les
monts, les vallées, les glaciers , entre lo Faucigny ,
la Tareulaise ei la Maurienne , appellent aussi l'al-
tentitio des naiiiralisies et de tous ceux qui se plai-
sent à observer des abîmes sans fond , des rochers
sauvages, des antres obscurs , des sommets horri-
bles et bizarres. Les deux plus grands lacs de la Sa-
voie sont ceux d'Annecy et du Bourget. Le premier,
dans les beaux jours d'été, rappellent les lacs enchan-
teurs de la Lonibardie , celui du Bourget est lemar-
quable par l'abbaye d'Aiiacomba ou Ilaulecombe ,
par la fontaine délie Marmiglie ( des .Merveilles ) , et
par la sombre majesté de ses rives solitaires. Les
petits lacs du Mont-Cenis , du petit Saint-Bernard ,
d'Aquabellela, de la Balme, de Seide et de Porrae-
nus, dont les eaux limpides récréent la vue, frap-
pent d'éionnement par leur position au milieu de
montagnes élevées, dominées elles-mêmes par d'au-
tres monlagties couronnées de neiges perpétuelles.
La côte du Chablais qui borde la Méaiterraoée
des Alpes ( le lac Léman) est couverte de collines ,
tantôt très-uscarpées, tantôt d'une pente plus douce,
qui , en se rélléchlséaut dans les eaux du lac , for-
ment le paysage le plus délicieux. La Savoie est ar-
rosée par l'Isère , l'Arc, l'Arve, le Giffre, la Dranse,
la porone , l'Arli, etc., et plusieurs autres rivières ,
dont quelques-unes , comme le Fiero , le Seion , la
Néfa, roulent des sables d'or , et par d'innombrables
torrents. Toutes ces eaux descendent des sommets
les plus élevés, se répandent en frémissant dans les
vallons, et produisent des cascades de toutes les
grandeurs, de toutes les formes où l'arc-en-ciel se
varie en mille couleurs ; quelquefois elles se per-
dent dans des goulTies profonds, dans de noirs abî-
mes ; quelquefois leur écume blanchissante bouil-
lonne sur d'énormes masses granitiques , ou bien
encure leur ciisial argenté serpente sans bruit sur
les prairies émaillées. Le Rhône, qui baigne pendant
un as^ez long trajet la limite occidentale de la Savoie,
en reçoit dans son cours toutes les eaux , et les porte
en tribut à la mer. — On trouve aussi dans l'enceinte
des Alpes des cavernes de glaces , dont s'échappent
avec fracas, d'impétueux torrents , des étangs sou-
terrains que lenlerinent des antres couverts de
mousse , des grottes i(nmenses éclatantes de sta-
laoiites , que le peuple considère encore comme
l'ouvrage des fées. Aucuu pays n'est peut-être aussi
riche que la S..voie eu eaux minérales ; elle en
possède de sulfureuses, d'acidnies, de ferrugineuses,
de salines, d'alcalines ; les unes jaillissent bouillan-
tes, les autres froides, mais presque toutes en abou-
dance. La Savoie recèle dans ses entrailles des mines
d'argent, de cuivre, de plomb, de charbon fossile ,
des carrières de marbre blanc , noir , vert, violet,
rose , jaunâtre ; de hautes forêts antiques !a cou-
trenl de leur ombre ; des hêtres, des mélèze:-, des
sapins, qui dédaignent les vents et la tempête, gar-
nissent le penchant et la croupe des montagnes.
Les frênes , les aulnes , les bouleaux , les chéne«,
les ormes se propagent dans les vallées ; des noyers
gigantesques ombragent les villages, les routes ; et
lis châtaignes du Chablais ne peuvent être compa-
rées qu'à celles qui viennent sur quelques versants
des Pyrénées ou sur ceux de l'Etna. Où voit-on de
vieux tilleuls plus touffus que ceux du Faucigny ?
Et quel est dans la Savoie le coteau exposé auK
rayons du soleil , qui ne soit tout couvert de rai<
sins, excepté la partie supérieure, où la vigne no
prend plus racine ? Un connaît les vins de Montm»<
lian , de Frangy , de Siestello, de Lucci, de Saint-
Jean-della-Pona , de Montermino , de Saint-Julien.
Le mûrier croît dans les vallées arrosées par la
Leissa , et dans celle où l'Isère reçoit les eaux de
r.\rc ; le figuier mûrit sur les collines de Saint-In-
nocent; et la même table voit réunis les fruits du
printemps et ceux de l'automne ; la fraise qui se
plaît dans les lieux élevés , répand son parfum
agréable près de la pomme, de la poire, de la pêche
et de la grappe dorée du coteau. Le miel de la vallée
de Chamouny rappelle les célestes dons de celui
du chantre des Géorgiques. Le berger savoyard est
très-industrieux dans l'art de varier les produits de
son gras et beau bétail. Les vaccherini ( espèce de
fromage liquide ) de la vallée d'Abondance, font les
délices des banquets de Genève et de toute la Suisse.
Le fromage verdàire de la Maurienne se mêle aux
plus splendides festins des villes de France et d'Ita-
lie. Le beurre des Alpes Coltiennes et des Grecques
est connu de Rome à Paris et foc t recherché. (D.
Bertolotti, Voyage en Savoie, extrait et traduit de
la Bible italienne publiée à Milan , dans le Bulletin
de la société de géographie, n* 69.)
Sacelnus, Sachseln, ou Sachlen, village du haut
Underwald en Suisse. Ce village est situé au pied
de la montagne de son nom et sur la route du Bru-
nig; on y remarque une église qui est décorée de co-
lonnes d'un beau marbre noir et qui renferme le
tombeau du frère Nicolas de Fine; sa hgure, ciselée
sur la pierre sépulcrale, passe pour un beau morceau
de sculpture. Ce tombeau attire chaque année nii
grand concours de pieux pèlerins, qui viennent y
révérer les reliques du bienheureux frère Nicolas.
Un joli seuiicr qui présente des points de vue variés
conduit, en une heure, dans une solitude sauvage
qui se trouve sur la hauteur du Ranft, et à Flueli,
lieu remarquable d'où Nicolas de Flue et sa famille,
qui s'appelaient autrefois Lôwenbrugger, ont pris
leur nom. Deux maisons, que l'on voit encore, ont
été, l'une, celle où il naquit, et l'autre, celle de son
habitation ordinaire. Dans la vallée de Melcliilial,
située au-dessous de Flueli, on trouve aussi la cha-
pelle ei l'ermitage où cet homme pieux, après s'être
éloigné de sa famille, a mené, pendant longues an-
nées et jusqu'à ia mort, arrivée le 21 mars 14S7, une
vie contemplative et austère. C'est aussi de la vallea
679
DICTIONNAIRE UE GEOGRAPHIE ECCLEblASTlQUE.
680
de Melchthal qu'est sorti un autre homme célèbre
dans riiisloire suisse : c'était Arni ou Arnold an der
Ualden, un des trois conjurés pour la liberlé helvé-
tique. Sa famille s'est éieinie à la fin du siècle der-
nier, mais celle des de Flue existe encore de nos
jours.
Saciacum, Saacy, paroisse du diocèse de Meaux ,
arrondissement de celle ville, canton de la Ferié-
sous-Jouarre , département de Seine-et-Marne. —
Ce village, l'un des plus populeux du déparîenieni,
est siiué sur la rive gauche de la Marne , dans une
vallée que borde cette rivière, au confluant d'un
petit ruisseau qui vient s'y jeter vis-à-vis de la com-
mune de Méry , placée sur l'autre bord. L'abbesse
de Jouarre possédait, depuis un temps immémorial,
la seigneurie de ce lieu, et présentait a l'cvêque pour
la cure. L'église est un édifice du xiv' siècle. — Un
grand nombre d'écarls dépendent decetie commune;
ce boiii : 1" le hameau La\al, à un quart de lieue au
sud, sur le coteau qui borde la Marne ; S'' plus avant
dans les terres et au tud de Laval, le hameau du
Petit el (Ju Grand Moiii-Ménard ; Z" en se portant à
l'est, dans la plaine, ceux de Rougeville et de Cou-
larville ; 4° à mi-côte , sur le bord et presque à l'ori-
gine du petit ruisseau dont il \ieiil d'étie question ,
le huiucau de Bois-Martin , qui est voisin de la route
de Paris à Cbàloiis-sur-Marne; 5° au sommet d'uiie
éminence, au sud-est de Saacy, le hameau de
Chante-Marne ; 6" dans la même direclioji et dans le
voisinage même de celle commiuie, la ferme appelée
la Deuil ; 7° enlin, au nord sur la même rive et au-
dessus de la conmiune, la ferme de Paroy. La Marne
y r.tit tourner un moulin. ^ Tous les ans, le 3 juin,
les populations environnantes se réunissent à Saacy,
à l'occasion d'une fête toute religieuse dans le prin-
cipe, puisqu'il s'agissait de rendre grâce au ciel de
la cessation d'une maladie épidémique qui avait dé-
solé la contrée. Mais aujourd'iiui le pèlerinage n'est
qu'une affaire très-secondaire. Des plaisirs plus mon-
dains ont remplacé ou du moins sont venus se mêler
aux pieuses cérémonies et changer l'objet de l'af-
llueiice du peuple.
Le territoire de celte commune produit des grains,
des pâturages, du vin et du bois. Llle est située à
6 kil. esi-iiurd-est de la Ferté-sous-Jouarre , à -24
kil. à l'est de Meaux, et à 08 kil. noid-est de Melun.
Sa population totale est de 126U âmes.
Sacra Insula, l'Ue-Sacrée, ou Tonga-Tabou. L'ar-
chipel de Tonga fut découveil, il y a deux cents ans,
par Tasinan, célèbre navigateur hollamlais; mais il
n'y aborda pas. 11 y a soixante-quinze ans environ que
les insulaires virent pour la première fois un navire
qui les étonna beaucoup. Us le prirent pour une
ile lloitante, et finireni par le nommer planche du
ciel, papa laiigiii, nom qu'aujourd'hui ils donnent in-
distinctement à tout ce qui est étranger. Ce navire
était commandé par le capitaine Cnok,
L'nrcliip 'l do Tonga comprend près de cent îles ,
tlois et atollous , sur une étendue de deux ceuis
milles du nord au sud, sur une largeur moyenne de
cinquante ou soixante milles , c'esl-à-dire du 18°
au 20" de latitude sud, et du 176" au 178° de longi-
tude ouest. Les plus considérables sont celles de
Vavaou , Tonga-Tabou , Loa , Lefouga , Namouka ,
Tofoua et Laté. — Cet archipel peut être divisé en
trois groupes : au sud les îles Tonga proprement
dites, au centie les îles Hapaï , au nord les îles Ha-
foulou-Hou, et, en outre, quelques îles éparses ou
éloignées.
Eoa, la plus méridionale de ces îles , fut décou-
verte, en 1645 , par Tasman , qui la nomma Middel-
bourg. C'est une terre de hauteur médiocre , assez
peuplée, ayant onze railles du nord-norà-oinst au
sud-sud-est , sur six ou sept de large. Forster, qui
parcourut Eoa en 1773, fait un tableau charmant de
ses sites el des mœurs hospitalières de ses habitanis.
Comme elle est dépourvue de bons mouillages, elle
a été peu visitée depuis Cook. Eoa relevait jadis de
l'aulorité du Toui-Tonga; mais depuis que celte
puissance s'est éteinte, elle obéit à un chef i articu-
lier. Le sommet de l'île gil par 21° 2j' de latitude
sud, et 175° 17' de longitude ouest. A qui'lqiics
milles au sud-ouest est un ilôt nommé Kaiao. Un de
nos savants, M.Walkenaèr, dit que le sol de l'île Eoa
est en général argileux, et qu'on y volt percer le co-
rail jusqu'à la hauteur de 300 pieds au-dessus du
niveau de la mer.
L'île de Tonga-Tabou est située p.ir le 178' de
longitude occidentale el le 21° parallèle-sud, et par
conséquent peu éloignée de nos antipodes. C'est une
terre enlièremenl plate ; point de ruisseaux, point
de sources jaillissantes. Sa plus grande hauteur
n'excède pas 50 pieds au-dessus du niveau de la mer.
Un pourrait craindre à chaque instant d'être sub-
mergé, si l'on ne savait que celui qui a creusé l'Océaii
lui a dit : Tu viendras jusqu'ici, et tu briseras contre
ce grain de sable l'orgueil de les flots. La plus
grande longueur de l'île est de 52 kil., et sa lar-
geur de 16. Elle est entourée d'une quarantaine
d'îlots, tous plus élevés (ju'elle, et qui semblent exé-
cuter une danse au milieu du perpéiuel balancement
des vagues. Le terrain, à peu près sans pierres, est
d'une grande fertilité. L'île est bien boisée , quoi-
qu'elle ail peu de grands arbres ; il en est cepen-
dant quelques-uns d'une prodigieuse grosseur ; on en
voit qui ont 56 pieds de circonférence.
La population de Tonga-Tabou est d'environ 15,000
âmes; ajoutons-y le même chiffre pour les sept au-
tres îles qui sont babiiées , et nous aurons un total
de 30,000 âmes pour tout l'archipel , et non pas
200,000, comme le disent presque toutes les géogra-
pliies. — La nourriture des indigènes consiste en
bananes, ignames el fruits à pain ; le coco el le kava
forment la boisson ordinaire. Le bananier croît an-
nuellement et très-vite ; il produit une seule grappe
où l'on compte jusqu'à cent cinquante fruits, aussi
gros que les plus belles ligues de France. .Vussilot
■ que le fruit est njilr, la piaule meurt el se trouve
SSf
GEOGUAPlllE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
C82
bieiilôt remplacée par un nouvel arhrc qui sort de
sa lige. Ses feu. Iles, longues de 6 pieds ei larges de 3,
servent aux insulaires de plats el de table. La banane
est d'un bon goût, mais peu nourrissante. L'igname,
qui fait le principal aliment des naïuiels , est une
grosse racine, pesant de dix àcinqnanie livres, assez
sembbble pour la saveur à nos pommes de terre.
L'arbre à pain, qui a (|uelque rapport avec les grus
noyers de Fiance, purte un fruit de (|naue à cinq
livres, qui est d'un trè>-bon goûl lorsqu'il est cuit au
four. Le cocotier , aduiiiablcnient pbicé par la Pro-
vidence dans ces îles liass'^s et peu arrosées, donne
continuellement des fruiis qui contiennent trois à
quatre verres d'une eau tiès-agréable à boiie, et
dont la cliair n'est pas à dédaigner lorsqu'on les
laisse mûrir. Son noyau produit une bulle abimdante,
dont les indigènes font usage pour apprêter leurs
mets et s'oindre le corps. Il serait trop long d'énu-
mcrer tous les avaiitages du Cdcoiier ; i' suflii de dire
qu'rl pourrait servir à nourrir, babiller et lugir les
natuiels. Le kava est ime piaule assez semblable,
pour l'extérieur, à l'Iiortensia , mais beaiic(iu|i plus
grande. Les insulaires en mâchent ia racine, puis la
délayent dans de l'eau qu'i's boivent ensuite avec
délif-cs. Les Européens partagent peu leur enthou-
siasme pour celle liqueur divine, soit à cause de
son àpreié, soii à cause de sa prép.iraiion dégoû-
tante; n aii le missioiinalie ne pourr:iit s'en abstenir
sans nuire à la conHance que demandent ses tra-
vaux.
Tonga-Tabou possède encore des orangers et des
citroniiifrs aus.-i forts que les noyers d'Europe. Le
cotonnier et la canne à sucre y croissent paifaite-
incnt bien. Mais le fruit qui parait mériter une
mention bonurab'c, bien qu'il soit peu estimé des
iiaiurels, est l'ananas, grOîSe fraise épanouie sur une
tige épineuse, pesant jusqu'à trois livres, et surpas-
sant autant par sa qualité que par sa grosseur les
fraises de France. Les missionnaires catholiques
{ce sont les Pères de la société de Jhrie qui sont
chargés de cet:e mission) ont introduit dan? l'ile la
vigne et le liguier. En onze mois la vi^ne a poussé
des sarmenis de 50 pieds de long. Les figuiers ont
déjà donné d'excellentes figues. Parmi les diiïéien;s
arbustes apportés par les mêmes initsionnaires, la
rube , la balsamine et le géranium ont seuls réussi.
Ils ont aussi amené de Sydney des brebis qui pros-
pèrent. — L'ile en général n'offre pas ce magnifique
paysage qui résulte d'une niiiltitude de collines, de
valiées , de plaines, de ruisseaux et de cascades ;
mais elle étale aux yeux des spectateurs la fertilité la
plus aliundanie. Les lieux abandonnés aux soins de
la nature annoncent la liihesse du sol, aussi bien
que les districts cultivés par les iu>ulaires. La ver-
dure est perpétuelle dans les uns et dans les auties,
et toutes les productions végétales y sont d'une ex-
trême force. De loin l'ile entière parait revêtue d'ar-
bres de diffcienies tailles , dont quelques-uns .sont
Un t;ros. Les grands cocotiers élèvei.t loujouro
DIl:rlo^^Alli!■. i)i; Cii^:oGn*rHiE iccr,. 11.
leur léte panachée, et 3s ne coniribnent pas faible-
ment à la décoration de cette scène. Le bougo, (|ui
est une espèce de (iguier à feuilles étroites et é|ioin-
tées , est l'arbre le plus considérable; le pandanus,
des hybiscus de plu^eurs sortes , le fdUauou , et un
petit nombre d'aibies, sont les arbrisseaux et les
peiits arbres que présentent c 'niniunémenl les can-
tons en friche, surtout vers la mer. Si les diverses
clioses qui forment les gr.mds paysages n'y sont pas
nombreuses, il y a une foule de sites qu'on peut ap-
peler de jolis points de \ue ; ils sont répandus autour
de^ champs mis eu culture et des hab.tations, et par-
ticuliéiemeiit autour des faïloukas ^tombeaux), où
l'art et quelquefois la nature ont beaucoup fait pour
le p'aisir des yeux.
Tonga-Tabou étant peu éloigné du tropique, le
climat y est pins variable que sur les îles situées
plus près de la ligne. Les ents y soufllent le plus
souvent ei.tre le sud et l'est, et lorsqu'ils sont mo-
delés, on a ordinairement un ciel pur. Quand ils de-
viennent plus frais, l'atinosphére est chargée de
nuages; mais elle n'e.^t point biiiuiense, et il plut
fiéqueiiiineni. Les vents passent i|ncl'|uefois au nord-
est , au nord-nord et, ou même au nord-nord-
ouest; mais ils ne sont jamais d'une longue durée ,
et ils ne soufflent pas avec foice de ces points du
compas, quoiqu'ils se trouvent en généial aceompa-
gnés d'une gnsse pluie et d'une chaleur éioiinanie.
lin rocher de corail , le seul qui se présente sur la
côie , sert de buse à lile, si l'on en croit Anderson.
On n'y aperçoit que des petits cailloux bleus répan-
dus autour des fnïtoukas , et une pierre noire polie
et pesante qui approche du topis lydius, et dont les
naturels font leurs haches. Quoique le corail s'élance
en beaucoup d'endroiis au-dessus de la surface du
terreau, le sol est eu général d'une profondeur con-
sidérable. Dans tous les disiricis cultivés , il est
communément noir ei friable, et il semble venir eu
grande partie du déirimeiit des végét:iux : il est pro -
bible qu'il se irouve une couche ; rgileuse au-des-
sous, car on la rencontre souvent dans les terrains
bas et dans ceux qui s'élèvent, el surtout en divers
endroits près de la côte , où il est un peu ri nflé ;
lorsqu'on le fouille, il parait quelquefois rougeâtre ,
plus ordinairement brunâtre et compacte. Dans les
pariies où la côte est basse le sol est sablonneux, ou
plutôt de cor.iil trituré; il produit néanmoins des ar-
brisseaux très-vigoureux, et les naturels le cultivent
de temps en temps avec succès. — Les principaux
fruiis que cultivent les naturels sont les hanaues ,
dont on compte quinze sortes ou variétés, le fruit à
pain , deux Copèces de ce fruit qu'on trouve à Taïti,
et qu'on appelle jambo et evi ( le liernier est de la
nature de la prune), et une multitude de shaddechs,
qu'on y voit aussi souvent dans l'état de nature.
Deux espèces d'ignames, dont la première est si
grosse qu'elle pèse souvent vingt livres , el dont h»
seconde, blanche et longue, en pèse rarement une ;
«ne grosse rac ine appelée kappé ; une antre qui ap
22
683
DICTIONNAIRE DL GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 68-i
proche de nos païaies blanches , et qu'on nomme
mawhaha, le laro ou le coco de quelques îles des en-
virons, et une dernière appelée djeyie , forment la
liste des plantes de Tonga-Tabou. Outre un grand
nombre de cocotiers , il y a trois autres espèces de
palmiers , dont deux sont rares : l'un est appelé
biou ; il s'élève presque à la hauteur du cocotier ; il
a de très-larges feuilles disposées en formo d'éven-
tail, et des grappes de noix globulaires de la gros-
seur d'une balle de pisiol<;i : ces noix croissent parmi
les branches; elles portent une amande très-dure
qu'on mange quelquefois. Le second est une espèce
de choux palmiste, dislingiié seulement du coco en
ce qu'il est plus épais, et qu'il a des feuilles décou-
pées ; il produit un chou de 5 ou l pieds de long :
on voit, ;iu sommet de ce chou, des feuilles, et an bas,
un fruit qui est à tieine de 2 pouces de longueur, ([ui
ressemble à une noixdecocoobloiiguo,eti|uiolfreune
amande insipide et tenace, que les naturels appel-
lent niouyola, ou ia noix de coco rouge, parce qu'elle
prend une teinte rougeàtre lorsqu'elle est mûre. La
troisième espèce, qui se nomme omjo-onqo, est beau-
coup plus coniniune; on la trouve autour des (ai-
loukas : sa hauteur oïdinaiie est de •:> pieds; mais
elle a quelquefois 8 pieds d'élévation ; elle présente
une multitude de noix ovales et comprimées , qui
sont aussi grosses qu'une pomme de rtiiieite, et qui
croissent immédiatement sur le tronc , parmi les
feuilles. L'ile produit d'ailleurs une rauUiludedecan-
iies à sucre excellentes , dont les naturels prennent
soin, des gourdes, des bambous, des soucliets des
Indes, et une espèce de ligue de la grosseur d'une
petite cerise , appelée main, qu'on m.inge quelque-
fois : au resie, le catalogue des plantes qui croissent
naturelleiueni est tiup nombreux pour l'insérer ici.
— Les. quadrupèdes du pays se bornent à des co-
chons, à beaucoup de rais et à quelques chiens qui
ne sont pas indigènes, mais qui viennent des cou-
ples qu'on y laissa en 1775, et de ceux que les na-
turels ont tirés de Fidji. Le» volailles sont d'une
grande <aille et vivent dans l'élat de domesticité. —
On remarque, parmi les oiseaux, des perroquets un
peu plus petits que les perroquets gris ordinaires ,
dont le dos et les ailes sont d'un vert assez faible ,
la queue bleuâtre et le reste du corps couleur de
suie ou de chocolat ; des perruches de la grandeur
d'un nioineau , d'un beau vert jaunâtre , ayant !e
sommet de la ;éte d'un azur brillant , le cou et le
ventre muges : une iroisiéme espèce , de la taille
d'une colombe, a le sonmiet de la léle et les cuisses
bleus; le cou, la partie inférieuro de la lête et une
partie du ventre ciamoisis, et le reste d'un joli vert.
Il y a des chouelies de la grand'ur do no» choueiles
ordinaires , mais d'un plumage plus be:iu; des cou-
cous pareils à ceux de l'ile P»liuersion ; des inariin-
pècheurs do la grosseur d'une grive, d'un bleu ver-
dâtre et portant un collier hianc ; un oiseau de
l'espèee de la grive, dont il a presque la taille. Ce-
lui-ci porte deux conlons jaiuies .i !« racine du bec ;
c'est le seul oiseau chantant qu'on rencontre dans
l'ile; mais il produit des sons si forts et si mélodieux,
que les bois sont remplis de son ramage , au lever
de l'aurore, le soir et à l'approche du mauvais temps.
— On voit , dans la liste des oise.iux de terre , des
râles de la grandeur d'un pigeon, qui sont d'un gris
tacheté et qui ont le cou brun ; une autre espèce qui
est noire , qui a les yeux rouges , et qui n'est pas
plus grosse qu'une alouette ; deux espèces de gobe-
mouches ; une très-peiite hirondelle; trois espèces
de pigeons , dont l'une est le ramier cuivre de Son-
nerai : la seconde n'a que la moitié de la grosseur
du pigeon ordinaire; elle est d'un vert pâle au dos
et aux ailes , et elle a le front rouge : la troisième,
UD peu moindre, est d'un brun pourpre et blanchâlia
au-dessus du corps. — Les oiseaux marins, ou ceux
qui fréquentent la mer, qu'on trouve à Tonga-Tabou,
sont les canards, les hérons bleus et blancs, tes oi-
seaux du tropique, les noddies couimuns , les hi-
rondelles de mer blanches, une nouvelle espèce qi>i
est couleur de plomb, et qui a la tète noire; un petit
courlis bleuàlte, un grand pluvier tacheté de jaune.
— Les seuls animaux nuisibles on dégoûtants de la
famille des reptiles ou des insectes sont les ser-
penis de mer de 3 pieds de longueur, qui offrent al-
ternativement des anneaux blancs et noirs, et qu'on
voit souvent sur la cote, quelques scorpions et des
centipèdes. Il y a de beaux gManous verts de 1 pied
Ift de long , un second lézard brun et tacheié
d'environ 12 pouces de longueur , et deux autres
plus petits. On dislingue parmi les insectes de belles
teignes , des papillons , de très-grosses araignées et
d'autres. — La mer abonde en poissons. Les plus
communs sont les mulets; plusieurs sortes de pois-
sons-perroquets, le poisson d'argent, les vieilles
femmes, des soles joliment laclielées, des leater-
jackeis, des bonites el des albicores , des anguilles ,
une espèce de brochet , et des diables de mer.
Les n:iturels de Tonga ne difl'crent guère des Eu-
ropéens pour la taille , les traits et la couleur ;
ils sont un peu basanés, ce qu'on doit attribuer à
la température irès-élevée duclimai.Si les insulaiies
n'ont pas la siauire élevée que leur accordent cer-
taines relations de voyages, ils n'ont pas davantage
la vigueur qu'on s'est plu à leur attribuer. Il en est
peu qui n'aient quel(|ues plaies existantes ou cica-
trisées , et plus de la moitié d'enlre eux meurt poi-
trinaire. Outre leur mauvaise nourriture , he.iucoup
d'antres raisons contribuent à cet état de faiblesse ,
leurs excès en tous genres par exemple. Si les
voyageurs qui ont tant vanté leur propreté, avaient
été obligés de vivre seulement quinze jours avec
eux, ils auraient bien changé de langage. Sans douta
qu'ils ne les ont vus que dans leurs fêtes. Oh ! alors
ils sont parés avec autant de recherche que peut le
permettre tine agreste pauvreté ; ils savent tirer
parti, dans l'intérêt de leur coquetterie , de tout ce
que leur fournissent l'industrie et la nature. Hors
de ]ii, c"e.-i uu>; malpro,]relé dégoûtante. Au reste ,
685
GEOGRAPIIIR DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
on petil (lire qu'ils sonl beaux, iiilcHigenls, iniijouis
g?is ; les Européens sans cducaiioii sont moins polis
et suridut moins hospitaliers. Se rencoi!lrent-ils ,
ils s'ollierit liMirs nniitiés , tsi oto ofa (mou :imitié) ;
s'ils porient quelque chose qu'ils puissent donner ,
comme du kava ou des Iruits, ce serait une grande
malhonnéieié de ne pas l'offrir. iN'onl-ils rien, ils en
J'oni mille excuses. Les subalternes s'asseyent .î terre
pour parler à leurs supérieurs. Allcï-vous dans une
case? c'est le gr;icieux salut isi oto ofa, puis des re-
roercîmeiils pimr voire \isiie, des félicitations sur
votre santé, et tout en vous présentant le kava , ils
s'excusent de n'avoir rien à vous offrir. Si vous ne
demeurez pa^ a^se7. buigiemps pour i|u'ils puissent
\ous préparer des aliments, ils se confondent eu re-
grets de n'avoir pas prévu votre arrivée. Dans les
Wsites âe cérémonie, outre le kav.i, qui est de ri-
gueur , ils se font nintuellemenl des présents ; ils ne
savent jamais rien refuser de te qu'on leur demande.
Dans les rapports particuliers qu'ils ont avec les
missionnaires, ils leur montrent la niéine civilité.
Les honin:es elles femmes ont les clieveux courts,
et les enlanis des deux sexes portent jusqu'à Tàge
de douze ans une espèce de tonsure, fiiie au ravoir
ou au moyen d'une dent de requin; c'est un lri;inglo
qui a sa base sur le fiont, et son sommet à la partie
inférieure du derrière de la lèie, laissant de chaque
côté un toupet bien frisé, qui leur donne un air tout
à fait gentil. Ils naissent aussi blancs qu'en Europe,
ce n'cbt qu'insensiblement qu'ils se cuivreni. Les
lioninses faits sont tatoués depuis les genoux jusqu'à
la ceinture; ce tatouage est pour eux l'époque d'une
fête. Ils ont peu de barbe et ils se rasent souvent,
les femmes porieul les mêmes liabillemenls que les
hommes; ils consisieni en lapes, ou étoffes faites
avec des ccorces d'ai bi es, dont ils se couvrent depuis
la ceinture jusqu'au genou.
Il serait diriicilc de dire quel est le vice dominant
des naiurels; l'orgueil, limmoraliié, la paresse,
marchent de pair. Dans lems rapports avec les
blancs ils sonl assez peu respectueux ; ils affectent
même une espèce de mépris. A leurs yeux , aucun
penple sur la terre n'est digne de s'asseoii- auprès
d'un kauack de Tonga. Lui seul sait quelque chose.
De raênie qu'autrefois, qui n'éiait pas Grec ou Ro-
main, éiail considéré comme barbare, ainsi, d'après
les idées do ces insulaires , celui qui n'est pas de
rile sacrée (c'est ce ,|ue signifie Tonga-Tabou) est
ignorant et esclave. Quant à la moraliié, n'en par-
lons pas ; le vice n'y a aucun secret, même pour les
enfants. La paresse semble être leur défiut de pré-
dilection. Les naïu-tls ne font d'autre travail que
celui dont ils ne i euvent se dispenser. Hors les jours
de fête, ils mangent très-peu , de sorte que la nour-
riture d'un homme en France suflirait ici abondam-
ment pour dix personnes. Ils souffrent, mais pour
eux mille fois mieux vaut souffrir la faim que sup-
porter la fatigue.
Les naturels de Tonga ne sont point grossière-
ment idolâtres; les esprifs scïils reçoiv.;nt leurs ado-
rations, cl, comme les pa'iens de l'ancien monde, ils
débitent h leur sujet mille contes absurdes. Le plus
grand de leurs dieux est Jflaoui, qui, de leiiips im-
mémorial, pécha Tong.i dans l'Océan. Ou conserve
encnrê, disent-ils, l'hameçon qui servit à tirer lilc
du fond des mers. Mais ceux qui en ont la garde ont
soin de dire que le premier qui le verra sera frappe
de mort. La vue n'en est permise qu'au roi seul, en-
fant bien-aimé de Maoui.
Lorsque les missionnaires les interrogent sur l'o-
rigine de leurs divinités, ils balbutient ()uelques
mois, puis finissent par dire : « Nous n'en savons
rien, nius faisons comme nos pères. > Toujours
est-il cert.iin qm- les objets de leur culte sont des
esprits malins qu'ils craig.ient beaucoup, mais qu'ils
n'aiment pas. Ces dieux habitent invisib'ement, dit-
on, dans les grands cliels et dans les vieilles fem-
mes. Les insulaires sont aussi esclaves de mille su-
perstitions ; toucher un bâton placé à l'entrée d'une
plantation de bananiers ou de cannes à sucre est un
crime qiie les esprits punissent de mort. Personne,
s'il n'est grand chef ou ami des dieux, ne peut man-
ger une tortue ou tout auire objet csiimé dans le
pays. Cependant ces idées s'en vont, et les jeunes
gens surtout les mépiisent. Les vieillards seuls finit
résistance. « Les dieux que les missionnaires nous
annoncent, disent-ils, sont bons sans doute, mais
les nôtres ne le sont pas moins, puisque ce sont eux
qui font croître les igriames, les cocos et siiilout le
kava. tenons bon, il faut au moins que la nioiiié de
l'île reste fidèle à nos anciens dieux ; autrement ils
se vengeraient de noire abandon par notre perte. »
Les habitints de Tonga tiennent à honneur d'a-
voir un giaïul iiombie d'enfanis, et ils les élèvent
avec une lendre solliciinde jusqu'à l'âge de quatre à
cinq ans. A «elle époque ils les ab mdonneut ; aussi
les jeunes gens n'ontils aucun respect ponr leurs
parents. Bien différents des Nouveanx-Zélandais ,
qui exposent leurs infirmes en plein air et les dc-
laifsent, ils ont recours à tous les moyens imagina-
bles pour obtenir leur guérison : le malade est bien
iogé, sa nourriture préparée avec soin; on fait pour
sa santé des vœux et des prières. Si un grand chef
est aliié, on coupe des doigts à plusieurs personnes,
quel(|uelois même on en immole pour apaiser la
divinité malfaisante qui dévore tes malades ioul vi-
vants. Mais rien n'éj^ale le soin qu'ils prennent de la
sépulture des morts. Dès qu'un naturel a rendu le
dernier soupir, les voisins en sont informés, et à
l'instant toutes les femmes vieivnent pleurer autour
du corps. (Ici jamais les hommes ne pleurent. ) On
le garde ainsi un ou deux jours, pendant lesquels
on s'occupe à ériger son tombeau près de la de-
uieure de ses parents. La maison sépulcrale est
belle, bâtie sur une éminence, eniourée d'une jolie
palissade de bambous choisis; l'enceinte est phin-
lée de toutes sortes d'arbustes odoriférants et sur-
tout d'immortelles. Enfin le monument en couvert
C87
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
d'an toit arlistement iravaillé. Pour le mmbeau des
rois ou des plus grands chefs, on va chercher des
pierres colossales dans les îles lointaines, pour cou-
ronner le sépulcre. Le P. Jérôme Grange en a vu
une qui avait vingt-c|uaire pieds île long sur huit de
large et dix-huit pouces au moins d'épaisseur. L'un
de ces tombeaux a éié construit par les gens de
Wallis, qui ont apporié des bines énormes dans
d'immenses pirogues. C'est prodigieux pour ces
peuples. Mais ce qui fait gémir, c'est de voir ces
pleureuses qui, pour lénioigner leur douleur, se
coupent les doigts, se fendent le nez, les oieilles et
jes joues ; et cependant, tant de larmes ne sont que
de vaines cérémonies, où le cœur n'a point de part :
ces femmes sont bien joyeuses lorsqu'elles se voient
délivrées d'un lel supplice. — Ces insulaires n'ont au-
cune l'or-ne régulière d'administrer la justice. La vo-
lonté bizarre d'un tyran, qui ne pense à faire res-
pecter l'ordre que lorsqu'il y est personnellement
iiiléressé, voilà l'unique et souveraine loi. Le même
niissinnnaire a vu des hommes en luer d'autres sans
que personne se soit le moins du monde iniiniéié île
venger le crime. Avec des usages aussi arbitraires,
ce qui étonne c'est que ces peuples ne soient pas
parvenus a se déiruire. Il n'y a pas de despote plus
redouté que le roi du pays. Lorsqu'il commande,
chacun s'empresse de lui obéir : veut-il faire mou-
rir quelqu'un de ses sujets, il n'a qu'à l'envoyer
chercher; la victime contre laquelle est décerné ce
mandat d'amener ne prendra pas la fuite, lors même
qu'elle coiinaitrait le motif de son appel. Aussitôt
que le tyran se. lève, c'est à qui aura l'honneur de
lui baiser tes pieds. Ouvre-t-il la bouche, chacun
écoute avec une respectueuse attention; et ses ora-
cles fussent-ils autant de sottises, tout le monde de
répondre : C'est la vérité, boc ! Ce régime d'escla-
vage apportera un grand obstacle à la conversi(<n
du peuple ; parce que les chefs ont en général de
flirtes raisons pour demeurer dans l'infuléliié, et
que, d'ailleurs, les sujets sont peu hardis à prendre
l'initiative.
La cuisine est toujours en commun ; c'est assez
d'apercevoir la fumée d'un banquet pour avoir droit
d'y prendre place. Quelqu'un prépare-l-il un mets,
tout le quartier en est informé, et il est de bon tnn
que celui-là seul qui l'a apprêté n'en gnùie point. Si
l'on veut faire cadeau d'un porc ou d'un autre ani-
mal, on vous le donne, on le tue, on le mange ; il
ne vous reste que l'honneur de régaler vos voisins.
Cette politesse, cette communauté de biens, qui pa-
rait si belle au premier abord , est loin d'être utile
en réalité. Qu'en arrive-t-il? chacun compte sur son
voisin, et personne ne pense à se pourvoir de ce qui
lui rsi nécessaire. Ainsi leskanacks vivent dans une
funeste oisiveté, et meurent souvent de faim, dans
une ile si féconde qu'un seul jour de travail par se-
maine suffirait à un père de famille pour nager dans
l'abondance avec tous ses enfants. — Ils bâtissent avec
assez d'élégance ; leurs maisons sont de forme ellrp-
688
tique, disposées à peu prés comme un vaste para-
pluie, et ouvertes à tous les veiiis, ce qui est un
avantage dans les grandes chabnrs. Elles sont as-
sez élevées, et pour l'i rdinaire d'une grande pro-
preié à l'extérieur. Ils excellent .Miriout à les levêiir
de tresses, dont ils forment un tissu de diverses
couleurs, représentant des ligures de la plus éton-
nante régularité. Ces tresses sont une espèce de li-
celle plate, qui leur sert à lier hs bois ei l^ur tient
lieu de clous. Lenrs embarralio' s ou pirogues sont
d'une beauté à ravir l'admiration dis Européens
eux-mêmes. Il y en a qni ont cent cinquante pieds
de long ; elles sont ornées de b:illants coquillages
et de plumes des plus beaux oiseaux du pays. Les
insulaires savent aussi très-bien conreciloiiier les
voiles et les cordages. Montés sur ces petits navi-
res, ils font queIf|iiefois jusqu'à trois cents lieues,
sans autre boussole que les astres.
Peu 'aiit les dernières années, des guerres de re-
ligion avaient divisé et armé les unes contre les
autres les diverses tribus de Tonga. Les adeptes des
ministres protestants voulaient prup ger leur foi
avei; les armes parmi leurs compairinles rebelles,
qu'ils appelaient le parti du diaHe. Alors le- deux
camps se suni conslniii des furis p mr se inetlre à
l'ahri des surprimes, et i's s'y ri tirent ppnd.mt la
guerre; en leiiips de paix ils habitent d<-s villages
qui sont aux environs. To.iga compte quatre redou-
tes principales : IJéa, où lésidem les missionnaires
catholiques, est la mieux fortifiée; aus-l est-elle ré-
putée presque imprenable. Des Européens assurent
qu'elle a renfermé jusqu'à cinq mille boni. nés : le
nombre est exagéré, mais deux à trois mille peuvent
y habiter à l'aise. Elle eît divisée en compartiments
par de jolies baies de roseaux, et ces divers com-
partiments où sont groupées les maisons, forment
des rues qui se croisent en tout sens et donnent i
ce camp l'aspect d'une peiite ville.
Béa est situé à une assez grande dislance de Pan-
gai-Madou, nù se trouve le mouillage ordinaire et le
plus sûr. Les missionnaires catholiques uni, depuis
leurariivée dans l'ile, empérhé plusieurs guerres;
et leur car: cière à cet égard e-t si lieu connu, que
le!> habitants ont d une à Béa le nom de Piace-Town
(ville de la paix). Cette localité a déjà soutenu plu-
sieurs sièges. Voii i à quelle occasion. Une tribu ga-
gnée au prutesianiisme, qui tentait de; uis plusieurs
années, mais toujours en vain, de hue embras^er
sa crovaiice à la peuplade infidèle qui uonnail I'Ids-
pilalité aux missionnaires catholiques, décida que
ces endurcis se cuiivertiiaient ou qu'ils expieraient
leur obstination par la mort. lie minis.re ai.gUis
qui dirigeait cette affaire lit entrer dans ses vues
un Commodore de si nation, dont le navire était en
rade. On vint doue assiéger la place eii forme ; le
parti du diable se mil en état de défense, et il fut
heureux. Le commodore Croker fut lue avec onze
des siens et beaucoup d'insulaires; mais il ne périt
personne du côlé des infidèles, qui restèrent maître»
68S
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
C90
de trois pièces de canon. Un capilajne anglais est
venu rccliimer ces Irois pièces ; il les exigeait avec
un ion lie iiantcnr, offrant tontefois une récompense
aux vainqueurs, ei il ajoutait (jii'ils pourraient avoir
à se repentir s'ils n'accpciaient pas à sa demande.
Alors un des clicfs, après avoir (iris l'avis des autres
guerriers, parla ainsi au commandant : i Vous êtes
venus nous attatiurr chez nous, lorsque nous jnuis-
jinns de la paix la plus profonde; no. .s n'avons fait
que nous ilélèndrf, alors que nous aurions eu des
raisons p"ur alla(|uer. Les canons que nous avons
pris nous apiiariienneiit d'après les lois du pays;
nous pnurrions donc les garder et nous en servir
contre vous. Mais afin de vous montrer que nous ne
vous craignons pas, nous vous les rendons. Pour les
vendre , nous ne le voulons» pas ; c'est au pér il de
notre vie, au péril de la vie de nos femmes et de no5
enfants, que nous les avons conquis ; il n'y a pas de
pris pour celi. Preiiez-li:s et allez-vous-en. »
Quoique le pays ne | arle guire à l'imagination, à
cause de sa monotonie et de son peu d'étendue, les
habitants de Tonga ne sont pas cependant tout à fait
éir;ingers à la poésie. Us composent eux-mêmes des
chansons qu'ils savent rendre tristes ou joyeuses
selon la circonstance. Lorsqu'im convoi de piro-
gues part pour une île lointaine, grand nombre d'in-
digèiii'S accompiignent leurs frères sur le rivage ;
puis, au moment où los voyageurs mettent à la voi-
le, deux ou trois cents personnes eiilonnent cecbant
mébiiKolique et liarn)on.eux : < Où vas-tu, jeune et
imprudent oiseau, nù vas-tu? pourquoi t'abandon-
ner aux caprices des flots et des ondes trompeuses ?
Tu ne pourras plus désormais étanclier la soif dans
le cieiix du baudiou, ou dans l'épaisse écorce du co-
cotier. Le bananier, de ses l.irgds feuilles, no te dé-
fendra plus des ardeurs du s(deil, ni du froid de la
nuit; et si lèvent vient à souiller, tu n'auras plus
pour abri les ailes de ta mère. Où vas-tu, jeune et
imprudent oiseau, où vas-iu ? i Et ils répèieui eu ca-
dence ce chant si doix jusqu'à ce que les pirogues
aient disparu à leurs yeux.
Les prolestauts sont en possession de l'île depuis
plus de vingt ans. S'ils sont venus annoncer Jésus-
Christ à ces peujiies, du moins ont-ds prêché h la
maiii^TH de Mtliumei, et s'ils (uil opéré des conver-
sions, c'est iivec le sabre. Le P. Grange croit qu'ils
n'ont qu'un bien petit nombre de partisans sincères
et qui leur soienl atiacliés. Il a demandé à plusieurs
Insulaires pourquoi ils n'avaient pas embrassé le pro-
tesiaulisne, depuis si longtemps qu'il y avait des
ministres dans leur île ; et tnujours il a reçu la même
répoi.se : i J'avais peur des coups. » Eu effet, on ne
voudrai! pas croire en Europe avec quelle sévériié
les proiesianls traitent leurs néophyi.'s. Ce n'est
pas assez de leur interdire tous les amusements, on
leur iuiiiose des jeûnes arbitraires, on les soumet à
une péuiience publique. Les travaux forcés suivent
de près la moindre infraclion à des pra.iques indif-
férente» : il n'est pas rare de voir un pauvre kann» k
attaché .i un arbre, frappé jusqu'à tondier sous lea
coups, etcela tout .''implement pouravoirfumé une pi-
pe. Mais, depuis l'arrivée des missionnaires catholiques
dans celle île, les ministres ont cru qu'il était de
leur intérêt de revenir à un régime plus doux, et il y
a sur ce point une grande amélioration.
Il est a remarquer que les femmes sauvages sont
plus difficiles à convertir que les homn es ; jamais
elles ne prennent l'initiative, et quand elles se ren-
dent, ce n'est que longtemps après l'abjuration du
mari. En Europe c'est tout le contraire; les femmes
y sont généralement plus dévouées à la religion que
ies hommes. La raison en est, qu'à Tonga, comme
dans tout pays qui n'a pas été éclairé et ci\ilisé par
l'Evangile, les femmes ne sont que des esclaves. La
servitude avilit, et, pour embrasser la vériié, pour
combattre ses passions, il faut du courage, de la
noblesse, de la grandeur d'Ame. Les Polynésiennes
sont si méprisées«et, de fait, si méprisables par leur
conduite, qu'on les regarde comme des êtres diffé-
rents des hommes.
Les indigènes de Tonga-Tabou ont beaucoup d'é-
nergie dans leurs paroles et de feu dans leurs ac-
tions. Chez eux tout parle à la fois, les pieds, les
mains, les yeux; la figure n'est pas moins expres-
sive que la langue.
Ce f.it en 1842 que Mgr Pompallier, évêque de la
Nouvelle-Zélande, se trouvant aux îles Wiii, près de
l'archipel de Tonga-Tabou, fut sollicité par quelques
naturels de Tonga, arrivés là par hasard, de fonder
une mission dans leur île où le code des mission-
naires Wesleyens (secte anglicane fort dure, fort in-
tolérante et fort ignorante en même temps) avait
causé de grands troubles et augmenté le nombre des
païens. Il y arriva le 1*"' juillet : l'accueil bienveil-
lant d'une partie des naturels de Béa et des villes
environiiauies, llouma, Vahini jusqu'à .Moua, le dé-
termina tout à lait, et la mission fut éiablie. Un an
après, les PP. Marisies s'occupèrent de la construc-
tion d'une église ; elle a été achevée en quatre mois
et demi. Les naturels ont mis à sa construction toute
l'adresse et toute l'aotiviié dont ils sont capables;
et, de fait, elle est plus belle qu'on ne pourrait se le
ligurer en Europe. Bâtie eu bois, elle a, en y com-
prenant la sacristie, soixante-douze pieds de long et
trente de large. Douze colonnes élég mtes de bois de
fer soutiennent une voûte magnifique, élevée de
trente pieds. Les murailles sont en bambous bien
entrelacés avec des ficelles de cocotier; les poutres
qui forment la voûte sont tressées avec des filaments
de diverses couleurs, et représentent différents oi-
seaux du pays. Deux cents jolies nattes en forment
le pavé. Bon nombre de paroisses en France s'esti-
meraient heureuses d'en avoir une semblable. Le 12
février, jour de sa dédicace, fut un grand jour de
fête; plus de six cents naturels assistèrent aux offi-
ces divins.
On compte à Tonga 400 protestants, 7 à 800 ca-
iholiques, et le reste de la population est païen. L'ar<*
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
cbipel est compris dans les missions de l'Océanie
occidentale, et fait partie du vicariat apostolique de
la Nouvelle-Zélande. Les PP. Marisies ont eu beaii-
cr.-jp à souffrir les premières années, parce que les
niinlsires wesleyens excilaient contre eux la popu-
lation. Mais la dilférence de conduite entre les uns
et les autres est tellement énorme, que les indigènes
nul fini par la remarquer. Les PP. Marisies, par leur
désintéressement, leur esprit de douceur et les bons
services qu ils rendent aux indigènes ont obtenu la
C'insidération générale.
L'archipel de Tonga forme à roccident la limite
de la Polytiésie. A quelque distance dans l'ouest se
trouve le groupe Witi, première terre mélanésienne.
Cependant le type polynésien reparaît encore au
delà, comme nous verrons. 11 se relève sur quelques-
unes des Nouvelles-Héhrides, dans lespeii;es îles Ro-
touma, Tikop:a, Dufi, eic , mais seulement par pe-
tites peuplades et avec tmis les «caractères qui an-
noncent une migration. Dans cette zone prévaut et
règr.e la race mélanésienne, qui occupe toutes les
grandes îles de l'occident, ju>qu'à ce que paraisse la
race malaise. Voisines des iles Witi, les îles Tonga
leur ont plutôt donné qu'elles n'ont reçu d'elles; elles
ont civilisé à demi ces barbare-; , ,^ai!s s'infecter el-
les-mêmes de barbarie. Le type Witi a été dominé par le
t)pe Tonga. Celle île est sans contredit la plus avan-
cée dans la civilisation polynésienne; son influence
s'étend sur tous les archipels voisins, tels que les Ha-
moa, les Fidji, et même jusqu'aux Hébrides, avec les-
quelles ellecommuni(|ueau moyen de seshellespiro-
gues, bien construites, excellentes voilière-, et assez
grandes pour contenir unecinquaniaine de personnes.
La religion des indigènes de l'archipel est basée
sur les notions suivantes : Les Tongas croiei:!, i°
qu'il existe des Iwiouat (dieux), où des êtres supé-
rieurs, ou peut-être éternels, dont les allrib;iis sont
de ré, nriir le bien et le mal aux ÎKimmes, suivant
leur mérite. 2° Que les âmes des nolles et des .Mata
houles cm le même pouvoir, mais dans un degré infé-
rieur. 5°Qu'j1 existe des hotouas lions, ou dieux nial-
faisanls,qui se plaisent à faire du mal indistinctement
à tout le monde, i'^ Que tous ces êtres supérieurs ont
pu avoir un conimencement, niiis qu'ils n'au-
ront pas de fin. 5° Que l'origine du monde est incer-
taine; que le ciel, les corps célestes, l'Océan et l'ile
de Bolutou, existaient avant la terre, et que les iles
de Tonga ont été lirées du sein des i ndes par le dieu
ïangaloa, landis qu'il pêcliaii à la ligne. 6° Que les
hommes sont venus originairement de Gololnu, île
située au nord-ouest , et la principale résidence
des d eux. 7° Que tout le mal qui arrive aux »liom-
ines leur est envoyé par les dieux , parte qu'ils ont
négligé quelque devoir de religion. 8° Que les éguis
ou nobles ont une âme qui leur survit ei qui habile
Bololou ; que celles des malaboulès vont aussi à Bo-
lotou, pour y servir de ministres aux dieux , mais
qu'elles n'ont pas le pouvoir d'inspirer les prêtres.
Les opinions sont très-partagées au sujet de celles
692
des mouas ; quant aux louas, il est reconnu qu'ils
n'ont pas d'âme, ou que s'ils eu ont une, elle périt
avec leur corps. 9° Que l'àme humaine , pendant la
vie, n'est pas une essence distincte, mais seulement
la partie la plus éihérée du corps. lO' Que les dieux
primitifs et les nobles qui sont mort- apparaissent
quelquefois aux hommes, pour les ailler de leurs
avis ou leur faire du bien, et ([ue les dieux se méta-
morphosent souvent en lézards , en marsouins
ou en une espèce de serpent d'eau. 1 1" Que Toui-
Tonga et Veachi descendent en ligue directe de deux
des principaux dieux. li° Que les prêtres inspirés
sont pleins de la personne du dieu pendant le temps
que dure leur inspir.nion, et qu'alors lis penvent
prophétiser l'avenir. 15° Que le niérite et la vertu
consistent à respeeter les dieux, les nobles et les
•vieillards, à défendre les droits qu'on tient de ses
ancêtres, à pratiquer ce qui cousiitue l'honneur, la
justice, le patriotisme, l'amitié, la douceur, la mo-
destie, la fidélité conjugale, la piété filiale, à ne man-
quer à aucune cérémonie r-eligiense , à souffrir avec
paiience, etc. Il" Que les dieuv récompensent ou
punissent les hommes dans cette vie seulement. Les
habitants de Tonga comptent ep^irun trois ceiiisdieux
primitifs, dont les noms sont^a plupart inconnus.
Les principaux, an nombre de vingt , ont des mai-
sons et des prêtres dans les dilTéreiites îles. Ju-U-m-
Toubo est le patron du h:iu et de sa famille; il est
aussi le dieu de l;i guerre. Il a qnilre maisons ou
temples dans l'ile de Vavaou, deux dans celle di La-
foiiga, une à ilaano, une autre à Wina, et deux ou
trois aut;es ailleurs. Il n'a de prêtre que le hou, qu'il
inspire irès-raremeni. Toit'i feiia bololou, ou chef
de tout Bololou, n'et pas, (Omme son nom pourrait
le faire croire, le plus grand des dieux. Il le cède
en puissance au précédent, i qui des cieux touche
la terre. » Il est le dieu des préséances dans la so-
ciété, cl, comme tel, invojué par les chels de grandes
laniilles dans tous les cas de maladies ou de chagrins
l'ouiestiques. lia irois ou quatre maisons à Vavaou,
uwh Lafoug.T, idusieur.^ dans les autres iles, et trois
ou quatre prêtres qu'il inspire quelquefois. Uigoii-
teo est aussi un dieu puis-ant, vénéré surtnui par la
fimille du Touï-Tonga. Il n'a ni prêtres ni maisons,
et ne visite jamais les îles 'îonga. A'io A'io csi
le dieu du vent, de la pluie, des moissons ei de la
végétaiinn en général. On l'invoque pendant le beau
temps, au moins une fuis par mois, pour lui en de-
n^ander la continuaiiou, et on l'impluic journelle-
intnl si la saison est mauvaise, ou si le vent occa-
fi iiine quelques dégât-. Vers la fin de décembre
lorsque les ignames sont mûrs, on lui en fait huit
olfMndes consécutives, de dix jours en dix jours.
Ce dieu n'a que deux maisons, l'une à Vavaou et l'au-
tre à Lafouga, desservies par aulaiii de prêtres.
Ha la A'pi A'pi, T'oijiii Oiikoii il'ea et Toubo Bougon,
autres dieux de 1 1 nier et des voyages, protégèrent
la fimille de Finaii. Le premier a deux temples, l'un
à Vavaou et l'autre à Laluug-i, et deuit ou trois pré-
603
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU Me\EN A(iE.
69i
très. Tangaloa est le dieu des artisans et des ans,
et a plusieurs prêtres, tous charpentiers. C'est lui
qui tira les iles Tonga du fond de la mer.
Les hotouM hous, uu dieux malfaisants, sont aussi
Irès-nonibreux; mais ou n'eu connaît que cinq ou six
qui résident à Tonga pour tourmenter les iionimes
plus à leur aise. Un leur attribue toutes les petites
contrariétés de cette vie. Ils égarent les voyageurs,
les font tomber, les pincent, leur sautent sur le dos
dans l'obseuriié ; c<:; sont eux qui donnent le cauche-
mar, qui envoient les songes alTreux, etc. Ils n'ont
ni temples, ni prêtres, et on ne les injplore jamais.
L'univers repose sur le dieu iU«iii, qui est toujours
couché. C'est lu plus gigantesque des dieux; mais il
uinspire jamais personne; il n'a ni prêtres ni mai-
sons, et reste sans cesse dans la même position. S'il
arrive un treniblementde terre, on suppose que Moui,
trouvant sa posture trop fatigante, cherche à se met-
Ire à sou aise ; alors le peuple pousse de grands cris,
et frappe la terre ii coups redoublés pour l'oliliger à
se tenir tranquille. Oh ignore sur quoi il est couché,
et on ne hasarde même aucune supposition à ce su-
jet; t car, disent les indigènes, qui pourrait y aller
voir? »
Voici comment ils expliquent l'origine du monde.
Un jour que Tangaloa, dieu des inventions et des
ans, péchait du haut du ciel dans le Grand Océan,
il sentit un poids extraordinaire au bout de sa ligne.
Croyant avoir pris un immense poisson, il se mil à
lirerde toutes ses forces. Bientôt parurent au-de<sus
de l'eau plusieurs rochers , qui augmentaient en
nombre et en étendue, en proportion des efforts que
faisait le dieu. Le fond rocheux de l'Océan s'élevait
rapidement, et eût fini par former un vaste continent,
quand par malheur la ligne de Tangaloa se rompit;
ce qui fil que les îles Tonga reslèrenl seules à la
surface de la mer. On montre encore à Hounga le
rocher auquel l'hameçon de Tangaloa s'accrocha.
Cet hameçon fut remis à la famille de Touï-Tonga,
qui le perdit, il y a environ trente ans, lors de l'in-
cendie de sa maison.
Tangaloa ayant ainsi découvert la terre, la couvrir
d'herbes el d'animaux semblables à ceux de Bolo-
tou, mais d'une espèce plus petite et périssable. Vou-
lant aussi la peupler d'êtres intelligents, il dit à ses
deuxfils:iPrenez avec vous vos deux femmes, et al-
lez vous établir à Tonga. Divisez la terre en deux el
habitez séparément, i Ils s'en allèrent. Le nom de
l'aîné était Toubo , celui du cadet Vaka-.Ako-Ouli.
Le cadet était fort Imbile. Le premier il tli des ha-
ches, des colliers de verre, des étoffes de papalairgui
et des miroirs. Toubo était bien différent : c'ëiaii
un fainéant. Il ne faisait que se promener, dormir et
convoiter les ouvmges de son frère. Ennuyé de les
demander, il pensa à le tuer, el se cacha pour cette
mauvaise action. Il rencontra un jour son frère qui
se promenait, et l'assomma. Alors leur père arriva
du liolotou, enllanimé de colère. Puis il lui demanda :
«Pourquoi as-tu tué ton frère ?ne pouvais-tu pas tra-
vailler comme lui? fuis, malheureux, luis! Dis à la fa-
mille de Vaka-Ako-Ouli, dis-lui deveuir ici. > Ceux-ci
vinrent, el Tangaloa leur adressa ces ordres : lÂlIez
el lancez ces pirogues à la mer; faites route à l'est,
vejs la grande terre, et restez là.Voire peau sera blan-
che comme votre àme, car votre âme esi belle. Vous
serez habiles ; vous ferez des haches, toutes sortes
de bonnes choses, et des grandes pirogues, t'^n mémo
temps, je dirai au vent de toujours souffler de votre
terre vers Tonga. Ll ils ne pourront venir vers vous
avec leurs nianvaises pirogues.» Puis Tangaloa parla
ainsi au frère aîné : i Vous serez noir, car votre àme
csl mauvaise, et vous serez dépourvu de tout. Vous
n'aurez point de bonnes choses ; vous n'irez point à
la terre de votre frère. Comment ponrriez-vous y al-
ler avec vos mauvaises pirngues? Miis votre Irère
viendra quelijuefois à Tonga pour commercer avec
vous. I
Cette légende singulière , répandue dans quelques
îles de l'archipel do Tonga, a un grand rapport avec
riiisloire de Cain el d'Abel. Des vieillards ont assuré
à Mariner, qui a l'ail uit loog séjour dans ces iles,
que celle légende était fondée parmi eux sur une
tradition très-ancienne.
Salacui, SouUic, village du département de la Gi-
ronde, diocèse de Bordeaux, où se irouv^dl le prin-
cipal banc d'iiuiires, dites huîtres de Bordeaux, qui
servaient à l'apvrov sionnement de Rome, au temps
de Pline el d'Auson"». On a faii à Soubc une pécha
considérable de ces mnllnsqnes jusqu'au xiv« siècle.
Aujourd'hui celle pêclie esi presque nulle. — La lé-
gende raconte à ce sujet une histoire qui est irop
longue pour que nous la rapportions ici.
Salamis vet Constantia, Salamin», métropole de
l'ile de Cliy|ire dans le patriarcal d'Antioche, dont
on voit les ruines à l'endroit iionimi5 Porlo-Consian-
zo à (j milles de Famagouste. Il y eut un évèque
dès les premiers siècles, qui, outre la qualité de
métropolitain, v.):ilui avoir celle d'autocépliale ; ce
qui lui fut accordé par le concile d'Ephèse et confir-
mé par I empereur Zenon. Après la ruine de cette
ville par les Sarrasins vers le ix« siècle, la d guité
de inéiropde fut transférée à Famagouste.
Sous le gouvernement des monarques persans, Sa-
laniine participa à toutes les révolutions de l'île. Le
roi Costa, père de sainte Catherine, lut un de ses sou-
verains; elle en a même pris le nom de Constance,
sous le(|uel elle est également connue. Les Sarrasins
la détruisirent sous l'empire d'Iléraclius- elle fui dès
lors abandonnée, et n'a jamais été rebâtie depuis. —
Jl n'est demeuré de nos juurs aucuite construction qui
puisse nous donner une idée de celte lille; ou n'y
voit guère que des colonnes éparses çà et lit, des
monceaux de pierres noircies par le teuips, et un
reste d'édifice présumé èire le débris de quelque
temple. Celte longue suite de siècles a tependani
respecté les fontaines ou réservoirs qui distribuaieiK
dans Salamine les eaux de Cyllière, celle ville n'en
r.yant jamais eu par elle-même que de lrès-mauvais«s.
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
69S
Elle avait un port que l'on nommait Porl-Salnmine,
et dans la suite Port-Constance. On en voit encore
les traces, mais il est dégradé et presque entièrement
comblé.
Salamine compte une fuule d'hommes illustres nés
dan- son sein ; elle est, enire antres, la pairie de l'his-
lorien Ariston, dont parle Strabnn dans son livre xiv.
Le pliilnsophc Cléobule, fils d'Evagoras 11, éiait de
Salamine, ainsi que Néocrion, général de Tarniée
«96
Grand-Sainte-Foy. En partant de Lyon, on y arrive
par un chemin a mi-côle, qui sépare la colline en
deux parties dans toute sa longueur ; celle dont la
Saône baigne le pied, s'appelle Fontanière, de l'abon-
dance de ses sources. Le coteau de Sainte-Foy est
remarquable par la salubrité de l'air; les brouillards,
qui couvrent quelquefois la rivière et la ville de
Lyon, ne s'élèvent pas jusqu'au sommet île la colline.
Les eaux y sont excellentes ; les légumes et les fruits
navale d'Alexandre le Grand. — Cette ville a donné abondanis, savoureux et d'une maturité précoce .Ce
le jour à nombre de saints personnages. Saint E|ii-
phane, aussi distingué par la sainteté de sa vie que
par ses écrits, fut archevêque de Salamine.
Quelques historiens prélendeiit que sainte Ciihe-
rine, (ille du roi Costa, était de Salamine, quoique
tous les léi,endaiies 1.1 fassent naître à Alexandrie.
H y avait au nord de Salamine une espèce de tour,
où on la renferma d'abord, dit-on, puis on l.i iraus-
féra dans les prisons de Paplios. L'empereur, ayant
l'ail I entrer dans îe devoir l'Egypte révoltée, appela
à Rome le roi Costa; sa fille sortit alois des prisons
de Paplios, et fut conduite à Alexandrie où elle reçut
le martyre.
Entre Famagoiisle et les ruines de Salamine, sur
le rivage de la mer, sont plusieurs cli inps qui pro-
duisent le boia ou la gai ance. Cette racine donne une
très-belle couh ur écarlale : c'est la meilleure pro-
duct'on de l'ile. — En suivant la côte de Salamine,
toujours au levant, on entre dans <elte p;irtie de l'ile
appelée le C.irpnsse, qui s'étend jusiiu ; « cap Saint-
André. Le Carpasse est abondant en sox et en colon.
Sur les bords de la mer sont des bosquets d'oliviers
qui sont aujourd'hui stériles : les h^ibilanls de l'ile,
ceux mêmes des villes maritimes de la Syrie, y vien-
nent faire leur provision de bois ; ils ont à cet égard
la plus grande lilierié.
11 y avait autrefois une ville appelée Carpassie,
qui est aujourd'hui le village de Saint-Jean.
A 4 milles de Salamine, dans la plaine de Mes-
sarée, se trouve la belle église de Saini-Barnaha, .
avec un vaste nionasière qui ne renferme cependant
que très-peu de religieux. Non loin de là est une
église plus ancienne dédiée au même saint; elle
tombe en ruines. On montre dans la partie souter-
raine, le tombeau du patron, dont le corps fut re-
trouvé, selon le cardinal Baronius, au temps de l'em-
pereur Zéion. Il avait sur sa poitrine l'Evangile de
saint Matthieu, écrit de la main même de cet évan-
géliste.
Sanciu Fidiaca Lugdunensis, Sainte-Foy-lez-Lyon,
paroisse du diocèse de Lyon, arrond. et à 6 kil. de
celte ville, dépt. du Rhône. Ce bourg, situé sur un
coteau élevé près de la rive gauche de la S.tône, est
riche de 2560 habitants. Les premiers chrétiens de
Lyon se réunissaient en secret pour prier sur son
coteau; et c'est delà, dit-on, qu'on hii a donné le
nom de Sainte-Foy.
La commune de Sainte-Foy est composée de plu-
sieurs hameaux, dont le plus considérable se nomme
coteau est un des plus beaux et des plus riches vi-
gnobles de France : l'été et l'automne, les jardms et
les vergers y sont chargés de fruits succulents. Tons
les genres d'arbres des contrées du nord et du midi
s'y trouvent réunis ; le laurier-rose, le citronnier et
l'oranger, simplement abrités en hiver, ornent au
printemps les terrasses, les avenues et les jaidins.
La beauté de ces arbres annoncentqu'ils sont prèsde
leur climat natal, et les fleurs qui abondent en ces
lieux ont le même parfum qu'en Provence ; des sour-
ces abondantes jaillissent de toutes parts, coulenten
petits ruis3e.iux, ou sont retenues dans de grands,
bassins bordés de saules pleureurs, de peupliers et
de trembles. Sur cette colline, la dernière dont la
Saône baigne le pied, le paysage réunit aux beautés
de détail l'aspect de la seconde cité de France, ce-
lui du confluent de deux rivières, le grandiose d'un
immense lointain et la vue des Alpes.
Le spectateur placé sur le coteau de Sainte-Foy
domine de inules parts les contrées environnantes
où sa vue s'étend au loin. Les diverses chaînes dei
Alpes ne paraissent dans cet immense espace que
comme des collines ou des aiguilles placées à différen-
tes distances, qui se confondent souvent avec les
nuages.
Sancia Opporiuna, Sainte-Opportune, ou Moussy-
le-Neuf, paroisse du diocèse île Meaux , canton de
Dammariin. C'est la dernière commune du départ,
de Seine-et-Marne dans sa partie septentrionale ,
son lerriloiie est limitrophe , au nord , avec le dé-
paiieinent de l'Ois-e, et à l'ouest avec celui de Seine-
et-Oise. Moussy est dans un vallon sur la Beu-
vronne, à 2 kil. au nord au-desSus de Moussy-le-
■yieux. — On raconte que, dans la seconde moitié
du ix« siècle, les chanoines de Séez dont la ville était
aifligèe par les excursions des Normands, obtinrent
de Louis le Germanique la terre de Moussy, pour y
déposer le corps de sainte Opportune et le préserver
ainsi des profmalions de ces peuples barbares.
L'abbé Lebeuf ajoute qu'il n'y avait pas encore d'é-
glise à Moussy, et que le corps de la sainte fut déposé
dans la maison d'un nommé Gonielin ; mais que les
nombreux miracles que ces reliques opérèrent dans
ce lieu ayant attiré un grand concours de peuple ,
les aumônes sulfirent pour élever un petit temple
sous l'invocation de la sainte. — En 1090, un nommé
Albert, chevalier et sans douie seigne'jr de Moussy,
lit don de Vaimm el de ses dépendances au cha-
pitre du prieuié de Saiiii-Martin-dts-Champs. —
6f)7 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU .MOYEN AGE.
En 1220, l'église de ce prieuré fui rebâtie par les
soins des religieux : c'est celle qui existe aujour-
d'hui. Cet éililice, qui est trés-élevé , a deux ailes
voûtées; le portail offre trois espèces de guérites
termiuées en cul-de-himpe par le bas : celle lîu
milieu, plus élevée, liuii eu flèche et sert de clo-
cher. — L'église paroissiale est située à quelque dis-
tance du prieuré , à l'e^l, et plus au centre du vil-
lage; c'est un éililice du xvi" siècle , bas , entière-
ment voùlé, avec une aile de chaque côté, mais sans
galerie ; il renferme plusieurs pierres tnmulaires de
celte époque et d'un temps posiérieur. — En 1351,
il existait a M' ussy deux hospices : la Maison-Dieu
et la léproserie.^ En 1220, Gaucher d'Annoi, séné-
chal de Dainmarlin, était se gueuren parliede .Moiissy.
En 1271 , d;ins le dénombrement des chevaliers
du haillage de Paris qui devaient aller à la guerre
couire le couiie de Foix , le cnmie de Dmmariin
fut imposé à deux hommes pour sa terre de Moussy.
Dans le xiv* siècle, la seigneurie de Moussy était
partagée par la fami le de Laval et par celle des
Bouteillier. — En 1740, cette seigneurie appartenait
au marquis de Roihe in.
Le territoire étendu de celte commune est princi-
p:ilemeni en terres de labour, qu'exploitent qualcze
fermes. On y remarque aussi des bois ; ce sont , à
l'extrémité la plus septentrionale du canton, ceux de
Monimel.an, situés sur la montagne de ce nom ,
dont une partie s'étend dans le dépnrtenient de
Seine-el-Oise, et l'autre dans le département de
l'Oise. Au pied de celte morptagne s.; trouve la
source de la Beuvroime, les buis de Saint-I.,aurent
et de Beaum:irchais, qui fout partie de la forêt de
Darumariiii , le bois de la Garenne.
Ce village prèsenie plusieurs écarts : 1" la Folie ,
au nord-esi de Moussy , au sud et au-dessous de la
forêt de Danimartin ; ancien fief dont il reste encore
quelques ruims ; 2° l'Erable, tuilerie; ô° la Grande-
Tuilerie, an nord, entre Moussy et la lorét de Dam-
niartiii ; V la Garenne, maison de garde au sud de
la peiite Tuilerie ; 5° ie Clos, ancien fief qui n'est
plus aujourd'hui qu'une ferme ; 0° les restes du châ-
teau qui depuii longtemps n'était plus qu'une ferme
dont un voit encore quelques ruines : on remarque
encore les anciens lossés d'un château dit le ISiset ;
7° à l'ouest, la leinie des Moines, a"i était attenante
i l'ancien piieuré dont elle dépendait. — On trouve
aussi sur le territoire de celte commune trois h Iles
fontaines qiji ont reçu les noms de Pierre- Visier ,
la Pisotle et les Deux-Ermites, et des carrières à
plâtre.
Monssy-le-Neuf est à 5 kil. ouest de Dammartin ,
24 kil. ouest de Meaux, et 62 ktl. nord de Melun. Sa
popidation est de 860 iimes.
Sanciœ Magdalenœ Fons, Flouren», 'paroisse du
dioce.-ede Toulouse, dépi. de la Haute-Garonne.
La commune de Flomens, une des plus riches du
dép irtemeut de la Haute-Garonne, possède une fon-
taine d'eau minérale, connue sous le nom de Sainte-
Madeleine, dont les eaux sourdent près de la grande
route de Toulouse à (Castres, dans un petit vallon al-
longé, d'un aspect agréable. Ce vallon est formé par
deux coteaux couverts de chênes, séparés au nord-est
dans ime étendue de 500 mènes, par une double al-
lée d' peu|.liers, se rapprochant ensuite au suil-est
pour former une gorge dont les côtés, doucement
inclinés, sont sillonnés de petits sentiers sinueux qui
offrent un bois toun"u d'un aspect très-pittoresque.
C'est vers le milieu de ce joli vallon que s'élève la
belle fontaine de Sainte-Mideleine, à l.\qu(lle on
arrive par plusieurs aveinies garnies de deux rangées
d'arbres. — La source de la Madeleine a été signalée
en 1821 par M. Cany, docteur médecin à Toulouse,
qui en a été nommé médecin-inspecteur par le mi-
nistre de l'intérieur, le 51 mai 1823. L'étahlissemenl
des eaux de Flourens est très-agiéablement situé ;
les malades y respirent un air vif et pur, et trouvent
autour de la source des promenades très-jolies et
très- variées.
Cette fontaine avait été connue au moyen âge. Du
moins il en est question chez desclnoniqueurs et des
trouvères du temps ; on y venait en pèlerinage de
diverses parties du Languedoc. Mais, à partir du xvi»
siècle, il n'en fut plus question, on ne sait pourquoi ;
et pendant trois siècles les habitants de Flourens
ignorèrent l'existence de ces eaux minérales dans
leur paroisse. — Les propriétés médicinales des eaux
de Sainte-Madeleine sont les mêmes que celles des
autres sources acidulés ferrugineuses froides de
France, telles que celles de Cransac, Forges, Passy,
Vais, etc., qui jouissent d'une réputation méritée.
Flourens est situé à 9 kil. de Toulouse; il compte
environ 375 hahitatils.
Sancii Martini Dominicum , Dammartin , petite
ville du diocèse et (bel-lien de canton de l'arrond. de
Meaux, départ, de Seine-et-Marne. — La ville de
Dammartin est bàlie en amphithéâtre sur une mon-
tagne (J'où l'on jouit d'une vue magnifiiiue qui s'étend
à plus de 72 kil. Il ne peut pas y avoir d'équivoque
sur l'étymologie de sou nom : il vient incontestable-
ment d'une chapelle nu d'un oratoire dédiés à saint
Martin, Dominicum Mnrtini.
Cette ville était le chef-lieu d'un comté dont Hu-
gues l*''', avoué de Ponthien, s'empara dès le x' siè-
cle. Un ignore comment il surtil des mains des des-
cendants de ce seigneur ; on ignoie même si celui-
ci portait le titre de comte. Le premier comte de
Dammartin dont il soit question dans l'histoire est
Manassès , que qnel'iues auteurs ont fait , sans en
donner la preuve, fils puiiié d'ililduin II, eomte du
Monididier, lequel aurait eu pour épouse uneA^léla
ou une Constance.héritière du comté de Dammartin. Il
est, comme grand vassal de la couronne, nommé lé-
moin dans une chartre que RoDei t, roi de France ,
accorda en 1028 à l'abbaye de Coulombs.— En 1077,
Hugues 1«S (ils de Manassès, fit la guerre au roi
Philippe !'■', et eut plusieurs contestations, soitave»
les moinc" de l'idiliaye de Saint-Lucien de Beauvais.
999
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESiASTlQUE.
dont il avait enlevé par violence ceriaines églises ,
soit avec les cliaiioi.ies de Paris , pour les exactions
qu'il comnietiait en leurs lerres. Frappé pour ce fait
d'exciiniiiiuniculioii par Ih pape Urbain H , il renira
en lui-Miêine et fit saiisfaciion au chapilrc. Il eut de
Roarde Pierre et Hugues, el trois filk'S , Basilie ,
Adèle el Eustacliie. Il lui enferré dans l'église d'Es-
cerent. — Vers' l'an 1107, Hugue-; H recommença
le* vexations de son pêne contre résîllse de Paris ;
il se ligna au cornmencemenl du régne de l.uuis le
Gros avec le comte de Champagne contre ce mo-
narque. Il avait épousé Rolvilde; mais on ignore
l'époiiue de sa mort el s'il laissa de la posiériié. —
François de Montmorency fut pourvu du coinlé de
Damniarlin dans lo xvi° siècle; il mourut sans posté-
rité en 1S7!1. — Le comié de Dainniartin resta dans
la maisoif de Monimoreitcy jusqu'à la mon de Henri,
duc de Montmorency , qui fut décapilé l'an 1002,
d;»ns l'iiôtcl de ville de Toulouse. Ses biens ayant
été conlisqués, Louis Xlll fil don au prince de Coudé
du eofitté de Danimailin , qui depuis a toujours été
possédé p»r celle maison. — Les restes du manoir
féodal sont sllitès an fiord-esl de la ville, el sur le
bord do chemin' de Nanleinl-le-llardouin ou le Hau-
dolr». L'ortgine de ce château remonte à une liante
antiqnité; il ét.iit sarfs doute des premiers siècles de
la mon;irelife : mais faire honnettr de sa fondation
ai>x Romains, c'est annoncer peu de connaissance
dans riiistoire de J'archikciure. Il était construit en
briques, flani|ué de Imii tours oclogones , et envi-
ronné de tossés larges el profojids. On le dé-
mantela lorsque les liiensde Henri de Montmorency
furent confisqués. Depuis, les matériaux de cet an-
cien château oui contiibué h l'élévation d'une partie
des bâtiments de la ville; ses restes ont élé aplanis,
et la place qu'ils occupaient forme une agiéable
promenade. — Ln 1^30, la vi<lle de Dammarlin fui
dévorée par les flammes, — On ignore l'époque
précise de la foiidaiion de l'église paroissiale de
Danimartin : on sait seulemeiit que, dés l'an 1115,
il y existait déjà un prieur-curé et six cliaiioines
qui lui servaieni de vicaires. Les comies de Dam-
marlin , qui avaient relevé cette église, avaient doio
k prieur de privilèges considérables cl l'avaient rendu
aussi puissant dans la partie de la ville qui lui était
dévolue que les comies dans celle qu'ils s'étaient
réservée. — En 1183, Alberic 11 , comte de Dam-
inartin , Matliilde, son épouse, et Renaud, comte de
Boulogne, leurs fils, conlirmèrent la donatiunde l'é-
glise on du prieuré de Dammarlin, que ses prédé-
cesseurs avaient faite aux chanoines de S.iinl-Mar-
lin-aux-Bois, diocèse de lieauvais.— L'église parois-
siale, qui était placée près du cliàteau, ayant élé dé ■
truite ou étant tombée en ruine , car on est dans le
doute à cet égard , lo priein -cnré transféra dans lo
coinmencemenl du xviii' siècle le service divin dans
la chapelle de Saini-Jean-Uaplisie qui, dès lors ,
était une des dépendances de la cure. — 11 est déjà
fait.meiitioH de celle chapelle dès l'an 1185, dans le elles abandonnèrent leur motiaôlète. — Eu Wi'i
700
litre ci-dessus mentionné. Il y esi aussi question
d'une église de la Mjgdeleine-de-Moiencouri, dont
on ne voyait déjà plus aucun vestige, il y a renl ans,
et de l'église de Notre-Dame, (jui depuis (ut érigée
en collégiale. — Cotte église était originairement
une suecuisale du prieuré-cure de Sainl-Jean-Dap-
llste, lorsqu'en U80, sous le pontificat de Louis de
Melun , Antoine de Chabannes, comte de Dammar-
lin , qui avait reconstruit l'édifice ruiné dans les
guerres du règne de Charles Vil , y fonda un cha-
pitre de cbaiioiues séculiers, pour le repos de l'âme
de ce prince et pour le repos de la sienne. Par une
bulle de l'an 148û, Sixle IV approuva celle fonda-
lion, et Jean de Chabannes, (ils du fundateiir, la ra-
tifia en 1489. Une ancieime coutume de cette ville
était, ainsi que le dit Ihiplessis (Histoire de i'étjlise
de Meiitix) , de n'y enterrer persoime , qu'on n'eût
auparavant porté en céiémonie le corps du défunt
dans celle collégiale , où l'on chantait une antienne
à la Vieigiî, après quoi on le transportail dans le
lieu desiiné à la sépulture. — Anloine de Chabannes,
mort en 1488, el Jeanne de Sancerre, comtesse de
Dammarlin, fureiii iidiiimés dans cette église. —
L'église collégiale ayant été vendue à l'époque de la
révolution , l'abbé Lemire en fit l'acquisiliim ; il la
rendit au culte en iSOl. Elle est maintenaiil une
succursale de la paroisse. — L'Ilôtcl-Dieu de Dam-
marlin sulisistail dos le xit' siècle, puisi|ue, d'après
un acte que l'on rapporte à l'an 1"20"> , Guillaume de
Alneto donna à cet hospice, du conseniemeiit de sa
femme et de ses enfants, en présence de Ranre, sa
mère, d'Anselle, son frère, cl de Gauthier, vicomle
de Dammarlin, un demi-niuid de blé à prendre tous
les ans dans sa grange de Moussy (ilunciacum). —
On cile parmi les bienl'.iiteurs de celle maison , en
1212, MiUrn de Belz; en 1238, Gilles de Cuisy ,
frère de Pierre de Cuisy , évcque de Meaux; en-
suite, Guillaume de Compans ; Matliilde, coinlesse
de Doulogne, eic, etc. L'hospice fut d'abord gou-
verné par un administrateur et des religieux. Vers
1260, on relira ces religieux, el l'un donna la mai-
son à ceux de Clisnibre Fontaine. — En 16i)5, on
ét:iblit un hôpital à Dammarlin; en 169!), les biens
de cet liô;ùlal el les levenus ont élé réunis à ceux
de l'ancien llôiel-DIeu. Cet hospice esi maintenant
desservi par des sœurs de Sainl-Vinceiil de Paul. —
Il existait dans le commencement du xiii' siède une
léproserie à Dammarlin, sous le nom de Saint Gui-
nefort, abbé de Sainl-Uisin de Bourges. Le comte
de Dammarlin le donna sous le bon plaisir du roi ,
à un gentilhomme, comme une cominanderie. Dans
la suite on laissa subsister la chapelle; mais les re-
venus de la léproserie furent réunis à l'Ilôlel-DIeu
de Meaux : celte léproserie était située à t'exlréinité
occi'Iciitale de la ville. — Dans le milieu du xvii'
siècle, des religieuses de la Visitation vinrent s'éta-
blir à D.immarlin. Forcées de se réfugier à Paris da-
ranl les guerres civiles de la minoriié de Louis XIV,
70 i GEOGKAPHU; DES LEGENDES AU MOYEN AGEv
une dame Portefin, pour accomplir un vœu de son
mari, tondii, sous la proleclion du cardinal de Biisy,
évê |ue de Meaux , un collège dans lequel éiaienl
(■levés graluiteuieiii^x jeunes gens de la ville. —
Avaui la révolution, il y avail à Dammaiiin un bail-
liage auquel éiaient unies depuis 1033 lesjus'.ices de
Mory, de Saint-Mesmes , de Siinl-Souppleis , dont
les appels ressurlissaient au pailemeni de Paris; et
wie grume , iribimal insiiiué pour juger des dom-
mages (ails dans les foièls. Aujourd'lini, celli^ ville,
comme clief-lieu de canton, esi le siège d'une justice
de paix et la résidence d'une brigade de gendar-
merie. Il s'y tient tous les jeudis um niarclié aux
grains considérable, et le lundi un niarclic de me-
nues denrérs. 11 y a aussi quatre foires par an , qui
ont lien le lundi de la cinquième semaine de carèuie,
le lundi de la Pcolccôie , le 1" octobre ei le G dé-
cembre. On n end à ces loires une grande quantité
de bestiaux el surtout de bêles à laine. Le lerj iloire
qui environne la ville est en terres de labour , en
vignes ei on bois ; on y trouve plusieurs carrières à
plùtro. — Sur le pencbani de la colline qui legarde
l'orient est le cliàieau de la Tuilerie dont le parc
borde la grande roule de Soissons. On jouil de ce
P'iini, comme de toute la vilb-, d'une vue tiès-
ètendife. — La situation élevée do Dammariin a
permis de consli uire autour de la ville des moulins
à vent qui ont tous reçu des noms particuliers ; ainsi
ce sont : la Cnrbie, le Jard, la Justice, !e Moulin-
Vieux. La populalion de Daminartin est de 2900
âmes ; il est à 20 kil. nord-est de Meaux et à 60 kil.
au nord de Melun.
Sanclui Àndreat, Saint-André. 11 y a plusieurs vil-
les, bourgs et villages de ce nom en Europe. — Saint-
André, paroisse du diocè-e de Liège , Belgique. Ce
village, <|ui cumpie 500 li;ibiiants, est à 18 kil. nurd-
est de Liégi; ; il a pris son nom d'une |ieli(e cbapelle
qui e\is'ail sous le vocable de saint André, au x«
tiède. Les babilanis font un commerce de fromages,
appelés fromages de Saint-André.
I Saint-André, paroisse du diocèse de Digne,
dépt. des Basses-Alpes. C'est un chef-lieu de canton
qui Comprend dix coummnes; il est de l'arrond. et à
12 kil. de Casttllanc, près de la rivière du Verdon.
La population est de 800 habit nts.
I S:iini-André, paroisse dn diocèse de Gap, dépl.
dos Ihutes-Alpes. Cette commune fait partie de l'ar-
rond. ei du canton d'Embrun ; elle a près de onze
ceiit^ liabiiaiils.
I Saint-André, paroiêsè du didcèse de Rodez,
dépt. de l'Avi'vron. Elle ost comprise dans le canton
de Najac, arrond. de Villefranche de Rouergue : sa
populalion s'élève à "2000 âmes.
I Saint-André, paroisse du diocèse d'Evr'eux, dépl.
de l'Eure. Ce bourg forme un clief-lieu de canton qui
coniieni treitleliuit communes; il est de l'arrond. et
à IG kîl. d'Ev^èux. La population, qui e^t moitié
agricole, moitié induètfielle, atteint le chiffre de
ISQOlialihnls.
•702
I Saint-André, paroisse du diocèse d'Orléans,
dépl. du Loiret. Elle ne forme point une com-
mune, mais c'i'si un hameau dépendant de la petite
ville de Niitre-Dame-de-Cléry, dans l'arrond. d'Or-
léans. La populalion est cepeiid;int de 840 habilanls.
Ce hameau lire son nom et son origine d'une chapelle
dédiée à l'apolre saint André, dont on invoquait la
proleclion dans les malheurs publics.
I Saint-André, dans le diocèse de Never.'i, dépl.
de la [Sièvre. C'est un bourg du canton de Lormes,
dans l'arrond. de Clainecy, avec une population de
1500 lialiitanls, i|ui s'uccupenl de travaux agricoles
el de l'exploiiaiiou des bois du canlon.
I Sainl-Aiidrè, paroisse du diocèse de Cambrai.
C'e.^l un village à cinq kil. de Lille, du caiitjn et de
l'arronil. de celle ville, dépl. du Nord. Il y a une fa-
brii|ue decéruse. Les habilanls, an nombre de 600,
sonl presque lous lileuis et tisserands.
I Saint-André, dans le diocèse de Clermont-Fer-
land, dépt. du Puy-de-Dôme. Ce bourg, qui ne
compte pas moins de 1100 habilanls, fait partie du
canton de Ptandan, dans l'arrond, de Riom.
I Saint-André, dans le diocèse de Perpignan, dépt.
dus Pyrénées-Orientales. 11 est du canton d'Argelès,
dans l'arrond. de Céret, avec une populalion de 600
babilanis environ. On y récolle de très-bons vins
blancs.
I Sainl-André-d'Apchon, du diocèse de Lyon,
déjit. de la Loire. Ce bourg, compris ilans l'arrond.
de Roanne, est à 10 kil. ouest de celle ville. Il y a
d.s euix minérales, on yrécoltede bons vins rouges.
La populalion esi de 18G0 liabiianls.
1 S^iint-André-de-Chalançon, dans le diocèse du
Puy, dépl. de la Haute-Loire. C'esl un bourg du
canlon du Bos-en Bosseï, dans l'arrond. d'Vssen-
geaux, avec une population de liO > habilanls.
I Saint-Andrédis-Combes, paroisse du diocèse
d'Angoulême, dépl. de la Charente. Ce village, où l'on
fabrique d'excellentes eaux-de-vie, est à 7 kil. ouest-
nord-ouest de Cognac et de son canton. La popula-
tion est de 500 habilanls.
I Saint-André-dc-Cubzac, petite ville du diocèse
de Bordeaux, dépt. do la Gironde. C'est un chef-lieu
(le canton qui renferme onze communes, dans l'ar-
rond. et à 18 kil. nord-est de Bnrdenui; il est situé
pi es de la rive droite de la Durdogne.qui traverse en
cet endroit la grande roule de Paris à Bordeaux.
Ce passage, qui se faisait au moyen d'un bac, était
dangereux ; cl à l'époque des grandes eaux, les ponls
(pi'on y avait bàiis éi.iient presi|ue toujours endom-
magés, souvent emporiés. On y a construit dans ces
(lernieis temps im pont suspendu qui lui-même n'a
pas été à l'abri de la violence des eaux de la Dordo-
gne. On récolle du vin dans les environs. La popula-
lion est de 5000 babilanis au moins. Comme le pas-
sage de la Dordogno en cet endroit était fort périJ-
leu!i( il arrivait souvent des accidents. Au commen-
cement du moyen-âge, on avait planté sur la
droite une croix au pied de laquelle los passiDij
^f ^
DICTIONNAIRE DE GEOSRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
703
g(>nonilliiient soit pour remercier Dieu d'avoir tra-
versé lieiireuseineiil la rivière, soit pour obtenir d'ar-
river sain et sauf sur l';iulre rive. Il s'éleva ensuite à
<ô!é de celte croi\ une petite chapelle où les voya-
geur- se leconimaiidaient à saint André. De là, dit-
on, l'oiisjine de la ville di- Sainl-And.é-de-Cubzac.
I Sainl-Andic-le-Désen , paroisse du diocèse
d'Auiun , dépl. de Saôni'-et-Lnire. (^e bourg, du
canton de Cluny, dans Tarroud. de Màcon, lire
son non) et son otigiue d'un ermiiai^e délié à
saint Andi'é, dans une siditude profonde, au xi« siè-
cle, ou au xii<^, suivant quelijues auteurs. Il y a une
population deH75 liabilants.
I Sainl-Aiidré-les-Eaux , p.iroisse du diocèse
de Nantes, dépt. de la Loire-inférieure. Ce bourg,
du canton de Guérande dans l'arrond. de Suvt-nay,
coniple une population de 14U0 liabilants.
I Saioi-André-Gonliloie, paroisse du diocèse de
Luçon, dépt. de la Vendée. C'est un bourg du can-
ton de Saint-Fulgent, dans l'arrond. de Bourbon-
Vendée, d'autres disent Napoléon-Vendée. On y
compte une population de lOSO bnliiiants.
I Sainl-AinIré-de-Lidon, dans le dincèse de la Ro-
cliellc,dépl. de la Charente-Inférieure. ("est un bourg
du canton de Geinozai" dans l'arrond. de Saintes,
avec unf population rie 14 0 habitai, ts.
I Siint-Andpé-de-Majcncoules, dans lediocèsede
Nîmes, dépt. du Gard. Ce Imurg, qui a une popula-
tion de 1800 liabilants, lait p:irtie du lanton de Val-
1ers ugue, dans l'ai rond, du Vigan, dont il est éloigné
de 7 kd. nord.
I Sain'-André-de-la-Marche, paroisse du diocèse
d'Angers, dépi. de Maine-et-Loire; elle est de l'ar-
rond. et à 12 kil. de Beaupréau, et du canton de
Monif.'ucon, avec une population de 1200 liabilants.
I Saint-Aiidré-d'Oinais. piroisse du diocèse de
Luçon, dépl. de la Vendée. Ce village est compris
dans le canton et l'arrond. de Bourbon-Vendée, dont
il est .à 2 kil. au sud-ouest : sa population est de
800 habitants.
I Saint-André la-Palud, paroisse du dincèse de
Grenoble, dépt. de l'Isère. Ce bourg récolte d'assez
bons vin* rouges; il e^-t duis le cantun de Pout-de-
Beauvoibin, airond. de la Tour-du-Pin. La popula-
tion est de 1200 habitants.
I Saini-André-de-Soiigoiiii, dans le diocèse de
Moiiipellier, dépt. de l'iléranlt. Celte petite ville re-
colle beaucoup de fiuiis et en fait un coniiuerce;
elle se livre aossi à la faliricaii^n des e.iux-de-vie
dites de .\lonl(iellier. Elle dépend du canton d'Arbo-
ras, ilaiis l'arrond. de Lodève, duii elle est à 18 kil.;
sa population esi de â5'}5 liabiianls.
I Saiiil-André-Treize-Voies, pnrrisse du diocèse
de Luçon, dépt. de la Vendée. Comprise dans le can-
ton de Uocheservièie de l'arrond. de Bourbon-Ven-
dée, elle a une population de 1240 habitants.
1 Saint-André de-Valbnrgne, paroisse du diocèse
de Mmes, dépl. du Gard. C'est un chef-lieu de can-
lou qui comprend cinq communes dans l'arrond. du
TOI
Vigan, dont il est à 20 kil. nord-est, et quia une
population de 1000 habitants.
I Saiiit-André-de-Vesines, dans le diocèse de Ro-
dez, dépl. del'Aveyron. Ce bourg, dont la population
est de 2120 h.ibitants, fait panie du canton de Pey-
releiii, dans l'arrond. de Milbau.
I Saini-André, paroisse du diocèse de Troyes,
dépl. de l'Aul.e. Ce village, qui a 800 habitants en-
viron, est à 4 kil. de Troyes. — Le terriioire de
Saini-Audré, entrecoupé de canaux dont les bords
sont plantés de bouquets d'arbres, offre une multi-
tude de jardins très-productifs, qui alimentent les
marchés de Troyes, et fournissent la majeure par-
lie des légumes nécessaires à la consommation des
habitants de celle ville. L'église paroissiale, surmon-
tée d'une flèche élevée, est un édifice spacieux, dont
le portail, ouvrage de Gentil et de Dominique, dési-
gne la profession des habitanis, tous jardiniers ou vi-
gnerons ; suivant deux insrriptions, il fut failenl5J9.
On y voit la porte particulière par on les ladres d'une
maladrerie voisine entraient autrefois dans l'ég'lse;
on sait qu'il leur éiaii défendu de se mêler aux habi-
tanis. Un cultive en grand l'ail et l'étbalote, le chan-
vre ei le lin.
De Saint-André dépendaient les abbayes de Mon-
lier-la-Celle et de Noire- Dame des Prés. — L'abbaye
de Moiitier-fi-Celle fut fondée par saint Froberi en
6(Î0, dans un marécage couvert de bois et de brous-
sailles. Le premier bâtiment cnnsisiait seulement en
un petit oraioire et en autant de cellules iiu'il y avait
de religieux. Il fut appelé le moiiasiére de l'Ile-Gei-
niaine. Le nombre des re igieux s'élant, en peu de
lenips, considérablement augmenié, le saint abbé ju-
gea à projios de faire un voyage à la cour. Clolaire
lli venait de succéder à son père Clovis II. Ce prince
étant mineur, Erobert s'adressa à la reine Baibildc,
qui lui lit donner la confiniiation de la possession
de l'ile-Germaine. Après la mort de saint Froberi, le
monastère changea de nom et fut appelé la Celle de
saint Froberi. Bobin, évêque de Troyes, augmenta
les bàtinicuts elles revenus, de sorte que celle ab-
baye changea de nom pour la troisième fois, et fut
appelée la Celle de Bobin : Cella Bobini. Enfin, le
dernier nom sous lequel le monastère ail é é connu
depuis plusieurs siècles est celui de Moiitier-la-
Celle. En 1548, les Anglais brûlèrent le luonasière,
quiavaitécliappéà la fureur des Norinands plus de cinq
cents ans aup.iravaiit. (Juelques-uns atiribueiit ce
désasMe au peu de prévoyance de l'abbé Ayuieric.
Henri de Vienne, son successeur, répara ce malheur.
L église de telle abbaye éiail un chel-d'œ vre d'ar-
cliile- ture, et les connaisscuis la regar.laient com-
me une des plus belles de la province. Elle fut re-
conslruile par les to ns de J'abbé rt gulier Antoine
Giiar.l, en 1517. Sa longueur élail de 200 pieds, sa
croisée de 100; les leoèlre.=, d une grande hauteur et
large-;, éiaienl au nombrede 58. Les vitraux, très-bien
coloriés, représentaient plusieurs ligures de l'An-
cien Testament, des mystères du Nouveau, des iiua-
705
GKOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
706
ges de saints et saintes dont le irésor posséilait des
reliques. Tout cet cOilice se distinguait par une déli-
catesse de style, pai iculièremenl à la v.ûte du rond-
point, où l'on voyait un cul de-lampe di; 00 pieds en
1' ndcMir. et l'J de projet liorsrie laxoûle. H étaiil(i;it
percé à jour, et semblait n'rlre porté que sur le
dos d'une colondie volante , suspendue perpendicu-
lairement sur le maître auiel. La ciiapelie dédiéeaux
.11 gCï, qui fai?ail le fond du ba- côté droit, a étéor-
née, vers le milieu du xvi'^ siècle, de peintures à fres-
que et de sculptures. Il ne reste plus d<; ce monastère
que d 'S ruines.
L'al'baye Notre-Dame des Prés doit son ét.iblis-
sèment à plusieurs filles, qui voulurent se séparer
du monde et vivre dans la reiraite. Elles choisirent
une métairie nommée Cliiilierey, et s'yétablirenl vors
ii'O ou 12Ô1. Au mois de janvitr 1235, la maison
de Notre Dame des Prés fut érigée .n ;ibhaye. Ur-
bain IV envoya, en 126i , cinq miPe (loriiis pour ai-
der à biiir l'église. Au cominenceineni du xvii^ siè-
l'e.le monastère Cl nimejiç lit à menacer luliie; niais,
vers 1130 il dut sou réiabllssemer.l à Talibesse Ma-
rie de la Chaussée, i|ui fit creuser les fossés et fer-
mer l'enceinte de ninr..illes. Les bâtiments de ce
nionasière sont aujourd'hui une propriété particu-
lière.
I Saint-André, du diocèse de Sainl-Jean-de-Mau-
rieiiiie en Savoie (Etats-Sardes). Ce bourg est situé
à 570 toises au-di-ssus du niveau de la mer, près de
la rivière d'Arc, qid est un aflluenide l'Isère; il est
éloigné de i kil. ouesi-nord-ouest de Modane, et a
une population de 1100 habitants.
I Saint Aidré, bourg de l'ile Bourbon, aujour-
d'hui de la Réunion. Il est à 20 kil. est de Saint-De-
nis ; il compte iMO habitants : son commerce con-
siste en sucre et en café.
I Saint-Audrew's, ville du Nouveau-Brunswick
(Amérique sepieiitrinale anglaise). Elle fait partiedu
diocèse de Charlolte-Town ; elle est à 200 kil. nord-
est de Porllanil, sur le Passa-Maqnoddy. Son port
Bert principalement à l'exporiaiicn des bois du iNou-
veau-brunswick. On yconipie environ 5 00 bahilanls.
Elle possède ime assez behe tliapelle catholique.
SaucJHs Ct/rus, iraint-Cyr. On compte en France
p'.usicurs villages et plusieurs bourgs dt' ce nom. —
Sainl-Cyr, paroisse du d'ocè-e de Meaux, dépt. de
Selne-ci-M-.rne, arrond.el à 12 kil. nord-est de Coii-
lonimiers. Ce bourg est situé sur la rive droite du
Pelit-Morin, et a une population de 1100 âmes en-
viron.
I Sainl-Cyr , lamisse du diocèse de Limopes,
dépt. de la Haute-Vienne, arrond. et à 12 kil.
csideRochechouart. La population est de 1220 ha-
biiants.
— Saint Cyr-au-Mont-d'Or, dans le diocèse de
Ly.u), arrond. et à 6 kil. nord d-' celle ville, dépt.
du Uhôiie. Ce bourg, situé au mil. eu de niojita,-nes
connues sous le nom de Mont-d'Or, compte 2000
àuies. — Le Mont-d'Or, ainsi nommé par les Ro-
mains, sans douie à cause de sa grande fertilité, est
un COI ps de montagnes séparé des autres, qui i>ccu-
pe un espace d'environ 12 kil. et s'étend dans la di-
reciioM du sud au n< rd depuis les environs du bourg
de la Riverie ju'-qu'aux bords de la Saône, piés de
Couion. Des difféiemes élévations d nt se compose
celte chaîne, celle qui poiie spéci^deuienl le nom de
Mont-d'Or se cnuipose de trois monts nommés le
Mont-Cindre, le Mont-Thoux et le Mont-d'Or ; c'est
au pied du premier de ces monts qu'est s tuée la
comniune de Saint-Cyr. Leplus élevé de ces trois
sommets est celui appelé montagne de Verdnn, de
Poleniieux ou de Limonest. Sa hauteur au-ile>sus
du niveau de la mer est de 320 mètres. On y a cons-
truit une pyramide en piene, qui est un point tri-
gnnométriijiie de la carte de France. C'est niusi un
des points de vue tes plus remarquables : on décou-
vre de \i\ les admirables val'ées du Rhô .e et de la
Saône, et une éiendue cnnsi.lérable d'un pays des
plus riches et des plus productifs qu'on pui>se voir.
—La I auteur du Mont-Cindre est de 5uC mètres.
Sui le sunmti l existe un ancien ermitaije, tapissé
d'.i-uo/o, i|ui atiire un gr.Tmlnonilire de pèlerins, et
où le curé de Saint Cyr va processionnellemeiii, cer-
tains jours de l'année, célébrer la uicsse. Il est dif-
ficile de rendre rimpressi(ui que l'on éprouve sur
la cime de ce muni, du li.iut duquel se déploie un
iiiim ose panora i a, ou les plus hautes munlagnes,
telles que risernri, le Pda, les Alpes dauphinoises
et hehétiques ne paraissent que des monticules dont
les sommités ressemblent à de légères découpures.
Le Rhône ne l'orme dans ce vaste espace qu'une
ligne bleuâtre ; l'on voit serpenter la Saône comme
un faible ruisseau; la ville de Lyon, qui n'est éloi-
gnée de là que d'une faible distance, ne parait èire
qu'un monceau de pierres environné de vapeurs. Ce
magnifique tableau a inspiré plusieurs poètes lyon-
nais de nos jours. L'espace de ces coieaiix, compris
euire Poleniieux et Saint-Cyr, passe pour ètie le
terrain où les premières vignes furent plantées par
les Romains dans les Gaules sous le règne de l'em-
pereur Prnbus.
Les coiiiniunes du Mont-d'Or où l'on é'ève des
chèvres, sont celles deSaioi-Cyr, S ini-Didier, Col-
longe, Limunesi, Cou7.on, S.iinl-Romaiu. On peut
porter le nombre de ces animaux à 18, (00 environ;
plusieuis particuliers en enlretlenncnt jusqu'.à cin-
quante. Leur éilucaiioii dans ce pays remonte à des
temps reculés. Ces chèvres sont nourries touie l'an-
née dans l'étable, d'où elles ne sortent jamais que
muselées ; on les entretient dans un grand éiat de
propreté en les peignant soiivent, et telle est l'in-
fluence du climat, qu'elles jouissent d'une san é
p.irfaile. Dans la belle sai.-on, oi^ les nourrit d'her-
bes d.; toute espèce, de chardons, de bruyiTes, de
luzerne, de feiuHes d'arbres ; pendant l'hiver, leur
principale nourriture se compose de feuilles de vi-
gne, que l'on maintient dans un état de fraiclieur, en
les ni( ttani dans des fosses bétonnées. Le lait de ces
loi DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
70è
chèvres a un goùi particulier et fournil les excel-
lents fromages renommes dans loule la France sous
le norn de fromages du Monl-d'Or.
Satulus Medericus , Sainl-MiTry , paroisse du
diocèse de Meaux, canton de Moimani, arrond. de
Mclun, départ, de Seine-et-Marne. — Ce village est
situé à 1 kil. sud-est de Clianipeaux, dont il est
séparé par un vallun peu profond où coule le ruisseau
de Varvnnne; il est bàii sur la rve droite <lu ru
d'Ancœiir et sur la pente du coteau qui termine de
ce côté la plaine de Champeaux. — On prétend que
Saint-.Merry ou Médéric, allant d'Autun à Paris, vers
l'an 695, tomba malade dans ce lieu, qu'il y séjourna
longtemps, et qu'en niénioire, ou d'un miracle qu'il
y opéra, ou d'un séjour que la fatigue l'obligea de faire
sur le coteau voisin île ce bourg, on y bâtit une
chapelle qui fut l'origine du village. — La paroisse
date de l'an 1157; l'église appartenait au cliapiire de
Champeaux, qui noininait les curés et qui venait y
oflicier le jour de la fête patronale. L'église , qui
existe aujourd'hui, n'a pas plus de iiois cents ans
d'antiquité. — On y voyait jadis ini château nommé
Lamote-Saint-.Merry , entouré d'un fusse avec un
pont-le«s. On trouve encore plusieurs fermes tant
dans la lornmune qu'à l'écart; entre autres celle de
Monchauvoir, au nord et près de Champeaux , et
celle de Bailly, au sud dans la plaine qui est de
l'autre côté du ru d'.\ncauir. — Une partie du ha-
meau des Vallées déjiend de ceito commune ; le
reste appartient à Blandy. La Yarvaiiue y fait tourner
trois moulins : ce sont ceux de Flauy, de Ville et
de Voie.
Saint-Merry compte 670 habit.; il est à C kil. sud-
ouest de Mormani, et 12 nord-est de Mehiii. Sun ter-
ritoire est en terres labourables, en vignes , en prés
et en bois, disséminé» en plusieurs bouipieis.
Sanclus Micliael Montis, SaiiÉl-.Michel-de-la-Mon-
lagne, ou Moniliidu, paroisse du diocèse de iMeaux ,
arrond.de cette ville, caution de Damniariin, départ.
de Seine-et-Marne. II est question de ce viilagc dos
l'an llfeo, époqucà laquelle Simon, évêquede Meaux,
terniiiia la querelle qui existait déjà dR|iuis iongtenips,
entre MassiUe Prieure de Noèfort et Barlliélc?iny de
Monthion; il s'agissait de droits seigneuriaux que ni
l'un ni l'autre ne voulait abandonner. Eu 118!^, le
même Baiibélemy fit don de cinq arpents île terre à
l'Hôtel-O.eu de.Meaiix, et, sius sun approbation,
comme seigneur suzerain, llélie et ilugo, chevaliers,
donnèrent, en 119J, trente arpents de terres labou-
rables à l'église de Chambre-Fivniaine. — En 111)5,
Barthélémy ajiiuta vingt arpents on faveur du même
monastère. — En li5 • , Agnès de Monihion laissa
par testament la troisième partie de tout son héii-
tage pour rétablissement d'un prêtre qui devait des-
servir une chapelle dans l'église même de ce village.
— La terre de Monihion, Montion, Monsivonys avait
jadis le titre de baronnie; Suu château, qui fut une
sorte de forteresse, ne coiiseive plus (|uc son corps
de logis; les d«ux ailes en ont été démolies. — Le
dernier seigneur de ce lieu était le philanthrope
Monthion qui eut la singulière idée de laisser à l'a-
cadémie Française son immense fortune pour distri-
buer annuellenienl des prix de venu.
Le village de Monthion est bâ'i sur le bord de la
route de Meaux à Senlis au sommet d'une montagne,
d'oii l'on jouit d'une vue très-étendue; son château
est au sud. Sur la même nioniagne se trouve la ferme
de Saini-.Michel, ancien prieuré fondé dans le milieu
du xv" siècle. — On prétend qu'il y avait en 1238,
dans ce village , une comniunanté d'hospitaliers qui
fut supprimée, et le bénélice réuni à la commanderle
de Clioisy. La ferme qui reste seule porte encore le
nom d'hôpital.
Une partie du hameau de Pringy, situé à l'est et
à un kil., dépend de cette commune. Le territoire de
Monthion est en terres labourables qui sont exploi-
tées par quatre grandes fermes, en vignes et en oois.
On y a planté une grande quantité d'arbres fruitiers,
et l'on y rencontre plusieurs carrières à plâtre.
La population de cette commune est de 1100 hab. :
elle es! distante de 12 kil. au sud-est de Daramartin;
de 8 kil. nord-nord-cst de Meaux, et de 60 kil. au
nord de Melun.
Siiiicius Puihus, Sainl-Palhus, paroisse du diocèse
et de l'arrund. de Meaux, canton de Dammartin ,
départem. de Seine-et-.Marne. — llerling , vingt-
deuxième évêi|ue i.'e Meaux, en 681, venait de mou-
rir, lorsque le clargé de celte église jeia les yeux
pour le reuiplacer sur Pathus, natif de Meaux ou des
environs , l'un de ses membres , distingné par la
sainteté de sa \ie. Il fut élu tout d'une voix; mais il
mourut avant d'être consacré. Quelques écrivains
modernes prétendent qu'il se retiia, pour éviter l'é-
jiiscopat, dans le lieu qui fait l'objet de cet aiiicle;
d'autres, qu'il y fut seulement enterré. Ce qu'il y a
de certain, c'est que ce village , qui n'.i jamais été
connu autrement que sous le nom de Saini-Palhn-,
remonte à une irés-baute aniiqnité. — En llo2,
Eudes (lU Udon donn i à l'abbaye de .Molènic l'église
de Saint-l^aihus ; celle donation fut cimlirmée e.i
1112 par Manassés !«■■, évéqne de Meaux. « Ca fut là,
d t Ouplessis {H moire de l'Eglise de Meaux). l'origine
du |)rieuré conventuel que les religieux de Mnlèmc
ciigérent en celle église, mais qui, ayant dégénéré
par la suite des temps en bénéfice simple, lut éteint,
du consenieineni de toutesles parties intéiessées, le 28
juin 1726, pa' décret du cardinal de Bissy, évéque de
Meaux, qui en réunit les revenus à son séminaire, i
Le village de S lini-Pathus est bâti sur un plateau
au nord, et près do la Thérouanne. Entre ce v liage
et celui de Marchemorel, sur les boids de la rnute
de Meaux à Senlis, sont les restes de l'ancien couvent
de Noéfert. On ignoie le nom des fondatriirs de ce
ninnastcre et l'année précise de sa fondation. Ou
pense que ce fui sous le poiitilicat de Manassés il ,
ou |ilutôlsûus celui de Burcbard, son prédécesseur,
qu'elle eut lieu, puisque Burchard fut évéque en
1134, et Manassés II seulement en 1157, et qu'une
709
GEOCnAPHIE DlîS LEGENDES AU MOYEiN ACE.
710
biiUe d'Adrien IV, du mois do décembre de celte
même année, fait déjà nienlion du prieuré de Saint-
Pallius. — On cite an noml/re des principaux bien-
faiteurs de celte maison, en 1175, Marie, (il le de
Louis le Jeune, comtesse de Brt«, qui lui donna cinq
muids de vin à prendre tous les ans à L;igiiy. Eln
1184-, Eliene ou Elconore, comtesse de Saint-Qnen-
lin, qui lui abandonna vingt sons pnrisis sur l'cscliange
delà Fcrté-Milon , et, par une cliarte de Simon,
évéque de Meaux , de l'année H77, il appert que
I Guy, vicomte de Dampmarlin, a doi né (lourle sa-
lut de son àme, aux religieuses de Nnêfort, dix sols
à prendre chascun an sur le travers de Saint-Patlius;
avec ce, Guîllaunie-des-Barres, pèlerin en Jlicrnsa-
lem, au regarl de pitié et de cliariié , au devant dit
travers, qu'il avait aclieplé dudit Guy, a donné aus-
diles leiigieuses autres trente sols cliascun an le jour
de la Purificition Notre-Dame, avec les dix sols des-
sus dît; avec ce, Pierre , vicomte de Crécy, a vendu
ausdiies religieuses la terre de Mont-Denys (1). i —
Ce monastère fut soumis, dès son établissement , à
l'abbaye du Paraclet, diocèse de Troycs. En 1-22!t, le
nombre des religieuses fut fixé à vingi-cinq. En
1599, Henry le Migueur, évêqiie de Digne, fit la dé-
dicace de l'église, qui sans doute avait été réédifiée
à la place d'une plus ancienne. En lG-29, ce monas-
tère de Noëforl fut transféré dans la ville de Meauv ,
où il conserva son nom, et les religieuses consenti-
rent à faire célébrer trois messes dans leur ancieujie
habitation. — Les bâtiments du couvent forment
aujonrd'liui une ferme et quelques habitations parti-
culières. On voit, au sud , un petit bois qui porte
aussi le nom l'e Noëfort : il borde la roule de Meaux
à Scnlis.
Les productions du territoire de Saint-rathus sont
en grains; il y a aussi quelques prairies et un peu
de bois. Ce village est à 8 kil. à l'est de Danimartin,
à 16 kil. nord-ouest de Meaux, et à Cl kil. au nord
de Melun. Sa population est de 530 habitants.
Sanclus Pauliis Fo/i/iiim , Saint-Paul-Jes-Fonis,
village du canton de Saint-Aflrique , diocèse d,;
Rodez, Avcyron. Ce village est situé au pied du pla-
teau du Soryac, lequel plateau termine les Céveiines
à ruccident. Ce plateau est composé de calcaires
qui sont très-caverneux et fendillés. C'est dans de
vastes cavités de ces calcaires, au milieu d'une masse
eu partie détaclice du Soryac, el descendue par af-
faissement un peu au-dessous du niveau général,
que sont établies les fameuses caves où se fabriquent
les fromages de Roquefort. Les propriétés si pré-
cieuses pour cegenre d'industrie dont les excav,\tions
de Roquefort seules jouissent à nu degré snlfisani,
paraissent dues à des courants d'air frais et secs
qui s'y établissent , sous l'intluence des vents du
midi, par le moyen des crevasses de l'enceinte. L'in-
dustrie des fromages de Roquefort est ancienne dans
ce village; on en attribue la découverte et le pre-
mier c>sai à un bon solitaire qui vivait dauE un er-
niitagede la montagne.
Saiictus Quiniianus , Saint-Quiniien , ou plutôt
Lieusainl, paroisse du diocèse de Meaux, canlOR de
Brie-Comle-Robert, arrond. de .Melun , départ, de
Seine-et-M:irne. — Le village de Lieusainl est situé sur
la grande route de Paris à Genève par le Simplon, i»
8 kil. sud ouest deBrie-Comte-Robert, à 12 kil. nord
de Melun, à A kil. de Moissy-Cramayel et de Combsla-
ville. — Ce lieu existait dès le vni« siècle, ce qui
est constaté par deux pièces de monnaie battues
sous la première race de nos rois, et ayant pour
exergue ; Loeo Sancto.
Le nom que porte ce village vient de Saint-Quin-
lien qui a demeuré et qui est mort sur le territoire
de cette paroisse. Sainl-Quintien était prêtre et no
doit pas être confondu avec un autre saint du même
nom qui fut successivement évéque de Rodez et de
Clerniont. — L'église conserve quelques vestiges du
xii' siècle. — En llSi», Galleian de Lieusainl vendit
h Maurice de Sully toute la censive qu'il avait dans
ce bourg. — En 1278i, Robert ou Rbibault de Lieu-
saint, chevalit'r, rendit hommage dans l'église de ce
village à Etienne Tempier, évéque de Paris. —
i° Villepecle, Villepcclie ou \illepesque , ferme au
sud-ouest el à ( kl. de cette commune, est mentioimé
dans le cartulaire de l'abbaye d'Yerres de l'an 1227;
c'était, alors un ch.îleau où les princes venaient
souvent pour prendre le plaisir de la chasse dans
la forêt de Senart qui en est très-voisine. Eu 1372 ,
Charles V y établit une foire qui devait avoir lieu
le jour de saini Georges et les deux jours suivants.
— 2" Varàire , ferme à l'ouest ; Varasire , ancien
fief. — ô° Vernouillet présente quelques ruines en-
tourées de fossés à l'est de la conmmne. — H y avait
encore sur cette paroisse plusieurs autres lieis conmie
ceux de Servigny, de Launoy, etc.
Li commune de Lieusainl est un bureau de poste
aux lettres ; un relais de poste aux chevaux et la
résidence d'une biigade de gendarmerie. Sa popu-
lation eslde6oOI>abit3nts; son territoire en terres da
labour; on y trouve de très-belles pépinières, el il
s'y fait un commerce considérable d'arbres indi-
gènes ou exotiqi'.es de toute espèce.
Sanclus Hnmanus Aiisaiius, Saint-Romain d'Anse,
ou la ville d'Anse, dans le diocèse de Lyon, ilépt.du
Rhône, arrond. et à 6 kil. sud de Villefranclie, dans
uïie plaine délicieuse, au pied d'un long coteau de
vignes. Après avoir baigné les magnifiques coteaux
du Beaujolais, si renommés pour les vins qu'ils pro-
duisent, la Saône forme nn va>le conioiir et se rap-
proche d'Anse pour y recevoir l'Azerguc, jolie
rivière dnnl les eaux serpentent pendant plusieurs
lieues dans le fond d'agréables vallons, qui, par
leurs tableaux rimts el animés, par la variété des
cultures et par leur belle végétation, offrent un coup
d'œil fort pittoresque. Cette ville est très-ancienne.
(1) £. cod. im. bibliotli. CoistimuHiœ. — B labnl, mon-nt. S. Fidis Colnmbarieitsis.
DICTIONNAIRE UE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
7tl
L'empereur Aiigti«tey éiablit une garnison de quatre
coboiles (-_4l0 lioniiiie^^). On y voit encore une par-
tie des niurail.es qui enfermaieni le cauipdes Ko-
inains, et les ruines du palais de ce prince. Il lui
donna le nom d'Aniiuni, qui c(ait une ville voisine
de Home, el célèlire à cause des sorls ()ui y étaient
consulics dans le leniple consacré à la Fortune. De-
puis, la garnison romaine s'étant retirée ailleurs,
cette fcirtilication tlonna lieu à une nouvelle ville
qui fut nommée Ama, de son premier nom AiUium.
Seion plusieurs géographes, et notamment l'iii-
nér.iiie d'Antonin, Anse était l'aiicieiine Assa ou
Ansa Pmilini. Celle ville a beaucoup soullért par
les guerres dans le xvi» siècle. Il s'y est tenu six
coiiciles : le premier en l(i25, le dernier eu 1-299.
Tous ont été lenus d.ms l'église de Saint-Komain
d'Ausf, (pii a eié entièrement détruite en 175-2. —
Des fouilles faiies à Anse, en décembre l<S-20, ont
fourni la preuve de 1 antique usage qu'avaient les
Roni.iiiis de déposer deux coi ps dans un même cer-
cueil, l'arnii quelques débris de colonnes, de statues
en marbre, de va.MS, d'inscriptions, etc., on décou-
vrit un ceicueil en pierre dans lequel se trouvaient
lesossemenis de deux corps bien distincts, que le
contact de l'air ne tarda pjs à réduire en poussière.
Il parait que cet usage était encore assez commun
dans le v« siècle pour que l'on ciùt devoir faire une
loi pour le laire cesser. ( Vvy. l'ai t. 4 du titre lvu de
la loi saliqui'.) Une inscription, découverte depuis
longienips dans le voisinage du lieu oui es fouilles ont
étéfaites,est placée sur le mur latéral et en deliorsde
l'église : elle est en vers be.xamèiies el pentamètres,
et se rapporte à l'an 498 de notre ère :
Cerminenublimi, Proba nomine, mente provata
Quœ subuorapta est, hic lumidata jacel.
In qua, quidquid liabenl cunclorum vola parenlum,
tonlideral iribuem omiiia pidchra Deiis.
Hiiic mollis palev esl, m'iaque malrique perennis.
Tilia, heu ! lacitius causa péril piclas,
Accipeque lacrimis perjuiidis juqeter ora.
Mors nihit esl, iilam le^qiice peipetuam.
Quœ lixil aiinis V, elmensibus VIIU,
Ubiit S. D. 111 IDS Octobris. Pautiiio VI.
En voici la traduction : i Sons celle pierre repose
une jeune fille nommée Proba, distinguée p.ir son
esprit et par l'illuslraiion de sa niis.sauce, qui fut
enlevée par i>ne mort subite à sa lamille. Uieu avait
Comblé les vœux de ses parents, en rassoii.blanl sur
elle tous les genre* de perfection. Cet évéïienienl
rendit son père inconsolable et éternisa la douleur
712
Le château d'Anse subsiste encore; il est fort an-
cien el sert de logement à la gendarmerie; l'une des
deux énormes tours qui le composent lient souvent
lieu de prison. — Les murs d'Anse, du côié du sud,
sont baignés par l'Azergue, qui se jette près de là
dans la Saône. Cette rivière inonde quelquelois la
plaine el y forme un étang d'une lieue de longueur
sur une demi-lieue de largeur. Il y a dans la com-
mune deux larrières ouvertes depuis plusieurs siè-
cles; la pierre qu'on en lire esl d'un blanc tirant
sur le jaune ; elle est grenelée el cassante, mais fa-
cile à tailler et très-propre pour bâtir. On assure
que c'est de celte carrière qu'on a tiré la pierre
qui a servi à construire l'église de Saint-Jean de
Lyon. Le territoire de la commune offre beaucoup
de grypbites et beaucoup d'autres fossiles. — On
compte à Anse cinq fontaines, dont quatre ne ta-
rissent jamais, et deux font tourner des moulin-^. La
plus remarquable esl la cinquième, dite de llrioieux,
qui ne tarit que dans les années pluvieuses, et dont
les eaux sont plus abomlantes dans les grandes sé-
cheresses. Aus-i, lorsqu'on y trouve de l'eau, l'épou-
vante se répand dans le pays , parce que les paysans
prétendent que la récolte sera infailliblement mau-
vaise.
Le terrain qui environne la ville, notamment du
côté du nord, est des plus fertiles; on y fait trois
récoltes par année : ce qui a doniié lieu au proverbe:
De YiUel'runche à An.'.e,
La plus belle lieue de France.
L'air y est très-bon el il y a beaucoup de vieil-
lards.
Anse est un cbef-lieu de canton qui comprend
14 communes. La population de la ville est de 2000
habitants.
Sancius Sulpicius, Saini-Souplesl , paroisse du
diocèse et de l'arrond. de Meaux, canton de Dam-
inariin, départ, de Seine-el-.Marne. — Ce village,
qui a été aussi désigné sous les noms de Saint-Su-
plesl, Siiint-Soiiplex, Saiul-Souplels, corruption de
Saint-Sulpice, son patron, esl situé sur le bord de
la route de Meaux à Dammarlin , à l'extrémité sep-
leiiinonale d'un plateau que borde au nord le vallon
où conle un ruisseau qui va tomber , à quelque
distaiii e au-dessous , dans la Tbérouanne. — En
1107, Mauassès , évoque de Meaux, afin de mettre
en pratique , comme il le dit d 'US sa cbane, relie
maxime de l'Evangile : Quidquid hubet homo com-
mulnbit pro anima sua, donna celle paroisse au clia-
pitre de sa catjiédr.ile , pour que l'on lit son anniver-
de sa mère ut de son aïeule. — Funeste sort! saire , el que ce jour-là même il y ail un repas
Apprenez, vnus qui ne ce-sez de la pbnrer, que la
mort n'eal rien, el qu'il ne faut envisiger que la vie
éieriielle. Elle m .iirut âgée de cinq ans et neuf
mois, le 5 des ides d'octobre, sous le consulat de
Panlinus. > — Sur l'emphcement de l'ancien palais
d'Auguste; on avait construit une chapelle dédiée
à saint Cyprien, qui est mainlenanl abandonnée et
iransformée en magasin.
pour les chanoines. Par une charte de l'an ll5o,
Manassès II , neveu et successeur du précédent ,
ratifia ce don lait par son oncle. — En 1204, Siuion
Miles , seii;iieiir de Saint-Souplest , donna à l'église
du moimslère de Chambre-Fontaine , la troisième
paitie de la dîme du village. — La léproserie qui ■
existait en ce lieu, en 1227 , subsistait encore en ^
1494. Cette même année 12-27, Odon ou Eudes,
713
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
714
prêtre de Saint-Souplet, fut autorisé par le doyea
et l'official de l'église de Meaux , ei avec l'assen-
timent de SCS paroissiens , à vendre à Alexandre ,
militaire, un arpent neuf perclies de terre , appar-
tenant à son presbytère siiué prés de la maison de
Suint-Lazare. — Un titre de l'an 1247 fait aussi
mention d'une chapelle de Saint-Loup ou Saint-
Leu, qui exisiaildans ce village proche les haies, et
à laquelle Guillaume de Compans donna deux ar-
pents et demi de terre. — L'ancien fief de Maulny ,
aujourd'hui simple maison de campagne , est placé
au nord de la commune; la ferme appelée le Vervier
est dans le vallon à l'ouest, à 1 kil. sur le bord de
la roule de Meaux à Dammartin; et le moulin à vent
entre celle ferme et la commune.
On ne comple pas moins de six fermes dans ce
village ; elles exploitent !e territoire qui est en
grande partie en terres labourables ; on y voit aussi
quelques vignes et un peu de bois. La population de
Saini-Souplest est de SGOàmes : celle commune est
située à S kil. à l'est de Danimanin, à 12 kil. au nord
de Meaux, et à 64 au nord de Melun.
Sarmuiia At,iuti:a, la Kabardie ou Kabarda, pro-
vince de l'empire russe (Circassie), dans les monta-
gnes du Caucase, au sud -ouest du gouvernement
d'Astrakhan. Le ïérek et la Malka la séparent du
gouveinemenl du Caucase: à l'ouest la même ri-
vière Malka la sépare de l'Abazie, et la Sundja de
la partie orientale du pays de Tscheiclientzy. On la
divise en grande el petite K:ibarda ou Kabardie. La
grande cunipiend les quatre races de Misosies, Ala-
jouks, Bek-Mirzas et les Caiiloukiues ; ceux qui ha-
bitent la petite Kabarda vivent à côlé des premiers,
sur la rive droite du Térek, à commencer du pied
des montagnes Noires, vis-à-vis la forteresse d'Eku-
li.riii(>grad, jusqu'à la ville de Mozdok ; ils sont plus
Iranquilles, plus humains, et en général plus géné-
reux que les premiers. Us se divisent en deux races, qui
soni celles de destin el de Tavgastan. Pour com-
muniquer avec la Géorgie on a fait deux chemins à
travers leur pays, l'un vient d'Ekaierindgrad cl l'au-
tre de Mozdok. On a bâti «n fortin à l'endroit où se
réunisseiil ces deux chemins. Quoique soumis aux
Russes, l'espèce de régime féodal qui existe dans le
gouverncmenl de ce peuple se conserve et se pro-
page. Tout Kabardien qui n'est pas serf se reconnaît
à son costume : il est toujours revêtu d'un casque
el d'une cuirasse; il porte à sa ceinture un poignard
et des pistolets, et assez souvent même son sabre au
côlé, et son carquois sur l'épaule. Les Kabardiens
sont remarquables parla beauté et la force de leur
constituiion : irés-nerveux en général, c'est surtout
dans le poignet que réside leur vigueur, et il n'est
point de peuple qui sache faire voler un sabre d'une
manière au,si meurtrière. Les femmes , plus belles
encore que les Géorgiennes, remportent sur elles
par l'éclatante blancheur de la peau, la régularité
des traits et la souplesse de la taille.
Sixa Atpium, vd Alpes, les Alpes. Les monlagnes
PlCTtONNAlRE DE GÉOGRAPHIE ECCL. II,"
des Alpes tiennent une large place dans la légende
féerique, historique, militaire et religieuse. L'anti-
quité et le moyen âge les supposaient habitées par
des génies et une fonled'espriis plus ou moins puissants,
plus ou moins dangereux. Dans les nomhrensesguerres
quiontsignalélespremierssièclesdnmnyenàg, les Al-
pes servaient, 1° de retraite a ux populations ma Iheureu-
ses, 2° de refuge aux voleurs qui attaquaient les
voyageurs. Les Alpes rappellent le souvenir d'Anni-
bal, de César , de Cliarleniagne et de Napoléon.
Dans les vi<=, vu», viii», ix» et x" siècles, les Alpes
étaient habitées par un nombre assez considérable
d'ermites et de solitaires qui venaient y chercher le
calme et la paix qu'ils ne trouvaient point dans la
société. Saint Gall y vécut quelque temps isolé ;
saint Columhan s'y arrêta en allant en Italie. Les
premiers disciples que saint Benoit envoya dans les
Gaules y furent attaqués et dépouillés de ce qu'ils
avaient par des voleurs. Les papes Etienne, Zacha-
rie, Urbain II, Eugène, Innocent 111, Pie VI el l'ie VII
traversèrent plusieurs fois les Alpes pour venir en
France. La légende des ordres religieux avait aussi
inscrit leur nom dans ses annales ; et les couvents
du grand et du pelit Saint-Bernard étaient cliers à
l'humanité. Les lettrés de la Suisse moderne, impor-
tunés sans doute de celte gloire religieuse euro-
péenne, l'ont supprimée , et les Alpes aujourd'hui ne
possèdent plus que les merveilles naturelles dont
Dieu les a enrichies et que les hommes ne peuvent
leur enlever. Sous la République et l'Empire fran-
çais, les Alpes donnaient leur nom à trois départe-
ments : celui des Alpes-Marilimes, qui formait la
diocèse de Nice, et ceux des Hautes et Basses-Alpes,
qui loi niaient les diocèses de Gap et de Digne. Le
premier n'exisie plus, el l'ancien comté de Nice a
été réuni en 1815 aux Etats-Sardes. Les deux der-
niers existent toujours. Ce sont les deux dépane-
menls et les deux diocèses les plus pauvres et les
moins peuplés de France. Les habitants se montrent
laborieux, sobreselaitachésà la religion. — Les Alpes
consliiueni un système de montagnes le plus consi-
dérable de l'Europe, dont il renferme les points cul-
minants, et où il couvre une partie des Etals-Sardes,
de la France, de la Suisse, do la Bavière, des Etats
autrichiens et de la Turquie; entre 40" 16' et 47"
10' de lat. nord, G° 15' et 1.j° 20' de long, esi.— La
chaîne centrale des Alpes n'est que convenlionnelle-
meni distinguée de celles de l'Apennin et du Bal-
kan, avec lesquelles elle se c intitme sans interrup-
tion. On la faii commencer à l'ouest, à la dépression
la plus forte qu'offre le faîte de l'Italie seplenlrio-
nale, au col d'Allaro (altit. 490 mélres), à l'ouest de
Savon», entre la vallée de l'Krroet celle deSavona,
par 44* 21' de lat. nord, et 6" 15' de long, est ; elle
se termine à l'est à la vallée de la Narenta , dans
l'Herzégovine, par environ 45° 16' de lat. nord et
15° iO' de long. est. Entre ces deux points, la chaîne
décrit une courbe sinueuse qui enveloppe le fond de
l'Adriatique, dont elle s'approche à mesure qu'elle
■13
?15
D'.CTIONNÀUŒ DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
rl6
avaaee k l'est ; vers les sources de la SaUa, elle s'é-
lève jiiiqu'à 47° JO' (Je lai. iinrd. Le (iéveloppement
de celte rc.iirletsi d'environ 1800 kil., et sa corde ,
ou la distance eiilreses deux extréinilés, de 790 kil.
Do côté de l'Adiiatiqnc, la cliaine des Alpe<, avec
des pentes abruptes eisaiiscoriireforis considérables,
foru;e la punie nioyenne el la plus élevée de la pa-
roi du bassin qu'occupe en pnriie ce golfe. Dn côlé
de sa convexité, elle sert d"ép:iuleinent au plateau de
l'Europe Cl nlrale ; ses nombreux coiUreforts siikm-
nenl la partie la plus élevée de ce plateau et se rat-
lachent par leurs derniers cliaiaons à tons les massifs
qui le d.)niincnt. Le poinl culminant des Alpes est le
Mnni-Haiic; mais le vcrilable noyau de tout le
système semble être le nias-if du Sain'.-Goihard, ou
pluiôl le massif compris entre les b.ources du Rhône
au pied dn Saini-Coiiiard, et celles de llnn au pied
du Sepiimer, entre les canluns Suisses du Valais, de
Berne, d'Uri et des Grisons au nord, lesEiats-f ardes,
le canton du T.ssin et la Lnmbardie au sud. A
l'oHcsl dnSainl-Goih.ird, comme à l'est du Sefiiiner,
l'altitude îiériérale de la cliaineva en diminuant vers
ses exlrémilés. A ce massif se rattachent les conlre-
forls les plus puissanis de lont le sy^lèn)e, el i-ur
ses ûancs iiaissent dans tontes les directions, soit di-
reciement, suit par leurs aldnenls, les plus grands
fleuves de rfiuropc centrale, le Danube, le Uliin, le
Rhône et le Pô.
Le système des Alpes est géngrapbiqnement divisé
en gioupes ou sections, dimt les limites et la nomen-
clature sont encore à peu près celles éinblics parles
Romains : 1° les Alprs Maiidnies, en latin Alpes Ma-
Titimœ, en italien AIpi ilaiiiime, et en allemand
iletr-Alpcn, de l'origine du système au col d All.iro,
jusqu'au mont Viso, sur une longueur d'envlion ISO
kil-, dans les Elals-Sarde>,el entre les Eiats-Sardes
e: la Fiance. Leur altitude ne deviejil considérable
qu'aux environs dn mont Viso; point culmiiunl, le
mont Pelvo, 5053 n èires. -1° Les Alpes Coiiicnnes,
Alpes Coiliœ, Alpi Cozie, Coilisclien Alpen, du mont
Viso au muDt Cenis, entre les Etats-Sardes et la
France; longueur 110 kil.; points culminants, le
m' nt Ulaii, 4il2 n>ctres ; le Pelvoux de Valiouise,
40;i7 nicires ; le Pic de Maurin, Ô993 mètres ; le
moni Viso, "886 mètres; le niimiGenèvre, ôiyà mè-
tres, ."i" Les Alpes Grecques, A/pes Craiœ, AlpiGrnje,
Grieclikclien Alpen el Giuuen Alpen, du mont Ceuis
au col du Biinhouime. sur une longueur d'environ
SO kil. ; dans les Etais-Sardes, entre la Savoie et le
Piémont; pf)ims cnlminaiits : le mont Iseian, 4045
mètres ; la Roche-Michel, sommet du mont Cenis,
5405 mètres; lemoni Valaisan, 5332 me:res. 4° Les
Alpes Penniiies, Alpes Penniiiœ, Alpi Pcnnine, Pen-
uinischen Alpen, du col du Bnnliomme au muni Ro-
sa; entre le Piémont au sud, la Savoie et le Valais
au nord; bmguenr 90 kil. Ce groupe renferme les
pniiiis culniinanis et les glaciers les plus vasi. s de
l'Eunipe ; poins iiiLeinanls ; le nK)nt Rlauc, 47 'a
Ϗiies; le mont l'iosa. 4618 uictres ; le mont Cer-
vin, 4322 mèires ; le mont Crmbin, 4303 mètres ; le
Géant, 4206 mètres; le mont Velan, 5572 mètres;
le grand Saint-Bernard, 5536 méires. .3* Les Alpes
Lépontiennes ou llelveiiques, Alpes Lepontiœ, A.
LepoMinm , Alpi Leponzie, Lepontisclien Alpen, du
nient Rusa au mont San-Bernardino; dans la Suisse
el eiiire les Etats-Sardes et la Suisse; longueur It^O
kil. Ce groupe est, par U puissance de ses conire-
foris, le plus considérable du système; ses rameaux
couvrent louie la Suisse à l'ouest du Rhin. Sa bi anche
principale, la ch;iine des Alpes Bernoises, qui lorme
la p;iroi septentiionale du Valais, égale la cliaimi
cenlraic en puissance; ses contreforts s'étendent sur
luute la Suisse occidentale et se rattachent au Jura,
au nord du lac de Genève. Elle renferme les plus
giaiidsglaciersdu système, après ceuxdes Alpes Pen-
nines, el les points culminants du groupe, le Finsler-
Aar-Uurn, 4502 méires; la Jung-Frau, 4K-:l. mè-
tres ; le Mœncli, 4114 mètres; le Schreckhorn, 4080
mètres; le Wetierhorn, 5914 mètres, l^es points cul-
minants dans la chaîne centrale sont le Gallenslock,
58'J4 Qiélres, et le Siniplon ou Monte-Leone, 5318
nièties. 0° Les Alpes Rhéiiqnes ou Rhéiiennes, Al-
pes Hhœlicœ, Alpi Renche, Rhâlisclien Alpen, du
mont San-Bernardino anx sources de l'.Vdige ; dans
le canton des disons, le Tyrol el au nord du Lom-
bard-Vénitien; longueur en.ironJCÛ kil. lie groupa
forme les Alpes des Grisons et une partie des Alpes
du Tyrol. Sa principale branche est celle qui suit
le Cours de l'Inn au nord.el forme en s'épanouissant
les moniagnes duVorarIberg et les .\lpes de Bavière;
elle se lie au nord-esl du lac de Constance avec le
R;intie-Alp el le Schwarzwald. Legrouperenfermedes
glaciers lonsidéraldes ; points culminants: l'Oite-
1er ou Ortelespilz, 5917 mèires; la .Maloja,5300 mé-
tier ; le Dœdi, 5571 mètres. 7° Les Alpes iNorifiues,
Alpes Soricrv, Alpi Noriche, Korischen A'pen, des
si'urces de l'Adige jusqu'à celles de la Drave et du
Kiei i ; dans le Tyrol, le Salzburg, la Carint .ie et le
Lombard-Vénitien ; longueur environ 210 kil. A ce
groupe appariient la plus graude part e des Alpes du
Tyrol, ei il donne naissance auxcontreforis les plus
étendus de tout le syslème. Ceux-ci forment les Al-
pes do Siyrie et d'Aniritlie, et se prolongent jusque
sur le Danube, uù iU se rattachent an Bœhmerwald
et au.v autres massifs situés ûu nod de ce lleuve. Le
point culminant du groupe est le Gross-Glockner,
5894 méires. 8* Les Alpes Carniques,.4/;jes Camicœ,
Alpi Carniclie, Karniiclien Alpen, des sources de la
Drave ei du liienz au col de Saisnitz, à l'uuesi de
Tarvis ; entre le Lombard-Vénitien et la Carinthie;
longueur 1 10 kil. ; point culminant : la M;;rmt tatn,
5J08 mètres. 9° Les Alpes Juliennes, Alpes Juli,-,
Alp^ Ciulie, Julischen Alpen, du col de Saisnitz au
mont Kleck, près de Zer.gg, dans la Carinole; lon-
gueur environ 250 kil. ; point culminant le Terglou,
5400 mètres. 10° Les Alpes Dinar:.]ties, A/p«; Dina-
ricœ, Alpi Dinariche, Dinarisclhn Alpen, dn mont
Kleck à laNarcnta; dans la Croatie, la Daiinaiie et
L
717 GEOGRAPllIR DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
l'Herzégovine; lonj^'iieurSCO kil. ; points ciilininanls:
le inont Dinara, 2^273 iiicires ; le mont Kleck, 2111
mètres. — La liiiiiie des neiges perpétuelles dans les
Alpes, est en moyenne à pi es de 29C0 inèlres ; mais
dans quelques vallées les glaciers descendent jus-
qu'à I15U niéires. Lis plus vastes de ces mers de
i;lace sont cilles des Alpes Penuines, des Alpes
Bernoises et des Alpes du Tyrol. Les limiies de la
réséiaiion diffèrent sur chacun des versants de la
chaîne cenlr.ile; tiulcs circonstances cliniatériques
égales d'ailleurs, elless'é èvenl davantage 'Ui le ver-
sasil iiiéridiiui il. La liuiiie de la culture du froment
vaiie entre 1250 et 155 J mètres; celle de l'orge :it-
lelni 1953 mètres, et les lutaies qui s'arrêtent dans
quelques points à 1500 mètres, s'élèvent ailleurs
ius<|u'à -300 mètres. Les richesses minérales des .-M-
pes sont peu considérables; le ler et le sel y sont
seuls l'objet d'une exploitation très-importante; après
ces deux produits viennent le plomb et le cuivre, et
le mercure des riches mines d'Idria. La plupart des
imnes d'or et d'argent qui y ont été nuvertcs sont
aujourd'hui abandonnées. — Ou évalue à 7,000,000
habitants environ la somme des populations labo-
rieuses qui occupent ti uies les rannlicaiious des Al-
pes. Ces peuples, pasteurs eu jjéuéiai, ou, comme
dans les Alpes des Etats autrichiens particnlièrement,
occupés à l'exploitation et au travail des mctaus,
apparlienneni en grande majorité à la souche alle-
mande ; le reste se compose de Français ou de Uo-
mans dans les Alpes de la France, de la Savoie et
de la Suisse, d'Iia'iens dans les hi.utes vallées l'es
allluents de l'Adriaiiiine, etde Slaves, dans les mon-
tagnes au nord de ce golfe.
La barrière cpie foinieiit les Alpes, entre l'Italie
d'un côté et de l'antre la France, la Suisse et le Ty-
rol, n'était encore, au commencement de te siècle,
franchissable qu'au moyen de quelques scnti:'rs dilli-
ciles, et praiicah'es seuiemeiit pur les piétons et
les bêles de somme. Avant celles qu'a fait ouvrir
Napoléon, il n'existait aucune route ) ratic.ible pour
voilures à travers cette partie des Alpes. L'Eiirope\
doit au géiue créateur de ce prii.ce la route du Siin-\
pion, exécutée de ISOl à 1800, et regardée comme
la construction la plus prodigieuse des temps moder-
nes; la route du uiont Cenis, coumeucée en 1805 et
restée la plus fréquentée de tout le système des Al-
pes, et la route du mont Genèvre. Les routes pour
voitures, qui traversent aujourd'hui la chaîne cen-
trale en Italie, sont, en allant de l'ouest à l'est : 1°
la roule dn col de Teude, de Nice à Coni, s'clevant
au col de Tende à 1795 mètres; 2" celle du mont
Gencuc, d'Avignon à Turin, suivant les vallées de la
Durance et de la Dora-Ripera, par Briançon et Suse ;
eUes'élèveau passage du mont Genèvre, à 1974 mè-
tres; 5" celle du mont Cenis, de Grenoble à Turin,
suivant les vallées de l'Isère, de l'Arc et de h Doia-
Kipcra, par Saint-Jean de iMaurienne et Suse, et s'é-
levaril, au passage du mont Cenis, à 2065 mètres : ce
passage, le plus fréquenté des Aljics, est traversé
718
annuellement par plirs de 16,000 voitures et 45,000
chevaux et niideis; 4" la roule du petit Sainl-Dernard,
de Grenoble à .Aosle, suivant les vallées de l'Isère et
de la Dora-lialiea, par.Montiers et Saiirt-Maurice : elle
s'élève au passage du jetit Saint-Uernard, k 211^2
mètres; 5° celle du Simplon, de la Sui.'^se occidentale
à Milan, suivant les vallées du Uhôrie et du Tessiri
et le lac M:ijeur, par Marligny, Sion, Brigg, et Domo
d'OsSOla : son altitude, au passage du Simplou, est
de 2tJ05 mètres ; 6° celle du Saint Goiliard, de la
Suisse centrale à Milan, par Allorf et Dellinzona,
suivunt les vallées de la lieuss et du Tessin et le lac
Majeur, et s'élevaut, an passage du Saiiu-Goihard, à
2075 mètres : cette route, qui a toujours été l'un
des passages les plus importants et les plus fiéiuen-
lés des Alpes, n'est praticable, pour les voitures que
depuis quelques années ; 7° celle du San-Bemardino,
de la Suisse orientale à Milan, par Coire, Splijgen,
Ilinter-IUiein, San-Cernardino, Misocco et liellin-
zana, suivant les vallées du Bhin, du Rhin-Poslé-
ricur (Ilinter-Rhein), de la Muesa et le lac Majeur ;
elle s'élève au passage du San-Bernardiiio, à 2138
mènes : cette roule est, avec la suivante, importante
surtout pour le commerce de rAllemagne occiden-
tale avec l'Italie; 8° celle du Sp'ugen, e:itre les mê-
mes pays que la précédente, par Coire, Spiiii'en,
Isola, Cam{io-Llo!cino, Chiavenna et Conio, suivant
les vallées du liliiu-Postéricur, de la Lyra, de la
Maira cl le lac de Como, el s'élevant au passuge du
Spliigon, à 2177 mètres : cette roue, l'une des plus
belles des Alpes, a élé en entier constrnito par le
guuvenienienl autrichien, del81S à 1822; 9° la roula
de la Shiloja, prat.caide pour les pciitis voilures
seulement, nrais l'ime des plu ■ frci|iieutées ; e'ie va
de Cuire à Como, par la vallée d'Oberhalbsieiii et
celle de la Maira ; elle s'élève à 2az0 mètres; 10°
la roule du St Iviii, ou Stiifser-Jocli, d'Inspirick à
Milan, par Landeck, Finstermùriz, Glurns, Stelvio,
Bormio etSondrio : cette voie militaire, l.i pins éle-
vée des grandes routes de l'Europe, a élé construite
pir le gouvernement autrichien, de 1820 à 1825, et
e>t I egardée, avec celle du Simplon, comme la cons-
tiuetion la plus magnilique de ce genre : elle suit les
vallées de l'Iiirr, de l'Adige dans sa partie super eure,
et celle de l'Ad Ja dans toute sa longueur ; elle atteint,
au Col du Stelvio, une altitude de 2797 mère-, supé-
rieure au niveau des neiges perpétuelles ; 11° la roui ;
du Brenner, l'une des principales voies du cornrnerci;
à Ira vers les Alpes, d'Inspruck à Vérone, parMairay,
BTCmier, Slerïing, Brixen, Bolzano et Roveredo,
suivant les vallée.- de la Sill, de l'Eisach et de l'A-
dige, et s'élevant, au col du Brenner, à 1420 mètres;
il" la dernière roule à l'est, qui traverse la chaîne
centrale en Italie, est celle du col de Saisnitz, de
Yillach à Udine, par Tarvis , Malborgel et Poirteba ,
elle s'élève, au col de Saisnitz, à 809 mètres. Celte
route sert aux cummunication-i entre Venise, Linz,
Salzbourg et Vienne. — Parmi les passages non pra-
ticables pour les voilures, le plus célèbre est celui
719
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
du grand Saint-Bernard, franchi pur l'armée fran-
iitise leli mai 1800; il condiiii de Martigny sur le
K4iôtie, à l'eiiirée du Valais, à Aosle sur le Dora-
Baliea, par Sainl-lîraiicliier, Oisières, Liddes, et
Saint-Pierre dans le Valais, Saiiii-Ueuiy, Etniables,
et la Cluse é>ni la vallée d'Angle; son pninl culmi-
nant esta 2428 mètres, à l'hospice du Grand-Sa iit-
Bernard.
La léiièreté et la grande rareté de l'air dans les
Mpes soiil cause de l'épni.-ement, de la lassitude,
de ra?soup;ssenienl, desmaUiises, de la lièvre vio-
lente ei des évanouissements nuxqials bi^amoup de ''^f orages accompagnés de tonnerre ont coutume de
720
les lieux plus bas, dans lesquels celui du nord se fait
encore sentir, tandis qu'on aperçoit la violence du
premier au bruissement que l'on entend dans les
airs, et à l'agitation des arbres qui couvrent les som-
mités des montagnes. Le vent du sud-ouest dessè-
tbe.éiouidil,échan(Teel produit plusieurs effets dés-
agiéables sur le corps l/uniain;du reste il rend
l'air plus pur et plus transparent, et rapproche les
objets; de sorte que les paysages , eniièremcnt dé-
gagés de vapeurs, ressembleuiàdestubleaus que l'oa
vient de laver.— Sur le revers méridional des Alpes,
personnes sont sujeties quand elles s'élévenl sur les
plus hautes montagnes. Qnelqnes-uns de ces a(ci-
denls obligent môme certains individus à rebrous-
ser prompiement chemin dès qu'ils ont atteint la
Lauteur de9003pieds. Lesmnlels, à10,416 pieds au-
dessus du niveau de la mer, se trouvent lelleinent
essoufflés qu'ils font entendre une sorte décris pLiin-
lifs. Les guides les pins vigoureux de la vallée de
Chamouny, pendant la d.-ruière heure de l'.iscension
du .Mont-Blanc, sont si épuisés iiu'il, se trouvent
hors d'étal de faire plus de quelques pas sans s'ar-
rêter pour se remelire. Ces qualités de l'air sont
aus,-i cause de la bouffissure et de la rongeur qu'on
observe sur le visage et les mains des personnes qui
parcourent les li:iuie-Alpes par un trmps serein.
A la suite de cetie espèce d'enflure, ass^z doulou-
reu>e, l'épiderme a couiume de se détacher et de
tomber. —On est c\p.isé, dans h s Al(e-i, à d'ctrau-
s'éleverdés le matiji : sur le revers opposé ils ont
plutôt lieu pendant la Soirée; les averses y seul aus-
si moins fréquentes.
Le plus magnifique phénomène qu'offrent les Alpes
(principalement celles de leurs montagnes que cou-
vrent des neig.s éternelles), consiste dans le pour-
pre éclatant dont le soleil couehant les embrase.
Lorsque le ciel est sejein , et qu'on a lieu de croire
que le coucher du soleil sera beau, le voyageur fera
l)ien de quitter la ville et la niaisun , pour chercher
quelque point de vue d'où il puisse découvrir les
Alpes dans tonte leur majesté. 11 est assez rare que
l'atmosphère réunisse toutes les ciiconsiances né-
cessaires pour donn r lieu à ce magnifique specta-
cle ; il faut donc profiter soigneusement des soiiées
où l'on trouve l'occasion d'en jouir plein-'uient.
Les glaciers coumiencent entre les Alpes Mariti-
mes et Coitiennes. prés des souries de la Durance
gcs illusions d'.ipti|ue sur la dis ance des ohjeis que et du Pô ; ils ferment ensuite une chaîne continue
l'on croit toujours beaucoup plus rapprochés qu'ils ne P^"" 'i^s Aïoes Grecques, Pennines, Bernoises, Lépon-
sont cil effet. Le rappr. chenient de la chaîne des liues, Rhét(iues,Noriques et Carniques, jusque dans
Alpes est quelquefois ti-lleui. ni sensible dans des '^ Haulc-Carinlhie, dans le voisinage de Guiùnd ;
endroits qui en soni à 12 ou IJ lieues de dislance, dausle I yml on les appelle /mi ou ferner;en Suisse,
qu'il n'y a personne qui n'en soit frappé. Ce phéno- gteiiclier. On trouve réellement de- glaciers sur le
ii.ène a ciuumun ■ment lieu le matin, et quelques sommet des mont gnes qui atteignent la linvte des
heures après le lever du S'hil. C'est un indice as-
suré que le vent est sud -ouest et que le temps va
se nieit'e à la pluie. — Sur l'un et l'autre revers des
Alpes, per.dant les mois d'été, on (diserve dans les
vallées transversale-, des vents qui enmuienceni à
souffler au coucher du soleil, l<>rsqu'il n'a pas fait
d'orage. Ces vents, ijui quelquefois sont d'une violence
extrême, descendent le bng des veillées; ils durent
pend.int plusieurs heures, et recnniuieneent un peu
avant le lever du soleil. Vers le milieu du jour, au
contraire, les vents sont beaucoup nio ns f.irts, et se
dirigent vers le haut di s vallées. Quand les vents (du
soir) descendent , ils amènent prcsi|ue toujouis le
lieau temps, au lieu que les vents ascendants sont
suivis de la pluie et des orages. Le vent du sud-
ouisi, connu dans la Suisse allemande sous le nom
de Fœn (Favoniits), esi toujours orageux dans les
Alpes; il y cause quelquefois des tempêtes si terri-
bles qu'elles déracinent les plus gr.mds arbres, en-
traînent d'énormes rochers, renversent les cabanes,
i)roduiseut des avalanches de neige, tenasseiit les
LommeSjÇiç, Ce yeul n^ iic.-cciid que pn; " l""" tos
neiges éternel es , à la hauteur d'environ 15 à 1600
toises. — Tims les glaciers do la Suisse provienneDt
d'un g' and amas de neige imhibée d'eau , lequel ,
après s'êtie congelé pendant l'hiver, ne peut enliè-
renieni se fondre pendant l'été , et persiste ainsi
jusqu'à l'hiver. C'est exclusivement dans ks plus
hauts vallons des montagnes que se sont formés
presque tous les glaciers , sans en excepter ceux
dont les rauùMcalions descendent dans les vallées
les plus fertiles. Il n'y en a que très-peu dans la di-
rcciion de l'est à l'ouest , et tous sont entourés de
hauies montagnes dont les ombres affaiblissent con-
sidérablement les effets du soleil durant les trois
mois d'été. Pendant neuf mois de l'année les neiges
s'accumuleut dans ces hautes régions. Des lavanches
de neige d'un puids énorme tombent incessamment
du haut des montagnes circonvoisines au fond de
la vallée, où elles s'entassent comme dans un bas-
sin, eu couches très-compaeies de plusieurs centai-
nes de pieds d'épaisseur. On conçoit qu'une telle
masse ne peut se fondre entièrement pendant l'été,
de sorte qu'au retour de l'hiver elle a pus l'aspect
721 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGÎT. 723
d'un amas de neige congelée, consistant en peiiis le soleil a repris de l'aciivilé, et qu'il survient un
grains que l'infilcralion deseain qui pénètrent d;ins dégel subit, ces masses se brisent et s'écroulent par
'"elTel de leur pes.'inteur, ou pir l'ébranlement de l'air
l'intérieur de la niasse réunit entre eux en aug-
rnentanl leur volume.
Il n'y a pas de vallée dans les Alpes dont le sol ne
forme un plan incliné : ainsi, lorsque la partie supé-
rieure d'une vallée est occupée par \u\ glacier dont
la niasse et l'étendue augmentent tous les ans en rai-
son de l'accroisseme it du froid qu'il occasi(mne lui-
même, il résulte de cet état de choses une forte
pression des glaces vers la pariie inférieure de la
vallée, qui est le seul point oii il n'éprouve aucune
résistance. On compte dans la cliaîne des Alpes, de-
puis le Mi>nt Blanc jusqu'aux liiuiiesdu Tyrnl , envi-
ron 400 glaciers, dunt seulement un très-petit nom-
bre n'ont qu'une lieue de longueur, tandis qu'il eu est
une n)iillitude dimt la longueur est de ii à 28 kil.
sur 2 à ô kil. de largeur, et sur 100 à 600 pieds d'é-
paisseiir : la surface de tous ces glaciers a 600 kil.
carrés. Tels sont les réservoirs intarissables qui en-
tretiennent les plus grands et les principaux lleuves
de l'Europe.
Les chutes de neige connues sous le nom de ta-
vancltes ou d'avalanches offrent un des phénomènes
les plus terribles et les plus extraordinaires de la
nature dans les Alpes. Tant que les neiges tendres et
poudreuses qui couvrent les sapins ne sont pas tom-
bées, il faut s'aitendre à des lavanches.de sorte que
le dangi-r dure ordinairement deux à quatre jnurs
après qu'il a neigé. Quard les neiges sont molles, le»
lavanches sont plus fréquentes ; mais elles sont
plus dangereuses par le dégel. Quand la neige toinlie
sur la surface gelée d'une neige plus ancienne, elle
forme plus facilement des lavanches que lorsqu'elle
trouve une surface dégelée. Les lavanches ont lieu
en hiver, au printemps et en été. — Lorsque les hautes
montagnes sont couvertes de neiges récentes, et que
les vents ou quelque autre cause viennent à en déta-
cher des flocons, ces derniers tombent souvent le
long de la pente des rochers, où ils se grossissent
au point de prendre une grosseur monstrueuse ,
après quoi ils poursuivent leur course formidable en
roulant jusqu'au fond des vallées : c'est là ce qu'on
ùfifeWe lavanches froides. Lors(|ue des hommes ou des
bestiaux ont le malheur d'être atteints et couverts
par ces sortes de lavanches, on peut les sauver en se
hâtant d'enlever la neige, ce qui est praticable,
ces masses n'éiant point compactes. Lorsque les la-
vanches ne sont pas irés-coiisidérables, ceux qui en
sont atteints parviennent quelquefois à se f.iire jour
eux-mêmes en fondant la neige avec leur h.ileine
jiiime à l'effet de leur trauspir.ition, ei en tenant
leur corps dans un mouvement continuel. Jlais lors-
(|iie la lavaiiclie est trop grande, et qu'il n'y ii pas de
secours du dehors, l'infortuné y périt de Imid
Pendant le cours de l'hiver d'énormi s masses de
neige s'amassent et s'avancent considérablement au
delà des parois de rochers, de manière à surplomber
au-dessus du sol ; aux mois d'avril et de mai, quand
agité par les cloclieites des chevaux, par la voix des
hommes ou par les orages. Alors ces lavanclies sa
précipitent avec une violence incroyable dans les
parties basses, en entraînant dans leur chute dei
quartiers de rochers, des arbres et des terres; ellei
ensevelissent sous leurs ruines des maisons et des
villaues, et renversent des forêts entières avec une
impétuosité irrésistible. C'est au printemps que ces
sortes de lavanche. ont le plus smivent lieu, et cà
sont elles qui, dans cette sai-on, rendent si dange-
reux le passage des llauies-AIpes. Le moindre son
est capable d'exciter une chute de neige. Les person-
nes qui sont dans la nécessité de passer les Alpes au
printemps doivent s'arranger à faire le voyage en
compagnie. Ceux qui ont le malheur d'être couverts
par une lavanclie de printemps sont le plus souvent
perdus sans ressource: i!s sont étouffes ou écrasés
sous cet énorme poids. La neige dont elles sont
composées est tellement durcie, qu'im homme ou un
cheval qui y siint enfoncés ne peuvent absolument
s'en retirer sans un secours étranger : aussi forme-
t-elle quelquefois sur les torrents des Alpes des
voûtes naturelles sur lesquelles on (ait passer des
masses d'un poids considérable jusque bien avant
dans l'été. L'impétuosité affreuse des lavanches froi-
des et de celles du printemps étonne l'imagination : la
chute de ces masses de neige, qui tombent souvent
de plusieurs milliers de pieds de bailleur, cause un
tel ébranlement dans l'air, qti'on vyil quelquefois
des cabanes renversées, des hommes terrassés et
étouffés à une distance considérable de la place où
la lavanche a passé. La vitesse avec laquelle ces la-
vanches tomb.uil est quelquefois si prodigieuse,
qu'elbs couvrent dans les vallées des surfaces de
plus d'une lieue de longueur, et qu'elles exercent
leurs lavages dans des endroits dist;inis de plus de
2 lieues du pied des rochers d'où elles sont descen-
dues: elles enlrainent toujours un grand nombre de
pierres du haut des montagnes, et laissent dans les
pâturages des Alpes et dans la vallée les traces dé-
plorables de leurs dévastations. Ces alîreux vestiges
subsisieut quelquefois pendant une longue suite
d'années, semblables à ceux qu'a laissés le torretit
sauvage, en frappant de stérilité les prairies les plus
riantes. — Les lavanches de la iroiiiéine espèce n'ont
lieu qu'en été ; elles ne sont dangereuses ni pour les
hommes ni pour les bestiaux, parce qu'elles na
tombent guère que sur les parties les plus élevées
des montagnes où la neige séjourne pendant toute
l'année; elles offrent un spectacle très-curieux ; vous
croiriez voir une rivière d'argent entourée d'ona
nuée de neige exlrêmenienl subtile, se précipiter du
haut des rochers; la masse auginenie de gradins
en gradins ; elle marche avec un bruit qui ressemble
à Celui du tonnerre, et se prolonge, à la faveur des
échos, au milieu du silence sublime des'Alpes. C'est
TS5
DICTrONNAIRE DE GEORRAPHIE ECCLrSlASTIQL'E.
72-4
ordinairement quand le ciil e-i serein el que les
venis (i'onest règiienl, que ces sortes de lav;inclies
Ont licii. Il t'Sl fojl rare que les voyageur* qui \oiit
de Giiiidelwald à Mi:yrii)glien, par le t^clieidcck,
n'aieni pas le plaisir de voir le spectacle quolTrenl
ce> lavaiiclies d élé.
Le^ lavaiiclu's s'annoncent f^iij'inrs par un bruit
sou.d ei i'iïra\ani, semlilaUle à celui du tonnerre,
de srrie que le voyageur a souvent le tem|is de
chercher son salul dans la fuite. La fortne ei la
posiii n de eeriaines n^onlagncs soiit cause qu'il y
a des endioits exposés toutes les années aux pins
lerriiiles lavanches; niissi ces phénomènes rcdnuia-
bles onl-ils occasionné aux habiiants des montagnes
de Kiuie la chaîne des Algies , des malheurs sans
nombre.
D.ms un fens plus resserré, le mot Alpes désigne,
dans le lanjiage des il:lbllal>t^ de ces hautes régions,
les pâturages de inoi.iagnes, lesquels s'élèvent entre
les diverses chaînes de rochem qui eu fnrment les
gradins jusqu'à la ligne des neiges, (/ost dans ces
pâturages que croissent les plantes. A lOUO toises on
entre dans la région des arbres, dont les plus re-
marquables sont le sapin à reiiillcs, dit le piii commun,
le pin mugho, le mélèze, le picéa, le bouleau, le
hëire, le chêne, le cerisier qui sert à (aire le kirs-
chenwa-ser, le iroyer, le châtaignier. La vigne vient
k la hauteur de 288toi^es; l'iilivier se cultive au
pied des Alpes du côté de l'Iialii'; el l'on y élève
l'oranirer, le citronnier, et d'autres arbres de 1 1 zone
tempérée chaude. L'orge, l'avoine, le seigle croissent
à 70 ! et mcme à 10; 0 mises; dans toute la région
des forets on voit les lianes des Alpes ornés d'arbres
magnifiques : irès-souvent l'àpretédes lieux, l'éloi-
guement de toute habitation empêchent de l?s e\-
ploiier; d'ailleurs il est nécessaire de laisser sur pied
pliisieirrs forêts dans les montagnes, pour préserver
les pàlnrages, les arbustes, les maisons, de In chute
des rochers qui se détachent souvent des sommets ,
el pour arrêter la force des avalanches.
Les Alpes offrent un lableau champêtre irès-
agréable pour les amateurs de la belle nature : c'est
celui d'innombrables troupeaux de vaches, de bœufs,
de moulons et de chèvres qui paissent pendant la
belle saison dans les plus hantes vallées : en voyant
la quantité de ces animaux qui couvrent les monta-
gnes et leurs croupes, on dirait qu'rls y ont remplacé
les hoiiin^es. Au-dessus de ces pâturages accessibles
à l'honmie et au bétail qu'il élève, le bouquetin et le
chamois ne IVéquentent qne ceux qui sont enclavés
au milieu des glaciers et des neiges perpéiuelles. Le
bouquetin gravit les sommets les plus élevés; le
chamois se Qxe au second étage des montagnes et
(1) Dans la roule de Biienos-Ayres au ("hili, le
passage que l'on «nii en sortant de Mendoza n'a
pas nriiins de 2'i4 kil. Le froid vif el péiiélrani que
l'un y éprouve laii e; uelleinenl souffrir les voyii^eurs;
il e>l li'ail tu'S liès-nrflicile de s'''ll garantir. i)ii e>t
Einr.tiil ttilon iiit saisi, qne la ri'spiiati ii lu.in.pie
luuià uuuo. Ua rcncuniie de dislance en dirsiaace.
dans leur région boisée , mais jamais on ne le voit
dans If'S plaines. — Aii-de>sous de eetie région éle-
vée vivi-n» les inariuo^tes; la plupart se tiennent au-
dessiîiis de la rég on boi>ée , d'antres hahiient de
moinires hauteurs, où l'un Iroive des taupes et des
ours noirs et f^.uves; i lus tas encor- les loups, les
renards, les lynx el les chats sauvages répainK'nl la
terreur parmi 1rs troupeaux de hélail , et meileul
qiielqn.fiiis en liéf ut la vigi'anre des bergers : enlin
on triuive h- lièvre hlaiic des Alpes, l'écureuil noir,
le Coq blanc de bruyère, le petit telras, la gelinotte
blantlie, le bel oiseau nomuié alpenjUievogel; mais on
remarque par-dessus tous les animaux al, ins , le
grand aigle.
Suxa Americatia, vel Snxa CordiUera, vel liupes
Andium, les \ndes, ou C.oidillères, en espagnol las
Cordilleids de Us Andes. Ces montagnes, d'une con-
linuilé (le 960!) kil., occupent dans l'histoire légeii-
diqui; une place sombre, mystérieus; el magnilique
tout à la fois. Elles réuiiisseirl loirtes les spleiidides
merveilles ei les imposantes horreurs que Dieu de
sa m. -in puissante a répandues dans la créaiion; elles
son' l'adiiiiralion et la terreur des peuples. Si l'on
réunissait toutes les iradiiions légeudiques qui les
concernent, et qui sont dispersées dans les deux
Ainéri lues, on eu composerait des volumes. Sur les
plateaux de Tiiicaca et de Quito, comme sur ceux de
T Inea et d'Orizaba, une vieille tradition portait (|ue
dos guerriers, des génies niallaisanls, venant de l'Est,
dé. miraient les races auiér.eaiues. Lue légende po-
pulaire qui se transniel de père eu bis cirez les In-
diens des Cordillères veut qu'api es l'invasion des
Espagiio's des trésors imineuses aient été précipités
dans les abîmes gigantesques des Andes. Le lac
de Tiiicaca, par eieniple, en roiiiiendrail une par-
tie. Un ruisseau qui coule non loin du Chimborazo,
el doiii l'œil ne peut sonder qu'avec effroi la profon-
deur, renlermerail, dit on, des choses aussi curieu-
ses que riches, mais qu'où ne peul retirer vu l'im-
possibilité reconnue de descendre dans ces précipi-
ces. Les nombreuses tentatives que l'on a faites oui
toujours été inutiles. On distingue en effet toutes
sortes de couleurs qui brillent dans les eaux irans-
parentes du ruisseau, comme les éiueraudes et les
rubis. Combien de missionnaires des divers ordres-
religieux el de voyageurs ont disparu dans le pas-
sage si dangereux des Andes ! Assaillis par un vent
impétueux, saisis par une bise glaciale, ou ils mou-
raient de froid, ou ils étaient entraînés dans des pré-
cipices épouvantables, ou ils élaieni tués par les In-
diens sauvages (1). La science moderne a voulu
avoir aussi sa légende sur les Cordillères. N'a-t-elle
pas voulu faire passer le Chimborazo pour la moti-
sur celle roule de désolation , de petites maisons
balles en pierre qiip le gouvernement a fait cons-
truire et munir de bisiuit.de viandes sa'éfs, de
B''.i t't dr- bois, afin (|ue les voyageurs il surtout les
employés piiisscnl s'y rclugreraii he-oin.
(S Ole de Cauleur.)
72S GEOCRAPfllE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
lagi>3 la plus élevée du globe? Elle souriait com-
plai'-.inimeni à te système dans l'intérêt de nous ne
savons trop qncl argument hostile à la création bibli-
que. Mais celle asst-rtion n'a pu se maiiiten r, elle e-t
bii'nlôt tomlii^e dans ^lli^toire légendaire. Le sys-
»ème orograpbique de l'Asie a prévalu ; les monts
Himalaya sont restés ce qu'ilsélaienl, les géants de
la création, et, comme disent les Hindous dans leur
langage légendique, ils continuent de porter la lerre.
Les Andi'S s'étendent dans les deux Amériques ;
elles forment incoi lestablcment la plus g'aiide
chaîne de montagnes qu'il y ait an monde, puis(|ii'elle
comnieiice au cap Horn, exiréiiii'é de l'Aniériiiue
méridionale, et ne finit qu'au mont Saint-Elie, sur la
côie nord-ouest de l'Amérique spptenirionali!. La
distanie comprime entre ces deux exlréniiiés est
d'environ 9G00 kil. Elle emlirasse 120", ei s'appro-
che presque également des deux pôles; ses extié-
miiés n'en restent éloigaées que de 29 à 50°. Les An-
des, étr(àtes à leur naissance, courent directement
du sud :in nord jusque vers le 21" de latitude sud, où
elles s'élargissent et se dirigent à l'ouesl-nord-onest;
au 5" de latitude sud elles lournent au nord-est, et
vont former l'isiliuie de Darien ou Panama. Du cap
Froward à ce point, elles s'étendent de C800 kil. de
loiig, et dans tout cet espace elles s'éloignent rare-
ment de plus de 80 kil. du Grand Océan : on estime
leur plus grande iirgeur à 24 j kil., et leur hauteur
moyenne à 2i0 toises sous l'équateur. Par 7" sud, en
panant des p'aines de l'Amaz me aux rô'.esdu Grand
Océan, la chaîne n'a pas plus de 100 kil. de lar^e.
Les Andes offrent cii.q panies ou rauiilications dif-
férentes : dans la P.ilagonie, depuis le cap Froward
jusque vers le 41" de l.itiiude sud, on raiijelle S'erra-
Nerada de lus Andes; dans le Chili ou la nomme
Andes du Chili ; elle traverse le Pérou sous le nom
de Cordillère royale des Andes, ou Grande Cordillère
du Pérou. Jusqu'au 2" de latitude noid on la con-
naît sous le nom de Chaîm: de Quito. Dans la Nou-
velle-Grenade on peut lui donner le nom de ceite
contrée, comme elle n'en a pas de particulier.
La chaîne de la Patagonie offre quelques volcans,
tels que le Sao-Clenienle, le Medielana, et leMinchi-
madava, qu'on croit le plus élevé, et près duquel îe
Rio de los Camarones prend sa source. Dans le sud
du C.ili la Cordillère se rapproche beaucoup de l'O-
céan; on y voit le cône neigeux du Cuptona, le plus
haut de ces contrées ; il a 1500 toises de haut. Plus
au sud, vers le cap Pilar, les monts s'abaissent jus-
qu'à 2i.0 toises, ei même plus bis. — La chaîne du
Chili surpasse presque sur tous les points la liuiile
des neiges éternelles. Elle s'étend en largeur de 180
kil., escarpée à l'ouesi, elle s'éloigne de 120 à 100
kil. du Grand Océan ; 125 rivières, dont 50 se jettent
dans l'Océan, y prennent leurs sources ; mais elles
sont loin d'égaler le Cusuleuvu ou RioNegro et le
Rio-Cnlorado, (|ui descendent du versant oriental, à
pente douce, et débouchent dans l'Atlantiiue. Ceç
Andes ranfermeni plusieurs volcans. On présume que
leurs éruptions sont continuelles. On y ressent sou-
vent des Iremblemenis de terre peu dangereux. La
qnanlilé de neiije qui losnlie depuis avrl jusqu'en
novembre rend intpiniitables les neuf roules qui
Iraverseul ceite «haine.— La Cordillère du Pérou
commence au 21" de l.iiitiide sud, au point où les
montagnes de Sinla-Cruz de la Sierra cl de Chiqui-
tos .-e séparent des Andes, et courent vers l'est, pour
se lier par des plateaux aux moniagnes du Brésil.
Par ItJ" celle Gorilillcre forme un imnid duquel se
détachent plusieurs chaînes conidérahles. La princi-
pale, nommée Cordillère d'Acama, décrit un demi-
cercle, et lournani au sud, encaisse le lac Titiraca.
Elle jette à l'est plusieurs rameaux, dont les princi-
paux sont les Allus de Intinuijo et les Sierras AUi-iii-
m«s; le Pileomayo, le Guapeby, le Béni y prennent
leurs sources. De ce même nœud sortent l'Apuriuiac
et les afibients. i J'entends par nœud, dit M. de llum-
boldl, non les plus hautes parties d'une chaîne, mais
les poiiiis où des chaînes parallèles se réunissent. II
y a dans les Andes de l'Amérique méridionale cinq
de ces nœuds : ceux de Porco, de Cusco, de Pasco,
de l'Assiiay et de los Pasios. C'est leur connaissanca
iniime qui explii|ue la chirpenie des Andes. Lors-
que entre deux nœuds il y a plusieurs chaînons, les
plus hauis souunets apparïieiinent lamôl à l'une et
taniôt à l'autre de ces rangées de mouiagues. Parmi
trois chaînons, ce n'est pas tonjours celui du milieu
ei celui qui a le plus de neige qui est le plus élevé, t
Les Andes se dirigent ensuite au nord-ouet jusqu'à
11° de latit. sud, où elles se divisent en trois ra-
nii aux qui s'abaissent sur la rive droite de l'Ama-
zone : on appelle l'une Cordillère de la côte, l'autre
Cordillère centrale, el la troisième Coidi/Zèré oricnln'e.
L'Iluallaga, aflluent de l'Amazone, coule eiiire cette
dernière et troisième chaîne. Le Tunguragua ou
IIaui-Mar.agnon ijaigne la vallée formée par la Çqtdil-
lére centrale et celle de la côte.
Depuis le désert d'Aiacama, sous le tropique, jus-
qu'au golfe de Guyaquil, dans une étendue d'envi-
ron 1600 kil., les Andes ne s'écartent de l'Océan que
de 48 à KO kil. Quel(|ues torrents qui se précipitent
de leur flanc occidenlal arrosent par intervalles ctile
longue étendue de côhs que les pluies ne fécondent
jamais. A 6° 5u' de laiitude sud, point de l'origine de
la chaîne de Quilo, les Andes n'offrent plus qu'une
seule arèie jusqu'au 3'^ 50'; là, se divisant en deux
chaînes séparées, elles offrent, de la plaine ceitrale,
l'aspect le plus majestueux el le plus extraordinaire.
Les cimes les plus hautes, rangées sur deux lignes
à peu près parallèles, furmenl une double crête. Sur
cette double chaîne s'élèvetil des cimes colossale?
qui surpassent en hauteur presque toutes bp monta-
gnes du globe. Elle a servi de signal dans les opér.i-
tions des académiciens français pour la mesure dij
degré de l'équaleur; c'est pourquoi on l'a décrite
avec plus d'exactitude (|ue les autres parties des An.
des. Hougner a recoimu l'existence des deux Cordil-
lères jusqu'au del.a de Popayau, situé à 240 kil. nord
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
728
gions de l'almosplière ; on se rappelle à peine qne le
sol que Ton habile est plus élevé au-dessus des côies
voisines de l'Océan Pacifique que ne Test le sommet
du Canigou au-dessus du bassin de la Méditerranée. >
C'est au-dessus de la plus occidentale de ces deux
chaînes, dans un espace de 148 kil. depuis Quito jus-
727
(le Quito. M. de llumboldt, qui de nos jours recnn-
luil ces montagnes, a constaté par des mesures ba-
roniétiiques, non-seulement la hauteur de plusieurs
sommets non mesurés avant lui, mais encore celle
de la masse même sur laquelle ces sommets s'élèvent.
Les passages par lesquels on peut traverser la dou-
ble crête des Andes doivent être comptés comme les qu'au 2* de latitude sud que s'élèvent le Casiia^na
plus élevés qui soient connus. Au pied du Chimbo- le Pichincha, l'Atacazo, le Corazon, l'Islinessa ou II-
razo il s'en trouve un qui communique au versant linissa, le Carguairazo, le Chimborazo et le Cunam-
occidental des Andes, par la vallée transversale bay. De la cliaine orientale s'élancent le Guamani,
nommée Riobaniba. Bouguer cite encore le pas de l'Antisaiia, le Passuachoa, le Ruminnavi, leCotnpaxi,
Guamacas près des sources du Rio de la Maydakm le Qneleiidama, le Tungurngua, le Capa-Urcu, l'Alli-
(rivière de la Madeleine). Au milieu de la vallée de vir et le Sangay. Aucune rivière importante ne des-
Quito, un chemin (racé entre les deux Cordillères
passe sur le paramo (bruyère) de l'Assuay, par un
point dont la hauieur, selon M. de llumbolJt, est de
2118 tol^es au-dessus de la mer. On estime à loOO
toises la hauieur moyenne de la vallée de Quito au-
dessus de l'Océan. La partie située au sud de l'éqoa-
teur, celle qui a été vi^iiée par les académiciens
français, semble ne pas offrir ces formes aigiies
qu'alfectent les aiguilles des Alpes. Elle présente des
formes coniques dont h la vérité les pentes sont si
rapides qu'on ne pourrait les gravir, si elles n'étaient
composées de pierres détachées et de débris dans
lesquels le pied peut s'affermir. — Les crevasses
nommées Quebradas offrent d'immenses fentes qui
coupent la masse des Andes. C'est dans ces abîmes
que l'œil du voyageur épouvanté saisit le mieux la
grandeur gigantesque de la Cordillère. C'est à tra-
vers ces portes naturelles que les grandes rivières
descenilenl vers l'Océan en avançant de Popayan
vers le sud. Les vallées des Cordillères, plus profon-
des et plus éiroiies que celles des Alpes et des Py-
rénées, présentent des scènes sauvages, et remplis-
sent l'âme d'éionnement et d'effroi. — Les ruisseaux,
en descendant des montagnes, se creusent des lits
de 20 à 25 pieds de profondeur sur 1 pied à 1 pied
et demi de large. Les sentiers remplis de boue res-
semblent à une gilerie creusée à ciel ouvert. On y
marche en frétiiissant. Les bœufs qu'on emploie peu-
vent à peine les traverser. Dans certains endroits on
Voyage à dos d'homme.
La chaîne occidentale de la double crête est éloi-
gnée de la mer de U4 à 28S kil. Les deux chaînes
le sont l'une à l'autre de 28 a 52 kil. La plaine a de
20 à 24 kil. de largeur, et toute la population du pays
se trouve resserrée dans celte lisière. « Lorsqu'on a
vécu, dit M. de Humboldt, sur le plateau élevé, où
le baromètre se soutient à 0° 54' ou à 20 pouces de
hfiuleur, on éprouve ir^é^istihlement une illusion
extraordinaire : on oublie peu à peu que mut ce qui
environne l'observateur, ces villages annonçant l'in-
dustrie d'un peuple montagnard, ces pâturages cou-
vens à la lois de troupeaux de lamas et de breiiis
d'Europe, ces vergers bordés de haies vives, do du-
rania et de barnadesia, ces champs labourés avec
soin et promettant de riches moissons de céréales,
se trouvent comme suspendus dans les hautes ré-
ceud de la chaîne occidentale de Quito; du côté de
l'ouest, dans la chaîne orientale, un grand nombre
d'aiflucnts de l'Amazone y prennent leurs sources,
dont les principaux sont le Napo, l'Ica et l'iapuru.
Dans la Nouvelle Grenade la Cordillère se pari.age
en trois chaînes parallèles; la chaîne orientale qui
ne s'élève jamais à la limite des neiges éternelles,
se dirige d'abord au nord-nord-est, sous les noms de
Sierra de Pardaos, de Paramo d'Albarracin, jusque
vers C de latit. nord, où on l'appelle Loinas del
Viento; de ce point elle continue au nord, où on la
nomme Sierra de Perija et Sierra de Azeyte; elle fi-
nit là au bord de l'Atlantique à la pointe Gallinas,
par 7° de latitude nord; elle jette dans le Caraccas
un rameau qui traverse la province de Maracaïbo
du sud-ouest au nord-est sous les noms de Sierra cfe
Merida et de Paramo de la Rosa, et se lie aux der-
nières branches de la chaîne orientale des monts de
l'Amérique méridionale, qu'elle réunit de ce côté à
la grande Cordillère des Andes. Le Rio-Negro, prin-
cipal affluent de l'Amazone, le Guaviari, le Rio-
Meta et l'Apure, trois grands affluents de l'Orénoque,
descendent du versant oriental de la sierra de Santa-
Marta, presque isolée de la grande Cordillère. Le
paramo de Porqueros joint la sierra de Merida à la
chaîne orientale des Andes. Le rameau intermé-
diaire qui court au nord renferme les nevados de
Quindiu, d'Ervez et de Ruiz. De Santa-Fé cette
chaîne centrale offre les points de vue les plus ma-
gnifiques.— La Cordillère des Andes, en traversant
l'istbme de Darien, est réduite à une petite hauteur,
et rattache la grande chaîne dont nous venons de
parler, aux plateaux très-élevés du Mexique. Les
Andes offrent huit groupes d'une élévation prodi-
gieuse, savoir : dans la province de los Pastns, 6* SO'
de latitude nord; dans les volcans de Popayan,
2" 25' ; le passage de Quindiu, i" 25' ; la sierra de
Merida, 7" 58'; celle de Sanla-Marta, 10° 55'; le
plateau du Mexique, 19°; la Nouvelle Hanovre, 50*;
enfin nu mont Saint-Elie , 60°, la Cordillère par-
vient à une hauteur presque égale .à celle des Andes
de Quito. Les régions cquatoriales de l'Amérique
offrent à la fois les cimes les plus élevées et les plai-
nes les plus vastes cl les plus belles du monde : au
volcan d'Anlisana s'ouvre uue plaine de douze lieues
de tour. En général la chaîne des Andes, même
7ÎD
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
730
dans les hauts plateaux de Quito el du Mexique, a
lieu de fnpper l'imaginalion plus par sa niasse que
par sa liauieiT.
A partir du groupe au nœud de los Paslos. les
Andes se divisent au sud en deux rameaux ; au nord,
entre Popayan el Sanla-Fé de Bogota , en trois
brandies parallèles.
La Cordillère des Andes n'offre pas, comme les
Alpes de la Suisse el les monts Himalaya de l'Asie,
iHie chaîne continue de ciinos neigeuses. La hauteur
moyenne des neiges perpétuelles, dans les Aniles, à
compter de l'équaleur à I' 30' de latitude nord, est
de 2498 toises. Le sommet du Rncu Pic hincha est à
2498 toises. .M. de Ilumboldi estime de "25 à 35
loises au-dessous de sa cime la limite inférieure des
neiges qui le couvrent presque touie l'année. Au
Chimburazo, la neige perpétuelle règne à 2171 loi-
ses; an Corazon et à l'Antisana, à245S; au Coio-
pnxi, à 25"8. Les neiges se fondent sur ce dernier
et sur le Tunguragua quelque temps avant les érup-
tions volcaniques. Les neiges qui tombent snus l'é-
qualeur aident à e-timer la hauteur relative des
moni.ignes ; elles nivellent les différenies cimes
d'un même chaînon. Dans la province de Quito la
neige ne tombe pas au-dessous de 1860 à 191)0 toi-
ses, région des paramos. Dans les plaines habitées
d'Antisana, couvertes d'un magnifique gazon com-
posé d'herbes aromatiques, la neige couvre, à 2100
toises, la terre pendant cinq à six semaines, de 3 à
4 pieds. Sous l'équaleur les neiges commenreiit à
tomber à 1887 Icises ; plus on s'éloigne de la région
équaloriale, et plus les cimes cnuvertes de neige se
rapprochent les unes des autres. Quoique la partie
montagneuse à l'est du Pérou soit peu cuimue, on
regarde comme certain qu'il n'existe de neiges enn-
tinuelles dans ce continent que dans la chaîne des
Andes, dont les Cordllères du Mexique sont une
prolongation vers le nord, dans le groupe de Mé-
rida et dans celui de Sania-Marta. Aucun sommet
de la chaîne côiière de Venezuela , de celle de Pa-
rinie et du Brésil n'atteint la région des neiges per-
pétuelles, car leur plus grande hauteur n'excède pas
8-40 toi.-es ; c'est pourquoi on ne voii pas.de neiges
dans toute la région orientale el non volcanique du
nouveau continent.
La température de la partie haute des Andes offre
sous les tropiques des particularités remarquahles :
on y voit des villages de 200 toises plus élevés que
la cime du pic de Ténériffe. Dans la Cordillère des
Andes le décroissement du calorique est en raison
de 5 à 5 plus rapide au-dessus de 1750 toises que
depuis le niveau de la mer à 125U toise-; la couche
d'air où le refroidissement est le plus prompt sous
Vcquateur paraît comprise entre 1250 el 17.j;o loi-
ses. Les phénomènes électriques y ont un caractère
plus particulier que dans les vallées des grandes ri-
vières; par exemple, dans celles de la Magdalena,
du Rio-Negro et du Cassiquiari, les orages ont lieu
vers minuit. Entre 900 et ICOO toises on entend les
plus fortes et les plus bruyantes explosions de lon-
neirc, surtout datis les vallées de Calato et de Po-
payan. Au-dessus de 1000 loises ils -ont mcins (ré-
quents, mais il s'y forme beaucoup de grêle, sur-
tout i> loOO toises; au delà on entend rarement
d'explosions. La grêle lomhe sans éclairs et souvent
mêlée de neige au delà de 1950 loises; l'azur du
ciel paraît plus foncé sous les tropiques qu'à hau-
teur égale en Europe. Rien n'approche de la beauté
des nuits de ces régiims; les étoiles fixes y scintil-
lent tranquillement.
Du niveau de l'Océan à 513 mises on voit prospé-
rer le bananier, le mais, le manioc, le cacao; c'est
la région des ananas, oranges, manmiées et fruits
exquis. Les Européens y ont naturalise le sucre,
colon, indigo et café. De 513 à 1200 toises i.n voit
régner la régi.n la plus tempérée pour l'Européen :
le colon y abonde; les autres plantes y de\iennent
plus rares, à l'exceplion du calé, qui croit dans le-i
sites élevés et pierreux. A 1300 loises la canne à
sucre fleurit dans les plaines étendues de la province
de Quito, où les rayons du soleil sont réfléchis. Tous
les fruits sont délicieux , surtout ceux du cherimo-
lier. Dans les régions équaioriales le Mé mûrit par-
tout à 700 loises , mais plus abondamment de 821 à
à i;75 toises. A cette hauieur vient le cocca , ery-
thro.xijtum penivianim. De 1026 à l.jôD toises on s'est
livréàlaculturedesblésd'Europeetduquinoa; à ICOO
et 17011 toises les gelées et les grêles font souvent périr
les récolles dn blé ; au delà de 1200 toises on ne voit
plus (le mais; de 1530 à 2052 loises on cultive la pomme
de teire; à I(i93 toises l'orge a remplacé le froment,
elmême elle y soulfre. Toute culture cesse à 1847 loises.
Les montagnes d'une hauieur moyenne sont cou-
veries de forêts majestueuses. Prés de l'équaleur la
région des grands arbres, dont le tronc excède de 60
à 80 pieds , ne s'élève pas au delà de 1385 loises ;
depuis le niveau de la ville de Quito les arbres sont
moins grands. Du bord de la nier, à 513 luises, s'étend
la région des scitaniinéi'S et des palmiers;ony voit les
musa, les héliconia, les alpinia, les liliacées les plus
odoriférantes, les palmiers, qui ne peuvent dans l'A-
mérique méridionale supporter le froid des hautes
montagnes, le haume de Tolu, et le cusparé ou
quinquina de Cacory (cortex angusliirœ). Sur les côtes
arides de la mer croissent les mangliers et le cactus
pereskia, à l'ombre des cocotiers, du laurus persea
et du mimosa. Le ceroxylon vient dans les andes de
Quindiu e! de Tolima, par 4° 23' de lat. nord, de
934 à 1472 loises ; son tronc couvert de cire a jus-
qu'à 50 toises de haut. — Au-dessus de celle région
on remarque celle des fougères arborescentes et des
quinquina. Celle dernière s'éicnd beaucoup plus que
celé des fougères en arbres, qui ne se plaisent que
dans les climals tempérés. On voit au contraire
croître le quinquina jusqu'à 1487 toises. Les vrais
cinchona se prolongent dans les Andes sur plus de
2800 kil. de long, de Polosi cl la Plala, par 20^ de
latitude sud, jusqu'aux monts Neigeux de Sanla-Marla,
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
731
par M" nord. Toute la pente orientale Jes Andes,
au sud d'Huanuco, près des mines de Tipuani, dans
les e'ivirtins d'.spolabaniba ei d'Yurarardes, n'offre
qu'une forêi suivie de quinquina. On voit pousser
au niveau de la mer le cusparé de la Guyane, le eus-
paria delà Nouvelle-Andalousie, la cascarille d'Ala-
caniec. La végétation se montre moins variée dans
tout le haut plateau deRiohambael de Quito, comme
aussi dans celui de les Pastos jusqu'à Alniaguei-, que
dans d'autres régions également élevées au-dessus
de l'Océan. La région tempérée des cinchona offre
quelques liliacé"S, melasioma à grandes fleurs vio-
lettes, passiflores en arbres, hautes comme les chê-
nes du nord; le bocconia fnitescens, le fuchsia et
des alsiroenieria d'une rare beauté. Les mousses
toujours vertes couvrent le sol. Vers 872 toises on
remarque le cilrosma à feuilles et fruits odorants,
et de nombreuses espèces de symplocos. De iô54 à
155;) toises s'étend la région des chênes qu'on n'a-
perçoit dans les contrées équatoriales qu'à 87i toises.
Au Mexique et entre 17 et 22" de laiiuule nord, ils
descendent jusqu'à 410 toises. Dans celle régionphi-
sieurs plantes herbacées forment un gazon épais. A
1796 toises cesse presque toute végéi;)lion en arbres,
et les arbustes y sont d'autant plus communs. Le
sol se couvre d'une multitude de calcéolaires, d'une
corolle à couleur dorée qui contraste agréablement
avec la verdure du gazon sur lequel elles s'élèvent.
Plus h:)s, sur le sommet de la Cordillère, de I43(i à
1695 mises, on découvre la légion des winiera et
des escallonia. La température froide et toujours
humide de ces monts appelés Païawos, produit des
arbres dont le tronc court et courbé se divise en un
gfiind nombre débranches couvertes de feuilles co-
riaces et d'une verdure luisante. On y voit (|uelques
arbres de quinquina orangé, des embothrium et des
melastoma à fleurs violettes presque pourprées. De
10U6 eià 2103 toises s'étend la région des plantes
alpines, savoir : gentianes, espelelia frailexon à
larges feuilles; à 21 05 toises commencent les gra-
minées, qui régnent jusqu'à 2360 toises ; de ce point
jusqu'à la neige perpétuelle les rochers n'offient que
des plantes licheneuses. M.dellumboldt en a trouvé
à 2330 toises vers le sonmiet du Chimborazo. — Du
niveau de la mer à 315 toises, dans la région des
palmiers, on voit le paresseux , qui vit sur le cecro-
pia pell.ita, les boas , les crocodiles, le cabiai, le ja-
guar, le hocco, les tangaras, les perroquets, les
beaux charausons. On entend hurler, dans les forêis
de ces climats brûlants, les alouaies et autres singes
sapajous. Le jaguar, le cougouar, le tigre noir y
chassent le petit cerf. Les cavias, les fourmiliers, les
maringoins, acaris, araignées venimeuses, fourmis,
termes, infestent l'air de ces basses régions. De .HI5
à 1006 toises les tapirs, les lajussus et ocelots abon-
dent. Des milliers de chèques harcèlent l'homme,
le singe et le chien. De 1000 à 1559 toises le margny,
li-.s ours et le grand cerf des Aniles sont communs.
De 1559 à 2Cà2 toises oo apciçoii le puma, le petit
7:2
ours à front blanc, les colibris et quelques viverres.
De 2052 à 2505 toisesvivent en troupes les vigognes,
les guanacos. Les lamas sont des animaux domesti-
ques. Les aipucas, les vigognes, les guanacos et le
mandou se répandent sur la chaîne des Andes du
Chili jusqu'à 9° de latitude sud. Au nord on n'en voit
plus. La limite des neiges perpétuelles forme celle
des êtres organisés. Le condor seul habite ces vas-
tes solitudes. M. de Ilumboldtl'a vu planer à plus de
5535 toises.
On aperçoit le granit à nu au pied des Andes, sur
les côtes du Grand Océan et de l'Atlantique, entre
lesboucliesde l'Orénoque et de l'Amazone. Il sou-
tient la haute charpente de ces monts, comme la
formation secondaire des plaines. On trouve sur les
Cordillères le gneiss , le schiste micacé, le grenat,
le porphyre. M. de Humboldt a reconnu le granit
dans les monts Quindiu, à 1796 toises. Les sommets
glacés du Chimborazo, du Cayambé et d'Antisana,
de 3000 à 3270 toises, sont de porphyre. La pierre
calciiiie secondaire se montre près de Micuipanipa
au Pérou, à ICOJ toises. Hnancavelica offre des grès
à 2510 toises ; le schiste micacé des Andes de To-
lima.dans la Nouvelle-Grenade, parait à2DjO toises;
le basalte de Pichincha à 2430 toises; on aperçoit la
houille en couches, près de Santa-Fé, à 1325 toises;
au Pérou, près d'Hu;inuco, à 2300 toises ; les plaines
de Dogota, à 14Ù0 toises , abondent en grès, gypse,
pierre calc.iire, coquillière, et en sel gemme, près
de Zipaquica. On trouve rarement dans les Andes
des débris de corps organisés; néanmoins près de
Micuipampa on a découvert des coquilles pétrifiées,
des venus, des osirea, d 'S écliioites à 2000 toises.
Ou n'a trouvé les os fossiles d'une espèce d'éléphants
très-différente des mammouth, que de 1181 à 1489
toises. On rencontre dans les montagnes primitives
les grandes masses de soufre qui abondent d.ms la
Cordillère. La nature a déposé les richesses métal-
Ibiues au Pérou, de 1800 à 2100 toises; on y trouve
de l'argent murinté , de l'argent natif et du fer. .Au
Mexique, de 900 à lôOO toises, les filons de mercure
sont très-abondants.
Sàxonia, la Saxe, royaume et duché de la confé-
dération germanique. — Les anciens Saxons étaient
primitivement fixés au nord de l'Elbe et du Weser
et dans la péninsule cimbrique. Lorsque les Franks,
leurs voisins, eurent passé le Rliin pour inonder
les Gaules, les Saxons passèrent à leur tour le We-
ser et s'étemlirent dans les contrées abandonnées
par les Franks. Le pays qu'on appelle aujourd'hui
Saxe, et qui est situé entre la forêt de Thuringe et
les montagnes de Bohême , formait alors une partie
du royaume des Thiiringiens qui était habité par
des peuples slaves. Les fils de Clovis et les Saxons
détruisirent le royaume des Thuringiens : alors les
Saxons s'attribuèrent une partie des débris de cette
monarchie, savoir le pays situé à l'est de la Saale,
et iju'on appela depuis Oslerland {lerra AmiiaUs),
nom dont il s'est conserve des traces jusqu'à nos
755
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
TSt
jours. Après la sniimission des Saxons, les empe-
reurs et rois d'Allein.agiie élablirenl, dans ce qu'on
appelle aujourd'hui la Saxe, des landgraves, des
margraves, «les bourgraves et des avoyers, les
derniers subordnnné-i aux comtes palatins du Rbiu.
Tels furent les landgriivas dp Thuringe, qui devin-
rent de puissants seigneurs. Le margraviat orien-
tal devint l'origine de celui de Lusaie. Entre ces
di'ux pays se trouvaient les margravi s de Misnie,
chargés de la dérense de celle frontière contre les
Slaves; les hourgravcs de Misnie, dont le devoir
éiait d'administrer la justice dans leur arrondisse-
ment, comme les avoyers de Plauen l'exerçaient
dans le leur. Les provinces qu'on appria p;ir la suite
basse Saxe et Wcsipbalie, formaient alors le duché
de S.ixe, un des pins pr^inds fiefs de l'Empire. La
puissance des ducs de Saxe s'accrut à nu'sure iju'ils
réussirent à soumettre les peuples slaves fixés au
nor.l et à l'est. Ils devinrent même formidihles aux
chefs de l'Empire, depuis que les deux duchés de
Bavière et de S.ixe se trouvèrent réunis dons les
mêmes mains. Cet ciat de choses cessa en 1180 par
la proscription de Henri le Lion, duc de Saxe ei de
B iviére. Le fief du duché de Saxe fui alors conféré à
Bern.ird l'Ascanien, fils puiné d'Albert l'Ours, in-.ir-
grave de lirandebourg; mas il ne put se mettre en
possession d'.iucone des provinces qui avaient ori-
ginairement constitué le dut hé de S.ixe, et dm se
con:enter d'un simple liire. Soi père Alhert l'Ours
lui ayant la ssé le territoire et la vilie deWittenhcrg
qu'il ;ivail conduis >nr les Slavfs ou Weudcs, il at-
tacha à ce distiict le titre de duché de Saxo, clungé
ensuite en celui U'élecio. al, ainsi que la dignité de
coiuie palatin. Son (ils Alberi y joiguit encore le
district siiué au nord de l'Elbe, entre le Hol-teiu et
le Micklenlionrg, et q<ii avait appartenu à llenii le
Lion, soit comme partie de son duché, snit pour
l'avoir conquis sur les Polabes. Jean et Albert II,
fils d'Alhiit l"-', partagèrent li succession paternelle,
et donnèrent ainsi naissance à deux duché-^, appe-
lés l'un du;hé de Saxe-Lauenbourg, et l'antre du-
ché de Saxe propremejit dit, qui ne se composait que
du territoire de Wittenberg, que d:iiis ce dernier
temps on nomma le cercle électoral. Les descen-
dants d'Albert 11 s'éteignirent en 1422. Le duché ou
éleciorat de Saxe aurait dû passer alors à la branche
de Lanenbourg ; mais l'empereur Sigismond en dis-
posa autrement. Il le coniéra à Frédéric le Belli-
queux, qui était à la fois nwrgravc de llisine et
landgrave de Thuringe. Celle famille descend des
anciens comtes de Weitm, dont les domaines étaient
situés sur la Saale, et qui, comme tant d'antres mai-
sons, dérive du fameux Winekind. liedon, comie
de Wcttin, mort en lOGS, se distingua comme mili-
taire. Un de ses descendants , Conrad, fut nommé en
. 1127 margrave de Misnie, et en !l3t) margrave de
la Mai ci e orieniale «lu de la bassi^ Lnsace '.sa fa-
piille perdit ccpcodaot (e dernier fief. Ib-nri l'Illustre,
piargrave de Uisuie, liéiiia ea Hii ic Jandgiaviat
de Thuringe de son onde maternel Henri Raspoii ,
anti-empereur, ou plutôt il y succéd i en venu d'une
expectative que sa maison avait oblenue en 1212 de
l'empereur. Frédérie le Belliqueux, auquel Sigis-
mond conféra en ' <;2 i'éiccloral de Saxe, réduit au
seul cercle de Wiaemberg, descendait de Henri
l'Ilhisire au cinquième degré. H possédait par sa
mère ce qu'on appelle aujourd'hui le duché de Co-
bourg. Ainsi l'électorat de Saxe prit à peu près l'é-
tendue qu'il eut av;int la réformaliou , et le nom de
Saxe se trouva attaché à un pays où il n'y avait au-
cun descendant des anciens Savons.
Ernest et A'bert , (Ils de Frédéric h' le Débon-
naire, ei petits- fi's de Frédéric I" le Bclliipieux , de-
vinrent les fondaieurs des deux lignes de la maison
de Saxe ( ncore exislantes. Ernest l'aîné eut la di-
gnité électorale avec le cercle di> Wiitenberg auquel
elle était ail 'chée, ainsi que la plus grande pariie
de la Thuringe, le Vogiland (faisant partie de la
Misnie) et Colionrg ; Albert eut le reste de la .Vlisnie
avec une petile partie de la Thuringi-. Jean-Frédéric
le Magnanime, petilfils d'Ernest , lui dépouillé en
l.'jiT pur Charles-Quint de la dignité électorale, qui
fut transférée sur Maurice , pelit-fils d'Aihert, et
aprè> sa mort sur son fière Augusie , dont les des-
cendants l'ont conservée jusqu'à ce qu'ils l'échangè-
reni contre le titre royal. Néanmoins les fils de Jean-
Frédéric le Magnanime ne lurent pas enlièrement
privés de leur I ériiage ; en conformité de diverses
transact'ons, la ligne Albertine leur abandonna une
partie considérable de la Thuringe.
Mitison royale île Saxe, ou ligne Albertine ou cadette
de la maison de Misnie. — Auguste, second électeur
de Saxe de la ligne Albertine, acquit une partie du
roimé de llenneherg. Jean-George I*', son peiit-flls,
obiiiit en 16"5 par la paix de Prague la principauié
de Qoertfuit rt les deux Liisaces, cl par la paix de
Wcsipbalie les évèchés de Mersebourg ei de Naum-
bonrg, on pluiôl les moyens de les réunir p:ir la suite
à sa maison. Ses fils formèrent quatre branches,
l'aînée nu électorale, la seule qui se snit perpétuée;
la braiirhe de Querfurl ou Weissenfels, qui s'est
éteinte en ili6; celle de Mersebnurg, ipii a duré jus-
qu'en 1738, et celle de Naumbourg-Zeiiz, qui a cessé
de régner en 1718. Ainsi toutes les possessions de la
ligue Albertine se trouvèrent de nouveau réunies en
1746 siiiis le sceptre de l'électeur Fiédéric-Angnste,
qui, ainsi qu-; son père, avait éié élu roi de Pologne.
— L'électeur de Saxe, le troisième parmi les élec-
teurs séculiers, était revêtu de la charge d'archi-
inarécbal de l'Empire. En sa qualité de comte pala-
tin de Saxe, il était, pendant les vacances du trône
impérial, vicaire de l'empiie dans les pays soumis
au droit saxon. Quoique caiholique depuis 16J7, il
dirigeait comme chel le corps évangélique à la diète.
— L'électeur, aujourd'hui roi de Saxe, ne fut pas
du nombre des princes qui anéantirent la eonslitu
lion germanique par l'acte du 12 juillet !;sOti. il ij/^|
ac.éda que le il dceembrc ItiOti, et prit alors k tij
73^
DICTIONNAIRE DE GEOCRAPniE ECCLESIASTIQUE.
736
de roi. En ',807 il fut nommé duc de Varsovie. Les
évciienionis de 1813 ne le déponillèreni pas seule-
ment do celle acquisilion, mais il perdit même, par
les décidons du congrès de Vienne, une grande par-
tie de son royaumo. Il entra en 181d dans la confé-
dération germanique, où il occupe la quatrième
place, et dans l'assemblée générale il prend la troi-
sième, et jouit de quatre suffrages. \
Le royaume de Saxe, dans ses limites actuelles, a '
une surface de 538 m. c. g., ou 939 1. c, avec
une popnlaiion de 1,752.044 âmes : c'est par consé-
quent le plus petit royaume aujourd'hui existant.
Ses revenus peuvent se monter à £9 millions de
francs. Le roi est catholique et réside à Dresde,
belle et grande ville sur l'Elbe, ay:int 76,000 habi-
tants.
La Saxe, située entre les 50° et 51° 2ir de lat.
nord et les 9° et 15» de long, est, est bornée au
nord et ii l'est par la Prusse, au sud par la Colième,
à l'ouest par la Havière, la principauté de lîençs, des
parties de Saye-Wcimar et de Sase-Cdlmurg-Gotha,
et les Etals prussiens. L'Elbe, la Mdide, la PIciss,
l'Ester, la Sprée l'arrosent. Ce royaume, riche en
produits d'agriculture et de niinér;ilogie, jciuit d'un
climat si doux qu'on fait du vin dans la Misnie. L'as-
pect de ce piiys, surtout au sud, offre une agréable
variété de sol par ses coteaux et ses valhnis. La
parlie septentrionale est unie. Les environs de Meis-
sen et de Dresde rivalisent avec le nord de l'Italie.
Les plaines et les vallées, bien cultivées, produisent
blé, orge, avoine, et autres grains, houblon, tabac.
La Saxe possède presque ions les minéraux connus,
savoir : argent, plomb, cuivre, éiaiii, fer, cobalt,
houille et bois fossile, soufre, vitriol, .dun. C'est
principalement dans l'Erzgcbirge et le Saxenbausen
qu'on les exploite. Ce pays abonde aussi en topazes,
améthystes, calcédoines, cornalines, agates, jaspe,
serpentines, asbesie, amiante, beaux marbres, albâ-
tre, evcelleute ttrre de porcelaine. L'industrie, très-
active, comprend des inanufa-^tures de toiles, étoffes
de laine, coton, cuir, papier; les exportations con-
sistent dans les produits des mines cl des fal)riques.
Leipsick est la principale place de commerce. Par
l'acte de congrès de Vienne, du 9 juin 1815, le roi
de Saxe a perdu environ la moitié de ses Etats, qui
ont été cédés à la Prusse. En vertu du traité île Til-
sitt, du 9 juillet 1807, la Prusse lui avait cédé, h
l'exception de quelques districts, toute la partie de
la Pologne qu'elle avait acquise en 1772, 1795, 179o,
et qui fut érigée en grand-duché de Varsovie. Par
le lr:iilé de Vienne, du 14 octobre 1809, ce grand-
duché fut agrandi de toute la Gallicie occidentale et
du cercle de Zamosc, dans la Gallicie orientale;
nuis par l'acic du congrès de Vienne, ce grand-
duché revint à la Russie, à l'exccpticjn de celui de
Poseu, qui letourna à la Prusse. On vante l'idiome
de la Saxe comme l'un des plus estimés de l'Alle-
magne, et la littérature est très-cultivée dans ce
fiays.
I Saxe, province d'Allcm.igne (Prusse), bornée au
nord par le royaume de Hanovre et la province de
Brandebourg, à l'est par cette dernière, au sud par
le royaume de Saxe, la principauté de Géra, le
grand-duché de Saxe-Weiniar et celui de Saxe^Io-
bourg-Golha, à l'ouest par la Hesse Electorale, le
royaume de Hanovre et le duché de Brunswick; elle
a 240 kil. de long sur 220 kil. de birge. La partie
septentrionale, quoique généralement sablonneuse et
couverte de bruyères, produit cependant seigle,
orye, houblon, pommes de terre. L'ancien duché de
Magdebou'g, abondant en grains, bois, lin, garance,
fournil aussi aiiis, cumin, sel, potasse, amidon, huile
de navette, savon. Il a des prairies arrosées par des
canaux, et où l'on élève un grand nombre de bes-
tiaux. La province de Saxe renferme, outre plu-
sieurs autres pays, celte partie de la Saxe que la
Prusse a acquise par l'acte du congrès de Vienne,
et qui comprend environ la moitié de l'ancien
royaume de Saxe. Elle forme les trois rég. de Mag-
debouig, Mersehouig et Erfurl. 1,496,240 habi-
tants.
Maisons grand'diicale et ducales de Saxe, ou ligne
Eniesliiie ou nince de la tnaisnn de Misnie. — Les mai-
sons grand'ducaie et ducales de Saxe descendent
d'Ernest, (ils aine de Frédéric le Débnnnaire, et de
son petit-fils, Jean-Frédéric le Magnanime, dernier
électeur de Saxe de la lii;ne Ernesiine. Leurs pos-
sessions consistent : 1° dans la plus grande partie de
la Thuringe que l'électeur Auguste abandonna par la
transaction de Nauuihourg de 1554 aux fds de Jean-
Frédéric; 2° dans la plus grande parlie du comté da
llenneherg en Franconie, qu'ils obtinrent en 1.583 à
l'extinclion des anciens comtes de Heimeherg;
3° dans les acquisitions que les branches de Weimar
et de Cobourg oui faites en 1815. Toutes ces posses-
sions ensemble ont une surface de 176 m. c. g.
(489 I. c.) et une population de plus de 600,000
âmes.
La maison Ernesiine de Saxe se divise en deux
lignes principales, celles de Weimar et de Goilia,
dont les sou<lies sont Guillaume et Ernest le Pieux,
(ils de Jean, lequel était petit-fils de Jean-Fréiléric
le Magnanime. Tous les princes de cette maison sont
luthériens.
Les ducs de Saxe ne sont entrés dans la confédé-
ration Rhénane qu'après les événements malheureux
de la (in de l'ar.née 1866. Ils sont membres de la con-
fédération germanique, où ils ont la douzième place :
h l'assemblée générale, chaque branche a une voit
particulière.
Ligne de Weimar. — La ligne de Veimar se divisa
en 1662 en trois branches, dites de Weimar, Kise-
nacb et Jena ; mais la dernière s'éteignit dès 1690, et
celle d'Eisenach en 1741. La lirauclie de Weimar,
qui seule a survécu, possède les principauiés de Wei-
mar et d'Eisenach, une partie du ducJié d'Altenbourg,
et une partie du comté de Heiuieberg, auxquelles il
faut joindre les acquisitions faites par suite du con-
151 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
738
grès de Vienne. Le chef de la maison a pris en 1815
le tiire de grand-duc. Ses Etals ont anjourd'liiii une
surface de 66 m. c. g. (183 l.c.) el une population de
2-i5,0004mes. Les revenusdu grand-duchéseinonlent
à 1,500,000 reiclisthalers ou -4,900,000 fr. , dont
500,000 reichstlialers, provenant des domaines du
prince, sont administres par sa ciianibre des (inances
et employés à l'entretien de la cciur, des fonctionnai-
res publics, de l'université de Jena, etc. Les autres
800,000 reicli^halers proviennent des contributions
et sont administrés par le collège des Etats.
Le grand-duc réside à Weimar, ville de la Thuringe
qui a été rendue célèbre par les écrivains les plus dis-
tingués de l'Allemagne contemporaine, et qui compte
plus de 10,000 habitants.
Ligne de Gotha, — Ernest le Pieux, souche de
cette ligne, laissa sept fils qui se parl.tgèreiil la suc-
cession paternelle, et formèrent autant de branches,
dont il n'existe plus que quatre, iiu'on nomme Gotha,
Meinungen, Hildbourghausen el Cobourg. 1° La bran-
die de Gotha possède la principauié de Guiha avec
la seigneurie supérieure de Kranichfeld et le comté
supérieur de Gleicben, la majeure partie de la prin-
cipauté d'Altenbourg, el un district du comté de
Henneberg. Ses possession j ont une surface de 55 m.
c. g. (152 I. c.) et une pnpulaiion de 190, OuO âmes.
Les revenus du duc sont estimes à un peu plus de 3
millions de fr. 11 réside à Gotha, jolie pcliie ville de
la Thuringe. 'i° La branche de Jkinungen, qui s'ap-
pelle aussi Cobourg-Meinungen, piirce (iiTello a hé-
rité d'une partie de la succession de la branche de
Cobourg, laciuelle, fondée par un des fils d'Ernest le
Pieux, s'est éteinte avec lui en 1099. Les possessions
de celte brandie, qui consistent dans une partie du
comté de Henneberg, onl une surface de 18 m. c. g.
(50 l.c.) ut une population de 130,000 âmes. On estime
ses' revenus à 700,000 francs. Le duc réside dans la
petite ville de Meinungen. 5° Les possessions de la
branche de Hildbourghausen, se coniposaicnt de la
moitié de la principauté de Cobourg ou de la princi-
pauté de Hildljourghausen, et d'une irès-peliie parcelle
du comté de Henneberg. Elles n'avaient que 11 m. c.
g. ("0 I. c.) de surface et une population de 55,000
âmes. Les revenus du duc étaieni 100,000 fr. environ.
Celle branche étant éteinte, le duché a été réuni à
celui de Sae-Meinungen,qui est désigné sous le nom
de Saxe-Meinungen-Uildbuurghausen. l°La branche
de Cobourg descend de Jean-Ernest , septième fils
d'Ernest le Pieux, qui obtint, dans le partage de la
succession paternelle, la partie méridionale de la
principauté d'Altenbourg; elle portait d'abord le nom
deSaaIfeld, el prit celui de Cobourg ou de Cobourg-
Saalfeld depuis la mort du secoiid fils d'Ernest le
Pieux qui avait eu Cobourg et ne laissa pas de fils.
Elle possède la principauté de Saaifeld, qui fuit partie
de celle d'Altenbourg ; celle de Cobourg, une partie
du comté de Henneberg; le tout ayant 20 m. c. g.
(72 l.c.) el80,00a habitants. La seigneurie de llaum-
liolder sur la rive gauche du Rhin, que le duc avait
obtenue en 1816, a été cédée, au mois de décembre
1818, à la Bavière. On estime les revenus à
1,200,000 fr. Cobourg, la résidence , a 9800 habi-
tants.
Saxum Glaciale, le Spilzbirg, dans la mer polaire
Arcti(ine, nommé quelquefois Groenland oriental. Le
nom de Spiizherg esl pris des rochers escarpés qui le
bordent. Le Spilzlierg coiniirend trois grandes lies
et un nombre considérable de petites. La gramle ile
propremenl dite est séparée par des détroits de l'ile
du sud-est el de celle du nord-est. La presqu'île
orientale de la grande île se nomme Nouv.-Friziande.
Ces îles sont situées entre 70° 30' et 80* W de lat.
nord , et etitre 6° 25' et 20° 30" de long. est. Leur
surface est de 2870 lieues carrées. Vers la pointe
nord-ouest on trouve les restes de rétablissement des
baleiniers hollandais, nommé Smeevenborg. BarenU
découvrit le Spitzberg en 159G. Les montagnes du
Spilzberg, couronnées de neiges perpétuelles el
llanquées de glaciers, réllécliissenl de loin l'aurore
boréale, ou la lumière du nord. On les distingue à
une grande dislKiice, ii cause de leur hauteur pro-
digieuse ; et comme leur base gît au niveau de la
mer, les baies, ks vaisseaux, les baleines, tout pa-
rait dans leur voisinage d'ime extrême petitesse.
Dans celle région, le jour esl de cinq mois, et forme
l'été; le coucher et le lever du soleil distinguent les
deux saisons. Vers le midi de ce jour, ou au milieu
de l'été, la chaleur constante du soleil échauffe un
peu avant cette terre glacée ; le goudron des vais-
seaux fond, et cependant on ne voit pousser qu'un
très-petit nombre de plantes, savoir : du cochléaria,
des renoncules et des joubarbes. Les golfes el les
baies abondent en fucus el algues d'une dimension
gigantesque : une espèce a 200 pieds de long. On
voit dans ces parages bondir les phoques, les chiens
de mer ; la baleine, qui lance des jets d'eau par ses
vastes évenis, ressemble à un banc llottant sur lequel
divers crusiacées ei mollusques fixent leur demeure;
m;iis elle est souvent blessée à mort par le narltval,
nommé unicorne de mer, à cause de la perte habi-
tuelle d'une de ses défenses liorizoniales. La baleine
succombe aussi souvent sous les coups d'une espèce
de dauphin, nommé Vépée de mer, qui lui arrache
des morceaux de chair, et qui cherche surtout à
lui dévorer sa langue. Au milieu de tous ces animaux
marins, on aperçoit l'ours polaire, quadrupède re-
doutable, vorace et sanguinaire : lanlôt sur un ilor
de glace, et tantôt nageant, il poursuit tout ce qu
respire, dévore tout ce qu'il rencontre, et s'asseoi! ,
Cil rugissant de joie, sur un trophée d'ossements ' ,'t
■ de cadavres. Le morse ou hialross, armé d'énormja
défenses dont l'ivoire est caché sous une couche de
limon de mer, gritnpe aux rochers. Les animaux
terrestres sont le renne timide, qui broute la mousse
des rochers ; le retmrd, et d'innombrables ciseaux
de mer qui viennent pendant quelques moments peu-
pler ces îles solitaires, el se retirent dès q»e le jour
polaire linil. Les Russes d'Arklianger onl formé des
739 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
élablissemenls pour la chasse en plusieurs endroits teniioii. L'Icôlel de ville
du S|riizberg. Des navigateurs de diff^Teiits pays vont
pécher les baleines, qui comnienceiil h ère moins
nodihriuscs sur los côtes ilu Spiizberg. La baleine
ressemlile à la iu»rue, i|uaiit à la (orme ; elle a les
yeux petits, la peau du dos brunâtre et marbrée, le
venire blanc, et deux trous .>ur la lête, par lesquels
elle rejette Tcau iiu'elle pompe eu respirant. La le-
nielle produit queliiuefois deux baleines de li niêiiie
portée ; et une b ileine, .tu inomcnl de sa naissance,
a environ 10 pieds de longueur. Le morse est plus
nombreux et plus facile àailaipier. Sa peau, qui sert
à suspendre les voitures, et ses dents, plus coui|)ac-
tes que celles de l'éiépliant, S(int des objets qui at-
tirent souvent au Spitzberg des colonies temporaires
russes. Celte région polaire offre encore une curio-
sité : c'c^l la prodigieuse a'.)Ondance de troncs d'ar-
bres que la mer apporte sur ses côtes et sur les ter-
res arctiques voisines : les baies en sout remplies.
Ces troues par.iisseut avoir été entraînés par les
grands fleuves d"Asie et d'Amérique. Les uns sont
apportés du golfe du Mexique par le fameux courant
de Bahuma, les autres sont pousses par le courant
qui, au nord de la Sibérie, porte constamment de
Test à l'ouest. On fait il'excelienls bois de construc-
tion de quelques-uns de ces gros arbres dépouillés
de leur ceurce par le frotieuieut.
Sediiuum, vel Seciodunum, Sion, Siiten , chef-lieu
du canton du Valais (Suisse). Cette ville traversée
par la Sionne, qui se jette près de là dans le Rhône,
est fssise au pied de deux rochers isolés d un aspect
assez sauvage; l'un de ces rochers est couronné d'une
vieille église et du ciiâteau Valérie, qui est encore
habité, quoiqu'il date du temps des Romain:* ; l'auïre
rocher, qui est plus élevé que le preuiier , supporte
sur sa croupe le chiiteau Tourbillon, et sur sa base
celui de Majorie, qui servait autrefois de résidence à
l'évéquc; aujourd'hui ils tombent tous les deux en
ruines. La situation de Sion, dans la belle vallée du
Rliône, à l'endroit de sa plus grande largeur, est une
des plus riantes de la Suisse. Les coteaux de vignes,
les champs bien cultivés, les prairies éniaillées et les
arbres fruitiers dont cette ville est entourée lui don-
nent un aspect extrêmement pittoresque, qui est
même rendu imposant par les montagnes élevées qui
dominent la vallée de tous les côiés. L'intérieur de
Sion est cependant loin de répondre à son extérieur.
Les fossés profonds, les hauts remparts elles fortes
murailles qui ceignent cette ville, les rues étroites,
tortueuses, m;il pavées et sales, qui la traversent, la
rendent sombre et désagréable, en même temps que
le peu de circulation de l'air y rend le séjour mal-
sain. Sion renferme néanmoins uae grande place, ap-
pelée le Graud-Poui, entouré de plusieurs bâtiments
p.irliculiers très-élégants. La calhédraleest d'une belle
architecture gothique. On lit plusieurs inscriptions
roiuaines sur ses n.urs, et son intérieur renferme
quinze autels ei un grand nombre de tombeaux. L'é-
glise de Sainl-Théodule est un monuiuent digne d'ai-
74»
est un beau mor-
ceau d'architecture du moyen âge. Les Calendes,
tour qui date du régne de Chark-magne, ser-
vent aujourd'hui d'Iiabilition aux quatre grands di-
gnitaires du cliapiiie épiscopal. La Tour des chiens
se trouve sur le délilé qui conduii aux ruines du
château Tourbillon. C'est d.ms cette tour que furent
détenus et secrètement mis à m irt, en 1308, vingt
citoyens, boas pairioles, qui «'opp isérent à l'assu-»
jetiissement du Valais, que le due de Savuie av^iil
résolu. L'hôpiial est administré par une prieure et
huit sœurs de la congrégation des sueurs de la Misé-
ricorde, qu'on nonuue ici sœurs Blaucties. Toui ma-
lade, soit de la ville, solide la campagne, et même
louléiianger passant, y est reçu et bien soigné, lin-
niédiaieiuenl hors de la ville on rencontre le cou<
vent des Capucins, habité par dix religieux de cet
ordre; il est lemarquable par sa cbarmante situai
tion.
Sion est le siège du gouvernement de l'évêque et
de son chapitre, et c'est là que résident aussi les fa-
milles les plus distinguées du canton. Néanmoins il
y a peu de sociabilité et encore moins de ressources
dans cette ville, où les étrangers sont cependant ac-
cue Ilis avec beaucoup d'urbanité.
Rien de plus agréable que les sites champét esqui
se trouvent dans le^ environs de Sion. On les par-
court avec délices, comme un j irdin anglais, qui
présente à tout mouieutdes variations nouvelles. Les
promenades les plus intéressantes sont toulelois
celles ijui se rencontrent entre la ville et le Ri.oue,
et celles qu'olTrent les coteaux connus sous le nom
de Mayens de Sion, qui se trouvent au delà de ce
fleuve. On jouit dans les hameaux et dans les mai-
sons de campagne, qui sout situés sur ces coteaux,
d'un air pur et libre, en même temps qu'on plane
sur une campagne riante. Les plus beaux points de
vue des environs de Sioii se découvrent néanmoins
près des châteaux de Valérie ei de Tuurbibon. Le
chemin qui conduit à ce dernier est taillé dans le
roc.
Sion e^t à 6U0 mètres au-dessus du niveau de la
n.er. La population est d'environ 50i)J babitanis. La
ville et le canton sont catholiques. L'évêque, au
moyen âge, éiaitpiince du haut et bas Valais, élcciif
et sullr.igant de l'archevôque de Tarentai^e. Le Va-
lais était allié des Suisses; il a depuis été admis au
nombre des cantons, et fait partie de la Diète fédé-
rale. — L'évèché de Sion date de 581. Avant cette
époque le siège épiscopal élait à Oclodurum. Celle
ville compte dix églises. Les Français la prirent
d'a--saut eu 1798. On récolte du vin dans les envi-
rons. Elle est à iO kil. sud-est de Lausanne, et JO
sud de Berne. Le goitre est une infirm lé commune
dans ce canton, surtout dans le bas Valais; on l'al-
iribue à la qualité de l'eau et à l'uisalubrilé du cli-
mat.
Sextiœ Aquce , Aix, ville de France, chef-lieu de
canton et d'arrond. du dépt. des Bouclies-du-Rliône,
74) GÉOGRAPHIE DKS LEGENDES AU MOYEN AGE.
7i2
sicge d'un évéché nu iv" siècle, érigé dans le viii«
siècle enarcliovèclic, ei auquel on a joint, par le con-
cordai de 1801, cens dWrIosel d'Einhrun. Sicirron-
scripiion renfernie ledeuxiènieei le lroiï.ièniearrond.
didépi. desBouclios-dU'Rliône. Il a pour siiffragants
Marseille, Fréjus, Digne, Gap, Ajaccio, Alger.
Celle ville doit son nom d'Aquw Sextiai au pro-
consul C. Sexiius Calvinus, qui Ta Tondée, ou du
moins qui l'a reiiaurée ei afirandie. Siralion assure
(|iie ce général romain, qui avaii passé les Alpes en
C30 (av. J. C. 123) ei ivaii vaincu près de là les
Sjjyens, y lit bàlir ntie (orlcresse où il mil garnison
romaine pour pié.-erver le lerriioirc de Marseille des
incursions des Gaulois. (Slrab. Geogr. 1. iv. Vicl. et
Epiioin. lib. Lxi Livii; Solin. cap. vin, in fine;
Vell. Paierc, cxterosque romanosscripiorcs liisiori-
cos. Pioléniéc la nomme "lSax« iÉ^Tia iolovix, et
l'Iutarqiie, in ilario, Tôira SsçTÛia.) Cette ville, qui
fild'aboril partie de la Viennoise, soucia méiropole
de Vienne, lut, sous llonorius, réunie à la seconde
Narbunnaise, et devint métrnpo'e ciwie. Elle ne de-
vint métropide religieuse qu'en 878, sous la prima-
lie d'Arles. Le siège d Aix cependant est lieancoiip
plus ancien. Une tradition du pays lui donne pour
premier apôire et cvcque saint Maïimin, un des
soixanle-d luze disciples de Jé^u^-Cl)rist, en lui ad-
joignant pour compagnon de son apost(jlat saint Si-
doine ou Célidoine, qu'on prctemi êire l'aveugle-né
de l'Evangile. .Mais en ISOI, par suite du concordat
passé entre le pape Pie VU et iNapoléon Bonaparte,
premier consul de la république françiiise, l'arche-
véc.bé d'Arles ayant élé supprimé, son titre fut
ajouté àceluid'Aix. Plus lard, le 6 octobre 1822, la
bulle du pape qui lixait les nouvelles limites des dio-
cèses de Fiance attacha encore au siège d'Aix le li-
tre d'Lnibrun, qui en 1801 avait été rèuui avec celui
de Vienne à l'archevêclié de Lyon, l'armi les arche-
vêques d'.iix, on en compte deux qui ïOnl reconnus
pour saints, un pape, huit cardinaux, un patriarche
de Jérusalem, etc.
L'archevêché d'Aix renleruiait jadis 8i paroisses.
Dans l'église des Carmes, on voyait un vieux tableau
peint de la propre m;iin du roi Kené.
Le siige épiscopal d'Aix éla l autrefois placé dans
l'église qui, du nom de Setles epUcopalis, a pris le
nom de >'otre-D.ane de-l:i-Seds. Le cl.apiire l'avait
abandonnée durant les guerres du xi« siècle, pour
aller s'établir dans l'endroit de la vi'le le plus peu-
plé. Il la donna aux Minimes en t.^oC. Les Capucins
avaient dans leur église le Crucifix inexpugnable, fort
célclne dans la ville d'Ax et aux environs. — La
chambre souveraine ecclé-iastiipie d'Aix était une
des Sept qu'établit Henri III en 1S80. Elle avait dans
son ressort, outre la métropole d'Aix, celle d'Arles
et treize autres diocèses : Api, Cap, Fréjus, Riez et
Sisteron , suffragants d'Aix ; Marseille , Toubm et
Orange, suffragants d'Arles; Digne, Glandèves,
Grasse, Senez et Vence, suOragants d'Einbruii, c'est-
à-dire loute la Provence, la principauté d'Orange, et
le diocèse de Gap en Dauphiné. Les diocèses des
villes d'Avignon, Carpentras, Cavaillon et Vaison,
quoique leurs capitales appartinssent au pape, n'é-
taient pas m<iins du ressoude la chambre ecclé-
siastique d'Aix, mais seulement pour les paroisses
sujettes du roi de Fiance. Celle chambre, présidée
pur l'archevêque d'Aix, connaissait de lous les ap-
pels des taxes imposées par les bureaux diocésains,
ainsi que de toutes les sentences de ces mêmes bu-
reaux, dans les cas où la somme dépassait 20 livres.
Elle décidait en dernier ressort et sans appel ulté-
rieur lous les différends concernant les décimes et
les subventions du clergé.
La généralité d'Aix s'étendait sur lous les évêcliès
de Provciice, c'est-à-dire Aix, Api, Arles, Digne,
Fréjus, Glandèves, Grasse, Marseille, Riez, Senez,
Sisieron, Toulon et Vence. Le receveur provincial
d'Aix résidait ordinairement à Marseille. Les rece-
veurs diocésains lui remeltaient les sommes qu'ils
recevaient des bénéliciers ou du clergé de leurs dio-
cèses respectifs. Ce receveur provincial transmellail
ensuite ces diverses sommes au receveur général du
clergé à Paris.
Il s'est tenu à Aix un concile provincial par
et 1 archevêché d Arles ol. Aujourd lui l'on v comme «i i /■- ■ • . .
,...,„„ , . • , '"" "" y '-orapie Alexandre Camiagiuus, archevêque de celle ville
d'uze cures, dont six de nrem ère casse noup / , ■ .^a- .... .
r..rr«,„i ,iù;v ., .■ "*"="""" 'i'-''"'^' V^^r septembre 158oj. Il élait assisté des évêques d'Apt,
larrond, dAix, et dix, dont rois de preni ère ^» r„„ j t>- . , c- „
„i^^^„ ,„ .^1 • ... , ,, .. t""^""^-ie de Gap, de Riez et de Sisteron, ses suffragants, et du
Classe, uoiir e^.lui iIAiIac i ^Qrf/\i,<i:.can^.ir.f ^i»*;- > o » ^v ««
classe, pour celui d'Ailes. I.'arroiidissemenl d'Aix
lenferiKe 61 succursales et celui d'Arles 55. On y
tromcenonire vingt-deux vicariats, chapelles vica-
riaies, etc. Aiv renferme quatre congrégations reli-
gieuses de femmes, autoiisées; les hospitalières de
Notre-Da iie-de-Crâce, les Ursulines, les Carmélites
et les sœurs du Saini-Sacrement.
grand vicaire de l'évêque de Fréjus. Il s'y lit plu-
sieurs règlements de discipline ecclésiastique assez
semblables à ceux du concile de Bourges de l'année
précédente (1584). L'.<rchevêque Iluraut, en I6l2,
assembla les suffragants pour censurer le livre De la
puissance ecclésiastique, d'Edmond Rieher.
L'université d'Aix, élabl;e en 1409 par le pape
Ou conservait dans la cathédrale quelques pré- Alexandre V, et confirmée en 1415 pur Lo ,is II,
cieuses reli(,ues. Le trésor renfermait une statue comte de Sicile, alors comte de Provence, lui ré-
d argent de la sainte Vierge, de grandeur naturelle, lablie en 1603 par Henri IV, roi de France, qui lui
et une rose d'or que le pape Innocent IV avait en- accorda de nouveaux privilèges, approuvés et aug-
voyée a Raymond Bérenger, comte de Provence (1). mentes encore par Louis XIII en 165-2, et par
iJ' n.^''Il^-T^''*^ "."® f' '^I'"®* ''"^ '"^ l'^P^ "Jénit à celui des princes ciiiéliens qui a le mieux mérité
tous les ans, le dimanche de Lœlare, et qu'il envoie de la religion d.ms rannée qui vie.il de.^S'écoulér
{y Ole de /ou.eur.J
745
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Louis XIV en 1660, 1683 et 1712. Elle éiait com-
posée de trois nicullés : Iliéologie, jurisprudence et
niédi'ciiie : l':>rclievéqiie d'Aix en était le chauce-
lier-né. Aujourd'hui l'académie d'Aix, substituée à
l'ancienne université, comprend les dépariemenls
des iJouches-du-Rliône, des Basses-Alpes, du Var et
de la Corse. On y compte, à Aix, une faculté de
théologie et une de droit; à Marseille, un collège
royal. Dans le ressort : seize collèges communaux,
Cinq institutions, quarante et une pensions, deux
écoles normales primaires, 1659 écoles primaires.
Les curiosités principales de ceite ville .^uj^mr-
d'hui sont la cathédrale (au titre de Saint-Sau\eur-
de-la-Transflguratinn) ; son bapuslère ociogone ,
qu'on croit avoir été un temple d'Apollon, est un
des plus préi;ieux restes de son antiquité païenne;
la Tour de l'iloi loge, la Foni.iine de l'hôtel de ville,
avec sa colonne antique de granit; l'oLélisque de la
place du Palais, les greniers publics, ornés d'un
ironion remarquable de Chastel ; le nouveau Palais
de justice, bàli sur l'emplacement de l'ancien, et
plusieurs monuments romains. L'église gothique de
iSaiut-Jean, qui était autrefois possédée par l'ordre
de Malte, renferme les tombeaux de plusieurs comtes
de Provence. On remarque encore le Cours oii se
trouve la .statue du roi René, dont la mémoire est
restée populaire dans les provinces jadis soumises à
sa doute et paternelle domination. Cette statue fut
élevée en 1819. La bibliothèque de la v.lle, dite de
Méjaies, est célèbre, et mérite de l'être, par le choix
et le nombre des volumes et des manuscrits qu'elle
coulient. La population d'Aix est de 27,000 hab.
On l'a surnommée l'Athènes française. La Martiniére
aflirme avec naïveté qu on trouvait a Aix de son
temps des gens de mérite : nous n'en doutons point,
mais ((uand il ajoute que le plus renommé des cabi-
nets d'antiques de la ville avait été rassemblé par
un maréci;al-ferrant, nommé Reboul, ce nom, peut-
être un peu altéré pur l'illustre géographe, nous a
rappelé Celui du poétique boulanger de Nimes; et
nous avons conclu que la Piovence, qui s'était plu à
faire germer un antii[uaire sous le tablier du for-
geron, n'en éiait pas à son premier miracle quand
elle fit naitre à l'ombre du pétrin ce poète de pre-
mier ordre qui laisail des pains, et qu'on avait pris
d'abord, à Paris, pour un boulanger qui faisait des
vers.
A •ikil. ouest de cette ville, on trouve la vallée
pittoresque du Tholonel, semée de ruines romaines,
et au delà le mont Sainte-Victoire (haut. 1000 mè-
tres), ainsi nommé de la vicioire remportée tur les
Cinibres et les Teutons par Marius, 102 ans avant
Jésus-Chrisi. Cette bataille est connue sous le nom
de balailU d'Aix.
Silva Jorena, vel Jolremis , Jouarre, paroisse du
diocèse et de l'arrond. de Meaux, canton de la Ferit-
soiis Jouarre , départ, de Seine-et-Marne. — Ce fut
au cummeocemeui du vu' siècle que saint Colum
TU
ban, chassé du royaume de Bourgogne, et cherchant
un asile à la cour d'Austrasie, passa dans le village
d'Ussy. Il y fut bien accueilli par Authaire, seigneur
du lien. En reconnaissance le saint bénit Auiliaire
et ses deux enfants, Adon et Oadon. Dagobert \" ,
qui régnait alors, honora les deux jetiiies gens de sa
bienveillance , et leur cinfia les premières charges
du royaume. Mais Adon, bientôi dégoûté des vaines
pompes du siècle, résolut de consacrer le reste de
ses jours à la prière. En conséquence il bâiit un
monastère dans l'épaisseur des bois de Jouarre ,
nommés Joranus saltus ou Sika Jotrensis , qui lui
appartenaient , s'y retira et rompit tout commerce
avec les hommes , pour n'avoir plus de société
qu'avec Dieu. Son exemple eut des imitateurs. De
jeunes seigneurs abandonnèrent la cour pour suivre
Adon dans sa retraite ; de ce nombre furent Agil-
bert, qui occupa depuis les sièges épiscopaux de
Dorchester, en Angleiene, et de Paris; et Ebri-
gisile, qui fut évèque de Meaux. Quelques femmes
marchèrent sur les traces de ces saints personnages.
Elles étaient, pour la plupart, les parentes du Ion-
dateur ; elles mirent à leur léie une leligieuse de
Faremouiier, nommée Thelchilde ou Tliéodechilde,
qui était sa cousine germaine. Ainsi, dans son prin-
ci|ie, le monastère de Jouarre renferma des reli-
gieux et des religieuses. Rien n'était plus fréquent
que ces associations pieuses, et elles avaient lieu sans
produire le moindre scandale. — Aux pieux soli-
taires qui babitèrenl d'abord la retraite de Jouarre ,
succédèrent, dès le vu' siècle, des moines qui veil-
laient aux besoins spirituels du monastère , mais
sous la domination des religieuses. Dans le commen-
cement du xiii= siècle, ces moines avaient eux-
mêmes èié remplacés par des clercs séculiers qui
prirent bientôt le titre de chanoines, ou du moins à
quiles religieuses confèrèrentce titre, sans doute pour
donner plus d'éclat à leur couvent. Mais, dans le xv"
siècle, les chanoines prétendirent qu'ils remplaçaient
les anciens fondateurs, et résolurent de s'emparer du
monastère , d'en chasser les religieuses, ou, tout au
plus, de ne les y tolérer que comme leurs subor-
données.... De là naquit un malheureux procès qui
dura plus de trois cents ans, et ne fut terminé qu'en
170i. Défenses furent faites aux chanoines de pren-
dre à l'avenir d'autres tiires tjue celui de chapelains,
ei de se considérer autrement que comme les dé-
pendants des dames de Jouarre. Ces danies eurent
aussi un long procès contre les évêques de Meaux :
elles se croyaient exemptes de la juridiction épisco-
pale, pensant que leur monastère relevait immé-
diatement du saint-siège. Cette discussion, qui avait
commencé dans le xiii' siècle, ne fut terminée qu'en
1690, sous Bossiiet. Ce prélat obtint un arrêt du
parlement qui le maintenait, lui et ses successeurs ,
dans le droit de gouverner le monastère de Jouarre
et d'y exercer la juridiction épiscopale sur l'abbesse,
les religieuses, comme sur le clergé, le chapitre, !■:
curé, le peuple et la paroisse du bourg.
745 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOVEN AGE
Un ancien nnleur (1) prétend que, quand Adon
fonda son monasière dans ce lien, Jouarreétail une
relraiie de voleurs ; ce qu'il y a de certain, c'est que
l'existence de l'albaye précéda celle de la commune
qui ne consisia d'ahnrd que dans les hal)ii:itions des
gens (|ui servaient au couvent. Selon le plus grand
nombre, le nnm de Ji'uarre dérive de Jovis ara ou
Jouis airum ; mais s'il n'est pas liors de vraisem-
blance que l'on ait édifié un autel ou im temple sur
une colline , au milieu d'une forêt, puisque tels
élaieni les lieux que les anciens affei tionnaient pour
offrir leurs sacritices , il est au moins douteux que
l'amel ait été primilivemenl consacré à Jupiier ; car
le culte de celle divinité ne s'est introduit dans les
Gaules (|u'après la conquête de Jules César. Nos an-
cêtres, dans leur langage ludesque , appelaient Teu-
taiés le maître du tonnerre, et il n'y a rien dans ce
nom qui ressemble i\ celui de Jouarre. Enfin les plus
anciens auteurs appellent ce lieu Joirum et Joranus
jn/(Ht, ce qui annonce un pays couvert de bois.
Jouarre paraîtrait n'être qu'une corruption de Jo-
ranus.
Le bourg de Jouarre est situé au sommet d'une
nion!»grie, dont le Petit-Morin environne la base, de
l'est ;iu nord. De ce point on découvre un horizon
immense, et la vue plonge sur un des plus riches ,
des |ilus variés et des plus agréables paysages de
la I{rie. Le bourg conserve encore beaucoup de
traces de sa gothique origine ; l'on y voit plusieurs
maisons dont le premier étage, avançant sur la voie
publique, supporté par de massifs pilastres ou par
des piliers, forment une sorte de galerie bnsse à
l'instiir de celle qne l'on nomme les Piliers des Hal-
les, à Paris. — La principale place est très-irrégu-
lière et assez vaste ; les rues sont étroites et mal
alignées. — L'église paroissiale est un édifice du xv'
siècle ou à peu près ; c'était une collégiale desservie
par treize chanoines, à la nomination de l'abbesse
du monastère. Le curé avait la première dignité. Les
chapelains de l'abbaye formaient une communauté ;
ils jouissaient d'une partie de la dîme et de la sei-
gneurie de Jouarre. Dans l'ancien cimetière de cette
église est r^miique monument connu sous le nom
de Saiiiie-Chai elle de Jouarre ; c'est nn petit édiOce
en forme de crypte , auquel est adossée une autre
chapelle souterraine. On y descend par un degré de
cinq marches, qui conduit à un parvis soutenu par
des murs en terrasse, de là on parvient dans l'en-
ceiute par un autre degré de neuf marches. La
voûte est supportée par six colonnes corinthiennes ,
ëonl deux sont d'albâtre cannelées, deux de jaspe ,
et deux de porphyre; toutes surmontées d'une cor-
niche d'un dessin différent. On y entrait jadis du
couvent par un long souterrain éclairé par deux
soupiraux. On prétend que les premiers chrétiens
se rassemblaient dans ce lieu pour y célébrer les
mystères, et que plusieurs y souffrirent le martyre.
Cette enceinte renferme sept tombeaux que l'on
(!) Yefes, Chronique de Saint-Benoit.
DlCTIOUNAIBE DE GÉOGRAPHIE ECCL. II.
74«
croit être ceux du fondateur du monastère , de
sainte Ti Ichide et d'autres saints personnages. Cette
chapelle était recouverte par une église qui éiait, à
ce que l'on assure, l'ancienne paroisse du bourg.
Elle siihsisiait en 155'); mais, en 1G92, on en eiil>;va
l'autel afin de forcer les chapelains à de^cendra
dans les chapelles souterraines pour y célébrer la
messe. Il se fait encore, le mardi de la Pentecôte,
à cette cli;ipel!e, un pèlerinage où se rassemble un
grand concours de peuple. — L'église de l'ubbaye
était longue et étroite ; elle avait été détruite dans
les troubles civils ; rebâtie de nouveau, elle fut dé-
diée, en 1588, par Henri le Mignon , évèque de
Digne. En 1155, il se tint à Jouarre nn concile cen-
tre les meurtriers de Thomas de \illeneuve, prieur
de l'abbaye Saint-Victor de Paris, V é prés de Gour-
nay-sur-Mariie , par les neveux de Thibauit , ar-
chidiacre de Paris. Ce concile, auquel assistè-
rent les archevêques de Reims , de llouen , de
Tours et leurs sniffragants , fut convoqué par
Geoffioy, évè|ue de Chartres, légat du saint-
siége , à la sollicitation d'Etienne, évêque de Paris.
— liii 1572, Chai lotte de Bourbon , fille de Louis de
Bourbon, onzième du nom, duc de Monipensier,
et de Jacqueline de Longvic, treniièuie abbesse de
Jouarre, n'avait point encore fait profession, lors-
que Louise de Longvic de Gigry, sa taiiie, lui rési-
gna l'abbaye. On prétend qu'elle avaii été «menée
à Jouarre quinze jours après sa naissance, mais
que telle était sa répugnance pour l'état monastique
que l'orgueil ou l'ambition de ses parents voubiit
lui faire embrasser, qu'en prononçant ses vœux elle
protesta, par un acte devant notaire, qu'elle n'a;;is-
sait que par contrainte. Les opinions de Calvin se
répandaient alors en France ; Charlotte de Bourbon,
dans le dessein sans doute de recouvrer plus de
liberté, adopta ces opinions , et fit partager sa ma-
nière de penser à plusieurs de ses religieuses. Après
avoir réuni des sommes assez considérables , en
vendant ou en échangeant des biens qui apparte-
naient au monastère , elle s'enfuit secrètement avec
ses adhérentes. Les fugitives se retirèrent d'abord à
Heildelberg , sur les terres de Frédéric III , électeur
palatin , où elles apostasièrent pour embrasser ou-
vertement le calvinisme. Le duc de Montpensier,
zélé catholique , écrivit à l'électeur pour lui rede-
mander sa fille ; mais l'électeur éluda, et, sur la
dem:inde expresse du roi, il répondit qu'il ne con-
sentirait à la rendre que sous la condition expresse
qu'elle aurait pleine liberté de conscience. Mais le
père ne voulut rien promettre. Charlotte passa en-
suite à Brielle, où elle épousa, le 10 jun 1574, Guil-
laume de Nassau , prince d'Orange, fondateur de la
république de Hollande, dont elle fit Is troisième
épouse. Elle devint mère de six filles, dnnt une,
rentrée dans le giron de l'Eglise, mourut en odeur
de sainteié, abbesse de Sainte-Croix de Poitiers,
en 16-iO. — L'abbesse de Jouarre jouissait de plu*
2i
747.
DICTIONNAIRE DE GEOGKAPUlE ECCLESIASTIQUE.
7«
sieurs privilég'^s considérables ; elle était dnrae du
lieu , où ell ■ avait dmit de justice ; elle piéseiitait
à plu.-ieurs cures , dans le diocèse de Meaux et à
quelques aiiires, dans les diocèses de Nuyon, da
Chartres el de Soissons, riouimait de plein droit les
chapelains d'un grand nombre de chapelles, lant
diins le bourg que dans d'auires paroisses. . . Plu-
sieurs faims personnages, et ensuite plusieurs fem-
nies, appartenaiii aux premières familles du royau-
me, ont gouverné ce monastère. L'abbaye de Jv.iiarre
a été supprimée en 1792 ; son église, ses bâti-
ments sont en giande partie démolis ; il n'en re^le
plus que l'abbatiale qui forme une maison particu-
lière. — L'ho<|iicc de Jouarre date d'une haute an-
liqutié , mais on ignore l'époque précise de sa fon-
dation. En 1-228, Tliéubald ou Thibault , prieur
de la Charité, donna, du conseniement des parties,
à la .Maison-Diou de Joiiarie, ce que le monasière
de Ueiiil avait au mouii:i de Comporté. En 1515,
Marguerite, fonn.e de Gaucher de Chàiillon, aban-
donna, par son testament, aux powes de t'ostellerie
Kotre-Da:iie de leurre, vinyl sots. — En lt9(j, on
piignii h cet hospice la maladrerie du Hu de Yérou ;
aujourd'hui qu'il conlient vingt lits, il est desservi
par cinq sœurs de Saint-Vinci'nl-de-1'.itil, qui s'occu-
pent en même lemps de l'insnuction des jeunes fil-
les pativies. Les dames bospit.ilicres acceptent toutes
les charges lorsqu'il s'agit de l'aire une bonne oeuvre.
Avant la révolution, Jouarre éiait le siège d'un
bailliage seigneurial el d'une cliâielleiiie qui ressor-
lissaient au bailliage de Meaux. Il y avait aussi, sur
la commune, trois manoirs léodaux qui éu.if'nt : 1°
celui de Ferreuse, à un quart de lieue sud-ouest de
Jouarre, dans un petit vallon , près de la cninmiine
de Sis<iiy-Signet dont il est séparé par des bois qui
j: igncKi à l'ouest la foret de Mani. L'on y liouve en-
core ui\ étang considérable (jui porte son nom. 2°
Celui de Nolongues, dans le hanit-au de ce nom ,
plus au sud el à une demi-lieue de Jouane, dans
une plaine basse environnée de buis, où se trouvent
quelques étaiii;s, el qui est bornée à l'ouest par le
grand éiang de Yillitrs el celui de Bibejiault. La
ehajellode ce ci.àleau avait été fondée en 1515,
par Ahel le Koi qui en était le seigneur. 5° Enfin
celui de Moras.
On ne compte pas moins d.î douze hameaux qui
dépendent de la commune de Jouarre ; ce sont , au
nord et sur la rive droite du Peiit-Morin , ceux de
Courcelles et de Viiury, placés entre cette rivière et
la grande roule de Paris à Châions-sui-Martie, Uo-
mini el le Monl, au sud-est sur la rive gauche du
Petii-Morin. Les Corh ères , h l'ouest dans une
plaine, au pied de la muniagne de Jouarre. Vo;pil-
lière, à l'es l sur le bord de la route de Pari^ à Cl.à-
loiis. Les Cranils-Carrois, au nord de Nolongues,
et les Petiis-Carruis , plus au nord encore sur le
penchant d'un coteau. Dans cette même plaine
basse entrecoupée de bois, de marécages et d'é-
langs qui environnent au midi la montagne de Jouar-
re, on il cuve encore les hameaux de la Dorde-du-
Bois, rie oii la ville Jourdain, la Maznre-Michel, les
Grands et les Petits Clérels, et les fermes ou h.ibita-
tions isolées de la Cloipieuse , des Grands et Peiits-
Biberiaults, des Laquais, de la Hideuse, de l'Ilôtel-
des-Bois , les Grand et Petit-Belleaiix , etc. , etc.
Enliii, sur le plateau de Jouarre, la ferme de ia
Grange-Grenier ou Gruyère; et sur le bord du che-
min de Jouarre à la Ferté, le cliàieaii de Vanieuil;
auquel on parvient par une avemie de Tilleuls.
La population totale de Jouarre est de 2,880 âmes.
Il se tient dans ee bourg trois foires par an, le mardi
de Pâques , le mardi de la Pentecôte, et le deuï
novembre. H est à 4 kil. sud de la Ferté, à "20 kil.
à l'est de Meaux, et à 61 kil. nord-est de Metun;
son territoire plus étendu au n:idi se compose dfl
terres labourables, de bois, de piairies; il s'y ren-
contre une grande quamiié d'éiangs.
Simarina, Siiimaringen, petite Vrile d'Allemagne,
fbef-lieu de la principauté de Ilohenzollern-Sigma-
ringen, résidence du prinre. Ce bourg est situé sur le
Danube, à !I2 kil. sud de Stntigard. Pnpul. I,6".0 lia-
biianls. Le château, sans être précisément beau, est
vaste et considérable. La pupulalinn de la principauté
est de 57,032 âmes. Les revenus du prinre soDt da
près de 500,000 fr. — La maison de Hnheiizidlern
est la branche aiiiée de la ma'S'>n royale de Prusse.
Tassilon, Ccimle de Zollern, mourut v>rs l'an 800. Ro-
dolp'ie II, qui en descendait dans la neuvième gêné-
raliipn, lai< a deux (ils, Frédéric IV et C 'Urad. Fré-
déric IV héiita des biens paternels ; il est la souche
des prmces de llohenzollern, comme Conrad est celle
des r.iis de Prusse. Eitel-Frédéric IV, descendant aa
huitiènu- degré de Frédéric IV, fut revêtu, en 1507,
de la charge de camerier ou chambellan héiëditaire
de l'empire, que les princes de HoheiitoHern ont
exercée ju qu'à la dissolution du corps germanique. Il
acquit la seigneurie de llaiger^och, eu échange con-
tre celle de R:T>zuns. Charles-Qnint conféra à son
peiil-fils, Charles I*'', les comtés de Sismaringen
el Vœhringeii. Ses deux (ils, Eirel-Frédéiic VI et
Charles II, fondèrent, en 1576, les deux lignes de
lla-chiugen;etSigmaringen, qui se sont perpétuées.
En 16-25 les deux lignes furent élevées au rang de
prince, et en 1653 l'aînée obtint voix el séance à la
diète. Celle de Sigmaringeii ne l'eut qu'en I803.
Les chefs des deux lignes eurent part à la fcn.laiion
de la conféilération da Kliin; celui de la branihe de
Signiaringca obtint à celle époque q;'e'que agraiidis-
seinent. Depuis ce temps tous les membres de la fa-
mille portent le litre de prince, qui auparavant n'ap-
partenait qu'au chef, liindis que les princes puînés £e
qua;i aieut de comtes. Le» p inces de llohenz.dlern
se nomment aussi bour^raves de Nuremberg, il
cause d'une coiifratciiiiié hérédiiaire qu'ils ont cri-
gce en loliô avec la maisun de Uiandehnurg. Ils soat
de la leligio" cathnliq'ie. Les deus liranches appnr-
licuLenl à la cunlédéi al on genuanique, ci occupent,
î« GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
7!i«
»vec les maisons de Lichlensiein, Reuss, Schaiim-
bourg-Lii pe, Lippe ei Wakleik, 'a seizième place à
la dêle; dans ras>cii'.l>lce géucrale, elles ont deux
voix viriles, les vingl-ciuquième et vingi-sepiième.
La principauté de UoliejÉZollern-Hœchingen a une
surface de C m. c. g. (16 I. c.) et une ponulatioii de
14.000 âmes. Oa estime les revenus du prince à
165,900 fr. Il réside à Hœchingen.
Soliiudo Sancta, Aîn-Maùhi, ville frontière du dé-
sert de Sahara en Afrique, place foi le dont l'émir
ési féudataiie de la France. — La chaleur, au mois
de hi:ii, pendant le jour, eit de 40 degrés à l'ombre.
C'est la cité la plus commerciale des confins du dé-
sert, et comme une tribu de Lévi mahoméianc, con-
centrée dans une seule enceinte. — Le marabout qui
la commande n'y souffre, à litre d'babiiant, aucun
étranger. — La cilé que régit le marabout est, pour
les Musulmans, une espèce de commanderie ou chef
d'ordre reli|<ieux ei politique, dont les succursales
sont dispersées dans les villes africaines. — Ain-
Madlii est en quelque sorte la ville sainle de U partie
septentrionale du désert, il court, parmi les tribus
arabes, beaucoup de récits merveilleux qm la con-
cernent. Elle touche par le désert à r.\lriquo cen-
trale dont le plaié^u ne s'élève pas à plus de 400
mètres au-ilessus du niveau de la mer.
Spana Ai/hu, Aigue-Pcrse, peiiie ville du diocèse
de Clermonl-Ferrand , départ, du Puy-de-Dôme,
t'est uii chef-lieu de canton de l'arrond. et à 15 kil.
nord-esi de R:om , qui conipie onz.! con.munes.
telle ville i.st bàiie sur la rivière de Béron. L'église
paroissiale est assez remarquable , et on y vo.t un
tableau qui mérite ratieniiou. II y a une source
minérale ricidule, on y fjbr que de la loik'. Le poêle
). Deiiile e>t né à Aigiie-Perse. Dans les environs se
trouve le château de la Roche, où naqnii le cliancelicr
de ^tlo^pilal. La population est de 4000 babilanis
environ.
I Algue-Perse, paroisse dii diocèse de Lyon ,
départ, du Rliônc, canton, et à 8 kil. nnrd-ouesi de
Monsols, orr>iid. de Villerrancbe, à 40 kil. de cetie
Ville. Il s'y fait un commerce de (il et de bestiaux.
Les babiinnis sont au nombre de l'250.
Siifl'ie.i, les Suanes. D'origine géoigienne ou gru-'
sieniie, ils forment une peuplade de la Circassie ou
Tsclierkessie, dans la Russie asiatique. Outre leur
langage qui est un dialecte grusin, et leur religion,
ils n'ont rion conservé des Géorgiens dans leurs
inneurs. C'est une peuplade malpropre et abandonnée
nu brigandage, à laquelle cejiendant on ne peut dis-
puter le courage. Ils niellent deux ou trois vèle-
nieiiis sales l'un sur l'autre, mais point de chemise ;
la poitrine, l'avant bras cl le genou à découvert
comme les Ecossais; ils portonl une espèce de ta-
blier ; des bandes de draps leur servent de bas et de
souliers; ils ont la léie nue; les cheveux crépus ,
sont couverts d'un bonnet iméréiliicn. Les femmes
portent des surlouls de lin étroits et longs, bouton-
nés par-devant ; leur visage couvert d'au voile épais
ii'a d'ouverture que par un seul œil. Cependant le
Suane conserve le sens dr'iit et ouvert, et développe
des facultés imellecluelles. Il fabrique du gros
drap, des armes et de la poudre h canon, el travaille
tous les métaux dont ses inonlagnes abondent, et
même l'or et l'argeni. Ils cultivent moins le grain :
l'éducation des bestiaux en revanche captive leurs
soins; el ils font écouler les produits de leur S"l et
de leur i idusirie principale dans les places com-
merciales de la mer Moire, ou chez leurs voisins,
avi-c lesquels ils traûquent aussi pour des esclaves ,
ou.s'il se peut, volent p^ur fournir à ces marchés. —
Leur pays, appelé Suaneli, est situé sur les hauteurs
des montagnes du Caucase, entre les Abazes, les Ba-
sianes et les Besiéniens , il'iin côté; et de l'autre,
entre la Jlingrelie, l'iniérélhi et la Gratide-Abazie ,
et s'éleiid à lest jusqu'au pied de l'Elbrouz, au de'à
dui)uel ils habileni encore le village Khulam. On
compte environ 5C00 familles distribuées en races ,
dont chacune a so i chef; au reste ils d meurent
dans de petits villages, ou isniément par familles ;
mais leurs vallées sont les plus inconnues de loules
celles du Caucase. Les Tscherke.-ses appellent les
Suanes Sona, les Basiens Ebae. — Dans cca vallées,
les chefs de f.imille et les nobles accordent ci'pcn-
dant une hospitalité splendide aux voyageurs qui
leur sont adressés, ou qui par hasaid traversent
leur pays. La description de leurs habiijtijns, da
leurs repas, de le.irs usages, rappel'ent ces mœurs
et Cds coutumes féodales des montagnes de l'Ecosse,
avec li»i-qinlles Walter-Scoit nous a famiiiari:és. Les
vastes salles de réception, les lits de cnuip couverts
dé tapis et de (oussiiis, les immenses troncs de chê-
nes rtunis sur le foyer qui oicufie le ceuUe de la
chambre, les bancs longs sur lesquels de nombreux
domestiques viennent manger les énormes morceaux
de gomi (pâte chaude de millet) , le mouton et les
volailles rôties , les vastes t;amelles remplies de
morceaux de chevreau ou de bouc , les Iromages
de lait de chèvre, et les grandes galettes de farine
de maïs, tenant lieu d'assieites et de pain , les serfs
servant d'échansons et versant aux hôtes un vin rude
et vigoureux , soil dans des cornes de touri ( bou-
quetin du Caucase), soit dans des coulas (vases de
bois creusés et garnis d'argent), toute la famille et
les amis participant au joyeux repas , el remplacés
bientôt par la foule des valets et des pauvres ha-
bitants admis à prendre place pour en dévorer les
restes ; toute celle magnificence rustique des chefs
de famille, le caractère généreux, l'ignorance et la
sorte de rudesse qui les distinguent pour la plupart,
retracent cet esprit , ces usages de la féodalité eu-
ropéenne qui s'étaient maintenus presque jusqu'à
nos jours dans l'anlique Calédonie , et dont la pein-
ture imprime aux compositions du barde écossais un
cachet si original.
Sitilta Gen$, la nation Toungoiise. Les Tonngdu-
ses, de race Mandschoue, sont un peuple de la Ras-
sie asiatique; ils s'appellent eux-mêmes Avoénnei
"751
DICTIONNAIRE DE GEOfcRAPHIÉ ECCLESIASTIQUE.
et Donka, fuielqiiefois aussi Toiigboie (hommes) ; les
Osiiaks et les larlnes d'Iéni>séi k. ainsi que les
Russes, les nomniem Touiigouses, ce qui vent dire
pourceaux, en langue tariaie, dénnniinalinn que les
orgueilleux Tariaieslour oui donnée pour liésigner
leur soumission, on peut-être ieiir malprnpreié. Les
Tastes dépens d.>ns lesquels ils nouialisenl aujour-
d'Iiui s'éienderii de Pouesi à l'est, depuis l'iénisséisk,
en traversant la Lena jusqu'à l'Amour, et à la mer
Orientale, du sud au nord. Us occupent du .SS» au
es» lie lat. nord, par conséquent ils n'approchent
point des frontières de la Zungorieou Dzoùngarie,
ni des côtes de l'Océan glacial Arctique. — Ce peu-
ple, très-accomniodani, a admis dans son territoire Ions également de peau, et portent eu outre des bas
752
la pèche. Il< parai^fenl être pes .«en.sibles aux effets
du froid et de la chaleur; ils couvrent leurs lentes
avec des peaux de chamois o<i avec la seconde écor-
ce de bouleau, qui devient aussi souple que du cha-
mois quand elle est roulée et exposée penilant quel-
qiiiî temps à la vapeur de l'eau bonillaiile. — Les
ToiiiigDiises se vêiisseni en hiver .le i eaux de rennes
ou de pe.iux.de mouioiis sauvages, dont la fourrure
est en dedans. Ils ont sur la poitrine une grande
pièc'dela même peau, qu'ils attachent autour de
leur cou, et qui, en s'élaigissnni, torol<e jusqu'à la
ceinture. Celte pièce est bordée très-élégamment, et
ornée de grains de Verroterie. Ils font leurs panla-
les Osiiaks, les Samoièdes et les \'akoutes. Les con-
trées que nous venons de mentionner sont en olus
grande partie situées dans le gouvernement d'Ir-
koutsk; un petit nombre de Toungouses sont regar-
dés comme ét^mi de la prov. de Tomsk. Les Osiiaks
d'Iénisséisk ont lait connaître ce peuple aux Russes.
Au dernier dénombremeni ils consisiaienten 16,000
mâles, et 50,1'00, en comptant les fenimes et en-
fants. Les Toungouses qui iioniadisent vers les côtes
de la mer Orientale, sont connus sous le nom de
Lanwules.
Les Toungouses, d'une taille médiocre et d'une
grande agilité, se distinguent par de petits y^ux et
une physionomie Irès-rianie , par leur clieveliire
noire et longue, qu'ils l;iis=eiii pendre natui' llmient
autour de leur lête, il'une longueur uniforme. Leur
visage est plus l'plaii et plus gros que celui des Mon-
gols. Ils ont peu de barbe, plus eurs n'en ont pas du
tout. Les vieillards conservent longtemps leur fraî-
cheur et toute leur force. Francs, si.;céres, d'un ca-
racière ouvert, et délestant loui mensonge, ils ne
jurent jamais, et croient que leur parole doit suffi-
re. Le vol et la fraude sont inconnus parmi ce peu-
ple. Les Toungouses errent avec leurs troupeaux :
il est rare que leurs tentes restent plus de six jours
au niéine endroit ; il faut qu'ils les changent de pla-
ce, ne fût-ce que pour les pnrter à vingt pas de dis-
tance; mais à la vériié c'est pemlant la .-aison de la
pêche, et dans le temps (|u'ils recueillent des baies
dans les lieux soliinires, éloignés de ceux qu'hubi-
lent les Cosaques. Ils déposent djiis ces enilroiis des
provisions de poisson sec et de halos, qu'ils n)eltent
dans de grandes caisses placées sur des arbres ou
sur des poteaux, afin qu'elles servent, soii à eux-
mêmes, soit à des personnes de leur tribu, lorsqu'ils
voyagent en hiver. Les Toungouses, mêlant les baies
avec de la mousse, ou du lii'licn ruminé par les ren-
nes, en f.int des gâteaux minces qu'ils étendent sur
de l'écorco d'arbre, et qu'ils exposent au soleil et au
vent sur leurs huttes, pour les faire séclii:r. Leur
occupation la plus constante est la chasse, euEuiie
courts, avec des bottes de peau de jambes de ren»
nés, dont le poil est en dehors. Ils se coiffent d'uik
bonnet de fourrure, et ont des gants fourrés. Leur
habillement d'été ne diffère point, pour la forme, de
celui d'hiver; mais au lieu de fourrures ils porlent
dfs peaux tannées. Peu d'entre eux ont embrassé Ift
christianisme; les autres sont pour la plupart riémo-
nolàtriens: ils ont des conjureurs, tt sacrifient aux
mauv.iis esprits (1).
Les Toungouses chassent en général avec l'arc et
la flèche, mais quelques-uns ont des fusils carabi-^
nés. Ils n'enterrent point leurs morts, les vêtissent
de leurs plus beaux h.ibits, les niellent dans unô
caisse bien solide, ei les suspendent entre deux ar-
bres. Ou enterre les instruments de chasse qui ap-
pai tiennent au mort. Lorsrju'il n'y a point de sclia-
man ou conjureur piéseru , cet enterrement se fait
sans cérémonie ; mais s'il s'en trouve un, on immo-
le un renne, on en offre une partie au démon, et
on mange le reste. — La polygamie est en usage
parmi les Toungouses, mais ils ont iouj"Urs une
princ. femme que les antres snul obligées de servir.
La cérémonie de leur mariage n'est autre chose que
l'achat qu'ils font d'une fille à son père. Ils la payent
depuis '2J jusqu'à Uiô rennes, ou bien ils travaillent
un certain laps de temps pour le père. Les fi h s des
Toingouses ne >e distinguent pas par leur cli sielé.
— Les Toungouses se rendent souv<;nt dans les ha-
bitations solitaiies des Cosaques, que le gouverne-
ment enireiient dans divers postes, parce que ccS
Cosaqiiesi leur vendent ordlna, renient enu-de-vie,
aiguilles, fil et autres pot. articles di.nt ils ont be-
snin pour eux et pour leurs femmes, qui les accom-
pagnent presque toujours dans ces courses. Les fem-
mes, chargées par eux de lout le soin du ménage,
se lient le poisson, préparent toutes le^ provisions
pour l'hiver, font les habits, les chemises, travail-
lent les peaux. Elles sont en général jolies jusqu'à
un certain âge, mais les vieilles sont lii.leu-e . —
Ce peuple possède une vue excellente et une ouïe
très-fine. Les indigènes indiquent bien une route
(I) La personnalité du démon, ou d'un mauvais savants aient donné une explication plausible de ce
esprit ennemi de l'Iiomuie, se relfoiive dans les cinq grand lait qui porte avec lui un ciractére mystérieux
parties du monde et sous les diverses laiilmles. Ni.iis ei terrible, oi luéiue qu'ils aient p.ru le comprendre,
n'avons pas vu jusqu'à présent que les lettrés el les (A'ow de Cauleur.)
?55
<4te 100 kil. en faisanl rénuinéralioii des arbres et
'des pierres qui s'y irouveni : ils ne soni pas moins
habiles à découvrir les ir.ices du gibier par l'al-
faissenieDt de la mousse ou de l'berbe qu'il a ira-
wersé.
On distingue les Toungouses en trois espèces : les
ToaDëOu>cs-rennes ; ce sont les nomades du nord ;
«D l' s nomme aussi Toungouses des bois ou clias-
seurs : les Toungouses-cliiens ; ce sont ceux qui
•vivent aux environs de la mer d'Okhotsk et vers le
Kamstcliatka; ils vcjyagent eu traîneaux Iraiiiés par
des eliiens : les Tonngonses à clieval, dans la Danu-
rie, pos>èdent de nonibieux troupeaux de bétes à
cornes et de cbevaux ; quelques-uns même se livrent
à Pagricnliure, et ressemblent beaucoup par leurs
mœurs, usages et costumes, aux Bouriais ; les pet.
chi^fs qn'ds oni s'appellent toîon. Le plus grand en-
nemi qu'aient les Tnungouses, tant ceux du nord
■que ceux du sud, c'est la petite vérole, qui fait, à
certaines époques , des ravages terribles parmi
eux.
Sumatricum , vel Terra Patebani, Sumatra, ou la
Terre de Palembang. C'est une île de l'archipel
asiatique, divisée oblliuemcnt par l'éguaienr en deux
parties égales, et plus occideniale qu'aucune des
autres lies de la Sonde. Elle est comp'ise dans la
division du inonde maritime ou de l'Océanie , qui
porte le nom de Malaisie. La Ti'rre de Paleiuliang
esteile une conquête ou une colonie des Malais?
Nous croyons qu'elle est lune et l'autre. La race
indigène existe encore, elle est refoulée dans l'inté-
rieur de Pile; elle a conservé l'idolàirie. Les Malais
ont reçu la religion musulmane des Arabes. Lorsque
les Porii'g;iis parurent dans les mers de l'Inde ,
rislani existait déjà à Sumatra. Au comuieijcement
du xvii«s.écle,les Hollandais s'emparèrent de presque
toutes les possessions portugaises dans les iles de la
Sonde. Us testèrent nultres de Sumatra jusqu'à la
réunion de la Hollande à la France. Alors, l'Angle-
terre, eu guerre avec l'empire français , prit à son
tour toutes les colonies hollandaises. Elle les rendit
à la p:iix de 1814, sauf Sumatra, (|u'e>le garda jus-
qu'en lb23. A celte époque, le gouvernement anglais
céda Benkœlen et ses autres coloufcs dans l'île à la
Hollande, eu échange des possessions de celle-ci
dans la presqu'île de Malakka. La Hollande a de la
peine à gouverner Sumatia, à cause de l'esprit d'in-
dépendance des indigènes et des Malais; et, comme
elle n'a pas la luissunce de l'Angleterre, elle con-
servera diincilement cette vaste et liclie contrée.
Sumatra fait partie du vicariat apostolique de Batavia
dans l'Ile de Java; maison y cuin|ite très-peu de
catholiques , on y voit même peu de protestants ,
quoique le gouvernement hollanilais favorise le pro-
testantisme par inclin 'tion. On sait du reste que la
Hollande, eu général, se montre peu soucieuse des
progiés de la civilisation chréilenne. Depuis le com-
mencement de ce siècle , les sociétés bibliques ont
répandu des bibles dans les divers cantons de l'ile.
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 754
mais sans aucun succès , bien enic ndu. Sous la do-
mination anglaise, quelques Malais, atiacbés à l'ad-
ministr:itlon, ont embrassé le christianisme. H exista
à Beukœlen un temple où l'on prêche en hollandait
et en malais. Les Anglais avaient fait de cette colonie
un lieu de déportation pour les criminels de l'Hin-
douïlan. On voyait parmi ces déportés une classe
d'hommes particulière, c'éiaient les Slanghiris, c'est-
à-dire des débiteurs sur lesi|uels les créanciers, seloo
les lois de l'Hindousian, ont les droits des maîtres
sur 1 -urs esclaves ; en sorte qu'on les cédait ou qu'on
les louait h volonté à ceux qui avaient besoin d'ou-
vrit-rs. Car les ouvriers sont rares et cheisà Ben-
kœlen. Les autorités anglaises ont restreint ces
droits exorbitants avant la cession faite à la Uul-
lanile.
Sumatra est située entre les 95* et 103" de long,
est. Sa poiiiie septenirionale s'étend vers le golfe du
Bengale; sa côie occidentale est baignée pir la mer
des Indes; vers le sud, elle se trouve sépirée de l'ile
de Java par le détroit de la Sonde ; à l'est, de Boriifo,
et des antres iles par la Chine et la tuer des Indes;
et de la presqu'île de Mahtkka, au nord-est, par le
détroit de ce nom. En longueur elle peiit avoir liSO
kil. sur une largeur moyenne de 220 kil. Chez les
peuples de l'Or. eut en i;énéral, et parmi les naturels
instiuits, cette île esi connue sous le nom de Pulo-
Purkliu, et sous celui d'Indulas : on ignore l'origine
du nom de Sumatra. Marr-Paul l'appelle Java Minor,
et les Javanais la terre de Paiembuny.
En partant de la pointe d'.Achem, jusqu'à l'entrée
du détroit de Banca, la côie nord-est de Sumatra
s'étend sur une longueur de 120J kil. au moins, na-
turclleineni divisée en trois parties; la première, du
détroit de Banca à la rivièie de Reccan, distance
d'en\iron Gt)4 kil., est basse et plaie, sans aucune
montagne visible', arro;ée par un grand nombre de
rivières, ei bordée il'iies d'allnvion considérables et
de bancs de sable. C'est le pays du sagou, ilu raian,
du sang-de dragon et du benjoin. La deuxième divi-
sion, de la rivière de Keccan à la pointe du Diamant,
occupe un espa< e d'environ 52J kil. C'est une c6te
basse comme la première, mais moins inarécageuse;
on n'y remarque ni grandes rivières, ni iles considé-
rables. C'est le pays du poivre noir. La troisième
division , qui va de la pointe du Diamant à celle
d'Acbein, et qui peut avoir 2u0 kil., est comparati-
veuicnl une côte élevée et montagneuse. On peut la
citer peut-ôire comme le pays du monde le plus
abondant en noix d'arec : on en exporte une immense
quantité pour Pinang et pour Siiigapoie. Toute la
côte de Sumatra, le long du déiroit Aé Banca, n'offre
à l'œil qu'une suite non iiiteriompue de marérages et
de l'oiéis. A Langkat, Delli , Batnbea et Assaban,
sur la côie nord , la marée s'élève de S à 10 p.; à
Siak, de 8 p. , et de même dans la rivière de Reccan.
Toute sa longueur est occupée par une chaîne do
montagnes qui, dans beaucoup d'endroits, est doubla
et triple, mais qui, en général, incline plus à rocoi-
755 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
7o(5
deiil que vers la côte opposée. Quoique ces nmnta-
cnes soient irés-liauies, elles ne le soni pas assez
ptiur éire couvertes de neige , en aucune saison de
l'année. Le moni Ophir, situé iinméiliati'rncnl sous
la ligue, passe pour le plus élevé de ceux ((u'cu dis-
tingue de la nier, au-dessus du niveau de hiquelle il
g'é'ève de 13,8 >2 p. Ce nom lui a été donné pur les
Dâvigileurs européens, et est loui à fait iuciinnu
au:t n;.luiel3. Eu 1817 un voyage fut entrepris de
Maiiiia à Pas$uu)ab , et à li grande mouligne de
Gunoiig-Uempi) , qui lui es pl"rée jusqu'à sun soni-
niel. Elle est visible de lîenkalen au n^ rd-imrd est
de Manna et au nord de PadangGueliei; on évalue
approxiinaiivenient sa hauieur à 12,000 p. ru-dessns
régions tropicales lui peu étendues, le vent souffle
uiiilorménient de la niera lo terre pendant un cer-
tain nombre d'heures su- 24, s Mlle ensuite d'une «c-
irémité à l'autre, ei soufile pendant à p'-u près .la
niènie n «rnbre d'Iieures île la terre à la mer. L'air
de Sumatra est géncraieuienl plus iem|éré que dans
beaucoup de régions au delà des tro iques. On a
rar.nient vu le (liermo i-élre s'éiever, à lo.ibre, à
plus de fô° deKahrenlieil, et au lever du sole I, il
n'esi oïd naiivmeiii qu'à 7J. Dausl'.iiiérieur, auoen
des uioniagnes, le llicrmomè re a bdssé jusqu'à 40*.
le fro d qu'o'. y éprouve étant au.ssi beaucoup plus
fciri que ne l'indique pour l'ordinaire le nombre de
degré?. On n'y ci.nn lît pas la gelée et la neige, mais
de la mer. Entre les lijjnes de nu.nlagnes d^nl ou a il y régne des brouillards fréquents et d'une épais-
parlé ci-dessus , sont de vastes plaines éle\ées au- seur étonnante.
dessu.' du .'■ni des teries maritimes : l'air y est froid
et le pays ouvert et assez lialiité. Dans les espaces
intermédiaires entre ces lignes on voit .lussi l'iiisieurs
beauj 1..CS, qui s'éiendenl por inl^ rvalles jusqu'au
centre de l'ile, et f.iciliienl les coinuiunicuious.
La côte occidentale du .'^umair.i aboi:de en cours
d'eau : partout on renconire des sources et des
riviè. es, mais ces dernières sont trop peu profondes
et en niénie temps trop rapides pour l.i navigation.
3ur la cote nord-est , les mnniagnes cou'-ant à une
plus grande distance de la mer, les rivières acqu è-
rent un volume plus cofisidéralile. Parmi les pins
fortes de la côte occideut.ile, nous citerons le Kalaun,
rinJrapoura , le Tahayong et le Sinkel, inférieures
pourtant au Jambée , à l'Indragiri et au Siak de la
côte orientale, qui jusqu'à ce jour n'ont été que
parliellement explorées. Les naturels disent que ces
dernières rivières remontent jusqu'au centre de
l'île, fait sur lequel il serait à désirer qu'on acquit
Il y a à Sumatra beaucoup de montignes volcani-
ques, qu'on appelle en malais Gounong-api. On a vu
la lave couler d'une des | li;s considérables de ces
montagnes, près de rrianiau. mais sans occasionner
aucun autre dommage que de Ln'iîer les bois. Les
lri:mldements de terre y sont fréquents, mais en gé-
iiér;il légers, et sans qu'on ail jamais déco' vert au-
cune coitriexion directe entre ces secousses et les vol-
cans. 11 n'est pas rare de voir le long de la côie des
trond)C-s d'eau qui portent 1 inondation dans l'iiilé-
rieur. Le tonnerre et les éclaiis y sont si fréquents,
qii'i'n y fait à peine atiemion; (nais la foulre y a
raienient causé de grands dommages ou tué per-
S' nue. Le sol, sur la côte occidentale de Sumatra,
est le plus communément une craie dure et rougeà-
Ire, couverte d'un lerreaii noir, mais peu profond;
il se revêt d'une verdure perpétuelle, d une végéta-
tion vigoureuse, composée d'une berbe abondante et
forte, de broussailles et de grands arbres, tellement
quelques luniiéres, ainsi que sir l'éiat des contrées qu'une giande partie de l'Ile, surtout au sud, n'offre
qu'elles arrosent, principalement sur Menancabow, qu'i.ne forêt impénétrable.
qui passe pour la métropole de Sumatra ; un voyage
entrepris en 1820 | our exploier cette province n'eut
aucun ré^uiiat, par la maladie grave et la mort de
il. Ibberion, qui était cba'gé de iliriger l'expédition.
L'expérience a prouvé que des fies se formaient par
l'accroissement rapide du corail; il en e»iste plu-
sieurs sur la cote occidentale , qui ont cette origine
singulière. ?ur cette côte de Sumatra, les marées ne
s'élèvent, dit-on, qu'à i p., ce qu'il faut attribuer à
sa situation dans une trier ouverte de toutes parts,
où il n'y a pas lieu à une accumulation d'eau comme
dans les mers resserrées.
Sur la môme tôte, au sud de la ligne, la nious-
Bon du sud-est ou la saison de la sécheresse, com-
mence vers le mois de mai, et diminue en scpiem-
bre. La mousson du nord-ouest se fait sentir en
novembve, et les grandes pluies cessent vers le mois
Suinaira est ricbe en raines et autres productions
fo.-siles, et dans tous les temps on a vanté cette i.e
pour Sun or : on eu tire encore aujourd'bui une quan-
tité considérable, et qui le serait beaucoup plu^ en-
core, si ceux qui exploitent les mines avaient upe
connaissance snflisante delà udnéialogie; elle recèle
aussi de^ mines de cuivre, de fiT et d'éiain. Le sott-
fre se trouve abondamment dans les environs des
volcans. Les naturels extrayenl le salpêtre diuii la
terre est imprégnée, surtout dans d'immenses ca-
vernes qui ont été longtemps habitées par les oiseaux
et les ebauves-iouris; laûeiile de ces animaux forme
la superlicie du sol de ces cavernes, et lui commu-
nique ses propriétés nitreuses. Dans plusieurs en-
droits, notamment à Ivutiiun, à Ayer, à Rami et à
Benkœlen, les rivières charrient du charbon fossile,
mais léger et d'une qualité médiocre. Plusieurs dis-
de m:irs. Les moussons, le plus ordinairement, y trie ts possèJinl des eaux chaules et ninérales. C'est
commencent, et finissent par d'gros et sans transi- à Ipii et ailleurs que l'on recueille l'Iinile de terre
tion brusque; avril, mai, octobre et novembre aniè- qu'.ji emploie principalen.enl comme préservatif
neni en général des i. inps variables et des vents contre les morsure» de la fourmi blanche. On ra-
dans cette ile; comme dans les autres contrées des contre à peine une seule espèce de rucbe dure dans
7B7 fTEDGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
7Sft
les porties basses de l'île près du rivage de la mer,
où l'on ramasse diverses pétrificaiions et des cp-
quillages.
Le cuivre se trouve dans les moolagnes de ijucky,
près de la mer, entre Analabou et S'iusou, an nord
des aïKJens étublisscmenis anglais à Tapanoiily.
L'espaoe qni fournit le minerai est considirablc,
ayant pbis d'un degré en longueur, et git plus à l'est
dans l'inlérieur de l'île qu'on ne l'a cru jusqu'il:.. Une
immense quaniiié d'excillenl cuivre se tionve ré-
pandue à la surface des montagnes, auxquelles les
naiurels ont jusqu'ici borné leurs reclieiclies. L'ana-
lyse a fait voir qu'il contient de l'or dans une pro-
portion irès-fiirli'.
Le riz est l'ariicle de culture le pins important à
Sumat' a. I! y en a de nonibi euses espèies, que l'on
pi ut divi-er en deu\ gr.indos classes, savoir : le riz
des linntenrs ou riz sec, et le riz des bas-es lirr^^s ou
rir de marais. Les naturels donnent en général 'la
préférence au riz à petits grains, lorsqu'il est en
même temps blanc et en quelque sorie transpirent.
D.ins quelques parties de l'île la végétation est si vi-
goureuse et si active, qu':l sufllt de né.-'liger pendant
tine seule saisnti le clianip le mieux défriclié, pour
qu'd puisse ollrir de nouveau un abri aux bétis des
forêts. L'inieivalle oïdinaire entre les semailles et
la recolle du riz des buutes terres est de cinq m<>is
lunaires et de dix jours, inlervallo qui varie néres-
sairement suivant les cliconstames de la saison. Left
înnombr.ibles sources et ruisseaux dont le pays
abondi!, d spenso des procédés laborieux en usnge
poiir les irrigations, sur le continent de l'Inde, où le
sol est sablonneux. Dans les années les plus favora-
bles, le riz donu'! jusqu'à 140, mais coramunén ent
50 pour 1. On foule les épis avec les pieds, niauièrQ
pénible et gauche d'en séparer le grain (I). Le riz
des liantes terres ne se garde pas plus d'un an , el
celui de terres basses commence à se détériorer au
bout de six iu'<is; mais conservés dans l'épi, l'un et
l'autre se gardent beancnup (lus longiem.us. Les
parties nord de la c6ic, sous le gouvernement d'A-
cliein, en fournissent une prodigieuse quantité.
Le produit !e plus iiuporiaiit après le riz est le co-
cotier qui, ainsi i|ue le bétel el le tmmbnu, exige peu
de culture ou de anin. Ou trouve aussi à Sumatra
l'arbre à sagou, et une grande variété de palmiers.
Ou cultive la canne il sucre presque dans toutes les
parties de l'ile, mais en petite quantité, et plus sou-
vent pour en mâcber le roseau .viicré que pour en fa-
briquer du sucre; relui qui se consomme à Suma-
tra vient ordinairement de .lava. On récolte le maïs,
le poivre, le gingembre, la coiianJre el le cumin
dans les jardins des naturels; ils s'appliquent surtout
i culiiver le chanvre, non pour en faire des cordes,
mais pour en tirer une préparaiion enivrante a|ipelée
iang qu'ils fument avec le tabac, dont on trouve
partont de petites plantations.
(!) C'éinii la manière des premières sociétés hii-
marnes. M y avjii des esclaves spécialement chargés
Il est impossible d'énunie'rer ici tous les vci»étaux
qui enrii hiss-'nt cette île si fertile. Quelques-uns des
plus remarquables sont : une espèce Je mûrier-nain,
cultivé pour les vers à soie qu'on élève en peiil
nombre, et qui ne donnent qu'une soie commune; la
plante à i.nile de cas'or, qni croit en alion. lance,
pariiciilièrement sur le bord de la mer; le caout-
chouc, espèce de vigne qui donne la gnmine élasti-
que; l'indigo, dont ou extrait I;) leininre, et qu'oq
emploie généralement dans l'élal de liquide; li> bois
de Brésil, l'uliar on bois rouge qui lessemlile pour
les pr«i riélés au bois de eampèclie, — Le niani^nnslan
(Gitrciiiia maiifjoslana), appelé 5lai>(iiiia par les naiu-
rels, appartient exclusivi ment à l'archipel Asiaiique
et aux contrées d'au delà du Gange ; il a obtenu<lun
€on<entemei:t unanime, dans l'opinion des Knro-
péeiis, la prééminence sur tous les arbics fnii'iers
de l'Inde: sa qualité caractéristique est un iiaifunj
d'une déli» aie»se extrême. Plusieurs espèces de l'ar-
bre à paiii, le jack, le manguier, les pommes île pin,
que les natiir. Is mangent avec du sel, les oianges,
le tamarin, e cachou, la pomme-grenade, lesgnia^es,
les pip;is et une multimde d'autres fiuits qui n'ont
pas de noms en lùiropc, sont les productions parii-
culières de Sumatra. — L';irbreà camplire croit prin-
cipalement d:ins le pays de Battas, an nord-ouest de
Sumatra, à environ 5° de latitude nord, et ne se
trouve pas ;.u sud de l'équaieur. On le rencontre
aussi à Bornéo, à peu près sous le n'ièine pirallcle.
Le camphie de Sumaira se vend en Chine douze
fois le prix de celui du Japon : on le trouve dan^
l'état de concréiion, dans les caviiés et les fissures
du cœ r de l'arbre; mais on ne trouve pas im arbre
sur 50!) qui contienne celle précieuse substance, qui
probablement s'élè.era à un prix énorme, d'aut.uit
plus qu'on abat iinmédiateineni l'arbre d'i>ù on l'ex-
trait, (".'est dans les forêts que se trouve le Puhn-upa,
ou arbre nu poison, sur lequel on a déijiié tant da
contes merveilleux. Le poison de cet arbre est sans
doute inoriel, mais il est loin d'êiie aussi puissant
qu'on l'a repiésenté. L'arbre lui-même ne fan aucun
mal à ceux qui s'en approchent : les himimes peuvent
s'asseoira l'ombre de son feuillage, et les oise:iux sa
perchent sur ses branches sans eu éprouver le plus
léger mal.
On rencontre d&ns Sumatra les mêmes quadru-
pèdes que dans tout l'Oiient. Le bullle fournit du
lait et du beurre, rempl:ice le bœuf, et est le seul
animal employé aux travaux domestiques; ses mou-
vements sont extiêmement lents, mais il a le pas
stlr ; toutefois l'ouvrage qu'il fait est ioiii de ce
qu'on croTail pouvoir attendre de lui d'après sa
taille et sa force apparente. On ne trouve pas les
buffles dans l'état sauvage, où ils restent exposés
au\ attaques du tigre. Il n'y a que ceux d'iH;e espèce
faible ei les femelles qni soient une pr. ie facile pour
cet anima! ciévastaieur ; les mâles et ceux qui ont
de fouler les épis, et qni ne faisaient pour ainsi dira
que cela. {Mule de l auteur.)
759
DlCTlONNAIRli DE GKOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. :*iO
tome la force de leui; espèce résistent au premier
coup de griffe ilu tigre, quelque terrible qu'il soit,
et le plus souvent la luilenese termine pas à l'avan-
tage du dernier. On dislingue le tigre de Sumatra
par sa gnnde taille ; on en a vu dont le front avait
18 pouces de large. 11 est vraisemblable qu'ils font
leur principale nourriture des singes dont les forêls
abondent. — La vaclie appelée sapi eijaiDiesi évidem-
ment étrangère h l'île, et n'y parait même pas en-
core naturalisée. La race des chevaux est petite,
bien faite et vigoureuse; on les amène de l'iuiérieur
à la côte dans un état presque sauvage. Dans le pays
desBallas on les mange, usage qu'un retrouve à Cé-
lèbes. Les moulons, probablement importés du
Bengali-, y sont égloment de peiite taille; parmi les
autres animaux nous citerons le piTC, la chèvre
sauvage et domestique, la loutre, le rat, le chat et le
chien. De cette dernière espèce ceux qu'on apporte
d'Europe dégénèrent avec le temps en dogues aux
oreilles droites. — Les éléphants abondent dans les fo-
rêls; mais si l'on en excepte quelques-uns qu'on
élève comme animaux de parade pour le roi d'A-
chem, ils ne sont nulle part dans le pays en état de
domesticité; on trouve aussi dans les biiis des rhi-
nocéros à une et à deux cornes. Les naturels regar-
dent la corne du rhinocéros comme un aniiilote con-
tre le poison ; et dans cette idée ils la façonnent en
coupes. On trouve à Sumatra l'hippopolauie, ainsi que
l'ours petit et noir, et qui grimpe sur le coculier
pour y dévorer la partie tendre de la noix, ou le
choux. 11 y a de nombreuses espèces de bêles fauves,
et les variétés du singe sont innombrables. On y voit
aussi des paresseux, des écureuils, des puanis, des
chats-civeites, des cliais-tigres, des porcs épies, des
pangolins, des crocodiles, des hérissons, des camé-
léons, des guanos, des lézards volants, des tortues et
des tourterelles. Les lézards de maisons, de un à
quatre pouces de longueur, sont les plus gros rep-
tiles qui puissent marcher dans une position ren-
versée.
En 1824 l'équipage d'un vaisseau anglais tua, sur
la côte nord-ouest, un orang-ouian cidossal. Quand
on l'aperçut par hasard dans les bois, il présentait
la ligure d'une sorte d'homuie, couvert d'un puil
brun et luisant, marchant sur deux pieds, mais en
se toriillanl, de ten)ps à autre, s'aidant de ses mains
pour hâter sa marche, et même se poussant par fois
en avant à l'aide d'une bianche d'arbre. Lorsqu'il se
vit attaqué, il déploya une force et une agilité sur-
prenantes, et une telle énergie de vie que ce ne fut
qu'après avoir reçu plusieurs blessures mortelles, à
coup de fusil, de pique et de pierre, qu'il rendit le
dernier soupir. D'après la description qui en a été
consignée dans les Asiatie Researches par le docteur
(1) Ce fait est une réponse aux lettrés et aux sa-
vants qui ont voulu et qui veulent ranger cette caté-
gorie de singes parmi les Jraces humaines. 11 n'y a
qu'une diflicullé, irés-siniple du resie, à celte pré-
tention, la voilà. On n'a trouvé nulle part, dans les
Clarke Abel, sa taille était de 7 pieds, son corps
bien proportionné, sa poitrine large, ei il était
mince de la ceinture. A son menton pendait une
barbe en forme de franges, il avail les bras longs,
même à proportion de sa stature, et comparaiive-
nient à ceux de l'homme; mais ses jambe* étaient
beaucoup plus couries. A l'état de ses dents ou le
jugea jeune encore. Quand on l'apporta sur le pont
du bàiiment, il avait la têie de plus que l'homme le
plus grand de l'équipage, placé dans l'altitude qu'on
lui supposait la plus ordinaire (1).
Parioui les marécage» fourmillent d'animaux du
genre de la grenouille, ei, à l'.ipproclie de la pluie,
le bruit qu'ils font est assourdissant. Ils sont li nour-
riture des serpents, et à Sumatra il y en a de toutes
les grosseurs, dont beaucoup sont inoffensifs. On
voit ces reptiles avaler des animaux qui ont deux et
trois fois leur propre circonférence, et cela au moyen
de la force conipressive de leur gosier, qui réduit
leur proie aux dimensions convenables. Les rivages
de la mer fournissent écrevisses, crevettes, crabes,
Jiimas ou I étoncles gigaiiieS'iues, huîtres d'une es-
pèce inférieure, nmules, œufs de mer, etc. Parmi les
poissons il faui nommer le dugong, grand animal de
l'ordre des mamnnfèies, avec deux fortes nageoires
pectorales, connu pour paiire au fond de l'eau ; les
voiliers, ainsi appelés à cause de leur épine dorsale
qui ressemble à une voile; le re(]uin, la raie, la mu-
rène, le gynmoie, le rock-cod, le muUet, le poisson
volant et un grand nombre d'autres.— Les espèces d'oi-
seaux ne sont ni moins nombreuses ni moins va-
riées : ou y trouve faisans, paons, aigles, vautours,
milans, corbeaux, choucas, niartin-pêcheurs, cigo-
gnes, volailles sauiages et domesliiiues, bécassines,
foulques, pluviers, pigeons, cailles, élourneaux, hi-
rondelles, perroquets, oie^, canards, sarcelles, etc.
On ne voit pas l'oiseau de paradis dans cette île, et
le casoar qui s'y rencontre y a été apporté de Java.
— Quant aux iiisecies, il y en a de très-nombreuses
espèces, parmi lesquelles on citera le grillon, les
abeilles, les mouches de touies les variéiés, les
mousiics, les scor|iions, les mille-pieds et les sang-
sues d eau et de terre. La mouche de feu est plus
grosse que la mouche ordinaire, et lance, comme en
respirant, une lumière si vive, qu'en tenant un de
ces insectes à la main, et en l'approchant du papier
on peut dislinguer les mots qii y sont écrits. La fa-
mille des foui mis s'y subdivise en des variétés infi-
nies, qui diffèrent l'uue de l'autre par le goùl :
quand on les met dans la bouche, les unes sont chau-
des et aigres, les autres sures. Les grandes fourmis
rouges mordent avec furie, et laissent ordinairement
leur tète dans la blessure, comme l'abeille son ai-
guillon.
cinq parties du monde, de singes marchant iialurel-
lemeiu comme l'houime, mais on a vu touies les va-
riétés de singes marchant à qnaire pattes.
(A'ud; lielauieur.]
761
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
762
Parmi les produclioiis de Snmalra , regardées
comme articles de ci>iisoinmatioii, la plus aboiidniiie
et autrefois la plus iriiporianie était le poivre. D'a-
près le système adopié pour la culture du poivre,
les purls et dlslriois qui sont les plus produciils une
année, très-peu de leinps après se trouvent n'en plus
pouV' ir fournir qu'une petite quantité. Quant au
poivre, le premier est celui de Slalabar ; vient en
seconde ligne celui des côtes de Siam, puis celui de
Kalania», sur la picsqu'île de Malakku; celui de
Bornéo, de la côte occiilenlale de Suniaird ; et enfin
de Kio, dans les détroifs. On a e^iiiné par approxi-
maiion le produit de celte é|iice a i5 millions de liv.
pesant. La presiue totalité de ce commerce ss
trouvi' entre les niiiins des étrangers ; la plus grande
partie du poivre s'expédie pour l'Europe, et le reste
pour la Cliinc^
Après la prise des Mo'uques, en 1790, la muscade
et 11.' clou de giiolle l'nrciit introduits à lîenkœlen, et
ces doux précieuses épices y ont pris nu accro ssc-
ment très-rapide. M^is probahlement les produits du
cainplire, dont un a déjà fait mention, y diminueront
cliaque année par l'imprévoyance et la maladresse
des naturels, qui coupent à tort et à travers un
grand nombre d'arbres , avant d'eu trouver un qui
coiiilemie une quantité de gomme suffisante pdiir
payer leur travad, quoiqu'ils aient la précaution de
se faire assister dans leur reciiercbe par un devin de
profession. Le camphre du Japon est très-infér. à
celui de Sumatra. — C'est dans le pays des Baltas ex-
clusivement que se trouve le benjoin ; la meilleurt,
espèce s'expédie pour l'Europe, et celle de qualité
infér. pour l'Arabie, la Perse ei quelques parties de
l'flindoustan, où on la brûle pour parfumer les mai-
sons et les temples d'Angleterre: ou le réexporte
pour les pays catholiques romains et mahoMiétans,
où on l'emploie comme encens. On en fait aussi
usage en médecine comme siypiique. La ca^se et le
rallan fournissent aussi plusieiirscargaisons. Les natu-
rels cultivent le cmon, mais seulement en quantité
Siinisante pour leur propre besoin. On a aussi natu-
ralisé le cilé dans tous les quartiers de l'ile, mais il
n'a donné jusqu'ici qu'une fève médiocre en (|ua-
lilé (1). On ne doit pas oublier non plus, parmi les
articles du cotnm. de Sumatra, le dammer, sorte de
sang-dedragon, une drogue qu'on lire d'une grande
espèce de raitan ; le yainbir, suc extrait des feuilles
d'une piaule de ce nom ; les bois d'aioés et d'aig!e ,
dont on fait un irès-grand cas dans l'Orient, à cause
des parfums iju'ils exhalent lorsqu'on les brûle.
Les forêts de cette ile renfermenti une inépuisable
quaniilé et une variété infinie de grands arbres, dont
on peut employer plusieurs espèces à la construction
des vaisseaux ; mais le tek ne paraît pas indigène,
quoiqu'il fleurisse au nord et au sud, à J;iva et au
Pégu. Les autres aibres remarquables sont le poun,
(1) Nous croyons que le sol et la culiure font la
.'lualiié avec le climat. L'arbuste qui produit le calé
ainsi appelé d'un mot malais qui signifie bois en gé-
néral, et auquel on ddune la préférence pour les
mais et les esparres; l'arbre il camphre qu'emploient
les charpentiers ; le bois de fer, ainsi appelé à cause
de son extrême dureté; le marban, dont ou fait des
pouires pour les vaisseauv el Ks maisons ; le pénaga,
dont on tire des couples et des courbes excellentes. On
doit y ajouter l'ébène, le kayngadis, buis qui a l'o-
deur et les qualités du sassafras ; le rangi, qu'on
croit élie le mancenilier des Indes occidentale^, et
qui ressemble it l'acajou. Des d (lérenlcs espèces
d'arbres qui fournissent le damrner, quelques-uns
sont propres aux conslruclions, et l'on trouve aussi
il Sum.itra le gros bananier de l'dindoustan.
Les parties centrales de l'Ile donnent de l'or, et
Menancabow a foiijours été regardé comme le canton
le plus riche. Dans les districts de l'iniérieiir, à par-
tir de Padang, qui esl sons ce rapport le marché
principal, on tire l'or des mines et des lits de ri-
vière : ou a quelquefois ironvé des murceaux d'or
pur et pesant jusqu'à 9 onces et plus. On croit
qu'une moitié seulement de cet or passe aux mains
des Européens ; toutefois on peut avancer, d'après
des autorités sûres, qu'on en a exporté annuellement
de Pailaiig 10 à 12 mille onces, de Nalabou iUOO ,
de Natal 8(19, cl 600 de Mocomocu. Les marchands
purtenl l'or de l'intérieur à la côte, où ils l'écliangent
conire du fer en barre el ouvragé, contre de l'opiuin
et de belles étoffes du Bengale, de Madras et d'Eur.
Ane, dans les ports, on le payait sur le pied de 80
fr. l'once, mais il s'esi élevé ensuite à un prix beau-
coup plus considérable. Dans plusieurs parties de
l'ile 01) l'emploie conmie monnaie, el à cei elfet cha-
que individu a sur lui une paire de petites balances.
On frappait autrefois à Achem une petite monnaie
d'or, mais on y a renoncé depuis quelque lemps. Ou
n'a pas connaissance qu'il se trouve de l'argent dans
aucun canton de Sumatra. — L'étain y foinie une
Lrani lie de commerce considérable, mais les mines
qui le roiiniissent sont dans l'île de Danca. Ou tire
aussi du fer de cette Ile, mais en petite quantité ; la
consommation des naturels s'alimente des feis d'An-
glelerre el de Suède. Les volcans fournissent du
soufre, et l'arsenic jaune forme au^si un ariicle de
commerce du pays. On voit dans le pays de Kuilaun de
profondes cavernes du sol desquelles on extrait du
nitie; d'auires fournissent des nids d'oiseaux qu'on
envoie en Cliine. Les autres objets d'ex poriaiionconsis-
leni en cire, gomme-laque el ivoire. On expuriaii au-
trefois des éléphants d' Achem à la côte de Coroman-
del, sur des bâtiments construits exprès, mais ce
trafic a cessé depuis longtemps. — Les ouvrages eu
filigrane d'or el d'argent de Sumatra jouissent d'une
célébrité anc. et méritée, el l'admiration augmente
quand on voit de quels outils grossiers se servent
les ouvriers qui les font: un morceau de quelques
est délicat de sa nature, el il ne se plaJt point partout
où il y a du soleil, comme on se l'imagine.
{Noie de l'auteur.)
7f3
DICTIONNAIRE DE GEOGKAPHIE ECCLESIASTIQUE. 7W
vieux cerceaux de fer sert à faire la machine à lirer :
une lêie de marteau enfermée dans «ne pièce de
bitls sert d'cndume, cl le compas n'est autre cliose
que deux viens clous aliacliés l'un à l'autre par une
de leurs extrémités. C'est dans un pot à riz que l'on
fond l'or; en général on ne se sert pas de soufflet ;
mais les ouvriers soufflent avec leur Louche par un
bambou creux. Si la quaiiiilé d'(ir à fondre est U!i
peu considérable, trois ou quatre personnes s'asseyent
autour du fourneau, qui est un vieux pot de fer, et
Eouffleni cnsenilde. Les naturels d'ailleurs montrent
peu d'habileié dans le travail de la fnrge. lU fo'.t
des clous, mais on en emploie rareinent dans la bâ-
tisse. Ce qu'il y ^ de singulier, cl ceci conuiiuc une
dérogalion exceplionntlle à un fait ge'néral, c'est
qu'Us n'ont aucune iilée de la peinture ni du dessin ;
il y a chez eux quelques sculpteurs, dont les ou-
vrages a'inoncent de l'imagination , mais sonl
presque loujours groiesques et liors delà nature. Ils
fabriquent des éiofl'es de soie et de coton qui sont
portées -par les naturels dans toutes les parties de
l'ile. Rien de plus dércciueux que leurs métiers et
leurs machines à lisser. Us font aussi différentes es-
pèces de taïence grossière, ainsi que de l'huile de
eoco qui est d'un usage général dans le pays. Il y a
des fabriques de poudre à canon dans q iel<|ues en-
droits, mais moins dans la pa:tie méridionale que
chez les habitants de Menancabow, de Ballas et à
Achem. dont le> fréquentes guerres en nrcessiteiit
une giande consommation; leur poudre n'est que
très-iiiiparf.iiienietit grénée, attendu que fort souvent
ils lu fimt à la baie, en petite quantité, et pour l'em-
ployer tout de suite. Ils reçoivent par l'iuiporîaiion
la plus grande partie du sel qu'ils con-ommenl ,
qHiiiipi'ils en fabriquent aussi eux-mêmes par des
procédés les plus longs et les plus enniiyi'ux.
Les principales divisions politiciues modernes de
Sumatra, sur la côte nord-ouest, si.nl l'empire de
Menancabow et des Malais, le roy.iume d'Acbeni, les
B:itta<, les Rejangs, et les peuples deLampnnc. La
chaîne d'îles, qui s'étend en une ligne parallèle sur
la (Ole nord-ouest, à la dist.mre d'un degré environ,
est habitée par une race ou des races d'hommes
qui paraissent appartenir à la même souche que
ceux de l'intérieur de Sumada. Ils ont conservé à un
point remarquable l'originalité de leur caractère na-
tional, tandis que les îles à l'est sont peuplées de
Malais. Il ii'y a guère que 1:20 ans que toute la côte
méridionale de Sumatra, jusqu'à lo rivière d'Urei, dé-
pendait du roi de Bantam, dans l'ile de Java, dont
l'agent allait chaque année à Benkœlen ou Siilebar
lever les contributions en poivre, cl nommer aux
emplois vacants. — Presque toutes les formes de gou-
vernement à Sumatra ofl'rent un mélange de régime
féod;iI et d'autorité patriarcale. M;iis le système poti-
licMie des peuples qui habitent près de la toic se res-
sent beaucoup de l'iiifluence des Européens qui
exercent de fait les fonctions de la s uvcra neié, an
grand avantage de leurs sujets. Le pays sur lequel
la compagnie anglaise des Indes étendait son in-
fluence fut maintenu en étal de paix, et sans les me-
sures imposées aux habitants, il n'y aurait pas un
seul village qui ne fût en hostilité permanente avec
I ; village voisin. La population de ce pays a 60,000
individus, disséminés sur un sol ii>grai, le kmf d'une
côte inaccessible de 120 kil. de long, et remaniua-
bles par des habitudes de paresse «loiit rien ne pou-
vait les réveiller. La (orme du gouvernement des
Rejaiig*, près de Benkœlen, s'applique en général
aux Or«|7-îi/i(s ou habitants de l'inlérieur. Dans les
cantons de bois et de montagnes c'est l'occupation
seule qui constitue la propriété du territoire, excr'pié
là où il y a eu des ai bres à fi iiii de plantés, et comme
il ii'exisia p'esqiie jamais des limili s bien déterminées
entre les villages voisins, ce sont des marques de
rossessioii que l'on viole rarement. — La côte nord-
est de Sumatra çppariient nouijiialement à cinq sou-
verains , savoir : les sultans de Palembang , de
Jambe, d'indragiri , de Si.ik et d'Achein, mais elle
est soumise de fait à une miiliitude de petits
chefs, dont les douiaines respectifs se trouvent com-
plètement enfermé-i et isolés les uns des autres par
des forêts, des marais et des broussailles. Le plus
fertile ei le mieux peuplé de ces Etats est sans con-
tredit celui de Palembang. Les iles de Rancao, de
Papan, de Saratas et de Kancalis sonl en partie ba-
biié'S (lardes Malais, et surtout par une autre raca
non convei tie à l'Islam.
Quant aux luis des diverses nations de Sumatra,
elles n'ofl'rent à proprement parler qu'un amas d'an-
ciennes coutumes, tran>mises de génération en gé-
nération, et dont l'aulnrilé est fondée sur l'habili.dâ
et sur un consentement général. L'< loi qui tend tous
les membres d'une famille solidairement obligés,
pour les dettes de tous et d'un chacun, établit entre
eux un lien très-fort. Quand un homme menri, tout
ce qui lui appartient se partage également entre ses
enfants. Le code de Sumatra admet la compensation
pécuniaire pour l'iiomicide, cas auquel ( n n'a point
à s'occuper de la distinction entre le uieurtie et ce
que n:ius appelons homicide simple. Les punitions
d'une nature quelconque sont extréoiement rans. —
Le lieu le plus solennel chez eux pour la prestation
d'un serment est la sépulture de leurs ancètri s, et
ils ont de certaines ri-liques ou appareils à jurer
qu'ils mettent eu avant dan; les occasions importan-
tes : c'est une vieille lance rompue, un cation de
fusil brisé, ce sonl quelques vieilles balles de cuivre,
ou tout autre objet auquel le hasard ou le caprioe a
pu attacher l'idée d'une vertu exlraordinalre. Ils les
trempent ordinairement dans l'eau, cl font boire
celle eau à la personne qui jure, après qu'elle a pro-
noncé la formule du serment. .A Manna, la relique
la plus vénérée autrefois, en pareille occurrence,
éiail uu vieux canon de fusil ; lorsqu'on le produisait
pour une prestation de serment, on le transportait
au lieu désigné, précieusement enveloppé dans un
morceau d'étulTe de suie et sons un parasul. L'houi-
I
I
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 7RC
lance Je Leipsick est de lui kil. sud-ouest, la popul.
de 5,71)0 liabii;iiils. Los possessions décolle branclio
Oui une surface de 22 m. c. g. (61 lieues c.) ei une
popul. d ' 57,1100 liul iianls. Ses revenus soui esliuics
à 450,000 fr.
Suomaii, les Finnois. — La famine ucs peuples
finnois est icpaiHlue en Russie, dans le nnrd-esl de
l'Eurcipe el le nord-esi de TAsie. Le nom de peuples
Ouraliens lui conviendwit bi>>ncoui> mieux : cap
le> iiionumenls liistiiri((ue>< ei la ciunparais" n des
langues s':iccordenl pour indicjuer la première de-
meure de ce-> peuples dans le» cnnirces voisines de»
monls Oural , d'où ils sonl descendus vers l'ouesi et
vers l'esi. I! paraît (|u'avaiii la grande migialion
des peuples, ils li;il)iiaient, du moins en Kuiope,
beaucoup plus au sud (|u'aujourd'bui, el sViendaienl
jusqu'à la nier Noire, où ils élaieiil compris avec
beaucoup d'autres iiatiuns , sous le nom vague
de Scyihes. l'eu à peu les FiniKiis furent rïpoussés
plus au nurd par il'aiitrps peuples, ou bien se fon-
dirent avec eux, et il ré>ulia de ces évciiemenls un
mélange d'idiomes.
Considérée sous le raiipnrt de la langue, la fa-
roiile finnoise peut se diviser en quatre iiiiius princi-
pales, renferoiiint cliaiune plusieurs peuples qui sa
donnent des noms biens diiïérenls de ceux sous les-
quels nous les désignons ; les premiers sont indiqués
en caractères italiques. — i" Finnois teltuni es. On
leur applique celte dénomination, parce que leur
langue a é(é modiliée par celle des peuples tenions,
dont elle a emprnnié un tiers de ses mois. Ils liabi-
lenl le plus à l'onesi, le long de la mer Balliijue.
Ce te laniiUe comprend les Finlandais (Siioma Lai-
iieu), les EslonieiH {Maha riilivasi), les Kiréliens
(Ayrin/fs), les Ingriensou Finnoisd'OlonetS (Iclioré),
les L:ipons {Snme Lad). Tous ces peuples sont dési-
gnés dans les annales russes par le nom Tchoudes,
qui a eiisoile élé app'ii|né vaguement à tons les peu-
ples du nord-esi , dont l'existence antérieure est in-
diiiuée par des toinl eaux et des travaux pour l'exploi-
lalion des tnints, ce qui a rioniié lieu h laiil d'Iiypo-
tlièses fabuleuses sur nn peuple piimilif pljcé dans
les déserts et les montagnes neigeuses de l'Asio
moyenne. — 2* FiNyoïs voLClE^s, vivent principale-
ment sur le-i bords du Volga et de ses afiluents : les
Mnrduines ^Ersc), les Mokchaiies {Mouci'ia),\es Tche-
remisses (Mari). La fréquentaliun des bordes turqu; s
a bi-ancoup aliéré l'idiome de ces Finnois de l'est.
M. Klaproih pense que c'est peut-être tliez enx qu'il
faut cbercher les resies des Kliasars du moyen âge.
— 5° Pep.mie.ns habiient la Permie des annalistes rus-
ses (62-7C°est, tS-65° nord), pays qu'il ne faut pas
confondre avec la Biaiinie des Saga ou Mythes islan-
dais au sud el à l'est de la mer Blanche. Les Voiiaks
{oiid Mourd), les Syriœnes {llomi Mouit), les Per-
miens (Kotni Mourd et aussi Souda el i!i).—i° FiN-
N"is oucoR. Les Vi>i.'ouls {'hn'xi, on Mwich h'oum),
dans 11 partie seolftiilriiinale de l'Oural ; les 0»liaks
de l'Ob (As-iaUi), et quelques autres peuplades asia-
765
me de Sumatra, persuadé de l'existence de puissan-
ces invisihb'S. mais non de sa propre immoi talilé,
ne voit qu'.ivec un respect mêlé de terreur ces em-
blèmes ou ces instruments supposés de leurs fonc-
tions, et jure sur des lances, sur des canons de fu-
Eil et toutes choses qui peuvent être des moyens de
deslrufiion personnelle.
Siinderaqua. Sondershausen, ville d'Allemagne,
chef-liiu du comté inférieur de Scliwaribourg, est la
résidence des princes de ce nom. Cette vibe, située
au coi.nueiit de la Bébra et de la Wipper, renferme
un cbâieau, deux églises, un gyinnise et des filaïu-
T' s. On remarque dans les environs le château de
PoïSen avec de magnifiques jardins, et la source
d'eau sulfureuse de Guntliers-Bad.Ponul: 5, "00 hab.
Les possessions des princes de Schwarzbnurg-Son-
dershauscn ont une snr'ace de 25 m. c. g. {■■ii I. c.)
et 50,000 habitants. On estime leur revenu à 580,000 fr.
La maison de Scbwirzbourg est une des plus an-
ciennes m::isons souveraines d'Allemagne. Si on ne
peut pas laire remonter diplomatiqnemenl sa filiation
jusqu'à lin certain Wilekind, qui do t avoir éié dans
le ix' siècle premier comte de Scliwarzbourg, tou-
jours esi-il certain qu'elle possédait dès le xi' siècle
des terres considérables en Tbnringc. Dans le xii'
vécut Gonihier III, dont le fils nîné continua la li-
gnée dns comtes de Schwarzliourg, taudis que le ca-
dei fnt la SOU' he des comtes de Kapfernbourg , qui
s'éteignirent ilans le xiv* siècle. En lôiO la maison de
Scliwarzlioiirg fournit un empereur à l'Allemagne
dans la per>onne du comte Gontliier, qui fit empoi-
sonné quatre mois après son élection. Sou frère aîné,
Henri, coniiniia la suite des comtes de Scliwarzbouig,
qui en 1552 se pariagèrmi en deux lignes encore
subsistantes, celle d'Arnsiadt, nommée par la suite
Sonder»hai'sen, et celle de Rudolsiadl. Elles furent
<levée^ en lt)97 et 17 Hl au rang de princes, et ob-
tinrent en nSi le droit de sléi'er à la diéle parmi les
princis. La maison de Scbwarzbourg possédait jus-
qu'en îiOfi la charge d'arcb -éiuyer et relb' de grand-
veneur de l'empire. Les princes portaient aussi le
titre des quatre comtes de l'empire (der Vier Gralen
des Reichs) titre dont l'oriaine est problématique.
Ce ne fut qu'au mois d'avril 1807 que les princes de
Scbwarzbourg cnirèreni dans la conlédéraiion Rlié-
rane. Dans la confédération germa.iique ils pariageot
la quinzième p'ace avec Oldenbourg ci Anlialt^ i:s
ont deux voix dans l'assemblée générale. La princi-
pauté de Scbwarzbourg se compost' de deux districts
séparés, qu'on appelle la primipauié supérieure et la
principauté inférieure. Les deux branches de la mai-
son sont luthériennes. — Les princes de la branche
de Schwarzbourg-RudofSladl résident à Rudolsiadl,
sur la rive gauclie de la Saale. Celle ville, située
dans une vallée, est bien bâtie; e le possède un
gymnase el un séminaire lulhéncn. Le château du
piinee renfe'ine une bihlioiiè'|iie el une galerie de
table iix que les amateurs eniment beaucoup. Ou
fabrique à Rudolsiadl det étoffes de laine. La dis-
767
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
768
tiques. La coinp:iraison îles langues a fuil lecoiinai-
Ire qu'une iiaiidu lielliqneuse de l'Europe, les lloii-
giois {Hladjar ou Madgyar), 3p()arleiiait à celle qua-
Iricnie division de la funiille riiinoi!>e. — Quoique les
différeiils peuples qui la ci inposeiil S'uenl épars sur
uu espace immense, la ressemblance de langage, de
mœurs, de pliysioiioirie, prouve leur parenté; les
cheveux roux ou jaunes-bruns, le derrière de la léie
grand, les os des pouiineiles s:iillanls, les joues en-
foncées, la biirberare, le leiut brun sale, semblent
les carac éi iser. Les Vogouls (Mansi) et queliiue- La-
pons ont des cbeveux i oiis et durs et le nez enfon-
cé ; ce qui provient d'un mélange avec les peuplesde
race jaune, t'est d'un semblable mélange que sont
issus, dans le moyen àg-, les Huns, les Avars et les
Klia>ars dont le souvenir seul existe dans l'Iiistoire.
On a remarqué que la plupart des peuples Unnois
préféraientles lieux mai éageux et leslurêts. Lâchas-
seetla pèche furent longtemps leurs occupations fa-
vorites. Aujourd'hui les Lapons el les peuples asiati-
ques mènent eni ore la vie nomade. Les autres sont
devenus agricuheurs; à l'exception des M.uljar, au-
cun n'a joué un rôle marquant sur la scène du monde;
aucun n'a d'annales particulières, on ne trouve leur
histoire que dans celle de leurs vaimiueurs.
Du temps de Strabon el de Tacite, les finnois,
nommé- par le premier Soùtjov, pr le second, Feniii,
habitaient à l'est de la Pologne : la première de ces
dénominations rappelle le mot suoma : la seronde
vient du mot /en, n.arais en goti i;|ue. Pioloniée
nomme ces peoiiles •tiwoi. Tacite les décrit comme
tiés-patnres el Irès-.'ales; on croit lire une relation
concernant une nation sauva|;e de l'Oiéanie. — Les
Norwégiens ont donné aux Lapons le nom de F.n-
nen : ce qui a lait appeler Finnmark la partie la plus
septentrionale de la Norwége; quant aux Finnois, ce
même peuple les nomme Quœnes. La ressemblance
de ce mot avec quinna (femme) a fait imaginer à
Adam de Brème, un pays des Amazones qu'il place
dans le nord de l'Eut ope.
La Finlande actuelle, qui, d'après ce que nous ve-
nuns d'exposer, ne répond nuilement au pays des
Feniii de Tacite, appanient enlièreiuent à la Russie;
elle fui cédée à celle puissance parla Suède en IbOO.
Conquis au moyeu âge par les Suédois, les Finlan-
dais ne furent jaioais sincèrement aliacbés à leurs
dominateurs, qui cependant les avaient admis à par-
tager les droils civils el poliiiques dont ils jouis-
saienl. Leur pays forme une principauté administrée
d'après les lois suédoises. Le paysan y jouit de ton-
te sa liberté, et envoie ses députés aux diètes natio-
nales. Dans l'Esthonie, au contraiie, el dans l'Ingrie,
le paysan esl serf comme dans le reste de la
Russie. Parmi les peuples finnois existant dans cet
empire, on compte 1,800,000 individus qui appar-
tienoentaux Finnois-Teut ins, 220,000 aux Fmnois-
Ougor, 9U0, OOO aux Finnois Vogouls et Periniens.
Supra Ararim Bellavitla, Eelleville-sur-Saone,
dans le diocèse de Lyon, arrond. de Villefranche, à
a kil. de cette ville, et 8 de Ceaujeu. Oiie viile est
située sur l'Ardière à uu kil. de la Saône, sur la-
quelle elle a un pnri et un pont suspendu, et compte
près de SOuO habitants : sa situation est assez agréa-
Lie par les nombreuses prairies et les plantations
qui renvironnent. — Belleville était autrelois la se-
conde prévolé du Beaujolais, el se divis.iilen quatre
quartiers, qui avaient chacun à leur le c un capitaine,
un lieuienaol, un enseigne et un sergent. Les dra-
peaux étaient aux armes de la ville, qui sont une sa-
lamandre dans le feu, avec ce mol : Durabo. On y
remarquait alors une bebe abbaye conimendataire
de chanoines léguliers de l'ordre de Saini-Angiistin,
fondée en lltiO par lluiubcri il, sire de Beaujeu.
Dans leur église se irouvaieni les tombeaux de plu-
sieurs princes de cette maison, entre autres ceux de
Guichard IV, cuiméiable de France, mort en lot)!2;
de Louis de Beaujeu, égilemenlconi élable, décédé
le^ô août lt)93, el d'Edouard l", sire de Beaujeu
el maréclial de France, mort eu 17ol,
La population s'occupe de broderies el de la fabri-
cation de tuiles de coton. Le commerce consista
surtout en tonneaux et en vins du pays, que l'oa
expédia pour Paris el le nord de la France.
Supra MalroHum Ckriacmn, Citry-Sainl-Ponce, ou
Citry-surMaine, paroisse tlu diocèse et de l'.'rruu»
dissi-menl de Meaux, canton de la Ferlé-sous- Jouarre,
département de Selne-ei-Marnc; elle est située à
l'cxtréuiité orientale du déparlement, dans une val-
lée agréable , sur le bord de la Marne qui décrit une
large courbe et qui sép..re son territoire de celui du
département de l'Aisne. — La famille de Renty ,
anc.eiuie maison Ai l'Artois, possédait la seigneurie
de Citiy; plusieuis membres de cette illnsire fa-
mille ont éié enterrés dans l'église du village, où l'oa
trouve , entre autres lombe.s , celles de Jacques de
Kenty, inori en 1575, et de son épouse ; et celle de
Gaston (Jean-Bapiisle) de Renty. Ce dernier , qui
fut un modèle de perfection chrétienne, se maria, en
l(j53, à Ë.isabetli de Balzic, lille du comte de Gra-
ville. Après s'être distingué dans les armées, avoir
mérité l'estime de son roi , il se relira de la cour
pour s'appliquer imiquement , comme le dit son liis-
torieii , il tout ce qui regardait la gloire de Dieu elle
soulagement du prochain; se mit à la tête d'une as-
sociation de gens richrs dont le but était de secou-
rir les Anglais catholiques, réfugiés en France, lit
faire à ses dépens des missions dans nos contrées
pour y ranimer la foi, el institua des sociétés d'arti-
sans qui vivaient ensemble comme les premiers
chrétiens, donnant aux pauvres le surplus de leur
nécessaire. 11 mourut, en 1*48, à trenle-sepi ans, el
fut enterré dans l'église de Ciiiy. On rapporte que
neuf ans après sa mort on ouvrit son tombeau , que
« l'on y trouva son corps entier , la peau fort blan-
ciie, la chair ferme el revenant contre le doigt, lors-
qu'on la pressait. » Ce phénomène , qui n'est pas
rare d'ailleurs, s'expliqua par la vie exemplaire que
769
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
770
îebaroiideiienly avait menée. On ajoute que les peii-
plesseportèreni enfouie à snnioniheau. — L"églisede
Citryéiaii une cure régiilièrede l'ordre de Saint-Augus-
tin, qui dépendait du diocèse de Soissons. Elis:il)elli
de Balzac, marcliant sur les traces de son époux,
érigea dans cette église une chapelle dont le cha-
pelain éiait obligé de résider dans la coninurne, et
fonda une instiiuiioii chariiable en laveur des pau-
vres de la parnisse. Cene pieuse fondation s'est
éieintc; on ignore de q\ielle manière. — Le cliâii^au
est siiué à l'extrérnilé occiilent;ile du village; il ne
présente rien de parliculier. On y jouit d'une fort
belle vue. — Le hameau de Vill;iré, dont le nom
vient sans doute de villa (habîlation rurale) , est
pincé à mi-côte au sud et à un kil. de Tilry; il con-
tient trois fermes ; celui du Plessier est plus au sud-
est , plus bas et plus pi es de la Marne ; c<;lui de la
Pierre est .lu-dessus du préf-édetil , au sommet du
coteau ; celui de Champestré e--t bâti à mi-côte à
l'esi et tout à fait à la limite du déj arteiueni ; enfin
la Marne fait lourner un niiiuliii dans la conununc.
I><s pvoduciioiis de ce v liage sont des g'aiiis, des
pàlurag^es et du vin ; une partie du lerrituire est en
bosquets et en friches. — Ciiry est à 8 kil. est de l.i
Ferté-sous-J'iuarre , à 2G kil. est de Meaux, et à G8
kil. est de Melun. Sa population est de 850 hab.
Tagus, le Tage. Ce fleuve, qui traverse une partie
de l'Espagne ei dn Portugal, a une répiiiaiion légen-
d'qne extraordinaire. Pendant la dnniinaii(m des
Visigolhs eu Espagne, des prêtres et des chrétiens
se retirèrent dans les nmntagnes qui bordent ses
rives pour se soustraire aux persécutions de l'aria-
nisme. Lors de l'invasion du miili de l'Espagne par
les Arabes , 1 s solitudes que ce fleuve parcourt se
trouvèrent habitées par des familles entières qui
Venaient y chercher un refuge. Il s'éleva ainsi dans
leur partie la plus dc-erte et la plus escarpée des
ermitages et des chapelles qui re^^lè^enl même
longtemps après l'expulsion des Arabes de la Pénin-
sule. Les poêles ont ajouté à la réputation du fleuve
par de pouipeuses descriptions de son cours; mais il
suffit de s'approcher de ses rives pour se convaincre
que leur i einture est l'ouvrage de leur imagination.
Rien de plus triste en effet que le tableau que présente
ce fleuve : des bords escarpés et presque cm pés à
pic, un cours généralement impétueux, un lit étro.t,
entrecoupé à chaque pas par des obstacles naturels;
des eaux iroubles et presque toujours bourbeuses,
voilà ce qu'offre aux yeux du voyageur une campa-
gne ordinairement nue , aride et inculie, brûlée par
l'ardeur du soleil, lorsque le souffle des ouragans ne
soulève pas des nuages d'une poussière rougeiitre qui
pénétre les vêlements, et communique sa couleur
non-seulement aux habiiants des champs, mais même
aux touffes d'yeuses qui peuvent à peine se conserver
entre les rochers pelés dont ce territoire est couvert
en grande partie. Au lieu de ces oiseaux charmants,
parés du plumage le plus éclatant et le pins varié,
dont nous parlent les poêles, à peine dans le pays
que traverse le Tage en rencontre-i-oii d'autres que
des oiseaux de proie, menaçant sans cesse les trou-
peaux de brebis que leurs misérables bergers peu-
vent à peine défendre , non-seulement des loups ,
mais des lynx, des renards et autres bêles voraces
{\) Le principal endroit que baigne le Gallo est
Molina de Aragon. Sou élévation au-dessus du niveau
de la mer est de \Wi varrs (5792 iiieds).
(Sote du géographe Aniilton.)
(2) Par les observations barométriques faites si-
qui abondent dans les montagnes de Gredos. Il n'y a
pas dans toute l'Espagne de contrée .lussi pauvre,
aussi sauvage que celle que les joëtes nous ont dé-
peiiile coiTime la plus riche et la plus ngréable du
monde ; et ce ne sont pas qitelques portions de ter-
rain un peti pitis favorisées par la nalnre, et u>i peu
mieux cultivées par l'industrie, telb'S que les vafées
d'Aranjiiez et de T lavera , qui ont pu, h juste lit e,
mériterai! Tage l'épiihète de dor^ , ni la célébrité
attachée à C( lie qualifictiiion. — Ce lleiive coule dans
la partie du terniin qui est entre la chaîne des mon-
tagnes comuies sous le nom de Sierra di; Guad.liipe
(Montes Carpetani des anciens), dans les environs de
l'aurien mapnifiqiie monastère de l'ordr.; de Saint-
Jérôme de Giiad dupe, et la chaîne de (inadarrania.
Il sort d'une faible source appelée Pie IzquierUo,
dans la chaîne d'Albarracin, dans l'évèché de ce nom,
aux monts de la Mnela de San-Jnan , couverts de
neige pendant huit mois de l'année; non loin de sa
source, et déjà grossi par de petits riiis-eaux, 1 pas<e
par les plaines de son nom, où il nourrit d'excel-
lentes truites saumonées, et entre de suite d:ins la
province deCnença, à laquelle il sert, sur plusieurs
points, de limite a^ec celles de Soria et de Gutidila-
jara. Dans la première , il reçoit par sa droite la
Oeeseca, la Ciibrilla elle Gallo(i). Dins la toisième,
la petite rivière Clfuentes, à l'ouest de Trillo; et bien
avant d'arriver à Tolède, il s'enrichit par sa gauche
delà Guadiela, déjà réunie à i'Escahasel autres plus
petites. Après ce confluent , et svoir dépassé les
montagnes (pii lui font faire plusieurs chiites, et oîi
se forme la Olla, appelée Bolarqiie, espèce de puits
profond, il coule tranquillement à travers lescham|>s
de Zorila, baigne les superbes jardins d'Ar:in;iiez ,
élevi'S, d'après M. de IIumboKll, de 6-21 vires {\W5
pieds) au-dessus du niveau de la mer, entoure les
murs de la haute ville de Tidède (2), passe par Ta-
lavera, Alcintara, Abrantès, Santarem, et va dcboii-
muUanémeni à To'ède et à Madrid, et calculées selon
la formule de L iplace , il résii te que le jialais ar-
chiépiscopal de Tolède est à 12 • vares (o.i/ pieds)
au-dessous du niveau de Madrid, dans la rue Amii«*
de San-Bcrnardo. (Noie du mime.)
771
DlCTIONNAIRIi; DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
cher dans la mer à Lisbonne (1), qu'il laisse sur sa
dioile (•2). Ajirès sa jonction avec la Cnadielâ, ce
fleuve reçoii du nord Ir J.ir.inia (3), la G'iailaijama,
rAlhcri'lii', le Ticiar, l'Alagon, l'Erjas, le Ponzul, la
L:u;a el le Zezeie; et par le côié opposé l'Algodor,
leTnrcon, laSedaiia, la Piisa, entre Araiiji.ez et Tala-
Vera, l'Alija, l'Iljor, qui sert de liiiiiles aux pnviiices
de Tolède et d'Eslroniadure, Li Magasca, la Salor,
la Sever, qui se; are l'AlcnleJ!» de i'Ksireinadure es-
pagnole, l'Alpiarza, la Zalas et rAliiiaiizur. — La
navigaiiuii de Lisbonne à Alcautara , par le Tage,
s'ouvrit en loSO. Le projet d'Aritonelli , célèbre in-
génieur, ajanl élé approuvé, on continua les travaux
pour reiidie ce fleuve navigable jusqu'à Tolède; et en
effet il rélait en 1^88. Sous le règne de Pliilippe III,
cette navigation a cessé, quoiqu'un ait soc.gé à la
rétablir, en ouvrant, en 1 6-40, des canaux de Ma-
drid àAraiijuez, ainsique d'Aianjiiez à Alcala; puis,
en 17Ô5, de Tolède à Talavera, dont les eaux arri-
veot encore jusqu'à la nioiilagne de Cuença. Aucun
de ces projets ne fut lenniné, et iis n'ont servi qn'à
dénionlrer la possibilité deiablir une coniniunication
par eau de la Manche à l'Atlantique, do laquelle ré-
Buiieiaient des avantages incalculables pour l'tspa-
gne. — Le Isge a environ IviOU kil. de cou; s , OU
223 lieues. Le chiflVe de iC'J lieues, ou 6iO kil.,
porté dans le tableau des fleuves, est une erreur.
Talabrlcn-Eiiora, Talavera- de -la-Reyna. Cette
ville, du diocèse de Tolède, a été ainsi aurnominée
parce qu'elle était l'ap.nage d'une reine de Caslille.
Située sur le Tage, dans une plaine fei tle, elle est
riche et cou)nierçanie; elie renferme des fabriques
renomiuées d'étoffes de soie et de faïence denii-liue.
Son cliinal est cliaud; l'hiver y est assez froid,
mais duie peu; il gèle souvent dans celte saison,
mais la neige y est rare , et les chaleurs de l'été ex-
cessives. On recueille dans son territoire des grains
de iiiute espèce, des vins blancs, faibles en qualité,
des fruits cl légumes excellents. Les montagnes en-
vironnâmes abondenl en gibier, et quoique le Tage
soit géiiéraleineni jieu poissonneux, on y pèche de
bannes anguilles et des barbots. — Talavera possé-
dait treize couvents des deux seses avant la sup-
pression des ordres monastiques. Elle a sept parois-
ses, parmi lesquelles on dislingue une égbse qui a le
litre de cathédrale. Ce monument, dans le style go-
thique lourd , est néanmoins d'une architecture iin-
qui est en grande vénérai'on dans la contrée et l'ob-
jet d'un pèlerinage très-fiéqnenié. Talavera est h
5(i kil. ouest de l'olèd • et de la province de ce noir;
elle offre en général un aspect peu gra iens ; les an-
ciennes maisons sont grand -s, mais dépourvues de
toutes commodités; les nouvelles, petites, mes |uine»
el resserrées; les rues étioites, tortueuses, mal pa-
vées et nialpr.'pres. I a campagne, (pii est belle el
agiéable, p ésente, de queh,iie côté qu'on se dirige,
de charmantes promenades, uotaniineiii le bois qu'on
appelle l'Alameda, sur le hi rd du fleuve, que l'on
passe sur un pont de lio loises de long, dont les
piles et les aiclies sont en pierres, et le re te en
briques. C'est un archevêque de Tolède qui l'a tait
Construire. La culture des nmiiers, la labiicalion da
la soie, de la cbapelierie, de la cire, du chocolat, et
de totit ce qui compose la coiifisi rie : telles sont les
principales branches d'industrie et de commerce de
Talaveia, autrefois considérable, mais bien décluicj
depuis les trouilles politiques et les malheurs de l.i
guf-rre. Don Ordono II, roi de Léon, enleva celto
ville aux Maures, qui la repriieiit et la peidirent dé-
finitivement en lOS.'î, ailles la conquête de Tolèdo
par Alphonse VI. — L'événement le plus remarquaiilc
et le p'us léceni qui se soit passé sous les murs de
cette ville, est la lataille qui se donna les ■li ci 2S
juillet it;09, entre 1< s Anglais et les Espagnols d'un
côié, et de l'autre l'armée française ; les premiers
étaient commandés par le duc dj Wellingion, et les
Français par le roi Joseph Bonai'arleen personne et
le maréchal Soult : ces derniers, après des efforts
inouïs de valeur el d'habileté, plièrent un instant;
mais une sa\anle manœuvre du général françiis suf-
fit pour faire prendre la fuite à l'armée anglaise et
espagnole au moment où les généraux anglais décer-
naient à lord Wellinglun le tilre de vainqueur de Ta-
lavera. Ceite ville est d'une hante antiqui'é : on y
trouve des pierres couvertes d'inscriptions romaineS
et des crrières de marbre violet el btarié. Elle
esta lUO kil de Madrid. Popid. 12,000 hah.
Talavera est la patrie de Juan de Mariana, do la
compagnie de Jésus, un des pi emiers écrivains dé
l'Espagne. Mariana lit ses études à l'uaiversité d'AI-
c.Ij, enseigna à Rome, en Sicile, à P ris et en Es-
pagne, avec une réputation distinguée. Il composa
un livre sur l'iiistilution des rois, qui fut censuré à
Paris par la Sorbonne, et condamné au feu par le
posante, grandiose, el d'une solidité à toute épreuve, parlement. L'auteur y soutient qu'il est permis île se
A un demikil. de la ville, on voit l'église de Notre- défaire d'un tyran. Maiiana écrivit en latin un autre
Daine-del-Prado, sous le vocable de la sainie Vierge, ouvrage sur les monnaies, pour leqitel il lut mis en
(t) Le Tage, semblable au Duero, à la Cnadiana et
au Gi'adahpiivir, dans sa direction la plus sensibb^
qui est de l'ouest à l'est, s'incline loujeiirs un peu au
sud, ainsi que le démontre la conniaraison des lali-
indes observées sur quelques p lints de S' s rives. De
Triilo à 'loiède, sadireeiion s'approche vers l'équa-
teuriie i'i' 6"; de Tolède à Alcaniara, seulement de
G' il''; mais d'Alcantara a Lisbonne «le 1" i' -II".
(Alulc du géographe Anlilloit.)
Câ) Le Tage débouche dans l'Ucean Atlantique par
une embouchure étroite au sud de Lisbonne , dont
la nos'iioii ligourciisemenldétermiué.- e^l par les 58*
42' !4" de laliiude nord, el les H" 2S' 45" de loogil.
ouest. (^^<"« <'e rau!eur.)
(5i Le Jarama arriva- a'ors enrichi des eaux «le la
Tai lia et «le l'ilénarès. Celle derniCie, en passant
par Gua.ialaj 'ra , coule à une hauteur de près «le
8i:0 vares (loîJO pieds) au-dessus «lu niveau de la
mer, qui est aussi celle de «elle ville.
{Sole du géographe AnlUhit.}
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
774
prison par ordre du gonveriiement espagnol. C'est du-
rant sa capiiviic qu'il prépara sa rcniarqiiaMe Uis-
tei.e d Eapagne, laquelle réunit à la grandeur du
dessein, la nubles^e du style et ta prol'undeur des
aperçus. Ceiie Hisioireluî d'abord éi rite eii laiin, et
ensuite en espagnol; mais la preiniè e est bien supé-
rieure ii la seconde; sa Imiiiité ejt digne du sièule
d'Aiigusie. Mariaiia n'osa pas aller .'.u delà du règne
de Ferdinand et d'Isabelle la Catholique. Ses ci nti-
nuateurs Saicedo, Soto ei Miniana, qui s'étendent
successi»emeiil jusqu'h ia fin du xvii» S'.ècle, ne sont
que des enregistreurs de faits et d'événements plus
ou moins importants.
Tarnada, ville el abbaye de Saint-Maurice, dans le
canton du Valais (Suisse). Celte petite ville, dont là
popn'ation est de 1800 habitants environ, assez ré-
gulièrement bàlie, est située sur la rive gauche du
Rlione, à l'endroit où ce fleuve s'éebappede la gorge
étroite dans laquelle !a Dent de Morcle et la Dent
du Midi l'enserrent. Le passage que laissent ces deux
ninniagiies , les dernières des deux chaînes qui cei-
gnent le Valais, est si étroit, que la porte de la ville,
qui se trouve sur le pont du lUiônc, le ferme eniiè-
renient. Les Uomains reconnurent d'abord liinpor-
tance de la place de Saint-Maurice, comme iirincipal
passage de la vallée Pennine au pays des llelvétiens,
et ils y tinrent garnison. Cttie \ille s'appeiait alors
Tarnaïas ou Tarnada , et plus lard Aguuiiuin ou
Agauiius. La innliiiuilé de pierres sépucrales qui y
ont été trouvées lait présumer qu'il y exist;iit des
catacombes du temps des Romains., D'après une
vieille tradition, il doit y avoir ea des chrélirns à
Saint-Maurice dés l'an 58 de notre ère, c'est-à-dire
Sous le règne de l'empereur Néi on , et régli.-e ac-
tuelle de Saïut-Lauient aurait éic leur premier lieu
deiéunion; s'il en était ainsi, cet édifice si rait la
première maison de Dieu qui eiit existé on Suisse;
son architecture exticmenient antique au orise à
ajouter qnelqiie foi à ceite tradition. On voit aussi à
Saint-Maurice une chapelle qui a été bâtie sur rem-
placement où les officiers de la légion Thébaine su-
birent la mort des martyrs, le 2-2 septembre 502,
pour n'avoir pas voulu renier le christianisme. Ils
fnrtnt d'abord enterrés dans les catacombes , mais
leurs ossinienls en furent tiiés plus tard, pour être
I lacés dans l'église de I abbaye, érigée en leur com-
njémoration. Le nom de Saiiit-Maurice, adupté par
la ville et par l'abbaye , était celui du chef de cette
légion thébaine. En 517, Sigisinond , roi de Bour-
gogne, dota richement cete abLaye , en expiation
du liieuitre de son fils. L'église est presque entière-
niei.l pa>ée de iiierres sépulcrales , provenant des
Riiinaihs, mais les inscripiiuns sont géuéralcuienl
fruMes ei illisibles. L'abbaye conserve dans sa Bi-
hlioll.èqtie beaucoup de nianttsciils très-iniéressants,
et lin trouve dans le Collège une coUtClion d'objets
d'.'i>toire naturelle.
Un reniar(|ue dans la ville le Pont de Pierre ,
J'uiiu seule arci.e, construit d'.iprés le plan donné
par un évêqne du Valais; et l'ermitage de Notre-
Dame-du-Sex, taillé dans le roe vif, à ui e hauteur
très-i ousidérable. On y jouit d'une Irès-bello vue. Il
y avait aulie^'is un grand concours de |.éierii.s à
l'abbaye de Sainl-Mjurice et à Notre-Dame du Sev.
Les drux l'èlerinages exisient toujours, mais ils sont
moins fiéi|ueuié>. L'abbaye est cncupée par des
chanoines; tlie n'a pas été épari.née d:ins la contri-
bc'.tion de guérie (|ne la Dièie fcdciale a imposée aux
éiablisseincnts ecilésiaïliques de la Suisse, après sa
victoire sur Us cariton> catholiques, à la fin de 1817.
— Nom loin de Saint-Maurice, et du côté du lac de
Genève se trouvait Epnunum, Epaoue ou Epaune,
célèbrepirleconciledcsévêques de l'ancien royaume
de Bourgogne qui y fut tenu en 317, car la plus
forte partie de la Suisse en dépendait. Epaunum lui
détruit par la chute d'une montagne. Il n'en resta
aucun débris.
Tarraco, Tatragona, ou Tarragone. C'éiait la mé-
tropole de la province Tarragonaise et de l'exar-
chat des Erpagnes. Elle possédait des arcbevénucs
dès le iv^ siècle, et figurait parmi les villes les plus
considérables de l'Espagne. 11 s'y est tenu ci:iq con-
ciles dans le moyen âge, en 516, en 1230, en 1242,
en 1279 et en 1Ô12. Uuii.ée en partie lors des pre-
niièrei incursions des Sairasius (Arabes) en E>pagna
et dans le ruidi des Gaules, elle fut réduite au titra
de simple évéché Snus la métropole de Narbunne.
Le pape L'rba n 11 la rétablit dans se- droits de mé-
tropole, mais siius la priraatie de Tolède, que le^
archevêques de larragone ont const;imment refusé
de reconnaître. La lathédrale, bàlie en 1117, est un
monuineiil g ithique irès-reinaniuable, par le sombra
religieux qui y règne, el les énormes piliers qui
sujiporteiii lu voûte. L'édifice est orne de tableaux ,
de statues, de tooibeaux et de bas-reliefs. Avant la
suppression des ordres monastiques, elle cnmiiait
onze couvents des deux sexes. — Tarragone est une
place fitrie, dans une situation pittoresque, sur una
hauteur escarpée, au bord de la mer, à l'embouchure
du Fraiicoli , où on a lonslruit un mole qui fait
de celte ville un des plus riches éuibli-,sementi de
la côte, en facilitant l'exportation des productions
leriitoriales , et faisant de celte place la défense la
plus sûre des lies voisines. Elle jouit d'un climat
tempéré , malgré les vents impéiueux qui y régnent
souvent ; on recueille dans son territoire d'excel-
lents fruits, un vin un peu grossier, m ils bon; grains,
légumes et chauvi e. Les environs sont ;igréables et
mieux peuplés que la ville, qui n'a que 12,000 âmes;
ce(|uiest bien peu, comparativement à la population
qu'elle avait sous les Romains. Elle consene de.*
traces de celte époque de sa grand<;ur, les ii; nés d'un
arc de triomphe, d'un amphithéâtre , d'nu temple
élevé par les habitants en l'honneur de l'empereur
Auguste et de son vivant. Un magnifique aqueduc ,
de lues de 28 kil. de longue ir , amène l'e.iu dont
cette ville ét;iit privée. C'est un ouvrage des Ro-
mains, mais qui a été réparé par un des aicUcvéques
Ï78
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
nu
de Tarragone, Pline dii c]»Vlle eut pour fondateurs
les Se. liions, qui la foililièrent contre les Carlhagi-
iKiis. Elle fui cohmie romaine, et donna son nom à
tiiuie l'Espagne cliérieure. Tarragone fui assiégée
parles F'rançals, en 1810, ei piise d'assaut après
deux mois de siège et une vigoureuse défense, celle
ville est la patrie du célèbre historien eecésias-
liqne Paul Orose. Elle est à 7-2 kil. ouesl-sud-ouest
de iJarcelone, i^O kil. sud-est de Madrid. Latitude
nord 41° 8' 50"; longitude ouest 1° V 45".
L'arclievéque de Tarragone avait pour suffragants
les évêeliés de Tortose, de Baicelone, de Lérida, de
llequiiienza, de Girone, de Vicli, de Solsona, d".\m-
P'.itias et dX'rgel; il les a conservés, sauf Mequi-
nenza et Anipurias, qui n'existeni plus.
Teremisii, lc~ Tcliérémisses. C'est un peuple de la
Riissie d'Europe, de race (innoise, qui habile les gou-
\ernenienls de Viaika, Cazan, Sinihirsk, Orenboiirg
ei Perm, les deux rives du Volga, et principalement
la rive de la Kama vers son emboui hure. Ils se nnm-
nieni Mnri, c'csi-à-dire, lioninics ; le nom de Tclié-
rémisses (orientaux) leur a été donné par les Mor-
diians , parce qu'ils étaient à l'est de ces derniers.
Leur langage est nn dialecte liniiois mélangé de
mois russes et lart.ires. Les Tchéréinisses s'enteii-
deni pa faitement à l'éducali in des abeilles, et cette
brar clie d'écon,.inie 'levient exiièinenieni prodiiclive
entre leurs nsains. Ils sont fort ignorants ; n'ayant
pas d'alphabet, ils n'ont pu conserver aucune notion
de leur ancien culie, de leurs lois ni de leur histoire ;
ce qu'ils en savent encore n'est que par tradition ,
el celle-là s'efface tous les jours de leur mémoire ,
surtout depuis qu'une grande partie de ce peuple
6'est convertie au chri-tianisme. De taille médiocre,
ils ont pr( sque tous les cheveux chàtain-clair, ou
blonds on roux. Ces couleurs se disiinguenl surtout
dans leur barbe , qui n'est pas fort garnie. Trés-
blancs de visage, ils oni de gros traits, el ne sont
pas rebutes, mais craintifs, dissimulés el d'un en-
lélenieoi sans égal. Le sexe y est d'une figure assez
agréable. Le costume des Tcliérémisses est presque
le mènie pour les deux sexes que celui des Morduaos,
à quelques peliies difl'érences près, excepté encore
que chez les Tcliérémisses les femmes mariées e./
les filles s'habillent de même : elles portent l'hiver
el l'été des caleçons sous leurs chemises, qui sont
étroites et as-ez courtes. Les Tthéréinisses sc^nt
plus propres dans leurs habitations que les Votiaks,
Morduans et Fnnois , et approchent beaucoup en
cela des Tchouvaches. Leurs maisons , ressemblant
à celles e ces derniers, n'ont point de cour, el sonl
dispersées. Dans la plupart des mai-ons il y a nn
appartement d'été el un d'hiver, avec une galerie
couverte et un escalier. La distribution intérieure
est en lont la même que celle des maisons tariares.
Ce sont d'excellents agriculteurs , aussi leur pays
abonde-i-il en grains. Lorsqu'ils moissonnent , ils
enipil'Mit les gerbes en nlenle^ en for.iie de cônes ,
qui sont soutenues par quatie pieux ou poteaux avec
des traverses, el couvertes de morceaux d'écorces
d'arbres , ce qui les mei a l'abri des souris el de la
pourriture. Ils possèdent beaucoup de chevaux et de
bêtes à cornes. Une partie des Tcliérémisses vt dans
l'idolàlrie , el ceux-là mangent volo .tiers la viande
de cheval , d'ours et de toutes sortes d'animaux, les
bêtes mortes et le porc exeepiës qu'ils ont en horreur.
Lorsqu'il leur naît un enfant, le premier venu lui
donne un nom ; si c'est un garçon , un homme le
nomme ; si c'est une fille, une femme en a l'honoeur.
Ils achètent leurs femmes , et le prix ordinaire est
de 40, 50, jusqu'à 100 roubles. La polygamie est
permise parmi ces idolâtres , mais ils n'épousent ja-
mais une parente , et ne peuvent même épouser les-
deux sœurs , mais après la mort de la pieinière ils
peuvent prendre l'autre , si elle y consent. Celui qui
a donné le nom au garçon est l'entremelteur de son
mariage. Le jour des fiançailles le prétendu arrive
avec ses amis chez la prétendue, el y donne une
espèce de bal , car il amène des danseurs et des
musiciens ; il paye le reste de la somme convenue
pour sa fuiure , el fail des présents aux assi^iams ,
après quoi l'on se diveriii jusqu'au lendemain. Alors
il emmène la fiancée , malgré ses pleurs, ses cris et
sa feinte résistance, dans son 1 gis. LesTchéréniisses
idolâtres eiiierrent leurs morts le jour niê-oe du dé-
cès; ils ont soin de poser le cercueil du sud à l'cst,
de façon que la lête reste tournée au sud. Ils font
chaque année un grand sacrifice avec beaucoup de
cérémonies. Les Tchérémis-cs chrétiens oni eoose vé
plusieurs usages et superstitions du paganisme; ils
se joignent encore volontiers aux idolâtres pour les
cérémonies et pratiques superstitieuses de tes der-
niers, et surtout quand ils croient pouvoir le faire
impunémenl et à l'insu de leur curé. On compte
100,000 habitants de ce peuple dans toute l'étendue
de l'empire Russe.
Terra Amoris, Futuna et Arofi. Ces deux iles, com-
prises dans le vicariat apostolique de la Nouvelle-
Zeeland, sont évangélisées par les PP. de la société
de Marie. Fuiuna el .^rofi sont deux îles voisines,
communément désignées sur les caries françaises
l^ar les noms de Alluu-Falou, en océanien Aroofa
(amour), Atou (à toi); le premier de ces deux mots
est le salut ordinaire des naiurels. Arofi, moins
grande de raoiiié que Futuna, en est séparée par un
canal dont la largeur n'excèile pas un quart de lieue :
elles sont situées à environ 160 kil. sud-ouest de
Wallis, par le 14« degré de latitude australe et le
179' de longitude orientale. L'ile de Fuinna n'est
qu'une montagne de peu d'élévatioa et bien boisée ;
ses bords sont ou des rochers à pic battus par les
Hots, ou des ciiles fortement inclinées sur une pente
de cent à six cents pas : c'est le long de ces rivages
que s'élèvent les habit'ti lions, par groupes qui for-
ment autant de villages. On ne peut guère y aborder
qu'av c de léger' s chaloupes ; encore faut-il beau-
coup (le précautions pour n'ê.re pas jeté sur les
écucils par le ressac qui règne sur toute la côte, it
777 GEOGUAPHIE DES LEGE^DES AU MOYEN AGE.
778
l'exci^ptioii d'une petite anse où un navire serait bien
h l'éiroit. — On retrouve i''! à peu prés les niênies vé-
gétaux que dans le reste de l'Océanie : cocotiers, ba-
naiders, arbres à pain, bois de fer, etc., sont la pa-
rure la plus ordinaire de l'ile, et la ricbesse priuci
pale de ses liabiinnis. Les belles Heurs sont rares.
La canne i sucre, le coionnier, le tabac, se déve-
loppent à merveille sous l'influence du climat. Les
missionnaires de la société de Marie ont introduit
dans l'ile l'oranger, le citronnier, la vigne et le blé.
La vigne y dégénère, et quant au blé, les épis en
restent vides. — A côté des productions utile.'', on
trouve à Putuna quelques-uns de ces accidents lieiî-
reux qui prêtent un nouveau charme à une nature
pleine de fraicheur : dans les bois c'est une foule de
petits perroquets ou d'autres jolis oiseaux, presque
eniièrement blancs; au bord de la mer ce sont des
poissons de toutes les formes et de toutes les cou-
leurs, les ui:s bleus, les autres rouges, verts, tache-
tés, bariolés de mille nuances gracieuses; mais il en
est peu de gros, à cause de l'agitation des vagues
toujours eu tourmente sur cette côte garnie d'écueils.
A chaque pas un ri>nconlre des traces d'éruptions
xolcaniquts : de fréquents trembleraenis de terre en
feraient craindre la réapparition prochaine.
Les Fuluniens, à quelques exceptions près, dif-
férent peu des Européens pour les formes physiques
et l'ensemble de la physionomie. Bien qu'ils soient
légèrement cuivrés, leur teint, surtout parmi les
femmes, pari>itrait moins hàlé que celui de nos com-
patriotes occupés aux travaux de la campagne, sous
les rayons d'un soleil d'été. Ils portent en général
les cheveux courts, à part un certain nombre de
fashioiiables qui laissein flotter sur leurs épaules une
longue crinière, dont ils prennent un grand soin.
Leur dlBormiié la plus saillante, quoiqu'elle n'ait
rien de bien désagréable, est un nez tant soit peu
écrasé ; et cela provient de la nianlèf e dont les mères
porieni leurs noumssons. Un les voit .-'incliner pro-
tondément, puis jeter l'enfa'it sur leur dos, étendre
par-dessus deux brasses de l'étotre du pays, large
d'une demi-aune, qu'elles lient pir devant en faisa:,t
passeï un bout sur l'épaule dioile et l'antre sous le
bras gun< be. Le marinot est là parfaitement bien :
on ne l'entend jamais ileiirer. Sous ce fardeau chéri
les mères peuvent courir uii bon leur semble et tra-
vailler tout a leur aise. Le tatouage se pratique avec
les mêmes cérémonies et la même bizarrerie de des-
sin <|u'à la Nouvelle-Zeeland. Il est toutefois en ce
genre un ornemeni propre aux Futuuiens, et dont
ils tirent la plus grande vanité : il consiste à se di-
viser la figure en quatre carreaux symétriques, deux
noirs et deux rouges; les premiers sont peints sim-
plement .ivec du charbon, les autres avec le suc
ligure des femmes, indique qu'elles sont séparées du
leurs maris, et qu'elles aspirent à contracter une
nouvelle union. Elles doivent faire une étrange con-
sommation de cette teinture favorite, car il y a sipcn
de mariages de longue durée! Au premier méconlen-
lement de l'un ou de l'autre époux on se quitte, et
même avec moins de dilliculté qu'on n'en mettrait en
Europe à renvoyer lui domestique. — La distribution
des emplois est assez eu harmonie avec les forces et
les aptitudes des divers membres de la famille : aux
femmes le soin de ramasser les coquillages que la
marée, en se retirant, a déposés sur les récifs; à
elles encore la fabrication des iiattes qu'elles tres-
sent avec une merveilleuse dextérité, et celle du
siapo ou tape de Fuluna, renommé dans tous les ar-
chipels voisins pour la délicatesse et la régularité de
ses peintures. Cette étoffe, tirée de la seconde écorce
d'un arbre, que l'on étend avec un marteau de bois,
est aussi solide que la plus furte toile ; mais elle ne
résiste pas à l'eau. Aux hommes sont réservés la cul-
ture des terres!, l'entretien des arbres et la grande
pêche; ils sont en outre chargés dé la cuisine (1).
Quand les aliments sont prêts, on se réunit dans la
maison du notable de chaque village, où chacun
porte son dîner; les femmes prennent leur repas à
part, dans une autre habitation. En guise de cuiller
on se sert d'une feuille repliée, et pour ceux qui crai-
gnent de se brûler les doigis en tirant les herbages
de la soupe, la fourchette est le premier petit mor-
ceau de bois qui tombe sous la main. Ces herbages
sont quelquefois si forts, qu'un instant après s'en
être nourri, il semble qu'on vous pienne à la gorge
pour vous éioufTer. Si le festin se donne en l'honneur
d'un ami, c'est un chien qu'on sert aux convives ; le
porc est réservé pour les jours de fêle; on le jette
au four tout entier, après lui avoir brûlé le poil et
vidé les intestins : il est inutile d'observer qu'on l'en
retire tout saignant. Aux rejias ordinaires on se con-
tente d'un (iot;ige de tara, assaisonné avec la chair
du coco, que l'on a fait pourrir en terre, ou avec une
émulsion de la noix de ce même fruit non fermenté :
en y ajoutant quelques menus poissons qu'on dé' oie
le plus souvent sans les faire cuire, on aura l'idée
d'nn diner de famille à Futuiia. — Les banquets pu-
blics sont présidés par le roi, devant le(|uel chaque
insulaire vient déposer les mets qu'il a préparés.
Après la prière commune, on mâche solennel-
lement le kma pour l'offrir à la divinité de l'ile :
c'est le roi qui, en sa qualité de (abernacle riu dieu,
lui fait parvenir la précieuse liqueur par la voie de
son propre gosier. Alors les alimenis sont rera's aux
chefs de villages, qui les distribuent à leur tour aii.v
pères de famille : on mange toujours trois ou quatre
dans I* même plat; et il est de bon ton de présenter
d'une racine que les naturels récoltent et préparent à ses amis le morceau qu'on a mordu. Chacun s'as-
en cnmmun, avec tous les joyeux ébats qui signalent sied à terre sur une natte; car on ne connaii dans ce
en Europe l'époque des vendanges. Ce rouge, sur la pays ni bancs ni chaises; les hommes se tiennent
1 1) Les aliments se préparent i« Fuluna comme à la N>tu\elle-/eeland. (ISote de routeur.)
DiniONNAinP. DE rfKOGBAPHIE BCCL. M.
58
779
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIAST'QUE.
780
les jambes croisées à la mode des tailleurs, el les
leniines sor.l accroupies sur leurs laions. Le n-pas
fini, les restes ainsi qiie la vaisselle et la nappe sont
jetés aux thiens et aux cochons, qui n'ont cessé de
rôder autour des convives (I). — Les habitations
sont très-simples. Une grossière charpente reposant
sur quatre on six colonnes et supporlanl un toit ([ui
descend à 2 ou 5 pieds de terre ; entre les piliers
quelques troncs d'arbres, desiinés ii proléger coiitre
les atteintes de l'air ceux qui sont assis dans l'inié-
rieur de la cabane; pour ouverture, un irès-faible
intervalle ménagé entre \c rempart d'enceinie et
l'extrémité de la toiture, voilà les demeures occu-
pées par les insulaires. La forme en est générale-
ment ovale; si leurs dimensions ne sont pas partout
les mêmes, elles sont toujours de peu d'étendue.
Au 11 ilieu de ces huttes sauvages , ceile des mis-
sionnaires se dislingue par une architecture à pari :
elle est close sur toutes les faces par un ireiilis de
bambou ; elle a portes et fenêtres comme les mai-
sons à l'européenne; an-dedans elle se divise en
plusieurs pièces. Il est vrai que ces cliamlirelies
sont resserrées, que la hauteur en est pi-ii considé-
rable, (|ue pour tout plafond ellos n'ont que le feuil-
lage. Autour de chaijue maison rvgne une sorle de
terrasse, plus ou moins v;iste snivani la richesse des
propriétaires, mais partout sablée et tenue avec une
propreté parfaite.
Le siil est naturellement d'une extrême lécomliié :
la rapidité de la végétation tient du merveilleux.
Ainsi au mois de juillet, temps pour les snuv.Tges de
coni|ilèie inaction, j'.'i suivi, érrit le P. Chevron , de
moments en moments les progrès de quelques végé-
taux, et sur une durée de vingt heures j'ai vu une
feuille de bananier grandir de sept pouces. Je m'en
étonnais, et l'on nie dil : « Ce n'est rien ; le terrain
qui nourrit cet arbre est mauvais. > En effet , snr
d'autres emplacements il se développe avec nue vi-
gueur plus surprenante encore. Admirable sollici-
tude de la Providence! si elle accélère avec tant de
promptitude la végétaiion , c'est i]ue ces iles en ont
besoin. D'effrayantes lenipéies rréijueniment les dé-
solent; et quand ces ouragans se décliahieni, coen-
liers, bananiers, arbres à pain, tout est brisé par la
tourmente, ou au moins dépouillé de ses fruits. Il
est rare de rencimirer une grande tige qui n'ait été
plus ou moins miiiilée par les orages. Entre les cau-
ses diverses de cette fécondité , les rosées doivent
occuper la première place. Elles sojjt, sous ce ciel,
d'une excessive abondance; la nuit surtout elles éia-
blissenl dans l'air une telle humidité que celle des
brouillards de l'Europe même les plus épais ne
saurait leur être comparée. Il esi facile aprdi cela
de concevoir que le sol, ainsi détrempé el sans cesse
rafraîchi, soit henteusement disposé à pioliler de la
chaleur vivifiante du soleil. Mais ce qui est pour la
(1) Cette vaisselle n'esi autre que la feuille du ba-
nanier , longue de 8 pieds environ , sur 2 on .j de
large; elle sert non-seulemeni de marmiie , de plat,
n.itnre un si précieux avantage, devient presque un
fléau l'our l'insulaire. Couvert d'une sueur ruisse-
lante jusqu'au moment où le jour tombe, le sauvage
se jeitc dans cet état sons le toit de sa cabane mal
fermée ; et qu'arrive-t-il ? C'est que surpris au mi-
lieu de sa transpiration par la fraîcheur de l'atmnr-
)diore qui le pénètre el le glace, il puise dans ce re-
froidissement le germe d'une foule de maladies et
d'inflruiiiés : aussi la plupart des insulaires sont-ils
attcinis d'afTeclions plub ou moins graves à la peau ;
les uns S'int rongés par d'allreux ulcères ; d'autres
ont des bras ou des jambes d'une grosseur mons-
trueuse; el , chose encore plus déplorable, à peine
un petit nombre d'entre eux veut user des remèdes
nécessaires, parce que la superstition les condamne
à se résigner. « C'est un dieu qui nous mange , di-
sent-ils; nous ferions de vains efforts pour échapper
à sa colère.» Du reste, ils ne se bornent pas h pren-
dre pour autant de dieux les maux qui les affligent ;
ils placent des divinités partout, el vont même jus-
qu'à supposer que le plus grand de Ions les esprits
repose dans la personne de leur prince comme dans
un sanctuaire vivant. De cette croyance résulte une
manière étrange d'envisager leur roi, el de se con-
duire sous son autorité. A leurs yeux le souverain
n'est pas responsable de ses actes ; on le regarda
comme inspiré par l'Esprit divin dont il est le ta-
bern.icle ; sa volonté par conséquent est sacrée ; il
n'est pas jusqu'à ses caprices et ses fureurs qu'on
ne vénère ; el s'il lui plaît de se montrer tyran, ses
sujets se prêtent par conscience aux vex'itions dont
il les accable. Mais en retour est-il insouciant ou
faible? chacun devient son propre maître ; comme
le dieu ne se mêle de rien , tout insulaire est
investi du droit de régler ses actions au gré de
ses fantaisies ; on peut même égorger son voi-
sin, sans avoir à redouter d'autre vengeance que
celle de la famille à laquelle appartient la victime.
— Ces rois, tout dieux qu'on les suppose, ne sont
pas assez heureux ou assez habiles pour maintenir
la paix au milieu de leurs Iribus. L'ile est constam-
iiienl divisée en denx partis tour à tour appelés maro
ou lava , suivant qu'ils sont vainqueurs ou vaincus.
Vaincu, 011 app^irlient corps ei biens au vainqueur,
jusqu'à ce que redevenu assez fort pour lutter contre
ses maîtres, on essaie de briser leur joug. La guerre
alors se déclare, et l'acharnement est affreux. Tous
les vieillards du camp défait doivent mouiir les
armes à la main. Dans une lutte semblable qui eut
lieu en '840, un de ces malheureu* à cheveux blancs
élait tombé sur ses genoux , tout couvert de bles-
sures : le prince victorieux lui dit qu'il lui faisait
grâce de la vie ; « Non, répond-il, je veux périr,
c'est mon devoir; i ^, ramassmt le peu de forcés
qui lui restaient , il se mil à frapper en désespéré
dans toutes les directions, jusqu'à ce qu'enfin on
d'assiette et de nappe, mais encore de parapluie, de
parasol et de vêtement.
(Noie de l'auteur.)
GEOGRAPHIE DES LEGENDES Ali MOYEN AGE.
78i litUUUAniiE- uii,b LtiibNUfi AU MOYEN AGE. 78i
deuil! On croirait assister à un banriuet do. tioces,
laiu la joie esi franclie et la félc animée. Dix j^iurs
(liiraui, les iliverlisseineiils sesuccèdeiil, a\ec quatre
repas par jour , et promesse d'anniversaire à la
dixième lune. Assez ordinairement il y a lutte au
pugil a en l'honneur du défunt; les coups ne cessent
que lors lu'un des deux cliampions louibe sur l'aiéne :
le vainqueur lui tend aniic:ileinent la main pour l'ai-
der à se relever, ci revient soutenir un second as-
saut contre un nouvel antagoniste, vengeur du pre-
mier. Quelquefois les deux combaitanis sont armés
d'une brandie de cocotier, moins dure, il est vrai,
que le bois ordinaire, mais cependant assez forte
pour casser les membres ; et ce jeu dure jusqu'à ce
qu'il plaise aux vieillard> de dire : < C'est assez. »
Jusqu'ici la religion n'a fait que peu de progrès
dans l'île : quelques caiéchuniénes passablement
instruits un certain nombre d'eniams et de grandes
personnes baplisés eu danger de mon, voilii à quoi
se réduisent tous les fruits de la mission. La princi-
pale cause esl !a cupidité du roi qui, en sa qualité
de tabernacle de Dieu, croit avoir iniérêt à maintenir
l'ancien culte, dont les offrandes l'enricbisseni. A
l'imitatiiii du prince et par crainte de lui déplaire,
pent-éire aussi parée qu'en se faisant ehréliens il
faudrait devenir sages, la plupart des insulaires res-
tent sourds aux soUicitaiions de la grâce, bien qu'en
secret ils témoignent le désir d'embrasser la foi. Il
est à croire qu'en exprimant ce vœu, la jeunesse esl
sincère; il y a ei. effet de grandes espérances à fon-
der sur elle; mais les vieillards sont entachés d'un
ciirae qui semble peser sur leurs lêies comme une
réprobation , c'est laniliropopliagie poussée far eus
aux dernières horreurs. D'apiés les documents re-
cueillis de la bonclie même des naturels, le nombre
ie l'île que l'Aiiia était irrité contre son enfant, à <'«" lialiiianis des deux îles s'éle.ait naguère à plus
cause d'une cuisine mal faite; mais on n'osait pas lui ^'^ quatre mille; aujourd'hui il ne dépasse pas douze
reprocher d'avoir faii cuire sa propre mère pour s'en cents! et c'est en grande partie la dent de ceux qui
repaître avec ses amis. Si la maladie continue, mal- survivent qui a opéré cette eflrayante réduction I 11
gré les promesses de giiérisnn ddmiéei en échange y a lo'ii au pins vingt ans , la fureur de manger de
de piéseiits, le labemacle avoue que décidément son •* tli;iir humaine en vint au point que les guerres ne
génie n'est pour rien daiisces souffrances. Alors nou- suffisani plus pour fournir anx hideiiv festins , on se
l'achevât. Le roi lui-même, atteint à son tour par
une lance qui de l'épaule droite alla sortir au-ilessus
de la hauclie gauche, essaya d'abord de l'arracher;
mais les pointes recourbées qui garnissaient le fer,
empêchaient l'arme fatale de revenir sur la plaie
qu'elle avait iaite : alors le prince, brisant ce qui
demeurait en dehors de la blessure, se remit à com-
baiireavec fureur. Un catéchumène, percé à la jambe
par un trait ennemi, l'en relira aussitôt, et le rejeta
avec une étonnante énergie à celui qui l'avait lancé.
— A lu cruauté les naturels jnigneni presipie tous la
manie du vol : c'est surtout aux blancs qu'ils aiment
à dérober.
Les insulaires ne se représentent pas leurs dieux
sous les traits de la grandeur ou de la bonté; une
cruauttj féroce paraît être à leurs yeux le premier
attribut de la nature divine : Elle a des enirnilles de
dieux, disaient-ils d'une mère qui, ne pouvant ache-
ver d'étoull'er son cnlant, lavait broyé sons ses pieds.
— Le plus grand de tous ces génies porte un nom
qui n'est pas flaileur; on l'appelle /•'«/.n veri kéré
{faiêant h terre mauvaise). An-ilessous de lui s'agite
on essaim d'esprits subalternes, nommés Atiia-Mouri.
Comme leur roi, ils ont pour tahernacle quelques
insulaires, hommes ou femmes, qui se tr insmetieiU
de générât! n eu génération la divinité devenue hé-
réditaire d:ins leuis familles, t^es dieux portent une
grande responsabilité : tout le mal qui se fait est né-
cessairement leur ouvrage. Quel(|u'nn est-il souf-
frant, c'est un mauvais génie qui le mange, et il faut
se mettre en quéie pour trouver l'homme en qui il
réside. Celui-ci, après s'être fait raconter toute la
vie du malade , déclare solennellement qu'il est
mangé par son dieu en punition de telle ou telle
faute. L'iTacle répondit un jour à l'un des puissants
velles recherches et nouveaux cadeaux ; car un Aiua
pour une famille est vraiment la poule aux œufs d'or,
.^près le culte des dieux, les Ininneurs rendus nux
moris sont ce qu'il y a i.'e pins soieiinel. Dès qu'un
insulaire vient d'expirer, on s'empresse de l'envelop-
per de siapot, après toutefois l'avoir lavé, l'avoir
inondé d'une huile odorante, et paré comme aux plus
beaux jours de fête; puis on l'cnt.rre encore tout
chaud. Une fois débarrassé du cadavre , la famille
se dispose à recevoir la visite de l'île entière, q'ti ne
tarde pas à venir payer au délnnt le tribut de ses
pleurs, ou plutôt de ses cris. Chaque naturel, en ar-
rivant, commence par hurler sa douleur, et aussitôt
■^ s'arraant de deux coquillages , il se déchire de son
i mieux le visage, les bras et la pdirine : ces préli-
minaires sont de rigueur, si l'on veut avoir part au
festin qui doit être servi, l'ne Ims à table , adieu le
mil à faire la chasse au sein même de sa propre tribu ;
hommes, feiimies, enfants, vieillards, qu'ils fussent
amis ou ennemis, étaient tués sans distinction. Un
en vit même égorger les meuibres de leur propre
famille : des mères ont fait rôtir, pour s'est repaire,
le fruit de leurs entrailles... Au roi seul, en sa qua-
lité de dieu, étaient servis des corps entiers; dans
les autres cuisines on découpait les cadavres. On a
compté à la fois quatorze victimes sur !a table du
prince : et lui de crier : i Courage, courage, arra-
chez la mauvaise herbe! > Avec les corps rôiis,
souvent oti servait aussi des hnmines vivanis, pieds
et mains liés ; on les étendait sur de grandes auges
pour ne pas perdre le sang; puis on leur découpait
les bras , les jambes, et en dernier lieu la tête , ou
plutôt on l'S leur sciait a\ec un hambeu brisé qui
coupe à peu prés comme un couteau de bois, — Celte
785 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 784
boucherie conduisait rapiilemenl le peuple à une ex- beau d'éloO';; voilà ce qu'il y a pour eux de plus
termiualiou totale, lorsque le roi fui tué par ses coni- précieux au inonJe : le reste peut exciter leur éton-
plices dans une assemblée religieuse. Dieu, qui lient neiueul; mais ces Lagaielli^s, ils les convoitent, ils
entre ses mains le cœur des hommes, inspira au les volent s'ils eu irouvetit l'occasion. Un vieil haiiit
nouveau prince des sentimenls d'humanité qu'il im-
posa à tous ses sujets, et, depuis, il n'y a pas un seul
insulaire mangé. Ce n'est pas sans regrets que les
vieux cannibales ont renoncé à l'horrible pâture
dont ils étaient si friands : plus d'une lentative a été
faite par eux pour remettre leurs g<<ùls sanguinsires
h la mode. En 1840, un vieillard proposait de reve-
nir à la uourriluie. des dieux : < Celait, disait-il, une
diTiiiiié qui lui avait demandé eu songe ce retour à
l'ancien culte. » Toutefois il suflirait d'une famine
pour replacer l'ile entière sous le règne de l'antliro-
est encore pour eux un trésor. — Cimme les Nou-
veaiix-Zélaudais , les insulaires traviullent par bou-
tade, sont vils, faciles à la colère et prompts à la ven-
geance , mais très-sensibles à l'amilié. Pour la
guerre, au moment d'engager l'action, ils se peignent
en noir et en rouge, se levéteiii d'une belle ceinture,
lient leurs cheveux au sommet de la lèie, foni rouler
des yeux éiincelaras dans leur orbite, et s'élancent
nu comhat, tous eu désordre, poussant des huile-
ments adreux et faisant des roniorsitms horrildes.
Leurs armes sont des uiassues cl de lorgues lances
pophagie : que Dieu la préserve de ce malheur! elle dentelées qu'ils manient avec adresse. La femme ac-
né renferme déjà que trop de principes de destruc-
tion. Pour ne parler que de rinlanticide , il est
porié dans ce pays à son plus haut pério le. Ce n'est
même plus une bonie pour des mères c'e faire périr
leurs enfants; on en trouve qui ont lue jusqu'à six
de ces innocentes créatures : les unes les écrasent
dans leur sein en se pressant le corps avec de gros-ses
pierres; d'autres les étouffent au moment de leur
naissance , ou les enterrent vivants dans le sable. Il
suflil, pour décider une mère à selle baibarie, que
le père de son nourrisson ail cessé de lui plaire, ou
qu'elle soit abandonnée de son mari. Dans l'un ou
l'autre cas, si elle ne se senl pas le courage d'étoulfer
les cris de la nature, ses vieilles voisines tiennent
conseil; la vie de l'enfant est mise aux voix, et la
condantnalion prononcée, elles se chargent de l'exé-
cution, même contre les réclamations de la uiére.
Quand ou reproche aux naturels ces atrocités, ils ré-
pondent froidement (jue c'est la mode du pays, Kore
(aka Fuluna; c'est nu usage ancien, Koi\' nea manqo.
Celle dernière excuse est toujours celle qu'ils don-
nent quand ils n'en trouvent plus d'autres, quel que
soit d'ailleurs le sujet sur lequel on les presse. — On
n'est pas d;ins l'habitude d'étrangler ici les vieillards,
comme cela se pratique dans quelques autres îles,
mais, hirs'iu'ils deviennent à charge, ou n'eu a pas
moins l'art de s'en déiarrasser en les soumettant,
sous prétexte de maladie, à une diêie si sévère ,
qu'ils ne tardent pas à mourir de laim.
Avec toute leur férocité les sauvages, sous plus
d'un rapport, sont encoie de grands enlants qu'un
compagne son mari sur le champ de bataille, por-
tant avec elle de l'huile et des tapes pour l'ensevelir
en cas qu'il succouibe. Lorsqu'un (larli est vaincu,
il se réfugie sur le haut des montagnes oit les natu-
rels ont des forts. Mais les vieillards, pnur qui la
fuite serait un déshonneur, restent paisiblement
dans leurs habitations, attendant une moil certaine;
et quand le parti vainqueur a tout pillé, tout ravai^é
et tout tué, il va présenter aux vaincus des proposi-
tions de paix.
Fuluna abonde en reptiles. A la grande île, il n'est
jiarlé que de petits serpents aux couleurs bfillant-'s
et variées; mais à l.i pciiie île il en est de toute di-
mension el de toutes nuances ; le plus gros est presque
égal à un corps humain , et d'une longueur propor-
tionnée à sa grosseur. Il est certain que ces serpenis
.sont venimeux, puisque plusieurs naturels atteints
de leur niorsuie ont été malades; cependant on n'a
pas enlendii dire que quehju'un d'eux en soit mort.
Dans cette Ile surtout le serpent a mille ru>es pour
saisir sa proie; souvent il grimpe sur le haut des
arbres qu'il enlace de plu^ieurs contours, et présente
à travers le feuillage une partie de son coips qui
ressemble à une eau limpide; l'oiseau, surtout le pi-
geon, trompé par celle apparence, va pour s'y désal-
térer, mais il y trouve la mort. D'autres fois, caché
dans l'épaisseur des rameaux , il tourne sa tête de
coté ei d'auire pour épier sa proie, et s'élance sur
elle avec impétuosaé pour la saisir. Mais la Provi-
dence a donné aux oiseaux un merveilleux instinct
pour s'avertir mutuelloinent du danger. Paraît-il un
rien sufiit pour énierveiler. — Ils s'imaginent, dans peiitserpent, ils se réunissent plusieurs dans l'endroit
leur ignorante vanité, que leur île est le principal
continent du ghihe : ceux imime de leurs ciunpairiotes
qui sont allés à Sydney, n'ont pas encore pu les dé-
tromper sur ce point. Les objets de leur piédilection
sont un morceau de fer pour défricher le sol et arra-
oii se cache leur ennemi commun, et font entendre si-
multancmeut lecri d'alaf me. Quand le serpent est gros,
il n'y a qu'un seul ciseau qui annonce sa présence.
On retrouve dans ces deux îles la fougère gigan-
tesque de la Nouvelle-Zeeland, les collines aux pentes
cher la mauvaise herbe, une hache, un couleaii, des escarpées, le sol volcaniiiue avec des ruisseaux d'eau
ciseaux, une aiguille, une lime, un rasoir (auircfois
ils se faisaient li liarbe en la froilanl avec la pierre
pouce ou en l'arruchanl poil par poil), nu clou pour
fabriquer un hameçon, ou mieux un hameçon tout
fait, quelques verroteries, une chemise ou un lara-
chaude, des craléres qui fument encore dans les
icmps de pluie , el des tremblements de terre aux
secousses plus violentes.
Ce petit coin de terre a élé arrosé par le sang d'un
martyr. L« R. P. Chanel avait baptisé enyiron cin-
785 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
quante personnes; il élait sur le point de conquérir guerre contre leurs rivaux
nie entière à Jésiis-Clirist, par la conversion du fils
du roi;déj;i un cerlain nombre de jeunes gens, mé-
prisant les objets de leur culte superstitieux, s'étaient
fait inscrire au rang des citéchuniènes. Mais il y
avait tant d'obstacles à la prédiialion de l'Evangile,
que !a semence du cbrisiianisme n'éiaii jeiée qu'in-
sensiblement et sans briiii; c'était la généiaiioii nais-
sante, mieux disposée parce qu'elle était plus pure,
qui la recevait avec le plus île courage; on a rapporté
qu'un enfant de dix ans, pour se soustraire à la per-
sécution de ses parents et d'autres infidèles, se reti-
rait ch.'iiiue jour dans les bois pour prier Dieu, et
qu'il cachait comme un trésor la médaille que le
P. Clianel lui avait donnée. — Tel était l'éiat de la
mission à Fuiuna, lorsque les ennemis de l'Eiangile,
désespérant d'en airèter autrement les progrès, lor-
mèrent l'alTrenx complot de massacrer le zélé mis-
sionnaire. Il paraît que le roi avait une grande bar-
barie, tout en paraissant bon à l'extérieur; car, ce
qu'on n'a j/unais lu dans les annales de la cruauté
bumaine, il avait éié jusqu'à manger sa propre mère.
D'après ses ordres, on dev:iit massacrer non-seule-
ment le P. Clianel, mais encore tous ceux qui avaient
embrassé la foi : son propre fils, que la séduction ni
la crainte des châtiments n'avaient pu ébranler, était
compris dans la condamnation à mort; cependant sa
vie fut épargnée. Trois jours auparavant , ce jeune
prince, dans une dernière entrevue avec l'homme
apostolque, avait saisi vivement la croix qui pendait
au cou du Père, et l'avait suspendueausieii, comme
pour lui dire que définit vement il embrassait la re-
ligion de Jésus crucifié. S'il ne la scella pas par
l'elfusioii de tout son sang, il fui du moins blessé
pour elle, et de la main de ceux qui étaient déjà en
chemin pour aller massacrer le prêtre. On dit qu'en
apprenant leur affreux projet, il s'habilla de blanc
-îvec six de ses compagnons, et qu'ils se préparèrent
tous à cueillir avec leur missio:inaire la palme du
martyre. — Au moment où le crime se cimsommait,
un autre jeune homme, très-attaché au P. Chanel,
courut vers le lieu de l'exécutinn pnur périr avec lui.
€ Il ne pouvait plus vivre , ilisait-il , parce que le
Père était mort. » Les assassins l'eussent aussi frap-
pé, si ses parents et ses amis ne l'avaient empêché
lie se livrer à leurs coups. — Le triomphe du crime
fut de CDurle durée : quelques jours après, la mort
frapiiait un des plus infiuents conseillers du roi, qui
BViiit beaucoup contribué au martyre du P. Chanel;
le roi lui-même suivit son complice au tombeau ,
après une longue maladie. C'en fut assez pour per-
su.ider aux naturels que la vengeance divine s'appesan-
tissait sur les meurtriers, et celte opinion seconda mer-
veilleusemeni les efforts apostoliques d'un chef, nom-
mé Sam, insidaire distingué par ses qualités émineutes.
Depuis longtemps il y avait à Futiina deux partis
irrécoMcilialiles et presque toujours aux prises, celui
des vainqueurs et celui des vaincus. Sam , qui se
trouvait i la tète de ces derniers, eut à soutenir la
■;s(î
Dans celte lutte san-
glante, il montra un courage héroi,|ue; ne s'a;erce-
vant pas que les siens avaient pris la fuite, il sou-
tint, lui seul, pendant quelque temps, le choc de
trois cents guerriers, esquivant les coups de lance,
et combattant comme un lion. Forcé enfin d'abai.-
donner le champ de bataille , il courut se léfugi'r
sur le haut d'une montagne, où le P. Chanel alla le
visiter. A la première entrevue , le bon Père pleura
sur lui, l'embrassa et lui recommanda de s'embar-
quer au plus lot , pnur échapper à la mort que l'aiii-
mositc des vainqueurs n'aurait pas manqué de lui
faire subir; car il élait surtout pour eux un objet de
haine, à cause du mépris qu'il professait pour l'ido-
lâtrie. Sam suivit ces conseils, il s'embarqua pour
Wallis, où il eut le bonheur de recevoir le bienfait
de l'instruction chrétienne. Quelque temps après il
revint à Fntuna à bord de la corvette l'.4//ier; mais,
hélas! son bon Père n'y était plus. En apprenant sa
moi t à Wallis, il l'avait pleuré pendant l'espace de
trois jours. Dès qu'il eut mis pied à terre , il alla
avec sa femme dans la maison que le P. Chanel avait
construite de ses propres mains , pour y faire la
prière du soir ; là, il rencontra deux enfants de dis
à douze ans auxquels il proposa de croire en Dieu ,
de prier avec lui, de renoncer aux superstitions de
l'ile et de brûler leurs tapous, en se résignant à bra-
ver toutes les persécutions plutôt que d'abandonner
la foi. Non-seulement ces deux enfants répondirent
à l'appel de la grâce , mais encore ils engagèrent
leurs parents à embrasser la religion; ils les liraient
par la main pour les conduire à la prière; ils persua-
daient aussi à leurs jeunes compignons de reconnaître
le vrai Dieu, en leur disant qu'une lumière intérieure
leur faisait voir qu'ils étaient en possession de la
vérité. Dès ce moment, toute l'île fut ébranlée. Sam
coniait jour et nuit dans les divers villages pour y
porter rinsiruction, sans se laisser ni rebuter par les
difficultés, ni intimider par les menaces. Les insu-
laires attachés à l'idolâtrie, et surtout les prêtres et
les vieillards, le menaçaient de la colère des dieux,
en lui disant que les atua le mangeraient, t Qu'ils
viennent me dévorer cette nuit , leur répondait-il,
j'y consens; mais demain, si je ne suis pas mangé ,
reconnaissez leur impuissance , et croyez au grand
Dieu des chrétiens, i Toute la population de Fuiuna
ne tarda pas à comprendre que l'histoire Jeses divini-
tés n'était qu'un tissu de mensonges, et d'un commun
accord »n brûla tous les objets du culte superstitieux.
Terra Aquosa, la Guyane. C'est une vaste contrée
de l'Amérique méridionale, située entre la rivière de*
Amazones et celle de l'Orénoqiie. Elle est à l'orient
de l'Etat deVénézuéla, depuis le3« degré de latitude
australe jusqu'au 8» degré de latitude boréale et ver»
le 53' et le 64' degré de longitude. Ses bornes sont,
du côté du nord, l'Oréiioque, et du côté du midi
l'Ainazone, qui la sépare du Brésil ; à l'orient, la mer
baigne ses côtes ; et à l'occident elle est bornée par
le Kio-Négro, grande et belle rivière, qui joint la
787
DICTIONNAIKE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
788
fleuve des Amazones à celui de l'Orénoque , par le
Cassiquiari; ainsi la Guyane, renferméedansses bor-
nes esl une ile qui peul avoir au nio'nis 80») kil. du
nord au sud, et plus de liWkil. de re>i h l'ouest, ayanl
pour froniiéres le Brésil el la Nouvele-Grenade.
Des géographes lui donnent iSOO kil.de longueur sur
une largeur de 1200 kil. L'intérieur en est peu connu
ei presque point fréquenié par les Européens , à
cause de ses iniincnses savanes, de ses lorols épais-
ses, impénétrables, qui ont jusqu'à 400 kil. d'élendue.
Néanmoins cet intérieur est beau, leriile à quelques
excepiions près, et peuplé de nations indiennes tiès-
nombrcuses, dont on sait à peine les noms, tl qui
n'ont de communicition qu'avec celles voisines des
grandes rivières. Ses côtes sont beaucoup mieux
connues elles s'élendeni depuis le cap Nord jusqu'à
la grande emboucliure de l'Orénoque, ei renferme
dans cet espace plus de 1000 kil.
11 semble que celte vasie parlion de terre soit
composée des débris île matières volcaniques, ou de
la desiruciion d'un ou plusieurs volcans, qui à des
époiues inconnues auraient liouieversé ces contrées
ainsi ([ue celles des Cortlillères. On observe que les
terres n'y sont pas rangées par couches, mais mê-
lées s.ins ordre et au hasard ; les angles saillants des
collines ne répondent point aux angles rentiauls des
hauteurs correspondanl-'s; on n'y voit point de
cailloux; les pierres n'y soûl que des morceaux de
laves qui commencent à se décomposer; indices des
feux souterrains qui l'ont autrefois bnuleversée. Le
sol en divers lieux en est stérile ou presque couvert
des e lUX d'un grand nombre de ruisseaux ou de ri-
vières, i|ui formeni en plusieurs endroits des lacs et
des marécages. Ses rives sont riches et lécimdes. Le
limon (juc déposeni sans cesse sur leurs rivages de
gianiis neuves y esl gras et produit en quelques an-
nées des arbres magnifiques et surtout des palétu-
viers, espèce de manglicrs, qui en peu de temps y
formeni de va.-tes foréis couvertes de 3 pieds d'eau
dans les inondations, et d'une vase inaccessible quand
ces inondations se son! retirées. Quelquefois les fo-
rêis (le palétuviers sont emporiées par les vagues qui
ne cessent de les henrier avec violence. L'ne côte de
1200 kil., qui s'étend de l'Orénoque au Maragnon ou
Amazone, esl bordée de ces palétuviers, détruits et
renouvelés tour à tour par les eaux, la vase el le sa-
ble; deirière celle bordure sont des prairies ou
savanes, inondées lors des pluies, cl qui souvent
restent des mar.iis dans la belle saison; les eau\ in-
fectes et croupissantes ne conienaienl jadis que des
reptiles immondes ou venimeux; mais, à mesure
que la cuit ire s'étend, ces animaux disparaissent, et
l'air se purifie.
De même que dans toutes les régions équinoxia-
les, où la chaleur el l'humidité favorisent la végéta-
tion. Celle de la Guyane esid'une vigueur prodigieuse.
Le rocouyer, dont la graine donne une couleur
rouge; le simarouba, bois extrêmement amer; le
caoutchouc, qui fournit la gommeélastiq.ie; beaucoup
d'arbres dont le bois est cvcellenl pour la marquel-
lerie, remplissent les foiélsdela Guyane. Toutes les
produciion.-.i|ui font la richesse elaliinenlenl le com-
niei ce des . Antilles, se récolienl dans celle contrée
doni le café et le coton soni surtout estimés. On y a
fait des planlalions de girofliers, de muscadiers, de
canneliers, et d'autres arbres de l'Inile qui ont bien
réussi. — Rien n'égale la variété des quadrupèdes,
des oiseaux, des serpents, des reptiles qui peuplent
les forêts, les savanes, les bords des rivières, les ri-
vages delà mer, les rivières et les marais de ce pays.
L.i mer el les rivières sont irès-poissonneuses.
La partie sepientiiomile du Brésil, située presque
sous la ligne el enclavée dans la région appelée
Guyane, esl sujette à de grandes pluies, à des vents
qui ont leurs périodes réguliers ; ils commencent en
mars el en septembre; des tourbillons, des ouragans
mêlés de fortes pluies eu sont les avant-coureurs.
La partie méridionale jouit d'un climat plus tempéré,
d'un air plus sain qu'aucun des pays situés sous la
zone torride, avantage qu'elle doit aux vents frais de
la mer el a c- nx qui descendent des Cordillères.
La Guyane Portugaise comp:endles terres situées
aux environs des côtes occidentales et septentriona-
les du Ile ive dos Amazones, depuis le cap Nord jus-
qu'à Uio-Négro, borne de ses derniers établissements.
Ce ne fut qu'eu 1088 que les Portugais s'appro-
chèrent du cap .Nord ; ils bâiircnt le fort Saiiil-
Anioine sur la rivière d'Arwary, mais il fut renversé
en 4091 par les marées ou la barre de la rivière des
Amazones. Dans la même année 1688 ils vinrent s'é-
tablir à Macapa, sur les ruines d'un fort que les
Fi ançais avaient ahandonné. el où ils avaient laissé
quatre pièces de canon, plusieurs boulets el des bal-
les de mousquets. Les Français s'en plaignirent
comme d'une usurpation; et les Portugais, reconnais-
sant la justice de ces plaintes, s'oblijèrenl, par le
ti:iilé de Lisbonne, en 1701, de détruire le fort du
.Maca)ia: mais ils le réiablirenl bien ôl après. Par le
Itailé d'Utreclit, de 1713, la France leur céda la par-
lie méridionale de la Guy.ine, située aux cnviriuis du
cap Nord et du fleuve des Amazones. —Ce ne fut
guère que vers 165i que les Poiiugais s'é alilirent
(l'une manière stable sur les bords de l'Amazone.
Plus tard les Jésuites s'enfoncèrent dans les forêts
qu'arrose le fli'iive ; et au xviii^ siècle, après des
missions lrès-|éiibles, i!s y avaient rassemblé dix
mille Indiens, di-trihués en irenle-six bourga-
des, douze sur le .Napo, et vingt-quatre sur l'.Ama-
7»no. Quelquos-iinês étaient éloignées enire elle.
de Ci'O à 7-20 kilomètres. Depuis l'expulsion des
Jésuites des po-scssions espagnoles el poringai-
ses, ces pauvres Indiens, sans oublier tout à fait
les robei noires (c'est ainsi qu'ils appellei t les mis-
sionnaires), ont repris leuis anciennes habitudes el
leur vie sauvage. — Dans la Haute-Guyane, qui est
resté(! jusqu'-i présent iinpéné'.ral)lo, pour ainsi dire, à
cause de ses forèls dél('li' es, n:i iciicoiiire un cer-
789
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
790
lain nombre de peuplades indépenJan les que les ro-
bes noires n'onl pu encore aborder, el que des iioUces
modernes présentent comme aniliropopliages. Uuant
aux Indiens de la Basse-Guyane, ou de la Giivane
Europe nue, leur nombre a considérablement dimi-
nue; et leur race disparaîtra tout à fait dans un temps
donné.
La langue de ces sauvages est en général fort pau-
vre ; ils n'ont qui; les mots qui leur serrent à com-
muniquer entre eux cl à nommer ce qu'ils compren-
nent par le mijiistère des sens. Aussi n'a-i-nn pas be-
soin de beaucoup de temps ni de peine pour les en-
leudre. Des liuil parties de Toraison dont nous com-
posons un discours, ils n'en oui que deux, savoir,
le nom des choses et le verbe, pour représenter les
actions et les pas^^iiiis. Ils ont deux sortes de nom-
bres, sans cas et sans articles. S'ils veulent dire que
telle cbose appariieut à Pierre, ils disent Meiou
Piere, s'ils veulent vous apprendre que celle cabane
est à leur père, ils disent cabine père ; cependant on
peut dire qu'ils ont un vocatif, < ar ils s'appellent fort
bien entre eux, à moins que le ton seul ne leur en
tienne lieu. Au li':u de pluriel, ils se servent du mot
de pai'O, qui signifie tous. Ainsi, ponrsigniler plu-
sieurs hommes, plusieurs femmes, on dit, homme
(ouf, /'t-mmelouf. Ils n'ont qu'uneseule terminaison pour
tjus les genres. S'ils veulent exprimer les qualités
contraires à celles de leurs adjeciifs, ils .ijouleni la
négation oua. Par exemple, les Français sont bons,
twn Fraiicici troapa ouït. Les Anglais sont bons non,
pour dre qu'ils sont niéclmnls. Ils oni Us pronoms
dénionslratifs, moi, loi, lui, qui servent pour tous
les possessifs, el pour distinguer les personnes des
verbes. Aou signifie moi, nous, je, mien el noire ;
onwu, loi, lu, vuus, votre; mocé, il, il<, lui, eux,
leur. Ils n'ont pas de pronoms relatifs, ni de verbes
tubs:antirs, ni de conjugaisons des verbes, ni de pas-
sif. A l'égard de= nouihres, ils ne comptenl que jus-
qu'à quatre : un, annik; oko, deux; oroua, qnalre;
ueouruba mé, cinq. Vpoupomé signifie deux fois les
luaiiis cl l' s pieds.
Les missionnaires sont parvenus à entendre les
différenies langues de tous ces peuples, qui parlent
chacun la leur; ce qui semble annoncer les débris de
plusieurs nations, mais retrace la confusion de la
tour de Babel. Souvent des i^euples irèa-voisins ne
s'eniendenl pas; il y a néanmoins irois Lingues
principales en usage d:ins une giande élendue de
pays, et coiuiues au moins par les diels, de la plupart
des bourgades. La première et celle des Galibis: on
la parie depuis C.iyenne jusqu'à l'Orénoque. La
seconde esi celle des Ouaycs : on la parle et i n
l'eBlend depuis Caycnne jusqu'à Uuyapuk et à
Maiakaré. La troisième est celle des Oniaguas ; on la
parle sur tous le^ bords de la rivière des Amizunes.
La I.Higue uts Mouiaguas este.\trènienient difficile :
elle a ^uanlilé de mots qu'il faut ((renoncer avec des
aspirations Irès-rudes ; d'autres qu'on ne peut arti-
culer que les dents serrées, et d'autres qui obligent
de parler du nez. Des nations indiennes prononcent
absolument de la gorge; celles-ci, enfin, parlent
avec une volubilité si extraordinaire qu'elles articu-
lent un mot de buit ou dix syllabes en moins de
temps que nous n'en prononçons un de trois ou quatre
lettres.
Dans la nation Caribe , la plus nombreuse et la
plus guerrière, les habitants sont grands et bien
faits; celle nation occupe une partie du pays que
la rivière de Canca arrose , et se trouve renfermée
entre l'Orénoque et la chaîne de moniagnes qui est
au sud. Celte nation est la plus cruelle de loutes;
elle commence cependant à se civiliser el à vivre en
bonne Intelligence avec les nations soumises aux
Espagnols américains.
H esi difficile de savoir l'origine de toutes ces
nations, dont quelques-unes se croient au-dessus des
autres, et qui s'en dislingueni en elTol par la figure,
l'air, la taille el le langage. On ne trouve chez elles
ni peintures, ni hiéroglyphes, ni aucune autre espèce
de monumenis qui puissent répandre le moindre jour
sur lerir histoire. Lorsqu'on veut s'en in^l^uire chez
les Caribes, en leur faisant des questions , ils ré-
pondent avec hauteur: « Nous somme- des hommes;
les autres ne sont que des esclaves. » Leur igno-
rance ne leur permet pas de donner d'autres éclair-
cibsenients. Leur tradition porte ipie l'Etre suprême
lil descendre son Fils du ciel (I) pour tuer un ser-
pent horrible ; et que l'ayant vaincu, il se forma dans
les enlrailles de l':inimal des vers (pii produisirent
chacun un Caribe avec sa femme. — Comme ce
monstre avait lait une guerre cruelle aux nations
voisines, les Caribes, qui lui doivent le jour, les re-
gardent toutes comme des peuples ennemis. Les
Salivas se donnent une origine qui n'est guère moins
originale. Ils croient que la terre engendra des
hommes et des femmes, comme elle produit aujour-
d'hui des plantes et des fruits, el que certains arbres
pnriaienl pour fruits des créatures humaines. Leurs
pensées ne s'élèvent jamais plus haut que la terre
qu'ils habilent; et ils n'ont d'autres idées que celles
qui sont en rapport avec les objets matériels.
Ces peuples en général ne connaissent ni l'arith-
métique, ni l'écriture. Ils ont , en échange, la mé-
moire excellente : c'est un répertoire fidèle iiui , par
lr.idiiion , leur conserve les coutumes de leurs an-
cêtres, les annales de leur histoire depuis les temps
les plus reculés, el les événements des guerres qu'ils
ont eues entre eux et avec les Européens.
Un homme studieux et patient pourrait, à force de
les interroger el de recueillir leurs récits, composer
une histoire de ces peuples, qui serait fort intéres-
sante. Pour exprimer des unités, des quantités, ils
font usage des doigts de leurs mains et de leurs
pieds, et quand ils veulent énoncer un nombre au-
dessus de vingt, ils saisissent une poignée de leurs
cheveux, el la montrent en prononçant en leur lan-
(1) N'est-ce pas ici une tradition défigurée du uiyslère de la U^Jeinpliou ? {Note de l'auteur.)
791
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
gue, autant. Ces sortes de quaniiiés qu'ils ne peuvent
faire entendre, s'appellent : tapoiné. Ils ont pourtant
quelque chose de plus précis quand ils se donnent
des renilez-vous; ils expriment le nombre des jours
qui doivent s'écouler par des nœuds qu'ils font sur
une peiite cordelette, ainsi que le pratiquaient les
Péruviens, dont ils descendent peut-être. Cluque
jour ils déront un nœuil ; lorsqu'ils sont au dernier,
ils Toient que le terme de leur promesse est arrivé.
— Couime les Salivas habitent toujours dans les
forêts , ils n'ont appris qu'il y avait des hommes
vêtus que par le moyen des missionnaires. La
première fois qu'ils en virent, ils furent saisis de
frayeur, et coururent se cacher dans les bois, en
pnusï^anl des hurlenienls horribles. Leurs femmes et
leurs lilles sont eniièreraent nues. Elles n'en mu-
gissent point ; lorsqu'on leur distribue des mou-
choirs pour couvrir leur nudité, elles les jettent dans
la rivière, pour n'être point obligées de s'en siTvir.
Si on leur en demande la raison, elles répondent que
ces vêtements leur causent de la honte.
Toutes les nations de l'Orénoque , et celles de la
Guyane, s'oignent depuis la tête jusqu'aux pieds,
avec de l'huile et de l'aeliioli, ou du roucou; et les
mères, pendant qu'elles s'oignent elles-mêmes , font
]a même chose à leurs enfants, sans en excepter
ceux qui sont attachés à leurs mamelles. Cet usage
se pratique deux fois par jour au moins, le malin
et le so r. Elles oignent aussi leurs maris, et se ser-
vent pour cela d'un gros pinceau de poil; les jours
de fête elles ajoutent à celte onction une grande
quantité de figures de différentes couleurs ; et toutes
les fois que le iiiari revient de la pêche ou de la
chasse ou de quelque autre expédition, l'une de ses
femmes ou de ses filles le frotte de nouveau. Cette
onction leur sert de parure, et les gar:iiiiit en même
temps des mousquites. D'ailleurs cette matière grasse
les rend moins sensibles à la chaleur du pays; elle
enipêi he aussi la trop grande transpiration. Outre
cette onction , les hommes se pnrent de plumes
choisies , et s'attachent autour des genoux et uu-
dessus des chevilles des pieds , quatre grosses lou-
pes de coton. Ils s'ornent le nez et les oreilles de
divers bijoux ridicules, se passent des plumes dans
les trous pratiqués aux joues; d'autres emploient à
cet usage de petites lames d'or ou d'argent , qu'ils
travaillent euN-inênies à leur manière. Les Salivas
exigent encore de leurs femmes qu'elles les peignent
matin et soir. Une fois peigné et enduit , un Salivas
n'ose se frotter la tête ni le corps, de peur de gâter
sa parure : et il ^ime mieux endurer quelque mal
que ce lui plutôt que de déranger l'économie de sa
coiffure et l'arrangement de ses plumes.
Les Oaribes se parent de colliers de dénis de morts
lesjiiurs de cérémonie, c'est-.i-dire lorsqu'ils se ma-
rient, lorsqu'ils célèbrent la naissance de leurs caci-
ques et de leurs capitaines, ou lorsqu'ils reviennent
de voy^ige. Ces jours-1.^ ils paraissent d'abord tout
DUS eu public, portant leurs pots, leur oing et leurs
792
couleurs; ils s'ogneni d'abord à l'ordinaire, après
quoi ils enduisent d'une espèce de colle ou de résine
de petites nattes minces de différentes couleurs qu'ils
s'appliquent sur le corps avec symétrie, de manière
qu'étant placé dans un certain éloignement , un
étranger qui ne serait pas prévenu les croirait velus
d'une étoffe brillante. Celle décoration n'est pas pour
un jour, ils sont obligés de la porter tout le temps
que la résine conserve sa léiucité, et elle ne la perd
que diificilemeni. Quelques-uns appliquent sur les
dessins querelle colle laisse sur leur ctirps, des
plumes de différentes couleurs , qu'ils arrangent «y-
niétriqueineni, ce qui fiTuie un coup d'œil tout par-
ticulier. Celte parure e-.l surtout employée par ceux
qui dansent; d'autres, et ce sont principalement les
giierrier.>, portent sur leurs têtes un bonnetdegrandes
plumes, en forme de couronne ou de diadème. Ils se
couvrent aussi la tête d'une espèce de perruque faite
de plumes singulières et de couleurs très-vives ; ils la
portent à la chasse et à la pêche , parce une, outre
l'ornement, elle les garantit encore des ardeurs du
soleil et de la pluie. Rien n'est plus risible que de voir
un Indien tout nu avec une perruque fort riche sur
la lêie, ramer, courir les bois, tout fier de sa parure.
— Dans le temps que les premiers navigateurs, no-
tamment les Espagnols , ne parlaient de la Guyane
et de l'Amérique méridionale qu'avec enthousiasme
et exagération , ils prétendirent qu'il y avait uns
province dans la Guyane où les habitants, après s'êtrs
frotté la peau du suc de certaines herbes , se cou-
vraient ensuite tout le corps de poudre d'or. — Dès
qu'une tille vient au monde , la mère a soin de lui
meure au-dessus desgenoux et un peu au-dessus de
la cheville du pied, des bandes larges et épaisses,
qui font grossir extraordinairement leur gras de
jambes. Ce que nous regardons comme un défaut
énorme dans une femme , est à leurs yeux d'une
beauté sans égale. — Les femmes , outre les orne-
ments du nez et des oreilles, qui sont les mêmes que
ceux des hommes, portent aux bras, au cou, à la
ceinture et aux jambes, plusieurs colliers de ^uiripa,
c'est-à-dire de petits colimaçons, qu'elles arrangent
avec beaucoup d'adresse. Elles s'attachent aussi des
colliers de dents de singe et d'autres animaux.
Celles qui peuvent se procurer des colliers de verre
s'en chargent jusqu'à ce qu'elles en soienl t'Ules
couvertes; et pour relever leur étrange parure, elles
se fourrent à chaque oreille une grosse dent de
caïman, après avoir fait un grand trou. — Parmi les
nations voisines des Espagnols ou qui correspondent
avec les Indiens conveilis, les hommes se couvrent,
pour la plupart, d'une pièce de linge, que quelques-
uns appellent gnymo et les autres guarruma. Les
femmes ont un petit tablier par-emé de grain de
verre, en forme d'éventail; elles rattachent avec un
cordon sur leurs reins, et l'appellent coniou.
Les Indiens prennent deux, trois et quatre fem-
mes, selon qu'ils sont dans une sorte d'aisance, au
moyen de la chasse et de*lu pêche ; c'est chez eux
79»
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGR.
794
une inarquedei;randeur,etniêine de faste, d'en avoir
jusqu'à dix ou douze. Cependaulilsne peuvent s'asso-
cier une nou>ulie épouse qu'un an après être réuii's
à la |iiécédente. — L'amour que ces peuples ont
pour l<-urs enfants encore dans un âge temlre leur
persuade souvent que le plus grand bien qu'une
uière puisse procurer à sa liil ' est de la l'aire niou-
rjr dès l'iiistanl qu'elle voit le jour. Un mi»sionnaiie
re|jrocli:i à une Indienne cette inhumanité (Il ; elle
l'éco^jia d'abord sans lever les yeux, et lorsqu'il eut
cessé de parle , elle lui fit cetie réponse : i Père, si
lu veux le permettre, je t'avouerai te que j'ai d:ins
le rœur. Plût à Dieu que ma mère, en nie mettant
BU uionde, eût eu assez de compassion et d'amour
p^iur moi, pour m'épargner les pe'nes que j'ai endu-
rées jusqu'à présent, et que j'aurai encore à souffrir
jusqu'à la fin de mes jours! Si elle ro'fùt enterrée en
naissant, je n'aurais point senti la mort, et elle
m'aurait exemptée de celle à laquelle je suis indis-
pensalilement assujettie, ainsi que des iravaux qui
me sont aussi cruels que la mort est affreuse. Ali !
qui sait le nombre des peines qui m'attendent avant
qu'elle arrive? Repiésente-toi bien, Père, les maux
auxquels une t'eninic est assujettie parmi nous; nus
maris vont à la chasse avec leurs arcs et leurs flè-
ches, et c'est à quoi se borne toute leur fatigue :
nous, au contraire, nous y allons cnargées d'une
corbeille, d'un enfant qui pend à nus mamelles, et
d'un autre que nous purions dans ce panier. Nos
hommes vont tuer un oiseau ou un poisson; et nous,
nous bêchons la terre, et supportons tous les travaux
du nién 'ge. Ils reviennent le ^oir sans aucun fardeau;
et nous, outre celui de nos enfants, nous leur appor-
tons des racines et du mais. En arrivant chei eux,
ils vont s'entreienir avec leurs amis; et nous, n^us
allons chercher du bois et de l'eau pour leur prépa-
rer à souper. Unt-ils m^ngé, ils se mettent à dor-
mir : au lieu que nous, nous passons presque toute
la nuit à faire leur boisson. Et à quoi aboutissent
toutes nos veilles? ils boivent et s'enivrent, et, tout
hors d'eux-mêmes, ils nous chargent de coups de
bilon, nous traînent par les chiveux, et nous fou-
lent aux pieds. Ah ! Père, plût à Dieu que ma mère
m'eût enterrée dès l'instant qu'elle m'a mise au
monde! Tu t-ais toi-même que nous nous plaignons
avec raison, puisque tu vois tous les jours la viTité
de ce que je viens de te dire; mais tu ne connais pas
encore notre plus grande peine. Qu'il est triste de
voir une pauvre Indienne servir son époux comme
une esclave, aux champs accablée de sueur, et au
log'.s privée de sommeil, tandis que ce mari, dédai-
gnant sa première femme, prend, au bout de vingt
ans de mariage, une épouse plus jeune qui bat nos
enfants, qui nous nialtra te noiis-niéines! Et si nous
osons nous plaindre, on nous impose silence avec un
fnuei. Une mère peut-elle procurer un plus grand
bien à sa fille que de l'exempter de toutes ces peines,
.(1) Cet étranfte amour maternel se retrouve dans
d'autres parties du globe, notauiuien» dans quelques
et de la tirer d'une servitude pire que la mort? Plût
à Dieu, Père, que celle qui m'a donné la vie m'eût
témoigné son anniur en me l'ôtant dès m.i nais-
sance ! Mon cœur aurait moins à souffrir, ei mes
yeux moins à pleurer! » — Li^r-que les enfants sont
malades, leurs mères se perceni la langue avec des
dents de poissons. Du sang que ces blessures leur
font perdre, elles arrosent le corps de ces enfa' ts
tous les matins, jusqu'à ce qu'ils meurent ou gué-
rissent. S'il arrive qu'une maladie épidéiniqiie afflige
toute une peuplade, ce'ui qui en est le ( ht f est nbligé
de procurer le soulagement à chaque liabitani. Il
leur frotte l'estomac, après s'être percé les chairs
avec des bmcettes d'os de poissons. Un de ces capi-
taines, pâle, maigre et défait, rencontré par nu
voyageur qui lui demanda s'il était malade, répondit:
< Je me (.ortenis b.en, si mes malades ne me fai-
saient périr.» Ce devoir, qui souvent cause la mort,
et ce qu'il en coûte pour satisfaire son ambition,
n'einpêebe pas de briguer le funeste honneur d'étie
à la tête d'une peuplade.
Pour obtenir la qu^dité de capitaine, il faut avoir
donné des preuves éclatâmes de valeur et de pru-
d' nce. (iciui qui aspire à celte grande distinction,
déclare ses vues en revenant de sa case avec une
ronilache sur la léie, b:iiss.int les yeux, et girdant
un profond silence. Il n'explitiue pas même son des-
sein à sa femme et à ses enfa as. Se retiiant dans
u;i coin de la case, il s'y f.iit faire un petit retran-
chement qui lui laisse à peine la liberté de se re-
muer. On &iispenJ au-dessus le hamac (|ui lui sert
de lit, afin qu'il n'ait occasion de parler à personne.
Il ne sort de ce lieu que pour les nécessités de la na-
ture, et pour subir de rudes épreuves, que les capi-
taines lui imposent successivement. Un lui fait d'a-
bord ga'der, pendant six semaines, un jeûne fort
rigoureux. Toute sa nourriture consiste dans un peu
de millet bouilli et de cassavc, dont il ne doit man-
ger que le milieu. Les capitaines voisins viennent le
visiter malin et soir. Ils lui représentent, avec beau-
coup de fi>rce, que pour se rendre digne du rang au-
quel il aspire, il ne doit craindre aucun danger; que
non-seulement il aura l'Iioniieur de la nation à sou-
tenir, mais à tirer vengeance de ceux qui ont pris en
guerre leurs amis et leurs pareits, et qui leur ont
fait souffrir une mort cruelle; que le travail et la
fatigue seront désormais son seul partage, et qu'il
n'aura plus o'autre voie pour acquérir de l'hunneur.
Après cette harangue, qu'il écoute modestement, on
lui donne mille coups, pour lui faire connaître ce
qu'il aurait à supporter s'il lombali entre les mains
des ennemis de sa nation. Pendant cette exé< iition
amicale, il se lient debout, les mains croisées sur la
tête. Chaque capitaine lui décharge sur le corps trois
grands coups d'un fjuet composé de racine dt; pal-
mier. Tout le temps de cette cérémonie, les jeunes
gens de l'habitation s'emploient à faire les fouets; et
îles delà Polynésie et de rOcéai>ie.
(Noie de l'auteur.)
I^i DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLKSIASTIQIÎE. m
comme il ne reçoit qiio (rois coups d'un mêmefmiet, Les Indiens ont des rliefs nfin de ma'iaenir le bon
il en faut beaucoup lorsque les capitaines sont en ordre dans les bourgades ; ils suiveni leurs avis plu-
grand nombre. Ce traiiemeni recommence deux fois tôt (jue leurs ordres. Le chef de cliaque bourgade
le jour, pciubnt l'espace de six semaines. On le
frappe en trois endroits ilu corps, aux mamelles, an
ventre et aux cuisses. Le sang ruisselle; et, dans la
plus vive douleur, il ne doit pas faire le moindre
mouvement, ni donner la plus légère marque d'impa-
tieme. Il rentre ensuite dans sa prison, avec la li-
berté de se coticbcr dans son lit, au<lessus duquel
on met, comme en trophée, tous les fouets qui (uii
servi à son supplice. Si sa cnnsiauce se s»ureiit pen-
dant six semaines, on lui prépare des épnuves d'cjn
autre genre : lous les chefs de h\ nation s'assemblent,
parés soli'nnellement, et viennent se cacliev aux en-
virons de sa case, dans des buissons, d'où ils poui-
senl des cris horribles. Ensuite, paraissait tous avec
la flèche sur l'arc, ils entrent brusquement d:uis la
case; ils prennent le candidat, déjà tort exténué de
son jeune et des coups (|u'il a reçus, ils l'empurtent
dans son hanKif, qu'ils attachent à deux arbres, et
d'où ils le Ibni lever. On l'enrouiage, comme la pre-
mière fois, pir un discours piéparé: et pour essai
de son cour ge, chacun lui appli(|ue un coup de
fouet, beaucoup plus lort que les précédents. Il se
re<net dans son lit. On amasse autour de lui quantité
d'herbes d'une odeur très-repoussante, auxquelles on
met le feu, sans que la (lannne puisse le loucher,
mais pour lui en faire sentir la cliiileur. La seule fu-
mée, qui le pénètre de toutes paits, lui fait soutTrir
des maux étranges; et s'il y demeure conslamineut,
il tombe dans des pâmoisons si profonde*, qu'on le
croirait mort. On lui donne quelque liqueur, pour
rappeler ses forces; nuis il ne revient pas |dul6t à
lui-même, qu'on redouble le feu, avec de nouvelles
exhortalions. Pendant qu'il est dans ces souffrances,
tous les antrrs passent le temps à boire autour de
lui. EnQn, lorsqu'ils le voient au dernier degré de
langueur, ils lui font un collier et une ( einture de
feuilles, qu'ils remplissent de grosses fourmis noires,
dont la piqûre est exirêmernent vive. Ils lui mctii-nt
ces deux ornemems, qui ont bienlôi la puissance de
le réveiller par de nouvelles douleurs. Il se lève, et
s'il a la force de se tenir debout, on lui verse sur la
tèie une liqueur spirltueuse. Il va se laver aussiiôt
dans la rivière ou la fontaine la plus voisine, et re-
tournant à sa case, il y va prendre un peu de repos.
On lui l'ail coniinuer son jeûne, mais avec imins de
rigueur. Il commence à manger de petiis oiseaux,
qui doivent être tués par la main des capitaines
Les mauvais iraiieuients diminuent, et la nourriture
augmente par dei^rés, jusqu'à ce qu'd ait repris son
ancienne force. Alors il est proclamé capitaine. On
lui donne un arc neuf et tout ce qui convient à sa
dignité. Cepei daut ce rude apprenlissage ne fait que
les petits chefs militaires. Pour être élevé au premier
rang, il faiii être en possession d'un canot, et l'avoir
fait soi-même; ce qui demande encore un travail
long 1 1 pénible.
distribue à ceux qui l'habitent leurs occupations. Dès
le malin il en envoie une partie à la pêche, une au-
tre à la chasse, une autre aux champs, pour des
aba'.is ou pour cultiver la terre, car lous les biens
son! communs. Les femmes, qui ne vnni point ense-
mencer, sarcler, se livrent aux travaux du ménage,
et, sur le midi, elles vont jouer à la paume. Elles
tiennent le batioir à deux mains, et pou-sent la balle
avec tant de force et de roideur, qu'd n'y a point
d'Indien qui ose la parer, sans s'exposer à avoir l'é-
panle démise. Cet accident arrive quelquefois, et
divertit les joueuses. Les parties sont de douze et
de vingt-quatre contre un pareil nombre. Les maris,
simples speciateurs, parient pour leurs femmes.
Quand ils jouent eux-mêmes, ils ne se servent point
de battoirs; ce n'est qu'avec l'épaule droite qu'ils
doivent renvoyer la balle; et si elle vient à toucher
linéique auire partie du corps, on perd un point ou
une r.;ie. On ne peut s'empôcber d'admirer l'adresse
avec laquelle ils h recliassent, div à douze fois de
suit'», sans la laisser tomber à terre; mais ce qui
étonne le plus, c'est que la balle venani à raser le
sable, ils se jettent vintre à terre, et la relèvent de
l'épaule avec une agilité surprenante. Echauffés par
cet exercice et par l'ardenr du soleil, les joueurs se
font des incisions aux cuisses, aux jiuibes, aux
bras, et lorsqu'ils ont répandu assez de sang, ils en-
Ireiil dans la rivière, ou se roulent sui le sable. Pen-
dant ce te'!ips-là, ils tiennent une P'ugnée de terre,
qu'ils lèchent et saviiurent, hommes et femmes, avec
un plaisir infini, parce qu'elle est imprégnée de
graisse de tortue ou de caïman, qui les nimrrii, et
di ut ils sont très-avides. Aussi les mères qui veu-
lent apaiser leurs enfanis, leur donnent-elles un
morceau de cette terre, qu'ils sucent comme une
dragée. — A quatre heures les pêcheurs arrivent, et
charnu rentiedan-; sa cabane. Les femmes et lesen-
fanis vont prendre le poisson ou le gibier, et le por-
tent an capitaine, qui le partage égaleineiil entre tou-
tes les familles. On soupe, on va se baigner de nou-
veau, l'on danse jusqu'à ce qu'on se couche. Les
hommes se tiennent par la main, et forment un
rond ; les fuîmes en font un second, et les en-
fants renferment les deux premiers dans un troisième
cercle.
Les Indiens de rOrénoque regardent comme un
très-giand malheur les éclip?es île lune : les uns
croient i|ue let astre esi à l'agonie et prêt à mourir;
d'autres, qu'il est irrité contre eux; qu'il se relire
pour ne les plus éclairer; et tous, dans cette occa-
sion, se livrent à mille extiavaganci s. Ceux-ci sor-
teiii de leurs cabanes, et poussent des cris effroya-
bles; ceux-là courent éplorés, tenant chacun un tison
à la main, qu'ils vont cacher dans la terre ou dans
le sable, persuadés i|ue, si la lune moiiraii, il ne res-
terait de feu que celui qu'on aur.iit dérobé à sa vue.
Ï97
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
798
Les uns s'assemblent au bruii du (amboiir ou d'au-
tres instruments de guerre, se rangent en file, pré-
sentent leurs armes à l'astre malade, et offrent de le
détendre contre ses ennemis; tandis que leurs en-
fanis se niellent sur deux lignes et que les vieillards
se l'oueiient avec des courroies. Le^ autres prennent
les outils (lu labourage, et vont déCriclier un teirain,
poiir semer du njais à l'usage de la lune, afin de l'en-
gager à ne point les abandonner. V(iy;iiii que tous
leurs efforts i-onl inutiles, et qu'elle perd peu à peu
sa lumière, ils rentrent dans leurs cabanes et gron-
dent liMirs femmes de ce qu'elles se monirent si peu
sensibles à sa maladie. Celles-ci font semblant de ne
pas les eniendreet ne leur répondent rien. Alors ils
adoucissent leur ion, les supplient de pleurer et de
prier, pour que la lune reprenne ses forces et ne se
laisse point mourir. Leurs prières ne font pas plus
d'effi't que leurs menaces. Les maris, pour vaincre
cette inflexibilité, les comblent de caresses ei de pré-
sents. LorS(|ue les l'emmes ont tiré d'i.'iix tout ce
qu'elles soubailenl, elles offrent à la lune des brace-
lets de verre et des colliers de dents de sinise, eie.
Elles sortent ensuite pour la .'■aiuer, et lui adressent
dune voix plaintive un grand nombre de prières.
Comme celte cérénmnie commence dans le temps
que l'iistre éclipsé reprend sa lumière, et (|u'il repa-
rait bientôt dans son éclat, les maris font mille re-
niercîmen:s à leurs femmes d'avoir fléchi la lune, et
de l'avilir engagée à conserver si vie.
Ces différents peuples rendent une sorte de culte
au diai)le, comme au mauvais génie, toujours dis-
I osé à leur l'aire tout le mal possible, et dont ils
s'efforcent , par leurs soumissions , de désarmer
la niécianceté. Us pensent qu'ils ne doivent aucun
bommage à Dieu, qui leur accorde ce qui leur e.4 né-
cessaire. Ceux de ces peuples qui croient à l'immor-
t.ilité de i'àme s'im:iginent qu'elle ne lait qu'errer
amour de lems tombeaux.
La Guyane française est une préfecture apostoli-
que. Le préfet, qui est oïdinairement pris dans la
Cungiégal'on du séiuinaire du Sainl-Espril ite Pa-
lis, léside à Cayenne. Les sœurs de la roogrégation
de Saini-Josepb de Cluny y ont fondé plusieurs éta-
blissements importants.
La partie française de la Guyane occupe, au sud
et à l'est, la moitié enviion de cet immense terri-
toire; sescôiis, me-urant a peu près .oOU Ml., sont
compiises entre l'emboncbure du Alaioui, qui la sé-
pare des pi'SsessiGiis bollandaises, et le cap Nord,
limite nord de l'eoipire du lirésil : sa .superficie peut
être évaluée à '20, UO.; lieues carrées, ou bO,0(iO kil.
— Une cbaine de montagnes, désignée par les In-
diens sous le nom de Tumucumaque, occupe, à la
hauteur du cap Nurd, le centre de la Guyane,
dont elle a déierniiné les lormesorographiques ac-
meiles, en donnant naissance à une ligne anieclinale
lliiigéç de l'est à loucei, d'où partent deux ver.-anls
oppoèvs, nord ei sud , qui constiiuen; les traits gé-
jiéraux de la couiiée. Des cliainons, espèces de
contre-Ions de cette cbaine princip de, s'en déta-
chent et semblent devoir être attribués à des l'ail-
les qui auraieoi brisé l'axe principal perpendiculai-
rement à sa direction. La direction sud-ouest de la
Sierra-Tunmcumaque est sensiblement parallèle au
Cours de l'Amazone, qu'elle a déterminé, selon toute
apparence, comme les Alpes et le Jura ont déier-
niiné en Fr.ince le cours de la Saône et du Rhône
qui lui fait suite. Le par:illélisme de la Sierra-Tuniii-
cumaque avec les cliaînes centrales du Brésil est un
fait d'autant plus remarquable que la composition
du Sol et les causes de soulèvement paraissent avoir
les plus gtands rnpporls. Une autre chaîne de mon-
tagnes dont la hauteur maximum ne dépasse pas 600
mètres, et qui Ofcupe l'espace compris entre le Ma-
roni et la mer, pnrati être indépcmlanle du système
de sonlèvenienl de la chaîne Cfiitrale de Tumucuma-
que, i|iii serait venu postérieurement affecter son
relief et effacer en partie la direction générale de
si'S peines primitives, pour imposer aux rivières de
nouveaux cours vers le nord et le nord-nord -est,
en les obligeant aujourd'hui à franchir les anciennes
rides ou lignes de faite de la chaîne primitive; les-
quelles, en barrant le cours de toutes les rivières de
la Guyane française ,daus la direction du nord-rst, don-
neninaissanceàces sauts brusques et à ces caiaiacies
où l'eau se précipiteavec fracas, ei qiii,àGUou80 kil.
descôies, interrompent la navigaiioii, pour ne permet
tre que celle des seuls canois qu'on peut iranspor-
if.v à br;'s, au-dessus de ces barrages naturels sou-
vent trcs-i approchés les uns des autres. Le lit des
rivières est aloi s encaissé dans des rochers qui en
rétrécissent la largeur, jusqu'à n'avoir plus que '20 à
50 mèues; des arbres, renversé- en travers, y for-
ment des ponts naturels de l'effet le plus magique
et viennent encore ajouter aux dillicultés de la na-
vigation. Les es|icces de gradins qui donnent lieu à
ces chutes d'eau se prolongent au loin à travers la
contrée, sons forme de terrasses et de plaines hau-
tes, et quelquefois marécageuses, dont le sol argileux
a été formé aux dépens des roches feldspalliiques
sous-jacenles. Le niveau de ces terrasses s'abaisse
suCLes-ivemeni en se rapprochant de la mer, jus-
qu'au pied de collines ferrugineuse^ dooi les formes
arrondies semblent être le lait de l'érosion des eaux ;
puis commence une vaste plaine d'alluvions moder-
nes allant se perdre dans la mer, et qu'interiompent
(à et là des masses noires rocheuses s'élevant brus-
i,uement au-dessus de la plaiin-, comme pour indi-
quer la charpente du sous-sol. Leur prolongement
dans la mer, et jii,>qu'à là kil. au large, cunsiùue les
nombreux iluls qui bordent la côte, et dont l.s prin-
cipaux sont : les Connétables , les îlots de Ré-
mire, l'Enfant perdu, les iles du Salut et les lies
Vertes.
Vingt-deux rivières sillonnent la Guyane française
du sud au nord et au iiord-nurd-est, et débouchent
dans la mer après avoir reçu les eaux d'un grand
nombre de ruisseaux et de criques qui cioiseiil le
799
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. ?0{)
pays dans tous les sens ; ces rivières sont, comme
nous 4'avons dii, toutes plus ou moins navigables
jusqu'au pied des montagnes où commencent les
premiers ?auis. Les principales sont : le Maroni, la
Mana, l'Iracoubo, le Conanama, le Coura«sani, le
Smnnmary, le Kourou, le Macouria, la rivière de
Cayenne -u des Cascades, le Maliuri, la livière de
Kaw, rA)>i>roiiague, l'Ouaniiri, l'Oyapock, l'Ouas-a,
Je Ca>sipour ei la rivière Vincent-Pinçon. On compte
quelques lacs à la Guyane; les plus étendus, situés
au sud-esi dans les hautes savanes qui avoisinent la
côie du cup Nord, ^oiit connus sous les noms de
Ouavine, Mépépueu, Maeariet Mapa. Ce dernier ren-
ferme une ile où l'on avait établi un poste français,
qu'on a évacué momenianéuient il y a peu d'an-
nées.
Quant à la constitution géologiqoe, toute la série
des formations sédinienlaires comprises entre le ter-
rain de iransitiiin et l'époque tertiaire paraît man-
quer dans la Guyane, et sa place être occupée par
une roche ferrugineuse, qui, en recouvrant le ter-
rain ancien sur une vasie étendue, a formé, soit de
puissantes collines et des mornes dont la hauteur
absniue atteint jusqu'à 2o0 mètres, soii des valiées
et des plaine» hantes constituant autour des terres
basses, depuis l'Oyapock jusqu'à la Mana, comme
une ceinture qui comprend les montagnes de la cri-
que Katamina.d'Approuage, de Kaw, de la Galirielle
et du cours moyen de l'Oyac , ainsi que i'ile de
Cayenneet le sol rouge de la ville proprement dite,
noiamnieiit de la savane quienoc<npe le centre. Cette
roche, cotmue sous le nom de limonile, est < omposée
de Ter perovydé hydraté, mêlé d'argile et de sable ;
elle offre plusieurs variété- d'aspsct et de eomposi-
lion; tantôt elle a une eontexture spongieti'e; elle
est tendre et conlieni des lits de kaolin cdorc en
ronge, l'eau et l'air la désagrègent promptement; on
la désigne alors dans le pays sous le nom de Roche
hravei. Tantôt ses cellules se rétrécissent, elle de-
vient plus compacte, contracte un aspect métallique,
et sa riches>e enfer est telle, qu'elle constitue un
vériiahle minerai, doiit il exi-te des masses considé-
rab es sur une foule de points, nulamment dans les
montagnes de la Gahrielle, sur les rives de TAp-
jtrouague et de l'Oyac, et à la source de la fontaine
de Badiiel, à inie lieue de la vil e de Cayei.ne. Soiis
le rapport de la ct>niposilion, ce minerai promettrait
un rendement fort avanlageiix, et l'abondance iné-
puisable des bois semblerait offrir l'un des élémei.is
principaux de toute explo. talion de fer, le combus-
tible. Mais serait-il de bonne qualité? Il est permis
d'en douter. En effet, il est à remarquer que l'on se-
rait obligé d'eiiipl.iyer, à la fabrication du charbon,
un mélange de tous les bois qui croissent dans les
forêts voi>iiies; or les bols à lihre làclie, à textuie
poreuse, y prédominent et donnent, conmie on sait,
de foit mauvais charbon. Le Brésil, placé, quant au
combustible, dans les mêmes conditions que la
Guyane, puisque les roêoies essences croissent dun»
les forêts de ces deux pays, a offert récemment l'e-
xemple de l'insuccès de pbisieurs entreprises de
hauts fourneaux : nous nous horr'erons à citer, sur
la foi de M. Pissis, un haut fourneau établi à Ypa-
nema (province de Saint-Paul), où l'on n"a pu obte-
nir jusqu'ici, avec le charbon de bois, qu'une fonte
pâteuse impossible à cooler. D nn ait're rôle, les mi-
nerais de fer dont nous iloimons l'aurilyse plus haut
sont très-réfractaires, et le pays manque alsolument
de matières propres à servir de fondant, de casiine
en un mot: c'est là un obstacle anqiiel semblent n'a-
voir pas le moins du monde pensé toutes les person-
nes qui ont annoncé hautement que l'exploitation
des mines de fer de la Guyane offrirait de grands
avantages.
Deux natures de dépôts alluviens bordent la côte
dans un rayon dont la profondeur moyenne est de 4
niyriamètres. Les parties de ce dépôt les plus rap-
prochées du pied des montagnes sont d'immenses
plaines dont le sol argileux , formé par la nier aux
dépens des roches fe'dspaihiques voisines, conserve
les eaux pluviales dans ses (lépres^ions , résultant ,
sans dimle, du tassement inégal des malérianx, et
donne iraissanee à des pinutières et à des savanes
noyées ou prispris, espères de marais qui ne sèchent
jamais coniplélernent, faute d'écoulements suffisants,
bien que leur niveau , exhaussé par un abotrdant
terreau, soil anjounl'iiiii supéiierirà celui de la tuer.
Des bouquets de bois imerrompenl de distance en
distance ces immenses prairies , et en dérobent à
l'œil l'étendue. On remarque enflo, entre Kaw et le
Mahury, ainsi que dans le quartier de Sinnamary. de
vastes espaces formés par l'asseurblage il'herbes
aqrratiques reposant sui- un fond de vase molle; ce
sont de véritables tourbières en voie de fornviiiun ,
qu'on désigne dans le pays .-ous le nom de sataufs
tremblantes. — Sous le vent de Cayenne, c'est-à-
dire au nord-ouest de la Guyane française, le dépôt
argilerrx dont il s'agit est séparé dis tern-s alluvic:-
nes toutes modernes, par urr pirissant banc de sable
mêlé de quelques débris de coquilles marim s d\:s-
péces actuellement vivantes sur la côte. Ce banc ,
qui lorme le long de la mer de légères ondulations et
de petites dunes , depuis le qirartier de Macorrria
jusqu'à l'embouchrrre du .Maroni, dans une longueur
de plus de 200 kil., est évidemment un relais de la
miT et ne saurait être attribué au cours des rivières
de la tîuyane. Mais d'où vient aujourd'hui qu'il a
cessé de se former pour laire plaie à un dépôt d'une
tout antre nature, qui est venu se poser à ses pie !s ?
Celte modifiiation ne se rattacherait eKe pas au
grand courant océanique qui longe, comme on sait ,
la côte dans la direction du >ud au nord ? Ce cou-
rant, après avoir longtemps bitlu la ceinture ro-
che.ise soris-marirre, formée par le prolongement des
diverses cliaines de montagnes du continent brési-
lien, et dont l'amiral liuussin a signaié l'existi nce
sur la côte du Brésil depuis Sainte-Catherine jus-
qu'à Maraitlianii et avoir charrié ses débrit, souk
SCI
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
802
forme de sable, sur les côles de la Guyane, s'esl at-
taqué aux anciens dépôts alluvieiis de li rive druiie
de l'Amazone qu'il eniporie aujourd'hui 'dans son
cours et c^i'il dépose sans doute un peu plus loin ,
c'est-à-dire sur les côtes de la Guyane , à la laveur
du remous occasionné par sa reucinlre à angle droit
Rvec le puissant courant des Aniaiones et des nom-
breuses rivières de la Guyane , les(|uelles viennent
aussi ajouter quelques inaicriaux au dépôt dont il
s'agit. Ainsi s'expliquerait la présence de ces co-
quilles d'Iinilres qu'on rencontre dans les terres
basses di^ l'.nlér ieur, celle d'une ancre qu'on a trouvée
enfouie dans les v;iscs de la vasie plaine que dessé-
che en partie le canal de Torcy, ancre qui indique
une station du na\ire sur ce point distant aujour-
d'hui de 8 kil. de la mer. On pourrait aussi allribuer
à celte cause l'exhausseiueut du fond du mouillage
occupé en lOVU par l'escadre du maréchal d'Eslrérs,
prés des ilols Malouins , qui font aujourd'hui partie
Intégrante de l'ile de Cayeuniî , et où il exi-te des
cultures de vivres, de cotonniers et de girofliers ;
enfin, l'élétation toujours cioissante du fond de la
mer sur les côtes de la Guyane, fait si évidemment
établi par les canes hydrographiques les plus ré-
centes. Quoi qu'il en soit , ces pleines , qui se pro-
longent au loin dans la mer, sont formées de vases
argileuses qui , lorsqu'elles se découvrent à marée
basse, ne lardent pas à éiro occupées par une forêt
de palétuviers et de m ngliers dont 'es mille racines
lixent la vase, tandis que les brancht-s et les troncs
roruient un obstacle à l'envahissemeul des eaux de
la mer. Derrière cet abri , divers végétaux qui de-
mandent un sol moins mouillé et surtout plus des-
salé, succèdent aux palétuviers, qui ne peuvent plus
y vivre. Tel est , enire autres , le palmier pinot ; ce
sont ces mêmes terres qui, desi-échées au moyen de
fossés, de digues et d'écluses, jouissent d'une ferti-
lilé à nulle autre comparable.
La température de la Guyane n'est pas aussi éle-
vée que le ferait supposer s-a proximité de la ligne
équatoriale; elle est plus uniforme qu'en aucun lieu
de la terre ; mais, il faut le remarquer, le corps hu-
main n'éprouve pas la sensation de la chaleur à la
manière d'un thermomètre, que l'air en mouvement
et l'hiunidité n'afiécienl pas sensiblement , tandis
que ces deux agents eserce-il une action irés-
marquée sur les organes de I'Ik nime; aussi une tem-
pérature humide plus basse qu'une lempéraiure sè-
che ost-ede moins supportahle que celte dernière ;
or, à la Guyane, l'air est souvent saturé d'humidité,
par suiie de l'iininense évaporation d'un sol presque
continuellement iimndé. Depuis le mois de novembre
jusqu'en juillet , l'Iiygromèire est presque constam-
ment à /.éro. C'est celte hum dite c|ui, combinée avec
la chaleur, énerve les forces de l'Iionime. Touiefois,
les brises du soir , pendant I hivernage , en rafraî-
ohis>ant l'air, viennent rendre du Ion a ses organes,
ei, au demeurant, à la Guyane , la lempérature ,
quand on ne se livre pas à -un exercice violent , est
supportable , plus supportable que la chaleur en
France, dans les beaux jours de l'été. Le climat est
bien loin d'être aussi malsain qu'un le pense générale-
meni , par suite, sans doute, de quelques essais de
colonisation aussi mal conçus que mal exécutés. Le
pays est (iévieux, c'est chose incontestable ; les fiè-
vres intermittentes y régnent partout, avec plus
ou moins d'intensité, pendant une grande partie de
l'année, excepté à Cayenue niéine, ville où l'air est
aussi sa!ubre que dans les deux tiers des villes de
France. Ces lièvres sont quelquefois fort tenacts et
conduisent a des hépatites et à des hydropisies; la
dyssenterie vient aussi s'y mêler , mais elle n'ollra
pas, à beaucoup près, les mêmes dangers qu'ailleurs,
el Ton en gu'ril ordinairement en s'assujellissant à
un régime sévère. Les blessures les plus légères oc-
casionnent quelquefois le létanos ; toutefois , celte
maladie n'est guère plus fréquente qu'en Europe
pendant les chaleuis Toutes les autres maladies
n'offrent pas, à la Guyane, d'autres caractères qu'en
Europe, si l'on en excepte l'effet de l'insidation, qui
y détermine quelquefois des maladies inflammatoires
du cerveau, dont l'invasion et la marche ifirayent
par leur rapidité. Mais, enfin, on a beaucoup ex: géré
l'effet du soleil, et il est facile de s'i n garantir en
évitant de s'y exposer en plein iniili, et en plaçant
quelques feuilles dans la coiffe de son chapeau. Il est
évident, toutefois, que la constitution de l'Européen
s'altère à la longue, à la Guyane, sous l'influence de
la chaleur humide qui y règne cunsiammeot. Son
premier effet est la décoioiatiou de la face, qui con-
tracte une teinte jaunâtre ; puis les force>i diimnuent
giaduellemenl , le corps perd de sa vitalité, l'esprit
de son activité. La fièvre a pour effet immédiat de
para yser l'énergie de l'àme ; alois , dans l'isolement
d'une liabitation, la nostalg'e s'empare bien vite de
l'Enropéen, qui se voit comme abandonné du niuiide
entier, ei il meurt, faute de la volonté de vivre. Les
tempéramenis nerveux sanguins paraissent réji>ier
inliniment mieux au climat de la G'iyanc ; ainsi la
ronstilulion des blonds s'altère moins piofondéinent,
moins r.ipidementque celle des bruns; ils ne si-ni pa&
aut.int abattus par la fatigue, ei penlent m' lus de
leur énergie native. Ceite opinion paraîtra peul-éire
cou raire à la loi providentielle, qui , eu proiédant
à la distribution des races e.i Europe , a p! ce les
bruns au Midi et les blun:!g au Nord , mais elle n'en
csi pas moins exacte; les faits sont l:'i : qu'on les
consulte. Si l'on con-idére, au surplus, qu'à la Gu vane
la plupart des iiial.idi s des Européens S'iit des af-
fections bilieuses , auxquelles les bruns sont bien
plus di-poaés par leur cou tiiuiion que les bl- nds, on
s'étonnera moins de la remarque que nous avons
faite.
Les saisons, à Càyenne, ne sont guère marquées
nue par l'époque des plues , car la température
moyenne entre l'été et l'hver ne d.ffére que de 5 à
4 degrés. Il y a deux saisons : la saison sèclie , qui
dure quatre à cinq mois , pendant laquelle il pleut
803
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
peu ou il ne plein poinl , et la saison pluvieuse ,
donl la durée esi de sepi à huit mois, et qui est or-
dinairement inleiTompue en mars par irois ou quatre
semaines de beau temps. La pluie y tombe i^inioi par
grains avec des embellies, laniôl d'une manière con-
tinue ei avec une violence donl on n'a point d'iilée
dans le nord de la France. — La Guyane est le pays
de la terre où il tombe le plus d'ean ; et la quaniiié
qui tombe vers l'Oyapnck peut èire estimée à .'™,&0;
c'est à peu près sept fois auinut qu'à Paris, où la
moyenne esi de 0°,S5. Dans une expérience faite :.u
port de Mapa, en 1859 , rudomélre a donné O^.ogs
d'eau en vingt-quatre heures. Aux approches de la
saison pluvieuse, les vents se rapprochent de l'est
pour rallier ensuite le nord-est; ils balayent alors
devant eux les abondantes vapeurs qu'engendre l'im-
mense surface d'ëvaporaiion des mers tro].icales, les
portent vers le continent de la Guyane, et en accu-
mulent d'abord les nuages sur les points culminants
de l'intérieur, où ils s'arrêtent et se condensent par
le refroidissement, avant de s"abatlre sur les plaines
basses et chaudes des bords de la mer; aussi, les
pluies de l'intérieur devanceni-elles ce les du liltor.il,
et voii-on les crues des rivières précéder de plusieurs
jours !'épo,|ue des pluies qu'elles annoiiceni aux ha-
bitants des terres basses. Vers le mois de juillet, les
vents serrent l'tsi, le dépassent même et se rappro-
chent du sud ; les vapeurs de l'Océan sont alors
chassées vers la chaîne des Antilles, et y détermi-
nent la saison des pluies , tandis qu'une sécheresse
plus ou moins opiniâtre régne à la Guyane, s.nns
que les brises de mer en viennent r.ifraichir l'ahmi-
sphére embrasé. Durant le petit été, c'est-à-dire vers
l'équinoxe du printemps , les vents rallient le nord
et le nord-nord-ouest, les vapeurs océaniques ne
sont plus poussées en aussi grande abondance vers
le continent de la Guyane ; quelques beaux jours
luisent pour ce pays, et viennent interrompre celle
série sans lin de jours pluvieux. — La périodicité des
vents généraux, jdinte à l'effet du courant océanique
qui se dirige du nord au sud, rend três-dilficile, pour
tous autres bâtiments que les navires caboteurs, qui
calent peu d'eau et qui peuvent dès lors serrer la
côte et profiler des remous, les communications par
mer du nord-ouest au sud-est, depuis le mois d'avril
jusqu'au mois de décembre ; mais, à celte ép(ique ,
les vents du large deviennent traiersiers et permet-
leni, pendant trois ou quatre mois, aux navires du
plus fort tonnage, de lutter contre les courants pour de sang africain. La population de sang mêlé se rend
804
heures 51 minutes ; ce jour, le plus court de l'année»
a i 1 heures ii minutes.
Les pliénnnièiies électriques de l'atmosphère ont
peu d'intensité à la Guyune ; aussi les orages y sont
rares et les ouragans incoinius. Les tremblements de
terre n'ont jamais causé le moindre dommage à la
Guyane, donl le sol n'est pas, d'ailleurs, de la nature
de ceux qu'agitent de prélérence les forces internes
du globe. Depuiscinqnanie ans, on n'a ressenti que
trois légères secousses :1a première, en 1794; la se-
conde, en 1821 ; et la troisième, le 8 té\rier 1843,
à 11 heures 25 minutes du matin. Cette dernière est
celle qui a détruit de fond en comble la Poiuie-à-PÎ-
tre ; elle a été à peine sensible à la Guyane.
La population de la Guyane se compose d'Euro-
péens, de créoles, d'individus desang-mèlé, de noirs
libres, de noirs esclaves et de quelques tribus d'In-
diens aborigènes. La population blanche entre pour
lOUl) à 1(00 individus dans les 5746, formant le chif-
fre de la population libre séJenlaire de la colonie :
elle se compose de créoles ( c'est ainsi qu'on appelle
les individus nés dans la cobmie) et d'Européens
venus pour y chercher fortune ou, tout au moins, des
moyens d'existence. Nijus avons dit ailleurs quels
sont à la longue les effets du climit de la Guyane
sur les individus de race blanche. Nous ajouterons
que, contraireineiil à une opinion généralement ad-
mise, le climat traite à peu près de la même manière
le créole et l'Européen, alors que ce dernier a été
acclimaté par un séjour d'une année environ, séjour
pendant lequel il a vu diminuer plus ou moins rapi-
dement cette dose de vitalité qu'il possédait à son
arrivée d'Europe, et qui est la conséquence d'un
sang riche en fibrine, circonstance qui, dans le cours
de ta première année, le prédisposait aux effeis de
l'iiisolaiion. Les fièvres interniiitentes de marais et
les maladies qui les accompagnent atteignent à peu
pré- également le créole et l'Européen. Toutelois, ce
dernier reste plus longtemps sujet aux maladies in-
flammatoires aigîies dites fièvres pernicieuses et ty-
phoïdes, qui enlèvent quelquefois le malade au troi-
sième accès.
Les préjugés de caste sont moins prononcés,
moins vivaces à la Guyane française qu'aux Antilles :
on ne les renconlre guère plus que dans les salons
et chez les dames créoles, qui se regarderaient en-
core comme fort humiliées de recevoir à leur table,
ou n'iéme chez elles, un habitant de sang mêle ou
suivre le sud-est. — La marée se fait sentir jusqu'à
28 à 32 kil. de la côte ; sa hauteur maximum est de
ô",!?, el sa hauteur minimum de 2"", 17; consé-
quemment sa hauteur moyenne est de 2"!, 67. — Au
solstice d'été, le 22 juin, le lever du soleil a lieu à
5 heures 51 minutes, et son coucher à G heures 9
minutes ; ce jour, le plus long de l'année, a 12 heures
18 minutes. Au solstice d'hiver, le 22 décembre, le
Boleil se lève à 6 heures 'J minutes, et se couche il 5
d'ailleurs chaque jour davantage digne de considé-
ration par sa manière de \ ivre comme par ses mœurs.
Quant à la population nuire, libre, les nouveaux af-
franchis épronveni une véritable antipathie pour le
travail de la terre, qui est, après tout, pour eux le
symbole poignant de l'esclavage. Mais ceux qui sont
libres depuis longtemps n'ont plus ces idées ; ceux
surtout qui possèdent de petites habitaiions dirigent
le travail de leurs quelques esclaves, et y prennent
une part direcie; toutefois, celle classe compte
805
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
SOR
beaucoup d'imlividus dont les moyens d'existence
sont fort |irol)lémaiiques. — La promiscuité des se-
xes est un guùl que l'esclavage entretient chez le
nègre. Quels que soient les encourngemenls de son
maître pour qu'il se marie, il s'y décide difficilcmeni,
et, s'il cède à l'appàl des fa\ei!rs qui lui sont pro-
mises, son union est rarement de longue durée : les
époux ne lardeul guère à se séparer ; le mari aban-
donne insoucieusement ses enfants. — Les femmes
sont inllninienl moins fécondes à la Guyane qu'en
Afrique : on eu peut clierclier la cause dans la vie
dissolue qu'elles mènent. Un a remarqué que, dans
les ateliers écartés et sans voisinage, elles sont asses
fécondes pour que le nombre îles naissnnces égale ou-
dépasse celui des décès, tandis qu'il est des ateliejs
où toutes les feumies sont stériles, ei ce sont princi-
palement ceux qui reçoivent de fréquentes visites de
tous l«s nègres du voisinage. Les nègres sont sou-
mis, il est vrai, a plusieurs maladies graves, en lêie
desquelles il f.iut pincer la lèpre, l'éiépliantiasis et le
pian, mais ces affections sont rares ; les fièvres inler*
mitieiKes les alt:iqiient plus fréquemment. Ils sont
aussi sujets à des nial.ulies inflammatoires qui les
emportent rapidement et qu'on a dû souvent prendre
pour les elïetsdu poison. — Il existe snrqnelques h..-
biiaiions plusieurs exemples de longévité reniari|na-
ble. On y voit des nègres plus que septuagénaires, et
des négresses octogénaires.
La populatiiin aborigène devient tous les jours
plus rare : elle est divisée en (ribus. Les principales
sont celles des Galibis, de l'Approuague, des Enic-
rillons, des Oyampis, etc.; quelques Tapouilles,
chassés du Para, sont venus dans ces derniers temps
établir leurs carbels dans le haut des rivières. — Les
Indiens cultivent un peu de manioc, des ignames et
des bannnes ; mais ils tirent surtout leurs ressour-
ces de la chasse et de la pèche, exerc ces dans les-
quels ils excellent : ils se louent quelquefois pour ce
genre d'occupation; ils s'emploient aussi à l'exiiloi-
tation des bois; mais ils ne sauraient se déterminer
à prendre part a un travail quelconque de culture.
Ils viennent vendre dans les villes de la poterie et
des paniers. Ils sont sujets, comme les autres habi-
tants de la Guyane, à l'influence délétère des mias-
mes. La fièvre et les désoidres qu'elle amène simt
des affections fort communes parmi eux; la petite
vérole y a exercé d'alTreux ravages. La population des
villages indiens de Maraoun et de Mourages, qui ha-
bitaient le haut de la rivière de l'Appioiiagne, a dis-
paru complètement, à l'exception de trois ou rpiaire
individus. L'usage du iifia, que les Indiens déngnent
sous le nom d'esprit de blanc, a été des plus funes-
tes à ces malheureux, qui aiment avec passion cette
liqueur.
La Guyane hollandaise forme un vicariat aposto-
lique sous le litre de vicaire npostolique de Surinam.
La colonie compte environ 60,060 habit, sur lesquels
il y a 16,000 Indiens et Nègres m;irrons. Avant la
domination hollandaise, en 167i, les missionnaires
portugais et espagnols avaient cherché à instruire
les indigènes dans la foi catholique. Mais il fallut
renoncer à cette noble et laborieuse entreprise à
l'arrivée des llcdiandais. Alors cette va«ie contrée,
qui n'a pas moins de 1,"20i) kil. de côlos, sur une
profondeur de 800 kil,, fut abandonnée à l'immoralité
et à la b.irbarie. Les Nègres ne recevaient aucune
instruction religieuse , il n'y avait aucun minisire
pour les baptiser; on apercevait à peine deux nu
trois églises calvinistes. La polygamie, l'idolâtrie et
la sorce'Ierie, que les Nègres et les colons appellent
obeali , dominaient. On sait que la race noire a un
penchant prononcé pour la sorcellerie, penchant que
l'esclavage n'a pu que fortilier et augmenter. Tel
était r(;tat religieux de la colonie lorsqu'une partie
en fut cédée à l'Angleterre, il y a quelques années.
Cette partie a pris le nom de Guyane anglaise. Elle
est beauc up plus peuplée que les deux autres; elle
possède 16», 000 habitants, sur lesquels il y a plus de
30,0'JO Indiens et INégres marrons. Peu de temps
après la pi ise de possession de celle contrée par l'Angle-
terre, on bâtit plusieurs églises de la religion établie.
C'esi ainsi qu'on désigne l'anglicanisme. Il vint ensuite
les presbytériens d'Eeosse, les méthodistes et les au-
tres sectaires. La colonie a aujourd'hui plus de 2,^
églises hérétiques, avec leurs terres, leurs presbytères,
leurs écides. L'introduction du catholicisme n'y date
que de ISiD. Quelques catholiques sollicilèrent du
gouverneineni anglais la liberté et des secours pour
leur culte. Lord Hathurst, alors secrétaire d'État
pour les colonies, leur répondit laconiquement : i Si
les catholiques de Déinérary veulent avoir une église
et un prêtre, qu'ils bâtissent l'une et qu'ils entre-
tiennent l'autre. > Le premier prêtre catholique qui
parut dans la colonie fut un dominicain irlandais , le
P. ilynès. Une chambre dans une maison particulier*
lui servit d'abord de cliupelle. La Guyane anglaise
compte aujourd'hui de 10 à 11,000 catholiques sur
plus de 100,000 ànies qui appartiennent à diverses
sectes. Le gonvernenieni colonial a enfin voté une
faible allocation pour l'entretien de deux ou trois
prêtres, à cause des soldats irlandais catholiques,
répandus dans les casernes et les postes de la colo-
nie. Les églises sont de pauvres chapelles en bois ; il
y en a une i> Georges-Town, siège du gouvernement
colonial, une autre à Berbice. Il n'y en a qu'une seule
dans le vaste établissement d'Ëssequibo, et pas une
dans rinlérieur des terres, où les Indiens si nom-
breux Cl encore païens pourraient se réunir pour ap-
prei;di e h connailre le christianisme. Les catholiques
de Berbice se composent de 1000 à 120'i pauvres
Africains, esclaves alfranchis, et de quelques proles-
tants convertis. La colonie a sur son territoire une
tribu catholique d'Indiens, autrefois soumise aux
Espagnols, an nombre de SÛO environ, qui oni émi-
gré du territoire espagnol lors du soulèvement de,
Nouvelle-Grenade contre la mère-patrie, te P.
dont nous avons déjà parlé, demanda pour/ ^
gouveinemeiit anglai.î deux prêtres calB^iiuei'^
807
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
coiiime ils les avaient sons l'adininisinilion espa-
gnole. Celle deiiaiide ne fui pas accueillie. Il se
[iroposi pour aller résider avec eux au milieu de
lenrs loréts séculaires; mais ou repoussa également
celte généreuse proposition.
La Guyane anglaise a été érigée en vicariat dont
le titulaire porte le liire de vicaire apostolique de
Dùmérary. Il existe dans ce vicariat huit tribus
d'Indiens encore païens , formant ensemble une po-
pulation de "27 à 28,000 individus , qui vivent sans
connaissance du vrai Dieu et sans idée de civilisa-
tion. Voici le tableau que trace de leur situation le
P. Hynès , qui a passé plusieurs années de sa vie
dans la mission de la Guyane : < Ces tribus diiïèrent
de toutes les autres aut;ini pour les mœurs que pour
la figure et le langage. Elles ont peu d'idées reli-
gieuses : on n'a point encore trouvé parmi elles ces
iradilions si rép indues ailleurs sur la créaliun du
monde ei celle de Tbomnie, sur le déluge, sur la ré-
surrection future ; et bien que la colonie de la Guyane
anglaise soit habitée depuis deux siècles par des
liommes qui se donnent le beau nom de chrétiens,
les gouvernements n'ont fait aucun eiïort , pendant
celte loi.guc période, pour améliorer l'étal des sau-
vages , qui souvent habitent à peu de <li>tanee des
planiations, et dont quelques-uns viennent joumel-
lenienl promener au milieu de Georges-Town leur
déplorable nudité, l'bisieurs tribu-, ont été réduites
en esclavage, et les prédécesseurs des Anglais (les
llolbindais) ont exploité au profit de leuis passions
l'avilissenient de ces infortunés. Mais ni eux ni les
Anglais n'tuil jamais attaché la moindre importance
à faire, de tant de créatures pensantes, des chrétiens
ni Diéme des hommes. >
Terra Murina, l'ile des Rats, ou lie Maurice, an-
cienne Ile de France. C'est un vicariat apostolique.
— La nature s'est plu à réunir sur ce point de
l'Océan des avantages dont peu de pays ont été fa-
vorisés ; elle lui a donné des sites pitturesqurs d'une
rare roagnilicence, un sol d'une fertilité inéiuisable,
et un climat dont nul autre ne surpasse la salubrité.
— L'Ile de France, qu'on appelle aujourd'hui Mau-
rice, est s tuée par le 20« degré de latitude méri-
dionale et par le 55" de Inngitude orientale : elle
n'est éloignée de l'ile Bourbon que de 160 kil. ma-
riiimes. On prétend qus dans les beaux jours on
voit de Maurice le sommet des montagnes de Uourbon,
dont quebiues-unes sont fort élevées et souvent cmi-
vertes de neige. Maurice a 48 kil. de longueur de
l'est h l'ouest, et ôi kil. i\e largeur du midi au nord.
La partie occidentale est pres.jue entièrement cul-
tivée; à l'orieni la main de l'homuie ne s'est point
encore fait sentir : le sol y est mauvais et ne se
prête pas à la culture des cannes à sucre, qm sont
la principale richesse des insulaires. Le cemre est
occupé par des montagnes dont la plus élevée a la
forme d'un doigt et s'appelle le Pouce. — Au pie-i de
celle chaîne de montagnes, dans la partie méridio-
nale, fe trouve connue encaiBsée dans une demi-
circonférenee la ville unique de la contrée , Port-
Louis. Quand d'une hauleur voisine on voit du nièine
coup d'œil la ville et le, pi^rt, on ne peut s'empêcher
d'admirer la divine Providence qui semble avoir dis-
posé cetamph théâtre naturel, pour recevoir au pied
de son enceinte protectrice les vaisseaux des voya-
geurs et les demeures des colons, pour les abriter
contre les furieuses tempêtes qui régnent dans ces
parages, depuis le commencement de février jusqu'à
la fin de mars. Le ciel est magnifique et presque
toujours sans nuage ; on y voit briller des étoiles
sans nombre , et beaucoup plus de première gran-
deur que sur l'horizon de France : on en compte
plusieurs dans l'hémisphère méridional , qui sont
presque aussi brillantes que l'étoile du Berger. Si
l'on conservait en ce pays la vigueur du tempé-
rament européen, on serait lenlé de passer les nuits
en plein air pour jouir du spectacle qu'offre, cette
magnifique illumination ; mais le climat ôte beau-
coup à l'àme de son énergie et de son activité. Ce
ne sont pas seulement les ardeurs du soleil pcnd.mt
huit mois de l'année qui amollissent tout ensemble
le physique et le moral , il semble que la doueeur
de l'air pendant la nuit et une partie du jour y con-
tribue aussi : on n'éprouve aucune impression qui
réveille, aucune sensation qui ranime , à peine si
l'on se sent exister; l'âme que rien ne provoque
reste comme endormie , ne pense qu'avec effort, ne
veul qu'avec nonchalance , et n'agit qu'avec une
singulière lenteur. Ce climat séducteur et lyran-
niqiie traite l'homme comme on traite quelquefois
les oiseaux : on les flatte, on les caresse ; mais on
leur coupe les ailes. — Les luerveilles de l'ile , ca
sont ses montagnes et ses forêts. Les premières ,
sans être gigantesques , affectent des formes si bi-
zarres, si capricieuses , la coupe en est si élancée et
si hardie, qu'on dirait qu'en les façonnant Dieu s'est
joué des lois qu'il a imposées à la matière. Il eu est
une, la plus célèbre, qui représente un p.iin de sucre
renversé; vue de loin, on ne peut concevoir Ci ni-
niC' t elle peut se soutenir, bien moins encore com-
ment on en pourrait tenter l'accès Toutefois, il y
a quelques années, un Anglais appelé Péterboth
conçut le projet de mettre à fin celte fat uleuse
aventure : il prit avec lui dix hommes , fit piu>i^ion
de crociiCts, de cordes, d'échelles, et s'acliemiua
vers la montagne. A force d'audaee et d'elTorts il
parvint heureusement au sommet avec trois de ses
compagnons , y passa la nuit plus content et plus
fi'T qu un vainqueur sur le chanip de bataille ; le
lendemain il reiiesrendii après avoir faii tomber un
quartier de roc sans lequel l'ascension devenait im-
poss ble , afin de conserver à lui seul la gloire de
l'aMÙt exr'.cuiée. L'admiration lut universelle : peu
s'eii fallut que le héros ne sévit porlé en triomphe,
et la montagne <ievenue le théâtre de ses exploits
fut baptisée du nom de Péterboth. Quelque temps
après , en parcourant les archives de la ville , on
trouva qu'au \viii« liècle un Français seul,' sans
803 GEOGRAPHIE DES LEG
compagnons et sans bruit, avait accompli la même
entreprise : de là, comme on le pense, désappoinle-
ment complet pour les admirateurs du touriste bri-
tannique , et mortification grande pour sa personne.
— Les forêts de Maurice sont plus belles que ses
montagnes; plusieurs , encore vierges , décorent la
partie orientale : la nature y est entièrement livrée
à elle-même, ou plutôt à l'action de la Providence ;
on n'y découvre pas nn sentier , pas une trace hu-
maine, pas un arhre abattu, pasunebrancbe coupée;
la végétation sans cesse y périt, sans cesse s'y re-
nouvelle par ses propres forces , et l'on ne peut
s'cmpêcîier d'adorer la Sagesse divine qui maintient
un si bel ordre au milieu de ce cbaos apparent. A
l'aspect de ces lieux sauvages , de ces arbres des
siècles passés, qu'on voit pourrir gisants sur le sol
on sécbcr lentement sur pied, de cette vieille berbe
haute et si épaisse qu'elle semble former un indis-
soluble ti'Su , de ces lianes qui se replient eu mille
festons et dont on n'aperçoit ni le commencement
ni la fin , de cette riche création où la main du
grand Ouvrier se laisse voir encore fraicliement
empreinte, et où tout semble néanmoins i.avoir
6000 ans , l'esprit se sent porté à la méditation et
le cœur à la veitu. On trouve dans ces bois de beaux
ébéniers très-recberchés dans le commerce. Les
pamplemousses ne se trouvent que dans la partie
occidentale , particulièrement au lieu qui leur em-
prunte son nom. Les principaux arbres nourriciers
sont le cocotier et le bananier ; mais leurs fruits
n'approchent point de l'exquise délicatesse de l'a-
nanas.
Maurice n'a que deux rivières, appelées l'une pe-
tite rivière , et l'autre grande rivière. En fait de
grandeur, tout est relatif; car si grande rivière
il y a, c'esi uniquement par comparaison à l'autre
qui est extrêmement petite : à part le temps des
pluies , il n'est pas besoin d'être leste pour sauter
le lleuve-rivière à pieds joints. Une demi-lieue avant
de se jeter dans la mer, elle forme une jolie cascade
qui peut avoir iCO pieds de hauteur. Un lait surprenant,
c'est l'absence complèiede bêles féroces et d'animaux
venimeux; en revanche, les rats fourmillent et font
de continuels dégùis dans les plantations de cannes
à sucre; aussi, quand les Hollandais y abordèrent,
l'appelèrent-ils Vile aux Rats, du nom de ses princi-
paux habitants. Il est d'autant plus difficile d'expli-
qaer la mnliitude de ces petits rongeurs , qu'ils vi-
vent en présence d'un grand nombre de chats sau-
vages qui doivent leur laisser peu de repos. On irouve
aussi quelques singes sur une montagne voisine de
la ville : il paraît qu'ils se sont fixés là afin d'être à
la porte des vergers qu'ils visitent pendant la nuit ;
ils y ont d'ailleurs l'avaniage d'une retraite inabor-
dable. — L'oiseau le plus commun est l'étourneau :
il rend de grands services eu faisant la guerre aux
inseties, qui, à son défaut, se mnltijdieraient bieniôt
au point de ne pas laisser un brin d'iierbe dans les
champs : aussi est-il le favori et le protégé des créo-
DlCTIONNAIBE DE GÉOGRAPHIE BCCL. II.
ENDES AU MOYEN AGE. bit, :
les; il est sous la sauvegarde de la loi cl de l'opinion;
Je meurtrier est mis à l'amende et déilaré l'eimemi
du bien public. L'étourneau se sent fort de sa posi-
tion , et à peine daigne-t-il se détourner quai.d on
passe près de lui. Il a des compagnons plus bril-
lants , mais non plus courtisés : le cardinal et le
paille-en-queue. Le cardinal est ainsi appelé , à
cause d'un petit chaperon qui orne sa tête et lui
donne un air de dignité tout à fait imposant. Le
paille-en-queue doit son nom aux plumes de sa
queue qui sont fort longues et très-effilée-, de ma-
nière a imiter des brins de paille. C'est un oiseau très-
élégant ; la couleur de son plumage varie beaucoup ,
mais elle e-t toujours belle. Ce gi:icienx animal ne
manque jamais de rendre une visite de congratulation
aux navigateurs qui arrivent heureusemeiità Maurice;
il vient quelquefois à leur rencontre jusqu'.i 80 ou
120 kil., et ne les quitte qu'au port. Pendant ce
temps il voltige autour du navire et fait mille circuits
en tous sens , pour ne pas le devancer. C'est vrai-
ment l'ami des marins : rien n'égale sa confiance ;
si un maieloi coiffé d'un bonnet rouge va se percher
au haut d'un mât, l'oiseau vient se poser sur sa téie,
et il n'est pas rare qu'il lui en coûte la liberté. V(jilà
les beautés extérieures de l'Ile de France : le fond
est assez riche pour que l'imagination de Bernardin
de Saint-Pierre ail pu y faire une élégante broderie.
La population totale de l'île est d'environ 100,000
âmes, dont 7O,OU0 à la campagne et 30,000 à la
ville. Port-Louis est une ville par excellence dans le
sens que les Romains attachaient à ce mot; car elle
n'est guère, dans son ensemble , qu'une réuu'on de
maisons de campagne alignées et mises en ordre.
Chaque maison a son parterre, son jardin, son ver-
ger et son mur de clôture. Les maisons, générale-
ment peu élevées , sont richement bâties et ornées ;
les rues sont larges et presque toutes tirées ati cor-
deau ; l'église est simple et élégante tout à la fois;
l'évêché, qui est l'ancienne cure, est commode, pro-
pre, m;iis sans luxe et sans recherche. Le plus grand
édifice est la caserne, qu'on dit assez vaste pour
loger 500i) soldats : c'est encore un legs de l'an-
cieniie domination française. On voit à Port-Lotiis
des hommes de tous les pays et de toutes les reli-
gions : des Français, des Anglais , des Européens de
toutes nations, des Américains, des Africains, des
Malgaches, des Indiens, des Parsis, des Malais , des
Chinois, etc. ; aussi un homme d'esprit l'appelail-il
VOmnibus de l'univers. Comme il y a beaucoup d'é-
trangers, la police s'y fait avec une exactitude qui
devient souvent de la sévérité. L'immense majorité
de la population est catholique; comme partout, il
s'y rencontre des catholiques fervents, d'autres tiè-
des et d'autres froids. Il n'y manque pas non plus
de ces sortes de gens qui ne pro(esseiii aucune
croyance, qui n'cml de foi qu'aux plaisirs et aux
piastres. Il peut y avoir de li à •i:',0;.0 imidèles de
toute espèce de sectes. On compte 3 ou iM pro-
testants, dont nn grand nombre io-.d des employés
2C
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
?11
du gouvernement. Pour un troupeau peu couHilé-
rable il y a trois niinislres, tandis qu'il n'y n que
six prêtres pour adniiiiisirer plus de 70,0 0 ealha-
liques disséminoi sur toute la surface de l'ile. —
' Cepend:inl les ministres oui fait jusqu'à pi osent peu
de prosélyl.s : la population a une propension déci-
dée pour le calholicisine ; le simple bon sens lui dit
que la religion doit être enseignée , et ne saurait
s'inventer à l'aide il'une hible souvent mal cnniprise.
La beauté du culte catholique et la niulité du pro-
testantisme servent aussi à déterminer les justes
préférences de ces pauvres gens. — A la fin du siè-
cle dernier, lorsque File appartenait à la France, le
cliristiauisme avait presque disparu de la f:ice du
pays; un gouvernement, qui proscrivait clioz lui le
culte de Dieu, ne pouvait cire disposé à le propager
dans ses colonies. Qucbiiies prêtres, dont le nombre
dépassa rarement dix on douze , luttaient coniie les
progrès du mal, ei répondaient de leur mieux aux
besuins spirituel» .le la population. Il «.■«t vrai qu'a-
lors elle ne s'élevait probablement pas à la moitié du
cliiffre qu'elle atteint aujourd'hui. En 1811, les deux
îles de France et de linurbon celèrent aux forces
de la Hotte britannique, et furent (xcnpées par les
troupes anglaises qui, à l'issue des hostilités, rendi-
rent linurbon à ses anciens maîires, et gardèrent
l'ilc de France qui reprit son nom hollandais de
Maurice, — A en juger i ar le nombre annuel des
Lap'émes, la popul.ition catholique doit dépasser
80,01)0 âmes La grande majorité se compose de
noirs, dont la probuide ignorance est le résultat dit
inallieur de leur condition. Pour une Eglise aussi
CKiisidéraMe , le gouvernement a reconnu et réiri-
tribné d'aboid huit prêires , et plus tard dix. Ce
chiffie n'a pas été dépassé depuis que la colonie ap-
partient à l'Aiiglolerre.
Li s es< laves, dont le nombre s'élevait à 60,000 ,
furent émancipés en iS5J. Avant leur alTrancliisse-
nient, ils étaient générale nenl traités avec huma-
nité et presque avec bienveillance. Bien qu'ils vé-
cussent dans r.gnorauce de la doctrine chrétienne ,
faute de prèircs et de catéchistes pour les instruire,
ils étaient presque tous baptisés. Aujourd'hui encore
la plupart d'entre eux, tout en se disant catholiques,
ne connai'iseni pas les premiers éléments de la reli-
gion , et ne savent pas même réciter le Paler, ni
faire le signe de la croix. Il est certain que depuis
l'émancipation leur condition n'a fait qu'empirer :
indolents par caractère , ils se refusent au travail
dès qu'il n'est plus pour eux une nécessité. Leur
unique andtitiou se borne à se procurer un petit
coin de terre pour y semer du maïs et se construire
mie nié<'haule cabane; tout leur bonheur consiste
h pas-er leur temps couclics à terre sous ce chétif
abri. In peu de riz snllii à leur nourriture, et le la-
beur d'un jour leur en fournit assez pour vi\re une
semaine entière. Ils aiment beaucoup les (érémo-
nics religieuses; et de toutes les fêtes, celle qui
émeut le plus leur piété est la comraémoralion des
812
morts. Le soir, ils se rendent au cimetière «t y brû-
lent des cierges sur les tombeaux de leurs amis dé-
funts ; l'enceinte funéraire ressemble alors il un
champ en feu, dominé par une croix lumineuse elle-
même. Au rentre s'élève nu grand crucifix ; des flols
de lumières se pressent à ses pieds, et le serrent
de si près que la ba-e en est toute noircie et presque
à demi brûlée. C'est un spectacle singulier et vrai-
ment saisissant de voir ce lugubre séjour des morts,
inondé ainsi d'êtres vivants qui , velus les uns à
l'euiopéenue, les autres à la mode bizarre des
Orientaux, viennent se couiber tristement sur des
tombes , au milieu d'une forêt de torches embrasées.
Dans le district de Savaune on rencontre le Grand-
River, torrent rapide, qui comme toutes les rivières
de l'ilc coule dans un ravin non moins esearpé que
profond. Son lit est encombré d'énormes blocs de
rochers, à travers lesquels il se préi ipilc avec fracas.
Souvent il se déi obe aux rt^gards sous les massifs do
verdure qui ombragent ses rives; mais alors même
que ses eaux disparaissent, ou les entend mugir, elles
s'indignent et Iréniiisent contre les obstacles qui
semblent vouloir- les empêcher de courir vers l'Océan.
— Ces ravins, (lue l'on rencontre fréquemment dans
l'Ile , sont tellement abruptes et vont se perdre si
loin , que les f>isean\ du ciel peuvent seuls en visi-
ter les gonffies inaccessibles. Le voyagem' en voit
souvent voltiger , au-dessus de ces abîmes, de nom-
breuses tribus aux ailes blanches et rouges : paisi-
bles habiiants de ces solitudes, dont le brillant
pinmage contraste heureusement avec la sombra
verdure de la végétation. L'éclat d'un ciel admira-
blement pur ajoute à ce paysage un charme ravis-
sant, et lui donne l'aspect d'une terre enchantée. Pluf
loin on traverse une plaine qui s'élève par grailation
à mesure qu'elle s'éloigne de l'Océan. Elle ollVe à sa
surface, coname tout le reste du pays, des traces de
son origine volcanique , que les siècles ne peuvent
effacer. — Dans l'intérieur de l'Ile , on trouve une
forêt traversée dans sa longueur et sa largeur par
une bonne route. Les arbres qui la bordent, iniep<
ceptent la vue dans toutes les directions , au point
que le voyageur n'aperçoit plus rien devant lui ni au^
dessus de sa tête, si ce n'est par intervalle le sommet
âpre et sauvage de quelques montagnes qui , comme
la chaîne dont elles dépendent, présentent les formes
les plus irrégniières. Elles semblent braver les lois
de l'équilibre ; on dirait qu'agitées par ipielque génie
malfaisant qui s'est enfui soudain, mais qui va reve-
nir leur rendre le mouvement ; elles attendent soa
retour pour précipiter leur chute un moment inler-
rompue. — Lu ruisseau soutenain et un lac formé
dans le ciatcre d'un volcan éteint se font remarqncf
à peu de distance île chaque côté de la route : ce sont
encore, au milieu d'autres indices si lOmbriu»,
comme des témoins irrécusables des agitations con-
\ulsives qui ont autrefois bouleversé le pays. Det
lits de corails, des stratifications sous-niarines, trou-
vées dans le centre de l'Ile, atieslenl que les poiiiM
m
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
814
les plus élevés gisaient autrefois dans les profun-
deiirs de l'Océan. — Après un trajet de douze ou
quatorze milles, on sort de la forêt et l'on arrive à
l'exiréniiic de l'île, dans un pays ouvert et bien cul-
tivé. C'est là qu'est situé le village de rort-Souillae,
dont l.i population est considérable.
A peine y a-t-il dans tonte l'île un village ou même
un banii-au un peu uonsidérable, où les niéiliodisies
n\tient ériijé, pour les enfants du peuple, une école
gratuite, dt'Ut la direction est couliée à des maiires
et niafircâses venus d'Angleterre. Les enfants de la
tinsse éuiaucipée, qui vont y chercher l'insiruciion,
s'^iii'icuteul eu même temps les préj'igés dont leurs
itiaiires sont imbus, et quoiqu'ils aient été baptisés ,
ainsi que leurs parents, dans l'Eglise catholique ,
aussitôt qu'ils ont fréquenté ces écoles, les ministres
les considèrent comme ap}iartcnanl à leur commu-
nion. — Les calhi'liques ont aussi à Port-Lo'iis une
école gratuite, soutenue principalement par l'évêque.
Il n'est pas douteux qu'en donnant il cette institution
un développepient plus convenable, on préviendrait
la chute de plusieurs centaines d'enfants catholiques
qui , pour se faire iiistiuire, n'ont d'autre ressource
que les établissements méthodistes du gouvernement
colonial. — Un collège royal a été fondé pour l'é-
ducation des enfants d'origine européenne. Sa di-
rection, confiée d'abord à un prêtre catholique , a
pas-é entre les mnins d'un prolestant irlandais. On
y donne un soin tout | anicnlier à 1 étude de l'an-
glais, dont on se sert pour l'csplicaiion des auteurs
classiques. Les efforts du gouvernement tendent à
inlioduire l'usjge de cette langue, aussi bien que
l'esprit et les coutumes anglaises : il est très-proba-
ble que l'entreprise réussira, elle ne deni.inde que du
temps pour atteindre son but. M.iis avec sa lansue
qui seules pouvaient en assurer le bienfait, est de-
venue un véritable malheur pour celle classe infor-
tunée, en faveur de laquelle on l'avait si généreuse-
ment conçue et si loyalement exécutée. Pour rem-
placer les bras dunt l'agriculture, et particulièrement
la culture de la canne à >ucre, se irouvaieni privées
par l'émancipation , on introduisit dans l'île plus de
vingt mille coolies amenés ici des différentes prési-
dences de l'Inde. Ce sont des hommes de couleur
cuivrée, de haute taille et d'une maigreur affreuse ;
ils portent pour tout vêtement une ceinture de toile
autour des reins , et un lambeau de niènie étnffe
roulé autour de la tête; ce qui leur donne une
étrange tournure aux yeux d'un Européen. Quelques-
uns recherchent avec une prédilection tonte parti-
culière les vieilles vestes que les soldats européens
ont jetées au rebut; ce sont pour eux des habits de
luxe. Rien n'est bizarre comme de voir l'a r de sa-
tisfaction avec lequel ils posent et s'admirent sous
cet accoutrement favori, avec un turban à la tête, et
autour du corps un miséi able h.iillon rouge , d'où
s'échappe une longue paire de jambes noires et tou-
tes nues. Cette classe d'hommes est encore puïenne ;
elle a i^onservé l'usage de brûler ses morts. Jusi|n'icî
il n'a pas été possible d'entreprendre sa conver-
sion.
La mission de Maurice a sous sa dépendance diU
fércntes îles dont les habitants sont cailiolii|ues.
L'île Kodriguoz, située à une distance de quatre
cents milles du eôie de l'est, a été i euplée par des fa-
milles qui autrefos étiiigièienl de l'île .Maurice. Elles
professent la foi catholique , et se conposent d'en-
viron 500 personnes. Ces iniortunés, non-seulement
n'ont pas de pasteur au milieu d'eux, mais on dit
qu'ils n'ont jamais reçu la visite d'un prêtre; ils vi-
le gouvernement espère (et nous croyons qu'il s'en vent sans secours religieux et meurent abandonnés à
flatte vainement) que la cob/nie adoptera la religion
nsiionale de la Grande-Bretagne.
L'ue mortalité progressive a décime la population
nègre depuis son émancipation; la cause en est
surtout dans la funeste habitude de l'ivrognerie, vice
qui , dans un climat chaud , est toujours fatal.
Plus d'une fois on a trouvé le long des chemins
quelques-uns de ces mallierireux morts des suites
de l'ivresse. Il a clé constaté que dans le cours
d'une année plus de quarante noirs avaient succom-
bé, victimes de leur intempérance, avant d'arriver
à la porte de l'hôpital et avant d'avoir reçu les pre-
miers secours du raédicin. A cet égard , la dégra-
dation des nègres s'est accrue depuis leur affrandiis-
sement. Sans doute , l'esclavage est une plaie de
Thumanité donl la religion s'afflige ; il ne devrait
pas être toléré par un peuple chrétien, et tout gou-
vernement qui protégerait un lel système par des
considérations d'intérêis matériels ou politiques, mé-
riterait la flétrissure des nations civilisées. Néan-
moins il est démontré par l'expérience que son abo-
lition dans les colonies britanniques , faute d'avoir
«té accompagnée de ces mesures sages et prudentes
leur sort. — A six cents milles , dans une autre di-
rection, l'île d'Agalega compte quelques centaines
d'habitants condamnés au même abandon. — Cinq
cents milles plus loin, et à plus de trois cents lieues
de Port-Louis , on trouve le groupe des îles Sey-
chelles. Là aussi, les prmcipales familles sont ori-
ginaires de JLiurice, et revendiquent le nom de
catholiques, parce que leurs pères s'honoraient de
le porter. Jamais , depuis qu'elles existent , ces îles
n'ont j. lui de la présence d'un prèlre, bien que leur
population soit d'environ 6000 âmes , y compris les
nègres qu'on y a transportés des côtes d'Afrique. A
diverses reprises , leurs habitants ont adressé des
pétitions au gouvernement local pour obtenir un
ministre de leur culte ; mais ces demandes sont
toujours restées sans résultat.
Terra Senogalla, le Sénég il ou la Sénégambie. —
— Cette contrée forme une préfecture apostolique, di-
rigée par les prêtres du séminaire du Saint-Esprit
de Paris. Elle tire son nom du Sénégal, fleuve ap-
pelé dans son cours supérieur Ba-Fing (eau noire),
qui se jette dans l'Océan Atlantique, sur la côie oc-
cidentale. Le Sénégal prend sa source sur le ver-
Si 5
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
816
sant 0(Cii1enl:il des nioiiiagnes qui Iravrseiit le
pays des Mandingnes, à 120 on IGO kil. oiiesl des
sirunes <lii Niger. Dans iiiiie sun élendiie il coide
h liavers un pays nioniufiix enirecciii|ié de collines
et de piécipices jusqu'à Galain, où cnniniencc une
pi ine unie dmil les lisièr- s soni eouveiles de foiêls
penidées de singes, de perroquels el d'inie grande
variété d'oiseaux. Depuis Gui ini jusque dans le pays
plal il sedivi>e en plusieurs bra>, ei forme un grand
nonilir.' d'iles infestées de crocodile?, et se déborde
comme le Ml ; il inonde, depuis la (in d'aoùi jus-
qu'en novembre, les plnine^ siinées le long de ses
kords, et présente, dans le- lieux dégunis d'arlires,
des courants ou des nappes d'eau douce de plusieurs
lieues d'étendue. A sou emliouuliure, ub-lruée par
un banc de salde lrè<-dangereux qui s'étend dans
toule la largeur du fleuve, les eaux monteui à celle
époipie au-dessus des plus h.iuti'S marées; mais
quand les pluies <mi cessé, elleî ba s>enl; le flux s'y
fait sentir, et l'eau devient sa'ée. La barre laisse ce-
pendant une passe qui permet l'entrée aux baïqiies
81 petits bâtiments poiiiés. A une époque plus éloi-
gnée ce fleuve perd tonte la force impidsive du cou-
rant, et ses eaux douces ne sont plus mises eu mou-
veuieui que par le flux qui les refoule dans leur lit
vers leur source, et ensuite par le reflux, qui leur
permet de descendre vers la mer. Comme les ter-
rains à travers le.-quels coule le Séué.^al sont Irès-
plais et très-peu élevés au-dessus du niveau de l'O-
céan, ce flux et ce reflux se font sentir successive-
ment de pioche eu proche dans les eaux douces,
jusqu'à une distance de 5iO kil. du bord de la mer.
D:ins ce;te dernière partie de son cours le Sénégal
n'a plus de courant. Ce fleuve se grossit du Falémé
et du Kokiro. Il est navigable dans les hautes eaux,
dans une étendue de 400 kil. A 80 kil. au-Jessus de
Gal;im la contrée prend un aspect moniueux, el un
cbiiinon de rncliers barre le lit du fleuve au point de
ne pas permettre aux b.irques de le remonter. C'est
ce qu'on appelle la cataracte de Félou. On estime la
longueur de son cours à plus de 1200 kil. Dans les
preuiiéres descriptions de l'Afiique on a dépi-int ce
fleuve comme identique avec le Niger, el sortant des
contrées intérieui es de cette partie du monde; ce-
pendant les Frjuçais ayant formé leur premier éta-
blissenieut dans le Sénégal à Sa iii-Louis, à l'emboii-
cliure de ce fleuve, pénétrèrent jusqu'à Galain, dû ils
bâtirent un fort. Ou regii<lait alors Toinboudou ou
Teembeclou comme l'entrepôt de l'Afrique centrale;
on fil depuis plusieurs tentatives pour arriver dans
celle ville par le Niger; mais elles furent infruc-
tueuses. On peut lixer les sdurces du Sénégal vers
drSJ'de latitude nord et ;,° 2 /' 15" de longitude
ouest. Les femmes s'occupent de tirer de l'or de ses
sables par le lavage.
La Séiiégainbie est bornée au nord par le Sahara,
à l'est par la Nigrilie, au sud par la Guinée supé-
rieure, et à l'ouest par rAllanlique. Elle est com-
prise entre !•" cl 18° de latitude nord, el entre G" et
20" de longitude ouest. Sa longueur, de l'est à l'ouest,
est d'environ 1200 kil., et sa laigeur moyenne, du
nord au sud, de 8S0 kil.; sa superficie est évaluée à
54,600 lii-ues cariées ou 210,100 kil. carrés.
Les rivages de la Sénéganibie sont composés
d'iiuinenses terrains d'alluviori, exposés à de furieux
ouragans; les embouchures des fleuves y sont en-
trecoupées d'iles presque noyées sous les eaux : on y
éprouve les chaleurs les plus intenses, mais, comme
dans tout le reste de la contrée, où le climat est
aussi irés-cbaud, les nuits sont fraîches el les pluies
aboudnntes. En s'enfonçant dans l'intérieur des ter-
res, l'a-pect du piysdevieul plus varié; à côté de
plaines d'une excessive fécondité, on rencontre des
cnlliues re\ élues de la plus riante verilure, el des
forêts épaisses, qui renferment des palmiers, des co-
coleis, des mangliers, des tamariniers, des papayers,
des citronniers, des orangers, des grenadier> et des
sycomores. Le baohab, le plus volumineux de tous
lesaibres, est commun dans la Sénéganibie. Les
ci'ocodiles, les hippopotames, les singes, ahoadent
dans celle région. — Les monts Badel, Couro et Tangué
s'élèvent dans la partie méridionale. De leurs ver-
sants descendent trois fleuves considérables, tribu-
taires de r.\tlantique, le Sénégal, la Gambie, large
fleuve, qui arrose la partie centrale de la contrée,
et le Uio-Grande, qui baii;ne la partie méridionale.
Le Diali-ba ou Niger se ntonlre dans la partie orien-
tale, et il en sort pour entrer dans le Soudan. — On ne
connaît que trois lacs remarquables dans la Séné-
ganibie : celui de Cayor, prés du Sahara, au nord du
Sénégal; celui de Panié-Foul ou N'gher, près el au
sud du même fleuve, el celui de Denduudé-Tliiali, à
peu I rès au centre de la contrée. La côte se dirige
d'abord du noid-csi au sud-ouest, jusqu'au cap Vert,
le point le plus occidental de l'ancien continent, en-
suite du nord-nord-ouesi au sud-sud-est, en présen-
laui le cap S 'inle-.Marie, a l'euibouchiirede la Gam-
bie, et le cap Uouge, un peu plus au sud. A l'etn-
boucliure du Sénégal est l'île Saint-Louis, basse,
aride el peu salubre ; elle appartient aux Français.
Très-près el au sud du cap Vert, on trouve l'île de
Corée, qui dépend aussi des Français : ce n'est pres-
que qu'un rocher, mais elle est iniéressanie par la
bonté de son mouillage. Entre l'embouchure de la
Gambie et celle du lUo-Grande s'étend l'archipel
des lies Bissagos ou Bijugas, remarqu.ibles par leur
feiiilité, et dont les principales sont Yate, Bussi,
Bissao, Bulama cl Formosa ; elles paraissent répon-
dre aux llespérides des anciens.
Le l'ortugal est la première puissance européenne
qui ait paru sur les côtes de la Sénéganibie. La
France et l'Angleterre y sont venues ensuite, mais
bien plus lard. Les ministres protestants et les mé-
thodistes y ont formé des missions qui réussissent
peu. La race noire aime les cérémonies el tout ce
qui appiiraîl à la vue. Or, les sectes protestantes sont
toutes d'une séilieiesse et d'une nudité extrêmes.
L'Ulain est répandu parmi les Nègres de la Sénégam-
«7
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AD MOYEN AGE.
8)8
' bie; mais In partie la plus nombreuse de la popula-
tion est plongée dans la grnssièreic brutale du féii-
chisnie. Oii évalue à plus de 12 millions le nom-
bre des babilaiils, parmi lesquels on dislingue une
grande variété de peuples que nous allons faire ciui-
naîlre. Les Français oiii la plnpiri de leurs établis-
sements surles rives du Sénégal. Leclief-lieu de leurs
possessions est Saint- Louis, ville fortifiée, sur l'île
du même nom, à l'ernboucbure du Sénéiial. Abreda,
comptoir sur la Gambie, est une de leurs princi|i:iles
dépendances. — Celle colonie a éprouvé de grandes
révobiiions politiques: en 1750 ille él;iit soumise à
t'Angleterre, qui la céda à la France en 1763, et la
confirma de nouveau à celte dernière puissance en
1783. Dans la dernière guerre les Français l.i per-
dirent, mais ils la recouvrèrent à la [tesiauraliou.
Ce fut en allant prendre possession de cet éiablisse-
meni que la frégate la Méduse essuja ce terrible
naufrage qui lit tant de bruit dans le monde. — Les
Anglais ont des comptoirs sur la rjamliie; les princi-
paux sont le fort James, cbef-lieu de loutes leurs
pnsse sions dans la Sénégaiiibie, et Balhurst dans
l'île de Sainte-Marie, près de l'emboucliure du fleuve.
Les l'oriugais possèdent Caclieo, ville de £0!)0 âmes
sur le Kio San-Domingo, Geba, petite ville enire la
Gambie et le Rio-Grande, et quelques autres piiiis
comptoirs sur le même fleuve ou dans le voisinage.
Le Sénégal pré-ente d'inappiéciables avaniages,
car il dé|icnd d'un vasie cuniinent arrosé p;vr un
grand fleuve, et il est situé, en outre, piécisément
dans le pays d'où l'on lirait jadis les travailleurs de
l'Amérique et des îles tropicales. L'esploitation ma-
térielle ti'oflre point dedi.ficultés, ei l'on n'aura ja-
mais en Afii iue, c omme dans les autres cidonies, la
crainte de voir abandonnée, faute de bras, à une
déplorable stérilité, une terre qui aurait pu fournir
de licbes et abomiants produits. La situation de
cette colonie est néanmoins loin d'être prospère: la
gomme est à peu près l'uiùque produit de son com-
merce ; et, outre qu'elle est exposée par là aux clian-
ces d'une mauvaise récolte, elle est placée encore
sous la dépendance des Maures (I), qui peuvent, s'ils
le veulent, cesser de lui apporter celte denrée, et
comprometirc ainsi l'existence de la plus grande
partie de la population euri'péinne ou indigène. Les
Maures, turbulents et guerriers, sont aussi de foi
douicuse; il e-t prudent de les ménager, quelquefois
même de souffrir leurs rapines, parce qu'il est d.ffi-
cilc, pnsque impossible, d'éiablir parmi eux son
influence assez solidement pour les dominer. L'anar-
cliie qui les divi^e et leur vie nninade n'offrent ni
garanties de relations durables de b rme barmonie,
ni faciles moyens de leur infliger des chàtimenls à
propos. — -Le Sénégal n'a pas toujours été aussi res-
treint dans son importance et dans ses moyens de
transaction. La compagnie française d'Afrique, lors-
qu'elle vint remplacer les Portugais, ne se borna pas
(\) Les Maures dont il est question sont venus du
nord de l'Afrique occidentale. Ce soDl eux qui pra'li-
ù l'unique commerce des gommes; elle poussa ses
recnni'sissances. dès son début, vers le baut de ce
fleuve, (|ui n'offrait poin; alors, comme aujourd'bui,
les Miêmes garanties de ^écllrilé aux explorateurs.
Celle compagnie de marcbands ne se borna pas à une
exploration infructueuse et stérile; elle eut la gloire
de fonder des éiablissemenis dans des lieux dont ac-
tuellement niHis connaissons à peine le nom, et elle
les fonda en dépii de difficnliés immenses, et chez
des peuples don: l'éiat de civilisation, beaucoup
moins développé qu'aujourd'hui, ne pouvait faire es-
pérer ni confimce ni proiection. Le fort Saint-Joseph,
à Dramané, le fi'ri Saint-Pierre, dins la Falémé,
celui de Far;ibana, dans le Uambouk, ontéié succes-
sivement éablis par elle.
De toutes les possessions que la Franie a eues dans
le liant-Sénégal, il ne lui reste que Bakel. Pos'le mi-
litaire et coinpioir, cet établissement est d'une assez
grande importance commerciale, et les bénélices
qu'il s'y fail aiuiuellemeut ont di\ depuis longlemps
démonlrer que lexlension des relations les accroî-
trait encore. Bakel n'est pas, à vrai dire, heureuse-
ment choisi sous le rappori sanitaire: sa siluation
topograph que contribue particulièrement à en ren-
dre le séjour dangereux aux Européens : aussi, de-
puis plusieurs années, est-il expressément défendu
d'en diriger sur celle possession. D> ux causes de
maladies se rencnnlrent presque exceplionnellement
dans celte localité, c'est d'abord le rayonnement dé-
terminé par les collim-s pierriuses et stériles qui
reiiloureiii, et (jiii élève énormément la tenipéralura
pendani le jour, et ensuite la stagnation des eaux
dans des trous profonds et étendus; ces eaux, vapo-
risées par l'aclion d'u.ie lem[iéiaiure de 63 à 70 de-
grés, dégagent en abi'udance des gaz déléières for-
més par îles maiières ammales et végéiales putié-
liées. — Le comptoir de Bakel est dirigé par un agent
appartenant à une comp^ignie établie à Saint-Louis
sous le nom de compagnie de Galam et Cazamance,
et exploiiaiit, snns quelques resirictions, le com-
merce du haut du fleuve. On traite à Bakel de la
gomme, de l'or, de l'ivoire, des peaux de bœuf, du
mil ei de la cire. Les échanges s'opèrent au m "yen
de marcliandises, dont la guinée, la poudre, les ver-
roteries et le sel sont les principales.
Iles Manies de diverses nations contribuent parli-
culièrenieni à la prospéiitédu commerce de Galarn,
en apporlant les gommes qu'ils vont réculler dans les
forêts qui servent de limites, du côté du sud-esl, au
grand désert de Sahara. Ce produit est ici, comme
au bas du fleuve, la plus imporlanie braiiibe de
commerce. Les Dowiciies condi/isenl leurs g mimes
il Bakel même; les Oiial;id-el-Koissls, qui avaient au-
trefois choisi Makana pour marché, el les Onalad-in-
Bareck, qui se rendaient àMélne, porientles leurs
à un comptoir flollant expédié chaque année par le
gérant de Bakel et placé dans les environs de Makana.
quenl l'Islam et qui probablement l'ont répandu dans
cette partie du conlinenl africain. {Note de l'auteur.)
819
DlCTIONNAIPtE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Les aulres objets de commerce ci-dessus désignés
sonl apportés le plus soiiveul à Bakel, qneliuefois
aussi au comptoir floiianl, par des caravimes demjr-
cliands colporteurs ou revendeuis connus sous le
nom général de Dioulas, et appartenant aux nations
des Sairacolets, des Mandingnes, des BamI'aras et
des Foulalis du lioudou et du Kusson. Enliii ces mê-
mes objets sojit encore apportés par des Mandingues
du Banibouk et de Ségou, qui les ojit recueillis eux-
mêmes dans leur propre pays. — Les Sarracolets
qui po sèdi'iit l'étiU de Galam, où est situé le comp-
toir français de Bakel, forment un peuple indus-
trieux, cultivateur et inarcbanJ, ad.Miné particulière-
ment et presi|ue exf'luîivenitnt à un commene de
eolpnrtage. Il offre, par ses goùis paisibles et ses
mœurs douces, des g;iranties de bonnes relations.
— Les Sarracolets, répandus dans différents pays
du haut Sénégal, foraient des espèces de colonies
marcliandes, «ruù partent des caravanes qui vont
clierclier en iliver.-.es coniréos de l'Afrique les pro-
duits qu'elles fournissent, et qui, de retour à leurs
établi^seiiicnts, en partent de nouveau pour aller
vendre ces produits aux Européens.
H y a trois classifications principales parmi ce
peuple, peu considérable numéiiquemeiit, quoique
disséminé dans une grande étendue. Les Cuidiagas
sont les plus nombreux ; ils babilent la rive gaucbe
du Sénégal, le liondou et pariiculicrenicnt le Galam.
Les Guibiniabas sont en petit nombre, ils habitent
la rive droite. Mêlés aux Maures dont ils sunt volon-
lairement devenus tributaires, ils ont cuinplétenienl
fait scission avec les Guidiagas, contre lesquels ils
commettent parfois des brigandages, à l'exemple des
Maures. Les Aérankais, également peu nombreux,
Labileut le Fouta-Daniga, limitropbe du Galam ; ils
sont alliés aux Guidiagas.
L'état de Galam est divisé en deux parties sépa-
rées par la Falémé ; la partie occidentale se nomme
Goye ou bas Galam, la partie orientale, Kaméra ou
haut Galam. Elles étaient autrefois toutes deux sous
la domination d'un seul chef; mais des dissensions
les ont séparées, et ont même amené de sanglantes
luttes dans lesquelles le Tounka du Kaméra, S;imba-
\aciiin, envahit avec une armée de Bamburas le
pays de Goye, pilla et détruisit Tuabo, sa capitale,
et commit partout les plus atroces cruautés. Les
Guidiagas, qui occupent les deux parties du Galam,
se subdivisent en deux nouvelles classillcalions : les
Bakirisou gueriiers, ci IcsSaybobés ou marabouts.
Les Bakiris sont les possesseurs véritables du Ga-
lam, dont le gouvernemeni, plaré d'ordinaire aux
■_ mains d'un vieillard, est faible et chancelant. C'est
une monarchie dont l'absolutisme est tempéré par
une espèce do rcprésentaiion ou de conseil choisi
partie parmi les liakiris, qui sont seuls appelés .m
trône, et partie parmi les Saybobés (|iii en sont tou-
jours exclus. La transmission du pouvoir a lieu par
ligne collatérale, comme da.;s presque lous les Etats
du haut du fleuve; c'est toi'joms le ficre aine qui
succède. Or, djos ces pays, où règne la polygamie*
et où la loi donne la qualilicailon de frère, noi. -seu-
lement aux frères véritables, mais encore aux cou-
sins, on doit concevoir que le auccesseur au Irène ne
doit pas être extrêmement jeune. — Les Bakiris dn
Goye et ceux du Kaméra sent encore divisés et en-
neniis. La mort de Simba-Yacinn, du pouvoir du-
quel ses enfants ont bérilé, grâce à l'anarchie qui
existe dai.s cette partie du Galam, et contrairement
à la transndssion régulière ci-deisus indiquée, a
calmé un peu les haines que les cruautés de leur
père avaient soulevées chez leurs frères du Goye.
Le Galam u'occupe (pi'nne mince partie du litto-
ral, à peine 8 on 10 kilomètres dans le Go)e, et 28
ou 3â dans le Kaméra. Il est borné au nord par la
Sénégal et le Fouta-Damga ; au sud, par le Bondou e|
leBambouk; à l'ouest, par le Fouia-Dainga, et, à
Tesi, par le Uainbouk et le Ka<son.
En délinitive, les Sarracolets, peu guerriers, fai-
lilement gouvernés, et livrés à des divisions intesti-
nes, sont peu redoutables.
Au sud du bas Galam se trouve le Bondou, occupé
par des Foulabs, émigrés du Fouta-Toro. La création
decel Etal a diinné lieu à une légende que voici:
Les Sissibés, famille pnis-ante du Foula, chassés de
leur pays par des troubles politiques, vinrent un
jour, sous lacmiduite de leur chef, demander asile
au Tounka du Galam, alors grand royaume dont la
capitale était Tuabo. Les fugitifs furent reçus avec
bonté par le Tounka, qui mit, dans sou hospitalité,
une courtoisie remarquable. nent chevaleresque. Ainsi
il ne leur dés giia pa-, comme il l'aurait pu faire,
une ré'idence momentanée; il ne leur offrit p.is une
protection stérile, qui les eût laissés pauvres et af-
famés dans un pays étranger pour eux, quoique ami;
il voulut qu'ils trouvasscni dans ses Etats une patrie
nouvelle, qui leur lit oublier les ouir.iges du sort
qui venait de les frapper :>i cruellement. Il fitdnnc
parcourir le Galam au chef des Sis^ibés jusqu'à ce
que celui-ci rencontrât un lieu qui lui plût; puis,
lorsqu'il eut bien fait son choix, le Tounka convint
avec lui qu'àun jour désigné, au lever du soleil, cha-
cun d'eux partirait, le chef des Si^sibés, du lieu qu'il
venait de choisir, et le Tounka, de Tuabo, où il allait
se rendre, et que, marchant l'un vers l'autre, le point
de rencontre formerait la limite dedeus Etats, dont
le nouveau deviendrait celui des proscri(s, et aurait
pour capiiale un grand village élevé à la place que
leur chef avait préférée. Le jour convenu, le chef des
Sissiboj partit à l'heure fixée, mais le Tounka ne se
ressouvint de la convention ijue fort avant dans la
matinée. Il partit aussi, et ne tarda pas à rencontrer
tout près de Tuabo son hoie moins oublieux. Ainsi
commença, dit la légende, le royaume du Bondou,
qui s'agrandit successivement par la conquête, et se
peupla de nouveaux raéeontems du Fouta et de di-
verses ccdonies de Sarracolets, et de Foulabs du
Fouia-Pjallon. La famille des Si<sibés est réelle-
ment celle qui règne dans le Bondou, et l'Almamy a
m
CEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE,
S22
tôujiiiirs eu une gfatidè déférence pour le Touiika de
Coye, qu'il a pioldgé et défendu dans ses guerres
avec les B.ikiris du Eaniéra.
Celle légende, fort suspecte de véracilé, comme
))eaucoupdc légendes, servirait au moins à explii|uer
la consiaiile alliance des Bakiris de Goye et des Sis-
sibés du lîondou, ei le peu d'étendue du royaume de
Galiitn perpendiculairement au fleuve.
Les iiahilants du Bonduu, pris en mnsse, sont,
comme ceux du Foula, appelés Tuucouleurs par les
autres nations nègres. Ce nnm ne se irouve cepen-
dant employé pour désigner la population d'un Ëlat,
ni dans les relations de» voyageurs, ni dans les géo-
graphies. Confondus pour nous avec les Peuls ou
Poules, nous n'avons point établi de disiinclion irjn-
cliée entre eux, et nous leur appliquons à tous in-
distincienient, dai:s ceux de nos ouvrages où il est
que^lion des peuples de 1 Afrique occidentale, d'S
noms de Poulalis, Fellalali, Kellahs, Fuulans, Fcl-
lans, Fontes, Fcllanies, Puules, Peuls, dont nous
faisons des synonymes. En Sénégambie, au contraire,
on dislingue parfaitement les Peuls ou Puules, des
Touciiuleurs. Les premiers forment, en réalité, un
peuple de race, de moeurs, de condition et de cos-
tume différents. Leur couleur, d'un brun leirjié de
rouge, lient lé niiiieu entre celle des Maures et celles
des Tuucouleurs; leur nez, moins épaté que celui des
nègres de pure race étliiopique, est caitilagineux, ca-
factère p:'rticulier à la race Cauca^ique, qui manque
è la race étliiopique ; leurs lèvres minces, leur visage
ovale, leur Iront plus làig%, et leur angle facial moins
aigu, en font bien évidemnienl une race à pari, niuis
une race quelque peu bybride. Leurs mœurs no-
mades, leur consiitution en bandes de pasteurs
presque toujours tributaires d'auires nations, enlin
leur état de prrlétarisme , qui les empédie, en les
privant de propriétés foncières, de former entre eux
ce qu'on appelle une nation, sont de nouvelles preu-
ves de leur origine étrangère. — Un intéressant nié-
liiioire de M. d'Eiclitall est venu, à la véiité, éveiller
rattention sur celle race particulière; mais, quoi-
qu'il signale avec une grande exactitude les diffé-
rences plly^iques du peiiple peul , quoiqu'il n'oublie
pas de désigner, sous les noms de Toucoulors et de
Torados.une race mulâtre et un peuple occupant
primitivenient le pays avant la venue des Peuls, cet
ethnologue ne s'arrête pas assez sur la condition po-
litique de ceux-ci et sur la différence qui existe entre
les élémenls qui forment aujourd'hui la population
des Etats qu'il appelle aussi Peuls ouFoulalis, et qui
doivent être appelés, comme ils le sont par les natu-
rels, Etats toucouleurs. (C'est bien ainsi que les nè-
gres prononcent le mot.)
Après avoir présenté les opinions des voyageurs
sur l'origine que chacun d'eux atlriljue aux Peuls, et
avoir combaliu ce que ces opinions renfermaient
d'inexact, M. d'Eichiall, qui s'est livré, à propos de
cette question, à des recherches linguistiques très-
étendues, donne sou opinion particulière, qui sem-
ble être en effet la meilleure et la plus satisfaisante.
Des analogies remarquables observées par lui entre
diiïoienis dialectes de la fâmilie mal i^ieime et la
langue que parlent aujourd'hui les Peuls, donnent
un point d'appui e.vcellent à sa version, et permet-
tent de présumer avec lui que ce peuple de la Séné-
gambie descend des insulaiies de l'arcliitel malai-
Eien, par une succession de migrations dont l'histoire
fournit plusieurs preuves. Les voyageurs avaient
tous été frappés des dilfércnces physiques cl ethno-
logiques qui distinguent la race nègre du peuple
peul, cl cliacun d'eux avait clierclié, dans ses souve-
nirs de voyages peul-èire, des comparaiscuis plus ou
njoius vraisemblables; mais la question eu était restée
là, c'e^l-à-dire à l'état de confusion et de désordie.
C'est ainsi que, dans ce chaos hypothétique, les Pmls
descendent alternativement des Ethiopiens, des Lta-
rabras de la Nubie, des habitants de Télouan dans
l'enipire du Maroc; on a été nicme JMsi|u'à leur don-
ner pour ascendants les suidais d'une légion romaine
disparue, dans la Nuniidie, pendant la ileuxièine
guerre punique, étrange et bizarre origine que rien
ne justilie, si ce n'est peut-être leur costume, dont
la coiffure, entre auires, rappelle par sa foru;eelles
ornements de cuivre dont ils li paient, le casque des
légionnaires. Toutes ces versions manquaient dune
de vraisemblance, el celle de M. d'Eiclitall, au con-
traire, basée sur les présomptinns les plus l'iiites qui
puissent être admises en ethnologie, sur la compa-
raison des langues, demeure eiicure la plus proba-
ble. Cepeudaut, quelque séduisante qu'elle soit, nous
devons recliher une assertion qui n'est point parfai-
tement exacte : les cheveux des Peuls ne sont point
plats et utils comme ceux des individus de race nion-
golique; ils sont, en effet, moins laines que ceux des
nègres, ils sont plus longs el disposés u'ailleurs en
co ffiircs qui, souvent, nu manquent pas d'un certain
bon goùl. — Le peuple peul, qui ne se trouve que
dans des Etats occupés par des Toucouleurs, y est
toujours dans une condition inférieure qu'on pour-
rait comparer à peu près à telle des Bohémiens ou
Egyptiens établis en Fiance et particulièrement en
Ecosse, à la fin du moyen âge, et dont on trouvait
encore des traces dans le dernier siècle. Il existe ce-
pendant, dans le Voloff surtout, et dans quelques
Liais mandingues, des camps de Peuls nomades,
mais leur condition y est pire encore que dans les
Etals toucouleurs ; c'est parmi eux que les rois choi-
sissent les hommes qu'ils chargent de la garde des
troupeaux. On dit communément : les PeuU du roi,
connue on dirait les captils ou les dumesiiques du
roi. On donne aussi quelquefois, eu Sénégambie, le
nom de Peuls à des Toucouleurs tributaires, pasteurs
ou cultivateurs; mais c'est par une extension plutôt
politique que physiologique, et ici Peuk veut dire
uniquement tributaires. — Les Toucouleurs sont
bien certainement le résultat du croisement du peu-
ple peul avec les Torodos qui habiiaienl primitive-
ment le Fouia-Toro ei aussi avec des YuiolTs el des
823
DICTIONNAIBE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
824
Maiidingues : leur couleur, plus foncée que celle des
i'euls, Test moins que celle des nègres aborigènes ;
leurs caraclère- pliysi((ues, modifiés par le mélange
du sang, ne simt pas ex.iciemeni ceux du type élliio-
pique ; enfin, leur conslilution en corps de nalion,
et la présence parmi eux (à peu près exclusivement
à loui autre peuple) des Peuls, dont ils parlent la
langue, viennent donner une nouvelle valeur à la
douille liypiill.èse sur laquelle un peut fonder l'exis-
tence d'un peuple étranger à la race élhiopique et
d'un peuple nitiis, dont celui-ci serait le générateur.
En effet, à quelque npinion qu'on s'arièle sur l'ori-
gine des Pi-uls, ou s'expliqueia luujouts facilement
leur étal actuel et celui des Toucouleurs; car, ouïes
premiers ont reçu l'Iiospiiîiliié en qualité d'étrangers
immigrants, ou ils ont été d'abord conquérants; et,
dans l'un ou l'autre cas, ils ont dû former des al-
liances avec les femmes du pays où ils se sont éta-
blis, soit en botes, soit en vainqueurs. Or, comme
dans les anciens Ei:its torodos, yof ffs et maiidin-
gues, ce sont les femmes et non les bonnues qui
transmciient la noblesse du sang, il a ilù nécessaire-
ment résuliiT (le ces alliances, après une suite d'aji-
nées, qui peut même ne pas èire longu', une géné-
rition nouvelle (les Toutouleiir»), toute puissante
<lans l'opiniim et dans les institutions du pays. Cette
généiaticn, devenue en se multipliant la plus foi te
en nombre, comme elle l'était déjà en induejice, a
pu, ce ((ui serait parfaitement dans l'ordre des évé-
nements admissibles, faire exactement ce qui s'est
fait depuis peu d'années dans certains Etats de l'A-
mérique. Quant aux Peuls, la conscrv.tiion de leur
race, qui a dû être tant soit peu altérée par les rela-
tions postérieures des deux peuples, s'explique par
le petit nombre de femmes (|ui les auraient suivis
dans leur émigration première; et leur condition de
tributaire est déjà expliquée par la révolution poli-
tique, qu'où peut admettre avec quelque conCance.
Les Foulalis du Bondou sont cultivateurs et pê-
cbeurs, moins commerçants que les Sarracolets et
plus guerriers. Leur gouvernemeiil, qui n'est point
la théocratie élective duFouta-Toro, est, comme ce-
lui des Sarracolets, une monarchie qu'on pourrait
appeler gérontocratique, ce mot étant pris ici dans
un sens sérieux ; car c'est la même règle de succes-
sion au trône. Cepend.mt des révolutions changent
de temps à autre Tordre établi. — Le gouvernement
du Bondou, dégagé de l'ombre de représentation
qu'on rencontre dans le Gahun, est toujours plus ab-
solu et plus ferme. Sadda-Auiady, qui règne actuel-
lement, tient les rênes d'une main vigoureuse, et,
sous lui, les habitants du Bondou, rompus h une
obéissance passive, sont de dociles animaux qu'il di-
rige à son gré; bien différents er. cela de leurs frères
du Fouia, dont le caraclère indiscipliné, développé et
presque favorisé par le mode de gouvernement qu'ils
onl(boibi, donne si fréquemment aux Européens des
embarras, souvent sans la participation et même
contre le gré de leurs chefs. — Les Foulabs, généra-
lement paisibles, industrieux et adonnés à la culture,
sont, en outre, plus pariiculièremenl que les autres
nègres de la Scnég:imbie, sous rinfluence du roaho-
métisnie. C'est, au Bondou, une garantie de plus de
leurs pacifiques dispositions : cette religion dont ils
ont su repousser le fanatisme, haineux et quelque-
fois cruel chez les Arabes du nord de r.\frique, n'est
pour eux qu'une pratique sévère du rit musulman,
et un code de morale qu'ils observent avec une grande
fidélité. Les habitants sont exempts de tous ces vi-
ces qui, comme le vol, la fraude et le mensonge,
Irouhlejit l'harmonie des relations, et, s'il arrive par
hasard, que quelques-uns d'entre eux s'en rendent
coupables, un chàlimenl grave, infligé par l'almamy,
retient ceux qui pourraient se laisser aller ùune imi-
tation dangereuse.
Le Bondou a pour limites, au sud, le Tenda et le
Woirlli, à très-petite distance de la Gambie; à l'ouest,
le Fonta-Damga ; à l'est, la Falénié; au nord, le Ga-
lam. L'almamy possède aussi, à titre de suzeraineté,
une étroite ligue de territoire sur la rive orienlali; de
la Falémé : ce sont des colonies d'émigiés<lu Foula-
Djallon, qui, sous sa pioiecliun et en lui payant des
tributs, sont veims s'établir sur cette rive, abandon-
née par les Abmdingues du Bambouk, ses habitants
naturels, à la suite de leurs démêlés, soit entre eux,
soit avec les Bambaras.
11 existe entre les Foulahs et les Mandingues une
sorte de haine profonde, engendrée par l'indifférence
religieuse de ces derniers, et elle les tient éloignés
les uns des autres avec unp si opiniâtre perbistance,
qu'un accord semble bien dillicile à réaf ser. L'anti-
pathie des deux peuples est poussée à un tel point,
que l'almamy, dans ime entrevue avec les Français,
leur dit qu'il verrait, ainsi que le Tounka de Goye,
avec un vif déplaisir, le rétablissement de l'ancien
comptoir français de Makana, chez les Bakiris du Ka-
méra, alliés encore actuellement aux Bambaras ; et
il ajouta que, tant qu'il serait roi du Bondou, il ne
ferait jamais alliance avec ceux qui n'auraient pas
pour ennemis les Bambaras, qu'il qualifia de cruels
et d'impies. — Cette profonde aversion d'un peuple
religieux à l'égard d'un peuple qui a en quelque sorte
renié ou au moins repoussé la même religion, sera
difficile h détruire entièrement.
Le Bondou, l'Etal le plus voisin de la possession
française de Bakel, après le Galam, se trouve dans
les meilleures conditions pour faire désirer son al-
liance. C'est un Etat populeux et grand, non positive-
ment puissant par les armes, mais assez fori pour ré-
sistera une invasion et assez énergiquemenl gouverné
pour imposer aux autres peuples et suspendre leurs
manvais desseins. Le Bondou a en outre laissé de
glorieux souvenirs dans la mémoire des nations qui
l'eniourenl.
A l'est du Bondou est situé le Bambouk, occupé pai
des Mjudingues, appelés Malinkais par les Sarraco-
lets et les Toucouleurs. L'organisation polili(|ue du
Bambouk est irès-iléfeciueuse et en fait un Etat faible.
823
GEOGRAPHIE DL.S LEGENDES AU MOYEN AGE.
826
en dépit de son étendue territoriale. Vers la Falémé,
il est runnc en petites républiques irjdépendanles,
obéissant cliacune à un clief i|ui ne relève de per-
eoiine. Plus vers l'est, ce système de gouvernement
existe an>si, mais les républiques offrent une force
plus grande ei se trouvent en outre liées entre elles
de manière à former, par leur ensemble, une sorte
d'Etal lë.léialif assez puissant po;ir résister aux in-
vasions des peuples turbulents cl pillards qui les ap-
prochent. Leur gouveruement, quoique morcelé et
divisé, est néanmoins plus ferme que celui des petits
Etals de l'Occideni. Quelques-unes de ces républi-
ques de l'est se sont alliées aux Bambaras.
Les Maiidingues, dont la moralité n'a pas été dé-
veloppée par des enseignements rel'gieux, sont né-
cessairement bien inférieurs aux Foulalis. Leur in-
dustrie favorite est Li clia.>.se, exercice qui ne con-
tribue pas à adoui ir les mœurs et à donner des
tendances pacifiques; ils cultivent peu, par pnresse
et peut être aussi par mépris pour un genre d'occu-
pation qu'ils irouvent iiiliiue; ils expluileul cependant
les niirnlircuses mines J'or i|ueconiienl leur pays :
ce sont leurs femmes qui, par des lavages successifs,
sé(iareul l'or des corps étrangers avec lesquels il se
trouve mêlé. L'or de leurs mines el l'ivoire des élé-
pliaiiis tués dans leurs chasses, elqui abondent dans
le lîamboiik, compotenl presque exclusivement les
matières de leur commerce. Ils le font au moyen de
caravanes qu'ils cunduisenl eux-mêmes aux comp-
toirs européens, ainsi ([ue les Sarracolels et les Fou-
labs.
Le gouvernement des Bamboukains ne pré-ente
point sans doute la consistance qui doit nécessiire-
ment'exisler pour constituer une n^ition puissante et
redoutable, et cependant celle division en petits Eiais
indéjendants, souvent hostiles les uns aux autres,
bien qu'elle prive ces nègres de l'unlun et de l'unité
qui rendent forts, en lait néanmoins de irés-incom-
modes voisins, surtout pour les émigrés du Fouia-
Djallon établis dans leur pays. Leur organisation po-
lili(|ue, aux abords de la Falémé, offrant trop peu de
cohésion pour qu'ils pusseni s'opposer au\ euipiéle-
inents du cbefdu Rondou, les Bamboukains ont dû
borner leur proiesiation à des invasions de pillards
qu'ils n'épargnent pas aux étrangers que leur faiblesse
les obligea tolérer. Ils revendiquent aussi avec force
la propriéié des mines voisines des lieux occupés par
les Foulahs, el ils gênent autant <|u'ils le peuvent
l'exploitation qui en est faite.
Quels que soient les défauts des Mandingnes du
Rainbouk, défauts dont la cause n'esi autre que l'ab-
sence de croyances religieuses iiui .luraient pu les
moraliser, ils ne sont pas cependant cruels et barba-
res au point de porter les Européens à un éloigne-
meni absolu. A cause des richesses nombreuses que
renferme le ir p:iys, ils désirent el rechercheiii l'al-
liance de la France, qui, du reste, y avait autrefois
un fort sur un cours d'eau qui se jelle dans la Falémé
vis-à vis Nayé (le Séiiou-Colé, que les Portugais
avaient appelé Uio-del-Ouro ).
A l'est du Kaméra et du Bambouk, sur les bords
du Sénégal, existe le Kasson ( Cassou ou Kasso ), oc-
cupé par des Foulahs émigrés originaireiuent du
Fouia-Djallon. Eiat autrefois puissant, placé sur les
deux rives du fleuve, il est en proie à l'anarchie et
à la destruction. La partie du Kasson qui occupait
la rive gauche est presque déiruile ; les habitants qui
y sont demeurés, sont exposés aux plus affreuses
perséculioiis de lapiirt des Bimbaras : le reste, for-
mant le plus grand nombre, est eu fuite vers le Bon-
dou, où l'almamy a bien voulu recevoir ce peupla
proscrit el son roi Sambala. Ce malheureux prince,
chassé de ses Elais par ses frères, alliés aux Bamba-
ras, a vu le pays dont il était le chef sur le point de
devenir en entier la proie de ses ennemis naturels,
avec lesquels ses frères oui eu l'imprudence de faire
alliance. Le Kasson n'est donc aujourd'hui pas même
lombre d'un Etal, caria partie restante, celle de la
rive droite, se fond et s'agglomère eu quelque sorle
avec le Kaaria, où habitent ces terribles Bambaras,
le fléau du pays. — Les Foulahs du Kasson sont
beaucoup moins religieux que ceux du Bunduu. L'in-
fluence démoralisante des Mandingnes du Bambouk
et du Kaarta les a rendus au moins indifférents, et
ils ont maintenant, pour les mœurs et les croy^mces,
plus de rapports avec les Bambaras, dont iiS parlent
à peu prés la langue, qu'avec leurs anciens compa-
triotes el les autres Foulahs. - Les qualités el les
mœurs douces des hommes du Boiidou et des Sarra-
colels sont remplacées, chez eux, par les délauls de
leurs voisins. Le vol, la paresse, un éloignement
profond pour les occupations agricoles et paisibles,
sont les conséquences fâcheuses de leurs rel.itions
avec les .Mandiugues et surtout avec les Bambou-
kains. Leur pays, pauvre et sans industrie, fournit à
peine, en temps ordinaire, une nourriture indispen-
sable; ils luttent, en se livrant à la chasse des élé-
phants, contre celle pauvreté que leur paresse a vo-
lonlaireuienl accepté', el ils vont, en outre, en cara-
vanes chercher dans les pays voisins des produits
qui , joints à ceux, bien faibles, de leur propre indus-
trie, sont vendus par eux aux comptoirs français ou
à ceux des Anglais.
A l'est elau nord de la partie du Kasson située sur
la rive droite du Sénégal, se trouve le Kaaria, ayaut
pour habitants ces .Mandiiigues-Bambaras qui sèment
la discorde el la guerre chez tous les peuples qui les
entourent. Aventureux et guerriers, ils tiennent à la
fois des Romains, au temps de leur splendeur, lors-
qu'on recherchait avec empressement leur alliance,
et des routiers bamliis et mercenaires, pillant nos
campagnes au xiii^ siècle, après les guerres du loi
d'Angleterre Henri II contre ses fils, el qui, soldais
de profession, vendaient leurs services à ceux qui
les payaient le mieux. Du reste, bien supérieurs à
leurs voisin, dans l'art de la guerre, les Bambaras
sont véritablement redoutables, et leur appui est sol-
til
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
828
licite fréquemment, laniôt pour décider des querel-
les paniculiores de famille, comme dans le Galam el
le Kasson, tantôt pour s'en faire des auxiliaires puis-
sants contre les autres peuples. L'alliance des Bam-
baras s'obtient par des tributs, et ils sont d'ordinaire
fidèles observateurs de leurs engagements. — Les
Maridingues-Bambaras dépassent encore les Maiidin-
gues du Uambuuk dans leur irréligiusité; mais, en
revanche, soumis à un gouvernement régulier, ils
cultivent dilTéreiiies industries Mvec plus de succès
encore que les Foulahs et les Sarracolels. Ils fabri-
quent eux-mêmes de la poudre en se procurant aux
eomptoirs français du soufre qu'ils n'ont pas chez
eux ; ils possèdent des cultures de mil, d'aiacliides,
dj colon et d'indigo, dont les récoites [lourvoient à
leur nourriture et à leur habillement; enfin ils tra-
vaillent le iér, et savent même lui donner une assez
bonne trempe.
La religion musulmane est peu observée chez les
Bambaras. Ils pratiquent dans les grandes circons-
tances une espèce de féticliisiiie qui consiste à adirer
un énorme vase de terre, qu'on appelle dans le pays
Canari, et qu'ils remplissent de gris-grij de toute
sorte; ils le consultent toujours avant d'entreprendre
quelque chose d'imporlniii, et ses décisions, qui se
ré\èlent à eux par des signes mystérieux, sont tou-
joiN's strictement suivies. — Leur gouvernement est
Une monarchie liéi éditairc seinbl ible à celle des Sar-
racolels et dus Foulahs du Bondou. C'est aussi le
tnêide ordre de succession. On y remarque une es-
pèce de vasselage hiérarchique qui rappelle; avec as-
sez d'exactitude la féndaliié du moyen àse. — Les
captifs (I) du roi des Bamliaras ressemblent parfui-
leihent aux loudes ou fidèles des loisFranks du la
première et de laseeunderace;ilscoiiimandeiillcsar-
niées ei possèdent eux-mêmes des captifi, lesquels
en pussèileiit aussi. Les hommes libres du pays
•mail iiieiit de protection et de patronage, et ils le-
grettent souvent cetie liberté qui les livre sans appui
è la discrétion d'un captif puissant. Ou ne peut voir
finalement, dans ccite constitution de l'ciat des per-
sonnes, d'autre dillérence que celle du nom ; car
e'esttoujoursl'applicatiiindu même principe hiérarchi-
que : de vassal à captif, il n'y a qu'une faible nuance ;
c'est, sous l'une comme sous l'autre désignation,
l'homme, moins sa liberté. — On retrouve dans d'an-
tres Etats de la Sénéganihie, dans le Bondou, par
exemple, quelques vestiges d'une organisation ana-
logue ; mais elle n'ctl point, comme dans le Kaarta,
régulièrement adoptée.
Les Bambaras sont dans te haut pays le seul peuple
tiègre susceptible d'inspirer quelque doute sur la
nature dos relations que les Européens pourraient
avoir avec lui ; car, forts de la crainte qu'ilsinspirent,
soumis 'à «n gouvernement ferme et bien établi, il
serait difficile d'amener leur orgueil à souffrir une
iuQuence étrangère.
(I) On donne le nom de cajuifs, chez les indigènes
del'Afiiquu et à Saint-Louis méinc, aux humines
Les autres peuples nègres des pays voisins sont
tous ou Foulahs, ou Klaiidingues. Ces derniers sont
les plus nombreux : les bords de la Gambie sont nni-
queiiicnl occupés par eux. Le Foula-Djallon, puis-
sant Eial au sud-est de ce Qeuvc, est peuplé de Fou-
lahs, au milieu desquels vivent, comme dans le Yo-
loff et le Foula-Toro, des bandes nomades de ces
Peuls, si originaux, dont nous avons fait connaître
les caractères tranchés qui les disiingueni des autres
habitants de l'Afrique occidentale.
Après tous ces peuples sédentaires viennent les
Maures Dowiches, Oualàd-el-Kuissis et Oualâd-m-
Bareck, nations puissantes vivant au grand dé^eit,
et amenées accideniellemcnt sur la rive droite du
Sénégal pour les besoins de leur cmnmerce. Les Do-
wiches sont ceux qui viennent à Bakcl, et avec les-
quels les Fronçais ont, par conséquent, le plus de
relations. Ils sont mêlés aux Sarraiolets-Giiiliimahas,
qui ont formé, sous leur protection, des établisse-
ments sur la rive droite du lleuve et même dans
l'intérieur. Ces Sarracolels, quoique leurs tributai-
res, ont cependant su conserver une espèce de na-
liuiialilé, qui a empêché une complète fusion. — La
rclijjion mahomélane, sévèrement oliservée par les
Maures, est encore pour eux à l'état d'intolérance
exclusive et presque persécutrice qui existait chez
leurs ascendants. Le fanatisme de leurs prêtres a
pénétré aisément eu eux, el en a fait, de ceuv du
moins qui se qualifient de vrais croyants, de farou-
ches ennemis des chrétiens. — L'histoire des Dowi-
ches présente une série de crimes qui ont bouleversé
si Souvent l'ordre légal de succession au pouvoir,
qu'il c.-t bien didic.le de sortir du chaos de haines,
d'i-mbiiioiis el d'intrigues qui s'agitent parmi leurÉ
princes. Cette histoire, beaucoup trop longup, ilè
servirait qu'il mieux mettre au jour l'embarras oii i'i
sont de choisir, au milieu de tous les piélendanls,
celui (|ui aurait le plus de dridts au trône. — Leuir
gouvernement, qui a sans doute servi de modèle à
ceux des peuples nègres des environs, est une mo«
iiarchie absolue traiismissible aussi par ligne coliaié-
iale. Mais, chez eux plus qu'ailleurs, les révoltes ar-
rêtent presque toujours l'application du principe ré-
gulier dé succession, cl l'anarchie la plus désordon-
née est devenue depuis longtemps l'état normal de
leurconsliluiion politique. En ce moaieni, les Dowi-
ches sont divisés en deux camps principaux, ayant
embrassé chacun le parti d'un pi étendant. De là de
permanentes hostilités, qui jettent parmi les nom-
breuses tribus de cette naiiorr leplus déplorable dé-
sordre, qu'augmente encore, de temps à autre, l'in-
tervention de plusieurs nations maures, dont l'une,
les Braknas, défend la cause d'Abdalaye, frère du
dernier roi et héritier légal ; et l'autre, les Oualàd-
m-Bareck, celle de Hamet-Deya, fils d'un prince dé-
posé et mort en exil.
Les Dowiches sont pillards, comme tous les Mau-
nomtnés esclaves dans les Antilles.
(Hiote de Cauleur.)
8C9
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 830
sèment pour maintenir l'ordre cl empéciicr les niar-
cliiinJs li'clre inquiéiés dans leur conini^ rce.
Kéniolia est un village du Bambouk, actuellement
occupé par des émigrés du Foula-Djallon, placés,
sous la protection de l'almumy du Bondou, auquel ils
payent iribui. Ce village, elieriieude ce qu'on pour-
rait appeler un canton de mines, est ;> 49 kil. de
Sansandig, aSkil.du villagede Samba-Yaya surlaFa-
lémé.ct 3ou4kil. des mines. La principale se nomme
Dambagnagney; die est située au milieu d'un buis.lrès-
près d'une ligue courbe de collines foiuianl un demî-
cercle de l'ouest au sud-est. Les abords en sont sè-
mes de pierres biliceuses blancbes, légèremenl véi'
liées de rouge; les terres sont forlenient colorées
par l'oxyde de fer et Liisseiit voir une nouvelle es-
pèce de roclie du genre schisteux. Pour descendre
dans cette mine, on a praiii|ué un (rou ayant la for-
me il régulière d'un cône dont la base, platée en bas,
présente de singulières conditions de solidité; ce
trou est d'une profondeur de 7 à 8 mètres au plus,
et .ses parois, dépourvues d'éiais, ont à leur partie
supérieure plusieurs fissures veiticales qui menacent
d'une chute prochaine. Ces sortes d'accidunis, inévi-
table^ pour les lioninies du pays, si inhabiles dans
de semblables travaux , sont , comme on doit le
penser, irès-coiiimuns. Au fond de ce irou, une ou-
verture latérale, de 0"»60 à 1 mcire de hauteur, con-
duit dans une galerie souterraine, d'une étendue de
40 à '0 métrés. Le terrain des mines est un terrain
d'alluviou, formé de salile, de cailloux quartzeux
roulés et de schiste ferrifère micacé , conienant
queUinefiiis d -s parties de terre grasse et iinirâire.
L'ensemble de celte roche se brise aisément sous le
doigt. Tout autour de cette mine, qui est la seule ac-
luelleinenl en expluiialion, on rencontre destious
d'une enrayante profondeur, garnis, de distance en
dislance, de traverses de bois scellies aux parois et
formant des croix hoiizontales ; ces traverses ser-
vent à recevoir les échelles des mineurs, dont les
mnniants sont faits avec de jeunes arbres tenus
écartés par des échelons grossièrement et irréguliè-
remenl lixés au moyen de liens d'écorce. C'est par
de semblables échelles, si mal posées sur des pièces
de bois en croix, que ces malheureux descendent
daiii ces mines, dont la profondeur est an moins de
35 à 40 mètres. Un doit dire, il est vrai, qu'elles
sont peu exploitées. L'une d'elles porte le nom de
Gaêdy : on y descend par deux trous dillerents
communiquant l'un à l'autre par une petite galerie.
— Dans le nord-est 1/4 est de Dambagnagney, à une
distance de 2 kil. au plus, au sommet d'un mamelon
du nom de Pellel, les indigènes disent qu'il y a des
mines bien plus riches que celles-là, mais que ceux
qui y Vont meurent on deviennent fous. C'est chez eux
iine conviciion si profondément arrêtée, qu'on est
forcé de lui chercher une origine rationnelle qui se
trouverait peul-êire dans l'hypothèse, fort admis-
sible, delà présence de l'arsenic dansées mines. En
effet les premiers exploitaleurs, si ce métal exist»
res de l'Afrique occideniale. Leurs excursions, fré-
quentes et productives, ont lieu dans la saison sè-
che, lorsque le retrait des eaux a ouvert des gués
praticables. Il n'est pas d'années dans lesquelles
des partis de ces Maures ne viennent ravagiT tan-
tôt le Galura, tantôt le Dondou, et lantôi enûn le
Bambouk, semant sur leur passage uns telle frayeur,
que les nègres, quel que soit leur nombre, fuient
lâchement devant une poignée d'hommes, qu'ils dé-
truiraient aisément s'ils ne se laissaient trop f,icile-
inent dominer par un effroi pusillanime. Ils abandon-
nent, dans leur fuite honteuse, leurs troupeaux,
leurs récoltes, quelquefois leurs femmes et leurs en-
fants, qui deviennent le butin de leurs faciles vain-
queurs, dont la cruauté, justement proverbiale,
s'exerce souvent sur ceux qui leur semblent ou trop
faibles pour être captifs, ou de trop peu de valeur
pour être vendus : car ils ne pourraient pas les nour-
rir. Les Maures qui se livrent à ces pillages n'ont
que cette unique industrie pour subsister. Aussi at-
tendent-ils impatiemmentchaqneannée le relourde la
saison des basses eaux pour recommencer leurs
courses dévastatrices; ou bitn, pressés par le be-
soin, lorsque les gués, tardivement ouverts, les re-
tiennent sur l'autre rive, ils aiiaquenl et pillent leurs
compatriotes qui viennent apporer leur gnnune au
comptoir français. Les Oualàd-cUKoissis et les Ouj-
lâd-m-liarccli, plus éloignés, comnicilent leurs bri-
gandages quelquefois dans le Bambouk oriental et le
Kasson, quelquefois dans le Kaaria, pays des Bam-
baras, en guerre assez souvent avec les Lakiaies,
Iribu de marabouts des Oualàd-m-Bareck. Les Ham-
baras, comme on le voit, ont eu Téeeigie de la lé-
tistance ; ils ont osé faire ce qu';iucune naiion nègre
n avait encore fait; ils ont repoussé par une décla-
ration de guerre les excursions des .Maures. Les inva-
sions des Oualàd-el-Roissis et des Oual.àd-m-Uareck
Sont, au surplus, muius préjudiciabics au commerce
européen que celles des Dowiches. Le gué par le-
quel ils passent le plus souvent est ii l'ancien village
de 'luabo, dans le Galam, à environ 10 kil. au-des-
sous de Bakel ; celui de Sasse-Makana, près Koun-
ghcl, est également irès-fiéquenié. Les autres sont
proK'gés par des villages dont les habitants leur iui-
puseni toujours un peu.
Le pilliige entre tribus de Dowiches est chose
fort Ci-mmune, soit pendant la roule pour se rendre
h l'escale, soit à l'escale même, située sur la rive op-
posée au comptoir; et les princes, qui devraient pro-
téger leurs sujets et empêcher les rapines, sont sou-
vent les premiers à dépouiller les mallieurcux mar-
chands qui reviennent de Bakel. Ils ne regardent
même pas si les hommes qu'ils volent sont ou ne sont
pas de leur parti. Que leur importe, pourvu qu'ils
pillent! Dans l'état d'anarchie et de division qui rè-
gne parmi eux, aucime protection n'est certaine, au-
cune sécurité n'est donnée aux trafiquants, et cela en
dépit des coutumes que les Européens payent préci-
hZl DICTIONNAIRE DE GEOGR
rcellcmeiii, ont pu, suii p:ir l'orgaiie de la respira-
lion, soit en prenant leur nourriture sans se laver
les mains, en iibiorl)er une assez forte quantité pour
être vivement inciimmodés, et par suite mourir; et
alors les témoins de ces accidents, hors d'étal de les
expliquer par des causes naturelles, leur auraient
assigné, cédant à leurs superttilieuses idées, une
cause surnutiirelle, comme, par exemple, les malé-
fices d'un a^eni occulte donnant la niurt ou la lo-
lie. Celle opinion est générale dans tout le fîambouk,
et aucune des mines situées sur les collines n'est ex-
ploitée. Il faut nécessairement cependant que cette
exploitation ait été tentée; car, sans cela, comment
les naiurels cunnaiiraienl-ils l'existence de ces mi-
nes ?
L'cxploi'aiion des mines de Kéniéba est ordinai-
rement f,iite par les babitanls foulalis des villages
voisins et de (elui de Kéniéba iiême, moyennant un
droU layé auclu-f de S,Tniha-Yaya,quie>l le clief su-
piênie de toutes les colmiesdesa nation établies sur
Il r.ve droite, et qui traite seul avec l'alniauiy du
Bondou pour le tribut général. Les femmes duvdiage
de Kéniéba oiit le monopole de la manipulation, et
pailagenl lor qui provient des produits de la«mine,
avei; l'individu qui les leur a donnés à travailler.
L'exploitation n'est pas siins danger : elle se fait
dans la saison des La-ses eaux, tl les travailleurs
ont à redouter, outre les agrtssions pirmanenlcs
des .Maiidingues Bamboukains, celles des .Maures qui
ont traversé à gué le Sénégal ou la Falémé. Aussi
H'est-elle enlieprise qu'avec un certain déploiement
de forces : les fennnes Irav.'jillent, aidées seulement
de (|uel.jues bommes; les auirei- ve. lient armés. Les
eaux jiluviales qui smtiomienl dans les minus long-
temps après la mauvaise saison ne permettent d'y
travailler que pendant cinq mois environ, de janxicr
à MM. — LVxtraciion de l'or est d'une iniperlection
qui é;oiiiie. Voici comment s'y prennent les l'euimes
qui en sont chargées exclusivement : les produils
delà mine, con)posés de schiste en Iragmen s assez
gros, de cadiou.v et de terre sablonneuse, sont (ilacés
dans une calebasse pleine d'eau, et pétris avec les
mains pour être écrasés; les cailloux, une grande
partie du sable terreux, et de très-gros fragmenis de
scbisie, sont rejetés à la suite de cette première opé-
ration, qu'il a été impossible, on le conçoit, d'exé-
cuter parfaitement. La calebasse ne contient plus
alors qu'un sable boueux, qui, soumis à différents la-
vages, (init par donner un résidu de sable noir très-
fin, dans lequel se trouve l'oi-, sous forme de molé-
cules et de paillettes quelquefois extrêmement
ténues. La séparation des molécules aurifères et du
sable se fait aussi très-grossièrenieni : le tout, placé
dans une valve de coquille, subit encore de nouveaux
lavages, à la suiie de chacun desquels on jutie des
parties de sable, et bien souvent, avec elles, des
paillettes d'or, malgré l'adresse des orpailleuses ;
cnlin, un petit caillou écrase et réduit en poussièie
le sable restant. On soutnet le contenu de-Ia valve
APHIE ECCLLSIASTIQUE. 83-2
à l'action du soleil pour f;iire sécher, puis on soiif-
Oe le plus légèrement possible; il ne.reste plus alors
que l'or, considérablement réduit, il est vrai, car
une grande partie a du en être perdue par les lava-
ges successifs que les divers produils de la mine ont
supportés. De petites cornes de chèvre reçoivent
provisoirement les molécules et les paillettes auri-
lères, jusqu'à ce que celles-ci s'y trouvent réunies
assez ab.in lamment pour être agglomérées. Cette
ag;;loméraiion, qui est obtenue par la fusion des mo-
lécules dans un creusel, termine l'opération, dont
le résultat est de présenter l'or sous forme de torsa-
des ou d'anneaux à vives arêtes transversales, ainsi
qu'il est vendu aux comptoirs européens.
Le commerce anglais et le commerce français pré-
sèment, en Sénégambie, de telles différences, qu'une
comparaison nous semble véritablement impossible
à établir entre l'un et l'autre. Dans la Gambie, les
échanges se font à très-peu de frais et avec le se-
cours (l'un «eul éiablissemeiit protecteur, placé à
Mac-Cartby's-lsland (\aiiyamliouié) ; cette ile, à
180 milles anglais de Batbursl (Sainie-.Marie), est la
lésidcnte des commerçants qui ont des coiopioirs
sur le tleuve; c'est au-si une espèce de centre civi-
lisaieur et commercial. Il y a des missionn-ires,
des libérés, auxquels le gouvernement a fait des
concessions de terres, une garnison de 80 bommes
et une quinzaine de pièC''S de canon sur affûts mobi-
les, disposés dans diverses parties de l'île, mais sim-
pli ment en batterie de campag.e , sans autuiie
construction pour abriter les canunnieis. Les comp-
toirs sont échelonnés au-dessus et au-dessous de
Mac-Cartiiy's-lsland, et cbaciiu il'eux, dirigé p.T un
noir, se compose d'un vieux bàl.ment mouillé au
laige qui sert de magasin, et de quelques cases à
terre servant de caravansérail pour recevoir les ca-
ravanes. Avec une si heureuse disposition, favorisée
par la facilité des communications, sur un ffeiive
navigable en toute saison jusqu'au comptoir le plus
élevé, on conçoit que le commerce anglais puisse se
faire sans le secours de canons et de soldats; car, à
la moindie alerte, le bâtiment comptoir reçoit les
lialiquanls et les protège contre toute attaque. Le
commerce est libre dans la Gambie : il est exploité
par des maisons anglaises, représentées aux comp-
toirs par des trailaiiis noirs; mais il n'y a pas chez
eux celle affreuse plaie de concurrence individuelle
qui les ruinerait tous. Chaque traitant choisit une
place, et, dès iiu'elle est choisie, personne ne \ient,
coninie au Sénégal , la disputer au premier occiip.mt.
On traite en Gambie des peaux, des arachides, de la
cire, de l'ivoire et de l'or : les deux premiers arti-
cles forment le principal commerce. Les .Anglais ont
établi, dans les villai,'es voisins du fleuve, des entre-
pôts de marchandises dont la direction est conliée
au chef ou à un habitant de confiance ; ils emploient,
en ouire, des courliers indigènes qu'ils expédienl au
loin, quelquefois avec des objets d'échange. Ce sont
là deux cxcelleols moyens d'augmenter leur coin-
853 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
8U
merce : car, en exposant aux regards des habitants
de l'Afrique des niarcliandises qui les tentent, ils
leur créent de nouveaux besoins et développent en
eux. pour arriver à les sali.vfaire, le goût du travail,
si rare, chez les Mandingues surtout. On a remarqué
que, dans plusieurs villages à entrepôt, les cultures
étaient très-soignées, eirinlérieur dos cases, la tenue
des habitants, tout respirait un air d'aisance et decivili-
Eation qui ne se remarque pas toujours dans les Eials
Mandingues, pas plus que dans les autres parties de
l'Afrique occidentale et orientale. Quant à l'inté-
rieur, l'esclavage s'y rencontre sous la forme la plus
affreuse que l'imagination puisse concevoir. Ce sont
d'étranges figures, amaigries par la souffrance et la
faim ; ce sont des corps grêles et cbancelants, cou-
verts de plaies et de gale.
Thenegium , Thengen , ou Theningen , bourg du
grand-duché de Bade, sur la rivière d'Elz, à 16 kil.
noid-ouest de Fribourg, avec une population de 1500
habiianis. C'éiait un comté princier et un (ief du
grand-duclié de Bade qui appartient à la maison
d'Auersberg. Celte maison lait remonter avec une
cert:iine proliabiliié , son origine à une famille ro-
maine qui est venue se fixer en Carniole : toutefois
sa généalogie, en tant qu'elle est fondée sur des di-
plômes, ne commence qu'au x" siècle.
Les comtes d'Auersberg se divisent en un grand
nombre de lignes et de branches. Une seule do ces
branches , revêiue depuis 1C53 de la dignité de
princes , a été souveraine jusqu'en 1806 puur le
comté princier de Thengen, et a siégé à la Dièie au
collège des princes. Celle maison possédait aussi en
Silésie les duchés de Mûnsierberg et de Fraukens-
lein, qu'aille vendit en 1791 au roi de Prusse. Le
tiire ducal fut alors attaché à son comié de Goitschée
en Carniole. Le doyen de la famille exerce les
charges héréditaires de grand chambellan et grand
maréchal du duché de Carniole.
Cette maison caiholique réside communément à
Vieime. La plus grande pnriie de ses vastes posses-
sions se trouvent dans la monarchie autrichienne.
Tliunium, Tlioune (Tliun) en Suisse dans le can-
ton de Berne, à -22 kil. de celte ville. — La route
qui y conduit est non-seulement excellente, mais
agréablement variée. Des siies agrestes, beaucoup
de jolies campagnes et les beaux villages de Mûri,
de Munsingen, de Wichtrach, de Kiesen, etc., se
présentent successivement à l'œil du voyageur, et des
champs bien cultivés lui annoncent l'aisance des ha-
bitants de toute celte contrée. A mesure qu'on
avance vers Thoune, la perspeciive des moniagnes
se rapproche, et lorsqu'on y est arrivé, les scènes im-
posâmes de rOberland frappent l'œil du voyageur.
— Celle jolie petite ville est située sur l'Aar, non
loin de sa soriie du lac, et sa position pittoresque, à
l'entrée de l'Oberland, rend ses environs aussi agréa-
bles qu'iniéressanis. Sur une pl;ile-fornie (vulgaire-
ment appelée le cimeiière) qui entoure l'église el qui
est presque aussi élevée que le chàieau, on découvre,
comme dans celui-ci , une vue magnifique qui
embrasse la ville même, ses environs, le lac, l'é-
norme masse isolée du mnnt Niesen et la chaîne
de mnniagne-i du Stockliorn. Une prenu nade con-
diiii, le long de l'Aar, à Srherziingen el de là jusiiu'à
la bchadau. Une vieille fibrique ([ui se trouve dans
le premier de ces endroits, lui donne un a-pei:t irés-
pitioresque , el rappelle à la mémoire son an:i.
que fondateur, Kodolplie de Siraiilingeu , roi de
la Bourgogne transjurane. La Sohadau est particu-
lièrement remarquable par sa position sur le lac;
un petit bois, qui le cùtoie, offre une promenade
bien agréable et présente des points de vue déli-
cieux. A peu près vis-à-vis de la Schadau on voit
Hofsieiten, campagne qui mérite d'être vue, non-
seulement à ciusc de sa situation, mais par-
liculiérement pour les alentours dont la nature et
l'art l'ont embellie. Un petit château, bâii dans
le siyle goihii(ue, et siirnionlé d'une tourelle or-
née de vitraux peints, se trouve à l'enirée d'une
promenade romantique, appelée le Bachih<dzlein
(petit bois du Bachi). Toui ce que le goût simple,
mais le mieux entendu, peut imaginer, se irouve
réuni dans ce petit parc, où reposent les cendres
du noble chevalier et troubadour Henri de Siratt-
lingen. On trouve toujours des baieaux à Scherzligen
qui conduisent le voyngeur, dans peu de minutes,
à Hofsieiien, et on y va, depuis Thoune, eu sui-
vant la rive droite de l'Aar. — Tliieracbern est
un vill.ige à 3 kil. de Thoune; on y arrive parla
plaine de l'Aiment, où se irouve le polygone de l'école
d'artillerie et du génie de ia Confédération suisse.
La traversée du lac, depuis Thoune au Neuhaus
(maison neuve) est de 16 à 20 kil. On peut la faire
dans les bateaux de la posie et du marché.
La diversité des points de vue que présentent les
deux rivages et les glaciers éblouissants, dont on
approche insensiblement sur la surface d'une onde
claire qui réfiécliit tant d'images v;iriées, ajoutent
aux charmes de ce voyage. — En arrivant près de
la Waudilub, on doit quitter le bateau ei monler sur
le Béalenbeig (montagne du Saint-Béat), tant pour
y jouir d'une vue superbe, iiue pour visiter la Béa-
tenhohle (caverne de saint Béat) que ce disciple de
l'apôlre saint l'ierre habiia, pendant qu'il répandit
la doctrine chrétienne en Helvétie, et où il mourut
dans l'année 112, suivant la légende.
Tigris, le Tigre, ou Tygil. Ce fleuve possède une
haute et ancienne célébriié, à cause des grandes et
magnifiques cilés bâties sur ses rives, comme Ninive,
Séleucie, Ciésiphon. Le Tigre a sa source dans les
montagnes de l'Arménie, vers le lac de Wan, à 72
kil. nord de Diarbèkir et 20 kil. est de la source de
l'Euphraie. Ces deux fleuves coulent paralléieinent,
mais à une grande distance l'un de l'autre. A Bag-
dad, se rapprochant, l'espace qui les sépare a moins
de .0 kil. Ils s'éloignent de nouveau, et forment le
riche district de l'Irak-Arabi; le premier fleuve coule
à l'esl, baigne à droite Diarbèkir, IJesn-Keîfa, tourne
83S
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
856
au sud-est, arrose à droite Djeziréh et Mossonl, des-
cend eiisiiiie vers te sud jusqu'à Bsgdad , passe par
Tecrid ei Snmarali. Le Tigre se distingue par la ra-
pidité de son cours, qui lui a fait donner le nom de
Tt-er, qui sig cilié phlie. Au-dessus de Bagda'i il n'est
navigable que pour de petits navires. Ceux qui font
le commerce entre celle ville et Mnssoul consistent
en esquif- soutenus par des peanx de brebis enOées;
ils descendent la rivière, et à leur ariivée à Bagdad,
on vend la 'aitie, et les peaux retournent .'t Mnssonl
sur des chameaux. Entre Bagdad et Korns, le Ti-;re
a 100 ("ises de large, et est navigable pour des ba-
teaux de 20 .i 50 tonneaux. Ses rives escarpées et
couvertes de broussailles servent de rep:iires aux bê-
les féroces. A Korna il joint l'Kupbraie, et leur cours
réuni sous le ncm de Shal-el-Avnb débouche dans le
golfe Pcrsique. Ce fleuve déborde deux fois dans
l'année ; la première et la plus remarquable en avril,
est occasionnée par la fonte des neiges des nionia-
gnes d'Arménie. Le deuvième débordemenl a lieu en
novembre par les pluies périodiques. Son cours est
d'environ 1480 kil. ; il se grossit à tauche du Kha-
bour, du Touz, Sinne on Kicheiak, et du Rouniis-
koun, près de son confluent.
Tipasa, Teffessed. C'était une ville épiscopale de
la province de Mauritanie Césarienne, en Afrique,
sous la méiropoie de JhIm Cxsarea : ses ruines ont
été récemment explorées et décrites par M. Ber-
brugger. Elle eut beaucoup à souffrir des rois van-
dales, qui ne pardonnaient pas à ses habitants leur
attachement à la foi catholique. En 481, le roi Umé-
ric ayant voulu imposer un évêque arien, au pre-
mier bruit de l'arrivée du faux pasleur, ils rassem-
blèrent le plus grand nombre de barques possible,
et passèrent en Espagne, préférant l'exil à Taposta-
sie. Tous cependant n'avaient pu quitter ces rivages.
A celle nouvelle le tyran redouble de fureur et de
rage, il envoie un messager revêtu de pouvoirs sans
bornes, il donne des ordres extraordinaires, une ar-
mée entière investit Tipasa ; toutes les autorités de
la province, la province elle-même, sont convoquées
{illttc provincia nduoca'.a), tous les catholiques fidè-
les, dignes et généreux frères des exilés, sont traî-
nés dans le forum, sommés une dernière fois de re-
connaître l'évèque arien : tous refusent. Bientôt tous
sans exception auront la main droite coupée et la
langue arraibée. .Mais, ô prodige ! ils parlent encore,
il» confessent encore, avec plus de ferveur que ja-
mais , la foi catholique. Dispersés plus tard par tout
rOrieai, ils y lurent jusqu'à la mort l'objet de l'ad-
miration, de la vénération des peuples et des prin-
ces. Sans parler d'une foule d'auteurs, soit profanes,
soit sacrés, qui nous ont transmis la mémoire de ces
admirables scènes, l'empereur Justinien en a consi-
gné l'impéris-abie souvenir dans sou recueil célèbre
des Lois Romaines ; et il exisie un ouvrage fort re-
marquable, intitulé : La Divimté du christianisme,
prouvée, démonlrée par le miracle de Tipasa,
Les ruiues de Tipasa se découvrent actuellement
aux environs de Cherchell, dans le diocèse d'Alger.
Tisovica, Tischnowitz, petiie ville de la Moravie
(Allemagne). — A rôle de cette ville il existe un
couvent de religieuses, très-ancien et forl beau, sé-
cularisé siuis le règne de Joseph II, en 17!ii. L'é-
glise possède un excellent tableau de l'école fla-
mande. — Sur la route de Tischnowiiz à Blansko,
on rencontre, dans un pays fort pitiore-quc, les rui-
nes d'une église de Sainie-Caiheriue et du Château
NoNvybrod, détruils tous deux lors de la guerre
des Ilussiies. — Tischnowitz d"itson origine ài'ab-
baye. Cette pe ite ville, située sur la rive gauche de
la Schwarza, est à 16 kil. nord- nord-ouest de
Brùun. La populiition est de 1600 habitants.
Tobolica provincia, province deTobolsk. Elle forme
un des gouTeri.enients les plus Ciusidérables et les
plus vastes de la Sibérie, dans !a Kussie asiatique.
La Sil'érie, conquise sous le règne du tzar Ivan IV,
surnommé le Terrible, offrait, surtout dans le district
de Tobolsk, de vastes contrées presque désertes et
qu'il fallait peup'er. Les travaux des mines étaient
d'ailleurs d'une nature à ne pas tenter le courage
d'explorateurs libres et bénévoles ; la force seule pou-
vaii y attacher le malheureux destiné à ne plus revoir
le jour, sitôt qu'il est descendu dans cette espèce de
tombeau, où il trouve une mort certaine et prématu-
rée. En 1753, l'impératrice Elisabeth Peirowna (iille
du Izar Pierre) abolit la peine de mort ilans ses Etats.
Sous cette grave mesure se cachaient des motifs po-
litii|ues et des intérêis purement matériels. Il fallait
peupler les solitudes glacées de la Sibérie. Aussi ,
depuis cette époque , la déportation est-elle devenu*
un moyen de gouvernement, et elle a surtout frappé
la population catholique des anciennes provinces po-
lonaisef. Dans le commencement, le gouvernement
de Tobolsk était surtout désigné pour recevoir les
déportés. Aucun prêtre catholique n'a le droit d'y
pénétrer pour offrir les secours de son ministère aux
pauvres exilés, qui doivent s'adresser aux popes rus-
ses (prêtres grecs S(hisniatiques), dont l'ignorance
et la dégradation morale soi>t un phénomène dans
l'ordre intellectuel et religieux. Il est expressément
défendu aux déportés catholiques de laire de la pro«
pagande , et même de parler de religion aux tribus
nomades, qui sont encore idolâtres.
Ll- gouvernement de Tobolsk est borné au nord
par l'Océan Glacial Arciique, la mer de Kara et le
golfe d'Oh; à l'est par la province de Tomsk, au sud
par celle d'Omsk, à l'ouest par les monts Curais qui
le séparent des gouvernements d'.\rkhange', de Vo-
logda, de Perm et d'Orenbourg. H a environ 2400
kil. de long sur 1600 kil. de large, et 310,104 kil.
carrés. Le golfe d'Ob , dans ce gouvernement, dé-
pend de l'Océan Glacial Arctique, et prend son non»
du fleuve Ob ou Oby, qui y a son embouchure. L'Ob,
les rivières d'Irtyche , de Vakh , de Sosva , qui SQ
jettent dans l'Ob.cl une inliniié d'autres rivières
n:oins considérables, l'arrosent de toutes parts. L'é-
tendue do ce gouvernement étant immense, la feni-
837
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MO\EN AGE. a^
Vue ()e $on terriioire n'est pas l.i même parlont; on
voii les Contrées qui avoisineni le cercle polaire
coiivcries lie marais, et d'auires liéiissées de forêts.
La sieppe de IlsMba, au contr.iirp, ofTie un pays fer-
tile el riche en pâturages. En général, ce gouverne-
ment, dans sa partie nicridionale, aux environs
d'Uinsk, et sur les bords de ricliime , jusqu'il ceux
du V;igaie, est beaucoup moins fécond , et renferme
une steppe sablonneuse remplie de lacs salins , peu
propre an labourage. Le« rives du Vagaie, les terres
qui avoisinent le cours méridional du Tobol, de l'Is-
sel, de la Toura, et jusqu'à la Tavda, produisent au
contriire une si immense quantité de blé, que non-
seulement elle suffit à approvisionner les conliées
septentrionales et incultes de ce gnuvcrnemeni, mais
encore à IVxportation dans les gouvernements de
Perm el d'Orenbonrg. Les immenses forêts qui cou-
vrent une partie do la province abondent en bêtes
fauves, dont les précieuses fouirnres sont très-re-
cherchées dans le commerce. Les pêcheries dans les
lacs et les grandes rivières, ainsi que l'éducation des
bestiaux dans l;i partie méridionale, y sont très-pro-
ductives. Le nombre des habitants n'est pas propor-
tionné à sa grande étendue, car on y compte à peine
886,000 âmes. Les |<euples qui composent celte po-
pulation, sans compter les Russes, sont les Zirianes,
les Ostkaks, les Samoièdes, les Vogouls, les Tchou-
vaches et les Toungouses , dont une partie professe
l'islamisme eti'autre leschamanisme. Le clergé ru-se
y est sous la direction d'un archevêque, qui réside à
Tobolsk, et qui prend le titre d'archevêque de To-
bolsk el de Sibérie. On divise ce gouvernement en
sept districts, qui porient les noms de leurs gouver-
nements, savoir : Tobolsk, Bérézof, Tourinsk , Tuu-
mène, Valoutorovsk, Kourgane , Ichime. La ligne
militaire d'Ichime se trouve aussi dans cegouverne-
incnt; elle commence à la ligne de l'Ouï, continue
sans interruption sur une distance de 520 kil. jusqu'à
Omsk, el sépare le gouvernement de ToboUk de la
province d'Omsk.
Celte province, quoique presque partout plate et
mèoie inclinée vers le pôle, a cependant de hautes
montagnes granitiques; e:ir les monts Uurals, limite;,
de ce côié, entre l'Europe et l'Asie, courent, sans
interruption, depuis la sieppe des Kirguiss jusqu'aux
bords de l'Océan Glacial Arctique. Ce gouvernement,
très -riche en minéraux, offie en général aux recher-
ches du naturali^te, dans les tmi^ règnes de la natu-
re, une source inépuisable el peu connue. Les manu-
factures qu'il possède se réJui-eni à peu de chose;
quelques disli leries, forges, verreries, fabriques de
savon, de suif et de potasse, voilà tout ce qu'où y
trouve en ce genre. Son commerce intérieur se vivi-
fie presque entièrement par celui de la Chine.
Tobotiiim, le Tobol. C'est un alQuent de l'Irtyche,
rivière considérable de la Sibérie dans la Russie a^ia-
lique. (Juc'ques géographes croient qu'il a donné son
n-im à la ville et à la province de Tobolsk qu'il ar-
rose. Le Tubol prend sa source dans la steppe de*
Kirguiss, sous le 5-2° 3'J" do latitude nord, et le «P
30" de longitude csl. Il sépare, près du fort d'Ors-
kaïa, les teri es des Kirguiss du gouvernement d'O-
renbonrg, traverse la province d'Umsk, entre ensuite
dans le district de Tobolsk, y parcourt les cantons de
Kourgane, d'Yaloutorovsk et de Toumène, et se
jette, prés de Tobolsk, dans l'Irtyche, après un
cours de 520 kil. Il reçoit à gauche l'Ouï, après quoi
il devient navigable. L'Issel, la Toura et la Tavda
sont éualement ses affinents. Son eau est saumàire
et amère vers sa source, ce qui provient des marais
imprégnés d'alun et de vitriol qu'il traverse ; mais il
perd ensuite cette amertume. Comme ses rives sont
très-basses, il déborde facilement et souvent.
Toboisca, vet Tobolia, vel Civiias Scylliica, To-
bolsk. Cette ville est le chef-lieu d'un district dans
le gouvernement du même nom. Ce district occupe
le centre d'une pkiine immense sous un climat très-
rude, qui cppenJanl subitdes chaleurs considérables;
en été le thei moniélre de Réauuiur s'élève à 2B ou
28" ; les pluies sont très-fories et les orages fréquents.
H y règne un froid si grand en hiver, que souvent
le Ihermomèlre descend jusqu'à iO" au-dessous de
zéro. Le sol, en général, d'une terre noire et légère,
n'e\igejamaisd'engrais, et produit toute espèce de blé.
Tobolsk, ancienne c,ipit;ile de la Sibérie, est située
sur la rive gauche de l'Irtyche, près de l'endroit oîi
il reçoit le Tobol. L'archevêque, dont le diocèse est
d'une étendue considérable, prend le titre de métro-
politain de la Sibérie; il appartient, comme tout le
clergé russe, à l'Eglise grecque schismalique. Ce
siège métropolitain a été créé par le tzar Jean Rasi-
lowitz (Ivan IV le Teriible), qui transporta des ha-
bitants de Moscow (Moscou), de Nowogorod et d'au-
tres localités dans sa nouvelle conquête pour la peu-
pler. Tobol>k, b.Uie en bois (c'est un usage presque
général en Sibérie), est une ville grande et ri-he par
son commerce ; elle est comme le centre des habita-
tions des Vdgouls et des Osiiaks. Ses rues sont droi-
tes et pianchéiées eu poutres. Elle est divisée en vilie
haute et basse : la première se trouve sur la partie
très-élevée de la rive orientale de l'Irtyche, et ren-
ferme la forieresse ou kréml en ruines; la basse, sur
le bord du fleuve, est sujette aux débordements de
l'Irtyche et du Tobol : on ne peut alors y entrer que
par eau. Des caravanes apportent dans cetie ville dif-
férentes marchandises de la Chine, des mousselines,
de la soie, de la laque, de la rhubarbe el des dattes :
on en remporte des fourrures, des draps et di; la
mercerie. Elle a un palais archiépiscopal, une bourse,
un séminaire, une école centrale, une maison pour
les enfants trouvés, des maisons de charité, un
théâtre, une imprimerie el un entrepôt des pellete-
ries de la courcmne. La population est de 2G,000 ha-
bitants, dont les Tartaies forment près d'un cin-
quième. Disl. 2i20kil. est de Moscou. Lai. nord 38*
It' 42" ; long, esi G5' 46'.
Toeatum, Tokat. — La plus grande confusion el
a plus grande obscurité régnent sur le passé de celte
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
839
ville, f.es uns veulent que ce soil l'ancienne Néocé-
sarée, les autres l'ancienne Citmana. Quelques-uns
en loni l'ancienne Berisa, on Berissa. Enfin il en est
qui Cîoieni que Tokat était Eudocias. L'abbé deCom-
nianville est de cet avis. On voit dans la province de
Lazique (exarchat de Pont), au i\^ siècle, deux évê-
cliés sous la métropole de Tiébizonde, nommés l'un
Tokal-Zitzi, et l'autre Tokat-Z.erizi. Le|uel était le
Tokal d'aujourd'hui? Ces deux é\ccliés ont-ils bien
réillenieni existé, et ne seiaii-ce point une erreur
dans la notice épisco|ale de la province? Quoi qu'il
en soit, le Tokat actuel est une ville considérable
du pachabk de Siwas (l'ancienne Sébaste), <>ù l'on
rencontre encore beaucoup de chrétiens, mais qui
n'ont plus que des églises en ruine, parce que les
anciennes s'écroulent de vétusté, et qu'on ne peut les
rééiiilier sans une autorisallon écrite du divan de
Constantinopis.
Tokai est à CO kil. nord-nord-ouest de Siwas, dans
l'Anatolie (ancienne Asie Mineure), sur un haut pla-
teau formé par trois collines, et baigné pai le Tozin-
lou, aflluenl du Kizil-lnnak, et mtouré de murs ,
avec une vieille forteresse bàiie sur un rociier es-
carpé, et qui domine la ville. 11 a des rues étroites
irais bien pavées; des maisons, la plupart à deuv
étages; beaucoup de mosquées, douze pauvres égli-
ses grecqnes et arméniennes. Ou y fabrique beaucoup
de toiles peintes, tapis, étoffes de soie légères, bou-
tons, toiles de coton, maroquin bleu et jaune, et
quantitéd'ouvragesencuivre, quioccupenlplus de 300
forgerons. On y fait un coniinerce très-in.porlant,
Tokat étant le point central de beaucoup de cara-
vanes, et un entrepôt de marchandises d'ismir. On
exporte principalement des ustensiles de cuivre pour
l'Egypte et Constaniinople : du plomb, du maroquin,
de la soie, du safran, des toiles peintes et des toiles
de colon. Latitude nord -40° 7'; longitude est 34» 10'.
De Tiikat, on fait aisément dans une journée le
pèlerinage au tombeau de saint Jean Chrysostome.
Comana est le nom que portait la ville où cet illustre
pontife, succombant aux fatigues du voyage et aux
mauvais iraiten euts de ses guides, termitra sa glo-
rieuse carrière. Quelques pierres sépulcrales enfon-
cées en terre, des pans de murs écroulés, les piliers
d'un pont restés debout au milieu de la rivière, voilà
tout ce qui indique aux curieux la place où s'élevait
jadis la ville de Comana. Le saint reçut en ce lieu
les hiinne.urs d'une première sépulture; le fils et suc-
cesseur de l'empereur qui avait exilé Chrysostome,
Ut ramener son corps à Constaniinople, d'où il a été,
quelques sièeles après, transporté à Rome; mais on
conserva longtemps à Comana la terre qui avait re-
couvert les précieuses reliques et le tombeau dans
lequel l'empereur les avait fait déposer avant que
d'opérer leur translation dans la capitale. La \ille de
Tokai s'éiant élevée à 8 kil. seulement de distance,
Comana perdit peu à peu sa population; les maisons
ahindonnoes tomberont en ruines ; au milieu de ces
décombres, la petite chapelle qui avait servi de toui-
SiO
beau au saint, restait seule debout; elle s'écroula
enfin de vétusté. Alors les Arméniens hérétiques se
sont emparés du sépulcre, et l'ont transporté, sans
qu'il y eût la moindre réclamation de la part des
Grecs, dans un vieux monastère qu'ils ont dans les
montagnes à deux lieues plus lo n. C'est là que se
fait actuellement le concours des pèlerins de tous
rites. Le village se compose de quatre fimilles ar-
méniennes hérétiques et de huit à dix familles tur-
ques. On ne peut rien voir de plus pauvre que le mo-
nastère; un seul prêtre l'habite et dit quelquefois la
messe pour les pèlerins. Le sépulcre de saint Jean
Chrysostome est de marbre blanc; sa partie infé-
rieure a la forme d'une bière, son couronnement
ressemble à un couvercle convexe; on n'y remarque
ni inscription ni S( ulplure ; des espèces de tiéleaux
relèvent un peu au-dessus de terre.
Tokat est rélèliie par ses usines où de nombreux
ouviiers Iravailleni le cuivre que fournissent les
mines de Mahden. Cette ville, qui compte ime popu-
lation de plus de 100,000 h.ibitants, a beaucoup
snuO'erl, en 1^25, d'un ireinblement de terre, pareil
à celui (jui renversa Alep en 1852. Les secousses
ecp-ndant se firent sentir plus violemment dans les
environs que dans la ville même. Les Turcs, les Ar-
méniens et les Grecs qui l'Iiabilenl, vivent en assez
bonne harmonie. Les Arméniens sont presque tous
hérétiques. Ils ont un archevêque qui réside au mo-
na^tère de Thivvaiavai.k ou de Sainte-Anne, à 11 kil.
de Tokat. Les Giecs y ont aussi un archevêque. Les
Arméniens catholiques, au nombre de 1200 environ,
sont généralement pauvres, mais dignes du plus vif
intérêt par leur fol et leur piété. Ils dépendent du
vicaire apostolique qui réside à Constaniinople, et
qui a, sous sa juridiction, une partie de l'Anatolie,
ou Asie Mineure.
Toletana Provincia, province de Tolède, dans la
Nouvelle-Castille, Espagne. Elle se ron)posc des trois
districts de Tolède, d'Ocana et de Tal ivera. Lile a
pour bornes, au nord la province de Madrid, à l'est,
celle de la Cuença, au sud la Manche, à l'ouest
l'Eslramaclure, et au nord-ouest la province d'.^vila.
Ellea 264 kil. de long sur 192 de large, et 1152
lieues carrées. Elle occupe le centre de la Pénin-
sule, et se compose de toutes les natures de tenaius,
plats, monlueux, gras et légers. On voit les plaines,
dont le Sol est sablonneux et calcaire, généralement
dépourvues d'arbres, ce qui est commun à près |ue
toute la partie centrale de l'Espagne ; mais elle
abonde assez en toutes sortes de productions, surtout
en grains. La partie montueuse, composée d'une
chaîne de montagnes qu'on appelle monts de Tolède,
occupe un espace d'environ 200 kil., qui, s'il était
garni de tous les arbres et arbustes qui pourraient y
réussir, fournirait aisément de bois et de charbon
une portion considérable de la Casiille. On y trouve
une infinité de pl.imes médiciuiles, et des làtuiages
excellents, où l'on élève des iroopeaiix de tonte es-:
pèee. Les moutons donnent une. laine très-esiiœée ; l
841
GEOGKAPIIIK DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
et ce qui ne s'exporte pns sert à alimenter les faliri-
(|ues de Li prnvince. Ces mêmes mnntagnes sont peu-
plées de sangliers, cerfs, loups, cliais de montagnes,
daims, renards, lièvres et lapins. Le Tage, avec ses
afllnenls. la Tajima, le rio Ansarès, le Guadarrama
et l'Alberche, arrosent la contrée, dont la richesse
consiste surtout en grains de toute espèce, légumes,
fruits, sumac, soude, safran, bois de construction,
vins, liuiles, cire, miel, laine, etc. Des fabriques de
toiles, draps, couvertures, serges, bas, chapeaux,
velours, taffetas, cuirs, quincaillerie, vlirerie, galims
d'or et d'argent, savon, e.m-de-vie, etc., composent
l'iiidusirie de ses habitants.
To/etam , Tolède. C'était, dés le m" siècle, une
ville épiscopale de la province Cai thaginoise et de
l'exarchat des Espagnes, so.iis la méiropole de Car-
thagène. Après la ruine de cetie dernière ville opérée
par les Vandales, l'évêqne de Tolède prit le litre de
métropolitain de U province Carpetana , et ensuite
de la province Carthaginoise. Tolède demeura la
capitale du royaume des Gmbs jusqu'en 5lj7, ce qui
lui fil accorder la primatie sur tous les évêques de
la péninsule. Mais en 71-i elle tonrba au pnuvoir des
Arabes, et perdit tous ses droits. Reprise en 108.5
par Alphonse VI, le pape lui rendit ses droits en
1088. La prinKiiie cepemlant lui a toujours été
contestée, surtout par les archevêques de Tarragone.
11 s'y est lemi vingt-sept conciles , savoir : en 400,
403,551, 589,507, 610, 633, 636. 658, 646,t53,
653, 65:i, 673 , «si , 683, 684, 688, 693, 691, 704,
1086, 1359, 1317 , 1555, 1475. L'archevêque de To-
lède avait un revenu île 750,000 l'r., d'api es i'abbé
de Commanville. iSons croyons que c'est l'évaluaiion
la plus exacte ; car on a publié, à ce sujet, des exagé-
rations incroy.ibles. Aujourd'hui il reçoit de l'Etat
un traitement modeste. Du re.-te, les biens de l'ar-
chevêché n'ont pas tous été aliénés.
Tolède, autrefois la capitale du royaume des Visi-
goths , et cnsu te d'une monarchie particulière sons
les Sarrasins ou Arabes , était une ancienne colonie
des Romains. La tradition légeiidique porte qu'elle
fut d'.ibord bâtie par des Juifs sortis de la captivité
de Babylotie ; que César en lit une place d'armes ,
et qu'Auguste y établit une ch.imbre impériale. Les
Goths l'agrandirent, et, embellie par les Sarrasins,
foriiliée par les Castillans, ornée d'un magnifique
château, elle fut longtemps la résidence de ses rois,
et est encore anjourd'hui une des principales villes
de la nouvelle Castiile. Le Tage, qui coule c tre des ro-
chers escarpés , l'environne de deux côtés; le reste
est entouré de vieux murs , flanqués d'un nombre
prodigieux de tours , qu'on dit être l'ouvrage des
\isigoihs et des Arabes. Sa situation sur un rocher
fort escarpé la rend inégale , et oblige presque tou-
jours de monter ou de descemlre. Les rues sont
étroites, mais les maisons sont assez belles. Le clià-
leau roy d a été ruiné dans les dernières guerres ;
mais il en reste des débris assez considér.iblcs , pour
faire juger de son ancienne magniliccnce. Il ocuipe
Dictionnaire vk Géograthie eicl. II.
une des extrémités de la ville, et est bàii sur ni
rocher, d'où l'on découvre toute la cimpagne. ti
consistait en quatre gros corps de logis avec des pa
villons. On montait aux appiriements par un grand
escalier , (|ne l'on voit encore au fond de la cour , cl
qui en tient toute la largeur.
Tolède , divisée en vingt-trois quartiers, n'est pas
peuplée à proportion de sa gr.mdeur. On n'y compte
guère que IS.COd babiliints , par'.agés en vingi-scpt
paroisses, dont deux suivent le rite mozarabe. Apré<
la conversion des Goths ariens à la foi caiboli |ue ,
saint Isidore, archevêque de Séville, régla parmi eux
le culte divin , el composa , par ordre du concile de
Tolède, un offieeet un missel qui furent reçus dans
toutes les Eglises d'Espagne. Cette discipline dura
jusqu'à l'invasion des Arah<>s, où tous les chrétiens
furent dispersés. Ceux de Tolède eurent la liberié
de rester dans la ville, et lurent appelés Mozarabes,
du nom de Moza, chef des Sarrasins, qui leur per-
mit de suivre leur reli|iioii. Ils conservèrent l'oflicc
de saint Isidore, et ce ne fut qu'après l'expulsion de
ces infidèles qu'on parla de leur laire prendre le rite
romain. Le clergé, la noblesse et le peuple s'y op-
posèrent, par respect pour l'ancien usage, et il y eut
de grandes contestations pour savoir laquelle des
deux liturgies, la romaine ou la mozarabe, serait
conservée. Après des jeûnes , des procession-, des
prières, on lit allumer un grand feu , et l'on convint
qu'en y jetant un exemplaire de chaque liturgie,
celui qui résisterait aux flammes serait admis dans
toutes les églises. L'office mozarabique fut trioin-
pliant; car si l'on en eroit la légende, il ne fut pas
même endommagé, tandis qu'on vit l'autre réduit en
cendres. Cependant l'usage du rituel mozarabe ne
fut permis que dans quelques Eglises. Ce culte per-
dit insensiblement de sa laveur; le souvenir même
en serait totalement effacé, si le cardinal Ximenès ,
archevêque de Tolède , ne. l'eut rétabli au commen-
cement du xvii sècle. Il fmda nue collégiale com-
posée de douze chanoines et d'un doyen , qui suivent
le rite mozarabique, et dépensa oO.OOJ écus à faire
imprimer des missels et des bréviaires pour cet
usage.
On ignore l'origine du nom de Tolède , qui ren-
ferme plusieurs inscriptions et autres antiquités ro-
maines, gothiques et arabes. Son climat est désa-
gréable , son territoire montueux el nu en grande
partie ; on y ressent une chaleur excessive en été,
On n'y voit ni place ni fontaine digne d'une cité de
cette impnriance , les habiianls étant dans i'usage
de se servir d'eau de citeree. Llle a tro s portes prin-
cipales sur les bords du Tage, et tout près de la
ville deux ponts de pierre, dont un d'une seule arche,
et fameux par la hardiesse de sa construction.
Ses édifices les plus remarquables sont l'.AIcazar ,
ouvrage des célèbres architectes espagnols tlovarr i-
bias, Versara, Vega et Villalpando, mais qui a beaucoup
Souffert dans la guerre de rindépendance ; l'église no'-
iropijliiaint . une des jilus magnifiques cl des plus
84S DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. Ui
riclifs de l'univers , fondée par le roi Flave Reca- Catholique et Isabelle , y lenan le premier rang ; et
redo en 587, rebâiie en 1227 par saint FiTdinand. l'on raconte comme nne chose remarquable, qu? le
L'archi lecture et les ornements sont dans le style moine Ximenès , qui , sous leur régne, parvint à la
gothique. Cet édifice a Mi pieds de long et 204 de dignité d'archevêque, de cardinal et de premier mi-
large , et se divise en cinq nefs soutenues par 81 co- nisire , fut le premier novice de celte maî-on. Aux
lonnes:. Plusieurs cliapelles de celle église méritent
l'aiient on des curieux , entre autres celles de San-
tiago, de Musarate, de Saint-Pierre , ornées de vi-
traux peinis avec une rare perfection, et de i^Iilenus
des plus grands maîtres des écoles espagnoles, ita-
liennes et Qamande'î, etc. La lour carrée du la ca-
thédrale renferme une bibliothèque riche en manu-
scrits précieux : on montre dans la sacrisiie une
Bible du xii'' siècle, ornée de vignettes pari'aiiement
conservées, et dont saint Louis, roi de France, fit,
dit-oii, présent à cette église. La plupart des autels
et des gradins par où l'on y montait étaient de ver-
meil ; la quantité de perles, de diamants, de pierres
précieuses renfermée dans les sacristies formait un
prix inestimable. Il y avait quatre grandes figures,
représentant les quatre pirties du monde , montées
sur deux globes de 2 pieds de diamètre, et ornées
de tomes les différentes sortes de pienrries qui se
trouvent dans les pays ([u'eiles représentent. Les
globes reposaient sur des piédestaux, et tout y était
d'argent massif, les piédestaux, les globes et les
figures. Ce luagnihque présent venait de la reine
Marie -Anjie de Neubourg, seconde femme de
Charles II. Il y avait un nombre infini de châsses,
de reliquaires, de vases , de lampes , d'encensoirs ,
de chandeliers , de croix , de statues, de crosses et
de couronnes d'or, d'argent, de vermeil, qui rem-
plissaient les armoires. Tous ces trésors ont disparu
dans la guerre civile , occasionnée par le testament
de Ferdinand Vil. Le cardinal Ximenès est un de
ceux qui ont le plus contribué à l'embellissement de
cette église. Il orna la salle dii chapitre des poitrails
de tous les archevê |ues de Tolède, fit faire des tapis-
series d'or et de soie , et une ar^'enieiie moins esti-
mable encore par h matière que par la beauté et la
perfection de l'ouvrage. Il y avait aussi quelques ta-
bleaux remarquables, dont un entre autres était du
Titien. Le chapitre comptait quatorze dignitaires ,
quarante chanoines, cinquante prébendes, autant
de chapelains, et tout le clergé , y compris les offi-
ciers , les enfants de choeur et les desservants , était
d'environ six cents ecclésiastiques , dont les revenus
passaient 1,500,000 fr. Autrefois ce chapitre était
régulier, suivait l'ordre de saint Augnsli.i , et vivait
en communauté avec l'archevêque ; mais le reUiche-
meni s'y étant introduit, on convint qu'il valait mieux
' le séculariser que de le laisser vivre plus longtemps
d'une manière opposée à l'esprii de son institut.— Il
y avait à Tolède trente-huit communautés religieuses,
dont dix-sept d'hommes et vingt-une de tilles. Le
couvent de Saint-François, fondé par Ferdinand le
murs de la ville, près de ce couvent, on voyait, il n'y
a pas longtemps encore, d'énormes chaînes auxquelles
les Arabes afachaient les esclaves chrétiens, avant
l'expulsion de ces inlidèles.
Ce qui donne encore de la célébrité à celte an-
cienne capitale, est la quantité de guerres qu'elle
a essuyées et les conciles nombreux qu'on y a te-
nus. Le premier fut assemblé, l'an 400, contre les
priscillianistes, dont l'hérésie avait commencé en
Espagne. Leur doctrine était en piriie celle des
manichéens , et en partie celle des gnostiqoes'.
Comme les premiers , ils admettaient ttn mau-
vais principe, moteur delà matière et de son im-
perfei lion. Comnie les seconds, ils autorisaient la
dissolution et la débauche. Ils tenaient, la nuit, des
assemblées où les hommes, les femmes, les tilles,
les garçons assistaient nus, et se mêlaient sai'S au-
cjjne distinction d'âge, de parenté ^^n de sexe. Pris-
cillien, chef de cette secte, Espagnol noble et riche,
fut mis à mort par ordre de l'empereur Maxime,
qu'il avait traité d'usurpateur. — Dans un autre con-
cile, tenu à Tolède en 658, il fut statué qu'aucun roi
d'Espagne ne monterait sur le trône, à moins qu'il
ne promit de conserver la foi catholique (1).
On distingue aussi parmi les momiments de Tolède
l'église de San-Juan de las lîeyés, l'hôpital de Santa-
Cruz ou des enfants trouvés, l'hôpital des fous
et l'hôtel de ville. Une des curiosités les plus
singulières de Tolède est la Caverne cTUercule ,
ouvrage de la nature, antérieure h la fondation de la
ville, et crensi e dans les rochers mêmes snr lesquels
elle a été construite: on n'en trouve pas la fin, l'en-
trée en est large et se rétrécit par degrés, ei l'intérieur
est entrecoupé de plo>ieiirs rues et sentiers. — On
comptait autrefois un grand nombre d'éiablissements
industriels et fiorissants à Tolède; il n'en resie au-
jourd'hui qu'une fabrique d'ornenients d'église, une
de tissus de laine, dans l'hôpital; quelques fabriques
particulières de lainages et de soieries, de cuirs, de
corder de guitare, de verie blanc commun, dCj tein-
tureries et l'importante manufacture royale d'arnieî
blanches ; on admire l'édifice où esl ce dernier éta-
blissement, et on vante les armes qui en S' rient,
pour la finesse de leur trempe, qu'on attribue anx
eaux mêlées de la Xarama et du Tage, dans le voi-
sinage de leur conUuent. — Le territoire de Totède
fournit grain-, vin, huile, fruits et beaucoti'^ de
bestiaux. On trouve dans les environs un grailil nrê^
lé de feldspath entièrement comerti en terre à por-
celaine, un granit commun ; des mines d'argent et
d'hyacinthe, et dans l'intérieur même de la ville une
(i)Cetieclau-e s'e-\plique par les persécutions .{lie ariens ; et elle donne eu même temps la rai-on il6
les catholnpies avaient éprouvées sous les Cotlis l'établissement de l'inquisition. {Soif, ih- routeur.)
im
GÉOGRAPHIE DES LEGElNDES AU MOYEN AGE.
8i6
mine de soufre. — Tolède est aujonrd'lini en com-
plèie décadence; on voil qu'elle se seni cliaque jour
mourir.
Le siège épiscopal de Tolède daie du m* siècle.
Au v« il fut érigé en arclievêdié et en primaiie, droit
qu'il perdit <|ueliiue temps après, mais que le sainl-
siége lui rendit au xi'^ siècle, et qu'il a defiiiitive-
conservé ju-qu'à ce jour. Tolède avait pour suffra-
gants Cordoue, Marlos ou Mailos {Tucciim), Jaen,
Montéciir ou Monléj.ir {Meuleraj, Carlliugènc, Alta-
la-de-Ilénarès, Baesa (Beceliu), Ca.-doiia (Ciis(«/o),
Loicliou Lorei|Ui (t'/iociom;, Oreio {Orelum), Cueu-
ça, Valera ( Vn^ci iVi ), Arcos (Aicobriga), Siguenza,
Ségovie, Osma, Valladulid et L^rgavica. Ces suffra-
gauts sont reslés les nièuies, ;> l'exception de Tiic-
cuni, qui n'est plus qu'un village appelé Martos, ou
Marins, et dont le siège a disparu dés le vi« siècle;
de Moniéj ir, qui a été transféré à Jaen .lU xiu'^ siè-
cle; de Casiloiia, qui n'est plus qu'un village et qui
a perduson litreau vi«siètle; d'Orelo, dontil no reste
plus qu'une clmpelte ; de Vali-ia et d'.Xrcobiiga dont
les sièges ont éié transférés et réunis à Cuença dans
le XII* siècle; d'Ergavica, dont ou ne connaît pas
nième remplacement.
Jovalci, les iciiuuvaches. Ils sont de race finnoise
ou iclioude , et habitent la Russie d'Europe. — Les
Russes eux-ménies >e dunneni le num qu'ils portent ;
mais les Mordu:ins les noinmeni Yidki , et les
Ttliérémjsses Cowk-mar, c'est-à-dire yens de mon-
tagnes. Les Tcliouvaclies payent la capiialion |iour
plus de 50,UU0 .^ines et se tiennent sur les deux bords
du Volga, dans les gouvernements de Cazan, de
Nljnei-Nowgnrod et d'Orcnliourg; ils sont exiéiieu-
recnent chré.ieNS, n'uni pas de lettres, et ne savent
par conséquent ni lire ni écrire. Ils vivent mainie-
iianl dans des demeures fixes, et i'attjclieni beaucoup
à l'agriculture, quoique inujmrrs cliasseur;, déicrini-
nés. Ils ne s'arrêtent pas dans Ks villes. Les liabi-
lants païens sacrilient, conune les Tcliéremisses,
dans des kéremeis, et le plus souvent un cheval. (Is
donnent, comme ces «leru'ers, des '.umis aux mois
de l'année, selon les occupaiiont qu'ils amènent, et
coniniencent leur semaine pur le vendredi , qu'iis
appellent ama : c'est en inéine temps chez eux le
jour du tepos. Du reste ils ri sseaibicnt pn.sque en
tout aux Tchérémisses, ayant les mêmes cou;unies,
mœuis cl Usages, et sont seub'ment plus malpropres.
Le» païens parmi eux mangent toutes sortes d'animaux
el de bèies mortes; il^ abhorrent cependant le porc.
Popul. 570,(100 habitants.
Trailucta Juiia, Tarifa. — Celte ville , du diocèse
de Cadix, est une place forte nui a joué un rôle dans
les diverses invasions que l'Espagne a subies; son
nom est d'origine arabe. Elle est située sur le point
méridional de l'Europe, à ii kil. sud-i si ci sur le
détroit de Gibraltar, avec une île fortifiée au sud-
siid-ouest. il y a dans l'intérieur de la place un
château, ouviagc des Arabes, cl la ville est eut' urée
de murs. Les troupeaux font la prinoipale rii liesse
de son territoire, qui ne produit que des grains d'iine
qualilé médiocre, à cause des vents d'est qui régnent
fundant le mois de mai, elles foni mûrir avant
qu'ils aient eu le temps de prendre la iKiurrilure
nécessaire; ses oranges passent pour les meilleures
de l'And^ilousie. Son industrie se borne à quelques
fabriques de cuirs , de briques et de poterie. Tarifa
est célèbre par plusieurs sièges mémorable^, entre
autres celui qu'y souiinl conire les Maures, ;iu xiii*
siècle, don Âlonzo, père de Guzinan le Bon , qui,
menacé par les ennemis de voir égorger son lils, âgé
de neuf ans, s'il ne livrait pas sa ville, leur jeta
lui-même le couteau qui servit h donner la mort à
cetenfani. Elle fui assiégée en 1811 par les Français,
qui se retirèrent sans la prendre. L'île de Tarifa est
presque au centre et d;ms la partie la plus resserrée
du détroit, à près de 600 toises de la ville. Elle a
360 toises de l'est à l'ouest, el 340 du nord au sud,
ei olïie une cote escarpée dans toute sa circonfé-
rence. En 18(i8 ou l'a réunie au coiiliuent par une
ciiaus^ée solide, et, défendu :: par plusieurs ou\ rages.
Dans l'ile si<nl trois loits, plusieurs batteries et un
quartier à l'épreuve de la bombe. Sur la poinlc la
plus méridionale on a construit une tour avec un
magnifique fanal , de 135 pieds d'élévation, qui se
voilà une distance de li kil. Il suffit de jeter les
yeux sur la carte du détroit, pour apprécier la posi-
tion avaniai;euse d' celte île, et l'utiliié dont elle
peutélieà l'Espagne en temps de guerre et en temps
de paix. Distance, 80 kil. sud-est de Cadix. Popul.
11,000 habitants.
Tramalda , Trautmaniisdorf , bourg de la basse
Auiriclie, situé prés de la Leiilia, qui doit son orî
gine au château fort des comtes de Trautmannsdorf.
La popiil.iiion est de 700 habita. iis. —Il n'y a pas de
nom plus illustre ilaiis l'Iiisloire militaire et poliiique
de la mais<in d'Aiiti iche que celni de Trautmannsilorf.
Ainsi que les Fabius des Humains, on compte les
Trautmannsdorf qui ont péri ila .s les batailles livrées
par les empereurs île celte maison. Quatorze cheva-
liers de ce nom payèi eut de leur sang la victoire que
Rodolphe de Habsbourg gas'ii.i en Mlf> sur Oltocar,
roi de Bohème, cl qui fonda la grandeur de sa mai-
son. De vingt-liois rrautmannsdoif qui défendirent
les droits de Frédéric d'Autriche contre Louis de
Bavière, vingi périrent à la bataille d« Mulilberg en
lôââ ; mais c'est surtout le premier comte de Traut-
mannsdorf qui rendit son nom célèbre en lerniinaiit
heureusement les négociations de Munster el d'Us-
nabrûck.
La famille de Trautmannsdorf est de la plus haute
antiquité : son nom vient de deux ch.iieanx situés,
l'un en Styric, l'autre en basse Autriche. Lorsqu'en
!6i3 l'empereur Ferdinand créa le baron de Tiaut-
mannsdorf comie d'Empire, il lui reconniîl dans le
diplôme une ancienneté de sept siècl 'S. La famille
se divise en plusieurs lignes, dont r;iînée, qui pos-
sède les terres de Weinslierg et de Nenstadl sur le
Koeher en Souabe, obiini en 1778 séance au collège
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
8i7
(les comtes de la Sonabe, ei fut élevée en 1801 à la
dignité de prince, laquelle fut aiiacliée à sa seigneu-
rii! (ITriiprenbacli en Fianconie,qiii a élc niédialisée
en IS.'G. — La famille esi c:itholique.
Tinnqnittus Fluvius, Tliisia, rivière de l'Hindous-
lan. Elle est fameuse à plus d"un liire dans la lé-
gende hindoue. Un n'en connaît pas la source d'une
manière certaine. Suivant l'opinion de quelques
voyâpeurs, elle sort du Thibel , coule an sud , et
s'ouvre un passage à iravers la grande chnîne de
rilim-.ilaya. A sa sortie des moniaijnes , à environ
68 kil. au nord de Jelpigori , la Tliista forme une
chute, et entre d;ins le désert de Rungpour, près de
son exlréiniié septentrionale, oi"i il est liorné parla
principauté de Sikkm; son lit a 410 toises de large;
ses eaux, abondantes dans toutes les saisons, coulent
avec impéiuosiié parmi des rncliers rapiiles. Dans
les temps de séibcresse de petits bateaux peuvent
monter jusqu'à Paliarpour, près des frontières du
Sikkim, maisy pendant les pluies on peut (.nre le
même voy.ige avec des bateaux de '.0 on 50 ton-
neaux. En traversant les possessions anglaises, celle
Tivièie se grossit de plusieurs cours d'eau , cbange
souvent de nom et de lit , jusqu'à ce qu'enfin elle
tombe dans le Pudda , ou grande branche orientale
du Gange, près de Nabobgiinge , après un cours
d'eiivirnn 5i0 kil., y compris ses sinuosités. La
déesse de cette rivière p.isse pour une vieille femme,
qui , en r:iison de cc-tl.( croyance, est au nombre des
objets du culie ou des divinités de village parmi les
païens des environs. La Thisia commence à s'euller
au printemps , et s'élève ordinairement de 2 ou 5
pieds entre le 12 avril et le 12 juin , probablement
par suite des fontes de neiges ; mais ce n'est que
dans la saison des pluies qu'elle prend un accroisse-
ment un peu considénible. Au-dessus ei au-dessous
de Cbilmary elle communique par plusieurs branches
avec le Brahmapoutre.
Trapesus, Trébizonde. Celait dès le u' siècle un
évéché de la province de Lazique , dans l'exarchat
de Font, sous la métropole de Pliasis. Cette dernière
ville avant été ruinée par les inond.aions du Phase,
on transféra, dans le xi« siècle, le liire de métiopole
à Trébizonde, qui l'a conservé jusqu'à ce jour, puis-
que l'archevêque grecscliismaiiiiuequiy réside prend
le litre de métropolitaia. Située sur une hauteur qui
s'élève eu pente douce des bords de la mer, la ville
est couverte par deux gnrges ou défilés réunis à
l'est et à l'ouest p.tr un fossé, par des ouvrages ex-
léiieurs qui vont jusqu'au rivage. Elle a une cita-
delle qui domine la place, avec des fossés taillés dans
le roc , des nmrailles tiès-iiautes et six doubles
portes. Les rues, éiroiies, quoique pavées, sont sales;
les maisons, bàlies en pierres et en peliles biniues,
ofl'ient un triste aspect et sont irès-incoinmodes; son
vieux château tombe en ruines. Elle pos ède dix
grandes iiios(|uées, un grand bazar carré, cinq bains:
son industrie consiste en hlatureset teintureries con-
.sidérables, tanneries, savonneries, tissus de soie ,
8.i8
coton, eic. Cette ville expédie la plus grande partie
des produits du pays, tels que bois decon^iiuc-
tion, laine, fruils, poi-snn et cuivre; elle prend en
retour sucre, café, grains , .'•el , fei. Elle entretient
quelques bâtiments pour le cab"tage, fait une forte
pèche, sale du poisson et du caviar; elle a une rade
grande, mais peu sûre, avec deux petiis p'irts ou-
verts au vent du no'd. Elle est éloignée de 2i0 kil.
nord-ouest d'Erzeroum , et de 060 kil. est de Con-
slantinopie. Lalit. nord il" 1'; longit. est 57" 24'57".
Trébizonde, dans les temps les plus recniés, porta
le nom de Trapeziis (l:ible ou carré), probablement
à cause de la fnruie de son enceinte, qui enveloppe
encore aujourd'hui la forteresse sur lu pente d'une
montagne. Colonie grecipie de Siiiope, et tenue dans
la dépendance de la métroixde, elle 'offrit un aerueil
hospitalier aux Grecs de Xénoplion poursuivis par
le roi de Perse. L'on ignore c" qno fit Miihrida'e
pour Trapezus; mais les embellissements ordonnés
parTrajan, Adrien el Justinien, sont encore altesiés
par des inscriptions et des médailles, par les restes
du port et de l'aqueduc. (Voi/.|T"urnefort , (. III,
p. 70.) Elevée depuis Tiajan an r ng de capitale du
Pont lie Cappadoce, Tréb z 'iide fut le but des pre-
mières pirateries des Golbsdans la mer Noire, qui la
dévastèrent et la minèrent. (Voi/. Zozime, I. i, p.
52 et 53, el Gibbon, I. i, p. 219.) Après la conquête
deConstaiiiiiioplep:irles croisés latins, lesOoninènes,
en 1260 , établirent leur trône à Trébiznnde; nu^is ,
environnés de voisins pui^sallts, ils se maintinrent
par des alliances de famille, et marièrent leurs filles
aux princes des dynasties du Montim-Blanc et du
Mouton-N"ir, aux petits-fils de Timur-Kan et à
d'autres barbares voisins , tels que les Lases et les
.\bases ou Cabsczitapi de Cli;ilC'indylos.
Trébizonde payait un tribut nnnuel lie 2000 ducats
an sultan Moliammède 11. — Elle avait été, dans les
premiers siècles , illustrée par le martyre d' s iO
soldats chrétiens que l'empereur Licinius fit mourir
dans un ét.mg glacé,. — C'est la patrie du célèbre
cardinal Ressarion. — .Mohamméde II, qui la prit en
lUil, s'empara de 300 jeunes gens des plus be.mx et
des premières familles pour en l'aire des esclaves.
Ainsi disparut de l'histoire l'empire grec et la rare
souveraine de Byzance, écrasée p.ir la boule et noyée
dans le sang. Un seul membre de la famille im; é-
riale, l'impératrice Hélène des Canlacnzènes, souffrit
avec force el courage, et nioiirui avec gloire.
Tré'izoïide devient mainleiianl le lieu de passage
des niimbreux voyageurs qui vont en Perse et eu
Géorgie; et l'entrepôt pour les marthandises que les
iiégocianli européens expédient en ce pays. Sa si-
luationaux bnrdsdelamer, aux pieds d'une montagne
du sommet de laquelle on voit encore en juin la
neige du Caucase est fort piuoiesque. La population
s'évalue à 10,0(0 âmes environ. La grande majorité
est composée de Turcs; il y a aussi des Jiiils, des
Grecs, des Arméniens. Les Grecs ont une douzaine
d'églises, ce qui est beaucoup pour leur nombre, ils
849 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOÏEN AGE
ont même un monastère de femmes, situé au milieu
dos ruines d'un vieux château royal , auprès d'un
rocher dans lequel est creusée la chapelle. Au resie ,
on hésite à donner le nom de monasicre à un amas
de maisonneiies éparses , de hauteur ei de loimes
850
<ies animaux crevés jusfju'à ce qui; les eliiens ou la
corruption les fassent disparaître, y susciienl tour k
tour ce redoutable fléau.
II y a en Fiance une imposition qui rend au
gouvernement des sommes considérables, et qui pro-
diverses, où habi(enl .-éparémeril plusl.'urs de celles dnirail peu de ciiose d .us les villes turques de \'X-
qiii viennent y faite profession de la vie religifu;e.
La communaoté secomposi^ d'une trent.une de per-
sonnes, sous la direciion d'un aumônier. Les Grecs
sont là, comme ailleurs, encore fort prévenu* contre
les Latins. Aux environs de la ville et dans la ville
même, se trouve un nombre conslilérahle de familles
d'origine grecque, qui font profes>ion extérieure de
mahoméiisme, et qui vivent en chrétiens dans l'in-
térieur de leurs maisons. On a peine à coinevoir
comment II se trouve des hommes qui cherchent à
naiolie: c'esi l'imposiiion des portes et lenèires. A
ïréliizniide, on ne voit point delènêiressur les rues;
l'imibrageuse jalousie des Turcs interdit à leurs
femmes la vue du dehors. En marcbaot dans les
rues, on croit longer les clôtures de vastes parcs,
ou des murs de prisons. Les femmes ne sortini qu'a-
vec un long voile qui pend ju^ql^aux talons, et dont
ellis se couvrent la (i^'ure avec grand soin, même
devant les personnes do leur ccjnnaissance : au reste,
sous cette longue pié( e de toile rayée les ornements
unir ensemble la religion de Jésus-Christ si pure et "^ *0"' P^* négligés. Il en est un surtout trop appa-
si sainte, et celle de .Mahomet, si corrompue et si
dégradante. Ce n'est pas le seul pays où l'on remon-
tre des chrétiens professant l'islamisme par crainte
ou par cupidité, et le christianisme par cnnvictiim.
Datis les provinces d'Europe de l'empire Ottoman ,
plusieurs familles catholiques se trouvent dans celte
catégorie. Déjà souvent l'archevêque catholique de
Sropia, en Servie, éi rit afin d'cditenir la permisson
de professer librement et publiquement le christia-
nisme pour ces pauvres gens, dont les ancêtres, dans
l'espérance d'échapper aux cruelles vexations des
renl pour ne pas frapper les regards : c'est une
chaîne d'or à trois ou quatre brins qui est attachée
aux deux oreilles, et qui pend sous le menton, ornée
de pierres piécieuses si elle est por^e par une per-
sonne riche. — C'est à Tiébizonde ou dans les pi.rts
"oisins que les marchands d'tsclaves amènent ceux
qu'ils ont ou volés ou achetés en Circassie , pour
les consigner à ceux ■ ui le< viennent vendre à Cons-
lanlinople, où jusqu'à picsent les Turcs seuls ont
droit de les acheter. Un voit souvent des jeunes filles
cl des jeunes garçons, et des entants encore au ber-
Turcs leurs dominateurs, ont professé le culte de «"e^" : c s pauvres créatures sont d'auiani plus digues
Mahomet, toulen conservant la connaissancedu chris-
tianisme. — On voit à Trébizorule quelques familles
arméniennes catholiques. Elles sont pauvres : im
prêtre leur est envoyé d'Krzernuu) pour les assisier;
comme il ne sait d'ordinaire que l'arménien et un
peu de turc, il ne peut rendre service aux catholi-
de pitié, qu'on leur fait embrasser la religion rnaho-
métane; et. pourtant [ilnsieurs dans leur pays ont
reçu ie baptême.
Cette contrée est riche de souvenirs. A Ti éluznnde,
tout près de la ville, ou montre le lieu où les dix
mille Grecs, dans la célèbre retraite conduite ei ra-
ques latins ou antres qui s'y trouvent. Les envoyés contée par Xénophon, rejoignirent 1 1 mer. A peu de
de la Société biblique smii établis dans la ville de- distance de la même ville se trouve la ville de Céra-
puis dix ans; deux prédicanis avec femme et enfants sonte , d'où l'arbre du cerisier nous est venu. Les
y sont fixés, et s'occupent à faire l'étole, distribuant villes de Samszun, Sinope , lléraclée sont sur celte
des livres, des remèdes et des instructions soi-disant niême côte : on leuiarquc dans la première d'an-
religieuses. ciennes fortiliialions vénitiennes. Sinoi^e rappelle
Le pays est agréable et serait fertile s'il était cul- '"^^ guerres des Romains conlre Mitliridale, dont elle
livé: on y trouve une espèce de miel qui a la pro- '^'^'' '* capitale. Le cluisliani.sme, autrefois si llo-
priéié singulière d'enivrer ceux qui eu oiangeni ; on ''ssant dans ces pays qui sont la Cappadoce , la
en recueil e une grande quantité, d'où l'on relire h Galalie, la Diihynie, y est aujourd'hui bien pauvre
cire qui est bonne. Les vignes sont ailaohées aux ar-
bres et en couvrent les branches ; et, chose singu-
lière pour un cliinal assez froid , on laisse le raisin
sur la vigne jusqu'au mois de j invier : à celle épo-
que seulement, les vendangeurs grimpent sur les
arbres pour couper le raisin. On regarde à Constan-
linople la ville et le pays de Trébizonde comme le
foyer de la pesle la plus maligne qui puisse se déve-
lopper dans ces contrées ; à Tjébi/onde , au con-
traire, on e-i dans la pefsnasioii que la peste ne s'y
manifeste jamais, si elle n'est apponéede Constanti-
nopl'\ Pour nous , nous sommes persuadés que la
malpropreté commune à ces deux villes, l'usage des
égouis ouverts au milieu de plusieurs rues, l'abandon
ei bien dégradé. Dans les siècles derniers les reli-
gieux Récollets avaient sur celle cote de la mer
Noire divers élablissemenis , qu'ils ont du abandon-
ner faute de r.ssnuiccs ou de sujets, et peut-être
inèmn pour l'une el l'autre cause. — Les catholiques
de Trébizonde sonl sous la juridiclion du vicaire
aposlolii|ue patriarcal de Coiislanlinople. La ville est
le chef-lieu d'un pachalik de ce nom, s'éiendanl le
long de la mer N'oire qui le borne au iioid-ouest; Il
a pour limiles à l'esl le Tcheldir , au suil est el au
sud l'Erzeroum, au sudouesi leSnvas;il s'étend de
540 kil. de longsurSOkil. delarge. Ce pays maritime
c't couvert de hautes montagnes d'où SO' lent une
quantité de fleuves el de rivières. On s'y livre pliij
"k
851 DICTIONNAIRE Dt GEOGRAPHIh ECCLESIASTIQUE. 852
à l'éducation des bestiaux qu'à la culiure ; cepen- nommé Pierre Moraitin', qui l'a coiisiruii, ^l ce sont
dant rogrioulture n'y est pas négligée totalement, les quatre communes de la vallée d'Urseren qui en
On y fait beaucoup de vin; on y recueille beaucoup ont payé les frais. Aivcs avoir traversé une région
de fruits, et le- foiêis abondent en toutes soi les de
beaux ;irbres. On y trouve marbre, albâtre, porpliyie,
cliaux , etc. L'industrie s'occupe principalement de
la fabrication des toiles, cuirs, lapis et savoii, mais
seulement dans les gr:indes villes. L'exportation
consiseen buis de construction, laine, poisson salé,
fruits s-ecs , toile de lin et de chanvre, vin , poi.x ,
goudron, plomb et cuivre. Popul. 188,000 liab.
Très Pontes, les Trois-Ponts, dans le canton d'Uri
(Suisse). — Les scènes les plus impo-aiites, et en
même temps le* plus attrayantes, sont sans contre-
dit itlle^ que l'on rencontre sur la roule du Sainl-
Gotbard, mais elles sont si variées et souvent si su-
blimes et si lioiTibles à la foi-, qu'il est impossible
de les décrire avec précision; il faut les voir pour en
saisir tous les détails et pour s'en faire une juste
idée. — A une petite distance deGestheuen on trouve
le Ponl-Long {lange Urucke^, ou pont de llxJerli
(UàderH-Briické), là commence celte gorge elîio.able
connue sous le nom de Scbœllinen; la route traverse
dans celle gorge, tantôt d'un côté et tantôt de l'autre,
trois ponts qui ont été jetés :.vec une liardiesse in-
concevable par-dessus dalTreux précipices ; sur le
pont du milieu, appelé Tanzebein, se trouve la boine
si affreuse, le voyageur se i éjouit de l'aspect de celte
vallée riante, et parcurt avec liil iriié les quali .;
vil âges qui s'y trouvent; ils se nouiinent Anderniail
ou lirseren, Hospiial, Zum-Dorf et Réalp. Le pie-
niier de ces villages se trouve à itne élévation de
444'j pieds au-dessus de la Méditerranée, et le der-
nier à celle de i"35. Mais, malgié la liati:e position
de la vallée d'Lrsercn, le climai y est a^si z doux el
la végétation très-belle; on n'y rencontre cependant
point d'autres arbres que le sapin et le siiule, qupique
autrefois toute la vallée ftjii couverte de bois.
Tubatia, vel Tubalua, Tafalia, ville du diicèse de
Pampelune, dans la Navarre , province d'Espagne.
ËLe e>i Siioee , :) o kil. nord d'Olite , sur la côle
orientale d'une colline, dans un lerraiii feriile. Sa
fertilité a donné lieu au dicton populaire : Oliie y
Tafullu lu flor de Kavaira ( Olite et Tafalia la fleur
de la Navarre). 11 s'est tenu à Tafalia plusieurs cor-
tès générales, entie au.res celles de 1-16 ), où Mosan
Pedro de Peralia assas>in.i, le 23 novembre, Nicolas
Akevarri, évêque de Paqipe'une. Taf;dl.i avuii trois
couvents avant la suppression desoidies leligieus;
elle a conservé deux paroisses et un hôpital. Il lui
reste un palais qui appartenait aux anc ens rois de
qui sépare le district d'Uri de celui d'Urseren. Le Navarre. Par la partie orientale des murailles dont
dernier de ces ponts est le Pont du Diable (TeufcU
Briiike): ce pont, d'une seule arclie de "3 pieds
d'ouverture, s'apiuiie ^u^ deux parois de rochers nus
presque peipendicnlaires ; sa consiruciion hardie
passe pour un chef-d'œuvre, et sa position, dans une
solitude affreuse et sauvage, est une des scènes les
plus grandioses de la Suisse. La Reuss passe en mu-
gissant sous ce pont et se précipite, en se brisant sur
des roches, à une profondeur de pins d • 10 > pieds;
Ea chute fait un bruit semblable à celui du tonnerre,
elle vent qu'elle produit élève en t nirbillon la 1 rui-
ne de la colonn • d'eau et en mouille constamment
le ponl et les voyageurs. Après ce passage terrible,
mais qui ne présente cependant aucun ilanger, on
arrive à la monta;;ne du Diable (Teu[els-Berg), au Ira-
vers de laquelle la route est taillée dans le roe ; on
appelle ce passage le Trou d'Uri {Urner-Locli); il est
long de 220 pieds, hirge de ib, et haut de 12; des
ouvertures également pratiquées dans le roc l.iis-
sent pénétrer un peu de lumière dans ce passage
souterrain. Au delà du Trou d'Uri se déploie uiie
contrée extrêmement ronuiiuque, c'est la vallée
d'Urseren (Vrseren-Tha!) qui autrefois ne pouvait
être atteinte, de le coté, qu'en passant un ponl sus-
pendu dans des chaînes sur le flanc de la montagne
el à une baulcur prodigieuse an-dessus de la
Reuss; il était connu sous le nom de Pont de pous-
sière [Siaùbende Bnicke), à cause de la bminc dans
laquelle il était ioiij<mrs enveloppé. Le Trou d'Uri
n'existe que depuis l'année 1707; c'est un habile
""7- Jflgénieur du val Maggia , au canloii du Tessin ,
elle est environnée, et sur la rive droite de la Cida-
cos, qu'on II averse sur deux ponts en pierre, passe
la route royale, avec une chaussée Près de la plate
d'armes est la basilique de Sainte-Lucie, et sur une
éminence, en vu ' de la ville , une autre basilique ,
près de l'E-davitud. Rlle jouit il'un eliinat si doux
et si sain qu'à plusieurs époques, en laispn d'épidé-
mies qui rég'i ient à l'ampelune, on y a transporté
les iribun.inx. Ses environs pioduisent vius, grains,
fruits et légumes. On y élève de nombieux trou-
peaux de toute espèce. Son industrie consiste en
plusie:irs fabriques de cuirs , de serrurerie ei d'eau-
de-vie. Popul. 5980 hab.
Tunioacum , Tournan , petite ville du diocèse de
Menux , arrondissement de Meluu, déparieiiit^nl de
Seincet-Maine. — La ville de Tournan, situéi; dans
une vallée sur la route de Pai is à Sezaime , est tra-
versée par un ruisseau qui vient des bois qui sont
au nord el se termine à 2 kil. environ au moulin de
Villeginare, commune de Presles , dans un goulTie
plaré sous la roue du moulin même. — On piétend
que ce nom de Tunrnan vient du mot celtique tuni
ou liii-ii , dont ou ignore la véùlable signiricalion, ce
qui ferait présumer que l'origine de ce lieu reuio.ae
à la plus hante aniiqiiiié, quoique rien d'ai buri ne
le constate, les guerres el lescalimités publiques
avant fait périr toutes les pièces auihenliques qui
pouvaient donner quelques lumières à cei ég-ird. —
Dans les anciens actes, Tournau est dé<igné sous les
noms de ï'uinJ'ianiMS ; plus tard on a éir t Tiinio-
niiiiiii , ïutiiûticum , Toiikiiuum et quelquefois Torf
.- y
?9? GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
854
nomium , ei en français Tornan, Tonicn ou Toinam,
puis Tournon et quelquefois Tournehem. — Si l'on
doit s'en rapporler à une ancienne iraclilion , la lerre
de Tournan viendrait des ancêiies de sainie Fare ,
abbesse du diocèse de Meaux. Celle-ci aurait éiabli
un monastère dans cet endroit , colonie de celui de
Farmouliers ; mais les religieuses l'abandonnèrent
durant l'invasioji des Normands dans leix* siècle. —
L'évêque de Paris, ayant retiré les biens de ce cou-
vent dont des mains étrangères s'étaient emparées ,
en devint le premier seigneur et y éiablit des cha-
noines , qui n'y restèrent pas longtemps puisque nous
voyons qu'en 1088, Guy de Vjlry et Uavise sa
femme donnèrent , du consentement des chanoines,
aux moines de Saint-Maur l'église de Saint- Denis de
Tournan. — Celle église de Saint-Denis dans le
vieux château à l'occident de la ville est un édiTice
du xiii« siècle ou du commencement du xiv^qui n'a
rien de remarquable ; on y voit une tombe du xii«
siècle. — Le prieur de Saint-Denis jouissait de pré-
rogatives assez considérables. En 1192, Anseau de
Gurlande , II'^ du nom , seigneur de Tournan , avait
reconnu que les moines avaient toute justice dans
ses terres, que ceux qui demeuraient sur ces mêmes
terres ne lui devaient pas de corvées ni n'étaient
tenus de moudre à son moulin ; enfin qu'il ne pou-
vait s'établir aucune école dans la paroisse de Tour-
nan sans la permission du prieur.
L'église de la Madeleine, cunstruite avant le xi''
siècle, était la seule paroisse de Tournan , l'église de
Saini-Donis ne servait qu'aux moines de Saint-Maur
pour faire l'office divin , et , comme la Madelaine
leur était soumise , ils ne permetiaienl pas qu'on la
regardât auirementque comme une chapelle. — Cette
église a été détruite à la révolution , et le culte
s'exerce maintenant dans l'église Saint-Denis. —
Les évéques de Paris ont toujours conservé quelques
droits sur la seigneurie de Tournan. C'étaient eux
qui dojinaient l'inve-iiiuie au nouveau seigneur en
lui mettant au doigt un anneau ; droit qui leur fut
confirmé par une charire de Philippe-Auguste don-
née à Paris au mois de mars 1185, et le seigneur
de Tonrnan avait la singulier'' prérogative d'être un
de ceux qui portaient le nouvel évéque à son entrée
au siège épiscopal. — Le plus ancien seigneur de
Tournan dont on ail connaissance est Guy nu Guil-
laume de Viiry. Il vivait en 1088; son fils Man.issès
lui succéda , ei Guy , son petit-fils, voulant entre-
prendre le voyage de Palestine, vendit , en 1147, la
lerre de Tournan à Guy de Garlande. — La maison
de Garlande posséda cette terre sous sept seigneurs
jusqu'en 1295.
En 1270, Tonrnan était un lieu réputé pour le
charbon ; le voyer de Paris avait alors le droit de
prendre deux sacs chaque marché dans le nombre
de ceux qu'.tn y apportait (I). — La ville de Tour-
nan est assez bien bâtie ; elle ne consiste , pour ainsi
dire , qu'en une longue rue avec un gros de maisons
(J) teljiiuf, HUtoire au </>«c«<^ de Paris, i. XIII.
aux environs de l'église. La plac e du marché, la
seule de la ville, est peu spacieuse. Le quartier de 1»
Madelaine est sé|iaré par le ruisseau que l'on nomme
glacis et qne l'un traverse sur un pont. — Il se tient
à Tournan le lundi et le jeudi de chaque semaine un
marché assez for! en denrées , mais dans lequel on
vend peu de blé. En 106!), Henri de Beringhen, pre-
mier écuyer du roi, seigneur de Tournan, obtint des
lettres patentes pour l'établissement de ce marché el
pour deux foires par an. — Les restes de l'ancien
château ne consistent plus qu'en deux tourelles en
ruines , et Ton a édifié sur l'une des portes des
constructions modernes. C'est dans ce local que se
tiennent les assemblées municipales elles audiences
du juge de paix. — Il y avait aussi à Tournan un
Hôiel-Dieuqui subsistait du temps de Saint-Louis, et
une maladrerie qui fui par la suite réunie à cet
Hôtel-Dieu. Maintenant les secours sont administrés
à domicile aux indigents. — Tournan était avant la
révolution le siège d'une justice royale , d'une pré-
vôté et d'une châtellenie ; cette ville est aujourd'hui
le chef-lieu d'un canton , le siège d'une justice de
paix et la résidence d'une brigade de gendarmerie.
Tournan a plusieurs écarts ; ce sont : 1° Coin-
breux , château situé au sud-est de Tournan. On pré-
tend que ce nom vient de combros; on sait que fa-
cere combros signifiait abattre des arbres el en cou-
vrir le chemin. Dès le xii« siècle il y a un Gervaij
de Combreux : en litiS Pierre de Combreux fut
cboisi par Anseau de Garlande, seigneur de Tour-
n:in, pour le remplacer dans l'honneur de porter la
nouvel évéque de Paris , Etienne Tempier, à sa pre-
mière entrée dans la ville épiscopale. Celte sei-
gneurie relevait du seigneur des Egrefins, commune
de Neufmoutier. Le château de Combreux a été
nouvellement reconstruit : il domine un joli vallon ;
son parc est traversé par le ruisseau qui sépare la
ville de Tonrnan du quartier de la Madelaine. 2*
Armainvilliers, qui est aussi nommé Ermainvilliers,
et Hermainvilliers , Hermnni villare , campagne
d'Ilerman , est un château situé à l'ouest de Tour-
nan , avec nn parc qui renferme un étang considé-
rable. Gaucher-du-Chàtel en était seigneur en 1580.
— En 170'i, Jacques-Louis de Beringhen , premier
éciiyer du roi, dont la famille éiail originaire du du-
ché de Gueidre , obtint des lettres patentes qui éri-
geaient en titre de comté sous le nom d'Armain-
villiers les terres d'Hermainvilliers , Tournan, Châ-
tres , Maries , Greiz et autres. 5° La Bourgognerie ,
autre fief au sud-est. 4" Courcelles la Mote à l'est,
sur le bord de la route de Tournan à la Houssaie.
5° Ville, Mocquesouris, au nord-est, etc., etc.
La population de Tournan est de -2800 habitants.
Celte ville est située à 28 kil. au nord de Melun ;
son territoire est en terres labourables , en praiiles
et en bois.
Turris Slraionis, vel Cœsarea, Tour de Straton, ou
Césarée de Palestine. Cette ville s'appela d'abord
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
8io
Tdur lie Siraioii. du nom d'un célèbre général di;
Darius. Hérode le Grand, ou autrement l'Ascaloniie,
la i.omiua depuis Césarée, en honneur de César-
Aiigiisie, qui l'avait coiifirnié dans la possession de
ses Etals. Mais celle cité n'offrait rien encore qui
répondît à la grondeur de ce nouveau nom. Hérode
invita tous les artistes fameux de l'univers à se
rendre a sa cour. Il leur communiqua son dessein,
en conTéra avec eux, et de ce conseil des talents
émanèrent dos cliefs-d'œuvre en tous genres, qui
l)ientôl lixèrenl les regards de Rome. L'enreinle de
Césarée s'agrandit, des mes alignées se formèrent,
des palais bâtis de marbre s'élevèrent sur les an-
ciennes masures ; on vit paraître des cirques, des
théâtres et des amphithéâtres, qui, regardant la
mer, étonnaient au loin la vue des navigateurs. Hé-
rode sut tirer avantage d'une colline qui divisait la
cité en deux parties égales. Il y fit construire un
(eniple qu'il dédia à César Prolecteur, en y pl.içant
.«;i sKiiio niudelée sur le Jupiter Olympien, et celle
de Rome aussi grande que la Junon d'Argos. Les
écriviiins du temps nous ont laissé une description
pompeuse de ce tenijile; miiis il suffit de dire, pour
en donner une idée, que le granit et le porphyre en
furent les matériaux ordinaires, et que l'intérieur
réunissait tout ce qu'on peut imaginer de rare et de
précieux.
Césarée, nouvellement agrandie, avait besoin
d'hahiiauts. Son port, vaste et commode, creusé
aussi par l'ordre d'Hémde, manquait de vaisse.iux.
Les ateliers du commerce attendaient des bras in-
dustrieux. Une partie des étrangers, que le désir du
merveilleux y avait attirés, fut retenue par la géné-
rosité du prince.
Celte ville essuya avec les temps différentes révo-
lutions |ioliiii|iies. Gouvernée d'abnrd par des rois
qu'elle avait vu naître, elle devint colonie romaine
sous Vespasien, et changpa son nom en celui de
Fl.ivia. En 548 de l'ère clirétienne, elle eut à souf-
frir tous les excès du fanatisme, de la part des Juifs
et des Samaritains, divisés en deux faclioits. Beau-
coup de chrétiens périrent sous leurs coups. Tous
les temples furent brilles, et le préfet L^tienne lui-
même se vil assaillir dans le prétoire, où on regor-
gea, après q l'on eut pillé ce qui lui appariemit. Les
armes victorieuses d'Oman-, l'un des successeurs de
MoliJinniéde, forcèrent, en 05-5, les habitants de Césa-
rée (le se tendre à la foi de l'Alcoran. Elle fui re-
prise aux Sarrasins par Baudouin l«r, roi de Jérusa-
lem, en 1101 ; les Génois lui furent d'un grand se-
cours dans celle expédiilon, et en récompense il
leur fut accordé le liers du bulin. Il échut dans leur
lot un vas : de couleur verte, qu'on crut être une
émeraude, et qui lut porté à Gènes comme une ra-
reté digne de celte ville. Il est déposé dans l'église
méiropoliiaine de Saint- Laurent. Les chrétiens
perdireni de nonve.iu Césarée en 1187, sous le rè-
gne du fameux Alaeildin. Un conib:il la leur rendit en
1191 ; un aiilie la leur enleva quelques années api es.
856
Ils la reprirent en 1251, sous Louis IX, qui répara
ses fortiBcalions, et enfin ils la cédèrent aux infidè-
les en 1264, pour ne plus y rentrer.
Au milieu de ses désastres, tant de fois renouve-
lés, celle capitale de la Palestine vit anéantir sa pre-
mière splendeur et la magnificence de ses monu-
ments. Il ne reste du temple bâti par Hérode qu'un
déhris de murailles et une partie de la forteresse
qui l'avoisinait : çà et là sont épar^es plusieurs co-
lonnes de porphyre; et dans l'enceinte de la cité on
voit encore quelques ruines d'édifices, construits en
marbre blanc, mais que les injures du temps ont to-
talement noircis. On ne peut recuim^iitre la place de
l'ancien port, que plusieurs historiens ont vanté
comme une autre merveille du monde. Il est proba-
ble qu'il n'a pas subsisté longtemps, puisque Guil-
laume de Tyr n'en dit rien dans la description de
cette ville.
Césarée fait partie du gouvernement de Damas,
mais elle est tellement abandonnée, que le pacha
n'en tire aucun parti avantageux. — C'est dans celte
cité fameuse qu'Hérode-.^grippa donna au monde un
exemple terrible de la colère célesie. Enivré de ses
succès et des basses adulations de sa cour, ce prince
s'aveuglaii jusqu'à se croire un dieu; mais dans un
instant où, revêiu de ses habits royaux, il parlait
avec mépris aux Sidoniens qui lui demandaient la
paix, il tomba de son trône, et mourut rongé de
vers.
Après la chute de Jérusalem, Titus vint passer
l'hiver à Cé-arée avec les prisonniers nombreux
qu'il traînait à sa suite. Il y célébra avec la plus
grande pompe la naissance de son frère Domilien,
ei tel e était la barbarie du paganisme, que deux
mille cinq cents hommes furent livrés, en signe de
joie, .tux flammes et aux bêles féroces. L'apôtre des
Gentils y prêclia la foi catholique, et ne craignit pas
de Combattre l'orateur Terlullus en présemedu pré-
sident Félix. Il fut chargé de fers par l'ordre du
proconsul Feslus Porcins , qui voulut le juger à son
tribunal ; mais Paul fil valoir son droii de citoyen
romain, qui l'autorisait à récuser tout autre juge
que César lui-même, et en effet il obtint d'être con-
duit à Rome.
Comme Césarée était la résidence du gouverneur
de la Judée, on y ameimit les chrétiens persécutés
pour y recevoir leur sentence de mon. Des milliers
de fidèles y souffrirent le martyre, sous les légnes
de Gallien, de Dioclélien et de Valens. Le f.imeux
Origène y séjourna (juelque temps, et y perfectionna
le célèbre Cantique, dont il avail conçu l'idée à
Athènes. — On compte plusieurs hommes illustres
parmi les archevêques de Cè-arée, tels que Théo-
phile, Agricolaûs, Talassius, Glicon, El e, Eulogius,
et particuf èretnent Eusèbe, dont les ouvrages sont
bien conoiis.
Cë-arée fut évêehé dès le premier siècle et mé-
tropole de toute la Palestine au iit', sous le patriar-
cat d'Antioche. .\u v» siècle, sa juridiciion de mé»
ii>.:iiule ne s'étendit plus que sur la première pro-
vince de Palestine, par suite de l'érection de
plusieurs autres métropoles, et du patriarcat de
Jérusalem. La première province de Palesiine com-
prenait trente-quatre sièges tant arclievèchés qu'é-
véchés, qui tous dépendaient de Césarée. Celte ville
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 858
est encore aujourd'hui, malgré sa ruine, le litre
d'un archevêque grec. Lors des Croisadrs, les La-
tins y établirent un archevêque de leur rite, qui
avait vingt sullragants. Cette organisation ne survé-
cut pas a leur déi'uiie.
Urbs Alba, la Ville-Blanche, ou Akschehr. C'est
une ville sainte dans la légende musulmane, à cause
des nombreux cloîtres et des tombeaux de pieux
personn:iges qu'elle renferme. Elle se trouve à 2 kil.
sud-ouest du lac Eberdy, qui est fort poissonneux,
sur la base orientale de la Montagne Aksi hehr, dans
un canton fertile. Chef lieu d'un sandschak qui porte
son nom, elle fait un commerce de laine , de ciri',
dégomme, de noix de galle et de riches tapis que
fabrique la population et qui s'exportent à Smyrne,
et sont appelés dans le commerce lapis de Smyrne.
Timur s'empara d'Aksfhehr en 1402. On croit que
le sultan Bajésid (Bajazei) , qu'il fii prisonnier dans
la bataille, cnourut dans cette ville. C'est pour cela
qu'on y a élevé un collège consacré à sa mémoire.
— Akschehr est à 80 kit. sud-est d'Alioum Karaliis-
sar. Lai. nord 3S° 13'; long, est 29° 15".
Cette ville est comprise dans le vicariat apostolique
patriarcal de Conslaniimiple. La population , de
10,000 habitants, se compose en partie de Turks, de
Grecs et d'Arméniens qui se livrent au commerce.
L'rb:t Amasiœ, Amiisiéb, l'ancienne Amatia, dont
le nom (chose rare) sVst conservé intact jusqu'à ce
jour, en passant à travers tant de siècles, et par la
bouche de tant de peuples barbares. — Celte ville
est située dans la ^atulie sur l'Iris ou Tschehars-
chenbessiiji. h-nlevée aux Grecs par les Danische-
mendes, à ceux-ci par les Si-Mscbuks, aux Selds-
clmks par les Isléndiars, aux Isfendiars par les Ot-
tomans, elle est surtout remarquable par les ruines
de l'anuien cbàleau royal, les tombeaux des rois du
Pont y sont creu«ès d.ms le roc, p:ir les anciens aque-
ducs et le palais d'Isfendiar. — Celte ville compte
pbisirurs édilices remarquables et des tombeaux
qui sont un sujet de pèlerinage. Amasia était au iv°
siècle la méiropole de la province d'Hénélupont ;
elle élendaii sa juridiction sur les archevêchés d'Ëu-
choiix, de Leoniopulis; sur les èvêiiliés d'Amisus,
de Sinope, d'Ibyra, d'Andrapa, de Zela ou Tila. —
Elle a conservé un archevêque grec suffragaiit du
patriarche de Constanimople, qui compte beaucoup
plus de Turcs et d'Arméniens qui; de Grecs dans son
diocèse; ces derniers ont aussi leur archevêque,
qui est soumis au patriarche de Sis dans la Kara-
manie. Cette ville fait un commerte importun en
vins, soie, garance et grains. La population est de
30,000 habitants. Lat. nord H)° 7,â' ; long, est 54° 6'.
Vrbs Anionina, vel Ancyni, Ancyre , aujourd'hui
Angora ou plutôt Engurije, métropole de la première
provinco de Galaiie, dans l'exarchat d'Asie, dès le
kV Siècle. Saint Paul a adressé une de ses Epitres
u
aux Galates qui étaient une colonie de Gaulois. Cette
métropole comprenait neuf évêcliés. Elle fut nnmmée
Antonine sous l'etupereur Cara( alla. Lors de l'em-
pire grec, elle reprit son nom d'Ancyra.
A moitié chemin de Koulaiêh à Enguiije on
traverse en bac ( les pools sont chose rare en
Turquie) la rivière appelée Sakaria; c'est là que
commence le pays dont les pâturages donnent aux
chèvres renommées d'Engurije un poil fin comme la
soie, mais qui dégénère et n'offre pins qu'une toison
commune dès qu'on les transporte ailleurs. Plus
loin , à la descente d'une chaîne de montagnes, ou
entre dans les vastes plaines qui s'étendent jusqu'aux
murs d'Engurije même : elles sont arrusées par une
multitude de rivières et de ruisseaux bien propres
à y entretenir la fertilité, si l'on savait profiter de
ces avant.iges ; mais les Turks n'aiment pas le ravail,
ei d'un antre côté ils ne permettent pas que bs rajas
deviennent de gros propriétaires; de sorte que ces
beaux champs restent incultes, faute de bras qui
exploitent leur richesse naturelle.
Engurije, grande et ancienne cité, est mal bâtie;
les niiii-'Ons sont en buis et en briques cuites au
soleil; il n'y a aucun édifice public remar(|uable. On
«•litre aux voyageurs quelques restes d'un temple
qui daie des empereurs romains, et les ruines d'un
vieux (hàieaii dont on faii remonter la prem.ére
fondation à Miihridaie. La population de cette ville
se compose de Turks, de Grecs et d'Arméniens. Les
ïuiksen forment la grande majorité; les Grecs sont
peu nombreux et tous hérétiques; la nation armé-
nienne y est représentée par dix-hnil ccnls familles
(on compie cinq personnes par famille). Trois cents
d'entre elles ferment encore les yeux à la vraie foi,
et retiennentà leur usage toutes les anciennes églises,
dont plusieurs tombent en ruines, parce que les fonds
manquent à leur eniietien. Les quinze cents autres
sont catholiques; douze prêtres, nés pour la plupirt
dans le pays, administrent les secours delà religiun;
un vicaire général, délégué par l'archevêque armé-
nien de Constantinople, eut chargé du g: uveriicment
spirituel el lempoiel de celte chrétienté. — Les
fidèles d'Enguiije se distiniîuent entre leurs frères
du Levant par leur atiacliement à l'Eglise roiiuine,
centre de l'uniié catholique, el par une grande assi-
duité à à s'approcher des saciements. On voit régner
chez les personnes du sexe un goùi particulier pour
les \œux monastiques; plus de deui mille marabétet
(c'est ainsi qu'on appelé les religieuses en arménien) ■.
font profession de la vie ascétique, sous la surveil- '
lance el la dirertion d'une su|j)érieure. Elles n'ont
s;i9
DICTIONNAIRE DE GEOGRi^PUIE ECCLESIASTIQUE.
poim de iiioiiasière, ei ne forment poinl de coniinu-
naulé; pliaciuie resie dans sa famille ou dans quel-
qui! aulre nmison, pi'ur y exeiccr son emploi; louies
soiil \éui.s de noir et n'ont pas d'autre marque dis-
linctive. Les catholiques occupent un quartier ré-
servé qui se fermait avec des pories, à une époque
encere peu éloignée; culte précaution éuùi néces-
saire pour écliapper au pillage qu'exerçait au gré de
ses caprices l'indiscipl.nable njilice des janissaires.
C'e-i au centre (le ce quartier qu'à force de sacrifices
et de constance les catholiques soni parvenus à Iiâiir
une église, dont les travaux, plusieurs fois arrêtés
par la mauvaise volonié des Turks ei surtout du
pacha , sont enlin terminés. Toutefois elle est loin
de répoiidre aux besoins de la population callinlique;
il faudrait encore un ou deux temples seniblaliles ,
pour que tous les lidèles pussent assister aux saints
offices.
Eiigurije est Tcnirepôt des riches produits du pays
en laine et en poil de chèvre; des négociants euro-
péens y accréiliièreiit des agents. Ceux-ci devenant
chaque jour plus nombreux, les vicaires apostoli-
ques de Coustanlinople envoyèrent à leur tour des
missionnaires pour assister les catholiques; les héré-
tiques se montrèrent dociles, peu à peu il s'en cnn-
veriit un bon nombre; les familles rentiées dans le
sein de l'Eglise donnèrent des sujets au sacerdoce ,
et avec l'aide de ce clergé indigène, qui sut agir
d:ins im prudent silence, le prosélytisme devint en-
core plus facile ei fil de r.tpides progrès. Aujour-
d'hui les eccicsiasiiqucs d'Engiirije suffisent à la
direction de leurs (rères, et poursuivent avec zèle
la cqpversipn de ce qui reste d'hérétiques. Il y a
dans celle vjlle un prèlre chargé de veiller sur le
petit troupeau de catholiques latins qui s'y trouvent
encore.
Le seul inpntnneni religieux di^ne d'atteniion, est
le lombeau de saint Clément, évèiiue et martyr; les
reliques dii glorieux pontife sont, dii-oo, restées in-
tactes dans le sépulcre qui les renferu» , et jusqu'ici
agciine parcelle n'en a été dél^ichée. Ce tombeau est
un lieu de pèlerinage fréquenté iiidislinctenieni par
mus les chréiiens, soil sectaires, Spii catholiques.
La ville d'Engurije devriiii être liche ,et elle l'a
éié en effet jusqu'à ces derniers leinps : la fabrique
de ses châles en poil de chèvre nff<aiià tous une
occupation lucrative; les femmes filaient, les boinmes
travaillaient à la confection des tissus, el les négi-
ciants exportaieui annuellenient de vingi-cinq à
trente mille pièces de ces étnlfes. Il y avait proldbi-
lion de Iransporler le poil de chèvre anireinenl qu'en
fil, et par ce moyen les pauvres gens ne inanquaient
jamais d'ouvrage. Depuis , celte prohibition a été
levée; des S|iéculaieurs d'Europe font acheter les
laini'set poils de chèvre à Icuréiat brut, pour êtie
travaillée dans les filatures étrangères , ei ils fabri-
(pient ainsi des cliàles d'une qualité supérieure à ceux
d bi.gurije. La dcplaçaiil spn indusuie, on a enlevé
â un seul coup à tout ce peuple êou unique ressource;
dès lors il est tombé dans une misère qui va tou-
jours croissant; les catholiques en souffrent plus que
personne. D'un autre côié, les Turcs se maintien-
nent en possession du privilège , refusé aux cliré-
liens, de nourrir des troupeaux, d'êire propriétaires
ou cultivateurs; les impôts du gouvemenieni accrois-
sent avec la détresse des contribuables; ils sont
triples de ce qu'ils éiaienl à l'époque la plus floris-
sante (lu Cdinnierce.
Les Arabes prirent Engurije sous l'eniperenr !lé-
raclius. L'' klialilè Haïun-Al-Raz-Kliid se glorifia
lieauciiup de sa conquêle, parce qu'elle élaii le poinl
de jonction de toutes les roulfS qui mènent de Syrie
el d'Arménie à la C()te de Thrace et de Cilicie. En
1422, Timur-Klinn s'en empara, après avoir vaincu
et pris le sultan Bijezid IL
Eni;urije a une population de 28,000 liabiianls. On
y voit beaucoup de bains, de tombeaux et de mos-
quées; on v distingue surtout celles d'Hadschi-Bei-
ram et d'Ahmel-Pacha. Celle ville est à 360 kil. de
Coustanlinople, à l'estsud-est, et à 240 ouest d'A-
Miasie. Lai. nord 40° '2'. Long, est 50° 45'.
Les énormes queues des nioutnns, les longues
soies des chèvres d'Engiirije étaient fameuses dans
les temps les plus anciens, comme aujourd'hui sont
renommés ses couvertures, ses camelots, ses poires
savoureuses, ses pommes el ses raisins secs. Les
jardins de Kdjisch si bien arrosés, si riches de vé-
géialiod, sont comptés parmi les plus fertiles des
plus beaux cantons de l'Asie Mineure, et les sour-
ces d'Ajasch signalées parmi les plus salutaires pour
bain et pour boisson.
Vrbs Cairodimensis, vel Crncovia, Cracovie. — L'é'
vêché de celle ville date de l'année 'J()5; il fut pres-
qii'aussitôi érigé en archevéché,avecle titre de métro-
pi;le. .Mais la Iraditionlégendique rapporte qu'eu lOSO
le liiulaii e, nommé Lambert, ayant négligé d'envoyer
à Rome pour le fatitum, perdit ses droits. Queli|ue
temps après, Cracovie fut dévastée el ruinée par les
Slaves de I.; Boliême. Pendant la vacunce du siège,
l'archevèiiue de Gnesne, qui eut l'adminisiralion du
diocèse réclama pour son église le litre de métro-
pole, el pour lui celui de primat de Pologne, qu'il a
luujouis porté depuis; de sorte que Cracovie rede-
vint un simple évèclié. Saint Stanislas en a été évê-
que, et il y a une église sous sm invocation.
Fondée par C|aeus à la fin du viF siècle, Cr.ico-
viefiil la résidence des rois jusqu'au coinmencemenl
du xvti« siècle, époque à laquelle Sigismond III
alla ^'élabli^ àYaisovie,ei jusqu'en 17G4 elle a con-
servé le privilège de couronner les souverains de
Pologne. Ses évêques prétendeni à la dignité de pro-
loiiônes (expression en usage dans l'Eglise grecque).
— Tout dans celte ville porte un caractère impo-
s:inl d'ancicnnelé; tout rappelle un nom, une date,
un fait mémorable. Un rempart entoure encore celle
cité des princes, comme au temps où elle élait le
bouclier de la Pologne. Les rues sont pour la plu-
part loriuçuses el sonibres, comme celles des villes
861-
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
du moyeu âge ; les maisons portent des pignons fes-
tonnés, comme celles d'Augsbourg ou de Nuremberg.
Ici on aperçoii des portes ornées de colonneiies et
couronnées d'un cep de vigne, comme dans les
joyeuses bourgades des bords du Rliin; là îles sta-
tues de saints, les mains jointes sons leur dais ciselé,
conmie celles qui décorent le poriail de nos vieilles
catiiédrales; plus loin, voilà le palais de l'évèelié
dont les rois briguaient jadis la faveur, et la maison
toire de cinq siècles , souvent funeste et souvent
sublime. F^à siml les monuments de Boleslas, de Ca-
simir le Grand , d'Elienne Batori , du valeureux
Jean III, et la cli.ipelle des Sigismond, revêtue en-
core d'un dernier éclat par la piéié de leurs succes-
seurs et le ciseau d'un habile artiste. Dans les ca-
veaux sont les restes des béros auxiiuels la Pologne
a voué un éternel sentiment d'amour et de vénéra-
tion. Sous ces voàies souierrainrs, à la lueur d'une
de l'Université, la plus :iniienne université des cnn- lampe vacillante, on lit sur un sarcophage noir le
trées slaves après celle de Pragne. De tous côiés.
On voit aussi surgir des flèches aiguës, des croix
dorées. Il n'y a pas moins de irentebuit églises à
Cracovie , presque tontes remarquables , les unes
par leur architecture, d'antres parleurs pieuses
traditions. Celle de Notre-Dame dnte du commen-
cement du xiii« siècle ; elle renferme trente aniels
de marbre et une quantité de tombeaux histori-
ques ; celle de Saint-Pierre e( Saint-Paul a éié re-
construiie par Sigismond 111 sur le modèle de Saint-
Pierre de Piome; celle des Dominicains, fondée en
1200, possède une double rangée de stulles en chêne
sculptées avec un art admirable.
Les longues vicissitudes politiques qui ont désolé
et accablé le peuple de Cracovie n'ont pas en-
core éiemt en lui le sentiment leligienx Les di-
manches on voit les artisans de la ville, les pay-
sans de la campagne avec leurs larges redingo-
tes bleues ornées de boi dures roui^es, les fem-
mes avec des draps de toile blanche qu'clbs
ji-itent sur leurs épaules comme des écharpes ,
courir d'église en église , se prosterner dans le par-
vis et baiser le pavé de la nef. — Au centre de la
ville, sur un large roc qui domine au loin la plaine,
s'élève l'ancien château des Rois, rebâti par Casimir
le Grand, enrichi par ses successeurs, dévasté p:ir
les Autrichiens. En gravissant les escaliers, en par-
courant bs galeries de ce châieau, (in n'y reiiouve
plus aucun des ornements décrits jadi-; avec tant
d'admiration parles voyageurs du xvu' sièele; mais
ses inurailles épaisses, ses vieilles tours lui donnent
encore un aspect iraiiosant, et les héroïques souve-
nirs ijui peuplent son enceinte lui inijirimenl un carac-
tère auguste. Ce château a vu passer sous ses voiites
six dynasties puissantes. Il a vu un prince français
s'a.seoir sur le trône des Jagcllons, et deux fem-
mes de France, Marie de Gonzague et Marie d'Ar-
quien, porter le sceptre et la couronne de Pologne.
Les descendants de Gustave Wasa y ont reçu le in-
signes de la roy:iulé, puis les descend nts des élei -
leurs de Saxe, et le noble Stanisl is Lesczyuski, dnnt
la Lonaine bénit encore la mémoire. A présent, c'en
est fait de ces jours de splendeur, de ces fêtes na-
tionales qui attiraient les regards de l'Europe etitié-
re. Le château a été dépouillé de ses richesses, l'é-
glise des couronnes des rois, elle n'a gardé que
leurs cercueils. Là reposent tous ces cœurs agités
dont le trône excitait les battements impétueux ; là
te déroule sur la pierre «épulcrale toute une hi«-
nom de Sobieski ; sur un autre celui de Kosciusko ;
sur un iniisièine celui de Poniaiowski, glorieux as-
semblage de trois noms impérissables, derniers tré-
sors d'un peuple auquel on a tout enlevé. — Le royal
châle;iu des Piasis et des Jagellons n'est |ilus à pré-
sent qu'une caserne airricliienne. L'Université, l'une
des plus anciennes et n:iguére eneure l'une des plus
riches universités de l'Europe , compte à peina
soixante-dix étudiants. La ville de Cracovie , dont
la population s'élevait autrefois à 100,000 âmes,
n'en renferme pas maintenant plus de 30,000. — Du
haut de la terr^isse de Wawd on aperçoit encore,
sur (rois points difierents de l'horizon, trois tumu-
lus gigantesques, trois tertres funèbres, pareils à
ceux qui, | rès ii'Ups:il, portent le nom des trois
dieux Scandinaves, Le premier de ces tertres ren-
ferme, dit-on, sous ses couches de sable et son
mante.iu de verdjre les restes de Cracus, le fonda-
teur de Cracovie ; le sec<md, ceux de Wanda, l'hé-
roïque reine ; le troisième, élevé pieusement par les
mains de tout un peuple, e^i consacré à la mémoire
de Kosciusko. Entre ces sépulcres du législateur, de
la jeune femme et du guerrier, séparés l'nn de l'au-
tre par un espace de onze siècles, s élève la ville de
Cracovie, qui est aujourd'hui le plustiiste monument,
le cercueil des rois, le tombeau de la Pologne. Elle est
située sur la rive gauche de la Visiule, au confluent
de 11 Kudawa , dans ee fleuve qu'on passe sur un
pont volant. Les principaux articles de son com-
merce consistent eu buis, poissons, vins de Hongrie,
cire , miel , toiles de lin. Cracovie se rendit aux
Suédois en 1702 ; il s'y établit une confédération en
176'J; niais les confédérés y furent assiégés par les
Uussis, (iui prirent la ville d'assaut et les firent tons
prisonniers. Les Pidnnais la reprirent en 1809. Ce
fui à ('racovie que Kosciusko, la nuit du 24 mars
1794, se déclara général de toutes les forces po-
lonaises.
Celte ville est éloignée de 220 kil. sud-ouest de
Varsovie, de 500 nord-est de Vienne , de 320 ouest-
nord de Leniberg, de 600 sud-est de Berlin, et de
1200 est de P.nis. Lat. nord .50° 3' 38" ; long, est
17° ,36' r'Â". Kn 1815. le congrès de Vienne déclara
t'racftvie ville libre et chel-lieu d'une peiite répu-
blique, démembrée de la Pologne, sous la pinlection
de la Russie, de la Prusse et de l'Autriche. En 1846,
une insurrection ayant éclaté d^ms cette ville, les trois
puissances protectrices supprimèrent la république ,
et, malgré les stipulaiioos coiitiaires du traité de
8C5
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
864
Vienne, réunirent Cracovie aux Eiais autrichiens.
llrbs Meldoriim, Meaux, évêclié dès l'an 280 de la
quairiénie province Lyonnaise et do l'exareliai des
Gaules, sons la métropole di; Sens, acluellemenl de
celle de Paris. Le diocèse était assez circonsrrit en
1789; mais par le concordai de 1801, il comprenait
les dépaitemenis de Seine-et-Marne et de la Marne,
l'arclievêclié de Reims et Tévêché de Chàlons-sur-
Marne, Ions deux siippiiinés. Par le concordat de
1817 et par les convenlions particullèri'S de 182-2,
passées enire la Resiiuiraiion et le pape Pie Vil, le
diocèse eut le département de Seine-et-Marne pour
circonscripiion.
fln du xi« siècle. Elle lut un siège épiscopal dès les
premiers temps que la foi pénétra dans les Gaules.
C'est ce qui prouve l'importance qu'elle avait alors,
puisque l'on sait que les premiers pasteurs s'éiabli-
rent dans les lieux les plus considérables afin que le
concours des peuples contribuât à la propagation du
christianisme.
Le premier nom sous lequel est désignée la ville
de Meaux est Jfl(i/iHm ou Galmum. Elle est apiieléa
dans la table théodosienne Fixtuiniim, puis Metdi,
Metdœ, Meldorum urbs, Meledh, Meldis d'où l'on a
fait Meaux. — Celle ville avait été bàiie dans le lieu
qu'oi cu|ieni aujourd'hui les faubourgs de Chage ei de
Rien n'est mieux constaté qiio l'aniique origine de Saini-Faron. Détruite dans le vur siècle par les
la ville de Meaux. A l'époiiue des Romains elle était
déjà la capitale d'un peuple que réj^issaient des lois
particulières et qui avait son gouvernement propre.
Sous les empereurs, Meaux devint ic chef-lieu
d'une cité; il était alors administré comme les au-
tres cités par un comte dépendant d'un président
{prœses) qui résidait à Sens, métropole de la pro-
vince.
Lorsque les anciennes provinces eurent remplacé
les provinces Gauloises, Meaux fut la capitale de la
Brie; et c'est à tort que certains gé'igraphes et cer-
tains historii'us ont accordé cet honneur aux villes
de Pi ovins et de Brie-Coinie-Roberi. Ce qui a pu
donner lieu à l'erreur, c'est que les comtes de Brie
et de Champagne faisaient leur résidence ordinaire
à Provins, et qu'ils tenaient leur cour dans celte
ville, préférence que lui avaient méritée sa situation
peuples du Nord qui, après avoir traversé l'Océan
sur leurs frêles embarcations, remonièrent encore la
Seine et la .Marne jusqu'au delà de Meaux, elle fm
reconstruite dans les lieux où elle est assise mainte-
nant. La Marne la divise en deux parties inégales :
celle du nord , la plus considérable, s'appelle la
Ville; l'antre, qui était jadis un grand champ de
loire, bâtie dans une anse que forme la rivière, se
nomme le .Mirclié. Ces deux quartiers communi-
quent ensemble par un pont de pierres. Au sud du
Marché on a creusé le canal dit de ('-■irnillon qui réu-
nit l'anse de la .Marne; c'est par le canal que s'opère
toute 1.1 navigation d'une rivière dont le courant ra-
pide présenterait trop de dangers. L'enceinte totale
de la ville lut primiliveuient très-resseriée, et, cha-
que jour encore, l'on découvre, en cnn-truisani, les
restes de ses anciennes foriiricaiinns. Elle fut brûlée
au cenire des étais de ces seigneurs, ei son égal en 1558 et rebàiie sur un plus vaste plan,
éloigneiiieiil des villes de Meaux et de Troyes. Les évèques, d'abord sin. pies parliculiers, acqiii-
Quanl à Brie-Cointe-Kobcri, ce ne peut être que rem bientôt une grande prépondérance sur le reste
l'elTet d'une méprise établie sur la similitnde des du peujile. Ils eurent tous les avantages féodaux et
noms; il y avait longtemps que la province de Prie en proliièrenl pour embellir la ville et la doter d'un
exisiail, qu'elle avait ses comtes souverains, loisque grand nombre d'édilices religieux. On ne compte pas
la ville de Brie fut fondée ; et, bien que cette der-
nière eût ses comtes on plutôt ses seigneurs particu-
liers, ceux-ci, quoii|ue de sang royal, ne jouirent ja-
mais iraiicun droit de suzeraineté sur le r. ste de la
conirée. — La ville de Meaux lit panie du io\aume
d'Austrasie jusqu'au conimencenieni du vif siècle
que Cloiaire II réunit sous sa puissance la monar-
chie tout entière. Elle eut, sous la suzera netè des
comles de Brie et de Champagne, ses vicomtes par-
ticuliers héiédit;iiies dont l'existence remonte à la
(1) Dans le milieu du iii^ siècle, sous l'empire de
Dèce , saint Denis vlni annoncer la foi dans les
Gaules; il (ut le premier évêqiie 'le Pans, et l'on
suppose qu'il lut aussi le premier évrnne de Meaux
ni. ..I...AI ....M ., .. . :. !.. 1 j:' ■ ■'
moins de cent quinze ou cent seize de ces prélats
depuis rétablissement du catholicisme.
1. Saint Denis (1). — 2. Saint Saintiii ou Sanlin (2).
— ~i. Saint Anlonin (5). — 4. M iiisuet (i). —
o. Modeste. — 6. Aciier. — 7. Rieul. — 8. Proraer.
— !). Piimit. — U:. Principe (a). — 11. Saint-Bi-
gomer ((i). — 12. Crescent. — 13. Anius. — 11. Pra;-
sidius. — 1-') Proinissus. — 10. Mèdouée en bi'K
— 17. Eden. — 18. Boudouald. — ly. Gondoald eu
OU. —20. Saint Faron (7). — 21. Saint Hilde-
( 1) Il vivait .sous le règne de Clovis.
( ) On ignore repo(|ue précise de l'inironisaiion et
de la durée de l'épiscopai de ces dix premiers évèque*.
(0) Né à Meaux , il vi»ait vers la lin du v» siècle;
plniôt qu'il gumeniait les deux dincèses, ce que on louait sort. mi l'ardeur de son zèle contre les en
rien ne constate.
• (2) Disiiple de saint Denis, fut institué évèqiie de
Meaiiv parce pontife; il y souffrit le martyre sons
Dincléiien : une ahliaye a éié édilié.' sur son tombeau;
nous n'avons d'ailleurs que des renseignemenis
vagues sur plusieurs des premiers prélats de celte
église.
(3) Prêtre que saint Denis avait donné à saint
Saïuiin pour l'aider dans les lonciions du ministère
el qui lui succéda. (Gallia CliiUiiaiia.)
neiiiis de la lui. (Galiia Clirisiiana.)
(7) Fils d'un de- seigneurs de la cour de Tliéode-
berl, loi d'Austrasie, comte de .\ie.iux , il était pos-
ses>eur de biens immenses doni il lu trois paits :
l'une qu'il donna an clergé de sa c&lliédrale, l'autre
à l'abliaye que sa sœur Fare avait fondée à Eboriacum
qui depuis porta par recomiaissance le nom de sa
fondainee (Faremouiier), ei de la troisième il érigea
un monastère sous le nom ne Sajnte-Croix en 042 ou
liou, 0" donn.» depuis ii celte abbaye le nom du fou-
^
865
veil (1). —22. Herlin
lus (2). — a. Saint Ebrigisile (5). — 25. Edold.
— 26. Adulfe. — 27. Rag.iminat. — 28. Sigeiiolri.
— 2'.). Erlaureus. — 30. Âidener. — 5). Komain,
en 744(4). — 32. Viilfran, en 763(5). —33. Bru-
iner. — 3i. Hilderic. — 35. Hubert I", en 8i3 (6).
36. Hildegert, en 853(7). — 57. Rainfroi , en 876.
— 58. Segeniond, en 887. — 39. Engiierrand, en
900. — 4(». Hnherl 11', 909. — 41. Rholaid , 936.
— 42. Gildric, 947. — 45. Agenc (8). — 44. Ar-
chanrad, en 9f'6 (9). — 45. Saint Gilliert , en
995 (10). — 46. Macaire, en 1015. —47, Berner, en
dalenr. Saint Faron, qui était évêqiie de Meaux en
627, assista an secund concile de Sens en 657 et
itionri.t le 28 octobre 672 , âgé de près de quatre-
viuiils ans.
(1) Né à Meaux ; s^s grandes vertus le firent choi-
sir eu 680 pour sucré'Ier h saini Faron dont il était
l'élève. Il l'ut enterré à Vignely, canton île Clayp,
dans l'é.^ilise de ce lieu qu'il avait (ondée. (Galiia
Clirisliana.)
(2) Né à Meaux, fut choisi par les clercs et par le
peuple pi>ur remplacer Her ing qui venat de mou-
rir. On dit que, se lT' yant indigne d'un ti'l liouuenr,
il désira mourir le jour même de son èlect on et (|ue
le ciel exauçi ses voeux. {Gatlio Chrisiiuna.)
(5) Né à Meaux, l'ière de sainte Agilberie, ab-
besse de Jouarre, lut lui-même moine dans le mo-
nas'ère d'i.omiiies éiabli dans ce lieu par Odon.
Elevé à l'épiscopai en 660, il choisit puui le lieu de
sa sépulture le c metiére qui enviioiinail l'cglise
Saini-Paul de Joiian e.
(4) .Moine de l'abbaye de Saint-Faron.
(5) Moine de la même aiilmye.
(6) Cl' lut sous Sun poutilicat qu'en 845, se célé-
bra le \^' concile de .Me:iux, principalement dirigé
contre ceux qui détenaient 1 s b eus d>^ l'Eglise. .\
ceconiiie :<ssislèreiii les uiénopolitains de tjens, de
Reims et de Bourges, et leurs suilragants les évêipies
de Meaux, Paiis, (Chartres, Orléans, Troyes, Auxerre
Nevers, Soissons, Cliàloiis-sur-.Marne, Lao», Senlis,
Beauvais , Amiens, l\'o;)on, Boulogne, Cambrai,
T<iuriiai, Arras, Clermont, Limoges, le Puy, Tulle,
Saiiii-Floiir, Alliy, Rodez, Castres, Cahors, Vabres,
et Mende. Ou y recueillit plusieurs canons des
conciles précédents et l'on en lit pi i-ieurs nouveaux.
Les pères du concile se plaignirent de certains abus
auxquels ils pri lient le roi de reiiédier. De ce nom-
bre était l'habitude qu'avaient les souver.nns de loger
dans les maisons épiscopales et d'y laire loger avec
eux les seigneurs de leur suite, avec leurs lemmes ;
de laisser impunément piller les villes par leurs
courtisans , laquais dorés , espèces de vampires
avides du sang des peuples, et dont la race est la
iiième snus tous les cliiuals et à touie.> les époques.
Enfin, l'on piiait le roi de ne plus détourner les pas-
leurs de leurs lonct ons irincipalenieut pendant l'a-
veni ou le caième. On demanda encore de permettre
deux fuis par an l.i célébration de conciles provin-
ciaux.
(7) Moine de Saint-Denis en 853.
(8| En li62, sons le poutilicat de Gildric ou sous
celui d'Agerac, les évèques de-> provinces de Reims
et de Sens tinrent un concile dan.-, un lieu du dincè e
de Meaux que Ton ne saurait désigner d'une manière
positive , mais ^m était situé sur la Marne, il lut
i|ues ion dans cette assemblée d'éialilir sur le ^.ége
pnniilical de Reiuis Hugues de Vermandnis, lils de
Hubert I", coui e de Cliainpague et de Brie; niais on
pensa, sur la repré>eiitalion de deux des évèques pré-
sents, que ce prclat qui n'avait été i|u'un iH<i«s imposé
par la loictf à l'église de Reims et qui avait cic cx-
GEOGRAPHIE DF>S LEGENDES AU MOYEN AGE.
en 684. — S5. Saint Pa- 1028. — 4S. Dagobert, en..
866
49. Gauthier 1^1-,
en 10i5(;i). — 5). Robert I''',en 1082. — 51. Gau-
thier II» de Chambly, en 1105. — 52. Manassès I*'',
en 112 J. — 53. Bnrckard.eu 1154. — 54. Minasses Il«,
en 1137. — 55. Renaud, en 1161. — 56. Hugues, en
1171. — 57. Etienne de la Chapelle, en.... —
— 58. Pierre I", en 1172 (12). .59. i'ierre II, ei
— 6 ). Simon hf, en 1 176 (13). — 61. Anseau , en
12)7. — (iî. Geolîroi de Tre^sy , en 1208. —
65. Guillaume !'"', fils de Philippe de Nemours, en
1214. — 64. Amaury, en 1221. — 65. Pierre III de
Cuisy, en 1223 (14). — 66. Aleaume. en 1267. —
communié par un grand nombre d'évéques ne pouvait
ê:re reconnu. Leur seniiment fut partagé par tous les
pèies du coni iie. Hugues, étant dépnssédé, fut rem-
]ilacé par Oldoilc.
(9) Ce fut le premier évêqiie de Meaux qui ras-
sembla dans sou église cathédrale un synode, nom
qu'on donne à des assemblées dVcclésiastniues con-
voqués par révéqiie pour s'occuper dtS affaires du
diocèse.
(10) Né à Meaux ou à Sainl-Qnentin, saint Gilbert
fut choisi d'un commun accnnl, à la mort d'Archau-
ràd pour ri'inplaier ce iirélai dnni il était un des
.tri hidnicres. {Cailla Clirisliana.) Il est le dernier
évè(|ue de Meaux qui aii élé canonisé.
(11) Son- son poutilicat, Hngnes, évèque de Die,
légat du Saint-Siège, iiiit un concile à Meaux dans
lequel Ursioii, ayant été chassé du siège de Snssons,
on lui sub^tiitia Arniiiit, moine de Saint Médard ,
hninme d'une éuiinente piéié. Apés la ninrt de Gau-
thier l<^' , Hugues de Die assembla un antre cniicile
à. Meaux dans lequel il sacra Roberi, abbé de l\esbais,
évèque de .Meaux ; mais Rich.ird , archevêque de
Sens, considéraui cette entreprise comme une usur-
paiion sur ses drdts de inélropolituin , ordonna
Gauthier ou GauMiier de Chambly. Il fut encnre ré-
glé d^<us cecoiicile que tout monastère qui ne pnur-
rait entreienir que dix moines passerait snus la juri-
diction de l'abbaye de Cluny on de .Mannoutier. Il y
en aiait (|uatre dans le diocèse : ceux de la Celle, de
Courtevroull, de iNaiiteuil-le-Hauduuin et de Gr.<nd-
Champ.
(12) Il fut élu cardinal par le pape Adrien IV.
(13) En 12. 4, Jean, abbé deCaseniare, légat du
pape Céle-tin 111, ouvrit un concile à Aleaux ; il s'a-
gi-sait de rétablir la concorde > nire le roi de France,
Pliilipiie-Auguste, et Jean, roi d'Angleterre. Le mo-
iiarq le Irançais avait cédé, à litie de lief, la province
de Poitou au roi Jean, et s'était remis eu possession
de celle province. Anseau , évèque de Me:iux, et les
autres prélats français qui assistaient à cette assem-
blée, voyant que le légat cberchait à lavfuiser le roi
d'Angleterre, en appelèrent au pape et se rendirent
à Kuiiie munis de plusieurs lettres de recommanda-
tion auprès d'Innocent III qui avait succédé à Cé-
lestin.
(14) En 122;), une assemblée ecclésiastique ou un
concile lut réuni ù Meaux, dans leijuel Raymuiid VII,
dit le Jeune, comte de Toulouse, fut réconc.lié avec
l'Eglise. On sait que Rayinoml VI , père de celui-ci,
dont la conduite politiqne lut très équivoque, soiiiinl
l'hérésie des Albigeois, liuten protestant de la sin-
cérité de sa foi et de son attachement au saint-siège;
qu'eu lii.'), il fut prive de Sun comté de Tnulou^e
par les conciles de Montpellier et de Latvan qui en
donnèrent l'investiture à Simnn de Montfoii ennemi
du coml de Toul'iuse; celui-ci s'était déjà par la
force des armes emparé d'une pariie des Etats de
Raymond. Itaymond VII, dunt tous les ellorts lurent
vains pour obtenir la permissinn de faire ensevelir
siiii père parce qu'il était mort dans son hérésie suc-
867 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE
67. Jean l" de Poincy, en 4208. — 68. Je.m II de
Garlaniie, en 1272 (1). — (>9. Jean III de Mon-
troles, en 1233. — 70. Adam de Vaudoy, en 1398.
— 71. Jean IV de la Grange, en lôlH. — 72. Nico-
las Volé, 1505. — 73. Simon II Festu , 1309. --
74. Giiillanme II de Brosse, 1518. — 73. l'ierre IV,
1321. — 70. Durand de Sainl-Pourçain , 1520. —
77. Jean V de Meulan , 155;)(2). — 78. Philippe de
Vitry, 1351. — 79. Jean VI Royer, 1304. — 80. Guil-
laume m de Dormans , en 1378. — 81. Pierre V,
Fresnel, 1390. — 82. Jean VII de Saints , li09. —
83. Robert H de Girème , 141.S. — 84. Jean VIII de
Brian, 1426. — 8o. Pasqiiier de Veatu , 145.N. —
86. Pierre VI de Versailles, 1439. — 87. Jean 1.^
Meunier. — 88. Jean X du Broc, 1458. — 89. Tris-
tan de Sala2ar, 1474.-90. Louis I»--, 1473 (3).
céda à ses querelles. Il conibâtiit le (ils de l'nsnrpa-
leur et fut excommunié eu 1228. Eillin , après avoir
soutenu une !oni;(ie ^ucire, il (il la paix avrc les
papes et avec son souverain. Le tiaité fut conclu à
Meaux qui appaiieuriil ah rs au ciimle de Chauipa-
gne, mais à des cnndit ons dures. L:) signature du
liaiié eut Heu le jeudi Saint, et Raymoiul, en habit
de pémtenl, eu diemise, en haui-de-cliausses et nu-
pieds, fut introduit dans Nnlre-D.ime de Paris, où la
récoiiciliatiiMi s'opécu. (Velly, Hisl. de France.) —
En 12 kl, il y eût à .Meaîix une nouvelle réunion d'é-
vèi|ues dans laiiuellc Jacipies de Palesliiie, légat
du saint-siége , rulinuia la ?pnipnce d'excoininiinica-
tion ci'Titie l'empereur Frédéric II , et indupia un
concile géuéralqui devait s'ouviir à Rome le jonrd.i
Pâipies lie l'année >uiv:uiie. Ce concile n'eut point
lieu, 61 Icsévôiines fiançais, qui s'éiaie.it mis ou roule
()our s'y rendre, furcni pris par un bàiird de l'empereur
qui leur (il souffrir les plus mauvais Iraitcnients.
(1) Frère il'Ansoa'i de Garlaiide, seigneur de
Torneu (Tournan).
(2- De la famille de l'Hospilal.
(3) De la ma siui de .Melun. Il mourut de la pesie
à Germigny l'f'jvè jU •, sa inuison de campagne.
(4) Parut d'abord au barreau de Paris, tut fait
ensuite lieulonautgéiièial an bailllat;e de .Montferraiii,
puis avt>cat-géi:érol .ui p.irleuionldH Touli.use. Klevé
décharge eu charge, il devint pi i mior président du
parlement de Paris en I.jOS, et chancelier de France
en 1013. La comtesse d'Angouléme, n eu: de Fran-
çois ]<"■, lui louiia l'édui aiion de son lils donl il
gagna la coidiance. Ay.ml embrassé l'étal ecclésias-
tique, il fut nommé, en l.)55, évéque de Meaux, puis
évéque d'Alby, de Valence, de dp, enUu archevêque
de Sens; cardinal en lS-7, puis légat « laUre, il cou-
ronna en France la reine EléoiKue d'Autriche. Il
mourut eu 153.b, à l'âge de soixante-douze ans.
(5) Né et enterré a Villeinarenil.
(6) Né à Dijon le 27 septembre 1627, il vint .i
Paris etl 1042, reçut le bonnet de docteul' eu 1652,
remplit avec éclat les principales chaires de Paris,
et prêcha plusieurs foisdevanile roi de lO'Jl à I(Î6'!.
Nommé à l'évêché de ("ondom, le 13 ■•eptemhre lOiiO,
il fui lait prëocpieur du dauphin eu 1070; premier
auuionier de la dauphine feu 10!! j; évéque de Meaux
en 1081; conseiller d'Etaten 1697; premier aumônici-
de la duchesse de Bourgogne eu 10 -S; il mourut en
i704 et fut enterré d:ins la calhédrale de Meaux.
Sa vie entière a éié une suite de travaux et une
carrière de gloire. La Bruyère a dit de lui : « Parlons
d'avance le tangage de la postérité, vn Père de CE-
nlise. > La postérité a confirmé ce mot. Voltaire , si
bon juge en cette Tuatière, l'appelle le seul Français
éloquent parmi tant d'écrivains élégants, il csi avec
868
— 91. Jean XI l'Huillier, en 1483. -^ 92. .Jean XII
de Pierrepont, 1501. — 93. Louis II Pinelle , 1 10.
— 94. (Juillaume IV, Briçonnet, 1516. — 9'». An-
toine du Prai, en 1535 (4). 96. Jean de Bus XIII,
en 1352 (5). — 97. Jean XIV de Levis, de Cliarlus,
en 1553. — 98. Louis 111 de Brezé , en 1554. —
m. Jean XV du Tillet, en 1570. — 100. Alexandre
de la Marche. — 101. Jean XYl Touchard. —
102. Louis VI de l'Hôpital. — 103. Jean XVII da
Vieupont, en 1003. — 104. Jean XVIll de Balleau,
en 11)20. — 105. Dominique I^"' Séguier, en 1057.
— 100. Dominique 11 de Ligny, en 1059. — 107. Jac-
ques-Bénigne Bossuet, en 1681 (6). — 108. Henry
de Thyard de Bissy, en 1705. — 109. Laroche de
Fontenille. — HO. La Marthonie de Caussade , en
1759. — 111. Camille Apollinaire de Polignac, en
Pascal le seul auteur dont on lise encore les écrits
polémiques. Ou rapporte qu'annoncé comme nn pro-
dige aux beaux esprits de l'hôlel île Rambouillet , il
fil devant une asscuibiée nombreuse et choisie un
sermon sur un sujitipi'on lui donna. Il parla comme
s'il se lili prépaie. Le prédicateur n'avait que seize
ans et il élait onze heures du soir. Ce qui lit dire à
Voilure, si fécond en jeux de mois, qu'il n'avait
jamais cnremln prêcher ni si tôt ni si ta.d. Il s'.ip-
pliqua surtout à l'insiruction dfs proi.'Slauts et en
ramena plusieuis à la foi c;aholique. Ses succès eu-
rent de l'éclai et commeiicèreut sa renouiméi:. P.irnii
ses oiivrag s, tous remarquables, tons dignesd'iin di'S
plus beaux, d'un des plus profonds génies, On cite
suriout SOU Histoire des Variations, sou Discours tur
CHistoire universelle, ses Oraisons funèbres, sa Dé-
fense de tu déclaration du clergé de France sur la
puissance erclésiistirine, etc.
Son style , sans être châtié et poli, est plein de
force et d'énergie; il ne marche point sur des fleurs,
mais il va rapidement au sublime dans les sujets qui
l'exigent. Ses écrits français ne le cèlent eu rien à
ceux de nos ^neillcur•^ écrivains. Il osa dire à l'or -
guciileux Lnuis XlV, qui voulait mander à la cour
les évéques de P.imiers et d'Aleih alin de les accabler
du poids de sa colère parce qu'ils avaient riSi-lé .à
sa volonté dans la grande alfaire de la Régale : « lié!
ne craignez-vous pas. Sire, que toute la route des
deux évêpit's, du fond du Languedoc jusqu'à Ver-
sailles, ne soit linrdce d'un peuple immense qui d'>
niandeia leur béuéilKtion àgennu'v?. . i llcnndanuia
les (Il agoiiiiades ei disait : i (vs baïonnettes ne sont
pas des insiriimenis de conversion... » Ce lut encore
lui ijui écrivit celle rétlexion aussi profonde quo phi-
losophique : I On parle toujours îles llaltetirs des
princes, et l'on ne dit rien des tiaileurs d.s peuples.
Tout llalleur, quel qu'il suit, est toujours un' animal
traiire et odieu\; mais s'il fallait comparer les llai-
teurs des rois avec ceux qui vont Haiiir, datis le
cœur (les peuples, ces iTiiicipes d'indocilité • t c*lte
liberté farouche, qui est la cause des révoltes, ;,e ne
sais lequel serait le plus hunietix! i
Ses mœurs éinieni aussi sévères que sa inora! •.
Tout siui temps était absorbé par l'élude ou par les
travaux de son miiislére. Il se liv ail .sa s réserve
aux soins et à ruisiriicti >n de son diocèse, t;é^ulu de
finir ses jours dans smi sein, d ijoùlé du mnnde et de
la gloire, il n'a pir il plus, disail-il, qu'à être en-
terré aux pieds de ses prédéce-seiiis. Après avoir,
dans sa jeunesse, effrayé par sa i;>orale éloi|uenie les
souverains et IC' grands de la terre , il consola par
cette même éloquence les faib'cs et les indigenis
conliés à sou zèle. Il descendait même jusqu'à Paire
le catéchisme aux enfants et burioui aux pauvres, et
ne se croyait ] as dégradé par celle fonction si digne
GEOGRAPHIE DES LÉGENDES AU MOYEN AGE.
m
1779. — H2. Tliuin , éri i790 (1). — 113. Louis
Jlatliias (leBiinal, eh l803 (2). — lli. Pierre-
Paul de Faudoas, en 1805. — 113. Jean-Jacqnes-
Marie-Virioirc deCosnac, en ISl9(3). — UO. Ro-
main-EréJéric Gallard, eu 183!.
Les coniles de Biie et de Champagne prenaient
aussi le lilie de comtes de Meaux , capitale de la
première de ces deux provinces ; mais celle ville eut
d'abord, sous la suzeraiiieié de ces seigneurs et après
la réunion de la (îrie et de la Champagne à la cou-
rHhtfê, fous la suzeraineté du monarque, ses vicomtes
partîcûlieYs.
On prétend que la ville de Meaux, bien que placée
ufi peu ptUs au nord qu'elle ne se trouve maintenant,
éiait néanmoins située sur la rive gauche de la
Marné qui environnait toute sï partie septentrionale,
de façon que, celle rivière établissani les limites en-
tré la Gaule celtique et la Gaulli belge, Meaux faisait
partie de la première de ces deux provinces. Par
rertrs accroisseifients successifs, la ville et le marclié
éllaîent devenus conligus, lorsqu'au cnnimencemeni
dû xHi«' siècle, Thibault IV, comte de 15rie et de
Champagne, qui avait déjà, pour la facilité de la na-
vigation, fait creuser à lextrémité méridionale du
marché le canal de Cornitton, lit pratiquer un large
fossé ati pied de son cliàtran, entre la ville et le
marché, fossé qui devint le nouveau lit de la rivière;
car celle-ci avait jusque-là suiw son cours jusqu'au
pied de la roche de Crégy , dans la direction que dé-
crit ertcore aujourd'hui le Brasset que l'on regarde
Comme l'ancien lit de la .Marne (i). ^
Wènux, ville épiscopale, avait été dotée par ses
pasiëurg et par des personnes pieuses d'un grand
On érigea la nef cl les ba?-côtés pendant leJ xii" et
xiii" siècles ; on fit etisuile la tour, le porlail et les
chapelles ; mai^ le numuliièril n'a été terminé, dans
l'éial où nous le voyons à présent, que vers le milieu
du xvi« siècle ; et l'on peut facilement reconnaître
aux différents siyles d'archiiectiire les diverses
phases (le sa consiruclion. — L'cgli-e offre une lon-
gueur lie cinquaniedeux toises, depuis le grand por-
tail jusqu'à la chapelle delà Vierge-du-Chevet ; sa
larjieur, de la porte du nord jusqu'à celle du midi,
es( (le vingt loises ; sa hauteur, de seize t 'ises sous
clef, non compiis l'espace qui se trouve eriire la
voûie et le faîte du bâiîmeni qui est encore de neuf
loises. Des deux innrs qui devaient orner le bis de
ré:.;lise, une seule esi achevée : c'est celle Hu côté
septentrional ; elle a près de deux cenis pieds d'élé-
vaiion et se lermine par une plate-lurme environnée
d'une balustrade d'où l'on découvre par im lemps
favorable les bailleurs de Monlmarlré et dil mont
Valérien, quoique leiii' éloignemeht soit de plus de
dix lieues. Dans l'inlérieur, le sanctuaire est fertile
par six colonnes que leur délicatesse fait remarquer.
Le chœur, qui a vingt loises de longueur Sur dix de
largeur, est soutenu par quatorze piliers en faisceaii,
on cobinnes ron les ; dix-huit autres piliers du même
genre supporieni la nef. La dispo'^ition des cbapelles
est telle que du sancinaire on les découvre toiileS â
travers les arcades, et que réciproquement leurs
croisées éclairent le sanctuaire, mais de cette do'ice
lumière (|ui porte si h.ien Pâme au recueillement ei
à la prière. — La caibéiirale est sous l'invocation de
saint Etienne, premier martyr. Il existait dans cette
église certains usages fort extraordinaires, entre au-
tres celui de l'offrande des cierges le jour de la fêle
ilombre d'éditices religieux ; aussi, avant la révolu
lion , ne comptai(-on pas moins de se;-t paroisses \ du palro i, usage qui remonte jusqu'au xii' siècle et
outre la cnihédiale, de pluveurs chapelles, de trois j qui se pratiquait de cette manière. Pendant la célé-
abbayes, de six couvenis, dont tr>,is d"homme^ et'/ braii h de la messe solennelle du jour de saint
trois de femmes, de deux séminaires et deux hospi- f Ëiienne, « sont apposés près du grand autel trois
ces... — La cailiédrale est le principal monument, t grands cierges de chacun deux livres ou environ, à
non-seulement de la ville de Meaux, mais de tout le l- l'un desquels est un écn-son des armoiries de la ma-
déparlement. Situé sur une place vaste qiidiqu'irré- t jesié du roi, notre sire ; et aux deux autres il n'y a
gulière, ce chef d'oeuvre d'arcbilecture gothique do- '. pas d'écnsson. Alors de l'offertoire de ladite grand'-
mine tous les adres édifices de la ville. 11 fut coin- V' messe, le seigneur révérend évêque s'assied dans
mencé sous l'épiscopat de Gauthier I»"- , dit Saveyr 5 W"e chaise estant dans la closture et parquet dudit
ou le Sage, évèque de Meaii.x, en lOiS, et lorsque ce i giand autel, lien où ledit sieur évêque et ses préiié-
prélat mourut, le 20 octobre 1082, le chœur seul ve-|^ cesseurs évêques ont, de tout lemps et ancienneté,
nait d'être terminé ; il composait alors tout l'édifice. 6^ accoutumé lesdiis jours saint Etienne, dire l'Epislre
d'un évêque. « C'était, dit un écrivain, un spectacle | ' l'ornement de l'épiscopat, et dont le cierge de France
rare et lourhani. de voir le grand Bossuet transporté l se fera honneur dans tous les siècles ; un évêque au
de la cbap.dle de Versailles dans nue église de vil- î milieu de la corr ; l'homme de tous les talents et de
lage, apprenant aux paysans à supporter leur,s maux tontes les sciences; le docteur de tout, s les églises;
avec paiience, rasS'mblani avec tendresse leur jeune ; •' la terrfcuf de toutes les sectes; le pèr^ du xvii'^ siècle,
lamille autour de lui, aimant l'innocence des enfants, '" ! et à qui il n'a manqué que d'éire né dan;- lespreiiiiers
la simplicité de= pères , et trouvant , dans leur nai- ' temps pour avoir été la lumière des conciles , l'àiue
veté , dans leurs mouvements, dans leur aiïeeiion , * t des Pères assemblés , dicté des canons, et préside a
cette vérité précieuse qu'il avait vainenieni cherchée *. - Nicée et à Epbè e. » (Eloge de monseigneur le Dan-
a la ccur.i > p/„„). (pélix Pascal.)
Le déparlement de Seine-et-Marne a fait élever ;' (I) Evêque dit conslitutiomiel.
dans l'église qu'il illustra un monument à cet homme, 4 (2) Nommé archevêque de Tours.
suivant l'expression de Massillon, « d'un génie vaste ; (5) Nommé arcbevê pie de Sens,
et heureux , d'une candeur qui caractérise toujours J (4) Duplessis, Hhtûhe de l'égthe de M aux ; Mê-
les grandes àme:i et les esprits Ju premier ordie , 1' moires de !, enfant.
«71
DICTIONNAIRE DK GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
872
de ladite grand'messe audit grand autel en célébrant
icelle. Et alors le voyer, ou ai>par;ileur dndit sieur
révérend, appelle par trois lois à haute voix nôtre-
dit sire le roi ; et a|irès lesquelles proclamations se
présente le procureur de Sa Majesié et l'un de ses
avocats au bailliage el siège présidial diidii Me;iulx,
lequel prend le cierge où est ledit écusson, et, après
avoir baisé l'anneau que porte ledit sieur évêque à
la main droite, offte ledit cierge , et puis après, au
même instant , sont semblableuient appelés l'un
après l'autre, par ledit voyer, par trois fois, à liauie
voix, le vicomte duditMe;iulxet le vidauiede Trilbar-
douf près ledit Meaulx, les olliciers desquels prennent
semblablement chacun leur cierge ; et , après avoir
par eux baisé l'anneau dudit sieur évèqne , font
pareilles et semblables offertoires que dessus. »
i Si l'évéque de Meaux n'avait aucun litre d'honneur
temporel attaché à sa dignité épiscopale, il avait d'au-
tres prérogatives. Ainsi, en 12"28, Phdippe, conitu «le
Boulogne et de Dammariin, luiaccord.i le droit d'en-
trée avec sept personnes de sa suite dans le château de
celle dernière ville, lorsque, dans les rièi|uentes que-
relles qui survenaient entre le comte de t>li;impague et
lui, il craignait de ne pouvoir demeurer eu bùreié à
Meaux. Il avait, comme beaucoup d autres (irélais du
royaume, le droit de battre monnaie, droit que Phi-
lippe le liel supprima en 1308 dans tome l'éten-
due de ses Etats. (E labulario episcopi Metdeiisis.)
Au nord de la place se trouve le palais épisc^pal,
donl la structure, qui n'offre rien de bien remarquable
ni par son antiquité, ni par son élégance, ne remonte
pas plus haut (jue le milieu du xvii" siècle. Les jar-
dins ont été dessinés par Le Nôtre et augmentés par
la démolition de plusieurs maisons de chiinoines; on
a reculé leurs limites jusqu'aux anciennes lortilica-
lions. La terrasse, qui donne sur le boulevard, con-
duit au cabinet de Bossnet, que l'on a religieuse-
ment conservé ; lionaparte, premier consul, n'a pas
dédaigné, en 1800, de concourir à sa restauration.
— Aliénant à l'évèchè, et toujours dans le voisinage
do la cathédrale, est le bàiimentde la maîtrise des
enfants de chœur. Si l'on en croit la tradition du
pays, l'existence de cet édifice remonterait jusqu'au
règne de Dagob. rt, el l'on s'auloiise pour lui assi-
gner celle date des restes d'un escalier que l'on sup-
pose, d'après quelques formes, avoir été construit
vers le vi^ ou le vii" siècle ; cependant un examen
plus sévère fait reconnaître que les sculptures qui
couvrent les poteaux et différentes parties ne remon-
tent guère au delà du xv siècle. — Jadis vis-à-vis
du grand portail de l'église, ou voyait une fontaine
élevée en 1200 par Thibault III , comte de Brie et
de Champagne, qui mourut l'aniiée suivante. Ce petit
monument consistait eu une colonne qui supportait une
statue de la sainte Vierge tenant l'enfant Jésus dans
ses bras ; dans de petites niches placées au-dessous
on avait sculpté l'elligie des saints Eiienne, Nicolas,
Thibault, Chrisioplie et Rémi, considérés comme les pa-
trons de la ville. Celle fontainca été déiruiteonl'ilâ.
L'Hôtel Dieu est situé au couchant de la même
place; l'ensemble de ses bâtiments ne remplit qn'im^
parfaitement le but de se destin.ilion. — Il avait été
construit attenant à une des portes de la ville, ap-
pelée d'abord porte dorée et qui prit ensuite le nom
de Saint-Melar d'une église voisine qui était sous
l'invocation de ce sainl. Avant 1527, la porte et l'é-
glise avaient été rasées. — L'hôpital dut sa fonila-
tion à la munificence d'un grand nombre de sei-
gneurs du voisinage, parmi lesquels on cite particu-
lièrement Ade, vicomtesse de la Ferté-sous-Jouarre,
Barthélémy deMontyon, quelques comtes de Brie et
de Champagne, elc, Thibault 111 qui, en ratifiant,
en 1199, plusieurs donations de ses prédécesseurs,
en ajouta de nouvelles que leur singularité nous
engage à rapporter ici. Ainsi il donna entre autres
droits celui d'usage dans la forêt de Mani ; deux
muids de blé par an , un demi-setier de vin aux
quatre fêles annuelles et aux jours de l'Epiphanie,
du mardi -gras el de la Saint-.Martin ; pareille quan-
tité par jour, lorsqu'il séjournerait à Meaux , avec
six deniers et la moitié des meis qui resteraient sur
sa table ; enlin à l'Ascension et à la Pentecôte , un
quartier d'. agneau. — En 1214, par un accord passé
entre Thibault IV, roi de Navarre, comte de Brie
ei de Champagne, et Pierre de Cuisy, évêque de
Meaux, l'Hôtel- Dieu de Meaux fut donné aux reli-
gieux, de l'ordre de la Saime-Tiinité , en stipulant
toutefois que tous les biens et tous les revenus qui
y étaient atiaché» seraient affectés aux pauvres et
^ l'entretien des religieux, sans permettre même
qu'on en séparât le tiers, sebm l'usage de l'ordre,
pour l'employer à la rédemption des captirs. ( £ la-
Inilaiio majoiis nosocomii Meldcnsis.) En 1520, le
parlement, par un arrêl rendu sur les plaintes de
l'évêque et des habitants de Meaux , qui accusaient
les triniiaires d'une conduite scandaleuse et d'une ex-
cessive dissipation dans le temporel de rilôtel-Dieu,
retira des mains de ces religieux l'administration de
la maison pour la confier à des séculiers. Cet hôpi-
tal est maintenant desservi par les dames de la con-
grégation de Saint-Augiisiin. — Au-dessous de cet
édifice, vers l'ouest se trouvait l'église paroissiale de
Saint-Remi , l'une des plus anciennes paroisses de
Meaux. On prétend que sainl Faron, qui occupait le
siège épiscopal en 6ii(j, allait souvent faire sa priéie
dans cette église. Si ce lait était bien constaté, il
témoignerait de l'antiquilé de cet édifice. — En 12<J7,
Blanche , cointosse de Champagne, obtint des cha-
noines de la cathédrale la cure de Saini-Remi p.iur
la réunir a l'Hôtel -Dieu qui avait besoin d'un cime-
tière et de fonts baptismaux. Les chanoines con-
sentirent à ce changement, à la condition lonierois
que le chapelain de rilôiel-Dieii , qui devenait par
là curé de Saint-Remi , recevrait rinstitiiiion des
mains de l'évêque, promettrait fidélité au chapitre et
serait tenu de faire à la cathédrale le même service
que tous les ciiiés de Saint-Remi y avaient fait jus-
qu'alors ; car chaque curé de la ville avait dans ces
875 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
874
temps une fonction servile à la caihédrale ; celle du
curé de Sa'nl-Renii coiisislaii à sonner les cloolics.
(Janvier, Histoire de ileaui et du diocèse.) — L'église
de Saiiii-Renii, ruinée en 1447 par les Anglais, re-
bâtie par les libéralités d'un conseiller au cliàiclet ,
nommé Gérand Lecoq, détruite une seconde fois en
1590 pendant les (roubles de la ligue, fut réédifiée
en 1106 par Jean de Vieupont, évèque de Meaux.
Elle est aujourd'hui détruite et remplacée par des
maisons particulières. — Le séminaire consiste en un
grand bâtiment moderne formé de quatre corps de
logis parallèles ; il est situé près du boulevard qui
sépare le faubouig Saint-Remi du reste de la ville.
— L'iiôtel de ville a été rcieniment construit; ayant
une destination spéciale, cet édifice offre tous les
avantages, toutes fes commodités que l'on peul-sou-
liaiier; son aspect a quelque chose d'imposant, quel-
que chose de grandiose bien en harmonie avec l'ini'
poriance de la cité ; senlement. il serait désirable
qu'il commandât une plus vaste place. L'ancienne
maison commune , placée dans une autre partie de
la ville, ollraii bien moins de magnificence; con-
struite en 1710 , elle vient d'être démolie.
En 1200, Thibault, lli<' du nom, comte de Brie
et de Champagne , bâtit le chàieau de Meaux. Il était
situé entre la ville et le marché, et fut séparé de ce
dernier p;ir le large fossé que ce seigneur lit creu-
ser, et qui devint depuis le lit principal de la Mar-
ne ; il avait sou entrée par la rue de la Juiverie ; des
fossés en environnaient l'enceinte que circonscri-
vaient de massives fortifications. On appela ce lieu
le Castel-Royal , puis le Chùtelet. Le présidial y fut
ét;ibli en 1551 ; il y donna ses audiences, ainsi que
le bailliage royal , jusqu'à l'époque de la révolution.
Ses fortifications détruites, ses fossés comblés, for-
ment des rues et des i laces publiques. L'on voyait
encore en 1778 les ruines de son ancienne chapelle.
L'eneeinle de la ville renfermait encore la paroisse
Saint-Christophe, qui datait du xf siècle. Les guer-
res l'ayant ruinée, le roi Charles VI ordonna en 1590
au bailli de Meaux de faire contribuer les habitants
à son réiablissenienl , et la ville, qui avait donné
deux cent quarante livres pour les réparations de
la cathédrale , donna encore cent francs pour aider
à rebâtir Saint-Christophe. Cette église est aujour-
d'hui détruite. — Les juifs ont aussi habité Meaux :
on appelle juiverie le quartier où ils résidaient. Ce
quartier consiste en quelques petites rues. Si l'on
s'en rapporte à ce qu'en écrii Pierre Janvier duns
le tome G de sa volun.iiieuse et ind grste compi-
lation , les Juifs se seraient établis i» .Meaux en 635,
et ils en auraient été chassés , comme de beaucoup
d'autres villes de France, en llbi.— En 16i8, Hé-
lène Boullé, veuve de Samuel Chaniplain, lieutenant
général à la Nouvelle-France, eut l'idée de fonder a
Meaux un couvent d'Ursulines ; elle donna pour ce
sujet 20,000 livres, et les libéralités d'auires per-
sonnes firent monter cette somme à 2'i. 000 , avec
laquelle on acheta quelques héritages situés dans le
Dictionnaire de Géographie eccl. II.
quartier anciennement habiié par les juifs. La vill«
concéda une ujaison de la lue Poiievine, qui servait
jadis de collège ; les chapelains de la cathédrale et
l'abbé de Chage abandonnèrent les droiis qu'ils
avaient sur cette maison, et les religieuses arrivèrent
à Meaux Ie21 mars 1648. La londairice fit prifession,
dans ce couvent, au mois d'août suivant. En jetant
les fondements de la maison, on trouva quantité d«
sépultures de juifs, et l'on remarqua qu'ils avaient
chacun une pierre sous la téie pour leur servir de
chevet. Le cidiége communal occupe aujourd'hui les
anciens bâtiments de ce couvent. — A leur sortie de
rilolel-Dieu , les Trinitaires se bâtirent un couvent
prés de la paroisse de Saint-Remi, au de à du bou-
levard , sur le bord de la roule de Paris. L'éghse ne
fut achevée qu'en 1553 , et l'évêque de Russie en fit
la dédicace la même année. — Sur la rive droite de
la Marne, hors de la ville et vers la commune de
Villenoy, se trouvait encore une maison nommée
Venise qui était destinée à loger les pestiférés d^ins
les temps de contagion. Démolie en 1589, pendant
les guerres de la ligue, elle fut rétablie en 1390 à
l'occasion de la peste qui lavagea la ville. — Fran-
çoise Simon , veuve d'un receveur des tailles , fonda,
en 1031, dans le faubourg de Chage , un couvent de
dames religieuses de la Visitation. Ce couvent, vendu
comme propriété nationale à l'époque de la révolu-
tion , forme aujourd'hui des maisons particulières.
On prétend, comme nous l'avons dit, que la cathé-
drale de Meaux fut d'abord érigée dans ce méma
faubourg de Chage, au lieu où existait auparavant un
.•luiphiihéàtre destiné aux spectacles publics. Ruiné
par les Normands dans leurs invasions successives ,
tout l'édifice ne consista plus que dans une chapelle
dédiée à la Vierge, qui fut ensuite élevée à la di-
gnité de paroisse. En 1135, le chapitre de la cathé-
drale de Meaux fonda dans cette paroisse une
abbaye de chanoines réguliers de la congrégation de
Sainte-Geneviève, et l'église prit ie nom de paroisse
et d'abbaye de Chage. Construite sur un vaste plan,
celte maison éprouva diverses vicissitudes par l'effet
des guerres dont Meaux a souvent été le théâtre,
tlle fut, en 1594, en partie détruite ; on l'a réparée
depuis : mais, à l'époijuc de la révolution, on sup-
prima l'église ainsi qu'une partie du monastère; le
resie forme aujourd'hui un couvent de dames de la
Visitation. — En 1475, le pape Sixte IV concéda à
l'abbé de Chage le droit de porter la crosse et la mi-
tre comme les évéques. — Vers l'an 660 , saint Fa-
ron, étant comte et évèque de Meaux , établit au nord
de la ville un moi:astére dont l'église fut consacrée
sous le nom de Sainte-Croix. Les religieux suivirent
d'abord la régie de saint Coloinban, mais le saint
évèque ayant été enterré dans celle abbaye, et un
immense concours de peuple venant visiter son
tombeau, l'abbaye prit alors le nom de son fonda-
teur. Lu grand nombre de .-eigneurs, parmi lesquels
ou ciie Hugues d'Oisy, vicomte de Meaux, Raoul I^',
comie de Vermandois, Thibault de Créuy, Hugues,
28
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
873
seigneur de Lisy, Jean de Chàiillon, Guy de Gar-
Jande, Tliiluult, coiiile de Brii', Aiplionse, cimile de
Poitiers, Gauclier de Cliàiilloii, fireiii du bien à
celle uiai^ou doni ils irirent l'habit. — Le célèbre
Oger, :ippelé aussi Olger el Aiilcaire, célèbre dans
<:S anciens imnaiis sous le nom de bnuois, el qui, si
1 on en croit le-^ hisinriens, rendit de grands services
[{ Cliarleinagne, el fut estimé et cliéri du prince et
de toute sa cour, louclié de la vertu des religieux de
sailli Farnn, abandonna sa brillante destinée pour
venir, avec un de ses amis, nommé Benoit , p.iriager
les atistér lés du cloiire où ils n oururenl l'un et I au-
tre dans leiï" siècle avec les plus grands seniimenls
de piété.— En 139e, t!eno!i XIII accorda a \\<\>hé de
saint Faron le d "il de (iorler la crusse el la mitre.
— Dans les irnubles qui .igiièreni la ville de .Meaux ,
l'alibaye et l'église Saini-Faron furent désolées plu-
sieurs foi*. Cl lie dernière a été rehénite en dernier
lieu, en 1758. Tout est mainleuanl détruit cl forme
des habitations p ulculières. L'abbaye de Saint-
Faron avaii son liésnr el sa b.blioihéque qui font
aujiiurd'liui p.iriie de la biblidlliè^ue de la ville. —
Au conimemeinent du xvii» siècle, les capucins se
fixèrent à Meaux, dans le voisinage de l'abbaye de
Saint-Faron, et ce fut même cette abbaye qui con-
tribua la première à leur éiablissemeni. 51. Devieu-
pont acheta de ses propres deniers les resies de
l'aiicicn château de La Muetie, doni on fait remonter
rexiîtence jusqu'aux premiers temps de la ville de
Meaux, sans pouvoir loulelois en donner la preuve ;
et des démolitlcns des massives fond liions de ce
dernier on tira les p'eires nécessaires à la construc-
tion du couvent. Il fut .«npprimé, comme lnus les or-
dre> nionasli |ues, en 1700. — La paroisse de Saint-
Thibault était aiilrefois dans l'église Sainl-Faron
même; on l'appelait Saint Pierre dans l'Enclos, et
loogt /nips les religieux de ce monastère la desservi-
rent. Dans la suite des temps, pour honorer sans
doute les comtes de Brie el de Clianipagne, on lui
donna le nom de Saint-Tliibaiilt ; et, comme les re-
ligieux se triiuvaieui incommodés d'avoir cette pa-
roisse dans leur abbaye, ils la transférèreni près de
là dans leur grange dimeresse ; c'est l'etnpIaciMnent
qu'elle occupe encore {Histoire du diocèse (te Meaux),
Elle sert inaiuii'naiit de temple aux calvinistes qui y
exerci'nt paisiblement leur culte.
Entre la ville et le faubourg Saint-Nicolas on \oil
l'arc de triomphe apiielé porte Saint-Nicolas. Elevé
à l'exil éiiiiié d'une belle esplanade bordée d'arîres ,
ce i!ii>iiume!it a quelque chose de fort gracieux. On
apiielail le plateau l'espace qui est au devant de celle
porte ; il él;iil obstrué par une bulte énorme qui avait
le nom de iîutie des CordeliiTs. M. de Tillière,
maire de Meaux, la fit aplanir en 1767.
La légende rapporte que, sous le règne de Cliildé-
ric, père de Clodovech, il y avait à Meaux une jeune
personne recominandable par sa beauté, pir sa no-
blesse autant que par ses vertus : Céline était son
DOin ; accordée à un jeune homme du lieu , elle al-
876
lait s'engager sous les lois de l'hymen, lorsque
saillie Geneviève vint dans la ville. La grande répu-
laiiim dont jnui:-sail la sainie eul bienlôl gagné la
Cnnfianie de Céline ; celle-ci lui découvrit tous les
moiivemenis de sou cœur, son clnigiienn'nl d<i ma-
riage et son ardent désir de se consacrer uni>|uenient
à Dieu. Geneviève l'encouragea dans cette pieuse
résolution ; mais le fiancé aicourut, la rage dans le
cœur, pour l rer vengeance de l'.iffr. ni qu'il croyait
avoir reçu. Persuadées qu'il y avait lout à redoiuer
d'un homme que transportaient les fureurs d'uo
amour méprisé, les deux saintes femmes clieichè-
renl un asile contre ses persécutions. Elles le tron-
vèrent dans l'église, dimi la porte du baptistère s'ou-
vrit miraaileiisfiiieiit devant elles. Céline prit le
voile sacré des mains de Geneviève el passa le
reste de ses jours dans l'abstinence et la chariié.
Ce qu'il y a de ceriain, c'est que la sainie ayant
été enterrée, selon l'usage, ho;s de la ville, les fidè-
les érigcreiil sur son tombeau une chapelle qui de-
vint bienlôl une abbaye considérable ; mais les re-
ligieux qui, avant le x^ »iè(le, étaient au nombre, de
plus de snixauie, furent réduits à un seul par la
succession des temps et la mauvaise administration
du temporel de la niaisun. En I0'J6, l'abbaye de
Sainie-Céline netaii plus qu'un prieuré dépendant
deMarinoutier. Depuis il a subi le son de tous les au-
tres établissements nioiiaslii|ues; il fut détruit à l'é-
poque de la révolution de 1789.
Les Cordeliers vinrent à Meaux dans la première
moitié du xiii* siècle ; ils édifièrent leur couvent
sur un fonds situé au faubourg Saint-Nicolas que
Jean Rose, licbe bourgeois de la ville, donna pour
cet objet. Blanche, fille de saint Louis, bàiil leur
église, leur dortoir el leur eloilre. Ruiné dans les
guerres civiles de la fin du xvi« siècle, ce couvent
avait été entièrement réparé, lorsqu'en 1789 il ser-
vit à logiT les bureaux ei l'aduiinistration du dis-
trict. Aujourd'hui, l'église est un magasin de réserve
pour la ville de Paris, ei, comme une partie des res-
tes du cloître appartient à la commune de Meaux,
on y a placé la bibliothèque publique, composée
d'environ dis mille volumes da: s lesquels se trou-
vent quelques ouvrages précieux. Ce local renferme
encore la gendarmerie el les écoles primaires diri-
gées par des fières de la doctrine cbréiienoe qui se
fixèrent à Meaux par les soins du cardinal de Bissy,
en 1729, el qui, supprimés en 93, furent rétablis en
1803. — Vers le milieu du xii* siècle, on érigea
dans la paroisse de Saini-l'atus, canton de Danimar-
tiii, une abbaye de Bénédictines sous le nom de
Noêl'ort. Par suite des craintes que pouvaient cor -
cevoir les religieuses pour leur si^reté personnel-j
dans un monasiére en pleine campagne, au milieu
des troubles civils, on transféra cette maison dans
le faubourg Saiiit-Nicolas de la ville épiscopale :
cette translation eul lieu en 1629. Noéf irt subit le
sort des autres couvents : il fut supprimé en 1789.
Son local sert aujourd'hui de magasin militaire. —
877 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
87«
En l'an 1667, on avait commencé à former au fau-
bourg Saint-Nicolas l'hôpital général qui ilul son
existence aux hieuriils de M. Deligny, évoque de
Mt-aiiK, et de plusieurs citoyens île celle \ille. il
reiilernie siujnurd'liui ceni vieillards ei cent ea-
/anis nriilieliiis. Les lettres palenies, déiivrée^i par
Louis XIV pour rétublisçemeni de cette maison,
renrerment ce^ cUuses singuiièreà : i Voulons aussi
que tous les officiers, avocats, procureurs, notaires,
tergens et autres qui doivent serment à {u.-'iice,dans
l'éteniliie du baillage de Meaiix ; les compagnons de
métiers et aspiraos aux maîtrises et les maîtres ju-
rés, lors des élections à la jurande, fassent avant
leur réception quelques aumônes audit. Iiospiial-gé-
néral; et seront exiiorlés les curés et notaires qui
recevront des lestamens de faire souvenir les lesta-
leiirs de (aire part de leurs cliarilés audit hospi-
tal, etc., etc. i Par les roénics patentes, l'iiôpiial
général avait le monopole de la tenture des églises
de la ville iioor les funérailles, le soin de fournir
les pauvres <|)ii devaient poner les torches auv en-
terrements ; il était de plu- afTraiicLii de tous snb-
fides, inipOMiion<, droits d'entrée, billelles, roulu-
mes, oi'irois lie ville, gardes, fonilications, répara-
lii'ns et de tome- taxes généraliMnent quelconques.
•— L'ariciennt^ église par"issiale de Saint-Nicolas
forme aujourd'hui une succursale. Cette église et la
calliédraie sont les d< iix seuls édificts puMics où
l'on célèbre le eidie catholique; elles reni|dacent
les sept anciennes paroisses.
La ma adrerie , dédiée sons le nom de Saint-La-
zare , qui servait à recevoir les lépreux, et dont la
fondation remonte au commencement du \ii' siècle,
él:>i' située à l'exlrémiié du faubourg Sainl-Nicol.is.
Elle fut réunie à l'Hôtel Dieu de Mcaux en l'>42.
La partie de la ville située au sud de la Marne,
que l'on appelle le Marché , fui bàiie par Thib mit
III, coinie lie Brie ; elle devint une fonere-se i onsi-
dérable q:ii conimandait la ville ; mais, eo 1567, les
lurtificaiiuiis en fiireot entièrement détruites et les
fossés comblés par ïuite des représentations que fi-
rent les prévôu des marchands et échevins de Pa-
ris, que les inaiires de ce château pouvaient à vo-
lonté affamer la capitale. Des décombres de ces dé-
molitions on a formé une longue butte qui, plantée
d'arbres dans le siècle dernier, est une des plus
agréables promenades des environs de Meaux ; ce
qui lui a valu le nom de Bellevue sous lequel on la
désigne. — Le Grand-Marché faisait, pour ainsi dire,
Une ville à pan; les habitants n'étaient tenus â faire
ni guet Di garde dans la ville, et ceux de la ville
n'étaient obligéi à nen pour le marché. Chacun de
ces deux quartiers avait sa police et ses officiers in-
dépendanis les uns des autres ; il y eut même long-
temps séparation des deniers communs , ce qui dura
ju-qu'en 1515 (Diiplessis, flisfoiie ecclésiaslUiue de
Meaux). — Le marché, comme le reste de la ville ,
■«•eiifermaii un grand nombre d'édilices religieux ou
hospitaliers; c'étaient : 1" la paroisse Saini-Sainlin,
monument qui datait du ix" siècle, simple oratoire
d'abord , que l'on érijfca sur le tombeau de ce saint
évèque ; les dons des liilèles en fiient bien ôi una
abbaye qui devint dans la suite une égl se collégial»
et paroissiale, avec son chapitre, ses piébcmles »
ses dignités. Elle est acluelleme^a déirnite ; 2° la
paroisse Sainl-Ceimain de Cornilloii , qui fui sup-
priiiée en i:26 par le cardinal de Bissy, et dont le*
habitants furent partagés entre la paroisse Saint-
Snintin et celle de Aanieuil-lez-Meanx ; 5° leglis»
Saint-Martin , (ondée avant le x^ siècle , et que la
curé abandonna en 1S6I aux calvinistes pour y célé-
brer leur culte ; mais qui fut peu de temps après
rendue aux caihidiques ; 4° le prieuré de Saint-
Pierre de Cornillon , ancienne abbaye de Bénédic-
tins , réduite par les guerres à l'étal de prieuré ;
5° Saini-Rigomer qui, dès le xi» siècle , était égale-
menl une église abbatiale , et devint un prieuré
simple.— En 123i, Jean de Courlandnn fonda
près de Fîmes , diocèse de Reims, sous le nom
d'Ormont, une abbaye de filles de l'urlre de Ciieaux,
que l'on transféra, en 16i6 , au Grand-Marché dà
Meaux pour soustnire les religieuses aux horreur»
delà (.ueire. Les bâtiments de ce monastère for-
nient aujourd'imi un très-beau quarlier de cavalerie.
— Avant Tan 1100, on avait établi au lien dit Ter-
faii, près du faubourg de Cornillon, un petit hôpital
qui fui poité , en 1200, au Grand Manhé, dans une
place que des particuliers de cette (artie de la ville
achetèrent de leurs propres deniers. Les revenus da
cet hospice ont été, en 1096. par éd t du roi,
joints à ceux du grand Hôtel-Dieu , et il ne resta
plus dans ce lieu qu'une chapelle qui subsista jus-
qu'à la révolution. — En fais;int de- fouilles pour
établir un chemin près le Puthuis de Chage, on
trouva, en 1591, les restes d'une ancienne halle à la
construction de liquelleon ne peut assigner de data
certaine. Depuis on en avait élevé une autre au mi-
lieu de la place du marché , où l'on vendait, dit-on,
les draps que l'on fabriquait à Meaux ; elle fut rui-
née par la guerre; mais, en 177-2, la Marihonie de
Caussade, alors évèque de Meaux, el madame de
Lannion, qui él.dl vicomtesse de cette ville , firent
ériger celle qui existe aujourd'hui.
Avant la révolution, Meaux était le siège d'un goii-
veriieinent particulier, d'un présidial, d'un bailliage
civil régi par une coutume particulière rédigée en
4509, et enfin d'un bailliage critninel qui ressorlis-
saient au parlement de Paris et auxquels un édii da
17-49 avait réuni la prévôté; d'une police, d'une ma-
réchaussée, d'une élection, d'ungrenii:r à sel et d'une
snbdélégalion. Aujourd'hui, cette ville est le chef-
lieu d'une sous-préfecture, le sié^e d'un tribunal
civil de première instance, d'un tribunal de commer-
ce, d'une justice de paix, la résidence d'un lieute*
nant el d'une brigade de gendarmerie. La ville de
Meaux renferme aussi une société savante sous la
nom de société d'agriculture, sciences et arts, etc.,
la première qui se soit établie dans le déparleiueiU*
tù
DICTiOiSNAlRb DE GKOGRAPHlK ECCLESIASTIQUE.
•i^Meanx esi traversé dans son plus grand diamètre
par la route de Paris en Allemagne; les rues prin-
cipales sont bordées de belles maisons, de boutiques
élégantes; cependant on renconlte encore des restes
■ d'anciennes fortilicaiions avec leurs tours du moyen
âge, mais chaque jour des conslruciions nouvelles
s'élèvent à la place des vieux 'remparts. Leurs larges
fossés comblés offrent maintenant un boulevard
plante de plusieurs rangées d'arbres qui environnent
la viile d'une ceinture majestueuse; tandis qu'une
population de plus de 8000 âmes donne à la ville
un aspect animé que n'ont point les autres cités du
département. — Il se tient à Meaux, le mercredi et
le samedi de chaque semaine, un marché abondara-
nietit pourvu de denrées et de grains. En 1576 les
habitants obtinrent du roi que ce marché serait
fianc tous les premiers samedis de chaque mois. On
trouve à Meaux des tanneries, des fabriques d'in-
diennes, de calicots, de salpêtre, de colle forte et de
Vinaigre.
Le canal de l'Ourcq borde la ville dans sa partie
seyiienti ionale, et le chemin de fer de Paris à Stras-
bourg s'ajoute à cette voie d<i communication. Meaux
est à 40 kil. est de la première de ces villes et à 48
kil. nord de Meliin. Son commerce consiste surtout
en grains, enfarinés, produits de ses nombreux mou-
lins, et en fromages dits de Brie ; son territoire,
irès-fertile, rapporte beaucoup de blé.
■ Vrbs Melodutmisis , Melun , ville du diocèse de
Meaux , cliet-lieu de préfecture du déiiarlement de
Seine-et-Marne , siège de la cour d'assises , d'un
tribunal de première instance , de deux justices de
paix ; ré^idence d'une direction des domaines , des
contributions directes et des contributions indirectes,
d'un commandant et de deux brigades de gendarme-
rie, elle est située à 40 kil. sud-est de Paris sur la
Seine qui la partage en trois parties inégales. Tra-
versée dans un sens différent par les deux routes de
Genève et d'Italie par le Siuiplon , elle est bâtie du
nord à l'est sur les penchants des coteaux qui bordent
la rive droite du fleuve et s'étend du sud à l'ouest
dans une plaine découverte qui laisse apercevoir la
forêt de Fontainebleau dans le lointain. — Cette
ville est appelée par César Mutodunum, dans l'itiné-
raire d'Anlonin Metlieium et dans d'autres Chartres
DU par d'anciens historiens, Mitidtuwm, Meledmiunif
Hetdmutin, Melodunum, Metledmi, militanuincastrum,
i-aalrum miliionem, sans ([ue l'on puisse donner une
étyniologie plausible de ces différents noms.
L'oi igine de la ville de Melun remonte à une haute
antiquité; mais nous n'avons rien de précis sur la
date de sa fondatioi;,ni sur son état piimitif; en effet,
s'il est absurde d'admettre qu'une reine d'Egypte,
nommée lo, déiliéc depuis sous le nom d'Isis, et qai
était la contemporaine du patriarche Abiaham, se
goit arrêtée dans l'île que la Seine forme à cet en-
(f) Cœs., Comm. de Bello gallico , lib. vu.
(2) .\o(i(ifl proiiiuiarum et civ. Galliœ, Sirmund.,
toni. 1.
880
droit , et y ail jeté les premiers fondements de la
ville, il n'est pas mieux constaté que Melun se soil
d'abord appelé Isis; que les habitants par reconnais-
sance aient voué un culte à cette déesse; que Paris,
bâti plus de mille ans après, l'ait été sur son modèle
et qu'il en ait tiré son nom; enfin qu'elle soit deve-
nue, dès le principe, une ville considérable puisque
cette tradition n'est appuyée sur le témoignage
d'aucun auteur digne de foi , mais setdemeni sur des
bruits populaires recueillis par quelques écrivains
du moyen âge et notamment par Jacques Magny,
moine espagnol , confesseur des rois Charles VI et
Charles Vil, qui vivait à la fin du xiv« et au commeii-
cement du xv^ siècle. Ce qu'il y a de positif, c'est
que lorsque Labienus, lieutenant de César, en lit la
conquête l'an 7(!0 de Rome, 52 ans avant notre ère,
cette ville appartenait aux Senonais (1); qu'elle de-
vait son importance à sa position sur le fleuve, plus
qu'à sa population et à son étendue; qu'elle était
inférieure sous tous les rapports à Paris; qu'elle n'a
jamais été la capitale d'un peuple, et que , lorsque,
sous l'empire d'Auguste , la Gaule fut divisée en
provinces, elle ne fut même point élue pour être le
chef-lieu d'une cité (i); qu'enfin, dans le vi' siècle,
elle n'était encore qu'une simple position militaire ,
puisque Grégoire de Tours, auteur contemporain, ne
la qualifie jamais des titres d'ur6s ou d'oppidum, mais
seulement de celui de castrum. — Comme on suppo-
sait que la déesse Isis avait été l'objet du culte des
premiers habitants de Melun, un chercha s'il n'exis-
tait pas des vestiges de quelque édifice consacré à
cet usage, et l'on pensa les avoir trouvés dans les
restes d'un bâtiment carré-long que l'on voit dans
l'ile près de l'église Notre-Dame; mais, en examinant
ces l'uines , on peut facilement se convaincre que ce
bâtiment ne remontait pas au delà du x° siècle ; que
ce n'était pas un temple, mais une grande salle qui
servait de lien d'assemblée aux chanoines de Notre-
Dame , ou peut-être une ancienne chapelle que les
vicomtes de Melun bâtirent en iâl6, et qui tomba
faute d'entretien (3). — Longtemps toute la ville de
Melun ne consista que dans l'étendue de l'ile que
depuis on nomma la Cité. Dans la suite, des habita-
tions s'élevèrent sur les deux rives opposées de la
Seine; on y construisit des édifices religieux, et
leurs populations s'augmentèrent rapidement; mais
ces nouveaux habitants ne jouirent que tardivement
des privilèges et des immunités des villes, pui~qie
dans le xiii" siècle ils étaient encore esclaves, lisca-
lins et mortaillables.
Melun se compose maintenant de l'ile ou cité, du
quartier Saint-Ambroise, au sud, et, aunoid.du
quartier Sainl-Aspais qui est la portion la plus coh-
sidérable de la ville. La Seine sépare ces difforentes
parties qui communiquent entre elles par deux ponts
de pierre établis sur le fleuve.
(5) Séb. Rouillard, Hisioiie de Melun. — D. Mo-
riii, Ui6!vire du Câlinais.
881
GEOGRAPHIE DES LEGENOKS AU MOYEN AGE. RS2
Dès les premiers lemps de la rnonarclile, la ville
de Meluii eul des comtes pariiculiers. Ces lilres alors
n'éiaieiil point liérédiiaires comme ils le devinrent
par la siiiie, et le souverain les accordait pour ré-
compenser les services qu'on rendait à l'Eiat on à sa
personne. C'est ainsi que Clovis fit Anrélien comte
ou duc de Melun , parce qu'il avait été le principal
instrument de son mariage avec la princesse Clmilde.
Plusieurs autres ont porté le tiire de comtes de Me-
lun jusqu'à l'époque où les vicomtes le possédèrent
comme (ief héréditaire. — Le premier vicomte licré-
ditairede Mi.'lun, dont il est question dans l'histoire,
est Josselin ou Goscelin, premier du nom. Il était un
•des plus grands seigneurs de la cour des rois Hugues
Capet et Robert. Ayant pris l'habit religieux au mo-
nastère de Saini-Maur-des-Fossés , il y mourut en
mars 998.
Avant la révolution, Melun était le siège d'un gou-
vernement particulier, d'un bailliage et d'un présidial
régis par unecoulume particulière; d'une sénécliaus-
sce, d'une prévôté , d'une élection de la généralité
de Paris , d'un grenier à sel et d'une gendarmerie
qui jugeait prévôtalement. — On y comptait cinq
paroisses, une collégiale, une abbaye et cinq monas-
tères. De tous ces édifices religieux, il ne reste plus
que deux églises consacrées au culte : les autres ont
été détruits ou hien ont changé de destination. —
Le château de Melun, l'un des plus anciens monu-
ments de cette ville, siiué dans la partie occidentale
de l'ile , lut pendant longtemps l'habitation des vi-
comtes de Melun ; et plusieurs rois de France ne
dédaignèrent point de l'occuper et d'en faire leur
maison de plaisance. Cependant, dès le règne de
Charles IX , il ne servait déjà plus qu'à loger des
prisonniers. Il a été entièrement démoli vers 1740
et remplacé par des habitations particulières. — II
n'y a pas encore longtemps que l'on voyait dans l'île
une grosse tour dont un attribuait la construction
à Jules César, tandis que quelques-uns en faisaient
honneur à Chilpéric; mais, en examinant l'architec-
lure de cet édifice , on pnnvait facilement se con-
vaincre qu'il datait seulement du moyen âge et qu'il
n'était que les restes d'une ancienne forteresse éle-
vée dans l'intention d'arrêier les excursions des
peuples du Nord.
Pè> le premier siècle , Melun et tout le Sénonais
avaient reçu les lumières de la foi ; cependant ce ne
fut que versr;in 214, lorsque les persécutions eurent
cessé, que les chrétiens élevèrent, à la pointe orien-
tale de l'ile, un petit temple sous l'invocation de
Saint-Laurent. — Chilpéric, père de Clovis, donna,
l'an 171, une chartre pour établir près de ce lieu un
cimetière dans lequel seraient séparément enterrés
les chrétiens et les païens : c'est ce que l'on appelle
auj"urd'hni la Courtille. — Clovis, devenu chrétien,
jeta les premiers fondements de l'église Notre-Dame
au devant de la petite chapelle Saint-Laurent :
Cliarlemagne y ajouta de nouvelles constructions ;
(1) P. Morin, Histoire du Gâtinais.
mais cette église ne fut terminée et mi^e dans l'état
où noii'i la viiyons aujourd'hui que sous le règne da
Robert le Pieux, qui retendit et y comprit la chapelle
Saint-Laurent. — Une inscription, placée sur l'un des
piliers decelte église, attestait qu'elle n'avait été con-
sacrée qu'en l'an ! I9S par Michel de Corbeil, archevê-
que dcSens(|).D'aulros écrivains ont pensé que Cliar-
lemagne en fut le véritable fondateur et qu'elle était
une des vingt-quatre basiliques que ce prince fit bâtir
selon l'ordre des lettres de l'alphabet (2). — En
1622 ou 1623, si l'on en croit D. Morin, la voûte du
temple ayant crevé, il en tomba plus de ileux mille
éciis d'oT au porc-épic , qui portaient pour légende,
d'un côté : Karolus Magnus, rex Francorum, et sur
le revers une croix avec ces mots : In nomineChristi,
amen. Cette somme était accompagnée d'un écrit con-
tenant le nom de celui qui l'avait fait mettre; il por-
tait en outre que l'intention du donaieur était qu'ella
servît à réparer l'église si elle venait à être dévas-
tée. — Celte église fut d'abord une abbaye qui eut
son abbé et ses ir.oines, et que l'on désignait <ous le
irom de Peiite-Ahbaye-Notre-Dame-de-Melun. Depuis
elle fut érigée en collégiale avec un chapitre de cha-
noines, ce qui dura jusqu'à la révolution de !i3 : elle
est maintenant la paroisse de la partit; de Melirn qui
comprend l'île et tout ce qui est au sud de la rivière.
— L'église Notre-Dame date, ainsi qu'on le voit, du
x« siècle : c'est un bâtiment carré long qui consista
dan^ une nef principale avec deux colluiérairx ; elle
présente toute la simidicité de l'architecture romana
avec ses pilastres épais, ses formes massives, ses
pleins-cintres et l'absence de celte richesse d'orne-
ments dont on a été si prodigue dans les siècles sui-
vants. — Vis-à-vis de cette ég'ise se tmuvait celle
de Saini-Eiienne, paroisse de toute la ciié, qui n'é-
tait dans le principe qu'une chapi'l'e destinée au ser-
vice des chapelains, des domestiqrtes de chanoines
de la collégiale et des habitants dir cloître. Ella
ci;stait avant le x^ siècle, puisque nous avons une
chartre des rois Hugues et Robert, donnée en 975,
ipii en ordonnait la réparation. Elle est maintenant
remplacée par des habitations particulières. — Le
monastère des religieuses hospitalières de l'nrdre de
Saint-François, sous le nom de couvent de Saint-
Nicolas ou Maison-Dieu, qui servait d'hôpital pour
les femmes, environnait le côté méridional de l'i'glisa
Notre-Dame. Cette maison est lrès-a!:cieniie; elle
était déjà établie en l'an 1255, puisque , dans un
titre de cette année, il est que-iinn d'un échange qui
l'intéresse. — Il paraît, d'après celte chartre , et
d'après une autre qui lui est postérieure, que l'hô-
pital était desservi par un ordre mixte de religieux
tt de religieuses, comme cela avait lieu dans quel-
ques autres monastères où les hommes portaient la
nom de Béguards et les femmes celui de Béguines.
Ces associations ayant été depuis supprimées dans
l'église à cause du scandale qui pouvait en résilier,
les religieuses i-estèrent seules en possession du mp-
(2)Séb. Rouillard, Histoire de Melun.
8S3
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
K84
naslère. — C'est sur remplacement de cet ancien
converti que s'e-l éleTée la maison centrale de déten-
tion qni sert pour les condimné< du ressort de la
eour d':ippel de P3ri<. — Elle est formée de qiiaire
grands corps de logis parallèles, cnmposé^ de trois
ëiage< chacun , et elle occupe une superficie totale
de 18,000 mètres. Les condamnés y sont employés à
divers genres de travaux : ainsi l'on y trouve des
menuisiers, des relieurs, des tailleurs , des <ordon-
n'ers, des él'énistes , des serruriers, des chapplii.-rs,
des filaieurs de coton et des tisseurs de calicot et
d'étolTes de crin. Tmis ces ouvrages sont eiiéculés
avec une grande perfection.
On pense que l'on d t à Philippe le Bel la cha-
pelle qui, sous le t ire de Saint-Vin enl, avait exis-
té dans le eliàieaii de Meluo. Un acte de I332 nom-
me un Pierre l'ésessirt chai-elain du château comme
en élatitle litiiliiie. — (■nOn. R.iynaudouHagiienaiilt,
évêqiie de Paris, (ils du comte Bouchard ou Bour-
cliard, cotnie de Meluo, fonda une église de Saint-
Sanveur prés du eliàleau de Melun : ce fut vers le
X* siècle. Cette église devint ensuite un simple
prieuré.
La partie de Melun qui est au nord de l,i Seine est,
comme imus l'^ivons déjà dit, la plus considérahli»;
elle renfermait autrefois trois paroisses. Les collines
Bur lesquelles elle est hàiie sont séparées par le val-
lon où coule r.Almont; celles qui se trouvent sur la
rive droite de cette petite rivière ont reçu les m ms
de nionta';ne Siini-Raithélemy qui est plus près de
la Seine, et l'.iutrc de montagne des Carm.'s ou du
Palais-de-Justice. La montagne Saini-Liesne est sur
l'autre bord. — L'églife dédiéi^ à Saint-Aspais est au-
jourd'hui la seule paroisse de tout ce gr^md quartier.
Il parait qu'Aspais, évéque d'EInsa. Eeause, métro-
pole de la Novem-f'onnlanie, assis a au seiond con-
cile d'Orléans tenu en o55; que des troubles déso-
lant la province où était situé son évêché, il se
retirai .Melun et qu'il y mourut vers l'an .t88 (I).
Cette église existait déjà sous le règne d'Hugues
Cape'. Elle est remarquable par son architecture qui
■n'est pas sans élégance ni sans hardiesse, et par la
peinture de ses vitraux qui mérite de fixer l'a ten-
tion des connaisseurs; mais l'édifice a trop peu de
longueur pour sa largeur et son élévation : la tour
est placée au ba? de l'église du (ôté du septentrion.
L'ancienne abbaye de BénéHic ins, dite de Saint-
Pére, éiaii située au noid de Melun, au sommet de
la mootagne de Saint-Barthélémy, en're la roule de
Melun à Paris et la Seine. On attribue sa première
fondation au roi Clovis, ce qui paraît hasardé;
mais il est certain qu'en l'an 97.3, les rois lingues
Capet et Robert donnèrent une chartre pour rétablir
cette ahhaye qui avait été r;'inée par ies Normands.
— Placée hors de l'enceinte de la ville, exposée aux
insultes de l'ennemi, celte mni-on fut pillée, :ib;it-
iiie jnsqu'.a quatre loi-, puis détruite d'' fond en com-
' ble paruir incendie, la nuit du 20 au 21 septembre
M) Séb. Rouill.ud, Hii'.oire de Melun.
15')0. Rpcnnsiruite depuis cette époque, ses bâti-
ments n'offrent rien de bien remar(|u ible par leur
antiquité; mais on j'Xiit de ce lieu d'un des plus
beaux points de vue du dépanemenl. Avec quelques
cha gements, quelques embellissements, cette ab-
baye est devenue l'hôtel de la Préfecture, et le pré-
fet en habile l'ancienne maison abhatiale.
Dans une petite place tiiaogiil 'ire située devant
l'hôtel de la Préfet ture, sur le boni de la grande
route de Melun à Paris, était l'ancieniK- église pa-
roissiale de Sainl-Birthéleniy. Cet édifice, qui da-
tait du XI' ou xii< siècle, a élé tuot à fait détrnit à
la révolution. Il ne teste plus anjuiini'hui que le
clocher, snrninnié d'une flèche, ipii a é:é conservé
connue point de reconnaissance pour mesuier les
degiéà du méridien. La cure de Saint-Bartliélemy
et celle de Saint-Aspais étaient h la coHaiion de l'ab-
baye de Saint-Père, dont la seigneurie s'étendait
jusqu'au marché au blé dépeiid.int de la paroisse et
aup.iravani tlu bourg Siint-Aspas, et sur plusieurs pa-
roisses des enviions. — Les iiois monassiè: es d'hom-
mes, qui existaient avant la révolution dans ce quar-
tier de la ville, s'y étaient établis dan-t le courtnt
du xv= siècle. Le couvent des (apucins est niHlnie-
nanl une belle ma son boiirgeoi-e placée à l'extré-
mité du faubourg des Carmes, sur le bord de la rou-
te de Melun à .Ueaux. Le couvent des Carmes, très-
spacieux, siiué sur le penchant de la même monta-
gne, ati-dessons de celui des Capucins, f. rine aujonr-
d'hui le palais de Jtistice et sert de caserne à la gen-
darmerie. — L'ancienne église des Carmes, tl•all^for-
mée en une falle i e speciticle, sert aussi dans cer-
taines occasions à donner des féies publiques. L'é-
glise paroissiale de Saint-Liesne était située au
faubourg de ce nom, sur le penchant du coteau qui
descend à l'AliTionl et sur le boni de la route de
Heluii à Montereau-faut- Yonne et à Lyon. Cette églifte
est détruite depuis la révolution — D'après une
tradition , saint Liesne aurait été évètiiie de Me-
lun, et la ville aurait perdu l'avantage d'être une
ville é|.iscopale autant par la négligence de ses lia-
bit tilts que par les dévastations successives dont
elle avait été le théâtre. Mais cette opinion n'est
même pas probable; car, si .Melun eût élé un siège
pontifical, plusieurs évêques l'auraient successive-
ment occupé, et il serait nécessairement resté dans
quelques endroits des traces de leur existence : mais
l'on ne saurait trouver rien de semblable. Quant à
saint Liesne. dont la vie est d'ailleurs assez peu con-
nue, il est cité au martyrologe comme confesseur et
non comme poiilife.
Le couvent des Récollets était construit au sommet
de la montagne de Saint-Liesne. La position de ce
monastère est à l'est, et hors de la ville, dans nn lieu
où l'on jouit de l'air le plus pur; ses vastes bâti-
ments environnés de beaux jardins, où coule une
source ireaii vive abondante, le lirent choisir, à
l'époque de la suppression des couvents, pour y éta-
StJS
GEOfiRAPmE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
88^
blir l'hôpital. On a rfiitni dans ce Irral l'Iiôpital des
hooimes ei celui des femmes qui ci;iieiu auparavant
séparés. Le premier éiaii situé pics de la plaee du
marrhé aii blé ; la peiiie église diie Saiiit-Jaciiues-
de-l'llôpiial en fai-ail partie. On prétend que cet
édifice, fondé par Charlemagno, avnil été augmemé
par Louis VII; mais l'éialdissemeit de l'Iiôpilal était
dû à la munificence de quelques citoyens de Melun.
— Ces bâtiments sont m;iimeuani. remplacés par un
très-bel liôiel.
L'Iiôiel de ville , au centre de Melun , dans une
belle rue, est un grand bâiiinenl que rion ne distingue
des habitations particulières. Il contient plusieurs
salles où se tiennent li'S difTérenies léuniiins admi-
nistratives, politiques ou scicntifKpies , et renferme
encore une bibliutbèque composée d'environ buit
mille volumes.
Au bas du faubourg de Saint-Liesne , eu deçà du
pont bàii sur l'Aluiont, il y avait auirefuis une petite
église de Saiiit-Jean-Baptiste, sous le litre de Com-
manderie, dépendant de Saint-Jean-en-l'lle de Cor-
beil. Déiruite en 1590, elle fut remplacée par un ci-
metiè e. Peu de temps après, les Kécolleis vinrent
s'établir dans le voi-in;ige.
Sous le règne de Louis le Jeune , les juifs, qui
avaienl des synagogues dans plusieurs villes des in-
viroiis de Paris, en avaient égaleinrnl une à Melun.
Il y a toute probabilité qu'elle était dans la rue de la
Juiverie.et Séb. Uonillurd crcii même avoir reconnu
la maison où on l'avait établie.
Le moulin Poiguel, placé sur l'Almont, entre les
faubourgs des Carmes et Saint-Liesne, nicriie une
mention par.iculière par son ancienneté, puisqu'il
existait d'après une ebartre de la reine Blanche, dès
l'année 12S0.
L'ancienne paroisse de Saint-Ambroise , dont
l'église est maintenant démolie , fut fondée avant
l'an 1047. Elle renfermait lonte cette partie de la
ville qui e&t au sud de la rivière et que traverse la
route qui va de Melun à Fnniaineblenn. Cette pa-
roisse comprenait dans son étendue l'ancienne pri-
£on, l'ancieane caserne et la maison des Frères de
la doctrine chrétienne, chef-lieu de l'ordre , cons-
truite dans le xvin» siècle, sur l'emplacement du
couvent des Dames de la Visitation Sainie-Marie, et
de plusieurs autres édifices (1). Ce grand bâtiment
forme aujourd'hui, avec quelques constructions qu'on
y a jninies, l'un des plus beaux quartiers de cava-
lerie des envirnns de Paris. Les tribunaux siégèrent
pendant longtemps dans ce local.
La population de la ville de Melun s'accroît d'une
manière rapide. On y comptait à peine 4n00 .imes
il y a quarante ans; il y a aujourd'hui S^OO habi-
tants. Des rues larges, de grandes jilaces, des quais
magnifiques, ont remplacé les rues petites et étroiies
que naguère encore enconibraîenl d'ignobles bâti-
ments. Les deux grandes routes d'Italie ei le fleuve
qui traversent celle \ille la vivifient et facilitent
(1) Plan tnanuscril de Melun, année 16G0.
son commerce qui consiste en grains , farine, vins,
volailles et fromage. Il s'y tient, le inercreiii et sur-
tout le samedi, un marché bien fourni en denrées
de toute espèce. — On trouve à Melun plusieurs éla-
blissemenis industriels , comme filatures et tissages
de coton, tanneries, fours à chaux et h plâtre. — La
ville est placée au milieu d'un paysage très-varié.
Elle est la patrie du célèbre tradiiceur de Plutarque,
Jacques Amyot, né le l.i octobre 15:0, dans une
condition si obscure, que l'on ignore quel fut l'état
de son père, et qui, après avoir mendié pour vivre
et avoir été recueilli par ( hariié, devint précepteur
de Charles IX qui le fil évèque d'Auxerro , grand-
aumônier de France, chevalier du Saint-Espiit, etc.
Abeibird a tenu pendant longtemps une école à Me-
lun, qui compte trois conciles , assemblés par les
évêques de la province de Sen«, en lilC, li225et
lôOO. Celte ville n'a que deux écarts ; une partie du
hameau des Trnis-Moulins situé au nord, à I kil. de
Melun sur l'Almont , et la ferme de Montagu , ati
nord .
Vrbs Nicœim, Nicée, aujourd'hui Isnik, sur le lac
de ce nom, à l'est de Moudania dans l'Aiiatolie ,
Asie-Mineure. Celait une vil^e considérable de la
Seconde Province de Biihynie, dans l'exarchat du
Pont, qui comptiiit plus de 100, 0„0 habilanis. Elle
en a aujourd'hui à peine 4000. Le concile de Chai-
cédoine lui accorda le titre de métropole. Le sixième
concile général lui assigna pour sulTraganls les évê-
chcs de Linoë, Gordoservus, Numerica, Modrcna ou
Melina, Taum et Maximiana. L'Eglise grecque y a
conservé un archevêque. Elle dépend, sous le rap-
port catholique, du vicaire apostolique patriarcal de
Consiantinople, et constitue un titre d'archevêché in
partibus infidelium.
Isnik, autref lis Antitiona, de son fondaieur Anii-
gnnas, prit le nom de Nicée en l'honneur de l'épouse
de Lysimaque. Cette ville est célèbre dans l'histoire
de l'Eglise, par les deux conciles œf uinéniques qui
s'y sont tenus , le premier et le septième , dont l'un
détermina la profession de foi de l'Eglise cathoIi<|ue,
prononça la condamnaiinn d'Arins, fixa le temps de
la fête de Piques, et posa les bases de la discipline
ecclésiastique ; et dont l'autre condamna l'hérésie de*
iconoclastes, ou briseurs d'images. L'Egli-e, où les
518 évêques, parmi lesquels on voyait plusieurs Pè-
res et plusieurs saints, réunis de l'Occident et de
rOrienl , en présence de l'empereur Constantin ,
avaient établi contre les ariens la consubslanlialité
du Père et du Fils comme article fondamental de foi
pour tous les temps à venir; celte église fut trans-
formée en mosquée par !e sultan Urchan, dont on
voit encore le nom taillé au-dessus de la porte, sur
de-i pierres conservées au milieu des ruine». L'église
du Sainl-Synnde est également devenue une mos-
quée. L'Iiisloire de cette ville a été fort agitée, et pat
son importance elle occupe une première place dans
les annales de l'Orient. Elle était la capitale des siif-
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
887
tniis Seldschiiks de Riim, lorsqirdle sulsit le long cl
rigoureux siège des premiers croisés condiiils par
Godefroy de Bouillon. Tancrède, Rolieinoml, Hugues
le Grand, Robert de Flandre, Robert de N.irmandie,
eic. Au XII «^ siècle, en HOO, elle deviiil la résiilenee
de IVmperenr grec Théodore Lascaris, durant la do-
ininalion des Latins à Cnnstanlinople. ; el ce fut sous
l'empereur Andronicus le Jeune qu'elle se rendit au
sultan Ureb:in par capiiulaiion. Aujourd'hui celle ville
ii'esl plus qu'une enceinie de hantes murailles, seules
respectées par la main des hommes el du temps, oi!i
l'on ne reiicoiiire que quelques cabanes isolées
comme dans un parc soliiaire. Ainsi celle ville bril-
lante el célèhre snu': tant de rappnris vint , comme
tant d'autres ciiés, cchatiger cuire les mains des
Turks son opulence et son illuslralion contre la mi-
sère cl la ruine. — Isnik est éloigné de Nikmid , ou
Kiconicdie. de 00 kil. On faii la rotile par des mon-
tagnes couverles de belles forêis, au miliîu desquel-
les un aperçoit avec snrpiiseles restes d'un chemin
très-bien pavé, souvenir perdu dans les montagnes
d'une civilisation qui a disparu.
Vrhs Pergnmensis , vet Pergnnunn, Pergame. —
Après avoir éié l'opulenie capitale de la Mysie, la
résidence du roi Atiale; après avoir paru avec édal
dans riiisioire des arls et des sciences par ses ma-
gnifiqne* tapis si recherchés des Romains, par l'in-
ïeniiondu parchemin, par sa bibliothèque de "200,000
vol., par ses temples d'Esculape cl de Minerve, et
par ses églises encore plus admirables ; après avoir
eu la gloire de figurer parmi les sept anges de l'Apo-
calypse, Pergame n'esi plus qu'un bourg misérable
et désolé du pachalik de Smyrne, dans l'Anatolie,
qui a nom Bergama ou Pergamo. Son évêihé , fous
la niéiropole d'Ephèse, dans la Première Province
d'Asie, datait du i'"' siècle; au ix' il obtint le liire
d'archevêché. Déjà la ville se mourait. — Pergame a
TU naître Galieii el Apollodore.le maîire d'éloquence
d'Auguste. Elle a fourni au christianisme des mar-
tyrs, des évêques illustres el de saints confesseurs.
Il s'y est tenu un concile en l'an ISO. La population
est d'environ 2000 babitinls, sur lesquels on ne
compte pas plus de deux à trois cents chrétiens ; elle
liabite des huttes délabrées qui se perdent au milieu
des ruines imposantes des anciens édifices. On re-
marque les débris du temple d'Esculape, de celui de
Minerve, les restes d'une porte niagtiifique et d'un
aqueduc. La cathédrale est encore entière. Le bourg
de Pergamo dépend du vicariat apostolique de
Smyrne.
Urbs Philadelphica, Philadelphie, aujourd'hui Alas-
chehr, et au moyeu .âge Kallatebos. L'évéi hé datait
du i^' si jcle ; il faisait partie de la province de Ly-
die, sous la métropole de Sardes : c'était un des sept
anges de l'Apocalypse. Des commeniateurs et des
légendaires ont prétendu que ces paroles du livre
mystérieux de saint Jean : Si tu es liède, je te voud-
rai , s'appliquaient à cette ville. Quoi qu'il en soit ,
comme rien n'a manqué à son illuslralion historique
88S
et chrétienne, rien non plus n'a manqué à sa ruine.
On y aperçoit les débris imposants de la PhUadelpIiia
des Grecs, fondée par Aitale-Piiiladelplie, dans le ii»
siècle avant Jésus-Clirist. Hérodote en parle à cause
de ses gâteaux de miel, qui éta ent et qui sont tou-
jours en grande faveur dans tout l'Orient. — Celle
ville fut la dernière possession de l'empire grec en
Asie. En 1590, le sultan Bijesid-lldirim s'en empara
avec le concours des empereurs grecs Jean el Ma-
nuel Paléologues, père cl fils , qui , n'osant résister
à ce barbare, montèrent eux-mêmes à l'assaut de
cette malheureuse ville, à la tête de 1-2,000 hommes
qu'ils avaient armés conlre leurs propres sujets.
L'empire grec n'existait déjà plus ni de droit, ni de
f.>il; on ne comptait que dos esclaves qui se balaient
d'obéir eu tremblant. La ville fut dévastée, la popu-
lation transportée, bs églises démolies on changées
en mosquées. Avant ce désastre, la dignilédc métro-
pole lui avait été transférée de Sardes. Il y a encore
aujourii'hui un arrhevêqne grec scliismalique, — Phi-
lade'pbie est située dans l'Anatolie , sur l'Yarim-
Tchaï, au pied du Bouz-Agadj; sa position favorise
beauc'up son commerce, parce qu'elle est un liiMide
station pour les caravanes. Un grand nombre d'Ar-
méniens la fréquenient. Les babitanls, doiit on porte
le chiffre à I5,COO, sur lesquels il y a S.O0O grecs, se
livrent à la fabrication des colons : leurs leinlureries
sont très-renommées. Alaschehr est à 1-20 kil. est
de Smyrne el sous la juridiction du vicaire apostoli-
que decelle ville. Lat. nord 38° 20'; long, esl 26° 51'.
Il y avait deux autres évêcbés de ce nom, l'un se
trouvait dans la province d'Isaurie, patriarcal d'An-
tioche , l'aulre dans la Seconde Province Arabique,
patriarcat de Jérusalem. Le premier datait du v'
siècle, et dépendait de la métropole de Séleucic
{Scleucia Aspera). Cet évêché n'existe plus, la ville
étant tout à fait ruinée. Le second datait également
du vi^ siècle, il dépendait de la métropole de Bosira,
laquelle n'est plus aujourd'hui qu'un village habité
par de pauvres Arabes.
Urbs Principis, la Ville-du-Prince, ou Begschehri
(quelques géographes mettent Beg-Clieher : en écri-
vant Begschehri, nous avons suivi les géographes
arabes.) — Begschehri esl la ville par excellence des
légendes musulmanes durant une partie du moyen
âge; elle ligure avec éclat dans les contes orien-
taux , à cause de la noble et mystérieuse figure de
son fondateur Alaeddin , le grand prince des Selds-
chuks de Rum. Aussi habile adininistraleur que
conquérant heureux, Alaeddin fonda dans la Kara-
manie la Ville-du-Prince sur la rive orienule du lac
Begschehri , qui a -40 kil. de tour , el qui est très-
poissonneux. Située dans une plaine, celle ville esl
le chef-lieu d'un sandschak de la Turquie asiatique.
On y voit des Arméniens et quelques grecs ; mais I3
niasse de la population se compose de Musulmans.
Elle est à 120 kil. de Koiiiéb.
Urbs Samiisttensis , vel Amaslris, vel Sesamos,
Amaslrab, ou Amasserah.ouAraasreh, vieille ciléqui
8S9
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
890
étiiii , Ml V* siècle, un nrclievêclié de la province
de l'aplil.iKiinie , dans l'exarchat de Por^t , sous
la inéiropole de Gangra. A cause de sa siliiaiion
sur une peiiiepre=quîle, de fon doible port snr la
mer Noire, et de la heauié de ses édifices , Pline le
Jeune la nommait l'œ// du monde ( Episi. lib. x,
p. 09 >. Nicétas et Minnert en parlent comme d'nne
ville dont le commerce était irès-imporiant. Elle de-
vint, dans le xv* siècle, le clvef-lieu des possessions
génoises dans la province de Pont. Moliammède II
s'en empara, et depnis ce moment elle n'a fait que
décrniire. On y découvre des restes de temples ainsi
que des ruines de l'antiquité grecque et du moyen
ôge. Son territoire fournit beaucoup de bois de
consiruclion, dont l'exportation occasionne le mouve-
ment du port. Elle est à 270 kil. est-nord de Cons-
tnntiMopIe, et à 120 du petit port de Triboli. Elle est
comprise dans le vicariat aposfolique patriarcal de
Conslantino(de.
Vrbs Sardicensis , vel Sardica , Sardique, ou Sar-
dikj, aujourd'bui Sofia, Sophie, qui a été la pairie
de l'empereur Maximien, et la métropole, dé? le iv"
siècle, de la province de Dacia Mediterranea ; elle
n'avait que deux sulTragants, Nissa et Remesiana. Il
s'y tint en 347 un concile pour juger la cause de saint
Athanase contre les partisans de l'arianisme. Ravagée
par les Huns, dévastée par les Valaques, rehiitie par
l'empereur Justinien , elle parvint à se m;iinieiiir
diins le moyen âge, sous le nom de Sofia; et au-
jourd'hui c'est encore une ville remarquable p^r ses
mosquées , ses bains , ses sources chaudes et froides.
Située dans une grande plaine entourée de hautes
montagnes entre l'Isker et la Nissava , elle est ceinte
de murs flanqués de tours , avec un château ; elle
possède 25 mosquées, plu<i"enrs églises grecques et
tjne catholique. Quoiqu'une des plus belles et des
plus riches de la Turquie d'Europe , cette ville n'en
est pas moins , comme toutes les autres , très-mal
bâtie dans l'intérieur : on n'y voit que des maisons
de bois en partie sans fenêtres, et garnies seulement
d'une grille. Elle a quelques fabriques de soierie ,
toiles de coton, tabac, etc., et fait un assez, bon com-
merce. Elle tomba au pouvoir des Turks en 1382,
par capitulation. — Sofia est à Ij-il kil. nuest-nord-
oiiest de Conslantinople. La population est d'environ
50,0ii0 habitants, partie Turks, partie Grecs, Armé-
niens , Juifs et Bulgares. Elle est le cbcf-lieu d'un
sandschak di la Rumélie (Turquie d'Europe), qui est
borné au nord-ouest par celui de Widdin, au nord-
est par celui de Nikopoli , à l'est par celui de Tschir-
roen, au sud par ceux de Gallipoli et de Ghius-
tendil , à l'ouest par celui d'Aladschaissar. — Sofia
est la résidence d'un métr ipoliiain grec , et , pour les
catholiques , elle fnrme un vicariat apostolique et
une mission qui est remplie par les PP. Capucins.
Urbs Sardiumvel Sardis, Sardes. Dès le i'^'' siècle,
cette ville devint la métropole de la Lydie, dans
l'exarcliat d'Asie ; elle eut ensuite pour suffraganls
vingt-huit évéchés. Elle était un des sept anges de
l'Apocalypse. Ses églises étaient des monuments re-
inar(iuable5 autant parleur construction que par la
richesse de leur ornementation. Les Turks s'en em-
parèrent à la fin du ww^ siècle, après un siège long
et meurtrier ; ils la renversèrent entièrement, après
avoir massacré une partie de la population , et ré-
duit l'autre à l'esclavage. On en voit les ruines
dans l'Ànatolie , sur la route de Smyrne à Conslan-
tinople. Elle était bâtie sur une élévation qui domine
la plaine de l'Hermus : les ruines de ses murailles se
prolongent des deux côtés du Pactole. Deux colonnes
inniques soutenant un entablement sont les seuls
rentes du temple de Cjbèle. Sur le penchant de la
colline , de l'autre côté, sont un théâtre et un stade.
Il n'existe plus d'habitations dans cette ville célèbre.
Quelques tentes de pauvres Lrncks , peuples noma-
des , ornent seuls les bords du Pactole ; et, du haut
d î la citadelle de Crésu^, on n'aperçoit dans la cam-
pagne que les tombeaux des rois de Lyilie. Ce sont
de grandes buttes (lumuli), au nombre d'environ
soixante , parmi lesquelles on distingue le tombeau
d'Alyattcs , père de Crésus , dont parle Hérodote
connue du monument le plus considérable qu'il eût
vu après les pyramides , et qui ressemble en effet à
une montagne naturelle. — En sortant de Sarde, on
traverse l'Hermus, !a plaine d'Hyrcanie, et l'on en-
Ire dans la chaîne de montagnes connue sous le nom
de Youssof-Dagh , qui s'éiend du mont Olympe au
mont Ida et forme la séparation deseauv de la mer
de Marmara avec celles de l'Archipel.
Vrbs Scbasteiia , Sébaste, l'ancienne Samarie. —
C'était une ville épiscopale du iv^ siècle , bâtie sur
l'emplacement de Samarie, dans la Première Pro-
vince de Palestine, sous la métropole de Césarée,
patriarcat de Jérusalem. Ce n'est plus qu'nn vilhige,
qui possède encore néanmoins nue église dédiée à
saint Jean-Baptiste, autour de laquelle se groupent
quelques cabanes de chrétiens et d'Arabes. Ce mo-
nument a trois nefs, dont la proportion est admira-
ble. Les matériaux en sont précieux , les pilastres
travaillés avec délicatesse; une tribune, que le
temps a épargnée, offre des médaillons, qui sont des
chefs-d'œuvre de sculpture. Lors des Croisades ,
pendant la domination des Latins dans la Palestine,
Sébaste eut un évêque catholique
Vrbs Scbastensis , Sébaste , Saustia , aujourd'hui
Siwas. — Cette ville est célèbre dans le martyrologe
du cliiistiauisme. Dans les premiers siècles, le sang
de ses enfants a largement coulé pour la foi. Au com-
mencement du moyen âge, elle partagea les vicissi-
tudes de l'Arménie, et eut beaucoup a souffrir des
guerres des rois de Perse contre les Grec» de By-
zance. Rebâtie entièrement par Alaeddin , grand
prince des Seldscliuks , elle était l'une des villes les
plus peuplées et des pbices les plus fortes de l'Asie-
Mineure ; elle comptait plus de 100,000 habitants.
Ses ouvrages étaient construits avec des pierres da
5 mètres 50 centimètres de longueur sur 1 mètre 30
centimètres d'épaisseur ; les murailles, d'une éleva-
80J DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQI'E.
valinn de 24 mètres , en avaient 6 de profondeur, el nique, ou S;iloiiiqiie, ou Saloniki.
892
Causoniniei. Le» sepi portes de la ville roiilaieni
sur des gonds de fer. Elle fut néanmoins prise en
1400, par Titniir, qui fil enterrer vivants «ne par-
lie des liabiiants avec un raffinement de cruautés in-
croyil'les (1). — Lesultan Asdilin-Keikawus, à la fleur
de son âge, y mourut au commencemenl du xiii*
siècle. On y voit son tombeau à c6ié d'un hôpital
qu'il avait fondé. Ville épiscopale. elle fut érigée, au
\» siècle , en métropole de la Première Province
d'Arménie. Sa juridiction s'étendait sur les arcbevè-
cbés juivants : Iléracléopolis, Rhenum , Colonea ,
Sebasiopoli-;, el sur les évécbés de Nicopolis, de Sa-
tula et de Berissa. Sébaste est actuellement fort dé-
labrée ; elle possède un archevêque grec schismaii-
que, un archevêque arménien dépendant du p;ilriar-
che d'Ecsmiazin. Geite ville compte encore un assez
grand nombre de catholiques. Mais iU n'ont point
d'églises, celles qu'ils avaient étant tombées de vé-
tusté. Elles n'ont point été rebâties , faute d'aulori-
sallon du divan de Consianiinople.
Siwas, chef-lieu du paclialik de son nom, ou de
Rum, dans rAnainlle , est dans une plaine sur la
Kizil-Irmak, que l'on passe sur on beau pont. Elle a
plusieurs mosquées et une église arménienne. Elle est
éloignée de Cousiaïuinople de 520 kil. est-sud. La
population est de 8C00 habiuinis. Les catholiques
sont sous 1m juridiction du vicaire apostolique pa-
triarcal de Gonsianiinople. — Le pach.ilik de Siwas
ou de Rnm est borné au nord par la mer Nuire, au
nnrd-cs! par le i achilik de Trébizond.\ à l'est p.ir
celui d'Erieriiuni, au sud par ceux de Diaibékir et
de Marascli, au sud-ouest par ta Karamanie. 11 a
480 kil. de K>iig sur 5"20 de large. Celle province
innhiime, une des plus belles et des plus ferii es de
la Turiuie d'Asie, re.iferme plusieurs moni.ignes qui
apparlieniient h fa ch:iîni' de rAnii-T;iunis ; on dis-
lingue le Jildis-Tagh, chiîiie du T^urus, qui s'étend
de Siwas à K.iisarieh ; le Kizil-lrni;ik, l'U'schiUr.-nak
(l'/ris), leTherméi7'mi/don), l'Askid^i {Tlioaris), etc.,
l'arri'seni. L'air y est sain, et il y pleut abondamment
en é é : on y trouve peu d'industrie et de fabriques.
Les exporiaiions eonsisienl en cuivre , cuivreries,
bois de charpente el de construction, miel, cire,
grain, riz, fruits secs, biine, plomb, poils de chèvre,
crin, bétail, poisson séché ou salé, vin. On divise ce
pachalik en sept sandjacks, dont quel'|ues-uns sont
peu connus, savoir : Siwas, Djaiiik, Amasiéli, Tchou-
rum, Jeuzgait ou hozuk, Diwrigi et Arabkir. Popul.
env. 800,000 habitants, Turks, Turkomans, Grecs cl
Arméniens.
Urbs Thessato'i'ccnsis, vel Thessalonica, Thessalo-
(l) Timur-Kan (Tamerian) réunit sur sa tête les
couronnes de viiiglse|it pays. Ses ciinqiiêtes s'éten-
dirent en Orient, jusqu'en Chine; au >'• ni, jusque
dans le centre de la Russie; à l'Ouest, jusqu'à la
Méditerranée; au Sud, jusqu'à rEi-'vpie. C'éiail
l'honiuie du iri'implie de la farce et Ue l'oigniiisalion
intelligente : il s'entendait à gouverner comme à
Taincre.
Malgré les dé-
plorables vicissiuidcs aitaehées aux choses humai-
nes, on ne peut disconvenir toutefois qu'il ne pèse
sur quelques ciiés une fatalité plus sombre que sur.
d'autres. Il en est ainsi de Tliessaloniqne : appelé*!
d';ibord llalia et Tkerma (Tliernies), cetie ville leçul
de Cassandre, qui la rebâtit, le nom de sa femme,
Thessalonica, sœur d'Alexandre le Grand. Après la
ruine ei la suppiession du royaume de Macédnine
par les Homaiiis, elle fut pillée et dévastée par leurs
géi.éraux et leurs consuls. Au temps des guerres
civiles, le sénat romain, qui défendait le parti de
Pompée, s'y transporta et y tint ses séances. Cons-
lantin lorna d'arcs de triomphe dont on voit encore
les beaux débris; Théodose y plaça ses statues et
celles de l'impératrice, sa femme. Elle n'échappa
point aux barbares, qui la pillèreni dans leurs pre-
mières comme dans leurs dernières invasions. Saint
Paul y séjourna et y prêcha l'Evangile avec un grand
succès. Thessalonique devint métropole dès le !<-'•
siècle; elle eut ensuiie vingt et un sufTraganis tant
arche\ê:;hés qu'cvêchés. Ses évê|ues étaient, dans
les premiers siècles du patiiarcal romain, exarques
et vicaires apostoliques des papes pour les dix pro-
vinces de l'iilyrie. L'empereur Justniien leur en en-
leva cinq pour conipo-er l'exarchat de la Dacia sous
Otliridvi , de sorte qu'il ne leur resta que l'exarchat
de Macédoine, que Léon ^l^aurique soumit au pa-
triarcal de CoMSlanlinople. Innoient III remit Salo-
nique sous l'obéissance des pipes, et lui rendit le
palliuin latin , lorsqu'elle fut la capitale d'un
royaume qui avait été établi par les Croi>és, cl qui
passa aux Véniii«iis en 1423. liais les Turks s'en
rendirent maîtres en lj3t, et depuis ce temps là
elle est restée au patriarche de Consiantinople,
sous lequel elle n'a que le titre d'exarque de Macé-
doine, ou plutôt de Thessalie. Le titulaire n'a main-
tenant que soixante-dix prêtres dans son diocèse;
mais il a huit évéques sutfragants.
La mission de Salonique, qui dépond du vicariat
apostolique patriarcal de Consiantinople, a été cul-
tivée par les PP. Jésuites français, jusqu'il l'époque
de leur suppression : l'éiablissement éiaii dans un
état prospère, lorsqu'il leur fallut l'abandonner. Les
Lazaristes français l'ont accepié après le dépari des
Jésuites; depuis lors, ils y ont toujours eu deux
prêtres. Par leurs soins l'église a été bien décorée,
abondammeni pourvue d'ornements et autres objets
néce^salres au culte : ils entretiennent une code
pour les garçons, et il y a quelques années ils en ont
fait ouvrir une pour les filles. Le nombre des li-
niilles cathiiliques qui résident à Salonique varie se-
Timur, d'une haute stature , avait la lêie extraor-
dinairenienl grosse, le front large, élevé, le leiiii vif
et animé: par une parliculariié singulière , dès son
enfance il avait les clwvenx blancs ; à cbaruiie de
ses oreilles il portail une perle d'un grand prix. Sé-
rieux el sombre, il élaii eniiemi de la gaicé, < iioore
plus de l'iiypocrisie. (iVofe de l'auieur.)
895
GEOCRAPRIË DES LEGENDES AU MOYEN AGE. S04
ne les ouvre plus pour |icrsonnc; celui nui a le mal-
heur de se trouver dehors doil passer la iiiiil à la
belle éioile. — Salonique est le chef-lieu du sand-
schak de la Rumélie, Tiir(|uie d'Europe, borué au
nord ei à l'ouesl par celui de Gallipoli, à l'esi el au
sud-est par l'Arcliiiiel, au siid-ouest par les:indschak
de Tirhala, à l'ouest par celui de Gallipoli; il ren-
ferme b20 lieues cariées et 230,000 habitants.
Salonique est située à l'exirémité septentrionale
du golfe du r ème iionfi, au pied du Knrtiaih ou llor-
lascli, contre lequel elle est en parle h.îlie. Elle a
la lornie d'un iriang'e irréguiier, et est environnée
de mers consirni;s en briques sur fondations en
pierre de laille, d une épaisseur énornre et fl;iiu|Hées
de tours. Ses dômes ei ses minaret*, ses maisons la
plupart entourées de jardins et bâties en amplii-
tlié.itre, loi donnent à l'extérieur le pins bel aspect,
mais l'imérieur ressemble à louies les autres villes
turques : on n'y trouve qne des rues étroites, des
places peu étendues, des maisons basses et mal
consiniiies, qui resbemblent en partie à des bara-
ques. Cependant on y remarque plus de proprcié et
d'activité; les qu.iis abondent en iiiarchandisis; les
bazars fourmillent de vendeurs et d'a( heieiirs; quan-
liîé de personnes sont occupées autour des vaisseaux
el des nia^a-ins. On y compte des consuls di; loules
les nations, et un nnnibi e considérable de maichan s
franks qui ont tout le commerce entre les mains,
ainsi que 10 grandes, mosquées et pinsi'urs pe-
tites; di'S églises greci|ues et couvenis, d s synign-
gues, pliisi( iirs fabriques el manufacinres, surtout de
colon, maroquin, lapis, tabac el vêlements de lem-
uies en soie. Le^ exportutions consisieni en grains,
laine, tabac, colon, miel el cire, buile d'olive.
Suie, etc. Celte ville esi une des [dus commerçanteg
du Levaul ; on y importe indigo, c.ifé. coclien.llg,
sycre, oifévrerie, épices, colon, laine, cire, enivre,
dr.'ps, plomb, monlres, etc. On en i xiorte (Oiir en-
viron 9 niillious de piastres; cl la valeur des impor-
laiions ne va pas au delà de 5 millions. On trouve
dans les environs beaucoup d'aniiquiles. Elle est à
560 kd. ouesi par sud de Consianiinople. Lat. nord
40° 38' iT'; long, est 20° 36' 58". Sur les 70,000
habitants qu'elle compte, il ya20,O00JurK 12, 00
Grecs, 3000 Franks.
IJrbs Tirihulensis,vet Tiiilialum, Tschorli. — C'est
une ville de la Rumélie, Turquie d'Europe, qui fait
partie du sandschak el qui est à 72 kil. sud-sud-ouest
de Vi^a, sur le Zorulus. Elle est ceinte de murs,
mais qui lombenl en ruines. On y voit une mosquée,
•un klian et quelques chapelles grecques délabrées.
On y fait un commerce de bestiaux, et surtout de
fromages qui sont renommes et recherchés dans
toute la Rumélie. La population, de 4000 habitants,
y est irès-mélangée; elle se compose de Turks, de
Grecs el d'Arméniens.
Ion que l'état du commerce est plus ou moins pros-
père. Ce nombre est rarement au-dessous de cin-
quante. La piété des chrétiens de ce lieu est
digne des éloges que l'Apôtre donnait à ceux
qu'il y avait inslruils. Les seuls vestiges matériels
du plissage du grand Apôtre sont trois chaires du
liant desquelles le sublime Paul avait, dit-on, in-
siriiit les Thessaloniciens. L'une, qui est en bois, se
trouve entre les mains d'un juif : personne ne va la
voir, tant l'antiquiié en est suspecte. Les deux au-
tres sont dans les mosquées des Turks; ceux-ci les
conservent, à cause des cadeaux des curieux qui
vont les visiter. Mais ces chaires ne se composent
plus qne de quelques morcea'ix de marbre, aux-
quels sont attachés quatre à cinq marches d'un es-
calier étroit. On reconnaît, à l'examen de ces res-
tes, qu'ils ont éié enlevés à qi'Clqnes chaires du
genre de celles qu'on retrouve dans les églises grec-
ques (1). Il esi donc probable que les Turks les ont
ironvées dans les temples chrétiens, lorsqu'ils se
sont emparés du pays, el qu'ils ont converti ces
temples en aut;int de mosquées Celles de ces ancien-
ne? églises qui subsistent encore, sont spacieuses,
d'un bon gnùt d'architecture, el quelques-unes re-
marquables par la beaiiié de leurs co'onnes en mar-
bre : les Tuiks n'y ont fait aucun ehangement noia-
j).s . Dans une d'elles, on voit les porliaits en niu-
s..iqi!e de Noire-Seigneur et des apôtres; dans une
autre, le tombcnu d'un saint api e.é tlcriié:r'. Il y a
toujours une Inmpe allumée sur ce lomlicau: et l'i-
man qui est préposé à la garde de la mosi|uée a soin
d'enireleiiii d'huile cette lampe.
La population de Salonique, qui est de 70 000 ha-
bitants, se compose de Turks, de Grées et de Juifs.
Les derniers sont h s plus nonibreus , el renommés
entre les Juifs niéme par leur attaclienieni a liMir loi.
Kéanmoiiis li soif du gain dont cette iialion estd'-
vorée, el le dé^ir de se sotisiraire aux avanies des
Turks, en ont détaché un bon nombre, qui ont em-
brassé la religion musulmane, sans renoncer toute-
fois au judaïsme d'une manière absolue; niahomc-
tans au dehors, juifs dans l'iutérienr de leur famille,
tels sont ces nialheureux, dont le nombre peut s'é-
lever à 5000. Les Turks n'ont jamais pu les amener
à contracter des alliances avec eux, mais ils nes';il-
licnt pas non plus avec les véritables Juifs ; en sorte
qu'ils forment une tribu à pan, qui se suflit a elle-
même, ils sont, du reste, fort riches. La population
grecque s'élève lout au plus à 10 ou 12,000 âmes;
ces sectaires possèdent plusieurs églises, qu'ils ont
làiies pour remplacer celles que les Turks leur ont
enlevées ; toutes ces églises n'avaient rien de re-
tnanjuable.
La lièvre règne presque toute l'année 5 Salonique.
Cette ville a encore ses murailles telles qu'elles
étaient quand les Turks s'en emparèrent. Le; portes
te lernient cbaqiie soir au coucher du soled, et on
(I) Elles sont un tiers pms élevées que les nôtres, de forme ronde, petites, avec un escalier étroit et
tour' a;/l autour d'un pilier.
S9S
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUK.
Urbs Treceusis, vel Trecœ, vel Tricasses, tel Au-
gusioboia, Troyes. — Son évêclié daie du ni" siè-
cle, éiail et est encore siiffragant de Sens. Con-
servé par le concordat de 1801, il a sons sa juridic-
tion tout le déparienient de l'Aube. — Il s'est lenn à
Troyes cinq conciles, en 867, 878, J 104, 1107 et
1128. Il y a un gr:ind et un petit séminaires.
Les élyniologisles , qui souvent troiivenl des
mystère'; où il n'y eu a pas, disent que celle ville a
élé appelée Trecœ, comme qui dirait Très nrces,\tsr-
ce qu'il y av.nit autrefois trois châteaux dont on voit
encore les vesiiges. Le plus considérable était relui
où les comtes de Clianipagne faisaient leur demeure.
L'église Saiiit-Eiicnne en ci;iit la sainie chape'Ie. Le
second de ces châteaux est presque entièrement
abattu , et l'on ne voit plus qu'un reste de tour et
quelques murailles qui étaient derrière le couvent
des Coidclieis. L'église autrefois ap(;elée Saint-Jean-
le-Chatel et Beffroi, et depuis Saint-Biaise, servait de
chapelle à ce château. Le troisième enfin était
entre l'église de Saint-Nicolas et la porte du nelfroi.
Ce fut dans ce dernier que le roi de France Louis
le liègue accueillit vers l'an 878 le pape Jean VIII,
a]\rès avoir reçu de sa main la couronne impériale
dans un concile tenu dans l'église cathédrale de
Tioyes. Ce troisième château fut ruiné par un in-
cendie .'irrivé en l'an Vj-li.
Quoique Jules César n'ait pas fait mention de
Troyes, ri y a tout lieu de croire que cette ville eiis-
lait de sou icuips, car elle était déjà uoe des plus no-
tables de la Gaule dès le premier siècle de notre ère.
Pline parle du peuple Tricasses. l'ioléméc appelle la
capitale de ce peuple Augtistobom ou Atigitsiomana
Tricassium. Elle dut perdre le nom d'Angustobona
pour prendre celui de la peuplade dont elle était le
chef-lieu, à peu près vers le temps où la ville de Lu-
lèce prit celui de Paris. — Troyes fut d'abord, com-
me Paris et Melun, circonscrite dans une île formée
par deux bras de la Seine. Dès l'an 356, elle était fer-
mée de murs, ainsi que nous l'apprend Animien Mar-
cellin. En M, Attila, roi des IIuiis, ayant élé défait
par Aétius, (it sa retraite sur Troyes, où l'alarme de-
vintgcnérale lorsqu'on apprit qu'il marchait sur cette
ville. Sous les murs de laquelle il arriva le 20 sep-
tembre. Saint Loup, qui en éiaii évèquo, avait tout
.î craindre d'une armée composée de gens féroces et
accoutumés au pillage : la ville, alnrs peu considéra-
ble, n'avait pour défense que des murs construiis à
la halo deux siècles auparavant. Le prélat négocia
avec Auila pour le passage de son armée dans
Troyes. Par une des cnndifions de ce traité, Attila
exigea, pour sa sauvegarde et cell» de son armée,
que l'évêque l'accompannât jusqu'au Rhin, lui pro-
nielianlde le laisser revenir. En effet, dès que l'oc-
casion s'en présenta, le barbare ne s'opposa pas à
son retour. — La ville de Troyes fut réduiie on cen-
dres par les Normands en 8^9. En 1228, le comte
Thibault IV y fut assiégé par les seigneurs qui vou-
lurent enlever la régence à la reine Blanclie. S:tint
Louis vint en personne au secours de Troyes, et le
siège fui levé. Le jeune ri'i n'était encore que dans
sa quatorzièir.e année; il lit ses premières armes
dans celle expédition. Le duc de Bourgogne s'em-
para de Troyes vers 1415. Après l'assassinat de ce
prince à Moutereau, par ordre du dauphin Charles,
la reine Isabeau de Bavière crut cette occasion favo-
rable pour le perdre ; profitant de la faiblesse d'es-
prit du roi, elle lui persuada de déclarer son fils cri»
miiiel de lèse-majes'.é, ennemi de l'Eiat, de le dés-
hériter, de marier leur fille au roi d'Angleterre, Hen-
ri V, et rie lui donner pour dot la couronne de
France. Le 28 mars 1420, le nouveau duc de Bour-
gogne arriva à Troyes ave^^ une suite nombreuse, et
il fut admis à prêter foi ei hommage au roi pour le
duché de Bourgogne, les comtés de Flandre et d'Ar-
tois et ses autres seigneuries. Il y fut reçu avec con-
fiance par leroi, la reine etmadame Catherine ; le roi
n'avait plus ni mémoire ni jugement. Les conditions
de la paix avaient élé convenues pendant que la trêve
était prorogée seulement do dix joursen dix jours,
et le 9 avril, Isabeau en fit signer les préliminaires
à Charles VI , qni ne savait pas ce qu'il faisait. Ces
préliminaires obligeaient Henri V à renoncer au titre
de roi de France, qu'il s';iltribu.iil , pour se conten-
ter de celui de régent et héritier de la couronne ;
mais en retour ils lui transmettaient immédiatement
l'administration du royaume : ni la reine ni le duc
de Bourgogne ne s'y étaient réservés aucune part.
Les négociations avaient' porté dès lors sur la ga-
rantie des libertés du royaume et de son intégrité ,
et sur quelques réserves pour l'entretien du roi et da
la reine, ou pour le douaire de madame Michelle ,
duchesse de Bourgogne. Le 29 aviil , le chancelier
de France donna communication de l'état des négo-
ciations à une assemblée formée à Paris, du parle-
ment, de la chambre des compies , de l'université ,
du chapitre, des gens du roi , du prévôt de Paris ,
du prévôt des marchands, enfin des quarteniers, des
dizainiers et cinquanteniers. Aucune voix ne s'élev-i
contre ces préliminaires; on ne répondit à leur lec-
ture que par des cris de : Vive le roi , la reine et le
duc de Bourgogne ! Le chancelier et le premier pré-
sident se rendirent ensuite à Pontoise, auprès du roi
d'Angleterre : tout était conclu, et le 20 inai, celui-
ci se transporta lui-même à Troyes. Il était accom-
pagné l'ar les ducs de Glocester et de Clarence, ses
frères, et il conduisait avec lui une année de 7ii00
hommes d'.irnies. Le dite de Bourgogne, à la tête des
seigneurs de son parti et de celui de la reine, alla
au-devant de lui, et le conduisit à l'hôtel qui lui éiaii
destiné, nu-dessouhs de l'esglise Sainct-Jelian. En ar-
rivant, ce prince vit le roi , la reine et dame Cntlie-
rine, leur fille , qui feirent de irès-grantz honneurs
l'ung à l'autre. Le "0 mai , lendemain , suivant Le-
febvre, du jour de la Trinité , que VArl de vérifier
les dates place au 2 juin 1420, et le 2 juin, suiv.mt
Jiivenal des Ursiiis, c'est-à-dire, le jour même de la
Trinité , Henri V , voulant que le mariage se fist
897
GEOGRAPHIE t)ES LEGENDES AU MOYEN AGE.
898
sitivant la consimne de t'rance , épousa madame Ca-
llicrine dans l'aglise parochiale. Henri de Savoisy ,
archevêque de Sens, leiir donna la bcnédiciioii , et
pour treize deniers il mil sur le livre irei/.e nobles.
Ai'dffrande, avec le cierge, les nouveaux époux
oITrirent chacun trois nobles, et donnèrent à ladite
église deux cents nobles , et feuretit les soupes au vin
faiclesen la mayniere accoustumée et le lit béni, t S'y
feurenl faicles ce jour-là par les .\nglais, ajoute
saint Remy, grands estais et bombanz, eslanl riche-
ment vesuis et parez de draps d'or et de soye de
riches couleurs et chargiez de pierres, que François
et Borgoignons s'esmerveilloient oii telles ri-
chesses pouvoient avoir esté prinses. Là esioient du
parly du roi, le duc de Borgoigne, par le moyen
duquel les iraictiez et alliances se faisoienl; et avec
lui le prince d'Orange , le seigneur de Joinville, 1;
Veau de Bar, le seigneur de Monlagu, messire Jean
de Coitebrune, mareschal de Borgoigne et Picardie,
le comte de Conversan, niessiie Jehan de Luxem-
bourg, le seigneur de Croy, le seigneur du Hnmber-
cour, le S. de Longueval, le S. de Robec, M. Ilere
de Lannoy , etc. > — Le fameux traité de Troyes ,
par lequel Charles VI rendait la Frai;ce sujeile du
roi d'Angleterre, fut signé le 21 mai. Par ce traité,
Henri V s'engageait à conserver à Charles VI et à
Isabeau, durant la vie du premier, la couronne et la
dignité royale, avec les revenus nécessaires pour en
soutenir la splendeur. Mais, après la mort de Char-
les VI, la couronne de France devait êire perpé-
tuellement dévolue , avec tous ses droits , à Henri V
et à ses héritiers. Même pendant la vie de Charles VI,
l'adniinisiration du royaume devait, à cause de l'in-
firmité du roi , êire confiée à Henri V; mais il éiait
tenu d'user pour cela des conseils des nobles et des
sages du royaume, de maintenir la juridiction du
partie de la Fraiicc, et ^nrloul par la ville de Paris,
qui était réduite au dernier dogié de misère : beau-
coup d'autres cependant n'y voy;iient qu l'humi-
liation de la France et le triomphe de^ Anglais, que
pendant un siècle on s'était accoutumé à regarder
comme ennemis. Aussi plusieurs des grands sei-
gneurs attachés au duc de Bourgogne, et entre au-
tres les deux frères de Luxen>bouig, refusèrent-ils
d'abord de jurer le traité de Troyes. Les villes de
Bourgogne ne montrèrent pas moins d'éloignemenl
pour le recevoir. Les bourgeois de Paris , au con-
traire , écrivirent le 2 juin à Henri V, pour accepter
ce traité de paix, et protester de leur soumission.
Les trois Etats du royaume furent convoqués à Paris,
pour donner leur sanction à ce même traité. Char-
les Vi présida lui-même, le (J décembre, leur assem-
blée dans son palais de Saint-Paul ; il avait alors
suffisamment de présence d''esprit pour ré| èter la
leçon qu'on lui avait faite, et déclarer qu'il regardait
le traité de Troyes comme pouvant seul assurer la
paix du royaume. Il invita les trois Etats à se retirer
dans leur ciiambre pour délibérer, et à se réunir de
nouveau le 10 décembre, en assemblée générale. Ce
jour-là le traité de Troyes fui solennellement accepté
par les trois Etats du royaume , et déclaré loi de la
monarchie.
En 1429, Charles Vil, sur les instances de la Pu-
celle d'Orlé.ins, prit la déierminalion de se rendre à
Keims pour s'y faire sacrer. Il arriva sous les murs
de Troyes le l'"'' juillet , et fit sommer la ville de se
rendre. Les liahitanis , dominés par les Anglais , re-
fusèrent de le reconnaître et se préparèreni à la ré-
sistance ; mais Jeanne d'Arc ayant aitaqué la place
avec vigueur, les assiégés entrèrent en négociations,
qui se terminèrent par la soumission de la ville au
roi , qui y lit une entrée solennelle et proclama une
parlement, ainsi que les droiis ei liberiés des nobles, ; amnistie générale. — Sous le règne de François l'
pairs, cités, villes et communautésdeFrance. Ceux-ci, r, Troyes devint une place importante durant les guer-
en retour, devaient prêter serment de le servir fidè-
lement el de le reconnaître pour roi au décès de
Charles VI. Henri s'engageait à réduire à l'obéissance
du roi toutes les villes et piovinces qui tenaient le
parii d'Armagnac ou du dauphin ; mais toutes ces
conquêies , la Normandie exceptée , devaient être
réunies au royaume de France. La Normandie elle-
même devait y être réunie aus=i quand Henri V
parviendrait a la couronne. Henri s'engageait à ne
lever aucune imposition sur le royaume , sans cause
raisonnable el nécessaire. Les deux royaumes de-
vaient demeurer perpéluellement unis et gouver-
nes par le même roi , mais cliacun selon ses lois et
ses usages , el par ses officiers nationaux. Les
deux rois ei le duc de Bourgogne s'engageaient enfin
à ne jamais traiter avec Charles, </«/ se dit dauphin
de Viennois, si ce n'est d'un commun consentement,
et avec le conseil des trois Etals du royaume, à cause
des horribles el énormes crimes qu'il a commis. L'es-
pérance de la paix , après tant et de si truelles
souffrances, fit accueillir ce traité avec joi' par une
res de ce prince avec l'empereur Charles-Quint : les
officiers municipaux employèrent , pour réparer les
fortifications , le produit d'un octroi qui leur avait
été accordé , et ceiie ville fut munie de loui ce qui
peut rendre une forieresse capable de soutenir un
long siège. En lo24, la ville de Troyes fut en grande
partie brûlée par des bonte-feux au service de l'em-
pereur Chailes-Quint. L'incendie commença le 21
mai à la maison de \' Homme sauvage, à l'eniréede la
rue du Temple; il gagna et consuma toutes les mai-
sons jusqu'aux portes de Croncels el de Beliroy, le
château de la Vicomte, les églises de Saint-Jean du
Temple, du Saini-Esprit , de Sainl-Panialéon, Saint-
Nicolas, Saint-Bernard, une partie de celle de Saint-
Jean au Marché , où cinq gro.-ses cloches furent fon-
dues ; enfin Saint-Abraham , où le feu commença à
s'apaiser, après avoir duré vingt-lmit heures. Plus
de vingt-deux rues furent la proie de cet incendie ,
et quelques-uns disent que trois mille maisons furent
consumées par les flammes ; mais ce nombre paraii
exorbitant , vu l'étemlue de la ville. Quoi qu'il en
899
DICTIONiNAiRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQIJE. 900
soit, h perle fut immense , et quantité de magasins
de grains, de vins et de marcliandises furent enlié-
rement cnnsumés.
La relijjion réformi'e s'introduisit à Tr"yes vers
î''5i», et y fil d." nombreux i rn»clytes. Après le mas-
s^rre de Sens Un 1oî2), lù plus de cent calvinistes
fur ni jt^tés dans l'Yonne an sertir de leur (irêclie ,
Ci-ux de Troyes , crnignant le même suri, se rendi-
rent maîtres de la ville , rpie reprit bienlôt le duc
de Nevers, g nverneur de la provinre, doni les sol-
dais cominiient les plus grandes violences contre les
reliijionnaires. Ces malheureux, cousîernés, résolu-
rent d'abandonner leur pairie et d'einnieneravec enx
leurs femrat'S, leurs enfants et une partie de leurs
effet'i ; ils se retirèrent à Bar-sur-Seiue dont ils s'eni-
parêreni, mais qui leur fut enlevé peu après par les
callioliques.
Tioyes est la première ville où fui signée l'asso-
ciation dite de la sainte ligue ; dès l'an Ic62 , le c:ir-
dinal de Lorraine é:ant au concile de Trente, Cimçut
Je plan d'une sainte ligue, ou associatinn de catholi-
ques, qui devait avoir le triple but de défendre à
main année l'église catholique en France, de faire
rendre au frère du cardinal, François duc de Guise,
la lieuienance générale du roy.iume, dans le cas où
la race des Valo s viendrait à s'éteindre. La mort du
duc, assassiué devant Orléans par Polirot, ne permit
pas au cardinal d'exécuter son plan. Cinq ans après,
Henri de Lorraine, duc de Guise, fi s aîné de Fran-
çois, et alors âgé de huit ans, fit, pour la pieniière
fois, composer une formule de serment, par laquelle
les siguatiires s'engageaient à sacrifier leuri biens
et leurs vies à la défense de la religion catlmliiine
envers et contre tous , excepté contre le roi, la fa-
mille royale ei les princes de son alliance. Celle
formule fut signée par la noblesse de Champagne et
de Brie, pro»inces dont Henri était guuverneiir ; et
le 25 juillet 1568, l'évêque et le clergé de Troyes la
signèrent égalerat-nt. L'ussociaiion est nonmiée, dans
la formule, sainle ligue, ligue chrétienne el royale{i}.
Juiiqu'à l'année 1576, cette association resta secrète
et ne passa pas les limiies de la Champagne; mais
à l'avénemeni de Henri 111 au trône, l'édii de pacifi-
cation de 1573 ayant été rompu, Henri de Guise
commença à mettre à exécutiun les plans de son
oncle le cardinal. Après l'abjur.aion de Henri IV, les
Troyens le reconnurent pour leur souverain , et
chassèreui les ligueurs de leur ville, où le roi fit une
entrée solennelle le 20 mai 1505.
La ville de Troyes eut des comtes héréditaires
»ers le milieu du x« siècle. Le comte Robert, qui
s'empara de cette ville sur l'évêque Ansegise, mou-
rut eti 968, et eut pour successeur son frère Héri-
bert de Vermandois. Ce dernier transmit le comté
de Troves h Etienne, son fils, en qui s'éteignit la
première race des comtes de Troyes. Vers l'an liil'j,
Eudes , dit le Champenois , s'empara du comté de
Troyes et de Champagne. En lui cumuience la se-
conde race des puiss.inis comtes de Champagne, qui
souiiiirent des guerres contre les empeieurs. les rois
de France et de Bourgogne, elc. Quoique leur fief
releiàt de la couronne, ils ne c^aign ient pas de
s'atirihuer l'autorité sonver.iiue, et même de pren-
dre quelquefois la qualité de ro>s. .\u comté de
Ch:jmp'ig(ie plu>ieurs réunirent ceux de Blois , de
Chartres et de lirie. Leur séjour le plus ordinaire
étoi la ville de Troyes, dont la giandciir réjKuidit
bien ôl à celle de ses souvemins. Thibault IV, qui
ré^na de 1102 à 115'3, déploya sur cette ville toute
la magnificence d'un prince véritablement grand. Il
affranchit les hommes e'. les appliqua anx arts uti-
les ; il attira toute l'Europe aux foires de sa capitale,
qui fut , pendant quatre siècles , l'entrepôt du cem-
merce de toutes les pariirs occidentales de ce conti-
nent ; créa des manufactures ; el, pour leur con.mo-
dilé, il partagea la Seine en une inliiiité de ramifica-
tions qui la portèrent dans tous les ateliers; e tre-
pri^e digue de l'admiration des siècles les plus éclai-
rés, soit par son oljet , soit qu'on l;i Considère du
côté de l'an qui a présidé à cette distribution , d nt
cette ville jouit encore aujourd'hui. En un no t, le
comte Thibault créa et fixa à Troyes l'industne et
l'esprit de commerce qui la souiiennenl depuis qu'elle
a ces<é d'ê:re une des premières places de l'Eorope.
La race des comtes de Champagne est éteinte demis
d-s siècles. Leur grandeur et leur palais ont dispaiu,
leurs poésies et leur puiss ince sont tombées dans
l'oubli ; ce qu'ils ont fajl pour le bien des pinp es
subsiste, et leur mémoire recueille encore de^ bé é-
dictions.
La ville de Troyes a éié visitée par plusieurs rois
de France : Charles le Chauve y séjourna avant la
bataille de Fonienay , pris de Chablis , où périt la
plus grande partie de la noblesse de Ctian)|iagne;
événement qui , dit-on , a donné lieu à la noblesse
Diérine, par laquelle la mère anoblissait l'enfant
qu'elle tenait d'un père roturier. En 15îi , Char-
les IV, dit le Bel, épousa dans le palais des comtes
de Champagne, Marie de Luxembourg, fille de
Henri VIII, empereur d'Allemagne ; Charles Vlll y ht
une entrée solennelle en 1486; Louis XII y vint en
•1510; Charles IX y séjourna en 1564 : c'est pendant
son séjour à Troyes qu'il signa la paix avec Elisa-
beth, reine d'Angleterre, après la reprise du Havre.
Nous avons dit précédemment que Henri IV y entra
en 159.'). Louis XIII séjourna en cette ville en 1629;
honneur qui coûta un peu cher aux Troyens , car
après le départ du roi , on leva sur tous les habi-
tants de la ville et des faubourgs, la somtne de
200, OM livres 17 sous, pour payer les frais d'entrée
et de séjour du monarque. Louis XIV s'y arrêta en
1668, au retour de la Francbe-Comlé qu'il ven.iilde
coui|uérir. — Kn 1795, la commune de Troyes a été
terrorisée : Roussebn y lut envoyé par le comité de
salut public, le -id brumaire au II; il arriva (e28,
ériiie.i le tribunal criminel en tribunal révolulion-
(t) Journal de Henri III, t. III, pag. 51, édition de 1744.
901
CÊOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOÏËN AGE.
302
I
naire, ei lit dresser une guillotine perm.inenie sur la
Iil:)ceS:iiiil-Picrre. Le même jour, il iuip sa révolu-
lioiinniremeiii 1,700,000 llvie^ sur les citoyens de
tous éiiis. — L'empereur Napoléon p:is-a à Tioyes
en 1n05. Il rendii dans celle ville un décret concer-
nant la iiavig:iiion de la liaiiie Seini<, qui devait êire
rendue navigalile jusqu'à Cliailllnn. La ville de
Triiyes accorda 200,00' Ir. pour commencer les tra-
vaux. Le 4 lévrier 1814, >'apoléon reprit la ville de
Trnyes sur les Russes , qui s'en étaient emparés ;
évacuée q'iel(|nes jouis après par l'armée française,
celte ville tomba de nouveau au pouvoir des armées
étrangères , qui y coiniuireiil toutes sortes d'ex-
cès.
La ville de Trnyes est située au milieu d'une vaste
et Fertile plaine, ^ur la rive gauclie de la Seine, qui
Ttiiionre en parue et disiribue ses eaux dans sou
intérieur par de nombreux cait'.ux de dérivaiiun, qui
aliinenient un grand nombre d'usines et de manu-
factures. Elle est enceinte d'assez bonnes murailles
dont on délruit annuellement quelques parties,
presque entièrea)ent construile en bois et générale-
ment mal bâtie : cependant plusieurs quartiers of-
frent des rues spacieuses, propres et assez bien per-
cées. La Seitie, qui se divise en deux bras avant de
baigner ses murs, forme une multitude de canaux
et de petites livières qui vivilieiil ses gracieux alen-
tours : un sentier côtoie leurs bords nanis : il con-
duit aux blancliisserles, aux foulons et aux nom-
breuses manufactures répandues au milieu d'un
paysage |iittoie<que, entrecoupé de prairies , bordé
de haies vives et ombragé de bouquets d'arbres. De
quelque côté que l'on se dirige, on découvre à cha-
que pas des eaux limpides , des jardms agréables
et bien cultivés, de verts ombrages, des vignes, des
bosquets et des liabitaiinns charmantes. Dans la lon-
gueur de ces divers bras de la Seine, ou a pratiqué
des rigoles qui, recevant aussi des eaux de sources,
coupent le terrain qui avoisine la ville : ces cantons
sont occupés par des jardinages, des chenevières, des
oseraies, des bois, plants de saules , etc. Quelques
autres le sont par des vignes ; et à peine trouve-t-
on, à 1 kil. de Troyes, des terres labourables : l'om-
brage continu qui les remplace, ofire de tous côtés
des promenades champêtres. La plaine oit la ville
est située se termine , du côié de l'ouest, par un
cordon de coieaux, qui règne à peu prés, dans la
direciion du sud au nord, dans une étendue de 12
à 16 kil. Ces coteaux , revêtus de vignes d'un côté ,
sont couverts de bois à leurs sommets, et sont élevés
à ii-d ou 140 mètres environ, au-dessus du niveau
de la Seine.
L'église cathédrale, dédiée à saint Pierre, est un
beau monument d'architecture gothique. La France
en a très-peu qui lui soient comparables par l'éten-
due du vaisseau , par la hardiesse des voûies, par la
justesse ei le sirand effet des proportions. Il ne manque
à S' s perfeotious (|u'un peu plus de lé«èrelé dans les
pilieisqui séparent laaefdts bas côtés. Le priail
et la grosse tour qui le domine ont une élégance
qui , dans bs bâtiments gothiques, n'.iccunipagne
pas toujours la léger' té. Les premiers fondeinenls de
cetie église furent jeiés en SU. Elle fut ruinée par
les Normands en 8;;8, et réparée vers l:i fin du siècle
suivant. Le 23 jinllei llSSelle fut déiru le pir un
incendie , qui consuma presque toute la \ille. t.'est
seulement eu I20i que fut coHimen<ée la construc-
tion de l'église aciuelle; le rond point était déjà élevé
en 122"i; le chœur et la nef sont des ouvrages du
xni', du XIV» et du xv' siècle. La tour ci le portail,
commencés en 1506, furent terminés vers la lin du
XVI'' siècle. La longueur intérieure du vaisseau est
de 5SI pieds, et la largeur iniérieure est de 154
pieds ; la largeur de la uel et de la croisée est de 54
pieds; la hauieur des voûtes sous clef est de 90
pieds, et la hauienr de la coupole ei des tours est de
192 p eds. Cinq arcades composent la nef de ce grand
édifice : elles l< rment , avec celles des croisillons et
du chœur, un ensemble parfait. La gilerie de la nef
est des pins riches. Dans la chapelle des fonts à
droite, il existe un groupe de cinq figures, ouvrage
du xvi* siècle , représentant le baptême de saint Au-
gustin ; en face, sur l'autel , est une copie de la Cène
de Léonard de Vinci; à droite de l'autel est uu
autre lableau sur bois, divisé en plusieurs panneaux,
représentant la naissance de Jésus-Christ. Tous les
tableaux qui existent dhiis les autres chapelles ne
niériient pas d'être cités, à rexcepiioii toutefois d'un
tableau représeuiant l'entrée du pape Pie VII dans
la cathédrale, dont toutes les ligures sont d'une
grande ressemblance ; c'est l'œuvre de M. Paillot de
Muntabert, auteur d'un Traité complet de peinture
très -estimé. Les vitraux des chapelles qui envi-
ronnent le sanctuaire , datent du commencement du
xiii< siècle : les sujets de l'Ancien et du Nouveau
Testament y sont représentés dans des cercles
et des losanges; malheureusement, ces viiraux
oui souffert , et il y a plusieurs panneaux qui
manquent. Ce ix des grandes fenêtres du chœur sont
précieux par leur belle conservation ei par les su-
jets q l'ils représenieut : ce sont la plupart des
fleures , grandes comme nature , de rois de France,
de comtes de Champagne , de princesses de leur mai-
son, d'évéques de Troyes et de saints personnages du
xui» siècle, dont les différents costumes sont rendus
avec beaucoup d'exactitude. Dans la fenêtre qui oc-
cupe le milieu du sanctuaire est le crucifiement ;
dans celle à droite, le martyre de saini Pierre et la
pèche miraculeuse ; à gauche est l'apothéose de
sainte Maihie, patronne de la ville de Troyes. Dans
les vitres de la nef sont des généalogies , avec l'his-
toire de Tobie, de Jo-eph, de David , de Sa! miou;
les costumes sont évidemment de convention , mais
les couleurs sont vives et brillantes. La grande rose
placée au-dessus du grand pori.il est suiioui re-
maniuable par rharmi^nie et la viv;icité des couleurs.
L'ancienne collégiale de Saint-Urbain , citée (par
Millin comme un des plus beaux oiwceaux d'arcbi •
905 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE,
tetlure goiliiqiie, et dont la légèrelé surpasse celle voit aussi dans la même
delà SiiiiUe Cliapelle de Paris, est un édifice élevé
par le pa[ie Urbain IV vers la fin du xiii« siècle.
Après la mort d'Urbain IV, Clément IV, son succes-
seur, envoya larchevéque de Tyr à Troyes pour
bénir la nouvelle église. Un seul bas-relief se fait
remarquer dans le mur, près de la porte méridio-
nale de celte église. Le sculpteur y a représenté ,
dans une proportion plus petite que nature , une
femme couchée sur un tombeau et enveloppée d'un
linceul : le naturel de la pose et la souplesse des
draperies rendent celle figure digne du ciseau de
François Gentil, auquel on l'allribue. Au-dessus, on
lit une légende, avec la date de lo70. Le maîire-autel
a éié récemment entouré d'ornements d'architecture
gothique, qui sont loin d'être en harmonie avec le
ttylede l'édifice. — L'église de Saint-Jean, sans être
comparable aux deux premières , mérite l'attention
des étrangers. Le maître-autel est décoré d'un beau
tableau de Pierre Mignard, représentant le bapiême
de Jésus-Clirist dans le Jourdain; c'est, sons le rap-
port de la couleur et du clair-olisciir, une des meil-
leures produ( lions île cet artiste célèbre. La figure du
Père éiernel qui est au-dessus, dans l'attique du re-
table, ne le cède en lien pour l'exécution au tableau
du bapiême ; on y trouve même plus de chaleur et
d'inspiration. C'est un don que Mignard lit dans le
temps à la paroisse Saint-Jean , sur laquelle il était
90i
ise trois tableaux de
Niiiet de Letin, élève de Voiiei. — Les piliers
de la nef it du chœur de l'église Saint- Nlcnlas
sont décorés de statues qui proviennent d'ancituiics
maisons religieuses. On y remarque celles de saint
Nicolas, de saint Frobert, de plusieurs apôtres el
autres saiiiis personnages; mais ces siaïues n'offrent
aucun iniérêt sous le rapport de l'art : elles sont en
général de mauvais goùi, à l'exception toutefois de
celle de la Vierge, qui a de la grâce dans la pose, et
dont l'exéculion est bien supéfieure; on la croit de
la main de François Gentil, sculpteur estimé, qui
mourut à Troyes en 1580. Dans la chapelle haute,
dite le Calvaire, et qui est à l'extrémité de la nef,
ou voyait une peinture curieuse du xvi« siècle, qui
en occupait toute la largeur. Elle représentait le cru-
cifiement : le fond offrait une vue de Jérusalem, evé-
culée d'après un dessin pris sur les lieux par un ha-
bitant de Troyes qui avait fait le voyage de la terre
sainte. Cette fresque a été repeinte entièrement par
un baibouilteur qui l'a totalement perdue. Au milieu
de cette même chapelle du Calvaire, on voit un christ
à la colonne, de proportion plus forte que nature,
que l'on attribue à François lientil. Celte i-iaïue est
adossée à la colonne qui soutient la retombée de la
voûte ; elle parait être du même bloc. Mallieureuse-
meiit elle a éié baibouillée à l'huile d'une teinte dite
de chair, dont la crudité choque l'œil le moins deli-
lié. Sur l'autel sont deux anges adorateurs de peliie f*'- Cette figure, doni la pose est cependant assei
proportion , en cuivre doré, ouvrage de Girardon. Le naturelle, ne parait las digne de Gentil, si on la
retable de la chapelle des fonis , à gauche de la nef compare aux productions bien connues de cet ar-
est décoré de plusieurs bas-reliefs en albâtre, de ''^'** Dans le caveau dit le Sépulcie, qui est au bas
Jacques Juliot : le plus grand représente la cène; de cette chapelle, il y a une statue couchée du
les figures, presque de ronde bosse , sont travaillées Christ mort, qui, dit-on, est estimée ; mais l'obscu-
avec beaucoup de soin. —L'église Sainte-Madeleine,
I» plus ancienne delà ville, offre dans sa construction
des détails précieux du xii^ et du xvi« siècle. Le jubé,
remarquable par la légèreté et par la richesse de ses
détails, futcoiisiiuit en 1518 par Jean Gualdo, ita-
lien ; c'est le seul existant d«s cinq jubés qui déco-
raient autrefois les églises de Troyes ; deux statues
d assez bon style et bien drapées font partie inté-
grante de sa décoration. Les vitraux des chapelles
qui environnent le sanctuaire , sont remarquables
par la vivacité des couleurs et par la manière fran-
che dont les riches étoffes sont rendues; ils repré-
sentent pour la plupart des sujets tirés de la Genèse
et de la vie de la Madeleine. Dans Une chapelle à
gauche du chœur , on remarque huit petils tableaux
peints sur bois, et deux plus grands peints sur toile,
par Nicot, offrant les principaux irails de la vie
de la Madeleine. — L'église de Saini-Remy est
décorée d'un fort beau christ en bronze, de trois
pieds quatre pouces de proportion, ijtie l'on voit sur la
grille du chœur; c'est un des plus beaux ouviai,es du
célèbre Gnardoii, qui en gratifia l'église Saint-Remy,
.■sa paroisse. Sur l'autel d'une tbapelle, .i droite, est
nue sia;ue de saint Robert, remarquable par la naï-
veté de l'expisssion el la vérité des draperies. On
rilé qui règne dans ce lieu ne permet guère d'en ap-
précier le mérite. Au-dessus de ce caveau, sous un
dôme porté par six colonnes d'ordre corinthien, on
voit une autre statue du Christ repré-enté debout et
dans une altitude qui semble indiquer la résurrec-
tion. Les tableaux qui existent dans la même église
ne méritent pas d'être mentionnés ; un seul pouriani,
exécuté dans le xvr siècf-, peut offrir de l'intérêt
sons le rapport des cosinmes. Il est sur bois et divisé
en trois panneaux, où sont représentés les sacre-
ments du baptême, de l'euchariîlie el de la conlir-
niaiion. Les vitres de la chapelle à droite du chœur
so'ii d'assez jolies grisailles, représentant l'hi-'loire
de saint Claude, archevêque de Besançon. — La pe-
tite église de Saint-Panialéoii e.-t de toutes celles de
la ville la plus riche en monuments des ans. Les
douze piliers isolés qui soutiennent les voûtes, soi.t
ornés de riches culs-de-lanipe et de clochetons qui
abritent et supportent vingt-deux statues dis, osées
sur deux rangs, et de proportion un peu au-dessous
du nature'. Dans la nef, sont celles de plusieurs vier-
ges, saints et saintes; dans le sanctuaire, celles de
saint Joseph avec l'enfant Jésus, de sainte Anne avec
la Vierge, de saini Nicolas, de saint Andié, de la
Madeleine, de saint Jean et de saint Grégoire. Toutes
905
GÉOGRAPHIE DliS LEGENDES AU MOYEN AGE. 906
ces sialues , (|noique faillies sons le rapport de
l'é uile, l'iii une cenaliie naïvelé qui plali, el ne sont
pas lie nianvaii goût. On los aiinbiie généialenienl à
Fr.iiiçiiis Gentil; mais les deux petites siaïues d«; la
Fdi el di! la Cliaiiié, qui sont plus rapprochées de
Tau el di; chaque côlé, paraissent seules dignes du
ciseau de cet a^Ii^le. Dans la chapelle à droite de
l'uulel. Il y a un groupe de saint Juai him el de sainte
Anne se rencontrant sous la porte dojéu; il est aussi
de françois Gentil. La première chapelle à droite
de la nef, arrangée eu calvaire, renlerine plusieurs
groupes, dont deux seulonient paraissent être de
Gentil : celui de l'ilaie montrant Jésus Christ au
peupli', et celui de la Vierge soutenue pur saint Jean
et par la Madeleine. Le retabl.: de la cliapelle qui
suit iinMiédiaicinent, est décoré d'un groupe cuiieux
dont les figures ot trois pieds de proportion. Il re-
présente saint Crépin et saint Créjiinicn, occupés,
l'un à couper du cuir, l'autre à coudre la semelle
d'un soulier, pendant que des soldats viennent les
saisir. L'expression de calme el di! résignation est
tiès-bieii rendue sur la figiire des deux saints, et
conliaste avec la joie barbare qui est peinte sur celle
des deux satellites. Les coslun.es de ces derniers
sont ceux du temps de Henri II ; la dr.iperie et les
ligures ont été chargées de couleur et de dorures
qui ont ci^nservé leur éclat. Le» fenêtres de la cha-
pelle sont ornées de giisaiUes d'un bon st)le : exé-
cutées au XVI* siècle parMiicadrée et Lutbereau, son
élève, peintres sur verre à Troyes, elles représentent
toute riii^toire de Daniel el celle du Nouveau Testa-
ment. Les arcades de la nef et celles du chœur sont
remplies par des tableaux peints dans le xvii* siècle
par Jacques Carré, élève de lo Brun ; ils représentent
diveis sujets de la vie de saint Pantaléon. La ma-
nière de ce peintre n'est qu'une faible imitation de
celle de son maiire; néanmoins, les animaux qui
sont représcmés dans ces tableaux sont d'une exécu-
tion bien supéiieure à celle des ligures. — On re-
marque encore à Troyes le musée, i enfermant une
belle collection de miiiéialogie, classée d'après la
méthode d'ilaiiy, divers objets d'histoire naturelle,
et qiiehpies tableaux pour la plupart fort méiliocres;
le pal.iis de ju^tice; les niagjiiliques pronienad>.s qui
entourent la ville; les bains de l'Arquebuse, etc. —
La façade de l'Ijôtel de ville est remarquable p.ir la
régularité de son arcliitectuie. Huit corps avancés,
décotes datis leur partie supérieure de colonnes com-
posites de ntarbie noir, annoncent avant:)geusement
ce bàtiineni, connneocé en IGli, et terminé en 1670.
La grande salle est ornée de? bustes on marbre des
grands hommes nés dans la ville de Troyes, et dé-
corée d'un niéilaillon de Louis XIV, en marbre
blanc, grand morceau de Girardon, dans lequel la
riche-se de la composition « t la précision du dessin
tout rehaussées par la légèreté du ciseau cl le rini
rie l'exéciuujii.— L'Hôpital est un bàiimcni construit
vers lenii.ieudu XMiie siècle, il est fermé, du côlé
de la rue, par une superlje grille de 1J3 pieds de
DlCXIOSNAIRB DE GÉOGRAPHIli fiCCL, II.
long sur Ô7 pieds de haut. — La Bibliothè.iue pu-
blique, formée des débris des bibliothèques des
comniunaulés leligieues, cl particulièrement de la
majeure partie des livres du docteur Henneqiiin et
du président lioidiier, est une dos i lus précieuses
riclies>es de Troyes. Elle reiilèrme o.'J 000 vulnmas
impiimés, et pièsde 5000 manuscrits. Dans lenoin-
bie des livres, il y a beaucoup de bonnes éditions :
aucune ne remonte à l'origine de l'imprinierie; la
plus ancienne est de 1470. Les manuscris soni pos-
térieurs au M= et au xii« siècle. La s;ille qui ren-
ferme la Bibliolliè(iue a environ 50 niéires de lon-
gueur sur 10 de largeur et 7 de hauteur. Les croisées
sont ornées de peintures historiques sur verre, re-
présentant les principaux événements de la vie de
Demi IV, exécutées par Linard-G mihier.
Troyes est la patrie de plusieuis hommes célèbres,
parmi lesquels on cite 'llubauli IV, le premier chan-
sonnier parmi les rois, le premier écrivain Ir.uiçais
dor.t les vers puissent s'enlendre el se lire; Pierre
Comestor, auteur d'une histoire abrégée de l'Ancien
et du iNouveau ïestamenl ; Salomon Jarilii, {|iii se
dislingu;i par une coiinaissajice pioloiiJe de l'Ecri-
ture Sainte et une perspicacité lieuieuîe à l'expli-
quer; Chrestien de Troyes, l'un des romanciers les
plus féconds du xii« siècle; Guiler, abbé de Saint-
Loup, auteur d une li;sioire de son monastère, où ï
cite un titre de l'année !>93, qui jette quel(|ue lumière
sur les ravages des >ormands;le pape Urbain IV,
lils d'un pauvre cordonnier; Juvénal des Ursins, his-
torien du xv>^ siècle; Jean Passerai, liuéraieur dis-
tingué du xvie siède, l'un des auteurs de la fameuse
satire Menippée; Pierre el François Piihou, célèbres
jurisconsnlles : on doit au premier la découverte du
Plèdie, dont il adonné à Troyes, en 1596, cbe*
Oudul, l'édition princeps; François Girardon, un des
plus célèbres sculpteurs duiit s'Iionore la France;
Pierre Mignard, peinire célèbre; Jean Grosley ,
homme de lelttvs et savant antiquaire, eic. —
Trc.yes possède des manufactures considérables da
bonneterie en colon très-esiiniée, de toiles de coton,
basins, molletons, talicois, percales, lineites, coutils
blancs, draps, ratines, couvertures de l.iine, toiles pei n-
tes, fabriques de lacets, savon noir, biane de Tioyes,
moutarde, cierges, peignes de corne, cordes d'insiru-
mctiis, amidon, etc.; de nombreuses et belles filatures
de laine et de coton; huileries; brasseries ; bellej
blanchisseries de bas etdeluiles; papeleiie, etc., etc.
— Le commerce consi^le en céréales, légumes secs,
vins, euux-de-vie, chanvre, cire, laines, boimelerie,
loties, draperie et buis de construction. Mais la ville
est bien déchue du rang commercial qu'elle ocmpait
dans le moyen âge. On y compte près de 40,01)0 lia-
bilanls, sur lesquels il y a une nombreuse population
ouvrière qui ne travaille pas louiours par suite de
chômage.
Troyes est le chef-lieu de préfeclure du départe-
ment de l'.Aube. Cette ville est à 100 kil. esi-sud-esl
de Paris. Lat. nord, të" lo' 5"; long. est. 1» 44' 54",
29
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
907
— Le département de l'Aube, qui est compris dans
le diocèse de Troyes, est formé de la ci-devani basse
Champagne, d'une purlie du Voilage, de quelques
enclaves du dnclié de Bourgogne, et de plusieurs
déniembremenls de l'ancienne généralité de Paris.
Il lire son nom de la rivière d'Aube, qui le traverse
du sud-est au nord-ouesl. Ses limites sont : au nord,
le département delà Marne ; à l'esi .celui de la Haute-
Marne; au sud-est, celui de la Côte-d'Or; au sud et
au sud-ouest, celui de l'Yonne; au nord-ouest, celui
de Seine-et-Marne. La surface de ce département,
quoique généralement plane et unie, est coupée dans
sa partie nord-ouesl par de petites collines siti'ées
à de grandes distances les unes des autres, qui aug-
nienleni en hauteur et se lapprocbent à mesure qu'on
avance au sud et à l'est. Le territoire n'est pas éga-
lement fertile partout : le sol de la région nurd et
nord-ouest est de mauvaise qualité; c'est un fond de
(•r;iie recouvert d'une légère couche de terre végétale
qtii ne produit q.o de l'avoine, du surrasin et du
seigle assez bon , mais eu si petite quantité qu'on en
relire à peine les frais de culture, ce qui fait qu'une
grande pirtie des terrains reste eu friche. Celle ré-
gion n'offre i la vue que des campagnes dépouillées
d'arbres, et dont la nudité laisse les troupeaux expo-
sés à l'aidjurdu soleil ; c'est la Chumpagne Pouilleuse.
Toulefoi», des plantations d'arbres verts, leniées
avec succès dans ces dernières années, donnèrent
l'espoir de grïiules aniélinr.uions puur l'avenir. La
stérilité de cette contrée est heureusement eompi'nsée
par la lertilit:> de l'autre; le sol de la réjjion sud-est
e^l liès-prnductif, quoiqu'il suit quelquefois si fort
que qnalre ou en | bons c lievaux sullisent à peme
poui tirer la charrue. Cette p;irlie produit ahoiidain-
ment toute sorte de grains, dis frui s, des iégimies, de
ta navette, du fuiii, du bois et beaucoup do clianvre :
on y trouve des vignnliles bien exposé», (|iii donnent
d'excellents vins. La Seii.e et l'Aube arrosent dans le
déparieme it de riche-; | rair e« qui nourrissent beau-
coup de gros et de menu bétail, et produisent une
grande quantiié de loin pour l'approvisioiiiienienl de
P.iris. — D.ms une p;iriie du (b^partemeni de l'Aube,
les lérines et dépendances forment des cncbis plus
ou moins vastes, suivant la quantité de leries à cul-
tiver; ils cnnliennent ordinairement depuis deux jus-
qu'à huit et dix hectares. Chaque bâtiment eu dis-
tinct et occupe un einplacemeiit séparé ; mais les
coris de ferme, c'est-à dire, les maisons, les gran-
ges, les |H-esS"irs, les écuries, les éiables et licrge-
ries, réunis dans un enclos particulier, sont bâtis en
bois, et couverts le plus souvent en chaume. L'éten-
duedes terres al'scbces à chaque ferme est depuis 20
jusqu'à ISO hectares. On renian)ue avic peine que
les habitations des petites fermes sont en général
placées dans une situation malsaine : la cour se
trouve quelquelois au-dessus du niveau de la maison,
dont 11) porte est obstruée par des tnsdefnmier; les
pièces de l'intérieur ne reçoivent le jour que par
une peiiti; croisée fixe, qui ne permet pas d'en re-
nouveler l'air ni d'en dessécher le pavé , souvent
trop humide.
Le déparlement est divisé en cinq arrondissements
et en 26 cantons, renfermant ii^ communes. Sa su-
perficie est de 1320 kil. carrés , et sa population de
303,000 habitants.
Vskudama, vel Hadiianopolis , Andrinople , ou
Endrem. — Andrinople était, dès le V siècle, la
métropole de la province d'Hémimoiii dans l'exar-
chat de Thrace. Sa juridiction s'étend.iii sur cinq
archevêchés et sur dix éiéchés; elle faisait partie
du patriarcat de Kome, auquel elle fui eidevée lors
de la création de celui de Constantinople. Elle est
située , dans la Rumélie , à 170 kil. nord-ouesl de
Constantinople; sur la Maritza, à l'embouchine de
la Tounilja et de l'Arda. Lai. nord il° 48"; long, est
24° 9'. La population est évaluée à 90,000 habitants,
dont 43,000 luiks, 50,000 Grecs et Bulgares, le
reste Arméniens et Juifs. Cette ville est considérée
comme la seconde capitale de l'empire Utiomaii ; elle
est protégée par une citadelle, entourée de vieilles
murailles, et possède un arsenal et une fonderie de
canons. Son industrie est assez active; elle consiste
dans la préparation importante de cuirs et de maro-
quins ; dans la fabrication de soiries, cotons, lainages,
tapis; dans des distilleries d'eau et es-encede roses;
dans des teintureries eu beau rouge garance , dit
rouge iurk, rou;e d' Andrinople. Le cunnuerce est
très-actir en produits du sol ; l'entrepôt s'en trouve
à EiiOS , à l'embouchure de la Maritza , le lleuvo
n'étant navigable jusijn'à Andrinople que la moitié
de l'année, durant les grandes eaux. L'evportalion
se f.iit en belles laines, en vins esliinés, coton,
opium, soie, fruits, leintuies, eau de lo.-e, cuirs et
maroquins. Le savon it'Aiidriiiople rivalise avec celui
de Syrie; ses sucreries et ses sorbets valent ceux
de Kiiiiiéh et d'Ilaïua. Un admire dans celte ville ses
édifices, ses palais, ses marches, ses mosquées, .-es
éi oies et ses ponis. On y rcniar<|ue les immenses
jardins du palais des sulians, commencé par Murad \"
en 13(i5; la mosi|uée de Séliin II . le plus beau tem-
ple construit par les Ottomans; celle de Wurad !«';
le bazar d'Ali-Pacha; l'aqueduc qui alimente les
fontaines de la ville.
Andrinople rebâtie par l'empereur Adiien qui lui
donna son nom, sur les ruines d'Uskiidama, antienne
ville diS Bessiens, appelée aussi Orestio, est célèbre
dans !'hi>toire par le siège et les dévasialions des
Gnths sous Fritigerii, du temps de l'empereur Valeiis,
qui, vaincu, fut hrùlé vif; par le pillage des Bulgares
sous Rumanus, et par le passage des croisés sous les
Comnénes. Murad 1" prit Andrinople bur les Grec -
en 1560. 11 y établit le siège de son empire en 151 (-.
Elle continua d'èlie la résidence des sultans jusqu'à
la prise de Constantinople parMohai)imèdell,en li-^S.
C'est lîiainicnant la seconde ville de l'empire Otto-
man. Les Russes s'en emparèrent en 1829, et il s'y
conclut, le 14 septembre de la même année, un traité
de paix'entre la Russie et la Turquie. Peu de temps
90D
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
après elle souffrit beaucoup du ireniblemenl de
terre qui ravagea au même instant la Cavala, Lai;os
cl Orfano. — Aiidriiiople est aussi renomniée pour
sa situation à la jonction de trois rivières, doi.t l'une
d'elles, rilèbre, roule ses eaux à travers des champs
de rosiers.
L'archevêque grec d'Andrinople n'a plus à présent
qu'un sirffragant. La inissifin cailiolique est confiée
aus soins des religieux franciscains iialirns appelés
Conventuels , et connus autrefois en France sous le
nom de Cordeliers. Ces religieux sont au nombre
de deux ; quelquefois cependant , quand les suje.is
leur manquent, le second de ces Pères est rempUicé
par un prêtre séculier. Ils possèdent une petite église
et une maison pour loger les missionnaires. Celle-ci
a été bâtie, il y a quelques années, par les soins et
sous la surveillance d'un religieux conventuel ,
français de nation. Il y a à Andrioople une quaran-
910
eux
laine de familles catholiques, ce qui fait près d
cents personne?.
Malgié leur beauté et leur fertilité , les plaines
immenses qui s'ctcndenl presque .sans interruption
depuis Conslanliiiople jus(iu"à Andriiiople, générale-
ment restent sans culluie. On voyage plusieurs jour-
nées sans trouver ni ville ni village; seulement on
aperçoit, de loin eu loin, de raies iroupeaux confiés
à la garde de quelques (làtres bulgares ou albmais :
ce sont les seuls qu'on applique aux travaux pénibles
de la campagne. Dans ces cantons, comme partout
ailleurs en Turquie , les populaiions de diverses re-
ligions et rites n'ont jamais une habitation commune;
les Tuiks ont leurs villages, et les Grecs les leurs.
Dans les villes, il y a quartier turk, quartier grec et
même quartier des Arméniens, s'il s'en trouve dans
l'eniiroit. Les villages grecs, dans la partie d'Europe,
sontau moins d'un tiers plus nombreux que les turks.
Yaga Gens, les Kosaques, les Kirguis-Kaïssaks et
les Kalniouks, peuples nomades de l'Europe et de
l'Asie, soumis à la Russie et à la Chine. Il e:^iste
.chez les Kosaques et les Kahuouks une légende qui
en lait le peuple ie plus ancien cl ■ la terre ; ils y ont
foi et n'en parlent qu'avec vénération. Les Kosaques,
dans la Russie d'Europe, foi ment aciue lenicnt
une naiion dis'incte des Russes, tant par leur ma-
nière de vivre, leurs occupations et leur consutntion
gueriièri', que par leur costume, leurs mceurs c t
quelques privilèges. Ils de^eeudent des peuples sla-
ves quL bahitaienl aneienucment les mêmes conirées
que lej Kosaques du Don occupent aujourd'hui. Une
colonie de ces peuples, formée de tous ceux qui ne
voulaient pas s'jistreindre à un gouvernement réglé,
se retira dans les steppes entre la mer Noire et la
mer Caspienne. Là ils menèrent une vie erninie, se
livrant à la chasse et à la pêche, et souvent au brigan-
dage.LesRusses les non mèrentPo/ou/;is ou chasseurs.
Le nom de Kosaques qu'ils portent leur fui donné en-
suite par Ici Tartarcs, qui nommaient aiiisi tous les
vagabonds. Les princes slaves, russes et tariares les
employaient souvent à leur solde pour se f.iiie la
guerre, ou pour garder leurs frontières, et leur assi-
gnaient des terres dans la contrée qu'ils devaient dé-
fendre; de là diflérents élabli^senlenls où ils se
fixaient, et qu'ils nommaient stanitsijs ou campement.
Les Russes donnaient aux habitants de ces stanitzys
des noms particuliers tirés de leur manière de vivre,
de la villequ'ils habitaient ou de celle dont ilsétaient
plus près, et qui ont été l'origine de celte grande va-
riélé de Kosaques que l'on trouve en Russie. On
les divise en deux branches principales d'où sont
sorties les autres : l°les Kosaques du Don, desquels
sont provenus dans la suite ceux du Volga, du Té-
rek, les Grebenskii, les Seymens, ceux de Mozdok,
de rOural et de Sibérie; 2° les Kosaques d'Ukraine,
qui ont donné naissance aux Kosaques Zaporogues,
Tclernomorskou de la mer Noire, et aux régiments
slobodiens. Viennent ensuite les Kosaques de Tschou-
gou-ief, et ceux du Boug, qui n'appartiennent ni à
la première ni à la deuxième branche. Nous allons
les passer en revue en suivant l'ordre alphabétique.
Kosa(iues d'Astrakhan. Ils descendent des Kosa-
ques du Don, et habitent entre Tzarilzin et Astra-
khan. Ils entretiennent les postes sur celte route
dans ce dernier gouvernement; leurs bourgs, ainsi
que ceux de tons les Kosaques de la ligne du Cau-
case, sont entourés d'un rempart de terre.
Kosaques du lîoug. Ils proviennent d'un corps de
clirétiens moldaves, valaques et bulgares, que les
ïurks firent marcher contre les Russes en 1769.
Depuis ce temps ils forment un corps régulier de
1500 Kosaques qui prennent tous les armes en lemps
de guerre. Ils ont le privilège d'incorporer dans
leurs milices les Moldaves, les Valaques et les Bul-
gares. Leurs établissemenis se trouvent dans les
districts de Kherson, d'Elisabelgrad et d'Olviopol.
Kosaques du Don, province de la Russie d'f^uro-
pe, qui comprend la contrée qu'habitent les Kosa-
ques du Don en Russie; elle esi bornée au nord-
ouest parle gouvernement de Voronêje, au nord -
esl par celui de Saratof, à l'est par celui d'Astra-
khan, au sud-est par celui du Caucase, au sud-ouest
par la Tauride et la mer d'Azof, à l'ouesl par le
gouvernement d'Ekaterinoslaf. Elle a 130 lieues de
long sur 100 de large, et 10,030 lieues carrées. Cette
grande étendue de pays partout fertile est arrosée
par le Don, qui la parcourt presqu'en entier de
l'ouest à l'est, el ensuite de l'est au sud par le Kho-
per, la Medvéditza et un grand nombre d'auires ri-
vières plus petites qui viennent se réunir à celles-ci.
Des steppes très-riches en pâturages et en bestiaux,
des bois remplis de gibier, et assez nombreux pour
les besoins des habitants, des rivières excess. ve-
ntent poissonneuses, des champs fertiles et des vi-
gnobles, su^fl^ent non-seulement à l'entretien de ses
heureux habitants, mais leur fournissent encore les
moyens de se procurer les objets de luxe et d'arts,
en exportant le superflu de leurs denrées. Les prin-
9il
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 912
cip;iles prodnciions de celle province sonl orge, avoi-
ne, millet, friniïiil, sarr^izin, légmnes de imiie es-
pèce, inelons, citrons, citrouilles, concombre*, fiiiiis,
vin parmi leiiuel on distingue le tymoroska; les ob-
j^■ts de commerce consistent en loile, draps, man-
teaux, l:iine, pelis-es, chevaux, be^lianx, caviar, as-
sez reclicrché, colle de poisson. Les Kosaques du
Don nali.tent des bourgs fortifiés qu'ils nomment
ttaniliijs, le long du Don et sur tonie lelend ;e du
p lys coiiipri-, i iiire les g invernenionis d'Ekaeiinos-
hil, de Yoroncje, de Saralnf et du C;iucase. Le chef-
lien de leur pays est Tsclierkask; leur population
peut monter à 255,830 uiàle-^, qui l'ourni.«sent en
temps de guerre 33,400 combatl.inis tous armés à
la légè'e, montés sur de bons cbevanx el à leur
propre frais. Ces troupes ne reçoivent leurs ap|ioin-
Icnienls el munitions que du moment qu'elles sor-
tent de leurs terres : chaque homme est armé d'une
lani e, d'un sabre, d'une carabine et d'une paire de
l'isiolels; ce sont les meilleures lroupe> légér.s de
la Ru sie, tant pour aller à la découverte de l'enne-
mi que piur les avant gardes, où elles ne se laissent
jmiais suc prendre; e les sonl infatigables ; el, sou-
teimes des troupes régulièies, elles auacpienl avec
fore ir et courage ; niuis seules elles sonl lâches et
moins hardies. On les a vues en Fiance, en 1814.,
mettre bas les armes devant quehpies braves, et
mêu;e devant quelques l'aysaus liardis et de^ .'"em-
iiies. Ordinaireniint les K 'saqnes n'ont pas de ca-
nons avec eux; lien ne peut les airêier quand une
fois l'ennemi e.-t en déroute; ils le poursuivent sans
relù( he, sans lui la sser de repos. Ils ne payent au-
cune imposition à l'Elat;ma:S aussi tout Kosaque
est soldat depuis l'âge de 15 ans jusqu'à celui de
50. Ils marchent chacun à leur tour (piand on les
requiert; mais ils peuvent se faire remplacer s'ils le
veulent, en louant et équipant nn Kosaipie de bonne
volonté ; leurs troupes sonl divisées en régiments
composés chacun de SCO à "(lO hommes, comm mdés
par im colonel el plusieurs ceiiieniers. Ils oniiroiséien-
dards que la clianceileiie leur donne au moment
d'entrer eu campagne. Mainlenanl ils comptent leur
temps de service avec lonto l'armée, ont leurs offi-
ciers, leurs clonels el leurs généraux, comme le
resie des troupes i usses ; et souvent on a vu des
gé .éraux kosaques commander des corps d'armée
régulière très-considérables. Les Kosaques ont nn
costume mixte, qui lient de celui des Tstherkesses
et de celui des Tolonais; ils portent uii bonnet
fort haut , des pantalons larges pre-que sembla-
Lies à ceu\ (les Turks, et le sabre au côié en temps
de pjix comme en temps de guerre; ils coupent
leurs clieveux en rond, et leur donnent quelquefois
la forme d'une calotte. — Les Kosaques sont régis
par un voiskovoy-a Maman ou heiman, chef des trou-
pes, choisi parmi eux par l'empeieiir, et qui a rang
do lieuieuant général et souvent de général eu clief ;
le dernier est le célèbre Matthieu Plaiow, mort en
1818, et fameux par ses pillages en France en 1814
el 181?;. Dans la campagne de Russie en 1812, ce
barbare lit massarrer un !;ran'l nombre de prison-
niers français. L'attainan préside à une chancellerie
composée de trois déparlements; ceux de la ;;uerre,
du civil el des finances : or ils | relèvent parmi eux
un petit impôt, qu'ils fisenl eux-mêmes pour les be-
soins de leur gouvernement; il a sous lui doux con-
seillers ayimt ordiMairemeul rang de génétaux ma-
jors, el quatre assesseurs ou colonels. Tous ces di-
gniiaiies sont élus par les Kosaques, et chanj;eut
tous les trois ans. — Les terres des Kosaques du
Don Sonl partagées en sept districts, el ceux-ci en
119 bcrgs ou staniizys. Ils ont des maisons ordi-
nairement bâties en bois comme celles des paysans
russes, excepté (|u'en gé:iéi:il elles sont plus grandes
et plus propies. Leurs femmes portent louies des
pantalons d'étofTes de colon ou de soie. Celles de
leurs chefs ou généraux comnienceoi déjà à adopter
l'iiabillement des européennes; mais les femmes du
peuple ont conservé leur costume ; elles portent
beaucoup de coraux, de perles, et souvent des
monnaies d'or et d'ar;;enl sur leur coii. Les Kosa-
ques Sont liospilaliers; ils ont une table lrés-sim{de,
et aimenl les liqueurs; on leur reproelie la paresse
et l'ivrognerie ; ils suivent la religion grecque, et
ont pour évéque celui de Voroncje. Ou divise les
K saques eu deux classes, la noblesse el le peuple ;
ils sonl ee|ien'lant tous ég:iux devant la loi. — l^es
Kosaques du Don font un commerce considérable en
loissoii, cav ar, coMe de poisson, qu'ils <-xporient
dans l'iiitérieur de l'empire ; ils vendent également
beaucoup de laine, el surtout des che.aux dont ils
int des haras nombreux, el dont la réputation est
trés-gr.inde pour le service de la cavalerie légère,
en ce qu'ils sonl agiles, vifs et infatigables. Popula-
tion, 5:0,0.0 habitants.
Kosaques Crébeiiskii, formés d'une troupe de 400
hommes, qui, après s'être séparés de l'armée du
fameux Jarmak limof eeviich, furent dispersés par
des troupes qu'on envoya conire eux, el se retirè-
rent dans les inoinagnes du Cauiase sous le règne
de Pierre ie Grand; ils revinrent sur le Térek, où
ils occupent cinq bourgs. Ils sont réputés les plus
braves des Kosaques, cultivent la vigne, et vendent
du vin à .\siraklian.
Koaiiucs de Mozdok, colonie considérable divi-
sée en six siaiiitzys ou bourgs, est lit ce des Kosa-
ques du Volga. Ils sont placés entre Mozduk et Kis-
liar.
Kosaques de l'Oural, la plus nombreuse colonie
des Kos:o]ues du Don; ils habitent la partie ia gilus
méridionale t!u gouvernement d'Orenbourg sur
l'Oural. Ces Kosaques, ainsi que le fleuve, se nom-
maient aniiennemeni Jaiks; mais depuis la révulle
du fameiis Pougalchef, dans laquelle plusieuis d'en-
tre eux avaient pris pari, ceux qui étaient restés fi-
dèles demandèrent il changer leur nom, ce qui leur
fui accordé eu 1775, par l'impérairice Catherine II.
Un compte parmi eux 30,000 habitants; ils fuur-
9)5
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
Il
nissent dix régiments de 500 lionimes répartis sur
les froiilièrcs des Kirgiiiss. Ils sont presque tous
pêclieiirs, cl fnni mi grand conmierce de poissons.
Ko<:aqiie'i Scyinens. Ils font partie des Kos:iqnes
du Térek, et liabilenl trois bourgs sur la ri\e gauche
du Té.< k.
Kos.-iqiies de Sibérie, Ils descendent aes Kosaqiies
du Di.n, qui sons la conduite du célèbre Jarmak ou
Jai iiiolay, firent la comiuéie de îa Sibérie, et s y éia-
Mirent dans des villps et villages ; ceii.< qui sont
restés Kosaques , an nonil:re d'environ 15,000, sont
répanis dans les différentes conirées de la Sil>érie ,
et ressemblent nux Kosaqncs du Don ; ceux des vil-
les ne forment pins de légimenis, mais de petites
troupes si'bordonnées aux coniniandams des vilb-s.
On les emi'l'iie pinir le surNice des postes, pour des
convois de oravanes.
Kosaqnes Slobodiens; ce sont cinq régiments de
Kosaques connus sous les noms d'Akbtirka, Sonini ,
Uliarkof, Isum , Ribna ou Ostiogobk. Is se sont sé-
parés des Kos.tques de l'Ukraine en lCo2, pour ailer
habiter vers les steppes.
Kosaques Tcbernonior^k , ou de la mer No're.
Lorsque l'uknve que Catlier ne II denni en 1775 pour
disséminer les Kosafines Zaporogues. parut , on les
transporta dans le district de Uielogorod , où , abju-
rant le célibat , ils furmé eut des colonie-^ rie culti-
vaieiirs. Lors de la déclaration de guerre avec la
ges dans lesquels ils passaient les hivers avec leurs
familles. Le pays des Kosaques, communément ap-
pelé Ukraine, nom i|ui signifie limitrophe , parce
qu'il formait la séparation de la Russie, de la Polo-
gne, d.- la Petiie-Tanarie et de la Turquie, couMsie
en une plaine exlrêniemeni ler:ile, cou|iée de belles
riviéies et (i'jgiéables forêts. Il est divisé en plu-
sieurs gouvernements, qui sont Pultawa, Tchernigof,
Kiew, Kliaikof, Novgorod-Severskny, et une partie
d'Ek iliTiiioslaf.
Kosaques du Térek. Ce sont les Kosaques du Don
qui suivir.nt Pierre le Grand dans ses can)pagnes
de Perse, et qu'il établit à son retour sur la mer
Caspienne ; mais l'impéralrire Anne les fit passer
sur les bords du Térek où ils sont aeiuellement. Ces
Ko-a(|i;es f.irment trois lég meuts, et se giiivernenl
eux-mêmes; ils sont toujours en activité de service
et cniumandéspar les généraux russes qui se trouvent
à Ki^liar.
Kosaques du Volgi. Des Kosaques dn Don que
l'on envoyait chaque hiver faire le service des fron-
tières du Volg:!, trouvant trop dur de revenir chez
eux, se (ixcient en nombre assez considérable sur le
Yolga. Bientôl un plus grand nombre vint se joindre
à eux, et ils finirent par peupler les villes de Suuara,
Saraof et d'.iuire- de ces contrées. En 1754 i!s se
sépaièreut ctitièrememdeceux du Dot), élnieiit leur
propre voiskovoy, et formèrent deux rcg meuts qui
Turquie en 178", plusieurs d'entre eux demandèienl «e iiomiueni Doubowskoy et Astraklmnskoy. Leur
à former des régi'uenisde Kosaques. Après la guerre
dans laquelle ils avaient rendu de grands services ,
on les établit dans l'île de Tamaii. Eu 17; 2 ilscons-
irui'irei t la forteresse Ekaieriiioslaf. Ils ont encore
la ville de Tainan ou Phanagorie. Li'urs terres s'é-
teiideni sur la rive droite du Kouban, jtisqu'à l'em-
genre de vie neiliffère eu rien de celui des Kos.ques
du Don. Leurs éiablisseineuts sont le long du Vol"a
près de la ville de Ocuibovka et sur les deux rives de
la rivière de ce nom.
Kos;ii|ues Zaporogues. Ils occupaient la Selcha ou
fop 1er esse située datis les îles du Drdeper, et furent
bciichure de la Laba, qui s'y jette en y joignant l'île longtemps le boidevard de l'empirecunire les Tarta-
de Tamau, Ils culliveni peu la terre, malgré sa grande
feriilitc, mais ils font un commerce considérable de
poissons. Ils sont au nombre de 14,.'iOt) hommes; en
temps de guer re tous montetit à cheval.
K'isaques d'Ukraine ou Malorossiens. Ce sont des
Russes qui, lors de l'invasion des Poloniis dans la
Russie Rouge en 1340, se rclirérent dans les bas-
ses îoiitiëes du Don. Harcelés sans cesse par les Po-
lonais, les Lithuaniens et les Tartares. voisins du
pays qu'ils avaient choisi pour retraite, ils se virent
dans la I écessité de combattre sans cesse contre eux
pour leur défense, ce qui établit naturelh^menl chez
eux cette consiitution militaire qu'ils ne counaissaietit
pas auparavant. Lors de la deuxième dévastation de
Kiew en 1415, et surtout lors de l'incorporation de
ia prov. de Kiew à la Pologne, les Russes allèrent
en grand nombre rejoindre leurs compatriotes pour
se soustraire à celte domination étrangère. C'est à
celle époque que l'on doit rapporter le nom de Pè-
res debKrimée. (Catherine II les supprima en 17T5,
et donna leur pays à d'autres cultivateurs, en puni-
lion de ce qu'ils avaient émigré chez les Turks et
combattu pour eux. Ils ont été transportés eu pariie
dans l'île de Tainan, où ils sont cotmus sous le nom
de Tcbermorskié.
Kosaques de Tchou-gou-ief. Ils sont originaires
du Don, mais s'étant établis près de la ville de
Tchou-gou-ief, ils recueillirent des Russes et des
Kahnonks qui vinrent se joindre à eux, se choisirent
un aiiam m, et firent bande à pan. Ces Kosaques
forment un régiment de lU escadrons; on y a joint
deux régiments d'anciens Kosaques d'Ukraine; leur
chef réside dans la ville de Tchou-gou-ief.
Les Kirguis-Kaïssacks habiieut le nord du Tuikes-
tan. Les Kirgiiis sont nu peuple belliqueux et pasteur,
libre de tout joug despotique : la mnyeine et la petite
horde jurent fidélité à l'empereur de Russie, mais ils
ne se reconnaissent nullement pour ses sujets, et ne
tite-Uussio qui fut donné à ce pays. Les Kosaques lui payent aucun tribut. Leur manière de vivre, leurs
d'Ukraine s'étendirent peu à peu jusqu'au Boug et moeurs, leur religion, semblent interdire toute civil!-
au Dniester, et occupèrent tout le pays ([ui est entre sal on aux Kirguis. Les faibles lumières dont ils sont
ces deux fleuves. Ils bâtirent des villes et des villa- éclairés sont même obscurcies par la superstition.
91a
DICTIONNAIRE DE GEOGEIAPHIE ECCLESIASTIQUE.
91 <$
Leur langage est un dialecte lurk corroinpu , cnlre-
niê'é de mois aussi ininieliigibles pour un Turk que
pour un TartMre de Krimée, et souvent même pour
l'babiiant d'Oreiibourg. De plus, là où les Tuiks et
les Tarlares emploient le scA, lesKirguisprononeenis.
Aux sons 1(7, ié, il, io, ioti des premiers, ils siibsii-
tueni les articulations djn, djé, dji,djo, djou. Au lieu
du gué, ils emploient le kh. La plupart de leiirs voyel-
les n'oiii p:is de son déterminé, et ils confomient si
souvent les lettres a et e. que l'on ne fent en faire la
distinction, ou plutôt qu'elles forment des espèces de
sons intermédiaires. — Un Kirguis qui comprend
l'Alcorui, et eoTiséquemment qui sait l'arabe, passe
pour nii prodige de science. Celui qui peut écrire et
lire dans la langue tarlareest regardé comme un sa-
vant. Mais, en général, presque aucun d'eux ne sait
lire. L'iirs khans, sulla s et beys, ne sont pns plus
însirnits à cet égard que leurs sujets (I), et ils ont
auprès d'eux des secréiaires ou muUalis, dont les
fomiions consistent à faire lecture de leurs lettres et
à y répondre. Les chefs des hordes impriment sur
leurs dépêches un sceau où leur riom est gravé, et
qui sert pareillement à la signature des passe-poris
et sauis-conduits. Les gens des classes inférieures se
servent de tamgui ou marques distinctives, qui leur
tiennent lieu de signaiure.
Malgré tout cet appnreil d'ignorance et de gros-
sièreié, l'on trouve tependoni chez les Kirguis quel-
ques commencements de poé-«ie et de musique. Sans
douie la poésie n'est pas vne science, mais les chan-
sons naiionali s des Kirguis et les chants que presque
eliaciin d'eux improvise piurraient venir à l'appui de
cet ancien axiome en civilisation, que l'homme est
né poêle et musicien. Ils pos>èdent aussi un grand
nombre de coules remplis de prodiges, d'enchanie-
mcnl- et de meurtres, et doni les héros, senibl.ibles
aux chevaliers des xii<' et Xfil* siéeles, vont courir
le monde pour chercher des avcniures. ■ — La mélo-
die de leurs chants est presque nulle; leurs princi-
paux iiistrunients de musique soi:t le kobouize et la
tcliiboiiizgâ; les curdes du premier sont des crins de
cheval, et ne reiiilent que des sons grossiers et dé-
nués de toute pureté. La tchibouizga est une es| éce
de flÙLè en roseau, longue d'cnviion trois quarts
d'aune, et pnunue de trois (;u quatre trous, sans
clef. Il n'est pas dil/icilc de concevoir que cet ins-
trument est encore plus dé>agréable que le kobouize.
— Ils ont encore des balaltiilm, luth grossier à trois
coides, et une autre espèce de kohouize, qu'ils ont
empruntée aiix Russes, et à laquelle les gens du peu-
ple ont donné les noms de vaigan et organ. C'est or-
dinairemenl une lame de fer ou d'acier très-flexible,
qu'ils appliquent contre leurs dents, et dont iis tirent
des sons en faisant mouvoir un petit fil de fer qui
(1) Par des ukases de 1781, 1786 et autres, l'im-
péralricft Callieiine 11 ordonna qu'il serait construit
sur la fronlicie des Kirguis des nios(|uées et des
écoles, où tous leurs enlants seraient élevés :iux frais
d!i gouvernement. Ses volontés ont été exécutées,
mais les écoles sont toujours restées vides, et main-
tient lieu de cordes. Les Grecs trouvaieivt que la
musique était indispensable pour adoucir les mœurs.
Les Kirguis ne la cultivent que pour propager leurs
superstitions et guérir les malades : c'est ce dont ou
peut se convaincre en voyant les représent;itions
iragi-comiqnes des l'axes, qui rein|ilis-e!it chez eux
les lunciions de médecins et de nécromanciens. —
Cependant les vaines et superstitieuses cérémonies
de ces imposteurs ne constituent pas tout l'ait médi-
cal des Kirguis ; ils connaissent plusieurs remèdes
salutaires, dont voici les principaux : Pour les maux
de poitrine, une décoction de racines d'églantier
avec du miel et du beurre; pour la phthisie et quel-
ques autres maladies, des bains dans des lacs d'eui
sa'ée ; pour les enflures, des fumigations de diiïérents
végétaux. Une plante qu'ils nomment schiraco leur
lient lieu de salse-paieille, et ils se servent du bel
d'ours, ainsi que nous faisons des mooclies cantha-
rides, pour rétablir l'épuisement des forces. Pour
remédier à la (lèvre chaude et à l'Iiydrophohie, ils
font sécher les pattes d'un oiseau qu'ils appellent
tilegouss, assez semblable à la perdrix; ils les pilent
dans un mortier, et en donnent la poudre à avaler
dans de l'eau. - - Quant à leurs connaissances en as-
tronomie, l'Etoile polaire, en raison de son cours
presqne imperceptible et de sa position au nord, oc-
cupe à leurs yeux la principale position dans le ciei;
ils l'appellent timis-kazijg, c'est-à-dire, l'axe de fer :
elle leur sert de guide pour s'orienter dan? leurs
voyages. Vénus poi te chez eux le nom de tcliouban-
djouldoiiss (éîoile du soir), et la Grande Ours celui
de djidi-karaidiki. Ils piéiendent que celte constel-
lation est formée par sept loups qui courent après
deux chevaux qui fuient devant eux, et que la lin
du monde arrivera lorsque ces derniers auront été
dévorés. Ils nomment les Pléiades le mouton sau-
vage {azkar ou omkar), et comme cet anima! céleste
devient invisible pour eux pendant une partie du
printemps, ils s'imaginent qu'il descend dans le sein
de la terre, et qu'il en fait sortir les pâturages né-
cessaires à leurs troupe -ux. Ils donnent à la constel-
lation de la Vierge le nom de siuiunbulia; au Réiier
Celui de saoïir; aux Gémeaux celui de djaouZabe-
rudji; et la voie lactée est pour eux le chemin des
oiseaux {kouschnvul-djoul), parce qu'ils la regardent
comme la route que pieiinent b s oisMux pour pas-
ser d'Europe en Asie et d'Asie eu Europe. — L'an-
née des Kii guis commence au mois de ntar-, au pre-
mier jour duquel ils donnent le nom de naourouz,
c'est-à-dire le nouvel an. Cet usage a été introduit
chez eux avec la religion mahumélane, aussi la plu-
part d'entre eux l'ignorent-ils. Voici (es noms des
mois : Mars, kokots; avril, maniouir; mai, mamrai ;
juin, orflï; juillet, tcAi/dnii; août, siunboulia; sep-
ten.Tnt même tous ces établissements tombent en rui-
nes. Les élforts des missionnaiies écossais ont éga-
ieineni été infructueux pour faire disparaître la bar-
barie de chez ces peuples grossiers.
{Note de ["auteur.)
m
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 918
leiiiLrs, saïajatamouite ; oclobTe., karulchahaoui ; nti-
veiiibiv., djionschiitscliaskaiii; décembre, /lan/or; jan-
vier, djhchlounai ; février, byrdini. Ils oiil eropruiué
des Persans la manière de compter les jours de la
semaine qu'ils commenceril au samedi, ainsi que
cela se pratique dans l'Alcoraii. Les noms des jours
sont lous persans : seinbé pour schembé, s<iniedi;
djéisembé, iiiin»nc\\e; diiussembé, lundi; sissembé,
mardi; siarsembé, mercredi; (liissenifce, jemli;d;oiima,
vendredi. Le dernier j"ur se célèbre comme le di-
manche chez les chréliens. — L ère de i'hégiie n'esi
connue que des mull.ihs; le resle de la nation
compl' par jubilés mongoles, de douze années, dont
chacune porte le nom d'un animal (1). Voici l'ordre
de ces jubilés : 1" année, Syfscft/iaiie, de la souris;
2« si/9uir, de la vache; î" djou/fcarss, du linx;4«(0K-
gouiclikaiie ou kouiane, du lièvre; 5" lou, du croco-
dile ; 6" djilàne, du serpent ; 7' djilki, du cheval ;
8^ koï, du monton ; 9' pilchir.e, du singe; llflflow/.',
de la poule; 11^ it ou oii^ du chien; H" doungouz,
du porc. Puis reviennent r.innée de la souris, celle
de la vache, et ainsi de suite dans le même ordre.
En comptant de cette manière, pour dire que tel
événement est arrivé il y a 36 ans, les Kirgnis s'ex-
priment ainsi : Trois années de la Poule ; au lieu de
Su ans, ils disent : Quatre années du moulon et deux
annéen communes. — Comme ils n'exercent d'autre
commerce que celui des échanges, ils n'ont ni mon-
naies, ni balances, ni toutes les mesures générale-
ment adoptées par les auires peuples. Leurs mon-
naies sont les moulons et les brebis, dont ils fixent
le nombre suivant le prix qu'ils attachent à tel ou
le! objet. Quant aux marchandises susceptibles d'être
pesées, ils les prennent à vue d'oeil.
Les Kalmouks habitent l'Asie centrale et orientale.
Ils dépendent en partie de la liussie et en partie de
la Chine. < Les Kalmouks, dit M. Hommaire de Hell,
savant voyageur moderne, sont boudbistes, ou plutôt
lamites, comme la plupart des peuples qui appar-
tiennent ainsi qu'eux à la race mongole. On sait que
le grand lama est le chef de ce culte , et qu'il
demeure au Thibet. Tous les livres des Kalmouks
parlent de l'existence de quatre grandes terres : la
première , située à l'orient , est occupée par des
géants qui vivent cent cinquante ans; la seconde <
vers l'occident, est peuplée d'individus encore plus
grands, qui vivent cinq cents ans, la troisième,
placée au nord-est, est peuplée d'habitants qui sont
plus grands encore , exempts d'infirmités et qui vi-
vent mille ans; enfin la quatrième est celle que nous
habitons, et qu'il dépend de la Divinité de combler
de faveurs. Au milieu d'une des montagnes du
(1) Celte manière de compier les années en usage
dans «ne srande partie de l'Asie est connue des uns
sous le nom de mongolienne, des autres sous ce-
lui d'oKifyourieiiiie on de turque. 11 est présnmable
qu'elle lui inventée dans les t^mps fabuleux de l'his-
toire nioiigoln-tartare, mais personne ne saurait dire
parf|uini à quelle époque. M. Abcl Rémusat l'ap-
pelle ktrgmsienne, supposant que les Kirguis l'ont
Thilirt , les Kalmouks supposent qu'il existe un
éléphant long de deux lieues et blanc comme la
neige. Ce fabuleux animal a trente-trois têies rouges,
munies chacune de six trompes, d'où jaillissent un
même nombre de funtaines surmontées de six étoiles,
et sur chaque étoile se tient assise une vierge, tou-
j'Urs jeune et toujours parée. Ces vierges sont filles
des esprits aériens, dont l'un , le plus puissant, se
met à cheval sur le milieu de la tète de l'éléphant,
quand cet intelligent anitnal veut changer de place.
Les Kalmouks ont des divinités terrestres appelées
biiurkhans , et qu'ils vénèrent comme des génies
bienfaisants. Après ces bourkhans viennent les esprits
aériens, qui sont ou bienfaisants ou n.échants. Les
Kalmouks adorent de préférence ces derniers comme
pouvant leur nuire, tandis que les autres ne peuvent
leur rendre que de bons offices. Ces mauvais génies
enfantent les orages, et lorsque les Kalmouks en-
tendent le tonnerre, duquel ils ont si grand'peur, Ils
se hâtent de tirer des coups de fusil pour éloigner
les démons qui planent au-dessus d'eux. Il y a en
outre , dans la religion Limite, un grand nombre
d'idoles monstrueuses, et q.ni n'ont généralement que
des fi.-ures de femmes. Les Kalmouks adressent des
Loniniages à ces divinités secondaires , et ils croient
également à la transmigration des âmes, ainsi qu'à
un enfer, dont le grand juge passe eu revue tontes les
âmes au sortir de la vie. Ce roi des enfers est, du
reste , assez bon pour permettre à un malheureux
pécheur un peu repentant d'aller vivre de nouveau
sur la terre sous sa première forme. Erlik-Khan , ca
juge des trépassés , et en même temps souverain
absolu du royaume des damnés, habite un palais où
l'on fait continuellement retentir des timbales; ce
palais est situé dans une grande ville entourée dé
murs blancs, en deçà de laquelle s'étend un cloaque
infect, séjour des maudits. Un sentier de fer traversa
cette mer, et, ainsi que le rapporte M. de Hell,
lorsque les coupables tentent de le franchir, il s'a-
mincit sous leurs pas jusqu'à présenter a peine
l'épaisseur d'un cheveu, puis II se brise, et les âmc^
dépravées ainsi reconnues sont aussitôt précipitées
dans les enfers sans autre forme de procès. Non loitt
de ce lieu d'horreur on remarque une mer de sang,
au-dessus de laquelle surnngent de nombreuses têtes
humaines . c'est là que sont torturés ceux qui ont
excité des querelles , et donné lieu à di-s meurtres
entre parents et amis. Plus loin se trouve renouvelé
le supplice de Tantale : sur un sol blanc et aride
une foule de damnés souffrent ia faim et la soif. Ils
creusent et fouillent incessamment la terre, ei leur
travail n'a d'autre résultat que d'user peu à peu leurs
composée à l'instar du cycle des Chinois; mais les
preuves de celle assertion ne sont pas éviileuies :
ce qu'il y a de certain, c'est «pie sons le nom de
Kirguis, il ne faul pas comprendre les Kirguis-Kaïs-
saks , ipii n'existaient pas encore, lorsque depuis
longtemps déjà on se servait de celte chrnnoL
mais bien les anciens Kirguis, ou les Karq
(Kirguis sauvages d'aujourd'hui). {ISote de/
g,g DICTIONNAIRE DE GKOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 920
Iras jusqu'aux épntiles ; puis leurs membres ainsi canion dii dépnriemeni des Deu\-Sèvre«, an diocèse
rongés repônsseni bii>niôi pour que leur iniirment re- de Poiiiers, sur la ri\ iéie de Tliouo. On y recolle du
coiimience. TtHe est la pnnilion indigée à ceux qui vin, des céréales; on y culiivc le chanvre cl le lin.
'■•li'ë de pourvoir aux bes"ins ei aux iialiiludes Ses habitants, au nombre de 2000, fabiiquenl de la
de boime chère du clergé lamiie, lequel, au moyen de toile, ei commerceni sur les laines,
ses fables, lieni sous sa dominaiion les petits ei les Vallis Clama, Vaucluse. Il y a dans le diocèse et
grands. Les préires kalmouks fout voeu de chasteté et à 16 kil. d'Avignon une paroi-sede ce nom. Elleist
deconl nence,niaiscelane les empêchepasd'MVdir (les située au pied de la nu ntagne el à 2 kil. de la fon-
relaiions avec des femmes mariées; du reste, lors-
qu'un m;iri kalmouk s'en aperçoit , il accepte avec
résignation sa m saventure , et la regarde même
comme un honneur, tant il vénère ses chefs reli-
gieux. Les princes partagent avec les prètr-'S ces
laine de Vaucluse, sur la live droite de la Sorgue,
avec une population de 517 habitants; elle possèile
des papeteries et des fabriques de garance. A peu
de distance de ce village, ou remarque, sur des ro-
chers, les ruines pi;toresques d'un ancien châl> au
sortes de privilèges; ils vont même plus loin : lors- qui appartenait autrefois aux évêques de CavaiH n,
qu'une lenime leur plaît, ils la fcmt enlever sans
façon, puis ils la renvoient quand ils en sont fati-
gués. Le mari endure tout cela d'une manière Irès-
pliilo'ophique; il a d'ailleurs l'espoir de se faire, par
ce moyen, absoudre de bien des peccadilles avenir.)
Yaldemoiilium Seduiiense. Sioii-Vaudémont. C'est
une paroisse du diocèse de N;incy, à 52 kil. sud-nuest
de celle ville, départ, de la Meurilie. La population
est de 530 liabii;<nts. Elle devait ê rc plus considé-
rable autrefois, si l'on en juge d'après les débris
des foriilicatioiis qui restent encore. Eu effet, d'api es
queliines mdieiitions foirrnies par des charires et des
chroniques du noyen âge, Sion-Viudéinont aurait
été alors une place importante ; mais elle aurait été
tans doute démantelée et ruinée dans le-! guerres
presque coilinuelles qui ravagèrent la Lorra ne aux
SV el xvi« siècles. — Cette paroisse, siinée sur une
montagne, est un lieu de pèlerinage ce èbre dans
loute la contrée, à cause d'une statue miraculeuse
de la sainte Vierge, honorée depuis un temps immé-
morial. On a établi dans ces derniers temps h Sion-
Vaudéuiont un in-tilut de Frères pour les éccdes
primaires, qui porienl le litre de Frères de Notre -
Danie-de-Sii'n.
Valentia Laiinorum, tel Roma, Rome. Cette ville
est le centre de la catholicité, la mélro|iole du
Dionde chrétien, la résidence du pape, el la c;ipi-
lale des Etats-Romains. Elle est la plus riclie de
loutfS les villes actuelles en nmnumeuts anciens et
modernes auxquels se rattachent de notnbreuses lé-
gendes, toutes fort intéressantes. Ses souvenirs em-
brassent l'ancien et le nouveau monde ; et elle a ce
{irivi'ége que sou histoire est celle des peuples an-
ciens et des peuples nmderues. Sans égale dans
l'antiquité, elle a été la première dans le moyen
ige. Prise el déva^iée successivement par les Bar-
bares, elle survji à ses ruines amoncelées. — Nous
renvoyons à son article Rome, dans le vol. III.
1 Vallis Aurea, Airvaidl, ancienne abbaye cnnimend.
d'hominesen Francedansie llaut-Pniiou, à40kil. ouest
de Poitiers, à 12 sud de Thouars, ei20 est de l'arthenay.
el que l'on nomme improprement le château de Pé-
trarque. De ces ruines, un sentier étroit cunioume
la montagne de Yauclu>e, et conduit eu trois quarts
d'heure au sommet du rocher éb'vé verticalement sur
l'antre de la fontaine. Là, un speciac'e magniliquc
frappe les regards : aux pieds de l'observ.iieur une
rivière bleuâtre s'échappe en grondant du vallon
qui la gêne, ralentit son cours pour former des
méandres gracieux, revenir sur elie-niêuie, comme
si elle quittait à regiei les prairies ombragées qu'el'e
traverse, se diriger en canaux qui alimentent plu-
sieurs usines, embrasser de petites îles el se diviser
encore. On dislingue des villes, «les vilbiges, des
habiiaiions éi)irses, des champs fertiles, des prai-
ries, des vignobles, des lieux incultes et ceux que le
laboureur fertilise. Lf-s regards se reposent avec un
pliiisir indicible sur un horizon Iranijuille et sur les
plus riants tableaux. — La fontaine de Vaucluse, qui
donne son nom au département et rappelle le sou-
venir de Pétrarque comme poète et comme philoso-
phe, est une des plus belles de France; elle occupe
le fond d'une vaste el profonde c iverne qui s'ouvre
en arceau, au pied d'un roc élevé à pic. Pour arriver
à celle source, objet dn la plus grande curiosité, on
eiilre, après avoir dépassé le village de Vaucluse,
dans un vallon un peu loriueux, fort étroit, dirigé
du sud au nord, boidé de pari el d'autre de rochers
Irès-élevés et fort escarpés, lesquels vont se joindre
à un immense rocher qui termine brusquement le
vallon, et eu forme uii vrai cul de-sac, d'où elle tire
le nom de Vaucluse (t'a//is clausa). C'est au pied de
ce rocher que se trouve le bassin de la foniaine.
Pour y arriver, on suit, le long de la rive droiie de
la Sorgue, un senliir rocailleux ; el on voit surlir de
dessous ce sentier 20 lorrenis d'eau, dont la plupart
sont de la grosseur d'un homme, qui se précipitent
avec fracas, et forment une rivière majestueuse ca-
pable de porter baleau. Au ilelà de ces sources, on
découvre un entassement de blocs énormes de ro-
chers que couvrent les eaux qui débordent par-des-
sus le bassin de la fontaine, dans le temps de la
Cette abbaye, de l'ordre de Saint-Augustin, fui fon- fonte des neiges. Ce bassin, d'un diamètre d'environ
dée par Hildegarde, veuve d'Herbert, premier vi- 60 pouces, est à peu près circulaire, et creusé eu
comte de Thouars. Elle C'ait autrefoisdudiotèscdela entonnoir; le rocher auquel il est adossé forme le
Rochelle. — Airvault est aujourd'hui uu chef-lieu de fond du cul-de-sae, et est coupé à pic jusqu'à la
921
hauteur de 300 pieds. — On ne doil visiier In fon-
taine (le V;iiicliise qire lorsqu'elle est très-basse ou
dans lonic sa hauteur. C'est dans le premier état
seulement qu'on peut s'approcher de la caverne, et
parcourir sans danger le lit naissant de la rivière.
C'est penilant l'Iiiver, et »uitoul à l'équinnxe du
printemps, époque de la fonte des neiges, que la
source de Vaucluse est dans toute sa force et toute
sa beauté; a'ors elle verse si-s eaux par-dessus lis
bords de la caverne, dont elle cache et surmonte de
beaucnup ['«luvenure : un figuier qui a pris nais-
sance dans les veines du rocher, à plusieurs nièires
au-dessus, est désigné comme la marque de leur
plus grande élévation. Ler-que ce moment arrive,
l'onde se soulève du gouffre sans fond qui recc c
son origine; elle s'enlli-, monte sans laisser aperce-
Vnir d'abord ses mouvements; bientôt elle ne peut
plus être contenue dans la grotte, qui disparait
aus!.j .sotrs l'alliue des eaux; les flots bouillonnants
£6 pressent l'un l'antre et se précipitent avec fureur
contre les l)locs entassés qui semblent s'opposer à
leur passage. Cette lutte produit un fracas horrible,
une longue suite de cascades, nue nier d'écume, un
bruvant tumulte que l'écho des montagne-; redouble
et fait retentir au loin. Le vall ii étant fermé du
côté du midi par les immenses rochers qui environ-
nent la fontaine, jamais elle ne fut éclairée par les
rayons du soleil. — A la tête du bloc de rochers, et
Sur le bord même du bassin, l'.icadéinie de Vaucluse
I fait ériger une colonne avec celte inscrijiliion en
lettres d*or :
A pétrahoce, 1809.
La base de celte colonne porte la marque des
eaux qui la baignent lors de la crue de la snurce.
Le département de Vaucluse, qui forme le diocèse
d'Avignon, comprend le comtat Venaissin, l'ancienne
principauté d'Orange, la viguerie d'Apt et la vallée
de Sault. Ses bornes sont : au nord, le département
de la Diôme; au levant, celui des Biisses-Alpes; au
midi , la Durante, qui le sépare du département des
Uouches-du-Rhône; à l'ouest, le Rhône, qui le sé-
pare de celui du Gard. Le territoire de ce départe-
ment, renfermé d'un côté dans l'angle obtus produit
par la jonction du Rhône et de la Durance, offre sur
Ions les autres points opposés des montagnes plus ou
moins élevées, dont les unes bordent le cours du
Rhône, les autres celui de la Durance, et qui sem-
blent tout à coup s'éloigner, s'enfoncer au loin, et se
creuser en demi-cercle au-devant du confluent des
eaux impétueuses de ces deux rivières. La nature
semble donc diviser le département en pays de plai-
nes et pays de montagnes; cette dernière partie est
beaucoup I lus étendue que la première. La plaine,
eu effet, n'est autre chose, premièrement, que la
continuaiiou de la vallée du Rhône , depu's l'entrée
du département à la I alud jusqu'à Avignon; et se-
condement l'aire de l'angle au sommet duquel se
réunissent le Rhône et la Durance. Tout le reste du
dfparlement doil être regardé contme pays de mon-
GEOGRAPIIIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 92î
lagnes. Les plaines peuvent se diviser en trois bas-
sins : celui d'Orange, ou du nord ; celui d'Avignon à
Carpentras, ou du milieu, et celui de Cavaillon , ou
du midi. Delà plaine à la moniagne, le passage n'est
pas subit ; divers points iniermédiaiies en foruient
la li lison graduelle. D'abord quelques collines bor-
dent et coupenl ensuite les plaines que nous venons
de désigner : dé-* l'entrée du département , on ren-
contre assez près du Rhône et dans la direction de
ce fleuve, les hauteurs de Bollène, de Montdragou,
de Mornas, de Piolenc ; d'où, après une courte in-
terruption, se présentent les collines d'Orange, da
Counhezon , de Bédarrides; ensuite, en se rappro-
chani du Rhône, se trouvent les coteaux de Cliâ-
teauneul-Calcernier. Peu après, toujours dans la di-
rection du nord au midi , on voit les collines de Vé-
déne, de Saint-Saiurjiin , de Jonquerette, de Gada-
gue, se ternunanl oliliquement sur les bords de la
Durance aux roches de Rou-Pas. D'autres collines
sont encore jetées au devant des montagnes de Vau-
cluse, et leur seiveut en quelque sor;e de prélude ,
dans ce fond circulaire du bassin des plaines du
milieu. Ainsi sont placées, au nord, les col I nés de
Vacqne ras, de Sarrians, d'Aubignan et de Lauriol;
à l'est, celles de Serres, de Mazan et de la Lègue ;
au midi , celles de Sdnt-Didier, de Pirnes, de La-
gue, de Robion et de Taillaite. Les points culminants
de ces montagnes sont : le Jlonl-Vento ix, dont l'é-
lévation Cît de iOil mètres au-ilessu-; du niveau de
la mer : le Léberon, au-dessus u'oppède de I7U0 m.;
le Léberon, au-dessus de Cuiuron, de 1 180 mètre-;
la montagne de L 'garde, 1493 mètres ; celie de S.dnl-
Saturnin, 1587 mètres; le passige des Abeilles, 980
mètres; la montagne de Vaucluse, 634 mètres. — Les
moniagues de Vaucluse sont assez peu intéressantes;
aucun fleuve , aucune grande rivière n'y prennent
leur source ; la nudilèet la stérilité de leurs smnmets
repoussent même la simple curiosité. Une muliilude
de vallées s'enfoncent, il est vrai, au milieu d'elles :
mais le plus grand nombre de ces vallées ne sont
exactement que de simples vallons très-courts et
fort étroits, ou pluiôt des raiinsoù coulent entre les
montagnes les torrents qui en descendent. Ce n'est
qu'en approchant de la plaine, et en quelques en-
droits particuliers, que se forment les vallées pro-
prement dites. 11 faut toutefois en excep'er la vallée
de Sault et le torrent qui la parcourt; située par
delà et au levant du Monl-Venioux, elle s'étend du
nord au midi dans une longueur de 10 kil. sur une
largeur de 2 à 5 kil.
Le sol du département de Vaucluse étant, comme
nous l'avons vu, entrecoupé de morrtagnes, de co-
teaux et de plaines, offre nécessairement de grandes
variétés. En général, les terres sont calcaires et ntê-
lées plus ou moins avec l'argile et le sable, ce (|ui
les rend tantôt trop fortes, qiielqirefois même abso-
lument drrres et compactes, tantôt trop légères et
sans aucune liaisotr. Le bassin qui s'étend le h)ng du
Rhône, depuis la Palud jusqu'à Caderousse, offre des
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
8S5
terres franches el forles ; mais la partie méridionale
de ce bassin présente l'aspect le plus déplorable; la
terre végétale a presque partout disparu, et à peine
en reirouve-ion une coucbe légère et sablonneuse
dans quelques parties basses et humides ; tout le
reste est roc, cailloux roulés, gravier et sable. La
partie du bassin comprise entre Avignon el Carpen-
tras ne présente que des cailloux roulés, qui cou-
vrent, à quelques exceptions près, louie la plaine de
Sorgues à Avignon. Le b;issin de ce vaUon est tou-
telois le plus fcriile et le plus couvert d'arbres el de
verdure , parce qu'il est le mieux arrosé; il faisait
autrefois seul la renommée du Comtat ; peu de plai-
nes , en eOtl, présenient un plus bel .ispect. Cepen-
dant, si l'on excepte quelques terres de Caunioni et
de Cavaillon, qui sont exactemeiit sur les bords de
la.Durance, l:i ferliliié de ce bassin vient moins de
la bonté intrinsèque du sol que de l'industrie qui le
cultive. — En iiénéral, le sol est peu fertie en grains
et ne produit pas assez de céréales pour la consom-
maiion des liabiianls : quelques plaines cependant
donnent des grains de bonne qiialiié; mais sa plus
grande richi'sse consiste en vins estimés et presque
toujours abondants. Dans la majeure partie du terri-
toire on réoolte tout à la fois du grain et du vin ; le
terrain, planté de vignes très- espacées, est partagé
en deux bandes , dont lune est façonnée en terres
labourables, et l'autre en vignes, qui donnent des
vins chauds, capiieux et fortement colorés. — Le
département ne compte aucun canal navigable, mais
il possède plusieurs canaux servant à l'irrigation des
terres ou au mouvement de quelques usines. En lan-
gagi' du pays, (es canaux sont appelés Béais, et l'on
donne le nom de Prise au lieu où, par le moyen de
l'ouverture d'une écluse disposée obliquement, une
portion des eaux s'échappe du lit de la rivière ou du
torieni, et entre dans le canal. Pour jeter les eaux
dansCL'S canaux d'étroite ouverture, on est obligé
de construire transversalement, dans le lit du tor-
rent, des ouvrages destinés à retenir les eaux; ces
(luvrages ne sont quelquefois que des espèces de ba-
lardeaux, grossièrement faits; mais quelquefois aussi
ils sont construits avec la plus grande soliditéet selon
toutes les règles de rhydiau!ii|ue : on peut en voir
des modèles curieux sur le torrent d'Auzon, entre
Maxan, Carpentras et Monteux. Le Lez, l'Aigues ,
rOuvèze, la Nesque, le Caidon, la LimergUL-, la Lèze,
fournissent aussi une multitude de canaux d'irriga-
tion ; mais un canal beauc mp plus imporianl est ce-
lui ouvert depuis plus de six siècles des rives de la
Durance à Mérindol , pour arroser le territoire de
Cavaillon et du Cheval-Blanc. A côté de ce canal, et
surtout presq\ie du même p:'int latéral de la Durance
à Mérindol, est celui du Cabédan, qui féconde un ter-
ritoire jadis tout à fait inculte. Deux autres canaux
sont encore tirés de la Durance auprès de Bon-Pas ;
l'un, sous le nom de Durançoie, arrose le territoire
d'Avignon, coule autour et dans l'intérieur de la ville
de ce nom, et se perd dans le Rhône; l'autre porte
924
le nom de canal de Crillon; il arrose une grande
éiendoe de terres, couvertes seulement autrefois de
pierres el de cailloux.
Le climat du déparlement de Vaucluse est sain et
fort tempéré; mais l'atmosphère y est sujette à de
grandes variations. En été, au milieu des pins forti-s
chaleurs, comme en hiver au milieu des froids le*
plus rigoureux, le thermomètre monte ou descend
tout à coup de i, j, 6 et 8 degrés. Après une pluie
douce et légère, s'élève une tempête furieuse, et cette
inconcevable agitation de l'air cesse soudainement et
est suivie du calme le plus plat. Dans ce dé|iarte-
meni, les saisons peuvent se réduire à deux ou tout
au plus à trois. A peine y connait-oii le printemps, à
moins qu'on ne le place dans le mois de janvier et de
février ; presque toujours les arbres fruitiers sont en
fleur dans le second mois de l'année ; mais l'hiver
reprend ensuite et dure jusqu'à la fin de mai. il n'est
pas rare de voir, le lendemain d'un temps froid et
désagréable, commencer les chaleurs de l'été, et l'hi-
ver succéder quelquefois presque immédiatement aux
derniers jours de chaleur. Toutefois , les automnes
sont presque constamment beaux et se prolongent
jusqu'au 15 décembre; c'est alors la plus belle sai-
son de l'année. Les plus grands froids de l'hiver font
rarement descendre le thermomètre au-dessous de
10 à 1-2 degrés de Réaumur ; ordinairement il se sou-
tient entre 4 et 6. Ces froids durent un mois et demi;
ils sont secs, sans brouillards , et toujours tempérés
par la présence du soleil ; aussi tombe-i-il très-peu
de neige dans les plaines. Pendant l'été, le tbermo<
mètre monte, dans les plus fortes chaleurs, jusqu'à
29, 30, ôl el 52 degrés : ces chaleurs excessives du-
rent souvent plus de deux mois, el rarement moins
d'un ; les chaleurs ordinaires élèvent le lljermomè-
tre de 2-^ à 28 degrés. C'est alors que les orages sont
fréquents et accompagnés de détonations terribles ,
prolongées, et de torrents de pluie. Quelquefois l'air
en est rafraîchi pour un moment, et le vent du nord,
qui souffle aussitôt, fait éprouver à la température
ces brusques variations dont nous avons déjà parlé.
— Les vents dominants sont ceux do nord et du
midi ; le vent du nord-ouest est quelquefois d'une
fureur inconcevable : il courbe et déracine les ar-
bres, découvre les maisons, renverse les cheminées;
au printemps, il arrache les fleurs , emporte toutes
les espérances, arrête tout à coup la végétation, res-
serre et crispe, pour ainsi dire, toute la nature. Par
lui, en été, les blés sont couchés, les plantes flétries,
les fruits abattus ; par lui , le froid et la tristesse
succèdent au plus beau jour, et l'hiver renaît souvent
au milieu du temps ordinaire des chaleurs.
On commence généralement les semailles dans le
département de Vaucluse vers la lin de septembre,
et du 15 an 20 octobre celles des seigles, des orges
et des avoines sont achevées; on ne s'occupe de
celles du froment que vers le 20 octobre, et elles
sont terminées du 15 au 20 de novembre. C'est ordi-
nairement vers le lo février que le priaiemps s'an-
925
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MO\EN AGE. 926
¥
nonce par les donx parfums de la violette, cl par la
floraison des amandiers. Les arbres fruitiers se cou-
vrent de llenrs dés la fin de ce mois ; mais ce prin-
temps prématuré disparaît souvent devant les aqui-
lons fougueux qui ramènent un nouvel liiver, de peu
de durée à la vérité , mais qui n'en est pas moins
pernicieux. Au commencement d'avril, les mûriers
laissent entrevoir quelques feuilles, le grenadier en-
ir'ouTre ses bourgeons, le cerisier fleurit, la plupart
des autres arbres ont noué, et la vigne en pleurs sort
de son engourdissement. En juin, les moissons com-
mencent. Le foulage des gerbes par les cbevaiix, les
Qiulets et les ânes, et quelquefois par les bœufs, suit
immédiatement les moissons. Les vendanges se loni
vers la lin de septembre.
Le département de Vaiiclusc a pour cliet-lieu Avi-
gnon, qui est un archevêcliô. Il est divisé en 4 ar-
rondissements et en 22 cantons , renfermanl loO
communes. — Superlicie, 288 lieues carrées. —
Population, 204,113 babiiants.
Yallisienum, VVallersiein, bourg de la Bavière,
dans la seigneurie d'OEltinaen-Wallerstein, à 4 kil.
nord-nord-ouest de iNordlingen. Sa population est de
1609 habitants. Il y a un cbàteau ou résiden<. les
princes d'CEitingen-Wallerstein. Quebines auteurs
rattachent l'origine de cette famille aux empereurs
d'Alleniagne de la maison de Saxe; mais h l'aide des
Chartres on ne peut la faire remonter qu'au commen-
cement du 3ini<^ siècle. Il parait qu'à l'époque où la
Sonabe était divisée en plusieurs gnti ou cantons,
dont chacun était présidé par un comte, des nncùires
de la maison d'QEttingen d'aujourd'hui furent inves-
tis de la charge des comtes du Uiess ou Ueisgnii,
dans laquelle ils trouvèrent moyen de se maintenir à
titre héréditaire. Frédéric III, comte d'OEtiingen,
épousa Adélaïde, héritière du landgraviat de la
basse Alsace; mais ses fils vendirent en lôo'J à l'é-
\êcbé de Strasbourg la partie du landgraviat, qirt
consi^tait en fiefs de l'église de Strasbourg; quant
aux fiefs du landgraviat qui relevaient immédiate-
ment de l'Empire, ils les abandonnèrent à reiupe-
reur Charles IV, qui en disposa en partie en faveur
des seigneurs de Lichlenberg. La maison d'OEtiin-
gen conserva cependant son droit de domaine direct
sur la seigneurie de Fleckensleiu en Alsace qui, lors
deTexlinclionde lamaisondes baronsdeFleckensiein
en 17-20, fut conférée par Louis XV à celle de Rolian-
Soubise.— Louis XV.comtcd'Œttingen, mort en 1S48,
est la souche commune de toutes les branches de la
maison. Son fils, LouisXVI, fonda la ligneainée,dile
d'Œtlingen, ou évangélique, qui obtint en 1674 1e
rang de prince, et s'éteignit en 1751 ; Frédéric, se-
cond fils de Louis XV, fonda la ligue catholique ou
de Wallerslein. La ligne de Wallersieiuse subdivisa
en trois branches, nommées Spielberg, Wallerslein
et Kaizenstein-Baldern. La dernière s'est éteinte
en 1798 : les deux autres subsistent encore.
Le dernier prince de la ligne évangélique avait
JBSiiiué héritière de ses Etats la branche de Wallers-
tcin, à l'exclusion de celles de Spielberg et de Kat-
zenslcin-Baldern. Le procès qui s'éleva à ce sujet
fut lerminé par un arnngement. La branche deWal-
lersiein céd.i à son aînée le tiers de la succession;
mais U branche de Kaizensiein-Baldern re^la privée
de sa part. Après l'exiinciion de celle-ci, ses posses-
sions furent partagées entre les branches de Spiel-
berg et de Wallerslein, dont la première possède
ainsi environ 5/12, et |j seconde 7/12 de la totalité
dn comté d'OEtiingen. Les deux branches portent
depuis 1731 le titre d'Œttingen-OEttingen, auquel
l'une ajoute Spielberg et l'autre Wallerslein. Le
comte de Spielberg a été créé prince d'Empire
en 1734, celui de Wallerstcin en 1774. Chaque
prince obtint par le rcccs de 1805 une voix au col-
lège des princes; mais l'acte de la confédcration du
Rhin les soumit l'un et l'antre à la souveraineté du
roi de Bavière.
Les deux princes sont catholiques ; celui de Spiel-
berg réside à OEltingcn, celui de Wallerslein à Wal-
lerslein.
Vaiidopern, Vendeuvre, ou Vandœuvre. C'est une
petite ville dn diocèse de Troyes, arronil. de Bar-
sur-Aube, à 26 kil. de cette ville, chel-lieu de can-
ton du département de l'Aube. La population est
de 1*J30 habitants. — Quelques auteurs, s'apiuyant
sur une de ces analogies de nom si souvent trom-
peuses, ont prétendu que Vendeuvre avait élé fondé
au commencement du v" siècle, par les Vandales,
qui à celte époque envahirent U France : suivant
eux, Vendeuvre ou son nom latin Yandopera, signi-
fie œuvre des Vandales. Mais cette opinion a été ré-
futée par le baron Pavée de Vendeuvre, propriétaire
du château, dans une dissertution histori(|ue, pu-
bliée en 1812. Le plus ancien nionutncnt qui lasse
menlion de Vendeuvre est un acte de l'an 664.
En 805, Ingilirude, femme de Boson, qui s'était en-
fuie avec un amaiit, fut reçue à Vendeuvre sous la
prol(;clion de Charles le Chauve, roi de France et
de Bourgogne. Le pape se disait seigneur de Ven-
deuvre en vertu d'une donation iiu'il prétendait lui
avoir été faite, soit par Louis le Cernianii|ue, soit
par un ancien comte de Vendeuvre, nommé Gérard.
Malgré ses prétentions, un prince Bosoo s'en)para
de Vendeuvre, et y établit un de ses vassaux
nommé Aremberl. Le pape Jean VIII, informé de
Celte usurpation, écrivit pour s'en plaindre à lin-
gues, à Rodolphe et à Boson lui-même. D.ms sa let-
tre, il appelle Vendeuvre villam suam Yuudeaiam. Il
ordonna aussi à Isaac, évèque de Langres, d'excom-
niuoier Boson s'il ne rendait Vendeuvre au couvent
de Ponllières. Précéilemmeni , le même pape ,
Je m VIII, ayant appris que des difficuUés s'étaient
élevées enire l'évêque de Langres et celui de
Troyes, pour savoir à quel diocèse devait apparte-
nir Vendeuvre, .ivait décidé dans un concile tenu à
Troves en 8TS, et où il se trouvait en personne, que
cette petite ville dépendrait de l'évêché de Langres.
— Quoi qu'il en soit des prétentions du pape sur la
927"
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
038
lerre de Vendenvre, il est certain qu'elle cul plus
lard «les seigneurs puriiculiers. En 1121, Houlin et
Hcdouin, frères, en porieiil le nom. Tous deux, à la
prière de Hugues, comte de Troyes, ccmcèdèrenl de
vastes propriétés aux moines de Poul'.ières. A peu
près à la même époque, les seigneurs de Vendt'uvre
aidèrent par leurs bierilails à la l'onda'ion du cou-
vent de l'Arrivmir. En 1271, Guillemelte et Gérard
son fils, alors seigneurs de Vendeuvre, affratichirenl
leurs liommes de Vendeuvre, à la cliarge de la cor-
vée iiour l'œuvre du château une (ois par semaine. Ces
derniers mois pnr eut à croire (|ue la construclioa
du château de Vejideuvre remonte à cette époque.
Cet Mutique édifice est d'un assez hel effet, vu du
suil-ouest ; il domine de ce côié un vaste parterre de
gazon, que couronnent des coleiux couverts de
plantations et de vignes. En IGli, Henri de Luxem-
bourg fit décorer avec un gi'ùl bi/.ane une cham-
bre, dont on a conservé la disirihulion, ilans la-
quelle on reMiar.jne le chiffre de Henri IV, et une
vue du château de Vendeuvre, tel qu'il était à celte
époque.
La source de la Barse est au pied du châleau, et
pour ainsi dire ihnis ses fondations mêmes ; son eau
lim|iide est reçue dans tin bas-iu voillé et omliragé
de queliiues arhres, pui? s'échappe de là pour an oser
le parc et la vdie. Autrefois, à l'une des ailes du
cliâieau et près de la chapelle, existait une tour Irè-î-
éle^ée, qui, dans les temps reculés, coiiimuniqu ilt,
dit-on, avec les chàieaux de Biienne et de Cliace-
nay. — Vers le commencement du xn» siècle, la
lerrfl de Ven<leuvre passa à la famille des Noyers.
Elle eut ensuite pour seigneurs des Luxenibonrgs et
des Mesgrigny : elle avait été érigée en inarqiisat
en laveur de l'un de ces derniers. — L'église parois-
siale <le Vendeuvre est un ancien édifice, où Ion
voit plusieurs londjes sé| ulcrales. Vendeuvre es', la
pairie de Nicidas liourbon, ilitl'ancien, poêle laiin, né
en I5U5. H parle de son pays dans plusieurs de ses
poèmes.
De Vendeuvre dépend le Val-Suzenay, hameau si-
tué dans une cliariuamc position, sur la lisière d'un
bois où l'on voit une petite cliapelle, liès-fréqueuiée
le jour de la INotre-Duine de seplemlire.
Vanuin, vcl Artemita, VVan. — C'était une des
villes les plus considérables do rArménie, dont elle
a partage toutes les révolutions religieuses et politi-
ques. Successivement attaquée par les Perses, les
Grecs, les khalifes abassides el les Selschuks de
Ruin, elle fut assiégée p^r le farouche TImur. Le
siège ne dura que vingt jours ; et celle ville, qui ne
s'étaii abaissée devant aucun vainqueur, fut empor-
tée d'assaut et livrée à la fureur d^s troupes. Timur
enleva un butin considér.ible, et les églises firent
dans ce désastre des perles ii réparables.
Waii est un archevêché arménien schismalique ,
dont le titulaire léside dans le couvent de Warach.
Située sur la rive orientale du lac du même nom, la
ville est ceinie d'une bonne muraille el d'un fosse
profond, avec quatre portes. Un cbâlcaii fort, situé
au nord sur un locher perpendiculaire, la défend.
Elle a des rues longues et bien pavées, des maisons
bâties en pierre et couvertes en tuiles ; elle est bien
pourvue d'eau el de provisions de toute espèce. Ob
remarque ses environs.
Le lie de VVan esi borné au sud par une chaîne
de montagnes fort élevées el abruptes, qui fait suite
à celle de Moucli. — La rivière Djennei-Souî , ou
Eau du Paradis, un des principaux alfiiienls du Ti-
gre, donl le nom contraste singulièrement avec la
naiure sauvage du pays, coule presque constamment
dans une vallée excessivement resserrée et irès-pro-
fonde, puis s'échappe par un défilé formé d'une chaî-
ne réiiulière de calcaire.
Wan compte plus de 40,000 Iiabiiants : il appar-
tient à la Porte depuis l'an 1549, et est le chef-lieu
d'un pachalili de son nom, dans la Tiiripiie asiati-
que. Ce pachalik, composé d'une partie de l'Armé-
nie el du Kourdisiau tuiks, est borné au nord par
celui d'Erzeroum, à l'est et au siide-t par la l'erse ,
au sud par celui de Gliehrezour, à l'ouest parle
Diarlieek ; il environne le lac très-coisidérable du
même nom. Ce pays très-montagneux offre des plai-
nes et des vallées étendues et bien arrosées par tii.e
niulliiude de rivières qui descendent de> montagnes.
On y né„' ige l'.igriciillure : à peine les habitants ré-
coltent-ils le grain nécessaire à leuis besoins. On y
cultive ilu coton, du lin, <lu (abac, des fruits el du
vin. De belles prairies iiourrissenl de nombreux bes-
tiaux, deschevaiu et des chèvres. Ou exporte beshaux,
maiine, noix de Galles, contre du fer, sel, étoffes de
colon , de soie , armes , plomb et poudre, li a une
faible populaiinn, composée de Tiiiks, Tiirkimans,
ArniéuiensKi Kourdes. Poiuilation 100,000 habitants.
Yapoyifer liivHs, le R iz-El-Akba, ruisseau sortant
de la monîagne de ce nom, h 120 kilonièires de Bone,
dans le diocèse d'Alger. A 4 kilomètres au sud-ouest,
on découvre des souries d'eaux ilieruiales où les Ro-
mains avaient fait un bel élahlissement, ainsi que
l'at'e.-tentdes ruines encore parfaitement conservées.
Après avoir traversé la Scybouse et des collines, on
Toit t.'éieiidre à droiie une petite plaine bordée par
un ru'sscau donl il faut remoiiier le cours. Tout-à-
coup la végotalion cesse, le sol esl blanc, dur, reten-
tissant et comme formé par une coiuhe de plaire
dans une étendue de plus de 60 mètres de côté. Sur
cette plale-fiirme on voit s'élever, éloigné-, de * ou S
mètres les uns des autres , environ trente cônes
blancs de grandeurs diverses, mais dont les plus éle-
vés n'ont pas moins de 4 mètres de hauteur ; ils af- i
fectent exacieiuenl la forme d'un paii de sucre. Ces
cônes sont pleins, mais ils sont percés à leur som-
met d'un trou qui semble être l'orifice d'un f 'ual
intérieur par lequel coulaient les eaux. Ces sources
sont taries. Le plateau fiiiii briisquemeni, el de l'an-
fractuosité qui le borne s'élèvent des nuages d'une
fumée épaisse qui porte une odeur fortement snl-
l'ureuse. D'espace en espace on voit dans l'étendue
95,j GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN Âf.E. 030
de 30 mètres environ, s'élever des peiils cônes au 5 à 6 brasses dVan.Warna est fortifié et a un vieux
sommet desquels bouillonnent encore dans un petit château avec de grosses tours. On y compte donze
cratère des eaux parfaitement limpides. Ces eaux se ^ ' ^" ' ^ .... i „...-„..„.
répandent en nappe vers la partie déclive du ravin ,
en coulant sur des couches saliiies qu'elles ont dé-
posées. Parvenues au bas du ravin, elles se mêlent
à celles d'un petit ruisseau irè"rapide qui va se je-
ter dans la Seybou<e. C'est après te mélange et à
deux ou trois cents pas de leur chute, qu'elles ont
ime température convenable pour le bain ordinaire.
Toutlecoursdece ruisseau est maniué par une ri-inte
végétation de lauriers roses, d'arbousiers, de vignes
sauvages et de plantes rau'pantes ou parasites dont chrétienne que quelques pauvres fuyard-, pour
mosquées et deux églises grecques; c'est l'entrepôt
du lommerce de la Bulgisrie et de la Valachie avec
ConstantiiKiple ; il consisic en blé, beurre, fromage,
vin, volaille, œufs, etc.
Les pagi!S qui concernent celte ville dans l'his-
toire du moyen âge sont ensanglantées. Il se livra,
sous ses murs, le 19 novembre UU, une baiaille
en(re Ladislas Yl, roi de Hongrie et de Pologne, et
le sultan Miirad IL Le brillant, mais malheureux
Ladislas périt dans la nièlép, et il ne resta de l'armée
la verdure éternelle contraste avec l'aSiiect aride et
désert des terres voisines brûlées par un soleil
ardent. La Iradiiion aiabe porte que ces eaux
étaient d'abord malfaisantes, et qu'elles ne sont
devenues salutaires que parce qu'un musulman a
passé dans une grotte voisine iO ans do sa vie
à glorilier Dieu et sim piopiiéle, et à lire le koran.
Le parfum de ses prières, dit la légende arabe, re-
tombait comme une douce rosée sur ces e^ux et leur
communiquait une vertu efficace pour la gnéiisonde
maladies cutanées dont soulTrent pai ticulièrenient les
Arabes.
Vaniesia, Warna (I). Cette ville est située sur le
coté sepientriiinal d'un golfe de la mer Noire
formé par deux caps dont l'un, à gauche, est une
pente de l'Ila^nius, à l'exirémiié de laquelle s'éiend
un long lii.urg appelé Macropolis; sur le promon-
toire du midi s'élevait Galala, à 500 pas seulement
de la ville. — Plate foneet sandschukde la Rumélie
(on prononce Uounnélie) dans la Turquie d'Europe,
à 12J kil. sud-cstde Silistri, Warna se irouvcà l'em-
bouchure de la rivière du même nom. Sa rade peut
recevoir une escadre ; elle est bornée d'un côté par le
cai> dilata, et de l'autre parle cap Hndrova ou Sok-
hanlik, ouverte aux vents d'est etdesud-est : elle passe
pour être incommnde, mais comme elle se tiouveà
l abri des vents du nord-ouest, les plus dangereux
sur la mer Noire, et (jue le fond eu e-l très-bon, les
marins 1 1 disent irès-sùie en été : les plus gros vais-
i,v peuvent y mouiller sur 8 à 1.5 brasses de prO'
aller prévenir de cet immense désastre les popn'a-
lions consternées. Le 1 1 octobre 1828, Warna tomba
au pouvoir des Russes. La Russie aurait vou'u gar-
der cette conquête, car c'est le meilleur lon de la
côte occiilentale de la mer Noire. Elli> consentit ce-
penilant à le rendre à la Porte, par le traité de paix
qui secoiiclnl à Andrinople en 1829. — W..rna pos-
sède un évêiue grec schismatiqne. Quant aux ca-
tholiques, p' u nombreux, ils dépendent du vicaire
apostolique de Soda. La population est de 18,000
habitants. Lat. nord, 4J° 12' 15"; long, est, 2.i*
33' S.)".
Venctiola, Vénéznéla. Il y a une ville épiscnpale
connue sous ce nom, et pUis sous ceini do Coro,
puis la priivin'e de Venezuela, dans lAméiiine mé-
ridionale, qui firme niijpuril'hiii l'Etat de Venezuela.
La villedeCoronu d.; Vénézuél i,ile fondation espagno-
le, lut érigée e;i évêclié en 13 2, soMS la métropole da
Douiinicopolis, Sami-Domingue, dans l'ile de ce nom.
L'évoque avait 24,000 francs de revenn. En raison
de l'état d'agiiatiiin contmoeile où se trouve ce pays
depuis trente aMS, l'évècbé n'est pas oc upé. Il était
dans ces derniers temps sufl'ragant de l'archevéi hé
de Léoti-de Caracas, capitale de l'Etat de Vene-
zuela.
Coro, chef-lieu du district de son nom, est situé
dans une plaine sablonneuse, sur un i^lhme qui sé-
pare le lac de Maracaibn de la mer des Canbes ou
Caraïbes. Ses rues sont régulières, mais ses mai^ons
cl.éiives, son port ei son commerce peu importants.
fondeur, bon fond. O.i jetie l'ancre à l'est, entre la Corc e^l à 180 kil. ouesl-nord-onist de Barquisimeto;
tour hexagone de Warna et l'anse de Soklianlik; les
navires plats se placent au sud de la ville, où il y a
(I) U règne une grande confusion parmi les érn-
dits et les géographes au sujet de W.irna. M. de
llammer, dans son Hisloire de rempire ottoman, dit
positivement ipie Warna est l'antienne Couslantia
des Romains, qu'elle lui érigée en évêché au i\e siè-
cle, sous la métropole de Philippopoli. Dans sa Géo-
graphie épiscopale , l'abbé de Commauiiile admet
aussi l'existence de Conslaiiiia dans la province de
ïbr.ice, sous la métropole de Philipponnli ; puis il
place dans la seccîide province de .Mœ^ie, sous la
métropole de N copolis , Tibériopolis, seu (Jde^sus,
qu'il appelle Warna, et dont il fait un archevêché du
v« siècle. Dans sa Géoijrapliie ccrlé-ia-tiqre, le P.
Charles de Samt-Paul se tait sur la Consi.mtia de la
Thrace, mais il nomme dans la province de ilœsia
tnlerior Udessus, qu'il écrit Udy$sus. i}u géograplie
sa population monte à 12,000 habitants. Lat. nord,
11' 44'; long, ouest 69 ^ 72".
du xviit" siècle soutient nue le Warna de la mer
Noire est positivement l'Odessus des Grecs, qu'il
appelle Odesnis Milesiorum.
Il est pos>ible qu'au milieu des auerres et des vi-
cissitudes politiques dunt cette parti ■ de l'Europe a
éié victime du v siècle au x=, Warna fù , au v^ s è-
cle, archevÙLbé sous la métropole de Nicopolis avec
le mim de Tibériopolis ou OdesMis, et redevint au
i\' siècle évéclié, sous la métropole de Philip|iopoli,
avec le nom de Coi siantia. Nou^ ne disons p.is que
cela ait eu lieu, mais nous disons qu'e ■ raison des
révidiilimis permaiienles de l'éiioque, il en a pu être
ainsi. Ncius vovons en elfet que ifoiinlis de l;i .Mœsia
inférieure avait perJu au u"^ >iècle son titre de mé-
tropole, {^"le de Cauieur.)
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLtSIASTIQUE.
93 J
L'Etat actuel de Venezuela, avant rinsurrection
des colonies espagnoles contre la mère-patrie, dé-
pentlait de In capitainerie générale de Caracas dans
la Castiile d'Or. Les Espagnols, découvreurs de cette
partie de TAraérique, sou> la conduice de Clirislophe
Colomb, lui avaient donné le nom de Castiile d'Or,
parce que le sol renfermait des ricliesses immenses.
Il serait diflicile aujourd'hui de se (aire une idée
de l'exagéraiioM des esprits à ce sujet. Les légendes
sur la Casiille d'Or sont très-nombreuses, remplies
de récits plus merveilleux les uns que les autres;
elles formeraient à elles seules une biblioilicque. Les
Indiens, voyant le côté faible de leurs conquérants,
se plaisaient, pour se venger d'eux, à exagérer la
richesse roinéralogique de leur pays, et à multiplier
ses mines aurifères. C'est ainsi qu'ils avaient créé
le lac Parime, dont la vase inépuisable était de l'or;
plus on eu retirait, plus il y en avait ensuite. Mais
l'e chef-d'œuvre de leurs créations lauta>iiques en
ce genre consistait dans l'exisienre d'une contrée
trés-riclie située vers les sources de l'Orénoque,
où l'or- natif tenait lieu de sol pour ainsi dire. La
découverte de cet heureux pays fai-ait lo tourment
cl le désespoir tout à la fois des Espagnols ; car les
In'diens, sous divers piétextes, refusaient de les y
conduire ou de leur en indiquer la roule. Du reste,
les tribus enire elles avaient prononcé le serment
solennel de ne jamais indiijuer aux E/prits m.lfni-
sanls (expression dont ils se servaient dans leur lan-
gue pour ilcslguer les E>pagnoU) les sources de leur
père et de leur ami. Les .\l)'irigènes du Haut-Oiéno-
que appellent ;iiiisi le (leuve encore aujourd'hui. De
là est venue l'expression el dorado. Aussi, pour ex-
piimer la feniliié, la prodigieuse fécondité d'une
tcTe quelconque, dit-on : C'est un el dor.ido.
Après l'indépendance de l'Amérique espagnole,
la province de Vénéituéla lit pariie de la répubrique
de 'Jolombie. Mais, depuis quelques années, elle
l'orme, tous le titre de république, un Etnt indépen-
dant, quoique toujours agité par la guerre civile.
— Cet El:it et borné au nord par la mer des An-
tilles, à Test par l'Atlantique el la Guyane anglaise,
au sud par le Brésil , à l'ouest par U Nouvelle-Gre-
nade. Il est compris entre 1" et 15° de latitude
nord, et Cl" et 73« de longitude ouest. Il a 1,'iOO
932
qu'elles jouent un rôle imporlani dans la formation
des rivières, dans l'aménagement des eaux. Leur
hauteur au-dessus des grandes plaines varie do 100
à 200 mètres. Cet exhaussement, touï fail le qu'il est,
dojine aux plateaux de l'importance, en en faisant
un refuge pour les êtres vivants à l'époque pério-
dique des inondations, eu conservant les eaux
pour la saison !>èclie ; car dans les Uanos, rbomme
se trouve successivement en présence de deux in-
convénients contraires , l'envahissement des eaux
el la sécheresse du désert. — La constitution géolo-
giiiue des mesas diffère k quc^^ues égards de celle
des llaitos. Les plaleanx sont géuéraleoient formés
d'un sable disposé en couches Siorizonlales , repo-
sant sur le grès dur el imperméable des plaines ;
ce sont comme les lambeaux, les restes d'une allu-
vion qui, à une épo pie ancienne, couvrait la tota-
lité du sol. Ces am:is de sable, par leur nature po-
reuse , perméable , s'imbibent d'eau durant la saison
pluvieuse , et quand les rivières rentrent dans leurs
lits, quand t'inondaiion cesse, ces alluvions laissent
éihapper avec lenteur les eauv qui s'y trouvent ac-
cumulées, et, préservées des elTeis de l'cvaporation,
ces mesas devieiment alors de véritables sources.
Ainsi, de la mesa de Guanipa il ne sort pas moins de
<juaranic livlère? dont les eaux se remleirt à l'Oré-
noque, au go;fe de Paria , ou directement à la mer.
— C'est peut-être à la nature géidoglque des mesas
qu'une grande étendue des Uanos doit de ne pas être
un désert. Les ll.ino* sont fertiles, on y rencontre
des villes, des villages nombreux et peuplés. Leurs
Iiabitanis sont d'une force et d'une activité surp'c-
nantes. Le LIanero passe sa vie à dompi-r les che-
vaux , à lutter c mire les taureani; il traverse à la
nage les fleuves les plus lapides et se plail à chas-
ser le tigre, à combattre le caïman. Sous un climat
ardent, les besoins du LIanero sont trè^-limiîés.
Dans la paix, une courroie et un hamac; dans la
guerre, uns lance, un cheval toujours. L'expéiience
l'a prouvé , dans les plaines , ces hommes n'ont à
redouter que leurs semblables , et pour quiconque
connaît bien l'Amériqne du Sud, les Uanos , avec
leurs courageux habitants, forment le re bipartie |>lus
solide de l'indépendance naliimule. — Les Uanos,
malgré les caractères généraux qui leur sont pri)pros,
kil. de longueur de l'est à louesl, 1000 de largeur }. offrent cerendant à un œil exercé des différences
moyenne du nord au sud. '
Les steppes ou Itanos appartiennent à ces im-
menses plaines qui oi cupent un si grand espace sur
le nouveau contmeni. L'égalité appaienle de leur sol,
l'borùon sans bornes (jue l'on y découvre , leur
donnent l'aspect de l'Océan. Oa se former.iit néan-
ûioihs une idée peu exacte des Uanos, si on les con-
sidérait comme une [daine ayant partout un même
niveau. Les steppes ont des plateaux , trcs-peu éle-
vés à la vérité , mais d'une éteiidae suuven! considé-
rable; ce sont les mesus (tables), les baitcoa (hancs).
Ces inégalités peu apparentes de la surface du sol
niér/.oni particulièrement d'être étudiées , puis-
p.-rceptibles qui influent sur leurs iiroduclions et sur
la condition de leurs habitants. Ainsi les plaines de
l'Apure et de lu Guyane ne ressemblent pas absolu-
ment aux plaines de Varinas. La descri,ition de l'X-
puie est des plus intéressantes : dans ces Uanos le
terrain présente une grande égalité, on n'y v-it pas
une pierre ; quand un Indien de l'Apure approche
pour la première fois des montagnes des Andes , le
moindie caillou devient pour lui un objet d'éton-
nement. Les rivières Apure et .Meta , qui sont les li-
mites naturelles de ces Uanos , ont des courants t'i
peu prononcés qu'on est souvent incertain sur leurs
directions , le moindre vent d'est, la moindre crue
933
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
934
de rOrénoque , ,&s refoulent aussitôt vers leurs
sources. Au milieu d'un Océan de verdure, dit M. Co-
dazzi , ingéiiieur-géograplie qui a composé la des-
cription géographique de l'Elat de Venezuela par
ordre du gouvernement, les groupes de palmiers
que l'on découvre çà et là à l'horizon font l'effet de
navires à la voile : l'illusion est complète. L'inonda-
tion des basses plaines de l'Orénoque est toujours la
conséquence des grandes crues hivernales ; bieniol
les savanes se changent en autant de grands lacs ;
sur plusieurs points , la lerre se couvre de 1 à 2
mètres d'eau; les communicaiions deviennent Uif-
Ticiles, et pour aller d'une habitation à une
autre , il faut le plus souvent avoir recours à
des embarcations. Les Llaneros les plus expéri-
mentés sont les seuls qui se hasardent à parcou-
rir à cheval ces terrains inondés; car, pour enire-
prendre une tulle traversée , il faut joindre l'ha-
bileté du cavalier à la prudence du pilote. —
D.uis le bassin de l'Oiénoqne, il tombe annuelle-
nienl 2"° oi d'eau dans les forêts; diins les plaines
1"> 81. En tenant cnnipic de l'étendue et des con-
ditions physiques des surfaces, on trouve 2"», 01
pour la pluie annuelle moyenrfe. L'Oréiioqne recuit
toutes les eaux du bassin dont il porte le nom, les-
quelles arrosent les lla)ws de l'Etat de Venezuela. Il
a des circuits midiipliés, et ir.iine un prodigieux
volume d'eau.— La ccimmunication directe avec le
Mara^n^n, d!i rivièie des Ani.izanes, a été, pendant
longues années, le sujet des discussions les plus vives
entre les géographes. On se demandait s'il était pos-
sible d'aller d'un fleuve à l'autre sans passer par des
portages, sans ir. îner sur terre les canots. Aujour-
d'hui la coniuiunii ati.in directe des bassins de l'Oré-
noque et de rAmaznne est un lait inconiestable, et
la bifurcaiion de l'Orénoque, quoique plicnoméne
géoijrapliique, est hors de doute. Au point de ^a
bilurcaiion, l'Orénoque verse le tiers de ses eaux
dans le Cassiquiare, qui les déverse ensuite dans le
Ki.i-iNégro, alûucnl de l'Amazone. L'incertitude sur
les siiirces de l'Oiénoque existe toujours, malgré les
recherches faites à ce sujet par des savants, des
voyageurs et des ^édgraphes.— Les eaux de l'Oré-
noque, selon M. Codazzi, ont une température qui se
maintient entre 27° 2 ei 29° i. Mais cette tempér;i-
luie ne se conserve pas dans les rivières du Uaut-
Oréuoque, et à la proximité des montajines de la
Parime, là où les plaines sont ombragées d'épaisses
forêts. Les eaux du Cassiquiare et du Rio-Kégri>,
par exemple, n'ont plus que 23° à 24°, 4.— L'Oré-
noque coule encaissé dans un lit resserre cl dont la
largeur n'est que de 6688 mètres, ou presque une
lieue 3\i. Un rocher placé naturellement au milieu
du courant e^l pour les riverains un véritable ori-
nocomètre. Dans ce détroit, à l'époque des basses
eaux, il passe 8,227 mètres cubes d'eau par seconde.
C'est environ huit (ois plus que la Seine à Paris, en
(1) Jusqu'à présent les géographes enropéens ne
donuaient à l'Oréuoque qu'un cours de 12l'0 kil. ou
temps il'éiiage. Alors le fleuve n'a pas encore riçu
le Kio-Caroni, un de ses principaux affluents. — L'Oré-
noque, après avoir décrit autour du groupe de la
Parime une ligne demi-circulaire, marche direde-
inenl à l'est jusqu'à la mer. — Le cours sinueux et
contourné de ce fleuve s'explique par la forme escar-
pée du plateau de la Parime, par la pente des grandes
savanes du Meta et du Guaviare. Ces plaines se re-
lèvent insensiblement vers les Cordillères, et c'est
un fait curieux, peiil-èlre plus général qu'on ne le
suppose communément, que celte inlluenco exercée,
à une si grande distance, par la direction des mon-
tagnes, par des lignes de faites aussi éloignées.—
Après un cours d'environ 620 lieues (I) ou 2480
kilomètres, l'Orénoque prend une largeur considé-
rable dans le voisinage de Siacoa. C'est le commen-
cement du Délia, qui occupe 123, î, myriamèlres
carrés, ou environ 508 lii>ues carrées, et qui présente
un labyrinthe interminable de canaux. Il n'y a plus
rien d'extraordinaire dans la réunion d'une aussi
grande m.isse d'eau, quand on sait que ces eaux pro-
vienncnl des pluies qui tombent sur un territoire de
8955 myriainètres carrés, ou 22,586 lieues carrées.
Dans la botanique de l'Etal de Venezuela, on
trouve b; palnder moriche {cocus mamiiia) que les
niissiiiunaires ont désigné par le nom expressif de
pain de la vie. Ce | almier crol". de|i"is le niveau de la
mer jusqu'à la hauteur de 100 mètres; sesjeimes
piiusses servent d aliments; ses fiuits .eris présen-
tent une iiourrituie farineuse : parvenus à l'état de
maturité, ils donnent de l'huile en abondance. On
fait des hamacs, des toiles avec la partie lihreu-ede
son écurce; les jeui.es feui les servent à fabriquer
des chapeaux, des nattes, des voiles pour les emliar-
cations ; un tissu naturel qui enveloppe les fruits pro-
cure aux Indiennes un vêtement qui n'exige aucune
façon ; la sève, riche en principes sucrés, produit
une liqueur vineuse; letionc, avant sa fructilication,
renferme une moelle amilacée, avec laquelle on fait
du pain; oetie moelle, eu se putréfiant, donne nais-
sance à une mullilude de gros vers blancs, que les
Indiens caraïbes rcchercbeni comme un mets des
pins délitais ; enlin le ligneux du mauritia est un
excellent bois de n nstniciion.— Tel est encore le
palmier chiqiticliiiiui, si commun dans les forêts du
UioNégro, qui produit chaque année une espèce de
cheveluie, avec laquelle les Indiens confectioiment
des cordages remarquables par leur solidité et leur
élasliiiié.
Voici l'état de la population au Venezuela :
Blancs,
Caste mixte.
Esclaves,
Indiens civilisés.
Indiens catéchisés,
Indiens indépendants,
975,348
%m lipues Ce chitTre se retrouve mêmcdans les pri n-
dpaïes SograShies n.oderne. (Noie de l' auteur. ) ^^^
\
935
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
r35
Les nionlagncsde la Parime lorment au Venezuela
un sysiéine qui s'éluigne îles auiies sysiènies de
inonlagiies de celle contrée, aulanl par sa position
que par sa consliliilimi géologique. Placées pouj
ainsi dire en delr rs du monde cnniiii, couvenes de
foréls iniponélrables, ces nioniagnes oui été peu étu-
diées; leur e\i>tenLe ne se révèle que par des pics
giaiiiiiqiies isolés, dont le sommet, souvent recou-
vert d'une abondante végéialion, pré«enie, suivant
M. de Huuiljoldt, l'iiungR de lorèls su^pen(lucs sur une
forêt (I). Il est à peu près impossible d'escalader ces
masses colossiles. Les sommets les plus élevés, sui-
vant riiigéneur Cudazzi, sont :
Le Garunio,
Le !\hiraguaca.
Le Duiiia,
2ôil mètres.
2508
2474
Il est vraiment impossiMe , dt M. Cod;!izi, de
lecoiinailre une d lection prononcée au groupe de li
P.iiin.e; tout y parait désordre et coi>:u»ioo. L'iiée
la plu^ naturelle, la .seule qu'il soit i.osMble o'av.ir
aujourd'hui sur la lor.iiede ce sysième de iiioi:tagiies,
est cel e d'un large plaie ii cmivexe, s';illongeaMt sen-
siblement dans une diieclion de l'est à l'oiiesi . — Du res-
te, après avoii' exainine alieoiivemenl les île .x autres
systèmes de montagnes, M. Codazzi regarde |:i cli:it-
ne entière de Véoézuéla comine indép. ndjiite du ra-
meau des Andes de la iNouvelie-Grenade. Celle opi-
nion peut être conleslée pour ce qui concerne la
cliaine des Andes qui de la Nouvelle-Grenade s'é-
tend dans lo Venezuela. Au 7« de l.ititude nord,
commence la région aljiine de Venezuela, qui passe
par Méri la, Truxillo et Darquizimeto. Cette cliaine,
ramificaiion des Andes de Pasto, court dans une di-
rection à pou prés esl-nord-est , l^aver^e loule la
Nouvelle-Grenade et supporte les grands plateaux de
Bogota , de Tunja el de Pamplon i. La sierra de Mé-
rida, doni la cime est couverte de neiges perpétuel-
les, aiieint, suivant une mesure ingoiiométriijue,
l'altitude de 5i"'J mètres. Les roclies arénacées de
celle cliaine sont fori-eiiieiil bouleversées, conloiir-
nées, repliées sur elles-irèmes. — La région cbiude
((i«na ffl/icnfe) commence au niveau delà mer, et
se(oniinue jusqu'à une hauleor de 585 nièircs; les
lempèratur' s y sont 27*, 5 et 2 /,5. La région leni-
pérée ((ierrn lemplada), dont on a li.\.é la limite supé-
rieure à 2144 mcires, possède, à letie limite, une
température moyenne de 16°. Enlin dans la région
Iroide {tierra {ria), qui atteint 455)0 mètres, la cha-
leur moyenne n'est plus que de 2° à la limite supé-
rieure.
L'Etat de Venezuela se livre à la culture du tabac
el de la canne à sucre. — Le tabac esi un objet des
(1) Une basse température et une grande humi-
dité p uvenl 1 rodiiire sous des latitudes irès-diffé-
reote^ desiffel> an do!.'iie>. Am>i on a remarqué à
l'exiréioiié auslia e de l'Amériqoe jusqu'au niveau
de 'a lier le même | licnou éne obser\c au 4" noid
en vu on de réi|uateur p.ir une hauleur de ÔGOJ mè-
tres. Dans la Nou>elle-Greuade, sur les Andes , par
plus importants pour ragriciiltiire de la province de
Yariuas qui eu exporie 12o, 8(j0 kilogrammes, les-
quels représentent une valeur de «5 millions de
francs. A peu d'élévaiiiin au-dessus de la mer, par
une température de 27°, la culuiie du tabac dure
quarante à cinquanie jours. Dans les mi niaijnes,
comine ù Bayladores, dans un climat teii.péré, la
durée de celte cullure est d'environ s x mois. Kn
moyenne , un liedare renferme 13.C28 plints qui
fonriiissentlôDikilogrammesde tabac propre àl'iisa-
ge ; en France, on piTle le produit annuel à 950 kilo-
grammes par hectare. Quanta la c;iniie, on distinguo
trois variélés : la canne créole, originaire de l'Ilin-
douslan, et qui est arrivée en Amérique en passant
par les C maries ; la c;inne d'Otliaîli, beaucoup plus
productive que la créole; enlin la csnne violeita
[cana moradn) qu'on suppose originaiie de Java :
celte diniiére est prélérée pour la fabricatiiui du
rhum. La Imipératuie la plus favorable à la cai.na
est de 27° à2à°; le produit en sucre v:irie d'à lieurs
consiilérablemeot avec le cbmat, les rondilions phy-
siques du sol el les soins de la cullure. In Vene-
zuela, M. C.odazzi estime qu'un lieciare de terrain
produit IïSd kilogrammes de sucre. Eu France, un
lieciare piaulé en bitleravcs ne rend que 1271 kilo-
[«raoïnies de sucre briil, qui équivalent à 1017 kdo-
g animes de sucre blanc. Ainsi, à surf.ice égale, le snl
des liopiipios produit prés de deux fois autant de su-
cri'que le sol de la France. — Li culiure des céréales
est assez limiiée dans le Venezuela. La ciiltufe du
blé, dans les climats chauds, s'allie à celle du café
et de la canne à sucre. Sous l'inlluence d'une cha-
leur moyenne de 25" à 24°, le fi ornent met env rnn
trois mois pour parvenir à sa maturité. En moyenne,
et d:ins les localités favorables , on recolle par hec-
tare 771 kilogrammes. C'est un produit inférieur à
celui que l'on obtient dans certaines parties de la
Fiance, où il n'est pas rare de voir les bonnes terres
à blé donner 1500 kilogrammes. Cette iidérionté de
produit, à surfaces égales, est due sans nul doute à
celle circnnstance que, sous les lr()pi(|ues, le grain
se siine be.'UCOU|) moins dru qu'eu Europe. C'est
une nécessiié reconnue par la pratique. En semant
dru, la végéialion des céréales présente d'.ibord la
plus belle apparence, m..i-. le blé monte en herbe,
et la recolle devient in-igniliaiiie. Ceite pra ique de
semer clair dans les légions les plus fertiles des iro-
pi(|ues ne s'app ique pas seulen eut au fnunenl,
elle convient également au mais; l'espacement des
arbres à café, à cacao, doit être aussi irautant plus
grand que le sol est doué d'une plus grande fei lililé.
En rapprochant trop les plantes dans une terre fé-
conde, on arrive toujours à faire naître une végéti-
une atmosphère hiiini le el froide , les troncs des
arbres el leurs rameaux se couvreni de peines fou-
gères et de lichens qui lorineni pir leur eniielace-
nieiii un sol laciiee sip leipiel ou par oiin desesp i. es
assez ciuisidérables à une éieva i ui .1 • 1 u jU t i" (iO
au-dessus du vrai Sol. [Sole de l'aulcur.)
957
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AL MOYEN AGE.
958
lion herbacée des plus vigoureuses, on fait une fo-
rêt, mais on obtient peu de fruits. On dirait que les
végétaux exigent d'autant plus de lumière solaire,
pour élaborer uiilenient les principes qu'ils puisent
dans le sol, que ce sol conlienl lui-même plus de
sucs nourriciers.
Sur les côies du golfe de Cariaco, la culture du
cocotier a pris un grand développement; déj.i l'ex-
portation de l'huile, qui en est le résultat, est une
source importante de richesse publique. Dans un sol
convenable, le cocotier fructifle à quatre ans et
demi, et continue à donner des fruits avec abon-
dance jusqu'à l'âge de trente à quarante ans. Les
cueillettes se continuent même jusqu'à la soi.van-
lièine année. Une surface d'un hectare contenant
5o7 cocotiers en plein rapport Tourn t 1671 kilo-
grammes d'huile, producti<m bien supérieure à celle
des oliviers, dont la récolle, par une bonne culture et
dans une, contrée abritée, n'est que de 918 kilo-
grammes d'huile par hectare au maximum.
Les Guaharibas, Indiens de l'Ltai de Venezuela,
habitent la région occidentale du bassin du Haut-
Oréiioque, arrosée par la rivière Mcti, un des af-
fluents de ce fleuve. Ces Indiens sont insoumis; ils
ont défendu jusqu'à présent leur indépeudance avec
une vigoureuse énergie, et ont repou-bé tous les
blancs qui ont voulu parcourir leur contrée. — Les
autres tribus indiennes, répandues duos le Ve-
nezuela, sont les .Maïpoures, les Caraïbes ou Cari-
bes, les Ottomaqnes, etc., etc.
La religion catholique est la seule qui soit prati-
quée dans la république; mais des idées de sépara-
tion d'avec le saint-sié^e y prédominent depuis
longtemps déjà. Le clergé séculier, du reste, comme
dans toutes les colonies espagnoles, est ignorant et
peu zélé. Les Franciscains et les Dominicains
avaient été, dés la découverte de l'Amérique, char-
gés des missions des aborigènes. Ces religieu.v
ont encore quelques missionnaires dans le Vene-
zuela.
Venti iloHS, le Mont-Venloux. — C'est une mon-
tagne isolée, située dans la partie orientale du dio-
cèse d'Avignon ( Vaucluse ) , sur les cmlins de celui
de Valence (Drôme). —La plus grande élévation du
Mont- Venteux est de 1959 mètres au-dessus du ni-
veau de la mer, et le sommet en est souvent cou-
vert de neige pendant que de fortes chaleurs se
font sentir à sa base. Sa forme est à peu près celle
d'un cône placé sur un dôme immense. Du côté de
Vaucluse, il se prolonge par une pente assez douce;
mais au nord il est très-escarpé et inaccessible sur
beaucoup de points. Le sommet du Mont-Ventoux
est éloigné de 10 kil. du village de Bédouin, d"où
l'on pari ordinairement pour en faire l'ascension.
Il ne faut pas moins de quatre ou cini( heures pour
en atteindre la cime, sur laquelle est bâtie une cha-
pelle d'où la vue se perd de tous côtés dans un im-
mense horizon ; on y trouve une fontaine que la
neige recouvre une |iartie de l'année, qui ne lorit
DlCTION.NAlBE DE CiKOGRAPHtE ECCL. II.
Jamais dans les chaleurs de l'été, cl dont la lempé
rature est constamment dc-/-4°R. Cette cliapelle
est fort ancienne; on y venait anlrefuis eu pèleri-
nage. La tradition légendiqne r.npporle fju'elle a été
élevée par suite d'un vœu fait par un voyageur qui
avait failli mourir do froid snr le Mont-Veoloux.
Lorsque le temps est l':iv<irable, on aperçoit la cliaine
des Alpes, les côies de la Provence et du Langue-
doc; on découvre même les Pyrénées. Peu de mon-
tagnes offrent un aussi bel observatoire, une viio
aussi étendue. Du cô;é de l'oiiesi, les plus grandes
hauteurs ne semblent que de vagues ondulations;
on découvre à peine les villes et les villages. Le
Rhône offre plutôt l'aspect d'im ruban argenté né-
gligeniment étendu que celui d'un vaste fleuve. On
ne voit que des masses; les collines à quatre ou
cini) lieues se confoiident avec la plaitie. Un vcri.
sombre iodi.iue les forêts; im vert moins rembruni
les piailles. IMus loin, tout prend un aspect uni-
forme et nue teinte plus ou moins azurée. La plaine
bleuâtre (|u"on distingue dans le lointain, vers le
sud, est la mer. A l'orient apparaissent les Alpes
avec leurs sommeis couverts de noires forêts, de
rocs azurés ou blanchis par la neige. On est vive-
ment frappé du magnifique spectacle oue développe
aux reganls cl à la pensée uu horizon aussi
étendu. ,
VicuUis Mapiciani, Mainpincien , hameau dépeii-
dsol de la paroisse d'Aiidrezel, diocèie de Jleaux,
canton de Mornianl , aïKiiul. de Meluo, départ, de
Seine-et-Marne. Mainpincien est à 5 kil. ■ nest d'Aii-
drezel. — Simon de Brie, r)ui fut pape sous le iio^u
de .Marin IV, était né dans ce hameau, et non dans
un vilhige de Tourainc, lomine t'insinuent certains
auteurs, contrairement aux témoignages des plus
graves historiens. G irde des sceaux de saint Louis,
il refusa son éleciinn au trône ponlilical jusqu'à se
faire déchirer son m inteau quand on voulut le re-
vêtir des insignes de la papauié. Durant sou règne
de quatre ans et cinq jours , il montra toute la sé-
vérité de son caractère ; Irappa d'analhéme Michel
Paléologue, comme fauteur de l'hérésie des Grecs ,
et Pierre d'Aragon, promoteur des vêpres siciliennes
donna à Charles de Valois fils de Philip|ie le Hardi,
le royaume d'Aragon , et ordonna une croisade con-
tre Pierre; mais l'expédition fut malheureuse , et
l'armée des croisés, frappée de contagion , fut dé-
cimée parla maladie; Philippe lui-même y troiiv.i
la moi t : issue funeste que l'on rci-'arda alors comme
la punition des crimes et des prof.inatioiis auxquels
les croisés s'étaient livrés. — Le hameau des liantes-
Loges, dans la même direction et au delà de Main-
pincien, est à plus de i kil. d'Aiidrezel.— La pop -
lation de celle commune avec ses dépendances cl
de 201 habitants ; sa situation à 6 kil. ouest de Mor-
mant et à 12 kil. nord-est de Melun. Productions ;
grains et prairies.
Vicui Albcrii, Kônigsfelden , ancienne abbaye du
diocèse de Bàle, dans le canton d'Aaraovie, Suisse,
30
959
DICTIO.NNAIUE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
04ft
maiiiteiianl pioprié.ti. f anionalc, où se iroiivenl un
hOpilal el un el;ibli:>senieiil pour les aliénés. C'Cît
ici i^uVn 1508, le l-"^ raai, fui assassiné l'empereur
Albert I'-'' par son neveu Jean, due de Sou;ibe, et
ses conjurés. Deux années plus lard , il y fut fondé
un couvent de minimes el un couveni de religieuses
de Sainie-Claire. La reine Agnès, fille de l'empereur
a-sas--iné, y prit elle-même le voile. On montre en-
core auj!)urd'liui sa cellule, et à la place où Albert
perdit la vie, se trouve raainlenanl l'antiM de l'église.
Les vitraux peints que l'un voit dans le cliœiir sorji
des plus beaux et des plus remarciuables.On peut re-
garder comme curio.-ités de cet endruii le caveau
servant dt sépulture aux princes, ainsi que plu-
sieurs restes d'arcbUeclnre romaine.
A 1 kil. de Konigbleblen on trouve Brougg (Bnick),
petite ville d'environ 800 i;abitau(s, située sur l'Aar
et sur les grandes routes de Zurzach cl de Bàle, ii
14 kil. d'Aarau. La riNicre e>t ici trcs-resserrée par
de grosses roches , qui s'élèvent sur les deuv rives
et qui supportent un pont de 65 pieds de longueur.
L 1 tour appelée tour noire , qui est à l'entrée du
pont , est regardée par beaucoup de personnes pour
un ouvrage des Romains , mais elle est d'origine
plus moderne el a probablement été b^uie avec des
pierre de laille de rancienne \indonissa. Les incen-
dies qui si souvent ont dévasié cette vifle sont sans
doute la cause de l.i leinie noire de ces pierres. Une
léie antique, très-bien sculptée, que l'on remarque-
d'ins le gros du mur, à peu près au milieu de la
luur, est envisagée, par les uns, pour une lèie de
Kéron, ei, par d'auires, pour une icie délibère. Sur
une colline Irès-ptocbe de la ville, nommée auj mr-
d'bui le liuuberg, el anciennement, par les Kuniaius,
Voceiivs, on jouit d'une très-belle vue.
A '■2, kil. lie Brougg el ii 1 kil. de Konigsfelden se
présente Windiscli , sur une hauteur qui domine
les conlluenls de la Iteuss el de la Linimai avec
l'Aar. Ce petit village rappelle à peine le souvenir
de l'antique el lélèbie Vindonissa, qui, platée sur
les conlins de l'Helvéïie, form.i , pendant plus de
cinq cents ans, un boulevard coiilie les peuples de
la Germanie. Du presbytère de Windisch on décou-
vre louie la vaste enceinte qu'avait cette ville, jadis
si llorissanie. On y voit anjourd'i.ui la ville de
Brougg et les villages de Fahrwindisch , de Gebis-
lorf, de Konigsfelden et d'.Allenbuurg. On y trouve
assez souvent des antiquités rouiaines, et dans un
eiiiiroil appelé B.ilhgruben , les ruines d'un ani-
phiihéâtre. Le premier évéqiie en llelvétie établit
son siège, dans le vi'^ siècle, it Vimlonissa ; mais ,
lors de la dernière destiuction de celte \ille, en
51)3, il lui transféré à Constance, par Cbildebert II,
roi d'Austrasio.
V'itiis Atids , Alix, village du diocèse de Lyon
(Rhône) il 15 kil. noid-ouesl de cettj ville, à 4 kil.
d'Anse, près de la source dii petilruisseau deCliarcin,
Bvaitjailisiinchapitredechanoinesses régulières. De-
puis 1754 il fallaii , pour y entrer, faire preuve pa;
éciit de cinq quartiers de nolilesse. L'année suivanie
il fut permi"] au.\ clianoinesses de (orier une mé-
daille d'or émaillée, surmontée d'une couronne de
comte et attachée à un ruban ponceau passé en
écharpe.
L'ancien château de Mavré, dont il ne reste plus ac-
luellemeiitque quelques ruines, donna à ce village une
certaine célébrité au moyen âge. Alix possède une
très- belle fontaine qui fournissait de l'eau au châ-
teau. Il y a des fours à chaux, et l'on y fait de la
po'.eriede lerre. La population n'est que de 520 ha-
bitants.
Yiciis Amallii, anciennement Amathunle, actuel-
lement Liiuassol-la- Vieille, pour la distinguer de
Limassol-la-lsouvelle. — Cette ville n'est plus quuu
village, qui néanmoins a conservé un évéïjue grec,
sulfragaiil de Nicosie. L'évéclié date du v» siècle,
et a été réuni au litre de Limassol-la.^ouvelle dans
le xiv« siècle. Les deux villes , l'aneienae eoinine la
nouvelle, sont aussi ruinécts l'une i|iie l'autre ; elles
sont situées sur la lôie méridionale de l'île de Chy-
pre. Ou y élahiil un évéclié lalin en l2âG , qui était
suUragant de Nicosie , mais il disparut api es Te.»-
pulsiou des Lalius. L'évéque grec réside au bourg de
Lescare.
L'ancieon ' Limnssol était célèbre même au com-
meucement du moyeu âge , sous ses ducs Byzantios.
Le rci Kichard , vainqueur du dernier de ces vassaux
de l'empire, la rasa en 1191 ; elle ne fut jamais rebâ-
tie depuis. Celte vi.le, dans l'origine, était fameuse
pai son temple , élevé, comme nous l'appreud Pau-
sanias, en l'honneur de Vénus et d'.Adonis.
Aniaihonte l'ut le ^iCgC d'uu des neuf premiers rois
dei'ile,et entre auires, d'Onéiisie, qui succomba
dans la suite suu^ les armes d'Anaban, généial des
Perses. Elle a doni e le jour à beaucoup de person-
nages céLbres par leur science el a siiiniulé de leur
vie. Le plus distingué d'enire eux est l'évéque Léon-
ce, qui llorissail vers l'an 58J de Jésus-Chrisl, e(
véciii jusqu'en bl6. Saint Léonce écrivit une Vie de
saint Jean l'Aumônier, pairiarclie d'AUxaudrie , né
à Aniaihiuiie, ainsi que beaucoup d'aulies qu'il se-
rait trop long de nomuier. — Il y a dans les envi-
rons plusieurs niiies de cuivre que les Tuiks oui
été lorces d'abandonner.
Le lieu où est aujourd'hui la nouvelle Limaasul
prenait ancleuuemeni le nom cie Nomosie, de ce^^e
multitude de bols qui l'environnaient. Richard, roi
d'Angleterre, ayant déiruil Amathonte, Gui de Lui
signan jeta, dans le xii'' siècle, le fondeinent de ceUQ
nouvelle ville, que les Grecs appelèrent aussi ^éa-
poléo», el les Latins ^eHpolls .Ytwusi. La laudll^
de Liisigiian coniiiiua d-; l'embellir el de la forlilier,
y bàiii des palais, des éghses grecques et laiiue^, e^
en ht le siège d'un évéque. A la prise do li.e p.T
les Turks, eu 1570, l'armée ottomane entra dans
celle ville, le i juillet, et y lit les plus grands rava-
ges : e'Ie devint la proie des Uamuies. Ce n'esi plus
941 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
942
aiijoiird'iiiii qu'une misérable ci:é, où l'œil dis!iii5;ue
à piiiic i|ueli|ues relies de •■es .inuien^ édilices. —
Son poi'i e>i Mssez cdininode, il esi :i Paliri des venls
impéiMeiK, et ollre un asilu sur aiiv vaissc^iux sur-
pris par la lenipèle. La caroube csl ici plus abon-
dïiilc que parloui ailleurs, el c'esl aussi dans le
poil de Liuiass»! que s'en foui les cluirgcments les
plus «oiisidérables ; on en exporte encore du sel (|ue
l'on lire d'un lac voisin des Salines, beauco >p moins
éiendu que le lac des environs de Ciiii. Les colons,
les graines, l'orge, les mûriers soni à la fois abon-
danis et bien cultivés dans cette punie de l'ile; le
terrain produit quantité df fruits cl de légumes. C'est
aussi sur les coteaux île Liniassol qiic se recueille
le meilleur vin de Chypre : on raifsemble tous les
vins du royaume dans celle ville pour les Irimspor-
ler à Liirnic, qui offre des celliers pins considérables,
et devient par là le ceutre naturel de ce com-
merce.
ViiHs Amporieiisii, Anipuis, paroisse du diocèse,
de larroiid. el à il kil. de Ly n, dans le canlou de
Saiule-Colouibe, dopl. du Rhône. Ce bourg est irès-
agréaidenienl siiuc sur la rive droite du Rhône; il
a nue populiition lie -2,00 liabitantj. Son lerritoire
esi reinaninable pur toix admirable lertiliic; c'est
un angle de peu n'cleudue, l'urine des sédnnenis du
Rhône, où la vcgciaiion la i lus riche témoigne des
l)iel'^ait^ de la nature < t des soins du cu'.livaleur.
La colline qui le protège contre les injures du nord
n'éiaii autrefois qu'un rucher aride uù iJes religieux
laborieux lranspor:creul des lenes, pratiquèrent dea
ninrs piiur les retenir, et planiéreul ces sarnieuls
précieux qui prudniscnl les vins rcuo mués sous les
noms d>; Côle-Rôiie, léicbres dans toute l'Europe
par leur qualité spiritueuse, leur hne~se el leur
agréable pariuui. Un désigne ces vins sous le nom
de Côte-Rôtie brune cl Côle-Rôlie blonde : ils ont
besoin de rester en louiieau cinq ou six ans pour
acquérir la uiaturité convenable; mis ensuite eu
bouteilles, ils y gagnent encore de la qualité pen-
dant un grand uonib:e u'aniiées.
Viciii Aiiuœ , Zwickau, ville d'Allemagne, au
royaiiuie de Saxe. Kile est située sur la Miilde, et,
quoiqu'elle i-oit devenue une localité touie indus-
trielle, elle n'a rien conservé de l'im|iuriauce qu'elle
avaii au nmyen âge, épocpie à I qielie, déclarée ville
impéiiale, elle coinpiait une p'i|inljiion nombreuse
et riche. Au|>aravanl elle avau appartenu aux comtes
de : cliociibourg. Co.nnie la ville, ce; te maison est
ion ancienne; ses possessions cnnsisienl en cinq
grands lies saxons , savoir : le^ seigneuries de Glm-
Ciiau, de Waldenboiirg, de Liclitensl- in, de llarten-
steiu et de Sieiu, et dans pl»>icurs liels coininuiis,
les uns et les autres enclavés dans le royaume de
Siixe, et soumis à sa souveraiinlé. Lesi|u;iliei;rands
liels soul aussi désignés sous le nom de seigneuiies
de lecès (lieces>, Ucnschaflen), parce qu'en vertu
d'une transaction ou d'uu recés conclu e : 17 io entre
l'électeur de Saxe eila maison de Scliœnbourg, celle •
ci y jouit de certains droits régaliens qui découlent
de la souvciaiiicié. Cet arrangen ent a été conlinné
par le congrès de Vienne. Quo que la maison de
Scba-nbourg n'eut jamais possédé aucune terre iiii-
niédlaie, elle avait cepeidani séanceà la Diète parmi
les comtes de Wetternvie.
Les princes el comtes dt Scbœubourg dérivent letir
origine d'une famille d'outre-Rliin, et iiomniéuient
d'Albaii de Schœnbourg, que l'einpereur Ollou !•'
établit en 93C àiiwiikau pourdéléndie le pays con-
tre les Sorabes. Ernest de Schœnbonrg pos-éiail les
grands (icfs saxons que nous avons nom i es ci-des-
sus; il luouiut en iSj4, et est la souche de tus les
princes et coinies de Sclia>nboiirg. Se? liU lingues et
Woll'gaiig londérent les deux lignes de W.ildenlioiirg
et de l'enigk, dont chacune ie snbdivisi en plusieurs
branches. Elles ol/tinrentau conimenceiiiculdn xviiie
siècle le rang de comtes, et la ligne de Waldenbourg
en 179 J celui de princes d'Empire. Elle possède les
grands liefs ci -dessus nommés, excepté Glauchau,
qui est f; patrimoine de la bgne de l'enigk. Tomes
ses terres ont une surface de 8 m. c. g. (22 I. c.) el
29,(00 habiianis. On en estime les revenus à 50 j, 000
fr. Les possessions de la li^ne de Peiiigk oui aussi
8 m. c. g. avec 2iJ,>i0J habitants; mais les revenus
de celte ligne sont proporiionnelleiiient beaucoup
moindres, tl esiimés à 12. ',000 Ir. seulement.
Tonte la maison de Scnœnbourg est iullicrienne.
La ligne de Waldenbourg se div se, depuis 18 13 seu-
lement, en deux branches, nommées Stein-Walden-
bouig et Slein-H,l^ten^tein.
Zwickau esi a 72 kil. de Leipsick. La population,
qui est de SiOO .'inies, se livre à la culture .iii hou-
blon et du lahac. L'ancien chât<>au d'Ostersiein sert
de maison de travail et de correction. On remarque
quatre églises, un lycée avec une liibliofticiine de
lli,i't 0 volum s et un cabinet d'hi-.loire nalnrelle, un
ho-pii c, des maga-,ins milil^tires, des fabriques de
draps, de casimirs, de colon, d'indiennes, ne cire à
cacheter, de carmin et d'antres cuulenrs; des pape-
teries, tanneries et brasseries, divers moulins, des
carrières d'ardoises, de pierres à aiguiser, etc., des
bouiliéresdans lesquelles brûle, depuis! 6 il, nn feu sou
lerr:iinalluméex|irès, dit-on.àcetteépoi|neuùla ville
se toHvait assiégée par les impériaux et les Saxons.
La décadence de Zwickau riale de la Rél'orination
de Luther, que les comtes de Schœnbourg et les ha-
bitants accueillirent avec enipies-cment.
Yicus Arollii , Arolsen, ville d'Allemagne, chef-
lieu de la principauté de Waldeck, à IS kil. nord de
Waldeck, sur l'Ahr. Lat. nord 51" ::3' ; long, csl 6°
42'. La population esld'eiivinm ÔOI.O liabilanis. On y
remarque un beau cliàleau habiié par les princes de
Waldeck. — La famille de Waldeck est de la pins
lianie antiquité. Outre les comtés de Waldeck et de
l*y rmont, elle possédait ancieniieinent ceux de Scliwa-
Icnb. rg et de Sternbcrg, lesquels, à l'extinclion des
ligues qui en portaicni le nom, passèrent à la mai-
son de Lippe. Les comtes de Waldeck se partage-
945 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 9U
rent en 1580, en deux bmiclies, dites d'Eisenberg plus anciens iiioniimenls dn chiislianisiiie. 11 lepré-
ct de Wildung'en : la dernière obtint, en 16S2, la di- sente, disait-on, Louis le Débonnaire, la couronne
gnité de prince; mais elle s'éieignit en 1692, après en lete, llécbissant le genou, tenant entre les mains
quoi sa dignité fut transférée, en 1711, à Frédéric- nne espèce de chapelle qu'il présente à un religieux
Antoine Ulric, de la ligne aînée. Son fière Josie
fonilé la ligne apanagéedes comtes de Waldeck-Berg-
heini. Le comté de Pyrmoiit, ancien domaine de la
mai- on c|ui en était sorti par mariage, y est rentré
en 1025. à Texiinciion des comtes de Gleichen. Le
prince de Waldeck, qui avait obtenu en 1803 une
voix virile à la Diète, entra, le 18 avril 1807, dans
la confédéral ion Rhénane. 11 est aujourd'hui mem-
bre de la confédération germani lue, et occupe à la
Oièie la dernière place avant les villes, en partici-
pant à la seizième voix cnriale. Dans l'assemblée
générale, il précède les maisons de Reuss et de Lippe.
— La famille est luthérienne.
La principauté de Waldeck, bornée au nord et à
l'ouest par la province prussienne de Westplialie, à
l'est et au sud par la Hesse électorale, a i& kil. de
long sur 3-i kil. de large, et 240 kil. c. Situé dans
la partie la plus élevée de l'Allemagne, ce pays est
montagneux et froid; le sol se prête eu partie au la-
bourage el en partie aux pâturages. Il recèle des
mines de fer, cuivre et plomb, carrières de marbre,
des eaux minérales. Le comte de AValdeck possède
en outre le comté do Pyrmoni, enclavé entre la ré-
gence de iMinden, la principauté de Lippe-Delnudd
et le duché de Brunswick. Cette principauté se di-
vise en trois bailliages ou districts, savoir : Diemel,
Eibenberg et Eder. Ses levmus s'élèvent à 1 million
'Je fr., sou coiilingenl à 510 hommes. Elle a une
voix à la Diète fédéraiive conjointement avec Hohen-
zollern, Lichtenstein, Reuss et Lippe, el une pour
elle seule à la Diète générale. Popul. 5(j,000 hab.
V'itMS Aserki , Aisier, bourg de Normandie, dans
(saint Vincent), el que celui-ci bénit, ayant la main
gauche sur la poitrine, pour marquer l'accepiation
qu'il en fait, ou comme si tous les deux voulaient
oITrir un temple à la Vierge. Au-dessous est cette
inscription :
]{ex Ludoviciis proprius ac virluds atnkiis
Offert ecclesiam, recipit Yinci'iUitis islam.
Lampale bisseuu (luiluens Jttlius ibal.
Mors fiigat ob pasilum rccjis ad inlerilum.
Sur la l'ace opposée, qui regarde le nord, est re-
présentée l'Annonciation de la Vierge ; et, sur la face
antérieure, Jésus au milieu de ses douze apôtres.
On assure que ces bas-ieliefs ont été découverts, en
1612, par les soins de l'évêque de Maçon, Gaspard
Dinet.
Sévert l'historien prétend que Louis le Débonnai-
re, laversantles provîntes du Lyonnais et du Bcau-
jol is, gouvernées alors par Balmundus, vers l'an
82i-, résolut de ra^er entièrement le château de Ga-
neloii, bàii sur le sommet de la montagne de Tonr-
véo;i, dans la paroisse de Chennelette, el que Cbar-
lemagne avait déjà fait détruire en partie; que co
fut pour rendre grâces à Dieu de la victoire rempor-
tée sur Gaiielon , que remperenr fil bâtir l'église
(i'Aveiias, dont il confia le serviie à des religieux
de l'ordre de Saint-Benoît, qui résidaient alors sur le
même territoire; et que l'un des bas-reliefs ci-des-
sus décrits était destiné à conserver la mémoire de
cet éiénement, dont Sévert place la date au 12 juil-
let de la même année. — .Mais un autre fait histori-
que, rapporté par Philippe de Comincs, semble dé-
truire l'assertion de Sévert : il y est dit que le roi
Louis Xi, revenant de Saint-Claude, où il éiaii allé
pays de Caux, diocèse de Rouen, dépt. de la acquitter un vœu, passa par Boaujeu et y séjourna;
Seine-Inférieure. — Aisier appartenait à l'abbaye de
Fécamp,el avait exemption de juridiction épiscopale.
ViiusAvenacénsis, Avciias, paroisse du diocèse de
Lyon, dépt. du Rhône, arrond. et à 25 kil. de Ville-
francl;e, à i kil. de Reaiijeu. — Il parait que la route
de Lyon (Lug(/iinwm), pour aller à Autnn(.l»;or;iiiiHm),
passait près d'Âvenas du temps des Romains. Une
grande partie de cette roule subsi^te encore près
de Saint-Jean d'Ardière. Au haut de la montagne,
on voit les ruines d'un ancien monastère dont l'o-
rigine remontait au berceau du christianisme. La
tradition rapporte que dans la suite les moines de
Cluny ayant introduit la rélorme de Saint-Benoît,
plusieurs monastères l'adoptèrent, entre autres celui
d'Avenas.
On remarque dans l'église, dédiée à l'Assomption,
l'épitaphe suivante :
Uk jacel Uoniiiius Jonnnes Pinet P. curalus hujus
ecclesiœ, qui obiit anno Domini MCCXCII.
On voit sous un autel latéral un retable en pierre,
sculpté en relief, qui était d'abord sous le inailre-
auiel, que l'on a regardé longtemps comme un des
que ce l'ut sans doute pour satisfaire à quelque acte
de dévotion envers la sainte Vierge qu'il en.reprit
ce voyage. Or, si l'on compare ces deux faits, il est
bien plus probable que l'inscription se rapporte à
Louis XI qu'à Louis le Débonnaire, qui d'.iilleurs
était empereur. Alors le monument en question, sur
lequel il n'existe aucune date, ne remonterait qu'an
xv<^ siècle.
Avenas possède une population de 350 habi-
tants.
Viens Aximarsœ, Aimargues ou Aymargues. C'est
une petite ville du moyen âge qui a perdu de son
importance. Elle est du diocèse et de l'arrond. de
Nîmes, à 18 kil. sud-ouest de cette ville, dépt. du
Gard. Elle portail autrefois le litre de barounie, et
appartenait aux ducs d'Uzès. C'est là que saint
Louis réunit les troupes qu'il fil embarquer à Ai-
gues-Mortes en 1248 el en 12(10 pour ses croisades,
La populatien est de 2300 habitants.
Ykus Belitenii, Beilstein, petite ville d'Allemagne,
dans le royaume de Wurtemberg. Elle est située sur
une montagne; ses eaux minérales ont de la répuia-
945
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
9IG
lion, ainsi que les vins recollés dans ses environs.
Elle comple 1600 liahilants; sa distance de Slullgard
est de 14i kil. On y remarque un ancien cliàieau
qui a élé ravagé d.ins la guerre diie de irenle ans
par le duc Weimar, en I6i5, et par les Français en
1G93. Il appariient à la famille Meiternicli, originaire
de la Wesiplialie, et dont une tradition respectable
parson antiquité faitreuionter l'ori^'ine jusqu'au lemps
de Charlemagne. On annonça, dit-on, à cet empereur,
qu'un chef saxon, nommé Métier, avec plusieurs deses
camarades nouvellement convertis au ( lirisiianisme,
avaient abnndnnné l'armée des Fraiiks pour re-
tourner au culte de leurs idoles. Au nom de Métier,
Charlemagne arrêta les dénonciateurs: « Pour les au-
tres, c'est possible, dit-il, mais Metter, non (We<(«r
niclit). «QiielqiiesjoHrs.après,ayantpénétré plus:ivant
dans les épaisses forcis de Paderborn,on trouva Mét-
ier qui, avec une poignée de fidèles, avait cbercbé
l'ennemi, et était occupé à renverser la fameuse Ir-
iiieiisœule. < Ne vous l'avais-je pas dit? s'écria l'em-
pereur : Metter, tion! » L'armée répéia les derniers
aools, qui restèrent comme nom au cbef saxon.
La soucbe diplomatiquement prouvée de celle mai-
son, Cliarles de Metternicli, acheta en i iOO la sei-
gneurie lie Zievel dans le pays de .luliers. Edmond,
un de ses desrendants au quatrième degré, eut, avec
une seule femme vingi-cinq enfants, et devint le
fondateur de la branche de la m.iison d'où viennent
les princes de Meiicrnieh. Deux Metiernicb occupè-
rent, dans le xvii« siècle, le sicseéleclnral de Mayence,
savoir, en 1673, Lolbaire-Frédérie, de la ligne au-
jourd'hui éteinte de Rursclii'id (dans le duché de
Luxembourg), ei, en 1676, Charles-Henri, de la bran-
che de Winnebourg. Un autre baron de Melternich,
nommé Lotbaire, fut nommé, en 1599, électeur de
Trêves, et gouverna jusqu'en 162". Son règne est
remarquable comme l'époque de la formation de la
Ligue catholique dont ce prélat fut un des promo-
teurs. Les seigneurs de Winnebourg et de Beilsiein
s'étanl éteints au comniencement du xvn^ siècle, et
leurs fiefs étant dévolus à l'arclievéelié de Trêves,
Lotbaire les conféra à ses neveux, qui formèrent d'a-
bord deux branches, mais elles se réunirent en 1695,
et en 1696 la branche surviv:\nle obtint le rang de
comte d'Empire. Le reccs de 1805 donn.i au corme
de Metlernicb-Winnebourg-Beilstein l'abbaye d'Och-
senhausen eu Souabe, ayant prés de 5 m. c. g. (8 I.
c.) de surface et 6000 babiiants, et l'empeienr lui
conféra, pour lui et les chefs de la maison après lui,
la dignité de prince d'Empire. L'acie du 12 juillet
1806 le plaça sous la souveraineié du roi de Wur-
temberg. La maison possède, dans les IHais de la
monarchie autrichienne, le comté de Kœnigswarth,
et les seigneuries de Daruvar, Umraendorf, Horn-
fischbach, Amons et Marcusgrunu, et Miliigau ; le
beau domaine de Johannisberg dans le duché de Nas-
sau a élé donné au prince à l'époque du congrès de
Vienne. — La famille est catholique.
Vieil» Bellijocensis, vel BeUijociis, Beaujeu, dai* lo
diocèse de Lyon , départ, du Rhône , chef-lieu de
canton de l'arrond. et à 23 kil. de Villefranche, avec
une population de 2000 hab. — Celle pelile ville
est assez bien b.âiie, dans une position agréable, sur
l'Ardière, au pied d'imo montagne dont le sommet
est couriinné par les ruines de l'ancien château fort
des sires de Beaujeu.— Beaujeu (BeUijociis) a donné
son nom au pays qu'il occupe, et qui forme le pre-
mier arrondissement du déparlement , appelé encore
aujourd'hui le Beaujolais, parce qu'il en fut d'abord
la capitale. C'est la plus ancienne cilé de la province,
et il semble en avoir élé longtemps la plus considé-
rable. L'honneur qu'il avait d'êlre la résidence des
seigneurs de ce petit Eiat lui donnait une irès-grande
importance.
La province du Beaujolais était l'une des plus an-
ciennes siries et baronnies du royaume, qui éiaient
celles de Bourbon, Beaujeu et Coucy. L'existence des
sires de Beaujeu remonte au x^ siècle, ils tiraient
leur origine d'un comte de Flandre, à qui Charles
le Simple avait confié le gouvernement de celte pro-
vince pour réprimer les excès des seigneurs de
Tourvéon , qui s'étaient déclarés les ennemis du
royaume. Ce qui prouve la haule origine de la no-
blesse des sires de Beaujeu est la qualité de cousin,
qui leur fui donnée par Louis le Gros, dans la per-
sonne de Huu'bert III, fondateur de Villefiancbe. —
La ville n'avait pas d'aulres armes que celles de son
seigneur. Un quatrain en langue vulgaire les désigne
de cette manière :
Un lion nai en champ d'ora
Les anqles roge el la quoua reverpa
Un Inmbey rage sur ht joua
Y sont les armes de Bejona.
On lisait autrefois la devise suivante sur les vi-
traux de la salle d'audience de celle ville :
A tout venant beau jeu.
Cepenifant on assure que la devise des anciens
seigneurs était fort, fort. La maison de Beaujeu fonda
son illnslralion sur les plus hautes dignités que ses
membres occupèrent : Guichard III fut ambassadeur
prés le pape Innocent III , el fut tué an siège de
Douvres, en 121G ; Humbert V fut connétable de
France; Guichard IV fut .imbassadeur en Angleterre,
où il mourut, en lîli.j , connétable de l'rance ;
Edouard l"'', maréchal de France ; et Louis de Beau-
jeu , connétable. — Les sires de Beaujeu reconnais-
saient les rois de France pour seigneurs suzerains,
lis hiibilaient un châle lU extrêmement lortilié , en-
touré de fossés et llanqué de cinq grosses tours ,
dont une renfermait les archives et le trésor. H ne
reste plus que quelques ruines de celte ancienne
forlere.-se, que sa position rendait inexpugnable, et
qui fui démolie en 161!. Un .lutre château a élé
construit depuis au jded de l'ancien. Il renfermait
dans son enceinte l'église collégiale dédiée à
Notre-Dame , et les maisons des chanoines qui la
desservaient. On le nommait Pierre-Aigue , parce
qu'il était construit sur le roc; il » élé également
ji7 DlCTlONNAIftK DE GEOGRAPHIE ECCLF.Sr ASTIQUE,
détruit. Au milieu de la cour coiilo une belle fon-
taine, dont les e.iiix limpides et abondantes snflisenl
Aux besoins des bahiiants de Deaujeii. — L'église
collégiale a été vendne cl démolie pendant la révo-
luiion; Au-dessns de la porte principale éta:t un
lias-felief antique de marbre blanc , représi-nianl nn
de ces sacrifices en usnge eliez les Romains. C'est
«ne espèce île frise coinpo'^ée de vingi-sepl figures
liès-saillantes, et servant à doniier une a'scz juste
idée de ces sortes de cérémonie». Ce licau morceau
de scidptnre a é édéiaciié avec soin et placé an mu-
sée de Lyon, L'église paroissiale actuelle est dédiée
à saint iSicolas; on lisait sur une ancifune fiamarte
tjne la dédiare de ce monument pieux avait été
tonsacrée l'an de grâce 122') , par le pape Inno-
cent Il , .à la prière du siiè de Reanjeti GnicbarJ II ,
i|i i avait reçu ce pape avec empressement à son pas-
sage pour se reoilre à Clu'iy. La conimum- des Rlimx,
sur le lerrit'iire de laquelle cette église est située,
a été réuide à celle de lieaujeu.
La s luaiion de lieaujeu ;ni fond de la v.nllée de
l'Ardière , enire les montagnes de Gcuty et d' Cnr-
nillon, (jui forment sur ce poini un xalbiU resserré ,
a donné lieu à une trad lion suivant laipiclle l'eoi-
placeuient G cnpé par cette ville était auirefois un
vaste étang, et rinspecli. n des lieux rend ce te con-
•Vciure assez vraisemblable; en effet, en barrant la
rivière dans l'endroit appelé VEtioii-Pont, il serait
facile de convertir en un lac Deanjen et les prairies
qui ravoi>ii.e';l. — On assure i|ue le fils d'un sei-
gneur de lieaujeu s'élarit noyé en comliiis ni des
cbevaox à l'éiao!;, son pèie fil vœu de bàiir une église
à l'enilroii mi serait irouvé le corps du jeune prince;
qu'ensuile il fit itieilre l'élang à sec et s'acquitta de
son vœu ; que bientôt des maisons s'élevèreii! aiiiour
de la nouvelle église et donnèrent uai>sani e à la v;lle,
de manière que sa fondation scr.iit postérieure à
celle du cliàteau.
Ueanjeu est le thef-lieii d'un canton qui comprend
19 communes ei la partie vignnble la plus considë-
rnble du Be;iujolais. Ce pays , aujourd'hui si couvert
d'bibiiations de toute espèce, esi un des mieux
cultivés de toute la Fnmce, et il était, il y a soixante
.luSi un des mi.ins peup'és; h l'exception de qiu'lques
prail-ies, le sol était grenelé, maigre et stérile. C'est
à la cUltot-e de la ^igne qu'on est redevable de cet
liourenx cliflnçement, et à la belle ronle qui, tiaver-
eaui dès moniagues aunefois inipraiicables , jnini la
Baône à la Loire, Cl favorise singulièrement le Irans-
pori de tnuiès les pinduciions de celte miic con-
tt-ée. Les vins dil De.oijolais , facilement Iranspnriés
jusqu'à la Loi'C, y soûl embarqiilis, et de là, par le
caoal de Rriat-e, parviennent à P.. ris à peu de frais.
Par la Saône, il s'en expédii" Innjiiirs beaucoup pntlr
le Nord cl la Uelgiqne. — Le>. vins les pins remar-
quables de ce Cnillon solil ceux de Cben:iS , Fleuri ,
Juliénas, Morgon, Ciiirouble <\ Roiuanccbe; vieiment
ensuite ceux de Quineié, Reignié, Laniigiié, etc.
Bêaujeu offre peu d'établisseUientJ industriels :
»48
deux manufactures de papier , situées sur la com-
mune des Eioux , et qui fo'ii miiintenant partie de
son territoire, une belle (ibilure bydraulique de co-
ton, sont les seules usines que l'on puisse ciler ;
elles sont mues par les e mx de l'Ardière : mais on
y trouve beaucoup de fabriques de tnnoer.ux, et de
lUMobreuscs lanneries , dent une établie d'après le
système anglais. Il s'y lait un grand commerce de
vins d'excellente qualité , de grains, fer, cuirs, etc*
— Entrepôt des produciions qui s'écliangeui entre
la SaôiKi Cl la Loiie. — Marché important tous les
mercre.lis.
Il y a un bôpilal à Bcaujeu, établi par les babi-
innls vers la lin du xvii'' siècle, dont l'adminisiration
et le service sont coulics :> des sœurs de S-.iiut Jo-
seph. Le bien qu'elles font est considérable.
Yiius BiofeUœ, liraunl' Is, bourg de la Prusse Rhé-
nane, à lis kil. e^t-nord-esi de Cobleutz, et 8 ouest
de Wetzl-ir. Popul. 1700 babitaiils. On y voit un
ancien chàlenu fort qui appnrlient aux princes de
Solms, et oïl ils résident. On distingue dilTorenles
branches qui toutes sont prolestaiitcs. — Celle mai-
son est de la plus bauie antiquité, quoiqu'on ne puis-e
en établir la filiation, avec une certitude diplomati-
que, que depui-. le commencement du xiv^ siècle.
Henri V, suniommé Wcsterbourg, parce qu'il avait
épousé une demoiselle de celle maison, possédait le
comté de Braunlels, et mourut en 1512. Son lils aîné
épousa l'iiéritière du comte d'Ulieimeinen Weslplia-
lic, et abandonna h son fièr'; cadet, Reruard, l'Iicii-
tage paternel. Les princes et comtes de Soims des-
cendent de ce dernier. En 1109 les C(uules de Solms
se partagèrent en deux lignes qui existent encore:
Bernard, pelil-llls de celui duul nouj venons de
parler, foitda celle de Braunfuls, et Jean, sou fière,
la ligne de Licb. La ligne de Biauidels se subdi-
visa eu trois bniucbes, dites de Braniifels, de Greif-
feosieiu et de Ilnugeii. 11 n'eu existe plus qu'une
seule, celle de Greiffenstein, qui depuis 16i).î a pris
le nom de Braunfels, et a été élevée en 1742 au lang
de prince. La lii;ne de Licli .^e subdivisa eu deux
brancles principales, celles de Licb uu de lloben-
solnis, et celle de Liuliacb. La branche de Licli a
obtenu en 1792 la dignité de prince; la branche de
Laubach a conservé le titre de comte.
1 ictis Capelii, Cippcl, village llii fcanlou de Zurich
en Suisse, est situé à 10 kil. de Zurich, sur la louie
de Zng el près des trcuilières de ce caillou. Il s'y
livra, en iaâl, un comhai acliarnë eUlfe les paili-
sans de Calvin el ceux d'L'Iricb Zwingli, où ce dernier
peiilii la vie : ce qui atficiia la défaite o'e ses p:iHi-
sans et le tritunplie ilu calvinisme en Suisse. Ulrich
Kwingli, qui m- diliail et cnlrigeuil les doclriiifes dU
farouche et iitrahilaire Calvin, cialt hé à Wildhàiis,
village le plus éle^é de tout lé Tojgenboiirg, dans le
caniim de Saiui-Gall. WiMIiaus est à USO mèlrts
au-de>sus du niveau de la Médlerranée.
Viens Cappensis, CInpprÇi, paroisse t)u dio'cèSé de
Troyes, arlDnd, de Bar-sur-Seine, à 7 kil. de celte
949
GEOGRAPHie DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
950
ville, (lépari. He l'Aube La population est de 5-25
habiianls. — Quelques-uns prélendent que Chappes
a éié dans les temps reculés une ville considérable,
qu'on y a batiu nionnnie, qu'.ivanl la conquête des
Gaules par Jides Céor, c'était le chef-lien d'un pe-
lil peuple gaulois. Qiioiiiue ces prétentions ne soient
pas siif(isanimciit jiisiiliées , il convient de dire
qu'elles ne sont pas loul h fait dénuées de fonde-
ment. Grnslcy, -i"' •"> 'ai^sé sur Cli:ippes une notice
liisl )riqMe, partage l'avis de ceux qui croient à l'an-
cienne importance de ce village. < Cli^ippes, dit-il,
était, dès les premiers leipp^ de la nmnaridiie, un
lieu important, et par sa situation comme Iroiilicre
de l'ancien royaume des Hourgnignons, et par son
fort qui coniniandail le passage de la rivière de
Seine, cl par son port sur cette rivière, qui, favo-
risant le commerce enire deux royaumes, y fixait
les marchan Is quM cmicliissail, et les artisans,
dont l'industrie était ani.née pu la tcnitudcdu dé-
bit Ciiap(ies était part:igé en haute et basse
ville, dont la première sur la rivr droite de la Seine,
défendue par un cliâteau, avait un prieuré ; la se-
conde remplissait un espace considérable sur la rive
opposée. L'église paroissiale, dédiée à saint Loup,
était dans la basse ville. L'une et l'antre étaient ha-
bitées par des ailisans et des manulactiTiers, aux
différents corps desquels étaient assignées différen-
te- rues qui en portent aujourd'hui le nom. i —
Chappes est mentionné dès l'an 752. Saint Loup,
abbé de Ferricres, nous apprend, dans une de ses
Jetires, que vers 8"0 il lut obligé de se retirer au
icliàieau d'Aix en Otlie, parce que les Normands
menaçaient de remonter la Seine jusqu'à Chappes.
Les anciens seigneurs de Ch ppes étaient des plus
puisants de la province. Ils étaient du nombre des
barons qui rendaient la justice aux conse.ls des
conil'S de Clianip;>gne, dans les assemblées appelées
4et (/ronds jours, oi\ ils siégeaient à côté des sei-
gneurs de Joinville et de Brienne. Parmi le- droits
dont ils jouissaient, était celui iduiapt du bàtim,
qui ëloit que les grands seigneurs pouvoient aller
ou envoyer par la ville, et tuer au bâton les poules
dudit lieu, et pouvoient emporter les poules qn'ds
(uoient, en payant, pir chacune poule, six deniers, i
— En 1W9, le ihàteau de Chappes, alors icnu par
Jacques d'Aumont, allié des Anglais, soutint un
siège, à la suite duquel il fut pris et détruit. < En
ce temps-là, dit Monstrelet, le duc de Uar, nommé
René de Cécile, convoqua très-grand imuibre de
gens d'armes. Et ponvoit avoir icclui dm; de deux à
trois mille comhattanis, à tous lesquels il alla assié-
ger Chappes, à trois lieues de Troyes, dedans la-
quelle éloient le seigneur d'Aumont , et son frère,
«l avec eux plusieurs gens de guerre qui très-vail-
lamment se mirent en défense. > Les Bourguignons
viiirciu à leur secours au nombre de quatre mille
combattants, mais ils furent mis en dé-arpui. « Si
f\il environ que morts que prins bien soixante, en-
tre lesquels le seigneur de Plaiicy ; et particulière-
ment le seigneur d'Aumont en saillant hors de sa
place pour aider à combattre ses ennemis avec au-
cun de ses gens, fut prins prisonnier. Si convint
qu'il livr.it sa forteresse au duc de Bar, laquelle fui
du tout démolie, et son frère fut prins comme lui. »
Quelquo temps aprè» , Ci appes fut repris par les
Anglais, qui furent délogés une seconde fois de ce
bourg par fîarberey en 1131.
Ykus Cazalii , Cha^ay, paroisse du diocèse de
Lyi>n, départ, du Rhône, à 12 kil. de Villefranche,
et aut.inl de Lyon. Ce bourg, situé sur l'Azerque,
dans une contrée fort agréable, est une ancienne
baronnie du Lyonnais, C'était autretiis une forteresse,
appelée le fort Saint-André, qui servait de retraite
aux paroisses voisines dans le temps des guerres
civiles; l'église est même dédiée à saint André. Il y
avait au-si une abbaye de Bénédictins qui ont été
sécularisés et transférés à Aiiiay. On trouve dans
les environs différents fossiles. Les habitants, qui
sont au nombre de 950, se livrent au tissage de la soie.
Vicus Cenacensis, Clienas , paroisse du diocèse de
Lyon, départ, du Rhône, à 10 kil. de Beanjen,
avec f 00 habilanls. Le nom de ce bourg désigne un
lieu planté de chênes. Balnze rapporte le capitulaira
de Charlemagne par lequel ce prince ordonna d'ar-
racher une partie des bois qui couvraient ce pays.
C'est sans doute de cette époque que date le défri-
chement d'ime poriion du sol du Beaujolais, et notam-
ment de Chen s. On y récolte beaucoup de vin d'une
bonne qualité. 11 y a sur la crête qui fait la limite de
cette coinmnne avec celle de Fleury, • ne niaisnnnelte
appelée la maison dn Canonnicr, où un homme du
village est cliargé d'iiller tirer des boîtes (|nanil lesora-
gcsse forment, afin de les dissiper parleur détonation.
Vic!i.f Chilliaci, Chailly, vu i hilly, pnroisse de
l'ancien diocèse de Paris, aujourd'hui de celui de
Versailles, canton de Longiumeau, arrond. de Cor-
beil, Seine et-Oise, à 2 kil. nord de Lnngjiimeau, 8
de Corbeil et 16 sud de Paris. Plisieiirs villages en
France sont nommés Chilly ou Chnilly, Celui-ci a été
appelé Cbailly au xiii« siècle et dans les suivants; ce
n'e^t guère que depuis 2 à 500 ans qu'on s'est mis à
éciiio Chilly. Il est probable que les possesseurs
romains de ce lieu ont été d'une famille dite Cali-
dia, ou Callidia, ou bien de celle (lui se nommait
Caluliii ou Caliliti. Ces noms se trouvent dans le
recueil d'inscriptions deCruter; en sorte que, selon
ce principe, le nom laiio de Chnilly, dans sa pre-
mière pureté, aura éié Callidianni ou bien Catitltia-
cum. On trouve dans Valois, ùilUncum, et les titres
des xii" et xiii* siècles, qui sont les pins anciens qui
fassent mention de ce lieu, rendent en latin le nom
de ce village par Calliucum ou Cliaitliucum; mais ce
dernier parait évidemment formé sur le français.
— La terre et seigneurie de Chilly a toujours été
possédée par des familles du piemier rang ou par
les rois de France. Au xiv» siècle, ce village n'était
pas remarquable, quiiqne lioberl, comte de Dreux,
nis lie LouiS le Gros, y eût fait bâtir un chileau et
DICTIONNAIRE DE GEOfiRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
une rliapclle. Ce Roben est le premier seigneur de
Cliiliy que l'on connaisse en celle qiialiié d'une ma-
nière ceriaine. 11 paraîi (|ue celte terre vint depuis
à la couronne, pui-qu'en 125i Louis IX la céda, eu
écliangc d'antres terres, à Pierre, duc de Bretagne,
dont la pnsiérilé en jouit quelque temps; elle re-
vint, en l'OO, au roi Philippe le Bel, et sauf quel-
ques concessions passagères, elle resta aux mains
du roi jusqu'en l'GO, qu'elle tomba d;ins la mai-
son d'Anjou : celte maison en jouit longtemps ,
puis elle rentra à la couronne. François I""^ la don-
na à sa sœur naturelle, souveraine d'Angoulênie, qui
avait épousé Micliel G illard, pannetier du roi : 1 1
postérité de Gaillard en jouit jusqu'en 16)6. Mariin
Rusé, si^ciéiain; d'Etal, en fit l'acquisition, cl An-
toine Grossier d'Effiat, neveu de Martin Rusé, en
hérita. Celui-ci, snriniendant des finances, mourut
maréclial de France. Ce lut lui qui lit bâtir le châ-
teau de Chil!y avec une niagnillience vraiment
roy:i'e. Ses héritiers, parmi lesquels on compte un
duc delà ileilleraie-Mazarin, embellirent beaucoup
ce domaine. — L'ancien ibàiean avait été en grande
réputation : on en voit la représentation dans la
topi'grapbie de France, de Pierre Chastillon, gravée
en 1610. Le nouveau, bâti sous le règne de Louis
XllI, par le maréchal d'Efliat, avec beaucoup de
soins et de dépenses, n'était élevé que de deux éta-
ges ; sa forme était carrée : quatre pavillons, pa-
reillement carrés, en occupaient les angbs et se
terminaient en terrasses, revêtues d'une balustrade
de pierre, d'où la vue s'éiendail dans la vaste plaine
des environs; au milieu s'élevait un canipanille
carré : la porie du château était ornée de deux co-
lonnes et de deux niches, dans cbacinie desquelles
il y avait une statue. Jacques Le Mercier con-
duisit la construction de cet édilice sur les
dessins de l'architecte Méiézeau. Les a|iparte-
ments étaient décorés de magnifiques dorures. Ter-
rier, sur les dessins de Vonet, avait peint dons la
chapelle douze tableaux représeniaut l'histoire de
saint Anteiiie; les sculptures éiaient de Sarrazin :
Vouet lui-même avait peint les plafonds et la galerie.
Ce séjour a éié, dans le dernier siècle, le témoin
d'une Icie brillanie donnée par la duchesse de .Maza-
rin, et à lai|uelle assistèrent les daines de France. —
L'église paroissiale, du titre de Saint-Eiienne, est au-
près du ch.àieau, dont elJe est couverte du côté du
midi; elle manque d'une aile du même côté, et le
principal corps de l'édifice est sans vitrages; il y
manque aussi l'intervalle ordinaire qu'on ménage
derrière le chœur dans la plupart des églises; au
reste, elle se ressent de la ricliesse de ses anciens
seigneurs, étant couverte d'ardoises; mais elle est
fort basse, ainsi que le clocher, placé au nord, ,î
côié du grand autel, le plus loin qu'il a été possi-
ble du chàiean , pour épargner l'incommodité
du bruit des cloches à ceux qui y logeaient. Cette
église n'a point élé rebâtie à neuf. On voit dans
le ehœur quatre piliers fort anciens, et qui parais-
95'2
sent avoir supporté un ancien clocher : le reste du
chœur et le sanctuaire sont d'un travail du xiii»
siècle, ou tout au plus de l'an 1500 ; ils ont pour or-
nement une ordonnance de petites colonnes posées
l'une sur l'autre, dans le goût et la délicatesse des
constructions du règne de Louis IX. On a détruit
une pai tie de celle architecture pour élever, sur le
côté droit, les mausolées des seigneurs d'Effiat, dont
le dernier mourut en 1719, âgé de 80 ans : leurs
tombes, de marbre noir, remplissaient presque tout
le chœur. La cure était à la pleine collation épisco-
pale. — 11 y avait autrefois sur le territoire de cette
paroisse une léproserie du tiire de Saint-Laurent,
qui était à la nomination de René, roi de Sicile et
duc d'Anjou, seigneur de Chailly ei de Longjumeau;
mais elle fnl réunie par lui, vers l'an I'l73, au prieuré
de Saint-Eloi, situé sur la même paroisse. — Ce
prieuré avait élé fondé, vers l'an li^ô'i, par Jean de
Dreux, surnommé de Rrenne, et Alix, sa femme,
comtesse de Màcon. Ces deux époux, n'ayant point
d'enfanis, se proposèrent de rendre Dieu héritier d'une
parlie de leurs biens. Pour cet effet, ils firent cons-
truire une maison dans un vallon situé au midi de la
terre de Chailly, iiui leur appartenait, et ils y mirent,
de l'aveu de Gnilbuime, évêque de Paris, des reli-
gieux du prieuré de Sainte-Catherine-du-Val-des-
Ecoliers. Ces religieux y restèrent jusqu'en 1662,
qu'ils lurent remplacés par des chanoines réguliers
de la congrégation de France, ordre de Saint-Au-
gustin.— L'église de ce prieuré était remarquable,
tant par sa consuuction, où régnait la délicatesse
golhi(iHe du xiv<= siècle, que par les ornements dont
elle éinit embellie. Ou y admirait un crucifix de
marbre blanc, qui passait pour être d'un seul bloc
avec sa croix; la suspense, sous laquelle on conser-
vait le saint sacrement, le jeu d'orgues, qu'on dit
avoir élé fait pour Versailles; mais ce qui donne sur-
tout de la célébrité au prieuré de Saint-Eloi. c'est
d'avoir appartenu au fameux Théodore de fîèze, de
Vézelai, qui le possédait en 1546. C'est aujourd'hui
une maison de campagne. — Chailly a vu en divers
temps les rois de France logés dans son chàieau.
Philippe le Bel s'y arrêta avec la reine, le 5 décem-
bre 1^01, en allant de Saint-Germain-en-Laye à Fon-
tainebleau; François I^f, revenant de celte dernière
ville, y logea le 6 juillet 1537.11 faut sans doute at-
tribuer au séjour des princes et des personnes de
considération, auxquels ce lieu a constamment ap-
partenu, les vestiges de dlsiinctioii qu'on y aperçoit
encore. Contre l'ordinaire des villages, Chailly a ses
rues pavées et alignées, quoiqu'il ne soit point sur
le passage des voitures publiques ; on remarque dans
l'une de ces rues cinq belles maisons de campagne
parallèles. Ces bàtiinenis avaient, dans le dernier
siècle, leur entrée terminée dans le haut par une
lanterne couverte d'ardoises : on disait dans le pays
que c'étaient les logements que le maréchal d'Effiat
avait assignés à cinq de sesolfieiers. — Le poète Cha-
pelle y fit bâtir une maison en 1680, et y passa les
953
f.EOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
95)
dernières années de -a vie. — Chaiily élait ancienne-
ment renommé pour la qualité supérieure du pain
qu'on y f;iisaii. Une ordonnance du roi, de 1350,
marque trois sortes de pnin : le pain de Chaiily, le
pain coquille et le pain bis. Sous le rioui de pain dt
Chaiily, cette ordonnance désignait le pain blanc de
première qualité. Les céréales sont encore le prin-
cipal objet de culture dans celte commune, dont le
territoire est presque eniièremeni en terres labou-
rables.
Yicus Credulii, Creil, petite ville du diocèse de
Beauvais, chef-lieu de canton de l'arroml. de Seu-
ils, avec une justice de paix, Oise, à 9 kil. nord-est
deSenlis, et -45 nord de Paris. Le liameau de Vaux,
qui renferme une maison de campagne, ancien (ief
du duché d'Enghien, et le ci-devant prieuré Duples-
sis-Lapomemye en font partie. — Cette ville est si-
tuée sur la rive gauche de l'Oise, qu'il faut traverser
sur un pont de pierie pour y arriver; on y trouve
une manu.'acture de faïence fine, dite terre de pipe
fln(//nis«,- elle entretient plus de 600 ouvriers. Cet
établissemenl, dont les produits sont trés-esiimés,
est irés-vaste et tient ;'i un parc bordé par un bras
de l'Oise. Quantité de vases de terres de grès noires,
de toutes formes et façons, pour les déjeuners, et
vases de décors, y sont jouruelleinent fabriiiués. Les
entrepôts de ce grand établissemenl sont à Paris,
d'où se font les expéditions pour la Fiance et les
pays étrangers. Il se tient à Creil une foire par an,
le 2 novembre ; le marché est le vendredi de chaque
semaine. Deux ports sont établis sur l'Oise pour le
transport des bois provenant de> forêts de Hallaie
et de Hcz ; un trois eue est destiné il la venie des
grains. Les productions du terroir de celte commune
sont en grains, une partie est en prairies. —
On voit aux alantimrs de la ville des carriè-
res de pierre dure, propre à la construciion des plus
beaux édifices. Des demeures souterraines, prati-
quées dans l'intérieur de ces carrières, sont habi-
tées sans frais de location par des familles pauvres.
La ville de Creil, appelée Credulium dans les titres
anciens, fut, à une époque fort reculée, le siège d'une
seigneurie assez considérable. Les Normands la pri-
rent et la pillèrent plusieurs fois, ainsi que tous les
autres lieux de celle partie du royaume. 11 est pro-
bable que son vaste et antique château fut commencé
à l'époque où l'on cherchait à opposer sur ce point
une ligne de peiites forteresses aux invasions de ces
dévastateurs. La fondation de l'église est fort ancien-
ne : vers le régne de Chilpéric, c'est-à dire à la fin
du vi« siècle, le corps de saint Évreniont y fut dé-
po>é. Le clergé attaché à celte église devint po-ié-
rieurement un chapitre qui célébrait le S octobre la
fête du saint patron. Creil, qui, dans la suite des
temps, était tombée dans le domaine des rois de
France, lut possédée par Robert de France, fils de
Loois IX, qui lui donna cette seigneurie à l'époque
de son mariage avec Béatrix de liourgogne. Louis,
fils de Robert, la donna à son tour à sa fille Béatrix,
en la mari,int avec Jean de Luxembourg, roi de Bo-
hême. Après la mort de ce monarque, Béatrix ven-
dit sa seigneurie au roi de France : elle revint à la
couronne. Vers le milieu du xiv= siècle, un seigneur,
ou plutôt un brigand navarrais, nommé Foudrigues,
était maître de Creil. De ce point il envoyait des dé-
tachements sur les routes voisines et forçait les
voyageurs à recevoir, signés de sa main, des sauf-
conduits qu'il leur faisiit payer fort cher. Charles V
fit bâtir à Creil, dans une ile que forme l'Oise, un
château irès-fort que les Anglais assiégèrent et pri-
rent en 1434. Le 19 mai 1441 Charles Vil, accom-
pagné de son fils, vint mettre le sié;;e devant Creil,
sous le cominaiidement du connéiable de Uicliemonl;
après 12 jours de siège la place capiiula. Les 4 ou
500 bomtiies qui composaient la garnison se retirè-
rent avec armes et bagages. Les habiiants de Paris à
cette nouvelle léinoig;ièreiit leur joie par des jeux,
des danses et les cris des Noëls. En 1567, les cal-
vinistes s'étani emparés de Creil pillèrent les églises
et brûlèrent les corps de saint Évremont et de saint
Syinphorien. La lèle du premier fut seule préservée
par les chanoines, parce qu'elle était dans une châsse
séparée. En 15^8, les ligueurs surprirent Creil et
s'y établirent. Le château n'existe plus : il était situé
dans une petiie île au-dessous du pont de Creil. Quel-
ques années avant la révolution, le prince de Cundé,
à (jui il appartenait, le vendit, à la charge de le démo-
lir. Sur son emplacement a éié bâtie une maison as-
sez appareille : il ne reste de cet ancien château que
le soubassement d'une terrasse au devant de celte
maison, laquelle est flanquée d'une espèce de tour
tronquée, qui est cITectivement la base d'une des
anciennes tours. Avant la révolution on montrait
encore aux voyageurs une chambre dont le balcon
élait fermé par une grille de fer, et où l'on assurait
que le malheureux monarque Charles VI avait éié
retenu lorsque sa démence se fut déclarée. Les mu-
railles de ces antiques appartements portaient en-
core les traces des ornements du siècle où on les
avait décorés : les lambris éuiienl peinis eu camaïeux
et les solives des planchers peintes en rouge. Sous
Charles VI on s'y chauff.iit encore, dit-on, autour
d'une largo losse creusée an milieu de l'appartement;
plus laid, on sut pratiquer des cheminées dans l'é-
paisseur même des murs. Dans cette même ile et
très-prèi du châieau sont les ruines de l'abbaye
de Saint-Évremoni, dont le chœur est encore de-
bout. Le ( IocIk r de l'église paroissiale est bien bâ-
ti.— Le pont est singulièrement construit; on y
jouit de points de vue très-agréables. Au couchant se
voit Monlalaire, village irès-pittoresqiie, situé sur
une assez haute montagne. C'est dans sa petite égli-
se (|ue l'ennile Pierre prêcha, dit-on, les premières
croisades. — 11 existait à Creil, dans l'ancien régi-
me, une collégi.ile royale, une cbàtellenie et un gre-
nier à sel.
Vicus Crisiaci, Crécy, petite ville du diocèse de
MeauK, chef-lieu de canton de l'arrond. de cetic
955 DICTIONNAIRE DE GEOCRAPIIIE FXCLRSIASTIQUE. flSC
ville, avec une justice île paix, siliiccsurla route i!c nnul-esi de Paris. — C'éiaii un gouvernemeni de
Paris à Coulominiers, dans une vallée agréab'e et place, le siège d'un (rosidial, d'une éleclion el d'uo
sur la rivièic du Giand-Morin, qui s'y partage rn liailliago, où Ton suivait une cnuiume particulière,
plusieurs brandies ; à 12 kil. au sud de Meaux, 40 ninis coninnine à tout ce duché, qui appartenait à la
kil. au nord-est de Mclun, el 42 kil. est de Paris, maison dOiléans. Il y avait aussi hôtel de ville,
Klle e>( entoniéo en partie de vignes el de belles grenier à sel et sididélégalion. On a voulu donnera
prairies. La poi u!ali(.n est de 17lO lialdtanls. — cette \ille l'illustration de rantiquité, parce qu'on y
Crécy était ancienuenieni le siège d'une scigneiu-ie a découvert quelques médailles roimines; niaiî ces
éieiidi.e, dont les possesseurs poricrenl d'abord le objets inoliiles et portatifs ne présentent aucune
titre de vicomte, puis celui de comte. Leurs noms preuve snfiisanie, n'étant point appuyés par des lé-
paraissent dans plusieurs actes relatifs à des fonda- luoignages historiques. Le moine llcigaud est le prê-
tions pieuses el datés des premiers règnes de la mier écrivain qui fasse mention de Crépy. Il nous
iruisiéiiie dynastie. Lhie chapelle avait probnMement apprend, dans sa vie du roi Robert, que ce lieu était
exi>ié en ce même lieu avant qu'i's y cussi'nt établi i;n château que Waltérius ou Gautier, dit Leblanc,
leur résidence ; ils l'érigèrenl en une collégiale, comte il'AuMens, fit construire dans le Soissonnais,
dont il est fail mention dans un litie de lliS. l'ans el où il londa l'abbaye de Saiiu-Arnould. Ce château
les siéclessuivants, Crécy appartenait à la maison de et celte abbaye, dont la fondalioii est de la fiii du x»
Ch.itillon, et divers memircs de (Cite famille s'al- ou du cnmmenceinent du xt' sit'cle, donnèrent nais-
tacbèrent à eiiiichir l'église dédiée il Sainl-Geurges, sauce à la ville do (^épy. Caulier transmit ce clià-
ainsi que plusieurs auires du pays. Plus tard la sei- leau à son quaiiième li!s, Rodolphe ou Raoul, beau-
cneurie Cul tenue imu.édiatcmeni par les comtes de pore ilu roi Philippe I"; celui-ci vivait do brigan-
Champagne, ccmme comtes de lîrie. En 1405, Lo; is dage, comme les se gneurs de .'on temps, el dévasta
XI diinna celle seigneurie en échange ii Aninine de souvent les lerres de ses voisins. Ce Raoul, sui-
Chabaïuics, comte de Dauimarlin. Au xiii« siècle, un
Hôtel-Dieu existait à Créry, el (iueli|ues litres de
cette époque prouvent ipie cette maison était dirigée
par des religieux. Une nialadrerie plus antienne
encore exislaii à l'une des portes de la vdie, et le
nommé le Grand, sans doute à cause de sa grande
puissance, se qualifiait de comte par ta grâce de Dieu.
Raoul, ou son successeur du même non), continua
les usurpations et les violences de son prédéces-
seur. Simon, son fils, marcha sur les traces de son
souvenir en a été conservé par une chapel'e de Saint- père, devint le plus riche seigneur du royaume, et
iMicliel qui en faisait panie. Au xvii^ siècle celte ma- fil la guerre au roi Philippe h', qui fut contraint
ladrerie fut réunie à i'iiopital. A l'époque des iroii- d'en venir à un accommodement avec lui. Quelque
blés religeux, lerhâ'eau seigneuiial de Crécy était temps après, le remords de ses crimes l'ayant déler-
un des plus loris de la cmilrée, et la ville était Dan- miné .à renoncer au monde et à se faire moine, il se
quée de 99 tours, dont il rcsle encore quelques ves- relira au monastère de Saint-Claude, où il fui ac-
tiges. Une garnison royale la défendit contre les ef- compagne par cinq ou six chevaliers qu'il avait con-
forts des ligu.urs. Au conunciicemenl du xvii« sié- veriis, et qui comme lui voulaient embrasser la vie
cie, i! fut établi à Crécy, comme dans plusieurs au- religieuse. 11 niouriit, en 108-2, à Rome, où il était
1res lieux de la France, des communautés relijiieuses allé remplir une mission pour le pape. — Les vastes
des deux sexes. On y eouiplait avant la révolution possessions de Simon furent démembrées à l'époque
un couvent des Minimes, des Missionnaires, aux- de sa retraite du monde. En 1077, Herbert IV,
quels le roi donna, en 1641, son château de Crécy, coniie de Vermandnis, son beau-frère, lui avait suc-
un prieuré de religieuses de l'ordre de Saini-Benoii, (édé dans le comié de Valois, el dès ce moment
et d'autres religieuses non cloiirées.dites Miramion- l'histnire des comtes de Vermandois devint celle des
nés. Les revenus dont jouissaient ces dernières ont onmies de V;dois. — Le chàieau de Crépy fiil, au
été réunis à ceux de l'hospice. — Ou trouve à Ci écy commencement du xi^i siècle, construit avec no-
plusienrs tanneries et chamuiserii'ï, el une manufac- blesse par le comte Gautier , no6i/i(er consiruclum,
ture de laceis établie dans l'ancien couvent des .Mi- dit le nmine llelgaud. Il construisit ensuite un beau
niines. Il s'y fait un commerce assez considérable de cnrps de logis dont la façade regardait le monastère
laines. Il y a deux foires annuelles : le premier jeu-
di de niai et le jour de Saint-.Michel, le 29 septem-
bre : celle-ci csi la plus cnnsidéralde. Les marchés
son! lejeiidi de chaque semaine; ils abondent en
de SainleAgathe. Gautier Ut tracer l'enceinte qui
environne encore la ville de Crépy. Dans l'intervalle
qui se trouva entre celte enceinte el le château, il
se forma un bourg en peu de temps par l'aggloméia-
denrées de toute espèce : celui du jeudi saint, remis lion d'un certain nombre de familles auxquelles
au lendemain vendredi, peut cire comparé à une
foire par raflluence de monde.
Vicus Crispincl Silvanccii, Crépy, petite ville du
diocèse de Heauvais, chef-lieu de canlim de l'avron-
dis>emcnl de Senlis, avec juslice de paix, Oise, à
SU kil. ebt de Seuils, 20 sud de Coinplcgiie ei 56
Gautier permit de bàlir des demeuics moyennant
une redevance annuelle. Le comte soumit ces fa-
milles à un gouverneur qui prit le nom de tiirjiire;
on lo nommait aussi li boyre cl même /i boiig de
Créi'y. On appela laidiourg une autre portion de
maisons qui se loima hors de l'eiiceinie. Gautier
957
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
95S
élablit dans celle partie un second officier qui, dans
ui) tilre de 1070, est nommé villicus. Le comic Gu-
tler fonda ; us.-i un nionaslère du litre de Saiiil-
Ariioiild , à la place dos clercs oh clianolncs que
Raoul I"^' avail placés dans son égli-e. La construc-
tion du l'àlinieut de ré};lisi- de Saiiit-Ainould dura
pi it do 60 ans. Quaril à la ville, e!l<^ était alors el
fi l jusi|H'ii la fin du xiii' ^iitle l'une des plus for-
tiliée* de citle cpo(|ue. On di~liiigu;iil <in(( qnaniers
dus In ville, on plutôt sur le ton il 'ire de Crcpv :
ce ui du donjon, celiM du cliàii'au, le honrg, la ville
et les Biu'des. Los seigneur-, de N ::nteui|, auxquels
app rli'naii le donjon, ciiireicnaicni ilans cotte es-
père de citadelle nu cl âlclain qui einil iiidé|>eiidaiit
dos soigneurs de Ciéiy, inaitres du cluiienu. (in en-
lr;iil dans l'oiiceinte du donjon par la poite souter-
raine du grand clieniiu de Bapaunie. L'espace occupé
par le rli.àieau se icrnduaii aux premières maisnns
de la ville, à la poierne, à la Croix-au-Bnurg el à la
porte aux Souliers. On entrait dans le cliàioaii par
doux porii's principales : cille de Compiégne el celle
de» Pnnrreanx. On perça plus lard une n uvelle porte
du côté du firf des fîordes , (|iii parait être celle
qu'on nomma depuis poi te du Paon. L'ontentedu
bourg continuait depuis l'eniplarement de la poUe
du Pa'iii jusqu'à la croix de son nom et jusqu'aux
lunrs du cliàtcau cl du donjon ; c'esl celle troi-
sième partie de Orépy qui avait le gouverneur par-
tirnlier auquel les titres donnent les noms de bur-
ynre, li boyre el li l'oiiq Celle fonction, si lizar-
loirenl dcsijjnée, élaii l;i niéuie que celle de iliàlelaiii.
Le dernier boug.... de Crépy donl on ail conriais-
sance se nommait Itobeil; il mourul .à la lin du
\ïw siècle. A pi II pi es à Tcpoiue où Ciiarles de
France nçiil en apanage le conilé de Valois el clJ-
blit sa résidence au château di^ Crépy , !a cli;irge
ou au moins le litre de buug lut aboli. — Crépy
avait depuis loni;icinps une cbartc de conmiune
qu'on ir uive en entier dans \'liisioire du Valois, par
Cartier. Suivant des litres des années itJlil, lâTC ,
1:Î.S2, le crrps de ville de Cropy devait être composé
un maire, de biiil jurés, d'un argentier ou rece-
veur, et de douze ou quatorze hommes jugeants , qui
formaient le tribunal de la comumne. — Les forli-
(icaiions de la ville de Crépy , par les guerres des
N ivarrais etdes Anglais, avaient épiouvéde notables
dé.^radalions. Elle resta pendant 34 ans , depuis
1558 jusqu'.à iôj-2, sans murailles el sans antre dé-
fense quo que'ques |ians de murs et des fossés à
demi coniblos. Lciiis, duc d'Orléans , frère du roi
Charles VL lit rétablir ces lortitic-ilions de- l'année
où il commença à jouir du comté de Valois ; ces ou-
vrages ne forent achevés qu'eu 1 iôj. Eu l'an 13!i9
fui faite, par le même priiico, aux babiiants dcCiépy,
la remise d'une ex:icii(.»i donl l.'s détails caracté-
risent le système féodal. Ce piincc le exempta
dos droite de prise pour sou liôlcl et pour celui de sa
femme. Cette ville eut beaucoup à souffrir des dis-
sensions qui eurent lieu entre le duc d'Orléans et le
due de Bourgogne. En 1431, les Anglais avec les
Bourguignons vinrent mettre le siège devant Crépy,
surprireui le faubourg et pillèrent la collégiale, en-
irèrunidans les maisons des chanoines et en emme-
nèrent tous ceux dont ils espéraient obtenir quelque
raiiçdii ; ils enlevèreul ensuite de chaque maisnn ce
qui leur cunvini, |iuis ils passèrent du cloître à la
ville, qu'ils mirent au pillage, el détruisirent, dit-on,
plus de loiiO maisons. Ils aitaquorent ensuite le
cliâieaii, dont l'enceinie répondait au contour ac-
tuel de la ville de Crcpy. Col e.-pace était rempli
par de grands édifices, des places spacieuses, des
cours, des jardins, des leurs ol de va>t"S corps de
logis. Le capitaine de Crépy se défendii vigoiireiise-
n.eui ; malgré Ions ses efforts la place fut emportée
d'emblée, el, furieux de la résisiance opposée, les
Aiiglai-. paiisèrent la gatni.'im) au fil de Tépée, sans
ép'igner personne. Les vainqueurs voulaient con-
server la place; mais le feu prit, et l'incendie s'éten-
dit de telle sorte que le désastre fut complet. Les
Anglais el les lîonrgiiignons étaient denuis deux ans
maîires de Crépy, lorsqu'on 1 133 Charles VU fit
prendre celle place par escaladf ei [)assfr la garni-
son au lil «le l'épée. Le duc d'Oiléans, rentrant d:ins le
duché de Valid-, lit réparer àCrépyquel [nés corps de
bàtiiwciil échappés à l'incendie , ainsi que le don-
jon, et permit aux bouigeois, ensuite aux habitants
de la c:impagne, de venir s'établir sur les décom-
bres de l'ancioiinc ville. Celle restauration fut l'ori-
gine de la ville actuelle. L'ancienne ^ille de Crépy
reiiferiiiail dans l'e-pacc actuellement découvert
qu'on travers-e lursqu'oo va de Crépy à Du^y, deux
va>ios cliàieaux, l'iolel de la Cnmtesse, près de
Sainle-Agillie, et le palais de Bouville à côlé du
Pare-anx-Danics ; le cbàicau fou ou le donjon était
siluédu côlé de Uuvy. Ou y voyait buii beaux hô-
lels et cinq églises: mais cette ville, bâtie sur un
plan irrégulier, ofirail des rues mal alignées et des
maisnns en général très-basses. La cbarle de la
conimiiiie de Crépy suppose que la banlieue conte-
nait plusieurs petits cbàteanx occupes par des /ie/fés
opnlcui- Le nombre des babitams de l'ancienue
ville devait mtuiler à plus d ; 18,000, sans cmiipler
les familles établies d:ins le chàieau de Boiiville,
dans la lorieresse et dans l'hôtel de la Comtesse.
Suivant un état de U.^C, la ville do Crépy, malgré
la prol^clion du due d'Orléans et les soins qu'il prit
d'y rappeler les lamilles dispersée- en 1431, ne
renfermait encore (|ue la inoilié dos habitants i|u'on
y (.ompia plus tard. Ln 1588 la ville de Crépy fut
prise par les ligueurs, après une tentative inutile
sur Scnlis. Henri IV, ayant repris celle ville, en lil
réparer les loitificaiions. Les bàiimeius qu'il y réta-
blit furent décorés du chiffre du roi , c'est à-
dire d'un 11 coi.roniié débranches de laurier et de
lierre scul(>lé» sur la pie.re. Ce roi donna en fa-
veur dos babiianis des leilres paleuics où il déclare
qu'il prend sous sa sauve-garde spéciale les bour-
geois de Crépy, et permet auxdits bourgeois de cou-
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
95y
rir sus à tous ceux qui contreviendraient à l'or-
donnance. Sur la lin de l'année 1616, la garnison
de Pierretoiii, comniandée par Villeneuve, vint faire
des courses jusqu'aux portes de Crépy el essaya mê-
me de surprendie la ville. Charles de Valois, comte
d'Auvergne, fut envoyé au secours de la place avec
une armée de 14,000 hommes de pied el de 3000
chevaux ; de là il marcha sur Pierrelonl. Lors des
troubles survenus sous la minorité du roi Louis XIV,
les habiianls de Crépy el de plusieurs aulres lieux
voisins pensèrent à relever les murailles de leur
ville, nliii de se mettre à l'abri d'un coup de main.
Depuis celte époque, aucun événement remarquable
ne s'est passé àiCrépy. — On comptait dansCiépy trois
paroisses, Sainie-Ag.iihe, Saint-Denis el Saini-Tlio-
nias. Celte dernière avait été bàlie, en 1182, par
Philippe d'Alsace, comte de Vermando^s, en l'hon-
neur de Thomas Bekct, archevêque de Canlorhéry.
I! y avait aussi deux collégiales de chanoines, Saint-
Aubinet Saint-Thomas; uncouveiit deClunisies réfor-
més, sous le titre de Saint-Arnould, el un aulre de
Capui.'ins, qui élaii hors de la ville; un prieuré de
Bénédictins, sous le liire de Saint-Michel; deux com-
munautés de religieuses, l'une de Saint-Augustin et
l'autre d'Ursulines, qui élevaient des jeunes filles;
un collège où l'on ensiignail les humanités; en ou-
tre, les religieux de Saint-Arnould faisaient chez
eux un cours de philosophie. Des trois paroisses,
ce'le de Saini-Denis subsiste seule : le chœur de
l'église est soutenu par deux colonnes de chacune
2 pieds de diamètre. Ces colonnes sont regardées
comme un chef-d'œuvre d'architecture. L'ancien châ-
teau ne présente plus que de vieilles murailles. La
population de Crépy est d'env. 2600 hab. Celle ville
est environnée d'un cours planté d'arbres et de pro-
menades agréables. On y entre par cinq portes. La
place publique est vaste. Il s'y fait un grand com-
merce de grains; deux foires s'y tiennent chaque
année : 1."» première, le lundi de la deuxième semai-
ne de carême, et la seconde, le 3 novembre. Celle
dernière est la plus considérable ; on y vend notam-
ment de grosses toiles de ménage fabriquées dans
les environs, ainsi que du lil commun connu sous le
nom de fil de Crépy. Tous les premiers mercredis de
chaque mois il y a un marché Iranc; les marchés or-
dinaires sont les mercredis, vendredis el samedis
de chaque semaine. Le blé s'y vend les mercredis et
samedis; ce dernier jour la vente est beaucoup plus
forte. Dans le couvent des Ursulines est établie une
manufacture de tissage de colon. Sur l'emplacement
du prieuré de Sainl-Arnould i'esl élevée une pension
de jeunes gens, La situation en est agréable et en
bon air.
Yicus Cristotius, Créieil, paroisse du diocèse de
Paris, canton de Charenton , arrond. de Sceaux,
Seine, à 3 kil. de Charenton, à 0 de Paris, et 2 de la
Marne, dans une plaine. — Ce village remonte à une
très-haute aniiquité, si l'on en croit la tradition po-
pulaire de Créieil, et son nom lalin viens Cri^ioilui
est célèbre dans les légendes des saints. Usuard, qui
écrivait dans le ix» siècle, nous apprend, dans son
Martyrologe, que saint Agoard el saint Aglibert, el
une foule d'autres chrétiens, furent martyrisés dans
un bourg du terroir de Paris, appelé licKs Cris(oi/«s;
il s'exprime en ces termes : /m territorio Parisia-
censi vico Cristoilo, pussio sanclorum Agoardi e! Agli-
berti cum atiis innumeris promiscui sexus. Quelques
copies melieni vico Crisiolio, et l'on a dit l'un et
l'auireen latin. Usuard ne désigne point l'époque de
leur mort, et ce n'est que dans le. x" sièile que quel-
ques auteurs ignorants ou crédides s'avisèrent d'éi rire
que ces saints martyrs avaient été massacrés dans
le i'^'' siècle de Jésus-Christ, i Mais, dit l'abbe Le-
beuf, celle supposiiion est une pure invention de la
part de ces auteurs. Aujourd'hui l'on juge à la seule
prononciation de leur nom, qui n'est ni grec, ni ro-
main, ni gaulois, qu'il fallait (|ue ce fussent des
étrangers qui, dans le cours du v' siècle, eussent
été mis à mort par les barbares lorsqu'ils firent leurs
incursions dans les Gaules.... Tout le reste est in-
connu; on sait seulement qu'en remontant la Marne,
un peu pli!S haut que Créieil , commence une île
asseï consiilérahle , appelée Vlle-Bmbière, que des
titres latins du xiii' siècle appellent Instda Barbaria,
Celle île n'est arrosée, du côté du midi , que par la
Yieille-iilarne , dite autrensenl Morlbias, qui, étant
l'ancien lit de la Marne, prouverait qu'elle aurait
fait primitivement partie de la grande péninsule de
Sainl-Maur. On sait encore que vis-à-vis cette île, de
l'autre côté de la Marne, il y a eu autrefois une
chapelle el un crypte du nom de Saint-Félix, marqués
dans d'anciennes cartes sous le nom de Cuve de
Saint-Félix, el quelquefois par altération de Cave de
Saiiii-Philippc....&i le terme de ente ne signifie point
en cet endroit une chapelle souterraine en forme de
voùle, il peut signifier une prison où l'on renfermait
les bêles pour le spec lacle. Ce saint Félix , martyr ,
était apparemment un des notables de la troupe des
chrétiens qui lut massacrée dans ce lieu, et dont
étaient les deux saints dont parle Usuard. » La tra-
dition veui que tous ces saints, nés à Créieil , aieni
demeuré à la porte Caillolin, et qu'ils soient moi ij
à la Croix Tnhoury. Le premier monument authen-
tique où il soit fait mention de ces saints et de
Créteil est , d'après le Martyrologe d'Usuard, une
charte du roi Charles le Simple, de l'an 900, et daiéo
du palais de Veibeiie , que Sauvai avait cru fausse-
ment (le Charles le Chauve. Dans cette lettre, le mo-
narque français confirme les donations que le vi-
comte Grimoard avait faites à une église de Saint-
Christophe , dans laquelle reposent les oisemenls
des mattyrs morts en même temps que lui, et cela sans
les nommer. Ces biens donnés par Grimoard sont
dits êlre situés dans le village de Christoilum sur le
territoire de Paris. On ignore comment ils étaient
passés en 980 à la cathédrale de Paris ; car on trouve
que Lysiard , évèque de Paris , fit don cette anné<i
k SCS chanoines de la iprrf s> de l'église de Créteilt
961
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
962
Le roi Lothaire et son ficre Louis confirnièrent celle
donation. — La prévention des habilaiits de Créieil,
au sujet de raniiquiié de leurs mai lyrs, leur l'ait as-
surer que l'église de ce lieu daie de l'époque où les
reliques de ces saints y furent déposées; mais sa
consiruciion esl d'un temps bien plus moderne. La
tour, [lacée sur le milieu du porlail de l'église ,
comme celle de Saint-Germain-des-Piés à Paris, pa-
raît être du règne de Henri I^^ Le cliœur est du
xiii« siècle ou environ. Celle église est vaste, et ac-
compagnée à droite et à gauche de bas-côtés as-ez
bien exécutés. On voit dans la chapelle du fond de
l'aile septentrionale le modèle qui a servi pour
l'image de la sainte Vierge de la métropolitaine de
Paris; aux cùtésdii grand aniel sont les châsses en
bois doré qui, dit-on, contiennent les reliques des
saints Agoard et Agiiliert. Dans le temps des guerres
de religion, elles fiirenl cachées entre deux murailles
qu'on voit encore; on lésa soustrailes de cette ma-
nière à la fureur et aux spoliations des huguenots.
Les viti'jux de l'église représentent les mêmes saints
armés de pied en cap et couverts de fer, suivant
l'usage des premiers siècles de la monarchie. La cé-
léhriié des reli(iues de celle église avait faii recher-
cher le cimelière qui esl amour. Nos pères aimaient
à reposer dans les lieux qui possédaient les restes
des hommes qui avaient souffi'rt pour le soutien de
leur religion. On a trouvé vers le conimencement du
xvii« siècle, en fouillant dans ce cimetière, plusieurs
de ces tomijeanx en (ierre, que les anciens se fai-
saient construire et qu'on enfouissait avec eux en
terre. Dans l'un d'eux était une pièce de monnaie
antique, et dans un autre de petites houles ou bou-
lons , dont ne put pas déterminer l'usage. — En
conséquence de la donation que l'évêque Lysiard fit
de la terre de Créteil au chapitre de son église, les
chanoines de la cathédrale de Paris étaient seigneurs
de ce village. On rapportera à ce sujet une anecdote
précieuse par son antiquité, qui prouve que, dans les
temps reculés de notre monarchie, les monarques
étaient loin d'avoir l'étendue d'autorité qu'ils ont
possédée depuis. Le roi Louis VIL étani venu à l'im-
provisle à Créieil, y prit son logement à l'enlrée de
la nuit. Etienne de Paris , écrivain contemporain ,
raconte de cette manière et avec toute la naiveiéde
son temps les suites de cet événement : « J'ai vu,
dit-il, que le roi Louis, qui vouloit arriver un cer-
tain joiM- à Paris, étant surpris de la nuit, se relira
dans un village des chanoines de la cathédrale ,
appelé Créteil ,Cliristoïliim. Il y coucha, et les habi-
tants fournirent la dépense. Dès le grand matin, on
le vint rapporter aux chanoines ; ils en furent fort
allligés et se dirent les uns aux autres : C'en esl fait de
l'i'glite, les privilèges sont perdus. Il faut ou que te roi
rende la dépense, ou que l'office cesse dans noire église.
Le roi vinl à la caihédrale dès le même jour, suiv ant
la coutume où il éloit d'aller à la grande église
«juelque temps qu'il lit. Trouvant la porte fermée ,
il en demanda la raison, disml qne si quelqu'un
avoit offensé cette église, il vouloit la dédommager.
On lui répondit : Vraiment, sire, c'est vous-même qui,
contre les coutumes et tes libertés sacrées de cette sainte
église, avez soupe hier à Créteil, non à vos frais, mais
à ceux des hommes de cette é/jlise ; c'est pour cela
que l'office est cessé ici et que la porte est fermée , le*
chanoines étant résolus de plutôt souffrir toutes tortit
de l»urments que de laisser de leur temps enfreindre
leurs libertés. Le roi fut frappé de ces paroles. Ce
qui est arrivé, dit-il , n'a point été fait de dessein pré-
médité. La nuit m'a retenu en ce lieu, et je n'ai pu
arriver à Paris comme je me l'étais proposé. C'est sans
force ni sans contrainte que les gens de Créteil ont (ail
de la dépense pour moi ; je suis fâché maintenant
d'avoir accepté leurs offres. Que l'ctêque Thibaud
vienne avec te doyen Clémenl, que tous les chanoines
approchent, et surtout le chanoine qui est prévôt de ce
village : si je suis en tort, je veux donner satisfaction ;
si je n'y suis pas, je veux m'en tenir à leur avis. Le
roi resta en prières devant la porte, en ai tendant
l'évêque et les chanoines. On fit l'ouverture des
portes ; il entra dans l'église, y donna pour caution
du dédommagement la personne de l'évêque même.
Le prélat remit en gage aux chanoines ses deux
chandeliers d'argent, et le roi, pour marquer par un
.icte extérieur qu'il vouloit sincèrement payer la dé-
pense qu'il avoit causée, mil de sa propre main une
bague sur l'autel, laquelle bague louies les parties
convinrent de faire conserver soigneusement , parce
que l'on avoit écrit dessus qu'elle éioil en mémoire
de la conservation des libertés de lEglise. i
En \Sil , l'évêque de Paris échangea avec les cha-
noines de son église sa terre de Wissous pour celle
de Créieil. Celle terre, devenue propriété desévêques
de Paris, reçut de ses illustres possesseurs beaucoup
d'accroissements et leur a dû tous ses embellisse-
ments. DiDérents prélats contribuèrent à la cons-
truction d'un château qui , lors de la révolu-
tion, était encore la maison de plaisance des
archevêques de Paris. Il appartint depuis au
maréchal Serrurier, ancien sénatpur et gouver-
neur des Invalides pendant le règne de Napoléon et
au commencement de la restauration, rnort en 1819.
Ce château a été vendu et démoli en 1821. — La
popul. de Créieil est d'environ 120 J hab., en y com-
prenant quelques habitations isolées sous diverses
dénominations. Les principales pioduclions du ter-
roir de celle commune sont en grains ; les coteaux
offrent pourtant quelques vignes, et les bords de la
Marne sont alternativement garnis de bois ou de
prairies. On trouve dans Créteil deux établissements
de commerce : l'un esl une fabrique ou distillation
d'eau-forte, et l'autre une filature de coton. Le
moulin qui fait marcher celle filature esl mis en
mouvement par la Marne , sur les bords de laquelle
il est établi. Ce village a aussi sur son territoire des
carrières de pierres de taille et de plâtre très-
anciennement exploitées.
Vicui Horiorum, la Ville des Jardins, ou Behinsi
963
DICTlONNAtRe DE GEOGRAPHll-; ECCLESIASTIQUE.
S64
dans ia Tnpqiiii^ d'Asie. Les énidiis ponl pnrfogés sur
son origine. Les mis veulent qi.e ce bourg ail ôié
foiiilé paf le- Grecs, les aiiires p;ir les l<omaiM>.;
qtiel(iufs-im'< par les Araltes, dans le pieiiiier siècle
de leur invasion. Celle opinion nons par;ill la plus
piobable. — Belieiisi , ctiel'-lieu d'un disiritl du
même nom, ^e trouve sur le clieniin de Meraascli ou
Mœraasch ( l'ancienne Germanka) à Kai/.aiije (Césa-
rce) ; il esi cnionré de nombreux j.irriins '|ui sont
arrosés p;ir une peiiie rivière. De là lui vient le nom
de la \We des Jardins. Les liabil )nis otii (lorté ;iii
plus haut degré la (onindssance de la scieiue Inirli-
cole. Lors des Croisades, Baudrand, conile d'F.desse,
s'cmpari de Beliensi, en Hl(j. — La |iO|inlaiion, de
3000 lialiiianis environ, est en i-ailie musulmane;
(in y voit quelques Grecs, et trois ou quatre pauvres
familles aiiuéiiiennes eatlioliques.
Yicui Insiilm, Isle-Aunioul. C'est une paroisse du
diocèse ei de l'arrondissement lie Tioys, à 11 kil. de
celte ville, dépi. de l'Aube. La popul.iliun est de
2à0 liali.iants. Ce viliage, »iiué au cuiiflueiit de l'ilo-
zain et de la Mngne, a des souvenirs Ion am iens, i.t
a eu bOus le régm.e lé'dal beanc ■up plus d'iinpor-
lance qnanjouni'hui. La terre d'Anmont, érigée en
dm lié, en 1605, relevait du roi seul, à «au^e de la
g^u^;« tour de Tiiiye-i. l'es le iv' siècle, elle est men-
lioni.ée dans les anciennes légendes. Saint Uiliain y
élaldii alors un nionasicre, qui fut ruiné i ar les
Normands dans le ix« sièc'e, et rétabli environ 20J
an-i après par sa nt Robert, natif de Triijcs, fonda-
teur des alihayes de M.desnies et de Cite ux. l'Ius
tard ce munastète lut de nouveau déiruil. Au coin-
nienceniei.t du xiii' siècle , un autre couvent fut
fondé à Isie, par des religieux connus sons le nom de
)S iiis-liommeN; il a aussi d<S|iaru. A l'épui|tie où le
cahinisme pénétra à ïnyes, tes parlis:iiis é.ablircnt
à Isle un piccbe, qui desiot mi oljet de disensions
dans le pays. — On vol encore à Ule les tiaccs d'un
ancien cliàteau fort, bâti sur une bautenr formée lie
terres rapportées, ei entouré de fossés. Aucun sou-
venir historique ne se raliaclic à tetie construction,
dont on ignore l'origine ainsi que l'époque de la des-
truciion.
Vicus Licinii , Lésigny, paraisse du diocèse de
Meaiix. Ce vill.igc fait pu lie du canton de Brie-
Cnnte-Roberi, dans l'arrond. de Mcluo, départ, de
Seine-ei-Marne; il est à U kil. nord de la i remière
de ces villes, ii 24 noid delà seconde. Sa populaiion
est d'enxiron 5Û0 habtanls. Le terriloiie de Lésiy^iiy
se compose de terres labourables de médiocre qua-
lité, de bois et de quelunes prairies. L-itué dans une
plaine à l'exiréinité d'un vallon, le village est formé
d'une seule rue , dont les maisons sont assez bien
alignées. U y avait aniiel'ois une porte à l'extrémité
septentrionale de cette rue. L'église est lUi coinnieii-
eenient du xvi'^ siècle ; elle est surmontée d'une lléclie
en aiguille qui s"aperi;oit de très-loin. — Le cliàteau
était autrefois flanqué de deux énomtes tours avec
une longue galerie, une salle de justice et une cha-
pelle qui ne subsistent plus. Il consiste maioicnant
en un corps de logis construit en grès et eu bi iques,
et se fait remarquer par son ai cliileelure golbique.
La commune de Lésigny a pour écarts : 1° Moii-
téli, Moniétis (Mous œ.^fh'Ks), ancienne cliapelle à
une demi lieue noid-est de Lésigny, d.uis utie petite
plaine enviionnce de bois, étaii primiliveinent une
abhaye de chanoines léguliers , érigée dans le xii"
siècle. Un pon e que celte abbaye , dont on place
la fondation vers l'un 1170, fut transiérée avant l'an
1218 dans la vallée à '. kil. de là, h l'ouest, mais
toujours sur le territoire de Lésigny. On ignore
quelle fut la cause de celle tratislalion, que l'on a
égaleinent attribuée à la disette d'eau, à un incendie
on au voisinage du grand cl.emin de la Brie. Il sa
tient dans ce lieu, depuis le i ègne de Louis Xll, les 8
et 9 sepiembre, une foire considérable de bestiaux.
2° Romaine, cb.^tcau situé d:îns une vallée h l'est
de Lésigny. Les litres qui parlent d: ce lieu remon-
tent jusqu'au règne de saint Louis; mais il est ridi-
cule il'aitribner son nom à ce qtie des lîomaius l'onl
babité. puisque rien ne Icnioigiie de la vérité de co
fait. 5" La Jonclicre, chùteau à l'oue l et à 2
kil. de Lésigny, sur le penchant d'un cote.oi in-
cliné au midi et au bas duquel conle le Réveillon.
C'est une habitation dont l'existence ne remonte pas
au delà de deux cents ans. i" Sous-Carrière, an-
cien (ief : le château n'offre plus que quelques ruines
et le parc se confond avec lefui de la Joiicbère.
h" Le Buisson, dont II est parlé dans le CMrtuiaiiv de
Saia;-Manr de l'an 1284, château et ferme à l'onesl
de Lésigny. G° M.iison-Blanche , maison de campa-
gne au nord de Lésigny. 7" Yillai ceau , ancien clià-
teau détruit, contigu à la commune et près de Uo-
niaiiie. 8" Iliveiiieau ou Iveriial, ancienne abb.iye. On
prétend ipie l'abbaye de Montéli cl celle d'Iverneau
ne sont qu'un s-eol et niôuie couvent qui a seulement
changé de lieu, ainsi que nous l'avons dit ci-dessns ;
il est toutefois certain qu'il n'est plus question dans
les anciens litres, de l'abbaye deMonicti, désipi'ilcsl
parlé de l'abbaye d'Iverneau , et cc'a dts l'année
1218. Cette abbaye, qui avait été aiïaihiie par les
guerres civiles des .\iv« et xv^ siècles, ruinée par
celle des calvinistes du xvi". enlicrenienl rétablie en
16Si, lut supprimée cent ans après. Il par.iît aussi
qu'il avait exisié jadis un hainc;ui qui n'est pins aii-
jomd'hiii qu'une ferme de peu d'importance; il avoi-
sinait l'église, dont les vestiges aUestenl un édiOce
du xm' siècle.
Yitus Liisiiiaci, Lusigny, paroisse du diocèse de
Troves. Ce bourg, siitié dans une plaine feriile, près
d'une belle prairie arrosée par la rivière de liarse et
bornée par la lorêt de l'Arrivour, est de l'arrond. et
à 14 kil. de Troyes, dépl. de l'Aube. Il compte
1168 habitants. — Lnsigny souffrit beaucoup dans le
temps de la Ligne de la pan des leiires venus au
secours de Henri IV. lis incendièrent une paitiedu
vill.ige, connu encoie sous le nom de Maison brûlée.
C'est aussi une des communes qui ont le plus S"uf-
8(i5 GKOCRAPHIE Dl.S LE(:EM>KS AU iMUYtN AGK. aUQ
fert de l'invasion fies étrangers eis 1S!4. Les Fran- i:uice du ju'lcrinaiîo, s.: iiieileiii Ma lèie do la troupe,
5 çais y arrèièreiil pi'iidaiii trois jours, au poiii (le la et les laiiduiurs (Idiinonl le signal ijii départ. Apiès
■ Giiilloiièrc, l'année des coalises, (pii j éprouva dtfs avoir passe le bac, la iroii|esedirlj;e en ligue droite,
pertes eoii^idérahles. Après la bataille de Moriltjreau, F''!"" de" cuiraires ou sentiers (festiiiés aux lrou|ieaux.
il se liul à Lusigiiy des conférences qui avaient pour Elle s'ariè e au pied de li jnonta!;iie pour piendre
objet de traiter des condition» d'un arinislice de u" léger repas. Les piiems fout disiribuer à cliacun
quinze jours, pendant lei|uel on devrait s'occuper
de poser les b^scs d'une paix délinilive ; mais comme
les alliés ne vnulaienl que (gagner du Ivnips, ces
conférences militaires n'eiiient aucun rosuliai.
L'Arrivoiir, ancieiwie alihaye d'hoiunics de l'ordre
du p:iin,des fruiis et diffé entes l'.rnvisKins apponées
sur des ânes. Aires ce repris, la caravi.ne j^rivil la
nionl.igoe, et le premier soin dont oii a'occup(>, c'est
(\e ramasser du huis sec et des r:'ciRes pour faire un
fen de joie. A l'eiitiée de la nuit, le feu est allumé
de Citeaux, siiuée sur la rive droite di; la Barse, et sur la terrasse du couvent, sur un point assez élevé
dont il ne reste plus que des ruines, est une dépen- pour que la flamme puisse cire a|ierçue de Peribuis.
dnnce de la commune de Lusigny. Vers l'an ll.'o,
Tbibaull II, comte de Champa).ne, saint, Bernard,
abbé de Çlairvaux, et llaiton, évè.|uc de Troycs,
ayant mis la réforme dans l'abbaye de Saint-Loup,
conçurent le dessein d'établir un iJionasière dans le
terrain appelé Uuxei ou Biixi'i, .«rir la paioisse de
Lus'gny. La fondation n'eut son entier acCMiiidisse-
Les baliilants restés dans la ville, lasscinblés sur
une esp'anade en dehors des remparts, répondeni au
signal des pèlerins par un autre feu, e; témoignent
par tome soile de ciis et de démonstrations qu'ils
|iarticipeiii h l'œuvre entiepnse. Cependant les pèle-
rin», apiés leur feu, n'ont tl'atitre parti à prendre
que de se coucher sur le roi-, exposés à toutes les
ment qu'en 1 15't. L'abltaye de r.'\riivoiir devint dans intemiiéres de l'air, sur une montagne élevée de 500
la suite une des plus célèbres de la Champagne; \'.<- toises, où l'air est fort vil et même froid dans cette
gricultuic et les lettres y ont été norissanles; et dès saison. Avant la destruction du couvent ils y trou-
le xvi« siècle il y avait une imprimerie dirigée par vaient quelque abri ; mais aujuiid liui (|U'il y aurait
Nicole Paris, qui donna, en 13*7, une édition de la du danger à se blottir dans ces mines, il faut se ré-
traduction eu français de l'instilulion du prince par sondre à pass;er la nuit à la lielle étoile; aussi tout
Bndilé, faite par Jean de Luxembourg, alors ablé le monde esisur pinl avant le joui. Le curé de Vau-
de r.'irr voiir. venargues célèbre la messe, a laijuidle assistent tous
Vitus Perlhusii. Pertliuis, petite ville du diocèse ''■'* pèlerins : chacun d'eux dépose son ollrandi!, et
d'Avigiioti. cliel-lieu (fe canton fie l;irrond. d'Api, "'"^ ^""' ^'^'^^'^ '« Garaguai, gouffre où îli.rius (il
à 20 kil. de cette ville. Elle a une population de 50110
âmes, et un triliunal de conimeice. Les babiianis
s'occupent si'Ccialemcnt de la fabrication des eaux-
de-vie. — Celle ville passe pour avoir été fondée
avant l'entrée des Rotnainsdans lis Gaules. Elle est
dans une belle bitualion, sur une éminence. entotirée
de remparts, et traversée par la Léze. Ses dehors
sont agréables et son territoire irèsfeiiile. Depuis
un temps imniéuiorial, les habitants de l'eilhuis sont
dans l'usage de se rendre en péleiinage à l'eriiiilage
de Saiiiie-Vieloire, bàli sut la nu ntagne de ce nom,
situé à 20 kil. de distance, de l'antre côté delà Du-
rance. dans le diocèse d'.^ix, ilépariemenl des Bou-
cbes-du-Rliône. Il existait sur cette montagne un
couvent qui a été suppiinié eu 1789. Le 2i avril, au
point du jour, les gros lambouis paicoiireni la ville
et annoncent le départ. Un ne saurait se faire une
idée de la joie qui s'emp.ire de tous les esprits cl de
l'ardeur que montrent les babilanl^de Pertliuis pour
faire ce pieux voy.ige. U n'est aucune raison qui
puisse retenir les jeui es gens cl les hommes dans
la force de l'âge ; mais ce qui a lieu de sut prendre,
c'est que les vieillards eux-mêmes pn-ienilcnl ne
pas pouvoir s'en dispenser. Les mères Je famillesoiit
précipiter, dit-on, cent piisonniers teutons apiès sa
victoire. On retourne au couvent pour de j'-ùner, et
chacun ayant eu soin d'attacher au chapeau et ii la
bonlfuiniére dis brins de vcrduie, la caravime re-
tourne à l'erihuis, où elle rentre tambour battant en
poussant des cris de joie. Lue tradition constante et
génèiale lallache celte coutume vraiment remar-
quable ;t la victoire lemporlée pir .Matins sur les
Tenions et les Ambions. On assure que la italatile se
donna le 21 avril, ei que le soit les Uonidiis allu-
iiièrent un grand feu au souimcl de la moniagne,
qu'ils dcsignèienl alors sous le nom de Mous Ykto-
riœ. iMarius lit ensuite le vœu d'élever l'u temple à
la Yitloire, et ce temple fut en effet liàti non au
sommet de la montagne, mais à sa base^ du côté de
Y.iuveiiargucs, où l'on en voit encore quelques luines
à la ferme ipii a conservé le nom de Delalire. Les
Pei thuisitiis ne se sont pas bornés à conserver le
souvenir de la victoire de M.irius, ils oui aussi une
fêle annuelle qui a pour but de célébrer le triomphe
de ce général.
Vicus Ramcnici, Raincrupt, paioisso du diocèse
de Troyes, arrond. d'Arcis sur-Aube, à 14 kil. de
celte ville, dép. de l'Airlie. — Ce bourg est situé dans
obligées de veiller de prés sur leurs peiiis cnlanis, "ne plaine lèitile sur le ruisseau du Puits, et il
et, malgré leur surveillance, il y en a toujours i|uel- coiupie 015 habitants qui se livrent à la labticaiioii
ques-uns qui se joignent à la c.uavaiie. Tout le de la honnelcrie.
monde étant réuni, deux chefs cumins tous le litre L'existence deRamrupt lemonteau delà de l'ii!-
de prieurs, et chargés de la police et de la survcil- née 407 ; Albéiic en fait mention dins ses chroni-
967
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
968
ques, où il dit que Ganelon pril naissance à Rame-
rupt. Celait alors une peiilc ville bien liàtie, riche,
comnierçanie el bien peuplée, entourée de fossés et
défendue par un cliàieau fort dont on ne voit plus
aucuns vestiges. Des fossés communiquant à la ri-
vière, qui les remplit de ses ean\ ; des éminences de
terrain, élevées par la main des hommes, et des sou-
terrains irès-éiendus, sont tout ce qui resie de celle
ancienne cité. Déiruit en 407 par les Vandales; ruiné
à diflërenies époques par les guerres civiles; ravagé
en 1380 par les Anglais sous la conduite du due de
Buckingbam; déiruit en partie par un incendie en
1775, Ranierupt a perdu depuis longiemps une par-
lie de son importance. De Ranierupt dépendait l'an-
cienne abbaye de la IMiié, fondée en 1:210, dont l'é-
glise a été démolie récemment. — Le bourg est assez
bien bàii sur le revers d'une colline crayeuse; il
possède deux belles places publiques, sur l'une des-
quelles est une vaste halle où il se lient annuelle-
ment quatre foires. Prés de l'autre place, nommée
place des Granges, on remarque uiiebulle uès-lianlc,
formée de terres rapportées, construite à une épj-
que ancienne, dans le but de proléger le pays lors des
guerres de l'épnque. Du sommet de cette hauteur,
qui domine une grande étendue de pays, on jouit
d'une vue magnifique sur de nombreux villages dis-
séminés dans une vaste plaine.— Ranierupt est tra-
versé par le chemin de Trnyes à Vilry. Ses coniiiiu-
nicaiions avec les communes de la rive gauche de
l'Aube, favdrisées autrefois par un bac, ont éié ren-
dues plus sûres et plus faciles par rétablissement
d'un pont.
Ykits Rhenœ, Rheina, ville de Prusse , province
de Wesiphalie , dans le cercle de Steinfurt , à 4'
kil. de Munsler, se trouve sur la rive gauche dé
l'Enis , qui y esi navigable. Elle pos^ède un hôpiial,
des filatures et des raffineries de sucre. On e.\i.luiie
de la tourbe dans les environs. Son diàteau sert de
résidence aux princes et comtes de Looz et Cors-
waren. — Les princes et comtes de Loiiz ont la
même origine que les anciens ducs de Rrabant , car
ils descendent des comtes de llainault. Ils fuient éle-
vés en 17ôi par Ciiarles VI, et en \T,^ par Marie-
Thérèse, au rang de ducs. Guillaume-Joseph, duc de
Looz-Corswaren, obtint, par le recès de la députa-
tion de l'Empire de 1803, une partie de l'évêché de
Munster, sous le lilre de principauté de Rheina-
Wolbeck, avec suffrage à la Diéte ; mais l'acte de la
confédération du Rhin le souniit au grand-duc de
Berg. Aujourd'hui la principauié qui , sur 12 m. c.
g. (S^ 1. c), a 91G0 hab., el rapporte 120,000 fr., est
en partie sous la souveraineté prussienne et en partie
sous celle du Hanovre. La famille possède des biens
considérables dans les Pays-Bas. Elle est catholique,
et réside à Rbeina, petite ville sur l'Ems.
Vicus Rhenecœ, Rheineck, petite ville de Suisse, du
canton de Saiui-Gail, ii 'S ki;. csl-nord-esi de relie
ville, dans une position superbe, sur la rive gauche
du Rhin, près de l'en Ji oit vn le lleiive t"inbe d:nis
le lac de Constance ; elle possède plusieurs beaux
bàtinienis, et fait un grand cotumeice en bois. Ses
manufactures en toiles de fil el de colon, ses blan-
chisseries, ses ateliers de teinture, en font une ville
industrielle. Ses euvirr)ns offrent des promenades
flirt pittoresques. Le Bucliberg, coteau situé près
de Rheineck . produit les meilleurs vins rouges ,
nou-.^eulemeiit des bords du Rhin, mais encore de
toute la Suisse allemande. Cette ville formait, au
moyen âge, un bourgiaviat qui depuis a passé à la
maison de Sinzendorf. — La maison de Sinzendorf
fait dériver son origine des anciens Guelfs par un
comte Eihicon , frère puîné de Rodolphe (Guelf) ,
duc de Bavière. Auguste de Sinzendorf fut créé ba-
ron en 1611. Son fils, Rodolphe, fui investi eu 1055
delà charge de trésorier héréditaire de l'Empire. Il
acheta le bourgraviai de Rheineck , et devint ainsi
état el comte d'Empire. Ce bourgraviai ayant été
pei'ilu par la paix de Lunéville, le comte de Sinzen-
dorf obtint en 1803 le bourgraviai de Winterrieden,
que l'empereur éleva au rang de principauté, mais
par l'acte de la confëdéraiion du Kbiii elle fut sou-
mise à la souveraineté du roi de Bavière. — La fa-
mille de Sinzendorf est catholique et habite Vienne.
Elle possède la charge héréditaire de grand-échanson
de l'archiduché d'Autriche au-dessus de l'Ens , et
plusieurs auires grandes charges. Le nom de Sinzen-
dorf est illustre dans les annales de la diplnmatie.
Viens liicciensis, Les Ricevs, dans le diocèse de
Troyes. arrond. de Bar-sur-Seine, à 12 kil. sud de
cette ville, chef-lieu de caniou du dép. de l'Aube,
avec une population de ô'JSO habiiaiits. On comprend
sous ce nnin trois bourgs distingués par les noms de
Ricey-Haut, Ricey-Hauterive et l!icey-Bas. Quoique
généralement mal percés et assez mal bâtis, ces
bourgs renferment plusieurs belles iiabitatious. Ils
soni situés dans une vallée arrosée par la petite ri-
vière de Laignes, et formée par les montagnes les
plus élevées du département, dont les pentes, cou-
vertes (le vignes, offrent, dans un cadre resserré,
des points de vue agréables et variés.
Les anciennes chroniques, d'accord avec la tradi-
tion, font remonier l'origine des Riceys jusi|u'au
temps de César et à rétablissement des Bi.ïens sur
les confins de la Bourgogne, après la défjiie que ce
conquérant des Gaules fit éprouver aux Helvétiens
près d'Aiiliin, et ensuite près d'.Auberive. Voici, à
l'appui de cette version, un passage de la Chronique
de Langres (Cliionicon Lingonense et probutionibus
liisloricis coiiiexlum; Idboj : i Ciesar, inconditam
multiludinein... acri pralio fundit et IniciJat. Su-
persiiies ad cxxx niillia, refugi non longe ab Auto-
maduno iterum cœduntur, armisque spoliati remit'
luniur eo unde erant prolecti, retentis Boiis, Raura-
cisque, et illis qiiideiu inter i£dui<s, bis in Ambar-
rorum sive Barrensium linibiis collocatis, ex quihus
Riccieiises. > Ce qui ajouterait quelque valeur à ces
traditions, à défaut d'autres pieuves el de nicnii-
menls, c'est que les moeurs, le langage et jusqu'à
1)69
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOïEN AGE.
070
l'habillement des Ricelons, et surtout des femmes,
OUI ciinserTé quelque chose d'exiepiioniiel qui leur
a liiUsé le carartèie ifuiie peuplade Isolée au milieu
des pays les plus voisins. — Ou voit en'ore quelques
restes des murailles et de« tos-és dont chacun des
bourgs était ceiul. Ln éJil de Henri lll, daié de
Blois, 1588, conservé d.ins les archives de la coin-
innue, en avait permis la reconslrudion. Les pories
n'ont éié démolies que de|>uis peu d'années. Les
trois églises Sont vasies, d'une as-ez belle construc-
tion, et surmontées de clochers élevés (ju'on aper-
çoit de loin. Celle de RireyDas se fait remarquer par
Sun porta. I e( la délicates>e de sa (lèche en aiguille.
On n'a pas de notions piécises sur leur fondation,
qui, d'après le style de rai'cbitoctiire, ne doit pas
rcnuMiier plus liiut que l'époque de la reiiiissancc.
Le château de Uicey-B.is était un des plus anciens
de la Bourgogne. Dàti par Robert, baron des Riteys,
dans le m« siècle, possédé ensuite par Rollin, chan-
celier de Philii'pe le litui, duc de Bourgogne, il (lassa
aux Vignicr, au.vCréqui, etc., et fut érigé en mar-
quisat sous le règne de Louis XV. Une partie a éié
rebâtie vers le milieu du dernier siècle; l'autre par-
lie est de construction primitive et n'a rien de re-
Diarquable que la grande épaisseur de ses murs. On
y voit en( ore l'empreinte des tours dont il était flan-
qué, et qui n'uni été démolies qu'après ia révolution
de 1789.
LesRiceys sont plus particulièrement connus com-
me un «ignoble ;iussi itu| oitant | ar son étendue que
par la qua.ité de ses produits. Leurs vins, distingués
par leur liuesse et par une lîéve agréable, s'expor-
tent à Paris, dans les départements du Nord et jus-
que dmisla Belgique. Ils soia rangés, dans la classi-
fication des vins de France, sur la même ligne que
les secondes classes de la Côlr-d'Or et le- premères
du Maçonnais. Les Riceys posèdeni des fabriques
d'iau de-vie, lanneiies, et teintureries.
Vicus Rumiltucensis ad Seriuuimm, Romilly- sur-
Seine. L'est une pe:iie ville du diocèse et à 20 kil.de
Troyes, clief-iieu de canton de l'arrond. de Nogent-
sur-Seiiie avec une populat.on de ô60o habit.uils. —
Celte ville est assez bien bâtie, .iu pied d'une petite
niouiagne, sur la ri«e gauche de la Seine, qui y ar-
rose de belles praiiies le long desquelles elle s'étend
en demi-cercle sur un espace de près de 4 kil. On
ignore l'époque de sa foudaiion, qui purail remonter
à des temps très reculés; on sait seulement qu'avant
les gueires de la Ligue, sa population était beau-
coup plus nombreuse qu'aujourd hui. Au sud du ter-
riiiiire de la coiniuune, sur les bords du ruisseau le
Rup, ou remarque plusieurs toorbelles ou t ulus,
que la tradition fait remonter au temps des guerres
d'.\tiila.
Romilly possède un superbe château construit sur
l'emplacement d'une ancienne lorleies-e démante-
lée, déf. ndue auiiefois par des louielles, des bas-
lious. et lerméeile pones et de ponts-lcvis. Les hàti-
n.eils il, s avant cour» du château sont m.igiiiJiques.
Dictionnaire be Géographie eccl. II.
Il est entouré de boii et de belles plantations de
peupliers, avec un parc traversé par plusieurs cours
d'eau et orné de biiS(|uets charnianUs. Les anciens
fossés ont été convertis en de beaux canaux qui s'é-
tendent au levant à perle de vue. — Du Aominet de
la montagne des llauls-Biiissons, Romilly offre un
aspect irès-agréable : des prairies, des champs ferti-
les, variés par la plus riche culture, s'offrent au pre-
mier p'an ; au second, !a ville, en formant une cour-
be régulière, se laisse voir presque eu entier avec
son château et les nombreuses usines bâties sur tes
divers bras de la Siine; dans le lointain, une niasse
de bois et de peupliers forme le cadre de ce i i.mt ta-
bleau. Du haut de cette montagne, on jouit d'un fort
bel horizon : au nord-ouest. o:i aperçoit les côtes de
la Brie et la forêl de la Tracone, dominant Mont-le-
Poiier,Villenauxeel Séziinne; au nord-est, on distin-
gue le Monl-Ayiié, où l'empereur Alexandre av il
établi son quariier-généial lors de la re>ue qu'il
passa de ses troupes en 1815; îi l'est, on découvre
les plaines de la Champagne; au sud-e-t, les nom-
breux villages qui honleui le cours de l.i Seine, et
les tours de l.i cathédrale de la ville de Troyes; au
sud, les hauteurs de la forêt d'Oilie; à l'ouest, la
ville de Pont-sur- Seine, et, dans le loinsain, la tour
du chàieau de Fougeon, ancienne babitaiion de la
reine Blanche.
Romilly est le lieu de naissance du l'euiennnl-gé-
néral comte de Parloune.iux, anci>n député du Var,
qui, avec moins de 12,000 hommes, soutint la re-
traite mémorable de la campagne de Russie, con-
tre plus de 90,000 R'is^es. L'indusirie de cette villa
a piiucipaleineut pour objet la labriration de la bon-
neterie , qui occUiB seule 800 métiers. On y trouve
aussi deux moulins à blé, dmx huileries, dtu.v scie-
ries hydrauliques , plusieurs teiniureries , et une
usine pour la cuiss m et la pulvérisaiion du plâtre.
L'é lucation des abeilles est très-suignée dans celle
commune.
Sur un tertre environné de prairies sillonnées par
les eaux de la Seine, qui eu celemlroil se divise en
plusieurs canaux, on reinar(|ue à une demi-lieue
ouesl-nord-ouesl de Romilly. les ruines de l'abbaye
de Scelliéres, ancien monuslère de l'ordre de Ct-
teaiix. Fondée en 1 167, par Hugues de Ronii ly,
celte abbaye fut ruinée par les hus^uenois eu 1367 ;
recousiruiie peu de temps après, e!le fut minée de
nouve.iu à l'époque de notre première ré>olution.
L'église était un bel édifice construit au commence-
ment du xni» siècle. — l.'abb ye de Sieliières est
célèbre pour avoir conservé pendmt treize ans les
restes de Voltaire, transportés par son neveu Mign t,
abbé commeiidaiaire de cette abbaye. Voltaire fut
inhumé dans l'église le 2 juin 1778, et y demeura
renfermé dans un cercueil de plomb jusqu'au 10 mal
1791, époque où sis restes fuient exhumés eu ver-
tu d'un déirei de rAssemblée consliioaule, et trans-
porlé^ à Paris pour être déposés au Panihéon. L'a\.te
d'inbuinat.ou de Voila re dans l'église de l'abbayn
31
371
DICTrONXAmE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTinUE.
!)7f
de Seellières, en dale du 2 juin 1778. el un procés-
verbal du 8 du nicnie muis, jusiilic^itir delà con-
duiie que lini en celle circonstance dom Po, lierai de
CorMères, piieur de l'abbiye, el par lui adressé à
Mgr l'évé(|ue de Troyes qui vnul.iii empêclier celle
iniHiiiiaiioM, ont été déposés le 19 aoûi 1807, par
dom Meunier, dernier procureur de l'abbaye, en
l'élude de M« Thomas, alors noiaiie à Roinilly.
€ Afin, cst-ii dit en l'aile de ce dépôt, que la pns-
lériié puisse toujours y trouver et y puiser les élé-
ments el les matériaux d'un fait historique aussi re-
inarq'iable. i L'acte d'cxhiimaiion existe aux archi-
ves de la mairie de Roinilly. — Il ne reste plus de
l'abbaye de Seellières que deux arcadrs de l'église,
vis-à-vis des(|uelles éiait le loiiibeau de Voltaire, re-
cnuveil d'une pierre sépulcrale ornéfdesdcux lettres
initiales eiiirelacces AV. Celle pierre a élé conservée
par le comte de Plaiicy.
VicKs Salemi Veieris , le Vieux-Salm, petite ville
d'Allemagne, da.;s la Prusse lUiénane, qui était le
chef-lieu de la partie basse du coinlé t!e Salin. Elle
est à 60 kil. nord de Luxembourg, elle a 5000 habi-
tants. — Il existe , ou plutôt il a existé deux comtés
de Salm, l'un situé dans les Vosges, entre l'Alsace
et la Lorraine, l'autre dans li^s Ardeiines , ou dans
le duché de Luxembourg, sur les froniiéres del'évé-
ché de Liéije. On appel. lit le premier le comté inlë-
rieur, l'autre le conilé supérieur do Salm. L'origine
des anciens possesseurs de ces comtés se perd dans
la nuit des temps; ce qui est certain, c'est que dans
le IX' siéc'e les deux familles étaient réunies en une
seule par suite d'un mariage. Celle ancienne et véri-
lable maison de Salm se partagea en 1040 en deux
lignes par Henri et Charles , les deux fils du comte
Iriiéodoric, dont l'aîné eut Salm supérieur et le cadet
Salm inférieur. — Jean V, comte de Salm supérieur,
mort en U51, laissa deux fils, Jean VI ei Simon II,
nui parligèrent entre eux le comté supérieur de
Salin. Les descendants de Jean VI se subdivisèrent
de nouveau en deux branclies , dont la cadette eut
la moitié du comté appartenant à celle ligne, la-
quelle passa, au commencement du xvii" siècie, par
mariage, dans li maison de Lorraine. L'aîné ;;cquit
le comié de Neubourg sur l'Inn , et s'éteignil en
1754, sans avoir eu part au comté de Salm. SinKui H
ne forma pas lignée ; sa fille Jeannctie apporia en
1475 sa moitié du comté supérieur de Salm à son
époux .leau V,Wikl-ei-Rhingrave, dom descend une
i-ouvelle maison de princes de Salm. Quant à Char-
les, second fils do TliéudoriC , qui eut le comté in-
férieur de Salm dans les Ardenne?, ses descendants
acquirent le duciié de Limbouig, de manière que le
ciMiité de Salm fut abandonné à un cadet de la mai-
son, dont la lignée s'éteignit en 1113 avec Henri IV,
qui institua Sun bcrit er Ji'an IV, cmnle de Reiffers-
clieiil. Ce Jean IV 6;ail lui-mèinc de la maison de
Salm , puisqu'il desceiidaii île Gi'rlac, fils cadet de
lîe ri II, duc de Lini!«)iiig. Ainsi la inaivoii de Rsif-
îerscheiil esi , de tomes les familles qui portent au-
jourd'hui le nom de Salm , la seule qui y ait drnie,
en n'ayant égard qu'à la filiation nrasciiline. Aussi
les princes de celte maison ont-ils grand soin de se
qualifier d'Algraf(Vieux-Comies) de Salm. — La
maison de Reillerscheid , qui, dei.uis 1431, reprit
son ancien nom patronymique de Salm, se divi a en
102') en deux lignes. Eric-Adolphe , fils aîné d'Er-
nesi-Frédér.c , eut Salm el Reillerscheid; Ernest-
Valeniin , le cadet, eut Dyck. Les deux lignes exis-
tent encore; la première s'est subdivisée en trois
branches, dont deux porlenl le titre de princes, la
troisième branche a conservé le titre de comte; la
branche de Dyck a éié élevée en 1816 au rang de
princes de la monarchie prussienne. — Eric-Adnl-
phe, souche de la ligne aînée de Reitfeischeid,
mourut en 1678. Son fils aîné, Charles-Anloine-Jo-
sepb , fonda la branche de Reifferscheid-liedbur,
qu'on nomme aujourd'hui Salm-Reifferscbeid-Krau-
Iheim ; Léoi old , le second , fonda la branche de
Hainsbacli ; li brandie, dite de Reiiïersclieid , des-
cend du troisième, nommé Antoine. — La brancha
aînée de la maison de Salm ayant perdu ses posses-
sions par la paix de Luiiévllle, le rccés de 1803 lui
donna à litre d'indemnité des terres en Fraiiconie,
qui, en 1804, furent éiigéesen principauté de Rrau-
tbeiin. Celle principauté a une surface de 6 m. c. g.
habiles par 14,000 âmes , et rupponani 160,000 fr.
L'acte de la confédération du Rhin la plaça sous la
souverrdnelé du roi de Viirleniberg et du grand-
duc de Bade. Le prince, qui est catholique, réside à
Gerlachsheim , petite ville sur h Tauber. — La se-
conde maison de Salm est une branche des VVild-
el-Rhingraves, et eniièremeni étrangère à la véri-
table maison de Salin. Dans un temps où les comtes
étaient encore des espèces de fonctionnaires prépo-
sés , pour l'admiiiisiration de la justice , à certains
cantons nommés gati , on appelait wiUlgraves ou
rliaiigravcs (comtes silveslres) ceux que le sort avait
placés dans des districts montagneux el sauvages.
C'est ainsi que les fils de cet Oilon de Witlelsbach,
qui avait assassiné l'empereur Philippe de Souabe ,
établis comtes dans les Ardennes , furent nommés
Wihigraves , et devinrent les souches d'une maison
qui se perpétua jusqu'au commencement du xv« siè-
cle. Les biens de la famille furent alors portés par
mariage dans la maison des Riiingraves, posses-
seurs du cninié ou rhingraviat de Siein sur la Nihe.
Celle deinièie maison existait depuis longtemps : on
fail remonter son origine jusqu'à un rhingrave
Adhelme, qui a vécu au vin' siècle, mais avec plus
de certitude jusqu'à Siégefroi II, qui est du xni' siè-
cle. Après l'exiinriion des Wildgraves, les Riiingra-
ves, leurs héritiers , réunirent les denxnoins.rn :
s'appelaiit VVild-et-Rhingraves , c'csl-à-dire comtes
dans la foret (des Ardennes) el sur le Kliin. — ■
Jean V, Wild-ct-Rliingrave, épousa Jeannette, fllle
et liérlticie de S mon II, pnsses-eur de la moitié dd
comté sui'érieiir de Salm , et se nomma dèi lors
Wild-ei-Rhiiigrave de Salm. Sous ses descendants la
I
S75
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
yt»
laniille se partagea en plusieurs brandies , dont
l'aillée (lorie le nnin de Salin, landis que les autres
cnntiiiiièrent à se servir de celui de Wild-el-Rliin-
graves jusqu'en 1816 qu'elles récliaiigèrcnl contre
celui de princes de Salm-Horsimar. — Fréilérrc,
Comte de Salin, seigneur de Neulville, ariière-pelil-
fils de Jean VI , Wild-et-Rliingrave lar son père ,
el coiolc de Salm par sa mère , est la souiiie de
cette seconde maison de Salin supérieure. Ses frères
foiidërent les lignes des Wild-et-Rliingraves de
Grunibacli (aujourd'hui Salin-IIorstniar) , et des
AVild-ct-Rliiiigraves de Dliaiin, éteints en 1750. —
Frédéric, comte de Salm-Neufville , laissa en ICIO
deux fils, l'iiilippe Otion el Frédéric-.M:ignus, qui
furent les souclies de deux lignes , dites de Salm et
de Neufville. Pliilippe-Oiton fut créé en 16iô prince
d'Empire , et son fils, qui é|i0usa l'héritière du comté
d'Anliolt , obtint le droit de siéger au collège des
princes à la diète. Ces princes de Salm s'éteignirent
en 1738. Leurs possessions passèrent alors aux des-
cendants de Frédéric- .Magnus , comte de Neufville.
Ceux-ci avaient formé deux brandies qu'on aipelait
de lloogstraten et de Leuz : elles se partagèrent la
succession qui leur advint en 1738, de manière que
Snlin-Hoogsiraien eut le comté de S;dra dans les
Vosges , et Salm-Leuz le comté de Kyrbourg. Elles
s'appelèrent dès lors Salm-Salm et Salm-Kyrbourg.
Ainsi les princes de Salm, sortis de la maison des
Wild-el-Rliingraves, forment aujourd'bui les lignes
de Saim-Salm, Salm-Kyrbourg et Salm-Uorstinar.
Les princes de Salm-Salm possédaient le comté
de Salm dans les Vosges, une partie des terres wi!d-
ei-rbingraviennes, et la seigneurie d'Anliolt entre la
Westpbalie et les Provinces-Lnies. Ils les perdirent,
à l'exoeption d'Anbolt, par suite de la révolution
française ; le recés de 1803 formai en leur faveur une
nouvelle piincipauté dans l'évêclié de Miinster, de
manière qu'ils ont en tout environ :21 m. c. g. avec
58,000 habitants , rapportant 540,01)0 francs. Le
prince de Salni-S:ilm fut pai tic contractante de la
confédération du Uhin ; mais le sénalus-consulie du
!0 décembre 1810 le priva de sa souveraineté. Il se
trouve aujourd'hui sous celle de la Prusse. Ce prince
est calboilque , et réside à Bocbolt , bourg situé sur
l'Aa.
Des différentes branches de la maison des Wild-
et-Uhingraves, qui avaient conservé ce titre jusque
dans ces derniers temps, il n'en existe plus qu'une
seule , la branche de Grumbach. Elle s'était subdi-
visée en deux branches , dites de Rhcingrafeiisiein
, et de Grumbaih , qui obtinrent , en 1803, pour la
perte de leur patrimoine situé sur la rive gauche du
Uliln , le bailliage de Ilortsraar dans l'évêclié de
Miinster, ayant, sur ai m. c. g. (80 1. c), i6,000
habitants , ei rapportant au-delà de 100,000 fr. Les
deux lignes le possédaient en commun; mais t'acle
de la confédération Rhénane les priva de leur sou-
veraineté : aiijo:ird'liui le pays est sous celle de la
Prusse. La branche de Rheingrafenstein s'étant
éteinte , le \Vilil-ei-Rhingrave de Horismar lut créi
en 1817 priiice par le roi de Prusse; et depuis ce
temp-i il se nomme prince de Salm-liortsmar.
Celte branche est luthérienne; le prince réside k
Cœsfeld.
Yictts Sancti Albini, Saint-Aubin, paroisse du dio-
cèse de Troyes, arrond. de Nogent-sur-Seiiie, à t
kil. de celte ville. — Ce vill.ige, situé sur l'Ardus-
son, a une population de l>20 liubitauts.
De Saint-Aubin dépend le Paraclet, situé sur l'Ar-
dusson qui le sépare de la commune de Quincey,
sur le territoire de laquelle se trouve une partie des
bâtiments du couvent. Le Paraclet doit son éiablis-
scnieni à Ab..ilard, qui se i élira sur les terres da
comte de Champagne, où, du consentementd'llalton,
évêquede Troyes; il bâtit, en 10i3, aux environs de
iSogent, une petite chapelle formée de jonc et de
branches d'arbres, qu'il dédia à la Trinité et qu'il
nomma le Paraclet; le motif de cette dédicace est la
condamnation de ses opinions sur la triniié, obtenue
sur les instances de saint Bernard.Poursuividanscet-
tc retraite où sa réputation attirait un grand nom-
bre d'élèves, Âbailard fut obligé de l'abandonner : il
la laissa à deux de ses amis else retira en Bretagne.
En 1 128, Héloïse fut chassée du couvent d'Argen-
leuil dont elle était supérieure. Abailard lui fa don
de sa solitude du Paraclet, où elle vint se fixer avec
ses compagnes en 1129. Le pape Innocent II con-
firma, en 1151, rélablissenient de ce monastère,
dont Héloïse fui la première abbesse. L'oratoire du
Paraclet reçut bieniôi des dons considérables : par
la suite il devint chef d'ordre et avait plusieurs mo-
nastères sous sa dépendance. A la mort d'Aliailard,
arrivée le 21 avril 1142, son corps fut envoyé à
Héloïse, qui le fit enterrer au Paraclet. Vingt-deux
ans après, Héloïse mourut dans ce monastère. Lors-
qu'en 1792 on vendit l'abbaye du Paraclet, les no-
tables de Nogeiit y allèrent en cortège enlever les
corps d'iléloïse et d'Abailard, qu'ils déposèrent dans
l'église de Saint-Laurent. M. Lenoir, conservateur du
mu^ée des monuments français, ayant obtenu du mi-
nistère de l'inléiieur la permission de les faire trans-
férer à Paris, dans cet établissement, se rendit à l'é-
glise de Nogent avec les magistrats de la ville. L'ou-
verture du caveau se fil en présence du sous-préfet
de l'arrondissement, qui remit à M. Lenoir le cer-
cueil où les deux corps avaient été renfermés, et
qui n'étaient séparés que par une lame de plomb. Le
monument élevé au Paraclet sur le tombeau d'Abai-
lard avait élé brisé à Nogent en 1794, de même
que les trois figures représentant la Trinité, sym-
bnle de la croyance d'Abailard. M. Lenoir ne put
donc y joindre cet ancien monument. Le tombeau
qui recela les deux époux, et fit pendant longtemps
l'ornement du musée desPeiits-AugU5iins,estaujour-
d'hui au cimelière du Père-Lachaise ; c'est celui où
Abailard fut enseveli immédiatement après sa
mort arrivée au prieuré de Saint-Marcel de Cliâ-
Ions-sur- Saône. — Après avoir édifié el gouveru
\
975 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE, 978
rahbayc du P:iriclit pendant 53 ans, HéNiise ilé- vel. Celle abbaye ii'offriil plus que des ruines lors-
féila le 17 mai I1C5, étani âgée aussi de 63 ans. qu'elle devint la propriéié dii général l'ajoi, qui, avec
Elle fut inhumée ilms le niè i e tombeau qu'Abailard, les dé'jris de la ma son abbatiale, a f.-.il i econslruire,
qui fut d'alinril placé et disposé de m inière qu'une sur les anciens fundenient», un éd.fice régulier d'une
pnriic se irnuv.iit dans l'église ei l'^iulre dans le belle l'pparence. Du milieu des décombres, le géné-
ihœur des re'igiense'^.^fin qu'elles pussent prier sur
le lomheau de leur fondilc ir san^ sorlirde leur cloî-
tre. I.a première épil^iphe é a^t se demenlà la louan-
ge il'lléloîse. duirtalon a ra|ipor!e ainsi:
JI,c liimiilo abbiilissii jacel prudrns He'oisxa.
l'aracletnm s atuil, cum Paroclelo rrquiefci'.
('•imdin .•■anctoruiii sua tuiil, super n!ta pulorum,
A'os mer. lis p ecibustiue suis e.xullet ab imia.
Plus tard, le tombeau (ut placé à la [larlie la plus
recnlét! de l'église des religieuses, et enfin Mme de
Roucy, «ini en lut la dernière alihe-se, en 1780, le fit
liietire an pied de la cliapel'e dite de la Sainie-Tri-
nilé, qui se irouvaii au centre de l'église. On y lisait
les deuxépitaplle^ suivantes, l'une eu français et l'au-
tre en latin :
I Pierre Ab^ilnrd, fondateur de celte abbaye, vi-
« vaii dans le xn« siècle; il se distingua par la pro-
< fondeur de sou savoir et la rareté de si n niéiile.
< Cependant il publia un traité de la Trini;é,qni fut
( condamné par un concile tenu à Soissons,en 11^0;
I il se rétracta aussitôt par une sounii-sion parlaiie,
I et pour témoigner qu'il n'avait que dis senlimenls
« oithodoxes.il fit faired'nue seule pierre ces trois fi-
« gui es qui repré enient les trois personnes divines
« dans une même nature. Après avoir consacré ce
« nionaslère au Saint-E'-prit, il le nomma Paraclel, par
« rapport aux consolaiions qu'il avait goû'.ées pendant
« la reiraiie qu'il fil en ce lieu. — Il avait épousé Hé-
€ loïse, i]ui en fut la prem ère abbesse. L'amnur,
« qui avait uni leur esprit pendant leur vie et qui se
« conserva dans leur absence par des lecture; les
I plus lendres et les plus spiriuielles, a réuni leurs
t cous dans ce tombeau : il mourut le 21 avril
€ 1 ai, âgé de 05 ans après avoir donné l'un et
( l'autre des marques d'une vie cbiétienne et spi-
I riiuelle.
I Par irès-baule et ircs-puissante dame Caihe-
I rine de la llocbefoucault, abbesse du l'ara-
i clet, le 5 juin 1701. >
Mme i'c Kuuey marqua son séjour an Pataclet par
des monemenis remarquables; elle sollicila et ob-
tint de l'Académie des inscr plions l'épilaplie latine
ci-après :
Sub endrm marmore jncent
IIujus iuo)wsli:tii
Coiidiliir Pi'lrus AbeUirdus,
El abbalhsa irimn Helaïssa.
Ulimsluaiis, iniie>iio,amor<\ iu[aus:isnupliis
El pœnil.-titiii ,
Kunc œlerittt, quod speramus, fclicilale
Cvnjuncn.
Pe'rua ubiil ïx prima avriUs 1142,
lleloissn \\\i mui 146i.
Cwis Carolœ de Itoucy Purucleti abbalitsœ.
M. DCC. XXIX.
néiruil en pnriie pendant la révolution, le mn-
ntâtère du Paiaclet fut acheté par le comédien Mon-
rai a, pour ainsi dire, exhumé le caveau où les restes
d'Abailanl cl d'iléioîse ont reposé pciulml près de
but sièeles, et d.ms lequel il a retrouvé le sarcophage
que l'on avait trouvé trop hurd pour eue transféré
à Paris, avec le cercueil où les deux corps étaient
reiiferniés : ce sarropliape a élé restauré et replacé
dans le c:ivean, dont l'entiée a été fermée; pour en
désigner la pl.ice, le propriétaire a fait ériger sur le
lien même une colunne votive.
L'emidaceuient du Parac'et était occupé en 1S22
par nue n>iue ( ù l'un avait établi une fabrique de limes
ei d'acier.
Vicus Werlhetni, Weribeim, ville d'AUeuiatçHe ,
dans le grand-duché de Bade, située an confluent du
Taulier el du Mein qui y forme un bon pnri , est à
114 kil. est-sud -esi de Mayence. Popiil. , iOOJ habi-
tants. Celle ville commerce en vins el en tabac. On y
voit les ruines d'un vieux chàleau, autrefois rési-
dente des comies de Weribeim. Les princes ai tnels
habitent deux cliàleaux modernes. Voici quelle est
l'origine de la ra>ison de Weribeim. — Frédéric le
■Victorieux, électeur palatin, mon en 147G, contracta
un mari.ige niorganaiii|ue avec Claire de Teilingen
(ou plu!ôt avec Claire Dell, d'Augsbourg, qu'il avait
connue canlalrice à la cour de Minuch). Il en eut un
(ils nommé Louis. L'élecieur lui as>igna plusieurs
districts du Palaiinat; mais Philippe, son successeur,
annula ces donations. Il abindonna toutefois h son
cousin la seigneurie de Scbatfeneck et le comté de
Lœweiisiein, bien patrimonial que le père de Frédé-
ric le Victorieux avait acquis. L'empereur y ayant
atiai hé la qnalilé de comte d'Empire, Louis devint
la souche d'une nouvelle maison régnante. Son pelit-
iils, qui s'appelait aussi Louis, épousa Anne de
Slolherg , liéiiiière des comtés de Werlheim el de
Rocliefort, et d'auires terres dans les P.iys-Bas. Ce
dernier laissa diux fils, quifurent le' snui lies de deux
lignes. On en appelle l'une ligne évan^éli ine , on de
Virnebouig, parce que Christophe-Louis, l'aîné, qui
la fonda, épousa l'hériiièrc du comiéde Vunebourg ;
l'anire est connue sous le nom de ligne ciitholiqne ou
de Kochelori. Les deux lignes possèdent en conmiiii)
les comiés de Lœwenstein et de Werlheim. Ayant
perdu par la paix de Lnnévlle les cmniés de Vir«e-.
bourg, de Roebefort, de Scharfeneck, Putlinge , et
en général tout ce qu'elles possédaient sur la rive .
gauche du Rhin, elles en furent indemnisées par (îcs
parcelles de l'évéché de Wuribourg et d'autres biens
ecclésiasiiques ; mais elles perdirent leur souve-
raimlé par la coufédéralinn du Rhin, et furent sou-
mises .i la Bavière el au grand duc de Bade. La
comié de Lœwensieiu éiait depuis longtemps sous la
soiiveraineié du Wuriemlierg.
Les possessions de la branche ainee, parmi les-
977 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
978
<juel'e5 se (ronveni aussi In seigneurie wiirlemlier-
geoise de Linipdiirg-Soiitlieiiii-Miclielliach cl une
pa- Ile de celle de Sonllii'iiii-Obeisoi.ilicim, oui une
Siirlaco de 8 m. c. g. (2'2 I. c.) et nue iioinilalinn de
48,20(» ànies, rapport un 265,000 fr. Les terres de la
Iraiiclie cailinlii|ue , situées en Allemagne , forun nt
13 1(2 m. c. g. (57 I. c.) cl ont 30,000 habitants ;
mais cette branche a en Boliéme des terres cons dé-
rahles, ayant sur 9 m. c. g. (25 1. c.) 18,000 habi-
tants. Ses revenus prissent un million de francs.
Les deux lignes portent le titre de prince, la ligne
aînée ayant obtenu cette dignité en 1812 par le roi
de Bav.ère.
La maison de Lœwenslein, brandie légilinie de
cellede Wiilelsb.ich, quo que issue d'un inariige iné-
gal, n'a pas renoncé aux droits qu'elle pourrait
faire valoir un jour sur la succession Palatine, si
toutes les branches de la maison de Bavière venaient
à manquer.
Villnad Firwiiairm, Ville-sous-la Ferlé, paroisse
du diocèse de Tmyes, arrond. de Bar-sur-Aube, à
li kil. de (eue ville, dépl. de l'Aube. Sa population
est d ' 825 liabilant>.
De cetie paroisse dépendait la célèbre abbaye de
Clair vaux, chef d'ordre de la filiation de ("îteaux,
fondée en 1114, par saint lîernard el par Hugues,
comte de Champagne, dans un vall'u eniouré de
bois et de immtagnes, appelé Clairval. Celte pre-
mière fondât On fut aiigmeniée dans la suite par
Th.binji le Graiid, comte de Cli impa;;np, et ses re-
venus s'accruieni di's dons des mis de France, des
cnmies de Flamlre, el de ceux d'un giand nombre
de seigneurs paniciilicrs. La vallée où lut b.ilie le
monas:ère portail le n.ni de vallé- d'Alisinthe. «.l'é-
tait une letr.iiie inculte et sauvaoc, lù Uernard, à
peine àjié de xingi-quaire ans, lieciiard que ni les
attraits séduisants des i-ociéiés séc-il èies, ni les
remontrances de ses paienis, ni les prières de ses
am s, ne purent déiduriicr du penchant qui l'entraî-
nait au fond d'un cloître, vinl avec quelques aiities
moines hilir le prcniier asile de leur coinninnaulé.
En peu d'années Bernar<l fonda nu agrégea à son
abbaye "G monaslèies, dont 35 en France, 11 en Es-
pagne, 10 en Angleterre et en Irlande, (i eu Flandre,
4 en Italie, 2 en Allemagne, 2 en Suéde, 1 en Hon-
grie et 1 en Danemark. Le nombre de ces fondations,
tout incroyable qu'il paraisse , n'a t' ntefni-; pas
lieu de surprendre; car alors les insiituiiotis mona-
stiques avaient une importance que nnus ne pour-
rions guère smiiçonner arrjourd'hui, si elle n'était
attestée pir tous les monuments de cet âge. Uix-
sepl années scrlemeut après la fondation de Clair-
vaux, les religieux étaient devenus si nombreux,
qu'on fut obligé de leur bâiir un plus spacieux nio-
nasiére, où, vers la fin de la vie de saint Bernard,
qui niourui en 1155, on ne con.piait pas moins de
700 nioines. Cette abbaye a été la pépinière de plu-
sieurs grands hommes, et elle a donné à l'Eglise un
pape, qui fut Eugène 111, 1.^ cardinaux et un trés-
granil nombre d'arche\è(|ueE et évèqiies. A répo.jue
de la suppression des conrmunauiés religieuses, il y
ava t encore à Clairvairx 40 religieux de chœur, 20
frères convers et un grand nombre de doine-liques:
le revenu de l'abbaye était alnrs de plus de 60,000
livres en argent, 7 à 8( 0 scliers de blé et 7 à Sl'O
mnids de vin ; ce revenu en naiure augmentait quel-
quefois de la moitié, et cette augnrcntatioir s< ula
produisait plus de 20,000 fr. Les nriirs de l'enclos
de l'abbaye avaient p-ès de 2 kil. de tour; outre les
magnifiques bâtiments ciausiraux, celte vaste en-
ceinte renfermait plusieurs églis'is, un cellier aussi
spacieux que la salle des Pas perdus du Palais de
Jrrsticede Paris, un pressoir banal, une boulangerie,
des canières, un four à cbaux, une tuilerie, une
scierie hydraulique, des moulins à tan et à blé, une
tannerie, une infirmerie, une prison, une gla-
cière, eic. — L'église était un beau bâtiment, élevé
l'an 1174 par les soius deGasie, évéqne de Langres.
La bibliothèque était remplie de manuscrits curieux.
On lenianiirait dans une peiiie église séparée et cou-
verte de plomb, le tombeau de Philippe, comte de
Flandre, et de Maibilde, sa femme, qui avaient
fait de grands biens à cetie maison. Les os de
tous les religieux à qui saint Bernard avait donné
l'habi!, regarlés conrme autant de saints, étaient
rerif rmés dans un caveau s-ous l'aulel de ceito
é;;l se. — Depuis la lévidutiori, les bâtimerrts de
l'abbaye de Clairvaiix ont été couverts err une
maison ceuiiale de détention pour les condamnés
des dépariemei.is de l'Ain, des Aidennes, de l'Anbe,
de la tôie-d'Ur, du J^ra, de la Marne, de la Haine-
Marne, de la Meurt e, de la M.'use, de la Moselle,
de 11 Mèvre, de S: ône-et L^ire et de l'yonne. De-
prris qU'I.jues ar. nées on y renferme au^si des con-
damnés pi'irr cause pnlillijrre. Cette maison e>l ile-
Tenue un va«te établissement industriel, qui ren-
ferme plusieurs ateliers où les condamnés sont em-
ployés, suivant leur capacité, au hallage, à l'éplu-
ebage, à la filatrtre, au lissage, etc., du coton; le»
balles expéiliéps pour Clairvaux, telles qu'elles arri-
vent des cnbrnies, ressorlent converties eu lissiis de
la plus grarrde beaulé. Atirr de niéirager au» détenus
qui ont des élats en ciilrant ilans celle maison les
moyens de les cultiver, on y a et ibii des aieliers de
menuisiers, de tailleurs, de cordonniers, de sabo-
tiers, de ciirdiers, etc. La laine y est aussi tissée et
filée pour rhahillenienl des détenus. Le chanvre y
est filé et tissé piMi! la fabrieaiioii du line. Tous le»
objets nécessaires aux dcteuns se confectionnent dans
réiablissemeni. Le service de la b ulangerie, des
cuisines el des infirmeries est fait par des déienns
qui mériieni une certaine confiance, mais sous la
surveillance d'emplnyés libres. Ceux qui j > grrent
quel lue éducation à une bourre comlu te, sont em-
ployés dans les bureaux de l'entreprise générale, ou
coirime surveillants oir comnre contre-maîtres dans
les ateliers. Les femmes détenues sont aussi occu-
pées suivant leur capacité, les unes à la conlection
979
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
et au raccommodage dcsliabillerneiits ei du linge, les
autres au biuncliissaiie, Ole. L'ii alelier de liugères
attire raitciuion par la beauté des clicmises de per-
cale qu'on y coiifeciioniie. 11 y existe aussi un ate-
lier pour la ( ouliirc des gants, et les ouvrages qui
s'y exécuient rivaliï>ent avec ceux des fabriques de
Grenoble etd>: Cliauiniint.
L'abbaye a donné naissance à un village qui compte
aujourd'hui 1800 babiianis. Il y a dis forges dans
les environs. Les liabitants, qui vivyionl autrefois par
les travaux et les secours de l'abbaye, vivent niain-
lenant par le piTsoanel de la maison centrale, et le
mouieinent d'aiïaires qu'elle occasionne.
Villa Bona vel Blesiiilla Auxilii, Blosseville-Bon-
Secours, paroisse du diicéseeiàS kil.de Uouen.dépt.
de la Seine Inférieure. Cette loi^aliié est célèbre dans
toute la Niiruiandie par une jolie cbapelle goibique,
dédiée à la Viergo, située sur un coteau élevé qui do-
mine le cours de la rivière. Le poriail de ce petit édi-
fice esi en ogive, orné de ceps île vigne, de guirlan-
des eld'ornenienis à jour. L'inierieuresi tapissé d'une
rault ti;de d'etvoio, au nombre desquels on remarque
un grand nombre de pciiis vaisseaux, déposés sans
doute par quelques matelots sauvés du naufrage. —
Blosseville-Bon-Secnurs est situé près de la Seine.
La population est en partie occupée par l'industrie
cotonnière.
Yitla Cenelensis, Cbeneletle, très-ancienne pa-
roisse du diocèse >!e Lyon, dépt. du Rliône, à Skil.
de Ceaujcu et .àîide Villelrancheavcc une population
de S'IO liabitaiiis. La montugne de Tonnéon (en palois
Trévailloit, en latin ttirris veliens, ponant des loiirs)
est dans cette comnKme ; elle a une forme coiii(|ue
qui la fiil facilement reconnaître. C'est sur son som-
met qu'était autrefois la forteresse appelée le chût au
de Gaiieliin, dont les seigneurs s'éluicnt déclaré- les
ennemis du royaume, et répandaient l'effroi dans les
con;rées environnantes. Le dernier seigneur de cette
maison s'éiait nolimment rendu le fléau de la con-
trée : il habitait pendant la belle saison le cbàieau
de Tourvéon, où il ironvait, au retour de ses excur-
sions sur le lerriioire de ses voisins, un asile inex-
pugnable. Il avait en outre dans la vallée, à l'ouest
de cette montagne, un château également fortilié,
où il de^^end.^it pour habiter pendant l'hiver. Une
tradition du pays rapporte qu'il voulut traiter avec
Louis XI d'égal h ég il. < Vous êtes donc bien puis-
sant ! lui dit leroi. — Sire, répondit Ganelon, j'habite
un château dont toute la paille de votre royaume ne
saurait combler les fo-sés. t L'einplacemenl de ce
château se reconnaît facilement ; autant qu'il est
possible d'en jnger par l'inspeclioii des lieux, il se
composait d'ini immense bâtiment flanqué à ses deux
extrémités de deux énormes lours. On reiarque en-
core des ponions de voûtes qui ont dû appartenir aux
caveaux du château, et un puits dans les fossés, dont
on retrouve presque partout le déblai. Les riche-ses
de Ganelon faisaient dire vulgairement que ce puits
(I) Lebeuf, Histoire du diocèse-de Paris , t. XIV.
080
était une source d'nr. Pour donner le change à ses
ennemis sur le sens de sa marche, le prince de Ga-
nelon faisait, dit-on, ferrer ses chevaux à l'envers.
Ses vexations ayant fait des siens même des ennemis,
son secret fut vendu par quelques-uns d'entre eux.
Ganelon fut pris au retour d'une de ses excursions
de pillage. La chroni(]ue dit qu'on le conduisit pieds
et poings liés aux murs de Tourvéon ; là on l'enleriua
dans un tonneau dont on avait garni les parois de
pointes aiguës et de lames tranchantes, et on laissa
rouler le lonneau sur le liane de la montagne jusque
dans la calice. Ce fut, dit-on, une application de la
loi du talion, et Ganelon aurait souvent traiié de
cette manière ses prisonniers.
Hans l'ancien l.ingage, eiiganiifr signifiait tromper,
de méioe qu'en italien on dit tu lannan, et Ganelon
désign.Mt un trompeur, un iraîire. Celte forteresse
de Tourvéon, dont on voit encore les ruines, n'était
qu'à 6 kil. du châieau fort deReaujeu. Quelques ha-
bitants oui été assez crédules pour admelire l'idéa
qiie l'on pouvait communi'|uer d'un château à l'autre
par un souterrain.
On iiouvedans les flancs des montagnes de cetta
commune des mines de plomb sulfuré et de zinc.
Vitta-Fabaria, Favières , paroisse du diocèse de
Meaux, canton de Tournans, arrond. de Melun ,
département de Seine-et Marne. — Le nom de Fa-
Viéres dérive naturellement de [uba et fabariii qui
signifie un lieu où l'on cultive les fèves. Dès le t^^
siècle, celle terre appartenait à 1 abbaye Sainl-
Maur des-Fossés. « Celte abbaye, dit le Polypticin
on catal'igue impiinié des biens de rabba\e de Sainl-
Maur-des-Fossés, possè le à Favières sept nians ou
maisons atfranchies; le huitième mans ou n)as ap-
partient à l'égli.--e du village dédiée à saint Martin.
Anciennement chaque mas payait cinq sous de re-
devance par an. Dans la suite cela fut changé, et
chaque maison donnait trois jours de service par
mois depuis la Saini-Jean jusqu'à Noël ; plus une
corvée de trois semaines en tiois semaines; outra
cela , elle faisait une corvée dans la vendange , nue
autre dans la moisson ; deux nnisnns, mans ou feux
devaient en outre amener trois charretées jusqu'au
monastère des Fusses. Pour le droit de pni-son clia-
que feu payait douze deniers, trois poule s et quinze
ceufs. Le neuvième niani ou mas éiaii celui que l'on
qualifiait, ii.'iyoHii/iifuiws, c'est-à-dire la maison sei-
gneuriale ou l'abbaye ; il avait cinq coutures ou la-
boura'jes , un pré , des bois , des eaux et un mou-
lin (1). —La maison de Garlunde posséda celte sei-
gneurie depuis le xu» sièelc jusqu'en 1203, que Jean
et Agnès sa femme la vendirent à P.erre de Cliambly
avec celles de Tournans, Maries, Fontenay, etc.,
etc. — L'église est une longue chapelle du xiv» siè-
cle. Le chapitre du Vivier en Brie était en partie
seigneur de Favières.
Ce village est situé dans une vallée où coule un
petit ruisseau venant de la forêt de Crécy, à 2 kil.
S8I
GEOGRAPHIE DKS LEGENDES AU MOYEN AGE.
fi2
nord de Tounians, et à 28 kil. dans la même direc-
lion dcMelun ; son lerriloire très-marécageux pro-
duit un peu de grain, des fourrages, mais surlout
du bois.
Les écarts de cette commune sont: 1° Sainl-Ouen,
entre Tournans et Favières , ancien prieuré qui ap-
partenait à l'abbaye de Thiron, diocèse de Chartres,
même avajil l'an 1 147- 0« i^ore "a quelle époque et
Bovr ««wnVien de religieux ce prieuré fut fondé. Au
nioinent de la révolution , l'église n'était plus qu'une
simple chapelle que l'on avait reconsiniile plusieurs
fois. Cet ancien prieuré est maintenant une maison
de campagne dont un ruisseau arrose le parc; ce
ruisseau est celui qui , après avoir traversé Tour-
nans , va se perdre dans le gonffre de Villegenart.
S° Hermières au nord de F.ivièrcs, auprès d'un bois
dit des Trente- Arpents , entre la forêt de Crécy et
celle d'Armainvilliers , et dans un lieu très maréca-
geux, éiait, avant la révolution, une abbaye de l'or-
dre des prémonirés, fondée vers le milieu du xii«
siècle, par un nommé Rognaud , un des comtes de
Cbampigne du nom de Thibault , et Adèle, épouse
de Louis YII , auxquels on peut jnindre Gny, Ansel
et Robert de Gai lande. — L'église en form.e de croix
était un édifice du xm' siècle, petit et bas, orné de
ga!eries \itiée' avec les voûtes supportées par de
petites colonnades réunies. L'abbaye n'existe pins :
une maison bourgeoise et une ferme la reinjilacent.
5' Mandegris : nous ne citons ce lieu que pour faire
oonnaitre l'instabilité des choses iinmaries : fief dès
le xiii° siècle, puis château et enfin simple ferme ;
il appartenait en 127S à l'.ibbaye d'IIerniières, et,
en 1494, à Robert Sureau écuyer, prévôt de Cor-
beil; on n'y voit plus aujourd'hui de traces d'Iiabila-
tions. — On trouve encore dans les environs de cette
commune et dépendantes de son terriloiie les fermes
de Puits-Carré, laSablonnière, la Hutte, la Planchette,
les Trente-Arpeiiis, Villemigeon.
La population de Favières est de 760 âmes.
Villa Ferreulorum , Ferroles-Allily , paroisse du
diocèse de Me^ux, canton de Brie-Comie-Roliert,
arrond. de Melun , dépait. de Seine et-Mariie. —
On pense que le nom de Ferroles ne peut pas venir
de forges de fer qui auraient été établies dans cette
commune puisque l'on n'en voit maiiiienant aucun
vestige , mais bien de celui de Ferreotus , que l'on
suppose avoir été l'ua de ses anciens propriéLiires ;
c'est avouer d'une manière implicite que l'on est
dans l'ignorance à l'égard de celte éiymologie. On
pourrait peut-èire avec plus de raison supposer que
Ferroles était le lieu oi'i se retiraient les ouvriers
dont les forges étaient dans les bois voisins ; ce qui
ir.diquerait le nom de Ferieolorum villa qu'il porte
dans les anciens actes.
L'église de Ferroles existait dès l'an 1090; à cette
époque elle fut donnée à l'ahhaye de Saint-Maur. —
Dans le iin^ siècle , l'abbaye Saint-Victor eut aussi
des hôtes dans ce lieu. Il en résulta des difncultés
entre les deux monastères qui étaient jaloux de leurs
privilèges. Pour tout aplanir on eonvint que les ha-
bitants de Ferroles prêteraient le serment de lideliié
à l'une et à l'autre église. Au milieu du xvin« siècle
Jean Legay, curé de cette paroisse , légua les fonds
nécessaires pour l'établissement d'un maître d'école.
Le village de Ferroles est à 2 kil. à l'ouest de
Chevry, à i kil. nord de Brie-Comte-Robert, et i
20 kil. dans la même direction de Melun, sur le pen-
chant d'un coteau qui borde le Réveillon , et à peu
près à égales distances de la route de Paris h Dàle,
et de Brie-Conile-Roberi à Tournans. — Le château
de la Barre, placé sur le coteau opposé, est contigu
au village. Son parc, agréablement dtSbiné, est
traversé par le Réveillon. Ce château avait donné
son nom à la famille le Fèvre qui le possédait en
16Ô9. — En 1766, Jean-François le Fèvre, cheva-
lier de la Barre, âgé de 19 ans, fils d'un garde du
corps et descendant d'Antoine le Fèvre , seigneur
de la Barre, périt à Abbeville sur réchalaud, accusé
d'avoir mutilé un crucilix placé sur le pont de cette
ville. Si l'on en croit les mémoires particuliers du
temps, le jugement aurait été le résultat de la ven-
geance paiticuliore d'un homme qui avait été en
même temps accusateur et juge Le tribunal
d'Abbcville avait condamné de La Earre à être
brûlé vif; le parlement de Paris adoucit la sen-
tence, (t le malheureux iconoclaste fut décapité
avant d'être jeté dans les Canmies. — La Borde
Grappin était un autre fief qui ajiparienait â un
nonmié Grappin qui vivait à la fin du xiii'^ siècle. Ou
sait que le nom de La Borde signinaii une petite
maison couverte en jonc. Dans ce même siècle,
l'abbaye de Saini-Maur avait aussi un manoir et une
grange à Ferroles : chaque feu lui devait par an trois
œufs, que l'on appelait les œufs des croix, ou bien
une obole ; le monastère recevait les deux tiers de
cette redevance et le [uêtre d.i village l'autre tiers.
— Le petit village d'Atiily.qui n'est plus qu'une an-
nexe de la commune de Ferroles, est sitné à l'est
et à lieux portées de fusil entre celle-ci et la com-
mune de Chevry, et, comme ces deux villages, sur
les bords du Réveillon. Il est question d'Attily dès
le XII» siècle. Milo de Aililiaco était seigneur de ce
lieu sous Louis le Gros. — Le château avait été bàli
sur un petit monticule environné de fossés remplis
d'eaux vives ; il n'en reste plus que quelques rui-
nes ; mais il est remplacé par une jolie maison de
campagne. — AuberviUiersou Haubert Villiers, ferme
à un quart de lieue à l'est de Fer: oies, dépendait
autrefois de la paroisse d'Attily. — En 1191!, Thomas
d'Aubert Villiers fit présent à l'ahbayede Saint-Maur
d'un droit de froment qu'il peiccvait in lilla Feireo-
lorum , et, en 1226, il existait un Johannrs de llau-
berio viltari, — Beaurose, ferme à l'esi de Ferroles,
à l'extrémité d'une plaine, et sur le bord des bois
d'Ozouer-la-Ferrière. En lo80 , elle a été appelée
Beauroy. — Les Petites-Romaines, hameau au nord
de Ferroles. — ForciUe, château et feinie au sud da
Ferroles. En l.";62, il y avait un prêche ou assem-
DICTIONNAIRE DE (JEOGRAPIUE ECCLESIASTIQUE.
983
Liée de prolestanis en ce lieu où allaient des officiers
du roi du bailliage rie Brie-Conite-nolierl. Le parle-
ment ordonna qu'il sérail infnm'é sur ce fait.
Le lerriinire de Ferroles-Al-ily est en terres la-
boiiral)l''s ircs-ferliles , en hois el en prairies. On y
a depuis peu de leirps p'anié quelques vignes. La
pnpul.ilion est de icO lialiilant=.
Viita-Fianca, Viliefranche. Il y a plusieurs villes
et villages de ce nom en Furopp, S'irloul en Fr.mce
et en Espagne. — Villefrancle-sur Saône, ville du
dinrèse de Lyon dans le dcparlement du Rliône. Elle
est située sur la rouie de Dourgogne et sur la |>eliie
rivièn' du Morgon, à un kil. de la Sôup, à 28 kil.
de Lyon, el 52 de Slàcon. La population est de SOOO
habitants.
Plusipurs historiens placent le berceau de Ville-
franclie dans le milieu du xi« siècle.sous Ilnmliertlll,
seigneur de Beaujeu. Celle famille illusire et puis-
saiiie, dont la fortune commença dairs la personne
d'Onfroy, preuiier comte de Beaujeu, sous liugnes
Capel, et s'éieigiiit vers le xv« siècle dans le tom-
beau d'Edouard, dernier prince de cetie maison,
d'minaii d'abord les deux rives de la Saône, et
réunissait sous sou obéi-sance la Dombe au Beaujo-
lais. Celte famille souveraine qui, par ses alliances,
mêla son sang au sang royal, et compta parmi ses
membres des chambellans, des généraux, des ambas-
sadeur?, des maréchaux el des connéiables, voyait
avec peine la grandeur de son nom emprisonnée dans
l'enci'inie étroite d'une capitale sans glnire : elle
franchit les montagnes, el descendant dans la plaine
fertile qui s'abaisse vers l'orient, plaçi à l'entrée de
ces ricbes carnpngnes, sur la route de Lyon, le ber-
ceau d'une ville nouvelle.
Villefrancl:e, qui ne dut son nom qu'aux franchises
qu'elle obtint plus tard, s'appelait à son origine
Lunna, d'où et venu peut être le nom de Lima,
qui appart enl maintenant à une commune voisine.
Elle ne s'étendait pas, comme aujourd'hui, sur les
deux penchants d'une colline légèrement im linée ;
elle é ait tout entière placée sur le coteau méridio-
nal, dans le lieu qu'on appelle la Porie-d'Anse. Elle
ne dut même ses accroissements vers le nord qu'à la
circonstance suivante, d'après les légendaires. L'en-
droit le plus bas de la ville actuelle, qui est traversée
par le Morgon, ne formait alors qu'un marais fan-
geux dont les rares liiurages étaient abandonnés
an premier occufiant. Un berger qui paissait là ses
troupeaux, les vii, dit-on, un jour s'incliner d'un
niouvenifut unanime : il s'apprncbi et aperçut une
image de la sainte Vieige Marie. Pour consacrer le
souv.nir d^ ce f.iii, on éleva sur ce lieu une petite
chapelle, dédiée a Notre-Dame des Marais, autour de
laquelle se groupèrent quelques habitaiions. qui for-
njèri-ni un second noyau des .-.ccroissements futurs
delà ville ; la petite chapelle s'agrandii successive-
meni, et devint ensuite église paroissiale, lanuelle est
aujourd'hui un des monuments remarquables de no-
tre architecture gothique. — Les seigneurs de Beau-
S84
jeu comprirent quelle importance s'attachait à la
création de cette ville, placée dans le sein de la plus
fertile contrée, à d'égales distances entre df iix gran-
des cités, Lyon el Mâcon ; assez près de la Saône
pour emprunier le secours de sa navigai on ; assez
loin d'elle pour braver les dangers rie son voisinage.
La ville nouvelle était en même tem s le boulevard
du Beauolai», dont elle fermaii t>niré^ ati ji>idi, et
le dépôt naturel de ses mirc.handises, donl e\\ec/>n-
flaii a X eaux de la Saône le transport et la disiii-
bution.
Viliefranche possédait des Corde'iers, des Capu-
cins, des Ursulines et des Vi i^andines. Il y avail
trois liôpiiaiix, qui, vers le milieu du xtii^ sièf le, fu-
rent réduits en un seul par la muniticpiice de Sibylle
de Flandre, femme de Gnichard III, siie de Teaujeu.
Cet hôpital, détruit en 1S()2 par les huguenote fut
rebâti par un simi le bourgeois, dont |i richesse éga-
lait la charité. En l'an 1210, le même Gnichard III,
revenant d'nne ambassade à Conslartinople, vil en
Ilalie saint François d'Assise, lui demanda quelques
religieux et les éiablii dans sa capita'e : ce fut la le
premier couvent de Cordeliers qu'ait eu la France.
— L'église paroissiale, doiit on a vu l'or gine, s'em-
bell i en même len ps par les bienfaits de la piété
publique. Le clocher qui subsiste aujourd'hui n'est
que le reste d'une tour consimiie en 1318, et l'ime
des plus hantes el des plus admirables du inyaume.
Elle fut détruite dans un vicient incendie le 15
aviil 1566.
La pirlie la plus curieuse de l'histoire de Ville-
franche est celle qui traite des franchis' s et des pri-
vilèges qui lui furent accordés par llumb'-ri IV, fon-
dateur de la ville, el qui, pour y attirer des habi-
tants, autorisa les maris à battre leurs femmes ji s-
qii'à elTHsion de sat:g, pourvu que la mou ne s'en-
suivit pas. Si burgensi$ tixorem sunm perctts-^erii, seu
verberaieril, riominus non débet inde recipere clamo-
rem, nec emendam pelere, nec Icvnrp, nisi illa ex hae
verberalura morlaittr. On disait pt urt.int vulgaire-
ment : Viliefranche sans (ranchite ; comme on disait
Beaujeu sans triomphe, Bellevillesans beauté.
Il y avait avant 1789 à Viliefranche, comme capi-
tale du Beaujolais, toutes îes autorités qui consii-
tuaient le gouvernement de la province, lelles que
lieutenance du roi, milice bourgeoise, état-rnajor,
corps-de-ville, grand-bailli , bailli-d'épée, prévôt,
capitaine des chasses pour les eaux et forêts, inspec-
tion des gabelles, cliambre des manufactures, com-
pagnie de chevaliers de l'arc, compagnie de cheva-
liers de l'arquebuse (celle dernière existe encore),
et même une académie royale des sciences, belles-
lettres et arts, laquelle était céébre avani que celle
de Lyon existât : on se rappelle que celle-ci ne fut
instiiuée qu'en 1700. La pr^-mière séance de l'aca-
démie de Viliefranche eut lieu en 1679, mais elle ne
fut autorisée qu'en 1695 par lettres-patentes, con-
firmées en 1716 et 1723. Le duc d'Orléans d'alors
985 GEOGRAPHIE DES LEGENDES AL MOYEN AGE.
s'en déclara le proieclenr, comme seigneur deVille-
fraticlie.
Les liabitnnis de Villefranche s'intitulent Cnla-
dois. Calade est un ternie qui leur est particulier : ils
S'en fervent pour désigner le parvis de leur princi-
pale église, (]ui est pavée en dalles carées. Ce mot
parait dériver de l'iialicn calala, desrenie.
La cnniMiune de Villefraiiclie ne comprend ab«o-
lumenl que l'enceinle de l'ancienne ville : les fau-
bourgs, ({ui dcvicnnenl chaque Jour plus considéra-
Lies, appariieniienl aux quatre cnMiniune> qui l'en-
vironnent : Beligny, Gleizé, Ouilly et Limas. C/esi à
lorl que quelipies (:éograples ont dit que Villefran-
che n'avait qu'une seule rue allant du nord au midi,
puisqu'elle en a quatre aiiIri'S moins largps, il est
vrai, mail dans la mêm'' direction, dont deux occu-
pent la place «le ses anciens remparts; elle est en
outre percée de beaucoup d'auires rues qui la traver-
sent de l'est à l'oue^it.
Villefranclii! est aujourd'hui la seconde ville du
dép»rl<'ment par l'iinporiance d-; son commerce et
de ses fabriques. C'est un rhef-lieti d':irrondissenient
et de canton. Il y a : iribunauv de première instance
et de commerce ; société d'agriculture ; collège con;-
niuual; compagnie de chevaliers de l'arqui-liuse ;
bospice civil pour qu iire-vingts lits de malades et
vingt bis de V eiilards, dont les retenus s'élèvent à
50,0OJ fr.; un couvent d'L'rsulioes ; deux marchés
considérables touies les semaines; une greneitc;
une halle aux toiles ; une belle promenade publique.
On y voit de5 f.ibriques considérables de toiles de iil
et «le cmon, basins, iiankinels et toiles peintes, des
teintureries, des tanneries et des filaiiires de coton.
— Les environs de Villefranche offrent des vues pii-
tores(|ues, de ncmbreuses maisons de plaisance et
des l'bâ'eaux reinari|uables.
I Vi lefranclie-ile L:<uraguais, petite ville du dio-
cèse lie Tml u^e. C■e^l le chef-lien d'un arrondis-
sement du dépaitenienl de la Hante-Garonne ; il y a
un iribunal de première instance, et une société
d'^'giiculiure. La population est de 5000 liabilanls
environ. Celle ville, bâtie en briques, est f<irniée
d'une me très-longue que traverse la grande roule ;
elle est située dans une vaste plaine rennmmée par
sa IVrlililé, sur le Lers, près du canal du midi. On y
voit lies fabriques de loile à voile, et des poteries
de terre. Les enviroos produisent des céréales, du
maïs et du chanvre. Villefranche est à 56 kil. nord-
est de Toulouse, et 7o0 de Paris.
1 Villefianche dans le diocèse d'Aueh, à 12 kil.
nord-nord-ouest de cette ville, dépariemeni du Gers.
On y remarque «les «aux minérales froides, qui sont
au milieu d'une prairie pièi de la iNive.
I Vilkfranclie dans le diocèse de Moulin?, dé-
OJiC
I Viilefranclie dans le diocèse de Perpignan
arron.l. et 6 kil. sud-onest de Prades dépi. des Pyl
rénces-Orientales. C'.'si une ville' forie simée nu pied
des Pyrénées sur la rive droite de la Tet, avec un
château bâti sur la live opposée, entre deux monta-
gnes très-hautes. Au centre d'une monlagne «si une
caverne où l'on monte par un escalier de pierres de
près de KO marches et dans les détours de laquelle
on n^ose s'engager trop avant : on y aperçoit de dis-
tance en dislance des morceaux de glace (stalactites)
suspendus à la voûie. Celte ville, qui faisait partie
du Roussillon, fut prise par les Franç.iis en 1654. On
trouve dans les enviions des carrières de beau mar-
bre et des eaux minérales. Il y avait autrefois dans
le pays une tradition qni voulait que la caverne dont
nouî venons de parler eût servi de retraite à de
pieux solitaires au moyen âge, et que plus tard on
aiicélébré la messe dans cette sorie «l'ermitage. Il
siiflit d'une inspection sérieuse des lieux pour s'assu-
rer que celle tradition n'est pas fondée. La popula-
tion de Villefranche est de 2000 habiianis.
I Villel'ranche-d'Aveyron, dans le diocèse de Ro-
dez, chef-lieu d'un arrinidissement du département
de r.Aveyron avec un tribunal de première instance,
une société d'agricullnre et un collège coinniunal. La
population est de 10,700 h ibiiants. Cette ville est à
48 kil. de Rodez, 48 de Caliors et 600 de Paris.
Villefranche doit son origine à Alphonse, comte de
Toulouse et frère du roi Louis IX, qui en traça les
foiid.tiins près de remplacement de l'ancienne cité
de Carenioniag. En 1551, c'était une ville foriifiée
qui lui souvent prise et reprise ; elle souffrit consi-
dérablement dans les giie' res du xvi" et du xvii»
siècle. Les paysans insurgés, connus sous le nom de
Croquants, la pillèrent en 16t3. La peste la désola
d'une manière cruelle en 1358 et en lfi28. — Cette
ville est bàiie dans une siinalinn agréable et saine,
au conlliient de l'AIzon et de l'Aveyron ; elle «ceupe
la lèle seplenirionale d'une vallée circonscrite ;i l'est
par une petite montagne, et sur inns les antres points
par lin rideaii circulaire de collines. An levant, celte
ceinture est inierrompne par deux gorges qui don-
nent passage aux rivières de l'.AIzon et de l'Aveyron;
au sud, par le cours de cette dernière rivière; et au
nord-ouest, par l'extrémité d'un vallon d'où coule un
ruisseau qui va baigner les murs de la ville. Les ter-
res et les coteaux environnanis sont soutenus à des
distances inégales par des murs de terrasse qui for-
ment des gradins plantés «le vignes, de pêchers et
d'antres arbres fruitiers. Celte belle perspeclive est
encore v.iriée par des bosquets, des lilets d'eau, des
prairies, des terres à blé, de jolies maisons de plai-
saixe, et par un grand nombre de colombiers isolés,
dont la blancheur ressort agréablement sur hé vert
foncé du pampre des vignes. - En arrivant i.ar les
partenicni de l'Allier, arrondissement et à 2-2 kil. hauteurs du sud-ouest, Villefranche présente deux
est-nord-est de Montiuçon. Ce bourg compte lOUO villes; l'une dont les maisons sont groupées sans au-
habitants environ ; il possède une niine de houille cun iniervalle ; c'est la ville proprement diie ;
«ju= occupe un certain nombre d'ouvriers. l'autre dont les bâtiments plus espacés paraissent
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
987
ombragés par les peupliers des cliamps voisins : ce
soni les faubourgs. L'enceinte de la ville a la forme
d'une losange ; sa position en pente douce dispose les
toiis en éclielons et les découvre tous à l'œil; l'anti-
que église collégiale et sa baute tour dominent tou-
tes les autres constructions et forment un eiïet très-
pittoresque. Les quartiers de Yillefranche sont régu-
jicremeat distribués ; ilsforment des par.illélogrammes
partagés p:ir une ruelle étroiie. Quatre grandes rues
a^sez bien alignées, qui, vers le centre, se coupent
à angles droits, divisent la ville eu neuf pariies; les
faubourgs, au nombre de cinq, correspondent aux
principales portes. La place du marché est grande et
carrée, mais les maisons qui l'eniourent, et qui pour
la plup >rt sont baules et vieilles, lui donnent un air
tonibie et irisie;elle est entourée d'un portique
d'une aroliiientiire claustrale, qui sert de halle, et
met à couvert pendant le mauvais temps les roar-
cbands et les acheteurs ; une belle terrasse, à laquelle
on monte par un escalier à double rampe, orne le
côté du nord; dans un enfoncement, on voit une fon-
taine publique de forme carrée, autour de laquelle
règne une hainstrade en fer.
L'ancienne collégiale offre un beau vaisseau d'ar-
chitecture gothique, qui mérite l'attention des artis-
tes; un superbe porche décore son entrée, et sert de
bases une haute tour flanquée de quatre tourelles. —
La maison commune n'est remarquable que par ses
bâtiments spacieux. Le cluitre de l'ancienne char-
treuse, affecté aiijonnrbiii à un hôpital, offre un mo-
dèle d'architecture gothique. — On remarque encore
à Villelranche le collège; la bibliothèque, contenant
7000 vol., les promenades et h: cabinet de physique.
De nombreuses forges de cuivre rouge sont éta-
blies dans les environs; on y fabrique divers ouvra-
ges en cuivre jaune. La population urbaine et rurale
se livre à la fabrication de toiles grises et de toiles
d'emballage. Le commerce consiste en céréales, vins,
toiles, quincailleiieel chaudronnerie. Yillefranche a
vu naître plusieirs personnages distingués, entre au-
tres le maréchal de Be.le-Isle et le docteur Aibetl,
qui lut un des médecins de Louis XVlll et de Char-
les X.
1 Villelranche dans le diocèse d'Agen, arrond. et
à 22 kil. sud de Marmande, dépl. de Lot-et-Garonne.
Cette ville compte prés de 3000 habitants.
I Villelranche dans le diocèse d'Alby , chef-lieu
de canton de l'arrond. de celte ville, dépt. du Tarn.
Ce bourg est à 16 kil. est-sud-esl d'Alby ; il exploite
une raine de fer très-riche. La population est de 900
habitants.
I Villefranche dans le diocèse de Sens, dépt. de
l'Yonne. Ce bourg est de l'airond. et à 12 kil. ouest-
sud-ouest de Joigny; il a une source d'eau minérale.
La population est de 960 habitants.
I Villefranche-de-Belvez, dans le diocèse de Pé-
rigueux, dépl. de la Dordogne. C'est un chef-1 en de
canton de l'arrond. de Sarlal, qui est éloigné Je celte
Ville de 52 kil. sud-sud-ouest. La population s'élève
à 1620 habitants.
I Villefranche-de-Louebapt, dans le diocèse de
Périgueux, dépt. de la Dordogne. C'est un chef-lieu
de canton de l'arrond. de Bergerac, à 38 kil. ouest-
nord-ouest de cette ville. On y compte 9G0 ha-
bitants.
1 Villafranca, ou Villefranche, dans le diocèse et
à 5 kil. nord-nord-esl de Nice, dans les Etats-Sar-
des. — Cette ville a un port de mer qui est défendu
par deux châteaux, et une des plus belles rades de
l'Europe, où cent vaisseaux de ligne pourraient mouil-
ler facilement. La population est de 5000 habitants
environ. Lat. N. 43' 40' 20". Long. E. 4° 39' 13".
I Villefranche de Piémont, ou Villafranca di
Piamonie, du diocèse de Pignerol, à 18 kil. est-sud-
esl de celle ville dans les Etats-Sardes. — Villefran-
che est située sur la rive gauche du Pô, dans une
contrée fertile ; elle a deux paroisses et quatre cou-
venis, avec une population de C700 habitants.
1 Villalfanca, du diocèse de Vérone, à 16 kil.
sud-ouest de cette ville, dans la Yénétie (Italie su-
périeure oiientale ). Elle est située sur la rivière de
T.irtaro; elle compte une population de 5830 habi-
tants.
I Villafranca, ville du diocèse de Girgenti, en Si-
cile. Elle est à 20 kil. ouest de Bivona. Il y a 3000
hahitanfi.
{ Villafranca, dans le diocèse de Tudela en Espa-
gne, à 20 kil. nord-nord-ouest de cette ville. Elle
portail autrefois le nom d'Alasvés, q l'elle a conservé
jusqti'au règne de Sanche le Fort. Elle prit à cette
époque le nom de Villafranca à rause des franchises
qui lui furent accordées. Celte ville est située sur un
terrain uni, prés de la rive gauche de l'Elire, au
milieu de la campagne la plus belle et la plus fi-rtile
de toute la Navarre, que baignent les rivières d'Ara-
gon et d'Arga, et qui fournil toutes les productions
du pays à Pampelune et à une partie de la montagne.
C'est dans celte plaine, et sur la rive droite de l'Arga,
que se trouve Peralta, où il se fait un grand com-
merce des vins fameux connus sous le nom de vins
de Peralta.
Les habitants de Villafranca se livrent à la vente
des vins vieux appelés llancio et Tieto.
I Villafranca, ancienne ville du diocèse d'Angra.
Elle est située sur la côte méridionale de l'île Saint-
Michel, l'une des Açores, qui appartiennent au Por-
tugal. Renversée par le lerrible tremblement de
terre de 1591, qui bouleversa les Açores, elle a été
rebâtie ; mais sa population est restée au-dessous de
ce qu'elle était, puisqu'elle n'a pu s'élever encore
qu'à 2400 habitants. — Villafranca a un petit port
nommé llheo, formé par une ouvertuie dms une île
volcanique, où quatre vais-eaux peuvent se trouver
en sûreté. La ville a une église ; elle avait trois
couvents avant la suppression des ordres reli-
gieux.
GEOGRAPHIE DES LEGENDES Ali MOYEN AGE.
990
I Villafranca de Jim, dans le diocèse de Lisbon-
ne, province de l'Estraniadure poiiugaise. Celle
ville, d'après la tradition, fut peuplée en 1160 par
les Anglais qui servaient comme troupes auxiliaires
dans Tarméedu roi Alphonse Henriquez, quand il
s'empara de Lisbunne. Ils lui donnèrent le non) de
Cornualla, en mémoire de leur patrie , le comté de
Cornouailles. On élève à Villafranca beaucoup de
chevaux qui paissent dans les prairies toujours ver-
tes desLieirias, peiiles îles du Tage. Villafranca a une
paroisse et une maison de charité ; elle est éloignée
de Lisbonne de 28 kil. au noid-nord-est. La popu-
lation est de 51Ô0 habitants.
I Villafranca de las Mai ismas, bourg du diocèse
de Séville (E^pag^c), à 28 kil. de cette vile. On y
voit à côté sur une cmiuence un palais d'un haut
si>le d'architecture. Celle petite ville avait le titre
de marquisat. La maison qui le portait étant éieinie,
le roi Ferdinand VU l'avait accordé, on ne sait trop
})ourquui, au banquier Aguado, célèbre d.uis l'Iiis-
tuiie cunteinporaine par sa niagninque galerie de ta-
bleaux de l'école espagnole, et plus encore par son
inlerveniioii niallieureuse dans les finances de l'Es-
pagne.
I Villafranca de las Abujas, dans le diocè>e et
à 18 kil. nord-est de Cordoue (Espagne). — Cette
ville est située dans une plaine fertile, auprès du
Guadal(|uivir, entre (e fleuve et un de ses affluents,
le Guaduliiiellalu. C'était une cité romaine, on y
trouve des inscriptions et des restes d'aiiii<|uiiés qui
l'attestoni. Elle a une paroisse et un hôpital. La pu-
pulaiinn est de 459.) hubiianis. On élève dans les en-
virons beaucoup de bestiaux.
I Villafranca de la S'erra, dans le diocèse et à M
kil. ouest d'Avila (Espagne). — Ce bourg repose au
pied d'une sierra (montagne), cl près de la rivière
Corneja. On y tinnve quelques fabriqui s de tuiles,
parce qu'on cultive le chanvre dans les enviions. La
population est de 1590 habitants.
I Villafranca d'el Vierzo, dans le diocèse d'As-
lorga (Espagiii). — Ce bourg est à 16 kil. ouest-
liord-ouest de Punferrada, au confluent des rivières
de Valcarce et de Curbla, qui s»; jettent dans la Sil.
Il a le litre de inar(|uisai. Ou y voit un ancien palais
et un château qui le dominent. Avant la uppressiun
des ordres religieux, Villafranca possédait un tribu-
nal ecclésiastiiiue, quatre couvents ei une église
collégiale. H lui reste trois paroisses et un hôpital.
Les environs produisent un vin médiocre, des fruits
de t'iuie espèce, des châtaignes qui servent de nour-
riture aux habitants, et le succin en abondance. — •
Avant d'arriver à Villafranca, sur la route de Ma-
drid, on rencontre le village de Manzanur habité par
les maragatas, ainsi que quelques autres villages de
la contrée, qui est presque stérile. Ces maragaïas
BOnl muletiers de profession, et passent pour les plus
edèles conducteurs de l'Espagne; ils ont des allures
et des habitudes particulières. — Villafranca est la
patrie de Martin Sarrnietiio, savanl bénédictin, éeri-
vain d'un goût pur et éclairé.
I Villafranca d'el Cid,dans lediocèse de Ségorbe,
à 28 kil. sud-ouest de Morella, est bâtie sur un ter-
rain moniueux où abonde le succin. Les babiianls
fabriquent quelques toiles et du savon : ils sont en-
viron 2000.
I Villafranca de los Caballeros, dans le diocèse de
Tolède (Espagne). —A 12 kil. ouest-nord -ouest
d'Alcazar de San-Juan, celte ville s'élève sur la rive
droile de la Giguela, affluent de la Guadiana, au
milieu d'une plaine dont le sol est nitreux, et les
pâturages excellents. On y fabrique du salpêtre et
de la poudre. La population est de 5000 habitants
environ.
I Villafranca de Monlès de Dca, dans le diocèse
et à 28 kil. est de Durgos (Espagne). — Ce bourg,
où l'un rencontre diverses antiquités romaines, a élé
bàii sur les ruines de l'ancienne Anca, ville épisco-
pale de la province Tarragonaise, dans l'exarchat
des E^^lagnes. L'évèehé datait du v* siècle; il fut
réuni 5 celui de Durgos en 1075. L'église cathédrale
était sous l'invncaiion de la sainte Vierge ; c'est pour
cela qu'apiès la chute de l'empire romain la ville prit
le nom de Nostra Signora d'Oca, qu'elle conserva
jusqu'à la fin du xf^ siècle , époque à laquelle on
commença à la désigner par celui qu'elle porte ac-
tuellemeiil. On y voit une belle église, mais qui a
élé hàiie depuis le transfert de l'évêché, et un hôpi-
tal fondé et doié par la reine Jeanne, petite fille du
roi Alonzi), pour y recevoir les malades et les pèle-
rins qui passent en allant à Saint-Jacques de Com-
postelle. On y file le lin , le chanvre et la laine,
et l'on y f.ibrique des toiles et des ctofl'es de laine
cnniniunes. Les habitants, au nombre de 900, élè-
Teni aussi beaucoup de volailles, et exploitent les
bois des montagnes voisines qu'ils expédient à Bri-
vicsca.
I Villafranca de Panades, l'ancienne Antisliana,
dans le diocèse de Tarragone (Espagne). — Cette
ville, entre Tarragone et l'embouchure du Llobre-
gat, a élé comme posée entre deux nioniagnes, qui
sont si rapprochées l'une de l'aiiire, qu'elles sem-
blent se toucher. On récolle sur son terroir des rai-
sins fort estimés. Elle a des tanneries, et les habi-
tants se livrent à la fabrication de l'eau-de-vie. Il y
avait un couvent qui n'est plus habile. Pierre Caman
nés, médecin, qui a composé un commentaire sur
Galien, y est né.
Villafranca est à 40 kil. ouest de Barcelone. On y
compte environ 5000 iines.
Villa Nova ad Caslellum, la Villeneuve-au-Chàtelot,
dans le diocèse de Troyes, arrond. et à 12 kil. de
Nogent-sur-Seine, dépl. de l'Aube. — Ce village est
situé au nord de la belle prairie de Pont, près d'un
ancien chemin appelé le chemin des Romains, qui
conduit à Ponl-sur-Seine. La population est de 280
babit:inis.
'fout porte à croire que Villeneuve était jadis une
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLKSIASTIQUE.
091
ville assez ronsidémble, ruinée par les giieires civi-
les. Kn 1175, Henri, coiiile <le Trfiyes, lui accorda
une cliarlo Je roimimne, que nous croyons devoir
rapporter: « Moi Henri, conilc de Troyi's, f.iis s.ivoir
à imispiésiMiiseï à venir, que j'ai éi:ilili les coutumes
ci-dessous énoncées pour les liabilnnls de ma Ville-
Neuve (|iiès Poni-siir-Seine), enirc les chaussées des
ponts de faany. Tonl lioinme dimenranl dans la-
dite ville payera, chaque année, dnuze deniers et
une mine iravoiiie pnnr prix do son domicile; et s'il
veut avoir une poriinn de (erre ou de pré, il donnera
par arpent quatre deniers de renie. Les niaisoni;, vi-
gnes et prés piinrronlê re vendus ou aliénés à la vo-
lonlé de l'acquéreur. Les hnnuiies résidanl dans la-
dite ville n'iront ni à l'osl, ni à ;iucune clievau-
cliée (I), si je ne suis moi-même à leur lèie. Je liur
accorde, en outre, le droit d'avoir six éclievins qui
administrent les affaiies cuniinuiies de la ville, et
assisteront mon piévôt dans ses plaids. J'ai arrêté
que nul seigneur, chevalier ou autre, ne pourroit ti-
rer hors do ladite ville aucuns des nouveaux habi-
tants, pour quelque raison que ce fùi, à moins que
ce dernier ne fût son homme de co'ps , ou n'eût un
arriéré de taille à lui payer. Fait à Provins, l'iin de
rmcarnation 1175. » Crtte charte se neuve dans le
lonie VI du Recueil des ordonnances des rois de
Franic.
Villa JVoi'fl Bergana, Villeneuve dc-l!crg. C'est une
petite ville du diocèse de Viviers, chef-lieu de can-
ton de l'anond. et à 2C kd. sinl-sud-ouest de l'rivas,
dépl.de l'Ardéclie; elle est sur l'Aide, et est la patrie
de l'ihbé Barrui I. Mé le 2 octobre 1711, Augustin Har-
ruel ht ses étude> chez les Jéuites et eiilia dans leur
société. A la suppression de l'ordre, il se relira en
Aiitiiclie, Cl parcouiut ensuite une partie de l'Eu-
rope. En 1784, il publia son livre intitulé : Les Ilel-
viennes ou Litlris i^ruvincinles jJiilusupliiqiies. De ses
divers ouvrages, c'est le plus estimé. De 178S à 1792,
il travailla au Journal ecclési .siiqiie. Il se réfugia en-
suite, à l'époque des troubles révolutioini:iiies, en
Angleterre, où il pnlilia son lli.'<lt)ire du clergé pen-
daiil la rétoliitwii, l'Iiis taid, il écrivit ses ilémoires
pour servir à l'histoire du jacobinisme. Il y a de l'exa-
gération dans telivie, et beaucoup trop d'idées sysié-
matii|iies. Rentré en France eu liSOi, l'ablié Darruel
défendit le ciuiiordal de 1801 dans un ouvrage inti-
tulé : Du Pape et de ses droits religieux à l'occasion
du concordat. L'abbé Bairiiel mourut dans le Viva-
rais, eu 18-0, .à 80 ans, lai siml la réputaiinn d'un
ecclésiasli(pie aussi zélé qu'instruit. — Villeueuve-
de-Iîerg esl aussi la piUiie d'Olivier d.- Serres, qui a
rendu de grands seivces à l'iigùcullure. Un lui a
élevé un ninnuuient devant la niai on qu'il oc njiait.
— Lors des guerres de r.ligion, celte | ctiie ville eiil
beaucoup à sonllrir. Klle était, .i cette é(ioque, en
possession d'un pèlerinage qui cessa peii à peu par la
crainte que les pèlerins avaient des protestants.
Villa ISvxia, Villenauxe-la Grande. Cette peiiie
(1) Armée et campagne de guerre.
902
vii;e du diocèse de Troyes, chef-lien de canton de
l'arrnnJ. et à 16 kl. de Nogenl-sur-Seine, dépi. de
l'Aube, compte 2900 habitants, li'après une vieille
clironiciue, sa fondation remonte au coinuiencenicnt
du règne de Pliilippe-Angusie (1 180). l.e plus ancien
titre qui en fasse mention est une cliarte de l'abbaye
de Nesle-la-Ueposte, de 1212. On irésuine qu'après
la destruction de Nesie, les hahiianis de cette ville,
qui di'puis longtemps n'est p'us (pi'un i hélif village,
dispersés par le- guéries, vinrent se rél'ugi r sur les
terres qu'ds possédaient auprès du monastère de
NesIe et du prieuré des Augustins. Ils bâtirent d'a-
bord Dival, anjoitrd'h'ii faubourg de Villen.iusc,
mais qui lortni longtemps une commune séparée, et
avait encore en InOS son maire et ses éche^ins par-
ticulitTs, et à mesure (pi'ils desséchaient la prair'e
sur laquelle ils bàiissaieni, ils construisirent Ville-
nauxe. — Cette ville est située à l'ostrémité nord-
ouest du dépariemenl, prés des confins de ceux de
la Marne et de Seinc-it M:irne, stir une assez bonne
route, qui conduit de Mézières à Orléans, par Reims
et Sézanne. Le ruisseau de la Naiixe la traverse du
nord au sud. Llle est beaucoup plus longue que
large, et était autrefois fermée de murs, construits
en i557, et entourée de fossés : <m y entrait par
quatie porte-. Tous les murs ont été détruits, et une
partie des remparts plantés de deux rangs de til-
leuls, qui formeront par la suite une .jolie pnmie»
nadt". Le centre de la ville est bien hàti, bien percé,
el s'embellit tous les j inrs ; le reste, et surtout Di-
val, est mal construit, mal percé et d'un aspect peu
agréable.
■Villenauy.e posséilait avant 1780 une abbaye de
Bénédictins de la congrégatinn de Saiut-Vanues ,
connue sous le nom d'abbaye de Nesle. Cette ab-
baye fut fondée en o'Jl, à Nesle-la-Reposie, diocèse
de Châlons-sur-Marne , suivant les légendaires ,
par Clovis I^', à la sollicitation de Cloiilde, s)n
épouse ; elle consistait priniilivemenl en deux mo-
nastères, l'un pour des leligieux et l'autre pour des
religieuses. Les religieux se livraient à l'enseiaine-
ment, et plusieurs hommes distingués y étudièrent
avec succès dans le vii« siècle. Les caviuisies pillè-
rent r.ihbaye et ruinèrent l'église vers le xvi' siècle:
on en répjia une partie ; mais, eu 1C70, l'insaliiln iié
de sa situation au milieu des ni' rais qui l'euvirou-
naietit de tontes parts, la hiiraoslérer à Mllenause,
où elle conserva le nom d'abbaye de Neslc-li fte-
posle. Le iiortail, qui éiait le moiceau le plus
piéeieux Cl le plus vénéralde pnr S'Ui antiquité, y lut
trau^poité. L'église et l'abbaye de N'esie ont été dé-
truites lors de notie prem ère révolution. Les ruines
n'offient | lus .|ue les testes d'une tour cariée, sup-
portée p.ir quatre arcades, dmil la constructiim a
environ treize siècles d'existence. La maison abba-
tiale, qui subsiste encore, n'est remarquab'e que par
son antiquité. — Avant la révolution il y avait ;«
Villenauxe un fort beau château, dont le parc Ion-
993
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
994
geaii la route ile Nogent. Le chàuau a été dciniii,
ei le parc divisé entre plusieurs acquéreurs. — L'é-
glise paroissiale de ViUeiiauxe est snus le vocable de
saint Pierre et de saini Piiul. La tradition, d'accord
avec une ancienne chronii|ue, en fait remonter la
fondaliun à l'année 1482; mais rinaiiguralio.'! n'eut
lieu qu'en 1499. Le v.iisseau est reuiarqualjJe par sa
grandeur et par sa Ijeauic; il est surmonté par un
clocher dont on admire la légèreié; les vitraux sont
beaux et dans un assez bel état de conservaiiciu ; ils
datent du coinmencement du wa" siccle, c'est-à-dire
de la période la plus brillante de la peinture sur
verre en France. L'église de Dival est, dit-on, plus
ancienne de deux siècles que l'église paroissiale ; elle
ii'a rien de remarquable. Outre ces deux églises,
Villenauxe possède trois petites chapelles, désignées
sous les noms de la Trinité, de Notre- Daiue du Lo-
retie et du Cimetière.
En 1652, un corps de Lorrains, fort de 14 à
l.S.UOO lionimes, tenta sans succès de s'emparer de
Villenauxe, qui fut défendu avec courage par les ha-
bitants. Le 9 février 1814, Napoléon passa à Ville-
nauxe sur les deux heures api è^-midl, allant avec
10,000 hommes, combattre et vaincre à Cliamp-Au-
bert, une colonne russe, torte de (0,000 hommes,
comiiiaudés par le général Alsufief. Le 8 mars de la
mènie année, Villenauxe lut pdlé pendant huit jours
par l'armée russe.
En 1S16, les habitants de Villenauxe, incommodés
depuis plusieurs années par des petits scarabées, ap-
pelés ubéricots, urebecs, «u hurebers, qui rava-
geaient principalement leurs vignes et celles des
lieux voisins, portèrent plaiuie contre ces insi'Ctes
par-di'vant le juge ecclésiastique, et provoquèrent la
célèbre sentence rapportée par Grosley dans ses
Epliémérides. — Les habitants s'occupent de v.uiiie-
rie. Il y a des tantieries et des mégisseries. On
conimerce aussi sur les vins.
Villa Othica, Oliiis, paroisse du diocèse et de l'ar-
roiid. de Meaux, canton de Dammattin, dépi. de
Seine-e;-Marne. Ce village e>l situé au pied des
collines sur lesquelles est assise la ville de Daminar-
lin, dans une plaine, à l'entrée d'un vallon où coin-
nience un petit ruis-eau qui coule au noidet qui,
entrant imméiliaieinent dans le dépt. de l'Oise, tra-
verse la foret d'Ermenonville, pour se joindre à la
Nouette. — Oïliis est, comme on le voit, la dernière
commune du département sur ce point. Son terri-
toire est limitrophe au département de l'Oise; aussi
éiaii-il autrefois du diocèse, de I élection, delà sub-
délégaiion et du grenier à sel de Senlis, dont il est
à peine éloigné de cini] à six lieues. Le chapitre de
Senlis était aussi collateur de la cure, et l'église a
été bàiie, ainsi que le constate une inscription dé-
gradée que l'on voit sous le portail, en 1553.
Un quart de la population seulement habile le villa-
ge : le reste est réparti entie plusieurs écarts; ce
sont : 1* Beauiiré, ancien château, au nord-ouest
d'Otbis, près le bois de Saiui-Ladre. 2° Gaineourt
ou Goinconri, ferme h côté de Beau]'ré. 5° i;e:iu-
niarchais, hameau au no: d du buis de Saint-Ladre
et sur les conliiis du la forêl d'Ermenonville (Seine-
eiOise). Entre Beaupré, Guincourt, et lieaiimar-
chais, était une petite chapelle sous rinvocaùoii de
Saiiit-Eiisiache. 4° Sur un pi iteau plus au nord-
ouest, bordé par les buis dits de l'Eglise U la furet
de Danimarlin, est la ferme de Saint-Laurent,
où il y avilit une ancienne ch:ipeile. h' Sa iii-Ladre
ou Saint-Lazare, à l'ouest d'Olhis, ancienne ma-
l.drei le aclOLlIemenl iraii.^fuiinée en leiiuf. ^j'^ Tout
auprès, la Tuilerie et le hameau de la Caveiie ou
Cahuetle. 7° Sur une petite éminenct; nommée
Mnnt-Crépin, uii moulin, qui était jadis une ferme.
S' On voit encore les ruines d'une feime dite de
Siiiite-Opportune. Ce nom lui vient probablumeut
d'une chapelle qui en dépendait et qui était suus
l'invocalitin de cette sainte.
Le territoire de cette commune est en terres la-
bourables et en bois; il s'y trouve des carrières à
plâtre. Si population totale est de 430 habitants.
Elle est à 2 kil. nord de Dammartiii, à 25 kil.
nord-ouest de Meaux , et à 12 kil. nord-est de
lle'iin.
Villare Ilamberli , Saint- P.amherl', paroisse du
diocèse de Lyon, à 3 kil. de ci'tte vile, sur la rive
droite de la Saône. Popul. COO habit. — L'hi>torien
le Laboureur prétend que Saint- Umibert occupe
l'emplacement d'une ancienne villo , appelée Occia-
ciim. Une pierre tuinulaire, qui forme le bassin d'une
foiitiiine près de l'église, porte une inscription ro-
ma ne dont voici la traduction : i Aux dieux mâiies
et au repos éternel d'Aulinus Aiitonius, vétéran de
la 3o^ légion, et de Tiiia son épouse; ils ont fait
élever ce lombeai de leur viani, pour eux et leurs
descendants, et font dédié sous l'Ascia. i La petite
ville d'Occiaciim prit ensuite le nom de Saint llam-
bert, après la translation de ce saint, dont l'histoire
a é.é trouvée dans les manuscrits de l'ile Barbe,
publiée par le Laboureur. L'égli-e de cette paroisse,
l'une des pins anciennes des Gaules lut fondée par
les religieux de l'île Barbe, dédiée à saint Kléazar, et
ensuite à saint Rambert, sur la fin du xii* siècle.
L'aicliiieciure du portail conserve les traces d'une
haute antiquité; elle a beaucoup de ressemblaice
avec celle du temps de Charlemagne, dont on voit
encore des r sles à Lyon. Près de Saini-Bamlicrt sa
trouve la belle manufacture d'étoffes appelée la
Sauvagère.
Il y a dans le diocèse de Belley. une petite ville
connue sous le nom de Sainl-Ramhert-de-Jouy. Au
commencement du moyen âge , dans un vallon res-
serré entre deux montagnes fort é'evées, au pied dii
mont .lura, sir la rive droite de l'Albarine, on aper-
cevait une petite chapelle dédiée à saint Rainbert.
La tradition voulait que ce saint y eût passé un cer-
tain temps en prières et en contemplation. On venait
en pèlerinage à coite chapelle des pays voisins et
même d'assez loin. Ce concours de peuple inspira
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
996
Tiilée de bâiir ini monastère dans celle soliiiide. La
miidesîe cliai'elle vii donc s'élever à côié d'elle une
abhaye de IVrdre deS.<int-Beiii'it, île la congrégation
de Cliir.y. laqnel'e à son tour, donna lien h la fon-
dation d'nn village qni, dans lasuile, est devenu
une ville. Le dnc de Savoie était seigi;enr kI baron
deSaint-Uauiberi. Snr Tniie des deux niOMlaj;neà, il
y avait antref.iis un cbàleau qui cninniand.iit la ville
et l'abbaye. Le luarcdul de Biron le fit raser, après
le traité de Lyon de 16J1.— S.iinl-Raniberl-ile-Jouy
est actuellenicnl un i.bef-lieu de canion de l'inond.
et à 28 kil. nord-ouest de Belley, déparieuient de
l'Ain ; il a inie filaiure de soie, des fabriques de lai-
nage et des nianufaciuresde toiles communes, dites
de Saiiit-Ramberl, qui occupent les popidalinns des
montagnes voisines. On compte à Saint-Rambert
S,6U0 habitants.
On trouve dans le diocèse de Lyon une autre pe-
tite Tille du nom de Saini-Ranibert. Cette localité
possédait, dil-on, des reliques du saint : ce qui fait
qu'elle en a pris le nom dans la première partie du
moyen âge. Saint-Ranibert-snr-Loire est situé sar la
rive gauche de la Loire, qui y est navigable. C'est
un chef-lieu de canton de l'arrond. de Monibrison,
à 18 kil. sud-est de cette ville, dép^irt. de la Loire ,
qui possède un entrepôt des vins du Forez et du
Beaujolais. Ses environs sont riches en forges et
hauts-fourneaux. La population est de 2,900 babiu
Vi7/w/a Chiroliensis , Chiroubles , paroisse du
diocèse de Lyon, à i kil. de Beaiijeu , départ, du
Rhône , avec 705 habitants. — L'église de cette
commune, qui est dédiée à saint Roch, fut construite
par Antoine Blondel, h.ibitant du lieu, à une époque
où la peste exerçait de grands ravages. Le procès-
verbal de sa fondation rapporte que le jour où l'on
commença à la bâtir, la peste cessa dans la paroisse,
et que les pestiférés, se trouvant guéris, vinrent se
joindre aux ouvriers qui y travaillaient. L'air de
Chiroubles est extrêmement vif et pur : on y voit
assez communément des centenaires sans aucune
infirmité. Le sol produit de très-bons vins et d'ex-
cellents navets , renommés dans tout le pays , et
notamment à Lyon.
Viniiacum, Neuville-sur-Saône, autrefois Vimy,
petite ville du diocèse de Lyon, à 12 kil. de celte
ville, avec 2000 habitants. Elle est située dans une
position raviss.inte, sur !a Saôue, qu'on y traverse sur
un beau pont suspendu. — Vimy n'était d'abord
qu'un village; en devenant une petite ville il prit le
nom de Neuville; c'était la capitale du Fr:inc-Lyon-
n»is; elle faisait partie du diocèse de Lyon et dépen-
dait de rile-Barbt-. Le Franc-Lyonnais était une
pe;ite contrée située aux portes de Lyon , sur la rive
gauche de la Saône. Elle conserva celte dénomina-
ti<in jusqu'au moment de la révolution. Les liabitanis
éiaieiit exempts des gabelles, des droits d'aides , de
la milice, de la taille et de tous les autres impôts
qui élaioni perçus dans le royaume, ils jouissaient
encurc de plusieurs autres privilèges et immunités.
Ce pays, administré comme ime république, offrait un
phém.niène étonnant au miUini des insiitnlions mo-
narchiques d'alors. En JGGG, les haronnies de Vimy,
Moiitaiicé, Lignières, la terre d'Onibreval, les fiefs de
Monijoly, etc., furent réunis et érigés en marquisat
en faveur de Camille rie Neuville de Villeroi, qui,
treille ans après la mon de saint Français de Sales,
vint ocmiper le siège é;li^cop;^l de Ly n en 1 '53. Ce
prélJt, dont le frère était gouverneur de Lyon, éta-
blit à Neuville des moulins à grains et à orgaiisiner la
soie, des usines et des fabriques de toute espèie : la
soie seule occupait plus de cent ouvriers. C'esi aussi
à lui que l'on doit la fontaine et la belle église de
Neuville.
Neuville possède des eaux minér.iles ferrugineuses
qui ont beaucoup d'analogie avec celles de Charbon-
nières. C'est dans la plaine qui s'étend au nord-est
de cette ville , dans les environs du domiine dû
Mont-Triblueux (nions Terribilis), que se donna la
fameuse bataille qui décida du sort de l'empire ro-
main, entre Septinie-Sévére et son compétiteur .Albin.
Des vestiges d'armures, de nombreux ossements hu-
mains el des médailles romaines de cette époque at-
testent cette assertion.
Neuville se livre à la fabrication du velours el
d'autres étoffes de soie. On y voit des blanchisseries
et un laminoir pnur le plomb.
Viremacum, Yillemaure, paroisse du diocèse et da
l'arrond. de Troyes, à 30 kil. de cetie ville, dépt.
de l'Aube. Ce bourg, siiué sur la rivière de la Vannes
qui le divise en deux parties, a 751 habitants. — Des
écrivains ont prétendu que Ville naiire dovait sa fon-
dation à des Maures ou Sarrasins qui y pénétrèrent
autrefois, ou à un officier nommé Maur, qui aurait
été gratifié de cette terre, en ?>6\, par l'empereur
Julien : mais ces conjectures ne reposent^sur aucun
fondement historique. Suivant Chlore de la Cliar-
mette, qui a fait l'hisioire de ce bourg, en deux vo-
lumes in-folio, il a éié beaucoup plus considérable
qu'aujourd'hui, et a porié le litre de ville, dout il pa-
raît avoir eu l'importance : des restes de remparts
qui servent actuellement de clôture au jardin du
presbytère, et les noms de quartier de la ville et de
faubourg Saint-Honoré, conservés par certaines par-
ties de la commune, confirment ce témoignage de
l'iiistoire et de la iradiiion. Villemaure a été plu-
sieurs fois ravagé et incendié, et a beaiiciup souffert
dans le xiii' et le xiv« siècle, lors de l'occupaiion
des Anglais. Un incendie désastreux y éclata en fl'ib ;
l'éslise fut alors consumée. Un autre eut lieu eu
1564. En 1588, la Ligue y tenait garnison : pris en
1504, il fut livré au feu el au pillage. D'anciens ti-
tres apprennent qu'il y eut à Villemaure un chapitre,
une maladrerie, el un Hôtel-Dieu qui devnl l.i proie
des fiammes en 1594. — Suivant les vieilles légen-
des, le corps de saint Flavil, qui avait éié inliumé
dans un ermitage construit pour li:i, près de la
source de l'Ardusson, alors nppeée source de CAbon-
dancc, fut transféré au comiuencement du vn« siè-
997
r.riOGR.VPIlIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE,
rip, au cliDieaii de YiHemaure, où les seigneurs lui
bâtirent une église.
La cliàiellen e île YiHemaure était une des plus
iraporianies des environs de Troyes. Sa mouvance
s'éiciidait sur plusieurs fiefs voisins. Elle eut dis
seit;neurs de distinction que l'iiisiorien de YiHemaure
divisri en sis races. le plus .-incien connues! Manas-
tès de; YiHemaure, vivant en 1115. Dans le xiu« siè-
cle to'.te cliàtellenie appartenait aux comtes de
Champagne. Après plusieurs niulalions, elle fut ac-
quise, en 1647, par le chancelier Pierre Seguier, en
n.ême temps que le château d'Esiissac et plusieurs
terres des environs. En I6S8 elle fui érigée en du-
ché-pairie.
Le bourg de YiHemaure est généralemenl bien
bâii; la plupart des maisons sont couvertes en tuiles,
et offrent à l'intérieur une propreté et un air d'ai-
sance qu'on n'est pas haliitué à rencontrer dans les
villages de la Champagne. On remarque dans l'église
un très-beau jubé en bois, représentant les princi-
paux événements de la vie de Jésus-Christ.
Vudami, les Votiaks. Ce peuple a conservé, en
partie, par tradition de ses pères, ridnlâlrie que la
race finnoise à laquelle il appartient pratiquait dans
le nord de l'Europe, et que le christianisme est par-
venu à déiruire, après des travaux opiniâtres et
difficiles. Ce genre d'idolâtrie avait un caractère de
barbarie mystérieuse qu'il empruntait sans d.iuie de
rincléinence du climat. Ceux qui sont chrétiens ont
conservé plusieurs pratiques païennes, ce nui fait un
christianisme défiguré et bizarre. Les Yotlaks habi-
tent en grande partie les gouvernements d'Orenbourg
et de Yiaika, dans la Russie d'Europe. Les Tarlares
leurdonnenile nomdMrty ils s'appellent eux-mêmes
Oud ou Ourft/ et Mord, c'est-à-dire hommes, ou
à'Oudmord , peu mélangés d'autres peuples. Leur
langage continue d'être un pur dialecte finnois. Ils
conservent encore leur ancienne distribution par tri-
bus, et donnent en conséquence des noms addition-
nels ii leurs villages. Leur nombre est assez consi-
dérable : dans le gouvernement d'Orenbourg ils
sont environ 1d,OuO mâles, el 30,000 dans celui de
Yiaika. La plupart sonl baptisés ; il y en a cependant
encore qui sont païens. Ils ont beaucoup de traits
caractéristiques qui les distinguent parfaitement des
Tchéiémisses. ainsi que des autres Finnois. Ils sont
plus vifs, plus gais, moins entêtés, mais en revanche
très-ivrognes. Le sexe même ne le cède point en cela
aux hommes. Il y a parmi eux très-peu d'hommes
giands, bien f.iiis et robustes. Les femmes suriout
sont petites et point jolies. L'on ne voit chez aucun
peuple autant de ronges ardents que chez les Votiaks;
il y en a cependant qui ont des cheveux bruns ,
d'auires des clieveux noirs, néanmoins la plupart
sont cliàiains ; mais ils oni en génénl la bai be rous«e :
ils sont aussi moins sale«s que les Morduaiis et les
Fmoois. y ,ani à la propr.'té dans le ménnije et dans
les liahus, iisn.' leeèa.Mit enrieii aux Tcliéréiuisses :
rien de plus dégoûtant que leur va sselle et leurs
mets. Leurs boissons spiriiueusi's ne sonl guère plus
agréables, quoiqu'ils n'y épargnent ni mail ni miel.
Il n'y a point de pays dans tnuie la Ku sie, où les
fewmes ponent une coiffure plus singuliè-einent
arrangée el plus laide que chez ces tribus : leur bon-
net forme un demi-cylindre. Les Voilaks sont
d'assez habiles cuUivateu s; ils payent leur rede-
vance à la couronne comme les paysans russes.
141,000 hab.
Yutp'mm Inmlœ, Alénules, Aleuiiennes, ou îles
des Uenards. — Ces îles, siir.ces dans le Grand
Océan boréal, à l'est du Kamtchatka, vers les côtes de
l'Amérique russe, dont elles font partie, s'éiendent
de la pointe sud-ouest de la presqu'île d'Alashka,
par 194" 11' jusqu'à 169° 10' de lon^^itude est,
entre fil" 40' et S5° de latitude nord. Cei archipel
forme une espèce de chaîne qui se prolonge en ligne
courbe. Elles lurent découvertes la plupart d.ms le
dernxr siècle, tant pendant les voyages entrepris par
les onlrcs du gouvernement russe que par divers par-
liculers qui faisaient le commerce de fourrures.
Behring et Tchirikof commencèrent en 1711 ; Bil-
lings el S iryiclief, dans leurs voyages depuis 1795
jusqu'en 17:15, achevèrent les découvertes de toutes
les îles qu'on connaît à présent. — Les îles Aléoutes
se ressemblent presque louies par leur Jeecriptlon
lopograpbique et physique; généralement remplies
de rochers , elles .s'élèvent considérablement vers
leur centre; leurs bords sonl entourés de bas-fonds
et de rochers cachés s-ous l'eau, ce qui y rend la na-
vigation très-dangereuse; on y trouve un grand
nombre de ruisseaux cl de lacs, dont la plupart mao-
quent de poisson. L'hiver y est beaucoup plus doux
qu'en Sibérie. La neige ne commence guère à
tomber avant le mois de janvier, et elle couvre I»
terre jusqu'à la fin de mars. Il y a des volcans dans
quelques-unes de ces îles, dont plusieurs renferment
du soufre, et d'autres des sources d'eau chaude où
l'on peut cuire de la viande el des liqueurs : elles
sonl en général passablement peuplées relativement
à leur étendue. Les insulaires habitent sous terre
hiver et été; ils sonl d'une taille moyenne, et jouis-
sent de leur liberté moyennant un petit tribut en
fourrures qu'ils payent à la Russie; encore n'est-il
pas général pour toutes ces îles, car il y en a plu-
sieurs dont les habitants sont entièrement libres. —
Les idées religieuses y consistent dans la sorcellerie
et la magie, et quelques insulaires, qui passent
pour magiciens dans l'esprit des autres, se mê-
lent de prédire l'avenir et de deviner le passé. Les
enfants n'y ont nul respect pour leurs parents et les
vieillards. Les indigènes se piquent entre eux
de constance et de fidélité, sont d'une humcnr gaie
et enjouée, mais sujets à la colère; du reste, inca-
pables de meltre la moindre ilitinciion entre le bien
et le mal, ils se livrent sans honte à toutes les actions
que la bienséance défend. Les enfants ont coninme
de se ba gner dans la nier, ce qui doit, dans l'i pini n
de letir» parents, les rendre courageux el adroit* à
999 DICTIONNAIIIE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 1000
la pêclie. lis se nourrisseiii delacliair eldel.i graisse vient de voir, nvec celle différence que dans c. Iles-ci
des aiiiinanx iiiuriiis, de poissons de mer, ainsi que les l.oiiimes sont cduveris.d'un masque de liciis peint
de lonles snries de racines et de b:iies; un mais de luuies sones de couleur», avec une lerre tjrossière
friand pour eux, ce sont des ognons de lis ; ils pren- qui se trouve dans ces lies, lesquels masqiie~ re|rj-
nenl ausii les saumons qui reiiionlent leurs rivières. sèment divers animaux marins. Uur.int ces fêles ils
Ils n'ont point d'heures fixes | our leurs repas, ils vont avec lou e leur faniille de v lla;e en vill.ge, el
n.angent quand ils onl faim, et si leurs provisions même d'îles en îIlS. Au printemps iU parlent pour
sont épuisées, ils sont capables de snppnrler la faim la chasse des ours, des lions marins el des lialeines.
plusieurs jours de suite. Dès leur plus tendre enfance En élé, lorsque la mer est caliue el même agiice, ilj
on les nourrit des aliments les plus grc/ssi ts. Quand s'nciupent de la pêelie à la ligne. S'd leur arrive de
un eiiranl crie, la mère le prend, le porte à a mer,
l'y plonge tout nu, et l'y tient, i|uelque temps qu'il
fasse, et quelle que soit la saison, ju^qu■à ce qu'il
cesse de ciier..Ce traitement ne lait aueun mal aus
enfants; au comiaire, il les endureil lelleinenl au
froid, que même en Idvei ils peuve"t alli r pieds nus.
Les lionimes p..rtenl des lialiiis faiis du venlre de
diveis oiseaux, comme niques, macareux, cornmrans
et autres. Les habits d'iit i's se ccuvienl en temps
de pluie soni* faits des entra. Iles enlîéesetdessécliées
de lions marins, de grands veaux marins el de ba-
leiie-.. Ils coupenlleuis cheveux en rond tout autour
de la tête jusqu'aux oi cilles, el se rasent le sommet
de la tê e, où ils laissent toujours une petite place
ronde el absolument nue. Les femmes, au coi.irairc,
se blesser, soit par ui e chute, seil en rombatt iiit,
ils font dièie, et i;e mangent rien pendant une se-
maine entière, se C(m!eiitanl de mettre sur la pi ie
une eeriaine racine jaune. La tèle leur fait-il:e mal,
ils s'y ouvrent une veine avec un caillou iran> liant.
Ont-ils que'iiue chose i\ coller, ils se donnent un
grand coiiii sur le nez, et froiient du sang qui en
sort ce qu'ils veulent caller. Parmi eux le meurtre
est impuni, faute de tribunaux et de magi'irats. Ils
se contentent d'envelopper leurs moris dans une
naiie, et de les jeter dans une fosse ipi'ils recouvrent
de terre. Si c'est une personne rici e, on l'élend à
terre d ms un petit canot fait de buis fl aie, ou l'en-
luiire de tous les meubles et usIeiiill'S i|ui ont été à
son usage, et on la laisse là. Depiii- qnel(|ues années
ne coupent leurs cheveux qu'au-dessus du front, et jj^ ^„„i soumis, payent un tribut aux Russes, dont
nouent le reste ensemble sur la léle. Toul autour des
oreilles elles se font de peiites incisions aux'iuelles
elles suspendent de petites branche» de cor.<il que les
Russes troquent avec eux. Les deux sexes se pei-
gnent le visage de toutes sortes de couleurs ; mais
leur principal ornement consiste à porter de petits
os passés dans les narines et à travers la lèvre infé-
rieure, lu iraliqucnt en cjsiors et ours de mer, en
habiis de plumes, en chemises d'enirailles d'animaux
pour la pluie, en grandes peaux de veaux el de lions
marins pour canots, en bunnels d'osier, flèches , lil
de poil de vache et de renne, qui leur vient du pays
à'Alashka. Leurs ustensile» de ménai;e consistent en
de framis seaux cariés, en de grandes haches et
autres thoses semblables qu'ils fonl tux-mêines de
bois flotté. LiMirs arnns sont l'arc el la lleche, dont
la pointe est laite d'une piene aiguè, et de javelots
de la biiig.ieur de deux archines, qu'ils lancent avec
la main. — Ces peujiles onl souvent des fêles, el
paitienlièreinent lorsqu'ils sont visités par les habi-
tant^ des îles voisines. Les hommes vont au-devant
de leurs hôies avec des timbales, et leurs femmes en
chantant et en dansant. Ou emmène les nouveaux
venus d.'iis les terr ers, on les lait asseoir sur des
naites, et on leur olfre à manger ce qu'on a de ine.l-
leur. Au reste ces réjouissances, (pii ne manquent
jamais de se faire à l'arrivée des étrangers, n'ont
jamais lieu à leur départ. La saison où ils chassent
le plus habituellemeiil est rantomnc, depuis le:2i) oc-
toere jusqu'au 1" décendire. Ce>l alors qu'ils ont
nui. unie de prenilre île jeunes oirs de mer, pour se
fa.re lies haliits de lei.rs peaux. A celie chasse suc-
cèdent des rejuuisbauces telles que celles que l'un
entendent la langue pour la plupa t, el trafi-
quent avec eux.
On divise les Iles Aléoutes en Aléontes propre-
ment dites, et ce sont les plus proches : on en
compte trois, savoir : Alla, Agaita etSéioitche; en
îles des Rais, au nombre de quatre, qui sont : Boul-
dyre, Kiskn, Ainlchitka el Krysiy-oslrov, ou l'Ile du
Rat; en lies d'An Iréanof, qui sont au nombre de
quatorze : nommément Tanaga, Kamga, Rubrovoî
ou du Castor, Gnréloi ou île Brûlée, Sémisopotcbniii
ou des sept Craièies, Ailakhe ou Ai.<gue, Sitkine,
Tagiiilak ou 'fagaoune, Aklila, Amba ou Aml.'k, Si-
gooaui, Aiuoukhla, Tthougagane et Tchéiyré-Sopo-
chniaosirova ou les iles des quaire Craières; en îles
des Renards, fort nombreuses, savoir : Uumnak,
Ounalasl.ka. Spirkine, Acouiane, Acoime, Cagalga,
Ounimak, Sannakh, Chouinaguine. — Entre 1 île de
Saniiakli et celle de Cbouniaguiiie se trou\e un petit
archipel de sept à huit îles peu cou idéiabb s, sa-
voir : Naminak, Animak, Li.ilnskikh, Aitanaîs»
Ksiakh, Couéguedak, Kuagodkh et Ounakhtouh ; et
un petit archipel composé de sept iles, qu'on apj.el e
Evdnkéevskia ou île^ d't.udoxie. On les nomiiie aussi
Semiiles. On remariue eue ^re les îles Toug.iidok ,
Kadiak, l'archipel qui entoure cette dermèr • île , et
dont ks principales sont Siagkidak , Asognak , la-
vrachilihei et Khouékh.
Les Russes y onl un évèché, une petite garnison
et un chaniierde construc ion. Les iles deTanaga, de
Kanag.» el d'.vkhla sont célèbres par leurs vol. ans
eu ac'.iiiié. La compagnie russe d'Amé"i ;up, ipii a
des cuiiiploirs élubtis dans les îles Kadiak ei Ou..u>
1001
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
1002
laslika, met les habitants en réqiiisiiiun pour se pro-
curer les fourrures d'aiiiniaiix uiariiis.
Vutiemburgiim, Wùrlemher^. — L'origine de la
mai-oii (le WûilcHil'erg est enveloppée dans l'olis-
ciirlié. llliii', surnoinnié avec le ponce, comte de
Wûrlcnilierg, pidiia des troubles occasionnés par
rcxiini'lion de la maison de llolien>laureji, pour
ac(|iiérir plusieurs dou)aines de celte maison et
d'iiiiires irrrc-, tels que le couué d'L'rach. Sou fds ,
ELerard l'Iluslre, fui iiu seigneur turbulent que
l'empereur Henri VII fit déi>ouiller de toutes si>s pos-
se-sious connue p-rluibateur du repos public. II y
fui réiabl' en 1513, après la mon de l'en)perei>r.
Son nis Ulric lut un prince ccononie qui aciieta les
douiaines îles comtes de Vacliingen et des comtes
palatins lie Tûliiiigen, et le comié de Grœningen.
Eb>rard le Pacifi'pie, mort en 141.7, épousa la li!le
du dernier duc de Teck, qui mourut en l-i37. Les
terres (les ducs de Tei k passc.vnt à la maison de
\\'ûrleuibcrg, p.ir achats et auircmenl. Ebernrd IV ,
son fiN, ac(piii lecouilé de Monihéliard eu éponsaijt
riicrilière de ce pays. C'est ainsi que se forma suc-
ces-ivenient l'étil de Wûrtembcrj;, que l'empereur
M.iximilieii 1" éleva, en 1493, au rang d'un duclié ,
eu réunissant tous les alleux de la nciison en un
seul (ief masculin , et permeltanl à Eberard V de
prendie le titre et les armes de la maison de Teik.
Le rcg .c du duc Ulric l"', qui dura pendant toute
la moiiié du xvr siècle, est fort reuiarquable. Sa
piodtgaliié et les charges qui en lévultèrent pour le
p.TysocfiisioiMiéreni ou soulèvement. Ulric fui obligé
de passer, eu 15U, avec ses sujets, la tiansaclion
delûhmgeu, qui est la base des droits constilu-
linunels dfS Liais de Wurtemberg, et l'origine des
coniestatiiins qui , depuis trois siècles, subsistent
entre la maison régnante et ses sujels. Un différend
qu'Ulric eut avec la ville de Reuilingen l'enveloppa
d->ns une guerre avec la ligne de Sou:ibe : les alliés
lirenl la conquête du duebé de VVûriemberg , el le
vendiieul , en l.M'J, à Cliarles-Umut. Ulric passa
quatorze années dans l'exil ; mais en 155111 recon-
q"ii son pays par l'assi-lance de PInlippe le Magna-
D'Hie, lamlgiave de liesse. Sa possession lui fut as-
surée par la iransnetion de CaJau, mais il se rec m-
nul va>sal autrichien. Ulric favorisa ei introduisit la
réformation. — L'empereur Rodolphe II renonça ,
par le ira lé de Prag le de 1519, au domaine direct
Sur le duché de Wurtemberg, que le traité de C.idan
lui avait accordé, en se réservant cependjnl li l'é-
V'Tsii i iic à défaut d'hoirs mâles de la maison de
^^'ûllelllbl'rg. Connue la maisnn do Habsbourg s'est
étciiiie, en 1740 , dans les mâlfS, les ducs de Wûr-
lemberit oui r.gardé celle révi-rsibil.té comme égale-
meul éteinte; mais la maisnn de Lorraine-Autriclie
n'y a renoncé qu'en 1809. — Les ducs de Wurtem-
berg ayant i erdu, par la paix de Luuéville , leurs
pnssi's>ions sur la rive gauche du Khin , Frédéric II,
qui régnait depuis 1797, profita des conjonctures
pour agrandir son pays; le recès de 1805 lui donna
DlCTiOMNAIRB PI GÉOGRAPHIE ECCL. IL
une riche indenm'té eu fondations erclé-iistiqucs
siluées à sa convenance , el la dignité élecu.rale.
Il obtint, I ar la paix de Presbourg, une grande piirlic
des possessions de l'Autriche en Sou-be , el la snu-
veiainelé avec le tit>e myal. Il fut un des Ion 'a'eiirs
delà confédéraliou ibénane, qui lui souu.ii plu-
sieurs maisons régiiatiles en Souabe. Enliii la paix
de Scliœiibiunn lui procura de nnnvillcs acquisi-
tions. — Frédéric ne participa pas à la îondalioo de
la con'éilération i^einianiqne, nuis il y entra après
coup, el y occupa la place qu'on lui avait ré-ervée.
Le roi de Wiirtemberg ociiipe la sixi nie place à la
diète ; a rassemblée générale , quatre si.ffragcs y siiit
joints.
Le r'iyaume de Wurtemberg a une surface de i;69
m. c. g. (I02S1. c), leiiferinaiit un pays riche et
fertile, et ayant I,6ti7,000 li:ibilanis , paru i lesipiels
il y a l;5,0U0 sujels raédi ils. II est donc, sous le
rapporl lie la population, le plus pe il eu Liiripe ,
excepté la Saxe el le Hanovre; sous le rapport de
réieiiilite, il est presi;ui! de la luoiiié inférieur au
Hanovre. Siiiié entre les 47° ôo' et 5j° île laliiiirie
nord et les 6 et 8' de loi gitude est , il est fiTiiic
d'une grande partie des priii< ipnuics de Hiibenlohe ,
de celle d'ElIwangen, du duché de Wùriemberg. îles
anciennes villes impériales de Heilbionn , Hall ,
GilUind, Dibcrach , des coinlés de llobeinbeig , de
Kônigseik-Aulendorf, du landiîraviat de Nellen'>oi;rg.
Il est borné au nord-est ei à l'est par la Bauére, au
sud par l'Autriche, le lac de Constance , le grand-
duché de Cade , les piincipauiés de llnhenz 4lern ;
à l'ouesl et au nord par le grand-duelié de Dade.
En 1810, il lut agrandi Ce la ville d'Utni et d'une
partie du territoire situé sur la ri\e gmc e de
l'iller, etc. Ses principales rivières sont le l):inube,
le Necker, l'Enz , la Muhr , le hocher, l'iavi et le
Taubcr. Les grands traits naturels de ce royaume
cunsislenl en deux chaînes de monlignes : l'une, ap-
pelée la Forèt-NoiieouSi-'bwarzwald. court l'espace
de 50 lieues le long de la frnnliére occiileiiiale ;
l'autre, nommée Alpede Souabeou de Wiinemlie'g,
lormanl u^:e suite de nioiilai.Mies privées de bois ,
commence à Koihweil, el i.aveise le royaume du
sud au nord. Les plus liants sommets sont : le Kal-
zenkdpf (Têie de chat), de plus de 30^0 pieds de
haut ; le Stornberg, de 263 J pieds ; le llubenz.nlern,
de 2621 p. ; le Kuiebis, de ildo p. ; le Teck, de 2027
p. ; le Slaifenberg, de 2515 p. Sur ces montagnes
on éprouve une température froide. Le reste du
pays est agréablement coupé de collines peu
élevées el de vallées délicieuses jouissant d'un ciimat
très-doux. Si l'on en excepte les mouiagnis, ce
royaume offre une des contrées les plus fertiles cl les
mieux cultivées de l'Allemagne : on y récolte toiiles
sortes de grains, des vins, dont la meilleure qualité
est connue S"us le n un deiwHsrfii Sn-ker ; des frinl»
de toute espèce. Le sol recile mines de fer, argent,
cuivre, tharbon , terre à porcelaine. La Foret-Noire
abonde en pins et sapins , dont on exporte un«
3à
J003
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
iiiU4
grande fiii.'nlilc. La prin(ip;ile brniiclic; d'iniliistrie
esl la f;ibiip:ilion des luile-; et des éluOes de laine.
Le AVûrleiiiberg, aulicftiis duché, mais érigé en
royaiiine en 18' 6 , se divise en qiiaire cercles, laxt,
Ne(kor, Fuicl-Noire (Schwarzwald) el Diiniibe ,
subdivisés en 12 bailiages.Le g uvcrnenieiit esl une
moiiarcliie consiiltniunnelie. Le [mouvoir exéculif
ré-ide entre les mains du roi, et est modilié par une
chambre représentative. La noblesse jouit de grands
privilèges.
Le loi est luthérien, ainsi que sa famille. Il y »•.
un évèché pour Ks dllioliiues du n^yaun^e à Ro-'
ibeiibourg. L'évê(|iie est suffragai;! de rarclievéchJ
dé Fribourg-eii-Bjisgaw (grand-duché de Cide).
X
Xaeharius, tel Fluviiis Amazonidns, le Rifi-de-
Cbahuaiis, ou le Maragno», l'Orellana, ou enfin le
lleiive 'les Amazoni's, le plus gnnd arflufut de l'O-
céan Allantiqne, dans l'Amcrique méridionale, en-
tre le cap Nord el l'île .Maraji, sous l'éiiiialftiir (I).
— Ce llenve piend d'abord le nom de liio-de-Cha-
huaris, que plus bis il échange contre celui des
Ayiazones. Il arrose 1> contrée habitée par dt'S tri-
bus américaines indigènes iiommées iinlividuclle-
nient Chahnaris, Paiicartambinus, ci dé.-ignéts tnl-
lecliTcnienl sous le nom général de Chnnchos. De là
celle p emice appillatioii de Rio-de Chahnaiis. Les
thunclios sont du nombre dfs tribus baiba.es qni
Labiteni les plaim-s arroiéos par le Béni (-.') et l'A-
mazine , plaines qu'a parcourues réc iiiment im
voyageur français aussi savani que c lura^piix et in-
flli^aslo (M. de Casicinan), el dom les découveilus
coiitirmcht le? (.bscrvationg faites il y a plus de
deux siècles par les miss: iinaires caiiioliques. —
La langne des Clmiichos esl If.takMnenl inennime
aux ï^-pagnols qui haliiîeiil sur leurs frontières. La
man ère de conptcr de ces peuples csl irès-impar-
faiie : ils ne penveni aPer an delà du ciiilTio '»r -is,
n'ayant d'antre expression poui' b; nombre quatre
que le ra il bcnu onp. Cc;te i-np^rfeciiou esl presqne
comniune i\ Imiles le^ liil.ns sanvai;es de l'.\.iiéii(p'e,
lie l'i) éaiiie, de l'AI'iiqtie et de l'.Asie du iior i-esi.
L'.Amal')iic esl, pour l'éiemliie de son b ssin et
l.\ I iijiueur de >on cours, en y (onipienant les
briechcs qui le formeoi, le plus gr.ntd fleuve ilu
rniiiiiieiii américain et lenl-èTe du monde. Ou ti\e
< '.mmiinénicni son or g ne au c<'nnnenl de ses deus
branches su,iérienres les plus lon^iitérables, le Tun-
(!) Considérée dans son ensemble, la partie du
conline i américa'u. située a i snl de l'éinalcur,
nuMiire une piainl" vaiiéé de eoi li.jnraiiin urogra-
ptii<|Ue. A l'est, e.'isl nu gru- p • ciintinu de iinuia-
gnes ba-se> forma l un ma-sil dont es laineaiiv
S'éten li'iit depuis qneli|nes degrés an sud ile !a li-
gne jusqu'à remho'iciinre de la l'I.ila ; h rriuesl,
c'ssi l-i l-wrdillèie dmil les eime- éievees CKinmeti..
Cent vers le. dciioil de Magell m el se pridongcnl
jusque dan^ 1 1 NinivelleCr. ii:ide. en traçant nneerce
diruée en sens divers et d.: lacpicle s'éla cenl les
plus baïus pies du m uveaii moudc. Kntre ces
grands sy-lénics, à partir du snd de !a l'atagmiie,
une sniiaee piesqne pi .ne loujie l.i C'.rdillère, oc-
cupe l'i iiervalle compiis emre Cfi.e iiiipnrtanle
cliaiiic el le massif dn iirési!, |.a-.se du bassin de la
l'iaii dan- celui de i'.\iiiazni.c, puis s'é argii à l'e^l
et vient enibiajser au loin les uenx ri». -s di' re llenve
immense. (Sole rie railleur.)
(2) Le Béni ou Parc, vaste cours d'eau navigable da
gursgua (5) el l'L'cayalé , à Sainl-Mianel-Yarriip»
(l'éiou), par i» 30' laiitude sud, el 7i° 5J' lingiiiido
ouest. Son cours, depuis ce point jusqu'à son em-
bouchure, est d'environ 5000 kil.; son développe-
ntenl total sciait, en y coiii|iie<iant le eours du
Tunguragua, de plus de 6000 Vil. et d'environ
T.'X'O kii. en le faisant commence' aux sources les
|i!ns éloignées de l'IJcayalé. Son immense bas in
s'apnuyant au faite des .A. des, près de la côte occi-
dentale du ciuilneni, sur une étendue de plus de
2501 kil. (entre Z° de lai. iior I, ei 21" lai. sud),
comprend plus du quart ilii coniinent de l'Auiérique
méridionale. Les cours d'eau les plus lonsidérables
qui si loiine t ce bassin snnt l'Yab^ry. l'Yiitay, l'Yu-
rn.i, le Cnary, le P.irus, la .M.ideira, le Tapa.oz et !e
XiiiL'u, ; ftliiaiil d.iiis r.Amrïo.ic à droite; le Napo,
rica ou Piilumayo, i'V ipuri et le ^égrn qiit y affluent
a g.tiiclie. Li.i c.'.nal nainrel, le C^^ssiquiati, affinant à
la l< is dans ie .Négro el dan- rOiéiio<|ne, établit une
c<im:: niiicalinn directe en re ce llenve el l'Amaz. ne.
Dans toute îon étendu ■, lAma/.oie cnule entre des
rives entiéremeni basesetsur lesquelles il déborde
à une rfi^tanec lics-éloigiif c au temps des crues. Ses
bifnrciti'ins nombreuse» forment une multilnde d J-
les d'alluvion, qutiqucf us forl étendues, cl doui la
«haine se 1. indne à l'Ile Caviana, à l'entrée de l'es-
tnaire. La i lései.re de ces îles dans la p. nie infd-
rieuie du fleuve dont elles réir cisselit le lit, isC
l'nn ! lies caiisis du phénomène efTi-ayanl du poro-
rofa; c'est le nom que les Indi ns ont donné au re—
f 'iileiiieiil iuii'éliie.ix ci presque in laulaiié des ennÉ
par !e (lux ries giainles m.irées. Le (Inx icionlé
jn-qa'à Ovidos, à 150 kil. de l'Ile Caviana.— L9
l'Amérique tr.éridionale, gouvernement île Cuenos-
Aytes, an miliiii de lu Curdnlére d'Aeauia, prnviiicfl,
PI à 4i<( k I snd de la Paz. qu'elle arrose, entre d mî
le i'éruiiit ir.ixcrse de-t contiées peu connues. E<l«
ciinle au nord, puis au nord-ouest. Cl se réuiiit j|
r.\pminiae, a i Ij" i")' de I .tiinde sud ; elie reçoii à
drni 1- le yneliito, et à g mclie rinanibari. Sou cours
esl n'enN'.i'U lO-'HU kd. On l'ai pelle au si riviéie du
Seri)ei.l. D'Anvibe la uoniuiu Amaruiuayii.
[Xcle de ra'icur.)
(3) LeTungnragna,anlrecoiirsd'cauderAni<TÎ^n)
méiidionale, dans le Pérou, province de Tant j,
son du lie de l.auiieocha, près de Guaniico, tra»
verse le Périiii, jusqu'à Jaen de Bracanioro-, coula
au nord-nnr l-onesi, et, après avoir f anchi les An-
des, an Pongo de .Maoserich, se jeiie dans le M •-
rajjùon an-dessouî d" village de Saiiii Régis, après
un cours d'environ 2i0 kil.; il se g'ossil de plu-
sieurs lorrcnis et rivières, dont la Huallaga esl la
plus considérable. {Note de l'auteur.)
lOOS
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 4006
développement de la ligne de nnvlgniion qu'offre le
hasfiii de l'Anmzoïie n'osl pas évalue à moins de
G4,OO0 à 80,000 kil.; le neuve liii-inèiiic et navi-
irab.'e, et peiit-èlie pour bâlinienls de lou: lonnag-^,
jtifqii a son origine, c'est-à-dire jnsipraii pi'd des
Andes. Ces avantages, qui doivent faire \in jonp de
l'Amazone la voie de conimiiriic:ition5 inlériciires la
plus ini|'Oriaire du monde, sont encore sans lésul-
lat pialii(iie. Les contrées arrost'cs ) ar le flcnve,
couvertes de l'iréts ou dfs proilinis vier^iesde la vé-
gctalion la pins riilie, n'ont toujours pour hu'.iilanlg
que quelques ptuipliiiles d Indiens; et d'S élaljlisse-
menis ou villes Condces, en petit nombre, par les
Européens, aucune n'est devenue remarqualilo. Aussi
la navigaiion sur le fleuve est-elle à peu près nulle,
evcepié dans la partie iiiloiieiMe de son C"uis. Les
prineipalcs relations qu'il clatdit entre le Brésil et
les Elalô iiccidenlaiix snnt celles de la contrebande
des métaux prétieus. Le iini|uièmc du produit des
mines du Pémn doit passer par celte voie au lirésil.
Déi r3iiné>; 1 100, Yanez l'inçnn, le piemier Cas-
tiiian (|ui passa b li^ne, découvrit l'immense em-
biiuebiire de la rivière des Amazones, qu'il nomma
Marigimii. Lors de cette dccotivert", un Espagnol,
pour coiilirnier le droit de ses souverains, écrivit
son nom ^iir un arbre d'une si priidigieu>e gros-
seur, que s ize Imninies, se tenant par la m .in, ne
ponvai.i t lembiasser. — Le Itio-de -Cliahiiaris n'a
pas qu'une senle source ; il en a plusieurs qui,
p:iri.inl lies Dord. lierez, dans la province de Q liln,
deviennent bientôi de gros-es rivières, et après avoir
p:in(iu;i: une a=sez vaste élendue de pays, se réunis-
fent ei formeiil ensemble le Maragnon, si i élèbre
sous le II im de civière des Amazones. S(m cours, i|ni
ne ■f.inpleseuleinenlquedulac de Laiiricliocbn.àniic
grande dislinrc de sa source, est au moins de ISOO
lieues. Il leçnildans son se ndesneiives larjjes et pro-
fonds, qui l'égalent presque par la longMi'iir de leur
cours et la masse de leurs eaux. L'Apurimae (I), qui
prend le nom li'Ucoijulé en apiirncbanl du .Mara-
gnon, e^lsi large et d'une ti singulière profmidcur,
q .'on lut sait pas leqml îles deux se jelte dans
l'autre. Lenrs eaux, en s'iinissant, se lieiirient avec
tant de violence, que celles de l'Apurimac ou Ucaiayé
pre sent et fiiicenl le Ciiurs du .Maragnon , jusqu'à
le f:iire d.iscer.dre en ferpentanl. Le I'. d'.\culina,
fameux missionnaire portugais, qui, ac'ompagnc
d'Espagnols it de piusieurs de ses compatriotes, en
1()39, descendit le lleuvc des Amazones, en parle
a>ee un eniboiisiasnie curieux par son exagéralinn,
et le repré-enie comme le plus vaste de tous les
fleuves du monde. « Il traverse, dit-il, des royaumes
drt grande élendue , et les enrichit plus que le Gan?e,
plus que rtlupiirale elle Nil; il nourrit Inflniineiit
plus de peuples; il porte ses eaux douces bien plus
(I) L'Apurimac a sa source au milieu des sava-
nes du pl.il au lie Coiidoruma, dans la Cordillère du
l'ciou, au nord d'Arequipa et à l'ouest du lac Titi-
c;i(:\. Elle ci.mt d'aboril au nord-esi, puis au nor.l-
ouesi, eiisuiie au nord-est, traverse le territoire
loin dans I.1 mer; il reçoit beaucoup plus de l'.vià-
rcs. Si les bords du Gange sont couverts d'un sable
doré, ceux de l'Amnznr.e sont chargés d'un sablt
d'or pur, et ses eaux, creusant ses rives de jour en
jour, découvrent par degrés les mines d'or et d'ar-
gent que la t'rrc qu'elles baifinent cache dans son
sein. Enliii les pays qu'il fertilise sont un paradis
terresire; et si leurs liabilanis aidaient nn peu la na-
ture, tous lesbor.U d'un si gr.ind fleuve seraient da
vasles jardins, remplis sans ce-se de fleurs et do
fruits. Les débordements de ses raiix engraissent len-
tes les terres, qu'elles Immectenl, non-seulement
pour une année, mais pour plusieurs. Elles n'ont
pas besoin d'autre amélioralio i. D'ailleurs toutes
Ks richesses de la nature se trouvent daiiS les ré-
gii'iis voisines : une prodigieuse abou laice de pois-
sons dans les rivières, mille animaux différents sur
les moiilagnes, un iiondire inlini de lûmes sortes
d'oiseaux, les arbres loiijours chargés de fruits, les
champs couverts de moissons, et les etiinilles ds
la terre farcies de pierres piécieiises et des plus .
riches métaux. Enfio, parmi tant de peuples qui
liabilent les b irds de i'Auiazone, on ne vuil que
l'es hommes bien faiis, adroits et p!ei;is de génie,
pour les choses du moins (pii leir sont iitilci. i
i Toîite celle vasie contre. -, dit un voyage;ir qui
l'a visitée au coinoienccineiit de ce .siècle , é.a t ha-
bitée, au lemps de sa dé' ouverte, |ar une infi.iiié de
sauvages répandus en différentes provinces, qui fai-
taie ;l aiilani de nations particulières. Le pay> était
si peuplé et les habiiaiiiuis si proches l'uie do l'aii-
Ire, (|ue do dernier bourg d'une naiion, on enien-
dail couper 1.; buis dans un autre. Cette grande
proximiic ne servait point à les faire vi.re en paix :
ilséiaienl divisés par desgiieriesconliiiuelles.d ins les-
quelles ils s'entretuaient ou s'enlevaient mutuellement
pour l'esclavage. Mais, quoique vaillants entre eux,
ils h'osaieni se battre de pied ferme avec les Euro-
péens, dont ils n'avaient jamais vu les armes à feu.
La plupait prenaient la fuite, se jetaient dans leurs
cannts, d'une construction fort légère, abordaient
à terre eu uu clin d'œil, se chargeaient de leurs
canots, et se retiraient vers quebju'un des laci
que le fleuve forme en grand nombre.
« Leurs âmes ordinaires étaient des javelines,
d'une médiocre longueur, des dards d'un bois très-
dur, dont la pointe était fort aiguë, et qu'ils lan-
çaient avec beaucoup d'adresse. Ils avaient aussi
une sorte de lance, qu'ils nommaient eslalica, plate
et longue d'une toise sur trois doigts de large, au
bout de laquelle un os, de la forme d'une dent, ar-
rêtait une flèche de six pieds de long, dont le boui
était armé d'un autre os ou d'un morceau de boit
fort pnintii ei taillé en barbillon. Ils prenaient cel
instrument de la main droite ; lixant leur flèche de
des Andes, se grossit de plus de 50 rivières, reçoit
à ganche le Picliacliaca, le Pampa;, le Mantaro, l<
Per.ne ; à droite le Vilenniayo, le Paucarlaml.o et
enlin le UCiii ; prend le nom d'Ucayalé après plus
de 800 kil. de cours. {Kou de t'auUur.)
1007 DUTlOiNNAir.E DE GEOCRAPillE ECr.LF.SIASTIQrE. 10C8
Il main paiiche dans l'os il"en liaiil, iU la lançaient clnituii des assisianis, el son Mî-age prétède toujouis
aver lani Ji; vigiioji el de justesse, (|iie de cinqtunie los repas d ■ céiémonio.
pas ils nd ni.Mi luaicnl pas lenr conp. l'uiir ann-Ndé-
fens:vps, ils avaifiil des bunilicrs d'nii tissu de «an-
nes fendues el si spriées entre clli-s, «lue leur lé-
gC'ielé n'en diiiiinn^dl pis a Tiiiee. Qiicl(|iies naiions
n'eiiipldyaieit ipie l'arc et le:; fièeh s, dmit ils cnipoi-
On a ras rinlilé à Pévas des Indiens de diiïérentos
na;iiins, dont iliaoïme parli' nne langue ditrérenle ;
ee i|iii est asstz ordinaire dans Ions les liDiirgs for-
né par les missionnaires, oii q lelqnefi i- la tnèine
l.Jigne i.'o-l cnicidiie qm; de denx ou irois familles.
sonnaient la pninle avec des sucs si venimenii, (|uc rt'>le mi-éralile d'un peuple détroit ci dévoré psr uû
la ld< ssnre eu était toojotirs morn-lle. » nuire. Il n'y a piini au/iurd bui il'aiilliiopophajjos sur
L I nii>s on de Sai t-.loacldin est coninnsée de plu- les bords de l'Aniaz ne, mais il eu reste encore dans
^jenis.ualions indii-unes, surloiil de celle des Ouia- les terres, surlont veis le nord ; et Li Coudamine
giias, peuple aiirefois puissant, qui iiabiia t les iies assure qu'eu reuionlantr Yupur.!, on irouv.-iit des lu-
01 lus Lords du (leuve, dans l'e-p ce d'euvii(Mi ;.00 diens qui mangeaient leurs prisonniers,
kil. au-dess'ins de remliourlurre du Napo. On les Parmi les iiizarres usages de ce-, nations courer-
Cioil dcsceu'Jns lie la Noiivelle-Grenade, par quel- "fnt leurs le-t us, leurs danses, leurs iirsln:menis,
qu'une des rivières qui y prennent leur sou'ce, leurs antres, leurs iistruiiles de chasse et de pcclie,
pour fuir la dommaticMi des EspagiurU dans les pre- leurs oii'eineiit- ridicules d'uS d'a.ilu.aiix cl de pois-
niiers temps d; la conquéie. Lne auire naiiorr qui soirs passés dans leurs narines et leurs lèvres, leurâ
SG iKuume de mène lialiite verr la sirmce d'une de joues cr bléts de trou*, qui servent d'etui a des pin-
ces rivières. Parmi tnus les Indiens qui peupleiri les mis d'oiseanK de inutts couleurs, on est p.rriicul.è-
bor.ls de l'Amazone, quelipies vestiges de la léié- reitienl snrpri-, eu voyant les Abanes de la inuns-
nrorrie du baptême, et ijuelques (radiliuiis déliguiée», Irneuse extension du lobe de rexiréaiité iiiféiieure
coidiinrein la miijeelure de leur iraiisniigraiiiii. Ils de leurs oreilles, sans que l'épaisseur en paraisse
axaieni icus été converiis à la foi cbrciienne. Leur dim nuée (1). Ou vo;l de ces bouts d'ureilfes longs
nom il'Omaguas, cornu. e lelui de Caurbi-ras, qoe les de quatre ou cinq pouces, pereé' d'un trou de dix-
Porliigais du Para leur- dumreirl, eu larrgue lirési- sept à dix-liuii ligrics de diamètre, el ce spectacle
lienue sigrrilie (é/e ;)/u/e. En ellet, ils (rnt le bizarre est commun. Tout l'art consiste à in;ércr d'abord,
usage de presser entre deux pamhes le crâne des dans le trou, un petit cylindre de boi^ , auquel on
eiilai Is qui vi.niieut de iiaitre, elde leur ap'aiir le substitue un plus gros, à mesure que l'.'uvertura
fioni, puor leur procurer leile étrange (igure qui
ressi uible, discrilils, à la plei. e lune. D'autres leur
pressent la ic.e de manière qu'ils parvieiriieiit a la
leur rendre fort lirngue, ci presque semblable à
celle d'un cliien. Leirr langue n'a aucini rapport avec
ce'l»! du Périru, iii av,c celle du Brésil, (pi'on parle.
s'agrandit, ju-qii"à ce que le b.. ut de l'oreille pende
sur l'épaule. La grande parure des Indiens est de
F' mplir le trou d'un gros bouquet ou d'uire toirffe
d'herbes et de fleurs, qui leur sert de peidanis d'o-
reille. Ils s'y aiiaeheiil aussi nu morceau de bois,
si,r lequel ils gravi-nt des ligures grotesque- , pein-
l'une au-dessus, l'autre au-dessirus de leur pays, le (es en noir ou en rooge , et qui donn-nt à celui qui
long du fleuve des Amazones. Ils prenneut d'une fa-
çon singiil.c u une sorte de labac eu pondre qui les
e.rivie penil'iil viugi-qiia.re beiiies, et Ic.r procure
les plus étranges visions; ils se sérient d'un luyau
de roseau tem.i.ié en fourel.e, et de l.r (igure d'un
y grec, dont ils iir-èrenl tha iie brauebe dai.s une
porte ce bizarre ornemcirl nn air tout à fait risibie.
Les Abanes ne sont pas la seule nali>>n de l'Amé-
rique qui se défigure ainsi les oreilles. Les premiers
Espaguols qui débarquére: l sur le golfe de llon-
duiJS, s'aper(;uriiit que les femmes du pays avaient
touies les oreilles pendanics; ce tpri tnl cause que
d. s uar lies. Celle i péiation, snivie d'une aspiraliou cotte cote fui nommée Costa de Ureja (la Côte des
violente, leur fut faire diverses grimaces. Le- Por- Oreilles).
liig i> du P. ra oui appiis d'eux à fabriquer diiréreuts fn cioii communément que le premier Européen
ustensiles d'une ré me fort élastique, rumiuuiie sur qui a reconnu la rivière des Amazones bit François
les bords de rArua^one, et qui reçoit toutes sortes d'Ilreilana. Il s'iinbarqua en là39 , assez près de
de formes dans sa fr. ic'ieur, e Ire auires celles de O"ito , sur la rivière de Coca ou Cauca, qui pies
pompes ou de seringues, qui n'ont pas besoin d(
piston. Leur forme est celle (l'une poire creuse, per-
cée d'un petit trou à 1 1 pointe, oii l'on adap.e une
canule. Ou le- remplit d'eau, ci en les pressant lors-
qu'elles soi.l pleines, elles fout l'effet des Seiiirgues
onlinaires. Ce meuble est fort en iionneur chez les
bas prend le nom de Napo ; de celle-ci toniba rians
une autre plus grande, el, se laissant aller sans auire
guide qi e le cour.iiit , il ariiva au cap Mord , sur la
côte de Guyane, après nne navigaiion de ISOO
lieues, suivant sou estime. Le même Oiellai.a péril
dix ans après, avec trois vaisseaux qui lui av.iieiil
éié confiés en Espagne, sans avoir j n leirouver la
Oiiiaguas. l>ans toutes lenr.i assemblées, le m: î:re vraie embmicbure de la rivière. La rencontre qu'il
de la maison ne inau.',ue point d'en présenter une à ilit avoir laite, en la desccudani, de quelques feinines
{{) Cet usage (>iiarrgo se leirouve dans l'Oré.iide. sieurs peuplades
Lub navigateurs mudt:riies l'uni retiiariiuo cliez plu-
lu monde maritime.
(Noie dt l'autetir.)
1009
CE0GRAPI11E DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
<01A
armées dont un cariqiie indien Inhnait dit de se délier,
la (il n.iniii:ei' nv.érc dos Amazones. Queliiiies-iuis
lui uni donne le nom d'Orelliina ; mais a^aiil Orel-
lana elle s'appi-L'il déjà Maraïton ( iiroiioncfi Ma-
ragiioti). Les géographes tjui oni faii de l'Amazone
ei d» Maragium deux rivières ditTéreoies , trompes ,
comme Laci, par l'auioriié de Garrilas-o et d'iîcr-
rera, ignoraient sans doiile que non-seidenient les
plus uncieus auteurs espagnol: originaux appellent
celle dont nous parlons Maragnon , dé- l'an iji3 :
mais qu'Orellana lni-mcoie dit dans sa reluiinn ,
qu'il rencontra les Amazones en desiendant le Ma-
raginn, ce qui est sans réplique; et en eiïel , ce
nom lui a toujours été conservé sans intcrrupiion
jusqu'anjouid'lini, depuis pins île deux >iècles, cliez
lei Espagnols, dans tout son cours, et d:'S sa source
dans le liant du Pérou. Cependant les Poitugais,
ëtalilis depuis IG16, au Para , ville épiscopale siiiiée
vers rembouchure la plus orientale de ce llenve, ne
le connaiiisent là que sous le nom de rivière des
Au<azones , plus haut so.is celui de Kio-do--Soli-
nioêiis, et ils ont transféré le nom de Maragnon, eu
de Muraiihaou dans leur idiome , à une ville et à
une province entière , ou capitainerie voisine de
celle du P'ra.
El 1^60, Pedro de L'r.-oa, envoyé par le vice-roi
du Pérou pour chercher le laineux lac d'or de Pa-
rinit^ et la vile U't7 Dorailo (i) , qu'on croya't voi-
sins des liurds de rAinaznne , se rendit d.ns ce
fleuve par une livière qui vient du côté du sud.
La lin d'Uis^ia fut encore plus tragique (|ue celle
d'Orellana , suii prédécoseur. Il périt par la main
d'Agiiirie, soldat rebd e, qui se lit déclarer roi. Ce-
lui-ci deicciidii ensuite la r.viére , et a;irès une
longue loute , qui n'est pas encore hien éclaiicie ,
Djaiii porté tu tous lieux le ineiirlre et le hrigan-
daije, il finit par être écaitelé dans l'ile de laTii-
liidad.
De pareils voy.'igcs ne donnaient pas de grandes
luniicres sur le cours du neuve, ynelqnes gouverneurs
pan.culiers li.c;;l depuis, avec au~si pende succès,
d fferentes lentatives. Les l'orliigais furent plus heu-
\KU\ que les E>pi>gnols. Ln i()58, un siècle apiès
Urellaiia , FeJro lexeira , envoyé par le i;ouveineur
du Para, à la ié:e d'un non.ljri.nx dclaclieinenl de
Portugais et d'Indiens , reinont i l'Ainazone jusqu'à
remhouch .re du Napo, et ensui;e le Napo nièine ,
qui le cuiiduisil as-cz près de Quito, où il se rendit
par lerie avec quelques Portugais de sa troupe. Il fut
hien ri eu des Espai;nul.s , les deux nations nliéis-
saiit Hlursan nicuie miftre. Il reloiirni, un an après,
an P.ra par le nèiiie chemin, ..ccunip gué de- PP.
d°.\culiii . et d'AriiéJa, jé-uites, noiiiniés pour rendre
co.npie a la tour lie Madrid des panicuhui es du
voyage. Ils estiniéreot le (.lieinin, dei>uis le hameau
de iNapo, lieu de leur cmliarquenient, jusqu'à Para,
de I35t) lieues espagnoles, qui valent plus de ISOO
lieues marines, et plus de 7bOO kil. La relatiou de
ce voyage fut imprimée à Madrid en 1G40, et tra-
duite en français en 56S2, par GoniherxiHe.
La carte très-déléetiieuse du cours de ce fleiiTe,
par Sanson, dressée sur cette iclation purement his-
torique, a de;iuis été copiée par tous les géographe»,
faut • de nouveaux mémoires et nous n'en avons pa<
eu de meilleure jusqu'en 1717. Alors parut p'ur 11
prLinié e l'ois en Fiance, dms le Xll" tome des /.«-
1res édi/ianes, etc., une copie de la cane gravée à
Oiiilo en 1707, el dressée des l'année It'JO, par la
P. Samuel Friiz, jésmle allemand, mis imnaire sur
les bords du M.iragnon, qu'il av^iit parcouru dans
toute sa longueur. Par cette carte, on apprit que le
Najo, qui passait encore pour la vraie source de
rAina^one du temps du vuyage du P. d'Aciihna, ii'é^
t lit qu'une r.viére Miiialierne, ipii grossissait de ses
eaux celé des Amazones; et ipie celle-ci, sous le
nom de Maragnon, sortait d'un lac près fiuanuin, à
120 kil. d.' Lima. Du reste, le P. Fritz, sans pendule
et sans luneile, n'a pu déterminer aucun point en
longitude. Il n'ivait qu'un p''lit demi-cercle de bois,
de trois pouces de rayon pour les laiiniJes ; enfin il
était malade quand il descendit le lleiive jusqu'au
Para. Il ne faut que lire son journal inaiiuscril, pour
voir que plusieurs obstacles ne lui pi rniirent pas de
faire lesi>bservations nécessaires pour rendre sa carte
exacte, su. tout vers la partie iiiférienie du fleuve.
Cet'c rarli! n'a élé acconipagiiée que de quelques
nfi:es sur l.i même feuille, sans presque aucnii iléiail
liist' riqne; en sorte qu'avant le voyage de La Con-
daiiiiiic dans r.Aniérii{ue niéiidonale, on ne S'V.iit
en Enr-pe, sur les i ays tr.iversés p .r l'Amazone, que
ce i)u'en avait appris le P. d'Aeulina par sa relation.
Le .Maragnon, après cire serti du lac, où il prend
son or, g. ne vers 11° de laliiudc australe, court au
iiiiiri juqii'à Jaen-'Ie-Bracainoros, dans rélciidne de
(j° ; de là il piei.d sou cours vers l'est, presque pa-
rai.é.emeiit il la ligne é'iuinoxi;i|e jusqu'au cap Nord,
où il entre daiisl'Ucé.in sou-, le juaieiir nicoiC, après
avoir paicnurii, depuis Jaeii, où il coimuciice à être
navigable, Zi)° en lon,:,iiude, ou 7S0 lieues coiinmi, es
évaluée p:r le? détours à 4 UO ou 4i 0 k.l. — Les
bords du Mar.ignon étaient encore peuplés, il y a un
siècle, d'un gra.d nombre de nations, qui se sont
retiiécsdans l'imérieurdes terres, aussilôi qu'elles ont
vu les ICuropéens. On n'y reiicunire aujourd'hui
qu'un petit nombre île bourgades de naturcU du p lys,
récemniciil tiré> de leurs bois, eux ou leurs pèies,
les uns p^r les missionnaires espagnols du haut du
fleuve, les autres par les inis-iunnaires poriugais
établis dans la panle inférieure.
Il y a troi- cliemins qui conduisent de la province
de Q.iilo à celle de M.iyiias, qui donne son nom aux
missions espag oies des hords du .Maragnon. Ces
tio'S cliemins traversent celle fameuse chaîne de
montagnes couvertes de neige el connue:^ sous le
nom de Cordillères des .\iides. Le premier, presque
sous la ligne équinoxialc, à l'orient de Quito, passe
(1) Nous en expliquons l'origine à l'ariiclé Veneliotu,] Venezuela. {Note de t'auletir.)
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
lt)ll
par Aretliidoiia, el conduit au N.ipn. Ce fiii le clie-
niiii que piii Tevcira, à son reiour de Qniio, cl ce-
lui du P. d'Aeulma. Le seccnd esl par une gorge :iu
pied du volcan de Tiingnrogua, à 1" el demi do lati-
tude ausirale. Par cel:e rouie ou paruenl à la |iro-
vince de Canelus, en Irav^-r.-aiit plusieurs icrj-ciil-s ,
«loi t la j KClioii lait la rivière ii ni!i ée Pasiaçi, <|iii
se jriie dans le Mai: gi.on, 600 kl. plus liant .jire le
Napn. Ces lieux clicmiiis sont ceux i|ue preiii^iit or-
1012
iiifaillildeinent avoir pris quelque chose des mceurs
de ses conquérants, el par cor.sé(|ueiil (|iruii Indien
lialiiiaiii d'une ville ou n'en village du Pému, par
exemple, di.il se dlHinguer d'un sauvage de l'inté-
rieur du C"iuincMl,el niénic d'un nouvel liab tant des
iiiis?iiins él.bl.es sur les burds du Mara^incu II tni-
drait donc, pour duinerune idée exa le <!rs Aiiiéri-
Cains, près |iie autant de destripliims '|n'il y a de na-
tion^ parmi ei:x; ceper.dani, comme lou'es Irsnali'iis
diuaircnienl les roissioiinaires de Quito , les s^'uls d'Europe, (pioiqne diirérenlrs cnlic elles en langues,
Furopéens qui f(éi]iienieni ces cniilrc'cs , dont la
coinirunicatiuii avec la pMvince vol ine de Qniio est
presque loiiilemeiil inienoiiipne par la Cnrdiiière ,
qui n'est praliiabl.2 que pendant quiiques mois de
l'année. Le iroisième ilieniiii isl par Jaen-de-Bra-
inœurs ei cduiumes, ne laisseraient pas d'avoir qiiel-
qu.; clmse de coinninu aux jeu^ d'un Asaiiqne qui
les exanib eraii avec aiiemion , de incine lo .s les
lnd:eiis uinériiams des eilTéieiiles c uirées parais-
sent avoir leriaius traits de ressemblance les uns avec
camoios, lar 5' et demi de lalilnde ausirale , où le b"S antres; el, à quelque^ nuances pié«, n» recminait
llaiagnon loinmenre à porler bali au. Ce dernier est ànns lous un méuic (ond de caraclcre. L'insensibdilé
le seul des Irois ou l'on i nissc conduire di s bêles de en f^'i" bi base. < Je laisse à décider, di La Conda-
cliarge el de ni'iiiure, jusqu'au lirii de lembar |iie- niine d.ins la lîelalion de son voyage dans l'Améri-
n;eni. P..r les deux autres il y a plusieurs jours de que tnérid o.mie, si on la doit hon-uer du nom d'a-
niarclie .'i pied , et il faut tout faire porter sur les pailiie, ou l'avilir par cebi de riupidlé. Elle naii ;-aus
éiaiiiis des Indiens; cependant celui-ci esl le moins
frcqucu'é des irois , lut à cauie du long déiour et
dos pluies continuelles qui rendent les cbcniins
presque impiaiicablos dans la jlns belle saison de
rannce , que p.ir la diilli iillé et le danger d'un dc-
iroii célèbre, a;. pelé le Pongo, que l'on rencunireen
sorlanl de la CorJI léie. — Au-des>oiis de San-lago
on trouve liorja, ibcf-lieu du gouverneineit de May-
lias, qui ci.n;preiid tuules bs missions cspaghoI.;s
des borils du Maraguon. Horj i n'esl séparée de San-
lago que par e laineux Congo de .Manséricbe. Pon.o,
aiicienueiiienl Puiicn dans la langue, figi.ilie tmis les
passages élroits. C'est un chein o que ie Maragnon,
lournaiit à l'est , apiés plus de t>00 k 1. di- cours au
nord, s'o ivre au mdieu des moniagin s de la Ci^rd.l-
lère, en se ireusanl un lit entre deux mm ailles pa-
jallèles de rochers, coupés presque à plomb. 11 y a
un peu plus d'un siècle i|i;e quilques soldats espa-
gnols, de San-lag", déiouviirent ce passage , ei se
liasar^èreiit à le franchir. Dcu.v missionnaires jésui-
douie lin petit nombre d'' leurs idées, qui ne s'étend
p;ts au delà de leurs besoins, (il nions jusqu'à la vo-
racité, quand ils ont de qunj se sali>ra;re; sobres,
quand la ncce>siié les y oblige, jusqu'à se pisser de
tout, sans parait: e rien désiier; pusillanimes et pol-
trons à l'ixcès, si l'ivresse ne les irausporte (a>;
eniitin)isdu Iravad, imlilléieut^ à lont motif de gloi:e,
d'iionnourou de reionnaissaice; uniqueineul i ccupés
de l'objel présent it toujours déierniincs par lui ; sans
inquiéln e pour l'avenir; inca: ables de prévoyance
et de lenexiiiii ; se livrant, quand rien ne lei gène,
à une juie puérile, qu'ils nianilcsleul par des s.uiis et
des éclats de rire iu.nnidé^és, ils passeul leur viv
sans penser, et ils vieillissent sans sortir de l'enfance,
donti's conservent tous les défauts.
« ïo lies les langues de l'.Ainérique imiridioncle
sont l'on pauvres ; plusieurs ^ont cueig ques cl
suscei'libles U'élégance, et singutièreinent l'ancienne
langue du Pérou ; mais louies m iii|Ueni de termes
pour exprimer les idé'S abstraites universelles; preuve
tes de la province de Qniio les suivireni de près, et évidenle du peu de progrès qu'ont lait les e-piiis de
fondèrent en IGôO la mission de Mayuas, qui s'élend ces peuples. Temps, durée, espace, élre, subitaiice. nia-
fort loin en descendant le fleuve. tière, lo.is ces mois et beaucou;i d'anires n'ont poini
Les naturels du bas>iu de l'.Vin.izone sont basanés d'é.|uivale:pls dans leurs langues : non-seulement les
et de couleur rougcàtre, plus ou muius claiie ; la di- noms des cires tnélapliysiques, mais ce x mêmes dts
versiie de la nuance a viaisemblablcmeni pour cause éires moraux ne peuvent se rendre chez eux qu'im-
principile la d:lféroute lempéraiure de l'air des pays par:..ilement et par de lo gués périphrases 11 n'y a
qu'ils babiienl, variée dcnis la plus grande chabur
«ie la zo le loiiide, jusqu'. u Irnid ransc par le voisi-
nage de la ntige. Celle différence de cliinais, celle des
pays de bois, de plaines, de inunt.ig'.es ci de riv.è-
pa^ide mois propres qui répondent exacieincni à ceux
de l'crJH, justice, libtrté, recomidissance, ingrulituile.
Tout cela paiail birt difficile à concilier .ivec ce que
Garcilasso rapporte de la ) obce, de l'industrie, des
res; lav.i.'iéiédesalimenli.le |;eu decoininerceqn'out arls, du gouvernement et du génie des aiciens Pé-
eiilre clle.v les nalons voisines, el mille autres causes
doiveni néce;=;iiieinenl avoir inlroduil des d Iféren-
ces dans les occup.iiion.^ et daiKi Ics (ouiimea de ces
peuples. D'ailleurs on tonçuii bien qu'une naiion ùe-
^enue citréliennc et soumise, depuis un ou deux s.é-
cles, à la domination espagnole ou portugaise, doit
ntviens. Si l'amour de la p. trie ne lui a pas fat ill
Sion, il laut convenir que ces peii| les ont bien dé é-
iiérédu leurs an. êtres. Quant aux autres nai'ons de
l'Améiique australe, on i.jnure qu'elles soient jan.ais
sorlies de la barbarie.
( J'ai dre~bé un vocabulaire de^ lUQti le plu.« du-
i0i3 GEOGRArniE DES LEGENDES AU MOYEN AGE
sage l'e diverses langues imiienncs. La comparaison
df CCS iiMis avec ceux ijiii «ini la méiiie sigiiificaiiuii
en (l'ai. Il es laiigiifs de l'iiitcrii'ur des iiTres l'Cut
niiii-scirciiieiii servir à prouver les di^e^^es irans-
iiil. râlions de ces (leiiiiles d'une exiriiiiiué ù l'^nire
de ce va>le tniilineiit; mais celle mêiiie C"ni)j:iraison,
ipiaiid 'Ile 66 pourra f iie avec tlivoiscs langues d'A-
fiii|ue, d'tuiupe cl des Indes urienlalcs, es( pcnl-
êlre le snil im yen de découvrir l'uritiiic des Amé-
ricains, l'i.e confi rniié de lai:gne I iin avéïce déci-
dera.l sans doule la quesii^m. Le in.t Abba, Duba,
Pupu, cl celui dr Huma, qui des anciennes langues
d'Uiienl senibli'ni avuir pas;é avec de Icgeis eliaii-
genicnts, dans la pluparl de celles d'Eur. pe, ï-onl
coniiiuiis à un grand iioinbie de natil)n^ n'Aiiié i ,ue,
dont le Ln^age isl d'ailleurs bien dillircni. Si l'on
rcg irde ces n.ois cimune les |ircniiirs ^oub que les
enfaiils peuvent arlicnler, et par conséquent cninme
(eux qui ont du par inus pays être adopiés préréra-
blenienl par les parents qui lesoiilciidaienl | rouonier
pour les f ire servir Je signe aux iilces de père et
denicie, il restera à s.ivoir jinurquoi, dans toutes les
autres langues d'An érique, <.ii ces mots ^e reiiron-
treiii,leur>igMilication s'esl conservi'esanssecri'iser?
Par quel basai d dans la iatgae omagua, par exemple,
au Centre du coniincn>, i/U dans quelipie autre pa-
leilli,', où les mots do Papa et de Mania sont en usage,
il n'est pas airivé ijuelquLfois que P«;:a siginliàl mère
el Mamu i ère; nmis qu'on y obseive constamment le
coiilraiie, comme dans les langues d'Uiienl el d'tu-
rojie? Il y a bcau<oup de vraiseniblince qu'il .'■e
trouverait parmi les nalmels d'Amérique d'autres
terii es dont le rapport bien constaté avec ceux d'une
autre langue de l'ancien inonde punirait répandre
quelque jour sur une question jusifu'ici abandonnée
aux pures cnnjeciures. ►
Les outils des Abitrigcnes pour la coiisinution lie
leurs cauois et de leurs éililices n'étaient, rapporte
le P. d'Aciilina . que des cognées et des liaclics , et
voici p.ir quelle iudiutrie ils les fabiiquaiem : l'ms-
lincl ou !c besoin leur avait appris à couper l'écaillé
de tortue la plus dure, par feuille de quaire à cinq
doigts de large, qu'ils airnaieiil sur une [lierre;
après l'avoir lait séclier à la fumée , ils la fleliaieiit
d'Hs un manclie de bois, pour s'en servir à couper
les bois tendres cl légers, dont ils r.ii^aieiit, nun-
seulement des canots , nviis encore des tables , des
armoires el des sièges. Pour ab::tire les aibres , ou
couper du buis plus ferine, ils avaient des cognées
de |>ieire furl dure, qu'ils aflilaienl ii forte de bras.
Leurs ciseaux , leurs rabots et leurs vilbrequins
ciaieni des dents de sangliers et des curnes d'ani-
maux , entés dans des inancbcs de buis. Ils s'en ser-
vaient comme du meilleur acier.
Quoique tonlcs leurs provinces pioduisenl n:itii-
rellemeiit diverses sories de colon , ils ne l'ein-
(1) Le Hio-Ni%To, livérc cous déiabb: do l'Amé-
rique méridionale (Brésil), duiiue sou iiuin à l'iiii-
iCIt
p'oyaieiil puini à se vêtir. Ils allaient nus presque
tous , el sans distinclion de sexe.
La religion de luus ces peuples est presque la
même. Ils ont des idoles labriquéesde leurs mains ,
auxquelles ils attribuent ili\er-es opérations. Les
unes président aux eaux , d'autres aux niuissons el
aux l'iniis. Ils se vantcui que ces divinités sont des-
cendues du ciel pour demeurer avec eus, et pour
leur f.iire du bien ; mais ils ne leur rendent pas le
moindre culte. Elles sont gardées il l'écart , eu d <ns
un étui , pour les occasions où l'on a besoin de leur
secours, l.'est ainsi que , prêts à uiarclier à la guerre,
i's élèvent à la proue de leurs canots l'idole dont ils
attendent la victoire, ou qu'en partant |.uiir la pèi^lie
ils arborent celle (|ni piéside aux eaux, (lepenuaiit
ils reconnaissent qu'il peut exiler des dieux plus
puissanls. L"n de ces bar'. arcs , cluf d'une peuplade,
vi'oliii p:irler aux Portugais, ajirés leur avoir fiurni
des vivres ; et marquant beaucoup d'à imiration pour
le boiibeur qu'ils avaient eu de surmonter les difll-
cullés de la giande rivière, il leur demanda en grâce
el par leeoniiaiss.incc pour le bon liaitement qu'il
Icui avait fuit, de lui laisser un de leurs dieux , qui
fi'il capable de le servir a\ec autant de puissance que
de buiiié dans lootes ses entreprises. Un cacique lit
connaître i|u'ii se formait ausî-i quelque idée d'un
dieu sii| cri.nir aux siei^s , par la folle vanité qu'il
avait de '. ouloir passer lui-inéine pour le dieu de son
pays, i C'est ce ipie nous apprîmes , dit d'Aciibni ,
quelques lieues avant que d'arriver ii son hab. talion.
Nous lui finies annoncer que nous lui apportions la
coniu'.issance d'un dieu plus pnissiint que lui. Il vint
au rivage avec liuics les apparences d'une vive curio-
sité. Je lui donnai les cx|licaiions qu'on lui avait
pioiiiises. Mais, demeurant dans son nveuglenieut .
sous prétexte qu'il voulait voir de ses propres yeiit
le dieu que je lui précliais , il me dit qu'il était (lU
du Soleil ; que toutes les nuits il allait en esprit dans
le ciel , donner ses ordres pour le jour fuivaut et
régler le gouvernement général du iiioiide. l'n ca-
cique d'un autre lieu me marqua plus île raison. Je
lui demandai pounpioi ses compagnons avaient pris
la fuite à la vue de notre lloiie , tandis qu'il é ait
venu librement au-devant de nmis, avec quelques-
uns de ses parents. Il me répondit que des bommes
qui avaient été capables de voyager sur la grande
rivière malgré tant d'ennemis, et sans essuyer au-
cune perle, devaient être un jour les seigneurs de
celte contrée; qu'ils reviendraient pour la sou-
mettic, et la jeiipleraienl de nouveaux babiianis;
qu'il ne voulait pas toujours vivre en eraiuie et
trembler dans ^a maison; qu'il aimait mieux se sou-
mettre de bonne bcure , et r. cevoir pour ses maîtres
et amis ceux que les autres seraient no jour con-
traints de reconnaître et de servir par force. »
Le P. d'Aculma l.iit une description fort poéiiqne
du Rio-Nègio (I). C'est la plus belle et la plus
men«e élendue de pavs qu'il pareourt dans la pro-
vince de Para, descend du versant orient>il des AiiJes
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
1015
grande rivière de loiiies celles qui s<> jeiieni dans
l'Amazone , dan< l'espiici; de î^iJO kil. i On peut
dire ()ue celle puissante rivière est si orgneilleuse ,
qn'elie semble riioqnée d'en ironver une pins ^''^nile
qu'elle. Aussi l'incomiiarable Amazone semble lui
temlie les bi as; tandis qu' l'autre, dédaigneuse el
superbe, au lieu de se mêler avec elle , s'en lient
séparée , et qn'orcnpaiii seule la nioiiié de leur lit
commun , elle fail distinguer ses flots peml.int plus
de 12 lieues. Les l'ortngais oui eu quel, pie rai-oii
de la nommer rivière Noire, parce qu'à son emliou-
cliure , el plus eurs lieui'S au dessus , s i profondi'ur,
j'iiiiteàla clarié de loules ses enux qui toinbint
de plusieurs grands lacs dans son lit , ia font pa-
rai re aussi nuire que s' elle éiait leiiiie; (pioiqne
dai'S un verre ses eaux ayent toute la clarié du
crist il. >
Los Tobinâmbas du (leuve liabilent une île de 180
kil. de large, el prir coiiséij-.ent du plus de 800 kil.
de circuil. Ilsconfinnèrenl aux Poitugais re\i-leiice
de vraies amazones, dont le fleuve a tiré 'On nou-
veau nom. Les preuves que le P. d'Acubua , d'une
crédulité naïve , a réunies sur fesisiencc de ces
finîmes extraordinaires, lui paraissent si fortes,
qu'on no peut les rojeier, di-il, sans rononcer à
loiiie foi liumaine. Maïs, d;t La Conilamine, si leur
ancienne existmce ne peut éire lévoipiée en doute,
il est probible qu'elles oui dispniu depuis quel.|iies
sièiles du lien qu'elles liahitaicnl, soii par lellel de
quelque révolniion , poil parce que leur race s'est
insensiblement éleinte.
dans le Caguan, pavs de la Nouvelle-Grenade , coule
à l'e-t, près île 580 kil. , puis au sid dans un rspace
de 48 i à .i-iU kil., reprend sa première ilir'Tiinn
orieiiliile jusqu'à In vile de Tboinar pendnnl .SOO à
600 kil., où il se dirige au sud-est avant de se je-
ter dans rAinazone, dont il est le plu; vasle a(-
fliioi t , et où il forme plusieurs i rs :iss.'Z spa-
ciiMi-es, sur l'uMe de-quelles om a élevé le fort San-
Joz-, d.ins un cours de plus de 2,v00kil. I.e Uio-
Négro reçoit no non be irodij,- eux d>'iivières, dont
les iirincipales so l, à drni(e, b- Ri"-Xiè, Tlssa-
na, rU^M'pes, le Ciiriciirari, le Ilio-Tfva, l'inru-
ba>s , l'Ujuaiia, rUrubava, le Quii.ini ,"le fiaruri ,
rU.Uiinari el U Cevaboris. Il se g ossil à gin. lie du
Cbamngnisscni, du Conoticbile, du (:as>ji|iiia'i ('),
au nioyf 11 duquel il cumiiiunique avec l'Oréiioque ; du
Dimili, du t alialiiiri . du Palavlii, du Sever-ni , du
l>eiieiiiini, du Ulo-P»riuie ou braiico, de l'Iagnaj.iiri
du Hio Aiùivone Ou AiiaviH^iiia , el du Cuinuiahi!
Celte ri.èie, pirsemèe li'iles iooo i.brabl. s , est peu
coiuiiie. Les villes on villages (pi'.'be arros.' sont, à
diote, SaiiMircell n I, San Iclipo, Sao-J aqnim ,
Lamaloiiga , lu ■niiir , .Moiviia, Bj:Cfll.is, Jloina;
à gaiclie, Miiroa , S iii-Minnel , Sari-Cm lo<, San-
J.zé, Sati-.loào-tiiii-li, S.in Prdio ri Vi,ia-i).'-l;in-
1016
La nation des Tapijos (1) donne son nom à une
très-belle rivière. Le pays est irès-feilile, el ses Ua-
bilaiits sont redoutés des nations voisines, parce qua
le poison de leurs flèches est si uiurtel, qu'on n'y
trouve aucun remède.
Eiinn le P. d'Acubiiaetse> rompagnons, apiés une
longue et pénible navigation, arrivèrent sains ctsanfs
à Para, possession portugaise, sur les côtes du Bré-
sil, où r.\niaz >ne se jeue dans la mer, el n'a pas
moins de 520 kil. a son emboucliure. Par son ex-
liêuie rapidi é, ele conserve la douceur de ses eaux
prés de 8j kil. dans l'Océan. Elle est si prof nde en
certains endroits, qu'une sonde ne trouve point de
fond à 105 brasses.
Xavaii , les Samoïèdes, ou Séinoyades. lis for-
incnt un peuple nomade de la Russie asiatique, encore
i(lo';;tre, qui baiiile la partie nord-est du gouverne-
ment d'.\rkli:'ngcl, les landi s gl.icées du district do
Ml zen, et enlin le nord île la Sibérie jii-qu'à l'Iétiis-
séi. Ils paraissent avoir reçu leur idolâtrie de l'Amé-
rique, c'est du moins l'opinion de quelques géogra-
phes. Qu:im à niius, en comparani leurs idées reli-
gieuses et leurs conliinies supersiiiieuses avec celles
des Ki'lioiiges, qui liabilent l'Anièrqne sepie 'Irio-
nale extrême, nous n'y avons pas aperça un carac-
tère dilTéreiiiicI bien consi lénible.S'i n'y a pas d'af-
liiiilé entre les deux peuples, qu.inl à l'origine dtS
races, il en existe du inoin-) une entre leiiri idées
rclijiieuscs. Les Samoièdes se donnent eux-mêmes le
nom de /l'/uisorn ; les 0-iiaks les appelle l Yéroinis-
cho, it les Tuungouscs de l'iéiiisséi, Uiliiandal. Quant
(Maito Grosso), tire ses sources alxmd.inies des nnm-
lireux cours d'eau qui desce dent de> Paresis, iiioii-
tigiirs iiilérieuies du Brésil. C'est uii des plus grands
atiluenls (le rAiiiazo^e qui vienne'^l du sml. Elle
Coule au nord plus de 80 > kil., entre le Xiiigu el la
Madeira. el se jette dans l'AmaZiine on .Mar giiun,
Briés un cours de 152 kil. l'.lle se grossii, à droiie,
de l'Apiaea, du .Monbiari cl do Uiu de Tres-Uaras ; à
gauche, du Tiiii:iVila, dn Ne,:riiino el du liio dus
Ureif.ains. Le s.iil endroit qu'elle arros • esi le vl-
lagii d"Aller-do-Cbaiii on Pnihel, à sou co.fluent
avec le M 'r:ignon, p.ir -' 2.-' 5u" de l.aiinde sud et
57° -J.i) 15" de loigitude oue-st. On peut dire que le
'J'ap yos se l'oinie de la joiicti'U des deu\ rivières
Aiiiins el Jii i.eoa, non loin des soiirees du l'aij-
giiay, de surie q .'il pounai, établir une coniiiiuiiua-
linu cn:re ces deux riuères. Il est évident aussi que
par le tapoyus et par ses l.irijes br.uici.cs, r.vri.ius
el le Jiirueii.i, il -cran la Ile de d'Uiiiiuiiiqu^r avec
la vil e OeP.ra, le mines de .Matto-tjrussoeU^uyahi.
Cène navig.iioii jusi|ii'.,ii .M.liui.rosso el u umins
tW kl', plus cunrie que celle qui a lieu par l.i .M '-
deiM ei le Cnapuré, le qui piu iireraii un grmd
av. image | oiir l'expl nlaiiou des niues de G lyaua.
La nau^Miioo de Ci lie ii>,è e puir.at ausSi laci ilef
ÎJè^io. E le rsl située par3° 16' de lalilii le sud, au les de>.uii\eilcs diiis ces \asies coiuices ine^pio ces
cei:iliie i,l:irgedel253t.àaes.Q;iel.|nesanleursregar-
deniccltj i iviéie coiniiie idenliqoe avec la Caqueia.
( y aie lie relieur. )
(I) Le Tapoyos , Tapajos ou lopayos, grande et
niagnilique r.viè e de l'Ainéiique mérid-on.de, Brésil
(') 1,0 C ssiqniari , rivière di- 1 Etat de Venezuela , af-
flueet .lu Rio-Néiîro, IUL découvert eu 1731 par le 1'. Ru-
Juaii , religieux capuciu , ipii iiisppelaii les nllS^ioIls du
Baiu OïL-uoqiie. A 1 . luul. urdu liuaviare, il rencontra
«ne lirogue montée par des Portugais, qui furent irès-
jo.-qua son eii.iee dans ie» l^aiiipus l'aress;delà
on |é clieiail dans la lèj^ion imlllen^e de l'.^m.iz me.
Le Tapoyos e.-t eniinu par les saljles annleres qu'il
députe dans une grande (>ait.e ne «un cuurs.
(i\ote Ue t'iiuUur,)
surpris d'apprendre qu'ils naviguaient sur le Haut-Oré-
uoque. lU étaieul venus par 1- llm-Négr ,afllueiil de
1 Amazone , el de celle rivnre pur le Cassiquiari, que le
P. Itoinaii descendit avec eux pour visiter le« missiousdu
Hio-iNégro. ( Note de iauteur.f
leiT GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE. 1018
4U nom de Samoièdes que les Russes leur doirnenl civilisé par ses relations de commerce avecle's Rus-
irnpropicmcni. il paraii leur eue venu de ce qiiMs ses. Leur soumission parfaite a le plus coiilriuiiéà ce
les onl confondus avec les Lapons, auxquels clnngemeni. — Les Samoièdes nèiieni au conirairo
ils avaient depuis longtemps donné le nom de leur une vie libre dans les déserts éloignés ([u'ils haliiienj.
pays, qui en langue hiponne s'appeile S«nie iirfa, et Ils professent l'ulolàlrie , dont ils conservent qucl-
uun parce qu'ils les supposent cannih.iles : car on ques cérémonies par tradition. Le principal dieu
ne voit nulle part que ce peuple ail jamais eu la
coutume barbare de queNpies sauvages du midi. Il
se divise en trois principales tribus, i|ui ont des oia-
lecies (iifléicnis, et aiix<piels ils donne t eux-n.'êines
les noms suivants : fies V<.noï'es,-i° les Tijii.i-Iyo-
léij, ei 5° le■^ Kirulclies. Les premiers balmeiit sur
les bords du .Mezen, île l.i Pelclioia, et sur l'Ob, dans
leaenvir'iiis O'Obdork: les seconds, dans rmlérieur
du {louveriienient d Aikhaiigel ; et les troisièmes,
daus l'iniéieurde la Sibérie, au delà des montagnes,
dans le d. strict de Uérézof, etc.
On panade le pays liabilé par les Samoièdes eu
deiK parties pnm ipiles : la première s eii nd le long
de la mer Claci île, depuis le cap Canine, qui 5e
trouve au liord-esi de l'enibnucbiiie dj Mtzen, jus-
qu'au cap Saint, piès de la ii\e occidentale d<i la
Peicliijra, elle rentre ensuite dans l'intéiieur des
lcire.~, en su V ut une petite cbaiiie de montagnes
qui loiige le couis de ce lleuve, et qu'on nomnie
Tclii.iiz^nc Cumene, Wul ce pays s'appelle' teire de
Caiiiiie. L.i (leuxuniie p.atie du pays des Samoièdes
cuininence au boid cinenial de l.i Peicliora, et suit
les cotes de TCéan glaeialAici que, jiisiju'àla gr.iuJe
cbai e des monts Uiual»; elle est bornée au sud par
le» guuvirnenienis de l'erni ei d'Arkbangel. 'louie
celle vaste région, arro:ée par un giand nombre de
riviéie-, se couvre de neige et de glaces pendant
I)uil mois de l'année. Les Sainoïèdes ignorent eux-
mêmes leur origine. La vie dure et ^énib e qu'ils mè-
nent, les dangers an.\qiieU ils ^unl expnsés, 0;it
clicz eux est Nouni, qui régit le ciel et la tine : il:
sous lui une quantité innombrable de divinités d'un
ordre iiilérieiir, d'esprus et de deini-dienx, qu'ils
nomment ïadepizies ; ils les partigeui en eéesies et
terrestres, et re sont eux qui font le bien et le mal
aux liommes. Nouni ne saurait être leprésenlé cliez
eux pir aucune image : ils n'ont pas de termes pour
exprimer ni sa grandeur ni sa toute-puissance. Ils
représenienl au contraire les Tadeplzics par de pe-
tites idulfcs en bois; elles ont une ligure Iminainc,
et ils les couvrent de cbiffiuis et d'autres ornements.
Ces idoles se placent dans les buis ou dans les niai-
snns; queiquefois , les transportant d'un endroit à
l'autre, ils les ai'pellent Kliaé. Leur culte consista
en saciilices qu'ils n'i ffrent qu'en action de grâces
pour Uii bien qui leir arrive, ou pour un mal qu'ils
prétendent avoir détourné par là. Ces sacrifices cou-
si>ieiit presque toujours en un renne qu'un immole
au pied de l'idole. Leurs seliamans s'appellent Tadi'
leuy parmi eux; les Russes les n immeni Coudesniki.
— L'l.abil!emenl des liommes diffère peu de celui des
Osliaks : Us uns se rasent la tcieeniièrement nu en
pal tie, les autres conservent leurs cbeveux ; plusieurs
portent des mnuslacbes, d'autres laissent une peli:o
barbe de chaque côté du menton, quoique clair-
seiuée. On remarque dans l'Iiabillemenl des feiiunes
beaucou|) de détails qui leur sont propres, et qu'el-
les n'ont empruntés d'aucune autre nation; elles ne
connaissent pas le voile ni le vorop des femiiies ns-
tiakes. Elles ont la léte et le visage découverts, ex-
saiis duu'.e eir.icé de leur mémoire louie espéee de cepté djus les voyages d'biver; leurs cbeveux lor-
nioiiiiii eiii. L'asseitiun la plus eertaiiie, c'est que
les 1 miles les plus leeulées de riiémispbèie boréal
OUI éié lenpléds par une nation o|>piliiiée par les
giievies, et chassée de ses liatiitaliuus.Ou trouve en-
core des reste-, de celle inciue iia.iun dans la par-
nieui deux tresses qui tendent par derr.ére,et qu'el-
les ne défont jamais. Elles portent des pemlaiits d'o-
reilles de gr;iins de coraux. Leur robe offre un as-
semblage de morceaux de drap dont le devant de la
poiirine et le dos sont toinmui émeut formés de
tie orientale de la Sbéne, près de lléuisséi. Tout peaux déjeunes rennes. Elles les ornent par devant
prouve que ces cnnii ces éiaicni autrefois bien plus
peuplée.s. Ou ne doutera plus que ce pays ne soit la
vraie patiie des SauiOièdes, lorsqu'un saura que les
Caïbals, les Camaelies, les Abntnrs, les Soyoles et les
Karagasses oui la n.é.ne ligure que les Sainoïè les et
pail.iit leur langue. Les SauioïèJes diOèieiit entiè-
rement des Osiiiks par la langue et les trait, de la
li^^ure; les visages de ces derniers lessembleul à
et par derrière de quelques morceaux de drap. Le bas
de la robe de dessus est garni de trois bandes de
belles fipurrures, qui foniieiii le tour. C-itie robe est
ouveitc par devant ; elles rabattent un des côtés sur
l'aulie, et les lixciit au moyen d'une ceiniuru qui a,
au lieu debnucles, un gros anneau de fer, ampiel el-
les ailaeLe»; ces deux evlréiniiés. Les femuiea Sa-
moièdes porient des culottes de peaux de renne, pré-
ceux des Einnois, taudis que le> Samoièdes ontbeau- par«'-^ comme nos peaux de daim. Elles ne quittent
pniiit leurs babits, même pour se coucber. Les liom-
mes ôient les leurs, mais ils gaident leurs culottes.
On ne s'apeiçoit p<s autant de la malpiopreié des
Samoièdes que de celle des Ostiaks , parce qu'ils
mènent lout l'biver une vie errante, passant d'une
contrée à l'autre avec leurs yourtens. Ils choisissent
co ip de ressemlilaiice avec les Touugouses. Ils ont
Je visage plai, rond et luge, de larges lèvres re-
troussées, le ntï large et ou^er•t, peu de ba.be et des
clieveuv noirs et rudes; la plupart sont au-dessous
de la taille niédi' cre, mais bien proportionnés, plus
irapus et plus gras que les Ostiaks; ils sont en revaii-
cbeplussauvages et plus remuantsque ce peuple un peu toujours pour camper des plaines dépourvues de bois.
1019
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 102)
qu'ils appellent tomidra. Les Samoîèiles g;irdeiii
eiix-inêines, avec Iniss faiiiilies, leurs rennes dins
les pâuirages, à l'excepii' ii des riches, qui payent
des |i:ii!vrcs pour leur servir de paires; ils ne se ser-
veni guère de ces aiii.naux domestiques ijue pour les
alicler à Ictus traîneaux. Ils ne savent pas traire les
rétines pour so procurer du lait (1). Ils vivent de
clias-i-, ain^i que les Tuungousesel pluseurs penjiles
de l'Auiérique sepl''nlrinnalc; ils mangent beaucoup
de lenufs ^allva;e■^ qu'ils prennent de i.liisicufs ni:i-
niéîps. Ces animaux sutfisenl à presque tous les Ije-
coins des Sauioièiles, soii piair la vie, soit pour leurs
tcnies ou leur lialillen-ent. Ils se servent des nerfs
de ranimai pour coudre ei pour d'auires u;ages; ils
en lirent aussi une colle ; i!s font des pelles avec li s
cornes. Li rsqu'ils sont sur les côti'S de la mer, ils
se nourrissent d'ours marins qui viennent sur le ri •
vage, de baleines mortes gue les eaux y jettent, et
d'autres animaux m irins. Ils les mangeni sans pré-
férence et sans aversion, récliani de temps à aune
dans les golfes de la mer et dans les lacs, ils sft font
des filels avrc l'écorce du saule, et les cordes ncies-
saires avec les jeis ou baguettes de cet arbre. Leur
principale occuj aiion en auioinne est la cbasse du
renord blanc: hommes, (emmcs , cnlanls, loiit le
monde s'en occupe. Les premiers leur die.-isent des
pièges, les autres s'amusent à les ilcierrcr dans leurs
terriers et à les assommer. Qae'ques Samoièiles
riches Vont en élé lixer leur résiilence prés de l'Ob,
pour jouir du p'aisir de la pèche. Ils font p;iîlre et
garder leurs troupeaux par des enfants on des pàircî,
el y séjoiirnen' i;isqu'à la saison de la cli.isse.
Les Sanioïédes enterrent les nioils peu après
leur décès, et n'oni pas de lieu (ixe pour ies sépul-
tures. Ils choisissent la première liautenr ou colline
qu'ils trouvent : ils mellenl à lenrs mots aulaul
d'habits qu'ils peaveni, el placent amour du cadavre
ceux qui sont trop éiroils; ils lui renversent un
cbaudion par-dessus la lêle, persuadés que l'àme
y lésiJe même a|)rès la deslruciion du corps. Ils en-
veli'ppent ensuite le cadavre avec tous ces objets
dans une couverlurc de tente faite de peaux de reu-
nes, l'emballent avec des cordes, cl le tirent la lêle
en avant, par une ouveilure faite à la icule où la
pe: sonne est décédée. Jaunis on ne le fait passer par
la pnrle, p rce qu'ils croient que le mort enlraîiierait
bienlôt après lui quelqu'un de la famille, s'il y pas-
sait. Arrivé au lieu de la sopuluire, ou creuse une
fusse. On la fait, si peu profonde en élé, que le mort
est à peine euliéremcnt couvert ; ils couvreni la
tombe de branchages, et jet tenl de la lerre par-des-
sus. Ils construisent en hiver une cabane avec du
bois et des branchages; ils y placent le mort, et lui
donnent une hache, un couteau, un are, des Uéches,
du tabac, une pipe, une cuillère el une tasse. Le
(1) Celte circonstance nous donner.Mi à croire que
les S.iin.-.îèJes re sont point une nation in.lijène ds
l'Asii", mais qu'ils sont venus de l'Amérique s pten-
trionalc Ciilrênie. En ulfei, l'usage du lai' est parli-
convoi s'en retourne ensuite. On tue les rennes qui
ont 11 aîné le corps sur le lieu de la sépulture, et on
les laisse sur la tombe avec leur harnais. L"S riches
lu lll.au^si ceux dont le défont se 'ervait pnnr aller
à la chasse. En hiver on couvre la f'i>se île neige, eu
Clé de liranchages et de nic'U.ss.' ; ait^si leurs mnrls
servent-ils de pâture aux renards blancs, aux sfi >
tons et autres aniniauv carnassiers. Ob--ervaiii a S;i
une ecrcinonie avec leurs morts, ils fini venir quel-
quefois un mag cien [tndib] p(mr apaiser l'e prit du
dèfiinl. Ces devins sanioîcdes sescrva:it d'im l:iinlinur
de ba-qiie, mellenl un hahi' parliculicr, ^'artii de d f-
fértiils colifichets de fer, p.>rlenl à l'e-prir, lexhor-
tenl à ne pas inquiéter ceux qu'il f.isse sur la terre,
et à ne pas les entraîner. Us finissetil par le prier
d'abandonner à ses parents les places où il a cli ssé
avec succès. On tue un renne pour le repas lics fu-
nér.iilles : le mari ou la femme du dèfunl n'oe pas
manger avec les convives a\an; de s'être pmiiié eu
se lavatit avec du muse. Dès (pi'un Sanioiède est
mort, ou i;e prononce plus son nom, il f ml user do
délouis lorsqu'on veut palier de lui. Celui qui pro-
ni.ncerait son nom deviendrait le niO'tel ennemi de
toute la famille. Le nom du défi. ni repa.-se avec la
temps dans 1 1 famii e : on le donne à un etifsnl de
la seconde ou troisième génération. On iiimtiveile
par ce nmyen la mémniie de cebii qui l'a porté.
Une chose reniirqualde , c'est (jiie les magiciens
el un er.ind nombre de Samoîéiles ont qochpie
chose d'ellrayant dans la figure : ceci provient de la
len-ioii el di^ la sensibilité extraordinaire de leurs
libres, du climat qu'ils habitent , de la vie qu'J.- mè-
nent, de leur imagination et de leurs préjugés. Des
personnes dignes de foi assurent qu'on trouve des
figures pareilles chez les Toungouses el lesKami-
cli:ida!es. Le major Is énicf pi étend qu'il eu exisl.iit
au-si chez les Yakoules. Il y en a parmi les Boiiii. Is
cl les Tariares de riénis;é!, mais ils sont inciiisel-
frayanls. Pour peu qu'on les touche aux flancs ou à
quelques a!:lreç parties du corps sensibles, un cri eu
un ciup de sifflet imprévu, un rêve, etc., mettent
ces malheureux hors d'eux-mêmes, el les font pres-
que tomber dans une espèce de rage. Celte rage est
ponéeà un tel degiéchcz les Samnïèdes, qui ont
le genre nerveux el les hbres très-seusibks, que
lorsquils en sont atteinls, ils saisissent couledu,
hache, ou tout ce qui se trouve sous la niain, pour
massacrer la personne qui est cause de leur saisis-
sement, ou toutes celles qu'ils rencontrent. On na
s'en débarrasse que par la force, el en les désar-
mant ; lorsqu'ils ne peuvent assouvir Icir fureur,
ils fiappent des pieils el des mains, p ussent des
hurlements, se roulent par terre, eic. Les Samoîè.leS
et les Osiiaks ont un excellent remède pour guérir
ces maniaques : ils allument un morceau de peau de
culicr à tons les peuples asiatiq'ies , civilises, no-
mades ou barbares; ei on ee l'a lenconlré nulle pr.rl
en Asiiérique, lois de sa décuuvei'e.
(Xoie de l'auieur.)
}031
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
i012
reniir', ou un petit tampon de poil d(! icni>e, et Ils
leur en Innt lespiicr la fumée par le nez. Le inainde
Ininbe ^lussiiôi dans nn .igsuiipUsciiniil ei une lassi-
tude (jui durent ordinairement 2Î licurts, ce qui lui
remet enliércMienl les sens. Ce remède est plus \y.^t-
rc|iéliiiûiis. Les femmes nasillent en ii eue '.eraps,
et niar|iiei!i la mcstiie. Les Samoiédes, fort enci lis
à l'ivrogneiie, aiment le labnn avec passion. Lors-
qu'ils sont ivres on liaient d'eux tcut ne i|ii'on vent,
auliemenl ils sont assez. sau«aj;es. .M. Zouief est cer
pre i|iie toute autre ciio&c à lépai^dre des lumières lui i(ui a donné la meilleuie descrij lion de ce peu-
sur b cause de cette malad e. pie; c'est d'api es lui i)iiu nous dunnous ces détails,
L'S jours de lé.c les Samoiciles se rassemblent éga'cmeiii copiés par le prof< sscur l'jllas.
pour jouer à la lutte et sauter à des dis'anves inar- On compte lii-2 familles Saim ïèdes habitant le
ijuées, dan eut aiifsi des rondeaux, et cPaqiie dan- cap Canine, ei 200 sur le bnid de la mer ju-qo'à
feeiir a sa ilanseiise. Sans s"ccar;er beaucoup île leurs la l'etcbora. Ou peut évaluer jusqu'à 2i,00(j irdi»!-
places, ils font des ligures et pienneul dilTéieiiics dus des deux sexes tous les S;imi.ïcdes; ils payent
positions ; liui s pas Siiiit coiictï d i's marclenl eu un pot l Iriliul en fourrures au gouvernement russe,
cadcnre. Leur mus que con^i^lc à rlian:er du nez et D'autres esiitnent leur nombre a ô-i,DUO.
de la gorge quelques syllabes particulières avec des
Ittbo'.i, les Vofiouh, ou Vogouliiclics. Cette na-
liun de race linnoise lialiite, d.<ns la [tussie f.siati-
«jue, la partie orieiitule de l'Oural sepienlriuiial. S^n
idolâtrie est em| rente d'un caraelcre paiiiculier qui
rélnigne liiut ti lait de celle qui, s^us diverses lor-
mes, eslgéiicraletiienl | raliqnée parles peuplades
Boinades de l'Asie centrale et urien:ale. Les Vogouls
errent aux environs des nv ères qui se réunis:enl
avi c l'Iilyi lie t4 l'Ob, dans l'Océan Glacial, ou se
jetl. Ht a»ei la .lama et le Volga dans la mer </is-
pieiine, piiniipalt^ment dans les gouverneuieiils de
Teriii et de iolioUk. Ils se donnent les noms de
Vogoiily Mansi, suivant M. Georgi, et sont appelés
Vogiiul tcbis par les Uussi'S, et quelquefois Oogril-
ïliis. Le prufe^.seur Fisclier pense oue les Voiioiils
et les ilongroi? ne foi ineiil qu'un même peuple. Leur
langue, à lavéïiié, ofl're du rapport avec celle des
Finnois; !iiais elle a néauin >lns heiuconp de cliosi s
qui lui -ont propres. Les lSn5»es criirenl aussi pen-
dant quelque temps qu'ils formaient un nicine peu-
ple avec les Osti.'ks. Des docui>ien:s liistorii|ues de
plus de 5J0 ans de dite les désignent comme une
nation distincte. Tomes le? peu(lades des Vogoiils,
dispersées dans différenis caillons, prises col cciive-
inenl, composenl une n;ilio:i liomiiiciise; mais m
ne peui avoir de dénombrement exact de leur popu
latioii. Suiv:int kur Irailiiion, ils ont iniijuurs résidé
diins les l.cux qu'ils lialiienl aujourd'hui. Ils passe-
ront sous la souveraineté de la Uussie avaiil la con-
quête de la Sibérie. C> Ite nal.on ét:iit ;>lors si brave
ei si gucri ère, liue les Russ<:s eurent beaucjitp de
peine i les réduire sons leur obéi-sauce. Maiiiienant
tes peuples denienrciil par familles ou parentés,
dans leurs forcis. Chaque famille éicnd son territoire
aussi loin qu'elle prut chasser, en respectant celui
delà ramillequi ravoisiftc. N'ayant d'autie occupa-
tion que la chasse, la néoess lé ne leur permet pas
d'bjbi;er eoseuibli; dans des villaqi's, eile les ob!!"e
(l) Il est bon de const.itev ici que la plii'anihropie
nioili-rue i|ni, eu en. ployant les os a faire d'i bon. lion
Oii lie a gélatine, s'iina^inaii avoir rendu un tare
service à l'Iiumanité, n'avait pas luéiue rioi;i.iihe de
au contraire à s'éloigner les uns des autres. Rassem-
blés, il leur serait impassible de trouver as-ez rtegi.
Lier pour fournir ii leur subsisiauce. ils n'ont point
derlievanv ; ils leur seraient pri'sque inui'es, parce
qu'ils peiiveul plus commodcmenl parcourir à pied
leurs loièts niaréiaseiise»; d'ailleurs ils n'ont point
de pâturages pour les nourrir, et ces animaux se-
raient toujours csposéi à être dévorés pr.r les ours,
qui abondent dans celte contrée. Les riches possè-
dent ccptndant quelques vaches, qui restent auprès
de leurs laluiiics, avec leurs ftnmies. Fort peu de
Viigouls ont des chiens, sans autres aniniaiix do-
mestiques. La nature leur lournil en revanche as.sei
d'animaux sauvages.
Les élans suni la principale nnnrritnre des Vngouls
dn Nord. Chaque coinninnauié a des enclos de 12 à
IG kil. et même plus, dans la lorci. Un abattis d'ar-
bres, on de jeunes pins cl sapins posés en travers
contre des pieux, ks entoure. Tiè— jaloux de la sû-
reté de leurs enclos, ils les gardent avec soin, pour
que personne ne vienne y voler leurs foins, cou-
per du bois, s'y établir on s'enip.irer du gibier, qui
S8 prend dans les pié^^i-s. Ces enclos ont des ouver-
tures de dislance à autre; ils y tendent des piéi'es. et
font des Irappes pour prendre le gibier. — Les Vo-
gouls paient leur tribut en peaux d élans, et vendent
le reste. Ils coupent la chair de ces animaux, qu'ils
ne peuvent pus consommer dans sa frichcur, en
langues bandes, et la fout ainsi séchera l'air, sans
sel, ou ils la .''umeni; iN la mangent cuite, et incnio
crue lorsiiu'eHe est séchée. Quand ils sont i.uelqua
temps sans prendre de giliier, et qu'ils se trouvent
dans ladi-ctte, ils ont recours aux us (I), les cas-
snit par moiccaux, el les font cuire dans l'eau; ils
se contentent a'ors de ce bouillon jusqu'à ce qu'ils
ptiissonl se procurer du nouvelles provisions. Mais ils
sont rarement réduits à cette exiréuiité, parce qu'au
moyeu de ieurs flèches ou du fusil, ils sont presque
sa découverte. La philanthropie venait à la suite des
hahitnnis des gorges de fdur.i; et de h.rcts de ta
Kam 1. q:.i. de temps umnémurial, us.iioni Ue ce pro-
cédé dans la disette. (lYole de l'uuieur.)
1025 DICTIONNAmE DE GEOCnAPlIlE ECCLESIASTIQUE. lOM
toujours pourvus (le loiiie s Tie de gibier. Ceux (jui plus petits pour les porter sur le dos. Hnbil.tnt peu
demeurant p'è> des rivières trouvent u!ie ressource
dans le poisson, quMs pieuueiit au (ilet ou à li nas-
se. Ils cou!.truiscia à cet fffet des canots avec des
nii/rceaiix d'écorce de lioiile.iux (ju'ils assujettissent
avec d's nerfs ti'él;in, ils les cinluisent ensui;c de
résine. Ces viandes, les amandes ou pisiaclies de
cèdres, el les grair.es de niarai<, compfisenl toute
leur su!isisi:ince. Ils joi.issent i!e la meilleure sanié,
qu'jque deineniaiii au milieu des marais et des lo-
rc's, dan> une contrée iiéç-froide. Les Russes leur
vend'îiil la farine avec laf|uelle ils s'arcontuuicni peu
à peu à faire toutes sortes de pâtes. Ils soûl f ri con-
tents lorsi|u'i!s peuvent se procurer desljipieiirs spi-
ritue^^es. Ils .'iclièieiii des Russes toutes les choses
nécessaires à leur liabilleiiieiil, car ils ont niètue
oublié la prépuraiion des peaux el fourrures.
Les Vdginils, petits et efféminés, ressemblent un
peu aux Kdhnuuks, excepté qu'ils sont blancs. On
les reconnaît à lour vl>age rond, à lurs cheveux
noirs ; on trouve rarement p.irmi eux des blonds ou
leurs jourtens pendant l'été, ils occu-enl alos leurs
balagany'^, ou cabanes d'é.é, laites il'écorces de bou-
leau, et entretieiiiieiit sur le devint un feu couli-
nuel, priur en éloigi'cr les mouches el les taons qui
fonrinlllent djiis ces contiées, et qui ne b^nr laisse-
raient pas un luuinenl de repos sans celte précau-
tion. Ils gardent près d'eux leurs animaux domes-
tiques.
Les Vogouls, non encore convertis au ehr!slia«
nlsiiie, croient également en un Dieu Souverai:i mat-
ire du inonde: ils lui donnent le nom de Torome, et
pensent que 'e soleil esl le lieu de scn séjour ordi-
naire. Ils regardant aussi le soleil et la lune comme
des divinités du second ordre. Leur principale féie,
qu'ils niimuicni ijébola, est r onsacrée à Torome et au
soleil. Elle ye ce ébre à l'àjues, qu'ils re^iardeat
comme la fête de la descente de Dieu sur la lerre.
Celle fêle, à l 'quelle ils donnent le nom de piin-
temps, est réioque k laïueHe leur année coin-
ineiice. (,luand la nouvelle bme lojidic avec In pre-
des roux. Us ont peu de baibe, el elle leur pousse miére de ces fêles, ils en lent aussi une solemiité
très-Uiid. Les lemiuessoni assez jolies : leur babil- qu'ils célèbrent sous le nom d'aiifc'ifto. Ces jours-là
'lenienl consiste en une longue chemise de desbus, ils ofl'renl en sacrilice éiaiis, bœnfs, bêtes fauves,
de crusse toile blanche, qui de.-cend jusqu'à lerre, brebis, porcs, oies, canards, poules, gelinottes, per-
Elles ont pour cuiffore un mouchoir autour de la dris, gàleaux, miel, bière, hydromel et ean-de-vie.
lé.e, et porieni dessous un bandeau noir garni de Us s^e disent tous chrétiens (I); il esl cependant ccr-
cura'ix. Les tilles ont leurs cheveux tressés ciunme lain qu'ils en', un grand nombre d'idoles à qui ils
les Russes. Ce peuple a adopté une grande partie rendeni un cube secret, surioiu lorsqu'ils paiieut
des mflp:irs russes, ainsi que les d.inses, qu'il prélère pour la (basse des élans, des iibclines, etc.; ils in-
anx siennes. Leur insliumenl ordinaire, es. ècu de vorpieul des divinités particulières, el iuimok-nt ces
harpe qu'ils appellent cougour, a la forme d'un pi'lit .nn maux dev;inl leurs idoles ou ligures. Des mineurs,
canoi couvert d'une table harin( nique, sur laijU'Ile occupés delà recherche des mines, truiivérenl, il y
esl posé un chevalet ; sept cordes de boyaux, tendues a (ilusieurs années, en purcourant une foiél cousu-
dessus, sont attachées à l'un des bouts d<- l'instru-
nieiit par une cheville qui le traverse; le musicien
lient rinstriimeiil sur ses genuux, niaïque les loos
de la main droite, et joue de la m. du g'ucbe.
Les cabanes d'hiver des Vogouls, qui n'ont pas de
maisons pat eilb s à celles des paysans russes, sont
en bois, de forme conique et sans loil ; elles ont li
niée par le eu, entre la Sosva et la Lobva, une sta-
tue de cuivre près d'un pin fort élevé; elle repré-
sentait un homme tenant un javelot: c'était pmlia-
bleinent une id le vognule. Ce pe.ipe, avant il'èlra
Converti, gardait coninionéinenl ses idides dans les
an. tes de? mibers, ou au-dessus des rocs escarpés,
ou sur des pins élevés, pour s'exciter à une plus
porle au noid ou à l'est; à gauche de la porie, et grande vénéialion. Ou voit, près de la L'diva, au-
con.i'C le mur, est on fouriie:<(i assez bas el une (je:<sus du ruisseau de Cbaïtanka. une grolle dans
cheminée à cô'é, ati-dessus de laquelle se trouve une inonlagne calcaire, que l'on regarde encore au-
unc ouvi-rlure con que qui sert d'' pi'Ssage à la fumée jomd'hui comme un temple vogonl : il e l rempli d'os
el de fenêtre à la cabaire. En face du fouuieiu esl un de viciinies, el ou y trouve quehinefois de petites
larg'i banc pour s'asseoir. Devant cet a|ipar einent iin ges, des anneaux de cuivre avec des (ig ire- f '3-
il y a comniunémenl une autre pièce couverte; ils y vées, et autres oljeis, que les Vogi'ii's aciièli ni des
serrent tous leurs vases et nsleioiles. Ceux-là con- Russe.-, ei auxqm Is ils leiidenl un culte setrel. Il y
sisleni priiicipalem''nt d ins des auges et des ton- a un grand no. obrc de ruisseaux et de lieux dans
neaux de troncs de bouleaux évasé-, ou de l'deorce cette parte de la Sibérie, qui p<nteiil le *noin de
du même arbre, qu'ils emploient à différents ustiges. chûlanka ou chai anskuia, parce nue les VogonU y
Us en font des gobelets el de- plats, et les femtres sai r.liaieiil leurs idides appelées communément
de longs berceaux en forme de b..lelpls, qu'elles sus- ciml.ni par les Russes de cette contrée. On estime à
pendent en l'air pour y coucher leurs enfants, el de 1 1,01)0 le nombre de ce peuple.
(1 ) Il y en a une partie qui professe le culte de l'E- gouls ; mais il n'y a pas réussi, et ceux qui sont con-
glise grecque. Le |;ouverueui<-nt russe s'est ellorcc veitis pruiquent te clinsiiainsiiie eu pulilic, et leur
de faire adojiter le christianisme par lous les Vo- idolàlrie eu particulier. (iV«(e rfe /'(lufciir.)
tOSj
GEOGRAPHIE DES LF.GENDliS AU MOYEN AGE.
Zamora, vet Stntica, Znmnra cti Espagne. L'alihé
de Coniiiianville rapporte que celle villt; se noinmjit
^umantia, si l'un en croit une ancienne Notice (|ni
(lit expressément : Numawin, qiiam Col!ii vocarunt
Zanioram (Nuinance, qne les Gollis nirninnèient Za-
mora). Quant à nous, Zaninra nous paraît plutôt èire
un mol d'oriiiine arabe. Quoi qu'il eu soit, l'évêcUd
de Z^imora date de l'an 1119; il clilt et est encoie
Si'ffiajj'anl de l'arclievèclié de Saint-Jacques de Coni-
postelle. Zamora, auparavant, faisait p:ii lie du dio-
cèse de Nuuiantia (l'ancienne iNuiuauCt), que les
Rouiains avaient rebâtie, cl qui, sous les Goilis, avaii
échangé ce ninii contre celui de Girriy, mot d'origine
évideuuntnt golliiqiie. Connue Numanlia, on Gairay,
t'iitibaii eu ruines au ci'mmencf mcni du xii' siècle,
l'évéclic lut transféré à Zatuora. Garray, bàii sur le
Du";ro, existe encore aujourd'hui ; mais ce n'«st ri>'-iz
bourg. Zamora, dans le moyen âge, était une ville de
passage pour les nombreux pèlerins qui se reiid.iicnt
à Composlelle en l'honneur de l'apôtre saint Jacques.
Aussi, pour faciliter leurs voyages, 0( nstruis l-on
dans la province des routes, îles pouls et des hôpi-
taux. La ville de Zamora, à elle seu'e, possède un
hospice et Iros hôpitaux, dont la londation remonte
à l'époque dont nous parlons. Elle e>.i siiuce au som-
met d'une colline escarpée, e-'tre l'emij(ui(liure <lu
Valder:ilduey et ctlle de l'Es'a, à la droite du Duero,
qu'on y traverï^e sur un pont très-solide et d'une
grande architiclure. Le Duero, un des principaux
Oenves d'Espagne, parcourt le vaste espace qui se
trouve entre les montagnes de Guadarrama et de
Kbbaual, pour entrer ensuite dans les possessions
portugaises; il prend naissance au nord de la ville
d'Osnia et dans les limites de son évèchc, pics d'un
lac extraordinaire et profond, qiii se trouve sur le
sommet même des montagnes d'Uibiou,el sur le<|iicl
on raconte parmi le peuple des légendes étranges.
Ce n'est qu'à vii gi pas du lac qu'où rriuiintoe la
source du Duero, qui a peu d'eau; mais tninme II re-
çoit ensni;e bcauciiup de lelits ruisseaux, il se gros-
sit presque aussitôt : il est trcs-poissom.eux. Il dirige
son cours au midi, par Garray, dans l'enipl iceiuent
de Nuinance, et par S'>ria; nu peu avant Aliuuzaii,il
tourne à l'ouest, et dans cette diriciiim il continue
jusqu'.'Upiès de Mirandii; là, il tourne au siidjiisqiià
Moncorvo, où il reprend sou ancienne dirci tio i à
l'ouest, et se jette dans l'Océui après un ccurs de
6U0 kil. Uieii que dans le diocèse d'Usma, il cuit.pie
seize ponts eu pierre et plusieurs bacs. Il leçoit par
sa rive droite dix rivières, et dix-huit par sa rive
gauche.
Zamora possède une église cathédrale assez v.-isle
el viiigl-di-ux paroi-ises ; elle avait seize couvents des
deuï sexes avant h suppression de.', ordes religieux.
Elle était autrefois une place d'armes très-forte; elle
n'a plus niainlen ml que des inuraillcs en ruines et
saos défense. Les produits de son sol consistent en
grains et en vins. Quelques métiers pour le lin, le
chanvre el la laine o;cupenl une partie de la popu-
lation.
Znmora a huit pnrîes, près d'une desnue'lcs «st
l'ancien pal-iis de la reine Urraca, où se réfngi;! Vcl-
lido Dolfos, après avoir donné la nirri au rni Sanche
II. On conserve pi es du paliis épisropal les ristus do
ce'ni qn'hidjita le Cid roi Diaz, et on le nniuiiie en-
core aujourJ'Iiui la inaisnn du Cid. Colle \ilh', suc-
cessivement déiiuiie et leliâlic par ceux que la vic-
toire favorisait, a essuyé bien des vicissitudes sous
les Gohs, les Arabe, et les mis catholiijues. Patrie
de Flor an de Ocauipo, historien et tiii des ji'iis sa-
vants anliiuai;es de l'Espagne; d'AlTirnse de Zamora,
juil converti, ainsi nommé du nom de ceite vdie, un
des coopérai 'Uis du cardiial Ximenès, pour l'éditi n
de la Polvgli Iti', el de plusieurs autres pei-onnages
célèbres. Zamora a une pnpul.uion de 10,90U habi-
tanis, el est à fC kd sud-ouest de Léon; elle est le
«hef-lieu de la province suivante.
I Zamora, province d'Espagne, faisant partie de
l'antieM riyanme de Léon, lians le noid-nord-' uest
de la péninsule, coidine au nord à la prnvinc! de
Valladolid, au sud à celle de Salainaniue, à r> nest
à des portions de ces deux provinci's et de celle de
Tias-oz-Montcs en J'oringal, el eiilin à l'est encoie à
coll.' de Valladolid et à ceMede Toro. Le climat y est
en général tempe; é, sain el iiès-doux au prinienips
el à l'auiomne; cependant, loisqn'i'u hiver et même
au printemps régnent les vents du nord et du nord-
nord-est, on y éprouve des fmids rigoureux, el ou a
vu le theriuoinélre de Kéaumur descendre à b° au-
dfc.ssoiis de zéro : ce qui vient de ce que ces v-nts,
partant de la chaîne de- monlagues teptenlrionales
qui traversent la péninsidj de l'est à i'one^t, ne ren-
contrent ni forêts, ni ii régularités de teriains qui
puissent niiti,er leur ligueur avant d'arriver dans les
graiid's pi lines de la Castilîe. Céiéralement parlant,
le sol de cette province est uni, r|uoiqiie roupé dans
différentes dirertions par des collines peu élevées,
qui déieruiinenl le cours des eaux, lantôt du nird au
sul, lanlôl du sud au nord, lesmielles vnni presqua
toutes se rendre dans le Duero. qui l'arrose de l'est
3 l'ouest. A|uès ce lleiive, la rivière l.i p'ns fonsiné-
rahle de la piovinre est l'Ksla. Il n y a ) eul-è're p.ts
dans tout le royaume de province où les coinmniiica-
llons se trouvent plus larcs, soil avec rinléri'Ur,
soit avec les poinis extrêmes de la côie; et elles ne
sont ni plus fuciles ni plus iiouibrenses avec le Por-
liigal, à hiquille elle louche : ce qu' 1 faut allnbn r
au mauvais état des cliemins, au dcfiuid'iiidn>tiie, à
l'absence de ers curiosités de la iialiire ou de l'arl
qui attirent les éirangers, et e'ifin aux obs ac es pres-
que iiisurmonlables que pré-ente le Duero, forcé, par
la dis| o-ilioii du terrain, de se resserrer dans un !•;
profond, et de couler entre des montagnes el dis ro-
chers escarpés cumii c des murailles, dont la seule
\
1027 DICTIONNAIHE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 1023
vue fait frissonner le speeiaieiir. Les richesses miné- coniraire, est pourvue pnr la nature de poris niagni-
ralogiqui'S de la proviuce se réduisent à une n.ine de fi^iues et de liavres li:.l)ité<. Les ports fiéiiitiniés sont
sel gemme et à qnehiucs terrains niireux. Ses mon- la baie Clialky, la bde Dii^ky, la iKiieT.^suaii, la b^iia
ta'Mies sont par intei v;dle garnies de cliénes, pins, de rAuiirauié, lu canal de la î'.e.jic-Cliarloiii-, l.i bais
peupliers, liéo'"S, et offrent d'excellents pâturages Cloudy, le port (Jlagc et le havre Molyueux Sur l'ila
pour les bestiaux. On y trouve sa"f!liers, loups, re-
n:irds chats sauvages et gibier de toute espèce en
abondance. Les riv ères et les ruisseaux obiuident en
tanches, trniies el L:irboif. On vante les angu llesdu
canal de Cuerra au Duero comme les plus exquises
que l'on connaisse.
L'agi iculmre y est dans un état médiocre. Ses
prineipabs ié;:oltes consist'Mit en blé et autres céréa-
les, eu vin, légumes, cliàt;ii;;r.es el Iniiis de d verses
espèces. On y élève moulons, vaclns, cbeviiux et
puris. Dans quelques (autous on s'applii|ue à l'édu-
calion de^ ;ibfiilcs et à reognisseoicnl îles vidailles,
el dans d'autres ou lait d'assez bons fromage-. Une
des lautes de l'état peu floiis^ant de l'agrie Iturc est
le défaut de chemins vicinaux, ausM négli>.cs que les
grandes routes. L'iodosirie n'est p .s moios en a rière
Taviiî-Pouuamuu ; la baie Mioiooii-Kan, le havre
Kai-Para, la baie Tara-N'aké , la liiiè.c Cliouki-
Anga, la baie iSai.ga-OurMU, l.i baie Ouibudoit, la
baie Wangaroa, les b.iies Tanue-Kua, Ibiwke el d«s
llt'S, le gollé Cbour;:ki el ses havres numUieux.
Paimi les l'es qui sont des dépeuda ces ttéogra-
phiques de la Nouvelle- Zedand, on rein n que I te
Sievv.irt, où l'on trouve le port Marioa, te p. il Fa-
cile el -e, port l'cgise, deu\ îles du nom oe K 'solu-
tion, j'ile d'Uivi;le, les îles Pain de S.iere (Snyar-
Loa[) , 'ioi:lioiia , Tea-Iloura , Poubia-i-Vtaka i,
Otea, Cbooiourou, les lies Mciciue, les iles de U
baie Cbooraki, les î!es M.maoua-Touî ou les Trois-
Uois, les îles Molon-Ko;iou, eleii(iii les îles T.iouili-
l'ubi. Ces terre-, et suitoni l.> grande i c du nord|
jouissent d'une Icnipcrature unilorme el modelée,
que le commerce el ragriiM.liuie dan. la province de q»' rend leur cinnal saluire ei Ic.ir sd 1er ile.
Zmiora, el qnoiuu'elle abonde eu toutes les choses Mais, sur leurs tous, les \enls rc.^neut avec l'meur;
nécessaires à rétablissement des (abri., nés, Il n'y en aussi li conlormatioii de 1 urs liva^cs por;e-l-e;:«
a pas une seule eu grand dans louie sou éieiulue. l'empreinle de rniclenaii e des é éoenis. Les ro-
Celle I roviuee ne possèilo ni uiii\ersiié ou aeadéiui.', cheis s'y mon:reiii fiéciueminent uns el déei i lUeiéi
ni éeele d'agiicullure, ni l.iblioii.éque puiduiuo, ni en forme île poissons et auires an.nuux, el.soiiveii»
jardni botanique, ni cabinet d'hi>loiic i.atinelle; mais ceux qui sont exposés iso:é.i ei.l à la l'ircur des va-
il y a des écoles primaires dans les vi;lai;ei el des gués sont peicés d'outre eu nuire, el (orme. a des
écoles de lalioiié dans les bourgs. Ces deruièiesont arcades de diffeieotes grandeurs, donl la pi is tu-
cependani smifTert de la fero.eture des maisons reli- rieuse pe l-étre est celle île Te^a lou, qui e--l sur-
gieuïCS , sans qu'il y ail eu coinpeusaiion jusqu'à ce niootée d'un pà mi vi I ij^c fov ilié, el »ous l.iqoello
jour. — Les babilants sont sobres, pacifiques el as- passent lespin.gues; ce q.ii loin.e un ellei inlini-
sez laborieux, La pro\iuce compte 'Ji.'iUO àmcs, sur mcnl piiu.ris.iue. La Nouvelle-Zeelaml est silluméo
une étendue de ^ôj. kil. carrés. par pliiso uis rivières qm sont coo.,idérables, quoi-
Zelttuda Nwa, Nouvelle -Zeeiand. Située dans le «pie leur cours s il peu étendu. Elle, a de grande»
Grand Océan anslr.d, au sud-eal de la Nomelle-
llo lande, enlie 51° et iC" de laiimde sud, eteuire
104'' et M'J" de lungindc e»t, elle a éic découv. ne
eu 16i2 parle cé'.èi re navigateur ludlandais Tas-
man, qui lui donna le nom qu'elle porte encore au-
cbaines t'e miMita^ms, (|Ui leiifeiuicnl des Volcans;
des cl. mes d'eau en decendeiil eu cascades majes-
tueuses. Dans l'inlérieur d'ika-na-Maoui se irvUveiit
les lieux laes de Uoio-Doua et de iU .upère.
Le solde la Nouvelle Zee'.and peut suppo (cr toile
jmird'liui, et qui est celui de la Zélande, province de e.'pèce de culture. 11 est couvert li'arbres iruua
la il'illande. Cette grande terre est composée de
deux lies; elle oflVc une bande de ICOO kd. de lon-
gueur sur une largeur moyenne de 100 à l^U kil.
S'éleudant ^/ans la direclinn du nord-est au sud-
Ouest, elle est interrompue par le détroit de (^ouk,
découvert en 1770 parle navigateur de ce nnin, et
dont la laigeur varie de IG à iOO kil. La eirconlé-
reoce des deux iles réunies n'est guère iidérieure à
Cille de:. Iles Brliaouiipies. — L'ie septentrionale se
lioiunie Ikan.i-M.iouï, et celle du sud Tavai-Pouna-
n.ou. M. d'UrviUe i ous apprend que le premier nom
signifie poisson de ilaoui, fondateur de ce peuple, et
que le second indique le lac où se recueille le poK-
nanicti ou jade vert. L'ile du sud n'a jamais été ex-
plorée avec soin, à cause de sa cnnforinaiiuu nion-
tueuse et du peu de sûreté qii'u:) petit noiniire de
poris ull'rent aux navigateurs. L'ile scptenlriunale, au
beamé remarquable, surtout dans rintéiieiir des
leires. Quelques-uns s<>oi lePeineiil giga le-qne^,
qu'un seul liunu fourni une pirogue de eiieire con-
lenanl cuiqiiante à tuixante guerrier.^. I.c plus beau
lin du monde, le p/ionnium Icnux, y nail sp.titané-
n>enl ; on le récoiie suri'jul nu bord de la mer dans
les crevasses des n, chers. Les femmes le | e gneni,
le netioient avec soin, el en fabriitiient des étofTes
soyeuses du plus beau lissu.
Ika-na-Maoui piéseire presque partout nn s i| ri-
che, et, dans quelipies parties, la plus brillan e vé-
gélation. — On dépeint Tavaï-Poimaniou comme
beaucoup moins favori-ée à cet égard. D'apiès
M. Wallis, la .Mipeificie des terres susceptibles li'é le
cultivées ne s'élève qu'à un dixième de la lut illlé.
Ncannioios elles sont toutes les deux bien boisées,
et les arbres y atieignent les plus grandes diioon-
c*? J.i
I0Î1
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
1030
sions; on en voit de l'espèce du in'ii qui onl quatre- pariiion des prêtres caiîinliqiie": qu'elles ont pris dia
»ingi-ilix pieds de liant cl viiigi do dianiêire, mais l'.icilviié. Jusipi'alors elles s'étaient beaucoup pltis
saii> Hue seule branche. L'mbre qui domine louies occupées d'achats de teriains, de fermes, de iHUlti-
ics forêts est le cèdre à feuilles d'olivif;r. Il en e\i>te plicalioii de bétail, (jne de la conveiiiiiiii di'S ii;\-
un graod nnndjrc qui sont propres au cliarpe iiage, lurels.
à la menuiserie et h l'ébénisierie. An ra|)ptirl des La mission cit'.iolique ;i éié fondé.' en 183S pnr
missionnaires, ces Iles jaii-seni, en général, d'un Mgr Pompai ier, évè |uc de Maronée i;! panibiu In-
clinât doux el tempéré, également éloigné des clia- fideimm, vicaire aposu liq^e i!e l'Ucé mie occi i'-ni de
ieurs brûlantes des conliées équinoxiales et du fn iJ (pii arriva dans la Nouvelle-Zeelan.l avec un pnîtrc el
intense des légions seplenirionnles, excepté cepen- un caiécliisle. Le succé-. de celle ini>sion est dû ca
dani rextrécuité nord de T.ivaï-Pounamuu, où il grande pan e au mérite pcrsoiincl du londjleur. Il a
pleut tiès-riéipicnimciii. On ti'y trouve aucun arbre subi de rudes épreuves dms les coniii,enc<.inenis j
dont le fruit ofTie un aliment aux Européens, et à mais il est sorii trioinph.intderes lui'esd.injjOicuses,
ptine tiois ou quatre qui |ué?eiitent le niêuie avan- grâce à la droiture de ses internions, à la iruilcnci
lage aux iiidigèiies. Ou y récolle, entre au;ies plan- de sa conduite, et à sa confiance en Dieu. Lors da
tes liLibacée», du céleri et du peisil sauvage, de désasire cl de la n/ine de la ville de Kuroiaréka en
l'neibe dei C^maries, du planiain, une espèce de 18-i i, à la baie di's Iles, il lut personrr 1 cinunt
rayr,rats, l'ensnla eu glaïeul. Enlin les naturels cul- respecté par I s Maoris , ainsi que l'égl se catlioli jua
liVeiit un leu de blé d'inde, des pommes de tejre et les bàtiMients d; la mission. Les prétrei auii-
en .'iboiidaiK e, des choux, des niiveis et une espèce Maires du vicaire apnsioliiiue sont les Pères de I4
d'y.tni, d<int les semences leur uni éié données par société de Marie, dont la mairon principale est à
ifs premiers naiigaleurs européens qui les visi- Lyon, société estrêoienient recommaudilde p.ir le
lereoi.
On ne connaît jusqu'à présent, dans celte grande
terri", d'uutres quadrupèdes que des rats cl des
ctdens, I xcepié une e^|iéce de l.-zard assez gros ap-
pelé gouaiia. Il n'y existe ni repliiez ni insictcs ve-
nio eux. (joani aux oiseaux, quoique les cs|.èccs en
S'iiCiit peu variées, il en e^t plusieurs qui se disiiu-
guin! aiitanl pai leur pluui^ige que par la méludc
de leur ciianl; de ce nombre csl le pou. Il y a aos^i
des perroquets de d.lléicnles espèi es, u!i petit oi-
seau qui re^Simble à un moijiean, un canarti q-ii a le
biîf, les jnibes elles pattes d'un rouge brillant, et
le corps ci'nn beau noir; des cai.aids sauvages, qui
dévouement el l'insiruciiou dont ses membres font
preuve, f.es Maoris appellent le missionnaire catlio«
lique l'Ariki. — L'adminisiraiion de cette mission est
aujoiiro'hui parfailcu;ciil réglée : a ÏAld: des 101 res-
pr.iidances des hanqu s de Londres et de Sydney,
l'argiMit el les appruvisionnemenl.^ iriveni it point
nommé.
■ Voici les principales localités de la Noiivelle-Zee-
laml.
Ilokianga, ville qui possède une église cil'.ioliqne
et où réside le plus souvent le \icairc apostrli:|ue.
C'e-l un port situé en fice de Sydney (dans U
Noiivelle-Hidl.inde), d'où la traversée poirr y :iller
habitent les lieux marécageux, el une multitude d'oi- n'est que de huit jours.— Le, Pori-Nicolsou est le prin.»
seaux aqtiaiiques, aux |iiels on peut ajouter îles din-
doiiS, des oies, drs poules el autres volatiles, diml
les niissionnaifes anglais ont en soin de se [loiirvoir
en :dlaiit s'é ali'ir dans ces réglons éloignées, et qui,
eu se niuliipliant. ciTrironi bientôt aux raturels de
r.ouvelles ressources aliiueiilaircs. Les riviéics el la
mer sont fréquentées par des ours, des lions de mer
et drs cétacés, dont les naturels mangent la chair
avec délice.
Hoc pariicidarilé digne de remarque, c'est que le
ceiitipéd-", qui est ineoimu à la Nouvelle-Zeeland,
abonde dans les trois peliies iles Manaoua-Toiiî, q\ie
Tasman nomma les Tr(d--[lois, et qui ne sont qu'à
2'J kd. de l'eMiéuiité nord-ouest de l'île Ika-iia-
Manuî. D'.iprès le recenseoienl fait en 1810, par
cipai étallissemeni eurnpéen dans la | arlie du Nord ;
il coii^pie 5;. OU babitant<. — La colonie a- glaise
d'Auikland, r)rtc de 2000 babitjnls, e^l ég'dem.nl
dans la partie sepientr (ui.de ; elle communique avec
l'intérieur par deux rivière-; doiil les bassins offrent
des terres à la culture. — W. Iliogion est une autre
colonie anglaise de création rccenlc. C'est le lieu où
demeoreiii les luissioinaires anglicans. La position
n'en parait pas avoir é:é clioisie heureusement ; car
le pays cu'iivable eu est éloigné de plusieurs kil, ; et
précisément à cet emlroit de la côie, il n'y a poiut
de |iort.
Akaroa est une baie el un pori de la presqu'île
de Banks, dans l'île du Sud , par le i5° environ de
Uilitude ; ce port est donc tout à fait aux antipodes
ord.c du gouvernement cijloni;il, la pupulation de de Toulon, qui est au>si au 45° de hit tude nord,
l'île septentrionale était de iOJ,550 âmes. Ou y moins la différence de longitude. Ainsi, de iTiielque
comptait ôci.OOJ naturels qui suivaient le culte an- point du globe qu'on écrive en ce pays, on ne
gliean, 12,0 .0 Cl nverlis à la secte des wesleyens, et pourra le faire de p'us loin. La presqu'île a été
environ 70C0 catholiques. Le reste éiail encore acheiée par des Européens fr.ir.çais et anglais, et
païen. Les missions protestâmes n'avaient que pour d;;s sommes très-modiques. L^s naturels ap-
520 convertis en It27 iors du passage de Dumont précient peu le terrain. Vers le fond de la baie il y a
d'I'itille à la baie des Iles ; ce n'est que depuis l'ap- deux colonies des deux nations, protégées chacune
1031 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. i039
pur des navires de leurs gouvernements respectifs. lesplnsniiniiiieiiscs circmistanees du lieu, du toinps,
Ce n'est que depuis la paix de 1815 que les inission-
riaires anglais oni abordé dans celle ilc.
Bien que la lenipéraiiire y soit plus douce qu'en
Provence, elle e.-t sujette a des variations si fré-
queijius, la trinsitiDii du froid a;i rliaud est si brus-
que, qu'elle expose les éirangers à bien des mala-
dies. Au moment où Pou jouit d'un temps d'éié, il
des personnes, il lanl de la p I ence pnur I s enten-
dre rapport r, avec une senipu'c i-e exarii ude,
toutes les pariiles de celui qu'ils niellent eu Si èiio, en
imitant le son de si viiix, s< s gestes et ses njanioies.
Au retour d'im voyage ou d'n.e an:hassade, le rap-
porteur s', ssied à terre ; après avi.ir lespiré un ins-
tant, il comoience son rcc t eu fai^ani des gestes
s"c!ève tout à coup un vent furieux du sud, aceom- express fs, en se frappant 1j poitrine avec fore et
pagné de grêle et de ploie, qui vous fait sentir les agilité. Kicn ne loi écliappe, depuis le niouieni de
froids rigmneui de l'hiver, et laisse les soinmeisdes
montagnes blanchis pir la neige. Un jour après ,
l'é é levient encoie, dure quelques jours, et puis
c'est à recoiinnenccr. — Le terrain est des pins ferti-
les et trcs-i ropre à la cul iire ; de liii-mêine il ne
produit qu'une espèce de fougère Irès-épai-se, et des
arbres de tmiie grosseur inconnus en France. Il est
exltèuieiuenl dilïieile de voy;'ger soil parmi les fou-
gère», poil dans les furets, et te! cliasseiir qui croit
son départ jusqu'à s:)n retour ; il dit i, ml ce <|ii" I a
reneo itré eu ri.ule, ce qu'il a vu et appris, où il a
couché, ses repas, ses privaiioiis, s'il a eu froi ', si
le vent lui a fait courir quelque d nger dai;S sa
pirogue, combien de vagues siuit enitces d lis sa
barque, l'accueil qu'il a reçu, si on lui :i d .nno en
aboiulaiice <le belles pommes de terre, de beaux ku-
ruara. Les paroles, les manière;, le lou de voix de
ses inlei locuteurs, tout est rendu admiraldemi-nt; s'il
rallier llicu^ile son bord ou sa case, se voit souvent e-i enliè dans la maison d'un étranger, il saura ce
forcé de camper sous un arbre et d'y passer la nuit <|ii"elle renlerme aussi bien que le m:iiire dn logis. —
au frais ; mais comme dédoniinagement, il rapporlc L<^s Maoris n'ont point de secret entre eux, ei ils
quelquefois une trentaine de pigeons, qui ne l'auront -'e ci oient par là même en droit de tout savoir sur
pas fait courir beaucoup, l'ex; losion d'une arme à feu '" au'rcs. Il faut une étude pour les satisf.iire sans
ne les effrayant guère. Les oi^eaux abondent dans meniir, tuii en évitant de leur apprendre ce qu'.in
celle contrée : leurs cris et leurs gazonibenieits y veut qu'ils ignureni. Leurs discours sont pleins da
font lin concert continuel, auquel manque cependant toms poéiiques et figurés ; ils parenl a\ec volié-
la vois du loss'giiid. jnence, durant des beiires enlicres, sur des (>lioses
Les iiainrels de l'î'e du Sud , moins civilisés que qu ils pourra e.i expriiin-r en c nq minnes; car la
ceux du Noid, sont aussi moins iiombriMix, par suite langue m.iorieest plus énergique, plus coucis", p us
des guerres désasireiises qu'ils se smi faites. Il faut expressive que les idiomes de l'Euiope. Qua. d iU
espérer qu'iis déiiouilleront ce caraciére de (érotité traiteiii des questions grave^, comme la guerre ou
et iraiiibropopliaiiie qu'ils conserveni encoie aujoiir- la prise de po.-session de leurs terres par les é.raii-
d'hui, dès qu'ils commencer lit à jirêter l'orrille à la gers. ils parlent en se promenant ou en courant avec
Toix de l'Evangile. — Le premier v;iisseau qui entra lapidiié dan» le tercle de leurs audiiourî accroupis,
dans la baie d'Ak iroa fil sur les indigènei une iiu- Alors b urs figures tatouées, leurs babils éiranges,
pression inextirimable. N'ayanl aui une idée d'un
giaiid navire cl de sa mâture, et ne sacbant s'expli-
qier connient nue si lourde masse pouvait se mon-
v< ir et venir à eux, ils ciurenl que c'éiail un diable,
et s'enfireui à tontes jauihcs dans les forêts. Un
d'enire eux, plus brave que ses cnmpairio'es, après
quel , lies j. urs passés dans le- bois, virjanl le diable
arrêté, s'a\ança peu à peu du rivage, ayant grand
foin de se caclicr à la faveur des arOres ; bientôt il
aperçoii quelque cbose qui se déiacbe du navire
leurs gestes menaçants, leurs yeux enflammés, les
rendent effrayants à voir. Ces hommes, si vifs d >i:8
raclion, dcmeuient cepcnd.inl accroupis des jour-
nées presque entières, antour de leurs maisons ou
sur quelque lieu éininenl, d'où ils peuvent déeouvrir
le pays, faisant de> réllexions sur lout ce qui se pré-
sente à leur vue : le veut qui agite l'eau du lac, le
vol d'un oiseau, la piqûie d'un moucheron, le moin-
dre incident deiieiil pour eux un sujet o'observa-
linns; sans que li pipe resle jamais oisive. — Comme
(c'éiail une emb.ncation), il laisse arriver, épie et Ions les peuples sauvages, les iMaoris sont curieux.
reconnaît ile^ êtres avant braset jimbes C'>mme lui ;
aussitôt il court avenir ses fièrr-s, l.àclie de les fiiie
revenir de leur terreur, ei tuiis s'approclieiit avec
gr ne piécaiilion de ces morlels inconnus.
La vallée d'Akaroi est babitée pur des naturels
idolâtres que les missionnaires protesianis cherchent
à eaiécliiser ; ils sont au nombre de 800 ) environ.
Le> Manr sfNoHveanx-Zélaiilais) sont vifs, inlelli-
genls, d une conversaiion agré.ibe et surtout auin-
siinie par les détails qui animent leurs niiratim s.
D ués d'un esi rit observateur ei d'une mémoire heu-
reuse, ils rùconient, ils détaillent, ils développent
tniicbent à tout ce qu'ils voient, et sont surlnnt dans
leurs cases d'iiae malpropreté dégoûtante. .Atssi les
Euro, éeiis ne les ai'procheni qu'avec une exirême
précaution, et ne les soiilTreui pas chez eux. ('oinine
ils soiii à (leii près dénué- ile tout, ils ne se soi-jucnt
pas plus en maladie qi'en santé. Leur lit csl la terre
nue on recouverte tout au p'ns d'un pea d'herbe;
leur UDurri'uie la même q'i'eii éiat de snnié. Quinil
ils voni au Cindil, ils ii'nni pour inul habit qu une
ceinture à b anges; ils | OM>senl des cris aflieiix, et
leui prélude, par la danse guerrière, esi bien capa-
ble d'animer le cuuiaje des cuntbatiauts. Heureuse-
1033
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
10'
menl ces peuples ont perdu benucoup de leur Im-
meiir liellùpieise, el l'un ne verra plus, il esi à
cniire, ces giicres déva-taliices qui (inissaienl or-
dinaironieiit par rexleiiniiialioti de l'im des deux
partis, par le safcagcment des réiolies el des Inlii-
(ations, et par le eaiiuilialisine. C'est ainsi i|ue cette
race superbe des Zélandais s'csl en grande partie dé-
truite.
Des qu'un enfant eH né, sa mère elle-même l'en-
veloppe de langes, l'eiubras^e icndrenienl à la ma-
nière du p:iys, c'est-à-dire eu fais:int balire uez con-
lie nez; elle élargit par des incisions les lobes de ses
ore lies, afin qu'ils puissent dans la suiieêire cliar-
gès irorneni' nls; I uis elle continue à vaquer ;ius
travaux du niéuai^e. Lor>que reulanln de cinq a huit
jour?, daiis cert.iines tiibus, la mère le susptnd aux
branches d'un arlire appelé fcniomo, ellui redit (piel-
qiies lelrain» populaires île l'Océanie; tl:e l'eiiiuiail-
lone eusiiiie avec les feuilles du haïamo, l'allai'e et
continue à le bercer en ch:inl:inl. Ailleurs c'est nu
autre usage : une l'ennne porte son nourrisson sur le
b' rd d'un ruisseau, el le pré-eute a un vieux Taura
salarie; ce prêtre prend une bagneile, y fiit des en-
tailles en cinq eudrui s dlfTérents, el la dépose à
lerre ; il reçoit eiisniie le nouve:iii-iié dans ses mains
cl le lient un uioment debouL en face île la baguette.
S'il arrive alors quelque tlio.-e de fâcheux, ou l'en-
fant ne vivra pa-, nu i: sera inalheiiieux cl pnllrou;
mais s'il ne se réi èle point de ^illlSlre augure, il sera
brave ; si par li:iSard on avait entendu roucouler
une cnlninbe à la iialssaine d'un gar(,:iin, ce seiai< si-
gne qu'il verra i|Uel.|ne jnur de grands événements;
el dés liirs il devient lespéraiice et la joie de loule
sa l'ainiile ; ou l'élève avec le plus grand soin. La
cérémonie ne se termine pas là : le prêtre plonge
l'enfant dans l'eau, lui impose un nom, balbutie
quelques paroles que les a.-sisianis ne coiupreniunl
pas, mais qu'ils su|iposeiit adressées à uii ceriaiii gé-
nie chargé de pré?idL-r aux destinées des hommes et
d.;s o;Sc aux ; on cioit aussi qu'elles expriment des
vœux pour (|ue le jeune Océanien se familiarise plus
t iid avec t 'Utes îO, tesde ciiuié-. L'iniliaiiuii achevée,
l'i niant est porté sur les bras du prêtre jusqu'à la
case des parents. Son noin n'ol)énse-t-il personne '.'
on se livre àdcs réjouissances; maissil a reçu le nom
sacré d'un grand chef, il est coupable d'une grave
injure ,el il sera impiioyablement tué et mangé, à
moins qu'en ne rachète sa vie à force de présents. —
En général, les enlanls sont mai tenus ; souvent
même, par une certaine cra'mte siipersiitieuse, celles
qui leur ont donné le jour lefusent absolument de
les nourrir ; el, comme la charité est inconnue
parmi les femmes idolâtres, si les mères ne veident
pas ou ne peuvent pas en prendre soin, ces innocen-
tes créatures ne trouvent personne qui consente à
leur sauver la vie.
Outre les productions iniporiées dans les iles, telles
q'.ie la pomme de lerre, la pataie doute, le melon
O'o.iii, l'.-'calebasse verte, les choux, les oignon>, le
Dictionnaihe df, Géosrvphie ecci..
Ik
laro, la pêche et le mais, les Noiiveanx-Zé'andais ont
beaucoup de planlis indigènes qui leur servent d'a-
liuienl ; de le nombre soqi : la racine de fougère,
qui, réduite en pâte, est savoureuse pour l s naïu-
rel>, bien qu'elle paraisse insiiûde aux étrangers; le.
li. racine dont le goût sucré se distingue à pe ne de,
1,1 pomme cuite, lirsqu'on l'a prénaiée au feu, après
l'avoir laissé sécher deux on trois jours an sole I ,
plusieurs «spèces de f nit, comme le liori i rouge, de
deux ligues de circoulérence; le iwirmap (, u'e la
grosseur du précédent el de couleur Idanclic; le li-
lok'., rouge, sucré, mais nn peu sauvage ; !e rimu,
noir ei au>si peiil que le kuroi ; la taw^ra aux longues
feuilles qui croissent en s'.iiigloinérant sur un arhre
appelé kiékie ; le knpère, fiuit jaune, caché sous une
milice enveloppe ; il a un goùi appétissanl, n ai-, il
devient lunesle à ceux qui en inani;enl avee irop d'a-
vidite;le kolwlio, de couleur éc:irlaie; \e koliutnliuta,
noir, de la grosseur de la gr. seille, et d'une saveur
Irès-agié.ible ; le lupakihi, c'est la vigne sauvage de
la iNouveile-Zélandi; ; le j.is en est Ires-doux, mais
la larineel sunoui les II xiut-nls recèlent un poison;
le rito, on appelle ainsi la racine très-sucrée et mé-
dicinale du nicuo ; le kinau, espèce d'amande puur-
piée iioni le noyau est sub>tanii(;l ; \e tawa, noir el
agréalile au goût; une espèce d'ununas, petit, aiide
el iiès-aqiie IX ; enliu le kawaki.a, dont le jus fer-
menté devient une liqueui forte ei enivrante. — Bien
que I ' piTc ei le piusson abnndent il.ins l'ile, les na-
turels n'en inaiigiiit qii'.nix jouis de gra d.' réjouis-
sance; ils sont paiiiculièiencnt de^l nés aux hiams
et aux éirang rs. Vuiià pie-que ions les alimenia des
Nduveaux- Zélandais. Conimenl les prépan nl-ils ?
D'abord, pour avoir du feu, on prend deux moiceiux
d'un certain bols sec; ou prali |ue une entaille à l'un
deux, el avec la pointe de l'autre ou fn lie dans;
Cl Ite entaille jusqu'à ce qu'il s'y soit formé une pous-
sière que la coin, ression enlliinme. Alors on fait un
creux dans la lerre, on le remplit de bo.s tl de cail-
loux ; lors'i' e les piirres sont brûlantes, on nettoie
celte especedc four; on laisse une partie des cailloux
toul autour; les aiiires resienleiilassé- au fond; par-
dessus, soûl placées les pommes de terre, arrosées
d'un peu d'eau ; [lUis on éiend, p ur les proié^er,
une légère couilie de végétaux el ue feuilles Iraic .es;
on arrose encore le tout el on le couvre de lerre.
Les aliineuls cuils de la sorte pendanl une demi-
heure sont à la lois prop es et savoureux. — Quand
le rep is est préi, l'éiiiueiie ne demande pas qu'on
se fas^e avertir deux fuis : au premier signal, les
convives accourent à toutes jambes, et en linéiques
min.tes tout est dévoré. Le» iiisiil ores ont un violent
anpéiil : à ies Voir man.er, on n'oserait prononcer
s'ils sont moins avides que les chiens allâmes qui
les obsèdent pour avoir leur pari. Ils ne prennenl que
deux repas par jour, le maiin el le soir. Le peuple
n'a ni vaisselc m batterie de cuisine ; quant au.t
chefs, ils ont deux espèces d'assieiles, l'une plate,
V.uili e en forme de panier ; elles sont tailes en feuil-
33
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
<055
les de phormium-icmix, iressées avec beaucoup d'a-
dresse par les femmes. Les chefs ii'admeiienl pas à
leur lable les personnes du peuple : Tnsage ne souffre
pas non plus que les étrangers de distinclion man-
gent avec les esclaves.
L'IiabiUemenl des Maoris consiste en un petit vê-
tement simple qui couvre le corps depuis la ceinture
jusqu'aux genoux; il n'y a guère que les femmes q»i
le porieiii; on l'appelle patai. Le tatata, plus long ot
plus orné que le palai, est l'Iiabii ordinaire de des-
sous; celui de dessus, appelé karowai, est cliargé
d'orjiements : souvent cette tunique entière, et lnu-
jours ses bords, sont garnis de franges larges d'i«i
demi-pied, ei teintes en beau noir. Les insulaires
aiment aussi à la colorier en rouge. On dislingue
quatre sortes de manieaux ; deux sont destinés à ga-
rantir de la pluie : le iigéii, court, imperméable, et
si fourré à l'extérieur, qu'il préie h celtii qui le porte
une grosseur démesurée et un aspect s-auvage; le
pata, qui descend des épaules jusqu'aux talons, bien
qu'il ne soit pas founé, il est très-compacte. Les
deux autres sont uniquement pour la parure : le bii-
kala, tissu du fil soyeux du phonnium-icitax, est re-
marquable par sa blanclieur, par sa propreté et par
les figures en loiige et en noir qu'on y dessine avec
une parfaite symétrie; le lopuiti est une simple peau
de cliien que les chefs se font honneur de porter, et
dont l'usage est interdit'aux esclaves.
Les habitations de ces insulaires, toujours placées
à l'abri des vents froitls, sont construites avec des
plantes aquatiques. L'nç espèce de palmier, appelé
nikao, prèle ses laiges feuilles, à forme de parasol,
pour laire le toit, qui présente deux surlaces inclinées
et terminées eu angles. Celle de devant, plus vasto
que l'autre, est bordée d'une planche d'un demi-pied
de large, peinte en rouge et ornée de sculptures
faites pour perpétuer, avec leurs figuies groiesques,
la Miémoire des ancêties et des guerriers morts au
champ d'honneur. Chaque maison a, poiir l'ordinaire,
avec l'élroiie entrée dont la porte ferme herméti-
quement, plusieurs petites lenétres destinées non-
seulement à donner du jour et de l'air, mais encore
à lai-ser échapper la fumée étoufTanie du feu que font
les naturels, surtout à la tombée de la nuit pendant
l'hiver. — La vaisselle dont nous avons parlé plus liant,
une natte qui lient lii:u de lit, et un bloc de bois qui
sert d'oreiller, vnilà tous les meubles dont les ca-
banes des grands sont garnies. Les cases dn peuple
sont moins grandes et encore moins ornées : souvent
le Nouveau-Zélandais ne prend pas niéine la peine de
se procurer une natte et un oreiller de bois; il trouve
plus simple de se coucher sur la terre une.
Parmi les sauvages la propriéié est connue comme
cbez les nations ci\ilisées : les enlanis succèdent à
toutes les possessions de leurs pères, sans ipie les
cl efs eux-mêmes puissent les en tiépouiller. Les na-
turels n'écrivent pas leurs contrats ; mais leur nie-
moire conserve, aussi fidèlement que des écrits,
leurs litres e' jusqu'aux circonstances les plus niinu-
103(5
lieuses qui peuvent attester leurs droits. Les esclaves
ne possèdent rien que ce que la bienveillance du
maître leur a donné. Outre le droit de succession,
les Nouveaux - Zélandais reconnaissent encore le
droit de conquête, en vertu duquel les vaincus ne
peuvent aliéner leurs propriétés sans l'aiitorisation
du chef des vainqueurs : depuis la cessation de la
guerre, ce droit semble tomber en désuétude. Le
possesseur d'une terre permet facilement à une tribu
amie ou alliée d'y semer ou d'y planter, moyennant
une redevance; mais si on ensemençait un champ
sans l'autorisation du propriétaire, celui-ci pourrait
en récoller tous les fruits. Les champs sont, pour
l'ordinaire, très-éloigiiés les uns des autres : de là
une vie un peu nomade. On doit clore son domaine
pour le garantir contre la dévastation des porcs et
autres animaux voraces. Avant rintrodnction par les
étrangers des injtruments aratoires, les insulaires
cultivaient leurs terres avec une bêche de bois dur;
quand le sol est préparé, ils font comme de petites
taupinières, où ils caclieui la semence. Les cendres
de buis, de fougères tt d'autres végétaux leur ser-
vent d'engrais. Il est d'usage que les cultivateurs se
réunissent et s'aident mutuellement; ils s'animtnt au
travail par des chants et des cris, et s'entendent
aussi les uns avec les autres pour la consommation
ou pour la vente de leurs denrées.
La nécessité, mère des expédients et des ressour-
ces, a inspiré aux Nouveaux -Zclandais d'excellentes
manières de pécher : ici, on fixe des filets d'une
(iiiiieiision extraordinaire à des pieux plantés dans
l'eau; là, on emploie l'Iianieçon fait d'une dent de
rei|uiu ou de la coquille d'une grosse huilie, appelée
piiua; ailleurs, pendant la nuit, on attire les poissons
avec des torches ou bien avec la résine du kaori al-
lumée, et on les perce avec une lance de bois. —
Les pirogues de guerre sont eu général très-grandss :
il y en a qui peuvent porter cent personnes. Quel
travail, quelle patience il fallait naguère pour couper,
creuber et polir des arbres aussi énormes, quand on
n'avait d'autre outil que la hache de marbre ou de
jaspe ! Les guerriers aiment à orner ces embarca-
tions de sculptures, peu variées, il est vrai, mais
régulières et gracieuses; ils les peignent en rouge
et les bordent d'un cordon noir. A la proue est tou-
jours une liorrible ligure humaine qui tire la langue
avec de violentes contorsions, eniblèine des gri-
maces que font les coinbaiinnts sur les champs de
bataille. Les pirogues ordinaires sont plus petites et
sans ornements : ce sont simplement des arbres
creusés à l'intérieur.
Le tatouage, avec toutes ses variantes, est la marque
dislinctive des diverses conditions. Les chefs ont
seuls le privilège de se peindre les jambes. On re-
coniiaîl les femmes d'une illustre extraction à un
léger tatouage sur les lèvres , et à deu* lignes
droites et parallèles tracées sur le front. Les gens
du peuple et les esclaves sont bariolés sur le dos.
Ces marques sont héréditaires, et les enfants se font
i
1037 GEOGKAl'HIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE
liunneur de porter celles de leurs aïeux. Voici coui-
nient on iiriprinic ce liizarre ornement. D'abord on
trace des lignes nj)ires sur la peau; puis on fait sur
cliacurie d'elles une sui(e de petites blessures avec
un ciseict enfoncé à petits coups; à- chaque pii|ùre
on trempe le ciselel ilans un liquide où Ton a délayé
la racine du phormium-tenax réduite en poussière.
C'esl cette douloureuse opération qu.î tous nos sau-
vages, arrivés à l'âge mùr, sont forcés de subir :
rbonnenr l'esige absolument.
Autrefois le |.ouvoir des chefs était despoiique :
au premier signe de leur volimlé, un esclave, une
femme, un enfant, éiaienl mis à mort; ils s'empa-
raieni presque à leur gré des propriétés de leurs su-
jets, et désignaient arbitrairement les victimes hu-
maines dont ils faisaient servir la chair dans d'hor-
ribles festins. — Les N'onveaus- Zélandais n'ont
jamais eu une forme régulière de g'Uvernement;
mais, outre certaines lueurs d'équiié naturelle qu'ils
ont toujours conservées, ils ont maintenu plusieurs
coutumes de leurs ancêtres, sur lesquelles se léglent
leurs déleiminatioiiS et leur conduite. G'est toujours
le grand chef qui ^lré^ide le conseil de guerre où
tout le monde a voix délibcrative. La digniié dont il
est revêtu commande un tel respect, que sa volonté
présumée exerce une souveraine innuence sur Its
esprits. Chaque tribu reconnaît encore un grand
nombre de cliefs subalternes, et c'est un malheur.
Désunis et indépendants les nos des autres, ils en-
travent 1.1 plupart dts projets utiles, en voulant faire
prévaloir chacun leur scniimeni. C'est peu.-ctie à
leurs brouilleries qu'il faut altiibner ces innumbra-
blés 11 aSïacres et ces guerres inu'rminahles qui tn-
sangiantaieiil naguère la iSouvelle-Zél.inde. — Au-
dessous des chefî et de leurs sujets sont les esclaves,
ou prisonniers de guerre ; on les traitait jadis d'une
manière truelle ; ils payaient de leur tète le moindre
inanqucnienl ; quelquelois mOme ils puitaieoi la
peine des injures que leur ancien roi avait laites à
leur iiuuveau maitre ; souvent aus^i, lor^que un | er-
sunnage distingué périssait, on vengeait ^a mort par
celle d'un malheureux prisoonier. Aujourd'hui la
peine ordinaire que les vainqueurs infligent aux
captifs se réduit à leur imposer un labeur sans sa-
laire ; il s'en trouve même qui les récompensent de
leur lldélité et de leur zèle soit par des ca'leaux,
soit en les rendant à leurs tiilms et à leurs fainilies.
La servitude est réputée si ij^noininicnse, que ce
serait un déshonneur de porter le inèine nonr qu'un
esclave. Cependahl on en voit qui comniâiideni l'es-
time et s'introduisent dans les as-emblées deliLéra-
lives, où ils font prévaloir leur seuiinienl sur les
aUaiies les plus importantes.
Le Nouveau-Zeliindais est bon, mais, en uiénie
temps, emporté et vindicatif ; en recevant de vous
un bienfait, il vous a donné son cœur sans réserve;
toutefois, si vous lui faites une injure, i! oubliera à
l'instant tout ce qu'il vous doit, sa fuieur éclatera
comine un coup de toonerre : incapable d'entenure
lfl38
raison, il se portera aux derniers excès. Autant il
est violent dans sa eolère el terrible dans sa ven-
geance, autant il est tendre dans les témoignages de
son amour. Lorsqu'arrive un parent ou un ami,
on lui témoigne la joie qu'on éprouve par ces pa-
roles accueillantes ; Viens, vient; parles regards les
plus affectueuN, par des soupirs et par des cris ac-
compagnés de torrents de larmes; puis, tandis que
les nez sont piessés contre les nez, que les visages
se décomposent par la vivacité du sentiment, des
voix mélancoliques, distord.mies, enir coupées de
sanglots, et divisées en deux choeurs, entonnent ta
l'improvisant le chant de leiidrcsse. Un ne s'en lient
pas là : les femmes iracent, avec des coquillages de
mer, des sil ons sanglants sur leurs visages et sur
leurs bras : ce n'est qu'en se déchirant ainsi cl en
faisant couler leur sang iin'elles prouvent, dit-on,
qu'elles savent aimer. — L'entrevue doit durer plu-
sieurs semaines et même plusieurs mois'; autiemcnt
la famille visitée se plaindrait d.ms un langage aussi
tendre qi.e poétique : Tu t'en vas! nous ne l'avons
pas encore vu! à peine acons-nous vu tes yeux! etc.
Quand le parent ou l'ami est sur son départ, les
chants de tendre-se et de regret recommencent;
puis on l'accompagne fort loin, en le faisant asseoir
de>ieii.ps en temps et le priant de revenir sur ses
pas. Si l'on a une faveur a demander, c'e^t alors
qu'on la si lliciie. La visite d'un chef a quelque chose
de plus Solennel : le lien où il doit être reçu est ap-
proprié avec soin, cuinert iic feuillage et tapissé de
belles nattes qui serviront de sièges. — Qu'un ne
s'étonne pas des larmes que les Nouveaux-Zclandais
lépandeiu en quKtant ou en revoyant leurs amis :
ils en versent à volonté lorsque l'usage les com-
mande; el l'étranger est quelquefois surpiis de voir
le suurire suecéder en un instant aux pleurs, le
sang-froid aux émotions exirémes. Api è- qu'un grand
chef a reçu les témoignages d'affection de son peu-
pie, il s'assied à la place la plus lioiioiable; les chefs
inférieurs se rangent à ses côtés, plus ou moins rap-
prochés de lui, suivant leur d gnité. Chacun garde
un niument le silence; un subalterne ne parlerait pas
avant son supérieur; tous relléchissent longtemps et
milrissent bien leurs pensées avant de les expiimer.
C'est encore la coutume, dans tes sortes de visites,
de se faire des présents mutuels : le grand chef doit
être le plus généreux, et il l'est en effet.
Peiidani longtemps la Nouvelle-Zélande a été le
théâtre de guerres continuelles et sanglantes. Que de
montagnes, que de vallées, que do plaines aujourd'hui
désertes, el naguère peuplées p ir des tribus que les
vieillards ont connues et qu'ils noiuinent i leurs pe-
tits enfants! Ce t^éau terrible les a exterminées. L'é-
ducation des Maoris conlrihue beaucoup à ces hosti-
liiés. Les insulaires, apics avuir sucé avec le lait
riiumeur belliqueuse, entendaient tons les jours de
leur enfance leurs pères, leurs mères e. leurs voisins
vanter la gloire des armes, chaniei la valeur et le»
i.eiions des guerriers, applaudir au massacre des en-
DICTIONNAinE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIOUE,
i059
neiU'S. Or, il esi facile de comprernire que des hom-
mes ainsi élevés ne lespirciu que les coinb;iis. En
oiitie, les raisons l'O'.ir lesqiielli>s on en venait anx
mains élaienl infimes ; la plus légère insulte laite à
un membre de la Iribn, la morl d'nn chef ntti ibnée à la
magie d'nn piètre maori, la dévasiaiion d'nn chariipi
un vol, mie parole injnrien-e,la ncniraliiégirdée dans
un démêlé cnire den\ familles rivales, le plaisir de
faire cuire dans le limigi (cuisine) la tête des vain-
cus, enfin l.i seule amlùiion d'un chef qui voulait
s'acqnér r une répnt.ilion de bravoure, snflisait pour
meltrr l'île en feu. Si par malheur nn dief aval été
lue ou blessé, la guerre devenait inicrminable, parce
qu'il ne pouvait êire pleinement ven.é que par l'ex-
termination de l'eiinemi. — Les armes des Nouveaux-
Zélandais sont : l'arc, avec leciuel ils savent lancera
unegrandedistanredes lléclics mcuilrières; lafronde,
dont ils se servent pour jeter des pierres brûlâmes,
lesquelles tombant sur di'S u aisnns toutes cmisiruiles
avecdesmaléii iiix inflammables, allument de vastes in-
cendies (1) ; une lance de bois dur, bien travaillée et
denleléi' à la pomte; le /iaiii.doiit un bout est aplati et
tranchant, et l'autre représinie une langue et deux
yeux ; le mère- poJinnmu on casse-té e, fait d'un mar-
bre vert, cris.tallisé et très-poli : c'est l'arme favorite
deschel's. Taniôi la trahison, tantôt la ruse, ei plus sou-
vent la force ouverte décident du triomphe. Ordinai-
rement les naturels commencent |3r se réiinr en
conseil; la délibération e^t vive et animée : les ora-
teurs fixent d'abiifd l'attention de l'assemblée par un
chant; ils déploient tour à tour les res-omcfs de l'é-
loquence et (elles de la poése, pour déterminer les
suffrages. En en.':, comme nous l'avons déjà dit, tout
parle : les bras, les yeux, les traits du visa;;e, le corfis
entier ajoute à l'elTet île la harargue. Si la guerre est
résolue, on envoie demainJer répaialion d'Iionneur à
la tribu jugée cnupable. Les députés (uni cette de-
mande par de longs discours, qu'ils prononcent en
se promena it dans l'attitude de la fureur, menaçant
rennemi de leur lumi ou de leur werepounamu.
Obtiennent-ils la sa'isff.ciion exigée, les deux partis
se rendent en lou'e dans un même lieu pour exé-
cuter une danse guerrière, en signe de récom ilialion ;
tous y prennent part en faisant des sauts simultanés
et eu pous-aiit des ci is aigus. Mais si la réparation
est refusée, 1 s esprits -'exaspéreni, les deux camps
é hangent des difis et des injures; c'est à qui fera les
con'orsions les plus horribles (2) ; enfin ils se jettent
les uns sur les autres et se décliireni cnmine des lions
furieux. Quand l'ennemi est en déroute, on le pour-
suit en répétant des chants de victoire entrecoupés de
liurlemetnls affreux. Après la dispersion des vaincus,
(1) Celle manière d'incendier les habitations ap-
parten it aussi anx sauvages de la Luiii-iane, de la
Floride et de presque inute la contrée qui forme
aujourd'hui les Ktats-Unis d'Amé'ique.
{Noie de l'auleur.)
(2) Il est à remarquer que les Chinois, dont cresque
tons le( géographes ont lait un peuple puissant en ci-
viliwtion, ont con»«rv« cette «tiange manier» d'enga-
io;o
on voit ces cannibales saisir les inallieureux qui n'ont
pu échapper à leur vengeance, déchi'er lentement
h'iirs membres, se désaltérer dans leur sang, et se
rassasier avec délices de leur chair p.il|itaiite. Ils
conservent les têtes pour servir de trophées, et à
certains jouis de réjouissance ils les exposent sur les
toits des maisons.
Les naturels portent toujours sur eux, comme or-
nement et comme souvenir, des objets qui ont aiqiar-
tenu aux personnes chéries dont la mort on l'absence
les sépare. Ces ol jets, grossièrement travaillés en
forme de figure hniuaiue, ont des yeux l'aits avec le
brillant coquillage appelé pntin. Quelquefui-, à l'ar-
rivée il'iiu ami qu'on n'avait liai vu depiii- I iigtemps,
on détache les gages vénérés, on les dépose avec
rtspect sur une lonITe de feuillage ou de gazon, ou
se range tout autour, et chaque fuis que sont pronon-
cés les noms des êtres lien-am e» quMs rappellent,
on réitère les marques d'aflVciion déciiles plus haut
en pillant des visites. — Les autres oriiemenis sont
aussi variés que bizarres. Les Nnuveaux-Zéliiidais se
chargent la tète de [iluincs en furnie de panache; ils
suspenileiu à leurs oreille> des dents de reqni , des
barbes de baleine des oiseaux lout entiers, se bar-
bou lient la peau de rouge et de noir ; ils ont aussi la
coutume de s'oindre le corps avec de l'huile.
Outre la danse guerrière qui a lieu aux traités de
paix, aux visites des grands chefs, et autres réjouis-
sances publiques, il en est une fort remarquable, où
les acteurs, tourné-, du même côté, portant une bran-
che d'arbre à la maii et sur la tête une couronne de
verdure, et chantant tous à la fois, fnnt simultanément,
sans remuer les pieds, des évo!utions à droite et à
gauche. Au nombre des jeux les plus usités on compte
le ruriruri, qui consiste à s'asseoir d abord en cercle
ou en demi-cercle; puis, tout le monde à la fuis et en
cadence se frappe les jambes et la poitrine, agite avec
rapidité les bras et le- doigts, etsilfle en prononçan)
avec volubilité nue espèce de refiaiu; entre tous ces
mouvements, ces geste-, ces sifflements, ces ciis, ces
paroles si précipitées, il existe un accord étonnant.
— Les natuiels sonl très-sensibles aux charmes de la
musique. Autrefois ils avaient plu»ieurs sortes d'in-
sirnuienis; ils n'ont plus aujuard'liui qu'une mau-
vai?e Aille à trois ou quatre trous, qui fatigue les
oreilles par ses sons aigus et sunout monotones, car
ils n'ont qu'un petit nombre de imtes. Leurs musi-
ciens et leurs poêles iiuprovisenl avec une nier\eil-
leuse faci ité. Ou est souvent surpris d'entendre exé-
cuter par plusieurs indigènes une pièce qu'un d'eux
compose à mesure qu'ils la jouent. Leurs chants,
surtout ceux qui ont pour sujet l'absence d'un pa-
ger le combat. Comme les Maoris, ils font des gri-
maces et (les contm.-ions elTroyaliles ; comme les
M 101 is, ils reiirésentenl des ligures gr inaçantes, dia-
boliques,sur leurs armes, sur leurs étendards; comme
les Maor.s, ils pou»sent des cris confus, inarticulés,
des espèces de hurlements, au moment d'en venir
aux iiiaiiis. {yole de l'auuur.)
I
1U41
GEOGRAPHtfi: DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
luiâ
reot ou d'un ami, renrermenl des pensées nobles,
des seniiiiiems lendres et élevés, des iraiis vraiment
lyriques; mais ils sont défigurés par des Irivialiiés
el des ré(iétiiions fréquentes. — Quoiqu'ils s'enien-
dent fort peu en peinture, ils aiment cependant à
barbuuiller le frontispice dt^ leurs maisons, ainsi que
leurs pirogues de guerre et tous les objets qu'ils ont
travaillé^ avec soin ; le rouge e^l leur couleur favo-
rite.— L'art de sculpter est celui qu'ils connaissent
le mieux et auquel ils s'appliquent le plus; bs tom-
beaux, les cabanes, les armes, les pirogues, plusieurs
ustensiles de iiién ige sont ornés de ligures oii l'on
admire l'ordre, les proporiions et les contours; mais
on y désirerait plus de variété.
Quoi(|ue la Nnuvelle-Zélande abnndo en plantes
médicinales, les naturels ne connaissent (iuére, en
fait de simples, que le pua, le naiii, le ruruhau, le
li, le korau, (|ii'ils emploient coni ne rafraicliissanls,
la racine et la feuille du phormium, et la r.iciae du
rengurenga qu'ils f<uil cbauiïer et qu'ils appliquent
sur les parties ma'aiies, particiilèiement sur les tu-
meurs et sur les abiè-. Quand une |iersonne éprouve
une douleur externe, elle se couche sur la terre, et
un antre insulaire marche sur le membre soulfrant
pour le guérir. La manière di; panser les blessures
n'est pas moins étrange : aptes les avoir meurtries
avec une pierre, on les tient exposées à la fumée.
Pour les miladies interiies, on ne connaît point de
remèdes. Celui qui en est atteint s'étend déses|iéi'é
sur la terre et fat consulte" un préire maori, pour
savoir s'il peut compter sur quelque chance de salut.
Le (irêtre se idace en fine d'une machine comfiosée
de petites pièues de bois, et observe avec aiieiiliuu
les inouveinents que lui imprimera le vent ; si les
augures sont défavorables, Il déclare que le malade
va mourir. Dès lors on lui refuse toute nourrituro ;
sa famille même l'abandunie ; on le biisse en proie
au dieu qu, croit-on, lui dévore les chairs et les
enirail es ; ainsi le irésage du piètre superstitieux ne
mai) iue jamais de s'accomplir ; car le patient meurt
toujours, sinon de la maladie, au moins île la faim. —
Lorsqu'un insulaire a fjjt un songe, il ne manque
pas d'en informer tout sou village: aussifit chacun
d'accourir et de se presser autour de lui pour eu-
tendre le récit de son rêve avec ses plus puériles cir-
constances; les anciens et les vieilles feniinesen inter-
prètent les obscurités ; on avertit les hameaux envi-
ronnants et les tiibus voisines de la vision nocturne
et de ses commeuiaiies ; et c'est là ce qui détermi-
ne les grandes entreprises des pauvres sauvages, ce
qui règle même toute leur comluitc. Ils croient aussi
volontiers aux revenants i|u'aux songes : souvent,
au milieu de la nuit, lorsque l'ile eiuiére est dans le
repos et le silence, soudain des cris de frayeur re-
teuilsseni déboutes parts, les femmes se lamentent,
le villajie eniier est dans la consternation, parce
que l'omlire d'un parent, d'un ami, ou d'un chef
mort dans les combats aura apparu à quelqu'un pen-
dant qu'il dormaii. Avant d'entreprendre une guerre,
on consulte l'aruspice: si, pendant que le prêtre iu-
specie les entrailles des animaux sacriliés, le cri du
hibou se fait entendre, c'est un miuvaisaugiire; mais
si c'est un faucon qui voltige sur la tête des guerriers,
l'ennemi sera défiit. On emploie encore un autre
moyen pour prévoir l'issue d'une rampagne: un jeune
homme prend un noiiibie de h gu-lles égal à relui
des tribus belligérantes, il aplanit un certain espace
de terr.iin, y plante le.s baguettes comme des quilles
sur deux ligne» parallèles représentant les deux
armées en préseuce, et s'éloigne un peu eu attendant
l'effet que produira le vent. Si les baguettes qui repré-
seuieni l'enneuii lomlieut eu arrière, l'enneini sera
culbuté : si c'est en avani, il sera vainqueur ; si c'est
obliquement, la victoire demeurera in(!ertaiiie. — L'i-
m:igin;.iion ardente des Nouveanx-Zélandais et leurs
mille superstitions les font vivre sous l'empire d'une
terreur continuelle. Dans les ténèbres, ils sont tris-
tes et mélancoliques ; ils croient voir des fantômes ,
entendre les sifllements des dieux maoris, aperce-
voir des monstres qui rôdent autour d'eux, tout
prêts à les frapper de maladie ou de mort. Passer la
nuit sans lumière est pour eux un supplice ; ils na
peuvent ni parler, ni dormir; ils osent à peine res-
pirer, et, quand vous leur présentez un flambeau, ils
s'écrieut : t Maintenant nous coinmençons à vivre !>
Mais la lumière ne dissipe pas toutes leurs craintes :
c'est une croymce parmi eux, que la violation des
lapons est toujours punie par quelque grand mal-
heur, tatidis que la lidélité à ( es rits superstitieux assure
une longue vie, une bonne santé et beaucoup d'autres
précieux avantagea. Ils plaeent en mille endroits
le dieu Taidwa, gueit.int les prévaricateurs pour les
dévorer. Les chefs imposent aussi des peines qu'ils
proportionnent à l'importance du tapou violé : quel-
quefois ce sont de simples réiiriiiiainles, assez sou-
vent des cou|)S de bàtoii, ou bien encore la confisca-
tion d'une propriété ; la mort même peut être infli-
gée comme cliàtiment de co préendu sacrilège. —
Mais qu'enlendent-ils par les (a/ioas .' La personne
qui a rendu les derniers devoirs à un parent, h un
ami, ou (|ui s'est approi bée d'un cadavre, est tapoue :
elle doit se coucher sur le ventre ; elle ne peut se
servir de ses mains piiur prendie sa nourriture, et
lorsqu'elle ne trouve point d'ami d.sposé à lui met-
Ire les aliments à la bouche, elle est réduite à man-
ger à la façon des bêles. Tout peut être .soumis au
taiioii : les bomtnes, les animaux, les objets inani-
més, les lieux, les affaires politiques et religieuses.
Ainsi tous les sauvages qui oui touché un mort,
ceux qui ont préparé la terre pour seuer les kouma-
ras, ceux qui les ont semés, les ch:impsoù ils crois-
sent cotunie ceux où ils ne viennent pas, sont la-
pous ; les herbes qui poussent au pied des arbres la
sont aussi pour cei taines personucs, et si d'autres
que celles (|ue la loi désigne osaient les arracher, les
arbres péiiraieiii, disent les pauvres sauvages. A
l'époque de la grande pêche, sont tapous et l'empla-
cement qui sert aux préparatifs, et les filets qui doi<i
1043
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE,
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vent être employés, ei U rivière où on les jettera;;
il faut s'en tenir à une dislance respectueuse, jus-
qu'à ce que l'insulaire ^pii préside ait pris et mangé
un poisson; \'alaniirn (cimetière), el le lieu où meurt
Une personne, S'i't aussi tapons; la maison où vient
d'expirer un chef el les objets qui lui ont appane-
nii, sont soumis à un tap ■■« qui ne se lève pas : Il faut
les brûler. De là l'usage de porter les mourants en
plein air, ou sous i|upli|ues mauvais abiis dressés à
la Inile. Lalinngis, nu cuislires, sont lapoue.i pour les
chefs ; il leur est rtéi'endu d'y dnrniir, d'y inausier,
de s'v chauffer. Les létes de ceux-ci sont toujours
tnpoues. Parmi h's animaux (npotis, on disiingue denx
espèi-es d'oiseaux, le lid et l'iîie ; Manuï, le créateur
de la Nouvelle-Zélande, a fait pan de son esprit à
ce dernier. Les anciens avaient des ctanis eu l'hor»-
neur de ces deux oiseaux. — Quelle est l'oriiiine des
tttpoits? Les uns sont atlriliiiés aux dieux du pays,
les autres aux chefs des tribus et aux prêtres. On les
jelie en prononçant avec précipitation quelques mots
d'un jargin inintelligible ; pour les lever, on passe
un bàiori sacré sur l'épude droite de la personne
tnpoiie, puis sur ses rei s, ensuiie sur son épiute
gauche ; on casse le bàinn en ileux, et on l'enseve-
lil dans la terre, ou bien on le fait brûler, d'autres le
[cttent dans l'eau ; apré'i celle opéiaiion, l'insulaire
est remis au rang des profunes.
Il n'y a guère que les personnes de di«linclion qui
soient admises aux fonciions sacrées; et même il
n'est pas rare de voir des chefs de Iribii céder le
sceptre à un de leurs eidanis pour être élevés à la di-
gnité sacerdotale. Le miuisicrc des prêtres se borne
à consulter les augures, à donne;- aux cnfanis cette
e-pèce de biptêuie doui il est (piesiion plus haut,
à conjurer les icmpêies, à faire des prières pour la
santé des hommes, pour le succès de la ^'uerre, pour
la conservation et la piospérilé des Iruiis, pour ob-
tenir un veni favorable ,iux navisaieurs el une douce
pluie !in\ fhan)pjdÈs-»échés. Quelquefois les femmes
partagent avec lenrs maris les honneurs du sacer-
doce, et nos crédoles insulaires sont a-sez simples
pour regarder les songes de ces prêtresses comme
des révél»iions , leurs décisions ridicules comme des
oracles.
Il y a trois espèces de mariages parmi les naturels :
le premier se conclut par la délibération des chefs et
des parents, avec le simple acquiesceuieni du jeune
homme et de la jeune filie; dans le-ecnnd, l'inclina-
tioM des futurs époux parait seule consullée. Le
Nouveau-Zéluidais qui a résolu de prendre une
compasjne , va chez !a personne qui â (ivé son choix,
Il l'embrasse à la irti.ori, en faisant battre nez corilre
liez ; longtemps il pleure auprès d'elle, lui redt dans
ses chanl~ lous les seniimenis quM désire faire par-
laner, et enfin il lui demande sa main ; c'est ici que
les chefs inicrvienneni pour s'assurer que leconsen-
teineiit de !a femme n'a pas éié arraché par la
craiiite. La Irnisièmeesfréce est ptutôi un rapi qu'un
Il ariage : le prétendant, (laign ml un refus de celle
qu'il veut obienir , a recours à la for«e ouverte, et
l'eidèvc à sa (anii.le. Alors, i our lui disiuiler sa con-
quête , s'engage une luite sanglante entre les parti-
sans de l'agresseur et la tribu insulice; mais si le ra-
visseur dérobe la jeuin> lille aux recherches de ses
purcnis pendant trois ou quatre jours, il y a pres-
cription en sa faveur : elle est devenue sa légitime
époii-e, et les ileux partis mctient bas les armes. —
Parmi le peuple , la polygamie est détendue, bieo
qu'il soit permis à tout Nouveau-Zélandais de ren-
\oycr la compagne qui n'a plus le bonheur de lui
plaire , pour contracter une nouvelle union. Quant
aux cliefs , le nombre de leurs femmes est réglé sur
leurdigniié : le prein;eren a un plus grand nombre
que ses suballernes; cependant une seule est consi-
déiée comme épouse. Il est inuiile de dire qu'ici,
Comme partout où elle est éiahlie, la polygamie eii-
traiiie à sa smie une iiiOniié de crimes; outre les
jalouses, les dissensions et les lixes qu'elle sème et
perpétue dans les niéiiages, elle est la source la plus
commune des infanticides et des suicides qui répan-
dent le deuil au sein des tribus.
Dès qu'une personne est morte , surtout si c'est
nn chef, des messagers en porieiii la nouvelle aux
amis du défunt cl aux peuplades voisines; son plHS
proche pareni lui feime les yeux, luiis 011 le frode
avec du phormium veit , afin d'enlever, d'seni les
naturels, les restes de la maladie ; ses cheveux sont
arrangés avec élégance et ornés de ftuiliage: il est
revè'u avec magnificence el déposé dans une bière
tapissée de verdure en dedans , el peinte eu dehors
avec des couleurs rouscs et blanches : dans cet élat
on l'expose en public, et tout le monde vient lui
offrir ses derniers témoignages d'affeciinn. Jusqu'à ce
que le soleil se soit levé et couché trois fois, l'air
retentit jour el nuit de chants fimèbres et de cris
lainentahies. Pour exprimer leur attachement au
mort, ses parents, ses amis el ses esclaves se déchi-
rent le corps d'une manière horrible , se traçant en
lignes courbes des sillons sanglants sur le front , sur
le visage, sur la poitrine , sur les épaules et sur les
br.is. Le moment de la sépulture arrivé, les hommes
ei les femmes accompagnent le convoi à Yntamira ou
cimetière, en chant int tour à tour l'hym le du deuil.
S'il s'agit d'un chef, on place le cercueil sur un
mausidéc élevé, en lorme de colonne, orné de sculp-
tures el peint en ronge ; les corps des simples insu-
laires sont suspendus aux branches des arbres. On
dépose auprès delà tombe du guerrier son mere-pou-
nnniii, son mère-paruwa et ses autres armés, parce
qu'il en a be>oin, dii-nn, pur faite la guerre dans
les régions de la nuit. Les funérailles finies , ceux
qui y oni été employés , vont se purifier dans la ri-
vière voisine. — Si l'on demande au\ indigènes pour-
quoi ils suspendent en l'air lenrs parent* défunts :
• Nous voulons, répondent-ils, qu'ils soient toujours
présents à nos yeux el qu'ils vivent en quelque sorte
au II ilien de nous : ensevelis dans la terre , ils se-
raient gênés et ne voyageraient qu'avec oeine dans
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les scniiers de la iiiiil : lorsque la guerre nous oblige
de quitter iius vullées , uous les eintiorioiis plus fa-
ciiemt^ni avec nous ; car nous ne saurions nous sé-
parer des cendres de liOS pères. » — La nation
maorie ;i pour les morts un aiiacheraeiit et un res-
pect qui passe louie expression. Elle aime, honore.
GEOGRAPHIE DES LEGENDES Alj MOYEN AGE.
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inférieures situées au-dessous de la mer, ii éc^irie le
voile transparent qu'on trouve à l'entrée du chemin
de Motatau, et gagne les |d:iines aériennes ; après s'y
ilre récliaullé aux r.iyoiis du soleil , il rentre dans
la nuii, où il est livré à la tristesse, aux souffrances
et aux maladies ; de là, il revient en ce monde pour
adore presque ceux même qu'elle avait méprisés et reprendre ses ossements, et retourne encore au
haïs pendant leur vie. Tour Vatiimira on clioisit de neimi», pour de longues années. Plusieurs des nco-
prélérence un lieu élevé , solitaire et couvert d'ar- phyies ont f.iit remarquer aux missiontiaires ca^ho-
bres touffus. Il est soumis au plus lerrib'e de tous liqnes le rapport de celle croyance avec le dogme
les /npoMS : ce'ui qui osemit le violer ferait à la na- de la résurrection. Les iiauvres iilolâires croient
lion un outrage sanglant, et seiait impitoyahlemeni aussi tiue les morts 'essusciiés, après un long séjour
puni de mort. Si louiefois il échappait à la vengeance dans le Reinfia , meurent une seconde fois, et font
des hommes, il ne saurait se soustraire, disent nos
indigènes, ou dans ce monde ou dans l'autre, au
courroux de l'implacable Taniita , dieu cmel qui
châtie les infrac'.eurs du lapou. Plusieurs tribus se réu-
nissent une fois l'an dans ruiomira, afin de descendre
des arbres les restes de leurs morts et les déposer
dans l'iolérieur du bois sacré. Cette translation s'ap-
pelle le lialiuiiga ; elle a quelque chose d'imposant
piiur les étringers. Voici l'orJre de I . cérémonie :
les nniables frappent le cercueil avee une baguette,
en prononçant des paroles magiques ; ensuite on le
dépose à terre; on remplace le vêtement mortuaire
ilu défunt par d'autres ornements, et le premier des
chefs le prenant sur ses épaules , s'avanre, suivi de
la foule ei précédé d'un homme qui porte à la main
H.e branche d'arbre, vers le lieu destiné à l'inhu-
RKiiion Là , le cadavre est placé sitr un tapis de
feuillage, les chairs soni ensevelies dans nne fosse,
une Tieille femme, toute ruisselante d'huile et |om-
peusement parée, recuit le crâne dans les plis de son
manteau. Alors eummence le pilie ou chant funèbre;
suivent des discours longs et bruyants (I) ; enfin ,
après avoir peint les ossements en blanc et en rou.L'e,
on les Ile en un faisceau pour les déposer dans leur
dernier asile. Avant de se séparer les naturels pas-
sent plusieurs jours on réjoni-sances , et se chargent
de mutuels présents.
Les Noavcanx-Zélandais ont toujours ci^u qu'il est
en nous une substance supérieure à la matière , et
qu'une vie fîiluré , heureuse ou malheureuse , nous
attend au delà du tombeau. Le voyage qu'ils fout
faire aux niôrts suppose évidemment cette croyance.
Us disent que le i!éfunt , en sortant de ce monde ,
va prendre ie fokuàiatiia (nom du seniier qui mène
à l'empire de la mort). Ce cliemin le conduit à une
avenue appelé Pirifa; il monte, descend, se repose
et soupire ajuès (a lumière ; et après s'être reniis
en marche, il arrive dans une maison appelée Ana ;
bieiiiôl il eu sort , trouve un autre chemin qui atiou-
tit à un ruisseau dont les eaux fout entendre un mur-
mure plaintif; il franchit la colline de lleraiigi , et
levoilMu kèïngà (enfer). Quiilant alors les régions
(I) Ainsi l'usnge récent qui s'est introduit en
France de prononcer des discours sur la tombe des
morts, est praiiijué de temps immémorial par une
de nouveau le voyage rie la nuit; qu'ils ressuscitent
61 meurent encore, jusqti'à ce que leur corps soit
transformé en un certain ver qu'ds appellent toke ,
et que l'un voit souvent en creusant la terre. La vîè
du Reintfa est d'ailleurs, selon eux , tout à fait sem-
blable à la vie présente : on y éprouve les mêmes
besoins, ce sont les mêmes habitudes et les mêmes
rapports ; et cela explique pourquoi ils font périr les
esclaves à la mort de li'iir maître , et pourquoi les
femmes se suie idenl aiiprè du cercueil de leurs ma-
ris, à moins qu'elles n'aient des enfants qui récla-
ment leurs soins et leur tendresse. — Avant la pré-
dicaiiim de l'Kvangile , les Nouveaux-Zélandais'ne
réservaient pas l'immorialiié à eux seuls ; ils l'ac-
cordaient aussi à leurs chiens ; et ils les envuy.itent,
après leur mort , dans tiri autre monde :'piielé
Wawwaowao. — Le dieu maori TViro jotie un grand
rôle daifs le lleinga : on le suppose occupé * nuir«
aux iiuirts qui voyagent dans les régions de la nuit,
à réduire leurs corps en poussière, à les tenir eux-
mêmes dans l'esclavage; il ne leur laisse d'autre li-
berté que celle d'apparaître à leurs amis par des sif-
llements nncturnes. De là, l'iitiention des naturels
à observer les moindres bruits qui se f^nl entendre
dans les ténèbres (2).
Jamais lesNouveaux-Zélandais n'ont eu ni temples,
ni autels, ni idoles. Leurs sculptures ont toujours été
consacrées à perpétuer la mémoire de leurs parents
et de leurs amis; mais ils se figurent, répandues
partout , des puissances invisibles qui exercent une
certaine influence sur leurs corps et sur leurs âmes,
sur leurs actinns iiubliques et privées, sur leur des-
tinée et sur leur vie. Ces esprits , comme ils le
croient , sont souvent irrités ; et celle croyance fait
vivre les pauvres sauvages soufj l'impression pres-
que continuelle d'une terreur religieuse. Un coup de
tonnerre, une lempêle, un accident funeste , une
mort subite , une perle imprévue , une année sté-
rile, sontà leurs yeux tout autant de marques certai-
nes du courroux d'on dieu qui punit 1» violation d'un
lapou , r.rmission de quelque prière ou de ipielque
superstition ttiaori. Sont-ils atteints de celle espèce
peuplade idolâtre et sauvage du Grand Océan Austral!
'^ (iVufe de l'mileur.)
(2) Le dieu }Yiro ne paraît être ici qu'une parodie
de Salm. U^ote de l'auleur.)
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DICTIONNAIRE DK GEOGRAPHIE ECCLESIASTlQUii.
de maladie qui les consume peu à peu, ei donl ils
meurent presque tous ; c'est un dieu anlliropophage
et vengeur qui est entré dans leur corps et qui en
ronge iasensihienieiil les iiarlies vitales. — Pour se
garantir de ce génies UKilfaisanis, on observe exac-
teiiM-ni los lapous , ou bien l'on a recours à ceriai-
taines priéi PS, à des eucliautemeiils , à des inalédic-
lioiis mêiiii: ; on va jusipi'à les menacer de le- tuer,
de les manger ou de les biûU'r. Les Nonveanx-Zé-
laudais prêtent à tous leur> dieux les nécessiiés et
les faible.^ses des bomnies, et il- ailiiliuent à chacun
d'eux en particulier une fonction spéciale. L'un pré-
side aux éléments , l'autre rés;ne sur les oisraux et
les pi issons. 7'aio. ki est le niailre du tonnerre :'il le
forme en roulant it déroulant avec préi ipilation des
lapes qu'on sujipose placées au dessus des nuages.
Uuliucke a créé le cbien : c'est un dieu timiiie ou
âauva^e qui ne (|uillp jamais les antres lénébreux,
et (|ul ist peu ciiunu. Tingara ou Huro liabite uidi-
ualicii;ent les pays étian^ers; il n'aborde que de
lenip.- en temps à la ISouvelle-ZiOlande, et ses odieu-
ses vi»i'es sont toujours su. vies de maladies ei de
mortalités; de là, s, ms doute , le piéjugé populaire
qui fait cousulcrer aux naturels tout rapport avec
les blancs couiuie l'unc^te à leur santé et à leur
vie.
Au commeucementdes temps, les ténèbres étaient
inco inues sur la terre ; la liMuière y était continuelle.
Ce fut la dé>>sse Hina qui, pmr se venger d'une
raillerie de Kue, fit snC(é.lir la mut au jour, te ne
sont pas là tnus ses hauts laits : un jour que sa fille
lioiia était allée ramass. r du bois parmi les brous-
SiiilLs pour préparer uti repas, elle revint IcS pieds
tout enanglaiiiés. La vue de son sang et la vive
diuileur qu'elle épiouvait la firent entrer en fureur,
et dans son emporenienl el e maudit la lune, en lui
criant : « Que lu sois mangée, parce O'-e lu n'es
pas venue ni'éclairer an nioinent où j'allais me bles-
ser les | icds. ) Indignée de celte malédiction, la lune
jeta un liamevon sur lîona, et l'ayant altii ce jusqu'à
elle, la plaça dans son disque avec la batterie de
cui>ine qu'elle tenaii à la m.iiu et l'arbre auquel elle
s'accrodiail pour n'éliepas enlevée. Pour punir la
lune, la déesse-mcre lui ôla le pouvoir de jeter à
l'avenir de:, hameçons sur la lene.
Parmi leurs dieux, les iiaturelsen distinguent trois
qu'ils di-eni être Irèies, et auxquels ils aliribuent
particuliéiement la création de leur île : ils les ap-
pellent Mawi, Maunpoiiki ei Taki. — Mawi, desceuda
du ciel sur la mer, se mit à cingler jusqu'à ce qu'il
reuconlra un rocher qui s'élevaii à l'en mit où se
voit maintenant l'iledu nord, appelée /fca-iVa-.VnHi;
il s'y ariéta et s"a>sit pour pécher; et comme il n'y
trouva rien de mieux, ptmr faire des hameç ns, que
les mâchoires des deux en ants qu'il avait eus de la
déesse de Wina sa femme, il les fit mourir. L'oeil
droit de l'un lit l'étoile du malin, appelée Malariki,
et l'œil droit de l'autre devini l'éloile du soir, donl
le nom c^t nerealiinlti. Un jour que Mawi péchait
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avec la mâchoire et une partie d'une oreille de son
fils aillé, il sentit que quelque chose de pesant s'é-
tait accroché à son h.imeçiwi ; après de longs et inu-
tiles efîorls pour tirer ce qu'il cnyait être un mons-
tre marin, il attacha sa ligue au bec d'une colombe,
à laquelle il communiqua son esprit ; et la cnlondte,
en s'élevani dans les airs, lira des alûnies la Nou-
velle-Zélande. Aussitôt (]Herile parut hors de l'Océan,
le Dieu pècl eur et ses compagnons s'élancèienl sur
la liage, formèrent en se pronienanl les plaines, les
collines, les montagnes et les vallées, fécondèrent
la nouvelle terre et lui firent produire des arbres
et des plantes. Dans une de ses promenades, Waici
.ip Tçiit du feu : il le trouva si beau, qu'il s'empressa
d'y porter la main ; comme il se b ùlaii bs doigts,
et qu'il ne voulait pas repemlant s'en dess.d~ir, il se
précip ta dans la mer. Biemôl il reparut, les épaules
chargées de matières sulfuienses qui formèreni les
volcans. Quand sa grande œuvre fut achevée, ce
dieu mourut ; mais d n'emporta pas son esprit dans
les régions de la ir it ; il la légua à un oiseau i|u'on
appelle leie, et qi'on voit ici pend 'Ut la belle saison.
— Ilawipotiki et Taki parlagèrenl les travaux et la
gloire de leur frèie C'est au second qu'on attribue
la création du premier homme dont il h'rm i le corps
avec de la boue. Apiés sa mort il lui enlevé au ciel
sur une toile d'araignée, et sou œil droit devint l'é*
toile polaire du Sud.
Dans ces troi- dieux principaux, et unis par les
liens de la parenté ; dans la manière dont ils ont créé
le premier homme et la Nouvelle-Zél unie, que
les naturels, avant d'avoir vu les Européens, croyaient
être à elle seule loiil l'univers ; dans ce combat qui
eut lieu au commenceinenl entre les esprits, on ne
peut, dii le P. Servant, prêtre de la société de Ma-
rie, ei mis>ionnaiie apostolique dans l'O éaide oc-
cidentale, seiiipécher de voir des lambeaux épars
et déligiiiés d'une lévélatiuii primitive sur la sainte
Trinité, sur la création du monde et d'Adam, et sur
le condia; des bons et des mauvi.is Anges.
Dans la Nouvrlle-Zélande aucun homme ne reçoit
de son vivaniles iionncursde l'apothéose ; mais aussi-
tôt après leur mort, tous sont placés au rang des
divin. tés du second oidre ; leurs noms, surioiit ceux
des chefs, so t tellement tapons ou s-acrés, qu'on ne
pourrait même les pronuncer sans se rendre coupa-
ble d'une horrible prnranalion. Quand un ciief meurt,
sou œil droit va se placer au firmament ; ainsi
toutes les étoiles qui brillent dans le c el, sont
pour les Polynésiens idolâtres de, yeux de chefs
zélandais.
Zocala Gens, les Zonks, ou Iakouts, ou Iakontes,
ou \akoules.— Ce peuple forme une des nombicuses
peuplades que possède l'Asie septentrionale, il per-
sonnifie presque à lui seul toute l'histoire légcndiqua
si étrange, si merveilleuse, des tribus sauv.ig^es de
celle partie du inonde. A ce titre, il mér le d'étrf
connu; d'aulaut plus tpi'i- diminue i rogr. ssivemem,
el qu'il finira par disparaître de la carie d'Abie, à
1049
CCOGRAPHIE DES L£GKNÛ£S AU MOYEN AGE.
1030
l'exomple de plusieurs nations errantes. Soumis à lu
Russie ilt-piiis 16;2l>, les Yakniites haliiienila province
d'Y:ikiiiiisk. Ce sont les Russes qui les oui nommés
Yakniiles; mais li-iir nom indigène est Zmiks. Hien
qu'ils soient voisins des Yonkagiiirs, ils n'cuit aiicnii
Irait de ressemblance avec eux, étant d'une oriijine
eniièremeiit différente.
' Ce peuple liabiiail anciennement vers les mnnts
Saïansk. au delà même de l'Angara, et jusqu'aux
l/ords rie la Lena supérieure. Oi'piimés par les Hou-
riais et les Miiiipols, ils se iranspoilèieni plus bas,
en suivant toujours les bords de la Lénn, jusqu'aux
pays fioid< et arides iiu'ils lialiienl acluelleuient.
C'psi ici que les Kosaques de Maugiizei les cnnnurcnl
ei les coui|uirenl à la Russie, conjoiulcmeul av c les
Kdsaqiies de l'Iéiiisséi, eu 1620. Les Russes impo-
sèrent un iribiu à ces peuples en 1630. Les vices et
l'opiiri'ssion de leurs nouveaux cbefs les poriérent
plusieurs lois, quoique sans succès, à. séculier le j"Ug
de la Russie; mais depuis qu'on les gouverne 'égu-
lièreiuent, el que la ju-lice est adniinislré' Comme
dans le reste de l'empire, ils vivent lraii(]iiilles, et
s'ailaclient tous les jours davantage aux Russe*.
Les Yak"Uies s'éiendeni sur les deux rives de la
Lena, depuis la livèrede Vi'iin j sqiià son em-
b'iiicliure, et depuis l'Anabara jusqu'au golle île Pen-
pinsk, el au nerd jusqu'à la Koliiiia, ce qui fuil une
élendiie da pays qui aurait nu diamèlie de 2000
kil., c'esi-à-dire, depuis le 52° jusqu'au 70" de lat.
nord, et le lOJ" jusqu'au 155° de long. csl. Ce peu-
ple entassez numbieuv, quoiqu'on ne puisse déler-
miner au jusie la quanlilé d'individus qui le compo-
seut. Ou peut, p;ir ap|iroximatinn, faire le ilénoiu-
bremenl suivant : comme ils payent un Iribul en
fnurrines, el (|ue ce liiliut esl imposé à tani pour
cliiupie mâle, ils n'avouent ordinairemenl que le liers
des iiicliviilus imposables, et comme on paye pour
54,970 mâles, en (ompianl lous les Oulouss ou tri-
bus (jui erreiil sur cet iiMuiense letriiuire, ou peut
pnrler loiile la populaimn des Yukoules à 88,01:0
iiiàles. Le célèbre bisioriograpbe Millier et le profes-
seur Fiselier les supposent de race tariare.
P<ii|-é(re nulle aulre nation au monde ne peut
offrir une aus>i grande vaiiéié de slainre que les
Yakiiiiles. Les riches, qui liabilenl aux environs des
prairies siuiées au su I des montagnes de Ver-
klinyaiiski, ont en général de 5 p. 10 pnuces à 6 p.
■i pouces de liant; ils sont h!en propirlioniiés, Irés-
forts et tiès-acUls. Les pauvres Yakoules, qui vivent
au nord du ces nionlagnes, sont luns au-dessous de la
moyenne taille, indnleuls, malsains, et paraissent
devoir ce triple désa\antage à une mauvaise nourri-
ture, à la sévérité du climat et au manque de vête-
ment.— Les propriétés des Yaknuies coiisisieni en
chevaux el eu bêtes à curnes. Ce peuple peut se
passer de tomes les autres nations : il ne lui faut
qu'un contenu, une liaclie, une cbaiiilière, un briquet
et une pierre à feu. Quand ils oui ces objets, la bien-
faisante main du Créateur leur procure asse?. l-'i
autres objets dont ils ont besoin, et leur donne même
les moyens d'en procurer aux peuples voisins. Ils fa-
briquent leurs couteaux et leurs haclies avec le fer
qu'ils tirent des mines de Vilioiiï. Ce fer est si facile
à extraire du minerai, qu'on peulle considérer com-
me un fer ii.itif. Les Yakoules funt eux-mêmes, non-
seulement leurs iisteisiles, mais tout ce qui sert à
leur habillement el à leur parure. L<'rsqu'ils vont à
la chas.se, ils n'emportent jamais d'autres provisions
qu'un peu de emimis, s'abanduniianl au hasard pour
tout le leste. Si leur chasse n'est pas lieureuse, et
qu'ils ne puissent pas se procurer de la viande, ils
niangeui la secoi.de écorce des pins et bnuleaiiv, ou
(les racines qu'ils connaisseni. Les éciireu Is S'iit un
liês-boii manger, mais leur viande a moins d'aiirait
pour les Yakoules que celle de la luarmoiie siiUeusc.
— Les Yakowles croient être absolument dans un
état de démunocralie,c'' sl-à-diresous rinlluenee des
esprits mallaisanis. Ils donnent à Dieu le nom de
Tauiflira. Il a été inipnssible d'appieudre quels siuil,
d'apiè-. eux, ses attributs. Ils reconiiaissent encore
d'auires ilivlniiés, et voici ce qu'ils en disent • Aar-
tinjon (le chef niiséricoidieux) est, suivnni e«x, l'au-
teur de 11 eiéaiion ; ils picienilent qu'ila une leniiue
nommée Koiibpy-klialoun (Inilaute de gloire), et iU
cioieui que l'un et l'autre sont tout-puissants. Ils
douiieni à un aulre dieu le nom de Oiuhsyi (l'avocat),
el ils disent que c'est lui qui porte leurs i riéres au
ciel, el qui exécute les volontés du Tuut-Piussant.
Oiicbsyt, ajoutent-ils, a sonvciil paru parmi eux, cl
cnnliiiue eiienie à se montrer, tantôt sous la forme
d'un cheval blanc, tanlôl sous celle de quelque oiseau.
Cliesoiujui-loyon (le prolecienr) intcreèile pour i ux
el leur procuie les choses qu'ils peuvent désirer, tel-
les que des enfants, du bélail, des richesses, ainsi
que tout ce qui ctuilriliue aux agréments de la vie;
il a une femiiie qu'ils nomment Akstjl (la dunneuse).
Telles soûl les divinités bienfaisantes des Yakoules.
Ou peul en ajouter une aulre qu'ils adorent dans le
soleil. Ils oITieni une lois chaque année seulement
des sacrifices à ces divinités. Ils croient qu'il existe
dans le leii un êire auquel ils supposent le | uuvuir
de dispenser les liieiis el les maux, ei ils lui offrent
des s.icrilices continuels. Les esprits ii alfai-anls que
reconnaissent les Yakoules sont en grand nombre :
ils ne ciimplent pas moins de 27 tribus d'esprits
aériens, dont le chef se nomme Oulou loyoïi; il a
une femme el be:iucoup d'enfants. Soiiyai-loyoïi
(Soiigai siguilie une iiaclie), le dieu du loniiei re, csl
le iniiiislre de sa promple vengeance. Les Yakoules
disliiigiieul les autres démons parles noms de diffé-
reiiles couleurs. Ils croient que dès que leurs scha-
nutiis (magiciens) meurent, ils se réunissent à ces
espiiis, etc.
Les fêtes solennelles des Yakoules coromenceni
avec le mois de juin, et durent 15 jours. Chez eux,
lorsque les iuiueiits ont mis bas, on ne les laisse té-
ter que deux fois le jour par leurs poulains, encore
ii'esice fi"e pour quelques instants. Dans l'iniervalle
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE EC(.LESIASTIQL'E.
4051
les poulains sont atlacliés ou renfermés dans un parc
auprès de la moison. On irait les juments, el on met
le lait dans des vases de cuir, faits en '^orme de liou-
teilles, 61 conienant environ une am re (mesure du
pays). On jette dans ce lait un moicean dVstoniac
de veau ou de poulain. On y mêle ensniie un peu
deau, et avec un hàton d. ni le l'oul est aplaii, on
le remue jusqu'à ce qu'il soil en fornienlaiion. Le
lait acquiert, par ce moyen, un goût acide, agrcjlile,
et est irès-niurrissant : mais si l'on en huit une
grande quantité, ii enivre. C'est cette Iwisson que les
\ak(iutes appellent coumis. Ils en faliriquenl aulanl
qu'il leur est possilde, el quelques-uns de leurs cliefs
en font faire i«si|u'ii otW ancres. Chaque clief fixe un
jour pour célébrer une f. te à 1 occi'sion de sini cou-
mis ; alors on pratique les rérémonies suivantes : on
consiriiit dans une grande prairie uns huile, à la-
quelle on donne une f>Tme conique, faite avec des
pieusfori minces rouverleavecde la seconde écoice
de bouleau; elle a un foyer au milieu, ei esi décorée
de hraiiclies de boule:ni en dedans et en dehors. Les
])arents et les amis sont spéeialement invités au ban-
quet, el on arcueiile amicalement li'US les convives
qui se présentent, de quelque nation qu'ils soient.
Les scliamans occupent les (iremièrcs |daccs, cl les
autres convives s'asseyint suiv-inl leur rangil'ancien-
iieté. On n'admei pas les femnies dans la cabane où
se célèbre la cérémonie du coumis. Il leur est même
défendu, ainsi qu'aux impurs, de boire du coumis
du premier svniir, par(e qu'on le rou'arde connue
sanctifié, cl ayant le iifuivoir de forliller l'esprit et
de le remplir d'un sens divin. Quand ies Yak iiiles à
qui il est permis de boire du coumis sacié ont porté
les lèvies à la coupe, ils sortent tous de la cabane, et
s'asseyent sar les braïK-hes de bouli an, formant des
demi-cercles, et faisant fice à l'est. Tons les syinirs
sont perlés hors de la cabane, el placés entre des
branches d'arlues pi iniés dans la leire, et les con-
%iTes conmeiiceni à boire. Chaque demi-cercle a son
syinir, son tcbornn et un schaman pour le présider.
C'est ce .schaman qui remplit la coupe et la fait cir-
culer, en suivait toujours le cours du soleil. Il se
boit, d*ns ces occasions, une quanlilé de coumis in-
croyable. Alors commencent les j'ùles, la liiiie, la
course, les sauts el divers autres jeux d'adresse. Ou
regarde comme pariiculièremenl favorisé des dieux
celui quia remporié le prii dans Kmis ces exercices,
et dès ce mouenl smi lémnignage est plus respecté,
el a plus de poids que celui d'un hoinme ordinaire.
Après les «inib.ils gyninasii.ities, le> Yakouies nion-
leiit à cheval, forment encore des deini-cercles, boi-
vent le coup du dépail, en se tournant toujours vers
le s<i4eil, et se retirent chez eux. Dans ces féles, les
fenimes se liennent ensemble, à quelque dislance des
liomnics, boivent, dansent ei s'amusent.
Oi! admei les personnes des deux sexes dans l'ordie
des schanians ou magicien<. Malgré cela, on y ci>ni| le
peu de ferdniej, parce qu'il faut que leur naissance
ou leurs premiéies années soieni signalées par des
!0o-2
circonstances particulières (wur h ur d .i^ior droit d'y
entrer. Les jeunes gens deslirë- à l'état de schaman
sont instruits par un ancien piolesseur, qui le.-> mène
et le jour ei la nuii dans le Tuid des f rêis les plus
solitaires, leur montre les lieux que chérissent les
esprits aériens, ainsi que ccuv que préfèrent les es-
prits infernaux, et leur apprend à les iinoquer et à
réclamer leurs secours. Les scbainan.i sont les seuls
médecins des Yakouies malades; et tout leur art
consiste dans ces occasions à invoquer l'esprit in-
fernal qui s'est emparé du malade, el à le rendre fa-
vorable par le sacrilice d'un cheval, d'une vaclie ou
de quel jue animal domesllque, etc.
Les Yakoutcs ne sont pas adonnés à de bien grands
vices : rarement paimi eux il se comniei de vols.
Très-vindicaiifs.i's élendeul leurs venpeances même
sur la posiérité de ceux qui les ont offi-nsés; mais
aussi ils n'(inl)lienl jamais un hienfail reçu. Non con-
tent dépaver lui-même, jiar un ample retour, le bien
qu'on lui fait nu les services qu'on lui rend, un Ya-
kotite r. commande loujours à ses enfants de rester
.iitachés, par les liens de l'amitié et delà gratitude,
à ses biei fa'leiirs. — Les Yakoules, très-soumis à
leurs chefs et à leurs oflionion (anciens ou sages),
leur prouvent leur respect et leur dévnueieent par
de fré(|uenies visites il des présents. Us exercent
religieusement rbospitaliié, et montrent les plus
grandes aileniions pour les voyageurs, et surtout pour
ceux qui se condnisenl avec honnclelé. Ils sont en
même lenips curieux el irè'-inlelligents, c'est-à dire
qu'ils iiiieirigenl a\ec heaucmip de francbi-e, el ré-
pondent toujours sans hésiter. Jaloux d'acquérir des
amis ''t de jouir d'une bonne léputatiou. Ils éiudient
avec soin le caracièie drs personnes uni peuvent
leur être niiles; ils leur foni souvent des piésenis,
et savent même les flatter. Toutes les fois que les
Yakoules se rassemblent, ils délibèrent sur leurs in-
lérèts communs, dont la chasse est un des princi-
paux : alors les oghoniors sont entourés par la mul-
tiiude, el leur avi> est loujours suivi.
Les Yaki'Ulcs, hommes bien consiiiués el pleins
de courage, siipporieot l'excessive chaleur elle fri'id
le plus rigoureux avec une éionnanie facilité : ils
voyagent à cheval dans le lemps des plus fortes ge-
lées, el souffrent souvcni beauc uip de la disette. Les
nial.idies les plus communes chez les Yakoules ,sout
les rhumatismes, les furoncles, la pale, les maux
d'yeux. En 1758 eien 1775, la petite vérole .lia rou-
geole en firent périr un Irès-grond nombre. Jamais
les Yakoules ne lavent les usiensiles dont ils se ser-
vent pour manger ou pnur boire; mais dès qu'un
plat est vide, ils l'essuient avec linJex el le doigt du
milieu. La laison en esl qn'iis croient que c'est un
grand péché que de jeter avec les lavures la plus pe-
tite partie d'aliiucnl, et ils s'imaginenl qu'une disette
d(dlen être l'effet.— Chaque Yakoute a deux noms,
c'est-.i-dire, un vrai nom et un nom qu'il adopte ;
jamais on ne l'appelle par ie premier, si ce n'est
tiaus le cas d'absolue nécessilé. H croit que tant qu'on
iom
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
10o4
ne prononce pas son vrai nom, il peul facilement
échapper à la reclierclie ries esprits qui veulent le
tourmoiiter. Lors-que li's\;ikoiiies ont besoin ilc par-
ler d'une personne niorie, ils ne client point ^(ln
nom, mais ils la désignent de qnel'|ue antre nia-
;, nière. Aussitôt que quelqu'un do celle iialion ineurl,
sa imite esl abandonnée, parce qu'on s'imagine
qu'elle esl devenue l'iiabiialion des démons. Clicz
les Yakouies, au moment de l'enfaniement, on ;ip-
pelle le mari, et deux mairones inielligenies accou-
clieiil la femme en sa présence. Si renf^mi esl un
garçon, le troisième jmir de sa nais.-ancc on lue une
jnineni grasse, on invile tous les voisins à souper,
l'enfant e*t bien IVotié avec la gmlssc de la jument,
et on lui donne un nom. Lorsqu'il nait une rille,«n
n'observe aucune cérémonie.
Zocaia Provincia, Pi ovince d'Yakoutsk, dans la
Russie asiniiqoe (Asie septentrionale). Elle est com-
prise enlie 55° 5,"i' et 76° 15' de lal. nord, et enire
lti2° Cl 161 de long. esl. Elle louche, au nord, à
l'océan glacial Arctique; à l'est, au pays de Tcliou-
koisk, vers lequel la Kolinia faii une pariie de sa
limiie; à la province d'Oklioisk, donl la Maïa lu sé-
pare en pmiie, infiii à la mer d'OkliobU ; au sud, à
l'euipirc chinois, avec lequel elle a pnur fiontièie les
aïonls Sian.ivoï ; au sud oucsi, ju gouve.nement
d'Irkouisk, vers lequel le Viiim lui serl de bornes
sur nue assez grjiide éieiidue, et à l'one.ii, au g«u-
venieuient d'Iénisséi k, dont l'Anabara la sépare.
Elle a environ -2100 kl. de Icngiieur de lesi à l'ouesi,
et HiOO kil. de largeur du nord an sud ; sa superhtiâ
esl do 201, 0;0 kil. raiiés.
La vaste éienduedes côies que celte province pos-
sède sur l'Océan Glacial e>l généralemeni basse,
birdée de récits en plu.^ieurs endroiis, el olisiriiée
parles glaces pemlanl une graîlde partie de rannée;
elle esl découpée par des b»nciies multipliées de
grands fleuves ou par des golfes a.ssez profonds, par-
mi lesquels on peul distinguer les golfes de Boikhaïa,
Abel.akhskai», Amoulakaka et KrouLovska. Quelques
lies sont répandues près de ces côies ; les plus re-
marquables sont : Stan-harkin, Toumatsk, Kanga-
laounoï, à l'emboucl/iire de la Lena: el celles de la
Nouvelle-Sibérie proprement dile, l'ile de Li.ikbof,
FadevSttii el Kolelnoï; d.ius la mer d'Okhotsk, celle
province a les îles Clnintarskoï et Feklisiov. Les
monts Siaiiovoi ou laldomioï, qui l'ormeni, comme
lions l'aviins dit, la limite méridionale de ce pays,
le traverbCni ausud-esi, el repaiaissenl dans sa par-
tie orientale sous le nom de montagnes d'Okholsk.
Ils envolent vers l'iniérienr de la province de lon-
gues brandies qui se prolongent jusqu'à l'Océan
Glacial, et parmi lesquelles on peut nommer les
monts Aldan. Excepte nue étroite région siiuée au
sud-ebt de celle ( haine des Stao.voï, el arrosée par
rOnda tl rukhola, iiibuiaires de la mer d'Okboisk,
lonie celle proviice lait partie du bassin de l'Ucéan
Glacial, auquel elle envoie ses eau.\ par de grands
fleuves; le plus iinporianl de ces cours d'eau eiilia
Léha, qui se grossit de l'Olckma, de l'Aldan el du
Vilioui; viennent ensuite la Kolima, l'Indigirka, ou
Kolima de l'ouest, l'iana, l'Olenek el l'An:ibaia grossi
de ruiem. On trouve peu de lacs dans celle immense
conirée; le seul remarquable esl l'Ouniajili vers le
centre.
Le icrriioire, généralement inégal el monlagneux,
renferme cependant de vasies plaines, mais le sol y
esl siérile, et ne présenie que quelques espaces cou-
veris de mouss ■, où les hahilKiiis font paîire leurs
rennes pondant l'éié ; l'hiver ils sont obligés de se
retirer dans les lorêis, qui commencent à bS" de lat.
nord. — Ce n'est que sur les bords de la Lena qu'on
trouve quelques villages russes, dont les b;ibilanls
s'appliquent à une culiure précaire. Vers le sud on
voit ()ue^|ues moniagnescouvei tesde forêis où ci dis-
sent des mélèzes, des sapins ei des bouleaux, el qui
serveni de reiraiie fi un grand nombre d'ours, d'élans,
de rennes, de marires zibelines, de ren;irds, d'écu-
reuils el de loups. — Le saumon abonde dans cette
province : sa chair, sécliée et fumée, sert de provi-
sion d'hiver aux Imbitanis, donl la chasse, la pêche
et l'édui ation des besli;iux forment la principale oc-
cupation.— Ou fait dans celle province un commerce
considérable de pelleterie; le tabac, l'eau-dc-vie, le
thé, le sucre, le nankin, des cloffcs de coton, de
drap el la quincaillerie, (onslilnent les importalinns.
Les revenus du gouvernement se composent d'une
fourrure de martre imposée à chaque laiiiille,el taxée
à environ 56 fr., ce qui lorine prés de 500,Oi)0 ro!i«
blés d'impôts. La population ésidel8S,00'Jbahilanl$.
Zungorcs, les Téléoules, ou Telengouies. C'est un
peuple de la Russie d'Asie , mèié de Tariares et de
Kaluiouks. LesRi'isse-. lesappelleul lialixouks blancs,
parce iju'ils liahiiaienl autrefois parmi les Zungnrs.
Leur tangage esi un larlare corrompu. Ils tirent leur
nom du lac Teleikoe, dans les munlngnes Allais : ils
habitent aciuellenieiil le gou\ernenient d(^ Tomsk,
district de Koiizneisk. Leur nombre, qui esl peu con-
sidérable, ne moule qu'à 5U0 niàles. Une partie de
ce petit peuple professe la religion clitéiienne, une
aulre le inahoniélisnie, et une troisième le scliama-
nisiiie; cela ne les empêche point de vivre en bonne
inlclligence enire eux, sans jamais se reprocher tel
ou tel culle. Depuis un petit nombre d'années ils sont
devenus bons culiivaieuis, sans cesser d'être de trés-
iiabiles chasseurs ; aussi ne paieui-ils leur redevance
(qu'ils portent à la ville de Kouznelsk) qu'en four-
rures. L'aiHiée solaire, qu'ils noinnieui inle, se par-
tage chez eux en année d'été cl en année d'bi>er;
l'année d'élé {yasse) commence à la foule des glaces
sur les rivières, el à la première herhe; celle d'hi-
ver {(lisse) commence avec les premières neiges.
Chacune de ces années coniient six mois lunaires
(ai); le treizième esi confondu eulre l'année passée
el la nouvelle. Les noms qu'ils donnenl à lems mois
sont pris des productions de la lerre qui leur sont
propies, ou des phénomènes de la nature qui y ar-
rivent le plus souvent. Ils ont leur vendémiaire
lUào
DICTIUNNAIRË DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
{tchet-atj) , leur frimaire, eic. Ils commencent par
celui d'avril, qu'ils uommenl coiirouz-aï, le mois de
réoiiieuil, car c'est vers ce:te époque iiue la chasse
de cet aiiim.il conimenre ciiez eux.
Zuria, vel Iberia, la Géorgie. — Au sud du Cau-
case, entre 'e Daghestan et la mer Noire, et au nord
des inotilagiies de Karahagli, de Pamliaki el de
Tolicldir, lubiie la nation géingiemie. Elle se doime
à elle-niénie le nom de Karllwuli, el se divise en
quatre liianclies priucip;iles qui pai lent des dialectes
dillérents. La priimére, ou celle ds Géorgiens pro-
preincjii dits qni sont les plus civil !>és, li;ibiie le
Karllili et l<- K:ikliéti, vallées iirrosres (mr le K"ur el
ses afû 'enls, et l'Iniéreilii, qui csl à l'ouest des
iponis Ouliiuiiilia et Asinis-Mllia , et h'élenil jus-
qu'aux rives du T>ki'eni-Tsqali, affluent ilu Rimii.
Les l'cliavi et le- Joudaniaqaii , qui vivent dans des
vallées étroites du Caucase, à l'est du llaiit-Arasivi,
affluent dn Kimr, :ippartiennenl à celle iiiéine liran-
clie , qiioii|u'ils prient l'ancien dialecte géorgien,
qui (jiflère considérablement de celui qui est en
iisnge ;iuj"Urd'liui. Les Mingréliens el les liabilants
de rodiclii el du Gliouria, tous dans le bassin du
lîinni, appartiennent à la seconde brandie, dont le
dialecte est ni'iins pur que celui de la première. La
trui.-ièine se compose des Souane? nu Clia on, qui
demeuienl dans les Alpes méiidionaics du Caiicsc,
à l'ouest de l'Ebronz el au nord de l'irnéreilii, jus-
qu'aux sour<es dn Tskliéni-Tsqali, de l'Engouri el de
l'Egr.ssi ; leur langue, déligurée par u i grand nom-
bre de mots empruntés aux iiliouies caucasiens, s'é-
loigne encore plus du geoigien, el est iMintellii;ible
même aux Mingréliens. I a quairèine cnmprcnd les
Lazi, appelés La] par les Tnrk-; c'est un |;euple fa-
ronclie : il liabite le long de la mer Noire, depuis
Tréb zonde jusqu'.n l'emlionchure <ln Tthonmlii, donl
le cours les sépare du Glionria. L''nr langue a de
l'affinité avec le mingrélien. Dans le moyen âge, leur
«cm désignait tous les peuples géorijiens, qii occu-
paieni les pays baignés par la mer N ire. Il y eut un
royaume de Lazes q: i linii par appartenir à l'empire
de Tréljiz"nde. Les bisloriens byzaniins disent una-
nimement que les Lazes sont les anciens Culclii-
dicns.
Les GéorL'iens embrassèrent de bonne heure la re-
ligion chrétienne; ils avaient de Irè^-anciemies tra-
ditions qu'ds rattai'lièrenl à celles de la Genèse, el,
adoi>iant les généalogies des Arméniens, iU préten-
dirent descendre, connue ceux-ci, de Tliaig.unos,
arrière-petit-tils de Noé. A travers les fables qui ch-
veloppenl leur origine, on voit qu'ils sont d.scendus
des monts de Pambaki, donl la dnuble dnie, qu'on
nomme Aleghès, conserve de la neige jusipi'au mois
de juin. Les Géorgiens, niarcliani vers le nord, peu-
plèrent les vallées situées entre celle chaîne et le
Caucase. Leurs chroniques incertaines, qui lemon-
lenl jusqu'au iii« siècle avant notre ère, indiquent
le pays au sud du Kour, jusqu'aux rives du Bedrouji
(Delieié), codime celui où demeurait Karililos, gui
lOitî
passe pour le fondateur de la nation. C'est de là
qu'elle se répandit au nord, et plus tard à l'ouest,
jusqu'à la mer Nuire. — Quoique la langue feénr-
gienne offre plusieurs points de ressemblance avec
les langues de la souche iiulo-germanique, el avec
d'autres, suiloul avec celles d^i nord de l'Asie, elle
doit i.éanmuins être considérée comme une langue
par iculière qui, par ses racines, de même que par
sa grammaire, difl'ére de toutes les autres. — Tous
les vnyagenrs sont d'accnrd sur l'extérieur avanta-
geux des Géorgiens. « Le sang de Géorgie, dil
Chardin, est le plus beau de l'Orient, el je puis dire
du monde. J ■ n'ai pas ninaïqué un visage laid en ce
pays-là parmi l'un el l'autre sexe; mais j'y en ai vu
ii'angèli(|iies. La iiaiure y a répandu sur la plupart
des femmes des grà(es qu'on ne V' il p ini ailleurs. i
Les voyageurs postérieurs à Chardin ne l'init pas
contreilit sur ceséoges, qni pourraient paraître exa-
gérés, et, de même que lui, disent que les Géor-
gi MIS ont beancmip d'espni. que les hommes sont
braves et excellents guerriers, mais en même temps
fourbes, fripmis, perfides, traîtres, ingrats, superbes,
d'une effronterie inconcevable , et vindicatifs. Ils
leur reprochent aussi d'être adonnés à l'ivrognerie
et aux plaisirs des sens; ils conviennent cependant
qu'ils sont civils, linmains, graves et modérés. —
C'ist en Miiigrélie el eu Géorgie que se recrutent
les harems de l'Orient ; la perspective d'y passer sa
vie n'a rien d'iffaiiiuchant pour une jeune Géor-
gienne. Si elle reste dans son pays, elle y est de
même enfermée; elle sait que, pour la marier, son
père ne la consiiliera pas, et qu'il la vei dra à l'Inimmu
le p'us opulent; elle désire donc de tomber en par-
tape à celui iini, |iar ses richesses, pnuria lui rendre
l'existence aussi heureuse qu'elle peut l'imaginer. —
D- l'.nt temps le j aysan géorgien l'ut serf d' s p>inces
ei des nobles; par conséquent, il ne s'effrayait pas
de l'idée d'éire comluii C"mme esrlave à Consianii-
iiople. Il savait qu'en restant dans son pays, il le se-
rait également, et y iraiiieraii une vie misérable;
tandis qu',1 pouvait espérer, par sa bonne conduite
ou par sa bravoure, de parvenir chez les Tuiks à un
soit brillant.
La Géorgie p >riait chez les anciens le nom d'I-
bérie. Les anciens historiens ne nous donnent pas
beau(onp de i enseignements sur ce pays, ni sur la
Colchide; mais probablement ces conliées s'enri-
chirent de bonne heure par le commerce. Les tré-
sors de la Culchide y attirèrent les Grecs vers l'an
2700 avant Jésus-Christ. L'expédition des Argo-
nautes, la preniièie que ce peuple eût entreprise
hors des mers qu'il fréquentait, ouvrit aiix peuples
de l'Occident la navigation de la mer Noire. Du
lemps des Romains, les princes de l'Ibérie furent
assez puissants pour que leur alliance eût du prix,
et ils tinrent le parti de la république contre les Par-
thes. Avant celle dernière époque, les Géorgiens
avaient été soumis à la domination des Persans ; ils
tombèrent plu? turd sous celle de'* Macédoniens. Le
1057
GEOGRAPHIE DES LEGENDES AU MOYEN AGE.
lOSâ
gouverneur grec ayaiilélé chassé, des rois indigènes
régnèrent dans ce pays jusqu'à l'exliiiftion de leur
dynastie, an %5 après Jésus Christ. Les Géorsiens
obéirent ensiiiie a un fils du mi de Perse, marié ù la
dernière descendante de leurs derniers rois. Une
nouvelle dynasiie, celle des Bngr.iiidns, montée sur
le tiône en 587, l'a occupé jusqu'en ISOU. Durant
cette période, la Géorgie fut allernalivement libre
ou déieiid^tnte de ses voisins, |irincipaleinenl des
divers dominateurs de la Perse, qui, à plusieurs re-
prises , iav;igèreni ceiie ciuiiiée, et y déuuisireut
les b enfaits d'une civilisation antérieure. En 14. i,
Alexandre I" iianagea son royaume entre ses irois
(ils, douii:int riniérellii au premier, le Katihli au se-
cond, le K'iklicii avec le Chirvan au troisième-. Ces
princes <iu leurs successeurs , trop faibles pour ré-
sister à leurs voisins, devinienl leurs tributaires.
Le Kartlili et le Kakhéti reconnureni la suzeraineté
de la Perse; l'iinéreihi et les restes des contrées
géoigiennes à l'ouest drs nionl:igues, furent soumis
à l'Innucuci; des Turks. Mais la ciaiute de subir en-
llèrcnient le j lug des musulmans, et la conlormité
de religion avec les Knsses, purtérent les Géorg ens,
dès 158(j, à rechercher l'alliunce de cette nation.
Enlin , après bien des vicissitudes, le czar de Kar-
tbli, qui av..it hérité du K ^kbeti, se déclara vassal de
la Uussie eu 1785, ei, en ItOO, ahdi iu:i. En 18i2, le
czar d'Iméreihi suivit son exemple. Par le traité de
paix de 1812, la Perse céda aux Russes tomes ses
prétentions sur le Daghestan, le Chirvan, leKarihli,
le Kakhéti, l'imérélhi, le Ghouria , la MIngrélie et
l'Ahasie.
Le nom de Géorgien, que quelques auteurs ont
regardé comme dérivé de celui d'un laboureur eu
grec, ou de celui des Georgi, peuple cité par les an-
ciens, vient plus probablement de GKrrf;i (Giorji),
roi de celte nation au xi" siècle. Le pays lut appelé
Gurdjisian. Kla|iroih pense que le Koiir a pu égale-
mei'l faire nommer KourdjUlan ou Gurdjistan\a con-
trée qu'd traverse. Les Russes nomment la Géorgie
Gronzia ; on en a fait Grousie et Grousiuie , noms
très-incorrects. — La Géorgie est un pays monta-
gneux , mais elle a des vallées fertiles qui, mieux
cultivées, seraient très-fécondes. Le vin, quoique fait
avec peu de soin, est excellent; les Géorgiens ont été
jusqu'à préseul trop insouciants pnur le mettre en
barriques, et cependant leurs montagnes abondent
en bi'is superbes. L'Iniéréihi est plus froid que le
Karthli; il est presque enticreuienl couvert de fo-
rêis, de même que la Mingrélie. Les montagnes de
toutes ces contiées doivent être riches en métaux.
Tinis(en géorgien Mikwari), dans le Karthli, sur
le Kour, est la capitale de la Géorgie. C'est une ville
fort laide; elle a beaucoup soulleil par les guerres ;
les Russes en ont rebâti une partie à l'eurnpécnne.
Tillis a des eaux thermales (élcbres. 0 ■ y remarque
une vaste et antique cathédrale. La population est de
28,000 habitanis.
Gori est une ville assez considérable du Karihli ;
Thelavi est dans le Kakhéti; Khouihaissi (Cotatis)
dans rimeréthi. Les auiresvdlcs n'eu mérileni pas le
nom; les maisons sont à moitié enlonréesen ierre,et
ont des murs en clayunn-igt- ; les toits sont en roseaux.
Le Karthli et le Kakhéti formenl, suus le nom de
Géoigie, un des goiiVernements de l'emi ire russe;
sa popnlaiion, qui s'élève à 539,000 âmes, se coni-
poe de Géorgiens, d'Arméniens, de Juifs et de tribus
turques. — L'Iim réihi est occupé militairement par
les Russes, de même que la Mingrélie, où règne le
dadittii, prince niisérab e. Sur la côte, on trouve Re-
doiil Kaléli, port avec une forteresse à l'emboucliure
du Klioplii. — Le Glmuria, qui produ t du tabac et
du coton, a :>ussi un prince qui se qualilie vassal de
la Russie. Cette puissance y occupe quelques posi-
tions, afin de garantir cette contrée rouire les incur-
sions des Otiomans. Près de la mnilié des haLiianlii
a embrassé l'islamisme, aBn de ne pas <oniberen
esclavage. Les Otiomans, aunefo^s m^iiins de tous
les pays géorgiens situés sur la mer >oire et baignés
par le Rioni (Phase des anciens) nu par le Kuur su-
péiieur, n'y possèdent plus nen dans rinicrieur. Le
pacliaiik d'Akhi;khali (Akat Tnklté en géorgien), oit
le Kour prend sa source, est une province russe.
On peut évaluer à près de l,6l0,00uâiues la popu-
lation de tous les pays géorgiens, qui ont pemlanl si
longtemps eié ravagés par les peuples du Caucase,
ainsi que par les Oitomans et les Persans.
La Géorgie formait depuis plusieurs siècles une
mission catholique desservie par les PP. Capucins
italiens, qui avaient un c<iuveut à Tillis. Mais depuis
qu'elle est devenue province russe, ces bons reli-
gieux ont été obligés de se retirer devant le mauvais
vouloir et les tracasseries du gouvernement russe,
qui ne vent de liberié que pour les prêtres de l'E-
glise grecque. La mission de Tillis est donc aban-
donnée, et les familles catholiques n'ont pas de prê-
tres et ne peuvent en avoir sans s'exposer ù la prison
ou à l'exil.
I0o9
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTllROPOLOGUTS ,
iOC")
ESSAI
SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES,
▲D POINT DE VUE DE LA GÉOGRAPHIE BEUGIEDSE.
L'anthropologie, pour remplir dignement
sa mission, ne saiiraii être circonsciile dans
la comparaison des crânes et des caraclèrts
naturels, lels que la forme el la couleur, jjour
le clas^emenl des modilicafions du genre hu-
main. C'< si amoindrir, atténuer cette science
que de I enlermer dans d'iinssi étroites limi-
tes. Les considotaiious analoraiques sur les
formes de la léle (is,seuse dans les races hu-
maines n'ont el ne peuvent avoir, dans la
quesiion d'unité de races, pas plus que les
inductions qui s'en suivent, toute l'impor-
lance qu'on leur accorde. De l'aveu même
des anthropologues les plus distingués, la
science, bornée à celle partie d'elades el
d'observations , est incomplète sous Ions les
rappoits.
Si le degré de perfectionnement d'une
science devait se me>urer par le nombre
des laits qu'elle possède, nul doule que lan-
Ihropologie ne fût l'une des i ranchos les plus
avancées des connaissances humaines. Mais
si l'on ati;iclie moi^s irimiiorlance au nom-
bre matériel des observations qu'à leur valeur
scienlilique, s'il est pins rationnel de peser
les faits que de les compter, il laul porter un
jugement tout contraire, et iivouer mê-
me que presque toutes les divisions île la géo-
grapli e ont devante par leurs jirogrès l'Iii-
sloii c naturelle de l'homme. Des observations
pour la plufart incoaiplèles, qu'aucun lien
méihodique ne coordonne entre ries, el donl
les conséquences sont souvent nulles ou dou-
teuses , tels sont le» impai faits ré^uit;^ls aux-
quels une sévère mais juste crili'iue réduit
presque tous les travaux anlliiopologiques
publiés jusqu'à ce jour. Aussi les zoologistes
qui oui presque réussi à classer l'ensemble
du règne animal dans un ordre à la fois na-
turel el lo!zique,ne sont-ils pas encore par-
venus à déterminer avec quelque précision
les d. verses races que présente le genre hu-
main, pas uicuio, sauf de rares exceptions, à
les deerire d'une manière satisl'aisaute. A
quelles causes f;uil-ii attribuer cet é al si im-
partait, celte enfance prolo. goe de l'.inlhro
pologie? à la grande (iilliculté du sujet d'a-
bord, à la mauvaise direction impiimée aux
élûtes el aux recherche-, et enOn aux idées
sysieioatiques qui ont prévalu dans les com-
niencemeuts et qui dominent encore.
L'élude des caractères des races humaines
est .'une des parties principales de l'histoire
naturelle positive de l'homme. Grâce aux dé-
couvertes et aux voyages récents, la popula-
tion d'une très-grande partie de la surface du
globe se trouve à présent connue dune ma-
nière plus ou moins ex icte. Mais alors même
que cet immense travail serait compléié pour
toutes les race<, alors même que leur.-' in-
nombrables variations, de forme, de louleur,
de liille, auraient é;é étudiées, fiiiurées, dé-
crites par des observateurs instruits, que
d'obstacles s'opposeraient encore à ce que les
mille el mil e faits, lésultats île ces longs et
pénibles travaux, pussent être coordonnés
d'une manière satisfaisante, et surtout à ce
qu'nue détermination rigoureuse et une clas-
silicaliou exacte des diverses variétés de la
race humiine vinssent enfin fournir une base
solide aux lh;'Ories anthropologiques!
A moins de circonstances favorables, qu'il ne
rencontre que bien rarement, l'a ni h rOj ologue,
lorsqu'il veut se rendre e impie des rapports
el (its différences de deux on plusieurs races,
est presque toujours réduit au seul lappro-
chement de de-criptions et de figures quel-
quefois infidèles, manquant le plus souvent
de précision : privé de t^ut moyen direct de
comparaison, comment pourra-t-il saisir dans
les descriptions de deux types voisins, les
diffciences si légères qui seules les distin-
guent entre enx? car ces différences ne soni
souvent (|ue des nuances fugitives, presque
inappréciables. Dans les traits mêmes qui
fout caractère de race, il y a des nu;nces ;
pour assigner ces caractères, ces nuances, il
i.nporte de comparer avec soin, comparer le
plus grand nombre d'objels possible, cl cher-
cher, au moyeu de cette compar .ison, à dé-
gager les circonsUinces co.islantes et c iraclé-
risiiques ifes circonstances individuelles et
variables. Or, de fails imparfiilement connus
ne peuvent naître que des conséquences im-
parfaites, c'est-à-dire, ou iiicuiuplètes ou
douteuses. Aussi, dans cette partie du la scien-
ce, trouve-l-on, pour une vérité bien établie,
dix assertions purement hypothétiques et
Souvent directement contradictoires. Omrez
les livres des anthropologues, et si vous ne
faites enirer en ligne de compte que les ou-
vrages orif;inaux. vous trouvez exacte. neiil
autant do sulu;ioiis qu'il y a d'auieu. s. Q.i.md
tant d'opinions se paitagenl les esprits, est-
il besoin de dire que la vérité ne règne point
dans la science? Ûu nouvel examen de pres-
que toutes les questions relatives a l'histoire
naturelle de riiomice, une révision de l'an-
Ihiopologie presque tout entière, sont donc
réclames par l'elat présent de la science. En
atlendanl cette réorganis.ilion générale et
absolue de l'anthropologie, il serait utile de
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
reprendre et de soumeltre à un nouvel eva-
men piusii'urs questions déj i Irailt-es par les
anllirui'oloi^ues, mais dont ils ne paraissent
pas avuir autani avancé la solution qu'ils le
pouvaient en mettant à proGl toute s les res-
sources donl ils auraient pu disposer; d'in-
troduire dans la discussi^m plusieurs données
jusqu'alors négligées; enGn, s'appuyant sur
des bases nouvelles , substiluer sur divers
points des résultats démontrés à des opinions
seulement hvpoihétiques, quelquefois aussi
des conséquences probables à de simples con-
jectures.
Les éléments de détermination ordinaire-
inent employés pour la solution des problè-
mes relatfs à l'histoire naturelle de l'homme
sont : en preniii're lisjne, l'esamen anatoini-
que des individus, la compar.iison directe
des caractères des races ; en sec' nde ii^iie,
la comparaisim do leurs langues, de leurs
coutumes, de leurs tradiiions, de leurs mo-
numents de tout gi nre, et des circonstances
de leur hibitalion. Ce sont là autant de
sources d'inductions ; il n'est aucune d'elles
qui n ail déjà Ciintouru à enrichir la science
de résultais nombreux et iniéressanls. Mais
ces éléments de détcrniinaiion, quelle que
soil leur valeur, suflis. nt-ils toujours à la
solution des questions si difficiles et si com-
plexes de l'anthropologie? N'arrivc-t-il pas
trop Iréquemnienl qu'appuyés sur leur seul
emploi, les eilorls M'.ème les mieux dirigés
ne puissent qu'entrevoir et indiquer, mais
non démontrer d'imporlants résultats ; ou
même qu'ils échouent co:!)plélemenl devant
des difiicultes encore insunnontables '?
Le nombre ei l'intensité des mudificalions
chez l'homme deviennent pour ainsi dire il-
limités. Habitant sous Ions les climats et
presque à toutes les lempéralures, variant
de cent et cent manières la qualité el la
quantité de sa nourriture, se livrant aux
professions les plus diverses, il présente
dans la multiplicité de ses races, de ses sous-
races, et l'on peut ajouter de s -s innombra-
bles variétés individuelles, l'effet naturel et
nécessaire de la multipiicilé des causes qui
exercent sur lui, et depuis si longtemps, leur
influence. Les moilifiealeurs chez l'hoiiime
sont les circonslances locales, notamment
l'habitation, le genre de vie et le réginic dic-
(éiique. Les effets des variations se présen-
tent d'abord dans la iaille et dans la cou-
leur, puis dans la proportion el la forme
des organes.
La science anthropologique ne doit pas
seulement se borner à la cl issific:ition des
diverses variétés des races humaines; mais
elle doit s'étendre aux causes physiques qui
arrêtent leur accroissement ou qui occasion-
nent la dépopulation de telle ou telle con-
trée, c'est-à-dire qu'elle doit rapporter la
nomenclature des diverses maladies qui s'at-
taquent à telle ou telle race, ou à d s varié-
tés de cette race. Une statistique de ces
fléaux ,, si laminlables dans l'histoire du
genre humain, ne peut manquer d'avoir son
intport mce et son utilité sous le rapport
•cicr.tilique. il est des maladies qui sort
lOf.2
coiiime particulières à telle ou telle race ; il
y eu a qui paraissent s attaquer de prclé-
rence à telle ou te le variété de race.
Les zoologistes, fidèles à la méthode diffé-
rentielle, diviseni <t subdivisent sans cesse,
tandis que les anlhropologistes, plus assu-
jettis à la méthode analogique, tendent au
conlraireà les réunir, purceque celle réunion
est le trait le plus distinctif de la nature
dans le croisement des races humaines. Or,
nonobstant l'esprit de castes, qui a été si
puissant chez toutes les nations, ces croise-
uients ont été si nombreux et si multipliés,
que plusieurs physiologistes ont avancé
qu'il n'y avait sur le globe que des variétés
croisées, au milieu desquelles il était im;i0S-
sible de retrouver les t\pes primordiaux.
Ku elïet, la question du croiMincnt des races
mérite un examen sérieux et allentif. Qui
p-ut en calculer les conséquence- depuis
des siècles ? Comment a( préc.er l'élit nor-
m.il de l'espèce humaine, après toutes les
migrations, les substitutions volontaires ou
forcées qui ont eu lieu, el le mélange des
races qui en a été le résultat, lequel a dii
jeter une grande confusion dans la science
anthropologique? Les anthropologues qui
n'en tiennent compte, s'exposent à commet-
tre de graves erreurs.
Il en est des diverses variétés de l'espèce
huma-ne comme des individus, qui, bien
qu'appartenant à la inêaie nitiou, vivant
sur le môme sol el sous le mémeclimal, dif-
fèrent tous plus ou moins les uns des au-
tres. L'espèce humaine habile le même
globe, vit sous le même ciel, mais se partage
en plusieurs races, lesquelles se subdivisent
en une intinité de variétés.
On conçoit cependant que la détermina-
tion des types j rimordiaux est la c'.ef de
l'anthopologic ; car, avant de rechercher
comment les races se combinent par l'effet
des croisements, il est nécessaire de préci-
ser leurs irails. Sans cela comment séparer
ce qui s'&ntreméle sans cesse, comment liis-
tingue. ce qui tend sans cesse à se con-
fondre?
L'anthropologie a donc fait de nos jours
un véritable |,p grès, en rapporianl à trois
types primordiaux loules les variétés hu-
main s : le lype Caucusique, ou la race blan-
cfie ; le type A/oiif/o/j'/Ke, ou la race jaune,
et le type Lthiopique, ou la race noire. Le
savant et laborieux Blumenbach ajoutait à
ces trois races V Américaine, ou la cuivrée,
et la iMalnIse; il en c mptait donc cinq. Ces
deux dernières peuvent se rapporter aux ty-
pes Mongiilique et Elhio^iique. La nouvelle
classiiicaliou dont nous parlons prend un
cirac ère de probabilité des voiiis diiïerenîes
par lesquelles la science y est arrivée et ap-
pe.le une attention soutenue. Aifrti 'il. de
Walctienaer a été amené à ce résultat par
ses recherches approlondies sur la géogra-
phie el l'histoire des peuples ; Cuvi'r par
ses études comparatives sur le règne ani-
m;il ; et Dumonl d'Drviile, ainsi que |d{i-
sieurs autres voyageurs, par l'ubservaliiiu
directe d l'ensemble des traits et des habi-
1063
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES ,
1064
tildes des peuples divers qu'ils ont visités.
Cl' résultai sei:i-t-il coiiliriné par la compa-
raison des langues, par celles des Irailitions
cl des (i!OaiiiiiiMUs des peiip.es, qui sont pré-
seiilenienl l'objel de recherches si actives"?
grand problème qui. en ce jour, se di-cule
dans toulrs les parties eu niuiide les [jIus
éclairées, et dont la solution s'uj'proche de
plus I n plus par des découvertes cimlinues
et nouvilles. Il est difficile de cont^sler que
l'Amérique, l'Aftique el l'Kurope oui n çu
leur population, romme leurs langue», leur
éciilure, leurculle, leurs traditions cl leurs
sciences de laniique Asi.', où la Genèse nous
nii.nire les premiers hoinnies, eciiappaul au
dernier caiacl\sie qui a deso.é la le-re.
Bienlôl cette hannonie coniplcte des traili-
tions de tous les piufiles, et leur accord ad-
mirable avtc les dernières observali'His des
géiilnuiie», se niOMirerunl avec une lurce ir-
résistible à lous les ispriis droits et dépouil-
lés vie préjuges. KITeclivemenl ceux qui oal
le loi>ir d'oliserver la marche générale des
découvertes, les \ oient toutes conveiger vers
un même et imporliiiil u sull.it, celui ([ui
élaldii de plus en plus luiMé de l'e-pècc
humaine, el la vérité des hautes el .iutiques
traditions bibliques, relrouvées, sous une
forme à peine detij-urée, chez tous les peu-
ples, même cIk z eu\ que 1 isun'inenl 1 1 ks
besoins physiques les plus pressants ont dé-
tnoraiisés.
C'est par de semldabies éludes que l'an-
thropologie doit essajerde se lenili e raison,
dune part des caunlèri S pi opres a chaque
race, el de rei hei cher de l'autre les lo.s se-
lon lesq.. elles s'opère le mélange el la coni-
b naison de ces ear.ictères [lai 1 elTel de lei;r
croisemeiil : elle arrivera, par ceUe méthode,
à leconnaîlre el à retrouver encore l'em-
(1) Les etlinogrnplies ilisiiegiieiil les lanijun spé-
cia/es. Ainsi t'i éMeu, lei liuldéen, lesyn.ique, r^iraL.e,
le persiiii, teluik, rariiiémcn, le giee, te laiiii, se-
raient de» l.iiigues spéciales. Le» kuigiie.s ^orlles ou
dérivées de celles I i seiaieiil des iiliuiiies. L^s lan-
gues parlées anjoind'lnii Ums l'Inde Sdiil limles dé-
rivées du saiibcni, cl coiiijnises sous la déneiiiiiia-
tluii générale de procril, de uièmu que l'ilalieii est
un priicrii du laiin.
Les dialecies hindou, giizérall, lizluiiya, bengali
el aiiires, suni lous piociils. Il eu e^l de luéine du
kaslini.nen, qui e;l un idiome, du resie loi l giossier.
Les siklis le contiaissunl.
L'idioine pelilevi (qu'il ne faut pas confondre avec
le pelilevi peisan, el mi eniend par là rccnlure per-
sane du leiiips des Paiihes) e,»l ( eu toiimi, c'était
la langue de rancieniie Pers-e ; on la parlait encore
siius les deniiera princes de la Jyuaslie des Sassaiii-
des.Ledeii est, dit-on. lamien.e langue de la l'erse,
avant l'iiivasiou iiinsuliiiaiie au vu'' siècle, ë|joi|ue à
laquelle e peisan se mélangea d'aialje. Ce persan
niodeiiie mélangé ti'aralie est la langue actuelle de
toutes tes conditions de r.vzerbidjau Ju^qu'à Mus-
cliid.
A lierai le persan conniiencc a se fondre avec le
postliouiiou l.iiigue desAllglians ; il est du reste parlé
dans les hautes classes du Fuujuii, de l'iluuious.aii
el du Turkestan. L'i.iabe iiitioiiuil par les conquêtes
ces Mahii.i éuiiiî a disparu. Djiis l'Iliinlousi.ui, il
s'est cuiifoi.du avec ruindousiani, qui n'est qu'un
niél.uige de l'iiindi el de l'uidii ou ourdu. — L'iiiiidi
preinte de la race Caucasique, et à expliquer
comment il se fait que dans celle race cer-
tains iiulividus rappellecl la race Mongoli-
que.d'auiies la rare Eihiopique, chez les-
quels on les remarque souvent à des degrés
Irès-marqués. En un mol, on aura la cle. de
la diversiié des tempéranien s. Ces m.lions
physiques ac:|ui»es pourront servir d'intro-
duction à des recherches morales qui en sont
la conséquence. Les rapports du physique
avec le iiioral de l'homme ont frappé dans
tous les temps l'attention des physi légistes
el des philosophes. Oi- ces rapports peu ap-
parents chez les individus de la race Cau<-a-
siiiue, et modiJîés en outre par la civilisation
el l'éducaiion des peup es, sont, au coniiairc,
si marqués Jans les races humaines, consi-
dérées en m.'isse, que l'histoire en inscrit à
cha(|ue pas les effets, soii dans laplitude com-
parée de ces races pour les sciences, lalitte-
raiure et les arts, soit dans Lurs habitudes
et leurs mœurs.
La prononciation, la parole et la voix sont
le produit d'un appareil très-compliqué et
très-variable, dans les proportions resp' cli-
ves de ses divers éléiiCnls d'une race à une
auire, de la race Eihiopique à la race Cau-
casique, par exemple. Aussi l'examen com-
paralif de l'appareil voc.il dans les race< hu-
maines doil-il élre pris en considération
dans l'étude des langues primitives. Les
idiomes des langues se classent d'après le
giotipeme.il des familles humaines, c.ir elles
en s livenl les vari. liions. Pour nous borner
à l'Océanle. les idiomes des Oiéaniens peu-
vent se ranger en cinq grands rameaux cor-
respondant à auiaiil de variétés ee races,
lesquels, suivant l'opin ou de Forster et de
M. Uuinonl d'Ui ville, dé ivenl d'une langue
priuiiiive, aujourd'hui perdue (1).
est la langue érriie de l'Inde pour laquelle on em-
ploie les caractèies dévjiiaoaris. L'iirdu ou oordu
deviiil la langue des cours apiès l'inv.i'ion diiTanier-
lan ; on présume (|ue c'était la lan^'iie de ses soluais.
Le lurki parait n'être qu'un dialecte du turc, t'est
d..ns riliudoustan nue langue ëtrangèie.
.M. Wilsou de Buiiibay pèle d qu; le zend est
une lai.giie forgée, ci siinpleiiieiil un mélange de
sanseril, de persan, d'araue et de i;uzerati. Va cepen-
dant, d'apiés Kavvliiisnn, les adiu:, leurs du feu qui
liabilciii la pariie île l'ancienne Médie, siiuée d .ns
les iiioiitagnes de Desniui en liai;idagsi, à l'ouest de
la (^aspieu..e et au nord île r.^zeilinlj.m, parlent en-
core aujunid'i.iii un langage resseniblant au zend.
La langue liLélaine dilfire considéia. leinenl de
celle deLadak. C'e.»i, du rest.', une langue pauvre,
et d nue giande simplicité de coiisirucliiui.
La l.ingiie paluiyrénieiiiie, parlée a Pidinyre et
dans les environs, avait une a.liiiilé très-éiruite avec
l'Iiélireu.
La lingue phénicienne et l'arabe, suivant Ileeren,
étaient dérivé» du inéiiie idiome, ei la ditléreuce
n'était pas assez grande p"Ui emi êclier les deux peu-
p'es lie s'enleudre. Beaucoup de savants ne croient
pas le sansciii onginaiie deritiudiiustan, et te reg.^r-
dent coiiiine une langue éhangére à la coiitiée. Dans
ce cas, d'où seiaii-il venu?
l,a langue lamotile a des affinités avec les idiomes
de Java, suivant M. Ëlhs. Llle est dure a l'oreille. Lu
révérend Schiuidi, missiuniiaire anglican, en parle
coniiiie d'une langue absolument distincte du tans-
1063
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
4066
•Les anlbropologues ont remarqué que,
dans le croisement de deux races, la supé-
rieure empreint ses caractères sur le produit
qui en résulte, d'une manière beaucoup plus
profonde que la race inférieure. 11 suit de ce
fait que le métis n'est pas une résultante
moyenne des deux producteurs, mais une ré-
sultante inégale, dans laquelle prédominent
toujours les caractères de la race supérieure.
Cette prédominance, aussi tranchée au mo-
ral qu'elle l'est au physique, explique com-
ment, dans le croisement des races, le per-
fectionnement intellectuel de l'homme ac-
compagne son perfectionnement physique.
C'est la voie natOrellc mise en œuvre pur !e
Créateur pour ramener toutes les races hu-
maines à leur point de départ primitif,
l'unilé.
L'anthropologue, pour ne point s'égarer
dans les recherches si intéressantes de la dis-
sémination des races et des produits do leur
croisement sur la surface du globe, doit com-
biner sans cesse l'étude des caiactcres phy-
siques et moraux (les peuples et des nations,
en ayant égard au degré de perfectionnement
des types qui se sont croisés ; il ne doit point
oublier que les peuples portant sur leur phy-
sionomie les véritables éléments de leur pro-
pre histoire naturelle, ce sont ces élémi'nls
qu'il faut s'attacher à déchiffrer, en mettant
à profit les progrès récents de la zoologie,
ceux de l'analomie, de la physiologie et de la
linguistique.
Dans la question si intéressante, par exem-
ple, de rOcéanie, la linguistique et l'anthro-
pologie peuvent s'éclairer réciproquement.
Là, en effet, les diverses races humaines sont
en présence l'une de l'autre. Chacune, à son
tour, est venue prendre possession des archi-
pels qui la composent. La nature de ces ar-
chipels, séparés les unsdesautres parl'Océan,
formait pour ainsi dire autant d'Etats dislincls,
permettant aux facultés physiques et mora-
les de chaque race de se déployer sans con-
trainte. Chaque lace a donc pu montrer ce
qu'elle sait et ce qu'elle peut lorsqu'elle est
livrée à elle-même, abandonnée à ses propres
moyens de conservation, de défense et d'or-
ganisation sociale.
En s'arrétani aux modifications que pa-
raissent avoir subis dans les diverses con-
trées de l'Océanic les types de la race cuivrée
crit, cl(|i>i serait !a langue pure des aborigènes liin-
doiis.
La langue noubas, ou nubienne, cojiiprenJ, sui-
vant M. IUi|i|iel, sept dlalcclos (jui sont parlés dans
le Kordofan, en Nuliie : !e darfour, le seliaboun, le
senil, le iloiiké, le iakcie, le schilluk et lekoldagl.
La langue amhargna, parlée dans l'Afrique orien-
tale, a uji dialecte commun auv nombreuses peupla-
des Gallas de l'Airique ceulrale.
La langue lagali!, (|ui vient du malais, compte plu-
sieurs idiomes donl se servent les peuplades de l'île
de Luçon. Les Cliinois, éparsdans toute l'Asie orien-
tale Cl méridionale, nom pu, malgré l'extension de
leur empire, répandre leur langue. Cela se com-
prend ; c'est une langue inl'oniie comme celle des
inlauis. En Amérique, cliaque tribu indigène avait
sa langue. .MM. Mai Uns'ei Spix ayant observé 48 iii-
DlCTIONNAIRE DR GÉOGRAPHIE ECCL, II.
et de la race mélanésienne, on en voit sortir
de suite les questions importantes dont s«
compose l'histoire naturelle des peuples.
Quant à leur origine, elle est étrangère, c'es t
un point actuellement hors de discussion, d'à -
près l'opinion de ceux ijui ont visiléces peu-
ples, de ceux qui ont écrit sur leur histoire,
et d'après les découvertes les plus récentes.
Mais ceci posé, il a fallu chercher aies rat-
tacher aux familles humaines qui couvrent
les parties du globe; et alors on est tombé
dans le champ des conjecSures et des suppo-
sitions, d'autant plus diftlciles à justifier dans
le cas préstnt, que les ann.Tles historiques,
si fécondes pour les migrations des peuples
qui habitent l'Europe, l'Asie, l'Afrique et
même l'Amérique, sont presque nulles pour
ceux qui occupent présentement l'Océanic.
L'incertitude à cet égard s'est encore aug-
mentée par les différences que présentent les
individus qui composent la population océa-
nienne. Ces différences ne sont pas seulement
dos nuances dans la coloration de la peau,
dans la disposition des cheveux, dans la
forme du nez, des lèvres et des orbites : elles
portent sur tout l'ensemble du crâne, de
la face, du cou et de la stature. Ces différen-
ces si diversifiées ont amené quelques savants
à croire bien à tort à la pluralité d'espèces
d'hommes dans l'Océanic.
Fors'.er , M. de Chamisso et l'amiral Du-
mont d'Urville n'ont vu que deux races dis-
tinctes dans les peuples de l'Océanic, la race
Mélanésienne, qui n'est qu'une branche de
la race Ellnopiqite d'Afrique, et la race Po-
lijnésienne basanée ou cuivrée, qui elle-même
n'est qu'un rameau de la race Jaune origi-
naire d Asie. Dans celte opinion, la rare Ma-
laise se trouve retranchée du nombre des
races primitives. Or, ce retranchement, qui
rend la race Malaise secondaire, modifi' sin-
gulièrement la loi du croisement des races
humainesàson égard; cardans le mélange du
Malais et du Nègre, le Malais étant supérieur,
le Métis devrait reproduire en plus ses pro-
pres Ciiraclères,si la race était primitive; tan-
dis, au contraire, que si elle n'est que secon-
daire, son mélange avec une race pure devra
la ramener vers cette dernière ; et c'est elTec-
tivement ce qui exisie dans plusieurs parties
de rOcéanie. Aussi l'hypothèse que la race
Noire lui a donné ses habitants primitifs,
Ims d'Indiens, irouvùrent i8 dialectes, dans Lnit
voyage au Brésil de 1817 à 1820.
Les Indiens du Mexique se divisent en be^iuc 'Up
de races, et chacune a sa langue. 11 en est 20 diffé-
rentes qui se parlent encore. Le climat influe sur le
pbysique et le moral de l'Iionime, mais encore sur
les langues et sur leur pronoiicinlion. Dans les cli-
uiais à température douce et humide, les langues
perdent de la rudesse qu'elles ont dans lus climats à
liaute teiiipératiiri", ei de l'énergie qui les caractéiiso
dans les climats à température brrtlante et séclie.
Ainsi la langue portugaise iiationalijée au Brésil a
subi des altérations; elle a perdu celte rudesse de
prononciation ei crtle arrogance d'expression, si
analogues au caractère des Portugais; elle a iiéan-
niîiins conservé celle mâle énergie qu'elle possè.le
i',i commun avec la langue espagnole.
{i\ote de railleur.)
8'*
iefr7 ESSAI SUR LES TRAVAUX
réoniten s» faveur tous les degrés possibles
de probabililés dans cet ordre de question,.
C'est l'opinon de l'amirul Dumoni d'Urvilie ,
de M. de Frcycinel et de plusieurs nnlhro-
poldjjues ()ue la race Noircest la souclie-nièrc
sur laiiuille sont venus se jjrrffer, par la
marche du U-iiips et des cvénemiMils , les
Hindous, les Mongols, les Chinois et les
Arabes; cl il est (onslant que les Océaniens
portent l'empreinte de ces inélanjçcs et de ces
combinaisons. Quelle a été maintenant l'in-
fluence du climat, de la religion et des gnu-
vernen)çnls sur l'é'al de ces peuples ? Com-
ment se sont disséminés sur ces ilifferenles
lies et la nation primitive, et les rameaux de
la race cuivrée, sortis des croisemunis (]ui
ont pu s'o|iércr? Ce sont des questions que
l'anthrnpoloijie doit adresser il la géographie,
à l'hisioire et à la lingnisi que. Car c'est un
phénomène fort intéressant à j.pi rofond r ,
que celui de la subsiitulion d'une race à une
au're, d'une nation à une autre nation. L'é-
tude de la manière dont elle s', si (ipér.''e < liez
les peuples de l'Occanic serait pour l'iiuma-
nilé un cnscii;nenunt d'autant plus uli'e ,
qu'elle semble s'éire opérée autant p.ir I in-
fluence des niiiyens naturels que parccuv de
la force et de l'ari. Ai'.isi, en suivant l'inva-
sion hindoue, on la voit s'evcrcer simulla-
rémenl sur l.i langue, les mirur:; et la reli-
gion. Lors de l'invasion arabe, le même pné-
nomènc se reiiroduil et se répète avec des
circonstances à peu près iinalogues ; cl dans
les deux cas c'est toujours une race plus
avancée qui prend la place d'une race qui
l'est moins.
Quand on considère a>ec soin les mœurs ,
l'induslric el la religion des homuics non ci-
vilisés, on y remarque de cui ieuses similiiu-
des avec les pensées des plus anciens peu-
ples dont l'hisioire nous ait Iransiiiis la
croyance el la sagesse. Ces observations ten-
dent l'i démontrer la grai de unité de l'espèce
humaine et les communications que les hom-
mes ont eues entre eux à une époque recu-
lée, dont les livres et la Iradi ion ont égale-
ment perdu le souvenir, mais dont l'analo-
gie nous fournit encore des preuves irréfra-
gables.
Ce soot des fails très-remarquables, que
df- retrouver le dogme de l'iminditalité de
l'âme jusque chez les peuples que nous con-
sidérons comme placés au dernier degré de
l'échelle inlellecluelle ; de voir que l'idée
d'un malin esprit el celle d'une puissance ré-
munératrice existent partout nu milieu d'eux ;
que |)resnue partout encore ils eouservenl la
tradition du déluge , el sur beaucoup de
points des traces evi 'cnles de la loi mos lï-
que. Les îles l'Iiilippines, p.ir exemple, con-
servent une p:!ge de l'Ancien Teslameul.
Suivanl M. Kenouard de Saiule-Croix, l'é-
poux, à l'iiiiilalion du p;;lriiirche Jacob, doit
servir son beau-père pendant plusieurs an-
nées ; il faut qu'il l'aide à labourer ses
champs de riz ^ à le recueillir, etc.
Nul doute que les Hébreux, les Arabes,
les Chinois, les Japonais el plusieurs autres
nations éloignées de nous n'aient eu jadis
DES ANTUUOPOLOGl'ES,
lOCS
de hardis navigateurs, el n'aient poussé leurs
courses aventureuses à de prodigieuses dis-
lances sur le gr;ind Océan ; peui-èlre ne se-
rait il pas difficile de suivre les célèbres
flottes de Snlouion à travers certains archi-
pels. Ces suppositions, qui ne sont encore
que de simples probabilités, en raison de
notre isnorance sur la vie passée des peuples
orientaux, s'accordent parl'aiiemeni du re^te
avec les nombreuses vaiistcs qu offre la po-
pulation océanienne.
Les aiithro(K>Iogues ont encore remarqué
que dans les races h imaincs autres que la
Caucasif/u-, telles que la iMongoli(|ue, la Ma-
laise , ri^lhioiiique, li forme générale du
crâne afl'ecte deux types principaux :
1° La firrc globuleuse, caraclère dislinc-
(if des crânes du Chinois, du Mongol et du Ma-
lais, qui reproduit un des caractères du crâne
de l'enfant dans les races européennes ;
2° La f.>rme allongée propre aux crânes
de la race éthiopii|ue.
Avec ces miHlifiealinns dans la forme gé-
nérale du crâ:ie C'iïncideul les différences
suivantes dans les régions latérales, aiilé-
riture el postérieure du crâne.
Dan- la régi in latérale du crâne, la sur-
face d'insertion du muscle temporal tend
de plus en plus à s'agrandir, suit que cetlQ
région s'aplatisse, soit que l'arcade zygo-
niaiii|ue se déjetto de plus en plus en de^
hors.
La répion occipitale, Irès-étalée dans le
sens Iransvers.il chez leChiuois, cl'.ez le Mon-
gol el chez le Malais, se prolonge au con-
uaire en arrière chez le Hullentoi et cUei la
Nègre.
Dans la région antérieure, par suite du
redressement du bord orbiiaire et de lapo"
physe 01 bilaire du froiiUil, l'orbite gagne en
étendue dans le sens Irausverrial ce que perd
la capacité ciânienne par suite de la luite en
airière, de plus en plus prononcée, de la
région coronile. En même temps les arcades
sourciiières deviennent plus saillantes dans
toutes ces races-là que dans la ruee Cauca-
sique, de sorte que l'on peut dire que toules
les modifications éprouvées par les régions
latérales el antérieures du crâne tendent,
dans le premier cas, à donner de la prédo-
minance à la l'onction masticatrice, et par
suiie aux instincts de la vie végétative; dans
le second cas, à donner de l'ampliatinn aux
chambres visuelles cl olfactives, par suite des
rapports du bord orbiiaire du frontal ei des
arcaUes sourciiières avec la cavité orbitaire
et le sinus frontal.
C' lie amplialion des chambres visuelles
et olfactives ilevient beaucoup plus évidente
lorsqu'on examine la manière dont chacun
des éléments de l'orbite el des caviiès olfac-
tives se combine avec ses analogues dans les
léies des races Mongoliquc, .Malaise et Ëihio-
pique.
On voit alors que si, par suite du redres-
sement du bord orbiiaire cl de l'apophyse
orbiiaire externe du frontal, le bord supé-
rieur de l'orbile gagne en étendue dans le
sens transversal, ses dimensions, dans la
aO point de vue dé la GEOG«VAt>HIË llELlGltUSE. 40lrrt
non-seiilpmcnl des races luiinaines , mais
aussi de leurs principales varioles.
De son côté, M. Dubreuil, prnfesscur à la
faculté de a édti:iiic de Moiiipellie.', est con-
vaiiicii «jue les carjclères osléologiqucs tirés
de la lêie sont nécessaires pour arriver à la
connaiss.ince des races humaines, de leurs
principales v;iriétés, et découvrir queiquefoi»
dans leurs mélanges celles qui dominent.
-M. d'Oinii ius d'Halloy , en signalant la
tendance au dévcloppcni' n! que prési'ntent
les varioles tie la race b'anclic, el
même sens, s'acci'oissent égalennnl sur le
bord inférieur par suit'' de la pic Ion iniice
du maxillaire snpérieur sur l'o^; molaire. Or,
on conçoil que le sinirs tnaiillaiie doit s'a-
grandir, par suite de l'au^'inenlalion d'é'cn-
due de la partie de l'elémeul facial qui le
'" " ' la courbe décrite
contient. En même (enip
par le bord alvéolaire 'lu maxillaire supé-
rieur devient plus prononcée en avant el en
dehors.
Voilà donc la chambre olfactive augmen-
tée à son lour, 1° |inr l'anguicntalioii d'éten-
due du sinus maxillaire; 2^ par l'auiplitu'lc
éprouvée par le pl.Éiicher des fusses nasales,
dont les nioiifi allons suni , c>>nHiie o» le
sa<t, si inlimcnunl liées à celles que subit la
voùie palatine, el par suite la chambre gu-
slaiive.
Toi» sont les changements principaux que
préf^onteiil les lêi s des races Mutigolique ,
Malaise el lilluopique comparées ai.t tètes
européennes. Ces ino li'.icaiiniis di- forme,
éprouvées par le ciàui" ei par les chambres
sensoiiali's, vont en se pr-MionÇanl île plus
en plus du iMongol au Chinois, ilu Chinois au
Maiais, du .Malais au Négie. Cette dernière
race parait la plus élo.gnée du t^pecaucu-
sique.
A ces considérations d'un savant anthro-
pologue, .M. le diicleur Puclieran, il oonv ont
d'ajouter q .c, sunaul M. Vi.cy, 1 1 position
plus ou n:0ins centrale du Iro . uccipilal chez
les dilTér nies races humaines mérite une
grande .iltenti.tn, lursqu'ou se propose d'as-
signCr à ces races un ordre de prééminence.
11 estime que ce caractère peut servir à cia-
blir la super «rite d'une raco sur une au re,
quai (1 ou M'ut les comparer entre elles ^u^s
le rapport de bur apiitude à ye civiliser. Ru
zooloiiie, sur un tel élal de choses, les natu-
ralistes élabliraiciil non-seulement des espè-
ces, mais des g.'r.res, el pcul-élre mèuie des
ramilles. En ce qui concerne l'histoire na-
turelle de l'hiimmc, il n'en saurait élre ainsi,
et si l'on compare les uns aus aulres les in-
diiidusdis races occ;iuienncs, t'i l'on rap-
proche el si l'un emploie un à un chacun de
ces caractères, on nyil le^ analogies ressor-
tir de ces dilTér. 'uces ; de sorte que tandis
que riiom'ue est porté a diviser da is sa pen-
sée, il s'aperçoit que le Crcalcur réunit dans
sou action Le point ce ccue réunion paraît
rési er dans rabais.-euicni ou l'elévalio.) du
pédicule ocuio-na.ai ne l'es cori ual qui,
dans iiiutes les races, foiine le laraelère au-
Ihro, ob'gque le plus co.islj .1 el le moins
variable d.ms ses njaiillits. Par la posiiion
qu'il occupe, ce péiiicuie forme d'uiuî pari la
paroi interne et suiieiicuie de l'orbite, et
d'autre part sert d'arc bnutanl aux us na-
saux el a l'apophyse oiontaule de l'os maxil-
laire supérieur; d'où il suit que de l.i iiispc-
sition qu'il affecie rèsiille celte des jeux, du
nez, di;, lèvres el des p ilits laié.ales de la
face. Or, de ces piriies de la face el des dis-
positions que preseuleul le» jeux, le nez el
la bouche, l'anifaropologie déduit précisc-
uienl les caractères les plus significatifs ,
tai sia-
tionnaire ou même réirograde des rnc s co-
lorées et de leurs variété'!, [Mrail conclure
que ces dernières sont intelectue' tenant in-
férieures aux variétés de la race blanche.
Celle conclusion est une énormilé morale
tjui n'a pas de fondement.
Enfin, d'après les travaux ehcè; halolomi-
qucs modernes, un analooiisîe distingué,
M. Bourgery, croit que l'hiinme est le seul
qui oilri' une suiiériorité Irès-graudedu poids
du cerve. u sur celui de la tige cc-.haiiqje
représ- ntanl les organes des s:'ns, de la .^en-
siliilile géiL-^rile cl du mouvement. De ces
mêmes irai aux, il ressort i;ue d^ns l'homme
l'étendue el la varié'.é de l'intelligi'n e sont
généralement en prnporlion de la quantité Je
la substance cérébrale, sauf les conditions
physiologiques de la lexture; que chez les
animaux le dévelo; penienl de l'instinct pa-
raît en rapport avec la quantité de la matière
ccrélirale iians chacun d'eux, sauféîalemenl
la q II es i'in de qualiléeolre les individus d'une
même espèce.
L'encéphalolomie comparée des race', hu-
itaines , qui est une subdivision de ranthro-
pologie, co lis li lue une science ton le non \ elle.
0:1 ne peut donc pas attacher une imporlance
.majeure aux modilic.ilions encéphaliques qui
ciinespondeiil aux mudilicatioiis de forme
crânienne. Car pour saisir les lois de la na-
lure, il ne suffil pas de discuter quelques
observations, attendu qu'elles peuvent ap-
parlenir a des cas particuliers : il faut pou-
voir en comparer un grand nombre qui aient
été laites avec beaucoup de soin el de saga-
cité.
La philosophie , l'histoire et la philologie
se tournent aciuellement vers l'anthropolo-
gie el lui d niandent des secours devenus
mJi.-pensables à leurs travaux ; mais l'état
d"im|jorfeCiioii oïi est encore celte science ne
lui percel pas d'être immédialcinent aussi
ulile qu'elle devrait l'être. Néanmoins, mal-
gié sa faiblesse, ciIe rend déjà di s services.
N'a-l-ellc pas renversé les systèmes des pre-
miers anthropologues , qui admeiiaicnt la
p'uralitedes espèces pour riiomuie? Aujour-
d'hui eile ne reconnaît que trois types pri-
mordiaux, ou pluiôl trois races (ce qui est
beamoup pl.iS clair el p^us précis; . la Cau-
casUr.H-, la Monyoliijue el 1 l£tluopique. Au
lieu'doi.c de diviser, e.lo revient a l'unilé
primitive : c'est nu l'ail capital. Quant à l'O-
céanie, qui a tant préoccupé les esprits de-
puis un siècle, r..nlliropologie établit que la
population primitive est d'origine étrangère,
que celle population appart«Dait à là race
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES,
1071
Noire, et que les variétés si nombreuses
d'habitants que cette partie du monde offre
ne sont que des rameaux sortis de la souche-
mère, la race Noire.
La comparaison des langues réduit à un
très-petit nombre les nations qu'on croyait
multipliées à l'infini. Si la linguistique uti-
lise à son profit les recherches et les études
de rantliropologie, de son côté elle lui prête
un concours très-précieux dans plusieurs
circonstances. Les idiomes des langues peu-
vent se classer d'après le groupement des
familles humaines. Ainsi , pour l'Océanie,
où l'on compte une si nombreuse variété de
nations qui atteint , si elle ne surpasse, le
cliiffie considérable des peuples de l'Amé-
rique, les idiomes se rangent en cinq grands
rameaux , d'après M. Guillaume de Hum-
boldt , correspondant à autant de variétés
de races.
Quant au continent américain , on comp-
tait sur sa surface [ilus de mille nations ;
M. d'Orbigny les a réduites à liente-iieuf.
Leur répartition avant la conquête espa-
gnole, comparée à leur état actuel , prouve
que toutes occupent aujourd'hui les mêmes
lieux qu'elles hiibilaicnt jadis. Leur ordre ,
suivant l'étendue de terrain qu'elles ha-
bitent, donne le premier rang à la nation
Guaranise, qui est pour ainsi dire à l'état
sauvage. Les migrations des peuples, retrou-
vées par les langues, démontrent à l'auteur
que la même nation , les Guaranis , les Ga-
libis ou Carihes , s'étendait depuis les An-
tilles jusqu'à la Plala, depuis le pied des
Andes jusqu'à l'Océan Atlantique. D'après
les reclierches du même savant anthropo-
logue , le nombre actuel des Américains purs
de race s'élèverait encore à plus de deux
millions.
iri Dans l'Amérique méridionale, deux prin-
cipes colorants existent parmi les indigènes,
le brun-olivâtre plus ou moins foncé , et le
jaune-rougeâtre. La latitude, l'élévation du
lieu d'haliilation , ne sont pas sans influence
sur la couleur de la peau, et la sécheresse
de l'atmosphère a plus de part à son inten-
sité que la chaleur. Les plus petits hommes
sont sur les plateaux des Andes , ce que
M. d'Orbigny attribue à la raréfaction de
l'air. La comparaison tend à prouver que la
forme de la tête des Américains n'offre pas
des caractères aufsi certains , aussi tranchés
qu'on l'avait pensé. L'influence de la position
sociale sur la phjsionomie des Américains
est on ne peut plus évidente : le Péruvien ,
de tout temps soumis à la plus étroite ser-
vitude , la grave , réfléchie , triste même ;
on dirait qu'il renferme en lui toutes ses
pensées, qu'il cache ses plaisirs aussi soi-
gneusement que ses peines sous une appa-
rence d'insensibilité. L'Araucauo , libre ,
mais toujours en guerre, est également ré-
fléchi et froid ; mais ce n'est pas de la tris-
tesse , c'est du mépris.
Il existe une inégalité étonnante entre le
mélange des Espagnols avec telle ou telle
race américaine. Avec les Guaranis, les Mé-
tis sont de belle laillf' , presque blancs ;
1078
leurs traits sont beaux dès la première gé-
nération , tandis qu'avec les Quichnas les
traits américains sont plus tenaces et ne dis-
paraissent qu'après plusieurs générations.
Cette remarque vient s'ajOuler aux observa-
tions déjà faites, qui prouvent que dans le
croisement de deux races la supérieure em-
preint ses caractères sur le produit qui en
résulte, d'une manière beaucoup plus pro-
fonde que la race inférieure.
11 est démoniré aujourd'hui que les facul-
tés intellectuelles des Américains ne sont pas
au-dessous de celles dey autres hommes. Les
animaux domestiques, la culture, ont une
grande influence sur les causes de la réunion
des Américains en grandes sociétés. L'ex-
tcn'ion co'iiparative des gouvernements avec
celle des nations dislinguées par le langage
démontre que le degré de ciMiisalion ne suit
pas toujours une m.irche relative à leur im-
portance numérique , mais se rattache à l'é-
tendue et ù la stabilité des sociétés.
Les Irente-neuf nations de l'Amérique se
rapportent, suivant M. d'Orbigny, à tiois
types, ou races ; i'' Ando - Péruvienne ,
couleur brun-olivâtre plus ou moins foncée,
taille ])etile, front peu élevé ou fuyant ; yeux
horizontaux, pas bridés à leur angle exié-
rieur. — 2^^ Panipéennc, couleur brun-oli-
vâtre, taille souvent irés-élevée , front bom-
bé, non-fuyani, yeux horizontaux , quelque-
fois bridés à leur angle extérieur. — 3' Ura-
silio-Guaranienne; couleur jaunâtre , taille
moyenne, front peu bonibé , yeii-i obliqnei,
relevés à leur angle extérieur. La première
race compte trois rameaux, la deuxième
aussi, la troisième n'en compte pas.
Des observations et dos couiparaisons ré-
centes faites en Asie ont démoniré qu'ilexiste
une conformKé remarquable de type entre
les Chaldéens, les Kurdes, les Mèdes et les
Juifs. Ce serait, suivant Dureau de la Malle,
une nouvelle variété de l'espèce humaine.
On sait que les Juifs de Rome, qui ne s'al-
lient jamais qu'entre eux, ont gardé plus
que toute autre branche de la race juive, le
caractère indélébile de leur nation. On a
saisi également une identité de langage en-
tre ces mêmes peuples; c'est-à-dire que les
Chaldéens et les Kurdes s'entendaient, en
parlant leur patois, avec les Juifs parlant
l'hébreu liitéral. M. Bore pense que les Hé-
breux et les anciens Chaldéens sorienl d'une
même souche et sont un même peuple. Celte
découverte anthropologique et elhnographi-
q::e est du reste conforme à l'histoire.
Mais jusqu'à présent l'anthropologie n'a
point compris, et par conséquent n'a point
expliqué d'une manière conforme à la vérité
et aux faits historiques l'élat d'infériorité
progressive des peuples sauvages de l'Asie,
de l'Afrique, de l'Amérique et de l'Océanie.
Ladcgénération et labrulissement de ces peu-
pi- s tiennent tout à la foisà l'ordre physique et
à l'ordre moral. En général, toutes les na-
tions plus ou moins sauvages sortent de quel
que peuple civilisé, et leur état social dépend
presque toujours de leur soin à conserver
les lois qui régissaient le monde primitif, sa
1075
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
1074
voir : l'unité de Dion, l'état de snriélé et la
pratique du travail. Pour compiendre i'in-
ieriorilé des ppiiplps .sauvages, il faut en
chcrclior l'explication dins leur manière d'ê-
tre et d'airir. En effet tontes les nations sau-
vages ablitirrent le travail, ou ne s'y livrent
que niomentanérneiit et com;iie poussées par
une nécessiié absolue ; eWes vivent is'Iées
les unr-s des autres dans l'ouhii des Iradi-
linns religieusi's ])riinit;vis. Car il est tout à
fait inexact de dire que les peuples puissent
s'élever par eiix-mi'Dies aux idées religieu-
ses. Le fond des idées religieuses qui exis-
Icnl dans le monde, n'importe à quel titre et
sous quelles formes, n'est qu'une altération
plus ou moins profonde des révélations pri-
mitives. .Affaiblies, défigurées par la corrnp-
tlonou l'ioibccil'ilé de la raison humaine, elles
passent d'unpeuple à un autre, mais el'es ne
s'inventent pas. La puissance de l'esprit hu-
main ne va pas jusque-là.
L'état sauvage n'accuse donc pas le man-
que de facultés intellectuelles chez les peu-
ples qui le subissent, mais il accuse leur dé-
génération morale complète. Or, la dégéné-
ration n'exclut pas l'exislenre et l'étendue
de l'intelligence. Ne voit-on pas des indivi-
dus, posse-^seurs de hautes et belles facultés
intellectuelles tomber cependant dans une
dégradation affligeante"?Ilen es! de même des
peuples, et toutes les accusations formulées
contre l'infériorité intellectuelle de la race
Noire et de la race Cuivrée, comme n'étant
pas du même type primordial que la race
Caucasique, constituent autant de non-sens.
La permanence de l'état sauvage est une
anormalité dans l'existence des peuples,
comme la permanence de la dégradation en
est une dans l'existence des individus. Est-
ce que l'histoire particulière des sociétés ne
présente pas à chacune de ses pages des
hommes bien cli irpentés, doués d'une (wga-
nisation vigoureuse et d'une belle figure (1),
qu'on voit lomier insensiblement dans le dé-
sordre, y vivre et perdre chaque jour quelque
chose de la beauté de leurs traits, leur vigueur
et leur santé , à ce point qu'après un lenips
donné ils deviennent ttiéconna'ssables ? Or,
ce cas individuel, qui se rencontre fréquem-
ment même dans des familles entières, est
applicable à des tribus, à des peuplades.
(Juand le désordre, les privations et la mi-
sère deviennent permanents , le moral de
rhnnime se brise, l'intelligence lui fait dé-
faut ou s'étiole. N'a-t-on pas vu des popula-
lalions entières réduites à cet état par des
causes diverses, et y demeurer ou par suite
de l'isolement dans lequel elles se trouvaient,
on par découragement? Pour pouvoir bien
apprécier les nombreuses variétés des races
humaines, il faudrait connaître leur histoire;
et c'est ce que nous ignorons complètement.
Que s'est-il passé avant notre ère en Araéri-
(1) Qu.inl aux dépressions fpii se remarquent quel-
quefois dans les régions latéiaies, aiilérieui e ou p 'S-
lérienre du crâne, elles sont de simples irrégulariiés
qui n'iiifleenl en rien sur le reste de la conl'oniialion,
et encore moins sur le développement de l'imelli-
geiice. On a remarqué que de pareilles aaomalies s«
que, dans l'Afri.iue centrale, dans l'Océanie,
dans l'Asie centrale? Et depuis notre ère
que s'est-il également passé d :ns ces con-
trées jusqu'au xvi' siècle? Nul ne peut le dire,
car nul ne le sait : c'est un mystère profond
sur lequel nous n'aurons jamais que des hy-
pothèses plus ou moins incertaines.
M. Jaiquinot, auteur d'une Histoire natu-
relle de l'homme, ne partage pas l'opinion de
Bulfon et de ^L Flo'irens que : « Les degrés de la
chaleur mesurent rint^nsitc de coloration de
la peau des différentes races humaines. » H
établit que chaque groupe d'hommes, soit
qu'on l'appelle variété, ou race, existe à la
fois dans une grande étendue du globe, sous
des climats différents et opposés, et y con-
servelacouleur de la peau, la formedestraits,
tous les caractères zoologiques en un mot.
D'après lui, les nuances diverses de la co-
loration de la peau chez les diîTérents peuples
qui ont été regardés longtemps comme un
de leurs principaux caractères distinctifs, et
qui ont servi de base à la plupart des divi-
sions établies pour le genre humain, n'ont
pas toute l'importance qu'on leur a attribuée,
et ne sont pas répandues aussi uniformément
qu'on le pense.
La couleur noire, loin d'être particulière
aux Nègres, se trouve également chez les
hommes i|ui, du reste, offrent les différences
les plus saillantes d'organisation.
Selon lui, la couleur jaune, rouge, basa-
née, cuivrée, fous ces mots n'expriment
qu'une couleur jaune plus ou moins intense.
Elle se retrouve au même degré chez les
Arabes, les Hindous, les Chinois, les Hot-
lentots, et chez quelques nègres de l'Oiéanie,
les Américains, les Malais et les Polynésiens.
M. Jacquinot pense que la couleur de la
peau n'est pas un caractère suffisant pour
faire reconnaître et différencier au premier
abord les diverses variétés du genre hum lin;
que les dénominations de Caucasique, Nègre,
Mongole, ne sont point synonymes avec cel-
les de race blanche, race noire et race jaune ;
que ces dernières dénominations, ainsi que
celles qui reposent en général sur la couleur,
sont incomplètes et pr.r conséquent vicieuses.
]1 regarde comme les caractères essentiels
pour la détermination des races humaines
ceux tirés de l'homme physique, de l'exté-
rieur, de la forme et de la proportion des
différentes parties du corps, des traits du vi-
sage, en un mot des caractères zoulogiques.
Il ne conteste pas l'importance des caractères
tirés de l'élude des langues, des monuments,
des traditions, des arts et des coutumes. Ces
caractères, appelés ethnologiques sont très-
importants sans doute pour constater la filia-
tion, l'origine, les rapports éloignés des peu-
ples entre eux; mais ils doivent être subor-
donnés aux caractères zoo ogiques. Enfin, ii
se résume en disant qu'onne peut, sur des hy-
présenienl fréquemment dans le sysiène osseux des
têtes andalouses ; on en rencontre également en
France assez souvent. Le crâne d'un de nos plus ha-
biles anatomisies (Bichat) portait une dépression as-
sez prononcée dans la région gauche de la téie,
(iVele de l'auteur.)
1075
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES ,
1076
pothèses nnysiérieuses établir que l'Aniérifiuc
«lit clé I eujilée pm lesSrandinnves.ei prouver
Ainsi l'unilc do l'homme dins les deux mondes.
LcspreuvesdiiCtmiraire'eprésiiilentcn 'ouïe.
Jl Irarc ainsi le poF irait des ï^ranlinavcs : Che-
veuv blonds, yrux bleus, tcini d'une giNinde
Minchcur, j ommelles colorées, visage '^ale,
conlornialion réiiulièrc du crâne des Caucasi-
ques. Cecaraclèrc dos Scandinaves a sulii des
aliéi illions par !< ffei du niélaiijje des races.
3î. Jaciiuinot a reinaruDé (jne les Noirs qui
haliiionl le liiloral derAsie.l'inlérienrdosîles
(Je la Malaisie cl de la Poljncsie sonl dilfc-
renis de ce<ix de l'Afrique, que les MaUis,
hommes au tcinl clair, aux cheveux lisses,
liahilcnt les rivages de ces niéme^ con'rées ;
quo <ians THinilousIan, sous le méine cliinal
A la fois, les Hohi'liis blonds, silués au sud
du Gange, sont bornés par les Nci>auliens à
la peau noire, par les Mabralles à la potiq
jaune, et les B nga'is d un brun foncé ; et
cepeiidai'l !es Ruliillas li;ibilenl la plaine, et
les Néiauliens les uionlagnes.
M. Jacquinoi alfiimciiue les Pécber.is, les
Palagons, b s Araucanns et les Bolorudos,
quoique éloignés les uns des aulres, ofi'rent
entre eus des analos; es, à c ■ point qu'on croit
que tous les peupli-s de l'Amérique du Sud ap-
pariiennenl à la même race.
Les peu| les ib' l'Auiérique du Nord, apiès
nn examen préal;ib!e, ont avec les précédenis
les plus grands r.Tppoilt;, et apparlienuenl
sans auiiin donie à la même ri|i <■.
Ainsi les deiis AméiiqufS, toujours selou
M. Jaiquirol, ne sonl peiip!ées qu.- pir une
$1 u!e et même race d'horuuies doiil les diver-
ses iribus, rameanx d'une même f.Mnilie, of-
fienl les rnon-.os carai lères anlliropologic|ues,
et n;' sonl séparées que par dei uuaiires légè-
res, à rex(ep i0!i di s Esquimaux cl de quel-
ques Iribus de la Californie,
lnilépendam:nt ut (ie l'analogie qni paraît
exisler onlto loiis les peuples des deux Amé-
riques, di's rapporis non moins frappants,
une iiniiliUnie ion moins coinp èle, se uioii-
trent entre eux < l d'autres peuples silués à de
grandes <li-lar.ies(ie l'A méiiqu ,les insulaires
do la Polynésie. Il y a entre eux la ressem-
blance la plus exacte, la plus entière des
traits du visage et de tous les caractères (iby-
siques. Celte resscniblance existe surlnul cn-
tie les Nou»eaux-Zélandais et les Indiens-
Joways. — Les l'oi lahs , hommes à j eau
jaune, sont clrangers à l'Afrique. — Les
Américains, par leur ensemble, par les ca-
raclèresgenéraux, ne diffèrent pas entre eux.
— On ne voit parini eux ni blancs, ni noirs,
ni cheveux b oiids,ni cheveuxiaineux. — Les
Pécherais sonl de giande taille, quoique plus
maigres et plus misérablrs que les Paiagons,
ce qui s'explique par le peu d'abondante de
nourriture el par li- peu de moyens de s'en
procurer. — Les At^straliens sonl noirs, hi-
deux, oui les cheveux rudes et crépus et non
laineux, et n'ont pas de rapports avec les
noiis d'Afrique. — L' s babilanls de la terre de
biéineu sont noirs, à cheieux très-fri;és, of-
f. anl de grandes analogies avec les noirs
d'Afrique. — La race polynésienne, au teint
légèrement brun, aux chnvoux lissesel noirs,
au visage presque ovale, esi belle. Ci'lte race,
disséminée sur desîles suis nonibie, occupant
un esjace d'environ oOO mvriamèlres en la-
titude, ne présente aucune différence dans
ses formes, sa couleur, en un uiol dans ses
carai lères z ologi(|ues-
Si l'on en cioil M. Jacquinot, les Indiens-
.lovvays offrent tous les caractères de la race
.■iméricaiue propiement dite, et une grande
analogie exisle ci Ire eux cl les Polynésiens,
surtout les Nonvcaux-Zélandais. — D'après
tous les auteurs, les Scandinaves ont le< che-
veux hlonds, les youx bleus, teint très-blanc,
poinmolles colorées, visage ovale, cr;\ne cau-
casiqiie. I»c nos j 'urs, ces caractères sont un
peu altérés. — Lis .lovvays ofi'rent des che-
veux noirs, liïSi'S. rmles au toucher; les poils
et la barbe noirs el rares ; les yeux peiits,
nullemeui obliques; paupières larges el flas-
ques; arcales scurci'ières faisa; t sail ie. Le
nez est long, bosselé ou aquiliii, mais élargi
à l'exiiéinile; les narines font saillantes et
Irès-ouieries, ce <)ui est cause sans doute de
la linesse si remarquable de l'odorat chez ces
pi-uples La bouciie est a^^sez grande, la lèvre
inférieure est large, et la supérieure irès-ar-
quée; les dents sont belles, blanches ; elles
s'useni sans élre attaquées par la carie. Les
pommelles, larges el proémiuenles, donnent
au visa(;e une apparonte anguleuse. La mâ-
choire inférieure est forte, el le menton assez
S lill.iiil. Les pieds et les mains sont remar-
quablenient peiits; la peau est d'une teinte
basanée. Le cr.îne est arrondi, élargi au-des-
sus des oreilles, aplati de chaque côté au
sommcl des pariétaux. On y rem irque un
aplatis eiiunl occipital tiè?-prononré , dû
sans aucun douîc à la eoinume qu'ont les
mères de fi\er leurs enfants nouveau-nés
sur une planelio, afin de po ivoir les trans-
porter plus l'aciemeni. Le front étroit, peu
élevé, ,1 une direction presque verTuaie. —
Les femmes présentent le mèrue type de race,
mais à un degré iuléiieur. Cette infériorité
a déjà été signalée chez i lusicurs nations
sauvages.
Cette description peut s'appliquer, à quel-
ques nn.anoes près, aux diverses peuplades
de l'Amérique et aux Polynésiens.
L'aifiniié des Joways avec la grande fa-
mille des Sioux el !,i plupart des tribus qui
Si n répandues dans les parties méridionales
de la grande vallée du Mississipi est un fait
dep.i- long emps reconnu par le- voyageurs.
Les Aztèijues, d'après M. de Hnniboldl, vin-
rent au Mexique en 1190, et refoulèrent vers
le Sud les 'l'oltèques, qui les avaient pré-
cédés, en 54-i, sur le plateau Anahuqc. Sur
plusieurs pi ints des deux Amériques il existe
encore des mOiiuiniMi.s qui paraissent appar-
tenir à la plus haute auliquilé.
La côte (le L iiirador, ou l'île de Terre-
Neu»e, s'oppose à la culture de li vigne par
sou cli'ual rigeureiix. Ce n'aurait doue pu
elle la terre de Vinland, biquelle, située par
le 41' degré de lalilud. , n'anrail pu être que
vers i'endroil oii e-l aujourd'hui Hoslon.
Il ne pfirttî^ aucupei)icivl probable % M.^^p-
W77
AU POINT DE VM DE LA jCEOCRAPHIE UELIGIEUSE.
1078
I
qninDt que des colonies scnndinavcs aient
penplé J'Amérique, et 1rs Jow.iys ne lui nré-
senleiil .Tiicune (les indicaiions confirmanl
te f;.iil bislorique. Il pense que le lype des
noijveaux venus, soil Seaniiinave=, snjl >Jon-
gols, soit Ch noià, se fondit bientôt dans ce-
lui des habiianls primitifs, et qu'il ne resta
des traces éc leur passage que dars quel-
ques mois, qu!'J()ues coulumes que la science
jciroitve aujourd'hui, et qui d<)iinpnl lieu à
une foule ij'liyp'ithè'ies. Il reg;ir'le l'Aniéri-
qoe comme aussi \ieilk' que raniien niomle,
sa popuUiiion comme primitive et aulorli^
lhone,à cause de son type propre, de sçs lan-
gues pc^mi rcuses , qui oui enire elles une
grande aiïinilé, et qui pc dérivent d'.7ucunc
langue de l'ancien monde, à cause de ses
anciens nionun.enls, et enfin des lypes de
figures humaines rejircscnlés sur les ruines
antiques de Palejique, et si remarquables
par l'aplatissen'.eni considérable du fronl,
caractète que présenicut encore de nos
jours une foule de peuplades des deux Amé-
riques.
M. Flourens, professeur au jardin des
plantes, soutient que l'analomi' comparée
de la peau nous donne, par l'ana'ogie pro-
fonde et partout inscrite de la structure de
Cet organe, la preuve directe de l'origine
commune des races humaines et de leur
unité (iiemièrfi.
L'homme est essentiellement et primitive-
ment un. La peau de l'homme blanc se com-
pose de trois lames ou membranes distinctes,
le derme et les deux épideroies ; et ce qui est
certi'in, c'est qu'entre le second épidcrmc,
l'épiderme interne et le derme, il n'y a ab-
solument aucune trace de cnuche pigmen-
tale, aucune trace de pigmeiituni. La peau
des Kabyles, des Maures et des Ar.ihcs est
couleur de bisire ; mais en général celle cou-
leur est plus foncée dans l'Arabe que dans
le Maure, et dans le Maure que dans le Ka-
byle. A cela près, tout est semblable. Il y a
dans toutes deux épidcrmes « t un derme, et
dans toutes, enire le second cpiderme et le
derme, il y a une coût lie de pipmonlum et
une membrane |)ignientale. — La peau du
mulàlre, la peau (lu Nègre offreni la même
siruciure que celle du Kabyle, de lAiabe et
du Maure : partout çleux épidémies, partout,
entre le second épiderme et le demie, une
membrane pigmenlaleet une couche de pig-
menlum (1). — La peau de l'Ainéricain, fa
peau de l'tJcéanien, présenter la même stru-
cture comntune à toutes les races colorées,
deuî^ épidémies et un derme, et entre le se-
cond épidémie el le derme un appareil pig-
mentai, c'est-à-dire une membrane f.gmeu-
lalc et une couche de pignienlum.
Que l'i n compare la siruciure de la peau
dans iQulçs ces r-ices si prolondénienl dis-
tinctes, le Kabyle, l'Arabe, le Manre d'un
côlé, et de l'anirç l'Américain, le Nègre, et
l'on l^•ouvera qt^e celle structure est par-
tout essentiellement et fonriament.ilemeiil la
mcmc. — Le Kabyle, l'Arabe, le M.iure ap-
(1) Alpiiius, aiiaiomisie du Leydo , e« lï^S, dans
»on ouviage v'Mtulé : De «e^t et causa coloris /EiUio-
parlienncnt évidemment à la f^ice Cauca-
si(|ne; el cependant ils ont un appareil pig-
nienlal tout semblable à celui de l'homme
noir el à celui de l'homme rou'.;e. — L'homme
blanc lui-même a une jieau qui. dans cer-
fanci ci constances, iur cerlains poiflls,
offre toute U structure de la pcju des races
colorées.
M- Serre, professeur au jardin des plantes,
auteur d'un onvratre sur l'/inatomie compa-
rée, avoue l'imperl'cclion de l'anthropologie.
Il reconnaît que les hypoihèses et ks sysiè-
nies ont pris la place des f.iits, parce que
l'examen direct et comparatif des obj Is dfi
leurs éludes a manqué aux anthropologues.
li avoue que la rac • Noire, si anciennement
connue et une des races primitives, a été
élrau^eniem défigurée par les vues sysléma-
tiques des philosophes eldes ai.thropologues.
Au|rès des uns et des autres, le Nègre est
quelque chose de plus qu'un singe, mais
il est considéré comme quelque chose de
moins qu'un homme. Depuis Plalon, de-
puis Galien, que d'hypolhèses sur l'homme et
sur la nature humaine ! Depuis Linné, Buf-
lou cl Ziinmerniann , que d'opinions sur la
dispersion de riiomnie sur la surface du
globe, sur la circonscription des races et
leur délimitation, sur le parallèle des zones,
des variéiés humiiines avec les zones anima-
les el végétales, et enfin sur l'action que les
inliuences locales ont pu exercer sur le dé-
Vi loppciiienl du [iliysuiue et du moral do
l'espèce humaine ! Poi:r apprécier à leur
juste v.ileiir les matériaux que la science
possède, il laui au pré.ilable que les carac-
tères humains soient délerminés avec pré-
cision.
Suivant ce savant prof-fscur, l'anthropo-
logie s'est enrichie des faits qui doivent lui
servir de base. A ces laits sont venues se
joindre des recherches d'une aulre nature ,
relatives à la filiation des races humaines, à
leur dispersion suc la surface du globe, à
leur mélange enire elles, ainsi qu'aux com-
biiuiisons physiques et morales qui en ont
élé le résultai. Mais qu'-lque nombreuses
(]Ue soientces observations el ces recherches,
et bien que les nations qui peuplent la surface
du globe soient à peu (irès loules connues ,
il s'en laul de beaucoup que l'anlhropologie
ail pu suivre les progrès des autres parties
de la zoologie. Celte imperfection reconnue
de lout le monde tient à des causes qui arrê-
lent à chaque pas l'observaieur, el le détour-
nent de sa route en l'empêchant d'attaquer
de front les obstacles qu'il rencontre. P.irrai
ces causes, la plus puissante lient à la diffi-
cullé même de se procurer les éléments de
l'observation, el à l'absence d'un musée an-
thrupologiiiue, qui est le résultat de celle
dillicullé.
Privés des moyens de rapprocher les faits,
lie les comparer entre eux pour en saisir les
rapports, les anthropologues n'ont pu appré-
cier avec exactitude, ni leurs différences, ni
leurs analogies, pour en déduire quelque
pum, pense d^:; iiiénie sur le siège Je coloraUoa <le la
peau dei» noirs. (A'oie de l'autoKl.
lo-y
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES
1080
règle générale, ou quelcjue principe fixe, qui
pût donner à celle branche de nos études le
caraclère scientifique.
Ce caraclère manquant à l'anthropologie,
la partie spéculative a pris le dessus sur la
partie positive, et de là sont sorties ces opi-
nions si nombreuses et si coiitrndictoires, sur
l'unité ou la pluralité des types auxquels
peuvent être ramenées les variétés du genre
humain : question capitale , à laquelle tou-
tes les autres se rattachent ci dont le vague
atiestc àluiseulle peu d'avancement aut|uel
nous sommes parvenus. Si en effet ces types
sont très-nombreux pour les uns, il est uni-
que pour les autres ; et ces deux résultais
qui impliquent contradiction sont justifiés
l'un et l'autre par la subordination de l'nn-
Ihropologie à la zooloijie.
Dans la zoologie, dit M. Serres, l'espèce
est déierminée par l'existence de certains ca-
ractères dilTérentiels qui se transmettent par
voie de génération. Or, celle fonction étant
limitée pour les animaux , circonscrite le
p^Ui Ëouvciit entre les individus de la même
«'spèce, il en résulte que rien ne vient trou-
bler chez eux la c(inser\alion et la trans-
mission lies types. Si le genre humain eût
été renfermé pour la génération dans le
cercle étroit de l'animalité, nul doute que
ses résultats n'cussenl été analogues ; mais
il n'en est pas ainsi : les caractères des
races humaines se transmettent bien hé-
réditairement comme chez les animau\ ,
mais de plus leur promiscuité étant fé-
conde, il en résulte que si l'on n'a égard
qu'à la génération , l'espèce humaine est
unique, tandis que si l'on considère la trans-
mission héréditaire des caractères, la plu-
ralité des espèces ne saurait être contestée.
Pour ne point s'égarer dans les recher-
ches si intéressantes de la dissémin.ition des
races et des produits de leur croisement
sur la surface du globe, il faut comhiner
sans cesse l'étude des caractères physiques
et moraux des peuples et des nalions, en
ayant égard an degré de perfeclionneaient
des types qui se sont croisés.
Comme les peuple; portent sur leur phy-
sionomie les véritables éléments de leur pro-
pre histoire naturelle, ce sont ces éléments
qu'il faut nous attacher à déchiffrer, en
mettant à profit les progrès récents de la
zoologie, ceux de l'anatomie et de la phy-
siologie.
M. Serres expose qiie la race Noire compte
lie nombreuses variétés plus tranchées que
dans les autres races; que dans la nature,
les passages d'une variété ne sont indiqués
«jue p;ir des modifications dans les caractè-
res fondamentaux.
Les Américains, tant par l'imperfection
de leur civilisation que par le peu de mé-
lange qu'ils ont eu entre eux, ont conservé
les qualités primitives de l'espèce humaine.
Ces qualités physiques et morales compa-
rées à celles des hommes de l'ancien conti-
nent, en établissant la supériorité incon-
testable de ces derniers, montrent les effets
de la civilisation. Mais quoique peu modi-
fiée, la race américaine n'est cependant pas
identique dans tous ses membres. Cet air
de famille que l'on remarque parmi les peu-
ples qui la composent, cette conformité de
coloration, cette analogie de langage que
les linguistes modernes (Wiseman, Alexan-
dre et Guillaume de Humboldt) ont reconnue
dans les idiomis divers des Américains ,
tout cela prouve bien, sans doute, une com-
munauté d'origine, mais tout cela même est
loin d'établir une simililude complète. Sur
celle base commune, des diversités se sont
établies, et de ces diversités sont sorties les
variétés de la race américaine, compara-
bles, sous certains rapports, aux variétés
de la race Caucasique. A la vérité, entre
ces divisions de la race américaine, les pas-
sages de l'une à l'autre sont souvent diffi-
ciles à saisir, et de là nail la difficulté d'en
formuler nettement les variétés.
Cette difficullé de classification pour la
race humaine de l'Amérique n'est pas par-
ticulière à l'anthropologie, elle se retrouve
au même degré dans la manimalogie , et
surtout dans les mammifères du Sud, comme
l'atteste M. Isidore Geoffroy Saint -Hilaire
qui, dans sa Zoologie générale, déclare im-
possible la classification des mammifères
américains.
La femme, dans les races humaines, est
conservatrice du type de la race. L'abaisse-
ment de la race américaine a sa source en
partie dans le délaissement de la femme,
comme le respect de la femme, porté à un si
haut degré chez les Scandinaves et les Gau-
lois, est une des causes île l'influence qu'ont
exercée ces peuples sur les destinées de l'hu-
manité. M. Serres pense qu'en anthropo-
logie les rapports de l'homme avec la fem-
me doivent être étudiés avec soin. — Iles-
lime que pour se rendre compte de l'état
présent de l'humanité sur le globe, l'anthro-
pologie doit suivre la filiation des races. Dans
les Indiens-Joways, que M. Jacquinot rap-
proche des Nouveaux-Zélandais, M. Serres
a trouvé les caractères anthropologiques des
Scandinaves, et dans les femmes quelques
tralis de la race Mongole qu'il avait déjà
trouvés chez les Botocudos, caractères re-
connus par MM. Spi\ et Marlins dans quel-
ques tribus brésiliennes; par AI. de Hum-
boldt chez des peuplades de l'Orénoque et
par M. le prince Maximilicn de Wicd chez
les Purys.
Son opinion sur la ressemblance des in-
diens-Joways avec les hommes du Nord est
partagée parMM.de Humboldt et Alexandre
Brongniart et par M. Duvernoy. Celle opi-
nion s'appuie sur une migration des Scandi-
naves dont nous devons la connaissance à
M. Jean Reynaud.
« 11 paraît certain, dit ce philosophe, non-
seulement par les chroniques des ^candina-
ves, mais par le témoignage d'Adam de Brè-
me, qui a si bien connu tout le Nord de son
temps, que ces peuples possédaient, au delà
des mers, une colonie fondée par des Groën-
landais, et dans laquelle croissait la vigne
ce végétal si cher aux habitants du Nord
1081
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
1082
cel établissement en avait mdme reçu le nom
(le Vinland, terre du vin. Sa principale ri-
chesse venait du commerce des pellcleries,
qu'ils fuisiiient avec les nalurcls du pays.
Comme on y arrivait en naviguant au sud, à
partir du Groenland, ilest inconleslable qu'il
devait se Irouvcr soit dans l'île de Terre-
Neuve, soit sur la côte du Labrador. »
Si l'on rapproche l'époque de celle migra-
tion, qui a dii se fiiire vers la fin du \' siè-
cle, de l'histoire des anciens et des nou-
veaux Péruviens, que nousdevonsàHerrera;
si l'on consi 1ère que les Mexicains étaient
une race élrangère, qui montrait le Nord
auv Espagnols pour leur enseigner son
origine; si l'on ajoute que la prise <le pos-
session de cette race datait du xi' siècle ,
la colonie de Vinland pourrait bien rat-
tacher le continent américain à l'ancien.
Quant .lu rapprochement supposé par
M. Jacquinot, entre les Polynésiens et les
Américains, dit M. Serres, M. Bory Saint-
Vincent fait peupler le versant occidental
des Andes par des Océaniens qu'il appelle
race ncptunienne, supposition que rejette
M. Gust.ive d'Ëiciitals.
Les Indicns-Joways, par le respect de la
fenune, se rapprochent encore des Scandina-
ves, etia lerreur qu'inspire leurcride combat
rappelle celle dont furent saisis les soldats de
Marins, lors du débordement de la Scandina-
vie dans les provinces romaines.
Les Botocudos portent l'empreinte pro-
fonde de la I ace Àlongole. Chez les Joways
il n'y a que les femmus qui la possèdent,
elle est complètement effacée chez les hom-
mes.
On a reconnu chez les Américains du Nord
les principaux caractères des Scandinaves.
Comment le type américain revêl-il le type
caucasique? Esi-ce un elTct du croisement
des deux races? C'est un problème.
M. Gustave d'Eichlals , auteur A'Eludes
sur ritiatuire primitive des races océanien-
7ifs et aHie/îcaùies , établit une civilisation
primitive dans la Polynésie orientale, puis
la répand de ce point vers louest, à travers
rOcéaiiie juscjue dans l'Afrique, et à l'est
jusqu'en Amérique.
Les migrai lions polynésiennes s'étaient
étendues à l'ouest jusqu'à l'île de Madagas -
car. Les Foulahs, suivant lui, se rattachent
au rameau polynésien d'une manière plus
ou moins directe. Il a suivi les traces de l'in-
fluence polynésienne jusque chez les Copies,
les Mandingues et diverses autres popula-
tions africaines. H croit à une ancienne
communication entre la Polynésie et l'Amé-
rique, et en dehors même de cette communi-
cation il croit à l'existence de rapports en-
tre l'Afrique et diverses races aujourd'hui
américaines.
M. le docteur Guyon s'exprime ainsi sur
l'anthropologie du nord de l'Algérie.
(1) Les Cagois des Pyrénées ont une conformation
de l'oreille i|ue l'auleur considère comme un carac-
lère disiinciif de race. Ce caruciére coM^isIe dans un
arrondissement de l'oreille résultant de l'absence de
lobule. Ce sont les desceudanis des Goilis dans les
Arabe. Corps sec, élancé; cou long; taille
au-dessus de la moyenne; yeux noirs; che-
veux de même couleur, tendant à se boucler;
peau un peu basanée; face oblongue, dépri-
mée latéralement; crâne ovoïde d'avant en
arrière; front étroit, oblique; nez long, ar-
qué, sec ; dents Ioniques, très-bellos. — Les
os du crâne sont lemarquablcs par Imir peu
d'épaisseur. Hérodoie signale un 'caractère
seuibl.ible chez les Perses. Cette conformité
organique conduira peut-être plus lard, avec
l'aide d'autres éléments, à établir entre les
deux peuples une communauté d'oriu'ine.
Tous deux, du reste, habiient des contrées
limitrophes, et cette seule circonstance suf-
firait déjà pour faire soupçonner qu'ils ne
sont que deux branches d'un même tronc.
On suit que rétablissement des Arabes en
Afri(|ue commença à s'opérer dès l'origine
même de l'islamisme. Ce grand événement
était accompli dans les premières années du
viii' siècle, époque à laquelle l'Arabe passa
de l'Alrique en Espagne, en s'aidant, pour
celle nouvelle conquête, des deux peuples
qu'il avait trouvés dans la première de ces
contrées, le Maure et le Berbère. Ce dernier
nom, comme on sait, est celui du Kabyle
dans les montagnes du Maioc.
Kabi/le. Corps trapu, musclé; cou court;
taille peu élevée; yeux et cheveux noirs,
parfois bruns, avec cheveux châtains: peau
d'une teinte moins foncée que celle de
l'Arabe; face ovali;, pleine ; crâne globuleux,
conique en arrière; front moins étroit et
moins obli()ue que celui de l'Arabe ; nez
moyen, épais; dents moins longues et moins
belles que chez l'Arabe. — Le Kabyle habile
les montagnes , et son organisation , comme
celle de lous les peuples montagnards, se
modifie selon les localités. Ainsi , dans les
vallées, il est sujet au goitre, et, par suite,
au crétinisme; et ce n'est pas là qu'il fau-
drait aller chercher le type de la race. Déjà,
dans une autre circonsianca, nous avons fait
une remarque semblable à l'égard des Guths,
qui , sous le nom de Cagots (1) , habitent au-
jourd'hui nos Pyrénées. Généralement, ta race
kabyle est belle; c'est elle qui prédomine
dans une race que nous désignons, à son
insu, sous le nom de Maure, et qui ne rap-
pelle du. Maure d'autrefois queleslieuxoùelle
lui a succédé. Le Maure d'aujourd'hui est un
produit de croisements multipliés : son or-
ganisation est des plus belles, et nous nous
en occuperons ailleurs. C'est lui, comme on
le sait, qui constitue en très-grande partie la
population de la plupart des villes du nord
de l'Afrique.
Le Kabyle est, comme l'Arabe, étranger à
l'Afrique: mais il lui est, dans ce pays, de
beaucoup antérieur. Son origine parait phé-
nicienne : aussi je vois en lui l'ancieu Numi-
de, lequel n'est pas, selon moi, le Maure
d'autrefois, celui des Grecs et des Romains.
Pyrénées; ils appartiennent à une race de taille éle-
vée et pirfaitenient conformée. Le goitre et le créti-
nisme, dont un grand. nombre de Cagots sont enta-
chés, ne lieivient qu'à la nature des localités habitées
par ces derniers. (Note de l'auteur.)
mS E;SS4I sur les TPAVAUJC DJlS ANTPPQPOLPGIJES, 1084
Celni-ci me paraît avoir éic le peuple abori- Ir.ation ïospeclive dos Irous audiliTs est ab-
gène, sinrii de loul le nord dp l'Afriqup, du soiuin''nl la môme quo d.'sns les léles des in-
moins d''S contrées où il cxislail encore i!u dividus de tous les uiilies peuples,
temps de SnMusIe. C'est Cl- que je me propose Indépi'ndaminenl de celle élévaiion de la
d'établir ailleurs, sur des données qui me voûle du crâne et de sa tonne presque sphé-
pnraissent devoir porter la conyicliou dans riiiuo, la surface des inàrlioin-s a une grande
tous les e>prils. étendue e! se trouve diiis une ligne droite
Mnzttbilç. Co-ps plus ramassé et plus ou , erpondiculaire; les oib les, plus évasés
cbarnu que celi i de i'A.abe; taille moyenne; qu'on ne l'oStserve en général sur les crânes
yeux nors; cheveux idem, bouclé";; pi-.iq des Eniopéens, sont un peu moins inclinés
olivâtre; face pvalf, npdus aiig;.liuse que eajirrière; les iireades alvéolaires sont peu
celle (le l'Arabe; cràin' ovoïde (lavant en pro^'oneées, garnies de dents irès-hianclies
arrière, déprl'Mé lalcrairmpr,!, coinii.e cbez et régnlièrej ; les dents rani;i' s surtout sont
l'Arabe ; étendue verlica'e remarjiiable ; peu SJiilianles, ce qui cnnfintie 1 asserli n
front étroit, moins obi'que qu;- ciicz ce der- émise par les voyageurs qui oui été à même
nii'r; lie? a'^sez grand , ch.irnu . parfois ter- d'observer le régiir.e des Ar/ibcs, poiiam
miné en pointe; dénis assez longues, lu Iles, que ce pcnp!e mange peu et rarpineni de la
Le Mozabile vjetii de 'Orient, comme l'A- nande. Les os de la léte des individus de
ralic et le K.ibyle, piais l'éimque de son pas- celle nation sont plus minces que ehcz les
sage en Afrique est inconnue. I our qie'- autres peuples. Cetie perl'ecLibiliié des o-; de
ques-qn?, réinigration des Mozahiles sur la tête s'ooserve éialen^enl dans les auireç
r.U'rique p.e reuionte qu'à une époque peu par'.ics du squelette. Les os des membres
éloignée. Sont plus denses, d'un tissu plus lompMcie,
Le baron Larrcy djstingue les Arjibes , sans cesser d'être élastique. Les circonvolu-
1' en Aral)es orienl,iux, venant des bords de lions du cerveau, doiil l,i masse est propor-
la mer Ronge ou de l'Arabie proprement îionnce à la c 'pacilé eu crâne, sont plus
dite ; 2* eri Arabes occidentaux, ou .Africains multipliées, les sillons qui les séparent plus
oriuinn ros de la Alaurjia'iie ou des côtes profonds, et les substances qui forment cet
d'Afrique ; 3° en Arabes liéilouins ou scénilcs, organe p us fermes que chez les autres ra-
erranls sur les bsières des déserts. ces. Le système nerveux qui pari de la
Les individus de la première classe, quj se moelle allongée et de la mo.^lle épinièrc nous
sont répandus et perpétués dans la cl.rsse a paru cire composé de nerfs plus denses
des fellahs (laboureu:s et arlisans de loule que cbez les p<'Uile> européens en général.
l'Egypie et des contrées fertiirs de l'Afrique, Le cœur et le système vasculaire artériel
sont d'une laille un peu au-dessus (!e la présentent une régularité cl un développe-
moyenne; il< scnl robustes tt bien faits: leur ment panails. Les s^ns des .\rahes snnl ex-
peau est hâlée ou brune et élasiiiiue; ils ont quis et d'une perleclibliié remarquable; la
le visage ovale, de couleur cuivrée; !eur vue, jhez eux, s'étend fort loin; ils enlen-
front esi large, élevé; le sourcil noir, delà- dent à île grandes (iislances. Le sys.ème
ché; l'oeil, de inêuic couleur, \if el enfoncé; musculaire ou locomoteur est fortemeiit pro-
ie nez est droit, de moyeune grandeur; la nonce et se dessine- sensiblement sous la
bouche bien taillée; les dents sont bien peau; ses libres sont d'un rouge loncé, fer-
planlées, belles cl blanches comiiic l'ivoire ; mes el Irès-éiasliques, ce qui explique la
l'oreille, d'une beile forme et d'une grandeur force et l'agilité de ce peuple. On ne trouve
normale (1). pas celle perlertibilité physique cbez les na-
La deuxième classe ne diffère point essen- lions mélangées d'une partie de l'Asie, de
liellenirnl, j our ses formes physiques, de la rAmérique el de l'Europe septentrionale,
première, et il y a une parfaite analogie de Les Espagnols, les Basques, les Catalans
caractère entre les individus de cej deux et les Corses ont une grande analogie dans
races. les qualités physiques el inslinclives afec
La troisième classe, les Arabes bédouins, les Arabes.
ou Arabes bergers, sont généralement divi- AL d'Orbigny, qui pendant plusieurs an-
ses par trjbus. Leurs ysux sont plus étince- nées a parcouru l'Amérique, range dans sa
lanls, les traits de leur visage généralement race Ando - Péruvienne la variété améri-
moins prononcés; leur taille est moins éle- caine Toilèque, remarquable par le groupe-:
vée que chez les Arabes civilisés; ils sont ment de siîs membres et une civilisation déjà
aussi plus agiles, et, quoi(|ue maigres, ils assez avancée. Des autres nations errantes
sont très-robustes; ils oniresprit vif, le ca- ou incivilisées de I Améri(|ue , il en fait
ractère fier el indépendant ; ils sonl métlaiils, deux races. — La comparaison des crânes
dissimulés, errants, mais braves el intrépi- tend à prouur que la forme de la Icle
des; l'hospitalité psi sacrée çliez eus; ils des Américains n'offre pas des caractères
sont d'une profonde et rare intelligence. aussi certains, aussi iranchés qu'on l'avait
Le crâne des Arabes a une forme presque pensé. Les caractères des traits, de la phy-
sphériquu, fl on remarque une grande élé- sionomie, paraisseit au contraire devoir
vallon de la voiile de la boîte osseuse. La si- servir de base à la classiGcalion de l'homuie
(I) Larrey dit que Ig pavillon de l'oreille peui seulement chez los différeiiis peuples, mais aussji
varier à l'inlini par sa forme el sa grandeur, non- chez les individus de chaque espèce.
(iVûie ^e Çauteur.}
AU POINT PE VUE nE l\ gEOGR/VPHIE; RELIGIEUSE.
108o
anncricain; en voici un exemple : le nez,
\ long;, siiiHanl , foriemcnl ;inuilin et re-
courbé à son cxlréiiiilo chez le; l'éruviens,
est CDurI, lég' remi ni épalé (liez les Arau-
Ciinos les Moxiis, les Cliiqulos; liès-C'Url,
lrè>-cp;ilc, IrJs-large rhcz les PatagOMS ;
coun, éiroil chez les Gn;iriuus.
Dans une position jîéogra(ihii|"e donnée,
dit M. Durcau de la Malle, la ii;iUire du sol
et sa forme, qui résultent de causes Uiulcs
géog 'osiiques , cliiblissent les prin ipaies
qui'> lions de l'es isl en ce îles [icnples, de leurs
Diœnr<,de leurs li.ib (ui'es el du rA!c qu'une
ronirée a joué sur la scène du monde. Co
n'est pas seiilcnienl un climat à pi'u près
nniforine (]ui f;iil de l'Hindoiislan supérieiT,
de la l'erse, de ! Asie Mineure, de l.i Syrie,
de la Grèce, de Tllalie, du niidi de l'Allema-
gne cl de la I''r;mri', de louie la péninsule
Ibériiiue une léjion [)lijsiq;ie dislincle ;
t'esi encore l'unifiinnilé de leur consliluliun
géo{;noslique reconi.ue aujourd'hui depuis
Lisbonne jusqu'au Liban, el nicme depuis
les penles orii-nl.iles de l'Inimniis jusiju'aux
points où les chaînes des l'y i énées, des mon-
îagiies c pagnoles et poitugaises, vonl se
perdre dans l'Allanlique. Les peuples de
ces diverses conlrées pouvaicnl, dans leurs
migrations «i traveis celle large bande, re-
trouver, avec le Diénie ciel, les mômeri <;ua-
lilés du s(d, les mè.'ies formes, les méoics
a^fiCf Is, les mêmes pcoduclons et tout -s les
circonstances physiques qui exercent une si
puissante influence sur les peuples dans l'en-
fance de ia ci\ ilisalion.
T'>qi change it, au conlraire, de nature
el d'aspecl, si l'on se dirigeait ou vers le
nord, ou vers le midi. La, deux léL'ions
géogno-liques d'ime immense étendue ou-
vraicnl encore, de l'orient ;i l'occidenl, di'UX
nouvellis voies aux mouvcmenls des peu-
ples, l'une en suiianl Ips plaines sablon-
neuses de l'Arabie el de 1 Afrique, l'autre à
travers les i;:'oienses steppes des terrains
teriia'rcs du nord de l'Asie el de lEurope.
Les antiques niigcalions des peuples, de-
puis longléiîips eliacces des pa-.'cs de l'his-
loire, sont liacées en caractères indélébiles
dans la consliUilion géologique du globe,
dans les éléments de noire langage, dans le
type cl dans leg formes de nos animaux do-
mestiques. Ce graïul événemenl de l'histoire
primitive, aucun monument écrit ne l'al-
lesle, et cependant nul fait historique n'est
mieux pr -uvé. En moins de cinquante ans,
les reciurclies patient' s des philologues oui
établi sur des témoignages irrécusal.les l'a-
nalogie el la niialiuii des idiomes indo-per-
sans avec les langue.- ancien-ies et moder-
nes de l'Kujope.
Une élude longue et co.nsciencieuse de
l'histoire ancienne des animaux m'a dé/non-
Iré que la plus gr;inde j ar'ie de nos espèces
domestiques est originaire de l'Asie. Ainsi
l'his'oire naturelle, 'quoique procédi- I par
d'autres mojens que la philologie, conlirme
cp (ail re(n;;ji)u;ibre : c est que anléricuie-
ajpnl aux lejni)s historiques, il est venu
dans noire Occident une grande immigration
1006
des peuples orientaux qui, s'avançant de
l'est à l'ouest, ,i Iravcrs une vaste zone, dont
le climat, dont la lonstituiion géognoslique,
doni les qualités du sol el les produc'ions
étaient semblables, nous ont appo'-lé les
élémenls de leur lingnge, leur civilisation
adulte el lis animaux qui en marquent l'ori-
gine et les progrès.
Les recherches entreprises sur l'histoire
ancienne de nos oiseaux iloineyliques , de
nos ceiéales et de ni's phiiiies U'-uclles, n'ont
fait jusqu'ici que conGiuiec ce résultai.
Mainlenanl l'histoire positive v enl à l'ap-
pui de ccUi" assertion. L'empire i ernan naît
avec Cyrus et ginndit sons ses sncce>scurs.
La configuration du terrain, le cli.^ial el les
proilutiions ont posé d'avance 1 s jalons lie
la marche elilu terme de '^es conquides. De
l'Imniaus au Cauc;ise, du Caucase au Taurus
fl <".u Liban, tout se soumet s;|ns résistance,
tout s'amalgame en peu d'années. (2'est que
les lois invariables de la nature el du climat
avaient doué ces \astes régions du même
Ciel, du même si:l, des mêmes proilU'Hions ;
c'est que les con.-équences nécessaires de
ces lois iuimuables avaient créé, chez les ha-
bitants de ceUt! zone, l'iilcntilé de iargige,
ridcntilé de culture , enfin l'analogie de
mn-urs, d'h.ibiiudcs et d'usages qui déiivent
inc\ ilablement de ces coudiiiuns ualureiles
et so iales.
Alexandre paraît en un moment dans tout
l'univers, c'esl-à-diie dans cette va^le zone
analogue à ia Grèce, de climat, de ma'urs et
de la.igage, qu'occupaii l'eiapire persan. 11
fait plus; il y sètue la civilisation grecque ;
mais celle plante exoti jue ne peut croître,
ni frendre lacine ilnus les plaines glacées de
la ïransoxiane el dans les saMes brûlants
de l'Arabie. C'est un autre monde, ce sont
d'autres mœurs.
lto:iie semble avoir été Tondéc poiir
conquérir, geuverner et discipliaerl'univers.
Dans presque toute la zone montagneuse que
j'ai signalée, continue M. Dureau de la JMalle,
dans la rég on des céréales, des peuples agri-
coles el sédentaires, elle porleses aigles vic-
torieuses. Où s'arrêtent ses invasions suc-
cessives ? à l'est et au sud, devant les déserts
brûlé- de la Mésopotsmiç, de l'Aral ie el de
lAlrique ; au nord, devant les niarais et les
for'ts successives do lerriiin tertiaire de la
Hollande el de la Gernianie. "Trajaii ne fran-
chit un moment ces limites ualureiles que
pour les voir tout à c .lin aband. innées, ici
l'exception confirme la règle. La loi du sol,
du ciima', qui commande les mœurs el les
habitude^, cette loi puissante re^lc immuable,
etprou>e que le bras le plus fort, que les
courages les plus fermes sont des riseaux
qui plojenl (levant les forces irrésistibles de
la natuie.
La rt gence d'Alger nous offre dans sa
conslitu ion géognnsliiiue les deux zones
qui ont di letmiiié, de rO.ieut à l'Occiiient,
l'érnigrition de> peuples agriculteurs , et
du Sud-Lsl au NoriJ-Ouesl, celle des peuples
nopiades. Aussi deux, races bien dislinclcs
s'y louchent sans se confondre. Ce sont, dans
10S7
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES ,
l'antrquife, les Numides elles Berbères; île
nos jours les Arybes et les Kabyles. Ici comme
dans les différentes zones indiquées parl'au-
Icur, la constiiuliun géognostique du sol et
le climat qui en dépend ont déterminé iriva-
riablemenl les différentes espèce-; de produc-
tions . de cultures et d'habilalions , de
mœurs, d'habiludes et d'usages, qui en sont
la ionsé(iuence obligée.
M. Dureau de la Malle eslinieque la phi-
lologie eU'anlhriipologie s'éclairent récipro-
quement , quoique parf;iileiuent indépen-
dantes lune de l'autre. Il a découvert une
conformité remarquable de t) pe qui existe
enire les Chaldéens, les Kurdes et Us Mèdes,
scDlplés sur les bas-reliefs de l'ersépolis, et
celui des Juifs figuré dans les sculptures
grecques ou romaines ; eniin aéinc l'idcnli-
té do type de ces divers peuples avec celui
des Juifs du Ghello à Rome. Celle race, qui
ne s'allie jamais avec les étranj;crs. a gardé,
plus que toute aulre branche de la race
juive, le caractère indélébile de sa nation.
M. Bore a remarqué dans la Perse et le
Kurdistan, celte identité entre les Juifs et
les Chahléens répandus depuis le Pont-Eu-
sin jusqu'aux bouches du Tigre et de l'Ku-
phrale ; sous les mois de Chalb," de Kard, de
Kurd, apparaissent les Chalybes, les Kar-
douques, les Gordyens des anciens. M. Bore
a observé aussi une identité de langage qui
confirme ainsi l'observation zoologique.
Tous ses guides , Chaldéens ou Kurdes, s'en-
tendaient en parlant leur patois avec les
Juifs parlant l'hébreu littéral, tout comme
les pa\sans des comtés de Galles et de Cor-
nouailles s'entendent avec les l'as-Brcluns
du Finistère. M. Boié, parle rappiochement
des deux langues liébraïiiue et cbaldéeime ,
prouve que les Hébreux et les anciens Chal-
déens sortent d'une même souche et sont
un même peuple.
Lé savant' orientaliste de Hammer raconte
que les Turks nommés Tuku par les Ciiinois,
descendirent de l'Altaï {Altun-Toyh). De là
celle vaste étendue de steppes qu'ils habi-
liiienl se nomme Turkistan. C'est un pays
renommé par la fertilité de ses pâturages ,
par la nature de ses clievaux et les mœurs
de ses habitants, dont les belles proportions
et la rapacité sont passées en proverbe dans
tout l'Orient.
M. Libri ne se montre pas aussi favorable
aux Arabes, dans le portrait qu'il en trace ,
que le baron Larrey. Les Arabes, suivant
lui, n'avaient ni cet esprit d'invention qui
distingue les Grecs et les Hindous, ni cette
perfection dans les arts mécaniques et celte
persévérance dans les observations qui ca-
ractérisent les Chinois
M. Gaudichaud a constaté que la végéta-
lion des hautes montagnes diffère lolaleuient
de celle des plaines. 11 montre toutes les puis-
sances intellectuelles des temps anciens et nso-
dernes s'accordant à penser que les végétaux
ont précédé les animaux, que la terre était
couverte des premiers avant l'apparition des
seconds ; ce que d'ailleurs la théologie nous
a transmis d'âge en âge, dans l'histoire des
sept époques ou divines journées de la créa-
tion.
Les philosophes de notre temps, les uns
en prouvant que l'homme n'a pas laissé do
vestiges dans les terrains primitifs, et les
autres que les végétaux les plus simples ont
précédé les végétaux les plus composés, sont
venus de nos jours donner la consécration
de la science aux grandes époques. créatrices
des premiers âges.
Chaque siècle amène ses progrès, et cha-
que progrès de l'esprit humain est une
nouvelle preuve à l'appui des vérilés éter-
nelles.
La physiologie, comme tout ce qui est,
date donc de la création. Les hommes da tous
les temps ont dû s'en occuper. Et pourtant,
qu'est-ce encore aujourd'hui que la physio-
logie? Malgré les efforts de tous les hommes
qui y ont consacré leur vie, leurs veilles et
leur génie, quels en sont les éléments, les
principes, les bases et mèuie les vérilés bien
dé/i?onlrées ?
Les sciences, quoi qu'on en ait dit, ne se
bornent pas seulemeiil à l'observation et à
l'inscription des faits qui ressorlent de toutes
nos expériences, à la coordination et à lu
simple contemplation des phénomènes de la
nature. Leur n\ission est plus noble et plus
élevée : elles doivent, après la généralisation
de ces faits, sans laquelle elles n'existeraient
pas, se livrer à la recherche des causes ca-
chées, mystérieuses et trop souvent introu-
vables qui les |iroduisenl, et tendre par là à
diriger notre esprit vers la suprême Intelli-
gence qui ordonne tout l'univers.
Le savantNiebuhr a remarqué quiî les vrais
Arabes, les Arabes errants, diis Bédouins,
liiniient plus à leur liberté qu'à l'aisance el
aux richesses, vivent en tribus séparées sous
des lentes, et gardent encore la même forme
de gouvernement, les mêmes mœurs et les
mêmes usages qu'avaient leurs ancêtres
dès les temps plus reculés. Ils ont l'odorat
très-subtil. — Les Arabes sont très-vifs,
point gais, mais fort sérieux. — Les Egyp-
tiens ne sont point non plus gais. — Les
Arabes aimenl la nombreuse compagnie ; il
est de là aisé de conclure qu'ils soiil plus ci-
vilisés qu'on ne pense. — Les Arabes lien-
iient leur moustache très-courte, quelques-
uns la coupent tout à l'ait, mais jamais iis
ne se rasent la barbe.
Niebuhr a aussi remarqué que les Kurdes
ont conserté leur langage jusqu'à présent.
Oïl trouve beaucoup de mots hébreux dans
la langue des Kurdes qui errent sous des
tentes.
M. de Blainviile, professeur au jardin des
plantes, regarde comme un mystère une race
de Nègres au milieu d'hommes d'aulres races
dans la Nouvelle-Guinée. Mais ce mystère
se retrouve à l'île de Luçon, à l'ile de Bor-
néo, etc.. etc. Il dit aussi qu'on a beaucoup
exagéré le rapprochement de ces premiers
singes (les variétés de l'orang-outang) avec
l'espèce humaine, el combien l'emploi trop
1089
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
1090
rigoureux de l'angle facial pourrait induire
en erreur sur les rapports naturels des mam-
mifères. D'après lui, l'analomie du cerveau
de l'homme, de cette partie évidemment la
plus importante de son système nerveux, et
par conséquent de toute son organisation, a
fait le sujet d'un nombre véritablement in-
croyable de travaux ; et cependant c'est un
des points de l'organisation sur lesquels il y
a le plus de difficultés dans la conception to-
pographique et anatoraique, et par consé-
quent dans la démoiistrcition ou dans l'expo-
sition de sa structure. Sans doute ce grave
inconvénient provient de la nature si molle
et si délicate de l'encéphale, qui permet dif-
ficilement d'en suivre l'organisiiiiun, si ce
n'est qu'à l'aide de grandes précautions et
de procédés fort délicats ; mais cela provient
peut-cire encore davantage de ce que la
physiologie de ce subxtratum des sensations,
de l'intelligence et de la \olonté, étant en-
core bien plus difficile que son aiiatomie
statique, et par conséquent bien plus con-
troversée, l'ordre suivant lequel l'investiga-
tion de cet organe impartiml doit se faire
n'a pu avoir rien de rationnel, d'étiologi-
que; et en effet, la marche suivie dans l'ana-
lomie du cerveau n'a en général rien de na-
turel et qu'il soll possible d'exécuter autre-
ment que par routine et par une sorte d'imi-
tation.
Létiologie étant démontrée, il sera possi-
ble d'arrner, par une comparaison maté-
rielle, ù trouver la signification des diffé-
rentes parties du cerveau dans la série des
animaux, mais encore, ce qui est bien plus
difficile, d'atteindre p:ir une comparaison
physiologique expérimentale volontaire, ou
pailiologique, et autant que cela est possi-
ble, à un rapport proportionnel de masse et
d'effet ; car personne ne peut penser à con-
cevoir celle de cause et d'effet.
M. d'Abbadie, savant voyageur, rapporte
qu'on parle à Massawwa(îlede la mer Rouge)
une langue sémitique distincte de l'arabe et
du dialecte du Tigray. D'après les mœurs et
coulumes des Hhabab, qui demeurent aux
environs, Il croit leur origine arabe. D'après
des traditions sur l'origine des tribus erran-
tes des Sh;ihu, et un vocabulaire raisonné
de leur langue, il établit leur affinité lointaine
avec la souche sémitique. Par le secours de
la langue amhargna, il étudia le dialecte
commun [afan-ll-m'orma) aux nombreuses
peuplades Gallas qui habitent l'Afrique cen-
trale, ainsi que la langue des Somalis à
Mokha. Dans ce vocabulaire un quart des
mots est iilenlique avec l'Il-m'orma, ce qui
prouve la connexion des deux dialectes. La
tradition somall lui confirma celle des Gallas,
qu'il avait recueillie à Gondar, et d'après
laquelle tous ces peuples seraient issus du
sud de l'Arabie.
M.Louis de Freycinet, auteur d'un Voyage
iiulour (Ih monde, veut que l'on considère
l'homme comme un êlre physique isolé, com-
me vivant eit fuiuille, ci.Cin comme appailc-
nant à i*ne tociété politique; qu'on étudie les
meeurs, les usages et la législation des peu-
ples avec une invesligulion minutieuse et
philosophique, et qu'on y ajoute l'examen de
ses arts, de son industrie mécanique, de sa
littérature, de son histoire écrite ou tradi-
tionnelle, de sa religion et de son langage
usuel et poétique. Suivant ce savant marin,
le caractère appartient à l'homme individuel;
les usages, qui sont les lois de la famille,
constituent les mœurs et en sont les consé-
quences; tandis que les lois civiles régissent
la société ou la réunion de plusieurs familles
sons un même chef. M. de Fi eycinet a trouvé
chez quelijues nations sauvages des traces
de ce gouvernement politique, réellement
priaiitll, qui n'est qu'une extension de celui
do la famille; certains auteurs ont bien pu
l'imaginer dans leurs spéculations systéma-
tiques, mais il était à la fois curieux et im-
portant d'en obtenir des preuves positives et
irrécusables.
Quand on considère avec soin les mœurs,
l'industrie et la religion des hommes non
civilisés, (in y remarque de curieuses simili-
tudes avec les pensées des plus anciens peu-
ples dont l'histoire nous ait transmis la
croyance et les usages. Ces observations ten-
dent à dénuintrer la grande unité de l^espèce
humaine et les communications que les hom-
mes ont eues entre eux à une époque recu-
lée, dont les livres et la tradition ont égale-
ment perdu le souvenir, mais dont l'analo-
gie nous fournit encore des preuves irré-
fragables.
Nul doute que les Hébreux, les Chinois, les
Japonais et plusieurs autres nations éloignées
de nous, n'aient eu jadis de hardis naviga-
teurs et n'aient poussé leurs courses aven-
tureuses à de prodigieuses dislances sur le
Grand Océan.
L'élude de la religion et des idées qui s'y
ratlacheiit montre fréquemment qu'un grand
nombre de croyances el d'usages bizarres
ont eu pour source des vérités incontestables
que l'ignorance ou les passions ont dénatu-
rées, mais point assez cependant pour qu'une
saine critique ne puisse les dégager de l'er-
reur et les montrer aux yeux.
Chez les peuples les plus éloignés de noire
civilisation on remarque des traits de lu-
mière qui éblouissent, el une sorte d'instinct
qui supplée à la science. Par exemple, les
pilotes carolinais conduisent leurs barques
avec intelligence et une singulière préci-
sion, diirant des trajets immenses, sans autre
instrument que leurs yeux nus et une saga-
cité et une finesse d'observation qui nous
échappe. L'habitant de la Nouvelle-Hollande,
semblable au pigeon voyageur, se dirige
sans hésiter au milieu des forêts qui l'en-
tourent, et arrive par le plus court chemin
au point le plus éloigné où il veut se rendre,
laniiis qu'un Européen s'y égarerait cent fois.
L'art de dresser des poissons voraces, et de
les lenir captifs pour servir ;\ prendre d'au-
tres poissons, paraîl tout à fait ignoré de nos
pécheurs européens; tandis que cette prati-
que était spéciale aux Mariannais; et ce n'est
1091 ESSAI SLR LES TRAVAUX
pas la seule lirconsl.Tnce où l'on puisse re-
marquer la siipôriofilè (le ces insulaires.
D'après M. Isidore Geoffroy Saint-Hilalre,
chez riioijiiiie, le l'roiil plUs saillant, l'angle
facial plus ouvérl dans l'ônfance, leiideiil à
diminuer, et la face lend à s'allonger, à me-
sure (jue de la première enfance il s'iivame
vers l'àae adulte ; n)ais Ces changements s'ar-
réleiit bienlôl, el le mémL' type, un peu mo-
difié seulement, se conserve pcudanl loue la
vie. Cette modineation a lieu moins chez la
race Caucasique, plus chez la rrice Etliiopi-
que. A un ccrijin âge, l'homiue élhiopi^uc
a l'angle facial a U'^si ouvert qu'il l'est nor-
maleiiif nichez l'homme cauca ique adulte;
mais la face con'inuant à se déveiopiier, et
par saile l'augle facial à diminuer, l'h'inme
de lace Eihiopique arquierl, en de, a^sant les
condiiions du lyj.e caucasique, celles qui ca-
ractérisent son propre l\pe.
Desmoulins, z)Ok>misle distingué, a re-
marque que les Saïniiri , les Sajous, les Ouis-
titis variétés de siiii;cs, onl à pr porliou le
Cei veau plus voUmi nenx qui; 1 homme. H
admet l'existeiice iinléptndanie de onze fa-
milles dans la race humaine.
Le ducîeur Dubrcuil, professeui- h In fa-
culié de Oiédeoine de Montpellier, di! que
l'imporlanec des caraclères ostéo!oj;iques li-
res de la léte est grande poiir arriver à la
foiinaissaoee des races liumaines, de leurs
principales \arlccs, el déeoitvrir iiuelqUe-
f.iis dans Ifti^rs niéla gos celles qui dominent.
Ces caractères .*onl le poids de la !éle os-
seuse, ses dilléieuls diamèlrcs, l'étendue do
l'angle facial, ei i.i capacité du crâne, mesu-
rée au mn<. en d'un liijuidu.
Le célèhre lieufiroy ^aint-Hilaire, d" l'Ins-
liUit, n'arcttrdiiil qu'une valeur ln-s-sccun-
daire .'tux carac;ères lires ae la cons:déralion
de l'angle facial (1).
Lé \nyagenr anglais Makinlosh pen?(' que
let naturels de la baie de Saint-Augustin à
Madâjîa -car descendent des C.'ifr-s par leur
lempéramenl, leurs traiis et leurs cheveux
laineux. Au nord de colle île on trouve des
babilattls qui sont des descend mis d'Arabes.
Il croit que leur mélange avec les autres na-
turels a ronlribué à rendre les traits des
habitants moins plats. L'auteur constate un
fait surprenant, c'est que, maigre le com-
merce fréquent îles femmes iivec les i'^uro-
péens, on ne voit pas de mulâtre à Mada-
gascar.
Les habitants des îles d'Andam m ont le
teint noir et hs chcvens lai leux. On dit
qu'ils descendent desCatVes. — Les habitants
des lies Mkubar descendent sans aucun
doute des Malais; car ils ont le mcmu teint
et les mêmes traits. Ils soni carrés, forte-
ment musclési et ils onl une laige poarine.
Leurs Incaibres sont prooorlionnés comme
(1) Ndus avons remarque pliisiours fois qtle des
individus diiiil l'âiigle facial étali pea ëteinlii n'en
avaiehi pas iimins de brillmites f.Ciiliés iinelliTtircl-
les. iNoiis croyiins qu'on a beaucoup exiigéré l'uillné
de l'angle facial. (Noie de t'éditeur.}
(i) Depuis qu'on a voulu astreindre les aborigènes
d* la terre de Vfln-L>i«men aux usagat européea», il
DES ANTHROPOLOGUES,
1092
ceux d'une statue grecque ou romaine, ex-
cepté qu'ils ont de pin'* forts muscles au gras
de jambe. Leur taille est l'ii général de cinq
pieds neuf pouei's.-^Le^ Hindous ont la taille
droite cl élégante; leurs membre-- sont bien
proportionnés, leurs doigts longs et bien
faits; leur figure est ouverte et agiAable.
Suivant le géographe J. D. de Kienii. les
habitants des lies ti'Anlaman ont le teint
noir, la chevelure frisée et laineuse, les lèvres
ê()aisses, le nez aplail, le veiilre proéminent,
la stature relile et la taille mal prise. Ils [la-
raisseiu appartenir à celte grahile race des
Nègres océaniens rép/ie.dusdins la NouVellc-
Guinéc et jus(iu'à la li ne di Diénien (2).
Les lialiilaiils des îleS Nikoh :r sont de eon-
leiir cuivrée, ont les yeux [ ellts et fendus
oliliqueaienl. Ils réssemlilent aux iMalais.
Ignorants dans l'art deragricullare, [jresque
dépourvus d'industrie, ils mènent One vie
misérable.
Le vo^ageni* français C.lillié a fecodnu
deuv classes chez les .Nôjires, l'une au type
l'jiil à fut tiè;^ie, et la class • «les ZolofTs et
des Fouilahs, qui se di-,iinguent par leur
couleur d'Un b.au iioir, leur nez aquiliu,
leurs lèvres ii.inces et leurs yeux noirs.
D'après M. Hochet d'HéricoUrl, la popu-
lation des royaumes d'Adel et de Choa (Afri-
que orientale) se compose de tribus nomn-
d's, adonnées à là vie pastorale et au pil-
lage. Ces tribus s'appellent Oanakyles ; leur
langue riiff'l'e rie l'ar.ibe, de ral>)$sin mo-
derne, de réthiopiquê et de la langue i es
Gallas ; elle se rapproche le plus de celte
dernière. Les Daiuilivles sont de belle taille
bien mu-cles cl fortenicnt roiisliiné^; leur
teint est cuivré pliitjt que noir, et les ir.iiis
de leur visage ne les rapprocuenl nul enviil
des Nègies. Leur fro'il est large el haut; i.s
oui le nez presijue aq^ilii, la ho.irhu lii' ii
taillée, el leurs lèvres ne simi pas cpaiss 's
comme celles de la race nuire proprement
dite.
Il est difficile à un Européen de déiermi-
n r les. dilTercnces ph\siques qui distinguent
les (jiilliis des Abyssins proprement dits, ou
Amharas. Ces derniers sont en général de
haute taille et de constitul.on vigoureuse;
leur leint est cuivré, mais leurs traits sont
réguliers, el de grands yeux u:>irs élinco-
lanls animent leur physionomie : ils ont en
général le front d'une b die forme éi cou-
ronné d'une épaisse che»elurc bouclée.
La race Galla est fort belle : son arrivée
en Abyssinie ne remonte pas à une époque
fort é.oii;nec; elle y paraît être venue du
Zanguebar, prnvince haliitée encore aujonr-
d'Iiui j)ar quclqucs-Miics de ses tnbus. Du
reste, il est d aiieux qu'elle soit originaire
du conliiient airicain : en elïet, une vieille
tradition répandue parmi le^ Gallas les le-
b'esl inanif.'slc chez ces indigènes nu dépérissement
riipidc, à ul i^DiUl qu'iiii ii'u i:^iinialé q °u seul cas
de iialss.iiiee ddrain le Cr-'i.v iW, !".-tniiée 1859. lin
iSj.i on comptiii encore 5i nnligènts, tSi) lioinmes
et loO'ftfiinnes. Eu iKi'.i, il n'y en avait plus que4U,
doiii cinq leniines seuleuienl. {Noie de i'auieur.)
1093
U POINT DE VUE DE L\ GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
109.i
présente comme ayant traversé deux mors,
une petite, l'autre grande, avant iravoir
louché .lux côtes de l'Afrique; ces deux mers
sont probahlemenl le golfe Persique et lO-"
Céan Iiidit'ii. Leurs caractères physiques
n'ont rien qui répugne à cette supp tsition.
Suivant M. d'Arnaud, (|ui a fait partie, en
18i3, de l'expédition é^Mpticnne à la recher-
che des sources du Nil-Blanc, la division na-
turelle des deux peuples qui hal'ilent les
lives du lleiive Buhr-el-Aliiad {.\it-filnnc),
à partir de lo" 33' de Intilude nord cl 2 ■"■ 51'
de longilude est, jusqu'au 4.° 42" de latituile
nord ei 29° 18' de longitude est, et d'après
leurs idiomes, offre quatre groupes b en
disliuds : les Arabes nomades, les Sche-
loiiks, les Dink I j et les Barry. Les tribus
comprises dans l.i première division ou pre-
mier groupe, habitant les deux riies du
fleuve, sont des pisleurs nomades ayant
des troupeaux de chameaux, hœufs, mon-
tons, elc. Ils ont aussi quelques mauvais
chevaux, qu'ils tirent du Kordufan. Ils en-
seuienrent nn peu de dourali dans l'inté-
rieur, à la faveur des pluies tropicales, et
ce grain, avec lo lait de leurs troupeaux,
sert à leur nourriture. Ils (hangent leurs
parcs suivant la saison, cl s'évileut ain-i
des ronlrariélés qu'ils seraient à inénie d'é-
prouver sans celle précautio;i. D'après cela,
leurs denjoures ne peuvent èlre que des
tentes, et leur coiumerce un éciinge de
bestiaux et d'e.>.claves conlio quelques toi-
les grossières de C'Ion, servant à faire des
Chemisés â larges manches, leur unique vc-
temciil.
Les Schetouks, peuple nombreux et plein
d'astuce, habitent la nve gauche, sur un
dcveioppement de 103 m'Ilcs environ, ira
population peut eue éialuéc à un millio:!
environ, lis sont aussi pastouis. Qiioiquc
favorisés d'un Bc.'iQ lerrito.re, ils eiisi'iiion-
cent lrès-|ieu de grains de donraii, préférant
vivre des graines des plantes qui cruissent
nalurellement d.ins des terrains maréca-
geux qui les âvoisinent, de la pcche, leur
plus grande occupation, enfin lie rapines
exercées sur les tribus des environs. Ils du>-
cenilenl à cet effet le lleuve av c leurs pi-
rogues, qu'ils manie it avec beaucoup d'ha-
biielê, jusque sous le 14' degrj de laliluiL".
— Les grandes îles I oisées qui se trouvent
dans ces parages leur servent de lep.iire ,
La réputation d'être cruel > et de mauvaise
fui u empêché jusqu'ici toute relation suivie
avec eux. Ils ne conna.ssi nt encore le iuxe
d'aucun vé;emeiit. Ce peuple reronn.iit
comme son souver.iiii un mek, nouuné aciuel-
lemenl Niednk, qui jnuil d'une gramic au-
torité. L'objet de leur vénération est Nié-
coma, qui se présente à eux sous la forme
d'un arbre. lis habiieul de jolis villages,
chacun de trc-is ù quatre cents toukmls
(espèce d'habitation de forme cylinurique,
eu terre, recouverle de paille), très-peu es-
pacés les uns des autres, et étalés le long
de la rivière, sur uoe, deux et même trois
rangées.
L«g Dinka tl \ei diverses autres tribus qui
parlent à peu près le même langage, sont
essentiellement pasteurs de troupeaux do
bn'ufs, moulons et chèvres seulement; ils no
s'a prochent des rives du fleuve que lorsque
l'ardeur du soleil a desséche toute l'herbe de
l'iniérieur. Ils sèment très-peu de duuiah,
et vivent, ainsi que les Sclielouks, de grai-
nes iju'ils réculteut en faisant paître leurs
troupeaux, au mi'ieu des troupes d'é é-
plianis ei dans les marécages oii vivent ces
derniers. Une p.irtie se livre aussi à la pè-
che fluviale et à la pêche des marais. L'in-
fluence des lieux qu'ils h ilitent se fiit Pen-»
tir sur leurs corps, i;s ont un aspect mala-
dif. Leur nudité est laide à l'aire peur. La
plupart lie ces tribus sont noinmoms guer-
rières. Les bœufs ont de tiès-graïules cor-
nes, et rappellent le bœuf Apis des anciens
Egyptiens. Chaque troupeau en a un qai est
fêlé ei honore de tous les habit;int» <le la
co;>lrée. Ils hatiilent aus-i des cabanes en
terie et eu pai.lCj de diverses formes, épar-
ses en généial; mais la majeure partie dos
habitants vivent au milieu de leurs trou-*
peaux, dans les parcs; ils y dorment tous
pêle-mêle, dans les cendres chaudes proie-»
uaiil de la combustion du fumier du leurs
bestiaux, ce qui a, entre autres buts, celui
de produire de la fumée pour les garaniir
des moustiques, excessivement nombreux et
inquiélJits; ils fout un peu de commerce
avec leurs birufs et des défenses d'éléphanis.
Les dernières tribus, désignées par l'ap-
pellation de Barry, sont, comme les auires
riverains, pjsteurs ; ils s'occupent d; bi pê-
che, ils sont agriculteurs et guerriers ; aussi
remariiue-l-^m avrc plaisir, en entrant dans
leur pays, -le belles moissons pendantes sur
tous les terrains qui les eiiviro neni et
qu'eulr c lupeiit e'v tuus sens des canaux
naturels. Los bienfaits de l'ajjriculture ei le
pelil îrr.iic qu'ils font avec leurs voisins de
i'i'^st leur procurent une vie plus douce et
cette lier é l.bre qi'accompagne si bien leur
haute et belle stiiture (7 pieds). Ils exploi-
tent, ai: pied lie toutes leuis montagnes, un
trcs-bin ir.inerai de fer, fort abondant ; avec
Ce ler ils faii/ique.ii des lusirumenls agri-
coles, des ances, des flèches pour leur usage
et pour éehanges. Ils se servent de llèclies
enipoisonnées. Us habi'.eiit encore des villa-
ges formés de toukouls, établis sur Ips ri-^
ves, dans l'iiilérieur des terres et sur les
moutagu. s. Ils sont nus, le corps oint d'une
ponimade rou;j;e à l'oxyde de fer. Les fem-
liie- p irlenl à la chùie des reins une cein-
ture a (ilels en coton, parfaitement travail-
lée et d'un joli etlet.
Après la contrée de ces tribus, le fleuve
entre dan.^ une vallée lormée de grandes chaî-
nes de montagnes, et son lit devient i u; a
Coup hérissé de rochers et d'ilols syéniti-
ques qui empêchent d'aller plus en avant
dans la saison diS basses eaux. Dans les
hautes eaux, le lleuve devi-nt encore tiavl-
galile au moins uno tremaine de lieues ,
c'e->l-à-dire. là où se réunissent duTérentes
branches dont la p us considérable vient de
l'Est. L'hypothèse généralement adoptée qua
1095 ESSAI SUR LES TRAVAUX
les sources du fleuve viennent de l'Ouest est
donc mal fondée; et ce point donnera lieu
encore à bien des controverses et des discus-
sions, ainsi que les sources mêmes.
M. Lund, s.ivant danois, dit qu'au milieu
de la grande diversité d'opinions sur le nom-
bre, la valeur et l'importance des différentes
races du genre humain, il y a un fait préé-
minent qui forme, pour ainsi dire, un pi)int
de renconire pour loules les opinions diver-
genles, c'est que, quant à la forme du crânr, il
seprésenle trois types généraux vetleiudit pro-
noncés.Ce savant prétend aussi que : 1" l'exis-
tence de l'espèce humaine dans l'Amérique
méri:lionale remonte non-seulement ;iu-d( Jà
de l'époque de la découverte de celle pariie du
momie, mais Irès-luiu dans les temps histo-
riques, prob:iblement même au delà de ce-
lui-ci, jusqu'au temps géologique, puisque
plusieurs espèces d'animaux semblent avoir
disparu des riings actuels de la création de-
puis l'apparitioit de l'homme dans cet hé-
misphère ; 2° la race d'hommes quia vécu
dans cette partie du monde, dans soiv anti-
quité la plus reculée, était, quant à son type
général, la même qui l'habiiait au lemps de
sa découverte par les Kuropéens.
11 est clair que ces résultats ne sont pas
très-propres à forlilier l'opinion générale-
ment reçue, que le nouveau monde a été
peuplé par l'immigration d'habitants venus
de l'ancien. La grande alflnité qui existe en-
tre la race mongolienne et la race améri-
caine n"a échappé à l'atlcnlion de personne;
la race américaine à laquelle les joues plus
saillantes el le front plus bas et plus étroit
assignent le degré iniérieur. Il fallait donc
considérer cette race comme une variation
de la mongolienne qui, par l'immigration
dans cet hémisphère, était descendue du de-
gré (le développement supérieur qu'elle oc-
cupait dans le pays d'où elle tire son ori-
giue. Mais à une pareille opinion s'ojjpose,
continue M. Lund, lo défaut total de quel-
que monument d'un ancien développement
supérieur parmi les peuples de toute la par-
tie orientale de l'Amériijue méridionale.
M. Louis Marcus croit que les Gafres de Ma-
dagascar, qu'il regarde comme les Gallas de
l'Afrique antique, ont envahi l'Abyssinie el le
Sennaar un siècle a^ant Jésus-Christ. Il est
convaincu que les Foull.ihs, les Laobès, les
Galofl'es, les Minianas el ;!utres peuples du
Soudan occidental descendent des anciens
habitants indigènes ees Etals barbaresques ;
que ces habitants indigènes, les anciens Nu-
mides et Mauritain^, descendent, comme leurs
traditions le portent, des Persans, des Mèdes
el des Arméniens qu Hercule a conduits dans
le nord de l'Afrique.
Le docteur Edwards, professeur, distinguo
cinq variéiés notables dans l'espèce humaine :
la Caucasienne; la Mongole ; la Malaise ; la
Nègre ; l'Américaine. Il croit que l'étude des
races humaines ai d'un grand secours pour
l'histoire. 11 est d'avis qu'on doit se borner
à l'observatio:! seule de la tète, puisque seule
elle offre des différences essentielles dans sa
conformation. 11 ue pense pas que le croise-
DES ANTHROPOLOGUES , 1096
ment des races ait produit, physiologique-
ment parlant, les résultais qu'on lui attribue
ordinairement. Ainsi, il s'est assuré qu'en
Italie, par exemple, les invasions des barbares
ont eu, sous le rapport physiologique, peu
d'influence. 11 a trouvé en Toscane el dans les
Etats ponliflcaux presque exclusivement des
tyies ou caractères romains-étrusques. Le
Ciiraclère physionomique des Huns ne se
borne pas à la ressemblance qu'ils ont avec
une partie de la population hougroise : la
conformation de leur tête el les traits de leur
visiige offrent les rapports les plus frappants
avec ceux des Mongols, dont le type est ce-
lui de presque toute la moilié orientale de
l'Asie.
Lo docteur Samuel L. Miichell, professeur
d'Iiisloire naturelle à New- York, regarde les
idées et les Irav.iux des premiers anthropo-
logues comme des visions et des folies hon-
teuses pour la gloire même de l'intelligence
humaine. Il pense que la race qui survécut
aux guerres terribles entre les diverses na-
tions des anciens indigènes de l'Amérique du
Nord est évidemment une race tarlare, el
que la race eslenuinée était une race malaise
qui occupait la région située entre les lacs
Onlorio et Erié au nord, el le golfe du Me-
xique au sud. Cette race a\ait la inêîne ori-
gine el les mêmes usages que les habitants de
l'Australasie et des îles de la mer Paciflque.
Des momies de celle même race, découvertes
el examinées, présenlenl le même angle fa-
cial el la même forme de crâne que la race
des Malais. 11 pense donc que les Malais ont
peuplé les îles du Gr.ind Océ.in ; qu'un ra-
meau de celte racea habité les rives de l'Ohio,
du Kenlurky et de la ïenessée ; enlin que
tout établit que les indigènes qui ont peuplé
l'Amérique sont originaires du Nord eldu Sud
de l'Asie, el appartiennent à la même famille
que celle qui habile ces régions.
Le prince MaximiliendeNeuwiedaobservé,
dans son exploration du Brésil, que les in-
digènes ne sont point couleur de cuivre, mais
d'un brun jaunâtre ou rougeâtre. H allirme
que les Indiens établis à San-Pedro das In-
dias porteni sur leurs figures, à quelques diffé-
rences près, tous les caractères qui désignent
la race tarlare. lis ont le visage large et plat,
les os de la pommette Irès-prononcés, le nez
étiré en long el peu saillant, les lèvres épais-
ses, les yeux el les cheveux noirs.
Les Purys qu'il a ensuite rencontrés près
de S.mlidelis, sur les rive> de la Paraiba, res-
semblent, d'après lui, aux ivalmouks pour la
figure ; ils ont les os des joues larges el le
nez épaté.
Le prince de Wied rapporte que les Indiens
Botucudos el les Indiens Joways vivent prin-
cipalement des produits de la chasse, par
conséquent sont des tribus nomades.
Les Botocudos habitent les épaisses forêts
situées entre le Rio-Prado et le Rio-Doce, et
s'étendent du 13' au 23« degré de latitude sud,
d'après le prince de Wied. Les Portugais les
ont appelés ainsi à cause des plaques qu'ils
portent suspendues aux oreilles. Leur la'lle
moyenne varie depuis !■" 85 jusqu'à 1 "^ 18, et
l():7 AU POINT DE VUE DE LA
celle des femmes depuis l°3o, jusqu'à 1" 16.
Leur couleur, d'un brun rougeâlre.esl un peu
plus rxsé" que ct-lle des Jow;ijs ; li urs che-
veux sont noirs, épais, couns, lisses et li-
mités en denii-rercie sur le front; ceux des
huniniessont plus rudes que ccunde la femme.
Dau- le.i deux se\es, les yeux sont noirs, les
P'imnieltes saillantes et la ges; les narines
larges, la bouche grande, les lèvres épaisses,
les dents bt'll<'s el bien a:ignées. Fruul bas,
visage un peu aplati. Chi z l'hoinriie, poiirine
bien coi\furuice, membres supérieurs bien
développes, mains très-pe(iles, molleis peu
prononcés. Chez les Joways, les membres
étaient en rapport avec la force du tronc,
mais tous sont remarquables par la faibles-
se relative du mollet el ta petitesse du pied
et de la main. Leurs cuisses sont légèrement
infléchies sur la jan)be, ce qui l'ail qu'ih ne
soni pas parfaitement droits.
André Sparzmann soutient que les Hot-
toniols sont généralement aussi forts et
aussi bien proportionnés que les Euro|:éens,
et lorsqu'il en est autrement, il faut l'attri-
buer a I insufGsance de leur nourriture. Ce-
pendant leurs mains et leurs pieds sont très-
petits, en proportion du reste du corps; la
partie supérieure du nez est communément
aplatie, ce qui fait paraître leurs .yeux plus
éloignés l'un de l'autre que ceux des Euro-
péens. Leur teint, en général, incline vers le
noir; il ressemble à ce ui des Européens qui
ont la jaunisse à un degré considérable.
Leurs lèvres ne sont pas aussi larges que
celles des habitants de Nigritie et de Mo-
zamlii.jue. Leur bouche est de proportion
moyenne, et ils ont de très-belles dents. Ils
para.ssenl couverts d'un poil fin, mais en
approchant d'eux on voit que c'est seule-
ment un poil fin, comme celui des Nègres.
Ils se fntlenl avec une so te de poudre et
d'huile, et vont presque nus.
M. Hombrou, voy;igeur el naturaliste, dit
que l'habitant du nord de la Nouvelle-Hol-
lau le est parlailement ressemblant à ceux
que Forsier, Péron, Lesson, U Urville, Quoy
et Giiiiiiard ont observés sjt la eirconlé-
rence de ce pays; que SuU insensibilité ma-
tériel e est en rapport avec I imp.issibililé
de su'i iiilcllii^ence. Aussi, au milieu des ma-
tériaux propres à construire des habi allons
Ou des pirogues, ne faii-il r en pour a.iiélio-
rcr son sort ; il en e dans les bois et sur la
plage, cl tout ce qu'il rencontre lui sert in-
dilTen mmenl de nourriture. — La rhevelure
des naturels retombe en longues mèches
to rnées en tire-bouchons, et leur fait une
grosse télé dispreiportiounée avec la mai-
greur de leur ei;semble; ils se barbouillent
dech ux, el iraceni sur leur peau des ligues
qui semblent être le résultat du jeu d'un en-
fant. Le nec plu» ullra de leur pittoresque
consiste à se donner l'apparence d'un sque-
leite, en passant une traînée de blanc sur le
trajet de chacun de leurs os. Leur ventre est
fl sque cl pendant; leurs grands yeux sont
injectés et ont le regard de la brute; leurs
gr,,!,ses pommettes, leur fronl fuyant, la
saillie de leur énorme maxillaire supérieure,
DlCTIOMfAIRB DE GÉOeRàPHIE ECCL. H.
GEOGlUPHIÉ flELlGIEllSE.
1098
leurs moustaches el leur barbe crépue, l'é-
norme ouverture de leur bouche, les rides
épaisses qui silionneut leur face, loul cela
forme un mél.inge de brutalité et d'expres-
sion humaine qui a quelque chose de re-
poussant el de monstrueux.
Les habitants, observés par M. Hombron
sur les bords de la baie Triton, sonl des mé-
tis issus de Malais et de Papous. Leur tailla
rappelle celle des .Malais, aussi dépasse-l-
elle de beaucoup celle des Papous. Leur
peau noire reflète une teinte di' cuivre as^ez
vive, de sorte qu'il serait d^flicile de dire
quelle est de ces deux couleur^ celle qui
l'em) orte sur l'aulre. Ils sont bien faits et
vigoureux; les traits de leur figure ne sont
point aussi délirais que ceux des Papous,
dont le visage a des formes asez déliées et
présente un ensemble agréable; mais ils en
ont conservé le jeu de physionomie. Leur
alliance avec les Malais se reconnaît à la
vivacité du regard; en effst, tout en ayant
les grands yeux des Papous, ils n'en ont
])oiut l'expression mélancolique. Ces métis
remportent en beauté sur ceux remarqués à
Wa giou par MU. dUrville, Quoy et Gai-
mard. Ces métis de Waigioa résultent du
croisement des Malais des Moluques avec
les Papous. Or les habitants des .Molui]ues
sont les moins beaux des Milaisiens : leur
peau brune, leurs traits oïdinairemeni liès-
grossiers, trahissent leurs fréquents mé-
langes avec les anciens Aborigènes de cette
partie du globe, les Alfaïui^, lesquels vi-
vent encore sur une chaîne de mo.ilagnes
des îles Philippines jusqu'à Van-Diemen, en
oubliant un moment que la division géolo-
gique lie la Nouvelle-Ze and' au plateau
asiatique. La position géographique des ha-
bitants de la biiie Triton les met, au con-
traire, en rapport avec les Malaisieiis, infi.
niineiit plus beaux : ce so:il les imligè.ics de
Célèbes, <les îles de la Sonde, et en particu-
lier, de Hali el de Timor.
Le docteur Puclirau, auteur de considé-
rations aiL.tomiqui'S s ir les formes osseuses
de la :éle dans les raci^s humiines, eslimu
que c'est à l'avenir qu'il appar lent d'établir
la constance des caractères dilTére tiels des
races huinaiiics, en raison du petit noinbie
de matériaux dont l.i scieiue «cluelle peut
disposer. Il pense qu il f ut proi éder avec
réserve ilans les molificalioiis cnrépliali-
ques correS|ioiidant aax imid fications de
forme crânienne, ait- ndu que 1 encéplialo-
lomie comparée des races humaines n'est
pas suffisamment formée.
Le naturaliste cl voyageur Bory de Saint-
Vincent pense que l'on ne doit pas accorder
trop d'importance aux crânes et aux débris
osléologiques, si on n'est siir de leur authen-
ticité , attendu que des témoignages de ce
genre n'ouï de v.ileur réelle que par l'au-
thenticité. ËlTei tivement il est clair qu'il y
aura erreur complète si l'examen porte sur
un crâne que l'anthropologue croit apparte-
nir à telle ou telle -va' ié^é coiiS'alec, tandis
qu'il vient d'un ciiuelière commun.
Un examen attentif n'a révélé à l'auteur
35
(09D
ESSAI SUR LES TRAVAUX
nucnne différence entre les Kabyles et les
iVl.iures, qui puisse le moins ilu monde aulo-
riser à les r( garder comme apparlenanl à
deux variétés d hominos ; sruloment les
Waures habitent les villes, et les Kabyles les
Cfin papiips. La seule dif!ér<^nce qui occi-
sioniie enirc eux une diversité d'aspect est
toile d'habitat et de genre de vie, mais qui
lie va p;is même jusqu'au-dessous d'une
première peau, laquelle demeure sujette aux
effets de ce hâle dont on n'ost à l'abri nulle
part, p us ou moins toulefois.
Les Berbères | ruviennenl également de la
souihe piiniilive ; ils parleul comme les Ka-
byles une niême langue propre, très-diffé-
rente de l'arabe et du turk.
Les J$. rbèies, les Maures, les Kabyles sor-
tent de la r;ire Alliinli' dont soriaieiit ég;ile-
ment les Celtes , les Ibères , les Guanches,
Iiabilants été nts des Canaries, ainsi que les
Liliyer.s, les Gétules , les Garamanies des
premiers âges. Toutes ces variétés ont l'an-
gle facial comme le nôire ; l'épaisseur dis os
du crâne est |.;»reille à tel'e du nôtre , ainsi
tjue les pro|,or ions de la boîte osseuse.
Les Os du crâne , chez l'Arabe, sont plus
minces qu'ils ne le sont dans la rare Atijinle
et liihiopieane. Sun profil est allongé, l'an-
gle facial ett aigu, d'où résulte (lue le visage
^e rétrécit , encore que l'écarlenient des fos-
ses orbilaires soit assez cimsidérable. Les
arcades soui cil ères sont unies et parfaite-
ment lisses, ce qui fiit qu'il n'exisie pas de
dépression aussi notable entre la base du
front et l'origine du nez , où les os , plus
longs qu'ils ne le sont chez tnus les autres
Siomuies, détern.inent la courbure aquiline
avec une bosse plus ou moins prononcée qui
n'est pas sans noblesse.
Les Arabes sont généralement de haute
laiLc , tandis que leurs femmes sont de pe-
tite taille. L'obésité est presque inconnue
parmi eux. En quelqueendroit qu'on trouve
l'Arab ■, il conserve les mœurs, les préjugés
et le \isage de ses premiers pères, vivant
sous la lenle avec ses troupeaux et enclin
au vol. Départis en tribus indépendantes ,
les Arabes n'ont nulle part et à aucune éiio-
que vécu en corps de nation, ni fondé d'em-
pire célèbre ; ils n'ont jamais été des cun-
liuérants, à proprement parler.
L'épiiisseur des os du crâne est plus con-
sidér.iblc chez L' Nègre que chez les autres
hommes. La proéminence de la mâchoire
supérieure est considérable. A la base du
frontal, qui est assrz élevé, mais latérale-
ment fort rétréci , se prononcent, au-dessus
des ori iles , des crêtes sourcilières pre>que
aussi cunsidérablesquesontceliesd'unorang
d'âge moyen. D'autres saillies osseuses, non
moins marquées , couronnent les régions
temporales aux attaches des ciotaphiles;
une dépression irès-prononcee existe à l'o-
rigine du nez , dont les os propres sont aussi
les plus courts et tellement disposés en
avant, que le;ir situation en devient à peu
près horizontale. Aussi la largeur du nez
étant (on>idérable, ks narines loil ouvertes,
les làrres, dont l'inférieure Sctuble être peu-
DES ANTHROPOLOGUES , liOO
dante, élant très-épaisses, il résulte de cet
ensemble osléologique certains airs d'anima-
lité.
M. AugnsteSaint-Hilaire partage l'opinion
de M. Serres, sur la ressembl.inre di's lu-
diens-Dotoc.idos avec les hommes de la race
Mongoliqiie. Les Bot endos hahileni , au
Brcs l , les bords du Jiquitinhouha. 11 y a
entre eux et les Chinois une extrême res-
semblance, triiez les deux peuples les yeux
sont divergents , le nez éjraleuient épaté , l'oi
des joues «galenient proéminent ; enfin la
barbe leur maip|ue à tous deux.
La race Américaine n'est , comme les tra-
ditions d'is indigènes tendent à le prouver,
que la race .Moiigol()ue, modifiée par le cli-
mat et inël.ingée , du moins dans des sons-
races, avec quelqu'un des rameaux lesmoins
nobles de la rate Caucasique , tel que lo
l'hcnicien. 11 a déouvert aussi une idenlilô
presque complète dans 1 ■ chant des Butocu-
dos et dans ceiui des Chinois. — Si'Ion lui, il
ne faut pas attilbuer la méaieorig neàloules
les peuplades du lircsil ; car il y a des ililVé-
renies entre elles, et l s croisements primi-
tifs n'ont pas été les mêmes.
Le docieur ï'ioul;n a o serve que davs lo
cr-dsement entre le Nè^re et l'Ainéricaii»
indigène, le méiis, coninic dans les colonies
esjjagnoles , sous le nom de Zambo, a coi>s«
taiiimcnt les cheveux p als. Ce fait, qui n'a
été ju--qu'à présin' signale par aucun voya-
geur , est bien connu de'' habitants de la
Nouvi Ile-Grenade, où l'auteur a eu très-
souvent ucC'ision de l'obicrve . Je n'ai pas
rencontré, dit-i' , une seule exception, el j ai
été d'autant plus frappé de la nature di'S che«
veux dans le melis ijui a encore la moitié
du sang nègre, que, dans le croisemeil avt c
le blanc , le crépu des cheveux du nègre se
fait sentir non-seulemcnl dans le mulâtre,
dans le quarteron , qui tient pour \es lr>>ia
quarts de la race blaiirhc, mais même dans
le produit du quarteron avic le blinc. ;
Le docieur Pritchard, auteur d une His-
toire naturelle de l'homme, regarde les Tar«
tares et les Turks comme formant histori-
quemi'nt une seule race. Il signale les mé-
tis d'.Américains 1 1 de Nègre , appelés Zam-
bos, qui ont les cheveux très-crépus. Les
])euplades de Cafuros, décrites par Al.M. Spix
et Mnrtins , sont remarquables par leur
én(u'nitt chevelure irépue, qui est simple-
ment une conséquence de leur do.ible origi-
ne. Leur ehevclure lient le milieu entre la
laine ilu Nègre el les cheveux longs el raides
de l'Américain.
M. G. -P. Blom a étudié la Norwége sous
le rapport géographique et géologique. Son
ouvrage, sous le tiire de : Dos Rœnigreich
l\'orwe/jen (le royaume de Norwége), descrip-
tionsLalistiqne.a paru en I8'i3,à i.eipsick. I i
section cnnsaciée tout en.ière aux Lapons
est d'un grand intéiél. Ils sont peu avances
sous le rapport inlellecluel.maisl'aut -ur leur
reconnaît ilcs ilispositions égales à celles des
autres hommes.
Suivant Benouard de Sainte-Cri)ix , les
l'olteuluts suiil très-doux et assez aJonuél
ilOl
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE
{!0S
au travail. S«ns leurs cheveux laineux, ils
pourraient passer pour blancs. Us sont sou-
ples et bien Inils. lis s'enduisent ia peau
il'huile et (le priii-se pfir mesure hygiénique.
Ils ^uni agriculteurs et pasteurs.
L'auleur a remarqué que la servitude el
l'étal d^' réiirobation où vivent les Boè-, pa-
rias dans i'Hindoustan, se laissent voir dans
leurs espriis el sur leurs corp-. Ils n'ont
point de noblesse, point de dignité dans les
habitudes de coriis, el nuLe é.évalion dans
l'esprit.
Les Hindous musulmans sont de plus
bc.'iuv Immines que les Hindous païens.
Ils ont la ligure beaucoup plui régulière, et
iurlont les yeux très-fendus, parte qu'après
leur naissance on se sert d^un grain de riz
pour les cnuper insensiblement des deus cô-
tés. Ces musulmans d;'scendent des vain-
queurs de 1 Hi.iduusian.
Les Hindous sont généralemenl bien faits,
ont la Qi^ure belle, m :is ils sont faibles de
constitution. Ils ont le te nt noir ; c'est ce
qui fiil que des anthropologues les ont
classes parmi ies variétés île la race Noire.
M. d'Omalius d'Halloy l'a ainsi fait.
Au xu' siècle, des Portugais s'allièrent
à des faiiiilics de Parias ; il en est résulté
une sorte de métis, aussi noirs que les Hin-
dous, et qui parlent la langue hindoue. Ils
sont irès-pai esseux, mais bons soldats : c'est
un instinct de race.
Les peuplades de l'île de Luçnn, réunies
sous la domination espagnole, parlent des
idiomes dérivés de la langue lagale, laquelle
vient du mal.iis.
Les Tinyuianes de la même tle nnt ies
cheveux lisses, les Ygoialtes les ont laineux ;
ils forment deux types distincts, l'un lO'iiposé
de desrendanls de Malais, l'autre de Nègres
ressemblants pour la cou'eur et la figure à
ceux de l'AIVique, excepté qu'ils sont beau-
coup plus petil s, mais tout aussi noirs. C s der-
niers vivent dans les monlagius, dans un iso-
lement complet, fuyant les habitanis civilisés.
Les premiers vivaient en société s >us des
chefs lors de l'arr vée des Espagnols. Ils ont
la couleur d'un bistre clair, les membres
bien piuporlionnés et forts , les cheveux
Usses, les yeux gramls, très-ouverts et le nez
un peu .ipl 'li. Toutes leurs ma lèreset cou-
tumes étaient semllables; ce qui établit qu'ils
n'ont qu'une seule el inéme origine. Ces
Tin^ianes n'ont aucune ressemblance avec
les Chinois.
Les Vgorattes, ou Nègres Olîtas des mon-
tagnes, sont de petite taille, ont les trails
fort noirs, I' s cheveux crépus, laineux, le
nez aplaii ; ils sont »a:)s vêlements, absolu-
ment nus. Leur langue se rapproche de celle
des Tinguianes. Ces OEtas étaient les pre-
miers habitanis de l'ile, el ils ont été refou-
lé; dans l;s montagnes. Fort paresseux, ils
ne tr ivaillent jamais, dit lie louard deSainte-
Croix. Les Tinguianes sont grands, bien iails,
, ayant la peau couleur de bistre clair.
Ou \o:ldans les îles Babujannes îles des-
ccnd.iuts (le Chinais assez noiiibnux, qui
oui touservé beaucoup d'usages primitifs
de la mère-patrie, mais dont le langage s'est
altéré.
,M. d'Omalius d'Halloy, auteur d'un ou-
vrage sur les ll.ices huin;iines, établit que,
dans la classiOcalion des diverses modifica-
tions du genre humain, les caractères na-
turels doivent obtenir la préférence sur ceux
tirés du langage et des renseignements his-
toriques. Il trouve que l'ethnograpliie est
une science fort peu avancée encore.
Il existe entre les caractères naturels des
peuples et leur état de civilisation des rap-
ports qui sont tels que, quand on étaiilit
une série naturelle, parlant des Européens
et se terminant aux Noirs de l'Australie, on
obtient également une série décroissante da
l'apiilude à la civilisation.
L -s croisements, très-importants pour
l'histoire des êtres vivants, sont des phéno-
mènes peu connus ; ils appellent l'attention,
parce qu'ils semblent expliquer la plupart
des anomalies que l'on reinari|up chez l'hom-
me et chez les êtres qui se développent sous
son influence. L'auti ur place les Hindous et
les Abyssiniens dans la race brune au lieu
de la blanche. Suivant lui, la race blancha
el ses variétés présentent une tcn lance con-
tinuil.e au développ'ment, tandis que les
reces colorées ainsi que leurs vr.riétcs
sont dans un état slationnaire el rétrograde.
M. Charles Marten, de Philadelphie, par
l'inspection du crâne des Américains, fait
de ces peuples deux divisions principales :
dans l'une il place le crâne le plus arrondi ;
dans l'autre il classe le plus allongé.
M. Carus, de DresJe, auteur d'une Physio-
logie, partage la masse encéphalique en trois
portions, correspondant aux trois vertèbres
crâniennes , cl le développement plus ou
moins grand de chacune de ces portions in-
dique , suivant lui , la prééminence d'une
des trois facultés essentielles de l'âme , la
volonté, le sentiment el la pensée. Le déve-
loppement de la portion occipitale est en
rapport avec la puissance de la volonté,
celui de la portion coronale avec l'étendue
de l'inlelligence.
M. d Olfers, directeur du musé" de Berlin ,
qui a longtemps habité le Brésil, affirm j qua
ceilainej peupi ides brésiliennes se rappro-
chent beaucoup des Mongols par leur visage
aplati , leur nez entièreaient plat, qui se perd
en quelque sorte dans le visage lui-même ,
l'os proéminent de leurs joues, leurs lohgs
cheveux droits et d'une couleur foncé;', leurs
yeux un peu obliques el la couleur jaune de
leurs corps. On est fr.:pijé de ces rapports
lorsqu'on voit en même ti mps à Rio-de-
Janeiro, un Chinois et un Boiocudos.
L'amiral Dumonl d'Urville , dans son
voyage autour du monde, n'a vu que deux
rares dans les peuples de l'Océanie , la Mé-
lanésienne ou Noire, qui n'est qu'une bran-
che de la race Éthiopique d'Afrique , el la
race Polynésienne, basanée ou cuivrée, qui
elle-mome n'esl qu'un rameau de la r.ica
Jaune, originaire d'Asie.
MM. Quoy et Gaimard , deux zoologistes
distingué;, qui ont accompagné le capitaiue
FSSAl Sun LES TRAVALX DES ANTHROPOLOGIES,
r :
1103
di< Freycinet d'abord , et ensuite lainiral
d'Urville , d;ins liiirs voyages autour du
nirudc, (lit loii po'é de ti.iu l'aiiHiropo opio
drs diverses peuplades de l'Oeéanie. Ils ne
soni pas Itiuiours d'uccord nvec les uulies
anilii<)p<'lo;:ues ; mais leur travail, (iéjà im-
porlaiil, n'eu iievicnl encore que plus pré-
cieux sous ce nipporl. De sa compaiai»on
a^eclis éludes des autres observateurs , il
résulte des cclaircisseuieiits sur diveis points
ob>cursde li'i géographie des raci'sliuuiaines;
car c'c^t le tr^ivail le plus considérai le qu'on
ail eneore lail sur lu géographie anihropu-
logique.
<i iUen ne prouve mieux la difficulté que
présente la zotilugie, qu^ind il s'agit de bien
caractériser une e? pè( e ou une variété i. 'es-
pèce , que la diver>ilé des races humaini s
admises pur les naturalistes. Commenl , en
clTei, asseoir sur des bases solides des dis-
liiielii.ns qui le plus souvent sunl si lugacesl
Lorsque, en tonne zoologie, on veut déler-
niiiier une espèce, c'est en réunissant le plus
d'iniiividus qu'il est possihie qu'on peut ar-
river à quelque certitude. Comiuent.dèslurs,
s lisir toutes ces niianc(S délicat- s qui c<in-
stiti ent ce que l'on n(.mnie le faciett, d'après
des noies, des dessins ou des souvenirs qui
s'ulTaiblisscnt par les dislances (|u'un a par-
courues cl par r.:lisence des individus qu'on
a à comparer? l'our obtenir des résultais
pusilils , il faudrait donc , ce qui e>l p«ur
ai.isi dire impossible, reui ir un grai.d r.oui-
bre d'ind!\it.us de Ces wirii lés pour les com-
parer entre eux, ei en faire faiie dis por-
traits à 1 huile bien ressea.blanis , alin d'in-
diquer la nuimce de la | I ysiuuoniie. C'est
ce qui n'a point encore éle exé' uté d'une
ni'inièie saiisfaisanie, et ce qui éprouvera. l
d'assez grandes dilHculiés pendant la ra| i-
dité d'un voyage nautique. Ce n'est qu'eu
procédant de la sorte qu'un naluralisic
pourra rendre avec veilé et f.iire coi cevoir
en Europe «e que lui-même aura saisi el
senti beaucoup mieux qu'il ne pourrait l'ex-
pr.mer.
« Ou concevra facilemenl que si nous
son. mes aussi sévères, nous ne devons point,
à l'époque actuelle, faire un très-grand cas
des ob^ rvaiions des pn niiers navigateurs,
qui dépeignent avec tant de vague el les ca-
v.Tclères ptiysi(|ues et la couleur des pen[:bs
de 1,1 lier du Sud, loules les fois que cet e
teinte ou ces coractères ne soûl pas très-
tran. hés.
« Ce que nous venons i!e dire ne doit se
rapporter quaiiX nuances qui dernamiei.t,
pour élre saisies cl appréciées, I habitude
de l'o' serva ioii .maloiiiqni-; car il est des
laees qui sont tcllenient distinctes qu'on ne
s'est jamais Iroinpé en les ciiaul, comme pi.r
exemple la race iNoiie et la race Jaune. Les
diiticultcs n'exislei.l reellemenl qu'à saisir
(!)Knrsi('r, en la rnnip.iraiit à la îitme, l'ap-
pehe plii^ lilaiiclie. < Llle ist niuins l'a^<uml; i.i.e
C'Ile d un L>-|i»gnoi, d,l-il, el ii'esl pas aussi j:iiii>e
qut> celle d'un Américain.... C'ebl un M.iiie n.èié
u'iin jaune bniiià re; nia.s la It'iiiie n'est pas as-ez
lorle pour que, sur les joues de la plus IjUaiclie de
1(04
les variétés de ces deux types principaux
du tirand Océan.
<• La que-it on qui nous orrepea été posée
el trai ée avec la plus grande sagacité par
un homme qui servait con;nie de complc-
meiit ;iu génie du marin le ( lus intrépi(:e et
le plus expéiinien'é des tenips modernes.
Cook cl Forsier ont élevé un ninnumi ni de
gloire inipèri sable qu'admirent avec res-
pect tous ceux qui, de loin, ont cherché à
mai cher sur leurs traces.
« Les divisions admises par Forster, pour
c; ractériser les habiiaiits de la nier du Sud,
sont si naiurelles que nous n'en empleiernns
pis d'auties, en ajoutant toutefois aux diffé-
rentes peuplades qu'il a visitées et que i.ous
avons vues nous-ii émes, celles qu'il n'a pu
connaîiie. ? eus aurons en outre la précau-
tion C; nstante de ne parler que de no* pro-
pres observations, car tous les jours nous
voyons naîre une foule d erreurs dès l'ins-
tant oii l'on veut s'affranchir de relie règle.
Il nous serait facile d'en fournir de nom-
breux exemples.
« t'e qui frapj.c le pins le voyageur, dans
la Polynésie, ce sont les deux l.> pes promn-
cés qui caractérisi ni les peuples qu'on y ren-
ci^ntre. Nous y venons donc, avec le célèlre
compcgn n de Cook, deux races bien dis-
liiiCK s : la race Jaune (I) et la race Noire.
De tn 1 ace Juune du (Jrand Océan. — « Tous
les navigateurs s'entendenl parlai! ment re-
lalixemi nt à celte r;ue d'hommes; elle esl,
en effet, tellement caractérisée pirsa cons-
tiution physique, qu'il suffit de lavoir - ue
pour la reconnaître à l'insiant partout où on
peut la renconlier. Comme nous necousidé'
rons ici l'homme que dans ses rappoits zoo-
logiques, laissant à la partie hisloiique, ijun
iraite M. le capuaine d Urville, le soin de le
fa re connaître dans ses ma-uis et ses halii-
luces. nous ne répéterons <e que les voya-
geurs ont dii lai t de fois que lorsque no re
sujet l'exigera rigoureusement. Nous dirons
seulement que nous avons observé la race
jaune à la Nouvelle-Zélande, aux î es dei
Amis, aux îles Sandwich (dans noire pre-
mier voyage ), sur la petite île de Ti ,opia cl
enfin au nàlieu des nombreuses îles Caicli-
ues où elle a subi un- légère varié é dans la
lein:e, varièié dépendant du sol et de la lati-
tude. On sait que le peuple qui babil»
Ta'iti et toutes les îles de la Société, \e^ .^iar-
quises , 1 ile de l'âques, se raltariie à la même
origine. L'opinion de Forsier à tel cgaid a
éie confirn;ée par les navigateurs qui lui
ont .^uicedé; mais n'ayant pas vu nous-
ménies ces dernières lecalilés, neus nous
bornerons à b s citer. Voilà dune les débris
de ce gr.did peuple ch-sséminés à la surface
du gliilie, occupaiii, sur des scmmilés iso.ces,
un espace inimense (entre les iiO' degré de
latitude nord et 48° de latitude sud, el les
leurs femmes, in ne disiiiKuc aiséinciii les progrès
de la iiiiigeiir. t l,'é|iiihcie de juuiie lui co.ivieul
mieux (|Me celle d'une Inea'iié cjneli oiniiie paice
<|u'(in la in^iive dans des divi^ions dlOéienli s du
«iobe. (iVoc de MM. (lannaril el Quuy.)
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
1103
J12* i1<*«;ré de longi(udc cccidenl.ile et HO-
^i> loiigîlude oiieniale ), se leconnais^anl à
fia cors'iiuMon physi(|ue, ù sos mœurs et à
son lang'ige , c.irarières qui se modiGent
£cl<>ii le> disiaiices el les latitudes.
NoL'VEi LE-ZÉLAvnE. — « Celte grande terre,
divisée en deux îles par le détroit de Cock,
reculée vors rextrèmiléde î'Iiénisphère aus-
tral, es! babiiéo par les plus beaux indivi-
dus de la race jaune. Sa laiilude, qui la sou-
met ans variations atmosphériques des cdii-
<réps tempérées de l'Europe, donnant à ses
lialiilanls le développement (hysique et la
vigueur <îui les caracléii'.ent, il en résilie
une «rande énerjjie mora'e qui fait du Zé-
landais le peuple le plus remarquable de
tou!e la mer du Sud.
« Nous avons fait six relâches successives
$ur divers points de la Nouvelle-Zélande, sa-
voir : l<i baie Tnsman, la baie Inutile ou
léra-Wiii, la baie Houa-Houa (Tolaga de
Cook), la baie Wangari i.u des Brcn.es, la
baie Shouraki {riciàe Tamise de Cook), la
baie des Iles, et sur chacun de ces points
nous avons été à même de remarquer plu-
sieurs centaines de naiurels. C'est d'après
eux que nous donnons l'esqui'ise suivante :
«Les Zi'Iandais sont grands, robustes,
d'une physionomie agréable, quoiqu'ils cher-
chent à la défigurer par un tatouage en in-
cisions, dont la di!<pi:silion ne contribue pas
peu à leur faire paraître le nez aquilin,
forme qui d'ailleurs est assez commune cl
se joint à Técarlement des narie.es. Ils ont
les cl.eveux longs, lisses et noirs, ainsi que
la barbe. Leurs dénis, d'une régularité ad-
mirable et d'une blani h' ur éclatante, sont
uniformément usées. Le caractère de la phy-
sionomie est aussi varié qu'en Europe, et,
pour tout dire en un mot, nous trouvions
chez vos in>ulaires des ressemblancp* re-
marquables avec les liustes de Socrale, de
Brulus,elc. La basse clas-e a les formes plus
petites et moins belles. Peu d'individus sont
taioués. Ce privilège senible appartenir aux
guerriers, « t particulièrement aux chefs qui
sont tous gu'Tri'-rs. Il suffit de voir cet or-
nemei.t pour juger rombîen il doit être dou-
loureux à obtenir. La beauté des femmes est
bien inférienre à celle des hommes. Presque
toutes I etites, elles n'ont rien de ce naturel
gracieux qu'on trouve quelquefois parmi les
peup'ades non civilisées, et que nous avons
fréqueii.ment rencontré dans l'Archipel des
S.ndwieh. Les femmes des chefs ont seules
le priviléife de se tatouer les lèvres et les
épui le^ d'une manière particulière.
« Si quelque joer les Européens coloni-
sent la [Nouvelle-Zél.inde, les habitants de ce
pays enlrer(int (iromplenient dans la voie de
la civilisation, et se mélangeront avec les
colons pour former une n ,uvelle raoe; ils
S'.nt bien différeiiis en cela de la race Noire,
qui, comme à la Nouvelle Hollande, par
exemjilp, et à la terre de Van-Uiémen, s';sole
des Angias. Ceux-ci la poussent dans l'inlé-
rieur, à mesure qu'ils prennent plus d'ac-
croissement, et uniront avec le temps par la
faire disparaître.
nos
Iles des Amis. — « Quelqnes degrés de dif-
férence en latitude appor'eni déjà dans la
Con>tituli<>n physique de l'homme de légè-
res mo()ifieatio"s qu'il est facile de saisir,
non sur d'S individus isolés , mais sur des
masses. L'île de Tonga-Tabou, dans laquells
nous avons --éjournè pendant un mois, est
située par 21" 8' de latitude sud, el 177° 33*
de loimitude est. Sa végétation est celle des
Iropique'i, et avec elle naît l'abondance que
lious allons retrouver dans toutes les îles qui
en éprouvent la lécondanle innu^'nce. Les
honiiiies sont encore là grands et robustes,
niais les chefs ont de la tendance à a' quérir
cette énorme obésil'- que nous avons vue aux
iles ir^andwi. h, lorsque l'abondance des ali-
ineals vient se joindre au défaut d'exerciee.
On viit parmi eux des physionomies très-
.-igréables à nez elfilé. Leurs cheveux noirs
seraient comme les nôtres si, au moyen de
la chaux, ils ne les frisaient pas eu buisson
ou ne les séparaient pas en grosses mèches.
L(!S chefs les portent unis et se les coupent
ras. Les hommes ont en général le bas di- la
jambe gros. Leur tatouage en noir, qui n'a
lieu qu'à la ceinture et aux ruisses, esl uni-
forme. Un usage bien malheureux auquel se
soumettent les habiiants de Tonga, eonsisle
àsecouper un ou deux des petits doigts, dans
l'articulalion de la première phalange, lors-
qu'un de leurs proches parents est malade,
dans lacroyame que ce sacrifice lui rendra
la santé. Sur dix individus, sept à peu près
offrent cette mutilation. Tous les chefs sont
dans ce cas; el, ce qui es' encore plus bar-
bare, on mutile ainsi de jeunes enfants qui ,
sans aucun dou^e, ne peuvent pas donner
leur consentcmei l à un acte aussi absurde.
« En général, les jeunes f''iiimes de Tonga
sont assez jolies. La Glle du cbef Palou avait
quelque ressembhmce avec certaines sla-
t:jes égyptiennes. Ses bras et ses main»
éiaieni très-bien faits. Le sexe serait mieux
eiica.e s'il ne coupait pas sa chevelure en la
defigi.rant. Quelques femmes avaient on ta-
lou-^g ' blanchâtre à pstits points q^ii les ren-
dait .iffreus'. s;on le croira facilement si nous
ajoiilotis qu'il ressemblait à la lèpre ou à des
marques de petite-vérole.
I lîs Sandwich. — « C'est dans le voyage
de t'Uranie, avec M. le capitaine de Freyci-
nit, que nous visitâm-s cet archipel en 1819.
Nos observations furent l'ai'es sur des ini-
Lers de naturels des îles Owh\hi, Mowi et
WaliGU. Comme à Tonga, une latitude qui
n'est point Ir^p élevée permet tout le déve-
loppement des forces physiques ; là, en eiïei,
nous avons vu parmi les chefs îles hommes
de plus de SIX pieds qui paraissaier.t de taille
ordinaire, tant ils étaient gros. C'est parmi
les lemmes des chefs qu'on remar(]iiait le
p us d'obésité. Ii i, la mutilation était d'un
autre genre, et consistait à se briser une <.u
deux dents non *eulenient pour d s chagrius
particuliers, mais aussi à l'occasion d'im
deuil général, comme par exeaiple lors de la
mort du roi.
« Ce peuple, qui .habile des îles grandes
et élevées, est l'un des plus nombreux de la
*107
ESSAI SUR LES TRAVAUX
race Jaune et l'un de ceux qui, avec les Tnï-
liens, mari'iipnl ie plus vile vei'> Iti civilisa-
tion. On peul d'avance se faire une juste
idée drs améliorations qu'é|)roiivero!'l dans
Jeur c nstilution pliy'ique ces insulaires,
s'ils veuleiil seserviriie vêlements et habiter
les coiilrées tempérées de leurs iiaules mon-
tagnes. Il est proli.ible aus i que les chefs,
uiodifianlleur ijenre devieel (issint des'al-
lier consta:i)nieni entre eux, n'olfriront plus
les formes alhléliques qui les caractérisent.
Ile TiROPiA. — « Cette île, d'une trè>-pe-
tilc élen'luc, située par 12" 18' de l..tiUide
sud, el 166' 12' de longitude «st, A peu près
à égale liislunce des Nouvellis-Hébrides el
de r.;rcl)ipel de Sama-Cruz, s. inb e avoir
été peuplée par la race Jaune à la snile de
quelque accident. Dans une circonférence
d'un peu plus d'une lieue, elle contient plus
de cinq cents habitants, qui so\il grands,
robustes , gais , cont'iai>ls, cornmuiiiciilifs
comme tous les hommes de cette race en
quehjue lieu qu'on la Irome. Leurs us.igcs
sont les n)èmes; seulentenl ils en oui em-
prunté (iuel(iues-uns à la race Nuire qui les
enviriinne el haliie d'autres il>s; c'est aii>si
qu'ils ont la cuulume de porter des aitiieauK
aux oreilles, el de se percer quelqurfjis la
cloison du nez pour y passer un tiàtonnet.
Ils laissent flolier leuis longs thveus sur
les épauti s ; mais ils en altèrent la couleur
au niuyeii de la chaux qui leur donne une
vil.iiue teinte ïousse. Leur latouage est ré-
gulier et consiste en plusieurs bandes trans-
versales sur la poitrine ; quehiuefois on en
remarque aussi trois longitudinales SLir toute
ia lunj^ueur du dos.
« Il j avail parmi les Tikopiens un habi-
tant des lies de» Amis qui ne présentait au-
cune différence avec eux. Nous n'en aurions
rien su si on n'avait pa- eu le soin île nous
en instruire. L'accident qui l'y avait amené
est iiii| ortanl à conn. ître, et il nous ser\ira
à expliquer naturellement la manière dont
quelques-uups de ces îles se sont peuplées.
Nous en parlerons ii ccssammeut.
Iles Cabolines. — « Les nombreuses pe-
tites îles connues sous ce nom sont éparses
sur la vaste étendue de niçr qui se trouve
coinpriseenire les 3'et l^.*^^ degrés delatiluiie
nord et les 128' et 171' degrés de longitude
à l'oneiilde Paris. Comme la plupart de cei
lies n'offrent aucun porl sûr aux grands na-
vires, on n'y relâche que fort rarement ; mais
la conûance et l'mlrépidi é des C iroiinois,
qui les portent conslainmeut à venir reion-
iiaîtrf! les navigaleurstini travers ni leur ar-
chipel, p^uvenl tJispeiiser jusqu'à un cer-
tain point d'aborder chez eux, surtout lors-
qu'on n'a pour but que de sav<iir à quelle
race ils appartienneni. Nous n'avons donc
jaaiais (ait aucune relâche aux ilesCaroliues;
(I) Aux iles Mariannes, nous eûmes un exemple
frapp:'nt de l'action du sileil sur l'espèce hmiiuiiie
relaiiveinenl .i la miulKIcalioii de i.i cmieuf. Des
Saïutnichiens, lioinuies, leiniim.. el enfaiils, avaient
éié pris sur un cor^:i[re des inilepeinlants d'.\M.érl-
quc. Ils étaient de\e.ius si bruns que nous aviuiis de
b uein« à les recounaitre pour élredo la race Jaune.
DES ANTHROPOLOGUES , i|>,8
mais nous a von s parcouru plusieurs fois cet ar-
chipel, en pissani devant les îles Ponlo.:-
souk, Pouloiihoi, Tamaïain, Ol'ap, Fanad,k,
au milieu du groupe plus éloigné dans le
sud -est que les naturels nomment Klivi. Noiis
avons côtoyé la grande el helle ile d Y, p.
Partout nous avons communiqué avec les
indigènes, et de plus nous avons vécu à
(îuamuvec un assez bon nombre d'entre cu\
qui viennent chaque année de Satadoual el
de Lamnrsek pour y chercher du fer. Dans
celte élude de plusieurs lenlaines de na u-
rels, nous avons reionnu et conflrraé ce que
Forsicr n';ivait admis que comme une sup-
po ilion, puisqu il n'avait pas »u ce peuple,
qui apparlienl réellement à la ra.e Jaune de
la mer du Sud. C'est la même conformation
générale ; ce sont les mêmes traits. In même
chevelure (lotlanle et lisse, plu» belle ici
parce que rien ne laltèie. Leur taille, in
général, est seulement un peu moins é'evée
que elle des autres peuples du GrandOccan
leurs analogues. Leur tatouage, à l'excep-
tion de la figure qui ne présente pas cet or-
nement, est des plus complets, surtout ce'ui
des chefs qui poricnl iucruslée dans leur
peau la marque de leur puissance. Un usige,
qui leur est commun avec qielques autres
peuplades . consiste à s agrandir le trou
qu'ils font au hbe de l'oreille de manière
à y pouvoir qucl:|uefois introduire le poing.
« La seule différence que les Ciirolinois
présentent a»' c les peuples dont nous ve-
nons de l.iire mention, ce-t qu'ils sont un
peu plus foncés en couleur tirant sur l(«
brun. Ma s celte nuance qui ne suffit pas
pour en faire une race particulière, lient
manifestement aux latitudes qu'.ls habitent,
au peu d'elévaliiiii de leur sol au-dessus du
niveau de la iner, à l'habitude qu'ils ont
d'ère sans cesse dans leurs pros ou sur les
bords de 1 Oiéan, exposés à l'influence d'un
soleil ardent (1). Ces différences sont les
même» que colles qu'on peut remarquer en
Europe enlre les peuples du midi ot ceux du
nord. Ainsi, par exemple, en France on
di.stingue facilement les Normands et les
Bretons des Provençaux el des Languedo-
ciens; mais ce seiont tunjours des Euro-
péens,des hommes de la race caucasienne,
comme les ha bilan ts des Carolines doivent être
de la race Jaune. Noas différons, en cela, de
notre confi ère de la marine, M. Lesson. qui
regarde les Carolinoi* comme lUfferenls des
Sandwiehion-, des Nouveaux-Zelandais, etc.
« Il sulGl d'avoir vu la race Jaune par-
tout où elle se trouve pour en reconnaître
l'idculilé, et il esl peu nécessaire pour la
confirmer davantage d'y joindre des habitu-
des de mœurs ou des similitudei de langage.
Ce dernier moyen n'est même pas toujours
concluant; car il arrive quelquefois que,
Nous avons vu le même phénomène sur un homme
di-s Marquises ; el tous \^■.^ jaiirs on pouvait l'oliser-
ver en coitiparant les chefs aux liiunines d.; (ieiii«
qui, piur se (irociner leur iioumiuie, pisseni leur
vie sur les récif, cl pre^tjiiu Ëiiiièremenl nus.
(ISoieée MJil. Qkoy et (iaiinard.)
1109
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
lorsque la race Jaune et la race Noire se
trouvent réunies dans le même archipel, sur
des îles séparées, elle» parlent la mêuic lan-
gue, ou bien se serveot d'un grand nombre
de mots communs à chacune d'elles, comme
cela a lieu eniro les fies des Amis cl les tles
Vili, LMitre Vanikoro et Tikopia.
« Nous ajouterons à ces peuples que nous
avons vus, et comme devant appartenir à la
même race, d'autres hommes <iue nous n'a-
vons point observés nous-mêmes. Nous le
ferons avec confiance pour les naturels de
Taïli, dos Marquises (Ij i-t de l'île du Pâques,
d'après les observations de Forster, cl pour
ceux d'Oualan, d'après le rapport deiM. Les-
son. Ce sera avec moins de certitude que
nous joindrons à ceux-ci les habitants des
Mulsraves et des iles Palaos.
Iles Marianxes. — « Parlerons-nous du
peuple qui h:ibite acluell' ment les lies Ma-
riannes? Mai^ il y a si longtemps que son
caractère originel s'est altère par ses allian-
ces avec les Espagnols d liurope et de Ma-
nille , qu'il serait réellement f'rl d fBcile
d'in:llqiiei' à quelle race il appartenait pré-
cisémunl. La position des Miirianncs non
loin des Carolines pourrait porter à croiie
que les deux peuples devaient avoir une
même origine; mais, d'un autre côté, si l'on
fait attention à l'histoire que raconte le pcro
Le Goliien, de ces Cai olinois qui, dans une
f. êle pirogue, furent jeiés sur l'île d,' Guam,
où leur l.ngue était totalement inconnue ;
si l'on tient cmipie, c!iez beaucoup de niiiis
actuels, de la forme des yeux qui sont obli-
qviCS et assez srmnlables à Cl-ux des Chi-
nois on sera fort euibarrassc pour répondre
à la question qui nous eccupe , et pour
dire à quel peuple se raliai h.iit celui des
Mariannes. Quoi qu'il en soit, la rate en est
ht Ile et le croisement ne lui a nui en aucune
façon. Les Marianiiais ont conservé de leur
type ancien les cheveux noirs et lisses, la
largeur des pommelles, l'obliqui'é de l'angle
inierne de lœil (sans cepeud.nt le renlle-
ment de la peau qu'on remarque chez les
Chinois dans cet enJroit], un peu de gros-
seur dans les lèvres et les ailes du nez, et
les thevei:x noirs et lisses. Leurs nien)l)res
sont robustes ; les inférieurs sont d'une gros-
seur remarquable, et paraissent peut-être
nn peu courts pour se trouver en proportion
avec le torse. Leur peau forlemeut basanée
se ressent de sa double origine. Les finîmes
des chefs, qui ne sont point exposées à la fa-
ligue , suni d'un brun foncé agréable; mai»
une maladie terrible, la lèpre, rend hideux
ItlO
ceux qu'elle attaque, altère et détruit leor
constitution, etc , etc.
De la race Noire du Grand Océan. — « Eo
nous servant de cette expression de race
Noire, nous voulons qu'elle porte en quel-
que sorte sa déûnition avec elle, afin qu'on
ne la confonde pas avec la race Nègre d'Afri-
que. Il existe, en effet, entre ces deux races
une a-sez grande différence pour qu'on ne
s'y méprenne point. Quelques-uns des pre-
miers navigateurs seuls ont pu commettre
celte erreur. Sans être naturaliste, tout ob-
servateur judicieux ne confondra jamais un
naturel de la Nouvelle-Guinée ou de la Nou-
velle-Hollande avec un habilant du royaume
de Bénin ou de la côte de Mozambique.
« Malgré noire répugnance pour tout ce
qui est hypothétique ou seulement obs-
cur, nous ne pouvons nous empécTier de
croire cependant que la race Noire lire son
origine de la Nouvelle-Guinée. Nous voulons
dire la race des îles qui environnent cette
grande terre, qui a poussé ses migrations
dans la mer du Sud jusqu'auprès des îles des
Amis, et qui habile exclusivement le grand
ardiipel des Vili (2): car, pour l'espèce qui
habile la Nouvelle-Holande , nous ne pou-
vons Il regarder comme idonliqiio. Les
caractères qui la différencient sontuop frap-
pants pour qu'on cherche jamais à la ratta-
cher aux Papous. Nous citerons les faits
sans niius engager dans aucune conjecure
sur son origine. Nous demandons seu ement
qu'on nous tienne compte de la réserve que
nous apportons dans des o|iiiioiis zoologi-
ques, qui, vu le développement actuel do la
science, pourraient être portées fort loin et
trancheraient bien des difficultés.
Nouvelle Guinée. — « Nous avonspirléail-
leurs (3) do ses habitants connus sous le nom
de Papous ou Papouas, que nous avions vu»
sur l'ile Vaigiou, cl nous avons donné qael-
ques détails sur ce que l'organisation de
l'homme a de plus caractéristique, la lêle os-
seuse. Les observations que nous avons fai-
tes depuis lors sur ces hommes qui hatiitent
le liiloral de la Nouvelle-Guinée, au port
Dorey, nous ont confirmés dans l'opinion que
nous avions avancée ; savoir, que ces peu-
ples formaient une race distincte, différeiilo
de la race Nègre proprement dite. Ses prin-
cipaux caractères sont les suivants : les che-
veux crépus, mais non laineux ;4),!rès-louf-
fus par le soin lout particulier qu'ils en pren-
nent. Quoique leur crâne ait en général les
dimensions voulues pourconstituer des hon««
mes doués d'une assez grande somme d'inteU
(1) Nous pourrions invoquer le sealimeni unanime
de voyageurs aussi insiruiis c|ue véridi(|ues, ne vou-
lant pus iiiciiiionner les iiidiviuis isolés de ces deux
pn mières iles que nous avons eu roccasion d'exa-
miuBr. (ISotede MM. Qiioy et Ga murd.
(i) Ce sont les t'idji des navigateurs, ainsi nom-
mées par leu'is voisins les lialiiiams de Tongn-Taliou.
Le iioni du V'ifi, que nous adoptons avec M. d'Ur-
ville, nous a été romni p ries inulaiies eux-inéines,
{Note de. MM. i/uoy et Gumard.)
(5) Voyage de l'Vranie, Zuolojsie, pages 1-9, plan-
ches I et II.
(i) Celte observation, qui est fle Fnrsicr, nous pa-
rnîl très-bonne, en ce qu'elle distingue l> chevtlurô
d<'8 Papous de celle des Nègres d'Alriiine qui 'St
courte et laineuse, et dont on nn pourrait jnnais Tiir»
ces vastes coiffires des Papous dont le> clieveiis; o«
sont que ciépus et très-longs. Nous ne nous dissi-
mulons p^s du reste (|u'une description ne saurait
rendre qii'iinfiarfaiieiiieiit ce qu'oïl seu! coiip-d.'vilieié
sur ces lioninies ou sur une lionne lig'ire indique ira»
niédiaieineni. {Note de MM. Quoij n Cimurd-
t^ ^
Uii
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES
fll2
ligpnrc, les proporlions du reste de h'ur
corps sont loin iléire belles. Ils Sunl peliis;
ils oui li-s iiitrîibres assez grêles et 1«> ven-
tre wriis. L;i fouleur de leur pe;tu est un
brun fiincé mélangé de launâîre. Ils ont le
ne? ^palé, 1.» Ixiurhe {jr.inde et Ifs deux dia-
iiièin-s de la face presque égaux. Cependant,
parmi le* jeunes gi-ns, il s'en trouve d'une
pliy>^ion iniie agriîab'e; et ni>us citerons pour
le villase de Dorcy. un de nos giiidcs nommé
Maiilié'iu. Il joignait à relégame du jeune
âge II plus grande coquetterie dans sa fri-
sure qu'il craignait d.- déranger en nous ae-
compagnant dans les foréls. Aus-i sa mère
se \aiit ii-e le à nous, par de> signes, de l'a-
voir porté dans son sein.
« Dans toutes les conlrécs que nous avons
parcourues, nous avons trouvé les femmes
m lins bien que les hommes. Ici, elles sont
dégradées au dernier d.gré et flétries de
bonne heure par les institutions qui les
charg- nt des travaux les plus pénibles.
c Les habitants de Dorey nous ont paru
de mœurs aussi douces que simples, sans
cependant manquer de sagacité. La fréquen-
laliun des Malais et des Chinois des Molu-
qui'S leur donne l'habitude du commtrce.
Sans vouloir entrer dans des détails qui ap-
partiennent à l'historique du voyage, nous
ferons remarquer cependant ((u'ils savent
fabriquer la poterie, coutume qui semble
propre à la race Noire, qu'elle a portée avec
elle dans ses migrations, et que nous n'a-
vons trouvée nulle part clii z la rate Jaune.
« La popualion (iu port Dorey présente
de singulières dilTérences dans le caractère
de I 1 léte. Nous ne lûmes pas peu surpris de
voir, comme a Vaigiou dans noire premier
voyage, des Dgures de iNègri's à maxillaire
avincé, à lèvres saillantes, avec le Iront
fuyant plus ou moins en arrière. Leurs che-
veux coupés ras ajoutaient encore à la res-
semblance. La couleur de la peau seule
était celledes Papous; cependant ces indivi-
dus, j unes pour la plu^jart, aj partenaitnt
bien à la même peuplade, y étaient n.s, en-
On c'étaient des Papous comme les autres,
ainsi qu ils le dsaicnt en répondant avec
énergio à nos que^^i•^ns qui paraissaient
leur déplaire. Ot fait, qu'aujourd'hui nous
a»ons de nouveau examiné avec attention,
ne nous en semble pas moins difficile à ex-
pliquer. Nous ne pouvons même, pour cela,
faire intervenir une race ( xistant lians l'in-
térieur; car les habitants de Dorey en ont la
plus grande frayeur et >ont en guerre ou-
verte avec elle, comme nous avons eu occa-
si'in de le voira nos dépens. (Voyez l'His-
toire du Voy ige.)
« i es Papous du lilturil se distinguent
eux-mêmes de ceux qui habitent les monta-
gnes ei qu'ils nomment Arfnk s ou Alfakis.
Comme ii y en avait plusieurs familles qui
habitaient trois ou quatre ca^es sur les hau-
teurs de Dorey, 'ù elles s'adonnaient entiè-
rement à l'agriculture, nous les visitâmes en
pous f.iisanl accompagner par un assez bon
nombre de Papous, afln de pou>oir établir
'.une comparaison immédiate et tout à fait
zoologique. Les légères dilTérenccs que nous
trouvâmes entre eux, et que la couleur noire
de la peau rend encore plus diflicil'S à ap-
précier, ne peuvent loui au plus nous les
l'aire considérer que comme umc de ces v.i-
riétés de physionomie qu'en France on ob-
serve e'ilre des provinces éloignées.
« De grandes contrariétés ayant rmpêihô
l'Asiroabe d'exilorer la Nouvelle-tîuinéo
comme on en ava I lintention, nos rerher-
cb' s relativiment à ses habitants n'ont pu se
porter sur d'aulns points. Amsi, non- ne
citerons ceur des environs des lies Srhou-
ten, qui s'avancèrent vers nous avec des n-
tenlioiis hostiles , que comme p iraissant
miiins bien cimformés que ceux du port Do-
rey, et comme étant remarquables surtout
par la grosseur du ventre.
Nouvelle-Irlande. — « La race Noire vit
ici dans >on état le plus naturel, loin du con-
tact des peuples un peu plus civilisés. Ce
n'est même que de loin à loin que quelques
Européens visitent ces contrées. Les indigè-
nes du havre Carteret vivent en petites peu-
plades isolées et sont extrêmement défiants;
ils écartaient toutes les propositions qui
tendaient à obtenir la permission de visiter
leur village. Des cadeaux que leur Gl l'un
de nous parurent vaincre un inst;int leur ré-
pugnance a cet égard; mais bientôt ils chan-
gèrent d'avis et ne voulurent plus tenir leur
promesse, quoiqu'ils eussent reçu des pré-
sents (ju'ils considéraient comme Irès-pré-
cieux. La différence qu'ils peuvent pré8»^n-
ter avec les hab lants de Dorey lient plus à
l'usage de se barbouiller Li figure de blanc
et de rouge, à celui de se teiii<trc les che-
veux de plusieurs couleurs, qu'à des carac-
tères réels et bien t'aiichés. Voici du reste la
noie qui les concerne, tirée de notre journal
et fai>e à l'anse même où était mouillé no're
navire. Ils ont la t.illc médi.>c>e, le ventro
gros et les membres grêles. L;i face est élar-
gie par la saillie des pommettes. Le nez est
épaté ; ils s'en percent les deux ailes pour y
passer des dents de cochon qui divergent
comme de petites cornes, ce qui leur donne
un aspr<ct tout à fait singulier. Ils ont les
yeux petits et un peu obliques, et n'ont pres-
que pas de barbe; leurs cheveux sont noirs
et disposés par petites tresses. Ces hommes
peu industrieux Sont entièrement nus et pa-
raissent fort misérables. Qaoiq le hatdlant
sous une belle Ijtitude, par ^1^° su I, ils ne sa-
vent point tirer parti pour leur bien-êire de
l'admirable végétât ou t^ui les environne. Ils
paraîtraient au cou raire en recevoir une
inilnence funeste pour leur dév^ loppement,
et se ressciiiir de 1 atmosphère humide dans
laquelle ils sont si fréquemment plongés, et
qui nous contraria beaucoup pendaui les
quinze jours que nous demeurâmes au havro
Cdi tcrel.
Ile VàxiKono. — « Il parait que la race
Notre du Grand 0>éan, dont le point central
est Id Nouveile-Guiné', a, par des migra-
tions successives, ga;;né la Nouvelle-Breta-
gne, la Nouvelle-Irlande, les archipels de
Salomon et de Saula-Cruz, les Nouvelles-
IM3
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
ml
Hébrides, l.i Noavel!e-C;ilédiinie ri les îles
Vili. L;i -rulo îie de Tikopi.'i, s Idée entre les
Nouvellns-Hélu iJes ei les ilos d.- Sanl.i-Cruz,
est peuplée pir des hoiinncs de 1 1 rnce
Jjuiiie, comme nous l'avons vu prétédem-
nicni.
« L'îl'' dp Vnnikoro ou Vanikolo, devenue
à j;iin;iis ci''ièl>re par l.i perte des vaisseaux
de Lapérouse, apparlipDi à rarchipcl de
Sanli-Crtiz. Elle est siuice par le 11" iC de
latitude sud ■ t 16i' ;t2' de longitude à l'est
de Paris. Nous devons avouer quiri la va-
riété de lespèce Noire est des plus grandes,
cl ((u'elle se rapproche .-lulanl du lype Nègre
proprement dit, que du Papou; mais il s'y
joini un autre caractère que nous n'avons
trouvé nulle pan, c'est la compr-'ssion laté-
rale el naturelle di- la lêie produite par la
Siiilii'j du toroual tiès-bombé en devant et
par la forte arêt • que décrit la ligne cou'be
temporale (Ij. Leurs cheveux n'nvanrant
poini sur le iront, le si>in qu'ils prennent de
les relever et l'e les rejeter en arrière rend
toutes ces parties bien visibles. La saillie
des ptinimettes, qui est assez considérable,
rend le diamètre transversal de la face plus
gran i ijoe cilui du rrâne. Un autre carac-
tère non moins lemarqualde enrore est la
dép.ession des o^ du nez, C" qui fait paraî-
tre cet organe comme écrasé à sa racine:
sii'g lière ressemblance avec celui de l'o-
ra.ig - outang. Par cette disposition, les
b<)SSt.'S orbilaires, déjà irès-bombées, le pa-
raissent encore davantage. Le nez lui-même
est très-épaié; ils in augmentent l'éla gis-
semeiii I ar d'assez longs bâtonnets qu'ils se
passent eu travers dans la cloison. Quel-
ques-uns se percent les ailes du nez et y
8nspende.it d'assez lourds anneaux d'écaillc
de tortue. Le maxillaire intérieur n'a rien
de remarquable. Ln f Tuie bombée du front
fai' que leur angle facial n'est point trop
aigu. L'œil est assez gr-ind, ova'aire, en-
foncé; le ginbeest saillant et ressemble pour
la ftirme et la couleur à celui des Nègres;
les lèvres 8i>nt grosses, le menton esl peiil.
Les hommes â^^és ont la têle nue et les ehe-
■veux Courts; l'oreille n'aurait rien d'ex-
traordiiwiire si ces insulaires n'eu perfu-
raienl le lobe et ne dilata eut l'ouverture de
manière à y pisser le poing. Lorsqu'un ac-
cident rompt cet anneau, ils eu percent un
au're dans la lanière la plus considérable;
et ce (|iiî esl très-singuiii'r, c'esi que ces par-
ties qui sembleraient devoir s'amincir en
ra'son de leur extension, prennent très-sou-
vent au contraire, parties attouchements et
de- liraillemeuis continuels, une augmenta-
tion de viilume qu> pourrait représenter huit
ou dix fois celui du lobe. Les membres in-
férieurs, grêles dans les uns, sont assez bien
nourris chez d'autres ; le mollet est placé
un peu liaul,el le calcanéum chez beaucoup
d'individus fait une saillie assez remarqua-
ble. <e qui e>l uu nouveau rapport avec le
(1) Ce réirécisseineiit irès-appaieiit n'esi crfp.îii-
da'il que reialif, coiiiine il a été facile de s'en con-
vaincre pur lies mesures prises avec mi conipas
courbe sur une quinzaine d'individus, et comparées
Nègre, que ne présentait pas la race Poly-
nésienni'. Leurs cheveux sont crépus, et
bien qu'ils ne les coupent pas, ils ne pren-
nent jamais en masse un grand aecroisse—
ment ; ils les liennent enveloppés d.ins un©
pièce d'étoffe qui leur pend jusqu'au bas du
dos ; c'est ce qui d'abord semble donner plus
de développement à leur chevelure. Ils fa-
çoniîeiit en irès-grands anneaux l'écaillé de
tortue e! en suspendent jusqu'à près d'une
demi-livre à chaque oreille. Du re^lc ils se-
raient entièrement nus sans l'étoffe droite
qui cache à peine leurs parties génitales.
L'usage du béiel leur détruit les dents et
rougit désagréablement le contour de la
bouche.
« Les femmes sont d'une laideureffrayanle.
Ces peup'es, comme tous ceux qui h ibilent
par de s 'inblables latitudes, sont sujets à la
lèpre, miliidie qui s'olTre le plus s-uvent
sous la forme d'eléphanliasis. Le vieux chef
de Manévé avait la Cgure couverte de pustu-
les ulcérées el suppurantes.
« L'ile de Vanikoro, d'environ douze lieues
de tour, peut avoir une population de mille
à douze cents âmes dont nous avons va
plus des deux tiers. Dans ce grand nombre
d'individus à peine pourrions-nous en citer
quelques-uns de remirquables par le déve-
loppement de leurs formes. Ils sont, en gé-
néral, petits et grêles. Ces misérables peu-
plades, divisées et constamment en guerre
entre elles, habitent sur le bord de la mer
un sol bas el marécageux dont iis doivent à
la longue ressentir l'innueiice, comme nous
l'éprouvâmes nous-mêmes si vivement du-
rant le court séjour que nous fîmes dans
celle île.
Iles VfTi. — «Les îles Viti, situées dans
le Grand Ocè.in, non loin du tropique du
Capricorne, forment vers l'est la dernière li-
m te de la migration des hommes noirs.
Celte race, qui occupe complètement cet ar-
chipel, s'est constamment tenue isolée des
habitants des lies des Amis, qui les tou' hent
pouraiU'ii dire. Cependant l'îlede Laguemba,
située dans la partie orientale des iles Vili,
e-l souvent fréquentée par les insulaires de
Tonga, et le sang s'y trouve quelquefois mé-
lange.
« En faisant la géographie de cet archipel,
nous n'y avons point trouvé de port, et le
mauvais temps nous a empêchés d'y relâ-
cher. Toutefois nous avons eu à bord pen-
dant quelques jours plusieurs naturels de
l'île Emb.ou, au nombre desquels il s'en
trou\ait un, nommé Toumboua-Nakoro, qui
était doué d'une rjire intelligence. Par un
beau temps nous commiinii|uâ nés avec une
centaine d'autres habitants de Viti-Lévou.
En général, tous ces Vitiens étaient de fort
beaux hommes. Quelques-uns avaient de
cinq pieds cinq pouces a cinq pieds dix pou-
ces. Bien pr sdans leurs proportions et sans
tendance à l'obésité, plusieurs auraient pu
ensuite, avec les dimensions de celle partie, sur des
hoiiiiiies de notre éii'iipage.
(iVo(« àe MM. Quoy et Gaimard.)
IHS
ESSAI SUR LES T14AYAUX DKS ANTlinOPOLOGUES ,
nm
servir de modèle et offraient celle vigueur
et cPltc sécheresse de formes que l'on re-
marque dans la statue du gladiateur com-
baltanl. Leur peau est d'un noir tirant sur
le cliocolat; ils ont le haut du front élargi
de Qiéoie que le nez ; leurs lèvres sont gros-
8i>s; cependant quelques-uns avaient d assez
beaux traits fortement prononcés. Leur che-
velure <st, comme celle des Papous, Irès-
ampl»' et très-frisée ; ils en prennent le plus
grand soin dès l'enfance; elle est nalurclle-
nent noire, et ils augmentent encore l'in-
lensilé de cette couleur au moyen du char-
bon. D'autres, à l'aiiie de la chaus, la rou-
gissent, la blanchissent ou la rendent blonde ;
ces diverses substances épaississent les clie-
veus.el les font ressemblera du crinfiisé.
Quelques-uns les taillent en rond avec beau-
coup d'art, tandis que d'autres les divisent
en deux touffes par un large sillon qui va
d'une oreille à l'autre ; ils maintiennent cet
appareil avec une étoffe blanche et claire de
mûrier à papier, disposée en forme de tur-
ban, ce qui leur donne l'air de musulmans.
« Leur tatouage est en relief, c'est-à-dire
que sur les bras et la poitrine ils se creusent
des trous qu'ils avivent jusqu'à ce que la
cicatrice se boursouflant devienne grosse
comme une petite ceris ■. Pendant le temps
qu'elle met à se former, ce sont autant d'ul-
cères dégoûtants. Le tatouage par empreinte,
qu'ils doivent avoir emprunté aux îles des
Amis, est peu répandu; on en devine facile-
ment la raison. A quoi servirait-il sur une
peau noire?
« Une industrie qu'ils ont manifestement
apportée avec eux d ms leur migration, c'est
la faiiricaiion des vases de terre, qu'on ne
trouve dans aucune des îles du Grand Océan,
pas même à Tonga-Tabou, qui est si près
d'eus; ils n'ont point l'usage du bétel; ils
pratiquent la circoncision, comme à Tonga
et dans beaucoup d'autres îles. L'horrible
coutume de manger les ennemis morts dans
le combat est portée chez eux au plus haut
point, et l'emporte de beaucoup sur ce qui a
lieu à cet égard à la Nouvelle-Zélande.
« Si dans ce vaste archipel la race Noire a
pris, dans sa constitution physique, un déve-
loppement égal à celui de la race Jaune, elle
le doit, ce nous semble, à l'agréable latitude
sous laquelle elle vil, à une température qui
n'accable poiut ses habitants par une cha-
leur humide, énervante, et qui n'étouffe
point les productions utiles à la nourriture
de l'homme sous le luxe d'une végétation
équatoriale.
Nouvelle-Hollande. — « Nous n'avons
vu de ses habitants que ceux de la baie des
Chiens-M»rins, du port du Roi-Georges, de
la baie Jervis et de Port-Jackson. S'ils appar-
tiennent à la race que nous venons de dé-
crire, il faut convenir qu'ils en forment une
variété bien distincte et des plus dégradées.
Peut-être l'en isoleral-on quelque jour, lors-
qu'on aura mieux étudié les peuplades qui
couvrent cette vaste partie du monde et
qu'on aura mieux saisi les rapports qui les
lient entre elles sous diverses latitudes. Les
indigènes de Port-Jackson étant connus par
la foule de voyageurs qui en ont parlé, nous
ne décrirons que ceux du port du lioi-Geor-
ges. Quant aux habitants de la baie des
Chiens-Marins, ils oui été décrits et Oguré»
dans le \'oyage de iUranie.
« Les liabilanls du port du Iloi-Georges,
comme tous ceux des plages de la Nouvelle-
Hollande, sont peu nombreux el divisés en
petites tribus dont chacune paraît composée
au plus d'une vingtaine d'individus. Nous ne
les avons point vus entièrement réunis. Le»
groupes les plus considérables avec lesquels
nous ayons communiqué comptaient à p'ine
douze à quinze hommes et qiie'quts enfants
de dix à douze ans qui gouvaienl 1rs suivre
dans leurs courses. Les femmes n'étaient ja-
mais avec eux; (t nous sommes fondés à
croire que, par crainte ou par jalousie, ils
les cachaient avec soin. H parait mc:ne
qu'elles habitent assez loin des bords de la
mer.
« Le caractère de physionomie de ces
hommes nous semble à peu près le même
dans toute la Nouvelle- Hollande, aul.int
qu'on peut en juger par les relations des
voyageurs que par ce que nous avons vu
nous-mêmes à la baie des Chiens-Marins, à
la baie Jervis et à Port-Jackson. Il peut y
avoir quelques différences dues aux locali-
tés, mais elles ne modifiei:t pas essentielle-
ment le type général.
« Les indigènes du port du Roi-Georges
sont en général d'une laille au-dessous de la
moyenne. Au premier aspect on esl frappé
de la mai^'reur et de l'exiguité de leurs
membres inférieurs; mais celle disposition
ne paraît pas être le caractère propre à ces
peuples : elle tient à l'éiat de misère dans le«
quel ils .sont et au défaut d'une nourriture
suffisante pour lo développement do ces
parties, t^e qui semble le (irouver, c'est que
nous avons vu dans ces parages des femmes
du port Dalrymple, sur la terre de Van-Die-
men. prises dans cet éiat d'émacialion par
les Anglais qui font la pèche des phoques,
vivant avec eux et faisant usage d'une nour-
riture abondante et animale, et qu'elles
avaient leurs extrémités Irés-bien dévelop-
pées et même dans un état d'obésité. Le mê-
me cas s'est offert chez plusieurs individus
des peuplades de la Nouvelle-Galles du Sud.
Quoi qu'il en soil , ce caractère de maigreur
est si marqué chez les honimes, qu'il parait
vraiment extraordinaire au premier aspcdt
et que le dessin que M. de Sainson a fait
d'un enfant nommé Yalépouol semble élre
une vraie caricature : on dirait que ses mem-
bres inférieurs ne sont aulre chose que le fé>
mur et le tibia recouverts de la peau.
« Si le torse paraît plus développé et plus
trapu, on ne peut attribuer cela qu'à l'exi-
guité des jambes, car il est généralement
maigre. Les bras participent aussi, mais un
peu moins, de ce même état; cependant le
venire est arrondi et a des propensions à de-
venir gros, ce qui s'explique facilemeiit par
l'habitude qu'ont les peuples sauvages, ex-
posés à de longues abstinences, de orendr*
«117
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE HELIGIEUSE
quand ils
des alimptils ontre mesure
troHveiil l'orrasion.
« Leur tète est assez grns«e. la Tace un
ppu p)argie tra"s<ersflle(Tienl : l'arcade sour-
ciiière très-saillante, d'aulMiU plus peul-élre
que leurs yeux, petits, obliques, noirs, et
dont la sclérolique est blanc-jnunàtre, sont
Irès-enf.inrés. Us oui les narines plus on
moins npb'lics et écarices, les lèvrrs médio-
crement grosses, les pcncives blafariles, la
bouche îirandc, Irès-fendne, ornée de dents
fort belles, réffulières et serrées, dont l'en-
semble ressemble parfaitement à ces râte-
liers arliGriels qu'on voit chez les dentistes
de Paris. Ils ont les oreilles niédior,rement
grandes, les cheveux bruns ou nnirs, frisés
sans être laineux. Dire que la coulenr de
leur icini est un noir roujïeâtre, ce n'est pus
indiquer elle qu'ils dpyraient avoir n;iture'-
lemenl, car la fumée et l'orrc dont ils se
folteiii la télé et le ci rps doivent singuliè-
rement moilifier cette teinte; toutefois c'est
le noir qui dotnine.
« Les malheureux habitants du port du
Roi-Gorgos n'ayant en hiver pour toiit abri,
sous un climat rigoureux dans cette saison,
que de misérables catianes ouvertes À mus
les vents; pour vêtement, qu'une mince
peau de Kanguroo qui leur couvre les épau-
ifS, et pour toute nourriture, que des lézards
ou de maigres lacines. pen.venl à peine vé-
géter sur une terre qui semble tout leur re-
fuser. Leur seule industrie | araît se borner
à la fabrication grossière de quelques pêche-
ries sur la rivière des Français, où ils \ont
à certaines époques de l'année. Mais ils ne
con-iaissenl ni l'arc ni la llèrhe pour attein-
dre leur proie; ils ne font usage ni de la pi-
rogue ni de l'hameçon, instiumenls naturels
aux peuî'Ies riverî;ins.
« Cependant ils ne sont point stup'des,
quoique leur existence s'écoule presque en-
lièrcuent d,ns le repos ou à la lecherche de
leur nourriture; ils ont de la sagaciié et de
Ja fincssf dans le sou: ire et dans les maniè-
res. Notie présence leur c.iusail une sorte de
gaieté, et ils cherchaient à nous communi-
quer leurs sensations îivcc une loquacité à
laquelle nous ne pouvions répondre, car nous
n'entendions pas leur langage. Dèsque la ren-
contre s'opérait, ils venaient à nous les pre-
miers en gesticulant et en parlant beaucoup;
ils poussaient de grands cris, et si nous leur ré-
pondions sur le même ton, leur joie était ex-
trême. Bientôt l'échange de nom avait lieu,
et ils ne tardaient pas a demander à manger,
en se frappant sur le ventre. Dans uue nuit
passée au milieu d'eux à terre, nous obtîn-
mes assez fiicilenicnl les mots les plus usuels
de leur vocabulaire, et ils ne cessèrent de
nous montrer les dispositions les plus bien-
Teilhmies.
« Si notre approche n'a point eiïarouché
ces tribus, si elles se sont empressées de
communiquer avec nous, si nos armes à feu
ne les ont point effriiyces, nous devons l'at-
tribuer à la présence des Anglais qui fré-
quentent et habitent même ces parages pen-
dant une grande partie de l'année pour la
t'IR
pêche des phoques; mai» si nous n'avons
pas vu les femmes des indigènes, il faut pro-
bablement encore en chercher la cause dans
la présence de ces mêmes Anglais, qui en
ont enlevé plusieurs pour leur propre ser-
vice. Elles leur sont d'iiilleurs de la plus
grande utilité quand il s'agit de leur procu-
rer leur subsisl;Mice, soit en prenant des
poissons, des coquillages, des lézards, etc.,
soit en chassant avec les chiens et même
avec le fusil. Elles deviennent promp'enient
habiles dans ce dernier exercice. Une fois
que ces malheureuses femmes ont perdu le
souvenir de leur liberté, dans laquelle ce-
pendant elles sont maltraitées par leurs ma-
ris, elles ne peuvent que trouver agréable l.i
vie qu'elles mènent avec les Européens, qui
ont poirr elles beaucouo plus dégards. Nous
tenons de quelques pêcheurs, abandotmés
p;ir Lnr navire plus longtemps qu'ls ne
pensaient, qu'elles leur ont été d'un extrême
60C0UIS, et que sans elles ils seraient pcut-
êlre morts de misère.
Iliî de Van-Difmb\. — « Nous n'avons vu
que quelques habitants de celte terre, qui
d viennent de jour en iour plus rares.
N'ay^inl point voulu profiter d» quelques
avantages de la civilisali'in, ils ont été refou-
lés dai.s leurs forêts, et il s'est élevé entre
eux et les Anglais une guerre à mort dans
laquelle ils doivent nécessairement succom-
ber. Ils finiront, n'en doutons point, par dis-
paraître du sol que la nature leur avait dé-
parti.
.( Ce peuple dilTère clonnammenl des na-
turels de celte partie de la Nouvelle-Hollande
dont il n'est séuaré que par le détroil de
Bass.ll diffère encore plus de la race papoue
et de ses nuances diverses : il n'a d'autres
r;ipports avec elle que ceux de la couleur. 11
n'est pas de tête et de physionomie qui se
rapproche davantage de celle du Nègre d'A-
frique, mais avec des moliûcations qui sont
à l'avantage de ce dernier, car il est loin
d'avoir, en général, le nez aussi écrasé et
les lèvres aussi grosses et aussi saillantes.
Les cheveux des habitants de Van-Dicmen
sont courts et laineux. Les femmes que nous
avons vues sont dans l'habitude de se raser
la léte. Ces différences n'ont point éi happé à
MM. de Labillaritière et Pérou: elles sont
inexplicables et se refusent même à toute
conjecture. Très-certainement c'est une race
distincte, et il suffit pour s'en convaincre de
jeter les yeux sur les dessins des deux voya-
geurs que nous venons de citer et sur ceux
que nous donnons nous-mêmes.
« Lorsque ces insulaires ont une nourri-
ture abondante et qu'ils ne sont point expo-
sés aux intempéries des saisons propres à
ces latitudes, ils sont susceptibles de prendre
beaucoup d'embonpoint, comme nous l'a-
vons remarqué chez les femmes qui vivaient
avec les Anglais. Un métis provenant de
celte union n'avait rien de désagréable dans
les traits, bien qu'il cijl conservé la couleur
noire de sa mère. On l'eût pris facilement
pour un Indien. >
1M9
ESSM SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES
lltO
Coup d'ail général fur h différence qui existe
entre l s deux peuples.
■ Nous avons vu dans li race Jaune une
grande uniformiié p!iysique, qu^ Iles que
soient les lalilules diiei^es où nous l'ayons
observée , depuis le climat tempéré de la
Nouvel'e-Zélande jusqu'à Tikopia et nu%. îles
Carolincs, OÙ il Tait une chaleur brûlante.
Partout ce sont les mêmes liomines : grands,
robnsies, à physionomie ouverte et dont les
traits ne déplaisent point; il n'est même pas
lare de ren outrer de belles figures parmi
eii\. On s'arc Mitume facilomeni à la vue de
ces hommes nus de couleur jaune cuivrée,
parce qu'ils présentent de be'Ies propo"-
lions, telles que l'espèce Noire, en général,
est loin d'en offrir, et que mênie s.iuvenl on
ne trouverait pas chiz les Enroprens, comme
il e-t facile de s'en assurer dans les éiOles de
natation ou en examinant les régiments que
l'on fait baigner. Leurs longs cheveux noirs
cl ondules, qu'ils laissent flotter sur leurs
épaules en boucles élégantes, «u bien qu'ils
relèvent avec gràcu au-dessus de la Icle, r.e
contribuent pas peu à leur donner un agréa-
ble aspect. La race Noire, au roniraire, tor-
ture ses cheveux en tous sens, les couvre de
poudres de diverses couleurs, €t kur fait
prendre celle forme ébourilïée qui, de prime
nbmti, parait si singulière. Les habilnnls de
Vanikoro ont même une chevelure tout à
fai^ laineuse, et l'enveloppent soigneusement
dans de longs cylindres ilotoffes qui pendent
jusqu'au bas du dos. Indépendamment de la
couleur, les traits de ces deux rac/s ne sont
point comparables. Des poiiimeltes élargies,
un front rétréci et coiupriiné laléraleuicnl,
des lèvres épaisses ou avancées , un t.ez
écrasé, les yeux un peu obliques et quelque-
fois sailLints : tels sont L's car.ictéies de la
figure des noirs, qui ont également l'usage
de se limer les den'S et de les altérer par
l'usage du bétel. II est vrai que les hom.ics
jauius ont aussi les narines un peu élargies;
mais quelques-uns deulre eux ont le uez
bien fait.
a Le tatouage diffère considérablement
parmi les Océaniens. Celui du Zélandais,
unique en son genre, est le résultat d'inci-
sions douloureuses et régulières ; il paraît
propre aux chefs qui donnent ainsi à leur
Ggure U!i air de ressemblance martiale. Chez
les insulaires des Carolines, ces distiiiclions
ne se trouvent que sur le < orps ; mais ce
n'esl plus que le tatouage ordinaire, produit
de simples piqûres. Comme nous l'avons dit
précédemment, il serait sans objet sur une
peau noire; el c'est sans doute pour celle
rjison que les Viliens lui ont substitué le H-
touage en relief qui est le produit d'ulcéra-
tions longtemps entretenues.
« Si nous voulions, ce qui n'est pas direc-
tement de notre rcisort, descendre à l'exa-
men de leurs mœurs et de leurs habituiies,
nous tiouverions des distinctions non moins
fondamentales; nous verrions cette race
Jaune, si conGante et si joyeuse, s'empresser
d'accourir au-devant des navigateurs, leur
apporter le produit de son industrie, y j'in-
dre même les faveurs de ses femme.'. Nous
la verrions pulluler d'uns manière inconce-
vable sur les plus petites îles, comme dans
les Carolinos, à Tikopia, etc.; tandi.. que les
Papous vivent par peuplades isolées, raulti»
plient peu, "^onl le p'us snuvent en guerre,
pjiraisseiit défiants 1 1 sut tout excessivement
jaloux de leurs femmes qu'ils caiMient avec
le plus grand soin à l'approclic des étran-
gers. Lorsque nous vînmes près de Tikopia,
bientôt touîes les pirog'ies de l'Ile eniourè-
re.ni /■.4s/ro/fi6e; et trente lieues plus loin,
nous demeurâmes deuxj^ursà rôder au-
tour de Vanikoro sans voir un seul naturel.
Cette manière d'ajîr nous Gt dès lor:. con-
naître quelle race l'hubitaii, et nous allâmes'
les premiers à sa rencontre.
«Il icsulie de l'étal da guerre presque per-
manent dans lequel se trouve la race Noire,
qii'i lie est redoutée de la race Jaune qui
communique rarement avec elle. Nous ne
connaissons qu'une exception à cet égard.
a Si nous portions nos regards sur leur
navigation, nous trouverions celle de la Nna-
velle-Guinée dans l'enfance, les pirogues des
noirs océaniens ne perdant jamais les rôles
de vue; nous verrions les pro< des G;iroli-
iiois et les pirogues des Sandwichiens pren-
dre l'essor, abandonner les terres, el se di-
riger sur les astres pendant des traversées
de plusieurs jours.
« il résulte de ce que nous venons de dire
des caractères propres à ces deux peuples,
que l'u!!, sous l'influence des Européei'S,
marche rapidement vers la civilisation, tau-
dis que l'autre, refusant tout con'acl, de-
meure staiioonaire dans son ignorance et sa
barbarie.»
Du mélange des deux races.
« Ce n'esl qu'entre rarchi|iel des Viti el
celui desAmisque la frcquentiition des natii<
relsalieu.Toui semble prouverqu'il n'ya nas
longtt-mris que ce nié'ange des' deux peup!i;s
s'est Ojiéré. Il e«l à remarquer que les "V'i-
tiens vont très-rarement à Tonga, el que ce
sont au contraire les insulaires des Amis iiui
se sont établis sur Lagueinba, une des îles
de la partie orientale de l'archipel Viiii;n.
Ils vont y chercher !e bois prvipre à la cons-
truction des pirogues qui manqupdans leurs
îles, el le bois de sandai qui sert à parfumer
l'huile dont ils se frottent le corps.
«Wjus avons eu pendant plusieurs jo:rs
avec nous un de ces chefs méii . Par la com-
leur de la peau el par les cheveux il tc'.iit
du Vitien ; mais par l'.nsemble des traits et
surtout pi'r son obésité il appartenait é la
race Jaune. Un autre cas semblable s'est
également olïert à nous sur l'ile de Viini-
koro. On reconnaît prompicment ce mi-
lange : il est lonl à l'avantage de la race
Noire parce que ces métis acquièrent les
formes el le caractère de la race Jaune. »
Influence des localités et dis habitudes de la
vie sur ces peuples.
« Comme l'a remarqué depuis longtemps
Forsler, les deux grandes races qui nous
U-21
AU POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
un
occupenl présentent des différences qui peu-
vent les fuire divi>er en sous-variélés ; mais,
il laul en coiiven r, ce ne soni que des
nuances, el pour quelc4Ui'S-uns de ces insu-
laires, elie^ tiennent aux latitudes, à la cun-
(l^'uratoD du sol, à l'abundance de la vie
uiiimale, aux habitudes, etc. Nous allons
examiner rapidement l'influence de quel-
ques-uns de ces uiodilicateurs sur l'espèce
humaine.
« Si nous observons d'abord la race Jaune,
il est faille de remarquer les belles propor-
tions qui distinguent les habitants de la Nou-
velle-Zélande, et la grande énergie morale
qui les caraciérise. Ils vivent sous une zone
tempérée. Ce n'est pas que leur sol fournisse
abondamment et sans culture aux besoins
de la vie; mais ils trouvent par leur intelli-
geuce et par leur industrie une partie de ce
que la nature leur a refusé. Us la forcent à
produire; et partout cette lutte, lorsqu'elle
n'est pas trop inégale, tourne à l'avantage
de l'espèce.
« Non loin de celle contrée, chez la race
noire, à la Nou\clle-Uoilande, l'homme sem-
ble abandonné, opprimé par celle nature si
prodigue ailleurs de ses dons. Là elle ne pru-
iluit r.en ; elle se montre si ingr<>te que
nous avons vu, au purl du Roi-Georges,
l'humme se nourrir de reptiles, d'mseetes,
de , oissons morts; à la baie des Chiens-Ma-
rins, il est forcé, ainsi qi' tout ce qui vil
sur celle terre de desolaion, de boire l'eau
de ia mer pour se désaltérer. On conçoit fa-
cilemeni toute l'action d'une cause au>si dé-
primante, et combien l'espèce doit en souf-
frir; aussi tiotj\e-t-on que les haiiilants du
port du Koi-Georges, piir exen.ple, ont les
membres d'une u. aigreur excessive; que ce
caractère de misère Oisp. irait chez ceux de
la baie Jervis qui avo:sinent les éiabllsse-
Uicnls anglais, et qu'enGn leur consliiulioa
renire dans sa lorme naturelle lorsque tout
concourt à ce but.
« Nous n'entendons parler ici que des rap-
ports de proportion , et non de ceux qui
constituant la base londamentalc de l'orga-
nisation établissent des dittereuces dans les
races.
« En poursuivant notre examen et en pre-
nant nos exemples au hasard, nous vojons
que sous l'equaleur, par de petites latitudes,
l'a< tio;i de la chaleur, de l'huniidiié, le voi-
sinage de la nier ou des maréc.iges agissent
à un point si exlrauruinairc sur l'orgauisa-
li'jn, que le docteur tiall reconnut, au pre-
mier aspect, des déf .im.itions rachitiques
sur ïix têtes de i apous que nous lui mon-
trâmes, et qu'il en dev.na ia cause. Cepen-
dant la une citilisation commençante lu te
contre ces causes ne déforoiation, en procu-
r;inl aux indi<^ènes une nourriture sinon
abondante, du moins assurée.
«Trunsp rtez celte même race sous une
latitude moins chaude, aux îles Viti par
exemple, vous la verrez se développer au
physique et an moral et mareh' r l'ég le de
la race Jaune qui lavoisine. t^esl ainsi que
le c'.imat peut inodiGer, jusqu'à un certain
point, nous le répétons, le caractère de tel
ou Ici peuple.
« Après la latitude, les causes qui exer-
cent la plus grande influence sur la consti-
tution physique de l'hoMime sont la disposi-
tfon du sol et les habitudes. C'est de là
mêoie que nous tirons nos preuves pour dé-
montrer que si les Curolinois ont la peau
plus loncéo en couleur, ils le doivent à leur»
Wes basses et à fieur d'eau qui reçoivent una
forte réverbération du soleil, et a la néces-
sité où ils sont de rester constamment dans
leurs cani ts pour se procurer une partie de
leur nourriture à l'aiJe de la pêche (IJ. Nous
avons déjà dit ce que nous avons vu à cet
égard relativement aux Sandw>chiens. lit.
Comme le remarque Forster, le bas peqpie
de la race Jannc qui travaille à la terre ou
exécute des travaux qui l'exposent presque
tonstarament aux rayons du soleil, brunit
au point de se rappro. her de la race Noire
quant à la couleur. Nous ajouierous que co
ne sont que des apparemes pour un obser-
vateur attentif ([ui retrouveia toujours les
distinctions que présente l'organisation, la-
quelle ne » ai ie que très-peu.
« Ainsi, en ai cordant a ces causes tout co
que l'observjition permet d'accorder, il ne
liiul pas aller trop luin parce qu'on piiurrait
bientôt aliribuer au climat ce qui appartient
en propre à l'organisation, t^'est alors que
pour ïe guider on a besoin d'avoir recours
aux c.irrictères zoologiques proprement dits,
alin d'é alilir une opinion sur de> ba-es sta-
ble-. C'est ce que nous avons cherché à faire
le pus souvent qu il nous a été possible sur
les lieux mêmes. Malheureusement nous
n'avons pu apporier des preuves irréfraga-
bles de tout ce que nous avançons pour
tous les peuples dont il a été parlé, parce
qu'ils tiennent beauc nip aux de, ouilles
niortelles de leurs compalriot s, et qu'on ne
pourrait pas violer leur sépulture sans cou-
rir de grands dangers.
« Nous éviterons toute discussion et toule
hypothèse relativement à la question de sa-
voir lequel de ces peuples a la priorité d'oc-
cupation sur l'autre, surtout dans les lieux
où ils se louchent et ou ils parlent la même
langue. Encore moins chercherons-nous à
prouver d'où ils tirent primitivement leur
origine. Ces questions, surlesquelles chacun
peui dire à peu près ce qu'il veut, ne peuvent
être, ce nous semble, sufti^ammenl édciircies
ddus l'étal actuel des choses, cl demeureruut
toujours Irès-ojscures.
« (Quelles que soient d'ailleurs les preuves
ou les raisoni;enienls qu'on apporte pour
retrouver le berceau des insulaires du
Grand Océan ou celui des habitants de la
Nouvelle-Hollande, toujours pourra-l-on de-
(I) Les li»l)itanisdes Marquises, dit Forster, doi- raît de même pour ceux de l'Ile de Pà<iues, qui es*
veiillbui R<!Uleur plus bus.iuée à leur rap{iruclienient presque eiiiiéren.eiit dé;,o.irvue de bois el U'ombra-
de l'equaleur. (Voi/uge, loiiie V, p.ige ïll.) Il en se- ge-. (xVolt de ilM. Quoij el Gatmard.f
1123 ESSAI SUR LES TRAVAUX.
mander d'où viennent ces hommessi cxlraor-
dinaiics de l'île de Van-Diémen, qui ne res-
semblent à aucun des peuples qui les avoi-
Sinont.
« Nous dirons seulement un mot sur la
manière dont quelques îles oui pu se peu-
pler par des pirogues, que les venis el les
courants jetaient au larjje et porlaient sur
des terres que le hasard leur Taisait rencoa-
trer. Les navigateurs parleut de ces acci-
dculs qui ne sont point rares. Un témoin
oculaire nous cita un événement de ce
genre arrivé dernièrement à une pirogue,
qui de l'île Rolouma (ut ponce sur les iles
Vili ; cependant la dislance qui les sépare
est d'environ cent lieues.
a Tout porte à croire que c'est ainsi que
Tikopia, située au milieu d'îles habitées par
la race Noire, aura été peuplée aciidenlelle-
meut ].ar la race Jaune. Néanmoins diverses
circonstances peuvent faire penser que cetie
dernière race est plus ancienne dans cet ar-
chipelquela première, qui p.irle sa langue,
el qui n'aurait pas manqué de s'emparer de
toutes les lies enviionuaiites. Voici un fait
arrivé de nos jours.
« Parmi les Tikopiens qui nous accom-
pagnèrent à Vanikoro, se trouvait un natu-
rel de quarante ans environ ; il nous dit
élre des îles des Amis, distantes d'environ
deux cents lieues. D'après son récit, étant
sorti lorl jeune de Vavao dans une assez
grande pirogue avec huit des siens , des
venis violents el les courants les purlèrenl
au litrge. Bientôt ils ne purent se diriger ni
retrouver leur roule. Abandonnés ainsi à la
merci dos dots, ils eurent à souffrir horri-
blement de la faim jusqu'à l'instant où,
jetés sur Tikopia, ils furent accueillis par un
peuple scmbable à eux. Auiant qu'un en-
fant de sept à huit ans peut se le rai>peler,
il dit qu'aucun deux ue mourut. Cela est
vraisemblable, lorsqu'on sait combien ces
hommes supportent facilement une longue
abstinence. Les Carolinois, dans leurs lon-
gues navigations, se contentent souvent
O'un seul fruit de coco par jour.
« Ainsi la naiure se sert , pour répandre
les races humaines, des moyens qu'elle em-
ploie pour multiplier les végétaux, dont les
fruits abandonnés sur les eaux ilotlent long-
temps avant que d'aborder aux lieux où ils
doivent prendre racine. Dans celte grande
harmonie les individus el le temps ne sont
rien. Le phénomène linit toujours par s'opé-
rer, quelles que soieni d'ailleurs la distance
el les dilGcullés qui le retardent.
« Comme il suffit d'avoir va la race Jaune
pour en reconnaître lidenlilé partout où elle
se trouve, il est peu nécessaire, pour confir-
mer cette identité, de joindre aux caractères
zoologiques la description des mœurs ou les
simililudis de langage. Ce dernier moyen
n'est pas même toujours concluant , car il
arrive quelquefois que lorsque la race Noire
et la race Jaune se trouvent réunies dans le
même archipel, sur des îles séparées , el.es
pai'.cnt à teu près la même langue, comme
DES ANTIlUOrOLOGUES , 111*
cela a lieu entre les îles des Amis cl les lies
Viti, entre Vanikoro et Tikopia. »
Note sur les Al fours de Celèbes.
a A la Nouvelle-Guinée, à Vaigiou , dans
toutes les Moluques, on nomme Alfojrs ,
Alfourous, Alforésps e' Haryforis, des hom-
mes qui habitent d ns l'i lérieur des terrci,
sur les montagnes. Ils ditTèrenl sensibl.-nient
des Papous ou des M<ilais qui occupent Id
liitoj'ai. Celle race, qui par.iit fort ancienne
el qui poiii rail bien être autochtone, tsl loin
d'être partout identique.
« Voici ce qtie nous avcis vu à Célêbes ,
grâce à l'oliligeance de .M. le gouverneur
.Merkus, qui nous donna les moyens de l'airo
un charmant voyage au lac de Tondano, si-
tué sur une montagne du comptoir de Ma-«
nado, à plus do d-ux m lie piets au-d.ss i»
du niveau de la mer. Sur ce lao est un grand
V llai,'e peuiilé d'Alfours qui vivent sous la
domination hollandaise. Nous ne fûmes pis
pe:i surpris de voir en ce' lieu une race
d'hommes dilTérenle de la race .Malaie, re-
marquable d'abord par une plus grande bl.iii»
cheur de la peau et par la ro ipc arrondie 'lu
visage. Il y a fori peu d'excefiliinis qu inl à
ce dernier caractère. Leurs yeux sont ov ilei,
bien f-iils, el ne Oennent en rien de c -ux des
Cliinois, ainsi qu'on peut souvent le remar-
quer dans ces organes chez les Malais.
Leurs cheveux sonl noirs , lisses , el Irès-
longs, plus pariiculièren>ent encore chez les
femmes. Les hommes n'oni point de iarba
ou n'en ont que fort peu. La tciiile blanche
de hur peau est d'autant plus claire qu'.ls
habitent les montagnes où la lemjiérature
est fraîi he et le ciel assez souvent couvert do
nuages. Ceux qui se tiennent dans lii plaine
ou sur le 1 ord de la mer ont une couleor un
peu plus foncéi' , mais qui ne peut jamais
être confondue avec celle des .Malais. Les en-
fanls provenant d'un Européen cl d'un Al-
four ont des formrs trè^-agréables , coinnie
nous l'a montré une jeune persinnc lemar-
quahie aussi par la beauté de ses yeux. Les
Alfours sonl de petite taille, bien f.iils et
alertes ; les hommes du peuple vont p esque
nus : une pièce d'étoffe leur cache seuleme t
la partie moyenne du corps. Quelque-uns
d entre eux portent des chemises. Les fem-
mes sont vêtue-. Les cliefs ont pris le cos-
tume cun peen dans lequel ils ont l'air em-
pesé, ou bien ils sonl velus à la malio:iiétai.e,
ce qui leur sied beaucoup mieux. Cependant,
chose singulière 1 ce peuple n'esl po ni ma-
homèlan et semble n'avoir jamais rien c( nnu
de l'islamisme ; ce qui est le conirjire des
Malais qui l'enTironnenl de tontes parts On
n'a p;is pu nous donner des renseignemenls
positifs sur leur religion ; loul ce que 1 on
sait, c'est qu'ils n'ont point de cuUe exté-
rieur el que leur crojance esl toute spiri-
tuel e. Il est certain d f:illeurs que, dans un
éiat de civilisation qui païaîl irès-ancien, ils
doivent avoir une religion (|Ueli onque ; el la
soin qu'ils donnent à leurs tombeaux sem-
il95
AU POINT DE Vl'E DE LA GEOGIUI'HIE RELIGIEUSE.
1126
ble en être une preuve (1). Il faut convenir
que cette religion doit eue aussi simple que
lolcranle, puisqu'cile paruil si peu les uccu-
fier.
» Les Aifours de Célèbes sont bien élui-
piiés de ceiti' lerorilé qu'on reproche a ceux
dos autres îles Moluques ou de la Nouvelie-
Guiiioe, et drs ilcs (|ui en dépendent. Il est
cunst;int au contraire que leurs mœurs sont
IrO'S-iioutes. Tel est ce peuple dont nous n'a-
vons fait qu'cniri'voir quelques individus,
dans noire premier voyage sur VUranie ,
lorsque nous étions à Vaigiuu. Parmi tant de
Mal.'is et d'autres indigènes, nous ne savions
à quelle race les rajiporter, puisque nous
dimcs qu'il était possible que ces m 'ividus
isoles fussent le produit du mélange d'un
Cliinois avec une femme de ces contrées (2).
« Cet aimable peuple construit ses habita-
tions sur des pieux très-élevés ; à lerre ou
sur l'eau, la construction ne varie pas. Les
maisons des chefs sont do vrais édilicof. Les
féti's qu'ils donnèrent au gouverneur Merkus
ri'sseiulilaienl parfailenienl à Cilles de l'O-
péra pi.ur l'élegance des coslu.nes , avec
celle différence qu'el.es avaient lieu en plein
air, à l'abri des palmiers et sous le ciel de
l'équnteur. On peut voir, pour de pluf amples
détails, la rein ion historique du Voyage.
« D'ins cet exposé rapide des peuples di-
vers que nous avons vus, nous n'avons voulu
parler que de leur organisation physique,
pttur contriliuer autant qu'il est en n<<us à
réunir ouelques m.itériaux propres àéciair-
cir un jour l'histoire si obscure des variétés
de 1 espèce humaine. Il nous eût été bien fa-
cile de grossir cet aperçu; car peu de voya-
geurs ont été à portée de voir autant que
nous les insulaires du Grand Océan. Mais,
voulant nous en tenir à ce que nous avons
observé nous-mêmes sur les deux principa-
les races qui peupi nt la mer du Sud , nous
nous sommes bornés à de simples remarques
zoologiques. Si nous y avons quelquefois
ajouté dos détails de mœurs, c'est qu'ils se
liaient naturellement à notre sujet. »
Voici aciuellement l'opinion et le travail
de Malte Brun, ainsi que de son continua-
teur M. Huol en matière auihropologique.
Par le système de ces deux géographes, on
verra quelle confusion règne encore dans
l'anthropologie, et qu'au fond celte science,
loin de ruiner l'unite du genre humain, l'é-
l.blit, au contraire, par ses contradictions
multipliées sur les mêmes races et variétés
de races.
«L'homme, cet animal, si distingué de
tous les autres, forme, dans la série des
(I) Il est à remarquer que les corps y sont ployés
en double, coninie cel.i se pratique chez quelques
peuples de l'Amérique inérid onale.
(:.) Voyage de CVrante. itoologie, p.fge 5.
('>] ^ous devons faire obser\er cependant que la
dcliiiiiioii do l'espèce, lelle qu'elle est donnée ci-des-
sus, n'e-l poinl de nature, ipioi qu'en aient dit quel-
ques sav.inls nnluialjjtes, à l'aire rejeter la divisjoa
du grnre liuii;aiii en ijpèces, puisqu'il e^^ ieco,.im
que dus aiiiiiiiul d'es; «ee» liien iraiicliées, entre au-
lies le ciiieii et le loup, piodulsenl des méiis \é-
êtres, un ordre isolé qui ne contient qn'un
seul genre et une seule espèce; car on en-
tend par espèce un ensemble d'élres organi-
ques qui se reproduisent entre eus, et qui
ne dilièreiit que par des qualités variables
et étrangères aux caractères qui constituent
l'espèce. Or, toutes les r;ices humaines que
nous connaissons produisent par leurs mé-
langes des individus féi unds ou cap ibies de
produire à leur lour (3). D'un autre côté,
les diilérences qu'on observe entre ces races
se bornent à des qualités (jue nous voyons
encore tous les jours varier pur l'influença
du climat, de la nourriture et des mala-
dies ('•).
•( La première de ces assertions n'a pai
besoin d'être développée; on connaît asseï
les nouibi euses classes de métis et de muldires
qu'ont produites les unions des diverses r.i-
ces humaines. Quant au sei oiid point, il est
bon d'observer que les différences par les-
quelles se distingueni les vnriéies dis espi-
ces sont relatives ou à la stature, ou à la
physionomie, ou à la coi.lew, ou à la natura
des cheveux, ou enfin à la forme du crâne.
« Personne n'ignore qu'une vie simple,
une nourriture abondante, un ar salubre,
donnent à tous les êtres organiques des for»
mes plus belles et plus grandes. L'exemple
des Lapons et des Hongrois, dont la langue
indique l'origine commune, et qui diffèrent
extrêmement par la taille et la physiono-
mie, prouve assez .que la beauté de la même
race varie selon le ciimal et selon les quali-
tés du pays. Les (iei mains de Tacite, ces Pa-
lagons de fLurope, ne se trouvent plus dans
l'Allemagne civilisée, tandis que le Hollan-
dais, dans l'intéiieur de la colonie du Cap,
est devenu un géant (5). Combien de contras-
tes ne rencoDtre-l-on pas dans une seule
nation et à de petites distances 1 Les paysan-
nes de la "NVeslrogolhie sont des Vénus, et
celles de la Da écarlie sont généralement
laides, quoique l'une et l'autre province
soient au centre de la vraie pa:rie des
Goibs (6). Les passions violentes, le joug de
l'hypocrisie, les occupaiions triste^ ou agréa-
bles, les habitudes de l'activité ou de l'iner-
tie, impriment un caractère permanent aux
physionomies des nations entières.
« Plusieurs dilTérences de physionomie
sont l'ouvrage de l'arl, du moins en partie.
D'après les rapports nombreux de témoins
oculaires, il est certain que les nègres, les
habitants du Brésil et les Caraïbes, les peu-
ples de Sumatra et ceux des îles de la So-
ciété, dépriment et aplatissent soigneuse-
ment le nez des nouveau-nés , usage qui
conr/s. J. H.
(•i) Blunienbacli , de Varietate nntiva generis hu-
mani, traduit eu Ir.mçais par M. CharJe'. — Plu-
sieurs variétés accideiiielles paralssem être en elle!
le résultat de quelques alTeerluns maladives. C'esl
ainsi que se perpétueni les Albinos en Afrique, les
Cagois dans les Pyrénées, cl les Ciéiint dans les
Alpes. J. H.
(5) Uarrow, Voyage au Cap. Sparmanii , 'tlium-
berg, etc.
(ii) A rend I, Voyagi en Suèdi, 1, 25i, etc.
iHI
ESSAI SUK LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES,
{13S
sans doute ne peut pas fiiire naîlre letlc
configuration hciCilitaire, mais qui contri-
bue à rendre les esctptionj inûninicnl rares.
« Les variélés do CDuieurs sembler,! éga-
lement dépendre des circon tances extérieu-
res. La même n;ition renf'Tnie souvi-ni des
individus de teintes extrêmement différen-
tes. La cause de la couleur réside dans le
tissu miiqueux et réticulaire qui est immé-
diatement sous l'épidermc. Si, par l'influence
d'une extrême cbaleur ou par quelque autre
cause locale, le carbone surabonde dans I c-
cunomie animale, il est rejeté au debors
avec riijdrogèiie par l'action des vaisseaux
sanguins du derme; mais le cont;ict avec
l'airalmospbérique l'ayant précipité, il vient
se fixer dans le réseau muqueux. Cette ex-
plication, fournie par la chimie moderne,
nous fait concevoir pourquoi la peau des
hommes blincs noircit dans cert.iines mala-
dies, tandis que les nègres diins le même
ca^i bhincliis>ent ou plutôt jaunissent. L'un
et l'autie phénomène indiquent un dérange-
ment dans les sécrétions. Slais nous ne dissi-
Diuleruns point le seul inconvénient de (ettc
explication ; si les nègres descendeiit d'une
race originairement bliinche, il a laiiu des
unllions d'années pour que l'action répétée
du climat li ur rendît la couleur noire bèré-
ditaire. Or, les monuments géologiques sem-
blent démontrer le peu d'autiquile du genre
humain. « Ainsi, nous dirunt certains philo-
sophes, ou accordez-nou^ pour l'action des
causes qui ont formé les races humaines une
immense série de sièc es, ou avouez que ces
races, si elles n'existent que depuis 5 a 6,000
ans, ont dû naitre de couples dit'iérents, et
quulijà offraient tous les curactères de leurs
descendants (1). »
« Les nombreuses v.iriétés de cheveux dé-
pendent également des sécrétions des sub-
«tances élémentaires dont le corps se com-
pose; mais ici se présente une contradiction
dans les laits. Paimi les nations ci\ilisées de
l'Europe, la couleur des cheveux devient
coiistamn.eiit plus claire à mesure qu'on
avance jusqu'à une certaine limite vers !•
Nord; parmi les nations sauvages ou bar-
bares de l'Afrique, de I .Asie et .ie l'.Anirri-
que, on retrouve une même eoulenr de i he-
veux dans des clim;ils absolument différents.
Ainsi, tandis que l'ilalien aux cheveux noirs
elle blond Scandinave, bien qu'app;irien<int
à la même variété de l'espèce liui"aine, of-
frent des effets sensibles de l'action du cli-
mat, les Lapons et les Samu'ieites ont l.'s
cheveux aussi noirs et aussi rudes que le
Mongol, le Tibétain et le Chinois, à la race
desquels d'autres raisons les font j^iindre.
Tous les peuples nègres ont les tlieve x
laineux, même les Yolofs, qui les ont un peu
plus longs et moins frisés (2). Il ne parait
pas non plus que les cheveux nmér.caius
offrent des nuances comparables à ceiles
qu'on \o'd chez les nations européennes.
Ainsi la nature des c'ieveux reste toujo rs
un des arguments les pliis spécieux e > fa-
veur du système qui admet plusieurs espèces
d'hommes.
« Observons pourt;int que dans la raeeeii-
rojiéenne la couleur des cheveux semble
changer avec a eivilisation, o i, si l'on aime
mieux, avec la dépravaiiou des nations. La
race blonde qui, nu temps d'H mère, four-
nissait à la Gièce des rois e> des héros, do-
minait encore au siècle de Tacite, en Giule-
Belgique et en Germanie; aujourd'hui elle
paraît s'éteindre dyns les villes du nord (1.
« Les variélés de In forme du crâne sem-
ble.it être de plus d'importance que toutes
celles (|ue nous avons examinée-. C'^pen-
dant, depuis que les savantes recherches de
Gall (4) ont démoniré que la co.. figuration
extérieure du crâne dépend de la luroie du
cerveau, on ne saurait considérer c;-s diver-
siiés dans une sulistance molle et susceptible
de prendre toutes les (ormes, comme un
caractère propie à ind.quer une diver:>i.ô
ft) Quelle que soit rinflnence de l'action solaire
«lir hi pe.iii, il est cenaiu ipie celle-ci revient à son
preiuiir état lor.Mpi'elle n'est plus soumise ;( celle
action. Cl Iteacti'ii o'^iiileurs a des lionnes as:ez les-
treuiles : e:ie n'est eeiLiiiieiueiil p:is de naure à
Iriiiistoriner une nat.oii de Blancs eu iSègre-i, ni une
iialiun le Nègres en OIj. es, sons «pitluoe laniude
qn'ei es s'é abiisseiil, et que que iiuigne que puisse
è>re la durée de raclion du c iiiiat. Depuis environ
Ip is siècles que le^ Poroijjais ti'Hit élali is sur ra côie
I e Cuinée, ^u^ le lerr.tnire qui uo'urii la race nègre,
ou ne viiil pas qu'ils aieni pris une teiiile plus ton-
céc que sous le sideil du Piiriui;:il. Les Pcirluijaises et
les E>pagiitiles suiit niéiiie devenues, au Brésil et aux
l'Iinit.pii es, plus blain lle^ que dans leur p.iirie. Ou
ne vi it pas non puis i|ue, l'.aiis l'Amérique septi-n-
lriun:ile, les Nègres soient d'une cuul ur nioius noire.
D ailleurs ce qui renverse toutes les suppositions des
par.isaiis de i'intlueuce des climats ui la teinte de
la peuu, c'est qu'aux niéiues latiiudts mi trouve,
dans les diverses |>ariies du ^l>>be, des peuples de
couleur dill'eienie. Celle ubservaliou a été Taie avec
beiucoiip lie sigaLi-é p r M. Bory ue bant-Vuicenl :
t Sons ce brùljni éipnteur, dii-il, qui iravei.-e dans
l'^ineit'U n. mule la pa:rie des E linipiens ei des l'a^uus
cwul«ur d'cbèue, on n'a pas iruuvé dti néyiej eu
Amérique; les naturels de cette aiiire lene sem-
blent au contraire èl ed'aii ani plus blan<s q'i'.l. se
rap riiel l div.mlajîe de la iigiie é) oi o\iale; et ti
preuve qui- la cm. leur noire n'esi p s ciiser ui.iqne-
nienl p.ir l'ardeur descoiiirees iniei trop cales, e est
(pie \f.- Lapons et les (jrné.d n.lai>. i é- siuis nu ci I
glacial, ont l.i peau [.lus t.ncée que les Malus des
parlies les i.lus cliaudes de l'in.ive.s. t AjOuluiis que
suus le ii.éiiie «limai un voii le^ Japnii.is à la pe:.u
d'un jaune-orange | aie, e; les Alno^ au teiul bf n-
vcrdâlre, que fou a touip.iié à la couleur des éue-
vis-e- vivaues. J. 11.
(2) B.uns, Afiica, V, C9.
(5) M. A Desiiioiiiins ( tlisl ire nntwi'lle des rncet
huiiiainei) rcla;e des laiis qui leudeul à prouver j" u-
vaiialiititc de 1 1 couleur des clieveux quand il . 'y a
pas mélange de races ; ainsi d pUiS 8 iu ans qu'une
raie au\ ctieveuv b.oiiJs est éialilie en Islande, ele
n'y a point épioiivé le iimindie c lan^eineul uans la
couleur dejctieveus; ils n'y o .1 pas pri> la teinte .te la
Clievelurede>G eënljuJais. C'e^^ do.ie au niéhintie uei
races qii'd lautalinU .er les clnii;!' ineiiis dan- la Cou-
leur des cheveux (.liez i|ue.i|ue> iiaLiniis. J. II.
(4) Gall et S|:urzi ciiu, Anuloiiiie du cerveuit, etc.,
ave.: i.if. Citez Saicell.
L
1.2J AU rOINT DE VUE DE LA
d'espèce (1). La forme du crâne nous p<ir.iit
dépentlre, ;iuliiiil qic la iiîiysionomic, du
caiarlère niot;il des indiviiliis. Quoiqu'il ne
suii pas possible d'as-isfiier à cliaiine passion,
à chique talent, un organe parliculi-T dans
le crrveiui, il i-enibie conslanl que les hom-
mes doués de bcaucuup de lalen.s el di- pas-
sions fur. es ont la tète plus garnie d'énii-
Dences nu de busses que la multitude. Un
autre fiit, c C!*! q'.e la nation où les individus
se ressemblent le plus par le caractère offre
une forme naiiouale constante du crâne ;
qu.iiid on a vu une tête d'Hindou, on lésa
vues toutes (2) ; au contraire, en Europe,
où les ra^arièes varient extièmemeni , on
trouve des crânes de toutes li'S formes, n.êmc
les plus cloigi CCS de ce qui nous en semble
le type légulier.
« La lorne du crâne dépend souvent d'une
cause arliOc elle. Une pression exercée con-
tinuellement peniianl une lunguc suite d'an-
nées donne le pins souvent aux os planes
du crf'ine une configuration particulière qui
devient i! êuie nalionale. tÀl elTet |.eui dé-
pendre lie la manière dont plusieurs nations
placi'nl leurs enf.nis d.ms le licrcrau, ou
bien d'une compiession manuelle exercée
a>ec soin [.cndaut iouglemps. Vesale rap-
poric que , de son temps , les Allemands
avaient presque luus la icte aplatie poslé-
rieurumcnl, et élargie sur les côlés paice
qu'on les couchait conslanimeiit sur le dos
pendant qu'ils étaient au berceau (:J). Les
Belges, accoutumés au coniraire à meltre
l.'s enfanls dormir sur le côté, se faisa eut
remarquer par la longueur de la lêle. Les
Américains sauvages , depuis la Caroline
luéridionale jusqu'au Nouve,iu-.Mexii|ue, ont
luus le crùne dé)Timè, paicc qu'ils donnent
dans le bercciiu, à Uuis enfanls, une posi-
tion déclive, de manière que Ij \erlux, qui
repose sur un sac re:;ipli de sable, sup-
porte tout le poids du corps [k).
« Un usage qui a existé ciicz les notions
les plus antiques comme chez les uicdernes,
dans nos climats et dans les pays Us plus
éloignes, c'est ne ramener la teiu des nou-
\eai)-ncs à une foime n.ilioi..le, au moyeu
de liens, a'iii>truininis < iffèienls, ou de la
simple pression des mains. Cette haiiituclc
(t) Il faut liiiilefuis iiiilir|iier ici une d!slincLoii ini-
poii'iiie. Les |)riiUiLiéiaiicrS <.rg;iiiii|ues olistrvées
pur Gill, el i|ii'il coii-Klére avec nun de IjIcmi el di!
siigiK'iic luiiiiiie indices des iidlëienies la iiltcs iiio-
r.iles et intellei luelles, ne cli.ngem poinl la litniie
géner.de ou iriàiiu. L'uiiveriue Je l'angle fjcial, la
Ue|ite.'.si»ii plus l'ii iii'Miis grande Ou la Ijuiie oiseuse,
1.1 suillie des |iuiniiielie>, la ilireclion de» niàiheni s,
l'ii.ciiiiaisuii dus yeii\, peiaoïii d»iic èli'u cons déiées
cun>uie aiil'iit de eaiaclèjes ï>(iéeili'|iius. Ai.sl , à
l'iiis)ieriiuii d'un ciàne , on {>< ut de uiinnier à quel
|ie'i|i>e II ii|)|iariiciit, à cuviiis qu'.l ne piuvieiinu d une
raiu iibàiar.ne. J. H.
\i) Coiii|i. le liel ouviago : Description des Ilin-
doiii, |iar .<i. bdlvyns.
(ô) Vesitr, eilé yar liiniiieiiliacli, S *'•'•
(àj Aua.i, ilUto:y ul Oie iiorlii Anuriciin Iiiditms,
pa^e 9.
(.'>; J. Clir. Geiil. A kermaiin , daiis Neue Maga-
tiii l'ur Ai'isie de ii lUIiiigur, l. Il, p. 5-<J.
UiGTiONNAIRB DK GÉOGRAPHIE EGCL. II
GEOGRAPHIE RELIGIEUSE.
tlSU
cul lieu jadis ou se retrouve encore aujour-
d'hui clii-z les liab l.ints de pL'sieurs parties
de la (Jermanie (5), chez les Beig s (G), les
Fr.inç.iis (7j, cl ez quelques peu]iles d'ilalie,
chez les insulaires de i'Arcliipel grec (8 ,
les Turk*, les anciens Sitjynes. les AJacroté-
pliales du PoUi-Kiixin (0) ; elle rsl en vi-
gueur chez 1rs hahiianls de Siiin.ilra, du M-
kibar (10),el surloul chez iliiVéfentes nalioiis
de l'Amérique, telles que le-, peuples du dé-
troit de Noutka (II) ; les Chiclas, nat ons
indigènes de la Géorgie, les Waxsashs de la
Caro ine, les Car.tibes, les Péruviens (12),
les Omaguas (13), et chez les nègres des An-
tilles (14). Cet usage fut délendu dans l'A-
mérique e<p<»gno c par le décret d'un con-
cile (15). On possôle les descriptions les |.lus
cxaeles des moyens que ces sauvages em-
ployaient ptiur donner à la léle de leurs en-
fanls, p.ir une pression uniforme, la confi-
guration qu'ils desiraient (16). Ce fait étant
déwioatré par tani de lémoignages au hinii-
ques, il re.ste, à la vérité, encore à prouver
si les formes du crâne ob'eniies [>ar ces
moyens finissent, après une longue suiie de
générations, par cire iiérédilaires et dev<'nir
une conlorniation naturelle, ce i|ui ne parait
pas possible. Hippocr ite, dans son Traité
des a'rs, des eaux et des lieux, parle en
particulier des Mnvrocéphale<< , nation voi-
sine du Pont-Iiluxin. Seioi lui, aucui antre
peuple n'a la têle faite CO!: un; eux ; ce- te
conforinalion, farlict:lière dans le (irincipe,
dépeiKlait de leurs usages. Les Alacroeè-
phales regardai -nt la longueur de la léle
comme un indice de courage; d'après celle
opinion, ils pétriss.iienl la léle des enfants
nouveau-nés , el tâcli -ient par difl'ércnts
moyens de l'alionger aux dépens de sa lar-
geur. Cette forme, dii-ll, finit par deienir
naturelle, et il Lit inutile du rien faire pour
la produire.
« 11 y a encore d'aulres diversi'és dans les
formes d'i corp,-. humain qui paraissent pro-
pres à des nations, el peul-ètre à des varie-
tés eiilières de l'espèie humaine, di prétend
que plusieurs tribus sauvages ont les oreilles
mob.les; mais c'e;t probab^emenl par une
mauvaise plaisanieric: que plusieurs auteurs
ont iissuré ([ue les ancens Balave> avaient
(6) Spigil. Oiî hum. corp. fabiicii, p. 17.
(7) Aiidry, OrVtupédie, l. Il, p. .5.
(8) tiiiliies , luéduciip eproie, ciié pur Dliinien-
liatli. Sliabuii, I. .vi , p. 3j8. llipp. de Aerib., wj. el
lue.
(9) Nie. Foiitani, d.liis Asialic llesearclies, t. 111,
p. M.
(10) Maisdeii, llistory of Swnalru. p. 38.
(11; Meaies's. Vuy'igesy p. 31 .
(\-) Uvi.-dii, llisio la yener. de las //idin.s. Torque-
iiiada, MoiturcUia Indiuna, t. III. Ulloa, lie aciu del
viaiié, I. Il, p. ^j55.
(13) La GoiKlaniine, J/e'/i. de l'Acad. des Sciences,
1745, p ii7.
(1*) Tliibaull de Ciianvalon, Voyage à la Mariini'
que, (I. 3.!.
(I,i) Jos. Saiiz. de Xf^\i\rc,('.vlle,tiomax:inaconri-
lluruin iiiiinhiiii llupitiiv el iwi orhis, t. \i. p. iUi.
(16) Journal de physique, d'aoùl l;yl, p. ûi.
1131
ESSAI Sim I.ES TRAVAUX
les oreilles d'une difformité pdr'iculiôrp, et
que chez les Biscajens celle partie est dun3
loiisucur rem.'irqiiable. Les m.imelîes pen-
d iiiles lies négresses soiil dues à l'usage
d'ulla'ler les eiif.nils sii'^pciidus derrière le
dos. L'iimpUur de celte part e semble apiar-
lei;ir au cliiiiiil chaud et liumidc. Les n< S'es
ont, à c • qu'un assure, les s'giies de la viri-
lité Irès-pronnncc-'. Les feuimes inon<:()li'S
peuveiil encre, après plusieurs accouclie-
nienls, se f.iire passer pour vier^te- (1). Nous
parlerons aulre part de la dilTurmité des
leiiiin s lioscliismanes, dans l'Afrique aus-
trale. Cliez les peuples de la mer ilu Sud ou du
Grand Océan oriecilal, les chefs et lesgranils
ddi. Ci I à leur par< ssc el à leur mau.ère de
s'as.-coir, des jaiiilies siugniièrcmenl enflées.
Pi'ul-éire au^si l'éiéphanliasis, nuiladie coin-
iiiune en Alri.iU", en Aiahie et da is 1 îlin-
ddusijiii l'I) , élend-el!e son etnpire sur les
Icrn s océaniqii' s. Les j:inilii's loi ses ou rani-
biées lies Nè^-ies avaieiil dcj.'i Irapi'é 1. s an-
ciens (3), el i^raissenl également communes
aux naluiiss mongiile- ('*}. Oii altribiic cille
dilTumiié, soit à l'équila iin ) rem.iturée ,
so t à la posiln n des enfants, (jin, fixés ; en-
diinl r.^ll.iileiiieni sur le dus de leur mèies,
s'y iippi ienl roitrment avec les gfn mx.
« il y a des variélcs plus esseulie les dans
la priipirtiiiii des ineniLres iutérieu s, el qui
lieuneiil a la race. Les sauvages de la Non-
velIe-Hollande ont les jicnbi-s exircmeineut
longues el iiinces (ii). Il ni si pas vrai que
r»Ue p.irlicula iié se retrouve riiez les Hin-
dous, connue l'assure un olsenaleur peu
digne lie conliance (b). Mais il paraît ceitain
que les Mongols el les Américains onl es
jambi'S cl les disses trop courtes en [ ropor-
lion du leste. l'iusieurs nation- ont nainrel-
lemeni les mains et lis | ieds petits. On a ob-
ser\é sur les armes ries lîinilous liue ta foi-
gnéede- sabres esl trop peiiie pour la plunart
d s ma lis europceiiueji. On cite aussi les
Chinois, I s Kan'lihadales, les Esquiiiuiuv,
les Péruviens, les Holienlots el les balitauts
delà Nouvelle-Hoilaude (7).
« Lis di\ erses luUions iliffèrenl encore
beai coi.p par le d- gré de force dont «lies
goul douces. Les belie- expérieuds d.; MM.
Peron e; Kcgnier ont prouvé que les nations
sauvages ou à demi civilisées le cid ut aux
Euiu| éens pour tous les gerres lie force ac-
tive ; iiiiiis nous pinsons qu'elles possèdent
dans un degie plus éminent €• lu- lorce pas-
sive uni réîisle à l'inlen.pcrie des saisons.
H V.n lésnuiHut toutes l^s iibs>rvalioiis fai-
tes par les voyageurs, !e c; Icbre Bumenbach
réduit toutes les \arié es de l'espèce hum/iine
à lin/j types pii:uiii(uix. auxquels, après un
mûr examen, nous croyons ne devoir appor-
ter que de légères uiu lilicalions.
(1) Géoigi, Descripiion des nations delà Rinsie ,
11, iOO.
{•!) Allard, tlisinire d'une muladic parlicullcre au
iyilème tijmj lnt.que.
(5) Arisi., / rubteiii. V, 14, ele.
(4j P.illas, sur /«j ^iatiom mongoles, t. 1, p. TS.
(b) l'éiuii, Yuyayes uux leires uuslraUs , Allas,
til. XX.
DES ANTHROPOLOGUES , t:ô3
« La piemin'e variété occupe les parties
centrales de l'ancien cintinent, savoir, l'A-
sie occiilenl tic, r.Afrique orientale et septen-
trionale, rHindou-lan et l'Euiope. Sis ca-
ractères sont la cou eur de la peau plus nu
moins blanche ou biuiie, les joues teintes
d'incarnat , les cheveux longs , bruns oa
blonds, la tête presque splurique, la face
ovale, él'oile, les traits mèd^ccrenient pro-
noncés, le front uni. le nez légèrement ar-
qué, la bouciie petite ; les dents in isiveS
des deax mâchoires placées perpeuuic lai-
rement; les lèvres, et surioui l'inleriei.re,
niolleinenl étendues, le luenion plein et rond:
!a régulai iiédes traits de ce visage, qui esl ce-
lui des peuples de l'Lurope, le fat en général
regarder conirai' !e )•. us beau el le plus agréa-
ble. Les tiaUs ce l'Hindou, ceux de l'Au) ssi-
i;ieu il du Berbère, h .bitanl du inonl Allas,
ne dinèreni p.is 'ssentieliemenl de ceux des
lùiiopéens : il n'y a que la peau qui esl rem-
Irnnie par l'elTul du i limai, el qui d'ailleurs
chez i Hi'.duu el l'.Abyssinien iiicme | rend
Ui e ti inle irés-cia.re daas les provinces
n.onlagnei.ses. M. Biunienbach désigne ce le
raie sous li' nom de 6'(iut>is(>»ne ; mais ce
nom blés e Ls droits de l'iiisUire civil , qui
n'a i.ucune raiso.i pour croire les peuples
du Caucase plus am iens que ceux ilu mont
Atlas ou des .Alpes. îsi la physiologie i i l.i
géographie physique ne fourussenl la moin-
dre (.leuve ti'une or.giue conimune de celte
variété de l'espèce humaine; elle a pu so
former partout où exislelit les causes phy-
siques iloill elle dépend.
« La (leux.èiiie taietcesl celle qu'on avait
d'abord si mal designée sous le n<tm de Tar^
tare, quoique les Tartans ou l'aturs pro-
prenieiil , ils n'y appartirniienl point ; Jilu-
luenbiich la noouiie Monijolique, lous rap-
pellerons variété ou race vneniale de l'an-'
litn cuttiincif. Kii vuici le caractère: (jou-
leiir j lune ; cheveux noirs, roides, diols
et peu foulni^; la tète presque quadiangu-
lairc ; la l'ace large, à la .ois plane el dépri-
mée ; les traits peu marques e: comme ion-
dus eiisen ble ; l'espace enlre les sourcils
Saige et uni ; le nez pel.t et c.imus; les ji'UcS
globileuses el saii^an es en dehors ; l'ouver*
lure des paupières étroite el linè.tire ; It
nionloii pointu.
« Celte variété se compose de tous les Asia-
tie,ues à l'oricul du Gange el du i.ont Be-*
lour, excepté les Malais île 1 exlremiié de la
Péninsule au delà ilu tlan^e. En Eurojie on la
retrouve, selon liluiuenbacti, chez Ls La-
pons, I hez les t* inno s, et en Aaiérique, i liez
les bisquimaus répandus depuis le Uetroil du
Bering Jusqu'au Gr en and. .Mais nous nous
sommes convaincu qu'il faut rapporter le^
Finnois, descendauts des anciens Scylie*
(C) La Bon lave le Goiit, Voij^gtS et Observ.. p.
155 Cuiiip. '■iilxyiis, I. •■.
(7) He la tlailmiais, Vuyage ohI'H du ino'iHe, '.
Il, p. Gj. Daiupier, Snite du Voui'je imiont du mon-
de, y. lUit. \Valr>, l'hiosoph. frànsncl,. I. LX , p.
1 y, ei Ciuli>, ibiil., I. LMV, 585. VV.ukin Teiich ,
Accuuiri of the SelUemeiu u{ t'ori Jackttn, p> llJ>
1133
AL' POINT DE VUE DE LA GEOGRAPHIE RELIGIELSE.
'il 34
crEiiropo, à la première variété, dont ils for-
nipiil u\ie liès-iiiicieiiiie .«ub .ivi^ion, ayant
coiTMiip les Ci-ilis ei les Bisiiiies li'ur plnsio-
iiiiinle el k'' r id urne à pari, ainsi qu'il sera
démon iré d.iiis not c desiriplioii de l'Europe.
« L;i race orieiilale de l'andi ii conlinent,
circuiisrrle dans les horncs que nous venons
de Iracer, ofl're une rcniariiuable idt-nMc de
leiiiic, de piijsioi.O'i ie, de forme du crâne,
et niciiie, ain.^i (|ue nous le verrons dans la
sui e. de lan<{iies.
« La tari, lé Américaine se rapproche à
phl^ieurs égaids de celle <iue nous venons
de cinsidcrer. lin V(ji( i Ici piiuci|)au\ la-
r.iiléres : Couleur cui\ri."c; cheveux noirs,
di<iiis, raides el ra.es; front lourl ; les jeuv
enfoncés, le nez presque camus, cl ce|)<n-
daiil saiilint ; en général, les poniinciles
éminintes ; la face large sans éire plane ni
dé.iiinice; les Iriiils, vus de prolil, parais-
sait! irès-prononcés cl idnime profnnileiiient
sculp'és. I.a fornic clu front et du verlex. est
si.uveia ici un produ l de l'art.
« C<'tlc varié c orcupc loue l'Ain;'rique,
e\<' plé les cxtiémiiés se.ilfnlrionales, ha-
bitée- pitbs iisi|uitiian\. K le parait ren-
feinier p!u^ieur> braiulics (jui dilToreiil con-
EidéràbL'in.iit soil par ie teint qui, Itlanc
cliez les Krislinaux, arrive prc.-qi.e au noir
chez Is Kresi'iens, soii par les tr..ils il par
la forme du ciâne. tantôt apl.li el lanlât al-
longé, 'i'o.s ces peuples ont de la b. rhe (1),
iiiaii e'Ie esl faillie ; il y en a qui, à l'iosiar
de quelques calions m»ng()les el malaises,
se l'orrachenl. Le préjugé qui représente
les Américains C' inme imberbes a été pro-
p; gé p.;r le pliilo-oplie Paw ; un é'iivain
encore plus accré.iilé, i hisloricii Uuberison,
a pnlciido que tous ^es Américains oui les
ni6ii;i s tr liu d ■ vsage : lani les vérités de la
gcogrjpliie ; hjsi()ue onl été méconnues ou
dcdaigiiées l'ar ceux qui ont écrit l'ii.stoire
de II ouiuie.
« Nous allons revenir vers l'est pour con-
sideier la qu'itrumc. variété di- l'espèce liu-
inaine ; c'est celle des leires océaniques, dé-
siiinee P'ir Blumeniia h sous le nom t.op
a: bilraire de ruce Mu'oisc. lîn voici le carac-
tcie encore liès-iaceilain : Coul. ur basanée,
clii'V. u\ no.r-, mous, épais, abomianls ei ùii-
sés ; la lele légèrcuienl réirecie; le fiMui un
peu l.'O.iibé; ie nez gros, large, épate; la bou-
che grande ; la màciioir»! supérieure un peu
avancée; ie* Irails, vus de piotil, paraissent
marqués et di>lincts.
« Celte variété loroprend les insalaires de
la mer Paci iquc, les li,ib:lanis des îles .Ma-
il .unes, Piiil pijii.es, Moluques, de ;a Sonde,
e les i'iiliiièi!. s delà péninsule de Ma!..kiia,
la p njiai l di'S h.ihilants de la Nouvelle-Kol-
lanile, elceux de la Nouvel. e-Ze.iudi', peol-
ctrc n.ômo qtieiqui'S-unes des naiiuns de Ma-
dagascar. Mais qu'il est diflicile de rien stu-
(1) Cliime.diieli, Maïas'n Je Goningue, elc, etc.
(•2) yiiiios. iJ.iiis D.viynii.le, C'dUci. of Voy. to
Ihe Soalfi pacifie Oceuii, i. I, p. Kil.
(3) Uougaiiivillf, \ oyiiçie uuiunr du monde, p. 211.
(i) Les iiutiirali-ies qui om eireciiié les trois der-
niers voyages de circuiniiavigatiun entrepris pai'
tuer sur des peuples aussi imparfailei;iont
connus, et qui paraissent renferoier des tri-
bus d'origine diverse! L'immortel t^uiros,
qui le premier découvrit les îles de la So-
ciole, distingua soigneusement la dispir.lé
qui exis!e entre leurs h.-ib tanls ; il dil que
les uns res>emhlent aux blancs, les aulns
aux mulâtres, el enfin aux Nègres (2). De»
voyageurs plus modernes onl ég lemenl cain-
paré la caste dominante d.nis l'ile d'O-Ta'ili
anx Européens du UM, et le peuple aux mu-
lâtres (3) L'ixtension tiés-grande de la lan-
gue malaise, qui a d'abord fait supposer l'i-
denl lé de ces nations, pourrait ne p'ovenir
tiue d'ancienms migrai. ons el conquêtes.
Cepembinl les s;;uvages de la Nouvi'lle-Galles
du Sud, qui parlenî un idiome dilTérerii du
liia'.ais , Llïrenl les princijiaux caractiTes
phy^ques oe la variété telle que nous l'a-
Voiis dépe.nie (4).
(( L.i iiv(jiiiéme grande division du penre
iium.iin, ou lu vunélé Ncijre, que i>lum>>n-
bach appelle Ethlopii-nne, ne prescule rien
de c'ouieux. S 'S curdclèies sont : La couleur
noire ; les cli veux imlrs el crépus; la lèie
étroite , compiimec sur' les côtes; le front
trè--coiiv. xe, voûté; les os de la p'nnr.ette
saillanîs en avant ; le- y ux à llru: de lele ;
11.' luz gros, et se conio:id;inl presque ;ivec
la inaiboin; superieori-, qui esl ponce en
avant ; le bord alvéolaire étroit el allongé ;
les dcuts incisives supérieures pacees obli-
quement; les iévics, parlicul.èrerjient la su-
périeure, gonflées; le un ntoii retiré; les
jambes en général caaibfé. s.
i< Celte variété répandue dans loule l'Afri-
que ofciilenlale ei méridioiiiilc se retrouve
aussi sur \cs (Oles de iMadagascar, prohaliie-
ment sur celles de nord-ouest, de la Nou-
velle-Uo. lande, dans les grandes îie^ de Vari-
Diemen, de la Calédonie et de la Nouvelle-
Guinée ; on croit niême qu'elle occupait au-
cieniiement les îles Philippines, Uoriiéo, Java
et Suma:ra ; les Aifourous, qui habitent en-
core l'intérieur de quelques-unes ue ces îles
soi.t nègres; les indigènes des îles Andaïuan
le sont cgaleinenl. ()uaiid nous observons les
dilTerences entre un véritable nègie, à leiiit
de jayel, à chevelure laineuse, crépue, un
Caire à iciiit jaune cuivré, à cheveux lai-
neux, longs, un Dieaiénois, uii nouveau Ca-
lédonien, un P.ipou à couleur de suie, a c.'ie-
Viux frisés; nous restons inceriams si ces
trois races, sép.irées d'ailleurs par des mers
el des montagnes, soal chacune originaire de
Sun domicile actuel, ou si elles descendent
d'une so;ii h- coainiune.
« Les Hotieulois forment encore une cx-
ceptii'tn lemarqiiable; la forme de leur crâne
est ce le de la race mal .i-e; ils ont le teint
et la barbe laible de la variété mongole, r.iais
leur chc-, elure luiueuse les rapproche des
nègres.
ordre du gouvern inenl fiançais, onl reconnu qu'd
él;Ml iiiipossilile de ( oinpi'i ndre dans lï race nudalsâ
le- li:iiilianis de l.i Nonvclle-llollaiide el de la Nou-
velle-Z'jlaiido , les Taïiieiis, les MeridociiiS el 'fH
Sjndwicineiis. i- IL
llOJ
FS'AAl PL'R LES THAVAUX
« Telles sont les principales v.iriélés de
J'rspèce iKini.iinc répauilue sur loule ia sur-
face du {•lohe (1).
« Les ..iineiis s'éiaieni à lorl imaginé qne
Ja zone lorride, embrasée des feuv du so-
leil, ne perineliail pas aux hilutinls de deux
zones leiiifiérérs de i'o»)iuuui,)uer ensemb e.
Ces réjifiO>, qui rel;éf issaienl l'univers,
onldispiru devaiil les luniières que les Co-
lumi», les Giini.i. les Cook no.isont pioc.u-
réis. Les navi^aieurs ont lrou»é di's ii.ibi-
tanls dans 1rs climats li'S pU s hi ûlauis ci
dans le voisinage di'S pôles, .-ur les rôt s les
tU' ius aliordabl'S, ei dans ces iles qu'un iiu-
nionse Ové ii siinblail séparer du resie u
inoude. Les îles de ïpilzberg ei de la Nou-
vcile-Zenilde, au nord, la terre Sandwirh,
les îles de t'alkland ei de Kerguelen, au sud,
sont les seuls pays d"uue eleiidue remarqua-
ble qui se suieul tiuuves obsuk:mcul saus
hdtiiiaiits.
(( Lj teirc entière est dune la patrie de
l'huinine. Il supporte tous les cliinals, et s. s
habitalioiis sélendeul ju-iju'auv doiniers
coulius de la naiure aniiuée. Les Es(|Uiiiia(i\
de liroënland habitent jusque sous le 8:J'
parallèle. A l'auire extiéniiie, la steril Te.-
le-de-Feu nourrit le^ pauvres l'eiheiai-. i-C
nouveau riioude, q.iou|ue en général moins
peuple, est donc lubiié d'un bout à l'autre.
Dans l'ancien con iuL'nl, les li,;biialiuns de
l'iiouimo iormenl un ensemble qui u e^l in-
terrouipu que p.ir queaiues landss siIiIju-
titu>es; et au niiUe.i même de les Ocsels,
t'Iiomme a peuplé les Oas.s , ces îies de
Verdure éparsrs dans un ocoau de sable.
« Le ctirjis liumuiu supporte, sur les bords
du Sénégal, un degré ue chaleur qui l'ait
bouillir resprit-de->in ; dans le nord-(Sl de
l'Asie, il rc> ste à un Iro d qui rend le nier-
cuie SI lide cl malléable. Les ' xpériences de
Ford}Ce, de lioerhaave et de Till l prouvent
que l'houiiue « st (lus ciipable que la plupart
des ani.iiaux de supporter un très-grand
degré de chaleur. Ou peut croire que notre
DES ANTlIHOrOLOr.L'ES , i(:g
corps rési lerait éga cment à un froid exirê-
inc, pourvu qu'il eût les mouveuienis li ires.
G luime d'à Heurs li- froid ne doit guère ang-
meuler au delà du 16' ou du 80 di g-é, il est
probable que l'homme ferai' voi!e sciUs les
pôles au-si bien qne sous i'équateur, s'il n'y
tt.it pasariélè par les g aces.
« La taulleqa'a riiouiuie de s'acclimaler
partout et en peu de li-nips paraît venir de la
/.lèuie c.iu-e qui leud sa «anlé moiu- fernti
ei moins dur. blo <iue celle d s animaux.
Les aniuiaux doivent à la plus granâe atfi-
ni é ues moiecuies de ieurs corps avec U
matière bruie, ces ins:iui'ts (|ui nous n)a'i-
<iuent. Nos seus au cuatraire ne sont si irri-
tables, niili'e corps n'est si susceptible d'im-
prcsjion , la l'ounue de nos passidn-i n'e^t si
impétueuse, que parce (|ue toute notre orga-
ui alion est plus li ne, plus uc icale, plus spiri-
tuelle pour ainsi due. L'in<labil:té de noire
sanlé et l'iucei liiude du terme de noire
vij dépi nd<M!t esseniiellencut de celle nio-
b:l ié de nus organes. Mais grâce à cette
même mobilité, nus organes se plie'nt avec
lac:l<lèct |jruuipli!ude :ni\. \uioniés de notre
âme. Une ferme re olution de ne point se
loisser vaincre par une maladie esl, de l'a-
veu de tous le» uieilei'ins, un des reiuèdi'S les
plus ehicaces, tandis ({u'uiic imagination
cr.iniive aggrave la moindre indi.'ipusitiun.
{^'e5laill^i que noire corps, pour s'endurcir
et se loidir contre l'iniluence d'un climat
nouveau, n'aitend que les ordres de l'inlel-
ligence a laquelle il sert d'organe ; sous cha-
que cliuiat, les nerfs, Ijs muscles, les vais~
seaux, en se lemianl ou se relâchant, en se
d.laia il ou se resserrant, prennent bteiit.t
l'état habituel qt.i convient au degré de cha-
leur ou de froid qne le corps éprouve.
i< On d.t assez communouienl que le nom-
bre iotal des hommes vivants sar l,i terre
peu) s élever à un m Iliard ou 1000 millions.
M.iis tous Icj calculs qu'on a f.iils à ce su-
jet so:it et dui\ent être déj.ourvus d'evacli-
liide. D'après toutes les pioUabililés, la pu-
(1) N"US avons conservé dins son inlégriié la
cla-.>.illc:ilii II >lu ^eiire Ijiun.in iloiaice pur iialle
liriiii, O'ap éi lUiiiiic <l)a..li , ipiOiipi il inuis eût élo
fatale lie la iiiud lier l(>,l^!de^'dl).elllelll en la iiiel^aiil
eu iau,'ii.i :ivee lei dill'éicihei classiliualliiiis iiui nul
élé |ii'<ip:isé '.-. depuis Linne. Le i:aiiu'.iii;<ie suédu.s
aiimci, co ■■iiae Hi.llou, luio sc'iile e»|iec ■ linhiaiiie ,
d'usée e.i vuiéles. Celles ipi'il ;idii,.l« soiil les c.iii|
SU va.ilis : VAiiiciicfiiiib brune. [''Kuiu- éeiiiti: idanchi:,
r.4»iu£/i;Me jdii/ie, l'.l|M(.ui/i iioiii; ri la Mo iSlrueuse.
M. l'iuneiil reeoi.ii.ii. eiii') varieié< • l.i Cuuc.i i'jne ,
ou Arabe-Eiiiuitéeiin; \'ti.jeib>iéeitiu', li Moiujolf,
la Muuii e, l.i i^i ijre ei 1 Aneiicuiiii-. C laiviei ne
voil ipie Unis races eniiiiintes ni. une e- : la Hiatulic
uu Caucuiiqiie , la Jaune un Muiiji.ii.iue, el la .\cijie
uu Lliuofiqae. Il avmio que la e.. Aiauiis ni les l'a -
|i(>ii- ne se lai-seiil a beincHi r.ippiTler à l'iiiio Ue > es
iH.iS giaii les races; ni.us il ne urnivepas ilo carac-
lèie.-. .Nidii.anis pour U,sti(.i;ner les iireniiera des lliii-
(ji'iis caucasi>pies el des Cliiii<>is iiiniii^uiKpies, el se
ileiiiJiide .^1 ie> Paiioiis ne >eraie il p is d s nègres
aiiKieiiUiîiiienl égares sur l.i mer des |..des. Lco liu-
biai.ls du iiiiAl iJtts den.v euiuiiienls, dil-il , les Sa-
inoiédes, e» Lapons, les Lsipinii.iux. viennenl, se-
lon i|iivlïiut;a-uiis, ue lit race utu.igole ; seiuii u'auires,
ils ne sont que des rejelons dégénérés du rameau
Scythe el l..iai' du la laee Cau< asii| e. Les Améri-
cains eu\-nieaie^ , :ijimiel-il. n'diit |iii encDie e.ie
ramenés claiieaiiii m a I u:,e ni àTaulie de nos ra-
ces de raiii'ieii euniinein, tl ci peu aiil ils n'uni | as
iiiin pins d<: c.^raclere à la luis piécis et eiin>lan( qui
piiiose en liire inie raCe p:ir.iciilieri; (/(è./He a iinul ,
innie l""', IS-;). Al. \iiey adnei ne iX espèces, i|U'il
disUii^ue par ri.uvcrl.ne de i'.inj; e lae.al , ei ip.'il
d.vise ea su raies, t'ii s;al ipie cel an^le, appi-lé
iiiHjle de i.uivp^r , esi lai nié par deux Ignés parlant
Ues denl-. inei»iv.:s sii|ierioiires, ei il r:ijee^ l'un.- à la
racine du ..ez, cl l'a.ilie an iruu aud ul. I.a i reniiée
e^liéùe a l'a.igl : lacial laiveil de o'-i a DU .icgres ; elle
CDiiiprend la race lilauciii', la race lia- neo ei la
r.ice cn.vieiise ; la seconde espèce a l'an^l.^
d.; 7o a Si uegrés; elle renleriiie la race bri
cée, la r.iie i^.nre el la race N nrà re. M. G.rnul
sii.l une divi.^iua .inalogue à celle de .M. Lessua. Ce-
lin-ci leco.in'jil irois laces : la liiaiicii.', la Jaune et
la iNu.re, qui se diviseni cliacmie en iHineaux el en
vaililéi, r.li.i 1 Al. A. Uesinoiili.is el M. lioiy de Sailll-
\iiieeiil divisent le yeuie iiuiiinie : le premier en itj
espèces, el le secuiid en i5 espèces J. U>
. nei: ei la
11,1.^ facial
brune-iuu-
\i i: ■. ...I I
1IÔ7
AU POINT DE VUE DE LA GEOGHAPIIIE HEUCIEUSE.
II 38
pultliiin du globo onlicr doil s'élever à otni-
Tv>n 7i0 inililoiis : ce sérail p(Ul-é(ri> l'exa-
gérer IxMucoup que de ^é^alIler A 800 rnil-
iii)i!S. Ûjiiis celle cvalu.'ilion l'Furopi' rsl
■cotni risc pour':22S inillioDS. l'Asie pour 390,
J'Afrique pour ('0, l'Aniériiiue pour 4-i, cl
I'0eé;inie pour 20 inillions (1).»
M. Lrvrault, en visilanlen 18%, 37, 38 el
39, I Amérique méridionale, a fail quelqut-s,
reir.arrjuos sur les Itidi;i.s fies provinces de
Canélns el du Napo, dans l'ival de l'E(|ua-
tcur. Voiri ce qu'il dil desSaparos el auircs
trihus indienne-'.
« Les indiens' fixés à Suni-Curi sont des
Saparns. Celle nalion, la plus noiniireiise
(de loiiles Cflks qui habilint ces paiagcs, e.'-l
divisée en penpiades sou\enl err nies, qui
s'étendent depuis le Yaquino jusqu'au llen\e
des Amazone-. Les unes sonl fixées sur les
boriis du Curaray el du Napo; les aulies
chançreiil de pays s'uivant leurs besoins ou
leur caprice. Des combats sonl souvent le
résultat de ces étnigr.it.oiis, qui ont géncra-
len;e(il pour but de s'emparer des feiiimes el
des terrai s de cinsse. Les vaincus sont
jmpiloyab'emeiil inassaciés ; les l'cmines et
les er.fanls p.issenl au pouvoir des vain-
queurs, qui en font leurs esclaves, ou les
Vfiidenl aux étrangers.
« Leur lailleesl au-dessous de li moyen-
ne, leur couleur d'un j'aune pâle, leurs jam-
be,, sotft forte- el nius< uleuses. Leur figure
est couverte de peintures rouges et noires ;
leurs clieveux sont lon;;s et en désordre.
Qiielqne--uns, surti.ut les fenunes, se laseiit
les M)urcils; leur langue est entièi-enienl
distincte de celles des Jivaros cl des In-
CifM.
Pi'ay.'nt d'autres relations avec les blanes
que celles d'un comnierrc d'échange avec le
petil nombre ds manhan.ls qui vitnneul à
Cané'os, ils sont dans un étal de barbarla
qui rend leur induslrie naturelle d'autanl
plu- remarquable.
« l.e vêlement des bcmmes est une espèce
de cli.i^uble qu'ils ni.mment ycnicliumo, <',l
qu'ils fonl a\ ec Iccorce d'un arhre nommé
ynra. Cciui de- fe; mes esl une band ■ de la
u)ème ecorce, altacliée à la teinture, et qni
couvieà pe:iie les parties sexuelles. Is ti-
rent au-si de l'éiorce d'un arlmsle, chambi-
rn, une ficelle d ni ils foil des hamacs, des
lilels, etc. Leurs armes sont des ias.ccs el
des javelots de chonla ; ils ne se servent pas
de Lo.K l;ers.
« Les Sapari s sont généralenienl pares-
seux, et passent la moitié de leur vie éten-
dus dans leurs hamacs : aussi ne vunt-i!s à
la rlias-e ou à la pccbe que lorsque la lé-
ces-ilé les y force. Leur leni|/ératncnl se
plie égalemeni à une dure abstinence el ■iux
excès d'une gloutonnerie incroyable. Dans
leurs excursions, ils ne ^e chargent j mais
de vivres : quelques feuilles de guayusa,
(I) Ces estimniions ne s'éloignent pas lie:iueonp de
eeilfts qu'a (iréseiilëes M. A. lial.-.i dans sa Buluiice
polidiiue du globe, en 18-28. Malle lirini , en 1810 ,
duiKiuit à l't.urupe i7U millions d'iiabiianls; à l'A-
planie qui par son goût el ses propriétés of-
fre beaucoup d'analogie avec le Ihé et le lil-
leiil, peuvent letir suffire pendant f)lusieurs
joins. Du reste, ils dévorent indistinciem nt
loue espèce d'insectes ou de rc[ililes; les
vers, les fourmis, h s crapauds, tout leur est
Ion. Mais lorsqu'ils reiiconireni une troupe
de sai'gliers, ils se précipitent dans le plus
épais de la foret, le corps nu, la lance ou la
srbacaneàla main; el lor.-qne l'espèce de
délire ([u'ils éprouienl dans la cha se s'a-
inor'il parla fatigue on par l'impatience de
se rejtailre de leur vian-le favorite, ils re-
viennent à i'endnit où iN 0Tillai<-:é leirrs fem-
mes et leurs cnfanls qi:i ont déjà aliimé un
granil feu sur leciuel est placée une marmite
r-mplie d'eau ; en un inslanl le sanglier eU
dépecé : une partie va dans la marmiie, l'au-
• ce esl placée sur les cli rbo"S. Ils n'atten-
dent p is la moiiié dn temps nécessaiie pour
la cuis'on, el déjà ils dévorent leur proie.
La marmite qu'ils ont retirée du feu esl im-
médiatemenl remplacée par uneaulr^', el ils
ne s'arréient (jue lorsqu'ils ont tout en-
glou i Si la chasse a été abondante, ils
s'arréienl deux ou trois jours, cl i;e se lè-
vent pour conlii uer leur rorle qu'après
avoir achevé le gibier qu'ils ont tué.
ChaqiÉC peupL.de a sou chef mi itaire, qui
esl loi.joirs le plus brave, souvent le plu»
fnrl et le plus grand. Son ponvdic est despo-
tique, mais il en abuse r.irem. nt ; car les In-
diens oni un principe inné de justice el de
modération <|ui leur f.iil respecter égale-
ment le plus firl coimiie le plus fail)le.
« Les Sa:'aros ne p^ raissent avoir aucune
idée de rel'gion; ils croient lonl au plus à
un génie mi f i-anl et à la métempsvcose ;
ils n'adoraient i as le soleil coma.e les Incas,
et f lisaient partie de ces hordes de baibares
qui aidèrei.t ies Espagnds à conquérir le
royau oe de O'iiio.
« Les Sarayaeos sonl de ta'llo moyenne,
ont les mcnibres robustes el proportiomés,
t-l se l'ont lemarquer par leur force el leur
bravoure. Ue Irequenies aliiane.s avec les
Jivaros ont couiriiiué sans doute à I ur
donner un caractère de phy i'inomie qui leur
est propie : pluNienrs d'enti-e rur, ont des
traii'i grecs parla temenl caractérisés, cl
presque Ions les j une-; gens soat d'un corps
élégant cl d'une jolie figure.
« Avant plus de relations avec les blancs
que les Sa|.aros, parlant la langue quitclioa,
ils regardent ceux-ci comme des barbares.
l's piiiieiii des caleçons de toile qu'ils teignent
de diverses louleurs, el de peiiies blouses
collantes qui descendent jusqu'à la ceinture.
Ils se ci'Uvient de peintures rouge.- et noires,
aitachenl leurs che\eux i rès de lit lôlc, et
se perceiil les oreilles pour y passer de peiiis
morceaux de roseaux. Les f. mmes sonl vê-
tues ci peu près comme les Indiennes de
Quito; seulement léioiïe esl la même que
sie, 320 à 5 il) ; à l'Afrique, 70 ; à l'Ariiériqne, -50, ot
il l\toe.<iiie, -J.0; ce qui lormait un total de 120 à
6i0 millions. i. IL
1139 ESSAI SLR LES TRAVAUX
celle de leurs maris. Dnns leurs voyages ou
leurs, (rnvuus journaliers, e.ies purtenl la
blouse coilanle.
« Les productions do Sarn-Yucu sont les
mêmes que cfles de Ciinél'is, niiiis peul-
élrc y S!Rl-elles lie qiial'.lé supciiture; la
pécîie ei la thassu y sont aussi plus a bou-
dantes.
« Son (limât, quoique chaud et humide,
est «ain. I.a v'ge ation y est visoureisse,
DiciU Siii triiioirc l'Sl infeste de bclos lero-
ces, l'.c repii'rs et >te ii^o .-itiqucs.
« Lii> ^ariijaios sont d :iii car.iclère doux
et aHahie, uioius paresseux et pius diinciies
pour leurs alimenls que les Sap ros. lis vont
souvent â la ihas^e ei à la iièche, el soat
toujours ahoiidauimenl pourvus de viande
et de poi»sun.
« II- soûl natutellenient porlé< à so (^iver-
tir, et se ri unissent uoi- ou quatre foi? par
Si mairie chez l'un liViix où ils d.insent et
boivent. S or-siu'ur. luilien a l'at <irii|]|e pro-
visi'Mi de i'hi< h i et (se vémilo (l)oisson que
l'on esirait de l'isinarne ruiic à 1 1 vapeur, el
moisit-), i' VI iuviiiT >0j airis ; our le jour
s<:ivanl. Ccii\-c^ se remleiil eli z lui au point
du j 'Ui- ave la li.iclie ou le cou!elas, ei ira-
yaiil(nl a ses pl;.niatio;s jusque vers le> d:x
lieures; pu. s ils rentieat, se parent de leurs
orncirient's de pi; mes d'oiseaux, de Iru.s
colliers d'- de!)ls île tiiire, pyssen dans Icuvs
oreilles de pelils liouts de roseaux, 1 1 se
rendent à la léie, :a ligure, I s bras ei ics
jauiires couver is de peintures rouges el noi-
res, uni' couronne di têtes o'oiseaux ou un
bonnet de piunus de perroquet sur la tcte.
« Les liKlicRS v.vent en're eux dans la
plus pc>rfai;e intelligence. Les ménages sosit
un modè'e d'amour filial et de fidélité conju-
gale, et jamais la inoinilre querelle no vient
altérer leur bonne harmonie,
« Les femmes, quoique destinées aux Ira-
Taux les plus rudes, ne rnuraiurenl jamais,
et rempis-cnl leurs devoirs s ms clierelier â
s'en faire un méiitc aux >eux de leurs maris.
L"é;;cqi!e de leur grossesse el de leur accou-
chtu:enl est leile ou elles monlrenl le plus
de eouragi' et de soumission,
« liés que la f mme ressent les premières
douleurs de l'enfanlemei,!, elle se relire dans
la forêt à trois ou quatre lieues de la iiia.son
couiugale, «tans une cabane de feu:lles déjà
préparée. Cet exil esi le fruit de la supers-
tition dis Indiens qui sont persuatlés que le
gén;e du mal s'atlacherail à leur u)ai.-.un si
les l'emn/cs y faisaient leurs cuclies. Lors-
que le lerme est arrivé, celle-ci esi assistée
par une de ses amies.
« Pendant ce temps, le mari reste chez
loi, bovailde la chieha, et recevant les com-
plio'ents de ses amis. Le liuiiième jour de
ses couches, ce; te femme est déjà rentrée
chez sou mari, et tr ivailie dans ses planta-
ii'is, son enfant srir le d<is, enveloppé dans
un manteau de ttile qu elle altaclrt par-de-
vanl,
I Avant leur mariage, qui ne consiste le
plus souvent <>u"à se lier tonte la vie par une
proniesse solennelle, les Indiens vivent quei-
OES ANTtiROrOl OCL'ES , 1149
qucfuis plusieurs années avec leur Hanoéc,
pour essayer si leurs <'aracii'rcs se convi n-
nent, et s'ils ponriont remplir leurs entra-
gtr)>ents récipr< ques. ^'il y a aiilipaihie, ils
se --épirent; si au contraire ils -e Ironvenl
d'iiccord, la iIcmHude en nrari.^gc e-t adres-
sée aux parents de la fcMm: e. D?s qu'eîe lui
est accorde", le ivaii se trnovedins l'obii-
gaiioii de nounir ceux-ci, et de les aider
dans leurs travaux.
« Me morne que les Saparos, les Indiens
cane os croient à la métrmpsy os'-. C est sur-
tout sois la l'orme du tigri- qu'ils pensen'
ren.âire; au>si ne l'aliaqnenl-ils jamais sai.s
de justes motifs do vengeance,
« Il y a euviion de'X ans, la mort d'un
Cané'ns de Sara-Y.icu nomn.é IJuaMiga,
qui fat dévoré p .r un I gr,-, devint la caue
d'une guerre saiigl mte entre ceux-ci et les
Jii ai os. Toute la famile durtéî'unt s'était mise
en campagne et avi.it \eni;é son parent par
lamoildu tijre ; r^ais h eiilôl elle se figura
que C'> tigre e;ait un gurrrier jiv;iros; la
guerre fui 'iéclarée, el ne cessa qu'après
plusieurs moits de part et d'autre.
« lîicn que les Imliens soient f imiliari-és
avec les dai'gers lie lonie espèce nu offre
une vie passée diius les forêis, ils oui rare-
meni le courage d'attaquer- leurs a'iMTsaires
en f.-'ce. Les chefs s- ul- se mestirei^l i(iiel-
quefi'is corps à corps, et la mort de l'urt
d'eux décide souieut de l'actio;i. Leur l;ic-
tique consiste alors à surpreudr.- leurs ad-
versaires au moyen d'une nuirche forcée
faite jieiidant la nuit. Ils s'éclairent avec des
torches de lopal ou avec des vers luisants;
iis s'atrêtenl à que'que distance du village
ennemi. Leurs espions, qui sont géiiéialc-
ment des jeunes gens renemmés pir leur
agilité, sont envoyés à l'avance, el viennent
rendre compte de li'ur- mission. S'ils sont
découverts, ils se retirent sans rien entre-
prendre; mais si, au contraire, l'ennemi
n'est pas sur- ses gardes, ils l'aitaquent un
peu aiant l'aurore. (Quelquefois ils incen-
dient les maisons el en gardent les issues,
et loisque les habiianls en sortent pour
écliappi'r aux flamm;'s, ils les foui expirer
sous leurs coups. Ces gue'res se renouvel-
lent fréquemment, car les vaincus élèvi-ni
leurs enfanls dans des senlimenls de haine
cl de V' ugeauce.
« Les Jivaros sont généralement d'une
tai'le plus élevée que les Canélos. ils sont
aussi plus fcrls, plus bia>es, et mènent irne
vie plus agiléi'. Ce sont les seuls Indiens ihez
le- quels ta polygamie soit en usage. Leur
idiome est distinct de ceux des Canélos el des
Saparos. el leur parler est toujours accentué
aiec lant de force, qu'une simple conversa-
tion ressemble à une vive que-clle. Leur
desunion seule, qui provient de leur amour
excessif des femmes et de leur jalousie, bs
empêcj.e ile dominer toutes les au're-i tribus.
Lei.r bravoure, leur force, leur baliilelé ;'i li
cha se el b-nr im.ustric leur dcimi ni eue
sor e de supériorité sur leurs voisins; cur
ceux-ci s énorgueiliissei.l de Ictir uiiiou avec
I
ii;i
AU POINT DE VUE DE LA GICOGRAPIUE RELIGIEUSE
mî
eux, ni ont niielqncfois à leur lête un gucr-
riiT (!(' rixe jiv^iros.
« f 1- «oîiuiue favori dos .livaros çst un
vpli'nipni ai p'c, cl qui ilescen.l j(i<iqir;in\
pi'ils. l'iK' tnnoriiire scrl ii p-isser 'a lote, ot
im ■ nu rc prat'iiuéc <!f ••luniuc cùlé permi't
de soilir 1rs br.is. (\\ vflrn^ciit so nomme
c:*sl'.ma, ol so fail ;nrc l'ocnrce de l'arbre
yiir-, Vs poil' 11' cgalemrnt lîf* la loili' Icin'c
on noir on ou viol-t. Da-is louvs fêles, ils
ccisr':rnl Icnr icle d'une large Ci'iiiiure de la
nionic (Moffe que la cùshma, el peinle comme
< lie en jaune ri rou;jf.
« (■■|i outre dfs oruemmls ''ont j'ai parlé
pins luiiii !e Jivaro- purl- n' de grands rol-
iier< ''•' graine-j noires qui vionnrnl se rrni-or
sur leur p' llruio. Dans les peintures liniil
ils roiivrenl l'urs visnar^s, une lar;;e raie
nu re qui rouvre le nnnlon el s'cliud jus-
qn':!r>x oreiilcï e^l parmi eu\ une maïquc
d'eiéï.inre.
«Lus croyances reli'^ieusps sont les
inèmis que crlles. des !^ai)aros. et ils onl leurs
sorcirrs «ui pro| liclc s qu'ils ronsiilieui avant
d'enireirrendie une expediion. C'e<l une
liane, <|u'ils nonimenl jairi-iinscn, nui déve-
Iop(ie chez l'un deux le'; dons pi'npliéliques
qu- lui "-oui allril'ués. Ils la fonl boui lir, el
pretineiil un vase de relie hoissou, dont les
effets sont de produire une forte ivresse;
c'Cîl alors que l'inspiré < haute la loaange
des siens, «i iraiie leurs ennemis ir femmes.
Un assoupisseir.enl succède à ses triKSports,
el un songe l'msiru l ilc ce qu'il doil faire.
A sou ié»eil, il r. ironie ce qu'il a vu dans
son sommeil, ce qui décide de leurs projets
ulléricurs.
« CeA avec les Cnnélos qu'ils sont le plus
souvent on guerre, el ils la iicclarenl géné-
ralemenl par un message qui coiilicnl tou-
jours la ni.'nace d'enlever des femmes à leurs
ennemis, el de hoire leur ■ hicha. Les autres
ré()ondcnt qu'ils nonl qu'à se présenter, que
de leur côé ils désirent mêler leur «ang avec
leur cliicha. Leurs arnus sont la lance el le
bouclier. »
Le F. Jo-eph Salo, de la compagnie de Jé-
sus, rliarué en 18V3 cl 18ii d'une miss.ion
dans les forcis el les solitudes de la province
de lllo-<îrande du Sud, au Brésil, paile ainsi
de> indigènes (|(ii les liahitenl :
« Les forcis qui entourent de toule part
le lerriloire connu sous le num de (Champs
de Vacaria, sont habitées par des Imlicns
plus ou leoins sauvages, l'arnii eux on dis-
tingue deux nalionsii'iin carat 1ère Irés-cruel :
l'une se compose des Botocudus, ainsi appe-
lés à cause d'nn trou qu'ils se lunneul sous
la lèvre infen 'ure, par lequel ils sJllenl
d'une manière horrible, soit en atlai|ii<inl
leurs ennemis, soit pour se demandi-r mu-
tueilement du secours dans les renconires
dilliciles ; l'aulre porte lonomde CoronaiJos,
parce qu'ils o.il sur la tête une courome ou
tonsure seinidaide à celle de uns prélres.
Ces deux Irihijs irréconciliables se l'ini une
gtierre a'roce ; leurs armes sonl des flLcLes
el de petites lances ; chez les Bolicudos, les
Arcs cl les flèches .sunl d'une diuicusiun bien
plus granile que chez les Coronados : le?
uns et les aulres ont. du reste, crand soin
de les orner avec toute la rccherihe pos-
sible.
« (!es Indiens ne font usage d'anrun v6-
lemenl ; ils sont très-forts et sortent rare-
ment de leurs forèis. I!s n'a«sa lient les
passants que quand ils sont sûrs de |pur
con;», ce qu' les oblige à resîcr quelquefois
pluMeiirs jours en observiiion punr ini us
ail' indre leur but : les malbeoreiix qui tom-
bent entre leurs mains sont louiours imni-
loyableîn'Ul massacrés; mais leurs cITels
sont laissés inlaels, à miins qu'ils no con-
tiennent du fer. Ce métal étant l'iiniq e ob-
jet de leur convoitise, ils l'en'èvenl avec
empressement : routea'i, flou, serrure, tout
est bon pour eux ; ils l'arran'ieni et s'en
servent pour leurs f!è"hps e". leurs 1 mces.
Le reste, el même fargeul, est ; bandon-ié,
excepté peui-clre quelques pièces d • mon-
naie pour orner le eou .les Indiennes. »
La prov^me de Bahia. au Bé-il. est en
par. le cuiivcile «le sombres forèis sécql 'ires,
fréqu nées par des .«auvases indig'Mies. Le
P. Lou s lie I^ivonrne, de l'o'd.-e des Capu-
cins, parrou't d puis plus d" \in2l ans res
iinnieu>-es soliludes piuir en év;-,ngé!is'r le*
habilanls. Il a recueilli sur celle r ce d'ho-n-
nies les notions sinvanles. transtnises pnr
le P. Samuel de Loili, capucin, au P. .\ndié
d'.\rezzi) , du même ordre : « Ces Indij-es oc-
cupeni, entre les fleuves Ilio-Pardo et Tavpo,
un tcrr.loiie d'environ trois cents milles de
long sur deux cenls milles de large, tout
couvert rie foréls e 'core vierges, tout hérissa
de montagnes, nu coupé p sr des vallées nia-
réeageusas. Ils fiumcntuuatre tribus distinc-
tes, lounues sous les noms de Camaeans, de
Boiocudos, de Palaxos et de .Monguios. ^a»%
doute, ces enfants dégénérés appartiennent
cmme nous à la gramle fami le humaine:
mais on a souvent de la peine à reconnaître
des hommes dans ces créaiures rebelles ou
élraiigères aux grâces de l'Evangile.
« La chasse, la pèche, des Irniis sauvages
et quelques racines alimentaires qu'ils trou-
vent dans les bois, fournissent aux premiers
besoins de leur exi-lence. Ils mangent à
toute heure, et prennent plus ou moins de
nourriture selon (iu'ilsont pu s'en procurer,
sans melire rien eu réserve pour le lende-
main. Presque toujours vasabonds, le plus
qu'ils s'cirrélenl dans un mcuie lieu est l'es-
pace de quelques jou.s ; une cubaiie dres>ée
à la hàie pour se déf nJre de la pluie est le
seul élalilissemenl qu'ils elùent dans la val-
lée qui a su fixer un ieslanl leur vie errante.
Le caractère iraditionnel de laltibuse per-
pétue et se Iransujel, inv,iri;ib!e e' unifoime,
de^ vieillards a.ix enfanis ; le Gis imiieson
père, la filie se modèle .-ur celle qui lui <■»
donné naissain e, el c'est ià toule l'éducation
de la jeunesse.
« Dans leurs ma.'iaires, ils ne respccîent
ni l'u; iie ni rindissulubiliié de ci Ile union.
S'il suffi' d'un consenieii enl uiuluel cl de
l'aveu lies parents pour foroier le contrai, il
sufUt aussi de la voiuuié capricieuse des
Ii45
ESSAI SUR LES TRAVAUX DES ANTHROPOLOGUES ,
ipoux pour le dissoudre: le caractère diffî-
cilo d'une femme, sa slérililé, ou quelque
infiruiilé lialiilnelle. sonl auianl de inolifs
qui iuiloriseul le div..rre. lis n'en ohI pas
moins eu honcur l'adultère, et toute femme
convaincue d'un Ici crime Psl sévèrement
cliât'ée ; quelquefois on rattache à un arbre,
et sou mari vient lui-même venger sou in-
jure, en I immolant <à coups de flèches.
« Quanil une femme est sur le point de
donner le jour à son enfant, el'e se retire
au lio-d d'un inrreut solliaire, afin de pou-
voir l'y baig:ner aussitôt iu' I sera né. Plus
tard, ce souvenir rattachera par i;n lien re-
ligieux le jeune Judien à son premier her-
ceau ; ce lorrenl sera p lur lui une eau sa-
crée, l'olijfl du culte le pus iiffecliieux ;
rarement il s'éloijinera île ses rives, et s'il
s'en écarte jamais, ce sera pour y revenir
a\ec nu nouvel amour; il croit iiême re-
tremper sa \ igueur affaiblie chaque fois qu'il
boit a celle source, où dès sou enfance il
s'est dés iltéré.
« Comme tr.us les sauva£;es, eux rie la
province de l'ahia sont excessivemeni jaloux
de leur indépendance; il n'y a parmi eux ni
supérieurs, ni lois, ni adminislratiou qui
règle, en la reslrcignanl, 1 1 lilierlé des indi-
vidus. Chai un est maître de lui-même et de
ses actions. L i seule auloriié i|u';ls recon-
naissent est celle de l'âge; encore leur sou-
mission au vieillard qu'ils ont élu esi-elle
«ne pure déférence qui exclut toute con-
trainte. En temps do guerre ils se choisissent
lin chef, doni le p()U\oir expire aussitôt la
caR".|iaj;iie terminée.
« l'entre eux, ces guerres sont rares, et
■n'ont j:imais pour origine l'esprit de con-
quête, ni l'avidiiédu butin ; fiuelquefois c'est
une injure persour.elle qui la provoque,
d'auires l'ois une alleiiito au druil do pro-
priété. Qu>; des étrangers, par exemple, vieu-
neni chasser sur le terriioire d'une aitre
trihu, la peu| lade offensé.' déclare ;i!ors la
gueire, mui par des ambassiid.'iirs ou par
de brujaiits défis, mais île la manière sui-
vanie : I/l,iilieu (|ui croit uso'v à se plain-
dre, place une flèche en l!a^ers sur le -en-
tier i|ue doit pareoiirir l'étranger. Celui-ci,
arrivé leà, ri couiiaîl à ce signal (|iie sa faute
est déciMiverte, et il se hâie de lonsulliTsa
Ir h:i, pour sa^o rs'il doii donner salisl'aclion
ou a cepler la uneire.Si les avis sonl pour
la piiix, il iléj o e une auire llèclie parallè.c-
inenl à celie qu'il ,i reueonirée sur son |)as-
Siige ; si au coiilr;iire les Indiins acceptent
le co'.ubil, leur flèche sera placée eu face
de la premièie, et les deux puinles luurnées
l'une contre l'autre.
« A son tour, le sauvage offensé revient
ob^erve^ la direi tion des flèches pour savoir
la réponse de l'ennemi. Si c'e;-t la paix, il se
garde de loule repiésaille; si au co;ilraire la
guerre est déclarée, ses compatriotes s'y
disposent sans délai , ou si leur nou.bre est
insufiisanl pour assurer la victoire, ils vont
en diligence chercher du renfort chez leurs
alliés. Les femmes srivcnl leurs maris au
combat, snlt pour porter les flèches, soit
illi
pour recueillir les traits que lancent 1rs deux
années ; il e;i est même qui, dans le moment
du péril surtout , se mêlent aux guerriers,
et manient l'arc au-si bien que les hoiumes.
A l'evception des femmes âgées ou de celles
qui allaitent de petits enfints, toutes se ren-
dent sur le champ de bataille.
« Vous savez ((uc tous 'es guerriers sau-
vages clierclienl, en se défigurant plus ou
moins, à se donner un air terrible. Les Bo-
Imudos sonl peut-être ceux qui y ont le
m eux réussi. Ils ont coulume de porter dès
l'enfiiice un morceau de fer introduit dans
la ièire inférieure el aux lob; s des oreijies;
ils y allai hent un anneau <le bois priul . de
quaire à cinq pouces de dianiètre , ilont le
poids al onge néc'ssairemeni ces pariies ; la
Ir vre surtout se replie el pend sur le menton.
I s coupent leurs cheveux bien près par le
bas. el les laissent croître dans la partie su-
périeure de l.i tèie ; puis à force degomiuo
ils lis fixent dans une ilirection horizontale.
Cette forme hérissée de leur ebeveliire , jointe
à sa coupe circulaire , lui donne assez l'as-
pect d'un cliapenu. Les paupières ei les
sourcils ont aussi leur préparation parti u-
lière ; ils les teignent , ainsi qu • le res'e du
visage , avec le suc d'un fruit n imuie aca-
froa, qui donne un jus couleur de san;-. De
là cet "spect horrible de leur physionutni.; ,
qui ne laisse pas d'imprimer une certaine
frayeur à leurs ennemis.
« Ils mangent parfois de la chair humaine,
non par un excès de fémciié , mais, ce oui
paraiira incroyable , par un seniimeni exa-
géré de tendiesse. Il y a peu de temps qu'une
mère mangea son enfant que la mort ci nait
de lui ravir , soit qu'elle voulût s incorporer
la substance de ce fi s nieu-aimé, soit qu'elle
ne pût se résoudre a le confier à la terre
pour y devenir la pâture des vers. D'auir.'S,
et ce sont les gu.rrieis , dévorent leur,-, en-
nemis ; ils pensent proléger ainsi leur vie
co Ire la vengeance du mnrl, el même so
nnilrc invuluérables aux flèches de toute la
tribu.
« Celle manière étrange de Irai'er les
morts ti> nt sans doute à l'iJée qu'ils se sont
faite de lélat des âmes dans une autre vie.
Voici un fait ascz cu(i: u\ qui vou-. eu dira
sur ce sujet plus qu'un long commeut.iire ;
je ie rapporte tel que le P. Louis me la ra-
con é.
« Il y a environ deux ans qu'il entendit, à
la perte de sa cabane, une grande rumeur de
voi\ confuses, comme un cri d'alarme poussé
en tumulte par des gens surpiis par un as-
saut. C'était sur les Oix heures du soir ; le
ciel étiiit serein; el les étoiles scinlill.iienl sur
un (iel sans nuage-; la lune seule refusait
sa clarté. Attiré par ce bruit inattendu, le
Père quitte sa demeure, et trouve une foule
lie Camiirans plongés dans la stupeur el l'ef-
friu, et faisant à la hâie leurs préparatifs de
défense. « De quoi s'agit- il donc"/ leur de-
mande le Missionnaire. — Comment ! lui ré-
pondml-ils , vous ne voyez pas , à l'obscur-
cissement de la lune , le malheur qui nous
menace 1 Cet astre est le rendez-voui des
t
lus
AU POINT DE VUE DE L4 GEOGRAPIUE RELIGIEUSE.
II4S
âme» sepnrécs de louis corps ; aujourd'hui
elles y seul en si grand nombre, que leur
multiiiide loile son disque loiil cnlipr. (Jui
suit si Ouegçjidhnrn (l'Etre suprême) ne les
renverra pas parmi nous, pour remlre à la
luiiC sa lumière? Alors ds espriU s'incor-
poreront aux tigres, aux serp> nls venimeux
et iiux bêles féroces , pour dévorer les vi-
vants »
« Le P. Louis fit de son mieux pour les
tranquilliser , leur assurant qu'il n'y avait
rien à craindre , et que ce qui causait leur
elTroi élail un pliénomôre tout naturel ,
connu S(;us le nom d'éclipsé; myis ils n'en-
len<la:ent rien à ses explications, et leurs
vieux préjugés l'omi oïlant dans leur es|)rit
sur ses pj.roli's , iis coniinuaieiil de se tenir
sur la dcTensive. Alors il imagina , pour les
tirer d'ang-.ii<se , une 'xpérience qui lui
réussit - il alluma un riiMnbeaii, et pienant
deux corps sjJiériqucs, il monira aux sauva-
g<-s comnicnt ces ^'Iches pou\aieiit, d.ms
le>:r-i évolutions , projeter lo' r à tour leur
onibre l'un sur l'auire ; ce qui expliqua à es
bonnes g' ns la cause d' leurs vives inquié-
tudes et finit par les détromper.
« Nos Ind eus purtjnt un grand respect
aux morts, et les cnse»eiissent a\ec tontes
les mar(|ues d'un deuil prol'ond. Quand un
Diemltre de la peuplad • vient de l'e'nier les
yeux, son plus proelie pan ni se pl.icc en
pleurant à ses côiés. et lui exprime tius les
sentiments que la douleur in-pire à ceux qui
aiment. S' s doléai ces finies, un autre pa-
rent le remplace el fait de même ; ensuite
chacun des assisiantii témuigue à son tour
l'affliciion qu'il éprouvi- , cl ces larmes ne
tarassent souvent ((u'aii b' ut de six <>u sept
lieuns. Peii' anl ce temps, on prépare le
cercuei. , qu'on recouvre de feuillagi' ai rès
que le corps y C"! | lacé, el le convoi mar( lie
vers le l.eu de la sépulture, où on le dé ose
di.'Ucement el i ii silence. Un des p„rrnts
veilie tout armé au|;rès du lomheau, afin
d'en écar er les bêtes féroce-;. Celle carde
funèbre est ainsi ronfinuée durant neuf à
dis j uirs par tli-.cun des pareiiis. U.iiis cet
iiiie- ville, il y a toujours avec la seulineile
queli)ues amis du défunt qui vienuenl geiiiir
sur sa loiiib- , el s'eiitreleiiir avec son âme
qu'ils croient piésrnîe bien iju'invisible, rar
ilssupposeiiL qu'elle s'éloigne peu du (urps
qu'elle anima.
« Je tromperais votre attente, mon
révérend Père, si je teriuinais celie lelire sur
nos Indiens sans vous dire où en est l'œuvre
de leur ( onversion. Ju^qu'iei le zèle de nos
CD). frères a rencontré des cbslacle? presque
insurmontables ; et cependant le ciel a déjà
reçu, comme Iriliutde ces foiéls sécu aires ,
plusieurs centaines d'eniants ou d'adulies ,
que le P. LuUiS a bapl.sés au mumenl de
leur mort. »
Les nuiions que le P. Louis-.M.irie Pescia-
rfili, religieux passionislc , missionnaire à
l'île Denvvieb ( Occanic ),a iloniiée , en 1844,
sur les indigènes, s'accorder i avec le por-
trait qu'en ont iraté les iniliropolo^toes.
0 Les plus nombreuses tribus, dit ce Père,
ne comptent pas au delà de soixante indi-
gènes. Quoique cliacnne d'elles ait un rayon
déterminé, qui est censé la propriété hérédi-
taire et exe usive de la peuplade , cipendant
elle n'occupe point de poste fixe. Prome-
nant d'un lieu à l'autre son existence vaga-
bonde , elle ne campe jamais plus de huit à
dix jours dans la n.ême vallée, semblable,
si j'ose le dire , à ces troupeaux nomades
que la faim pousse vers des pâturages nou-
veaux , el qui abandonnent sans regret la
prairie après l'avoir dévastée.
« Nos sauvages, à défaut d'habitations
permam nies , se construisent de misérables
huiles avec des écorces d'arbres, frêles abris
d'un jour que le lendemain verra abandonnés
ou léduitsen cendres.
« depuis longtemps familiarisés avec les
Européens les indigènes (;ui nous avoisi-
nei.t sont plus sociables; ils se niPltenl vo-
lontiers eu rapport avec nous, el semblent
même nous écDUter avec docilité : touief.iis,
nous soiuines avertis de ni' pas trop not;s fier
à ces apparences; car ils sont d'un naturel
à trahir même cenx qui leur font du bi'ii.
« Ils ont la physionomie moins disgra-
cieuse et la couleur moins noire que les
Nègres d'Afrique, mais en fait d'oruemen's
ils ne choisissent pas ni» iix ; ils croient scm-
bellir en se b irLouillanl la figure avec du
charbon, sur lequel ils élendeni, en guise de
fard, une couche île terre rou;;e ou d'autre
métier' finement colorée. Avec une laille
élevée et une conslitulion robuste, ils sont
polirons à l'excès; la frloulonnerie et la som-
nolence se partagent leur vie, heureux en-
core si la veugtance n'avail pas pour eux
piusd'atlrailque le som iieil !
« il est rare, à la vérité, que les membres
d'une même liibu se divisent entre eux par
des querelles iuleslines ; mais la guerre s'é-
lève plus d'une fois entre peup'ade et |ieu -
pl.ide, el les armes don se servent al rs les
combattants sont la massue, le bouclier et la
lance.
« Ici, comme dans vos sociétés é'éganlcs,
la \anilé a aussi son martyre. C'est un
axiome reç ! parmi nos sauvages que les prc-
tenlions à la beauté sont le irix de la dou-
leur. .4iissi ii'esl-!| pas d'homme qui, pour se
donner un compléa eut de grâce, ne se dé-
chire les bras, la poitrine, le dos et les jam-
bes avec des coquillages, afin d'obtenir à
chaque incision une bilieuse excroissance de
chair qu'il étale avec la plus repoussante co-
quellerie.
« (^)uant aux femmes, c'est moins le goiit
à<- la parure que l'idée d'un sacrifice reli-
gieux qui les porte à se mutiler. Lorsqu'elles
sont encore en bas âge, on leur lie le bout
du petit doigt de la main gauche avec des fils
de toile d'araignée; la circulation du sang se
trouvant ainsi interrompue, ou arrache au
bout de quelques jours la première phalange,
qu'on dédie au serpent boa, aux poissons ou
aux kauguroos
« Sans doute que nos sauvages espèrent
par cette oITrande obtenir une chasse heu-
reuse el une pèche abondante; car ils n'unt
1147 ESSAI SUR LES TUAV. DES ANTHROPOL.
prvsqne pas d'autres ressources pour vivre.
Iles! vrai qu'i s recupilltnl aussi une espèce
de racnw do!il le coût diffère p.'ii de celui de
l;i piilaie. qu'ils infligent an i.esoiii un rep-
tile assez scnibiable an lézard, aiais hoaii-
coup p us grtis, qu'ils surprennent [larfois
1* renard-volant, qu'on prendrait po'ir une
grosse chauve-souris; m.iis après le kangu-
roo qui se Ivouve en grand nombre dans les
ilcs voisines, leur principale nourriture est
le poisson, l'éunis sur la côte au nombre de
six à huit, et armés «h icun d'un fil l cju'i s
coifeclionne ut avec l.i racine d'un ai bre rc-
duilect loi due en mince ficeie, ilss'avaiiccnt
en demi-cercle dans les flils, iiiurmiiranl à
voix basse je ne sais quelles paroles; et
quand ili ont ctrrié leur |>roie, ils la poijs-
sent doueemciil vers le rivag'*. Alors tous
fnseuible ils poussent ùc gran ts cris, comme
pour l élourd r, et s'en rmparenl avec faci-
lité. Aiissilôl piis, le poisson est jelo palpi-
tant sur la braise, ei dévoré même avant
d'être rôti.
« Piiur du feu, ils en ont toujours à leur
disposition ; l'usage, je dirais presque la dé-
votion de ce peuple, étant de ne marcher
qu'un lir;indon à la m.iin. Si par mégardc ce
li -oii vicnl à s'eicindre , ils s'ei.'ipressent
ausilôi d'en allumer un auire, et voici c >m-
ineiit : ils prennent un s irmeni bien poreu^,
OU(|uel ils pratiquent une léjièra entaille;
sur celle incision ils appuieiil la pointe d'un
second sai'uient plus sec eii'Oro, ils le !our-
ncnt et relournenl rapiiienieni entre leurs
niaiuN comme u;i fuseau, jusqu'à ce qu'c-
chaufTé par le frotlemcut, il fume et puis
s'enilauime.
« Celle espèce de culte des sauvages pour
le feu se ti produl encore dans leurs funé-
railles. A\ec le guerrier qu'on vient de dé-
poser dans la loinbc, on ne mancpie jamais
de placer d'un côte une de ses armes défen-
sive-, et de l'autie un tison ardent (1). Pen-
^cut-ils que ce (om^uignod insépariible de
ses niiaraiiiins pendant la vie est encore
plus néces-aiie à ses membres glacés ( ar la
xnort? Je serais plutôt porté à croire que
celle pratique est pnur eux un symbole d'im-
mortalité; car de même que la flanime, en
se dégageant des corps qu'elle consume, s'é-
lance \ers lescieux, ainsi sont-ils persuadés
qu'au sortir do ce monde ils s'élèvent dans
les régions supérieures où les privations de
lu terre sont out^Uéesdans les Joies d'un éter-
nel festin.
« Vous le voyez, nos pauvres insulaires
sont encore bicu éloignés des saintes idées
de la foi. Le moyen de les leur inculquer se-
rait de prêcher aisément dans leur langue
naturelle; mais malheureusement nous ne
la parlons pas encore avec facilité : elle est
embarrassante pour un Européen surtout,
parce qu'elle a celte pauvreté, ce laconisme
et celle absence de liaisons qui jettent oriii-
nairemonl tant de difficultés dans l'idiome
(I) Le fait signalé p.ir le P. Pesciardli nous paraît
iiDporiatil. Lel'e e-.| èce de cnlie pour K' feu ne ii:>iis
si.'nible pas avoir Clé renwrqué chez les inJigèiies
AU POINT DE VUE DE LA GEOG. P.EL. 11 U
des nations primitives et des tribus sauva-
g'S. »
Les renseignements fournis par le P. de
Smet, missionnaire de l-i c >mpaï;nie de Jésus '
dans le nord-ouest de l'Améiique, sur les
sauvages des forêts qui bordent la rive sep-
tentrionale du fleuve le Colombia, ne cms-
laie.U presque pas de diiïérence enire cf"s
indigènes ei cens de l'Amériiiue méridionaîe '
et de rOcéanie. Les Tchinonks, suivant ce
relif;ieus, forment une peuplade établie dans
l'immen-e foré: qui s'élenl sur la rive sep-
tentrionale du fleuve. Les Clapsops occupent
la rive uiéridionaie, et forment une popula-
tion d'env iron cent cinquante homme-. Les
Tchinouks habitent trois grands villages au
deià de la foret; ces deux nations, quoique
Voisines, sont ennemies l'une d" l'autre. Les
hominess'enveloppor.t d'uuecouverture pour
pas aître devant les blancs. lU mettent tou!c
leur vanité dans leurs colliers et leurs pen-
dan!s d'oreilles, ils donne i aient tout ce qu'ils
possèdent pour s'en proiurer. Ces sauvages
se meltent extrêmement à leur aise ; il f.iut
être très-réser>é avec eu^s, afin d'empè her
la trop g:rande (amiliariiè. Il leur sutiii qu'on
ne les ci>assc point; conienls pour lors, ils
n'exip:ent pas qu'on s'occupe autrement
d'eux ; ils sont d'un naturel piisible, leur
physionomie ne dillère en rien de celle dis
peuples civilisés; ils sont rebustes et bien
ï'iiits; trouvant lacilement de quoi satisfaire
à leurs besoins, ils m nent pour la plupf-irt
une vi,' fainéante et oisive; leur unique oc-
cupation est la pêche el la chasse. Le sau-
mon abonde dans leurs fleuves, et le gibier
dans leurs forêis. Après s'être pourvus cha-
que jour de ce qui leur est nécessaire, ils se
couchent au soleil des heures entières, sans
bouger. Ils vivent du reste dans l'ignorance
la plus grossière de la i eligion.
Pour résumer L'S idées el 1rs travaux des
aniliropologncs, on n'aperçoit partout qu'une
extrême confusion. Loin d'ê're d'aceo dsur
le nombre des races , ils varient même sur
une seule, la race Arabe. Comment, dans un
pireil désordre scieulilîqi'e pourraient-ils
établir ([Ue le genre humain n'est pas un?
Bory de Sai'I-Vincent partage le genre
humain en plusieurs espèces , lesquelles se
subdivisent en races el en sous-races. En
Algérie, par exemple, il distingue li race
Atlantique, la race Adamiqueel l&TixccEtltio-
pienne.
Le docteur Larrey regarde la race Arabe
comme le type primordial de l'espèce hu-
maine, comme la race par excellence.
Le docteur Prilchard , dms son Histoire
naturelle de ritoutne, le divise en tro.s races
principales qu'il appelle , d'après leur con-
formation cranioscopique , la race Ocole (la
race Caucasique), la race Prognaihe (la r„ce
Noire), ta rate Pyramidale [lea races Mongole
et Américaine).
d^s forêts et de? olaines de rAniériqoe mer dionalfi :
mais f !li- ex'^t-; hez des liilHi» iioimles d • l'AoïG
teiiuale el boicai ■. (A'uie Ud l'auteur.)
Bir-LlOGnAI'IHR GEOGIlAl'ilIQUE.
K49
riumenbach comple cJnc} r;ip?s , s;ivoir :
l<"i riico Cîuic is'<iuo ou Blanche, la r ( e iMcm-
golc on J.niiiu . la raco Nègre ou Nane, la
rare XJal, i»e ou Cuivrée, la race Américaine
ou lliillgc.
Le docteur Mit'holl ran^e le cenre huinnin
en Iro s ilivtsi MK : 1" L'Iinmuie bnsrinr, com-
prenani louleslcs tribus indipèues de l'Amé-
rique, 1rs Ta'ars. les M.ilais, les Chinois, les
l.axars et les autres nations du nicme sang
eli'c 1.1 même famille. 2 L'hummi- lilarif (I),
qui liabitv n<iiur<'ilcmeiil les contrées d'Asie
et d'iîuroiie ^illlées au nord de lu mer Mé-
diterranée , et dans le cours de ses enire-
prises, s'c abiit sur tous les points du globe.
il range dans cctfe première variéié les
Groënlaiiilals el les E-quimaux. 3" L'homnic
tivtr, d.'.nl l;i rcsiitonce nature le est ilans les
régi ins an sud de la Médilcrr.inéc. el parti-
culièrt-mcnl dans l'iniériiUr de rAfrique. A
eelle race semblent appartenir les Lapons et
les lial'ilants de la Iimtc de Van-Dieineii.
Lç professeur Camper inventa l'anglo fa-
cial.
Le docteur Serres accorde en général une
grande importance anx formes oslcologi-
ques tirées de la têt-, el en parliculurà l'a-
baissemi'nl ou à l'èlévailun du pédicule ocu-
lu-nasal de los loronal.
M. d'Omalius d'Halloy leur accorde la
Erééuiiiience dans l'élude des diverses races
u naines.
Le docteur Dnbreuil partage cel avis ,
en délermiiianl quels sont ces caractères, le
il50
poids de 1 1 tète o«seu«e , ses di'éri'nls dia-
nicires , léleiidnc de i angle facial, cl la me-
sure de la cai:;icilé du crâne.
SI. le lioclpur Piicheran reconnaît que la
fornip générale da crâm- alfecle di-u\ types
prin ipaux, cl il les applique à trais racea
principales.
Le docienr Virey, à ces divers caractères
d'appréciation , ajoute la positioM plt^s ou
moins C' iiiraledu iroi oic pilai chez les dif-
fcrenies rac<'s qu'il regarde comme un point
capital dans leur appréciation inteliec-
luelle.
Le docienr Bourgery établit que dans
l'homme 1 étendue tl la varielé mc l'intelli-
gence sont généralement en proportion di: la
quamite de la snbslaiire cérébrale, sauf les
condiiions physiol giques d.' la lexture.
Le professeur Dumoulin admet onze espè-
ces pour le genre humain.
Ouant à nous , nous n'attachons qu'une
médiocre inipori;ince à li ilivision en cinq
races de B umciibacti, et nous n'accordons,
avec Geoiïroy Saint-Hilaire, qu'une valeur
Irès-socondaire aux caïadères tirés de la
coMsiiléraii >n de rang!e l;icial.
La comparaison d. s différentes variétés de
res;;èce liiimainc nous a prouvé qu'elle était
une : car leur conformation physique ne dif-
fère pas, qn ni à l'organisaiiou radicale ; et
c'est ce que l'anthropologie démonlre claire-
ment pour celui qui cherche la vérité do
bonne foi.
(1) Si la race Blanclie s'éuib'it el s'acclimale pnr- contrées les pli'S seplcnirinnales. Par la force de s;t
tout, un pt'iit en "lire .niiianl de lu race Noire. hUe consiitn in», cHi; siipporie tous les clinials, elle s'a-
8*e^t aeel m .lée dans l'Asie, dans les Amiilts, da'.s dapie à lous les genres de civills Hion, etc.
flmilA ÇA iiiâi-i/tiiit • all.1 vil Ati [r>i..j.i>u i^f a.. .£■ 1. c f V...^ J^ f». ........ \
tou(e l'A iiiéri(|ue ; elle vit eu Ewupe et da.is lis
(Ao(e de l'auteur.)
CONTENANT DE COIÎKTKS NOTICES SUR Î.ES ÉCRIVAINS ET LES GÉOGRAPHES QUE L'AUTEUR
A CONSULTÉS, AINSI QUE SUR UN GR\.ND NO.MBRE DE RELIGIEUX ET
b'l:.CCLÉSlASTIQUES QUI ONT TRAITÉ DE LA GÉOGRAPHIE.
Nous ne donnons pas la Bibliographie géographique qui suit comme un outrage cojnplet.
Noua l'avons composée, parce que jious- avons consulté presque Cous kn auteurs qui en font
partie. L's Annales de la Propagation delà Foi nous ont été aussi fort utiles , surtout
pour les misiions acluellement existantes.
Acerbi (Joseph), né à Casiel-Goiïredo, en Loinliar-
die, s'csi laii coni>::!ire par u'i voyag.> au cap Nord,
par la Siièile, la Finlande ci la Lapnnie, dans les an-
nées 171i8 ei 178!); 2 vol. in-l°, avec rarles et gr.i-
viires. l.'oiivraje a élé Iradiiil en français par Joseph
Laval ce. 5 v(d iii-ii». 1801.
Acn>.ta (.l.isi|ih d'), jcsi.ile, né a Médina del Caniipo
(Espagne), eu il^'i; mort à Siilanianiiue en 1691).
— Nou.s avons de lui Vllisioire naturelle des Inde»
(Anériqiic), ouvrage estimé.
Acii/inn ( Cliristoplie il' ), né à Bnrgi/s en Î597,
mournt à Lima à la lin du xvii<^ s'ccle. Eniré dans
la compa^'nie de Jé<^us, il fut envoyé, en qnalilé de
niissionnaire. dans l'S contrées d; rAniérique méri-
dional" (pie parcnuri le (l 'iive liej Amazones. Le P.
d'Acnlina, naiurilleniei.t idi-ervaleiir, el par g' ùt
pour ia géngr.iphie, se mit à éiuuisr le cours de l'A-
iVA
BIBLlOGP.APlllE
mayoïic, et rédigea ses cx^loraiions géngraphiques
tant sur c- fleuve que sur l;i Giiy;iiie. Tous les écrits
posiériciirs n'oni encore \m faire oublier rei ouvrage.
dont Leroi de Goinherville pnlilia en lGS-2, à Paris,
une iniiliiciioii eu 2 vol. iii-I-2. M;illieurensem^nl le
tradiicienr a gâté le livre du Sftvaui religieux par un
style romantique et par des additions fort peu scien-
tiliques.
Adnin de Brème, né à Meissen (Allemagne), clia-
noiiic de Brème en 1067.— Auieur d'une (lescrip~
lion gcographiiine des Etals de l'Europe scpien-
triomde. Ce livre est |TCi ienx pour la géograpliie du
inoveu âge, et curieux coninio le premier rssai de
féograptiiequiailé!éccriisurrEnro;>ese len'riona'e.
Ad;>in de Bré^i e a :!U^si roni|'Osé un autre ouvrage :
His oriii ecil sinalicii Eccleshnuni llaiiiburgensh et B(<-
meiisif iknorinvque loconirnsepieiitrionalium ub anno
7 -.8 «rf 0". 1072; luv'age important pour la géogra-
plii(' il.ri'iienne du nord de l'Europe.
Adams (John Qnin^'y) , Amc'ficain, fils aii:é du
CcKbro f ré<idenl Jolin AiUmis, s'est fait connaître
pu une Deicriplion géoijrnpliiqne et topographlue
delaSilé-^e, avoc carte; 1 vol. inS°, Londres, 180i.
Mbery (l'ublé J. an-Fié léric-llugues d"), rhanoine
dl•^Yorm-, niort à A^cl atrenboiirg en \&\i, auieurde
diTiiineiits exacts et instructifs sur la géographie de
runeui.
AWi (Henri), né à Bolène, dnns le comtit Veraissin
(aijonru'nui dépt. de VaHclu>e), eu I5i)0, entra chez
les .!( suili s, !ui succissivenicni lecteur des collèges
d'A\i-nnn, u'Arlos, l'e (.r>noble et de Lyon. Il mon-
rnt <ii luo9, laissii! une lraluc!io:i de VHi^loiredu
rryoume d^ Tim/uiii (aojo iril'hui emiiire d'Aii-nam)
et un ouvrag.' inlim'.c : Grands progrès l'e CEyanijile
devnis l'27 jvsrjuen IGlG, in-'i». pu'.l é a Lyon. Ce
livre <iHiiienl des renseignements précieux.
Atexandcr (J.-F..), ofliciir anglais dans un régi-
meni de dragons. Lors de l.i guerre de l'Angleterre
contre l'empire Birman, en 1825, ce! officier, ayanl
ru occasion d'aborder à l'i'e l'etil-Andanjan, dans
le golfe de Cong'.l.', en prolila pour rédiger u»e no-
lice sur les i'es qui portent ce U'-m, qui ;ilois él dent
ei Sont encore anjourd'liid niénic peu connues. La
Noiice du capitaine Alexander est ce qu' 1 y a de
plus exact rt de plus délai é sur cet archipel, ha-
bité par des tribus de la raie no re, féroces eitnéme
anlhrojoph.iges, si l'on s'- n rappoite à l'accnsaiion
formulée par les Cliinois, qui descendent quel(|uefois
d.ins CCS îles pour prendre les nids de Vlltrundo escu-
tenla. Les missionnaires qui y ont abordé n'ont pu
jusqu'à pr, sent y dem'iirer.
Ai'xander (sir), officier anglais mort en 18i',en
laissant une llelniion d'un voyage à Eovk'ip.ra; excel-
lent livre, qui fait connaître exactement cette pattie
de IWsie centrale, si peu connue en Europ-.
Almeida (le P. Tliéodrire d'), de la cotigrcgalion de
l'Oratoire, en Portugal, auteur d'une Description d'un
nouveau planétaire uiiiiersel.
Alrarex (dom Francisque), auteur d'une Hitloire
GEOGRAPHIQUE. U52
de l'Ethiopie, était aiiaché en qu^lilé de chapelain, à
l'andiassarte de lion Roderig de Lima, cinoyée | ar le
roi de Poringal en Abyssinie eu l-'i22. Les documents
qu'il recueillit pendant i etle ai:ibas--ade lui servirent
ensuite à com.ioser son Hmoire, qui laisse à désirer
niénie pour son lenips, mais qu'il est utile cependant de
comparer avec les relations nioderne-. qui ne sont pas
non plus toujours bien exacics et très-jndioieu'es.
Amman (lgnacc-.\mhroise), géographe allemand,
né en Wjo 'a Mûhllicim, sur le D:iiiube, s'est f dt con-
naîirc par l:i détermination gcegrapliirpie de la Souabe
orientale et des pays voisins, Aug-hm.rg, ITOo, in-
8". C'est ini travail iinporlant et iligiie de confiance.
Aw.yot, jésuite fiançais, né à Toidun en 1718, est
mort à Pékin en 17'J4. Il a composé un grand nom-
bre de inéinoi' es relatifs à la ^éogpiphie et à riisiDire
de la Chine, ainsi qu'un Diciionnaiie larlare-ntanl-
chou-français, ouvrage précieux pour l'étude de la
lingiiisiiipie.
Anchietn (Jo:eph d"), missionnaire portugais, sur-
nommé VApctre du tiouv au monde, naquii en laôiî,
dans l'île de Tcnériffe, de parents liehcs cl noi.le--.
Il cuti a 5 17 ans dans la compngniedc Jésus. En 1155,
il par;it pour le Brésil, dans l'intérêt de la propaga-
tion di: la foi. — Il est auteur d'une grammaire et
d'un vocabulaire dans la langue des Tamoy-'S, indl-
géii'S :)nthri'pop lagos de cette pailicde l'Amérique
Miéridionale. Il s'efforça de faire disp.T al re l'antluo-
popliagie parmi les tribus !>anvages. Il finda, sous is
litre do Stinl I';iul, un collège qui donna lieu en-nile
à la ville de ce nom. Avec les Indien- convertis, il
C(mimença la ville de Saint-Sébastien, aujourd'hui une
des villes les plus riches et les plus importantes da
l'onipire du Brésil.
Anderson (Geoiges), naquit à Tundern daoN le du-
ché de Sehlesvvig, au commencement du xvii« siècle.
Onoique sanséiudes, il \oy:igea eu Orient depuis 1Gi4
jusqu'en 1050. Ses voyages coin; lennent 1.» Syrie, la
Palestine, l'.Arabie, la Perse, l'ilimlousian, la Chine,
leJap>nel la Tai tarie. Oléarius les publia à Silileswig,
en ItiCl.sousce litre : Helaliondesvoyage'' en Orient,
</■• George Anderson et de Vo'j Sicrsens, iii-fol., en
allemand.
Anderson (Jacques), né h ricrmislon près d'Edim-
bourg, en i'ô9, mort en UOf'. — .\grononie disiui-
g\ié,auleur d'une Helati'u de l'état actuel des Iléirides
et de II cô e occidailalede l'Ecosse, publiée à Ediui-
bourg, in-S".
Andenon (Jean), né à Hambourg, le 14 mars IC71.
Il remplit les fonctions de bourgmestre de cotle vî'Iq
en 17.3, et y mourut en 1743. — Il est an eir de
Jicnseignewe Is géngraphiqus S'ir Clstande, /e Groen-
land et ledétioilde Oai'is, impriniésenalhnMiil apès
«•a mon en 1716, et piéiédés d'une notice sur sa vie.
Ces renseignements sont encore aujourd'hui liés-
bons à consulter.
Andradd (Antoine), jésuite portugais, né en 1.S8,),
fil des missions dans l'Hindoiistan et en Tarlarie. En
1024, il pénétra dans leThibet, et mourut eo 1634.
1153 BIBLIOGRAPHIE
Son Voyage a été Iraduil en français Pii 1028. iii-8°.
Andiada (Goniez Ficire d'), Pciringuis, officier de
C.'ivalorie au xvije siècle, esl I'. iilpiir d'une Hisloiie
du ilarngmn (fleuve des Aniaienes), f jH cx:iclcpo»r
lV|io jiie, el qui est restée eu ninnusciit : ce qui est
fàclieiix, car ou aurait pu faire la coniparaissn avec
celles du P. d'Aculiiia, du coune de l'ayan, du P.
Frll^, jésuite, cl de La Coiidaininc.
Aiidriveau-Gonjon (M.), |.'éiigra(«lie et earlograplie,
auteur de plusieurs Atlas el d'ouvrages géugraplii-
ques.
Anson (George), brille au premier rang dans les
fa^les de lu marine britnnniquc. Il nar|uil dans le
Sliffordsliire, en 1G97, iroisiènie (ils de William Au-
sou. Il fit bâtir une ville dans la Caroline du Sud,
qui porte ^on nom. Ses voyagcssur niersout nombreux.
La lelation du voyage d'.\nstin autour du monde a
paru eu anglais sous ce titre : A Voyage round tlie
^Yorld, iit llie yenrs 1740 ta 1745, by Ceovfjes lors
Aiiion, compiled from Itis papers, hy Richard Walter.
Il mourut suliilcmcnl au reiour d'une promeiiade
qu'il venait de h re dans son j:irdin de Mosakpa-k le
() juin 17G2. — Celle relaiinn des voyages d'Ansoa
a éië traduite en français et a eu plusieurs éditions.
Les voyages autour du monde n'éiaieiit pas couimniis
alors. Il n'y avait encore que les navigateurs espagnols
qui en avaient entrepris.
Anlillon (Isidore), est né au village de Sainte-Eu-
lalie dans l'Aragon. Il lit ses éludes à Saragnsse, et
devint professeur d'astronomie cl de géograpliie. Il
mourut eu 1820, et fut enterré sans lii>nueurs. Mus
tard, il fut exhumé et dépose dans une tombe plus
distinguée. — Un a de ce savant un grand nombre de
Cjrles géographiques, des Leçons de géographie gé-
nérale el des LIcments de giographie astronomique,
naturelle et politique de l'Esp.igne el du Portugal. Ce
dernier ouvrage esl trop sec et trop sucoincl. Il eu a
l^aru une traduction en lS2r> chez Charles Piquet.
Anqtielil-Duperron (Abrah:im-HyacinlhL-),né à Paris
en 1731, moil en lîsOo. Célélire orientaliste; auteur
de R^clierch s historiques et géotjruphi:iites sur l'Inde.
Areutphe, lliéologien Iranç.iis, lit un pèlerinage à
Joriisalciii sur la lin du m^ .«ièclo. Il dit la la relation
de son vi.yage à l'abbé Adaniau, (|ui mit par é.rit sa
description des lieux sainls. Scranius publia cet ou-
vrage en 5 Vol., sous ce titie : Libri de situ terrœ
sanciœ. Bède en recueillit des extrait-, que .Mabillon
a pub iés, ainsi que Lahbe, etc.
Arrowsniith, cartographe anglais cl hydrographe
du roi, mourut à Londres le 16 avril iSH, à l'âge
de 73 ans. Le nombre de caries qu'il a publiées,
dont (|ueli|iies-unes en plusieurs leuiilos, se monte à
plus de 150. Un remarque ['Angleterre, en loi feu lies;
l'Ecosse, en 4; r/r/a/irfe, en 4; la ilappemonde, nu
6; le Grand-Oci.in, en 9; la Manche, en 7. Un a
aus-i de lui un .4(lnj unioersel en 45 cartes, et des
allas partiels. Un ouvrage provenant de lui a été pu-
blié sous ( e titre : Cons(ruc(i6)i géométrique des cartes
tt dit gloke*.
GEOGRAPHIQUE.
1 lot
Ascelitt (Niodias), religieux mi«sinnna're, envoyé
par Innoiciil IV d:ins la .Mongolie en Mil. suivii le
snd de la mer Caspienne, liaver-a la Syrie ei la fVise.
Son Jouriiut a été conservé par Vinrent de Deauvais,
qui riii'-èia dans son Miroir historique.
Asuny (Ooniin que-Alber(), né à Sissari m Sar-
daigiie, vers 1760, 'C (il remarquer par un Essai sur
Ciiiitoire géngraplivjne de la Sardaigne, I vol. in- ',
17'JS; lU Paris, 1801, 2 v< I. in-B", a»ec une carte
déiai:iée cl fort exacte. — Cet onviage faii bieu con-
nailre la Sardaigne, qui était peu connue, cl (|ui ne
l'est pas encore brauconp aujourd'hui.
Aubiy de la Moiiraye, né eu l6/'4, mort à Paris
en 1743, auteur du liei hercltes géographiques sitr l'Ew
Tope, i\i!>ie el l'Afrique.
Auzolt's de Lapeyre (iai\ d'), théologien, chronoloiii-
sie, hébraisani et géographe, né en.\iiveigne en IGiO,
mon en 16 '2; auteur de la Suinte Géoqraphie, iu-fol.
Aijnez (François-David), homme de leities et li-
braire à Lyon, a composé un Dictionnaire de géogra-
phie ancienne et moderne, 1804, 3 vol. 10-8" avec
caries et lahleaux chronoloj.!iques. Il est aussi l'autrur
d'un Aperçu géographique, 1 vol in-12, 1813, Cl
d'une Méthode de géograpliie, 1813, iu-12.
Lu Dii tiunnaire était c^rlaineiiieni fait avec plus
de soin que bien des diclionnaiies qui sont venus
depuis.
B
Bachiene (GuillaunieAlberi), publia, en 17ô6, k
Leipsick , tin ouvrage en 7 vol. ln-8', sous ce titre :
Hihtor. und gengr. Beschreibung von Pulœstina.
CdcWioMse (J ), auteur d'un Voyage en Australie
t Nonvelle-llollaiide ).
Badia y Lebtich , dit Domingo , dit Ali-Bey, voya-
geur espagnol , né en 1766; autour de Voyages en
Afrique, en Egyp.e, en Arabie, etc.
Balbi (Adrien), né à Venise et nioit en 184S.
Balbi manifesta de trcs-bonne heuie un goùi pro-
noncé pour la science gé'graphique. En recueillant
des notes sur les diverses langui s parlées dans les
cinq paiiii'S du innnde. Il eut l'idée de son Atlas
ethnographique du g'.obc, ouvrage (Onsidérab'e, par
la variété des recheiches, la niullipliciié des détails
el l'importance des ai/erçns. Nous en avons rendu
comple en 1828 dans le Consùivateur de la Restaura-
tion, ot nous avons regardé sa puldicati'ii comme un
service signalé rendu à la linguistique. Plusieurs cri-
liiiues rclevèieul anièreneril quelques irreuis, iné-
vitab'es dans un travail si compliqi.é, et biâmèreut
l'oidoiinmce du plan. Balbi était Irès-sensihle à la
critique ; il s'en plaignait avec vivacité, el criait à
l'iugiaiitnde. Il hahiiaii abirs avec son fils, âgé de
il uns, deux petites chambres au cinquième étage
dun hôtel garni de la luo du Colombier (anjourd'liuï
rue Jacob). Il faisait lui-même sa cuisine. Afin de vi-
vre, il liavaillait pour des libraires ; car il ne l'ii
restait plus rien de sa fortune, et il était mal avec le
gouvernement auirichicu, La publication de sa C«o-
1155
DIBLIOGHU'lllii GCOGR.XPUIQUS.
U%
grophii', qui suivit celle de \'Al!os cllinogrrpliique,
amélior.i sa siin.iiiiiii. Par I iiiierii.é.i;Hirr lie quel-
ques îuiiis, il lui apiie^é a Vieiiut; el leç.il \mc, \ eri-
vi"H de l'einiPHiienr. Son Traiié de gci!;riiiiliie, df-
vcmi li^iiol (Il quelque soi le. eul pliiMCUrs é lilimis.
L'aiileiir en a l'ail i.ii :ibréjjé à riis:>ge des niaisuMS
d"éd xailoii. La cri ique l'ail.iqna enrore plus vive-
ineiil qui' l'Atlas. Il est Ct-ilain qu'il n'est p.<s sans
déî.iuls. l'oiir avoir voulu grnupiT, |iroié>li;r par
grandes masses goograpliiqnes, Baibi a n is de la
ton u-^iun dans siin l.vrc. 11 a, d'un auliv côlé, aila-
tlié liop de va'eur aux déiioininal ons el circnn-
SCiiplions politiques, qui ne snnlqiie de ennvi'iilion
el liès-varables de leur nature. Mais un a éic à son
égard, il faut le die, d'inie pattialjté exagérée.
Quelques écrivains onl osé l'appeler un charlatan
de téuHrapliie. Ceci n'était qu'une injure il ne pou-
Tail ail iiidie Balbi. Il en conçut riéauinoin-; nu pro-
(oiid r.sseiniuii'iil, el il s'abandoinia à de vives ré-
criuiinaiinns. Ii.dé'i'endatnmeiil de mémoires el d'.ir-
tir.es dispeisîs dans des lecueils, r.e géographe a
f «lnpo^é encore un Essai sur le Porlttgat el une Ba-
in:.ce poliiiune du ijlnbe. Tous ses ouvrages sont
écrits en l'raiçais. A nne conversation animée, piilo-
reS'ine, il juignaii beaucoup l'e péiiciraiion dans
l'i'sprit. Il ï^e cripyiiil naïvcnuMii le prcin er gcugra-
plie de noiie époque. Il avait d'ailleu;s tonte la fou-
gue, toute l'exaliatinn des tètes niéiidiniiales.
B.vccto ( Narcis-o y ), moine espaguol , auteur de
Vr.tiiKjcs lia Pérou dans les aui ées 17!il à 1791, et
d'une Description gé.itjr applique et topograpliique de
celle vaste contrée, avec cartes ; 2 vol. in-8".
Btirros-Carvaliosa (M inuel-Fianci!>co de), vicomte
de S Miiareui , né à LiSbniiue en 1787 ; auteur d'un
Atlas fie monumeiUs caitoijrapUiques du moyen âge ;
Paris, grand in-folio. — Cet ouvia;e est destiné à ^er-
vir de pienvcs aux recherches de M. de Santarein
bur les découvertes des Ponnj^ai» en Afrique. Il
forme un niununient géograpinque très-renurquable,
et qui iniare.-se pariicullérenicnt rhi.-loiic de la géj-
giapUie du nii)y<-n âge et des temps mwlemes.
Bnrlliékmii (le 1". Paulin de Saint-) , naqint ;i llof
sur la l.eiUiH , dans la bas^e Autriche , le ^25 avril
1718. — Nous avons de lui plusieurs ouvrages ,
entre antiesles suivants ; 1° Musei Borgiani Vetitrii
codices mntniscripti Avense<, Pejuani , Siamici, M.i-
labiiriii , IndosKini , animiulversionibus casligali et il-
Ittitrati ; accedunt iitovvinenla inedi:n el Csmogonia
liid.co -Tlibctitua ; i" hidin orienlalis Clir.siiima ,
coniiiiena iHndulwiies E.clesiaruin, cjiisio;)o/«m mis-
sioiies , sc/iisninin , pcrsecinioues , viras ilhtstres; 5°
Viaggiu iilte indie Orienliili. Il iiinurnt à Home, le 7
janvier IS.i'o. (.'élail un savant d'une éruiliiiou im-
mense el infiligable , niais un peu dilfnse. Ses ou-
vrages sont du reste fort utiles à la géngra)diie re-
ligieuse des pcup'es, et il est bon de les tnusnller
qnand on veut connaître cette partie de la science
géographique.
Bartram (Guillaume), a fait ea 1773 des voyat^S
d:;!is la Ciroliort sopienirionaie et méridionale, la
iiéorge, la Floride oriei.tale et oicidetiiale, le pays
des irnijuois , elc. Cette relation contienl Un exp SÉ
du snl el des prodneitons de ces régions, a>ec des
observations sur les mcensdes Indiens, lille parut
à Phil idel|.liie, in-b°. C'est nn t.vre qn'.l faut i on-
Snller pour cmmaitre la sittnilion île ces moirées .
an érieure au (iéveioppemenl de l'Uni, ni- Mué.'icai.ie.
ii«iii//Ci/.?il/,H,yoi'i(G.-F.), pinfej.ven depiiiooplue
positive en l'nniversilé de Turin , e>l r.mteiu' il'uh
V; i;ii(/e rfans l'Italie seiitenlrioiiale. dans l'Ailnuigue
méridiona'eel en Hongrie, in !»■; lui in, 1811. — U
a publié en lîiiô un Vo'jageà Con^l'.ittinople cl rti
Gièce. M. Uarnlli -e nio..tri: oliser\:'.teur (leleÉn(isen
lenips, inie'qnefoiv original ; t-enendanl it ne fanl pas
toujours accepter toti'.es ses idée-.
l!<:tna (D.-P. ), dinjrU-nr du dépôt liVdrogra-
phlque d- Madrid, a i xécnlé, en ISS), la cart-d'niw
paitie du territoire de la Co oinbie dans l'Amérique
uiéiiiliuuale, coinpienant les nonvellesprnviin es de
Corn, Cardioli», Trujelb) , Darinis, Ailiai^u.is, Ca-
racas, ll.nceione el Cuniana , avec mie parie de
celle de Ma::ic.iybo, Meriil.'» , Casaiiare et Gnayana.
-M. Uauza, pour son travail, s'est fnnné surle^ ol-sef-
val ons astriiiioni'qnes dn baVon de llunibniil!, ei sur
ceilcs faites depiii- par MM. Bnus»i.igaii!i et liivero.
U a co isulié en (Uttre les plaes paràeiilleis du gé-
nérai D. .1. S' laio Bo;e, ainsi i|ue les du inne ts oii-
gininx des officiers de la (lulte royale de Vinceulo
Doz et K. Gnerrero.
Beauté ( le docteur W. ), Anglais, a écr'l des sou-
venirs sni les monasières anglais, i vol. illustré, in-
&°; Londres, 1842.
Beau}onr{^ le baron Félix de ), qui a 'Oinpli d'un-
poriantcs niissinns diplnniaiiqnes , a \i-i(é en ol sef-
valeiir les diveises pio\inc.s de renipiie ottoman.
En U2}, il pnlil a la relatimi de son voy v^e, -ons le
litre de Voyagi: mili.are dans l'empire ttomnn ; Pa-
ris, 2 \ol. i:i-8*,avic cinq caries gé.igraplnques.
L'atlas qui accompagne l'ouvrage n'est point en har-
monie avec le lexte.
Biaiiiii'r ( Dnni ), religieux béiiédiilin de l'abbnye
de Siiut-Gon.baiill en Derry, est l'anieur o'n le Géo-
graphie dea archii'cchés , des évichés et abbayes de
fiance avant la révo utiini de 1780 , avec dix-hnit
cartes, l.'onviage, publié à Paris en 17à2, lonne
deux vol. iii-4° ; il est devenu assez rare.
Belinim ( Martin ), de Nniemberg, eul la prcmièfo
idée de la d.-coiivei le de t'An ériiiue. Il abnr.l» en
\i6'), à l'ile de Fayal , au itiésil ; mais ces déeoii-
veiles fuient négl gées. Il nn unit à l.isb nue eu
l.'Oo. — Itie. ioli , dans sa Gcugriiyhia r,furinata,
liv. III , elCellaiius. dans sa Nat V.a orbix, p. 2;5,
disent qiip! ( olonib fit u-age des caries marines de
MarlMi lîeha m pour son viiy ge d'evpinraiion-. Nnfts
d-vons cependant ajouter que ces déernive les de
i^laniii I.chaiiii ont été finiemenl atiai,uées par les
partisans de Colo \>h.
Ucliring, uu Bechring ( Viins ). ué à Hoise 'S 'ani
H5Î DlBLIOGRAPillE
le Jiilliind ( Osiiie l'srk ) , »vail la réiiilaloii d'un
excelliîiil inaiiii : ce qui in;,Mgea Pierre la Giaiid à
le (lemaiiiliu- piiur !a Knssie. liuhriiig ciiiiiiiiainla
re\|iéditio(i de déioiivcrics i|uc le gMiivi'iiu'iutiit
russe envoya dans l'OiCin glaiMal; Il cnn(iiiiia la sé-
parili ,11 de l'Asie el de I Aiii Th|iie, et le iiélrnil ijiii
les s^p^re pure aiijoiuiriiui smi nom. L'ile ((l'il dd-
cuiiviil, i-l ipii piirle c^aleii:eiil snn nom , élail alors
cl osi restée Siérili; el inlialiilce. li y nioiimt de nia-
lad e et de misère en l"U. — Le tniiie III (Je la
co IccLop gcogr.ipliiiiue de Muller contient dus ex-
traits de se» voyagi'S.
Béhnger {iil. Charles ), nalnrali<le, directeur du
jardin des plantes de rmnlkliéiy, bc rendit en cette
Vi le par rAllemagi.o, la l^du^ne, la l{ns^ie méridio-
nale , le Caucase , la l'erse ei le Bengale. Non cou-
lent de ce long voyage , M. liélanger lit diverses t\-
«nrsions ilans le Carnaie , sur la cote de Corom.in-
del, pu!» il passa dans l'empire Birman el de là dans
les lie» de la Snndc. ICn levenant en Fiance, il s'a r-
ré!a aux îles .Maurice et de Boiirb m , <;t au cap de
Donne-E>péran ■('. — L'iiisloire iialuicile de tes di-
viTses toiilrces lui doit beiuconp. Sous le tiire mo-
deste de : Ubservutioiis sur ta (jéoyrapliie des ptunles ,
il 3 publié un ouvrage loiil à lait i:cuf. Les sdencis
géi'grapliiipies ont retiré de giani's avantages des
travaux de ce voyageur.
Be/Z.j (l'ablié Auguati ), membre de l'acailémie des
inscripiiiiiis, né dans !e iliocèîe de lisieux , moit en
17; i. — Il a laissé divers mémoires relaiifs ù la
géographie ancienne,
Berijeron (Pierre), né à Paris et mon en 1037.
— Parmi ses ouvrages, nous citerons un Traité de ta
navign'.ion et des voyniies de découvertes el conquêtes
modernes, in-8°, Paris, 102;, ainsi qu'une Uelalion
des voyages en TarU.rie avec un Traité sur les lar-
tares , etc.
UiTgliaus (M. ), a composé un grand allas qui sup-
pose nue masse iniroyable de rc'clieicli-s : sa cane
de la Syrie est le travail le plus c .mpel que no s
ayons sur celle contrée. Le inéni'iire qui y est joini
anilv.'.e avec aulani d'imp:>rlialiié que de sagacité
tous les documents dont s'est servi M. Berglians.
Bergman (Torbein), né à Cailiarinebetg en Suèle,
ni'U-l en 178i, savant cliiiiiisie cl nalur.disie ; au-
teur d'une Géoyrapli e plnjsi fue, 2 vol. in-8°. — Cet
ouvrage a été traduit eu danois, en allcm:ind et en
italien.
B('r/ii7«;y (Guillaume), mort en .4:glelerre en 1G6",
vi-iia la Virginie, aejounriiui iNiii des priuciiaux
Etats de l'Utiioh-Amciicaiiie. lieu a lais^é une des-
cripiion géigrapliique.
Berlingli.eii (François), Noble Florentin et poêle,
vivait au xve siècle. 11 est l'.iuieur «l'une Véogruphie
envers, grand in-fol. sans date, à Florence. Ce lure
est rare : il eonlienl à la lin des caries géographi-
ques lileu cra^ées poii' le lenips.
Bernant (Jean-Frédéric), libraire d'Ameicrdam, au
JlYlii» siècle, a publié un liecvedde vcijiqM au Nord,
GEOGUAPllIQUE. ilSS
'iMiIeiiant divers niéuioires iillles àii commerce el à
la iiaviLiaiiou, 10 v.d. in-l2, p ibliés de 1715 i :7ô8.
Bifrnii/i (JiK-'Cph-Maric), capucin uii.-' ionnaire, né
à Carignau. (Ktal<-Sar :es), voyagea daiisrHiudoiis-
tan et dans le Né|)aul, < ù il mourut en fïSS, sur la
roule de Paina. — Ce religieux a composé une Det-
criplion de la prùi'ince de Séiiuul, tpii a été traduite
en Anglais et iu-éiée dans le t. Il de la co lec ion
des /iec/itrf/ies fl«io(i/i(es, comme luviage utile àcon-
sull. r.
Bcriholel (Jean), jésuite , né à Salm dans le dmlié
de Luxembourg, mort à Liège en t7r)o ; auieiir d'une
IliitoircecclésidSliqueet civile du duclté de Luxembourg
el coiiilé de C'iiny,an 8 vol. iu-4° : ouvrage écrit sans
méthode, mais qui renl'ennc des faits peu connus
et iutéress;ints.
Beitius (Pierre), né à Bévcrein, vill.tge de la Flan-
dre en IcCj, professa la pliilusopliie à Levd.-. En
1G20, il vint à Paiis, enibrassa la religion catholique
el lui non.mé historiographe de France. Ses ouvra-
ges de géographie sont fort e.uiji.és. Son Tlieairuni
yeo(jrop liœ velnis en 2 vol. in-fol., avec de savantes
note--, est larc et lecheulié.
Bertudi (l'iéiléric-Jiisliu; , gé'igraphe et carto-
graphe, né àWeimar eu 1747, nioil en 1S22, a laissé
un Hecueil de toutes les positions géuyraphiqursconnutê,
Weiiuar, iSOJ; de-. Epl:éinéridesgéojrapliiqu<-'S. — Il
aexé.ulé plu-ieuis grandes caries , comme colle
d'.iliemagne, d.; Pr.:^se, de Pologne.
Beuynoi (\l. Arlliiir), a publié un ouvrage inléres-
sanl sur les juils d'Occideit, eu France, en Espagne
ete.i lialie, pendant le miyen .'ige; Puiis, in-8',lS24.
Biiin.o (Andréa?,), eartogriphe, dessin.^ sa carte
vers iôj-j. La ligne des cotes et le cours de^ fleuves
sont iiidi,|ués comme sur, les autres caries; le resta
est rendu en li,:^u:ci.
Biard (le i'.), missionnaire à la Nouvelle-France,
ou C.uiada, penlanl les preinièresannées du xvii siè
cle, eu écrivit la Discriplion géogaphujue en 161(5.
Les notions qu'il donne sur les Irihus smvageS Sont
d'autant plus exaeles qii il avait élé h même par ses
foncliipus de les fiéqueiiicr et de les étudier.
Buiiemann (Philippe), dit Api.ii , exécuta , eft
457U, une Splière, irava 1 remarquable pour lel.-uips,
qu'il présenta au co nie Palatin.
Biitoze;c(le P. Vinceuzo), oiigiuaire du grand-
duehé de Toscane, fut envoyé, en qualité de mis»
sioniiaire, dans l'Amérique sepieiiiiioiialc. Il évau-
gélisa surtout la province des Aiiacapas, aux Ëtais^
Uns; mais eu même temps il prolita de sa mis»
sion pour se livrer à des éludes géographiques 5ur le»
conirées q .'Il visitait.
Blagden (François-Guillaume), anglais, .iiueur du
Céograplte moderne, publié à Londie, en 1807, o vol.
in-8'.
jB/a'irm(/(rierie), voyageur au xix« siècle, anlèW
d'un Manuel du commerce des Indes Orientais et ée W
C"/ii;ie, etc., dédié hl'ein,erenr et roi (iNapoléou),
avec une grande carte dresbé^; par Lapic ; Pai-ii»<
11Ô9
BIBLI0GR\1'H1E
4;0j : ouvrage excellent pour so:i époquf, el encore
bon :i roiisuiler.
lilaiifiuel de Liiliiiie (Jnciil)), officier fiiinçais, gnu-
vcinenr en IG70 îles iles de M.idaga-^rar ft de Hniii-
LiJii, ;iiileiT d'un Joiiniil du voijaije des Grandes-In-
des in-l2; l'iiris, 1(598.
Dii(jli (Giiillaiiiiie), conire-ainiral nnginis, nnu-nr
d'un Voijuje dans la m, r du Sud ei\ I7ii2, in-t°.Cet
ouvrige a é'é nudniien fraiçiis parSmilcs e:i 17 .:2,
in 8°. Ce navigateur a iiétuiiviTl d:in< re v< yage un
groupe ii'il s incnunnes, siuiées au nord de la (erre
du Saiil-Esprii de Q'.iiras, et auxquelles il dunna le
nom désir Jsepli B.mks.
Dlom (('..- p.), auteur d'un ouvrage intitulé : Le
rtyaiime de yorwécje, i vol. iu 8*, avec deuxearles;
Le |>>ick,18i5.
D.uclier (le d.icieur II. diO, sVsl occupé de la (léo-
grapliie ^)ily^i'^ue d.i Mecklcnibourg el de la Ni>uvelle-
Poniéranie aniéiieure. Ces deu\ pi ov nées loiil par-
tie de la grande |.laiue qui s'élond depuis le pied
des niuiiUgni'.s du Hliiu, du Weser, du i!aiz, de la
S>ixc e: de la Silésie jusqu'à li Iiaili{|ue cl à la luer
du Nord, el se prolonge sans inienupiion dans les
Pavs-Iias d'un côté, dans la PiUSSC et une gr;>n\!e
partie de la l'ologue el de la Russie. — L'uuviage qui
est aciouipigné d'une carie géographique, a paru à
Berlin en ISiO.
Buchart (.Saniuol), né à Rouen en l.";99, mort à
Caen le ItJ nmi 1GU7. Il jiublia une Céograpliie sa-
crée (Georjrapliiasacra), infol., 1031. — IJocliirl s'est
fait un iiuiu par iCUe géograiiliie, par ses invesli-
galioiis lalinrieusC'! cl ses travaux sérieux sur l'iiis-
loire naturelle el les inoeurs de la P.ilestine. En fai-
sant l'IiiàtOire naïuieile de l'Eciiiuie sainte, il a
lourni ni.e véritable encyclopédie, qui reste encore
aujourd'hui même un ouvrage utile, indispensable.
Ce travail a pour litre : Opéra oinnia, hoc esl Plia-
leg, Canaan et Uiervzoicun, in-fol., ICOi, Lndg.
Bal., in-f(d., 17j2; édition de Rosenmiiller avec ses
noie, Lipsiac, in-i% 1793-9li.
D'de (Jean-Elei t), astrononie - géographe, né à
lla^rbooig en 17i7; ameur de [dusieurs ouvrages
du géugraphie liiatbénianque, de niénioiies géi.gra-
pli i|ues et d'un At:as œlestli en 20 cartes, grand
in-f.d., Berlin, T^Ul.
Bow.; (P.-Ct.-\icl.), mon à Paris en I82S; au-
teur d'un bidonna re de ijéorjnipliie uni erselle.
Bolliii (Ivan), tflicier ru se, né à Saint-! étrrs-
Lourg Ci 1753; aiiiour d'un Di^iionnnire géogm-
pU./ii.', poliique et civil de la Russie, ù vol. iii-4%
17>ô.— L'auteur, inain|uaiil d'érudition el de con-
naissances Sficnliliiiues, adn:el beaucoup de cliuses
ridieules; mais il a une exielieute mélbude el
prouve un eS|)rit droit et judicieux.
Buimrt.tiire de Si!.teron (le P.), prédicaleur ca-
pucin, auteur d'une llisluire de tt ville et pniici-
pavté (/"O.Ymi/f; Avignon, I7H, in 8°.
lionlrè e (Jacq.je^), né en 1")75 à fliuiiii-Mir-
Mcuse, se (i! jésuile eu Iû'J:. 11 uiouiul à ïouinay
qui
GEOGRAPHIQUE. H60
le 9 mars 161?. — On estime son 'ruvrage intitulé :
Desripioiides lieux cl des villes de l'Ecritnre samle.
Ce livre est ulile piuir la géographie sacrée.
IS'".ifjce (XU^K.), lié à l:iri- en 178 ; auteur d'une
Inrodu lin U CHiide de lu geoguiphie.
Dun,,iiuU ^Je.iu Baiili>le), né a .Maiseille en lC8i
dans la congrégation de l'Uiaioiie. Il mourut à
S:!ini-G.ruiain-dea-l'rés, le 15 ui.m i7dj. —Il lit un
uuviage sous le lilre de Debcripiion ijéog:uphiiiuc el
hisioriiine de la haute :Sori:iai,d:e.
Benne (Rigoberl), est né eu 17-7 [uès de Se 'an,
et uiouri;t à l'aiis le â décembre 179'». — il a pub; é
giaiid nombre n'Allas et de Caites géograpliiques
qui soni : i° Allas moderue pour la Ce' g.a,>idr de
N.rolu de La> roix ; 2" Petit AU s m.rilinie pour les
côies de la Fraïae; 5° 'lahleau de la Fia ce; i"
Allas pO(.r la Ceograjdue de l'ôbijé Greue. ; ô° Caile
du golie lie .Mc\i.|ue, e.c.
Boscuvich (le r.), jésuite n!lemaiiil, auîeur d'un
Vvyuye osooMUHii/iie «;( géojraph que dans les Éia:s-
Romains, in-i', en 177u :oiiv!agK savant e. esiinié.
Bosi,u iNi. .), voyageur du XMii" siécic. iNé à liai-
gueux-ies-Juils (diocèse de liijon, CotL-d'OiJ, es!
un de ceux qui uni le mieux lait ci-Miiaitie ia Luui-
siane el les peu^iles sauvages qui i'Iiab laieiit. — Il
esl i'ai:it;ur de plus:eurs letties publiées sous le inre
de 1* ^touieuuxcoyaijes aux Indes occidniales, e.c;
12^ Xouveaux votjayes liuns l'Amérique teptentriuniile,
Bi'lhaï^, l'un des plus .ineieiis géograp es Coin. us.
Marcieu a'Ilérac ée mus a^jinud qu'il aval c in-
po.-é en giec une di'scnpii m des tôles uu luondj, el
que les distances s'y liouvaienl in'iii|uécs par le mou-
brc de jours ei par celui des nuit>, el non en stades.
Bottani (Trino), a piiblé à Venise en 181 1, Hng-
g.o di itoria civile, natuiale, poliiica, etc. Esaid'hS'
tûire civile, naturelle el pulitii/ue de ta ville de Cuosic,
laiit ancienne qi.e muai rue, — a\ec dtux laiics bien
excCii'ée».
Bouclier de la Richitiderie (Gil'es), !ié à Saint- Ger-
niu:n-ch Laye en 1735; auteur dui.e Bib.iohJçut
iiiiiviTseile des loyayei.
Bouc eseiche (J.-B.), chef de diïision à h; pré-
fecliire de pidice sois l'en.pire; auJiMir de la Céiyr..-
pliie nuiionale, ou La l rance di'isée en déj,artein, nlt
el diilrieis, in-S", 179U; do isolions éléim mains de
giographie, etc.
Bofgainiille (J.-P.). né à Paris en 1722; gé.igra-
phc anl quaire, anleiir i.e plu^ eurs (iisseï talions sur
des poinis de géogaphie ancienne el moderne.
Bougriuville {\e coinlo Louis-.Anlnine de), céèbre
navigaicur du XMii° siècle, miMiriil à Par s en I-SIl.
— Il a comll0^é un Essai historique sur hs iiaviga-
tl<,iis iinciemies el modernes dans les h ute^ latitu-
des .-epteiitrionales, ainsi qu'une Xuiice surl.-ssau-
vaiiesdu nord de l'Aioérique. Il y a dans celte Notice
qii. Iqiies idées el quelques a-seilionsi|ni laraisseiit
un |u'U hasardées, ou qui ne conCurdcnl pis tou-
jours avec des l'aiis précis.
Douiei (l'abbé), auteur de iUliiioire de l'empire des
1161 BIBLIOGRAPHIE
(liérifs en Afiiijve, et d'une Description géographique
de ce continent.
Bouroite(V) 10 Fr.-NIc ), bénédicliii ileSainl-Maiir,
r.)orl à Paris en 1781; auteur d'une Description géo-
gripltique du LangiieJoc.
Botnillicr (l'.ilibé), auteur d'une Géographie métho-
dique élémentaire, ancienne et moderne.
Boivdicit (T.-E.), voyageur el géi'grapiie anglais.
— 0» a de lui uni' Dcscripiion géegrapliiiue du
rotiaume d'Ashunlie (Afrique occidentale), ilr-s Nnlices
géograpliiques sur des régions de l'Afiique cen-
trale, etc.
Boyer-Peyreleav (le colonel Eug.-Eù.), a décrit la
géographie des Antilles françaises.
Boijer de Suiiilc-ilaitlie (L.-Ans.), dominicain;
auteur d'une Histoire de l'église et du diocèse, de
Saint-Paul-Trois-Cliàleaux, ei d'une Histoire égale-
meul de l'église et du diocèse de Yaison.
Braconnier (\e P.), jé-uite, visita, en 1706, le>s
inou.ibtères grecs du nn ni Atlios. Il en pulili^), à Sun
retour en France, une desori|iiinn géograpliii|ue pour
servir à l'hi^loire de l'Eglise orientale. Cetie notice,
lrè--exacte el fort curieu-e, est restée inédile. Elle
ét:iit déposée à l.i bildlolliè<|ue nationale de h rue
Rxli>-licu ; nous ne savnns si elle y eit restée. On
l'y voyait encore eu 184i.
Brandano , ou BraiidHm (Antoine), moine portu-
gais de l'ordre de Cîie;iux, né en 15Si, mort en
1637 ; cnnlinui'leiir de la Monarquii Lus: ana, oa-
vrage imporlanl pour la géographie ecciéiiasii(|ue du
Porlugal. Peinlanl dix ans, Tauleur recueillit des
docuiuenl'i dan> les archives des mona.-léres et des
églises ; 2 vol. in-fol., formant la 5' el la i' partie
de celle grande histoire ; Lisbonne, 1G32. — lier-
iiarde de Briito, moine poringnis , de l'ordre de Ci-
leaux, mort en l(jl7, avait fait les deux premiers vol.
Brandano (François), neveu d'.Anloine, cl religieux
dans le monastère clsiereien d'Alcobaça, dont son
oncle éiaii uhbé, continua l'ouvrage des deux auteurs
précédents, el publia la 5' el C' partie, 2 vol. in-
fol., à Lisbonne en lOoO et 1G72. Ce religieux mou-
rut eu 1085. Ces 6 vol. vont jusqu'à l'année 1525.
Braun (J.), a public' à Cologne, eu 1824 el 1827,
un Cours de géographie pour l'enseignement dans les
universités. L'ouvrige commence par uneinirodin lion
à la géographie générale, puis vie"t la descriplion de
rEuro;>e et ce'le des auiies parties du monde.
Nous ne coiuiaissons pas de liadin lion française de
ceiouviage, cjiii, malgré p'u^ieurs erreurs el inexac-
titudes, a éié rédigé avi'C assez de soin.
Breydenbnch, pèlerin, lit un voyage en terre sainte,
en li8.^, avec un peintre d'IIlrechl, Eriiard IJewicli,
dnni les dessins eurent un grainl succès. Si carte
péuéra'e de 1 1 terre ^aiuie ie-|>'re un air de vérité el
di" naïvelé qui n'evclnt pas Ceifei piquant du crayon.
L'cMivrage eut un grand uombic d'éditions en dilVé-
rciias langues cl u > iniinense débit dans Ic.uie l'Eu-
rope. 11 fui tritduii eu tiaiiçais par im religieux,
Diction NAiRB de GéosBiPaiB eccl. II.
GEOGRAPHIQUE.
11C2
Jeliiu do Hesdin, dorleur rn Ibéilogie, en I ';89.
Biiand de Ycrzé a composé un Dictionnaire com-
plet géographique de la France el des coloni' s, revu
el auguienié par Wariu-Thierry, imprimeur à Eper-
nay. — L'ouvrage forme deux vol. iii-S*. Il est assez
exacl en re qui concerne l'am ieune France : seule-
ment il n'annonce pss toujours qne les lunnunienls
religieux, par exemple, i|u'j1 r:ippe le, n'exisienl plus ;
Cl c'est là, suivant nous, un grave défaut dans un
ouvrage de ce genre.
Brice (Oom Germain), bénédictin, né h Paris et
mort en 1727 ; auteur d'une descriptiim de la ville
de P;iris, el l'un des coll.iboralcurs de la GaUia
Christ. ana, etc.
Brion de la 'Fcnr (Louis), ingénieur géographe et
cariographe, mort au coiiimenceneui de ce siècle;
auienr de plusieurs Allas el de plusieurs ouvrages de
géographie.
Brofflrd. en 1280, fit un vny.ige en terre sainte,
qui a été pidilié sous ce titre : Lber desrriptionis
terrœ sanclœ ; Yenetiis, iti-8°, 1SI9.
Brwe'e (Ailiien-IIuherl), irgcnieur géographe, né
en 1786, e^tmorl à Sceaux en l;iô2. — Il ■> composé
plusieurs allns de géograidiie, et en 1816 il présenta
au roi Louis XVIll son A'Ias universel. Oindip e habile
carlographo, il a cependant hiissé subsister sur
toutes £e> c >rles les erreurs qu'on reproche gcnéra-
lenieni .i n.is atlas : ce qui les rend toujours vieu.x
d'un dcmi-sièile au moins.
Brtinn (Frédéric Léopold), philologue distingué,
néàZerhslen 17o8, profeS'-cur au gymnase roral
de .loachiuislhal, à Berlin, c-l l'auieiir d'un Manuel
de géographie, fîerlin, 1786 ; de Polices géoqraphi-
qurs et sintisliqui's sur la Savoie, le Piémont, etc.,
in-S", 1793, avec une carte de Solzinann ; d'un Pié-
cis de la connaissance des Etats de l'empire germant-
que,i\o\. in-S", 179o-lS04; carie de SoizmaTin.
— La première ps'lie des Notices gé-^crnnhiaue^,
etc., etc., seule a paru. C'est fâcheux ; car l'ouvrage
a'est pas dépourvu d'intérêt.
Bruun-Niergaard, Dimois, auteur d'un Voyage
pi(iori'S7He au nord de l'Ihdie, 1813, iii fol.
Bruns (Paul Jai nb), savant or:eniali>te et géogra-
phe allemand, naqnit à Preeiz d 'Us le HoKiein, le
18 juille: 1743, voyagea en Europe, et fut pr^fes-
senr h l'univeisiié d'Ilelinstadl. — Il est l'auteur d'un
Manuel géographique pour l'industrie et le commerce,
Leipzig, IT88; d'une nouvelle Descriiuion de l'Afri-
qw, de t'.Aiie et de l Amérique, Leipzig, 1791, 179!;,
6 Vol. iu-b*. Cet ouvrage est utile à consulter, sur-
tout pour l*.\frii|ue. Il a laissé une Géographie extra-
européenne, Berlin, 1803.
Briisch, OH Bruschius (Gaspard), né en 1S18 à
Schlaekenwald en Bohêuie, mon en 1559 ; auteur,
1* d'un ouvrage iniitnié : De C-rmaiite episcopatibus
epilome- Nuremberg, in-8", 1549 (ce vol. ne ronlient
que larcnevèclié de Mayenceel révèché de Bend
2° d'un ouvrage intitule : Monasierio'rvm
yrvripvorum rhronoloqin, Ingolsladt, loSI,
•41
1163
BIBLIOGRAPHIE
iîri/rfone (Patrick), voyageur anglais ; aiileiir d'uii
Voyage en iicile cl il Muite, 2 vol. iii-i.*, 1775 ; Ira-
duil en liaiiçais par Deiiieuiiier, Paris, 1775.
i)U(ii:/iÊ(Jean-INiCuhis), ciiriScrvaleur liydrograplie
en clit;rdu (Icpôi lie la niaiine, nai|iiil à la INeuville-
aii-Poni prés Sainie-Ménéli >nld vers l74;t. — Il pu-
blia en 1709 une 6'^ (/ra/j/iit; é.êm>nlaire anc'enne et
modeine,'i.\i>\. in-li; des EcluircissemiiUs géogra-
phiques iur la ?l OUI' elle Bretagne H sur les cotes sep-
tentrionales de ta iSomellc-Guiiiée, 1787, cl plu-ieuis
auircs mémoires sur diverses qu stions géographi-
ques, l'.n 1704, il fui noiniiié professeur de géogra-
phie à l'école Normale.
ISucelin {G:^hriv^), bénédioiin, né en 13C9 à Dies-
senlidllen en Turgovie ; écrivain laborieux el savant,
mais pas toujours ex^ict et juciicieux. — Il a hiissé
les ouvrages sui%anls : A/wifo impirii licnedictna ;
de ordinis S. Beiiedicti per universum imperUim Ro-
tnnniim immortalibus meriiis; Venise, I(i5l, in-4°.
Annales Denediciini, IGjo, Vienne. Germaiùa sacra
el profana, i vol. In-fol., L'Iin, lo?"!, el l""iancrort,
l'J7l. Hliwlia, Etrusca, Itomann,GalliC(i, ijermanica,
Kuropœ provinciarum suit allissima, Angsbourj, lù'ifi,
in-4*. C'est une liescripiion gcugiapliitiue assez exacte
du pays des Grisons.
Ducelin (Jean), jé-;uite de Canihrai, né en 1571,
inoitenl6-9; auteur de Cnllo-Fiandria sacra et
fTofiina, Douai, iGào, àvol, in-Cilio. C'est la desrrip-
tioii liistciriqiic el géographique de l'Artois et de la
Flandre \valloniie.
Buch (Léopold de), savant «oy.tgBur prus>;ien ;
auteur d'un Voyage en iSorwi'ge el en Laponie, 2 vol.
ÏD-iS", avec cartes. — Ce voyage, l'aiicu 18uC, 1809 et
1810, a été traduit eu français par M. Eyricseii I8l(j.
M. de llnmboldt y a joint inie inuoduction. Cet ou-
vrage est remarquable et iniciessanl.
Buclianan (Claude), ministre anglican, né à Cam-
busluug près de Glascow en 17. C, mon en 1815 ;
auteur d'un Tableau abrégé de l'élat des colonies de la
Grande-Bretagne el de son empire en Asie, relative—
nient à l'instruction religieuse ; de Becherches chré-
tiennes en Asie, ouvragL- fort imporlani.
Buchanan (François), midecin anglais, s'est fait
«ne répuiaiiiin par un Voyage de Madiasdans le My-
tore, le Cauara et le tlidihar, 5 vol, 111-4", 1,SU7. —
Ce livre est un des meilleurs ouvrages publiés sur
riliiidoiiSian.
Bncliaiian (lean-Lannc), né h Menleilit au comté
de Perth en Ecosse, a laissé des Voyages dans tesîles
Hébrides occidentales, île 1782 h 1793, !■!-">.
Biicher (Urlvain-Godcfrnl), aiileur d'une Descrip-
tion de la source du Danube et du pays de Fursiem-
herg. in-8», IT20, Nuremberg; d'une llisloire natu-
relle de la Saxe, ouvnige incomplet.
Buckitjghant (J.-S.), voyageur anglais. M;irin dés
ïti^c de 9 ans, à ?.l ans il commandait un vaisseau.
Il visita par mer les deux Amériques, la SIé literra-
^i-/'^ l'ée, la Turipie, la mer Kouge, le golfe Persique,
*< les Indes orientales, y compris gombuy, Ce^.ua,
GEOGRAPHIQUE. ffC4
Madras et le Bengale. Par terre, il voyagea dans
l'Egypte, la [Subie, l'Arabie, la Pa'esline, la Syrie,
la Mésopoiiiinie et la Per-.e. Ses divers ouvrages ont
contribué aux progrès d^'S sciences géographiques.
Bulteiu (Louis), né .i Rouen en lt)2i, mort
en 13"J3; auteur d'un Essai de f histoire monastique
de l'Oricni ; d'un Abrégé de fhimoire de l'ordre de
Soinl-Benvil, 2 vul. iii-4°, Ui,S4. — Ce^ ouvrages
sont bons à consulter pour la géographie des ordres
religieux.
Bnrchell (M.), se lit connaître d'abird par soa
voyage en Afrique. 11 consacra ensiiili; six ans de
1824 à iS50, à l'explora. imi des vastes provinces
intérieures du Biésil, dans lesquelles, à l'exci-plion
des religieux mi-sionnaires. aucun voyageur euro-
péen ne b'était hasarilé à i énélrcr, du nioin» dans
les temps modernes. M. Uurclu-ll a p.irlicul érement
visté la province de M.uio-Grosso, ou le Grand-
Bois, plus considérable à elle seule que rAn^jletcrre
et l'Irlande ensemble.
Burck (A.), a composé ui.e Histoire générale des
voyages p ir terre et par mer, Slagilcbonrg 184i.
Burck (Auguste), Allenaiid, auieor d'une édition
allemande 4I11 Voyoije de Magellan autour du monde,
Leipsiek, 184 i, in-8°.
Bi:rckhurdi (Jean-Louis), célèbre voyagef.r, n.v
qiiit à Lausanne en 17SI, et inoiiriit le 4 octo-
bre 1817. — On a de lui, en anglais : l" Vcy.ig s en
iNubie {Travels in Nitbia and in the interior of JSortU
eastern A(rica pcrformed in 1815), Londres, 1819,
iu-4°, avec cartes; 2" Voyages en Syrie et dans la
terre sainte, Londres, 1822, in 4°, avec ciries et
plans. — La géogiaidiie a reçu de grands et impor-
tanis services de ce livre, bien qu'on ait quelques
exagérations à y reprendre. — En 1814, biirckhardt
fit sou voyage à Assuan, D.iran et Suak n, snais il
n'eut pas occasion de recueillir des observations as-
Ironomiq'ies pour la rédaction de ses cartes.
Bure ou Burœus (André), le père de la géographie
en Suède, naquit en 1571. Le roi !e mit à la tête du
bureau du cadastre. Il fut chargé de mesurer tontes
les provinces et de dre.sser une carie générale du
royaume. — Son Orb:s ArctA, impnmisq -e regni
Sueciœ tabula, gravée en C feuilles, gr. in-lolio, qui
parut à Stockholm, eu 1C2G ; el sou Orfis Arctot,
prœsertim Sueciic descriptio, publiée la inênie année
à Stotkliolui, in-&°, furent le lésulial de ses travaux.
Il mouiiil en 1G46. — Buricns créa une géographie
nouvelle des provinces du NorJ tiès-exacie.
JSuriies (Alexandre), officier anglais, a publié des
notes tt des remarques géographiques sur rU.n-
donstin, 1825.
Bussihes (M. Léon Renonard de), a parcouru tmc
partie de la Unssie. Il a public son voyage, qui con-
tient sur cet empire des note~ géographiques d'au-
tant plus inléiessantcs qu'elles sonl exactes : ce i|in
est assez rare de la part des voyageurs modernes,
qui n'écrivent pas pour la science, mais qui louent
outre u»e»uie la Russie, ou qui l'atiaqueni avec
lies BIBLIOGRAPHIE
amcrt'inie ; de sorte qn'au milieii de ces exagéra-
tions de l'espril de parli, la sfii'Dce géograpliiijue
n'a rien nu peu declicse à rectieiilir.
C
Cndnm sto (Alvise de), Veniiien. fiUin vnv^ge en
Afriiiiic cil Ui5, cliiii ss'cond en 1116. — SuuJour-
nat e^l une pcintiiri: lidiile ci iiiiive du psy«, des
mœirr» pi U'-aj^cs des p'ipiilalions de la rôti' orculen-
tale de l'A riiiiie. La première éd lion pniul à Yiciiice
en IÔ07; elle fui li.-idinlc enÂiiilc un nllcni:iiid, en
latin el d.in» pliisicur.'! antres l:in,:^ues.
C'vsar (Piulipiie), aiiieiir de l'ouvr.Ége : Triaposto-
taltu Sei)len:iionii. Vita es gs^la S. WiLlindi, S.
Aittgnrii, S. Ihiubeili, Colugne, 15-42. Ce livre ren-
femie des piôcis d'un grand initrci, et il est furt
rare.
C.almel {D'>m Aiigiisliii), bénédictin, naquit le 26
févri -r lb^2 à .Meiinl-ia-llorgne, prés Coinnien y en
Lorraine, li moiirul ii Sénonci le 25 oclolire 17")7. —
Il a f.ii plusifiirs oinnii^es, i nireaiitres les siiiianls :
1° Oiclioiniaire hislorique, cniUjue et géographique de
/a Cii/e, P.iris, 1730, 4 Vol. in-lol On trouve dans
cet ouvrage nue biograpliie ecclésiasticpie Irés-élen-
diie. 2" Hhloire unii'en.el'e sacrée el prof me depuis le
commcnccmettl du monde jmqii'à iir.t jours, 1720,
Strasbourg — NaiK y — 17 vi.j. in 4". M. l'abbé Migne
a publié une uonv^lje c lilion du Diclioniuiiie hislo-
rique el géographique, qui a é é r(;\ue et adaptée aux
progrès des découvertes modernes par M. Tabbé
James.
Cuplait (M.) a composé, sons le lUre de Ere» Ke-
dumiit, une gé.'grapbie de la Bible; Wilni, iii-8°,
ISS'J. M. t'uSraïadt, de Kœuigsberg, a traduit cet
ouvrage eu allemaiul.
Carabanles (Juscpb de), cai iicin espagnid, né en
1628, el mon en r,9i. — il parcouriii nue p.Ttiedes
dé-eils de l'A iiicrique centrale et de la scplenlriu-
nali; pour 6v. iigé.iser les Indiens, il est auteur d'un
livre iiiiituic : Ars addisreudi alque docendi pro mis-
siumriis ad conversioucm Imtorum abeunl.buê.
Curlelli (François), ité à Florence, en la. 2. —Il
a composé liu ouvr.ige en 2 vol in-y, sur ses voya-
ges en Afrique, en Amérique, auv ÎOi Pbilippincs
et au Jupon. Qnoiqne dépourvu d"instru(;iio:i, il écri-
vit son livre avec siinplicilé, n.itnrcl, clarté et exac-
titude.
tarli de Piacenxa ^neriis), et Michel Angelo Gual-
Uni, tous deux capiRins, nés, l'un à" Pieggio, et le
second à Plaisance, inis>io naires an Congo en 1000.
— Ils ont lédigé ime Rela;ion de leur mission, sous
ce titre : Yinygio di D. Michel Aii^iioh di Guattiui e
del P. Dioniqi l'.arli nel reyiw det Congo, etc.
Cartier (l'ablié Claudi), né à Verberies en 1:25, et
mort cil 1787, prieur d'Andre^i, a pub ié des obser-
vations pour faire suite à l'bitoire géographique du
diocèse de Paris.
Carré, voyageur français, a fait un Voyage avx In-
det orienialet et dan» l'Asie mineure, 2 vol. in-12, Kuii.
GROGIIAPHIOUE. HG5
Carrillo (.Martin), né à Siragosse au xvi« s éole,
cbanoiiie .le cette ville. — Il a rédigé une Description
gé.graphique el topograpliiquc. de t'iU de Sardaigne,
Barcelone, 1612, in-i». Celle description mérite con-
fiance à canse de son exactitude.
Carierei (Pliilips), Anglais capitaine de vaisseau,
fit lin voya-c de découvertes en {Î6i) dans rbémi-
splièie méridional, aujnur.Ibni l'Océanie. II contri-
bua a déterminer la géograpliie de celle partie .fu
monde , qne rturopc commençiil s ulenieni à con-
naître, bien que les navigaieurs poitngais el es-
pagnols y eussent paru près de deux siècles aupa-
ravant.
Cdiiier (Jacques), né à Saint-Malo au xvi' siècle,
navigateur, anteiir de décoiiveriCN géographiques dans
rAiiiérii|ue septentrionale et surtout dans le Canada.
C'e^ilui.,ui le premier fit connaître le fleuve Saint-
Laurent, le pays qu'il parcourt et les côtes qui l'a^
Toisineiii.
Curvajal (L. Marmol-y), historien et géographe es-
pagnol, lé .1 Grenade en Io20, mort en 159'J. —
Nous avons de lui une Description générale de l'Afrim
que.
Cisado-Ciraldès ( J. -P. -C. ), géographe portugais,
auteur (l'une géograpli e pm tUnaise.
Cathmccro (M.), du pays de llliote (Tbibel); au-
teur d'une Dcoir.piion yéogriphique el lopi grnpliiqut
du Népiiul et du p: ys de Blioie, lue à la iociéié asia-
liiine deCdcuita eu .82!j.
Cns/ri (Michel), savaui orienialisie, religieux sy-
ro-inaroiiie, né à Tripoli de Syrie en 1710, mort eu
IVJi à Mailrid ; aiilenr d'une Bibiiuihecu Arabico-
nispuiKi, ouvrage utile à la géographie ecclésiasti-
que.
Cassis (Louis-François), artiste d'un beau talent
et d'une pHidi^iense laciiiié, a publié eu i'iO'i, in-
fol., nu Voyage pittoresque de la Syrie, de la Pliéni-
de,' de la Palesliiie el de la basse Lgypie, avec un
texte e^pli'atil. L'ouvrage a clé in:errGinpu par la
m sére el la mort de l'anteur.
Cahiaultida (Feinando-Lopez), liiMorieu portugais
du xvi» .^iè^le. — Il a écrit t'Uiiloire de la conquête
des Indes par les Portugal-, in-folio, 1552, ouvr.ige
exact, contenant des noi ions géographiques précieu-
ses. Il est e-tinié cl fort r;itc.
Casiela (Henri), leligienX observaniiiï, né à Tou-
louse, lit en IbUO un voyage en Palestine, et en écri-
vit la relation souj le litre : Saiiii vyage de H.éru-
salem et du muni Sinui, Boidcani, in-o.* , ou Guide
et adie^se pour ceux qui veulent faiie levoyaje de lerrc
sainte, in-12, Paris, 1601. — Celte relaiioii est écrit ■
avec simplicité ei en bon observateur.
Castro (Jean de), célèbre iia\igaleur porLugai> du
xvi« siècle, auienr de ïllinerarium maris ttubri,
INous citons .M. de Santarem, ^avaul géographe |M>r ■
tiigais, qui a pnblié un Mémoire sur Jean de Castro
et sur sa Biogi aphie par Freire d'Andraila, et l'a pré-
senté à la SOI i té de Géevraphie de Pari--.
1 La vie d'un gr: ;ul lii me n'exciie pas loujouis
!167
BIBLIOGRAPHIE
l'admiration Je ses conipmporains, lors même qu'il a
consacré la plus belle o|ioqiic de Sii jeunesse an ser-
vice de sa pairie, à la niluire de la seience cl iiu
boiiliciir de riiuinanilé. C'est la pnsiciilé qui vient
presque toujours ciiiiroiiner de lauriers celui qui de
son vivant avait clé en luille aix allaques de l'envie
ei aux pcrliiles stleintes de ses rivaux. Néanmoins
Jean (le Oasiro fil exception i> celle icgie, car il lut
toujours lionmé par ses ciinlen\pi)raiiis, el les géné-
rations qui se SHCCodcrenl lui ont toutes vouj un tri-
but d'adniir. tion.
« Le grand épique Camoens, Léonard Nnnès (l),
Barrello de Resende (2), Faria y Soiisa (ôj.Tnrrcsao
Coellio (4), Mallliaeus (5), Telles (0), S'>ares de Brit-
to ('), Lalileau (8). Itarliosa M;icliado (9), le )-avant
Bayer (Ul), Murpliyill). eideriiicrer.ieni les deux sa-
vants acadéniic eus Ribeiro dos Sai tos el Slock-
1er (!2), «un consacré dans leurs ouvia^es des arti-
clei à ce grand homme, ^éanlnoins aucun de^ ailleurs
diinl nous parlons n'enircpril la noble tàrlie de se
constituer son biogrnplie. Celle gloire appai lient à
F'eiie d'Andrada, d nt l'ouvrage est nu des plus
justement tclèlires dans la liiiérainre portugaise.
« Le travail d'.\ndrada présente non-seuleinenl un
grand intérêt p;ir les laits qn'on y trouve (On^igncscl
par le grand homme qni e<i est lu sujet, mais encore
par les charmes du style; car il est pour l;i prose
porlugiise, ii une é|ioquc de décadence, le que lu-
rent les grands génies de l'époipie classique pour la
poésie; el inèmc, en adineltanl hs reproches que
certains Cl iliipi s de n iire temps adressent à ce li-
vre, il n'en esi pas moins viai (pis l'Europe savante
l'a regardé comme un chef d'univre de biograpliie, el
qu'on l'a traduit en plusieurs, langues (15).
< Bouterwek, dont l'opinion e~t d'un grand poids
en paredle oialicrc , toosidcre celle biographie
comme un chel-d'ienvie. Il soutient inôine qu'on n'en
connaît point, soil en portugais, soit dans les antres
langues modernes de l'Europe, (pii puisse loi é:re
comparée (li). Cette biographie de D. Jean de Castro,
dit-il, est un monument élevé en l'Iionneur de ce grand
liomiie.
(I) Cliron. Mss. de D. .loao de Castro, biblioth. du
Itiaripiis de Caslid o Melhir.
{i) Trniié de mus les vice-roit de ri)idc, etc. Mss.
(in Musée briiauniqne • i iie l.i Uiblintnèipie da roi, à
Paris, II" 88--2; fonds Colliert.
('<) Commenlnires Mo Camoens el Aiin, f'rrtug.;
part. 1, p. 3 I, édii. de Lishoiine, 11)74, el part, ii,
p. ilO.
I i) E'oge de Jean de Castro avec des Noies el
Eflnircinenieiils de l'iiiio liibeiro, Li. -'bonne, 16i:2.
(.')) Veteris nti' niinlela, e.e. ii, 8.
(6) llht.da Ethiopi; liv. i", <hap. 2; Cliron. da
Conipaniiin de Jcjjis; paa. ii, p. 78.5.
(.) Jhealrnm Lnmaniœ (ttterutum. .Mss. de la Di-
blioili. (1(1 T'i.
(8) llisioire des découvertes des Portugji.'; ; loin. Il,
p. 4l7.
(!i) Bii'lioin. hnit.. art. Castro.
(lO; liibliulk. Hispoii. nova. I. ti7'i.
(U) Voi/nge en Porliig.; loin. !l, 201.
(12) ËijMt. Hittor. i."br. n oiig, das matliem. «m
GEOGRAPHIQUE. 116S
€ La preiricre éililion de la Vie da D. Je'n de
Castro parut en l(;5l,el est devenue très-i are Celle
dont l'Acadéuiie vient de vous envoyer un e.veinpiairc
a le dnutde a>antage d'èlie une léiinpn ssion de la
prenrére et d'i'lre enrichie de plu^ienis notes criti-
ques el de soixante-cin(| doeuments pioque tous in-
édits, qui nnn-'enlemenl ont (dlerl au ^avanl édileur
lin grand iiunihre de maiérianx pour c rriger plu-
sieurs passages et rétablir un ^rand nomlire de faits
que Frein; d'Andrada avait ignorés, nial-i encore
pour nous donner dans cette nouvelle édition iiae
foule de notions précieuses dont les pré(édenics
Claicnl coinplélemenl déiioiirvues.
« Vous ayant ainsi rendu compte de celte nouvelle
édition, je sollicite eocre voire hienveil'anie atten-
tion et votre !-ympailiie pour le giand lionime q;n
consacra ses veilcs dès son jeune .ige au milieu des
orages, despéii's de la mer et du bruit du canon (15),
qui ciuis.cra, dis-je. ses veilles ii la C' smographie, à
la géograph'e el à l'élude de- ouvrages des anciens.
I Je dirai donc quelques mois des seivices que
Jean de Castro reiidi' aux sciences géographiques, et
je signalerai ses connaissances classique-, d'auianl
plus que les éirivains ipie j'ai noniniés plus haut,
sai s en excepter même son ln^ gr:i|ihe, nul été sur
ces deux points d'une désespérante sobriété de dé-
tiils, se cohlenlani de nous dire à peine qu'il était
tics-in-'ruit dans les niatl.émaliipies cl liès-veisé
dans la coonais'-ance des aoteins ai cieiis.
« l'i ur m'a quitter de celle tache, n'ayant malheu-
rcusemenl devant moi que peu de matériaux, ce ipie
j'aiiiai I'Ik eiir de vous dire sera cxirémeincni in-
complet. Néaiiiiioins, les pariicularités qui concer-
nent l'éducation et les éludes d'un grand homme, et
notaininenl d'un savant du comuiencein nt du xvi«
siècle, forment non-seulement une panie très-impnr-
liinte de sa biographie, mais ces particulaiiiés ser-
vent encore ii agrandir le domaine de la philosophie.
I Castro fit ses études de philosiq hic ei de matlié-
niatiqnes sous la diiect'iOii de Pedro IN'unès, géomètre
po:liigais, savant qui, selon l'cxpre-sioii d'un célèbre
maihéinaiicien de nos jours(l6), était iiicontestable-
rorlHon/, 1819.
(|3; tue iradiiclion anglaise a paru à Londres en
1661; nue autre à lioin.! en l.iliii, 17 7.
(14) Boiiterwi k . Iradiiclion anglai e. Hislorti of
Sp.tiisli and Potluyueie liltauture; Imn. Il, p. 32i et
suivanles.
(15) Castro comniandaii un des vaisseaux de l.i
flo le porliiiiaiM' de l'ami al don El cnne da Gniia,
ipii était (iini|io ée. d'apiè- le jinriiil de C<str(i, de
tii iLàiiiiieni", donl 12 de liant liud (selon Andraile;,
il qui iievail incendier :elle ibs Tiirks. Aiani eeie
expédiiiiiii, le- Poringais, dès )4:)7. fiMiit tons leurs
elfoiis pour liéiruiie le cimnierce et la iiavigat.. n
de la mer Ronge. Une île leurs floites détruisit tome
II! mari rc inarchaude des Tiirk» et des Vénitiens, el
le- vaiseanx que .Soliin.iii II avait l'ail consliniie à
grands irais à Suez en I ."8.
(iSole de M. de Santarcm.)
(IG) Viiy. Slockler, t'ssûi sur l' histoire des maihé-
mal. en Porliigut (Eusaio, p'c.k Paris, 1819, p. 29
et 50.
lia
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
1170
ment le plus profond de l'Europe au cnmmciicemeiit
du XVI» siècle. Nmiés éiall professeur h l'Universilé
de Lisbonne ; ses ouvriges pi iinaicnt nous f;iire C"n-
n:iiire qne'.les fiireni les durinnes (lue Casiro reçut
de lui. Munis av;iil Ini-n éiiic lail un ^'anil nomlirc
de voyages pour xisiler les pays lompiis par ses
compairinies.
« Lis produLiiiMis de tet aulenr, dont quelques-
unes furent irailniles en ilivorscs luignes de l'Europe,
soiil : 1" De cille alijve ratione imiiiiinidi Hhii duo (I).
D.ms cet ouvrage il analyse el reciilie ipit I incs pas-
sagi's des ouvrag''s de l'.egioninni;iniis el de Jiirôme
Cardanus, el coriii;e aussi qn.M |iies prnpc sitions Iri-
gonouiéliiiucs de .Mene':'ù-i ("2) el de Ciiperiiic (5).
i' Des Aiinoinlioiis à la Mécanique d'Ari.^lvle el iihX
théories des plntièles de Poibucliio , ouvrage où le
géomètre poriug:us monir:i un profond savnir el une
élude ap|irofi>ndie de i'Alnia.'esie de Pl'déiiiée (4).
5* l'ne Iradiicliun latine du f'ineux traité de l'aslrn-
non)e nralie Al- Azeu, sur ta cause des crépuscules (3).
4° De erralis oroiilii Finei (G). i° L'n Truili de la
tplière avec la théorie du soleil el de la lune, et d< s ob-
servatiout critiques sur le i" livre de la Géographie de
Ptuléniée. G° Deux ti ailés sur les caries tn:irines, et
des annoialloMs au iraiié de Spliita tuuudi, de Sacre
Bosco {'.). T L'n iraiié d'altèbra (8). 8' Une traduc-
tion des livres de Viltuve sur r:ircliitf( ture, avec des
nolc> et étlaiiris«enienis (9). Wridler (10), Nicolas
Antonio (I!),B yle(l"2), Ba lly (13), et noiamnient de
Lalanile, consacréroni d.ms leurs ouvrages des arti-
cles au rélèiire profes-eur el ami de Jean de Castro.
Lalaiide observe même que notre géoniélr ■ fui l'in-
venienr d'une division ingénieuse dont Ticlio Bralié
lit usage (I î).
I Cssiro ne pouvait que recevoir d'exceilenies le-
çons d'un lel niaîlre. Eu cITil, son lliiiériire d ■ la
mrr Rouu'e, celui de Lislioinie h Cuà (loi, et de Goà
à Diu, nous en fournissent la preuve la plus con-
vaincaiile.
f L'étiule et la culinre de la langue latine au xvi»
siècle éiail dans son âge d'or en Portugal ; celle de
(1) Cet ouvrage fut puHié à Coïm'i'e en 15Ci, el
à Bàle en I.-66, . t traduit aiirés eu français.
(2) Je d(Ms olise' ver ici qu'une pirtie d ■ l'uuviage
ilu géonièire grec éianl penliie.il u'v avait du temps
de Nuuès que deux radnciio's, dont l'une eu :ralie
cl l'autre in liclireu. La iriilnuion la'iue n'a été ini-
îiliée que dans l'année 1707 à Oxfurd, seui le litre :
jleiielui Alexand'ini lihri très, etc. Nunès s'tSl pru-
batileinent sei vi de la tr. dnciioii ar be.
{\'oie (le iW. de San'arem.)
(5) Voij. Slofkler, iiuviage cité. p. 53.
(i) Siii kler souiieiit que ce livie de notre géumè-
Ire est le plus inéib'uliqne et en inèuie lemps le (dus
clair qu'on :iii publié jnsipi'à celle époque (Ouvrage
cité. p. 58). {Note de M. de SaïUaiem.)
(5i l'ub ié à Lisbonne en 13i"2.
((>) Puldié à C"ïinbre en 1346.
("i Ces ouvrages fuivni publiés à Venise en 1562,
il à i^ologîie.
(8| Vu;/. Siockler, Essai sur thist. des mathém. ,elc.
{:} /t;./ ,p. 58.
(1 ) llnliiria nuronom'œ. 17il, in-4°, p. 361,
(11) Bibtiolh. Iiispanica, III, 476.
la belle langue d'IIomére el de Déinosthcne élait
aussi irès-répandne ; néanmoins si nous jiig ons
Castro par ses éecils, ce grand boinnie, Irès-baliile
dans la preuiicre, paraît avoir eu plus de pré iileili m
pour les écrits des anleurs de celle-' i que pour ceux
de la seconde, comme nous le nionircrons par la
suiie. D'autre pan il parait qu'il a^a■l i|uelque
conna'ssance de l'iiabe, el peut-être du persan, ce
qui nous es: lévélé jusqu'à un certain point |>ar le
raiprochenieiil de dciiv des documents aj iiié- à la
nouvelle édition de ^on b'ogrnp'ie , avec quelques
pa-sages de son llinéraiie de la mer Bouge , dont
l'original portugais n'a paru q\ie l"Ul nieeinincnt.
« La Icclnre attentive i!e ce travail précieux nous
révèle sa vaste connaissance des auteurs anciens,
ainsi que son opinion sur leurs ouvrages. Celte
lecture nous montre encore qu'il suivit datis Sfui plan,
exécuié p!u^ de deux siècles avant l'illustre d'Anville,
celui de ce céîèlire géo._rapbe, c'esl à savoir que
tous deux éludicieul le golfe .Arabique, de manicro
il en faire coiuiaiire les dil'érentcs posilintis anciennes
el actuelles. Casiro n'a duic pas parcouru les rivages
deceg'dfe f.itneux sans cberdier à reconnaître quels
pouvaient être les lieux dont il est fait uienlion dans
les amiens auteurs (16).
« Déjà dans la dédicace à son illustre ami l'infant
D. Lo is, il révèle ses connaissances pliilosopbiqiies,
sa criii'iue el sou érudition. Il s'y plaint de U
présomptueuse ignorance de (pii'lques piéieulus
savanls. Il leur reprocbe celte fatuité qui les faisait
par'er comme s'ils eussent su tonte « rasiroinunia
d'Ilipparque, la mécanique sublime d'Ar<bimèdo , la
cosMiogiaplii- do Piolémée, la gé"nicirie d'Eudide;
commi s'ils eussent eu le génie cl l'habileté d'.Arislolt ,
ainsi que le coup d'oril el le savoir de l'Iiuc, pour pou-
voirappréeitrct décrire les objets de la nalure(17). »
< La lecture de cet ouvrage nous montre ce grand
boiiune é udiant toujours les auteurs anciens pour
les admirer iiasMonncinent, el pour les suivre dans
ses observations et ilans ses ra|iproLlieincnls, mais
souvent aussi pour corriger Icuis inexactiliides. On
(12^ Diciionnaire.
(15) llisloiie d)" Cnstrniiomie woderne.
(li) Traité d'astronomie, liv. ii, 437.
(13| On voii dans une I lire de l'illustre i"fant don
Lo is, adressée .a C.i-'ro le l!l mars l.iô'J, que ce
ileiiiii'r av ail transmis à ce mince, le 5 aoûl île l'aii-
iice préeédenle, une série d'oliseï valions astronomi-
ques, el qu'il avait écrit lout ce qu'il avail observé
dans le cours de sou vovage. Ce Havail préféla da
qiiaire ans celui de son liiuéraire de la mer Bouge,
f.e prince lui exprime sou iinpalience de coiinaiire
les lé-iiltats des observations laiies, dii-il, avec ne»
iphtrumeiils Ces instruiiients snnl pr'.balili'iiieiil ceux
que ^nllés avail l'ait consiruire. Rappiocbez le pas-
.'a<;e de ce te Icitre ( D'Ciim. n" 5 oans l'éilitiou
d'Àinliada île 1855) avec l'antre des paies 134 el 155
de l'Essai sur l'Iiist. des mulh. pir Siochler.
(So'e d- il. de Snutnrem.)
(16) Voij. d'Anville. Mémoires sur l'Egypte ancienne
et mnderiie. Paris, 1766, piél., p. 13.
(17) Bappriicbez cet éloge qn- Castio fait de Pline
en si peu de mois, avec relui que fait BulTon du
même auteur. {Xoie de il. de Santarem.)
im
BIBLIOGRAPHIE
voit (ju'il avait avec lui iiii l'Iine qu'il ciie souveni,
ayant toujours le soin de l'appeler le Naturaliste,
pour qu'on ne le confonde pas avec Pline le Jeune.
Il elle égalenioiit Diodorc , qu'il n'oublie j.iiii:iis
d'appeler de Sicile , pour qu'on ne le confonde pas
avec niodore d'Anlioclie. Il avait aussi avec lui un
Poinponius Melii et une édiliou di- Slralion, auteur
qu'il iioniuie loujnurs île C^ppadoce, peni-éire pour
qu'on ne le cotif: nde jias avec !e Str^ibnn Wahif ide,
savant auteur du ix' siècle (1). Pour ui , géoyinphe
qui avait étudié le^ éi rils du moyen âge, et qui
écrivait dan^ un siècle qui a vu parvllri: vinstcinq
é<lilions de Ptn'éuiée , son auteur de jirr'd l.cti'in
était ce fameux géogiaphe d'Alesandric. Néamuoins
il ne l'épargne jamais; il relève à clia(|ue instant ses
erreurs comine il relève celles de Sirilion. El malgré
ion adniiiat OQ pour le prince des géographes ,
comme il l'appelle, il avoue qu'if est frappé déinn-
nenicnt toutes les fois qu'il pense qne Plolc.'i.éc, né
à \lexandric, où il composa son ginnd ouviageit
on il passa (ouïe sa vie, que ce saiant ait pu cimi-
inf'ttre tant d'erreurs en traitant de Suez el du gulle
Ellaniliquc.
« Castro ne s'aidait pas seulement des ouvrages
des auteurs anciens; il éiudiaii aussi, au milieu des
da-igiis d'mc navigation pcrillcuse, d'autres livres
qui i.onvaicnt léelaircr sur les Jocaliiés (-2). C'est
ainsi que nous rcniai-.i is que quand il parle de
S-iinie-Cailidinc du Moni-Sinaï, il cite Amoniu,
aiclievèqiie do Florence (5), ce ccU-hie cliioiiiquour
du xive viéclc canonisé par Clémciil XII.
« Ca-ir.i p(uiaii donc a\ec lui nue coJl ciion .les
ailleurs anciens, |ui iralicnt des localités dont il devait
écrire son célèbre llin.r.iiro. .Néanmoins je ne dois
pas caclier mon cloiiiicnicni de ne le voir jamais citer
les anlcms grecs; car il ne s'était jamais servi dos
nciions d'Agaiarchidcs de Cnido (i) ni de celles
d'Arrien , qui a donne dans son périj le de la mer
f I) Çasiro cennaissa't peui-êire les écriis du Slra-
Ijnn allcinand avant ieur publiai ioi dans le reeii-il
do Canisius. ( y Ole de .1/. d- Snmaum.) '
<-' ""S rs passades ,1e l'itinérair,- île C^.sir,)
I rcuiveM ,|i>-|| avait avec lui d:ins son vai-soau noe
ciil'e,ii,i,i ,li!s ailleurs .pi'il cite. Cl nol •noient celui
»^w le.piH II .létermiiie la position ,1e l'jb.t p,és
do promontoire l'os^ilio. pa^s^.,; oi, il dit ,|u' 1 dé-
banp.a j.oo,. ,„esu,er les disiances . po r faire des
oL^rvalmus a^lren,. ,n ■. . el r„p,„ocher /,., uoms
aiuiciis tilt promvnloire nvec les noms iirtulemes.
{..) n«teun. p. Ifi!!. _ L, fliro.il.nie d'Ani onin
Cntp^Meursédilions. Au temps ,1e Caiiro cWs au
d. la c llcsde Venise de liso, OeSnr mhe..' .ie 1 .Xf
eu .■mes go.hi^nes; c I e l!-,;,. ,„ j :,,f ,\ , g„;
de Lyon de ldl7, en 5 vol. in-1,,1.
,,. ,, , (yQtedp ii.deS.wloreni.)
(.) f.et autour écrivit s„us I'l„lémée Plol, n.elor.
PlioMus nous aconservédanssa Biblioll,è,p,e,|uel.|ues
exirails de son hv.e; mais ce bel ouvia!,';t clan éenl
en grec, et la première Iraduciinn laiineile S oit n'i
p:innii'en ii.U6, plus d'i n d,mi-.-iècle a rès I , n ort
'*",!••"*"■"• {^ole de SI. de Sa,il,rem.)
10) Au temps de Casiio, il n'y avait pas encore de
'raduct.on latine d'Arrie,,. La première n'a pa.u
GEOGR.\PHIQUE. H"2
Erythrée la description de tous les ports, des rades,
Iles et stations de cette mer {>)). S'il cite Hipparque
dans un passage de sa préface , il n'en a parlé que
d'après ce qu'il avait lu dans Pline l'Ancien , qjii
nous a conservé les litres des ouvrages de cet asiro-
noine, ouvrages qui se sont perdus (0).
t Quoi qu'il en soit, ce que je irouve encore de
plus e\lra,iidin;iire , c'est que Castro, en parlant
biiigiiement du ISiI et des causes du débordement
de ce fleuve, débordement qui, eoinniu il le reniai que
tièi-liieii, avait (oiiriii aux anciens ph loioiihes un
llième de discussion S'^iis qu'Us oient p» le résoudre,
u'ail point c:ié lléi",,dote, ni Lr.,st stliéne, Jii Tbéo-
pbrasle dans l'orpliy c, d'auiaiii plus que le preuiier
aurait dû le charo^er par le tableau si iiitéressaui
qu'il nous a laissé.
c Les anciens philosophes auxquels Castro fait
allusion ne pouvaient cire les auteurs qu'il cite.
Scraieni-ce Thaïes, Anaxagore, Euripide, Epboïc,
Aiisioie el SOD scoliasie A^ex.indre d'Aiihrodisée ,
qui se sont occupés de ce phénomène? Nous ne
pouvons que le pré-iimer.
« Notre auteur prétend avoir obtenu la coniiais-
saiice des causes de c- pbéiiou.ène du détiordeiuent
du Nil , que de si grands génies, dil-il, ont ignoré ; et
j'ai en peu d'heures, sans dépeiues, .■^ans veilles el sans
truviiil, déionverl le secre: iiue tani de puissants ruis,
après avoir dépensé des sommes immenses, n'ont pas pu
découvrir. D-iiis ce nas>agc , Casiro parait vouloir
nous lairc comprendie qu'il enleinlait parer des
rccJierches faites par différents princes qui mit régné
êur J'Egypif, tels queSé.-.ostris, C^mby'^c, Alexandre,
les deux Plnlémées Pliilad. Iphe et Eveigéle, enlin
des recliciches faites du temps de Césir et diî'Néroii
pour déeoiiviir les sources du Nil. recherche^ qui
lurent toutes iril'rurliii uses. Ces < bservaticns m. us
montrèrent à la l'ois l'iustruciion el le sav(dr de
C.isiro, et nous prouve, ont eu mène teuips qu'il
q ,', n 1577, pics de trente ans après la mort de
{^lslro; Arie,, n'a poioî olKeivé , cnome notre
anieiir. les rmiil»» des v ii s et 1,;« cmiraots du uolfe
Ar.dui|'ie. Le 1 ce (Descnpl. ite l'Egypte, loin. XI,
édii. iii-8) p.irait n'.ivoir pas connu la irailiiciioii
préciice, il m- cil?- que la trailii' llnii laite pai tila< iiard
en UiS.j. G.sseliii (llecherdi'S , ele.. Il, 17li) ilil que
ce périple est laiissemeni aiiniiié i» Arr,. n. Sii' cette
qne.^iioii V' yez le savain ouvrage du Oocieur W. Viii-
cint, Vfli/ui/t; de Néari/ue. etc.
[Soie de il. de Saniarem.)
(!) Casiro ne pouvait (as lOmailre ce qui nous
resti- (le col : iiieiir, le Ciimmcniaire sur Ar..los. ipii
ue lut iiiipr.iné vcc une iradicniui la.ine d'Ilildér ic
qu'eu 15 7, cli, /. les Juntes, preMiue vingt ans apiés
Ja mort de t.aslci. S'il paile li'Arcliiim de , c'est
peiil-e,ie d'après la tiaducliim la ii.e l.iite par le
sa\a I éNè.p.e de Goâ , duu François de .Mcll> , son
cuiipatrliil- el son cun'einporaio. Eu elîei, c pié at
ir: duisit du grec en latin h; tiailé ')e inciden tbus in
lnimtdis,v[ les tiailcsd'Kin liile.yuaot àDiodore, qu'il
cite Cl qu'il corrige qoelqu- Ims, c'est probablement
d'aiiès la ir.idnclion latine des six premiers liMe> de
cet auteur, qui availété i:npninée à Venise en U'j6.
(iVcede ii. de Santarem.)
1173 BIBLIOGRAPHIE
aimait de prérérence la langue latine , qu'il ne se
servait des ouvrages des auteurs grecs qu'autant
qu'il en existait des tiadnclions latines. En eiïtH, il
ne parle juniais, m:ilg>é son érudition, des diiïérents
systèmes des Grecs , tels «nie ceux d'Hésiode ,
d'Homère , «rOrpliée, de Démoerite , de Se ylax et
d'Eiiilo.xe. Il n'est pas moins digne de remari|ue que,
contre l'usage des géog.a|>lies du moyen âge , il ne
parle qu'une <'U deux lois d'une manière claire des
Iradil'ons bili'iiineset delà géographie des llélireux.
Il ne cite p;is même la déiKiminaiinn dnnuceà la mer
Riii'ge dans les textes di' no^ livres saints de V'niH-
Siipli, mer dosjuncsou de l'algue (I), ilont une île,
Snlfange-ul-Buliat'i , dont il détermina la position et
indiquai la synonymie , conservait encore un nom
analogue à celui que les livres f-ainis donnent à ce
g"lfe. Il gifdft le même silence quand il discute
qiieli|nes ilonnées pour déterminer la (losilion ;:stro-
non^que de Bérénke, i;e se ra;'p(ir:anl pa> aux tra-
ditions bibliques; il ne nous dit pa^ si c'était !'an-
ciinne Esiongaber des Hébreux (2), quoique , du
temps de Joscplie, elle fût déjà nommée Bérénice (5).
Il est él<:' nant, dis-je, (pie nuire auteur, qui aima t
à r.iire des rapproi lien:eni^ , n'en ail point fait ici
avec 1rs dénominations des textes sacrés , et qu'il
n'ait pas signalé non plus une vdie appelée nu n éuic
i.oin de Bérénice, et située dans le golfe .\ia|]i(|U3,
savoir : la Bérénice de Sirabon près de Salié^', x/rù
2à€«ï, Déréniie Epi-dirrs; et ce silence e t da; l;inl
plus rrniarqi able (|ue J an de f.:islrii, tout en >ui-
v.int i'Iiiie. assure que les données fusirniis à l'égard
de celle ville par l'umponius Mêla étaient insorfi-
santés (t). D'autre |iart , Castro parait avoir eu
quelque coimaissance des langues arabe elpersarie;
car nous remarquons qu'il désigne la si.nific, tion eu
port ignis d'un grand iKnnbre de noms arabes, cl
qu'il rapporte une longue et curieu>e conversation
qu'il eut avic on Arabe, qu'il dii très-instruit, et
qu'il questionna sans inlerprclc sur les iradil ons qui
existaient parmi eux sur l'endroit par où les Israé-
GEOGRAPniQUE. 1174
liles eCfectuèreiit leur passage; problème que notre
auteur discuta avant qu'il ne (M discuté par un grand
nombre de savants et de voyageurs célèbres (S).
t Je dois ajouter ici que notre auteur prouve »
dans cette discussion, qu'il ^ivaii éluilié les auteurs
qui avaient parlé avant lui de ce passige, quoiqu'il
garde le silence snr ce que dit l'usèbe à c*-! cgard(fi).
Nons signalerons encore une auire particularité fort
curieuse, qui montre :a piTsC'ér.ince de noire au-
teur : ce lut de ibi relier Uius II s moyens de s'in-
giruire sur tout ce qui avait Irait à l'Iiisloirc et à la
géographie ancienne de celle partie du globe. A cet
elTel, il se procura'.», par l'inlerniédiaire de ses cor-
respoiidanls qui voy:igeaii'iit en l'er>e, VlliHoire
à'AleiimiireU Gioiid il'apiès les éciivains oricntauv,
et nommémeiit d'ajircs les ailleurs persans, particu-
larités qui nous sont révélées pir tleuK des docunieuls
publiés dans 'a nouvrlle édition d'.Aiidra !a. En eiïei,
les deu\ correspomlanis de Castro, c'est-à-dire Fal-
cao, et Garcia de la Penlia, lui envoycreni chacun
un exemplaire de {'llisfoire d'Alexandre en persan.
Le prt-mier ajoiiii», dans sa leiiro d'envoi datéo d'Or-
niHS le "21 février lîiifi, (\uU pense que les U res orieti'
taux 'le ce genre sr.ni moim cxiuls et moins léridiquet
que les no res. Fa'cao parait l'aire ici allusion aux
fables :!ébitées par b-s Oiienlaiix sur leur F.>kander
ou Iskenner Dintknrnain. fables qr.' I croyait peiit-
ênc ir uver dans cil ouvrage. Quoi qu'il en soit,
Falcao nous révèle en nèine temps par celte lettre
la considcia'ion dont noire auteur jouissait pamui
les L'cns instruits ; car il ajoute que le même vo-
lume coniienl d'autres histoires (ou plutôt des
coules) outre celle d'Alexandre, mais dont la lec-
ture plairait peiitéirc mieux à D. Ferdinand de
(Jiislro (lui éi^iit on jeune honnie) qu'à lui, homma
grave ei savant; particiilaiité qui parait montrer
d'une manière plus décisive encore que ces his-
toires n'étaient autres que les fables d'Eskander. Le
second exemplaire envoyé à Castro par La l'enlia
éiail très-précieux; car celui-ci dit dans sa lellro
(1) Barradas . auteur portugais du xvi» siècle,
cai". \, de Mare Hubro, prmbiit la déuooiiin-jon bé-
br.>iipie de celle mer. ( V«/e de M. de Sanliireni )
(2) Liv. m lies Hois, thap. 9, v. 26; Paralipora.,
liv. Il, c(i;ip. 8, V. 17.
(3) Flav. Josèpiie, Anliq. judnïq., liv. viii , C. G ,
p. 457. Un temps de Castro il n'existait pas de
traduction latine de cet ouvrage.
{.\olede M. de Sanlarem.)
(i) Selon Pomponins Mêla, C'ile ville élan placée
entre le promonioire d'liéroop"lis et celui de Siro-
bile. Josèplie (lit, eu parlant de la flotte de Salomon,
que Bérénice fut coiislriiue à Azinogaber, mais que
celle Aziongaliei' s'appelait de son temps Bérénice, et
qu'elle n'él;iiloas liinnrhlina {Anliii.jnduiq., p. lîC )).
Selon iluui Calinet,Josè|dies'esllruiiipé lorsqu'il a mis
de ce c(ilé de la mer lionge une Bérénice (|ni était à
l'autre bord. Vossiiis croit, aucOiiUaire, que la Bé-
rénice de Jo>ùplie est la même que celle île Pomiio-
nius Mêla. N iis nous bornons pour le présent u citer
au lecteur celte discordance d'opinions, mais nous
disi'iiions ce point dans noire exaineii critique el
géographique de l'Itinéraire de Castro, auquel nous
renvoyons le lecteur. {Noie de M. de Snntnrem.)
(.') (Castro devança aussi dans cette discussion
Belloniiis, Fiirer, son compati ioie le jésuite ll.iria-
das, qui écri il iùiiercirium jUionim Israël ex /Egyp-
1.0, e-C., ouvrage publie pour la preniièri; fois à Lyori
en llJ-0, à .\iners en lliïl (édii. de la biblir,t!i. du
ro'.;. H devança é^jalemeiil Le (,leic, qui écnvi: .lusst
De iriiject.oiiis maris Idumœi , le célèbre liocbart,
Micliael s, Seliaw, Goldsinilli, i|ui écnvii Nvvn de--
nions r.ilio irunsilus populi hruet; enfin m Ire auteur
devança Pukoke, Melmlir, .M. (lu Dois Ayn é, etc.
(Sole de M. de Suniareni.)
{<"•) Eusèbe, Préparât. Evanq.. liv. iv, c. 17, qm
expliqua le passage de la mer Ùouge au moyen des
marées, et (|ui parle (l'Arlapinuis, qui irodidsait
celle opinion comme ayant éié ce;le des piê re~ de
Meniidiis. Le silence de Castro sur le passage d'Ku-
sébe doji nous étonner (laulanl plus (pi'a l'époque
où il écrivit sou Itinéraire, il exisliil déjà deux ira-
duclioiis bitines (les ouvrages du savimi évêqiie de
Cés.irée, c'est à-diro celles ue 1470 et IS'iâ, el qui
pri'cédèrenl celle du l-xte original g. ee donné par
K. Etienne eu lo-i-i. (Sole de M. de Suntareni.)
flTS BIBLIOGRAPHIE
qu'où n'a pu découvrir, apiè< de longues et (icnibles
reclierclies , que ce seul exi'niplaire qu'il sipiiale
romnie une pramle (locniivene. D'uiilre p'""'. <";islro,
infalig:ilile dans ses rechfTclies, o'ierrliail à Ui'tou-
vrirà M:iizua (I), dans les livres aliyssins. les Ira-
diiioiis qu'on pouv:iil y trouver sur la reine do
Salia.
On doit dnne voir, par les observations que je
>iens de rnnsigU'r ici. If zèle de Jean de Castro
pour la science ; mais vous vous en convairirrc/. tla-
vaniagi; lorsque j'aurai rimniienr de vous lire l'csa-
nien criliiuc Pl gpo;;ra|diique de son llincraire de la
mer Rouge, d"Ul je rédige en ce inotncui les der-
nières pages. Là, il ne se borna pas à tracer cl à
dclerinnier les positimis asimnouiupies, ni à luius
donner de vagues iiniinns, coniinc celles que nous
rencontrons dans la plupart des porttdauis d i moyen
âge; mais au coulriire, on le voit corriger les er-
reurs des ;incieus géographes, ajouter des descrip-
tions liisiiirii|- es et des convidcraiinns irès-impor-
tiiritp;, et souvent d'nu ordre trcs-élevé. Il y décrit
plus d(i douille des ports, rades et îles de la mer
Ronge ijne n'en :i décrit Le Père d uis son sav;iiil
Mémoire sur le ranul ries deux mers (-2). L'exactitude
du invail du navigateur porlug^is a été reconnue
par l'illustre d'Anville. Au surplus, notre auteur
donne nue cuiiense dcscriplinu de rEili^opie. de-
vançant -linsi- celles des PP. Sanios, Lolio ci Telles,
devi-nues si (élèbres par les commeniaires de Lu-
d"ll'. Castro, avide de coiuiaitre tout ce qui avait
Irait aux pays qn'i' parcouraii, se plaint |je;>iico«p
de ce que les Abysîins m; portent ant nu inicrèi aux
antiquités de leur pays, .\illeurs, il regrette que !e
cadre de .^on travail ne lui permette pas de s'étendre
davantage.
I Castro se disiingua'l ainsi de la plupart des na-
vigateurs de sou temps sous )dus d'un rapport, par
Son érudi'.ioo, par son esprit île reclierclie et de
discussion, cl par l'iuiporlance qu'il ailaih.iil aux
pliénoniéues physiques (\<-\ Irappaienl scui imagina-
liou. il abonlail lotîtes les qucslions, ions les pro-
b'èuies lii>^lor:ques et géographiques que le génie et
la sagacité îles anciens n'avaient point résolus, ou
qu'.ls n'avaient que simplement eflleiiré>. C'est ainsi
que nnu> le voyons, sans le secours de la géidogie,
que m illieiircii>e;iieul d ignorait comme les savants
de ïO'i ép 'i|iie, nous le voyons, dis-je, décrire la
ôlrucliiie, la couleur ei la direction des montagnes,
(1) Selon Le Père, c'est le pori de cette île qui
remplace l'ancienne Adulis, ei par lequel on |iéné-
Iraii Cl nime on l'ait anjourd lun dans le lovainne
d'Aliy^Miiie. Selon Castro, c'esl l'loloiii:iii<. Vo«ius
:ii'o(iia lelie opinion, mais il Anville l'a coinbailne.
Vo(;.'2d'Auvil|e, Mé'iiuires sur l' Egyple ancienne. (!\' oie
(le M. de Saniarem.)
(2) Deicripiion deTEgypte, XI; édit. iu-8°, p. 200
il suiv.
(ô) On fait remonler riiivcniinn du lliermomètre
i l'an ICO;', 01 celle ou baroinélre à l'an 1()43. année
le la pieinière expérience de Toricelli. (Noie de
W. de iianlarem.)
GEOGRAPHIQUE. «17C
descriptions qui nous rovrlent en niêttic 'icnips ce
qu'il aurait été capable de laire s'il eut snya!;5 dans
noire siècle. Il observa les pliénonieues ilcs marées
ei ceux des venis, ci de ces tou-noicnienls qui ou-
lèveni le s:'lile ; il oli~crva lc< variations iIm compas
CI les cliangniienls subits do tcmpér'liire onire Tor
Cl Suez, cliaiigciuenis qu'il aurait clé plus à même
d'ob-ervcr s'il avait écrit cinquauic-liuit ans plus
lard (T)). Ailleuis, on le voit inierroiier les Arabes
à Sue/, sur les débris de ranliquité qui |ionvaictil s'y
trouver. Il examina cl di-ciit;i la question de savoir
par nù Sésos'ris, ci après lui Plolemée, avaient pu
pratiquer les canaux pniir établir la coniuiuiiicaioii
du Ml avec la mer Rouge. Il discuta cgalenicni la
question de savoir par quels niotils le g<d(e Arabi-
que lui appelé -ver liouge. A tel ellti. il discute
les opinions des anciens, et produit ses propres ob-
servaiions, ronnnençani par dire; Depuis mun arri-
vée à Socvtora jusqu'à Suez, jumnis je n'ni mnnqué ni
jour ni nuii d'observer les eaux de celle mer.el j'ni eni-
pliiyé luus mes elJnrls pour coniiailre lu lé-ifé. Lnliii
on doil voir par ce rapport que J..in de Castro, plus
de deux siècles avani les célèbres voyageurs moder-
nes Nicbiibr, Sali, lîruceet d'a'iitres, traita de tontes
les questions graves dont s'occupèreni les savants do
l'anliqu té, ainsi que ceux des leinps uiuderncs, sur
ce fameux gollc si ju-ieuienl célèbre dans ^hi^toiro
du Loniniercc dos anciens, et auquel se raiiaclienl
tant de souvenirs, el les noms de Sésoslris, des Pha-
raons, de S ilomoii et de la renie de Saha, de Psain-
inéticiis, de Ni'cos, de Dariin, d'Alexardre el de
Plolemée, ipii presque tous sont rappelés dans ''ou-
vrage .lu naxigalcir portugais.
t Pour juger impariialeinenl de l'étendue des con-
naissances de ce grand lioniine, il ne faut pas le
juger par l'état de la science de nos jours, mais
nous iranspoiicr par la pensée à son siècle, exami-
ner i'éiat oii se Irouvail alors la science qui venait
à peine de renaître, cl comparer l'œuvre de Castro
avec les écrits des autres marins de son leinps. On
doit réilécb.r sur les difficuliés de celle navigation
de l'enlrée insqu'au fond du golfe, ipii ne pouvait se
faire du temps de saint Jo,ôme qu'eu plus de mx
mois (i) , navigation dont un célèbre géogra(die
aial e, qui vécut iilusiours siècles après >ainl Jé-
rôme, nous diVeinl encore les dangers avec de si
vives couleurs ("i}; on doit réni'chir, dis- je, que
noire amour fil noii-sculeuienl celle navigiiion eu
(i) F:Hx cu'sus rsl si, post sex menses supradiela-
iirbii Mlalli pnrium leneanl, a quo se ineipit iiperire
oci'auus. S. Jérôme, cité par Aiiicillion, dan- sou
Traité du eomii'eree des Egypliens. 17' li, iu-S, p. "S.
— le lé iioignage de C'I a ilenr est d'Hiit anl plus pré-
cieux (pi'll véeîi. i\ Altxandiie où il dut éirean fait
de ces particularités. {Sole de M. de Saniarem.)
Ç.) r.drisi, trad ICI iiii de M. A. Jaiib ri ; I, 15S.—
Les difliculics iiu'nH're la navigaiiou de ce golfe ont
éié :-ignilées aussi dans des ouvrages po>iérienrs
à rilinér ire do Caslro, e'esi-à-d;re da S ceux de
Do.lwel, ll'nlsoii, llnel, limce, Robertson, N ebnhr,
l'.ennei. W. Vinteiil el d'autres. (i\oie de il. de
Saiitaiem.)
f
jtT7 BfBLIOGRAPHIE
moins de trois mois (t), iraversaiii plus île mille
lieues marines (-2) s:iiis avoir pcnlu im de ses vais-
SPiiix. Iniil ru avanl franclii tiftix l'ois /a por(e rfu
mnllicur on des iiaufnutes (ri), mais encore qu'il s'oc-
cii|ia lie rciliger rr eivclire iliiiéraire. En ellii, l'œu-
vic di' C.asiro, rninnic l'a lu-s-liion oliM'rvé M. Ey-
riès dans nn arin 1.; i|iio ce savanl lui a consacré
da'ns la liiosfa|iliie nnivorclle, fs( v»e (tescriiuiou
di'liiilli't. et ••XKU (le .'.i «ui lîoi.ge et rt.s pnr.(j,s voi-
tins, et est lu ("."lii'ic (/m ait eu' fahe d'aprh des ob-
scniitwns tnitihémilitiues.
I Au >ni|iluN, l'iii'irnpt'or. sanscrite qui se con-
serve cm lire tluis le jird n du cclèlire cliàtcau de
Piiihiiverde i (!iniia, inscripiion dnni le savani
oiiemali>le Wilknis donna rex(dic.ilinii, nous allcslc
d'nne paii. avei' d'aniTos moiiiiincnis, le /de de ce
^laiid II' iiMiii* pour la science, cl nous inonlrc en-
core anianl de trophées olitenns par lui dans l'Inde.
Ji; nie | einicltiat d'ajuuler (|iie, lorsi|n'il sera juge
impai tialeiiienl d'après nn examen rriiiqne et gêo-
gr ipliiiue de ses ouvrages, ce ipii n'a pas élé fait
jusipi'à présent , Il oliliendra dans la science un
triomphe aussi lieau qn.' celui que la ville de Goà (i),
iiuiijnl la ville étirnelle diS Eniiles et des Césars,
décerna à ce grand capiiaine après la conquête du
roy mine de Caniliaye. >
Ciizal (Talibc Manoel Ayres de), Brésilien, auteur
de la Coiogrniiti Brasitica, en plusieurs volumes.
Cellarins (Llirisloplie), un des plus savants et des
plus lab'iieuv philulngues du xvn' sècle, naipiit en
liiôS à Siiia'calile, ville de Frauconie. Il mourut à
Halle le 4 juin KO/. — Il a composé le Purul.èle de
la tféoijrapk'ie anc ennt et modtiiie, et a rendu de
grands services;) l.i science géographique, rn con-
Inhiiaiil à dissiper l'oliscurité cl la confusion dans
les .oelles elle se trouvait.
Clidwir (F.léa/.Dr), né en 1720 à Djoiilfa, faubourg
d'Ispahan, d'une famille armcnieniie. — Nous avons
de lui un l'réeis rjcngrnpliique de l'Arménie actuelle,
ei une grande cane de rAniiéiiie ei des pays voi-
sins.
Chniidhr (Richard), né en 1738, mort en 1810;
savant voyinenret antiquaire anglais. Auteur de
l'in/(j(/f.« en Grèce ei en Asie Mineure.
Charleiuix (l'icrre-Françnis-Xavier de), jéinite, né
à Saiiit-l^iurniiii en IC82. Il a publié : T Histoire cl
descripiiiiii du Jupon ; 2" Histoire de l'île Espagnole
ou de Saint-Domingue; 5" Histoire de la Nouvelle-
France; i" llisinire dn Puragiiinj. Il est aussi l'au-
tetir d'une carie de la riv,ére de Sainie Croix, au
Canada.
(1) Castro commençi sa navig:;iion liii golfe le 28
janvier l.îti. ci bi leriiiiiia le 2!j avril. (Note de
M. de Saniareni.)
(2) Le iiavigaienr poriiigii-; ayant parcdiiru le
goHedans laiiii: Sa lonyiieiir, lit iiou-seiilemenl 1000
lic'iies niarim's (rapprochez. Malte Hriin, VIII, 24>, et
Le l'ère, Mém. sur le ennui des deux mers, p. l'jit),
niai> il le iriivri<a cncoie m dillérriiies directions
dans sa lari;eor. {Note de M. de SimUirem.)
(3) Uab-el-.Mandi;b si^niQe Porte du malheur ou det
GEOGRAPHIQUE. Hli
Chaser{i.-C.), aiileiii d'une Description de la colo-
nie anglaise du cap de nonne-Espérnnce.
Uiuunwnt (le ebevalirr de) , capitaine devais-
seau, ainliassadcwr de Krance à Siaiii en 1685, est
de plus coiiiiii ciiniine l'auteur d'une lie'atioii de son
voyage, lOolO, Pans. — Cetie relation, traduite en
hollandais et m allemand, est exac c et intéressante,
et se fait remarquer pir un récii simide, m ulesieel
de bon goût, qu'on regrette de ne pas rencontrer
plus souvent chez les voyageurs.
Cliiives (Jérôme de), né à Séville au xvi« siècle, a
enrichi de notes iionibreiises le Traité de la sphère,
de Sacrnboscn; il a tracé deux cartes géographi-
ques, l'une du territoire espagnol, l'autre de l'Amé-
rique.
Chazilles (.lean-Maithieii de), né .à Lyon en 1G57;
cartographe, auteur de plii>ieuis cartes géographi
ques et naiiiii|tie5. lloil en 1710.
Chenu (Jean), a\ocal, né à Bourges en l'S9, et
mort en IG27 ; auteur, 1" de VHisloria archi.piscO'
porunt et epi.,cop^runi Galliœ chronologica, in-i",
ICil, ouvia-e exact, mais efl'aié par le Gallia Cliri-
s/iaim; 2° de la Chronologia historien pairiarch., ar-
chiepiscop. Dituricens. et Aquilan. primatuuni, Pa-
ris, li;2!, iii-i».
tA;a ( \braliat)i-ben-R.), nn Chnja, rabbin espa-
gnol, né en 1070; astronome et géographe, aiiieur
de l'ouvrage Splicera mundi de^cribens figuram terrœ,
dispositiijnemijue orbiuni cœleitium et motus slel-
lariim.
C/ii»so?e (\ntoine), né à Logaro près Rnveredo
en 1(17', moi i en 1755, a laissé une Géogruph e an-
cienne et mnderne, 3 vol. — Cet auteur avait fait ses
études à Salzbmirg.
Cieyiou (liobert), évéque de Clogher, a publié une
Introduction à l'histoire des Juifs, avec trois cartes
desiinées à marquer les campements dis ciifanis
d'Israël, in i", 1752. — L'ouvrage a été traduit (Le
raiigbiis.
Cùb'^eu (William), né en 17C3 dans le comté de
Surrey (Angleterre); auteur de divers ouviages et
mémoires utiles à la gé 'graphie ecclésiastique.
Colin de Bar (Alevis-Cflles-llenii), né à Pondi-
cliéry en 170S, mort à Paris en 1820. — Son ou-
vrage, intitulé : De l'HindiJUSlnn considéré relatiee-
nicul à ses antiquités, à sa géoyrapliie, à la religion de
ses h bitnnls, etc., etc., avec une carte, 2 vol. iii-8°,
Paris, l.SH, est encore bon à coiisulier sur l'Iliii-
doustan.
Colomb (Don Barthélémy), frère de Christophe
Colomb, cartogr.phe, voyagea avec son frère, auquel
naufrages, ou plutôt de l'nfflict'on, selon I» Iraduc-
lioii de notre savanl confrère M. Beiiiaud. (iVoie de
jV. de Siinlarem.)
(4) La Ville de Go.i loi décréta le triomphe, qui
eui lieu le i>> avril 1547. Voyez les longs détails
dans .Aiidrada, liv. m, p. 25i et suivantes, tiaslro
niaicbail couronné de lauriers et suivi des étendards
du royaume de Cambeya traînés p'r leire, le jusar-
cani cl les aiilies capitaines capiifs, et 000 p isoii-
Diurs enchaînés. {Note de M. de Sunlurem.)
1179 BIBLIOGRAPHIE
il apprit la cosmographie. Il mourut à Paint-Domin-
giie en iSl-i. — I! était lout dévoué à son frèie,
pour lequel il montra toujours un profonil aiLa-
chement.
Comrijrns (Victor nelpiierli ilrl, vicaire général rie
Benuvais, né le M seplemlire t7"3 à S;iini-liippolyle
(Gard), et mort à P.iris en ISi'S, a [nihlié une nou-
velle édition de la Cét>(iraplie de Lacroix, en 9. vnl.
in-8", avec cartes. Celle ôiiilion n'est pas eslimiie.
— ! eslenc'ite anlenr d'"ii Gé"gr!iplie-Maiiiiel, t^Ol,
un vol. in-8", el de plusie'jrs auire< oiivriiLe-'.
Conrad, licnédiciin, mort en iSil , auteur du
Clirviiicnii Schireime , ou Clironique de l'abbaye de
Si'liencrn en Bavicte.
Coiiriiifi (llerMi:m), né à Nnrden en Osd'rise en
1600, innrl en UiSI , anlenr d'un onvrago sur les
peu|iles allemands : De Germaiiicorum corpinum /»a-
biiiis aiiliijui ac iiovi cousis, el de pinsirurs autres
savants ouvrages où la gc.igrapliie peut uillenicnt
puiser.
C'rtlnra (le P. Jtiles-César), né à Alexandrie de
la Paille en 17(i4, uiort en l7Si; de la rarmlle des
coinles di' Cataniainhano. Il entra dans l'urdie des
Jésuites, el se livia ii lu lO'H) oMiioii de ro'i»ri'»e
suivant : Colleiji'i Gcrmaiiici et Ibiminrki Imtoria ,
libris qiaivor compreltenxa ; Rniiie, 177 ', ii:-fii!.
Coroiielli (M irr-Vinceiit), lié ;'\ Venise, ili; '"nuire des
Mineurs cniivcnuiels; j;éo!;raph('-(ariO!;r:ii'l)e, au'ciir
rie plus de40(l (ailesfiéoai.apliiiine-, des ilfMX pruids
gl' bes qu'on voit à l:i IMi|intlièi|iie royale, d'uiietéo-
yrepliie ilc l'ile de liiiods, iruiir Oetrriplion géoyra-
phiqne de ta Mvrée el des îles adjacentes, d'un gnnd
Dictionnaire historique el géogripliique dinit il n'a
parn que 7 vid., ouvrage du lesie confus et leu
csail. — (^O'onelii vint à Paris, amené par le rardi-
nal d'K.stré s. Il inonrnt dans sa pairie en 1718. —
Coronelli é ait deventi général de ^on inlre.
Corréa de Son (S;ilvadoi ), tié à Cadix, amiral por-
lunais el gonvi'rni'ur du Brésil ; aiitenr d'une Carie
générale du lires.il, r<irt bien exécuiée et bojine à
consulter même aujourd'bul. — Mort à Lisbonue eu
1680.
Cosmas d'.Xlexandrie, m"ine qui écrivait au vi*
Bici'le en Égyi te, av;iit beaucoup voyagé. Il com-
pnsa nue Topo.jrapliie chrétienne dans laquelle il
déveioppa les idées de sin temps. Due copie de
son oiivriige, qui date du ix« siècle, s'est coirservée
au Valican. La tene y est repré-entée tous la forme
d'un par.iliélograin:iic, eni èren.etit enlniiré par l'O-
céan, a\anl au milieu la Médiierianée et sur les
bords l:i nier Caspienne. — La Topographie chréiienne
est ifiï-érée en purtie dans la colleciii.n de Tliéve-
1101, et e.n entier dans le second volume de !a Col-
leclio nova Patrum rie Montl'aucon.
Commemin-Defh'itjes (le baron Louis de), né à
Monlargis, ctdéiapiléà Béziors cji j6j2.— Louis XIH
le chargea d'une mi.>.siofi dans le Levant, .n 1021 ;
il s'agissait d'iolervenir en faveur des Cord;liers de
Jérusalem. Il eut encore pliisieurs autres iuissioiis
CE0GR.\P1H(}UE. ItSO
eu Danemark. — il a laissé un Voyage dans le Levant
fail par ordre du roi, 1 vol. iii-i", Paris, 1G.53, e! uu
Voyage en Danemark, 166i, iu-1'2. — Le Voyage au
Levant est clair et e.vac t ; les renscigiiemenls sont
précis, et Cliàteaubrian I regarde letie relaiioa
comme la meilleure de toutes celles (|u'onl publiées
les voyageurs q::L ont visué les lieu: saints.
Cox (le cap la'ue îlirain) , voyageur anglais. Il a
vi île les cooirées liinrio-cliinoises, el a pcposé le
premier de les désigner S'us cetle déuouiioalion,
c mine clnni pré érable à celle de province^ au delà
(In Gange. I>ans son (uvrage, il s'e-i appliqué à ca-
raciériser la liilérature des 11 ndo Ciiinois, à définir
leur en le, à peiudne les l'iu-u'cs de leurs gimverne-
nieiits, et les moeurs des principales naiinns de ces
contrées, savoir : les Siamois, les Birmans et les
Cocliii-cliinois. Leur lillér»|iwe sacrée e>-l éirite en
pâli; leur culte est le bonddliisme; leur mode de
gouvernement est le despoii>-me dans mute sa pure-
lé. Les Iliiido-Cbinois n'oni acquis d'habi'eié dans
anciui a:l el aucune industrie; les Birmans n'ont do
commerce ([u'avec les Chinois et les ét;ibl:ssemenls
anglais; les Siamois sont en relation avec les Chi-
nois ei lcsCoc;l.incliiiioi.s, les possessions européen-
nes el Je< Eiais iiidéiendaiits de l'archipel ,\:alai;les
Cncliitii liinois (Ommencnt ."wec Siam, la Chine et
les «lalilissemenls anglais de la presqu'iie de Ma-
l;)kk:i. — L'cva.lilnde des ilélails dans Ic-quels entre
Tautetir, et le niériie de ses observations .sont con-
lirmés par les renseignements recueillis par les rais-
siunoaires caiholiques à Siiim, dans l'caipire d'Aii-
nau! el dans relui des Biiniaiis.
Crw.fhrd (JmIiii) et Slaniford Balfles (Thomas),
savants anghiis. Hs OUI pulliié, eu 1822 el 1823, une
Dcci ipiioo géographiiiue, historique el coniiiertiala
dr l'iie de Java el des ainres iies <le l'archipel In-
dien. Cet ■nivrâi;e, qui décrit uce Me vaste ei impor-
tante, est bien connu p'uir l'exactitude de ses ren-
seigneinenls. Ou doit surlout le consulter ()<ia'.d il
s'agil de Java ou des iies adjacentes. Il a paru dans
le fiirmai in-4°, avec caries el gravures. SI. Marchai
l'a irrduit en iraiiça'^, à Bmxelles en 1824; mais sa
liadoclion offre «Jeux graves inconvénieiils : d'.dtoiti,
il s'esl permis de retraiiclier le pa^s;^ge qui coocer*
nail ia mauvaise adiuiuis; ration de Java parles Hol-
landais; ensuite, il a supprimé un grand nombre
d'iib.-ervalious des auteurs, el les a remplacées par
des rcnseiguements qu'il a puisés à des sources moins
sûres.
Crosne (A.-Fr.), professeur à Giessen (Allema-
gne) ; auteur d'un Exposé iiéographiqut et liisioriqM
des divers Etals de la Codtédcrulion ijermanique ; 4 vol.
iii-S": Leipzig, 1320-1328.
Dalrymple (Alexandre), géographe et hydrogra-
phe, explorateur des côtes de l'Ilindousian, né à
Edimbourg en 1737, mort en lïOS, a réJgé une
Collection de voyages dans f Océan pacifique du Sud,
ilSl BIBLIOGRAPHIE
2 vol.in-i". — Ce! outrage a élé traduit en fran-
çais.
Dnnd'mi (Jérôme) , né à Césène en 1634, entra
iJniis la compagnie de Jésus et mniiriii à Forli en
165i. Il fut envoyé an Munt-Lihan par le pnpe pi'ur
recueillir des nolinns certaines snr les praii(|iies reli-
gieuses des Maronites, les ramener à l'Eglise callmli'ine
ei ponréiiiilier l'esprit 1 1 les mœurs des Dru-es, leurs
eniiciiiis. Le P. Dandini n'était pa-' à la l:anieur d'une
niis>i(iii aussi dclieaie. Aussi n'eui-elle pas lout le
siicci''* (pi'on en :tlenilait. A son retonrà Kome, l'au-
teur publia son Vo\age, ipii renIVrme cependant îles
déiiiiis curieux sur l'iuiérieur du Monl-Liban et sur la
liluriiie des Mironiles.
biinidl (MM.', de Londres ont pulilié, en 18.17,
Efius le litre de llliistrnlioiis of Indin. un ouvrii;e
pilloresijue corrienuirt îles milliers de ilessirrs icpré-
«enlanldes nrorceauxd'arcliiteclure, des moiiumenls
aniiques, etc., etc., in-i", avec un texte français et
anglais. Ce livre est bon à consulier porrr la géogra-
phie lelig'euse de l'Ilindoustun. Une ré>iderrre lie
dix ans en Urient a permis aux auteurs d'exécuter
ce travail en cminaiss.iiice de c:iiise.
Dapper (Olivier), niédtcin liollarnlais, joignit à la
praiifp^e de son an, l'éiirde de l'Iiistiire et surtout
de la géograpliie. Il rrr ririiieri UiOt). — Un a de Irri :
i" DescrpliiiH historique de la vilt:' d' msterdam ;
2" lli,loire d'Ilérutlole ri Vie d'il onièie; ô" Desaip-
tion des î.'es ri'.l/it;;H.' ; i* Descripiion des pni/s d'A-
friqiii', de l'Eyijfile, de la Barb trie, de lu Libye, etc.;
5" Descripiion de l'empire de Tn.si/i/; ou Cliiiie; (j^Lc
Nouveau Monde iiico(ini(,ou Description de l'Auiérique
et de In terre ansintle; 7" Descripiion de la Perse
et de la Ccorfie ; 8" Asie, ou U.Siriptiim de l'em
pire du (irand-ilorjol el d'une grande partie de l'Inde;
b" Descripiion de l'Asie, contenant ta Syrie el la l'a-
tesiine; lU" Descripiion de l'Asie, contenant les p<njs
de la ilésopoiaime , ISabylonie, Assyrie, Anutolie ;
il" Description de la Morée et des îles de la mer
Adrialiqne; li» Description des iles de l'Arikipel, de la
mer Méditerranée.
D'Artezet delà Suuvcçièie, né à Str.isbourg en 1707,
mon en l'81, a laissé ur.e Notice sur l\ibbaye de
SabU.oceJux, des lieclterclies relatives à saini Maxi-
me, patron de Cliinoii; à saint t'Iorerrl, solilaire du
Morrl-Glonneen Airjo.i, et d'aunes Mémnires ielali!s
àii.veis points de la géographie ancienne el du rrroyen
âg''.
Davis (Sariruel), Anglais, parcourut en 1829 et
1850 le Uuolan, ou B<:ut.irr, grande province de l'A-
sie ceitrale (prr louclre au T.bet, el qiri ir'élail pres-
que pas conrrue dts Européens. Car le Bootan, envi-
ronné de tons côtés par des nrontagrres, est presrpie
!a Siiisae de l'Asie. Samuel Davis iriilisa son voyage
au prulii (le la Géographie, en publiant urre Descrip-
tion géograpliiipie du pays curieux i|u'rl avait visiié.
Nous croyons, du reste, que c'est la preirrièi'equi ait
é'.é coiii(iosée par un Européen.
Denis (Louis), géographe et cartograpite, mort en
GEOGRAPHIQUE. 118?
1795; auteur de plusieurs cartes et d'un poulUé
historique et lopograL-liique du diocèse rie Paris.
Dersctittu (F.), écrivain russe, s'est fait eonnaîtie
par un ouvrage irrtiurlé : La Finlande et les Finlan-
dais, Leipz g, 18i5, in-8». — Ce livre donne sur la
Finlande des notions tout à fait nouvelles el des dé-
tails parliruiiers.
Desfonlaines (le professeur), membre de l'acadé-
nrie di'S sciences entreprit err 17^5 un voyage iTcx-
plor:itioiis -rient fi'rtns d rrsI'Af'inire .tHpreiil'ioor.le,
dans les régences de inniset d'Alger. Le savant vnya
gour eirrchit siiigirlioreiireni la sciein-e p:ir ses i b
serv:itrons et les drt ils qu'il a r< rmillis. Il vr>ita
toutes les vjller: qrri anjurrd'lini spparrienrrent à la
prarice, lePes lire Boue, la Calie, Tleinceri, .Mas.
cara, Oran, Alger et Constiiniine. Il exécnii ciii(|
voyag 'S, et se procirra des notions précien es anx-
(iiiellesles évérremenls ont durrné depuis un grand in-
térêt.
DéMeri (llippoljne), jésuite, né à Pisioîe en ICSi,
mort à Rome en l'iSj, fui envoyé dans rilindtirrslan
eir 17112, el lut chargé d'une rrri>sion au Tihet. — Il
trailuLsil en latin le hanyior on Salwrin, livre sacré
des Tihfliins, ailribiié à Z'ink;ib:i, saint per^^lnn.".ge
de ce peuple Ses Le;ires lout coirnailre un peu 'e
pays lout liuuveair alors ponr l'Europe, ci beaucoup
plus \à ri'ligi >rr de ces contré s, le hontl>iiii>nie.
Délié, jésuite français, ué en 161)8, fui envoyé
dans l'An cri'iue espagni'le en 17Ufi, cl noniiné eii-
sihiie visi eur i!e tonies les mi-sions du Marugnon.sur
une élcirdue de plus de 4(00 kilomètres. Après do
constantes et lahor isiises élinles, il parviiil à tradrrire
le caléchisnie en dix-huit langues des d ver*' s peu-
plades qui élaieirt sous sa juridiction. — Il a laissé
des renseignements neufs et crrricnx sur les l ri-
bus sa ivaKCS des di;uv rivrs du M rugiioii o;r Ama-
zon-. — On les trouve dans le tonre X.VIlI des Let-
tres édifiantes, éililinn origin.ile.
Deutich (Jean-BoJolphc-K!)iiii:inuel) , peintre et
graveur suisse au xvi'^ siècle , auienr de iilnsieurs
Cartes, el notaniment de la carte de la ('al«stine,
piur la (osoiiigraphie de Sénasl'en Muns'er-, impri-
mée eu aliciiiand el en latin à L'aie en i;.5l>, in-fo-
lio.
Z/Vnries (Marliri-Gerriizon), navigateur lio'lanJais,
coiitriliua, dans lexvu* sièile, air progrès de la géo-
graphie. Il publia plusieurs < uvrages relaiils à ses
voyages.
Diriî (Emmanirel), né i» Casiello-lSraiico, diocèse
lie Gnarda en Poriirgal, entra dans la c.iinip:ignie de
Jésus el se reniiii en Cliirre eir iU il. 11 y nri mut en
1039, il 8^ ans, laissaiil un Traité eur la splièie.
Diui (Fiaiiçoif), religieux dominicain, né près de
Toro en CaMille, passa en l(i5'i huk Pidlippires el
de :à en Chine. Il mourut en I0i6. -- Diaz a coin-
puséun Dictionnaire chinois-espagnol, coulenant sept
mille ecnl soiximte carailcres-
Diax (Pierre), jésuite cspa^jiml, né à Lupia, diocèse
de Tolède, en 1546, mon à Ueitico eu i603, a écrit
HP5
plusieurs Lettres sur les missions de la compagnie de
Jt'sHS, en A(iié!ic|ne, dans Ic-i années 1590 et 1391.
Dbtis (le c.i|iii:iiiic), a f.iit en 182", dans l'arch pel
(le M:iiigi ■, 311 sein de l'O can Paeili(|iie vers les iles
Snii Iwifli, des exiiinrnijiiM'i (jiii mu :ui;eiié la décoa-
vcrie de iiluseiir? peiiles île> , IcMrs ii»e l'ile de
Mlll^a, d'O Kiiliialc, de .Millier", de Waleuin Alioii,
de Monli, dt? lUnciiouga et de Riinalara. Tontes ces
îles élijeiil li:(l)iléi", €l la popiilaiinii est aujourd'hui
chrétienne niitkudiste.
hicqventitre (l'alibé Jacques-François), professeur
d'iiisiolre naturelle et de |diy>ii|vie an Havre, né en
M'to, mort en 1789, a la ssé une /(/«■ générale de
t'a^lrnvnmie, et plusieurs Cartes.
Dicueil, géogiaplie dn ix« siècle. Si pa'rie éta^t
l'irlaiiile, alors coi, nui: sous le nom de Sco/in. Il é;ail
religieux, et ponvail élre âgé de 511 à 6j ans. — Il
est l'auteur du livre dx Mensnra 0)/>i> /erio', ilmit
.M. Wakkenaer a donné une é 'iiii.ii iii-8° eu I8;7,
61 .M. I.etronne une autre en 18li , avec nn coin-
ineiitaire sur l'ciat des connaissances géograpliiiiaes
au iv<^ siéele.
Dii'ffenbacli (M. Ernesi), a réiligé nn ouvrage sur
la géograidiie et la géidoiiie de la iNouvelleZélunde,
Londris, \8',â, i vol. iu-8», avec des planches. —
Nous ne cioyons |i.'S (]iie cet ouvrage ail été trad.jit
en français, et il niériie cepen lant île l'être par les
détails (|n',l contient et qui doivent cire pris en con-
sidérai ii;n; car l'auteur se iiiontre oh^ervaleur judi-
cieux et atieniif.
Oiellielm (Jean-!Icrtnan), géogra; lie anlif|iiaire al-
leinai.d, exerçait la piofession de perruquier à
Fraiicoit siir-le Mein, où il ninurnl en 17iU. A force
d'ohservations et d'éindes, il piihlia : 1" VAnliqunire
du Rhin, i vol. in-S», Franrfini, 1759; 2" iMi/Zi-
quuire du Secker, du Mein. de la L Im et de la Mo-
telle, I vol. lu-b"; 5° un Dicti nnnire général des
rivières et d.s firmes de l'Allemagne , 1 Vil. in-h," ;
i" \'Aniiqunire de t'EWe, etc., 17-48, in-8°, Fiaiie-
furt ; 5° la Description des villes , cliùlenux , bowys,
villages et couvents de la Vétéruvie, Francfori, 1784,
in 8*, avec caries.
Diereville, voyageur français, né à Ponl-I.évèqiie,
en Normandie, se rendit en .\cailie en iC'JO. — Il
puhlia une Relation du vogage à l'Acnd-e, ou JVoii-
Vi Ile-France, etc., Unnen, iii-li', Cetiedesiriplinn de
r.Acadie est exacte , même encore anjonnJ'Iiui, sons
le rapport géograpliiiiue. Kl, (pin que l'on ail hean-
coiip écrit sur ce pays depuis un demi-siécle , nous
préférons à tous c<.s lUvrages la relation de Diere-
ville.
Dillon (N.), capitaine da vaisseau anglais, a entre-
pris un Voyage, en 1827 et ibâS, aux îles de la mer
du Stid. Ce voyage est suiloiit célèbre comme avant
eu pour résultat la découverte des débris des vais-
seaux de Lapeyrouse.
Dobner (f.élase), né à Prague en 1749, nmrt en
1790, anteordes Monuments liistoriguet de Buliéme;
d'una DistertalioH sur l'origine de la nalion bobé*
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
1184
mienne, de Notes savantes sur l'introduction du cUris-
lianisme parmi les populations slaves.
DubritJiolfer (Mailiii), jé^niie , mort en 1791, a
écrii en latin une Histoire des Abipores, natinii gaer-
riéie dn Paiagnay , awe cartes.— La géoerapliiedii
Paraguay, de lluénos-Ayi ts, l'e laTirre îles .Missions,
du Tncuinan et du Cliaco, y est liaiiée en détail.
Donis iN'ieola-), hénélietin dn xv' siècle, prései.la
au pape Paul II, en n7l, son éilitioi. .le la Géogia-
pliie (le l'ioléiiiée, a\ec une préface ilédiee à ce pon-
tife, el d' s cares qui com, renaienl le figuré du ter-
rain elles noms des lieux; ce qui était dé,à une
amélioraiion pour le temps.
Dubois (Ahrahaui). voyageur français, est anieiir
des oinrag-s intitulés; 1° VogQ:es (ails aux iles
Dauphincs ou M ad gascar el Roui bon; 2" Géographie
iialurelle . hiflo.iijiie et politique , par une méthode
nnuvel.e et a sée , avec plusieurs Caries. On ignoio
r.,niiée de sa mort.
Dncrits (de Sixtl. M. Diicros est auieur d'une Gt'o-
graphie ccmpniée d'api es la mélhode ai.alyiique de
l'ahhé Gaiiliiei-, Paris, 1>S45, 2 vol. in- 12. — C'est
un oiiviage élémentaire ipii n'est pas sans mérite.
Dulialde , iiii-sionnaire j.'SiMle en Chine, a com-
posé une Description de cet empire. Cet ouvrage lait
bien coniiaitre Ce singulier pays. On peut léaninoins
reprocher à l'auteur de l'exagération sur les forces
et !.i p piilaiinn de l'empire. ain>l (|ue sur la civili-
sai on cliiii ise, qui n'est ■:\\iuiie barbarie en toilette.
DupuinTriel (Jean Looi?), naquit .à Paris le 2G
nov. 1722. 11 entra dans le corps des ingénieurs
géo;;r.iphes , oii il ne laidi pas à se dtslioguer : il
concouriil à rexéciilion di; l'Atlas minéralogiiiue.
Diipain-Triel mil an jour pUisii-urs caries ei divers
ouviase-, (le géogr.ipliie doni le mérlie fut apprécé
par les hommes de science. Ses principaux éc its
sont : 1" Cane générale l'u cours des fleuves , des ri-
vières el des principaux ruisseaux de France; 2° la
France connue sous les plus miles rarports, ou iVoii-
veiiu Dirtionn'iire de In France, Paris, 1783, iu-8*;
5" Reclier elles géographiques sur les difjéren es hau-
teurs des plaines de la France. — Il vivail encore en
180i. mais on ne connait pas répo(|ue cci'.aine de
sa mort.
Diipnet (.Anioi e), né à raiinic-le-'-Daiiies au wi*
siècle, innri à Paiis en 1581, calviniste, aniear d'un
onviage intitu'é : l'iants, pourtraits et descriptions de
p'useurs vil'es et furieresses tant de FEurope, .Iti'e et
Afrique que des Indes el tenes neuves, iu-fo'.
Dnpiissis (Micliel-Tonssaiiii-Cliréiicn), né .à Paris,
en 1689, mort en 17o7. Iiénédirlin de SaintMaur.
— iNoiis avons (h' lui une Desciipiion géogmph que et
historique de la Hanle-^orinundie ; une Description
de la V- lie d' Orléans. — Il est l'un des antenisde la
Gallin Chrisliana.
Diiport (Gilles), né à Arles, en 1625. mort en
16 0, prèlre de l'Oratoire, a laissé une Histoire de
l'Eglise d'Arles, de ses ivéques el de ses monasières,
iu-ja.
I
H 85 BIBLIOGRAPHIE
Durand (Frarçois-Jacque-^), niqn'U en 1727 à Se-
ninl(', pics li'Aleiiç m. Il est anliiir île riniviagi' ci-
après : Slatisiique éUmeiita're , «>ii E sai sur l'éinl
gioriiaplii ,ue. phi,si(iHe el iiolilique de lu Suisse, Lau-
sanne, 17: ."i, 4 vol iii-(i.
Durand (Jcanliapiiito-Lconanl), né à Limoges,
el iioil en Espagne, «n 1S12, lii un voyage an Séné-
gal ilar.s les anné.'S 1785 ei 178 1. La idalion en p:i-
nil à Taris, en 1807, in-i°, ou 2 vol. iii-8", avec un
Allas : ouvrage as^tz Tailile , surlont anjininriiiii.
Ce. einlanl il cunllenl le texie aralie des traités que
j'anltur avail élé anloiisé à coiicliire par le gouver-
nenienl français avec les luis maures.
Durkh (Forlunal), s>avanl barnahile, né 'a Turnau
en Dulièineen 1750, morl en 1802. — Il esl l'anleur
d'un ouvrage inlilnlé : BiUiolheca slurica anliquis-
siiiii diulecli conimunis el ecclesiasiicce Slavoiuin gen-
lis, in-8°, fori niile à la gc igrapliie des Eglises slaves,
ei d'une érudition peu commune.
/Juiiiial (iNicolas Lulon), né à Cnmmercy en 1725,
mort en 17ï)5. — iNous avons de lui nue Descripiiun
delà Lorraine et du llanois, ouvrage de 2-t années
de reclierclies , exécuté avec guûl et exaciilude en
4 Vol. in-4°, devenu rare. Il esl aus>i l'anleur d'une
laide alplial'éiique des villes, bumgs, villages el lia-
meaiix de la Lorraine et du Uarrois, 111-8".
Dursieler (Gérard), né eu Suisse (canton de itu-
ricli), e:i 1-78, uioit en 17(^6 , mluislre piolesLint,
aulenr de Vllisloire dipLimalique des abbayes, cou-
vents et ordres ri'liijieux de lit vili' et du cunlundc Zu-
rich, ji squ'ii la liéj'i>rii:e : ouvrage bon a consuller
pour la géogr.ipliie ecclé^iasiiipic de la Suis e-
Dulemps (Jean - François- Hiigiie) , docieur de
Sorlinnne, né eu 1745 à lieugney, ilans la Franclie-
Conilé, inorl à P. iris eu ISIl, auleur du Clertjé de
France, ou Tableau lIislori(|ue el chronologiiiue des
archevêques, évêqnes, ;>blié'ei abbessesdu loyanme;
Paris, 1774 el 1775, 111-8"". Il n'a paru (|Ue 4 vol.,
qui comprennent 1 1 arclievêcliés cl leur» suffiaganis.
Dutertre (Jcaii-Baplisle), dominicain , né à Colai-,
en lUlO, mort en 1687, niissioiinaire aux AnlilNs,
auleur d'une Histoire générale des Antilles habitées par
les Français , avec tnrlcs, eic, i vol. in-4°, Paiis,
1667 el 1671. C'est le premier ouvrage écril par un
Français sur les Aniilles. Les géographes cl les na-
turalistes l'ont souvent mis à coniribulion, parte
qu'il est exact el véridique.
Diivat (Pierre), né à Abbeville en 1618, morl en
1G$5, gco^niplie ei cartograplie. — Il a composé des
Tablet géograpliiques de tous (et pntjs du monde,
in- 12, 1051 ; une Description de t'éiéché d'Aire en
Gascogne, iii-12; des Mémoires géographiques, in-12,
etenlin ime Gicgr.iphie. universelle, etc., etc.
Duverdier (Gilberl-S.u ifier), mort en 16S6, à
l'iiâpiial de !a Salpéirière, auleur d'une Description
géograpliique de la France, in-8*, 1639.
E
Ebel (Jcan-Godefroi), na luii à ZiiHicliau en Prusse,
le 6 «ctobre 1768. Il s« rendit, à p«ln« âgé de 16 ans,
GEOGKAPHIOUE. 1186
à ^ullivl'r^ité île Frnncforl-snr-rOdrr, lù il éltuPa la
médecii e el l'Iiisloire natnr>!le. Il est l'anleur d'un
oiiviage connu en France sous le li re de Guide du
V'ijngeur en Suisse. De 170;> à 1802, il commença la
pnlduM ion il'nn onvrasc intéressant, resté inachevé,
fons le litre de Tableau des montiiqnrs de la Suisse.
Il fil aussi un ouvrage sous ce litre : Idîes sur l'or-
gnnsi'tion du gtohe terres re et sur les changements vio'
lents qii^u subis sa nt'fnce. Sou dernier ouvrage est le
Yotj'iqe pitloreyque p r les noiivelli-s roules du canton
des Gr.soHS. Il monrul le 8 oi tobre 1830.
Eberi (Adam), né <n 1080, à Fiaticrirl-stir-l'Oder,
moit en 1735, parc mul rAllemagne. In Hollande,
l'Angletern-, la Fianoo, l'Espiiine et l'Ialic. — Il a
écr t la relalion de res voyages.
E'hnrd (Laurent), né eu 1671 dans le comié de
SnDolk, à liarsliani, morl en 1750, ministre anglican ;
aiil'ur d'une Histi'iie générale ecclésiastique depuis la
iiniisnncc du Christ jusqu'à l'établissement du christia-
nisme sous Constantin, in-'(dio : ouvrage li"n à cnn-
sidiiT pour la géographie ecclésiastique des premiers
sié les, mai^ avec prudei ce.
Eckard (Jean-G orpe d') , né à Piiingen , dans le
Drnnswick, en l'i74, morl en 1750; auteur de plu-
sieuis saVMTils ouvrages, tfliles à consulter pour la
gé graphie de l'A leniagne, et entre anlres de :
Cnmmentarii de rébus Frnnciœ oiieritulis et ej.iscopatus
]Vire''U' gens s, '72D, 2 vol. in-lolio.
Ecker (Jeao-Al xandic), ii éilecri, r c a Tfinilï en
Tollé. io> , en 1766. 11 esl aniem d'iini> Desc ption el
usage d'une no' velle carte du monde en 2 liémisphè-
res ; Vienuo, 17.4. ju-8".
Eddg (.I.-î'.), géograi he américain, né à New-
Y'itk eu 1734, mort en 1817; ai i iir de pinsi nrs
Cartes esiiiuécs et de divers .Mémoires sur des ques-
tions géograpliii|ues.
Ednier ou Eadmer, savant bénédictin anglais, dis-
ciple d.; saint Anselme, aiclievêque de Cimlori éry,
mort en 1137; aiiiv^or de plusieuis ouvrages, cmima
Historia nnvonwi, V es de sa. ni Ansi hue, de sa ni
DuMstan, de -■iaioi WiTrid, etc., ouvrages utiles à la
géographie ec< lé>ia>tii|ne du moyen .âge.
Ê(//ist (AI) n Abdallah-Mohammed-hen-Moham-
medal-), né à Cciiia en 495 «le TiiéJre (10 9 après
,1. C), Aralie mn-nlmao, géographe et cartographe,
véciti .à la cour de Rogi-r, roi de Siiile. H exérii a
pour Cl- prince nu Glale !• rreslre d'argent, du poids
de 800 marcs. — Il com| osa mie Géograihie .>^ur la-
quele les géograi lies ont vécu plusieurs siè<les. Smi
.sysième géographii|ue était en généra' celui i1e Sira-
bon, mo.iidé par les déetuivcrles faites par le* Arabes
dans leuis exi. éditions militaires et commerciales.
Egede (Jean), mivSionnaire danois au Groë' land,
né eu 1686, mort en 1738 d;ius l'ie de FaUter. —
Sa De>aiptio:i géographque du Groenland, in-i",
Copenhague, 17i9, esl un ouvrage rurieus par les
détails n précieux par leur exactitude.
Egede (Paul), lils do Je
naire couiine lui et évêque luthérien du Gri
né en 1708 . inissi,
1187 BIBLIOGRAPHIE
mort en ce pnys en 47S9. Il est aiueiir d'un ouvrage
intiliilé : nelaiious du Croènlunrt, iii-12, Copenliagiie,
1789. — On lioiive li.iiis cet ouvrage des pailiciil.iri-
lés ( iirieiisps sur celle contrée et sur sa conversion
au clnisiianisine.
Eiiys (Joaii-Ignacc), csptiein, connu sons le nom
du l'ère Ignare île Itlieinfeld, né en relie ville en
1CI8, niissiiinnairo en Oiieni, inorl à LaufTe bonig
en I7U'2: anlenr d'ine Descrii)'inn de lonies les mis~
iioiis apoituliques de l'ordre des Cofidcins, Constance,
iM-4*.
Ehhiyen (Georges d'), né en S'nnbe nu coninien-
cenient du xv" s.c- le, a écrit une llelaiiun des roijaijes
qu'il avaii faiis en Enn p^.en AIriqne et en Asie. —
Ce'le liolaiion n'a élé impriioée (|ne loi) ans après
sa mort, à Aug-bourg, et nn Ta fort abrégée; car
elle ne coniienl qire 4 fi'uilles d'iinprossion. Il y a
des porlrails destinés avec un grand soin.
Eltremnalm (\r.id), savant suédiis du xvm* siè-
cle. — Son Voyiigc diim le A'ord/iiid oriental, f;iil en
1741, 1 vol. in-8° avec carlt-, Slockliolin, est estimé
parce qu'il fait parlaitenicnt connaiiie la Lapiinie.
Eiclihof (Cypiien), vivait au comniencenient du
xvni^ Sicile. — Il a composé plusieurs Iiinéiaires
géographiques avec cartes, par exemple, cidiii de
rilaiie, de l'Allemagne, de l'Espagne, etc. Les éi'ri-
vains postérieurs lui oui beaucoup emprunté sans le
ciicr. Ces Itinéraires sont généralement exacts et
assez l'iMnilcis.
Eiclihorn (.It-an-Godefroj), né le IG octobre 1752,
h DuTrea/Jinmern , dans la priucipauié de Uolieii-
lolie OEIiringen , priifesscur à l'universilé d'Iona et
de Giiltingiie, savant orientaliste alb-mand. Ce labo-
rieux pnifosenr a publié un irès-grand nombre d'()u-
vrages qui ont faii sensailon eu Allemagne. Nous ne
citerons ici que i'Ilhio'.re du commerce des Indes
orientales cvant Mohammed , in«S° , Cotba, 1773, et
les Monuments les plus anciens de l'histoire des
Ariibes, in 8*. Ce savant est mort en IS27.
Ekeber<i (Gustave), né en Suède, et mort en 1784,
capiiaiiie suédois; aiilciir d'un Voyage aux Grandes-
Indes lUui les années 17 0 el 1771,Sli'c!vlnilm, 1773.
EngcUmdh (Cuaries-Aug iste), cciiva'U allemand,
né le i février 1708 à D.oi-de, ei mort le 28 janvier
1854. Il est anicnr de divi-rs ouvrages, entie autres :
Tableaux tirés de IVt.sloire d'Allemagne, a l'usage de
la jeunesse; Histoire des pays qui composent l'éUctoral
el les duchés de Saxe; Voyages pittoraques en Saxe;
'Voyage géOitraphicu-sl antique en Italie; Feuille heb-
domadaire géographique, etc.
Entrecasteuux ( Jose|di-Aiitoine-nnmo d' ) , marin
célèbre , né à Aix en 1710 , mort en 1793 ; auieur
d'un Voyagea la recherche de la Peyrouse, Paris, 2
vol. in-4°, avec un Atla^,— Celle exié liiio» est très-
ninir!|uable par les nombreuses découvertes qui
l'ont signalée.
Erhman. M. Erbnian, naturaliste et voyageur, est
!c fils lin savant ICrhnian de Beilln. 1! visita, en 1828,
1 81') - 1 1 850 , les vastes solitudes de l'Asie et de
GEOGRAJ-HIQUE. 1188
l'Amérique septentrionale. Les lettres qu'il écri-
vit |iendant son voyage sont rempliiS de notions
nouvelles sur la Sibérie el la fronlière chinoise.
£.'isf/i(Jean-Samnel), néon l7oG.àCloginen >ilésie,
devint professeur de péogra; hie et d'bistoire mo-
dori c à l'iiniversité d'iéni. Il esi mort en IS2^, à
02 ans. Ses nombreux onvragcs sont ccrils en alle-
niaîid. Il e^t aiileur d'un Képcitoiri' dc>s recnetls pé-
riodi(|ues conceriiant ta goograpbie el les scii'nces
qui s'y r.ipiiorlcnt. Ce répertoire forme 5 vol. in-S",
qui ont paru en 1790 et 1792.
Expilly { l'ablié J.-Jos.), né à Saint-Rem! en Pro-
vence en l71;»,inori en 17Li3 ; auieur d'une Cusmo-
gr phie, d'un Dictionnaire géog-aphiqiie et historique
des Gaules et de la France ; du Manuel du Géo-
graphe ; de la Topographie de Cunivers.
Eyrii's (J.-B. Uen), né à Maiseille en 1767, sav,nnt
géogiapbo, Iradiicleur de beam oii|) d'ouvrages étran-
gers relaiifs à la géngiMphiB, et de Méiniiies con-
ceinanl divers poinis i;éi)giapliii|nts. — Il a Cftntribué
plus que personne, pendant sa longue c irrière ( cair
il est mort dernièiemcnt octogénaire), aux progrés
des sciences géograpbiqucs.
Faher (Félix), dominicain el voyaîcur, né a Zurich
en 1441. Il fit nn ouvrage sons ce litre : lielation
du voyage à la terre sainte et à Jérnsulem, et du retour.
— Ce voyage est nn des plus anciens qui aient éié im-
primés, et certainenienl nn ib s meilleurs.
Fuhri (Felix-Scbmi(l), domiii'jain à Ulm, a écrit
en laiin les voyages qu'il (il dans la l'alestine, la
Syrie et l'l''gvptc.
Fiiesi (.Ican-Conrad), né .'i Zurich en 1727, mou-
rnt curé à Flam h, village |ués de Scliallonse en ITUt).
Ecrivain laborieux, il a publié nn grand nombre d'ou-
vrage- donl les principaux sont : 1° Dcsmptivn géogra-
phique et statistique de la Suisse ; 2° Mémoires sur divers
sujets de l'histoire aiirieune el moderne.
FalcLensiein (.lean-Ilcnri de,, iKiquit en 1082' cl
mourut à Srbwab.icli le 5 février 1700. Ses prnci-
Diux ouvr.igessont: 1" Oclicht topo-gcoqraphica: Sori-
bcrgcmes; 2° Anliquilates et n'.cmo>abilia Marchiœ
Drandcnbwgi'œ.
Farnhum (Thomas), voyageur anglais, anicur d'un
Voyage danshs Montagnes Rocheuses tt dans l'Orcijon,
Londres, 1815, 2 vol. in-8*. — Cet ouvrage ifonnc
des détails ii'.éressanls sur ci'lic partie Je rAméfique
septentrion. lie, si, vaste ot si pou .-oiiiuie en Km ope.
Felice (Kortinié-liaribélcmy Je), né à l'onie en
17i5, mon en 1789, îuteiir d'un Diclionuaire ijcogra-
phique de 'a Suisse, 2 vol. iii-8'.
Ferlet (iidme), eu ISOÎ.anleer d'Observations gco-
grajjAiiyiies, eic, sur les ouvrages de Tacite, 2 vol.
in-8", avec rar'XîS géograi liiq.ies.
Perrière (Al. de , auti:ur 0'ur.e Analyse de la Sta-
tistique générale de la France, 2 vol. in-8*, ISOj et
1804, ouvrage publié avec l'autorisation du niinisire
de riQléi'ieur.
11S9 BIBLIOGRAPdlC
Fliiiriers (Malthieii), né à Doningioii dan-^ le Lin-
ciilii-" liii'P, mort en 18I-i, iiavigaieur el gcngraplic
anglais, miieui- d'un Voyage à la Nouvelle- Hollande
cl il'un Ail s.
Folijcr (Y. -F.), a composé iin Guide pour l'instriic-
lioH dnns lu géiyraphie el rellinographie, giand 111-8*
avec If' is lablcaiix, Hanovre, IxSU. In calalo^no
Irés-l»iin lail cl des l;ililfaux géiié.ilojîiiiiies Ijoiliient
Pusago de cet ouvrage, doiil l'aiikur esl digne d'é-
loge.
Forbcs, voyagent- anglais, né en 17'8, a pnblié des
Yciijnges en Asie, en Aj igiie et en Amérique, avec des
Oliservaiions sur le eaiaciére des Hindous, au poinl de
vue du chrislianisine.
t'orrest (le caiiiiaine), navigaieur ang'ais, fit, en
1774 et en 1773, aux Molmpies et à la iNonvelle-
Gninée, nn voyage nn'il publia à smi reiour en An-
clelerrc. Qnoiiiiie lus oavi^aienis ponngais el espa-
gnols ei.s^Cnl aboulé pliisieins (ois à la Nouvelic-
Cnince, on avail encore très-peu de rcnseignenienls
sur cette grainic ile.
Fumer (Georges), voyageur et géngrapbe anglais,
mon dans i'Ilindouslan en l7'J-2, auteur d'un \o\jnge
dans l'Hindoiiilan, dans le Kaboul, ou Afghimitlan, et
dans les provinces voisines de la mer ( aspienne. Il a
laissé aussi un Mémoire suila mythologie et les mœurs
des m idous.
Fots!cr (Jean-Reinli('UI'), ne en 1729 dans la Prusse
polonaise, niorl en 1778, .luienr du Voijage autour
du monde avec le capitaine Cooli.
Fosbroke, auieur anglais, a écrit un ouvtage cu-
rieux sur les nioua-ièri!s d'An^ileterre.
Fra Mauro, cnniposa, de lia" à 1459, sa fameuse
Mappemonde, ouvrage prod'gitux pour le temps; elle
e^t peinie sur parcbemin, elle a en liauicur un mètre
75 cenlinièires, en largeur un mètre 9S cenlimétres;
elle s'e>t conservée avec tout l'èclai di^ ses peintures,
on en possède plusieurs copies. Ce savant avait,
comme tous Us grands géographes, cet insiini t d'in-
luilion qui fiit voir au travers dus ren^c gneiiients
la vérité plus exacte uicine que le voyageur ne l'a
rendue.
Freminville {\e chevalier de), capitaine de frégate,
a rédigé un Abrégé historique el chronologique des
principaux voyages de découvertes par mer, depuis l'an
2O1IO avant .1. -C. jusq'i'au cnmmenrement du xix«
siècle, in-8", P.iris, 18.9, imprimerie royale. Ce tra-
vail rsl fail aveu habileté et préci-ion.
Freyànel (l.ouis-Claude-De'=:iu^e-. de), néàMonté-
limar en 1779, a fait, de 1817 à 1820, sur la corvette
rt/roHie, nn voyage de déionveries aux icrres austra-
les. Ce voyage a été imprimé par ordre du gouverne-
ment. M. de Freycinet s'était surtout apidiipié .à re-
cueillir des notions sur les tribus sauvages de> terres
australes, pour les comparer à d'aiilres familles du
genre humain, et venir ainsi en aide à la science an-
thropologique, à l'bisi.iire Baturclle de l'homme.
Frézier (Au)édéo-Frauç tis), ingénieur, né à Cliam-
béry en 1682, mon en France en nT.î, — Nous avons
GEOGRAPHIQUE.
1190
de lui une Relation du voyage de la mer du Sud aux
côtes du Chili et du l'érun, lait pendant IcS années
1712, 1713 et I7H; Paris, 171G, iii-4'', avec «ânes
el lig. Il avail clé chargé par I., uis XIV d'aller vi-
siter l'Amérique espagnole, et cette Uelaiion isi le
résultat de son vnynge. — C'est lui qui appoiia du
Cliili eu France la grosse fraise, Uile fraise-an 'uas.
Fries (Jaci|uesFrtMléric), né en 1773 à Barby, en
Prusse, professeur en ISlU de | hilosophie ibéoréti-
que à l'iMiiversiié d'iéiia, s'est lail remsripicr par im
Manuel d'anthropologie en deux vol., 18-0-l8il. Il a
publié plusieurs aii.res ouvrages, par excuipléj un
Système complet de pltilo^ophie en plusirur-. vol.
Friiz (SaniLielj, jéiuiie, né en Uoliéine eu I6i3,
mort eu KiS, alla cumme inissionnaiie au Pérou en
1683. Si's obseï valions le m reiil en éiai de dresser
une carte du .Maragnun (lleuve des Amazones), dont
La Cnudauiine a <lii que c'élail nn moiceai piéeieux
et uni(|ue. Le P. Fritz avail lai se aussi un jo niai,
qui esi re:.ié dans les aieliives du collège des .léiiiiies
de (Juiio. Il est à regielttr pour la science geugia-
plii(pie que ce journal n ait pas été pulilié.
Frœlich (Daud), ne à KoMoark, dans la haute Hon-
grie, a pnlilié les ouvrages suivants; Medulla geogra-
phiœ piailicie; des antieiis liabilaiiis allemands delà
llongr c, du coinié de Lips el de ta '1 raiisylvanie,
Leuisi hall, lli'tl, in-4°, en alleuiand.
Fioes ( Louis), jésuite et m:ssionuaire portugais,
né à lieji en 162S, mon en 1.VJ7; auieur d'une //is-
toria de Japon, eu irois parties. Oaiis la première il
est pailè (In climat ei des latandes. Cei ouvrage est
aussi lec. iiimaiidable par b. style ipie pir les nolices
curieuses cl exactes qu'il conlicnl. Il est lesté ma-
nuscrit,
Froger (François), ingéiiieiir français, né eu lfi76;
auteur il'imo Relation d'un voyage laii en 16!)5,
1()9G et l(:97 aux côtes d'Afrique, déiroit de Magel-
lan, l)ré-il, Ciyeuue el aux Antill -s, à Paris, 1098,
iii-12, avec canes. — Les deser plions et les cartes
sont esiimées même aujourd'hui.
Furgauli (Mcolas), prolesseui-émcriie à l'univer-
sité de Paris, naipiii eu I70G à Saint-L'rbain, prés
Cliâl nis-sur Marne, et mourut en 17, 5. il lil ses étu-
des àTroyes, vint les perfectionner à Paris, el fut
d'abord régent de sixième an co'lége " azarin. Il s'é-
leva successivement dans l'ensi ignemeut, où il a
laisé une lépuiaiion de savoir el d'inielligenee. Il a
coii'pisé [ilusieurs ouvrages, et entre aulies un Dic-
tionnaire d'antiquités grecques el romaines, petit iu-8*,
ei un Diclionnaire géographique, historique et mytho-
logique, in-S", Paris, 1778.
Fgot de la Marche (Claude), abbé de Saint Etienne
de Dijon, né en celte ville en l'.ôJ, mort eu 1721;
auteur de Vllistoire de l'Eglise de Saini-Eiienne de
Dijun, avec les preuves et le poiiillé des bénéfices dé-
pendants de celle abbayt;;Diirin, 1G95, in-fol. Ce livre
Cil bien écrit, et peut élre consullé avec uiililé pour
la géographie ecclésiastique.
191
Gage (Tlinnins) , né en Irlande à la fin du xvi^
siècle, iiHirt à la Jainiiiiuceu 16j4. Kelii^ieux domi-
i.icain d'iibord, il pas;:., plus de "20 ans dans l'Amé-
rique espagnole , qu'il éui.lia ; de retour en Ai.g'e-
BIBLIOGRAPIUE GEOGRAPHIQUE. 1192
5 ce sujei. Il fil encore un autre ouvrage sous ce '
lilre : Essai cliroiwlo.iique pour l'Iiisloire générale de
la Floride. — On a encore deG^ircias : ViéUcalion de
rEiaiigile dans le Nouveau Monde.
Caspiiii (Ailricn-Clnélien), né à Sdili-iisingcn en
i'bi. mort en 18311, auteur il'nn llvie mr t'Entei'
rre, Il ^ilijnia le callnilicisme pour l'an^îlicanisinc— gnement de la géographie el sur les moyens propret a
Il a composé une De!>aiption des Indes occide.ilales /« fucilUer ; d'un M'uncl cnmplcl de géigr:ipliie nio-
(l'Amrriiine e>p:i;;iiolo du Contre it du Nord). dcrnc ; d'un Aloianach universel de téograpliie Cl
Gail (Jeaii-Bapustc), né a l'arls en 1753, mort en je stnlislinue.
182!'. NiHis ne le citons pas ici comne liellénisie , c^d ,• (Jacques de), célèlire pliysirien liolandais,
mais couime géographe, pjur sa Céograpk.e U'IIéro- „,; gn 177 J, prolessenrde inalinjinaliques au co\:é;6
^Qlg^ de Délit ; auteur d'une Géographie malhématique ,
Calanus (Clénieni), zélé el savanl missionnaire 2 vol. in-S" ; d'une Céo^rapAie du royaume de 11 ol-
llié^itin, naquitii Sorrento dans le royaume de Naples. lunde, in-8°.
—11 lit un ouMage sous ce utre : Conciliation de CE- Cemelli-Careii (Jean-François), voyageur célèbre,
alise aiméiiienne avec l'Eglise romuine sur les lémoi- est né à Naples, en l6ol, d'une lamile qui lenail
gniigcs disl'èies et des dochurs arméniens. i)n\i\\iiu\\. un rang di^liiigué. Il parcournl rapidement l'it-ilie,
encoïc inie grammaire sous ce litre : GrumiiuUicœ et
logieœ in!>tiluii.nes linguœ lilleralis armenicœ, nddito
vocabitlario armeiw-iaiinu dictionum schulasticurum.
Gali (Fra.çms), naviguieur espai;n I au xvf= sic-
la France, 1 Angleterre, la fielgiiiue. ta Ho'Liide,
l'Allemagne, ei servit comme volont.iire en llonorie,
en lCt,7. Il vit ensuite le Poriugal et ^E^p:lgne, en
1C89, el publia la relalinn de ses .ourse-. Il par-
ole, «xploralenr de la <ôie i uesl de l'Amécique espa- courut pri;S(|i)e tomes les contrées du inonde et Ot
gnoie. Il a laissé une Itelatioa de ses re> bercbes , „„ ouvrage intitulé : Voi/ni/e autour du monde.
qui a été iradu.te en bolamlais, en français el en Gentil (Jean-Uaptisie-Josepb), né .à Itagn-ls, le 25
an^l.ii,. — Gaii é-ait un navigateur expérimenté el j^jn 1726, et mon au même lieu, le 15 févrer 1799.
doué do talent de bien observer. — 11 esl aiueiir d'un Abrégé rie Géograpiiie de l'Inde,
Gulletti (l'ierre-Louis), né i» Home en 17-21, moit ^j ^^^^,„^ llitoire métallique de cette contrée,
en 1.90, Lvè.ue de Cyiéne, auteur de Mémoires le- Q^,g,.g (Jean-.Mi«liel), né à B;cb..ffgiùn, bourg de
liitijs à la géographie topograpiiigue de lioine el des y^ régence prussienne de Baireuih, en 171(1, de pa-
Eliils de t'Eglise. rents pauvres el malheureuv, s'é évade l.i-nième
Gamba (U: chevalier Jacqnes-François). voyageur, p^,. ^^„ travail et sim intelligence. Il a composé un
né à Dunkerciue en 1765. Il visita successivemciil la Dictionnaire, \v.e Grammaire de la langue winde et
Rus^ie méridionale, le» déseili de la mer Caspienne y^g Mytholoaie de cel ancien peuple, écrite dans sa
et les provinces du Caucase. Il lut consul de Frame langue.
à Tillis sous la ies:auiation. 11 a laissé un Voyage
dans la Russie méridionale cl particutiéremenl dans Us
provinces situées au delà du Caucase , 2 vol. in-8°,
avec cartes géographiques. — Cet ou\rage esl estimé,
même après le voyage de .M. Hoinniaire de Hell dans
les mêmes contrée,-.
Cartel (le colonel) , olficier au service de la Rus-
sie, a publié une Description des régions situées à
r occident de ta mer Caspienne. Celte d. scription i en-
ferme des notions ir.iéiessaiiies sur les divers peu-
ples qui babilenl ces contrées, si peu connues des
Européens, et «lui cnnservent tor.j uns leur pbysio-
Georgiewitz (Bartliélemy), voy-geur bongrnis, esl
auteur de l'ouvrage intitulé : Voyage de Jéiusalem
avec la description d.s cites, villes, etc., de t'Elat de
t'empireur des Turcs.
Georgisch (Pierre), savant pnblici^le allemand, no
en I6';S, mouruiii Dresde en 1744. — Il aiuibliéles
ouvrages suivants : 1° Er-sai d'une iniruduclion à l'his-
tnire et h la géographie romain' ; 2° Corvu^ jiiris gcr-
maiiici aniiqui, quo continentur t-:ges Fruncoriim Sa-
lie œ cl iVipuarium. Mamannoram, Uoiuariorum, liur-
guiidioniim, Frisioritih, etc.
Céiiimb (le P. J. dei du cnuveni ilc la Trappe, a
nomie particulière et tarattérislique , in.dgié les ^ojii |,i relation du péhrnage qu'il fit en I.S5I, a
guerres et les révidulions politiques.
Gare a (Gregorio), de l'orire de Sainl-Dominique,
cnnipo-a en 11J-2G, un ouvrage so'is le titre: llisto-
ria eccle4iis:ica y ecular de las liiiias. Cette bist'dre
ecclésia-liiine fournil des renseignements à la géo-
graphie religieuse el mo:iaslii|ue de l'.Vmérique. Il
esl à regretter qu'elle n'ail pas été cocitinuéc.
Giirciiis (Giégnire), religieux ilominicaiii, esl né pn
15o4 à Coziren .Andalousie. — Il piibli.t un ouvrage
sous ce lilre Origine des Indiens du nouveau
monde, avec un discours sur les opimuns ^e!3li^es
Jérusalem et au mont Siiiaî. Cette relation a pain a
Pans, in S% en 1X50 • cl à Tournay, in-11 en l.v'w.
— On connaît le mérite et la piété de ce religieux,
qui, avant d'entrer en religimi. éiail général autri-
chien et chauibelUn de l'i'inperenr François II.
Gérard (J.-C), lit en IS2U une ex. ursi.ui ilans les
montagnes qui avoisinenl l-.idak (A-ie conirale). La
rigueur du climat rendit cotleexpéditiuu désasirensc:
mais elle n'en fut pas moins uidc po.ir la gi-..grapbie
de celte coiilrée. M. Gérard rencoutn, ii IjHC hau-
teur de plus de oO«H) mètres, des Tariares avec leurs
1193 BIBLIOGRAPHIE
tentes noires, leurs chevaux et leurs cliiens. Il se
trouva à irois journées de marche de {'Indus, mais il
n'eut pas la satislaction de contempler ce flt-uve so-
lit:iire et mystérieux. Il parvint, dans cct'e explo-
ration, i réunirnnc magnlTique colleciiondc coquilles
et d'éclianiillons de rorlies coqiiilléres à des hau-
teurs de 4 à 5000 mètres. En descendant dans les
vallées, il eut orcasinn de visiter plusieurs monas-
tères de Lamas, dans lesquels il déclare avoir été
bien accueilli. La relation de son voy.ige fut commu-
niquée, en I83'J, à la société asiatique de Calcutta.
Cibrai (Jpan-U.Tplis;e), piéire de la doctrine chré-
tienne, né aux Cabines, près de Cordes, diocèse de
Tarhes, en 172-2, mourut à Castclnaudary, en dé-
cenibrc 1805. il a publié plusieurs ouvrages, parmi
lesquels i n peut citer : 1° Une Géogra\)li\e moderne,
dont il y a eu 7 éditions ; 2° une Géographie ancienne,
sacrée et profane.
Ciorgi (Antoine- Augustin), religieux augustin, na-
quit en 1711, à Sanlo-Mauro, près de HImini. Après
avoir professé la théologie au giaiid collège de Bo-
logne, il mourut en 17^V, en laissant un alphabet ti-
bétain, conipilaiion immense qui suppose autant de
travail que d'érudition.
Codefroy, surnommé de Viterbe, où il naquit,
chapelain et secrétaire des eii;pereurs Conrad III,
Frédéric I^' et llenii IV. Il mourut abhé du nionas-
lère de Colihweich en Autriche. — Nous avons de
lui u:ic Chronique qui commence à Adam et Gnii à
1I8(>, 2 vol. in-rolio. Il avait pour son temps une
érudition tiès-vasie. Cette chronique a pour titre :
Codefridi, abbulU Gotwicentis, Chronicon Gotwicense,
1732.
Goduin (François), né en 1361, à llavington, au
comté de Northampton, évèque de Iléreford, a pu-
blié un Catalogue d,'s évéques anglais depuis l'élablis-
sement de la religion chrétienne en Angleterre, etc.,
etc., ItOl, in-i°.
Goelnitz (Abraham), géographe né à Danizig dans
le ivii^ siècle, a public plusieurs ouvrages estima-
bles. Un coimait de lui les suivants : 1° Ulysses
Gallico-Be.gicus, per Belgium, Hispaniain, regnum
Calliœ, ducalum Habaudiis , Taurinuyn usque PeJc-
montis inuropolim. 2° Compeiidium geographicum
iuccineta melkodo adornalum. On ignore l'époiiue de
sa mort. Le Compendium parut à Amsterdam en
i643.
Goeiz ou Coez (André), né à Nuremberg, en 1698,
et mort en 178U ; auteur de plusieurs ouvrages et
de Vlntroduclio in geoyraphiam aniicjuam in x tabb.
geogr., Nuremberg, 1729.
Gumara ( François Lopez de ) , né en 1510 à Sé-
ville, a composé une histoire de la Nouvelle-Espa-
gne, et diS Américains, dits improprement Indiens.
Gordon (Alexandre), antiquaire et artiste écossais
du xviu' siècle. Il mourut en l'an 17.^0. — On a de
lui : 1" Itinerarium septentrionale, ou Voyage dans
plusieurs parties des C'imiés de l'Ccosse et du nord
de rAnjjleterre; 2* Supplément à l'itinéraire général.
DlCTlONNAlHli DE GÉOGRAPBil ECCL. II.
GEOGRAPHIQUE. |194
Cordon (Patrice), géographe anglais, auteur d'une
Granii.are géographique, ou f/luiôt d'une analysa
exactf et cuurie du corps eniiiT de la géogiaphie
moilonie, iii-8°, 171S. L'iilée e^t originale, l'exécu-
tion, s ns è:re brillante, est ingénieuse.
Gouge (Thomas), né à Dieppe en ICo'J, mort à
Paris en 1725, auteur du liecucil d'observations
physique!: et malhémaliques pour sirvir 5 la perfec-
tion de l'astronomie et de la géographie, envoyées
de Siain par les jésuites missionnaires.
Courgues (Doiiiinii|uede), ne .i Monl-iIe-Marsan au
xvis siècle, mort à Tours en ld95; auteur d'un
Voyage dans la Floride et d'une description de cette
contrée, in 4", ouvrage assez rare.
Gvunié (l'abl)é Pierre Mailii.is de), ne à Dieppe
en I7t2, mort en 1770, est l'autc-ur d'une Descrip-
tion géographique des provinces rfj Fiance ; d'une
Desiriiiton de l'Espagne et du Portugal; d'une In-
troduclio t à la gJ'igraphie ancienne et moderne. Il a
composé également un livre sur le choix des cait ■»
géographiques , et un [\ss\i sur l'histoire de la g'O-
yruphie. Ces divers ouvrages sont remplis de goût,
et l'auienr éiait aussi laborieux que judicieux. Ou a
prclcndu que \' Essai sur l'histoire de la géogra-
phie avait donné à Malte lirnn l'idce de son
llis'.oi.e des progrès de la géographie. Si le lait
était vr.ii , mais nous en douions, Malte Brun
n'aurait pas imi'é le goût de son inspirateur ;
car, outre qu'il manque souvent à la jusiire en ne
signalant pas les services rendus à la géographie
par les missionnaires cailmliques, son ouvrage est
écrit d'un bout à l'autre en siyle bourioiiné.
Gouvéa (Antoine), né eu 157S à Réja en Portu-
gal, n)ort eu l(i2S; auteur d'une Ilisoi.e orientale
de l'Eglise catholique, in-ful. : ouvrage utile à la
géographie de l'Eglise en Orient.
Gouiéa (Anioine de), jésuite portugais, né en
13; 2, ;i Casa'e, diocèse de Viineu, a laissé les ou-
vrage.-, suivants : Asia e.vtrema , Histoire de la com-
pagnie de Jésus en Chine : livres bons à consulter
pour la géographie de l'Eglise dans l'Asie orientale.
Gozuni, jé.suite, missionnaire en Chine, anieurd'un
Mémoire en 171)4, contenant des détails intéres-
sants sur l'existence d'iinecolonie de juifs à la Chine.
Graaf ( Meol.'vs de }, voyageur hnlland-is au xvii«
siècle; auteur d'un Voyage aux îles de la Sonde,
dans l'.Uie méridionale et orientale.
Griindidier (l'abbé Philippe-Andrél, né à Stras-
bonig en 1752, chanoine de la cathédrale. A 24
ans, il publia les deux premiers vol. de l'/Zi loire
ecclésiastique d'Alsace. Mort à l'abhaye de Liicelle, à
54 ans, en 1787. A l'âge de 25 ans, il était mem-
bre de vingt-une académies. Il a écrit Vllisioire
de l'éiéché et des évéques de Strasbourg ; 2 vol. seuls
ont paru. Cet ouvrage dénoto une véritable science
de 1.1 part de l'auteur. Il a composé des Essais his-
torique et topogruphiqu.es sur l'égise cuhédrale de
Strasbourg, in-8', livre rempli d'érudition. — L'abbé
(îrandidier fut un des priiiciiiauv lédacleurs de la
38
nos BinUOGUAVniE GEOGRAPHIQUE. UDO
Cnniania sacra. Il :i laisté à jusie tiire la lépulaiion GuérilauU a rédigé la relation de ces voyages, ei y a
d'un des ccdé-bsiiTies les plus savants et les plus joint une noiice sur la pclUe île de Siiigaporc, à
liiborifiiis ilu xvme si(^cle. rextréniilé sud de la péninsule Mabye. Elle donne
Claudine (le coinle Louis-Mar.-Jospph de), né à son nnni au détroit sur lequel elle se trouve. Les
Saini-.M. Ii eu 1"(>1. On a de lui une Cco^rup/d'e élé- Aigla s eu prirent possession en 1816; ma s ce no
mentaire pliiis'qiie avec un niclioiiiiniic iiiiiie sel de
géographie mmiliiiie.
Oiatii (Charles), naquit en Ecosse, l'an 17 ;6. !1
mourut le 51 octobre 1823. Il est rauleiir d'un ou-
vnige iutilulé : Observations sur l'état social des su-
jets asiatiques de la Grande-Bretagne.
Grappin (i'ierre-I'liilippe), naipiii le !"='■ février
1758. à Ainvelle-lez-CoiiQans, bLiilli:ige de Vesoul. Il
est Tauieur de deux volumineux Mémoires sur les
abbajes de l.uxeuil et de Favcriicy. Il niourui le 20
noveniiire 1855.
Grossi (Joseph), naquit à Turin le 50 novcuibie
1779. Il composa un ouvrnge connu sous le ti re
àWperçu itatislique de l'ancien Piémont, in-4'. Il de-
vint aveugle en 1 25 , et mourut sublteiuent à Turin,
le 22 janvier 1831.
Gravina ^D.uniiiique), né à N.iples vers 1580. On
lui allr.bue un ouvrage ainsi nommé : Vie de saint
Grégoire, archeicque et primat d'Arménie, avec uji ta-
bleau di; létal de la religion dansée pays.
Grog (Robert), évoque anglican de Rristol, naquit
àLiindffS er. 1762. Il a publié des Lettres écrites
pendant un voyage en Allemagne, en Suisse et en
It.i'ie, avec des observations sur la géogia|iIi.e, la
liiiératiire cl la religion de ces pay«. L'auteur s'y
montre fuie e à l'esprit pas^iouiié et haineux del'an-
glicnuisiue pour la religion caiholi<|ue.
Crcig (J ), .américain, auteur d'un Voyage dans tes
prairies occidentales et dans le nord du Mexique,
in-8°, 2 vol. avec planches et caries; ciivrage cu-
rieux ft utile par .<es remarques neuves et s. s ob-
servatiims géographiques . N.'W-Ynrk, ISli.
Grigorii (Jcan-Godefroi), infatigable géjgraphe et
r()ni|)ilatfur allemand, vécut dans la ircniièie nini-
lié du xviil^ siècle. Voici l 'S litres de q^ielipie-uns
de. ses on\raîPS : 1° Cengrapttia novissima, ou Des-
ciipiiou de a terre, des piys et des vdles, 2" Vro-
yrapliia, ou description des principales niout'gnes
en Furope, en Asie, en Afrique et en Amériiue.
Grillet (i'iibbé Jean-Loui^), savant et laborieux
écrivain, r.é en 1756, à b Roche en Savoie, m rt en
18l2;auleur A'Elé.nents de géoyiaphie aitapiés à iltis'
loire d,' Savoie, Cl.ambéry, 1788, iu-8°. 11 a publié
ercme un liecueil de mémoires et rie litres pour servir
à l'histoire du diocèse de Genève, IL vol. in-iolio.
Grozier (l'abbc), savant au si modeste qui- labo-
rieux, a composé une Uescriplion générale de la Chine.
L'ouvrage est louable assurément. Nous icproclie-
rons néanmoins à l'auteur di' s'éirc uii peu l.iissé sé-
duire par tout le brillant clinquaiii de la Chine, et
d'avoir exagéré sa population ainsi que sa prétendue
civilisation.
Gu<ri(nu((, de Nantes, a -fait plusieurs voyages aux
Philippines dans les années I82i, 1S25 et 1826. M.
fut qu'en 1819 qu'on commença à y bàiir des
maisiins, des baraquts et des forts. Aujourd'hui I»
ville de Singapore compte près de 100, lOO habi-
tants.
Guetiard (Jean-Etienne), médecin naturaliste, et
l'iMi des homines qui ont le plus contribué à répandre
en France le goût de la minéralogie, naquit à Etam-
pes Ie22 sc|ileiiibre 1715. Il est auteur dtsnuviages
inliluiés ; 1° Mémeire sur la nature et ta situation
des terrains qui traversent la France et l'Angleterre;
2° Atlas et description minératogique de la France. Il
mourut à Paris le 8 janvier 1786.
Guido, était un prêtre de la ville de Ravenne, qdi
vivait dans le ix'' siècle, et non pas d.ins le vii«,
comme on l'a dit par erreur. Il a composé une Géo-
gia[)liie à laquelle il n'a pns mis son nom, et qr.i est
connue soii> le titre de : Géographie de l'Anonyme l'e
liavenne.
Gutdenstaedt (Jean-Antoine), médecin ei géographe
russe au xviiif siècle, a laissé des .Mémoires géo-
graphiques sur les pays situés entre la mer Nûreet
la mer Caspienne. Ces Mémoires ne manquent pai
d'intérêt, et aujourd'hui encore il convient de s'y re-
porter; car la physionomie des contrées qui y sont
décrites ti'a pas changé. Les pcpuralionsdu C lucase,
malgré l'invasion et la gneriè pe:manente de la Rus-
sie, n'ont rien perdu de leur caractère indépendaut,
original et romanesque.
Cumita, niisMOnnaire espagnol, fut aiiaclié, dans
le siècle l'ernier, aux missions des bords i!c TOré-
niiqnc. On sait que les deux ri es de ce fleuve .'ont
successivement parcourues par b'S irihns fort variées
des liiiliens, qui ne peuvent s'en élniguer, et qui
meuienl lorsqu'ils ne voient plus les e.mx jruniJties
de leur fleuve ehéri. LeP. («ini^ila, inuteii s'tffoiçant
d ins)iirei- quelques idées chrétiennes à ces |i:iuvres
sauvages, recueillit une fonte de lonse gnemeins sur
le ( ours du n uve, ^u^ les pays(|uM arrose, sur leuiS
piDd.iCtions,sur la ferll léqu'illeur procure et sur les
ravages (|u'il exerce lors du débo- dément de ses eaux.
Ces reclierclies reudiient le missionnaire plus véné-
rable aux Iniliens, et ils s'attachèrent d'auiàul pus à
l.À (|u'.l paraissait s'allaeher davau;age à l'O inoque.
C'est ain»i que le P. Gnnnla composa l'histoire natu-
relie et géngraphiqne de ce fleuve : travail tout à fait
reuiaïquable et que rien jusqu'à ce jour n'a icth-
plaié.
Cu'.hric (William), Ecossais d'origine, appartient
au sicc'e dernier. Il est l'auteur d'ujie Gé^gaphit
uniierselle du globe, en 9 vol. in-S°, avec un allas in-
l'.ilii). La coinpositiiui de cel ouvrage l'occupa une
partie de sa vie; elle por:e le cachet de l'esprit el
des opinions religieuses de l'auteur. Le livre a obiei.v
1197 BIBLIOGRACHIE
un ceriain succès en Ecosse et en Angleterre; il a
été traduit en allenianiJ el en français.
H
nafdinghani (Richard), vers la fin du xiv« siècle,
peignit sur l'aulel de la caiiiédrale d'Ilcrefoid une
cane qu'on su|ipiisû re rc^enler ritiiicr.iire des
Israéiiti'S depuis Sucnili jnsprà .léiiclio.
Ualketl (.l(dui), e-q., vojageur ccossa s. L'ouvrage
puldié <'ii S.^'io par cet auleur est inliiulé : Soles
hisloiiques conceinnnt les Indiens de VAménque sep-
lenlriona'.e, nv(C des remarques sur les tcnlatives fiites
pour lis convertir el les civiliser. Ce livri! n"a pas cié
traduit en français, et nou.> le regieltoiis ; car il est
intéicssant cl u ile. J< lui llalkeit coniinence par
riiistiiirc de rinlerveiition française parmi les tiibus
iiidigénos ; il passe en^wile à c;llu de l'Angleierre ,
et tel mine par ri;xpii>é des etfuri'; eiii|jl'yjs pour
CiHiveriir ces Iribus soii au calliolicini.;, soit au
prolesl.inlisuie. Il est coiivaiiicu que l'usage des U-
(jucnrs t. ries , (|ui 1 ur a éié ciiuiniuiiii|.ié par les
tui'opéens , a paralysé les cll'urls des inissiiuinaires.
Oa Ile pourra, selon lui, civiliser ces mailieureux
Aborigènes ({u'avuc le lenips, i> force de douceur
el d'égard-. C■e^l le système employé par les mis-
sioiinairL-s catliollques, iiiai-.qui n'est guère pratiqué
par les inissiuiin^iires prolislaiils.
Hnll ( le capiiaine ariglais liasil ), a écrit une Re-
laii n do ses voyages exéculés en \HH et I8Î5, le
long de la rô:e occideniale de l'Auiéiique. Ceiie
Relation, qui enibiasse plus euis conirces inaiitiiiies,
snr(out de l'Amcrique inériiiionale ; qui renferme
beaucoup de renseignemeiiis et qui est ccii^e avec
iulérèt , a eu du succès ; elle a été traduite en
français. — En 18-7 et 1828, le capitaine fil des
voya^^^es dans le nord de TAniéiique. L'ouvrage pa-
rut fi Ediinh'iurg en 18-29 sous ce litre : Voyiget
dans le nord de rAmériqne , par le cai'ilaine liasil
Hall, 5 vol. in 8">. Il fui Ion mal accueilli aux Etats-
Unis ; et les Américains reproclièreul à l'auteur
de les avoir considérés avec le lorgnon aristocra-
tique d'un genllenian arglais.
lluUbeck ( ll.-I'. ), u.issionnaire de la société Mo-
rave, (m cliaigé en 1827 d'aller chez les Tam-
boiikkis, peuplade de la race cafre aux environs du
cap de liDOiie Espérance. Il eut, à ce sujet, occa-
sion de recueillir qnel(|ue5 no'ioiis curieuses sur les
diverses tribus cafres , qu'il pub la à son retour en
Euiope. il cri>it que le plus grand obstacle aux suc-
cès des missiiiiis clicz les Cafres vient de la diffi-
cullc d'a|>|irendre leur langue, diflicullé telle que les
inissinnnaires sont obligés de prêcher par rinleiiné-
(liaire d'un inieriirèle. La polygamie et la circonci-
sion >ont des uSiiges si invéïciés que les misjion-
iia.res ne peuvent les déraciner ai^énieni.
Ha ma ( labhé Nicolas), célèbre par la traduction
de l'Alm.ig ste de Ptnlé née , na.|uit à Sedan , le 51
déeeiuhre 17o0. Il Ul iiiipriiner à Chai leviile des le-
çons éléuientaires de géugi apliie, iii-S" ; et un abrégé
GEOGRAPHIQUE. ;49t
de géographie pour scrrir de préparation aux leçon»
éiéiuentiires. Il a laissé un manuscrit sur la cous-
truciinn des caries géographiques. Il mourut à Pa-
ris le i juin 18-23.
Ilamehfeld, a publié en hollandais, en 1793, une
(Jéograpliie bibli jue.
IlamiUon ( Francis ), voyngeiir anglais. Ce géo-
graphe s'est particnlièieuieni ivre ii des éiii.les sur
qiieli|ues (Oiiirées peu cnimiies de la piesiju'i e orieii-
la:ede rilindonsiiin. LesdilTérenics notices qu'il a pu-
bliées .ire sujet, ,1e 1M5 à «82Ô, jnii.nenl l'cxactl-
ludeei l'éruditinn à l'iniérèt : ce qui leur donne une
valeur et un mérite lé.ls. Il .1 , par cxeuiiile , éiabll
que les Vangomas sont le iiiêmc peuple nue les Yuu-
Shan dont la capitule est Zœnmee, le Chimay de la
Loiibéie, el le Zueiimee de la cane d'Asie par Ar-
rowsmilli. La limite occidenMle d^' ce royaiinie est
le cours de la rivière de Saliiœ.i en M.irlahan. Sur la
cane d'Arrowsmilh , cette riv ère esi trop reeuléa
vers l'ouest , ce qni agrandit au de à de ses limites
de drot et ,1e fait le pays des Yun-Shan. Selon Fran-
cis lliimillou , l'identité du Saliiœii et du Loukiang
ou Noiikian est bien iféuionlrée, et cel aiiie ir pense
que d'Ain illeei Malle Uun se soin trompé- sur ce»
deux rivièies. Le )iays de- Ynn-Shan parait êire
plus^rand (pie l'Ecosse. Leur pr iice était autrefois
Iriluiiaire ilii roi d'Ava. La capii;ile, appelée ZiBninee
p.r les iMianmas, se nnmiiie 2iiiiœ dans le dialecte
vulgaire des Siaiiios; ce dialeile parait dominer
dans le pays. l),s lappnr s récents laits par des
missionnaires cath.diqiies qui ont ^i^ilé les Yango-
nias, ei publiés dans les Ai:naies de la propagation de
la [oi, c.inliniienl les recherches de Francis Hiinil-
lon. Il pl.ice Zœnmee à 20* et quelques minutes da
latitude nord, el à iOli" moins quelques minutes de
longitude est ( méridien de Greenwich ).
Ilamillon ( \\. ), voyageur et savant orientaliste
anglais, fll un 1 ing séjour d^ms Pllindousian dont il
profila pour en étudier la langue, l'hisioirc et la géo-
graphie. Il a composé un Dictionnaire géographique
de l'Inde orientale, cl une Description de C Hindous-
tan. Ces deux ouvrages sont estimés avec laisoii ;
car l'anieur jnini l'exaciitude à l'esprit d'observa-
tion. — Il a également publié des recherches géo-
graphiques sur r.\sie mineure et l'Arménie.
/V/iHim r (M. de) , orientali:,ie célèbre, membra
de l'académie des sciences de Vienne , a publié un
ouvrage, tiré des auteurs orientaux , sur la i;éogra-
phiede lArabie, in 8", Vienne, 1841, et V Histoire de
l'empire Ottoman, Ce dernier livre, traduit en plu-
sieurs langne.s, renferme de nombreuses recherches
géographiques qui concernent l.i Turquie et l'histoire
de la géographie de l'Orient.
Hanalwetl ( Isbrand \an ), théologien hollandais,
né à Utiechl en 1743, mon en 1812 ; très-érudit ,
connaissant plusieur;. langues aiRiennes el moder-
nes : auteur d'une Géoijraphte de la Bible , 6 vol.
in-8% Amsierdaiii, i7lHJ.
Handius ( Josse ), géugraptie et cartographe, né k
1109
BlBLIOGUAPIllE GKOGRAPIIIQUE.
1200
W'ackénc, vil'agfi de Flaniire, eii loGii, mon en 1611
à Ainslfi-ilflni ; auteur d'un gran'l nombre de caries
géograpLiqi'S et liy Ifognipliiiim'.s. — Il a publié
en 1 iï l'Ailas de GcrarJ .Mercaior , augnienlé et
corrigé.
Haicourt (DoniininHe), né à Lyon, mon en 1795,
Mileur (lu livre intilulé : W Afrique el le peple afri-
cain, cunstdérés sous loiis les rappons avec notre com-
merce et noî colonies, hi-8", i'i'J.
H'nrs ( le capiciine ) , fit, cuninie amlias«adeiir du
llesselii (Mailiieu-nnberi de) , professeur » l'école
niiliiaire sréciale, né à Foiiqm'lmnnl en Lorraine eo
1735; anienr d'iui Dictionnaire géog'-aphique loiiversel
de lu France, G vol. in-8° ; d'une Description détail'
Ice de la France, en 71 caries, avec le texte, in-ful.
Hirzel. M. Hiizel-Esclier a exploré, sous le rap-
P'irl de la géugrapliie pliysique et de la géologie,
diver^e5 parties des Alpes de la Suisse jusqu'alors
peu visitées, ou même restées entièrement incon-
nues. Il a publié à Zurich , en 1829, le résiil at de
gouvernement anglais, un scj'uir d.; dix biiit mois ses exploraiions sous ce l\Ue : Excursions dans di-
an pays do Sclioa et dans l'Abyss^nie méridionale,
de 1841 à 1813. La relalinn de ce voy;ige a paru en
18. ô, in il*, avec une cane; elle a éié tiaduiie en
allemand. C'est un ouvrage très-e>limc et l'uti des
meilleuis qu'où puisse consulter sur le Schoa et
l'Abyssinie.
Hasenclevcr (Pierre), né en 17IG dans le grand-
duclié de lierg, morlen 1793; voyngeurel gé igraplie.
Has^el (Jeati-Geoiges-lleiiii) , célèbre géograpbe
allemand, iiaijuit le 50 déoemb e 177 J à Wolfeidiùt-
tel. Il lit nue Descriinion (jéutjrupliiqi.e et statistique
des principiiiités de Wolfenliiittcl et de B:ankenbourg.
il nuiuiut le 8 janvier \8'2j. (Ju a de lui nombre
3'ouvrage?, ilont beaucoup soi.l cla^sillues.
Hearne (Samuel) , voyageur anglais, né en 1745,
ni'Mteu I79i, connu par ses exploiaiions au nord
de rAincrique et par un ouvrage, sous le titre de
Voyage du fort du Prince de Vallès dans la baie
dUiudon, à l'Océan septentrional, entrepris par l'or-
dre de 11 compagnie de la baie d'Iludsou dans les an-
nées 1769 , 1770 , 1771 et 177-2 , etc., etc., 1 vol.
in-i", avec ligures et cartes.
U'ber (Reg iiidil) , évè pte anglican de Calcutta, en
182o , auteur d'une Helmion géoçiraphiqu,: relative à
Calcult.i, à Donibinj, Muilnis et l'ile de dylan, 4 vol.
— Traduite pir .M. Pi leur de la Cntiible, 1850.
llelt lie père Maximilien), né en 1720 eu Hongrie,
U'.orl à Vienne en 17 2, jésuite boiigiui-, géograptie-
astninome; auteur U'mi Voyage en Laponie sur la
géographie physique de ces Ci)nlrées.
lUll (le capitaine de) , a publié en 1827 une Des-
tription des cbtei d'Ecypie, de Syrie et de Caranianie.
Helnursen (Gr. d'i, a parcouru, de 1853 à 1836,
la steppe des Kiiglii>es, et a visité le muni Oural.
Son viyage parut ensuiie à Saint-Pétersbourg etl
2 vol. iii-8" avec des cartes. Ce livre e^t fort e\act
dans ses détails, ainsi que dans les i enseignements
qu'il Udiilieiil sur l'Oural , Irè -peu connu eiicoie.
^olls ne savon> pas s'il existe une traduction fran-
çai-e de cet ouvrage.
Ileibiii (P. -t.), auteur d'une S«a(i«(i(;Me g^'icrfl/c et
particulière de la France et de ses coluuies, 7 vu), in-8*
avec cartes, 1803.
Uermelin (le baron), auteiird'une Description miné-
raloqique et d'une Carte de la Laponie, vivait en loi04.
llerpoit (Albert), vnyageiir suisse, né à Iterne. On
a de lui en alieuiaïul : titlalion succincte d'un voyage
auK Indes orientales.
verses parties des Alpes de la Suisse qui , jusqu'à pré'
sent, avaient été peu visitées.
Uodgson (.\.) , voy:igeur anglais, a visité en 1822
le Canada et les Etats-Unis. De retour à Londres , il
a publié son voyage en 2 vol. in-8*, qui renferment
des détails curieux et peu coiiuus sur cette partie de
r.\inérique sepieu'rinnale.
Hœlhtroem (Cliarle-^-Pierre) , géographe suédois,
né en 1774 à llniola, district de Wasa, eu Finlande.
Les si\ Cartes de la Finlande , les Caries générales
de la Suède septentrionale et méiiJionale : en tout
22 Caries de l'Atlas, tont entièrement de lui.— C'est
lui qui a dressé les Certes du Voyage pitloresqtie de
SkjœUlebrand, d ■ la Descriijt:on de la Scanie , par
Sjœbdrg; du Voyage <le lierggien dans l'Oriiiit, de
la Description de la Palestine par Palmblad, des tra-
vaux gé logiques de II singer. Il mourut le 15 mars
183'J. Il a publié : 1° Notice sur tu détermination géo-
graphique de la position des lieux dans la Westrobo-
ibine, in-4°; 2° Dis ours sur tes progrès de la géogra-
phie suédoise dans les aO dernières années ; 5° Notice
sur la position géographique des lieux en Suède ; 4*
Considérations sur le projet de détourner les eaux sur-
abonda.ites du lac lljelmar.
Hogguer (M. le baron de), major, a fait un Voyage
en Laponie et dans le nord delà Suède, Berlin, 1841,
in-8°, avec un Atlas in-i" de 20 planches. Cet ou-
vrage est une espèce de journal. Les détails, entre-
mêlés de courtes léllexions, y sont iiiiércssaiits.
Holl (Françnis-Xavier) , jésuite, né à Scbwandorf,
dans le haut Palatiiiat, mort à Heidelberg eu 1784.
Il prolessa pendant i6 ans dans les i lus céièlires
universités de l'Einpiie les bcl!es-!etire> et le droit
ecclésiastique. — lia laissé Statislicn Eccle.iœ Cer-
manicœ , Heidelberg, 177t>, in-8°; ouvrage plein de
recherches et d'érudition ecclésiastique.
//o/s/e/iiiis (Luc), ou liolsle, né à Hambourg eu
lo9G, (itses éludes à Leyde en Hollande. Il se lit un
nom par son érudition. 11 visita la France, lit die,
la Sicil; ei l'Augleierre. H embrassa le catholicisme
en !6.:5, et obliiil la place de garde de la bibliothè-
qne du Vaiian par la protection du cardinal Birbé-
iini. Ce bavant réunissait la modestie à une seienca
vaste et profonde. Il mourut en 1661.— Il est auteur
d'un Codex regularmn monas icariim et canouicarum,
An.sboiirg, 1759, 6 vol. in-fol. Il eslégalemeiil l'au-
teur dj savantes notes sur la Géographie d'Etienne
1201 BIBLIOGRAPHIE
de Hyzance, édit'on de Bickin';, lG8i, Hol'.iiule, in-
fol. Il a lait ;iussi des remarques et di!s coireelioiis
sur la Céocjrapliie ecclésiasiiiiue du I'. Charles de
Saiiit-l*aul.
Ilorn (Georges), lié en 1020, à Grciis?en dans le
haut Palatinal , professeur de géoi;r:i[iliie à llanler-
wyck, nidil à Lcyde en 1070; anieiir des livres in-
liliilés : De originibus Americanis, lii-S", 105- ; Gco-
grapliiit velus et nova., onvraîî<^ sav.in!, mais co'i fus.
Ilorncmaiin (Fiéiléric-Conrail) , né à Ilihleslieim
en 1772, pasleiir évung(ili(|iie à Hanovre. Eiiiporié
pir son goût pour les voyages, il résolut d'aller en
Àfrii|ue pour icnter des découvertes. Après avoir
parcouru le Fezzaii, il partit avec la gr.mde caravane
de lioiiriKiu, pour \isiier c; pays, en 1830. Depuis
celle épo(|iie, on n'a plus eu de ses nouvelles, et il
sera mort vielime de son dévoirenient à la science.
On a imlilié le Journal de ses voyages depuis le Caire
jusqu'à Moiii-zoïik en 1797 et 17! 8, iii-'l'', avec car-
tes; en anglais, Londres, 1802; en allenjand , Wei-
niar, in 8", 180-2; en français, Paris, 1803, avec des
uoles de M. Langlès, in-S", 2 vol. avec caries.
Horsboiirg (James), hydrographe delà compagnie
de l'Inde orientale , exécuta l'Atlas de l'Hindoiisian ,
composé de 177 feuilles, en 1827 el années .-uivanies.
Cci Allas consliiue uiie entreprise géogftphinue lelle-
nieni gigaiilesi|ne ipi'on a peine à croire à son exé-
cution, même en ayant les caries sous les yeux. Si
Von eiuisidcre que la carie de la France , par exem-
ple, a demandé un siècle de travaux et a cccupé
trois géncratioiis de Cassiui , on est elTrayé de pen-
ser que, conforinémcnt à un acte du parlement, ou a
enirepris de rédiger une cane spéciale de l'Iliiulou-
stan. La France a une surface de 134,100 lieues
gé graphiques. Le territnirc des ïndes , soumis aux
opéiatiimsgèndésiques, comprend au inoins 2,400,009
lieues j.:éograpIiiques carrées, et approche par consé-
quent jis^ez de la su(>crlu;ie <le l'Eun pe eniièrc.
Non-seulement le lerriti.ire i rilannique dans l'O-
rieiil se trouve figuré sur celle carte. s|<éc aie, mais
toute la prt-qu'ile iiido-chiuuise, jusqu'à l'extréinité
de Singapore, tout le terrain al| ique des Indes, les
chaînes méridionales de la haute Asie , l'ilinialaya
jusqu'à la chaîne iiido-per.-iqiie d'Iran. MM. Mount-
lord el Scott , le coionci Maekensie, les capitaines
Webh, Hodgson et Herbert, ont coopéré à la con-
feciion de cet Allas , pndigieux inonuniunt de la
science géographique moderne.
Ihibner (Jean), professeur de géographie à Leip-
sick, né en 1CG8 à Tyrgaii dans la haute Lusace ,
in<inrul en celle ville en 1751. — La mélhode de sa
Géographie universelle , 6 vol. in-12, lià!e, 1757, est
claire et facile. Il est aussi auleur d'un Dictionnaire
géographique, 1 vol. in 8".
1 //îjdsoii (Henri) , navigateur anglais , fit de nom-
breux voyages. — Il existe de lui un ouvrage inti-
tulé : Discriptio ac delinenlio geoijriiptiica deleetionis
(reli sive Iransilus ad Oecasum , supra terras Anieri-
canas in Cliinam alqve Japonem diicturi, reeens inve-
GEOf.RAPHIQUE. 1202
stigrili a M. Ilenrico Hudsono Anylo, Amsterdam ,
1012, in-i°, avec une Mappemonde qui représeme le
détroit ouvert à l'ouest. Il a donné son nom à ce dé-
troit el à la haii' qui le porie encore aiijourd liui.
Hugues (Jean-François) , dil l'abhé Duients, doc-
teur de Sorhonne, né à Ueiigiiey en FrancheGcunté
en 1745, nioil en 1811 à Paris, composa un Tableau
historique et clironoUnjique des archevêques, éeéiues,
abbés el abbesses du rotj luiiie , 4 vid. in-8°, Paris,
17/4-75 : ouvrage précieux par des pièces imporlan-
IPS inédit s, qui ne su inmveni pas dans le volu-
mineux ouvrage inlilulé : Gullia Chnsiiuna. Le livra
de l'abhé Duiems esi resté mallieureusenient incom-
plet, et devenu si rare qu'on ne peut se le pmcuier.
llund (Vigniée) , lié en Bavière en 1514 , inoit en
1588, a rédigé avec Christophare Gewald, l'iinpor-
lant ouvrage intilnlé : Historia meiropotis Salisbur-
gensis, coniinr^ns primordia Clirisliauce religion s per
Bajoariam el loca quadam viciua, cum calai, go ar-
chiepiscoporum Salisburgensium, episcoporum Frisin-
genÀuDi, l'.a!is;oiiensiuin, Palaviensiunt, brixiensium;
nec non (undationes nionnsleriorum et ecclesinruni col-
legiaiarnm, 5 vol. in-folio, Ingolsiadi, 1582. C'est
riiisloire de l'archevéehé de Sal/.hourg, ainsi que
des évèchi-'s sulfraganis de Freising , Ralisbinne,
Passait, Brixen et des cent vinj(l-deux collégiales et
couvents de ces duicèses. L'auteur y a joint un grand
nombre de chartes. On croit que cet ouviage a donné
aux Sainle-Muilhe Tiilée du Galliu Clirisliana.]
// Hïijar/a (Pernardin de), capucin, né eu Hongrie,
passa en Afrique en qualité de missionnaire. Il par-
courut le royaume d^^ Loango, et pénétra dans r.\-
friqne cenliale. H moui iit à Loango en 100*. — II a
laissé r/y is.'onv de son voyage et de ta mission , avec
uno liilalion des mœurs des habiiaiils.
Hunier (William), chiiiir.^ien et orieiitalisie, né à
Montrose en Ecosse vers 176J, entra au service de
la compagnie des. Indes dans le Bengale , devint se-
crétaire de la sociéié asiatique, et prolesseur-exami-
laleur au coilége de Caleulla. Mort eu 1815, après
38 ans de séjour dans l'ilindouslan. — Auteur d'une
Description du Végu el de file de Ceylan, va anglais,
Calcu.ta, 1781, édition en français , Paris , 1793 ,
10-8°, avec des notes de M. Langlès.
I
Ilinernrium a Uurdignla Hierusalem usriue et ab He-
raclen per Aulonain et per urbeni Itoniam ihdiola-
num usque. Itinéraire de Bordeaux à Jérusalem, etc.
— Ce voyage en terre -ainte, le premier en date, fait
par un auteur inconnu en 335, à travers l'Iiahe, i'eiii-
pire byzantin, l'Asie Mineure ei la Syrie, se
tiouve à la bihliolhéipie loyaiiicii manusciit. Ber-
lli us l'a inséré dans le deuxième vidinne de son
Thealriim geographicum eti 1L18. Chateaidniand l'a
réimprimé à la suite do son Itinéraire. M. Walcke-
naer a fait, à son sujet, une bonne note explicative,
qui se trouve au premier volume de \'II,stoire de>
Croisades de .Michaud, édition iii-S", pag. 525. Wes-
4205
BinUOCRAPllIE GEOGIIAPHIQUE.
1204
selins.', en i7ô5, l'a cnmpris dans sa C'illt'clion d'I-
tinéraires romaiiii, a\ec un conimiiitaire fort estimé.
Jaktti, était un marchand aralie qui, pour son
eonmiercp, paicfmrait l'Asie occidentiile et l'Asie
centrale. Il mourut eu 1-23 ', près d'Alip, après
avoir corn; osé un Diciioniiaire géographique sur les
pays quM av.iii visites.
inrtoux (Pierre), jésniie, mort fn 1720, un des
ailleurs de la Cnne génère le de !a Chine.
Jnnes (i. Jackson), auteur il'ui e De rripiion hislo-
tori(iue des iles Sandwich, Uoslon, 1843, iii-8°.
Jefrenioff, voyageur riissp, ota I fn 1774 serpent
dans un répiuicut posté sur l.i ligne d'Oreiiliourg. Il
vécut à Saiut-I'éiersliou g, lii il était m l'^O'J. —
On a (le lui, en rnsse : Vctjage en Boukhaiie, à Kiia,
en Perse et dans l'Inde.
Joly (le P. J.'scpli-lti'niain), cnput in, i é .i Saint-
Claude, le 15 mars 17lo, e^i i'u:i des auteurs les
plus féconds qu'ait produits la Fran lie-Cooité —
On a de lui, rnneernant l:i géogiapliie, les cauragi-s
int tiilcs : 1° Lelires snr dirrrs sujeu imporlanis de la
péoqraphie mrée ei de l'histoire sr,i}.ie, P.iris, 1772,
m-'t", nouvi'lle édition, corriiiée sons ce. vve : La
féograplie suctée et les ntnnunienix de l'Ihto'rre sainte,
Piris, 1784, in-4°; 2° L'ancienne çiéoyrai.hie itniver-
teUe eoMiparée à la m< derne, Paris, 18.il, 2 vol. in-S»
avec lut AlliS in-4*. — Il mourut à Parii le 22 octo-
bre 180.^.
Jnrnandès, Goth de nation, devint évêqne de Ra-
vcnne ve;s l'an .')52 île Jésus-(.lir:st.— Il existe nn
onvr:igc de Jornau'lps smis le titre : De origine mun-
i?i,il est iinpiinié dans lo lliw ncil de< historien-, la-
tins, Genève, ICOO et l'52, in-fnl., toni. il, et rians
la Coller lion de Frédéic Sylliurge, Kranclori, 1.d88,
in-fid. Cr'tie coinpihiiioii de jDriia'xIés n'i si isiimée
que pour qiie'ques déiails utiles sur la géographie
de-î a :riens pays du Nord.
Vii'inos (II! P.), auteur d'une Histoire du Gitale-
mal'i, iiitiinloe : Compendio de la hiitoria de la cludad
ie Gnutemala. Cet auteur vivait an coniinencenieut
de eo sièile. Il se plaignait de l'inexiictitude qui ré-
gnait dans les ouvrages gé^ grapinques conceniant
l'Anérique. Celte inexaciiiude, en elTel, est fort
gaiule. Les prein;ers ouvrages puld es api es la con-
qnéie par les Espagnols snnl peut-être ceux qui dé-
crivent le pluï iiiièleineut la géographie du pays.
Kous «oudrons voir, dans riutéréi de la science,
l'ouvrage du P. Jujitos traduit en français
Kalilert (A.-J.) , a publié un ouvrage intitulé.
Soiiveniis d'Italie et de Home en particulier, lires-
lau, 1843, in-8". Ce livre contient des remarques et
des faits n> ul's.
Khato/f (le général major russe), a dressé en 1828
oiie c.irte géucrale de la Valachie, de la Biilgaiie et
de UMouiiiélie. Cette carte laisse eiiture à désirer,
quoiqu'elle soit une des mei'lcures de l'empire otto-
man, de a paru .tu dépôt militaire iopogr phiqne
de Saint-Pétersbourg ; elle comprend quatre feuilles,
les noms sont en langue iiisse.
Kinneir (John-Macdonald) , .igent diplomatique
anglais, a publié des Mémoires géographiques sur
l'empire de l'erse, 2 vol. in-S", avec carte en deux
feuides, 1827. — Le ccdonci Gaspard Drouville, qui
avait voyagé lui même eu Perse, a traiuit ronrrage
en français. Avmt son voyage en Perse, Kinneir
avait parcouru rA:.ie-Mineure et l'ilindoustan en
lol5 et 1814. Ses mémoires sur la Perse en fout
Lien connaîtr'; la inpogiapliie.
Klaproih (Heiiii-JuUs), né à Berlin en 1783, et
mnit il y a (iui'lqnos années, était un géogra)he
orientaliste disiingoé. Nous disons un gé graphe
orientaliste, paice que l'Asie avait été (.onstammenl
l'o'.jet de ses études et -de ses travaux, qui sont
iioinbieux. Un ne peut nier qu'il a beaucoup coii-
tiibiié aux prngiè-. de la gé graiiiiie de celle partie
du n le. Il semblait s'être altaclié de piéérence à
I'Amb centrale, septenliionale cl orientale. Il avait
une grande pèiiétratinn it'espMt cl lo coup d'œ I vif;
mais ."^on j'igenienl était moins ïûr. On lui a repro-
che de iiéfeiid e ses idées avec tiop de vivacité, et
d'être presqiK tonj.uts agressif. Quoi qu'il en soit,
sts irav'UX et ses rcclierchos ont servi à la géogra-
phie, à la linguistique et .i raniliiopulogie asiatiques.
KUmm (C). savant alemand, auteur d'une iVis-
(oire générale de la civilisation de t'humaniié, 2 vol.
in-b°, Leipsick, 1S43, avec planche»; ouvrage utile 4
consulter pour la géographie religieii.-e.
Knauih (Jcan-i;oniad) , historieii allemand, né
en IU7U, est mort en 173G. On a de lui une Intro-
(inction il la géographie e.i a ihisluire du margraviat de
iliinie.
lias er (lîenri), habva le Brésil pendant sept aiis,
de 18J'J il 181',), Il employa ce temps à étudier la
partie septentrionale dans laquelle il se trouvait. De
retour eu Europe, il icuuil ses notes et ses recher-
ches, et en lorm i «n ouvrage endeu^yvol. iii-8°,
avec caries, qu'on peut étudier avec utilité; car
c'est un livre rédigé avec iiiaturiié et con>cience,
bien qu'il y ait des idées que nous n'approuvons pas
et des piéjngés dont l'auteur aurait dti ss déiaire.
lûapf et Isenbcrg. Ces doux niis.<ionnaires angli-
cans ont fait un voyage eu Abyssinie de 1S39 à 1842.
Ils en ont ensuite publié la Kelaiio.i, qui renlérme
quelques ob-ervations neuves et quelques dé. ails cu-
lieux. Ma heureuseuiciii elle e>l empreinte de cet es-
prit d', igreur et de haine contre les missionnaires
caliMliques, qui caractérise toutes les œuvres des
anglicans et de» raéthudisies.
7i'u//" (le docteur Ph.-IL), a publié l'Histoire des
voyages de découvertes, u'.pKis la fm du \\° siècle
jusqu'à ce jour, concernant principalement les scLn-
ces naturelles le commerce et riiuliisirie. L'ouvrage
est accoinpiigué de carios et de portraits ; llayeiite,
1841.
13. â
BIBUOGRAPniE GEOGRAPHIQUE.
mn
lin'iiier (r.liarl.^s GoliloV), né en 17oa en Saxe,
mon à l.eips'hk en <8>5; aiiieur d'iin Voyage en
Allemagne , en Danemark , en Suède , en Nor-
teirje, etc., eic.
L
Leiarbinaifle-Geniil, voyageur français au xviii»
sièi-.le, aiiii'ur d'un Vnjarje auioiif du monde, avec
une Uncription de la Chine, 5 vul. in 12, 1728; ou-
vrage in cresvant el [ilusieiirs fois léiniprinié.
Lr.banhe (Pierre), né à Dax en 17C0, estmorl à
Paris en 1^24. Ayani beaucoup voyagé, il a laissé
des observaiionii et des notices géograpliiqiies en
assez grajid nomlire. Atlaclic à la marine marcliaiide,
il eut occasion de faire plusieurs voyages sur la côie
ecciilem^le d'Afri(|iie, et ses remarqiios sur ce pays
peuvent être plus utiles pour l'appréiiaiion des di-
ïeists I euplades de l.i tace Nègie, que J>ien des vo-
lumes écrits sur le nièuie sujet.
Laltorde. M. Léon de Lahorde, fils du comte de
Laliorde, fiutcur de r/lineraire en Espaijne, a pu-
blié une Biblioyrapltie dei pèlerinages , croisades et
toyages en Terre-Sainte; u|i savant V mjage tn Ara-
bie, un excellent CommeiHaire géographique sur la
Bible (l'Exode et les Nombres). Ces diveis ouvr; ges,
pleins il'uup bonne et solide science, sont justement
esijniés.
Laborde (Le P.), missionnaire français, vers le
Dlilien du xvi)« sièrie, iravailla aux missions des
Aniilles avec le P. Simon, jésuite. On a de lui un
ouvrage iiililnlé : Relation de rorigme, niœuri, , cou-
tumes, gui-rres et voyages des Caruilies , sauvages des
lia des Aniilles de l'Aiiiérique.
J.abruiie, (.1. de), mini.-lre protestant, mort à
Tonrnay en 171.3, autour d'un Voyage en Suisse,
publié en 1685.
Lacaille (N.-L. de), né à llumigny prés de Uosoy,
eu 1715. luort en 171)2, astionomegéograplie; auteur
de divers ouvrages relatifs à la géugrapliie niutlié-
maiiquc.
Lncarry (Gilles), jésuite, numismate, énidii, né à
Castres en ItO.'i, mon en 1 084; auieur de divers
ouvrages d'érudition et de \'Historia coUniarum a
Gallis in exieras naiionesnvssarum, tum exierarum na-
tiomim colonice in Gallias deductœ, in-î°.
La Coudamitie (de), chargé d'une mission scienii-
fiqiie dans l'Amérique méridionale, par l'acailémie
.les sciences de Paiis, au xvin= siècle, publia une
Itclatiiiu de son vnyage, en même lenips que des
observations géograpbiques siir le cours du grand
fleuve l'Amazone. Ces observations, aussi exacies
que méibodiques et savantes, ont confirmé de point en
pi'iiit celles faiies aniérieiireueut par les missionnaires
e.-pagmds el portugiis. On a fait honneur à La-
comianiine de la communication de l'Amazone avec
le lîio-Négro 1 ar le Casriquiaii, comme s'il l'avait
réellement découverte. C'est une erreur ; elle était
ctnine d''piii'i longtemps déjà des missionnaires
portugais. La Condanniie n'a lait que la constater.
Lacroix (M. Frédéric). Cet écrivain fait de la
criliiiue géographique dans VAunuaire dts voyages.
Il s'rst montré un des adversaires (|éi lai é? de la
Géographie de H ilbi ; mais il a du nioins raisonné ea
criiique, en l'appuyant sur des f.iiis réels ; c:|r la
géograpliie n« peut êlie une science d'ln)aginaii»n.,
I>ui qu'elle n'est que la consialatlun de ce qui existe.
Seulement il ne convient pas que l'acte de constata-
tion soit fioid, ennuyeux coinnic un acte cle nutaire.
D'lui autre coié , il ne laui pas , à l'exenip^e de
M Ile Brun, sonner perpéiuellemeui de la irumpelUi
el faire de la géugiaphie d.uis un siyie de rliéiori-
cien. (jnant :i M. Frédéiic Lacroix, c'est ui: géogra-
phe sérieux et instruit.
Lacruz-Dagay (N.), caringraphe indieu, qui vivait
aux Philippines ver^ le milieu du xviii« siècle, gra-
veur de la carte des lies Philiptines du P. Munllo
Velardez,
Lacruz-Cano-ij-Olmeida (Antoine de), péographe
cartographe, né à Cadix en 175'-, morl en 1794;
auteur d'une carte de rAiiicriiiua «spa^^mlc.
Ladoire (F. -Michel), vicaire de la Terre-Sa'nlo,
publia en 1719 une Description de Jérus tem et la
jie:aiion de son voyage en Palcslioe. L'auteur eniro
d.ins queli;u.;5 déiails sur les diverses sectes héréti-
ques ou scli:sinaii<|ues qu'on y renconiic.
Ladiocat (i'al>l,é JcaiiMapiisie), do< leur et pro-
fe.-seiir de Sorhonne, naquit à Yaucoulunrs, diocèse
de Toul, le 3 janvier 1709. 11 é;aii L' lO^ des 21 en-
fjiits de Claude Ladvncai. Il l'ut iinmiué à la cure de
Diinneiny, lieu célèbre par la naissance de Jeaniie
d'Arc. Il mourut le 29 octobre I7h5. — iNous avons
de Un : Dictionnaire géographique porta: if , connu
dans le commerce de la libiairie smis le litre de
Dictionnaire de Vosyien, qui a eu les hunneiir-. d'une
inliniié d'éditions. Dans ces éditions nuiliipliées de-
puis bientôt un siècl,', ou peut constater comme un
phéiioii eue fuit peu honorable pi ur la librairie, que
L's erreurs dont ce livre est plein n'uni jamais dis-
paru. Il semble, au eoniiairc, qu'elles se plaisent
à aiiguienter en raison du noii.bre des édiions.
Laêi, d.recieur de la compagnie dos In. les urien-
tales, né à Anvers, auteur d'une savante Descript on
des Indes orientales eu 18 livres, eu latin, présentée
au cardinal de Richel.cu.
Ldfiiau (J.-F.), jésuite, missionnaire an Cana la, né à
Bordeaux eu 1740, a écrit VHisloirc des découvertes et
congiiéles des Portugais dans le nouveau monde, 2 voL
in-+", en 1753, el l'Histoire des mœurs de, sauvaqet
awéiicains comparéi.'s aux nwuis des premiers temps,
^ vol. in-4', 1723. Ce dernier ojvrage ne mamiiie
pas d'inlérêl, et Ks rapprochements de l'anleur sont
iiuelquefois piquants. L'auteur attrait pu tirer de s. m
parallèle des conclusions plus rigoureuses et surtuut
plus frapiiariles.
Lagrève (1. de), prêlre, géographe-cariogr-.phe, né
à Sedan en I68J, mort en 1737, a exécuté une cane
des environs de Paiis îu 9 feuilles ui fol. — Ci t ou-
vrage est très-rare.
niBLIOGRAPHlE GEOGRAPHIQUE.
1207
Lalande (Joseph-Jérôme rie), astronome, physi-
cien, voyageur et géographe, né à Bourg en Bie-se
en 1732, et mort en 1807 ; auteur d'un Voyage en
Italie, 1798, 9 vol. in-12; ouvrage e.vact, mais ori-
ginal sous beaucoup de rapports.
Lamartine (M. Alphonse de), a publié à Paiis en
1855, in-S", ses Souvenirs, impressions, pensées et
reni.irques pendant le voyage qu'il fit en Orient, de
lS32àl833.
Lnuiloniiières (René de), voyageur français du xvi«
siècle, est auteur de l'ouvrage intitulé : Hifloire no-
table de la Floride, conlenunt les trois voyages faits
en icelle par des cupiiaines et pilotes français, iii-a°,
1380. — Ce livre, dovi-nii rare, est niiie pour les
renscignenieiils curieux qu'il coniient sur les expl.i-
ral:oiis géogra|ihiques qui suivirent l'invasion de
l'Anicrique par les Européens.
L nge. voyageur, né à Stockholm, au xviie siècle,
auteur de Vnjnges à la Chine : relation estimée.
Lanç/lès (Louis-Mailiieu', né à Péronne en i76.3,
est mort à Paris en 1824. C'était un orientalisle la-
borieux ei érudit, qui a contribué pour sa |art aux
progrés de la géographie de rA>ie, et surtout de l'A-
sie cenlra'e et méridionale. Ses travaux depuis ont
éiésurpasscs, il est vrai ; mais ceci ne saurait ics an-
nuler coiiplélenient.
Lapie. M. le colonel Lapie, géographe habile au-
tant qu'instruit, a composé un Allas génén.l. 11
est en outre l'auteur d'une Carte d'Egypte, d'une
Carte de l'Asie en -i feuilles, ainsi que des Cartes
de la Collection géographique des itinéraires an-
ciens.
Lappenberg (J.-M.). M. Lappenherg, allemand, a
publié : llamburgisches i'rkiindenbnch, ou le Livre
des archives de Hambourg, Hambourg. 1S42, avec
planches ; et Carte géographique du diocèse de Ham-
bourg au xiii= siècle, ouviage important pour la con-
naissance do la géograp'iie icclésiasiique au moyen
âge, des diocé-es de Hambourg, Lnbeck, Katze-
bourgetSchwerin, et des couvents qui en dâpen-
daieni.
Laroque (le chevalier Jean de), né à Marseille en
1C6I, moiirnt en 17^5. Il visiia le iMout-Libau, la
Syrie et l'Arabie. Ses voyages, qu'il a publiés, hrent
connaitre à ses en emporains bien des déiaiN rela-
tifs à la gé. "graphie et aux mœurs de ces diverses
contrées. Ils sont aujourd'hui effacés par d'autres
ouvrages plus sérieux, plus nié lités et plus savants.
Cepeudaiii il est de certaines particularités qu'on ne
trouve gi.érc que dans Laroque.
Laugier de Tasftj, auteur de VHistoire du royaume
d'Alger, Am terdam, 17io, in-12: ouvrage e=!iiné.
Lcblond, (J.-B.), médecin, tiaiuraliste, né à Tou-
longeon en 17-47, mort eu 1815. — Ou a rie lui une
Description abrégée de la Guyane française, ISI-i,
in 8°.
Le Bœuf (Jean), ch.tnoine et sous-chanire de l'é-
glise cathédrale d'Auxerre,yélait né en 1687. C'était
l'un des hommes les plus savants dans les détails de
1208
l'histoire de France. Il prit part à la nouvelle édi-
tion du Dictionnaire géographique de la Marliniére en
1740.11 fit aussi l'histoire de la ville et de tout le
diocèse de Paris, en 15 vol. in-12. Il mourut le 10
avril 1760. — L'abbé Le Bœuf possédai! une érudi-
tion profonde et sûre. Nous l'avons souvent consulté
etcié, dans la Géogranhie des Légendes, placée au
commencement de ce volume.
Lebroiseur (l'abbé P.), né à Evrcux en 1680; au-
teur d'une Hisloir.; civile et ecclésiastique du comté
(TEvreux, in-'i*, eu 1632.
Lebrun (Corneille), publia en 1700, in-fnl., son
voyage au Levant et dans les Iles de Cliii),d ■ Rhodes,
de Chypre, en Egypte , en Syrie et en Palestine;
voyage enrichi de plus de deux cents lailles-duuces.
Lechevalier (J.-B.), éiudii, archéologue, liiiéraienr
et géographe, né à Trelly en Normand e ei^ 1"(52,
mortenl!i56; auteur de savantes recherches sur
la géographie d'Homère ; d'un Voyage en Troade,
iu-S».
Lcclerq (Chr.), missionnaire en Amérique, né dans
l'Artois en 1630, a écrit une Nouvelle rflalion de In
Gdspésie (Amérique du Nord), in-12, 1691, et un ou-
vrage intitulé: De rétablissement de la foi dans la X ou-
telle- France, 2 vol. in-12.
Le Cointe (Charles), savant oratorlen né à Troyes
en 1611, mort en 1679, a composé Annales ecclesiat-
tici Francorum, 8 vol. in-fol.
Ltcomte (Le Père L.) jésuite, géographe-astro-
nome, né à Bol deaux, mort en 1721 ; auteur de Sou-
veaux mémoires sur l'état présent de la Chine, 3 vol.
in-i2, !696.
Ledru (.Aiid. P.), botaniste, voyageur, antiquaire,
né àChantenay (Maine) en 1761, mort en 1831. —
Il avait rédigé la Relation d'un voyage aux Aniillesen
1796-1798, .ieux vol. in-8°, 1810. Cet ouvrage a
quelques parties faibles sans doute; mais il est
néanmoins uu de ceux qui font le mieux con-
naître les Antilles, au point de vue des sciences géo-
graphiques: ce qui est un mérite encore assez rare,
plus rare même qu'on ne croit.
Leem (Canut), ecclésiastique norwégien, philolo-
gue, né en 1697, mort en 1774, s'est fait remarquer
par nue Description des Lapons du Finmark et de
leur langue, 1767, in-4", et par un Dictionnaire la-
pon, danois et Intin, 2 vol. in-4 '.
Leems (Canule), missionnaire suédois, auteur
A' Observations générales sur la Laponie. Ce traité,
publié d'al ord en danois , ensuite en latin avec de?
notes de Gunner, évêipie de Dronthelm, imirinié à
Copenhague eu 1767, est un des meilleurs ouvrages
publiés sur cette conirée.
Legentildela Galaisières (G.-J.-H.-J.-B.), asirnno-
me-gé igriplie.né àCoui.tneesen 1723, mon eu 1792.
— Stm Voyage dans i'Hindowtan, 2 vol. in-4°, 1779,
renferme de précieux renseignements sur la science
astronomique des brabroes.
Legobien (Charles), jésuite, procureur des inissions
de la Chine, né à Saint-Malo, mort en 1708, a écrit
«09 BIBLIOGRAPHIE
plusieurs Lettres sur les progrès de la foi en Cbine
et sur la géographie de cette vaste conirée.
LeGouz de Ccr/a)id (Bénigne), né à Dijon en 1695,
mort en 177i; auteur d'un Essai sur l'origine des
Bourguignons, avec canes; d'une Dissertation sur
Corigine de la ville de Dijon, elc, etc.
Le Gouz (François de la Bnullaye) , né à Biiigé
en Anjou vers iUlO; auteur d'un Voyage en Asie, en
Egypte et dans quelques parties de l'Europe. — Ce li-
vre ist peu rcniaïquable même pour l'époque où il
a Clé publié.
Legiaiiri (Albert), prédicateur de l'ordre de Saint-
Doniini(|ue, liagiDgniphe, né à Morlaix, mort eu
16-i 1, a laissé une Vie des saints de Bretagne, in-4°,
16S0. Il y eu a eu one nouvelle cJiiiou en 1857.
Legnnl (Krmçois), voyageur, né en Bresse en 163S,
mon à Londres en 1735; auteur de Voyages, 2 vol.
in-i2; Londres 1708.
Lery (Jean de), ministre protestant, né en 1534 à
la Margelle près Saint-Seine, alors diocè.-e de Lan-
gres, aujourd'hui de Dijon (Côlc-d'Or), et mort en
161 1 ; auteur d'une llisioire d'un voyage au Biésil,
Rouen, 1578, in-8°, avec (Ig. en bois.— C'est encore
aujourd'hui une des bonnes Relations que nous ayons
sur le lirésil. Comme il avait observé par lui-n;ênie
sur les lieux, il ne p.irle que de ce qu'il a vu et que
de ce qu'il avait étudié.
Lesclienault de la Tour, voyageur et administra-
teur français. En 1825 et I8:i, chargé d'une mission
dins la Guyane française, il se livra à une étude par-
ticulière de ce pays ; il recliercha les causes de l'an-
cienne prns; ériié de la Guyane hollandaise, et com-
para les renseigiiemenis qu'il avait recueillis sur les
deux colonies. Ou voit que le travail vient d'un ob-
servateur consciencieux. Cet ouvrage, n'ayant point
éié mis dans le commet ce, est devenu irés-rare. Il
est cependant utile pour toutes les questions qui
concernent la Guyane, ci ntrée de r.\iuérique sur la-
quelle on est le moins d'accord, les uns la louant ou-
tre mesure, les autres exagérant l'ms;ilubrké de ses
savanes noyées et de ses forêts séculaires, ei sem-
blant regarder comme un problème insoluble l'accli-
matation des Européens. L'auteur dans son livre
examine la nature des terres, les sucreries, les plan-
tations de cafiers, de cacaoyers, de cotonniers, l'ex-
ploita'iiin des bois, les ateliers, les maladies et enfin
le régime des habituions.
tesson. M. Lesson, professeur aux écoles de mé-
decine de la marine, a rédigé le Jourmil pittoresque
du voyage autour du monde, exécuté par M. Du-
perray (depuis amiral) sur la corvette la Coquille
pendant les années lt:2-2, 1823, lS2i et 1825.—
M. Lessnn est entré dans des détails sur les Aiau-
cans qui méritent quelque atl.niion, surtout au point
de vue de l'anthropologie. Les Araucans habitent la
partie de l'Amérique méridionale, placée au .^ud du
Vieux-Chili, entre les Andes et la mer.
Utmtohn, a publié à Vienne (Autriche), en 1819,
GEOGRAPHIQUE. 43, ^
une Géograpli:e de la Bible en hébreu, in-8'. — Cet
ouvrage a été traduit en allemand, in-8°, 1821.
Leydard, voyageur du xvrri^ siècle, né à Graton
fConnecticut, Elals-Unis), parconrul à pied une par-
tie de l'Asie et l'Europe entière. H suivit le capitaine
Cook dans son voyage autour du monde en 1776 à
1780. H mourut au Caire eu 1788. Ses voyages ont
paru en ISJ-i, in-8^
Liman (Louis-Théodore), architecte et voy.igeur
prussien, né à Berlin le 18 novembre 17.^8. Il inou-
rut le 11 décembre 1820. Ses ouvrages sont : Voyage
au temple de J„piter Ainmon, dans le désert de Li-
bye et dans la Haute- Egypte ; 2° Voyage au pays
compris entre Alexandrie et Parœtonium au désert de
Libye à Sioi:ali, en Egypte, en Palestine et en Sijrie.
Lindsay (Lord), a publié, en 1838-39. .i Londres,
in-8'', sous ce titre : Letiers on Eyypi, Edom and tlie
Iloly Land : «la l'.elation de son voyage en Egypte et
en l'alesiine. 1 —Celte relation e-t fort intéressante;
à un ton simple et élégant elle joint une supériorité
de vues réunie à une naïveté sans recherche, un
style soutenu et une absence de prétention et de
personnalité; ce qui est rare, comme l'on sait, parmi
les voy;igenrs.
Lilke, capitaine-lieutenant, commandait l'expédi-
tion que le gouvernement russe envoya en 1821
pour explorer la Nouvelle-Zemble. L'expédiiinn ne
fut pas heureuse. .Mais le gouvernement ne se décou-
ragea point, et en 1S23 et 182i, le capitaine Litke
reçut l'ordre de retourner examiner les côtes de
celle ile désolée. — Le département impérial de l'a-
mirauté publia enlS2ietl82o la Rel.ition da ces
expéditions avec plusieurs caries et vues de l'ile de
la Nouvelle-Zemble.
Laneenstern. AL Isidore Lœweiistern est auteur
d'un Voyage aux Elals-Vnis et à la Havane, Paris,
1842, in 8».
Longuerue (Louis-Dufour, abbé de), l'un des plus
savants hommes de son temps, est né en 10i2, et
mourut à Paris le 22 novembre 1753. Il fil plusieurs
ouvrages, dont un sons ce titre : Description hi^tori-
<;u.' et géographique de la France ancienne et moderne,
Paris, 1719, in folio, avec 9 canes ded'AuviUe.
Lopez (Edouard), voyageur, né en Estramadure,
s'enibarqut en avril 1578 pour le Congo. li est au-
teur d'un ouvrage qui parut sous ce titre : Relation
du royaume de Congo et des pays vo.sins, avec nés dé-
tails sur la géographie, les mœurs, tes piaules, les
animaux, etc. — On ignore l'époque de sa mort.
Loyer (Godefroy), religieux dominicain, est né à
Rennes. Il mourut en 1713, peu de temps api e» avoir
publié un ouvrage sous ce titre: Relation du royaume
d'Issiny, Cote-d'Or, pays de Guinée en Afiigue, etc.,
Paris, 17i4, 1 vol. iii-12. — On trouve dans cet ou-
vrage des détails intétessanls sur la géographie de
ce pays, et c'est la meilleure relation que nous eu
ayons dans notre langue.
Liibin (Augustin), religieux augustiu, né à
Paris en 1024, et mort dans la même ville
en 1693 , fut géographe du roi. On a de lui :
|3U
BinLlOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
1212
i» Marlyrologiuin lomaiiiim eum tabulis geogra-
phicis i( nulii hKloricii, l'aiis, 1600, 1 vol. iii-i" ;
5» Tiibulœ siicne geogiapliicce , iive Noiilia aulliua
medii teiiipuris et nova uomiiuim u'.riusque ïeslameiiû
ad qeogapliiam ptrlinenùum, Paris, 1C70, 1 vol.
iii-t" ; 'j° 1 ubii'i géograpliiqncs pour la vie des /lom-
mesUlustres de Plutarqueii" Index geogrnpliicus, ihe
iii nniiales t/sseiianos labulce et observuiiunes georjra-
plticœ; a" Me>cme géogr pliique, oh te Guide curieux
des cartes géoijrapliiqiies, Paris, 1678, 1 vol. in-li.
— Il a encore ajnnié des imles géograiiliiques à une
édition ilii Mai°iyrolo.^>i romain.
Luca (Ignace de) , géographe allemand , né h
Vieniit» eu 1746, mon le 21 avril 1798. — Un a de
lui grand nombre d'ouvrngcs dont les principiux
8"nl : 1" Manuel géographique des Eia's iintrieltiens ;
S" Cuiinaissance pratigue des Etals de l'Europe.
M
Mac Culloch, iaiùor (J.-M.), de Balliniore; aulMir
d'im 1 uvrage de géographie liisiorigue et anthropolo-
gique sur les liidiens-Améiicaiiis, in-8°, 1829.
Macléod (Jean), clilrnrgien el voyageur écossais,
nïquil en 1782 à Buiiliill, comté de Dunibarton. H
mourut le 9 novenibic 1820. — On a de lui en an-
glais : 1* Voyage en Afrique, contenant des p rticu-
iarités nouvelles sur les mœurs et les usages des habi-
tants du Dahomey. Londres, 1820, in-12, avec (igu-
yes; 2° Voyage de l'Alceste, vaisseau du roi, le long
de la côte de lu Corée, à l'île de Liéou-Kiéou, avec ia
Ilelaiinn de son naufrage.
llaclol (Jeaii-Cliarles), géographe ; auteur de plu-
sieurs ouvrages, de cartes et entre amres d'une Idée
généialede la gé^igraphie, qui ti'e t point sans mé ile,
et qui ceri:iiiiement ferait Ijonneiir à un homme,
rcêine l'Iiis coimu que Charles Macloi.
Mac Martlnj (Jean), d'origine irlandaise, né en
France, mort en ISô'j. — Il fut librair.', instituteur et
membre de la société de géographie. Il a hissé plu-
sieurs ('0iii|.ilaii'jD5 géographiques, comme un C'/ioi.t
de voyages Amxs les quatre |iar(les du monde, Paris,
1822, 10 vol. in-8", avec fig et caites; un Diction-
naire géographique universel, un gros vol. in-S" ; un
Didionnaire universel de géographie physique, etc.,
Paris, 1827, 2 gros vol. in-8°. Ces ouvrages laissent
a désirer.
Magath.aent de Gondavo (Pierre de), historien por-
tugais, était né à Braga, vers le milieu du xvi' siè-
cle. On a de lui, dans sa langue lualernelle : 1" His-
toire de la province de Santa-Cruz, nue nous nom-
mons ordinairement Brésil, Lisbonne, 157o, in-12;
2° Voyages, Relations et Mémoires originnux pour ser-
vir à l'histoire de la découverte de rAméiiqtie.
Maimbourg (Louis), célèbre jésuite, est né à Nancy
en 1620. Il a laissé un grand nombre d'ouvrages
dont on pourra trouver la liste exacte dans les Re-
marques de Jnly sur le Dictionnaire de fiayle. Il
publia un ouvrage intitulé : //isloire des Croisades.
Il mourut à Paris, le 13 août 1686. — VUistoire det
Croisades, quoique faible, peut être de quelque se-
cours pour II géograpliie du mojeo âge, irstée en-
core si obscure malgré tous les Irvaux mo k-rnes.
Ou s'éloune que VBisloire des Croisades d.' Micbaud
soit déftclueuse, malgré tous les liavaus de ses pré-
décesseurs.
Maire, jésuite, auteur d'un Voyage cislronomique et
géographique dans les États- lloniains, m -4°, 1770.
Malcolni (Sir Jol.n), oflicier général des ar-
mées de la Compagnie des Indes, miquil le 2 ni.ii
17G9, dans la lerniu de Buriiloot, dans le couilé de
Penh, eu Ecovse. Il est auteur des ouvrages iniiiu-
lés ; Essai sur les ScilJis , flngulière valion de la pro-
vince du Pendjab, dans l'Inde. — Mémoire sur II: de
centrale, tompienant le Malva el les provinces voi-
sines, avec de nombreux éclaireissouient-. i-ur l'élit
pissé el sur l'état actuel de ce pays. L'ouvrage est
terminé par une table géographique de riiide cen-
trale, dre-sée par M. \V. Ilumilion, auteur d'un Dic-
tionnaire géographique de l'Inde orientale et d'iiao
Description de l'IIindoustan. — Malcoira mouiut i
Loiulre.^ le 51 mai 1833.
Middonado (Laurcnl-Ferrer), navigateur el géo-
graphe, vivait vers la fin du xvi>= siècle el le toin-
meiiceinent du xv!!*". Il a écrit un Traité de cosmo-
graphie, de géographie et de navigation, où il signale
les découvertes qu'il a faites.
3/a/»ies/»Kri/ (Wiiliani Soiiîmerseï), béiiéJictin an-
glais, florisstiit tians le xti' siècle. Il lit profession
de la vie re!igieu-e dans le moiiaslèie de Ma!mes-
bury. On ignore l'époque de sa moi t. — On cite de
lui les ouvrages suivants : 1" De historia noiella
libri; i" De gcstis ponlificum angloruin libri; 3" Dé
amiquitate ccclesiœ glastonicnsis, etc.
Malte llrun (Conrad), était né, en 1775, dans la
péninsule du Julland , province conlinentale du
royaume de Danemark. Celte origine étrangère éton-
nera ceux qui ne le connaissent (|ue par S'-S ouvra-
ge?. Mslte D.un possédait à un rare degré le la eut
d'éciire. Dans la première clplepr de la compusi-
linn, il lui échappait encore qqelqiiefpis des idio-
tismes germaniques; niais ces fautes légères liispa-
raissaient à une seconde leciufe de l'auteur. Il avait
étudié par principes la lapgue françaiseei la cnnnais-
saii à fond. — Son pire apparicuaii à une des pre-
mières familles du Juiland. Né dai|S la religion de la
Confession d'Augsbourg, il voulut que son lils y fût
élevé, el même il le destina de bonne heure à y rem-
plir les fondions du ministère erclcsiasliqiie. Conrad
fut donc envoyé à Puiiiversiié de Copenhague, pour
y pr. tidre ses degrés. Mais, rebuié par la ^éclle esse
des études ihéologiques, el emporté par son goût
pour les belles-lettres, il publia que'ques poésies et
rédigea un journal de ihéàlre.— A l'époque dont nous
parlons, la révolution française compt.iil déjà quel-
ques années de date, el le D;iuemaik o'avuit pas clé,
plus que les autres Etats de l'F.umpe, à l'abii de
sou influence politique. L'n minisiic cciairc, M. de
Beriistorf, crut le moment arrive de faire des cou-
1215
BIBLIOGRAPHIE
cessions aux idées de liberié qui renneMiaient dans
sa pairie. Ce sysiéiiie.qiii ponvaii piéveiiir degr.inls
mallienrs, coiuliallu iiOaniiii ins par le pirli aristd-
craiiqiie, trouva un |iuis>aiii auxiliaire dans la plume
éiiei{;iquc el dans fiinaginnlion :irdenlc du jeune
Jlalle Urun, qui écrivit eu laveur de l'affrancliisse-
ment des paysans et de la liberié de la presse. Mal-
gré Tappi'i <l"6 le niinisiére prêiaiià ce fy^léMle libé-
ral, malgré rasbenliincrit de la ri:ilio ', le ; arli opposé
le fil menacer d'une pnur-iii:e judiciaire. .M.ilte lirv.n
crut devoir en ptévenir les icsuliais, el alla deman-
der un asile à la Suéde. Il y fui accuiMlli, el y publia
un recueil de poésies, qui li:i valurent les suffrages
de l'Académie deStoïkliolu). — En 1797, Malle Brun
obtint l.i permission de rentrer dans sa pairie. Des
tracasseries nouvelles le forcèrent à se dérober à
de nonveauï dar gers : il repassa en ï'ucde, de là il
se rendit h Hambourg. Ce lut dans cette ville qu'il
apprit la révouiiion du 18 brumaire, qui semblait
prnnicUre à la France un gouvenicmeul dont la force
alla l être ap|iuyce sur les libertés publiques. Dans
celle confiance il se rendit h Paris, mais il r.e larda
pas à s'apercevoir ([ue >e> espérances avaient été
en grande partie trompées, et il osa, dans qu I ues
journaux, en léninigner sa surpiiseet Sun niécenien-
tenieiit. Il éiaii facile d'imposer silence à un étran-
ger, sans autre appui i|ue son talent. Malle Brun ne
larda point à recevoir i-on mandat d'inieidicilnn. Il
employa ce loisir forcé à se perlée iomicr dans une
£Ci<:nce à laquelle il avait voue un culie spécial, el
du fond de son cabinet, il .se mil à paicuuiir l'iini-
veis en observateur ; il crut apercevoir, dans la géo-
grapliie, des rapports qui avaient éi liappé aux in-
Tesligalions des savants. Ua.s une élude qui n'avait
été jusqu'alors que celle d'une aride iiuiiienclalure,
il vil loul ce (|ne pouvaient y ajouter la ronnaissance
4es mœurs, la variété des climats, les divi»ions natu-
relles des lieux, la lacilité di S communications, la
coufermiié on la dill'éience des idioiucs, rideniité ou
la conlradiction des colles; travail immense, (|ui de-
viol en>oite celui de louie sa vie. Dès 1804, il avaii
déjà commencé, conj'iintemenl avec Meatelle, la
Géographie mathémathiue, pliyaiiue el politique, en 16
volumes in-S°, lei minée seulement en 18U7. La col-
laboration de Malte Brun ne fut, il est vr >i, que d'un
tiers dans ce grand ouvrage ; mais les savants reton-
nureni que ce n'élaii pas d'a|irès les règles de la pro-
ponion ariilimélique qu'il fallait apprécier le mérite
du livre. Menlelle élaii un géographe iiistiuil; .Malle
Briio était un pliilosoplie géographe : il fil voir par
ce premier essai qu'il comptait dès lors peu de riv;.ux
dans les connaissances géographiques, el surtout dans
l'application à la géogiapbie, ù'une miiltiiude de
sciences qui jus lu'alors y avaient paru étrangères.
— Ce fui sur la ré|iutation acquise à Malle Brun par
cet ouvrage que les propriétaires du Journal des Dé-
bats rioviiéicni à s'asse.cier à la rédaction de leur
journal. .Malle fil un acccpia, et, sau! une courte in-
terruption, depuis itO'J jusqu'au monient même de
GEftGRAPHIOUE. {^\t
sn mon, pendant près de \ingl-cinq ans il se livra à
un travail de ions le» jours avec un zèle que ne ra-
leuiiirnt jamais les autres tiavaux dont il s'était vo-
loniaircment chargé. Plusieurs de ses articles ont
paru revêtus de sa signature; mais il en est beaucoup
d'autres qui ont été publiés sius le voile de l'ano-
nyme, et dont il y aurait de l'ingralilude à ne point
lui rapporter la glo re. l'resquc loniours les discus-
sions relatives à la |iolitii|ue éiranïère ont éié son
ouvrage. La préférence qu'il réclamait à cet égard
lui était facilement accordée. A l'avantage immense
de posséder loiiies les langues de l'Europe, Malle
Brun réunissait celui de connaître égalemeni le per-
sonnel des cabinets, les actes de la diplomatie, les
rapports de famille el d'intérêts enlre les dilférenies
cours ; la cei liiude de sa irémoiie, l'ordi e qu'il >avail
weilre dans l'ensemble des coImai^sances précédem-
nieni acquises lui rendaient facile l'analyse des faits
les plus compliqués. — Au. milieu de ces occupaiions,
Malte Brun irouvail le lemps nécessaire pour élever
le nionuinenl qui restera comme le litre le plus du-
rable de sa renommée scientifique el littéraire. Le
Piéds de la ijéugrapliie universelle parut et opéra
d.ins l'élude de celle science une révolution qui lais-
sera api es elle des traces ineffaçables. — Avec son
Piécis de géi graphie universelle, Malte Urun faisait
marcher de Iront la publication d'un ouvrage pério-
dique qui paraissait tous les mois, pour la rédaction
duquel il s'élait associé à M. Eyriès, et qui .'e rap-
portait encore à sa scienee favorite; il est inliiulé
Annales des Voyiges, de la géographie et de l'histoire.
C'ejt u.i recueil lidè'e et inie analyse savante de tous
les voyages et de toutes les découvertes motternes.
On lui dut encore dans l'iniervalle un Tableau de la
Pologne tincienne el moderne, un vol. in-8°.
Il est Impossible de ne pss rappeler que dans les
cent jouis, Malte Brun publia une Apologie de
Louis XVIll, acte de courage qui prouve qu'aucun
danger n'arrêtail l'expression de son éb ignement
pour le despotisme cl pour l'arbiiraiie. Les mêmes
se iiiinenls se reliouveni, mais avec des déviloppe-
nienls p'us étendus, dans son Traité de la Légilimilé,
publié en i8-î5. — Enfin Malle Brun s'élait cliargé
dans ses derniers niois de diriger un Diclionnaire de
géoiraphie universelle, en un seul volume, pour le-
quel il a rédigé, avec loul le soin dont il éiait ca-
pable, le Vocabulaire des mots lecbniiiues néces-
saires à rintellij;ei!Ce de tous les livres de géogra-
phie.
ilandeville, voyageur anglais, publia ses Voyages
en 1480.— Il écrivit en français, contrairement à
l'u-age qui éiait d'écriieen latin. Il a recueilli beau-
coup de laibs, et avancé bien des erreurs. La biblio-
thèque royale possède un manuscrit de ces Voyages,
qui est illustré.
Slarangoni (Jean), né eu 1675, à Viceiice, fut cha-
noine à Agnini, et prolonolaire apostolique II mou-
rut à Uonie en 1755.— Ou a de lui un ouvrage intitulé :
Thésaurus parochorum, seu Viiœ el monuntenla puro-
12ir
BIBLIOGRAPHIE
ehoriim qui sanctitale, mnrltjrio, pielalc, etc., illustra-
ruiii Ecclesinm, IXomc, 1726-27,2 vol. in- i" : (iiivrage
plein (le sa\anies recherches, ei utile à la géogra-
phie ecc'é''iaNli.]iie.
ilaicliaiid (Eiienne), né à l'île de la Grenade en
17?)5, niori à l'île de France (aujourd'hui île Mau-
rice) en 1715, a enéciité un voyage aiilonr du monde
p'>Mdani les années 179.1, 91 ei 92. Ce voyage Tui pu-
blié par Fleurieu en i79S à Paris, en 5 vol. in-4°,
avec allas.
Marcien, géograiihe grec, éiait de la ville d'Ilé-
rac ée. Il parait avoir vécu au iv siècle. — Il écrivit
un Pi'r pie eniicr du monde dont il ne nous reste que
des frigrnenls. IMaicien, publié d'abord en grec en
IGlO, reparutensniie avec une traduction l.iiinedans
le tome 1"' des Geograp.'tiœ veleris Scriplorcs Grœci
minores.
J/nrco-Po/o, voyageur vénitien du xiiie siècle, a
donné le premier des ni'tinns géographiques sur les
diverses contrées de l'Asie cenlmlc alors inconnues
ou défigurées par l'ignorance et les préjuges. On
peut dire que c'est le premier voyageur qui ail réel-
lenjeni mis de la géographie dans ses récits.
Mnredle (l'-ihlié), curé de Melun, a composé une
Géographie lopograpliique et historique de la Grèce
ancienne et modrrne.
Margerei, né en France, officier en Russie sous le
tzar Dniitri V, a dressé un Etat géographique et his-
torique de l'empire de llussie et grand-duché de Mos-
covie, depuis l'an 1390 jusqu'à l'un ICOO.— M. Kla-
prulh en a publié une nouvelle édition.
3/«rgH<'/ie (J.), jésuite, missionnaire au Cmiada,
né à Laini, mon en 1073. — Il fut chargé de recon-
naitrft le cours du Mississipi avec Jolyet , en 1G72,
et ni'iurut dans la tribu des Miamis. On a conservé
la llelulion de son voyage.
ilariana (JeaiO, jésu te, célèbre historien espagnol
du xvi= siècle. — ^on ouvrage fait connaître la géo-
graphie des possessions es[iagnok'S.
Muritinolu (Jean de), de Florence, franciscain et
professeur à Bologne, légat du pape auprès du Klian
des .Mongols en lïtôd; auteur d'une Relation de son
voyage d,:ns l'Asie centrale et orientale, écrite en
latin.
Marin (Michel-Ange), religieux minime, né 'a Mar-
seille, mort en 1767, nous a l.iissé le Hécit des mis-
sions entreprises dans l'ile de Madagascar par les or-
dres de suint Vincent de Paul.
Marin de Tijr, géographe du \^' siècle de l'ère
cliiéiienne, Uoinain d'origine. Ses écrits, cités par
Plolémie, ne nous sont po!nl parvenus. Masoudy,
ii'eur arabe du x' siècle, en parle comme les ayant
Cûusuliés.
Marini (Jean-Philippe), jésuite, missionnaire, né à
Gêne- en 1618. Il prêcha l'Evangile au Tunquin pen-
d.ini li ans, el fut nommé rettturde Macao. — Il est
connu en outre comme auteur du livre Missioni di
Giappone (missions du Japon), 2 vol. in-12.
ilf niia (Jean), voyageur eu Orient, est né à Florence,
GEOGRAPHIQUE. 12IC
et mourut dans sa patrie en 1798. — On a de lui :
1* Voyagi: dans t'ile de Cijprc, la Sijrie et la l'alaline,
2 vol. iu-12 ; 2° Voyage dans te l'isan et dans le flo-
rentin.
Mariât (Doin Guillaume), bénédictin, érudit, né à
Reims en l.'59li, mort en lOJ".— Nous pouvons citer
ici de lui : MetropuUs lieniensis Hisloria, 2 vol. in P.
Marmora (le chevalier Albert de la), écrivain
sarde. Apres avoir visité la Sardaigne de 1819 à
182.J, M. de la Marmora en publia une Description
en un vol. in-8° avec des planches. L'île de Sardai-
gne était alors plus iHcounue à l'EHrope que l'île de
Java. L'ouvrage de M. delà Marmora, contenant des
notinns nouvelles el intéressantes, fermait un cadre
complet. L'auteur n'avait rien oublié dans la descrip-
tion du |)ays. La Sardaigne a joué un rôle assez im-
portant sous la domination romaine et dans le moyen
âge. Comme les autres îles de la .Méditerr.inée, elle
a été successivement occupée par différents peuples.
Marnutha, historien, écrivain .iscélique du iv° siè-
cle, prélat syrien, évê jue de Mariyropolis. Il assista
au concile d'Antioche en 391, en 11 l en assembla un à
Clésiphon, oi'iil fit adopter la foi de Nice ■, jusqu'alors
professée partiellement eu Orient. — .Auteur des Acta
sanclorum niarlyrum orienlalium et occidentnlium, sy-
riaquc-laiin, publié par Assemani, 2vol. in-fol., 1748.
Cet ouvrage est utile à consulter pour la géographie
ecclésiaït que de l'Orient.
Marperger (Paul-Jacques) , né à Nuremberg en
1653, mort en 1730; auteur d'une Description com-
mère aie de la Moscovie et de la Suède, iu-4°.
Miirs'gli (I,. -Ferdinand, conile de), géographe,
naturaliste, né à Bologne en 1658, mort en 1730;
auteur d'une llisoire physique de la mer, in-fol. ;
d'une Description géographique, historique du Danube,
in-ful.
Martens (Frédéric), voyageur allemand du xvit'
siècle, a rédigé la Relation d'un voynje au Spi(zl>erg
fait en "671, in-4", 1C7.3. C'est le premier ouvragtt
publié sur ce pays.
Marlins (Cliarles-Frédéric-Philippe), né à Erlan-
gen, le 17 avril 1791, a rédigé avec M. Spix, la
relation de son Voyage au Brésil, 3 vol. in-i", avec
allas. — Ce voyage offre une grande variéié de don-
nées sur la géographie du Brésil.
Martyr, évêipic d'Arzendjan, dans la Grande Ar-
ménie, auteur de la relation d'un Voyage l'ail en Eu-
rope et d.ins l'Océan .Atlantique, à la lin ilii xv* siè-
cle, traduite en français par M. Saint-Martin.
j)/asi'(Laureni), italien. Ce savant séjourna en Fgypie
avec Jersene Segalo, de lbl75 lf:.25; lnusdeuv étaient
au service du pacha. Ils ont fait dans ce pays des
o'oservaiioiis iuiéressanies, mit étudié le caïaiièic,
les mœurs et les usages des habitanis. L'Egypte an-
cienne était, il y a quelques années, plus connue,
pour ainsi dire, que la moderne ; car, i. dépeiidam-
nieiit du grand monument élevé à son antique gloire
par la commission des savants français, les ouvrages
de Dcnon, de Beizoni, de Cailliaud, Gau, Minuloli ,
^217 BIBLIOGRANIIE
ei de plJsieVirs voyiigenrs angbis, nous ont donné
sur l'Egypte ancienne Ions les renseignements q le
rélal de la science et les difficultés des invcsliga-
lioMS dans ce pays pouvaient permellre. La Descrip-
tion de rEgtjple contient, il est vrai, sur l'Kgypte
moilerne des notions éiendues concernant ccriaines
parties de son économie iniérieurc et de son émt
physique; mais aucun de ces ouvrages ne faisait
connaître complètement rélal actuel de celle cnnirée,
qui a si fort changé depuis l'adminislralion deMciié-
inel-Ali. Laurent Masi, <le retour en Iialie, publia
avec Jersene Segalo un ouvr.ige iniilulé: Esquisses
pittoresques, géographiques, sliiiistiques, hydrographi-
ques cl cadastrales sur t'Egypt,-, qu'il dédia au roi
Charles X. Depuis, on a publié sur riii;ypie moderne
beaucoup de livre?, niais qui cependant n'ont point
effacé celui de Masi et de Segato. Il cnntieni des dé-
tails exacts et curieux sur le canal du Nd à Alexan-
drie, entreprise giganiesque , exéculée de 1810 à
181'), et qui ciiùia la vie à 15, (OJ individus, par l'i-
gnoiance et l'incurie des ii>génit'urs turks. Ce fut en
creusant ce canal qu'à la profondeur de quelques
pieds de la superficie du sol, on lionva diverses ha-
bitatiujis de l'ancienne Alexandrie, farinées de pierres
unies par un ciment irès-dur, coui|iOsées en nia;eure
partie de chaux mêlée avec de la pouzzolane. On dé-
couvrit aussi nombre de bains, dont quelques-uns,
ornés de peintures, piésentaient un clai parfait de
conserva ion, avec leurs pavés en niosaiiues de
pierres dures et empreintes des plus vives couleurs.
Megeren (W. von), Allemand, auteur d'un Ta-
bleau du cap de Bonne-Espérance, publié de ISiO
à 1841.
Meichelbeck (Charles), savant bénédictin, né dans
la Bavière en 1G81), mort en 173i ; auteur d'une
Histoire du diocèse de Freisingen (Cavière), et d'une
Histoire de l'abbaye de Beiiedict Beuren. Ces deux
ouvrages sont faits judlcieuseujent et avec soin.
Meiners (Christophe), naquil en 1717 à Warstade
dans le Hanovre. Il a publié des liecherches sur la
diLeriiié des races humaines en Asie, dans les terres
Australes, d'ans les îles du Grand Océan, etc., ISl'i,
2 vol. — Au milieu de pensées justes, d'^ perçus
vrais, cet anthropologue avance beaucoup d'asser-
tions fausses ou inexactes.
Meinert (1: G.). M. Meinert, savant allemand, a
traduit, mis en ordre et commenié le Voyage du frère
Jean de .Marignola dans l'Asie centrale et orientale. ■
Meisler (Léonard), laborieux écrivain suisse, né
en 1741 à Nefftenibich, canton de Zurich, fut
nommé en 1773 professeur d'histoire ei de morale à
l'école des arts de Zurich. — il est auteur des ou-
vrages suivants : 1° Mémoires pour l'hiJoire de la
langue et de la littérature allemandes; 2» Petits
voijayes dans quelques cantons delà Suisse, in-S";
5" Dictionnaire historique, ijéographique et statistique
de la Suisse, 2 vol. in-8''. — Il mourut le 19 no-,
vemhre 1811.
Mentelle (Edme), géographe, n * Paris le 1 1 oc-
GEOGRAPHIQUE. r218
lobr.' 1730, fit ses éludes au collège de Ueauvais, et
in"urut le 23 novembre 1813.— Il est l'auleur de plu-
sieurs ouvrages géo^rapliiques qui sont : 1" Manuel
géographique ; i° Géographie abrégée de la Grèce an-
cienne ; o° Géographie comparée, on Analy^ie de la
géographie ancienne et moderne ; i" Géographie histo-
rique, physique, statistique et topographique de la
France, etc., etc. — Ce géographe avait une répu-
talioii que certainement ses ouvrages ne lui méri-
taient pas. Nous pensons qu'd la dut pluiôt à ses
élrjiiges opinions relijiieuscs, qu'il a semées dans .«es
livres sans goùi comme sans discernement. Son
élève et son continuateur, .Malte Brun, a eu le mal-
heur de partager ses idées et son sjsième d'incrédu-
lité; mais, au moins, il s'est montré dans ses ou-
vrages plus réservé que lui.
Michnud. M. Miehaud, poêle, journaliste el histo-
rien. Nous ne le citons ici que pour son Histoire des
Croisades, sa Correspondance d'Orient, et sa Biblio-
graphie des Croiittdes. — Ces divers ouvrages sont fii-
blenient utiles à la géographie du moj-en âje en
pai liculier, et à la géographie religieuse en général,
atlendu que la partie géographique y a été négligée.
Milbert (Jacques-Gérard), peintre naturalisie, na-
quil à Paris le 18 novembre 176G. .A l'époque de la
desiruction des tombeaux de S.iinl-Denis, il risqua
sa vie pour sauver ceux des connétables de Montmo-
rency, qui depuis par ses soins ont été déposés au
musée des monnnienis. Il lit un ouvrage sous le litre
de \oynge pittoresque à l'Ile de France, au cap de
Bonne- Espérance et à l'île de Ténériffe, Paris, 2 vol.
in-8°. Indépendamment d'un Allas rempli de vues et
de pa)sai;es, cet ouvrage contient des délails statis-
tiques commerciaux, géologiques et physiques trés-
étfendiis. Il publia ensuite {'Itinéraire pittoresque du
fleuve Hudsi n et des parties latérales de l'Amérique
du Kord, Paiis, 2 vol.-in-4". M.lbert mourut à Paris
le 5 juin 1840.
Miller. M. Miller, savant français, a écrit la Pré-
face placée en léte de la Collection géographique des
iiinéraiies anciens, et de la Table de tons les noms
géographiques mentionnés dans ladite collection. —
Celle table, qui est un véritable ouvrage, ne forme
pas moins de 83 pages in- i".
Molina (Alphonse de), missionnaire espagnol, né
en 146 à Escalona, petiie ville de la Nouvelle-Cas-
liUe, entra chez les Cordeliers, ou Frères-Mineurs.
11 travailla cinquante ans aux missions de l'Améri-
que septentrionale (.Mexique). — 11 mourut en 1584,
a Mexico. H a composé un Catéchisme el une Gram-
maire en langue mexicaine, deveuiis fort rares.
Molina (Jean-Ignace), né à Taica au Chili en 1740;
membre de la soc éié de Jésns, mort en 182 '. — Ce
religieux a écrit une Histoire naturelle du Ch'U avec
des noies et des caries, in-S*, publiée en 1788. Cet
ouvrage a été traduit en français el en allemand. Il a
laissé aossi un Essai sur l'histoire du Chili, avec car-
tes, in-8\ Ce livre, publié à Bologne, où est mort le
P. Molina, a été traduit en espagnol, en allemand et
1219
BIBLIUCBAPHIË GEOGRAPHIQUE.
1220
en nnglais. Nous ne l'avons pas mallieureusement
en fiMiiçais. C'est le livre le plus exact sur le Ciiill,
celui qui en fait le mieux coiiiiaitre la géograpliie et
la populali'iu indigène.
Monni.r (Dumllilarinn), liéncdiclin, morten 1707;
auleur d'un ouvrage intitulé : EdahcissemenU des
droits de la cotigiégaiion de Sainl-V mines sur les mo-
nastères qu'elle possède en Fninclie-Comté, in-i°, li-
vre mile à la gécigrapliie ecclé^iastiipie.
Monialbani (lecoinie Jean-Bapiisie), voyageur en
Orient, officier au service de Venisi', né à Bologne
en 1S9G, nidrl en 1646 ; auleur d'un ouvrage inii-
lulé De moribus Tuicorum (Des mœurs des Os-
manlis),
Moniauband, célèbre flibustier français, mort à
Bordeaux en 1700; auleur d'une Itctaiion d'un
voyage en Guinée, en li)98.
Monie-C.orvino (J. de), frère mineur, missionnaire
en Tariarie, né en 1247, mort en 1320 ; envoyé en
Orient par Nicolas IV en 1288, parvint au Cailiay, à
KhanBalikli, où il bùiil une église, et prèclia la foi
chiétienne dans le Mongol. Clément Y le nomma ar-
chevêque de Khaii-Dalikli.
Moorcroft (Guillaume), né dans le Lancasbite,
mort de la (ievre en 18-25 à Audkliodie, ville siiuée
à 80 milles de BalUli ; autour d'un Yoijage l'.iit
en 1812 au lac Mai assarovar dans l'Ounilés, pro-
vince du Pelil-Tliibct ; de Voyages aux provinces
Uimulayeiutes de l'Hindoustan et du l'eujàb, en Ln-
dakh, au Ciiclieniir, à Veicliaier, à Klioundoux et à
BuUiara; Londres, 1811, iii-S", avec cartes. — Ces
rel itinns ont une videur inconieslablc et une haute
auioriié, par le stjour de deux ans que fit le voya-
geur dans les diverses parties du Tliibei, et le s- in
avec lequel il étudia un pays encore presque in-
connu aux Européens.
Moiincau (P. de), explora en 1827 et 1S28 la cô;e
nord-ouesi de l'Améiique seplenirionale. Il s'allaclia
particuiièremrnt à prendre des notes sur les Indigè-
nes de celte cnnirée, lesquelles il publia à son reinnr
en Franco. Il résulie de ces renseignimenis que 1rs
diverses peu|dades qui babitent celle partie de l'A-
niériiiue re<liiutenl ei inême déteseiit le irava I.
C'est un trait rar3Ciérisiii|iie qui leur est cnniinnn
avec les peuplades de l'Amérique méridionale et du
MoH'le niaritiin ^
Murse (Jedidiali) , docteur en lliéologie, né am
Etuls-Lnis, morten 182(i; auleur d'une Géoi/raji/iie
universelle, avec caries, 2 vol. in-S", en anglais;
Bo-ton, 1812 • ouvrage f.iil avec soin. — Il a encore
pnblié un Diciionnaire géographique américain, iii-8»,
Bo-ton, liSlO.
ilurvilliers (Nicolas Massou de) , né en 1740 à
Morvilliers en Lorraine, morten ITS'I ; auteur d'un
Abrégé élémenlairc de la géographie universelle de In
France, i vol. in-1-2 ; de C Italie ^ in- 12; de l'Espa-
gne et du Portugal, in- 12.
Moulinet des '[huileries (l'abbé Claude de), né à
Se-:! en 1CJ7, d'uue famille noble, morten 1728.
Erudil, il se livra à l'élude de l'iiistoire de Francs!
— Il est aulenr d'une Histoire du diocèse de Sfeict
de divers arlicles relatifs à sa topographie.
3/oiis/ier (Anus du), né à Uonen, mort en 16G2 ;
autour d'un Muriyro'ogium s^nciaïuin mulieiuni, in-
fol. ; d'un ilartyrologiuin Franciscarum, in-lol. 11 a
lais-é en iminiiscrit une Histuire ecclrsiasnque de la
Neitttrie. Ci s (nivrnges sont do quelque ulil.lé puur
la géographie ecclésiasli(|ue.
Mugge (Th.), voya,,'enr allemand, aulenr d'un
Voyage en Danemark et en Noruége, 2 vid. in-8'',
avec une bonne carie; Hanovre, 1844. — Ouvrage
qui n'est pas sans valeur.
Muhlen'iOrdt (E.), voyageur et savant allemand,
. auteur d'un Tableau fidèle du Mexique, snus les rap-
ports de la géographie et de rellincgiapliie, m 8",
Hanovre, 1814. — Cet ouvrage est exact ei fait b eu
connaiire le Mexique.
Muiler (Gérard-Frédéric), voyageur, hi-lorion et
géographe, né à lleiford en We^iph.die en 1703,
mon à .Moscou en 1?S3, a publié une Description de
ta Sibéiie ; Saint-Péleisliourg, 17ôO, 10-4° ; les Voya,
ges et les Découvertes faites par les [tusses, etc., etc.,
ainsi qu'une Description du fleuve Amur, etc., etc.,
en russe et m allemand. — Ces ouvrages ont été
traJnlis on français, 2 vol. ln-12, 1776.
iiunk (S.). M. Munk, auleur d'une Description
géograjilngue de la Palestine; l'arisy 184S, in-E", avec
beaucoup de plan. bes.
Munster (Sébastian), jouit, an milieu du xvi» siè-
cle, d'une grande répulalioii. Sa Cosmographie, ou
Description du monde, (|ui parut à Bâ!e en 1^44, fui
répandue 01 acceptée partout.
Mnnter (Frédéric), évèque proiestanl de Copen-
hague, né à Gotha en 1761, mort en 17b5; labnrieui
et instruit, a rédige un Voynge dans les Detix-Siiiles,
faii en I7t5et 1780, publié en danois et en alle-
inatid.
N
Aahuys (le colonel), a publié en 1820 dos Lettres
s\ir Iteiikoolen, Padong, le rny.iume de Menankihnu,
Rhiouw, S ngapore, i'orlu-l'iiiang, 1 vid. grand in-8*,
I$red;i. Ces Letircs conlienncnt une foule d'c bserva-
tions iiiléressanles sur la topographie, le commerce,
l'indu-irie, les mœurs et les usages des pays décrits.
Piavarrète (Fi rdinand de), missionnaire en Chine,
archevêque de Saint Dumingue, en 1678, mort en
celle île, en lOiiî); auteur de l'ouvraje Tia'.ados his-
torico', poii'icos, e'.hicos, y rcUgiosos delà m^narchia
de China, en 5 vol. — Cet oiiiiage, à celle époque,
fjisaii le mieux connaître le Céleste Empire.
Niebuhr (le chevalier), "éograiihe danois. Con-
seiller d'étui du toi de Danemark, ce savant lit par-
lie d'une commission scieuiilique envoyée par le
g'iiivernemeiii danois en Arabie , dans le siècle der-
nier. Il consigna le résultat de ses recherches et de
ses obseï valions dan^ nu ouvrage iniiinlë : Descrip-
tion de l'Arutiie, «u 2 sol. ui-**. On à bÈdiicnul) étrit
lâii
BIBLIOGRAPHIE GEOGfiAPIIIOUË.
1222
sur l'Araliie h notre époque , mais le livre de
Mieliiilir esi fucoie ci'liii qu'on doit consiilier de pié-
féi'riice. L°au(eiir ne parle que de re qu'il a vu , cl il
ii'airii'ii:e qni' quand il eslcert.iin de rexaciiiiide de
SCS retispigiienienl-i. Il reciilie beaiicoip d'erreurs
relativement à des locaiiilés des côies de la mer
Ronge; il se trouve toujours d'accord avec la Bible,
quand elle parle de l'Arabie; et II fait reni:<rquer
que ce pays n'a pas changé, et qu'il est resié avec
sa population le fuôine comme du temps d'Âbraliam
et d'Agar.
Noël (André), né à Gy, en Franche-Comté, mort
en 1808 ; cartographe, auteur de Cartes et de Plani-
sphères cclesli-s.
Norman. M. Norman, de la Nouvelle-Orléans, au-
teur d'un Voyage dam t'Yucutan, INt.'W-\'i)rk, I8i3,
in-8". — Ce livre cont eut dcà reisoigiiements sur
celle province et sur les ruines remarquables qu'elle
po séde encore.
Nowak (A.-K.-P.), géologue allemand, a écrit un
ouvrage sur la gédgraphie physique , in-8°, avec
planches, Leipsick, I8i4. — Cet ouvr.ige contient en
géologie des idées très-hardies que l'avenir seul peut
coiifinner.
Nyenbourg (Jean-Gilles Egdmond de), né dans les
Pays-Bas, à la lin du xvti» siècle; auteur de Voyages
dans une pnii'.e de f [■Europe, de t'Asie-iliiiture, des
iles del'Artliipil,detaSyTie,de la Pulesline, etc., etc.,
2 vol. in-4",
0
Ocamro (Don Gonzilo d'-), :irchevêque de Lima,
a écrit, en 1623, le Cobierno del Perù. Ce manuscrit
doit se trouver dans les archives ecclésiastiques de
Lima.
0//i'ier (Jean), ancien serréiairc à Palembourg, a
publié ses Voyages par lei re ei par mer dans les co-
lonies indiennes des Pays-Bas, en 1827 et 18-8,
3 \ol. in-8°, avec planchis, Amsteidain. — Le se-
coiid vidume cunlient des délaili sur les missions
hollandaises dans ces col</nics, cl pariiculièreinent
à Amboise, ainsi que sur les piogrèi du christia-
iii-me.
Onsetey (Sir William), orientaliste angl lis, né en
1771, e-i mon en lSi2. Il ava t voyagé, à d. verses
reprises, dans l'Asie mineure, en Peis • cl dans l'Iliu-
douslan. — Il a laissé pluS'eurs ouvrages, enire au-
tre^ une Histoire de Perse .:l une Géographie orien-
tale qui n'est (.as sans mérite et qui pourrait rem-
placer bien des o.ivrages sur l'Orient. iNoiis ne
cmyons pas qu'elle ail éié Iraduiie eu français.
Orbigny (\I. Alcidri d'), a passé sept années à ex-
plorer le Brésil, les républiques de l'Ur.iguay, de
Bnénos-Ayres, du Chili, du Pérou , de Bolivia et la
PatMgonie. Ses (d)servaiions sur l'orographie et les
divers climats de l'Amérique méridionale méritent
d'être recueillies et étudiées. Il a contribué plus que
personne à dissiper en partie l'ob-scuriié c|ui enve-
loppe les tribus indigènes de cette partie du inonde,
et ses remarques à ce sujet reposent toutes sur des
faits ou sur des conjectures simples et naturelles.
La géographie de l'Amérique méridionale lui devra
certaineihcnl beaucoup.
Orloff ('q comte Wladimir-Crégoire), de la puii-
sanie lamille ru?se de ce nom, mon en 1826, a pu-
blié des Memoiies géographiques sur le royaume de
Naples, avec des caries exécutées avec soin. On peut
consulter avec fruit ces Mémoires sur Us vicissiiudes
qu'a subies la géographie de l'Italie méiidio i:ile.
Vrleims (Abraham), mort en 1598, est l'auteur de
la première collect on de Cartes du mon'lc entier;
son Theairum mundi fut loifgtemps la mine exploitée
par les compilateurs.
Ostervatd (Samuel-Frédéric), né à Neiifchâlel en
Suisse, en 1713; auteur i'an Cours de Géographie
tiistorique et de sphère.
Osirowski (Théodore) , i é dans le palatinat de
Liililin, en 1750, mort en 1^502, à Léopold, dans la
Gallicie -autrichienne ; auteur d'une Histoire de l'E-
glise en Pologne, en 5 vol. in-8° : ouvrage fort utile
à la géographie ecclésiasli(|ue de ce payj.
Othon, évêque de Freisingen, mort en HoS; au-
teur d'une Chronique en 7 livres. — Celle ChroniiUa
sert à l'élude de la géographie ecclésiastique de l'Al-
lemagne au moyen âge.
Oi.er (Jean) , orientaliste, né à Christianstadt
(Suéde) en 1707, mort à Paris, en 1748 ; auteur d'un
Voyage en Turquie et en Perse, 2 vol. in-i2.
Otih (Adolphe), médeiin, est né à Berne, en 18J3.
11 a publié sur l'Algérie qu'il a visitée des nbscrva-
tions géogr.i;diiques, qui ne sont pas sans méiiteet
qui décèlent un esprit observateur.
Oudcnhoven (Jacques von), niinislre protestant au
xvii« siècle, né à Bois-lc-Duc; auteur de plusieurs
Recherches géigrai biques sur la llolluide et sur
plusieurs de ses villes, comme Ileusdcn-Dordreclit',
Bois-le Duc, Harlem.
Ovalle ou Ovuijl'e (Al|dionse d), jésuite, mission-
naire, né à San-Yago (libili), en )B;)I, mo t il Lima,
en (631; auteur d'une Histoire du Chili ei d'w.t
Histoire di's missions de la compagi:ie de Jésus, iii-feli
Paci^ijiMe , missionnaire capucin, né «Provins,
mourut en 1155. Envoyé à la mission de P< rse , il
publia, à son retour, sous le til'e de Voyage en
Perse, in-8°, les renseignements <|u'il ;ivait recueillis
sur la religion, le gonveinemeni et la géogr-ipliie de
ce pays. Envoyé ensuite à la Guadeloupe, il nous a
lais-é une Description de celte ile, ainsi que de celle
de Saint-Christophe, qu'on peut encore parcourir
aujourd'hui.
Pagan ( le comte Bhiise-François de ) , ingénieur-
géographe franç;iis , né en 160», mort en 160-), pu»
blia en 1053 une llelation historique et géographiqiit
sur le cours de la rivière des Amafjnes , in-b*. — Ce
livre est devenu fort rare; il se irmive à la biblio-
Ihéiiue Mazarine sous le u° 53,545. Pagan remonta
1225 BIBLIOGRAPHIE
le cours de rAmazoïie, au milieu de ruigues et de
daiiges inuliipliés. Ainsi, de la ville de l'ar.i, point
de S"n dépari, il se reniiit à Quilo, an Térou, après
une navig.iiioii de r2u0 lieues. Sa Relation csi géné-
ral, iiieni exacte pour son temps.
l'alairet (Jean), né à Moiitaulian en 1697 , s'oc-
cupa de gé'igrapliie et de cartograiiliie. Il a comp.sé
un Allas niétlindique, une Introduction à la géogra-
phie moileine ; il a réJigé une Description des pos-
ses'ions européennes dans l'Amérique septentrio-
nale. On dit (joe c'e>l ce dernier ouvrage qui a donné
l'idée à l'abbé Raynal de son fameux livre si décla-
matoire, si emphatique, si inexact et si immoral en
même temps, sut les possessions et le commerce des
Européens dans les Deux-Indes ; car il est impos-
sible d'avoir réuni une plus grande somme d'erreurs
et de répétitions en plusieurs volumes. Cet ouvrage
est avec raison tombé dans le mépris et l'oubli pu-
blics. De pareilles compilations font ressortir les
avantages de la véiit:ible science. La Description
de PaUiret a eu du malheur; mais aussi il estjnsle
de dire qu'elle ne ressemble en rien au livre de l'abbé
Raynal.
PaUnie (Jean ), voyageur, né dans le Forez, vers
lSo7 , autour de Notes géographiques sur les pos-
«cssii>ns ottomanes en Europe et en Asie.
PallaJe, évèque d'IIéléiiopolis en Bithynie, ami de
«aini Jean Cbrysiisiome , né en 5G8 ; auieur d'une
Hisioirf (les s(liiaires, livre utile à la géographie ec-
:lésiastique des premiers siècles.
l'aimer ( le c:ipit;iiiie ) , de la marine américaine,
5t en 1828 et 1829 un voyage scientifique et com-
mercial aux régions glacées du pôle anl:irctlque. Il
découviit beaucoup de tcries qui ne sont pas por-
tées sur les caries, ou qui le sont d'ime manière fort
mexacie , des îles , rochers ou récifs. Il y a des îles
jui sont habitées, comme l'ile Perstuah et celle
i'Armsirong.
Puniatéon ( Henri ), né à Dâle en 1522 , mort en
ISO-'i; auteur d'une Clironoijrapliie de l'égl.se; d'une
Histoire des marlijrs de la Gaule , de la Germanie, de
rilnlie, et de plusieurs autres ouvrages.
PciTilessus, pro'esseur à l'Kcule de droit. .M. Par-
dessus a rédigé la Collection des lois maiiiimes.
Nous n'en pirlons ici qu'à cau-e de Vlnlrodticlion
qui la précè le , laquelle est elle-mtrne un ouviapc
consciencieux et fort remarquable sous le rapport de
la science géographique.
Paulire ( Charles ) , officier d'artillerie , aide-de-
camp du général Klébcr, a exécuté une Carte phy-
sique et politique de la Syrie, piiur servir à l'histoire
des conquêtes du général Bonaparte en Orient. Ce
travail se fil au Caire, en l'an Ylll. L'auteur y joi-
gnit des Notes géographiques , aprèi avoir examiné
attentivement une partie de la Syrie el de la Pales-
tine.
Pègiies. M. l'abbé Pègues , lazariste , a fait une
r.-'srripiion géographujue de Cite de Santoriii , Paris ,
1842.
GEOGRAPHIQUE. 1221
Pei/c/fe/ (Jacques), mort en 1830, est l'auteur d'une
Description géographique de la France , avec des
Cartes , et d'un Dictionnaire universel de la géographie
du commerce , en 5 vol. in-i". — L'idée de ce der-
nier ouvrage était certainement excellente , mais
rexéciilion n'en est pas aussi bonne. L'auteur s'est
jelédans trop de détails inutiles ou riilîiis, qui, sans
rien ajouter à l'importance de son sujet, le surchar-
gent et rembroullleni.
Peralia ( Pedro ) , publia en 1723 un ouvrage in-
titulé : De Desripcion de Lima, y del Perû, et His-
toria del origen delos Incas y de las Jndias (De-crip-
tion de Lima, du Pérou, et Histoire de l'orii^ine des
Indiens et des Incas). — Cet ouviage mérite d'être
lu , el il contient des renseignements el des déiails
peu connus , ignorés meute des écrivains de notre
siècle.
Percival (Roheri), voyageur el çéographe anglais ;
auteur d'une Desciiption géographigue de l'ile de
Cctjlan ; d'une Description géograp'iigue excellente du
cap de Bunne-Espérance, de 1797 à ItiOl.
Perr)n du Lac ( F. -M. ), sous-préfet de Rambouil-
let, mon en IS2i, auteur d'une Description gé.'gru-
phigue des deux Louisianes, de tonte la vallée de
rUhio et du Missouri.
Persoms (Ab aliani), voyageur anglais, avait écrit
la relaiion de loutes ses courses , (jui ne lui publiée
par sa famille que longtemps après ; elle est iniiiuléc :
Voyages en Asie et en Ajrigue.
Fi'utinger ( Conrad ) , le premier savant dj l'Alle-
magne qui se sdit occupé de recueillir des antiqui-
tés , naquit en I l'J5, à Augsbourg. — Il est auteur
de l'ouvrage intitulé ; Inscriptiones vetuslœ romanœ
et corum fragmenta in Augusla Vindelicorum. Il est
aussi l'auteur d'une Carte de géographie très-eatimée
pour celle époque.
Pey:on, médecin, voyageur el géographe, a visité
l'Espigne avec attention. Il a composé une Desciip-
lion géographique de plusieurs de ses provinces ,
et sut tout du royaume de .Murcie. Il est à regretter
que l'autrur se suit trop abandonné à ses impressions
et à ses préjugés personnels, surloul en ce qui con-
cerne le clergé espagnol , que nous avons jugé en
France sans le connaître, ou sur des documents
inexacts et mensnnger».
Peizl ( Jean ), géographe et cariographe , auteur
d'une Description géographique de Vienne, capitule de
l'Autriche, et de ses environs,
Philip ( Arthur ), anglais, gouverneur de Boiany-
Bay, gjographe, auieur d'une Description géographi-
gue, avec cartes, des colonies anglaises dans la Kou-
velle-tUdlande.
Piedraniia (Lucas-Fernandez), évêque de Panama,
a composé une Histoire générale du noureau royaume \
de Grenade , dans rAméri(|ne méridionale. — Ce |
livre contient des parlicularilé^ géographiques cu-
rieuses sur celle contrée , et qu'on chercherail inu-
tileincnl dans les ouvrages modernes.
Pierquin ( l'abbé Jean), né à Cliarleville , mort en
^D
I^i3
BIBLIOGRAPHIE GEOGRAPHIQUE.
122U
1742 ; géographe, auteur de plusieurs ouvrages re-
laiifs à la géoijrapliie dcacripiive ei à la t;éogra|iliie
plivsi lue.
Phikcrton (.loan), originaire d'Kcosse, mourut à
Paris et! 18-i6. Il a rédigé une Géiigrapliie niiidenic
en 6 vol. in-8°, avec îles caries, l/anleiir clait rem-
pli d'énidiiifiii , mais TiKiYragees' liiuid et dilliis. Il
a néaiiiiioiiis eu An-ei île succès, et a éic iradiiii en
plusieurs lingues. C'était <lu reste le preuiier ou-
vrage aussi étendu qui paraissait sur la pcogr^pliie
moderne. Il eu a é:é fut uti abrégé par l'abhé Lé-
cuy, dernier général de l'urdre de Prémoniré, mort,
il y a quelipies années, grand vic;iire du d Oi èse de
Paris. — Sous la première révolution et sous l'em-
pire, rald)é Léciiy travaiil.iit , pour vivre, à diS
compilations de librairip. A une érudition très-variée
il Joignait l'haliituile consuinle du travail.
IHuiuhtr (Dom Urbain) , bénédiciin de la congré-
paiiiin de Saini-Miur, né en 1667, à (iliesnes, près
de Iteai'gé en Anjou, mnii en 17." 0, à SainiBénii-ne
de Dijon. — 11 fut un îles piincipnnx écrivains de Y His-
toire générale et pnriicuiièie du duché de Bourgogne ;
ouvrage utile à la géograpliie ectlésiaslique de cette
province en particulier et de la Fiance en général.
Plu. lie (l'abbé Antoine), naquit à Reims le 15 sep-
tembre 1688. 11 professa de b 'nue lieiire daii^ l'uni-
versiié de celte ville. Il inanifesiait des dispuitions
pariiculières pour l'étude des sciences et des langues
anciennes. L'évèque et la ville de Laou lui confiè-
rent la direction du collège, qu'il posséda pendant
ciui) ans, mais à laquelle il renonça |iar siiiie des
discussions sur le jansénisme, dont il était soup-
çonné d'être partisan. 11 résolut alors de se livrer
uniquement à la composition de son grand ouvrage
le Spectacle de la nature, diînt le l'^' vol. parut e»
173"2, eut beaucoup de succès, et fui iraduit en an-
glais et en espagnol. Eu 1749, l'abbé Pluclie se re-
lira à la Varenne-Sainl-Maur , où il consacra sou
temps à la Concorde de la géngrajiltie des dilfércnts
âges, ouvrage qui ne païut qu'après sa mort en un
fort vol. in-l'i avec cartes. Ce livre, excellent par
l'idée f. ndainentale et le plan, serait Ircsuiile pour
l'instruction primaire et même secondaire, s'il en
paraissait une édition revue et modinée d'après les
ijécouveries et les progrès faits dans les sciences
géograpbiques. L'abbé Pluclic mourut le 19 novem-
bre 1761.
Plumier, religieux minime, né à Marseille, mou-
rût eu 17U4. Comme missinnnaire, il fit plusieurs
voyages, spécialement dans le Levant. Il se livra en
même temps à l'étude de la géographie , et surtout
de la géographie botanique pour laquelle il avait un
goût particulier et qu'il étudiait dans ses raiiporls
avec la grandeur et la sagesse des œuvres divines.
Il a rendu a cette science d'iinponanls services.
Polownin (l'iiéilor), sivani ru»se, auleiir d'un
Dictioi naire géographique de l'empire de Russie, un
vol. in-S", Mosi' u, 1775.
Pohjb,; né eu 20i a^ant l'ère elirétienne , hisio-
DlCTlONNAlBB SB GÉUGRaPMIE ECCL. II.
rien grec : considéré comme géographe, c'est l'au-
teur le plus exact de l'anliquiié qu'on puisse consul-
ter pour les notions géo,.;rapliiques.
P'iu imstef. .M. Pouiimstef, olllcier russe, visiii en
1811 la Dz ungarie cl.inoise, que l'Europe ne con-
na'ssait que de nom. A fOn retour en Russie, il pu-
blia une Notice géographique et topograpliique de la
Dzounsarie. Nous ne pensons pas que cette Noiiee
aitéié traduiie en français. Nous n'avons eu France
sur la Dzouiigarie que les lares renseignements qui
nous sont fournis par les prèlres que les missions
étrangères de Paris env lient dans l'.isie centiale.
Poiocki (le Comte Jean), Polonais, mort en ISIB,
a publié un ouvrage imporiant en i voluim s in-l°,
intitulé : liecherches g'ogruphiques sur la Scy.hir, la
Sarmntie et les Slaves. Ces Reclierclies sont rem-
plies d'éiuditioij et de scieine. Il y a cipendanl des
indiiciions qui sont un peu loreée-, et des points bur
les(piet- ou peut discuter avec l'auteur.
Pui'injer (Sir Hiiiryl, Anglais, qui s'est fait do
noire temps une célébrité dans l'Iliiidiiiislan et en
Cliiiie par ses iiégociaiioiis ; il a rendu des services
à la géograpliie, en publi.iut une Uesrrip.ion géo-
graphique du liéloutchistan et du Shindly , deux
provinces asiatiques dont nous coiiiiaissions tics-
peu l'iiiiérieur. H serait à désirer que cette Descrip-
tion fùl iraduite en français.
Poujoulal. M. l'onjonlai, collaborateur de M. Mi-
cliaiid, a travaillé à VHistoire des Croisndes, ainsi
qu'à liur Uibliogiapliie. Il est un des ailleurs de la
Correspondance d'Urient. — La géographie est la
pariie li plus faible de ces divers ouvrages, bien
qu'elle eût dû eu êire la pariie dominanle.
Prémare (Joseph-Henri), jésuite français, savant
oricntalisie et sinologue, a contribué par ses travaux
à faire connaître !a géngraphie de la Cliiue sur la-
quelle on a débité pendant longtemps tant de niai-
series.
Prêtremont (B.), religieux do la congrégation de
Saint- Vannes, a publié une Notice géographique de
t'abbaije et de la ville de Favernij. Le mniiasière a
donné naiss ince à la ville, coiuuie presque toutes les
maisons de l'ordie de Saiut-Renoit ont occasionné
la fondation de villages et de villes importantes.
Préeosl d'Exilés (l'abbé Antoine-François), ruteur
des 17 premiers vol. in-i° de ['Histoire générale des
voyages; d'un vol. de la grande collection Callia
Chrisiiana; traducteur de voyages en diverses par-
lies de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique.
Progart (l'abbé Liévain Bonavenlure), mort à Ar-
ras en I8;J8, auteur d'une Descripliun géogr.iphique
et religieuse, avec carte, de plusieurs contrées da
l'Afrique occidentale (Guinée).
Prudhomme (Louis), né à Lyon en 1752; auteur
d'iiu CîcfioHiinire nnivenel et géographique de la
France, 5 vol. in-4''.
Puissant (Louis), né en 1769 au Cbàlel -t (Seine-
el Marne), ingéuieur-géoïrapLe, auteur de plusicuri
39
1227 niBLlOGRÂPIllE
Mémoires sur diverses questions relalives à la géo-
grapliie.
Q
Quadri (Antoine), adminislratenr iialicn , né à
Vicence en 1777, d'une famille illustre; auteur d'un
Tubleiiu siatislique îles provinces WH/'/ie/iH s, avec la
carte géographique ilu royaume Lombarde- Véuiiieii;
Venise, 1823.
Quatrcmère. M. Elienne Quatremère a publié des
Mémoires sur l'Egypte, Paris, in-8", 1 vol., iSlO, et
des Ubscrvations sur la géographie de l'Egypte, Paris,
in-S", 1812. — On peut consulter avec fruit les Ob-
servations de ce savant sur la géographie de l'Egypte,
Lien qu'on ne soit pas toujours d'accord avec lui sur
divers points.
R
Rabbc (Alphonse), né en 1786 dans le départemenl
des lia;ses-Alpcs; litléraieur el journaliste, mort en
1850; auteur d'^.: .; Gcograplnc de l'empire de Russie,
Paris, 1828, 2 vol. in-18, et iii-8'.
Rajjles (Thomas-Stamford), ancien gouverneur de
Batavia, auteur d'une Description géographique des
îles de la Sonde.
Raincjo (Germain-Benuit-Josepb), né à Mons (Bel-
gique), auteur d'une Géographie élémentaire, avec
caries.
Jlancij (de), ancien inspecteur général des finances
ei) Esp.igno, sous Charles lY; auteur d'une Dacrip-
lion ijéograpliiqiie de la Navarre.
Raiimer. M. Kaumer a publié à Leipzig, en 1855,
un ouvrage intitulé : Palœsiina , in-S°, qui a eu une
seconde édition en 1850. On fait cas- de cet ouvrage.
Hatjinond ( Georges-.Marie) , né à Cliauihéry en
1769; auteur d'une Géographie élémentaire moderne
pour les collèges et écules des Eiats-Sardes.
Raymond (Jean-Daplisic), capitaine au corps royal
des ingénieurs, né à thambéry en 176'>, cartogra-
phe, auteur de plusieurs cartes.
Rechberg (le comte Charles de), né en Bavière,
auteur d'un Voyage pittoresque en Russie, in-folio
avec planches; d'une Collection de tableaux sur les
inœuis, coutumes, religions des peuples du monde,
2 vol. in-i».
Régis (Jean-I'aptiste), jésuite français, mission-
naire à lu Chine aux xvii= et xviii' siècles; habile
géographe, un des auteurs de la grande Carie de la
Chiiie sous l'empereur Khang-hi.
Reinetjgs (Jacques), né en 17-i4 en Saxe, mort en
1795 en Uussie; auteur d'une Description topogruphi-
que du Caucase, rectifiée depuis par iM. Klaprolh.
Reland (Adrien), savent très-versé dans la con-
naissance des langues orientales, naquit le 17 juillet
1676, auprès d'Alkmaer, dans la Nord-lloUande. Il
mourut i> Utrecht le o février 1718. — Reland lit un
ouvrage relatif à Ja géographie , sous ce litre :
Palwstina ex monumentis veteribus iHusIrata et cliartis
geOi,rapliicis accuralioribus udornata, Ulrecht, 1714,
3 vul. iu-4", avec onze cartes. C'est un excellent re-
GEOGRAPlllQUE. 1 23
cueil, où l'oii peut puiser tous les renseignements
géographiques que les anciens avaient transmis sur
la terre sainte.
Renaud de Vitbacii, auteur d'une Descripliun géo-
graphique du Languedoc, avec caries géographiques.
Renaudot (l'abbé Euscbe), orientaliste, auteur de
Notes géographiques et religieuses foncernant la
Chine; de ['Histoire des patriarches d'Alexandrie, ou-
vrage renfermant des noies précieuses sur la géo-
graphie religieuse de la Nubie, d^e l'Ethiopie el de
r.\rraéiiie.
Reuilly (le baron Jean de), voyageur el géographe,
né en 1780, mort en 1810, a laissé une Description
géographique du Tliibel, de la Krimée, etc., etc.
Reynaud (l'ibbé Marc-Antoine), mort à Auxerre
Bn 1796, auteur d'une Histoire géographique de i'u6-
baye de Saint-Potycarpe, de l'ordre de Sainl-Benoîr.
Ribeyro (le Capitaine Jean), voyageur el géographe
portugais; auteur d'une Description historique el géo-
graphique de l'île de Ccylon , oDérte au roi de Portu-
gal en 168S.
Ricard (le frère), dominicain du xmi* siècle, mius
a laissé une Description de la Palestine, qu'il avait
visitée t;indis que les Sarrasins en avaient déjà pris
une forte partie sur les chrétiens.
Ricaui (le chevalier sir Paul), écrivain anglais,
mort en 1700', a écrit un Etal liistcrquc et géogra-
phique de l'Eglise grecque cl de l'Eglise arménienne.
— L'auteur, qui avait voyagé dans l'Oiieni, avait re-
cueilli ses documents siu- les lieux mêmes. Se* ren-
sei;4neu:ents, relatifs à l'Eglite d'Arménie, auraient
pu être plus étendus.
Riccadonnn, Plaiichet el Estéve,àe la compagnie
de Jésus, firent des excursions dans le Hauiau (Ara-
bie pétrée) en 1834 et en 1856.
Riccioli (Jean-Baptiste), Italien, auteur d'une Géo-
graphie el d'une Hydrographie, in-foi., Bologne,
1601.
Richard (Charles-Louis), dominicain , csi iié en
1711, à Bliinville-sur-l'Eau , en Lorraine. Il fut con-
damné à mort en 1794, comme auteur d'un écrit in«
tilulé : Parallèle des Juifs qui ont cruci/ié Jésus-Chritt
avec les Français qui oui tué leur roi. Il lit plu-ieurs
ouvrages, entre autres : Dictionnaire universel el géo-
graphique des science:: ecclésiastiques, sorte d'encyclo-
p^ie lliéologi(iue et historique un peu confuse ,
mais qui contient des documents pour la géographie
religieuse.
Richard (Jean-Baptiste), ingénieur-géographe, a
publié plusieurs ouvrages concernant la géographie
des diverses contrées de l'Europe.
Richard (l'abbé Jérôme), né à Dijon, auteur d'urn
Description historique el géographique de l'Italie ;
ù'une Histoire géographique du Tong-Khing.
Ricard (Paul), voy.i.geur et géographe anglais, a
publié un Voyage au Japon eji LSll el 1S15, conte-
nant la géographie des lies de cet empire.
Ricdesel (le baron Joseph-llerman de), mort eil
1785, voyageur el géographe alleinaud. — On a de
m9 BIBLlOGRAMilE
lui un Voyage en Sicile et dans le Levant, toiiteiiant
des notiuiis géogi'U|iliii]iies iiupûriantes sur ces von-
liées.
Ilifriud (I.-J.), né à Miiise lie eu 178G, voyageiir-
géograplie, :aueiir d'iiu Uilileaii de l'Egypif, de la
Nuliie, eio., elde Méiiioirescoiiceriiaiil divers poiiils
géiigrapliiiiiies.
Itiguel {l'.ibbé François d.'), mm i à Saini-Dié, en
1099, a laissé une bescripiion de l'église cl de l'ab-
liaye de Sainl-Dié, aiiibi qu'un ouvrage sur les cvê-
ques et l'E^lite de Tnul.
Riteij (James), capilaiiie américain. — Noui avons
de lui une Debciiption de Tombouclou, avec carie de
l'Afrique ceiilrale.
iîi/(er (Karle), géographe allemand, aulcur d'une
Céogriipliie (\a\\s son raiport avec l.i nalure cl l'Iiis-
toire de riioniiue, ou Géographie générale et comparée,
en plusieurs louies.
Rtiberi (Fr^iiçois), géograplie, morl en 1811); au-
lcur d'une Description géigraphigue de la France;
à'uii6 Géographie universelle pour les collèges ; d'un
Dictionnaire géographique , d'après le Congrès de
Vienne, eic.
[iobilant (Espiil-ISenoîi-NicoIasile), nioiten 180!,
ingéuieur-gcdgraiilie sarde, a pulilié un Essai géogra-
phique des Etas-Sardes du continent.
Robin (l'abbé Claude) , né à Tonjierie en 1751),
voyageur, géogr:iplie, a composé plusieurs ouvrages
relatifs à la gé»grapliie ecclésiasiique et à la géogra-
phie de l'Auiériijue se|iieiiirionale.
Rochon (l'abbé Alexis-Marie), mort à Paris eu
1817, viiyaiieur, géograplie-asiroiionie, auteur d'un
Voyage à Madagascar, en Afrique, aux Indes-Orie»-
lales, eic, avec cartes géographiques.
Ross (Sir J(din), navigateur anglais, s'est rendu
célèbre par ses voyages exécutés de 1825 à 1855,
Ji la reclicrcbe d'un passage au nord-ouest de l'Amé-
rique, il a rédigé la Relation de ses deux voyages, et
y a juiui des cartes dont l'esécuiion est supérieure à
nos canes de France.
Rossellini. M. Rossellini de la Toscane, entreprit,
en 1S28 et 1820, une expédition scieniilique et lit-
léraire eu Egypte et en Nubie. La relation qui en pa-
rui à Pit-e en 1830 et IBSl peut servir de guide aux
voyageurs qui voudraient visiier lesruincs des grands
moiinuients de ces deux pays. L'ouvrage est orné
d'une carie géographique.
Roit-ers. Le colonel Uoi tiers s'est fait cimnaître
par un llinéruirede Ti/Iis à Cunstnniinople, publié à
Bruxelles en 1829, iu-S", avecptaucbes ei 5 cartes.
— Au2« chapil.e de ce livre, on lit une chronologie
des souverains de la Géorgie, depuis l'an 809 avant
Jésus-Christ iu^qu'il l'an 1797 de noire ère. L'auteur
alfiriiie qu'elle est exlrai e directement de laCbioni-
que du mnnasiére de INinorininda, souvent citée
parmi les Géorgiens.
Rudbeck (Olaûs), est ne à Ârosen, en Suèiie, eu
1650, d'une famille noble. 11 fut nommé professeur
d'anaiomie.et.de botanique à Upsal. U a laissé plu-
GEOGKAPUIQIIE. i i^9
sieurs ouvrages cl VAllantica vera Japheii poi.cro-
rum sedes ac palria, 5 vol. in-fol. — Il prétend que
la SuèJc, sa i atiie,eot l'Atlantide de Platon ; qu'ha-
bile.^ par les enfants de .Sapliot, les Grecs el les Ro-
mains eu sonl sortis. Ce livre ori,:;inal est du reste
rempli d'érudition el de science. L'auteur cherche à
prouver (|ue les [icupies du Nord avaienl mieux con-
servé la iradiiion primitive que les Grecs el les Ro-
mains.
Ruhs (Frédéric), né, eu 1780, dans la P<uiiéranio
suédoise, mort en 1820, professeur d'iii-^tore à
l'uuiversiié de Greilsvralde , dans la Poméiauic; il
s'est occupé de la Géographie de la Fiii/n/id', Leipzig,
18l9. — Cet ouvrage comienl en outre la topugra-
phie du pays, et peut être consulté avec fruit.
Ruitiart (Dom Thieriy), né à Reims en 1C57, morl
en 17U9, à l'abbaye d'iiautxillers, diocèse de Reims.
Il eolra dans l'ordre de Saiul-lieMOil, el en (ul un
des membres les p'iis laborieux el les plus éi udiig.
Ses travaux sont immenses, nous n'avons à ciier ici
que ceux qui sonl utiles à consulter pour la géogra-
phie ecclésiastique ; Actapriinoruni mai lyrum iiacera
et selecta, ex libris cuin edilis lum nianutiriptis col-
lecta, eruta vel emendata, notisque et obiervalionibut
illuslrata; Paris, 1089,10-1". Hisiria persecutionis
vandalicœ in duas partes dislincta , Paris , 1C94,
in-8".
Ruppel. Avant 1814, on n'avait point de caites du
Nil, basées sur des observations directes. Eu 1817,
M. Riippel exécuta son voyage en Nubie el dans le
Kordol'an où il fil de nombreuses observations astro-
nomi(iues qu'il envoya en Europe depuis 1825 jus-
qu'en 1823 successivement. M. Riippel, encore tiès-
jeune.Uten lol7 son piemior vo)age en Egypte,
son second eu 1822. Celle même année il visita
l'Arabie péirée. En 1H23, il pénétra en Nubie. Ce no
fui qu'en 1827 (juil revint en Europe. Le docteur
Edouard Riippel a par son ouvrage apporté à la géo-
graphie nue quantité de matériaux nouveaux. L; li-
tre du livre e»t ; Voyages en Nubie, en Kordof^in et
dans CArabie péirée, particulièrement sous te rapports
de la géographie el de la statistique, in-8°, avec' 4
cartes, Francf.irt-sur-le-.Mein, 182!.
Rusegger. M. Riisegger, voyageur el géographe ,
a visiié une partie de l'Europe , de l'Asie et de l'A-
Irique.Doué d'un esprit observateur el possédant une
véritable science acquise, il a porté ces avantages
dans la composition de ses écrits, qui sonl autant
d'ouvrages véritablement géographiques el scieiilifi-
ques. Il y a cependant des points sur lesquels nous
ne sommes pas de son avis; mais, en général, c'est
un écrivain sérieux el un géographe habile.
iÎMSse/ (.Alexandre), médecin et voyageur, né en
ïcoise, morl en 1770 ; auleur d'une Histoire naturelle
de la ville dWlep el du pays voisin, Londres, lïtii,
in4°. — Cet ouvrage oITre une description détaillée
d'Alep et de la contrée environuante , ainsi que dos
observations sur le climat el sur les mœui s des lial)i'
lautgi
1231
bIBLIOGRÂPHIE
Sa/'incC'-). cai'ilainedc la marine anglaise. Cetof-
fif jer:i fait, de 1^21 à 1S24, im grand voyage scienli-
fiqned'ii'l le li .Iprinciiial éiail l.i dolt-iniinalion delà
finnre de la lerie par ^ob^elvali(ll) de la longueur du
pendule i|ui bat la second- sexagésimale à diverses la-
titudes. Ces (d)servaliOi:sontélé lailes successivement
à Londres à Sierra-Léone, à Saint-Tlionias, à l'As-
cension, àlSalda, à Marenliaiii, à la Triuiié, à la
Jamaïque, à New-York, à llanimerl'esl en iNorwége,
la ville la plus septentrionale dn glnbc, au Spilzlierg
et au Groenland. Le résultat de tontes ces mesures
donne, pour rapl;tii5semenl(!e la terre, une valeur
comprise entre l;iS8 et l;-289. Le voyage du capitaine
Sabine a paru, en 1823, à Londres, dans le forn;at
in-i°, avec des cartes ; il renferme des notices géo-
grapbi'iues. On y trouve une description d'une p.irlie
des côtes orientales du Groenland. — Les obscr\a-
tioiis tlierinoMLétriqnes fa les par le capitaine i^abine
sont nombreuses et impoiiaiiles. Celle qu'il a été
ainuné à faire sur le plus ou moins de salubrité des
lies Sainl-Tliomas, du l'rincc et d'Annabona, mérite
d'être .sijînalée ; d'autant plus q- e nous ne pensons
pas ([u'il existe de traduction française de cet ou-
vr^.ge.
La corvette The Pheamnl fut destinée à transpor-
ter les horloges ei pendules aux différents points de
stations qui ava eut éié choisis. Dans sa traversée de
SierraLéoise à lile Samt-'llioinas. elie fni favorisée
par le courant du goHe de Cumée (pii, pendant le
régne de- vents de snd-uuest sur c-'lle pariie de
r.\frique rciiden aie, sui avec une v.tesse considé-
ralile la direc!ioii de la côte, et contourne le cap des
Pahnes pour se rei.die dans ri'idoncemrnl du gullé.
Vis-à-vis ce cap, le couianl va.ie avec li saiso;;, on
le rencontre q.ieli|uefi>is a ISO milles au large; mais,
en gagnant à l'est , il prend une largeur de prés de
100 Ikues et occupe tout l'espace compiis entre la
terre et le courant équalurial qui suit une direction
tonl-à fait opposée, ei avec nn abaissement relatif
de température do 10° à 12" F. — En quittant la
côte Vers l'enilioi.cliure de la r.viére Gab m pour se
rendre à fie de l'Ascension , un nouveau courant
aida le? progiè^ de la rou:e , ce lut celui df l'éiiua-
lenr formé par la re<ico..tie du couant du golfe, et
des eaux qui remontent le long des rivages de
l'AIVique, poussées par les vents ali-és de l'Ailantique
niéruliimal. Les eiux ac>umulées par l'opposition
des deux courants sont lorcées de refluer vers
l'ouest avec une rapidité remarquable, eniieienue
sans ce-se par le coun^il général du nnrd-ouest qui
pi esse oldi luement leur bord méridional. La limite
la pins ordinaire du courant éi|nalorial vers le nord
dans le inéridieii de l'ile Sainl-Tboinas est le 2'= ou
le 3 degré >le latitude sud; mais il .s'appruclie ou
s'éloigne de l'é.iuateur suivant la prédomimuice des
dius causes qui le produisent. L'approche périodique
de ses eau.x froides peut rendre raison d'une paiiicu-
GEOGRAPHTQUË. 123â
larité relative au climat de l'Ile Salni-Tlionias, com-
paré à celui delà cOle oicid:niale d'Afrique CD
général. Dans toute? les possessinns anglaises ,
depuis la Gambie par 13° de lat lude nord jusqu'aux
compirirs armés de la Côte-d'Or, les mois de juin,
de juillet et d'août sont regardés comme les plus
malsains , et c'est le contraire ii Saint-Thomas, où,
à cette époque, les Européens jouissent d'une bril-
lante santé, tandis que les nè^ires souffrent beaucoup
du froid et des rhumalismes. Or, le capitaine Sabine
a observé que la limite nm d du courant qui, h d'autres
époques , s'éloigne à 120 ou ItO milles au sud de
Siint-Thomas, avait aileint ses parages au mois de
juin, et il est porté à croire qu'il s'avance vers le nord
jusqu'il l'époque de l'éqninoxe, de manière a enve-
lopper l'iie eritière au mois de juillet. Il est facile de
se rendre compte de l'iiinuence de la température
plus friiide des eaux environnantes sur l'atmosphère
de l'ile, et celle ac'.ion est secondée par la direction
du vent qui souffli; toujours du sud. Placé sous
l'équâtcur, Saint-Thomas doit jouir naturellement de
deux .saisons froides déterminées par la présence
du soleil dans le vo sin ge des soblices ; mais la
tenipér.iture abaissée de la mer qui l'environne,
détirmiie aux mois de juin, de juillet ei d'anitt,
ré;iO(jue du véritable hiver. Les autorités portugaises
ont reconnu, et c'est une remarque positive , que la
sanié des Européens rédste mieux au climat de
Saint-Thomas qu'à celui de l'ile du Prince , et que
ces deux îles le cèdeni sons le rapport de la salubrité
à ceile d'.Annahnna. Pour expliqurr ces phénomènes,
il peut snifiro a'examiner (ju'Annabona est tnnj. nrs
eniiiniée par le courant éqii. toiial , et ipie l'île du
Pri ce est au contraire perpéiui-llemenl au milieu
du courant de Guinée; tandis que Sainl-Tbomas se
trouve dans une position intermédiaire , soumise
allernalivement aux deux influences. Dans les cli-
mats du tropipie, ipnlgiies degrés de vempéralure
apportent une différence notable à la nianiéie d être
des indigènes et à la santé des Européens.
Suctj (le bjron Antoine-lsaae-Silvesire de), né à
Paris en 17.jS et mon eu ISôj, célèbre orientalisie.
— On a de lui un grand noinbic de Mémoires re.aiifs
à la ijéogrnphie (rienlale.
,S'!ii.'i(-.'li;iH/i/t' (Bonavenlure de), carme déchaussé
d'.\i|nitaine, publia, veisia fin du x vu ^ siècle 1'// /s oire
ecctésiuilique tlu Limousin en 3 vol. in-fol. — L'au-
ieur e>l diffus et manque de méilinde, mais il fournil
cependant des renseignements à la géographie ecc'é-
siasiique.
Saint-Hilaire. M. Auguste de Saini-Hilaire ciph-
sacra six années à i'exph ration d'une grande partie
rie l'empire du Drésil. Son voyage ci mmença en
juin 1810, au mouunt de l'ambassade de .M. le duc
de Luxembourg à Rio-Janeiro; il est ricl^e en notons
géiigrapliiqiies et slaii-tiqiies. Par ses observaiions
sur le- iiibns indigènes, l'auleur a lo mi plusieurs
documents à la science anthropologique. — La Re-
lation de ce voyage a paru à Paris, eu 1830 et au-
li-jô BIBLIOGRAPHIE
nées siiivanlcs, sons Irt litre de Voi/ng.? dam le^ pro-
vinces de Rio de Janiro et de M inas- Génies , pir
M. Angiisle (Jt^ Siinl-Hil lire, 6 vol. in-S».
Saiiil-yirolas (Amirc de), religieux carme, né à
Rimiremont en 1650, mort en 1713 , auteur de
divers navaux relatifs à la géographie ecclésiasiique
de l'église de France.
Saillie-Croix (le niarqr.is Félix Renoiiard de ) ,
ajMiil séjouiné qm-lqne hnips aux ilt^s Pliili|>iiiiii'S ,
a iédigésurce:ie p:irlie du monde mariliniciino Notice
gcograiihiqne qni n'est pas sans iiilérèr. L'anleur
y fiil prenve d'un esprit d'nl)servalioii qui est assez
rare parmi les voyngems. Ainsi, il a remarqué parmi
les indigènes des Philippines plusieurs caaclcros
des mœurs hihiiqncs. M. de Sainte-Croix a pnhlic
également un ouvrage sur l'Ilindonslan. C'éiait d'ail-
leurs un homme véritablement inslruilel d'un savoir
conscienrieux.
Sahiie-Ilélène (Placide de) , augustin déchaussé,
né à Paris en 1049, mort en 17ôi, géograph'' et car-
tograpîie, auteur de plusieurs cartes, par exemple
de l'Allemagne , du cours du Danisbe, de la Flandre
française, de la Savoie, du cours du Pô, des Pays-
Bas catholiques, etc., etc.
Sanadon (Noël-Etienne), né à Rouen le 10 février
467G , entra de bonne iieure dans l'ordre des Jésui-
tes, dont il deviniuu des membres les plus distingués.
Il mourut h P^iris le 2-2 octobre 1733. L:i pièce îa-
line la plus impoiLinie du P. Sanadr.n (stun poème
héroïque, intitulé : iN'iVaHor moriens. Il est auieur
d'un Diclioiinaire de ijéogrttphie latiii-français, et
français-laliu ; d'un Essai sur la géographie. Cet ou-
vrage a été publié après sa mort.
Sander (Antoine), historien, naquit eu 1.5SG à
Anvers, mais il olait originaire de Gand, oii ses pa-
rents avaient leur résidence habituelle. 11 mourut le
16 janvier 1C61 , à l'abbaye d'Affiigliem, à l'A^e de
77 ans. — U est Mtiteur d'un ouvrage iutlmlé : Flan-
dria illustrala , ciim labulis geograpliicis et iconibus
urbiuin , ecclesiarum, cœnobioruin, arcium, etc. ( La
Flandre illustrée, avec des tables géographiques et
la description des villes, des églises, des monastères,
des châteaux, etc., etc.) Cet ouvrage est curieux
pour l'époque, el bnn à consulter pour des moim-
ir.ents qui n'existent plus aujourd'hui.
Sanson (Nicolas|,esl né .à Abbeville le 20 décembre
1600. On a de Nicolas Sanson : 1" Galliœ antiqua:
(1) François Falero et son frère Rni vinrent eu
Espagne avec M:igellan. Rui Falern rédigea diverses
iiislruciiiMis ponr les n^ivijialiurs et un Ilrgimiento
fonlcnanl In. nicibode P"ur ohservor les lonuitinles.
Vfli;. N:iv.irn le, iSolicia histnrica sobre tos progresos
que lia lenido en Espaiia el nrle de iiavi'gar, p. o.
(Soie de il. n,rlltelot.)
(2) Conès dédia son ouvrage à l'ein|itreur ; il
COn-<lrinsit des iiisirumenls astronomiques et des
montres marines, observa le piiénomène des marées
et les variations de la bmi^sole ; il émit le premier
l'existence d'un pôle magnétique, recmmui les dé-
fauts des caries planes, ei proposa diverses méthodes
pour les corriger. Son ouvrage , traduit par Riciiard
GEOGRAPHIQUE. 1251
desciipiio geograpliica , 1627, in-fol. en i fei:illos ;
2° Gruciœ aniqra: descrip'.io qeograpliira, 16j{) , in-
fo!.; 5" l'Empire romain en là caries, 1^5'; i° la
France, lG4i, in-fol., en 10 crie- ; S*" Geographia
sacra ex Veleri et Novo Teslameiiio dcsciipia el in
labulis quatuor concinnala, 16.'i3, in fid. , etc. ,. etc.
— Il niutirnl a Paris le 7 juillet 1* 67. — Ce eén-
graplie, Imbile du reste, a laissé dans ses ctirles nu
fonds d'il! perfeciiun (|ni lieni .i i'inexa lilule de ses
déterininalion^ asiioiioîniiiues pour roeinlne des
continents et de la Jlédiierrané'! eu parlicilier.
SanlaciUa (Don Georges). Juan y Saniacilia na-
quit en 171-2 à Oiihuela, dai'.s le royaume de Va-
lence et mourut à Cadix le 21 juin 1774. — Ses
priuelpaux ouvrages sont : l" Voijage dans C Amé-
rique méridionale ; 2° Dissertation historique et géo-
graphique sur le méridien de démarcation entre les
domaines d'Espagne et de Portugal.
Santa-Cruz (Alonzo de) , géigr.iphe et cnsmo-
graphe espagnol. Nous citons un rapport de M.
Certhelol à la société île Géographie de Paris, sur
une noiice d'un géigraplie olranfser, M. de Navar-
retc, concernant Alonzo de Santa-Cruz.
; « Les premiers ouvrages de géographie qui paru-
rent au commencement du xvi» siècle , furent le
Suma Gcografia de Martin Fornandez Encisn, qui
date de 1319; le Traité de cosmographie et de pilo-
tage du Portugais François Falern (I), publié à Sé-
ville en 1330 et dont on ne trouve plus de copie;
les liègles de sou frère Rni pour observer la longi-
tude; VArte de Naiegar de Pedro .Mediua, qu'on im-
prima à Valladolid eu 1555, el le petit Abrégé de la
tplicre et de l'art de la navigation de Martin Cof-
lès (2) , dont in acheva l'impression à Cadix eu
liSI. Ces divers ouvrages fiireul adoptes par la plu-
part des écoles européeimes qui en mnliipliéreul les
traductions : les Anglais (irent choix du livre de
Martin Corics; celui de Mediua, au contraire, ser-
vit de guide aux pilotes français, et même au com-
mencen>eni du xvii^ sièi le , les Italiens en réimpri-
maient une n'uvelle édition.
« Aux écrits des auteurs que je viens do ciier,
il faut ajouter encore ceux du célèbre géomètre pnr-
tuga s Pedro Nnnès, dont M. de Santarem a pris
soin de vous signaler l'importance dans son Leiii
Mémoire sur les connaissances scientifiques de D. Jean
de Castro (3), cet illustre navigiieur, non moins re-
Eden, fut imprimé h Londres en lô'GI et obtint plu-
sieurs éditions. Ou adnpi.i eelle de 1590 pour les
éco!es de iiavigiilion él.ihlies en Angleterre. Voy.
Navariele, mcm. cité, p 7.
[Note de HI. Bn:hrlot.)
(5) Voy.>z Bulletin de la société de Céngrarliii' .
deuxième série, lom. X. ii" .^8 , net., \i. ■ilb. .Nnnos
fut le premier iislronoiie oui tr;uta de 1 1 loxiidrimiie
ou de^ propriété- d s courbes ; il délerniina la I ti-
luile par deux iiaiiteuis ilu soleil et jiar l'aziinul in-
termédiaire. Il lit ciinnailre le jour de l'année dont
le crépuscule esl le plus court, i'.e savant portugais,
auquel Ticlio Rralié rendit hommage , moiirui à
Coimhre en 1377. {iSotede .W. Beriiielot.)
1255
BIBLIOGRAPHIK
commandable par ses vertus guerrières qie por sa
rrnfoiide érndilion. Castro inérile aussi de prendro
rans pnrnii les géographes el les pliilosopties les
p'us distingués de ce lemps-là : il s'Itisiruijit à
réc le de Nimès, el sa carrière liitérnire coiuniença
dans les premières années du xvi^ siècle.
« Citons encore parmi les saviints de celle grande
époque qu'on vit briller dés son aurore de toute la
gloire de Colomb, le fameux pilote Andrès de San-
Wartin , compagnon de voyage de Magellan , el qui
le premier rectifia les longitudes j ar l'observation
pltis exacte des distances el du cours de la lune (1);
puis, don Fernando Colomb, le digne fils de l'amiral,
qui réunit par ordre de l'empeieiir Cbailes-Quijit
«ne 1 ibliotlièque de plus de 20,000 volumes et
fonda h Séville, sou< les auspices du inonarque ,
une académie pour l'enseignemeni des matliéuiaii-
ques appliquées à la navigation. Fernando Colomb
avjit accompagné l'empereur dans son voyage en
Italie , en Flandre et en Allemagne ; il Iravail'a à
la correction des cartes marines , et lit partie de la
iunte chargée d'éi laircir les aft.iires relatives à la
possession des Mohiques. A sa mort, l'école de
navigation de Séville se vit privée de son plus
illustre soutien (-2). Nommons aussi le savant PBr-
Jugais Diego de Sua ( J) , Jean de R"jaz , auteur
d'un commentaire sur l'astrolahi», publié à Paris en
i'6'A; iiian Kscalaiite de Mendoza , surtout, qui
réunit à une pr:"ti(iue consomniée de l'art de la na-
vigation toute la iliéorie de la science (i); Pedro
Sarmienio de Gamhoa, cet infatigable marin i;ue de
longs voyages dans la mer du Sud el sur l'Océan
Atlantique avaient forme à la pratique des observa-
tions (5) ; enfin , Gcroiiimi Munos, qui, après avoir
étonné l'ila'ie par son rare savoir, vint illustrer les
univeisités de Valence el de Salamanque. Ces
étahlisseiTienis scientifiques comptaient alnrs, parmi
leurs prolesseiirs , les hninmes les plus érudits ;
l'astronomio nautique formait une des principales
braiiciies de rcnseignemeiii , et les élèves étudiaient
d'après Copernic, Api.nus et les restaurateurs de
la science moderne (6). Munos, un des nicnibres les
plus émérites de l'université de S.ilamanque , eut
pour disciple D. Diego de Alava , qui publia le Per-
GEOGP.APIIIQUE. i^sG
(ecio Capiian et un traité d'artillerie fondé sur une
théorie nouvelle. En loK), le pape Léon X. voulant
réformer le calendrier, avait demandé l'avis dec
docteurs de Salamanque, et lorsque Grégoire XIII
réalisa plus t nd celte heureuse réforme, les savants
de l'université fureni consultés de nouveau, el Pierre
Chacon, sur l'ordre du saint-père , se chargea du
travail, de concert avec le jésuite Clavio. A peu près
à la même époque, l'astronome Amlrès Garcia de
Cespedes corrigeait les tables de déclinaison par des
observaions rigoureuses (7), tandis que Pedro Es-
qnivel dressùi une carte géographique de toute la
Péninsule, d'après la méthode trigonométrique de
Regiomonlanus. Le roi p.iya tous les frais de celle
grande entreprise et voulut que le plan original restât
exposé sous ses yeux dans son propre cabinet. Mal-
heureusement la carte d'Esquivel, citée par les au-
teurs contemporains , n'est pas parvenue jusqu'à
nous : les opérations de mesure qui servirent d'élé-
ments à sa construction doivent nous rendre sa perle
encore plus sensible (8). Dans ce lenips-là, les mo
narques espagnols, jaloux de protéger la science à
laquelle ils devaient l'agrandissement de leurs do-
maines, avaient réuni dans la magnifique ttihliotliè-
que de l'Escurial les sphères cl les globes les plus
précieux, les cartes les plus accréditées et les ins-
Iniments rie malliéinalique el d'astronomie de meil-
leure consiruction. Philippe II , qui affeciionnail les
sciences exactes, ne négligea rien pour en répandre
l'étude : tout ce que Aristoie, EucliJe et les anciens
avaient écrit sur l'astronomie el la physique fut tra-
duit et commeiilé. Ce monarque fonda une acadé-
mie de maihémaiiques dans son palais et en donna
la direction à Jean-Baptiste Labana, qui y enseigna
la nautique (9). Toutes les écoles du royaume riva-
lisèrent d'ardeur et de zèle : l'université d'Alcala ne
fut pas moins llorissante que celles de Salamanque,
de Séville, de Valence et de Madrid; le chanoine
Juan Pciez de Mnya y acquit un grand renom : ses
Elémenls de maihémaiiques furent admis parmi les
meilleurs livres classiques ; il écrivit en outre un
4r(« de J/arear el d'autres ouvrages inédits sur la
géographie.
« .Mais il est aussi un autre cosmographe qui doit
(1) André de Snn-Mariin fit usage, pendant son
voyage avec Magellan, de la méthode qui lui avait
été communiquée par le baclielier Uni Falero.
{Noie de M . Deilhetot.)
(2) Voy. Navarrete, méin. cité, p. G.
(Sole de M. Bcrlhelol.)
(3) Auteur de l'ouvrage latin De navignlione libri
Ires, publié à Paris en 1349. (.Yole de M . Heitlulol.)
(4) Sou Itinerurio de mivegncioii, dit M. Navarrete,
peut être cunsdéré comme le recueil le plus complet
lies connaUsances nautiques de eetin éiinqiie.
(iVofe de il/. Benheloi.)
(o) Il employa les meill ores mciliiules pmr dé-
terminer les lougitudcts eu mer, et lit ' ii grand nom-
bre d'obtervations sur les variations de 1 > boussole.
[Note de M. Berihelo!.)
(6) L'AsIronoDiicoii cœsareum d'Appianus était Irès-
répaiidu dans les universités du royauine. En 1548
sa Cosmngrapliie , augmentée par Gemma Frisius ,
lut traduite en espagnol par ordre de l'empereur.
(jVo/e de M. llerilielol.)
(7) Cespedes fut chargé, par le conseil des Indes,
de la vérification des caries marii:es ; il s'appliqua
à la construciion des boussoles, astrolabes, arhales-
Irilles et autres instruments d'astronomie. Son He-
giinienlo de naveiiacion el son Hidroqrafia, ouvrages
qui surpassèrent inut ce qu'on avait écrit jusqu'alors,
ne luieul imprimés qu'en 1606. Vo;/. Navarrete ,
mém. cité, p. Ki. ('Vote de M. Berllwht.)
(S) Esqiiivel. poin- procéder avec plus d'exaciiliid^,
fixa le tvpe de la niesure c.istiilane el iiéterniina la
valeur ei !e rappnrl des mesures rumaines, alin d'ap-
précier la vériialile position des anciennes villes.
Voyez Navarrete, inéni. cité. p. 10.
(Sole de il. Beriheloi.)
(9) Voyez Navarrete, mém. cité, p. 11.
i:^7 BIBLIOGUAPHIE
OLiv:por une place ilislinguée parmi ceux duutM. do
Nitvane'.e nous a cniiméié les mérites (I); car, bien
mie ses travaux soient restés en manuscrils , ils ne
eonlFlliuèrenl pas moins au développement des
vrais principes de la science. Ce philosoplie.qui de-
vinça snn siècle par la transcendance de ses rc-
clierches, fut Alonzo de Sanla-t^iuz : il fil partie en
iBl'ù de l'expédition de Sébastien Cabot, \isiia la
c^iic du Brésil , et revint en Espagne eu 1330.
Nciiinié cosmographe de la Conlratation de Séville ,
en IjÔO, Santa-Cruî était prêt à s'embarquer pour
aller explorer le détroit de Magellan (2), lorsipie
l'empereur Charles Quinl le retint auprès de lui pour
assister à ses leçuns d'aslronomie, qu'allait enieudre
aussi le célélre François de Bnrja, alors marquis de
tombay (~;). Co fut sans doute pour le récompenser
de son zèle que le monarque espagnol le nomma
Contino de la casa real (allatlié à la maison du roi) ,
en lui assignant trente mille maraveilis de rente.
t il. de Navarreto cite une lettre que Santa-Cruz
écrivit de Séville le 10 novembre 1531, et qu'il
adressa à l'empereur. Cecurieiix document, remarqua-
ble par le grand nombre de renscignenienis qu'il four-
iiit sur les travaux du cosniograplie, est déposé aux
archives de la Bibliothèque royale de Madrid, il est
à ngretier fpie l'aiKeur de la noiice. n'ait pas donné
en euiier le texie de celle lettre, et se soit conienié
d'une simple analyse. Santa-Ciuz annonce à son
ri.yal prolecteur que, malgré la .naladie qui le lour-
inenle, il a adievé l'histoire dis rois catholiques,
depuis l'an 1490 où l'avait laissée le clironisie Her-
nando de Pulgar, jusqu'à la mort du roi don Fer-
nando. 11 le prévient en même temps qu'il a fait
J'IiiRioire de son règne et des priucip iiix événements
qui avaient eu lieu dans les diflérenles parties du
niiinde depuis 1350 jusqu'en 153!), avec une notice
de sa lignée et de la réimion des maisons d'Autriche,
de Flandre, d'Aragon et de Castillc sous un mè:ne
chef, 11 .'ijouttf qu'il a terminé en brouillon un livre
d'astronomie comme celui d'Apianus, avec la déinon-
Siialiiin des cercles spliéri(|ucs; qu'il a traduit du
latin en langue vulgaire (romance casiellano) tout ce
qu'Aiisloie avait écrit sur la philosophie morale,
avec un glossaire pour illustrer les passages les plus
nbsc(ns. Résumant ensuite ses travaux chorographi-
ques, il éuumère les c:iries qu'il a construites, sa-
voir : celles d'Espagne, sur une très-grande échelle;
(1) Les renseignements que je viens de donner sur
les eosmographes du xvi^ siècle soni extraiis de la
Notice historique sur /es proçirès que l'art de la navi-
giiiion a faits en Espagne, déjà citée, d'après son litre
espagnol, à la note 1 , col. 1233. Ce beau mémoire
de M. de Navarrele, dont il a été rendu compte d'une
manière Irès-succincledans la Correspondance astro-
nomique de Zach, vol. XI!, p. 107, offre un grand
intérèl par le nombre d'ouvrages de cosmogniphie
qui y sont énumérés , et surl<iut par l'appréciaiiou
savante que l'auteur a ku faire du mérite de chacun.
Avaiii de présenter à la 50cié;é une analyse de cet
important in.vail , j'ai cru dev ir en extraire linéi-
ques indications qui appartiennenl à l'époque que
GEOGRAPIUQIIE. fSgg
nne aulrn de France, plus exacte, dii-il, que celle
d'Horontius ; celle de l'Angleterre, de l'Ecosse et de
l'Irlande ; puis deux autres encore, la première com-
prenant l'Allemagne, la Flandre, la Hongrie et
la Grèce; la seconde l'Iialie, la Corse, la Sar-
daigne, hi Sicile cl l'ile de Candie ; enfin la carte
générale de I Europe, et il ajoute qu'il pourrait ache-
ver toutes celles du monde connu, si ses inhrmilés
n'y mettaient obstacle. H termine sa lettre en g«
pla gnant i:c l'absence de l'empereur, qui l'encoura-
geait et protégeait ses travaux ; il le su|iplie de le
nommer Fabricien des palais de Séville (Alcazares)
et réclame la permission d'y faire sa résidence, à
cause de la tranquillité et des avantages (pi'oiTrait ce
séjour pour l'élude et le délassement. On peut y
vivre à meilleur marché, dit-il, que dans la cité où tout
est fort cher, conmie cela doit être dans les endroit*
oii rarg'nl circule en abondance; et pour engager le
nionari)ue à acquiescer à sa demande, il a sont de
lui faire observer qu'étant versé dans la géométrie
et le tracé des plans, il pourra diriger les travaux et
veillera la conservalioii des édifices.
« Les renseignements que .M. de Navarrete a réu-
nis dans sa notice sur les travaux de Santa-Cruz, en
liOiis donnant la portée des connaissances de ce
cosmographe, nous l'ont encore plus regrciier la perte
de la majeure partie des 'documents ciiés dans la
lettre a Charles-Quini, En effet, Santa-Cruz, un des
hommes les plus érudits de son siècle, dévoué aux
études historiques, et cultivant à la fois les sciences
exactes pour trouver leur application, rectifia un
grand nombre de positions importantes, et perfec-
lionnna le traré des cartes en tout ce qui était rela-
tif à la démarcation des Etats.
I M. de iVavarrete a réservé pour la fin de son
mémoire une ob-ervation qui me semble venir ici
plus à propos. Alejo de Vanegas, d.ins un ouvrage
qui parut en 1340 (4), s'exprime en ces termes en
parlant du cosiiiographe espagnol : «Alonzo de Saiiia-
Criiz, de Séville, premier cnsniographe de l'empe-
reur, notre maitre, ne s'en lient pas au simp'e
iracé de l'Espagne, mais il corrige aussi les ancien-
nes tables astronomiques, et f;iii des cartes marines
pour mesurer le ciiemin sur les ruinbs de vent, d'a-
près les latitudes observées. Outre les divers instru-
ments qu'il a construits pour faciliter les calculs, il
a tracé un globe ouvert par deux inéiidiens, afin
SaniaCriiz illustra par ses propres œuvres.
[Note de M. Dertlielol.)
(2) Don Culierre de Vargas, évêque de riaisancc,
fit armer trois navires bien avilaillés dont il confia
le commandement à Alonzo de Camargo pour re-
coiinaiiie le détroit de Magellan et faciliter la com-
niiinicalinn avec la nier du Sud. Celte expédition
(larilt de Séville au mois d'anùi l^3'J. Voyez lléiare.
iJéc. vil, liv. I, chap. S. [Note de M. Ilcrilielot.)
(5) Uib:ideneira, Vida del P. Francisco de Borja ,
lib. I, ca[). S.
(i) Diferencias de llbros que Itay m el utiiverso, ou-
vrage publié eu 1540.
1259
BIBLIOGRAPHIE
lie connaître le rapport entre la courbe ei le plan :
il en a aii??i iniagii é i n aulre ouvert par IVquali-ur,
les pôles sft trouvant alors pi leés au ceiire , puis
deux autres riifote cnupé? par les <ieiix pôle':, ie
premier dans le sons du méiidien de Piolémée, et le
second par le mériilien de la ligne de répariiiiim
entre les dninaines dt-s rois de Casl^lle et du Portu-
gal, éloignés de six cenis lieues de la côte d'Es-
pagne. !l a dessiné a'^s-si deux autres glnlies : sur
J'un, on voit loi t riiémisplière sepiciitri nal, et afin
de pnuvdir nionlrer l'iié i isphère opposé, il l'a coupé
en quatre iarlie« par l'ciinal'iir, en forme de croix ;
Taiilre iih'he ditrère du premier en ce (|u'il n'osi nu-
•vert (|ii'en d<Mix endrciils par riiéiiiispiière méridio-
nal. Il en a iracé de iilus deux aunes avec nn Jes-in
de l'aslrolalie. il a représenié :>us-i une figure de la
terre iiés-élargie sur le même plan; idem encore une
autre foil ingénieuse avec le ziiiliai|ue pi icé de ni.a-
rière à indiquer l'iieuie il'iin lieu quelconque lors-
qu'.i c^l midi ainre part. Enfin, Saiila-Criiz a cnr-
rgé et I crfrciionué 'es cœurs (I) ou segir.enis splic-
riqnes de Vcrnerius ei d'Ornnliiis. J'ai rappelé (nus
ces travaux, ajoute Vanegas, afin île faire oli-erver
que nous i.e devrions pas nous coii!2"ler d'avnir im-
primé eu Espagne le Suma ijeagrafia, in:iis qu'il fau-
drait aussi multiplier les copies des dessins or gi-
naux (le Sanla-C.riiz, pour (|ue la S( ionce ne pérît
pas avee celui qui en a reculé les linii'es. > On >oil
parce passage, une je ir.idiiis ici litiéralemenl, (|u"il
s'agit des differenles prnjeciions spliériqne; qu'on
commença à placer, au xvi^ siècle, en lèlo des ail.is
de gé"!;rapliio, et dont l'ingénii-iix cosuiograp'ie de
Cliarles-Qunt se servit le piemier pour ses déinnn-
Slri'tinus. L'ailas manuscril de Guillaume -le-ïestu
(InSi), qui fait pariie de la biblintliéqee du dé| ôt
de la guerre, < ffre de beaux exemples de ces séries
de projei liiins. En parcourant ces divers tracés,
on p urrail croire que le pilote du Havre s'ai:aclia à
reproduire toutes les lii;iires indiquées par Vanegns,
d'après les de^sins de Santa-Cniï. Le cosmograplie
espagnol aurait donc eu l'idée des projerlions slé-
réogmpliiques avant Werner de Nuremberg et Gé-
rard Mercaior ; car la première luappeinonde que
Werner, élève do l'aslronoTiie Siabius, iraça, d'après
le principe des courbes, se trouve dans un ouvrage
du cemmenc'meni du xvi« siècle.
« Un autre pass:i(:e de Vanegas, où il traite (cliap.
29) des variations de l'ai;.'ni le aimantée, vient en-
core accrédiier i.i priorité qu'on doit accorder aux
inventions de Simla-Cruz. « Il est bien recnnnu, dit-
i', que les caries marines sont en général faussement
construites, non pas par ignorance, mais parce qu'il
a fallu les tracer ainsi pour riiUeliigeuc ■ des pilotes,
(!) Les Espagntpls av:deni donné !e nom de cœurs
(corazones) aux projections spliériques eoni la bnse
éVja formée par iin arc de l'equateiir compris e"lre
deux méridiens délerninés, qui, se rapproclianl à
mesiiie que leurs angles se res-errient davan-
tage, croissaiei'l en latitude jusqu'à leur réunion au
pôle. (iVoff de M. Beriheloi.)
GEOGRAPHIQUE. iUO
qui n'auraient pu naviguer sans se guider par les
lignes des rumbs de vents représentées sur le plan,
et ces rumbs ne pouvaient bien s'indiquer (pie sur
les caries plates. Ainsi, lorsque nous disons que clia-
que degré vaut dix-sept lieues et demie, nous enten-
dons mesurer celte graduation sur ré(|ualeiir ou sur
un de ses parallèles, bien que ceux-ci aillent en di-
minuant corîime Its tranches d'un melon. La mé-
lliode proposée par Piolémée, pour déterminer la
progression décroissante de ces différents cercles,
présentait Irop de difficultés dans ses calculs, et l'ein-
perenr tioire maître a chargé Santa-Crui de cher-
cher la solution du problème |iar une aulre voie.
Ce cosmngraplie a donc tracé un globe ouvert p:ir les
méridiens depuis réquateur jusqu'aux pôles, et pre-
nant avec le co:npas la dislance entre chaque méri-
dien, il eu a déduit la mesine ou la valeur relative
de chaque degré, qu'il a réduite ensuite eu grandes
lieues caslllaiies. • Voilà donc le piinripc et les
cléments de la con-truetion des cartes réduites, dé-
eouveile allribuée à Meroaior, et qu'rui rapporte à
l'ail îiiio. Or, l'ouvr.age dans lequel Vanegas d.inne
les explications que l'on vient de lire ayant déjà été
api)rouvé pour riinpres>ion en 1359 (i), il eu ré-
sulte que la méthode de S niia-Criiz pré: éda de plus
de seize aumies celle de Mercaior. Il et prol able
que les premièies données d Enciso (5) déterminè-
rent les ess.iis de Sanla-Cruz sur la ciuisiruclion
des cartes réduites, dont la théorie matliémat ipie
ne fut trouvée que plus tard par Ed. Wright et le
docteur llalley. Il ne pouvait ignorer non plus les
recherches de son contemporain Pedro Niinez, qui
s'était occupé de cette (|uesiion. Quoi qu'il en soit,
l'invention du cosmograplie de Charles-Qnint n'at-
teignit pas tout d'aboid le degré de perfeoiioiine-
ment quelle acquit par la suite. Santa-Cruz, qui
avait ouvert le chemin h ses successeurs en jetant
les prcmii'rs fondemenls de la théorie, ne détermina
pas le rapport propoitiotmel entre les degrés de
latiiule et les divers paialléles, ou pour mieux dire,
il igii Ta que cette proportion était celle du rayon
au cosinus de la latitude, comme on le reconnut en-
suite.
I Mais poursuivons notre analyse pour mieux faire
apprécii r encore le génie inventif du cosmographe,
dont les travaux seraient restés ignorés sans l'ar-
dent patrioiisuie qui n'a cessé de guider M. de Na-
varrete dans ses laborieuses investigations. L'ou-
vrage de Santa-Cruz qui a le plus contribué aux
progrès de la navigation est celui qu'il écrivit sur
les longitudes, et dont le manuscrit existe à la Bi-
bliothèque royale de Madrid (i). Le roi d'Espagne
■venait de former une junte, présidée par le marquis
(2) Voyez Navarrete, mém. orig. p. 10, noie I.
(5) Enci^o avait remarqué les défauts des cartes
plates sans toutefois pouvoir y remédier,
{yote de M. Berihelot.)
(1) Librn de las tongiludes y manera que Imsta agora
se lin lenido en elarle de tiavegar, ecn sus demonsira-
chnes y ejemptos; dirigido al muy alto y paderoso Sr.
1241 BIKLIOGRAPHIF
de Mondeiar, ei composée de cosmographes, d'as-
tronomes el de «av.inls pour faire examiner les li-
vres d'Apianiis el certains insirumcnis de mêlai qu'il
avait construits pour observer la longitude. Sanla-Cruz,
chargé d'un rapport sur les méiliodes jusq\i'alors en
usage, devait aussi exposer celles qu'il avait prnpo-
séos lui-même. Il écrivit à cette occasion son Tmité
des lonçiitudes, qu'il dédia à Philippe II. Sanla-Cruz
fait remarquer dan? cet ouvrage que Plo^émée, dont
il commente le premier livre de géograpliii% fix.i
les degrés de latitude et de longitude d'après les
diniensions des parallèles à partir de l'équaleur,
et qn'o:i ne peut mesuier ces degrés avec exactitude,
con)nic on le pratique sur les caries plaies, que pour
la Méditerranée où l'on navigue par cinglage en
ayant égard au rnmb de vent (larcouru dans les
vingt-quatre lieuics el au relèvement de la côte;
mais il lait observer en même temps que celle
estime n'est qu'approximative, et pour obvier à cet
inconvéni'Tit , il propose, comme second moyen,
la métliiide dts anglis de position, et paraît igno-
rer cninplétcmeni la loxodromie des angles obli-
ques, dunt Pedro Nunès avait pourtant liéjà donné
l'explii aiion (1). Le Iroisiènie moyen qu'il indique
(SI Celui des éclipses de soleil ei de lune; lnuiefois,
vu le peu de ffé 'iicnce de ces pliénomènes et la dif-
licul é d'eu bien déierminer le commencement ei la
fin, il pense i|n'iin ne pciil guère Pinployerce moyen
pour lonnailre la vraie posilion d'un lieu, et pouvoir
la rnppor er sur la cane, que dans les i'es ou sur
les coniineMis. « Les piloics, dit-il, et les niar us en
gcné<al inaiiqneiit de connaissances pour bien faire
ces sortes d'observations, el il landra'l admetire qu'il
se trouvai à bord des navires des gens c apables, exer-
cés aux calenls, secondés par de bons insirumcnis,
et qn'ils eussent acquis pré;ilablenienl des données
pos-iiives Sur le calcul des éclipses fait par de sa-
vants astrologues, afin de savoii exaflenient le jnur,
l'heure et le point où elles doivent conimeiicer et
finir. Alors el seulement dans ce cas, on pourrait
déterminer avec assez de précision la longitude du
lieu <ù l'on se trouverait par rapport à celui d'où
l'on serait parii. » Le quairième moyen proposé
par Santa -Criiz est celui de la variation de la bous-
sole, donl la première observation est due à Chris-
tophe Colomb, lorsqu'il remarqua qu'à partir du
méridien des îles du cap Vert el des Açores, la va-
riation était nord-est vers l'Orient et nord-ouest vers
l'Occident, et qu'il eut l'idée de se servir de la ré-
giilariié de celle altération, dans la direction de
l'aignille, pour en déduire la dislance au méridien,
c'est-à-dire la longitude. Sanla-Cruz nous apprend
que le premier qui chercha à déterminer la longi-
tude par celle méthode fut un certain Philippe Guil-
len, apothicaire de Séville, homme instruit, fort in-
D. Felipe II de este nombre, rey de Espnnn, par
Alonso de Sunta-duz, su comografo mayor. Inédit.
Biblioihèque royale de Madrid.
(I) Voyez ia note 5 de la col. 123<;.
GEOGRAPHIQUE. I2i2
génieux et grand joueur d'échecs. Cet apothicaire,
ayant éié informé des variations de la bous'ole ob-
servées p.ir les piloies qui faisaient les voyages de
Séville à la Nouvelle-Espagne, résolut de passer en
Portugal vers l'an 1523 , pensant retirer dans ce
royaume une plus furie récompense pour son inven-
tion. Bien ncciieilli en effet par le roi D. Juan III,
ce prince le prit à son service. Guilien construisit
un insirumont en forme de cercle gradué, auquel
il adapia une petite aiguille avec trois (ils, et l'em-
ploya pour observer le soleil à des hauteurs égales
avant el après midi. Il reconnut que la ligne méri-
dienne donnait la variation de l'.iiguille, el il en dé-
duisit la longitude du lieu en la ramenant à sa
posilion régulière. Cet inslrument, qui devint d'un
usage général, fut irès-npprouvé en Portugal par
les savants d'alors, et les pilotes s'en servirent quel-
que temps à bord des vaisseaux.
« Il parait qu'à peu près à la même époque ,
Sania-rruz, réllécliissanl sur le pliénoméiie des va-
riations de l'aiguille, s'imagina aussi de l'employer
comme un moyen pour trouver la longitude. Ce fut
lorsque le licencié Siiarez de Carvajal, conseiller des
Iiidcs, cl promu plus lard à ré\èclic de Liigo, vint
à Séville pour organiser une junte de pilotes et do
cosinograpbes cliarséi de dresser une cane modèle
qui pût servir de guide aux navigateurs. Les opi-
nions émises par la plii|iart des pilotes dèmiintrè-
rent que la varialion éi:iil de i2° "0' nord-nuesl à
Sainl-Don'ingiie, de 27° 57' 50" à la Havane, et
de 53° .15" sur la fô'e de la Nouvelle-ICspagne , mais
ils ne pnrriil s'accorder sur la virialion des autres
points, et il y enl à ce sujet de grands <!éb 'is sur
les dilférencis observées avec les instruments im-
parfaits dont on s'élait servi jusqu'alors. Sanl:i-Criiz
en construisit un, pareil à un cnnipas azimu'al, avec
lequel, prenant le midi par deux hauteurs de soleil,
il calculait la variation. Cet instrument fut présenté
à l'empereur avec une carie marine indiquant les
variations de la boussole, pour qu'on en dressât de
semblables à l'usage des pilotes. Ainsi lesobseiva-
linns du cosmographe de Séville devancèrent de
plus de cent cinquante ans celle du docteur llalley
auquel on attribue généralement la constniciion de
la première carte de variation pour l'année 1700.
« En 1539, lorsque Cbarles-Quiiit quilla l'Espa-
gne pour se rendre en Flandre (2), Santa-Cruz con-
tinua ses recherches el construisit deux nouveaux
instruments pour déierminer la longitude. Ce fut
dans ces entrefaites que sa carie des variations
ayant éié examinée par Fray Rodrigo Concuera,
abbé de Sainl-Zoil en Carrion, ce moine bénédictin,
très-versé dans les sciences maihémaiiques , crut
aussi pouvoir appliquer les différences ob»ervées
dans les déviations de l'aiguille à la connaissance
(2) L'empereur partit en poste pour traverser la
France et se rendre en Flandre dans le mois de no-
vembre 1539. (Sandoval, Uitl. del imp. lib. xxiv,
S 16.) (iVote de if. Derttieloi.)
15i3 BIBLIOGRAPHIE
des longitudes. Fray Rodrigo, igiioranl que la solu-
tion du prolilèine avait été le but principal de l'au-
teur de la farle, conslrui>it un in«lruuienl à peu
près seiiiblalile à celui de Guillen, et le fil oflVir à
l'emi ereur par Lnpez de Vivero, alcode de la Co-
rogne, tpii p:iitait alors pour la Flandre. Gliarlis-
Quint ayant demandé l'avis de Santa-Cruz sur celle
nouvelle méiliode, celui-ci l'inslruisil de l'origine
de l'inveniion du moine, el le prévint do n'en pas
espérer plus de succès (|ue de celles de Guillen. Ce
peu de conliance de Suinta -Cruz en un système
adopté d'abord avee, l;int de chaleur, dépendait en
grande partie des avis conlradicloiics qu'il recevait
des pilotes, et ce fut pour fixer ses opinions à cet
égard qu'il écrivit au vice-roi de la Nouvclle-Kspagne,
D. .Viiii nio (le Mendnza, afin qu'il fil vérifier sur
les 1 eux la variation de ra!.;;uille. Mcndoza lui ayant
répondu que l'dbserva'.ien portait, à Mi'xico, la va-
riation :> environ 2-2° 50' nord-est, Santa-t'rtiz,
étonné de ce résultat, et désirant aei|uérir d'antres
données, partit pour Lisbonne en loiS pour pren-
dre des informations auprès des pilotes qui suivaient
la navigation des Indes orientales. Il parvint a se
procurer leur routier, et se mit en relation avec le
célèbre D. Juan de Gastro, qui, durant plusieurs
Toyages dans l'Inde avuit dresse une carte de ces
mers, illustrée d'une description historique fort cu-
rieuse. Ge n:jvigateur en avait :iussi construit une
autre de la mer Rouge qu'il avail ex[dorée jusqu'à
Suez (I), et les lui remit toutes les deux, avec ses
autres manuscrils, sous la condition de ne les mon-
irer à personne pendant snn séjour en Portugal. It
le p-évint en même temps qu'il ne s'était servi de
l'instrument de Guillen que pour observer la varia-
lion à terre, attendu qu'on ne pouvait l'employer à
bord à cause du mouvement du vaisseau, et l'in-
forma eu outre des différences qu'il avait observées
sur les déviations de l'aiguille dans des parages
Irès-éloignés les ims des antres, mais presqoe tous
sous un même méridien. Ges données, qui renver-
saient tout le système de Sinl.i-Gruz, furent con-
firmces par les pilotes porluga s. Ces praticiens,
mieux iustruits par leur propre e.\|iérif;nce, avaient
cessé de faire usage de l'instrument de Guillen.
Cependant, niidgré ces désappointements, Santa-Giuz
n'en persévéra pas moins dans sa croyance sur l'u-
tile applicaiiiai que l'on pouvait faire de sa niéiliode
pour la navigation de Séville à la Nouvelle- Espa-
gne, surtout si les variations de l'aiguille riaient
observées en divers ])arages, sous les mêmes paral-
lèles, p^r des hommes intelligents et avec des ins-
truments bien construits.
< Santa-Gruz joignait à un esprit ingénieux une
grande constance dans ses recherches, et savait tiier
de ses moindres observations des conséquences très-
importantes. A son retour du Rio de la Plali, il
avail remarqué que les boussoles des Portug;iis por-
(!) Voyez r/linerHriMm mnris Rubri de ce savant
cité, col.'lâôi.
GEOGUAPHIQUE. l-24i
taicnl les lames de fer aimanté sous la fleur de lis,
tandis que les pilotes espagnols les plaçaient j" 5'i'
513" ou 1/2 quirt de compas plus à l'est, d'après la
variation observée alors à Séville. < Les opinions
des pM:o:ophes sur les causes qui produisent le
pliénoniène des variations, dit-il , sont aussi con-
tradidoires que les renseignements des pilotes sur
les effets qui eu émanent. 11 est donc fort difficile
de cliei cher à connaître la longiiude d'un lieu avec
ces éléments, et l'on devrait naviguer avec plus de
circonspection et ne pas tenir compte de toutes les
fausses corrections qui ont été faites sur les cartes
marines par dos ge: s qni, se /iant aux variations
observées, ont porté 5° plus .tu nord toutes les iles
et les terres fermes des Indes. ;
I Santa-Gruz présente comme c nquième moyen
pour trouver la lougitndc, l'observation de la décli-
naison du soleil, que Séb.istieu Cabot avait déjà pro-
posé eu .Angleleiro. Le sixième moyen qu'il indique
est celui des montres marines pour la mesure du
temps vrai qu'on avait commencé aussi à mettre en
pratique eri employant tour à tour les horloges à
rouages d'acier avec leurs cordes el leurs poids ,
puis celles à cordes de guitare el de métal , les am-
poulelies à sable, celles qu'on remplissait d'eau ou
de mercure, et d'autres instrumenis analogues, dont
le uionvemenl se Ironvait réglé pour vingl-qnalre
heuri s avec l'aide du vent ou le secours de mèclics
allumées. Mais les oscillations du vaisseau et les
variations furent des obstacles invincibles pour ar-
river, p.ir les moyens restreints d'une mécanique
naissante, à celte exactiluile rigoureuse que récla-
maient des observations aussi délicates et qu'il était
dû au xviii^ siècle de pouvoir atteindre. Enfin, le
fosinographe de Cliarles-Qnini propose, comme sep-
tième moyen pour obtenir la longitude , celui des
distances de la lune aux étoiles fixes ou aux pla-
nètes, méthode dont J. Yerncrius s'était servi avant
lui. Il est à remarquer que Santa-Gruz conslruisil ,
pour ses observations , un instrument analogue au
cercle asi.ronvmique inventé par Apianus, dent il n'a-
vait pas eu conuaissance, et qu'il s'alsiiiil dele ren-
dre public dés qu'il reconiuii la priorité de cette in-
venlion. Toutel'ois, il coniinua ses recherches, et il
remarqua que, lorsque la lune se trouvait d.ins l'c-
eliplique, les observations étaient justes et d'autant
plus exactes que sa latitude élait plus grande. Mais
convaincu enfin de l'insuffisance de sa méiliode, il
abandonna le cercle astronomique pour d'autres ins-
truments plus compliqués qu'il modifia ensuite sans
pouvoir cependant arriver à la solution du pro-
blème qu'il cherchait avec lani de persévérance el
de zèle.
€ Telles furent les investigations de Sanla-Crnz
sur celte importante question : persuadé qu'il na
pourrait parvenir à la résoudre sans le secours de
bons instruments astronomiques , il mit tout en œii-
navigaieur et le mémoire de M. oie Sanl^rem, déjà
1215 BIBLIOGRAPHIE
vrc pour y parvenir, soit en eonslrusanl Iiii-niéMie
ceux (|ui lui parurent devoir contlnire an but de ses
reclicrclies, scii en corrigemt les imcieiines tables
astronomiques , en en calculant de nouvelles pour
un méridien déterminé, ou bien en reeliiiant la posi-
tion des étoiles fixes. « Ce célèbre cosmograpbo
était dans la bonne voie, dit M. de Navarrete, mais
ni la mécanique ni l'optique ne pouvaient , à celle
époque, prêter des secours ;issez puissants à l'as-
tronomie pratique ; les observations et les ihéories
niarcliaicnt dans le vague et manquaient de cer-
titude nécessaire au perfectionnement des lables
des mouvements célestes. » Ajoutons aussi qu'il
fallait encore trois siècles d'expériences, qu'il fallait
le concours de plusieurs hommes de génie et
leurs constantes veilles pour arriver à ce complé-
ment de la science.
f M. de Navarrete lermine son inléressanle notice
par des renseignemenis précieux sur les travaux
clinrograpbiques de S:inla-Cruz. En 1,'jGO, Philippe II
cli:irgea S(in premier cosmographe de dresser un
Isoiario gênerai de toutes les iles découvertes jus-
qu'alors, accompagné de riMiseignemonts liisloriques,
avec des inilications sur les distances et les gran-
deurs relatives des dilTérents pays. Le monarque
désirait que ctt ouvrage fût suivi d'une description
complèie de toute la terre. Sania-Cruz entreprit cet
immense liavail et eut la gloire de le teiininer.
Son manuscrit existe à la bibliothèque royale de
Madrid sous le titre iVl oitirio gênerai del munda ;
les archives des Imles , de Sé^ille, en possèdent
quelques (iremieis brouillons avec l'explictuio i dcs
huit lables qui l'ont partie de l'ouvrage. Kn l^(i7,
Sinta-Cruz fut nommé membre de la commission
chargée de donner son avis sur la léclamation
adressée au roi de Poiingal, en 1^2 ), par l'em-
pereur Cllarle^-Quilll, et relative au dioit de posses-
sion de l'archipel des Pliiliiipines. Il s'agissait de
savoir si les MoUiquest-l plusieurs autres terres voi-
sines deva eut être compi ises ou non daiis les limites
dii la fameuse ligne de répartition concernant les
domaines adjugés pir le pape à la couronne de
Casiille. Dans le rapport que Sants-Oruz rédigea
sur cette affaire, il fil s-enlir les préjudices que ces
diflërends en matière de démurcitions maritimes
portaient à la géogra|ih:e , car il en résultait que la
plupart des cartes hydrographiques étaient dressées
d'après des indications arbitraires et trûm|ieuses. Il
démontra en effet qu'on diminuait les degrés de loii-
gimde et qu'on rétrécissait les golfes sur un grand
nombre de cartes; il en appelait, pour preuve de
son assertion, au routier de Jean de Lisbonne (Juan
de Lisboa), célèbre pilote portugais , qui avait été
dans l'Inde avec Vasco de Gama, c'est-à-dire a une
époque où les prétentions et les rivalités des sou-
verains sur la possession do cerlaines lerrcs n'exis-
tant pas encore, ne pouvaient , par conséquent,
•Toir motivé aucune altération sur la position géo-
graphique des pays en litige. Il résultait de celle cb-
GEOGRAPHIQUE. 1246
servation impurlante qu'on devait accorder peu do
confiance aux cartes portugaises dressées depuis l'an
I."3il, car Sanla-Cruz assurait que, pendant sa ré-
sidence à Lisbiiiine en 134', Pedro >unés, cosmo-
graphe du roi , avait mandé aux bydri graphes por-
tugais de eomprendie dans hs liin tes des domaines
de la couronne certains golfes (|ui se trouvaient sur
la roule de l'Inde. On répandait dans le royaume et
à l'étranger un grand nombre de ces fausses cartes ;
les boiiiies, an contraire, c'est-à-dire celles dressées
sur dos données exactes , n'éiaicnl confiées qu'aux
pilotes qui devaient les déposer, à leur retour en Eu-
rope, à l'administraiinn des Indes établie a Lisbonne.
Santa-Cruz ajoutait qu'il avait acheté dan^ cette ca-
pitale plusieurs caries de la seconde catégorie, et
qu'en les comparant ensuite en Espagne avec une
carie portugaise que le roi fit venir tout exprès de
Séville, il trouva 8* 50' de soustraction pour la partie
comprise depuis le lac Comori jusqu'à Malakka, et
tout autant pour les Mnlnques. Cite diiîierie géo-
graphique, en influant sur la construction des caries
du xvt" et du xvii' siècle, occasionna de graves
erreurs.
I Santa-Cruz mourut vers l'an 1572, et tous ses
livres et ses papiers furent remis à L"pez de Ve-
laseo, qui lui succéda dans l'emploi de cosmographe
en chef. Outre les divers maniiscrils qu'il avait ré-
digés , il est fait mention , dans l'inventaire dressé
après sa mort , d'un uoiivea» traité des longitudes
et de l'art de la navigation , différent do celui dont
M. <le Navarrete a rendu compte dans sa notice. »
Sclialer (Williim), consul général d'Amérique à
Alger, publia à Boslon, en I82<i, un mémoire sur la
régence d'Alger, où 11 s'efforçait de prnuver les
glands avantages qui résulteraient pour riinnianitâ
et pinir les intérêis de l'Euri'pe de la fondation da
colonies anglaises dans ce pays. Il disait à l'Angle-
teire que les Turks seraient forcés de cesser leur
piraterie, que les nomades indigènes seraient civili-
sés peu à peu ; que l'Eurnpe enfin tirerait de ce beau
pays d'excellentes productions, et qu'elle rommuni-
qneraii par là facilement avec l'intéiicnr de IWfri-
que.M. Si hiler, eu observateur capable, examinait la
régence d'Alger sons le rapport géograpliiquo, social
et commercial : ses éludes sont profondes, ses ap-
préciations exactes, et son livre n'a été dépassé
par aucun des nombreux ouvrages publiés depuis la
Conquête de l'Algérie par la France. M. Sclialer por-
tait la population d'Alger, en I82i, à 50,000 âmes.
Sctilieben (A. de), a publié en 18-28 un système de
géoiraphie accompagné de iVotcs historiques et d'un
Allas, 5 vol. in-S°, Leipzig. — L'auteur a exclu de
son plan la géogiaphie niathémaiiqne proprement
dite; et, pour éviter l'aridilé d'une exposition pure-
ment géngrapliique, l'auteur rappelle les faits histo-
riques qui ont remlu cei tains lieux célèbres. Les
caries <|ui formeni r.\.ilas ont été dessinées par l'au-
teur lui-même; la gravure en est parfaite.
Scluibert. M. G.-H. von Schubert» fait un voyage
BIRLIOGRAPIIIE GEOGUAPHIQL'E.
Mil
en terre sainlc en lSâG-1857, qui a paru iu-S",à Er-
laiigen en' 1858-1859. — Le récii de ce iiclerinage
esi un vcriialile modèle : l'aiileiir esl rempli d'une
foi vive, qui se renconlre rarement parmi les voya-
geurs de nuire temps.
ScTofani (Xavier), économiste et liisloriiMi très-
dislingni^ naquit à Molica, en Sicile, vers 1750,
d'une fiiinille patiicienne. Il est mort en 18-29, à
l'âge (le 80 ans. Il visita l'Arcliippl, la Morée, la
Kriniée, l'Asie lliiienre, la Syrie et l'Egypte. — Il a
laisse un Vuijnqc en Gièce en 2 vol., ouvrage l^rl es-
timé et qui ewt un grand succès. C'était nn homme
instruit, icfléclii, impartial et d'un goût délicat.
Sellia (Al)on), nidin»! arménien dn xiv^ siècle, au-
teur d'une liisioire rjéograpMque des moiiautcres iVE-
gypte.
Sellw-li{3.-].), missionnaire anglais, a pnb'ic des
Souvenirs sur iîte de Ceijlan, après nn séjour de
trente ans, Londres, 18i4, 1 vnl. iu-8°.
Sli'rleij (.Antuiiie), voyageur anglais, né en l'GS
et mort en 1631; auteur d'un Voijnfie aux Antilles,
d'un Voynye en Pêne, et de renseignements géngra-
plii(|ues iutéiessanis, mais peu connus, sur la navi-
gation de la mer Caspienne, sur la Russie orientale
et sur la Perse.
Siebold (de), naturaliste lioUandais, visita le Ja-
pon eu \^iS; iria'S il fut arrêté par le gouvernement
ombragent de ce pays, et .snbii une dé eution de
15 mois. EnTin il Tut mis en liberté :i la Tin de 1829,
et put reveinr en Europe avec une copie de la Carte
du Japon. C'est ce qui avait motivé les rigueurs du
giiuveruemenl jiponais.
Siesirzenceu'icz île Boliuay (Stanislas), arciievêque
catholique de Mohiiew, mélropidiinin des églises ca-
tholiques eu Russie, né à Zahludow, diocé-ede Wllna,
mon en ISiG, à Samt-Péiershourg ; hisioriiu-géi)-
graplie, auteur de Recherches liistoriques sur l'origine
des Snrmales, des Slaves, et sur les époques de leur
eonversien au christianisme, avec caries géographi-
ques in-4" et in-S", 4 vol. — Cet ecclés astique a
composé aus«i l'Histoire du roijaumc de la Ch rso-
nèse Taurique. avec cartes, 10-4".
Simencourt (Edouard iic), gc"graphe, auteur d'un
Allas, d'une géngraphii^ élémentaire avec cartes, elc.
Simpson (Thomas), de 18ôû à 1859, commandait,
à 27 ans. une des expéditions géographiques que la
compagnie anglaise de la baie d'Ilndsoii entreprend
avec tint d'activité dans son dom:iine commercial.
La Relation de celle expédition parut à Londres en
1843, après la mort de l'auteur, qui avait été Iné par
les Indiens, 1 vol. in-8". L'ouvrage n'a pas été tra-
duit en français, et nous le regrettons. Simpson dé-
veloppe ses idées >ur l'origine et l'éiat de civilisa-
lion des popnliiiions indigènes; il croit (|u'elles ont
reçu beaucoup d'éléments de la civilsatinn asiati-
que, cnire autres l'usage de brûler les morts. Les
cartes qui accompagnent l'ouvrage ne sont pas ce
qu'd offre de moins important pour la connaissance
des mers polaires australes.
1248
Slade (Adcilplie), officier de la marine anglaise, a
visité, de 1S42 à IS^iG, la Grèce et rem|)irc Ottoman.
Il a publié son Voy.ige, qui forme un ouvrage de
3 vol. in-8o. On l'a traduit en franç;iis. Au milieu
d'aperçus neufs el justes, ou retrouve de temps en
temps l'esprit ar-glais.
Sloane. M. J.-F. Sloane a voyagé dans les plaines
froides et couvertes de neige de l'Amérique septeti-
trion::le. Il a publié en 182 i la Ri'latbn de ses voya-
ges. Celle relation offre une p^irticnkirité remarqua-
ble : c'est que l'auteur, le premier, consiaie que,
dans l'hiver, el tout en marchant sur la glace, les
voyageurs sont tourmentés par une soif brûlaule
aussi vive que celle qu'on éprouve dans la zone tor-
ride, et que la neige, si on a le jiiallieur d'en man-
ger, l'augmente encore.
Soi>rt'i'if/« (Manuel), religieux espagnol, auteur de
Voyages nu Pérou dans les années 1791 à 1794, el
d'une Description géographique et lopogrnphique de
cette va^le con'rée avec caries, 2 vol. in-S".
Solauo-Bote (le général D.-J.), chargé de la déli-
mitation des frontières euire les possessions de l'Es-
pagne et du Portugal dans l'Amérique méridionale,
pendant les années 1754 à 1765, fit des voyages
d'exploraii(ui, écrivit un grand nombre de descrip-
tiirns inléressaulcs et savantes concernant cette partie
du monde. Il est regrettihle que les travaux géogra-
(diiqucs de cet officier actif et iufatigEble ne nous
soient pas plus connus.
Sowienburg (A.), savant allemand, auteur des
Théories et des faits principaux de l liistoire de la
créiition de la terre, in- 8*, avec planches, Brème,
1813 : ouvrage riche eu observations de géographie
physique, mais contenant aussi des assertions hasar-
dées.
Sonnernt (Pierre), voyageur et naturaliste français,
né il Ljon en 1745, mourut à Paris en 1814. Il s'est
surtout lait counaitie par son Voyage aux Indes-
Orienlales et à ta Chine depuis 1774 jusqu'en 1781,
2 v(d. in 4°, avec figures ; Paris, 17!^2. Sonnmi en a
donné une nouvelle édition, augmeniée eu 4 vol,
in.8°, avec atlas. — Sonnerai a également publié son
Voyage à la youvelle-Guinée, etc., etc., in-i", avec
figures ; P.iris, 1776.
Souciei (Etienne), membre de la compagnie de Jé-
sus, est l'auleur d'un grand nombre d'observations
géographiques, astroiumiiques et physiques relatives
à niiudoustan et il la Chine. 11 est bien à regretter
qu'elles ne soient pas réunies en un corps d'ouvrage;
car si elles ne surprissent pas, elles égalent du moins
les meilleurs ouvrages en ce genre. Le P. Souciet,
savant modeste et laborieux, avait un mérite du
premier ordre.
Soulier (E.), de Sauve (Gard), géographe, aiilfttir
d'un Atlas élémentaire de géographie ancienne et mo-
derne ; d'un Précis de géographie ancienne el n:0'
derne, etc., etc.
Spanheim (Frédéric), théologien, n^iquit à Genève
en 16.52, et mourut le 18 mai 170). Ses ouvnge^
124) BIBLIOGRAPHIE
oui été recueillis sous ce lilre : Opem quaienns roin-
plecltmtur geographiam , chroiiolugiam et historiam
sacra m et ecclesiaslicain ; Leyde, 1701-03, in-lol., 5
vol.
Speed (Jean), naquil à Faningion, conilé île Ciies-
ter, en 15S2, d"une l'uiiille pauvre. Il e>t l'aiiieur
d'ouvrages historiques et géo|,'rapliii|ues rehiiifs aux
trois royaumes brilaiini(iues, dans lesquels il nionlre
une connaissance approfondie de la géographie, de
l'anliquilé et du mnyon âge.
Spelinan (Sir Henri), né à Conyhani, près de Ly-
nie-Uegis, en 15G2, devint un archéologue et un phi-
lologue disiingué. — Il est auteur de plusieurs ou-
vrages, et éditeur d'une collection des conciles d'An-
gleterre, avec David Wilkins, qui a composé un ou-
vrage qu'on trouve rarenieni aujourd'hui ; en xoici
le litre : Histoire et fatalité des sacrilèges , vérijiés
par (les [ails et des exemples.
Spolin (Frédéric-Aiiguste-Guillaume), né en 171)2,
à Dertniund, en We-lplialie, et mort en 182i; au-
teur d'une Disserlaliûti sur ta géographie d'Homère.
Spon (Jacob), antiquaire, médecin, voyageur et
géographe, né à Lyon en 1647, mort en 1085. —
On a de lui un Voyage en Grèce, en Dulmatie, en Ita-
lie et dans le Levant, et des Observations géographi-
ques sur ces contrée?, qui ne sont pas sans valeur.
Stanley (Thomas), auteur d'une Histoire de philo-
sophie, naquil i» Cumberlow, dans le comté d'Hére-
ford, en Angleterre, on ne sait pas en quelle année,
mais, selon toute apparence, entre lG-21) et 1630.
L'un de ceux qui ont écrit saxie assure qu'il mourut
au même âge que Pic de la Mirandole, c'est-à-dire à
31 ans, ce qui retanlerajt sa naissance jusqu'en
IBiTjCiiril est mort en 1678; mais le plus exact
de ses biographes dit qu'il mourut à l'âge de 60 ans.
U est l'auteur de VHistuire de la pltilosopliie chaldai-
que, ouvrage bon à consulter pour la géographie reli-
gieuse.
S»op/iorsl (Nicolas), éciivit, en 1723, l'histoire ec-
clésiastique de Haniliourg, ouvrage riche en docu-
ments, mais nianqiiani de critique et de méthode.
Stassart (le baron Goswin-Joscph-Augusiin di-),
né à Malincs, en 1780, auteur de i lusiuurs ouvrages
et d'une Géographie élémentaire ancienne et moderne,
2 vol. iii-S°.
Staunton (Georges), voyageur et géngra[ihe an-
glais, a lait un voyage e.i Chine et eu Tariarie, en
17G2, 1793 et 91, à la suite de lord .Macartney, am-
bassadeur anglais à Pékin.
Stavorinus (J.-S.), chef d'escadre hollamlais de
4768 à 1778, voyageur et géographe, auteur d'O.''-
servations géoyraphiques avec caries sur le cap de
Bonne-Espérance, Batavia, Samarang, Macassar, Am-
boine, Bantam et le Bengale. — Ces observations
méritent d'être étudiées; elles annoncent un homme
capable, et révèleni un hoinnie de mer.
Stedman (le capitaine J.-G.), voyageur et géo-
graphe anglais, auteur d'un Voyage à Surinam et
dans l'intérieur de la Guyane, avec des Noies et dos
GEOGRAPHIQUE. ii)-;o
caries géoLirapliiques, 3 vol. in-S", .'itlas iti-io.
Stcenlwom. Le capitaine Sli enhuoni, de h marine
hollandaise, explora, en 1828, les côtes srpteuliio-
nales de la Noiivelle-Guihée ; il y découvrit une baie
qu'il nomma baie du Tiiloii, du no.n du nav.re qn'ii
ciinimandait. Il lit construire un fort qu'il appela le
fort lias.
Sicin (le docteur Chrétien-Godefroy-Daniel), pro-
fesseur de géographie à lierbn, a composé pour les
gymnases et les écoles une géographie cléneinaiie
qui compte une vinglaive d'éditions. L'aut. ur n'a pas
toujours puisé à de bons renseignements. Son ou-
vrage laisse beaucoup .i désirer siiu5 le rapport reli-
gieux. Il y a émis des erreurs lâcheuses. — Le doc-
teur Siein est mort en 1830.
Stevenson (W.-B.), voyageur et géographe anglais,
a publié un Vogage dans l'Amérique du Sud, au
Gliili, au Pérou, en Colombie et dans CAraicanie, avec
des Observations et des cartes géographiques , 3
vol. in-8°.
Stevin (Simon), né à Bruges, fut nommé professeur
de mathématiques du prince Jlaui ice de Nassau. —
H est l'auteur de plusieurs ouvrages utiles et estimés,
et d'un Traité des ports de mer que Groiius iradiiisit
en latin sous ce lilre : De porluum invesligandorum
ratione. Il prétend que la langue Uamande est la
celtique.
Strubon, célèbre géographe grec. Il y a plusieurs
traductions de sa Géographie; la plus estimée es»,
celle laite par .MM. de la Porte du Theil, Gosselin,
Coray et Letionne, 3 vol. in-4°.
Symes (le major Michel), envoyé anglais dans l'em-
piie des Birmans, en 17113, a éciit des Notes gé(h
graphiques sur cette contrée, ainsi que sur file dt
Ceglaii vl sur la côte onentule de l' Afrique, 5 vol. in-8°,
et Allas in-4°.
Tachard (Gui), jésuiie de la province de Guienne,
mort en 17(3, dans le Bengale, dont il fui un des
premiers apôtres. Il commença ses travaux apostoli-
ques par les colonies de l'Ainérique méridionale où
il resla quatre ans. Avec d'autres jéMiiies, il suivit le
chevalier de Chaumont, amba?sadeur de France à
Siam , avec le lilre de maihémaiicien de France. Il
fit deux fois le voyage de Siam. Il passa ensuiie dans
l'IIiiidoustan, et mourut dans la provincede Bengale.
— H est l'auteur des Deux Yogages ci Siam des PP.
Jésuites, iii-4", cartes et figures , avec des observa-
tions asironoun'ques, des remarques de physique, de
géograpliie et d'Iiydrograpbie ; Paiis, 1680 et 1689.
Les observations scientifiques contenues dans ces
deux ouvrages sont généralement exactes.
Talbol-Dillon (le chevalier Jean), né en Angleterre,
morl en 1800, a rédigé la r.'lalion de son Voyage
en Espagne sous le rapport de la géographie botani-
f/iic' et physique de ce pays, un vol. in-4*, avec des
planches qui sont exactes et bien gravées.
Tardieu (Amhroise), cartographe et géographe, né
riit UIBLIOGRAPHIE
à Paris en 1788 , aulcur de plusieurs Allas de géo-
grapliie ancienne cl moderne.
Tardieii (Anloine-Françcii»), carlogr.iplie et géo-
graphe, né à Paris en 1757, ei mort en 18.2; au-
teur de plusieurs All;is géograpliiqiies.
Taschereaii (Doiu Jacques), bénéJiciin do la con-
grég;uion de Saiui-Maur, el Taschereau (Duiii 1 ierre-
llcnri), de la nicnie congrégaiion, ont coopéré à la
réJaclion de riniponant ouvrage intitulé : Gallia
Chrisliuna.
Tcismim (Abel-Jansseii), uij des plus grands navi-
gateurs du xvii« siècle , n'a peut-être pas j iui de
toute la célébrité qu'il niériiait, parce que les Hol-
landais, ses compatriotes, ont négligé de faire con-
naître les importanis services qu'il a rendus à la
géographie. On ne connaît de Tasmau que ses voya-
ges el sis découvertes , avec très-peu d'écrits qui les
concernent. Après les premiers navigateurs portugais
et espagnols, c'esl bien cerlainemeni Tasnian «lui a
rendu le plus de services aux sciences géographi-
ques.
Tavernier (Jean-Baptiste), célèbre voyageur, né à
Paris en 1605 , voyagea en Europe et en Asie. La
relation de ses Voyages en Turquie, en Perse el aux
Indes, a eu plusieurs éditions. La meilleuie est de
1679, iu-8°. — Taverniur a quelquefois exagéré,
souvent même, surtout en ce qui concerne i'enipire
Ilindoustau-Mongul , sur lequel il donne du reste
des explications très-amples, qui dcviennetil aujour-
d'hui d'autant plus utiles pour l'histoire, que cetem-
pire a disparu el a été remplacé par l'empire liin-
doustan-anglais. — Tavernier était (ils d'un marchand
de caries géographiijues. 11 mourut .i Moscou , en
1689.
Tchiltaiclieff (Pierre de), voyageur el savant russe,
auteur d'un Votjaijc en Sibérie , dans les gioupes de
l'Aliai russe et dis montagnes Siyanes, exécuté en
184'2; d'une Carte générale de l'Altaï et dei monts
Sayanes , bien exécutée. — Cette carte embrasse nn
espace «rcnviron 700 kilomètres de î'esl à l'ouest, et
de 800 kilomètres du nord au sud, el de près de
SCO,OCO kilomètres cairés, c'est-à-dire presque aussi
grand que la France. Les points extrêmes de cet
espace sont Semipalatnisk, Toii^sk et Krasnoyarsk.
Le beau lac de Téleizk, long a lui seul de 70 kilo-
mètres, c'esi-à-dire plus grand que le lac de Ge-
nève, en occupe la partie ceniiale. Cet espace s'ap-
puie sur la frontière chinoise depuis l'Irlysch jus-
qu'au mont Cliabina-Dabahane , dans la chaîne
Sayane, sur une longueur de plus de (00 kilomètres.
Il comprend toutes les soiuces du fleuve Oh, et s'é-
tend entre les rives de l'Irtysch ( t du V'enisséi, qui
l'un et l'autre prennent leur source dans les ()osseS-
sions chinoises, pour te diriger vei s la mer Gaclalc,
à travers les va>ies plaines sibérien les. Il est arrosé
en outre par plu^ieurs rivières, telles que la Boulili-
lariiia , l'Aléi, l'Arynhyte, laTcboiiy.i, l'Abakane , le
Tcbouitiyche, l'isaia, le Tome , qui par le dévelop-
pement de leur cours et par le volume de ieura
GEOGRAPHIQUE.
1222
eaux, peuvent être assimilées à de grands fleuves.
— L'Altui, plis dans .'-on ensemble, et sauf ipielques
exceptions locales , est assez peu piiioresi|ue; il a
l'aspect monotone particulier aux m nitagots de l'A-
sie centrale. On remaniue d ms l'Altaï or.eotal le
développenicnl à perte de vue de ces lignes droites
et sans vie (jui fatiguent si forl lo ngaid du voya-
geur. On rencontre souvent dans l'Abaï de grands
plate.iux à sommets planes et déprimés qui à leur
tour donnent naissance à l'on des phéiiomèiies les
plus caractéristiques d? ces contrées ; savoir, la
fréquence de vastes nappes de niaiais couvrant des
surlaces cl«vées, et rapi^elanl sur une piUS grande
échelle les fngnis de l'Ai Jeune el de l'Lifel. — -M. de
TcbilialcbcU est un savant qui mérite d'occuper une
pijce distinguée dans le monde géographique.
T liiez (Balthazur), né à Lisbonne en lo9o, entra
dans la compagnie de Jésus, et mourut en 16Û5. lia
composé sous ce titre : Uhioria gencruide Eih.opia,
l'Histoire générale de la haute Ltliiopie et des éia-
blissemenis des jésuites dans ce royaume. L'ouvrage
parut à Cojinbre, en 1660, in-fol. Il est exact et
bienéciit, mais il est devenu très-rare.
Terri/ (Ed.), voyageur anglais , né en 1590, au-
teur d'un Vogaye aux Indes-Orieulales, publié en
11)55.
leieira (Pierre), historien et voyageur portugais ,
naquit vers l'an 1-^70 , nKiis on ignore le nom de la
ville où il a pris naissance, l'année et le lieu de sa
mort. Tourmenté de la passion des voyages, il partit
de bonne heure pour l'Asie. 11 est l'auteur de l'ou-
vrage suivant : lielacionet de Pedio Texeira del ori-
(jen, descendencia y succesion de los reges de Persia
y de Hoimuz, y de un visage lieclio par el nvsmo au-
tor dende ta India oriental, hnsin Jialia par lierra,
1610, petit in-S°.
Théi'cnoi (Jean de), voyageur , né à Paris le 6 juin
1653, reçut une éducation soignée. On a de lui :
1" l oyage au Levant, contenant diverses particularités
de rArchipel , Cciistaniinople, de lu Terre-Sainte,
Egypte, des déserts de l'Arabie , de ta Mecque, etc.;
2" Voyage contenant la relation de CUindoustan , des
notneaux Moyols et des aulies peuples et paysde^ In-
des. Il mourut à Miana le i8 novembre i0ii7.
Tliévenoi (Melchisédech , voygeiir, né à Paris
vers 1620 , munira un désir exlrénie de vo ries pays
étrangers. On a de lui : liJatiou det royamnet de
Jolionda, Tannasery, /"«./uet aulressitiiés d,iiis 1 llin-
doiistan et l'empire Birman; 2* Desatp.ion géogra-
pliiijue de l'empire de lu Chine.
Ihorn (\Villiani), voyageur anglais, est auteur
d'un Voyage dans l'ilindonstan, avec la discriptioii
géograph.qiie de ce pnys. — Depoisque l'Ani-leierre,
au xvin' siècle, s'tst établie dans i'Inde, les An. lais
ont considéiablenient écrit sur ciiie iiniiiuiise cim-
tréj ; et cependant elle est loin d'être connue i om-
plétement sous le rapport géograplii pie. C la tient à
ce que presque tous les auteurs, au lieu d'eludier les
localités qu'ils parcourent , se livrent à des disseila-
12;:5 BIBUOGUAPHIE
lions à perle de vue siir le gouveineiiieiit du pays
p;\f la coriipagiiie ;iiiglaise.
Tliuiibeig (Cliark'S-Pierre), célèbre botaniste sué-
dois, élève de Linné, vint en France en 1770. En
1771, il se rendit au cap de Ronne-Espérance, puis
an Japon, et ensuite à l'ile de Oylun. H ninnrul en
1798. — Il est auteur d'un Voyage au Jupon, 2 vol.
in-S°ei in-8°, 179G. Ce livre est estimé et niérile
do l'èlre.
Tielfenthaler (Josepii), niemlire de h société de
Jésus, a rédigé une Géoijraphie de l'Hindouslan, et
a exécuté lui-même les caries <\m accomi'agnent
l'onvr.ige. C'est un des meilleurs livres pnijl.és sur
riiide , et, quoique depuis un demi-siècle on ail con-
sidérablemenl écrit sur ce pays , l'ouvrage du P.
Tielleniliali;r conserve toujours sa place.
Tissoi (Jean-.Maurice), né à Pontarlier , mort en
1630; auteur d'une Carte du conilé de Bourgogne
en 4 feuilles, en i6l-l, et d'une Description dei mo-
nastères et abbayes du diocèse de Uirsançon.
Topino (Don Vincenie), savant malliéinalicicn et
astronome esp:'.giiol, né en Andalousie en 1731 ,
mort en liOti ; auteur d'iui Routier des côtes d'Espa-
gne sur tu Méditerraitnéd , el d'un liuutier des côtes
d'Lspaiine sur l'Océan atlantique.
Tornamira (Doni Pierre-Anioine), bénédictin de la
congrégation du Mont-Cassin, né à Alc:imo en Si-
cile en 1618. Curieux de manuscrits et d'aniiquilés,
habile dans l'art de décliiflrer les anciennes inscrip-
tions, il s'y appliqua avec tant d'assiduiié, qu'il en
perdit la vue. Il mourut aviujjle en 16S1. — On a de
lui inie Histoire sur l'orig'me et les progrès de f ordre
de Saint-Benoit en Sicile.
Tornii'l (Augustin), docteur en médecine, né à
Novare en lj-i3, mort en 1622, religieux barnabiic.
Il Cbl auteur des Annales sacri et profani, depuis le
commencement du monde jusqu'à Jésus-Christ, en
2 vol. in-fol., Anvers , 1C2U. C'est la nieil eure édi-
tion. Cet ouvr:igeest lait avec niéibode et clarté, et
les dirficultés de géographie y sont éclaircies en ce
qui concerne les livres saints et les historiens pro-
fanes.
Toscanrili (Paul del Pozzo), dit Paul le Pliysicien,
géographe et asironome, né en 13'J7, à Florence.
Consulté par le clianoine Ferdinand Maitinez, de la
part d'Alphonse V, roi de Porlugal, et par Clirislo-
phe Colomb, sur la réalité de nouvelles terres el la
possibililé de les trouver, il répondil affirmativement.
Sa réponse esi daiée du 25 juin 147 i. Elle se trouve
dans l'ouvrage du jésuite \imeny, iniiiulé ; Deliec-
chio nuovo gnvmone Florcntino. Toscanelli mourut à
Florence en 1482.
Tosti (Don Louis), ablié du Mont-Cassin, a com-
posé une Histoire de celte célèbre abbaye, en plu-
sieurs tomes qui ont paru à Naples eu ISiô el 1814.
Cei ouvrage, rédigé avec sagacité, soin et exacti-
tude, est fort important. Il fait bien coiinaiiie la
géographie de l'abbaye et de tous les environs, ainsi
que les nombreuses vicissitudes qu'elle a éprouvées.
GEOGRAPHIQUE. 1234
Tourncforl (Joseph Pitlon de), né :i Aix en Pro-
vence, en 16a6, d'nne famille noble, célèbre hoia-
niste, mort en 17l8; auteur d'une lielation d'un
voyage au Levant, fait par ordre du roi, inipriniéc au
Louvre, 1717, 2 vol. in-4".
Tr«i(/ (G. William), officier anglais, s'est acquis
une réputation par une Esquisse slaii>tique du lia-
maon, province de l'Jlindoustan, Calcutta, 182^. —
Celle esquisse est ce qui a été ccrii de plus complet
sur cette province.
Trangolt de Cersdorff (Adolphe), né dans la haute
Lusace en 17'!, mort en 1807; géographe natura-
liste, auteur d'un Essai sur les montaynes des Géants
(qui séparent la Bohème de la Silésie) el de plu-
sieurs autres Mémoires géograph'tqves.
Tranyott-Plant (]fA\\), né à Dresde en 1758, mort
en 1794; auteur d'un Manuel d'une géographie com-
plète de la Polynésii', ou la 'i* p;irlie du inonde ; Leip-
zig, 17i/3.
Trigand (Charles), docteur de Sorbnnne, curé de
Digoville en ba«se Normandie, né en 1691, mort en
1704 ; auteur d'une Histoire ecclésiastique de la pro-
vince de Normandie, i vol. in-4". — L'ouvrage s'ar-
rête au Mv^ siècle, et contient de profondes recher-
ches sur la géographie ecclésiastique de la pro-
vince,
Trignult (Nicolas), jésuite, qui travailla aux mis-
sions de la Chine, est auteur d'un Dictionnaire chi-
nois en 3 vol. impiimés à la Chine.
Tioost (P.), lieutenant de la marine hollandaise,
a fait nn voyage autour du monde dans les années
182-4,25 6126; et il en publia la relation en 1829
sous le litre d'Observations faites dans un voyage nu-
tour du monde sur la frégate la Marie-Reiger-berg et
la corvette Pollux ; Rollerdam, grand in-S", avec figu-
res.— L'auteur a cherché par son liavail à enrichir
les sciences géographique et eiliii('graplii(|ue. Nous
ne croyons pas que cet ouvrage ait éié iiaduil en
français.
U
mioa (0. Antoine di'), lut un des hnninies qui ho-
norèient le plus l'Espagne an xviii' siècle par ses
longs et miles services comme géographe et nav ga-
leur. Il naquit à Sévillele 12 janvier 1716. Il publia
un ouvrage sous ce titre : lielalion historique du
voyage fait à l'Amérique méridiomûe , par ordre du
roi, pour mesurer quelques degrés du méiidien et
connaître la véritable figure et grandeur de la terre
avec diversrs observations asironomiqne?, physiques,
etc. U mourut dans l'île de Léon , le 3 juillet 17jS.
Vslter (Jacques) , né à Dublin en 1.580, étudia dans
l'uniieisilé de Dublin, élal.lie par Henri do L'sher,,
son oncle, archevêque d'Armagh. Jacques I"^' le
nomma à rarchevèché d'Armagh. Il mourut en ICàS,
en laissant pln-ieurs ouvrages. Nous citerons YAnti-
quilé des églises britanniques , Londres , l(i87. — Il
donne à ces églises une antiquiié qui n'est pas tou-
jours appujée pa,' des docuiiieuts historiques inc.on'
l5sS BIBLIOGRAPHIE
lesiables. C'éiait du reste un érudit ei un savani de
premier ordre.
(Jsuard, béuédiclin du ix« siècle, est auteur d'un
Martijrologe qu'il dédia à Cliarlos le Clmiive. Les
nieilliiires édiliciiis snrii celle de Molanus à Loiivaln
en lijtiS, lu 8", et celle du P. SuILcr, jesuiie, iii-lul.,
Anvers, 171-4, qui esi curieuse et faite avec soin.
V
Vailhiit (François le) , voyageur et géngraplie, né
en 1755 à Paramaribo, ila'is la Guyane hollandaise,
mort en 1824. Il visita plusieurs foi> rArriipie au-
strale. — Il est l'auteur de Yoijarjes dajis l'iiiléiieur
de l'Afrique ^ar le cap de Boime-Espérance ; Paris,
1803, 5 vol. in-4°, ou u vol. in-8°, aveciaries.
Xukieite (Doni Dominii|ue-Josepli) , bénédictin de
la congiégaiidu de Saint-Jlaur, né à Gailincen ItiSS,
mort en 175ij; auteur d'une Céugrafihie historique,
ecclésiiisiiqne et civile, avec cle^ cirtes, 12 vol. in-12;
d'une Géographie universelle, i vol. in-I"; d'une
Histoire générale de la province de Languedoc, o vol.
in-fol.
Valart (Jose|ili), prêtre, né en 1098 au hameau de
Sortel près d'Ilcsdin, mort en 1781 ; auteur de plu-
sieurs ouvrages classiques, et d'une Géographie.
Vakarcel-Pio (Don Anioine) , comle de Lmniarès,
antiquaire et géographe, né à Alicanie en 1738, morl
en UOi ; auteur d'une Description de Lucentum, ville
ancienne du royaume de Valence, en Espagne, etc.
Oviedo y Valdez (Gonz.ilvc-Ferd. d') , voyageur et
Listorien espagnol, né à Madrid en 1-478, intendant
d'ilaïii (Saint-Domingue) de 1538 à 1545; auteur
d'une Histoire générale et naturelle des Indes-Ucci-
deiUales, in-fol.
Valentia (le coniie Georges) , voyageur et géogra-
phe anglais. — Nous avons de lui : Voyages dans
l'Hindouslan, à Ceyian, en Abyssinie, en Egypte, sur
les côtes de lu mer Houge pendant les années lc03-06,
avec cartes.
\alenlin (Louis), médecin, né à Soulanges (.Marne),
mort en 18:10 ; auteur d'une Céoyrapliie des Eluls-
Vnis, exacte ei eiliniéc , et de plusieurs .Mémoires
rel:itifs à la géographie médicale de diverses contrées
du globe.
Valsequa (Gabriel de) , de Mayorque (iles Baléa-
res), auteur (I43'j) d'une Carte geographi(|ue nauti-
que qui a appaitenu à Améric Vespuce, puis au car-
dinal d'Espuig et, à noire époque, au coniie de Mon-
ténégro.
Yan-Couver, capitaine anglais, navigateur d'un
mérite incontestable, exécuta, de 17U0 à 1733, un
vt.yage autour du monde. La grande île située sur la
côie nord-onesl de l'Amériipie reçut son nom ainsi
que criui de Quadra, qui était le nom d'un amiral
espai;n'>l avec leqnt-l Van-Couver explorait ces para-
ges. M.ijs l'ile est [iltis connue suus le nom seul de
Van-Cnuver.
Vdiulermnelen (Plii'ippe), gengraphrt , anlcur de
1 Allas unicersel de la géographie physique de toutes
GEOGRAPHIQUE. iàS'J
les parties au monde ; d'un Dictionnaire géographique
du Luyemlourg.
Vfl«rfe)-Vi/)ic/i((Luc-Ji)^cpli), né à Gand, en 1C9I,
d'une ancienne lamille de Klamlre, mort en I77i1 à
Gand. Il \(iyai;ea en Fraure, en Italie > l en Allema-
gne. — Il est auteur de Ménmircs d'un Voyage fait
en 1724 et 1725 dans ces trois pays. CtS mémoires
ïoni bons .à consnlier pcnir ci'riains renseiiiiienienls
qu'ils CDiilieniient. Il est aussi auteur de iléihoires
sur les moi.astères et les abbayes des Paijs-llns.
Vunsleb, religieux lioininicain, lit un voyage en
Egypte dans le \\\i' siècle. A^on relmir en France,
il publia la Relation de ce voyage, ainsi qu'une H.s-
loire de l'Eglise d'Alexandrie. Ce? ileus ouvi. gi^s ne
sont p:is sans inéiiie, et renferineul des cléiails alors
peu connus sur le palriaical d'Alexandrie, aiurflois
si illu-lri', et que le P. Vansleit chcrcliaii s ns le dé-
couvrir mdle pari. Enfin, il le renciintra dans tin
quariier obscur tlii Yieux-Cairf. De son lenij s, l'E-
glise d'Ali'xaiidi ie n'exisi.dt déjà plus.
Varenius (l'ernard), ilullaudais , et habile mé-
decin , auteur d'une Description du Jupon et du
royaume de Siam, en latin, in-8°, en 1G73 ; et d'une
Céjgraphie physique en 4 vol. in-12. — Cet ouvrage
a été fort esiiiné, et Newton y a ajouté des noies;
mais il renferme des idées syslém.itiques, et d'ailleurs
il n'est plus en rappurt avec les progrés des sciences
physiiiues.
Yaugondy (Didier Robert de), morl à Paris en
1786; auteur de plusieurs Atlas de géographie
ecclésiastique ; d'un Essai sur l'histoire de la géogra-
phie, etc. etc.
Vaugondy (Gilles-Uobert de), né à Paris el mort
en 1766, géographe st cartographe ; auteur de plu-
sieurs A(/(is de géographie, d'une Géographie sacrée et
historique, etc., etc.
Vaysse de Villiers (Regis-Jean-Françuis), né à
Rodez en 17157 ; Auleut ii' nue Géographie comp'.èle,
hisorique el pittoresque de la France et de Cltalie,
(j vol. in-8°, avec caries.
Velardez (le P. Mnrillo), religieux mathémalicien-
géographe; auteur li'me Curie hydrographique el
chorographique des iles Philippines, Manille, 1731.
Yespitcci (Amerigo), dit Améric Vespuce, né à Flo-
rence, en 1 431, d'une famille distinguée, connaissait
la physique, l'astronomie el la cosmographie. En
1497, il fil de Cadix son premier voyage sur les
traces de Colomb. En 1499, il exécuta un second
voyage, puis un troisième en liOl, pour le compte
d'Einnianuel , roi de Purlugal; un quatrième eu
1505, et un cinquième en 1507.— Les IndesOciden-
lalcs (ainsi s'appelait la partie du monde nouvelle-
iiienl dérouverle) prirent le nom d'Amérique sans
qn'Améric Vespuie l'eût demandé, sans nicme qu'il
y eût songé; car il était modeste. Il mourut en 1516,
au service du Portugal. Ainsi la gloire de dminer son
nom aux terres nouvellement découvertes, gloire qui
Ui paiienail de droit à Christophe Colomb, revint,
par ua concours de circonsuiues fortuites, à celui
Hbl BIBLIOGRAPHIE
qui les svail reconnues en second. — Toutes les géo-
graphies élémentaires destinées à l'insiruclion de la
jeunesse sonl absurdes à l'égard d'Amcric Vespuce,
coniinc en beaucoup d'autres choses. Elles eu font
un aventurier qui eut du bonheur et de la gloire,
sans trop savoir pourquoi. — Améric Vespuce était un
homme capable, d'une haute intelligence, d'un ca-
ractère énergique, opiniâtre et patient, d'une ins-
irucliiin supérieure pour son temps. 11 avait la vertu
Je la modestie et le talent du silence, qualités émi-
nentes pour réussir auprès des grands et des puis-
sants ; il évitait de se prévaloir de sa gloire et de ses
services; tandis que Christophe Colomb récriminait
publiquement contre ses envieux, et rappelait avec
une chaleureuse indignation l'ingratitude du gouver-
nement espagnol à son égard en présence de tout ce
qu'il avait fait pour l'Espagne. C'est donc dans la
différence des deux caractères qu'il faut chercher
l'explication de la différence de position de ces deux
hoiiimes illustres. — Améric a laissé un journal de
quatre de ses voyages, imprimé en latin, Paris, 1532,
et ensuite traduit de l'italien en français, lolO. Les
exemplaires en sont fort rares.
Valver (Francisco-Yicenle de), premier évêque du
Pérou, écrivit sous ce litre : flelacion de las ijuerras
Piiarrosy Almagros, une relation des guerres que
Pizarre, ce lieutenant entreprenant et audacieux de
Cortez, eut à soutenir dans son expédition du Pérou.
Celte Relation est restée manuscrite aux archives
générales des Indes à Séville. C'est un mallieur qu'elle
n'ait pas été publiée ; car elle renferme des notions
curieuses sur les populations indigènes du Pérou et
du Chili, lors de l'arrivée des Espagnols dans cette
partie de l'Amérique.
Vigne. M. Vigne (G. -F.), voyageur anglais, a pu-
blié un Voyage dans la vallée de Ka^hmir, à Iskardo
et Laddak dans le petit Tbibet et dans les monts
Himalaya, 2 vol. in-8°, Londres, 1842, avec une
carte exécutée par M. Court, aux frais de la com-
pagnie des Indes. — Les nombreux renseignements
que ce livre fournil aux sciences géographiques le
rendent recommandable et précieux. Nous n'en con-
naissons pas de traduction française, et c'est vraiment
fâcheux.
Vogel (Jean-Guillaume), minéralogiste, né le U
mars 1C57, dans le duché de Cobourg. Ses lectures
lui inspirèrent legoijt des voyages. 11 mourut le 17
juillet 1723, laissant les ouvrages suivants : i" Jour-
nal des voyages en Hollande et dans les Indes-Orien-
tales; 2" Les Indes-Orientales et modernes.
Vséiolejiky (le cliev. N.-S.), conseiller d'Etat de
Russie, auteur d'un Dictionnaire géographique de l'em-
pire de Russie, 2 vol. in-8", en 1816 : ouvrage esti-
mable, bien qu'incomplet et défectueux sous le rap-
port de la géographie physique.
W
Wadsiroens (C.-B.), voyageur et géographe an-
glais, auteur d'Observations géographiques sur la Gui-
DlCTlONNAIBB DE GÉOGRAPHIE ECCL. II.
GEOGRAPHIQUE. i^f^
née centrale et sur les colonies anglaises de la côte
occidentale de l'Afrique,
VValckenacr (Cbarles-Atbanase, baron de), né a
Paris, le 25 décembre 1771, a beaucoup écrit. Il est
tout à la fois littérateur, bibliographe et anthropolo-
gue, géographe et cartographe. Nous n'avons à nous
occuper ici que de ses ouvrages de géographie et de
cartographie, qui sont nombreux. 11 est auteur d'une
Cosmologie, ou Description générale de la terre, in 8»,
1815. C'est une géographie élémentaire, mais qui
contient des idées larges et des aperçus neufs. M. de
Walckcnaer a publié une Géographie historique des
Gaules cisalpine et transalpine, jusqu'à la chute de
l'empire romain en Occident, in--4° ; des Recherche*
sur la géographie ancienne et sur celle du moyen ige,
in ï", Paris, 18-25; un ouvrage sur les Progrès des
connaissances géographiques à l'est et au sud de l'Asie,
et sur VOrigine des Malais; un Tableau géographique
et historique de l'Archipel d'Orient, de la Polynésie et
de l'Australie, 3 vol. in-S", Paris, 181'J; des Recher-
ches géographiques sur l'intérieur de l'Afrique, 111-8",
avec carte, P.iris, 1821 ; un Essai sur l'histoire de
l'espèce humaine. — Comme cartographe, M. de Walc-
kcnaer a composé un Atlas in-folio pour la G^ogro-
phie moderne, traduite de Pinkerton; un Allas pour
les Voyages de Félix d'Azara dans l'Amérique méri-
dionale ; une Carte de l'Egypte, une Car(« de l'an-
cienne Corse, une Carte de l'intérieur de l'Afrique.
M. de Walckenaer a beaucoup contribué par ses
ouvrages aux progrès des sciences géosTapliiques,
et à leur amélioraiioa au point de vue véiiiableineut
scieiitiiique. C'est lui qui a proposé de donner le nom
général de Monde maritime à l'Océanie, à tous les
groupes d'îles désignés par les dénominations parti-
culières de Microiiésie, de Polynésie, d'Australie,
d'Australasie, etc., etc. La proposition est bonne, el
il est à regretter qu'elle n'ait pas prévalu jusqu'à ce
jour dans le monde géographique.
M. de Walckenaer est secrétaire perpétuel de l'aca-
démie des inscriptions et belles-lettres.
Wallet (Emmanuel), de Saint-Onier, auteur d'un
Alias historique et topographique de la ville de Sainl-
Omeren 1834, d'une Description de l'abbaye de Saint-
Bertin et de l'ancienne cathédrale de Saint-Omer.
Walsh (Thomas), né à Angers en 1778, mort en
1811, colonel au service de l'Angleterre; auteur d'un
ouvrage sur l'Egypte, sur Gibraltar, Malle, Mayorque
et Minorque, in-4'', avec caries, en anglais.
Walih (le comte Tliéobald), né à Liège en 1792.
— Nous avons de lui un Votjage en Suisse, en Lom-
hardie et en Piémont, 2 vol. in-S" ; ouvrage contenant
des renseignements exacts sur la géographie de ces
contrées, si .souvent visitées et toujours mal dé-
crites.
Wiilsh. Le révérend docteur R. Walsh, auteur
d'un Voyaje en Turquie et au Brésil. M. Walsh était
chapelain de l'ambassade ang'aise. — L'ouvrage a été
traduit par M.\l. II. Vilmaiu et E. Rives, in-S",
1828.
40
l^SO BIBLIOGRAPHIE
Wandelaincourt (l'abbé Anlome-Huberl), né en
1751 à Rupl-en-Voivre, diocèse de Verdun, évêque
consiiimionnel de la Haule-Marne, mort en 1819;
auteur de plusieurs ouvrages et d'une Géographie
ilémenlaire, ainsi que d'une Géographie du piemier
âge. — Cet ecclésiastique élait insiruitet d'un mérite
réel. Il est rfgrettable qu'il soit tombé dans les er-
reurs du scbisine de 1791.
Wapfaem ( le docteur J.-E. ), a publié des Re-
cherches sur les découverles géographiques de» Por-
tugais sous Henri le iSaviyaieur , pour servir à l'iiis-
loire du comaieice maritime ei de la géographie au
moyen âge. L'ouvrage a paru eu plusieurs tomes
in-8°, àGceuiiigue, en 1842.
Wardeii ( David Bailie ), né en 1778, dans le
comté de Down en Irlandi; , savant distingué , a élé
consul génér.il des Eiais-Unis à Paris à la lin de
l'Empire. On a de lui une Descripiion statistique, histo-
rique et politique des Etals-Unis de l'Amérique sep-
tentrionale, S \u\. in-8", Paris, 1820; et un Mémoire
tur les antiquités de fAmériqtfe, fort esiimé. Quant à
la Description , c'est le meilleur ouvrage que nous
ayons sur l'Union américaine, et qui fasse mieux
conn.iître celte vasie contrée sous le rapport topo-
graphique et géographique.
Warner (UicliarJ), Angliis, auteur de VBistoire de
l'abbaye de Glaston et de la ville de Glastonbury, in-4*,
Londres, 1826.
Warren ( le comte Edouard de), officier anglais, a
publié récemment sur les possessions anglaises dans
rilindnustan un ouvrage qui est fort esiiuié , autant
par l'exactitude des aperçus, la sobriété des détails,
que par le mérite des observations géographiques.
Nous n'en connaissons pas de iraduetidii française.
L'anieur a I ccupé un poste important dans l'armée
an^In-hindoue.
Wdstelain (Charles) , jésuite , ué a Marmiont , vil-
lage belge, en 1G95 , mon à Ldie eu 1782; auteur
d'une Description de la Gaule Belgique, avec des car-
tes , in -i*.
Walt ( Joacliim), dit Vadian, né à Saint-Gall en
1484, mort eu 1551. — Il professa les belles-lettres
à Vienne en Autriche. On a de lui des Commentaires
géographiques sur Pomponiusilela, 1577, in-fol.
Wells (Edouard), pliilologne anglais, né en lCli4 à
Corshiim , dans la province de Wilt , mort en 1727 ;
auteur d'une Géographie historique de fAncien el du
ISouveau Teslameni, avec des cartes, 4 vol. in-8''.
Wheaton. M. Wheaton (Henri), a composé l'his-
luire des peuples du Nord, ou des Danois el des Nor-
m:inds. L'ouvr-ige a paru avec des caries , inscrip-
tions et alphabet unique. M. Guillot l'a traduit de
l'anglais, 1844. — M. Wheaton a été ministre des
Etats-Unis près le gouvernement danois. Son livre
est supérieur à celui de M. Depping , intitulé : Ex-
péditions des Normands. L'auteur a pu consulter les
archives du gouvernement et les documents origi-
naux; aussi son livre étlaircit-il la géographie
scDlenirlouale de l'Ëuru^e , restée jusqu'alors Toi t
GEOGRAPHIQUE. 1260
obscure. — L'ouvrage a paru à Philadelphie , in-8',
en 1831, avec des cartes et des inscriptions.
Wickar. M. Wickar ( Archibald ), voyageur améri-
cain , auteur d'un Voyage aux Monlagnei ïlocheuset,
à l'Urégon et aux rives de COcéan Pacifique, pendant
les années 1804, 1805 et 1806. London, 1814 et 1815,
et New-York, 1S42, 2 vol. in-8°. Ce voyage est la
première exploration qui ail eu lieu des Moniagnes
Rocheuses, de l'Orégon jusqu'à l'Océan Pacilique, à
travers les grandes prairies en suivant le cours du
fleuve Columbia.
Wilkins (Charles), patriarche des orientalistes an-
glais, né à Ilertford en 1759, alla dans l'IIindousian,
et s'y consacra à l'étude du sanskrit , langue an-
cienne et sacrée des Brahmes. Nous avons de lui une
grammaire de celle langue, in-4*, Londres, 1808, cl
plusieurs Mémoires sur diverses questions géogra-f
phiques de l'Asie.
Wilkinson {Vf.), ancien consul d'Angleterre à Bu-
charest; auteur d'un Tableau géographique de la
Moldavie el de la Yalachie.
Wilkinson. M. Wilkinson a consacre douze ans à
l'étude de l'Egypte dans ses monumenis el sa confi-
guration ; il a exécuté un travail lopographique des
]iliis curieux sur luule la partie du pays qui s'éienJ
entre le Nil et la mer Rouge, depuis le Caire eiSues
jusqu'à Thèbes.
Wiltoie (Jacques), né à Bar-le-DucIe 1^' novem-
bre 1656, enira dansla comp.igiiie de Jésus, et reçut
l'ordre de se rendre en Chine, par la Turquie, la
Perse et la Tariarie. Il est auteur des ouvrages ci-
après : 1* L'Arménie chiétienne, ou Calalcgue des
rois et pniriarcSics arméniens depuis J.-C. jusqu'en
1712; 2* Voyage d'un missionnaire de la compagnie
de Jésus, en Turquie, en Perse, en Arménie el en Ara-
bie, etc.
Wilson (Sir Roberl-Thomas) , né à Londres en
1777, oflicier anglais qui a joué un rôle dans la po-
litique Sous la Restauration, s'est de plus fait connaî-
tre par une Histoire de Cexpédiiion des Anglais en
Egypte, in-8°, a\ec caries.
Wiltheim (Alexandre), jésuite, né en 1604 dans
le Lnxemuourg, auteur d'une Iliuoire de l'ubbaue de
Munster (manuscrite) ; d'une Description du Luxem-
bourg sous les Romains, tl d'uneexcellentc Carie géo-
graphique de ce pays.
Wiltsch (E.-T.), a composé un Allas sucer (Atlas
sacré) iilTrant le Libleau de la propagatio:i du cUrisiia-
n.sme. Cet ouvr.ige qui est accompagné Je caries,
a paru à Gotha dans le formai in-4° ; il ne manque
pas d'intérêt, spécialeu:enl pour la géographie reli •
gieuse.
Wiiileben (F.-A. de), a dressé une Carte hydro-
graphique el orographique de l'empire turc en Eu-
rope et eii Asie, d'après les meilleurs documents.
Cette carte est en deux feuilles ; elle a paru en 1829,
à Magdebouig.
Wotf, a publié à Venise, en 1520, in-folio, un j
com^ilaiioa de traditions de légendes, de noilccs
laCl ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATftlARCATS , ARCHEVECHES. EVECHES. etc. 1262
historiques el géo,:;raphii|ues sims le litre de ; Baby-
lonicum integnim (x sapieittium scriplis et responsU
compositum a Rob. Aier, etc., etc. — Le géographe
peut trouver dans cette compilation des ressouices
et des indicaiions qu'il ne rencontrerait pas ailleurs.
Woltmann (N. de) , né a Oldenbourg en 1770,
mort à Hambourg en 1817 ; auteur d'une Hhtoire des
Allemands sous les empereurs de la mahon de Saxe, et
d'une Histuire de la lUformation en Allemagne. —
Ces ouvrages sont utiles à la géograpbie ecclésias-
tique allemande ; cependant il ne (aut les con^ulier
qu'avec réserve.
Z
Zach (François-Xavier, baron de), célèbre astro-
nome et inatlié.raticien, né à Presbourg en 1753,
moi l en 1S52; auteur d'une Correspondance mensuelle
pour les progrès de l'astronomie et delà géograpbie.
Gotlia, de 1800 à 1X14. De vera lalitudineel tongiiu-
dine geogiaphica; iVfoirfiic (Erfurt), 17C6, 1 vol.in-4*.
Zeiler, a rédigé une Topographie des différentes pro-
vinces de t'ancitn empire germanique, ainsi qu'une
Descripion des Pays-Bas. Comme l'empire germani-
que n'existe pins que dansrhistoire,celteTopd(;rap/ii«
est bonne à consulter. On regrette seulement que
l'auteur ait été si laconique sur Je certains articles
qui demandaient plus de dévoloppeuient.
ETAT GEOGRAPHIQUE
PAR ORDRE ALPHABETIQUE
DES PATRIARCATS, DES ARCHEVÊCHÉS, DESÉVÊCHÉS, DES VICARIATS ET DES PRÉFECTURES
APOSTOLIQUES DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE, AU XIX' SIÈCLE.
Dans le premier volume, nous avons donné l'état
géograrliique des patriarcats, des archevêchés et des
évêcliés dans tout le inonde chrétien, depuis le pre-
Hiier siècle jusqu':iu xviii^ inclusivement. Notre tra-
vail demeurerait incomplet, si nous n'y ajoutions la
situation actuelle de l'épiscopat catholique, qui, de-
puis la fin du dernier siècle, a passé par de grandes
vicissitudes, en raison des révolutions politiques que
l'Europe et l'Amérique éprouvent depuis soixante
ans.
Les Eglises héréliques et scbismaliqnes , à l'ex-
ception de l'Eglise aiiglic;ine et de l'Eglise russe ,
sont restées à peu près slationnaires. L'Eglise grec-
que, souuiise à la Turquie , est dans nu aiïaissement
profond. L'Eglise grecipie indépendante ( dans le
nouveau royaume de Grèce) ne se relève pas aussi
v:te qu'on l'espérait ; elle manifeste d'ailleurs des
tendances russes qui ne pcuvcjjt que lui préparer
un nouvel esclavage d.ms l'avenir.
L'Eglise russe, ilepu's un siècle, a fait des progrès
réels, glace à l'extension prodigieuse de la Russie
et à la violenie de son gouvernerneni. La partie de
rArménic, enlevée à la Perse et à la Turquie, a été
obligée de reconnaître la prédominance de l'Eglise
russe. Touies les piovinces polonaises se iniuvciil
forcément datis la même position. Les édifices ca-
tholiques y sont affectés au culte grec. Les sémi-
naires ne sont plus catholiques que de nom. Le
premier traité de théologie qu'on y explique aux
élèves est celui qui consacre la supiématie de l'em-
pereur en matière de religion. Les provinces pro-
testantes de la Baltique, telles que la Livoiiie, la Fin-
lande, la Courlande, etc., etc., n'ont pu échapper à
cet esprit immodéré de prosélytisme, malgré les
Ira. tés formels qui leur garantissent leur culte et la
liberté de conscience. Là où la force brutale est érigé*
en loi suprême, le droit des gens et les conven-
tions particulières perdent tonte leur autorité. Enfin,
dans ces dernières années, l'Eglise russe s'estéteiidue
jusqu'en Amérique où elle n'avait pas encore paru.
Les vasies possessions russes dans l'Amérique du
Nord sont évangélisées par le clergé grec. Nous de-
vons faire leniarquer en son honneur que c'est la
première fois, depuis bien des siècles, que ce clergé
se livre à la propagation de la foi , tiavail évangélique
excessivement rare dans son histoire.
Quant à l'Eglise anglicane, elle a suivi méthodi-
quement la fortune de l'.Angleterre. Partout où celta
puissance a conquis ou fondé des colonies, le gouver-
nement anglais s'est empressé d'y établir des évê-
cliés, par exemple dins l'Uindoustm, dans l'Austra-
lie, dans la prcsqu Ile de M.ilakka, au Canada, dans
l'Afrique occidentale et australe, en Europe, à .Malle
et dans les lies Ioniennes. L'épiscopat anglican Cït
comme le comnierce de l'Angleterre, il se rencontra
dans leb cii q paities du u)onde.
PATRIArtCATS.
Les patriarcats, caihuli>iues actuels, ou unis ac-
tuellement à l'Eglise caiholique, sont les suivants :
Consta.minopl:. Le titulaire étend .^a juridiction
sur toutes les possessions turques eu Europe et en
Asie. Quant au diocèse de Cunstantinople propre-
ment, il est fort étendu. Nous eu parlerons à l'ar-
ticle de celte ville.
Alexandhie. Ce patriarcat est purement nominal.
Le titulaire n'étend sa juridiction que sur les rar«s
Européens catholiques qui habitent l'Egypte.
Amiocbe. Nous devons en dire autant du patriar'
cat latin d'Antioche.
Jéuusalkm. Depuis deux ans , par les soins de
12(55
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE. 12(54
Pie IX, ce pairiarcal est reconnu par le gouvcrne-
menl otloman. Le liiulaire h.ibile Jérusalem (ce
qu'il n'a va t pas la faculté de faire auparavant) , et
il étend sa juridiction sur tomes les provinces qui
formaient à peu près l'ancien patriarcat de Jéru-
salem.
Venise. Ce patriarcat, qui remonte à l'époque de
l'indépendance et de la prospérité de la république
de Venise, n'est qu'un titre lionorilique. Le titulaire
n'exerce plus sa juridiction que sur le diocèse même
de la ville.
Indes occidentales. Ce patriarcat avait été créé
par le saint-siége, à la demande des rois d'Kspagne,
eu faveur de l'Amérique espagnole. Il comprenait
donc les provinces depuis l'Oiégon , qui dépendait
alors du Nouveau-Mexique , et la Californie jusqu'au
Chili inclusivement, et depuis la Patagonie jusqu'à
la Louisiane (sauf le Brésil qui appartenait à un autre
patriarcal, conijne nous le dirons tout à l'Iieure),
ainsi que les Pliilippiiies, Saint-Domingue et Cuba.
C'était le patriarcat le plus considérable qui ait en-
core existé. Celle dignité se conférait le plus souvent
à l'archevêque de Tolède, ou au général des domini-
cains. Queli|uefois l'arclicvêqne de Mexico en était
revêtu. Aujourd'hui le patriarcat est bien diminué ,
l'Espagne ne possédant plus rien sur le continent
américain. Le gouvernemeul espagnol continue néan-
moins de disposer de cette charge ; mais le titulaire
ne compte plus sous sa juridiction que l'ile de Cuba
et les Pliilip|iines.
Lisbonne. .\ rimitation des rois d'Espagne, les rois
de Poiiiigal <leinandèreiil et obtinrent un patriarcat
pour Lisbonne el leurs possessions coloniales. Mais
comtne le Portugal a également perdu ses vastes co-
lonies eu Amérique et en Asie , le patriarcat n'est
dIus que l'ombre de ce qu'il était autrefois.
Anïioche des Grkcs MELCHiTES. .-^près le patriar-
cat latin d'.\nlioclie proprement dit , on compte en-
core trois sortes de patriarcats pour cette ville. Les
Grecs, qui ont conservé la liturgie melcliite, ont tou-
jours eu un patrianhe qui est en coainuinion avec
Rome. C'est donc le saint-siége qui coiilèie celte
dignité patriarcale. Le titulaire n'exerce sa juridic-
tion que sur les Grecs et quelques Arméniens aiia-
cliésàla liturgie inelchile, qu'ils attribuent à saint
Mélèce, I ati iirclie d'.\iitioclie , du temps de saint
Jérôme, lor.sque ce s-ivani docteur l.abilait le désert
situé entre celte ville et Damas.
Antioshe des Maronites. Le liiulaire ne comprend
dans sa juridiction que les maronites qui presque
tons liabiteni l'Auli-Liban et le mont Liban où il ré-
side hii-niême.
Antioche de Syrie, ou des Svrie.ns. Ce patriarche
est pour les clirétiens qui sont resiés attachés au
rite syrien par esprit de naiionaliié el qui o ,t conser-
vé la liturgie syrienne. Ces deux derniers patriar-
ches sont pauvres ; ils vivent des dons volontaires de
leurs fidèles qui sont enx-uièmes généralement
pauvres.
Dabylone pour la nation chaldéenne en Mésopota-
mie. Ce patriarcat, qui n'existait pas dans les pre-
miers siècles , est de création moderne : le saint-
siége l'a établi en faveur des chrétiens de cette
contrée qui , tout en suivant la litui-gie chaldaïque,
une des plis anciennes de l'Orient , reconnaissent
l'autorité de l'Eglise catholique. Le paliiarcat de
Dabylone remplace en quelque sorte celui de Séleucie,
dont il n'est plus question depuis longtemps.
CiLiciE des Aiméniens. Les clirétiens arméniens
en communion avec le saint-siége et qui sont répan-
dus tant dans l'Europe orientale que dans l'Asie oc-
cidentale, continuent, depuis le xiii<^ siècle, de re-
coniiaitre l'autorité du patriarche résidant en Cilicie.
Le titulaire actuel Grégoire Pierre VIII a été Dommé
en 18-44 par le pape Grégoire XVI.
ARCHEVÊCHÉS ET ÉVÊGHÉS CATHOUQIIES EN 1849.
A
Acerenza et Matera , archevêché de la création
d'Innocent II au xii<^ siècle, dans l'Italie méridionale
(royaume des Deux-Siciles). Le titulaire réside i
Matera.
-AcERNO, évêché de l'Ialie méridionale (royaume
des Deux-Siciles), création du xii^ siècle, suffraganl
de la métropole de Salerne,el admiiiisiratenr de ce
diocèse pendant la vacance du siège
AcERRA, uni à Sainie-Agaihe-desGoilis, évêché du
vi= siècle , suffragant de Naples, dans l'Italie méri-
dionale (royaume des Deux-Siciles).
AcuoNRY , évêché du vi^ siècle , auparavant Lei-
nhim, en Irlande (empire britannique), suffragant
ie l'archevêché de Tuam.
AcQi APENDE.NTE , évêché dc la création d'Innocent
X au xvii<= siècle, dans les Etats-Romains. Ce siège
était auparavant à Castro (Castrum) et remontait au
ve siècle. Mais, sous le pontificat d'Innocent X, les
habitants dans une émeute ayant tué leur évèque, ce
pape transféra l'évêché à .Acqnapendeiile (Acula) ,
ville voisine.
AcQiM, évêché du v' siècle dans le Piémont (Etais-
Sardes Italie septentrionale), autrefois sulfiaganl de
Milan et actuellement de Turin.
Adélaïde, évêché de l'Australie méridionale (Nou-
velle-Hollande), érigé eu fS42 par le pape Grégoi-
re XVI.
.Adria, évêché du v« siècle, dans l'Italie septen-
trionale, province de la LoinbardieVénitieiine, suf-
fragant de Milan. Le titulaire de ce siège épiscopal
réside à Rovigo.
Agadon. Voyez Kerry.
Agathe (Sainte-) des Goths, évêché du x« siècle,
sufl'r.igant de Béiiévenl , dans l'Italie méridionale
(royaume de Naples). Cet évêché a été réuni dans
ces derniers temps à celui d'.\cerra
Agen, évêclié du iv« siècle , en France (dép. de
Lot-et-Garonne), suffragant de Bordeaux.
Agria, et Lger, ou Erlal, archevêché de la Basse-
iîongiio. Celte ville a d'abord été un évêché dont la
I
1-265 ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATIUARCATS, ARCHEVECHES, EVECHES, f.tc. 12C0
créaiion est fixée au comniciiceiDent du xi^ siècle.
Ajaccio , éveillé du vi= siècle , eu France ( île et
déparlenient de la Corse), suffragant de l'archevèclié
d'Aix.L'évêclié d'Vrcinium, dont il ne reste plus de
vestiges acluellen)eiit, lui a été uni au vi" siècle.
Aire , évéclié de la lin du v« siècle, eu France
(département des Landes), suffragant de l'arclievêclié
d'Audi.
Aix, archevêché du iv« siècle, avec le litre des ar-
chevêchés d'Arles et d'Embrun qui lui ont été réunis
par le pape Pie Vil, en France (dép. des Bouches-
du-Rhônc). L'archevêché d'Arles datait du m' siècle
et celui d'Embrun du iv^. Supprimés tous deux par
le concordat de 1801 et réiablis par celui de 1817, ils
ont été délinitivemenl réunis à la métropole d'Aix
par les conventions diplomatiques de lSi2.
Alatri, évêché du m'^ siècle , immédiatement
soumis au saint-siége, dans les Etais-Homains.
Alba.ou Alba-Pompeia, évêché du commencement
du xi« siècle, dans le Piémont (Etats-Sardes), suffra-
gant de l'archevêché de Tuii».
Albano, évêché du commencement du xii' siècle,
qui sert de titre à un cardinal , dans les Etats-Ro-
lunins.
Albahaiin, ou Albahracin, évêché du xii= siècle ,
dans l'Aragou (royaume d'Espagne) , suffragant de
rarchevêché de Saragosse.
Albe-Roïale , ou Stl'hlweisseinburg, évêché du
XVII' siècle, dans la Hongrie.
Albenca, évêché du iv' siècle, dans le Piémont
(Italie septentrionale, Etals-Sardes), suffragant de
Gênes.
Albï, archevêché du xvii*' siècle , évêché dès le
lii«, en France (dép. du Tarn).
Alexandrie-de-la-paille , évêché de la créaiion
d'Alexandre III au xii« siècle, dans le Piémont (Ita-
lie septenirionale, Elats-Sardes), suffragant de l'ar-
chevêché de Veiceil.
Ales et Terralba , ou Ales et Usel , évêché de
l'Ile de Sardaigne (royaume de ce nom) , suffragant
de l'archevêché d'Oristano. Usel était un évêché du
m' siècle. Au commencement du xvi* siècle, celle
ville étant ruinée, le pape Alexandre VI transféra le
siège épiscopal à Ales.
Alessio, ou Alise , évêché du ix« siècle , dans
l'Albanie (empire otioman), suffragant de Dnrazzo.
Alger, évêché de la création de Grégoire XYI ,
en 1838, chef-lieu de l'Algérie française (Afrique
septenirionale), suffragant de l'archevêché d'Aix.
Alghero, évè'hé de la créaiion de Jules III au
commencement du xvi" siècle, dansl'ile de Sardaigne
(Eiais-Sardes), suffragant de Sassari. Le pape Alexan
dre VI avait transféré les évêchés de Castro et de Bi-
sarchio à OlIiann.Mais les pirates turks ayant détruit
celle ville dans leurs fréiiuentes incursions , le pape
Jules 111 érigea .Alghero en évêché et y réunit le tiire
d'Othana.
Alife, évêché du y" siècle, uni à celui de Cereto-
ctTelese , Italie méridionale (royaume des Deux-
Siciles) , sullragant de l'archevêché de Caserte. L'é-
vêque ré^de à l'iédimonle, ville voisine d'Alife, dont
la situ:itii)n est Irès-insalubre.
Alméria, évêché du xu' siècle , en Espagne , suf-
fragant rie l'archevêché de Grenade. L'évèché était ,
dans les premiers siècle.'), à Abdera qui n'est plus
qu'un village nommé Adra.
Amalei, archevêché du x« siècle, Italie méridio-
nale (royaume des Deux-Siciles). Avant celle époque,
Amalli était un évêché dès le v siècle.
Amélia, évêché du v« siècle , immédiatement sou-
mis au pape, Italie centrale (Etats-Romains).
Amiens, évêché du commencement du iv* siècle,
en France (dép. de la Somme), suffragant de l'ar-
chevêché de Reims.
Ampurias et CiviTA, ouCastel-Aragonese, évêché
du vi'= siècle dans l'île de Sardaigne (Etais-Sardes),
suffragant de l'archevèclié de Sassari. L'évèché de
Civitas Pliausiana, ou Terra Nova, fut uni à celui
d'Ampurias dans le \i' siècle; et , au xvi* siècle ,
celui d'Ampurias lut transféré à Casiel-Aragonese ,
mais le titre fut cependant conservé.
Anagm, évêché du v* siècle, immédiatement sou-
mis au pape , dans l'Italie centrale (Etals-Romains).
Ancône et Umana, unis, évêché du m* siècle, im-
médiatement soumis au saint-siége , Italie centrale
(Etats-Romains). L'évèché d'Umaiia a été uni à celui
d'Ancoue au xv« siècle.
Anoria, évêché du v siècle suivant quelques au-
teurs, et du w^ suivant d'autres, dans l'Italie méri-
dionale (royaume des Deux-Siciles) , suffragant de
l'archevêché de Trani.
Andros , évêché du xiii' siècle, dans l'île de ce
nom, faisant partie du groupe des Cyclades dans
la Méditerranée, suffragant de l'archevêché de
Naxia.
Angelo-de'-Lombardi (San-), évêché du xi« siècle,
auquel a été réuni depuis celui de BisacciQ, dans
rilalie méridionale (royaume des Deux-Siciles), suf-
fragant de l'archevêché de Conza.
A.ncelo-in-Vado (Sà.v-) et Urbanea, évêché du v«
siècle, qui a été réuni à celui d'il rbanea au xvw siècle,
dans les Etals-Romains, suffragant de l'archevêché
d'Uibin.
Angelopol). Voyez Tlascala
Angers, évêché du iv^ siècle, en France (dép. de
Maiiie-el-Loire) , suffragant de l'archevêché de
Tours.
Anglona-et-Tursi, évêché du \i' siècle, uni à ce-
lui de Tursi dans le xii^, dans l'Italie méridionale
(royaume des Deux-Siciles), suffragant d'Acerenza.
Angola , ou Saint-I'aul-de-Loanda, évêché du
xvi» siècle , sur la côie occideniale d'Afrique dans
la Guinée inférieure (colonies portugaises) , suffra-
gant de Lisbonne.
Angoulême, évêché du iv<: siècle, en France (dép.
de la Cliarcnle), suffragant de Bordeaux.
Angra, évêché du xvi'' siècle, dans l'ile de Terceira,
1267
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
une des îles Acores (colonies portugaises), suffragant
de Lisbonne.
Ansect, évficlié du i\» siècle, éiaWi à Genève ,
transférd,d.'>ns le x\i',3 Annecy, à cause du proles-
lanlisnie, dans la Savoie (Elals-Saides) , sulfraganl
de rarclievêclié de Chanibéry.
ANTFQri RA, du Oaxaca, évêclié du xvi« siècle, au
Mexique (Amérique seiiieulrionale) , suffiagant de
Mexico.
Antioqdia des Indiens , ou Santa-Fé de Antio-
QniA, évêelié du xi\' siècle, dans la Nouvelle-Gre-
nade (Amérique méridionale), suffragant de l'arclie-
vêclié de Sania-Fé-de-Bogoia.
Antivari, arclievêclié de la création d'Alexandre
11 au XI» siècle, auparavant évêclié du viii« siècle ,
dans l'Albanie (Empire oilomaii).
AosTE, évêché du v« siècle, dans la province de
Savoie (Eiats-Sardes), suffragant de rarchevêché As
Chsmbéry.
Aqcila, évêcbé du xiii« siècle , soumis immédia-
tement au saini-siége , dans l'Italie mériilionale
(royaume des Deux-Siciles),
Aqcin-Pontecorvo-et-Sora, évêché du v« siècle,
qui relève immédiatement du pape, dans l'Italie mé-
ridionale (royaume des Deux-Siciles).
Arci-Reale, évêché de la création de Grégoire
XVI an xi\^ siècle, dans l'Ile de Sicile (royaume des
Deux-Sicil«s).
Ardach, évêché du v» siècle , en Irlande (empire
britannique), suffragant de l'archevêché d'Armagh.
Areqoipa, évêché du xvi« siècle, an Pérou (Améri-
que méridionale), suffragant de l'archevêché de
Lima.
Arezzo, évêclié du iv« siècle, immédiaiement sou-
mis au pape, grand-duché de Toscane ( Italie cen-
iral'e).
Ariano, évêché du ix« siècle, royaume des Deux-
Siciles (Italie méridionale), suffragant de Bénévenl.
Armagh, archevêché du v« siècle, en Irlande (em-
pire britannique).
Arp.as, évêché du v« siècle, suivant quelques au-
teurs, et du xi=, selon d'autres, en France (dép. du
Pas-de-Calais), suffragant de Cambrai.
A-coLi, évêcbé d» v siècle , inimédiatcnient sou-
mis au pape , ilans les Etats-Romains (Italie cen-
trale).
Ascou-m-Satruno, évêché du x' siècle, uni à celui
de Ccriijnola, et dit aussi pour celte laison Ascnn-
et-Cerignola, royaume des Deux-Siciles (Italie mé-
ridionale), suffragant de lîénévent.
Assise, évêché du vi^ siècle, immédiaiement sou-
mis au pape , dans les Etats-Romains (Italie cen-
trale).
Asti, évêcbé du iv» siècle, dans le Piémont, Etats-
Sardes (Italie septentrionale), suffragant de Turin.
Asthrga, cvêclic du iv* siècle , province de Léon
■ en Espagne , suffiiig:int lî-. 'arcbevéi lié de Santiago
de Compostellc (Saint-Jacques-de-Compostelle).
Atbi et-Penne, évêché du viF siècle, uni à celui
1268
de Penne on Penna au xiii" siècle, dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale), immédialeineut
sounii; au saiut-siége.
Accu, archevêché du viii'' siècle, auparavant évô-
cbé dès le iv^, en France (ilép. du Gers).
AixsBomiG , évêché du iv« siècle d'après certains
auteurs , et du viii« suivant d'autres, dans le royau-
me de Bavière (autrefois la Souabe , Allemagne mé-
ridionale), suffiagant de l'arthevécbé de Munich.
Adgustow. Voyez Sevna.
AuTUN, évêcbé du iv siècle, en France (dép. de
Saône-et-Loire), suffr.gani de Lyon.
AvEino, évêché du xix« siècle , dans le royaume
de Portugal, suffragant de Braga.
AvELLiNO, évêché du vi« siècle , dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale) , suffragant de
Salerne.
AvEBSA, évêché du xi* siècle, immédiaiement sou-
mis au saiut-siége, royaume de Naples ( Italie mé-
ridionale).
Avignon, archevêché du xv« siècle, auparavanl
évêché du iii^, en France (dép. de Vancluse).
AviLA, évêché du v* siècle province de la Vieille-
Casiille, eu Espagne , suffragant de Santiago-de-
Composlelle.
AvACOCHO. Voyez Goamanga.
B
Bauyione, pour le rite latin, résidence à Bagdad,
Asie (empire ottoman).
Baciiia, ou Bacz. Voyez Kolocza.
Badajoz, évêcbé du v^ siècle, provmce de l'Esira-
madure, en Espagne, suffiagant de Santiago-de-
Compostelle.
Bagnorea, ou Bagnabea, évêcbé du vi« siècle, dans
les Etats-Romains (Italie centrale) , immédiaiement
soumis au pape.
Baie (La)-de-Tods-les-Saints. Voyez San - Sal-
vador.
Bale, évêché du viii» siècle, dans le canton de ce
nom , en Suisse, suffragant de l'archevêché de Fri-
bourg en Brisgaw.
Baltimoi'.k , archevêché du xix» siècle, d'abord
évêcbé de la création du pape Pie VU , aux Etats-
Unis ( Amérique septentrionale).
BAMBriîG , archevêché du xix« siècle, auparavant
évêcbé du XI», dans le royaume de Bavière (Alle-
magne méridionale).
Barbastro, évêcbé du xii' siècle, province d'Ara-
gon, en Espagne, suffragant de Saragosse.
Barcelone, évêché du iv* siècle, province de Ca-
talogne , en Espagne, suffragant de Tarragnne.
Bardstown, évêché de la création du pape Pie VII
au XIX* siècle, dans le Kentucky, aux Etats-Unis
(Amérique septentrionale).
Bari, arcbevêché du x» sièeie, auparavant évêché
dès le comiKPiicement du iv» , dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale).
Baïelx, évêché du iv siècle, en France ( dép. du
Calvados), suffragant de l'archevêché de Rouen.
ISCJ ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATRIARCATS, ARCHEVECHES, EVECHES. etc.
Î27f)
Batonne, évêclié du i\' siècle , en France (dép.
des Uasses-Pyréiiées), sulTraganl d'Aiicli.
Bf.auvais , é^êclié du m* siècle , en France (dép.
de l'Oise), sufTiagant de l'arclievêché de Reims.
Béja, évéclié du v* siècle dans le rnyiiume de Por-
tugal, suffraganl de rarclievèclié d'Evora.
Belfm-ipe-Pap.a , évèclié du xvm<' siècle, dans la
province de Para , empire du Drésil (Amérique mé-
ridiotiaic), suffragantde rarclievécliédeSan-Salvador
ou Rallia.
Delgrade-et-Sf.mendria, évêclié du xvii' siècle, de
la création d'Innocent X, uni à Semendrin, dans la
Servie (Europe orientale) , sulTragant de l'arclie-
vêché a'Anlivari.
Bellet, évêciiédu v« siècle, en France (dép. de
J'Ain), sullraganl de l'arclievêclié de Besançon.
Bellune-f.t-Feltre, évèclié du ni" siècle, uni à
celui de Feliri ou Felire, dans la Lombardie yéni-
tiennc (Italie septentrionale), sulTragant de Venise.
Belzi. Voyez Chelma.
Bé.névent, archevêché du x* siècle, auparavant
évèclié du iv^, appartenant au pape, bien que silué
dans le royaume des Deux-Siciles (Italie méridio-
nale).
Bërgame, évêché du v^ siècle, dans la Lombardie
vénitienne (Italie sepieiilrionale), suffraganl de l'ar-
clicvèclié de Milan.
Bertinoro-et-Sarsina , évèclié du xiv» siècle ,
iMii à celui de Sarsina, dans les Etals-Romains (Italie
centrale), suffragant de Ravenne.
Besançon , archevêché du m' siècle , en France
(dép. du Doubs).
BiELLA, évèclié du xix' siècle, dans le Piémont ,
Etats-Sardes (Italie septentrionale ) , sulTragant de
l'arclievèché de Vercei).
BlSACCIA-ET-SANTO-ANGELO-DE'-LnMBAnDl, évèché
du XI' siècle, uni, au xvi», par Léo» X , à celui de
Saiito-Angelo-de'-Lombardi , dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
cbevêclié de Conza.
BiSARCHio, évécbé du xii* siècle, dans l'île de Sar-
daigne, Etals-Sardes, suffr.igant de l'archevêché de
Sassari.
BiscEGLiA, dans le royaume des Deux-Siciles. Voi/fs
Trani.
Bisigmano-et-San-Marco, évèché du xi= siècle ,
uni à celui de S:\n-Marco dans le royaume des Deux-
Siciles. Voyez San-Marco.
Bitonto-et-Ruvo, dans le royaume des Deux-
Siciles. Voyez Ruvo.
Blois, évêché du xvn« siècle, en France (dép. de
Loir-el-Cher) , suffragant de l'archevêché de Paris.
BoBBio, évêché du v* siècle, dans le Piémont ,
Etats-Sardes (Italie septentrionale), suffragant de
rarchevêché de Gênes.
Bojano, évêché du v" siècle, dans le royaume oes
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de Bé-
névent.
Bologne , archevêché du xvi* siècle, auparavant
évèché du ii', dans les Etats-Romains (Italie cen-
trale).
Bordeaux , archevêché du m' siècle , en France
(dép. de la Gironde)
BoRCn-SAN-DoNMNO, évêché du xvi» siècle, dans
le duché de Parme et Plaisance (Italie centrale).
Borgo-San-Sepolcro , évèclié du xvi* siècle ,
grand-duché diî Toscane (Italie centrale), suffragant
de l'archevêché de Florence.
BosA, évêché du xii* siècle, dans l'Ile de f-ardaigne
(Etals-Sardes), suffragant de l'archevéclié de Sas-
sari.
CosNiE-ET-SiRMiE, évêchc dii XI* siècle, uni il ce-
lui de Sirmie , province de l'EscIavonie (ivilc dans
la Hiirgrie , siiffragmt de rarclievêchc de Knioc.-a.
BnsTON , fcvêchc du xix' siècle, de la création de
Pie VII, dans le Massachusels, Etats-Unis (Amérique
septentrionale).
BiiuRGES,a'chevecne du m* siècle, en France (dé-
partement du Cher).
BovA, évèché du vii^ siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles ( Italie niéiidinnale) , suffragant de
l'archevêché de Reggio.
BoviNo, évèché du x' sièc|p, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
chevêché de Reggio.
Braga , archevêché du iii« siècle, prorince de
Minho, royaume de Portugal.
Bragança-et-Mibanda, évêché du xvi" siècle ,
province de Tras-os-Montc;, royaume de Portugal,
suffragant de Braga.
Brescia, évêché du iv siècle, dans la Lombardie
vénitienne (Italie septentrionale) , suffragant de
Milan.
Breslaw, évêché du si" siècle , province de la
Silésie prussienne, royaume de Prusse, suffragantde
l'archevêché de Gnesen-et-Posen.
Bressanone, ou Bbixeï» , évêché du viii" siècle ,
dans leTyrol (monarchie autrichienne) , suffragant
de l'archevêché de Salzbourg.
Bresta ou Brest-Litovski. Voypî Uladimiria.
Brieuc (Saint-) , évêché du ix« siècle, en France
(dép. des Côtes-du-Nord), suffragant de Tours.
BRtNDtsi, ou Brindes, rirchcvêclié du xi« sièrie, au-
paravant évèché du vi', dans le royaume des Deux-
Siciles (Italie méridionale).
Brdges, évêché du mx* siècle , créaiioii de Gré-
goire XVI, royaume de Belgique, suffragant de l'ar»
chevêche de Malines.
Brfgnato, ou Genovesato, réuni h I.iinisarzane ,
évêché du v° siècle, dans le Piémont, Etats-Sardes
(Italie septentiionale), suffragant de rarihcvèclié de
Gènes.
Brunn, évêché moderne , province de Moravie ,
monarchie autrichienne, suffragant de l'archevêché
d'OImûlz.
BuDWEis, évêché moderne , royaume de Bohème,
monarchie autrichienne , suffragant de l'archevèchô
de Prague.
1271
DICTFONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
nn
BnENOS-AïRES , 011 la Sainte-Trinilé , évéché du
xvi' siècle, confédéral ion du Rio de la Plaia, ou ré-
publique Argt;niiiie (Amérique méridionale).
Bl'rgos , arclievêclié du svi' siècle , auparavant
évêclié du xi«, province de la YieHle-Casiille , en
Espagne.
c
Cacebes-Nceva, évêché du xvi« siècle, aux îles
Philippines, colonies espagnoles , dans l'arcliipel
Asi.ilii](ie, Euffragant de l'arclievéclié de Mauille.
Cadix, évêché du vr' siècle, province de l'Anda-
lousie, en Espagne, sulTragant de rarchevèché de
Séville.
Cagli-et-Pergoi.a, évêché du iv* siècle, dans les
Etals-Romains (halle méridionale ) , suffraganl de
l'archevêché d'Urbin.
CAr.LiARi, archevêché du iv» siècle , dans l'île de
Sardaigne, Elais-Sardes.
Cahors , évêché du m" siècle , en France (dép.
du Lot), sulTrag.int de l'archevêché d'Alby.
Calahorra-et-Calzada , évêché du vi* siècle ,
auquel celui de Calzada a été réuni dans le xvi', pro-
vince de la Vieille-Caslille, en Espagne , suiïragant
de l'archevèclié de Burgos.
Califouma, ou Californie, évêché du xix'^ siècle,
création du pape Grégoire XVI, dans la province de
ce nom, Etats-Unis (Amérique septentrionale).
Caltagiro.ne, ou Calata-Giro.ne , évêché du xix«
siècle, dans l'île de Sicile, royaume des Deux-Si-
ciles, suffraganl de Palerme.
Caltamzetta, évêché du xisi^ siècle, création de
Grégoire XVI, d.ins l'île de Sicile, royaume des Deux-
Siciles.
Calvi-et-Teano, évêché du x« siècle, auquel a été
réuni celui de Teano qui datait du v«, royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale ), suffragant de Ca-
poue.
Calzada. Voyez Calahorra.
Cambrai, archevêché du xvi« siècle, auparavant
évêché du iv^, en France (dép. du Nord).
Camerino, archevêché moderne, auparavant évêché
^u v« siècle , dans les Etats-Romains (Italie cen-
trale) .
Campagna, ou CoMPSA. Voyez Conza.
Canada supérieir occidental, ou les Trois-Ri-
viÈRES, évêché du xix^ siècle, création du pape Gré-
goire XVI , Nouvelle-Bretagne , colonie anglaise
(Amérique septentrionale).
Canarie, ou Palua, évêché du XIV* siècle, dans
l'une des îles Canaries , colonies espagnoles, suffra-
ganl de Séville.
Capaccio, évêché du x« siècle, suffragant de Sa-
leriie, dans le royaume des Deux-Siciles (Italie mé-
ridionale).
Cap Breton, évêché du xix« siècle, création de
Grégoire XVI , province de la Nouvelle-Ecosse dans
la N>iuvelle-Bret3gne, colonies anglaises (Amérique
septentrionale).
CàPO b'IsTRiA. voyez Trieste.
Capoue, archevêché du x' siècle, auparavant évê-
ché du ne, dans le royaume des Deux-Siciles (Italie
méridionale).
CaRACCAS, ou BÉNÉ7.CELA, OU LÉON DE CaRACCAS ,
archevêché de création moderne, dans l'Etat de Ve-
nezuela (Amérique méridionale).
Carcassonne, évêché du iv« siècle, en France (dé-
partement de l'Aude), suffragant de Toulouse.
Cariati, évéché du ix« siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de Santa-
Severina.
Carlo (San-), ou Saint-Charles, évêché du xix»
siècle, création du pape Grégoire XVI, dans l'Amé-
rique méridionale. *
Carpi, évêclié du xix* siècle, dans le duché de Mo-
dène (Italie centrale).
CARinAGÈNE, évéché du w siècle , province de
Murcie, en Espagne , suffragant de l'archevêché de
Tolède.
Carthagène-des-Indes, évêché du xvi» siècle ,
dans la république de la Nouvelle-Grenade (Améri-
que méridionale ) , suffragant de l'archevêché de
Santa-Fé-de-Bogota.
Casale, évêché du xv« siècle , dans le Piémont,
Etais-Sardcs (Italie septentrionale) , suffragant de
l'archevêché de Turin.
Caschad. Voyez Cassovia.
Caserta, archevêché moderne, auparavant évêché
du XI" siècle , dans le royaume des Deux-Siciles
(Italie méridionale) , suffragant de Capoue.
Casdel , archevêché du xii' siècle, auparavant
évéché au x«, en Irlande (empire britannique).
Cassano , évêché du x« siècle , immédiatement
soumis au saint-siège , dans le royaume des Deux-
Siciles (Italie méridionale).
Cassovia, ou Caschad , évéché de création mo-
derne, dans la Haute-Hongrie, suffragant de l'arclie-
vêché d'Erlau.
Castello-Branco, ou Castelbarco , évêcbé du
xix« siècle, royaume de Portugal, suffragant de l'ar-
chevêché de Lisbonne.
Castellauare , ou Castel-a.-Mabe-di-Stabia ,
évêché du v" siècle, dans le royaume des Deux-
Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'archevêché
de Sorrento.
Castellaneta , évêché du xi* siècle, dans le
royaume des Deux-Siciles (Italie méridionale) , suf-
fragant de l'arclievêché de Tarante.
Castellaragonèse. Voyez Ahplrias.
Catane, évêché du viii^ siècle, dans l'île de Sicile,
royaume des Deux-Siciles (Italie méridionale), suf-
fragant de l'archevêché de Montréal.
Catanzaro, ou Cantazaro, évêché du xii< siècle ,
de la création du pape Calixte II , dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale) , suffragant de
l'archevêché de Reggio.
Cattaro, évêcbé du vi^ siècle , dans la Dalma-
lie , monarchie autrichienne , suffragant de l'arcbe-
vèché de Zara.
1275 ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATRIAU
Cava-i.t-Sxuno, évêché du xiv« siècle de la créa-
tion du pape Bonilace IX , uni à Sarno , évêché du
x« siècle , royaume des Deux-Siciles ( llalie méri-
dionale), immédiaienienl soumis au saint-siége.
Cebu. Vuyet Nom-db-Jésus.
Cenboa, évêché du v« siècle, dans la Lombardie
vénilienne (llalie sepienirioiiale) , suiïragant de Ve-
nise.
Céphalome-et-Zante , évêché du xiii' siècle, ré-
publique des îles Ioniennes , sous la proteciion de
l'AnglL-terre , dans la Médilerranée , suffragani de
l'arelrevêché de Corfou.
Ceuvia, évêché du vi« siècle , dans les Etals- Ro-
mains (llalie ceniralc) , suffragani do l'archevêché
de Ravenne.
Césène, évêclié du iv« siècle, dans les Etals-Ro-
mains (llalie cenlrale), suffragani de Ravenne.
Ceuta, évêché du iv^ siècle, rétabli dans le xv=,
possession espagnole dans l'empire de Maroc (Afii-
que septentrionale), suffragani de l'arcli. de Séville.
CiuciiAPO\AS , évêché du xix* siècle de la créa-
tion de Grégfiire XVI , province de Jlaynas, dans le
Bas-Pérou (Amérique niéridionale).
Chalons sur-Marne, évêché du iv^ siècle , en
France (dép. de la Marne), suffragani de l'archevêché
de Reims.
CHAMBÉnï , arcbevêclié du xix"! siècle de la créa-
lion de Pie VII, province de Savoie, Eiats-Sardes.
CuARCHAS, archevêché dans l'Amérique méridio-
nale. Voyez De la Plata.
CuARLESTowN, évêcbé du su» siècle, dans la Ca-
roline du Sud , Eials-Unis (Amérique septentrio-
nale).
Charlotte s-town, évêclié du xix« siècle, dans
nie du Prince-Edouard ou île Saint-Jean, colonie
anglaise de la Nouvelle-Iireiagne (Aniéri(|ue sep-
tentrionale).
Chartres, évêclié du iv« siècle , en France (dép
d'Eurc-et-Loir), sulTragant de l'archevêché df
Paris.
Chelm;i, évêché du xiv« siècle, uni à celui de Beliz
pour les Grecs-l'nis, dans l'ancienne Pologne (em-
pire russe). •
Chupa-de-los-Lndos, évêché du xvi» siècle, dans
le Guatemala, ou république fédérale de l'Amérique
cenirale, suffragani de l'archevêché de Nueva-Gua-
témala.
CuicHAGiA, évêché du xix^ siècle de la création du
pape Grégoire XVI, territoire des Illinois , Etats-
Unis (Amérique septentrionale).
Chieti , archevêché du xvi" siècle, aupararant
évêché dès le v, royaume des Deux-Siciles (Italie
I méridionale).
j CuioGGiA, évêcbé du x^ siècle, dans la Lombardte
I vénitienne 'Italie septentrionale), suffragani de Ve
I nise.
Cniiisi, évêché du iv, siècle uni ;i celui de Pienza,
1 immédiatement soumis au saini-siége , -grand-duché
J de Toscane (Italie cenlrale).
CATS, ARCHEVECHES, EVECHES, etc. 1274
CnoNAD, ou KsANA , évêché du xi« siècle , dans
le baniiai de Temetchwar (Hongrie) , suflragani de
l'arclicvêché de Kolocxa.
CnRisTOPHE (Saint-) de la Havane, évêché du xvi»
siècle, dans l'île de Cuba, l'une des grandes Aniiiles
(colonie espagnole) , suffragani de l'archevêché de
Saniiago-de-Cuba.
Cbristophe (Saint-) de Lagnna , évêché du xv«
siècle , dans l'île de Ténériffe , une des Canaries
(possession espagnole).
Cincinnati , évêché du xix' siècle de la création
du pape Pie VII, dans l'Ohio, Etats-Unis (Amérique
septentrionale).
CiNGiiLi. Voyez Osimo,
Cinq-Eglises , ou FûNFKiRcnEN , évêché du xi»
siècle, dans la Basse-Hongrie, suff'ragani de l'arcbe-
vêché de Cran.
C1RIGNOLA, évêclié du royaume des Deux-Siciles ,
uni à celui d'.Ascoli. Voyez Ascoli.
Citta diCastello, évêcbé du v« siècle , dans les
Etats-Romains (llalie cenlrab:), immédiatement sou-
mis au pape.
Citta della Pieve, évêché du xvii» siècle , dans
les Etats-Romains (llalie cenlrale) , immédiatement
soumis au pape.
CiLDAD-RoDRiGo, évêché du xii« siècle, dans la
Vieille-Castille, en Espagne, suffrag.mt deSanliago-
dc-Compostelle.
Civita-Castellana, évêché du v» siècle, auquel
on a réuni celui d'Orta et de Gallese.dans les Etals-
Romains (Iialie cenlrale), immédiatement soumis
au pape
Civita-Vecchia. Voyez Porto e S. Ritina.
Claude (Saint-) , évêché du xvme siècle, en France
(dép. du Jura), suffragani de Lyon.
Clermont-Ferrand , évêché du iii^ siècle , en
France (déparlement du Puy-de-Dôme), suffragani de
Bourges.
Clogher, évêché du v« siècle, en Irlande (empire
britannique), suffragani de rarchevêché d'Armagh.
Cloxfert, évêché du vi^ siècle , en Irlande (em-
pire britannique ) , suffragani de l'arclievèclié de
Tuam.
Cloyne-et-Ross, évêché du vi« siècle, en Irlande
(empire britannique), suffragani de l'archevêché de
Cashi'l.
CoiMEHt , évêché du vi« siècle , dans le royaume
de Portugal, suffragani de Lisbonne.
CoiRE, évêché du iv' siècle, dans le canton des
Grisons (Suisse).
Colle, évêché du xvi" siècle, grand-duché de
Toscane (Italie centrale), immédiatement soumis au
pape.
Cologne, archevêcbé du iv siècle , grand-duché
du Bas-Rhin (monarchie prussienne).
CoMACCHio , évêché du v^ siècle , dans les Etals-
Romains (Italie cenlrale), suff'ragani de l'archevêulié
de Ravenne.
Comatgua, on Valladolid-la-Nieva , évêcbé du
!£-,§ DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
127G
Xïti' siècle, dans le Gualémala, ou république féilc-
tale lie rAniérhiiie centrale , suffragani de l'arclie-
vêché de Guatemala.
CoMPOSTELLE, ou SANTIAGO , arclievêché du xii«
siècle, auparavant évêclic du xi° , dans la province
de Galice, en Espagne.
Conception (La), ou La Mocha , évèclié du xvi"
siècle, république du Cliili (Amérique méridionale),
suilragant de l'arclievêcbé de Lima.
CoNCORDiA, évêché du m" siècle, dans la Lombar-
die vénitienne.
CoNi , évêché de création moderne , dans le Pié-
mont, Etats-S;irdes (Italie septentrionale), suffragant
de l'archevêcbé de Turin.
CoNXOR. Voyez Down.
CoNVERSANO, évêclié du T« siècle, dans le royaume
des Deiix-Sicili'S (Italie méridionale), suffragant de
l'arclievêclié de Bari.
CoNZA, arclievéclié du xi« siècle, auparavant évê-
clié du X* siècle , dans le royaume des Deiix-Siciles
(Italie centrale).
CoRDOi'E, évêché du iv siècle, province de l'An-
dalousie, en Espagne, suffragant de l'arclievêclié de
Tolède.
CoRDOvA, évêché du ww siècle, dans la province
de Tiicuman , confédération du Rio-de-la-Plala
(Amérique méridionale).
CoRFOu, archevêché du xiv^ siècle, dans lîle de
ce nom, Tune des Ioniennes sous la protection de
l'Angleterre, dans la Méiliterranée.
ConiA, évêché du vi" siècle, province de l'Estra-
niadure, en Espagne , suffragant de l'archevêché de
Santiago-de-Composielle.
Cork, évêché du viu" siècle, en Irlande (empire
britannique), suffragant de Cashel.
CoRNETO, évêché du vi^ siècle, uni à Montefias-
CONE. Voyez ce nom.
CORNOUAILLES. VoyeZ QlIMPER.
CoRToNE , évêché du vi^ siècle , grand-duché de
Toscane (Italie conirale), immédiatement soumis au
pape.
CosFNZA, archevêché du xi» siècle , auparavant
évêché du m«, dans le royaume des Deux-Siciles
(Italie méridionale).
CoTRONE, ou Crotona, évêché du vi« siècle, dans
le royaume des Deux-Siciles (Ualie méridionale) ,
suffragant de l'archevêché de Reggio.
CouTANCES, évêché du iv siècle, en France (dép.
de la Manche), suffragant de l'archevêché de Rouen.
Cracovie, évêché du x^ siècle , ancienne Pologne
(aujourd'hui possession autrichienne).
Crema, évêché du xvi* siècle, de la création de
Grégoire XIII, dans la Lorohardie vénitienne (Italie
septentrionale), suffragant de Milan.
Crémonï, évêché du iv« siècle , dans la Lombardie
vénitienne ( Italie septentrionale ) , suffragant de
Pérou (Amérique méridionale) , suffragant de l'ar-
cbevêehé de Cliarea>.
CtiBA. Voyez Santiaco-de-Ciba
Ci'F.NÇA,cvêché du xii« siècle, province de jii Nftti-
velle-Castillc, en Espagne, suffragani de rarchévêché
de Tolède.
CutNÇA, évêché de rréaiion moderne, dans la ré-
publiqiic de l'Equateur (Amérique méridionale).
CujABA, ou CuïABA, évêcIié du xix= siècle, pro-
vince de Mnito-Grosso, empire du Brésil (.Amérique
méridionale).
Ci'JAViE. Voyez Vladislaff.
Cui.ji, évêché du x" siècle, dans la Prusse orien-
tale (iiKinarcliie prussienne ) , suffragani de l'arche-
vêché de Posen.
Cl'zco, évêché du xvP siècle, dans le Pérou (Amé-
ri(iue méridionale) , suffragani de larclievêclié de
Lima.
D
Derby, évêché en Irlande (empire britannique).
Détroit, évêché du xix' siècle, dans le Michigao,
Etats-Unis (Amérique septentrionale).
DiÉ (Saint-), évêché du xviii« siècle, en France
(dép. des Vosges), suffragani de l'archevêché de Be-
sançon.
Digne, évêché du V siècle, en France (dép. des
Basse>-Alpes), suffragani de l'archevêché d'Aix.
Dijon, évêché du xviii« siècle, en France (départ,
de la Côle-d'Or) , suffragant de l'archevêché de
Lyon.
Domingo (Santo-), archevêché du xvi« siècle ,
dans nie de Saint-Domingue ou Haïti, une des gran-
des Antilles,
Doxvn-et-Connor, unis, évêché du v« siècle , en
Irlande (empire britannique), suffragant de l'arche-
vêché d'Arniagli.
Dromore, évêché du vi» siècle, en Irlande (em-
pire britannique), suffragant de l'arclievêché d'Ar-
magb.
Dublin, archevêché du \w- siècle , auparavant
évêché du IX', en Irlande (empire britannique).
DiiRUQUE , évêché du XIX" siècle , de lu création
de Grégoire XVI , dans le territoire des Wi^koii-
sins, Eiats-Unis (Amérique sepicntrionale).
DcRANGO, évêché du xvii« siècle, dans le Mexique
(Amérique seplenirionale), suffragant de l'archevêclié
de Mexico.
DiRAzzo, archevêché du v* siècle , dans l'Albanie
(empire ottoman).
Milan.
Croix (Sainte-) or. la Sierra, ou Saxta-Crux-
t)E-i.A-SiERRA, évêché du xvi^ sièclc , dans le Hau'-
E
I EicnsTETT, évêché du viii<> siècle, royaume de Ba-
vière (Allemagne méridionale).
Elpuin, évêdé du v* siècle, en Irlande (empire
britannique), suffragant de l'.irchevèché de Tuam
Elvas, évêché du xvi« siècle , royaume de Por*
tugal, suffragani de l'archevêché d'Evora.
Emily, ou Ehelev, évêché du vi' siècle, uni à ce-
ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATRIARCATS, ARCHEVECHES, EVECHES, etc. 1278
1277
lui de Cashel, dans.ic xiu«, en Irlande (empire bri-
tannii|ue).
Epéries, évêclié pour les Grecs-Unis, dans la
Hongrie.
EnBiPOLi , ou Herbipolen , royaume de Bavière
(Allemagne méridionale). Voyez Wurzbuurg.
Ebl.vw. Voyez Agri\.
EvoRA , arclievèehé du xvi« siècle, auparavant
évéclié du m» , dans le royaume de Portugal, pro-
rince de l'Alenlejo.
EvBEDX , évêché du iii^ siècle , en France (dép.
de l'Eure), suffraganl de rarclievêclié de Rouen.
Fabbiano-et-Matelica , unis, évêché du v^ siècle,
dan? les Eials-Romains (Italie centrale) imniéiliate-
ment soumis au saint-siége
Faenza, évêché du m* siècle, dans les Eials-Ro-
niains (Italie centrale), snffragnnl de l'arclievèclié ds
Ravenne.
Famago«ta, ou Famagouste , évêrhé , auparavant
arclievêché du xi" siècle, dans l'ile de Chypre (em-
pire ottoman).
Fano, évêclié du v^ siècle, dans les Etats-Romains
(Il;ilie centrale), suffiagant de rarchevêché d'[Iibin.
Faro, évêclié du xvi' siècle , transféré de Silves
ou Sy!va , dans le royaume de Portugal, suUraganl
de rarchevêché d'Evora.
Fé (Santa) de Rogota , ou SANiA-FEDE-nE-LOS-
Indos, archevêclié du xvi* siècle dans la république
de la Nouvelle-Grenade (Amérique méridionale).
Felthe-et-BellCiNE , unis , évêché du iii^ siècle,
dans la Lombardie vénitienne (Italie septentrionale).
Febentino , évêché du y" siècle , dans les Ëiais-
Roniains (Italie centrale), immédiatement soumis
au pape.
Febmo , archevêché du xvi= siècle , auparavant
évêché du v , dans les Etats-Romains (Italie cen-
trale).
Fernambugo, ou Pernambdco, ou Recife. Vityeî
UlIiNOA.
Fernes , évêché du \i« siècle , en Irlande (empire
britannique), suCfrngant de l'archevêché de Dublin.
Ferrare, archevêché du xviii« siècle, création de
Clément XII, auparavant évêché duvii' siècle, dans
les Eiais-Romains (Italie centrale).
Fiesolë , évêché du v^ siècle, dans le grand-du-
ci)é (Je Toscane (Iialie centrale) , suffraganl de l'ar-
chevêché de Florence.
Florence, archevêché du xV siècle, auparavant
évêché du ni' , d;ins le grand-duché de Toscane
(lalie centrale).
Flour (Saim-), évêché du xiv« siècle, en France
(dép. du Caillai) , suffraganl de l'archevêché de
Bourges.
F<GvRAS, cvêclié pniir les Grecs-Unis, d.ins la
dans la Transylvanie (monarchie autrichienne).
FoLiGNO, évêché du v« siècle, dans les Etats-Ro-
mains (Italie centrale) , inunédiatement soumis au
papo.
FoRLi, évêché du vii« siècle , dans les Elals-Rn-
mains (Italie ccniraleK suffragant de l'archevêché de
Ravenne.
FossANO, évêché du xvi« siècle, dans le Piémont ,
Etals-Sardes (Italie septentrionale) , suffraganl de
Turin.
FossoMiîRONE, évêché du iv« siècle, dans les Etats-
Romains (Italie centrale), suffracantde l'archevêché
d'URBIN.
Frascati, évêché du vi« siècle, dans les Etats-
Romains (Italie centrale), immédiatement soumis
au pape.
Fréils, évêché du iv^ siècle , en France (dép. du
Var), suffragiint de l'archevêché d'Aix.
Fribourg-en-Rrisgaw, arelievêclié du xix« siècle,
dans le grand-duché de Bade ( Allemagne méridio-
nale).
Frisingin , ou Freisingen , archevêché du xix«
siècle, auparavant évêché du viii«, dans le royaume
Je Bavière (Allemagne méridionale).
FuLuE , évêché du xviii" siècle , dans la Hesse
éteciorale (Allemagne centrale).
FuNCHAL, évêché du xv siècle, dans l'Ile de Ma-
dère , possession dn Portugal, suffraganl de l'arche-
vêclié de I/isbonne.
FONFaiRCHEN. VotfM ClNQ-EOLISES.
Gaete, évêché du ix' siècle inimédialenient sou-
mis au saini-siége, dans leruyaume des Deux-Siciles
(Italie méridionale).
Gall (Sai.-st-) , évêché de la création du pape
Pic IX, dans le canton de Saint-Gall (Suisse).
Gallipoli, évêché du vi^ siècle, dans le rny^iume
des Dcux-Siciles (Italie méridionale) , suffragant de
l'archevêché d'Otrante.
Gai,tellv-Nohi, évêché du xii'^ siècle, dans l'Ile
de Sardaigne, Etats-Sardes , suffragant de l'arche-
vêclio de Cagliari.
Galwaï, évêché du vi« siècle, en Iibnde (empire
britannique), suffraganl de l'archevêché d'Arinagh.
Gand, évêché du xvi« siècle , dans le inyaume de
Belgique, suffragant de l'archevêché de Malines.
Gap, évêché du v^ siècle, en Fnnce (départ, des
Hantes-.Alpes), suffraganl de l'archevêché d'Aix.
Gènes, arche» êché du \i]^ siècle, auparavant évê-
ché du iv"', dans l'ancien duché de Gênes, Etals-
Sardes (Italie septentrionale).
Genève. Voyez Lausanne.
Gerace, ou Geraci , on Santa-Cvriaca, évêché
du IX» siècle , dans le royaume des Deux-Sicilcs
(Italie méridionale), suffragant de l'archevêché de
Reggio.
Girgenti , évêché du vi* siècle, dans l'île de Si-
cile, royaume des Deux-Siciles (Italie méridionale),
suffragant de l'archevêché de Palerme.
GiRONE, évêché du v« siècle , province de Cala-
1279
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTinUE.
1280
suffracaiil de l'archevêché »le
logne, en Espagne,
Tarragoiie.
G^ESNE, archevêché dans la Prusse polonaise.
Yoyei PosEN.
GoA, archevêché du xvi« siècle, dans THindouslaii
(Asie méridionale), colonie portugaise.
GoniTz-ET-GRADiscA, iinis, archevêché du xviii"
siècle, province de l'Illyrie (monarchie aulrichienne).
GoYAZ, évêché du xix« siècle, dans la province de
ce mmi, empire du Brésil (Amérique méridionale).
Grenaiie, archevêché du xv siècle, auparavant
évêché du iv«, dans la province de ce nom, en Espagne.
GtiENOBLE, évêché du iv siècle , en France (dép.
de l'Isère I, suffragani de l'archevêché de Lyon.
Gross-Wardein, ou Warabin, évêché du xi" siè-
cle, dans la Hongrie, suffragani de l'archevêché de
Kolocza.
Gross-Wardein, ou Waradin , le même évêché
ponr les Grecs-Unis.
Grosseto, évêché dans le grand-duché de Toscane
(Italie centrale), suUraganl de l'archevêché de
Sienne.
Grovina-et-Monte-Peloso, unis , évêché du ix«
siècle, dans le royaume des Deux-Siciles (Italie mé-
ridionale) , suffragani de l'archevêché d'Acerenza.
Yoyei Monte-Peloso.
GuADALAXARA, évêclié du xvi*^ sièclc, dans la pro-
vince de Xalisco, au Mexique (Amérique septentrio-
nale), suffragani de l'archevêché de Mexicu.
GoADix, évêché du v" siècle, province de l'Anda-
lousie, en Espagne, suffragani de l'archevêché de
Séville.
GUAMAGNA, OU Gl'AMANGA , OU SilNT-JcAN-IiE-lA
Victoire-de-Glamangi'a, évêché du wiiiî siècle , uni
à celui d'AvAciCHO, créé par le pape Grégoire XYI,
dans la province du même nom, au Pérou (Anic-
rique méridionale) , suffragani de l'archevêché de
Lima.
GcARDA, évêché de la province de Beira , dans le
royaume de Portugal, suffragani de l'archevêché de
Braga, ou Bragues.
GuASTALLA, évêché du xix= siècle, dans le duché
de Panne el Plaisance ( Italie centrale) , suffragani
de l'archevêché de Lucques.
Gl'ATIMALA , ou SaINT-JaCQUES DE GCATÉMALA , ar-
chevêché du xix<' siècle, auparavant évêché du xvi",
dans la république de ce nom, dite république fédé-
rale de l'Amérique centrale.
GtAYAOuiL , évêché du xix' siècle, de la création
de Grégoire XVI , dans la province de ce nom, ré-
publique de l'Equaleur (Amérique méridionale).
Gi'iiBio, évêché du iv'^ siècle, immédialemeni sou-
mis au pape, dans les Eiats-Romains ( lialie cen-
trale).
GcRJS, évêché du xi« siècle , dans la province de
Carinihie (monarchie aulrichienne), suffragani de
l'archevêché de Gorilz.
Gdïana-de-los-I.ndos, évêché de création moderne,
dans l'Amérique méridionale.
H
Halifax, évêché du xix' siècle, de la création du
pape Grégoire X\l , dans la Nouvelle-Ecosse, colo-
nie angiaisu (Amérique septentrionale).
Hallicia. Voyez Leopolis.
Hartforii , évêché du xix* siècle, de la création
de Grégoire XVI , <lans le Conneciicut , Etats-Unis
(Amérique septentrionale).
IliLDESHEiM, évêché du IX' siècle, dans le royaume
de Hanovre (Allemagne septentrionale).
Hippolite (Saint-), évêché de création moderne,
dans la Basse-Autriche (monarchie aulrichienne) ,
suffragani de l'archevêché de Vienne.
IlisPAUAN , évêché pour le rite latin , dans la pro-
vince d'Irac-Adjémi, royaume de Perse (Asie).
HOBARTOWN, ou HOBART-ToWN , évêcllé du XIX*
siècle, de la création du pape Grégoire XVI, dans
l'île de Tasmanic, ou Terre de Yan-Diemcn (Océa-
nie, ou Monde maritime).
HuESCA, évêché du v^ siècle, provi-nce d'Aragon ,
en Espagne , suffragani de l'archevêché de Sarra-
gosse.
I
Iesi, évêché du v« siècle, dans les Eials-Roniains
(lialie centrale), iiiiiiiédialement soumis au pape.
Iglesias, évêché du xvi^ siècle , de la création du
pape Alexandre VI , dans file de Sardaigne, Eiais-
Sardes, suffragani de l'archevêché de Cagliari.
lM0LA,évèché du iv<^ siècle, dans K s Elats-Uoniaiiis
(Italie centrale) , suffr.igant de l'archevêché de Ka-
venne.
IscniA, évêché du vi« siècle , dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragani de l'ar-
chevêché de Naples.
IsERNiA, évêché du v* siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragani de l'ar-
chevêché de Capoue.
IviçA, ou Ivice, évêché du v' siècle, dans l'île de
ce nom (une des Baléares , dans la Méditerrané ■) ,
possession espagnole , suffragani de l'archevêclié de
Valence.
Ivrée, évêché du iv« siècle, dans le Piémont, Etals-
Sardes (Italie septentrionale), suffragani de l'arche-
vêché de Turin.
J
Jaca, évêché du xi« siècle, dans la province d'A-
ragon, en Espagne, suffragani de l'archevêché de
Sarragosse.
Jaen, évêché du xiii' siècle, dans l'Andalousie ,
en Espagne, suffragani de l'archevêché de Tolède.
Janow, ou Podlakie, éiêché de l'ancien royaume
de Pologne (empire russe), suffragani de l'archevê-
clié de Varsovie.
Jean (Saint-) de Maurie.nne, évêché du iii^ siècle,
dans la province de Sivoie, Eiais-Sardes, suiTragant
de l'archevêché de Chaiiiliéry.
K
Kaliscu, ou Uladislavia, évêché du xii'^ siècle»
iasi ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATRIARCATS, ARCHEVECHES, EVECHES, etc.
H'i-1
dans l'ancien royaume de Pologne (empire russe) ,
sulTragant de rarclievêclié de Varsovie.
Kauiniekc, ou Kahenetz , évècbé de la Podoiie ,
ancienne province polonaise (empire russe).
Kerrï-kt-Agbabon , évêcbé du vi' siècle , en .r-
lande (empire briiannique) , sulîraganl de l'arche-
véclié de Gashel.
Kildare-et-Leigblin, évêclié du vi' siècle, auquel
fut réuni, dans le x\i', celui de Lciglilin, en Irlande
(empire britannique) , sultragant de l'arcbevêcbé de
Dublin.
KiLLALA, évêcbé du t' siècle , en Irlande (empire
britannique), suffragant de l'arcbevêcbé de Tuam.
KiLLALOE, évêcbé du vii*^ siècle, en Irlande (em-
pire britannique) , suffragant de l'arcbevêcbé de
Casbel.
KiLLFENOftA-ET-KiLMACBN\Gii, évêché du vi« sièclc,
auquel on a réuni ensuite celui de Kilmacdnagb , en
Irlande (empire britannique), suffragant de l'arcbe-
vêcbé de Tuam.
KaHORE, évêcbé du xv^ siècle, en Irlande (empire
britannique), suffragant de l'arcbevêcbé d'Armagb.
KiiNGâTO.N , évêcbé du xisl^ siècle , province du
Haut-Canada, dans la Nouvelle-Bretagne, colonie
anglaise (Amérique septentrionale).
Km.n. Voyez Tinia.
KoEfiiGSGRATZ, évècbé du xvii' siècle , dans la Bo-
hême ( monarchie autiicbienne ), suffragant de l'ar-
cbevêcbé de Prague.
Kolocza-et-Bacz , ou KoLOczA , archevêché du
xi« siècle, dans la Hongrie (Europe orientale).
Kreutz , ou Krisio , ou Sai.nte-Croix , évêcbé
pour les Grecs-Unis, province de TEsclavonie, dans
la Hongrie (Europe orientale).
Lacedogna, évêché du x» siècle, dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale) , suffragant de
rarchevèclié de Coiiza.
Lamego, évêclié du v^ siècle, dans la province de
Beira, royaume de Portugal , suffragant de l'arclie-
vêcbé de Braga.
LANCiANO,arcbevècbé du xvi« siècle, dans le royau-
me des Deux-Siciles (Italie méridionale).
Langues , évècbé du iv= siècle , en France (dép.
de la Haute-Marne) , suffragant de l'archevêché de
Lyon.
Larino, évêcbé du x' siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
cliovêché de Bénévent.
Lavant, évècbé du xiii« siècle, province de Ca-
rinibie, dans l'IUyrie (monarchie autrichienne) , suf-
fragant de l'archevêclié de Gorilz.
Lecce, évêché du m* siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
chevêché d'Olrante.
LsiGHLiN. Voyez Kildare.
Lkimeritz, évêcbé du xvii' siècle, dans la Bohème
(monarchie autrichienne ) , suffragant de l'arclievê-
ché de Prague.
Leiria, évècbé du xvi« siècle, province de l'Esira-
madure dans le royaume de Portugal , suffragant
de l'archevêcbé de Lisbonne.
Leobe.n, évêché de création moderne, province de
Styrie (monarchie auiricbienne) , suffragant de l'ar-
chevêché de Gorilz.
Léon, évêché du iv'' siècle, immédiatement sou-
mis au pape, dans la province de Léon, en Espagne.
Léon, dans l'Amériaue septentrionale. Voyez Li-
NAJIES.
Leopol, ou Lejioerg, archevêché du xiv« siècle ,
dans la Gallicie polonaise (nionarcbie autrichienne).
Léopol, ou Lemderg , archevêché du xiv' siècle ,
pour le rite arménien.
Léopol , ou Lemderg , Haliez-et-Kamanetz, réu-
nis, pour le rite t;rec-iusse, dans la Gallicie polo-
naise (monarchie autrichienne).
Lérida, évêcbé du vi* siècle, dans la Catalogne,
en Espagne, siiffr^igant de l'archevêché de Tarragone.
Lésina, évècbé du xii= siècle, dans l'ile de ce
nom, archipel illyrien , province de Dalmatie (mo-
narchie autrichienne), suffragant de l'arcbevêclié de
Zara.
Liège, évêcbé du viii« siècle, dans le royaume de
Belgique, suffr.igant de l'arcbevêcbé de Malines.
Lima, archevêché du xvi« siècle, au Pérou (Amé-
rique méridionale).
Limbourg, évècbé de création moderne, dans le
Juché de Nassau (Allemagne centrale).
Limerice, évêché du vu'' siècle, en Irlande (em-
pire britannique), suffragant de l'archevêché de
Casbel.
Limoges, évêché du m' siècle, en France (dép.
de la Haute»Vienne) , suffragant de l'archevéclié de
Bourges.
Li.NARES, évêcbé de création moderne, au Mexique
(.\mérique septentrionale) , suffragant de l'archevê-
ché de Mexico.
LiNTZ, évêché du xix« siècle, dans la Haute-Au-
triche (monarchie autrichienne) , suffragant de l'ar-
chevôché de Vienne.
LiPARi, évêché du V siècle, dans l'île de ce nom,
dans la Méditerranée, royaume des Deux-Siciles
(Italie Méridionale) , suffragant de l'archevéclié de
Messine.
Lismore. Voyez Waterford.
LivoinvE, évêché de création moderne, dans le
grand-duché de Toscane (Italie centrale), suffragant
de l'archevêché de Pise.
Lodi, évêché du iv* siècle, dans la Lombardie vé-
nitienne (Italie septentrionale), suffragant de l'ai che-
vêche de Milan.
LoRETO. Voyez Recanati.
LoSAN.NE , ou Lausanne-et-Genève , évêché du
VI* siècle, auquel le pape Pie Vil a uni le titre lie
Genève, en Suisse, dans le canton de Vaud , suilra-
gani de l'archeYèché de Frïbourg euBrisgaw.
1285 DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
1284
Louis (Saint-) , évèclié du xix' siècle , lerriloire
du Missouri, Eiats-Uiiis (Amérique seplentiionale).
LuBAc, ou Laïbacii, ou Laubar, évêclié du xv^siè-
cte, clans la Carniole, province de l'Illyrie (monar-
chie aulricliienue ) , suffragant de l'arclievèché de
Goriiz.
Lwblin, évêclié de création moderne , dans la Po-
logne (empire russe), suffragani de rarclievôché de
Varsovie.
Li'CERA, évéclié du IV» siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
clievêché de Bévéveni.
Ldck, ou LiCKO, évêclié du xi i° siècle, auquel est
uni celai de Zylonieriiz , dans la Volliynie (empire
russe). Il y a un évêque du rite laiiii, et un du rite
grec.
LuçoN, évêclié du xiv° siècle , en France (dép.irl.
de la Vendée) , suffragant de rarclievêclié de Bor-
deaux.
LucQUES , archevêché du wiii» siècle, auparavant
évêclié du m» siècle, dans le duché de ce nom
(Italie centrale).
LuGo, évêché du v* siècle , dans la province de
Galice, en Espagne, suffragant de l'archevêché de
Sanliago-de- Coniposielle.
Luiz (San-), évèclié du xvii« siècle , d:iiis l'ile de
ce nom, empire du Brésil (Amérique méridionale) ,
suffragant de l'arclievèché de Sun-Salvador.
LiNi, Sarzana-et BitiGNATO, évcché du v^ siècle,
auquel on a réuni plus tard ceux de Sarzana et de
Brugnato , dans le Piémont (Italie septentrionale) ,
iuffrag:inl de l'archevêché de Gènes.
LvoN, archevêché du ii" siècle, en France (dép.
du Rhône).
M
Macao, évêohé du xvi° siècle, colonie portugaise,
dans la province de Kouang-Toung (empire chinois),
Asie orientale, suffragant de l'archevêché de Goa.
MAC.\R>KA-«T-Spalatro. Voyez Spai.atro.
Macerata-et-Tolentino , évcché du mv= siècle ,
auquel fut uni, dans le xvi^ , celui de Toleniino ,
dans les Etats Romains (Italie centrale) , suffr.igant
de l'archevêché de Ferme.
Madagascah, évêché du xix« siècle, de la création
du pape Pie IX actuellement rcgnani, dans l'Ile de
Madagascar (Océan Indien).
Majorca, ou Majorque, évêché du vi^ siècle, dans
l'Ile de ce nom, une drs Baléares , possession espa-
gnole dans la Méditerranée, suffragant de l'arche-
vêclié de Valence.
Mauga, évêché du V siècle, dans la province de
Grenade, en Espagne, suffragani de l'archevêché de
Grenade.
MALAiiKA, évêché du xvi« siècle, dans la presqu'île
de ce nnm, possession anglaise, dans le sud-est de
l'Aïie, suffragant de l'archevêché de Goa.
Mali.ves, archevêché du xvi« siècle, royaume de
tJeigique.
Malte, évêché du iii« siècle, dans l'ile de ce nom,
possession anglaise, dans la Méditerranée , ininié-
diatemenl soumis au pape.
Manfuedonia, archevêché du xii» siècle , dans le
royaume des Deux-Siciles (Italie méridionale).
Manille, archevêché du xvii^ siècle, dans l'île de
Luçon, une des Philippines (colonies espagnoles).
Mans (Le), évêché du iii= siècle, en France (dép.
de la Sarthe) , snllragant de l'archevêché de Tours.
Mantoue, évêclié du ix« siècle, dans la Lnmhardie
vénitienne (Italie septentrionale) , immédiaiement
soumis au pape.
AUncANA, ou Mercana-et-Trebicno , évêché du
x<^ siècle, dans la Dalmatie (monarchie autrichienne),
suffragant de l'archevêché de Zara. L'évêehé de
Marcaiia a été uni <^ celui de Tre.bigno.
Marco (San-) et-Bisig.nano, ou Santo-hiarco-et-
BissiG.NANo, évêché du xi' siècle , auquel a été uni
celui de Biaignano , dans le royaume des Deux-Si-
ciles (Italie méridionale), suffr.igant de l'archevêché
de Cozenza.
Marianma, évêché du xviii» siècle , dans l'empire
du Brésil (Amérique méridionale), sulTiaganl de l'ar-
chevêché de Bahia, autrement San-Salvador.
Marseillb, évêché du iii« siècle, en France (dép.
des liouches-du-Khône) , suffragant de l'aichevêché
d'Aix.
Marsico-Nuovo-bt-Potenza, évêché du x« siècle ,
auiiuel fut réuni depuis celui de Potenza , qui da-
tait du \' sièele dans le royaume des Deux-Siciles
( Italie méridionale ), suffragant de l'archevêché de
Saleriie.
Uarta (Santa-), évêché du xvi» siècle , dans la
répulilique de la Nouvelle-Grenade (Amérique mé-
ridionale) , suffragant de l'archevêché de Sanla-Fé-
dc-B(igola.
Marzi, évêché du vii" siècle , dans le royaume des
Deux-3iciles (Italie méridionale) , imiuédiaiement
soumis au saint-siége.
Massa-di-Carrara, évêché du xix" siècle, dans le
duché de .Moilène ( Italie centrale) , suffragant de
l'archevêché de Lncques.
Massa-Maritima , évêclié du vi* siècle , dans le
grand-duché de Toscane (lialie centrale), suffia>ant
de l'archevêché de Sienne.
Matelica, ou Matilica, évêché du v^ siècle , uni
à celui de Fabriaiio, dans les Eiats-Roroains (Italie
centrale), iiuniédiaienienl soumis au pape.
Mal'rie.nne. Veijez Jean (Saint-) de Maerienne.
Maïence, évêché du xix^ siècle, auparavant ar-
chevêché du 111°, dans le grand-duché de Hesse-
Darmsladt (Allemagne centrale).
Mavnas, ou CuACUAPovAS , évêclié du xix" sièi le ,
de la création du pape Grégoire XVI, dans le Bas-
Pérou (.Amérique méridionale).
Ma/zara , évêché du xt' siècle de l.i ciéaiion du
pape Urhain II , dans l'île de Sicile (royaume des
Deux-Siciles), suffragani de l'archevêché de Pa-
lerrae.
McATU, évêché du xi^ siècle, en Irlanili' (en-pirfl
l28o
ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATIUARCATS, AUCHEVECHES. EVECHES, etc.
britannique) , suffiagant de l'archevêclié il'Armagn.
Me\uz, évéclié du m» siècle , en France (dcparl.
de Seine-et-Marne), suITraganl de raichevêché de
Paris.
Mecdoacàx, éyêclié du xvi« siècle , dans le Mexi-
que (Amérique septentrionale) , sulTragaat de l'ar-
clievéclic.de Mexico.
SlELFi-Ei-RApnLL*, évéïlié du v siècle, auquel on
a uni, dans le xvi^, c«lui de Rapolla, dans le royau-
me des Deux-Siciles (Italie méridionale), immédia-
tement siiumis au pape.
Melupoor. Voyez San-Tqosié.
Menbe, évêché du v^ siècle , en France (départ.
de la Loïére), suffragani de l'arclievèclié d'Alby.
AiÉRiDA, évêché du xv!» siècle , dans la pre-qu'lle
d'Yucaiau, au Mexique (Amérique septentrionale) ,
sullragani de l'arclicvcclié de Mexico.
Messise, artlievêtlié du xiie siècle, auparavant
évêché du v« , dans l'ile de Sicile (royaume des
Deux-Siciles).
Metz, évêclié du iii^ siècle , en France (dép. de
la Mo-elle), sulfraganl de rarchevèclié de Des. iiçon.
Mexico, archevêché du xvie siècle , au Mexique
(Aniériiinc seplenlrionale).
Milan, archevêché du il'" siècle, dans la Lonibar-
die vénitienne (Italie septentrionale).
MiiETo, évêché du xi» siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragaut de l'ar-
chevêché de Keggio.
MiLWAxcnÉE, évêché du xu» siècle, de la création
du pape Grégoire XVI, dans le terriioire des Wis-
konsins, Eiais-L'nis (.\niérique septentrionale).
MiNiATO (Sas-I , évêché du xvii* siècle, dans le
grand-duché de Toscane (Italie centrale), suffragant
de l'archevêché de Florence.
Minorca, ou Mi.voRQCE, évêché du vi« siècle, dans
l'île de Minorque, une des Baléares , possession es-
pagnole dans la Méditerranée, suffragant de rarche-
vèclié de Valence.
Minsk, ou Minski, évêché du rite latin , dans la
province de Lithuanie (empire russe). C'est égale-
meiil un évêché du rite grec-russe uni.
Miranda, évêché du xvi» siècle, dans le royaume
de Portugal , suirrjgani de l'archevêché de Braga.
Mobile, évêché du xix« siècle, dans l'Alabaina ,
Etats-Unis (Amérique septentrionale)
Modèle, évéciié du w siècle, dans le duché de ce
nom (Italie cenliale) , suffragant de l'archevêché de.
Lucques.
MoDRtisSA. Voyez Secxa.
'MouiLEW, archevêché du xin« siècle , dans la Li-
thuanie (empire russe).
.MoLFETTA, Giove.nazzo-et-Terlizzi, évêclié du s."
iiècle, auquel ont éié unis ceux de Giovenaizo et
Terlizzi, dans le royaume des Deux-Siciles ( Italie
méridionale), immédiaiement sonmis au pa|.e.
MoNi'OEDo, évêché du vi= siècle, dans la province
ùe Galice, en Espagne , suffi agant de l'archevêché
de Santiago-de-Cumposlelle.
12«6
MoxDovi, évêché du xiv^ siècle, dans le Piémont
Ktats-Sardes (Italie septentrionale) , iuffragant de
l'archevêché de Turin.
MoNOPOLi , évêehé du x' siècle, dans le royaume
des Ueux-Siciles (Italie méridionale) , siilfraganl de
l'archevêché de Bari.
Mo.nreale, archevêché du xu« siècle, dans l'île de
Sicile (royaume des Deux-Siciles).
MoxTALCiNO, évL'ché du xv« siècle, dans le grand-
duché de Toscane, suffragant de l'archevêché de
Sienne.
MoxTALTO, évêché du xvi* siècle, dans les Etats-
Romains (Italie centrale), suffragant de l'archevêché
de Fermo.
MoNTAUCAN, évêché du xiv siècle, en France (dép.
de Tarn et-Garonne) , suffiagant de l'archevêché
de Toulouse.
Moxtefeltro, ou Montefeltre, évêché du sii«
siècle, dans les Etals-Romains (Italie centrale), suf-
fragant de l'archevêclié d'Urbin.
MoNTEFiASco\E-ET-CoRNETO,évêchédii XIX' siècle,
réuni à celui Ck Coineto, qui date du iv^ , dans les
Etats-Romains, immédiatement soumis au pape.
Mo.ntepclciano , évêché du xvi« siècle , dans le
grand-duché de Toscane (Italie centrale) , immédia-
tement soumis au pape.
Mo.nte-Peloso-et-Gravina, évêché du xv^ siècle,
auquel on a réuni celui deGravina, dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale), immédiatement
soumis au pape.
Montpellier, évécbé du xvi« siècle , en France
(dép. de l'Hérault), suffragant de l'archevêché d'.\-
vignon.
Montréal , évêché du xix« siècle, de la création
du pape Grégoire XVI, dans le Bas-Canada, à la
NoHvelle-Bretigne , possession anglaise (Amérique
seplenlrionale).
Mol'lins, évêihé de création moderne, en France
(dép. de l'Allier), suffragant de l'archevêché de Seys.
MuNEATz , évêclié de création moderne, pour les
Grecs-Unis, dans la Hongrie (Europe orientale).
MiNSTER , évêché du viii« siècle , dans la province
de Wi'stphalie (monarchie prussienne), suffiagant de
l'archevêché de Cologne.
MiiRCiE. Voyez Cartbagèxe.
McRO, évêché du \i' siècle , dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
chevêché de Conza.
N
Naml'r, évêché du xvp siècle, dans le royaume de
Belgique, suffragant de l'archevêché de Malines.
Nancï-et-Toul, évêché du xviii' siècle, auquel
Pie VII a uni celui de Toul, qui daiait un n', en
Fiance (dép. de la Meurlhe), suffiagant de l'arche
vêché de Besa; çon.
Nan-King, évêché de création moaerne , daiis I9
province de Kian-sou , empire chinois (Asie orien-
tale).
Na.ntes, évêché du iV siècle , en France (départ.
1-2S7
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTiQLE.
liSd
de la Loire-Inférieure) , suffragant de l'arclievêclié
de Tours.
Naples, arclievêclié du x« siècle, auparavant évê-
clié du 11^ siècle , dans le royaume des Deux-Si iles
(Iialie méridionale).
Nardo , évéclié du xv<= siècle , dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale), immédiatement
soumis au pape.
Narni, évêcbé au vi* siècle , dans les Etals-Ro-
mains (Italie centrale ) , immédiatement soumis au
pape.
Nashville , évêclié du xix* siècle , de la création
du pape Grégoire XVI , dans le Tennesée , Etats-
Unis (Amérique septentrionale).
INatchez, évèché du .\ix« siècle, de la création du
pape Grégoire XVI, dans le territoire du Mississipi ,
Etats-Unis (Amérique septentrionale).
.Naxivan, ou Nabhcbivan , arclievêclié pour les
Arméniens caiholiques, dans l'Arménie russe (Asie
occidentale).
Naxos , archevêclié du xiii° siècle , dans l'ile de
ce nom, l'une des Cyclades, dans l'Archipel (royauiue
de Grèce).
NEtsoHL, évèclié de création moderne , dans la
Hongrie (Europe orientale).
Nepi-et-Sctri. Yotjei Sutri.
Nevers, évèclié du lu'^ siècle, en France (départ.
de la Mévre) , suirragaiit de l'arclievêclié de Sens.
Nicaragua, ou Léon he Nicaragla, évèclié du xvi^
Biècle, dans le Gualéinala , dit aussi la république fé-
dérale de l'Amérique centrale, suffragant de l'arche-
vêché de Guatemala.
NiCASTRo, évèché du viii« siècle, dans le royaume
des Denx-Siciles (Italie méridionale ) , suffragant de
l'archevêché de Reggio.
NicoPOLi, ou NiKoPùL, évèché du v= siècle, dans
la Bulgarie, empire ottoman (Europe orientale).
NicosiA, évèché de création moderne , dans l'île
de Sicile (royaume des Deux-Siciles).
Nicotera-et-Tropea , évèclié du vi« siecie, au-
quel a été uni celui de Tropea , dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
chevêché de Reggio.
Nîmes, évèclié du v"= siècle, en France (dép. du
Gard) , suffragant de l'archevêché d'Avignon.
NiTRiA, ou Nedtiu , évèché du xi"' siècle, dans la
Hongrie (Europe oiient^ile), suffragant de l'arche-
vêché de Gran.
NizïA, évèché de création moderne, dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale) , suffragant de
l'archevêché de Reggio.
NocKRA, évèché du v^ siècle , dans les Etal.s^Ro-
niains (Italie centrale) , imniédialeraent soumis au
pape.
Nocéra-des-Païens, évèché du x' siècle, dans le
royaume des Deux-Siciles (Ualie méridionale), suf-
fr;\;.Tnt de l'afclievêclié de Salerne.
NoLA, évèché du i\« siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale) , suffragant ûe l'ar-
chevêché de Naples.
NoLi. Voyez Savone).
NiiM-tE-jÉsus, ou Zéro, évèché du xvii« siècle, delà
création du pape Paul V, dans l'île de Zéhu, colonie
espagnole, dans le grand archipel des Philippines
(Malaisie, ou archipel asiatique) , suffragant de l'ar-
chevêché de Manille.
NoRciA , évèché du v« siècle, dans les Elais-Ro-
mains (Italie centrale) , immédiatement soumis au
pape.
Noiu. Voyez Galtelly.
NoTo, évèché du xix^ siècle , de la création du
pape Grégoire XVI , dans l'ile de Sicile (royaume
des Denx-Siciles ) , suffragant de l'archevêché de
Messine.
NouvEAC-BBraswicK, évèché du xix_« siècle, de la
création du pape Grégoire XVI, dans la Nouvelle-
Bretagne , possession anglaise (Amérique septen-
trionale).
NoivEa,i.E-ORi.ÉANS (La), ou New-Orltîans, évè-
ché du xix° siècle, de la création du pape Pie VII ,
dans la Louisiane , Etals-Unis (Amérique septen-
trion:ile).
Nolvelle-Ségûvie (La), ou Nueva-Ségovia, évèché
(lu xvii^ siècle dans l'île de Liiçon , une des Philip-
pines (Malaisie, ou Archipel asiatique ) , posse-sion
espagnole, suffragant de l'archevêché de Manille.
NouvELLE-\onK (La), ou New-York , évèché du
xix^ siècle, lie la création du pape Pie VII, aux Etats-
Urws (Amérique septentrionale).
NovAttE, évèché du iv^ siècle, dans le Piémont,
Elais-Sardes (Italie septentrionale ) , suffragant de
l'archevêché de Verceil.
Nusco, évèché du xi= siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
chevêché de Salerne.
o
Oaxaca. Yoyei Anteooïra.
Ogliastra , évêcbé dans l'île de Sardaigue ( mer
Méditerranée), Etats-Sardes.
OLi.NDA-ET-FERNAMioiic, évêché du xvii» siècle ,
dans l'empire du Brésil (Amérique méridionale),
suffragant de l'archevêché de Bahia, ou San-Sal-
vailor.
Olmi'tz , archevêché du xix' siècle, auparavant
évèché du xiiî , dans la Moravie ( monarchie autri-
chienne).
Oppino, évèché du ix' siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
chevêché de Reggio.
Ohense, évêcbé du vi« siècle, dans la province
de Galice, eu Espagne , suffragant de l'archevêché
de SaïUiago-de-Compostelle.
Oria, ou Uritana, évèclié dn vi« siècle , dans le
rovaume îles Deux-Siciles (Italie méridionale) , suf-
fragant de rarcbevêclié de Tarente.
Oriulela, évèché du xv« siècle, dans la province
1230 ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATRIARCATS, ARCHEVECHES, EVECHES, etc. «93
de Valence , en Espagne, sufiragaol de rarchevèclié
de Valence.
OmsTANO, ou Oristagni, archevêolié du xii' siècle,
dans rtle de Sardaigne ( mer Méditerranée ) , Eiats-
Sardps.
Orléans , évêclié du m' siècle , en France (dép.
du Loiret), suffraganl de l'archevêclié de Paris.
Orte, ou Orta, évêclié du v' siècle, uni avec ce-
lui de Gallèse, à Cilta , ou Civita-Castellana , dans
les Etais-Romains. Veyez Civita-Castellana.
Ortona , évêclié du iv"^ siècle , dans le royaume
des beux-Siciles (Italie méridionale) , sulTragant de
rarchevèclié de Cliieii.
OnviETo, évêclié du vi* siècle, dans les Etals-Ro-
mains (Italie centrale) , imroédiaiement soumis au
pape.
OsMO-ET-CiNGOLi, évêché du vi« siècle , auquel
011 a uni celui de Cingoli , dans les Etals-Romains
(Italie cenlrnle), immédiatement soumis au pape.
OiMA, évêclié du v' siècle, dans la Castille-Vieille,
en Espagne, sulTragant de l'archevêclié de Tolède.
OsNABiiECK, évêché du viu' siècle , dans la West-
phalie, royaume de Hanovre (Allemagne septentrio-
nale).
Ossonï, ou K'LKKNNY, évêché du xii« siècle , en
Irlande (empire hritannique) ; sulTragant de l'arche-
vêché de Duldin.
OsTiA, ou Ostie-et-Velletri, évêché du ii* siè-
cle, auquel a été uni , dans le xi° , le siège de Vel-
letri, ou Veliiri, dans les Eiais-Iiomains (Italie cen-
trale), immédiatement soumis au pape.
Ostbog, évêclié pour les Grecs-Unis, dans la pro-
vince de Voihynie (empire russe).
OsTUNi, évêché du xi« siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffraganl de l'ar-
clievéché de Urindes.
Otrante, archevêché du s.' siècle, auparavant évê-
ché du VI» , dans le royaume des Deux-Siciles (Italie
méridionale).
OviÉDO , évêché du vit* siècle , dans la province
des Asiuries, en Espagne, suffraganl de l'archevêché
de Saniiagu-de-Composlelle.
Page, ou La Paz DE Chuqciaca, évêché du xvi"
»iècle, dans le Haul-Pérou (Amérique méridionale),
Euffragant de l'archevôché de la Plata-de-Ios-Char-
cas.
Paderborn, évêché du viii« siècle, dans la pro-
vince de VVeslphalie (monarchie prussienne), suffra-
ganl de l'archevêché de Cologne.
Padoue, évêclié du iv« siècle , dans la Lombardie
véniiienne (Italie septentrionale), suffraganl de l'ar-
chevêché de Milan.
Palencia, évêché du v« siècle, dans la Castille-
Vieille, en Espagne , suffraganl de l'archevêché de
Durgos.
Palerme , archevêché du m* siècle , auparavant
Dictionnaire de Géographie egcl. II.
évêcliéduv',d.ins l'/le de Sicile (mer Médilcrranéc),
royaume des Deux-Siciles.
.Palestrina, évpchédu m» siècle, dans les Etats-
Romains (Italie centrtlf) , iiiimédiatcmeni soumis
au pape.
Pamiers, évêché du xiii» siècle, eu France (ilép.
de l'Ariége) , suffraganl de l'archevêché de Tou-
louse.
Pampelune, évêché du v* siècle, dans la Navarre,
en Espagne, sulTragant de l'archevêché de Rurgns.
Pampeli'Ne (La Nolvïlle), ou Nukva-I'amplona ,
évê( hé du xix' siècle , de la création du pape Gré-
goire XVI , dans la Nouvelle-Grenade (Amérique
méridionale).
Panasia, ou PANAHA-i>E-Lf)S-!NDns, cvêclié du xvi=
siècle, dans la république de la Nouvelle-Greoade
(Amérique septentrionale) , suffraganl de l'archevê-
ché de Sania-Fé-de-Cogota.
Para, ou Belem, évêché du xviir siècle, dans la
province du même nom, au Brésil, ancienne Guyane
portugaise (Aniéiique septentrionale), sulTragant de
l'arclievèclié de Uahia, ou San-Salvador.
Paraguay (Le) , ou l'Assovption du Paraguay ,
évêché du xvi« siècle, dans le Paraguay (Amérique
méridionale).
Parenzo-et-Pola, évêclié du iii« siècle, auquel on
a uni ensuite celui dePola, dans la province d'Illyrie
(monarchie aulricliieniie), suffraganl de rari;hevêi;lié
de Goriiz.
Paris, archevêché du xvii« siècle, auparavant évê-
ché du 111», en France (dép. de la Seine).
Parme, évêdié du \' siècle, dans le duché do
Parme et Plaisance (Italie centrale) , suffraganl de
l'archevêché de Lucques.
Passaw, évêclié du vi» siècle, dans la Bavière
(Allemagne méridionale), suffraganl de l'archevêché
de Bamberg
Patti, évêché du xii« siècle, dans l'île de Sicile
(Médiierr.T née), royaume des Deux-Siciles, suffraganl
de l'archevêché de Messine.
Paul (Saimt), évêché du xviiie siècle , dans la
province du même nom, au Brésil ( Auiériiiiie méri-
dionale), suffraganl de l'archevêché de Baliia , ou
San-Salvador.
Pavie, évêché du iv siècle, dans la Lombardie
vénitienne (Italie septentrionale), suffiagant do l'ar-
chevêché de Milan.
Péki.ng, évêché de création moderne , auparavant
c'était un vicariat apostolique, dans la province de
Tchi-li, ou Pé-tchi-li, empire chinois (Asie orien-
tale).
Penne-et-Atri, évêclié du v» siècle , auquel on a
uni, dans le xiii», celui d'Alri, dans le royaume dei
Deux-Siciles (Italie méridionale) , immédiatement
soumis au pnpe.
Pergola. Voyez Cacli.
Pf.RiGiiEux, évêché du iv» siècle, en France (dép.
delà Dordogne), suffraganl de rarchevêché deBor>>
deaux.
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
Perpignan, évêclié du xvii' siècle, en France (ilép.
des Pyrénées-Orii-iiiales) , sulTraganl de l'iiTClievê-
ché d'Alby.
Perouse , évêché du v^ siècle, dans les Eiais-llo-
iii3iris (Italie centrale) , immédiatement soumis au
j.iipe.
Pesaro, évèché du v* siècle , dans les Etals-Ro-
M'.aius (Italie centrale) , suiïragant de l'archevêché
d'Urbin.
Pescu évêché de création moderne, dans le grand-
duclié lie Toscane ( Italie ccnlrule ) , sulTraganl de
l'arclievôiTié de Pise.
Pi.TKicoLA, ou LtTTLE-RocK {Pclil-ltociter), é\ècUé
du XIX' siècle , de la création du pape Giégoire
XVI,<)ans l'Arkansas, Eiais-lJnis(Amériquc septen-
trionale).
PRiLADELrniE, évèclié dii XIX* siècle, de la créa-
lion du pape Pie VII, dans la Pen9ylv;inie , F.l.its-
l.'ids) (Aniériqni? seploiiirinnalc).
PiAZZA, évêclic df rréaiiiin nnulerne, dans l'Ile de
Sicili; (Médiierr.iiiée), roywjme des D«ux-Siciles.
PiiNiA, cvéclié du w'f sicile, daas lo grand-duché
de To:-<ane (Italie centrale), suffraganl de l'arclievè-
ché de SIèiie.
Pir.NinoL, é>êclié du xviii« siècle, de la créition
du pape llcnoii XIX diins le Piémonl, Eiais-Sardes
(Italie septenl ioi;ale), suffi agaul de l'arthevcclié de
Turin.
PuM'.iF.L, évêché de création moderne, dans la pro-
yinre i\eTrnt-os-Mimte$, roy.iuine de Portugal, suf-
Iragant ite l'arclievêclié de lirag».
PlN>K-F,T-i0L'R0VlT7 4 . évCCl é du X" Sièclo, .lUqUCl
est uni celui d'Iouruviiz.i, pour le liifi grec-russe ,
dans la Liilnianie (empire russe).
PippnNo, Yoyet Terracine.
PisE , archevêché du xi= 'siècle, auparavant évê-
ché du iii", dans 11» grand-duché de Toscane (Italie
reitirale).
Pistoie-lt-Prato , évêché du x«siècli>, auquel
usi uni telui de Pralo, qui datait du v", dans le
gland-duché de Toscane (Ililie centrale), sutTragant
Je rarchevêché de Fli)rence.
Pitiglia:<o-ei-Soama. Voijez Soana.
l'iTTsBLKG, évêché du xix« siècle, de la création
du p.ipe Grégoire XVI, dans la Pensylvanie, Eials-
Lnis (Amérique seplenirionale).
pLAlSA^ct;, évéclié du iv^ siècle, dans le duché de
P.irme et Plaisaiice (Italie centrale), inimédiatemenl
souuiis au pape.
Plasencia, évêché du xn* siècle., dans la Galîcé ,
en Espjgue, snffraganl de l'arclievêché de .Saniiago-
de-CoiiipOS(elle.
Pi.ATA (L.\), ou CuABCAS, OU Chiquizaca , archc-
vêché du xvii' siècle, aupar.ivant évèché du xvi*,
dans le llaut-Pérnu (Amérique septentrionale).
Plock, évêché du x' siècle, dans la province po-
lonaise Je ce nom (impire russe), sulTraganl de rar-
chevêché de Varsovie.
PoDLAcniE, ou Ianow, évêché dans la proTinee po-
lonaise de ce nom (cmp re russe), siiffragànide l'ar-»
chevêi hé de Varsovie.
PoGCio MinTETe, évêché du xix» siècle, de la créa-
tion du pape Grégoire KVl, dans les Eiats-Komains
(Iialie centrale).
Poitiers , évèché du iv« siècle, en France (dép.
de la Vienne) , suffragant de l'arcltevéché de Bor>-
deaux
Pola et-Parenzo, évê( hé du y siècle, uni à Pa-
renzo, dans ITUyrie (monarchie auiricbienne) , suf-
frag.ini de rarchevêché de Gorili.
Pulicastro, évèché du vi» siècle, d.ins le royauma
des Dcux-Siciles (Italie méridionale), suffrag ml de
l'archevêché de Salerup.
PoLOTSK, nrchevcché de création moderne, aupa«
ravanl évêché du xiii° siècle, pour le rile grec-russe
(enipitë de Russie)
Po.NTr-CoRvi, évèché auquel on a uni ceux d'A-
i|iiino et Sora , qui dataient du v* siècle, "dans le
royaume des Denx-Sieiles (Italie mciidionale), suf-
Iragant de l'archevêché de Capoue.
PoNTiiEMOLi, é^ê^.■lli du xi\« siècle, dans le grand-
duché d.; Toscane (Italie centrale), sullragant de l'ar*
clievéché de Pcse.
PoFAVAN, évèché du XVI* s'ècle, dans la république
de la Nouvelle-Grenade (Améiiqne niéridi nale) ,
suflr.iganl de l'archevêché de Sama-Fé-de-Ui goia.
PoiiTALÈGRE, évêché du XVI» siècle, dans la pro-
vince d'Alcniejo, rotaume de Portugal, sulTraganl
de l'archevèclié d'Evora.
Porto, évèché du y" siècle, dans la province de
Minlio, royaume de Portugal, sulTraganl de l'arcIieTé-'
elle de Draga.
PoRTO-Rico, nu San-Joan de Puerto-Rico , tvèrhé
<lu xvi'' siècle, dans file du même nom, colonie es'
pagnole, l'une des Gramles-Aulilles.
PoRTO-SA\TA-I!l'FliNA-ET-GlVlTA-VECCniA, évèché
du II' siècle , uni avec celui de Sania-Kufuiadii m*,
il Civita-Vecchia , dans les Etals-Romains (Italie
centrale), immédiatement soumis au pape.
I'osen-f.t-Gnf.s.\e, archevêché uni à Gne>ne, au-
paravant évèché du x^ siècle , dans le grand-duché
de Posen (monarchie prussienne).
Pote.nza-lt-Marsico, évêché du v* siècle , uni ^
celui de .Marsico, dans le royaume des Denx-Siciles
(llalie cenlraie), sullragant de l'archevêché de Sa-
lerne.
PozziHiLi, ou Pouzzole, évêché du iii« sicc.e, dan«
le royaume des Denx-Siciles (Iialie méridionale) ,
sulTraganl de l'ai chevêche de Naples.
Prague, archevêché du xiv« siècle , auparavant
évèché du x', dans la Bohême (monarchie aui-i-
chienne).
Prato. Voyez Pistoie.
Przemvsl, évêché du xiv* siècle, dans la Câlina
(monarchie anirichicniu) , Enrupe orientale, sulTra-
ganl de l'archevêché de Lemherg.
PRZtuiu.«âAMOK-ET-SAMBAA, évéché pQur le rli«
12.
ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATRIARCATS. ARCHEVECHES. EVEÔHES, etc. iS
grec russe, dans la Galicie (monarcliie autricliienne),
Europe orieiilale.
Piebla-de-los-Ancklos, Yayes Tlucala.
PtLATi, évêclié dans l'Albanie (binpire ottoman) ,
Europe orientale.
Ptï (Le), évêché du vi' siècle, en France (dép.
de la llaute-Luire), sufTragant de l'archevêché de
Douiges.
Q
QoEBrc. archevêché du \\%' siècle, auparavant
évéclië du xvii', au Canada, Nouvelle-Brciagne, pos-
session aiig'aise ( Amérique seplentrionnlc).
QUMPER, ou QUIMPER-COBENTIN, évélhé du ix'
sé.ltî, en France (ilép. du Finistère), sullraganl de
rarclievêché de Tours.
Quito, ou SAN-FnANCisco de Quito , évêché du
xvi' siècle, dans la lépublique de l'Equateur (ancienne
Audience de Quito sous les Espagnols) (Amérique
méiidionale).
R
Raar, ou Javerin, ou Gyoeb, évêché du xi« siècle,
dans la Hongrie (Europe orientale) , siiflfragant de
l'archeyèché de Gran,
Raguse, évêché du vu» siècle, archevêché au xi«,
et redevenu évêché au xix«, dans la Dalniatie (mo-
narchie autrichienne), siitTraganl de l'arcbevêché de
Zara.
RAi>OLLA-ET-MELFi, évêché du XI» siècle, uni, dans
le xvi^ , à celui de Melfi, dans le royaume des [»eui-
Sici les (Italie méridionale), immédiatement soumis
au sainl-siége.
Ratisbonne, évêché du vi" siècle, dans la Bavière
(Allemagne méridionale).
Ravenne, archevêché du vi« siècle , auparavant
évêché du iii% dans les Etats-Romains (Italie cen-
trale).
RfCANATi-ET-LoBETO, évêcUé du ïiii* siècle, uni
à celui de Loreto au xvi», dans les Etais-Koinains
(Italie centrale).
Reggio, arcliBvéché du xi« siècle, auparavant évê-
ché du jii% dans le royaume des Deux-Siciles (Italie
iiériiiionale).
Becgio , évêché du v siècle, dans le duché de
Moilci.e (Italie septentrionale), suffragant de l'arche-
vêclié de Lucqiies.
Reims, archevêché du jii" siècle, en France (dép.
de la Marno).
Rennes, évêché du xviii« siècle , en France (dép.
d"ille-Lt Vilaine), suffragant de l'archevêché de Tours.
RicuMOND, évêché du xix'' siècle , de la créaiion
du pape Pie VI, dans la Virginie, Etals-Unis (Amé-
rique septentrionale).
Rieti, évêché do v« siècle, dans les Etats-Romains
(Italie centrale), immédiatement soumis au pape.
RlHisi, évêché du iii» siècle, dans les Elals-Ro-
siiaiiis ( Italie centrale), suffragant de l'archevêché
de Raveniie.
RlO-JA^ElRO. Votjet San-Seeastiano.
Rip.a-Transone, évêché du xvr »jecle, dans les
Elats-Romiiins (Italie centrale), suiïragjiil de r%r«
chevéclio de Fermo.
RocHi LLB (La), évêché du xvii* siècle , en France
( dép. de la Charente-Inférieure), suffraganl de l'ar-
clievêclié de Bordeaux.
Rhodes-et-Malte, archevêché (lu XII* siècle, uni b
celui de Malle, dans l'ile de ce nom.
Rouez, évêché du v siècle , en France (Jép. de
l'Aveyron), suffraganl de l';irchcvêché d'Alliy
RiiSENAw, cvéché dans la Hongrie (Europe orien-
tale).
Ross, évêelié du vu' r.iècle, uni à Cloyne , en Ir-
lande (empire britannique), suîlragant de l'arclievê-
clié de Cashel.
RossANo, archevêché du xii* siècle, auparavant
évêché du xi", dans le royaume des Deux-Siciles ^Iia-
lie méridionale).
RuTHEMnouRG, évêché du xix* siècle, dans le royau-
me de Wurtemberg (Allemngne mériilionalc').
RoLE.\, arclievêclié du iii« siècle, en France (dép.
de la Seine-Inférieure).
RuFiMA (Santa-). Voyez Porto.
Rlvo-et-Bitonto, évêché du v^ siècle, à Bitonto ,
dans le royaiimedesDeiix-Sicilcs(llalieniéridioiiale),
suffiagant de l'archevêché de Bari.
Sabaria, ou Steinamangeb, évêché dans In Hongrie
(Europe orientale).
Sabi.na, ou Sabine, évêché du v° siècle, dans les
Elais-Riimains (Italie centrale), iinmédiaieinent sou-
mis au pape.
Salahanqle, évêché du vi* siècle, dans la province
de Léon, en Espagne , suffragant de r.irrlievèché de
Saniiago-de-Compostelle.
Salerne, archevêché du x' siècle, auparavant évê-
ché du iv^, dans le royaume des Deux-Sicilcs (llalie
méridionale).
Salta. évêché du xix° siècle , dans la province de
Tueuman, république de Buenos-Ayres , ou Argen-
tine (Amérique méridionale).
Sali'ces, évêché du xvi» siècle, dans le Piémont,
Etats-Sardes (Italie septentrionale), suiïragant de
l'arclievêclié de Turin.
Salzboibg, archevêché du viii* siècle , dans l'ar-
cliiduché d'Autriche (monarchie auliichienne).
Sambob, évêclié pour le riie grec. Voyez Prze«
MYSI.
Samogitie, ou Mednicki , évêché du xv° siècle ,
dans la province du même nom (empire russe).
Sandomib, évêché du xix« siècle , dans la province
polonaise du même nom (empire russe), suiïragant de
l'archevêché de Varsovie.
San-Jua.n de Clïo, évêché du xix« siècle, delà
créiion du pape Grégoire XVI, dans la république
du Chili (Amérique méridionale).
San-Salvaror, ou Bahia, ou la Baie-pe tods les»
Saints, archevêché du xvii" siècle, auparavant évc»
1205
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
1206
I iié du xvi', dans l'empire du' Brésil (Amérique mé-
ridionale).
San-Salvador, évècliédu xix« siècle, de la créa-
liou du piipe Grégoire XVI, dans le Guaiémala , ou
républiiiiie fédérale de l'Amérique centrale , sulTra-
ganl de l'arclievêché de Guaiémala.
San-Sebastiano, ou Rio-Janeibo, évêclié du ivii"
siècle, dans l'empire du Brésil ( Amérique méridio-
nale), suffragant de rarclievèclié de Bahia.
Sa.ntandeb, évécbé dans la principauté des Aslu-
ries, eu Espagne.
SANTiACO-DO-CAr-VERT, OU RiBEiRA , évéclié du
xv^ s'ècle, dans l'ile de ce nom, une des t'es du C.ip-
■yprl, possession portugaise, suffragant de l'arcbe-
■vêché de Lisbonne.
Santiago bu Cniti , archevêché , auparavant
éNêclié du xvi« siècle, dans la république du Chili
(Auiérii)ue méridionale)
Saniiago-de-Compostelle, arclievêché du xii» siè-
cle , aiparavaat évêcLé du xi*, dans la Galice , en
Espagne.
Sa.ntiago-de-Cuba, archevêché, auparavant évêché
du XM" siècle, dans Pile de Cuba, l'une des grandes
Antilles, possession espagnole.
Sa.n-Thome.ou Meliapoor(Sai.nt-Thouas), év. du
xyi" siècle, possession porlllg;li^e, dans la présidence
de Madras , Hiiidonsian anglais (Asie méridionale).
Santorin, évêché du xiu« s ècle , dans l'île de
D'êine norn, une ries Cyclades, dans l'.Arcliipel grec,
Eulfiag:int de l'aichevêché de Naxie, ou Naxos.
Sappa, ou Satta, évétlié du xi« siècle, dans l'Al-
banie (empire ottoman), Europe orientale, suffra-
ga;it de l'arche\ê lié d'Aniivari.
Saragosse, arclievêebé du xiv* siècle, auparavant
évêché di\ iv«, d;iiis l'Aragon, en Esp.igne.
Sarno-et-Cava, évêchés réunis dans le royaume
des Deux-Siciles. Voyez Cava.
Sarsina-et-Bertinoro , évê hés réunis dans les
Elais-U"niains. Voyez Hertisobo.
Sauzana-et-Lim , évéchés réunis dans le Pié-
mont, Eials-Sardes). Voyez Luni.
Sassari, arclievêché du xi= siècle , auparavant
évêché du )v«, dans VVe de Sardaigne(Etals-Sardes).
Savom:-et-Noi.i, évécl'és réunis dans le Piémont,
Etals-Sardcs (Italie seiiteiitriimale).
ScHio, ou Scio, évêché du xiu' siècle, dans l'île de
ce non», mie den Cyclades , d ms l'Archipel grec ,
Buffraganl de l'archevêché de Naxie.
Scopu, ou UcopiA, archevêché du v» siècle, dans
la Servie, empire ottoman (Europe orientale).
ScuTARi, évêché du vi' siècle, dans l'Albanie ,
empire otioman (Europe orientale) , suffragant de
l'archevêclié d'.\niivari.
Sf.benico, évêché du ix» siècle, dans la Dalmatie,
monarciiie auiri( hit^nne (Europe orientale) , suffra-
gant de l'archevêché de Z:>ra.
Secead, évêché du xiii'siècle.dans'la Stvrie, mo-
narciiie aulrichier.ne , suffragant de l'archevêché de
Salihourg.
Séez, évêché du iv= siècle , en France (dép. de
l'Orne), suffragant de l'archevêché de Rouen.
Segna, ou Zeug-et-Modrusse, évêché du xn»siècle,
auquel on a réuni celui de Modrusse , dans la Dal-
matie, monarchie autrichienne (Europe orientale) ,
suffragant de l'archevêché de Zara.
Segni, évêché du v siècle , dans les Etats-Ro-
mains (Italie centrale) , immédiatement soumis au
pape.
Ségorbe, évêché du v« siècle, dans la province de
Valence, en Espagne , suffragant de l'archevêché de
Saragdsse.
Ségovia-Nie VA, évêché du xvii« siècle, dans l'île de
Luçon, une des Philippines, colonie espagnole, dans
l'Archipel asiatique, suffragant de l'archevêché de
Manille.
Ségûvie, évêché du v« siècle , dans la Vieille-
Casiille, en Espagne, suffragant de l'archevêché da
Tolède.
Seuendria, Smedheno , ou Saiht-André, évêché
dans la Servie, empire oitoman (Europe orientale).
Sens, archevêché du iii= siècle, en France (dép. de
l'Yonne).
Serexa, , évêché du xii« siècle , de la création
de Grégoire XVI, dans la république du Chili (Amé-
rique méridionale).
Sess4, évêché du v» siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar- '
chevêche de Capoue.
Severixa (Sa.nta-), arctievêché du x« siècle, au-
paravant évêché du vii°, dans le royaume des Deux*
Siciles (Italie méiidionale).
Severino (San-), évêché du vi" siècle, dans les
Et us- Romains (Italie centrale), suffragant de l'ar-
chevêché de Fermo.
Sevebo (San-), évêché du xvi» siècle , dans le
royaume des Deux-Siciles (lialie méridionale), suf-
fragant de l'archevêché de Bénévent.
Sëville, aichevêché du m» siècle dans l'Anda-
lousie, en Espagne.
Seï.na, ou Acgcstowo , évêché dans la province
polonaise de ce dernier nom, empire russe, suffra-
gant de l'archevêché de Varsosie.
Sezze, dans les Etats-Romains. Voyez Terra-
CINE.
SiE.NXE , archevêché du xv« siècle , auparavant
évêché du iv«, dans le grand-duché de Toscane
(Italie centrale).
SiGiENZA, évêché du v< siècle , dans la Vieille-
Castille, en Espagne , suffragant de l'archevêché de
Tolède.
SixiGACLiA, évêché du iv« siècle, dans Ie< Etats-
Rornains (Italie centrale), suffragant de l'archevêché
d'UrhiQ.
- SioN , évêché du vi' siècle, dans le canton du Va-
lais (Suisse).
Sirmilm,ouSibiiich,ouSzerem,ouSirmie-etBossib,
évêché depuis le xn« siècle, auparavant archevêché,
1297 ETAT GEOGRAPHIQUE DES PATRIARCATS, ARCHEVECHES, EVECHES, etc. 1298
dans la Hongrie (Europe orientale), sufTragant de
rarciieTéclié de Kolocza.
Smvrne, archevêché du ix" siècle, auparavant
évêclié du I"', dans l'Asie-Mineure (empire oito-
man).
SoANA-ET-PiTicUANO, évêché du vi<= siècle, auquel
on a uni celui de Piiigliano, dans le grand-duché de
Toscane (lialie centrale) , sufTragant de l'arclievèché
de Sienne.
Sofia, archevêché dans la Bulgarie, empire otto-
man (Europe orientale).
Sdissdns, évêclié du m" siècle , en France (dép.
de l'Aisne), siillragant de rarchevêché de Reims.
StLMO.vA, évêché du ve siècle , dans le royaume
des Deuji-Siciles (Italie uiéridionale), immédiatement
souniis au p.ipe.
SoLSONA, évêché du xvi" siècle, dans la Catalogne,
en Espagne, suffragant de rurcbevccbé de Tarra-
gone.
SoNOBA, évêché du Mexique , Amérique septen-
trionale
SoiiA, évêché du iv« siècle, dans le royaume des
Deiix-Siciles (Italie centrale), immédiatement sou-
mis au pape.
SonRENTO, archevêché du xi' siècle , auparavant
évêché du vi», dans le royaume des Deux-Siciles
(Italie méridionale).
Spalatro et-Macarska, évêcne auqnel est uni ce-
lui de ïlacarska, auparavant archevêché du vu»
siècle dans la Dalmatie . monarchie autrichienne
(Europe orieniale).
Spuie, évêché du iv» siècle, dans la Bavière rhé-
nane (Allemagne méridionale).
Spolète, archevêché de création moderne , aupa-
ravant évêché du v^ siècle, dans les Etats-Romains
(Italie cenir.ile).
Sql'illace, évêché, dans le royaume des Deut-Sici-
les (Italie méridionale) , suffragant de l'archevêché
de Rcgglo.
Strasbourg, évêché du v« siècle, en France (dép.
du B"as-Rhin), suffragant de l'archevêché de Be-
sançon.
Striconie, ou Gran , archevêché du xi« siècle ,
dans la Hongrie (Europe orientale).
Slpbaslia, évêché pour le rite grec-russe-uni ,
dans la Prusse orientale (monarchie prussienne).
Su.^E, évêché de création moderne, dans le Pié-
mont, Etals-Sardes (Italie septentrionale) , suffira-
gant de l'archevêché de Turin.
SuTRi. évêclié dn iv« siéch; , dans les Etats-Ro-
mains (Italie centrale) , inimédialenienl soumis au
pape.
Sydney, archevêché du xix* siècle , de la création
du pai.e Grégoire XVI, dans la Niiuvclle-Galles mé-
ridiiiale, cobnie anglaise de l'Ausirasie , ou Nou-
velle-Hollande.
SïUACusE, archevêché du xix« siècle, auparavant
évêché du m dans l'île de Sicile, royaume des Deux-
Siciles.
Syrus, évêché du xiii' siècle, dans l'Ile de ce
nom, l'une des Cyclades , dans l'Archipel grec,
suffragant de l'archevêché de Naxie
SzATMAB évêché, dans la Hongrie, Europe orien-
tale.
T
Tancer, évêché du xv» siècle , dans l'empire do
Maroc (Afrique septentrionale).
Tarantaise, évêché du v« siècle , dans la Savoie,
Etals-Sardes , suffragant de l'archevêché de Cliaiu-
béry.
Tarazi'Na, évêché du v« siècle, ilans l'Aragon, en
Espagne, siiffrngnnl de rarchevêché de Sarigosse.
Tardes, évêché du v^ siècle, en France (dép. des
HauiesPyiénées), suffragant de l'archevêché d'Auch.
Tarente , archevêché du x-i' siècle , auparavant
évêché du vi«, dans le royaume des Deux-Siciles
(Italie méridionale ).
Tarnovie, ou Tscbernowitz , évêché, dans la Ga-
licie, pour le rite grec-uni, monarchie autrichienne,
suffragant de l'arclievéclié de Lemberg.
Tahrago.ne, archevêché du iv« siècle , dans la Ca-
talogne, en Espagne.
TiiANO-ET-CALvi, évêché du v« siècle, uni à celui
de Caivi, dans le royaume des Deux-Siciles (Italie
méridionale), suffi agant de l'archevêché de Capoiie.
Telese-et-Alife, évêché du xi" siècle, uni à celui
d'Alife, dans le royaume des Deux-Siciles (Italie mé-
ridionale), suffragant de l'archevêché de Bénévcnt.
TemeïChwar, ou Chonad, ou Czo.NAD , évêché du
II' siècle, dans la Hongrie (Europe orientale), suf-
fragant de l'archevêché de Kolocza.
Tejipio, évêché du x« siècle, de la création du
pape Grégoire XVI , dans l'Ile de Sardaigne , Etats-
Sardes.
Texos, ou TiNiA, évêché du xiii« siècle, auquelest
uni celui de Micone, dans l'île du même nom, l'une
des Cyclades, dans l'Archipel grec, suffragant de
l'archevêché de Naxie
Tera.no, évêché du v« siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale) , immédiatement
soumis au pape.
Terlizzi, évêché du xix« siècle, de la création du
pape Grégoire XVI, dans le royaume des Deux-Si-
ciles (Italie méridionale).
Tersioli, évêché du xi^ siècle, dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale) , suffragant de
l'archevêché de Dénévcnt.
Terxi, évêché du v« siècle , dans les Etats-Ro-
mains (Italie centrale) , immédiatement soumis au
pape.
TtBRACixE, OU Piperso-et-Sezze, ou ZEzzA,évêché
du iii« siècle, auquel est uni celui de Piperno, ou
Priperno, dans les Elais-Roinains (Italie centrale),
immédiatement soumis au pape.
Terralba. Voyez Ales.
Teruel, évêché du xiv^ siècle, dans l'Aragon , en
Espagne, suffragant de l'arclievêché de Saragosse.
Tinen, ou Kni?), évêché, dans la Croatie, monar-
ISOO
DICTIONNAIRE DE GEOGRAPHIE ECCLESIASTIQUE.
1309
cliie flulricliienne (Europe orientale) , soffraganl de
rarchevèclié de Z.ira.
Tivoli, évèclié du v« siècle, dans les Etals-Ro-
Diains (liaiie centrale) , immédiatement soumis au
pape.
Tlascala, ou Los Angglos de Tlascala , évêché
du xvi« siècle , dans le Mexique (Amérique septen-
trionale), snffragant de rarclievêclié de Mexico.
Tbomas (Saint-), évêclié du xv" sié: le dans l'île de
ce nom (Océan Allamiqnc), colonie portugaise, suf-
fragant de rarchevèclié de Lisbonne.
Ton, évéclié du v siècle, dans les Elais-Romains
(Italie centrale), immédiaiemcni soumis au pape.
Tolède, arolievèdié du iii^ siècle , dans la Nou-
velle-Castille, en Espagne.
ToiENTiNO. Veijez Macerata.
ToRTO.NE, évêtlié du iv^ siècle, dans le Piémont,
Etais-Sardes (Italie septentrionale) , suffragant de
rarchevéché de Verceil.
ToBTOsE, évêché du V siècle, dans la Catalogne,
en Espagne , suffragant de rarclievêché de Tara-
gone.
ToscANELLA, évêché du VI' siècle, uni à Yiterbe ,
dans le xiii', dans les Etats-Romains (Italie cen-
trale).
TouL, évêché du iv° siècle, uni à celui de Nancy,
par le Concordat de 1801 , en France (départ, de la
Meurthe).
TouLODSE, archevêché du xiv» siècle, auparavant
évêché du iii°, en France (département de la Haute-
Garonne).
TouiiNAY, évèclié du m' siècle, dans la Belgique
suffragant de l'archevêché de Malines.
ToiRS, archevêché du iii« siècle, en France (dép.
d'Indre-el-Loire).
Tram, archevêché du x° siècle, auparavant évérhé
du II' , dans le royaume des Deux-Siciles (Lalie
méridiimale).
TnANsvLVANiE, OU Weissciiibourg, évêché, dans la
Transylvanie (monarchie autrichienne), Europe
orientale.
Trapani, évêché du six' siècle , de la création du
pape Grégoire XVI, dans l'île de Sicile, reyuume des
Deux-Siciles.
Treija, Voyez Camerino.
Trente, évêché du iv« siècle, dans le Tyrol (mo-
narchie autrichienne), iiiiraédiatementsoumisau pape.
Trêves, évêché du iii« siècle , dans le grand-
duché du Bas-Rhin (monarchie prussienne), suffra-
gant de l'archevêché de Cologne.
Tri^vise, évêché du iv« siècle, dans la Lombardie*
Vénitienne (Italie septentrionale).
Tbibigse. Voi/eî .Uabcana.
Tricarico, évêché du x' siècle, dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale), suffragant de
l'archevêché d'Acerenza.
Trif.ste-et-Capo-d"Istria, évêché du vi' siècle ,
auquel est uni celui de Capo-d'Istria , dans l'illyrie ,
mouarcbie autrichienne.
Trivemto, évêché du ix* siècle, dans le royaume
des Deux-Siciles (Italie méridionale) , immédiate-
ment soumis au pape.
Troia, évêché du xi« siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale) , immédiateineiil
soumis au pape.
Tropea-et-Nicotera, évêelié du viii' giéele, dans
le royaume des Deux-Siciles (Italie méridionale),
suffragant de l'archevêché de Reggio.
TdOïES, évêché du iv« siècle, en France (dép. de
l'Aube), suffi agant de l'archevêché de Sens.
Trlxillo, évêihé du x\M siècle, dans le Pérou
(.\incrique méridionale), suffragant de l'aichevèché
de Lima.
Tlam, archevêché du xn' siècle, niiparavanl évê-
ché ciu v<^, en Irlar.de (empire britannique).
Tl'dela, évêché de crcaiion moderne, dans la
Navarre , en Espagne, suffragant de l'archevêché do
Saragosse.
Tllle , évêché du xiv* siècle, en Franre (dép. de
la Corièze), suffragant de l'archevêché de Bourges.
TiraiviA, ou TCROviE. VojexPiKSK.
Tlrri. Voyez .Anglo.na.
TuY, évêché du v siècle, dans la Galice , en Es-
pagne, suffragant de l'archevêché de Santiago de-
Compostelle.
u
Udine, évêché du v* siècle , dans la Lombardie
vénitienne (Italie septentrionale).
Uginto, évêché du x' siècle, dans le royaume des
Deu\-Siciles (Italie méridionale), suffragant de l'ar-
chevêché d'Otranlc.
L'ladimibia-et-Brest , évêché pour le rite grec-
russe, uni à celui de Brest, dans la Volhynie (em-
pire russe);
IjLADISLAVIA,OnULADISLAW, OU ULADISLAFF.évécbÔ
du xti° siècle, dans l'ancien royaume de Pologne
(empire russe), suffragant de Varsovie.
Umona. Voyez Ancone.
Crbanea-et-Santo-Angelo IN Vada , évêché du
XVII' siècle, auquel a été réuni celui de Santo-AN-
gelo,d3nsles Etats-Romains (Italie centrale), suffra-
gant de l'aiclicvêché d'Urbin.
L'rcin, arclievèché du xvi« siècle, auparavant évê-
ché du VI', dans les Etats-Uoniains (Italie centrale).
Ubgel, évêché du v' siècle, dans la Catalogne, en
Espagne, sudragaot de l'archevêché de Tarragone.
Urita!(a. Voyez Obia
UzAL. Voyez Ales.
v-w
Vacsen, ou 'Waitzes, évêché du xi' sièele, dans la
Hongrie (Europe orientale), suffragant de l'archevê-
ché de Gran ou Strigonie.
Valence, archevêché du xv« siècle, auparavant
évêché du V, en Espagne.
Valence , évêché du iV siècle, en France (dép.
de la Dromc), suffragant de l'archevêché d'Avignon.
ViLENCLELA. YoyZ lîÉ.NÉirÉLA.
Valladolid, évêché du xvi' siècle, dans la CastiLki»
ETAT ALPHABETIQUE DES PATRIARCATS, ARCHEVECHES, EVECIIES, etc. 1302
Vieille , en Espagne , suflragnm de l'arclievèclié de
Tolède.
VALNA-ET-StLMONA, évêché dii V* sièi le , niiquel
est uni celui Je Sulmi>na,dans le royaume des Deux-
Siciles (lialie méridionale), sulfragiiiil de rarclievc-
clié de Cdieii.
Ya.nnes, évêché du vi» siècle , en Fiance (départ,
du Moiijili;iii, siilTr>iganl de l\irclievêclié de Tours.
Varsovie, arclievèclié du xu» siècle, dans l'an-
cien royaume de Pologne (empire russe).
Vegi.ia , évêché du ix' siècle , dans la Dalniatie
(ninnarciiic auiricliieiine), suiïragani de l'archevêché
de Zara.
Vf.lletri. Voyez Ostie.
Yexosa, évêché du vi« siècle, d.inslerny:imne des
Detix-Siciles (Italie méridionale), suffrag-int de l'ar-
ciievêché d'Acerciiza.
Ve.ntimili.e, évêché du vi« siècle, dans le Piémont,
Elais-Snrdes (Italie septentrionale) , suffraganl de
r.nrchevèché de Gênes.
VrnCEiL, .irclievêché du xix' siècle , auparavant
évêché du m*, dans le Piémont, Etats-Sardes (Italie
septcnirioiiale).
Verdun, évêclié «lu iv« siicle, en France (dép. de
la Mcn«e), snffragant de l'archevêché de Besançon.
Vercli, évêché du iv« siècle , dans les Etais Ro-
mains (Italie centrale) , iDimédiatenienl soumis au
P Pe-
Vérone, évcclié du iv« siècle , dans la Lomb.irdie
vénitienne (Italie seplcnlrioiiale) , suffragant de l'ar-
chevêché de Milan.
Versailles, évêclié du xix» siècle, de la création
ou pape Pie VII, en France (dép. de Seine-et-Oise),
siifl'ra;;ant de l'archevêché de Paris.
Vesprim, évêché du xi' siècle , dans la Hongrie
(Eumiie orientale) , sulTiagant de l'arclievêché de
Grau ou Strigonie.
Vicence, évêché du iv« siècle, dans la Lombardie
vénitienne (Italie septentrionale), suffragant de l'ar-
chevêché de Milan.
Vicn, évêché du vi« siècle, dans la Catalogne, en
Espagne, suirragant de rarchevêché de Tarragone.
Vienne, archevêché du xviii» siècle, auparavant
évêché du v°, dans l'archiduché d'Autr che (monar-
chie aulrichieniTc),
ViESTi, évêctié du \i' siècle, dans le royaume des
Deux-Siciles (Italie méridionale), sufTiagant de l'ar-
chevêché de Siponto, ou Manfreilonia.
ViGEVANo, évêché du iv« siècle, dans le Piémont,
Elais-Sardes (Italie, septentrionale) , suffragant de
rarclievêclié de Verceil.
ViNCENNES, évêché du xix' siècle, de la création du
pape Grégoire XVI, dans i'Iudiana, Etats>Unis (Auié-
ri(|ne septentrionale)
Vi<Eii, évêché du vi^ sièc'e, dans le royaunii' de
Portugal, Siiiffiagant de l'aiclievôctié de Br.ga.
VirERBE-ETTo>-CANELLA, évèché du XII' siè< le ,
dans les Etats-Romains (Italie centrale), immédiate-
ment soumis au pape.
Viviers, évêché du v siècle , en France (dé;>. de
l'Ardèclie), suffragant de l'archevêché d'Avignon.
Voi.TERRA, évèché du ve siècle, dans le grand-
duché de Toscane (Italie centrale), iuimédijieu.ent
snun)is au pape.
Warmie , évêché du xiii" siècle , dans la Prusse
orientile (monarchie prussienne), suffraganl de l'ar-
chevêché de Posen.
Waterford-et-Lismore, évêché du xi= siècle , au-
quel on a réuni celui de Lismore, dai s le XiV , en
Irl nde (empire britannique), suffragant de l'arche-
vêché de Cashel
Weissemdocro. Voijex Transylvanie.
WiLNA, évêché dn xiv« siècle, dans l'ancienne pro
vince polonaise de ce nom (empire ruNse).
WiTE^rK, ou WriESUK. Voyez Polosko.
VViiRTZBOURC, évêclié du viii^ siècle , dans la
royaume de Bavière (Allemagne méridionale) , suf-
fraganl de l'archevêché de Dambcrg.
Y
YUCATAN, ou MeRIDA DE YlCATAN, évêcbé du XVI*
siècle, dans la pres(iu'ile de ce nom, Mex que (Amé-
rique teplentrionale) , sullrogaiit de l'archevêché de
Mexico.
z
Zacabria, évêché du xii« siècle, dans la Croatie ,
province de Hongrie (Europe orientale), suffragant
de l'arclievêché de Kulocza.
Zauora , évêché du xji* siècle, dans la Casiille-
Vieille, en F.spagne, suffraganl de l'archevêché de
Santiago- de-Composlel le
Zante-kt-Cépualonie, évêché du xiii« .'■iècle , au-
quel est réuni relui de Céplialonie , dans l'île de ce
nom, une des Ioniennes, possession aiigiaite dans la
Méditerranée.
Zara, archevêché du XII» siècle, auparavant évê»
cbé du IV», dans la Dalmatie (monarchie autrichienne),
Europe orientale.
Zips, on ScEPUsio, évêché dans la Hongrie, Eunpa
orieniale.
ZvTOMERiT/, évêché dans la Yolhynie (empir«
russe). Voyez Luceakia.
V)t;4RIATS, DÉLÉGATIONS ET PRÉFECTURES APOSTOLIQUES DANS WS DIVERSES PARTIES
DU MONDE, PLACÉS SOUS LA DIRECTION DE LA PROPACATION DE LA FOI.
AFRIQUE.
Abyssinie. Préfecture apostolique.
Cap de- Bonne-Espérance (colonie anglaise). Vica-
riat apostolique.
Egypte et Arabie , réunies. 'Vicariat apostolique
laliii."
Egyple. Vicariat apostolique pour les indigènes
(le* Copies).
Congo. Préfecinre apostolique,
Guinée supérieureel inférieure. Vicariat apostolique.
Ile Maurice (ancienne lie de France), colonie an-
glaise). Vicariat apostolique.
Ile Bourbon, ou de la Itéimion. Préfecture apos-
tolique.
Ile de Madagascar. Oernièretnent encore préfecture
npos'.nlique, et aclnelieineiii évèclié.
L'empire de Maroc. Préfecture apostolique.
Sénégal (colonie française). Préfecture aposto-
lique.
Tripoli. Préfecture apni;iolique.
Tunis, Vicariat apostolique.
AMÉRtQUE.
Missions de C. Amérique méridionale. Préfecinre
apostolique des n)iiicurs observunliiis.
Antilles (colonies anglaises). Vicariat apostoliquf.
La baie d'Hudson. Deriiièrenient encore elle for-
mait un vicariat apostolique; c'est aciuelleineni un
évêclié.
Cayenne (colonie française). Préfecture aposto-
lique.
Gnraçao 'une des Iles-sous-le-Yent). Vicariat apos-
tolique.
Jamaique (fîle ne) et la colonie anglaise de Hon-
duras, dans la presqu'île de l'Yucataii. Vicariat apost.
Guadeloupe (La) (colonie française). Préfecture
apostolique.
Martinique (La) (colonie française). Préfecture
apostolique.
Orégon (L'). Ce vaste territoire formait un vicariat
apostolique; il est actuellement divisé en plusieurs
évêcliés.
Saint'Pierre de Miquelon (colonie franç;iise). Pré-
fecture apostolique.
Surinam, dans la Guyane. Vicariat apostolique.
Terre-Neuve (L'île de). Elle formait un vicariat
apostolique; elle a maintenant deux évêcliés.
Tfias (lerriloire de l'Union améiicaine). Vicariat
apostolique avant sa réunion aux Etats-Unis.
ASIE.
Alep, dans l'Asie ininenre. Vicariat apostolique.
Asie .Vineure (dintèse de Smyrne et contrées ad-
jacentes. Vicariat apostolique.
Chine (La) et les pays qui lui sont soumis. Cet
empire foiine quatorze vicariats et préfectures apos-
toliques, qui seront indiqués lorsqu'on traitera de
chaciMie de ses provinces.
Siam (Le royaume de), partie occidentale. Vic.iriat
aposiolique.
Siiim (Le royaume de), partie orientale. Vicariat
apustoliqiie.
Cocliinchine orientale (empire d'An-nam). Vicariat
apostolique.
Cocliinchine oceiaeniale. Vicariat apo>ilolique.
Tung-King oriental. Vicariat apostolique.
Tung-King occ dental. Vicariat apostolique.
Tung-King méridional. Vicariat apostolique.
Corée (Royaume île). Vicariat apo^^iolique.
JnpMi(Les îles du). Vicariat ;ipo^iolii|ue.
L Hindoustan anglais. Il forme plusieurs vicariats
apostoliques, tels que Bombay, Calcutta, Madras ,
l'île de tieyian, etc., etc.
Pondicliéry (colonie françai.se, dans lllindoustan).
Vicariat apostolique.
Perse (Royaume de). Vicariat apostolique.
EUROPE.
Anlwli (Les principautés d'), en Allemagne. Vi-
cariat :iiiostoliiiue.
Bosnie (La), empire ottoman. Vicariat apostolique.
Constantinople (La ville de). Vic.iriat aposio.ique.
Allemagne septentrionale. ViC.irial apostolique.
Gibraltar (dans la Méditerranée), possession an-
glaise. Vicariat apostolique.
Grèce (Royaume de). Délégation aposlciqne.
Angleterre et le Pays de Galles. L'Ai glelerre se
divise en liuit vicariats apostoliques, désignés sous
le noin de district.
Saxe (Le royaume de), en Allemagne. Vicariat
apostolique.
Moldavie (La principauté do). Vicariat aposto'iquc.
Hollande (Le royaiune de). On y compte quatre
vicariats aposloliijucs et une mission, savoir : Bois-
le-Duc, Bréda, Limbourg et le Luxembourg.
Ecosse (L'). Il y a dans ce pays trois vie. apost.
\'alachie{L3i principauté de). Vicariat apostolique.
OCÉANir., ou MONUE MARITIME.
B'itavia (dans l'île de Java). Vicariat apostolique.
Mélaiiésie, Jlj'cronésic (dans l'Océan Pacilique. Vi-
cariat apostolique.
Nouvelle-Hollande, ou A«5/rn(i«. Ce vicariat apos-
tolique a été récemment partagé en trois évèubés ,
Sydney, archevêché, Hohartown, évèclié,et Adélaïde
idem.
Océanie occidentale ( la Nouvelle-Zélande et Iles
adjacentes). Vicariat apostolique.
Océanie orientale. Vicariat apostolique.
Océanie centrale. Vicariat apostolii|ue.
Sandwich (Les lies). Ces îles forment à elles seules
un vicariat apostolii|ue. •
TABLE
DES MATIÈRES CONTENUES DANS LE TOME DEUXIÈME.
(Il y aura, à la fin du tome 111 et dernier, une table
tièies contenues dans les troi's volumes île cet ouvrage
et des localités, désignés dans ce Dictionnaire.)
IntrodiiclioD. Page l
Géographie fies légenJes. Col. 9
Essai sur les liavaus des anthropologues ail
point de vue de la géographie religi3usc. '039
Bibliographie géo^rjjiiiique , rontenaot de
courtes» notices sur les écrivains et les géogra-
phes que l'auteur a consultés, ainsi que sur un
générale el détallée par ordre alphabétique des mq-
Cette table comprendra tous les noms des auteurs
grand nombre de religieux et d'ecclésiastitiues
qui oui traité de la géographie. IISO
ICtat, parorJie ulphabétiiiue, des patriarcats,
^es archevêchés et des évêchés Je l'Eg ise ca-
tholique eo It^d, taisant suite à l'étal eomeuu
dans te iremier volume, depuis le i" juiiqu'au
x\»,' siède. 1261
FIN DU TOME DtliXIÈ.ME.
y
j